UNIVERSITE DE PARIS PARIS 1
Panthéon - Sorbonne
LG1 mé-rG1llurgie lourde du fer
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TOMEl
Thèse
pour le doctorat d'Etat Es-lettres et Sciences llunlaines
Présentée par
Sous la direction
Jean-Baptiste KIETHEGA
du Professeur émérite Jean DEVISSE
et du Professeur Jean POLET
novembre 1996
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AVERTISSEMENT RELATIF AUX TRANSCRIPTIONS
DES NOMS AFRICAINS
Les règles définitives sont, dans ce domaine, en cours d'élaboration. Nous avons
maintenu l'orthographe habituelle pour les francophones, même si elle est très discutable, de
noms courants comme Ouagadougou, Poura, Ouédraogo ....
Dans tous les autres cas, nous avons remplacé la diphtongue « ou » française par la
lettre phonétiquement équivalente: u. Mossi a reçu la nouvelle graphie Moose. Bien
entendu, les graphies adoptées par les auteurs sont respectées dans les citations.
Il n'y a donc pas lieu de s'étonner d'un relatif manque de logique.
SIGNIFICATION DES SIGLES ET ABREVIATIONS
EMPLOYES
AECS
: Annales économies, sociétés, civilisations,
AG
: Annales de géographie
AHES
: Annales d'histoire économique et sociale
AHMC
: Annales d'hygiène et de médecine coloniale
ARA
: Annual Review of Anthropology
ATM
: A travers le monde
BCEAO- NIS
: BCEAO Notes d'informations et de statistiques
BAE-AOF
: Bul1etin de l'agence économique de l'AOF
BAGC
: Bul1etin de l'agence générale des colonies
BAN
: Bul1etin de l'Afrique Noire
BFT
: Bois et Forêts des tropiques
BCEHS-AOF
: Bul1etin du comité d'étude historique et scientifique de l'AOF
BCAF
: Bul1etin du comité de l'Afrique française
BSGCB
: Bul1etin de la société de géographie commerciale de Bordeaux
BSGCP
: Bul1etin de la société de géographie commerciale de Paris
BIAOF
: Bul1etin d'information de l'AOF
BIFAN
: Bul1etin de l'IFAN
BIRGG- AOF
: Bul1etin d'informations et de renseignements du gouvernement
général de l'AOF
BSM-AOF
: Bul1etin du service des Mines - AOF
BSPF
: Bulletin de la société pré-historique de France
CC
: Cahiers coloniaux
CEA
: Cahiers d'études afiicaines
CMC
: Chroniques des Mines coloniales
C-ORSTOM
: Cahier de l'ORSTOM
CSH
: Cahiers des Sciences Humaines
DHA
: Dossiers historiques et Archéologie
EA
: Education Africaine
EMDOM
: Encyclopédie Mensuelle d'Outre-Mer
EV
: Etudes voltaïques
EE
: Etudes Eburnèennes
ITOM
: Les Industries de travaux d'Outre-Mer
IG
: Information géographique
JHMS
: Journal ofHistorical Metallurgy Society
JS
: Journal des savants
JSA
: Journal de la société des afiicanistes
MSA
: Mémoire société des afiicains
MCGE
: Mines, Carrières, Grandes Entreprises
MH-BM
: Musée de l'homme: Bulletin mensuel
M-ISAN
: Mémoire de l'ISAN
MMH
: Mémoire de maîtrise d'Histoire
NA
: Notes afiicaines
NDV
: Notes et documents voltaïques
aM
: Outre-Mer
PRGS
: Proceedings of the Royal geographical Society
PA
: Présence africaine
RA
: Revue des Ambassades
RPC
: Recherche-Pédagogie-Culture
RETP
: Revue d'Ethnologie et de tradition populaire
RGHE
: Revue de géographie humaine et d'ethnographie
RR
: Research Review
RCB
: Revue des civilisations burundaises
RHES
: Revue d'histoire économique et sociale
RHMM
: Revue d'histoire des mines et de la métallurgie
SELAF
: Société d'études linguistiques et anthropologique
SIFA
: Séance de l'Institut français d'anthropologie
SAlI
: Studies in Afiican History
THSG
: Transactions of the Historical Society of Ghana
TD- ORSTOM
: Travaux et documents de l'ORSTOM
UO
: Université de Ouagadougou
1
AVANT-PROPOS
Lorsqu'en décembre 1980, Alpha Omar Konaré et nous, preruons une première
inscription en Doctorat d'Etat, nous nous étions partagé l'Afrique Occidentale, avec l'accord de
notre Directeur, le Professeur Jean Devisse.
Tentant de minimiser les effets pervers du partage du continent noir à l'issue de la
Conférence de Berlin de 1884, notre distribution devait permettre à Alpha Omar Konaré de
travailler sur le fer dans la partie occidentale de l'Afrique Occidentale, et à nous, dans sa partie
orientale. Les frontières issues de la colonisation ne nous paraissaient pas des obstacles
insurmontables.
Pour notre part, le désenchantement a été grand par la suite, nous amenant à restreindre
finalement les limites géographiques de notre sujet au territoire de la Haute-Volta, devenue en
1984 Burkina Faso. Même dans ce cadre plus limité, il fallut des efforts importants pour
mobiliser les ressources financières et matérielles indispensables à la bonne conduite de notre
recherche. Celles-ci se présentèrent par à-coups et selon des conditionalités d'utilisation et de
gestion qui influèrent sur l'efficacité des actions entreprises.
Nous savons cependant gré aux partenaires financiers, sans lesquels, de toute façon,
rien n'aurait pu se faire. Ce sont en particulier:
- le Ministère des Affaires étrangères et celui de la Coopération de la République
Française;
- l'Agence de Coopération Culturelle et Technique (AC.C.T.) ;
-l'Université Johann Wolfgang Goethe de Francfort (Allemagne) ;
-l'Ambassade Royale des Pays-Bas au Burkina Faso;
- l'Université de l'Illinois à Urbana City (U.S.A).
II
Nous saisissons cette opportunité pour exprimer à tous, très officiellement, l'expression
de notre gratitude.
Ces concours financiers ont pennis les investigations sur le terrain, les analyses de
laboratoire et surtout de nouer de fructueux rapports de travail avec des collègues Allemands,
Américains, Français et Néerlandais. Nous saisissons ces lignes pour remercier tout
particulièrement Madame Valérie CHIEZE et Messieurs Paul BENOIT, Philippe FLUZIN,
Jean POLET, nos partenaires dans le Projet Campus "Histoire du fer au Burkina Faso". Le
Professeur Jean POLET a accepté de poursuivre auprès de nous le rôle de directeur-conseiller
que Jean DEVISSE ne pouvait plus assurer. Nous lui disons un grand merci pour ce
dévouement qui s'inscrit dans la tradition du maltre décédé. Merci aussi à Jacques EVIN du
laboratoire de radiocarbone de l'Université Claude Bernard Lyon l, et à Jean-François
SALIEGE du Département de géologie dynamique de l'Université Pierre et Marie Curie
Paris VI. Tous deux ont assuré avec beaucoup de disponibilité et de compréhension les
datations radiocarbones de nos charbons, ossements et céramiques fumigées. Nous devons à
Madame Christiane ROLANDO de l'Institut méditerranéen d'écologie et de paléoécologie de
e
.
Marseille, les détenninations en anthracologie, et à William MOURy du laboratOIre de
restauration de Draguignan, le traitement de certaines pièces.
Sur place,
à Ouagadougou,
nous avons vécu
l'expérience de
la
recherche
interdisciplinaire et pluridisciplinaire avec les collègues Jeanne MILLOGO-RASO-LODIMBY,
Christophe Dya .iANOU, Urbain WENMENGA dont les contributions en botanique,
géomorphologie et géologie ont véritablement enrichi notre travail.
Les professeurs Siméon KABRE, Sita GUlNKO, Mouhoussine NACRO, Issaka
GUIGUEMJ'E, par leurs prestations en laboratoire d'analyse et l'animation des séminaires sur
III
archéologie et botanique ou archéologie et chimie, ont ouvert les yeux de tous les participants
sur des relations très utiles à entretenir entre ces milieux scientifiques.
Mais, au centre de toute cette solidarité, s'est trouvé feu le Professeur émérite Jean
DEVISSE, qui nous a quittés le 17 juillet dernier. Il fut le père des chantiers-écoles
d'archéologie de Mauritanie. Il demeurera celui qui a su conduire beaucoup d'Africains à une
haute maîtrise de leur profession d'archéologues et d'historiens du Continent. Pour nous, il a
été le conseiller toujours disponible, même aux moments cruels de la maladie. Qu'il repose en
paix, dans un monde où nous souhaiterions le voir en communion avec tous les informateurs :
responsables coutumiers, forgerons, agriculteurs, ménagères, décédés depuis nos rencontres
qui remontent à parfois plus de vingt ans. Aux survivants de ces mines de saVOIr, nous
souhaitons une santé de fer et toujours plus de disponibilité.
Nous ne saurions oublier dans ces remerciements le soutien apporté par les collègues
du Département d'Histoire et d'Archéologie, et en particulier celui de Lacina KOTE et Moussa
BANTENGA, qui nous ont aidé à organiser et finaliser les enquêtes sur les mines et le travail
du fer de récupération en milieu urbain.
De nombreux étudiants motivés et dynamiques nous ont aidé à débroussailler le terrain
pendant les périodes de vacances. Ce sont en particulier Henri G. BACYE, Jean-Baptiste
BARRO, Yacouba CISSE, Lacina KOTE, Karim OUEDRAOGO, Claude SISSAO, Ousmane
YAGO et Louis-Achille YAMEOGO en 1983 ; Jean de la Croix ADA, Barthélémy BOUDA,
Henriette KIENTEGA, Kouka OUEDRAOGO et Almissi PORGO en 1984. Ils sont à l'origine
du repérage de nombreux sites, de l'identification de centaines d'informateurs et du recueil de
leurs témoignages.
C'est une véritable armée de techniciens qui a permis la réalisation matérielle de ce
travail: Emile DABIRE de l'Université de Ouagadougou, Hamadé OUEDRAOGO et Tahirou
IV
PARE du Bureau Naturel des Sols se sont occupé de la cartographie, tandis que Clémentine
KAOUANE, Natalie TAMINI, Martial HALPOUGDOU, Sylvain SC~TZ et Françoise
BERTRAND se penchaient sur le traitement du texte. À tous, j'exprime ma gratitude.
Dans l'ombre et la discrétion, beaucoup de gens nous ont appuyé moralement et
matériellement. Parmi eux, ma collègue et amie Juliette VAN-DUC et tous les membres de sa
famille, Claude, Hélène PERROT, Alfred SCHXR.TZ, Raphaël KABORE et bien d'autres, dont
les membres de l'amicale de la "Toutologie" qui se reconnaîtront dans ce néologisme. À tous
mercI.
C'est certain, l'archéologie burkinabè a fait du chemin depuis sa naissance il y a à peine
un quart de siècle. Elle est désonnais reconnue grâce aux nombreux diplômes qu'elle a délivrés
et à une audience internationale de plus en plus grande. Ce n'est pas sans raison que
l'Association Ouest-Africaine d'Archéologie a décidé de créer à Ouagadougou un Centre
d'études archéologiques, conduisant au doctorat.
1 Puisse le présent travail apporter quelque chose à ce qui est en train de s'organiser et de
se mettre en place.
INTRODUCTION
La relance des recherches en paléométallurgie du fer dans presque tous les pays
d'Afrique Occidentale traduit une certaine obsession chez bon nombre d'historiens africains
pour qui, dissiper les brumes entourant les origines des peuples africains et faire reconnaître la
contribution du Continent noir aux techniques de l'humanité,restent des tâches importantes et
urgentes à accomplir.
Leur impatience peut s'expliquer par la persistance d'un discours diffusionniste
"occidentalo-centriste" accompagné d'un certain nombre de comportements observables même
en Afrique, et très inhibiteurs pour les Africains car incitateurs à l'afropessimisme. Dans le
domaine de la paléométallurgie, il aurait été paradoxal que le Continent noir, qui détient des
réserves importantes de minerai de fer, les ait ignorées et n'ai pas pris part à l'invention de la
métallurgie et aux révolutions que cette technologie a entraînées. Au Burkina Faso, dans les
pays voisins et presque partout en Afrique noire, le bilan des deux dernières décennies de
recherches est de nature à réhabiliter le Continent noir dans ses capacités de création et
d'innovation.
1 - La fin du discours diffusionniste externe
L'utilisation des métaux par les hommes pour fabriquer leurs outils et leurs annes est
apparue dans le monde à des époques différentes. En Europe, l'âge des métaux a pu être
déterminé avec un maximum de précision et leur succession chronologique établie. Ainsi y
parle-t-on d'époque du cuivre, d'époque du bronze, d'époque du fer et enfin d'époque de
l'acier.
2
Pour le Continent africain, des certitudes nourries uniquement par le comparatisme
ethnologique et l'idéologie européocentriste qui a marqué la période coloniale, ont fait de ce
dernier jusqu'à la fin des années 1960, le réceptacle de valeurs conçues ailleurs. Dans le
domaine de la métallurgie, on a voulu retrouver en Afrique le schéma européen classique du
progrès technique. C'est ainsi que dans un manuel paru en 1965, conçu et réalisé pour
répondre rapidement à une demande pédagogique suite à la réforme des programmes
d'Histoire des Etats Africains et Malgache' on peut lire: <<.En Afrique, il est encore difficile de
savoir quelles régions ont, les premières, travaillé le cuivre, puis le bronze, puis le fer. Ce
dernier métal a été connu en plusieurs points du continent au cours du rr millénaire avant
Jésus-Chrisr». Plus loin le manuel rapporte qu'en ce qui concerne la diffusion du fer en
Afrique, la question est très difficile et que les savants ne sont pas d'accord là-dessus3. Les
auteurs de ce manuel comptaient parmi les plus avertis en histoire africaine". C'est dire tout
l'impact de leurs idées sur les enseignants et les élèves. Malgré toute la prudence dont ils ont
entouré leur texte, un manuel étant considéré comme une bible, il est resté dans l'esprit des
enseignés et de leurs maîtreslidée que la métallurgie est apparue en Afrique en suivant l'ordre
chronologique européen et de plus que la sidérurgie du fer était d'origine étrangère, idée
qu'appuyait une carte de diffusion du fer publiée au bas du texte ci-dessus cité.
1 - L'accession à l'indépendance de la plupart des états francophones d'Afrique, de l'De Maurice et de Madagascar autour
de 1960, a provoqué une nécessaire révision des programmes d'enseignement de l'Histoire et de la Géographie dans les
établissements secondaires. Une conférence des ministres chargés de l'éducation nationale des pays membres de
l'Organisation Commune Africaine et Mauricienne (puis Malgache) en abrégé O.CAM. s'est tenue à Abidjan en Côte
d'Ivoire au mois d'avril 1967. ElIe a adopté de nouveaux programmes qui devaient être appliqués à la rentrée 1967/1968.
On se lança dans la production de manuels conformes à la nouvelIe situation. Trois colIections virent le jour: la colIection
d'Histoire Hatier dirigée par A. M. M'Bow, J. Ki-Zerbo et 1. Devisse, celIe de l'Institut Pédagogique Africain et Mauricien
(puis Malgache), IPAM, et celIe du Centre de Recherche et d'Action Pédagogique, CARAP., paraissait chez Nathan.
2 - M'BOW, A. M., KI-ZERBO, J., DEVISSE, 1. (sous la direction de) 1965, Histoire 6ème, des origines au vr- siècle
après 1. C., Hatier, Paris, p. 59.
3 - Ibid., ibidem, p. 61.
4 - Amadou Matar M'Bow, historien sénégalais fut directeur général de l'UNESCO. Joseph Ki-Zerbo, historien et homme
politique Burkinabè a été membre du Conseil Exécutif de l'UNESCO, et directeur du Volwne 1 de l'Histoire générale de
Afrique par l'UNESCO. D est l'auteur du célèbre Histoire de l'Afrique Noire d'hier à demain, Hatier, Paris 1972. Le
professeur émérite Jean Devisse spécialiste d'archéologie africaine et d'Histoire médiévale a exercé à LilIe, Dalcar, Paris
VIII et Paris 1 où il a dirigé le Centre de Recherche Africaines. D était le rapporteur permanent de l'Histoire générale de
Afrique par l'UNESCO.
3
Nous ne rappelons pas ces faits pour participer à une critique stérile ou pour sacrifier
au discours militant d'une génération d'historiens africains qui s'est trouvée sur la défensive
face à des agressions intellectuelles et psychologiques multiples; nous voulons seulement
permettre à chacun, à la lumière des données actuelles, de mesurer le chemin parcouru. Ayant
nous-même exercé pendant quatre années dans l'enseignement secondaire, et donc bénéficié de
l'outil inestimable que ces aînés avaient si rapidement mis à la disposition de l'éducation des
jeunes afiicains, c'est avec respect et reconnaissance que nous saluons les auteurs. Ils ont su
émettre des doutes dans un environnement de certitudes qui faisaient apparaître la métallurgie
du fer en Asie au milieu du 2ème millénaire avant notre ère, la conduisant ensuite vers l'occident
et vers l'orient. Le premier berceau métallurgique du fer aurait été le Caucase.
En direction de l'orient, la métallurgie du fer aurait touché l'Inde vers -800 et la Chine
vers -6005. Aujourd'hui on révise cette dernière date et on pense qu'après une phase ancienne
d'utilisation de fer météorique, le fer de gisement est apparu en Chine vers -1100 en
provenance d'Asie Mineure6.
Dans sa nouvelle marche vers l'occident, deux voies auraient été suivies : une VOle
maritime par la Méditerranée et une voie terrestre par la vallée du Danube. L'Angleterre, à
l'extrémité occidentale de l'Europe, n'aurait été atteinte que vers -3007.
Au sud, l'Egypte ancienne n'aurait connu ce métal venant du nord, qu'entre le r e et
le VIIIème siècle avant notre ère, mais il n'y serait devenu commun qu'après les grandes
invasions asiatiques c'est-à-dire celle des Assyriens en -660 et celle des Perses de Cambyse en
-5258. Raymond Mauny dont nous venons de traduire la pensée ajoute que «le fer est connu
5 - GILLE, B., 1966, Histoire de la métallurgie, p. Il.
6 - MOHEN, J. P., 1990, Métallurgie préhistorique. Introduction à la paléométallurgie, p. 191.
7 - GILLE, 8., 1966, Histoire de la métallurgie, p. Il.
B - MAUNY, R. 1952', (( Essai sur l'histoire des métaux en Afiique Occidentale », p. 315.
4
plus tardivement encore en Afrique noire, où il entre par la Nubie, venant naturellement
d'Egypte 10». Pour cet auteur la métallurgie du fer ne parvient en Nubie, venant d' Egypte,
qu'entre le Ivme et le 1cr siècles avant notre ère. De Nubie elle se serait répandue ailleurs en
Afrique noire, surtout centrale et orientale. On retiendra la fourchette chronologique proposée
par Raymond Mauny afin de la comparer aux datations absolues obtenues depuis lors en
Afrique Occidentale et Centrale.
Poursuivant dans sa logique ditfusionniste, Raymond Mauny, dont il est difficile de
suspecter l'honnêteté intellectuelle au regard de sa grande oeuvre au bénéfice de l'histoire
africaine, propose une autre voie d'accès du fer en Afrique noire par le Maghreb, puis le
Sahara, en provenance de l'Egypte devenue une plaque tournante. Il tire la conclusion que «le
Sahel, en contact avec la Méditerranée par les routes de chars transsahariens a donc pu le
(fer) connaître de bonne heure lui aussi dès -300. C'est entre cette époque et notre ère, qu'à
l'instar de ce qui se passait en Nubie, les Noirs du nord-soudanais ont pu commencer à
pratiquer l'extraction du fer1\\>. Il ajoute qu'une date plus reculée serait contraire à la
persistance de l'usage de la pierre en de nombreux points en Afrique, mais qu'une date plus
tardive serait également à l'encontre des découvertes faites dans les mines d'étain du plateau
Bauchi12. En tout état de cause, la progression du fer vers la boucle du Niger se serait faite tant
à partir du Nigeria, que venant du Sahara. Selon toujours Raymond Mauny, à partir du milieu
du 1cr millénaire de notre ère, tous les peuples ouest-africains connaissaient les techniques
d'extraction du fer, même si certains ont continué à utiliser la pierre13.
9 - C'est nous qui soulignons pour relever l'ancrage solide du diffusionnisme dans les esprits de l'époque. Raymond
Mauny fut une sommité de 1'histoire afiicaine.
10 - Op. cit., p. 315.
11 - Op. cit., p. 316.
12 - La découverte de la culture Nok au Nigeria pendant la première moitié de notre siècle a bouleversé les connaissances
sur l'histoire de l'Afrique. En 1952, les chercheurs étaient encore sous le choc et ne comprenaient pas cette culture
sidérolithique datée au C I4 entre -500 et +200.
13 - MAUNY, R., 1952', « Essai sur l'histoire des métaux en Afrique Occidentale», p. 316.
5
Du rappel qui précède, une idée s'est surtout développée. L'Egypte ancienne, après
avoir réceptionné le techniques sidérurgiques du fer, les a transmises à la Nubie dont la capitale
Méroé fut un centre sidérurgique important, qualifié même de « Birmingham de l'antiquité »,
entre le VIèmc et le 1cr siècle avant notre ère. Méroé aurait constitué un relais important dans la
diffusion du fer en Afrique. Mais déjà il Y a trente ans, tous les savants n'accordaient pas la
même importance à Méroé. Aujourd'hui, à la lumière des découvertes archéologiques, ce
centre métallurgique n'apparaît plus comme un verrou ou une étape importante pour la
transmission du fer aux pays situés plus au sud.
Une autre hypothèse portant sur l'origine du fer s'est également effondrée. Il s'agit de
la naissance de cette technologie en Egypte dont la thèse a été farouchement défendue par
Cheikh Anta Diop dans les années 1970, qui répondait alors aux articles de Raymond Mauny et
Jean Leclant14. S'appuyant sur la découverte d'échantillons de fer de gisement datant de
l'Ancien Empire (-2900 à -2500) dans la Grande Pyramide et à Abydos, le savant sénégalais
avait tiré la conclusion que les procédés d'extraction du fer par réduction du minerai étaient
connus des Egyptiens dès le 3èmc millénaire avant notre ère. La plus ancienne fabrication
volontaire d'acier dans le monde ne serait attestée aussi qu'en Egypte. Il s'agit d'un couteau
fabriqué entre 900 et 800 avant notre ère15. Cheikh Anta Diop émit donc l'idée que c'est à
partir de l'Egypte que le fer s'est diffusé dans le monde. De la polémique qu'il a entretenue
avec Raymond Mauny et Jean Leclant, il était ressorti que l'Egypte ne possédant pas de
minerai, ne pouvait pas être à l'origine de cette métallurgie~ qu'en réalité ce pays s'alimentait
en minerai et en métal à partir de la Nubie.
14 - Voir MAUNY, R., 1952", 1952b et 1970 et aussi LECLANf, J., 1956. Jean Leclant est membre de l'académie des
sciences.
15 - DIOP, M. L., 1968, (( Métallurgie traditionnelle et âge du fer en Afrique », p. 36.
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En 1968, Louise Marie Diop suggérait déjà de faire une distinction entre le foyer
métallurgique égypto-nubien qui aurait «connu le passage progressif du néolithique à l'âge du
fer en travaillant d'abord le cuivre, l'or et l'argent, puis le fer de gisement à partir du 3èmc
millénaire avant Jésus-Christ» et <des autres centres d'une métallurgie ancienne du fer dans le
reste de l'Afrique noire, où l'on a à faire à des civilisations traditionnelles, sidérolithiques16». Il
y a donc trente ans l'ancienneté et l'autochtonie de la métallurgie du fer en Afrique semblaient
être prouvées. Il restait à déterminer «les foyers d'origines de cette métallurgie, les datations
exactes et les hypothétiques routes du fer à travers le continent17». Nous nous accordons avec
Danilio Grebenart lorsqu'il récapitule aujourd'hui qu' «il n'existe pas de voie satisfaisante par
laquelle les techniques métallurgiques ont pu être introduites dans les régions saharo-
sahéliennes de Mauritanie et du Niger, bien que l'on soit tenté de tourner les regards vers la
vallée du Nil et le Maghreb, notamment le sud du Maroc18». En effet, de nombreuses équipes
archéologiques se sont mises au travail au sud du Sahara et les résultats de leurs fouilles
rendent aujourd'hui obsolète toute hypothèse d'introduction des techniques de réduction du
minerai de fer sur le continent africain. De nombreux centres d' autodécouvertes apparaissent
chaque jour sous les pioches des archéologues19.
L'Afrique noire a donc connu un ou des âges du fer. Mais contrairement à l'idée que
l'on se fait communément de la chaîne de transmission des connaissances en métallurgie où des
âges du cuivre puis du bronze ont précédé un ou des âges du fer, le continent noir est passé le
plus souvent directement de l'âge de la pierre à celui du fer. Quelquefois, comme en Afrique
occidentale, le cuivre a précédé de peu ou est contemporain du fer20. Un héritage
technologique est donc difficile à établir entre les civilisations du cuivre et celles du fer. De
16 - Op. cil., p. 36.
17 - Voir carte de la figure 1
18 - GREBENART, D., KHATAR, M., TAUVERON, M., 1994, « L'âge des métaux au Sahara », p. 86
19 - GREBENART, D., 1988 et 1994.
20 - Ibid, Ibidem.
8
même il Ya rupture entre la métallurgie des anciens et celle de nos jours qui s'appuient toutes
deux cependant sur des réserves importantes de minerai.
2 - Un continent riche en fer
La faiblesse ou l'absence d'industrialisation est une des caractéristiques des économies
sous-développées. Cette déficience est particulièrement marquée en Afrique Occidentale,
surtout dans le domaine de l'industrie minière.
Sous la domination coloniale, dans les années 1940, la production minière de l'A.O.F.
se limitait à quelques centaines de kilogrammes d'or et de diamant. C'est après 1950 que le
problème de la mise en valeur des ressources minérales se posa principalement. Cette subite
prise de conscience a des raisons stratégiques et économiques que nous n'avons pas à
développer ici.
Le potentiel minier ouest-africain était pourtant assez varié et abondant, et le fer y
tenait, et y tient, une place privilégiée. En effet, selon un rapport de la Commission
Economique pour l'Afrique (C.E.A.), institution des Nations Unies basée à Addis Abéba,
présenté à la quatrième conférence régionale sur la mise en valeur et l'utilisation des ressources
minérales en Afrique, tenue à Ouagadougou en mars 1991, le continent africain (moins
l'Afrique du Sud) renferme 14 milliards de tonnes de minerai de fer, soit 6,7% des réserves
mondiales estimées à 209 milliards de tonnes. L'essentiel de ces réserves se trouverait en
Afrique de l'Ouest et en Afrique du Nord. Les gisements ouest-africains seraient cependant les
plus prometteurs, tel que le montre le tableau suivant:
9
Tableau nO 1 : Part de l'Afrique dans la production mondiale de fer et d'acier en 19981-1989
DESIGNATION
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1. Production de
roncentré de
minerai
monde·
889588
816776
777467 !873364 ! 907820 j 910359 ! 930488 956557 976533
- Afrique CEA
~n poids·
34440
33712
29714 1 32583 1 32543 1 32150 1 30827
29982
32469
l::n%
3,87
4,12
3,82
j
3,73
i 3,58 i 3,53 i 3,31
3,12
3,32
~. Production en fer
contenu
monde·
506964
449662 1 425923 1 482416 i 498638 i 500117 j 518105
546993
559328
Afrique CEA
~n poids·
20831
1:,~~911;,;~411:.:21Ir.~11411r,i~211r.;;O 18695 20089
pn%
4,10
3,41
3,59
~. Production
(J'acier
monde·
708386
778097
784072
Afrique CEA
en poids·
2653
4498
6388
!en %
0,37
0,57
0,81
• En million de tonne
Sources: - Quatrième réunion du groupe intergouvernemental des experts sur le fer
(CNUCED, 22-24 octobre 1990, Genève).
- Quatrième Conférence régionale C.E.A., Ouagadougou, 1991, pp. 3-6.
A la fin des années 1980, sept pays africains (Liberia, Mauritanie, Algérie, Egypte,
Zimbabwe, Tunisie et Maroc) étaient producteurs de minerai de fer. Cependant, les facilités
d'extraction et d'enrichissement étaient reconnues aux gisements ouest-africains dont les
principaux producteurs étaient le Liberia et la Mauritanie qui à eux seuls ont fourni 90% de
toute les exportations africaines de minerai de fer.
Un autre document de la Commission Economique pour l'Afrique (C.E.A.)21 daté de
1990, répartit ainsi qu'il suit les réserves africaines en fer, en millions de tonnes:
- Afrique de l'Ouest: 13 633
- Afrique Centrale: 8 360
- Afrique du Nord : 6 964
- Afrique Orientale et Australe: 5 154
21 - Document E.C.A./NRDIFRCDUMRAI3
10
Le fer de Tin Edia au Burkina Faso figure panni les réserves ouest-africaines classées
difficiles à exploiter en raison de leur éloignement de la côte. Il en est de même pour le fer de
Bangole en Côte d'Ivoire, du Mont Nimba en Guinée ou de la région de Kayes-Koulikoro au
Les études reconnaissent aux minerais africains des teneurs moyennes élevées de
l'ordre de 63,7% alors qu'elles sont de 58% aux Etats Unis d'Amérique et de 54% dans l'ex
URSS23. La reconnaissance de l'importance du fer en Afrique de l'ouest date du début du
siècle. Les gisements de Guinée ont été découvertes dès 1904. Dès 1909, de nombreuses
analyses en laboratoire confirmaient la qualité du fer ouest-africain24. Récapitulant tous ces
résultats en 1944, Raymond Furon est enthousiaste lorsqu'il écrit: <<L'Ouest africain contient
des réserves de minerai de fer quasi inépuisables. C'est la latérite et les diverses formes de
carapaces ferrugineuses qui recouvrent une grande partie du payjs».
Il ajoute que cette latérite a été exploitée un peu partout par les indigènes et que l'on
trouve des amas de scories dans toute l'Afrique Occidentale jusque dans des régions alors
inhabitées.
Il convient de relever ici, que pour le cas du Burkina Faso (Haute Volta à l'époque), les
géologues avaient trouvé un autre argument que l'éloignement de la côte pour justifier
l'inexploitabilité des gisements. Ceux-ci n'offiiraient pas des concentrations économiquement
rentables. Le minerai de fer serait cependant partout présent sous forme de limonite,
d'hématite et de magnétite dans les latérites locales26.
les services géologiques du Burkina Faso semblent avoir définitivement adopté cette
thèse, car aucune recherche sur le fer n'a été entreprise depuis l'indépendance à l'exception
celles renouvelées sur le site de Tin Edia dont l'exploitation n'est même pas envisagée dans le
22 - Industries et Travaux d'Outre-Mer, n° 223, 1972, p. 464.
23 - Industries et Travaux d'Outre-Mer, nO 206, 1971, p. 32.
24 - Fonds Acier, A.O.F., Série (P) 495, bobine 155, 14MI 1538, p. 40
25 - FURON, R., 1944, Les ressources minérales en Afrique, p. 106
26 - SAGATZKY,J., 1954, La géologie et les ressources minières de la Haute- Volta méridionale, p. 206
11
cadre du grand projet visant la mise en valeur des réserves de manganèse de Tambao au noeud
des frontières Burkina-Mali-Niger, malgré la proximité des deux gisements et la construction
27
d'une voie ferrée pour désenclaver la région .
3 • Le renouvellement des connaissances sur le fer dans les pays
voisins du Burkina Faso
Il nous semble primordial que les efforts développés ces trente dernières années pour
résoudre le problème historique de l'apparition et de la diffusion des métaux dans le monde et
tout particulièrement en Afrique soient mieux connus et mieux appréciés. Sur le continent noir,
le dénuement matériel et financier, l'isolement des chercheurs, l'incompréhension des autorités,
et tant d'autres problèmes aboutissent à une marginalisation de la recherche archéologique qui
ne sort de sa torpeur qu'aiguillonnée par l'extérieu~8. Les résultats auxquels parviennent alors
les équipes travaillant en Afrique doivent être suivis avec beaucoup d'intérêt.
En Afrique de l'Ouest les spécialistes de la discipline ont tenté de s'organiser pour
améliorer leurs performances. C'est ainsi qu'en 1976 est néà Enugu au Nig~ria l'Association
Ouest-Africaine d'archéologie (AO.AA). Elle se fixait pour objectif d'organiser des
conférences, d'animer un journal et d'oeuvrer à la promotion de l'archéologie dans la sous-
région. A ce jour l'AO.AA a organisé six colloques et assuré la parution, mais de façon
irrégulière, du West African Journal of Archeology, un titre qui était préexistant au Nigeria et
qui fut en réalité le géniteur de l'association.
Mais jusqu'au IV colloque tenu à Nouakchott en 1984, les Africains, peu nombreux,
n'ont pu imprimer à l'Association une ligne d'action qui assure pour l'avenir une multiplication
27 - Ministère de l'Industrie, du Commerce et des Mines, 1993, Aperçu sur les projets de l'Office de Tambao : situation
actuelle et perspectives, pp. 1-14.
28 - n est symptomatique de constater l'importante activité de recherche des missions scientifiques étrangères qui ont
opéré ou opèrent en Afrique Occidentale. La plupart des découvertes récentes et importantes en archéologie leur restent
redevables.
12
des archéologues ayant prise réellement sur le terrain africain et à même de participer à la
gestion des patrimoines nationaux.
Aujourd'hui, l'AO.AA a décidé de provoquer l'ouverture à Ouagadougou (Burkina
Faso), d'une formation doctorale en archéologie et a défini trois programmes de recherche
régionaux dont l'exécution devrait fédérer davantage les militants de l'Association29. Il s'agit
de thèmes relatifs aux sites de la traite négrière, à l'archéologie funéraire, et aux habitats
perchés. Le thème de la métallurgie, qui occupe pourtant plusieurs chercheurs ne fait l'objet
d'un programme sous-régional. Sur le terrain cependant la recherche sur le fer est active.
Quelques exemples le démontrent parfaitement.
Au Bénin, avec la naissance de l'Equipe de Recherche Archéologique Béninoise
(E.R.AB.) en 1978, les recherches sur le fer se systématisent. Composée d'historiens,
d'archéologues et de spécialistes d'autres disciplines, cette équipe a dégagé plusieurs axes
d'intervention parmi lesquels les enquêtes sur les traditions technologiques menacées de
disparition. Déjà, plusieurs articles ont été publiés et des mémoires de maîtrise soutenus à
l'Université Nationale du Bénin. Les investigations ont concerné tant le nord que le sud du
pays. Cependant le développement de la recherche sur les traditions métallurgiques du Nord-
Bénin appelle à une coopération scientifique avec le Burkina Faso, étant donné la proximitéJO.
En Côte d'Ivoire une cellule archéologique a été installée dès 1972 à l'Institut
d'Histoire, d' Art et d'Archéologie Africains (IHAAA) de l'Université d'Abidjan. Le bilan des
recherches vingt ans après enregistre trois sites fouillés (Iles Eotilé : 1974-1985, Songon-
Dagbé: 1978-1985 et Kong: 1974-1984). Cependant de nombreux sites archéologiques ont
29 - La décision de demander au Burkina Faso de créer Wl D.EA d'archéologie à l'Université de Ouagadougou a été prise
lors du yf:me Colloque de l'AüAA, tenu à Ouagadougou du 27 juillet au 2 août 1992. Quant à l'identification des trois
programmes régionaux, ce fut l'oeuvre du vr-Colloque tenu à Cotonou (Bénin) du 26 mars au 2 avril 1994.
30 - ADANDE, A
et ADAGBA, C., 1988, ((Dix ans de recherches archéologiques au Bénin (1978-1988)>>,
Conununication au Colloque sur 1'histoire nationale du Bénin, Cotonou, nov. 1988, 13 p.
ADANDE, A, 1994, (( Coopération inter universitaire et développement d'Wl programme d'archéométallurgie: le cas des
investigations dans l'Atakora et le Borgou béninois », Communication au séminaire-atelier sur la paléométallurgie en
Afrique de l'Ouest. Laboratoire d'archéologie, Université de Ouagadougou, 12-18 sept. 1994, 12 p.
13
été reconnus lors de prospections (Ayama : 1982, Man: 1981-1984, Odienné-Séguéla : 1982-
1986, Agboville : 1969-1971) qui se sont étendues au rivage alladian, au V baoulé et aux
31
régions de Mankono, Bondoukou, Touba, Saïoua et Gohitafla .
Malgré ce développement de la discipline archéologique en Côte d'Ivoire, ce pays reste
presque absent du débat sur l'histoire des métaux en Afiique au sud du Sahara, tant en ce qui
concerne l'origine des technologies que l'analyse des contactes de production.
En ce qui concerne le fer, les prospections ont cependant révélé plusieurs lieux de
réduction et de nos jours encore l'industrie du fer subsiste dans maintes régions du pays
particulièrement au nord autour de Y0, Koni, Kouto, mais aussi en zonz préforestière (V
baoulé, Worodougou) et forestière (Issia, Toulenplen, Man, Agboville, Lagune Tadjo)32.
Au Mali où la recherche archéologique vient d'être réglementée33, des équipes dans
lesquelles participent des archéologues maliens se sont penchées sur la métallurgie du fer.
Parmi les travaux les plus récents, il convient de retenir les fouilles entreprises par G.
Liessegang de l'Institut Léo Forbenius de Francfort en 1973-1974 sur plusieurs sites de l'âge
du fer dans le cercle de Bougouni, les travaux de l'Institut d'Archéologie d'Utrecht aux Pays-
Bas sur les buttes anthropiques du delta intérieur du Niger, et les fouilles effectuées par R. et
S. Mac Intosh des Etats Unis d'Amérique en 1980-1981 à Jenne-Jeno (ancien Djenné). Ces
recherches ont fourni des renseignements précieux sur la célèbre cité médiévale et aussi sur
l'histoire du fer daté ici de 250 avant 1. C.34
31 • Ministère de la Culture et West African Museums Program (WAMP), 1993, L'histoire de la Côte d'Ivoire sous
l'éclairage de l'archéologie, p. 18
32 - Op cil., p. 24
33 - Décret n° 2751PG • RM du 4 nov. 1985 portant réglementation des feuilles archéologiques, en application de la loi 85-
40/AN-RM du 26 juillet 1985 relative à la protection et à la promotion du Patrimoine Culturel National.
34 • RAIMBAULTM. et SANOGO, K., 1991, Recherches archéologiques au Mali, 563p.
14
Depuis 1988 le Mali a donné une nouvelle orientation à sa recherche archéologique
dans le sens d'une diversification régionale et thématique. Dans ce nouveau contexte, une
grande importance est accordée aux recherches sur la métallurgie en général (or et fer)35.
Au Niger, ont fait date les travaux de plusieurs chercheurs français. Nicole Echard à
partir de 1965 a tenté une sociologie des forgerons de l'Ader en traitant de la métallurgie
36
secondaire et celle du pays haoussa sous l'angle de la métallurgie primaire .
IFI" 2 SITES IETALLURGaOUES DU FER D4NS La AlYS AU SUD DU _ICINA FASO
C O l 0
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BENIN
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a ZOftO do lor.. 0'""'0lI/l"
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100
2100'",
l
,
1
: ADANDE,
A. o' POLE, L.M, 197'. p.13·
0.0.
35 _SANOGO, K., 1988, (( Recherches archéologiques au Mali >l,Communication au Séminaire a.UA sur Tradition Orale
et archéologie, CELma, Niamey, 1988, 5 p., p. 5. Voir aussi fig. nO...
36 _ GADO, B., 1982, (( La recherche archéologique au Niger de 1959 à 1980 : Bilan, problèmes et perspectives »,
Communication personnelle, 19 P., p. 13.
15
Les missions 1. P. Roset, M. Servant, 1. Malet et G. Quechon entre 1970 et 1974, ont
abouti entre autres résultats à la découverte de sites de métallurgie ancienne du fer dans le
massif de Termit, zone qui se révéla être porteuse de la plus vieille métallurgie lourde du fer en
Afrique Occidentale37.
Dans le cadre du <<Programme de sauvetage archéologique de la région d'In Gall et de
Teguidan 'Tessoum 1977-1981», projet franco-nigérien, d'importantes informations ont été
recueillies sur la métallurgie du fer, confirmant l'ancienneté du fer dans le massif de Termit et
désignant le triangle Aïr-Termit-Plateau de Bauchi comme le foyer métallurgique autonome le
plus ancien d'Afrique Occidentale38. L'équipe archéologique nigérienne oriente à présent ses
recherches vers la partie méridionale du pays, celle en contact avec le Burkina Faso et le Bénin.
L'espace gurma forme pour les trois pays un centre d'intérêt archéologique commun.
En République du Togo située au sud du Burkina Faso, de véritables recherches
archéologiques n'ont commencé qu'en 1979. Elles ont été menées par une équipe américano-
togolaise dirigée par le Professeur Merrick Posnansky de l'Université de Californie à Los
Angeles (UC.L.A.). d'importants vestiges métallurgiques repérés en pays bassar et à Tado,
foyer de dispersion des fondateurs du royaume d'Abomey au Bénin39, furent étudiés.
Dans le même pays, Bruno Martinelli de l'Université d'Aix-en-Provence a mené des
recherches sur le fer à la fin des années 1980. La même équipe de l' U c.L. A. s'était investie au
Ghana à partir de 1974. L'un de ses membres, L. M. Pole a travaillé dans l'extrême nord du
pays, donc à la frontière avec le Burkina Faso. Ses recherches ont livré des informations sur les
techniques de production et sur l'évolution chronologique de la métallurgie40.
L'on
perçoit
à travers cette présentation très
succincte des
recherches
en
paléométallurgie dans les pays voisins du Burkina Faso, qu'il existe partout un regain d'intérêt
37 - Op. cil., p. 9
38 • Op cil., p. 13
39 - AGUIGAH, D. A., 1988, (( Archéologie au Togo », Commwùcation personnelle, 17 p., pp. 3-4
40 - BANNI-GUENE, O., 1993, Histoire et traditions technologiques dans le Bargu, p. 23
- Voir aussi fig. N°l.. et fig. n02..
16
pour l'histoire des techniques métallurgiques mais que celle-ci ne pourra s'écrire que si les
frontières administratives sont franchies. Le même constat peut-être établi en ce qui concerne
le Burkina Faso où depuis 1973 la métallurgie est le thème majeur de la recherche
archéologique de l'Université de Ouagadougou.
4 - Le contexte archéologique burkinabè : historique et bilan
La recherche archéologique et préhistorique est également d'un développement récent
au Burkina Faso. Une action permanente n'existe que depuis une vingtaine d'années. La
transformation du Centre d'Enseignement Supérieur de Ouagadougou en Université en 1974,
la création au sein de cette structure d'un département d'Histoire et d'Archéologie en 1975, et
la part de plus en plus importante accordée à l'enseignement de l'archéologie dans ce
Département, ont entraîné comme corollaire une activation de la recherche avec la mise en
place de programme précis.
Ce fut d'abord le programme de prospection archéologique général. Conçu pour
couvrir tout l'espace territorial à partir de 1974, il se révéla trop ambitieux, les moyens,
particulièrement humains, n'ayant pu être mobilisés. De plus, en cours d'exécution la question
de son opportunité même s'est posée. Face à l'incertitude de pouvoir fouiller et/ou protéger les
sites à découvrir, fallait-il en révéler l'existence et provoquer éventuellement des pillages?
Quand pouvait-on estimer avoir achevé cette prospection afin de passer aux autres étapes de
l'investigation archéologique? Aucune réponse décisive ne fut portée à ces deux questions.
Les limites à la prospection furent en fait posées par l'importance prise à nos yeux par le
deuxième programme mis en chantier et qui visait une étude de niveau doctoral sur
l'exploitation traditionnelle de l'or sur la rive gauche du Mouhoun (ex Volta Noire). Le
programme de prospection à grandes mailles qui se maintint cependant bénéficia de la
contribution inestimable du Professeur Jean Devisse sollicité pendant de nombreuses années
pour des missions d'enseignement à l'Université de Ouagadougou.
17
Les premières fouilles de J'équipe archéologique nationale ont porté sur des sites de
l'or en 1975, 1977 et 197841 puis sur des sites de production du fer en 1979, 1985, 1986, 1993
A partir de 1989, le laboratoire d'archéologie, en partenariat avec l'Institut Léo
Forbenius de Francfort ouvre des chantiers dans des abris sous roche et sur des buttes
anthropiques à l'est du pays dans la falaise du Gobnangu et au nord dans les provinces de
l'Oudalan et du Seno43.
Cette historique révèle une faiblesse et une discontinuité des opérations de fouilles
archéologiques. Cette constatation s'explique en partie par la précarité des financements et en
partie par la faible disponibilité du personnel scientifique au demeurant peu nombreux44. On est
resté souvent au niveau de l'observation de terrain et de recueil des sources orales relatives aux
vestiges.
41 - Ces travaux ont abouti à la soutenance d'une thèse de doctorat de 3" cycle par l'auteur de cet ouvrage et à la
publication d'un livre, L'or de la Volta Noire, Editions Karthala, Paris, 1983,274 p.
42 - 1979 : fouilles du site métallurgique de Kougri, département de Diguila, province du Sarunatenga.
- 1985 : fouilles des sites métallurgiques de Wanaré, département de Séguénéga et YaIka, département de Ouahigouya,
tous deux dans la province du Yatenga.
- fouilles des sites métallurgiques de Passakongo, département de Dédougou et de Béna, département de Solenzo,
respectivement dans les provinces du Mouhoun et de la Kossi en pays Bwa.
- fouilles des sites métallurgiques de Sié, département de Léa et de Pien, département de Bahia, tous deux dans la
province de la Sissili en pays Gwunsi-Nouna.
- fouilles du site métallurgique de Sindou, département du dit, province de la Comoé.
- fouilles du site métallurgique de Pabré, département du dit, province d'Oubritenga.
- 1986 : fouilJes des sites métallurgiques de Kampala, département de Tiébélé, de Tiakané, département de PÔ, de Sapiu,
département de Koumbih, tous dans la province du Nahouri en pays gunmsi-Kasséna.
- fouilles de Kougsabla, département de Kongoussi, province du Barn.
- 1993 : fouilles des sites métallurgiques de Biron, département de Lekuy et de Dassi, département de Balave, tous deux
dans la province de la Kossi en pays Bwa.
- 1994 : fouilles du site métallurgique de Lokosso-Sandé, département de Loropéni, province du Poni.
- fouilles du site métallurgique de Goden-Woloatenga, département du dit, province de BuIkiemdé.
43 -Un protocole d'accord de coopération universitaire signé en 1988 entre l'Université de Ouagadougou et celle de
Johann Wolfgang Goethe de Francfort sur Main ct mis en application dès 1989, donne la possibilité à des archéologues
historiens, botanistes, paléobotanistes, géographes et linguistes allemands de travailler au Burkina Faso en s'adjoignant des
homologues burkinabé. Ces recherches s'exécutent dans le cadre du projet SFB 268 dénommé « Savanes Ouest -
afiicaines Il..
44 -De 1975 à 1985, nous avons eu à conduire seul les fouilles, aidé d'étudiants de deuxième année d'Histoire qui
s'initiaient à l'archéologie. C'est parmi eux que la relève a été recrutée. Elle se trouve encore en nombre insuffisant et
comprend un maître-assistant de préhistoire, un assistant de préhistoire, un maître-assistant en Histoire de l'art, deux
docteurs sans emploi, deux doctorats qui se sont spécialisés en métallographie, et une trentaine de titulaires d'une maîtrise,
option archéologie et histoire de l'alt. n existe donc une potentialité mais qui se trouve difficilement mobilisable faute de
postes budgétaires.
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19
Le bilan scientifique qui peut être dressé s'articule autour des thèmes suivants: les abris
sous roche, les industries lithiques et les rupestres qu'on ne doit pas faire remonter forcément
aux époques préhistoriques; les buttes anthropiques souvent flanquées de nécropoles très
nombreux dans le nord du Burkina, les vestiges d'anciennes constructions en argile ou en
pierres aux fonctions généralement militaires et enfin les sites de la paléométallurgie (l'or et le
4. 1. Les sites préhistoriques"
Il s'agit, rappelons le, des abris sous roche, des ateliers lithiques et des sites de
rupestres. Dans leur ensemble ils souffient encore d'une indigence de chronologie absolue.
L'industrie lithique est très répandue au Burkina Faso (cf planches 4 et 5) même si le
nord et l'ouest du pays paraissent privilégiés sur les cartes. Il s'agit tout simplement d'une
traduction de l'état très parcellaire des recherches. Certains sites d'industrie lithique ont pu être
datés par les méthodes isotopiques. Parmi ceux-ci, figure le site de Rim dans le Yaad-tênga au
nord du pays. Fouillé par Waï-Ogusu entre 1970 et 1972, il s'est révélé porteur de trois
1
d"
47
cu tures Istmctes .
La plus ancienne est une culture microlithique sans céramique. L'outillage recueilli par
le chercheur comportait des racloir, des grattoirs, des perçoirs, des couteaux, des burins...tous
réalisés à base d'éclats et de lames en quartz. Cette culture dénommée Rim 1 était celle des
chasseurs-cueilleurs qui ont vécu entre 10.000 et 3.000 avant notre ère.
45 - La prospection et les enquêtes orales n'ont pas pennis de découvrir des sites de production de cuivre ou d'autres
métaux (en dehors de l'or et du fer) au Burkina Faso. Cependant des gisement appréciables de cuivre existent dans le sud-
ouest dans la province du Poni qui n'ont jamais été exploités.
46 - cf. MILLOGO, K. A., 1993', « Recherches préhistoriques au Burkina Faso », pp. 97-118.
47 -WAI-OGUSU, 1973 et 1975 et ANDAH, 1978 ; ce chercheur Nigérian a d'abord exercé à l'Université de Legon
(Accra, Ghana) d'où il menait ses expéditions dans la Haute Volta d'alors. Dans ce pays il fut le premier à mener des
fouilles méthodiques sur des sites d'âge préhistorique ou protohistorique. Ayant rejoint son pays d'origine, il exerce à
l'Université d'Ibadan, sous le nom de Bassey Eteyen Andah. TI a contribué à la rédaction du volume II de l'Histoire
Générale de l'Afrique par l'UNESCO.
20
Fig. 4 : L'outillage lithique de la région de Gorom-Gorom (Oudalan)
A - Microlithes de la région de Gorom-Gorom (Oudalan). Photo Kote 96
B - Haches de la région de Gorom-Gorom (Oudalan). Photo Kote 96
21
Succédant à cette première culture, une seconde, appelée Rim II, est caractérisée par un
outillage en pierre (granite) avec de grands tranchants, des meules, des broyeurs, des
polissoirs. La céramique apparaît avec décor. L'agriculture est connue avec la culture du
sorgho et du pois-vouandzou. Enfin des dallages au sol montèrent qu'on est en présence d'un
habitat sédentaire organisé. Cette culture a pu être datée de façon absolue entre la première
moitié du deuxième millénaire et la dernière moitié du premier millénaire avant notre ère.
La culture dénommée par l'inventeur Rim III nous intéresse tout particulièrement. Son
outillage en pierre polie (haches et herminettes sont associées à des restes d'inhumation, à de la
céramique et à des objets en fer. C'est donc une culture de l'âge du fer qui fut datée entre 1500
et 1000 BP. Waï-Ogusu a également fouillé à Sindou et Kawara dans la province de la Comoé
à l'ouest du pays. A Sindou, il a mis à jour deux cultures qui, par leur contenu et leurs
chronologies, rappellent étrangement Rim 1 et Rim Il. Datées respectivement entre 6.000 et
4.000 BP et 3.000 à 2.000 BP, ces cultures, de l'avis du préhistorien burkinabè Antoine Kalo
Millogo, pourraient être plus âgées en raison de la présence de nucleus, de choppers, de
chopping-tool et éclats obtenus par la technique de débitage Levallois48. A Kawara les mêmes
types de cultures ont été reconnues avec en outre des peintures rupestres associées à la
deuxième culture et cependant d'un âge relativement récent (XV: - XVIIe siècle).
Parmi les sites à industrie lithique dont l'âge est connu figurent ceux de la mare
d'Oursi, et d'Aribinda dans le nord, mais aussi des sites du sud-est et du sud-ouest du pays.
Autour de la mare d'Oursi, Michel Grouzis de l'ORSTOM a repéré des sites avec un outillage
lithique fait de pointes de flèches, de micrograttoirs et microperçoirs sur éclats, de disques
perforés, de haches et d'herminettes polies. Cette industrie daterait de la première moitié du
premier millénaire de notre ère49.
48· MILLOGO, K. A., 1993", « Recherches préhistoriques au Burkina Faso», pp. 105-106.
49 - GRO~N\\et al., 1985, « Prospection archéologique de la Mare d'Dursi», 7 p.
- MILLOGO, K. A., 1993b, « Résultats des premiers sondages dans l'abri de Yobiri», pp. 119-134.
22
Fig. 5 : Le lithique de Yobiri dans le Gobnangou (Tapoa)
Source: MILLOGO, K. A., 1993b, p. 130
a - Segments
=
b - Pointes
c - Micropointes
d - Micropointes
23
Dans le sud-est, des travaux en cours du Laboratoire d'Archéologie de l'Université de
Ouagadougou et des Archéologues de l'Université Johann Wolfang Goethe de Francfort, ont
mis à jour dans le Gobnangou à Yobiri, une abondante industrie lithique en silex et quartz
associée à des ossements humains, à des restes de microvertébrés, à des coquillages et à des
fragments de céramique. Les datations de ces sites obtenues au C14 paraissent aberrantes parce
que renvoyant à l'époque moderne. Mais cette difficulté illustre bien les problèmes de
chronologie de la préhistoire Ouest-Africaine50.
Dans le sud-ouest, M. Becquaert et K. A. Millog051 ont collecté des outils taillés sur
galet et éclats en quartz et en dolérite. Les pointes, les hachereaux et les herminettes identifiées
appartiennent au néolithique.
Parmi les sites non datés de façon absolue se trouve Tin Edia dans le nord où Waï-
Ogusu a recueilli des pointes bi-faciales sur l'éclat de quartz finement retouché. L'outillage
comprenait en outre des lames, des racloirs et de petits choppers. L'inventeur attribue le tout
au Middle Stone Age.
A Bérégadougou dans la Comoé, des choppers, des polyèdres, des nucleus discoïdes et
informes semblent constituer les preuves de la présence la plus ancienne de l'homme au
Burkina. Mais aucune datation isotopique ne permet encore d'affirmer avec certitude que cette
industrie date du Early Stone Age.
Les sites de Koumi, de Fo, de Téoulé' étudiés par Creach52 et Waï-Ogusu, ceux de
Kouroumani et Zokoéma reconnus par Le Moal53, tous dans l'Ouest du Burkina, sont
également à considérer comme parmi les plus importants de la préhistoire burkinabè. Mais
pour tous se pose les problèmes de stratigraphie, de typologie et de chronologie.
50 - BALLOUCHE, A. et Al, 1993, Aspects de "occupation humaine et de l'histoire de la végétation au cours de
l'holocène dans la région de la chaîne du GobnangOu. Sud-est du Burltina Faso, pp. 14-3l.
51 - BECQUAERT, M., 1948, « Le néolithique dans le cercle de Gaoua», pp. 118-138.
- MILLOGO, K. A., s. p., « Contribution de l'archéologie à l'histoire du peuplement de la région du Lobi », Jownal des
Africanistes.
52 - CREACH, P., 1945, p. 425.
53 - LE MOAL, G., 1982, « Vestiges préhistoriques du pays bobo », pp. 255-259.
24
Les industries lithiques font partie quelquefois du mobilier des abris aménagés sous
roche. Ceux-ci se localisent à mi-hauteur des accidents rocheux qui de temps en temps
rompent la monotonie du paysage burkinabè. Ces abris se retrouvent aussi bien dans les
anfractuosités des massifs granitiques précambriens, au milieu des reliefs ruiniformes des grès
du Primaire, tout comme aux flancs des buttes latéritiques. L'occupation de ces abris à
l'époque préhistorique est probable. Mais employés comme lieux de refuge aux périodes
d'insécurité, leur utilisation par les populations est restée d'une certaine permanence jusqu'à
nos jours. Ces abris aux sols sommairement aménagés, sont compartimentés par des murettes
de pierre ou de terre et renferme un mobilier comprenant du lithique, des greniers en argile
crue et de la céramique. On y trouve aussi quelques fois des gravures (Borodugu) ou des
peintures (Yobri). Les abris les plus spectaculaires sont ceux de Borodugu et Sindou à l'ouest,
de Yobri dans la falaise du Gobnangu dans l'est du pays, de Pilimpiku dans la Province du
Passoré au centre. Cependant il en existe un plus grand nombre sur l'ensemble du pays (Cf fig.
6 et 7).
Les représentations rupestres sont plutôt rares et dans cette rubrique on note une nette
prédominance des gravures par rapport aux peintures qui ne sont repérées pour l'instant que
dans un abri du Gobnangu à Yobiri et dans un autre situé dans les grès ruiniformes de la région
de Sindou à Kawara504•
54 - Les écrits concernant les rupestres du Burkina Faso ne sont pas nombreux. On consultera avec intérêt:
· DIALLO, H. et al., 1984, (( Pobe-Mengao : capital du Lorum, archéologie, histoire et muséologie. », Conununication au
4" colloque de l'ADM., Nouakchott.
· DUPRE, G., et GUILLAUD, D., 1986, (( Archéologie et tradition orale: contribution à l'histoire des espaces du pays
d'Aribinda (province du Soum - Burkina Faso) », in Cahiers de l'ORSTOM, série Sciences Humaines, 22 (1): 5-48.
· HEBERT, 1.,1961, (( Esquisse de l'histoire du pays toussian (Haute Volta»)), in, Bull. de l'IFAN, 23 (1-2),janv.-avril:
309-328.
· HENNlNGER, J., 1960, (( Signification des gravures rupestres d'une grotte de Borodougou (Haute Vota) lI, Notes
Africaines nO 88, oct. : 106-110.
· KOTE, L., 1985, Recherches archéologiques au Burkina Faso: état actuel des connaissances, Mémoire de maîtrise,
Université Paris X.
· MAUNY, R., 1954, (( Gravures et peintures rupestres de l'Ouest Africain)), Initiations africaines XI, 91 p.
· PROST, A., 1971, (( Quelques vestiges de la région d'Aribinda (Haute Volta) lI, Notes africaines, Bull. de l'IFAN, 130,
pp. 41-43.
· ROUCH, J., 1961, (( Restes anciens et gravures rupestres d'Aribinda (Haute Volta»)), Etudes Voltaïques, Ouagadougou,
pp. 61-69.
· URVOY, Y., 1941, (( Gravures rupestres d'Aribinda (Boucle du Niger) Il, Journal de la Société des Africanistes, Paris, t
XI, pp. 1-6.
25
Fig. 6 ; Les abris sous roche
• Habitation tankamba de Yobiri (Tapoa)
Le peuple Tankamba qui habite aujourd'hui ['Atakora au Bénin a abandonné avant l'arrivée des Burcimba du
Gunna, de nombrelL'>: abris amenagés dans la « falaise» du Gobnangu. Certains de ces abris semblent avoir
connu une occupation antérieure, voire néolithique. Photo Kiethega 1975.
26
Fig. 7 : Les rupestres de Pobe-MeDgao (Soum)
A - Cavaliers de Pobe-Mengao (Sown)
En cas de danger, ils se ranimeraient et voleraient au Secours du peuplement actuel Kurumba. Photo Kiethega
t984.
B - Cavaliers de Pobe-Mengao (Sourn)
On observera le traitement de la tête (coi.ffure? Plumes?) Photo Kiethega 1984.
27
Fig. 8 : Les rupestres de la région d'Aribinda (Sourn)
Source: DUPRE. G. et GUILLAUD. D., 1986, p. 14.
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Une faune variée avec de grands oiseaux (autruche. outarde). des carnivores (hyène, lion) et des herbivores.
28
Fig. 9 : Les rupestres de Borodougou (Houet)
Source: HENNlNGER., J., 1960, P
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29
Fig. 10 : Les rupestres de Doketi (Rouet)
B - Autre représenU1Ùon florale de même signification. PhOto Kiethega 1984
30
Fig. 10 : Les rupestres de Dokcti CHouet), .ruite
C - Papillons. Photo Kietllega 1984
D - Représentation d'un pied humain. Photo Kiethega 1990
31
Les gravures, plus nombreuses, fonnent deux ensembles dont l'un au nord du pays,
autour de Pobé-Mengao et Aribinda (cf fig. 8 et 9) se caractérise par la représentation de
cavaliers, d'annes et d'animaux divers sur les parois lisses des dômes granitiques. Un deuxième
ensemble de gravures rupestres est constitué par de très nombreuses représentations sur des
grès autour de Bobo-Dioulasso et Toussiana à l'ouest du pays (cf fig. 10, Il et 12). Là,
prédominent des figures géométriques d'inspiration religieuse et cosmogonique.
Les
représentations florales,
également abondantes,
suggèrent des fonctions
religieuses à
rapprocher avec le culte du Do, divinité de la brousse vénéré dans le grand ensemble Bobo et
Bwa, peuples de l'ouest du Burkina Faso. Aucun site rupestre n'a pu être daté de façon
absolue. Généralement attribuées aux «gens d'avant» ou aux «premières gens» ces cultures ont
cependant connu la métallurgie en raison de la présence d'annes ou d'outils en fer dans les
représentations. Il s'agit aussi très probablement des civilisations de chasseurs, de guerriers
éleveurs de chevaux, et de gens pratiquant des rites agraires.
4 - 2 : Les buttes anthropiques et les nécropoles
Les travaux de Jean-Yves Marchall, ceux de Georges Dupré et de Dominique Guillaud
et les publications récentes du laboratoires d'Archéologie de l'Université de Ouagadougou55
révèlent l'existence d'un nombre impressionnant de buttes plus ou moins élevées, plus ou
moins étendues, jalonnant les itinéraires des migrations des peuples. Ces buttes aux surfaces
dénudées ou portant des peuplements de Balanites aegyptiaca, d'Acacia albida ou encore
d'Adansonia digitata, présentent au prospecteur une grande quantité de tessons de céramique
et de même de poteries entières bien conservées. Des meules, des broyeurs, des statuettes en
pierre, des débris métalliques jonchent aussi ces surfaces. Dans le nord du pays, la plupart de
55 - Avant l'occupation, à partir du xve siècle, du nord et du centre du Burkina Faso par des conquérants venus du Nord
Ghana actuel et désignés communément sous l'appeIlation Nakombse (nakoambga au singulier) ces territoires étaient
peuplés de Kibsi (Kibga au singulier) et de Kununba (Kurunda au singulier) dans le nord (province du Yatenga du Seno,
du Soum, du Baam et du Slnmat&nga principalement de N"msi (Nînga au singulier) et de Yëinyoose (Yonyoaaga au
singulier) au centre (provinces du Wubr-t&nga, Bul-kiC&Jllde, Pasoore, Baag-zœga. La géographie des Yonyoose serait plus
étendue puisqu'on les signale aussi dans le nord et l'est du pays.
32
ces buttes sont attribuées au Kibsi et aux Kurumba (hft~~~~i). Au centre, les traditions
citent les Kibsi, les Nînsi et les Yônyôose56 comme anciens occupants de ces lieux. A l'est dans
le Gurma les buttes sont attribuées tout simplement «aux gens d'avant» sans autre précision.
Dans les autres régions du pays, l'inventaire est moins riche en raison principalement des
difficultés de repérage sous un couvert végétal plus fourni.
(~~e~~~
Les vestiges de l'art funéraire au Burkina Faso sont divers
lei *i). Mais les
plus frappants sont les nécropoles à jarres. Il en existe de deux sortes:
- des nécropoles à jarres-cercueils attribuées aux anciens peuplements Kibsi et kurumba
repérables surtout au nord. Les jarres utilisées comme cercueils sont de grands récipients
accolés par les bords et dans lesquels on plaçait plusieurs corps sans doute en inhumation
successives. Jadis enterrées en position horizontale, elles reviennent en surface sous l'action de
l'érosion.
- d'autres nécropoles à jarres existent au centre et à \\' est du pays. Elles sont attribuées
aux Nînsi, aux Yônyôose et à des «gens d'avant» non identifiés. Ces jarres, posées
verticalement sur des hypogées ne contenaient pas de corps. Les fouilles ont montré que dans
ces types de nécropoles, d'autres jarres sont utilisées sous la première qui marque la position
de la tombe. La fouille de Kugr-bogdo a ainsi révélé qu'une seconde jarre fermait l'entrée de la
tombe, et une cruche, placée à côté des corps, car il s'agit ici d'inhumation collective,
contenait sans doute de la boisson pour les morts.
56 - La bibliographie sur les ruines du Lobi est assez riche. On consultera plus particulièrement les titres rècents :
- KIETIiEGA, J. B., 1993, « Le cycle de l'or au Burkina Faso», in Découvertes du Burkina, t.2, SEPIA-ADDB,
Ouagadougou - Paris, pp. 97·126.
• MILLOGO, K. A., s. p., « Contribution de l'archéologie à l'histoire du peuplement de la région du Lobi », Journal de la
Société des Africanistes
• PERE, M., 1992, « Vers la fm du mystère des ruines du Lobi », Journal de la Société des Africanistes, t. 62, n° l, pp.
79·93.
- RAYMAEKERS, P. - PETRE, O., 1990, « Préhistoire en Côte d'Ivoire », Archeologia n° 262 : 60-66, Dijon
- SAVONNET, G., 1986, « Le paysan Gan et l'archéologie» (inventaire partiel des ruines de pierres du pays Lobi-Gan
[Burkina Faso et Côte d'Ivoire], Cahiers de sciences humaines n° 22 (1) : 57-62, ORSTOM, Paris.
NB : Un important travail de levés topographiques des ruines a par ailleurs été réalisé par le Centre National de la
Recherche Scientifique et Technologique de Ouagadougou avec le concours du Laboratoire d'Archéologie de l'Université
de Ouagadougou.
33
Fig. 11 : La butte anthropique de Taga (Soum)
Cette statuette gît au milieu d'un mobilier en céramique et en pierre à S km de toute habitation. Volée en 1994,
elle a été retrouvée dans la case du délinquant après que des décès en cascade aient frappé sa famille ! Photo
Kiethega 1984.
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Fig. 12 : Le site de Toésé (Yatenga)
La butte a selVi de carrière d'argile pour la confection de briques. Le Balanites Aegyptica dont on aperçoit le
tronc est tout aussi en péril que le site qui est attribué au Kibsi (Dogon). Photo Kiethega 1976.
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•
34
Fig. J3 : L'archéologie funéraire
A - Les stèles de la nécropole royale de Bourzanga ffiarn)
Chaque hypogée est marquée en surface par une stèle en grani'te apportée par l'un beaux-fils du défunts. Photo
Kielhega 84.
B - L'une des nécropoles de Tougou (yatenga)
Voici un exemple de mode d'inhumation en jarres-cercueils en position verticale. Ces sarcophages recevaient
parfois plusieurs corps. Photo Kiethega 1974,
35
Fig. 14 : L'bypogée de Kugribogdo (Oubritcnga)
A • Jarre indiquant en surface la position de la lombe
36
Fig. 14 : L'hypogée de Kugribogdo (suite)
C - Les deu..'< jarres dégagées. on peul s'introduire dans la chambre funéraire
D - Cruche de ta chambre funeraire. trouvée à proximité des ossements
37
4. 3 - Les sites de défense
Il en existe deux catégories comprenant les enceintes fortifiées réalisées avec la pierre
comme matériau de construction, et celles en argile sous forme de briques crues ou de banco.
4.3. 1 - Les fortifications en pierres (fig. 15)
Elles se localisent principalement dans le sud-ouest du pays dans ce qu'on a l'habitude
d'appeler le pays Lobi-Dagara, et dans le Sahel burkinabè.
Les ruines du Lobi ont été découvertes dès les premières années de la colonisation.
Cependant, malgré tout ce qui a pu être écrit et dit les concernant, elles restent enveloppées de
L'état de l'inventaire permet de dire qu'elles sont plus d'une centaine concentrées
surtout autour de Loropéni, Lokosso et Yerifoula58. Ces ruines sont envahies par la brousse
mais quelques fois des villages se sont construits à proximité ou à l'intérieur, les mettant en
plus grand danger59. Tantôt quadrangulaires, tantôt circulaires, elles ont des tailles variables.
La plus grande celle de Loropéni, de forme quadrangulaire, mesure environ 110 mètres de
côté.5O. Ce qui reste des murs atteint 4 à 5 m de hauteur avec une épaisseur d'un mètre à la
base et de 40 cm au sommet. Les enceintes circulaires sont les plus petites et épousent les
dimensions des soukhalas d'aujourd'hui. Les matériaux de construction sont des moellons de
57 - Madeleine Père (communication personnelle) les chiffres par milliers, tandis que Paul Raymaekers, 1990 et 1996 en a
dénombré plus d'lUte dizaine en Côte d'Ivoire à proximité de la frontière burkinabè.
58 - Les villages de Nyongtan et Obire, dernières capitales des Gan, se sont édifiés d'abord à l'intérieur des ruines. La
croissance démographique fait qu'il existe aujourd'hui des maisons (( hors les murs». de même, selon la tradition gan la
ruine de Kpôkayâga à proximité de Loropéni aurait été construite par le troisième roi des Gan appelé Orpire Farama qui y
vécut deux ans avant de contracter lUte maladie mortelle. C'est à sa mort que l'édifice fut évacué et appelé désormais
(( maison du refus ».
59 - Cette ruine s'appelle aussi Kpôkayâga ou encore la (( maison du refus».
60 - En effet lUte grande prudence doit être observée face à cette révélation, justifiée par les conditions de la collecte de
cette tradition par Madeleine Père, l'imprécision des dates concernant l'installation des Koulango et des Gan au Burkina,
l'aire géographique des ruines qui déborde l'espace culturel gan, la perte de la tradition de la construction en pierre par les
Gan qui occupent aujourd'hui des cases en banco rondes ou carrées à toit de chaume, l'indétermination des fonctions des
ruines etc.
38
latérite liés par un mortier d'argile jaunâtre. Les paroIs intérieures et extérieures étaient
enduites d'argile. Il n'en reste que des lambeaux.
Sur l'âge de ces ruines et l'identité des bâtisseurs, le débat reste ouvert même si on
s'achemine vers une identification des Koulango, un ancien peuple de la région, comme auteurs
des enceintes pour une destination tout aussi conjecturée. En effet, dès 1902, Maurice
Delafosse, impressionné par ces découvertes et excluant toute origine africaine suggérait
comme bâtisseurs les Egyptiens ou les Phéniciens et les situait ainsi dans l'antiquité classique.
Plus tard cet auteur a pensé aux chercheurs d'or portugais. Tandis que Jacques Bertho les
attribuait aux négriers, d'autres auteurs comme Jean Hébert ont proposé les arabes et plus
précisément les Marocains.
Henri Labouret, suivi par Raymond Mauny a remis en cause ces thèses diffusionnistes
et leur ont préféré une origine locale en identifiant les Koulango comme bâtisseurs. Pendant la
période coloniale ces deux auteurs ont été les seuls à avoir pu confronter une riche
documentation orale aux données des sources archéologiques après des sondages sur les sites
de Oyono et Yerifoula.
La paternité Koulango des ruines semblait s'imposer à tous jusqu'en 1991 quand le roi
et les notables Gan déclarèrent à Madeleine Père que leurs ancêtres en étaient les auteurs et
que leur peuple s'était tu jusqu'alors par crainte des conséquences qu'une telle révélation
aurait pu faire peser sur eux. Cette attitude des Gan provoque aujourd'hui la perplexité dans le
milieu scientifique1l1 . Si cette tradition s'avérait exacte, les ruines du Lobi remonteraient tout au
plus au xve siècle. Pour mieux comprendre, un projet dit « Ruines du Lobi » est monté par le
Laboratoire d'Archéologie de l'Université de Ouagadougou; il s'exécutera dans les prochaines
61 - On pourra se référer à notre thèse de 3" cycle soutenue en 1980 et intitulée « L'exploitation traditionnelle de l'or sur le
rive gauche de la Volta Noire », publiée aux éditions Karthala en 1983 sous le titre (( L'or de la Volta Noire ».
Les connaissances sur l'or du Lobi restant au stade des infonnations recueillies par Labouret. Cependant, très bientôt
lyinibon Da soutiendra un mémoire de maîtrise qui renouvellera un tout petit peu les connaissances. Justin Somé a effectué
un travail similaire sur les placers de la région de Dano, province de la Bougouriba, qui furent jadis exploités par des
Bwaba. Cf. bibliographie.
39
années dans le cadre d'une coopération internationale et pluridisciplinaire. Mais dès à présent
ces ruines présentent un intérêt certain pour le paléométallurgiste. En effet les fouilles de Henri
Labouret en 1913 ont mis à jour de nombreux vestiges métalliques, et des scories de réduction
du minerai du fer sont encore observables dans l'argile du mortier.
Dans le sahel burkinabè, des travaux de défense ont été identifiés dans la région
d'Aribinda autour de Diamon et de Zaran. Mais assez rapidement ces vestiges ont pu être
expliqués et datés du XVIIe siècle. Il s'agit comme à Diamon, d'une grande muraille plus ou
moins circulaire de plus de 2 km de circonférence à l'intérieur de laquelle d'autres enceintes
sont décelables au sol. Le tout est fait de moellons de latérite comme le pays Lobi-Dagara.
L'inventaire et l'étude de ces vestiges restent à réaliser.
4.3. 2 - Les enceintes en argile (fig. 16)
Les Gurunsi du sud burkinabè ont développé au XIXC siècle et même avant, une
architecture militaire impressionnante dont quelques vestiges nous sont parvenus. Il s'agit des
ruines de Sati, de Yoro et de Tiakané. A Sati, une enceinte de 2,5 km de circonférence et deux
soukhalas ayant servi de quartiers généraux, résistent péniblement aux intempéries et aux
prédateurs. A Yoro il ne reste qu'un petit bout d'une grande muraille à double enceinte qui
entourait tout le village, protégeant ainsi le butin des pillages Zaberma qui désolaient le pays. A
Tiakane, c'est avec orgueil que les villageois montrent la vieille soukhala du chef et les restes
de sa muraille de protection. L'explorateur français Binger y aurait trouvé refuge à la fin du
siècle dernier.
Toutes ces constructions sont en briques crues ou montées par colombinage. Elles sont,
de tous les vestiges archéologiques burkinabè, les plus menacées de destruction rapide. Plus
résistants et plus abondants aussi sont les vestiges de la paléométallurgie.
40
Fig. IS - Les ruines de Pierres
C'est la plus prestigieuse des ruines du Lobi. De forme quadrangulaire avec 110 m de côté, elle est haute
d'environ 5 m.
Diamon fut la capic.ale d'une chefferie sonraï qui la protégea par Wle enceinte qui se développait sur plus de
deux kilomètres. Photo Kiethega 1984
41
Fig. 16 : Les enceintes en argile
A - L'enceinte de Sati (Sissili)
De forme ellipsoïdale, elle se développait sur 2,5 km. Elle ful construite à la fin du XIX' siècle pour conteni( les
envahisseurs Zabenna. Deux niveaux de meurtrières sont reconnaissables, de même que les créneaux du
sommet. Photo Kiethega 1984.
B - La muraille de Yoro (Sissili)
Ce fut à l'origine une double enceinte destinée à protéger le butin que les envahisseurs Zabenna venaient
entasser dans ce village ami. Photo Kiethega t 984.
42
Fig. 16 : Les enceiotes eo argile (suite)
Ces loges recevaient des archers; photo Kiethega 1984
D - La soukhala de Moussa Kadio. chef de Saù
Il ne reste de la forteresse qu'lme partie de la façade sud dans laquelle était percée une porte basse servant à la
circulation des fenunes. Photo Kiethega 1984.
43
4. 4 - Les sites de la paléométallurgie
Par leur abondance, les vestiges des industries métallurgiques offrent un terrain
inépuisable de recherche. Qu'il s'agisse de l'or dont la production ancienne se localise de part
et d'autre du fleuve Mouhoun (ex Volta Noire), ou du fer produit partout, mais plus concentré
dans quelques provinces du Nord et de l'Ouest, les puits et les galeries de mines, les tertres de
rejets, les ferrières, les fourneaux, etc., sont des témoignages qui interpellent constamment le
chercheur.
4. 4. 1 - Les sites d'orpaillage
Les secrets de la localisation et de la production de l'or dans l'ensemble des pays
d' Mrique Occidentale ont été couverts, pendant des générations par des mythes et des interdits
puissants.
L'or est cependant présent dans le sol de la sous-région sous des formes divers. Les
filons profonds, aujourd'hui exploités, étaient inaccessibles à cause des nappes aquifères. De
plus petits filons, inclus dans des quartz, irréguliers de forme et de teneur étaient exploités par
puits, galeries, abattage, extraction, broyage et lavage.
Au Burkina Faso, seules les deux rives du Mouhoun ont connu un orpaillage ancien
alors qu'en Mrique Occidentale les zones aurifères, très vastes, se situent entre les 9° et 15°
degrés de latitude nord et les 2° et 16° degrés de longitude ouest. Une bonne partie du
territoire national est donc aurifère et ce n'est pas un hasard si l'exploitation traditionnelle de
l'or est une activité qui se développe encore de nos jours et conquiert les provinces du nord.
En comparaison avec d'autres placers anciens tels que le Buré, le Bambuk ou le Galam,
les provinces aurifères du Burkina Faso étaient peu connues. Les auteurs arabes n'en parlent
pas et il faut attendre la fin du XIXC siècle pour lire les premières relations d'explorateurs sur
cette activité.
44
Fig. 17 : L'orpaillage au bord du MouboUD (ex Volta Noire)
A - Site de Poura-oùnes : terres végétales décaPées et entassées en attendant d'être lavées. Photo Kiethega 1976
B - Site de Ziguito : sur plusieurs hectares, des oùlliers de puits ont transformé le sol en écumoire.
Photo Kiethega 1976
'45
Fig. 17 : L'orpaillage au bord du MouboUD (suite)
c -Site de Zani (Nanano) : Sanu Salif refaisant le geste des anciens dans un puits gui était entièrement bouché
Photo Kiethega 1977.
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D. Site de Ziguitio : puits découvert après la fouille d'un tertre de rejets. Photo Kiethega 1977
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46
Par contre dès le début de la colonisation l'or du Burkina fait l'objet d'une recherche
effiénée par les Européens qui s'attribuèrent des concessions, particulièrement dans le pays
lobi où le métal jaune paraissait plus abondant.
En effet dès avant la deuxième guerre mondiale, des tentatives d'exploitation
industrielle sont signalées autour de Gaoua.
Mais les efforts se reportèrent après la guerre sur les gisements de la région de Poura
sur la rive gauche du Mouhoun.
C'est également là que la recherche archéologique se concentra, et entre 1973 et 1980,
des recueils de traditions orales, des repérages de sites anciens, des sondages et fouilles
permettent de se faire une idée de l'importance de l'activité minière dans le passé (fig. 14 et
15).
Dans la région de Poura, les gisements anciennement exploités sont alluvionnaires ou
éluvionnaires. Toutefois à Poura même, un filon a été dépilé par les anciens.
Les techniques de production comprenaient une phase de prospection dans les lits des
rivières, aux alentours des arbres arrachés par les vents d'hivernage ou par des procédés
magiques. Il existait en effet des spécialistes qu'on appelait « voyants de l'or» opérant par
ésotérisme ou en utilisant une tige de fer qu'ils enfonçaient dans le sol.
Lorsque les gisements sont repérés, les alluvions sont tout simplement prélevés par
décapage, puis broyés et lavés. L'extraction du minerai n'entraîne pas alors des fonçages
profondes. Dans le Lobi, ce sont les alluvions que les orpailleurs exploitaient surtout.
Dans le cas de gisementAéluvionnaires ou filonie~il devient nécessaire de creuser des
puits aux profondeurs variables, quelques fois reliés entre eux par des galeries afin de suivre la
progression de la couche minéralisée. Le fonçage des puits et galeries est un travail pénible qui
mobilisait des équipes d'hommes. Ces derniers recouraient quelques fois à des procédés de
variation thermique pour débiter les quartz qui encaissent l'or.
47
Les puits et galeries n'étaient pas étayés. Cependant la tradition soutient que les
accidents étaient rares.
Les mineurs ne prélevaient que les parties fortement minéralisées de la roche. Le reste
des cailloux était abandonné sur le carreau de mine. Les parties prélevées étaient broyées
finement dans des mortiers et sur les meules de roches vertes puis lavées à la batée.
Des données statistiques fiables sont inexistantes pour apprécier de façon correcte les
quantités d'or produites et le rendement des mines. Les conclusions auxquelles nous sommes
parvenu en 1980 fixent un maximum de 50 kg d'or par an la production totale du Burkina
précolonial. Pour l'ensemble de l'Afrique Occidentale, Raymond Mauny (1961) avançait le
chiffie de dix tonnes par an à l'époque des grands empires ouest-africains.
Le Burkina précolonial a connu des orpailleurs mais aussi des orpailleuses. Si ces
dernières semblent s'être spécialisées dans le Lobi où elles sont aujourd'hui les principales
productrices, on doit reconnattre aussi leur participation à l'extraction de l'or éluvionnaire et
filonien de la région de Poura. Dans le pays Lobi et avant l'arrivée de ces derniers au XVnf
siècle, une activité minière par puits avait été menée vraisemblablement par les Koulango. TI est
probable que si le fonçage des puits a dû mobiliser des hommes, les femmes n'ont pas été
absentes dès ces époques.
A Poura et aux alentours, à partir du XVnf siècle, des Bobo-Dyula venus de la région
de Bobo-Dioulasso prennent en pains l'exploration minière. Auparavant, les Gurunsi
autochtones et les Môose arrivés très tôt dans la région ont pu démarrer cette activité. Une
analyse des sources orales et une datation au C14 tendent à le confirmer. Il se pourrait que
l'orpaillage sur la rive gauche du Mouhoun ait débuté au XIve siècle. Pour la rive droite les
origines de la production aurifëre sont encore très tloues62•
62 - CEI1S, G., 1991, Les fonderies africaines de fer, p. 23.
48
Aujourd'hui, le Burkina Faso connaît une nouvelle race de mineurs tant nationaux
qu'étrangers qui fouillent et arrachent des entrailles de la terre le métal précieux dès que sa
présence est signalée quelque part. TI serait scientifiquement très intéressant de relire le contenu
des sources orales et de l'archéologie à la lumière des pratiques contemporaines afin de mieux
évaluer la production d'or des anciens.
5 - Objectifs, contenu et limites de nos recherches en paléo-
métallurgie du fer au Burkina Faso
C'est sur l'histoire du fer que se sont reportés tous nos efforts depuis 1983, après avoir
axé nos premiers travaux sur l'or entre 1973 et 198063. En élaborant un programme de
recherche sur la métallurgie lourde du fer au Burkina Faso, nous nous fixons pour objectif:
- de participer au débat international autour de la découverte et de la diffusion du fer
dans le monde, en apportant la démonstration de l'autochtonie des techniques métallurgiques
dans cette partie de l'Afrique. Aujourd'hui, près de quinze ans après la formulation de ce
programme, la cause semble entendue lorsqu'on se réfère aux nombreuses découvertes
réalisées depuis dans la sous-région.
- de contribuer de façon concrète à écrire l'histoire économique et technique du
Burkina Faso. Dans le domaine des industries métallurgiques, le terrain était quasiment vierge.
- de saisir et exploiter un courant de pensée assez récent, favorable à la revalorisation
des technologies traditionnelles. Par une meilleure connaissance de celles-ci, nous pensions
pouvoir proposer des solutions alternatives pour un progrès technique qui s'enracine dans les
traditions. En effet, il est heureux que depuis quelques années les décideurs soient d'accord
avec les scientifiques pour accorder aux technologies traditionnelles un certain intérêt. Ainsi,
au niveau national burkinabè, le premier Salon International de l'artisanat de Ouagadougou,
63 - KIETIiEGA, J. B., 1983, L'or de la Volta Noire, 247 p.
49
organisé en février 1988, est une sorte d'épilogue d'une pensée politique développée à partir
de 1983 et qui invitait le peuple à « produire et consommer burkinabè ». L'artisanat textile en a
tiré un réel épanouissement avec la promotion du Faso dan fani, la cotonnade traditionnelle
tissée manuellement.
Au niveau sous-régional, la Communauté Economique de l'Afrique de l'Ouest
(C.E.A.O.), aujourd'hui disparue, a organisé en mars 1982, avec l'appui de l'UNESCO, un
séminaire régional sur la détermination des priorités en matière de recherche scientifique. Les
experts ont conclu leurs réflexions en disant que l'une des trois priorités dans le domaine de la
recherche consiste à revaloriser les patrimoines par l'utilisation des techniques modernes. Pour
aboutir à cela, en passant par une meilleure connaissance du patrimoine, les disciplines à
encourager sont celles qui concourent à revaloriser les technologies traditionnelles.
L'archéologie, et particulièrement l'archéologie des métaux ne participe-t-elle pas de celles-ci?
Enfin au niveau international l'UNESCO, à son assemblée Générale de 1984, prenait
des résolutions dans le sens de la revalorisation des technologies traditionnelles, traduisant ainsi
un certain consensus au niveau mondial.
Les résultats espérés de notre programme devraient permettre de balayer beaucoup
d'idées reçues en particulier concernant le diffusionnisme des techniques métallurgiques et
l'incapacité notoire des Africains à l'invention et à l'innovation.
Ce faisant, nous participons à la réhabilitation des métallurgistes afiicains. Notre
recherche se limite, par souci de commodité, à l'espace territorial burkinabè. Elle ambitionne
remonter le plus loin possible aux origines de la métallurgie du fer au Burkina Faso. Elle
s'applique plus particulièrement à la métallurgie lourde même si des trouvailles de fer
transformé sont prises en compte pour élaborer l'histoire de cette sidérurgie.
En effet, la métallurgie du fer est l'activité qui )dans le passé a fait la réputation de
l
certains peuples du Burkina. En tout état de cause, elle a profondément marqué les sociétés
50
productrices de ce métal. Les sondages de sites réalisés jusqu'à ce jour fixent aux alentours du
XV siècle la production du fer au Burkina. Cependant les datations obtenues concernent la fin
de la métallurgie Kibga et nînga sur le plateau central, et non le début de cette métallurgie
réputée plus ancienne. Au demeurant, les travaux de Bassey Ogusu dans le Yatenga font
remonter l'âge du fer autour du Ir siècle de notre ère. A béna, dans la Kossi, nos propres
investigations ont permis de dater des puis de mine entre -365 et -220. Mais il s'agit là d'une
date isolée que nous manipulons avec beaucoup de précaution.
La richesse passée de la métallurgie du fer burkinabè a laissé une grande variété de
fourneaux de réduction dont certaines originalités dans les formes et les modes de
fonctionnement suggèrent plusieurs centres d'autodécouvertes.
En effet à partir de la masse d'informations collectées, il nous semble utile de mettre
l'accent sur la chaîne opératoire de la production du fer, de discuter des datations absolues,
encore insuffisantes et inégalement réparties selon les métallurgi~ afin de « rendre à César ce
qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu », en matière d'acquisitions technologiques. L'on a
si trop longtemps spolié les forgerons et sidérurgistes africains de leurs savoirs et savoir-faire~
que la répétition devient pédagogique lorsque des éléments apparaissent qui permettent de les
réhabiliter.
Une prospection au sol, par parcours systématique, pendant plusieurs années, permet
d'établir une carte encore provisoire des sites les plus importants en apparences. Des ferrières
aux débris fins dispersés sur quelques mètres carrés ou composées d'énormes scories
accumulées sur près de dix mètres de hauteur ont été répertoriées en plusieurs endroits du
Burkina, au voisinage de fourneaux encore intacts ou terrassés par les intempéries, la
divagation des animaux ou l'action anthropique quelquefois néfaste. Les lieux d'extraction du
minerai été également identifiés dans les dépressions à mi-pente ou au sommet de reliefs. De
nombreuses analyses géochimiques et par diffj-action X de minerais ont été faites.
51
Une attention particulière a porté sur l'origine des combustibles employés par les
métallurgistes et la forgerons. Nous avons tenté de vérifier les informations livrées par la
tradition orale en recourant à des analyses anthracologiques de charbons de bois prélevés en
fouilles.
Le choix des sites à fouiller ne s'est pas opéré au hasard. Nous nous sommes laissé
guider par l'aspect extérieur des vestiges et les indications chronologiques provenant des
sources orales lorsqu'elles sont à même d'établir des distances temporelles entre les sites.
Cependant, il faut reconnaître que les ateliers fouillés selon ces critères se sont dévoilés en
datation absolue être d'âge relativement récent, postérieur au xve siècle. Le cas du site de
mines de Béna dont nous avons parlé plus haut est à considérer avec beaucoup de prudence. U
est évident que nos investigations n'ont pas permis de remonter aux débuts de la métallurgie de
fer au Burkina Faso. Les vestiges apparents et identifiables appartiennent pour la plupart à la
période sub actuelle ou au siècle précédant. Comment reconnaître et localiser les ateliers les
plus anciens ?
La fouille de bases de fourneaux a livré très peu de charbon de bois. On en trouve
surtout dans les scories.
L'enquête sur les conditions sociales du métallurgiste et les implications de son activité
sur son environnement a été passionnante. Elle a donné l'occasion de nuancer la généralisation
de l'utilisation du mot « caste» appliqué de façon quasi automatique au groupe des
métallurgistes.
Afin de rendre compte des résultats de ces recherches l'approche suivante nous a paru
appropriée.
En raison d'une certaine cacophonie dans la manipulation du vocabulaire technique lié à
la métallurgie, nous en tentons la clarification dans une partie méthodologique constituant la
première partie de ce travail. Sans être un glossaire qu'on trouvera à la fin de l'ouvrage, il
52
s'agit d'une justification de l'utilisation de certaines notions et de la mise en relief de certaines
particularités liées au contexte burkinabè ou africain.
La méthodologie aborde également les différentes catégories de sources nuses à
contribution, de même que l'apport de certaines sciences humaines ou techniques. Les sources
archéologiques et orales y apparaissent dominantes.
Partir ensuite du présent pour comprendre le passé, nous a paru intéressant du point de
vue pédagogique. C'est pourquoi le texte traite aussi de l'actualité de la production du fer en
Afrique de l'Ouest.
Cette ouverture à la sous-région Ouest-Africaine s'est aussi imposée et nous
rappellerons en les synthétisant, les connaissances relatives à l'histoire du fer et aux techniques
de production dans les pays voisins du Burkina Faso avec des éléments de comparaisons saisi
dans d'autres contrées d'Afrique. Il s'agit en fait de se faire une idée de l'environnement
métallurgique des acteurs du Burkina Faso. Cette démarche devrait permettre de dégager
ultérieurement les aspects originaux de la métallurgie burkinabè au sein de la grande diversité
des technologies africaines.
A partir de la deuxième partie, nous abordons la chaîne opératoire de la production du
fer par une étude sur les mines et les minerais. Nous pensons apporter dans ce domaine une
contribution essentielle car de telles études sont rares et partielles en Afrique.
Suit une troisième partie consacrée aux combustibles. Certains pensent que le choix
d'un combustible particulier n'est pas essentiel pour l'obtention de fer-métal64• Il est cependant
curieux que tous les métallurgistes du continent utilisent de façon quasi systématique trois à
cinq essences végétales prélevées dans leur riche écologie. Cette pratique contribue au
demeurant à la raréfaction ou à la disparition des espèces en question.
64 - CEUS, G., 1991, Les fonderies africaines de fer, p. 23.
53
Avec la quatrième partie traitant des fourneaux et des méthodes de réduction, on
pénètre dans un domaine sensible où tout le savoir et le savoir-faire des métallurgistes se
libèrent. C'est aussi un domaine complexe et difficile à expliquer de façon rationnelle car
l'ésotérisme y gardait beaucoup de droits. D'autre part les enquêtes révèlent des formes et des
modes qui ne se lisent plus dans le paysage. Quelles typologies dresser dans l'incertitude
d'avoir recensé tous les modèles employés depuis le début de la métallurgie?
L'étude s'achève par des considérations sur l'histoire et les conséquences SOCIO-
économiques de l'activité métallurgique. La pression du sidérurgiste et du forgeron sur son
environnement et son propre statut constituent à nos yeux une réflexion d'un grand intérêt.
Cet ouvrage n'apporte pas de réponse à toutes les questions que l'on pourrait se poser
sur la métallurgie lourde du fer au Burkina Faso. Ses limites sont nombreuses et quelquefois
essentielles.
Nous n'apportons pas de façon exhaustive nos connaissances relatives à la métallurgie
dans le Bwamu et dans la province du Ethlkiemde' où nous avons travaillé avec des étudiants
dont deux achèvent la rédaction de leurs thèses nouveau régime65.
La prospection a été de qualité inégale. Alors que nous sommes revenus sur nos pas
dans certaines régions, d'autres n'ont connu qu'une exploration à grande mailles. La qualité de
nos déductions s'en trouve affectée.
Nous avons déjà évoqué les insuffisances provoquées par les critères qui ont présidé au
choix des sites à fouiller. TI nous faut relever avec insistance le fait que nous n'avons pas pu
identifier d'atelier de réduction remontant aux débuts de ]a métallurgie au Burkina Faso. De
plus, il y a eu peu de fouilles d'habitats liés à ]a paléométal]urgie : Kougri (1979),
Kougribogdo (1985), Koug-sabla (1986), Tougou (1992), Goden (1993). Zakaria Lingané en
65 - Elisée Coulibaly soutiendra très prochainement une thèse sur la paléométallurgie du fer dans le Bwamu. Les travaux
de Timpoko Kienon sur la métallurgie du fer à Good&-Wolog-t&nga sont également très avancés.
A ces deux étudiants qui ont soutenu leurs mémoires de maîtrise sous notre direction, nous laissons le devoir de livrer ces
informations au monde scientifique.
54
a conduit quelques unes dans le cadre de sa thèse sur les sites d'anciens villages du Yaad-tmga
au nord du Burkina Faso88.
TI est difficile de se passer aujourd'hui de l'archéométrie dans des recherches d'une telle
nature. Notre travail présente cependant des limites dans le domaine de l'étude des loupes, des
scories, des parois de fourneaux, etc.
C'est aussi à la mode de faire des expérimentations. Si nous disposons d'un fichier de
métallurgistes sachant et acceptant reproduire pour nous leurs connaissances techniques, nous
n'avons pas entrepris de reconstitution. Les seules réalisés au Burkina Faso l'ont été à la
demande de Bruno Martinelli à Kaïn en 1988, Sabine Weingarten à côté de Legmoin en 1989,
Hans Peter-Hahn à Tangasgo en 1993 et 199587.
Notons encore, parmi les insuffisances, le manque d'acuité de certaines observations de
terrain lié aux conditions dans lesquelles ces « expéditions» étaient souvent organisées et à
l'ignorance où nous nous trouvions de certaines démarches scientifiques, dans les preDÙers
temps de la recherche. Le programme sur le fer a démarré en même temps que celui sur l'or
qui devait conduire au doctorat de 3e cycle.
On voudra aussi nous pardonner une expression qui pourrait paraître DÙlitante. Nous
avons le désir de réhabiliter les métallurgistes africains mais sans « tordre le cou» à l'histoire.
66 - LINGANE, Z., 1989 et 1995.
67 - Voir bibliographie.
55
PREMIERE PARTIE
LA METHODOLOGIE
56
En mars 1983 s'est tenu au Centre de Recherches Afiicaines de l'Université de Paris 1
un colloque international sur «l'histoire de la métallurgie: de la mine au métal avant l'adoption
du procédé indirect»68. Invités à J'issue des communications scientifiques à livrer leurs
impressions sur le colloque, les chercheurs du Sud se sont appesantis sur les décalages existant
dans les approches méthodologiques entre chercheurs dans le domaine de la paléométallurgie.
Au Nord, J'archéométrie et l'expérimentation semblaient les voies royales vers la restitution de
l'histoire des technologies. Le Sud paraissait rivé aux seuls apports des sources orales.
11 était évident qu'une telle situation compromettait la comparabilité des résultats
obtenus de part et d'autre. 11 fut recommandé d'être désormais plus exigeant, de viser la
complémentarité des approches méthodologiques. Ainsi par exemple, on ne devrait plus se
contenter de l'à peu près dans la définition des fourneaux, des minerais ou des produits de
réduction. Or, en la circonstance, la tradition orale peut être utile pour différencier et non pour
expliquer avec le meilleur degré de certitude. Le Sud pouvait contribuer à dégager un
vocabulaire technique commun en proposant des éléments de référence s'appuyant sur la
grande diversité des structures et des techniques de réduction en Afiique et sur la richesse du
vocabulaire des métallurgistes africains. Utiliser cette richesse patrimoniale du Sud pour affiner
la méthodologie de recherche en paléométallurgie, était pour tous d'un intérêt si certain que le
colloque arrêta les termes d'un contrat de recherche Nord-Sud et créa à l'issue de ses travaux
69
un Comité International sur la sidérurgie ancienne .
III _ Ce colloque avait été organisé par le Centre de Recherches Africaines et l'Equipe d'Histoire des Mines de l'Université
de Paris 1 Les travaux n'ont malheureusement pas été publiés.
• - Ce Conùté a été créé sans statut précis. n fut immédiatement doté d'un Conseil de Gestion composé de MM.:
- Paul Benoît de l'Equipe d'Histoire des Mines de Paris I.
- Victor Diabaté de l'Université d'Abidjan (Côte d'Ivoire),
- Jean-Baptiste Kiethega de l'Université de Ouagadougou (Haute Volta),
- Aimé Manima de l'Université de Brazzaville (Congo),
- Paul-Louis Pelet de l'Université de Lausanne (Suisse),
et Mme Nicole Echard du C.N.R.S.
n fut également décidé d'organiser à Dakar en 1986 un colloque sur l'unifonnisation du vocabulaire technique dont la
diversité était et reste désarmante. Ce colloque ne se tint pas faute de crédits.
57
TI nous a paru utile de rappeler ce moment fort dans l'indispensable recherche de
concertation entre les chercheurs pour mieux évaluer notre propre itinéraire depuis bientôt
quinze ans et relancer aussi cette dynamique qui s'est quelque peu assoupie faute d'avoir abouti
70
à la constitution d'équipes et à la fédération des chercheurs du Nord et du Sud .
De même, il ne nous semble pas que les chercheurs se soient tous mis dans un état de
« virginité» d'esprit qui permette d'observer, d'analyser et d'interpréter correctement les
vestiges. Nous sommes loin de nous exempter de cette critique même dans la présentation de
notre approche méthodologique assez classique qui tente d'abord d'élucider certains concepts
et termes, puis expose les catégories de sources où l'information a été puisée.
70 _ Cette dynamique de 1983 a cependant porté quelques fruits dont le projet Campus « histoire du fer au Burkina Faso Il
en chantier depuis 1993. C'est le même esprit qui a guidé les experts de l'Agence de Coopération Culturelle et Technique
(A.C.C.T.) à identifier et à financer des projets de recherches dans le cadre de son programme « Métallurgies Africaines Il
(METAF). Cependant, il n'existe pas encore une réelle intégration de chercheurs du Nord et du Sud.
58
CHAPITRE 1: LE VOCABULAIRE DE LA METALLURGIE DOIT ÊTRE
UNIFORMISE
Dès l'antiquité, un flou entoure le concept même de «métal» employé pour désigner
tout ce qui sortait de la mine comme l'or, le marbre, le cuivre etc.
L'équivalent du mot métal n'existe pas dans les langues africaines. Chaque matière est
identifiée par un terme spécifique, parfois un mot composé. En Afrique de l'Ouest, Raymond
Mauny a tenté une histoire des métaux en utilisant l'approche linguistique. Les conclusions
qu'il a publiées tendent à mettre en évidence les aires de découvertes autochtones et les sens de
diffusion de la technologie de chaque métal. Cependant aucun terme générique n'apparaît qui
71
s'applique à l'ensemble des métaux.
.
Il n'y a cependant pas dans les langues africaines une confusion entre les noms des
roches et les noms des métaux.
<<La métallurgie est la manifestation préhistorique la plus avancée de la maîtrise des
ressources naturelles» écrit 1. P. Mohen qui ajoute que sur 70 éléments métalliques naturels, les
hommes préhistoriques et ceux de l'antiquité n'ont utilisé qu'une dizaine: or, électrum, argent,
plomb, cuivre, étain, antimoine, platine, arsenic, mercure, fer et zincn . En Afrique noire
précoloniale ce chiftTe peut être ramené à cinq : cuivre, or, étain, antimoine, fer.
Le fer terrestre natif, rare dans l'Ancien Monde (il en existe au Groenland) n'est nul
part signalé en Afrique subsaharienne. Il en est de même pour le fer météorique. Signalons que
tous deux n'ont aucune utilité pratique, car l'un se présente le plus souvent sous forme de
nodules si petites qu'il est impossible de les récupérer pour modeler un objet, et l'autre est très
cassant.
71 _ MAUNY, R., 1952, (( Essai sur l'histoire des métaux en Afrique Occidentale», pp. 545-595.
72 _ MOlIEN, J. P., 1990, Métallurgie préhistorique. Introduction à la paléométallurgie, p. 9.
59
En demeurant dans le cas précis de la métallurgie du fer, le chercheur enregistre de
nombreuses difficultés sémantiques dues essentiellement aux traditions métallurgiques des
peuples. On peut tenter de sérier les expressions en les regroupant autour d'éléments de la
chaîne opératoire de la production du fer, ou en rapprochant des mots qui pourraient être de
faux cousins. Il ne s'agit pas ici d'un glossaire, prévu à la fin de cette étude, mais de
clarification de termes et expressions en discussion.
1. 1 : Autour de la mine et du minerai
Dans ce domaine, on n'observe pas de trop grandes distorsions dans le vocabulaire
usuel. Toutefois la littérature des métallurgistes privilégie l'utilisation du terme « mine» pour
les gisements profonds, réservant le mot «minière» pour les exploitations à ciel ouvert d'un
73
quelconque gisement métallifère .
On relève l'expression «minette» utilisée non pas pour désigner une petite mine, mais
un minerai néolithique de Lorraine en France. D'origine détritique, il se présenterait sous forme
d'hydroxyde en inclusion dans les calcaires du jurassique moyen, à l'étage géologique de
l'Aal"
74
emen .
Nous suivrons quant à nous le Petit Larousse illustré 1995 dans sa définition de la mine
comme étant un «gisement de substance minérale ou fossile, renfermée dans le sein de la terre
ou existant en surface» ou encore comme étant une «cavité creusée dans le sol pour extraire le
charbon ou le minerai». Les nombreuses galeries d'extraction du minerai relèvent de la même
définition. Nous préciserons plus loin une typologie des mines sur la base de critères
orographiques ou des modes d'exploitation.
73 • Voir par exemple PELET, P. L., 1993, Une indrutrie reconnue: fer. charbon. acier dans le pays de Vaud,
p.I34.
Et PLOQUIN, A., 1995, « une base de données dévolue aux conditions chimiques des scories et produits associés à la
~éosidérurgie », p. 101.
4 _ Voir LEROY, Met CASAROrrO, 1. T., 1995 « Minette» et « fer fort ». Une approche de l'histoire de la sidérurgie
ancienne en Lorraine, p. 249.
Et MORIN, D., 1995, « Dynamique et évolution des systèmes d'extraction du minerai de fer du xvrr au ~ siècles.
L'exemple des plateaux de Saône et du Jura septentrional », p. 429.
60
1.2 : Les termes désignant les structures de réduction
C'est, sans conteste, le domaine où la confusion est poussée à l'extrême. Pour désigner
les structures de réduction, on rencontre couramment les mots foyer, bas-foyer, four, fourneau,
bas-fourneau, haut-fourneau et d'autres combinaisons tendant à mettre en valeur, tantôt un
aspect de la morphologie de la structure, tantôt une originalité de son mode de
fonctionnement. Dans les typologies, on a recours à d'autres paramètres (types de produits,
contrôle de la température etc.) aboutissant à des nomenclatures de plus en plus compliquées.
Pourtant, le langage du métallurgiste africain dans sa simplicité ne fait pas un appel
systématique au données évoquées. Il convient toutefois de nuancer cette observation au
regard de l'indigence des observations relatives aux installations sidérurgiques africaines. C'est
aussi pourquoi nous prélevons dans le riche vocabulaire de la littérature métallurgique
occidentale les termes et expressions qui pourraient s'adapter aux structures africaines de la
réduction du minerai de fer. A maintes reprises, des tentatives de redéfinition et de classement
typologiques ont été réalisées. C'est au demeurant une approche très chère aux archéologues
qui se trouvent obligés de décrire et de sérier pour mieux comprendre. Les uns reprenant les
autres, ou se remettant en cause en raison de découvertes nouvelles, ont peut ainsi suivre cet
exercice avec des auteurs comme R. 1. Forbes, H. H. Coghlan, R. Evrard, H. Cleere, P. L.
75
Pelet, Ph. Andrieux, V. Chieze, G. Celis et B. Martinelli . Les trois derniers se sont davantage
appliqués à l'étude de la métallurgie africaine.
75 _ • FORBES, R. l, 1950, Metal/urgy in Antiquity, pp. 116-123. n divise les structures de réduction en trois groupes dont
les différences sautent aux yeux. n distingue ainsi les modèles creusés (ditch fumaces). ceux construits en argile (pot
/limaces), et ceux montés en pierre (shaftfumacu).
• COGHLAN, H. H., 1956, Notes on prehistoric and early iron in the Dld World. cité par P. L. PELET. 1982, s'appuie sur
l'architecture wùquement pour différencier les fourneaux qu'il classe en fourneaux creusés en bol ou en marmite; en
fourneaux cylindriques en puits et en fourneaux en forme de coupole
• La typologie de R. Evrard nous parait être la plus élaborée pour l'époque. Nous reprenons certaines de ses défmitions et
les mettons en parallèle avec les structures africaines en général et burkinabè en particulier. Voir EVRARD, R.. 1960,
&Mli de terminologie pour lu ancieru appareil3 producteurs de métaraferrewc et pour leurs produits, pp. 51-58.
• CLEERE, H.• 1972, (( The classification of Barly Iron-smelting Fumaces 1), pp. 8-23, cité par P. L. PELET, 1982. Cet
auteur retient pour sa part deux groupes de fourneaux sans soufilerie hydraulique que sont ceux qui évacuent des scories et
ceux qui ne le font pas.
• PELET, P. L., est celui qui a élaboré la typologie la plus complète et la plus précise. n est revenu à plusieurs reprises sur
la question avec beaucoup de pertinence en 1973. 1980. 1982 et tout dernièrement en 1993 dans une deuxième mise à jour
de (( Fer, charbon, acier dans le pays de Vaud)) panIC pour la première fois en 1973. Depuis le colloque du C.RA en 1983
61
1.2. 1 : Foyer
Le terme est rarement employé seul en métallurgie. Selon Philippe Andrieux, il n'y a
pas de différence très criarde entre un foyer ouvert et les premiers fourneaux à réduction
d'oxydes métalliques76. Les opérations se dérouleraient à même le sol.
1.2.2: Bas-foyer
Selon Bertrand Gille77, avant la période romaine, les fourneaux semblent avoir été
exclusivement du type bas-foyer à cuve avec un diamètre de 30 cm et une profondeur de
23 cm. C'étaient des trous dans la roche ou une construction en pierres plates. Initialement les
scories restaient au fond du bas-foyer. A l'époque romaine elles furent évacuées à l'état
liquide.
Les bas-foyers primitifs avaient été pourvus d'un canal d'amenée d'air. Ils étaient alors
à induction directe même si le tirage naturel était forcé par l'orientation de la prise d'air. Plus
tard les bas-foyers furent dotés de soufflets à main. C'est pourquoi certains les appellent bas-
e.
ffl' 78
loyers sou es .
sur la sidérurgie du fer avant l'apparition des procédés indirects, nous avons adopté certains éléments de la terminologie de
cet auteW". Paul Louis PELET, 1982, Lefer dans le Jura Vaudois, rend également compte de la classification des fourneaux
par Inga Serning en cinq types :
fourneau
o
creusé en entonnoir,
fourneau construit avec cuve en entonnoir,
o
fourneau construit avec cuve cylindrique et creuset enterré,
o
fourneau construit avec cuve cylindrique et creuset à la surface du sol,
o
fourneau construit en coupole à la surface du sol.
o
Observant que toutes ces tentatives de classement oublient que les fourneaux doivent répondre avant tout à la
préoccupation fondamentale des métallurgistes, l'efficacité, c'est-à-dire réduire le fer d'un minerai donné, avec la moindre
peine et le meilleW" rendement, Paul Louis Pelet propose un classement teclmologique se fondant sur la capacité de
production.
• ANDRIEUX, Ph., 1987, cc Dix ans d'expérimentation: le feu entre terre et métal )), pp. 77-96.
• Valérie Chieze dans un mémoire de D.E.A. soutenu à Paris 1en 1987 s'appesantit sur l'intérêt et le problème du choix
des critères typologiques en plaçant son propos dans le contexte africain. Voir CHIEZE, V., 1987, La métallurgie du fer
dans la zone lacustre: archéologie et archéométrie. Ce texte est repris dans RAIMBAULT, M., et SANOGO, K., 1991,
Recherches archéologiques au Mali, pp. 449-472.
• MARTINELLI. B., 1993, cc Fonderies ouest-africaines, classement comparatif et tendances )) puis 1995, cc Techniques
métallurgiques dans la Boucle du Niger )), recherche sur les marqueurs identitaires de la variabilité tèchnique et sociale des
arts du feu.
• La contribution de Georges CELIS, 1991, très didactique par ses belles illustrations photographiques est semblable à
celle de Martinelli avec cependant une extension de ses observations à toute l'Afrique subsaharienne.
ANDRIEUX, P., 1987, cc Dix ans d'expérimentation: le feu entre terre et ciel )), p. 80.
"
0
n _ GILLE, B., 1970, cc Evolution de la technique sidérurgique )), pp. 141-147.
71 _ EVRARD, R., 1960, cc Essai de terminologie poW" les anciens appareils producteurs de métaux ferreux et poW" leurs
produits )), p. 54. Voir aussi fig. 18 et 19.
62
Fig. 18: Bas-fo)'er en Europe
Source: Mangin, M.
63
Notons également que le trou dans le sol, enduit d'argile ou avec un parement de
pierres, fut surélevé au-dessus du niveau du sol. «En résumé, le bas-foyer serait l'appareil de
réduction directe du fer, établi entièrement ou partiellement dans la terre et dont on extrait la
loupe par l'ouverture supérieure de l'appareil, qu'il fonctionne avec ou sans tirage ou
soutllets79». R. Evrard estime que le fourneau catalan est une variante du bas-foyer. Le
combustible et le minerai y sont enfournés non pas en mélange ou en couches alternées, mais
bien en deux colonnes, le sommet de la colonne de charbon étant colmaté pour forcer les gaz à
traverser la colonne de minerai. Le bas-foyer aurait disparu en Europe à la fin du moyen Age
alors que le fourneau catalan était encore utilisé en France au XIXC siècle80.
Philippe Andrieux trouve un second usage aux bas-foyers. Il estime en effet que ceux
que l'on trouve dans les agglomérations romaines : Chartres, Alésia, Autun, Montbeuvry, ne
sont peut-être pas des bas-foyers de réduction stricto sensu, même s'ils pouvaient l'être
ponctuellement, mais plutôt des bas-foyers de reprise du métal dans le lieu même où il était
fi
,81
orge.
En Europe, des trouvailles de bas-foyers sont nombreuses. A côté de Prague, en
Bohème, on a trouvé de véritables ateliers sidérurgiques de l'époque de La Tène (1 er siècle
après 1. C.), avec des fours à moitié creusés en terre et à moitié au-dessus du niveau du sol. Un
fourneau analogue a été découvert en Bohème avec une superstructure de 40 à 50 cm82.
Des bas-foyers de type pré-romain ont été fouillés en Irlande et datés du vr-XIIr
siècles83. André Leroi-Gourhan rattache à tort les fourneaux africains hauts de 2 à 3 m à
l'ensemble méditerranéen des bas-foyers. Il recommande cependant le rejet du vocabulaire
ethnographique de l'expression «méthode catalane» sauf si elle est employée pour désigner un
78 _ Op. cit., p. 54.
10 _ Op. cit., p. 57.
11 _ ANDRIEUX, P., 1990, Prolégomènes à une étude tracéologique sur les structures d'élaboration thermique et les
parois argileux mblewes, p. 124.
12 _ Des travaux importants ont été conduits en Pologne et en Tchécoslovaquie dans les années 1960 par K. Bielenin, R.
Pleiner et M. Radwan. Voir bibliographie.
13 _ GILLE, B., 1970, (( Evolution de la technique sidérurgique », p. 147.
64
vieux fourneau proprement catalan. Il préconise l'utilisation de «fonte à basse température»
pour tous les procédés antérieurs à l'état industriel actuel84.
En Afrique noire, le bas-foyer serait cet appareil décrit par Georges Celis à Buta au
Burundi. Il s'agit d'un trou situé au centre d'un abri. De fonne tronconique, ce trou a une
profondeur de 50 à 60 cm avec pour diamètre 40 cm au fond et 60 cm au niveau du so185.
Nous-même avons déjà décrit ce que nous appelions aJors les "bas-fourneaux" des
bords du lac de Sian, Haute-VoJta (actuel Burkina Faso86). La concentration des structures
observées à Sian et plus tard sur d'autres sites burkinabè rappellent étrangement les
découvertes faites en Pologne et en Tchécoslovaquie. Sur la base des infonnations issues des
fouiUes et de celles tirées de la tradition orale, nous décrivions ces fourneaux comme des trous
faits dans le sol, d'une profondeur de 20 à 30 cm avec un diamètre sensiblement égal. Ce trou
est revêtu d'une pâte argileuse sur les parois tandis que le fond est tapissé de cendres
compactées au pilon. Dans le proJongement externe des parois, une superstructure d'environ
une coudée est éJevée avec de l'argile. Plantée en oblique, une tuyère d'argile conduit l'air
d'une paire de soufflets actionnées à la main vers le milieu du fourneau. Dans cette structure, le
chargement du charbon et du minerai se fait en colonnes séparées comme pour le bas-foyer
catalan.
1. 2. 3 : Four, four à masse
A la différence du bas-foyer qui a toujours une partie sous terre, le four à masse est
défini comme un fourneau construit sur le sol avec deux ouvertures, l'une pour la ventilation,
J'autre, plus grande, pour sortir la loupe. Pendant J'élaboration du fer, cette ouverture reste
fennée. Le four à masse peut avoir des fonnes et des dimensions variées. Il apparaît en
Occident entre 1000 et 1400 et s'imposa au bas-foyer. Au demeurant, Je four à masse procède
... - LEROI-GOURHAN, A., 1971, L 'homme et la matière, p. 198.
85 _ CELIS, G., 1991, Lesfonderie:lafricaines defer, pp. 29-38.
.. - KIElHEGA, 1. B., 1983, (( Les bas-foumeaux des bords du lac de Sian (Haute-Volta) », 24 p.
65
du développement des dimensions du bas-foyer rendant pénible la sortie de la loupe par
l'ouverture supérieure. D'abord construit en matériaux provisoires, le four à masse connut à la
fin du Moyen Age occidental une architecture en matériaux durables et fut équipé de soufflets
actionnés par des roues hydrauliques. Ils se fixèrent alors au bord des rivières.
Par suite de l'accroissement des dimensions de sa cuve et de la puissance de ses
soufflets, le four à masse se mit à sortir du fer cru, c'est-à-dire de la fonte, en même temps que
la loupe qui était le métal recherché. Pour pouvoir utiliser la fonte, il fallut l'affiner, d'où la
construction d'un foyer séparé. La méthode d'élaboration du fer en deux temps, dite méthode
87
Wallone, est ainsi découverte . L'appareil producteur de fonte appelé fournaise ou fourneau
serait un haut fourneau primitif
A l'heure actuelle, on admet généralement que les fourneaux africains n'ont pas produit
de fonte, parce que leur système de ventilation ne leur aurait pas permis d'atteindre de hautes
températures proches de cene de la fusion du fer qui est de 1529° C. L'argile des fourneaux
88
aurait fondu à cette température ajoute-t-on . Cependant, les reconstitutions de réduction de
minerai de fer, opérées ici et là à travers le continent laissent supposer qu'en certaines parties
du fourneau et à certains moments, les températures atteintes étaient suffisantes pour
l'obtention de la fonte. Nous reviendrons sur cet aspect de la question.
L'équivalent du four à masse pour certains auteurs comme Philippe Andrieux est le
bas-fourneau. Pour lui, dans cette structure les températures atteintes sont inférieures à 1500°
C. A ces températures, et sous une atmosphère riche en carbone, le métal obtenu est pâteux et
permet l'agglomération des éléments réduits en une masse spongieuse qu'il appelle « éponge
de fer» ou « massiot» qui sera épurée à la forge89. Cet auteur écarte l'utilisation du terme four
17 _ EVRARD, R., 1960, (( Essai de terminologie pour les anciens appareils producteurs de métaux ferreux et pour leurs
produits )), p. 55.
I l • Communication verbale du professeur Maurice Pican, Directeur du laboratoires de céramologie de Lyon. Entretien du
27/04/81
... ANDRIEUX, P., 1987, (( Dix ans d'expérimentation: le fer entre terre et ciel )), p. 81.
66
pour désigner les structures de réduction. Il le réserve aux structures culinaires et aux appareils
de production céramique. Nous partageons son point de vue, d'autant plus qu'en Afrique, le
mot four apparaît avec la colonisation dans le langage courant, effectivement associé aux
technologies alimentaire et céramique.
1. 2. 4 : Fourneau, bas-foulieau, haut-fourneau
R. Evrard propose d'appeler fourneaux tous les appareils producteurs de fonte en
première fusion au moyen de charbon de bois et hauts-fourneaux tous ceux qui produisent de
la fonte en première fusion au moyen de coke, de vent froid ou de vent chaud. Ces définitions
écartent presque systématiquement tous les fourneaux africains de ces deux appellations tant
qu'il n'aura pas été démontré formellement que certains d'entre eux au moins fonctionnaient à
des températures permettant la production de fonte. Cependant il faut relever qu'en ce qui
concerne le fourneau, R. Evrard s'écarte des définitions des dictionnaires. Pour le dictionnaire
«Robert» par exemple, «un fourneau est une sorte de four, de forme et de matière variables,
dans lequel on soumet à un feu violent certaines substances à fondre, à calcineo>. Le
dictionnaire «Le Petit Larousse lIIustré» dit que le fourneau est un «four dans lequel on soumet
à l'action de la chaleur certaines substances à fondre, à calcineo>. Ces deux définitions sont
donc très proches même si le Petit Larousse Illustré ne donne aucun détail. Il précise au
demeurant que le bas-fourneau est un «four à cuve de faible hauteur pour l'élaboration de la
fonte et des ferro-alliages». il n'existe donc pas de bas-fourneau en Afrique conformément à
l'argumentation ci-dessus développée. Les appareils africains seraient tout simplement des
fourneaux, puisqu'on y met des oxydes qui sont réduits à un feu de bois ou de charbon de bois
suffisamment intense. Du reste, les fourneaux africains ne permettent de réduire qu'une faible
quantité de minerai de fer avant d'être éteint pour permettre la récupération de la 10upe90.
80 _ CELlS, G., 1991, Lesfonderies africaines defer, p. 17-18.
67
La littérature africaniste, surtout celle des ethnologues a utilisé jusqu'à ces dernières
années le terme haut-fourneau en application aux fonderies africaines. Il faudrait cependant
réserver l'usage de ce mot à la technique industrielle. En effet, selon Maurice Lecerf, le «haut-
fourneau moderne consiste en un four composé d'une partie cylindrique: l'ouvrage, surmonté
d'une partie en forme de tronc de cône renversé. A partir de la base supérieure de ce tronc de
cône qui occupe sa plus grande largeur, le haut-fourneau va en se rétrécissant et se termine par
une large ouverture, le gueulard, par laquelle se fera le chargement et qui peut être obturée par
un cône métallique, afin d'empêcher la fuite des gaz de combustion qui doivent être récupérés.
L'ensemble, en briques réfractaires, a 20 à 25 cm de haut9\\. Dans le four du haut-fourneau, le
minerai et les fondants sont disposés en couches horizontales alternant avec du coke. On peut
employer aussi semble-t-il comme combustible du charbois ou du bois92 . Le combustible est
porté à température d'inflammation par de l'air surchauffé apporté sous pression. A une
température voisine de 1200° C, le fer réduit s'écoule à l'état liquide par une ouverture à la
base de l'ouvrage. Le fer, séparé des laitiers par gravité, se refroidit et donne une fonte
blanche. Le haut-fourneau industriel n'est apparu que dans le dernier quart du xvnr siècle 93.
Paul Louis Pelet qui ne tient pas compte des caractéristiques du haut-fourneau telles que
résumées ci-dessus, trouve que dans la langue actuelle, le haut-fourneau désigne tout four à
réduire le minerai, qu'il produise de la fonte ou du fer et quelles que soient ses dimensions ou
94
son système de ventilation . Naturellement nous ne retenons pas cette définition qui est trop
globalisante et ne le suivons pas dans sa préférence pour le terme four qu'il trouve plus général
et plus neutre, car la question n'est pas là.
Il _ LECERF, M., 1942, Le fer dans le monde, p. 26.
12 _ Op. cil., p. 26.
93 Voire fig. 20.
14 _ Voir fig. 24 et fig. 25.
68
Fig. 20 : Le haut-fourneau
source: FLUZIN, P., in ECHARD. N., 1983, p. 24.
Charges
GUEULARD
---f---
Dessication
~
Réduction
SOO"e
des oxydes
à
CUVE
œr 10000C
ëarblrratlon
ou fer
f
Liquefaction
----r----
Coulée
Le haut fourneau comprend, à partir de sa base, les éléments suivants ~_
-
Le creuset:
récipient cylindrique qui sert de réceptable à la fonte et au laitier. Sa
sole très épaisse est parfois appelée sous-creuset.
-
Les ouvra~es :ceinture cylindrique qui contient les tuyères à vent.
-
Les étalages: partie tronconique évasée vers le haut. Cette forme est justifiée par
la diminution du volume de la charge lors de sa fusion qui intervient
dans les étalages.
-
Le ventre:
partie cylindrique qui assure la transition entre les étalages et la cuve.
-
La cuve:
partie tronconique évasée vers le bas. Sa forme est justifiée par l'ac-
croissement volumique des gaz dû à l'augmentation de la tempéra-
ture quand on descend vers le bas du four.
-
Le gueulard : appareil de réception et de répartition des matières et orifice de SOI
des gaz.
69
En résumé de tout ce qui précède, nous adoptons le tenne fourneau pour désigner
toutes les structures de réduction de la sidérurgie traditionnelle du fer en Afrique
subsaharienne95, en raison de la pertinence de sa définition par les dictionnaires français et pour
réduire la confusion entraînée par des usages abusifs de tennes techniques. En restreignant de
la sorte le vocabulaire lié aux fourneaux africains, on ne s'interdit pas d'en établir des
typologies compte tenu surtout de leur grande diversité. Des chercheurs ont déjà identifié des
critères et des paramètres autorisant des regroupements ou des différenciations96. En tout état
de cause, nous nous accordons avec Philippe Andrieux lorsqu'avec la passion qui l'anime dans
ses expérimentations il s'exclame: «un fourneau s'écoute, un fourneau se respecte, et un
fourneau se sert. Pour servir, il faut avoir une haute position intellectuelle. Je pense que tout
métallurgiste doit jouir de tout notre respect»97.
J. 3 - Les termes désignant les produits de réduction
On observe dans ce domaine encore plus de fantaisie dans les dénominations, ce qui
peut s'expliquer en partie par le fait que dans le langage courant le verbe fondre confond deux
opérations distinctes : la réduction du minerai et la coulée du métal.
J. 3. 1 : Termes désignant le produit recherché par la réduction
Le magma initial qu'on sort de la structure de réduction que nous appelons désonnais
fourneau et qui englobe les appellations bas-foyer, four à masse, foyer catalan, est désigné
diversement. On relève en effet les mots loupe, lopin, masse, masseau, massiot, éponge, bâtard,
massoque, massoquette...
115 _ PELET, P. L., 1993, Une industrie reconnue: fer, charbon, acier, dans le pays de Vaud, p. Il.
118 _ On consultera avec profit le mémoire de D.E.A. de Valérie Chieze, cf. bibliographie.
87 _ ANDRIEUX, P., 1987, (( Dix ans d'expérimentation: le feu entre terre et ciel », p. 90.
70
Le produit métallique obtenu après affinage est nommé loupe, masse, lopin, lingot,
saumon, masselotte, pièce, gâteau, 10up98. En se référant au dictionnaire Larousse on obtient
les définitions suivantes :
- Loup: agglomération de matière mal fondue, qui se forme dans le minerai en fusion.
- Loupe: masse de fer fondue et cinglée sous le marteau.
Ces deux expressions pourraient être retenues pour désigner respectivement le magma
extrait des fourneaux et le produit final de l'affichage. Les autres termes ci-dessus énumérés se
révèlent tantôt très restreints, tantôt trop généraux dans leurs définitions. Par exemple, le mot
masse est employé pour tout corps informe, pour amas de parties qui font corps ensemble;
lopin désigne la masse formée de plusieurs morceaux de fer qu'on a réunis en les chauffant;
masseau est le lopin cinglé tandis que massoque désigne le lopin obtenu en coupant en deux le
masseau et massoquette le lopin obtenu en coupant en deux une massoque, etc. Il faut écarter
le terme lingot qui ne peut être employé que pour une masse de métal ou alliage ayant conservé
la forme du moule dans lequel elle a été coulée.
TI n'est pas question ici du vocabulaire relatif aux produits des hauts-fourneaux parce
que ne concernant pas cette étude. Au sujet de loup et loupe ajoutons quelques précisions.
Le mot loupe est très utilisé aussi pour présenter la masse spongieuse (ce qui lui vaut le
qualificatif d' éponge), de couleur grise-jaunâtre, contenant de nombreuses inclusions de
charbon de bois, sortant du fourneau: donc la même définition que loup. Elle ne donne pas du
tout l'apparence d'un bloc de fer homogène. Il faut la débarrasser de ses impuretés au cours de
l'affinage qui a lieu à la forge. Nous développons plus loin les opérations qui constituent celle-
ci dans les forges burkinabè et qui aboutissent à un changement de la nature métallique de la
loupe.
el _ EVRARD, R., 1960, (( Essai de tenninologie pour les anciens appareils producteurs de métaux ferreux et pour leurs
produits », p. 58.
71
Fig. 21 : FourneaJde Pononkaba (Côte d'Ivoire)
On observera la large dislribulion des structures coniques à J'ensemble de l'Afrique occidentale
Source: CELIS. 1991, p. 100
Fig. 22 : Fourneau de Yelwani (Niger)
Source: CELIS.
CELIS, 199 L, p. 66
72
J. 3. 2 : Termes désignant les déchets de réduction
Pour
le
dictionnaire
Larousse,
le
laitier
est
un
sous-produit
métallurgique
essentiellement composé de silicates et formé au cours des fusions d'élaboration. Le même
dictionnaire donne à la scorie la même définition. On pourrait par conséquent employer
indifféremment ces deux mots pour désigner les déchets silicatés provenant de la réduction du
minerai de fer. Cependant Paul-Louis Pelet introduit une différence entre ces mots, le laitier
désignant la scorie fluide provenant des hauts-fourneaux utilisant le charbon de bois sont
appelées mâchefer et seul le mot scorie est utilisé pour le déchet silicaté provenant de la
réduction du minerai de fer. Cet auteur trouve aussi une expression spécifique pour la scorie se
formant au fond du creuset: c'est le sorne99.
En fait, il conviendrait d'établir une distinction entre laitier et scorie, mais avec d'autres
critères. Le laitier, fluide au cours de l'élaboration du fer, est composé de la gangue du minerai
et du fondant éventuel. Le laitier est moins dense que le fer et se rassemble donc au-dessus de
lui, qu'il soit de l'acier ou de la fonte. Dans le laitier, les éléments silicatés forment les scories
encore plus légères que les autres constituants de la gangue : l'argile, le calcaire etc. Si la
composition du laitier varie selon la nature du minerai, la scorie, elle, rassemble toujours les
éléments silicatés. Le métallurgiste ayant intérêt à ce que son laitier soit fusible pour bien se
séparer du métal, intervient souvent pour obtenir cet effet par ajouts de roches calcaires ou
siliceuses selon que la gangue est acide ou basique. Ces procédés peuvent être observés au
Burkina et dans le reste de l'Afrique. Plus par commodité que par science, nous employons
indifféremment scorie ou laitier.
.. - PELET, P. L., 1993, op. cil., p. 134.
73
I. 4 - Le vocabulaire onomastique
Le vocabulaire s'appliquant aux travailleurs du feu et aux ateliers et lieux d'exercice de
la profession est également disparate.
J. 4. 1 : Les appelations de l'artisan
On continue à rencontrer le mot forgeron employé indifféremment pour désigner deux
catégories d'artisans du fer: le producteur de la matière première, le fer, et le transfonnateur
de celle-ci. En Europe, pour distinguer les deux activités, la littérature réserve le tenne
forgeron pour les artisans transfonnateurs, fabriquants d'articles divers à partir du fer et ses
alliages. Pour le sidérurgiste, les uns emploient féron, les autres, ferrier ou tout simplement
métallurgiste. Féron et ferrier semblent des tennes de terroir difficiles à éradiquer. Ils
pourraient être recommandés à l'usage courant si les deux mos n'étaient pas employés par
ailleurs pour désigner un amas de débris de production de fer, composé de différentes couches
de déchets: scories, fragments de parois de fourneaux, déchets du minerai de fer etc., ou des
lieux-dits10ll. Ils introduisent par conséquent de la confusion dans la terminologie de la
métallurgie du fer. Sans vouloir appauvrir le vocabulaire technique, il est donc préférable de se
limiter aux tennes sidérurgiste ou métallurgiste pour identifier l'artisan qui pratique la
métallurgie primaire du fer. Le mot forgeron trouve alors une application limitée à la
métallurgie de transfonnation ou métallurgie secondaire du fer. Dans les deux cas, les
expressions du terroir doivent être bien circonscrites dans leurs limites géographiques ou
chronologiques.
'00 _ A titre illustratif,lire Paul-Louis Pelet, Maurice Lecetf, el Dunikowski. Cf bibliographie.
74
1. 4. 2 : Les toponymes
Les toponymes et expressions communes s'appliquant aux sites de réduction du minerai
de fer sont variés. Ces mots se rattachent quelquefois à un élément de la structure de réduction
comme les conduits d'aération ou d'évacuation, ou aux déchets produits.
Ainsi, on rencontre comme toponymes des lieux-dits, renardières ou goupiIlères,
définies par ailleurs comme les conduits servant à l'évacuation du laitier qui se forme au-dessus
du fer.
Crassier, ferrier, ferrière, mazerie, halde désignent tous des dépôts de scories ou
laitiers. Cependant le dictionnaire Larousse limite aux amoncellements de déchets de la
sidérurgie moderne l'emploi du mot crassier. Des autres expressions, seul le mot ferrière peut
justifier son acceptation étymologique, ce terme venant du latin ferraria qui signifie exploitation
sidérurgique101. On pourrait donc l'adopter pour identifier tout site métallurgique présentant
des éléments de structures ou de déchets de réduction.
1. 5 - Centre et provinces métallurgiques
Nous élucidons dans cette rubrique des notions très utiles pour la détermination des
champs d'étude, tant sur le plan spatial que chronologique. En effet, Bertrand Gille pense que
«pour l'élaboration d'un produit donné et ainsi en est-il pour tous les produits sidérurgiques, il
n'y a pas une technique mais une série de techniques qui constituent les différents stades de
production. Il est extrêmement rare, par conséquent, qu'il y ait une mutation globale. Il y a au
contraire une série de mutations partielles qui tendent généralement à un équilibre technique
102
nouveau
.» C'est ce qu'on peut observer dans les pays industriellement avancés. Pour les
autres, la tentation aujourd'hui est de vouloir passer d'un équilibre technique ancien à un
équilibre technique nouveau, en éliminant les étapes successives de progrès partiels. Ces
101. PELET, P. L., 1993, op. cil., p. Il.
'" • Gn.LE, B., 1970, (( L'évolution de la technique sidérurgique », p. 122.
75
réflexions nous amènent à expliquer les concepts de centre métallurgique et de province
métallurgique, cadres dans lesquels nous voudrions mscnre notre étude sur la métallurgie
lourde du fer au Burkina Faso.
C'est avec Jean Pierre Mohen qu'on trouve des définitions pertinentes de ces notions.
Cet auteur conçoit le centre métallurgique comme un ensemble comprenant le centre
d'extraction du minerai, celui de production du métal par réduction et celui de mise en forme
de l'objet à partir de la loupe (l'auteur emploie lingot). Le centre métallurgique correspondrait
ainsi à une unité dans laquelle on retrouve les mêmes caractéristiques au niveau de la
production du métal et des objets métalliques. Il posséderait une limite géographique et
chronologique et impliquerait une stabilité des types d'outils, des conditions technologiques
similaires de fabrication, un lien entre les compositions chimiques des métaux et l'origine des
minerais, et enfin une même organisation des métallurgistes et des forgerons103.
Le même auteur définit la province métallurgique comme un système combinant
plusieurs centres métallurgiques. Elle est alors caractérisée par son étendue plus vaste et le fait
que sa matière première peut provenir de plusieurs régions minières. La province métallurgique
reste limitée dans le temps et l'espace et son unité se retrouve au niveau des outils métalliques
1 •
, ,
l' d
104
putot qu a ce UI es parures
.
Il convient de relever tout de suite avec Jean-Pierre Mohen, qu'il existe des cultures qui
ne connaissent ni la métallurgie lourde, ni la transformation du métal, recourant à des artisans
d'origines diverses, qui résident ou non dans l'aire culturelle donnée.
Une autre limite à ces définitions concerne la chronologie et la détermination de
constantes ou variables culturelles ou sémiologiques assez pertinentes pour une périodisation
fiable dans le contexte africain. C'est ainsi que discutant de la notion « d'âge du fer ancien» en
Afiique, Augustin Holl constate que dans la littérature archéologique afiicaine, l'âge du fer ne
"XI _ MÛHEN, J. P., 1990, Métal/urgie préhistorique: introduction à la paléométal/urgie, p. 202.
,.. - op. cil, p. 202.
76
fait pas l'objet de définitions explicites. Est ainsi considéré comme relevant de l'âge du fer tout
vestige matériel prélevé d'un ensemblage comportant au moins un témoin attestant la présence
du fer sur le site'05. Or en Afrique, et surtout en Afrique Occidentale et plus précisément au
Burkina Faso, les volumineux vestiges de fabrication du fer sont d'âge médiéval ou subactuel.
Sur le plan des conditions technologiques, les principes de fonctionnement des
fourneaux africains semblent avoir peu varié. Ce sont les formes,
les dimensions et
l'implantation de ces structures qui ont évolué, parfois à l'intérieur d'une même région.
Enfin, le critère d'une même organisation des métallurgistes et des forgerons but~ à la
première objection que nous avons soulevée à la suite de Jean Pierre Mohen. Néanmoins nous
tentons d'utiliser ces cadres conceptuels dans cette étude. Les expressions « site métallurgique
ancien» ou « site à métallurgie ancienne» sont fréquents dans ce texte. Elles ne renferment pas
une simple définition fonctionnaliste, mais désignent au contraire le contexte archéologique
dans lequel s'intègre la production métallurgique. Enfin, signalons la gêne que pourrait générer
l'apposition d'un référant ethnique à un site. La référence à une aire culturelle vivante ne
signifie pas forcément que la métallurgie étudiée est attribuée à celle-ci. Cette pratique permet
cependant une localisation géographique plus aisée.
,.. - HOLL, A., 1983, « La question de l'âge du fer ancien de l'Afrique Occidentale: essai de méthode», p. 1.
77
CHAPITRE Il : Les sources de l'histoire du fer au Burkina Faso
L'élaboration de ce travail a nécessité le recours à diverses sources d'informations
devenues assez conventionnelles lorsqu'on fait des recherches dans le domaine de la
paléométalJurgie. Aux sources écrites (sources archivistiques et bibliographiques) sont venus
s'ajouter un important corpus de traditions et d'autres informations véhiculées par l'oralité, les
témoins archéologiques ainsi que les contributions de sciences humaines ou techniques comme
la linguistique, la géographie, la géologie, la botanique, l'anthracologie et la métallographie.
Ces différentes sources ont contribué inégalement à la connaissance du sujet, l'histoire du fer
au Burkina; mais les sciences techniques n'ont peut-être pas été suffisamment exploitées. Le
dicton ne dit-il pas qu'l'une source ne donne que ce qu'on y puise" ?
II. 1 - Les sources écrites
Les sources écrites se répartissent en deux grandes catégories : les sources
archivistiques et les sources bibliographiques. Les premières rassemblent essentiellement des
rapports administratifs de la période coloniale (Affaires économiques et travaux publics) que
nous avons pu consulter aux Archives Nationales Françaises, à la section Outre-Mer à Paris,
puis à Aix-en-Provence au Fonds Ancien A.O.F. Quelques informations archivistiques
proviennent de nos investigations aux archives de la SODEMI à Abidjan, à celles de l'IFAN à
Dakar et enfin auprès de la direction du Bureau des Mines et de la Géologie du Burkina.
Nous notons, avec beaucoup d'amertume, que les archives nationales burkinabè ne sont
toujours pas mises à la disposition du public. Un local a été cependant aménagé à cet effet à
Ouagadougou.
78
En ce qui concerne les sources bibliographiques, nous observons leur indigence pendant
la période précoloniale. Elles sont plus abondantes sous la colonisation sous forme
principalement d'articles et de communications scientifiques.
Depuis l'indépendance de la Haute-Volta, (Burkina Faso depuis 1984), la question du
fer n'a pas beaucoup préoccupé la recherche géologique et historique, si l'on excepte le
programme poursuivi depuis le début des années 1980 sous notre direction et quelques
106
recherches ponctuelles
.
Mais, hors du Burkina, de nombreuses publications ont paru ces vingt dernières années
sur la paléométallurgie du fer. Nous avons consulté celles qui sont en rapport avec l'histoire du
fer dans les pays voisins, les aires culturelles transgressant comme on le sait les frontières
héritées de la colonisation.
Il a été utile aussi d'éclairer notre vision de la métallurgie africaine par les pratiques
observées ailleurs, surtout en Europe. Cela s'est avéré d'autant plus nécessaire que la
littérature contemporaine n'a pas définitivement tranché la question de l'origine du fer en
Afrique.
II. 1. 1 : Les sources archivistiques
Dans les archives de l'Ancien Gouvernement Général de l'A.O.F., dénommé aussi
Fonds Ancien A.O.F., il y a trois séries de documents qui se sont révélées très utiles pour notre
recherche.
Il y a la série "P" regroupant les archives des travaux publics entre 1821 et 1920. C'est
là que nous avons recueilli les éléments les plus instructifs sur l'artisanat indigène et la politique
minière de la France dans ses colonies. Il y est question plusieurs fois de régions situées dans
l'actuel Burkina Faso.
,.. - Nous pensons notamment aux recherches et publications de Jacky Bouju et Bruno Martinelli. Cf bibliographie.
79
La série "Q" traite des affaires économiques de l'A.O.F. entre 1782 et 1919. On y lit
d'importants rapports sur la situation minière de la Fédération avec des indications sur
l'industrie et le commerce du fer. Ces activités sont décrites dans le Yatenga et la Bougouriba
107
par exemple
.
Enfin nous avons pris intérêt à consulter les rapports politiques et économiques de
l'A.O.F. entre 1941 et 1957.
Concernant la grande province métallurgique que fut le Bwamu108, nous avons consulté
les notes précieuses du Docteur Jean Cremer aux archives de l'IFAN de Dakar. Ce médecin
colonial, mort du paludisme en 1920, a exercé à Dédougou au coeur du Bwamu. Il a laissé de
ses observations sur le pays des écrits classés en documents historiques, littéraires et
linguistiques, ethno-sociologiques, religieux et magiques et enfin scientifiques. Le forgeron, la
forge, le fourneau occupent la place la plus importante dans ces recueils. Des publications
posthumes ont été faites tirées du Fonds Cremer. On les trouve en bibliographie.
II. 1. 2 : Les sources bibliographiques
En essayant de les structurer en sources précoloniales, coloniales et postcoloniales,
nous constatons un grand déséquilibre tant numérique que qualitatif entre ces trois périodes.
Il 1. 2. 1 : Les sources bibliographiques précoloniales
Dans un travail précédent en archéologie minière, nous avions relevé le silence des
sources écrites arabo-berbères concernant les orpaillages des abords du fleuve Mouhoun (ex.
Volta-Noire)l09. Les arguments développés à l'époque pour expliquer cette insuffisance des
sources restent actuels et s'appliquent de façon plus étendue au travail du fer qui a retenu
beaucoup moins que l'or l'attention des auteurs arabo-berbères du moyen-âge. Il s'agit du
'01 _ Yatenga : province située au nord du Burkina Faso. Elle est frontalière du Mali.
- Bougourille. : province au Sud-Ouest du Burkina Faso. Elle est frontalière du Ghana.
Il._LeBwamu est le territoire occupéparlesBwaqu'onappelleencoreBwalle.ou Bwawa (singulier: Bwa ou Bwenu). Ce
peuple occupe le nord-ouest du Burkina Faso (actuelles provinces du Mouhoun et de la Kossi) et se répand également au
sud-est du Mali (région de San).
'01 _ KIETIiEGA, J. B., 1983,L 'or de la Volta Noire, pp. 41-48.
80
manque de connaissance directe de ces pays par les arabo-berbères qui ne les ont jamais visités,
et du fait que leurs intermédiaires dyula n'ont pas laissé de chroniques, livres de compte ou
toute relation susceptible de nous éclairer sur les activités économiques des pays du Burkina
Faso. Les Dyula (ou Jula) tenaient probablement à garder le monopole de ce commerce, d'où
un désir légitime de ne pas révéler la provenance de l'or.
Les Tarikh soudanais évoquent plusieurs fois des pays et des peuples du Burkina Faso,
mais seulement dans le contexte d'événements politiques en rapport avec les anciens Empires
du Mali puis du Songhay. C'est ainsi que les relations surtout conflictuelles, entre les
Royaumes Môose et le Gourma d'un côté, les Etats de la Boucle du Niger de l'autre, sont
rapportées par les Tarikh El Fettach et Es - Sudan.
Au demeurant, si les Arabes qui étaient à la recherche des richesses du Bilad-es-Sudan
n'ont pas parlé de la production d'or des pays du Burkina Faso (l'or du Lobi et du Gurunsi en
particulier), il n'y a pas de raison qu'ils évoquent une substance comme le fer, car le monde
arabe ne souffi"ait pas de pénurie à cet égard. Dans tous les cas le silence de ces sources ne doit
pas signifier absence de métallurgie du fer chez les peuples concernés. D'ailleurs, en consultant
les mêmes sources, on s'avise que c'est tardivement, dans la seconde moitié du XI" siècle, avec
Al Balai, que le fer est expressément mentionné dans l'ouest africain. L'auteur de la
« Description de l'Afrique Septentrionale» signale, sur ['itinéraire du Dra à Ghana, Adrar en
Ouzza1, c'est-à-dire «la montagne de feo>, que Raymond Mauny identifie avec l'actuelle Kédia
d'Id"1
M
.
. 110
~I en
auntarue
.
Quant à Idrissi (Jar siècle), la «mine de fer excellent de Tentano» qu'il signale
vaguement n'est toujours pas localisée avec précision111 .
Si les écrits des auteurs arabo-berbères se sont surtout focalisés sur les pays de la zone
sahélienne, les Portugais de la période suivante concentrent leurs relations sur les régions
". - MAUNY, R., 1967, Tableau géographique de /'Oue$t africain au Moyen Age, p. 316.
,,, - Op. cil., p. 316.
8J
côtières. Il existait de nouveau très peu de chances que des pays de J'intérieur comme le
Burkina Faso soient concernés. En effet, Cada Mosto (1455-1457), Pedro de Sintra (XV
siècle), ont tour à tour montré que le fer était connu le long de la côte depuis la Mauritanie
jusqu'à la Sierre Leone. Ces auteurs ont décrit uniquement les armements en fer dont les
ll2
peuples rencontrés étaient équipés.
Il n'est nullement question des pays du Burkina dans ces
relations.
Il faut peut-être se souvenir qu'à partir du XVIf siècle, le fer fut importé en Afrique
Occidentale en assez grande quantité. La barre de fer devint même une monnaie d'échange et
le poids d'or nécessaire pour en obtenir prit la dénomination baratiri c'est-à-dire "barre de fer"
chez de nouveaux peuples dont les lobis du Burkina Faso.
L'importation du fer entraîna le déclin de cette activité ouest africaine, autre facteur
d'oubli de cette activité dans les sources précoloniales.
Cependant, les résistances contre des impérialismes locaux (ceux d'El Hadj Omar et de
Samori en particulier) et contre la pénétration française, ont réactivé et entretenu à la fin du
XIX" siècle et au début du XX" siècle des foyers métallurgiques très vivaces dont les rapports
coloniaux rendent compte.
Il 1. 2. 2 : Les sources bibliographiques coloniales
Les sources bibliographiques de l'époque coloniale se répartissent en articles diffusés
par des périodiques comme le «Bulletin de l'Institut Français d'Afrique Noire (IFAN)>>, la
«Chronique des mines coloniales» ou encore «Industries et travaux d'Outre-Men>, pour ne
citer que les plus i1Justratifs de notre propos; en études de fond comme les travaux des
géologues et en monographies se rapportant aux anciennes circonscriptions administratives
coloniales.
"' - Op. ci!., pp. 316-317.
82
Dans les périodiques, nous avons pu relever des informations sur J'économie
traditionnelle des Môose du Burkina Faso et des peuples de l'intérieur de la Boucle du
Niger113. Par elles, nous disposons également de descriptions de qualités inégales d'industries
métallurgiques de fer à travers le pays114. Sous la signature d'anonymes ou de géologues
réputés comme Robert Furon, Jean Sagatzky ou Roger Doublier, des études importantes ont
été menées sur les ressources minières de l'Afrique Occidentale Française et les régimes des
mines115. Ces travaux montrent comment la recherche coloniale a privilégié celle des
substances minérales précieuses comme l'or et le diamant, au détriment d'autres ressources
minérales qui ne permettaient pas une exploitation et un enrichissement immédiats. Ces études
montrent aussi comment le droit minier coutumier a été bafoué et les régions minières
confisquées au bénéfice d'exploitants qui n'étaient le plus souvent que des aventuriers se
comportant sans scrupule par rapport aux droits des Africains. On décèle dans ces écrits des
entraves au développement de l'industrie autochtone.
On doit aux administrateurs coloniaux les monographies les plus riches sur les
industries indigènes. Ces études avaient été conduites à la demande de la hiérarchie supérieure,
afin de rassembler les éléments contributifs à une meilleure connaissance des peuples et des
civilisations, dans le but d'asseoir une meilleure administration pour l'exploitation maximum
l16
des colonies au profit de la métropole
.
Concernant notre propos, plusieurs de ces
monographies sont d'un apport incontournable. Dès 1904, dans sa monographie du cercle de
"'. BEAUMINY, A. de, 1918, « Le Mossi du point de vue économique », pp. 38740\\.
" •• Nous pensons à Robert H. Forbes qui dans un article du Geographical Review, avril 1933, ccnsacré aux fonderies
africaines, donne une description illustrée de photographies de fourneaux du Bwamu et du Yatenga : voir bibliographie.
Les observations de Forbes ont été reprises et développées par Jacques Bertho en 1946 mais seulement en ce qui ccnceme
les fourneaux de réduction du Bwamu. n les a publiées dans les Notes africaines, n° 30, pp. 10-12. A la même période,
Claude Francis-Boeuf diffusait une importante contribution SW' l'industrie autochtone du fer en Afrique Occidentale dans le
Bulletin de l'IFAN en 1937. Le même périodique enregistre par la suite la polémique entre diffusionnistes et
antidilIusionnistes au sujet de l'origine du fer en Afrique qui atteint son point crucial dans les années 1970 avec
l'implication de Cheikh Anta Diop dans la discussion.
". - FURON, R., 1944, Les IYssOllrr:es minéroles de l'Afrique, 284 p.
• DOUBLIER, R., 1952, La propriété foncièIY en A.O.F., 195 p.
• SAGATZKY, J., 1954, La géologie et les IYSSOllrr:es minièIYs de la Hallte-Volta méridionale, 230 p.
• Anonyme, 1934, Les IYSSOIIrr:es minéroles de la Fronce d'Outre-Mer, 435 p.
"'. Le 8ouvemelU' 8énéral de l'A.O.F., Clozel, fut celui qui rendit systêmatique les monographies au niveau des
circonscriptions administratives.
83
Ouahigouya, le Capitaine Noiré, le Résident, livre des informations générales mais aussi des
117
données chiffiées sur l'industrie du fer au Yatenga
. C'est l'une des rares bases de données
quantitatives dont on dispose.
En 1912, Jacques Méniaud dans sa géographie économique du Haut-Sénégal-Niger
nous informe sur les fonderies du Yatenga, des pays bisa et turka au Burkina et aussi sur le
grand centre métallurgique de Orewendou au Mali118.
L'administrateur Louis Tauxier, dans diverses études entre 1912 et 1933, se
conformant systématiquement à son questionnaire-guide d'enquête, livre, des informations sur
119
le travail du fer, dans des monographies s'appuyant sur le cadre ethnique
. Cet auteur porte
souvent des jugements péremptoires sur certaines activités métallurgiques locales qui semblent
cacher son ignorance de la réalité. C'est ainsi qu'en ce qui concerne l'industrie du fer en pays
kaséna et bur~ Tauxier la trouve médiocre. Pourtant, au XIXC siècle cette métallurgie a été
très active pour permettre à ces groupes de Gurunsi de lutter contre l'occupation Zaberma.
Des ferrières gigantesques que nous avons visitées et fouillées attestent même de l'importance
. d
.
d
120
e cette In ustne
.
A la mort du Docteur Jean Crémer en 1920, la Société Française d'ethnographie décida
de publier ses notes. C'est ainsi que parut en 1924 "Matériaux d'ethnographie et de
linguistique soudanaises". Le tome III consacré aux Bobo est riche en informations sur le
forgeron et ses pratiques artisanales et religieuses. Henri Labouret qui a aidé à finaliser cet
117 _ NOIRE Cap!., 1904, Monogmphie du cercle de OlUJhigouya
"1 _ MENIAUD, J., 1912, Haut-Sénégal.Niger, géographie éconODÙque,!. 2
"1 _ TAUXIER, L., 1912, Le Noir du Soudan. pays mo.rsi el gourOlmsi, 796 p.
- Idem, 19 I7, Le Noir du Yalenga, Mossis, Nionio.rés, Samo.r. Yarsés. Silmi-mo.rsis. Peuls, 790 p.
- Idem, 1924, NOI/WI/u noie.. sur le Mossi elle Gourounsi, 206 p.
A ces ouvrages s'ajoutent trois articles publiés par le Journal de la Société des Africanistes. Ce sont:
- 1931' (( Les Domosie et les Dorbosié-fmg du cercle de Bobo-Dioulasso »
- 1931 b l' La religion des Touras »
- 1933 II Les Goums et les Touroulw ».
1211 _ TAUXIER., L., 1912, Le Noir du Soudan, pays mo.rsi el Goul"Ollll.Ji, p. 298. Les pays Kaséna et Buta se situent au Sud
du Burkina Faso, à la frontiére avec le Ghana qui divise artificiellement les territoires de ces deux peuples du groupe
gunmsi. Les Zabenna sont des envahisseurs venus du Nord Ghana et qui ont écumé tout le pays gunmsi dans le dernier
quart du XIX"siécle. Ds ont été repoussés vers le Ghana à l'arrivée des Français en 1896.
84
ouvrage a lui-même publié des travaux qui ont fait date et qui demeurent aujourd'hui encore
des mines d'informations en particulier sur les activités métallurgiques des autochtones du pays
L b" d
121
o ]- agara
.
Il faudrait aussi signaler les monographies du Lieutenant Marc et du Capitaine Lambert
sur le pays moaaga parmi les contributions les plus significatives de l'historiographie coloniale
relatives à la connaissance des industries autochtones.
Nous avons évoqué dans l'introduction de ce travail le regain d'intérêt pour l'histoire
du fer en Afrique, les équipes au travail et l'esprit nouveau qui les anime. Il en est résulté des
publications récentes dont les approches méthodologiques et les résultats scientifiques ont
quelque peu balisé nos propres investigations.
Il. 1. 2. 3 : Les sources bibliographiques récentes
On pourrait répartir les publications récentes en trois catégories. La première est
constituée de thèses soutenues ces dix dernières années et que nous avons consultées pour leur
exemplarité. Il s'agit des travaux de Hamady Bocoum du Sénégal122, Joseph-Marie Essomba
du Cameroun123 et Philippe Andrieux de France124.
Hamady Bocoum est le premier Africain à soutenir une thèse sur la paléométal1urgie du
fer en Afrique de l'Ouest en prenant pour base l'espace géographique sénégalais. Pour cela
déjà, son étude mérite une grande attention.
Le Sénégal est l'un des pays de la sous-région dont la préhistoire et la protohistoire ont
été abondamment étudiées. Il faut cependant reconnaître avec Hamady Bocoum que
l'archéologie funéraire a été privilégiée dans cette recherche.
,., - LABOURET, H., 1931, Le.! tribu du rameau Lob;, 507 p.
-Idem. 1958, NOIlW!llu note3 sur le3 tribu du rameau Lob;.
'22 _ BOCOUM, H., 1986, La métallurgie du fer au Sénégal, ......... p.
'22 _ ESSOMBA, J. M., 1991, lAferdaM le paué deuoc;été3du Sud Cameroun, 2 tomes, 691 p.
,... ANDRIEUX, P., 1990, Prolégomène3 à une étude tracéologique sur le3 3tructure3 d'élaboration thermique et le3
paro;3 argilewc-3ableu3e3. Application à la métallurgie du fer. 3 tomes + annexes.
85
Hamady Bocoum s'est appliqué à faire une synthèse de l'état des connaissances sur le
travail du fer. Dans sa thèse il présente une vision globale de la métallurgie, intégrant la
sidérurgie ancienne comme la métallurgie de transformation. Son travail présente de plus un
grand intérêt scientifique par son approche méthodologique avec la part importante faite à sa
clarification sémantique et à l'archéométrie.
Joseph-Marie Essomba se distingue tout d'abord par sa grande production d'articles et
de communications sur l'archéologie et le problème de la chronologie du fer aux abords du Lac
Tchad. Cette région, on s'en souvient, est donnée comme une étape de la diffusion des
techniques métallurgiques en provenance de la vallée du Nil et en direction de la Boucle du
Niger. Il était donc essentiel qu'elle soit un foyer où s'activent de nombreux chercheurs.
Cependant Joseph-Marie Essomba pour sa thèse d'Etat présente les résultats de ses
investigations sur le fer dans le sud-Cameroun. L'approche méthodologique de cet auteur et la
nôtre sont assez proches, les problématiques également. A partir de nombreux sites repérés le
plus souvent grâce aux sources orales et fouillés méthodiquement, Essomba présente trois
millénaires d'histoire du fer au Cameroun méridional. Il n'oublie pas de situer cette activité
dans son contexte social, économique et culturel. L'ethnoarchéologie joue un rôle primordial
dans le travail de Joseph-Marie Essomba comme dans le nôtre.
Enfin, nous nous sommes beaucoup intéressé aux travaux de Philippe Andrieux,
expérimentateur de génie, passionné de paléo-sidérurgie. L'occasion ne nous a pas été donné
de visiter ses ateliers de fourneaux expérimentaux établis à l'archéodrome de Beaune. Le
savoir-faire de ce "métallurgiste traditionnel", car il l'est devenu dans les faits, sa sensibilité
extrême quand il s'agit "d'accoucher" du fer, nous rappellent des moments d'émotion au cours
desquels des traditionnistes ont évoqué au magnétophone ces instants uniques où le fourneau
"crie". Les ateliers de Philippe Andrieux semblent un lien où devraient se rencontrer les
86
expériences métallurgiques afiicaines détenues encore par quelques traditionnistes et les
ressources immenses d'enregistrement et d'analyse des données de J'archéométrie.
En deuxième catégorie de publications récentes figurent des études réalisées sur une
base ethnique ou territoriale. Elles englobent génèralement tous les aspects de la métallurgie et
fournissent donc des informations, tant en ce qui concerne les chaînes opératoires des
métallurgies, que sur les implications de celles-ci dans la vie économique et sociale. C'est dans
cette catégorie que s'enregistrent également les travaux relatifs à l'histoire du fer en Afrique.
C'est pourquoi nous avons dépouillé les articles et ouvrages sur la protohistoire de J'Est du
Niger, l'Aïr et le massif du Termit en particulier. Cette zone est présentée comme un possible
centre local de diffusion des techniques métallurgiques'25.
Nous avons épluché les publications relatives au fer en pays basar au nord du Togo.
Des chercheurs américains, allemands et français se sont beaucoup investis dans ce pays
limitrophe du Burkina Faso126. Les informations diffusées sont de tous les ordres.
Nous nous sommes intéressé aux publications récentes, moins nombreuses, sur la
métallurgie du fer au Ghana et en Côte d'Ivoire. Elles sont les résultats d'approches
méthodologiques similaires aux précédentes.
Le Mali qui jouit d'un potentiel archéologique immense, n'a pas fait l'objet de
beaucoup de publications en matière de paléométallurgie ces dix dernières années. Par contre
au Bénin, plusieurs mémoires de maîtrise ont été soutenus et des articles et communications
publiés: cf. bibliographie.
"... Nous avons tiré beaucoup d'avantages dans la consultation des publications de Georges Quechon et de Jean Pierre
Roset de l'ORSTOM et de ceux de l'équipe du CNRS: RCP 322 dirigée par Nicole Echard. Cf bibliographie.
". - Des chercheurs de l'Université de Californie à Los Angeles (AC.LA.) ont effectué plusieurs missions de recherche en
pays basar dans les années 1980. Nous pensons surtout à Merrick Posnansky. Terry Childs. David Killick et et
C.L.Goucher. de même le Français Bruno Martinelli a travaillé sur les mêmes thèmes à la même période. A présent, ce
sont des chercheurs allemands de l'Université Johann Wolfang Goethe de Francfort qui y font des recherches, renouant
ainsi avec les premières observations ethnographiques de la période coloniale. Ces chercheurs allemands viennent
d'organiser en Mars 1996 à Lomé une exposition sur la métallurgie et l'artisanat au Togo; cf bibliographie.
87
Il convient d'insister encore sur l'apport des recherches dans les régions limitrophes du
Burkina Faso à l'éclairage de nos propres recherches. Les infonnations collectées ici et là sont
parfois complémentaires de celles recueillies au Burkina Faso.
La troisième catégorie de publications récentes que nous avons recensées et exploitées
est relative à la contribution spécifique des sciences techniques et à l'étude des modes de
transmission des connaissances. Le rôle de l'anthracologie par exemple, sollicitée de plus en
plus dans la recherche sur les métallurgies afiicaines, pour l'identification des charbons anciens,
apparaît irremplaçable dans la critique des données tirées des sources orales. De même, la
multiplication des expérimentations par la construction et la mise en fonctionnement de
fourneaux, a permis de mettre en évidence l'importance de certains paramètres qui n'étaient
pas souvent pris en compte dans J'étude des chaînes opératoires.
Nous terminons cette présentation bibliographique en signalant l'exploitation très utile
127
des travaux récents d'éminents spécialistes de la métallurgie en Europe
. C'était un exercice
nécessaire pour mettre nos infonnations à jour et nous autoriser par la suite des comparaisons
et des analogies.
II. 2 - Les sources orales
Les sources orales ont été sollicitées quelquefois de façon répétitive en plusieurs
circonstances. Nous avons dû recourir à elles déjà pendant l'étape de la prospection
archéologique où leur contribution a été irremplaçable. La prospection elle-même a connu
deux phases qualitativement inégales. La première a consisté en une prospection à larges
mailles, une première reconnaissance de l'ensemble des vestiges existant aux quatre coins du
Burkina Faso. Ce fut au cours de la seconde phase que nous sommes allé à l'infonnateur muni
d'un questionnaire-guide réfléchi et adapté à l'enquête métallurgique. Cela nous amène dans
..,. - C'est dans celte optique que nous avons lu d'importantes publications de Paul Benoît, Claude Domergue, Philippe
Fluzin, Jean Pierre Mohen, Paul-Louis Pelet, Rodomir Pleiner: cf bibliographie.
88
l'historique qui suit à distinguer deux périodes de recueil des sources orale, l'une de 1973 à
1976 et l'autre à partir de 1983. La période entre 1976 et 1983 a été mise à profit pour des
128
travaux sur la production traditionnelle de l'or
.
II. 2. 1 : Les reconnaissances par prospection à larges mailles
Le recueil de traditions relatives à la métallurgie du fer au Burkina Faso a accompagné
la campagne de prospection à larges mailles lancée dès 1973. A l'époque, nous ne disposions
d'aucun matériel d'enregistrement. Les notes étaient donc prises au fur et à mesure des
entretiens et consignées dans des cahiers avant de faire l'objet d'un rapport annuel. Celui de
1973 signale l'importante place à réserver à l'archéologie minière dans le pays. Il a été rédigé
après des entretiens avec des traditionnistes à Goden-Wologtenga dans la province du
Boulkiemdé et à Sian (Kougri) dans la province du Sanmatenga, entretiens suivis de visite de
.
.
l ' ail
. d ~ 129
sItes, en ce qUI concerne a met
urgle u 1er
.
En nous appuyant toujours sur les sources orales, la métallurgie bwa fut reconnue en
1974 grâce à des enquêtes dans une dizaine de villages situés sur les axes Dédougou-Kouka et
Dédougou-Bobo-Dioulasso.
La même année, d'autres traditions sont recueillies et des visites de sites effectuées
autour de Bourzanga et de Kongoussi dans la province du Barn, au Nord du Burkina Faso.
Au cours des prospections de 1975, un centre de production métallurgique fut repéré à
Partiaga dans la province de la Tapoa et plusieurs autres autour de Sindou et de Tourni dans la
province de la Comoé, à l'Ouest du pays.
Les prospections à larges mailles s'achèvent en 1976, année au cours de laquelle de
nombreux centres métallurgiques furent l'objet d'enquêtes préliminaires et de visites dans les
provinces du Barn, du Yatenga et de l'Oudalan.
121 _ Voir en particulier, KIETIIEGA, J. B., 1983. L 'or de /a Volta Noire.
'21 • On voudra bien se reporter aux annelles pour consulter la liste des traditionnistes sollicités au cours de ces
prospections.
89
Pendant toutes ces années, les renseignements solIicités des traditionnistes concernaient
l'identification des villages actuels où exercent des forgerons, la localisation des sites liés à la
métallurgie lourde (mines, fourneaux, ferrières) et les techniques de production du fer. On
constate donc que de nombreux aspects liés à l'objet de cette étude n'ont pas été traités au
cours de ces campagnes de prospection. De plus, les entretiens embrassaient plusieurs thèmes
et non uniquement la métallurgie. Il n'était donc pas possible d'approfondir. Ajoutons aussi
que les informateurs étaient alors, soit des chefs de villages, soit des responsables forgerons.
Cependant, à l'issue des quatre années de prospection à larges mailles, une impression générale
se dégageait, relative à l'importance de l'archéologie du fer au Burkina Faso. A celle-ci
s'ajoutait un deuxième argument, à savoir l'existence de provinces métallurgiques aux
caractères assez marqués et de zones de production de fer à l'allure de zones-tampons. Pour
préciser cette dernière impression, il fallait procéder à des enquêtes plus approfondies et faire
intervenir les techniques archéologiques. De nouveaux passages auprès des détenteurs des
traditions métallurgiques furent organisés à partir de 1983, avec le souci de toucher le
maximum de centres de production.
II.2.2. 1983-1987: une moisson abondante
Au regard des rapports établis entre 1973 et 1976, l'intérêt et l'importance d'une
recherche sur l'exploitation traditionnelle du fer étaient devenus plus forts. Il fallait pouvoir
mobiliser des ressources pour concevoir, mettre en place et exécuter un programme cohérent.
Il n'est pas inutile de rappeler ces faits et circonstances qui éclairent les résultats quelquefois
décevants des recherches entreprises par les africains. Il le faut également pour que
l'opportunité me soit offerte d'exprimer la gratitude qui convient aux Etats et organisations qui
consentent à soutenir celles-ci.
C'est ainsi que saisissant l'intérêt et l'importance indéniables d'un projet de recherche
sur la métallurgie ancienne du fer en Haute-Volta (actuellement Burkina Faso), la Conférence
90
Générale de l'Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT), réunie à Libreville
(Gabon) en Septembre 1981, lui ouvrait des crédits pour le biennum 1982-1983. La longueur
des procédures administratives a repoussé le démarrage du projet à l'hivernage 1983 avec ce
que cela implique comme difficultés pour un travail de terrain auprès des paysans alors
130
entièrement accaparés par les travaux champêtres
.
Les prospections antérieures ayant permis de déterminer les grandes directions de
recherches, il nous était facile de cibler les régions du pays où lancer une enquête approfondie
sur le travail du fer. C'est pourquoi les régions Centre, Nord et Ouest couvrant à peu près le
tiers du pays, furent retenues pour la campagne de 1983. Sur le plan humain ces territoires
correspondent aux aires de peuplement actuel des Moose, Gurunsi, Bwaba, Sana, Marka,
Bobo, Toussian, Sénoufo, Turka et de nombreux petits groupes ethniques habitant
principalement l'Ouest du pays.
Pour couvrir un territoire aussi grand, et obtenir des informations fiables, nous avons eu
recours cette année-là à huit enquêteurs choisis parmi les meilleurs étudiants titulaires du
DEUG d'histoire et présentant un certain intérêt pour l'archéologie. Ils furent choisis
également par rapport à leurs connaissances linguistiques.
Pendant une semaine, un séminaire fut organisé à leur intention afin de les familiariser
avec le questionnaire-guide d'enquête orale que nous avions établi en nous inspirant de
l'expérience de Michel Izard au Yatenga131. Ils ont également été formés à l'utilisation des
magnétophones et appareils photographiques mis à leur disposition. Cette initiation a été faite
,,. - L'aide et la coopération entre le Nord et le Sud a été l'objet de si nombreuses critiques qu'il peut sembler superflu d'y
revenir. Dans le secteur de la recherche et plus spécialement de l'archéologie, IUle réunion organisée par le Ministère
français de la Coopération a rassemblée en Mai·Juin 1978 des chercheurs et décideurs français, africains et malgaches, à
Valbonne (France). Certaines causes de J'inefficacité des aides à la recherche archéologique africaine et malgache y avaient
été relevées: cf document publié par le Ministére français de la Coopération sur le colloque de Valbonne, paru en 1979.
Depuis cette rencontre, les équipes africaines bénéficiaient d'appuis flDanciers étrangers sont livrées à elles-mêmes, en
butte à des contraintes procédurales très changeantes, désorganisant les
progranunes et compromettant leurs objectifs.
nserait fastidieux d'énumérer des exemples qui foisonnent comme si ces pratiques étaient intentionnelles.
1J1
-IZARD M, 1981. dIistoire du peuplement et l'étude de la métallurgie: lUI instrument d'enquête» objets inertes,
objets yjvants, CNRS, RCP 322 : opération métallurgie. doc 02 pp S·30
91
par Patrice Sawadogo, responsable du service de maintenance de l'Institut de Formation
Cinématographique de l'Université de Ouagadougou132.
Cette campagne a bénéficié du matériel et de l'expérience acquise lors des recherches
sur l'exploitation traditionnelle de J'or sur la rive gauche de la Volta Noire (actuel
Mouhoun)l33. Outre le matériel audiovisuel, chaque enquêteur disposait de questionnaires-
guides d'enquête orale sur la métallurgie du fer, de fiches pour la constitution d'herbiers et
l34
pour la collecte d'échantillons se rapportant à la sidérurgie ou à la transformation du fer
.
Recrutés pour trois mois pendant la période des vacances universitaires, ces enquêteurs
ont subi notre contrôle toutes les deux semaines, parfois trois lorsque l'hivernage nous
empêchait de circuler. Nous repassions nous-même chez les traditionnistes, dont la
disponibilité et les informations nous ont paru dignes d'intérêt, pour les remercier et obtenir à
l'occasion d'autres précisions. Ce feed-back nous a été plus d'une fois d'une très grande utilité.
Au bilan de la campagne 1983, nous consignions dans notre rapport d'activité:
- plus d'une centaine de villages enquêtés. C'était peu par rapport aux sept mille
villages que comptait alors la Haute-Volta, mais ils se répartissaient cependant sur plus du tiers
de l'espace territorial national.
- plus de mille photographies de toutes sortes de vestiges liés à la production du fer :
mines, fourneaux, ferrières, forges, etc...
- plus de cent cassettes d'enregistrements utiles et entièrement traduites.
lU _ Cet institut panafricain a été fenné à partir de 1986 suite à des difficultés fmancières. Patrice SAWADOGO a conservé
ses fonction à l'Université, à l'Institut des Sciences de l'Education. Nous lui renouvelons l'expression de notre profonde
gratitude.
1>3 _ Cette recherche dont les résultats ont été soutenus sous fonne de thèse de doctorat de troisième cycle en Octobre 1980,
a été par la suite publiée aux éditions Karthala, Pais en J983 sous le titre de l'or de la Volta Noire.
" •• Voir en annexes les modèles de fiches.
92
- un herbier d'une centaine d'échantillons mais ne représentant qu'une dizaine
d'essences végétales dont les bois ou le charbon qui étaient employés lors des opération de
' d '
d r:
135
re uctlOn ou e lorge
.
- une quantité considérable d'échantillons de minerai de fer prélevés dans des dépôts
déjà calibrés et abandonnés par les ferriers à proximité des anciens fourneaux 136.
- des échantillons de fer ancien à l'état brut ou sous forme d'articles usuels: dabas,
137
couteaux etc
.
Si la prospection à larges mailles laissait pressentir l'existence de provinces
métallurgiques, cette campagne au cours de laquelle nous avons tenté de resserrer le
quadrillage nous a conforté dans cette impression et dans nos hypothèses de travail.
Cependant, il restait à couvrir les deux autres tiers du territoire national avant de tirer des
conclusions qui, alors ne pouvaient être que précoces et provisoires.
La poursuite de l'enquête en juillet-août-septembre 1984 a permis d'étendre encore
plus au Nord et au Sud la collecte intensive d'informations sur la paléométallurgie. Un
nouveau questionnaire-guide fut élaboré, le précédent s'étant révélé trop théorique dans ses
approches.
Grâce à des contributions financières obtenues de l'Université de Ouagadougou et de la
Coopération française, le programme a pu se poursuivre jusqu'en 1987. Les provinces
orientales furent couvertes mais avec des lacunes surtout dans le domaine peul.
Interrompue de nouveau, faute de financement, la prospection ne s'est achevée qu'en
1994, après une couverture systématique des provinces de la Bougouriba, du Poni, du
Mouhoun et de la Kossi 138.
•,. - Nous remercions Mme Jeanne MILLOGO et M. Simon OUATIARA qui nous ont aidé à exploiter cet herbier.
". - Les échantillons les plus représentatifs ont pu être analysés en géochimie et par diffraction X grâce au concours de M.
Urbain WENMENGA, maitre-assistant de géologie à l'Université de Ouagadougou.
137 _ Cet important matériel attend toujours d'être analysé.
93
Quelles conclusions tirer de la collecte des sources orales? Il faut tout d'abord déplorer
que toutes les actions n'aient pas pu se dérouler de façon continue. Il aura fallu vingt ans pour
couvrir tout le territoire national avec une qualité inégale de la couverture et des informations
recueillies et la déception de voir disparaître pendant cette période des informateurs enlevés
par la maladie ou le poids des ans avant d'avoir pu nous transmettre tout leur savoir. Cette
caractéristique de l'émiettement dans le temps du recueil des informations n'a pas autorisé une
réflexion soutenue pouvant déboucher sur des changements qualitatifs dans l'approche des
informateurs, sauf entre 1983 et 1985. La cause principale est à rechercher dans les
financements très aléatoires et dont les « conditionnalités » ne tiennent pas toujours compte des
véritables préoccupations scientifiques du chercheur.
Il faut incriminer également le recueil de l'information par enquêteurs interposés. Plus
ces derniers sont nombreux, plus leur contrôle est difficile. De plus, quelles que soient les
consignes reçues, chaque enquêteur a sa personnalité et celle-ci peut avoir une influence sur les
réactions du traditionniste. Cette méthode d'enquête provoque très certainement des
déperditions et des déformations de sources du traditionniste ou chercheur. Il convient donc de
l'éviter, et de limiter par conséquent la collecte à des espaces géographiques plus restreints que
l'on peut couvrir soi-même. La sagesse populaire afiicaine ne dit-elle pas que « c'est en allant
soi-même au marché, que celui-ci se remplit» ou encore « qu'envoyer quelqu'un d'autre au
marché, c'est laisser reposer ses pieds mais pas sa bouche» ?
Mais ce travail n'a pas eu que des défauts ou de simples difficultés. Les sources orales
s'imposent plus que tout autre dans ce type de recherche en Afrique. Sans elles, le repérage
des sites aurait été plus long et très peu exhaustif, les méthodes géophysiques de repérage
n'étant pas encore d'usage courant en Afrique, malgré les encouragements du colloque ACCT
'>1 _ M. Elisée COULIBALy qui achéve actuellement une thèse (loi 1984) sur la métallurgie du fer en pays bwa a été le
principal artisan de cette prospection en 1993.
94
de Bordeaux en Septembre 1983 sur « l'Archéologie africaine et les Sciences de la nature
appliquées à l'archéologie»139.
Les données techniques qui permettent de comprendre les structures archéologiques
proviennent essentiellement des informations des traditionnistes, dont la contribution
est
remarquable aussi pour la chronologie.
Il n'est pas sans intérêt de rappeler le cortège de mythes qui accompagne la tradition
orale. Ils apparaissent dès qu'on aborde la question des origines de la métallurgie. C'est
d'ailleurs un lieu commun de l'histoire africaine dès que la question des origines est évoquée.
Ici, c'est une cage en fer qui transporte d'Arabie les premiers ancêtres parmi lequel le forgeron.
Là ce sont des clichés complexes faisant apparaître ou disparaître des personnages grâce à des
chaînes en fer descendant du ciel ou s'enfonçant dans le tréfonds de la terre.
Nous y reviendrons car il convient de décoder tous ces témoignages liés à l'histoire de
la métallurgie du fer.
Certains traditionnistes nous ont émerveillé par leur science et leur grande disponibilité.
Parmi eux, Tenga Gaagré de Pabré dans la province d'Oubritenga. En 1984 et 1985 il nous a
livré une masse d'informations sur la métallurgie du fer telle qu'elle était pratiquée par les
Moose et leur prédécesseurs les Nînsi. Il nous a accompagné de ses observations pendant les
fouilles de 1985140.
Le vieux Tirilè Souabo, à l'époque âgé de 65 ans, nous a beaucoup éclairé en 1983 sur
l'histoire et les techniques métallurgiques des Sana du Nord en rapport avec le Mali voisin.
,. - Lire ACCT, 1986, Archéologie africaine et sciences de la nature appliquées à l'archéologue.
,.. - Tenga GAGRE a été rappelé à Dieu en 1991. Une véritable Cl bibliolhèque,. que nous avons essayé d'exploiter au
mieux.
95
Fig.22bis : Feu Tirilè Souabe de Toullgaré (Sourou)
Le vieux métallurgiste
casse une loupe de fer
pour nous en donner
un morceau.
(photo Kiéthega 83)
96
Fig.23 : Feu Tenga Gaagré de Pabré (Oubritenga)
Debout devant son atelier, il est le représentant d'une « race» qui s'éteint. (photo Kiéthega 85)
Fig.24 : Le Mankugdugu naaba (photo Halpougdou 84)
Descendant des autochtones Yonyoosé, il esll'un des dépositaires des traditions historiques du Moogo central
••
97
C'est grâce à Tin Konaté de Kiènè, Province du Houet que nous avons vu pour la
première fois un fer de prospection en 1983 et rassemblé sur cet objet et sur le fer en général
"
b
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" 1 4 1
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1
ormatlOns
.
Je relis souvent la lettre que Gninko Bonzi, 77 ans aujourd'hui, nous a envoyée en 1995
pour nous presser de réaliser avec son concours une opération de réduction. Pour lui, ce serait
une dernière occasion de transmettre à la jeune génération son savoir-faire métaIlurgique.
Depuis 1983, nous J'avons rencontré plusieurs fois à Kosso, province du Mouhoun. Il nous a
réeIlement ouvert son «ventre» et compte sur nous pour que son témoignage soit gardé et
transmis aux jeunes.
Ces quelques exemples de traditionnistes compétents et disponibles font oublier les
nombreuses déceptions lors d'entretiens avec des gens peu coopératifs et quelquefois paniqués
par notre présence ou par nos questions.
11-3 : Les sources archéologiques
Les vestiges matériels qui apportent la preuve d'une exploitation et/ou d'un usage
ancien du fer au Burkina Faso sont de quatre catégories. Le métal apparaît sur des gravures
rupestres autour d'Aribinda et de Pobe-Mengao au Nord, Borodougou et Dokéti à l'Ouest.
Les buttes anthropiques et nécropoles repérées en grand nombre dans le Nord et quelquefois
fouillées sont des sites de l'âge du fer. Sur ceux-ci, dans le matériel apparent en surface et dans
celui provenant des fouil1es, des objets en fer ont été identifiés. Cependant les témoignages les
plus directs de la paléométallurgie sont constitués par les nombreux sites de mines, de ferrières
ou de fourneaux. Les forges, généralement d'âge subactuel ne sont pas pris en compte dans
cette étude. La quatrième catégorie de preuves est constituée par des objet anciens en fer.
,., • Les premières mentions du fer de prospection sont ressorties des traditions orales recueillies en 1974 lors de la
prospection à grandes mailles dans le BWlUI1u. A l'époque aucun objet de ce type ne nous avait été montré.
98
Fig. 2S : Le site d'AribiDda
Source: DUPRÉ G. el GUILLAUD D.• 1986, p8
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99
II - 3 - 1 : Le fer à travers les rupestres
Les rupestres de l'Aribinda ont été relevés par Jean Rouch en 1961, Jean Devisse et
142
Jean-Baptiste Kiethega en 1974 et 1984, Georges Dupré et Dominique Guillaud en 1986
.
Parmi les gravures faites pour la plupart par une série de martèlements et représentant
une faune sauvage ou domestique, figurent des représentations d'armes portées ou non. Les
dessins d'armes de grandes dimensions paraissent faits par frottements rectilignes. Les lignes
apparaissent moins épaisses que pour les autres représentations.
Jean Rouch a distingué deux styles de dessins:
- un style « animalier et cavalier» dans lequel figure un cavalier armél4J.
- un style « lances» qui apparaît à l'auteur beaucoup plus récent que le premier. Il
constate en effet que les gravures sont plus nettes mais la facture beaucoup moins soignée.
Jean Rouch songe a des artistes malhabiles qui auraient tenté d'imiter des oeuvres
, •
144
anteneures
.
Ces armes forment des figures très groupées, très nettes, représentant des lances de
grandes dimensions: les fers mesurent 0,50 à 1 m de long. Ils sont ornés de croisillons ou d'un
dessin plus indistinct. Sur l'une des représentations, la disproportion entre l'homme et son
•
, 145
arme est tres marquee
.
Georges Dupré et Dominique Guillaud reconnaissent aussi des armes dans les gravures
qu'ils ont relevées à Aribinda et dans les environs.
A l'heure actuelle, aucune datation absolue ne permet de se faire une idée assez précise
de l'âge de ces représentations. Les traditions relatives aux vestiges de villages et aux gravures
les attribuent aux Pote Samba, c'est-à-dire les « hommes d'avant ».
"2. cf bibliographie et voir fig n° 25 et 26.
14' • Voir fig n° 8.
,.. - Voir fig n° 26, C et D.
,.. - Voir fig n° 26 A.
100
Fig. 26 a : Lances d'Aribinda
- 200cm
- 150cm
-IOOcm
- SOcm
- 40cm
- 30cm
- 20cm
-IOem
o
50cm
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- - - "
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Sourc.
DEVISSE, J
., KIETHEGA, J.B, 1974.·
101
Fig. 26 b : lances d'Aribinda
- 200cm
-150cm
-IOOcm
- 50cm
- 40cm
- 30clll
- 20cm
-IOcm
o
50cm
..J!
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- 0
Sourc.: DEVISSE,J et
KIETHEGA,J.8,1974
102
Fig.26 : Lance d'Aribinda (suite)
C • Relevés de J. Rouch. 1961
1 .
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III
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D· Prospection Kiéthéga 1984
104
Jean Rouch estime que ces sites sont post-néolithiques pour les raisons que d'une part
les indigènes n'ont jamais trouvé de haches néolithiques (pierres à foudre qu'ils recherchent)
auprès des gravures, et d'autre part parce que les chevaux et les armes figurés ne peuvent être
néolithiques. Ces gravures sont donc à placer dans la large fourchette chronologique entre le
début de l'ère chrétienne et les siècles derniers146.
Si le décor en croisillons des armes suggère l'emploi d'un métal pour le fer des lances,
aucune démonstration n'est faite qu'il s'agit d'armes en fer quoique ce soit l'hypothèse la plus
147
probante
.
On butte sur le même problème d'identification précise et de chronologie en ce
qui concerne les armes portées par les cavaliers des gravures de Pobe-Mengao que nous avons
nous-même relevées146. La parenté culturelle entre les représentations de Pobe-Mengao et
celles d'Aribinda ne fait l'objet d'aucun doute. Les sources orales ont contribué à préciser la
place des gravures de Pobe-Mengao dans la chronologie; elles ont révélé leur antériorité par
rapport aux Kurumba (ou Fulsé), occupants actuels de la région, dont on peut fixer l'arrivée
aux environs du XIIIè siècle. Ce peuple connaissait déjà le fer si l'on suit leurs mythes
d'origine les faisant venir d'Arabie. Leurs ancêtres, parmi lesquels un forgeron, auraient
voyagé dans une cage en fer qui existerait toujours et autour de laquelle un grand secret est
observé. Bertrand Gérard interprète les récits comme se rapportant à des vestiges
l49
métallurgiques conservés dans une case en terre, sensée enfermer la cage de fer
.
Le fer apparaît moins dans la thématique des artistes des rupestres de l'Ouest. A
Borodougou, aucune des figures ne représente une arme.
,... ROUCH J. 1961, « restes anciens et grawres rupestres d'Aribinda » p.69
141 • Voir fig. nO 26 A et B.
,
Collectif, 1984 « Pobe-Mengao : capitale du Lunun »
,
Bertrand GERARD, chercheur à l'ORSTOM-Conférence de Novembre 1982 à Université de Ouagadougou
105
Fig. 28 : Bouclier et sabre de Doketi (Rouet)
(photo Kiélhega, 92)
106
L'inventeur du site pense cependant que les gravures ont été taillées dans la roche (du
grès) avec un morceau de fer ou une pierre pointue. Jean Henninger a d'ailleurs recueilli
quelques vieux grelots de fer forgé dans la grotte à gravures, associés à de la poterie et à des
l50
débris de haches polies
. Par ailleurs, les traditions locales disent que les ancêtres qui
habitaient les abris aménagés recelait les gravures et un important mobilier archéologique,
maîtrisaient les techniques de production du fer. L'une des représentations (le n06 de la figure
n09) est interprétée comme rappelant l'avènement historique de l'installation de l'ethnie bobo
dans la région. L'ancêtre serait venu du Mandé pour se fixer à Tinima, village situé à 25 km à
l'Est de Bobo-Dioulasso. Tinima est représenté par le centre de la figure. Les deux angles
obtus indiquent l'Est et l'Ouest, tandis que les quatre angles aigus évoquent les compagnons de
l'ancêtre: le groupe des forgerons en tête suivi de ceux des griots, des maçons et des géants.
Les forgerons auraient construit leur fourneaux à Kouinima, actuel quartier de Bobo-
Dioulasso. Là ils fabriquaient des flèches et des armes de guerre151.
Grâce aux recherches qui se sont multipliées récemment concernant l'histoire des
Bobo, on sait que cette ethnie est composée de plus d'une dizaine de groupes dont certains
seraient autochtones de leur habitat actuel, tandis que d'autres proviendraient de migrations
ayant pour origine le Mandé, situé au Nord-Ouest de l'aire culturelle bobo. Les premières
migrations formées de peuples animistes se seraient échelonnées entre le Xè et Je XIVè siècles.
Puis sont arrivés des commerçants djula islamisés et au XVIIIè siècle ce fut la conquête du
pays bobo par les guerriers djula Ouattara venus de Kong, dans le Nord de la Côte-d'Ivoire152.
Le site de Borodougou, qui est en relation avec les premières migrations bobo, est donc à
,... Henninger,J, 1954 « Abris sous roche de la région de Bobo-Dioulasso pp 97-99
,., • Henninger J. 1960, « signification des gravures rupestres d'une grotte de Borodougou, Haute-Volta» pp 106-110
,,,. • Lire entte autres: - Peeters (X.H·A) 1977. Le pay$ bobo
- SANOU (B), 1986, Bobo Madarr
- SANOU (A), 1989, Hi$toirr pncolOlliale de$ KU DOMU KON ou VORE (Bobo du Burkina Fa$o), Maîtrise d'histoire
Université de Ouagadougou.
107
placer au plus tôt au début de notre millénaire. Aucune datation absolue ne permet encore de
mesurer cette proposition.
La forte domination du thème floral a déjà été signalée en ce qui concerne les gravures
de Dokéti. Les seules représentations évoquant un armement sont deux figures distantes de 20
cm et hautes d'environ 70 cm. Elles évoquent un bouclier et un sabre. Nous n'avons pas
entrepris d'enquête ethnographique dans la région qui aurait permis de confirmer notre
.
. ,
153
mterpretatlon
.
Les autres sites à rupestres du Burkina Faso ont été examinés, mais il ne fournissent
aucune représentation suggérant la métallurgie du fer.
II - 3 -2 : Le fer dans les buttes anthropiques et les nécropoles
Des informations fort utiles sur le travail du fer existent dans les rapports d'exploration
ou de fouilles de buttes anthropiques et/ou de nécropoles. Il a été montré plus haut que ce type
de sites archéologiques se présentent généralement isolés les uns des autres, mais quelques fois
en association.
Anne-Marie Schweeger-Heffel de l'Université de Vienne (Autriche) a fouillé quelques
buttes à Mengao (80 km au Nord-Est de Ouahigouya) à Thiou et à Thu (35 km au Nord-Ouest
de Ouahigouya).
Jean-Yves Marchall au cours d'un travail d'archéologie de surface au Yatenga, a
inventorié 170 anciens sites de villages; il a ramassé du matériel qui jonchait le sol et a procédé
1
t
à deux excavations pour extraire de l'intérieur de jarres funéraires des débris d'ossements et
!!
des fragments de céramiques. Jean Yves Marchall signale la présence, rare, d'objets
1
r,
:
métalliques. Il s'agit de bracelets torsadés et des maillons de chaînes. Dans les environs de ces
1
vestiges, des traces de scories témoignent de pratiques métallurgiques.
'53 _ M. Alexis BASSINGA achève acluellemenl Wl mémoire de maîtrise d'histoire sur les rupestres de l'Ouest du Burkina
Faso. Nous attendons beaucoup des enquêtes qu'il a réalisées.
108
Fig. 29 : Vestiges d'occupations anciennes au Yatenga
Source: MARCHALL, 1. y, 1978, P 453
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30 lm li cs ; 7 avec remblai ùe ll'rrr pcriplwriquc; 8 situe sur inh'rl1:lvr cuir35sê il c.Ji~laILC(~ d'un parc :1rllOrl'o. N.Il. -
l'ails Ics siles,
non concernés par cr sign!', sont localises il proximlté immédiate 011 S'Jus un vieux P"fC :l Faidhcrùia aluiùn. 9 aire de • supcrposiLion •
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ùe OuahigouYD ; 12 ilim'm.lire df' prosprclion; 13 limite ùu srclrur ~Ludi~.
109
Fig. JO: Mobilier de buttes anthropiques au Vatenga
Source: MARCHALL, 1.Y, 1978, P 478 et Kietbega, 1.B., 1976
Des bracelets de fer torsadé ont être retrouvés au milieu d'un mobilier où dominent la céramique et le matériel
lithique
_e-I
100
... lal.1
l~ : mobil~er provenant de diverses buttes du
d archéolOgie de l'Université de Ouagadougou.
Yatenga et remis par J. Y. MARCHALL au Laboratoire
110
En raison de leur grand nombre, les ateliers de réduction du fer n'ont pu être recensés
systématiquement. Nous nous accordons avec lui lorsqu'il estime que l'observation de tas de
scories à proximité d'anciens sites habités ne prouve pas que les fourneaux aient été
contemporains de ces sites. Par contre, la découverte de bracelets torsadés et de maillons de
l54
chaîne prouve que les habitants connaissaient le travail du fer
. Il parait également évident
que pour creuser les nombreuses citernes, recensées et étudiées par Jean Yves Marchall, en
traversant une cuirasse très indurée et épaisse parfois de plusieurs mètres, les populations ont
dû se servir d'instruments en fer. La corrosion, très active sous ces climats soudano-sahéliens,
l55
est sans doute responsable de la disparition observée des vestiges métallurgiques
. Les
travaux de Bertrand Gérard comprenant les prélèvements faits sur les buttes anthropiques
Lurum ne sont pas encore disponibles. Cependant, dans le dépôt archéologique qu'il a laissé
au musée villageois de Pobé-Mengao, nous avons pu observer plusieurs dizaines de pièces
métalliques ramassées elles aussi sur des buttes où elles étaient en association avec du matériel
lithique (meules et broyeurs) et surtout de la céramique. Plus au Nord du Lurum, Georges
Dupré et Dominique Guillaud ont décrit les buttes anthropiques locales ; elles sont semblables
à celles qu'on rencontre au Yatenga et dans le Lurum. Cependant ils ne mentionnent pas de
trouvailles en fer à leurs surfaces156. Par contre, d'autres chercheurs qui se sont intéressés à des
sites similaires autour de la mare d'Oursi, située tout à fait au Nord du Burkina, à une
quarantaine de kilomètres de la frontière avec le Mali, signalent le regroupement de plusieurs
157
types de vestiges sur la même butte, parmi lesquels des traces de la métallurgie du fer
. Celle-
ci semble avoir été importante dans le région, probablement en raison de la proximité de
gisements de minerai de fer (magnétite et cuirasse sur magnétite).
,.. - Nous avons accompagné J. Y MARCHALL sur le terrain pendant sa prospection en avril-mai 1976. Lire MARCHALL
(J-Y), 1978, vestiges d'occupation ancienne du Yatenga, pp 451-452 et notre rapport de prospection 1976.
,.. - Voir lig N° 30.
,... DUPRE G., et GUILLAUD D, 1986, K Archéologie el tradition orale N, p. 19
m _ GROUZIS, M et Ali, 1985, Rapport de Mission 6 Mai - 18 Mai 85 P. 3-4 et voir lig. 31.
III
Fig. JI : Vestiges archéologiques autour de la mare d'Oursi (Oudalan)
Source: GROUZIS. M, 1985, N.P.
Fig
LA MARE D'OURSI
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~ . GROUZIS, M., 19B~. N-P
112
Des lentilles de scories ou des amas importants de déchets se rencontrent isolement ou
à proximité des habitats. Mais cette métallurgie n'est pas, il faut le rappeler, forcément
contemporaine des buttes et des objets métalliques qu'elles recèlent.
Au cours des prospections que nous avons menées dans le Nord du pays, tantôt en
compagnie de Jean Devisse, tantôt avec Jean-Yves Marchall ou quelquefois simplement suivi
par les étudiants du laboratoire, nous avons reparcouru la plupart des sites signalés par nos
prédécesseurs et constaté donc le même aspect des sites. Parmi les échantillons de ramassage
de surface ramenés au laboratoire, le fer apparaît sous forme de pointes de flèche, de bracelets,
de fragments de pioche ou de houe (daba). Aboubakari Diallo travaille sur ce matériel
provenant du Nord
pour nourrir son mémoire de maîtrise sur «les sites présumés dogon-
kurumba».
Les buttes anthropiques et les nécropoles qui les flanquent parfois ont été explorées par
fouilles et sondages. Rappelons les travaux de Anne-Marie Schweeger-Heffel et soulignons les
fouilles récentes dont il sera question plus loin158. Globalement, la rareté des objets en fer a
caractérisé les trouvailles.
II.3.3. Un site légendaire: la maison de fer de Ouré
Ouré est un petit village du royaume du Lurum. Il est situé à 17 km au Sud de Djibo.
C'est le centre spirituelle plus important du royaume en raison de la présence d'une statuette
159
de fécondité qui attirait beaucoup de monde
et surtout en raison de l'existence d'un
sanctuaire: la maison de fer de Ouré. Après avoir entendu comme bien d'autre le récit relatant
,.. - zakaria LINGANE a fouillé les sites de Siliga, Soulou, Toésé, Tugu (cf en bibliographie son mémoire de DEA et sa
thése). Nous-même avons fouillé une des nécropoles, de Tugu. Tout récemment, l'équipe archéologique allemande de la
SFB 268 de l'Université Gœthe de Francfort a travaillé sur des buttes à proximité de la ville de Dori. Nous avons pu
observer également de nombreuses fouilles clandestines sur des sites de la mare d'Oursi. Notre attention a été attirée cette
année sur ce pillage par les responsables néerlandais du Projet Sahel Burkinabé basé à Gorom-Gorom. Qu'ils en soient
remerciés.
,.. - Cette statuette de granite (voir fig. ) était exposée de jour comme de nuit sous un Acacia aegyptiaca au bord de la
route. Des gens venaient de villages lointains pour rechercher la fécondité en la touchant et en prononçant des voeux. En
1990, l'objet fut volée. Signalons que le pillage de biens culturels et les fouilles clandestines se sont développés ces deux
dernières décennies suite à la misère provoquée par la sécheresse au Sahel. Nous avons signalé à Interpol et à l'Icom le vol
de la statuette de Ouré.
113
l'arrivée des ancêtres Kurumba à Ouré à l'issue d'un voyage en provenance de (' Arabie dans
une cage de fer, nous avons vainement tenté de visiter celle-ci. Wilhem Staude a été plus
chanceux en 1965. Après avoir essayé maints refus depuis 1961 il a pu accédé au site. C'est à
lui que nous devons les informations qui suivent.
Rappelons que le Lurum est un royaume créé par des Kurumba autour du XIII" siècle.
La population est commandée par un chef, l'Ayo, secondé par deux ministres, le Kesu et le
Falao. Le royaume connut plusieurs capitales, dont la dernière, Mengao a été fondée au XIX"
siècle.
Selon la légende, le premier Ayo, Sandigsa,est arrivé d'Arabie dans une maison de fe~
accompagné d'un forgeron, d'un cordonnier, du Kesu et du Falao. Les cinq voyageurs en
atterrissant ont trouvé sur place un homme, Sawadugu, qui vivait en famille avec ses deux
frères et sa soeur. La maison de fer a atterri à Ouré. Le secret protège le lieu précis où
reposerait le bâtiment. Des différentes descriptions qui circulent, et que Wilhem Staude a
soigneusement recueillies entre 1961 et 1965, on peut retenir que la maison de fer serait elle-
même enfermée dans une autre construite en pierre; un enduit d'argile donnerait l'impression
que la maison est en banco. Wilhem Staude qui a pu visiter et photographier les lieux confirme
l'existence de la construction en pierres enduite d'argile, de forme ovale, avec un toit en
argamasse. L'entrée était murée et seule une petite ouverture permettait de jeter un regard à
l'intérieur où des bois disposés en tout sens empêchait l'observation de détail. Seul un «creux
profond» a pu être repéré. Wilhem Staude n'a pu voir les éléments rapportés par les récits qui
courent à savoir, la maison de fer, la chaîne ou le câble en fer qui s'enfoncerait dans un puits
fermé avec un couvercle en fer. Notons que des légendes relatives à des chaînes ou des câbles
en fer qui s'enfoncent dans le sol ou dans des puits, ou même qui descendent du ciel, sont
légion. C'est un cliché complexe employé dans les récits d'origines des dynasties ou
accompagnant des personnages historiques extraordinaires. C'est ainsi que une légende
114
recueillie par Wilhem Staude à Aribinda mentionne des individus descendus du ciel à l'aide
d'une chaine en fer. Ce sont les ancêtres du lignage Sawadugu que les Maïga obligèrent à
demeurer sur terre en coupant la chaine. Même dans le Moogo central, de telles légendes sont
courantes. La plus célèbre rapporte que Naaba Nyandfo, 10· souverain de la dynastie régnant à
Ouagadougou, se serait enfoncé sous terre, et qu'à l'emplacement de l'événement existerait
aujourd'hui un puits dont le fond est invisible et où plonge une chaîne de fer qu'on tire jusqu'à
épuisement sans en voir l'extrémité. Les traditionnistes gardent le silence sur l'emplacement
exact de ce puits. Il serait à proximité de la voie ferrée à la sortie Ouest de Ouagadougou.
Aucun témoignage visuel n'existe.
Concernant la maison de fer de Ouré, Wilhem Staude relève le caractère insolite de
l'abri en pierres et banco, les Kurumba n'employant pas ce matériau pour bâtir. De plus le
sanctuaire est au milieu d'un cimetière à jarres funéraires plus ancien que les inhumations
surmontées de stèles faites par les Kurumba par la suite. Il s'agit ici comme ailleurs, du type de
vestiges attribués aux Dogons.
La matérialité de la maison de fer de Ouré n'est toujours pas démontrée. Mais on peut
deviner l'importance de ce bien culturel pour le patrimoine burkinabè et pour l'histoire de la
métallurgie du fer si son existence était prouvée un jour et des analyses effectuées.
Bertrand Gérard, lors d'une conférence au département d'Histoire et d'archéologie de
l'Université de Ouagadougou en novembre 1982, a marqué son désaccord avec les
interprétations antérieures relative à la «maison de fen> de Ouré. Sur la base des mêmes récits,
il conclut qu'elle n'existe pas et que l'idée est une fabrication d'ethnologues qui ont voulu
retrouver au Lurum, un mythe existant chez les Dogon où un grenier serait tombé,
accompagné d'un forgeron. Bertrand Gérard observe l'absence de ce mythe dans le reste du
pays Kurumba (Aribinda, Bourzanga et Toulfé) et pense qu'il s'agirait plutôt d'un fourneau. Il
115
en déduit que la dynastie du Lurum aurait pour fondateur un métallurgiste. Le problème reste
en suspens.
II.3.4. L'apport des fouilles archéologiques
De 1979 à 1994, vingt sites de métallurgie ancienne du fer ont été fouillés. Ils se
localisent surtout dans le Nord et J'Ouest du pays et ont été choisis au regard de l'importance
que leur accordent les sources orales et en raison des types de vestiges qu'ils présentent en
surface.
Les fouilles de Biron, Dassi et Nyamkouy dans la province de la Kossi ne sont pas
prises en compte dans le présent travail. Il en est de même pour celles de Goden-Wologtenga
dans la province du Bulkiemdé. Nous avons participé aux fouilles en question, mais les
résultats sont gardés par Elisée Coulibaly et Timpoko Kiénon, comme matériaux de leurs
thèses. Celles-ci ne sont pas encore disponibles.
Il sera donc question des fouilles de Kougri en 1979 au bord du lac de Sian, province
du Sanmatenga, de celles de Kougouri, près de Mané, dans la même province en 1982, de
Wanaré et Yalka au Yatenga en 1985, Béna dans la Kossi en 1985, Passakongo dans le
Mouhoun en 1985, Sié et Pien dans la Sissili en 1985, Sindou dans la Comoé en 1985, Pabré et
Kougribogodo dans l'Oubritenga en 1985, Kampala, Tiakané et Sapiu dans le Nahouri en
1986, Kougsabla dans le Barn en 1986, Tougou dans le Yatenga en 1992, Lokhosso-sandé
dans le Poni 1994. Nous tenons aussi compte des objets métalliques sortis des fouilles de la
région de Poura concernant l'exploitation traditionnelle de l'or sur la rive gauche de la Volta
Noire (actuelle Mouhoun) et de certaines indications provenant des fouilles de Zakaria Lingané
à Toesé, Tugu et Sulu en 1990.
116
JL3.4.1. Les/ouilles de Kougri, Province du Sanmatenga
Nous avions observé au cours des prospections, une fone concentration de sites
métallurgiques dans la zone de collines et de lacs entre Kaya et Bourzanga. Autour de Kaya et
de Kongoussi cette concentration était très forte.
Le choix de fouiller Kougri s'explique par l'imponance des vestiges apparents, et
l'attribution de la plupan d'entre eux à un ancien peuplement Kibga (dogon) aujourd'hui
disparu. La tradition y fait bien la part entre cette métallurgie ancienne et celle des Moosé qui
est sub-actuelle.
Kougri est un village situé à 20 Km à l'ouest de Kaya. Il est entouré au Nord par des
collines latéritiques dont la plus haute est le mont Tanmingou qui fait environ 500 m d'altitude.
A l'Est, au Sud et à l'Ouest le village est ceinturé par le lac de Sian. En réalité Sian est le
premier nom de Kougri et signifie les « abeilles» tandis que Kougri désigne la rocaille du
village. Le changement de nom est intervenu il y a 54 ans sous le règne de Naba Sompégé sur
injonction de l'administrateur colonial de Kaya qui voulait ainsi différencier Sian d'avec un
autre village de Syan installé à l'Est du lac et qui garde ce toponyme. Il est plus récent que
Kougri.
Sur le territoire du village de Kougri nous avons recensé cinq stations archéologiques.
- La station nO) est une ferrière située à mi-distance entre deux collines, Simini-Tanga
au Sud et Tanwaka au Nord. Peu étendue, environ un demi hectare, sa dénivellation ne dépasse
pas trois mètres.
- La station n02 est aussi une ferrière. Elle se trouve à l'Ouest de la première, distante
d'environ 200 mètres. Elle est plus vaste. On y trouve des débris de fourneaux mieux
conservés, en particulier les tuyères et les bases. A La périphérie Nord-Est on observe une
concentration de sortes de creusets contenant encore des culots de scories. Ils se sont révélés
être des bas-foyers.
117
- La station n03 est celle d'un ancien habitat. Elle est située au Sud-ouest du site n02 à
environ 200 mètres de ce dernier. On observe à sa surface de nombreux fragments de poterie
très usés et des meules en granite.
- La station n04 se positionne à 100 mètres à l'Est du mont Tanwaka. Elle aurait servi
de nécropole aux premiers occupants de Kougri auxquels on attribue aussi les vestiges
métallurgiques. Elle sert aujourd'hui de carrière aux populations locales qui y fabriquent des
briques sèches. L'érosion et l'action des terrassiers ont fait apparaître par endroits de grandes
.
fr
. 160
Jarres
agmentees
.
- La station nOS est constituée par des abris sous roches dont des greniers creusés sur le
flanc du mont Tenkudmbaowa. D'après la tradition, le village de Kougri s'appelait
traditionnellement Sian (c'est-à-dire « les abeilles». L' histoire de la création de Sian révèle un
des nombreux clichés complexes qu'on retrouve souvent dans les légendes de migration et
d'installations nouvelles en Afrique. En effet, l'ancètre Rumbo serait un prince venu de
Ouagadougou. Rumbo était aussi « Ba-rigda» c'est-à-dire chasseur accompagné de chiens. A
son arrivée dans la région, les lieux étaient couverts de fourrés très épais: « Kagse ». Rumbo
s'installa aux pieds de la colline. où il souffrait de la soif. Dans le mème temps ses chiens qui
avaient découvert un point d'eau revenaient à lui chaque fois désaltérés et couverts de boue.
Pour découvrir à son tour le point d'eau, Rumbo attacha un sachet de cotonnade rempli de
cendres au cou de son chien (une version dit qu'il y avait deux chiens) après avoir pris la
précaution de pratiquer une petite ouverture à la base du sachet. La cendre répandue permit à
Rumbo de suivre l'animal à la trace et de découvrir le marigot. Il fut frappé par l'immensité de
l'étendue d'eau et par la quantité d'abeilles qui pullulaient sur les berges. Il s'écria: « adya si
kulga» ce qui veut dire c'est un marigot aux abeilles. C'est de là que le village qu'il créa tire
son nom de Si ou Sian (abeilles au pluriel).
'ID _ cr fig. 33 - 34 • 35 - 36.
F'i6;3 Z
LES
SITES
ME TA LLUR GIQUES
DU
FER
DE
LA
REGION
DES
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LES SITES
ARCHEOLOGIQUES
DE
KOUGRI (SANMATENGA)
119
Echelle: 1/50.000
o
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N
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Toullourl
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~ Tenkudumbawa
Similtonllo
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Koyo
Source: Boullere, J. 1976
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lhors le.le 1
LEGENDE
fP Courbe d4I niveau
~ Zone d'octlvilé m910llurlllque
~ Colline
1
•
Slolion
=
Necropole
Roule
•
120
Rumbo fut le premier Moaaga à s'installer à Sian. Il aurait construit sa case aux pieds
des collines au Nord, non loin de l'actuelle concession du chef de village. Les ferrières, les
jarres funéraires existaient déjà à l'arrivée de Rumbo, mais il ne rencontra aucun être humain
dans les parages. Ceux qui habitaient le site avant Rumbo sont appelés tenkudumsaaba ou
« forgerons de jadis ». La tradition les identifie aux Kipsi ou Dogon.
Rumbo connut une mort miraculeuse: il se serait enfoncé dans le sol. Ses descendants
sont devenus chefs à Sian, qui relèvent du canton de Rigli (Diguila sur la carte). Les gens de
Sian n02 ou petit Sian (en Moore Sebila) sont originaires de Kirigtenga et relèvent de ce canton
du Sanmatenga.
Depuis Rumbo jusqu'au chef qui règne en 1996, plus d'une vingtaine de chefs se sont
succédés dont la tradition n'a conservé ni le nombre précis, ni l'identité. Seul le défunt
Bendnaba (tambourinaire royal) aurait pu nous renseigner, nous dit-on.
Pourquoi Rumbo s'est-il installé sur un
site de ruines alors que cela n'est pas la
coutume chez les moose ? A cette question, les traditionnistes restèrent sans réponse, mais ils
firent remarquer qu'en cas de conquête on pouvait occuper les lieux abandonnés par l'ennemi.
Dans tous les cas poursuivent-ils, les ancêtres se sont installés sur les hauteurs pour les
commodités de la défense. Ce sont eux qui ont creusé les greniers aux flancs des montagnes.
Concernant les fonderies de fer, les traditionnistes précisent que les renseignements
qu'ils nous donnent viennent de leurs observations de ce qui se fait dans des villages de
forgerons comme à Diguila, Gounguin, Yonksin, Walga etc. Il n'y a pas de forgeron à Sian
(kougri). Mais avant l'arrivée des blancs, les forgerons des villages cités, et même ceux de
Mané venaient dans les collines environnantes extraire du minerai de fer et procéder à des
réductions.
Fig.3ft:
PLAN
DES BAS-FOYERS DE KOUGRI (SANMATENGA)
121
(KOU 79
K DI -A )
A
B
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123
Les emplacements de cette sidérurgie moaaga sont connues des populations qui les
distinguent des vestiges métallurgiques des « gens d'avant» identifiés aux Kibsi (Dogon).
C'est sur ces derniers que nous avons travaillé.
Trois sondages ont été pratiqués:
Le premier, un carré de 3 m sur 3 m à l'emplacement des bas-foyers de la station n02,
avait pour objet de nous permettre d'identifier mieux ces structures partiellement enfouis161. Le
second sondage est réalisé sur la même station, à sa périphérie ouest. Il vise la mise à jour de
bases de foumeauxl62. Enfin le troisième sondage, pratiqué sur la station n04, la nécropole,
devait permettre de dégager une grande jarre qui affleurait, et donner des indications sur ces
.
h b·
163
ancIens a Itants
.
L'aire des bas-foyers est presque plate, très légèrement inclinée vers le nord-ouest en
direction d'un ravin coulant ouest-est. La surface du sol est aride et caillouteuse. Il y a entre
autre des moellons de latérite et du gravillon. L'herbe est rare.
Le premier carré de fouille est disposé à l'endroit de la plus grande concentration de
bas-foyers, dont dix huit se trouvent ainsi délités par un quadrilatère de 3 m sur 3 m orienté
selon les points cardinaux. Ces bas-foyers ont chacun environ 30 cm de diamètre et dépassent,
dans leur état actuel de conservation le niveau du sol de 5 à 10 cm. Hors du carré, les bas-
foyers présentent les mêmes caractéristiques. Quinze à vingt centimètres plus bas on atteint
leur base, après le décapage difficile d'une argile rouge et compacte gravillonneuse sur les dix
premiers centimètres. Les mensurations suivantes ont été faites après la fouille.
,., • cr. fig. 34 et 36.
,.. - Cr. fig.37.
,a _ Cf .fig.35 et 38.
124
Tableau N°l: Dimensions des bas-foyen de Kougri (SaDmatenga) en centimètres
N.M. = non mesurée
Bas-foyers
; Diamètre à la
Diamètre
Diamètre
l
!
Epaisseur
Epaisseur paroi
Hauteur
j
;
base
l intérieur
extérieur
i paroi vitrifiée 1
argileuse
;
1
34
19
27
l
2
8
22
2
N.M.
19
29
2,2
10
31
3
N.M.
22
!
32
2,9
10
31
1
4
N.M.
20
31
2,1
11
35
1
5
N.M.
22
32
2,2
10
35
6
i N.M.
22
32
5
10
37
7
i N.M.
22
33
2
11
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8
i
N.M.
20
30
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10
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1
N.M.
22
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10
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22
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31
22
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:
i
;
12
N.M.
24
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;
N.M.
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13
23
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2
8
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35
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l
i
;
;
;
14
;
N.M.
:
;
21
31
[
2
indéterminée
:
i 30
l
:
i
j
15
N.M.
:
24
35
!
3
Il
;
;
l
33
1
:
i
:
;
i
16
N.M.
24
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32
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N.M.
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i indétcnninée
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31
i
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!
Le bas-foyer n0 11 portait une ouverture latérale sans doute destinée à l'admission de
l'air. Les bas-foyers n0 1 et n0 11 ont été prélevés et transportés au laboratoire d'archéologie de
l'Université de Ouagadougou, où nous avons vainement tenté de les casser pour examiner
l'intérieur. Les autres ont été laissés in situ.
125
Fig. 36 : Les bas-foyers de Kougri
A - Avant fouilles
Photos Kiéthega, 79
o
B - Après fouilles
Photo Kiéthega, 79
126
FIg. 37 : Kougri : empllcemeDt de la base de fourneau
A - Début des fouilles
Photos Kiéthega, 79
B - Après fouilles
Pboto IGéthega, 79
127
Fig. 38 : Kougri : la nécropole
de la premiere pluie de J'année: 2 mai 1979.
A - Avant fouilles: la carrière d'argile esl en [{ain de boire l'eau de la premiere pluie de J'année: 2 mai
Photo Kiéthega, 79
B - Après fouilles: les [{ois parties du sarcophage
Photo Kiéthega, 79
128
Treize petits fragments de céramique ont été trouvés lors des fouilles du carré. Tous
sont sans décor et de faible épaisseur (0,5 cm).
Un seul objet métallique, un hameçon en fer apparemment de fabrication moderne,
accompagnait les céramiques. Aucune trace de charbon de bois, pas même lorsque nous avons
tenté de briser les culots ramenés au laboratoire.
Sur la station n02, dans la périphérie ouest, six carrés de fouilles de trois mètres de
côtés chacun ont été ouverts. Ils forment ensemble un rectangle de 6 mètres sur 9 mètres dont
la longueur est de direction Est-Ouest. Ici, on est en présence d'un tertre de rejets formée de
scories, de laitier, d'argile cuite et dont la dénivellation est d'environ 50 cm. La disposition de
certains blocs de laitier et de scories semblait déterminer les contours de la base d'un fourneau.
A la fouille, cela se révéla exact. L'emplacement choisi pour le sondage n'est pas le point le
plus élevé du site n02. Il nous a fallu désherber et ôter de gros blocs de laitier et de scories
avant de pouvoir descendre en profondeur.
La découverte essentielle de ce sondage est le dégagement de la base d'un fourneau. Il
s'agit d'une construction en argile, aux parois un peu déformées ce qui lui donnait au moment
de la découverte 160 cm de diamètre Nord-Sud et 125 cm de diamètre Est-Ouest. L'allure
générale est donc ovale.
Il n'y a pas eu de fondations creusées avant la construction du fourneau. Les parois
sont minces, 5,06 cm d'épaisseur, mais nous pensons que l'érosion a pu jouer. Par ailleurs nous
ne disposons que de 50 à 60 cm de hauteur de paroi, ce qui ne nous permet pas de juger de
l'évolution en hauteur de l'épaisseur des parois. En se fiant au diamètre à la base, 160 cm, on
peut estimer entre trois et cinq mètres la hauteur originelle de ce fourneau. A sa découverte,
cette base ne portait aucune trace de vitrification comme nous avons pu J'observer ailleurs sur
d'autres fourneaux. L'intérieur était encombré d'une masse compacte de laitier, scories,
fragments de tuyères avec ou sans coulées, le tout dans une disposition anarchique. Les
129
recherches pour déteffiÙner l'emplacement des tuyères à la base ont été vaines. Les ouvertures
habituelles devaient par conséquent être pratiquées à une hauteur que ne possède plus le
fourneau dans son état actuel de conservation. Nous avons été fortement intrigué par la masse
chaotique contenue dans la base du fourneau et solidement liée par le laitier. A quelle moment
cela s'est-il produit? Pourquoi les tuyères à l'intérieur et non à l'extérieur? Le tout a été laissé
in situ après que nous ayons gratté un peu partout à la recherche d'éventuelles particules de
charbon ou de cendres. Nous n'en avons trouvé qu'en dehors de la base de fourneau, en
association avec des tessons de poterie. Ces objets se rencontrent entre 0 et -20 cm. Les
fouilles ont été partout menées jusqu'à -50 cm. Jusqu'à cette profondeur tout est argile. Seule
la couleur et la résistance du sol varie, de claire et peu compacte de 0 à -20 cm, à rouge et très
compacte entre -20 cm et -50 cm.
Au départ, nous avions pensé que la couche archéologique était très épaisse, et que
l'accumulation de scories, laitier et débris de fourneaux, correspondait à la dénivellation de la
colline de rejets. Grande fut donc notre surprise, après avoir enlevé les blocs de surface, et
ceux qui étaient enfoncés dans le sol jusqu'à -20 cm, de constater qu'il n'y avait plus d'autres
vestiges métallurgiques et que par conséquent le revêtement des collines en déchets de fonderie
était superficiel. Il fallait par conséquent conclure à une utilisation de buttes naturelles sur
lesquelles étaient construites les fourneaux; on peut aussi imaginer que les vestiges
métallurgiques ont protégé comme un chapeau, le site qui apparaît aujourd'hui en relief, suite à
l'abaissement du niveau général provoqué par l'érosion différentielle.
Le troisième sondage est effectué dans la carrière argileuse où les villageois fabriquent
des briques de banco qui sont ensuite séchées au soleil. Elle est située à cent mètres environ à
l'Est de la colline appelée Tanwaka. C'est aujourd'hui un trou d'environ un mètre de
profondeur, large de 5 à 6 m et long d'une trentaine de mètre. Les travaux villageois ont mis à
jour de la poterie semblable aux jarres funéraires du Yatenga ou du Sourn. La tradition
130
présente d'ailleurs ce lieu comme une nécropole Dogon dans une région occupée maintenant
par des Moose.
Trois carrés de fouilles de 3m sur 3m ont été ouverts. Le premier orienté selon les
points cardinaux était disposé de manière à contenir une jarre qui affleurait. Les suivants
devaient révéler l'existence d'autres jarres pour confirmer l'hypothèse de nécropole. Seules
deux jarres-cercueils ont été dégagées. Elles contenaient, accolés par les bords, cinq squelettes
humains. Les interstices dus à l'inégalité des diamètres des jarres étaient bouchés par des
fragments de vieilles poteries et par des galets peut-être maintenus originellement grâce à un
ciment d'argile. Les jarres reposaient horizontalement à -100 cm de profondeur. Elles étaient
orientées Nord-Est - Sud-Ouest. L'ensemble du sarcophage mesurait 180 cm. La jarre Ouest
(n088) légèrement plus longue que la jarre Est (n° 87) porte un décor imprimé à la grosse
cordelette sur tout le corps. Des blocs latéritiques la calaient latéralement. Elle était surmontée
vers le milieu de la panse par deux grands fragments de jarres emboîtées et aux bords
renversés. Le fragment de jarre interne porte un décor imprimé semblable à celui de la jarre 88.
Le second est sans décor. Nous nous interrogeons sur la finalité de ces fragments de jarres
emboîtées et en position verticale renversée sur la jarre 88. La gangue argileuse intérieure ne
contenait absolument rien. Aucun orifice intentionnellement pratiquée sur la jarre 88 n'a été
découvert permettant de penser à un accès au sarcophage. Signalons toutefois que la jarre 8 8
était fragmentée et qu'un morceau manquait latéralement vers le Sud. Au cours du dégagement
la jarre 88 a explosé en petits morceaux que nous avons tenté de reconstituer en laboratoire.
La jarre 87 mieux conservée a pu être restaurée correctement en laboratoire. Elle ne
porte pas de décor sauf quelques estampages sur le bord. Les dimensions observées sont les
suivantes:
Tableau N°3 : Mensurations des jarres
Enern
Hauteur
Diamètre extérieur a bord
Epaisseur de la paroi
Jarre 87
90
7S
3
Jarre 88
9S
6S
2
131
La jarre 88 c'est-à-dire la jarre Ouest, ouverture tournée vers l'Est ne contenait qu'un
squelette humain. Il s'agit des os du crâne et de quelques fragments d'os longs. Le tout se
trouvait à 35 cm du fond de lajarre. Le corps était apparemment couché sur le côté gauche, la
tête vers le fond de la jarre, le regard tourné vers le Nord, les membres repliés.
Un deuxième squelette humain se trouvait à la jonction des bords des deux
jarres. Son crâne se trouvait dans la jarre 88, tandis que des éléments d'os longs ont été
dégagés dans la jarre 87. L'orientation du squelette était Nord-Sud, la tête au Nord, visage
tourné vers l'Est. Il ne repose pas à même les jarres, mais était maintenu dans la couche
argileuse qui les emplit. Non loin des os longs en jarre 87 nous avons découvert un fragment
de bracelet en cuivre torsadé, très oxydé. Ce bijou appartenait probablement au défunt.
Dans la jarre 87, nous avons dégagé trois autres squelettes. Le squelette n03 comme le
n02 était couché tête vers le Nord, regard vers l'est. Il a été difficile de différencier les os
respectifs. Les corps étaient repliés à l'extrême et très proches l'un de l'autre. A 20 cm au-
dessus du crâne du squelette n03 fut découvert celui du squelette n04. C'est le mieux conservé
des cinq. Les os du reste du squelette sont dans tous les sens. La position générale du corps
semble être nord-sud, tête au nord et visage tourné vers l'ouest. Au moment de la découverte,
le crâne était en position verticale comme si la tête s'était détachée du corps.
Le squelette nOS, tout au fond de la jarre 87 et à peu près à la même hauteur que le
squelette n03, est également disposé nord-sud, le regard vers l'est. Le crâne est en position
verticale comme celui du squelette n04. On se demande si l'exiguïté de l'espace au fond de la
jarre n'a pas entraîné des mutilations. Ce qui est plus frappant, c'est le désordre qui caractérise
l'orientation et la disposition des corps. Le squelette nOI regarde vers le nord. Les n02, 3 et 5
regardent à l'est, tandis que le n04 est tourné vers l'ouest. Les squelettes n02-3-4-5 sont
couchés nord-sud, tête vers le Nord tandis que le squelette nOI est couché est-ouest, tête vers
132
l'ouest. Comment traduire ce désordre en raison de rites funéraires éventuels? Comment
expliquer techniquement et sociologiquement l'utilisation d'un même sarcophage pour
l'inhumation simultanée ou successive de cinq individus? La tradition locale nous a été sans
secours et aucune hypothèse plausible ne peut être pour l'instant émise. Nous restons
également prudent quant à l'interprétation de l'orientation des corps.
Relevons en complément d'information que le sarcophage reposait à 100 cm de
profondeur, dans une fosse ovale creusée dans le schiste, lequel est en place sur les parois et au
fond de la fouille. Par ailleurs, celle-ci n'a pas livré d'autres jarres-cercueils. IL faut donc
poursuivre l'exploration avant de parler de nécropole. On ne peut donc s'appuyer que sur la
tradition par parler de nécropole. Les prélèvements de squelettes et de gangues argileuses
1
n'ont jamais pus être analysés, malgré nos efforts &4.
Les fouilles de Kougri, qui se sont déroulées de février à mai 1979 avec la participation
de nombreux étudiants, ont abouti à trois contributions essentielles. Tout d'abord, on peut très
raisonnablement rapprocher les stations, objets des fouilles, des sites attribués aux Dogon dans
tout le nord du pays. Ensuite ce fut l'occasion de mieux identifier le bas-foyer local, le premier
à être décrit en Afrique de l'ouest. Enfin un trait culturel éminent des anciens métallurgistes de
Kougri a pu être étudié: l'inhumation collective en jarres-cercueils allongés.
IL3.4.2 : Les/ouilles de Wanaré, province du Yalenga
Le site de Wanaré se localise à 2,5 Km à l'Ouest de Séguénéga, au Nord de la route
Séguénéga -Ouahigouya et à hauteur d'un petit aérodromel65. Wanaré est dans une dépression
ouvert vers l'ouest avec une surface presque plane recouverte de gravillons. La végétation est
arbustive avec de petits parcs de Butyrospermum paradoxum et d'Acacia aegyptiaca. Le site
comprend trois ferrières principales dont la plus importante est la plus septentrionale. C'est
,.. - NolIS avons passé l'année universitaire 1979-1980 en France avec les échantillons de charbons de bois et d'ossements
sans pouvoir les plaeer dans un laboratoire, tant pour la datation que pour les analyses ostéologiques.
, . - Voir fig 3t
133
cette dernière que nous avons fouillée. Elle a une forme allongée, mesure 26 m du Nord-Est au
Sud-Ouest et 12 m d'Est en Ouest. L'éparpillement des débris provenant de la réduction du
minerai de fer rend cependant les mesures peu précises. Cette ferrière a une dénivellation de
0,75 m, l'inclinaison principale étant d'Est en Ouest. Aux extrémités Nord et Sud de la ferrière,
on reconnaît des bases de fourneaux.
Deux carrés de fouilles de 3 m sur 3 m chacun ont été ouverts. Le premier est implanté
de manière à fouiller la partie Est de la ferrière. Le second, séparé du précédent par un carré
non fouillé, a permis de reconnaître la base du fourneau situé au sud de la ferrière l66. Les trois
carrés, jointifs, sont orientés selon les points cardinaux et coupent transversalement la ferrière
d'Est en Ouest dans sa partie la plus élevée.
Sur le plan méthodologique et technique, il s'est révélé difficile de suivre une
stratigraphie lorsqu'on fouille des amas de scories, de laitiers, de tuyères et de débris de
fourneaux. Le tout semble avoir été jeté pêle-mêle. L'érosion et l'homme ont ensuite provoqué
des déplacements et même l'usure de ce matériel dont des éléments se retrouvent dans des
champs, éloignés de la ferrière, à 200 ou 300 mètres.
Nous avons ici procédé par des levées aux épaisseurs variables. Celles-ci nous ont été
dictées par la nature du terrain et la façon dont les déchets divers se détachent du sol. C'est
seulement à l'intérieur de la base fourneau que la stratigraphie a pu être suivie et analysée.
Au bilan, des centaines de kilogrammes de débris divers : scories, laitiers, fragments de
tuyères et de parois de fourneaux. Des prélèvements ont été faits pour des analyses et le reste
abandonné au bord des carrés de fouilles.
Un seul objet métallique, une pointe de flèche, a été trouvé. Aucun fragment de
céramique n'accompagnait les débris métallurgiques.
,.. - Voir fig. 40.
134
Fig. 39 : Carte de localisation de Wanaré et Yalka (Yatenga)
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135
FiO.UI:-:
LES FOUILLES DE WANARE
1985
WAN85
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SOcm
A
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N
0
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0
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o
o
4
6
LEGENDE
c=J
o
Fourneau
[Q] Tuyère
Pointe de flèche
136
Par contre, nous avons pu faire quelques prélèvements de charbon de bois et de cendres
qui ont été datés au C14 au laboratoire de radiocarbone de l'Université de Lyon 1.
Selon notre analyse, les vestiges exhumés correspondent aux éléments du type de
fourneau fonctionnant avec une alimentation naturelle d'air grâce à des tuyères disposées à la
base. Ce type de structure, d'origine dogon. aurait été adopté ultérieurement par les ferriers
moosé. La datation au C I4 des charbons de bois situe Wanaré aux alentours des XV' - XVI"
siècles. A cette époque, les cavaliers nakomsé achèvaient la conquête du Yatenga, refoulant les
Dogon vers « les falaises» de Bandiagara au Mali. Ce site pourrait donc être effectivement
dogon, comme le soutient la tradition orale.
IL3.4.3 : Les/ouilles de Ya/ka, Province du Yatenga
Elles ont été menées comme les précédentes en Janvier 1985.
Le village de Yalka est très important sur le plan de l'archéologie minière167 On
dénombre sur son territoire:
- à l'ouest: une mine de plusieurs centaines de puits et tranchées
- au nord : des ferrières et des bases de fourneaux nettement décelables
- à l'est: - une mine de plusieurs centaines de puits et tranchées des ferrières et des
bases de fourneaux y sont également décelables.
C'est au champ de puits et tranchées de l'ensemble oriental que nous avons décidé de
réaliser un sondage.
La mine orientale de Yalka se trouve à 4 Km envIron du village, à proximité des
champs cultivés par les habitants du village de Sourgbila.
La mine constitue une élévation de terrain dans un relief très plat. Cette élévation de
terrain est recouverte d'une végétation arbustive très dense. Il y a aussi quelques grands arbres
qui ont quelquefois poussé à l'emplacement d'anciens puits.
107 • Voir fig. 41 et 42.
137
Fig4)" :
LES FOUILLES
DE
YALKA 1985
YALIS
Kil
SOcm
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A
B
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'r--I
LEGENDE
B Le puits
138
Fig"!: :
LES
FOUILLES
DE
YALKA 1985
YALes
Kil
!lOcm
Paroi
Est
Paroi
Sud
LEGENDE
~ Argile gravillonneuse
f~::::::i:~ Argile gravillonneuse brune
rougeâtre
139
Selon la tradition orale la mine orientale de Yalka a été la première exploitée par tous
les villages environnants.
C'est après son abandon que la mine occidentale a été ouverte et également exploitée
par les ferriers de tous les villages aux alentours.
Les fouilles avaient pour objectifs :
- la reconstitution de la technique de fonçage des puits de mines
- la recherche d'éléments de datation
- l'identification des horizons exploités.
L'emplacement choisi est une dépression située au Ils Nord-Est du site. Cette
dépression semble indiquer l'emplacement d'un puits. Un arroyage de 3m/3m orienté selon les
points cardinaux est disposé de façon à permettre une fouille de la dépression, très marquée par
rapport aux tertres de rejets se trouvant au bord et constituant le sol actuel. La dénivellation
est de 60 cm environ.
Dans la dépression, nous avons d'abord fouillé un terrain constitué d'argile
gravillonneuse de couleur rougeâtre. C'est la même argile qui constitue les tertres de rejets.
Son épaisseur varie de 10 à 30 cm. Puis a été abordée une argile également gravillonneuse mais
188
de couleur brune qui semble avoir formé le sol ancien
. Les contours du puits de mine se sont
vite précisés dans cette couche d'argile gravillonneuse brune. De forme très irrégulière à
l'ouverture, sa section circulaire est devenue plus nette au fur et à mesure que la fouille a
progressé en profondeur. Le sondage s'est arrêté à 255 cm en-dessous du niveau actuel du sol.
Nous n'avons pas le sentiment d'avoir atteint le sol vierge, mais le travail a été abandonné
faute de temps. Au moment où nous avons arrêté la fouille, une galerie se dessinait du côté
ouest. Dans le puits a été observée une curieuse disposition de matériaux. A partir de -150 cm,
on rencontre une argile beige mêlée à un gravillon très fin du côté Nord où en hauteur une
'01 _ Voir fig. 42.
140
espèce de corniche protège le fond du puits. Du côté Sud-Ouest par contre se sont déposés de
gros cailloux. On peut avancer les interprétations suivantes concernant la disposition de ce
matériel. Les gros cailloux ont pu se déposer par chute mécanique provenant de rejets qui se
trouvaient au bord du puits. Ils ont pu également avoir été abandonnés là par les mineurs après
tri. L'argile beige et le gravillon fin proviennent sans doute de dépôts par gravité dans l'eau qui
stagnait après les pluies d'hivernage.
Aucun objet n'a été trouvé dans les fouilles de Yalka. Nous avons pu prélever
cependant du charbon de bois, mais en faible quantité, qui fut également daté entre le XV et le
xvr siècle169. Cette mine serait donc contemporaine de l'atelier de réduction de Wanaré et
aurait été ouverte par les Dogon avant leur départ.
ILl. 4. 4. Les fouilles de Passakongo, Province du Mouhoun
Une collecte de traditions orales relatives à la production du fer à Passakongo a été
réalisée en Août 83. Le village, situé à une dizaine de kilomètres au Nord de Dédougou,
compte huit ferrières et emplacements de fourneaux. Elles sont toutes situées à la périphérie
Nord du village, distantes les unes des autres d'environ 50 m. Dans l'état actuel de leur
conservation, ces ferrières fonnent des tertres importants de plus de 3 m de dénivellation avec
environ 30 m de diamètre. Elles se présentent toutes, élevées du côté Est, avec une ouverture
d'accès du côté Ouest.
La ferrière la plus septentrionale, considérée par la tradition locale comme la plus
ancienne, a été fouillée. Son point le plus élevé est à 3,75m par rapport au niveau du sol actuel.
La fouille a été conduite jusqu'à. 190 cm dans un carré de 3m / 3m orienté selon les points
cardinaux et disposé de façon à fouiller une dépression correspondant probablement à la
chambre si on se réfère à la description de Forbes, reprise par Bertho170 et à nos propres
observation lors des prospections.
'.. - Voir annexe sur les datations.
17" • Voir fig 11O.
141
FiOA3:
LE S FOUIL LE S DE
PASSAKONGO 1985
PAS 15
Kil
50 cm
A
B
c
o
E
F
N
r
2
6
~ Relevé du mur de-80 à-190cm
142
Traversant le carré presqu'en diagonale, du Nord-Ouest au Sud-Est, une murette de
moellons de latérite a été dégagée 171. Elle servait probablement à renforcer la paroi Sud de la
chambre où s'érigeait le fourneau. Apparue à -30 cm, la murette a été suivie jusqu'à -190 cm.
Elle est légèrement courbe, laissant penser que la chambre se trouvait dans la partie Nord du
carré de fouilles.
Le sondage a livré également beaucoup de blocs de scories pesant chacun près de
50 kg. Une vingtaine de tessons de céramique et un objet métallique ont été également trouvés.
Nous avons opéré à partir de -80 cm quatre prélèvements de charbon de bois dont la datation
à Lyon a classé le site à l'époque contemporaine.
Le sondage ne s'est pas poursuivi jusqu'au niveau du sol vierge en raison de menaces
d'éboulement des parois du carré. Le fourneau lui-même n'a pas été découvert. A tout
considérer, le site date de la fin du siècle précédent ou du début de celui-ci.
IL3.4.5. Lesfouilles de Béna, Province de la Kossi
Le village de Béna a plusieurs fois reçu notre visite depuis 1974. Il est situé à une
centaine de kilomètre à l'Ouest de Dédougou et à 16 km au Sud de Solenzo. Au village même,
on peut observer un bel exemple de fourneau semi-souterrain assez bien conservé sous un
fromager, à proximité du marché actuel. Des ferrières aux dimensions impressionnantes
imposent l'idée d'une production très importante de fer dans la région.
Les fouilles n'ont pas concerné les ferrières, mais la mine distante de 5 km au Nord du
village.
Elle couvre plus de 4 hectares et compte des centaines de puits plus ou moins bouchés.
L'ensemble est en surélévation d'environ 80 cm par rapport au niveau des champs
", • Voir fig. 43.
143
environnants. La mine est couverte de grands arbres avec un sous-bois dense. Certains ont
poussé dans les puits.
Le sondage a été implanté autour d'un puits partiellement bouché et situé
approximativement au centre du site. Dans état de conservation le creux se trouvait à -70 cm
par rapport au niveau des rejets du bord. Le diamètre à l'ouverture est de 310 cm. Ce grand
diamètre est certainement dû à l'érosion.
Les carrés de fouilles de 3m/3m chacun, ne nous ont pas livré des données bien
intéressantes. Ce fut au contraire un travail ingrat dans un sol très argileux, compact, dur à
creuser et aux nuances de couleur pas très tranchées. Aussi, la stratigraphie naturelle était-elle
difficile à suivre. En plus, ce sondage s'est révélé d'une grande stérilité. Le seul objet trouvé
est un morceau de bois sous une couche de rejets, reposant sur le sol ancien. Cet échantillon a
livré à la datation au C14 à Lyon, la chronologie la plus ancienne de l'histoire du fer au Burkina
Faso, soit les IV" . ur siècles avant notre ère. Nous revenons plus loin sur cette datation
fantastique.
lL3.4.6. Les fouilles de Sié, Province de la Sissili
Lors de la mission du 16 au 23 mars 1985 dans la province de la Sissili, deux fouilles
ont été réalisées, l'une à Sié, l'autre à Pien ln.
Le village de Sié encore appelé Bagonsié est situé à 20 km au Nord-Ouest de la ville de
Léo. Un recueil de traditions orales relatives au fer y a été effectué en juillet 1983.
A l'ouest du village, on dénombre trois ferrières alignées du Nord au Sud à proximité
d'un bas-fond. La ferrière centrale est, selon la tradition, la plus ancienne. Donc c'est sur elle
que la fouille a été menée. Cette ferrière est si arasée par l'érosion qu'elle est difficilement
décelable. La couche archéologique paraît peu épaisse. Un seul carré de fouilles de 3m /3m a
172. Voir fig. 44.
144
été disposé dans sa partie Sud-Est où une légère dénivellation est perceptible. Sa surface est
légèrement inclinée vers le Nord. Elle est jonchée de scories, de laitiers, de tessons de
céramiques. La fouille qui a été menée jusqu'à -50 cm ad' ailleurs livré une importante quantité
de tessons de céramique et de déchets métallurgiques. Le site donne l'impression d'avoir servi
de dépotoir après l'abandon des opérations de réduction du fer. Ici, les déchets de la
production du fer sont de dimension très petites (quelques grammes). Les datations au Cl4 de
charbon de bois faites à Paris VI, ont donné une chronologie qui remonte tout au plus au
xvue siècle.
Il.3.4.7. Les/ouilles de Pien, Province de la Sissili
Le village de Pien est à 55 km au sud-est de Léo. On y dénombre 12 stations de
vestiges métallurgiques. Il s'agit généralement d'imposantes ferrières. Selon la tradition orale
recueillie en juillet 1983, le type de fourneau utilisé localement est un fourneau à soufflets. Il
n'en reste aucun exemplaire entier ou reconstituable.
A la limite sud du village de Pien, au milieu d'un fourré, il y a une ferrière qui est citée
par la tradition comme étant la plus ancienne. Le fourré est dominé par des Parkia biglobosa de
grande taille.
La ferrière a une forme allongée d'est en ouest d'une vingtaine de mètres. La largeur à
la base est de 9 m côté Est et 4 m côté Ouest. La dénivellation par rapport au sol actuel est
d'environ 350 cm. Il s'agit d'un amoncellement de débris très grossiers provenant de la
réduction du fer.
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146
La fouilIe a été implantée approximativement au milieu de la ferrière. Il s'agit d'un
carré de 2m/2m orienté selon les points cardinaux. Dès le début du travail, les parois se sont
révélées très instables. La grosseur des blocs de scories, leur disposition en vrac sans aucune
recherche de disposition paniculière, ont été des handicaps très sérieux dans la recherche d'une
stratigraphie cohérente.
Le matériel exhumé, en plus des scories, laitiers et cendres, est composé de nombreux
tessons de céramique, de bois putréfié et du charbon de bois. Jusqu'à une profondeur de
170 cm, des escargots vivants ont été déterrés. Des tuyères presqu'entières et facilement
reconstituables, des blocs de parois de fourneaux, ont été aussi dégagés. Ils autorisent une
étude comparée de la tradition orale et de l'archéologie.
Il.J.I/.B. Les/ouilles de Sindou, Province de la Comoé
La mission qui nous a conduit à Sindou du 7 au 13 mai 1985 a fourni l'occasion de
deux fouilIes, l'une à la mine située à l'ouest de la ville et à proximité des bureaux de
l'administration dépanementale, l'autre sur une ferrière qu'on trouve dans la cour de l'école
communale.
La mine s'étend sur un hectare environ. Quelques rares puits sont décelables à la
surface. Les autres sont entièrement bouchés. Des tenres de rejets presque arasés et des
termitières géantes constituent en réalité les seuls accidents à l'endroit de la mine. La
végétation arbustive est marquée par de nombreux fourrés de Rovolphia.
Deux carrés de fouilIes de 3 m sur 3 m, orientés selon les points cardinaux, ont été
implantés à la limite Est de la mine. L'objectif était de sonder trois légères dépressions
d'alignement Nord-Sud de forme circulaire, de 250 cm de diamètre environ.
Ces dépressions nous semblent correspondre à d'anciens puits de mine. Dans l'état
actuel de leur conservation, leurs fonds se trouvent à 22 cm en-dessous du niveau du sol
actuel.
147
COUPE
NORP-SUD
DU PUITS
DE
SINDOU (COMOE)
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LEGENDE
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I:;~::~~;l Sable fOUCJ8 + racines véoétales
148
Fig46:
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149
Au cours des fouilles, nous avons eu confirmation qu'il s'agissait bien de puits. Leurs
contours ont pu être suivis grâce à la nature et à la couleur des sables qui les comblaient,
173
différentes de ceux formant les parois des carrés
.
Le matériel exhumé est peu abondant : une vingtaine de tous petits tessons de
céramique aux décors à peine lisibles. Nous avons toutefois pu prélever des terres
charboMeuses qui, aux datations au C14• se sont révélés d'âge actuel.
Entre la concession des forgerons et l'école communale, on dénombre trois ferrières
dont l'une se trouve dans la cour de J'école. C'est là qu'à été implantée une fouille de deux
carrés de 3m/3m orientés selon les points cardinaux. La ferrière en question a une forme
allongée d'orientation est-ouest, plus large à J'est qu'à l'ouest (longueur maximum: 15m ;
largeur maximum: 6 m ; dénivellation: 65 cm). A son sommet se trouvent des blocs de latérite
et de gros débris de laitier et scories. On observe aussi les tuyères en argile presqu'intactes et
des fragments de parois de fourneau en argile.
La fouille a concerné la partie centrale de la ferrière. Des trois, celle-ci nous a été
dOMée par la tradition comme étant la plus ancieMe.
Conduite partout jusqu'au sol vierge qu'on rencontre à partir de -100 cm, la fouille a
livré très peu de céramique, une vingtaine de tessons, mais beaucoup de charbon de bois. Le
reste du matériel archéologique est formé des déchets provenant de la réduction du minerai de
fer. Les charbons de cette station sont également d'âge contemporain. Leur taille assez
importante a permis de les soumettre à une identification en anthracologie à l'Institut
Méditerranéen d'Ecologie et de paléoécologie de l'Université de Marseille.
Il3.4.9. Les/ouilles de Pab,é, Province d'Ouhritenga
Les fouilles de Pabré ont été menées du 19 août au 2 septembre 1985. Trois stations de
la production ancieMe du fer ont été concernées :
t71 _ Voir fig. 4S et 46.
150
- une ferrière (en moore : wâtga), réputée très ancienne, localisée à proximité de la
clôture ouest du Petit Séminaire
- une mine au lieu-dit Kougribogodo (c'est-à-dire les trous de pierres), située à 6 km au
Nord-Est du Petit Séminaire au bord de la piste qui mène au village historique de Biktogo174.
- une nécropole qui s'étend à 600 mètres à l'est de la mine. Elle est attribuée par la
tradition aux anciens métallurgistes qui ont exploité la mine et abandonné la ferrière. Ils se
recrutaient au sein du peuplement pré-nakoambgll, des Ninsi, qui ont laissé dans les mémoires
collectives, le souvenir d'excellents travailleurs du fer, réputation qu'ils partagent avec les
Kibsi (Dogon) du Nord.
Selon la tradition orale, LA ferrière aurait été utilisée pendant la période coloniale pour
construire des routes. Aussi il ne reste que la moitié environ de ce qu'elle fut dans le passé. Ce
reliquat a une forme allongée orientée grosso-modo Est-Ouest, plus élevée à l'Est qu'à
l'Ouest. La dénivellation atteint 75 cm. Un seul carré de fouille de 3m/3m orienté selon les
points cardinaux a été implanté approximativement au centre de la ferrière. Le sondage a été
conduit jusqu'au niveau du sol vierge qu'on rencontre à -150 cm. Parmi le matériel
archéologique recueilli il y a d'abord les déchets de la production de fer : scories, laitier;
tuyères entières ou en fragments, parois de fourneaux, beaucoup de tessons de céramiques,
mais un seul objet métallique (une herminette). Des prélèvements de cendres et de charbons de
bois soumis aux datations au CI4 à Lyon et à Paris VI situent la station entre le XV" et le XVIf
siècle, soit une chronologie comparable à celles qui ont été obtenues pour les sites de Wararé
et Yalka au Yatenga175.
•" - Ce village est très importanl dans l'histoire dynastique des Moosé. En effet des riles y sonl accomplis lorsqu'un
souverain de Ouagadougou bouclait tmIte ans de règne. n se rendait alors dans ce village pour procéder à des saaifices
qui lui permettaient de renaitre. De retour dans sa capitale, il recommençait l'an un de son règne. Les historiens pensent
qu'à ['origine, il a pu s'agir d'un régicide rituel, le roi étant remplacé par \\ID homme ou un animal. La tradition rapporte
~ue la roi y meurt, et y est enterré avant de renaître.
• - Voir fig. tableau 18.
151
Fig 47: Le waaotga (ferrière) Je Petit-Séminaire de Pabré
A· Avant fouilles
B - Après fouilles
152
Fig,,8:
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D Latérite
153
La mine de Kougribogodo se trouve sur une petite élévation au sol gravillonneux,
présentant çà et là des surfaces cuirassées. La végétation arbustive est caractérisée par la
présence de nombreux acacias. Là où des puits sont groupés on trouve des fourrés épais. Un
carré de 3 m sur 3 m orienté selon les points cardinaux a été disposé autour une dépression
circulaire de même dimension, le fond de la dépression étant à 25 cm au-dessous du niveau du
sol actuel. La fouille a été menée jusqu'à -260 cm sans que le sol vierge n'ait été atteint. Le
travail a cependant dû être abandonné pour des raisons de sécurité. Toutefois, un puits a pu
être identifié avec ses encoches de circulation. Des tessons de céramiques et de charbon de
bois ont été découverts lors de la fouille 176. La nécropole est juchée sur la même élévation que
la mine. Il s'agit d'un ensemble de douze tombes visibles, marquées par des jarres verticales, et
de trois autres délimitées par des moellons de latérites. Il est probable que d'autres tombes
existent dont les traces en surface ne sont plus décelables.
Un carroyage de 3 m sur 3 m disposé autour de l'une des jarres verticales a permis de
fouiller une tombe commune qui abritait quatre corps humains. Certains ossements qui
paraissaient provenir d'animaux n'ont pu être identifiés avec certitude. 177 Cette fouille nous a
révélé une tombe d'un type particulier, en tout cas nouveau à notre connaissance. 178 Une
grande jarre renversée prisonnière sur 20 cm des terres de rejets, indiquait l'emplacement de
l'hypogée, dont l'entrée du puits était fermée par une seconde jarre, plus petite que la
première, mais en position renversée comme celle-ci. Le puits se termine 160 cm plus bas,
marqué par un palier sur lequel reposait une cruche en position également renversée. Il s'agit
plus d'une voûte qu'un puits, une sorte de cloche au-dessus de la chambre mortuaire, qui est
une caverne de forme ovale mesurant 110 cm pour la flèche, 120 cm pour la corde et 260 cm
'10 _ Voir fig. 48.
117 • n s'agit là, de nouveau, d'un des nombreux écueils de l'archéologie africaine qui ne peut accéder aisément aux
laboratoires spécialisés occidentaux et qui ne dispose pas sur place des compétences nécessaires.
'10 _ Voir fig. 49.
154
pour l'arc. Seulement 60 cm séparent le niveau où la cruche est renversée et celui où reposent
les corps.
Les conditions de travail, tant matérielles que sociologiques, ne nous ont pas permis de
prélever des éléments de squelettes aux fins d'analyse et de datation 179. Cependant une
description précise de la structure de la tombe et de son contenu a été faite, et nous pennettant
de détenir ainsi un élément de typologie en archéologie funéraire. En effet, l'hypogée de
Kougribogodo se singularise de ceux en usage chez les populations pré-nakombsé du plateau
central moaaga : les Yônyoosé et les Nînsi 180. Ces gens employaient certes des jarres pour
signaler la position des tombes, mais l'ouverture du puits était fennée par un disque de pierre
et non par une jarre. De plus, le puits en avait une apparence réelle. Emile Mangin en 1904,
suivi de Léo Frobénius en 1912, ont décrit différemment les hypogées de la région de
Ouagadougou 181. Nous n'avons pas tenté de dater la tombe par thennolurninescence grâce
aux jarres et à la cruche, car cela aurait provoqué leur destruction partielle. Elles portaient
toutes déjà des perforations sans doute rituelles 182. Il ne reste donc que la tradition orale et les
analogies de fonne et de décors des trois céramiques, pour les rattacher à cette époque reculée
(autour du xve siècle) de l'histoire des Nînsi.
ILl .4.10. Les fouilles de Kampala, province du Nahouri
Kampala est un village Kaséna située à 18 km à l'est de PÔ, chef lieu de la province du
Nahouri. Il est réputé avoir été un centre de dispersion de forgerons, dont certains se sont
établis chez les Bisa du Nord de ce territoire. Dans les quartiers, il y a partout des traces du
travail du fer. On distingue aisément les amoncellements de résidus de forge aux alentours des
cases des forgerons situées à l'Est de la route qui relie PÔ à Tiébélé en passant par Kampala.
Au nombre de quatre, ces tertres de scories de forge voisinent avec un atelier toujours actif
"1 _ Tenga GAAGRE, chef des forgerons de Pabré, présent pendant toutes les opérations de fouilles, s'y est opposé.
'10 _ Voir fig. 49.
'" • Kiéthéga J.B., Sdibé S, et Bedaux R.M., 1993, " /e3 pratiqJIe3junéraire3 Il. De3 vallée3 du Niger pp. 425 - 440
'12 _ Voir fig. 14.
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3 Cruche renversée sur un palier latéral
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4 Jarre fermant l'entrée de la chambre
tombe
funéraire·
~ Laterite
~ Terre de rejet
156
A l'Ouest de cette voie de communication, qui divise en deux le quartier des forgerons,
on dénombre cinq ferrières alignées d'Ouest en Est. Elles sont de forme allongée, sauf une, qui
est circulaire. Les dénivellations par rapport au sol actuel sont importantes: autour de trois
mètres 183. La plus grande mesure 20,80 m de long, 13,10 m de largeur maximum, avec une
dénivellation d'à peine 50 cm. Elle est la plus proche de la route et un baobab (Adansonia
digitata) a poussé dans sa moitié Est.
Nous avons fouillé cette ferrière, qui a servi de dépotoir aussi, car en surface et jusqu'à
30 cm de profondeur, il y avait une grande quantité de tessons de céramique, d'ossements
animaux, de coquillage, au milieu des scories et des fragments de parois de fourneaux. A un
mètre sous le niveau du sol actuel, les déchets métallurgiques prennent une couleur rouille très
marquée, alors que plus haut, ils sont noirâtres. Le tout repose sur un sol sablonneux qui
apparaît aux alentours de -200 cm184. Signalons que le village de Kampala est bâtie aux pieds
de reliefs granitiques qui tapissent les vallées en se décomposant, d'argile et de sable. De
nombreuses poches de cendres et de charbons de bois ont permis des prélèvements et des
datations au C14• situant la ferrière entre la fin du XVII" et le début du XXC siècle. L'histoire
locale nous apprend qu'il y a eu une intensification de la production de fer au XIX" siècle pour
permettre aux populations de lutter contre les envahisseurs Zaberma venus du nord Ghana.
IL3.4.11 : Les/ouilles de Tiakané, Province du Nahou"
Le village de Tiakané fait aujourd'hui partie de la banlieue ouest de PÔ. Il a acquis de la
notoriété grâce à ses fortifications du XIX" siècle. C'est par exemple dans la maison-forteresse
du Chef de Tiakané que l'explorateur Louis Gustave Binger s'est réfugié en 1888 lorsque sa
petite caravane a été menacée par des bandits. L'activité métallurgique y aurait été très grande,
surtout au XIX" siècle. Ses vestiges sont un peu partout présents, en particulier les scories.
,.. - Voir fig. S3 et 54.
'14 • Voir coupes stratigraphiques des fig. 5 1J
Fi058: CENTRES METALLURGIQUES DU NAHOURI
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D Scorie. rouge.
Q Scorie. noir.. +humus
~Latérite
162
Dans le quartier des forgerons, trois ferrières ont été désignées par la tradition comme
étant les plus anciennes. Elles sont distantes des concessions d'à peine 15 mètres185. Aux dires
des anciens, les ateliers de réduction étaient proches des habitations pour des raisons de
sécurité. En nous basant toujours sur les renseignements de la tradition orale relative à la
chronologie des trois ferrières, nous avons choisi de fouiller la plus septentrionale. Elle a une
forme allongée avec 38 m de longueur totale et 13,50 m de largeur maximum, et d'orientation
N.E. - S.W. Elle est moins haute que les deux autres dont les sommets sont à deux mètres du
niveau du sol actuel. La ferrière n° 1 que nous fouillons a son sommet à environ 120 cm du
niveau du sol actuel. En réalité cette dénivellation ne correspond pas à l'épaisseur de la couche
archéologique qui après fouille ne mesurait que 70 cm. Composée surtout de scories de petites
taille en surface (de 1 à 10 cm de diamètre) et plus grandes vers le fond (diamètre atteignant
30 cm) avec quelques fragments de céramique, cette couche repose sur un sol gravillonneux et
compact à partir de -70 cm. Par endroits, l'humus du sommet est quasi inexistant. Comme à
Kampala, on observe que les scories de la base sont plus oxydées que les plus superficielles.
On s'attendait normalement à l'inverse, le contact avec l'air ambiant rendant la corrosion plus
active.
Nous avons été aussi frappé par la rareté de la céramique (une trentaine de tessons dans
un rectangle de 3 m sur 6 m fouillé sur 70 cm de profondeur). En vérité, la céramique n'est
jamais absente des sites métallurgiques fouillés, mais elle n'est jamais abondante non plus.
Kampala semble être une exception qui confirme l'hypothèse de dépôts ultérieurs de tessons.
Les datations au C14 obtenues à partir de charbon de bois situent les vestiges
métallurgiques de Tiakané entre la fin du XVII" et le présent.
,. - Voir fig. 53 el 54.
163
IL3.4.12. Les/ouilles de Sapiu, Province du Nahouri
Le site métallurgique de Sapiu se trouve à 7 km à l'ouest de Koumbili. village lui-même
situé à 40 km à l'ouest de PÔ, chef-lieu de la Province du Nahouri. C'est aujourd'hui un lieu-
dit car totalement abandonné, de même que trois autres villages dénommés Zon, Sakaro et
Kouliga. Les villages de Sapiu et Zon se seraient éteints les premiers. Notre informateur,
Awiya Nébié âgé d'environ 70 ans en 1984 les a connus. Sakaro et Kouliga ont été abandonnés
il y a une trentaine d'années. Les causes d'abandon avancées sont le manque d'eau en saison
sèche et les destruction causées par les éléphants d la réserve voisine de Nazinga en hivernage.
Les quatre villages ont abrité des métallurgistes mais c'est à Sapiu que leur activité semble
avoir été la plus importante. On y dénombre aujourd'hui 39 ferrières de toutes tailles et des
sites d'habitats. Ces vestiges ont été cartographiés et une petite fouille conduite sur l'une des
ferrières situées à proximité de la route Pô-Léo 186. Comme à Kampala, un grand arbre
(Lannea microcarpa) avait poussé sur la ferrière, dont la surface était recouverte d'herbe
sèche, de feuilles mortes (la fouille a eu lieu au mois de Février 1986), des scories de petites
tailles (5 à 10 cm de diamètre) et des fragments de céramique. Celle-ci s'est d'ailleurs révélée
abondante au cours de la fouille, rappelant encore la ferrière fouillée à Kampala. Parmi les
tessons figurent celui d'un fourneau de pipe. Des blocs plus importants de scories (20 à 30 cm
de diamètre), des tuyères presqu'intactes et des fragments de fourneaux constituent les
principaux éléments rencontrés à partir de -50 cm. Jusqu'à l'abandon de la fouille à -100 cm
sans avoir atteint le sol vierge, la céramique était toujours présente. Nous n'avons pas observé
comme à Kampala et Tiakané, l'oxydation des scories en profondeur. Aucune indication
précise de la position du fourneau n'a été fournie par cette recherche. Les éléments de la
structure de réduction recueillis sont semblables à ceux de Kampala et Tiakané.
'.. - Voir fig. 55.
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Par comparatisme et sur la base des sources orales du pays Kaséna, il s'agirait de
fourneaux à soufflets 187. Les datations obtenues au C14 sont comparables à celles de Kampala
et Tiakné, car elles indiquent la période comprise entre la fin du XIIIe siècle et le présent. Ces
dates trouvent leur explication dans les conditions historiques de la production du fer que nous
traitons plus loin.
IJ.3.4.13. Les/ouilles de Kougsabla, Province du Bam
Le village de Kougsabla est situé à 10 km au Sud-Ouest de Kongoussi, chef-lieu de la
province du Baml88. Il s'étend dans une dépression entourée de collines volcaniques de toute
part. Kougsabla signifie « pierres-noires », le nom du village étant tiré de la couleur des roches
des collines avoisinantes.
Au Sud-Ouest des habitations actuelles existe un lieu-dit Toublongo, c'est-à-dire
« boucle d'oreille». Il s'agit en fait d'un important site archéologique d'environ 1200m de
long sur 500m de large orienté N.E.-S.W.
A la surface quinze emplacements assez distincts les uns des autres portent des vestiges
d'habitats, de productions métallurgiques et d'inhumations 189.
Un ruisseau venant des collines au sud traverse le site et communique avec une rivière à
l'Est. A l'époque des fouilles (mars 1986) les cours d'eau, étaient asséchés. Le lit du ruisseau
est entièrement cuirassé. Fait curieux, deux bases de fourneaux sont plaquées sur la latérite,
alors qu'à 110 cm plus haut sur les berges, se trouvent d'autres bases de fourneaux et des amas
de scories. Une fouille auteur de l'une des bases a permis de confirmer son placage contre la
cuirasse 190. Elle était remplie de scories et de fragments d'argile cuite provenant sans doute
des parois. Aucun d'eux ne suggère une tuyère.
'17 • Une campagne de collecte des sources orales relatives à la métallurgie du fer a été menée en 1984 dans la province du
Nahowi habitée principalement par des Kasséna parlant le Kasem.
,
Voir fig. 32.
,
Voir fig. 56.
'10 _ Voir fig. 56 bis.
166
Fig. 56 . Plan du .
site de Kougsabla (Bam)
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167
Fig. 56 bis; Fouille du fourneau de Kougsabla (Bam)
Plaquê sur le lit du ruisseau, sa base a été neHement identifiée. Photo Kiéthéga, 1986.
A - Avant fouilles
B - Après fouilles
168
Au demeurant, la base du fourneau fouillée jusqu'à la cuirasse située à -140 cm à partir
du niveau du sol actuel (situé à 110 cm au-dessus du lit du ruisseau) n'a présenté aucune
ouverture susceptible de recevoir une ou des tuyères. Pourtant ce qui reste du fourneau mesure
80 cm de hauteur et 130 cm de diamètre. Cette dernière indication nous est fort utile pour la
détennination de la typologie de cette structure. La fouille n'a montré aucune trace de charbon
ou de cendres qui nous auraient pennis d'obtenir des datations au C14. Les fragments de parois
recueillis n'ont pas été soumis aux datations radiométriques.
Celles-ci ont été tentées sur des ossements humains prélevés en fouillant un
emplacement situé à l'Est du site ou affleurent de grandes jarres accolées par les bords. Plus
haut, nous avons montré que ces céramiques correspondaient généralement à un mode
d'inhumation en jarres-cercueils, attribué par la tradition aux Dogon que les Moosé appellent
Kibsi. Les éléments recueillis du squelette (quelques fragments d'os longs et une dent ne
permettaient pas de se faire une idée de la position du corps dans la jarre. Soumis au
laboratoire de Paris VI, ces os ne présentaient pas assez de collagène pour permettre leur
datation au C14. De sorte que nous ne détenons aucune datation absolue concernant le site de
Kougsabla.
IL3.4.U. Les/ouilles de Lokosso-Sandé, Province du Poni
Le site de Lokosso-Sandé est situé à la hauteur de la borne kilométrique 145 sur l'axe
routier Banfora-Gaoua lorsqu'on arrive de Banfora. A cet endroit, une rivière sinueuse
traverse la route du Nord-Est vers le Sud-Ouest. L'axe routier se trouve ici orienté Est-Ouest.
Les ateliers de réduction de fer se localisent au Nord de cet axe routier à une distance
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10' _ Voir fig. 57.
Fig &1
PRINCIPAUX CENTRES METALLURGIQUES
169
DE. LA BOUGOURIBA ET DU POOl
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DU
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Le parcours du site révèle qu'il a une orientation Nord-Sud et s'étend sur cinquante
mètres de large et cent trente mètres de longueur. Il forme une sorte de bourrelet dont le
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Le site est couvert de grands arbres et d'arbustes dont Butyrospermum paradoxum,
Ficus sp, Combretum sp. Tamarindus indica, Saba senegalensis, lsoberlinia doca. Cassia sp.
Plusieurs bases de fourneaux sont apparentes. Concentrées dans la partie Nord du site,
elles se caractérisent par des diamètres variables, allant d'une cinquantaine de centimètres à
cent soixante seize centimètres.
Après un levé topographique, un sondage a été implanté autour de l'une d'elles située
dans la partie Sud du site. Au total 6 m sur 6 m ont été fouillés.
Autour du fourneau, le sol vierge a été vite atteint à -30 cm. Une nunce couche
d'humus a cédé la place à de l'argile compacte et jaune. Dans la couche d'humus, de rares
fragments de céramique ont été recueiIlis. Par contre les scories ont été abondantes. Rien n'a
été trouvé qui ressemble à une tuyère.
La fouille de l'intérieur du fourneau a livré un bloc de scorie et de la cendre à l'Est, à
un endroit où nous n'avons pas trouvé la paroi en place.
Après fouilles, le fourneau offre les caractéristiques suivantes 193 :
- Hauteur intérieure de la paroi conservée (côté ouest) = 66 cm
- Hauteur extérieure de la paroi conservée (côté ouest) = 28 cm.
- Diamètre intérieur à la base du fourneau = 162 cm.
- Diamètre intérieur au niveau supérieur de la paroi = 176 cm.
- Epaisseur de la paroi = 15 cm à l'ouest ; 5 cm à l'est.
,.. - Voir fig. 5g.
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175
Fig, 62 : Photos du site de Lokhosso,sandé
Photos Kiéthega, 93
A - Avant fouilles
B - Après fouilles
176
Selon les sources orales recueiIlies auprès du forgeron gan de Tanwoura, village voisin
d'Obiré, capitale des Gan, ce type de fourneau à grand diamètre se développerait sur une
hauteur de 140 cm seulement et fonctionnerait avec une seule paire de soufflets disposée à
l'Est de la structure.
Ce que nous avons découvert semble correspondre à cette description et expliquerait
l'absence observée de tuyères et de trous d'aération à la base du fourneau, à l'exception de ce
vide dans la paroi Est, là où il y avait de la cendre.
Mais comment pourrait fonctionner aux soufflets, un fourneau de plus d'un mètre
cinquante de diamètre et ne mesurant qu'environ 140 cm de hauteur? La réponse à cette
question est à rechercher.
Pour l'instant, cette découverte confinne l'existence, signalée dans notre rapport de
prospection 1993, d'un deuxième type de fourneau en pays Lobi, très différent du modèle
connu et reconstitué au Musée des civilisations du Sud-Ouest à Gaoua, et qui se caractérise
par sa faible capacité dégagée par une fonne cylindrique à très petit diamètre (60 à 70 cm).
IL3.4.15. Les/ouilles de Goden-wologtenga, Province du Boulkiemdé
On entre dans le village de Goden-wolgtenga après un parcours de 15 km sur l'axe
routier Koudougou-Yako en partant du chef-lieu de la province du Bulkiemdél94.
En 1973, Goden-wologtenga avait attiré notre attention par la présence une butte
anthropique bordant la route et attribuée par la tradition locale aux Ninsi, peuple que les
conquérants nakomsé ont soumis ou refoulé au xve siècle. Cette butte qui s'inscrit dans un
paysage découvert avec une dénivellation d'environ trois mètres, comporte de nombreux
vestiges en surface : meules, broyeurs sphériques ou cylindriques, poteries de fonnes et de
tailles diverses en bon état de conservation, sols dallés de tessons de céramiques et scories de
fer. La butte est connue sous le toponyme de Naablagda.
,.. - Voir fig. 63.
177
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Autres cennes mefollurQiques Impor
Importants
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Route
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178
Fig. 64 : La station de Bîssiguin (Goden-wologtenga)
A - Avant fouilles
Photo Kiéthega, 93
B - Après fouilles
Photo Kléthega, 93
179
C'est à partir d'elle que l'enquête révéla par la suite d'autres vestiges dans les quartiers
Bissiguin et Sandomtengyri. Il s'agit de restes de travaux métallurgiques dans le premier, et
d'un habitat ancien
dans le second. Le tout appartiendrait aux Nînsi comme la butte
anthropique de Naablagda.
La fouille des restes métallurgiques de Bissiguin a mis à jour des bases de fourneaux
195
dont certains sont vraisemblablement des bas-foyers
. Leur étude est présentement menée par
Hélène Timpoko Kiénon dans le cadre d'un doctorat à J'Université de Paris 1. Il en est de
même pour ['important matériel archéologique issu de la fouille de la butte anthropique de
Sandomtengyri constitué de nombreux tessons de céramique, d'ossements, d'objets métalliques
et de charbon de bois. Deux niveaux de pavements avec des scories et des tessons ont été
identifiés.
113.4.16. Les/ouilles de Tougou, Province du Yatenga
A la demande du Commissaire Général de l'exposition « Vallées du Niger», feu le
professeur émérite Jean Devisse, une fouille a été conduite au village de Tougou dans l'espoir
de dégager des jarres-cercueils à mettre en vitrine 196. La nécropole fouillée est l'une de celles
que Jean Devisse et moi-même avons reconnues en 1974.
Un sarcophage presqu'intact constitué de deux jarres accolées par les bords a été
l97
dégagé
. Il contenait un squelette dont le crâne, devenu comme de la pierre, quelques dents
et éléments d'os longs ont été recueillis. En position allongée, le corps était couché la tête au
Nord, le visage tourné vers l'Ouest. Des perles en verre de couleur bleuâtre et des chaînons
d'un bijou en fer ont été trouvés en tamisant l'argile sablonneuse qui remplissait le sarcophage.
Pour les anciens que nous avons interrogés, Je squelette serait celui d'une femme, compte tenu
de la disposition du corps et de la présence de ce type de bijoux.
,
Voir fig. 64.
'
Voir fig. ' "
'Of _ Voir fig. 6'
180
FIG.65
LES
SITES
METALLURGIQUES
DE
TOUGOU CYATENIAJ
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VILLAGE
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DE:
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TOUGOU
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DABIRE
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181
Fig. 66 : Fouilles de la nécropole de Tougou C"atenga)
A - Le sile vu de "Est (photo Kiélhega 92)
B - Le carroyage avant fouilles (photo Kiélhega 92)
182
Fig. 66 : Fouilles de la nécropole de Tougou (suite)
C - La première jarre - cercueil (photo Kiéthega 92)
D - Progression de la fouille
183
Fig. 66 : Fouilles de la nécropole de Tougou (suite)
E et F - L'ensemble du sarcophage (photo Kiethega 92)
184
FIg. 66 : Fouilles de la nécropole de Tougou (1IÛ1e)
G et H· Le collier en fer (photo Mourey, W.• 96)
• - - - - -
l.übnrO{(H'" de <.ufL".... r\\,DUt.tll.
fte'lt.ur:. lrlln (II H«"c.:rt'he~
96/203 AVANT
l '" rlJ~ Jo. MJr~ ... r
IIJJOO IlRA(;UI(,NAN
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185
Us attribuent le site à l'ancien peuplement dogon comme d'ailleurs on le fait partout
dans la région, quand il s'agit de jarres-cercueils. Au cours de la fouille des scories de
réduction du fer sont apparues hors du sarcophage. Elles ont pu être entraînée là par le
ruissellement, car cette nécropole occupe une dépression exploitée par les agriculteurs locaux.
L'absence de charbon de bois ou de cendres et l'état de conservation des fragments du
squelette n'ont pas permis d'obtenir des datations absolues 198.
D'autres preuves archéologiques d'un travail ancien du fer au Burkina Faso peuvent
être produites. Il nous vient particulièrement en mémoire les trouvailles métalliques lors des
fouilles conduites entre 1977 et 1978 sur les sites d'exploitation traditionnelles d'or de la rive
gauche de la Volta Noire (actuelle Mouhoum) 199. Les datations au carbone 14 placent les sites
fouillés à l'époque, entre le XlVC et
XIX" siècles. Nous pensons devoir signaler aussi, la
découverte faite en 1990 d'une chevillère en fer torsadée sur une ferrière au village de Nyeme,
province de la Bougouriba2OO. Les entrelacs à plusieurs fils de torsades de ce bijou invitent à
une étude des techniques de mise en forme du fer en Afrique. Nous n'abordons cependant pas
cet aspect de la métallurgie dans ce travail201 .
Comme ou le perçoit, l'archéologie du fer est riche en sites au Burkina Faso.
Cependant, les plus faciles à repérer appartiennent à l'époque subactuelle. Les datations
absolues se sont multipliées ces dernières années, jetant des jalons plus surs de l'histoire de la
métallurgie du fer dans ce pays.
,.. - Les deux ja 66.rres-cercueils ont été présentées à l'expositions vallées du Niger à Paris au Musée National des Arts
d'Afrique et d'Océanie d'Octobre à Déœmbre 1993. Elles figurent au catalogue de l'exposition à la page 437 et 549 sous
les N" 93 A et 93 B.
'lIlI .KIE1llEGAJ.B.,1983,L'ordela VO[IDNoire,p.103 et 159-160
:lOCI _ Vallées du Niger, 1993, p. 339
201 _ Voir fig. 68.
186
Fig. 67 : Objets en fer provenant de lites aurinml (Silsib)
' - -
=
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187
Fig. 68 : Chevillères de ~émé (Bougouriba)
Cbevillères torsndéC5
Fer
DaLation non encore éLablie
o max.: 12,1 cm et 11.6 cm:
poids: 893,1 g et 765,7 g
Conservation: restaurées en
laboratoire
Marques: important décor
révélé par la restauration
Origine: Nyeme, province de la
Bougouriba. Burkina Faso
Découverte: site métallurgique
de Nyeme. fouilles J.B. Kiethega
VALlEE"s DU ~1I~eR
SOU Y'c.. e-
DU
Ouagadougou, Burkina Faso.
SOU Y'c.. e-
MND
leur utilisation et leur usage:
p .3 ~ 3 ~\\- 5 ~ Y
Inv. NYE. 9ü.KI.5 et
étaient-ils des parures réelles ou
NYE. 90.K1.6
des objets cultuels?
Les entrelacs à plusieurs fils de
Découverts sur un site
torsades montTent. une fois
métallurgique au milieu des
de plus, Je degTé de perfection
scories de la production du fer.
des techniques de mise en forme
ces objets restent muets sur
du fer en Afrique.
188
CONCLUSION PARTIELLE
Il Ya quinze ans, les chercheurs en paléométallurgie du fer en Afrique étaient davantage
préoccupés par les aspects socioculturels de la production et de la transformation du fer. Leur
approche méthodologique de la question s'en trouvait réduite à des descriptions sommaires des
appareils de réduction et de la chaîne opératoire. On ne tenait pratiquement pas compte par
exemple de la thermodynamique dans l'étude des fourneaux.
Les rencontres qui se sont multipliées depuis entre chercheurs exerçant sur le continent
africain et spécialistes de l'archéométrie en Europe et en Amérique, ont vigoureusement
infléchi la direction et le sens à donner aux recherches en paléométallurgie. Cependant, si les
premiers pas tâtonnant sont aujourd'hui plus fermes, de nombreuses questions n'ont pas
encore été résolues sur le plan méthodologique.
Il reste par exemple le problème que constitue un vocabulaire technique éclaté. La
solution qui consiste pour chaque chercheur à user de ses expressions propres accompagnées
de définitions est certes commode, mais tout le monde gagnerait à s'entendre autour d'un
nombre réduit de mots pour désigner la même réalité.
En décidant d'adopter « bas foyer », « fourneaux », « loupe », choisis parmi bien
d'autres vocables des structures ou des produits de réduction du minerai de fer, notre but est
de concourir à cette simplification de la terminologie.
]] est aussi vrai que la réalité n'est pas toujours exactement la même partout, et ne doit
pas être tout simplement transposée, ce qui pourrait justifier l'introduction de nuances
aboutissant à des néologismes. Par exemple, un centre ou une province métallurgique n'a pas
exactement les mêmes contours géographiques ou chronologiques partout. Peut-on ainsi
appeler centres métallurgiques, des villages qui partagent la même mine, située hors de leurs
189
terroirs respectifs? Il manquerait alors un élément important de la définition, la présence du
minerai de fer dans le centre.
Pour réaliser cette étude, l'apport des sources a été très inégal. Insignifiant pour les
sources écrites, il s'est révélé inestimable pour les sources orales. Nous avons fait de
l'archéologie, mais surtout de l'ethnoarchéologie en raison de la part très importante prise par
les sources orales et ethnologiques dans notre travail. Nous avons voulu traquer l'information
partout où elle pouvait être en dépôt.
190
DEUXIEME PARTIE
LES MINES ET LES MINERAIS
191
L'étude des mines et des minerais a requis une attention particulière et nous lui
réservons une place importante dans ce travail. D'abord recensées en même temps que les
autres sites de métallurgie ancienne, les mines ont été l'objet par la suite de missions spécifiques
ayant eu pour but d'en étudier les extensions, la richesse, les qualités et les modes et techniques
d'abattage et d'extraction.
Certaines ont été ainsi soumises à des études géologiques et géomorphologiques, tandis
que d'autres étaient fouillées 202.
Plus de cent échantillons de minerai ont été analysés en laboratoire de géochimie et par
diffraction X.
Les résultats de toutes ces investigations nous conduisent à la circonspection devant
l'affirmation souvent formulée et selon laquelle les anciens, par leurs travaux, étaient à la
recherche de mines riches en fer, celles-ci se trouvant tantôt sur les hauteurs, tantôt dans les
dépressions. n est presque certain que d'autres contraintes ont guidé les anciens métallurgistes
dans la recherche du minerai.
Afin de rendre compte au mieux des résultats de cette enquête, nous traitons de ce qui
pourrait être considéré comme des thèmes majeurs :
- La carte des mines, faisant ressortir le site, la situation et la répartition géographique.
En rapportant la vision des informateurs, généralement des métallurgistes ,concernant les
gisements de fer et la façon de les exploiter, cette étude vise à traduire leur niveau d'expertise
technologique.
- L'analyse des méthodes et techniques traditionnelles de prospection pour le repérage
des gisements de fer, dont certaines ne manquent pas d'intérêt, même pour les prospections
géologiques d'aujourd'hui.
202 Les mines de Naba Yeele Tanga à Bangsoma dans la Province du Samnatenga et de Zorongo près d'Aribinda dans le
Somn été étudiées sur le plan géologique el géomorphologique. Celle de Béna dans la Kossi, Sindou dans la Comoé,
Kougribogodo dans l'OUbritenga el Yalka au Yatenga ont été fouillées CD 1985.
192
- L'analyse géochimique et aux rayons X qui révèle les choix réels des mineurs et ouvre
des perspectives pour l'appréciation des connaissances scientifiques des anciens.
- Cependant, tout ce qui précède ne s'éclaire qu'à la lumière des contextes géologique et
géographique locaux, qui expliquent les réactions adoptées ici et là face à la quête de minerai.
- Nous rendons compte aussi de la préparation de ce dernier en we de la réduction, et
jetons un regard au-delà des frontières burkinabè pour saisir des éléments de comparatisme
ethnologique fort utile dans le cadre de ce travail.
193
CHAPITRE
III
LES
ANCIENNES
MINES
DE
FER
ET
LES
TECHNIQUES D'ABATTAGE ET D'EXTRACTION DU MINERAI DE
FER
Cent soixante dix mines ont été recensées et la plupart visitées. Nous entendons par
mines tous les gîtes ferrugineux ayant connu une exploitation ancienne. Celle-ci a pu s'opérer
par simple ramassage de cailloux de surface et/ou par décapage peu profond ne dépassant pas
un mètre.
Il s'agit alors d'une exploitation superficielle ou de surface. On a pu également avoir
recours au fonçage de puits reliés ou non par des galeries donnant de véritables mines
profondes. Nous les appelons aussi «exploitations profondes ». Ces définitions ne prennent pas
en compte l'étendue du site qui peut se résumer à un puits, une excavation à ciel ouvert ou un
champ de plusieurs centaines de puits et galeries. La discrimination se fait par la description
physique qui suit.
L'on a coutume de dire que les métallurgistes prélevaient le minerai sur des collines ou
sur leurs flans. Nous distinguons ici les "mines de plaines" des "mines de montagne" pour
rendre compte de deux situations concrètes se traduisant par des reliefs et des conditions
géologiques différentes, desquels sont issus deux types de minerais que le métallurgiste a le
loisir de réduire seul ou en association avec d'autres substances. En effet la nomenclature des
minerais de fer est assez complexe, les classifications répondant chacune aux besoins des
utilisateurs. Le géologue base la sienne sur les conditions de formation du minerai. Le
métallurgiste moderne considère le comportement de ce dernier pendant le traitement. Pour le
mineur ancien, le gisement est profond ou superficiel, en roche meuble ou dure, etc. De plus, la
valeur d'un minerai ne dépend pas seulement de sa teneur mais aussi de la nature et de la
194
concentration des éléments qui accompagnent le fer. Les minerais les plus riches ne sont donc
pas forcément les plus intéressants 203. Les comportements des mineurs africains traduisent
effectivement ces préoccupations. C'est ainsi que la « mine de plaine» s'inscrit dans des
dépressions, sur les berges et parfois le lit des rivières. Les prélèvements se font alors dans la
carapace ferrugineuse ou à partir de cuirasses de néoformation.
Il n'existe pas de véritable montagne au Burkina Faso où le plus haut sommet est le
mont Ténakourou qui culmine à 747 m à la frontière avec le Mali et la côte d'Ivoire. C'est donc
par commodité de langage que nous parlons de « mines et de minerais de montagne».
L'exploitation concerne alors des chapeaux de cuirasse et leurs débris de démantèlement (fig..
69). L'on procède alors par ramassage de cailloux plus ou moins gros, ou par puits verticaux
qui descendent au niveau de la carapace en traversant une cuirasse parfois très indurée et plus
riche en fer que l'horizon sous-jacent. Que recherche alors le métallurgiste après tant d'efforts?
Le travail à la mine est rarement une opération individuelle. Cependant le caractère
collectif qui est ici étudié s'applique à l'exploitation d'une mine par des gens en provenance de
plusieurs villages, de plusieurs centres métallurgiques. Cette pratique confère à la dite mine une
importance qui peut être régionale et dont les raisons doivent être expliquées.
Nous avons rencontré des difficultés dans l'appréciation des distances qui séparent les
mines des viUages et dans la reconnaissance de celles-ci. En effet, eUes ont pu être visitées
lorsqu'elles se trouvaient à proximité des lieux d'habitation où les interviews étaient faits.
Lorsqu'elles étaient éloignées, et le plus souvent c'est le cas, il nous a été difficile de trouver un
guide, l'âge de l'informateur ne permettant pas à ce dernier de se déplacer. Aucune vérification
n'a alors été faite des distances suggérées et de la description de la mine. Dans le cas des mines
collectives la distance indiquée est naturellement en rapport avec le village de l'enquête.
203 SENERNEELS, V, 1993, An:héométrie des scories de fer • Recherches sur la sidérurgie ancienne en Suisse
Oa:idcntales, p. 32.
195
Fig. 69 : Buttes de Diré ou Dirin (Sourn) - Photos Sanou. D.C., 1994
A • Les deux buttes portent des chapeaux de fer en cuirasse
B - On distingue ici la cuirasse proprement dite, plus sombre, qui s'est délitée par rapport à la carapace sous-
jacente, plus claire.
ci
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197
Des informateurs de la province du Bazéga au Sud de Ouagadougou, nous ont même affirmé
qu'ils allaient au Yatenga, tout à fait au Nord, pour en ramener du minerai! 204
Il est certain que le nombre de mines dépasse, et de beaucoup, celui fourni par ce
recensement. En effet des vides apparaissent sur la carte des mines et le tableau de répartition
par provinces administratives. Ils s'expliquent par une prospection nulle ou insuffisante de
certaines localités d'accès difficile. C'est le cas des provinces du Nord et de l'Est : Sourn,
Oudalan, Séno, Gnagna, Tapoa. Les provinces du Namentenga,
du Kouritenga,
du
Ganzourgou, du Boulgou ont été prospectées mais elles sont considérées comme les
principales consommatrices du fer en provenance du Yatenga et de la région des lacs, en raison
justement de la précarité de leur propre production métallurgique. D'autre part, les peuples qui
recourraient aux ramassages de cailloux de surface n'ont pas laissé de leurs activités des traces
archéologiques. La tradition retient alors «qu'on allait dans les collines rechercher des pierres»
En dehors de la littérature récente produite par le laboratoire d'archéologie de
l'Université de Ouagadougou 2OS, très peu d'écrits parlent des anciennes mines de fer du
Burkina Faso et leurs évocations ne sont pas accompagnées de description 206. Louis Tauxier
établit cependant une relation entre le développement de centres métallurgiques au Yatenga et
la présence de collines. Il relève ainsi que c'est dans le Sud-Est du pays qu'il yale plus de
"centres de forgerons" et cela à cause du relief. Ainsi en serait-il des villages de KaJsaka,
Kargo, Rarigma (Darigma) situés dans les montages du Datenga (Ratenga), de Lourouka
(LouJouka) dans les montagnes du Riziam et de Tangaï (Tangaye) auprès d'une colline à
l'Ouest de Ouahigouya.
204 Compaoré Tinnoaga, 75 ans, forgeron, interrogé à Kombissiri le 27-8-84 et Kaboré Tibo, SO ans, forgeron, interrogé à
Watinga le 25-8-84. Quant à Yabré Saana, 60 ans, forgeron,
interrogé à Yüwogdo le 21-S-84, il affirme que leur
mineTlli ve:nait de Yako (Province du Passoré) mais qu'ils importaient du fer du Yatenga.
205 Voir en bibliographie les mémoires, articles et communications émanant de ce laboratoire.
206 Pendant la période coloniale ne sont évoquées que les mines du Yatenga et du pays Bwa. C'est ainsi que Bertho J. 1946,
Francis BoeufC. 1937. reprenant Fomes R.H., parlent de puits reliés par des galeries dans la circonscription de Dédougou
mais sans les décrire alors que les mines de Télé-Nugar au Tchad, et Bougouni au Mali sont soigneusement documentées
par Claude Francis-Boeuf aux mêmes pages, qui signalent aussi l'extraction de minerai "au Mossi et au Yatenga".
198
Tauxier reconnaît cependant que cette relation métallurgie - relief ne se vérifie pas pour le
centre du Yatenga où la dissémination des forgerons serait un fait politique qu'il situe au règne
de Naba Kango à la fin du XVIlle siècle 207. En réalité, ce serait dès le XVe siècle sous le
règne de Oumtanango que les forgerons ont été dispersés dans les différents villages du
Yatenga d'alors. Nous y reviendrons.
Le même auteur nous informe que les minerais de Tougou, Kalsaka, Bogoya et
Sissamba, étaient très recherchés partout, surtout pour la confection des outils tranchants ou
devant offrir une certaine résistance 208. En cela, les traditionnistes du Yatenga contemporain
s'accordent avec lui.
Nous n'avons pas voulu, pour la présentation des mines, rester prisonnier du carcan
ethnique. La carte de situation des mines 209 , en dépit des limites signalées plus haut, permet
de reconnaître les régions où l'extraction du minerai était active. Il s'agit surtout du Yatenga,
de la région des col1ines bordant les lacs des provinces du BAM et du Sanmatenga et du
Centre-Ouest du Burkina Faso.
Le tableau de répartition livre quant à lui des données statistiques pour les Provinces
administratives actuelles 210. Nous avons opéré des regroupements pour tenir compte dans la
mesure du possible des réalités géographiques et/ou historiques. Afin de ne pas être trop
répétitif, nous présentons les mines les plus importantes et celles qui offient quelques
particularités. Nous nous sommes débarrassé de tout préjugé ethnique.
207TAUXIER.1917, LeNoir du Yatenga, pp 544.545.
2œTAUXIER, 1917, le Noir du Yatenga. p218
209 Voir fig. 70 : Carte des mines.
210 Voir Tableau N° 4 de répartition des mines. Le découpage administratif retenu est celui de l'ordonnance n° 84-
055/CNRIPRES du 15108184 portant déroupage du territoire national en 30 provinces.
199
Tableau nO 4 : REPARTITION DES ANCIENNES MINES DE FER DU BURKINA FASO
PROVINCE
NOM DU sm
sm DE
smDE
EXPLOITATION
EXPLOITATION EXPLOITATION
DISTANCE 1
PLAINE
MONTAGNE
DE SURfACE
PROFONDE
COLLECTIVE
MINE
VILLAGE'
I-BAM
KembRo
Non
Oui
Non
Oui
Oui
> 1 km
LouJouka
Non
Oui
Non
Oui
Oui
2km
Sandouré
Non
Oui
Non
Oui
Oui
> 1 km
TanmuRou
Non
Oui
Non
Oui
Oui
> 1 km
Toub
Non
Oui
Oui
Non
Oui
indétenninée
2-BAZEGA
BonoRO
Non
Oui
Oui
Non
Oui
10 km
Roanllhin
Non
Oui
Oui
Non
Oui
42 km
Nayimi
Non
Oui
Non
Oui
Oui
indél.mninée
3- BOUGOURIBA
Bamako
Non
Oui
Oui
Non
Oui
< 1 km
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Non
Oui
Oui
Non
Oui
3km
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Non
Oui
Oui
Non
Oui
< 1 km
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Non
Oui
Oui
Non
Oui
,km
Kpa[
Oui
Oui
Oui
Non
Oui
< 1 km
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Non
Oui
Oui
Non
Oui
4km
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Non
Oui
Oui
Non
Oui
4.' km
Nveme
Non
Oui
Oui
Non
Oui
4-BOULGOU
PaRou
Non
Oui
Oui
Non
Oui
indél.mninée
,- BOULKIEMDE
RaJo
Oui
Non
Non
Oui
Oui
< 1 km
MonRUéniai
Oui
Non
Non
Oui
Oui
3km
Goulouré
Non
Oui
Oui
Non
Oui
Hm
SambisllO
Non
Oui
Oui
Non
Oui
< 1 km
Boulouré
Non
Oui
Non
Oui
Oui
1 km
Tolotanu
Oui
Oui
Non
Oui
Oui
Hm
Kone
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
1 km
Nandiala
Non
Oui
Oui
6-COMOE
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Non
Oui
Non
Oui
Non
2km
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Non
Oui
Non
Oui
Non
1 km
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Non
Oui
Non
Oui
Non
1 km
MouaodouROU
Oui
Oui
Non
Oui
Non
1 km
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Oui
Non
Non
Oui
Non
1 km
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Non
Oui
Non
Oui
Non
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7· GANZOURGOU
8-GNAGNA
9·GOURMA
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Non
Oui
Oui
Non
Oui
< 1 km
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Non
Oui
Oui
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<Ikm
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Oui
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Non
Oui
indél.mninée
Fada
Non
Oui
Oui
Non
Oui
,km
Momba
Non
Oui
Oui
Non
Oui
3km
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Non
Oui
Oui
Non
Oui
<lkm
NamounROU
Non
Oui
Oui
Non
Oui
,km
Tiandiaka
Non
Oui
Oui
Non
Oui
1 km
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Non
Oui
Oui
Non
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3km
200
10- HOUET
Ki.....
Oui
Non
Non
Oui
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<1 km
Koabe
Oui
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Non
<1 km
SlIISIlIImIloUra
Non
Oui
Non
Oui
Oui
Skm
Karankauo-s
Non
Oui
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Oui
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ISkm
Toussiana
Oui
Non
Non
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Non
10 km
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Oui
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Non
Oui
Non
>2km
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Oui
Non
Non
Oui
Non
>2km
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Oui
Non
Non
Oui
Non
indélenninée
ll-KADIOGO
12- KENEDOUGOU Koko
Oui
Non
Non
Oui
Non
2km
SImorogouan
Oui
Non
Non
Oui
Non
2km
13- KOSSI
Bena
Oui
Non
Non
Oui
Non
Skm
Dora
Oui
Non
Non
Oui
Non
1 km
Gani
Non
Oui
Oui
Non
Oui
1 km
LahirasIo
Oui
Non
Non
Oui
Oui
1 km
Kodougou
Oui
Non
Non
Oui
Oui
1 km
Kouka
Oui
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Non
Oui
Oui
3km
Kié
Oui
Non
Non
Oui
Oui
3km
Solenzo
Oui
Non
Non
Oui
Oui
3km
Tanail.
Oui
Non
Non
Oui
Oui
3km
Sanikoro
Oui
Non
Non
Oui
Oui
3km
Bankouman
Oui
Non
Non
Oui
Oui
1 km
Dinkièl\\a
Oui
Non
Non
Oui
Oui
1 km
Dinkoro
Oui
Non
Non
Oui
Oui
1 km
Sanaba
Oui
Non
Non
Oui
Oui
1 km
14- KOURITENGA
IS MOUHOUN
Konkolikan
Non
Oui
Non
Oui
Oui
1 km
KOIIO
Oui
Oui
Non
Oui
Oui
1 km
Sara
Oui
Oui
Non
Oui
Oui
12 km
PusakonRo
Oui
Non
Non
Oui
Oui
> 1 km
Kera
Oui
Non
Non
Oui
Oui
> 1 km
La
Oui
Non
Non
Oui
Oui
> 1 km
Parade
Oui
Non
Non
Oui
Oui
> 1 km
16-NAHOURI
TillDOUllRa
Oui
Non
Oui
Non
Oui
1 km
P....
Oui
Non
Oui
Non
Oui
1 km
Tunbolo
Oui
Non
Oui
Non
Oui
> 1 km
Kélé
Oui
Non
Oui
Non
Oui
3km
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Oui
Non
Oui
Non
Oui
3km
Surina
Oui
Non
Oui
Non
Oui
3km
Yadomé
Oui
Non
Oui
Non
Oui
3km
KounROUné
Oui
Non
Oui
Non
Oui
3km
17· NAMENTENGA
18- OUBRITENGA
Koullribollodo
Non
Oui
Non
Oui
Oui
6km
Suba
Non
Oui
Oui
Non
Oui
1 km
Gucsna
Oui
Non
Non
Oui
Oui
1 km
Kindi
Non
Oui
Oui
Non
Oui
2km
Lav
19·0UDALAN
Gandafabou
Non
Oui
Oui
Non
Oui
3km
Gorom-Gorom
Non
Oui
Oui
Non
Oui
Skm
2Q.PASSORE
POOIIi
Non
Oui
Oui
Non
Non
indélenninée
Souri
Non
Oui
Oui
Non
Non
indélenninée
T&OllSRO
Non
Oui
Oui
Non
Non
1 km
l.anIaRa
Non
Oui
Oui
Non
Non
1 km
&uri.
Non
Oui
Oui
Non
Non
indétenninée
Tema
Non
Oui
Non
Oui
Non
2km
201
Bokin
Non
Oui
Non
Oui
Non
1 km
Tanmoui
Non
Oui
Oui
Non
Non
> 1 km
Kini
Non
Oui
Oui
Non
Non
2km
Umhre
Non
Oui
Non
Oui
Non
1 km
Arilol.
Non
Oui
Non
Oui
Non
indéterminée
Tenkohd....
Non
Oui
Non
Oui
Non
indéterminée
Zambélé
Non
Oui
Non
Oui
Oui
indéterminée
21- PONI
ILeamain
Oui
Non
Oui
Non
Oui
1 km
Nako
Non
Oui
Non
Oui
Non
2km
Tanwoure
Oui
Non
Oui
Non
Non
indéterminée
22-SANGUIE
Réo
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
~km
0....
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
liJkm
Poun
Oui
Non
Oui
Non
Oui
> 1 km
Iledùkorépou
Non
Oui
Non
Oui
Oui
3km
Didvr
Oui
Non
Oui
Non
Oui
4km
Népoen
Oui
Non
Oui
Non
Oui
> 1 km
23· SANMATENGA Zérédeguin
Non
Oui
Oui
Non
Non
> 1 km
Bonpoma
Non
Oui
Non
Oui
Oui
> (km
SIntlaba
Oui
Non
Oui
Non
Non
> 1 km
Tandaga
Non
Oui
Non
Oui
Oui
3km
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Non
Oui
Oui
Non
Non
> 1 km
Garba
Oui
Non
Oui
Non
Non
>Ikm
24- SENO
2~· SISSILI
Yoro
Oui
Non
Oui
Non
Non
1 km
BollOl1Sié
Oui
Non
Oui
Non
Non
> (km
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Oui
Non
Oui
Non
Non
> 1 km
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Oui
Non
Oui
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Non
15km
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Oui
Non
Oui
Non
Non
Ikm
Tiessoura
Oui
Non
Oui
Non
Oui
1 km
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Non
Oui
Oui
Non
Oui
2km
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Non
Oui
Oui
Non
Oui
1 km
Zorongo
Non
Oui
Non
Oui
Oui
2km
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Non
Oui
Oui
Non
Oui
2km
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Non
Oui
Oui
Non
Oui
2km
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Non
Oui
Oui
Non
Oui
indéterminée
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Non
Oui
Oui
Non
Oui
indélenninée
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Non
Oui
Oui
Non
Oui
indélenninée
27·S0UROU
Sebere
Oui
Non
Non
Oui
Oui
4km
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Oui
Non
Non
Oui
Oui
3km
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Oui
Non
Non
Oui
Oui
5km
Touan
Oui
Non
Non
Oui
Oui
2km
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Oui
Non
Non
Oui
Oui
2km
Lankoé
Oui
Oui
Non
Oui
Oui
4km
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Non
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Non
Oui
Oui
1,5 km
DiaI...
Oui
Non
Non
Oui
Oui
1 km
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Oui
Non
Non
Oui
Oui
( km
Dou.....
Oui
Non
Non
Oui
Oui
1 km
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Oui
Non
Non
Oui
Oui
1 km
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Non
Oui
Oui
Non
Oui
2km
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Non
Oui
Oui
Non
Oui
5,~km
29-YATENGA
ln......
Non
Oui
Non
Oui
Oui
1 km
Koumbri
NORO
Non
Oui
Non
Oui
Oui
( km
Titao
Non
Oui
Non
Oui
Oui
> 1 km
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Oui
Non
Oui
Oui
Oui
2iJkm
Ronp
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
liJkm
N
Non
Oui
Non
Oui
Oui
1 km
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Yooba
Non
Oui
Non
Oui
Oui
2km
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Oui
Non
Non
Oui
Oui
> Ikm
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Non
Oui
Non
Oui
Oui
4km
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Oui
Non
Non
Oui
Oui
> 1 km
Oui
Oui
Oui
NOD
NOD
I,Skm
1Barp
Non
Oui
Non
Oui
Oui
I,Skm
Bongol.
Non
Oui
NOD
Oui
Oui
1 km
Selboap
Oui
NOD
Non
Oui
Oui
1 km
Sole
Non
Oui
Oui
Oui
Oui
4km
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Oui
Non
Non
Oui
Oui
> 1 km
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Non
Oui
NOD
Oui
Oui
> 1 km
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Non
Oui
Non
Oui
Oui
> Ikm
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Non
Oui
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Oui
Oui
> 1 km
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Non
Oui
NOD
Oui
Oui
> 1 km
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Non
Oui
Non
Oui
Oui
> 1 km
Zio
Non
Oui
Non
Oui
Oui
> 1 km
Boulll'e
Non
Oui
Non
Oui
Oui
> 1 km
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Non
Oui
Oui
Oui
Oui
> 1 km
ILaao
Non
Oui
Oui
Oui
Oui
> Ikm
Rim
Non
Oui
Non
Oui
Oui
1 km
Walinoma
Non
Oui
Non
Oui
Oui
1 km
Zorn
Non
Oui
Non
Oui
Oui
> 1 km
Bounouma
Non
Oui
Non
Oui
Oui
1 km
Sislamba
Non
Oui
Non
Oui
Oui
1 km
Lougouri
Non
Oui
Non
Oui
Oui
ILl km
Tangaye
Non
Oui
Non
Oui
Oui
1 km
Gourcy
Oui
Non
Non
Oui
Oui
2km
Berenga
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
1 km
Ni......
Non
Oui
Non
Oui
Oui
Ikm
50
Non
Oui
Non
Oui
Oui
2km
203
111.1 : Les mines de l'Ouest: provinces de la Comoé, du Rouet et
de Kénédougou
La Province de la Comoé avec chef-lieu Banfora, est frontalière de la Côte d'Ivoire et
du Mali. Cette position est très importante quant à l'histoire de la métallurgie du fer. C'est dans
sa partie septentrionale que cene - ci s'est développée autour de centres réputés comme
Kankalaba, Moussodougou et Tourni.
Autour de Kankalaba, deux mines ont été étudiées. L'une se situe à environ deux
kilomètres à l'Ouest du vinage, au bord de la piste qui mène à Kaniagara. Elle occupe une
hauteur cuirassée et s'allonge du Nord au Sud sur environ 195 m tandis que sa largeur n'excède
pas 45 m. Au total, 95 puits ont été dénombrés, plus regroupés dans la partie nord qu'au sud.
Beaucoup d'entre eux conservent des profondeurs pouvant atteindre 3,50 m. On distingue alors
les encoches latérales qui permettaient la circulation. C'est là que nous avons vu pour la
première fois des puits de mine de forme rectangulaire. A la surface, on peut encore observer
des tas de minerai abandonné par les derniers exploitants, il y a de cela deux générations 21l
C'est l'épuisement de la mine qui a entraîné son abandon pour d'autres sites à Kaniagara et à
Ouléni villages situés plus au Nord.
La plus importante mine autour de Kankalaba a été sans doute cene de Noumoussoba
(qui signifie la grande habitation des numu = forgerons). C'est un quartier de Kankalaba (à 2
km au sud), mais pas le plus ancien. On y rencontre cependant les ateliers de forge les plus
impressionnants du vinage. A deux kilomètres plus au sud, se développe une colline appelée
Kokodjétè, c'est-à-dire en langue des Numu (forgerons) "la colline où on a creusé des puits
d'extraction de fer" 212. La mine couvre une superficie d'environ trois hectares. Deux types de
puits y sont présents. Ceux à section circulaire, dont un bon nombre est bouché, seraient les
III Infonnations recueillies auprès de Tiemnoko 1RAORE, 62 ans forgeron et Mori 1RAORE, 55 ans, forgeron à
Kanka1aba 811 décembre 1994.
111 Dans toute la partie Ouest du BurIcina Faso, les forgerons auraient la même origine et aurait IUle 18IIgue de
communication connue d'eux seuls. Celle-ci est désignée par les tennes Kuigo et Samogo.
204
plus anciens. L'adoption de puits de forme rectangulaire est plus récente et répondrait aux
fortes contraintes physiques imposées par les puits circulaires. Dans tous les cas, l'âge de la
mine n'excéderait pas un siècle. Les dernières extractions se situent autour de 1950213. Toutes
catégories confondues, plus de 2 000 puits ont été identifiés. Ceux de forme rectangulaire
mesurent encore autour de 5 m de profondeur avec 50 cm de large sur 130 cm de longueur au
bord. Le diamètre à l'ouverture des autres est compris entre 80 cm et 115 cm. L'écart entre les
puits est de l'ordre de 0,5 à 5 m. De nombreuses galeries, très distinctes, courent dans la
cuirasse, reliant les puits.
Au regard des observations de terrain et de la tradition orale, et si l'antériorité des puits
circulaires par rapport aux rectangulaires se confirmait, il faudra alors admettre que la mine
située au nord de Kankalaba est postérieure ou tout au plus contemporaine de la deuxième
phase d'exploitation de celle de Noumoussoba 214. Moussodougou, qu'il ne faut pas confondre
avec Noumoussoba, est un chef-lieu de Département située dans la partie septentrionale de la
Province de la Comoé. Deux mines y ont jadis été exploitées. L'une, aux pieds d'une colline,
présente des puits à section circulaire. L'autre, noyée en lùvemage par les eaux d'un barrage
nouvellement construit, a été percée de puits rectangulaires. Là aussi la tradition affirme que
cette dernière est la plus récente, des impératifs de sécurité ayant amenés les mineurs à adopter
cette forme. Il faut relever que contrairement à ce qui semble être la règle générale dans
beaucoup de provinces, l'exploitation collective des mines par plusieurs villages disparait ici.
Elle ne J'est même pas au niveau d'un village où chaque famille s'organise pour obtenir son
minerai en faisant participer aussi les femmes et les enfants à l'extraction m.
m Diassigué Couliba1y, 65 ans, forgeron; Lamoussa Cou1iba1y, 52 ans, forgeron; Sériba Coulibaly, 59 ans, forgeron, et
Nialé Ouattara, 68 ans, forgeron; tous interviewés à Nownoussoba en Décembre 1994.
21' Voir fig. 71 : Mines de KankalBba
m N'golo BARRO né en 1917, forgeron; Nownbié SOURABIE, chef de village; Ousmane Barro né en 1927, forgeron ;
Orissa TRAORE, né en 1917, forgeron et Konan HEBIE, né en 1935, griot: tous interviewés en Novembre 1995.
205
Fig. 71 : Puits de mines de Kankalaba (Comoé)
A - Puits à section circulaire. Photo Kiéthéga 84
B • Puits à section rectangulaire. Photo Kiéthega 84
206
Fig.72
Les mines de fer de Béna (Kossi) e( de Kiénè (Bouet).
Elles sont (Oules deux des mines de plaine
A - Paysage de la mine de Béna
Photo Kiéthega 85
B - Puits de mine de Kiéne : Photo Kiéthéga 83
207
Que ce soit à la colline ou au bord du barrage, celle-ci n'a concerné que l'horizon de la
carapace qui se trouve sous la cuirasse.
Nous avons déjà présenté dans les sources archéologiques les fouilles à la nùne de
Sindou, composée de puits à section circulaire presque tous comblés et qui correspond à ce
que nous appelons une nùne de plaine.
La Province du Houet a pour chef-lieu Bobo-Dioulasso dont l'un des quartiers les plus
anciens, Kouinima, aurait été fondé par des forgerons. On n'y trouve cependant plus de trace
d'exploitation nùnière. Celle-ci se concentre au Sud-Ouest de la Province sur la rive gauche du
Kou, l'une des nombreuses rivières de l'Ouest qui se jettent dans le Mouhoun. Cette partie-là
de la Province est constituée de reliefs gréseux d'où dévalent des torrents en hivernage. Le
toponyme Kouroukan, c'est-à-dire «Là où il y a les fourneaux" se rencontre fréquemment. Il
en est ainsi d'un village situé à 25 Km à l'Ouest de Bobo-Dioulasso et qu'on désigne
indifféremment par Kouroukan ou Kiénè, le dernier toponyme étant lié à la proxinùté du Kou,
appelé Kiénè par les riverains des sources de la rivière. Il s'agit d'un des centres les plus
importants de métallurgie du fer en pays bobo. La nùne s'étend sur 70 m / 300 m, entre les
cases du village et la rivière dont elle est séparée d'à peine 60 m. Sa surface est plane et très
boisée. On y a dénombré 347 puits dont certains sont comblés. Ils sont tous de forme
rectangulaire (60 cm /150 cm) et plusieurs mesurent encore trois mètres de profondeur. "Jadis
celle-ci équivalait à quatre ou cinq hommes debout (soit plus de sept mètres). Il fallait cinq
jours de travail pour atteindre le minerai. On creusait d'abord verticalement, puis
horizontalement sur 10 à 15 m. On creusait jusqu'à rencontrer le voisin. Les galeries étaient
suffisamment éclairées. Leurs dimensions nous permettaient tout juste de nous accroupir. Il
n'y avait pas d'étais. Nous enlevions le minerai en bloc que nous mettions dans des paniers
qui étaient remontés à l'aide d'une corde. Les encoches nous permettaient de descende et
remonter". Ainsi, s'exprimait Bénin Coulibaly, 80 ans, forgeron, interviewé à Sanakoro le
208
23/07/83. Les métallurgistes de ce village, ceux de Sidi et de Pala participaient à l'exploitation
de la mine de Kiénè. Les informations de Bénin Coulibaly sont les mêmes que celles livrées par
Tin Konaté, 70 ans environ, Kédé Coulibay qui dit avoir 100 ans, Ménin Coulibal~ 75 ans, tous
forgerons, interrogés à Kiènè le 21/07/83. Ces informations précisent cependant qu'un homme
costaud peut creuser et atteindre Je minerai en une journée. L'épaisseur d'un bloc de minerai
atteindrait la grosseur d'un tronc de manguier, soit 70 à 80 cm de diamètre. Il faut donc le
briser pour le faire sortir du puits.
Les métallurgistes qui se ravitaillaient en minerai à Kiénè ignoraient le ramassage de
cailloux de surface ou le décapage. C'est dans la carapace très argileuse qu'ils trouvaient les
concentrations de fer suffisantes pour leurs activités. 216
Le village de Sidi, dont les métallurgistes ont participé à l'exploitation de la mine de
Kiénè, possédait cependant sa propre mine. Elle s'étend sur plus d'un hectare. Les puits de
forme circulaire sont presque tous bouchés tandis que ceux de section rectangulaire sont en
mauvais état mais encore très reconnaissables. Il n'existe plus de terres de rejet autour des puits
qu'une abondante végétation recouvre presqu'entièrement. La tradition affirme ici aussi
J'antériorité des puits à section circulaire par rapport aux quadrangulaires. Cette information se
trouve confirmée par le fait qu'à la fin du XIX" siècle les métallurgistes de Sidi qui fuyaient
l'insécurité provoquée par les expéditions des Traoré du royaume du Kénédougou (capitale
Sikasso au Mali), se sont établis à Sian et à Kiénè où les mines qu'ils ont ouvertes étaient
exploitées grâce à des puits rectangulaires 217.
216 Mines de Kiénè et de Bèna : lig. 72.
217 N'vin COULIBALY, forgeron, enquête du 02110/86 et 17/03187 à Sian
209
Fig. 73 : Vue de la mine de Sansanmatoura
Photo Kiéthéga 93
210
En effet, la mine de Sian est également réputée dans la région. Elle comprend deux
stations, toutes situées au sud du village à moins d'un Kilomètre des cases. La plus petite est
aussi la plus récente et ses puits bien distincts, aux parais recouvertes d'une mousse verdâtre,
sont colonisés par des arbustes. Leur profondeur actuelle est d'environ trois mètres. La mine a
été abandonnée avec la fin des activités de réduction, lorsque Orodara a été érigé en cercle
sous la colonisation. Cette ville est aujourd'hui le chef-lieu de la Province voisine du
Kénédougou qu'il ne faut pas confondre avec le royaume précolonial du Kénédougou 218.
C'est également aux bords d'un marigot que les métallurgistes de Bréat extrayaient leur
minerai. Cette mine a été abandonné à l'avènement du chemin de fer entre 1930 et 1935.
Aujourd'hui, de hautes herbes et des arbustes ont envahi l'emplacement des puits à peine
décelables. 219
Par contre, c'est sur une butte cuirassée que la mine de Sansanmatoura a été ouverte
par les gens de Kogbé, de Péni, et du village même. Lors de la visite que nous y avons
effectuée en Mai 1994, une centaine de puits à grand diamètre (100 à 150 cm), de plus de trois
mètres de profondeur ont été dénombrés.
Des amorces de galerie étaient visibles, mais nous n'avons pu circuler dans
aucune. 220 Il est à signaler l'éloignement de cette mine par rapport à Kogbe et à Péni, où les
fourneaux étaient construits pour la réduction. La dizaine de Kilomètres à parcourir nécessitait
la participation des femmes et des enfants pour assurer le transport. Cette mine correspond à
un ancien chapeau de cuirasse totalement démantelé.
A onze kilomètres au Nord de la ville de Toussiana s'est développé un centre
métallurgique appelé Kouroukan comme Kiénè. Les métallurgistes ont extrait le minerai de fer
aux bords d'une des rivières, aflluents de la Comoé. L'espace exploité est envahi par une
211 N'vin COULlBALY, forgeron, enquête du 02110/86 et 17/03187 à Sian
219 Moussa KONE, 60 ans, forgeron, à Bréat1e 05/09183
220 Voir fig. 73.
211
végétation dense, mais les puits sont encore reconnaissables. Os sont tous de forme
quadrangulaire, ce qui classe la mine à la dernière période de J'extraction minière dans la
région.
On retrouve le toponyme Kouroukan pour désigner la mme exploitée par les
métallurgistes de Karankasso-Sambla qu'il faut distinguer de Karankasso-Viguié situé à
l'opposé, au bord de la route qui mène de Bobo-Dioulasso à Diébougou. Karankasso-Sambla
est à 43 Km à l'Ouest du chef-lieu de la Province du Houet. Sa mine s'étend en pleine brousse à
10 Km au Sud-Ouest du village. Un affluent du Mouhoun, appelé localement "Sourn", la limite
à l'Ouest. Tous les puits repérés, moins d'une centaine, sont de forme rectangulaire. Un tas de
minerai calibré et une grosse pierre ayant servi au concassage de celui-ci ont été découverts sur
les lieux 221.
En faisant la synthèse des informations recueillies dans la Province du Houet, les
aspects majeurs qui ressortent sont la préférence des métallurgistes pour les mines de plaine, la
proximité de celles-ci avec des cours d'eau, la prédominance des puits rectangulaires et le faible
nombre de centres métalJurgiques.
o ne nous a pas été possible de faire des enquêtes approfondies dans la province du
Kénédougou où se trouve cependant l'un des centres de dispersion de forgerons les plus
importants au Burkina Faso. En effet, de Samorogouan situé à une cinquantaine de Kilomètres
au Nord de Orodara le chef-lieu de la Province, seraient parties plusieurs familles de forgerons-
métallurgistes qui ont essaimé dans le reste du Kénédougou, dans le Houet et la Comoé. La
langue appelée « Kuigo » ou « Samogo », utilisée par les forgerons de ces trois provinces et
incomprise des autres populations ,viendrait de là. Le village abrite en outre une case-autel des
forgerons, unique dans son genre dans cette partie occidentale du Burkina. C'est aussi là que
les divers totems des forgerons sont expliqués avec aisance. Nous abordons plus loin cette
221 Voir minerai de Karankasso
Enquête du 06109/83 8CCOIIlpagné de Nownoukié OUATIARA, 30 ans. : fig. 97-A.
212
question 222. La visite de la mine n'a pas été possible en raison de son éloignement et de la
coïncidence de notre visite avec une cérémonie qu'officiait Karamoko Koné, 30 ans,
responsable du sanctuaire des forgerons. La présence de leur doyen, Magan Konaté, n'a permis
de savoir que l'existence de deux types de puits à la mine. Les plus anciens seraient de section
circulaire et les plus récents rectangulaires. Tous seraient bouchés actuellement. Il n'a pas été
possible de reprendre l'enquête dans ce village.
Au quartier Koko du village de Djiguera, Moussa Ouattara, 60 ans, et Mamadou
Ouattara, du même âge, reconnaissent avoir participé à des opérations de réduction dont les
vestiges sont abondants au village, mais restent discrets sur l'emplacement de la mine. Dans les
villages de la région, nous avons rencontré une grande méfiance qui doit trouver son
explication dans quelque événement ignoré de nous.
111.2. : Les mines des Provinces de la Kossi et du Mouhoun
Ces deux provinces prennent un relief particulier à nos yeux, d'abord parce que l'une ,la
Kossi, détient la date la plus ancienne dans l'histoire de la métallurgie du fer au Burkina Faso,
ensuite parce qu'une thèse en instance de soutenance par Elisée COULIBALy en développe
tous les aspects particuliers dans le Bwamu qui couvre, comme nous l'avons dit plus haut ces
deux provinces.
Au bilan des enquêtes conduites depuis 1974 dans cette région, une zone s'individualise
nettement. Il s'agit de la haute vallée du Mouhoun, un rectangle délimité par les routes
Dédougou-Bobo-Dioulasso à l'Est, Dédougou-Nouna au Nord, Nouna-Solenzo-Kouka à
l'Ouest et Kouka-Békuy au Sud. Le fleuve passe par le milieu de ce quadrilatère d'orientation
nord - sud.
m Les informations recueillies le 10109/83 auprès de Manga KONAlE, Karamoko KONAlE et Karamoko KONE, tous
forgerons à Samorogouan ont concerné principalement les aspects socio-économiques de la métallurgie du fer. Malgré la
prèsence d'importantes ferrières qui captent aussitôt le regard, nous n'avons pas obtenu d'infonnations précises concernant
la mine et les procédés de réduction.
213
Sur la rive gauche, les mines de Béna, Dara, Bankouman, Dinkiéna, Dinkoro, Kié,
Kodougou, Kouka, lahirasso, Sanaba, Sanikoro, Solenzo et Tansila sont de la Kossi, tandis
que la rive droite avec Kéra, Konkolikan, Kosso, La, Paradé, Passokongo, Sara, relèvent du
Mouhoun.
On peut observer que la zone considérée se trouve dans le prolongement géographique
de l'aire des mines du Houet, du Kénédougou et de la Comoé.
A l'extrême Nord de la Province de la Kossi réapparaît une activité minière pratiquée
surtout par des métallurgistes maliens.
111.2.1. La mine de Béna
Le village de Béna a une longue tradition historique de production de fer que
l'importance de sa mine pourrait expliquer. Selon tous les informateurs, il aurait été le centre
métallurgique le plus florissant et le plus important de la rive gauche du Mouhoun. Il avait la
même réputation que Dédougou, Kosso, Ouarkoye. Sa mine est située à 5 Km au Nord-Ouest
au milieu de champs de cultures. Elle s'inscrit dans le cadre global de la plaine du Mouhoun.
Son aspect extérieur, hormis l'important couvert végétal, ne se différencie pas de celui des sols
riches environnants. Le site est seulement légèrement surélevé par rapport au reste du paysage.
Il s'inscrit dans un quadrilatère de 350 m du Nord au Sud et 500 m d'Est et Ouest. Uniquement
exploité par puits, ceux-ci se répartissent de façon inégale. La plus grande concentration se
trouve dans la partie Sud-Ouest où l'on relève au moins six puits dans chaque carré de 10 m de
côté. A l'extrémité Nord-Est cette répartition tombe à deux puits dans le même espace. Dans la
zone de forte concentration, les puits sont séparés parfois d'à peine 50 cm. Partout, les terres
de rejets forment autour d'eux des auréoles. Les formes originelles des puits devaient être
circulaires. C'est ce qu'à d'ailleurs démontré la fouille réalisée en 1985.
214
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Selon la tradition orale, des galeries ont existé mais il faudrait des preuves par des fouilles car
l'apparence actuelle du site n'exprime pas cette affinnation. II est impossible aujourd'hui
d'évaluer correctement les dimensions réelles des puits sans recourir encore à la tradition
orale 223 qui se contente de dire que les diamètres étaient déterminés par J'écart entre les jambes
des mineurs, donc dépendaient de la taille de ces derniers qui creusaient verticalement sur deux
ou trois mètres avant de s'engager dans les galeries.
Par son étendue, la mine de Béna suggère soit une longue durée d'exploitation soit une
fréquentation de très nombreux exploitants 224. Au demeurant, la tradition orale affinne que
l'exploitation des mines était collective dans toute la région, les métallurgistes de Béna se
rendant aussi ailleurs, comme à Makadougou (ou Madou) pour ramener du minerai.
111.2.2. La mine de Dara
En contraste avec la mine de Béna, celle de Dara est très petite. C'est cependant une
mine de plaine située au bord d'un marigot à un kilomètre à l'est du village. Dans le voisinage,
une butte anthropique recouverte de scories, est attribuée aux anciens métallurgistes.
Seulement trois puits sont reconnaissables. Presqu'entièrement bouchés comme à Béna, leur
profondeur équivalait à la taille d'un homme m.
Cette mine semble avoir été abandonnée dès son ouverture, sans doute en raison d'une
mauvaise qualité de son minerai.
m.2.J. Les autres mines de la Kossi
Les mines de Lahirasso, Kouka, Solenzo, et Sanikoro que nous avons visités en 1985 et
1987 sont toutes des mines de plaine au voisinage de marigots. Elles semblent aussi avoir été
m Après W1e exploration en Avril 1974, WI recueil des sources orales a été effectué en FEVRIER 1985 avant de procéder à
la fouille d'lUI des puits de la mine. Les informateurs ont été alors Zézoumou DAO, 70 ans responsable des forgerons de
BéDa et Padoua 1RAORE, 60 ans, Chef de terre, intenogés le 27102185.
224 Voir fig. 74 : Plan mine de BéDa
m Lampa Eugéne YAKORO et Kié YAKORO, interviewés à Dara le 03/01/95; Kassaro YAKORO, interviewé à Dara le
03/10/95 : tous sont forgerons.
216
exploitées de la même façon que celle de Béna. Les mêmes traditions technologiques sont
rapportées au sujet des mines de Kodougou, Kié, Tansila, Bankouman, Dinkiéna, Dinkoro et
Sanaba que nous n'avons pas pu visiter 226.
Le Nord de la Kossi se caractérise par la faiblesse de son activité métallurgique. Les
sols latéritiques disparaissent, remplacés par les sables provenant de l'érosion des grès dit de
Djibasso. C'est de l'autre côté de la frontière, aux abords des affluents du Bani, qu'on trouve
des mines importantes, exploitées par les métallurgistes bambara. Les traditions citent les
localités de Zwara, Wonikoro et Boura au Mali où de grandes mmes permettaient
l'approvisionnement des métallurgistes des deux côtés de la frontière actuelle. 227
La seule mine signalée en territoire frontalier burkinabè est Gani, dernier village avant
le Mali. Il est perché dans la "falaise" gréseuse 228 dont les rochers ont servi à la construction
des maisons et des fourneaux de réduction de minerai de fer. La ''falaise'' aurait été exploitée
en plusieurs endroits pour son minerai. Un seul emplacement, situé à un kilomètre au Nord du
village a été visité. Il ne s'agit pas d'une exploitation sommitale mais plutôt de concentrations à
la base du relief. La mine elle même est une sorte de ravin large de 50 à 70 cm, long de 30 m et
profond de 50 à 70 cm. C'est donc une exploitation à ciel ouvert par une mince tranchée
longitudinale qui semble avoir suivi un filon.
Malgré le fait que l'on signale l'existence d'autres lieux d'extraction de minerai de fer
dans la ''falaise'', on peut considérer que dans l'ensemble, l'activité métallurgique n'a pas été
importante, au regard des faibles tonnages de minerai qu'on pouvait sortir de ces petits ravins.
D'autre part, les échantillons prélevés à Gani et analysés au laboratoire de biochimie de
l'Université de Ouagadougou, se sont révélés très pauvres en fer (18,50 % de Fe2 0 3). Les
n< Une bonne partie de ]'infonnatioo a été coUectée lors de missions dans la Kossi en Décembre 1995.
U7 Amadou TOGO, 33 ans, forgeron, Nestor KŒNOU, 45 ans, administrateur, interviewés à Kombiri-KOUnIle 7/10/95.
m Dans cette partie de l'Afrique Occidentale se développent des chaînes gréseuses ruiniformes depuis la région de Banfora
au Sud (BurItina) jusqu'à Bandiagara au Nord (Mali) en passant par Djibasso (BurItina). Gani est dans le complexe des
grès de Djibasso.
217
métallurgistes ont dû travailler ici dans des conditions désespérées de matières premières car le
couvert végétal est également rare.
Il faut retourner sur la rive droite de Mouhoun dans la province portant le nom du
fleuve pour retrouver des mines importantes.
111.2.4. Les mines de Kosso et de Sara
A Kosso par exemple, il existe deux mines de fer.
La plus ancienne s'appelle Kangnaboré. Elle est située aux alentours immédiats du
village, à l'Ouest. Les puits qui l'envahissaient ont été comblés semble-t-i1, par mesure de
sécurité, en raison de l'extension du village. Un seul demeure profond de cinq mètres avec des
encoches pour faciliter la circulation. Il a un mètre de diamètre à l'extérieur. Les villageois sont
entrain de le combler en y jetant des ordures ménagères. Il a vraisemblablement servi de puits
d'eau avant son abandon total.
La seconde mine, et la plus importante en superficie est aussi à un kilomètre du village,
mais à l'Est. Elle s'appelle Kangnanbuè, c'est-à-dire "colline de minerai" parce que située sur le
plus haut relief du village. On y observe des centaines de puits, d'importants blocs de
démantèlement de la cuirasse et de grandes excavations provenant sans doute de
l'effondrement de galeries souterraines. Les puits les mieux conservés mesurent environ un
mètre de diamètre au bord et trois mètres de profondeur. Ils sont regroupés par quatre ou cinq
et chaque ensemble correspondrait, selon Gninko Bonzi, à une exploitation familiale. 229 Il
existe cependant des puits isolés, qui selon le même informateur, seraient des trous d'essais.
Les anciens creusaient d'abord un puits pour étudier la teneur du minerai. Si celle-ci était
convenable, on poursuivait l'exploitation jusqu'à ce que les risques d'effondrement obligent à
changer de place.
129 GniDko BONZI, 75 ans, forgeron, entendu à Kosso le 27/12194.
218
La mine de Kangnanbuè serait la plus riche de la région. Son fer était recherché
partout. L'exploitation était familiale, mais les puits abandonnés par une famille pouvaient être
réexploités par une autre. Les activités ont cessé à l'arrivée des Français.
La réputation de Kosso vient non seulement de son minerai, riche en fer (les analyses
donnent 53 % de Fe2 0 3), mais aussi de ce que ce centre métallurgique a été l'école de
formation des ferriers de la région et un important marché de fer pour les forgerons non
métallurgistes.
Par exemple, les ancêtres de ceux qui exercent aujourd'hui dans le village de Sara n'ont
jamais produit du fer, se contentant d'en acheter à Kosso. Cependant des ferriers ont vécu à
Sara avant de migrer pendant la période coloniale lorsque la valeur de la métallurgie lourde du
fer a chuté devant la répression des Français qui avait eu à mater dans la région une révolte en
1976, et face à la concurrence du fer d'importation. Ces métallurgistes ont laissé derrière eux
des fourneaux en ruines dont les forgerons actuels ignorent le mode d'utilisation, et des mines.
La plus proche se trouve à l'est du village, dans les environs immédiats des habitations,
au bord d'un marigot. Les puits présentent des ouvertures larges dépassant généralement 100
cm. Ces dimensions ne sont probablement pas originelles. Au cours de notre enquête en Août
1993, nous avons eu beaucoup de peine à obtenir l'indication de leur emplacement parce qu'un
éléphanteau s'était tué en tombant dans l'une des excavations et la population craignait que
nous la dénoncions aux services chargés de la protection de l'environnement. Elle a fini par
céder lorsque nous avons établi très clairement notre identité.
La seconde mine correspond à l'exploitation par puits des pentes d'une butte cuirassée
appelée Gniakuy, située à une dizaine de kilomètres au Sud-Est de Sara. En raison de
l'hivernage et du danger ophidien réel dans la région, nos informateurs ont refusé de nous y
conduire.
219
111.2.5. Les autres mines du Mouhoun
Les mines de Passakongo, village situé à 5 Km au Nord-Est de Dédougou ont pu être
visitées avant que des fouilles soient menées en février 1985 sur l'une des ferrières. Il y a une
mine de plaine, à l'Ouest des habitations, et qui est sous l'eau pendant la saison hivernale. Les
puits de forme circulaire sont entièrement bouchés. On en extrayait un minerai rouge appelé
bwo, tandis que le Kangna, noir, provenait de la mine situé dans les collines au Nord du
village.
Il en est de même pour les puits de la mine de Kéra à une dizaine de Kilomètre à l'Ouest
de Kosso.
L'existence d'une mine de fer à Konkolikan, village abrité par un haut relief birrimien
dans le sud de la province du Mouhoun est attestée par nos informateurs, mais elle n'a pas été
visitée. Il en est de même pour celles de la à 45 Km et de Paradé à 20 Km au sud de
Dédougou. Dans ce dernier village le minerai était testé sur place dans un petit fourneau avant
que l'exploitation ne se poursuive. 230
Le rendement des mines du Mouhoun et de la Kossi ne semble pas avoir été
exceptionnel ; dans un filon important, les mineurs pouvaient extraire trois paniers de minerai
ou même cinq en une journée. Un panier plein serait plus lourd qu'un sac de ciment mais plus
léger qu'un sac de sorgho (100 kg) 231.
L'industrie minière s'est maintenue aux abords du Mouhoun jusqu'aux années 1960. Par
recoupements des diverses informations orales, on obtient comme dates de fermeture: 1930
pour la mine de Sanikoro, 1950 pour Béna et Solenzo, et autour de 1965 pour Dinkiéna et
Kouka. La fin de l'extraction minière se situe aussi aux alentours de 1950 pour Kosso et Sara.
Cette longévité des mines de la Kossi et du Mouhoun, malgré la répression consécutive à la
DO Enquêtes conduites en 1983 par Lacina KOlE.
231 Labara DIONOU et Tankari DIONOU interviewés par Ousmane FAO le 20/9/86 cf; Fao, 0, 1990, p. 71
220
révolte du pays en 1916, pourrait s'expliquer par la richesse du minerai local, prélevé
presqu'exclusivement sur les bords du Mouhoun ou de ses affluents. L'eau, ici plus qu'ailleurs,
semble avoir joué un rôle considérable.
111.3. Les mines du nord: Provinces du Passore, du Soum, du Sourou, et du
Yatenga
La mine la plus septentrionale repérée et étudiée est Zorongo, située juste à l'entrée Sud
d'Aribinda dans la province du Soum (fig. 75).
Il s'agit d'une crête de schistes ferrugineux longue d'environ 300 m sur à peu près 100
m de haut à partir de la base. On a affaire à un relief résiduel aux pentes assez raides (environ
45°) et pouvant être subdivisé en deux parties.
La première moitié allant de la base jusqu'à mi-versant est constituée d'un pavage de
débris rocheux globalement organisés. En effet, le plancher ainsi que les premiers mètres du
flanc de la crête sont recouverts par des plaquettes ou feuillets de schistes de dimensions
centimétriques. Au fur et à mesure que l'on monte vers le sommet, ces plaquettes gagnent en
taille pour devenir de véritables galets à mi-versant. On a donc un phénomène de pavage par tri
granulométrique du sommet vers la base.
Sur la deuxième moitié du versant, on a de véritables blocs schisteux éboulés, de
dimensions métriques. Ce sont ces éléments qui, en place au sommet, donnent à l'ensemble du
relief son caractère de crête.
Si cette crête schisteuse parait très banale de par sa description physique, cela n'est pas
le cas en ce qui concerne son utilisation. En effet, ce relief résiduel représente l'un des rares cas
connus de site d'extraction traditionnelle de minerai de fer dans les schistes. La mine est
constituée de schistes ferrugineux
redressés,
fortement diaclasés,
et
par conséquent
démantelés. Cela explique l'importance des éboulis que porte la pente à l'affleurement. Elle s'est
221
donc installée dans une zone tectoninée (intense défonnation) favorable à la circulation et au
dépôt secondaire de l'oxyde de fer.
Les schistes ferrugineux ont été imprégnés en surface par une croûte manganésifère et
l'espèce minérale dominante est l'hématite qui se présente en grains organisés en nids ou en
veinules développées le long des plans de schistosité.
L'exploitation du minerai s'est faite par ramassage et décapage de surface mais aussi par
puits obliques dont l'effondrement donne au sommet de la crête une sorte de caverne.
A Boulkessy, Diré, Djibo, Koutoukou, Poenga et Sikiré dans le Sourn, les
métallurgistes ont exploité par ramassage de surface les buttes cuirassées environnantes qui
s'enchevêtrent avec des dômes granitiques et des aftleurements schisteux. On recherchait
comme partout les cailloux rouges traversées de veines noires et brillantes 232.
Dans l'Oudalan, des infonnations similaires nous ont été données à Gorom-Gorom et à
Gandafabou, sans qu'aucun emplacement de mine n'est été montrée 233.
Le Séno et ces deux provinces septentrionales du Burkina présentent très peu de
vestiges liés à la métallurgie lourde du fer. Le milieu, mais aussi le genre de vie des populations
qui sont surtout des éleveurs nomades ont peut-être été des entraves à son épanouissement
dans le passé.
La situation a été tout autre dans la province du Passoré où une douzaine de mines ont
été recensées et la plupart visitées. Elles ne présentent aucune originalité par rapport à celles
étudiées dans les provinces voisines de l'Oubritenga et du Boulkiemdé.
m Informations recueillies auprès de Amadou PAllIE. 63 ans. forgeron. à Djibo le 19 Man; 1982.
233 Informations fournies par Hamakani 54 ans, le plus vieux de la famille des forgerons de Gorom-Gorom Je 28 Man; 1976
; et par RlSSA, guide-interprète de plusieurs missions scientifiques à Gorom-Gorom le 13/02196.
222
Fig. 75 : La mine de Zorongo (Sourn)
C'est tout à fait au sommet, que les prélèvements ont lieu. Ils ont abouti à une caverne invisible sur ces clichés.
Source: SANOU, D.C., 1994
223
Il s'agit, dans tous les cas, d'exploitation de buttes cuirassées, par ramassage et petites
excavations lorsqu'elles ont été démantelées, ou par puits verticaux. A l'Ouest de Yako, chef-
lieu de la province, on procédait surtout par ramassage de surface et par décapage. Ce fut le
cas à Poessé, Souri, Lantaga, Taonsgo, Bouria et Samba. Dans la direction opposée, les
mineurs de Bokin, Téma, Tampoui, Kirsi, Arbolé, Zambélé et Lernhrè, sans ignorer le
ramassage et le décapage, fonçaient aussi des puits verticaux dont les diamètres et les
profondeurs ne se différencient pas de ceux des provinces voisines du Bulkiemdé et de
l'Oubritenga.
Ces mines étaient exploitées à l'échelon local et aucune ne semblait jouir d'une
préférence des autres métallurgistes. A Taonsgo, notre informateur a cependant avancé que le
minerai de Tenkoalglaga était le meilleur de la région parce que donnant un fer très résistant.
234
En ce qui concerne l'origine de la technologie, les références au Yatenga cessent et les
descendants des ferriers se disent forgerons de naissance. Ils se recrutent d'ailleurs dans les
clans Bamogo et Belem, clans forgerons par excellence. 235
La Province du Sourou a connu plusieurs centres métallurgiques dont les plus réputés
sont proches de la frontière du Mali. Toungaré, Dalo, Gonon et Kwaré-Manguel sont de ceux-
là. Le village de Toungaré a été un grand centre d'exploitation de minerai de fer avec deux
grandes mines, Zinzindolo (grande mine) et Zinzingoini (petite mine). En réalité la différence
en taille entre les deux n'est pas considérable. Seulement Zinzindolo fut la première exploitée et
considérée de ce fait comme la plus grande. On ignore les dates d'ouverture des deux mines. La
première daterait cependant de la fondation du village par des métallurgistes venus du Mali à
une période que nous déterminerons ultérieurement.
Dol Enquête du 27/08/84 Buprès des forgerons du quartier Sandgo, dont KIENfEGA Kouka, dépositaire des instnunents de
musique.
:w Les BELEM sont des forgerons d'origine Kununba. Quant BUX Bamogo, ils sont considét'és en pays moaaga comme les
sauveurs de l'univers grâce à leur savoir-faire.
224
La grande mine est à trois Kilomètres au sud de Toungaré et à deux kilomètres de
Dalo. A l'entrée s'ouvre un grand trou de 2,25 m de diamètre. Celui-ci se rétrécie
progressivement jusqu'à 1,5 m pour ensuite s'élargir en une cavité large de 15 m. 236 Sa hauteur
est de quatre mètres Le comblement partiel du fond atteint 70 cm. Le toit de la cavité est assez
plat et constitué de matériaux différents tant en granulométrie qu'en consistance. Les éléments
contenant du minerai de fer sont plus fins et moins tendres que le reste du toit. Les parois,
convexes à convexo-concaves portent de nombreuses encoches. Sur la cavité s'ouvrent de
profondes galeries d'un mètre de diamètre et pouvant atteindre 150 m de long. On compte
également de nombreux puits, 17 au total. Ils sont creusés pour couper les galeries quand
celles-ci devieMent trop longues. Leurs profondeurs varient de 70 cm à 10 m. De forme
circulaire, leurs diamètres se situent autour d'un mètre et ils sont séparés d'environ 15 m.
L'ensemble des puits a une orientation Nord-sud et s'inscrit dans un quadrilatère large de 37,5
m et long de 336 m. Cette mine était commune aux villages de Toungaré, Gonon, Dalo et
Koui.
On rencontre la petite mine à deux Kilomètres au sud de Toungaré. Elle reste encore
active et exploitée par les habitants de Toungaré, Gonon et Dalo. Elle comprend un grand trou
circulaire avec deux ouvertures situées à 16 m l'une de l'autre, aux diamètres respectifs 110 cm
et 130 m. Ce trou présente les mêmes caractéristiques qu'à la grande mine, sauf sa taille plus
petite de l'ordre de neuf mètres de diamètre. Haute de 115 cm, elle s'ouvre sur des galeries de
150 cm de diamètre. On dénombre sur cette mine 18 puits dont les diamètres se situent autour
de 11 0 cm, avec des profondeurs allant de 70 cm à trois mètres. Ils sont distants les uns des
autres de huit à dix mètres. La mine a une orientation générale Sud-Nord et mesure 450 m sur
26 m soit 11700 m2.
2J6 Ratagsi BAMOOO et Yampasgré BAMOGO, entendus le 14/03182 à Tandaga.
225
!FIG..76.
LA
GRANDE
MINE DE lOUNGARE lSOUROUI [
2.2l5m
LEGENDE
1 --..[
o
2m
1
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En"ee
principale
Echelle:
1
1
11100
Auteur:
J.S. KETMEGA.
Dessin;
CASIRE
E.
U.O.
226
Ces mines ont été celles principalement utilisées par les gens de Dalo, Koui et Gonon,
car ces villages se ravitaillaient aussi ailleurs. Aux dires des anciens, le travail était difficile car
il fallait traverser une cuirasse très épaisse et atteindre la carapace qui contient le minerai.
L'extraction se faisait avec une pioche à la lame extrêmement rigide, des écuelles, une torche et
une lampe utilisant de l'huile d'arachide. Après extraction, le minerai était concassé sur place
avant d'être transporté par les femmes aux fourneaux. 237
Dans cette partie septentrionale de la Province du Sourou, on rencontre d'autres mines
dont l'importance est comparable à celles de Toungaré.
Par exemple à Ouro, où la population de forgerons semble d'installation récente (deux
générations), quatre mines ont été exploitées, Songo, la plus grande, située à cinq kilomètres.
au Nord-Ouest du village, fut utilisée par Ouro, Sané et Kwaré-Manguel. Elle couvre une
superficie d'environ 6325 m2 (115 m de long x 55 m de large). On y compte 26 puits et deux
grandes tranchées. Les puits sont tous de section circulaire, distants les uns des autres de
quatre à cinq mètres. Le diamètre moyen est de 120 cm. Ils sont partiellement comblés. Du
niveau de comblement à la surface, la profondeur moyenne est d'environ trois mètres et demi.
Les puits communiquent entre eux par des galeries pouvant atteindre 20 mètres de
développement.
L'intérieur des puits présente d'abord une cuirasse épaisse de 60 cm à 100 cm. En
dessous, c'est la carapace. Des encoches opposées et distantes d'environ 50 cm permettaient la
circulation entre l'extérieur et le fonds des puits.
Les deux tranchées logent respectivement dans des quadrilatères de 18 x 12 met 30 x
10 m. Elles ont une profondeur moyenne de 3 m et sont colonisées par des Acacia pénata.
Les autres mines de Ouro sont:
2J7 Tirilè Souabo (65 ans), responsable des forgerons, à Tougaré le 26n/83 puis El Hady Moussa SOUABO, 65 WlS, maÎtre-
coranique et forgeron, Youba SOUABO, 56 ans, Wlcien combaltW1t et forgeron, Yogoulé BARO, 70 ans, forgeron,
interviewés à Tougaré les 27 et 28 Décembre 1994.
227
- Korolè au Sud Ouest. Elle est comme Sogon sur un terrain plat. Les gens de Kwaré
Manguel y venaient travailler.
- Mangoron, à l'Ouest, exploitée seulement par Ouro
- Kololè, au Sud, exploitée par Ouro et Toungaré.238
Au village de Lankoé vivent aujourd'hui deux communautés de forgerons, l'une san et
l'autre moaaga. Les Sana seraient les plus anciennement établis.
Deux mines y sont jadis été exploitées. La première à 500 m aux Sud-Ouest du village
ne comporte que huit trois de section circulaire avec des diamètres variant entre 90 et 100 cm.
Ils sont tous partiellement comblés, le plus profond ne mesurant que 150 cm.
La seconde mine est sur une élévation au Nord-Ouest de Lankoé, à environ quatre
kilomètres. La colline (Nambara) a un sommet légèrement arrondi avec sur les versants des
blocs de pierres et un tapis végétal d'arbustes. On aurait procédé dans cette mine par
ramassage de surface. Cassée, la pierre contenant Je fer est brillante 239.
Tougan, Dio, Dialan, Doussoula, Koui avaient aussi des mines qUI n'ont pu être
visitées.
Dans le sud de Sanpiè (pays des Sana), les mines de Sébèrè et de Tissi méritent d'être
retenues. Celle de Sébèré est à trois kilomètres au sud du village, au bord de la route qui mène
à Toma. Autour d'une grande fosse mesurant environ 30 m de large sur 100 m de long, avec
150 cm de profondeur, sont disposés des puits circulaires larges d'au moins 100 cm et
profondes de trois à quatre mètres. Des marches d'escaliers ont été aménagées pour permettre
la circulation. Ces puits, plus nombreux à l'Ouest, communiquent entre eux par des galeries
suffisamment haute pour qu'on puisse y avancer accroupi 240. Les métallurgistes qui ont
exploité cet endroit ont fui le village suite à une discorde intervenue au début du siècle entre
DI Bélémou MINTANA. 60 ans, ancien combattant, forgeron. entendu le 29/02/95 à Sane
Valentin KIRI, 45 ans. forgeron. et lssaka KIRI, 55 ans. forgeron. rencontrées le 26102/95 à Ouro.
219 MaIiki KINDO. 70 ans. forgeron et El Hady KINDO, forgeron-conunerçant, interrogés à Lankoé le 02/02/85.
2<0 Voir fig. 77. 78 et 79 : Mines de Sébèrè et Tissi.
228
eux et les agriculteurs. Installés depuis dans le village voisin de Nimina, ils retournent
périodiquement réparer les outils des gens de Sébèrè mais sans se fixer 241.
La mine de Tissi à l'Ouest de celle de Sébèrè présente aussi une grande fosse occupée
par un fourré impénétrable d'Acacia penata. De plus, sur un demi hectare, on dénombre une
centaine de puits aménagés comme ceux de Sébèrè avec des marches d'escaliers en colimaçon
conduisant à des galeries assez étroites. 279 Nous disposons de peu d'informations sur cette
mine considérée par la tradition orale comme des habitations de troglodytes 242. Il est
vraisemblable qu'elle ait servi de refuge aux populations à certaines périodes d'insécurité.
Les mines de Sébéré et de Tissi sont sur d'anciennes buttes presque totalement arasées. Elles
marquent un faible accident dans le paysage et sont entourées de terrains marécageux en
hivernage.
Dans le Sourou, il nous a été signalé des mines d'antimoine. En effet l'enquête au village
de Gan a révélé l'existence de plusieurs tas de scories de réduction de minerai de fer. Interrogés
sur la provenance du minerai, Kisito Drabo, 55 ans, forgeron et Bia Drabo, 96 ans, forgeron,
affirment ne pas connaître les mines et n'avoir jamais vu de fourneaux dans le village. Le fer
était importé de Toungaré pour être transformé. Cependant Bia Drabo nous apprend que ces
ancêtres avaient jadis exploité une colline appelée Fonki à 4 kilomètre au Nord-Est. Ses
propres parents, auraient tenté de creuser une autre colline au Nord appelée Sanlékini. N'ayant
pas rencontré de minerai, ils ont préféré s'adonner à l'importation de fer. Les puits circulaires
ou rectangulaires qu'on observe au Sud du village seraient une mine d'antimoine et non de fer.
Elle s'appelle Djibonou et vient d'être découverte il y a moins de 20 ans.
W Mamadou DAO, 35 ans Che fef de Sébèrè,le 1818183.
242 Tradition recueillie il y a un demi-siècle par les Pères Blancs de Zaba.
229
Fig. 77 : Mines de Sébèrè (Sou rou) : puits et galerie
A - L'entrée du puits: Photo Kiélhega 83
B - La galerie souterraine: Photo Kiéthega 83
230
Fig. 78 : Puits de mine de Tissi et de Douban (Sourou)
Un escalier en colimaçon à Tissi. une spirale creuse à Douban permettaient la circulation : Photos Kiéthega 83
231
Fig. 79 ; Mines de Dalo et de Douban (Sourou)
De grandes tranchées abritant des cavernes, ont été parfois creusées
232
Des mines du Sourou, on passe presque sans transition spatiale à celles du Yatenga.
C'est la province la plus riche en fer à tout point de vue. Une quarantaine de mines y ont été
identifiées. Ne sont présentées que les principales, qui furent à l'origine de la naissance de
centres métallurgiques importants dont le rayonnement est allé parfois au delà des limites de
l'ancien royaume du Yatenga dont l'actuelle Province épouse approximativement les contours.
Les mines les plus réputées attiraient des métallurgistes venant de loin. Louis Tauxier, qui se
réfère au Capitaine Noire, rapporte que les minerais de Tougou, Kalsaka, Bogoya et Sissamba
étaient recherchés partout pour la confection des outils tranchants ou devant offiir une certaine
résistance. 243 Il observe en plus une relation entre le relief et la concentration des centres
métallurgiques, faisant remarquer que la plupart se trouvent de ce fait au Sud-Est de Yatenga,
panni lesquels Kalsaka, Kargo, Darigma, Loulouka, Tanghaye. Des centres se sont cependant
constitués dans des zones très faiblement accidentées comme autour de Ouahigouya. Ils
résultent de la politique de dispersion des forgerons ,opérée au XV siècle par Naaba
Oumtanango pour s'assurer leurs services dans ses expéditions guerrières 244.
Nous commençons par Youba, centre métallurgique situé à une dizaine de kilomètres
au Nord de Ouahigouya, le chef lieu de la Province du Yatenga. La métallurgie lourde du fer y
a été développée par les Giti, clan d'origine dogon et que Naaba Oumtanango dispersa à
travers le pays au XV siècle.
La mine se trouve à trois Kilomètres à l'ouest du village sur le versant nord-ouest d'une
colline aux pentes douces (fig. 81). Elle comprend deux ensembles de puits circulaires presque
tous comblés de nos jours donc difficiles à mesurer. Selon la tradition orale, ces puits étaient
reliés par des galeries et portaient des encoches. Son exploitation était commune à plusieurs
W TAUXIER, L., 1957, le noir du Yatenga, p. 218
2" OP. cil. P. S44
233
villages dont Ronga, Lougouri, Sodin, Bogoya, Tougou, Denguiri et Ouahigouya. Le bon
•
• • •
. ,
245
mmeral etaIt rouge, nOir ou Jaune
.
Le centre métallurgique voisin de Ronga, également créé par les Giti au XV" siècle,
abrite quatre mines dont l'exploitation s'échelonne dans le temps. Aussi les avons nous
numérotés de 1 à IV, de la plus ancienne à la plus récente.
Ronga 1 est à environ trois kilomètres au Sud-Est du village (fig. 80). Un fourré très
dense en occupe une partie. Celle qui est dégagée permet de compter plus de 70 puits de forme
circulaire, avec des diamètres variant entre 60 cm et 150 cm et des profondeurs de 43 et 470
cm. Ils étaient munis d'encoches. En raison de leur proximité (un à deux mètres) certains se
sont effondrés créant de grandes tranchées. Le site couvre une superficie de deux hectares.
Ronga II se localise à trois kilomètres à l'est de l'école du village. Elle présente une
excavation et des tertres de rejets qui attestent de son exploitation.
Ronga III à moins d'un kilomètre au Sud-Ouest du village se présente comme une
caverne.
Quant à Ronga IV, c'est une ravine à deux kilomètres à l'est du village. On y a pratiqué
le ramassage de surface et un décapage superficiel.
Les trois dernières mines étaient exploitées par les ferriers de Ronga en cas de besoin
pressant.
Les mines de Ronga fournissent du minerai dont la réduction donne du fer doux. Pour
du fer plus dur, on s'approvisionnait en minerai à Sananga. Le repérage du minerai se faisait
par observation ou soupesage 246.
20 Almissi oum, 70 ans, Moussa oum, 72 ans, Saldou oum, 81 ans el Salfo Oum, 72 ans, lous forgerons,
interviewés le 28112194 à Youba. Les mêmes infonnateurs avaient déjà été rencontrés le 26/8183 el avaienl livré des
infonnations similaires.
2" Boureima ZOROM. 76 ans, Aly ZOROM, 63 ans, le 2918183 à Rangs et les mêmes le 30/12/94.
234
Le village de Nanùssiguina est connu aujourd'hui sous le nom de Ramatoulaye en raison
de
l'implantation
d'une
communauté
religieuse
Hammaliste
qui
connaît
un
grand
développement ces dernières décennies. Auparavant, son fer avait fait sa réputation.
La mine se rencontre à l'Est à la sortie du village, à 250 m au Nord de l'église
catholique (fig. 82). Il s'agit d'excavations à ciel ouvert s'étendant sur plus d'un hectare. Elle
compte aussi des puits dont le diamètre atteint 120 cm. Un bosquet de Combretum
micranthum l'occupe presqu'entièrement. Le village aurait exploité d'autres mines mais l'état de
santé de l'informateur n'a pas permis de les visiter. 247
Le Burkina Faso a demandé l'inscription des vestiges métallurgiques de Kindibo sur la
liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO, en raison de leur importance dans l'histoire locale.
Les premiers métallurgistes s'y seraient établis au début de l'expansion dogon dans la région
aux X" - xr siècles. Ils furent relayés entre le XV et le XVn< siècle par des femers moosé, de
patronyme Kindo, venant de la région de Ouagadougou. 241 Le site métallurgique se compose
de quatre ensembles que sont les fourneaux dogon, la mine dogon, les fourneaux moose, et la
mine moaaga. Il existe donc deux mines exploitées à des époques différentes. La plus ancienne
est la mine dogon 249qui s'étend aux pieds d'une butte cuirassée s'inscrivant dans un
quadrilatère de 50 m de côté. On y dénombre une dizaine de puits circulaires d'environ 100 cm
de diamètre avec des profondeurs ne dépassant pas 250 cm. Ils ont été partiellement comblés.
Des amorces de galeries sont visibles sous le niveau de la cuirasse épaisse de plus d'un mètre.
Des encoches de circulation ont été taillées dans les parois. Aujourd'hui, puits et galeries sont
des repaires d'hyènes, de porcs-épies et de serpents.
2.7 Hamidou BELEM, 81 ans. forgeron, entretien du 02/01195 à Namissiguima
2. Mady KINOO. 87 ans, Bakary Yowbé ZONON, forgerons et Natimba OUEDRAOGO, chef du village le 10/12183 à
Kindibo et Adama KINOO, 60 ans, Hamidou KINOO. 57 ans. le 6/01/95 à Kindibo.
2" Voir fig. 83.
Fig~80
235
PLAN DE LA MINE DE
FER DE RONGA 1
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~ Terre de re.
[!] Souche ou arbu.te
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DE FER DE NAMISSIGUIMA
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14
15
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10
ZO..
!
!
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LEGENDE
~ Puits
~ Elcovatlon
ra Piste
[]!ï] Lieu de reduction
238
La seconde mine est l'oeuvre des métallurgistes moose. Il s'agit d'un autre ensemble de
puits circulaires situé à deux kilomètres à l'Est de la première, derrière le quartier des forgerons
moose. C'est une mine collective, exploitée aussi par les gens de Roba et de Keinguin mais elle
fut abandonnée avec la colonisation.
Le centre métallurgique de Tougou mériterait aussi une inscription sur la liste du
patrimoine mondial.
Cinq mines ont été identifiées dans ce village et numérotées de 1 à V. A l'exception de
Tougou IV qui était exploitée par ramassage de surface ou léger décapage, tous les autres
présentent des puits avec galeries. Le soupesage reste le moyen de prospection. Le minerai
provenant des mines l, II, III et V était réduit dans des fourneaux à induction directe alors que
pour celui de la mine IV on utilisait les fourneaux à soutllets.
- Tougou l, appelé aussi Ouargaye, est à 2 Km à l'Ouest du village, au bord de la piste
allant de Tougou à Youba. Elle est recouverte par un fourré dense. Plusieurs minerais y sont
prélevés mais les plus recherchés sont le Ka-zorn "farine de mi/" de couleur blanche, et le ron-
zorn "farine de néré" qui est jaune. Considérés comme les plus riches, on les associait au
minerai provenant de Tougou II.
- Cette dernière est à un kilomètre de Tougou 1. Dénommée Nabig-pugnoré, "au bord
du champ du prince", elle est très vaste et a succédé à Tougou 1. Les puits y sont circulaires.
Un mythe explique sa découverte.
- Tougou III est à trois kilomètres du village à proximité de la route Tougou-
Ouahigouya. Appelée Nouf-tanga "montagne de Noufou" qui en fut le premier exploitant, on y
dénombre une dizaine de puits circulaires actuellement comblés.
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KIETHEGA,
février 1996.
Carrographie
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U.o.
N
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ID
240
Fig. 84: La mine de Titao (Vatenga)
Lorsque les piliers maintenus entre les puits s'effondrent, on observe la (onnation d'une tranchée qui
s'agrandira gràce à l'érosion latérale.
241
- Tougou IV appelée aussi Kuy-Kiègn-Tanga, "/a montagne du fer dur" est à trois
kilomètres au Sud-Est du village sur la piste menant à Barelgho. Extrait par décapage et
ramassage, son minerai donnerait un fer très dur.
Tougou V, enfin aussi appelé Bagr-Boko "trou de Bagré ", est à trois kilomètres du
village, dans la même zone que Tougou 1 et II.
La mine du centre métallurgique de Yalka a déjà été présenté dans les sources
archéologiques en raison des fouilles qui y ont été menées. Ajoutons seulement que deux
collines furent exploitées : Gomalguéma et Tambilma, qui présentent en surface des
concrétions ferrugineuses noirâtres dont l'observation guide les mineurs pour l'ouverture des
puits 2S0.
]] serait fastidieux de présenter à tour de rôle la soixantaine de mines recensées dans
une quarantaine de villages du Yatenga. Nous avons tenu compte dans l'inventaire de celles
décrites par Issaka Sarntouma. 2S1 Cet auteur relève aussi la réputation régionale de la mine de
Sananga appelée Kud-Keems-tanga (montagne de fer dur) dont le minerai (Kug-sabllé) serait
un oxyde riche en manganèse selon le Bureau des Mines et de la géologie du Burkina. 2S2 Au
demeurant, les constantes qu'on rencontre au Yatenga sont l'exploitation préférentielle de
mines de montagne, le nombre important de mines par village, et la liberté d'accès aux mines
pour tous les métallurgistes.
m.4. Les mines de la région des lacs: Provinces du Bam et du Sanmatenga
La Province du Barn porte le nom d'un lac naturel, le plus grand du pays, qui jadis en
hivernage opérait une jonction avec le lac de Bourzanga situé à 45 km plus au Nord. Il est
2jO Ousmane ZOROME, forgeron, chef du village de Yalka, le 20/3/82 el Boukary ZONON, 80 ans, Souleymane ZONON,
80 ans, et Noufou ZONON, 70 ans, forgerons-agriculteun, interviewés le 26107/83.
15' SAMfOUMA Issaka, 1990, La métallurgie ancienne du fer dans la région de Kownbri, p. 91-92.
2S2 Joseph SAWADOGO et Lancina GNINASSE, Géologues, consultés par Issaka Samtowna.
242
bordé de buttes cuirassées et de reliefs volcaniques, ce qui rond la monotonie qui caractérise le
relief burkinabè.
Des accidents similaires délimitent des dépressions entre les villes de Kaya et de
Kongoussi, chefs-lieux des provinces du Bam et du Sanmatenga. Le relief y est même plus
vigoureux avec des collines de latérites, de schistes, de quartzites et de roches vertes qui
dominent des lacs importants: Dem, Delga, et Sian. L'existence de ces lacs naturels, très utiles
dans une économie agro-pastorale, les refuges offerts par des abris dans les collines, semblent
avoir constitué des causes déterminantes de concentration de populations dans cette région
depuis une époque reculée.
Cette occupation dense et ancieMe est attestée par de
nombreux vestiges
archéologiques parmi lesquels les témoins de la paléométallurgie du fer
mines ancieMes,
bases de fourneaux, amoncellements de scories.
Cinq mines du Barn ont fait l'objet d'une étude, mais il en existe davantage. La mine de
Loulouka est au sommet d'une butte latérique appelée Saabtanga (montagne du forgeron) et
située à deux Kilomètres au Sud-Ouest du village. On observe une grande excavation centrale
de forme circulaire, de huit mètres de diamètre et environ deux mètres de profondeur actuelle.
Des terres de rejets sont retombées dans la mine qui aux dires des informateurs étaient plus
profonde et recelait des cavernes.
Tout autour de la grande excavation, on dénombre une vingtaine de puits à section
circulaire presque comblés.
Dans ce village, le minerai s'appelle Yânga (en mooré). On le trouve en blocs dans les
profondeurs de la mine où l'abattage se fait avec un pic. Fraîchement cassé, le minerai est de
couleur rouge piquetée de noir. Les grains noirs constitueraient le fer.
243
Dans le village voisin de Sandouré, situé au Nord de Kongoussi, on n'observe pas de
puits. La colline où le minerai était extrait est presqu'arasée, le chapeau cuirassé ayant été
démantelé. Les mineurs procédaient par ramassage des concrétions libérées par l'érosion.
Les métallurgistes de Loulouka et de Sandouré employaient un fondant appelé Siidigou
(en mooré) qui était prélevé sur la colline Saabtanga. C'est une roche noirâtre, très cassable.
La mine de Sandouré était l'objet d'une exploitation collective par les métallurgistes des
villages environnants.
Les enquêtes au Sud-Est du lac de Bam nous ont conduit sur trois sites importants
situés à Kembgo, Tanmingou et Touka.
La mine de Kembgo située à proximité immédiate du village est l'une des plus
importantes de la région. Son minerai serait très riche en fer. Aussi venait-on de partout
l'exploiter.
De Tanmingou (montagne rouge) on extraie une roche appelée gÔpelga (argile blanche
en moore) qui servirait de fondant. "Elle lave lejer" dit la tradition.
Du site de Touka provient aussi une roche appelée gÔ-sablaga (argile noire en moore)
qui serait aussi un fondant. Elle posséderait la qualité de séparer les saletés du fer lors de la
réduction et de les acheminer vers l'extérieur par le rudm-nooré du fourneau, c'est-à-dire
«l'ouverture des excréments» .
Ces quelques exemples montrent qu'aux alentours du lac de Barn, le minerai de fer se
trouvait dans les chapeaux cuirassés et qu'on l'extrayait par ramassage, décapage et puits de
mine. Les fondants étaient connus et largement utilisés. Les exploitations, collectives, se
trouvaient à proximité des villages.
Les sites d'extraction du minerai de fer sont manifestement plus variés dans le centre et
le Nord du Burkina qu'à l'Ouest. En effet, alors que globalement les métallurgistes de l'Ouest le
prélève dans la carapace du complexe cuirassé, on peut noter au Sanmatenga par exemple trois
244
types de prélèvements, qu'on rencontre aussi dans les provinces du Barn, du Yatenga et du
Sourou.
111.4.1. Le prélèvement dans la cuirasse
Ce type de prélèvement a été observé à Bangsoma où la butte dénommée Naba Yeelé
Tanga servait de site d'extraction du minerai de fer. Il s'agit d'un relief résiduel situé à 10 Km
au Nord de Mané et aux pieds duquel s'étend le village de Bangsoma. Avec une façade Est très
vigoureuse et un versant Ouest peu individualisé dans le paysage, la butte présente une forme
générale allongée d'orientation globale Est-Ouest.
Réalisé d'Est en Ouest, ou du Nord au Sud, le profil topographique de Naba
Yeelé
Tanga révèle une butte aux formes peu communes dans la région en général et dans la cuirasse
en particulier. En effet, on a :
- un versant Est très raide avec une pente supérieure à 45°, ce qui lui donne un aspect
ramassé par rapport aux autres. Cette forte pente est couronnée par un véritable escarpement
d'environ 5 m de haut, constitué par la cuirasse elle-même.
• un versant Ouest en forme de grandes marches d'escalier. Ce sont des replats
cuirassés assez typiques, à pente comprise entre 10 et 15°, adoucissant ainsi, le contact entre la
butte et le plancher. Ici, on a autant de petites corniches que de replats.
- un versant Nord à pente convexo-concave, correspondant aux affleurements
d'altérites de la roche en place. L'escarpement y est moins vigoureux (environ 3 m) mais
nettement visible.
- enfin un versant Sud presque banal et peu vigoureux (pente inférieur à 25°). Ici on n'a
aucun escarpement, ce qui fait disparaître la réalité de butte que l'on a en observant Naba Yeelé
Tanga de l'Est, de l'Ouest ou du Nord.
245
La cuirasse de Naaba Yeelé Tanga présente une surface très indurée à prédominance
ferrugineuse et organisée sous fonne de paliers. En effet, on a trois gradins étagés d'Est en
Ouest, de largeur disproportionnée et de pente comprise entre 5 et 15°.
L'observation détaillée montre que la cuirasse renfenne plusieurs types de galets
fortement cimentés les uns aux autres. Ainsi, on a des galets de cuirasse bauxitique, des galets
et graviers de cuirasse ferrugineuse, des gros blocs de cuirasse ferrugineuse homogène et des
enclaves de roches plus ou moins totalement ferruginisées.
Les gros blocs de cuirasse se rencontrent surtout au niveau de l'escarpement. Il s'agit
d'une cuirasse homogène très compacte et massive. Avec des éléments de 75 à 90 cm de
diamètre, elle serait de type primaire très riche en fer.
Les galets et graviers de cuirasse ferrugineuse constituent les éléments dominants de
Naaba Yeelé Tanga. En effet, ils présentent aussi bien à l'escarpement que sur les différents
gradins, jouant ainsi le rôle d'encaissant recevant les intrusions représentées ici par la cuirasse
bauxitique, les blocs de cuirasse ferrugineuse et les morceaux de roche ferruginisée.
Les galets ont un aspect très homogène à la cassure et très riches en fer. Avec des
longueurs ne dépassant généralement pas 25 cm et des largeurs presque toujours inférieures à
15 centimètres, un comptage granulométrique nous a permis d'y déceler 10 % de coins
arrondis, 70 % d'arrondis et 10 % d'anguleux. Ces résultats pennettent de penser que ces
éléments n'ont pas subi une très longue évolution.
Quant aux graviers, on en rencontre pratiquement de toutes les tailles; des éléments de
sept à huit centimètres de diamètre, des nodules de un centimètre de diamètre, voire moins. Il
existe aussi des nodules ferrugineux très émoussés, très lisses avec une auréole de
concentration exceptionnelle en fer.
Les galets de cuirasse bauxitique sont essentiellement localisés sur le premier palier de
cuirasse, c'est-à-dire à l'est, vers l'escarpement. Les plus gros éléments se rencontrent aussi de
246
ce côté tandis qu'à l'extérieur, ils sont de plus en plus petits. Ce sont des galets de 10 à 30 cm
de largeur sur 20 à 40 cm de longueur. De forme presque carrée avec des coins arrondis pour
la plupart (90 %), on y retrouve aussi quelques galets de forme allongée (5 %) et des éléments
de très petites tailles (5 %). Ces derniers ont un diamètre inférieur à cinq centimètres et sont
très fréquents vers la fin du premier pallier et au début du deuxième. A la cassure au marteau,
la bauxite se présente, soit sous forme brèchique, soit sous forme nodulaire et très fortement
cimentée par une matrice argilo-ferreuse. Les enclaves de roche ferruginisée quant à elles,
offrent le plus souvent une forme circulaire incrustée dans la cuirasse et nivelée au sommet de
celle-ci. On a alors affaire à de gros éléments d'ordre métrique, légèrement plus sombre que le
matériel encaissant et souvent micro-diaclasés. De temps en temps, on observe çà et là un
véritable concassage de matériel avec une nette orientation, même si d'une manière générale, il
est impossible d'en déterminer une direction prédominante. La cassure au marteau de géologue
montre une structure très massive entièrement dépourvue de grains et de couleur rougeâtre. Il
s'agit en fait de basaltes fins, concassés, emprisonnés dans une cuirasse polygénique et
subissant une ferruginisation.
On retiendra donc que Naaba Yéélé Tanga est une cuirasse conglomératique
polygénique située à une altitude de 328 m. Les différents éléments de ce conglomérat sont
visiblement organisés dans la cuirasse avec, à l'escarpement, les enclaves de roche, les blocs et
les galets de cuirasse ferrugineuse sur le deuxième replat et enfin les graviers sur le troisième
pallier (cuirasse nodulaire). On a donc un phénomène de tri granulométrique d'Est en Ouest,
c'est-à-dire de l'escarpement vers le dernier gradin. Ceci constitue bien une curiosité
géomorphologique dans la mesure où une telle cuirasse n'a pratiquement pas pu être observée
(ou du moins décrite dans le détail) au Burkina Faso. Certes, on trouve l'association cuirasse
ferrugineuse/cuirasse bauxitique, mais dans des zones topographiquement basses (région de la
247
province du Barn surtout). Ainsi porté en hauteur dans le paysage, on est en droit de se poser
des questions quant à l'évolution géomorphologique que cette cuirasse a pu avoir.
Dans ce contexte, le DÙnerai est exprimé sous forme de placage filonien ou de débris.
Plusieurs types ont été identifiés et sur lesquels nous reviendrons 253
111.4.2. L'exploitation de la carapace
Le site de Samtaba a pernùs d'observer une ancienne carrière d'extraction de DÙnerai de
fer dans la carapace. Celle-ci présente un faciès visiblement un peu plus induré que d'ordinaire
à cause de son état d'affleurement. En effet, la cuirasse sOnIDÙtale a été complètement
démantelée et forme un pavage de blocs et galets de composition granulométrique très diverse.
La carapace a été creusée de manière à former par endroits de véritables tunnels avec deux
entrées.
Les métallurgistes ont exploité ici, en réalité, une cuirasse de néoformation. II s'agit en
effet d'une surface qui a recimenté aussi bien des morceaux de cuirasse bauxitique que des
nodules et galets ferrugineux provenant d'anciennes cuirasses. Le glacis cuirassé est SOUDÙS à
une dynanùque de versant assez intense, provoquant même par endroits des pseudo
glissements de terrain où la cuirasse se plaque plus ou moins nettement aux argiles, sans
l'horizon de transition qu'est la carapace 254.
m.4.3. L'utilisation des nodules ou gravillons ferrugineux
Elle est assez rare dans la région, contrairement au Sud et au Sud-Ouest du pays. Elle
constitue ici une source d'appoint. En effet à Saabin, centre métallurgique important au Nord-
Est de Barsalogo, les spécialistes de la fabrication artisanale de fer ont affirmé qu'à défaut de
zn Nous devons ces observations de spécialiste à Dya Christophe SANOU, géomorphologue et Urbain WENMENGA,
géologue, qui, après nous avoir accompagné sur les lieux et expliqué les phénomènes, ont bien voulu nous présenter des
~ éaits qu'on trouvera en annexes.
2
Cf. rapport de Dya C. SANOU en date du 2Int94, en annexe.
248
cuirasse, on pouvait utiliser les gravillons ferrugineux comme minerai de fer. Ils étaient alors
concassés puis rangés dans le fourneau en association notamment avec un fondant m.
Au demeurant, le village de Tandaga dans le Département de Boussouma, au Sud de Kaya, le
chef-lieu de la Province, offre aussi un exemple d'utilisation de modules ou de gravillons
ferrugineux.
Sur des collines appelées Gouapa, situées à l'Ouest du village, les métallurgistes
ramassaient le panrogo, minerai de couleur noire et le siidigll, de couleur grise. Des puits
étaient creusés dans les mêmes collines pour extraire le tankoom de couleur rouge. Les deux
premiers minerais différaient aussi du troisième par leur poids plus important. 2'6
Au delà de cette diversité de sites d'extraction du minerai de fer, les causeries avec les
forgerons du Sanrnatenga rendent compte d'une importance accordée par les métallurgistes aux
fondants prélevés dans des lits de rivières comme à Samtakoudgo ou aux pieds de collines
comme à Bangsoma.
111.5. Les mines du Moogo central: Provinces du Bazéga et de l'Oubritenga
Les enquêtes que nous avons menées dans la province du Bazéga située au Sud et à
l'Ouest de Ouagadougou ont révélé que le minerai de fer y était très faiblement extrait. Cette
région a été largement tributaire, pour sa métallurgie de transformation, du fer en provenance
du Nord et de la récupération à partir de vieux outils aratoires.
Les forgerons de Kombissiri, chef-lieu de la Province, de Watinga, de Tanghin-
Dassouri et de Yiidwogdo nous ont rapporté que les cailloux de leur région ne contenaient pas
de fer. Aussi allaient-ils au Nord: Province du Passoré et du Yatenga pour en ramener du
minerai ou du métal. m
m Entretien le 19101/94 avec: un groupe de forseron à Saabin
l'6 Ratopi BAMOGO et Yampasgré BAMOGO, entendus le 14/03182 à Tandaga.
257 COMPAORE Tinnoaga, 75 ans, forseron, interview du 2718184 à Kombissiri ;
- KABORE Tübo, 80 ans, forseron, interview du 25/8184 à Watinga
• COMPAORE Tindaogo, 70 ans, forgeron, interview du 2318184 à Tanghin Dassouri
• y ABRE Saana, 60 ans, forgeron, interview du 21/8/84 à Yiiwogdo.
249
Cependant ces allégations ne peuvent être SUIVIes à la lettre, d'abord parce que la
latérite ferrugineuse est aussi présente dans cette province, ensuite parce qu'il existe quelques
mines dans la région comme en témoignent Nikiéma Bayouré qui en signale une avec des puits
circulaires au sommet d'une colline au village de Gaonghin et Nikiéma Tiraogo, Belem
Ablassé, qui nous ont affirmé l'existence d'une autre à Kigma dans la brousse de Nayimi. Cette
dernière serait un trou très large mais peu profond appelé tananko (en mooré). Il existerait
aussi du fer dans les collines de Saponé et de Bissiga. m
D'ailleurs, au village de Bonogo, distante d'à peine cinq
kilomètres de Saponé, les
informateurs soutiennent que dans un premier temps les forgerons allaient extraire et travailler
le fer au Yatenga avant de le ramener. Puis ils ont exploré et découvert des mines dans les
collines situées à dix kilomètres du village. C'est aux pieds de celles-ci, que de grandes
excavations ont été creusées. Le minerai n'était pas profond. On détachait les concrétions avec
des piochons et ou les lavait dans des mares avant de les transporter aux fourneaux 2~9.
Il est effectivement apparu à l'issue de notre enquête dans le Bazéga que la métallurgie
du fer y
avait été médiocre et s'était souvent réduite à la transformation. L'influence du
Yatenga y est partout affirmée. Le minerai de fer est connu par ici sous l'appellation de wanré
terme moaaga servant à désigner habituellement les scories de réduction. Celles-ci n'étaient-
elles pas réemployées?
On renoue avec le fonçage de puits dans la province d'Oubritenga où la plus grande
mme signalée est celle de Guesna, située à une trentaine de Kilomètres au Nord de
Ouagadougou.
2.lI NIKIEMA Bayouré, 70 ans, forgeron, interview du 2718184 à Goanghin, NIKIEMA Tiraogo, 7S ans, forgeron, et
BELEM Ablassé, 60 ans, forgeron, interview du 2718184 à Nayimi.
159 NIKIEMA Gomkoudougou, la centaine, forgeron-métallurgiste, connu sous le nom de Manègré-Naaba (c'est-à~ire chef
de ceux qui arrangent, qui réparent). Interviewé par Marie SIMPORE et Prosper Tiendrébègo le 16/3/82 à Bonogo.
250
Les forgerons Bamogo de Guesna ont été des ferriers. Aux dires de Mahdi Bamogo,
leurs ancêtres originaires de la "falaise" de Bandiagara au Mali, après un séjour au Riziam 260
auraient trouvé ces lieux, dont le minerai était bon, et se seraient installés 261. Très vite, la mine
de Guesna auraient attiré les métallurgistes du voisinage et même ceux de la Province du
Bazéga au Sud de Ouagadougou. C'est ainsi qu'à Gana, village de la province du Bazéga, à une
quinzaine de Kilomètres à l'Est de Saponé, les informateurs nous disent qu'il n'y avait pas de
production de fer local. Les métallurgistes allaient à Guesna (Yosna) réduire le minerai et
ramener le fer 262.
Pour Tinga Nassa, les ferriers de Pabré exploitaient la mine de Guesna et allaient même
au Yatenga 263.
Selon tous nos informateurs, la mine de Guesna était une sorte de caverne très
profonde. Il fallait un relais de 12 personnes pour remonter le minerai des puits initiaux dont
l'effondrement a donné la caverne.
Il ne reste de nos jours de cette activité qu'une dépression circulaire d'une trentaine de
mètre de diamètre 264.
En scrutant la généalogie de Mahdi Bamogo, on peut situer dans la deuxième moitié du
XIX' siècle l'ouverture de la mine de Guesna car la famille est installée dans ce village depuis
seulement quatre générations. La fin de l'extraction du minerai remonte aux années 1950.
Les métallurgistes de Pabré, autre centre important, ont exploité avant la mine de
Guesna, celle dite de Kougribogdo (les trous de la pierre) situé à six Kilomètres à l'Est du
village sur la piste qui mène à Biktoogo.
260 Le Rizian fut lUl royaume moaaga créé au XVIr sièl:le et centré sur Sabcé. D était situé au nord du royaume de
Ouagadougou.
261 Mahdi BAMOGO, 70 ans, forgeron, interviewé par Barthélémy BOUDA le 21/08184. Mme Yveline Deverin-Kouanda a
fflalement enquêté auprès de cet infonnateur en 1991. Elle a bien voulu nous remettre IUle copie de son rapport d'enquête.
2
Kouka OUEDRAOGO. 70 ans, forgeron, interviewé le 2818184 à Gana
263 rings NASSA. 70 ans, forgeron. interviewé le 28/8/84 et le 2911185 à Pabré.
264 Voir fig. : Mine de Guesna.
25]
Fig. 85 : Pboto de la mine de Gueso3 (Oubritenga) : Photo Kiéthéga 84
Il s'agit du même type d'exploitation qu'à Douban
Fig. 86 : Photo de la mine de Kougribogdo (Oubritenga) : Photo Kiéthéga 85
252
Ce site serait, selon les infonnateurs de Pabré, d'époque Ninga, réutilisé par leurs
parents 2M. Les mêmes soutieMent que la mine de Guesna ne daterait pas de l'arrivée des
Bamogo du Mali mais aussi de l'époque Ninga. Mahdi Bamogo lui-même a été d'accord avec
cette version lors de son interview par Barthélémy Bouda le 21/8/84.
Kougribogdo a été exploité par puits circulaires,
presqu'entièrement
bouchés
aujourd'hui. La fouille partielle d'un ancien puits bouché a révélé l'existence d'encoches de
circulation et la présence d'une galerie à 250 cm sous le niveau du sol actuel, confinnant la
tradition orale lorsqu'elle évoque des puits circulaires reliés par des galeries. Tous les puits
recensés à Kougribogdo (63) sont de fonne circulaire. Le diamètre à l'ouverture varie entre
100 et 180 cm. Il ne s'agit pas des diamètres initiaux qui devaient être compris entre 70 et 90
cm, soit l'écart entre les jambes des mineurs. Une quarantaine de puits partiellement comblés
montrent des encoches dans les parois ou des spirales en creux qui ont pu également servir à la
circulation.
Certains d'entre eux semblent récents avec des profondeurs atteignant 250 cm. On
aperçoit alors des amorces de galeries.
Il existe des puits semblables à Lay, à l'Ouest de Pabré, mais leur minerai n'était pas très
apprécié. Aussi les métallurgistes de Pabré passaient devant sans s'arrêter et allaient exploiter la
mine de Guesna.
Le centre métallurgique de Saaba situé à 12 Km à l'Est de Ouagadougou n'offre pas
beaucoup de traces témoins d'une d'exploitation minière. Selon nos infonnations, on procédait
par ramassage de cailloux de surface et par excavations peu profondes. Naturellement, ces
pratiques laissent très peu de vestiges. Les collines entourant le village ont été explorées sans
qu'il ne soit relevé des marques suggérant le passage de mineurs. Sur l'une d'elles appelée Tan-
26S Les fouilles conduites en 1985 sur le site ont pennis de le dater entre le XV'" Les N"msi occupaient la région à l'arrivée
des Nakomsé. ns étaient des agriculteurs-métallurgistes.
Les principaux informateurs à Pabré ont été Tenga GAAGRE, né vers 1917, Emmanuel GAGRE, environ 80 ans, T1NGA
NASSA, 70 ans, et Hamado KABORE, 65 ans. Tous agriculteurs-forgerons à Pabré.
253
tibo, située à un Kilomètre à l'Ouest, un puits énigmatique a pu être l'entrée d'une mine, même
si la tradition ne lui attribue aujourd'hui que le rôle de sanctuaire où les Moogo-Nanamsé (rois
de Ouagadougou) venaient faire des sacrifices rituels jusqu'au règne de Naaba Kougri (1957-
1983). Percé au sommet de la butte cuirassée, il a une forme irrégulière avec une largeur
maximale de 160 cm. Sa profondeur actuelle est d'environ trois mètres et à partir de 180 cm
sous le niveau du bord, on observe l'entrée d'une galerie du côté nord. Puits de mine ou
hypogée, nous penchons pour la première hypothèse en raison de l'importance du centre
métallurgique de Saaba qui n'a pas pu se contenter seulement de ramassage, et aussi en raison
de ce que la tradition affirme que les sacrifices offerts sont composés d'un boeuf, d'un mouton
et d'un coq, tous blancs, rappelant les offTandes faites par Koumbemba, le chef nînga de
Wogdogo (Ouagadougou) à Naaba Wubri (Oubri) en signe de soumission, au XV" siècle. Les
Nînsi étant réputés habiles métallurgistes, que la dynastie de Ouagadougou a dû associer au
pouvoir, on peut penser à un pacte entre les autochtones et le conquérant à l'endroit de la mine,
les forgerons étant par ailleurs considérés comme les hommes de la paix 266.
En somme, à l'exception de Guesna et de Kougribogdo, peu de mines offTent un grand
intérêt dans la Province d'Oubritenga qui a été, comme le Bazéga, tributaire du Yatenga pour
son ravitaillement en métal et en produits ferreux.
Ces deux provinces du Moogo central semblent avoir constitué des espèces de cul-de-
sac d'une expansion des techniques sidérurgiques en provenance du Yatenga. Nous nous
interrogeons plus loin sur les relations qui ont pu exister entre des pratiques métallurgiques qui
présentent des points communs, mais aussi des différences.
266 Les informateurs de Saaba ont été Julbert GAAGRE et Joseph GAAGRE, Lalnoaga DIPAMA, 80 ans, Gomlalé
DIPAMA, 70 ans, tous agriculteurs-forgerons.
254
III - 6 : Les mines des Provinces du Boulkiemdé et du Sanguié
La Province du Boulkiemdé, chef-lieu Koudougou, parait avoir été mieux dotée en
mines que sa voisine du Bazéga. Cependant de nombreux témoignages désignent la Province
du Sanguié comme source du minerai de fer des métallurgistes du Boulkiemdé. C'est ainsi que
ceux de Burkina, quartier de Koudougou, se rendaient à Réo, chef lieu de la Province du
Sanguié pour extraire leur matière première en creusant des puits circulaires de un à deux
mètres de profondeur. Cette pratique aurait duré jusqu'au jour où la mine de Réo s'est
effondrée, tuant des mineurs. Elle fut alors abandonnée au bénéfice d'autres sites plus éloignés,
que la tradition localise en pays marka près des villages de Safané, Kilba, SÔ et Coffe. Ils en
ramenaient aussi du fer brut. 267 Youmbi Yaméogo, forgeron au quartier Paolgo de
Koudougou, confirme cette version et ajoute qu'à Réo on procédait aussi par décapage et que
chaque expédition permettait d'obtenir à la réduction quatre à dix loupes de fer 268. Cependant
Yamba Zongo du même quartier nous informe qu'ils exploitaient aussi une mine à Tolotanga,
colIine située à quatre ou cinq kilomètres au Sud de Koudougou 269.
A Sourgou, il nous a été rapporté que le minerai venait de Sambisgo et que les
métallurgistes locaux allaient l'acheter aussi auprès des Gurunsi de Goundi, localité située à une
dizaine de Kilomètres à l'Ouest de Koudougou. Le panier de minerai contait 100 cauris et il en
fallait au moins cinq pour assurer une réduction. On leur proposait deux types de minerai. L'un
de couleur jaune donnait du fer très dur ; l'autre de couleur bleue foncée donnait un fer noir 270.
Les métallurgistes de Rarnongo mettait 15 à 20 jours de marche pour ramener le
minerai. Les mines se trouveraient sur la route de Dédougou et au-delà de Dédougou. On y
allait à cinq ou six, sans être accompagné par les femmes et les enfants en raison des distances
147 KOALA Yamba, 60 ans, forgeron, et KOALA Souka, SS ans, forgeron entendus à BurkinalKoudougou le 24nt83
2" Yaméogo Youmbi, 60 ans, forgeron, interviewé à Paologo le ISn183
2" ZONGO Yamba, 60 ans, entretien du 30/11181 à Paologo.
270 ZONGO Alba, 9S ans, forgeron, interviewé à Sourgou le 2218183
255
à parcourir. Il est possible que les mines évoquées par nos informateurs ne soient pas en réalité
proches de Dédougou qui se trouve à plus de 150 Km de Ramongo. Il faudrait les chercher
plutôt dans les environs de Réo ou de Sambisgo. 211
Il existait pourtant des mines de fer dans la partie orientale de la province du
Boulkiemdé. Les métallurgistes de Pitmoaga, près de Kokologo exploitaient les collines de
Goulouré entre Kokologo et Sakoïnsé 2n.
Ceux de Kindi ont creusé des puits sur les collines enviroMantes et ont procédé aussi
par ramassage de cailloux et par décapage des sols 213.
Les métallurgistes de Nandiala exploitaient une colline à Zerkoum, localité située à 15
Km à l'Est du village. Il leur arrivait aussi d'acheter le minerai auprès des Gurunsi où le panier
leur était vendu 500 cauris 214.
La même colline de Zerkoum était sollicitée par les gens de Koné et d'autres villages
alentours m.
Le village de Ralo, situé à 20 Km de Koudougou en direction de Ouagadougou abrite
deux mines. L'une s'étend sur 12 500 m2 à l'Ouest de l'école primaire. De forme allongée (100
m/125 m) elle est orientée Nord-Sud, perpendiculairement à l'axe Ouagadougou-Koudougou.
Les puits sont dans un mauvais état de conservation, en raison de conditions naturelles et
anthropiques. En effet, l'érosion et l'obligation de protéger les enfants de l'école voisine, ont
entraîné le comblement de la plupart des puits. Nous en avons pu dénombrer cependant 164.
Ils se concentrent dans la partie centrale de la mine et se raréfient vers la périphérie. Le
diamètre des puits varie entre 90 et 120 cm. Sur 95 puits partiellement complés, 17 ont 120 cm
de diamètre initial et 150 à 180 cm de diamètre actuel. Les 88 autres mesurent 100 cm de
section qui ne semble pas avoir varié dans le temps. Leur profondeur actuelle varie entre 100 et
271 KABORE Tiraogo, 67 ans, interViewé à Ramongo le 2Sn183
272 SANA Kalga, 80 ans, forgeron, Pitmoaga le 21/8184
273 BAGRE Timbila, 9S ans, forgeron, Kindi le 1/9183
27' ZONGO Konyib, 67 ans, Nandiala le 30/8/83
27S ZIDA Koudougou, 100 ans, Koné le 219183
256
400 cm avec une majorité à 180 cm. Des encoches de circulation sont aménagées dans les
parois à l'exception d'un seul qui porte des crans. La distance séparant les puits varie de 50 cm
dans la zone de forte concentration à 100 cm et parfois plus. 276
La seconde mine se trouve à Monguénissi, soit à trois Kilomètres au Sud de Ralo. Il
s'agit de trois ensembles de puits dont deux ont les leurs totalement comblés. Le troisième
ensemble est une dalle cuirassée au pied d'une colline birrimienne. Dans un quadrilatère de 75
m de côté, on dénombre 140 puits dont seulement 49 sont totalement comblés. Certaines
profondeurs atteignent encore 90 à 300 cm. Le même écart entre les puits est observé comme à
la station de l'école. Il en est de même pour les diamètres 277.
Ralo a été un centre sidérurgique important dont l'histoire nous est déjà connue grâce
aux travaux de Timpoko Hélène Kiénon 278. Dans cette Province, comme ailleurs, nous n'avons
pas la prétention d'avoir repéré toutes les mines. Loin s'en faut sans doute. Celles qui le sont
présentent des caractéristiques déjà connues traduisant des similitudes dans la nature des
gisements et des modes exploitations. La Province du Boulkiemdé était plus riche en minerai
de fer que celle de Bazéga mais elle demeurait cependant tributaire de sa voisine du Sanguié.
Les métallurgistes du Boulkiemdé, comme cela est apparu plus haut, se rendaient à Réo
et sur d'autres mines de la Province du Sanguié pour ramener du minerai. C'est dire
l'importance qui était accordée à ces mines. Les enquêtes que nous avons menées dans le
Sanguié donne une explication historique à cette situation. L'origine de la métallurgie y est
attribuée à des ferriers venus du Yatenga. Que ce soit à Réo, Dassa ou Didyr, l'histoire fait une
référence constante aux métallurgistes du Yatenga dont l'expertise est reconnue de tout le
monde. Ce sont eux qui ont su découvrir les bonnes mines.
276 Voir fig. 87.
m Voir fig. 89.
271 KIENOU, T, 1990, l'exploitation traditionnelle du fer à Ralo
r - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 257
Fia.17 :
L A MINE DE RALO (station de l'école)
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vers 10 route OUOQo-KoudouQou
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o Puits portlellement comblé
258
Fig. 88 : Pboto de puits à crans: Ralo : Photo Kiéthéga 83
A - Puits à crans. Photo Kiéthéga 83.
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B - Puits à spiraJe. Photo IUéthéga 83.
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259
Fig. a9 :
LA MINE DE RALO (station de Monguenissi )
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260
A Réo, chef lieu de la Province, les forgerons Kinda originaires de Séguénéga au
Yatenga, sont réticents à faire visiter les mines, car elles seraient maudites. C'est sans doute en
rapport avec les accidents signalés par les métallurgistes du Boulkiemdé. Ils livrent cependant
leur savoir sur l'emplacement des mines et les techniques d'extraction. Les principales étaient à
Bulkyon, un quartier à l'Ouest de Réo, dans les brousses de Souboun, de Pwaer (Tiogo en
mooré) et de Nameyir 279. '~ partir du niveau du sol, les mineurs rencontraient d'abord une
terre noirâtre qui est rejetée. Ensuite une terre rouge apparaÎt qui conduit au minerai. Il
fallait creuser trois à quatre mètres verticalement puis ouvrir des galeries de 10 à 15 m".
Ainsi s'exprimait Boukary Kinda, 80 ans, responsable des forgerons de Réo, le 14 Juillet 1983.
C'est également lui qui a dévoilé les emplacements des mines tout en refusant de nous y
conduire.
Le minerai se présentait comme déjà vu ailleurs, par blocs qu'il fallait concasser et trier.
Le bloc était brisé dans le trou mais le tri avait lieu au dehors en pleine lumière.
Les galeries étaient sans étais et les accidents pas rares aux dires de Boukary Kinda. On
n'était pas forcément tué lors d'un éboulement, mais on pouvait rester handicapé après la
guérison des blessures.
Dassa, au Nord-Ouest de Réo, fut un centre métallurgique important dont les ferriers se
ravitaillaient en minerai à Bechikopérou et à Pouni.
La première localité se présente à 10 Km à l'Ouest de Dassa. Elle est dominée par
plusieurs buttes latéritiques dont Oloi-pio porte une vingtaine de puits circulaires reliés par des
galeries. Cette mine aurait été exploitée aussi par des métallurgistes moosé et sana. Selon
Amadou Bazié, on ne descendait pas à plus de deux mètres de profondeur 280.
Z?9 Voir fig. 90
,., Amadou BAZIE, forgeron, interrogé le 30/12194.
261
Pouni est à six kilomètres à l'Ouest de Dassa. La mine se trouve à la sortie du village
vers Réo, dans une dépression. On y compte très peu de puits (4), tous comblés de nos jours.
Ils s'inscrivent dans une quadrilatère de 20 misa m et la distance qui les sépare va de 12 à 50
m. Leur profondeur initiale ne devait pas excéder deux mètres et ou y descendait à l'aide de
poutres. Le faible nombre de puits s'expliquerait par la pratique du ramassage de surface et du
décapage. L'équipement du mineur comprenait une pioche, une masse et un panier 281.
Didyr, au Nord de Réo disposait d'une mine de plaine dont les puits circulaires sont
presqu'entièrement bouchés. Le minerai n' y était pas d'excellente qualité. Aussi se rendait-on à
Népoen (Napouan) à une quinzaine de Kilomètres plus au Nord. Le minerai qu'on en ramenait
était tellement précieux que des dispositions étaient prises pour sa conservation. On creusait un
trou devant sa maison pour l'enfouir. Il pouvait attendre là trois ans 282.
Selon Sessono Bazongo, la mine de Nepoen (Napouan)
a été découverte par une
femme qui creusait un puits d'eau douce pour arroser son jardin de tabac 283. Bazomboué
Dango et Ali Dango à Mogueya, Bazelon Dango à Godyr, tous forgerons affirment que la
seule mine connue de la région était Nepoen (Napouan). Cependant aucun informateur ne nous
a donné des précisions sur cette mine que nous n'avons pas pu visiter.
Les mines du Sanguié sont à l'image de celles de l'ensemble du pays moaaga des
Provinces du Boulkiemdé, d'Oubritenga et du Passoré. Elles résultent d'échanges d'expériences
entre les métallurgistes léla du Sanguié, moosé du Bulkiemdé, du Passoré et du Yatenga, et
sana du Sourou.
281 Balou BADIEL, forgeron, in1elTogé à Pouni le 28112194
m Bali BASSANE, forgeron, interrogé à Didir le ISn183
2ID Sessono BAZONGO, forgeron, interrogé à Sémana le 14/08183.
287
Fig 94 : LE FER DE PROSPECTION DE .LAHIRASSO (Kossi )
ECHELLE 1/20
manche en bois
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tige en fer
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Il est cossé en deux morceaux d'1,46m et de 2,29m. La pointe est
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émoussée et légèrement repoussee.
Source: FAO,O. 1990, p.66.
262
Fi, go: LES MINES OU SANGUIE
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263
111.7. : Les mines de l'Est
Provinces du Gourma, de la Gnagna et de la
Tapoa
La province du Gounna, à l'Est du Burkina Faso, marque une partie de la frontière avec
le Niger dont elle partage les peuplements Gulmuceba et Hausa et de nombreux traits culturels
et techniques dont vraisemblablement la métallurgie lourde du fer.
Neuf mines y ont été étudiées : Boudangou, Fada-Ngounna, Gayeri, Koulangou,
Momba, Namoungou, Natabonli, Tiandjaki et Tibga.
Boudangou est situé à 10 Kilomètres
au Nord de Fada N'gounna, chef-lieu de la
Province. Il est entouré d'une chaîne de collines appelées Boudanjoali (la colline de
Boudangou), d'orientation Nord-Sud.
Il reste peu de traces visibles de l'activité des métallurgistes locaux et de ceux de Fada
N'gouma, Kodjnadgou, et Kojnankpelgou qui y venaient prélever leur minerai par ramassage et
décapage des éléments démantelés des anciens chapeaux cuirassés.
La mine de Koulangou, à 10 Km au Nord-Ouest de Fada, est fonnée de buttes
cuirassées d'orientation Est-Ouest. Elle a été exploitée par ramassage de surface et décapage,
mais aussi par fonçage de puits circulaires par les métallurgistes locaux, et d'autres venus de
Diapangou et Konadpelgou. C'est à Diapangou qu'on dispose des meilleures infonnations
concernant cette mine d'où l'on tirait trois minerais différents:
- tonmonli qui donne à la réduction tikoudimondi (le cuivre) ;
- tonpiengll, une sorte de granite, livre au feu un métal jaune or, appelé Tikoudipienga
- et enfin tombongou, une autre sorte de granite à mica noirs dont le produit de réduction est
Tikoubondi, le fer recherché 284.
2801 Molidiba IDAN!, forgeron, entendu le 29/3187 à Diapandou, quartier Bienargou. Des prélèvements des trois sortes de
minerais ont été réalisés en 1995 par Elise nnOMBlANO et soumis au Laboratoire de géochimie de la Faculté des
sciences de l'Université de Ouagadougou. Les résultats, toujours attendus devraient permettre de valider ces informations.
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265
Les forgerons de Diapangou, qui ne disposent pas de mine exploitée sur leur sol, nous
ont renvoyé aussi à Tibga, localité distante d'une vingtaine de Kilomètres au Nord-Ouest 28$.
La mine de ce village est éloignée de 5 Km vers le sud. Elle fut exploitée par des excavations
informes, larges de 5 m environ et par des puits circulaires au diamètre étroit inférieur à 80 cm.
Tous ces trous sont presque bouchés mais les puits, semble-t-il, étaient profonds sans autre
précision. Le minerai extrait était de couleur rouge. Le tout est sur une croupe issue de
l'arasement d'une butte cuirassée.
Le Chef-lieu de la Province, Fada Ngourma disposait de deux mines dont il partageait
l'exploitation avec les métallurgistes de Kojnadgou, Kojangou et KojnanKpelgou. Il s'agit de
deux collines dont la plus riche en fer serait Nalembou, lieu-sacré qui reçoit des sacrifices
annuels même de nos jours. Nalembou est à la sortie de la ville vers le Nord. Son altitude est
d'environ 330 m. Son chapeau cuirassé, fortement démantelé, permettrait une exploitation du
sommet et des flancs. On y découvre aujourd'hui des excavations de plus de 10 m de diamètre
mais aucun puits n'est repérable. A cette mine aurait travaillé une main d'oeuvre servile.
La seconde mine est une butte située à 500 m au Sud de Nalembou. On y fait les
mêmes observations que sur la première.
La mine de Momba, 22 Kilomètres à l'Est de Fada Ngourma, se réduit à une grande
tranchée large d'environ 15 mètres et profonde d'un mètre. On l'appelle O-mabougou ou 0-
malojnelgou, c'est-à-dire le puits ou l'ancien puits des forgerons. Les parents de notre
informateur, âgé de 80 ans, n'en auraient pas w l'exploitation. Cependant la tradition retient
que des métallurgistes venaient de Natabonli et de Namoungou pour en extraire le minerai.
Au demeurant, ces deux villages possédaient leurs propres mines. CelIes de Natabonli,
à 18 Kilomètres au Nord-Est de Fada Ngourma est formée par deux excavations alIongées
ID Dicfoula DAYAMBA, 60 ans, forgeron, Noaga DAYAMBA. 60 ans, forgeron interrogés à Diapangou le 29 Mars 1987.
266
mesurant respectivement 8 mlI2 m et 5 ml8 m. Leur profondeur actuelle est d'environ un
mètre.
A Namoungou, plusieurs collines situées au Nord du village ont été également
exploitées dans les mêmes conditions 286.
Les métallurgistes de Tiandjaka et leurs voisins de Maalingandin,
Salinpenga,
Nianrnanga et Noumougou exploitaient une coJline appelée Lafiadjoali (la colline de la paix),
par ramassage de surface et par tranchées dont une dizaine seulement ont été recensées. Elles
sont de faibles dimensions (autour de 2 m de large et 9 m de longueur).
On retrouve la forme collective d'exploitation pour la mine de Gayeri, située à 87 Km
au Nord de Fada N'Gourma. S'y retrouvaient les métallurgistes de Benwourougou, Boulgou et
Yambi. Deux buttes cuirassées, Bandikilini et Konboansi au Nord du village ont vu leurs flancs
décapés et percés de puits circulaires ou de tranchées longitudinales. Les surfaces exploitées
sont aussi importantes qu'à la mine de Koulougou.
Située à l'Est du Burkina, la Tapoajouxte le Gourma. Trois mines y ont été observée à
Kantchari et Namounbouga.
A 150 kilomètres à l'Est de Fada ngourma, Kantchari compte deux mines dont l'une
marque la colline Niandjoali. De nombreux tas de cailloux détachés de la cuirasse ferrugineuse
témoignent encore de son exploitation. Le minerai extrait au sommet était concassé aux pieds
de la colline, avant d'être mis en tas et transporté au lieu de réduction. L'exploitation se faisait
aussi par ramassage. Une autre fosse à l'entrée de la ville fut également exploitée. Elle est
dénommée Mabouogou (fosse des forgerons). Elle mesure environ 7 m sur 4 m.
A Namounbougou, à environ 5,5 Kilomètres à l'Est de Kantchari la colline Madjoali
(colline des forgerons) fut exploité pour le minerai.
280S DiakoWlga rOMPOUDI, 65 ans, forgeron et Nayini rOMPOUDI, 70 ans, forgeron, interrogé à NamoWlgou le 10/10/95
- Doglo NAMOANO, 65 ans forgeron, et famille: interview du 13/10/85 à Momba
• Adjim rOUMPOUDl, 70 ans, forgeron et Kopli rOMPOUDl, 65 ans, forgeron: interview du 09/10/95
267
Dans cette région comme dans
tout le gourma les mines étaient propriétés du
Nunbado, chef traditionnel résidant à Fada Ngourma. Selon le mode d'extraction, la réduction
se faisait à des distances très variables de la mine.
L'originalité de l'exploitation minière des Provinces du Gourma et de la Tapoa se situe à
plusieurs niveaux. Elle est avec le Sourou que nous présentons plus loin, les seules régions où
est signalée une extraction de fer et d'autres substances à partir de la même mine. Elle est la
seule à affirmer l'utilisation d'une main d'oeuvre servile dans les mines. Pourtant celles-ci sont
d'envergure moyenne sinon petite par rapport à celles d'autres provinces. Le Gourma se
caractérise également par la concentration de son industrie métallurgique autour de Fada
Ngourma.
III.S. : Les mines du Sud et du Sud-Ouest: Provinces de la Bougouriba,
du Poni, de la Sissili, du Nahouri et du Boulgou
Le regroupement de ces mines est justifié par des similitudes aux
niveaux
géomorphologique, géologique et sur le plan des modes d'obtention du minerai.
La Province de la Bougouriba est au Sud-Ouest du Burkina Faso. Des mines de fer y
ont été étudiées autour des villages de Bamako, Dano, Koper, Kpaï et Mémère 28711 s'agit
presque partout d'exploitations de chapeaux de cuirasses plus ou moins démantelées, par
ramassage de cailloux et décapage, et dans quelques rares cas, par puits de mine.
A Bamako, le minerai est prélevé au sommet des buttes cuirassés qui forment une
couronne autour du village. A la surface, on observe d'énormes blocs individualisés. Le choix
du minerai reposait sur sa couleur, sa structure, sa brillance, sa dureté. Ainsi le bon minerai,
appelé cubiè (en birifor) doit être ocre, parcouru de nombreux sillons, briller comme s'il était
enduit d'huile, enfin, résistant au choc. L'observation de ces différentes caractéristiques se
faisait sur des blocs ou les nodules ramassés à la surface des collines. Ainsi les mines de
W Voir fig. 57.
268
Bamako sont des gisements de surface qui ne sont plus exploités de nos jours et dont le
repérage archéologique n'est possible que grâce à la tradition orale 288. La propriété et
l'exploitation des mines y est collective. Toutefois l'extraction du minerai était fonction des
besoins d'individus ou groupes d'individus qui faisaient alors appel à une forme d'entraide, le
Kuob, assez répandu dans la société birifor pour d'autres types d'activité telle l'agriculture.
Dans ce travail collectif, toutes les personnes (hommes, femmes, enfants) participaient en
fonction de leur force. Cette participation collective se retrouve ici à toutes les étapes de la
chaîne opératoire de la production du fer.
Au village de Koper, la mine est également un gisement à ciel ouvert sur une colline.
Celle-ci est à cinq Kilomètres du village, en direction de l'agglomération de Kprétéon. Ce relief
est jonché de gros blocs latéritiques qui sont concassés afin d'en extraire le minerai. Celui-ci est
composé des parties rougeâtres et noirâtres des blocs. Le mélange de ces deux éléments avec
un troisième appelé Guora et prélevé ailleurs, est indispensable à toute opération de
réduction 289.
Situé à sept kilomètres au Nord de Koper, le village de Kpaï compte deux mines. La
première, à trois kilomètres au Nord, se présente sous forme de grotte au sommet d'une
colline. Elle fut abandonnée, semble-t-il, à cause de la faible teneur en fer de son minerai. La
seconde mine est à proximité des habitations. Dans la vallée où s'étale le village, deux fosses
d'environ 10 m de diamètre et presque comblées sont désignées comme les lieux d'extraction.
Us auraient à leur tour été abandonnés il y a près de 100 ans à l'arrivée des blancs (les
Français) 290.
28B Celle-ci a été recueillie à Bamako auprés de Palenfo Kotounalé, 45 ans, agriculteW" ; DA Gbotonaté, la centaine,
forgeron, et DA Oungoulé, 55 ans, forgeron, le 29/12194. D'autres agriculteurs et forgerons assistaient à l'entretien,
enregistré par SOME Corentin.
2lI9 Ces infonnations proviennent de SOMOA François de Paul, 42 ans, forgeron; interviewé par Indiel SOME le 30101/94
àKoper
290 lnfonnations fournies par Raphael Kpiele SOMOA, 60 ans, Jacques SOME, 56 ans, Denis MEDA, 116 ans, tous
agriculteurs à Kaf. Interviewés par Indiel SOME les 31/12194, 2101195 et 411195.
269
Le village de Mémèrè est présenté dans toutes les traditions recueillies dans les
départements de Koper et de Dano, c'est-à-dire en milieu dagarll, comme le centre de
dispersion des métallurgistes de la région. Plusieurs mines relèvent de Mémèrè. La principale
est une colline qui se développe sur 3 Km entre Mognoupla et Toupouo, quartiers de Mémèrè.
Cette colline présente une surface plane sur laquelle reposent quelques gros blocs de latérite
ferrugineuse. On y observe également de vastes excavations aux formes diverses. L'importance
de leur nombre n'a pas permis un décompte précis. On peut les regrouper en plusieurs
ensembles d'environ 50 m2 et séparés les uns des autres de 25 à 50 mètres. A l'intérieur d'un
ensemble, la distance séparant les excavations est de un à deux mètres. Presqu'entièrement
comblées aujourd'hui, leur profondeur initiale aurait été de deux mètres et on descendait par
des marches d'escaliers. La mine est actuellement envahie par une abondante végétation qui
entrave son accès et son étude.
L'importance de cette mine témoigne de la vivacité de la métallurgie du fer locale et
plaide en faveur de la tradition qui fait de Mémèrè le centre de dispersion des métallurgistes
dagara. 291
A Mémèrè, nous avons recueilli les mêmes informations qu'à Koper, relatives au mode
d'exploitation collective des mines et les procédés de collecte du minerai par ramassage et
décapage. Cependant les excavations profondes de la colline peuvent être assimilées à des
mines profondes comparables à celles du Nord du Burkina.
Les informateurs de Dano, chef-lieu de la Province, situent à Yoba et à Bumbé les
mines qu'exploitaient les métallurgistes du village. Il s'agit de collines respectivement à 4 Km à
l'Ouest et à 4,5 Km au Sud-Est du centre de Dano.
291 Les infonnateurs de Mémère sont SOME KOlUIgmar, doyen des forgerons, KPOODA KPANIANE Nabulio, 72 ans,
forgeron. SOME Aniyonibè. 60 ans. agriculteur, SOME Indiolle 28112194.
270
Le minerai est appelé en Dagara zukur (Kur = roche, caillou et zure = fourneau) donc
littéralement « caillou du fourneau ». Des deux mines, celle de Bumbé était la plus réputée. Sa
description correspond à celles faites à Bamako ou Koper.
Les traditionnistes rapportent une technique d'extraction assez inusitée. Le seul outil de
travail était une roche verte très lourde appelée gbuisiel qu'on jetait sur le bloc cuirassé pour le
casser. En rebondissant le Gbuisiel pouvait blesser 292.
Dans cette province de la Bougouriba où les derniers métallurgistes sont birifor ou
dagara' une mine isolée a été reconnue au lieu-dit Legaboa, situé à trois kilomètres du village
de Nyémè. Selon les informations recueillies par Didier Somé, cette mine daterait de la
deuxième moitié du XVIIIe siècle 293.
Entendu sur 1 Km2 environ, au bord d'une rivière, le site de Legaboa est recouvert de
scories, de fragments, de céramiques et de puits circulaires presqu'entièrement bouchés. C'est
là que nous avons prélevé en 1990 deux chevellères en fer torsadé, une véritable merveille
technologique. 2IJ.4
Au bilan de la Province de la Bougouriba, on peut retenir que les chapeaux de cuirasse
et la carapace sous-jacente faisaient l'objet d'une exploitation par ramassage des débris de
décomposition, par décapage et par fonçage de puits verticaux aux sommets des reliefs ou sur
les pénéplaines indurées.
Henri Labouret est le premier à s'intéresser à l'industrie extractive des habitants de la
province du Poni, appelée communément ''pays lobi" où l'or et le fer ont jadis été exploités, le
métal précieux continuant à faire l'objet d'une recherche effrénée.
292 Infonnations rec:ueillies par Jolwma DABIRE ct Appolîna HIEN auprès de Tobbie HIEN, né vers 1898, et de Louis
HIEN né en 1920. Interview réalisé • Dano en Déc:embrc 1981.
m SOME Didier, 1990, la céramique traditionnelle chez les Pugu!i de Nyeme, p. 39
2l>l Ces deux objets ont accompagné l'exposition internationale sut les " va//éI!J du Niger» présentée à Paris, Bwnako,
Ouagadougou, Lagos, Niamey, Nouakchott et Conakry entre 1993 et 1996. Voir aussi fig.
271
Concernant le minerai de fer, Henri Labouret écrit: ilLe minerai est tiré du conglomérat
latéritique, non encore analysé, mais paraissant riche : 50 %. Extrait en blocs et fragmenté à la
massette en cubes de la grosseur d'un dé à coudre, il est réparti en petits tas à proximité du
fourneau 29511. La description de l'auteur correspond à un ramassage ou à un décapage de
surface. Il ne signale pas de fonçage de puits, ni ('existence de tranchées ou de galeries. Cette
insuffisance est liée à la rareté de mines nettement identifiables. Au cours de notre enquête,
seulement deux mines ont été présentées par les informateurs. L'une est à Legmoin, à l'Est de
Gaoua le chef-lieu de la province, et l'autre à Nako au Nord, la rapprochant ainsi des centres
métallurgiques de la Province de la Bougouriba.
Le village de Legmoin est perché sur une espèce de dos de baleine entouré de collines,
certaines birrimiennes, d'autres latéritiques. Legmoin signifie en birifor "[a hache", toponyme
qui renvoie à la métallurgie. La mine est située entre Legmoin et le village de Silom situé à l'Est
et considéré comme plus anciennement fondé. Elle occupe un terrain déprimé envahi par une
végétation dense, et fut exploitée par les métallurgistes des villages voisins de Silom, Bawan,
Zinkané, et Zoungour. Avec une pioche, la terre stérile était d'abord dégagée, puis la latérite
sous-jacente attaquée. Selon les informateurs 296, celle-ci est dure en surface (c'est la cuirasse)
et plus fiable en profondeur (la carapace). On extrayait le minerai dans la partie supérieure, la
cuirasse. C'est là qu'il y avait le bon minerai noir et brillant. Il se présente sous forme de blocs
individualisés semblables aux gros éléments des éboulis de pente. Les excavations ne
dépassaient pas 120 cm de profondeur. Le transport du minerai de la mine au lieu de réduction
incombait aux femmes.
29' LABOURET, II, 1931, Les tribllS du rameau lobi p. 67
296 Tanw SOME, 67 ans, cultivateur; Barthélémy SOME, 64 ans, catéchiste; Dassa DAH. 59 ans cultivateur. Etienne
DAH, 57 ans, cultivateur: tollS descendants de forxerons, interrogés les 26 et 27/12194 à Legmoin.
272
Le groupement des villages utilisateurs de la mine dans un rayon de moins de 5 Km
autour de Legmoin, lui a conféré un rayonnement limité auquel l'organisation politique et
sociale en unités très petites et très indépendantes, n'est pas étrangère.
Les mêmes réflexions peuvent être faites au sujet de la mine de Nako. Sur le plateau
latéritique qui domine le village à l'Est et dans la dépression qui lui fait suite et où s'étale la
localité de Korou, on rencontre de nombreux tas de scories de réduction de fer. Les rares
forgerons de la région, d'origine birifor, les attribuent à un ancien peuplement Dyan qui a migré
peu avant J'installation des Birifor il y a cinq générations 297. Les métallurgistes birifor qui ont
succédé aux Dyan auraient utilisé les scories comme minerais en les traitant à la forge. Les
informateurs birifor et lobi ignorent tous où le minerai était prélevé. Ils connaissent des puits
situés sur la colline appelée Tim et situé à 3 Km à l'Est de Nako. Lors de la visite du site au
cours de laquelle personne n'avait voulu nous accompagner parce qu'il est devenu un lieu sacré
où l'on ne doit pas monter, il nous a été donné de compter plusieurs dizaines de puits dans un
périmètre de 100 m sur 300 m. Ils mesurent 95 à 100 cm de diamètre à l'ouverture et plusieurs
sont encore profonds de 105 à 145 cm. Des amorces de galeries sont quelques fois visibles de
même que des encoches.
A l'évidence, cette mine, car c'en est vraisemblablement une, tout comme celle de
Legmoin, n'est pas l'oeuvre des populations vivant actuellement dans la région. Ceci offre un
champ d'investigation pour déterminer les vrais auteurs, et aider ainsi à une meilleure
compréhension de l'histoire du peuplement dans cette partie du Burkina Faso.
L'exploration du reste de la Province n'a pas indiqué d'autres emplacements
d'approvisionnement de minerais de fer. Aucune déduction sur leur inexistence ne peut être à
297 Cette version ne nous satisfait pas, d'abord parce que les Lobi de Nako la contestent et disent qu'en fait on ignore qui
étaient ces ferriers. Ensuite parce que les Dyan qu'on rencontre sw10ut dans la Bougouriba autour de Diébougou n'ont pas
de forgerons et se ravitaillent en produits ferreux auprès des Dagara. fi faudra chercher de ce côté ceux qui ont opéré les
réductions à Korou et à Nako, d'autant plus que toules leurs lIaditions les fait traverser la fleuve MouholUD en provenance
du Ghana au XIX" siècle. Les informations sur la mine de Nako ont été recueillies auprès de Dagnabé DA, 68 ans,
cultivateur-forgeron, Sonsolè DA, 64 ans, boucher et Ikalé KAMBOU, 61 ans, cultivateur, à Nako les 2 et 3/10/95.
273
priori établie sans des enquêtes plus approfondies. Selon les propos du forgeron gan de
Tanwoura, village situé à 6 Km au Nord-Ouest de Loropéni, d'autres mines ont existé mais
l'érosion les a comblées et il est difficile aujourd'hui de les reconnaître. Les minerais pourraient
par hypothèse provenir de la cuirasse conglomératique à galets de quartz ou de la carapace
ferrugineuse alvéolée, disponible dans toute la région. Le forgeron de Tanwoura a indiqué que
le minerai brut faisait l'objet de sélection des éléments noirs sans doute plus riches en fer 298.
Ces éléments sont susceptibles de provenir de la cuirasse conglomératique qui est composée
justement d'agrégats de nodules ferrugineux. La question est posée et reste à être élucidée.
La province du Nahouri à la frontière du Ghana présente avec sa voisine de la Sissili
des traditions métallurgiques assez semblables modelées vraisemblablement par la géographie
mais surtout par l'histoire des peuples qui les habitent dans un espace culturel appelé gurunsi.
On est tout aussi frappé par l'apparentement des techniques minières et de réduction.
Le minerai provient des buttes cuirassées, mais il est toujours prélevé par ramassage et
dans quelques rares cas par décapage dans des trous dont la profondeur ne dépassait pas les
genoux. Aucune vision spectaculaire de mine ne peut être faite comme à Noumoussoba dans la
Comoé ou à Béna dans la Kossi. On observe aussi un éloignement des mines qui restreint la
participation des femmes et des enfants à l'exploitation pour des raisons de sécurité. Pour les
métallurgistes, le bon minerai est un gravillon de couleur rouge ou noire. Il pouvait aussi se
présenter en petits blocs qu'il faut alors concasser au marteau. Tout fenier connaissait le
nuneraJ.
Le centre métallurgique de Tiakané exploitait de cette façon deux mines. Il y avait celle
de Tiapouga sur la route de Guiaro vers le Nord, et Kélé au Sud du village.
Les métallurgistes de Badongo (ou Adongo) avait une colline minéralisée dominant le
village et appelée Tambolo; mais ils préféraient de loin le minerai de Paga à la frontière du
291 ns'agit de Mayou FARMA, 62 ans, forgeron, entendu le 27nJ94.
274
Ghana ou celui de Naouri au voisinage du pic portant le même nom et qui culminant ici à 447
m.
Le centre métallurgique de Songo, aux pieds du pic se ravitaillait dans la même mine,
mais disposait en plus des collines de Sapina, Koungouné et Yadorné dans les environs.
Les métallurgistes de Tangasgo, Kampala et Tiébélé nous ont affirmé obtenir le minerai
dans les mêmes conditions que relatées plus haut 299.
Dans la province de la Sissili se rencontre une égale difficulté d'identifier les mines qui
marquent à peine le paysage après leur abandon. Les quelques trous que nous avons pu
observer sont semblables aux carrières où l'on prélève l'argile gravillonneuse
utilisée pour
damer le sol des cases. Les gros blocs jonchant les surfaces surélevées et provenant de la
désagrégation d'anciens chapeaux de cuirasse, ne semblent pas à priori indiquer l'emplacement
d'une mine. L'on doit pourtant aller souvent loin du village pour trouver le minerai.
Les gens de Boura exploitait une colline située en territoire ghanéen à 15 Km. Ce serait
après maintes recherches que les flancs de cette colline ont été retenus. Son minerai serait d'un
noir brillant et beaucoup plus lourd que celui des autres mines 300.
Selon Bapan Yaro 301, les ferriers de Li, Go, Diona et Tiessourou cherchaient le minerai
au même endroit à Li. Cette exploitation collective a abouti à une excavation de 40 mètres de
diamètre dont la profondeur initiale aurait été d'environ deux mètres. Des cavernes ont été
creusées sous la croûte latéritique.
Djike Kadio, 130 ans, a confirmé à Tiessourou les dires de ses compagnons
métallurgistes Bapan Yaro de Diona 302, et Gnigou Nignan de Li 303. Le dernier ajoute
qu'aucun homme ne pouvait extraire et transporter plus de neuf paniers par jour. A Bagonsié,
209 Enquêtes menées en Juillet·AoQt et Septembre 1984 auprès de: Anouga Gnonon à PÔ le 20/8184, Adimpoua GNONON
à Tiakané le 2118184 ; Mo1lSS8 BWE à Tiébélé le 14109/84, Abiga ADA à Koubongo le 15/09/84 et le vieux AGOURA à
Tiébélé le 13109/84.
JOO sil NAOULAI, 68 ans et SalifZALVET. 52 ans, interrogés par Ousmane YAGO à Bourale 1/9/83.
JOI Bapan YARO, 70 ans, agriculteur.forgeron interviewé à Diona le 17/8183. nest décédé en 1984
1O2 Djike KADIO, 130 ans, entendu à Tiessowou le 1818183
JO) Gnigou NIGNAN, 100 ans, agriculteur-forgeron entendu à Li le 16/8183.
275
cette quantité est ramenée à deux paniers 304, tandis que les métallurgistes de Fyin (ou Pien)
allaient chercher le bedori (minerai de fer) sur une colline à 20 Km de là en direction du village
de Konon. Malgré cette distance, les femmes accompagnaient les hommes pour assurer le
transport du minerai.305 Ce dernier témoignage atténue ceux qui écartaient les femmes et les
enfants des mines pour des raisons de sécurité. On peut considérer que la plupart des témoins
se référaient à la fin du XIX siècle, période pendant laquelle le Nahouri et la Sissili ont été le
théâtre de graves troubles provoqués par des aventuriers venus du Nord Ghana actuel : les
Zaberma (ou Zabarima ou Djerma).
Au demeurant, la référence ghanéenne est fréquente dans les témoignages relatifs à la
métallurgie lourde du fer dans le Nahouri et la Sissili, de la même manière que pour les
provinces de la Bougouriba et du Poni.
Les enquêtes conduites dans la Province du Boulgou n'ont pas permis de localiser de
façon précise les mines. Les traditions y affirment que celles-ci étaient à proximité des lieux de
réduction mais que le mode d'exploitation par ramassage de cailloux de surface ne laissait pas
de trace archéologique 306. Il faut donc considérer que chaque atelier de réduction reporté sur
la carte établi par Tobignaré Massimbo est accompagné d'une mine 307. Il s'est agi
vraisemblablement de ramassage de cailloux provenant du démantèlement de vieux chapeaux
cuirassés. TI est particulièrement intéressant d'observer que les lieux de réduction sont presque
tous localisés aux abords de cours d'eau : le Nakambe et le Nazinon, donc dans des zones
déprimées.
,.. Ayars BIYEN, 75 ans, entendu à Bagonsié le 1118183
JO, Salam NAMA, 95 ans agriculteur-forgeron, à Fyin le 14m83
J06 Nous avons visité les sites de réduction avec Tobignaré MASSIMBO qui a soutenu WI mémoire de maitrise sur la
métallurgie du fer dans la région, sans découvrir WIC seule mine. Voir aussi MASSIMBO T. 1991, la métallurgie ancienne
du fer dans la région de boussougou, p. 28-29.
YT7 Voir carte du fer dans Tobignaré MASSIMBO. 1991, p. 29.
276
Absences de grande mine, ramassage de cailloux de surface et décapage, faibles quantités de
minerai extrait, semblent être les caractéristiques principales des activités minières des
provinces du Sud et du Sud-Ouest.
Si l'on tente une synthèse nationale, l'exploitation de cuirasses sommitales/démantelées
et des carapaces sous-jacentes est prépondérante et semble indiquer les zones ou la métallurgie
lourde du fer s'est le plus développée comme au Yatenga, la région des lacs, la Comoé, la
Kossi et le Mouhoun. Les mines de plaine ont été préférées à l'Est, au Sud et au Sud-Ouest. La
géographie nous explique ces différences régionales qui se traduisent également par différents
modes d'exploitation liés aux types de minerai recherché. Ainsi le ramassage de surface semble
avoir été pratiqué sur des mines où la cuirasse connaissait une forte altération. Les blocs et/ou
les nodules riches en fer sont alors prélevés. Lorsque le niveau contenant du minerai n'est pas
très loin de la surface, on se contente d'un décapage qui apporte des produits semblables à
ceux du ramassage. On a procédé aussi par exploitation à ciel ouvert, car des puits de grands
diamètres et des excavations très larges ont été observés. Ces dernières ont été quelquefois
agrandies par ('effondrement de piliers soutenant les toits de galeries. Cependant, l'extraction
par puits verticaux est la forme dominante d'exploitation des mines. Cela suppose que le
minerai est à une certaine profondeur. Presque dans toutes les Provinces, les métallurgistes ont
utilisé des puits circulaires. Des puits rectangulaires ont été creusés dans l'Ouest, dans les
provinces de la Comoé, du Rouet, et du Kénédougou postérieurement aux puits circulaires.
Dans plusieurs régions, les puits étaient reliés entre eux par des galeries. Cela semble avoir été
plus fréquent lorsqu'il s'est agi de puits circulaires. La circulation entre la surface et le fond des
277
puits était assurée par des encoches, des crans ou des spirales aménagés dans les parois. On
peut même observer des marches d'escaliers à Sébèrè et à Tissi dans le Sourou. Dans le
Gounna et la Tapoa les puits ne portaient aucun de ces aménagements et les infonnateurs
affinnent que l'on y descendait en se faisant la courte échelle.
Enfin, en ce qui concerne l'appropriation et les conditions d'exploitation des mines, on
observe sur l'ensemble du pays une liberté d'accès que les distances et l'insécurité atténuaient
dans certaines régions. L'exploitation pouvait se faire en fonction des besoins individuels,
l'individu étant très souvent la famille du métallurgiste ou d'un groupe de gens dont des non-
forgerons, mobilisés circonstanciellement pour extraire le maximum de minerai pour une
campagne de réduction. Les femmes et les enfants sont quelquefois associés au travail. Ils
s'occupent alors du transport. Cependant, pour satisfaire un petit besoin, le fenier peut recourir
à sa femme pour l'aider à remonter le minerai du puits. Une femme a même été à l'origine de la
découverte d'une mine importante, celle de Népoen (Napouan) dans le Sanguié.
Les vestiges de la métallurgie lourde du fer sont réellement nombreux au Burkina Faso.
Le travail sur les mines a permis de passer en revue les différentes stratégies mises en place par
les anciens pour s'approvisionner en matière première. Celles-ci ont varié dans le temps, quand
on voit que du puits circulaire, les métallurgistes de l'Ouest sont passés aux puits
rectangulaires, et dans l'espace, si on se réfère aux multiples techniques d'extraction en rapport
avec la géologie ou le modelé du relief. Tout cela témoigne du fait que les anciens avaient une
bonne maîtrise de leurs techniques et des conditions dans lesquelles elles pouvaient être
pratiquées. Cela se vérifie judicieusement au niveau des techniques de prospection.
278
CHAPITRE IV - LA PROSPECTION
La prospection constitue en quelque sorte la première étape de la longue procédure
aboutissant à la production de fer-métal. Elle est la phase de recherche du minerai. Elle peut se
définir comme l'ensemble des méthodes, des techniques et procédés employés pour repérer les
gisements de fer. Ceux-ci se ramènent aux pratiques suivantes:
• utilisations de moyens occultes ;
• observation du poids et de la couleur des concrétions ferrugineuses qu'on trouve à la surface
du sol; avec une masse ou un marteau on peut les casser pour améliorer l'observation;
•
observation des vapeurs émises par le sol, suite à un refroidissement rapide;
• guidage par les plantes indicatrices des gisements de fer ;
• utilisation d'un fer de prospection, une longue tige métallique pouvant atteindre six mètres
de longueur avec une section circulaire d'environ 10 mm de diamètre;
•
le rôle du hasard, considéré comme une intervention divine.
IV.I. Les procédés occultes
Les procédés occultes sont employés un peu partout. Cependant on n'y recourt
généralement qu'après l'échec des autres modes habituels de prospection. C'est ainsi qu'à Ralo
dans le Boulkiemdé, les métallurgistes consultaient les Kinkirsi, sortes de génies, qui
commandaient des sacrifices permettant de voir où se trouve le fer. Les ferriers considèrent les
éléments de la nature comme possédant un esprit qui peut intervenir dans la vie des hommes ou
être la résidence de leur propre esprit. De cette conception, il résulte que le fer possède une
vie, qu'il peut parler comme un homme, bouger et réagir à tout. C'est pourquoi il faut presque
toujours se concilier les bonnes grâces de ce prodige avant toute exploitation d'un gisement m.
Dans le même village, on prospecte aussi par soupesage des cailloux et observation de leur
couleur 326.
m KIENOU, T.H, 1990, L'exploitation ttaditionnelle du fer à RaiD, p63-64
)26 NIKIEMA Soakba. 80 ans, métallUJgiste, RaID le 13 108 183
279
L'inspiration et la révélation divine sont aussi le mode opératoire pour la prospection à
Loaga dans le Bulkiemdé 327. On observe, au demeurant, que le recours à Dieu et aux pratiques
divinatoires pour reconnaître un gîte de fer est assez généralisé dans les régions du centre et du
sud du Burkina, là où ont été enregistrées les plus faibles productions de fer. Malgré
l'intervention divine, la tradition rapporte qu'on pouvait creuser sans rien rapporter ou tomber
sur du minerai qui donnait très peu de fer 328.
IV.2. L'observation directe des cailloux
L'observation du poids et de la couleur des cailloux de surface est la méthode la plus
courante de prospection pour le fer. On procède de la sorte sur les collines et aux pieds de
celles-ci. Cela exige du prospecteur une grande expérience, mais aussi de la chance comme le
précise Tiraogo Kaboré de Kolokandé, province du Boulkiemdé 329 . Pour Bapan Yaro de
Diona dans la Sissili, les anciens avaient une vue perçante qui leur permettait la nuit de déceler
les pierres qui brillent. Us marquaient l'emplacement d'un signe recouvert de feuilles d'arbre et
revenaient le lendemain pour l'exploiter 330.
Le prospecteur averti qui opère seul ou en groupe, recherche des cailloux lourds et
noirs qu'il sait reconnaître en les soupesant, en les cassant, ou en les cognant simplement les
uns aux autres. Les étincelles émises constituent un signe qui ne trompe pas. C'est pourquoi
Claude Francis-Boeuf a pu écrire que la recherche en surface est caractérisée par le fait que
"les forgerons se rendent sur les lieux où ils croient trouver un minerai à forte teneur, et là, ils
ramassent les cailloux qu'ils soupèsent. Cette estimation à la main vaut pour eux toutes les
analyses de laboratoire" 331.
)17 NIKIEMA Wango, 80 ans, métallurgiste, Loaga le 1710811983
)28 ZALVET Salif, 52 ans, métallurgiste et NADIE Ibrahim, 89 ans, chef de canton, à Boura le 1/09/83
)29 KABORE Tiraogo, 67 ans, forgeron-(;ultivateur, à Kolokandé le 12107183
))0 YARD Bapan, 70 ans, forgeron-(;u1tivaleur, à Diona le 1718183
))1 FRANCrs-BDEUF,C, 1937," L'industrie autochtone du fer en AOF, pAil
280
IV.3. Les procédés par la variation de température
Les moments de brusque variation de température du sol sont aussi mis à profit par les
métallurgistes pour découvrir des gisements de fer. Dans toutes les traditions recueillies au
Yatenga et dans la région des lacs, il est mentionné qu'une fumée s'élève des montagnes
contenant du fer, après chaque pluie d'hivernage. Une simple observation à distance permet
donc de localiser l'endroit de la colline qu'il faut exploiter.
Dans les mêmes régions, au moment des fortes chaleurs, les prospecteurs avertis savaient que
les brûlures sont plus vives si l'on marche pieds nus aux endroits minéralisés en fer.
L'observation de vapeurs émises par le sol ne se fait pas seulement qu'en montagne. La
tradition de Ralo reconnai"t que lorsque le sol est fendillé et qu'il se trouve du fer en-dessous,
une vapeur s'élève aux premières pluies d'hivernage. C'est une fumée qui ressemblerait à celle
de la potasse 332.
Il s'agit là-encore de rayonnement émanant du métal et consécutif au refroidissement
rapide provoqué par les eaux de pluies après que le sol ait emmagasiné beaucoup de chaleur
pendant la raison sèche. C'est ce que reconnaît également Yamba Zongo du quartier PaoJogo
de Koudougou qui nous informe que le fer a la propriété de faire des fissures dans le sol et
d'absorber l'eau comme l'or et le Kaolin. Après que le fer ait bu l'eau, les fissures se referment
mais auparavant, une vapeur se dégage du sol 333.
Dans la province du Sanguié, c'est tôt le matin ou le soir, aux heures fraîches qu'il faut
rechercher le fer. En effet, ce métal et les génies seraient les seuls à pouvoir faire s'élever
naturellement de la vapeur au-dessus du sol. Seuls les métallurgistes avertis savent faire la
différence entre les vapeurs provoquées par les génies et celles indiquant la présence de fer 334.
332 NIKIEMA Soakba, 80 ans, métallurgiste, Ralo le 1318183
J33 Yamba ZONGO, 87 ans, métallurgiste, Paologo le 30/12181
JJ,t Bali BASSANE, métallurgiste, interviewé à Didyr le 13n183 et Boulwy KINDA, 80 ans, métallurgiste, à Réa le
14n183
281
Tableau N°S - LES ARBRES TEMOINS POUR LA PROSPECTION
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-.......... ia ........
IV.4. Le guidage par les plantes
Le guidage par des plantes révélatrices de la présence du fer est une pratique également
observée au centre et au Nord du pays, des régions relativement sèches, même avant l'avancée
du Sahel ces dernières décennies. Les infonnateurs de Pabré et de Ralo ont insisté sur la
couleur rouge de la végétation qui pousse sur les gisements. Il s'agit généralement d'herbes
rousses et d'arbustes rouges. L'enquête n'a pas toujours pemùs d'identifier de façon précise les
essences végétales concernées. Le tableau ci-dessous résume l'état de J'infonnation sur la
question. Cependant cette pratique est attesté ailleurs à Madagascar où Chantal Radimilahy
écrit que la végétation prend une couleur rougeâtre lorsqu'elle se trouve au-dessus d'un
gisement de fer 335. C'est ce que rapporte également Béatrice Appia-Dabit au sujet des mines
du Fouta-Djalon en Guinée 3345.
ID RADIMILAHY, CH, 1983, « Métallurgie traditiO!Ulelle du fer à Madagascar p.l
Dt APPIA.DABIT, B, 1%5, « Les fouerons du Fouta-Djalon », p.329-335.
282
IV.S. Le fer de prospection
L'utilisation d'un fer de prospection a été une des grandes révélations de nos enquêtes.
Aussi, dès 1983 nous avons porté cette information à la connaissance du monde scientifique 337
Cette méthode n'est attestée que dans l'Ouest du Burkina, dans les provinces de la Comoé, du
Houet, du Kénédougou, de la Kossi et du Mouhoun, soit une zone embrassant deux provinces
métallurgiques, l'une contrôlée par des mumu originaires du Mandé, et l'autre liée aux Kaani du
Bwamu 338. L'opération s'effectue en hivernage, quand la terre est bien imbibée d'eau. Dans
tous les cas, la veille de la prospection, le mineur creuse un petit trou dans le sol et le remplit
d'eau. Le lendemain matin, le fer de prospection est enfoncé verticalement dans le sol par ce
trou, coincé entre deux orteils, par des mouvements de haut en bas. Des additions d'eau sont
possibles pour faire progresser la descente de la tige de fer. Lorsque celle-ci atteint le minerai,
elle émet un bruit caractéristique et des vibrations que le prospecteur intercepte par l'ouïe et
par les mains. Le fer de prospection est alors retirée et l'endroit matérialisée par un piquet en
bois, en attendant son exploitation. On peut raisonnablement se demander si des phénomènes,
par exemple de magnétisme, n'étaient pas également ressentis par le prospecteur. Au cours de
nos recherches, plusieurs fers de prospection nous ont été montrés, mais les propriétaires ne
voulaient pas s'en dessaisir quelque soit le prix proposé. Un seul exemplaire, acquis par la
Direction du Patrimoine Culturel, est en dépôt au Musée provincial du Houet à Bobo
Dioulasso. Nous avons pu cependant les photographier et les toucher parce qu'étant nous-
même forgeron d'origine 339. Ces tiges de fer ont une section circulaire d'un diamètre compris
entre 10 et 15 mm. Les plus courtes ont trois mètres comme à La, Lahirasso et Kiênê. Un
martelage astucieux a supprimé les rugosités qu'on s'apprête à trouver sur une pièce métallique
m KIETIŒGA, J.B, 1981, (C La carte du fer en Haute Volta", p.84
3)1 Nous développons plus loin les différentes origines des métallurgistes connus qui ont exercé au Burkina Faso. Dans les
provinc:es du Comoé, du Houet et du Kénédougou, ils seraient originaires de Mandé et sont désillllés par le terme !!!!!Dl!...OU
~ Dans la Kossi elle Mouhoun, on emploie deux expressions différentes, l'une Kani pour les sidérurgistes, et l'autre
Kiro pour les forgerons.
NVoir fig. 92, 93 et 94.
283
non coulée. L'une des extrémités, celle qui s'enfonce dans le sol, est en pointe ou retroussée,
tandis que l'autre pénètre dans un manche en bois dont on peut se demander l'utilité pour la
manipulation d'objets dépassant la taille de l'homme. De plus, les fers de prospection avaient
vraisemblablement d'autres usages comme l'atteste ce témoignage reçu à Paradé par le Docteur
Jean Cremer. Selon les anciens, le fer long de Paradé que nous avons tenté de photographier en
Août 1993, serait en fait un sope c'est-à-dire un fétiche enfoncé dans le sol. Il est utilisé lors
d'ordalies pour découvrir des empoisonneurs. Il est alors transporté chez les forgerons de
Dédougou qui le chauffent, le pique dans la poitrine d'une poule noire, puis le plonge dans un
vase plein d'eau. Celle-ci est donnée à boire aux gens soupçonnés d'être des empoisonneurs.
Une diarrhée est sensée percer les entrailles du coupable 340.
Cette autre fonction du fer de prospection pourrait expliquer sa dimension
exceptionnelle à Paradé, où elle dépasse cinq mètres.
Dans l'espace culturel des Numu, le fer de prospection s'appelle Kan. Les Bwaba le
désignent par le met Hantoboni dans le Mukiho (région de Dédougou) et le Kyiho (région
de Ouarkoye) et par Kokoanu en Koanni dans le Pwemu (région de Solenzo et Béna) sur la
rive gauche du Mouhoun. Le fer de prospection ne s'emploie que pour découvrir des gisements
de plaine. Dans l'Ouest du Burkina, le minerai de montagne est toujours reconnu grâce à
l'observation de la couleur et du poids des cailloux de surface. Presque toutes les traditions
invoquent l'assistance de Dieu dans la découverte des gisements de fer. Elle reconnaissent ainsi
de fait l'intervention du hasard comme ce fut le cas à Ncfpouen (Napouan) dans le Sanguié où
c'est une femme qui découvrit une mine extraordinairement riche, en creusant un puits pour
arroser son jardin de tabac 341
l40 CREMER, J, 1927, Matériaux d'ethnognphie et de linguistique soudanaise, t IV, p.193
l'I BAZONGO Sessono, forgeron, interrogé à Sémaga le 14/08183
284
Fig. 92: Kan: fer de prospection
A - Kiene CHouet) :
B - Moussodougou (Comoé) :
:
Photo Kiéthega 83
Photo Kiélhega 95
83
285
Fig. 93 : Hantoboni : fcr de prospection
A - Kosso [Mouhoun)
B ~ Lahirasso (Kossil
Photo Kiéthega 94
Photo Kiéthega 87
286
Fig. 93: Hantoboni : fer de prospection (suite)
c - Paradé <Mouhoun). Photo
COUUBALYI e- 93
D - La (Mouhoun) - Photo Kiéthéga 83.
288
CHAPITRE V • LE MINERAI
On considère généralement comme empiriques les méthodes de travail des anciens
métallurgistes. Pourtant, celles-ci leur pennettaient de sérier les minerais et de sélectionner au
besoin ceux qui donnent le bon acier (fer dur) nécessaire pour la fabrication d'articles exigeants
en résistance et en dureté tels les haches,
les sabres, les rasoirs. Les minerais de qualité
inférieure étaient réservés à la production du fer (fer doux) des houes, couteaux, pointes de
flèches, etc... On observe ainsi des comportements et des choix semblables entre métallurgistes
de la même aire culturelle, exploitant les mêmes types de gîtes ferrugineux à travers des
procédés similaires.
V.l. Le minerai, vu par les anciens métallurgistes
Dans les civilisations du Sud-Ouest du Burkina où les métallurgistes étaient birifor,
dagara ou lobi, le bon minerai doit être de couleur rouge-ôcre ou noirâtre, parcouru de
nombreuses veinules, briller comme s'il était enduit d'huile, enfin résister aux chocs342. Les
Dagara ajoutaient un fondant appelé "guora" prélevé dans les dépressions au "cubiè", le bon
nuneral.
Les métallurgistes sanll, du Sourou identifiaient trois types de minerai :
- le "djeki", friable et de couleur noire;
-le "djewassarll, de couleur rouge, moyennement résistant et se débitant en petits
blocs;
- le "djegnini", très résistant, se présentant en blocs brillants de couleur rouge. Ce
dernier était le plus recherché car il donnait le meilleur fer43
~ Les Dagara l'appeUent cubiè quant aux Birifor. ils ne possèdent pas de terme spécifique même s'ils décrivent de la
même façon le bon nùDerai. Les mots Kubiguir et Dan!cubi leur servent à désigner tout nùDerai.
>Il Tirilè SOUABA. 65 ans. forgeron-agriculteur. Toungaré le 26 m83
289
Dans le Bwamu les mines de Kosso où convergeaient des métallurgistes de plusieurs
villages de la rive droite du Mouhoun, deux mines livraient deux types de minerai. Le meilleur,
"Kagnan" ou "Kangnan", était extrait à la mine Kangnanboré dont il a déjà été question. La
tradition soutient que son fer était le meilleur de la région et que des forgerons moosé venaient
se le procurer pour le transformer chez eux. Elle ajoute que la loupe issue du Kangnan présente
des aspérités longues de 3 à 7 cm qui se formaient du même côté du bloc de fer. Elles étaient
détachées et offertes aux enfants pour les récompenser de leur participation au transport du
minerai et pour leur permettre d'apprendre à forger.
Le second minerai provenait de la mine de Kangnanboré dont il porte d'ailleurs le nom.
C'était un minerai commun.
Dans l'aire culturelle des Numu 344 correspondant aux provinces de la Comoé, du Houet
et du Kénédougou, on distingue également deux types de minerai. Par exemple à
Moussodougou dans la Comoé, le minerai de montage, de couleur noire est appelé "Djekwara"
et celui de plaine, de couleur rouge "Kwara". Cette distinction n'implique cependant pas une
préférence de l'un par rapport à l'autre. Ces termes sont par contre à rapprocher de ceux
utilisés par les Sana du Sourou dont l'origine mandé est connue de tous.
A Toussiana (Houet) on est par contre catégorique quant à la différence de qualité
entre les deux minerais. L'un donne du fer dur pour les haches, l'autre, du fer doux pour les
dahas. Les deux minerais ne peuvent provenir de la même mine. Celui qui donne du fer dur est
rare 34'.
Bièko Koné et Dramane Coulibaly de Kogbé (Houet) désignent par "Pafia" (caillou
blanc), le minerai extrait dans les dépressions. Il serait plus blanchâtre. Sa reconnaissance exige
un fer de prospection. "Guingpa", (caillou de montagne) est rouge 346. Mais Samblatié
)44
Nwnuw ou Numu = tenne générique pour désigner le forgeron dans l'espace culturel mandé. Les forgerons et
métallurgistes de cette origine ont cooscrvé leur langue dans tous les villages où ils ont essaimé, se distinguant ainsi des
~pulations au sein desquelles ils vivent.
'Kinké BARRO, à Toussiaua le 28f7/83.
l'" Bieko KONE et Dramane COULIBALy à Bogbé le 1/8/83.
290
Coulibaly de Péni (Houet) emploie "par" pour le minerai de montagne comme celui qui était
extrait à Sansanmatoura et "Saarpa", le minerai de plaine semblable à celui de Kiènè dont la
couleur serait jaunâtre 347. ]] est soutenu par les forgerons Konaté de Sansanmatoura qui nous
révèlent que "Saarpa" vient de "Sa-Kpa" : plaine et "Par" de "Kpa" = colline 348. Le "par"
donne du fer dur (miéko) tandis que du "Saarpa" on obtient un fer mou (miéfë).
Pour l'ensemble de l'espace culturel !ll!!!!Y du Burkina Faso, le bon minerai viendrait des
montagnes et aurait une couleur plus foncée que le minerai commun extrait des dépressions.
Cependant, il n'est pas certain que les deux types de minerai n'aient pas été présents à la même
mme.
La même incertaine demeure lorsqu'on analyse les propos des traditionnistes nuna
(Iyela) du Sanguié qui reconnaissent la qualité du minerai de Népoen, une mine de plaine et de
Béchikorépou, une mine de montagne, par rapport à toutes les autres de la région. Que
signifierait alors "bon minerai", et "minerai commun" ? Serait-ce une évaluation de la teneur ou
une qualité liée à la composition chimique de la roche ? Sur le terrain, nous n'avons pas
toujours eu la précaution d'en faire la distinction, pensant que les analyses en laboratoire
fourniraient les réponses à ses interrogations.
Ailleurs, dans le reste de l'aire culturelle improprement appelée gurunsi 349 , le minerai
était certes extrait sur des collines comme dans des dépressions, mais il ne donnait qu'un même
type de fer. TI y avait des mines réputées comme Kélé et Nahouri, mais le même minerai en
était extrait, dont la réduction donnait le fer des haches, des dabas et de tous les articles dont
on avait besoin 350. Dès lors il faudrait traduire "bon minerai" par minerai riche en fer.
)(1 Samblaté COULIBALy à Péni le 04/05/94.
3C Les forgerons KONATE réunis à Sansanmatoura le 5/5/94.
l4!I Les Gurunsi IlISSeIIIblent IUle dizaine de groupes répartis au Burkina Faso et au Ghana. Les plus connus sont les
Kassena, les NIIIIII, les Lyéla, les Sissala et les Nankana. Cependant, auclUl des groupes n'acceptent l'appellation Gurunsi
~ serait IUle expression péjorative mooré.
Les forgerons GNONON. à Tiakané le 418183. Les enquêtes dans la Sissili ont abouti aux mêmes observations.
291
Dans l'espace culturel gulmancemll, correspondant aux provinces du Gourma, de la
Gnagna et de la Tapoa, les métallurgistes distinguaient aussi les mines en terme de riches ou
pauvres. Celles qui étaient riches attiraient beaucoup de gens, et l'exploitation se faisait par
puits. Les mines pauvres ne connaissaient qu'un ramassage de surface ou un décapage
superficiel. Le minerai de fer était le même partout et on le distinguait des autres substances
métallifères. Par exemple à Diapangou dans le Gourma, "Tonmonli" est le minerai qui, au feu,
donne le cuivre utilisé en bijouterie pour fabriquer les bracelets et les bagues. L'échantillon qui
nous a été présenté n'évoque pas du tout la malachite que nous avons découverte à Gongondy
dans le Poni et qui est de couleur bleue. Cette roche peut être confondue avec un oxyde de
fer m. Le "Toupienga", une sorte de granite blanc, donnerait à la réduction "tikoudipienga" de
couleur couleur-or, utilisé aussi en bijouterie. Il s'agirait d'un autre minerai de cuivre que nous
avons soumis comme le précédent à l'analyse géochimique. C'est le "tonbongou", roche
granitique contenant beaucoup de points noirs visibles à l'oeil nu, qui donne le fer utilisé pour
la fabrication des haches, houes, faucilles, couteau etc. m.
C'est sans doute dans l'espace moaagll, et principalement dans la région des lacs autour
de Kaya et Kongoussi et au Yatenga que la perspicacité et la science des femers se sont
développées le mieux, en matière d'identification et de connaissance des propriétés des roches
employées dans les opérations de réduction. On recense dans cette zone et au Yatenga les
termes suivants qui s'appliquent aux minerais ou aux fondants.
Les métallurgistes du Yatenga affirment que le minerai de Sananga n'a pas son pareil
dans la région. On l'appelle Kug-sablé (pierre noire) et elle provient de la colline Kug-keems-
tanga (la montagne de fer dur). Le gîte, constitué par une petite élévation se distingue en effet
des autres modelés par son aspect sombre. Le Kug-sablé serait constitué d'apports d'oxydes de
fer (Fe2 0 3) et de manganèse. Aucune détermination précise des teneurs n'a été faite en raison
351 L'échantillon a été soumis au laboratoire de géochimie de l'Université de Ouagadougou. Les résultais reslant attendus.
m Diefula DAYAMBA et Noago DAYAMBA à Diapangou le 29/3/87 puis en janvier 1995.
292
de difficultés de procédures et du coût des analyses géochimiques au moment de l'enquête en
1985_86 353
Les mots Koa ou Kookuga (en mooré) désignent le minerai donnant le fer dur des
haches. Le minerai commun s'appelle Yanga. Il brille comme ['antimoine. Cette propriété est
reconnue par tous les métallurgistes du Burkina à un minerai de bonne qualité. Cela signifierait
que le minerai commun de l'espace culturel moaaga correspondrait au "minerai riche" ou "bon
minerai" des autres régions. Les analyses qui ont été faites ne le démontrent pas. Il faut plutôt
considérer que devant une nature qui offrait beaucoup de possibilités en minerai, les anciens
ont négligé les plus pauvres et ceux dont les propriétés physico-chimiques ne leur
garantissaient pas le type de métal souhaité. Le Yanga pourrait correspondre à une association
de magnétite et de goethite.
Le vocabulaire est plus varié pour désigner les fondants. Certains d'entre eux sont des
minerais quelquefois riches en fer et d'autres des résidus de réduction.
Par exemple le Siidiga et le bagsaonré (foie de chien) sont en réalité des oxydes de fer,
des produits d'altération de chapeaux cuirassés. Les anciens creusaient des trous dans les
dépressions et aux pieds des buttes pour en obtenir. Il fallait même tamiser les argiles bariolées
pour recueillir surtout ce qu'on appelle siidigll, de teinte noire et de faible densité. Le bagsaonré
se rencontre sous forme de galets dans la cuirasse ou de débris dérivés. Il est caractérisé par sa
teinte rouge violacée (d'où l'appellation foie de chien), sa texture massive homogène. Sa
composition minéralogique serait dominée par des oxydes de fer : hématite et geothite. Cette
dernière forme des nids de veinules dans le minerai massif Le quartz y est sporadiquement
présent, de même que le manganèse dans une structure dendritique. Le bagsaonré pourrait
dériver de la ferruginisation de galets de laves basiques 354.
m SAMIOUMA Isaaka, 1990, la métallurgie ancienne du fer dans la région de Koumbri, p.91.92
1S< WENMENGA Urbain, rapport de mission du 14112194
293
"Rudum" est le tenne employé pour caractériser un autre fondant qui est en réalité le
ciment intergalets de bauxite et de cuirasse ferrugineuse. Sa couleur est rouge foncée et elle se
présente avec une densité relativement élevée, une porosité développée et une texture alvéolée.
"Guindgo" (le mélange) est fonné des aspérités de la loupe de fer. Elles sont détachées
et remises dans le fourneau, mélangées au minerai. Elles ne donneraient pas de fer.
"Kugkom" (l'eau de la pierre) est un tenne assez général qui s'applique à tous les
fondants.
Il reste posé le problème de l'utilisation du bagsaonré, du siidiga et du rudum comme
fondants, car tous trois contiennent du fer dans des proportions élevées comme le montrent les
analyses géochimiques m. Au demeurant, en interrogeant les laboratoires, on reste surpris par
la réalité des appréciations "riche", "pauvre", "bon" appliquées aux minerais par la tradition
orale.
V.2. Les résultats analytiques de minerais
Les opportunités de soumettre des échantillons de minerai de fer à des analyses
géochimiques et par diffiaction ont été rares. Elles ne se sont réellement présentées qu'à partir
de 1993 avec le lancement du programme CAMPUS sur l'histoire du fer au Burkina Faso. La
présence dans l'équipe que nous dirigions, d'un géographe et d'un géologue, fut à l'origine du
développement de nos investigations dans le domaine des mines 3S6.
Les analyses ponctuelles réalisées auparavant étaient si limitées qu'il était hasardeux
d'en faire une exploitation. Le tableau qui suit, synthèse de tous les résultats obtenus porte sur
85 échantillons de minerais, en provenance de 14 Provinces dont certaines réputées pour leur
production de fer comme le Yatenga, le Sourou, le Mouhoun, la Kossi, la Comoé, le
m Voir Tableaux UO 6, 7, 8 et 9 et les annexes.
),. ns'agit de Dya SANOU, Maitre Assistant de géomorphologie el de Urbain WENMENGA, Maitre Assistant de géologie.
Nous leur sommes redevable de l'essentiel des analyses scientifiques relatives aux mines et aux minerais.
294
Sanmatenga et le Sanguié. Les autres avaient des métallurgies peu considérés m . Les
échantillons ont été prélevés sur des tas abandonnés par les anciens. Cela leur procure un
caractère d'authenticité mais ne permet plus de situer très exactement le contexte
stratigraphique de chaque minerai. C'est seulement par la tradition orale que nous savons qu'il
s'agit de minerai de montagne ou de minerai de plaine. Il manque donc des indications relatives
à des prélèvements dans les cuirasses ou dans les carapaces. Seules les profondeurs atteintes
par les mines induisent de telles reconnaissances. TI est pourtant essentiel de vérifier la tradition
orale sur l'appréciation de la qualité du minerai (bon, riche, pauvre...), sur la préférence du
minerai de montagne par rapport au minerai de plaine. En effet, sur 170 mines étudiées, 107
sont des exploitations de buttes et la tradition les identifie comme des mines de montagne m.
Du point de vue scientifique, il serait également important d'expliquer pourquoi les anciens
investissaient tant de temps et d'énergie pour foncer des puits et des galeries afin d'extraire un
minerai qui ne pouvait que se trouver dans la carapace sous-jacente que chacun sait plus
pauvre en fer que la cuirasse supérieure. Partaient-ils alors à la recherche d'un minerai plus
riche en fer ou de composition minéralogique offrant une plus grande facilité de réduction
(nous pensons aux minerais autofondants) ou un métal de meilleure qualité (la présence de
manganèse dans le minerai diminue par exemple les effets de la corrosion du métal).
J57 Voit fig. 70.
". Voir Tableau N°
295
TABLEAU N° 6: RESULTATS D'ANALYSES GEOCHIMIQUES DE MINERAIS DE FER
AU BURKINA FASO
PROVENANCE
N°
F.,o,
Al,o,
Si 0,
C
S
Ca
MaO
MnO
Cu
Zn
K
N.
m'li.
m'li.
m%
m'li.
m%
en~.
mPPM
mPPM
mPPM
mPPM
mPPM
mPPM
KANKALAIlAICOMOE
S
45,04
N.M
N.M
N.M
N.M
NM
N.M
554
N.M
NM
NM
N.M
,
,
,
KANKALABOUOOUICOMOE
S
31,69
51
,
NOUMOUSSOBAICOMOE
134
36,62
N.M
,
,
,
115
14.34
,
,
136
3',24
,
117
40,65
,
III
44,1l
,
119
37,14
,
,
,
K1ENWIlOUET
S
53,59
221
,
KOGBElHOUET
6
2
54
276
,
KOUROUKAN TIHOUET
S
51,01
N.M
132
KOUROUKAN TIHOUET
S
49,23
13,37
1\\,4
NM
SIANIHOUET
1
52
2
54
BENAIKOSSI
26
45,5
.0
III
KOUKA/KOSS1
1
44,5
1\\0
170
,
LAHlRASSOIKOSSI
S
59,11
267
GANAIKOSSI
35
11,5
390
510
KOSSOIMOUHOUN
S
33,9
437
27
53
13
Sil
21
41
142
236
SARAIMOUHOUN
30
37,5
115
400
BONSVENEGAISOUROU
23
29,5
N.M
N.M
NM
NM
NM
253
666
DIOISOUROU
22
40,5
65
106
OUROISOUROU
21
51
1160
510
S
51.59
51
,
TOUGAN/SOUROU
S
41,9
2226
,
TOUNGAREISOUROU
S
63,5
13,37
Il,4
NM
,
24
42
N.M
NM
10
106
,
LEGMOINIPONI
29
21,5
307
420
,
NAKOIPONl
31
25,5
53
356
,
BAMAKOIBOUOOURIBA
13
31
16
1160
KOPERIBOUGOURIBA
32
25,5
53
356
MEMEREillOUOOURIBA
33
26,5
309
510
,
SONGOINAHOU1U
S
19.41
NM
4413
DASSAISANGUIE
25
36
110
165
,
DASSAISANGUIE
S
39,52
23,61
19,11
N.M
NM
NEPOENISANGUIE
S
66,35
N.M
NM
326
NEPOEN/SANGUIE
S
71,17
31
261
REOISANGUIE
4
51
NM
12
BAOONSIElSISSIT.1
S
26.91
113
296
,
,
SAMBIOGOIBOULKIEMDE
S
42,7
m3
KOUGRIBOODOlOUBRfŒNGA
S
53,23
164
S
16,4
N.M
N.M
N.M
N.M
N.M
N.M
25
18
,
,
,
,
S
36,29
695
NM
,
,
,
BANGSOMAISANMAlENGA
B&3
4,6
12
N.M
BlI4
30,1
93
1000
,
BaS
47,1
Ils
905
,
,
Ba6
36,3
42
960
Bal
30,6
10
SIO
BANGSOMAISANMAlENGA
9
n
,
95
9200
,
,
,
10
32
100
371
10
40,3
19
690
,
1\\
46
19
418
,
,
1\\
31,9
31
400
12
32
22
1014
,
13
32,2
36
97
WIDI-SAMBAISANMAlENOA
WSI
19,7
SI7
461
WIDI-SAMBA/SANMAlENGA
7
52,5
5S
100
1
32
40
171
OARBAISANMAlENOA
S
42,12
21,79
17,41
N.M
NM
BOOOYA/YAlENOA
S
36,37
N.M
N.M
309
OOURCyrrAlENOA
s
43,17
1\\0
KlNDIBA/YAlENGA
34
43
60
130
,
KOUMBRJIYAlENOA
S
32,09
N.M
320
,
NOOOIYAlENOA
S
31,02
61
,
NOMEPOUGAIYAlENGA
S
26,72
369
RONGA/YAlENOA
5
31,5
1900
75
,
SOIYAlENOA
S
41,32
NM
5516
TANSALGOIYAlENOA
S
55,64
lUI
9,34
N.M
T1TAOIYAlENGA
S
63,03
N.M
N.M
166
,
TOUOOU/YAlENTA
2
37
72
270
YALKAIYAlENGA
S
42,26
72
30
GAYERlIOOIJRMA
II
18
III
1390
KOULOUNGOU/GOURMA
17
36
130
90S
MOMBAIOOURMA
20
14
1\\60
510
NALEMBOUIOOURMA
19
25,5
152
396
NAMOUNGOU/GOURMA
1614
32,11
0,29
1,19
0,101
0,039
N.M
353
440
1
NAMOUNGOUIGOURMA
16JS
3B,51
1,1
1,61
0,179
0,026
412
375
1
NATABOULUGOURMA
15
27
NM
N.M
NM
536
6600
N.M
N.M
TANOJAKAIGOURMA
16
27,5
170
ISO
KANTCHARllTAPOA
14
30
9
340
GARANGOIBOULGOU
S
45,21
N.M
304
ZORONGOISOUM
Zr1
31,2
167
1430
Zr2
18,5
15
500
PPM; partie pour millième; IPPM; Igltonne,; 1% = 10000 PPM
N,M = Non mesuré; S = Sans
297
Au cours des analyses, la proportion de fer total des oxydes a été mesurée. Dans
plusieurs cas, il en a été de même pour le manganèse (MaO) et le magnésium (MgO). D'autres
substances telles l'alumine (A1203), la silice (Si02), le carbone (C), le souflTe (5), le calcaire (Ca>, le
cuivre (CU), le zinc (Zn), le phosphore (K), le sodium (Na) ont aussi été reconnues dans quelques
rares cas. Ces dernières estimations n'ont pas été recherchées systématiquement ; aussi les
données présentées sont trop fragiles pour toute interprétation. Celle-ci n'est d'ailleurs
pertinente à nos yeux que pour le fer, le manganèse et le magnésium.
Tous ces minerais, prélevés sur des dépôts anciens et reconnus comme tels par la
tradition orale correspondent bien, aux analyses, à des minerais de fer. Sur le plan
pétrographique, ils sont composés de minéraux de fer sous forme de plaquage, de grains ou de
veinules associés à de l'argile (Kaolinite) et à du quartz en quantité variable suivant les
échantillons. On distingue plusieurs catégories de minerais d'après leur texture et leur
structure:
- minerai à texture massive; il est le plus fréquent;
- minerai à texture pisolitique ou oolithique ;
- minerai à texture bréchique ;
- minerai à texture grenue ;
- minerai à texture gravillonnaire ;
- minerai à structure vacuolaire (forte porosité).
Certains minerais sont caractérisés par leur forte densité (Kosso, Ouro, Toungaré).
En se reportant aux caractéristiques géochimiques de ces minerais, plusieurs éléments
chimiques ont été analysés et exprimés sous forme d'oxyde. Le fer reste l'élément majeur,
prépondérant en pourcentage dans les minerais. L'alumine, la silice, le carbone, le souffre, le
calcaire, le cuivre, le zinc, le phosphate, le sodium, le manganèse et le magnésium
n'apparaissent que sous forme de traces.
298
111.2.1. Le fer
Les teneurs en oxyde de fer total des minerais récoltés sur différents sites du Burkina
Faso varient entre 14,34 et 71,17 %359 . Sur un total de 85 échantillons, 10, soit Il,76 % ont
des teneurs comprises entre 0 et 20 % ; 12, soit 14,11 % sont entre 20 et 30 % ; 26, soit
30,58 % entre 30 et 40 % ; 20, soit 23,53 % entre 40 et 50 % et enfin 17, soit 20 % présentent
des teneurs supérieures à 50 %.
Si l'on considère que jusqu'à 30 % on est face à de faibles teneurs, c'est 25,87 % de
l'échantillon que cela représente. Elles sont moyennes entre 30 et 50 %, soit 54, Il % de notre
échantillon. Les teneurs considérées comme fortes (à partir de 50 %) représentent 20 % du
total, ce qui est considérable.
Les teneurs les plus basses en oxyde de fer, inférieun à 20 % sont enregistrées dans les
minerais des Provinces du Gourma (Gayeri, Momba) de la Kossi (Gani) et du Nahouri
(Songo). Les cas enregistrés dans la Comoé (Noumoussoba), dans le Sanmatenga (widi-
samba) et dans le Sourn (Zorongo) sont des anomalies car ces mines enregistrent par ailleurs
des teneurs fortes ou moyennes.
Les teneurs les plus fortes proviennent des provinces du Houet (Kiene, Kouroukan-
Toussiana, et Sian), de la Kossi (Lahirasso), du Mouhoun360 (Kosso) du Sourou (Ouro,
Toungaré), du Sanguié (Nepoen = Napouan, Réo), de l'Oubritenga (Kougribogdo), du
Sanmatenga (Bangsoma, Widi-Samba) et du Yatenga (Tansalgo, Titao). Il s'agit bien des
régions réputées pour leurs anciennes productions métallurgiques.
". Sur le tableau présentant les résultats analytiques en biocltirnie parait en première page un échantillon N"6 de Kogbé
~ titre 2% de FeA. ns'agit en fait d'une argile prélevée de la paroi intérieure d'un fourneau.
Pour le MouhoWl. c'est une confumatiOll des analyses réalisées par Robert H.FORBES sur du minerai en provenance de
Dédougou. navait trouvé dans SOlI échantillon, 73 à 79"... d'oxyde ferrique (Fl:201), 51,05% de fer métal, 12,18% de silice
(SI (h), des traces de calcaire et de magnésium.
Ses analyses de sols OIIt donné les résultats suivants en teneur en fer :
- sol de surface = 1,5%
- sous-sol à trois pieds de la surface = 1,87"/.
- sols profoods des mines indigènes de Dédougou =22,0%
- nodule de minerai de fer entre 10 et 12 pieds de profoodeur à Dédougou = 43,6 à 55,2%
Source =FORBES, R. H, 1933, The black man industries, p.235
299
Rappelons qu'en l'absence de renseignements sur la localisation exacte des prélèvements
de minerai: carapace ou cuirasse, il est difficile d'établir une corrélation significative entre les
résultats géochimiques et le contexte géologique ou minier. La discrimination exacte entre
carapace et cuirasse ne peut être établie de manière rassurante, que sur la base des observations
sur le terrain. Néanmoins, on constate à partir des observations macroscopiques des
échantillons en laboratoire, que certaines fortes teneurs géochimiques sont enregistrées sur des
minerais émanant probablement et logiquement des éléments de la cuirasse ferrugineuse. Il
convient de faire observer qu'il n'est pas nécessaire d'attaquer les cuirasses sommitales pour
obtenir du minerai à forte teneur. Les éléments issus du démantèlement des chapeaux peuvent
être recherchés et exploitées dans les dépressions où le fer se reconcentre sous forme de
cuirasse de néoformation.
Cependant, on ne s'explique toujours pas pourquoi les anciens ont négligé parfois la
cuirasse du chapeau, pour des prélèvements dans la carapace après des efforts inouïs. C'est
pour comprendre cela que nous avons fait analyser plusieurs roches considérées par la tradition
comme minerais ou fondants et provenant de la mine de Naba Yeelé Tanga à Bangsoma. Le
tableau qui suit 361 montre que le minerai type Yangll, prélevé en filon dans le chapeau (Bg 4)
ou sans forme de gravier en bas de pente (Bg 5) a sensiblement la même teneur (50,8 % et
47,8 %). Cependant un galet de cuirasse (Bg 8) prélevé au sommet ne titre que 30,6 %, alors
que des roches données comme fondants ont des teneurs en fer assez fortes : 36,3 % pour
Bg 6 = rudum ; 40,3 % pour 10 a = bagsaonré et 32,2 % pour Bg 13, également du bagsaonré.
Par comparaison, le fondant de type siidig~ prélevé à Widi-samba ne titre que 19,7 %. Le rôle
de ces fondants ne se trouve donc pas ainsi démontré par ces observations.
361 Voir Tableau N°"
300
TABLEAU N° 7: ANALYSES GEOCBIMIQUES DES MINERAIS DE NABA-YEELE TANGA A
BANGSOMA ET DE WIDI-SAMBA (pROVINCE DU SANMATENGA)
TENEUR EN FER
N° ECHANTll.LON LOCALISATION
NATURE
Fe%
Mgppm
Mnppm
Bg3
Naaba Yeele
Roche argileuse
4,6
12
Nd
,
Bg4
Minerai type "Yanga" (filon)
50,8
93
1000
Bg5
1
Minerai type "Yanga" (gravier)
47,8
135
905
Bg6
1
Mabice du minerai "Yanga" =Rudwn"
36,3
42
1810
Bgl2
1
Ciment inter-galet ="Rudwn
27,1
17
960
Bg8
1
Galet de cuirasse ferrugineuse
30,6
10
510
Bg Il
1
Galet de reche ferruginisée
38,9
31
400
Bg lOa
1
Galet de minerai type "Bâ saonré"
40,3
89
690
Bg 13
1
idem
32,2
36
97
Ws 1
1
Fondant "siidiga"
19,7
517
468
ND =Non délecté
DI"2.2. Les impuretés du minerai
Il s'agit d'abord du magnésium. Cet élément est présent à l'état de trace ou en quantité
mineure n'excédant pas 2 % de teneur dans les minerais de fer type yanga et dans le bagsaonré.
On le rencontre aussi dans les schistes ferrugineux de Zorongo dans le Soum. Cette
observation est valable pour le rudum et les différents galets analysés. Le siidigll, utilisé aussi
comme fondant montre une teneur relativement plus importante (5,17 %), de l'ordre de 2 à 15
fois supérieure aux autres matériaux. Le magnésium contribuerait à baisser le point de fusion
du minerai de fer et se comporterait comme une substance fondante. C'est là que réside le rôle
de fondant attribué par la tradition aux bagsaonré, au rudum, au siidiga et sans doute aux
autres fondants que nous n'avons pas pu faire analyser.
La distribution du magnésium est contrôlée d'une part par la nature chimique des
roches originelles d'où sont dérivés les minerais, et d'autre part, par l'importance des processus
de lessivage qui se sont produits.
La variation de la teneur en oxyde de manganèse est de l'ordre de cent fois, d'un
échantillon à l'autre. EUe est toujours très significative, passant par exemple du simple au
301
double dans le rudum, et certains faciès de schistes ferrugineux. Le bagsaonré et le siidiga
enregistrent des teneurs plus faibles que dans les roches précédentes.
Le manganèse, rappelons-le, atténue la corrosion du fer. L'adjonction de bagsaonré. de
rudum et de ~ aux minerais yanga ou kookuga n'aurait donc pas seulement pour but de
diminuer la température de fusion, mais aussi d'apporter au métal des substances améliorant sa
qualité. Il n'est cependant pas exact de dire, comme le prétendent toutes les traditions
recueillies que ces fondants ne donnent pas de fer mais s'écoulent du fourneau sous forme
d'impuretés.
Les analyses géochimiques ont également montré la présence d'alumine, de silice et
d'autres substances pour lesquelles nous n'avons pas pu pousser plus loin les investigations
pour déterminer leur rôle éventuel dans la production de fer.
De même, nos efforts pour multiplier les analyses par la diffraction X des minerais
récoltés se sont heurtés aux difficultés d'accès aux laboratoires spécialisés. Seulement quarante
huit (48) déterminations ont été obtenues.
Dans le tableau qui suit, présentant la composition minéralogique d'un lot de quatorze
échantillons examinés, on constate que la géothite et l'hématite sont plus représentées que la
magnétite362 On observe aussi que leur distribution s'étend tant aux minerais de montagne
(Garba, Tansalgo, Konkolikan) qu'à ceux de plaine (Napouan = N~poen, Kogbe, Sébèrè,
l ')
Loroperu .
l61·La goethite ou hématie brune (FeOOH) est encore appelée hydro"}'de de fer ou limonite. Elle a Wle teneur moyenne en
fer comprise enIR: 40 et 60%
• L'hématite rouge (Fez Ü3) ou o"}'de ferrique est très répandu avec teneurs comprises enIR: 40 et65%
• La magnétite (Fez O.) ou o"}'de de magnétique est généralement très riche en fer (43 à 72%) mais peu répandue.
302
TABLEAU N°S: RESULTAT DE LA DIFFRACTION X SUR 14 PRELEVEMENTS
Composition Minéralogique des minerais
~ ~
GodbiIe
HémaIite
MaPliIe
KaoIinile
Provcnonœ
o.ma1SamIaIenp
x
x
x
·
T0UIlll/II'0 D1Sourou
.
x
-
·
NIpOUIII- Nepoen!Sanguié
x
x
-
·
Tonsalgo 1Yalalp
x
x
-
-
Inpne1Yalalp
x
.
-
x
Kicno 1Houct
x
-
-
x
K"llI>e 1Houct
x
x
-
x
SeIboegoNaIaIp
x
-
-
x
Scbae 1Sourou
x
x
-
x
KœkoIibn 1Mouhoun
x
x
x
x
T0UIlll/II'0 Il Sourou
-
x
x
-
Yalka 1Yalalp
x
-
x
x
Kouroukan T 1Houct
x
-
x
x
LcRpni 1Pori
x
x
-
x
L'indétennination de la strate de prélèvement ne permet pas de déduire la composition
minéralogique des carapaces et des cuirasses. On observe également que la goethite se
rencontrent un peu partout ; cependant si la geothite est présente dans tous les minerais sauf
dans ceux de Toungare, l'hématite domine dans ces derniers. La magnétite
compose avec
l'hématite dans les minerais provenant des localités de Garba, Konkolikan, Toungaré et Yalka.
Le minerai de Garba contient à la fois les trois phases minérales du fer (geothite, hématite,
tv
magnétite). La kaoliqute représente l'argile composant dans certains minerais avec les minéraux
de fer.
Sur un autre tableau présentant d'autres résultats d'analyse de minerai par la diffraction
X et portant sur 34 prélèvements la magnétite n'apparaît pas, même à Garba, comme sur le
tableau précédent. Par ailleurs quatre types de minerai se présentent :
- le type 1 contient du quartz, de la kaolinite, de la goethite et de l'hématite; il est représenté
par les minerais de Mémère et Nako (province de la Bougouriba et du Poni)
303
- le type II ne contient que de la kaolinite, de la goethite et de l'hématite. Il correspond au
siidiga. au bagsaonré et au rudum que la tradition prend pour des fondants.
- Le type III est composé de quartz et de goethite : cas des minerais de Kouka (Kossi) et de
Sara (Mouhoun), ou d'hématite et de kaolinite du minerai de Ouro (Sourou).
- le type IV ne comprend que de la goethite et se rencontre dans les mines de Réo (Sanguié),
Béna (Kossi) et Kosso (Mouhoun)
La goethite semble donc être l'espèce minérale la plus courante mais il faut signaler que la
plupart des prélèvements proviennent de minerais de plaine comme cela apparaît dans la
localisation des sites du tableau ci-après.
TABLEAU N° 9: Analyse par la diffraction X d'un écbantillon de 34 minerais de fer
N° ECHANTnl.ON
OBSERVATION
QUARlZ
KAOI.lNlTE
GOETIDTE
HEMAlTfE
PROVENANCE DU MINERAI
1 KOOKA(J(ossn
MINERAI
x
TRACE
X
3 GARBA(SANMATENGA)
X
X
X
4 REO (SANGUlE)
TRACE
X
6 KOOBE (H0UEl)
ARGll.E POUR CREPI
X
X
INTERIEUR
FOURNEAU
7 W1D1-8AMBA(SANMATENGAI
SnDlGA
X
X
X
9 BANGSOMA(SANMATENGAI
BAGSAONRE
X
X
10BANGSOMA 'SANMATENGA
SnDlGA
X
X
X
X
I1BANGSOMA SANMATENGAI
BAGSAONRE
X
X
12BANGSOMA SANMATENGA
YANGA
X
X
13 BAMAKO
ROUDMA
X
X
X
21 OlJR(J(SOlJR :x;
MINERAI
X
X
X
2'DASSA SAN(il El
MlNERAI« DJERE»
X
X
26BENA(] ossr
MINERAI
x
27KOSSO
1)
X
30 SARA(MOUHOUN)
MINERAI
X
«KAGNAN»
31 NAKOCPONO
X
X
X
32 KOPE
MINERAI
X
X
X
X
33 MEMERE
X
X
X
X
34 KlNDIBA(YATENGA)
X
X
FORMlJŒCHlMlQUE DES
SI02
AL, Si.p, (ch),
F<O(OH)
F• .p,OXYDE
ESPECES MINERALES
SILICE
ALUMIN()'
HYDRATE
DE FER
SILICATE
DE FER
NB : X = MINERAL PRESENT
304
Il s'est présenté au cours de nos recherches, deux situations inhabituelles. Cela a
d'abord été la découverte de la mine de Zorongo dans le Soum en Janvier 1994, puis de celle
de Gani dans la Kossi en novembre 1995.
La mine de Zorongo déjà présentée, livre un schiste ferrugineux, imprégné en surface
par une croûte manganésifère. L'espèce minérale dominante est de l'hématite qui se présente
sous forme de grains organisés en nids ou en veinules développées le long des plans de
schistosité. La mine est installée dans une zone tectonisée (intense déformation) favorable à la
circulation et au dépôt secondaire de l'oxyde de fer et de la silice. Les faciès enrichis sont
denses comparativement à la roche schisteuse encaissante. On constate sur l'ensemble des
matériaux des induits manganésiferes superficiels. Les teneurs constatées en oxyde de fer sont
de 31,20 % et 18,50 %, ce qui est relativement faible. Les traces de magnésium et de
manganèse sont par contre appréciables Gusqu'à 167 p.p.m pour le magnésium et jusqu'à 1430
p.p.m pour le manganèse), ce qui justifierait largement le choix porté par les anciens
métallurgistes sur cette mine alors qu'une butte cuirassée se dresse à quelques pas de là et qui
n'a pas connu d'exploitation.
Les mêmes observations peuvent être faites au sujet du minerai de Gani provenant
d'enrichissement en oxyde de fer dans des grès. La faible teneur en fer (18,50) et relativement
importante en magnésium (390 p.p.m) et en manganèse (580 p.p.m) laisse aussi à penser que la
mine a été choisie en raison de la présence du fondant et du manganèse. Il faut cependant
observer que dans cette région très sablonneuse, il n'y a pas d'affleurement de buttes cuirassées.
Ces différents résultats doivent permettre, en comparaison avec les teneurs des mêmes
éléments dans les scories issues du traitement métallurgique de chaque minerai, d'estimer le
taux d'extraction du fer, et de mesurer la performance de la technologie utilisée, de voir
également les relations entre type du minerai et type de scories.
Mais déjà, on peut conclure à la perspicacité des anciens ferriers qui savaient identifier
305
et exploiter des gisements de fer aux teneurs appréciables. Cette science était largement
partagée si nous observons les pratiques des autres métallurgistes africains ou européens.
V.J. La préparation du minerai
En Europe occidentale, jusqu'à l'apparition des procédés indirects de fabrication du fer,
les minerais étaient soumis à plusieurs traitements avant d'être introduits au fourneau pour la
réduction. Parmi ceux-ci le lavage, le broyage, le séchage et le grillage étaient les plus
courants. Le grillage est l'opération qui consiste à soumettre un minerai à l'action de la chaleur
au-dessous de son point de fusion dans le but d'obtenir l'enrichissement de celui-ci, de faciliter
sa réduction et enfin de l'épurer, principalement par l'élimination des éléments volatiles (COl,
HlO, SOl, etc). Le grillage, pratiqué sur un minerai mis en tas en plein air (en meule), disposé
sur une stalle ou dans un four, offrait plusieurs avantages. En effet, l'enrichissement du minerai
fait consommer moins de combustible, parce qu'il devient moins compact et plus poreux, donc
plus facile à réduire. Le grillage permet aussi d'éliminer des éléments tels que le souffre,
l'arsenic et la galène 363.
Nous
ne disposons
d'aucun
témoignage
concernant
cette
pratique
chez
les
métallurgistes burkinabè. Les cailloux ramassés en surface ne subissaient généralement aucune
forme de préparation avant la réduction. L'érosion leur avait déjà donné la taille voulue, c'est-à-
dire la grosseur du pouce ou au maximum celle de l'oeuf de poule.
Lorsque des blocs d'éboulis de pente, résultant de la désagrégation de chapeau de
cuirasse étaient exploités, le mineur pouvait les transporter à proximité du lieu de réduction où
il procédait au concassage et au calibrage de son minerai. Cette pratique a été observée par un
chercheur anonyme de la section voltaïque de l'Institut Français d'Afiique Noire (I.F.A.N) qui a
laissé des photographies prises à Tourni dans la Comoé en Juin 1951. Les blocs que l'on
J6l GARll.LOT.J. 1967. « Le griUage des minerais de fer)l. p.9S-96
306
reconnaît sur la figure 95-A 364 devaient peser au moins 40 à 50 Kgs. Cela suppose un effort
considérable pour le transport, car la mine de Tourni est située à une dizaine de kilomètres au
Nord-Est du village. De plus, son accès est difficile car il fallait d'abord traverser une
dépression aujourd'hui transformée en retenue d'eau avec un projet d'installation d'une centrale
hydroélectrique, puis traverser une brousse avant d'accéder aux pentes d'une montagne d'où les
blocs étaient extraits. Nous en avons également trouvés, suppose un effort considérable pour le
transport, car la mine de Tourni est située à une dizaine de Kilomètres au Nord-Est du village.
De plus, son accès est difficile car il fallait d'abord traverser une dépression aujourd'hui
transformée en retenue d'eau avec un projet d'installation d'une centrale hydroélectrique, puis
traverser une brousse avant d'accéder aux pentes d'une montagne d'où les blocs étaient extraits.
Nous en avons également trouvé, abandonnés dans les champs de case en jachère, dans la zone
de fourneaux de Tourni 36'. Noircis par les feux de brousse, nous les avions d'abord pris pour des
loupes de fer.
Des témoignages de transport et de préparation de minerai, seulement au lieu de réduction,
ont été très nombreux dans toutes les aires culturelles. On procédait ainsi lorsqu'on avait rassemblé
beaucoup de monde grâce au système des entraides. Les plus âgés attendaient alors le minerai dans
l'aire de réduction. Cependant, le concassage, le triage et le calibrage du minerai pouvaient s'opérer
aussi à la mine cela évitait de transporter du stérile et permettait de mieux évaluer les quantités
de matière première nécessaire pour la saison de réduction. Le minerai de fond, remonté des
puits et galeries, était alors confié à des gens expérimentés qui le concassaient et le triaient sur
le carreau de mine.
Le lavage du minerai n'a été signé que dans la province du Bazéga. Par contre son
exposition au soleil en vue du séchage était largement pratiquée.
Quelquefois, des stocks de minerai étaient constitués, non pas pour les besoins d'une
saison, mais pour deux ou trois ans. Par exemple à Dassa dans le Sanguié, la matière première,
,.. Voir r 308
307
préparée et ramenée de la mine au village, était enterrée devant la concession du métallurgiste.
npouvait y rester trois ans. nconvient de signaler que chez les Gurunsi-Nuna du Nord appelés
aussi Lyéla, de grandes précautions étaient prises pour protéger le minerai de tout maléfice. n
fallait absolument éviter qu'une femme enceinte ou en règles fasse le tour du tas constitué. Si
cela arrivait. on n'obtenait plus de fer et les conséquences pour la femme étaient très graves.
Elle avortait si elle était en grossesse, et celle en règles concevait un oeuf qui éclatait dès les
premiers jours 366. Notons que les aires de réduction de Dassa se situaient à proximité des
habitations, à une distance de moins d'un kilomètre.
La tradition de Paradé dans le Mouhoun rapporte que le minerai était testé à la mine
avant son transport au village où étaient construits les fourneaux. Sur les lieux d'extraction, un
petit fourneau était bâti dans lequel, de temps en temps on faisait fondre du minerai. Si la
quantité de fer recueillie est conforme ou supérieure aux prévisions, on continuait J'exploitation
de la mine. En deçà de celles-ci on changeait d'endroit 367.
En somme, le seul travail élaboré de préparation de minerai est le concassage et le
calibrage. Ces opérations étaient nécessaires pour obtenir des éléments faciles à disposer dans
le fourneau, sans compromettre par la suite le tirage du feu. Au Bénin, les travaux de Ousmane
Banni-Guéné et Seydou Sabi-Monra1 révèlent les mêmes pratiques chez les anciens
métallurgistes.
lM BAZIE DÎentolOIID et BAZIE Be'YM, tous forgerlllllHlgJ'icuiteurs. DIssa le 13n183
361 InfonDlltillllS recueillies Iuprès du chef forgeron de PII1Idé en 1982
308
Fig. 95 : Blocs de miDerai de Tourni (Comoé)
A - Blocs ohotographiés en 1951
B - Blocs photographié en 1984
309
Fig. 96 : Minerai de fer de Sanikoro (Kossi) et de Kobgè (Houet)
A - Prélevés dans un bas-fond à Sanïkoro. ces gros blocs attendent d'être concassés et calibrés
B • Les femeTS de Kogbè employaient du minerai de monLagne en provenance de Sansanmatoura
310
Fig. 97 : Le concassage et le calibrage du minerai
A • Une pierre ou un marteau permellait de calibrer Je minerai: Photo Kiéthéga 83.
B - Minerai calibré de Nogo (Yatenga). Photo Kiéthéga 84.
309
Fig. 96 : Minerai de fer de Sanikoro (Kossi) et de Kobgè (Houet)
A - Prélevés dans un bas-fond à Sanikoro, ces gros blocs attendent d'être concassés et calibrés
B - Les ferriers de Kogbè employaient du minerai de montagne en provenance de Sansanmatoura
310
Fig. 97 : Le concassage et le calibrage du minerai
A - Une pierre ou un marteau permettait de calibrer le minerai: Photo Kiéthéga 83.
B - Minerai calibré de Nogo (Yatenga). Photo Kiéthéga 84.
311
Il n'en était pas de même en Côte d'Ivoire ou en Afrique Centrale, régions plus humides
que le Burkina Faso. En effet, dans la région de Koni au Nord de la Côte d'Ivoire, en pays
Sénoufo, le minerai était profond (près de 10 m) et se présentait sous forme de concentrations
dans un horizon argileux-sableux. A l'extraction, on obtenait une poussière qu'il fallait d'abord
humidifier, façonner en petites boules comme pour le soumbala 365, c'est-à-dire de la taille d'un
oeuf de poule, qu'on laissait ensuite sécher avant le chargement dans le fourneau 366.
Yves Monino nous apprend qu'en République Centrafricaine, les Gbaya extrayaient un
minerai de surface qui était grillé près des fonderies pendant deux heures sur un bûcher de
fagots et d'écorces. Il était ensuite, chez les uns calibré à la grosseur d'une noisette, chez les
autres, réduit en fine poussière que l'on lave et fait sécher 367.
Nulle part au Burkina Faso ou sur le continent africain, nous n'avons eu connaissance de
l'utilisation d'un aimant pour isoler les particules de fer contenu dans le minerai comme le
mentionne Georgius Agricola qui dit qu'un aimant était placé sur les petits morceaux de
minerai. Il attaquait et attirait à lui les particules de fer qu'on pouvait ensuite détacher avec une
plume.
Les particules sont chauffées dans un creuset avec du salpêtre. Leur fusion donne un
culot de fer. L'auteur ajoute que si l'aimant attire facilement et rapidement les particules de fer
on en déduit que le minerai est riche. S'il les attire lentement, il est pauvre, et s'il semble les
repousser, il est très pauvre ou stérile 361.
Le minerai obtenu et préparé, l'étape suivante avant la construction des fourneaux et la
réduction, est la recherche du combustible.
36S Le sownbala est \\DI condiment élaboré à partir de graine fermentées de PBItia biglobosa. TI est très connu dans les
savanes ouest-africaines.
)66
Informations recueillies au cours d'\\DIe mission effectuée par le Professeur Jean DEVISSE de Paris 1 et Victor
DIABATE de l'Université d'Abidjan en 1979; Nous avons eu l'occasion de visiter avec eux le village de Koni
367 MONlNO, Y, 1983, « Accoucher du fer =la métaIlurgie Gbaya» - une Métallurgie Africaine Nouvelles Contribution,
fJ89.
AGRICOLA,G,1987, DE RE METALLICA. p.200
312
VA. Les connaissances dans les régions voisines
Etablissant un bilan des cOMaissances sur l'industrie autochtone du fer en Afrique
Occidentale Française, Claude Francis-Boeuf observe en 1937 que le minerai de fer latéritique
se rencontrait en surface sous des aspects, variés : cuirasse unie, plus ou moins fendillée, gros
blocs chaotiques, cailloux de dimensions relativement petites. Il poursuit en écrivant :
"l'épaisseur de la cuirasse de fer, n'est pas uniforme, allant d'un mètre à dix mètres suivant
les régions. Le plus souvent la teneur en oxydes de fer est plus grande dans la zone en contact
avec l'air : l'action des rayons solaires sy fait mieux sentir, et hâte la déshydratation du
minerai qui peut passer ainsi de la limonite à l'hématite, et du rouge brun au rouge plus vif et
plus clair" 369. Les observations que nous avons rapportées plus haut confirment ces dires.
Reprenant R.H. Forbes, il mentionne l'exception que constitue la région de Dédougou
au Burkina Faso, où la proportion en fer-métal du minerai est plus forte à une certaine
profondeur qu'en surface. Forbes avait obtenu les chiffres de l,52 % de fer-métal en surface,
1,87 % à un mètre de profondeur et 50 % à trois mètres370. Cela expliquerait la pratique de
l'exploitation par fonçage de puits partout observé dans le Bwamu.
Béatrice Appia-Dabit dans sa description des forgerons du Fouta-Djallon en Guinée,
parle d'exploitation à ciel ouvert avec des couloirs aménagés. Cette activité serait une affaire
collective à plusieurs villages après qu'elles aient été repérées grâce à des procédés occultes ou
par l'observation de la couleur des pierres qu'on soupèserait aussi. Les gisements étaient
exploités jusqu'à épuisement et les mineurs employaient la méthode de la brusque variation de
température pour faire éclater certains cailloux 37t .
Le géologue Henri Hubert avait reCOMU dans l'ancien Dahomey (actuelle République
du Bénin) de la magnétite et de l'hématite dans le nord du pays et de la limonite en abondance
l6ll Fnmcis-Boeuf,C, 1937, « L'industrie autochtone du fer en AOF », p.4I0-411
310 Forbes, R.H, cité par Francis Boeuf,CI,1937, »L'industrie autochtone du fer en AOF »,p.410
371 Appia-Dabit,B,I96S,« Les forgerons du Fouta-Djalon », p.329-33S
313
partout. C'est cette dernière que les anciens auraient exploitée, soit en surface, soit en creusant
des trous de trois mètres de profondeur. Il a observé dans l'Atakora des puits réunis par des
galeries372 .
Les travaux récents de Oumarou Banni-Guéné et de Seïdou Sabi-Monra nous donnent
plus de détails sur le travail des mines et les minerais au Bénin.
Le premier démontre que des siltites, des grès ferrugineux et des éléments de cuirasse
ont été exploités sous forme d'hématite et de goethite dans le Bargu (Borgou) au Nord-Est du
Bénin où la pratique du grillage du minerai était connue 373
Seidou Sabi-Monra a également étudié plusieurs mines du Bargu oriental. Il rapporte
que la prospection s'effectuait en septembre-octobre, juste après la saison des pluies au
moment où les paysans préparent leurs champs d'igname. L'extraction s'opérait par galeries,
mais aussi par des tranchées à ciel ouvert. Il ne signale pas de ramassage de cailloux de surface.
Le fer est contenu dans des itabarites altérés de couleur rose-grisâtre à grains très fins
et friables, qui affleurent sur les sommets en bancs d'une dizaine de mètres d'épaisseur, séparés
par des couches de stérile.
On trouve aussi de la jaspilite tantôt magnétique avec 50,60 % de fer total, tantôt non
magnétique avec 48,36 % de fer total.
Enfin, dans les formations du Continental terminal, de la goethite compacte et des grès
ferrugineux se rencontrent sur les plateaux gréseux et conglomératiques.
L'auteur propose une coupe significative d'une mine au village de Madekali qui se situe
dans les formations du Continental Terminal. De bas en haut on rencontre de l'argile gréseuse
violacée et blanche sur laquelle reposent des conglomérats à galets de quartz laiteux à ciment
de Kaolinite. Puis, sur 50 m, s'empilent des grès blancs et violacés. Les grès ferrugineux se
312lRJBERT,H, 1908, Mission scientifique au Dahomey,p.S07-S12
313 BANNI-GUENE,O,1993Jlistoire et traditions tecbnologjgues dans le Bargy : cas de la métallurgie du fer autour de
Seebana-Kaiama et Bensekou, p.108-109.
314
rencontrent au-dessus des précédents sur 0,5 à 3 m. Le niveau suivant est formé de goethite et
de grès ferrugineux sur 1 à 4 Dl, et enfin, en surface, c'est la latérite banale jusqu'à 2 m de
profondeur.
On comprend dès lors pourquoi les mineurs se trouvent obligés de descendre jusqu'à
trois mètres et plus pour récolter le minerai de fer.
Seidou Sabi-Monra nous a confié en 1990 trois échantillons pour analyse géochimique
à Ouagadougou. Les résultats observés et que nous lui avons communiqués ont été les
suivants:
TABLEAU N°tO : ANALYSE DE MINERAI VENANT DU BENIN
N°Lllloo.........,
l E
l E
Olll54
NO ..·...-JœO
Nllli-Coord lIlJO
lIlJ
BmoeIroa lIlJ
Fecn%
37.10
026.16
40.96
z.. ... PPM
3'
4
200
Mn ... PPM
7ll.J
11.7
72.9
eu ... PPM
47.9
50.7
1742
ea ... PPM
0.01
0.01
0.01
Mg ... PPM
292
1112
308
N.... PPM
1021
1397
1619
K... PPM
576
032
433
Carbone ... PPM
0.'1
0.46
0.'1
SoulIfe ... PPMO
2.30
3.29
2.28
Ils présentent des teneurs en fer moyennes, comparables à celles enregistrées sur la
plupart des mines du Burkina Faso. Cependant, d'autres échantillons de la même région du
Bénin, analysés à Abidjan, avaient des teneurs en fer supérieures entre 58,20 % et 67,7 %, ce
qui les classent dans les minerais riches en fer 374.
La littérature scientifique comporte très peu d'étude de mines et de minerais de fer
anciens en Afrique occidentale m. Cependant on peut y relever encore, concernant le Mali,
l'analyse faite par Alpha Oumar Konaré en 1983, qui observe que le minerai de fer se rencontre
en surface dans les latérites, sous forme de gros blocs ou de petits cailloux aux couleurs
)7' SABI-MONRA.S,Tradjtion orale et archéologie =enquête sur la métallurgie ancienne du fer dans le BOTl!OU oriental
375 Georges CEUS par exemple ne leur accorde que Il lignes sur 225 pages d'un travail consacré aux fonderies africaines
du fer.
315
brunes, rougeâtres ou noires. L'épaisseur de la couche minéralisée serait variable et pourrait
atteindre 5 mètres et plus. Comme Forbes et Francis-Boeuf pour la région de Dédougou au
Burkina, il pense que la proportion de fer-métal peut être plus forte en profondeur qu'en
surface. Selon des analyses géochimiques d'une équipe de chercheurs polonais, les teneurs en
fer-métal des minerais dépasseraient 50 % 376.
L'auteur n'apporte pas de détails sur les mines ou les minerais du Manden qui permettent de
nuancer ses propos que nous trouvons trop généralisants. Alpha Oumar Konaré signale
l'existence de puits de mines, larges de 0,50 à 1 m, profonds de 4 mètres, mais qui ne sont pas
reliés entre eux par des galeries. Il relève par contre que les cavernes découvertes autour de
Bougouni, Bamako et Siguiri et qu'on identifiait à des mines à ciel ouvert, seraient en réalité
des hypogées 377. A la fin du siècle dernier le Colonel M.L. Archinard faisaient des observations
intéressantes dans la région entre Médine et Bamako où il a rencontré en abondance des
minerais pisolithiques et oolithiques à 60 % de fer non exploités par les africains, qui
s'approvisionnaient en montagne en minerai oligiste titrant 70 % et qu'on rencontrait aussi en
bas de relief sur une étendue assez considérable. M.L.
Archinard rapporte également que de l'oxyde magnétique à 70 % de fer, de l'hématite rouge ou
brune à 60 % de fer, se rencontraient dans tout le reste du pays378 .
Nous disposons de très peu d'informations sur les mines anciennes et les minerais des
autres pays voisins du Burkina. Même au Niger où les recherches en paléométallurgie du fer
ont été importantes, ces données sont fragmentaires. Léonard M. Polé signale deux types de
minerai au nord du Ghana où vivent des Bisa, Dagara, Kasena, Isala et Nabte. Autour de
Lawra, un minerai titrant 25 à 35 % était extrait à 25-60 cm sous le sol. Dans la région de lefisi
". KONARE,A.O, 1983, >Iles nwnuw du Manden ", p.5-6
311 op.cil, p.6
371 ARCHINARD,M.L,1 885,La fabrication du fer dans le Soudan,p.251
316
des nodules d'environ 2 cm, de couleur noir-brun avec des veines jaunes étaient ramassés à
quelques centimètres de la surface du sol. Us contenaient 50 % de fer 379.
v.s. Des réactions similaires en Europe
Il est par contre extrêmement intéressant d'observer la similarité des réactions des
hommes pour obtenir le minerai de fer, quelque soit le continent qu'ils habitent. Par exemple en
Europe, Georgius Agricola signale au xvr- siècle dans le « De Re Metallica» l'utilisation du
bâton du sourcier pour rechercher le minerai de fer 310. Cette information est à mettre en
rapport avec le fer de prospection en usage dans l'Ouest du Burkina et que nous avons décrit
plus haut. Selon Georges Verraes, la très grande majorité des puits antiques ou médiévaux
d'extraction du minerai de fer sont de section carrée ou circulaire et d'un diamètre voisin de
1,5 mètres. On y rencontrerait de nombreuses encoches creusées à même la paroi. Le même
auteur signale qu'au XIIème siècle, on voit apparaître des puits rectangulaires dont la section
peut atteindre 3,75 m2. C'est seulement au XIx- siècle que se seraient développés les grands
puits rectangulaires ou circulaires à margelles bétonnées 311. On doit se rappeler que dans
l'Ouest du Burkina, la forme des puits a évolué avec le temps, passant comme en France, du
circulaire au rectangulaire pour échapper sans doute aux mêmes contraintes techniques.
Selon Maurice Lecerf, avant le XVIllème siècle, la profondeur des mines dépassait
rarement 7 à 8 mètres. Les tranchées suivaient d'assez près les crêtes des collines et
l'envahissement par les eaux était toujours à redouter 319. Les conditions de travail ici décrites
sont semblables à celles rencontrées par les mineurs africains et cela trouve son explication
dans la réponse à la question de l'origine du minerai de fer en France. Claude Domergue et
François Tollon qui se l'ont posée en ce qui concerne l'alimentation pendant des siècles des
319 POLE,L.M.Iron-worlting apparatus lIIId techniques, p.14
,
310 AGRICOLA~Georgius, cité par MOHEN, J.P, 1990, métallurgie Df!lhistorique-Introduction à la paléométallurgie, p.21
311 VERRAES,G, 1980, «Evolution technologique des méthodes de creusement et d'extraction depuis ('antiquité)l, in
CNRS, Mines et fondcrjes antiques de la Gaule. p.12'.
319 LECERF,M, 1942 Ider dans le mopde, p.8S
317
fourneaux des Martys, pensent que les minerais provenaient, pour la plus grande partie, de
chapeaux de fer situés dans un rayon de 4 à 5 kilomètres autour des Martys 320. Aujourd'hui, il
ne reste rien de ces chapeaux, qui ont été raclés par les anciens, tout comme en Afrique on
épuisait les mines avant de les abandoMer. Celles-ci se trouvaient aussi généralement dans le
voisinage immédiat des villages comme nous avons pu l'observer en étudiant les sites de mines
de fer au Burkina Faso.
Les échantillons que les auteurs précités ont pu cependant recueillir se révèlent être du
minerai du type chapeau de fer, c'est-à-dire de la limonite et de la goethite, riche en silice et
pauvre en alumine, chaux et magnésie 321 . On n'est pas du tout dépaysé lorsqu'on compare ces
dOMées à celles que nous avons recueillies au Burkina Faso.
Domergue et Tollon excluent la possibilité d'extraction ancieMe de minerai de fer dans la zone
aurifëre de Jalsigne en raison de la présence justement de la concentration en or et malgré
l'existence de chapeaux de fer 322. Cette attitude est peut-être à réviser car nous avons trouvé à
Dem, province du Sanmatenga, des scories de réduction de minerai de fer dans lesquelles l'or
reste très visible aujourd'hui. Les ferriers ne se sont pas sans doute aperçus que le minerai de
fer contenait aussi de l'or.
Claude Domergue et François ToUon ne nous fournissent malheureusement pas les
teneurs en fer-métal des analyses géochimiques qu'ils ont effectuées et dont ils présentent par
ailleurs les résultats en ce qui concerne les autres substances contenues dans les minerais323 .
Nous n'avons donc pas d'éléments de comparaison avec les échantillons du Burkina Faso.
Cependant quatre groupes de minerais ont été identifiés :
- des roches siliceuses, de couleur rouille, parcourue par un grand nombre de veinules
d'oxyde de fer = hématite, goethite, limonite, provenant de l'oxydation de carbonate de fer;
320 DOMERGUE, C. et TOllON, F.• « Minerais el scories de la fonderie gallo-romaine du domaine des forges les Martys
~Aude) », p.IIO-III
1 Op-Cil, p.111
3D Op-Cit, p.1 10
3D DOMERGUE,C, 1993. « \\DI centre sidérurgique romain de la montagne noire ».p.244
318
- des roches où les oxydes de fer (hématite, goethite et limonite) sont des fragments qui
appartiennent typiquement à la catégorie des chapeaux de fer. Ces fragments constitueraient un
bon minerai;
- des fragments de roches carbonatées, entièrement oxydées;
- des fragments de roches à magnétite qui sont assez rares324 .
Dans ce tableau, seules les minerais carbonatés ne sont pas représentés au Burkina
Faso. Il parait donc utile et judicieux de développer des études comparatives en Afrique et en
Europe pour rassembler le maximum d'informations sur la paléométallurgie du fer. Celles-ci
devraient prendre en compte tous les aspects, tant techniques que socio-économiques et
culturels, car l'homme est un et qu'il est temps d'arrêter la confection de différences souvent
.
..
Imagmalres.
)1' Op-Cit, p.245
319
CHAPITRE VI : LE CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ET GEOLOGlgys
DES MINES ET DES MINERAIS
Dans les chapitres précédents, nous avons tenté d'apporter des définitions ou d'aider à
la compréhension de termes et d'expressions tels que mine ou minerai de montagne ou plaine,
chapeau de cuirasse, cuirasses, carapaces, latérites ferrugineuses, etc... Mais nous n'avons pas
encore dit pourquoi ils s'appliquaient à tel ou tel relief, à tel ou tel gisement. Nous apportons
ici l'éclairage des données géographiques et géologiques, telles qu'elles se présentent dans les
espaces concernés par l'extraction du minerai de fer au Burkina Faso. Il n'est cependant pas
question de réécrire la géographie et la géologie de ce pays.
VI-l : La complexité des latéries et des cuirasses
Hamilton Buchanan est le premier à employer le mot latérite (de later = brique) pour
désigner un produit rouge, poreux, semblable à la brique, et qui résulte de la décomposition de
roches volcaniques en Inde. Depuis cette découverte, le phénomène de cuirassement a été
abondamment décrit par les géologues, les pédologues et les géomorphologues, à cause de sa
complexité et de son importance actuelle dans certaines régions de la zone intertropicale.
Malgré tout, la cuirasse demeure globalement peu connue, même si certains aspects ont été
maîtrisés depuis 340 .
Ainsi jusqu'au milieu de notre siècle, c'est le mot latérite qui est le plus en usage pour
désigner certains produits de décomposition de roches qui peuvent contenir ou pas du fer. A
titre iIIustratif, car nous ne faisons pas l'histoire du mot ici, Max Bauer, dans un mémoire
publié en 1898, désigne sous le nom de latérite, la formation superficielle caractérisée par la
)4ll SANÛU,D.C, 1993, Connaissance des cuirasses du Burkina Faso, p.IIS
320
présence d'hydrate d'alumine, élément provenant de la décomposition de roches alumineuses.
Cet auteur considérait que la concentration de fer contenu originellement dans ces roches
n'était pas suffisante pour caractériser la latérite. Cependant il revient sur ses propos en 1907
pour dire: ilia latérisation ne conduit pas toujours à la formation exclusive d'alumine comme
produit final du processus de transformation, mais conduit, à côté et même à sa place, à la
formation de kaolin et d'autres hydro-silicates d'alumine qui alors accompagnent ou
remplacent l' hydroxyde de fer" 341
G.C.Ou Bois allait déjà plus loin en 1903 en désignant sous le nom de latérites des
formations superficielles diverses provenant de la décomposition des roches dans les pays
tropicaux. Il y aurait toujours dans les latérites de l'oxyde de fer ou de l'hydrate d'alumine
mais l'un ou l'autre pourrait ne pas exister 341.
Le géologue Henri Hubert tirait lui-même la conclusion que les latérites sont des
conglomérats ferrugineux, des terres de barre (latérite alluviale), des fers pisolitiques, des
bauxites pisolitiques, formés sur place au dépens d'une roche éruptive 343.
C'est à peu près le point de vue que développe Claude Francis-Boeuf en 1937. Pour cet
auteur, la latérite est un produit de décomposition de toute roche silicatée, alumineuse,
caractérisée au point de vue chimique par la présence des hydroxydes de fer et d'aluminium,
les autres éléments de la roche étant éliminés. Claude Francis-Boeuf précise les conditions de
cette décomposition, qui sont une topographie plane et l'alternance des saisons sèches et
humides. Oe là découlerait une extrême variété de latérites allant de la croûte bauxitique,
jusqu'au véritable minerai de fer à l'état d'hématite presque pur. La latérite ferrugineuse est
celle que l'on rencontre le plus souvent en Afiique occidentale 344. C'est à elle que correspond
3" BUCHANAN,H et BAVER, M cités par HUBERT,H,1908, Mission scientifique au Dahomey. p.196
:w1 DU BOIS, G.C.,1903, cité par HUBERT,lI, 1908, Mission scientifique au Dahomey. p.196.
)ol) HUBERT,H, 1908, Mission scientifique au Dahomey, p.I96;
:w4 FRANCIS-BOEUF,C,1937, " L'industrie autochtone du fer en AOF ", p.408
321
généralement l'appellation cUirasse même SI l'on peut lire encore par-CI, par-là « cuirasse
ferrugineuse », « cuirasse bauxitique ».
Selon Yves Besnus, le cuirassement ferrugineux est une accumulation d'oxydes et
d'hydroxydes ferriques dans les fonnations pédologiques, des matériaux d'altération, des
alluvions, des colluvions et des sédiments. On parle de cuirasse si le matériau enrichi en fer est
assez dur pour ne se casser qu'au marteau. Le tenne carapace est alors employé pour le
matériau ferrugineux qui peut se fragmenter au couteau 345.
La cuirasse, encore appelée dalle, est donc la partie fortement indurée. Massive et
souvent impennéable, elle constitue une sorte d'enveloppe protectrice, d'où aussi l'appellation
« chapeau» de cuirasse liée en plus à sa position sommitale.
La carapace est relativement tendre et contient des concrétions au niveau de poches ou
vacuoles.
Tout le monde reconnaît aujourd'hui que les cuirasses sont des fonnations
caractéristiques de climats qui sont ou ont été dans un passé pas très lointain, chauds et
humides. L'agent principal de la genèse des cuirasses est l'eau qui dissout les minéraux des
roches dont certains, mis en solution, sont évacués, tandis que d'autres, comme le fer, se
concentrent.
Jusqu'à la dernière décennie, l'unanimité des chercheurs s'arrêtait là, au profit d'une
controverse sur l'origine autochtone ou allochtone des cuirasses. En effet, certains estimaient
que ces fonnations sont autochtones parce que dérivant de la roche au-dessus de laquelle on
les trouve, par une dégradation progressive dont on peut suivre par exemple l'évolution à
travers différents niveaux d'altération (argiles bariolées, argiles tachetées, carapace, puis
cuirasse) 3<16 • D'autres soutenaient que la cuirasse est fonnée à partir de matériaux venus
345 BESNUS.Y.197S. Elude géochimique comparative de quelques gisements SIlpergènes de fer. p.2S.
l'6 Voit fig. 98 et 99 et le tableau Il.
Jean Claude LEPRUN est lDl fervent partisan de la théorie autochtone contre J. VOGT et P.MICHEL qui soutiennent la
théorie allochtone. Voir Bibliographie.
322
d'ailleurs. Ces auteurs s'appuient, entre autres arguments, sur la géomorphologie pour étayer
leur démonstration. En effet, les cuirasses se présentent généralement sous forme de plateaux
plus ou moins étendus, appelés glacis ou buttes-témoins.
VI-2 La connaissance des cuirasses du Burkina Faso 308
Il y a dix ans, faisant la synthèse de toutes ces recherches sur les cuirasses du Burkina
Faso, Jean Loup Boeglin aboutissait à la conclusion que les théories autochtone et allochtone
de la genèse de la cuirasse sont complémentaires, Il mit en évidence cinq niveaux cuirassés
distincts par la topographie, l'âge et l'importance spatiale du phénomène de cuirassement347 :
- le niveau le plus ancien est la cuirasse de la surface Eocène. Elle est bauxitique et
occupe généralement les plus hauts sommets entre 750 et 500 mètres d'altitude. Dans la région
des lacs, elle est aux environs de 500 mètres, et 600 mètres au Mont Koyo dans le Poni. Ce
niveau n'est pas concerné par la production ancienne du fer.
- le second niveau est constitué par la cuirasse Pliocène, ce que Dya Christophe Sanou
appelle « les cuirasse ferrugineuses primitives» 348, Elles sont très répandues au Burkina Faso,
perchées sur les formations birrimiennes 349 , aux altitudes de 400 à 450 mètres. De par leur
forte représentation, elles ont été largement exploitées par les anciens pour leur fer.
JOB Titre emprunté à Dya Christophe SANOU (Voir Bibliographie)
)(7 Voit Tableau N°
: Les différents niveaux de cuirasses au Burkina Faso. L'auteur s'appuie ici sur les travaux de
G.HOTIlN et O.F.OUEDRAOGO (Voir Bibliographie)
J.- SANOU,D.C, « Connaissances des cuirasses du Burkina Faso ", p.120.
,.. Le Burkina Faso est au centre du bouclier ouest-africain, structurellement constitué de trois ensembles :
• le socle pra:ambien fonné de granites et de gneiss;
-les Wlilés sédimentaires du pra:ambien : précambien inférieur, précambien moyen, appelé encore bilrimien du nom d'une
rivière du Ghana et le précambien supérieur appelé aussi talbIen, autre rivière du Ghana.
• les étages du primaire, formés de schiste et de grés plus ou moins métamorphisés et traversés par des roches éruptives
d'âges divers.
323
TABLEAU N° Il : LES DIFFERENTS NIVEAUX DE CUIRASSES AU BURKINA FASO
NIVEAUX DE CUIRASSES
AL1TIUDE
AGE PRESUME
PRESENTAnoN SOMMAIRE
(enmètla)
(milIion& d'........)
HAlIT NIVEAU BAuxmQI.JE
"M70
'0
C'est le plus ........ 0 est t-uccup
EOSCENE
plus aIumineux.,.e fcrrucinoux. 0
pail porfois 00IIStiluer ... min<ni
d'aluminium (raion de
.
«INTERMEDIAIRE »
400-'00
10
.
PUOSCENE
• HAlIT GLACIS.
3~
162
C'est le ni-..Ie mieux ~
RN lERTIAIRE
... I!url<ina FlISO
DEBlJf QUAlERNAIRE
• MOYEN GLACIS.
300
QUAlERNAlREMOYEN
.
1
.
• BAS GLACIS»
QUAlERNAIRE RECENT
oest ...._ pou ou pu ouirusé,
n'''l'P''I'"il pu en rdicf':'"" nppoIt
au fond de la
•
Source: GOUDA, B" 1986, p. 34, d'après une communication personnelle de Jean-Loup BOEGLIN en date du
4/2/86.
- le troisième niveau est la cuirasse Plio-Villafranchienne, identifiée comme une cuirasse de
néofonnation dans la classification socio-géomorphologique de Dya Christophe Sanou. Il
s'agit d'une cuirasse mise en place à partir de débris recimentés provenant de la désagrégation
d'anciennes cuirasses. On la rencontre au nord du pays, aux altitudes de 320 à 360 mètres,
directement posée sur le socle, et au Sud-Ouest entre 480 et 500 mètres au-dessus des grès.
Ce niveau offre au regard un relief plus ou moins proéminent, dépourvu de tout escarpement.
Cependant ces buttes deviennent des montagnes dans la vision des populations locales qui les
ont abondamment exploitées pour leur fer.
- Un niveau intennédiaire entre le troisième et la plaine de contrebas est appelée « cuirasse
Ouljienne», Situé entre 280 et 300 mètres d'altitude, il n'apparaît pas dans la classification de
Dya Christophe Sanou qui passe directement aux cuirasses de nappe.
- La cuirasse de nappe est la cuirasse Flandrienne de la classification G.Hottin et
O.F.Ouédraogo, reprise par J.L.Boeglin, C'est elle qu'on trouve dans le lit des cours d'eau
actuels, sous une couche de sol ne dépassant pas un mètre.
324
Fig. 98 : Profil d'altération latéritique
PROFIL
1
NIVEAUX
1
MINERAUX
EVOLUTION CHIMIQUE
1
PmNCWAUXPHENOMEMŒ
1
CARACI'ERISTIQUES
CUIRASSE
1HEMATITE (Fe203)
DE LA BASE AU SOMMET DU PROrn.:
FERRUGINISATION INn:NSE,
INDURAnON
GOEllflTE(FeOOH)
CARAPACE
1QUARTZ (Si02)
CONCENTRATION DE CERTAINS
ELEMENTS (Fe. AI, Mn)
ARGILES TACHIITEES
1LESSIVAGE INn:NSE DES ELEMENTS
INDIVIDUAUSATION DE NODULES
1
COMME Ca, Ng. Na, K... QU'ON NE
FERRUGINEUX
GOEllflTE(FeOOH)
IŒIll.OUVE PRATIQUEMEm' PWS DANS
LAClJlRASSE
1AROIUSAnON (KAOUNm) ET
FERRUGINISAnON (GOE1llfŒ) =
FlAMMES V101...ETŒS ou ROUGEATRES
1
ARGILES BARIOLEES
1KAOLINITE (SilAl2 OS OH)
1EVACUATION MENAGEE DE LASIUCE
Si02 QU'ON IŒIll.OUVE ENCORE ASSFZ
ABONDANTI: DANS LA CUIRASSE
1
QUARTZ (Si02)
LrrnOMARGE
1DEBUT DE L'ALTERATION
1COMMENCEMEm' DE L'HYDROLYSE DES 1DIACLASATIONDELAROCHE
MINERAUX
DESENGRENAGE DES CRISTAUX
TEXTIJRECONSERVEE
_ R O C H E SAINE
1MINERAUX PRIMAIRES
1
1
Source: BOUDA, B. 1986, p. 28.
0
Sm
t
1
1
325
Fig. 99 : Le, principaux élément' « lithologique, )) du complexe cuirassé
Source: SANOU. D.C., 1993, p. 117
----------
---
~
~-
-
... ..... . . .
• • • • • • • • •
• • • ••••••
b
o
~ cUlnsse
4
)
6
) carapace
\\
10
1nollIOn argileui
)
) arenes
1Sm
) 9ran~es
o 0
o 0
o
0
0
0
0 0
\\
Fig.l • Les principaux éléments .. lithologiques» du complexe cuirassé.
1
: Types de bowt dtrivts du dbnantèlemel\\l de Il toposrlpllie (ond.menlile euinllSte. 1- Socle
birrimicn; 2- Allérile ",cileuse;). Arcile limon: 4- Cuinlssecarlp.ee.b; Elicemenl des nivel"" posltrieU,.
à Iitopognphie (undimenlile euinssée.• - Socle précambrien: 2- Ahérite I,gileuse : 3- GJ.eis : 4- Cuinsse-
estaplee (ond.menliie.
(Sou","s : lle.udet, G. 4< Coque, R., 1986)
326
• Dya Christophe Sanou, qUI ignore le quatrième niveau intermédiaire, propose comme
cinquième niveau, des cuirasses dites de fond. On les rencontrerait à des profondeurs
importantes (5 à 15 mètres et même plus). Leur origine serait due à une baisse importante du
niveau de la nappe phréatique, consécutive aux variations climatiques 3~O. Les cuirasses de
nappe et de fond représentent, à ce qu'il nous semble, les mines de plaine de la tradition orale.
Leur profondeur parfois importante, comme le relève Dya Christophe Sanou, est sans doute à
l'origine de J'invention du fer de prospection qu'on rencontre dans l'ouest du Burkina Faso, où
Claude Francis-Boeuf signalait une minéralisation en fer plus riche en profondeur qu'en surface
contrairement aux autres réllions d'Afrique occidentale m.
CONCLUSION PARTIELLE
Il est intéressant d'observer ici, comment les anciens étaient dans Ja connaissance des
variétés de cuirasses et ont adaptés leurs techniques d'exploitation aux différents modelés du
relief Le fait que la production de fer ait été constatée dans toutes les régions du pays vient de
ce que, "vu la composition minéralogique des roches du pays, aucune surface topographique,
aucune zone, n'est à priori à l'abri du cuirassement une fois les conditions climatiques remplies
(humidification, dessiccation)" m. Or la situation en latitude (entre 9°N et 15°N) et la
continentalité font du Burkina Faso, un pays intertropical à caractère soudano-sahélien
nettement marqué. A une courte saison de pluie (3 à 5 mois) succède une longue saison sèche
de 7 à 9 mois, selon la position en latitude. La saison hivernale favorise une altération rapide
des roches-mères et la création d'une zone d'altération. La saison sèche provoque une
dessiccation totale du sol sur une profondeur variable et plus ou moins importante. Si la roche-
mère était riche en fer, ce dernier sera dissout dans l'eau et viendra en surface grâce à la
remontée capillaire de la nappe phréatique. Ainsi se trouvent réunies un certain nombre de
conditions déterminantes pour la présence de minerai de fer au Burkina Faso. L'exploiter
requiert la satisfaction de plusieurs autres exigences.
)~ SANOU,D.C, 1993, (( Coll11llÏssance des cuirasses du Burkina Faso »,p.120.
)51 FRANCIS-BOEUF, C, »L'industrie autochtone du fer en AOF »,p.4lO.
ID SANOU,D.C, 1993, « Connaissance des cuirasses du Burkina Faso », p.121
327
TROISIEME PARTIE :
LE PROBLEME DU COMBUSTIBLE
328
On est tenté de se demander, et d'autres l'ont déjà fait, pourquoi les métallurgistes
choisissaient les essences végétales dont ils employaient le bois ou le charbon de bois pour
la réduction. Il s'agissait d'espèces fort dures et lourdes qui, aux dires des ferriers, donnaient
beaucoup de braises et peu de cendres, et étaient indispensables pour la réduction. Georges
Celis observe cependant qu'en Afrique Occidentale, avec la désertification certains
métallurgistes ont pu employer des eucalyptus sans compromettre la réduction 353 . Alors
pourquoi cette discrimination entre les espèces végétales aboutissant à des corpus d'arbres
du métallurgiste? Y-a-t-il eu réellement sélection et quelle était la réaction de chaque
métallurgiste par rapport à son environnement ? En tentant à notre tour de nous faire une
meilleure idée sur les combustibles employés par les anciens métallurgistes, nous nous
sommes constitués une base de données fournies par des enquêtes étendues à tout le
territoire burkinabè. Le tableau récapitulatif ci-dessous permet de savoir quelles étaient les
espèces préférées et choisies dans chaque aire culturelle et de suivre leur distribution
spatiale. Nous avons aussi tenté par l'anthracologie de confirmer les connaissances issues de
la tradition orale. Cependant, avant de présenter et de commenter le tableau , il nous parait
intéressant de définir dès à présent le combustible dans le cadre de la réduction du minerai
de fer par les procédés directs.
m CELIS, G, 1991. Les fonderies africaines de fer p.23.
329
CHAPITRE VII : QU'EST-CE QU'UN COMBUSTIBLE?
En paléométallurgie du fer, il faut d'abord distinguer les combustibles pour allumer
le fourneau. Il s'agit généralement d'herbe sèche, de paille, de balles de céréales etc. René
Caillé a même observé en 1824 à proximité du fleuve Sénégal, l'utilisation de crottes de
mouton, sans doute pour la mise en feuH4. Ces combustibles, disposés en quantité
importante à la base du fourneau, permettaient au feu de prendre et de se maintenir assez
longtemps pour embraser le bois ou le charbon de bois placé au-dessus. Ils n'avaient pas
cette fonction unique, car de leur combustion résultait une certaine quantité de cendres qui
tapissait la base du fourneau (aménagé en creux, en pente ou non), constituant ainsi une
couche-tampon entre le fer qui se déposera en loupe et le sol. A défaut de ce tampon, le fer
adhèrerait à la terre et rendrait le retrait de la loupe très difficile. Dans certains cas, les
métallurgistes n'hésitaient pas à apporter eux-mêmes la cendre indispensable pour cet usage.
Quels autres rôles physico-chimiques ces combustibles et leurs cendres
pourraient-ils jouer au cours de la réduction, est une question qui mérite toute l'attention.
Nous ne l'avons pas abordée.
Dans les fourneaux, on met ensuite du bois ou du charbon de bois qu'on allume.
Ailleurs, en Afrique, on a pu utiliser de la tourbe et des bois extraits des marécages. L'Abbé
m
Alexis Kagame signale le fait au Rwanda
. Normalement, dès qu'on allume du bois ou du
charbon de bois, il y a production de chaleur. On n'a donc pas besoin de sélectionner des
espèces si c'est la chaleur qui est recherchée. Scientifiquement, on sait que le pouvoir
calorifique d'un bois dépend de son taux d'humidité. Du bois mort, en fin de saison sèche au
sahel, a un taux d'humidité bas de l'ordre de 20 %. Son pouvoir calorifique est donc
importane'6.
354 CAILLE, R, Rapporté par GREBENART, D, 1988, Les premiers métallurgistes en Afrique Occidentale,
~.29.
~~ Alexis KAGAME, rapporté par CELIS, G, 1991, Les fonderies africaines de fer. p.24.
3~ CELIS, G, 1991, Les fonderies africaines du fer, p.24.
330
Cependant, le combustible en métallurgie n'a pas seulement pour rôle d'apporter de
la chaleur. L'expérimentateur Philippe Andrieux décrit très bien ce qu'on attend encore de
lui. Pour cet auteur, "le jeu métallurgique est, dans son essence même, un jeu que l'on
définit aujourd"hui et selon notre chimie comme "réducteur". Sa jonction essentielle est la
rupture des liens chimiques entre les radicaux élémentaires d'un composé dont l'un au
moins est un métal',357. Pour cela, poursuit Philippe Andrieux, " il est nécessaire que le jeu
soit suffisamment chaud pour jondre les impuretés naturelles, pour que l'excédent en oryde
de carbone s'empore de l'orygène d'un corps dont la température a distendu les liens avec
Nous savons que la température de fusion du fer se situe autour de 1529° C, et que
pour réduire simplement le minerai, celle-ci est plus basse, quoiqu'elle franchisse la barre des
1000°C. Pour obtenir ce feu réducteur, Philippe Andrieux trouve qu'il faut réunir deux
conditions, dont l'une est que le combustible doit être essentiellement du carbonne, et
l'autre, qu'il soit en condition de suroxygénation et suppression. Cela veut dire que le
combustible doit être du bois déhydraté ou mieux encore du charbon de bois. La
suroxygénation et la surpression sont provoquées par une pulsion d'air à l'aide de soufflets
ou grâce à un dispositif de tirage naturel d'air (évents et cheminée).
Ce n'est donc pas un hasard si le tableau de répartation des arbres des métallurgistes
burkinabè ne signale l'utilisation de bois comme combustible que dans le Nord du Pays, dans
les provinces de l'Oudalan et du Sourn, en milieu sahélien. C'est à la même latitude que les
métallurgistes de Koni, au Niger, employaient aussi du bois.
Une autre qualité est attendue du combustible. Il ne doit pas s'écraser pendant la
charge, car cela couperait le tirage et le feu s'éteindrait. Il est donc probable que des
m ANDRIEUX, p. 1990, Prolégomènes à une étude trachéologique sur les structures d'élaboration
thermique et les parois argilo - sableuses. p.34.
)$ï Op'
34
.Clt, p.
.
331
essences végétales sélectioMées par les anciens devaient offiir un combustible qui ne
s'écrase pas.
Insistant sur la valeur des charbons provenant de pékuri (prosopis africana), de sinke
(Burkea africana) et de Kama (Erythrophleum africanum), le vieux Nvin Coulibaly nous
confie que le bon charbon ne doit pas crépiter ni se consumer rapidement. Il ne doit pas être
très friable non plus359. Biéko Koné et Dramane Coulibaly de Kogbè ajoutent que pour la
forge, on ne choisit pas le charbon. Par contre, il le faut pour le fourneau et les meilleurs
charbons sont ceux énumérés plus haut. 360
La nécessité d'atteindre, pour la réduction des minéraux ferreux, des températures
élevées (entre 900° et 1150°C) a donc impliqué pour les métallurgistes le choix d'espèces à
fort pouvoir calorifique et à combustion lente. Leur teneur en silice et en a1calii devait être
élevée et la croissance lente. 361Le tableau ci-dessous semble traduire ces préoccupations.
TABLEAU N° 12: LES ARBRES DES METALLURGISTES DU BURKINA FASO
PROVINCE
VD..LAGE
NOM LOCAL
NOM
OBSERVATIONS
SCIENTIFIOUE
I·BAM
Zoura
Randga
Combrotum
ChIrbon - le plus recherché
IOanl!UelllOOlél
micrathum
Taanga
Ilutynlopemum
Charbon des arllres moI1a
l...nœxum
Yilga
Mitragyna inermis
charbon
Yolga
N.J
charbon à la moelle résistante
2·BAZEGA
1~1IIOOIé1
Tous 1.. arllres
Slen:ulia lIOligera
Cbarbon-Ie putrmuga n'en donne
sauf le
1_
Nayimi
Siiga
Anogeiauo
Charbon
llaftauelllOOlé)
leioc:arpua
Taanga
I~
Charbon des arbres moI1a
p;m-ga
Binbipùp
N.J
Charbon
IOanl!UO moorél
Kondpoko
Terminalia
ChIrbon de bois w:I1J
Rumbrisak
CaDia
Charbon
sieberi....
...
Burkea
ChIrbon : très bon
aliioana
Kuka
Kaya
ChIrbon
I.......ens;,
Tanllbin-Duoouri
Randp
Combrilum
ChIrbon
IO........ 1IIOOIé1
micranlbum
...
Burkea
Charbon : très bon
aliicana
359 COULIBALy N'Vin, entretien du 02.10.86 â Sian.
360 KONE BIEKO ET Coulibaly Diamane ; entretien du 1.08.83 â Kogbe.
361 Communication personnelle de Christiane ROLANDO, anthracologue â Marseille.
332
PROVINCE
Vll.LAGE
NOM LOCAL
NOM
OBSERVATIONS
SCIENTIFIOUE
). BOUOOURIBA
Bamako
Koli.
Terminalia
Charbon de bois vert
lan..... birifor)
avicennoldes
Saal-dopGte
Prooopis
Charbon : très bon
am""""
Saal-kio
Afionnooia
Charbon
Iaxiflon
Taa-ti.
Butyroopennum
Charbon des ubres rnor1I
~XIIm
Vi-ti.
Burkoa am""""
Charbon : très bon
Dana
Bombo-on
N.I
Charbon
loanwe daJwa)
Kolir
Terminalia
Charbon de bois vert
avi.......,ldes
SaaIa
Prooopis am""""
Charbon : très bon
Taw-ti.
Butyroopemum
Charbon des orbros rnor1I
lpandoxum
Niueo
Koli.
Terminalia
Charbon de bois vert
l'Ian2ll. birifor)
avi.......,ldes
Saldoo
Prooopis am""""
Charbon : très bon
Viti.
Burkoa am""""
Charbon : très bon
4-BOULGOU
Garango
Kru
Butyroopermum
Charbon des orbros rnor1I
lan2llObisaa)
~xum
Lako
N.I
Charbon
Ba
N.I
Charbon
,. BOULKIEMOE
Boulouro
Kumbrisak
Cuaia lieberiana
Chubon, mécliounenl c:onlre 1.
IOan2ll. moore)
Dll1udiJme
Kwimiga
Combrelum op
Charbon
Tunp
Ilutyrospermum
Charbon des ubres rnor1I
I~XIIm
BourkiDaIKouciougou
Sabraogo
Lannoa acida
Charbon
IOan2llO moore)
Sêoga
Burkoa am""""
Charbon : très bon
Wilinwiga
Oui........gaI....is
Charbon
ZaIn6n9
A<:acia nw:rosladtya
Charbon
Kol~
Kondre
Terminalia
Charbon de bois vert
nanaùe moon!)
avicennoldes
Sêoga
Burkeoam""""
Charbon : très bon
Taanga
Butyroopermum
Charbon des orbros rnor1I
~xum
Tamkwilga
Afionnooia Iaxiflon
Charbon
KOIIO
Kondre
Terminali.
Charbon de bois vert
Oanwe moore)
.vicennoldes
Kumbrisak
Casai.
Charbon
.ioberiana
Randga
Combntum
Charbon
micnalbum
Loaga
Taanga
I~
Charbon des orbros rnor1I
10....... _ )
Tamkwilga
Afionnooi.
Charbon
laxifIon
Nandiala
K.agdga
Dolarium
Charbon
Oanguemoore)
miao<:arPUm
Kondre
Terminali.
Charbon de bois vert
.vicennoldes
Kub
Khaya senegaI_is
Charbon : très boa
Roanga
Parkia bisJobosa
Charbon des orbros rnor1I
Sêoga
Burkoa aliioana
Charbon : très bon
Taanga
Butyroopermum
Charbon des orbros rnor1I
~xum
WiliDwip
Ouica senegaI....is
Charbon
PaoloaotKouciougou
Sêoga
Burkeoam""""
Charbon : très bon
lo...w. moore)
333
PROVINCE
VILLAGE
NOM LOCAL
NOM
OBSERVATIONS
SCIENTIFIQUE
Tunga
Ilutyroopcnnum
CharlJon des Irbn:s morts
.,.,,;œxum
TUDkwilga
Ali'ormooi. laxiflora
CIwt>on
Pel.
Kondre
Terminali.
CIwt>on de bois vert, médicament
IflanRUe moore)
avic:ennoldes
QOlItre dVlenlerie et Nmalism..
Randga
CombreIum
CIwt>on
micranthum
Sanyinga
N.I
CIwt>on
Ralo
Kondre
Terminali.
CIwt>on de bois vert
IflanRUe moore)
avicennoldes
Nwèga
N.I
CIwt>on
Sêega
Burkea a6icana
CIwt>on trèI bon
SQga
AnogeiJaua leiocarpuo CIwt>on
Tunga
Ilutyroopcnnum
CIwt>on des Irbn:s morts
.,.,,;œxum
TUDkwilga
Ali'ormooia laxiflora
CIwt>on
Ramongo
Rondre
Terminalia
CIwt>on de bois vert
lanllUe moore)
avicennoldes
Sêega
Burkea amcana
Charbon trèI bon
Tamkwilga
Afrormosia laxilIora
Charbon
Sabou
Sêega
Burl<ea a6icana
Charbon trèI bon
lanRUC moore)
Sambisgo
Sèega
Burl<ea amcana
CIwt>on trèI bon
lanRUe moorel
TUDkwilga
Afrormosi. laxiflora
Charbon
Sigore
Kumbrisak
Casaia sieberiana
Charbon
10anRUe moorel
Sèega
Burl<ea a6icana
Charbon trèI bon
Tamkwilga
Ali'ormooia laxiflora
CIwt>on
Zami....ga
Al:acia ma<roslachya
CIwt>on
Sourgou
Kondre
Terminali.
CharlJon de bois vert
1flanRUe moorel
avic:ennoldes
Sêega
Burl<ea a6icana
Charbon trèI bon
TUDkwilga
Ali'ormooia laxiflora
Charbon
6-COMOE
Bérégadougou
Gnimi
Prosopis a6icana
CIwt>on trèI bon
10anRUe numuwl
Koko
Afrormosia laxiflora
Charbon
Sii
N.I
CIwt>on
Kanka1aba
Winè
Parinari polyandra
Charbon
lanRUe senwo)
Mouaodougou
Bamakwe
N.I
Charbon+c:ure dents, soigne 1..
O_nummuw)
dents
Onimiku
Prooopis a6icana
Charbon le meilleun+cure dents
Kama
SWOI1Zia
Cbarbon, "'est .....i un poison
is
Kolcba
Burkea a6icana
CIwt>on trèI bon+cure dents
Kwanke
Hymenocardia acida
CIwt>on+la poudre de l'é<:on:e
soi_l.. dents
011_
Koko
Afrormosia laxiflora
Cbarbon, sert .....i à
Nongon
N.I
Liane utilisèe pour retirer la loupe
dufoumeau
Sielr.o
Tenninali.
Cbarbon, racine sont médicament
avicennoldes
QUi donne la force
Sian
Kama
Swama
Charbon
10anRUC toussian)
is
Pekuri
Prooopis a6icana
CharlJon le meilleur
Sinke
Burl<ea amcana
CharlJon trèI bon
Sindou
Kubeyiri
Gui... .-gaIeusis
CIwt>on
10anRUe senufol
TUIU
Parinari eurale\\lifolia
CIwt>on
Winè
Parinari polyandra
Charbon
,. GANWUROOU
334
PROVINCE
VILLAGE
NOM LOCAL
NOM
OBSERVATIONS
SCIENTIFIQUE
8-GNAGNA
Piela
Nol
Ilutyroopermum
Charbon dea arins mons
l-aœxum
9-GOURMA
NamouSOU
Afpanga
TerminaJia
Charbon
langue gubnaœma)
avicennoldea
Gwarli
TerminaJia nw:ropIen Charbon
Roobu
Khaya senega1....is
Charbon
Lipkangli
Bwkea aliioana
Charbon le meilleur
Lisuangli
Prooopis aliioana
Charbon très bon
SIIani
Cusia lieberiana
Charbon
Nol
Ilutyroopcnnum
Charbon très bon
-aœxum
Io-HOUET
J<arankaao.s
Pelogo
N.I
Charbon
IIIanRUe sambla)
Sii
Nol
Charbon
Tyan
Nol
Charbon
Kogbc
Booya
Porinari curalelliflora
Charbon
IllanRUe numu)
Kama
Swani&
Charbon
is
Koko
Alfonnosia Iaxillora
Charbon
Kuelan
Burie.. atnoana
Charbon très bon
Gnimi
Prooopis aliioana
Charbon le meilleur
Niera
CombreIum II'
Charbon
Panke
Hymenocardia .alla
Charbon
Ki....
Gnimi
Prooopis a1iioana
Charbon le meilleur
Kama
Swani&
Charbon
is
Koko
Alfonnosia Iaxillora
Charbon
KweICha
BurIe.. aliicana
Charbon très bon
KouriniOll
Pekuri
Prooopis aliioana
Charbon le meilleur
'lanRUe luaaian)
Kama
Erythrophleum
Charbon
aliicanum
Peni
Kama
Swartzia
Charbon
l(lanRUC mumu)
is
Kuetian
BurIe.. aliioana
Charbon très bon
Man
Nol
Charbon
Ticlcu
Nol
Charbon
Sanakoro
Booya
Porinari euratellifolia
Charbon
I/IanRUe numu)
Gnimi
Prooopis aliioana
Charbon le meilleur
Kama
Swani&
Charbon
is
Kooku
AIiormooia laxiIIora
Charbon
Kuetian
BurIe.. atnoana
Charbon très bon
Mièrè
Combrelum 11'.
Charbon
Touaiana
Pekuri
Prooopis aliicana
Charbon le meilleur
I(langue tuaaian)
Sm
BurIe.. aliicana
Charbon très bon
12- KENEOOUGOU Djigouera (koko)
Gnimi
Prooopis aliicana
Charbon le meilleur
(l''''e numu)
Koko
AIiormooia Iaxillora
Charbon
Samorogouan
Gnimi
Prooopis aliicana
Charbon le meilleur
1&II""e numu)
Koko
AIiormooia Iaxillora
Charbon
Sîiku
Bwkea aliioana
Charbon très bon
335
PROVINCE
VllLAGE
NOM LOCAL
NOM
OBSERVATIONS
SCIENTIFIOUE
13- KOSSI
Bcna
Binahué
Cusia singueana
Charbon
lan.... bwomul
ou branhun-né
F~w'fiflDu
Cusi. licberiana
Charbon
Hohun
Terminalia macroptera Charbon peul être brillé vert
KHtènu
Prooopis a1hcana
Chabon 1. meilleur
14- KOURJTENGA
1S· MOUHOUN
Douroula
Cècèrè
Anogeissus I.iocarpus
Charbon
Ilanw.nwbl
Kulè
Prooopis a1hcana
Charbon 1. meilleur
Wara...lé
Afronnooia I.xiflora
Charbon
Yizan
Cauia sieberiana
Chalbon
Kera
Binahué
Casai. lingueana
Chalbon
lanw. bwamu1
Fèfènulfdinu
Casai. sieberiana
Charbon
Kankani
Prooopis a1hcana
Charbon ltès bon
KOIIi
Binahué
Cauia singueana
Chalbon
1flanl!\\lO bwll11u)
Fèfenu/fifmu
Cauia sieberiana
Charbon
Kankani
Prosopis a1hcana
Charbon Irà bon
16-NAHOURJ
Adongo (badongo)
Miun
N.I
Charbon
flanl!\\lO kaseml-
Songon
Butyrospennum
Chalbon
uan..oxum
Vuem
Hymenocardia acida
Chalbon
Kampala
Koa-l<uan
N.I
Charbon
Ilanw. kasem)
Kogo
Tenninalia macroptera Chalbon
Leubadia
CI'llISOpIOryX febrifuga Soip 1.. fièvres
Nugakoro
N.I
Chalbon
Pnon
N.I
Charbon
Songon
="um ChalbondesarlJresl1IOI1I
Vuem
Hymenoçordia acida
Charbon
Koubongo
Pnon
N.I
Charbon
Iflan"". kaseml
Songon
Butyroopennum
Charbon des arlJres l1IOI1I
l...n.toxum
Tantanga
N.I
Charbon
Songo
Kanyonga
l'I«ocarpus erinaœus
Charbon
IIlanRu. kasem1
Kiekura
N.I
Charbon
Kogo
Terminalia macroptera Chalbon
Leubadia
CI'llISOpIOryX febri1ùga Charbon
Songon
Butyrospennum
Charbon des arlJres morts
luan..oxum
Toro
Mitngyna inennis
Chalbon
Tiakane
Kalankula
Detarium microcarpwn Chalbon bon
'Ilanauekaseml
Kiekura
Afrormosia Iaxiflora
lOigne les genoux malades
Leubadia
Croaopteryx febri1ùga Soigne 1.. fièvres
Songo
Butyrospennum
Chalbon des arlJres morts
oaràdoxum
Tchikura
N.I
Vuem
Hymenoçordia acida
Soigne 1.. seins des femmes
Tangasgo
Kanyonga
Pterocatpus erinaœus
Charbon
IllanRue-kasem1
Pnon
N.I
Charbon
336
PROVINCE
VILLAGE
NOM LOCAL
NOM
OBSERVAnONS
SCIENTIFIQUE
17- NAMENTENOA
IB·OUBRJTENOA
Pohre
KOu
Khaya .....gaI...is
CIwbon très bon
Illanw. moore)
Sêga
Bw1<ea africana
CIwbon très bon
Tunga
Butyroopermum
CIwbon des arbres mOlts très bon
l...n.toxum
Suba
Kanblga
Aizeli. africana
CIwbon
IOUlIN. moore)
Kuka
Khaya .....gaI....is
CIwbon très bon
Kyega (ou nyuri)
ProaopiJ africana
CIwbon très bon
Kumbriaaka
Cassi. sieberiana
CIwbon
Sêega
Bw1<ea africana
CIwbon très bon
TOUIg&
Ilutyroapennum
CIwbon des arbres mOI1s très bon
InarOdoxum
19·0UDALAN
Qorom-Gorom
Bani
N.I
Bois mort
IUlgu. mallébé)
Dogu.
N.I
Bois lIIOI1
Gobi
N.I
Bois mort
20- PASSORE
Bouri.
Nolnga
C.-opleryx febrifuga Charbon, soigne les fièvres
IUlIN. moore)
Taonsgo
Kondre
TenninaJi.
CIwbon
IUlR\\J. moore)
.vi_des
Kougumde
Combmum
CIwbon
loJ~m
Pemperga
PlaocaIpus 1"""",
CIwbon
Bingo
Kondre
TenninaJia
CIwbon
I/IUIRU. moore)
.viœnnoldes
Kumbriaaka
Cusia .lberiana
CIwbon
Nolnga
CI'OISOpIOryX febrifuga CIwbon
Wilinwiga
Oivi.........gaI....is
CIwbon
Minialia
Sanpèga
Combmum
Charbon, soigne les seins des
IOanRUe mœre)
femmes
Pemperga
PlaocaIpus luCOlll
CIwbon
Kwimiga
ProaopiJ africana
CIwbon 1. meilleur
21- PONl
LepIoin
Lowbti.
N.I
Charbon, lIOIt • fabriquer des
OUlR\\J. birif...)
lCOIQ\\Iois
Sula
Alionnoai. laxiIl....
clwbon
Saaldopine
Prooopis afri.....
CIwbon
Tati.
Butyroopermum
CIwbon
...n.toxum
Tanwoun
Kpiba
Proaopis africana
CIwbon
OanRUe DII)
22·SANOUlE
Daaaa
EahiIo
Cusi.lieberiUlO
CIwbon
OUIRU. lvel.)
00
CornlnIum
CIwbon
mi<:nnthum
Ko
TerminaJi.
CIwbon
.vicennoldes
So
Butyroopermum
CIwbon très bon
l...n.toxum
Yabhju
Proaopis africana
CIwbon très bon
Didyr
SiOIiolo
N.I
CIwbon
IOUlRUe lvel.)
Song
Butyroopermum
CIwbon des arbres mOI1s
l...n.toxum
Yadlung
EnIAda afri.....
CIwbon
337
PROVINCE
VilLAGE
NOM LOCAL
NOM
OBSERVATIONS
SCIENTIFIQUE
Mogoya
Go
ComInIum
CIwtJon
IlIan""elvele)
mic:ranthum
K i _
N.!
Charbon
Yadlung
Entada afric:ana
Charbon
Nepoen (Napouan)
Niom
N.!
Charbon
lanllUclvele)
Song
8ut}T00permum
CIwtJon da utns mons
Mdoxum
Sissiolo
N.!
Charbon
Pouni
Ko
TerminaJia
CIwtJon
(Ian""c Ivele)
avicennolda
Song
r:=mum
Charbon
Siuiolo
N.!
Charbon
Yo
Burl<ea afric:ana
Charbon
Réa
Yarna
N.I
Charbon
Illan""e Ivele)
Yualbini
N.I
Charbon
23· SANMATENGA Banpoma
Kuka
Khaya senegalensis
Charbon lrès bon
1(lanRUe 1IIOORl)
Taanga
8ut}T00permum
Charbon doa arbre mons Irà bon
Mdoxum
Samtaba
Taanga
Butyrospennum
Charbon des arbre mort, très bon
lan2lle 1IIOORl)
Mdoxum
Tandaga
Goose
A<:acia sp
Charbon
langue moore)
Kuka
Khaya senegalensis
Charbon
Taanga
Butyrospennum
CIwtJon
Mdoxum
24-SENO
2~· SISSIL(
Bagonsie
Tapan
Burl<ea afric:ana
Charbon
lan2lle numi)
Telau
Hymenocardia &cilla
Charbon
Boura
Hole
N.I
Charbon
1(Ian2IIC sisaala)
Diona
Ko
N.I
Charbon
il1an....e nunu)
Tapan
BurI<.. afric:ana
Charbon Irà bon
TeI<wu
Hymenocanlia &cilla
CIwtJon
Fyin
Tapan
BurIc:.. afric:ana
Charbon lrès bon
Illangue nuni)
TeI<wu
Hymenocardia &cilla
Charbon
Ua
Ka
N.I
Charbon
lan2lle nuni)
Tapan
BurI<.. afric:ana
Charbon lrès bon
TokutU
Hymenocanlia &cida
Cbarbon
Li
Tapan
Burl<ea afric:ana
CIwtJon lrès bon
lanRUe nuni)
Pien
Dankolokalanoian
CIwtJon
(lan2IIC nuni)
Oniao
Aoacia senegalensis
Charbon
Saborizona
lJober\\ina doca
CIwtJon
Tapan
BurIc:.. afric:ana
Charbon
Ton>
Pteleopoil ..berou
Charbon
Silly
Tapan
BurIc:.. afric:ana
Cbarbon
Illan..... nuni)
338
PROVINCE
Vll.LAGE
NOM LOCAL
NOM
OBSERVATIONS
SCIENTIFIOUE
26-S0UM
Aribinda
Abenmo
PIerocarpus IIICCIII
Boia lIlOlt
Iflonaue sonral/marenp)
Adjirdpandé
A<:Icia nilotica
Boia lIlOlt
AIwga
ComIntum
Bois lIlOlt
micnnthum
Famanga
Gui.... senegalenaia
Boia lIlOlt
Djibo
N.I
Ziziphus mauritiana
Boia lIlOlt
Iflonl!U. fulfuldé)
Baliniana
Gui.... sen.galensia
Boia lIlOlt
Keli outeli
Oioopyros heudelotia
Boia lIlOlt
1
27-S0UROU
Busan
Moa
KhayallCllCga1ensia
Charbon lrèo bon
Iflon.... san)
Sola
N.I
Charbon
Wèrè
Terminalia
Charbon
avicennoldes
Daia
Guiai ou disi
Combretum
Charbon
lonllU. san)
micranthum
Kèbra
Cauia .ieberiana
Charbon
Kn1
Ilutyrospermum
Charbon
paradoxum
Moa
Khaya senegal....ia
Charbon
SizIft
N.I
Charbon
Dialon
Kul.
N.I
Charbon
Iflongu. san)
Kn1
Ilutyrospermum
Charbon des arbres lIlOlta
lew3doxum
Moa
Khaya .....galensia
Charbon lrèo bon
Nonon
Grewia mollis
Charbon
Wora ou Were
Terminalia
Charbon
avicennoldes
Yirikiolo
N.I
Charbon
Douban
Kuleba
N.I
Charbon
loonaue san)
Nonon
Grewia mollia
Charbon
Si
Ilutyrospermum
Charbon
1paradoxum
Tabara
N.I
Charbon
Tou
N.I
Charbon
Wora
Terminalia
Charbon
avicennoldes
Wonibere
Ai:acia senegalensia
Charbon
Douasoula
Kebra
Cauia sieheriana
Charbon
Oonaue san)
Kn1
Ilutyrospermum
Charbon
~xum
Maa
Khaya senegalensia
Charbon
Were
Terminalia
Charbon
avicennoldes
Yirigwel.
N.I
Charbon
Kouy
Guiasi
Combretum
Charbon
loonaue san)
nùcranthum
Kebra
Cauia .ieheriana
Charbon
Kn1
Ilutyrospcnnum
Charbon
I~xum
MOlI
Khaya senegalensia
Charbon
Sone
Ki....
N.I
Charbon
l1anRue san)
Kongo
N.I
Charbon
Tiebila
N.I
Charbon
Tougan
GuÏlli ou disi
Combretum
Charbon
Oonaue san)
nùcranthum
339
PROVINCE
Vll.LAGE
NOM LOCAL
NOM
OBSERVATIONS
SCIENTIFIOUE
Kebra
Cauia sieberiana
CIwbon
KIU
8utyIoopennum
CIwbon
loarOdoxum
Moa
Khaya scnegalensis
CIwbon
Toungare
Guiai ou disi
Combmum
Charbon
lanll\\lO san)
micranthum
Kwu
Butyroopermum
CIwbon
'Nhdoxum
Muga
Khaya scnegalensis
CIwbon
Tiibilo
Nol
Clwbon
28·TAPOA
Kanll:hari
Nol
Butyroopermum
Clwbon des arbres mor1s
18ft211e ....1mancen1a)
oandoxum
NlIIlpOIIIkore
Nol
Butyroopermum
CIwbon des arbres mor1s
IllanRUe RUImancen1a)
Nhdoxum
Yobiri
Kpubon
Terminali.
CIwbon
IlianRUO RU1mancema)
.vicennoldes
29·YATENGA
Gouroy
Randga
Combmum
CIwbon
IllanRUe moore)
micranthum
Ingane
Gumiiga
Nol
CIwbon
Illan....e moore)
Kondre
Terminali.
CIwbon
aviœnnordes
Kumbrisaka
Cusia sieberiana
CIwbon
Koumbri
Kegi.
Balanites aegyptiaca
CIwbon
tan....e moore)
Kulca
Khaya scnegalensis
CIwbon
Kumbrisaka
Cassi. sieberiana
CIwbon
Kwimiga
Combmumsp.
CIwbon
Kyeega
Prooopis aliicana
CIwbon le meilleur
Pemperga
Plerocarpus luoens
Clwbon
Mandga (ou kwiiga) Combretum
CIwbon
miaanthum
Siiga
Anogeissus leioc:arpus
CIwbon
Wilinwiiga
Gui... scnegalensis
CIwbon
KaIaaka
KU1reWagale
Terminali. macroptera CIwbon
IrianRUO moore)
Pemperga
Plerocarpus lucens
CIwbon
Siiga
Anogeissus leioc:arpus
CIwbon
Ronp
KislinItindi
DaJbergia
CIwbon
l'I......e moore)
Melanoxvlon
Kondré
Terminali.
CIwbon
.vicennoldes
Taanga
Butyrospermum
CIwbon
INhdoxum
Sislamba
Kwiga
Combmum
CIwbon
lolftRUO moore)
micranthum
Pemperga
Butyroopermum
CIwbon
INhdoxum
Taanga
Plerocarpus lucens
CIwbon
YalIca
Kwimiga
Combmumsp
CIwbon
tanllUe moore)
RancIe (randga)
Combretum
CIwbon
micranthum
Ziga
Kondre
Terminalia
CIwbon
l8ftl!Ue moore)
.vic:ennoldes
30- ZOUNDWEOGO Ilou8ougou
Boo
Lannea velutina
Chatbon sec:ondaire
O_biaono)
GoIcaura
Crouopleryx febrifiaga CIwbon sec:ondaire
Keun
PIcrocarpus erina<:eus
CIwbon _claire
Kinai
Alionnooia laxi1Iora
CIwbonbon
Laku
Anogeissus leioc:arpus
CIwbon secondaire
340
PROVINCE
VILLAGE
NOM LOCAL
NOM
OBSERVATIONS
SCIENTIFIQUE
Lisi
Acacia gouf1llUllÂS
Charbon bon
Mo
Khaya oenepJCIIIÎI
Charbon lriI bon
Surè
A1bizzia chevalieri
Charbon bon
Sirp
00lry0deriI
Charbon bon
llUhlmannii
T....
Naucl.. latifolia
Charbon oec:ondaire
Wansarp
Surba aliicana
Charbon lriI bon
Yerbanko
Foretia opodanthcra
Charbon oec:ondaire
Garango
Boo
LInnea ""lutina
Charbon
"langue bisano)
Kru
Butyroopcnnum
Charbon
~xum
Lako
AnogeiJlus leioc:alJlUS
Charbon
341
CHAPITRE VIII : LES ARBRES DES METALLUGISTES SELON
LEURS TRADITIONS
Le tableau de répartition des arbres des métallurgistes burkinabè ci-dessus,
représente plus de dix années de collecte. Les espèces ont été identifiées par Simon
Ouattarao et Ouétian Bognounou du Centre National de la Recherche Scientifique et
Technologique de Ouagadougou et par Jeanne Millogo-Rasolodimby de l'Université de
Ouagadougou. Les prélèvements de plantes soumis à leur expertise n'ont pas toujours été de
qualité suffisante pour permettre la détermination, d'où les mention "non identifié (N.!)" sur
le tableau. Certains noms locaux n'ont pas été enregistrés par inadvertance parce que l'arbre
était à proximité et pouvait être montré du doigt. C'est le cas de Butyrospermum
paradoxum. Sur un total de 340 indications de plantes, dont 289 ont été identifiées, on ne
distingue que 45 essences différentes avec les fréquences de représentation suivantes:
Acacia gourmaensis (1), Acacia macrostachya(2), Acacia nilotica(1), Acacia
senegalensis(2), Acacia sp(1), Afrormosia laxiflora (20), Afze/ia africana (1), Albizzia
cheva/ieri(1), Anogeissus leiocarpus(7), Balanites aegyptiaca(1), Burkea africana(35),
Butyrospermum paradoxum (39), Cassia sieberiana(19), Cassia singueana(4), Combretum
camprocarpum(1), Combretum glutinosum(1), Crossopteryx febrifuga(6), Combretum
micranthum(15), Combretum sp(5), Detarium microcarpum(2), Diospyros heudelotis(J),
Entada africana(2),
Erythrophleum africanus(J),
Feretia
opodanthera(J),
Grevia
mo//is(2), Guiera senegalensis(7), Hymenocardia acida(9), lsoberlina doca(1), Lannea
acida(1), Lannea velutina (2), Mitragyna inermis(2), Nauc/ea latifo/ia(J), Ostryoderis
stuhlmannü(1), Parkia biglobosa(1), Parinari eurate//iflora(3), Parinari polyandra(2),
Prosopis africana(25), Pteleopsis suberosa(l), Pterocarpus erinaceus(3), Pterocarpus
lucens(6),
Swartzia
madagascarensis(8),
Termina/ia
avicennoïdes(23),
Termina/ia
macroptera(6), Ziziphus mauritiana(J).
341
CHAPITRE VIII : LES ARBRES DES METALLUGISTES SELON
LEURS TRADITIONS
Le tableau de répartition des arbres des métallurgistes burkinabè ci-dessus,
représente plus de dix années de collecte. Les espèces ont été identifiées par Simon
Ouattarao et Ouétian Bognounou du Centre National de la Recherche Scientifique et
Technologique de Ouagadougou et par Jeanne Millogo-Rasolodimby de l'Université de
Ouagadougou. Les prélèvements de plantes soumis à leur expertise n'ont pas toujours été de
qualité suffisante pour permettre la détermination, d'où les mention "non identifié (N.I)" sur
le tableau. Certains noms locaux n'ont pas été enregistrés par inadvertance parce que l'arbre
était à proximité et pouvait être montré du doigt. C'est le cas de Butyrospermum
paradoxum. Sur un total de 340 indications de plantes, dont 289 ont été identifiées, on ne
distingue que 45 essences différentes avec les fréquences de représentation suivantes;
Acacia gourmaensis (1), Acacia macrostachya(2), Acacia nilotica(1), Acacia
senegalensis(2), Acacia sp(1), Afrormosia laxiflora (20), Afzelia a.fricana (1), Albizzia
chevalieri(J), Anogeissus leiocarpus(7), Balanites aegyptiaca(I), Burkea a.fricana(35),
Butyrospermum paradoxum (39), Cassia sieberiana(19), Cassia singueana(4), Combretum
camprocarpum(I), Combretum glutinosum(J), Crossopteryx febrifuga(6),
Combretum
micranthum(J5), Combretum sp(5), Detarium microcarpum(2), Diospyros heudelotis(J),
Entada africana(2),
Erythrophleum africanus(J),
Feretia
opodanthera(I),
Grevia
mollis(2), Guiera senegalensis(7), Hymenocardia acida(9), Isoberlina doca(I), Lannea
acida(I), Lannea velutina (2), Mitragyna inermis(2), Nauclea latifolia(J), Ostryoderis
stuhlmannü(J), Parkia biglobosa(I), Parinari curatelliflora(3), Parinari polyandra(2),
Prosopis africana(25), Pteleopsis suberosa(I), Pterocarpus erinaceus(3), Pterocarpus
lucens(6),
Swartzia
madagascarensis(8),
Terminalia
avicennoïdes(23),
Terminalia
macroptera(6), Ziziphus mauritiana(I).
342
On constate que certaines espèces dominent nettement par leur représentativité. Ce
sont Butyrospermum paradorum qu'on retrouve 39 fois, Burkea africana 35 fois, Prosopis
africana 25 fois. Les Termina/ia (avicennoïdes et macroptera) sont représentés 29 fois, les
Cassia (sieberiana et singueana) 23 fois et les Combretum (camprocarpum, g/utinosum,
micranthum et sp.) 21 fois. On relève aussi une utilisation importante de Khaya
senega/ensis (16 citations). On totalise ainsi sept espèces vraiment représentatives des
arbres jadis employés par les métallurgistes pour la réduction du minerai de fer. Les autres
espèces semblent n'avoir constitué que des appoints. On doit se souvenir aussi qu'à Bonogo,
dans la Province du Bazega, la tradition affirme que toutes les essences étaient employées à
l'exception d'une seule, le putrmuga (ou putrumuka ou pusemporgo), Stercu/ia setigera, qui
au demeurant ne donne pas de charbon. Cette région, nous l'avons vu dans l'étude des mines
et minerais, doit sa technologie au Yatenga. Il est probable que localement les normes du
nord n'aient pas été respectées.
On est surpris par l'importance accordée au Butyrospermum paradorum. En effet,
cet arbre fruitier est très protégé, et de plus son charbon projette des étincelles. Cependant
presque toutes les traditions précisent qu'on n'utilisait que les arbres morts obtenus parfois
par achat comme à Dassa dans le Sanguié. Cet arbre présente les caractéristiques suivantes:
il est trapu, haut de 9 à 15 mètres, avec une écorce crevassée en peau de crocodile. Son
feuillage est touffu et sombre. Il fournit un latex blanc mais surtout un fruit dont la pulpe
est consommée et l'amande utilisée à la fabrication du beurre de karité.
Burkea africana et Prosopis africana étaient véritablement les arbres des
métallurgistes partout où les conditions naturelles permettent leur développement. Ils
constituaient la base des charbons des numu des provinces de la Comoé, Houet,
343
Kénédougou, et sont cités parmi les meilleurs charbons dans le reste du pays sauf dans les
provinces de 1'0udalan et du Sourn où ils n'existent pas. Ils ne sont pas non plus signalés
dans provinces du Boulgou, du Nahouri et du Zoundwèogo où cependant ils prospèrent
encore aujourd'hui. Ces deux arbres étaient très employés aussi dans l'artisanat de
l'ustensilité domestique pour la fabrication de mortiers, pilons, écuelles etc, et comme bois
d'oeuvre pour les poutres de soutènement et les terrasses des maisons.
Leurs
caractéristiques sont les suivantes: Burlœa africana pousse au sud du l3e parallèle. Son
bois est brun rougeâtre et dur. Vert et tendre, il sert de cure-dents. Quant au Prosopis
africana, c'est un bel arbre de forêt sèche, haut de 7 à 15 mètres donnant un bois rouge très
dur, imputrescible. C'est le meilleur bois à charbon des forgerons. Selon le R.P. J. Tiquet,
certaines femmes préfèrent même ne pas utiliser en cuisine ce bois qui est "trop fort". Il
donne trop de chaleur et risque de brûler le contenu de la mannite. Surexploité, surtout
pour son charbon mais aussi pour l'artisanat et la sculpture, Prosopis africana est menacé de
disparition au Burkina Faso
Les Termina/ia qui se développent très bien dans l'Ouest du Burkina, y sont
remplacés par les Burlœa africana et Prosopis africana comme combustible des fourneaux.
Une seule citation le concerne à Béna dans la Kossi où la tradition précise que son charbon
sert aux réductions de minerai, mais surtout à la forge pour la transformation du métal. On
le mentionne une fois aussi dans la Comoé.
Le Mouhoun et la Kossi semblent avoir préféré les Cassia et les Prosopis africana
en composition binaire. Dans cet espace des métallurgistes bwaba, on observe une limitation
assez stricte des espèces utilisées comme combustible des fourneaux. Les Marka vivant au
milieu des Bwaba et qui en fait n'étaient pas des métallurgistes de tradition, employaient en
plus
des
essences
citées,
Anogeissus
/eiocarpus
et
Afrormosia
/axiflora.
Leur
comportement, additionné à celui observé dans le Bazéga, donne l'impression que dans les
344
milieux où n'existaient pas une longue tradition de métallurgie, la sélection des espèces
d'arbres était lâche, sinon inexistante. Les TerminaJia et les Cassia se caractérisent de la
façon suivante: les Cassia (surtout sieberiana) sont de petits arbres qui peuvent atteindre
six mètres de hauteur sur de bons sols. Ils restent rabougris sur les sols arides. Leur bois
souge est bon en ébénisterie. Quant aux Terminalia, ils sont avec les Combretum, les
espèces les plus représentées en savane et aussi les plus exploitées pour leur bois, employé
en architecture, en artisanat ou pour le feu.
C'est sans surprise que nous voyons les Combretum, surtout Combretum
micranthum, figurer en bonne place parmi les arbres des métallurgistes. A vrai dire il était
présent dans presque tous les ateliers de réduction du Centre et du Nord du Burkina. Selon
Ouétian Bognounou qui lui a consacré un article en 1975362, Combretum micranthum,
appelé parfois improprement Kinkéliba, est répandu du Sénégal au lac Tchad, dans toutes
les zones sahéliennes et nord soudanaises. Il est moins fréquent en climat sud-soudanien
plus humide. Constant sur les cuirasses ferrugineuses où il forme parfois des fourrés épais, il
semble rechercher les substrats arides. Cette plante qu'on ne rencontre plus qu'à l'état
buissonnant, très branchu avec au maximum 4 m de hauteur, était jadis, disent les anciens,
très grand et donnait de gros troncs. On l'appelle randgl!, kuigll, kwiimiga en mooré, borâko
en bwamu, tiêpenè en bobo-madarè, disi en guisi en san du Nord, golobè en bambara, mièrè
ou nièra en dialecte des numu. BQ en Iyélé, akanga en Rimaibé.
Combretum micranthum peut atteindre 8 m de hauteur, ce qui veut dire qu'il a perdu
la moitié de sa taille aujourd'hui. Il présente une dualité de forme, tantôt lianescent, tantôt
sarmenteux. Ses feuilles sont caduques en saison sèche de novembre à mai. Avant de
tomber elles prennent une couleur rouille donnant la fausse impression que la plante a subi
362 BOGNOUNOU, O., 1975, "Note SIU une plante médicinale: le randga ou kinkeliba (Combreturn
micranthum G. Don-eombretaeeae)". Notes et documents voltaIgues, 8(2), 1975, pp. 36-41. Les
caractéristiques des autres essences végétales ont été tirées de TIQUET, 1., RP., 1985, Les arbres de la
brousse du Burkina Faso.
345
l'action des feux. C'est cette même couleur rouille qui le classe parmi les plantes indicatrices
de la présence du fer.
Combretun micranthum est très utilisé en artisanat pour la fabrication des paniers
qu'on retrouve dans le transport du minerai et du charbon. Il est également connu pour ses
vertues médicinales, en particulier comme un bon fébrifuge ou pour lutter contre l'ictère et
la fièvre jaune. Combretum micranthum est aujourd'hui revalorisé en thérapeutique
moderne. En plus de son utilisation traditionnelle en vannerie, ses jeunes rameaux sont
exploités sous forme de broches des grillades de viande qui constituent l'une des spécialités
culinaires des villes burkinabè.
Khaya senega/ensis est enfin une des espèces hautement représentées sur le tableau.
Appelé acajou du Sénégal ou caïlcédrat, cette espèce végétale est un arbre de forêt sèche
atteignant 30 mètres de hauteur et fournissant un bois dense et coloré très utilisé dans
l'artisanat et l'ébénisterie.
Certaines espèces de plantes sont éliminées des combustibles par les métallurgistes,
soit parce qu'elles donnent un mauvais bois et charbon (exemple du Stercu/ia setigera) soit
en raison de leur utilité dans l'alimentation ou la pharmacopée. C'est le cas principalement de
Parkia big/obosa, connu et protégé pour ses fiuits, dont la poudre jaune est un aliment de
soudure et la graine, un condiment réputé appelé soumbala. Sc/erocaria birrea et Detarium
microcarpum sont également souvent exclus des combustibles pour les mêmes raisons. De
plus, le tronc de Sc/erocaria bi"ea sert en sculpture. Ils sont mentionnés, peut être à tort,
chacun une fois sur le tableau. En effet, les espèces citées par les anciens ne correspondent
pas toujours à ce qu'on a effectivement utilisé dans le passé, mais traduisent parfois l'état
actuel de la végétation.
Tamarindus indica, relevé par Danilio Grebenart, n'apparaît nulle part dans les
traditions que nous avons recueillies. Cet arbre, très utile aux populations pour ses feuilles
346
et ses fruits qui entrent dans l'alimentation, offre son ombre aux métallurgistes et aux
forgerons qui y établissent leurs ateliers.
Nous n'avons pas creusé les raisons qui ont éliminé également Piliostigma
retieulatum des combustibles comme l'atteste la tradition de Samtakoudogo dans la
province du Sanmatenga.
La quasi absence des Acacia sur le tableau est également remarquable (au total 3
citations dont 2 pour senegal et 1 pour sp.). Dans le Sahel, il en existe neuf espèces dont les
exigences en pluviométrie et les préférences édaphiques sont rendues sur les deux tableaux
ci-dessous. On observe en particulier qu'elles sont résistantes à la sécheresse, mais peuvent
supporter des inondations. La majorité d'entre elles présentent une grande plasticité
édaphique et se rencontre sur des sols bruts ou peu évolués tout en tolérant, pour certains,
des sols hydromorphes363 . Il est donc étonnant, que très représentés dans le Sahel et en
climat nord soudanien, les Acacia soient presque absents du patrimoine énergétique des
métallurgistes.
Les anciens ignorent la lignite ou le coke. Ils n'en ont jamais vus. Pourtant à Pabré,
grand centre métallurgique de l'Oubritenga, de la lignite a été découverte pendant la période
coloniale. En effet G. Arnaud ,récapitulant les richesses minières de l'Afrique Occidentale
Française en 1945, indique que la Compagnie Minière de Haute-Volta avait découvert sous
cinq mètres de stérile, une couche de lignite d'une cinquantaine de centimètres, dont
l'analyse, effectuée en France, a donné les résultats suivants: - matériaux volatils (54 %),
carbone fixe (26 %), cendres (7 %), eau (13 %), pouvoir calorifique (4675 calories). A
l'époque, l'exploitation de ce combustible était envisagée pour alimenter le train de la Régie
Abidjan-Niger (aujourd'hui SITARAIL), car on était conscient que les peuplements
363 ROLANDO, C., 1992, "Identification des charbons d'acacias sahéliens de l'Ouest africain. Etude
préliminaire". pp. 256-258.
347
forestiers entre Bobo-Dioulasso et Ouagadougou ne supporteraient pas longuement des
prélèvements pour la chauffe des locomotives 364.
L'exemple de la Société Messafrics exploitant les vapeurs fluviaux entre Koulikoro
et Gao et qui avait consommé 30.000 stères de bois pendant la seule année 1942, était aussi
là pour inciter à la prudence.
Tableau N° 13 : Hauteun moyennes annuelles des précipitations en limite nord et sud de l'aire de
distribution des diven acaciu étudiés.
A.laeta
A.ehrengergiana
A.ataxacantha
A.seyal
A.siebenana
A.raddiana
A.senegal
A.nilotica
A.a1bida
o
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
1800
Pluviosité moyenne annuelle
364 ARNAUD, G., Les ressources minières de l'Afrique occidentale, p. 60.
348
Tableau N° 14 : PreCerendum édapbique des accaciu sabéliens
A.niIotica
A.sieberiana
A.seyaI
A.ataxae:antha
A.aIbida
A.senegal
A.Iaeta
A.raddiana
A.ehrenbergiana
Sols bruts
Sources tableaux 13 et 14 : ROLANDO, C, 1992, "Identification des charbons d'accacias sahéliens de
J'Ouest aiiicain. Etude préliminaire pages 257-258.
349
Les chercheurs qui se sont penchés sur la paléométallurgie du fer ont également
observé dans leurs zones d'étude les choix volontaires opérés par les métallurgistes parmi
les espèces végétales à même de fournir le combustible.
Au Bénin, les travaux de Oumarou Banni-Guene et de Seydou Sabi-Monra révèlent
que les essences suivantes étaient employées pour les réductions: Anthephora ampullaceae,
une herbacée, sert à la mise à feu et comme liant de l'argile de la construction des
fourneaux; Burkea africana, Butyrospermum paradorum, Monetes kerstingii, Prosopis
africana et Tamarindus indica étaient les arbres les plus utilisés sous forme de charbon. On
employait accessoirement Daniella oHveri et Khaya senega/ensil6S On retrouve dans cette
nomenclature, Prosopis africana, Burkea africana et Butyrospermum paradorum parmi les
meilleurs charbons.
TI n'y a pas eu à notre connaissance des enquêtes similaires au Mali. Les données
dont on y dispose sur les combustibles ne sont pas spécifiques à la paléométallurgie. Des
charbons de bois provenant de sites archélogiques ont été identifiés sans qu'on puisse les
rattacher au travail du fer366• Parmi les espèces végétales ainsi reconnues figurent certaines
du tableau burkinabè : Combretum micranthum, Guiera senegalensis, Ziziphus mauritiana,
Combretum g/utinosum, mitragyna inermis, Acacia senega/. Les charbons, prélevés entre
0,18 m et 8,64 m de profondeur, ont des âges compris entre 1370 + ou - 60 BP et 1660 +
ou -80 BP. Christiane Rolando qui a fait cette étude pense qu'il n'y a pas eu de changement
spectaculaire du type de végétation dans la zone du site étudié depuis les pemières
occupations. Cependant l'auteur prévient que les charbons récoltés représentent des témoins
d'une végétation passée tandis que les analyses anthracologiques à l'origine de ces résultats
365_ Bannî-Guene, 0, 1993, Histoire et traditions technologiques dans le BanI, p. 48 et 126.
- Sabi-MoDlll, S., 1990, Tradition orale et archéologie, p. 74
366
_ ROLANDO, C. 1991, « L'environnement vég~ de KNT2 : Essai de reconstitution par l'analyse
anthracologique. Résultats prélimaires >l, p. 383 -389
350
sont effectuées sur un échantillon pas nécessairement représentatif de l'environnement
végétal. Les raisons en sont que certaines espèces résistent mal à la carbonisation et se
pulvérisent, rendant impossible toute identification. n faut
également tenir compte des
choix de combustibles opérés par les anciens. Ces données sont cependant disponibles pour
être confrontées ultérieurement aux indications de la tradtion orale et aux charbons qui
seraient récoltés sur les lieux de réduction du minerai de fer.
On pourrait multiplier les exemples pour montrer que les choix de combustibles
opérés par les anciens étaient fonction des disponibilités de leur environnement. Par exemple
chez les Fang du Cameroun, les métallugistes ont préféré les espèces suivantes parce
qu'elles donnaient un « charbon puissant)) : Erythroph/eum guineense Don Uilim),
Cy/icodiscus gabunensis Harms (edum), Euripeta//um tessmanii Harms (andzitsim),
frvingia grandifo/ia Eng/ (ngyn) et Pentac/ethra macrophy//a Benth (ebeng) : rien qui
rappelle les bois et charbons des ferriers burkinabè 387.
En Europe aussi, ces choix sont attestés. Selon Paul Louis Pelet, les hêtres, les
chênes, les érables, les frênes, les peupliers, les ormes, les pommiers et les poiriers, sont
dans l'ordre décroissant, les espèces qui fournissaient le charbon de bois de la
paléométallurgie 388.
Un peu partout, les spécialistes de la métallurgie du fer ont été à la recherche de
" l'arbre qui fait beaucoup de braises et peu de cendres" , traduction du nom que les ferriers
djerma de Koni au Niger, donnent au Prosopis africana et qui contient l'essentiel des
préoccupations des métallurgistes en matière de combustible. En effet, avec du bois mort ou
du charbon de bois, et sous la protection des dieux, on attendait du fourneau qu'il accouche
d'un bon fer.
361 _ BOYER, P., 1983, «Le status des forgerons », p 46 -47
361 _ PELET, P.L, 1993, Une industrie rc:œnnue = fer, charbon, acier dans le pays de VAUD, , P 100
351
CHAPITRE IX : LA PRODUCTION DU COMBUSTIBLE ET SES
EFFETS SUR L'ENVIRONNEMENT
Sans combustible, aucune opération métallurgique n'était possible. Sa qualité
requiérait certains procédés de fabrication et sa forte ponction sur la végétation asouvent
généré des conséquences désastreuses pour l'environnement.
IX.t. La fabrication du charbon de bois
Claude Francis-Boeuf a déjà relevé certains détails relatifs aux méthodes employées
pour la fabrication du charbon de bois chez certains peuples de l'actuel Burkina Faso. Une
fois encore, nous nous appuyons sur ces données ethnographiques pour nous faire une idée
de la manière dont le charbon était produit.
Donc selon cet auteur 389 chez les Siénas (Sénoufo), les branches des arbres étaient
placées en couches alternées de sens contraire, formant des tas d'allure hémispérique hauts
de deux mètres et larges de quatre mètres. Le tout était ensuite recouvert d'herbes et de
mottes de terre. Le feu était allumé par le bas et l'ensemble se consumait lentement. En
l'absence de trou d'aération, la fumée s'échappait à travers la couche d'herbes et de terre.
Les Bwaba de la région de Dédougou entassaient aussi des morceaux de bois qu'ils
recouvraient de terre. Cependant, au lieu de laisser le tas se consumer lentement, ils
éteignaient et rallumaient le feu des bûches jusqu'à ce que la combustion soit totale.
Les Dagara procéderaient autrement. Le bûcher est allumé sans protection de terre,
et au moment voulu le feu est étouffé avec des branches d'arbre et de la terre.
]QI. Francis-Boeuf, C. 1937, (( L'industrie autochtone du fer en AO.F, P. 417-420
352
Des enquêtes récentes à Bamako, Legmoin et Nako, chez des forgerons birifor dont
les techniques métallurgiques sont proches de celles des Dagara révèlent la même manière
de procéder dans l'espace culturel birifor, dagara et lobi, pour obtenir le charbon de bois.370
A Moussodougou dans la Comoé, les Numu, après avoir abattu les arbres choisis,
les découpaient et les rassemblaient en un tas pouvant atteindre la hauteur d'une maison (3 à
4 m).
On plaçait de la paille et des branchettes sèches à la base du bûcher et encore les
mêmes éléments après chaque couche de bois, coupé à l'état vert. Au centre du bûcher on
mettait plus de paille et de branchettes car le feu devait y prendre obligatoirement. Lorsque
le bûcher est consumé, on étouffait le feu des braises avec de la terre mouillée. Tout le tas
en était couvert hermétiquement pendant deux jours à l'issue desquels le revêtement de
terre était cassé et le charbon éparpillé pour accélérer le refroidissement. On peut alors le
transporter au lieu de réduction dans des paniers appelés ganni.
Les Numu de Kogbe, Sian et Toussiana procédaient autrement pour obtenir leur
charbon. D'abord les arbres sélectionnés étaient abattus verts, puis découpés, séchés. Les
morceaux de bois étaient ensemble brûlés en plein air ou dans un trou creusé dans le sol. On
ne laissait pas le bois se consumer totalement. Le feu était étouffé par des projections de
sable. Au bout de deux ou trois jours, le bûcher était ouvert et les blocs de charbon cassés
1
l,
d
éd
'
371
avant eur transport au leu e r
uctlon
.
Chez les Kasena du Nahouri on allait en brousse couper les troncs morts de
Butyrospermum paradoxum et de Detarium microcarpum qui étaient débités en morceaux.
Lorsqu'on découvrait un nid d'abeilles sur un tronc, la partie était soigneusement raclée,
310 _ DABIRE Kpélé et son fils KAMBOU Ongouelé, forgerons-agriculteurs. entretien du 6/6/94 à Bamako.
- DA Dassa, DA Etienne, à Lcgmoin le 26/12194
- DA Dagnalé à Nako le 04101/9S
311
_ KONE Biekon à Kogbe le 30/8/86
- COULIBALy N'vin à Sian le 02110/86
- BARRO Soma à Toussiana le 19/3/87
353
3n
sinon le charbon obtenu ferait rater la réduction
. La suite de la fabrication du combustible
se déroulait comme à Kogbé, Sian et Toussiana.
Les métallurgistes bisa de Boussougou dans le Zoundwéogo entassaient aussi le bois
mort découpé à l'air libre ou dans un creux. Les arbres choisis pouvaient aussi être coupés
verts puis séchés. On montait des bûchers hauts d'un mètre et demi, recouverts de mottes
de terre sauf au sommet où une cheminée était aménagée au centre. La mise à feu avait lieu
à la base, uniquement du côté Est ou du côté Sud. Dès que le feu prenait, l'ouverture par
laquelle il avait été introduit était bouchée avec de la terre. La combustion était surveillée
afin d'étouffer vite les flammes qui se développeraient, éviter que les mottes de terre ne
glissent au mileu du bois et pour colmater les fissures qui s'opéreraient dans le revêtement
de terre. Lorsque la combustion était jugée suffisante, la cheminée était recouverte de terre
et le tout laissé au repos pendant trois jours.
Pour obtenir le charbon de la forge, les métallurgistes bisa se contentaient de faire
brûler le bois sec à l'air libre en éteignant les flammes avec de l'eau. C'était un travail d'une
•
•
373
Journee
.
Comme on peut le constater dans ces descriptions, les méthodes de fabrication du
charbon de bois étaient assez proches. Les cachets particuliers concernent essentiellement la
façon d'étouffer le feu et l'organisation du travail. Sur ce dernier point, l'exemple des
métallurgistes gulmanceba mérite d'être rapporté. La recherche du combustible pouvait
prendre un mois entre la coupe des arbres sélectionnés, le séchage et la carbonisation. On
produisait le charbon à la fois pour les fourneaux et les forges, mais les espèces végétales
étaient brûlés séparement, selon que le charbon était destiné au fourneau ou à la forge. On
était moins exigeant pour le charbon de la forge.
m _Entretien avec les forgerons de la famille GNONON à TIAKANE le 21/8/84
373 _ Massimbo, T, La métallurgie ancienne du fer dans la région de Boussougou, p. 66-68
354
Tout le monde participait à l'abattage des arbres, métallurgistes et autres villageois
qui espéraient recevoir en retour des lames de houes comme gratification. Cette pratique
peut être rapprochée de celle décrite par Anne Levy-Luxereau au sujet de la production du
minerai dans la région de Maradi au Niger, où l'activité métallurgique n'était pas l'apanage
d'un seul groupe social. Ainsi, en brousse, pendant que certains coupaient les arbres,
d'autres les débarassaient de leurs branches. Puis de grands trous d'un mètre de profondeur
et trois mètres de diamètre étaient creusés où les troncs séchés pendant une semaine et
débités, étaient placés. Au centre et sur le pourtour on disposait des branchages. Après
J'allumage et un certain temps de combustion, le bûcher était recouvert de la terre dégagée
des trous. On se servait aussi quelquesfois de gros tessons de céramique. C'est au bout de
deux jours qu'on ouvrait le bûcher pour laisser le charbon se refroidir avant le transport aux
lieux de réduction. Par saison, une vingtaine de bûchers étaient allumés à Namoungou pour
374
fabriquer le charbon de bois
.
IX.2. Les quantités produites et consommées et les conséquences sur
l'environnement
La question du combustible soulève également celle des conséquences de la
ponction faite par les métallurgistes dans la population ligneuse de la végétation. Pour les
déterminer, il faut au préalable détenir des données précises sur les quantités d'arbres
abattus et leur état au moment de la ponction : arbre vert, mort, jeune, vieux. En effet
comme le souligne un des informateurs de Nayimi, Province du Bazega, le travail des
fourneaux a été cause d'un grand déboisement, car ce ne sont pas les jeunes arbres qu'on
coupait mais les grands. Puis on entassait le bois sur une hauteur atteignant la hauteur d'un
hangar (environ 2 m) et on y mettait le feu pour fabriquer le charbon 375. On peut sans doute
374 _ TIDMBIANO F.E.• 1991, La production ancienne du fer dans le gulum : cas de Namoungou, pp. 86-87
375 • NIKIEMA Tiraogo. 75 ans, forgeron-agriculteur. Entretien à Nayimi le 2718183.
355
discuter avec Tiraogo Nlkiéma quant à l'âge des arbres abattus, mats le poids de ce
témoignage réside dans l'aveu d'une coupe abusive de bois.
Nos tentatives pour quantifier le combustible n'ont pas abouti à des chiffres certains
en raison de l'approximation des indications fournies par la tradition orale à l'image du
témoignage précédent de Tiraogo Nikiéma. A Gorom-Gororn, il fallait neuf fagots de bois
pour une réduction 378. Les quantités de charbon variaient selon qu'il s'agissait d'un
fourneau à induction directe, généralement le plus grand, ou d'un fourneau à soufflets dont
la taille peut se réduire à 60 cm. A Dassa, il semble que le tas de charbon de bois destiné au
fourneau à induction directe était si haut qu'on ne voyait pas une personne arrêtée de l'autre
côté 377. Cette estimation nous semble exagérée. Anne Levy-Luxereau évalue à une stère le
contenu d'un fourneau à induction directe de la région de Maradi au Niger, • 378 où il fallait
trois stères de bois par fourneau et par réduction. Il convient cependant de faire observer
que les fourneaux à induction directe décrits au Niger, semblent inférieurs en taille à ceux de
Dassa qui avaient tous plus de deux mètres de hauteur, tout comme à Kindiba au Yatenga
où il est affirmé qu'il fallait remplir une case ronde moaga de charbon avant de commencer
la réduction avec un boonga, le fourneau local à induction directe. Il est par trop difficile de
se tabler sur ces approximations pour déduire de façon précise les quantités d'arbres
abattus. Même l'utilisation des dosages minerai-charbon n'offre pas de certitudes 379. En
effet, ceux-ci semblent très variables d'un atelier à un autre, ou d'un type de fourneau à un
autre. De plus, on ne peut retenir que le rapport minerai-charbon, car l'unité de mesure peut
être le même pour
les deux matériaux ou différents. Les capacités des instruments de
mesures sont ignorées aussi.
376 _ Forgerons mallcbc de la famille Hamakani. Gorom-Gorom le 2813n6
377 _ BADOLO, I, 1991 L'exploitation traditionneUe du fer à Dassa, p. 63
378 • LEVY-Luxcreau, A., 1983, fi Mltallllrgie dans le sahel nigerien» p.231
379 _ Hamady Bocoum, Rodcrick. 1. MC Intosh et Susan. K. Mc Intosh font des réserves similaires quant aux
COnRqucDCCS de la sidérurgie au fer sur l'environnement de la moyenne vallée du tleuve
Sénégal. Voit
Biblio.
356
Par exemple, dans l'espace culturel numu, on trouvait en usage deux ou trois paniers
servant aux transport et aux mesures 380. Les Moosé par contre utilisaient le même récipient
pour doser le minerai et le charbon de bois. Les Bwaba en faisaient de même, eux qui
mélangeaient préalablement le minerai et le combustible au sol avant de charger le mélange
dans le fourneau. Les proportions minerai - charbon étaient donc variables, la part
du
combustible étant toujours supérieure à celle du minerai. A titre
d'illustration voici
quelques rapports tels que formulés par la tradition orale.
Chez les Numu de l'ouest, le rapport minerai/charbon était de l/3 à Karia
(Toussiana), l/4 à Bréat, 1/20 à Karankasso, pour des fourneaux similaires. On constate un
grand écart mais le dernier chiffre est isolé, les autres traditions étant proches des rapports
1/3 ou 1/4.
- En pays mo~a, le rapport minerai/charbon est presque constamment de l/2 pour
le boonga ou
boenga le grand fourneau à induction directe. TI existe des cas où les
quantités de charbon et de minerai sont presque équivalentes comme à Koumbri où il faut
75 paniers de charbon pour 60 de minerai.
Chez les Sana, non seulement il y avait deux paniers de taille différente pour les
mesures, le plus grand pour le charbon et le plus petit pour le minerai, mais en plus il fallait
quatre paniers de charbon pour trois de minerai.
]10 • Voir fig. 100 : Paniers de transport et mesure du charbon.
357
Figure 100 : Paniers de transport et de mesure du minerai
A - Paniers de KOGBE (Houet) : Photo Kiethéga 93
B - Paniers de Moussodougou (Comoe) ; Photo Kiethega 95
358
Fig. 101 Femme apportant du cbarboll de boit lia forge dl: Tourni
Photo CNRST. 1951.
359
En réalité, la seule constante observable est l'utilisation d'une quantité toujours
supérieure de charbon par rapport au nunenll. Quant aux proportions, elles sont
extrêmement variables. De plus, si celles-ci doivent être prises en compte pour comprendre
le fonctionnement d'un fourneau, les données les concernant ne sont pas assez précises pour
déboucher sur une quantification de la ponction faite dans la végétation pour nourrir les
fourneaux. Pour approcher la réalité, il faudrait maitriser la quantité de combustible par
atelier et par saison de réduction, connaître le nombre d'ateliers fonctionnant par saison, et
situer toute cette activité dans le temps 381. Néanmois, la mémoire collective est consciente
que J'activité métallurgique a joué un rôle néfaste sur l'environnement. Les fondateurs de
Toupouo (ce qui signifie dans la forêt), dans la Bougouriba, avaient baptisé leur village ainsi
parce qu'à l'époque la végétation était dense. Moins de deux siècles après on peut voir
l'horizon de loin 382. Notre informateur de Djibo dans le Soum reconnaît que l'arbre appele
keli , fournisseur du bois des fourneaux, est devenu buissonneux et rare à cause de
l'exploitation effrénée des forgerons 383. A Samtakoudogo dans le Sanmatenga, la forêt
sèche à Khaya senegalensis était à 50 m des habitations actuelles des forgerons il y a 36
ans. Lors de notre passage, il ne restait qu'une savane arborée à Butyrospermum
paradoxum. Au cours de la conversation avec les forgerons moosé qui exercent de nos
381 • Candice GOUCHER, récapitulant Haaland (1980), GOUCHER (1981), PLEINER (in WERTIME et MUHLY
1980), TYLECOTE (1980), propose les étapes et conversions suivantes pour l'estimation des productions sur un site
métallurgique. Tout d'abord le volume (en ml) de scories observé sur le terrain ne représente que 60 % du total des
débris, d'où qu'un ml de scories: X Kg de scories, selon les données de 'archéologie expérimentale.
L'intenm!tation des scories !lM llOids et volume donne le tableau c-aorés :
Observations ethnographiques
Fonnules standard
Volume
Poids
Nombre d'arbres
scorie: fer =1 : 1
scorie: fer =3: 1,4: 1
Quantité de charbon
minerai : scorie =2 : 1
minerai : scorie : =2 : 1
Quantité de minerai
minerai : fer =2 : 1
minerai : fer =6 : 1
Quantité de fer
charbon : minerai =2 : 1
charbon : bois =1 : 10
Quantité de scories
charbon : bois =1 : 4
charbon : scories =4 : 1
Le llOids de scories: le volume de scories =106,82 IœIm'
Partant de ces données, l'auteur propose en page 74 un schéma de la désertification autour d'un fourneau indiquant la
consommation en arbres en fonction du nombre de fourneaux utilisés.
382 • SOME Koungmar et alii, Mémére le 30/12194
360
jours, une accusation fonneUe a été lancée contre les Dogon (kibsi) qui ont séjourné dans la
région il Y a quelques siècles et y ont laissé d'importants vestiges métaUurgiques. Les
techniques de réduction des Dogon par de grands fourneaux à induction directe, seraient
dévastatrices pour la végétation. « Là où les Dogon sont passés. tout est dénudé )) ont-ils
scandé plusieurs fois 3&4.
Les présomptions qui pèsent sur les métaUurgistes et les forgerons en ce qui
concerne leur participation à la dégradation de la végétation n'est pas sans fondement même
si nous ne pouvons aujourd'hui déterminer la part précise de responsabilité dans la
péjoration climatique qui affecte toute \\' Afrique Occidentale. En Europe où existent des
sources écrites fournissant des données plus fiables que nos estimations, on s'est aussi plaint
du rôle des métaUurgistes et des forgerons dans le recul des forêts. Maurice Lecerf nous
infonne que jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, l'industrie du fer ne s'est servie que de charbon
de bois. Aussi la forge aurait-eUe été une véritable dévoreuse de forêts. Le déboisement de
la France serait l'oeuvre, non pas du paysan, mais du forgeron dont on se plaignait déjà sous
Dagobert 1er. Un capitulaire de Charlemagne aurait même vainement tenté de réglementer
les coupes forestières. Maurice Lecerf ajoute qu'au XVIIf siècle, plusieurs intendants
réclamèrent la destruction des fourneaux « véritables abîmes où s'engouffrent les
forêts ))3aS. Philippe Andrieux évalue à 70 - 80 Kg de charbon de bois la consommation d'un
fourneau d'Europe Centrale dont le volume moyen était de 85-90 litres. Un atelier de 100
fourneaux nécessiterait 35 à 40 m3 de charbon de bois, soit 2,5 ha de forêts 386. Ce qui est
vrai pour l'Europe peut l'être aussi pour l'Afrique, d'autant plus que les régions
subsahariennes connaissent une péjoration climatique avec des accélérations depuis la fin du
XiCii/:cle
quand la chute de l'Empire du Ghana a entrainé de grands mouvements migratoires
383 _ PAlHE Amadou, Djibo le 19 Mars 1982
384 _ Entretien avec les forgerons de Sarntakoudogo le 19/01194
38S _ LECERF, M, 1942. Le fer dans le monde, p.18
316 _ ANDRIEUX, Ph, 1990, Prolégomènes d'une étude tracéologique...•pS8
361
de peuples. Au demeurant, les travaux antérieurs relatifs à la paléométallurgie du fer en
Afrique Occidentale, soulignent les implications écologiques de la production des métaux
(cuivre et fer) du fait des quantités de combustible (bois et charbon de bois) nécessitées par
cette activité. R. Haaland, sur la base d'un volume de 30 000 m3 de scories recensées autour
de Méma au Mali, évalue à 480 000 m3 de bois, la consommation des sites de la région, qui
ont fonctionné durant trois siècles du VIII" au xr pendant l'apogée de l'Empire du Mali.
Cela représente approximativement 1600 m3 de bois par an. Cette pratique aurait provoqué
une déforestation périodique du site 387.
Candice Goucher, qui rapporte l'expérimentation réalisée par N. Van der Merwe au
Malawi en 1983, opération au cours de laquelle une tonne de charbon avait été nécessaire
pour produire quatre houes à partir de 50 kilos de minerai, conclut en disant que la
reconstitution elle-même a dénudé deux montagnes 388. Selon le même auteur, les
métallurgistes basar du Nord Togo sélectionnaient Peutac/ethra macrophy/ia Benth,
Erythroph/eum guineensis Don, Cy/icodiesens gabunensis Harms et /rvingia grandifo/ia
eng/. pour leurs combustibles. Il signale les dommages écologiques, outre la ponction de
bois, que constituent la pollution et la contamination par les oxydes, les fumées, les cendres,
les poussières, générés par les travaux métallurgiques 389. Mais/s'il est vrai que le couvert
végétal a subi et continue de subir une évolution régressive tant quantitative que qualitative,
sous l'action conjuguée de péjorations climatiques et d'actions anthropiques, cela signifie
qu'il faut rechercher plus au Sud, les paysages végétaux qui caractérisaient jadis les régions
aujourd'hui désolées du Sahel. Aussi, 1'0ftTe en combustible que fait aujourd'hui la nature
burkinabè doit être réévaluée en tenant compte de l'évolution historique. En effet, le
Burkina Faso présente de nos jours une diversité climatique marquée. La situation en
317 _ HAALAND, R, 1980
JI8 • GOUCHER, C, 1985,
JI9 _ GOUCHER, C, 1984, The iron industry of Bassar, Togo. pp. 60-61
362
latitude (entre 9°N et 15°N) et la continentalité se conjuguent pour faire du Burkina un pays
intertropical
à
caractère
soudano-sahélien
bien
net.
Trois
régions
climatiques
s'individualisent du Sud au Nord:
- La zone soudanienne ou sud-soudanienne, délimitée au Nord par l'isohyèle 900
mm. Elle caractérise le Sud du pays qui est le plus humide avec une saison de pluies de 6
mois et des maxima pouvant atteindre 1300 mm.
- La zone soudano-sahélienne au nord-soudanienne, comprise entre les isohyètes
900 et 600 s'étendant sur la partie centrale, elle est aussi la plus vaste du pays (plus de la
moitié de la superficie). La saison des pluies y est comprise entre 4 et 5 mois.
- La zone sahélienne qui représente environ 25 % de la superficie du pays, est
délimitée au Sud par l'isolhyète 600 mm. C'est la région climatique la plus sèche avec une
saison des pluies parfois inférieure à deux mois et une pluviométrie quelques fois inférieure
à 150 mm 390. La pluviométrie a connu une régression avec des écarts importants que l'on
peut suivre sur le tableau établi par Sita Guinko sur la base des renseignements c1ima-
tologiques de la Direction de la météorologie nationale, recueillis entre 1931 et 1984 391.
390 _ Editions J.A, 1993, Atlas du Burkina Faso, p. IS?
391 • Voir Table N°IS : Evolution de la pluviométrie entre 1930 el 1984.
363
Tableau N°tS: Evolution de la pluviom~trie (en mm)
Source: GUINKO, 5,1984, p...
Moyennes Moyennes
Ecarts
1931-60
1971-80
1981
1982
1983
1984
1984/ 71-80
mm
%
· GAOUA (Poni)
Il 62,3
1025,8
766,4
1022,6
713,5
905,8
-120
-12
· BANFORA (Cornoé)
1107,8
992,5
888,3
847,2
544,3
780,1
-212
-21
· BOBO D. (Houet)
1181,0
949,4
1042,3
948,3
778,1
971,6
-22
+2
· LEO (Sissili)
1017,1
919,2
886,7
768,3
369
606,8
-312
-29
· BOROMO (Mouhoun)
1029,6
857,9
751,5
830,5
634,9
772,8
-85
-10
· TENKODOGO (Boulgou)
982,8
821,4
797,2
829,7
790,1
471,6
-350
-43
· FADA N'G. (Gourma)
890,7
815,6
785,3
789,8
667,9
647,1
-169
-21
· PO (Nahouri)
982,8
808,4
546,4
926,2
616,4
794,4
-14
-2
· OUAGADOUGOU A. (Kadiogo)
878,5
804,2
713,6
634,7
674,6
571,4
-233
-29
· KOUPELA (Kouritenga)
839,5
772,8
674,6
574,5
634
523,1
-250
-32
· DEDOUGOU (Mou Houn)
975,5
728,4
395,6
597,3
648,1
644,9
-84
-II
· KAYA (Sanmatenga)
709,1
684,2
629,8
607,4
573,5
542,4
-142
-21
· KOUDOUGOU (Bulkierndé)
870,7
658,0
735,8
555,9
616,8
720,5
+62
+9
· OUAHIGOUYA (Yatenga)
726,8
567,7
836,1
360,1
358,2
391,0
-177
-32
· BOGANDE (Gnagna)
510,8
479,8
581,9
294,3
382,2
-129
-25
· DORI (Séno)
542,1
446,3
408,5
471,2
356,4
323,6
-123
-27
· DJIBO (Sourn)
410,1
457,7
308,8
322
226,5
-184
-45
· GOROM-G. (Oudalan)
355,7
296,9
365,6
220,2
336
-20
-5
364
Les formations végétales suivent les différenciations climatiques avec des variations
locales liées généralement à la nature des sols.
Dans le domaine soudano-guinéen le plus humide, se sont développées des espèces
ligneuses parmi lesquelles Burkea africana, Isoberlina doca, Isoberlina dalzielli. Detarium
microcarpum qui poussent en abondance et sont recherchées par les métallurgistes. On y
rencontre même, quoique rares, des espèces sahéliennes telles Ziziphus mauritiana et divers
acacia, dédaignés dans cette rone par les ferriers.
Le domaine soudanien comporte au Nord une rone de transition avec le Sahel avec la
cohabitation d'espèces sahéliennes (Acacia) et soudaniennes (Butyrospennum paradorum,
Parkia biglobosa. Khaya senegalensis). La végétation propre au climat soudanien est plus
dense et très hétérogène. Elle se compose de formations primaires (forêts claires, savanes,
prairies) et de formations secondaires de dégradation (savanes boisées, arborées ou arbustives).
C'est le domaine de Anogeissus Leiocarpus, Pterocarpus lucens, Pterocarpus erinaceus,
Burkea
africana,
Afzelia africana.
Albizia
chevalieri,
IsoberUna
doca,
Detarium
microcarpum, Parkia biglobosa, Butyrospennum paradorum, Prosopis africana, Lannea
microcarpa, Lannea acida. Cassia sieberiana, Sc/erocarya birrea. Guiera senegalensis.
Combretum sp, Combretum micranthum, Mytragyna inennis, Nauc/ea latifoUa et divers
Acacia. On a vu comment ces espèces constituaient pour la plupart la base des combustibles
des métallurgistes.
- Enfin dans le domaine sahélien résistent encore Anogeissus leiocarpus, Balanites
aegyptiaca, Combretum glutinosum, Pterocarpus lucens, Ziziphus mauriüana et divers
Acacia 392.
Dans la région de Kongoussi, autour d'anciens fourneaux effondrés nous avons pu
observer de vieux troncs vigoureux de Pterocarpus lucens, mais ils étaient rares. Par contre
392 _ Editions J.A., 1993, Atlas du Burkina Faso pp. 17·18
Voir fig. 102
365
Combretum micranthum était abondant, mais à l'état buissonneux. Anogeissus /eiocarpus.
Ba/anites aegyptiaca et sclerocarya birrea étaient abondants tandis que Acacia seya/ et
Acacia macrostachya l'étaient moins. On est dans la zone de transition entre le domaine
soudanais et sahélien.
Il ne nous parait pas juste de conclure cette étude sur les combustibles par cette terrible
accusation portée contre les métallurgistes sans tenter de la nuancer par des observations faites
sur les sites de mines et les lieux de réduction, où il nous a semblé que les activités
métallurgiques ont favorisé un développement végétal, un changement ou une recolonisation
des lieux par de nouvelles plantes. En effet, les mines étudiées se distinguent dans le paysage
par l'abondance de la végétation qui les recouvre. Elles fonnent parfois des Hots boisés comme
à Bena dans la Kossi, à Toungaré dans le Sourou ou à Sansanmatoura ou Kiènè dans le Houet.
A Toungaré par exemple, Loudetia togoensis fonne le tapis herbacé de la grande mine,
tandis qu'au-dessus, la strate arbustive est composée de Combretum micranthum , Acacia
penata et Baissea mu/tif/ora. Ces trois espèces fonnent de véritables fourrés. Les arbustes ont
une hauteur variant entre trois et cinq mètres. Les arbres sont rares avec quelques pieds de
Ptérocarpus /ucens et Grevia bic%r.
Sur les mines de Kiènè et de Kankalaba des fonnations arbustives et arborées denses
ont profité de l'humidité des sols remués par les mineurs. Nous y avons recensé Adiantum SP.
Entada ajricana. Saba comorensis. Prosopis ajricana,
Dioscorea bu/bifera. Dioscorea
dumetorum, Diospyros mespiliformis, Cassia jaegeri, Ce/tis integrifo/ia, Cissus adenocau/is,
Cissus popu/nea, Indigojera hirsuta, Pavetta crassipes, Pseudocedre/a kotschyi, Vigna sp.
Cassia absus, Triumjetta rhomboidea. Cissus popu/nea, qui colonisaient les tertres de scories
à Bekuy, Sindou, Lokhosso et Kour.
366
Fig. 102 : Carte de la végétation du Burkina FaJa
Source: Editions lA, 1993, Atlas du Burkina Faso. p.19
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Koudougou 1
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•
1
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1
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Domaine sahélien
Oomaina soudano-guinDon
sahélien
soudano-guinDo"
~ Fourres "9,és
~
D Savon.s boiséos lo,éls claires al îlots de
foréls dansas séchos, galeries fCfestle,es
D Savon.s boisoos lo,éls claires al îlots
foréls dansas séchos, galeries fCfestle,es
$tupp.s
Stupp.s a.borees el arbusllves
D
\\
Domaine saudanion
D Savanes arilusti....s
o
50
100
IS0km
o SavaneslIolsees.1 "bo,ées
1
367
Sur la route de Obiré un tas de scories se trouve dans une savane à Karité. Un pied de
Butyrospermum paradoxum paraît, à priori, postérieur au dépôt de scories.
Dans le Gulmu, les fourrés qui se sont reconstitués autour des fourneaux sont parfois si
denses que leur accès en est interdit. Les espèces végétales généralement rencontrées sont :
Boscia angustifo/ia,
Acacia pennata,
Ficus gnaphalocarpa,
Anogeissus leiocarpus,
Afrormosia laxiflora, Bride/lia sc/eroneura, Acacia macrostachya et Combretum micranthum.
A Péni, la strate arborée qui a réoccupé les flancs des gigantesques amoncellements de
scories, les plus grands repérés au Burkina, leur donne l'apparence de collines naturelles.
La liste des espèces liées à la paléométallurgie du fer est loin d'être exhaustive. Leur
connaissance peut aider à avoir une idée sur les températures des fourneaux, la nature des
scories, la concentration en fer du sol, etc.393 En ce qui concerne les espèces utilisées comme
sources d'énergie, l'anthracologie peut aider à mieux les connaître.
IX.J. Les données de l'anthracologie
« L'analyse anthracologique consiste en la détermination botanique la plus précise
possible de fragments de charbon de bois sur la base de leurs caractères anatomiques et en
l'interprétation paléoécologique de l'assemblage de charbons observé. Cette méthode repose
sur le fait que la carbonisation, hormis quelques retraits, respecte la structure anatomique
fine
du bois.
La constitution d'une anthracothèque de référence pour une zone
biogéographique donnée et la description de chaque espèce ligneuse de cette zone permet
l'établissement d'une base de données préalable à toute identification Il. 3904 C'est donc une
méthode qui cherche à interpréter en termes de variation de la végétation passée une liste
d'essences et leur proportion dans un échantillon de charbon de bois archéologiques. Pour être
efficace la méthode exige plusieurs conditions essentielles dont certaines sont liées à la nature
39) _
Voir annexe N°XI, rappon MILLOGO-RASOLODIMBY
394 _ ROLANDO, R, el ROSET, J.P,
1991, "Première approche par l'analyse anthracologique de la
végétation de Tin Ouaffadene (gisement archéologique de l'Holocène ancien, Niger nord-oriental) ", p.88.
368
archéologique du dépot et d'autres aux statistiques d'échantillonnage. Il y a par exemple
l'usage dont on faisait du bois carbonisé (bois d'oeuvre, bois domestique) et la durée de la
production du charbon (lorsqu'il provient d'une brève exploitation comme le contenu d'un
foyer, il y a risque qu'il ne soit pas représentatif de l'environnement)395. Dans le cas de la
paléométallurgie, l'anthracologie peut se révéler d'une contribution inestimable, surtout en
Afiique où l'on n'a connaissance des combustibles jadis utilisés que par la tradition orale. C'est
pourquoi, saisissant l'occasion d'une mission effectuée au Burkina Faso par Christiane
Rolando, dans le cadre d'une approche pédo-anthracologique de la végétation historique des
pays sahéliens, nous avons soumis des charbons provenant des fouilles de 1985 à la
détermination par l'anthracologie. Les résultats obtenus n'ont pas été tout à fait satisfaisants.
En effet la moitié des charbons n'a pu être identifiée. Certains étaient vitrifiés et d'autres trop
petits. Le tableau ci·dessous montre que parmi les charbons identifiés, un seul (pIE85 A 13),
provenant des fouilles de Pien, dans la Sissili, trouve une correspondance parmi les charbons
jadis utilisés par les métallurgistes. Comment interpréter ces résultats en faveur d'un choix
délibéré et constant des combustibles par les anciens ? Le caractère très fragmentaire de ces
résultats, l'imprécision des datations concernant les sites affaiblissent la portée de cette
opération qui n'en demeure pas moins la première étude anthracologique de ces sites.
L'analyse de charbons provenant de fourneaux étudiés par Bruno Martinelli à Ronga au
Yatenga, a permis d'identifier Pterocarpus /ucens,
Broswellia da/zielli,
Combretum
micranthum et Guiera senega/ensis398• Là encore, aucune espèce ne correspond aux
informations de la tradition orale reportées sur le tableau des arbres des métallurgistes et où il
39S • CHABAL, L., 1994, Il Apports récents
de l'anthracologie à la connaissance des paysages passés:
f:"r/ormances et limites Il. p320
96 _ ROLANDO, C, 1995 : Communication personnelle. Voir aussi son rapport en annexes.
369
Tableau N°16: Résultats d'analyses antbracologiquel. Ouagadougou - Marseille (1986-1987)
N° échantillon
Mode de collecte
Stratigraphie
Nom local des arbres donné
Nom scientifique arbres donné
Oonnéesde
D31' la T.O.
Dar la T.O.
l'anthracololtie
1. TAN 84
Prospection
Surface
KONDRE (MOORE)
TERMINALIA aviœnnoides
Tarnarindus indica
Acacia Paeta
2.ING84
Prospection
Surface
KONDRE (MOORE)
Terminalia avicennoides
Guiera senegalensis
Kwiimiga (MOORE)
Combretum sp.
GWIGA (MOORE)
N.l.
3. PIE 85-AI3
Fouilles
- 130 cm
N1S0(NUNI)
Acacia senegalensis
Acacia senegalensis
TORO (NUNI)
Pteleopsis suberosa
Vitellaria paradou
KO (NUNI)
N.l.
N.l.
Oakolo Kalansjan (NUN1)
N.I.
N.l.
SABARIZONA (NUN1)
lsoberlina ?
N.1.
4. PAB 85-BI3
Fouilles
·240 cm
Siinga (MOORE)
Bwkea africana
N.I.
KOUKA (MOORE)
Khaya senegalensis
N.l.
TA:NGA (MOORE)
Vitellaria paradou
N.1.
5. WAN 85-A9
Fouilles
- 35 cm
Kumbresak (MOORE)
Cassia sieberiena
N.l.
6. SIN 85-049
Fouilles
-75 cm
Kubweyiri (senufo)
GUIERA senegalensis
N.l. : fragment plus
Turu (senufo)
Parinari curatellifolia
ou moins vitrifié
7. PAS 85-A30
Fouilles
-80cm
KANKANI (Bwamu)
N.l.
N.1.
BENAHUE (Bwamu)
N.l.
FEFENU (Bwamu)
N.I.
8. SIE 85-AI7
Fouilles
·30cm
Tagnan (NUNI)
Burkea africana
Acacia polyacantha
Takurou (NUN1)
Hymenocardia acida
370
n'est question que de Butyrospermum paradoxum, de Terminalia avicennoides et d'une
espèce appelée localement kisinkindi (Dalbergia melanorylon).
CONCLUSION PARTIELLE
Au bilan de cette réflexion sur les combustibles des anciens métallurgistes, on peut
conclure en retenant les idées fortes suivantes:
- en dehors des substances utilisées pour allumer le fourneau, le combustible exigé
provenait d'essences végétales à fort pouvoir calorifique et à combustion lente. Les
spécialistes de la métallurgie ont donc recherché des arbres qui "faisaient beaucoup de
braises et peu de cendres". Ils ont reconnu dans Burkea africana, Prosopis africana,
Butyrospermum paradoxum et dans quelques autres essences locales, les qualités ci-dessus
définies. Dès lors, seules les valeurs nutritionnelles ou médicinales de certains arbres ont pu
les protéger d'une lourde ponction.
- Le bois a été utilisé, surtout au Sahel, pour alimenter les fourneaux. Dans les
régions plus méridionales, on lui a préféré le charbon dont la fabrication s'opérait
généralement en meules et à l'étouffée.
- S'il est certain que la métallurgie lourde du fer a eu un impact négatif sur
l'environnement, cette étude n'a pas permis de le mesurer pleinement. Elle ouvre par contre
une fenêtre sur les conséquences positives de l'exploitation minière sur le reboisement grâce
à la colonisation de nouvelles espèces végétales.
- Enfin, l'outil que constitue l'anthracologie pour l'identification des "arbres des
forgerons" a été peu soUicité. Les résultats obtenus s'en trouvent biaisé sans toutefois
remettre en cause la qualité de la technique. Il est même vraisemblable que les conditions de
prélèvement des charbons et l'évolution des choix des anciens métallurgistes quant au
combustible, aient introduit des variables à maïtriser préalablement avant de tirer des
conclusions.
UNIVERSITE DE PARIS PARIS 1
Panthéon - Sorbonne
La métallurgie lourde du fer
au
TOME 2
Thèse
pour le doctorat d'Etat Es-lettres et Sciences Humaines
Présentée par
Sous la direction
Jean-Baptiste KIETHEGA
du Professeur émérite Jean DEVISSE
et du Professeur Jean POLET
novembre 1996
372
QUATRIEME PARTIE:
LES FOURNEAUX ET LES TECHNIQUES DE REDUCTION
373
La question de la nomenclature des structures de réduction a été abordée dans la
première partie de ce travail. Nous n'y reviendrons donc pas. De même, ont été traités les
principaux éléments qu'on met dans les fourneaux pour obtenir le fer: le minerai, le fondant et
le combustible. Afin que toutes les conditions soient réunies pour une opération de réduction, il
reste à étudier les structures dans lesquelles s'élabore le métal, et la façon dont le comburant,
l'air, était obtenu et réglementé. Il s'agit donc de présenter les fourneaux tant sur le plan visuel
que fonctionnel, avec tous leurs éléments additionnels tels que les tuyères, les ouvertures, les
abris, la soufflerie etc.
Au Burkina Faso, il nous a semblé que les techniques de réduction pouvaient être
regroupées en aires culturelles dont le nombre est assez limité par rapport à la soixantaine
d'ethnies que compte le pays. Chaque groupe ne détient donc pas « son » fourneau, « sa »
solution technique pour se procurer du fer. Mais nous abordons seulement plus loin les
échanges et diffusionnismes locaux qui ont permis d'assurer à tout le monde les outils
aratoires, les armes, et les moyens de production des autres corps de métiers. Les
rapprochements qui pourraient être faits entre les techniques observées au Burkina Faso, en
Afrique et dans d'autres parties du monde, n'interviennent pas pour appuyer des schémas
diffusionnistes ou pour les repousser à tout prix. Ils visent à montrer essentiellement qu'il
existe un nombre limité de solutions à un problème technique donné.
Depuis un demi-siècle, on a tenté de classer les structures de réduction, en Europe puis
en Afrique, dans des typologies qui privilégient tantôt un classement visuel, tantôt un
classement technologique ou qui consentent un effort pour combiner les deux 397. Comme le
397 _ Paul, Louis, PELET dans ft Le fer dans le Jura VOfIdo;s »,1982, pp. 205-214 rappelle judicieusement les classements
morphologiques de RJ. FORBES (1950) et H.H. COGHLAN (1956). n. reconnait la pertinence des critères fonctionnels
employés dans la classification de MH. CLEERE (1972), mais rejette toutes les propositions antérieures en raison de ce
qui e chaque auteur a réagi par rapport à ses propres préoccupations qui ne sont pas forcément celles du métallurgistes pour
qui ce qui est fondamental, c'est l'efficacité, c'est-à-dire réduire le fer d'lUt minerai donné, avec la moine peine et le
meilleur rendement. n propose alors lUte typologie basée sur les critères suivants : isolation, ventilation, réfraction, forme
des cuves et du fond du creuset, les ouvertures, la forme, la dimension et la position des tuyères.
374
reconnaît Valérie Chièze, le choix des critères typologiques est un vrai problème. Ds doivent
déterminer des caractéristiques techniques et correspondre à un mode de fonctionnement. Or
ceux-ci ne correspondent pas toujours à un facteur de forme et/ou de construction. De plus, la
recherche de l'efficacité, but ultime du métallurgiste, peut s'accompagner aussi de la recherche
d'une qualité précise de fer, ou être limitée par des contraintes de minerai et/ou de combustible
qui obligent à des choix techniques 388. Valérie Chièze qui adapte les critères typologiques de
Paul-Louis PELET au contexte africain en les enrichissant d'observations pertinentes, reste
prisonnière de la manie de l'archéologue qui ne croit qu'à ce qu'il a mesuré et décrit. Pourtant,
les problèmes d'isolation par exemple ne peuvent et ne doivent être perçus de la même façon
en Afrique comme en Europe. De plus, (( on se condamne à ne rien comprendre de l'Afrique
traditionnelle si on l'envisage à partir d'un point de vue profane. Il n y avait pas comme dans
notre société moderne, le sacré d'un côté et le profane de l'autre» C'est ainsi que nous
avertissait feu Amadou Hampaté BA, plus connu sous le surnom de
(( Sage de
Bandiagara » 399.
TI convient très certainement de rapporter le plus fidèlement possible les observations
visuelles ou technologiques sans pour autant verser dans le fétichisme des chiffres ou des
dimensions dont la finesse n'a sans doute pas été la préoccupation des ouvriers ferriers. Au
contraire, les formules magiques, les incantations, le sens d'une rotation, le mouvement de la
calebasse, de l'écuelle ou du panier qui déverse son minerai ou son charbon dans le fourneau,
les grigris que l'on cache tout au fond de ce dernier, la cendre qui délimite l'aire de la
réduction où les mauvais génies ne doivent pas pénétrer, etc, voilà ce qui pouvait faire battre le
coeur du métallurgiste qui craignait à tout moment l'échec de tant d'efforts à la mine, au
charbon et au fourneau.
C'est le même esprit qui guide Bruno Martinelli dans, fi Fonderies OIIut africaines. Classement comparatifs et
tenJances », 1993, pp. 195 à 221.
39ll _ CHIEZE, V., 1988, Histoire du fer au Mali. p.12
399 _ BA, A.H., fi En Afrique. cet art que la main tCOllte JI. Le courrier de !'UNESCO. 1976.
375
Nous avons annoncé plus haut un possible regroupement des techniques de réduction
en un petit nombre d'aires culturelles. n, s'agit de l'espace numu (provinces de la Comoé, du
Houet et du Kénédougou), de l'aire culturelle bwa (province de la Kossi et du Mouhoun), du
centre, du Nord, de l'Est et du Sud-Est du Burkina, ancien domaine des métallurgistes Kibsi
(dogon), Fulsé (Kurumba) et Ninsi, des régions frontalières du Ghana actuel, provinces de la
Bougouriba, du Poni, de la Sissili, du Nahouri auxquelles il faut ajouter le Sanguié pour des
raisons culturelles. En tout quatre ensembles avec des particularismes assez marqués tant du
point de we du nombre et de la morphologie des fourneaux que de celui des modes
opératoires. La carte ci-dessous tente de matérialiser ces quatre provinces métallurgistes.
CARTE DES PR~NCES METALLURG~ES
DU
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377
CHAPITRE X : LES KURU OU KRULA (FOURNEAUX) DES NUMU DE
L'OUEST
L'accès à la connaissance des techniques métallurgiques de l'espace numu est favorisé
par quelques renseignements extraits des sources écrites, par l'apport des sources orales et
surtout de l'ethnoarchéologie.
X.l. : Quelques renseignements des sources écrites
La bibliographie précoloniale et coloniale est pauvre en descriptions des fonderies de
l'Ouest du Burkina où l'activité métallurgique est régie par des gens venus du Mandé et
désignés par le terme numu (ou numun, ou numuw), appellation que nous avons adoptée.
Jacques Méniaud mentionne en 1912 un fourneau qu'il attribue aux Bobo mais qu'il localise à
Banfora en territoire iYin..400.:. Cette erreur d'identité ethnique provient sans doute des grandes
similitudes existant entre les fourneaux de l'aire d'activité des numu qui englobe les provinces
actuelles de la Comoé où se trouve Banfora, du Houet où vivent les Bobo, et du Kénédougou
où les Turka et les Karaboro, pourvoyeurs des Bobo en fer, seraient selon Louis Gustave
Binger les meilleurs forgerons de cette partie de l'Afrique Occidentale 401.
Le texte de Méniaud est illustré par un mauvais cliché du Docteur Thomas, sur lequel
est néanmoins reconnaissable un fourneau trapu avec des espèces de contreforts ou de pieds
formant le corps. La cheminée, conique, mesure approximativement le tiers de la hauteur totale
de la structure qui dépasse de beaucoup la taille de l'homme debout à côté. Deux ouvertures
en demi-cercle sont visibles à la base, de même les marches d'un escalier conduisant à la
cheminée. En arrière-plan, les cases et les greniers à toits coniques en pailles qu'on distingue
sous les grands arbres, peuvent appartenir aux Guin, aux Turka ou aux Karaboro au sein
desquels vivent les forgerons numu. En effet contrairement à l'opinion de Binger, Guin, Turka
400 _ MENIAUD. J. 1912. Haut-Sénégal-Niger: Géographie économique. p.228+fig. 61 de la suivante
401 _ BINGER. L.G. Capt, 1980. du Niger au Golfe de Guinée par le Pays de Kong et le Mossi. 1'2. p. 278.
378
et Karaboro ne sont pas eux-mêmes forgerons. Louis Tauxier s'en était déjà rendu compte en
1933 «12.
Décrivant à son tour les fourneaux de Banfora, Pierre Clément écrit : « Ils ont ici une
forme de patte à quatre griffes s'ouvrant à la base. Chaque « griffe » est creusée de marches
qui permettent l'accès à une petite plate-forme d'où l'on peut atteindre la gueule du four
403
pour le charger »
.
Il s'agit vraisemblablement du même type de fourneau que celui rapporté par Jacques
Ménaiud. Le nombre de pieds est précisé (4) dont l'allure évoque l'escalier de la structure
photographiée par le Docteur Thomas.
Les archives audiovisuelles du Centre National de la recherche scientifique et
Technologique (CNRST) de Ouagadougou dispose de photographies prises en 1951 à Toumi
dans la Comoé. L'auteur de ces prises de wes semble avoir été feu Alexandre Adandé,
d'origine béninoise, agent de l'IFAN à l'époque et qui effectua une mission en territoire de
Haute-Volta cette année-là. L'auteur semble avoir tenté de suivre toute la chaîne opératoire de
la production du fer. Il n'y a pas de photographie de mines, mais il présente des blocs de
minerais. Le combustible est présent dans de grands paniers et des détails des fourneaux sont
montrés: pieds, ouvertures, tuyères, cheminée, escalier etc (voir fig 105).
Nous devons à Louis Gustave Binger la plus ancienne mention de l'industrie lourde du
fer dans la partie occidentale du Burkina Faso. Se dirigeant vers KONG en provenance de la
région de Nielle en Côte d'Ivoire, il observe en Février 1888, d'abord à Fourou en pays
sénoufo deux types de fourneaux. L'un, de petite taille, alimenté en air par des soufflets ne
produisait qu'une très faible quantité de fer. L'autre, de grande dimension, à induction directe,
élevait dans les enduits où le minerai est abondant. Contrairement aux fourneaux de forme
402 _ TAUXIER, L, 1933, Les Goums et les Tourouka. p. 91 et 105
403 _ CLEMENT, P, 1948,« us/orgerons en Afrique noin- Qrlelques anitudes du groupe à son égard », p. 37
379
Fig. 104 : « Haut-fourneau des Bobo de Banfora »
Source: Méniaud, J. 1912. Hl. Sénégal-Niger. p. 229.
Fig. lOS: Fourneaux de Ouamélbéro (C6te d'Ivoire)
Source: Binger, L.G. 1980. Du Niger au Golfe de Guinée...• p. 261
380
cylindrique ou conique que Louis Gustave Binger a rentré jusque là sur son chemin, celui-ci
est carré avec une cheminée de 60 centimètres de hauteur. Aux deux angles diamétralement
opposés sont élevés deux grands contreforts en terre munis de marches permettant de charger
facilement le fourneau 404.
Parvenu ensuite à Ouamelhero (Oumalokho de l'auteur), il dénombre une quinzaine de
fourneaux dont cinq en activité en ce jour du 3 Février 1988. Chacun d'eux étaient équipé de
douze tuyères pour le tirage d'air qu'on retirait à la tin de la réduction. Pour extraire la loupe,
les métallurgistes se servaient de pelles pour déblayer le sable qui bouchait l'entrée principale
du fourneau. Il en sortait un bloc de 40 à 50 Kilogrammes qu'on laissait refroidir. L'illustration
qui accompagne cette description présente au moins trois types de fourneaux. A gauche, la
structure au premier plan a une forme cylindrique s'étranglant vers la cheminée. Elle mesure
moins de deux mètres si l'on prend pour échelle le personnage debout à côté. Une seule
ouverture semi-circulaire à la base est visible.
Au
centre,
deux
structures
carrées
avec
des
cheminées
cylindriques
sont
reconnaissables. La hauteur de ces dernières représentent environ le quart de la hauteur total
du fourneau qui pourrait atteindre 2,50 Mètres. L'ouverture visible à la base (la principale sans
doute) est semblable à celle des fourneaux cylindriques.
Enfin à droite, trois structures sont représentatives d'un autre type de fourneau, dont la
forme rappelle deux cônes, l'un renversé sur l'autre. Leur aspect extérieur suggère les grandes
cheminées industrielles de nos jours. Ce double cône repose sur des pieds dont il est difficile de
préciser le nombre sur cette illustration (figure 106). On pourrait être surpris par cette
association de fourneaux, fonctionnant au même moment et différents par la forme et peut-être
aussi par le mode opératoire à l'exception de J'alimentation en air qui est vraisemblablement
par tirage naturel. En général, les batteries de fourneaux rassemblent des exemplaires du même
«l4 _ BlNGER, L. G.,Cap, 1980, Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de Kong et le Mossi, pp. 204-205
381
modèle. Louis Gustave Binger a vraisemblablement voulu résumer sur cette planche les formes
dominantes de fourneaux qu'il a rencontrées entre le fleuve Niger et la Léraba. En effet, ces
opérations de réduction ont été observées dans une région de grand éclatement ethnique à
dominante sénoufo, peuple qui se repartit aujourd'hui entre le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire
et le Mali.
Les témoignages de Jacques Méniaud et Pierre Clément, les photographies prises à
Tourni en 1951 par la section IFAN de Haute-Volta (actuel Centre National de la Recherche
Scientifique et Technologique) renvoient aux fourneaux carrés de la description de Louis
Gustave Binger. On constate cependant une évolution morphologique car les parois, de
verticales sont
devenues obliques.
Les dimensions de ce type
de fourneau
sont
approximativement conservées.
Ces sources ne satisfont pas notre curiosité relative à l'aspect interne des fourneaux. Le
fond, la cuve, les parois internes ne sont pas décrites. Les mêmes omissions concernent
l'agencement des éléments additionnels comme les tuyères. Aucune des sources ne relate la
totalité de la procédure suivie pour l'obtention du fer.
X.2. : Les données de l'ethnoarchéologie
C'est donc vers la tradition orale que nous nous sommes tourné pour interpréter les
nombreux vestiges de structures de réduction recensées dans l'Ouest du Burkina. Les fouilles
conduites en 1985 sur une ferrière de Sindou n'ont pas permis de reconnaître in situ une base
de fourneau. Celles que révèle la prospection datent presque toutes d'après-guerre. C'est au
milieu des scories qu'il faut continuer la recherche des restes des structures les plus anciennes
de la métallurgie lourde quand celles-ci, sous les atteintes de l'érosion et de l'action
anthropique n'ont pas été démantelées et dispersées.
382
Nous illustrons J'étude des mru des Numu de J'Ouest du Burkina par J'obselVation de
ceux encore debout à KankaJaba, Tourni et Moussoudougou dans Ja Comoé, Kiènè, Kogbè et
Sian dans Je Houet. La pJupart ont perdu Jeur cheminée et J'état des cuves, obstruées par des
débris divers et parfois par des termitières, empêche toute mensuration intérieure. C'est Ja
tradition oraJe qui a complété aJors Jes données manquantes. Ce fut Je cas aux villages de
KankaJaba et de Tourni dans Ja province de la Comoé. Ces deux villages sont distants d'à peine
20 km.
Au totaJ, huit restes de fourneaux ont été recensés à KankaJaba. Deux de ceux-là, situés
dans Je quartier où réside Je chef de vinage sont réduits en un tas informe, noyés au milieu des
déchets de réduction. Trois autres, au quartier Noumoussoba, pJus récents (après-guerre) ,
sont aussi Jes mieux conselVés. IJ reste une vingtaine de centimètres de Ja cheminée de l'un
d'eux. Les deux autres ont disparu. La masse que constituent Jes troncs est formée de quatre
pieds, à Ja fois contreforts qui s'incJinent Jégèrement. L'un à J'Est, s'étaJe pJus Jonguement.
C'est Jui qui avait été aménagé en escaJier d'accès à la cheminée. Aujourd'hui, iJ ne reste rien
des marches, comme ceJa se lit sur Je cJiché ci-dessous datant de 1951.
L'espace entre Jes pieds est creusé de quatre ouvertures donnant sur Jes points
cardinaux. La pJus grande en voûte gothique mesure 55 cm à Ja base avec une flèche de 40 cm.
IL fait face à J'Ouest. La hauteur du tronc est d'environ un mètre, mais J'érosion J'a dénudé de
pJusieurs pJaques d'argiJe. Le diamètre intérieur de Ja cheminée dans son état de conselVation
est de 20 cm vers Je haut. Nous n'avons pas pu Je mesurer vers Je bas.
SeJon Tiémoko TRAORE,Jes mru que nous pouvons voir encore aujourd'hui ne sont
pas aussi grands que ceux des gens d'avant qui construisaient des trons ayant déjà presque Ja
taine d'un homme et une cheminée de Ja dimension d'un bras.
385
Pour élever le fourneau, il fallait des blocs de latérite qui formaient l'armature des pieds
et des marches de l'escalier. Sur les cailloux, on plaquait de l'argile. Au centre du dispositif
était d'abord creusé un trou destiné à recevoir plus tard la loupe de fer. C'est juste au-dessus
de ce trou que s'élevait une colonne donnant à partir du tronc la cheminée cylindrique. Avant
le chargement du fourneau, les ouvertures sont bouchées avec du sable dans lequel on dispose
des tuyères d'argile en position oblique orientée vers le bas. Ces tuyères sont au nombre de 14
ou de 16 car l'ouverture principale en reçoit plus que les trois autres. Leur taille atteint 60 à 80
cm avec 5 à 6 cm de section interne 405.
Les tuyères retrouvées au milieu des scories, sont toutes fragmentés et bouchées par des
impuretés de réduction. Leur section interne est étroite, de l'ordre de 5 cm. Sur les clichés de
Tourni, pris en 1951, on voit le forgeron enrouler de l'argile pétrie avec de la paille autour
d'une perche de plus d'un mètre de long qui est ensuite retirée. Deux sortes de tuyères sont
ainsi confectionnées. Les plus longues (près de 80 cm) sont minces et cylindriques. On les
retrouve meublant les ouvertures des fourneaux. Elles servent à la ventilation et à l'évacuation
des scories. Les secondes sont plus courtes (30 à 40 cm), en forme d'obus, et plus épaisses (10
à 15 cm de section externe). Elles sont destinées à la forge.
Les moellons de latérite qui ont servi à armer les constructions jonchent le sol à
l'emplacement des anciens lieux de réduction où les fourneaux se sont effondrés. C'est le cas à
Kankalaba comme à Tourni.
Selon nos informateurs du premier village, les fourneaux à induction directe qu'ils
employaient existent en deux versions avec quatre ou cinq ouvertures. Ceux que nous avons
observés localement n'en avaient que quatre. Il est difficile de se prononcer sur le nombre
d'ouvertures des fourneaux apparaissant sur les clichés du CNRST et qui pourraient bien être
les mêmes que ceux étudiés aujourd'hui.
405 _ InfoImations recueillies à Noumoussoba en Fémer 1982 auprés de Coulibaly Drassigué, Coulibaly Sériba, et Coulibaly
Tiémoko.
386
Les opérations de réduction débutaient le soir à Kankalaba. Le kuru était chargé en
couches alternées de charbon et de minerai disposées sur de 1'herbe sèche, dans les proportions
de deux grands paniers de charbon pour un petit panier de minerai. Avec une perche en bois
vert, on contrôlait le niveau du chargement. On procédait ensuite à la mise à feu en
introduisant dans le fourneau une tige de mil enflammée par l'une des tuyères de l'ouverture
principale. La combustion prenait deux nuits et deux jours. Dès qu'une flamme blanche
s'élevait de la cheminée, toutes les ouvertures à la base étaient bouchées pour étouffer le feu,
car on considérait que la réduction était achevée. La loupe, encore chaude, est sortie du kuru
par l'ouverture principale grâce à des lianes de Saba senegalensis tirées par une douzaine de
gaillards alignés en deux colonnes. Après son refroidissement, elle est débitée en morceaux qui
sont portés à la forge pour l'affinage 406.
Ce sont également des fourneaux à quatre ouvertures qui étaient en service à
Moussodougou, village situé à l'extrémité orientale de la Comoé, et proche des principaux
centres métallurgiques du Houet.
Les fourneaux actuels de Moussodougou sont en très mauvais état de conservation.
Leurs emplacements sont très isolés les uns des autres, mais jadis, on pouvait rencontrer quatre
ou cinq au même lieu.
Pour édifier un fourneau, il faut d'abord rassembler des blocs de latérite pour
l'architecture des pieds. Puis on prépare l'argile qui est trempée dans une eau où des gousses
de Parkia bigiobosa ont macéré longtemps. On n'ajoute pas de la paille à l'argile destinée au
fourneau. Au lieu choisi, on creuse une fosse d'environ un mètre de diamètre (la profondeur
n'est pas indiquée) autour de laquelle on dispose des cailloux pour constituer la base des pieds
du fourneau. Les blocs sont maintenus avec l'argile. Au-dessus du trou s'élève le fourneau
dont les parois se rétrécissent au fur et à mesure qu'elles s'élèvent. La partie correspondant à
406 _ Traoré Tiémoko et Coulibaly Diassigué, à Kankalaba en Février 1982.
387
la cuve est un cône d'une hauteur de 100 à 120 cm fortement étranglé à la jonction avec la
cheminée qui mesure elle seule 60 à 80 cm. Le diamètre intérieur n'est plus que d'une vingtaine
de centimètres, parfois moins. Des scories sont incorporées dans l'argile pour augmenter la
solidité des pieds, de l'escalier et de la cheminée.
Quatre ouvertures en forme d'ogive sont pratiquées entre les pieds. La plus grande,
située à l'Ouest a une hauteur d'environ 50 cm et large à la base de 60 cm. Aux plus petites il
faut retrancher environ 10 à 15 cm à chaque mesure.
Les tuyères de ventilation et d'évacuation des scories sont fabriquées avec la même
argile utilisée pour la construction du fourneau. On y ajoute cependant de la paille. La
technique employée pour les mouler est la même que celle qui apparaît sur les clichés de
Tourni. Des bâtons sont recouverts d'argile puis retirés avant la dessiccation totale. Les
tuyères sont cylindriques, mesurent près d'un mètre. On emploie des jeux de 10 reparties de la
façon suivante: quatre pour l'ouverture principale, et deux pour chacune des trois autres. Les
métallurgistes étaient obligés de fabriquer beaucoup de tuyères car elles étaient détruites à
chaque défournement.
Le chargement du kuru s'effectuait de la même façon qu'à kankalaba. Le panier de
mesure du charbon s'appelle shinchale ganni. Il a un diamètre de 40 cm et une hauteur de 20
cm. Celui servant pour le minerai n'a que 25 cm de diamètre et 15 cm de hauteur. C'est le
kwatié. On procède à l'allumage toujours de la même façon qu'à Kankalaba, mais au lieu du
soir, on débutait les opérations tôt le matin. Elles pouvaient durer deux à trois jours au cours
desquels une seule personne était chargée de la surveillance et du renouvellement de la charge.
Les scories n'étaient évacuées que juste avant la récupération de la loupe, qui refroidie est
cassée en morceaux qu'on porte à la forge pour les affiner 407.
407 _ hûonnations recueillies à Moussodougou en novembre 1995 auprès de Barro N'golo, Barro Perdé Ousmane, Traoré
Orissa et Sourabié Oueto Adama tous forgerons.
388
Les anciens fourneaux de Kiènè dans le Houet, ont été construits à proximité des
mines. Les plus âgés, au nombre de trois dont deux totalement délabrés, dateraient de la fin du
siècle dernier. Ils sont également les plus petits et apparaissent comme des étoiles plaquées au
sol (fig. 107). Le mieux conservé présente une cheminée d'un mètre sur une hauteur totale
d'un mètre sur une hauteur totale d'un mètre et demi. Il compte cinq ouvertures de mêmes
formes et dimensions que ceux de Kankalaba ou de Tourni et l'allure générale est comparable.
Il n'y a pas d'escalier d'accès à la cheminée qu'aurait nécessité cependant par la hauteur de
celle-ci. Ace qu'il nous semble, ces petits fourneaux ne seraient en réalité que les reliques de
l'action de l'érosion sur les structures anciennes. Il ne faut donc pas en faire un type distinct.
L'argile et les blocs des pieds ont été arrachés et emportés, dégageant la cuve et la cheminée
dont les matériaux au contact du feu ont durci et sont devenus plus résistants. En réhabilitant
imaginairement ces petits fourneaux ils acquièrent les dimensions des plus grands présentés
comme plus récents, c'est-à-dire d'avant guerre.
Nous avons observé dans cette région,
d'autres fourneaux tapis au sol, avec des cheminées effilées. Il en existe par exemple à
Toussiana et à Karankhasso-Sambla. Dans ce dernier village, au lieu-dit Kouroukan, l'un des
fourneaux en cours de démantèlement nous permet de comprendre ce qui s'est réellement
passé. Deux des cinq pieds restent disponibles et lorsqu'ils seront à leur tour emportés par
l'érosion, les vestiges du fourneau seront comparables à ces petites structures s'enfonçant dans
le sol qui nous ont intrigué très longtemps (fig. 107).
Les fourneaux récents de Kiénè sont au nombre de quatre. Trois ont la forme carrée
caractéristique des fourneaux des numu. Ils s'inscrivent dans un quadrilatère d'I,20 m de côté.
Le corps du fourneau, qui correspond à la cuve, a un mètre de hauteur. Les cheminées sont en
partie détruites et ce qui en reste mesure environ 40 à 60 cm. Elles sont très étroites (10 à 15
cm de diamètre) avec des parsis épaisses de 20 cm et plus.
389
Tous les fourneaux obselVés à Kiénè (fig. 108) comportent clOq pieds et clOq
ouvertures dont la principale située à l'Ouest. L'escalier est toujours à l'opposé de l'ouverture
principale, c'est à dire à l'Est. Comme dans les cas précédents, les ouvertures recevaient des
tuyères avant le chargement des fourneaux : quatre pour la principale et deux pour chacune des
quatre autres. Toute opération de réduction nécessitait donc un jeu de douze tuyères.
Selon nos infonnateurs de Kiénè, Koufla Tanou et Tin Konaté «18, l'emplacement choisi
pour la construction des fourneaux est toujours à l'écart des concessions à cause des nombreux
interdits que doivent obselVer les opérateurs. A cette raison s'ajoute sans doute les risques
d'incendies car les cases sont à toit de chaume. La construction prenait plusieurs jours.
Lorsque l'argile mouillée qu'on avait laissé à pourrir avec de la paille était prête, on creusait un
trou dans le sol, autour duquel étaient disposés de gros blocs de latérite ou de scories pour
marquer la position des pieds. Les ouvertures n'étaient pas percées, mais préwes dès le début
des travaux. Avec un renfort de blocs et d'argile le corps du fourneau était monté jusqu'à une
hauteur d'environ un mètre. L'intérieur est un cône qui s'étrangle à la fonction avec la
cheminée qu'on élève ensuite verticalement sur près d'un mètre. Le tout est enduit d'argile. Au
cours de la construction, on prenait la précaution de bien lisser l'intérieur de la structure. Au
demeurant, l'ensemble du fourneau était restauré avant chaque réutilisation.
Les tuyères qui mesurent environ 80 cm sont confectionnées avec la même argile
mélangée à de la paille. Elles sont moulées autour d'un bâton, ce qui leur donne leur fonne
cylindrique et une petite section de l'ordre de dix centimètres dont quatre à cinq pour le creux.
408 _ TANOU Koufla et KONATE Tin, entretien du 21m83
390
Fig. 107: Démantèlement des Kuru
A - Kuru de Kiènè
Les conlreforts des
pieds ont disparu
Photo K.iéthéga:.8:::3::..-~_~~
""?"_-,,~--:,,:,,,
, : , , , _ . ,
B - Kuru de Kouroukan·Sambla
Deux pieds sont encore debout.
Là où ils ont cüsparu, le fourneau
prend l'allure de celui de Kiènè.
Photo Kiéthéga 84
391
Fig. 108: Kuru de KIENE
A - Fourneau carré
Les pieds sont presqu'à la
verticale et l'érosion a mis à
nu les blocs de scories de
l'annawre. L'ouverture prin-
cipaJe a été refaite. A l'opposé
se trouvaill'escaJier d'accès à
la cheminée.
B - Evolution de la forme
Les parois sont obliques donnanl
au fourneau l'allure d'un cône tronqué.
La cheminée se présente comme un
chapeau posé au milieu de la structure.
Des blocs de scories remplacent les
moellons de latérite, rares par ici,
dans l'annature despieds.
L'ouverture principale, à l'ouest, a
la forme et les dimensions assez
standards: 53 cm de haut; 45 cm
à la base. Les quatre autres
ouvertures ont 30 cm de haut el 20 cm
à la base.
392
En compilant les diverses versions de la tradition orale, on aboutit à la coupe verticale
ci-après d'un Kuru moyen (fig. 109), tel qu'il est décrit également à Kogbé et à Sian.
La durée de la réduction serait plus courte à Kiènè, soit une nuit et une journée selon
les témoignages ci-dessus cités. Lorsque la main-d'oeuvre était importante on procédait à six
ou dix réductions par an.
Les informateurs de Kogbé et de Sian 409 mettent l'accent sur la préparation de l'argile
qui après avoir été mouillée, mélangée de la paille, généralement celle du fonio (Digitaria
exilis), et à des excréments d'animaux, est pétrie pendant toute une journée. La construction
elle-même prenait deux semaines parce qu'il fallait laisser sécher les parois avant de les polir.
Le montage du fourneau n'offre pas de différence avec les pratiques déjà observées. N'vin
Coulibaly précise toutefois que les fourneaux de Sian comptaient six ouvertures au lieu de
quatre ou cinq pour les autres localités. Cependant la réduction y requérait le même jeu de
tuyères qu'ailleurs, c'est-à-dire douze, réparties deux à deux. La taille des fourneaux de Sian
est par ailleurs supérieure de 20 à 40 cm aux autres.
Grâce à Biéko Koné et à Dramane Coulibaly de Kogbè les précisions suivantes ont pu
être apportées aux ouvertures. Devant leurs forges se dressent encore des fourneaux à cinq
ouvertures dont les cheminées ont été décapitées. Chaque ouverture porte un nom qui
indique un point cardinal ou une fonction. C'est ainsi que la principale, située à l'Ouest, est
appelée dinib ou daba : entrée ouest ; celle au sud est désignée par safamana, c'est-à-dire « la
où on fait les sacrifices» .. la troisième, située immédiatement à l'Est de safamanib est
safamana-tin, à côté de safamana ; l'ouverture Est se nomme Kurba, tandis que vers Nord
regarde Zubotein, c'est-à-dire « là où l'eau sort » en parlant des scories.
409 _ TI s'agit de Biéko NKONE et Dramane COULmALY, entendus à Kogbé le 1/8/83 et de N'vin COULmALY
interviewé à Sian le 2/10/86
393
Fig. 109: Coupe verticale d'un KUN moyen
o
50 Cm
1
,
394
Avant de charger le kuru, les métallurgistes de Sian y faisaient brûler des tiges de mil et
de la paille sèche introduites par la cheminée. Leurs cendres emplissent le creuset et c'est là-
dessus qu'on dispose le charbon et le minerai en couches alternées, à raison de deux paniers de
charbon pour un demi panier de minerai. Il en fallait douze de charbon et six de minerai pour
remplir le fourneau 410. L'allumage avait lieu au crépuscule. De la braise était introduite dans le
charbon de la base, puis, fait qui n'est relevé ailleurs que dans le bwamu, le ferrier présentait
une torche allumée à la cheminée. n.. se produisait une sorte de détonation dangereuse pour lui
s'il n'avait pas pris la précaution de se tenir à une certaine distance.
La réduction durait au minimum 48 heures au cours desquelles le contrôle des
opérations s'effectuait grâce à une tige métallique introduite par une tuyère jusqu'au creuset.
On observait ensuite son extrémité pour voir si du fer y était collé. Les scories étaient évacuées
juste avant la libération de loupe qu'on tirait toute chaude hors du kuru grâce à des lianes de
Saba senegalensis.
Des témoignages assez proches de ceux qui viennent d'être exposés ont été enregistrés
dans d'autres villages où ont exercé des métallurgistes numu. Il en est tout autrement des
formes et techniques de construction des fourneaux du Bwamu.
410 _ On observe une discordance dans les mesures indiquées, probablement due aux imprécisions des sources orales.
395
CHAPITRE XI : LES BWI (FOURNEAUX) DU BWAMU
Dans l'espace culturel bwa du Burkina Faso, plusieurs types de fourneaux ont été
identifiés. La plupart sont des troncs de cône érigés entièrement ou partiellement dans des
fosses creusées dans le sol et bien aménagées. Des fourneaux ont été trouvés également à l'air
libre, sans abri. De taille variable, ils sont aussi de forme conique. Enfin, des fourneaux du
modèle des kuru de la Comoé et du Houet ont été découverts à Dassi dans la Kossi.
XI.I. Les témoignages écrits
La plus ancienne description d'une structure de réduction du minerai du fer en pays
bwa est signée de Robert, H. Forbes 411. Traitant des industries des noirs, il rapporte ce qu'il a
pu observer pendant son séjour d'un an en 1929-1930 à Dédougou au sujet de la production
du fer. Outre la description qu'il fait de la mine située dans la vallée d'un aftluent du Mouhoun
à six miles (11 km) de distance, il apporte des informations assez précises sur la structure d'un
fourneau à Dédougou. Ses propos sont illustrés par une photographie et un croquis que nous
reprenons en fig. 110. Le fourneau de Dédougou serait serni-souterrain à l'image de ce qu'on
rencontre généralement dans la région. se dresse dans un trou circulaire d'environ 5 pieds et
demi de profondeur (2 m environ) et assez large pour permettre aux ouvriers de circuler autour
du fourneau d'argile mesurant 4 pieds et demi (1,4 m environ) à sa base. Robert H. Forbes
estime sa hauteur à Il pieds (3,350 m) avec 16 pouces (40,65 cm) de diamètre à la cheminée.
La fosse est entourée d'un mur de scories jusqu'au niveau supérieur du fourneau où une plate-
forme de poutres et d'argile recouvre le tout. Sur cette plate-forme sont entassés le minerai et
le charbon. Robert H. Forbes pense que ce dispositif fait perdre un minimum de chaleur
pendant la réduction, malgré le fait que la cheminée émerge de la plate-forme. Le sol du
fourneau est tapissé de cendres qui reçoivent le fer provenant de la réduction. C'est là qu'il se
411 _ FORBES, R.H, 1933, ~ The black mans's industries ». pp. 232.236
396
solidifie en loupe au-dessus de laquelle s'accumulent les scories qui sont évacuées par une
ouverture donnant sur un trou prévu à cet effet.
L'air pénètre par six tuyères insérées dans six ouvertures aménagées à la base du
fourneau, à deux pieds (0,60 m) du niveau du sol. Les tuyères sont faites d'argile moulée
autour d'un bâton. Elles ont environ cinq pouces (12, 7 cm) de diamètre extérieur et deux pieds
(0,60 cm)de long et convergent en angle aigu près du creuset. Ces fourneaux sont à induction
directe. Les loupes qu'ils produisent ont très peu d'impuretés puisque Robert H. FORBES ya
trouvé 92,1 % de fer 412.
En 1937, Claude Francis-Boeuf reprend la description de Robert H. Forbes en
modifiant légèrement son croquis. Le fourneau est plus bas, sa base est plus épaisse, la cavité
qui reçoit les scories disparaît de même que le contact entre le plan de la base du mur de
scories et celui du sommet de l'escalier. Il a également supprimé les tas de minerai et de
charbon 413. C'est ce croquis remanié qui est publié par Louise Marie Diop en 1968 414.
Jacques Bertho propose en 1946, un plan plus sommaire d'un fourneau qu'il aurait
observé également à Dédougou, à 1,5 Km environ au Nord-Ouest de la mission catholique et à
500 m environ à l'extérieur du village. Il était enfermé dans une chambre cylindrique de quatre
mètres de diamètre avec une hauteur intérieure de 2,75 m environ. Il signale à son tour un mur
d'enceinte circulaire mais construite en argile, le tout recouvert d'une terrasse de 40 cm
d'épaisseur en terre battue. Jacques Bertho ajoute qu'un couloir prolonge la chambre pour
protéger l'entrée à l'Ouest. Il est couvert par le prolongement de la terrasse et ses murs sont
faits d'un assemblage de scories joints avec de l'argile. Pour assurer l'accès au couloir d'entrée
à travers le tas de scories, une tranchée non couverte de direction Sud-Ouest traverse
diamétralement le tertre que forme l'ensemble de la structure.
412 -FORBES, R.H, 1933, op-cit pp. 232.235
413 _ FRANCIS-BOEUF, C, 1937, « L'industrie autochtone du fer en AOF, » p. 425
414. DIOP, L.M., 1968 «Métallurgie et âge dllfer en Afrique ». p. 18, fig. 110.
398
Fig. 110 : Bwi de Dédougou (suite)
C - Croquis de C. Francis-Boeuf. 1937. p. 425
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D - Croquis de 1. Bertha, 1946, p. 10
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Coupe du haut fOlll'DeaU des Bobo-OuI!! de Dédoagnu.
399
Le sol de l'intérieur de la chambre se trouvait à un mètre en dessous du niveau du
terrain environnant. Au nùlieu de celle-ci se dressait le fourneau lui-même, de forme
tronconique, haut de 3,80 m avec comme diamètres intérieurs 0,80 m à la base et 0,30 m au
sommet. Une cavité a été aménagée à la base du fourneau sur une profondeur de 50 cm. C'est
le creuset destiné à recevoir le métal.
Jacques Bertho apporte encore d'autres précisions sur les dimensions, les éléments
additionnels, et le décor du fourneau, de même que son fonctionnement. Il trouve à la paroi du
fourneau une épaisseur de 40 cm d'où il déduit un diamètre extérieur de 1,60 m à la base et
1, 10 m au sommet. La chenùnée émergeait de la terrasse de 10 cm environ, empêchant ainsi
l'eau de pluie de couler de la terrasse dans le fourneau. Une fenêtre d'aération de la chambre,
de 20 cm de diamètre est aménagée à l,50 m de l'orifice de la chenùnée à travers la terrasse.
Les tuyères d'induction de l'air ont 1,75 m de long et seulement 3cm de diamètre
intérieur. Elles sont moulées en argile autour d'une tige de nùl et cuites au feu avant fixation
dans les six ouvertures prévues à cet effet tout autour de la base du fourneau, au niveau du
sol 415. Deux des ouvertures, situées dans l'axe de l'entrée de la chambre (à l'Est et à Ouest)
sont trois fois plus grandes que les quatre autres. C'est par elles que s'effectuent l'évacuation
des scories et plus tard, le retrait de la loupe.
Les aspects rituels sont présents sur le fourneau même dont la paroi extérieure faisant
face à l'entrée est ornée de deux personnages humains, l'un mâle et l'autre femelle, modelés en
bas-relief. La proénùnence des attributs sexuels et du ventre du personnage fénùnin semble
assinùler l'opération de réduction à un accouchement. Jacques Bertho a constaté que des
offrandes rituelles venaient d'être accomplies, laissant comme traces des graisses et des plumes
de poulet.
415. fAO, 0, 1990, p. 74 écrit que les bwi avaient 4 à 6 ouvertures, recevant 4 à 6 tuyères.
400
Cette minutieuse description de Jacques Bertho montre très bien la complexité du
fourneau souterrain ou semi-souterrain du pays bwa. Claude Francis-Boeuf considérait même
que sa structure était la plus compliquée de tous les fourneaux d'Afrique Occidentale 416. Il
comparait l'ensemble des installations, jugé du plus haut degré de la perfection dans la
métallurgie africaine, à une casemate de la ligne Maginot, où les meilleures conditions de
travail seraient réunies. L'auteur nous informe par ailleurs sur le fonctionnement du bwi. Sur la
terrasse aménagée, le métallurgiste mélangeait un volume de minerai à six volumes de charbon
préalablement humidifié avec de l'eau avant de charger le fourneau. La réduction durait 36
heures et le poids de la loupe obtenue atteignait 45 kg 417. C'est ce qui fait dire à Danilio
GREBENART que les fourneaux de Dédougou étaient les plus volumineux d'Afrique
O
"d
al 418
CCI ent
e
.
XI.2. Les informations ethnoarchéologiques
De très nombreux vestiges répondant aux descriptions précédentes ont été identifiés un
peu partout dans le Mouhoun et la Kossi. Il s'agit assurément d'un type de fourneau dominant
dans la région. Les abris qui les entourent, les rendant semi-souterrains 419, ne sont pas
toujours de forme circulaire comme dans les exemples rapportés plus haut par Robert H.
Forbes et Jacques Bertho. Accompagné de feu le professeur émérite Jean DEVISSE, nous
avons pu étudier des fourneaux à Béna dans la Kossi en Mars 1974. Sur les quatre anciens
ateliers, employés l'un après l'autre, deux avaient des chambres circulaires tandis qu'elles
étaient rectangulaires sur les deux autres. Selon la tradition 420, une fosse de près de 2 m de
profondeur est d'abord creusée, mesurant environ 7 m de longueur sur 3 m de largeur. Elle
était à l'origine couverte d'une terrasse de terre battue soutenue par des poutrelles de bois
416 _ FRANCIS-BOEUF, C., 1937, l'industrie autochtone du fer en AOf. p. 426
417 _ Op-cit p. 427
418 _ GREBENART, D, 1988, les premiers métallurgistes en Afrique Occidentale, p. 27
419 _ Au cours des prospections, auc\\Ut fourneau réellement souterrain n'a été observé. La terrasse est généralement en
surélévation par rapport au niveau du sol, peut-être pour éviter de transformer en mare la chambre en cas de pluie.
420 _ DAO Yezowna et TRAORE Padoua, à Béna le 2712/85. Ils avaient déjà été interviewés dans \\Ut entretien non
enregistré en Mars 1974.
401
qu'on posait directement sur les rebords de la fosse. Ces poutrelles sont encore visibles sur le
quatrième atelier de Béna. Les parois Est (une des largeurs) Nord et Sud (les longueurs) sont
ensuite tapissées de morceaux de scories qui constituent ainsi des parements très résistants.
C'est par l'Ouest qu'on accède dans la fosse grâce à une pente douce, aujourd'hui encombrée
par des débris de tout genre. Au centre de la fosse s'érige le fourneau. Il se trouve ainsi à l'abri
des intempéries et les métallurgistes peuvent y travailler même en hivernage. Ceux qui sont
encore assez bien conservés mesurent environ 190 cm de hauteur, 100 cm de diamètre intérieur
à la base et seulement 45 cm de diamètre intérieur à l'ouverture de la cheminée qui dépassait le
niveau de la terrasse. Ces fourneaux bâtis avec de l'argile, sont consolidés à l'extérieur par des
parements de fragments de scories. Ils ont une forme tronconique aux parois épaisses de plus
de 20 cm. A la base, l'ouverture principale appelé « gnibéni » est visible côté Ouest, et cinq
plus petites appelées « gnieza » reçoivent des tuyères tout autour du fourneau. L'allumage se
fait avec des braises placées à la base et une torche présentée à la cheminée. Les scories sont
rejetées en deux tas longiformes orientés Nord-Sud, formant un couloir d'accès à la chambre.
A l'état actuel, de conservation des débris encombrent la chambre, rendant invisibles les
d
b
421
ouvertures e la ase des fourneaux
.
Les deux ateliers à chambre circulaire sont à proximité du marché. Le premier est un
ensemble circulaire de 30 m de diamètre, envahi par des scories et la végétation.
Approximativement au centre se trouve une fosse de quatre mètres de diamètre dans laquelle
est reconnaissable la base d'un fourneau d'un mètre de diamètre. Aucune trace de bois ou de
construction qui suggérerait une terrasse. A l'Est de cette fosse, une autre de même diamètre
ne présente même plus de trace de fourneau. Il en est de même au deuxième atelier, moins
421 _ Voir fig. III : les bwi (fourneaux) de Béna et Sokongo
402
Fig. 111 : Les BwÎ de Dena (Kossi) et Sokongo (Bouboun)
A - Le Swi du 4è atelier de Sena. Photo Kiethega. [ev. 1985
Entre notre visite de mars 1974 ee l'enquête de [ev. 1985, cet atelier s'est considérablement dégradé. On peut
s'en rendre compee en comparant ce cliché avec le croquis d'après phoeo de la figure suivante.
B - Swi de Sokongo. Photo Kiéthéga 83.
La terrasse ici aussi s'est écroulée.
404
étendu que le précédent (20 m de diamètre), avec une seule fosse circulaire ne contenant plus
de fourneau. Il convient de nuancer ces affirmations car aucune fouille n'a été conduite dans
ces ateliers.
A ces réserves, il faut ajouter le fait que les kaani, (métallurgistes) bwaba n'ont pas
utilisé exclusivement des fourneaux semi-souterrains. Ils en existent construits à partir du
niveau du sol et protégé ensuite par un abri comme à Kopoî. D'autres, à l'exemple des
fourneaux de Biron, Dassi, Dinkiéna, Lahirasso et Sanikoro, n'étaient pas protégés.
Les fourneaux de Biron et Dassi ont été découverts après des fouilles que nous avons
menées en Août 1993 en compagnie de Elisée Coulibaly. La base découverte à Biron, de plus
d'un mètre de diamètre, avec une épaisseur de paroi de 10 à 15 cm, pourrait avoir supporté un
tronc de cône de plus de deux mètres de hauteur. Les ouvertures, car il s'agit
vraisemblablement d'une structure à induction directe, devaient se situer plus haut, car elles
n'ont pas été trouvées sur ce qui restait du fourneau (voir fig 113-A).
La forme du fourneau de Dassi la classe parmi les kuru observés dans la Comoé et le
Houet. Cinq ouvertures de forme ogivale à la base, un départ de cheminée, cinq pieds inclinés
aux parois minces, c'est tout ce qui reste de la structure de réduction qui était
presqu'entièrement enfouie dans du sable et de l'argile. Elle pose de ce fait beaucoup de
problèmes relatifs à sa forme initiale, même si sa parenté avec les kuru parait indéniable, et au
processus d'érosion ayant emporté la cheminée et les contreforts. Elisée Coulibaly s'occupe de
les résoudre et de préciser l'identité de ce fourneau (fig. 113-B).
Les bwi de Dinkiéna, Lahirasso et Sanikoro (fig. 114 et 115), tous édifiés à l'air libre,
méritent d'être mieux étudiés pour aboutir à plus d'informations sur les mutations
technologiques intervenus. Nous n'avons pas pu aller au-delà de la simple prospection.
405
Fig. 113 : Les Bwi de Bi ron el de Oassi
A - La hase du hwî de Biron
B - Le hwi de Dassi
406
Fig. 114 : Les Bwi de Kopoï et de Dinkién3
A - Swi de KopoY
Une murette de protection a été construite après le founeau, utilisant des blocs de scories et des pierres.
B - Swi de Dinkiena
Les énormes blocs (le sc
es ID s eru::asselH l:r lei a Ill;; ID ;tfl'It'ft\\"-,,,'t."-I
L'ouest est dégagé pour pennelLTe l'accès à la Slructure de réduction.
407
Fig. 115 : Les Bwi de Lahirasso et de Sanikoro
A - Le bwi de Lahirasro
Aucune trace d'abri creusé ou
consuuit n'a été observée. De
plus, a la différence de la plupart
des bwi, celui-ci est en briques.
Les ouvertures sont cachées par
des sédiments.
Photo Kiethoga. 87.
B - Le bwi de Sanikoro :
aucun abri creusé ou construit.
Un Balanites aegyptiaca a
colonisé la base du bwi.
Photo Kiethoga, 87.
408
Elisée Coulibaly, dans ses recherches sur la paléométallurgie au Bwamu, distingue
quatre zones de distributions de bwi. Il reconnaît l'existence d'un type réellement souterrain à
l'intérieur de la boucle du fleuve Mouhoun, autour de Dédougou et de Ouarkoye. Le fourneau
semi-souterrain se rencontrerait dans la partie méridionale du pays bwa autour de Houndé. Sur
la rive gauche du Mouhoun fonctionneraient surtout des fourneaux de taille moyenne,
construits à l'air libre sans aucune protection. Enfin, plus au nord à la frontière du Mali, se
serait développé un fourneau dont la description faite par Elisée Coulibaly, et que nous avions
fouillé à Dassi rappelle étrangement les kuru des numu de l'Ouest 422.
Cette répartition nous parait prématurée à l'état actuelle de la recherche où de
nombreuses fouilles doivent être entreprises et les éléments de chronologie précisés. C'est
pourquoi une grande prudence doit être de rigueur, d'autant plus que dans le Bwamu central
ont déjà été rencontrés des fourneaux semi-souterrains comme à Passakongo où les fouilles ont
dégagé une partie du mur de protection de forme circulaire. Il en est de même à Paradé. Sur la
rive gauche du Mouhoun, les fourneaux de Béna, et de Kouka sont semi-souterrains.
Le Bwamu a été en communication avec le pays bobo voisin au sud avec lequel il
partage plusieurs traits culturels. De plus, il a reçu des migrations marka venant du Mandé qui
ont pu contribuer à la diversification des techniques métallurgiques. Un modèle de
diffusionnisme interne à l'Afrique occidentale nous est justement offert par la métallurgie
lourde du Centre, du Nord et de l'Est du Burkina Faso.
422 _ Coulibaly Elisée, 1993, Quelques aspects de la paléométallurgie du fer dans le Bwamu, pp. 4-5.
409
CHAPITRE XII : LES BOOSE423(FOURNEAUX) DU CENTRE, DE L'EST
ET DU NORD
Le Centre, l'Est et le Nord du Burkina constituent les zones de plus fortes densités de
populations de nos jours. Jadis avant l'intervention des conquérants nakomse au XVe siècle, le
centre était habité par des N'msi et des Yonyoose, le nord par des N'msi, Yonyoosé, Kibsi
(dogon) et Fulse (Kurumba), abstraction faite de petits groupes qui ont été intégrés dans ces
ensembles.
AI' arrivée des cavaliers nakomsé armés de lances, de sabres, d'arcs et de flèches en
provenance du nord du Ghana actuel, la maîtrise technologique du fer était détenue au centre
par les Ninsi, au nord par les Kibsi, les Fulsé et les Ninsi. Trois types de fourneaux étaient en
usage dont nous précisons plus loin les interventions dans l'histoire. Il s'agit du fonoga ou
fénéga (pl = fononse ou fènense) de très petite taille, qui était associé au fourneau le plus haut
de toute l'Afrique occidentale, le boanga (pl = boensé). Le territoire de ces deux types de
fourneaux semble correspondre aux anciennes aires d'occupation des Kibsi et des Fulsé c'est-
à-dire une partie du centre (province du Barn et du Sanmatenga) et le nord jusqu'à la frontière
du Mali (province du Yatenga et du Sourn). Le fonoga ou fénéga fonctionne avec de l'air
artificiel, tandis que le boanga est à induction directe.
Le troisième type de fourneau est appelé boaaga (pl = boose) en langue nationale
mooré. Il fonctionne avec des soufflets. Son utilisation est attestée partout dans le centre et le
nord et il supplante le boanga et le fonoga dans les provinces du centre. Cependant aucun n'a
été retrouvé debout et intact. Les deux derniers types de fourneaux cités disparaissent
d'ailleurs dans la province méridionale du Bazéga et sont rarement signalés dans l'Oubritenga
et le Bulkiemdé.
423 _ Le tenne ~ au pJwieJ boose, est l'appeIJation générique des fourneaux en langue nationale mooré, du groupe
ethnique majoritaire des Moosé (sing=moaaga), descendants de conquérants venus du Nord du Ghana au xve sièçle, les
Nakomsé, et des peuples conquis et assimilés. Cependant boaaga, boose désignent plus particulièrement un fourneau à
soumet, le plus connu ct le plus répandu dans Je pays.
410
En attendant que soit expliquée la répartition géographique de ces trois types de
fourneaux, tentons de décrire leurs morphologies.
XD.I. Les fônonsé ou fenensé
Ces structures de réduction se sont développées en compagnie des boense dont ils
servaient à recuire les fers. Cependant des traditions recueiJJies dans la région des lacs,
provinces du Barn et du Sanrnatenga, semblent indiquer que ces fourneaux étaient utilisés pour
eux-mêmes indépendamment des boensé. Leurs vestiges archéologiques semblent corroborer
ces traditions. En effet sur les sites de Diguila, Foura, Kougri, Zérédeguen dans le Sanrnatenga,
Bissiguin dans le Boulkiemdé, et Lantaga dans le Passoré ce sont des batteries de plusieurs
dizaines de fourneaux qui ont été repérés. Au Yatenga où leurs présence est également
attestée, pas un seul n'a été découvert associé ou non à des vestiges de boense. Le seul que
nous ayons w là-bas se trouvait à l'intérieur de la concession du chef des forgerons de Kain. TI
avait été construit à J'occasion de l'expérimentation conduite par Bruno MartineUi en Février
1988. Le boang~ que le chercheur avait fait édifier à l'époque a été terrassée par les pluies de
l'hivernage très pluvieux de 1994.
Le site de Zérédeguen a été découvert en 1974 par le Professeur Jean Devisse.
Zérédeguen est un vinage situé à cinq kilomètres de Kaya au bord de la route conduisant à
Mané vers l'Ouest. Les fononse se trouvent aux pieds et à l'Est d'une coUine de schistes
feuiJJetés. Ils voisinent avec un site d'habitation à la surface jonchée de tessons de céramiques.
De l'autre côté de la coUine se trouve une ferrière avec des scories, des fragments de tuyères et
de parois de fourneaux en argile, sur une aire de cinquante mètres de diamètre.
La zone des fononse de l'autre côté de la coUine est plus restreinte. Ceux-ci se
présentent en deux ensembles d'une douzaine d'unités distants d'environ vingt mètres. Ils sont
très groupés et l'écart entre eux ne dépasse pas cinquante centimètres. De la superstructure
411
dépassant le niveau du sol actuel, il reste à peine dix à quinze centimètres. De fonne circulaire,
ils ont un diamètre moyen de trente centimètres. A l'intérieur d'une construction en argile se
trouve emprisonnée une masse sombre faite des produits de coulée. Ces fourneaux n'ont pas
encore été fouillés.
Les fononsé de Kougri, au bord du lac de Sian, ont été découverts seulement en 1979
par nous-mêmes. Sur un terrain plat, on dénombre une cinquantaine de fourneaux disposés
dans un ordre imprécis. A l'endroit de la plus grande concentration on compte dix-huit unités
dans un carré de 3 m / 3 m. C'est là que nous avons opéré un sondage pour étudier la structure
de ces installations. Les fouilles qui ont été menées de manière à découvrir totalement la base
des dix-huit fourneaux du carré de sondage, ont permis les observations suivantes : dans leur
état actuel de conservation la hauteur totale de ces constructions varie de 22 à 40 cm dont 5 à
1,5 cm dépassaient le niveau du sol actuel. TI est cependant probable que la superstructure était
plus haute. Nous ne pouvons cependant préciser avec certitude ni la hauteur ni la fonne de
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. d
Il
424
ce e-ci a partir es restes que nous avons
.
Chaque bloc dégagé comprend une paroi argileuse, épaisse d'environ 15 cm, vitrifiée à
l'intérieur sur 2 à 5 cm. Elle renfenne une masse ferrugineuse semblable à celle déjà
mentionnée à propos de Zérédeguen. Le diamètre total vers l'ouverture varie de 22 à 35 cm.
IL est sensiblement le même à la base des fourneaux. Sur les 18 fononse dégagés, un seul
(N°l 1) portait un trou latéral, circulaire, par où s'étaient épanchés des déchets de fusion.
C'est en février 1983 que nous avons découvert les fonose de Diguila, gros village au
Nord-Ouest de Kougri.
Moins nombreux que ceux de Kougri, ils présentent cependant le même aspect
extérieur. Pour l'instant, aucun sondage ne pennet de les décrire plus avant 425.
424 _ voir le développement que nous avons fait en première partie de ce travail.
425 _ Voir fig. 116 : photo des ~de Duiguila et de Zérédeguen
412
Les fononse de Bissiguin, dans le Boulkiemdé, ont déjà été présentés dans la première
partie de ce travail au volet « sources archéologiques ». Ceux de Foura et Lantaga n'ont fait
l'objet que d'un simple repérage.
Ces six sites de fononse reconnus ne sont vraisemblablement pas les seuls. Leur taille, le
nivellement qui les frappe du fait de l'érosion et de l'action anthropique rendent les fononse
difficiles à reconnaître au sol.
A partir des données actuelles on peut penser que ces types de fourneaux se
construisaient de la façon suivante : un trou était creusé dans le sol sur 20 à 30 cm de
profondeur et avec un diamètre d'à peu près de la même grandeur. Les parois de ce trou
étaient ensuite revêtues d'une couche d'argile qu'on élevait au-dessus du niveau du sol pour
créer une superstructure dont la forme et la hauteur restent à déterminer. Les 10 à 15 cm de
fourneau qui dépassent du niveau du sol actuel pourraient certes provenir d'une dénudation par
l'érosion, mais les terrains, tous déprimés, où se retrouvent ces vestiges militeraient plus pour
l'ensevelissement que pour l'exhumation. On peut donc raisonnablement retenir l'hypothèse de
l'existence d'une superstructure. Il resterait à répondre aux questions liées à l'utilisation et au
fonctionnement de ce type de fourneau.
A ce stade de la recherche sur cette structure, des éléments précis d'information nous
viennent de la tradition orale. Mais les détenteurs de celle-ci n'ont pas eux-mêmes produit du
fer à partir du système des fononsé. C'est dans les villages de Samtakoudgo et de Koumnoro
que ces traditions ont été recueillies 426. (On n'y trouve pas de vestiges de fononsé). Elles sont
unanimes pour dire que le fonoga est construit et utilisé de la façon suivante :
426 _ Infonnations recueillies en 1982 au moment où nous préparons une commUJÙcations intitulée « les bas-fOflmeowc des
bords du /oc de Sian. Haute-Volta Il qui fut présentée au colloque organisé à Paris en mars 1983 sur l'Histoire de la
métallurgie == de la mine au métal avant l'adoption du procédé indirect. Nous avions omis à l'époque de relever les noms de
nos infonnateurs qui nous ont reçu toujours en groupe. D s'agit des forgerons de Samtakoudogo et KolUD1l0r0 au Nord de
Kaya, chef-lieu de la province du Sanmatenga.
414
Un trou de 20 à 30 cm de diamètre est creusé dans le sol jusqu'à une profondeur de
même ordre de grandeur. Ces parois sont revêtues d'une pâte argileuse. Le fond est tapissé de
cendres de paille de mil compacté au pilon.
Dans le prolongement interne des parois du trou, on élève une superstructure d'environ
une coudée de hauteur avec la même argile. Au ras du solon fixe dans la paroi une tuyère
également en argile, qui débouche dans le fourneau. Cette tuyère est raccordée à un système de
soufflets qu'un seule personne peut actionner.
Lorsque la construction est sèche et les matières premières préparées, on procède au
chargement du bas-fourneau. Ce chargement ne se fait pas par couches horizontales comme
dans les autres fourneaux, mais par couches verticales. En effet, on dispose d'abord face à la
tuyère du charbon. Entre ce charbon et la paroi du fourneau opposée à la tuyère on place les
mesures de minerai trié auquel on a pris soin d'ajouter du terreau.
Le charbon incandescent, attisé par les soufflets, fait fondre le minerai. Pour évacuer les
déchets de fusion on pratique alors un trou sous la tuyère. Le contrôle de la réduction se fait
par le haut et le
femer ajoute soit du charbon, soit le mélange minerai-terreau selon les
besoins. C'est par poignées que les mesures sont faites et l'on met toujours plus de charbon
que de minerai. Le charbon employé provient du bois de karité (Butyrospermum paradoxum)
et du pemperga (en mooré), Pterocarpus lucens.
Le fer produit lors d'une réduction suffit juste à fabriquer une daba. On peut réaliser
une fusion le matin et une autre le soir. La durée de vie d'un tel fourneau est variable mais ne
dépasse généralement pas trois à quatre opérations. Leur nombre et leur regroupement
proviendraient de cette courte durée mais aussi du fait que chaque femer pouvant travailler
seul à son fourneau, le possède en propre.
Les métallurgistes du Yatenga auraient donné un autre usage au fonoga. Pour Ali Giti,
Salifou Giti et A1missi Giti de Youba, le fonoga n'est qu'un boaaga de petite taille. IL
415
fonctionne donc comme ce dernier avec une admission forcée d'air. Il servait à réduire le
minerai dont la gangue n'aurait pas totalement fondu dans le boanga. En une journée on peut
en tirer une quinzaine de petites boules de fer, suffisante chacune à la fabrication d'une
0127
hache
.
Les informateurs de Ronga décrivent le fonoga comme un très petit boaaga qui
ressemblerait à une marmite. Il comporterait une seule ouverture à l'Est où l'on fixe une tuyère
communiquant avec des soufflets. A l'Ouest, il y a une tuyère servant à évacuer les scories.
Comme à Youba, le fonoga est destiné à recuire les minerais mal réduits dans le boanga. Son
temps de réduction n'est que de quelques heures mais il lui faut un charbon spécifique
provenant du Kisindindé (Dalbergia melanoxylon) 0128.
Le même son de cloche a été enregistré à Namissiguin auprès de Hamidou Bélem 01~9.Le
fononga ne dépasserait pas 40 cm de hauteur. Il disposerait d'une seul tuyère fixée du côté
opposé à celui des soufflets. Il n'y aurait pas d'orientation particulière à appliquer à la position
de la tuyère et des soufflets. Le fononga serait en fait une technique permettant de récupérer le
maximum de fer des minerais. Il est associé au boanga pour retraiter les produits mal réduits. Il
tirerait d'ailleurs son nom de ces minerais en partie réduits appelés aussi fonoga (pl = fononsé).
Le fonoga se charge par poignées successives de charbon et de minerai. Il suffit de l'incliner
pour récupérer la boule de fer.
De ce témoignage on relève que le fonoga n'est pas partiellement enterré comme au
Sanmatenga, puis qu'on peut l'incliner pour sortir la loupe.
Retenons enfin les informations livrées par Yourbé Boukary Zonon en présence de
Natinba Ouédraogo, Chef de village de Kindibo 0130. Il nous rapporte que pour construire le
fonog~ il y a d'abord une petite fondation à creuser. On élève ensuite le fourneau avec de
427 _ Gm Ali, Gm Sali fou et Gm Almissi, interviewés à YOUBA le 26/8/83
428 _ Gm Hamadé et Gm Salam, à Ronga le 29/8/83
429 _ BELEM Hamidou à Namissiguina en AoQt 1983
430 _ Entretien du 10112/83
416
l'argile. Une tuyère d'évacuation des scories est fixée du côté opposé à celui des soumets sans
orientation précise. Le fonoga serait très facile à manipuler car il suffit d'y mettre un panier de
charbon et une poignée de minerai mal réduit et de soumer. En une journée on pouvait réduire
beaucoup de minerai.
Le caractère mobile ou facile à déplacer des fononsé du Yatenga et leur petite taille
peuvent expliquer l'absence de traces archéologiques observés. Il faut faire appel à des
considérations historico-économiques pour comprendre son utilisation comme fourneau
indépendant dans le Sanmatenga.
Georges Célis a procédé à une reconstitution d'un fourneau semblable au fononga à
KATIALI en Côte d'Ivoire, dans la région de Korogho où les métallurgistes sénoufo se
servaient de structures à induction directe pour la réduction du minerai.
Le forgeron qui a été sollicité pour cette expérience a tout simplement élargi le foyer de
sa forge jusqu'à 30 cm de diamètre et lui a donné une profondeur de 20 cm. Dans le foyer ainsi
réaménagé, il a entassé de l'herbe sèche sur laquelle il a disposé un mortier en bois qui a servi
de moule pour façonner en deux temps la colonne d'argile de la superstructure, sur une
hauteur de 40 cm. Elle fut ensuite remplie de charbon. Puis la tuyère principale de la soufflerie
de forge fut raccordée, débouchant en position inclinée juste au-dessus de l'herbe sèche. Le feu
est mis à celle-ci grâce à une braise qui glissa par le haut de la tuyère principale pour
enflammer l'herbe. Lorsque le charbon fut embrasé à son tour, le forgeron ajouta du minerai
par petites quantités, et renouvella ce chargement jusqu'à la fin de l'opération qui a duré trois à
quatre heures. Pour libérer la loupe, il fallut retirer la colonne d'argile et la forge reprit son
aspect normal, rien ne venant alors signaler qu'elle s'était transformée l'espace de quelques
heures en atelier de réduction de fer 431.
431 _ CELIS. G, Les fonderies africaines du fer, pp. 49-55
417
En 1974, Georges Quéchon et Jean Pierre Roset ont fouillé et daté de 2628± 120 BP,
des bases de fourneaux à Do Dimmi, dans le massif du Termit au Niger. Leurs diamètres de
base (30 à 40 cm), les scories obligeant à casser le corps du fourneau pour extraire la loupe,
tous ces éléments classent ces découvertes dans la même catégorie que les fononsé 432.
Bertrand Gille pense qu'à partir de ce type de fourneau, l'évolution a donné les
différents appareils qui se sont développés jusqu'à l'apparition des procédés indirects. •433
Cependant, précise-t-il, cette évolution est difficile à suivre. Plusieurs fourneaux pouvant se
rattacher à cette famille ont été découverts en Europe Centrale, surtout en Bohème, en
Moravie et en Pologne. Ils étaient généralement taillés dans la roche (du loess) pour le creuset
qui était enduit d'argile se prolongeant en superstructure. Les slaves avaient ainsi monté des
ateliers sidérurgiques importants où les vieux fourneaux se dénombrent par dizaines et même
par centaines. En 1964, K. Bielenin en avait répertoriés 1805 en Pologne. Organisés ou non,
ces structures enfoncées dans le sol ne servaient qu'une seule fois et le soufflage se faisait au
niveau de la superstructure qui n'était pas conservée après le retrait de la loupe par le haut.
C'est pourquoi aucune tuyère ne fut découverte en fouilles, car disparue avec la colonne. Dans
la cavité souterraine ne reste que des scories compactes, fondues en une seule pièce. Ces
structures, dont l'âge s'échelonne entre le 1er siècle avant notre ère le VIIr siècle, sont
réellement à rapprocher des fononse pour se poser la question du diffusionnisme technologique
. ,
"
d
43<1
qUI n a pas pu s operer ans ce cas
.
Les avis sont plus unanimes sur la morphologie et le fonctionnement des boense, ces
fourneaux géants dont les lumières s'observaient de très loin la nuit.
432 -GREBENART, D, 1988, Les premiers métallurgistes de \\' Afrique Occidentale, p. 143
4)) _ GILLE, B, 1970 Evolution des techniques sidérurgiques, pp. 141-147
434 _ On lira aussi avec profit : PLEINER, R, 1962 , La sidérurgie dans les pays tchèques au Moyen Age, pp. 179-196 ;
RADWAN, M. et BIELENIN, K, 1962, La sidérurgie en Pologne centrale au premier millénaire de notre ère, pp. 163-178 ;
et RADWAN, M., 1966, L'ancienne technique sidérurgique polonaise, pp. 63-86.
Voir aussi la fig 117 = bas foyers en Europe.
419
XI.2. Les boense ou boonse (sing = boanga ou boonga)
Ce sont ceux-là qui ont été décrits pendant la période coloniale. Il était difficile de ne
pas les repérer dans les brousses autour des villages, de préférence aux pieds des collines où le
minerai a été extrait. Une illustration photographique de Jacques Méniaud en présente une
batterie de trois sans préciser la localité 435. Il s'agit de tours tronconiques de cinq ou six
mètres de hauteur. On accédait à la cheminée par des échelles en bois, posés contre la paroi des
fourneaux. On distingue sur la photographie, au premier plan, une murette d'environ un mètre
de hauteur, accolée au boanga. Les grandes ouvertures à la base sont également visibles. Ces
fourneaux n'étaient donc pas en activité 436.
Robert H. Forbes semble avoir photographié les mêmes fourneaux qu'il situe à Bango,
au nord de Ouahigouya, la capitale du Yatenga historique 437. L'auteur a développé dans son
article ses connaissances relatives aux mines et minerais et au bwi de Dédougou, sans
commentaire sur les fourneaux de Bango, qu'il dit seulement en légende être haut de 20 pieds
(6 m), fonctionner probablement par tirage naturel d'air. On accéderait au sommet au moyen
de poutres entaillées.
Au passage de Robert, H, Forbes, l'érosion semble avoir déjà agi. Le fourneau au
premier plan est encore entier et peut être comparé à J'illustration de Jacques Méniaud. Le
second a déjà perdu sa cheminée. Quant au troisième, il semble avoir disparu. Si ces fourneaux
ne sont pas les mêmes que ceux observés par Jacques Méniaud, il faut alors conclure à une
extraordinaire ressemblance entre ceux qu'on aperçoit au premier plan sur les deux clichés.
Pierre Clément a été aussi frappé par la grande dimension des boonse. Il leur donne
quatre à cinq mètres de hauteur, mais il se trompe gravement en indiquant qu'ils étaient
allumés par le haut et que des soufflets disposés en couronne à la base les alimentaient en air
43~ _ MENIAUD, J, 1912, Haut-Sénégal-Niger = géographie économique, p.221
436 _ Voir fig. : 118 = boonsé de Bango et de Goursi au Yatenga.
437 _ fORBES, R.H, 1933, (( The black man 's industries », p. 231
420
Fig. 118: Booosé du Yateoga
A - Boonsé de Bango selon Méniaud. 1.. 1912. p. 221
CIidtJ .. Dr DaJ-l
FIG. 59. -
Haut-fourneau des Mouia.
B - Boonsé de Yatenga selon Forbes. RH.. 1933. p. 231>XQ
421
tandis que des ouvertures distinctes servaient à l'évacuation des scories et du métal 438. Ce
qu'il rapporte correspond au fonctionnement du boaaga et non du boonga. Les difficultés de
communication ont pu l'induire en erreur 439.
Sur l'utilisation des boonse du Yatenga, Louis Tauxier donne des explications assez
embrouillées. On a comme l'impression que les métallurgistes ont mis une très mauvaise
volonté à informer les agents de la colonisation. Louis Tauxier rapporte tout d'abord avec
justesse que les forgerons regroupés réduisaient le minerai dans la brousse dans de grands
fourneaux. La campagne durerait un mois, en saison sèche et se pratiquerait seulement une
seule fois dans l'année. Tous les villageois participaient à la construction des fourneaux qui
étaient affectés à raison d'une unité pour deux forgerons. Les structures de réduction étaient
érigés aux pieds des collines où le minerai est extrait et la constructio.n prenait cinq jours pour
un seul. Les couples de forgerons prenaient alors possession de leur fourneau et débutaient la
réduction. Les forgerons passaient à tour de rôle pour enfourner leur minerai. Louis Tauxier
ajoute ensuite que les fourneaux étaient activés au soufflets pendant trois jours au bout
desquels des portes aménagées à la base sont ouvertes pour laisser couler le fer. Les scories
seraient évacuées par d'autres ouvertures maintenues constamment ouvertes. Le quatrième
jour, le fer est refroidi et on le retire des petites fosses où il a coulé. On le casse à coups de
masse et on le remet à la fonte 440. De nouveau la description physique des fourneaux (grands
fourneaux) ne colle pas avec le mode d'admission du comburant qui est celui des fourneaux à
soufflets, très répandus aussi, mais de taille plus modeste ne dépassant pas deux mètres. Pierre
Clément ne se serait-il pas servi des informations erronées de Louis Tauxier publiées dès 1912?
438 _ CLEMENT, P, 1948, « Les forgerons en Afrique noire », p.36
439 _ Voir fig. 118 ... = Boonse de Bango et de Gourcy au Yatenga
440 _ TAUXIER, L, 1912, Le noir du Soudan, pays mossi et gounmsi, p. 512
422
Fig. 118 : Boonsé du Yatenga (suite)
C - Boonga de Gourcy selon Clément P.. 1948. p. 36 repris par Martinelli. B.. 1993. p. 211
27
o -Boonga de Rasouli : source CNRST 1955
423
En Avril 1955, une mission du Centre IFAN de Ouagadougou a photographié un
fourneau désaffecté construit par les Moosé au village de Rasouli en pays san. Il mesurait cinq
mètres de haut avec 1,70 m de diamètre à la base. Des crans, sur la paroi à gauche permettait
de circuler. Des scories sont entassées tout autour et on peut observer sur l'ensemble du cliché
la rareté de la végétation 441.
Ce fourneau fait partie des derniers qui ont fonctionné au Yatenga et d'ailleurs un peu
partout au Burkina Faso. Celui de Lantaga dans le Passoré, qui se dresse comme une fusée
prête à décoller, serait aussi à peu près du même âge, puisqu'il daterait de 1954 selon les
forgerons du quartier Sandgo de Lantaga, interrogés le 1er Septembre 1984 442. Il mesure 4,20
m de hauteur, 1,60 de diamètre intérieur à la base. La mesure du diamètre au sommet n'a pas
été prise. Les ouvertures à la base sont au nombre de 10 sur une hauteur de 70 cm et une
largeur de 30 cm.
Il serait fastidieux de présenter tous les boonse étudiés au cours de nos enquêtes et
dont les photographies alimentent abondamment notre fichier. Nous faisons une exception
pour ceux dont certaines particularités complètent nos informations. Il en est ainsi des boonse
de Kindibo dans le Yatenga.
Le centre métallurgique de Kindibo est constitué de quatre ensembles dont l'un
rassemble des boonse attribués aux Kibsi et un autre des fourneaux construits par les Moosé
qui ont pris la place des Kibsi. Les boonse kibsi sont au nombre de trois et occupent la partie
nord du site. Ils ont été édifiés dans une dépression bordée de collines au Nord-Est et au Sud.
Tous les trois ont une forme tronconique; ils sont hauts de deux mètres et comptent cinq
larges ouvertures triangulaires à la base. Ils ont été montés aux colombins avec une argile
contenant beaucoup de gravillons.
441
_ Voir fig. 118: Les boonse de Rasouli (Yatenga).
442 _ Voir fig. 119 : Le boonga de Lantaga (Passoré)
424
Fig. 119: Le boooga de Lantaga (passoré)
425
Fig. 120 : Les booDse Kibsi de Kindibo (Yatenga)
A - Le boonga nO 1
B - Le boonga n° 3
..r.i"""::
.-Ü'-
~'.
Selon THINON, M., 1994, p. 34, les tennites
On disLÎngue ici aussi trois
des espèces Bellicositenne et Macroterrne des
niveaux de construction avec
savanes africaines édifient des monuments qui
un montage au;< colombins. Il
peuvent atteindre 5 à 6 m de hauteur sur 30
est menacé par un BaIinites
à 60 m de diamètre à la base. C'est l'espèce
aegypliaca.
Macroterme qui colonise ce fourneau.
Elle est toujours active.
427
A mi-hauteur et du côté ouest, une petite ouverture circulaire de 7 cm de diamètre, appelée
~ (nombril) en langue nationale mooré, permettait de suivre l'évolution de la réduction 443.
L'intérieur de deux des fourneaux est occupé par des termitières qui contribuent à leur
conservation. Le troisième est par contre menacé par un Balanites aegyptiaca dont le
développement a provoqué des fissures dans le fourneau.
Sur les boonse moosé, dont l'un est toujours debout, haut de 3,70 Dl, la tradition orale
a livré des informations plus nombreuses 444. La base du boonga est déterminé par un homme
assis, les jambes tendues et tournant autour de lui-même. TI trace ainsi un cercle sur lequel on
élève le fourneau sans creuser de fondation. Le matériau employé est de l'argile de termitière
construite hors des bas-fonds. On y ajoute du gravillon et du Loudetia togoensis finement
hachée. Parvenu à la hanche d'un homme, on le laisse sécher. Puis on pose dessus deux bâton
croisés sur lesquels se tient le maçon qui poursuit la construction. A la hauteur des épaules, on
le soumet encore au séchage, puis le maçon pose de nouveau deux bois croisés comme
échafaudage. Il répète cela autant de fois que nécessaire pour atteindre la hauteur souhaitée
pour Je boonga. Un ~ (nombril) est percé du côté ouest à hauteur de vue d'un homme. A la
base sont aménagées des ouvertures dont Je nombre varie de neuf à onze selon la taille du
fourneau. Ces ouvertures mesurent chacune 40 cm à 60 cm de haut. Elles reçoivent chacune
huit à dix tuyères (pebse ; sing = pebga) qui sont toutes bouchées au début de la réduction. Le
chargement est effectué par trois personnes. La première se place sur une murette construite
contre le fourneau du côté ouest, le deuxième se tient sur une échelle en bois à mi-hauteur du
fourneau, Je dernier s'assied sur le bord du boonga. C'est Jui qui reçoit Jes paniers de charbon
et de minerai qu'il vide dans Je fourneau au-dessus d'un lit de paille préaJabJement pJacé. On
introduit d'abord du charbon jusqu'à hauteur du ~ (nombril), soit à plus d'un mètre du sol.
443 • Voir fig. 120: Les boonse kibsi de Kindibo (A.B-C)
444 _ ZONON Yourbé Boukary, entretien du 10/12183 à Kindibo
428
Fig. 121 : Base du boonga moaaga de J(jndibo
A la fin de la réduction les tuyères sont retirées. Cela peut enua1ner comme ici la perte d'un pied qu'il faut
reconstruire. L'ouvenure principale se trouve ici à l'opposé du côté Est du fourneau. Elle est béante des suites de
destructions postérieures au défournement.
429
Suivent alors 45 paniers de minerai, puis sept de charbons, puis dix de minerai et encore sept
de charbon. C'est toujours le charbon qui achève le chargement. On bouche le nombril avant la
mise à feu de la paille effectuée par l'ouverture principale située à l'est du fourneau.
La réduction dure trois jours. Au deuxième ou au troisième, le boonga émet un cri. On
dit qu'il pleure. Alors on débouche les tuyères par lesquelles s'écoulent les scories. Puis, à
l'aide de bâtons, on extrait les tuyères pour pouvoir dégager les fers. Chaque ouverture donne
un fer. Les scories qui se sont accumulées au centre du fourneau s'appellent rango (rângo).
Celles qui se sont écoulées constituent le rulum ou rudum. Refroidies et consolidées elles
portent le nom de wanré (wâre).
Toutes les réductions ne sont pas un succès. On pouvait réemployer le boonga après un
nouvel enduit intérieur et une restauration extérieur des fissures et des pieds 445. Ces
restaurations,
en particulier le recrépissage des parois intérieures offi"ent à l'archéologue
d'importants indices de chronologie et d'évaluation du nombre de réemplois de chaque
fourneau. Cette pratique étant attestée partout, il nous a été possible de procéder à des
comptages dans certains cas. En effet, après chaque réduction, la paroi intérieure est vitrifiée
par la chaleur. Le nouvel enduit enferme en la fossilisant cette couche antérieure qui se lit
nettement dans une coupe en hauteur du boonga. Ces coupes sont offertes très naturellement
par les accidents au niveau de l'ouverture principale pendant le défournement et/ou par l'action
de l'érosion 446.
Les métallurgistes de Youba (Yatenga) aménageait la base du boonga avant le
chargement. De la terre y était apportée et compactée de manière à former une bosse sur
laquelle de l'herbe était entassée. Celle-ci provient de Loudetia togoensis. Puis on verse 20
paniers de charbon qui permettent d'atteindre le niveau du Yuga (nombril). Suivent alors dix
44.S _ Voir fig. 121 : Pieds du boonga moaga de Kindibo
446. Voir fig. 122 : Les réemplois du boanga
430
Fig. 122 : Les réemplois du boonga
A - Boonga rnoaaga de Youba (yatenga)
Trois couches successives d'enduit
indiquant trois utilisations
successives. Photo Kiéthéga 83
...
B - Boonga de Kararna (yatenga)
On compte jusqu'à quatre enduits
successifs. Une tennitière est en
l1'ain de se développer à l'intérieur
du fourneau. Photo Kiéthéga 83
431
Fig. 123 : Les boonse de la diaspora
A - Fourneau de Dassa <Sanguié) . Photo IGéthèga 83
Sa base esl comparable à celles des boonse observes au Yalanga.
1
432
Fig. 123 : Les boonse de la diaspora (suite)
C - Base de fourneau de Pobe-Mengao (Sourn) . Photo Kiéthéga 83
Une dizaine de grosses tuyères fixées li la base convergent vers le centre du fourneau. Il ne reste rien des pieds.
-
~
Ce vestige est attribué au), métallurgistes moosé qui ont succédé aux kibsi dans la région. 11 fut l'objet d'une
comroverse (scientifique) entre les membres de l'équipe du Campus Histoire du fer au Burkina en janvier 1994,
au sujet de son système d'alimentation en air.
433
paniers de minerai, 20 de charbon, 16 de minerai, un panier d'un mélange de charbon et de
minerai et pour finir du charbon.
L'allumage se fait par une tuyère de l'ouverture principale, la seule qui n'avait pas été
'
b
h
447
ouc ee
.
Hamidou Bélem apporte une variante dans la procédure d'évacuation des scories qui ne
sortent pas par les tuyères mais par une ouverture pratiquée sous les tuyères de l'ouverture
principale 448. n nous semble que notre informateur a fait une confusion avec l'évacuation des
scories du boaaga pour laquelle on perçait parfois un trou sous la tuyère de la soufflerie.
Les métallurgistes des provinces où le boonga serait une importation en provenance du
Yatenga, ont quelquefois adopté des solutions différentes dans la construction. Elles
concernent principalement les matériaux et la base.
Ce sont des femers moosé du Yatenga qui ont introduit le boonga dans le Sanguié. n y
a conservé la taille, la morphologie et le mode de fonctionnement 449.
Par contre, les restes d'un fourneau observé à Samtaba dans le Sanmatenga ne
présente aucune ouverture jusqu'à 40 cm au-dessus du niveau du sol. L'état de conservation
des vestiges n'a pas permis de se faire une idée précise du niveau où les ouvertures étaient
pratiquées 450. Peut-on envisager une erreur de la tradition orale et classer ce fourneau dans les
catégories employant des soufflets? Signalons aussi la flexion des parois vers le bas, rendant le
diamètre à la base plus petit qu'à 70 cm au-dessus du niveau du sol. Les tuyères trouvées aux
alentours ressemblent à celles utilisées par les boonsé.
Déjà, au cours des fouilles d'une base de fourneau à Kougri (Sanmatenga) en 1979,
nous avions observé le même phénomène sur un site attribué aux Kibsi, dont les femers ont
447 _ Gm Ali, Gm Salifou, et Gm Almissi. Entretien du 26/8/83 à Youba
448 _ BELEM Hamidou, entretien du 12/9/83 à Namissiguima
449 _ voir fig. 123 : Les boonse de la diaspora
430 _ voir fig. 123 : Les boonse de la diaspora
434
précédés ceux des Moosé. Au demeurant aucun fourneau de l'époque kibga n'est encore
debout pour autoriser des observations plus complètes.
Sur les sites d'extraction traditionnelle du fer de Zérédèguen, Sarntaba, (Sanrnatenga),
Ronnon et Toublogo (Barn), il nous a été donné d'observer des tuyères emprisonnées dans la
masse de scories. Ces tuyères présentent une disposition très curieuse à première vue sans
aucun ordre précis. Mais une observation plus poussée montre que cette inorganisation
apparente semble ne pas être due à un fait du hasard. En effet, sur la base presqu'intacte d'un
ancien fourneau de Samtaba, nous avons pu noter que ces tuyères avait trois principales
dispositions :
'" une première disposition horizontale dans laquelle les tuyères avaient été bouchées
par des scories ;
'" une deuxième disposition oblique où elles sont creuses (bouchées seulement par de la
terre facile à dégager à l'aide d'un bâton) ;
'" une troisième disposition verticale de tuyères non bouchées et faisant le tour interne
de la base du haut fourneau (voir fig. 124).
Tout ceci laisse penser que les éléments du fourneau avaient plusieurs usages :
évacuation de certains déchets ou scories, aération et ventilation par exemple. Dans tous les
cas, les débats restent ouverts et le problème mérite une grande attention. Sur le terrain,
l'équipe du projet Campus « Histoire du fer au Burkina Faso » n'a pas pu parvenir sur un
accord concernant l'interprétation de ces vestiges.
Dans le Sourn, une base de fourneau à induction directe attribuée aux Fulse (Kurumba)
a été observée à Pobe-Mengao. Dix grosses tuyères fixées à même le sol convergent par les
extrémités les plus minces vers le centre de la structure qui, à ce qu'il nous semble a été érigée
à partir du niveau du sol sans aménagement préalable. Il ne reste rien des pieds du fourneau 451.
451 _ voir fig. 123 : Les boonse de la diaspora
435
Fig. 124 : Site de Samtaba (Sanmatenga)
Curieuse disposilion des tuyères à la base et à l'intérieur de la paroi argileuse d'un fourneau. Elles sont
prisonnières de scories compactes et lourdes.
436
Fig. 125 : Fourneaux Kibsi de Sallakoulé
A • Le mieux conservé
Il est cependant éventré de J'autre côté,
sans doute par où les scories el le fer ont
été retirés. Aucune trace d'ouverture à
la base n'a été observée. Il s'agit donc
vraisemblablement d'un fourneau à
soufflets. Sa petite taille plaide aussi
pour cette identification.
Photo Kiéthéga 84
B - Détails de l'architecture: réemploi de tuyères. Photo·K.iéthéga 84.
437
Ce boonga ne peut pas en réalité être considéré comme appartenant à la diaspora, car situé au
coeur du pays fulga dont les métallurgistes ont diffusé, concurremment avec les Kibsi, les
techniques métallurgiques dans le Yatenga et les régions avoisinantes.
Les mêmes Kibsi ont abandonné dans leur retraite au xve siècle vers les «fa/aises » de
Bandiagara au Mali de très nombreux vestiges métallurgiques. Leurs fourneaux sont rarement
observés intacts. Le cas de Kindibo, que nous venons de présenter, semble constituer une
exception remarquable que nous devons, soit aux tennitières, soit à une protection religieuse
liée au culte qui est fait à la montagne voisine, ou encore à une moindre ancienneté des trois
fourneaux comparativement aux affirmations de la tradition orale. Cependant un cas similaire a
pu être étudié au village de Sallakoulé au nord de Ouahigouya. Dans une clairière où subsistent
difficilement quelques Combretum micranthum et Pterocarpus /ucens, une dizaine de bases de
fourneaux autour desquels sont dispersées des scories ont été découverts en septembre 1984.
Deux fourneaux étaient à peu près intacts 452. Ils frappent la vue par leur morphologie et leur
architecture. Ces fourneaux ressemblent à d'énormes obus fixés au sol. Leurs bases ont un
diamètre intérieur d'environ un mètre. La hauteur du fourneau le mieux conservé est de 1,70
mètre. Sur 70 cm à partir du niveau du sol actuel il est élevé avec de petites briques modelées
comme de petits pains. Disposées en épi ou verticalement, elles sont liées par un mortier
d'argile. A cette hauteur, une sorte de chaînage où de vieux fragments de fourneau ont été
réemployés, délimite la zone du plus grand diamètre légèrement supérieur à celui de la base. La
construction s'achève avec de vieilles tuyères disposées verticalement sur trois niveaux
délimités chaque fois par de vieux fragments de paroi ou de briques modelées. Au niveau de
l'ouverture, le diamètre intérieur n'est plus que de 25 cm. Les vieilles tuyères sont de celles
employées en grand nombre dans les fourneaux à induction directe. Or aucune ouverture n'a
été repérée à la base, à l'exception d'un trou béant à l'Ouest par où les scories et le fer ont
452 _ voir fig. 125 : Les fowneaux Kibsi de Sallakoulé
438
peut-être été extraits. Aux alentours, nous n'avons pas découvert de vestiges qui indiqueraient
la présence d'un autre type de fourneau ayant pu se servir de ces tuyères. Le mode de
fonctionnement des fourneaux de Sallakoulé reste à être identifié. A-t-on tout simplement
réemployé les restes d'un fourneau à induction directe sur les lieux mêmes en changeant de
structure? Tels qu'ils apparaissent, les vestiges de Sallakoulé peuvent être rapprochés d'une
structure de réduction tronconique découverte au Mali et sur laquelle nous ne disposons pas de
beaucoup d'informations 453.
Notre perplexité a été également éveillée par le fourneau de Kisiriguim dans la province
d'Oubritenga. Partiellement démoli, il a une forme tronconique avec 1,60 m de diamètre à la
base. Deux ouvertures sont visibles à l'Est et au Nord. L'effondrement de la paroi à l'Ouest et
au Sud ne permet plus de savoir si elles marquaient les points cardinaux. Les métallurgistes ont
employé de l'argile pour monter les parsis dont l'épaisseur atteint 15 cm. L'intérieur était
soigneusement crépi. Le feu de la réduction l'a noirci et vitrifié par endroits. A l'extérieur, des
ceintures de scories espacées d'une dizaine de centimètres consolidaient la paroi. La hauteur de
ce qui reste du fourneau est d'environ l,50 m.•454 Il s'agit vraisemblablement d'un hoanga,
même si l'état des fragments de tuyère, peu nombreux, trouvés aux alentours n'offrent pas de
certitude.
On peut s'interroger également sur le mode de fonctionnement de ce fourneau de
Bonogo, province du Bazéga, où la tradition dit qu'un seul type de structure de réduction a
jadis été utilisé : le fourneau à soufflets. Le vestige en question (fig. 127) a un diamètre
intérieur de 40 cm et un diamètre total à la base de 70 cm. Cette dernière dimension
correspond à celle observée sur un grand nombre de fourneau à soufflets. Ce qui est
surprenant, c'est le nombre de couches de crépis qui traduisent le nombre d'utilisations
successives.
4$3 _ Raimbault, M. et Sanogo K, 1991, Recherches archéologiques au Mali, p. 153, photo 2
~S4 _ Voir fig. 126-A: Les fowneaux de Kisiriguirn et de Ronghen
439
Fig. 126 : Les fourneaux de Kisiriguim et de Ronghen
B • Boonga de Ronghen (Barn)
L'ouverture principale était à l'Ouest
et non à l'Est. Des ceintures de scories
renforcent la solidité de la paroi extérieure.
Quelquefois on emploie des lianes de Saba
senegalensis.
440
Fig. 127: Bases de fourneaux de Booogo (Bazéga)
B - La forme qui intrigue: il s'agit vraisemblablement de parois de réemplois du fourneau. On en compte neuf.
Photo Kiéthéga 84
441
Neuf feuillets d'enduit ont été comptés, ce qui signifierait une dizaine d'emplois de ce
fourneau. Cela parait exceptionnel au regard de la durée de vie de ce type de fourneau qui ne
survit pas généralement à une campagne de réduction. Voilà pourquoi ces restes suggèrent un
boonga.
Parmi les boonsé douteux, figure un modèle très peu usité, sur lequel Issaka
SAMTOUMA a recueilli des informations à Ronga auprès de Yondgom Giti et à Kéké auprès
de Tasséré. Appelé boon-daaga (littéralement boonga mâle), il ne différerait du boonga que par
une taille ne dépassant pas celle de l'homme et par son combustible qui est uniquement
constitué de rondelles de bois de Ptérocarpus lucens et de Prosopis africana 455. Si ces
informations se révélaient exactes, il faudrait rechercher une parenté éventuelle entre ce modèle
et les fourneaux à induction directe décrits par Nicole ECHARD chez les Djerma du Niger 456,
sans oublier de chercher aussi des indices de l'autre côté de la frontière du Mali, qui est très
proche. Au demeurant, c'est également de ce côté qu'il faut rechercher l'origine des fourneaux
à induction directe des Sana, qui n'ont pas adopté les techniques métallurgiques en provenance
du Yatenga, en dépit de ce que le Sud et le Nord-Est du Sanpiè (pays des Sana) aient été très
tôt colonisés par les ferriers moosé.
Le fourneau san, appelé fokié 457, est fait d'argile et de scories. Sa base est large de
1,60 m à 1,75 m. C'est une sorte de cylindre, avec une terrasse au sommet où se tiennent les
métallurgistes pour le charger. Le diamètre du cylindre est alors réduit à 100-120 cm. Au
milieu de la terrasse s'ouvre la cheminée dont les bords dépassent de quelques centimètres. Elle
a entre 20 à 35 cm de diamètre. La hauteur totale de l'ensemble est de 1,80 m à 2,30 m. On
accède à la terrasse par un escalier à l'Est. Quatre ouvertures sont aménagés à la base,
orientées selon les points cardinaux. Elles reçoivent des tuyères (tuna) fixées de la façon
4~~. Samtouma, S, 1990, La métallurgie ancienne du fer dans la région de Koumbri, pp. 99-100
C6. ECHARD, N, 1983, fi Scories et symboles », pp. 211.224
m. Voir fig 128. : Fourneaux sana
442
suivante: à l'ouest, quatre grandes tuyères collées; à l'est, trois tuyères moyennes collés; au
nord, 3 paires de tuyères et au sud, la même chose qu'au nord. L'ouverture de l'ouest est la
principale. Chaque tuna est longue d'environ 70 cm. Elles sont moulées autour de bâtons avec
du torchis, accolées deux à deux, trois à trois ou quatre à quatre. Les 1YM sont mises ainsi à
sécher avant le retrait des moules en bois.
La réduction proprement dite peut se faire à n'importe quel moment de la journée, mais
les métallurgistes préfèrent la débuter le matin. Elle dure environ 24 heures. Le fond du
fourneau est d'abord recouvert de terre sur une épaisseur de trois centimètres, puis on fixe les
tuyères. Sous et entre celles-ci, on place de l'herbe de Loudetia togoensis. De la terre mouillée
sert ensuite à maintenir les tuyères en position. Puis on procède au chargement. L'unité de
mesure est le panier en deux dimensions. li est plus petit pour le minerai que pour le charbon.
Ainsi pour réduire trois petits kaga (panier) de minerai, il en faut quatre grands de charbon.
L'opération se déroule comme suit: par l'ouverture sommitale on verse d'abord trois kaga de
charbon suivis de deux kaga de minerai. Les kaga restants de minerai et de charbon sont
divisés chacun en quatre. Un quart de kaga de charbon est versé sur le minerai. La mise à feu
se fait alors par les tuyères de l'est avec une tige de mil. Lorsque le feu a bien pris, on ajoute
alors un quart de kaga de minerai. Lorsque l'ensemble du chargement s'affaisse, on alterne
alors le charbon et minerai jusqu'à épuisement des mesures restantes.
Le contrôle de l'opération se fait par l'ouverture sommitale et par les tuyères qui
rougissent et scintillent lorsque l'opération se passe bien. La flamme baisse et bleuit. En cas de
grands vents on bouche les tuyères à l'aide de clapets d'argile appelés tirè. A cet instant, le
ferrier n'écoute plus que le bruit provenant des tuyères qui sont alors retirées tandis qu'une
grande ouverture est faite à l'ouest par où on extrait la loupe avec des perches. On projette
dessus de la cendre pour la refroidir.
444
Fig. 128: Les fourneaux sana (suite)
L'un des fourneaux de Dala, à 3 km de Toungaré, démoli partiellement
lors de notre passage en septembre 1983, permet une observation des couches
constituant la paroi et de \\a fonne de la cuve. Les ouvertures sont sous les déblais à
30-40 cm plus bas.
D - Loupe provenant du fourneau de Toungaré. Photo Kiélhéga 94.
A côté, à droite, un bloc de minerai de fer
l
445
Fig. 129 : La cbarrue de Toungaré
Afin de participer à la foire agricole et artisanale de Tougan en 1989, la famille Souabe de Toungaré a ràauré
deux fourneaux abandonnés et a produit du fer dont elle a tiré cette charrue. Fer et charrue ont été présentés à la
foire.
·r
..- --f
-
/
446
La loupe est plus tard réchauffée à la forge, cassée en petits morceaux qui sont affinés
par cinglage. Le fer est alors prêt à l'emploi.
Un femer pouvait réaliser dix réductions pendant la saison sèche et un fourneau durer
une génération car il suffisait de le restaurer à chaque campagne 458.
On ne peut s'empêcher de faire un rapprochement entre ce type de fourneaux et le kuru
des Numu. Ils ont en commun l'étroitesse de la cheminée, l'épaisseur des parois et la forme de
la cuve. Les différences se situent dans l'absence de contreforts formant pieds, dans le non
dégagement de la cheminée du Fokiè qui n'a pas non plus de creuset, et dans la forme et le
volume des loupes respectives. Cependant le Fokiè et le Kuru ont le même héritage
technologique mandé, mâtiné pour les Fokiè des contacts permanents avec la métallurgie pluri-
culturelle du Yatenga où le booga (ou boaaga) était aussi à l'honneur.
XII. 3. Les boosé (sing : booga ou boaaga)
Il n'existe pas un seul modèle entier de boaaga. Tous ceux qui ont été construits ont été
démolis intentionnellement ou détruits par les intempéries, les activités agricoles ou la
divagation des animaux.
Le boaaga était un fourneau à soufflets ne dépassant pas la taille d'un homme. Celle
d'un enfant de 12 à 14 ans précise-t-on parfois. On le construisait penché vers l'ouest, soutenu
par un bois fourchu. Un ou deux jeux de soufflets étaient installés à l'est et/ou au nord. Une
seule personne pouvait le construire et le charger de charbon et de minerai. Des aides étaient
nécessaires pour la soufflerie.
Au delà de ces données générales, des spécificités locales liées à la morphologie ou au
mode de fonctionnement du boaaga apparaissent.
458 _ SOUABO Tirilé et YORO Foyène, entendus respectivement â Toungaré le 26m83 et à Dalo le 5/8/83
447
A Yalka, dans le Yatenga, la taille de ce type de fourneau est évaluée à 1,5 m et son
diamètre à la base entre 0,60 et 0,75 cm. Penché vers l'Ouest il est soutenu par un bois
fourchu. Pour le construire, on creuse d'abord un trou peu profond dans le sol (une dizaine de
centimètres). On y agence des tiges de mil de façon à obtenir un fagot de forme conique qu'on
attache solidement et qu'on incline vers l'est. Ce fagot sert de moule qu'on revêt d'une argile
de termitière sur la hauteur souhaitée 459. Après le durcissement de l'argile, les tiges sont
retirées et deux ouvertures aménagés à la base. L'une, à l'est, est destinée à la tuyère reliant le
fourneau aux soufflets. L'autre, à l'ouest, est
prévue pour l'évacuation des déchets de
réduction.
Les métallurgistes de Yalka chargeaient le boaaga d'abord de trois paniers de charbon,
suivis de deux autres de minerai qui sont recouverts de deux paniers de charbon. La mise à feu
se fait pour l'ouverture à l'Ouest qui est ensuite bouchée. Elle n'est rouverte que pour laisser
s'écouler les scories liquéfiées. La loupe de fer reste dans le fourneau. On le récupère par
l'ouverture d'évacuation des déchets, puis cassée en petits morceaux, affinée au cinglage à la
forge. La réduction ne prenait qu'une journée, et l'atelier de travail se trouvait à proximité des
cases. Le fer d'une seule opération de réduction pouvait suffir pour fabriquer dix à quinze
Issaka Samtouma a recueilli des informations similaires dans la région de Koumbri,
dans le nord du Yatenga. Les nuances locales consistait à brûler les tiges de mil pour libérer le
moule, et en l'existence d'une seule ouverture à la base, celle destinée à la tuyère des soufflets.
Les scories seraient évacuées par un trou qu'on perce occasionnellement sous la tuyère
d'aération.
m _ Voir fig. 130 : la construction du booga.
460 _ ZONON Boukary, ZONON Noufou, ZONON Souhrymane. Entretien du 26m83 à Yalka.
448
F i~ 130 : LE MOULAGE DU BOAAGA
\\ ~
1
\\
\\
\\
E
o
~
J-1--...:..70=-c=m:..:.-----,~
-0-
-b-
-c-
a: moule en tiges de mil
b: le boaaga épousant le moule
c: le boaaga débarrassé du moule calciné et placé en position
de fonctionnement.
449
Issaka Samtouma a également observé un booga construit à Soden en préparation de
la foire agricole et artisanale de Février 1987. Ses dimensions sont inhabituelles par rapport à
toutes celles, relevées au cours des enquêtes : 100 cm de hauteur, 30 cm de diamètre à la
cheminée et 20 cm à la base; en somme, un petit bQw renversé. fi était penché et soutenu par
un bois fourchu comme le prescrivent toutes les descriptions des autres boosé ~1. Un tel
fourneau est une sorte d'aberration en ce qui concerne l'économie de chaleur. On est en droit
de se demander si les forgerons de Soden n'ont pas manifesté de cette façon une certaine
résistance à l'administration qui les a obligés à faire cette exhibition? Un tel comportement à
été enregistré dans le passé. En effet, Barthélémy Bouda rapporte le témoignage de Emmanuel
P. Gaagré faisant état d'un boaanga qui aurait été construit en 1916 ou 1917 à Pabré sur les
ordres de Monseigneur Thévenoud, évêque de Ouagadougou à l'époque, lequel avait fait venir
des ferriers de Guesna, un ancien centre métallurgique important dont il a déjà été question.
Les métallurgistes auraient fait échouer les opérations pour échapper à ce qui leur paraissait
relever du travail forcé 462. Le contexte du Burkina Faso de 1987 pouvait justifier une
semblable réaction à Soden.
Plusieurs acteurs de la production du fer avec des boosé étant toujours vivants, les
témoignages sont nombreux et généralement spontanés partout où ce type de fourneau a été en
usage. L'un d'eux, recueilli à Tandaga dans le Sanmatenga le 14/03/82 mérite d'être rapporté
ici .-e3. L'argile servant à la construction du boaaga y était du Yaoré (termitière) mélangé à du
sutu (LoJJdetia togoensis). Elle était projetée contre un moule de Yend-Kili (botte
d'Andropogon pseudoprecus) Cette herbe est moins haute que les tiges de mil puisqu'elle ne
dépasse pas 1,70 cm. Le fourneau n'a donc pas la taille d'un homme. Son diamètre à la base
était d'environ 70 cm. Pendant le séchage du boaag!!, un trou d'un diamètre équivalant à celui
461 _ Samtowna ISSAKA, 1990, La métallurgie ancienne du fer dans la région de Kownbri, p. 102-104
462 _ BOUDA Barthélémy, 1986,I'exploitation traditionnelle du fer dans la région de Pabré, pp. 130-131
463 _ Informations recueillies auprès de Ratogsi BAMOGO et Yampasgré BAMOGO à Tandaga le 14/3/82.
450
du fourneau est creusé à proximité. On y brûle des tiges de mil en we d'obtenir de la cendre
qu'on compacte. Pendant cette opération, on procède aussi au polissage de l'intérieur du
boaaga avec l'argile de termitière, et à la perforation d'une ouverture à la base destinée à
accueillir la tuyère d'alimentation en air en provenance des soumets. Puis le fourneau est fixé
dans le trou préparé à cet effet, l'ouverture tournée vers l'Est, la colonne inclinée vers l'Ouest
où un bois fourchu le soutient. Aucune explication n'est donnée sur les raisons pratiques ou la
symbolique de ces orientations. Les soufflets sont deux poteries de la même argile que pour les
fourneaux. On les appelle localement zuglasé (sing = zuglaga). Recouvertes de peaux
d'animaux sauvages de préférence, elles produisent l'air qui est communiqué au boaagl,
d'abord par un jeu de deux tuyères qui débouchent dans une tuyère principale, sorte de
collecteur, pénétrant dans le fourneau par l'ouverture pratiquée à l'Ouest 4&4.
Le fourneau était construit à proximité, dans les champs de cases, sous un arbre de
préférence Tamarindus indica dont l'ombre est dense. A défaut, un appentis était monté pour
protéger les métallurgistes des ardeurs du soleil.
Au moment du chargement du fourneau, on utilisait des paniers de tailles différentes
pour le charbon et le minerai. La quantité de charbon était toujours supérieure à celle du
minerai. Cependant les volumes chargés dépendaient de la force physique de ceux qui
actionnaient les soufflets. Combustible et minerai était renouvelés jusqu'à épuisement des
stocks.
Tous les jours étaient fastes pour la réduction qui commence vers 15 heures pour
s'achever vers 20 h ; reprise à 4 heures du matin, elle prenait fin de nouveau vers 8 heures. Les
métallurgistes évitaient ainsi à la fois les fortes chaleurs diurnes et les vents violents.
Les souffleurs travaillaient assis sur un ragoagl, sorte de banc en bois, monoxyle.
464 _ Voir fig BI, 132 et 133. : les éléments de la souffierie.
451
Fig. 131 : Les éléments de la ventilation
A - Tuyères utilisées séparément ou en assemblage dans les fourneaux à induction directe
B - Pots. tuyères secondaires et tuyere principale (collecteur) en position
1
452
Fig. 132 : Vestiges de collecteurs
A - Site de Faka-Bouli (Sourn) : Photo Kiéthéga 84
B - SÎte de Dékam CBoulgou), Photo K.iéthéga 89.
On observera la vitrification de l'extrémité pénétrant dans Je fourneau
453
Fig. 133 : Autres formes de collecteurs
A - Collecteur trouvé en fouilles à Sapiu (Nahouri). Photo Kiëthéga 86
B - Collecteurs ramassés sur le sile de Zodréoo CBoulgou). Photo Kiéthéga 89
454
Les scories (rudum) étaient évacuées pour un trou percé sous la tuyère du soufflet. Puis
la loupe est sorti du fourneau à l'aide de tenailles après retrait des installations de la soufflerie.
Le contrôle de la réduction se fait par l'observation de la fumée qui se dégage du
fourneau et en « captant un langage venant de la soufflerie» que seuls les métallurgistes
savent décrypter. Lidia Calderoli en a fait une description dans un texte qui figure dans la
bibliographie.
De l'avis de nombreux informateurs, le boaaga est un fourneau familial mais dont la
production entrait dans les relations d'échanges. Pour obtenir de grosses quantités de fer, la
réduction pouvait durer trois à quatre jours où l'on travaillait sans répit. Le fourneau
refroidissait ensuite pendant trois autres jours avant qu'on ne procède au retrait de la loupe.
Pour accélérer la réduction, le boaaga pouvait être équipé de deux paires de soufflets,
l'une à l'Est et l'autre à l'Ouest. Les enfants apportaient leurs bras pour s'initier au métier.
Ainsi travaillaient les métallurgistes de Paologo dans le Bulkiemdé dont la journée rapportait
465
du fer pour 45 dabas
.
Les ferriers de Sourgou dans le Bulkiemdé chargeaient verticalement leurs fourneaux à
tout point de we semblables à ceux précédemment décrits. Sur la couche de cendres
compactée, ils disposaient le charbon devant la tuyère de la soufflerie et le minerai contre la
paroi opposée. Le boaaga prenait 9 à 12 écuelles de minerai. TI était utilisé une seule fois par
jour et près de 30 fois pendant la saison sèche. En hivernage on le couvrait d'un toit de chaume
.
466
pour 1e proteger
.
A Loaga et Sigoré, deux villages du Boulkiemdé, le chargement du fourneau était
également vertical. TIs étaient disposés en batterie et tous les métallurgistes du village
travaillaient en même temps mais chaque famille à son goaaga (déformation locale du mot
boaaga). Les fourneaux allumés après le repas du soir (20h - 21 b), s'éteignaient au petit matin.
465 _ Yaméogo Youmbi. à Paologo le 15m83.
466 _ Zongo Alba à Sourgou le 2218/83
455
On pouvait aussi commencer au chant du cop et arrêter le travail le soir. En général une
journée de réduction nécessitait chez eux sept à neuf paniers de minerai pour une production
de fer suffisante à la confection de dix dabas 467.
Le chargement vertical du boaaga était aussi la pratique courante à Rouko et Sandouré
dans le Barn. TI est aussi à signaler que non seulement les métallurgistes de ces villages
tapissaient la base des fourneaux de cendres compactées, mais en plus ils plaquaient des tiges
de mil contre la paroi intérieure du côté de la souftlerie. C'est cette paiUe allumée qui
communiquait le feu au charbon puis au minerai. TI en résultait de la cendre qui constituait un
tampon entre la tuyère d'alimentation en air et la paroi du fourneau. Au moment de
l'évacuation des scories, le trou percé sous la tuyère traversait la couche de cendres,
accentuant la pente d'écoulement des déchets de réduction.
Les informateurs de Sandouré ajoutent qu'après chaque évacuation de scories, on
tassait le fer resté à l'intérieur avec une sorte de pilon avant d'ajouter du minerai. Aussi, les
loupes obtenues de cette façon présentaient-elles la forme d'un « L » et les caractéristiques
suivantes. La partie qui recevaient les coups de pilon est la plus dense en fer. C'est le Yâogo
ou « poitrine du fer". On l'appelle aussi kuigu et c'était d'elle qu'on prélevait le fer des
haches, des enclumes et les marteaux. Au-dessus du kuigu, et seulement contre la paroi du
fourneau, se trouve le guêfo (la crête), appelé encore jobdo (les cheveux) du fer, formé de
particules de fer soudées les unes aux autres avec des vides comme des flocons de neige. Le
plus souvent ces aspérités sont cassées, et mélangés au minerai pour une nouvelle réduction.
On pouvait aussi les réduire en poudre qui était recuite enrobée d'argile 468.
467. Nikiéma Wongo à Loaga le 1718/83 et longo Palingwend é à Sigoré le 1217/83.
468 • Kinda Sayouba et Kinda Moussa à Roulo le 25/4/93
• Le Saa-naba de Sandouré le 25/4/94
456
Des loupes provenant de Nô et de Sandouré figurent dans les collections du laboratoire
d'archéologie de l'Université de Ouagadougou. Elles pèsent chacune environ 7 kg et ont la
forme décrite ci-dessus".
L'aire d'utilisation des ~ s'étendait également au Gulmu (pays des Gulmanceba) et
au domaine peul et touareg des provinces de l'Oudaian et du Séno.
En gulmancema, le fourneau s'appelle ibuaga. On reconnaît aisément dans le mot le
boaaga dont il est question dans ce chapitre. C'est, au demeurant, le seul type de fourneau
employé dans tout le Gulmu. Une seule exception s'est présentée à Momba où auraient
coexisté deux types de fourneaux. Les plus grands, et aussi les plus anciens, sont attribués à
des métallurgistes moosé du clan Dayamba. Ils avaient plus d'un mètre de diamètre à la base et
1,5 m de hauteur.
Il avait une seule ouverture située à l'Ouest et fonctionnait grâce aux tuyères qu'on
avait placées. Son chargement se composait d'une couche d'herbe à la base, de troncs d'arbres
au-dessus, du minerai et encore des troncs. L'allumage se faisait par la base et les
métallurgistes renouvelaient le minerai et le bois au fur et à mesure de l'évacuation par les
tuyères des scories. Commencé le soir, la réduction s'achevait le lendemain. La loupe était
. .
l'
'1 b
470
retlree par ouverture a a ase
.
Nos informateurs assurent que le fer provenant de ce type de fourneau, qui n'est pas un
boaaga malgré son unique ouverture, ne valait pas en qualité celui des ibuaga propres aux
Gulmanceba. Ceux-ci sont des troncs de cônes de forme et de taille semblables à celles des
boosé du Moogo. Cependant ils pouvaient être plantés verticalement sans étai. On les
alignaient en batterie de plusieurs dizaines parfois. Leur nombre dépendait de celui des
métallurgistes participant à la campagne de réduction.
469 _ Voir fig. 134 : Les loupes de Nô et Sandouré (Bam)
(70 _ NAMOANO Ooglo et famille à Momba le 13/10/95. Voir fig. 135.
457
Fig. 134 : Les loupes de Nô et Sandouré (Barn)
EUes ont toutes deux la forme caractéristique des loupes produites par les fourneaux à soufflets.
A • Loupe de Nô
B - Loupe de Sandouré
458
Cependant à Kantchari, Gayeri, Maadaga, Piéla et Namoungou, l'ibuaga adopte la
position penchée du boaag/!, avec une fourche en étai. TI est d'ailleurs construit au moule de la
même façon. Cependant, les tiges de mil ou l'herbe, pouvaient être remplacées par du bois en
fagot, dressé dans un trou préalablement creusé. Ce moule était ensuite brûlé pour libérer le
fourneau dont l'intérieur est alors poli. En plus de l'ouverture destinée à la tuyère de
ventilation située à l'est, trois autres, mais très petites, formant un triangle dans la partie
supérieure du fourneau, servait à la surveillance de la réduction. A l'ouest, une autre servait à
la mise en feu, à l'évacuation des scories et à la libération de la loupe. Un bouchon d'argile ou
un fragment de céramique la bouchait pendant la réduction 471.
Les ibuaga étaient chargés sensiblement de la même façon : d'abord du charbon
jusqu'au tiers de la hauteur, puis l'équivalent de deux seaux de minerai. Lorsque le niveau
baisse, suite à l'écoulement des scories, le
métallurgiste complète le chargement par du
charbon et du minerai. Il peut renouveler cela dix fois au cours d'une réduction, qui commence
vers 16h pour prendre fin au petit matin. La loupe était retirée par l'ouverture située à l'Ouest.
Selon les informations recueillies à Gayeri, Piéla et Namponkoré, l'ouverture d'allumage,
d'évacuation des scories et de retrait de la loupe pouvait être percée aussi au Nord; cependant
c'est l'orientation Est-Ouest de l'ibuaga qui était recommandée 4n.
A la question de savoir si l'ibuaga s'étendait aussi au Gourma nigérien, la réponse a été
négative au village frontalier de Kantchari. Les informateurs dans leur dénégation précisent
qu'au Niger les fourneaux sont ceux de forgerons-bijoutiers. Ils n'ont pas été cependant en
mesure de nous les décrire 473.
• 71 _ nnOMBIANO, F.E, 1991, La production ancienne du fer dans le Gulmu : cas de NamoWlgou, p. 83
.72 _ Tompondi Madja à Gayeri le 14/10/95
- Dayamba Djanandi et Gayeri Moagoulba à Piéla le 11110/95
- Ouoba Sougridjoa à Naponkoré le 8/10/95.
- Voir fig. 135.
• 73 _ Famille Ouoba, forgerons, à Kantchari le 6110/95
459
Fig. 135: Les ibuaga du Gulrou
A - Le fourneau de Momba
'''1 <.
,..,...,
i"
"._
,."
Il a une seule ouverture à la base
mais fonctionnerait par induction
directe. Sa hauteur actuelle n'est
pas très éloignée de ce qu'elle
fut jadis.
B - Ibuaga de Namoungou
460
Les fourneaux de la région de Boura au Niger, à une centaine de Kilomètres de la
frontière entre les deux pays, sont élevés autour d'un moule en tiges de mil comme dans le
Gulmu. Cependant, si leurs diamètres à la base (40 à 70 cm) sont comparables à ceux de leurs
homologues gulmanceba, ils sont beaucoup plus grands (250 cm) et fonctionnent par tirage
naturel de l'air grâce à des tuyères disposées tout autour à la base 474. On ne peut donc les
identifier aux ibuaga. Par ailleurs les fourneaux décrits par Nicole Echard en Ader et au Koni
en pays Haoussa du Niger évoquent partiellement les ibuaga par leurs petites tailles (150 à 170
cm) mais en différent par leur mode de fonctionnement, en particulier l'alimentation en
b
.
1 : : " '
1475
corn urant qUI se 181t par tirage nature
.
Vers le sud, les ibuaga sont difficilement comparables aux siburaru de l'Atakora 476,
aux fufuna du Bargu au Bénin 4n, dont les tailles sont inhabituellement grandes pour des
fourneaux à soufilets = 3 m pour les siburaru, 2 m à 2,5 m pour les fufuna. Cependant Seîdou
Sabi-Moura décrit un canal d'écoulement et de récupération du fer dérivant de la base du
siburaru pour aboutir dans une cuve à eau externe, qui peut être rapproché d'un canal aux
fonctions similaires, sans cuve, recouvert de branchages et de terre, dans lequel le fer s'écoule
et se refroidit en barre. Cette information a été recueillie à Namungou dans le Gourma sans
. "
nfi
.
"II
478
avoir ete co
rmee 81 eurs
.
TI convient d'approfondir les recherches sur les traditions métallurgiques dans le
Gobnangou et l'Atakora, au sein des montagnards qui en migrent d'un massif à l'autre, ont très
probablement contribué à des échanges technologiques. Emmanuel Tiando nous le suggère très
bien dans un article sur la continuité géographique et les cultures matérielles dans le
474 _ GADO, B, et MAGA, A, 1994 ~ Archéologue des métallurgies anciennes dans l'espace des terres cuites anciennes de
l'Ouest nigérien », Annexe 7, fig. 3
47~CHARD, N, 1983, fi Scories et Symboles» p. 216 - 217.
476 • Sabi-Monra, Seidou, 1990, Tradition orale et archéologie, pp. 78 - 8S
477 _ banni-GUENE, Oumarou, 1993, Histoire et tradition technologiques
478 _ nnOMBIANO, Tiéba et al, entretien du 2613187 à NamWlgu. Elise nnOMBIANO n'en fait pas cas dans son
mémoire de maîtrise. Nous ne disposons pas d'autres versions pour recouper ceDe de NamoWlgou.
461
Fig. 136 : Les bua ou aboga
A - Batterie de hua à Gandafabou (Oudalan). Photo IGethoga 96
B - Fourneau de Polaka près de la mare d'Oursi (Oudalan). Photo Louis Bortoli, 217182
462
Fig. 136 : Les bua ou aboga (suite)
C - Base de bua à Gandafabou (Oudalanl. Photo Kiethoga 96
On observera une vitrifiC<ition de la structure de réduction
D - Autre base de hua à Gandafabou (Oudalan)
Ceci pourrait être un fononga
463
contexte sous-régional du bassin supérieur des volta. TI soutient par ailleurs que les Waaba,
Tanamba, Daataba, occupants actuels de l'Atakora ont laissé des tracés de leurs activités
métallurgiques qui jalonnent l'itinéraire de leurs migrations entre le Gourma et l'Abakora 479.
Les boose se retrouvent aussi dans le domaine peul et touareg contemporain où les
forgerons mallébé appellent leur fourneau bua et les sonraî (ou songhai) aboga. Les Peul et
Touareg ne sont pas eux-mêmes métallurgistes ou forgerons. Ces structures de réduction sont
réalisées et utilisées comme les boose du pays moaaga. Le combustible était du bois ou du
charbon de bois.
Les vestiges archéologiques des bua et aboga sont très nombreux dans l'Oudaian et le
Sourn, avec des bases très reconnaissables, des fragments de tuyères et des scories de diverses
tailles. AI' est de la butte de Dirin à Aribinda, de grosses tuyères longues de près de 20 cm
jonchent le sol au milieu des scories. Le chef forgeron de Gorom-Gorom nous a montré de
vieilles tuyères qui mesuraient 17 cm de long, 10 cm de diamètre à la plus grande ouverture et
4 cm à la plus petite. Selon lui, dans le passé les tuyères étaient encore plus longues et plus
larges480. Nous avons eu très peu de détails sur la taille des fourneaux en interrogeant la
tradition orale. La réponse constante est qu'ils étaient petits. Les vestiges retrouvés en
prospection présentaient des bases larges de 50 à 80 cm. Les fragments de parois recueillies
mesuraient entre 5 et 10 cm. L'une des bases retrouvées à Gandafabou est de la dimension
481
d'un fononga
...
Les métallurgistes de l'Oudaian auraient été en rapport avec ceux de la rive gauche du
fleuve Niger de l'autre côté de la frontière située à 50 Km à l'Est de Gorom-Gorom. Les
provinces du Séno, du Sourn et de l'Oudalan ont constitués des territoires de passage mais
aussi de fixation de divers peuples parmi lesquels, les Fulsé (Kurumba), les Songhai, les
479 _ TIANOO, Enunanuel, 1994, Continuité géographique et cultures matérielles.... Annexe IX pp. 1-13 ; lire aussi
TIANOO, E., 1978, p. 140.
480 _ Hamakani, chefforgeron de Gorom-Gorom, le 2813n6.
... - voir fig. 136 : les bua en aboga
464
Moosé, les Peul et les Touareg. Un travail très important de prospection et de cartographie des
sites métallurgiques reste à faire. C'est à son issue qu'il sera possible d'établir une chronologie
entre eux et de mieux définir les caractéristiques technologiques d'une zone tampon avec les
aires de sédentarisation du sud et les métropoles de la boucle du Niger. Notons dès à présent
que certains vestiges métallurgiques de l'Oudaian ont été datés au carbone 14 du début du 1er
'11'
.
d
•
<482
rm en81re e notre ere
.
Le dernier territoire de boosé que nous présentons est le pays bisa correspondant à la
province du Boulgou et à une partie du Zoundwéogo.
Louis TAUXIER témoigne qu'on y rencontrait
un peu partout des forgerons qui
savaient extraire le fer pour fabriquer des instruments agricoles et guerriers. Cependant cet
auteur ne cite aucun centre métallurgique particulier 483.
Nous savons par les travaux de Tobignaré Massimbo que les centres métallurgiques se
sont développés sur les deux rives du Nakambé et sur la rive gauche du Nazinon. Cet auteur a
ainsi répertorié de nombreuses ferrières et bases de fourneaux autour d'une vingtaine de
villages 484.
Les observations que nous avons faites sur place des restes de structures de réduction,
en particulier de leurs bases et des tuyères, exceptionnellement nombreuses au milieu des
scories et des fragments de parois de fourneaux, conduisent à une identification presque
certaine d'un type de fourneaux à soufflets. Les collecteurs sont particulièrement bien
conservées, et on en trouve encore en position à la base des boosé 485.
C'est en effet par boaaga et boosé que les Bisa désignent leur structure de réduction. ]]
ya incontestablement là une influence des Moosé qui jadis se sont imposés politiquement à la
région. D'ailleurs la plupart des métallurgistes seraient venus du Moogo.
482 _ GROUZlS, M et al, 1985, Prospection archéologique de la région de la mare d'Oursi, p. 8
4lD _ TAUXIER, L, 1912, Le noir du Soudan: pays mossi et gourounsi, p. 164 de l'appendice XIV.
.. - MASSIMBO, T, 1991, La métallurgie ancienne du fer dans la région de Boussougou, p. 29
415 _ Voir fig. 137: Le ~ en pays bisa
465
Fig. 137 : Le boaaga en pays bisa
A - Bases de boase à Gompa. Photo Massimbo. T. , 1989
B - Parois de fourneaux et tuyères à Lenga
â.,-- .
r
466
Le terme boaagl, auquel Tobignare Massimbo trouve une autre étiologie et
étymologie 486, s'applique en fait à deux réalités. L'une est un fourneau de petite taille,
fonctionnant avec une paire de soufflets. On l'appelle encore lédim. (ledim), vovo ou zozo, les
deux derniers mots étant des onomatopées rappelant le bruit de la soufflerie.
Le lédim aurait un diamètre de 60 à 80 cm à la base, 30 à 40 cm à la cheminée avec une
hauteur de 90 à 110 cm. On le construit généralement au village, dans les champs de cases.
L'autre correspond à une structure de réduction de plus grande dimension, nécessitant
l'utilisation de deux paires de soufflets. On la désigne encore par lehiiya ou Lépra (Lepra). Ce
fourneau mesure 70 à 100 cm de diamètre à la base et 30 à 60 cm à la cheminée pour une
hauteur comprise entre 140 et 170 cm. TI est construit en brousse.
Le lédim et le lépra se différencient ainsi par la morphologie. Ds se particularisent aussi
par le mode de fonctionnement et la quantité de fer produit.
Cependant le lédim et le lépra partagent en commun la forme tronconique, une seule
ouverture à la base pratiquée du côté Est ou Sud et destinée à l'allumage, à l'évacuation des
scories et à la libération de la loupe ; ils sont tout deux penchés vers l'Ouest ou le Nord,
retenus par un bois fourchu ou un muret; enfin un signe distinctif, sorte de doigt en argile et
portant deux perforations pour le lédim et trois pour le léprl, est fixé au dessus de la cheminée,
du côté Est ou Sud. C'est le mèm (mem).
La construction de tout boaaga rassemble comme matériau de l'argile de termitière
(une termitière morte), de l'herbe de Veliveria nigritana Q>ufunuom) ou de Andropogon
gayanus (Lasa). Cette herbe est hachée avant d'être mélangée à l'argile.
Le boaaga est monté au colombage. Un ou deux jours suffisent pour le lédim et deux
ou trois pour le lépra.
4lI6 _ POW" cet auteW', boaaga en bisa, signifie allongé, long. D se réfère aussi à la fonne des fourneaux. Voir MASSIMBO,
T, 1991, p. 55.
467
Le sol qui doit recevoir le fourneau est creusé selon le diamètre de celui-ci sur environ
20 cm. Au milieu de cette fosse, on aménage un trou plus profond, de forme rectangulaire, en
pente du Nord au Sud ou de l'Est vers l'Ouest. C'est le creuset du boaaga qui peut être
remplacé par un bloc de latérite taillé en creux ou tout simplement par un canari.
Le boaaga séché est transporté et posé, incliné, dans la fosse ainsi préparée.
Sa soufflerie est composée d'une tuyère principale (Kuagna) mesurant près de 30 cm de
longueur sur 10 à 15 cm d'épaisseur. Elle ne sert qu'une fois.
Les deux tuyères secondaires (durwo) sont longues de 100 à 150 cm. Elles protègent
par leur taille le souffleur de la chaleur. Elles peuvent servir plusieurs fois. n en est de même
pour les pots moulés en argile sur des canaris, et fixés sur une élévation également en argile, à
une hauteur qui permet au souffleur de rester assis sur un banc de bois.
Le chargement du boaaga commence par des tiges de mil qu'on introduit par la
cheminée et qui sont brûlées pour obtenir une cendre qui bourre le fond du fourneau. Par la
même occasion, le feu durcit ses parois. La cendre doit remplir le creuset et même atteindre le
niveau de la tuyère principale.
On enfourne ensuite une coudée de hauteur de charbon. Un bâton, long de l,50 à 2 m,
sert à jauger la charge du fourneau.
Dans le lédim, on ajoute ensuite 2 à 3 mains réunies de minerai, tandis que le volume
est de 4 à 5 mains réunies pour le lépra. Ces quantités sont renouvelées 9 à 12 fois pour le
lédim et 18 à 30 fois pour le lépr~ au cours de la réduction.
Après la mise à feu et la fermeture de l'ouverture à la base, les métallurgistes devaient
surveiller très attentivement le boaaga afin d'éviter tout échec. Le contrôle se faisait par l'ouïe
qui perçoit et interprète les sons émis. L'un, foto-foto, est de bon signe et indique que la
gangue est en ébullition. L'autre, fika-fik~ provenant de la soufflerie est un mauvais présage
annonçant l'obturation des tuyères par des scories. TI faut, dans les deux cas les évacuer. Si
468
elles sortent fluides, la réduction se déroule nonnalement. Sinon, des boules fonnées d'un
mélange de charbon et de minerai apparaissent avec les scories liquides. Celles-ci sont, de toute
façon, évacuées avant le renouvellement de la charge.
On pouvait aussi contrôler la bonne marche de l'opération en introduisant une perche
en bois vert dans le fourneau. Si elle rencontre un fer dur dans le creuset, la réduction
s'annonce être un succès.
La durée de celle-ci est de 4 à 5 Heures pour le lédim et 6 à 8 Heures pour le lépra.
Tous deux peuvent servir deux fois par jour.
La loupe est récupérée après qu'on ait cassé la porte de l'ouverture à la base. Après
avoir été décollée du creuset grâce à des bâtons, et sortie du fourneau, on la refroidit en lui
projetant de l'eau et de la poudre d'argile de termitière.
La loupe épouse la fonne du creuset et présente des aspérités fonnées de minerais mal
réduits. La masse constituée dans le creuset est plus épaisse dans sa partie opposée aux
ouvertures à la base. La loupe du lépra peut être double de celle du lédim qui peut donner 5 à
10 pioches contre 12 à 15 pour le lépra.
La campagne de réduction mobilisait tous les métallurgistes du même village en un
véritable travail d'entraide. A la fin des récoltes, la production du fer débutait par les lépra
construits en brousse où les ferriers demeurent jusqu'à l'approche de l'hivernage, au moment
ou le néré (parkia biglobosa) porte des fruits mûrs. ]]s reviennent alors au village, et en
attendant les premières pluies, poursuivent leurs activités avec les lédim. Toute la main
d'oeuvre familiale est mobilisée pendant la campagne pour la coupe de bois et la fabrication du
charbon, la recherche du minerai, et même au fourneau où les jeunes peuvent participer au
chargement 487.
.al7 _ Pour la rédaction du texte consacré aux boosé ma. nous nous sommes servi essentiellement du mémoire de maîtrise de
Tobignare MASSIMBO, travail que nous avions suivi très attentivement sur le terrain et beaucoup apprécié.
469
CHAPITRE XIII : LE DOMAINE DES DJUGU (FOURNEAUX), UNE
TECHNOLOGIE VENANT DU SUD
Les techniques métallurgiques obselVées dans les provinces de la Bougouriba. du Poni,
de la Sissili et du Nahouri semblent apparentées et tirer leur origine des régions septentrionales
du Ghana actuel. Cette parenté dont nous établissons plus loin les liens historiques se manifeste
par des similitudes de forme ou de mode du fonctionnement des fourneaux, et dans le
vocabulaire technologique. Le terme en usage aujourd'hui pour désigner les structures de
réduction est « djugu» ou des formes dérivées. Cette appellation s'étend aux fourneaux à
souftlets du Sanguié, province dont la métal.lurgie a été cependant fortement marquée par des
influences venues du Yatenga au Nord. Rappelons que les provinces ci-dessus citées sont
peuplées aujourd'hui de Birifor, Dagara. Gan, Lobi, Nuna. Isala et Kaséna. TI existe d'autres
groupes humains, très petits, comme les Dyan et les Dorosié, mais qui n'apparaissent que
comme clients dans les activités métallurgiques.
XIU.l. Les fourneaux et les techniques de réduction chez les Birifor, les Dagara,
les Gan et les Lobi
La plus vieille mention de métallurgie lourde du fer dans le Sud-Ouest du Burkina. chez
les Birifor et les Dagara est signée du docteur Emile Ruelle. Parlant des peuples du 2e territoire
militaire de l'AOF il relève dans leurs activités économiques la production de fer de ces deux
peuples 488.
Le fameux fourneau incliné des Lobi ad'abord été décrit par L. Charles en 1911.
Repris par W. Cline en 1937 489, il a connu avant et après une bonne fortune en illustration car
... RUELLE, E, 1904, fr Noies sur quelques Noirs du 2e Territoire militaire de l 'AOF » pp. 657-703
G9. CHARLES, L, 1911, fr Les Lobis », et CLINE, W, 1937, Mining and métallurgy in Negro Afiica, cités par POLE, L.M
1975, cc Iron-working apparotus and Techniques = Upper Region ofGbana. p. 12.
470
on retrouve le modèle dans H. Labouret (1931), Cl. Francis-Boeuf (1937), L.M. Diop (1968)
et même dans A. Leroi-Gourhan (1971). Ce dernier, à tort, dit qu'il serait « d'importation
méditerranéenne ancienne ».uIO.
Louis Tauxier en 1912 décrit les fourneaux dagara qui seraient construits dans les
villages. Hauts d'un mètre soixante environ, ils recevraient un chargement de couches alternées
de charbon et de minerai et fonctionneraient aux soumets. La réduction prendrait 12 heures au
bout desquels on ferait couler au-dehors le fer en fusion. L'auteur ajoute que les forgerons
n'avaient pas le monopole de la fabrication du fer, certains villageois produisant leur fer en
saison sèche devant leurs portes 491. Louis Tauxier semble avoir confondu l'évacuation des
scories liquides et l'extraction de la loupe qui a lieu plus tard après un refroidissement partiel.
Le même auteur, parlant des Dorosié que Henri Labouret classe dans le « rameau
Lobi », précise qu'ils n'ont pas de forgeron, pas même de forgeron étranger. Ils se fourniraient
en instruments auprès des Toussian et des Dyula colporteurs 492. D'ailleurs Henri Labouret
juge sévèrement la métallurgie des peuples qu'il rassemble dans son « rameau lobi » dont les
Birifor, le Koulango, les Dorosié, les Gan et les Lobi. Il dit qu'ils sont peu habiles à fondre le
fer et qu'ils imiteraient leurs voisins dagara ou bwaba (OULE de l'auteur), réputés comme
sorciers, fondeurs etforgerons »493.
Chez les Birifor et les Lobi, les opérations de réduction commenceraient à la fin de
l'hivernage au mois de Novembre par la recherche du minerai et du combustible et par la
construction des fourneaux. Ces derniers seraient « de forme cylindrique, légèrement inclinés
sur leur base, haut de l,50 m à 1,70 m et un diamètre moyen de 0,40 m ». Ils offiiraient très
souvent vers le haut une bague renflée et sur le pourtour un modelage grossier ressemblant à
deux têtes humaines. Dans le tiers inférieur du cylindre serait aménagé une cheminée de tirage
490 _ LEROI-GOURHAN, A. 1971, L'homme et la matière, p. 198
491 _ TAUXIER, L, 1912, Le Noir du Soudan. pays mossi et gourounsi, p. 765
492 _ TAUXIER, L, 1931 a. Les Dorhosié et Dorhosié.fing du cercle de Bobo-Dioulasso, p. 66
4\\l) _ LABOURET, H, 1931, Les tribus du rameau Lobi, p. 65
471
tandis qu'à la base, un orifice est réservé à la soufflerie et une autre ouverture pour l'allumage,
l'évacuation des scories et le retrait de la loupe. Henri Labouret poursuit sa description en
signalant un caïman modelé sur de l'argile rapportée au pied du fourneau. li souligne la
particularité du soufflet double, constitué de deux poteries percées, posées sur des pieds de
glaise hauts de 0,85 m, et dans le fond desquelles aboutissent les tuyères reliant les vases aux
fourneaux. Des peaux de chèvres ou de mouton, attachées à chaque poterie permettaient
d'aspirer et d'envoyer l'air dans la structure de réduction. Le maniement de la soufflerie serait
difficile et la chaleur obligerait le souffleur à protéger ses mains avec des feuillages *. Cette
description correspond à celle de Claude Francis-Boeuf qui ne manifeste aucune tendresse dans
son jugement sur les forgerons lobi et à l'endroit de leurs fourneaux. li considère les premiers
comme paresseux et les seconds peu performants : « une approximation du nombre des
forgerons au Lobi donne une idée exacte de l'état de dégénérescence dans lequel se trouve
l'industrie du fer : J00 forgerons pour 40 000 individus est un chiffre ridicule quand on
connaît le peu de fer que produit un forgeron et surtout un forgeron lobi, qui est loin d'être
animé du feu sacré pour son métier proprement dit, et qui ne possède que des hauts-
fourneaux insignifiants »495.
Pour Claude Francis-Boeuf, le fourneau lobi prend une forme réellement particulière !
D'accord avec la description de Henri Labouret, il relève cependant la grande taille du soufflet
aussi important que le fourneau lui-même. TI estime que « dans cette région le soufflet est roi
qui préside à l'accomplissement du métier de forgeron »496. Ce dernier travaille debout,
actionnant alternativement les peaux des soufflets, dont le type s'étendrait aux Dagara et aux
Bwaba.
494 • LABOURET, H, 1931, Les tribus de rameau Lobi, p. 66. Voir fig. 134
." - FRANCIS-BOEUF, C. 1937, «L ·industrie tnltochtone du fer en AOF », p. 454. n convient de nuancer cette:
~iati?O très péjorative qui arrive après une longue et farouche résistance des lobi à la colonisation française.
- Op-Clt.. p. 423 et 429
473
Fig. 138 : Le djugu birifor ou lobi (suite)
c -Base de djugu à Bamako
474
Henri Labouret, suivi encore en cela par Claude Francis-Boeuf, décrit le chargement
assez original du fourneau lobi qui commence par la mise en place de gros blocs de minerai à la
base de la structure pour obturer le corps cylindrique. Puis sont versées alternativement une
calebassée de minerai et une de charbon jusqu'en haut. La mise à feu a lieu avant le lever du
jour et l'on actionne les soufflets jusqu'au soir. Ces deux auteurs se trompent dans l'ordre de
chargement du minerai et du charbon. En effet, c'est une couche de combustible qui recouvre
d'abord les blocs de minerai. En recopiant Henri Labouret, Claude Francis-Boeuf n'a pas fait
attention à ce détail. Aucun des deux auteurs ne précisent le lieu de ces observations.
AI'arrêt de la soufflerie, la loupe est extraite du fourneau, sectionnée en morceaux de
quelques kilogrammes qui sont envoyés à la forge pour le cinglage et la transformation.
La reconstitution d'une opération de réduction faite par Bawar DA chez les Dagara-
wilé de la région de Legmoin, à la demande de Sabine Weingartein, a offert l'occasion
d'observations pertinentes 497. Cet auteur affirme sans le démontrer, que les Dagara ont été les
premiers occupants de la région à travailler le fer et auraient transmis leurs connaissances à
leurs voisins, d'où les similitudes des techniques et équipements. En cela il emboîte le pas à
498
Henri Labouret et à Claude Francis-Boeuf
. Or, non seulement l'histoire du peuplement local
au Burkina Faso ne confirme pas cette théorie, mais en plus nous avons découvert en 1993, un
type de fourneau dont la morphologie et le mode de fonctionnement sont totalement différents
du fourneau birifor, dagara ou lobi. Mais examinons d'abord les données recueillies par Sabine
Weingartein qui a soigneusement minuté le déroulement de l'expérimentation.
La construction du fourneau a été en tous points semblable à celle du boaaga, à partir
d'un fagot de tiges de mil planté dans un trou de 20 cm de profondeur et enrobé d'argile
mélangée à de l'herbe. Le cylindre qui en résulte a 30 cm de diamètre à la base et 180 cm de
497 _ WEINGARTEIN, S, 1993,« lA construction d'un haut-foumeau et la sidérurgie chez les Dagara-wiilé », pp. 189-189
498 _ Op-cit, p. 181
475
hauteur. Transporté au-dessus d'un autre trou de 25 cm de profondeur, on aménage à la base
une ouverture d'allumage, d'évacuation des scories et de libération de la loupe.
Deux autres ouvertures, plus petites ont été pratiquées. L'une vers le milieu du
fourneau, le IOOJ. (nombril). L'autre, au bord supérieur, le nez, n'aurait pas eu de fonction
particulière. Nous pensons qu'elle a servi à la surveillance de l'opération de réduction comme
dans les ibuaga du Gulma.
Le fourneau a été installé à 30 m de la concession, soutenu par une branche fourchue.
Le trou où il était maintenu penché fut rempli de cendres de tiges de sorgho.
Pour éviter les mauvais esprits, l'aire de travail a été délimitée par un cercle de cendres,
un rameau de Butyrospermum paradoxum posé sur le minerai et une croix tracée sur le nombril
avec un médicament spécial. Au demeurant, des oftTandes rituelles avaient été faites au
moment de la construction de la soufflerie.
Pour la réduction, la réserve de combustive était constituée de huit grands paniers de
charbon. Chaque panier mesurait 43 cm à la base et 35 cm de hauteur. Le minerai, extrait en
dalles à deux kilomètres de la concession, avait été concassé et calibré à la taille du gravier
avant d'être transporté au lieu de réduction.
Le chargement à consisté à verser cinq seaux en tôle de 25 litres de charbon, puis deux
calebasses spéciales de minerai.
A 17b 30, le fourneau était allumé et la soufflerie mise en action jusqu'au matin. Au
bout de 45 mn une flamme bleue-jaune est apparue au niveau du nombril. Après 1 heure 30
mn, la flamme est sortie par la cheminée.
Au cours de la nuit, le fourneau fut rechargé six fois avec du charbon et du minerai
dans des propositions de 12-15 pour 1. Un aide tisonnait de temps en temps à l'aide de longues
branches passées à travers le nombril où la tuyère de la soufflerie.
476
Vers 23h 30, des fissures sont apparues à la base du fourneau: elles furent aussitôt
colmatées. Puis l'ouverture à la base fut ouverte pour laisser s'écouler les scories. On
renouvela cette opération cinq autres foies avant l'arrêt du fourneau.
Vers 4h 30, les deux dernières calebasses de minerai furent enfournées accompagnées
de quelques os de crocodile et un peu de médicament.
Vers Sh , ce fut la catastrophe. Le chargement ne glissait plus suite à une obturation du
fourneau par du charbon et des scories agglutinés. La flamme s'éteignit. On dut arrêter la
soufflerie et ouvrir le fourneau où très peu de fer a été recueilli.
Sabine Weingartein explique cet échec par la mauvaise qualité du nuneral qUI aux
analyses contenait 43,12 % de Fe2 0 3 et 18,07 % de Ah 0 3 . Si l'on se réfère aux tableaux n° 6,
7, 8, 9 et IOde la partie que nous avons consacrée aux mines et aux minerais, cette raison n'est
pas probante, car les teneurs obtenues entrent dans la moyenne de celles observées sur les
minerais en provenance des différentes régions. Mieux, les échantillons de minerai prélevés sur
les anciennes mines de Legmoin et de Nako, dans la zone du lieu de l'expérimentation, ont
donné respectivement aux analyses 21,SO % de Fe2 0 3 pour Legmoin et 2S,SO % de F~ 0 3
pour Nako. Le taux d'allumine n'avait pas été mesuré mais sa présence, importante (18,07 %)
dans l'échantillon de Sabine Weingartein devait au contraire faciliter la réduction. Il faut donc
chercher ailleurs les raisons de cet échec, que plusieurs chercheurs ont partagé en tentant des
expérimentations en Afrique. Ce fut le cas de Léonard M. Pole à ZanJerigu au Ghana avec des
métallurgistes nabte 499, de Bruno Martinelli à Kaïn au Yatenga 500 et de Hans Peter Hahn par
deux fois à Tangasgo avec des femers Kasena du Nahouri 501.
Face aux données récentes de l'archéologie, on doit s'interroger sur l'antériorité de la
métallurgie dagara dans le Sud-Ouest du Burkina.
499 • POLE, L. M, 1975, t( lron-working appamtlls and techniques: Upper rigion o/Ghana », p. 13
~ - Martinelli Bruno - Commwùcation personnelle en 1988. Voir son fourneau expérimental en fig. 139.
~I - HAHN Hans Peter - Commwùcation personnelle en 1993 et 1995. Voir son fourneau expérimental en fig : 140.
479
Fig. 140: Le fourneau expérimental de H.P. HAHN
B - Le djugu de face. Photo H.P. Hahn
480
Tout d'abord, les ruines dites du lobi, celle de Loropéni en particulier, portent dans leurs
enduits des scories, preuves d'une ancienne activité de réduction. Paul Raymaekers a aussi
découvert sur les rives de la Comoé des bases de fourneaux et des scories, le tout accompagné
de matériel lithique. Il estime que dans cette zone les sites du néolithiques sont difficilement
dissociables de ceux de la métallurgie dont il a répertorié plus de 200 fourneaux 502. Les
recherches que nous avons menées personnellement montrent que le territoire g~
correspondant approximativement au Département de Loropéni dans le Poni, autour de centres
comme Obiré, capitale du royaume Gan, Lokosso, Yérifoula, avait connu une très importante
activité métallurgique. Mais les fourneaux sont presqu'entièrement détruits. Ils étaient situés
sur les berges des cours d'eau comme l'avait déjà observé Paul Raymaekers au bord de la
Comoé.
Les sites de Lokosso ont abrité au moins deux types de fourneaux qui se différencient
par la taille de leur bases. Elles sont petites pour l'un avec une taille moyenne de 50 cm, et
grandes pour l'autre qui mesure jusqu'à 200 cm et au-delà. Les structures les mieux
conservées ont à peine 30 cm de haut et des parois minces (10 à 15 cm) malgré leur grand
diamètre. Aucune ouverture n'est repérable à la base dans leur état actuel de conservation.
Cependant, la fouille d'une des bases de fourneau de Lokhosso Sandé que nous avons
rapportée dans la partie traitant des sources archéologiques, laisse à penser qu'il y eu avait une
située à l'Est. Cette information archéologique est confirmée par la tradition orale qui a tenté
de nous expliquer le mode de fonctionnement des fourneaux à grand diamètre. En effet, selon
Mayou Farma, ce type de fourneau appartenait à leurs ancêtres qui employaient une main-
d'oeuvre servile pour travailler. On l'appelait wara. Si sa base était large, sa hauteur ne
dépassait pas le nombril d'un homme soit 120 à 130 cm. Il était chargé de charbon et un seul
soufflet à l'Est l'alimentait en air 503.
~ - Raymaekers, P., 1990, Préhistoire en Côte~'Ivoire,p. 64
'll3 _ FARMA Mayou, forgeron à Tanwoura (Poni) - Entretien du 27/07/94.
481
Nous sommes loin d'être satisfait par cette version en ce qui concerne le mode de
fonctionnement .
En effet il est difficilement soutenable qu'un seul jeu de soumets ait suffi à alimenter en
air une structure si grande et si ouverte vers le haut. Cependant si ce qui nous a été rapporté
n'est pas une aberration technologique, on pourrait expliquer en même temps la taille du
fourneau de Lokosso-Sandé, telle que nous l'avons mesurée après fouille, et le fonctionnement
de celui de Momba dans le Gourma, qui posait aussi problème.
D'ailleurs un témoignage recueilli à Legmoin atteste que le fourneau à grand diamètre
était employé concurremment avec l'autre type selon l'importance des besoins, par les Birifor.
Notre informateur ajoute que le grand fourneau était construit à hauteur du buste d'un homme,
celle des soumets atteignant son bassin. Son fer était moins dur et moins apprécié que celui du
·fi
504
petit ourneau
.
Il a été évoqué à Nako l'utilisation d'un simple trou dans le sol comme fourneau. On y
mettait du charbon, puis du minerai et encore du charbon. Lorsque le feu avait pris à la
première couche de charbon on recouvrait le tout de terre au-dessus de laquelle on allumait un
grand feu de bois. L'informateur insiste sur le fait qu'on réduisait le minerai comme on fait
cuire des patates à l'étouffée. Le fer se concentre dans le creux après un jour et demi de
chauffe 505.
Les informations ont été recueillies au moment même où nous avons commencé la
rédaction de ce travail. Aussi n'ont-elles pas été soumises à l'analyse d'un spécialiste qui aurait
pu apprécier la pertinence des propos de la tradition orale.
La même source orale nous a rapporté aussi que les habitants de Nako (des Birifor) à
leur arrivée ont trouvé des scories que leurs forgerons ont travaillées à la forge pour en extraire
le fer. On ignore l'identité des métallurgistes qui les ont précédés sur le site.
~. SOME Barthélémy, à Legmoin le 27/12/94
~~ - DA Dognaté, à Nako le 4/1/95
482
Les nombreuses ferrières rencontrées un peu partout et particulièrement aux villages de
Korou, Kodjo-Tiéblo, Krou, Batié, Bopiel et au Sud de Gaoua, correspondent selon nos
obsetvations à des vestiges de réduction avec le type de fourneau à petit diamètre et à colonne
étroite. Leurs scories sont très spongieuses et d'un type spécial qui a attiré notre attention
également sur les ferrières de la Bougouriba en pays dagarl, de la Sissili chez les Nuna, au
Nahouri auprès des Kaséna et au Boulgou sur les sites métallurgiques attribués aux Bisa.
Il n'y a rien d'étonnant en cela si l'on considère que tous ces peuples, dans un passé pas
très lointain, ont voisiné dans le nord du Ghana actuel où demeurent encore des groupes
apparentés. Les expérimentations de Léonard Pole, réalisés à partir de fourneaux du type
birifor-Iobi-dagarl, ont été effectuées dans des villages bisa (Garo), dagarl, (Gomperi, Tiza),
isala (Jefisi), Kasena (Ghiana) et nabte (Zanlerigu). Le chercheur a relevé beaucoup de
similitudes, mais aussi des particularismes dans les techniques métallurgiques, qui s'expliquent
par la diversité des groupes ethniques vivant dans un voisinage très proche.
Au cours des enquêtes orales en milieu birifor et dagarl, quelques nuances ont été aussi
constatées dans l'évocation de la morphologie et/ou du mode de fonctionnement du djure
(fourneau en birifor). L'une des plus accusées est l'aménagement par les métallurgistes birifor
de Bamako d'un canal et d'une cuve à l'extérieur du fourneau, setvant à l'évacuation et à la
récupération de la loupe 506. Pour ce qui est du temps de réduction, les Dagara de Dano
préféraient commencer les opérations tôt le matin et les conduisaient jusqu'au soir (l8b -
19h)507, contrairement aux habitudes qui sont à l'inverse.
XIII-l. Le djugu et son fonctionnement dans l'espace dit (( gurunsi "
Les Gurunsi du Burkina Faso désignent aussi leurs structures de réduction du fer par le
terme gjygy508. Elles sont toutes, comme celles des Birifor - Dagara - Lobi, à ventilation
506 _ Terme improprement employé pour désigner une dizaine de groupes ethniques vivant au centre et au sud du Burkina et
~ lesquels les Kaséna, les Nuna, les Isala ou Sisala, les Lyéla. etc...
7 Hien Tobbie et Hien Louis. Entretien de décembre 1982 à Dano.
• - Sauf à Dions, à 40 Km à l'Ouest de Léo, où on emploie le terme zawuru
483
forcée, mais s'en distinguent par la technique de construction, quelquefois par la forme et le
mode de chargement, partout par la soufflerie.
Parlant des Gurunsi, Louis Tauxier dit que les Nuna, et les Kasena (Nounouma et
Kassoufia du texte) savaient extraire et fondre le minerai de fer et que leurs forgerons appelés
Yaro ou Yara avaient une industrie florissante. Ce sont eux qui ravitaillaient en fer brut les
Boura dont le territoire est plus au sud dans le Ghana actuel.
Les Sisala (ou Isala) auraient une industrie du fer moins développée que celle des Nuna
et se livreraient davantage au commerce en direction de Kintampo au Ghana 509.
Selon les témoignages que nous avons recueillis, les Yaro de Léo, chef-lieu de la
province de la Sissili, et de Yoro à 35 Km à J'Ouest, auraient été des ferriers. fis employaient
un gjygy (fourneau à soufl1ets) construit à proximité du village, mais en dehors des
concessions pour éviter les effets de la chaleur, mais surtout la présence de personnes impures.
Le djugu avait environ 1,20 m de hauteur, 0,5 m de diamètre à la base. 11 était monté par
colombage avec une pâte d'argile de termitière mélangée à de l'herbe hachée. Le cylindre du
fourneau reposait au-dessus d'un trou destiné à recueillir le fer. Une ouverture aménagée à la
base, bouchée au début des opérations, s'ouvrait ensuite pour laisser s'écouler les scories. La
soufl1erie se composait d'un ou de deux jeux de poteries en argile cuite, placées sur une
élévation de 0,50 à 0,70 m et recouvertes de peaux de chèvre. Une seule tuyère transmettait
l'air d'un jeu de soufflets au fourneau. Elle pénétrait dans ce dernier à environ 0,40 m au-
dessus du niveau du sol. Aucune orientation n'était imposée pour les ouvertures du fourneau
ou la position de la soufl1erie.
Le chargement du gjygy se faisait à l'aide de deux paniers, dont l'un avait un volume
double de l'autre. On mettait d'abord de la paille à fond du fourneau, puis un panier (le grand)
de charbon et un panier (le petit) de minerai. Le Yaro répandait sur le minerai une poudre
'lI9 • TAUXIER, L, 1912, Le noir du Soudan. pays Mossi et gourounsi, pp. Ill, 336 et appendice mde la page 741.
484
rougeâtre dont l'origine est maintenue secrète. EUe se communiquerait seulement d'un doyen
de Yaro à son successeur. Elle proviendrait cependant de la calcination d'une plante. Si cela
était vrai, la couleur rougeâtre signalée ne se justifierait pas 510.
Une autre version recueillie à Léo affirme que tout le minerai était versé en une seule
fois dans le fourneau au-dessus du charbon. On le recouvrait ensuite d'une fine couche de terre
noire qu'on arrosait d'une poudre également noire dont l'origine n'a pas été révélée 511.
Le fourneau était mis à feu au crépuscule. Les bras les plus robustes s'alternaient
ensuite aux soufflets toute la nuit. On ouvrait de temps l'ouverture aménagée à la base pour
laisser s'écouler les scories. Lorsque celles-ci cessaient de sortir, on estimait alors que la
réduction était achevée. On arrêtait la soufflerie et s'il faisait encore nuit, un gardien était
désigné pour écarter tout visiteur jusqu'au matin. Seul le doyen des Yaro pouvait alors
s'approcher du gj,ygy. Le matin, la loupe était extraite du fourneau grâce à des lianes de Saba
senegalensis. par l'ouverture d'évacuation des scories. On faisait attention à ne pas
endommager le gj,ygy qui pouvait servir encore le soir même. On déposait la loupe sur une
plate-forme cuirassée où on la débitait en morceaux ramenés à la forge pour le partage auquel
prenaient part tous les chefs de famille, dont les nombres avaient participé aux divers travaux :
fabrication du charbon, recherche du minerai, construction et fonctionnement du gj,ygy. On
respectait la hiérarchie de l'âge dans le partage du fer.
Pour l'affinage, les boules étaient réduites en poussières, enfermées dans un creuset
d'argile et portées au feu du foyer de la forge. Après l'écoulement des dernières impuretés, le
fer était bon à la transformation.
Les activités de réduction prenaient place à la saison sèche et les métallurgistes se
surmenaient pour se constituer des stocks importants de matière première de l'outillage
agricole et des armes.
~IO _ TANDIA Baba, à Yoro le 14/3/82 et Yago Banoua à Léa le 15/3182
~II - YAGO Banoua à Léa le 1513182
485
Fig. 141 : Eléments du djugu des Gunmsi
A - Base de djugu de SIE. Photo Kiethega 85
B • Les accessoires de la soufllerie à Kampala. Pohoto IUethega 197~
"
486
Lovi Nignan de Fyin, localité située à IS km au Sud-Est de Léo, a reconnu l'existence
et l'utilisation par les anciens du gjygy. Il nous a décrit un autre type de structure de réduction
appelée djeli, (zeli) qui est en fait un foyer circulaire, mesurant 1,20 de diamètre et 1 m de
hauteur, construit en argile. On y plaçait des canaris appelées djeliwourou (zaliwuru) contenant
du minerai. Le djeli pouvait recevoir deux ou trois canaris, chacun d'eux de la contenance d'un
panier de minerai. Les poteries portaient des trous de S cm environ de section vers le bas.
C'étaient par là que s'écoulaient les scories. Lorsque les canaris sont placés dans le djeli, on
recouvrait le tout de charbon et on y mettait le feu. Celui-ci est maintenu actif par deux paires
de soufflets. Du matin au soir, des bras vigoureux se relaient à la soufflerie. C'est le lendemain
matin qu'on défournait après refroidissement du djeli. Le produit de réduction se présentait
sous la forme d'un bloc qu'on cassait en quatre parties, chacune correspondant à une houe.
Une journée de réduction ne rapportait que trois à quatre houes. Le djeli pouvait servir de
nouveau mais les canaris étaient cassés pour extraire le fer 512.
Louis Tauxier ne mentionne pas le djeli alors que Claude Francis-Boeuf le retient mais
en l'attribuant aux Kaséna (Kassoufras du texte) 513. Pour cet auteur, c'est l'un des fourneaux
réduits à sa plus simple expression 51". Il oublie ou ignore le fononga (ou fénèga) que nous
avons présenté plus haut.
Nous avons travaillé sur des ferrières à Sié (ou Bagonsié) village situé à 20 km au
Nord-ouest de Léo, et à Pien, localité frontalière du Ghana à SS Km au Sud-Est de la capitale
de la Sissili. Les fouilles ont été conduites sur un site à débris très fins, dispersés sur plusieurs
hectares dans les champs de case de Sié et sur une butte de plus de deux mètres
de
dénivellation faisant partie des quinze ferrières que nous avons dénombrées à Pien. Les scories
m _NIGNAN Lovi à Fien le 19m83
51) _ La véritable identité des Kassoufra est difficile à préciser. Le tenne apparaît avec Louis Tauxier. D est repris par
Claude Francis-Boeuf pour désigner les habitants de la région de Prata, Pien et Kounou à la frontière avec le Ghana. Dans
I~êmttemps, Louis Tauxier utilise "kassouna"(Boura ou Fra) pour les I(aséna de la province actuelle du Nahouri. Les
Kassoufra ne seraient-ils pas un sous-groupe Kaséna ?
514 _ Francis-Boeuf, C, 1937, L'industrie autochtone du fer en AOF, p. 424
487
et débris de fourneaux y sont de plus grosses tailles ce qui a permis de reconnaître la fonne
caractéristique des collecteurs, courte mais large tuyère fixée dans le fourneau et où débouche
l'air en provenance de la, ou des tuyères reliées aux pots. Nous n'avons pas fait de
reconstitution à partir des fragments de fourneaux que nous avons dû abandonner sur le site.
A Sié, les débris étaient très petits pour faciliter toute identification, mais nous avons eu
le bonheur de découvrir en parcourant les champs de case un gjygy partiellement conservé, .515
dont la taille est comparable à celle de la base de djugu découvert à Bamako sur un site
'b'
B"s:.
516
attn ue aux
mlor
.
Les sources orales attribuent à ces structures 1,30 à l,50 m de hauteur et 0,40 à 0,50 m
de diamètre à la base. C'est à peu près les mensurations à la base des structures de figures
138 et 141.
A Pien, on approchait la grande production. Les Q.i.ygy fonctionnaient quatre à quatre et
six personnes s'activaient autour de chaque fourneau. Dans le mois, on pratiquaient trois à
quatre réduction.
Des gjygy sortaient des blocs de fer pouvant servir chacun à la fabrication de six à huit
dabas.
Une autre particularité des fourneaux de Pien serait la fixation d'une tuyère spéciale à la
base par où s'écoulaient les scories. Elle portait le nom de Tawua (tiawua).
L'importance de la production de Pien et des villages voisins de Prata et Kounou a été
également reconnue par Louis Tauxier qui dit que ces centres approvisionnaient en fer brut et
en dabas les Boura du Sud 517.
Il semble que le fer était moins abondant à Sié, peut-être en raison de manque de bras
valides, qui obligeait les Yaro à travailler par paire de Q.i.ygy seulement. Ailleurs, les centres de
m _ Voir fig: 141 = Base de gjygy à Sié
516 _ Voir fig. 138 : Base de djugu à Bamako
m _TAUXIER, L, 1912, Le noir du Soudan, pays mossi et gurunsi, p. 741 et l'Appendice m.
488
production où nous avons enquêté n'employaient qu'un seul fourneau à la fois, ce qui semble
traduire une certaine faiblesse de l'activité métallurgique.
Louis Tauxier confirme cette tendance chez les gurunsi-nuna du nord, aux confins du
pays moaagA, qui échangeraient des grains et du bétail contre des dabas provenant du Yatenga.
Ceux-là qu'il appelle « Menkieras» avaient cependant des forgerons 518.
Plus au Nord, les Gurunsi désignés communément par « Lvéla » (sing = lyélé), et qui
sont en réalité du groupe nuna (pl. = nuni), ont subi une influence considérable de la part des
métallurgistes moosé. Dans la province de Sanguié où ils sont concentrés, la production du fer
par des fourneaux à induction directe a existé dans le passé mais sous le contrôle des Moosé.
Les Lyéla eux-mêmes n'ont utilisé que le gjygy, érigé non pas par colombinage comme dans
les autres régions occupées par des Gurunsi, mais au moulage autour d'une botte de tiges de
mil comme chez les Moosé. On le maintenait penché grâce à une fourche en bois.
D'ailleurs à Réo, chef-lieu de la Province de Sanguié tous les métallurgistes sont
d'origine moaag~ et originaires du Yatenga, il y a de cela quelques siècles. Le vocabulaire de
la métallurgie y est proche du mooré. C'est ainsi que les Lyéla désignent le fourneau par
« boaaga », les tuyères par fenfebsé (à rapprocher de feebsé en mooré), les scories par wâré (le
même terme qu'en mooré) et la loupe par kuraga (l'un des mots utilisés par les Moosé étant
kuyigu).
Mais à Dassa et à Didyr, on ne s'exprime qu'en terme de « dju », mot dans lequel on
retrouve la racine « dju » de « d;ugu ».
Deux particularités ont été relevées à Dassa ; l'une concerne le mode de chargement du
gjygy et l'autre sa surveillance. Plusieurs informateurs y soutiennent la thèse d'un chargement
vertical comme dans le fononga de la région des lacs. On couvrait tout le fond du gjygy de
m _TAUXŒR, L, 1912, Op-cit, p. 90
489
paille et d'une couche de charbon. On ajoutait ensuite deux mesures de charbon du côté du
collecteur et une mesure de minerai à l'opposé avant de procéder à la mise à feu.
En ce qui concerne le mode de surveillance du fourneau, elle se faisait par l'observation
des scories qui étaient évacuées cinq ou six fois pendant la journée de réduction. Lorsque celle-
ci s'annonçait excellente, les déchets qui sortaient ne comportaient pas de fer. On les appellait
alors « tiembieno » ou les selles du « tioh », le fer brut. Un échec de la réduction était annoncé
par des scories renfermant du fer. Elles se nommaient « paagO» ou « minerai non mûr ». EUes
servaient lors d'une autre séance de réduction.
Le tioh refroidi et extrait du fourneau est découpé en morceaux qui sont affinés à la
forge où le tioh devient luo. Une séance de réduction avec un seul gjy permet de fabriquer six
pioches, parfois plus 519. A Didyr, on évalue entre 20 et 60 petites haches la production
.
al"
J::
520
Journ lere par lourneau
.
Les populations Kaséna et Nankana de la mouvance gurunsl savaient également
produire du fer. Elles habitent la province du Nahouri, à cheval sur la frontière entre le Burkina
Faso et le Ghana. Le capitaine Louis Gustave Binger a traversé leur territoire en 1888. Très
préoccupé par les menaces que des guerriers et chefs Kasena faisaient peser sur sa caravane, il
en oublia de noter, comme à son habitude, les ressources locales. C'est sans doute pourquoi
aucune mention de la métallurgie du fer ne figure dans sa relation de voyage 521.
Louis Tauxier par contre s'y étend à l'envie. TI trouve que les Nankana ont une
industrie du fer médiocre et ne pratiquent aucun commerce 522. En appendice, il revient sur les
activités des Nankana pour reconnaître que leurs forgerons fondent le fer dans le village,
devant la porte de leurs soukalas, dans de grosses outres. Il s'agit des canaris dont nous avons
~19 _ BAZIE Dientoloun et BAZIE Bassana à Dassa le 13m83
~:zo _BASSANE Bali à Didy le ISm83
m _On trouve le récit de sa traversée du pays Kasena dans son ouvrage: Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de Kong
et le mossi aux pages 12 à 17 du tome n.
m _TAUXIER, L, 1912, Le noir du Soudan: pays mossi et gourounsi, p. 248
490
déjà parlé à Sié. Pour cet auteur, les Kaséna se répartissent en Kassouna-Bouras qui occupent
la région de PÔ, Tiakané et Tiébélé et en Kassouna-fras autour de Koumbili. Il y aurait à
l'époque 8000 Kassouna-fra contre 22000 Kassouna-bouras.
Ces derniers auraient une métallurgie du fer médiocre à l'image des Nankana, et un
commerce nul. Certains (villages de Guennou et de Songo) se procureraient les objets en fer
h l
..
k
fr523
C ez eurs VOiSlOS
assouna- as
.
Les recherches que nous avons conduites dans la région nous poussent vers une
opinion différente, en tout cas plus nuancée. Les vestiges que nous avons recensés et fouillés
quelquefois à Tiébélé et Tiakané sont d'une importance qui place ces centres de production au
même rang que par exemple Sapiu à dix kilomètres à l'Ouest de Koumbili où nous avons
également fouillé. Caché dans la forêt de Nazinga à sa périphérie Nord-Ouest, dans une zone
très faiblement occupée par l'homme, le centre métallurgique de Sapiu correspond à notre avis
à une productive intensive très limitée dans le temps. Son abandon aurait été provoqué par des
problèmes hydrauliques. Cependant il faut envisager son développement avec le contexte des
invasions Zaberma dans la seconde moitié du XIXe siècle, période pendant laquelle les
métallurgistes ont dû produire beaucoup de fer pour les troupes, et cela le plus discrètement
possible. Les ferrières de Sapiu et des sites reconnus aux alentours de Koumbili sont restées
presqu'intacts avec un dénivelé dépassant le plus souvent deux mètres.
C'étaient donc selon Louis Tauxier les Kassouna-fras qui étaient les meilleurs
métallurgistes. Cette activité était pratiquée par tout le monde et non réservée aux seuls
forgerons. La réduction avaient lieu devant les soukalas où des canaris servaient de fourneaux.
L'auteur relève que ces gens qui savaient fabriquer le fer, ignoraient la manière de le
transformer en instruments. Ils s'adressaient pour cela à de véritables forgerons, dont surtout
des Kassouna-bouras, installés dans certaines localités telles que PÔ, Sia, Oualan, Bega et
m _TAUXIER, L, 1912, Op-<:it, p. 298 et p. 749 de l'appendice 13
491
Koumbili. Ils portaient au forgeron la quantité de fer nécessaire à la fabrication de l'objet
désiré, travail que ce dernier réalisait contre des prestations de service, en particulier la culture
524
de ses champs
.
Louis Tauxier limite aux seuls canaris, les fourneaux employés par les Kaséna. Or les
sources orales ont retenu davantage le gjygy525, fait d'une colonne d'argile de tennitière
appelée Kunkïu, montée au colombage Il était érigé dans les champs de case à l'ombre d'un
grand arbre. C'était une construction haute de près d'un mètre et demi. Il atteignait la poitrine
d'un homme précise-t-on à Tiakané, tandis qu'à Pô, au quartier ZENIAN J, sa taille obligeait à
se servir d'une grosse pierre pour s'élever et atteindre l'ouverture en we de son
chargement 526.
Avec la même argile, on façonnait deux poteries et des tuyères pour la soufflerie
appelée tiogo. La poterie de droite est le tianina (mère du soufflet) et celle de gauche le tianinè
(fils du soufflet). Deux tuyères (keninè) longues de 60 à 70 cm partaient des vases et
aboutissaient à un collecteur appelé tiau en Keuwa.
Le gjygy des Kaséna avait une seule ouverture à la base servant à l'allumage,
l'évacuation des scories (tialu) et le retrait de la loupe (1iYgy). Elle était bouchée pendant la
réduction et ouverte sept fois seulement pour laisser s'échapper les déchets. La chaleur
émanant du gjygy obligeait les souffleurs à porter des culottes en peaux d'animaux appelées
tankolo. Le retrait de la loupe qui pouvait emporter une partie de celui-ci.
Le travail d'une journée pouvait se résumer en une boule de la taille de deux poings
réunis. Mais on obtenait généralement beaucoup plus de fer qu'il fallait un homme vigoureux
pour soulever la loupe dont le poids atteignait celui d'un demi sac de mil (SO kg). Pour la
débiter en morceaux, elle était projetée contre un rocher. L'opération s'avérait dangereuse car
'24 .. TAUXIER, L, 1912, op.cit; p. 207
m .. L'utilisation des canaris comme fourneau a été attesté à Tiakané et à Tangasgo
'26 _ Les vieux ADIMPOUA et GHONON, interrogés à Tiakané les 21 et 2218184 ; et le vieux GNONON Poyiri à PÔ,
quartier Zenian 1le 20/8184.
492
un gros fragment qui s'en détachait pouvait fracturer le tibia de l'opérateur. fi fallait cependant
passer par là, si l'on voulait procéder à l'affinage à la forge, où les fragments de loupe, enrobés
d'argile, sont mis à recuire.
Les informations recueillies à Kampala, Tiébélé, Kasra, Tangasgo, etc., confirment la
morphologie et le mode de fonctionnement du gjygy à quelques petits détails près. Elles
insistent sur les échecs qui semblent avoir été nombreux et la nécessité de disposer de
nombreux bras pour travailler à la fabrication du charbon, à la recherche du minerai et au
fonctionnement du fourneau. C'est pourquoi aucune contribution n'était refusée, pas même
celle des enfants qui aidaient au transport des matières premières 527.
m _Les principaux infonnateurs dans ces villages ont été:
· Famille AGOURA de Kampala le 4/9184
· BWE Moussa de Kasra, à Tiébélé le 14/9184
· Le vieux AKIBE et son fils ANOUPARE à Tangasgo le 14/9/84
· Le vieux FUOKIAN à Adongo (Badongo) les 24 et 25/8184
493
CHAPITRE XIV: LES PRODUITS DE LA REDUCTION: LOUPES ET
SCORIES
La réduction du minerai de fer génère plusieurs éléments qui se présentent à l'état
solide, liquide ou gazeux. Mais les fourneaux « accouchent surtout du fer » très recherché et
rejettent une grande quantité de déchets qui ne retrouvent pas toujours une utilité pratique.
XIV.I. La loupe. son épuration et son affinage
Les loupes de fer obtenues par les métallurgistes est un produit spongteux, très
grossier, contenant du fer mais aussi des scories et du charbon. Des roches arrachées au sol
peuvent aussi s'y retrouver si la précaution généralement prise de préparer un tapis de cendre
dans le creuset n'a pas été suffisante.
En effet, les minerais de fer peuvent être réduits à partir de 800°. Mais toutes les
scories ne fondent qu'entre 1000 et 1200°C. Ce sont ces basses températures qui rendent la
loupe pâteuse car le fer, qui n'a pas atteint sa température de fusion, se trouve concentré et
imprégné de scories. Celles-ci, plus légères, se solidifient davantage à la surface du bloc. Chez
les Numu de l'Ouest du Burkina, la loupe, c'est le koyoma, un énorme bloc qui prend une
couleur noire en refroidissant, adoptant la forme semi-hémisphérique du creuset 528. Sa partie
supérieure est plus rugueuse que le reste avec des aspérités tranchantes qu'on détache au
marteau pour être mélangées au minerai ou traitées séparément à la forge. Avant qu'il n'ait
totalement refroidi, le koyama est brisé à l'aide de gros marteaux de pierre et découpé au
burin. Les morceaux sont acheminés à la forge pour y subir une épuration. Les nombreuses
pièces de koyama que nous avons ramenés au laboratoire n'ont pas encore été analysées.
S2S _ Voir figure 142 : loupes de Kogbé et de Péni
494
Fig. 142 : Loupes de Kogbé et de Péni
A • Loupes de Kogbé. PhOIO Kiéthéga 85.
L'une des cinq présentes sur ce cliché a été ramenée au Laboraloire d'archéologie. Elle pèse 89,200 kg. Leur
fonne globuleuse est caractéristique des loupes sortant du kuru. Elles onl été produites avant guerre.
B - Le fer de Péni
Les quatre produits A - B - C - D sonl respectivement un minerai, une loupe, un lingot (fer affiné), et une
enclume en fer ancien.
495
Dans l'échantillon provenant des kuru des numu, il y a une des cinq loupes de Kogbé, produits
de leur dernière réduction il y a environ 50 ans. C'est un bloc de forme semi-hémisphérique,
pesant 89,200 kg. Exposé, comme les quatre autres qui sont restés sur le site, devant la forge
(les kuru étaient à quelques dizaines de mètres) depuis le temps de leur réduction, il a pris une
teinte rouille à certains endroits. TI semble pratiquement impossible de fendre ce bloc pour
prélever, de la surface vers le centre, des éléments à analyser, sans modifier la structure
atomique de la loupe 529. On devine cependant tout l'intérêt scientifique que présente un tel
témoin de la sidérurgie directe africaine. Les fers qui ont été ramenés de Tourni et Toussiana
sont des fragments provenant de la découpe des loupes avant épuration. Ils n'ont pas été
analysés non plus. Il devient de plus en plus difficile de se procurer ces échantillons aux fins
d'analyses pour deux raisons essentielles. L'une, la plus irréductible, est la nécessité pour les
métallurgistes de conserver du fer produit traditionnellement afin de pouvoir de pouvoir faire
face à certains besoins rituels comme la fabrication des couteaux de sacrifice qui ne peut se
faire avec du fer de récupération. Comme les fourneaux se sont éteints sans espoir de
résurrection, les anciens conservent par prudence ce qui leur reste de fer. L'autre raison est à
l'inverse de la première. Nous avons vu des forgerons voulant se débarrasser de leurs loupes,
mais à des prix exorbitants pour nous. Les cas sont rares mais ils existent.
Dans l'espace bw~ la loupe (naro), refroidie à l'eau au sortir du bwi, est transportée à
la forge, où chauffée au rouge, elle est coupée en morceaux plus ou moins gros destinés à
l'affinage. Le naro a la grosseur d'un canari 530. Nous n'en avons jamais vu d'entier. Il
approcherait par la taille et le poids du koyama des Numu. Claude Francis-Boeuf estime à
45 kg la loupe produite après 36 heures de réduction 531, ce qui parait une moyenne
convenable.
$29 _ Tollon François de l'Université de Toulouse le Mirail, consulté à Ouagadougou lors d'une mission en 1993.
$)0 _ DAO Yézowna et TRAORE Padora à Béna le 2712185
m _ Francis-Boeuf, C, 1937, L'industrie autochtone du fer en AOF, p. 432
496
Dans le domaine des boose, le fourneau à soumets donne un seul fer, qu'il soit fononga
ou boaaga532. Tous ceux, à induction directe, à l'opposé des kuru et des bwi, livrent plusieurs
fers, un par ouverture à l'exception du fokiè des Sana que nous avons déjà rapproché par la
structure des fourneaux des Numu et des Bwaba.
La loupe y prend des dénominations variées dont les plus courantes sont kuyigu, kud-
râaga et Koa. La forme particulière de la loupe provenant du boaaga a déjà été décrite. Les fers
récupérés aux ouvertures des boonsé évoqueraient des faucilles, tandis que la loupe principale
qui se dépose au milieu du fourneau à une forme plate.
Les appellations sont tout aussi variées dans l'aire géographique des gjygy. Kur, Kîngl,
lukundl, ho, et tiugu sont les termes employés par les Birifor, Dagara, Gan, Nuna, Isala et
Kasena pour désigner la loupe de feu. Lorsqu'elle est fractionnée, les morceaux portaient
d'autres noms comme lili ou tigua chez les Kasena, pâl-Ié chez les Moosé. C'est à partir de ces
morceaux que le travail d'affinage s'effectuait à la forge pour donner des fers de qualités
différentes, destinés à des articles dont les exigences en dureté, tranchant, résistance sont
connues. Le forgeron connaissait la différence fondamentale entre outils solides et outils
tranchants. En fonction de la qualité qu'il souhaitait obtenir, il adoptait des techniques
différentes de traitement de la loupe.
Claude Francis-Boeuf niait aux forgerons d'Afrique Occidentale la faculté de
fabrication de l'acier. Il reconnaissait cependant qu'ils savaient sa supériorité sur le fer mou,
souder deux pièces de fer l'une à l'autre et le mouler avec de l'argile 533, ce qui suppose qu'ils
fabriquaient ou au moins l'utilisaient l'acier.
Ce métal est le fer sous sa forme la plus utilisable, car possédant alors des qualités
physiques de résistance et d'élasticité et des qualités chimiques issues de l'alliage du fer au
carbone à 0,5 %.
m _Voir fig 134 : Loupes de Sandouré et de Nô
5JJ _ Francis-Boeuf, C, 1937, op-cit p. 442
497
L'acier peut être obtenu de deux façons. La première est intentionnelle et consiste à
chauffer la loupe dans un feu de charbon de bois entre 800 et 1200° et la marteler pour
éliminer les scories. Au cours de cette opération, le carbone se diffiJse lentement dans le fer qui
se transforme en acier. Le taux de carbone dans le métal dépendra de la température atteinte et
du temps écoulé. Il varie également de la surface vers le centre de la loupe. Cette méthode
d'obtention de l'acier est appelée « cémentation ». Selon les températures elle peut déboucher
sur plusieurs types d'acier et de fer caractérisés par des structures différentes.
La seconde méthode est accidentelle et s'applique au cas où le carbone pénètre par
forgeage dans le fer lorsque des particules de charbon sont emprisonnées dans les pores de la
loupe. Le martelage oblige alors le carbone à pénétrer le métal où il se retrouve sous forme
d'inclusions.
Les deux méthodes d'obtention de l'acier ont toutes été utilisées en Afrique où de
façon intentionnelle on a produit du fer doux pour les anneaux, les bracelets etc, et du fer dur
(acier) pour les pointes, les lames de couteaux, des haches etc 534.
La qualité de l'acier peut être améliorée par certaines techniques comme la trempe et le
recuit. La première permet de durcir les parties tranchantes des armes et outils par un
refroidissement brutal du métal plongé dans de l'eau ou d'autres liquides. Par la seconde,
l'acier est porté à la température à laquelle il avait été forgé, et martelé de nouveau pour
l'homogénéiser.
La nitro-carburation du métal contribue à donner des qualités de tranchant
extraordinaires aux lames des rasoirs, lances, épées, poignards etc. Le procédé, déjà observé
avec étonnement pendant la colonisation de la Haute-Volta, utilise des matières organiques :
S34 _ Nous nous sommes servi de ft' Notions élémentaires de sidérurgie» contribution remarquable apportée par Philippe
FLUZIN dans ECHARD, N, 1983, Métallurgies africaines. nouvelles contributions, pp. 13-44, et dont s'est également
inspiré Danilo GREBENART 1988, Les premiers métallurgistes de l'Afrique Occidentale, pp. 32-33 que nous avons aussi
exploité.
498
cornes et excréments d'animaux., les ammaux eux-mêmes (crapauds, lézards), brûlées en
l'
.
535
contact avec
aCier
.
Nous avons pu nous rendre compte sur le terrain. que les forgerons épuraient et
affinaient les loupes de fer selon des techniques sensiblement comparables.
Au Yatenga par exemple, les boonsé livraient des loupes insuffisamment réduites
représentant 30 à 60 % du volume initial de minerai enfourné 536. La loupe présente alors des
qualités différentes liées aux températures atteintes et à la position du minerai dans la zone
focale du fourneau. Son hétérogénéité est plus marquée selon le nombre de fers produits au
cours de la même séance de réduction 537. Le reste du chargement du fourneau se retrouve à
l'issue de l'opération dans un état intermédiaire, plus proche cependant du minerai oxydé 538.
Certains métallurgistes du Barn, du Sanmatenga. et du Gulmu, mélangeaient ce minerai
semi transformé aux nouvelles charges à réduire. Bruno Martinelli a observé également cette
pratique dans la plaine du Séno oriental au Mali 539. Les ferriers du Yatenga l'emportaient à la
forge où ils achevaient sa réduction dans des fonosé. Il en sortait de l'acier appelé Kud-kièèga
ou Kud-kiègenga (fur dur) 540. Le même produit s'obtient directement au foyer de la forge à
partie du Kuyigu, Ku-nâaga ou Koa débité en palsé (sing = pâl-Ié). Chaque pâl-Ié est réduit en
morceaux plus petits, presqu'en poudre et enfermé dans un moule d'argile de termitière
mélangée à de l'herbe sèche. Le tout est porté au feu du foyer de forge et on actionne les
souftlets. La liquéfaction du contenu du moule se traduit par un bruit caractéristique et par des
m _SALIN, E, 1964,« Sllr Iln exemple inattendll de nitro-camllration dllfer chez les primitifs Il. pp. 267-268
536 _ Bertrand GILLE, dans «Evollltion des techniques métallllrgiques Il, 1970, p. 141, note que les appareils utilisés en
Angleterre pour fabriquer le fer ne pennettaient d'extraire qu'une infune partie du métal à partir de minerais qui étaient
généralement très riches. Un minerai à 72 % ne donnait guère que 15 % de fer utilisable. Ces perfonnances semblent en
~ de celles des fourneaux du Yatenga dont les fers insuffisamment réduits ne représentaient que 30 à 60 % selon Bruno
Martinelli, 1993, Fonderies Ouest-africaines, p. 204.
m _ Selon les informateurs de Kindibo et de Yalka, chaque ouverture du ~ donne un fer pouvant servir à la
fabrication de 15 à 20 dabas. Une daba pesant environ 300 g, ce sont 4,5 à 6 kg de fer qui sortent par ouverture à la base du
boonga. On peut estimer ainsi la production par fourneau en multipliant ces chiffi'es par le nombre d'ouverture et en
additionnant la loupe centrale qui était plus grosse. Bruno Martinelli, 1993 p. 216, évalue le tout à 100 kg.
538 _ MARTINEW, B, 1993, « Fonderies Ouest-africaines - Classement comparatifet tendances Il, p. 204
539 • Idem ibidem
540 _ Le f~ issu de l'affmage s'appelle en mooré, kl!1Y d'où Kud-maasré (fer mou) et Kud-kiègenga (fer dur). Chez les
numu, le Koyama devient du ~ ou nèguè-Iruru. Ds distinguent aussi le fer mou réservé aux dabas, aux faucilles etc, et
le fer dur servant pour les haches et les couteaux.
499
fissures de ces parois, par lesquelles s'échappent les scories en un liquide blanchâtre. Le
forgeron se saisit alors du moule pour le marteler, afin de souder les particules de fer qu'il
contient. Dans cette opération, le moule est naturellement perdu mais la masse de fer (appelée
alors panféré) est récupérée, réchauffée au foyer et martelée autant de fois qu'il est nécessaire
pour obtenir le fer ou l'acier de la qualité souhaitée 541. Lorsque les soufflets étaient actionnés
rapidement pendant longtemps on obtenait un fer mou (kud-maasré) qu'il fallait tremper dans
l'eau pour le durcir. Au sortir du liquide, sa solidité est exprimée par sa blancheur. On la teste
également en posant dessus une paille qui doit noircir sans brûler. Pour l'obtention de l'acier
au tranchant et à la résistance remarquables, les soufflets étaient actionnés lentement et moins
longtemps.
De vieilles pièces de fer, de daba par exemple, pouvaient être ajoutées au contenu du
542
moule. Le fer nouveau obtenu après martelage s'appelle Iiinga
.
La pratique de l'affinage du fer écrasé et enveloppé d'un moule d'argile avec ou sans
ouverture, était comme le fait remarquer Bruno Martinelli largement répandue en Afrique
Occidentale 543. Elle est connue de tous les forgerons approchés au cours des enquêtes.
Une insuffisance importante de notre travail est relative à la non analyse des loupes et
scories qui encombre pourtant le laboratoire. Loin d'ignorer la contribution remarquable de
l'archéomérie dans les recherches récentes en paléométallurgie du fer, nous en soulignions sa
nécessité dans un article récent 544.
La seule analyse de loupe est due à l'obligeance de Philippe Fluzin qui a bien voulu
faire examiner un échantillon ramené de Toungaré en septembre 1994 et dont il résulte que:
su _Le moule porte parfois des perforations comme cela nous a été signalé en pays DYm!! et kaséna. Georges CELIS a aussi
observé des moules percés de petits trous dans le fond où la loupe réduite en poudre était placée. Au bout de 1S IDD de
chauffe, il se boursouflait et se vitrifiait partiellement. n est alors sorti du foyer et battu à l'enclume. Le moule se
désintègre tandis que les granulés de fer s'agglomèrent. Voir CELIS, G. 1991, Les fonderies africaines du fer, p. SS
St2 _ OUEDRAOGO Yandé interviewé le 4/9/84 à Napamboumbou et fi us fondeurs de Guema AI,
1991, p 24 :
communication personnelle de Yevline DEVERIN-KOUANDA.
50 _ MARTINELU, B, 1993,« Fonderies OrIest-africaines. Classement comparatifet tendances AI, p. 203
S44 _ KIETHEGA, J.B., 1992,« uferen Afriqve depuis 4000 ans» pp.316-317.
500
1
« L'analyse d'images macrographiques sur une section représentative de 1 cm révèle
un taux de porosité d'environ 30 %. A cette écheIIe, Peu d'inclusions non méta//iques ont été
identifiées. L'analyse micrographique témoigne d'une structure assez homogène de Perlite
lameIIaire relativement fine correspondant à un acier proche de l'entectoide (soit 0,8 % de
carbone). On observe une légère décarburation suPerficieIIe associée à la présence de ferrite
aciculaire témoignant d'une surchauffe locale. La microdureté moyenne correspond à 250 hv
(Vikers charge de 500 g).
II est dans ce cas remarquable de considérer d'une part l'organisation spatiale et
temporeIIe des activités (réduction-épuration-élaboration) et d'autre part la teneur en
carbone relativement élevée et homogène de la louPe qui permet un vaste champ
d'application enforge (traitements thermiques de tremPe éventuels, décarburation prolongée
·b
.
) 545
SI
esom... ))
.
La conclusion à tirer de ces résultats est une bonne maîtrise de l'opération de réduction
associée à une ventilation naturelle favorisant la pennanence d'une atmosphère réductrice
propice à la diftùsion du carbone. Il ne serait pas alors exclu dans ce contexte d'obtenir des
aciers hyperentectoïdes 546.
TI faudra sans doute multiplier les analyses avant de cerner tous les contours et qualités des
loupes produites par les métallurgistes burkinabé. Les travaux que conduisent actuellement
Elisée Coulibaly et Hélène Timpoko Kiénon, dans une coopération scientifique exemplaire
avec le laboratoire Paléométallurgie du fer et culture de l'Institut Polytechnique de Sévenans,
sont très attendus sous ce rapport.
Un autre problème demeure lié aux températures atteintes par les fourneaux africains.
Pouvaient-ils produire de la fonte?
54$ _ FLUZIN, P., BENOIT, P., KIENON, H.T, KIElHEGA J.B, et EL DEDIM, 0, 1995, «Apports de l'archéométrie à la
restitlltion de la chaîne opératoire des procédés sidérvrgiques directs à partir du vestiges archéologiques .. intérits des
comparaisons ethnoarchéologiques ». p. 59
S46 _ Idem, Ibidem
501
Ce métal est un alliage assez complexe qUI contient 2,3 à 5 % de carbone. Sa
composition peut varier mais la fonte présente toujours des caractéristique discriminantes par
rapport au fer et à l'acier. Par exemple, elle se liquéfie à une température relativement faible et
sans passer par l'état pâteux, intermédiaire entre l'état solide et l'état liquide. La fonte est
produite avec des hauts-fourneaux utilisant du coke et des fondants et portés à des
températures de l'ordre de 1200 - 1300°. Ces températures élevées, proches de celle de la
fusion du fer (1536°) ne pourraient être atteintes par les fourneaux africains à induction directe
ou à soufflerie manuelle. Les Hauts-fourneaux européens ont dû remplacer leurs systèmes de
soufflerie par des machines hydrauliques avant de parvenir à la fonte 547.
Ce qui fond dans les fourneaux africains n'est pas le fer, mais les impuretés. Les
particules de fer s'agglomèrent pour former la loupe. Lors d'un entretien avec le professeur
Maurice Picon du Laboratoire de Céramelogie de Lyon, ce dernier nous faisait remarquer avec
humour qu'aux températures de fusion du fer, l'argile des fourneaux fondraient même si ces
,
.
,548
structures etaient moose
.
Les fers examinés et les expérimentations réalisées jusqu'à nos jours ne permettent pas
de conclure à une production de fonte par les installations africaines de réduction du minerai de
fer.
XIV.2. Les scories et leurs emplois
Dans la terminologie, il faudrait chaque fois préciser « scories de fer» (de réduction ou
de forge), car toutes sortes de matériaux peuvent prendre un aspect scorifié, surtout sous
l'effet de la chaleur. Les scories peuvent donc avoir des compostions chimiques très variées.
Sl7 _ GREBENART, D, 1988, Les premiers métallurgistes de l'Afrique Occidentale. p. 23
541 _ Entretien avec le professeur Maurice PICON dans son laboratoire le 27/04/81. En parlant de fourneaux moosé, il
faisait allusion à notre origine ethnique moaaga. IL faut relever cependant que lorsque la proportion de carbone dans le fer
augmente, son point de fusion baisse considérablement pouvant descendre à 1146.·C. Cette température est très voisine de
celle de fusion des scories observée aussi dans les fourneaux africains.
502
Celles provenant du travail du fer portent les empreintes des matières premières utilisées et des
travaux exécutés. Elles ont globalement des compositions chimiques proches les unes des
autres. Il Y a même des difficultés pour distinguer, du point de we chimique, les scories de
réductions anciennes et celles, également anciennes, formées lors des travaux ultérieurs à la
forge (affinage, forge) 549. Nous nous intéressons ici aux scories de réduction du fer. Celles-ci
s'accumulent généralement au-dessus du métal et sont évacuées tantôt en une seule fois par
l'ouverture d'un ou de plusieurs dispositifs situés à la base des fourneaux, soit de façon
répétitive accompagnée de rechargement de la structure de réduction ; par exemple, deux
portes situées à l'Ouest et à l'Est du fourneau pour permettre l'écoulement des scories sur le
sol de la chambre. Après refroidissement, elles sont enlevées, tandis que la loupe et le reste des
scories sont extraits par l'ouverture à l'Ouest tandis que des aides poussent par celle de
l'est 550. Les scories des fourneaux à tirage d'air forcé sont évacuées plusieurs fois au cours de
la même opération de réduction sans que la soufflerie n'interrompe son activité.
Partout, les scories fluides prennent une couleur blanchâtre comme de l'écume. Les
anciens métallurgistes les comparaient aux déchets de la production du beurre de Karité 551 et
plus généralement à l'urine et aux excréments. A notre question à savoir sur quelle distance
pouvait s'étaler la coulée de scories, un informateur de Samtakoudogo a comparé le fourneau
à l'homme en disant que le jet d'urine de ce dernier est puissant au début et peut aller loin. Puis
les dernières gouttes tombent à ses pieds. Il en serait de même pour le fourneau.
Les scories sont les vestiges les plus couramment rencontrés par l'archéologue qui
s'intéresse à la métallurgie. Elles apparaissent sous des formes, des dimensions et des quantités
très variables. On peut rencontrer des culots cylindriques de 5 à 30 cm de section, encore
S4\\l _ SERNEELS, V, 1993, c<Archéologie des scories de fer. Recherches nlr la sidérurgie ancienne en Suisse Occidental »,
œ. 13 - 31
- BERllIO, J, 1946, cc Note nlr le Hautfoumeau et laforge des Bobo-Oulé li, p. II
m _ZONON Yourbé BoukaJy, à Kindibo le 10/12183. Dans le fourneau se fonne le.I:!!D&Q (terme appliqué aux déchets de
production du beum: de karité) qui s'écoule sous fonne de IYlYm (même mot pour désigner les urines) et devient du ~
noirâtre en se solidifiant.
503
enfermés dans des tuyères où des creusets de bas-foyers ; des éléments épars de dimensions
centimétrique, tout comme des accumulations gigantesques de scories de tout format. Nous
avons pu cependant observer que les déchets de réduction des fourneaux à induction directe
étaient très compactes et lourdes, tandis que ceux issus des systèmes à soufflets étaient plus
spongieuses et plus légères. Le mode de refroidissement, en particulier l'action de l'air à la
surface des scories, a laissé parfois des traces.
A côté du dispensaire de Bamako (Bougouriba) s'étend un champ de scories provenant
des dernières opérations de réduction des métallurgistes birifor de la ville qui employaient des
fourneaux à ventilation forcée. On observe cependant des scories compactes et lourdes et
d'autres spongieuses et légères. Il existe même une combinaison des deux. Les témoignages
actuels des forgerons lient ces différences à la richesse ou la pauvreté du minerai, prélevé
comme nous l'avons déjà, dans les collines environnantes. Les scories lourdes proviendraient
des minerais les plus riches. Cette relation mérite d'être vérifiée.
Sur les sites métallurgiques de la province voisine du Poni, il est très fréquent
d'observer des fragments de quartz, intacts dans les scories de réduction. Les sites visités
présentent globalement deux types de scories compte tenu de leur faciès. Le premier groupe
est fait de scories compactes, massives et lourdes et le second d'éléments poreux, bulbeux et
légers. Ils ont l'aspect de gruyère.
Sur le site de Korou, à l'Est de Nako, les scories sont éparses dans presque tous les
champs
de
case
avec,
de
temps
en
temps,
des
accumulations
provoquées
très
vraisemblablement par les cultivateurs pour dégager les terrains. Le tertre le plus important est
constitué d'un empilement des scories avec à son sommet deux grands pieds de Tamarindus
indica. Certaines racines de ces arbres ont même emprisonné des blocs de scories 552. Il se
pose ici le problème de l'antériorité ou de la postériorité des arbres par rapport à l'activité
SS2 _ Voir fig. 143: Les scories de Korou.
504
Fig. 143 : Les scories de Korou
L'antériorité des opérations de réduction par rapport aux deux Tamarindus indica o'est pas encore démontrée.
Photo Kiéthéga 93.
505
métallurgique. En effet, l'emprisonnement des scories par les racines ne suffit pas pour déduire
que les plantes ont poussé après le travail de réduction.
L'on sait que Tamarindus indica est une espèce privilégiée des forgerons et
métallurgistes qui choisissent son ombre dense et fraîche pour installer leurs ateliers. Les deux
pieds ont donc pu servir d'abri. Un sondage est nécessaire pour vérifier si les racines profondes
reposent aussi sur des scories. Sans cette précaution on peut considérer le cas de figure où un
amas de scories a été constitué aux pieds des Tamarindus indica dont les racines aériennes en
grandissant ont emprisonné quelques blocs.
A Kodjo-Tioblo (poni), l'importance de l'action authropique a été telle que les limites
du site sont diffuses. Dans les champs en cultures ou en jachères, des scories de dimensions
très diverses sont éparpillées.
L'action authropique a provoqué à Krou (poni) non pas un éparpillement, mais une
accumulation sur plus d'un mètre de hauteur et 5 à 6 m de diamètre à la base, de blocs de
dimensions décamètriques. Certains ont fossilisé des parois de fourneaux ou du charbon de
bois. Les scories sont spongieuses, bulbeuses, légères avec des effets de vitrification.
Le Butyrospermum paradoxum qui occupe le sommet de l'un des tertres de scories à
Obiré (poni) semble, à première we, postérieure à celui-ci. Les résidus sur lesquels l'action
anthropique parait aussi avoir joué, sont ramenés à une dimension décimétriques, omant à la
we une sorte de pavage d'un sol surélevé de près d'un mètre par rapport au niveau
environnant. L'arbre, encore jeune (une trentaine d'années) a sans doute poussé après les
activités de réduction.
Dans l'espace géographique des gjygy, on est frappé par l'extrême variété de taille des
scories. Cependant au niveau de la texture, les variétés spongieuses, légères et vacuolaires,
sont prépondérantes.
S06
On rencontre les mêmes caractéristiques sur les scories des sites ayant utilisé les boosé.
Dans
le Gulmu par exemple, les lieux de réduction présentent des scories spongieuses et
vacuolaires à la surface du sol, compactes et cylindriques dans les tuyères. Celles de surface
peuvent constituer de gros blocs de 20 à 30 Kg, ou paraître sous forme de particules de
dimension centimétrique.
Le provinces du Barn, du Sanmatenga et du Yatenga, situées dans une aire
géographique où les fourneaux à induction directe et ceux à ventilation forcée ont été
employés de façon simultanée à certaines périodes, oment un terrain d'observation tout
particulier.
On note tout d'abord une différence de taille entre les scories de boonsé et celles des
boosé et fononsé. Les premières sont compacts et volumineuses (parfois plus de SO kg). Dans
le Barn et le Sanmatenga, elles présentent des reflets bleus ou verts, preuves de leur richesse en
manganèse 553. Les secondes sont des déchets gravillonnaires constituant parfois le pavage du
sol.
Les quantités de scories varient aussi selon les sites. Les plus grandes accumulations
sont attribuées aux boonsé dont l'action sur l'environnement a déjà été remarquée. Mais il faut
aussi tenir compte de la durée de vie des scories et de l'action anthropique pour déduire la
taille et la dimension des tertres de rejets.
Observées de près, les textures et les structures acquises par les scories au moment de
leur refroidissement par aspersion de poussière ou d'eau, rappellent étrangement celles des
coulées volcaniques fluides ou visqueuses. On trouve des scories cordées ou enchevêtrées, en
tunnel ou en tube. La superposition de plusieurs couches de scories pourraient correspondre
m _Notre collègue géomorphologue, Evariste Dapola DA nous a rapporté du site de Birgui, à la sortie N.N.W de la ville de
Boussouma (Sanmatenga) des scories contenant de l'or. Cette région se trouve dans le Birrimien moyen généralement
auritère. Les anciens métallurgistes sont passés à côté de leur fortune.
507
aux différentes venues d'extraction du fer résiduel (multiples évacuations en cours de
réduction).
Certaines scories présentent un coeur cristallisé et un cortex homogène non cristallisé.
Cela suppose deux temps de réduction, beaucoup plus rapide en périphérie qu'au centre des
coulées.
Le caractère vacuolaire de certaines scories, représenterait une fossilisation directe du
minerai naturel, émanant des carapaces ferrugineuses relativement poreuses par rapport aux
cuirasses indurées. La présence de cristaux de quartz et de felsdspath conservés intacts dans les
scories, suggère que la température de fusion des minerais n'a pas atteint celle qu'on obtient
expérimentalement en laboratoire sur ces minéraux.
L'estimation de la température atteinte au moment de la fusion du minerai pourrait se
faire par l'étude des inclusions fluides (gaz, liquide) emprisonnées éventuellement dans les
scories, à condition qu'il n'y ait pas eu de pollution atmosphérique ultérieure. L'étude
pétrographique axée sur les transformations métamorphiques thermiques subies par la matière
argileuse utilisée pour la construction des fourneaux et leurs pièces (tuyères) permettraient
selon les paragénèses nouvelles en présence, de se faire une idée de la fourchette de
température développée au cours de la réduction de fer. La thermoluminescence systématique
portée sur des échantillonnages pelliculaires opérés le long des parois internes des fourneaux en
place, fournirait un profil indicateur de la répartition thermique de réduction.
Dus reste, les scories peuvent présenter des textures variables sur un même site où d'un
site à l'autre. Leur typologie s'avère nécessaire pour comprendre les relations existantes entre
elles, les minerais utilisés, et la technologie de réduction mise en oeuvre.
Pour l'heure, les analyses de scories se multiplient. Leurs résultats, confrontés aux
données de l'ethnoarchéologie, devraient permettre dans un avenir proche de mieux
comprendre et suivre la chaîne opératoire de la production d'un objet métallique. Les analyses
508
de scories provenant d'un site d'habitat et d'un autre de réduction, tous au village de Goden-
woloatenga (province du Bulkiendé) ont livrés des résultats encourageants de ce point de vue,
ayant permis d'identifier des scories de réduction, d'épuration et d'élaboration.
En effet, l'analyse métallographique des scories prélevées sur le site de réduction
(quartier Libouré), révèle une structure de la matrice relativement homogène, comprenant de
nombreuses dendrites de wusite (Fe 0). De rares éléments métalliques ont été observés à
proximité des porosités, de même que l'absence d'une réoxydation périphérique. D'autres
observations : liaison intime avec la matrice, agglomération des globules métalliques pour
constituer un grain plus gros, la structure ferrique révélée par l'attaque chimique, tout cela
correspond aux caractéristiques métallographiques typiques de l'opération de réduction qu'on
peut qualifier de performante en raison de l'irrégularité des contours des porosités et de la
faible quantité de métal retrouvée dans les scories.
L'analyse de celles provenant du site d'habitat (quartier Tangogo) aboutit à deux
conclusions différentes entre elles et de la précédente.
Deux scories ont présenté des éléments métalliques rares et dispersés dans une matrice
silicatée relativement homogène avec des porosités aux contours très déchiquetés et
d'importantes fissures. Les dendrites de wusite sont rares et le métal apparaît sous forme
d'inclusions de morphologie anguleuse sans liaison intime systématique avec la matrice. On
constate aussi une réoxydation périphérique partielle et la présence remarquable de fragments
de loupes dans les inclusions et dans certaines fissures. On peut donc conclure à une opération
d'épuration.
Un troisième échantillon était composé de scories moins denses que les précédentes et
contenant de petits éléments métalliques dispersés sur l'ensemble de la surfaces scories. On les
retrouve surtout au sein de la matrice sans relation de proximité avec les porosités. Us sont
tous en cours de réoxydation plus ou moins complète.
509
Fig. 144 : Les scories comme matériau de coostruction
A - Habit<ltion de Kosso. Photo Kiéthega 1993
B - Enclos de bétail à Toumi. Photo Kiélhega J982
510
Fig. 144
Les scories comme matériau de construction (suite)
c -Base de grenier à Toungaré. Photo Kiélhega 1983
o -Paroi de fourneau à Békuy CMouhounl. Photo Kléthéga 93
SIl
Fig. 145 : Les types de scories
A - Scories de réduction de Pern (HoueI). Elles forment dans le paysage de véritables collines.
Photo Kiéthéga 94
B • Scories de forge à Tourni. Elles sont généralement plus fines et même pulvéruJantes. Photo Kiéthéga 82
512
Fig. 145 : Les types de scories (suite)
C - Les scories peuvent se réduire à une dimension centimétrique sous l'acÜon de l'érosion. Site de Kouy
(Sourou). Photo Kiéthéga 83
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o -D'autres scories se conservent longtemps sous forme de blocs massüs et lourds (sccries des fourneaux
Kibsi), ou spongieuses et légères (scories des djugu en particulier). Site de BON.
513
D'autres indices caractéristiques d'une opération oxydante proches des conditions physico-
chimiques d'une forge d'élaboration ont également été relevés: une auréole de wusite autour
de l'îlot métallique, des figures de corrosion et un contact très intime entre la matrice et
l'élément métallique 55<1.
Témoins privilégiés des techniques anciennes de fabrication du fer, les scories
constituent à la fin de la réduction un embarras pour les métallurgistes. Certains ont tenté de
leur trouver une utilité pratique. C'est ainsi qu'au cours de nos missions de prospection,
l'observation des murs des habitations et des margelles de puits permettait déjà de situer le
village parmi les sites recherchés 555. Cependant, c'est surtout à l'Ouest, en pays bwa en
particulier que l'utilisation des scories comme matériaux de construction est la plus
développée.
Les anciens ferriers s'en servaient surtout pour renforcer les parois extérieures des
structures de réduction, en les y enfonçant tout en évitant qu'elles n'apparaissent à l'intérieur
qui devait être totalement lisse. Elles peuvent dans certains cas donner l'impression que tout le
fourneau est en scories 556. Les scories trouvaient aussi une utilisation comme cordons perriers
ou dans les ateliers des teinturiers qui s'en servaient comme mordant. Les cordonniers
l'employaient pour la teinture des peaux. Certains maîtres coraniques auraient tiré partie des
scories sous forme d'encre.
Enfin les scories apparaissent dans la pharmacopée pour des soins que nous n'avons
pas pu préciser.
CONCLUSION PARTIELLE
Le croisement des informations relatives aux structures de réduction et aux modes
opératoires a dessiné une carte du fer au Burkina Faso comportant quatre provinces
,,.. - FLUZIN, P., BENOIT, P, IGENON, H.T., KIETIIEGA,I.B. et EL DEDIM, 0,1995, ((Apports de l'archéométrie à la
restitlltion de la chaine opératoire des procédés sidérurgiques directs à partir des vestiges archéologiques .. intérêts des
comparaisons ethnoarchéologiques. JI. pp. 59-60
'" - Voir fig. 144 et 145 : les scories conune matériaux de construction (Kosso, Tounù, TOlU1garé)
'S6 _Voir fig. 144.
514
métallurgiques. D'Ouest en Est on rencontre tout d'abord le domaine où des Numu venus du
Mandé ont développé un fourneau appelé kuru, trapu de forme, avec une étroite cheminée
cylindrique. A quatre ou cinq ouvertures à la base, le kuru est connu et décrit au Mali et en
Côte d'Ivoire. Au Burkina Faso, il est resté l'apanage des Numu qui ont su protéger leurs
secrets de fabrication.
Au Bwamu transfrontalier entre le Burkina et le Mali, s'identifie une autre province
métallurgique utilisant des bwi (fourneaux) manipulés par des Kaani (métallurgistes,
forgerons), et se particularisant par leur aspect souterrain ou semi-souterrain. Dans la partie
septentrionale de la province, des influences venues du Mandé ont introduit, mais en petit
nombre, d'autres fourneaux. Le bwi des Bwaba peut très méritoirement prétendre à
l'autochtonie, car c'est dans cette province métallurgique qu'a été obtenue la date la plus
ancienne de l'histoire du fer au Burkina.
L'aire d'extension des fourneaux appelés boosé est la plus vaste. C'est aussi là que l'on
recense la plus grande variété de structures de réduction, de modes opératoires, de peuples
producteurs ou clients. Cette province métallurgique s'est constituée à partir de technologies
endogènes, auxquelles se sont greffés des apports provenant du Mali actueJ et aussi du Niger.
On y distingue deux zones, l'une au Nord avec une pluralité de types de structures de réduction
correspondant à une grande production, J'autre au Sud et à l'Est, où l'activité métallurgique a
été plus réduite, limitant aussi Ja technologie à un seul type de fourneau à tirage forcé d'air.
La quatrième province métallurgique est celle des fourneaux appelés 9jygy, semblables
queJquefois aux boosé même si leurs origines sont différentes. Il s'agit des régions frontalières
du Ghana et on y reconnaît deux zones, J'une caractérisée par une soufflerie haute et l'autre par
#.
une soufflerie basse.
Il faut toutefois garder à l'esprit que cette géographie du fer n'a pas de frontières
intangibles, que Jes travailleurs du feu sont partout décrits comme des étrangers, c'est-à-dire
515
des gens qui se déplacent beaucoup soit pour produire, soit pour vendre, diffusant par la même
occasion leurs technologies.
La réflexion sur les loupes et les scories, dont une grande collecte a été faite, peut être
encore enrichie par la multiplication des analyses. Celles-ci sont insuffisantes dans ce travail.
516
CINQUIEME PARTIE:
LE FER DANS LES RELATIONS ECONOMIQUES,
SOCIALES ET CULTURELLES
517
L'analyse des étapes de la production du fer a déjà soulevé par moments des
interrogations relatives à l'utilité pratique et aux usages réservés à ce métal difficile à
élaborer. A quelles fins étaient destinés les fruits de tant d'efforts de la mine au fourneau? TI
est opportun de préciser ici la place de la métallurgie lourde du fer dans l'économie
traditionnelle et son rôle dans la codification des rapports sociaux. La caste est-elle une
notion abusivement appliquée aux groupes des métallurgistes? Faut-il rejeter totalement cette
détermination ou existe-t-il des situations où les travailleurs du feu vivent les conditions
réelles de la caste, qu'elles soient valorisantes ou infériorisantes ?
Au-delà de toutes ces interrogations, l'objectif principal est de percer l'identité
de
ceux qui sont à l'origine de cet art du feu au Burkina Faso. Trois courants majeurs semblent
avoir alimenté la technologie du fer dans ce pays. Le premier, car sans doute le plus ancien,
est venu de l'Ouest, des pays bambara et malinké de la République actuelle du Mali, plus
précisément la région comprise entre Djenné au Nord et Sïkasso au Sud. Ce courant
occidental peut être scindé en deux époques. La plus ancienne correspond à l'installation des
Bwaba dans leur territoire actuel, et la plus récente à des infiltrations de petits groupes de
métallurgistes appelés Numu en provenance de Kénédougou pré-colonial. TIs s'installèrent
auprès des peuples des actuelles provinces de la Comoé, de Houet et de Kénédougou.
Le deuxième courant est septentrional. TI a été porté par les migrations des Dogon
dont une branche, partie du Mandé, s'est installée dans la plaine du Gondo-Sourou, poussant
jusqu'au Yatenga, au Sourn, au Barn et au Sanmatenga,où on les désigne sous le nom de
Kibsi (sing. : Kibga). Datée entre le Xè et le XIè siècle, cette migration est a priori
postérieure à la mise en place des Bwaba et sans doute antérieure aux infiltrations des Numu
de l'Ouest. Ce courant semble avoir trouvé sur place une métallurgie autochtone avec laquelle
elle a cohabité. TI s'agit de celle des Nînsi.
518
Un troisième courant est monté des régions septentrionales du Ghana actuel. Son
influence est perçue dans le Sud et le Sud-Ouest du Burkina Faso.
Ce
courant
méridional
offie
cependant
des
caractéristiques
techniques
et
d'organisation sociale similaires à celles de la métallurgie autochtone attribuée à N'msi.
On ne peut cependant réduire l'histoire de la métallurgie lourde du fer au Burkina
Faso au substrat autochtone niniga et aux trois apports extérieurs précités. A l'Est et au
Nord-Est par exemple. de.. traditions métallurgiques évoquant celles des Djerma ou des
Haoussa du Niger sont perceptibles.
TI ne faut pas s'étonner de l'importance de ces mouvements et échanges. En Afrique
Occidentale. le métallurgiste. le forgeron, est d'abord un étranger.
519
CHAPITRE XV: LES ORIGINES DES METALLURGISTES ET DE LEURS
TECHNIQUES
Les sources écrites ne sont pas d'un grand apport dans la restitution de l'histoire et de
la chronologie du fer au Burkina Faso. Notre reconstitution s'appuie essentiellement sur les
données des sources orales et de l'archéologie. Des sites ont été fouillés et datés avec des
références chronologiques entre le 4è et le 3è siècles avant notre ère et l'époque subactuelle.
La plupart des datations sont du milieu du deuxième millénaire de notre ère.
Les données actuelles semblent faire du Bwamu la terre de la plus vieille métallurgie
du fer au Burkina Faso. Cependant cette antériorité est très disputée par le Yatenga et
l'ensemble du Moogo pré-da,gomba.
Les provinces métallurgiques de l'Ouest (Numu) et du Sud (espace~) seraient de
constitution plus tardive.
Toutefois, les chronologies ne semblent sûres qu'à partir du XVè siècle de notre ère.
XV.1 : Le Bwamu abrite-t-illa plus vieille métallurgie du fer du
Burkina Faso?
TI n'est plus besoin de présenter encore les Bwaba, habitants du Bwamu, dont le
territoire est une aire étroite et allongée, délimitée par les Ile et 14e degrés de latitude Nord
et les 3e et Se degrés de longitude Ouest, à cheval entre le Burkina Faso et la République du
Mali. L'histoire, la société et la culture bwa nous sont connues grâce à des travaux
remarquables comme ceux de Jean Capron.•605 Cependant, concernant le passé de ce peuple,
cet auteur avoue que malgré le net regain de faveur dont jouissent les recherches historiques
605 Voir bibliographie.
520
en Afrique de J'Ouest, l'origine des Bwaba reste inconnue*606. Deux décennies après l'étude
de Jean Capron, la lumière est loin d'être faite sur l'histoire du peuple bwa. n en découle des
difficultés pour retracer celle de sa métallurgie.
XV.I.I : Les arguments en faveur d'une antériorité de la métallurgie bwa
Les arguments qui plaident pour une antériorité de la métallurgie bwa au Burkina
Faso sont l'ancienneté du peuplement bw&. réputé autochtone des terres qu'il occupe
aujourd'hui, l'originalité du bwi, et une datation au radiocarbone de la mine de Béna dans la
Kossi.
Toutes les recherches antérieures reconnaissent l'ancienneté du peuplement bwa dans
ces limites géographiques actuelles, sans grandes précisions quant à la chronologie de leur
installation. Jean Crémer, qui fait écho d'informations collectées en 1903 par Charles Monteil,
signale qu'au moment de l'établissement de la première colonie soninké dans les environs de la
ville actuelle de Djenné au début du IXè siècle, des Bobo (Bwaba) et des Bozo occupaient
déjà le pays*607. Mais les Bwaba restèrent ignorés et les Européens ne les découvrent qu'en
1887 lors du périple de Binger qui arrive à Bobo-Dioulasso en avril 1887 puis parcourt les
territoires bobo (anciens bobo-fing) et bwa Œjenegue de Binger). Le 14 mai 1887,
l'explorateur campa entre Sara et Bondokouy, les deux premiers villages bwaba sur son
chemin. Le lendemain, il visite Bondokouy et Mouké'na (Moukkéna dans le texte) où de
grands amas de scories et les abris des forgerons attirent son attention. Moukéna serait à
l'époque un centre important de production de houes exportées vers Bobo-Dioulasso et ses
habitants ne s'occuperaient presque pas de culture*60I.
606 CAPRON, J., 1973, COIDIIlWUlutés yillageojses bwa - Mali - Haute-Volta. p. 24.
607 CREMER, J., 1924, Les Bobo (la vie sociale), p. xxm.
601 BINGER, L., G., Cap, 1980, Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de Kong et le Mossi, p. 407.
521
Maurice Delafosse, cité par Jean Crémer, rapporte que ce sont les migrations soninké
et bamana qui ont éloigné les Bwaba des rives du Bani (aftluent du Niger) et restreint au
Nord-Ouest leur domaine. Us auraient compensé cette perte territoriale en occupant au Sud,
vers le XVIè siècle, la région de Diébougou dans la province de la Bougouriba forçant les
Bobo (Sia) à migrer vers Bobo-Dioulasso*609. Aujourd'hui encore, les Bwaba de Pa et Dossi
dans le Mouhoun, revendiquent des droits coutumiers territoriaux sur le pays des Pougouli et
des Dagara de la province de la Bougouriba. Ces derniers, au demeurant, reconnaissent qu'à
l'arrivée de leurs ancêtres dans la région, les Bwaba et les Bobo l'occupaient encore*610. Des
vestiges d'exploitation de l'or et du fer leur sont attribués.
Mais comment démontrer l'autochtonie des Bwaba sur leur territoire actuel ? Les
intéressés n'ont pas eux-mêmes le souvenir d'une origine lointaine. Ce sont les traditions
historiques des peuples voisins (Marka, Soninké, Dyula, Peul) qui révèlent leur ancienneté.
On peut donc se demander si l'ethnie siest constituée sur place ou si elle est venue d'ailleurs.
A quel moment apparai't le travail du fer chez ces gens ? Les traditions historiques bwaba
répondent à ces questions par des mythes qui établissent une contemporanité entre les Bwaba
agriculteurs, forgerons ou griots, les éleveurs peul et les commerçants WlI.
L'un de ces récits, recueilli par Jean Crémer, de la bouche de Lesso Kwendé de
Dédougou, rapporte à peu près ceci, une sorte de genèse à la façon bwa : ')4u temps où les
noirs n'existaient pas encore, Dofini (Dieu) créa l'homme puis la femme. Ayant réuni divers
objets, et ce qui concerne le fer, il en emplit une peau de bouc, prit un grand tambour de
griot, descendit sur la terre et y déposa le tout. L'homme créé par Dieu se trouvait là
C'était Adamaden. Dieu l'appela pour lui annoncer qu'il al/ait le gratifier de ses dons.
Adamaden dit : Baya ! Mais voici que descendit du ciel à leur tour le Forgeron, le Griot, le
6O!l CREMER, J., 1924, op. cit., p. XXIV.
610 Le mémoire de maitrise d'Histoire de Justin SOME (1991) sur l'exploitation traditionnelle de l'or à Salmabor, établit
très lucidement ces relations.
522
Bobo, le Peul, tous fils de Dieu et des nièces de celui-ci: Asouma, Yékyé, Sounou. Yékyé est
la mère du Forgeron, Sounou a enfanté le Bobo, Asouma le Griot .. quant au Peul, il est fils
de Dieu seul. Tous dirent: Raya 1Adamaden lesfit s'asseoir .. le Forgeron est à sa droite. Il
prend la peau de bouc, la donne au Forgeron, saisit une houe, la remet au Bobo, frappe le
grand tambour qui fait "Oum 1", le passe au Griot. Il place la houlette dans la main du
Peul. Quant au matelas de charge qui reste, c'est pour le Dioula. Adamaden dit que tous les
gens qui sont là sont ses enfants .. ils vont travailler avec les objets qu'il leur a remis. Ils
acceptent. Le Forgeron délie la peau de bouc, la secoue, en fit sortir le contenu, se baisse,
saisit un caillou, qu'ilfrappe comme cela, le feu s'allume. Il annonce que c'est ainsi que doit
faire quiconque est isolé en brousse et veut obtenir du feu. Le Griot lui, se met à battre le
grand tambour qui résonne "Oum 1". C'est avec cela que les gens de sa race gagneront sans
travailler toutes les choses qu'ils mangent.
Les objets en fer sont pour le Forgeron qui entre,s'assied près d'un foyer, frappe,
façonne la houe, puis donne au Bobo. Ceux-ci cultivent avec cet instrument. Après la
récolte, le Forgeron arrive avec son grand panier que les Bobo remplissent de mil, car, ce
grain-là, c'est le produit de la forge. Le Bobo donc cultive la terre .. le Forgeron, lui,
travaille le fer.
Pour le Dioula, il porte le sel sur son coussin de charge, va le chercher à Djenné,
l'amène au vil/age.
Mais voici que le Forgeron achète des boeufs, assemble un troupeau, le conduit en
brousse. La pluie survient, cingle le berger, il se met à trembler /CO, /CO, /CO, /CO, /CO, pense
mourir de froid Le Peul descend, le rejoint, prend la houlette qu'il porte en travers son
épaule, s'approche du troupeau .. la pluie tombe toujours, mais il chasse les bêtes, les abrite
523
dans la brousse, à l'endroit que le Forgeron n'a su découvrir. C'est pourquoi les animaux
sont l'affaire du Peul, le propriétaire les lui confie pour les garder, lesfaire paitre... ".611
Ce mythe d'origine recueilli au début du siècle révèle l'usage du tenne Bobo pour
désigner des Bwaba et une construction historique intégrant des éléments de culture judéo-
chrétienne ou musulmane (référence à Adam) et faisant fi du déroulement chronologique des
migrations qui ont conduit les Peul éleveurs, les Marka agriculteurs et commerçants aux
abords··du Mouhoun. Au demeurant, tout semble confus dans l'esprit de Losso Kwendé qui
distingue l'homme, Adamaden, des Forgeron, Bobo, Griot et Peu~ descendus du ciel et qui
n'en seraient donc pas.
La seule valeur historique certaine à conférer à ce mythe est le témoignage de la
cristallisation de groupes sociaux professionnels (agriculteurs, forgerons, éleveurs, griots,
marchands) ayant établi entre eux des relations de dépendance. Le texte révèle également une
certaine suprématie matérielle du forgeron sur les autres groupes.
Les périodes d'installation des Peul dans le Bwamu, autour de Barani et de Dokwi ne
sont certes pas suffisamment connues. TI en est de même pour les premières immigrations
soninké (marka). Mais, dans cet amalgame dont on ignore la période d'élaboration, il est bien
malaisé d'attribuer une quelconque profondeur historique aux agriculteurs, forgerons et
griots, évoqués dans le récit.
En effet, même s'il est encore impossible de déterminer la date d'arrivée de la première
migration fulbé (communément appelés peul), on s'arrête, à la suite des travaux de Jean
Capron sur les faits suivants·612. Les premiers immigrants fulbé du Bwamu auraient deux
origines probables. Soit, ils seraient arrivés vers le début du XVIè siècle, en provenance du
Fouta Toro qu'ils ont quitté dès le XIè siècle, soit ils auraient évacué le Fouta Djalon au
611 CREMER, J., 1924, Les Bobo (la vie sociale), t. m, pp. 21-22.
612 CAPRON, J., 1973, Comnnmautés villageoises bwa - Mali - Haute Volta.
524
.
début du xvmè siècle pour échapper à l'islamisation forcée des Toucouleurs. QueUe que soit
l'origine considérée, les Fulbé du Bwamu restèrent animistes et se réfugièrent auprès des
villages bwaba lorsqu'au XIXè siècle d'autres Fulbé, venus du Macina, islamisés, créèrent les
principautés de Barani et de Dokwi et tentèrent de leur imposer l'islam. Ces réfugiés sont
ceux-là qu'on appelle aujourd'hui les Boofwa, c'est-à-dire Bwa-fulbé.
Les événements que nous venons de relater sont non seulement postérieurs à
l'émergence des Bwaba dans leur territoire actuel, mais aussi à l'apparition du fer dans le
BwarnU.
Les Marka (ou Dafing) ne semblent pas non plus avoir été les porteurs de cette
technologie. A la suite de Louis Tauxier*613, il faut reconnal'tre qu'à l'arrivée des Marka dans
le Bwamu, ils disposaient de forgerons qui savaient fondre le minerai de fer et fabriquer les
objets ordinaires. Ils sont même à l'origine de centres métallurgiques importants comme Béna
fondé par un Marka*614. D'ailleurs, leur présence dans les vallées du Mouhoun n'est pas si
ancienne que cela. Jean Eapron et Maurice Delafosse*615 pensent que c'est dans les
mouvements de populations qui ont suivi la chute de l'Empire du Ghana que les Marka
(fraction du groupe Soninké) rejoignirent le Dafina (région de Safané et Tch~riba au Burkina
Faso). Louis-Gustave Binger fait intervenir une autre vague en provenance de Masina, fuyant
les désordres consécutifs à la chute de l'Empire Sonraï*616. Animistes, ils auraient rejoint la
première migration qui l'était aussi. Il faut donc considérer que la création du Dafina (pays
des Dafing, autre appellation des Marka) se situe entre le XIIè et le XVllè siècle. C'est du
Dafina que des migrations internes au Bwamu ont poussé des Marka vers l'Ouest où ils ont
créé des villages comme Boura et Béna.
613 TAUXIER, L., 1912, Le Noir du Soudan, pp. 783-784.
61. TRAORE Padoua entendu à Béna le 27102185.
613 CAPRON, J., 1973, CommWUlUtés villageoises bwa, Mali-Haute Volta, p. 61 et DELAFOSSE, M. 1912, Haut
Sénégal-Niger, p.
616 BINGER, L.G., Cap., 1980, Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de Kong et le Mossi, t. 1, p. 418.
525
Les Bwaba, qu'ils soient agriculteurs, forgerons ou griots, sont donc antérieurs aux
Fulbé et aux Marica sur leur territoire actuel. Cela peut constituer un argument1 même
insuffisant, en faveur de l'antériorité de leur métallurgie du fer. L'originalité du bwi souterrain
ou semi-souterrain que nous avons déjà décrit dans sa morphologie et son fonctionnement,
uniquement aux mains des Bwaba, apporte un autre argument, faible certes, pour justifier une
certaine antériorité, mais puissant pour réclamer l'autochtonie dans un environnement de
fourneaux multiformes.
C'est dans ce Bwamu réputé une vieille terre de peuplement que se trouve le centre
métallurgique le plus ancien du Burkina, au regard d'une datation radiométrique obtenue en
1985 lors des fouilles de la mine de Béna dans la Kossi*617. En effet, du bois putréfié, prélevé
dans la zone de contact entre le sol ancien et la base d'un tertre de rejets provenant d'un puits
de mine,a été soumis au Laboratoire de radiocarbone du Centre de datations et d'analyses
isotopiques de l'Université Claude Bernard de Lyon 1. Le résultat de l'analyse de radiocarbone
a donné 2000± 120 BP avec un intervalle de correction qui nous situe entre -365 et -220.
C'est aujourd'hui la date la plus ancienne relative à l'histoire du fer au Burkina. Cette date
fantastique classerait Béna, si elle était confortée par d'autres, parmi les sites du premier âge
du fer en Afrique et ceux de La Tène en Europe. Sa fragilité vient de son isolement et de
l'histoire du peuplement qui n'explique pas encore le hiatus de plus de mille ans entre cette
date et le XIè siècle de notre ère, période des premières migrations qui accroissent le stock
humain du Bwamu. Une très grande prudence est donc de mise, surtout qu'il existe d'autres
arguments qui ne militent pas en faveur de l'antériorité de la métallurgie bwa sur les autres au
Burkina Faso. D'autre part, après correction dendrochronologique, le même laboratoire
617 TI s'agit, il faut le reconnaître, d'mle datation isolée, obtenue à partir d'w1 échantillon de bois de 97 grammes, prélevé à
-50 cm sous le niveau du sol actuel fait de rejets d'ml puits de mine. L'échantillon portait le n° BEN-85-KI-BI. Voir
annexes palU' d'autres détails.
526
propose comme intervalle en années réelles -170+130, ce qui rajeunit l'échantillon de près de
deux siècles.
XV.t.2 : Les arguments contre l'antériorité de la métallurgie bwa
Un premier paradoxe qu'on relève au sujet de la dCltation de la mine de Béna est que
le village aurait été créé par un Marica, dans le mouvement de dispersion de ce peuple à partir
du Dl\\fina. L'ancêtre fondateur s'appellerait Pazo Kiénou (Mérékoro en bwamu) originaire de
Kamadéna dont le site n'a pas été localisé. Kiémogo Kiénou, notre informateur principal,
définit Béna par "entente". TI s'agit de l'accord passé entre l'ancêtre fondateur et un fulbé qui
prétendait être le premier occupant des lieux. En effet, comme bien souvent dans les récits
d'origine, l'histoire de Béna fait intervenir un cliché complexe. L'ancêtre Pazo Kiénou était un
chasseur qui après avoir découvert l'endroit, décida de s'y installer parce qu'il y avait un puits
avec de l'eau. Des pieds de maïs poussaient aux alentours mais il n'y avait personne. Pazo
Kiénou marqua le site par un tas de pierres et retourna à Kamadéna pour ramener sa famille
lorsque les récoltes seraient rentrées. Après son départ, un Fulbé survint qui trouva aussi les
lieux à sa convenance. Il marqua sa prise de possession en attachant de l'herbe et repartit pour
préparer son établissement. C'est ainsi que pazo Kiénou et le Fulbé se retrouvèrent en saison
sèche. Il s'ensuivit une discussion pour savoir lequel des deux avait découvert le lieu en
premier. pazo Kiénou montra son tas de pierres. Le Fulbé ne put en faire autant, les feux de
brousse ayant emporté l'herbe qu'il avait attachée. Il dut reconnaître l'antériorité de la
présence de pazo Kiénou qui devint le chef de terre. C'est cet accord qui a donné à Béna son
nom.
A travers ce récit de fondation de village, on relève que Béna a été occupé avant
l'arrivée de pazo Kiénou et du Fulbé. La présence du puits et les cultures de maïs
521
l'attestent*611. Ce sont les seuls indices conférant une certaine ancienneté au site, encore sont-
ils relatifs, car la référence au maïs oblige à considérer toute occupation humaine des lieux
comme postérieure à la diffusion de cette plante dans la région, celle-ci ne pouvant être
antérieure au XVIè siècle.
Selon le récit de Kiémogo Kiénou, Béna fut fondé à la fin du XIXè siècle. Au moment
de l'établissement du colonisateur à la fin du siècle, le village était sous l'administration de son
deuxième chef de terre qui n'était autre que le propre frère de pazo Kiénou. Ceci serait
conforme à la chronologie des migrations internes !!!!!9 après la constitution du Dafina, et
invalide toute datation antérieure à la deuxième moitié du XIXè siècle pour la création de
Béna.
Aujourd'hui, deux clans de forgerons habitent Béna. Les ferriers sont représentés par
celui des Traoré venu du village de Sanîkoro. Tard venus à Béna, ils y ont trouvé les
forgerons Dao, plus anciennement établis et qui exerçaient leur art en se ravitaillant en fer
dans les villages voisins où vivaient des ferriers*619.
Les sources orales locales ne soutiennent donc pas l'âge attribué à la mine de Béna par
le radiocarbone. Cela n'est pas en contradiction avec l'ancienneté du peuplement bwa du
Bwamu et l'autochtonie de sa métallurgie. Il faut seulement considérer que la réputation de
centre métallurgique florissant que Béna partageait avec Dédougou, Ouarkoye et Kosso, où
seraient produits les meilleurs instruments du Bwamu) pourrait être récente, c'est-à-dire se
situer "au crépuscule des temps anciens", selon l'expression de Nazi Boni*620.
En recoupant les diverses versions des sources orales, il se dégage trois foyers de
dispersion des Kaani du Bwamu. L'un est composé des villages à la frontière avec le Mali,
611 Le puits en question est toujours visible devant la concession du chef de terre. Une grande jarre luis sert de lD8I'8eUe.
Des scories de fer la renforce.
619 Traoré Pedoua, faTier et Dao Zézownou, forgeron, interviewés à Béna le 27102/85. Ds sont tous deux bwaba.
620 Titre d'un roman célèbre de Nzai BONI, ancien homme politique de la Haute Volta, originaire du Bwamu. Le
crépuscule des temps anciens correspond aux dernières années d'indépendance du Bwamu avant la conqu!te et la
sownission par la France à partir de 1897.
528
autour de Tansila, et les deux autres ont pour centres Dédougou et Ouarkoye. C'est de la
région de Dédougou que seraient partis les forgerons Dao de Béna, tandis que les Traoré
viendraient de Sanikoro vers Tansila. Ces migrations internes étaient provoquées par la
recherche de débouchés pour les articles de forge. Les métallurgistes en étaient moins
affectés que les forgerons.
En capitalisant les arguments défavorables à une antériorité de la métallurgie ~ par
rapport aux autres, il se présente des témoignages de gens qui ont vécu au voisinage des
Bwaba. TI s'agit des Dogon pour qui les Bobo (Bwaba) ne seraient venus à l'agriculture que
très tardivement. Au moment de la diaspora, ils n'auraient pas encore reçu d'Amma (Dieu) la
seconde parole (soy), celle du tissage et du travail de la terre, celle aussi de la circoncision.
Les Bobo (Bwaba) vivaient alors vêtus de feuilles de karité, de cueillette et d'apiculture.
Insistant sur le stade primaire où vivaient les Bwaba, les Dogon ajoutent qu'ils refusent la
circoncision, accordent une place privilégiée aux: masques de feuilles dans leurs pratiques
religieuses, et inhument leurs morts dans leurs cases. L'implantation semi-souterraine des
ateliers métallurgiques est même considérée par les Dogon comme une autre preuve de
l'arriération des Bwaba.621.
Quand on sait le rôle joué par les Dogon dans la diffusion des techniques
métallurgiques dans les pays à l'Est du Bwamu, leur témoignage prend un relief particulier,
car il signifierait leur maîtrise de l'agriculture, du tissage, de la métallurgie... avant les Bwaba.
Du coup, se pose le problème même de l'autochtonie de la métallurgie bwa. Jean Capron
pense qu'elle est autochtone,eu égard à la cosmogonie créant l'agriculteur, le forgeron, le
griot et le peul en même temps·622. On se souvient du mythe récité à Jean Cremer par Losso
Kwendé.
'11 CAPRON,1., 1973, CommWUlutés villageoises bwa. Mali-Haute Volta, p. 243. Germaine DIETERLEN, 1967, p. 41,
affirme aussi que les Dogon disent qu'avant leur départ du Mandé pour la région qu'ils habitent actuellement, les Bwaba
étaient encore au stade de la cueillette.
622 Op. cit., p. 216.
529
Par contre, Michel Voltz estime que les KHni et les griots du Bwamu sont des
étrangers venus de la vallée du Niger sans autre précision·623• Cette origine ferait que les
Kuni s'attribuent parfois l'appellation iiumuwa (sing. : ilumuni), tenne que l'on peut
rapprocher de numu désignant les forgerons dans le Mandé.
Nous tenons aussi un témoignage qui ferait venir la métallurgie du fer du Mandé au
Bwamu. En effet lors du 3è Colloque international organisé par l'association SCOA pour la
recher~he scientifique en Afrique Noire, tenu à Niamey du 30 novembre au 6 décembre 1977,
y oussouf Tata Cissé a eu à présenter le dernier message scientifique de Wâ KamissokO·624
relatif à l'histoire de Kankan Moussa, l'un des ~ (homme éminent) du Mandé. Ce
message et les discussions qu'il a suscitées contiennent des infonnations précieuses pour
l'histoire de la métallurgie au Bwamu et au Moogo. En effet, selon Wâ Kamissoko,
le
premier ~ du Mandé fut N'Fa Dyigui ou N'Fa Dyiguiba ou N'Fa Dyimba, c'est-à-dire
"mon père le grand Dyigui". C'est lui qui fit l'unité politique entre les Bambara et les Malinké
après l'exode du Ghana pour échapper au roi du Sosso, Soumaoro Kanté.
Le second ~ fut Dyitoumou Baia dit Dyitoumou Moussa, un grand maître de la
géomancie.
C'est le troisième ~ qui intéresse notre histoire. TI est connu sous le nom de
Faraba Kongo Moussa,car il habitait un hameau de culture, un lieu-dit appelé Faraba-Kongo,
situé à 67 km au sud de Bamako et à 15 km au Nord du fleuve Niger sur la rive droite. TI
aurait quitté le Mandé à la suite de guerres avec Soumaoro Kanté. Etant un prince Konaté, il
aurait refusé de se soumettre au forgeron du Sosso. TI partit donc vers l'Est à la tête de ses
partisans.
623 VOLTZ, M., 1976, Le 18D8age des masques chez les Bwaba et les Gourounsi de Haute Volta. p.
62. WA KAMISSOKO, décédé en 1976, fut un éminent traditionniste malien, originaire de l'école des traditionnistes des
KEITA de Krina. n fut DÙS à contribution au cours de nombreux colloques en raison de son grand savoir.
530
Après avoir traversé le pays de Ségou et de San au Mali, une partie du Burkina Faso
où ses forgerons auraient fabriqué une arme spéciale appelée worokanla en Dwamu, il se
serait fixé) à l'issue de ses nombreuses conquêtes, à l'endroit qui est aujourd'hui Niamey, la
capitale du Niger.
Faraba Kongo Moussa serait, selon Wâ Kamissoko, à ne pas confondre avec Kankou
Moussa, le Mansa, qui serait le quatrième !OOgyi*m.
-Sur une question de Youssouf Tata Cissé, un autre traditionniste du Mandé présent à
la rencontre, Gawlo Madani eut à compléter le témoignage de Wâ Kami ssoko ainsi qu'il suit.
Le troisièmeclyigui Faraba Kongo Moussa avait un ami forgeron. Au moment de l'exil, il n'y
avait pas de chevaux dans le Mandé. Les deux amis et leurs partisans traversèrent les régions
de Ségou et de San et entrèrent en pays marka (dafing) situé à la frontière Mali-Burkina; ils
s'arrêtèrent là au lieu-dit Manana où l'ami forgeron construisit des fourneaux, fit fondre le
minerai de fer, et avec le métal ainsi obtenu} fabriqua plusieurs armes dont une sorte de
faucille appelée wolosso en Mandé qui, fixée au bout d'un long manche, permettait de
trancher la gorge de l'ennemi que l'on pourchassait. C'est ainsi armés que Faraba Kongo
Moussa, son ami et ses partisans arrivèrent dans la région de Niamey*626.
Pour préciser encore la version de Gawlo MadaniJSidiki Diahaté, autre traditionniste
du Mandé assistant au Colloque)a ajouté que ceux qui ramassaient le minerai de fer, le
faisaient fondre dans des fourneaux, dans la proportion d'un panier de minerai pour trois de
charbon, furent appelés néké monké c'est-à-dire "les hommes qui pétrissent le fer". Le terme
numuké, aujourd'hui en usage serait une altération de cette expression*627.
TI ressort de tous ces témoignages que, très probablement à la fin du XlIè siècle -
début du XlIIè siècle, en tout cas avant que Soundjata Keïta mette fin à l'hégémonie des
W Actes du 3è Colloque international de l'Association SCOA pour la recherche scientifique en Afrique Noire, p. 6.
6:16 Op. cit., p. 14.
627 Op. cil, p. 1S.
531
forgerons du Sosso qui avaient à leur tête SoumaoroKanté, un groupe originaire du Mandé,
conduit par un prince Konaté, aurait trouvé néces~ de produire du fer en plein milieu du
Bwamu. Plusieurs interprétations peuvent être formulées à la suite de cela. On peut
considérer qu'il n'existait pas alors d'activité métallurgique (production du métal et sa
transformation) en pays bwa. Les fugitifs ont pu ne pas vouloir recourir aux populations
locales pour leur ravitaillement. La longueur des opérations de production du fer incitait
cependant à cette solution. TI faut noter au passage que les Marica dont il est question ici n'ont
pas encore pénétré profondément le Bwamu pour créer le Dafina plus au Sud-Est. TI faut
aussi retenir que la région de San, traversée au cours de l'exode de Faraba Kongo Mousso est
située juste au Nord du Bwamu.
Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, faut-il envisager l'hypothèse qu'au
moment où un clan forgeron établissait son hégémonie entre le Haut-Sénégal et le Haut-
Niger, se présentant en héritier politique de l'empire du Ghana, le Bwamu ignorait le fer ?
Enfin, pour clore avec les arguments défavorables à une antériorité de la métallurgie
bwa par rapport aux autres, signalons les résultats d'analyses de radiocarbone effectuées sur
deux échantillons de charbon de bois prélevés sur le site de Passakongo près de Dédougou
lors des fouilles de février 1985. Le même laboratoire de Lyon nous avait communiqué les
dates figurant sur ce tableau.
Tableau n° 17 : Résultats d'analyses de radiocarbone de Passakongo
Référence
N° de comptage
Activité en %
AgeB.P.
Intervalle de
correction
PAS..sS-KI-A21
LY 4018
9S,4±I,4
370±120
(+1440 à +1640)
PAS..sS-KI-A32
LY 4017
9S,O±1,4
410±120
(+ 1420 à + 1630)
532
Ces échantillons de charbon de bois, sur lesquels on peut trouver plus de détails en
annexe,sont loin d'être contemporains du bois putréfié de Béna, à moins que la datation de
celui-ci ne soit une erreur comme cela peut arriver en raison des nombreuses difficultés
rencontrées dans les datations au carbone 14. En effet, la méthode présenterait des
possibilités d'erreurs liées au changement du magnétisme terrestre dans le temps. De plus, la
production de carbone 14 n'est pas constante au cours des temps, en raison justement de la
variation du magnétisme terrestre. C'est pourquoi il est recommandé de vieillir les âges
obtenus aujourd'hui grâce à cette méthode·628.
Un autre écueil a pu se présenter dans le cas du bois putréfié de Béna. L'échantillon
pourrait ne pas être contemporain de l'activité sidérurgique. Danilio Grébénart a vécu cette
mésaventure concernant la datation du four nO 1 d'Afunfun 175 au Niger. Le four nO 1, le plus
ancien du site, aurait été utilisé pour fabriquer du fer et non pour fondre du cuivre natif En
outre, cette opération aurait été plus récente que l'âge du four dont des charbons de bois
prélevés dans les parois avaient été datés de 4140±90BP ~ 3920±90BP ~ et 3680±60BP, et
des charbons de bois contenus dans les scories datés de 1510±11OBP, donc plus récents que
ceux des parois. Danilio Grébénart a dû revenir sur ses positions de 1988 et reconnaître que
le four nO 1 n'en était pas un et qu'il s'agirait en réalité d'une souche d'arbre dont la cavité
formée dans le sol aurait été réutilisée plus de 2000 ans plus tard. Comme il l'écrit lui-même,
il serait "tombé dans le piège tendu par les datations du vieux bois,,·629.
Comment à présent conclure cette discussion sur l'antériorité de la sidérurgie ~
dans le contexte burkinabé ? On peut déjà affirmer qu'aucune certitude ne peut être de mise
sur la seule base de la datation du bois putréfié de Béna. TI faudrait confirmer l'âge de ce site
par d'autres datations et en approfondissant encore l'enquête par la tradition orale.
628 GREBENART, D., OULO KAlHAR, M, TAUVERON, M., 1994, "L'âge du fer au Sahara", p. 89.
619 GALUS, C., La datation au carbone 14 doit être réévaluée de plusieurs millénaires", ~ 4 janvier 1996.
533
Cependant, très probablement dès le XIIè siècle, le Bwamu a été en contact avec des
peuples producteurs et transformateurs de fer. Si la région n'avait pas à l'époque une industrie
autochtone, eUe pouvait alors en adopter.
D'autre part, un éventuel rajeunissement de la métallurgie bwa ne remet pas en cause
l'ancienneté de l'occupation du pays par cette ethnie. Bien au contraire, cela est conforté par
toutes les sources que nous avons citées.
XV.2 : Le Yatenga : zone de convergence de plusieurs traditions et centre
d'une formidable explosion métallurgique à partir du XVè siècle
Michel Izard, dans sa thèse d'Etat sur les archives orales du Yatenga, consacre plus de
cent pages aux travailleurs du fer. Pour lui, l'ancien royaume moaaga fut une terre de
métallurgie dont la production, non seulement suffisait largement aux besoins locaux, mais
encore1 était activement exportée par les forgerons eux-mêmes vers les zones centrale,
orientale et occidentale*63o. Cette appréciation est largement partagée par tous ceux qui se
sont penchés sur l'histoire de la métallurgie du fer au Yatenga*631. Cependant, si les travaux
antérieurs fournissent une masse de renseignements de valeur certaine en anthropologie
économique et sociale des forgerons, ils sont plus avares d'informations lorsqu'il s'agit de
remonter au-delà des cristallisations politiques du XVè siècle pour découvrir les origines
probables de cette métallurgie. Michel Izard par exemple reconnaît au sujet dqforgerons que
"de chronologie, il sera malheureusement peu question, non que les forgerons n'aient pas
d'âge, mais il est rare que nos informateurs soient en mesure, qu'ils soient ou non
directement concernés, de situer la fondation d'un quartier de forgerons dans un village par
630 IZARD, M., Les archives orales d'un royawne africain, p. 1163. DE la p. 1163 à. .... IZARD a traité des forgerons du
Yatenga.
631 En particulier, le Capitaine NOIRE dans sa monographie de 1904 et Louis TAUXIER dans le Noir du Yatenga en
1917.
534
rapport aux fondations des autres quartiers,,·632. Notre objectif est d'accorder une plus
grande profondeur historique à la technologie du fer après avoir consigné les techniques et les
modes opératoires.
Dans les propos qui suivent, nous tentons de percer le barrage des mythes qui
foisonnent pour mieux connalîre ce qui se présente comme un premier âge du fer,
correspondant aux périodes antérieures à l'émergence des Nakomsé dans la vallée du
Nakambé (ex. Volta Blanche). Avec l'arrivée de ces conquérants et la naissance de
principautés et royaumes, la demande en métal s'est accrue, impliquant un développement et
une diffusion de la métallurgie à l'intérieur et au-delà des limites de l'espace culturel moaaga.
Ce fut un second âge du fer au cours duquel le métier de forgeron acquiert un statut ethnique
en fondant~n groupe endogame, casté, des clans d'origines ethniques différentes, et où le
boaaga s'impose comme le fourneau par excellence des Moosé.
Cette reconstitution historique s'appuie sur les sources orales et les données récentes
ct..l'archéologie.
XV.2.t : Le premier âge du fer dans l'espace moaaga
Nous n'en connaissons que sa limite supérieure qui se situe au XVè siècle, marqué par
des bouleversements socio-politiques que Michel Izard décrit si bien dans ses nombreux
écrits. De la période antérieur au XVè siècle ont émergé des clans de forgerons tirant leurs
origines des groupes des Ninsi, Kibsi (Dogon), Fulsé (Kirumba) et Sana (Samo). Ces clans
sont les Bamogo (Ninsi), Giti (Kibsi), Zorom (Kibsi), Bélem (Fulsé), Warml (Kibsi).
L'histoire de ces forgerons métallurgistes est entourée de légendes, mais depuis peu) les
fouilles archéologiques et des analyses de radiocarbone permettent de jeter des jalons
chronologiques plus assurés.
632 IZARD, M., 1980, Les archives orales d'un royaume africain, p. 1164-1165.
535
On rencontre aujourd'hui les forgerons Bamogo dans le Moogo et au Yatenga, sans
qu'il ne soit possible de dégager pour l'instant Je centre primitif de leur dispersion. Partout,
l'ancêtre des Bamogo est présenté comme celui de tous les forgerons sans distinction. HSaab
Yaaba Q baag moogo, Baaf moof nkon baag kuum" (Bamogo, l'ancêtre des forgerons, il a
sauvé le monde, mais pas de la mort) est une expression qui traduit sa puissance et qui figure
à la tête d'une longue litanie à la gloire des forgerons. Ce patronyme renvoie au groupe pré-
dagomba des Nînsi dont J'aire d'occupation s'étendait sur une grande partie du Moogo et du
Yatenga. C'est cependant au Moogo, et surtout au Moogo Central autour de Ouagadougou,
que les· enquêtes localisent les principaux centres de dispersion de ces forgerons N'misi dont
les autres patronymes connus sont Baagré, Gaagré et Vigo. Martial Halpougdou leur
consacre une étude importante qui met à jour et discute les données recensées depuis le début
du siècle sur ces forgerons. TI identifie ainsi Wogdogo (Ouagadougou) comme une ancienne
hégémonie nînia et origine du peuplement d'une partie du nord du Sanpiè (pays des
Sana)*633.
Ces métallurgistes nînsi auraient donc exercé au village de Pabré et aux alentours.
Nous y avons recensé en effet plusieurs sites métallurgiques dont une ferrière située à
proximité du Petit Séminaire et une mine à une distance de plus de six kilomètres à l'Est ont
été fouillées. Les résultats qui ont été présentés dans la première partie de ce travail concluent
qu'il s'agit vraisemblablement d'une métallurgie de l'époque nîng; mais cette activité a pris
place au moment où les Nakomsé étaient en train de soumettre le Moogo. En effet, deux
échantillons de charbon de bois dont des pot'tions ont été analysées par le Laboratoire de
radiocarbone de Lyon et celui de l'Université de Paris VI, ont livré des dates très proches.
WHALPOUGDOU,M.1985
536
Tableau nO 18: Résultats d'analyse de radiocarbone de sites métallurgiques du Vatenga, du Moogo et de l'Oudaian
Nom du lite
Désignation
N° Labo ou de
Activité en et.
Age B.P.
Intervalle de correction
Source
comptage
A.D.
Ko1e1 (Oudalan)
Kolel (scories)
PA 32.5
-
1600±130
GROUZ1S, m; ET AL., 198.5, p. 2.
Ko1e1 (fourneau)
Pa 334
-
1360±200
"
Ko1e1 (Est village)
Pa 339
-
"
141O±100
Kougsaibla (Bam)
Kong 86 K1-.5
Pa 1030
Il 9,60±1 ,0
Actuel
Inédit, fouiDes Kiethega 86
Kong 86 K1-8
-
impossible
-
"
Kou 86 K1-9
-
collag* insuffisant
-
"
Oursi (Ouda1an)
Oursi...Qndo-Tieré A
Pa 331
-
1000±200
GROUZ1S, M. et al., 198.5, p. 2
Oursi-Qndo-Tiéré 12e
Pa 44.5
-
139.5±11O
"
Pabre (Oubritenga)
PAB 8.5-81-8.5
Ly4023
93,O±l,.5
.580±130
+1230, +1.580
Inédit, fouilles Kiethega 8.5
PAB 8.5-81-79
Ly 3834
96,7±2,1
270±130
+1470, +1640
"
PAB 85-81-79
Pa 923
+1635,+1160
96,9±O,5
2.55±40
"
PAB 85-81-8.5
Pa 913
+1680-1745,1800-1955
"
99,H1
7.5±80
Polaka (Oudalan)
Po1aka (85-7)
Pa 329
-
960±130
-
GROUZIS, M. et al 1985, p.2
537
Rim (Yatenga)
Charbon
N - 1203
-
1840±1 10
+90±1I0
CALVOCORESSI, D. et al 1979,
Charbon
N - 1260
-
1540±220
+440±220
p.28
•
Siliga (yatenga)
Si 90 LI CH 7
Pa 979
-
480±80
+1400, +1460
LINGANE, Z., 1995, p. 222 et 225
Si 90 LI CH 2
Pa 980
-
800-1000
+1200±80
•
Si 90 LI CH5
Pa 981
-
700-900
•
+76O±80
Si 90 LI CHl+2
Pa 995
-
•
980±80
+985, +1l6O
Si 90 LI CH3
Pa 971
-
•
540±80
+ 1305, +1435
Toese (Yatenga)
To 90 LI CHI
Pa 966
-
153S±80
+420,+605
LINGANE, Z., 1995, p. 222 et 224
To90 LI CH3
Pa 967
-
81S±70
+1160, +1270
To90 LI CH2
Pa 975
-
+1160, +1260
830±60
To90 LI CH4
Pa 982
-
+1165,+1275
800±70
Tougou (Yatenga)
Tu 90 LI CHI
Pa 978
-
120±60
+1670,+1955
LINGANE,~ 1995,p.222
Tunté (Oudalan)
Tunté (85-IA)
Pa 926
-
1560±75
-
GROUZIS, M. et al. 1985, p. 2.
Tunté 1 F
Pa 340
-
-
1375±l00
538
Wanaré (Yatenga)
Wan85 KI-A8
Ly 4022
97,6±1,5
190±l20
+1510,+1700
Inédit, fouilles Kiethega, 85
..
Wan 85 KI - AIO
Ly 3835
94,7±l,3
440±11O
+1410, +1620
..
Wan85 KI-l
Pa 1026
+1635,+660
97,40±0,6
26O±40
..
Wan85 KI-7
Pa 1031
+1485, +1640
96,50±O,5
325±40
..
Wan 85 KI-1O
Pa 1034
+1680,+1950
98,9±O,5
12H40
..
Wan85 KI-1O
Pa 898
+1685-1735, 1805-1930
99,I±O,7
75±60
..
Wan 85-KI-16
Pa 892
+1680-1745, 1800-1940
99,0±l
8O±80
Yalka (yatenga)
Yal85 KI-Al
Ly 4019
98,0±l,5
150±130
Moderne
Inédit, fouilles Kiethega, 85
..
Yal8S KI-Al
Ly 3826
95,9±l,0
330±90
+1140, +1650
..
Yal85 KI-Al
Pa 945
+1686-1735, 1805-1930,
99,1±l
70±60
1955
539
L'un, le Pab-85-BI-79 a été daté à Lyon entre +1470 et +1640, tandis que Paris VI lui
accordait un âge entre +1635 et +1660. L'autre, le Pab-85-BI-85 obtenait à Lyon un âge
compris entre +1230 et +1580, tandis qu'à Paris VI, il était plus jeune (+1680 à +1745,
+1800 à +1955). Observons tout de suite que les datations livrées par Paris VI sont dans les
deux cas plus jeunes que celles de Lyon. Pour le deuxième échantillon, Paris VI suggère
même la période contemporaine. En faisant cependant des moyennes, c'est entre le XVè et le
XVIè siècle qu'il convient de situer cette activité métallurgique, ce qui correspond à la
période où Naaba Wubri (Oubri) et ses premiers successeurs établissaient la royauté de
Wogdogo (Ouagadougou). Nous pensons donc tenir un site de la fin de la période
proprement nÎhga. Pour les suivantes, il est difficile de faire la part entre les sites
métallurgiques à attribuer aux Ninsi et )a part entre les sites métallurgiques à attribuer aux
Ninsi et les autres forgerons qui se sont multipliés dans le Moogo.
Cette difficulté ne se présente pas de la même façon au Yatenga où la tradition
identifie très clairement les vestiges liés aux activités métallurgiques de Kibsi (Dogon). Elle a
cependant tendance à intégrer dans l'héritage kibga les traces laissées par les autres
métallurgistes pré-nakomsé comme les Fulsé (Kurumba). Vappel à des forgerons nînsi au
Yatenga ne doit pas être compris comme une participation de ces derniers au travail du fer
dès avant l'arrivée des Nakomsé, leur migration du Centre du Moogo vers le Nord s'étant
opérée sous la pression des Nakomsé remontant de Tenkodego et de Ouagadougou.
L'activité métallurgique des Ninsi au Yatenga se situe donc dans la période suivante, au
moment où interviennent aussi des forgerons kalamsé, marka, et moosé.
Les plus anciens clans forgerons du Yatenga seraient donc d'originekibga: (dogon).
Michel Izard flui en a dénombré 21 quartiers sur un total de 166 occupés par des forgerons
au Yatenga, estime que le groupe de forgerons Kibsi le plus important est issu de Sanga et de
540
Doubare, deux localités au Nor....d de Ouahigouya. Ce groupe serait un rameau de la société
kibga. dispersée par les Nakomsé à leur arrivée au XVè siècle.
L'auteur leur trouve deux patronymes : Zorom et Warma, nuus reconnaît la
complexité de leur histoire qui n'exclut pas une autre origine à ces gens ou bien l'intégration
d'étrangers au groupe*634.
C'est aussi notre vision des choses, éclairée par des traditions récemment collectées.
Le sondré (patronyme) Zorom ou Zoromé est remarquable chez les moosé par sa
sonorité particulière. Il résulterait de la contraction de : "Zuérogom'min" qui se traduirait
littéralement par : "courir pour bâtir au nom de la fraternité". C'est l'histoire de deux frères
issus d'un même père chasseur. A la mort de ce dernier, les deux frères ont continué de vivre
ensemble dans la paix et l'harmonie jusqu'à ce que l'aîné épouse une femme. Un jour, une
dispute opposa le cadet à sa belle-soeur à cause d'une poule. L'aîné ayant pris partie pour son
épouse, son jeune frère les quitta. La scène se passait dans la région de San al,l Mali. Le cadet
partit pour le pays dogon, s'installa à Sanga où il apprit le métier de la forge. Puis il s'établit à
Doubaré, toujours en pays dogon. pour exploiter ses connaissances. C'est là qu'il lia amitié
avec un Moaaga du Yatenga où les forgerons étaient absents à cette époque. Le forgeron de
Doubaré se fixa tour à tour à Souli puis à Lougouri aux environs de Ouahigouya. Le naaba
des lieux le prit en considération et lui donna sa fille en mariage afin de le sédentariser. De
cette union naquirent huit fils et une fille, fierté du père qui ne cessait de répéter : "tond zué
rogom rnîn id budu", ce qui peut se traduire par "nous avons fuit la parenté pour venir
construire notre famille (lignage)". TI s'adressait particulièrement aux garçons. TI baptisa sa
fille "Yâlgo", "baobab" en dogon. en souvenir d'un Adansonia digitata qui l'avait sauvé dans
un village du même nom" Yâlgo" où il avait été attaqué par des brigands. Yâlgo demeure le
04 IZARD, . 1980, Les archives orales d'un royaume africain, p. 1166-1169.
541
patronyme traditionnel de toutes les fiUes nées d'un Zoromé. Cependant ce nom n'apparar"t
pas dans les documents officiels d'aujourd'hui.
Les huit frères Zoromé s'établirent comme forgerons aux alentours de Ouahigouya, à
Sissamba, Sommiaga, Bissiguin, Ronga, Kongalogo, Bogoya, Ramsa et Sobi. Tous les
Zorom ou Zoromé que l'on rencontre aujourd'hui seraient des descendants de ces huit
frères·635•
Ce récit laisse supposer une origine marka ou ~ des Zoromé, en raison de leur
parcours migratoire. TI existe d'aiUeurs aujourd'hui des Zoromé marka ou San. le métier de
forgeron en aurait fait des Dogon. TI est difficile de se faire une idée de ce que furent les
maîtres forgerons dogon de Sanga et Doubaré qui ont enseigné leur art à l'étranger venu du
Mandé. ]]s sont désormais masqués par le clan Zoromé dont l'avènement au Yatenga,
postérieur à l'installation des Dogon entre le Xè et le XIè siècle, pourrait être contemporain
de celui des Nakomsé,si l'on prend en considération l'acte posé par le naaba de Lougouri qui
fixa le premier Zoromé en lui donnant sa fiUe en mariage. On sait que la politique
matrimoniale des Nakomsé réussit parfois où échoue la violence.
Les Zoromé sont peut-être les premiers forgerons de Ouahigouya et des villages
alentours, mais ils ne le sont pas pour l'ensemble du Yatenga où la présence plus ancienne de
forgerons dogon est attestée dans toutes les traditions. Le fait qu'à la fin du XVIIIè siècle, ils
aient aidé Naaba Kango (1757-1787) à construire sa capitale à Ouahigouya, en détruisant un
important fourré d'Acacia penata, a certainement renforcé dans les espritslidée qu'ils sont les
premiers forgerons à intervenir historiquement au Yatenga.
os Informations recueillies par Mariam Zoromé, titulaire d'wle maîtrise de linguistique et qui a bien voulu nous les
COIDIDlUlÎquer.
542
On peut raisonnablement se demander si la migration qui a donné naissance aux
Zoromé n'est pas à rapprocher de ceUe conduite par le Dyigui Faraba Kongo Moussa, que
nous avons évoquée au sujet de la métallurgie !bD. Même si cette possibilité est retenue,
l'épisode des Zoromé reste chronologiquement postérieur à la pénétration dogon dans les
pays qui ont constitué par la suite le Yatenga.
Comment identifier donc les métallurgistes qui ont précédé les Zoromé ? Plusieurs
recherches archéologiques ont été conduites dans ce dernier quart du siècle au Yatenga et
aux envions. EUes ont été conduites par Waï-Ogosu-Andah entre 1970 et 1972 à Rim, Jean-
Yves Marchall dans les années 1970, Georges Dupré et Dominique GuiUaud aux débuts des
années 1980, Michel Grouzis à la fin des mêmes années. Notre propre laboratoire y a aussi
opéré, mais de façon discontinue, par des prospections et des fouilles·636•
Waï-Ogosu, aujourd'hui Bassey Andah, a mené à Rim des fouilles sur un site
protohistorique situé au bord de la piste qui mène à Noden, à quelques distances de l'école
publique. Le village de Rim recèle de nombreux vestiges archéologiques non encore exploités
: grottes, mine de fer, puits anciens et ferrières. Sur la base du matériel récolté et de datations
au carbone 14, Waï-Ogosu a identifié trois phases d'occupation de Rim dont les plus
anciennes, Rim 1 et Rim II, datées respectivement de 3000 B.C. et de 1700 à 900 B.C.,
ignoraient la métallurgie. La phase la plus récente, Rim rn, qui présente le même matériel
lithique que Rim TI, connaît en plus l'usage du fer et observe des pratiques funéraires par
inhumation en jarres. Rim rn est divisée en deux séquences dont la plus ancienne Rim rn-a,
métallurgique aussi, est située par le carbone 14 dans la première moitié du premier millénaire
616 Parmi les publications du laboratoire d'archéologie de l'Université traitant du Yatenga il ya :
• Porgo, A., 1986, L'art funéraire kurumba et dogon au Yatenga. .M.H., U.O.
• SamtoUlDll, 1., 1990, La métallurgie ancienne du fer dans la région de Koumbri CYatengal. Burkina Faso.
• Sawadogo, B., 1989, Franz Steiner Verlag. Stuttgart, La céramique de Gourcy.
- Sawadogo, R., 1995, Archéologie funéraire aux bords du lac de Barn, M.MK, U.O.
Certains de mes articles et communications rendent également compte de ces travaux. La thèse (loi 1984) récemment
soutenue par lakaria L1NGANE à Paris 1 sur les sites d'anciens villages et l'organisation de l'espace dans le Yatenga tire
également ses origines de cette activité du laboratoire.
543
de notre ère. La séquence suivante, Rim ID-b, un peu différente de la précédente, est plus
tardive aussi avec des dates comprises entre le VIè et le Xè siècle de notre ère*637.
Après la date très discutée de Béna, ce sont les plus anciennes de l'histoire du fer au
Burkina Faso. Rim est situé au Nord de Ouahigouya, en vieux pays Kibga (dogon) dont les
pratiques funéraires utilisaient des jarres-cercueils. Almissi Porgo en a fait une étude fort
intéressante de même que le mémoire de Mai'trise de Bernadette Sawadego et lesDEA et , .
thèse de ~akaria Lingané*638. Sur ce trait culturel, rattacher la métallurgie découverte à Rim
aux Dogon signifierait reculer d'un millénaire à peu près leur arrivée au Yatenga, ce qui ne
paraIt pas envisageable compte tenu de la corrélation entre le mouvement migratoire dogon
qui occupa les "falaises" de Bandiagazu en chassant les Telleur et son pendant qui peupla la
plaine du Goudo Sourou avec un limes qu'il faut situer à l'Est aux actuelles provinces du
Sanmatenga, de la Gnagna et du Gourma.
Faut-il alors réécrire l'histoire des Dogon, ou s'agit-il d'envisager l'existence d'une
métallurgie antérieure à la leu~ qu'il faut définir techniquement et chronologiquement. Les
travaux de Jean-Yves Marchall au Yatenga, de Georges Dupré et Dominique Guillaud dans
l'Aribinda, n'apportent pas des éléments de chronologie comparables à ceux obtenus par Waï-
Ogosu.
Ceux de Michel Grouzis dans l'OudaJan ont abouti à des datations qui peuvent être
classées en deux catégories. La plus ancienne, entre 500 et 1000 de notre ère, ne concerne
que le site métallurgique de Polaka daté de 960±130 BP. La plus récente comprend des dates
entre +1000 et +1500 et concerne les sites de Kolel, Oursi et Tunté*639.
On est en présence de sites qui pourraient être dogon conformément aux sources
orales, et qui marquent peut-être la période de repli de ce peuple vers les "falaises" de
637 CALVOCORESSI, D. et DAVID, N., 1979, "A new survey ofradiocarbon and thennoluminescence dates for West
Amca", p. 7 et 12. Voir le tableau n° 17.
6JI Voir bibliographie.
639 Voir tableau n° 17.
544
Bandiagara que l'une de ses fractions avait rejoint directement entre le Xè et le XIè siècles en
provenance du Mandé.
Les résultats obtenus par Zakaria Lingané sur les sites de Siliga (entre 760±80 A.D et
1460 AD), et de Toese (entre 420 AD et 1275 AD), les nôtres à Wanaré (à partir de 1410
AD), et à Yalka (à partir de 1440 A.D) vont dans le même sens*640. n faut cependant ajouter
que tous les sites ayant une date postérieure au XIIIè siècle peuvent être également attribués
aux Fulsé (Kurum\\) présents dans la région dès le XIIIè siècle. Au moment de la conquête
des Nakomsé du Yatenga, des forgerons fulsé étaient présents, établis dans des villages de
l'aire culturelle Kurumba. Michel Izard pense que contrairement aux Kibsi (dogon) leur
implantation au Yatenga n'est pas consécutive au contrôle du pouvoir moaaga. Les clans
forgerons fulsé dominants auraient pour sondré (patronyme) Sawadogo et Bélèm*641.
Concernant ces derniers, nous tenons une version des sources orales qui les fait venir
directement du Mandé. En Mooré, Bélèm signifie "flatterie". La légende dit que le nom
dérive de la phrase suivante "Bélèm k6 n kitè ti m pa kà" qu'on peut traduire par "c'est la
flatterie qui fait que je reste ici", prononcée par un chasseur venu du Mandé et installé à
Bougouré. Au cours d'une chasse nocturne, il surprit des éléphants en train de se
métamorphoser en jolies filles. Pendant qu'elles étaient parties se promener, le chasseur
s'empara d'une des peaux d'éléphants. Au retour des jeunes filles au petit matin, celle qui t'tc
retrouva pas sa peau pour se transformer à nouveau fut abandonnée à son sort. Le chasseur
se présenta alors à elle, la consola et l'épousa. Un jour le chasseur voulut retourner au Mandé
avec son épouse qui refusa et le flatta pour qu'il reste dans la région où ils s'étaient
rencontrés. Plus tard, saisi de regrets, le chasseur prononça la célèbre phrase. L'enfant issu de
leur union, une fille, fut baptisée Dermé par son père. Ce patronyme, fréquent au Mandé,
640 Voir tableau n° 17.
641 IZARD, M., 1980, Les archives orales du royaume africain, p. 1173.
545
laisse supposer que le chasseur était lui-même de ce clan. Ce serait plus tard que les Bélèm
seraient devenus forgerons*642. C'est donc abusivement que Louis Tauxier écrit que les
forgerons du Yatenga sont des ~lsé (Kurumba)*643. Cela n'est certainement pas vrai au début
du XXè siècle où il écrit,car dans le paysage métallurgique du Yatenga d'alors,on pouvait
identifier quatre à cinq origines différentes.
La pénétration de l'islam au Yatenga a quelquefois oblitéré les vieilles traditions
historiques, leur conférant un nouveau contenu idéologique. n n'est pas rare par exemple de
rencontrer des traditionnistes qui attribuent à Nabi Daouda (David) l'origine de la métallurgie
du fer dans la région. Nous rapportons ici le seul témoignage de Sibiri Bamogo pour qui
l'ancêtre des forgerons est Nabi Daouda. n travaillait le fer avec ses mains. Son fils, Nabi
Souleymane le maudit, prit alors un bois de susutri (Dicrostachya cinerea), le fendit pour
attraper le fer. Ce fut l'origine des tenailles*644. Issaka et Irissa Vampa prétendent même que
la traduction en mooré de Nabi Daouda serait Baré ou Bamogo*64'.
A partir du XVè siècle, les contacts culturels se multiplient pour le Yatenga et on
assiste à une mal"trise de plus en plus grande de sa métallurgie du fer et à l'acquisition d'une
grande notoriété sous-régionale pour ses travailleurs du fer.
XV.2.-?La période d'expansion de la métallurgie du Yatenga :
XVe-XXè siècle
L'on pourrait légitimement se demander les causes des transformations qUI
interviennent à partir du XVe siècle au sein des travailleurs du fer. Elles sont d'abord
politiques, le nouveau pouvoir nakomga qui s'implante dans les vallées du Nakambé (ex
Volta-Blanche) ayant pratiqué au Yatenga une vigoureuse opération de dispersion des
642 Communication personneUe de Mariam Zoromé.
60 TAUXIER, L., 1917, Le Noir du Yatenga. p. 219.
644 BAMOOO Sibèri, entendu à Ingané le 20108184.
64S YAMPA Issaka et YAMPA Irissa, entendus à Sodin le 01109/83.
546
forgerons. Le même avènement politique a suscité la multiplication des clans forgerons par
intégration des forgerons issus des conquêtes, et même de Nakomsé déchus. Dans le même
temps/l'accroissement de la production métallurgique pousse à la recherche de marchés
étrangers d'où une expansion portée principalement par les voies commerciales Nord-Sud
entre Djenné et Mopti d'un côté et Salaga au Ghana de l'autre. Des mouvements de forgerons
ont été observés également vers l'Est et l'Ouest.
Le développement de la métallurgie se traduit par une certaine spécialisation
technologique. Afin de satisfaire une demande intérieure importante et travailler aussi pour
l'exportation, les métallurgistes multiplièrent l'usage des fourneaux à induction directe à bon
rendement même si la qualité de leur fe.. n'était pas la meilleure. Ce sont les boonsé dont les
produits nécessitent souvent un passage par les fononsé. A un niveau très local, se répand le
booga à tirage forcé d'air. Cette technologie fut celle qui fut exportée le plus à travers
l'ensemble du Moogo, mais aussi dans le G.olma, chez les Bissa et les Gurunsi du Nord,
régions où elle a rencontré quelquefois des soeurs jumelles dont les origines doivent être
précisées.
Mais revenons à la politique des Nakomsé à l'endroit des métallurgistes. Lorsque les
premiers conquérants se présentent dans le nord du bassin du Nakambé (ex Volta-Blanche)
avides d'espace, ils avaient besoin de trois choses : d'hommes, de chevaux et d'armes. S'ils
disposaient déjà des deux premiers besoins, il leur fallait par contre fabriquer les armes en
quantités de plus en plus importantes. C'est là que le sous-sol du Yatenga se révéla une
aubaine, car il recelait une richesse : le minerai de fer. Pour l'exploiter, il fallut s'attacher les
forgerons en les rendant taillables et corvéables à merci. Michel Izard a déjà développé le sort
que Naaba Wumtanango (Wûmtane de Izard) et/ou son fils Naaba Antugum ont réservé aux
forgerons à la fin du XVè siècle. Ces derniers, généralement peu concernés par les choses de
la guerre et du pouvoir, avaient dû soutenir leurs frères dogon au cours de la résistance armée
547
qu'ils opposèrent aux conquérants. Ces deux Naaba les auraient durement mis au travail,
cruellement opprimés, astreints au port infamant d'une marque distinctive : un morceau de
charbon en sautoir, et obligé parfois à changer de sondré ( patronyme). C'est ainsi que des
Zoromé devinrent des Wûmtane ou des Giti*646.
Ds les obligèrent également à se disperser et à s'établir dans les différents villages où
résidaient des chefs nakomsé afin d'assurer localement la production des armes et du matériel
agricole. Certains forgerons prirent les devants de cette migration forcée en se réfugiant dans
des contrées lointaines pour échapper à l'oppression.
Michel Izard rend compte de cet important mouvement migratoire dans la plupart de
ses travaux et particulièrement dans "Traditions historiques des villages du Yatenga", 1965,
et dans sa thèse précitée. D a suivi le déplacement des clans, village par village, quartier par
quartier grâce à un travail remarquable sur lequel nous n'avons pas voulu revenir.
En ce qui concerne l'influence des forgerons du Yatenga sur le Moogo, on se souvient
des témoignages recueillis dans les provinces du Bazega et de l'Oubritenga et dont nous
avons déjà fait cas pour expliquer l'origine des boensé et des boosé. Plusieurs fois, des gens
venus du Yatenga intervenaient dans l'instruction des populations locales ou alors celles-ci
montaient au Nord pour acquérir la pratique de la métallurgie.
Du Yatenga, les travailleurs du fer ont d'abord gagné les régions limitrophes du Barn
et du Passoré. D s'agit souvent de fugitifs comme témoigne cette information donnée par
Kouka Kientéga à Taonsgo (passoré). Un étranger s'était présenté un jour dans le village. A
la question de savoir comment il se nommait, il aurait répondu: "Mraada myonré", ce qui
•
signifie "je veux mon nez", en d'autres termes "je veux vivre". C'est lui qui a enseigné la forge
646 IZARD, M., 1980, Les archives orales d'un royaume africain, p. 1164 et 1168.
548
aux habitants du village où l'on compte beaucoup de forgerons*647. Cet homme était
vraisemblablement un fugitif à la recherche d'une terre hospitalière.
De nombreux témoignages concordent pour faire de la province du Barn une zone
refuge de forgerons venus du Yatenga. Ds y créèrent des centres importants comme Rouko,
Sandouré, RoUo, Darigma, Zoura. Le cas de ce dernier village est assez typique de
l'implantation des métallurgistes.
Zoura est situé à l'Est de Kongoussi à une distance d'environ vingt kilomètres. D
aurait été fondé par un Yonyooga originaire de Pouni (Barn) qui se fixé là parce que la terre
était bonne comme du miel (Zoura). Le fondateur de Zoura avait un frère jumeau resté à
Pouni. C'est à lui que s'adressèrent les forgerons venus du Yatenga, des clans Kinda et
Yarnpa. TI les dirigea sur Zoura, la bonne terre où on avait urgemment besoin d'eux. Cette
migration, aux dires de nos infonnateurs, a eu lieu avant le règne de Naaba Kango que
Michel Izard situe entre 1757 et 1787. Plus tard, les métallurgistes de Zoura se seraient
rendus à Kaya (Sonmatenga) pour apprendre l'utilisation du fourneau à soumets (boaaga) qui
est reconnu dans cette province comme étant spécifiquement moaaga.
La tradition de Zoura reconnaît d'ailleurs deux époques différentes dans l'histoire de
leur métallurgie. Lorsque les ancêtres arrivèrent, il y a dix générations, ils ne connaissaient
que le booanga. ce fourneau que faisaient travailler des forces mystérieuses, des génies. La
seconde période est marquée par l'introduction du boaagé\\, plus petit, à tirage forcé d'air qui
s'était développé dans le Sanmatenga à l'Est*64I. C'est donc une technologie venue à la
rencontre de celle du Yatenga. Cela est vraisemblable car les mouvements de forge nous ont
été observés dans tous les sens ~ nous ne traitons que des directions dominantes. C'est ainsi
que des informations recueillies à Diguila au Sonmatenga font ressortir que les métallurgistes
647 Kieotéga Kouka, forgeron, entendu à Taonsgo le 27108184.
641 Le Saanaaba de loura et son fIls Sayouba, à loura le 27 décembre 1981.
549
locaux venaient de Ouagadougou où ils auraient appris le métier auprès de gens venus du
Yatenga. Par contre, de ceux de Bissiguin qui est un village voisin de Diguila seraient
originaires du Ratenga (Bam). Plus à l'Est, dans le Namentenga, ce sont également des
métallurgistes venus du Yatenga qui ont introduit le travail du fer*649. Ds seraient d'origine
dogon mais il faut nuancer cette affirmation par le fait que hors du Yatenga, les métallurgistes
de la diaspora semblent s'être attribué ou w attribuer une origine dogon. Nous verrons plus
loin que si les Yampa de Zoura étaient effectivement des Dogon, les Kinda par contre ne
l'étaient pas.
A Bangsoma et à Garba (Sanmatengil) les forgerons, tous patronyme Bamogo ou
Yiugo, sont originaires de Rouko dans le Bam. Leur installation serait contemporaine de celle
des premières dynasties nakomsé dans le Bam et le Sanmatenga, c'est-à-dire au XVIè siècle.
Vers le Nord-Est, l'expansion des forgerons du Yatenga a quelquefois croisé d'autres
mouvements en provenance du pays sonraï. Les Zémé (métallurgistes-forgerons de
l'Oudalan), étaient d'origine souraï et se rendaient souvent au Niger pour participer à des
campagnes e réduction du minerai de fer*6'o.
A Aribinda, les premiers métallurgistes semblent avoir été des Dogon. Selon Georges
Dupré et Dominique GuillaW, le lignage des Tilllbserait le dernier des "gens d'avant" (poté-
Samba) ou les premiers occupants de l'Aribinda moderne. Réduite aux débuts des années 80 à
trois adultes vivants, il fait intervenir une généalogie très courte (4 générations). Wasayo, le
premier des Ti~ serait descendu du ciel grâce à une chaîne en fer. Ds s'installa sur la plus
haute montage : Wasa. Mais une fois descendu sur la montagne avec sa femme Nyalogo, la
chaîne se rompit.
649 SEDOGO, V., 1994, L'intégration des anciens occupants de Boo-nam dans la fonnatjon du Narncntenga CBoulsal, p.
K
M
QI Enquête Jean DEVISSE, J.B. KIE1HEGA CD avril 1976 à Gro.:~.
550
Les Sonraï d'Aribinda ne sont pas d'accord avec ce mythe des Tirm qui seraient tout
simplement des migrants venus du Yatenga, surpris et capturés par les Sonraï. Cette
hypothèse est très vraisemblable si l'on se souvient que dans le mythe d'origine des forgerons
Zoromé, les filles portent le patronyme Yalgo qu'on peut rapprocher de Nyalogo.
Des forgerons dogon, venus du Yatenga auraient ainsi devancé les artisans Sonraï,
-
originaires de Hombré (Bombori) au Mali et qu'on rencontre aujourd'hui au quartier Toulou.
On rencontre aussi à Aribinda des forgerons Kinda arrivés après la colonisation, de
même qu'une famille yônyooga qui a acquis la forge en épousant une forgeronne d'origine
nigérienne afin d1avoir des enfants.
L'expansion vers l'Est des métallurgistes du Yatenga les a portés jusqu'au Gulnu où ils
découvrent la présence de confrères plus anciennement établis, certains se disant autochtones
et d'autres ayant eu un parcours semblable au leur.
En effet, toutes les informations recueillies dans les provinces du Gourma, de la
Gnagna et de la Tapoa concordent pour dire que les premiers métallurgistes du Gulmu sont
les Ouôba de la Tapoa dont les centres les plus importants se trouvent aux pieds de la chaîne
du Gobnangou : Deula, Logbou, Maadaga, Namponkoré, Tambarga, Tansarga et Yobu. Les
Ouôba ont exercé au voisinage des Tankamba qui durent se réfugier dans la chaîne de
l'Atakora u Bénin à l'arrivée des conquérants Burcimba, descendants de Diaba Lompo, à une
période légèrement antérieure à celle de l'émergence des Dagomba-Nakomsé dans le bassin
du Nakambé (ex Volta-Noire). Les Tankamba de l'Atakora, interrogés par Emmanuel Tiando
confirment qu'ils travaillaient le fer dans le Gobnangou avant leur retraite vers le Sud.651.
L'origine première des forgerons Ouôba serait Deula, village situé au noeud de frontière
Bénin-Burkina Faso-Niger, et au-delà de cette étape, il y aurait le bomou. Le centre
commercial le plus important à l'époque pour le fer était Maadaga qu'on peut traduire
6.51 TIANDO, E.,l978
551
littéralement par "marché des forgerons". Y produisaient des métallurgistes Ouôba et
Tankamba et plus tard d'autres artisans venus du Niger et de la région de Gao au Mali*652.
Cependant dans le Gulmu, on rencontre surtout des forgerons du clan Tampoudi.
L'ancêtre aurait accompagné Diaba Lampo, le fondateur des dynasties burcomba (ou Bemba)
du Gulmu qui, selon la légende, descendit du ciel à Kuijuabougou (Matiakoali) dans la
Tapoa. Leur premier centre métallurgique fut Madjoali encore appelé Omanodéni ou encore
Madéni situé non loin du lieu d'apparition de Diaba Lampo. C'est de là que les Tampoudi ont
essaimé dans le Gulmu, surtout dans les provinces du Gourma et de la Tapoa, suivant les
princes burcimba dans leurs conquêtes territoriales. Ds semblent avoir vécu en bonne
intelligence avec les Burcimba, équivalents des Nakomsé du Moogo et du Yatenga.
Aujourd'hui ils prétendent être les seuls forgerons de naissance du Gulmu, les autres étant des
forgerons de conversion*653. Parmi ces derniers figuraient les Mano qu'on rencontre surtout
dans la Gnagna au voisinage des Dayamba (littéralement : acheter un esclave) qui seraient
d'origine moaaaa. Selon les informateurs de Piela, les Mano seraient en fait des Dayamba qui
pendant la colonisation se sont fait recenser sous l'appellation Mano qui signifie en gulmancé
forgeron. Les Dayamba seraient arrivés dans le pays à la demande des chefs de Piela et de
Boala. De là ils ont essaimé dans la Gnagna et le Gourma où leur passage est signalé par
exemple à Momba, où des Dayamba ont exploité et abandonné des fourneaux à induction
directe, les seuls connus dans la région.
En résumé, on peut retenir que les Tampoudi sont les forgerons venus avec Diaba
Lampo et qui sont restés attachés au pouvoir gulmancé.
632 Lampo Tchadjoa, entendu à Maadaga le ...
653 Tampoudi Adjima et Tampoudi Kogli à Fada le ...
552
TIs ont trouvé sur place des forgerons Ouôba qui font partie des populations anciennes
du Gulmu à l'insw des Nmsi du Mooga. Ces forgerons Ouôba seraient cependant originaires
du Bomou comme les nouveaux qui accompagnent les princes Burcimba.
En raison de sa proximité avec le Yatenga, c'est la Gnagna qui a reçu la majorité des
forgerons moosé appelés Dayamba ou Mano, appelés par les chefs locaux et rapidement
intégrés dans la population gulmancé.
L'histoire de la métallurgie du fer en pays bisa au sud du Gulmu fait intervenir
plusieurs groupes de forgerons moosé tout comme d'ailleurs l'histoire politique du pays qui a
subi à partir du XVIIè siècle la suprématie des Nanamsé rattachés à Ouagadougou.
A l'exception de forgerons Kasena venus de l'Ouest, la plupart de ceux qui ont exercé
chez les Bisa sont originaires du Moogo. Parmi eux les Busim Sanno ou forgerons originaires
de Boussouma dans le Sanmatenga. Leur établissement en pays bisa daterait du début du
XVIIè siècle, période au cours de laquelle arrivaient dans la région des Nakomsé déchus du
pouvoir à Boussouma.
De même les clans Tonogu de la région du Lèrè (région de Zabré) auraient eu à
disputer aux habitants du quartier Kamsaoghin de Ouagadougou une enclume tombée du ciel.
TIs durent partir en l'abandonnant*6'4.
Relevons enfin que parmi les forgerons de conversion du pays bisa il y a les Zansé,
terme qu'on peut rapprocher du mooré "Zamsé" : apprendre. Ces gens se seraient formés
auprès de métallurgistes moosé. On trouve d'ailleurs parmi les patronymes de forgerons big,
d'autres qui évoquent leurs origines moosé, tels que Vigo (le même mot en mooré) et Saaré
(pour Zanré : marteau).
'54 MASSIMBO, T., 1991, La métallurgie ancienne du fer dans la région de BQUSSOugou. p. 11-27.
553
L'intervention des métallurgistes du Yatenga dans la partie septentrionale du pays
gurunsi est également très explicite. Non seulement les traditions locales l'attestent, mais en.
plus les témoignages du pays d'origine le confirment.
Les informateurs de Dassa (Sanguié) font état de ferriers venus de Toésé (passoré) et
de Gourcy (Yatenga) et qui se sont installés à Béchikopérou pour réduire le minerai de
fer*m. Aujourd'hui il 'y a plus de forgerons moosé à Dassa, mais les vestiges de leurs
anciennes activités peuvent être observés.
A Réo, chef-lieu de la province du Sanguié, le principal clan forgeron est installé au
quartier Kinkyanli situé à quatre kilomètres au Nord-Est de la ville. Le clan en question est
celui des Kinda. Ce patronyme se singularise rapidement dans un contexte où les nom en
Lyélé (variante du nuni, parlée dans le Sanguié) commencent par Ba pour les hommes, et Kan
pour les femmes. Les Kinda affirment d'abord leur origine moaga. Leurs ancêtres seraient
venus de Yatîn (Yatenga) et plus précisément de Séguénéga. Ds seraient passés par Yako
(passoré) avant de s'établir dans un premier temps à Orhonténa (probablement Ouoloatenga
dans le Boulkiemdé). De là ils ont rejoint Nandon (Koudougou en Lyélé) puis sont venus
s'installer à Zoula, village situé à une dizaine de kilomètres au Sud de Ré<>.
Leurs ancêtres étaient deux frères appelés Kinkyan et N'Bagnenom. Leur séjour à
Zoula fut d'abord pacifique. Puis un jour, les deux frères refusèrent d'extraire du fer pour les
habitants du village. Ceux-ci décidèrent de les arrêter et de les vendre. La chance des moosé
fut qu'une de leurs filles mariée à Toukon, quartier de Réo, était en visite chez ses parents.
C'est elle qui les prévint du danger, réussit à organiser leur fuite et les emmena dans sa belle-
famille à Réo qui leur offiit l'hospitalité. Ayant fabriqué une houe {Pétué) une pioche (tutuan),
une lame (fonè) et un couteau (shi), démontrant ainsi leur savoir-faire, les Moosé se
rendirent, accompagnés de leurs hôtes, chez Taga Bassolet, chef de terre de Réo, résidant au
655 BADOW, 1.,1991, L'exploitation tnlditionnelle du fer à Dassa, p. 88.
547
quartier Essosso. Autorisés à s'y installer, c'est là que le doyen des Moosé. Kinkyan mourut
et fut enterré. Après sa mort, le reste de la famille s'installa à l'écart de Réo, à l'endroit qui est
devenu le quartier Kinkyanli*656.
Un trait culturel des Kinda de Réo rappeUe non seulement leur origine nordique, mais
en plus les rattache aux Kibsi (Dogon). En effet, les doyens forgerons appelés ('Igy kibal")
sont enterrés à leur mort dans deux jarres-cercueils. Or ce mode d'inhumation, dont les
vestiges sont très nombreux au Yatenga, est attribué aux Kibsi. Sa pratique est encore
aetueUe à Gourcy pour les doyennes des femmes de forgeron d'origine kibga.
Toujours dans le Sanguié, les forgerons Dango de Mogueya affirment qu'ils le sont de
naissance et que les ancêtres sont venus du Yatenga sans autre précision*657.
TI est très significatif d'observer que chez les Lyela (habitants du Sanguié) le terme le
plus respectueux utilisé pour désigner le forgeron est "Ya" ou Yaba, mot qui signifie en
mooré: grand-père, aïeul, ancêtre. Cette signification nous renvoie à cene de Bamogo,
l'ancêtre de tous les forgerons dans l'espace culturel moaaga.
Plusieurs clans forgerons du Sanguié ont acquis le métier par achat. C'est le cas par
exemple des Bado de MinkO*658, des Bayili de Nébia ou des Badyel de Pouni*659.
Quelques-uns, rares, prétendent tenir leurs connaissances techniques de Dieu et être
descendus du ciel, envoyés par celui-ci pour aider les hommes. Ainsi s'expriment par exemple
les forgerons Bazié de Dassa et Bassané de Didyr*660. Cependant les traditions d'origine
extérieure de la métallurgie sont les plus nombreuses.
Situé au Nord du pays gurunsi, le Sanpiè, pays des Sana, occupe une grande partie de
la province du Sourou. TI se trouve ainsi voisin du Yatenga et du Passoré dont il partage les
os Kinda Boukari. 80 ans. chef forgeron. entretien du 14107183 à Kinkyanli.
6S7 Dango Bazomboué. 66 ans. et Dango Ali. 64 ans. tous forgerons. Entretien du 02109183 à Mogueya.
.,. Bado Bassana. le 31108183 à Minko.
'" Bazié Dientoloun et Bazié Bassana à Dassa le 13107183.
6llO Bazié Dieotoloun et Bazié Bassana à Dassa le 13107183 puis Bassané Bali le 14107183 à Didyr.
555
populations. Dans le Nord du Sanpiè, on rencontre des N'msi (aujourd'hui San), venus de
l'Oubritenga et du Kadiogo au moment de la poussée des Nakomsé au XVè siècle. n s'agit
donc des mêmes métallurgistes que ceux examiqés plus haut concernant l'origine du fer dans
la partie centrale du Moogo.
La même partie nord du Sanguié a reçu des migrations venues du Mandé à des
époques difficiles à préciser mais qui semblent postérieures au XIIIè siècle si l'on évalue tous
les récits collectés pendant la période coloniale : Capitaine Noiré, Vadier, Tauxier,
Delafosse*661.
Quant au Sud du Sanpiè, son peuplement ~ien est constitué de la fraction d'un stock
qui semble s'être constitué initialement en Guinée, se serait déplacé vers le Nord du Ghana
(région de yendi), avant de remonter dans les pays du Burkina Faso. çette dernière migration
a w le groupe-éclater en deux, sinon en trois. Les Bisa duBoulgouet les Sana des alentours
de Toma et Kougny en seraient issus, et peut-être les Samogho de la région de Samorogouan
dans la province du Houet. La mise en place des Sana du Sud semble plus tardive que celle
de leurs voisins du Nord.
Tous ces courants migratoires ont été porteurs de la métallurgie du fer, sans qu'on ne
puisse pour le moment dire si des peuples connaissant le fer ne les ont pas précédés au
Sanpiè. en effet, lors des enquêtes menées par Michel Nyamba pour la confection de son
mémoire de maîtrise d'histoire, des sites à céramiques et des lieux d'inhumation lui ont été
montrés dans la région de Kougny, que la tradition affirme être antérieure à l'occupation' san..
Qui seraient ces "premières gens" ? Les regards se tournent vers les Bwaba à l'Ouest, réputés
pour l'ancienneté de leur installation au voisinage du Sanpiè. Ce qui peut être affirmé
". Nyamba, M, 1993, Approche historique des Sana du Département de Kougny (Province de Sourou), p. 23-31.
556
aujourd'hui, est que cette région a accueilli aussi des métallurgistes moosé en provenance du
Passoré et du Yatenga*662.
U se confirme ainsi que dans toutes les directions, le Yatenga a été pourvoyeur de
métallurgistes à différentes occasions entre le XVè et le XIXè siècle. Le stock initial constitué
de Kibsi, Fulsé, Nmsi s'est accru par le recrutement de Nakomsé devenus forgerons et de
simples Moosé également reconvertis. Les expéditions guerrières ont;· aussi ...:; introduit des
forgerons d'origine bambara ou marka comme ce fut le cas sou le règne de Naaba Kango.
L'histoire des forgerons Kindo est significative du fort attrait qu'exerçait la métallurgie
du fer au Yatenga. A l'origine, ils étaient esclaves de Peul vivant dans la région de
Bandiagara, en pays dogon du Mali, dans un village appelé Karkinta. Le patronyme Kindo
viendrait du nom de ce village et cela peut être expliqué sur le plan linguistique. Ayant pris
conscience de leur habileté dans le travail du fer, ils se révoltèrent contre leurs maîtres et
s'enfuirent au Yatenga où les chefs refusèrent de les accueillir à cause de l'exemple qu'ils
pourraient donner. Les Kindo allèrent donc s'installer à Manega dans le Sanmatenga.
Là, fiers de leurs origines, ils se présentaient sous l'appellation "Karkinta remba
s6mètoré" ce qui peut se traduire par "gens indépendants de Karkinta". Cependant à Manéga,
certains d'entre eux abandonnèrent le travail du fer qui leur rappelait trop leur ancienne
condition servile et adoptèrent le patronyme Ouédraogo des Nakomsé. D'autres reprirent le
chemin de la migration et on en retrouva à Rès dans le Sanguié où ils conservent le
patronyme Kindo. D'autres encore repartirent au Yatenga à l'avènement de Naaba Kango au
milieu du XVlIIè siècle. ce dernier les accueillit et les installa à Lougouri*663.
"2 DaIa Jean Gualbcrt a entrepris un mémoire de maîtrise sur l'histoire du fer dans le sud du Sanpiè. D procède par une
collecte intensive des informations.
60 Une version existe qui fait des Kindo oakomsé, de apprentis forgerons des Giti.
557
Quand on sait que les Kindo se disent originaires de la région de Bandiagara, on est
tenté de faire le rapprochement avec le patronyme Guindo qu'on y rencontre chez les Dogon.
li existerait aussi un patronyme Karkinta chez les BQZO de la région de Mopti au Mali*664.
L'origine servile de la métallurgie se retrouve aussi dans l'histoire des Barnogo de
Tandaga, dans le Sanmatenga. Au départ, c'étaient des Nakomsé, plus précisément des
Tansobendarnba, donc des gens de guerre. Cest de Rouko dans le Barn qu'ils sont partis suite
à un conflit de succession. Les villages de Wenguian, de Soma et de Sioudougou, dans le
Sanmatenga, furent des étapes de leur migration.
C'est dans le dernier village qu'ils apprirent le métier du fer auprès d'un esclave
forgeron qu'ils auraient· acheté. TIs fondèrent ainsi une dynastie de forgerons en devenant
"san-nakomsé", c'est-à-dire des forgerons-nakomsé, donc princes, et s'installèrent à Tandaga
au milieu des collines. Le san-naabl, leur chefforgeron, revendiqua et obtint aussi la chefferie
du village de Tandaga qui ne compte d'ailleurs que des forgerons Barnogo. La liste
dynastique (succession en Z) des San-nanarnsé de Tandaga, au moment de l'enquête,
comptait neuf chefs. Le dernier venait de décéder*66'. La reconversion des Barnogo de
guerriers en forgerons a dû se passer au XIXè siècle.
Plusieurs autres clans nakomsé "tombèrent dans la forge" selon l'expression
consacrée. En effet, chez l~~ -Tengbiisi(gens de la terre) et les Nakomsé (gens du pouvoir), le
fait de devenir forgeron procédait à peu près d'une malédiction; à la limite, "on ne devient
pas, on tombe forgeron". Dans tout le Yatenga c'est le même récit qui explique la
"déchéance" de certaines familles: ''parti à la forge pour y faire réparer sa houe, il
(l'ancêtre) ny trouva personne " il entreprit de faire lui-même la réparation .. à ce moment
sont passées des femmes qui n'ont pas manqué de faire savoir au père de l'imprudent que
lllW Ces informations font partie des récits collectés à notre intention par Mariam ZOROME.
66S Bamogo Ratogsi,la œntaine, ct Bamogo Yampasgré (75 ans), tous forgerons. entretien du 14103/82 à Tandaga.
558
son fils était devenu forgeron, d'où violente confrontation avec le père, bannissement et
formation d'une nouvelle lignée "*666.
A tout considérer, le Yatenga est la province métallurgique dont l'influence a été la
plus considérable. On y recense la plus grande diversité de techniques métallurgiques,
phénomène sans doute lié aux origines très diversifiées des travailleurs du fer.
En exportant cette technologie dans le Moogo et les autres régions limitrophes, les
métallurgistes du Yatenga ont souvent éclipsé des collègues plus anciennement établis. Ce fut
le cas surtout au nord des pays gulmancé et gurunsi et aussi dans tout le Bisa.
Les Numu de l'Ouest semblent être arrivés dans des pays ignorant encore la
métallurgie.
XV.3 : L'identification des numu
L'apparition de la métallurgie du fer dans l'Ouest du Burkina Faso est très liée au
Numu selon toutes les traditions recueillies. TI apparaîtrait que les groupes humains
préexistants parmi lesquels les Bobo, Tou.ssiart, Sénoufo, Gwin et Turka ne pratiquaient pas
les arts du feu. Chez les Bobo, les premiers métallurgistes ne sont pas désignés par le terme
numu, mais viendraient cependant comme ces derniers du Mandé. Qui donc sont-ils ? Et à
quelles périodes ont-ils pénétré les pays de l'Ouest du Burkina Faso?
Les travaux de Alain Sanou sur les Ku Domu Kon ou Voré, habitants de la vallée du
Kou, concluent qu'il n'existe pas de trace de métallurgie de fer sur les sites attribués à cette
fraction des Bobo, considérée par le groupe comme les "aînés", les plus anciennement établis
dans la région*667. En effet, selon Guy Le Moal, "l'ethnie bobo s'est lentement constituée sur
place autour de quelques clans de cultivateurs sédentaires très anciennement implantés.
666 IZARD, M, 1965, Traditions historiques des villages du Yatma p. 319
(67 SANOU, A., 1989, Histoire DI'écoloniaIe des Ku Doimu Kou ou Vozè.
559
Chacun de ces clans possédait un patrimoine personnel de connaissances et de croyances
dont les éléments se sont combinés par un jeu d'échanges mutuels bientôt institutionnalisé. Il
en est résulté la création d'un modèle culturel original dans lequel s'est identifiée plus tard
l'ethnie bobo,,*668.
Nous avons w plus haut comment le fer est absent de l'iconographie des grottes de
Borodougou, une étape importante de la migration des Bobo de Sia ou Bobo-Dioulasso.
Cependant les traditions soutiennent que le groupe des migrateurs venant du Mandé
maîtrisaient les techniques métallurgiques. Mieux, parmi les quatre compagnons de l'ancêtre,
figurait un forgeron dont les descendants, établis à Kouinima quartier de Bobo-Dioulasso,
produisaient le fer et fabriquaient des outils et des armes de guerre.
Les traditions recueillies par Suzanne Sanou à Pala rapportent que des métallurgistes
ont séjourné dans ce village avant de migrer à Fo, localité située à la frontière Burkina Faso
Mali*669. Des scories de réduction, des bases de fourneaux et des fragments de poterie, sont
les vestiges apparents de ce passé.
Une plaquette non datée, produite par l'Association Bobo-Madaré*670, fait venir tout
le groupe du Mandé par vagues successives entre le Xè et le XVIllè siècles. Chaque vague
correspondrait à une période de décadence d'un empire ouest-africain. Ainsi, entre le Xè et le
XIè siècles la première vague qui déferle est consécutive à la chute du Ghana. La deuxième,
au XVè siècle correspond à la fin de l'Empire du Mali, et la troisième, arrivée entre le XVllè
et le XVIllè siècles, marque la décadence de l'Empire Soughaï. Elle fut constituée du sous-
groupe Zara*671.
'" LE MOAL, G., 1980, Les Bobo : natw"e ct fonction des masques, p. 87.
MIl SANOU, S., 1990, La céramiquc chez les Madari de Pala.
6'lll Les Bobo, pour sc distinguer des Bwaba qui sc font aussi appeler Bobo, ont adopté depuis peu l'appellation Madare
~sing. ct plu.), parlant le Bodo-Da ou le Bobo-Béré (langue des Bobo) qui change d'une région à l'autre.
7. Anonyme, s.cl, Bobo Ma-Pa-Re, pp. 3-10.
560
Ce texte exclut tout peuplement plus ancien, une sorte de substra.tUlll dans lequel.
se seraient fondues les vagues migratoires. Pourtant cet élément semble avoir existé, fonné
par les premiers agriculteurs (les Sansan) auxquels les migrants venus du Mandé ont pu
apporter la métallurgie. Signalons au passage que dans la province de la Bougouriba, des
métallurgistes venus de la rive gauche du Mouhoun, porteurs de labrets, y ont mené leurs
activités avant de se diriger vers Bobo-Dioulasso à l'arrivée des Dyan et Dagara à partir du
XVIllè siècle. Ces porteurs de 'Iabrets pourraient être des Mandé orientaux et non des
Bwaba comme le préconise Justin Somé*672. En effet ceux-ci n'en portent pas.
Les premières relations entre les paysans et les métallurgistes sont entourées de
mythes qui indiquent qu'elles n'ont pas toujours été aisées. Comme dans le Bwamu, le
forgeron serait descendu du ciel, précédé par le griot. La légende, dite de la pintade, rapporte
ce qui suit: "Quand Dieu créa la te"e, il envoya la pintade voir si elle était habitable par
des hommes. Celle-ci partit et à mi-distance, lança un cri. Dieu crut qu'elle était arrivée à
destination et fit descendre un groupe d'hommes. Mais ceux-ci s'écrasèrent au sol sans qu'il
ne s'en rendit compte. Et durant des années Dieu ne remarqua aucun signe de vie. Il décida
de confier une autre mission au griot. Celui-ci à son tour ne fit pas mieux que la pintade en
battant son tambour en cours de route. Dieu de nouveau fit partir un groupe d'hommes qui
fut anéanti par la distance. Ayant échoué, le Créateur, pour une dernière tentative confia
son peuple au forgeron qui, enfin le conduit jusqu'à destination à l'aide d'une corde. Arrivé
à te"e, il fabriqua des outils agricoles pour les hommes tandis que son épouse façonna de
la céramique pour les femmes. Les hommes semèrent et les récoltes furent bonnes et les
femmes cuisinèrent. Satisfait du résultat de son service, le forgeron prit un marteau et tapa
672 SOME. J.• 1991. L'exploitation traditionnelle de l'or à Salmabor CProyince de la Bougouriba).
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p.12.
562
sur son enclume. Ce bruit parvint à Dieu qui comprit aussitôt que son envoyé avait accompli
sa mission. Dès lors, il le chargea d'être le serviteur de son peuple, les agriculteurs,,.673.
Ce même récit est connu des traditionnistes bwaba de Sanaba près de Dédougou qui
différencient quatre types de forgerons : fondeurs, transformateurs, griots, chasseurs à
colle*674.
La similitude des mythes relatifs aux forgerons rapproche grandement les métallurgies
bobo et bwa. Lorsqu'on passe en pays toussian (voir fig~~' le mythe fait sortir le forgeron de
l'eau du Kou ou des bras de celui-ci. Le même récit nous a été rapporté à Bérégadougou,
Kogbé et Toussiana. Les forgerons étaient des génies vivant dans l'eau des rivières d'où ils
sortaient pour exercer leur métier sur les berges et vendre leur production selon la pratique
du troc muet. Ds disposaient les articles à vendre au bord de l'eau et plaçaient à côté de
chacun un certain nombre de galets de la rivière où ils se retiraient ensuite. Les agriculteurs
arrivant le lendemain, observaient les articles et les cailloux et si le tout leur convenait, ils
remplaçaient les galets par des cauris et emportaient l'article. Lorsque le prix proposé leur
paraissait trop élevé, ils diminuaient le nombre des galets et s'en retournaient. Sortis de l'eau,
les génies-forgerons pouvaient agréer les propositions des agriculteurs en laissant les choses
en l'état, ou rompre la négociation en emportant les articles.
Ce trafic muet aurait duré longtemps jusqu'au jour où un agriculteur voulut identifier
les forgerons. TI abandonna son couteau au bord de la rivière et faisant semblant de l'avoir
oublié revint sur ses pieds se cacher et surprit ainsi les génies sortant de l'eau. Les forgerons-
génies rompirent avec les agriculteurs et leur interdirent l'accès de la rivière*67s.
Comme on peut s'en apercevoir rapidement, ce mythe n'explique pas tout et surtout
ne propose rien sur la reprise des relations entre forgerons et agriculteurs. Par contre, il nous
673 SANOU, S., 1990, La céramique chez les Madarè de pal&, p. 32.
674 COULIBALY, E., 1989, L'exploitation traditionnelle du fer à Sanaba (Province de la Kossi), p. 83.
675 Informations recueillies par Alexandre 'fRAORE.
563
informe sur l'usage de la monnaie : le cauris. Mais que retenir au juste sur l'origine des
métallurgistes en pays toussian ?
L'ethnie toussian se serait constituée à partir d'agriculteurs venus du Mandé qu'ils ont
traversé en provenance de Guinée. Jean Hébert situe leur migration au milieu du XVllè
siècle*676. Cependant rien n'est très précis. Le mot toussian viendrait de tou : brousse et lÏIn :
gratter, soit gratter la brousse, cultiver la terre. Le groupe comprend aujourd'hui deux sous-
groupes séparés par une rivière qui traverse le village de Tapoko d'Est en Ouest. Au Nord de
cette limite, qui est loin d'être une barrière naturelle, vivent les Tento ou Toussian du Nord.
Au Sud, habitent les Win ou Toussian du Sud. Ces derniers sont plus ou moins assimilés aux
Sénoufo et certains se réclament de Kong en Côte-d'Ivoire. cependant la réalité est qu'ils ont
été beaucoup brassés avec les Sénoufo, Sembla, Tyélo et Dyula de Kong. Des premiers
groupes de populations, ils partagent le matriarcat alors que les Tento sont restés de régime
patriarcal. Les Dyula ont introduit des éléments de leur vocabulaire dans la langue toussian
du Sud, le Winwen, entrainant une évolution qui empêche les Tento du Nord de les
comprendre, et des différences dialectales entre les villages.
Un autre fait culturel tend à démontrer l'antériorité des Tento par rapport aux Win. La
grande initiation au Do, qui intervient tous les quarante ans, débute d'abord chez les Tento en
suivant l'ordre d'ancienneté des villages et se poursuit chez les Win de la même façon*671. Il
faut relever aussi que les cérémonies du Do sont dirigées par des forgerons. A quel moment
les métallurgistes et le culte sont-ils apparus chez les Toussian qui disent ne pas compter de
forgeron en leur sein?
Interrogés sur leurs origines, les forgerons qui exercent actuellement en pays toussian
disent venir de Samorogouan dans le Houet ou de Samoghoyiri dans le Kénédougou. C'est de
616 HEBERT, J., 1961, Précis dhistoire de Haute Volta·, p. 67.
677 TRAORE, A., 1986, Communication personnelle.
564
là qu'ils auraient adopté leur parler, une sorte de langue professionneUe, le Samogo, qui selon
la classification linguistique de l'Atlas du Burkina Faso, est du groupe mandé·"'. Certains
forgerons du pays toussian, portent aussi le patronyme Coulibaly, le même que les forgerons
sénoufo. Idrissa Coulibaly de Banfora affirme par exemple que ses ancêtres viennent de
Kankalaba (Comoé) d'où leur dyamou (patronyme). Les forgerons Konaté, rencontrés à
Kiéné, Kourouma, Djiguéra, viendraient eux de Sikasso au Mali.679. n existe ainsi un faisceau
d'informations attribuant une origine ~ aux forgerons de pays toussian. Le vocabulaire
de la métallurgie en fait partie. Alexandre Traoré, d'origine toussian a' examiné la tenninologie
propre aux forgerons du Manden et rapportée par Alpha Omar Konaré·680 et a trouvé que
c'était la même chez les forgerons du pays toussian à quelques nuances près. Les deux
groupes partagent par exemple les termes suivants :
Tableau nO 19 : Vocabulaire de la métallurgie - Mandé - Samogo
Mandé
Samol!o
Français
numu
numu
forgeron
titon
titou
tuyère
nègèbo
nègèbo
scories
ta
ta
feu
kolon
kolon
puits
nègè
nègè
fer
fingfing
fingfing
charbon
kaka
kaka
lime
muru
muru
couteau
yendé
yendé
hache
daba
dabandan
ouverture~rincipale du fourneau
dankuou
fourneau
On peut donc conclure en disant que les Toussian au moment de leur mise en place au
Burkina Faso semblent ignorer le fer. Cela panu"t invraisemblable en raison de la période de
migration proposée (milieu XVllè siècle) et du parcours suivi (traversée du Mandé). Ce serait
"1 Les Atlas Jeune Afrique. Burkina Faso, 1993, p. 35.
619 KONARE, A.O., 1983, Les Nwnuw du Manden.
610 COULIBALY Idrissa, forgeron à Banfora le 24101184 ; COULIBALY N'Vin, forgeron à Sian le 05107186; KONATE
Soussourou, forgeron, à Kourouma le 13109183.
611 TRAORE, A., 1986, Communication personnelle.
565
plus tard, surtout aux XVIllè siècle et XIXè siècle, avec les interventions militaire de Kong et
du Kénédougou (Sikasso) que le pays s'ouvre grandement à la métallurgie.
A l'Ouest des Toussian, vient les Gwin et les Turka. TI s'agit de deux peuples proches,
originaires du Nord Ghana. Au moment de leur installation au Burkina Faso au xvmè siècle,
les Gwin préférèrent les plaines autour de Banfora tandis que les Turka s'emparèrent des
reliefs gréseux d'où ils expulsèrent les Karaboro, et s'organisèrent en gros villages comme
Moussodougou, Tourni, Bérégadougou. En raison des résistances que ces peuples ont
opposées à l'implantation coloniale française, ils apparaissent plusieurs fois dans la littérature
de l'époque. Louis Tauxier par exemple écrit que l'industrie du fer y est aux mains de
forgerons, très nombreux dans le pays turka. surtout à Moussodougou*682. Ces forgerons
parleraient une langue à part que l'auteur identifie à du vieux mandé*683. Nous avons mené
des enquêtes à Moussodougou où l'histoire du village et celle des forgerons nous a paru très
complexe.
Le premier toponyme du village serait Koumanléri en langue tw:ki, ce qui signifie : le
pays des Turka (de léri : pays, et kounoumamba : turka). Certains informateurs soutiennent
cependant que le seul nom du village a toujours été Moussodougou parce que c'est une
femme qui en serait à l'origine.
Pour les Sourabié, le site du village était une forêt où les forgerons venaient couper
du bois pour fabriquer des manches d'outils. Un jour, la femme d'un forgeron s'y rendit
accompagnée d'une amie turka. Cette dernière trouva les lieux excellents pour une
exploitation agricole et avertit son frère à son retour. Celui-ci, Tonkiolo Sourabié, ayant
constaté la fertilité effective du sol, décida de s'y installer et créa Moussodougou.
6lI2 TAUXIER, L., 1912, Les gouins et les Tourouka, p. lOS.
61) TAUXIER, L., 1912, Les Gouins et les Tourouka, p. 91.
566
Les forgerons Barro et Traoré soutiennent une autre version qui fait
de Man ou
Mangan le fondateur de Moussodougou. C'était un forgeron et ce serait sa soeur qui a
découvert le site lors d'une sortie de récolte de noix de karité (Butyrospermum paradoxum).
Mangan viendrait du Ghana actuel et, en souvenir de cette origine, la plus vieille concession
du village s'appelle toujours Gannà. C'est autour d'elle que se serait constitué le village.
De ces versions, deux faits semblent incontestés : la découverte du site par une
femme, et l'origine ghanéenne de l'homme (turka ou forgeron) qui fonde le village. Quand on
sait que les Turka viennent du Nord du Ghana actuel on peut en déduire qu'ils sont arrivés
accompagnés de forgerons. Cette déduction est appuyée par le fait que la vieille concession
appelée Ganna est habitée à la fois par les turka Sourabié et les forgerons Barro, au milieu du
premier quartier, Flana : le lieu de l'escale, de l'arrêt. Les quartiers qui suivirent ont tous des
ozonymes révélateurs : Satiné est "la nouvelle concession" ; Tialé signifie un endroit
caillouteux; Wruna le quartier ombrageux en raison de baobabs (Adansonia digitata) ;
Keyuna est le lieu d'extraction des cailloux; Tiéyou, celui du charbon ; Fiéro, le lieu de transit
ou le marécage, et enfin K6sgo, le petit village.
Les forgerons de Moussodougou sont presque tous installés au quartier Flana.
Certains habitent Wruna parce que les grands baobabs leur servent d'ateliers.
Les forgerons de Moussodougou étaient également métallurgistes. TIs ignorent
comment la technologie est apparue. Pour eux, il suffit de naître forgeron, pour l'être, ou
alors passer par l'apprentissage. La façon d'opérer des métallurgistes de Moussoudougou est
en tous points semblable à celle des autres artisans de l'espace numu : extraction du minerai,
choix du combustible, morphologie des fourneaux, modes opératoires. Nous n'y décelons
aucun héritage susceptible d'un rapprochement avec le Ghana.
567
En allant plus à l'Ouest, les Turka font place aux Sénoufo de la région de Kandalaba,
située à une vingtaine de kilomètres de Tourni, dernier centre métallurgique important des
Turka.
Aucun doute ne subsiste dans les parages de Kankalaba et de Sindou sur l'origine
mandé des métallurgistes arrivés après l'implantation d'agriculteurs sénoufo, eux-mêmes en
provenance de la région de Sikasso au Mali-Zanga, le fondateur de Kankalaba est originaire
de Djinaoro, village créé par un groupe de guerriers qui auraient quitté Sikasso. C'étaient des
Sénoufo qui s'adonnèrent à l'agriculture. Dans la région de Kankalaba ils ont trouvé des
Natioro au village de Frikaya.
C'est plus tard que les Sénoufo firent appel aux forgerons de Niankoura pour la
production de leur matériel agricole et guerrier. C'est alors qu'arrivèrent les Numu et les
Vonon. Les premiers sont métallurgistes mais peuvent aussi travailler à la forge. D'ailleurs ils
sont seuls autorisés à fabriquer les objets de culte. Les seconds sont simplement forgerons. Ds
achetaient leur fer chez les Numu pour le transformer. Pourtant, selon la tradition, les Numu
et les Vonon seraient parents, deux frères dont le plus jeune fut maudit par le père parce qu'il
avait accepté de manger la chair prélevée de la cuisse de son frère, tous mourants de faim au
cours d'une expédition. Après cette malédiction, les descendants du cadet furent considérés
comme souillés pour toujours.
Il leur fut interdit les activités impliquant une pureté corporelle et spirituelle telles que
l'inhumation des morts, l'extraction et la réduction du minerai*614.
Le village de Sindou est également l'oeuvre de Sénoufo venus de l'Ouest. Ds furent
accompagnés ou rejoints par des forgerons et des griots car, comme dit Seydou Ouattara : "là
où ilY a des cérémonies il faut un forgeron ,,*685.
614 TRAORE Tiémoko et COULIBALy Diassigné, février 1982 à Kankalaba.
'" OUATIARA Seydou, "guide des aiguilles de Sindou", février 82.
568
Aucune des traditions ne situe chronologiquement les migrations qui ont entraîné la
fixation de Sénoufo dans l'Ouest du Burkina Faso. Nous savons toutefois qu'à partir du début
du XVllIè siècle d'importants mouvements de populations ne sont produits à la suite de la
constitution de l'Etat de Kong et de ses veUéités d'extension vers Bobo-Dioulasso et Ségou.
Bvamba et Kéré Mori, fils de Sékou Ouattara, le fondateur de Kong, conduisirent les
expéditions guerrières qui conquirent les pays de l'actuelle province de la Comoé. Bamba
serait même décédé à Sindou·616. La région fut ensuite disputée entre les Ouattara de Kong
et des Traoré venus du Kénédougou. Ces derniers sortirent vainqueurs et leurs descendants
administrent encore de nombreux villages de la Comoé.
Si ces événements sont véridiques, il faut situer au milieu du XVIllè siècle les
migrations sénoufo dans la Comoé. Le contexte de guerre qui marque leur installation au
détriment des Wara, Natioro, Karaboro, anciennement établis, Gwin et Turka nouvellement
arrivés, explique la présence simultanée du groupe des forgerons et le développement de leurs
activités. Nos efforts pour découvrir des preuves d'une métallurgie antérieur à celle apparue
avec les Gwin, Turka et Sénoufo ont été vains. Les premiers occupants des abris des
"aiguilles" de Sindou et des grès ruiniformes environnants semblent avoir ignoré le fer
jusqu'au XVIllè siècle.
Dans le but de recueillir des matériaux de datation absolue de la métallurgie locale,
nous avons conduit des fouilles à Sindou, aux emplacements d'une mine et d'une ferrière
considérés comme datant des débuts de la sidérurgie locale. Des charbons de bois collectés et
soumis aux analyses radiocarbones ont livré des résultats dans le sens de la jeunesse de
l'histoire du fer dans la région, en conformité avec ce que dit la tradition. En effet, comme le
montre le tableau ci-dessous, aucune date obtenue n'est antérieure au XVIllè siècle.
616 HEBERT, J., 1969, Les Gwi et les Turka.
569
Tableau DO 20: Raultatl d'aoalYIei radiocarbooa de Sindou
IDten'aUe de COrrectiOD
Référence
N° de comptage
Adivitéen %
AgeB-P
A.D
"sIN 85 KI A-15
Ly4020
98,0±1,2
16O±100
+ 1650 à + 1950
SIN 85 KI C-38
Ly4021
106,4±3,7
Moderne
SIN 85 KI C-38
Pa 1028
97,20±0,5
265±40
+ 1635 à + 1660
SIN 85 KI C-44
Pa 933
+ 1685 à + 1660
99,0±1
80±60
SIN 85 KI C-47
Pa 900
+ 1685-1735, 1805-1930
97±O8
245±60
+ 1635-1675, 1755-1795
Cependant, la prudence reste de rigueur, car lors de la prospection des "aiguilles" de
Sindou en avril 1975 et en février 1982, nous avons observé la présence de petits fragments
de scories accompagnant des tessons de céramique dans des abris qui auraient été occupés
antérieurement à l'arrivée des Sénoufo. Les Wara et Natioro connaissaient-ils la métallurgie
du fer avant l'avènement des Sénoufo ?
Tout aussi jeune, pourrait être la sidérurgie dans le domaine technique des gjygy.
XV.4 : Le domaine djugu : une histoire fragmentée
Le domaine des fourneaux appelés djugu s'étend comme on l'a déjà vu sur un grand
ensemble pluri-ethnique comprenant les groupes appelés gurunsi et ceux que Henri Labouret
rassemblait en un "rameau lobi" *687. La caractéristique commune à tous est de vivre au
voisinage du Ghana actuel, et d'en être même partis.
., On ignore l'origine exacte du tenne gurunsi. En 1819 T.E. Bowdich emploie Gooroosie sur une carte de son ouvrage:
"Mission froID cap Castle to Ashanti". En 1854, S.W. KOEllE, missionnaire africain à Freetown orthographie guren
dans son "Polyglotta africana". Puis apparaisseut Grushi, Grussi, Gnmga et en 1886 Gourounsi utilisé par Adolphe
DRAUSE qui séjourna 25 jours à Sali près de Leo. Le mot désigne aujourd'hui une dizaine de groupes, proches
cultureUement, mais qui ne se reconnaisseut pas comme gurunsï. Le "rameau lobi" de Henri LABOURET est également
un montage à partir de groupes ethniques se distinguant souvent des lobi tant par l'histoire que par la culture.
570
XV.4.1 : Les Kaséna et les Nuna revendiquent l'autochtonie de leur
métallurgie
Les Gurunsi du Nord ont subi une influence considérable de la part de leurs voisin
moosé. On a w comment leur métallurgie s'en est trouvé marquée.
Ceux du Sud, à la frontière du Ghana semblent tirer leurs pratiques métallurgiques de
trois sources : autochtone, ghanéenne et Mandé.
La source autochtone est rapportée uniquement par des mythes dont celui-ci recueilli
à Songo auprès de El Hadj Sapina : ''Jadis, tout le monde vivait au ciel. Un jour, alors qu'il
pleuvait, un enfant sortit précipitamment et heurta une pierre. Il retourna raconter son
accident. L'ancêtre lui ordonna de ramener la pierre. L'enfant retrouva la pierre avec à côté
des fétiches, des pinces et des marteaux. L'enfant ramassa le tout mais craignant la boue et
voulant al/er vite, il glissa et tomba. L'endroit de sa chute fut notre vil/age où il reçut de
Dieu l'ordre de produire et de transformer le fer pour les pauvres humains. Depuis lors il
devint forgeron. C'est pourquoi, lorsque nous voulons transférer une forge, c'est l'enfant le
plus jeune qui transporte les objets,,·688. Songo, aux pieds du pic Naouri, est un centre
métallurgique réputé en pays Kaséna qui réclame l'autochtonie de sa sidérurgie. Les Kaséna
auraient même été les maîtres de forge desGurunsi-Nunade la région de Léo. Le témoignage
de Lovi Nignan va dans ce sens lorsqu'il déclare : ''Nous tenons la forge de notre ancêtre qui
la tient du ciel. Mais la technique de fusion du minerai nous a été apportée par les Kaséna.
Ils venaient chaque année après les récoltes et nous apprenaient à travail/er. dès les
premières pluies, ils retournaient chez eux avec leur production après avoir fait des cadeaux
en fer au chef du village. ".689 On se souvient des appréciations de Louis Tauxier suivi par
618 El Hadj SAPINA, interviewé à Songo le 31108184.
eI9 NIGNAN WVI, forseron, entretien du )9107183 à Fien (ou Fyin).
571
Claude Francis-Boeuf sur les bonnes performances des métallurgistes Kaséna et la médiocrité
de leurs homologues nuna et bura.
Au village de Pien où nous avons mené des fouilles, l'autochtonie de la métallurgie
locale est martelée par nos informateurs. La technologie viendrait de Dieu. Le premier
forgeron fut un chasseur qui ayant abattu un bume s'aperçut qu'il portait un anneau de fer à
l'une de ses cornes. Un génie survint alors qui lui montra comment produire le fer*690. Pien se
situe dans la zone frontalière entre les Kaséna et les Nuna.
Il y a eu en pays gurunsi des implantations de forgerons venus d'ailleurs, mais la
production du fer était déjà connue. C'est le cas des forgerons Nagiare venus de Neralo au
Ghana pour se fixer à Nkuna. De même Sil Naoulai de Boura, viDage sissala, rapporte qu'un
forgeron venu du Mandé, après avoir traversé le Bwamu et le Moogo, aurait exercé chez eux.
C'était leur ancêtre*691• D'autre part, le pays gurunsi-nuna recevait des forgerons moosé
venus vendre leurs articles, mais ceux-ci généralement ne s'installaient pas. Cependant, ayant
observé des scories de réduction à proximité du puits de l'administration à Fara, et cherché à
identifier les métallurgistes, la réponse du vieux Lassane Zonou a été de suggérer que ce
pourrait être des Moosé. Mais personne ici ne sait quand ce travail a été réalisé. Il en est de
même pour des ferrières découvertes dans la brousse de Bologo non loin de Fara*692. En
1983, Palingwendé Zongo nous informait que des forgerons moosé s'étaient rendus dans des
villages gurunsi de Fara, KoJyogo, Yoro et Woro pour y travailler*693. A Kabourou, village
nuna exerce actuellement un forgeron bwa du nom de Dramane Dao. Il aurait connu les
Moosé qui se déplaçaient pour réduire le minerai de fer dans la région. Cependant il a oublié
leurs noms*694. Son témoignage est douteux car une teJJe opération ne peut passer inaperçue
6!10 ANAM Salam. 95 ans, forgeron; entretien du 14107183 à Pien.
691 NAoULAI Sil, 68 ans, forgeron; entretien du 01109/83 à Boura.
liP2 ZONOU Lassane, 80 ans, Bobo-dioula, entretien du 04106/94.
693 Zongo Palingwendé, 90 ans, forgeron, à Sigoré le 12/07183.
694 DAO Dramane, 70 ans, forgeron; entretien du 05106194 à Kabourou.
572
du reste de la population. Nous pensons qu'il a pu s'agir de métallurgistes moosé ayant exercé
avant la ruée vers l'or de cette rive gauche de la Volta-Noire (actuelle Mouhoun) après le
XVIIè siècle. Plusieurs articles en fer ont d'ailleurs été découverts lors des fouilles que nous
avons conduites dans la région*695.
Les villages qui bordent la rive gauche du Mouhou en territoire gurunsi-nuna ont
d'importantes communautés bwaba parmi lesquelles des forgerons-métallurgistes. Leurs
premières migrations à la recherche de terres fertiles datent du XIXè siècle, mais des aftlux
importants se sont produits au début du siècle, particulièrement à la suite de la répression qui
a cassé plusieurs villages du Bwaba révoltés entre 1916 et 1918 contre l'autorité coloniale
française. Beaucoup de fugitifs ont traversé le fleuve mais sans cesser leur activité
métallurgique.
Dans la première partie consacrée à la méthodologie et aux sources, nous avons
présenté les résultats scientifiques des fouilles des sites de l'espace gurunsi : Kampala, Pien,
Sié et Tiakané. Les résultats des analyses radiocarbones des charbons de bois recueillis
classent les vestiges découverts entre le XIIIè siècle et l'époque actuelle comme le montre le
tableau ci-dessous.
Tableau nO %1 : Résultats d'analyses radiocarbones du pays gurunsi
Référence
N°de
Activité en %
Age B.P.
IDtenaile de correction A.D
comptaee
Kain 86 KI-55
Pa 934
99,O±1
80±60
1685-1735, 1805-1930
Kain86KI-80
Pa 875
96,8::t.{),5
260±40
1635-1660
PIE 85 KI-12
Pa 1032
124,OO±1,5
actuel
-
PIE 85 KI-18
Pa 912
97,O±O,5
250±40
1640-1665, 1950
PIE 85 KI-21
Pa 909
99,4±1
50±80
actuel
SAP 86 KI-43
Pa 914
charbon insuffisant
-
-
SAP 86 KI-78
Pa 924
1670-1755, 1795-1955
98,6::t.{),7
115±60
SAP 86 KI-81
Pa 1027
1285-1425
93,60±0,9
58O±80
SIE 85 KI-17
Pa 891
1685-1735, 1805-1930
TIA 86 KI-25
Pa 943
99,O±O,6
80±60
1680-1745, 1800-1940, 1955
nA 86 KI-32
Pa 946
98,9
9060
1695-1725, 1815-1920, 1955
TIA 86 KI-34
Pa 911
89,9
90±40
1665-1955
nA 86 KI-39
Pa 944
98,2::t.{),7
145±60
1685-1736, 1805-1930, 1955
99,0
8O±50
695 Voir KIElHEGA, J.B., 1983, L'or de la Volta Noire. p. 102.
573
Trois périodes sont proposées par les analyses. Avant le XVIIè siècle, entre les XVIIè
et XVIIIè siècles, du XIXè siècle au présent. Nous pensons que si les dates comprises dans le
XXè siècle sont à exclure au regard de ce que dit la tradition orale, il faut cependant
considérer que des ferrières d'âges différents peuvent voisiner au gré des déplacements des
ateliers de réduction. C'est très probablement entre le XVllè et le XIXè siècles que l'activité
métallurgique, dont nous avons fouillé les vestiges, s'est développée.
En résumé, on peut donc retenir que le Sud du pays gurunsi revendique l'autochtonie
de sa métallurgie. Cependant des influences extérieures, quoique non déterminantes, sont
perceptibles, en provenance des peuples du Ghana, des Moosé et du Mandé. L'intervention
des Bwaba est récente et se limite aux rives du Mouhoun dont la droite a été le théâtre d'une
grande mouvance de populations à partir du XVè siècle.
XV.4.2 : Quand une métallurgie cache une autre
Il convient tout d'abord de rappeler le jugement de Henri Labouret relatif aux
forgerons du "rameau lobi". Ils seraient peu habiles à fondre le fer et emploieraient la
méthode catalane. Nayant gardé aucun souvenir de la façon dont la métallurgie s'est
introduite chez eux, ils disent qu'elle leur vient de l'Est. Ils imiteraient dans le travail du fer
leurs voisins Dagara et Bwaba (Oulé dans le texte)*696.
L'Est en question est Je Ghana, juste de l'autre côté du Mouhoun d'où ces populations
Les Dagara et Bwaba habitent au Nord du pays Lobi, les derniers encore plus que les
premiers mais ayant occupé jadis des territoires repris par les Dagara au XIXè siècle. Ils ont
696 LABOURET, H., 1931, Les tribus du rameau Lobi. p. 65-66.
6VT Voir fig. : ... Migration des peuples de la Bougouriba et du Poni.
574
effectivement la réputation d'habiles forgerons et certains centres tels que Memèrè, Koper,
Kpaï, Dano sont fort COMUS.
Mais qui sont-ils ? Le tenne est aujourd'hui employé pour désigner les individus et
leur langue. Celle-ci est du groupe gur central comme le Mooré et le gulmancé. Elle a deux
variantes:
-le lobr parlé autour de Ouessa, Dissin, Koper, Zambo ;
-le wiilé qu'on rencontre à Dano, Guèguèré, Oronkwa, Fouzan, Nako, Legmoin.
Très proches des Dagara sont les Birifor et les Dagara-Jula. Les premiers se réclament de la
même origine que les Dagara mais n'en parlent pas la langue. Ds cohabitent avec les Wülé
dans les mêmes localités. Les seconds, qu'on appelle encore Waala sont disséminés à travers
les provinces de la Sissili, du Mouhoun et de la Bougouriba.
Les Dagara et apparentés ont traversé le Mouhoun, venant du Ghana, entre la fin du
XVIIIè et le début du XIXè siècles.
Louis Tauxier recoMaît leur industrie métallurgique en 1912 et déclare que les
forgerons n'exercent pas chez eux un monopole de la fabrication du fer. Dans certains
villages, en saison sèche, les gens réduisaient le minerai devant leurs concessions et faisaient
ainsi des réserves de fer dans lesquelles les forgerons venaient puiser*698.
Selon les sources orales, un clan, celui des Kpanienè, serait à l'origine du travail du fer
chez les Dagara. Les Kpanianè disent être originaires du Ghana où ils auraient quitté la région
de Tamalé pour s'établir à Nako sur la rive droite du Mouhoun, et de là se fixer à Mémèrè.
Jusqu'à leur dernière étape, les Kpanienè vivaient de chasse et ne cOMaissaient pas la
métallurgie du fer. Le travail du fer aurait été révélé par un génie à leur ancêtre chasseur du
nom de Gamé qui l'aurait surpris en train de réduire du minerai. Les Kapaniené ont ensuite
69ll TAUXIER, L., 1912, Le Noir du Soudan. pays mossi et gourounsi: p. 765.
576
porteurs de labrets qui furent des métallurgistes et des orpailleurs. Ds auraient ainsi exploité le
site de Salmabor dans le département de Guéguéré. Justin Sorne les identifie aux Bwaba,
également orpailleurs et métallurgistes et dont des éléments restent présents au Nord de la
Bougouriba*703. Cependant les Bwaba ne portent pas de labrets tandis que les Bobo ont cette
pratique tout comme les Birifor, mais pour ces derniers il est en paille. Pourquoi des Bobo
n'auraient-ils pas vécu là au voisinage de Bwaba ?
D'autre part, Maurice Delafosse signale la présence de Padoro (ou Padobé) dans la
région de Diébougou, antérieurement à l'arrivée des Dyan, Dagara et Birifor*704. Ce peuple
vit aujourd'hui à l'Ouest des Lobi mais fait appel à des forgerons étrangers. TI ne reste donc
que les solutions bwa et bobo pour expliquer la présence, aux abords de la bougouriba et du
Mouhoun, de vestiges métallurgiques antérieurs aux gens dits du "rameau lobi".
Aux abords du Porn, des ruines en pierres et de nombreux puits attestent d'une
occupation des lieux avant l'arrivée des Lobi au xvmè siècle. Us 'agit d'une civilisation qui
maîtrisait la métallurgie du fer. Ille fallait pour disposer de l'outillage indispensable dans ce
g~nre de travaux. Les preuves. archéologiques de cette métallurgie sont l'observation de
scories de réduction dans les parois des murailles et de restes de fourneaux aux alentours des
ruines. Jusqu'en 1992, la tradition orale suivie par les ethnologues attribuaient ces vestiges
aux Koulango, prédécesseurs des Lobi comme les Gan, mais spécialisés dans l'extraction de
l'or. Aujourd'hui encore, les sources orales rassemblées par Paul Raymaekers en Côte d'Ivoire
sont toutes unanimes pour reconnaître aux Koulango la paternité de ceux situés au sud de la
frontière Burkina faso-Côte d'Ivoire*705. C'est dans ce contexte que les Gan ont révélé à
Madeleine Père qu'ils en étaient en fait les auteurs et que les Koulango leur ont offert tout
simplement la main-d'oeuvre servile nécessaire à leurs entreprises*706. Contrairement à ce que
103 SOME, J., La production traditionnelle de l'or à Salmabor (province de la Bougouriba).
'lIMDELAFOSSE,M.,1912,Haut-8énégal-Niger, T. l,p. 316.
'lOS RAYMAEIŒRS, P., 1996, -Ruines de pierres du pays lobi ivoirien-, 33 p.
1116 PERE, M., 1992, -Vers la fm du mystère des ruines du Lobi ?-, pp. 79-93.
577
pensent Paul Raymaekers et Madeleine Père, c'est maintenant que le mystère des ruines du
Lobi s'épaissit, ou alors il n'y avait pas de mystère du tout, puisque depuis un siècle les
traditions locales collectées par Henri Labouret, Parenko Pale et Jean Hébert étaient
unanimes, comme celles saisies aujourd'hui par Paul Raymaekers en Côte d'Ivoire, pour faire
707
des Koulango les bâtisseurs de ces ruines·
•
A présent, avec la revendication des Gan, qui auraient curieusement changé
d architecture depuis, le débat sur la paternité de ce mode de construction est plus que jamais
lancé. La solution suggérée par Paul Raymaekers d'une double invention à J'occasion d'une
coexistence pacifique entre Gan et Koulango n'offi'e pas de satisfaction historique, ces deux
peupJes niayant pas les mêmes origines, donc sont arrivés au Burkina Faso avec des traditions
70B
architecturales différentes avant de cohabiter·
• TI faut poursuivre l'enquête et nous nous
proposons de le faire dans le cadre d'un projet "Ruines du Lobi" qui sera exécuté avec la
Coopération du Royaume des Pays-Bas et d'autres partenaires scientifiques et financiers dont
naturellement les pays concernés que sont la Côte d'Ivoire et le Ghana.
Les récentes enquêtes que nous avons menées dans la province du Poni ont permis
d'identifier un type de fourneau non encore décrit par la littérature ethnographique ou
historique, le type de fourneau Lobi (en réalité dagara ou birifor) diffusé par Henri Labouret
ayant occulté depuis le début du siècle tout autre procédé de production de fer dans la région.
Ce deuxième type est pour le moment localisé seulement sur le territoire des Gan où on le
trouve en association avec le fourneau cylindrique à ventilation haute qui fait la singularité
des gjygy du Sud-Ouest. Des reconnaissances doivent permettre de délimiter avec précision
sa zone d'extension et surtout son origine. Pour le moment, la seule description de la tradition
orale le concernant vient du forgeron gan de Tanwoura·709•
7lI7 _ pour Henri LABOURET, voir bibliographie.
- HEBERT, J. et PALE, P.? J962, WUne famine ethnique: Jes Gan, les Padoro, Jes Dorobé et JesKomonow, pp. 227-245.
101 RAYMAEKERS, P., J996, wRuines de pierres du pays Jobi ivoirienw
, p. 27.
'7ll9 FARMA Mayou, 62 ans, forgeron, entretien du 27107/94.
578
Plusieurs forgerons étrangers sont installés de nos jours dans les grandes localités du
pays dagara et lobi. Ils viennent pour la plupart de chez les Komono à la frontière avec la
Côte d'Ivoire. Nous avons cependant rencontré à Tiankoura (village lobi) des Moosé qui s'y
étaient établis pour travailler le fer. Le village compte aussi des forgerons Ouattara venus de
Sidéradougou et qui étaient métallurgistes. Elle aurait trouvé en arrivant une famille lobi,
Poda, qui savait transformer le fer mais pas le produire.710.
Les données chronologiques et même techniques sont encore trop fragmentaires pour
que des conclusions définitives puissent être tirées sur l'histoire du fer dans le Sud-Ouest du
Burkina Faso. Les fouilles de Lokhosso-Sandé n'ont pu être datées. Aucun charbon de bois
n'a été recueilli et les parois du fourneau soumis aux incessants feux de brousse n'oflTaient
aucune fiabilité en cas de datation par thermoluminescence.
A la fin de cette réflexion sur les origines des métallurgistes et de leurs techniques, on
est frappé par la relative jeunesse des industries observées sur le terrain, apportées le plus
souvent par des mouvements migratoires dont les sens dominants sont d'Ouest en Est et Sud
vers le Nord. A l'intérieur de chacune des provinces métallurgiques construites à partir de ces
flux, des échanges se sont instaurés dont le réseau occulte aux yeux du présent les
expériences autochtones qui ont pu se développer antérieurement. Celles-ci semblent avoir
été évidentes dans Je Bwamu, au Yatenga et au Moogo.
Les datations obtenues par les analyses radiocarbones ou par déduction des sources
orales ne peuvent en aucun cas être considérées comme marquant le début de la métallurgie
dans les différentes localités. Elles correspondent le plus souvent aux derniers témoignages
matériels de l'activité métallurgique. En cela nous nous accordons avec Danilio Grébénart
lorsqu'il écrit que : "c'est à une période postérieure, d'âge médiéval ou subactuel, que
doivent appartenir les volumineux vestiges de fabrication de fer répartis un peu partout
710 OUAITARA Béma., 60 ans, forgeron dyuJa, enlretien du 07106/94.
579
.
dans l'Ouest africain, plus particulièrement au Burkina FasO".711. Ds sont effectivement
nombreux et volumineux les tas de résidus de la réduction du minerai de fer. Mais comment
faire une discrimination chronologique entre les sites avant des fouilles, quand la taille du
débris, sa concentration ou son éparpillement, son affleurement ou son enfouissement ne sont
pas des paramètres prouvés de classement ? D convient d'affiner les méthodes de prospection
dans ce sens.
L'âge de la mine de Béna dans la Kossi doit être confirmé. Si cela était, la métallurgie
du Bwamu trouverait sa place parmi celles de l'Ouest du Niger, du plateau de Jos au Nigéria,
du Nord du Ghana et du Delta intérieur du Niger au Mali·712. L'âge de la métallurgie du fer
au Burkina Faso est comparable à celle du pays Bassar au Togo que Philippe de Barros a pu
dater entre le XIIIè et le XIXè siècles.713.
Mais dès à présent, il n'est plus possible d'écrire que "le fer n'est certainement pas une
invention originale de l'Afrique,,·714 ou même de supposer un centre unique de diffusion de
1~Ia métallurgie sur le continent.
Une chronologie des types de fourneaux n'a pas été établie de façon absolue.
Cependant les systèmes à induction directe paraissent antérieurs aux structures à tirage d'air
forcé. TIs étaient utilisés par les peuples les plus anciennement établis : Bwaba, N'msi, Kibsi,
Fulsé. Cette observation a été également faite dans le Bargu au Bénin par Oumarou Banni·
1Guéné.715. La mauvaise qualité de son fer aurait entraîné rapidement l'association d'un petit
fourneau à· souftle~servant au retraitement de minerais mal fondus. Une autre structure, à un
ou plusieurs jeux de souftlets, s'est cependant le plus répandue sauf à l'Ouest du pays.
7Jl GREBENART. D.• 1988. Les memicrs métallurgistes en Afrique Occidentale. p. 24.
712 Dans ces régions le fer est daté respectivement de 974±120 B.e.• Tennit, 591±104 B.e.• Tuuga et 450 BC • Nok,
60 BC±I40' Daboya et 39O±115 BC' Nokara, 210±180 BC • Djenné. ~ : HOll. A.• 1983. "La question de rage
du fer ancien de l'Afrique Occidentale: essai de méthode-. pp. 6-8.
713 BARRas. P. de. 1983. -Les Basar: producteurs du fer' grande échelle.... pp. 5-7.
714 FORBES. R.I.• 1950, Metallurgy in Antiguitv. p. 35.
71S BANNI-GUENE, O.• 1993. Histoire et traditions technologiques dans le Bargu, p. 91.
580
Dans les régions où elle fut seule en utilisation, son âge pourrait être contemporain de
celui du fourneau à induction. Dans tous les cas, nous ne comprenons pas la chronologie de
Bruno Martinelli qui écrit : "ainsi dans certaines régions d'Afrique Occidentale (Mali,
Burkina Faso, Côte d'Ivoire) les forgerons ont-ils abandonné le soufflet dès qu'ils furent en
mesure d'utiliser des fourneaux à induction directe,,·716. Au cours de nos enquêtes, nous
avons observé plutôt des cas d'abandons du boonga ou boaanga pour le booaga ou boaa&
plus facile à construire, s'adaptant à des besoins plus limités et s'accommodant
du
Puis vint le déclin, et parfois la disparition de la métallurgie traditionnelle que tous les
témoignages, au demeurant concordants, situent pendant la période coloniale, au tout début
pour le Bwamu et le pays des Turka, à l'après-guerre pour les autres régions. Au Lobi par
exemple, les Français auraient détruit les fourneaux et confisqué les armes. La production et la
transformation du fer en armes furent interdites. Des loupes furent enterrées au passage des
conquérants, pour être récupérées après. Les chefs désignés par la nouvelle administration et
leurs représentants empêchaient les gens de veiller autour des fourneaux pour la production du
fer. Puis la multiplication des obligations coloniales absorbèrent ici comme ailleurs, les bras
valides.
Tout comme leurs collègues de Legmoin et de Nako dans le Poni auxquels nous devons
le témoignage ci-dessus, les forgerons de Kogbi, Moussodougou et Sanikoro dans le Houet,
attribuent également aux Français le déclin de leurs activités métallurgiques. La région connut,
comme au Lobi, la confiscation des armes, suite à des révoltes répétées entre 1904 et 1920.
Entre 1915 et 1919, le désarmement de la population permit la saisie de 2000 arcs, 63000
flèches, 6000 carquois, 3000 sabres, 1200 poignards, 800 haches de guerre, 48 baïonnettes-
serpents, 24 Lances et 150 fusils. La baïonnette-serpent, fer en forme de serpent d'environ 60
cm de longueur, semble avoir été une spécialité locale, exportée par le commerce. On la
retrouve à Kon~ en 1888, où elle était attribuée au pays Guin et Turka 717.
116 MARTINELU, B., 1993, "Fonderies ouest-africaines. Classement comparatifet tendances", p. 219.
717 TAUXIER, L., 1933, Les Gouins et les Torouka, p. 104.
S81
La période coloniale n'a pas connu seulement l'interdiction de fabriquer ou la saisie des
armes. Certains agents ont tenté, au contraire, d'encourager cette industrie. Nous avons déjà
mentionné les efforts du Capitaine Noiré, administrateur du Yatenga en 1904, et de
Monseigneur Johanny Thévénoud, évêque de Ouagadougou, qui fit construire cers 1916-1917
un fourneau à Pabré.
Appelés sur les chantiers de construction des routes et de la voie ferrée Abidjan-Niger,
les forgerons sont ceux à qui on confiait la fabrication des paniers pour le transport des pierres,
l'abattage des grands arbres nécessaires à la construction des ponts, l'exploitation des carrières
d'où provenait ce matériau pour l'empierrement des routes.
Même pour la nouvelle religion venue avec la colonisation, les forgerons ont travaillé.
Boukary lonon, Noufou lonon, Souleymane lonon de Yalka (Yatenga) affirment avec force
avoir été convoqués à Ouahigouya pour fabriquer la grande cloche de l'église de la ville 118.
Les réquisitions par 'adDÙnistration coloniale des bras valides pour les travaux
prestataires, l'avènement de l'impôt de capitation et la déstabilisation familiale qu'il a entraînée,
sont les causes principales du déclin de la métallurgie traditionnelle. Des produits
métallurgiques de substitution, d'origine importée, se présentèrent sur les marchés. Le forgeron
lui-même eut recours de plus en plus au fer de récupération de provenance européenne. Les
voies ferrées de la Gold Coast en firent principalement les frais, car un important trafic de
traverses (tarwansé en mooré) s'établit entre Bolgatanga et Wa au Sud, Ouagadougou,
Koudougou et Bobo-Dioulasso au Nord. Aux dires des informateurs du Bazéga, de
l'Oubritenga ou du Boulkiemdé, le commerce de traverses de voies ferrées a pris un grand
essor après la guerre.
C'est ainsi que les fourneaux se sont éteints progressivement, pour des raisons
politiques ou éconoDÙques. Aujourd'hui, beaucoup d'adultes au Burkina Faso ignorent
comment était obtenu le fer avant la mainmise coloniale. De même, on ne s'explique plus très
bien la diversité des statuts qui régissent encore les travailleurs du fer.
718Zonon BoukaJy. Zonon Noufou et Zonon Souleymane. au cours de J'entretien du 26/07/83 à YaIka.
582
CHAPITRE XVI : LA METALLURGIE: UNE IMPORTANTE SOURCE
DEREVENUS?
L'avènement du fer semble avoir eu une même signification économique et culturelle à
travers les âges et les continents. Les difficultés liées à son élaboration, sa rareté, lui ont
souvent conféré une valeur inestimable parfois au-dessus de l'or et de l'argent. Au deuxième
millénaire avant Jésus-Christ le fer valait 40 fois plus que l'argent. A la fin du Vllè siècle
avant J.-C. on obtenait 12 kg de fer pour une pièce d'argent pesant six grammes. En un demi-
millénaire, le rapport fer/argent était devenu 2000/1*717.
Nous ne disposons pas sur la longue durée d'éléments comparatifs analogues pour
suivre la place tenue par le fer dans le règne des minéraux ou dans les économies locales.
Mais ce métal était recoMu de grande valeur. "L'homme vient au monde grâce au fer et
quitte 1monde grâce à lui", martèle la tradition en référence à la lame de rasoir qui coupe le
cordon ombilical du bébé et aux outils métallurgiques nécessaires pour aménager la dernière
demeure de J'homme, sa tombe.
En termes économiques simples, les travailleurs du fer tiraient des ressources de
plusieurs façons : il géraient parfois un monopole, celui de la production et/ou de la
transformation du fer ; ils s'adoMaient le plus souvent aux activités agricoles et pastorales
directement ou par l'intermédiaire de leurs familles et/ou de travaux prestataires ; ils
participaient à un commerce local, inter-ethnique et même à longue distance ; enfin, ils
collectaient quelques ressources occasioMées par des consultations médicales ou des
interventions pour la paix.
Cependant, les redevances aux maîtres de la terre ou aux gens du pouvoir, la fin du
monopole lorsque les populations s'initiaient à la métallurgie et le faisaient souter,
717 MOlIEN, J.P., 1990, Métallurgie préhistorique: introduction à la paJéométallurgie, p. 198.
583
introduisaient des limitations sérieuses dans les possibilités d'enrichissement des métallurgistes
et des forgerons.
XVI.1 : Un monopole lucratif sur les activités métallurgiques
La spécialisation professionnelle a abouti quelquefois à un monopole de fait des
travailleurs du fer sur leurs activités. Ils en ont exclu alors les non membres du groupe, et
organisé des systèmes de transmission des connaissances qui sauvegardaient l'héritage
technologique. Cette prise en otage de la métallurgie était très marquée dans le Bwamu et
dans tout l'Ouest du Burkina Faso. Les artisans en tiraient alors assez de ressources pour en
faire leur principale occupation.
Dans le Bwamu précolonial, métallurgistes et forgerons étaient classés différemment
dans la hiérarchie sociale, l'échelle de chacun traduisant la considération que la société lui
portait.
Au sommet de cette hiérarchie étaient les kaa-bwitiwa ou Ba-bwitiba. On retrouve
d'\\ns cette appellation la référence au bwi (fourneau). Il s'agit du groupe des ferriers. Dans les
villages, ils occupaient des quartiers à part et empêchaient les forgerons, transfonnateurs de
la matière première que seuls les kaa-bwitiwa produisaient, de s'installer loin d'eux. Interrogés
sur les causes de ce refus de voisinage, les vieux Lamoussa Bonzi de Bouan et Gniko Bonzi
de Kosso, ont tous deux allégué les nuisances sonores provoquées par le bruit des marteaux
sur les enclumes. La réduction serait un travail plus silencieux.718.
Venaient ensuite les kaa-Jun-zowa ou dikiwa ou kaa-likiba. Ils rachetaient le métal
chez les fondeurs et le transfonnaient dans leurs forges. Cette catégorie était plus mobile que
la première, se déplaçant souvent à la recherche d'un marché.
"8 LAMOUSSA Bonzi à Bouan le 25103n4 et GNINKO Bonzi à Kesso le 27112194.
584
Elysée Coulibaly évoque dans la région de Sanaba deux autres catégories de
forgerons : les kaa-conbwawa, joueurs de balafon, et les kaa-man-pawa. chasseurs d'oiseaux
avec de la glue*719. Aucune des deux ne participe réellement aux activités métallurgiques.
Métallurgistes et forgerons ne participaient pas au travail agricole. Considérée comme
l'activité la plus noble, il était réservé strictement aux ba-bwawa (sing. : wo-bwani), les
bwaba agriculteurs qui représentaient selon Jean Capron 85 % de la population contre 7 %
aux travailleurs du fer et 8 % pour les griotS*720. Quinze pour cent de la population du
Bwamu vivaient donc aux dépens des agriculteurs. Métallurgistes et forgerons se procuraient
les produits de l'agriculture par les échanges commerciaux, mais aussi grâce à une pratique
institutionnalisée, une sorte de contrat social entre eux et les agriculteurs. Au moment des
récoltes, portant de grands paniers, ils parcouraient les champs pour prélever "le mil de la
forge". Cette contribution forcée mais acceptée par les laboureurs leur assurait les grains pour
l'année. Avec le revenu du travail du fer, ils pouvaient se constituer des cheptels dont la garde
était le plus souvent confiée aux éleveurs spécialisés qu'étaient les Fulbé. La tradition "du mil
de la forge" est présente dans les différentes cosmogonies expliquant le peuplement du
Bwamu par les agriculteurs, les travailleurs du fer, les griots et les éleveurs Fulbé. Celle
cùllectée par Jean Cremer et que nous avons rapportée plus haut la mentionne et tente e
justifier la mainmise des Fulbé sur l'élevage du gros bétail. Elle est à peine différente d'une
autre enregistrée par Elysée Coulibaly à Sanaba*721 et de la légende de la pintade dont il a été
également déjà question.
Ceci étant, métallurgistes comme forgerons versaient aussi des redevances. A Kouka
dans la Kossi elles étaient de 60 houes par an, versées au chef de terre, autorité politique et
religieuse éminente des villages bwaba*722.
719 COULIBALY, E., 1990, La métallurgie ancienne du fer dans le Bwamu. p. 19.
720 CAPRON, 1., 1973, Conununautés villageoises bwa. Mali-Haute Volta. p. 20S.
721 COULIBALY, E., 1989, La métallurgie traditioooeUe du fer dans la région de Sanaba. p. 83;84.
722 FAO, O., 1990, La production traditionnelle du fer dans la région de Béna, p. 108.
5S5
"
Celui-ci apparaissait comme une manière de maître de la terre, possédant sur le sol et
les cieux des droits d'origine mystique. Il présidait les cérémonies du village, lesquelles ne
peuvent se dérouler sans la présence d'un kIIni (ou kIHi) : forgeron ou métallurgistes.
Les ferriers ne possédaient donc pas les mines. En effet, selon une philosophie
commune à l'Afrique Noire, l'auteur du travail est propriétaire de l'objet, mais comme aucun
humain, aucune collectivité n'a fabriqué la terre, celle-ci ne peut appartenir réellement à qui
que ce soit. Le chef de la collectivité intervient chaque fois qu'on touche à la terre dont il a la
garde et non la propriété. Les hommes n'ont que l'usufruit de la terre.
Les kaani du Bwamu s'adonnaient donc principalement au travail du fer dont ils
conservaient jalousement le monopole grâce à l'endogamie, J'isolement des habitats et des
ateliers et à un code de vengeances institutionnalisées. Ils n'avaient pas de champs mais
pouvaient par contre entretenir un élevage.
La situation était à peu près similaire pour les numu de l'Ouest du Burkina Faso.
Biékon Koné de Kogbé affirme qu'avant l'arrivée des bJancs aucun numu ne pratiquait
l'agriculture. Ils savaient fabriquer le matériel agricole, mais pour l'honneur du métier, ils
devaient ignorer s'en servir. La place du forgeron, répète-t-il, est à la forge et non aux
champs·723.
Kédé Coulibaly, Méin Coulibaly, Biè Traoré de Kiènè,
Gaousso Koné de
Bérégadougou, tous nient la participation des numu aux travaux agricoles avant la mainmise
coloniale·724. Les informateurs de Kiènè ajoutent que malgré ceJa, Jeurs greniers étaient
toujours pleins grâce au troc outils agricoJes contre céréales. Ils échangeaient par exemple
une daba contre deux tines.72~ de mil.
7D KONE, Biékon, 70 ans, forgeron à Kogbè le 18102187.
7U COULIBALY, Kédé, 100 ans, forgeron, COULIBALY Ménin, 75 ans, forgeron, mAORE Bié, 60 ans, forgeron,
interviewés à Kiènè le 21/07183. KONEG, GAOUSSOU, forgeron, interview du 20109183 à Bérégadougou.
725 La tille est une unité de mesure CD capacité, d'une contcnanc:e de 18litra.
586
Les numu possédaient du bétail dont la garde était confiée aux Fulbé suite à un
contrat de confiance passé entre un forgeron et un Fulbé.
On observe comme dans le Bwamu une division des travailleurs du fer en deux sous-
groupes hiérarchisés : les métallurgistes et les forgerons, surnommés numu de la nuit.
Le Bwamu et la zone d'influence des numu sont les seuls endroits où les traditions des
métallurgistes et forgerons ne reconnaissent pas une participation aux travaux agricoles avant
la pénétration française et les changements dans J'économie. L'activité métallurgique
nourrissait suffisamment ses pratiquants qui se présentaient même comme un groupe assez
favorisé. Le kaani ou le numu était l'homme qui pouvait vivre du travail de ses mains.
Dans les autres provinces métalJurgiques la situation économique des travailleurs du
fer présente quelques différences.
XVI.2 : Une parité agriculture et métallurgie?
Dans le Yatenga, le Moogo et les territoires sous leur influence politique et
technologique comme les pays bisa et Iyéla, la production du fer et sa transformation sont
entre les mains du même groupe lorsque la présence de minerai permet l'existence du travail
de réduction. Le travail du fer ne fut cependant jamais une activité exclusive pour ces gens,
qui y associaient agriculture, élevage et commerce, houspillant des ânes lourdement chargés
de dabB, pioches, couteaux et autres articles de la forge vers les régions déficitaires en
produits métallurgiques.
Louis Tauxier atteste la diversité des activités économiques des travailleurs du fer. TI
écrit en 1912 qu'en hivernage les forgerons faisaient plus de culture que de forge. TI ajoute
qu'ils ne pratiquaient ni chasse, ni pêche, ne travaillaient ni le cuivre, ni l'argent ou l'or, mais
participaient au commerce. Lorsqu'un forgeron, dit-il : "a fondu beaucoup de fer, il achète
quelquefois des bestiaux, va les vendre à Ouanké (Ghana actuel), y achète des colas, les
587
emmène à Sara/éré (Mali actuel) et en rapport du sel,,*726. En 1917 le même auteur confirme
l'activité commerciale des forgerons en écrivant que les forgerons du Yatenga travaillaient
pour l'exportation et qu'avec les Yarsé ils transportaient eux-mêmes vers
Hie sud
(Ouagadougou, Gourounsi, Boussancé, Nord Gold Coast) une grande quantité de pioches et
de haches,,·727. Parlant des forgerons voisins du pays gn, il précise qu'ils ont de champs
cultivés par les clients.na. De même, il observe que les métallurgistes et forgerons Iyélé du
Sanguié ne sont pas spécialistes dans leur métier et font aussi de l'agriculture.729.
La tradition orale telle qu'elle est transmise aujourd'hui, confirme les observations
faites par Louis Tauxier au début du siècle.
Les informateurs de Pabré sont unanimes pour dire que les forgerons (entendre
métallurgistes aussi) avaient des champs et des troupeaux. Ils y faisaient travailler leurs
femmes, leurs enfants et les clients et prenaient eux-mêmes la daba quand ils n'étaient pas
occupés à la forge.730.
En effet, les produits de la forge pouvaient être obtenus contre des prestations de
service. Dans le Boulkiemdé, il fallait trois jours de travail pour obtenir une daba.
Quelquefois le forgeron exigeait du client trois laboureurs à la fois pour une journée de travail
en échange de la daba.731.
Afin de prendre une part plus importante au travail agricole, les forgerons installaient
parfois des forges provisoires dans les champs. Ils y étaient rejoints par les clients qui durant
le temps de la réparation labouraient à la place du forgeron· 732.
726 TAUXIER, L., 1912, Le Noir du Soudan, pays Mossi et gOW'O\\U1Si, p. SIS.
127 TAUXIER, L., 1917, Le Noir du Yatenga, p. 218.
721 Op. cit., p. 578.
719 TAUXIER, L., 1924, Nouvelles notes sur les Mossi et les Gouro\\U1Si, p. ISO.
7)0 GAAGRE Tinga, NASSA Ting&, GAAGRE Julbert, GAAGRE Joseph, entretiens entre le 20/08/84 et le 31112194.
731 ZONGO Konyib, 67 ans, forgeron, interviewé à Nadiala le 30108183 ; KOAlA Yamba, 60 ans, KOALA Souka, 55
ans, forgerons, interrogés à BurkinalKoudougou le 24107/83.
m NlKIEMA Soakba, 80 ans interrogé à RaJo le 13108183.
588
En pays ma. la.dAbl était échangée contre une matinée de travail dans le champ du
chef forgeron et une après-RÙdi chez chacun de ses deux aides. Le client pouvait aussi être
requis pour la fabrication du charbon de bois ou l'extraction du minerai·733• Les travailleurs
du fer y étaient aussi des agriculteurs. Pendant l'hivernage, ils labouraient leurs champs aidés
par les femmes et les enfants. Ds n'interrompaient cette activité qu'à la sollicitation d'un client.
Les plus aisés entretenaient de petits champs, juste suffisants pour occuper les femmes et les
enfants et pour ne pas s'ennuyer les jours où il n'y avait pas de commande. Le troc leur
permettait de se constituer d'importants troupeaux de bovins et de caprins. Pour trois daba ils
obtenaient un mouton et une vache pour dix·734•
Le Yatenga est la région a jadis mobilisé le plus de métallurgistes et de forgerons, et
sans doute produit le plus de fer et d'articles de forge. Le Capitaine Noire affirme qu'ils y
étaient très nombreux, vivant dans tous les villages importants, depuis la politique de
disséRÙnation de Naaba Wumtanango dont il a déjà été question. A Kalsaka on dénombrait
4000 forgerons sur une population de 7600 habitants formant le village.735.
A la· même période, Henri Labouret faisait le recensement suivant dans un certain
nombre de villages birifor et lobi.....
Tableau nO 22: Répartition des forgerons dans des villages birifor et lobi
ViIla2C
Nombre de for2crons
Population totalc
Kpuéré
7
2141
Batié Sud
22
7041
Batié Nord
8
3408
Hcmkoa
23
7025
Yolonioro
12
5117
Tioio
2
1644
Tiankoura
16
7888
Bouroum-Bouroum
9
3088
-
soit au total
90 for2erons oour
37355 habitants
'733 MASSIMBO, T., 1991, La métallurgie ancienne du fer dans la région de BoUSSOU8ou, p. 98.
734 ADIMPOUA, forgeron, interrogé à Tiakané-Navio le 22108184.
735 NOIRE, Capitaine, 1904, Origine des forgerons dans le Yatcnga.
7]6 OUEDRAOGO, 0.0., 1974, Réflexion sur les forgerons du Yatcnga. p. 10.
589
Les effectifs nombreux de travailleurs du fer seraient-ils l'explication de l'obligation de
recourir à d'autres activités pour subsister? Quoiqu'il en soit, les ressources réunies par les
travaiIJeurs du fer auraient été appréciables. L'apparence des villages serait explicite à cet
égard puisqu'en dehors de la concession du chef de village, le quartier des forgerons se
présentait comme le plus riche·~ Dans la province métallurgique des 9jygy, les concessions
d~s travaiIJeurs du fer n'avaient pas un standing supérieur à ceUes des autres paysans. TI en est
de même dans le Gulmu.
XVI.3 : Quand le fer ne nourrit pas son homme
Louis Tauxier est formel sur les conditions économiques des travaiIJeurs du fer en
pays dagara. ]]s n'avaient pas le monopole de la fabrication du fer. Les autres paysans
disposaient de la liberté de réaliser des réductions devant leurs soukhala et auraient gagné
ainsi beaucoup de fer revendu aux forgerons qui seuls étaient habilités à le transformer à la
forge. Leur métier rapportait moins que le travail agricole auquel ils s'adonnaient comme les
autres paysans·7Jf. TI en aurait été de même pour les forgerons bwaba vivant en pays nuna et
ne produisant plus de fer. Louis Tauxier dit d'eux qu'ils font de la culture et que cela leur
rapporte plus que leur métier·731. Henri Labouret confirme Louis Tauxier quant aux
pratiques agricoles des forgerons du "rameau lobi" qui ne viraient pas de leur métier et
produiraient peu. Leur principale activité serait l'agriculture comme les autres habitants du
pays. D'aiUeurs c'est le client qui, le plus souvent, apporte du fer au forgeron. Pendant que
celui-ci s'atteIJe à la fabrication de l'article demandé, le client le remplace dans son champ.71:9.
Cette pratique était également courante dans le Gulmu où les paysans, associés aux
opérations conduisant à la production du fer, recevaient en échange du fer brut qu'ils
1)7 TAU'XIER, L., 1912, Le Noir du Soudan, pays mossi et gourounsi, p. 765.
1.lI Op. cil, p. 35.
73!1 LABOURET, H., 1931, Les tribus du rameau lobi, p. 70 et 72.
7«1 CHAUVEAU, J.P., 1984, Le fer, l'outil et la monnaie, p. 473.
590
pouvaient vendre ou remettre au forgeron de leur choix pour être transformé en outils ou en
armes.
A travers ces exemples, on perçoit une certaine misère des travailleurs du fer. Us
exerçaient comme s'ils étaient condamnés à le faire, cette activité ne générant pas pour eux
des avantages économiques appréciables. Leur propre production étant insuffisante, ils
avaient recours, comme les autres paysans, aux importants de fer grâce au commerce
interethnique.
XVI.4 : Les activités commerciales liées au fer
Nous avons déjà abordé la question des échanges commerciaux impliquant le fer en
parlant du troc et des prestations de service qui permettaient à certains travailleurs du fer de
remplir leurs greniers. TI reste à présenter les autres aspects de ces relations commerciales qui
mobilisent plusieurs catégories de partenaires et de déroulent sur plusieurs types de marchés.
Contrairement à la pratique dans les régions préforestières ou forestières de Côte d'ivoire ou
de Guinée, le fer n'est pas utilisé comme unité monétaire. En dehors du troc, la seule monnaie
signalée localement est le cauris.
En effet, dans le rôle de monnaie, plusieurs documents d'archives coloniales attestent
l'utilisation du fer chez des peuples de Côte d'Ivoire. TI s'agit principalement des Baulé, des
Bété et des Guro. Ces gens employaient des tigettes dénommée "l2)Q" ou "jèdè" fabriquées
dans les régions préforestières et exportées vers le Sud de la Côte d'Ivoire où elles
permettaient de se procurer des esclaves et des noix de cola. Les peuples du Sud les
utilisaient aussi comme monnaie pour fabriquer des outils ou comme objets d'échange
cérémonial.74~
741 Joseph Marie ESSOMBA parle aussi d'une monnaie de fer appelée mkiÇ ou Il&!mi chez les Béti Bulu et Fang du
Cameroun. C'étaient de petites barrettes de fer aplaties, un peu élargies au milieu. Elles étaient rassemblées en paquets
de cent. Chez les Fang, les lances auraient servi aussi de monnaie. ESSOMBA, lM., 1991, Le fer dans le passé des
sociétés du Sud-Cameroun, p. 449-4S2.
591
Nous ne détenons pas une description précise de ces tigettes. Peut-être faut-il
assimiler les .blQ et les jèdè aux som'pè décrits par Roland Portères qui rapport qu'ils étaient
fabriqués dans des ateliers à Touba et Sakhala en Côte d'Ivoire où ils n'étaient en usage qu'au
Sud d'une ligne joignant Touba, Séguéla, Sakhala et Mankono. Au Nord de celle-ci le som'pè
était relayé par les cauris. Cette monnaie était un fer plat, roulé ensuite en gouttière, dont
l'extrémité inférieure est élargie en lame plus ou moins triangulaire ou ovale, tronquée ou
aiguë ; l'extrémité supérieure serait en queue d'aronde à parties très inégales. L'ensemble
mesurerait 10 à 15 cm de long pour un poids de 100 gr. On les groupait par paquet de
vingt·74t et un homme pouvait en porter pour 15 à 20 francs en 1905. Roland Portères
précise que le som'pè avait cours au Sud jusque chez les Bété et les Guro. Sur le littoral il
était remplacé par la manille de cuivre. TI établit une relation entre le som'pè et le sen-m'bré,
appellation spéciale d'une lance en fer employée par les Moosé du Burkina Faso dans la
chasse à l'éléphant·74~
Le guinze était également une monnaie de fer utilisée en Guinée par les Mendé, les
Konno, les Kissi, les Kurango, les Loma, les Konian et les Dan. Roland Portères le décrit
comme étant constitué d'une tige de fer doux, battu, de 25 à 90 cm de long, avec une section
carrée de 3 à 4 mm, tortillée sur toute sa longueur, la queue élargie en lame plus ou moins
triangulaire ou ovale, la tête constituée par deux antennes disposées sur le même plan que la
lame de base avec 3 à 5 cm d'envergure. Selon le même auteur, citant P. Germann, il existait
deux guinze : le petit pesait 10 à 15 gr et mesurait 25 à 40 cm tandis que le poids du grand se
situait entre 60 et 80 gr mais pouvait atteindre 140 gr pour une longueur de 70 à 90 cm.
Roland Portères, citant cette fois Bouet ajoute qu'en 1910 avec cinq francs en argent on
obtenait 60 guinze pesant huit kilogrammes. Avant la première guerre mondiale, le guinze
142 PORTERES, R., 1960, La monnaie de fer dans l'Ouest afiicain au XXè siècle, p. 7.
143 Op. cil., p. 34.
592
était si connu et utilisé en Guinée français qu'il fut admis comme monnaie pour payer les
impÔtS·7~
n existait en Afrique occidentale d'autres monnaies de fer, mais aucune n'aurait servi
chez les peuples du Burkina Faso. La relation précitée entre le som'pè et la lance moaaga
pour la chasse à l'éléphant est sans doute à situer dans le cadre des relations commerciales
savanes - forêts, car les Moosé et particulièrement les Yarsés ont été des colporteurs qui
allaient, poussant leurs ânes chargés de cotonnades et de fer, jusque dans les régions
productrices de cola qui constituait une part importante du fret retour. Les mêmes marchands
remontaient ensuite jusqu'aux métropoles de la boucle du Niger avec une partie de la cola et
un autre chargement de fer et d'articles en fer. En plus de la tradition orale, les sources écrites
attestent ces échanges avec le Nord. Dans une notice agricole, industrielle et commerciale
datée de 1900 et rédigée par le Colonel Archinard, il et écrit que "Ie Mossi vient en effet
jusqu'à Kabara (port de Tombouctou) chercher le sel .. une de ses importations les plus
curieuses est le fer, qui n'existe pas dans cette partie du Niger". Selon toujours Archinard,
"ce fer se présente sous l'aspect de barres minces et plates, grossièrement forgées, de
manière à ce qu'on puisse leur imprimer une légère torsion sur elles-mêmes et amincir les
extrémités dans le genre de nos pincettes .. très malléable, assez pur, il vaut près de 3 F le kg
à Tombouctou et dans la région du Nord, absolument dénuée de massifs ferrugineux si
communs dans le restant du Soudan"·74~ Cette description est la seule à notre connaissance,
évoquant du fer conditionné comme pour servir de monnaie, et en provenance du Yatenga.
La réalité de la fabrication de ces barres n'a pas été vérifiée. Partout il nous a été rapporté que
le fer brut était vendu sous forme de pal-lé (au pluriel: paalsé) sortes de lingots équivalant à
la quantité de fer nécessaire pour la fabrication d'une ~. Nulle mention n'a été faite de fer
744 Fonds ancien AOF, Série W48, 14M;1554, bobine 15, p.l.
7.., FAO, 0.,1990, La production traditionnelle de fer dans la région de Béna, pp. 108-110.
593
brut en barre, avant le fer de récupération de la période coloniale composé surtout de
traverses de voies ferrées de la colonie de Gold Coast. D'ailleurs les métallurgistes du
Yatenga et du Moogo, qui étaient également forgerons étaient réticents à céder le fer brut. Ds
n'acceptaient de le faire qu'aux forgerons isolés qui n'étaient pas dans de bonnes conditions
pour réduire le minerai. Ce sont les articles issus de la transformation du métal qui étaient
commercialisés. Dès lors, comme partout au Burkina Faso, les cauris régissaient les échanges
précoloniaux sans qu'il ne soit possible de préciser pour le moment la chronologie inférieure
de leur importation et mise en service, car les coquillages locaux (moules) n'ont pas servi de
monnaie. Les cours du cauris, tels que rapportés par la tradition orale sont ceux de la fin du
XIXè siècle et de la période coloniale. Le manque de précision des dates rend difficile l'étude
de l'évolution des prix d'une région à une autre et aussi dans le temps.
Dans le Bwamu où le fer brut pouvait être vendu comme les articles de
transformation, une loupe entière valait 1000 cauris ; un lingot était vendu à 200 ou 250
cauris. Il devait être suffisant pour pus d'une daba car celJe-ci coûtait 150 à 200 cauris, soit
presque le même prix que le lingot qu'il fallait ensuite transformer. Une pioche s'échangeait
contre 100 cauris et une hache, 200.7~
Les échanges avaient lieu à la forge ou dans les concessions des bwitiwa. En effet, les
Bwaba avaient coutume de remettre le fer brut au plus ancien qui assurait sa vente. Les
articles de forge pouvaient par contre voyager loin avec les forgerons ambulants. Selon les
traditions recueillies sur les deux rives du Mouhoun, on venait du pays gurunsi acheter des
loupes et des produits finis. On ait que cette région était très déficitaire en fer et qu'elle faisait
appel aux métallurgistes et forgerons moosé.
Dans le domaine des numu, les mythes d'origine du fer présentent l'utilisation des
746 KINDA Koudbila. forgeron, entretien du 29108184 à Tibao.
594
cauris comme contemporaine de l'apparition de la métallurgie. Les sociétés concernées
vivaient donc une économie marchande connaissant et utilisant la monnaie. Une négligence
lors de nos enquêtes fait que nous ne disposons pas pour l'heure de données chiffi"ées
relatives aux coûts du fer brut et des produits de transformation.
TI en est différemment pour le Yatenga et le Moago où des informations ont été
communiquées surtout concernant les prix de produits très usuels comme la dabil, le couteau,
la pioche ou la hache. Nous n'avons pas enquêté sur le coût des armes.
Un tableau des prix des daba et des couteaux pour lesquels les données sont plus
fournies, fait apparaître que ces articles avaient des coûts sensiblement égaux sur les lieux de
forte production (Yatenga) comme dans les contrées déficitaires du Sud (passoré,
Oubritenga, Bulkiendé). La daba se négociait généralement entre 200 et 300 cauris, avec des
pics à 1000 et des creux à 20-50 cauris. Nous ne pouvons malheureusement pas dater de
façon certaine ces cours qui pourraient correspondre aux derniers pratiqués avant l'extinction
des derniers fourneaux. Certains informateurs sont toutefois formels lorsqu'ils déclarent que
les articles étaient moins chers au Yatenga qu'au Moogo. Par exemple Koudbila Kinda de
Titao affirme qu'au village, la daba coûtait 400 à 500 cauris, tandis que rendue à
Ouagadougou, Nobéré, Nobili ou Pouytenga, eUe rapportait 1000 cauris·74~ Ce prix n'est
vérifié dans le Sud qu'une fois à Sambisgo (Boulkiemdé), tandis que les traditions de Tangayo
et Pella au Yatenga même proposent des chimes équivalents. On observe aussi des coûts très
bas dans certains villages du Sud comme à Burkina, Paologo et Gaonghin, Ziniaré, Kouma,
Bokin, Souri, qu'on ne retrouve pas à Yatenga. Cependant il faut garder à l'esprit que les
différents prix pourraient ne pas être contemporains.
747 Fonds Ancien, AOF, Série 049,14 Mi 1554.
595
Tableau 0° 23: Pm des daba et couteau au Vateoga et au Moogo exprima eu cauris
Provioce
Villaft
daba
couteau
Boulkiemdé
Burkina
50
20
Kologkandé
200-300
50
Kooe
250-300
50-100
Kindi
100-200
50
Loaga
100-200
20
Nandiala
200-400
20
Paolego
20
-
Piunoaga
150-300
50
Ralo
300
50
Sigoré
300-400
50-100
Oubritenga
Guanghin
50-60
20
Nayimi
200
50
Pabré
250-300
100
Ziniaré
50-100
20
Passoré
Arbolé
200-300
100
Bolin
15
5
Kouma
100
25
poessi
150-200
50
Samba
250
50-60
Souri
100
25
Tampoui
250
-
Yatenga
Bèreoga
200
50
Bogoya
300-800
-
Bongola
200
-
Boursouma
300-700
90
Gourcy
200
50
Lago
150
20
Lougouré
100-300
50
Nogo
100-500
-
Meoè
400
-
Pella
900-1000
-
Tansalga
200-300
50
Tangaye
1000
100
Titao
400-500
100
Ziga
200-300
-
Aux dires des informateurs, les haches se vendaient entre 500 et 1000 cauris, tandis
que le prix de la pioche était légèrement inférieur à celui de la~. Une loupe pouvant servir
à fabriquer une dizaine de dabl, était négociée entre 200 et 4000 cauris lorsqu'on acceptait de
la vendre.
Grâce à certains rapports rédigés au temps de la colonisation, on dispose de quelques
chiffres concernant les quantités d'objets en fer exportés. Les coûts ne sont généralement pas
exprimés.
596
Par exemple un rapport de mai 1896 énumère les exportations du Mossi à destination
du Nord. EUes étaient constituées de cola, pagnes, bandes de cotonnade, turbans novis,
boubous, coton rouge, piments, mais aussi de pioches en fer d'un poids de 904 kg d'une
valeur de 904 francs, soit un franc le kilogramme de fer.7"':
Le rapport commercial du deuxième trimestre de 1903 de la Résidence du Yatenga,
rédigée par le Capitaine Noire, constate l'augmentation du commerce parce que de nombreux
dyula de la Résidence et d'ailleurs ont exporté quantités de daba et de haches pour la saison
des travaux de culture et que d'autres se sont dirigés vers Saraféré et Tombouctou pour y
acheter le sel nécessaire pour l'année. Le rapport se plaint de ce que les marchands, ne
déclarent pas régulièrement leurs produits, tant à l'importation qu'à l'exportation. TI met par
conséquent en garde à propos l'exactitude des chiftTes qui suivent et qui doivent être revus
très à la hausse. Le Yatenga aurait ainsi exporté : 1646 haches, 11045 dabil, 92 boeufs, 24
chevaux et 14 boeufs-porteurs, des cotonnades, de la cola et du piment.
Ces produits et animaux sont allés au Nord, à l'exception de 1964 dabil, 1 âne, 1
boeuf, 8 moutons acheminés vers Ouagadougou. Les 12.691 ~ et haches représentaient
une valeur de 5080 francs dans le Yatenga. Celle-ci serait le double dans le cercle de
Ouagadougou ou vers Bandiagara.
Pendant le premier trimestre 2060 haches et daba avaient déjà été exportées surtout
vers le Nord.
L'exportation était lucrative pour les marchands de fer, qui arrivaient à acheter une
esclave avec les revenus d'une charge d'âne de produits métalliques.
L'importance des produits métallurgiques dans la balance commerciale de la
Résidence était telle que son administrateur n'a pas hésité à conclure son rapport en disant
que l'industrie du fer, basée sur un minerai riche, serait l'avenir de la région si un débouché
7.FondsAncien, AOF. SérieQSI, 14Mi ISSS. bobine 16.
- - -
- - - - - - - -
591.
était ouvert vers le fleuve Niger. TI préconisa alors une voie ferrée qui de Ségou (Mali) à Saye
(Niger) traverserait les régions de San, Koury, Ouagadougou ou Yatenga pour rejoindre le
fleuve par Dori*74'. Les voeux du Capitaine Noire ne furent jamais exaucés et l'industrie
autochtone du fer périclita au Yatenga tant dans sa fonne primaire que secondaire.
Grâce toujours aux rapports coloniaux, on apprend que le commerce d'objets en fer
était faible parmi les peuples du "rameau lobi". Les rapports économiques des quatre
trimestres des années 1903 et 1904 du Poste de Diébougou, cercle du Lobi ne retiennent que
103 daba et haches vendues à 103 francs au deuxième trimestre 1903, et 1250 daba et haches
échangées contre 1565 francs, toujours au deuxième trimestre, mais de l'année 1904*749.
Le deuxième trimestre de l'année est celui au cours duquel les champs sont préparés et
ensemencés. C'est aussi le moment où on répare ou renouvelle le matériel agricole. TI
correspond donc à la demande la plus forte. C'est ce sur quoi insiste le rapport du troisième
trimestre 1903 qui relève comme une anomalie l'arrivée dans la circonscription d'un grand
nombre d'outils (daba~) venant de Bobo-Dioulasso et qui sont échangés contre du bétail.
e troisième trimestre voit le début des récoltes dans la région et les houes ne sont plus
très utiles. Cette importation tardive est en fait liée à la récolte de la cola dans les pays du
Sud. Les boeufs obtenus en échange des daba y sont conduits et échangés contre cette denrée
en Gold Coast. Ainsi au coeur du troisième trimestre 1903, 188 boeufs d'une valeur de 9400
francs ont été exportés contre 130 paniers de cola équivalents à 6500 francs. Dans le même
temps, 1645 daba auraient fait l'objet de commerce intérieur rapportant 1665 francs*7'~ La
grande différence entre les valeurs déclarées des daba d'une part, et des boeufs et cola de
l'autre peut être liée à la non déclaration des premiers articles.
749 Fonds Ancien. AOF. Série Q 51.14 Mi 1555. bobine 16.
750 Fonds Ancien. AOF. Série Q SI. 14 Mi 1555. bobine 16.
nt lABOURET. H.• 1931. Les tribus du rameau Lobi. p. 71.
598
Par Henri Labouret on apprend que les prix des dIbI. couteaux, pioches étaient
sensiblement les mêmes qu'au Yatenga ou au Moogo. en 1931, une ~ était vendue à 800
cauris, un couteau entre 80 et 160, une hache à 1000. La pointe de flèche, très recherchée au
Lobi faisait 20 cauris. Certains de ces articles viendraient de Bobo-Dioulasso et
d'Orodara*7n. L'administration française semble avoir standardisé les prix et on retrouve ainsi
les daba vendus à un franc partout.
Dans le mouvement commercial observé au poste de Léo en 1903, les objets
métalliques apparaissent très peu. Le rapport du troisième trimestre signale l'exportation de
quelques daba sans chifITage du nombre et du coût et sans donner leur destination*"~ Les
sources orales parlent par contre d'importations de fer et d'articles e fer en provenance du
Moogo et du Bwamu. Les loupes, qui venaient surtout de la région de Houndé sur l'autre rive
du Mouhoun, étaient vendues entre 3000 et 5000 cauris. A Tiakané on échangeait un lingot
de fer ou un marteau contre une vache. Les tenailles revenaient à deux moutons, une daba à
78000 et une hache à 6000 cauris. Dans le même village on pouvait aussi obtenir une vache
contre 7 à 10 dabas, et un mouton pour trois daba*"~. Ce sont les prix les plus élevés que
nous ayons rencontrés jusqu'à présent. TIs rejoignent cependant la moyenne de 200 à 300
cauris pour une daba à PÔ, Kampala, Adongo. selon un de nos infonnateurs, dans le même
village, les prix variaient à la tête du client. Celui d'une daba pouvait être de 250 cauris pour
le résident et passer à 500 pour quelqu'un venu d'un autre village*"~
Le commerce du fer et des objets métalliques semble donc avoir été une activité
p~nnanente des artisans, dans la mesure où des stocks étaient disponibles. L'atelier de travail,
le marché villageois ou régional étaient les cadres appropriés des échanges, même lorsque
ceux-ci se réduisaient au troc. Les prix pratiqués paraissent avoir été plus élevés dans les
7S2 Fonds Ancien, AOF, Série Q 51,14 Mi 1555, bobine 16.
7D Le vieux GNONON; entretien du 21108184 0 Tiakané.
7501 NIGNAN Gnigou, 100 ans, forgeron, interviewé. Li le 16108183.
7SS LECERF, M., 1948, Le fer dans le monde, pp. 4849.
599
contrées méridionales par rapport aux pays du Nord Les échanges se faisaient indifféremment
avec de la monnaie, par le troc ou par J'intermédiaire de prestations de services. L'utilisation
de fer comme monnaie n'est pas attestée. Par contre, il est bien établi que la majorité des
métallurgistes et forgerons étaient à la fois agriculteurs. Quelques groupes de l'Ouest et du
Bwamu ont pu se suffire de leur métier et dédaigner les travaux agricoles.
Certes, les arts du feu (dans certaines régions les épouses du forgeront étaient
automatiquement potières), constituaient une source de revenus appréciable. Aussi, même le
système de nivellement des classes sociales mis en place par les sociétés africaines à l'époque
précoloniale, et s'appuyant sur le réseau de relations, les dons et contre-dons et d'autres
pratiques sociales, n'a pas pu empêcher l'émergence économique des métallurgistes et
forgerons, au point que cela a porté ombrage au pouvoir et déterminer parfois des attitudes
d'évitement. Des statuts variés se mirent en place pour permettre aux communautés de gérer
c~s cadres techniques.
600
CHAPITRE XVII : METALLURGISTES ET FORGERONS: DES ARTISANS
A PART
Si l'appréhension des procédés techniques développés par le anciens dans le cadre de
la production du fer reste au centre de nos préoccupations, nous n'avons pas souhaité nous y
limiter. TI nous paraît tout aussi important après avoir tenté d'identifier ces acteurs habiles que
furent les artisans du fer, de mesurer leur insertion sociale.
Ce chapitre parle indifféremment des métallurgistes et de forgerons, car dans maintes
sociétés, la pratique de ces métiers ou simplement l'appartenance à leurs groupes par le biais
de la naissance ou l'acquisition des symboles du travail du fer, suffisaient amplement pour
réunir beaucoup de gens dans une communauté de destin : l'état de forgeron. Nous
employons donc ici ce mot pour désigner à la fois sidérurgistes et transformateurs du métal.
Avec leurs épouses, généralement potières, ils om-ent l'image d'artisans à part, tantôt
respectés, tantôt méprisés, mais toujours craints.
Les sentiments, quelquefois contradictoires, qu'éprouve le reste de la société à
l'endroit des forgerons, ont leurs racines dans la nuit des temps, et sont partagés très
largement par toutes les communautés de l'antiquité jusqu'à l'époque contemporaine en ce qui
concerne l'Afrique. C'est, précisons-le, le seul continent où on peut encore observer de nos
jours toute la chaîne opératoire de la production du fer selon les procédés directs, et de sa
transformation.
La Grèce antique vouait un culte aux cabires, c'est-à-dire les "puissants par le feu", en
d'autres termes les forgerons. Ces cultes du forgeron existaient aussi en Asie centrale ou en
Europe du Nord. En Grèce et à Rome, les ouvriers du fer formaient de puissantes
601
corporations (sodalies ou phraties) très spécialisées. Les Romains distinguaient par exemple
panni les fabri ou fabricences, les cassidari, fabricants de casques, les loricarii, spécialisés
dans les cuirasses, les gladiarii ou fabricants de lances, les MBitarii et ballistarii qui
produisaient les armes de jet.
Au Moyen-âge, les mythes relatifs à la puissance du forgeron restent vivaces et en
France on parle souvent du "Grand Ferré", un paysan-forgeron qui pouvait tout seul vaincre
cent ennemis.75~
En Afrique, les spécialistes du fer ignorent généralement leurs origines. Ds
reconnaissent souvent n'être pas autochtones des lieux qu'ils occupent présentement mais
dépositaires d'une tradition sacrée. Avec l'islam venu se greffer sur les religions
traditionnelles, les mythes d'origines prennent d'autres colorations idéologiques, tentant de
rattacher certains clans de forgerons à Nabi Daouda, comme nous l'avons montré au chapitre
xv pour ce qui concerne le Burkina Faso.
En sériant les réactions collectives devant le personnage du forgeron, on peut les
rassembler sous trois formes de statuts différents avec des nuances intermédiaires. Certains
bénéficient d'une réaction collective approbative, leur conférant un statut supérieur.75~ Dans
cette catégorie se rangent métallurgistes et forgerons du Bwamu et du Moogo. Pour d'autres
la réaction collective est contemplative et engendre un statut social inférieur. C'est le sort des
travailleurs de fer du Yatenga et des vonons du pays sénufo. Enfin une troisième catégorie
rassemble les métallurgistes et forgerons de tout l'espace gjygy et seulement les métallurgistes
numu. Tous ceux-là s'intègrent dans des sociétés égalitaires qui éprouvent une crainte à leur
endroit sans développer des attitudes d'estime particulière ou de réprobation.
756 Nous employons le présent car ces pratiques sont encore actuelles au Burkina Faso. D faut également relever qu'il
n'existe plus de distinction entre métallurgistes et forgerons là où eUe existait comme au Bwamu. Les premien le sont
reconvertis à la forge et travaillent comme les autres avec du fer de récupération.
m DUMONT, L., 1986, HOIDO bieraçbicus. le système des castes et ses implications, p. 36.
602
On peut tenter une compréhension de toutes ces attitudes à travers le vécu des
travailleurs du fer.
XVII.l : Lorsque la société approuve le forgeron
Lorsque les forgerons rencontrent l'estime de la communauté, celle-ci peut se traduire
par la constitution d'une caste haut placée dans la hiérarchie sociale, ou revêtir toutes les
formes de respect et de considération sans que le groupe des artisans ne soit soumis à
l'endogamie et/ou à un évitement. Ceci nous amène à rappeler la définition de la caste dont on
a abusé souvent en parlant des travailleurs du fer d'Afrique noire. Nous nous accordons avec
Louis Dumont, lui-même s'inspirant de définitions antérieures, pour dire que :"Ie système de
castes divise l'ensemble de la société en un grand nombre de groupes héréditaires distingués
et reliés par trois caractères : séparation en matière de mariage et de contact direct ou
indirect (nou"iture), de division du travail chacun de ces groupes ayant une profession
traditionnelle ou théorique dont les membres ne peuvent s'écarter que dans certaines limites
de hiérarchie, enfin, qui ordonne les groupes en tant que relativement supérieurs et
inférieurs les uns et les autres"·''''. Cette longue définition qui traduit tout le malaise pour
bien cerner cette réalité sociologique, nous parai'! suffisante parce qu'elle indique les
principaux caractère apparents du système. Nous ne suivons pas par contre cet auteur
lorsqu'il laisse penser que la société doit être divisée en un grand nombre de groupes qui se
constituent en castes. En considérant cette définition atténuée par notre observation, les
forgerons vivent le système de caste au Bwamu, chez les Bobo-Madaré, les Marka, les Sana,
les Toussian, les Moosé du Yatenga et chez les Fulbé et les Touareg. Ailleurs, les différents
statuts se sont établis e dehors du système. Parmi les forgerons castés, seuls ceux des Bwaba
et des Marka jouissent d'une grande considération sociale.
7,. MOlIEN, J.P., 1990, Métallurgie préhistorique. Introduction à la oaléométaJlurgie. p. 203.
603
Jean-Pierre Mohen pense que le degré d'avancement technique de l'artisan, le besoin
et l'importance de la demande sociale, déterminent la fonne de son statut social. La dimension
religieuse joue également un grand rôle pennettant aux ouvriers du fer d'accéder à un statut
supérieur·75'. Les fondements de l'approbation collective du forgeron
se trouvent
généralement dans des considérations matérielles et surnaturelles. n ya l'habileté dont il fait
preuve dans l'exercice de son métier, ce qui lui pennet de subvenir à sa subsistance et même
d'être riche et aisé. De plus, il détient des secrets technico-magiques, joue un grand rôle
magico-religieux et peut se pennettre de violer les interdits socio-divins.
Le forgeron peut cumuler plusieurs fonctions dont celles de circonciseur, exciseur (ou
exciseuses pour les femmes), guérisseur, rebouteux, chirurgien, exorciseur, gynécologue,
avorteur, dentiste, croque-mort, bourreau, juge, négociateur de paix et de mariage, conseiller,
ministre, etc...
Dans le cas du Bwamu, le forgeron y est considéré comme le premier serviteur de la
société. Il est le porte-voix du chef de terre, l'homme de la paix, le guérisseur, le président des
15')
cérémonies de l'initiation à 00·769, le propriétaire de masques de fibres. Enfin, il étai un
éminent praticien de la magie.
Cest à lui qu'on recoure pour trouver l'emplacement favorable à la construction d'un
village. Il connai'! les terroirs grâce à la recherche du minerai ou la chasse qu'il pratique. Pour
la prise de possession d'un village, il enfonce, entouré des notables, une cheville en fer dans le
sol : c'est le _
dont nous avons parlé de l'utilisation en ordalie. A côté du m. il construit
son fourneau. Le village peut être alors occupé.76~
Les populations s'adressent au forgeron pour soigner les hémorroïdes et guérir la
stérilité. Les enfants nés après son intervention sont prénommés Douhoun pour le premier
7" I2Q est une divinité commWle à plusieurs peuples de l'Ouest du Burkina Faso, parmi lesquels les Bobo, les Bwaba et
les Toussian.
760 CREMER, J., 1924, Matériaux d'ethnographie et de linguistique africaines. 1. DI. pp. 1-8.
761 CIŒMER. J., 1927, Matériaux d'ethnographie et de linguistique africaines, l IV, p. SS
604
garçon et Dunko pour le second. Les filles s'appellent· respectivement Hadouhoun et
Hadounko*7~.
Le forgeron est aussi le messager et le médiateur. A ce sujet, Jean Capron écrit : "la
parole du forgeron est douce .. entendons par là, qu'elle ne peut être mensongère mais
qu'elle apaise, qu'elle ouvre la voie à la médiation,,.7f/t. Celle-ci en cas de guerre consiste à
placer de masques entre les combattants ou à battre au milieu d'eau des outils sacrés. A l'arrêt
du conflit, deux chèvres sont sacrifiées, l'une pour les masques, l'autre pour les outils de
forge*763.
Le forgeron hérite de ses pouvoirs par la naissance et par l'initiation. Pour ce faire, le
père d'un jeune forgeron se procure un coq et d'un canari de dolo (bière de mil), monte sur la
plate-forme du bwi et proclame que la construction de celui-ci est achevée, qu'il a été noirci,
et a reçu le jour même sa nourriture de charbon ; mais que le jeune apprenti ne peut y mettre
la main pour déposer le minerai. Il ajoute que le jeune homme est fils de forgeron, qu'il a
grandi et que le moment est venu de lu mettre la main à l'ouvrage. Le père saisit alors le coq,
l'égorge, colle ses plumes sur le bwi, et sur le poignet de l'apprenti. TI verse ensuite du dolo
sur le fourneau, puis allume le charbon et reste sur place assista à la sortie des premières
scories. Le lendemain, les forgerons montent sur la plate-forme du bwi pour vérifier son
fonctionnement. Si la réduction est achevée, ils sortent la loupe, la refroidissent avec de l'eau
et l'emporte. L'initiation est achevée*76~
Les Bwaba expliquent l'endogamie observée par leurs forgerons en disant que le feu
des fourneaux porte malheur à ceux qui marient des filles de forgerons. TIs connaîtraient
ensuite des décès inexplicables. D'autres prétendent que si un Bwa épouse la fille d'un
forgeron, ses outils ne peuvent plus venir à la forge pour y être réparés. Et si un forgeron
762 CAPRON, J., 1973, Communautés villageoises bwa. Mali - Haute Volta, t I. p. 214.
763 CIŒMER. J., 1924, Matériaux d'ethnographie et de linguistique africajnes. t DI, p. 128.
,.. Op. cit., p. 26.
~ FAO, 0.,1990, La PrOduction traditionnelle du fer dans la région de Béna, p. 121.
605
épouse une fille bwa. il ne pourrait plus rien recevoir des Bwaba, et cesserait même la
collecte annuelle des grains à l'occasion des récoltes·7~
Le Bwamu tient en très grande considération ses forgerons. Cette estime peut être
mesurée à l'occasion des funérailles. Michel Voltz a pu ainsi comptabiliser les présents offerts
lors des funérailles de Kiémodi Didiro à Houndé en mai 1975 :
liA ses outils de forge on sacrifia six béliers, trois boucs, trois coqs .. à son herminette de
sculpteur, un boeuf, un bélier, deux coqs .. à sa canne de devin, un bélier, un bouc .. à sa
tunique de magicien-devin, un bélier, deux coqs .. à son masque de feuilles, deux boucs .. à
son masque honibo, un bélier, un coq .. à sa corde du rhombe, deux béliers.
Lafemme du forgeron, potière, recevait également des marques de considération à sa mort.
C'est ainsi qu'au décès de Hatiumani Fankani de Karaba, doyenne d'âge du clan Didiro elle
reçut à ses.funérailles en mai 1975 :
- 2 boeufs et un coq pour sa cuillère à touiller (tô et sauces) ..
- 2 béliers et 1 chèvre pour ses outils de potière ..
- 1 bélier, 2 boucs et 1 chèvre pour son coussinet de tête servant à transporter bois,
charbon, eau, argile ..
- 1 chèvre, 3 poules pour son peigne, car elle coiffait lesfemmes Bwaba. ".76~
La caste pour les forgerons du Bwamu semble être la parade trouvée par un groupe
social technologiquement supérieur pour protéger ses privilèges. A preuve, chez les Marica
vivant au milieu d'eux, la considération ne s'attache à leurs forgerons qu'en raison de leurs
pouvoirs surnaturels. Les travailleurs du fer y sont ceux qui peuvent communiquer avec les
esprits. Cette faculté leur procure une certaine puissance. C'est pourquoi ils sont les seuls
h.lbilités à sculpter les représentations des ancêtres et des génies. Une grande crainte et un
766 VOLTZ, M., 1976, Le langage des masques chez les Bwaba et les Gourounsi de Haute Volta, pp. 6~2.
767 BOUDA, B., 1986, L'exploitation traditionnelle du fer dans la région de rabré. p. 205.
606
profond respect accompagnent l'évitement que vivent les forgerons mI:I:kI dans leurs relations
matrimoniales.
n convient de relever tout de suite que dans les cas des forgerons bWaba et marlca.
toutes les conditions de formation d'une caste ne sont pas réunies. n existe certes, la
spécialisation professionnelle,
l'endogamie, la hiérarchisation,
mais aucune pratique
d'évitement n'est observée à leur endroit, à l'exception de l'isolement des habitats.
Au demeurant, il y a des forgerons non castés qui jouissent comme les précédents de
l'estime et de la considération des collectivités. nen est ainsi par exemple dans le Moogo et le
pays bisa dont les métallurgistes proviennent pour une grande part du Moogo.
Dans ces deux régions, les spécialistes du travail du fer ont les mêmes fonctions
secondaires que partout ailleurs : médiation, thérapeutique, culturelle. On y distingue les
forgerons de naissance <Ro(plè-saado) et de conversion (saa-kiêdba). Une fois agréé, le
dernier partage avec le rO(plè-saado, presque les mêmes pouvoirs. Tous sont considérés
comme source de la vie et on les salue par la litanie suivante en langue nationale mooré :
J. "SaablyaabllaalBaagré
forgeronlaïeuVest/Baagré
L'ancêtre desforgerons est Baagré (le libérateur).
2. Bagmooglkôlbagkuum
Libérer monde/ne pasl/ibérer mort
Il libère le monde, mais ne peut libérer de la mort.
J. Kudl/ar/tiblkôg/tênga
Fabriquer/hachelpour qu'onlrâc/e/te"e
Il forge la hache pour- qu'on cultive la te"e
- la fondation d'un village
4. Kud/barga/tib/wâag/uyngu
607
Fabriquer/rasoirlpourlcouper/nombril
Ilfabrique le rasoir pour trancher le cordon ombilical. "
Barthélémy Bouda a recueilli une autre litanie de louanges des forgerons du Moogo.
Elle dit ceci, toujours en mooré :
"J. Saab yaaba Iaa Bagmoogo,
2. Baag moog kô baag lcuum,
3. Ta tuka a péogo n yègd tânga,
4. Taang wak tara a saala,
5. Kôd-poko yaa yii wâsa,
6. Bug pârg zabré yiid nâanga,
7. Kisgr kaôgê n bôn sêya,
8. Sâ komsr yamb lcudgu
9. Kô du n sigê n puùs naaba. "
J. L'ancêtre des forgerons est Bagmoogo,
2. Il libère le monde mais pas de la mort,
3. Il a porté son panier, côtoyant la montagne (recherche du minerai),
4. L'écorce du karité mort (Butyrospermum paradoxum) possède son charbon,
5. Le kôpoko (Terminalia macroptera) est en voie d'extermination,
6. L'étincellefait plus mal que le scorpion,
7. L'enclume cassée est une perte pour le forgeron,
8. Le forgeron infirme envahit la forge,
9. Et une fois au travail, il ne se lève pas pour saluer le chef. ".76J-
761 Beaucoup de traditionnistes nous ont été utiles dans l'explication du statut social des Corserons moosé. Mais nous
avons surtout exploité les informations de Soakba Nikiéma entendu' Ralo le 13108183, Tinga Gaagré interviewé. Pabré
le 20108184, Tenga Bamogo au cours de l'entretien du 30108184 • N88féongo.
608
Ces deux textes de la littérature orale traduisent éloquemment les pouvoirs éminents
du forgeron et sa prééminence par rapport aux chefs. TIs résument également leurs dures
conditions de travail. TI existe beaucoup d'autres textes similaires sous fonne de devises qui
interpellent, qualifient ou rappellent des itinéraires migratoires. Mais l'ancêtre Bamogo est
constamment appelé en premier. Même pour saluer le Moogo-Naaba on doit d'abord lui
présenter ses hommages en disant : "Kaabré, soo-naaba Baag-moogo" ce qui signifie
''Pardon, Baag-moogo, roi des forgerons". 76'.
Lors des cérémonies, même les plus grandes au Moogo et chez les Bissa, les griots
saluent d'abord la mémoire des forgerons avant de clamer la généalogie du roi ou de la
personnalité à l'honneur. Les Bisa considèrent le forgeron comme le premier des chefs et le
désigne par l'expression "goobanlca zan zulca" qui signifie "assureur de l'avenir des autres".
C'est pourquoi dans cette région tout particulièrement, il ne se prosterne pas devant un chef
comme le veut la coutume pour les autres sujets. Au contraire c'est ce dernier qui, passant
devant son atelier et le voyant au travail, doit descendre de son cheval pour saluer l'artisan. TI
dit alors qu'il se prosterne devant le m, l'enclume·7fiJ.
Les relations avec les forgerons étaient recherchées et cultivées par toutes les
catégories sociales de la population. Hommes de paix, ils pouvaient intercéder partout, même
auprès du Moogo-Naaba, pour rétablir le calme dans le pays ou dans les ménages, ou obtenir
la grâce d'un condamné à mort.
Le forgeron ne pouvait être réduit en esclavage ou être exécuté. Ce statut semble être
largement partagé par tous les artisans du fer de l'Afrique occidentale. Par exemple, à la fin
du XIXè siècle, Samory faisait fusiller les prisonniers de guerre, mais coupait une main aux
griots et relâchait purement et simplement les forgerons. 77~
,. MASSIMBO, T., 1991, La métallurgie ancienne du fer dans la région de Boussougou, p. 103.
7l'O MAKARlUS, L., 1968, Les tabous du forgeron. De l'homme du fer à l'homme de !!!IlIa, p. 43.
'T7I DUPIRE, M. 1970, Organisation sociale des Peul, pp. 62«i28.
609
Les forgerons du Moogo et du pays ma ignorent l'endogamie. Par contre, ils ne
nouent pas de relations matrimoniales avec les Benda, Fulbé, Nakomsé, Poessé, Setba et
Yarsé.
Les Benda constituent le groupe des tambourinaires royaux et cette fonction même
est cause de l'évitement matrimonial.
Les Fulbé, éleveurs spécialisés sont nomades ou semi-nomades. La tradition des
forgerons leur impute le détournement de leur bétail. Ce cliché apparaît d'ailleurs aussi au
Yatenga et dans l'espace des numu. En réalité, les spécialistes du travail du fer, qui les
empêchent même de s'approcher de leurs ateliers (surtout de réduction) veulent préserver
leurs secrets de fabrication que des mariages avec ces éternels migrants pourraient
compromettre. Il y a aussi le souci de se réserver des bras disponibles pour un travail très dur.
Les mêmes motivations semblent avoir commandé l'absence de relations matrimoniales avec
les Yarsé, spécialisés dans le colportage de marchandises, avec un rayon d'action sous-
régional.
Les Nakomsé sont les gens du POUVOIr, chose que le forgeron prétend ne pas
convoiter. Les poessé sont des devins au service des nanamsé (chefs) spécialement pour la
surveillance des épouses royales. Lorsque celles-ci sont soupçonnées d'adultère, le poèga (pl.
: poésé) utilise de l'eau pour confondre la coupable. Il y aurait une antinomie entre la fonction
du poèga se servant de l'eau, et le métier du forgeron basé sur le feu.
Enfin les Setba sont des artisans du bois, concurrençant ainsi les forgerons dans ce
domaine. Ils se déplacent souvent à l'image des Fulbé et des Yarsé. Ils vivent aussi de
mendicité.
En dehors de ces cas, les forgerons pouvaient (et peuvent) nouer des relations
matrimoniales avec les autres h1nn~. Chez les Bisa, seuls les Fulbé sont exclus de cette
exogamie.
610
Le statut social du forgeron dans le Moogo et en pays ma est donc enviable. TI est
puissant, considéré comme médiateur auprès du ciel et sur terre. C'est ce qui indique
l'expression "paas gningri /oa paas tenga" qui signifie "séparer (la bagarre) en haut et
séparer sur terre", en référence à son intervention en cas de foudre et dans les divers conflits
sociaux.
La qualité des rapports sociaux entre forgerons, populations et pouvoirs politiques est à peine
d'un degré inférieure chez les Gulmancé de l'Est et les Gurunsi du Centre et du Sud.
Chez les Gulmancé de l'Est, le forgeron est le conseiller du roi. Ceci est presqu'une
constante là où il existe des monarchies..ses fils jouissent des mêmes considérations que les
fils du chef. A l'intronisation de ce dernier, le forgeron lui remet une hache, un couteau, une
houe. C'est la seule forme de tribut dû par le forgeron qui ne participe pas à la guerre même
s'il en produit les armes.
En dehors de ces rapports avec le pouvoir, les forgerons évoluent comme les autres
m
Gulmancé qu'ils associent d'ailleurs à leurs activités·
.
Les Gurunsi, au voisinage des Bisa et des Moosé ignoraient également la caste pour
tous leurs artisans. Les fonctions socio-économiques du forgeron et de sa femme potière
étaient les mêmes que partout ailleurs avec cependant une accentuation du cul~ rendu à la
forge. Celle-ci semble omniprésente dans la vie de l'individu comme cela transparaît dans le
travail de Issa Badolo sur le fer à Dassa·~ ou de ce témoignage collecté à Songo dans la
Nahouri et rappelant la considération dont jouissaient les forgerons : "si un chef voulait me
voir dans ma forge, arrivé il descend de cheval, se décoiffe, enlève ses sandales, avant de
venir à moi. Vous qui êtes venus jusqu'ici à mobylette, autrefois on vous l'aurait retirée. On
aurait pu aussi confisquer vos chaussures que vous avez gardées et vous fixer une amende.
77)r.iptako : Etat fulbé fondé au début du XIXè siècle autour de Dori, sa capitale.
~DIALLO, H., 1979, Les Fulbé de Haute Volta et les influences extérieurs de la fin du XIXè siècle.
611
Tout cela parce que nous sommes les détenteurs di! laforee et di! la puissance. C'est le blanc
qui est venu et nous a rendu tous égaux. ''*77J
Ailleurs, chez les Bobo, les Fulbé et Touareg, au Yatenga ils rencontrèrent le mépris.
Les Vonans du pays 'Unufo partagent la même déconsidération.
XVII.2 : Face à la crainte et au mépris
Selon une importante étude de Marguerite Dupire, portant sur "l'organisation sociale
des Peul" dans tout leur domaine, les artisans sont désignés généralement par un terme qui
signifie "flatteurs" car il et admis qu'ils puissent mendier des cadeaux en flattant les Fulbé ou
les gens des castes supérieures. En effet, les artisans y appartiennent généralement aux
populations trouvées sur place par les conquérants fulbé. La société comprend ordinairement
trois catégories de gens :
- Les hommes libres non castés qui regroupent les conquérants aristocrates et les gens de
commun. Tous sont Fulbé.
- Les serfs qui ont des statuts divers et peuvent être appropriés par des hommes libres.
- Les artisans constitués en castes hiérarchisées avec au bas de l'échelle les boisseliers et les
griots et en haut les tisserands et les cordonniers.
Les forgerons occuperaient une situation intermédiaire. Leur statut particulier est
fondé sur la croyance en leurs pouvoirs magiques. Caste plus autonome économiquement et
socialement, les forgerons habitent des quartiers distincts. Ils pratiquent strictement
l'endogamie. Seul un chef fulbé au faîte de son pouvoir pouvait rompre l'interdit et épouser
une forgeronne. Cet acte consolidait son autorité. Les forgerons, encore appelés wayilbe
éulient soit d'origine moaaga ou fulga (kurumba), soit originaires du Macina. Ces derniers
+1-:l ~BERNUS, E., 1983, "Place et rôle du forgeron dans la société touarègue", p. 79.
612
étaient surtout bijoutiers alors que les premiers savaient réduire le minerai de fer et fabriquer
tout l'outillage de la vie quotidienne.77~
Quel qu'il soit, le forgeron a toujours inspiré la peur chez les Fulbé. Selon des
infonnations rapportées par Hamidou Diallo dans sa thèse de 3è cycles sur les Fulbé de
Haute-Volta, quand le forgeron se fichait, c'était très mauvais car il a le coeur venimeux. S'il
oubliait quelque chose dans sa forge, personne n'osait y toucher. Le forgeron était considéré
comme un jeteur de sort, ce qui accentuait la crainte sur son lieu de travail. Aussi, Hamidou
Diallo écrit que: "Si on ordonnait au chef de village d'amener un cheval, et qu'il retirait
celui d'un forgeron, tous les forgerons du Liptako·77f se réunissaient. Ils prenaient leurs
enclumes et venaient les poser devant l'Amiru (Emir). Ils lui disaient: "le pays est à toi,
mais nosfers nous appartiennent. Nous ne fabriquerons plus ni houe, ni pioche, ni lance. Si
les gens veulent, qu'ils ne cultivent plus... ". Naturellement, devant cette grève.. l'Amiru
rendait le cheval.m.
Mais le forgeron était aussi le médiateur. Ce rôle important chez les Fulbé l'est
davantage chez les Touareg. Pour Edmond Bemus qui les a longtemps étudiés, cette société
est fondée sur la guerre et l'élevage. Les forgerons étaient particulièrement liés aux chefferies
et aux combattants de l'aristocratie pour lesquels ils fabriquaient et réparaient les armes, les
bijoux, le matériel de la vie nomade, pastorale et domestique.
Des stéréotypes présentent le forgeron touareg sous une image avilissante : il est
crédité de fourberie, de ladrerie, d'intrigue, de malpropreté, de soumission volontaire.
L'aristocratie guerrière a tendance à mépriser les forgerons et l'exprime de plusieurs façons :
- "Devinez, devinez, mon bâton en or ente"é dans la cendre qu'est-ce que c'est? Une femme
noble mariée à unforgeron. "
77ITAUXIER, L., 1917, Le Noir du Yatenga. p. 641.
1?JPACERE, T.F., 1996, "La question forgeron au Yatenga", p. 3.
180""BA, A.H., 1976, "En Afiique, cet art que la main écoute", p. 12.
613
- Les gens de la parole disent: l'âme porte de la laine, comme le forgeron la vérité. ".'"'
En réalité cette image que leur attribue l'aristocratie guerrière a pour objet de mettre
en valeur par contraste, les caractère attribués aux guerriers, courage, force virile, passion
amoureuse, beauté physique et morale, héros toujours à la recherche du dépassement de soi-
même. Le rôle du forgeron chez les Touareg débordait nettement les fonctions purement
techniques. TI assumait les tâches d'intermédiaire au sein de la société en tant que porte-voix
des guerriers. Le forgeron pouvait dire ce que le guerrier par pudeur ou par interdit ne
pouvait exprimer, par exemple une déclaration d'amour.
Au Burkina Faso, les Fulbé et Touareg apparaissent comme les groupes diffiJseurs de
l'idéologie de la caste vers le Sud en direction du Yatenga par exemple. Mais ils ignorent eux-
mêmes l'origine de la caste. C'est chez eux que les forgerons rencontrent le mépris le plus
extrême, mis plus bas que les serfs et les esclaves quoiqu'ils soient des hommes libres·778.
S'il ne s'est pas formé de castes chez les Moosé du Centre (le Moogo), les forgerons
et d'autres artisans du Yatenga ont dû à partir du XVè siècle, vivre le dures réalités d'une
caste infériorisée. On se souvient de l'hostilité de Naaba Wumtananga et de son successeur à
leur endroit, des marques infamantes qu'ils les obligèrent à porter pour être vite reconnus et
évités si l'on vient à les croiser sur le chemin. Ce serait le point de départ, la naissance de la
caste des forgerons du Yatenga, englobant tous les spécialistes de ce secteur, quelle que soit
leur origine : kibgA, mJp, nîngll, markA, bambara ou moaaga. Aujourd'hui, on tend à classer
la caste des forgerons parmi les ethnies du Yatenga ou on est moaagA, fulgl, silmiigl,
forgeron, etc.
Deux temps semblent marquer l'évolution du groupe depuis la fin du XVè siècle. TI y
eut d'abord une période où cette caste était redoutée en raison de son rôle économique
1-8\\. SANOU, S., 1990, La céramique chez les Madaré de Pala. p. 32 et 42.
l~"'DIAWARA, H., 1989, La céramique de Korp, p. 83.
614
considérable : elle fournissait l'arsenal militaire et de chasse, le matériel agricole et les
instruments des autres corps de métier. La mainmise du forgeron sur la vie économie fut
réelle. Aussi était-il aisé et son quartier apparaissait-il le plus riche après celui du chef.
La caste des forgerons était également crainte et respectée à cause des pouvoirs
surnaturels que ses membres étaient censés détenir et qui leur permettaient d'apaiser même la
colère divine. EUe avait, de plusieurs manières, rendu sa présence incontournable.
Dans cette première période de l'évolution de la caste des forgerons du Yatenga, il y
avait une valorisation du travail du fer. Aussi les spécialistes de ce métier jouissaient-ils de
certains privilèges par rapport aux simples moosé. Leurs chefs étaient des conseillers très
écoutés desl'8l1amsé (chefs) qui le faisaient intervenir à certaines cérémonies. Par exemple,
le parcours initiatique qu'effectuent les Yateng-nanamsé (ris du Yatenga), appelé ringu, et qui
seul leur confère la légitimité, comprend une étape chez les forgerons du village de Somyanga
qui abrite par ailleurs la nécropole des souverains du Yatenga.
Au niveau matrimonial, les mesures politiques et vexatoires de Naaba Wumtanango et
de son fils n'avaient pas encore débouché sur l'endogamie. Les forgerons étaient même ceux
qui pouvaient s'octroyer beaucoup de femmes, souvent au détriment de prétendants moosé.
Leur organisation familiale par grandes concessions rassemblant tous les ménages du lignage
sous l'autorité de l'ancien, tandis que les jeunes ménages moosé pouvaient s'établir et
travailler à part, consolidait leur puissance. Grâce aux revenus du travail du fer, le doyen de
chaque grande famille acquiert des épouses aux jeunes hommes et marie les fiUes. n se
procure aussi des esclaves de case comme le faisaient aussi les nakomsé.
La coexistence entre le pouvoir politique des nakomsé, le pouvoir religieux des
tengsobendamba (mal'tres de la terre) et le pouvoir technologique tenu par les forgerons,
semble n'avoir pas connu beaucoup de heLirts pendant plusieurs siècles. Les artisans du fer
disposaient d'une arme de dissuasion pour maintenir et sauvegarder leurs acquis, la grève,
615
appelée localement "Ioéldtlugu", c'est-à-dire "attacher la forge". Cette opération consistant à
ne plus procurer ou réparer les outils de la personne ou de la communauté qui aurait offensé
un forgeron. Un message secret était diffusé à travers le pays pour éviter que le ou les
coupables ne s'adressent ailleurs. Le monopole du travail du fer constituait alors une arme
efficace entre les mains de ces artisans.
Puis vint une seconde période au cours de laquelle la déconsidération, le mépris ont
remplacé l'estime et le prestige. TI est difficile pour le moment de préciser exactement à partir
de quand cette évolution négative est intervenue au Yatenga. En lisant les auteurs de la
colonisation, Capitaine Noiré 1904, Vadier 1909, Louis Tauxier 1917, on constate que tous
insistent sur l'existence de la caste des forgerons au Yatenga. Cependant on ne relève pas de
mentions traduisant une dépréciation du groupe. Celle-ci pourrait être récente et liée à la
période coloniale. Avec Dieudonné Ouedraogo, nous pensons que l'infériorisation sociale des
forgerons du Yatenga est un phénomène récent, lié à la perte d'influence de ceux-ci,
provoquée par l'apparition sur le marché du fer africain, des matières premières et d'articles
métalliques importés d'Europe sous la colonisation. Le forgeron a ainsi perdu la maîtrise des
moyens de production et son rôle économique s'est considérablement amoindri. L'endogamie
et l'évitement qui apparaissaient jadis comme des pratiques défensives, ont dégénéré avec
l'impact colonial. Le forgeron est devenu un paria et la caste au Yatenga un système de
ségrégation qui infériorise les forgerons.
Un corpus de légendes a été forgé pour justifier l'endogamie et les évitements.
Aujourd'hui, aucun moaaga du Yatenga ne boit dans la même calebasse, et ne s'assied sur la
même natte qu'un forgeron. Le récipient et la couchette sont même détruits après utilisation,
s'ils appartiennent à un moaaga. Le coutumier du Yatenga de l'année 1950, en son article 64
sur les empêchements au mariage, scelle légalement l'endogamie en stipulant que le mariage
616
d'un moaaga et d'un individu de la caste des forgerons est prohibé*7J9. Dans le texte de loi,
transparaît une certaine expression de mépris. Un demi-siècle de colonisation aurait-il été
suffisant pour forger ce sentiment ? On peut également s'interroger sur les origines réelles de
la caste, telle qu'elle se manifeste dans certaines sociétés du Burkina Faso.
A l'origine du système de caste au Burkina Faso, les mythes se mêlent à des
justifications socio-économico-politiques. Mais comme l'écrit Amadou Hampaté Ba : ''Les
activités artisanales (travailleurs du fer, du bois, du cuir, tisserands, etc.) n'étaient donc pas
considérées comme de
simples occupations utilitaires,
domestiques,
économiques,
esthétiques ou récréatives. C'étaient des fonctions se rattachant au sacré et jouant un rôle
précis au sein de la communauté". TI poursuit en disant que dans les temps anciens, le métier
où l'art était considéré comme une expression incarnée des forces cosmiques. Par souci de ne
pas mélanger imprudemment des forces qui pouvaient être de nature incompatible, et pour
conserver les connaissances secrètes au sein du lignage, ces groupes furent amenés à
pratiquer l'endogamie*710. Si, sur le plan de la justification religieuse et idéologique, nous
pouvons suivre Amadou Hampaté Ba, nous constatons que d'autres raisons ont justifiés
l'apparition des castes.
Dieudonné Ouendekouni Ouédraogo dans un article inédit sur les forgerons du
Yatenga, et faisant le point des connaissances sur le système des castes en Afrique, remarque
que sa limite sud correspond grosso-modo à la forêt. TI s'interroge également sur la
dépendance exclusive des castes, des formes traditionnelles de production matérielle. Selon
lui, le système des castes serait le résultat d'une longue évolution couvrant trois phases. La
première, dit-il, est caractérisée par une division du travail social non accompagnée d'une
hiérarchie entre les métiers. Avec la deuxième phase serait apparue une certaine hiérarchie
~11·nnOMBIANO, F.E., 1991, La production ancienne du fer dans le Oulu, p. 124.
;l-.t,- BADOLO, l, 1991, L'exploitation traditionnelle du fer à Dassa, pp. 95-100, rapporte diverses fonnes de médiation
opérée par le forgeron, sa pratique religieuse, ses rites de naissance et de mort.
privilégiant les guerriers, les chasseurs et les forgerons. La troisième phase quant à elle, aurait
w le passage de la hiérarchie matérielle et technique à la hiérarchie métaphysique avec
l'adoption d'une idéologie mystique. En Afrique Occidentale, cette troisième phase serait
d'abord apparue dans la vallée du Sénégal et les Peul en seraient à l'origine.
Au Burkina, c'est au nord et à l'ouest, donc des zones en contact avec la vallée du
Niger et avec le Mandé, qu'on observe un grand développement du système de castes. Dans
le centre, l'est et tout le sud, la caste n'appanu"t pas. De st donc possible que le Yatenga et le
Bwamu en particulier, aient adopté le système de caste avec les nombreux contacts avec le
Mandé depuis le Xè siècle au moins comme nous l'avons exposé plus haut, et avec les Fulbé
présents dans ces deux régions dès le XVè siècle. Cela pourrait expliquer entre autres raisons,
pourquoi par exemple le Moogo, plus en retrait, n'a pas connu la caste alors qu'il partage la
même culture que le Yatenga à quelques particularismes près.
Cela expliquerait aussi l'attitude des Bobo, constitués de stocks humains originaires
du Mandé, à l'endroit de leurs forgerons.
Selon des traditions recueillies par Suzanne Sanon à Pala, près de Bobo-Dioulasso,
forgerons et agriculteurs appartiendraient au départ à un même clan divisé en deux lignages.
Celui des travailleurs du fer serait à l'origine de la civilisation grâce à la découverte du feu et
des secrets de fabrication du fer. C'est l'essence même de la légende dite de la pintade que
nous avons déjà rapportée.7114.
La situation sociale des forgerons s'est détériorée à la suite d'un blâme émis par la
collectivité à l'endroit de l'un d'eux qui s'était épris d'une griote. Or les griots avaient été déjà
obligés de se regrouper en caste, à la suite de l'acte répréhensible d'un des leurs qui avait violé
sa propre fille morte et enterré·7~ Les forgerons ayant eu des rapports matrimoniaux avec
·1013- El Hadj Sapina au cours de l'entretien du 31/08181 à Songo.
713 LOMBARD, J., cité par mOKa, F., 1994, "V avait-il des formes d'expression démocratique dans l'Afrique
précolonialc", p. 56.
618
les griots, furent à leur tour mis au bas de l'échelle sociale. Malgré la réprobation générale, les
forgerons hQhQ jouent un rôle social et religieux importants. Ils peuvent être créateurs de
villages et leurs épouses exercer des fonctions politico-religieuses. Contraints à l'endogamie,
les forgerons bobo sont cependant craints et respectés. Ds sont en tout cas plus considérés
que les Vonons du pays sénufo dont nous avons évoqué les origines et le statut.
Il existe au Burkina Faso, une troisième catégorie de forgerons faites de spécialistes et
de travailleurs occasionnels.
XVll.3 : Les forgerons dans un contexte de rapports égalitaires
D conviendrait déjà, au regard des développements antérieurs,
de nuancer
profondément la notion de caste au Burkina Faso, et surtout de ne pas généraliser son
application à la plupart des travailleurs du fer. Certaines sociétés précoloniales avaient
développé des structures égalitaires au sein desqueJJes les forgerons ont vécu sans éprouver
de répulsion de la part des autres. Il en fut ainsi dans le Sud-Ouest du Burkina Faso, parmi les
Dagara, les Puguli (ou Poa), les Birifor et les Lobi.
Ces peuples appartiennent au "rameau lobi" de la classification de Henri Labouret. On
a coutume de les présenter comme exemples-types de démocraties populaires, étape
supérieure des formes d'expression démocratique en Afrique. Ds 'agit de sociétés lignagères,
segmentaires et acéphales. Les individus se valaient ou s'équivalaient et ne nourrissaient
aucun complexe de supériorité ou d'infériorité les uns par rapport aux autres. Aucune
différenciation n'était basée sur la naissance ou les activités professionnelles. Seuls l'âge ou le
sexe définissaient le statut de chacun. Au niveau des familles, droits et obligations étaient
partout identiques. Chaque chef de lignage était le porte-parole de sa communauté au sein
d'un conseil local supra-familial qui constituait l'organe suprême de l'expression politique et
619
populaire·7aJ. les coutumes et interdits établissaient l'équilibre entre la religion, les lignages et
les associations. Ils établissaient une certaine protection des travailleurs du fer. Chez les
Birifor par exemple, il était interdit de flécher ou de persécuter un forgeron. On ne porte plus
la main sur une persoMe que l'on pourchasse et qui réussit à se réfugier dans la forte.
Lorsqu'on sacrifie des bêtes à l'occasion d'un décès, la part du forgeron est réservée.
Cependant celui-ci n'est pas tenu de quitter son atelier pour aller à des funérailles. Comme
ailleurs, on recourait à sa médiation en cas de conflit familial ou social.78~
Comme développé plus haut, chez les Dagara, le forgeron n'était spécialisé qu'à la
forge. Tout le monde était métallurgiste. D'ailleurs cette activité occupait faiblement leur
temps.
Chez les Lobi, le forgeron jouit d'une certaine considération par rapport aux autres
membres de la société en raison de la puissance extrême de ses divinités. Celles-ci ont fait
apparaître les objets en fer dont les autres divinités ont besoin. C'est pourquoi le forgeron est
celui qui peut braver les interdits tels que boire de la bière de mil placée en offiande sur un
autel ou orienter la prote de sa case vers l'est. La forge lobi nous dit Klaus Schneider, est un
endroit toujours ouvert, sans porte, mais où persoMe ne s'~venturerait à voler quelque chose.
Dans le Lobi, le forgeron ne participe pas à la guerre mais son intervention doit mettre fin à
n'importe quel conflit·78J.
L'élargissement de la pratique des activités artisanales à tous les membres de la
société, participe à l'absence de différenciation sociale observée dans les cas précités. Par
exemple, les Puguli de la province de la Bougouriba sont réputés pour la production
céramique de leurs épouses. Ces potières ne sont toujours des femmes de forgerons. Presque
toutes les femmes Puguli sont d'ailleurs potières. Elles sont en effet obligées d'exercer une
114 Da Dassa, interviewé à Lcgmoin le 26/12194.
715 SCHEIDER, K., 1990, -le l'Ôle du (orgcron en cas de guerre-, pp. 1-5.
,. SOME, D., 1990, La céramique traditiOlUleUe c:hc:z les Puguli de Nyémé, pp. 130-137.
622
CONCLUSION
Cette étude sur la métallurgie lourde du fer au Burkina Faso se referme sur ces
considérations concernant les anciens producteurs. La diversité des statuts qui les régissent
ont des fondements techniques, économiques, historiques et idéologiques. C'est pourquoi il
existe des forgerons castés et heureux par ici, castés et malheureux par là ; des travailleurs
du fer non contraints à l'endogamie et aux évitements, très estimés, inspirant partout crainte
et respect.
Leurs conditions matérielles de vie, sans être très au-dessus de celles des
agriculteurs, étaient enviables et enviées. n yeut des périodes où leur mainmise sur toutes
les activités métallurgiques en ont fait des groupes puissants, de véritables contre-pouvoirs,
comme dans le Bwamu ou au Yatenga précoloniaux.
La production et la transformation du fer ont été, selon les lieux et les époques, des
activités à plein temps, saisonnières ou occasionnelles. Elles étaient toujours confiées à des
spécialistes en ce qui concerne la transformation, tandis que la métallurgie primaire était
libre dans beaucoup de régions comme au Gulmu, chez les Gurunsi ou les populations du
"rameau lobi".
L'agriculture et l'élevage ont occupé des places importantes dans la vie économique
des travailleurs du fer. Lorsqu'ils étaient occupés à plein temps par leur métier, ils confiaient
la production agricole aux femmes et aux enfants et recouraient aussi aux services
prestataires. De plus, une main-d'oeuvre servile était à leur disposition.
Certains travailleurs du fer considéraient comme une déchéance le travail de la terre,
se contentant de prélever une sorte de dîme sur les agriculteurs à l'occasion des récoltes.
Ils ne répugnaient pas par contre à s'investir dans le commerce, proposant leurs
articles à l'atelier ou les diffusant au loin dans les marchés interethniques ou régionaux,
623
s'intégrant ainsi aux réseaux commerciaux Nord-Sud entre la Boucle du Niger et les régions
forestières. Le sel d'un côté, les noix de cola de l'autre, semblent avoir constitué les frets de
retour lorsque les ânes avaient été déchargés de leurs colis de fer.
Le métal lui-même n'a pas servi de monnaie au Burkina Faso. On lui a préféré le
cauris dont la date de pénétration nous reste inconnue. Au demeurant, le troc a été la forme
la plus répandue dans les modalités d'échange, et aux dires des informateurs, il favorisait les
travailleurs du fer.
De statuts divers, ceux-ci étaient aussi d'origines diverses. Il y eut des autochtones
dans le métier comme les Nînsi du Moogo et du Yatenga qui ne se connaissent pas une
autre origine que le pays qu'ils ont toujours occupé. Plusieurs groupes sont cependant venus
d'ailleurs, principalement du Mandé et des contrées au Nord du Ghana actuel. Ces
mouvements d'artisans ont été parfois isolés, parfois intégrés à des migrations plus vastes.
Il en a résulté une culture technologique s'exprimant parfois dans un langage
initiatique comme le J(l1i~o chez les Numu. Nous n'avons pas suffisamment exploré ce
domaine ni le discours mythico-religieux qui entourait toutes les opérations métallurgiques.
Il Y a vraisemblablement des renseignements historiques à tirer d'une phrase incantatoire
comme celle-ci "Nous ne pouvons rien, mais Dieu peut tout. Qu'il fasse que tout ce qui est
WJt
bien entre dans le booaga et que tout ce qui est mal aille à Yiribou et à Lago"· . Yiribou et
Lago sont deux localités du Yatenga, distantes de plu de 100 km de Nomépouga où cette
information a été recueillie.oSa signification historique n'a pas été établie, de même que le
sens donné à l'ordre d'énumération des collines de Koo Salsago (inconnu), Kindiba,
Nimbama (inconnu), Kundèga na ning Kirga (inconnu), Ya Kilu (inconnu), Onguia (la
colline la plus riche de Séguénéga au Yatenga).
1810 Kindo Bilo, interviewé le 29/08/84 à Nomépouga.
624
Les résultats d'analyses radiocarbones disponibles à ce jour prouvent l'existence
d'une métallurgie du fer au Burkina Faso dès le début du premier millénaire de notre ère. Ils
sont alors en conformité avec les datations relatives issues des traditions orales. La datation
absolue au radiocarbone de ufune de Béna dans la Kossi, entre le illè et le IVè siècle avant
notre ère pourrait faire reculer considérablement l'âge du fer dans le pays, si elle était
confirmée. Des arguments que nous avons développés plaident en faveur de cette
chronologie, mais d'autres inspirent la prudence.
En tout état de cause la métallurgie du fer au Burkina Faso dispose d'une
chronologie certaine à partir du début de notre ère, mais elle pourrait être classée parJ1'l:elles
nées dans les premiers siècles avant.
L'étude des fourneaux et des techniques de réduction a débouché sur la
détermination de quatre provinces métallurgiques. Il y a l'Ouest du pays où les Numu ont
introduit des structures massives aux cheminées cylindriques et effilées, le Nord-Ouest où
les Bwaba ont créé un fourneau original)souterrain ou semi-souterrain, le Centre, le Nord et
l'Est où deux grandes influences (l'une venue du Mandé avec les Kibsi-Dogon, l'autre
autochtone avec les Nînsi) ont fusionné pour créer un espace boaaga, appellation la plus
courante réservée dans cette aire aux structures de réduction. Enfin un domaine 4iY.gy,
utilisant uniquement des fourneaux à soufflets a été identifié au Sud et au Sud-Ouest.
Ce schéma en quatre provinces métallurgiques peut encore être affiné, mais nous
pensons que pour l'heure, il peut offrir des cadres de réflexion et d'investigations. Il y a
encore beaucoup de nuances à relever, quelque soit la province considérée. En effet, le
phénomène migratoire, les relations commerciales à plus ou moins longues distances (le
forgeron est perçu comme une personne ambulante, un étranger), ont apporté des touches
particulières à des fonds technologiques préexistants.
625
L'approche des produits issus de la réduction des minerais de fer est sans doute le
maillon faible de cette thèse. Elle souffre de la quasi absence d'analyses archéométriques
alors que de nombreux prélèvements ont été réalisés, et cela pendant une vingtaine d'années.
Les problèmes d'accès aux laboratoires spécialisés ont été réels et c'est aujourd'hui
seulement que des ouvertures se sont faites à nous.
Nous n'avons tenté aucune expérimentation de réduction. Cependant, les échecs ou
les succès très relatifs de ceux qui l'ont fait nous interpellent. On ne devra pas se contenter
d'y trouver des causes seulement techniques. Les rapports avec les artisans, la volonté de
garder caché ce qui doit l'être selon les traditions, doivent être également pris en compte.
C'est en raison des difficultés de toutes sortes, rencontrées au cours de l'élaboration
de cette thèse,que nous avons insisté en introduction sur les aspects coopératifs Sud-Sud et
Nord-Sud dans le domaine de la recherche, sur la métallurgie en particulier. Ceux-ci doivent
se multiplier et s'intensifier, afin qu'ils n'existent plus de flous autour des origines du fer en
Afrique. Au niveau sous-régional, l'Association Ouest-Africaine d'Archéologie est la
structure qui s'emploie à dynamiser toutes ces formes de coopérations.
Il est loin de notre esprit de dire que ces relations sont inexistantes. TI s'agit
d'améliorer leur fréquence et leur qualité. Sans ces échanges, nous n'aurions pas bénéficié
par exemple, du concours de l'Institut Méditerranéen d'Ecologie et de Paléoécologie de
Marseille à qui nous devons les analyses anthracologiques ici publiées. Or il était important
de savoir si les arbres identifiés par les sources orales, comme ceux spécifiquement
employés par les anciens métallurgistes, se retrouvaient parmi les charbons prélevés au
cours des fouilles archéologiques.
L'expérience n'a pas été très étendue, mais elle fut intéressante. Nous sommes
convaincus que la focalisation des anciens autour de trois ou quatre essences végétales pour
fournir les combustibles des fourneaux avait des fondements scientifiques et écologiques
626
Pour obtenir le "feu métallurgique", il fallait un certain type de combustibles et l'on a su les
trouver, en les prélevant dans un environnement changeant selon les latitudes.
Les techniques mêmes de fabrication du charbon de bois entraient dans la logique de
la recherche d'un type particulier de combustible à partir des "arbres qui font beaucoup de
braises et peu de cendres" pour paraphraser les métallurgistes djerma du Niger dans leur
définition de Prosopis africana.
Nous nous sommes également beaucoup investi dans les recherches sur les minerais.
Nous ne comprenions pas que le fer n'apparaisse pas en très bonne place sur les cartes
géologiques du Burkina Faso, alors que partout les traces de l'exploitation ancienne sont
visibles.
Le recensement des mines confirme l'étendue des gisements de fer à presque toute
l'étendue du pays. Les analyses géochimiques et par diffi"action X ont permis d'identifier
plusieurs types de minerais et ont révélé des concentrations ferrugineuses importantes dans
certaines localités ignorées par les cartes géologiques. Elles ont aussi contribué à illustrer le
degré de connaissance des anciens en matière de minerais et d'exploitation minière. Selon les
modes de formation ou d'enrichissement du minerai, chapeaux de cuirasse, carapace sous-
jacente, cuirasses de néoformation, gravillons et blocs issus des démantèlements des reliefs,
tout a été exploité selon des techniques appropriées : ramassage de surface, décapage peu
profond, ouverture de tranchées, fonçage de puits et galeries, etc., travail harassant,
mobilisant parfois toute une famille ou tout un village, après que le gîte ait été découvert par
divers procédés : variation de la température du sol, guidage par les plantes, fer de
prospection, etc.
On ne saurait reconnaître toute la valeur de la métallurgie ancienne du fer en
Afrique, en se contentant d'observer uniquement les processus techniques. Cette activité
était loin d'être innocente politiquement, économiquement, socialement. Toutes les sociétés
627
du monde ont jadis perçu ses avantages mais aussi ses dangers. En Europe par exemple,
Georgius Agricola à la suite de Pline, énumère une véritable litanie de plaintes contre
l'exploitation des mines et la production du fer. Celles-ci dénonçaient les désastres
écologiques provoqués par les exploitations minières et forestières, stigmatisaient les grands
fléaux apportés à l'humanité par la métallurgie. En effet, c'est avec le fer que l'on fabrique
les armes avec lesquelles les hommes s'entre-tuent par des meurtres et la guerre. Pline le
considérait comme la création la plus scélérate du genre humain. Cependant, l'antiquité ne
manquait pas d'arguments pour soutenir l'utilité du travail du fer, créat\\U"~e Dieu comme
les poissons dans l'eau. Sans le métal rappelait-on, l'homme n'aurait aucun moyen de se
protéger et d'assurer sa santé. Seuls les vices entraîneraient l'homme à une mauvaise
utilisation du fer788
En Afrique, le métal et son inventeur métallurgiste ou forgeron étaient au centre de
la vie sociale. Aucune communauté ne pouvait se passer d'eux. Conscients de leur rôle, et
comme investis d'une mission divine, ces travailleurs du fer allaient au-devant de tout. C'est
pourquoi les populations les interpellaient parfois de cette manière :
"J. Du / tang / n lebeg / moeega,
monter/colline/devenir/albinos
2. wuk / saal / n lebeg / yuuga,
ramasser/charbon/devenir/chat
3. ké / weog / n lebeg / yamba,
entrer/brousse/devenir/esclave
4. ta / yiir / n lebeg / naaba,
revenir/maison/devenir/chef
5. kon / duu / n sig / n puus / naaba
ne pas/monter/descendre/saluer/chef
7BI AGRICOLA, G., 1987, De Re Meta11ica, pp. 5-8.
628
1. Montes sur la colline et deviens albinos (référence à l'ocre et la rouille qui salissent à la
mine).
2. Ramasses le charbon et devient chat (les charbonniers deviennent plus noirs à l'image du
chat).
3. Vas en brousse et deviens esclave (le forgeron ambulant se met au service de toutes les
communautés).
4. Reviens à la maison et deviens chef(évocation du forgeron qui est le premier des chefs).
5. Une fois à l'atelier, en descends pas saluer le chef (évocation de la prééminence du
forgeron sur le chef)..789.
On leur exprimait aussi reconnaissance et respect, à la façon du griot Dama Guerra
Orou du Borgu béninois:
"Ka gin weru, seko sargi, burabu femu
(soyez les bienvenues de la recherche du charbon, chef-forgeron, le beau
forgeron)
Seko bawere sunD wa, Makeri Sargi
(tout forgeron est un chef).
Kur bur Seko, dur bur seko, yinnu bura seko
(la belle femme, le beau garçon, la belle maison, c'est l'oeuvre du forgeron).
A sisu so, a ku na t nu so
(frappe le fer mais ne frappe pas l'homme).
Am deeba, a seko t bi
(si tu es rassasié, remercie le forgeron).
Seko gonum tim
(le forgeron égale le remède contre la faim).
Seko tabum tim
(le forgeron égale la solution de la guerre).
Seko bararum tim
(le forgeron égale le remède contre la maladie)." 790
789 PACERE, T.F., 1996, La question forgeron au Yatenga, p. 5.
629
Enfin, de nombreux aspects fort enrichissants pour la connaissance de la
paléométallurgie du fer et ses implications socio-économiques méritent de plus ales
développements: participation de la jeune fille et de la femme aux arts du feu (travail à la
forge pour la jeune fille jusqu'au mariage, spécialisation de la femme dans la poterie),
l'apprentissage du métier et son évolution récente. Cela nous conduit certes parfois loin des
limites de notre sujet, mais comme J'écrit Amadou Hampaté Ba : "En Afrique, tout est
histoire. La grande histoire de la vie comprend l'histoire des terres et des eaux... l'histoire
des végétaux... l'histoire des fils au sein de la terre (minéralogie, métaux), l'histoire des
astres"791 .
'790 Sabi-Monra Seldou. 1990. Tradition orale et archéologie.... p. 145. Le texte est en langue baatonwn (ou bariba).
791 BA, A.H.• 19... "Une tradition vivante". in KI-ZERBO•.• Histoire générale de l'Afrique, UNESCO. vol. 1, p. 205.
630
LES GLOSSAIRES
Nous mettons ici à la disposition du lecteur certains termes
techniques liés à la métallurgie du fer, en français et en
langues nationales des quatre provinces métallurgiques.
631
GLOSSAIRE FRANÇAIS
aCier
alliage de fer et de carbone contenant entre
0,02 % et 0,17 % de carbone
argilo-sableux
terme regroupant toutes les compositions
possibles contenant essentiellement de l'argile
et du sable mais auxquelles il faut encore
ajouter
les
produits
organiques
de
fermentation, et éventuellement les texturants
(paille, herbe, etc.)
bas-fourneau
four à cuve de faible hauteur pour l'élaboration
de la fonte et des ferro-alliages
bas foyer
dispositif en partie creusé, en partie construit,
destiné à la réduction directe du minerai de fer
butte
relief dont les pentes divergent de tous côtés à
partir du sommet ; terme équivalent : mamelon
charge
quantité de minerai et de charbon introduite
dans un fourneau pour chaque réduction
cheminée
partie supérieure du fourneau
destinée à
l'évacuation des gaz et des fumées tout en
améliorant et stabilisant le tirage. En outre,
elle
empêche
la
pénétration
anarchique
d'oxygène, donc d'air froid, au sein du lieu de
combustion, d'où une stabilité de l'atmosphère
comburant
se dit d'un corps qui, en se combinant avec un
autre, opère la combustion de ce dernier
crassier
dépôt de scories
creuset
réceptacle des produits de la réduction des
mmeraIS
cuve
intérieur du fourneau entre le creuset et le
gueulard
évent
falaise
relief raide dominant le littoral d'une nappe
d'eau (mer, lac)
ferrier
artisan producteur de fer
ferrière
amas de débris de production de fer composé
de différentes couches de déchets : scories,
fragments de parois de fourneaux, déchets de
minerai de fer, etc.
632
fondant
éléments
d'addition
au
minerai
facilitant
l'élimination de la gangue sous forme de
laitier. Leur nature dépend de celle de la
gangue ; si la gangue est siliceuse, le fondant
est calcaire ; si au contraire elle est calcaire, on
ajoute de la silice ou de l'alumine
forge
- transformation d'un métal en produit fini
- atelier où a lieu cette transformation
forgeron
artisan qui transforme le fer en produits finis
four
appareil destiné à faire
subir à diverses
matières des transformations physiques ou
chimiques sous l'effet d'une chaleur intense.
L'éventail d'application de ce terme est très
vaste
fourneau
sorte de four,
de forme et de matières
variables, dans lequel on soumet à un feu
violent,
certaines substances à fondre,
à
calciner
foyer
lieu où se tient le feu. Partie d'un appareil de
chauffage (four, fourneau) où se concentre la
combustion
fusion
passage d'un corps solide à l'état liquide sous
l'action de la chaleur
gangue
substance associée au minerai appauvrissant la
valeur de ce dernier
gisement
concentration naturelle de minerai
gueulard
ouverture supérieure du fourneau
haut fourneau
fourneau produisant de la fonte. Le haut-
fourneau moderne est un four de 20 0 25 m de
haut, composé d'une partie cylindrique :
l'ouvrage, surmonté d'une partie en forme de
tronc de cône renversé. A partir de la base
supérieure de ce tronc de cône qui occupe sa
plus grande largeur, le haut-fourneau va en se
rétrécissant et se termine par une large
ouverture (le gueulard) par laquelle se fait le
chargement et qui peut être obturée par un
cône métallique, afin d'empêcher la fuite des
gaz de combustion qui doivent être récupérés
laitier
ensemble de matières fluides ou vitreuses
résultant de la fusion
des minerais.
On
retrouve la gangue et le fondant éventuel
633
loupe
magma initial extrait des fourneaux. C'est une
masse spongieuse formée de fer et de scories
nunenu
association plus ou moins complexe d'une ou
de
quelques
espèces
minérales
naturelles
varolisables. D'un point de we économique,
un minerai est une roche contenant un ou
plusieurs métaux à une teneur suffisante et
sous une forme
minéralogique telle
que
l'exploitation
puisse
être
envisagée
avec
rentabilité
oolithe
petite concrétion ferrugineuse constituée de
minces couches entourant un noyau détritique
ou clastique
oxyde
composé résultant de la combinaison d'un
corps avec l'oxygène : le fer possède trois
oxydes:
-l'oxyde ferrique (F~03) : hématite rouge
-l'oxyde magnétique Fe304) : magnétite
-l'oxyde ferreux ou hydroxyde de fer (FeOOH)
: hématite brune ou goethique
pisolithe
concrétion ferrugineuse globulaire, plus ou
moins sphérique, de quelques millimètres à
quelques centimètres de diamètre. Elle a une
écorce indurée faite d'hydroxydes de fer et un
noyau composé d'une pâte homogène riche en
oxyde et hydroxyde de fer (hématite et
goethite) mélangée à des minéraux argileux
réduction
phénomène chimique par lequel un composé
(ici le minerai de fer) soumis à l'action d'un
réducteur (ici carbone du bois ou du charbon
de bois) abandonne son oxygène
scone
déchet silicaté provenant de la réduction des
minerais de fer
sidérolithique
formation géologique regroupant des terrains
très
divers,
juxtaposés
verticalement
et
horizontalement. Ils contiennent des fossiles
sorne
scorie se formant au fond du creuset
stratigraphie
relevé et étude de la succession des couches
archéologiques
tuyère
tubes préfabriqués destinés à l'adduction et à la
distribution de l'air dans le fourneau
634
GLOSSAIRE BIRIFOR
dankubi ou kubiguir
minerai
djugui ou djugan-na
soumets
djugbwé
tuyère
djunouo
fourneau
djurekubri
enclume
djuresogo
forgeron
Jure
forge
kira
burin
kur
fer brut
kuur
daba
kurwara ou wara
fer travaillé
kurkina
scories
1er
hache
nobankubié
"les porteurs de labret de pierre", anciens
occupants du pays
saala
charbon de bois
tiaba
tenailles
vrura
perçoir
zularè (zalarè)
soumet
635
GLOSSAIRE BWAMU (source: FAO, 0,1990, pp. 134-137)
binlé
pièce de bois (généralement un tronc d'arbre)
enfouie dans le sol et dans laquelle l'enclume
est enfoncée
bohun
quartier d'une communauté villageoise bwa
bokaan
un puits de mine
boofwa
pluriel de booforonun
booforonun
terme du dialecte du Pwêmu pour désigner le
Peul-bwa
boré
un morceau du minerai de fer, riche en oxyde
de fer (F~03)
bua
pluriel de boré
bwi
fourneau où le forgeron réduit le minerai de
fer
bwi-gnoabènu
grande ouverture faite à la base du fourneau.
Elle se situe toujours du côté Ouest
bwitiba ou bwitiwa
forgerons bwa spécialisés dans la réduction du
minerai de fer
bwiwa
ferrière
bwa
pluriel de bwanii
bwaba
pluriel de bwanii
bwamu
désigne aussi bien le pays que la langue des
Bwa. Dans le dialecte du Pwêmu, on dit
boomu
bwanii
l'individu du Bwamu. Chez les Pwêsya, le
terme utilisé est boonun
bwawa
pluriel de bwanii
dahuasi
tiges de mil (pennisetun americannum) ou
tiges de sorgho (sorghum bicolor)
danfii
braise
danfwa
pluriel de danfii
danro
chasse individuelle pratiquée de jour comme
de nuit
doanro
activité commerciale
dô
culte du dieu des masques
dofibénu
Dieu - le Grand. li s'agit du Dieu Suprême
636
dofini
signifie aussi dofibénu
domu
farine de sorgho ou de millet
doraa
pluriel de doré
doré
hache
doro
pâte de millet ou de sorgho communément
appelée tô
dô-tun
maison abritant le culte du dieu des masques
fii
champs de case
fintênê
lampe traditionnelle bwa en fer fonctionnant
grâce à une mèche en coton et à du beurre de
karité (Butyrospermum parkii)
fuhun
carquois dans lequel on conserve les flèches
gnamu
bière de sorgho communément appelée dolo
gni1nlé
dieu de la nature
hantoboni
ou "ombre du petit fer" est la barre de fer
utilisée dans la prospection du minerai de fer
hian
charbon de bois
hignan
flèches
kaaba
sabre
daa-con-bowa
forgerons-balafonistes qui, lors des grandes
cérémonies religieuses, entonnaient le chant
religieux et jouaient au xylophone et aux tam-
tams sacrés
kaa-likiba ou likiwa
forgerons spécialisés dans la transformation de
la loupe de fer en produits finis. Ils travaillent
dans la forge
kaa-man-pawa
forgerons-gardiens
des
champs
sont
spécialisés
dans
l'utilisation
de
la
colle
(traditionnellement fabriquée pour piéger les
oiseaux)
kaasi ou kaani
pluriel de kanun
kakanun
ce terme désigne le tisserand (griot)
kana 100
kana signifie voleurs, kana 100 est le cri de
détresse appelant "aux voleurs !"
kankohun
faucille pour faucher le sésame ou le fonio
kanlé
couteau de cuisine ou de moisson
kanun
par ce terme, on désigne l'individu qUI est
forgeron
637
koanni
à Lahirasso, est appelé koanni, la barre de fer
utilisée pour la prospection du minerai de fer
kokoanu
à Solenzo, ce terme désigne la barre de fer
kolênu
pic servant à creuser les puits de mine, d'eau
ou les fosses
kominu
hache (variante) utilisée pour le travail du bois
komisi
pluriel de kominu
koraa
pluriel de koro
koro
masque en feuille
kua
cauris (cyprea moneta)
luo
forge
lungnu
enclume
makoho
grosses pierres (roches vertes) qui servent de
marteau
mankua
briques de terre ou adobes utilisées dans la
construction des maisons
muana
tuyère pour le fourneau ou tuyau du système
de soufflerie dans la forge
muanasan
pluriel de muana
mukiohio
les habitants des regtons de Sanaba et de
Solenzo désignent la région de Dédougou par
ce terme et vice versa
muku
clou que les enfants utilisent pour s'amuser
muru
offrande
musl
pluriel de muni
nanfuni
déchets d'une réduction de minerai de fer
nanghian
escarpements sur la partie supérieure d'une
loupe de fer
nansla
pluriel de nanso
nanso
esprit protecteur des ancêtres
nantini
argile
naro
fer
paakuy-sia
habitants de Paakuy
pégnini
tiges de fonio (Digitaria exilis)
penhun
marmite en terre cuite
puuro
battue organisée à la fin de l'hivernage après
les récoltes
Pwêmu
une des régions du Bwamu (partie Sud-Ouest)
638
sapiensan
alvéoles du système de soufflerie de la forge
samba
houe
sambasan
pluriel de samba
simbaa
pluriel de simbo
simbo
masque en fibre
sinsinguê
pioche
soaran
harpon
sogo
phacochère
suhuri
foyer du système de soufflerie de la forge
sui
poterie dans laquelle se rencontrent les deux
tuyaux du système de soufflerie
sunru
tenailles
traditionnellement
fabriquées
et
utilisées par le forgeron
suuro
poison enduits aux pointes de flèches
tchoro
travail de l'argile (poterie)
tê
arc
tjambua
lance
vêro
travail de la terre (agriculture)
VlDU
spatule
winno
inhumation d'un mort
wobaa
pluriel de wobanun
wobanun
esclave
yakui
chèvre, chien ou mouton fait(e) en ofITande à
un dieu. L'un des trois animaux est sacrifié
selon le type de gris-gris
639
GLOSSAIRE GAN
fupanga
soumets
fuse
soumet
gbée
enclume
kéaregué
minerai
kpesè
tenailles
kpiba
presepis afiicana
kînga
fer brut
kuko
perçOlr
kura
burin
hayan
charbon de bois
madarganga
marteau
sibbriporga
scories
wana
fourneau
yiré
forgeron
640
GLOSSAIRE GULMANCE
akpaana
lance
akuna
houe
adjugsana
soufflets en pot de terre
arnabila
les fils du forgeron
adjugboda
agbandjugra
les souffleurs
djugsiému
épée
ipiémi
flèche
idjugmu
couteau
ikudibonsagi
le minerai de fer
isiatikudi
"brûler le fer" ou réduire le minerai
iyadjagi
marteler
ipuamuri
concasser
inandi tikudi
fondre le minerai
ilagri atana
décaper le minerai de fer ou
ilagri ikudbonsagri
inori tikudi
extraire la loupe
ikbonsagidiali
une mesure de minerai
ilingi
prospecter ou rechercher
isia akuana
produire du charbon
ibuaga
le fourneau
ibuarnu
les fourneaux
idjugi
souffler ou réduire le minerai
lijali ou oyobuaro
hache
omaagu
le travail du fer
n'kudjoma
poudre de fer (obtenue après le concassage de
la loupe)
ojnalikuomu
sabre
omobuogu
une mine de fer sous forme de puits
641
omatjagu
"le trou du forgeron" : puits de minerai
ouaro
bijoutier
ogbandjugro
le soumeur
okudbonrnaano
le ferrier
tikudi
le fer
tikudibondi
la loupe
tikudpinrnaano
celui qui confectionne des objets à partir du
granite blanc
tidjugbandi
soumets en peaux
642
GLOSSAIRE KASENA
pioche
badorè
le fourneau
diugu
fourneau actionné par plusieurs personnes à la
diugu piu
fois et qui est brisé quand la réduction est faite
hache
doro
filon (à Koupela)
rasoir
fuana
lime
gaw
pays des Gulmancé ou Gulmancéba, à cheval
Gulma en Gulmu
entre le Burkina Faso, le Bénin. le Niger et le
Togo
en Sonraï signifie habitant de la rive droite du
Gulmancé ou Gulmancéba
fleuve Niger ; tandis que Haoussa désigne
celui de la rive gauche
langue des Gulmancé, de la famille Oti-Volta
Gulmancéma
tuyère principale
keuwa
singulier de la tuyère secondaire
keninaga (pluriel kéninè)
charbon de bois
kiala
le crassier ou la ferrière
kièla
bloc de fer
kiùù
outils
kialra
singulier de pot du soufflet
kenna
643
loupe, fer bur
kiwu (kiùù)
tuyère principale
keuwa
une tennitière
kunkiu
le femer
luru (Iura pluriel)
pmson
luè
fer travaillé
meeli (meeli)
endroit où on réserve le charbon dans la forge
solo
petit marteau
salpaga
grosse aiguille
siluè
couteau
sm
petit marteau
salpaga
marteau
sali / séli
tenailles, pinces
tasonè
dabat
varo
le femer
yaro (yara pluriel)
minerai
zogo
644
GLOSSAIRE KIBGA (DOGON)
Dogon
Mooré
Français
djariya
koudougou
forge
eu
yogo
pinces
guramaym
loupe
gurazan
boanga
fourneau à tuyère
joajaja
boaga
fourneau à soufflets
kegu
kitiga
sem
zanré
marteau
ugodagan
zugudu
soufflets
645
GLOSSAIRE MOORE
bamogo (bag-moogo)
ancêtre mythique des forgerons
bagsaonré
"foie de chien" : minerai et fondant
barga
lame indigène
baoré
grenier en argile crue
basga
tète coutumière à la mémoire des ancêtres ;
elle se déroule généralement peu après les
récoltes
booga
fourneau à souffler ne dépassant pas 2 mètres
de haut
boanga
fourneau à tuyères pouvant atteindre 4 à 5
mètres de haut
bogdo
couvertures secondaires du fourneau
bugbanga
briquet
traditionnel
composé
d'un
silex
(percuté) et d'un fer (percuteur)
guenfo
crête (du fer)
guindgo
"mélange" : aspérite de la loupe de fer servant
de fondant
fénèga ou fonoga
fourneau à souffler semi creusé
foulgo (fulsé)
terme mooré pour désigner les Kurumba
kalkundo
herbe
hachée
à
base
de
sutu
(loudetia
togoensis) qui sert de liant
kânâ (singulier kâdé)
lances
kâongo ou kâginga
Acacia pennata
kâsma
l'aîné
kibga, kipsi
terme mooré pour désigner les dogons
kinkirga (kinkirsi)
génies
kisgré
enclume
kitiga
burin
koa ou kookuga
minerai pour le fer dur
koo
fer dur
kugkom
"eau de la pierre" : fondant
kudgu
forge
646
kuigu
fer dur
kutuaga
pioche
laaga
terrine en terre cuite
laaré
hache
lengré
écuelle
loé-kudugu
grève des forgerons: "attacher la forge"
maranga (maransé)
sonraï
moogo
pays des moosé
moaga (moosé)
nom donné aux descendants des conquérants
dagomba venus du Nord-Ghana
naam
pouvOIr
naaba
chef
naakomga (naakomsé)
"ceux qui ont perdu le pouvoir" : aristocratie
guerrière moaga
pallé (palsé)
morceau de fer ~ lingot de fer
pebga (pebsé)
tuyère
peefo (peema)
flèche
peogo
panier en herbe
pllm
aiguille
ragoanga
siège du souffleur
rayaka
bois fourchu soutenant le fourneau
saado
métier de forgeron
saala
charbon
saanaaba
chef forgeron
sâyâ
forgeron
siidiga (ou sidigu)
argile bariolée servant de fondant
tenga
terre
tengsoaba
chef de terre
wâtga
ferrière
wâré (wayen)
scone
.
.
yaaga
pamer en oSier
yadga (yadsé)
habitants du Yatenga
yanga
mmeraI
yatenga
royaume moaaga fondé par Yadega au 16ème
siècle ~ désigne aujourd'hui une des provinces
septentrionales du Burkina Faso
647
yarga (yarsé)
colporteur d'origine mandé
yiugo
tenailles
zanré
marteau, masse
zanbila
petit marteau
zulca
peau des soufflets
zèndé
hache
zugdu
soufflet
zuglaasé
pots des soufflets
zuglanaon
tuyère secondaire placée entre les pots et les
tuyère principale
648
GLOSSAIRE NUMU
boadim ou boo
tuyère
boo
tuyère
birina
marteau sans manche
buho
loyer des forgerons
chinchalé gâni
panier de mesure du charbon
dina
ouverture Ouest du kum ; par où la loupe de
fer est sortie
dassuin ou sunyi
enclume
djekwara
minerai de montagne - couleur noire
fièdi
piochon
gumgpa
caiUou rouge, minerai rouge des montagnes
gayè
souftlet
gâni
pamer
kurlda
ouverture Est du kum
kum ou kurla
fourneau
kièma
rouge
koetin ou tema
forge
koé (kuéri)
forgeron (forgerons)
kurkwe
forgeron simple
kân
fer de prospection
kwara
minerai de plaine - couleur rouge
649
kwatiè
paruer de mesure du mmenu concassé et
calibré
koyama
fer brut, loupe de fer
monma
rouge - blanc du minerai en fusion
miè
fer, loupe
mièséni
"branches" de fer: les aspentes
miékui ou miedo
boule de fer ; fer dur
mièfè
fer mou
mandara
marteau avec manche
nongon
liane de Saba senegalensis
nèguè
fer de la forge
pafia
caillou blanc, minerai blanc de marigot
paar
minerai de montagne - couleur rouge
samana
ouverture Sud du Kuru - "là où l'on fait les
sacrifices"
samana-tin
ouverture Sud-Est "à côté du samana"
saarpa
minerai de plaine - couleur jaune
soulanoumou
forgeron de nuit
sabana
briquet
saakoè
scories à la base de la loupe
yambla
tenailles
zubotin ou zugbo
ouverture Nord du kuru - "là où l'eau (les
scories) sort"
650
Variantes à Sian
dabandan
entrée Est du fourneau
ting-fing
charbon
gwanbadan
entrée Ouest du fourneau
kaka
lime
kolon
puits
muru
couteau
nègè
fer
négébo
scories
ta
feu
titon
tuyère
yendé
hache
651
SIGNIFICATION DES SIGLES ET ABREVIATIONS
EMPLOYES
AECS
: Annales économies, sociétés, civilisations,
AG
: Annales de géographie
AHES
: Annales d'histoire économique et sociale
AHMC
: Annales d'hygiène et de médecine coloniale
ARA
: Annual Review of Anthropology
ATM
: A travers le monde
BCEAO-NIS
: BCEAO Notes d'informations et de statistiques
BAE-AOF
: Bulletin de l'agence économique de l'AOF
BAGC
: Bulletin de l'agence générale des colonies
BAN
: Bulletin de l'Afrique Noire
BFT
: Bois et Forêts des tropiques
BCEHS-AOF
: Bulletin du comité d'étude historique et scientifique de l'AOF
BCAF
: Bulletin du comité de l'Afrique française
BSGCB
: Bulletin de la société de géographie commerciale de Bordeaux
BSGCP
: Bulletin de la société de géographie commerciale de Paris
BIAOF
: Bulletin d'information de l'AOF
BIFAN
: Bulletin de l'IFAN
BIRGG-AOF
: Bulletin d'informations et de renseignements du gouvernement
général de l'AOF
BSM-AOF
: Bulletin du service des Mines - AOF
652
BSPF
: Bulletin de la société pré-historique de France
CC
: Cahiers coloniaux
CEA
: Cahiers d'études africaines
CMC
: Chroniques des Mines coloniales
C-ORSTOM
: Cahier de l'ORSTOM
CSH
: Cahiers des Sciences Humaines
DHA
: Dossiers historiques et Archéologie
EA
: Education Africaine
EMDOM
: Encyclopédie Mensuelle d'Outre-Mer
EV
: Etudes voltaïques
EE
: Etudes Eburnèennes
ITOM
: Les Industries de travaux d'Outre-Mer
IG
: Information géographique
ffiMS
: Journal ofHistorical Metallurgy Society
JS
: Journal des savants
JSA
: Journal de la société des afiicanistes
MSA
: Mémoire société des africains
MCGE
: Mines, Carrières, Grandes Entreprises
MH-BM
: Musée de l'homme : Bulletin mensuel
M-ISAN
: Mémoire de l'ISAN
MMH
: Mémoire de maîtrise d'Histoire
NA
: Notes africaines
NDV
: Notes et documents voltaïques
OM
: Outre-Mer
PRGS
: Proceedings of the Royal geographical Society
653
PA
: Présence africaine
RA
: Rewe des Ambassades
RPC
: Recherche-Pédagogie-Culture
RETP
: Rewe d'Ethnologie et de tradition populaire
RGHE
: Rewe de géographie humaine et d'ethnographie
RR
: Research Review
RCB
: Rewe des civilisations burundaises
RHES
: Rewe d'histoire économique et sociale
RHMM
: Rewe d'histoire des mines et de la métallurgie
SELAF
: Société d'études linguistiques et anthropologique
SIFA
: Séance de l'Institut français d'anthropologie
SAH
: Studies in Afiican History
THSG
: Transactions of the Historical Society of Ghana
TO-ORSTOM
: Travaux et documents de l'ORSTOM
UO
: Université de Ouagadougou
654
AVERTISSEMENT RELATIF AUX TRANSCRIPTIONS
DES NOMS AFRICAINS
Les règles définitives sont, dans ce domaine, en cours d'élaboration. Nous avons
maintenu l'orthographe habituelle pour les francophones, même si elle est très discutable, de
noms courants comme Ouagadougou, Poura, Ouédraogo....
Dans tous les autres cas, nous avons remplacé la diphtongue « ou » française par la
lettre phonétiquement équivalente: u. Mossi a reçu la nouvelle graphie Moose. Bien
entendu, les graphies adoptées par les auteurs sont respectées dans les citations.
Il n'y a donc pas lieu de s'étonner d'un relatif manque de logique.
655
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
656
1• LES SOURCES
1 - 1 - Les Sources Orales
Pour plus de commodité, les infonnateurs sont présentés, regroupés par province
administrative
Province
Village
Nom- Prénom
Age
Profession
Date
(ans)
DAM
Bourzanga
Saa-naaba + groupe de forgerons
-
forgerons
05-4-74
""""
BADINI Saïdou
55
«
23-4-94
Darigma
Saa-naaba + groupe de forgerons
-
«
05-4-74
""U"
Saa-naaba + 19 forgerons
-
«
24-4-94
Kiéka
Saa-naaba + groupe forgerons
-
«
05-4-74
Kougsabla
Chef du village + forgerons
-
«
21-3-76
Loulouka
Saa-naaba + groupe de forgerons
-
«
26 &27-12-82
Nô
Saa-naaba et Tengsoba
-
«
24-4-94
Rouko
KINDA Saydouba
60
«
25-4-94
KINDA Moussa
45
«
Sandouré
Saa-naaba + groupe de forgerons
-
«
28-12-82
Saa-naaba + groupe de forgerons
-
«
25-4-94
Watinga
KABRE Nayouré G
-
F.
vendeur 24-8-84
cola
KABRE Tibo S.
80
forgeron
24-8-84
Zoura
KINDA Sayouba
70
«
27-12-81
&.
15-3-82
657
BAZEGA
Bonogo
Kagambega Marcel
-
forgeron
24-8-84
Ouédraogo Tenkuilga
60
"
20-8-84
Kombissiri
Compaoré Tinoaga et ses fils
75
"
27-8-84
Gana
Ouédraogo Kouka
-
"
28-8-84
Goanghin
Nikiéma Bayouré
70
"
27-8-84
Nayimi
Nikiéma Tiraogo
75
"
27-8-84
Bélem Ablassé
-
"
27-8-84
Tanghin-Das
Compaoré Tindaogo
70
"
23-8-84
Pit moaga
SamaKalga
60
"
21-8-84
BOUGOURIBA
Bamako
Oungouté
55
forgeron
28-12-94
Palenfo Kotounaté
45
«
28-29.12.94
Diébougou
Dité Pierre
65
«
30-12-94
Djipologo
Da Goulo
65
«
04-01-95
Kolepar
Gbotonaté
100
«
29-12-94
Kolinka
Hien Nobehikan
-
«
05~94
Koper
Somda François de Paul
42
«
03-01-95
Kpaï
Meda Denis
116
«
04-01-95
Somda Kpiele M.
60
«
31-12-94
SOME Yakoné A.
35
«
31-12-94
SOME Jacques
56
«
02-01-95
Somda Kpiélé P. D.
50
«
02-01-95
Mémèrè
Kambiré Léon
45
«
26-12-94
Kpooda Nahubio K
72
«
27-12-94
658
Somda Wiénibé
-
«
28-12-94
SOMB Aniyonibé
60
«
30-12-94
SOMB Koungma
100
«
30-12-94
Nissèo
DA Ougounaté
65
«
29-12-94
DA Doumaté
69
«
06-6-94
Tambipoura
GuibaBaké
-
«
05-6-94
BOULKIENDE
Koudougou
Koalga Yamba
60
forgeron
24-7-83
Koalga Souka
55
«
24-7-83
Goden
LeNaaba
-
Naaba
10-6-83
Kindi
Bagré Timbila
95
Forgeron
02-9-83
Koné
Zida Koudougou
100
«
02-9-83
Kologkandé
Kaboré Tiraogo
67
«
25-7-83
Loaga
Nikiéma Wongo
80
«
17.8.83
Nandiala
Zongo Konyib
67
«
30.8.83
Paologo
Yaméogo Youmbi
60
«
15.7.83
Ralo
Nikiéma Soakba
80
«
13.8.83
Réo
Kinda Boukary
80
«
14.7.83
Sabou
Zongo Konbangué-yelba
85
«
23.8.83
Sakoinsé
SamYabré
-
«
21.8.84
SamYamba
60
Sânaaba
21.8.84
Sambisgo
Gaagré Payidwendé
60
forgeron
25.8.83
Sigoré
Zongo Palingwendé
90
«
12.7.83
Sourgou
ZongoArba
90
«
22.8.83
Villi
Bouda Tibo
87
«
17.7.83
659
COMOE
Banfora
Famille Traoré
-
forgeron
24.01.84
Bérégadougou
Coulibaly Orissa
-
«
Février 1982
Koné Gaoussou
-
«
20.9.83
Kankalaba
Coulibaly Oiassigué
-
«
Février 1982
Traoré Tiémoko
-
«
Février 1982
Coulibaly Oiassigué
65
«
28.12.94
Coulibaly Tiémoko
62
«
""
Coulibaly Sériba
54
«
""
Ouattara Nialé
68
«
""
Traoré Mori
55
«
""
Traoré Tiémoko
62
«
""
Moussodoug
Barro Ngolo
78
«
4-5.11.95
ou
Barro Perdié O.
68
«
7.11.95
Ebié Konan
61
griot
12.11.95
Traoré Orissa
78
forgeron
8.11.95
Traoré Ouéto A.
61
«
11.l1.95
Traoré Souleymane
61
«
10.11.95
Sindou
Conseil du village
-
«
27.4.75
-
22.01.82
Tourni
Chef de village + forgerons
-
«
27-4-75
GNAGNA
Bamiloré
Mano Oassablaga
75
forgeron
31.3.87
660
BiJanga
Chef du village
-
ehef
30.3.87
Koala
Danbina Sourowni
46
forgeron
01.4.87
Diabouga Sarki E.
27
«
01.4.87
Mano Sougri
46
«
01.4.87
Liptougou
Déléguée Adjointe des CDR
-
Institutrice
31.3.87
Piéta
Groupe de 15 personnes
-
forgerons
30.3.87
Dayamba Djajnandi
43
forgeron
11.10.95
Gayeri Moagoulba
75
forgeron
11.10.95
Samou
Lankoandé Yemponi
55
délegué CDR
31.3.87
GOURMA
Diapangou
Dayamba Diéfoula
-
forgeron
29.3.87
Dayamba Noaga
-
«
29.3.87
-
11.01.95
Fada-
Tompoudi Adjim
70
«
9.10.95
Ngourrma
Tompoudi Kogli
65
«
9.10.95
Numbado + notables
-
26.3.87
Gayeri
Gayéri Sibiri
-
fonet. retraité
14.10.95
LompoMare
67
«
""
Thombiano Minpamba
65
Instit. retraité
""
Tampoudi Madja
-
forgeron
""
Momba
Namoani Deglo
65
«
13.10.95
Ouôba Birimpo
-
«
28.10.95
Ouâba Motandi
-
«
28.10.95
661
Namoungou
Thiombiano Tieba,
90
Chef de village 26.3.87
((
Thiombiano Lamourdia
78
agriculteur
((
Thiombiano Yombo
67
«
Tampoudi Diakounga
65
forgeron
10.10.95
Piéga
Tampoudi Nayimi
70
«
10.10.95
Combary Adejan
-
agriculteur
27.3.87
Léosogo Ali
-
«
27.3.87
Tougma HaroUDa
-
«
27.3.87
Yamba
LompoAttadi
-
forgeron
28.3.87
Natama Noaga
-
«
28.3.87
Tibga
Dayamba Dago
-
«
30.7.87
Dayamba Téhri
-
«
((
Dayamba Yamba
-
«
((
Dayamba Youma
-
«
30.3.87
nOUET
BaIa
Gnouma Sonsourou
50
forgeron
23.9.83
Bréat
KonéMoussa
60
«
05.9.83
Dandé
Traoré Siaka
40
«
9.9.83
Karankasso
Koné Kufla
40
«
6-7.9.83
..
KonéNéné
30
«
Kiené
Tanou Kufla
80
«
28.12.82
Coulibaly Ménin
75
«
21.7.83
Coulibaly Kédé
100
«
••
662
KonatéTin
70
«
""
Traoré Bié
60
«
""
Kogbé
Coulibaly Dramane
-
«
01.8.83
-
18.02.87
KonéBiékon
70
«
""
Coulibaly Kalefa
57
«
03.5.94
Koko
Ouattara Moussa
50
«
6.9.83
Kourouma
Konaté Sossoro
60
«
22.9.83
Sanou Saïdou
40
agriculteur
""
Kouinima
Sanou Lassina
-
ancien combat
05.9.83
Pala
Peni
Coulibaly Samblaté
-
forgeron
04.5.94
Samorogouan Konaté Karamoko
60
«
10.9.83
Konaté Magan
100
«
""
Koné Karamoko
30
«
""
Sanakoro
Coulibaly Bié
75
«
23.7.83
Coulibaly Bénin
80
«
""
Sansanmatou Famille Konaté
-
«
5.5.94
ra
Sian
Coulibaly N'Vin
-
«
17.3.87
Tessouan
Coulibaly Yarasségué
60
«
29.7.83
KOSSI
Barani
Sidibé Amadou
70
éleveur
06.10.95
Coulibaly Siambo
75
agriculteur
""
663
Béna
Kienou Kiémogo
54
Chef de village 24.3.74
DaoYézouma
-
chef forgeron
27.02.85
Traoré Padoua
70
forgeron
27.02.85
Dara
Yakoro Kassavo
70
«
03.10.95
..
Gnimien Karafwa
80
agriculteur
Gani
Togo Amadou
33
«
09.10.95
..
TogoYaya
40
«
Hyankouy
Kadéba Albérique
60
«
12.10.95
Kadéba Yembuari
70
«
••
Kiénekouy
Dabou Wazourn
75
forgeron
05.10.95
Dabou Dablé
75
«
••
Kombori-
Kiénou Nestor
45
Administrateur 07.10.95
Koura
Togo Amadou
33
forgeron
•••
Kouro
Zon Kambakié
53
«
01.9.83
Nouna
Coulibaly Tountioni
75
gendarme
3.10.95
...
Tara Kabiri
60
ménagère
MOUHOUN
Bondokouy
le chef de village
-
-
25.3.74
Bouan
Bonzi Lamoussa
-
chef forgeron
25.3.74
Kosso
Bonzi Gninko
75
forgeron
27.12.94
Bonzi Moussa
50
«
••
Tamini Moufien
63
agriculteur
10.7.83
664
Ouri
Konaté Poboye
-
sculpteur
29.11.85
Passakongo
SamaNinza
88
chef forgeron
Février 85
Tiahoun Bikiéno
88
chef de terre
Février 85
Poura
Bazi Lomako
-
forgeron
03.6.94
Bazi Nazi
-
«
MM
Sara
Chef + forgerons
-
«
25.3.74
Sokouy
Gnénouzan Trakoy
-
«
31.8.83
Si
Chef de village + forgerons
-
«
25.3.74
Tchériba
Konaté Lassina
70
«
24.8.83
Tiékouy
Chef + forgeron
-
«
25.3.74
NAHOURI
Adongo
Kuokian
-
chef forgeron
24-25.8.84
Kampala
Agoura
-
«
4.02.84
Kasra
BwéMoussa
-
forgeron
14.9.84
Koubongo
AtigaAda
-
«
15.9.84
Pô
Gnonon
-
«
20.8.84
Songo
El Hadji Dapina
-
«
31.8.84
Tangasgos
Akibé et son fils Anouparé
-
«
14.9.84
Tiakané
Adimpoua
-
«
22.8.84
Gnonon
-
«
20.8.84
665
OUBRITENGA
Barkuitenga
Ouédraogo Hola
80
chef + 6 notabl 4.9.84
Barama
Kabré Gabriel
60
forgeron
11.9.84
Kabré Alexandre
60
«
11.9.84
Lay
ZongoNoaga
65
«
11.9.84
Nagréongo
Barnogo Tenga
-
«
30.8.84
Napamboumb Ouédraogo Yandé
60
«
4.9.84
ou
Pabré
Gaagré Tinga
70
«
20.8.84
Nassa Tinga
60
«
20.8.84
Gaagré Julbert
51
«
31.12.94
Gaagré Joseph
51
«
31.12.94
Saaba
Diparna Gombalé
70
«
14.12.94
et
05.01.95
Diparna Lalnoaga
80
«
14.12.94
et
04.01.95
Ilboudo Marcel
53
«
03.01.95
Zitenga
Compaoré Harouna
-
«
5.9.84
.
Zomodo Hamado
-
«
5.9.84
Nana Somtogré
60
«
07.9.84
OUDALAN
Gorom-
Chef Mallébé + forgerons
-
forgeron
28.3.76
Gorom
666
Markoye
MrDoudou
-
Instituteur
28.3.76
PASSORE
Arbolé
Kientéga Yemraogo S.
-
chef forgeron
31.8.84
Bokin
Kinda Issaka
-
forgeron
13.9.83
Kinda Boureima
-
"
13.9.83
Koumalé
Bamogo Baré
-
"
29.8.84
Poessi
Bamogo
-
"
31.8.84
Samba
Bamogo Somtanaba
-
chef forgeron
03.9.84
Tampoui
Sébégo Regma
-
"
07.9.84
Taonsogo
Kientéga Kouka
-
forgeron
27.8.84
Yako
Kientégaa Tiraogo
-
chef forgeron
04.9.84
Zambélé
Bamogo Wango
-
forgeron
30.8.84
PONI
Batié
SoméZaka
-
forgeron
14.7.93
Kodjo-Tieblo chef forgeron
-
"
13.7.93
Korou
Da Indgaté
67
"
02.01.95
Da Paré
71
"
02..01.95
Legmoin
Da Dassa
59
"
26.12.94
Da Etienne
57
"
27.12.94
Kambou Ikaté
61
"
03.01.95
Nako
Da Dagnaté
68
"
04.01.95
Da Sonsoté
64
Boucher
03.01.95
667
Tiankoura
Ouattara Béma
60
forgeron
07.6.94
Tanwour
FarmaMayou
62
"
27.7.94
SANGUIE
Dassa
Bazié Bassona
-
forgeron
13.7.83
Bazié Dientoloun
-
"
13.7.83
Bazié Amadou
-
"
13,
20,
et
28.8.83
Bazié Balou
-
"
30.12.94
Bazié Bali
-
"
30.12.94
Bazié Bassana
-
forgeron
03.01.95
Didyr
Badolo Neliba
70
forgeron
23.7.83
Bassana Bali
63
"
13-15.7.83
Godir
Dango Bazilou
-
"
17-20.8.83
Goumi
Bado bazilou
-
"
25-30.7.83
Lagyou
Badiel Nébilo
-
"
26.7..84
Bassané Tilapo
-
"
28.12.94
Minko
Bado Bassana
-
"
31.8.83
Mogueya
Dango Ali
64
"
2.9.83
Dango Bazombié
66
"
"
Ninion
Bayala Bassié
120
"
18.8.83
Bayala Bazombié
60
"
"
Poa
Dango Bakouin
-
"
05.9.83
DangoBaya
-
"
"
Pouni
Badiel Balou
-
"
16.7.83
668
BaziéWana
73
"
•
Réo
Kinda Boukari - B
80
"
14.7.83
Kinda N'Do Amidou
60
"
22.4.82
Bationo Pascal
60
Infirmier retr.
·
Kinda Badyu Souleymane
53
forgeron
·
Sémaga
Bazongo Séssona
-
"
14.8.83
Yamadéo
BayaiaBako
75
"
21.7.83
SANMATENGA
Bangsoma
chef de village + forgerons
-
"
18.01.94
Barsalogo
le Tengsoba
-
-
27.3.76
Delga
chef de village + forgerons
-
-
27.3.76
Garba
Bamogo Regma
-
forgeron
14-15.5.82
Bamogo Trogo
-
"
·
Kougri
Ouédraogo Hamadé
-
agriculteur
31.3.74
Ouédraogo Tibo
-
"
·
le chef + Ouédraogo Hamadé
-
«
14.12.74
Samtaba
le chef + forgerons
-
27.3.76
les forgerons
-
forgerons
19.01.94
Samtakoudog le chef + forgeron
-
28.3.76
0
les forgerons
-
forgerons
19.01.94
Tandaga
famille Bamogo
-
«
14.3.82
Zoura
Kinda Sayouba
76
forgeron
27.12.81
669
SISSILI
Bagonsié
Byien Ayano
75
forgeron
11.7.83
Bologo
Niankambari Tafi
-
agriculteur
04.6.94
Sanou Lassané
-
"
"
Sanou Moussa
"
"
-
Zonou Kaléfa
"
"
-
Boura
Nadié K. Ibrahim
89
chef de village
01.9.83
((
Naoulaï Sil
68
forgeron
Zalvet Salif
52
«
Diona
Yaro Bapan
70
«
17.8.83
Fara
Zonou Lassané
70
agriculteur
04.6.94
Fyin
Nigan Lovi
70
forgeron
19.7.83
Kabourou
Dao Drarnane
70
«
05.6.94
Dao Tahirou
-
«
"
Somboudo Salfo
-
agriculteur
"
Karaba
Tiao Zomozié
75
forgeron
05.6.94
Li
Nignan Gnigou
100
«
16.8.83
Nawi
Mouyen Sébou
-
agriculteur
05.6.94
Pien
NamaSalam
95
forgeron
14.7.83
Silly
Bénou
80
«
17.8.83
Tiessoura
Kadio Djiké
130
agriculteur
16.8.83
670
SOUM
Aribinda
famille Kindo
-
forgeron
25.01.94
Bougué
le Falao
-
agriculteur
6.4.74
Djibo
Adama Moussa
-
éleveur
19.3.82
Pathé Amadou
-
«
19.3.82
PobéMengao L'Ayo + notables
-
-
6.4.74
et
28.8.84
SOUROU
Bassan
KonéWassa
35
forgeron
Il.8.83
Dalo
YoroFoyémi
71
Il
5.8.83
Dialan
Séri Kifin
-
Il
20.8.83
Dio
Kindo Didiki
35
"
28.01.95
Douban
Séri Moadi
-
"
24.8.83
Dousoula
Zerbo Nésérémassa
80
"
14.8.83
Gan
Drabo Bya
95
Il
24.01.95
Gassan
DéméMoadi
65
Il
13.7.83
Gomboro
SanfoAgni
+ 100 ménagère
05.02.95
Gonon
KonéKaba
65
forgeron
03.7.83
Kouy
KonéDoro
-
Il
12.7.83
Lankoé
Kindo Maliki
70
"
02.02.95
Ouro
Tiri Bourei
85
"
06.9.83
Sané
BéJémou Nintani
60
ancien combat
29.02.95
Sébérè
GoYacouba
45
forgeron
18.8.83
Tougan
Zerbo lamouni
60
"
28.7.83
671
Toungaré
Souaba Tirilé
65
chef forgeron
26.7.83
El hadj Souabo Moussa
65
maître coran
27.12.94
Souabo Youba
56
ancien combat
27.12.94
Boro Yogoulé
70
forgeron
28.12.94
Drabo Doro
45
Il
02.01.95
Guirinasolo SoDi
57
agriculteurr
28.12.94
TAPOA
Kantchari
chef de village
-
-
18.4.75
famille Ouoba
-
forgeron
6-7.10.95
Madaga
Gnoula Bouana
75
«
8.10.95
Partiaga
chef de village
-
-
19.4.75
Saboarkoli
chef de village
-
-
19.4.75
Yobiri
chef de village
-
-
19.4.75
YATENGA
Barga
Kinda Abdul Salam
-
forgeron
01.9.84
Bérenga
Bamogo Yabiri
-
«
29.8.84
Bamogo Salam
-
«
"
Bongola
Kinda Soamaïla
-
«
4.9.84
Bougré
Bélem Noufou
90
«
27.7.83
Bélem Moumini
50
«
27.7.83
Boulounsi
Touna Issaka
88
«
28.7.83
Touna Rasmané
55
«
28.7.83
672
..
Touna Salifou
47
«
Boursouma
Léga Passoumbêba
70
«
09.9.83
Delga
Ganamé Boukary
-
«
05.9.84
Gourcy
Salogo Bougo
-
chef forgeron
28.8.84
Ingané
Barnogo Sibiri
-
forgeron
20.8.84
Kalsaka
ZaIlé Yabiri
-
«
28.8.84
Kindiba
Kindo Harnadé
-
«
05.6.76
Lougouri
Kindo Yabiri
80
«
04.9.83
Méné
Kindo Boureima
-
«
22.8.83
Niésséga
Kindo Nongodo
-
«
03.9.84
Nogo
Bélem Boureima
-
«
22.8.84
Nompouga
Kindo Bilo
-
«
29.8.84
Pella
El Hadj Kindo Boukary
-
«
07.9.84
Sallakoulé
groupe de forgerons
-
«
05.9.84
Saye
Zallé Ratéba
-
chef forgeron
06.6.76
Siguénouguin Bélem Inoussa
-
forgeron
24.8.84
Séguénega
groupe de forgerons
-
"
26.01.85
Sissamba
le Tog-naaba
Naaba
14.02.78
05.08.93
Bélem Souleyman
103
forgeron
((
Bélem Harnidou
36
«
((
Zoromé Boureima
70
«
((
Zoromé Idrissa
30
«
Salé
Zorom Noufou
-
«
21.8.84
Selboaga
Kinda Simandé
-
«
03.9.84
Sodin
Yarnpa Idrissa
-
«
01.9.83
673
Yampa Issaka
-
«
01.9.83
Tansalga
Bélem barouna
-
«
24.8.84
Titao
Kinda koudbila
-
«
29.8.84
Tougou
You
Gamsoré Issa
-
«
25.8.84
Youba
famille Guiti
-
«
13.3.76
Ziga
Bélem Salam
63
«
25.7.83
KomaIssa
70
«
25.7.83
674
1 - 2 - Les sources d'Archives
1 - 2 - 1 - Archives Nationales françaises, Paris - section Outre-Mer
Affaires économiques AOF
Carton 586: Industrie en AOF et Togo
Carton 591: Industrie en AOF et Togo
Carton 105: Haute Volta 1925 - 1946
Carton 519: Monnaies métalliques en AOF et Togo jusqu'en 1958
Carton 913: Dossier 7 à 13 Haute Volta - rapport économique de 1947 à 1956
Travaux Publics AOF
Carton 149: Dossier 1 F- Blondel, mission en Afrique Occidentale française -
Septembre 1936 - 9, 93 pages
Carton 149: Dossier 2 - Rapport sur la situation minière en Guinée 1908
Carton 149: Dossier 3 - Législation coloniale sur les mines
Carton 149: Dossier 6 - Permis de recherche de 1905 à 1908
Carton 149: Dossier 8- Groupes miniers en Guinée 1906 -1907
Carton 149 : Dossier 9- Demande de permis de recherche minière
Carton 149: Dossier 10- Graphique du mouvement minier 1903- 1908
Carton 149: Dossier 16 - Demande de concession de la compagnie française du Haut
Niger (au Lobi)
Carton 149: Dossier 17- Exposi~~on de Marseille 1906 : Notice sur les mines du Haut
Sénégal - Niger
Carton 149: Dossier 21 - Renseignements sur les compagnies minières en AOF
Carton 149: Dossier 22 - Renseignements statistiques 1903
675
1-2-2 - Archives de l'ancien Gouvernement Général de l'AOF,
Aix-en-Provence
Fonds ancien AOF
Série P =Mine
P 460 à 465: 14 Mi 1529
464 et 465: intéressant pour l'organisation de l'industrie minière en AOf -
Contient aussi de nombreux rapports et études d'explorateurs du XVlIème
siècle
P 466 à 468: 14 Mi 1530
Concerne surtout l'or avec un important rapport sur la question des mines au
Soudan: Le rapport R-AlnDEOlnD
P 469 à 472: 14 Mi 1531
Le P470 traite particulièrement des concessions minières dans le Kipirssi
(Haute Volta)
P472 à 475: 14 Mi 1532
Rapport Lagache sur le fer
Rapport J-Chautard sur le fer
676
P 475 à 479: 14 Mi 1533
Dans le P 476 figurent des produits minéraux des colonies envoyés à l'Office
colonial à Paris pour décorer ses galeries
Divers échantillonnages et analyse dont ceux du fer, de la houille et du cuivre
P479 à481: 14 Mi 1534
Traite des zones non ouvertes à l'exploitation minière en 1907: Fada Ngourma,
Bobo-Dioulasso, Gourcy, Ouagadougou, Gaoua, Koutiala
P481 à 484: 14 Mi 1535
Dans le P483: Arrêté N°15 du Lt gouverneur de Guinée autorisant le
remboursement de 316 F 85 à Mr Georges BELOT pour trop perçu, pour un
permis d'exploitation de fer. - Permis de recherche sur le fer dans la presqu'Ile
de Kaloum, Guinée
P484 à 489: 14 Mi 1536
Le P489 est un important rapport sur la situation minière en AOF en 1909
Beaucoup de cartes et de renseignements statistiques
P490 à 494: Mi 1537
Voyage d'étude au Lobi et au Kipirsi par le Commandant PERIGNON et
Mr CORBISIER en 1908
Fonctionnement du sevice des mines de l'AOF
677
P494 à 498: 14 Mi 1538
Permis de recherche sur le fer en Guinée- projet d'exploitation de latérite vers la
France comme oùnerai de fer
Resultats d'analyses chioùques de oùnérais de fer
P498 à 502: 14 Mi 1539
Exploitation traditionnelle du fer en Côte d'Ivoire dans la région d'Odienné
Série Q: Affaires économiques
Q47 à 49 : 14 Mi 1554
Produits du Mossi : cola, pagnes, cotonnades, fer..
Exploration du Liptako, Djelgodi, Barani, Léo
Q50à54: 14 Mi 1555
Commerce du fer à Diébougou
Industrie du fer au Yatenga
Q54à56: 14 Mi 1556
Régime foncier colonial
678 "fi
. '
1-2-3 - Archives de L'IFAN à Dakar
Fonds CREMER
Documents historiques
évoquent diverses guerres internes au Bwamu
Documents littéraires et linguistiques
Cah 1 : textes bwa
: le kani
Cah 26: textes bwa
: le tiho et le minerai de fer
Cah 32: textes bwa
: le Kani
Cah 37: textes bwa
: Byama et le Kani de la montagne de Dakui
Cah 38 : textes bwa
: L'homme et les jeunes ferrugineux
Cah 39 : textes bwa
: Le Kiro et les pintades
: Le Kiro et le Dampan
Cah 172 : textes bwa
: La terre, l'eau, le feu et les minerais
Documents éthno-sociologiques
Cah 1
: textes bwa
: Les funérailles, les forgerons, les griots
Cah 2
: textes bwa
: Le Lombo des gens de Kani
Ne pas enterrer les gens avec la balle en fer
Cah4
: textes bwa
: Origine des castes
Cah6
: textes bwa
: Initiation à la forge
Cah 7
: textes bwa
: Chanson de funérailles d'un vieux forgeron
Cah8
: textes bwa
: La forge
Cah9
: textes bwa
: La part du mil aux forgerons
679
Cah 10: textes bwa
: Premiers fusils et chasse à l'éléphant
Cah Il : textes bwa
: La caverne de Bekuy
Le mil des forgerons
Cah 14: textes bwa
: Travaux de la forge
Cah 16: textes bwa
: Le forgeron prodige
Cah 17: textes bwa
: Le Kani de Suri
Cah 18: textes bwa
: Le mort qui n'aime pas le fusil
Cah 20: textes bwa
: Le forgeron
Cah 21 : textes bwa
: Les forgerons de Kéra
Cah 23 : textes bwa
: Le Kani de Yaho
Cah 26: textes bwa
: Traiter quelqu'un de forgeron
Cah 32 : textes bwa
: Les flèches de Bobo
Cah 34: textes bwa
: Le droit du forgeron sur le mil
Cah 35 : textes bwa
: Le Lombo des forgerons
Cah 36 : textes bwa
: Enterrer des gens avec un objet en fer empêche la pluie de
tomber; Les pendentifs
Documents religieux et magiques
Cah 5 : textes bwa
: Le fétiche des forgerons
Cah 27: textes bwa
: Le haut-fourneau et son fétiche
Cah 34: textes bwa
: Fétiche pour enterrer dans le Kani
Cah 36: textes bwa
: Fétiche pour blessure de flèche
680
Documents scientifiques
Cah 1
: textes bwa
: Traitements des blessures par flèche
Cah 9
: textes bwa
: Empoisonnement des flèches
Cah Il : textes bwa
: Traitement des blessures par balles
Les cahiers 14, 16,27,28,32,33,38,39,40, 190, 193 traitent tous du poison des flèches
1-2-4 - Archives SODEMI, Abidjan (C.I)
BAUDL.,
1941: "Rapports divers sur les recherches géologiques dans la Haute-Cote d'Ivoire
1945-1945: "Rapport de mission en Haute Côte d'Ivoire
1-2-5 - BUMIGEB - Ouagadougou
CEA,
1991: "La mise en valeur des ressources minérales et renvironnement en Afrique"4ème
conférence régionale sur la mise en valeur et l'utilisation des ressources minérales en en
Afrique - Ouagadougou 17 pages
1991: "L'industrie du fer en Afrique durant la période de 1980-1989 et ses perspectives
pendant les années 1990.
4ème conférence régionale sur la mise en valeur et l'utilisation des ressources minérales
en Afrique - Ouagadougou 19 pages + figures
681
SAGATZKY 1.,
1932 : "Rapport géologique sur la région de Bobo", Dédougou (HV)
1933: "Rapport géologique sur la région de Bobo", Dédougou, PÔ (HV)
1934: "Rapport géologique sur le Sud-Est de Gaoua" (CI)
1935: "Rapport géologique sur la région de Bobo, Banfora, Kampti, village de Tantama-
Volta Noire, Pont D'Ouessa" (HV)
1937:" Le système Tarkwaïen en Haute Volta"
1-2-6 - Rapports techniques produits et déposés au Laboratoire .
d'Archéologie de l'Université de Ouagadougou.
DEVISSE, 1. et KIETHEGA JB.,
1973: "Rapport de prospection archéologique en Haute Volta" - 30 pages
1974 : " Rapport de propection archéologique en Haute Volta" - 24 pages
KIETHEGA JB. ,
1976: "Rapport sur les recherches archéologiques en Haute Volta" (campagne 1975)
21 pages
1977: "Rapport préliminaire sur les fouilles de Poura" (campagne mars - mai 1977)
1978: "Rapport prélimaire sur les fouilles de Poura" (campagne mars - mai 1978)
1979: "Rapport prélimaire sur les fouilles de Kougri-Kaya"(campagne mars-mai 1979)
20 pages
1983: "Projet métallurgie ancienne du fer en Haute Volta" - convention ACCT /40
N° 197/SG/C6 - Rapport technique et financier 1983 - 25 pages
1985: "Rapport technique et financier sur le projet de recherche métallurgie ancienne du fer
682
en Haute -Volta - campagne 1984-1985 - 26 pages
1986: "Rapport technique sur les fouilles de Kampala, Tiakane, Kougsabla"
1987: "Rapport de propeetion archéologique au Burkina Faso" - Ronéoté
1993: "Projet campus - "Histoire du fer au Burkina Faso" - Rapport technique et financier
de la campagne 1992 - 1993 - 18 pages
1994:" Projet campus - "Histoire du fer au Burkina Faso" - Séminaire -Atelier sur la
paléométallurgie du fer en Afrique de l'Ouest - 132 pages
1995: "Projet métallurgie africaine (METAF) "Etude des anciennes mines de fer au Burkina
Faso" - Rapport d'étape - 26 pages
1995: "Projet métallurgie africaine (METAF) "Métallurgie de récupération en milieu urbain"
- rapport d'étape - 31 pages
1996: "Projet Métallurgie africaine (METAF) "Métallurgie de récuération en milieu urbain"
- rapport final
683
BIBLIOGRAPHIE
A
1. ADA J.C., 1986, L'art militaire dans le Kassongon précolonial - Province du Naouri
(Burkina Faso), mémoirefie maîtrise, Université de Ouagadougou.
2. ADANDE, A., 1979, "Un exemple de recherche pédagogique : enquête ré~sée par les
élèves de l'école publique de Bensékou, sous la direction du maître Osseni-Rouga",
Education Béninoise, nO 1, pp. 75-77.
3. ADANDE, A. et ADAGBA, C., 1988, "Dix ans de recherches archéologiques au Bénin
(1978-1988)". Communication au Colloque sur l'Histoire nationale du Bénin, Cotonou,
13 p.
4. ADOUM DOUTOUM, M., 1990, "Place et statut des forgerons dans la société maba du
Tchad", J.S.A., 60(2), pp. 149-160.
5. AGRICOLA, 1987, De re metal/ica, trad. A. France-Lanord, Gérard Klopp, Thionville,
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d'Histoire, Lomé, 17 p.
7. AKE ASSI, L. et GUINKO, S., 1991, Plantes utilisées dans la médecine traditionnelle
en Afrique de l'Ouest, Roche Basel.
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Renaissance.
A.
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Paris,
1986
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Publication Université de Provence, 254 p.
9. ANDAH, B.W., 1978, "Excavations ofRim (Upper Volta)", W.A.S.A., vol. VIII, pp. 51-
74.
684
lü.ANDRIEux, P., 1983a, "Esquisse d'une réflexion expérimentale sur l'identification des
structures
métalliques",
Université
Technologique
de
Compiègè,
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ANNEXE N° fi
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU
Ouagadougou,
le 21 juillet 1994
PROJET CAMPUS
RAPPORT DE MISSION
Dans le cadre du projet CAMPUS dénommé "Histore
du fer
au Burkina",
l'équipe
de
chercheurs
burkin~h~
a
effectué sa
deuxième sortie sur
le terrain du 17
au 24
f~vrier 1994. Cette
mission qui a concern~ les provinces du Sourn,
de l'Oudalan et du
Seno avait les m!mes buts
que ceux
de
la
mission du
03 au 10
septembre
1993
dans
le
sud-ouest
du
pays.
Pour
rappel,
il
s'Rgissait de
toucher du
doigt les
r~alité~
de
la production
traèitionnelle du
fer dans
ces provinces en
vue
de
mettre au
point une méthode d'approche pluridisciplinaire.
La mission,
três animée sur le
plan scientifique avec
des
débats
francs
c~
cordiaux
nous
a
permis
de
fair~ les
remarques suivantes
I- LF.S HAUTS FOURNEAUX.
Les
dispositifs
d'extraction
tradiotionnelle
du fer
à~ns
le
centre
et
le
nord
du
pays
sont
morphologiquement
différents de ceux rencuntrés à l'ouest.
Ainsi, trois principaux
types de fourneaux peuvent ~tre distingués :
A- Les "petits hauts fourlleaux".
A
Z~rédéguin
(environ
4
km de Kaya sur la
route de
Mané)
et à Zoura,
il
nous a été donné d'observer de très petits
"~.du~S" fourneaux de réùuct.ion traditionnelle du fer probablement
ch~:: les dogons.
Il s'agit d'édifices d'environ 20 cm de diamètre
et dont il ne reste plu~ q~e la racine (lU base. res "vetits hauts
fourneaux"
semblent
à
première
vue
disposés
de
manière
anarcllique,
sans
aucun~
urgani5a~ion.
On peut n~anmoins noter
leur concentration (environ Ilne vingtaine par zone) avec ~à et là
des fourneaux isolés.
La curiosité au niveau de ces "petits
hRuts fourneaux"
est
sans
conteste
le
mode
d'extraction,
c:'est.-à-dire
de
réc~pération de la loupp de fer.
En effet, le" hases visibles de
Cl:S
pet~ts ~difices sont cnmhl~es par des d~chets
sous
forme de
masse compacte de scorie et nulle part, on ne voit de loupe ou de
traces de loupe de fer.
Il s'agira pour le projet d'~clùirer ici
sur les modalitês
de rêduction du minerais de fer, de manière à
récupêrer le
métal dans
de
telles
conditions. Cependant, même
sans avoir eu la chance d'observer
(pour l'instant)
une carrlêre
n'extraction du
minerai de
fer dans
les environs,
on pourrait
penser que :
720
,
Le
minerai devait
~tre
très
riche en
fer,
de maniêre ~
permettre,
l'obtention
du
"métal
précieux"
avec
une petite
quantité de matière première, d'o~ la taille des fourneaux.
Les dimensions èu fourneau ne
permettaient d'obtenir qu'une
petite
quantité
de
fer
qu'on
pourrait
qualifier
de
"fer
d'appoint" servant ~ de petites activités.
B- Les hauts fourneaux dogons.
Largemellt
répamluf.
dans
tout
le
5ecteur
balayé
(~tréd~guin, Samtaba, Zouri, Rounou,Toulongo, etc.), nous n'avons
ce~endant pas pu observer ce
type de haut
fourneau intact. Tous
les édifices ont é~~ détruits.
Seules quelques bases sont encore
vi~ible::
~~
et
Jà,
dan~
un
v~ritable
champ
de
scories de
dimensions décimétriques. Ces bases ne dépas5ent généralement pas
1,2~
:n de
diamètre,
avec quelques
fois des
restes de scories
vrai~;emDldblem~r:t in t'itu et
des tuyères ~ dispositions
pour le
moins énigmatiques...
Faits
assez exceptionnels
A TOlllongo,
nous avons obsprvé une base polygonale de haut fourneau ainsi que
d~',lX
bases
de
haut5
fourneaux
directement
plaquées
sur
la
Cilira5SP
dans
le
lit d'un
cours
d'eau.
Les
deux ph~nomènes
m~ritent A notre avis, un peu plus d'attention.
c- Les hauts fourneaux mossis.
utilis~5
p~r
les
anciens
forgerons
de
Samba,
Barsalogho,
Ronguirl,
Roco,
etc.,
1I0US
avons
eu
la
chance
d'observer
un
haut
fourne2u
de
type
mossi
encore
intact ~
200gl1in.
Le~ premiert; ~ntretien5 avec les habitants de la région
m'JI,trent
que ce
haut fourneau,
d'enviroll 3
m de haut pour une
~~se de l'ordre de 1,25 m dL' ~~amètre
ne fonctionne pas comme les
hauts fourneaux dogons.
D'ailleurs,
nous
n'avons
pu retrouver
nulle part a cot~ de
l'édifice,
la disposition particuliêre des
tuy~res dans
les scuri~~.
Cc
llaut
fourneau
que les habitants
('ux-m('lm~s qualifient
de
fOlJrn"au
con:ectionné
par
les mossis
serait. toutes fois
inléJ'-'~'éant A étudier, surtout en vue de faire
des
"rapprochement~"
clltre
~on
fonctionnement
et
celui
des
dogons.
I.' ob~,,,,rvation
tuyêres
des
hauts
fourneaux
des
r~gions visitées suscite
lLt flexi ons
sni vantes
Les "petits hauts fourneaux"
décrits plus hAut semblent @tre
dépourvus
de
tuyères.
Cette
situation
pose
le
problème
de
ventillation et/ou d'aérù::c:; de l'édifice pendant l'op~ration de
réduction du fer ...
Sur
les
sItes
d'extraction
traditionnelle
du
fer
de
Z~rédéguin,
Samtaba,
Rounou
t"',
Toulongo,
il nous a été donné
d'observer des tuyère~ emprisonnées dans la masse de scories. Ces
tuyères présentent une dispDsition tr~s
curieuse
~ première vue
sans aucun ordre pr~cis. Mais une observation plus poussée montre
que cette organisation pour le moins curieuse
des tuyères semble
ne pas ~tre due ~ un fait du hasard.
En effet,
sur la base d'un
ancien haut
fourneau
de
Samtaba encore
presque
intacte, nous
avons
pu
noter
que
ces
tuyères
avaient
trois
principales
dispositions:
*
une
première
disposition
horizontale
dans
laquelle
les
tuyères avaient été bouchées par des scories,
*
une deuxième disposition oblique o~ les tuyères sont creuses
(elle~ n'ont été bouchées que par de la terre facile ~
dégager A
l'aide d'un b~ton) ;
* url~ troisème disposition verticale de tuyères non bouchées et
EJ1~ant le tour interlle de la base du haut fourneau.
Tout ceci
laisse penser que les tuyères
de
ces hauts
fourncêtux
dogon:;
ëlvaient
plusieurs
Ilsages
évacuateurs
de
certain d~chets ou scories, aération et ventilation par exemples.
DJns tous
les cas,
les débats
restent ouverts
et
le problème
mérite une grande attention.
En marge de ces principales observations, on peut noter
~d différence
de
taille
des scories des petits
et
des grands
haut:;
fourneaux.
En
effet,
tandis
que dans
les grands hauts
fOllrneaux
on
a affaire ~ des scories en
forme
de
galets très
comI,act::. et
riches
en
manganèse comme
l'atteste
leur couleur
verd~trc,
les "petits hauts
fourneaux"
présentent
des déchets
gravillonnaires qui constituent un ~avage du sol.
11- LES CARRIERES D'EXTRACTION DU MINERAI DE FER.
Les
sites d'extraction
du
minerai de
fer
sont plus
varié~ dans
le centre et
le nord du
pays que
dans l'ouest. En
ef[~t, alors qlle glnbalemel1t les forgeront de l'ouest extrayaient
le minerai dans la carapace
du complexe cuirassé,
on peut noter
ici quatre principaux types de ~r~lèvements.
A- Le prélèvement dans la cuirasse.
re type de prélèvement
a ~té observ~ ~
Bangré-Soma o~
la
butte d~nommée
"Naba-Yélé"
servait de site
d'extraction du
minerai de
fer.
Il
s'agit
d'une butte
cuirassée
~ enveloppe
protectrice d'environ 5
m de haut.
La cuirasse ici
est du type
"cuirasse
de
néoformation"
(cf.
D.C.
SANDU,
1993)
très
htt~rogène.
En
effet,
elle
renferme
aussi
bien
des nodules
ferrugineux de
l'ordre ne
1
cm de
diamètre
que de véritables
blocs
de
dimensions
décimétriques,
des
débris
de
cuirasse
bauxitiquc
et
des morceaux
de
roches
vertes.
On
a
donc un
véritable conglomérat très
diaclas~
et
~'est au
niveau de ces
diaclases
que
les
populations
extrayaient
le
fer
qui
s'y
concentrait.
La carri~re visitée e~t en fait A la
jonction entre la
cuirasse
et
la
carapace.
Si
sur le
plan
topographique
on a
aff;l:re
ici
~
une
butte
classique,
des
investigations
•
•
t
722
g~omorphologiques s'avèrent indispensables
pour
éclairer sur la
provenance des différents éléments
de la cuirasse,
leur mise en
place
et
enfin
pour
placer
la
butte
dans
son
contexte
géomorphologique local ...
p- L'exploitation de la carapace.
Le
site
de
Samtaba
nous
a
permis
d'observer
une
ancienne
carrière
d'extraction
du
minerai
de
fer
dans
la
carapace.
Cette
carapace
ferrugineuse
présente
un
faciès
v::oit,lement un
peu [>Jus
induré
que d'ordinaire ~ cause
ne son
état
n'affleurement.
En
effet,
la
cuirasse
sommitale
a été
cumplètement démentelée et forme un pavage de blocs et
galets de
composition
granlllom~trjque
très
diverse.
La
carapace
i'l
été
creU5~e de
m~niêre ~ former
par endroits
de
véritables tunels
avec deux elltrées.
Sur
le
I:!Joll
g~omorphologique
et
en
attendant
des
investig~tlons
plu~, puussées,
on peut dire gue
nous sommes sur
;,ne c\\:ir<.;;;se
dt::: n'!:ofnrmCition.
Il s'agit en
effet d'une surface
gui a recimenté au~si bien
des morceaux
de
cuirasse bauxitique
çUt:::
~es
nodules
et
galets
ferrugineux
provenant d'anciennes
cuirasses.
Le
glacis
cuirassé
est soumis
~ une
dynamique de
versant assez intense,
provocant même
par
endroits
des pseudo
glissement
de
terrain o~
:ù
cuirasse se plaque
plus ou moins
I)ettement aux argiles,
sans
l'horizon de
transition
qu'est la
carapace ...
c- L'utilisation de~ no~ules ou gravillons ferrugineux.
Elle est assez rare dans la région et
constitue, si on
e~J c"l'oit les vieil}" fotjj"rr)n~',
une source cl'a1Jpoint.
En effet, c1
Samba,
les sp~cialistes de la fabrication artisanale du fer nous
ont
af;:irmé qu'J
dt"faut
ùe
cuirasse,
on pouvait lltiliser les
grav!llons ferrugIneux comme minerai de
fer.
Ils
étaient alors
concassés
p\\lif'
ran'Jt~::;
JaCl~'.
IL'
haut
fourneau
en association
notamment o.lvec un fondant ...
iI- r,t, lJr~:ll:veInent dans
l1"s schistes.
A Aribind~, ~ous avon~ pu observer un site d'extraction
du minerais de fer dans UnE' formation schIsteuse.
Il s'agit d'un
crête schisteuse
(schistes ferrugineux)
longue
d'environ 300 m
sur à peu près 200 m cle haut. I.E" prélèvement se fait au sommet de
la
cr~te
et
entre
les
lignes
de
schstosit~
dont certaines
constituent des endroits privil~giés de concentration
des oxydes
de fer.
Justement,
c' t.:~t au poids (lourd) et ~ lëi. coulp1JT (tT~S
sombre)
qu'est
choisi
le
minerdl.
Il
s'agit
la
d'un
fait
exceptionnel car
de toutes nos investigations, c'est le seul cas actuellement
connu de ce type
de site.
Le minerais a toujours
été constitué
d'un élément de la cul rasse ferrugineuse;
...'
723
- tout laissE' croire que ce site a étê volontairement choisi et
les raisons de ce choix restent élucider.
En effet,
non loin de
la crl!te
schisteuse,
on observe ç:~ et l~
des hllt.t.Pf; r.uiTilssées
d'dCC~S beaucoup
plus
facile
que le
sommet de la
crl!te et de
teneur en oxyaes de fer visiblement acceptable pour une opération
de r~duction de fer.
Enfin
et
au
del~
de
cette
diversité
de
site
d'extraction
dll minerai
de fer,
les différentes causeries avec
les forgerons permettent
de mentionner l'exi~tence
d'un fondant
(g~néralement des schistes
plus
ou moins
dltérés) prélevé dans
des
endroits
encore
inconnus
de
nous
et
que
ces forgerons
..::l; ; "t'r1l pour accélérer les processus.
En guise àe conclusion générale
â cette mission
qui a
~té
fort
enrichissante pour
nous,
nous devons retenir et nous
~onvalncre d~finitivement que la seule approche acceptable en vue
d~
tr~iter
scientifiquement
cette
question
est
l'approche
plu:-- i c'isciplilvlire.
Cette approche hellreusE'ment bien
per~ue par
~0
responsable
bllrkinab@
du
projet,
monsieur
Jedn-Baptiste
KIETTHEGA,
Maître assistant d'Histoire et Archéulogie, permet en
effe~
de
saisir
tous
les contours
de la Question
et rlonc ~e
[ou!n~r un pro~ult f:nl
v~Iitablement capable d'éclairer la quasi
tnt2;~t~ des points d'ombre de l'hIstoire du fer au Bllrkina Faso,
"e::e çlle proposée par le projet.
Dya Christophe SANOU
Ma!trc assistant de q~omorphologie
Univer~it~ de Ouagndnugou
Burkina Faso
724
-1-
rIVERSITE DE OUAGADOUGOU
Ouagadougou, le 20 janvier 1995
PROJET CAMPUS
IESCRIPTION DETAILLEE DE LA CRETE SCHISTEUSB DE ZORONGO ET DU RELIEF
CUIRASSE DE BANG SOMA.
1- LA CRETE SCHISTEUSE DE ZORONGO
Comme
mentionné dans
notre rapport
à
l'issue
de la
mission
du
17
au
24
janvier 1994,
il s'agit
d'une crête de
schistes ferrugineux longue d'environ 300
m sur à peu près 100 m
de haut à partir de
la base.
on a affaire à
un relief résiduel
aux petes assez raides (environ
M
45 )
et pouvant être subdivisées
en deux parties.
La première moitié allant de la base
jusqu'à mi-versant est
constituée d'un
pavage de débris
rocheux globalement organisés.
En effet,
le plancher ainisi que les premiers mètres du flanc de
la crête sont
recouverts
par
des
plaquettes
ou
feuillets de
schistes de
dimensions centimétriques.
Au fure et
à mesure que
l'on remonte vers
le
sommet,
ces plaquettes gagnent
en taille
pour devenir de
véritables
galets
à mi-versant.
On a
donc un
phénomène de pavage
par tri granulométrique de
la
base vers le
sommet.
Sur la deuxième moitié du versant,
on a de véritables blocs
schisteux éboulés,
de dimensions métriques. Ce sont ces éléments
qui,
en
place au
sommet,
donnent
à l'ensemble
du relief son
caractère de crête.
si cette crête schisteuse parait très banale de
par sa
description physique,
cela n'est pas
le cas en ce
qui concerne
son utilisation. En effet, ce relief résiduel représente l'un des
rares cas connus de site d'extaction traditionnelle de minerai de
fer (Cf rapport du 21 Juillet 1994.)
11- LA BU'l"l'E CUIRASSEE DE BANG-SOMA
Naba Yélé Tanga (qui signifie en Moré "la montagne du
roi Naba Yélé"),
est le nom donné à cette butte par le roi mossi
(Naba)
du
même nom,
fondateur du village de
Bang-soma ("mieux
savoir")
implanté au
pied
de
la butte.
Il s'agit d'un relief
résiduel situé à environ 10
km au Nord de Mané, dans la province
du sanmatenga.
Avec une façade Est très vigoureuse et un versant
OUest peut
individualisé dans
le paysage,
la butte présente un
forme
généale
allongée
d'orientation
globale
Nord-Est
Sud-Ouest.
725
-2-
A- Le profil topographique
Réalisé d'Est en
Ouest ou
du
Nord au Sud,
le profil
topographique de Naba Yélé Tanga révèle une butte aux
formes peu
communes
dans
la
région
en
général et
dans
la
cuirasse en
particulier. En effet on a
_ Un versant Est très raide avec une pente supérieure à 45·, ce
qui
lui donne un
aspect
ramassé par rapport aux
autres. cette
forte pente est couronnée par un véritable
escarpement d'environ
5 m de haut, constitué par la cuirasse elle-même.
Un versant OUest en forme de grandes
marches d'escalier. Ce
sont des "replats
cuirassés"
assez typiques,
à
pente comprise
entre 10
et 15·,
adoucissant ainsi,le contact entre la butte et
le plancher.
ici,
on
a
autant
de
petites
corniches
que de
replats.
Un versant
Nord à pente
convexo-concave, correspondant aux
affleurements d'altérites de
la roche en place.
L'escarpement y
est moins vigoureux (environ 3 m) mais nettement visible.
En
un
versant Sud presque banal
et
peu
vigoureux (pente
inférieure à 25·).
Ici
on
n'a aucun escarpement,
ce
qui fait
disparaitre la réalité de butte que l'on a en observant Naba Yélé
Tanga de l'Est de l'Ouest ou du Nord.
B- L'Etat de surface de la cuirasse
La cuirasse
de
Naba
Yélé Tanga
présente une surface
très indurée à prédominance ferrugineuse et
organisée sous forme
de paliers.
En effet,
on a trois gradins étagés d'Est en Ouest,
de largeur disproportionnée et de pente comprise entre 5 et 15°.
L'observation détaillée montre que la cuirasse renferme
plusieurs types de galets fortement cimentés les uns
aux autres.
Ainsi,
on a des galets
de
cuirasse
bauxitique,
des galets et
graviers de
cuirasse
ferrugineuse,
des gros blocs
de cuirasse
ferrugineuse homogène
et
des enclaves
de roches plus
ou moins
totalement ferruginisées.
Les gros blocs de cuirasse se rencontrent
surtout au niveau
de l'escarpement. Il s'agit d'une cuirasse homogène très compacte
et massive.
Avec des éléments de 75
à 90
cm de diamètre, cette
cuirasse serait de type primaire très riche en fer •••
Les galets et graviers de cuirasse
ferrugineuse constituent
les
éléments
dominant
de
la
cuirasse de Naba
Yélé Tanga. En
effet,
ils sont présents aussi bien à l'escarpement que
sur les
différents gradins,
jouant
ainsi le
rôle d'encaissant recevant
les intrusions représentées
ici par la
cuirasse bauxitique, les
blocs
de
cuirasse
ferrugineuse
et
les
morceaux
de
roche
ferruginisée.
726
-3-
les galets ont un aspect très homogène à
la cassure et
très riche en fer.
Avec des longueurs
ne dépassant généralement
pas 25
cm et des largeurs presque toujours inférieures à
15 cm,
un
comptage
granulométrique nous
a permis
d'y déceler
10% de
coins arrondis,
70%
d'arrondis et 10% d'anguleux. Ces ,résultats
permettent
de
penser que ces
éléments n'ont pas
Sub1 une très
longue évolution.
Quant
aux graviers,
on en
rencontre
pratiquement de
toutes les tailles;
des éléments de 7
à 8 cm de diamètre, on a
des
nodules de
1
cm de
diamètre,
voire
moins.
Il s'agit de
nodules ferrugineux très émoussés,
très lisses
avec une auréole
de concentration exceptionnelle en fer.
Les
galets
de
cuirasse
bauxitique
sont
essentiellement
localisés sur
le
premier
palier
de
cuirasse,
c'est-à-dire à
l'Est,
vers l'escarpement. Les plus gros éléments se rencontrent
vers l'escarpement tandis que vers l'extérieur,
ils sont de plus
en plus petits. Ce sont des galets de 10 à 30 cm largeur sur 20 à
40
cm
de
longueur.
De forme
presque
carrée
avec
des coins
arrondis
pour
la
plupart (90%),
on y
retrouve aussi quelques
galets
de
forme allongée (5%)
et des éléments
de très petites
tailles (5%).
Ces derniers ont un
diamètre inférieur à
5 cm et
sont très fréquents vers la fin du premier palier et
au début du
deuxième.
A la cassure au
marteau,
la bauxite se présente soit
sous forme brêchique, soit sous forme nodulaire et très fortement
cimentée par une matrice argilo-ferreuse.
Les
enclaves
de
roche
ferruginisée
quant
à
elles,
se
présentent le plus souvent sous forme circulaire incrustrées dans
la cuirasse et nivelées au sommet de celle-ci. On a alors affaire
à de gros éléments d'ordre métrique,
légèrement plus sombres que
le matériel
encaissant et souvent micro diaclasés.
De
temps en
temps,
on observe çà et là
un véritable
concassage du matériel
avec une nette orientation,
même
si d'une
manière générale, il
est
impossible
d'en
déterminer une
direction prédominante. La
cassure au marteau de géologue montre une
structure très massive
entièrement
dépourvue de
grains
et
de
couleur
rougeâtre. Il
s'agit en fait de basaltes fins,
concassés, emprisonnés dans une
cuirasse polygénique et subissant une ferruginisation.
On retiendra donc qu'à Naba Yélé Tanga,
on a affaire à
une cuirasse conglomératique polygénique située à une altitude de
328 m. Les différents éléments de ce conglomérat sont visiblement
organisés dans la cuirasse avec,
à l'escarpement les enclaves de
roche,
les blocs et les galets
de ccuirasse
ferrugineuse; les
galets de
cuirasse
bauxitique
et
ferrugineuse
sur le premier
palier;
les
galets
de
cuirasse ferrugineuse sur
le deuxième
replat et
enfin les graviers
sur le
troisième palier (cuirasse
nodulaire).
On a donc un phénomène de tri
granulométrique d'Est
en Ouest,
c'est-à-dire de l'escarpement vers
le dernier gradin.
Ceci constitue bien une curiosité géomorphologique dans la mesure
o~ une telle cuirasse n'a
pratiquement pas pu être
observée (ou
du moins décrite dans
le
détail)
au Burkina
Faso.
Certes, on
727
-4-
trouve l'association
cuirasse
ferrugineuse/cuirasse bauxitique,
mais
dans
des
zones
topographiquement
basses
(région
de la
province du Bam surtout). Ainsi portée en hauteur dans le paysage
(donc
d'accès
difficile)
et
compte
tenu
de
sa
très grande
richesse en
éléments
ferro-magnésiens,
on
comprend
que cette
cuirasse
soit
devenue
un
site
privilégié
d'extraction
traditionnelle du minerai de fer.
Dya Christophe SAROU
728 '1
RAPPORT DE MISSION
CARACTERISTIQUES MACROSCOPIQUES DES MINERAIS
DES MINES DE ZORONGO ET DE NAABA-YEELE
1) - Minerai de Zorongo
Le
minerai
est
un
schiste
ferrugineux,
imprégné
en
surface
par
une
croûte
manganesifère.
L'espèce
minérale
dominante du minerai est
de l'hematite. Elle
se présente sous
forme de grain organisés
en nids ou en veinules developpées le
long des plans de schistosité.
La
mine
est
installée
dans
une
zone
tectonisée
(intense
déformation) favorable
à la circulation et au dépôt secondaire
de l'oxyde de fer.
2) - Minerai de Naaba-Yeele Tanga
Il
est exprimé
sous forme
de plaquage filonien
ou sous
forme de débris en éboulis.
Plusieurs
types de minerais
ont été
identifiées, prelevés et
décri ts :
- Minerais de type "Yanga"
Les caractères distinctifs de ce minerai sont
- Densité elevée
- Teinte gris foncée
- Texture massive, homogène
- structure micro-poreuse (porosité fine et faible)
Il pourrait correspondre à
une association de
magnetite et de
goethite :
- Minerai de type "Bi saonré"
On
le rencontre sous
forme de galets
dans la
cuirasse ou de
débris
dérives.
Il
est
caractérisé
par
sa
teinte
rouge
violacée,
sa
texture
massive
homogène.
Sa
composition
minéralogique serait dominée par des oxydes de fer
hématite, goethite.
La goethite
forme localement
des
nids ou
des veinules
dans le
minerai massif.
Le quartz
est
sporadiquement
présent.
Le
manganèse
montre
une
structure
dendritique "Ba saonré"
pourrait
derive de la
ferruginisation
de galets de laves basiques.
3) - Fondant
Il
serait l'équivalent du
"Siidiga", dans
le jargon des
forgerons du village
Naaba-Yeele. C'est un matériau de
teinte
noire, de
faible densité.
Sa surface
est mamelonnée,
ce qui
rappelle la
structure des mineraux
d'oxyde de manganèse
type
pyrolusite (Mn02)
4) - Ciment des minerais et fondant
"Roudoum"
est le
terme employé
par
les forgerons
pour
caractériser le ciment inter-galets
de bauxite et
de cuirasse
ferrugineuse,
des
minerais
de
type
"Yanga",
de
type
"Bâ
saonré" et le fondant "Siidiga".
La
couleur de
cette roche est
rouge foncée,
et présente une
densité
relativement
elevée
et
une
porosité
développée,
(texture alveole) .
..
Urbain
WENMElfGA
730
An".ly•• Géochimique des Minerais des Mines de "Raba-Yeele-
Tanga" et de Zorongo.
Teneur en fer
N'
Echantillon
Localisation
Nature
Fe %
Mg ppm Mn ppm
Roche
Bg 3
Naaba Yeele
argileuse
4,6
12
Nd
Minerai
Bg 4
"
type "Yanga
50,8
93
1000
(filon)
Minerai
Bg 5
"
type "Yanga 1 47,8
135
905
(gravier)
Matrice du
minerai
Bg 6
"
"Yanga" =
36,3
42
1810
"Roudoum"
Ciment
Bg 12
"
inter-galet
27,1
17
960
="Roudoum"
Galet de
Bg 8
"
cuirasse
30,6
10
510
ferrugineuse
Galet de
Bg 11
"
roche
38,9
31
400
ferruginisée
1
Galet ~e
1
Bg 10a
"
m1nera1 type 40,3
89
690
"Bâ saonré"
Bg 13
"
idem
32,2
36
97
Fondant
Ws 1
Widi Samba
"Siidiga"
19,7
517
468
Schiste
Zr 1
Zorongo
ferrugineux
31,2
167
1430
Zr 2
"
idem
18,5
15
500
Nd = non détecté
731
INTERPRETATION
Trois
éléments
:
le
fer
(Fe),
le
magnésium
(Mg)
et
le
manganèse (Mn)
ont ét dosés sur des échantillons de minerai en
provenance des mines de "Naaba Yeele Tanga" et de Zorongo. Les
résultats sont présentés sous forme de tableau.
- Le magnésium
Cet
élément
est présent
à
l'état
de trace
ou en quanti té
mineure n'excédant
pas
2%
de teneur
dans
les
minerais du
fer
(type
"Yanga",
"Bâ Saonré",
schiste
ferrugineux),
en
filons,
en galets ou en débris.
Cette observation est valable pour la
matrice
("Roudoum")
du
minerai
et
des
différents
types
de
galets.
Le "Siidiga",
utilisé comme
fondant dans
la réduction
du
minerai
de
fer,
montre
une
teneur
relativement
plus
importante
(5,17%)
de
l'ordre
de
2 à
15
fois
supérieure
aux
autres
matériaux.
Le
magnésium
contribuerait
à
baisser
le
point de fusion du minerai de fer et se comporterait comme une
substance fondante.
La distribution du magnésium est
ici contrôlée
d'une part
par
la
nature
chimique
des
roches
originelles
d'où
sont
dérivés
ces
minerais,
et
d'autre
part,
par
l'importance
des
processus de lessivage qui se sont produits.
- Le manganèse
La
teneur
en
manganèse
varie
de
façon
significative,
passant
du
simple
au
double
dans
la
matrice
ferrugineuse
("Roudoum")
des minerais
:
le type "Yanga" et
certains faciès
de schiste ferrugineux présentent des teneurs en manganèse (Mn
: 900 à 1000 ppm)
plus élevées que la variété "Bâ Saonré"
(Mn
100 à
700 ppm) d'une part,
et le fondant "Siidiga"
(Mn environ
500 ppm) d'autre part.
- Le fer
Les plus fortes teneurs en fer (40 à 50%) sont enrégistrées
au niveau des minerais de type "Yanga",
quelque soit leur mode
de g i semen t
( en
filon
ou sous
forme de
gr av ier s) et
dans une
moindre
mesure
les
minerais
de
type
"Bâ
Saonré"
où
elles
varient
entre
30
et
40%.
Ceux-ci
indiquent
des
similitudes
géochimiques et peut-être génétiques avec les galets de roches
ferruginisées
et
de
cuirasses
ferrugineuses.
Le
fondant
"Siidiga" parait être un matériel pauvre en fer
(environ 20%).
Dans
la
matrice
("Roudoum")
des
minerais,
on
constate
une
variation
pouvant
atteindre
10%
de
la
teneur
en
fer.
Les
minerais de
Zorongo
associent
des
faciès
relativement pauvres
en fer
(Zr 2)
et riches
(Zr 1),
respectivement 18,5 et 31,2%.
Le minerai de type "Yanga" de la mine de "Naaba Yeele" semble
être de tous le plus riche.
732
CONCLUSION
Ce commentaire succint des résultats analytiques permet de
dégager quelques conclusions sur les minerais étudiés.
La typologie des minerais en terme de "Yanga",
"Bâ Saonré"
ou
"Siidiga"
pour
le
fondant
dans
le
jargon
des
anciens
forgerons
est
en
rapport
étroit
avec
la
teneur
en
fer,
manganèse et magnésium.
Le
"Yanga" et le "Bâ saonré" sont des
minerais
ferro-manganésifères,
tandisque
le
"Siidiga"
est
un
matériau
riche
en
magnésium
mais
pauvre
en
fer
et
en
manganèse.
La
teneur
relativement
importante
du
fer
dans
la
matrice
des
minerais
représente
une
composition
chimique
moyenne
des
fragments
ferrugineux
qui
la
composent.
Les
schistes ferrugineux
de
la mine de
Zorongo
sont des
minerais
nettement
moins
riches
en
fer
que ceux de
la mine de
"Naaba
Yeele".
~WENMENGA Urbain
733
Ouagadougou,
13/12/94
RAPPORT DE MISSIOR
Dans le cadre des recherches entreprises sur la
paléométallurgie du Fer au Burkina Faso, par le projet campus,
nous avons participé à une mission y affairante du 30 Novembre
au 9 Décembre courant dans les provinces de Sanmentenga, du Sourn
el du Séno.
1) - Activité paléométallurgique du Fer
Cette activité s'est produite dans toutes les localités
visitées: Banguessomba, Aribinda, Pobè Mengao). Les nombreux tas
de
scories &Ii I::zis témoignent, de cette activité, de même que les
bases restantes de fourneaux conservés dans les régions de
Banguessomba et Aribinda ou elles sont de petite dimension.
2)
-
Lee sites d'habitat
Les anciens sites d'habitat se rencontrent le plus souvent
non loin des lieux de réduction ancienne du fer (cas de Pobè
Mengao et d'Aribinda). Quelque fois des nécropoles sont installés
non loin des sites de réduction.
3)
-
Mines
Deux mines ont été étudiées au cours de cette mission.
Il
s'agit de la mine du village de Banguessomba et des environs
d'Aribinda.
a) -
La butte de Naba Yeelé
Elle parait être célèbre d'après les propos des forgerons
de J~ localité qui indiquent que cette mine a été exploitée dans
les temps passés par des autres forgerons des localités
environnantes.
734
Cette butte fait partie d'un ensemble de buttes cuirassées
isolées et comprend du sommet à
la base : d'une cuirasse,
reposant sur une carapace elle-même se superposant à un niveau
argileux, qui passe latéralement dans le depression à des coulées
anciennes de basalte fin ou aphanitique.
La cuirasse correspond à un facies conglomeratique formes de
nombreux galets de taille variant entre S et SOcm de long.
Ces
galets sont éssentiellement des morceaux de cuirasse bauxi tique,
ferrugineuse et de roches plus ou moins ferruginisées. Le ciment
des galets est de type gravillonaire. La carapace desagrégée en
surface,
fournit des
gravillons qui reflètent le caractère
original gravillonnaire de ce niveau stratigraphique.
La relation entre cuirasse, carapace et le niveau argileux n'est
pas évidente. Leur rapport génétique avec la roche basaltique
sous jacente reste à démontrer.
b) -
La crête de Zorongo
Les schistes redressés des environs de Aribinda se
reconnaissent aisement des dômes arrondis des intrusions
granitiques ~ost tectoniques.
La mine de Zorongo forme une crête longue de plusieurs centaines
de mètre, disposée selon une direction nord-sud.
Il s'agit de
schiste ferrugineux redressé,
fortement diaclassé, et par
conséquent démantelé. Ceci explique l'importance des éboul is qui
~ortent la pente à l'affeurement. le minerai est extrait à partir
de puits obliques installés dans les zones de forte concentration
de fer.
735
4) - Le minerai
Le minerai est exploité dans la zone de transition cuirasse
et carapace au niveau de la butte de Naba yeelé. Le minerai
riche, désigné sous le terme de "Nyanga" se présente sous forme
de filonets épais de plusieurs centimètres difficiles à extraire
au marteau. Une technique appropriée a dû être mise en oeuvre
pour approvisionner les fourneaux anciens en ce type de minerai.
Un autre type d~ minerai appelé "Baa Saonré" de couleur rouge
sang ou violacée, sous forme de galets dans la cuirasse ou sous
forme d'éboulis est associé au Nyanga dans la reduction.
Les forgerons font intervenir un fondant, "le siidiga" au cours
du processus de réduction. Ce fondant est prelevé dans les
niveaux gravillonnaires après les avoir debarassé de leur gangue
(impurété). "Le siidiga" provient en fait de la désagrégation de
la cuirasse environnante.
"Le siidiga" est plus leger et de
teinte noire. Le minerai de Zorongo est associé à des schistes
ferrugineux et correspond à des zones enrichies en fer et en
silice au sein de ces formations.
Les facies enrichis sont denses comparativement à la roche
schisteuse encaissante. Tout comme à Naba yeelè, on constate sur
l'ensemble des matériaux des induits superficiels
manganesifères. Les analyses en laboratoire permettraient de
différencier les minerais et d'établir les relations existantes
entre eux et les roches environnantes.
_~e
Urbain WENMENGA
ANNEXE N° VII
736
ARALYSE GEOCHIMIQUE D'BCHANTILLONS DE
ROCHES FERRUGIRBUSES
Minerais de la paléométallurgie
Projet "Histoire du Fer"
Provenance
Teneur en oxyde
Teneur ( P "
OBSBRV.
de Fer
Total en
Total (')
Manqanèse
Itouroukan D.
53.59
221
Itouroukan T.
~
132
.P.rM:: PCV\\..~
Itougri 809040
36,29
695
KaDka1aha
45,04
554
?cV\\. MÀ..~~
Itosso
33,90
437
Kanka1ahougou
31,69
58
itoBri
32,0~
320
Gourc)'
43,87
110
,II' ,";.\\ -=-
Garango
45,28
304
li/l
Titao
63.03
166
1
Ba90ns ie
26,91
183
Lahira••o
59.81
267
Pahré
53.23
164
Ya1b
42,26
50
Bogo)'a
36,37
309
Tougan
48,90
2226
OUro
1lM
51
lIakoura
1..L..ll
261
lIogo
31,02
61
lIo.epouga
26,72
369
lIapouan
66.35
326
50
48,32
5586
Songo
19,48
4413
saJlbisgo
42,70
2513
Commentaire:
Les teneurs en oxyde de fer total des minerais récoltés sur
différents
sites
du
Burkina
varient
entre
20%
et
70%.
Les
minerais riches sont ceux dont les teneurs dépassent 50% en fer,
en de ça de cette teneur,
on peut les considérer pauvres.
En
l'absence
de
renseignements
sur
la
localisation
exacte
du
prélèvement du minerai, carapace ou cuirasse, il est difficile
d'établir
une
corrélation
significative
entre
les
résultats
géochimiques et contexte géologique ou minier. La discrimination
exacte entre carapace et cuirasse ne peut être établie de manière
rassurante que sur la base des observations sur le terrain.
Néanmoins on constate à partir des observations macroscopiques
des
échantillons
en
laboratoire que
certaines
fortes
teneurs
géochimiques
sont
enregistrées
sur
des
minerais
émanant
probablement
et
logiquement
des
éléments
de
la
cuirasse
ferrugineuse, d'autres les plus purs et denses riches en fer et
en
manganèse
(cas
des
minerais
de
Tougan,
de
So,
Songo)
constitueraient des cas exceptionnels. ces différents résultats
doivent
permettre
en
comparant
avec
les
teneurs
des
mêmes
éléments dans les scories issues du traitement métallurgique de
chaque minerai, d'estimer le taux d'extraction du fer
,
et de
mesurer la performance de
la technologique utilisée,
de voir
également
les
relations
entre
type
du
minerai
et
type
de
scories.
_~6t
Urbain WENMERGA
737
Etude géocbPmique et minéralogique du minerai de fer.
AJ Résultats d'analyse géochimigue
Elements analysés
Fe total sous
Al z03
SiOz
en ,
forme de FeZ0 3
Provenance des
échantillons
Garba
42,12
21,79
17,41
Dassa
39.52
23,61
19,81
Tansalgo
55,64
12,58
9,34
Toungare I I
63.50
6,42
3,25
Kouroukan T
49,23
13,37
11,40
BJ Résultat de la diffraction X
Composition Mineralogique des minerais
Composition
Goethite
hématite
Magnetite
Kaolinite
minera logique
Provenance
1---
1
Garba
x
x
x
-
Toungare I I
-
x
-
-
Napouan
x
x
-
-
'l'ansalgo
x
x
-
-
Ingane
x
-
-
x
Kiene
x
-
-
x
Kogbe
x
x
-
x
Selboaga
x
-
-
x
Sebere
x
x
-
x
Konkolikan
x
x
x
x
Toungare l
-
x
x
-
1
Yalka
x
-
x
x
Kouroukan T
x
-
y.
x
Loropeni
x
x
-
x
Interprétation des Résultats
Les analyses-géochimiques (Tableau A) ont porté sur les
oxydes de fer total, d'aluminium et de silicium. Elles montrent
avec des teneurs aussi importantes de silice (Si02) d'alumine
(A1203), l'existence probable dans les minerais de mineraux de
quartz et d'argile dont la nature ne peut être déterminer que par
la diffraction X. La teneur en fer des minerais varie entre 40
et 65%. Le minerai de Toungare II est le plus riche en fer et
contient peu d'impuretés minérales (quartz, argile).
La composition minéralogique des minerais est obtenue grâce aux
analyses aux rayons X.
Dans le tableau B ou les résultats figurent, on constate que
la goethite (hydrate de fer) est présente dans tous les minerais
sauf dans ceux de Toungare (1 et II) dans lesquels l'hématite
(oxyde de fer) est prépondérante. La magnetite compose avec
l'hématite dans les minerais provenant des localités de
Konkolikan Toungaré (1), Yalka et Garba. Le minerai de cette
dernière localité contient à la fois les trois phases minérales
du fer (Goethite, hématite, magnetite). La Kaolinite représente
l'argile composant dans certain minerais avec les minéraux du
Fer.
~ WENMfdNGh
739
FAST.
B?~~2-{
~~.~.
1
Rapport de mission
Projet Campus "Histoire du Fer au Burkina Faso"
La
seconde
mission
de
recherche
pluridisciplinaire
sur
"l'histoire du Fer au Burkina Faso" s'est déroulée du 17 au 23
Janvier 94 et a couvert les provinces du Sanmatenga, Barn, Seno
et l'Oudalan.
Elle a surtout consisté aux visites des sites de
réduction du fer et a des entretiens avec les anciens forgerons
et
autres
témoins
oculaires
de
l'ancienne
métallurgie.
Nos
observations nous ont conduit à
poser
les axes de
réf lexions
suivants :
- La prospection et l'extraction du minerai
- Les modalités de réduction du minerai
- Les résidus de réduction : les scories.
1) Les résidus de réduction : les scories.
Les tailles des scories et leur quantité varient selon les
sites de réduction et par hypothèse, elles pourraient être liées
à
la technique de réduction,
à
la quantité et à
la qualité du
minerai utilisé, à la durée de vie des sites de réduction. Ses
textures et structures acquises par les scories au moment de leur
refroidissement
par
aspersion
de
poussière
et
non
par
voie
aquatique, rappellent étrangement celles de coulées nolcaniques
fluides ou visqueuses (scories cordées ou enchevêtrées, en tunels
ou en tube).
La
superposition
de
plusieurs
couches
de
scories,
correspondraient
aux
différentes
venues
d'extraction
du
fer
résiduel
Le zonage texturaI de certaines scories exprimé par la présence
d'un coeur cristallisé et d'un cortex homogène non cristallisé,
suppose deux temps de refroidissement,
beaucoup plus rapide en
péripherie qu'au centre des coulées du fer résiduel.
740
2
Le caractère vacuolaire de certaines scories, représenterait
une
fossilisation
directe
du
minerai
naturel,
émanant
des
carapaces
ferrugineuses
relativement
poreuse
par
rapport
aux
cuirasses
indurées.
La
présence de
cristaux de
quartz
et de
feldspath conservés
intacts dans
les scories,
suggère que
la
température de fusion des minerais n'a pas atteint celle qu'on
obtient expérimentalement en laboratoire sur ces minéraux.
L'estimation de
la
temperature atteinte au moment de
la
fusion du minerai pourrait se faire par l'étude des inclusions
fluides
(gaz,
liquide)
emprisonnées
éventuellement
dans
les
scories,
à
condition
qu'il
n'y
ait
pas
eu
de
pollution
atmosphérique ultérieure.
L'étude pétrographique axée sur les
transformations métamorphiques thermiques subies par la matière
argileuse utilisée pour la construction des haut fourneaux et
leurs
pièces
(Tuyeres)
permettraient
selon
les
paragenèses
nouvelles en présence, de se faire une idée de la fourchette de
température
développée
au
cours
de
la
réduction
du
fer.
La
thermoluminescence systématique portée sur des échantillonages
pelliculaires
opérés
le
long
des
parois
internes
des
hauts
fourneaux
en
place,
fournirait
un
profil
indicateur
de
la
répartition thermique de réduction.
2) Modalités de
réduction du minerai
Trois composantes rentrent dans l'extraction artisanale du
fer:
le charbon, le minerai et le fondant. L'utilisation du fondant
est systématique dans toutes les pratiques de réduction et on lui
attribue des appellations différentes selon les régions : "Koug
Koom"
dans
certaines
localités,
"Siidiga"
dans
d'autres.
Le
minerai et le charbon sont jaugés à part égale dans une écuelle.
Le minerai est au préalable réduit par broyage ou concassage,
quelque fois après une sélection des échantillons riches au fer.
741
3
Tout cela vise à produire une loupe de bonne qualité pour
des finalités de transformation diverse.
Au village de Rouko,
l'utilisation des aspérités du fer de la loupe comme quatrième
élément entrant dans la réduction du fer,
aurait pour rôle de
servir de nucléus d'agglomération. Cette technique est utilisée
dans
les
laboratoires
modernes
pour
catalyser
la
croissance
minérale par nucléation à partir d'un germe
minéral. Selon les
descriptions fournies par les anciens forgerons du village de
Rouko, certains fondants pourraient être les argiles bariolées
des profils d'altération latéritique.
3) La prospection et l'extraction du .inérai
Comme
dans
les
provinces
du
Houet,
Kossi,
Comoé;
les
formations résiduelles supergènes latéritiques (chapeau de fer)
constituent
les
sources
d'approvisionnement
principales
des
minérais de fer.
La particularité des régions visitées dans
le
cadre de cette
seconde mission est que le minérai est extrait grâce à des puits
obliques de plusieurs mètres, implantés soit dans à la base des
cuirasses à la transition avec la carapace (cas de la colline de
Naba
Yélé)
soit
dans
les
niveaux
supérieurs
de
carapace
affleurante, vacuolées ou alveoleés (cas de Santaba).
La colline de
"Naba
Yélé"
est
formée
d'une
épaisse
cuirasse
latéri tique
conglomératique
à
galet
de
bauxite,
de
latérite
ferrugineuse, recoupée par des veines ferrugineuses formées par
le
colmatage
d'anciennes
diaclases
avec
les
dépots
de
circulations des fluides chargés de fer lessivé.
L'exploitation de ces filonets
minéralisés en
fer
a
été
constatée
dans
le
gisement
de
"Naba
Yélé" •
Dans
la
région
d'Arbinda, l'extraction du minérai, tout a fait original se fait
dans les niveaux enrichis des schistes ferrugineux, matériau qui
avec son
taux
de matière
argileuse pourrait
servir
de
façon
concommitente
de
minérai
de
fer
et
de
fondant,
en
un
mot
d' autofondant. La prospection et l'extraction du minérai, d'après
certaines informations s'étendraient aux
dépôts alluvionnaires
des
cours
d'eau.
C'est
dans
ces
milieux
que
les
nodules
ferrugineuses sont extraites.
742
4
On les appelle suivant les régions, "Kooa" ou "Bâ Saonré".
Leur couleur rouge foncée et leur densité ont sans doute été
déterminantes dans cette recherche.
743
5
Conclusion
Les méthodes de prospection, les modalités de réduction du
minérai employées dans les provinces visitées cette fois-ci et
antérieurement semblent présenter des variantes qui ne peuvent
qu'enrichir
la
recherche
sur
Il
l ' histoire du
fer
au
Burkina
Faso. Il
Les problèmes qui
doivent
faire
l'objet de réflexion
futures
portent sur la chronologie relative et absolue de l'activité de
la métallurgie ancienne, sur la reconstitution de l'architecture
des haut fourneaux avec une rédéfinition du rôle des tuyères en
considérant
leur
dimension,
leur
disposition
géométrique
et
spatiale, en s'inspirant des exemples des sites de zinghindin,
de Santaba de Toubléguo. Une étude de la céramique et des restes
humains des nécropoles Il Dogon Il donc le rapport géographique
avec l'ancienne métallurgie, apporterait des réponses judicieuses
à certaines questions énigmatiques que se posent.
Les
datations
absolues
sur
charbon,
sur bois
fossile
ou
sur
ossement humain, doivent être faites de façon statistique
sur
des échantillons très sains et les moins ouverts possibles aux
contaminations atmosphériques. A cela les scories peuvent jouer
un rôle protecteur efficace de charbons radioactifs.
744
RESULTATS O"ANLYSE GEOCHI"IQUE DE "INERAIS
PR03ET CA"PUS
-HISTOIRE DU FER-
,j N° Terrain Localisation
~ Fe203
I1go
HnO
Observations
\\
t
(PPH)
(PPH)
,
1
j
1
Kouka (KOSSI)
44,50
110
170
1
j
2
Tougou (YATENGA)
37,00
72
270
j
1 3
Garba (I1ANE)
42,50
63
4'0
1
4
Réo (SANGUIE)
51,00
31
82
1
1
5
Ronga (YATENGA)
31,50
1'00
75
1
1
6
Kogbe (HOUET)
2,00
54
276
Argile
j
'1
1 7
Widi Samba (I1ANE)
52,50
55
800
Sidiga
j
1
Widi Samba (I1ANE)
32,00
40
178
8ag-saonré
J 8
9
Bangsoma (I1ANE)
23.00
95
9200
Sidiga
1
J 10
BangsolDa (I1ANE)
32.00
100
378
Bag-saonré
l'
J11
Banasoma (HANE)
46,00
19
418
Yanga
1 12
BangsoRla (HANE)
32,00
22
1014
Roudma
,
1
13
Ba.ako (BOUGOURIBA)
31,00
16
1160
--
,
14
Kantchari (TAPOA)
30,00
340
15
Nataboulé (GOURI1A)
27,00
536
6600
16
Tandjaka (GOURI1A)
27,50
170
850
17
. Kouloungou (GOURI1A)
36.00
130
'05
18
Gayeri (GOURHA)
18.00
118
13'0
l '
Nale.bou (GOURI1A)
25,50
152
396
20
Ha.ba (GOURI1A)
14,00
92
1900
21
Ouro (SOUROU)
51,00
1160
580
22
Dio (SDUROU)
40.50
65
106
23
Sonsvenega (SOUROU)
29.50
253
666
24
Tounaan! (SOUROU)
42.00
80
106
25
Da.sa (SANGUIE)
36,00
110
165
26
Bena (KOSSI)
45,50
80
188
127
Kosso (HOUHOUN)
53,00
83
588
l1inerai
j
"Kagnan"
! 28
Kosso (110UHOUN)
41,00
142
236
"Soré"
1 29
legtloin (PONI)
21,50
307
420
745
..
ko
Sara (MOUHOUN)
37,50
115
400
Minerai
i
•
-Kagnan-
h
Nako (PONI)
25,50
53
356
.2
Koper (BOUGOURIBA)
16,00
75
396
,
*3
He.ere (BOUGOURI8A)
26,50
309
510
,
14
KINDI8A (YATENGA)
43.00
60
850
15
Gana (KOSSI)
18,50
390
580
.
Ouagadougou, le 12/02/1996
Urbain WENMENGA
746
ETUDE DE IUlfERAIS
Par Urbain WBlfllBlfGA
t - Caractéristiques Pétrographiques des Minerais
Tous les échantillons analysés correspondent à des .inerais de ter. Le seul
échantillon qui parait être un .atériau areileux a été prelevé dans les parois d'un
haut tourneau de Koebe dans la rélrion du Houet.
Sur le plan pétroeraphique, les .merais sont co.posés de .inéraux de ter,
sous tor.e de pIace, de crain ou de veinules associés à de l'areDe (Kaolinite) et à
du quartz en quantité variable suivant les échantillons. On distineue plusieurs
catéeories de .inerais, d'après leur texture et structure.
- lIinerai à texture .assive
- Minerai à texture pisolitique ou oolithique
- Minerai à texture bréchique
- Minerai à texture erenue
- Minerai à texture eravillonaire
- Minerai à structure vacuolaire (forte Porosite)
Certains .merais sont caractérisés par leur forte densité (Ouro, Tounearé, Kosso).
Le .merai à texture massive est le plus fréquent.
%- Caractéristiques dochimiques
Trois Bé.ents chimiques, le fer,
le .aneanèse et la .aenesiu. ont été
analysés
et
expri.és
sous
tor.e
d'oxyde.
Le
fer
reste
l'élément
.&jeur
prépondérant (en %) dans les .merais, le .aneanèse et le .aenésiu. se trouvent à
l'état de trace (expri.é en PPM = tc/tonne).
La .ajorité des .merais renter.e une teneur en oxyde de fer co.prise entre 30 et
50 %. Les basses teneurs en oxyde de ter, inférieures à %0 % sont enreeistrées dans
les .iner'ais du Gour.a (Gayeri, Mo.ba) et de la Boueouriba (Koper, Gana). Les
.merais les plus riches (Teneur en oxyde de Fer> 50 %) se li.itent aux échantillons
prBevés dans les locaHtés de Iléo, Widi Sa.ba, Ouro, Kosso. Ils s'avèrent en outre
les plus denses.
Le lessivace plus ou .oins mportant du maenésiu. dans les roches .ères des
.merais ferrulrineux, explique la variation de sa teneur analytique de l'unité à deux
cent tois. La variation de la teneur en oxyde de .aneanèse est de l'ordre de cent
tois et d'un échantillon à l'autre. n n' y a pas de corrélation évidente entre la
variation de la teneur en fer, en .acnesiu. et en .aneanèse dans les roches, non
plus de rapport avec la situation eéoeraphique et les caractères pétroeraphiques
des .merais. Les .merais de type Bac-Saonré et Iloud.a sont nette.ent .oins
riches en fer (32 %) que ceux de type yanea(46 %). Ses .inerais de type Sidiea
présentent des ter.es riches en ter (52,S %) co.me- ceux qui ont été prBevés dans
la aine de Widi Sa.ba, des termes pauvres com.e ceux de la mine de Banesollla (23
%) qui sont à l'opposé riches en .aneanèse (9200 PPM).
Les minerais appelés
"Kacnan" présentent les .êmes caractéristiques eéochimiques (ter, maneanèse) que
le Janea. L'argile de Koebe se distineue de tous les lIIinerais terrueineux par son
extrê.e pauvreté en oxyde de ter
(2%).
Le maneanèse et le magnesiu. sont
lélrèrelllent plus abondantes dans l'arelle que dans certains minerais terrueineux.
747
ANALYSE
PAR
LA DIFFRACTION
X DE "INERAIS
FERRUGINEUX
N· ECHANTILLON
OBSERVATION
QUARTZ
KAOLINITE
GOETHITE
HEMATITE
eRQY.ENANCEPU MINERAI
1 KOUKA (Koaai)
MINERAI
x
TRACE
x
3 GARBA (MAN E)
"
X
X
X
4 REO (SANGUIE)
TRACE
X
6
KOGBE (HOUET)
ARGILE POUR CREPI
X
X
INTERIEUR FOURNEAU
7 WIDI - SAMBA (MAN E )
SIOIGA
X
X
X
8 WIDI -
SAMBA (MANE)
BAG-SAONRE
X
X
X
9
BAN GSOMA (MANE)
SIDIGA
X
X
X
10 BANGSOMA (MANE)
BAG-SAONRE
X
X
X
11 BANGSOMA
(MANE)
YANGA
X
X
12 BANGSOMA (MANE)
ROUDMA
X
X
X
13 BAMAKO (BOUGOURIBA)
MINERAI
X
X
X
21 Ouro (SOUROU)
MINERAI
"DJ ERE"
X
X
..,
2S DASSA (SANGUIE)
MINERAI
X
X
X
26 BENA (KOSSI)
"
X
27 KOSSO (MOUHOUN)
MINERAI "KAGNAN"
X
30 SARA (MOUHOUN)
"
"
X
X
31 NAKO (PONI)
MINERAI
X
X
X
X
32 KOPER (BOUGOURIBA)
"
X
X
X
33 MEMERE (BOUGOURIBA)
"
X
X
X
X
34 KINDIBA (YATENGA)
X
X
X
FORMULE CHIMIQUE DES
SI02
Ab si
FeO (OH)
Fe 203
ESPECES MINERALES
SILICE
20S
(OH)s
HYDRATE
OXYDE DE
ALUMINa-
DE FER
FER
SILICATE
NB. X = MINERAL PRESENT
748
CO""ENTAIRE DES RESULTATS
Dix neuf
(19) échantillons de
minerais du fer
et un échantillon
de
~atériau argileux
du crépi
intérieur de
fourneau ont
été pulvérisés
et
~nalyses par
la méthode
de diffraction
des
rayons X.
La sélection
des
~chantillons a tenu
compte du
critère
de représentativité
sur
le plan
létrographique du minerai.
Le dépouillement des
diffractogrammes a permis de
caractériser quatre
Jrillcipales phases
minérales dans
les différents minerais.
Il s'agit
du
luartz, de la kaolinite,
de la
goethite et de
l'hématite. Dans le
crépi
:ntérieur des
fourneaux,
la
matière
minérale est
essentiellement de
la
(aolinite et
du quartz.
En
ce qui
concerne les
minerais, on
peut
les
:lasser en quatre (classification qualitative)
tatégories.
La typologie
proposée se fonde sut
les associations minérales
~bservées.
Elle se présente comme suite.
- Minerai de type 1 : L'association comprend quatre minéraux.
e quartz,
la kaolinite,
la goethite
et l'hématite.
Il se rencontre
au
iveau des localités de NAKO et MEMERE
- Minerai de type
II.
IL est
constitué par
l'association
kaolinite,
oethite,
hématite.
IL est caractérisé,
comme on le constate par l'absence
J
quartz.
IL
correspond dans
les terminologies locales
et orales, au
tdiga ., (WIDI - SAMBA)
au"
Bag saonré " (WIDI SAMBA et de
BANG SOMA) au
Roudma
.. (BANG
SOMA).
Appartiennent
également à
cette catégorie,
les
lnerais en provenance de KINDI6A et de GARBA.
Sont classés également dans
groupe,
des minerais
formés
de trois
phases minérales
mais
qui se
.stinguent
des précédents, par l'absence tantôt
de la goethite (minerais
: BAMAKO) tant6t de la
kaolinite (minerai de Dassa) ou de
la présence de
latrz (sidiga de BANGSOMA)
749
3
- Minerai de
type III
; Il est
composé de
deux principales
phases
inérales.
Le quartz et la goethite
(cas des minerais de KOUKA et SARA) ou
'hématite et la Kaolinite (cas du minerai "Djère d'OURO)
Millerai type
IV;
Il
est constitué
essentiellement
d'une seule
~pèce minérale : la goethite
1 se rencontre dans
les mines anciennes des localités de REO, BENA,
KOSSO
LJ
on le désigne sous le ter'me de "KAGNAN".
La goethite parait être
l'espèce minérale,
la
plus courant dans
les
[ner"ais du
fer.
Elle peut former
à elle seul le
minerai du fer
de type
~gnan.
Le
yanga s'en
distengue
par
la presence
de
la kaolinite.
La
bethine est remplacée par
de l'hématite dans
les minerais appelés
Djère
r note enfin des similitudes de composition minéralogique entre les
~nerais .. Sidiga"
"Bagsaon"'é" et "Roudma "
WENMENGA . URBAIN
750
1
ANNEXE N° XII
f}UELQUES TAXA LIES A LA RICHESSE DU SOL EN FER
Parmi les dépots de scories et au niveau des anciennes mines
d'extraction des minerais de fer nous rencontrons régulièrement
les espèces suivantes:
Adiantum sp ( Bekui, Kiènè, Kankalaba)
Anthocleista djalonensis (Sindou , Kankalaba)
Dioscorea bulbifera (Bekui)
Dioscorea dumetorum (Bekui, Lokosso)
Dios~ros mespiliformis (Lokosso, Sindou
Entada africana ( Kankalaba, Kiènè)
Cassia jaegeri (Bekui, Sindou)
Celtis integrifolia (Lokosso)
Cissus adenocaulis ( Bekui)
Cissus populnea ( Kour)
Indigofera hirsuta (Sindou)
Pavetta crassipes
(Lokosso)
Saba comorensis (Kankalaba, Sindou)
Pseudocedrela kotschyi (Lokosso)
Prosopis africana (Kiènè, Kankalaba)
..
Vigna sp.( Lokosso, Bekui)
La source d'énergie souvent citée est:
Afrormosia laxiflora (Benth.) Harms
Anogeissus leiocarpus (DC) Guill.et Perrot.
Burkea africana Hook.
Butyrospermum paradoxum (Gaertn.) Hepper
Entada africana Schweinf.
Erythrophleum africanum L.
Khaya senegalensis (Desr.) A. Juss.
Pterocarpus erinaceus Poir.
Pterocarpus lucens Lepr.
Prosopis africana (Guill. et Perrot.) Taub.
La liste des espèces liées â la paléometallurgie du
fer est loin d'être exhaustive. L'anthracologie doit
nous
renseigner beaucoup plus en détails sur les espèces utilisées
comme source d'énergie. La connaissance de ces espèces nous
permetra d'avoir une idée relative de la température â
l'intérieur du haut-fourneau et nous fournira des explications
quant à la nature (texture, aspect, couleur) des scories.
La variation de la composition d'une formation
végétale avec les espèces citées dans la prémière liste nous
informera sur une certaine concentration en fer du sol. Elles
vont constituer plus ou moins des espèces indicatrices
d'anciennes mines d'extraction ou de dépots de scories.
MILLOGO-RASOLODIMBY
ANNEXE N° XllI
751
RAPPORT DE MISSION " PROJET CAMPUS HISTOIRE DU FER"
VOL!7' BO:rANIQUE ( J. MILLOGO-RASOLODIMBY)
MISSION DU !KlIS DE JUILLET 1994
La mission a été effectuéé dans la province de PONI du 22 au 28
juillet 1994.
La physionomie générale de la végétation montre que les
activités anthropiques ont été très fortes dans la zone. Cette
affirmation peut être confirmée par la tradition orale. Cette
dernière devrait nous réveler si les populations successives de
la région étaient des agriculteurs ou des éleveurs ou bien
d'autres activités humaines (forge, métallurgie) ont décimé la
flore.
La localité de LOKOSSO nous offre des nouveaux indices
quant 4 la flore qui jouxte l'emplacement des haut-fourneaux: a
proximité des sites on note à chaque fois l'existence d'un
peuplement quasi monospecifique de PseudocedreLa kotschyi.
EXiste-t-il une liaison entre l'installation de cette espèce et
l'activité de réduction du fer?
On observe d'autre part l'existence d'un petit buisson
composé essentiellement de: Diospiros mespiliformis, Celtis
integrifolia, Pavetta crassipes. Les quatre sites de LOKOSSO se
trouvent dans une savane 4 Isoberlinia doka.
Dans le village de KOUR, le dépot de scories
est colonisé
par des herbacées dont les plus dominantes sont :Cassia absus,
rriUlllfetta rholllboidea.. Ce tertre est sous l'ombre de Diospiros
mespiliformis. A la sortie du village un autre dépot est
colonisé par cissus populnea, Lannea lIIicrocarpa, Cassia absus,
TriUlllfetta rhomboidea.. Le grand pied de Néré est antérieur au
dèpot. L'Age du dépot peut être estimé 4 partir des paramètres
biologiques tel que la hauteur du fOt et le diamètre du tronc.
Sur la route de OBIRE le tertre se trouve dans une savane
a Karité. Le pied de ramarindus indica paraIt a priori
postérieur au dépot des scories. En utilisant les mêmes
paramètres biologiques sus-cités on aura l'age estimé de
l'arbre. Par rapport aux autres sites: BEKUIi KOSSO a la place
de eyanotis lanata on a
C!Janotis longifolia. s'agit-il d'une
vicariance ou d'une étape de colonisation des scories?
MISSION DE SEPTtjHBRE 1994
Cette mission s'est déroulée du 13 au 17 sptembre 1994
Site de KINDIPA
Le haut forneau mossi
est dans une savane a Néré et
Karité. La mine se situe sur un bowal. Les espèces dominantes
autour de chaque puits sont les suivantes: Loudetia togoensis,
Elionurus elegans, Borreria stachydea et COIIIbretum micranthum
auxquelles nous ajoutons les herbacées qui marquent nettement
la différence avec la composition floristique du bo~al et qui
sont citées ci-après: Pandiaka heudelotii, Tephrosia sp.,
Indogofera sp ..
752
.1
o.X
Le haut fourneau Dogon~un peu plus en hauteur par rapport
au précédent. la présence de BaLani~es aegy~iaca nous indique
que le site a été abandonné depuis longtemps et le dynamique de
la végétation a permis l'installation de cette espèce qui est
plutôt liée 4 l'élevage. Il faut donc lier ce fait 4 la date de
la fondation du village.
SITE DE YQUBA
La Végétation autour du haut fourneau est constituée
surtout de: Cassia italica, Boscia senegalensis, Combre~UJII
micranthum. Il s'agit des mêmes espèces rencontrées 4 NABAYELE
et ZEREDGUE. Leur présence serait-il liée au type de sol?
La mine présente comme végétation une steppe arbustive/
avec Combre~ micranthum, Pennise~ pedicella~, Pergularia
daemia, Le~denia hastata e~ cassia italica dans les anciens
puits encombrés.
SITE DE TOUNGARE
L'évolution de la végétation autour des différents puits
permet de les classer suivant un ordre chronologique:
- Le dernier puits utilisé en 1989 est dans une steppe
arbustive 4 nerocarpus lucens e~ Combre~UJII micranthum avec
comme graminée dominante Loude~ia ~ogoensis.
- Les anciens puits sont colonisés par les fourrés constitués
de: Acacia pennata, Acacia lIIiI.crostachya, Lannea microcarpa,
Trema orientalis, Prosopis africana, Grewia bicolor, Combre~
micranthum, saba senegalensis et entre eux les herbacées
rencontrées sont:
Pandiaka heudelo~ii, lIonechma. ciliaris,
Borreria stachydea, Pennise~ pedicella~UJII
- Au niveau des anciens puits d'ailleurs on peut retrouver
cette chronologie en étudiant en détails la composition
floristique de chacun d'eux. Plus le puits est vieux plus la
composition floristique tend 4 celle d'une forêt sèche,
753
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' - -
Auteur
,C'
'_:.1
Grnelin
-2ynonymes
Origine
,]U(~,j, E;urki nô Fôso. 13/12/84
Remorg:Jes
Espèce sôhé 1o-soudônienne, surtout SIK 8018 sôtl1 ew';, .i ôcJlkes, typi que Ije~; pi stes de bétoi!,
1ndi que 1e surpMurôge l'li! i ew( ôppôr-erriment secs Ô ôssez secs. Pl uvi o::;ité < 900 mm.
Corré 1ati ons f one::; avec Bosci ô senegô] ensi s. Commi phorô afri cana.. Dô 1bergi El me] Elno>(~l or.,
Pt8n)c:ôrpu~~ 1LJcen~;. BOl::: de cr:::L~~-ie.
758
-
6
Angio. Af. Trop--
S/~ gç
Genre
Aceci El
(f)
espèce
po1YElcantha
numéro
67
Famille
Mi mosoi dées
Icaractère 1 1 oD
D
oDo~ o [[:] ID o~ 1~ 1
[[] l m om
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1120 1 0 m o 11221 1 11231 0 11241 0 11251 o 11261 o 11271 o 11281 o 11291 0
,
130 1 0 [III] 1 11321 1 1133\\ 1 11341 0 11351 o 11361 o 11371 o 11381 o 11391 0
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11401 0 ŒIl] o 11421 o 11431 1 11441 oIl 451 0 Il 461 1 11471 o 11481 o 11491 0
11501 0 [[!] o 11521 1 11531 0 11541 o 115511
Auteur It~i 11 d.
...2ynonymes
ssp campyl acantha (Hochst. ex A. Ri ch.) Brenan
Acaci a caffra Wi 11 d. var. campylacantha (Hochst. ex A. Ri ch.) Aubrév. (F.F .S.G.)
Origine
Saponé, Burki na Faso, 7/12/84
Remargues
Du Sahel presque jusqu'à la forêt, sols humides assez bien drainés, vertisols topomorphes,
sols ferrugineux peu lessivés. Submersion régulière; indique des sols frais et riches.
Pluviosité 700 à 1 000 mm.
7S9
Angio. Af. Trop--
-(MI 8~
Genre
T6m6rindus
(S)
espèce
i ndica
numéro
14
Famme
Ces61 pi ni oi dées
IC8r8ctère 11 0[:] 0[:] OD o [:J 0[:] ID o~ 1 [:J 1
[Q] 1 [II] o [[] lm om om 1 [!TI lm lm om 0
~ 0 [!J 1~ om 010 o~ 1~ om o~ 1 ~ 0
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'11301 0 m 111321 1 1133\\ 1 11341 o 11351 o 11361 o 11371 0 11301 111391 0
11401 0 lE!] o 11421 o 11431 111441 o Il 451 0 Il 461 1 11471 0 11461 o 11491 0
11501 0 0]] o 11521 1 11531 (1 11541 o 115511
Auteur Linn.
-.S.ynonymes
Origine
Nazinga, Burkina Faso, 28/1-1/84
Remargues
Du Sohel oux S6vones coti ères, souvent sur sols lourds m6is bien dr6inés, termitières,
vertisols topomorphes ou lithomorphes, sols ferrugineux peu lessivés ou remoniés ; milieux
apparemment moyennement secs. Pluvioslté de 600 à 1100 rnm.
160
Angi o. Af. Trop--
,AIV 84
Genre
Acocio
6>
espèce
laeta
numéro
123
Famille
~1i mosoi dées
/caractère 11 0[:] 1 [:] 0 0 o~ o [:] ID o [:J l~ 1
0]] 1 [II] o [II] l m om o[[] 1 [[] 1 m 1 [[] 1 [[] 0
~ 1 lIT] 1 ffJ 1~ o lE] 1~ o~ om o~ o~ 0
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~om 1~ o~ oH] o~ 1 ~ am o~ o~ 1
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100
1 [QI] o 11021
1 11031
1 11041 0 11051 o 11061 o 11071 o 11061 o 11091
1
1
1
[IQ] 0 [ill] 1 []] lm 1 rn 0 [!]] o []]] 1 [TI] 1 []]] a [fJ]J 0
11201 0 [I!IJ o 11221 1 11231 o !1241 0 11251 o 11261 o 11271 o 11261 o 11291 0
- - - - - '
11301 0 [TI] 1 11321 1 \\1331 1 11341 0 11351 o 11361 o 11371 o 11361 o 11391 0
11 40 1 0 m o 11421 o 11431 1 11441 0 Il 451 0 Il 461 1 11471 o 11461 o 11491 0
11501 0 [!]] o 11521 o 11531 o 11541 o 115510
Auteur R. Br. ex Benth.
~ynonymes
Acacia trentiniani A. Chev.
1 ~026
Origine
OUt-si. Burki nfl Faso. 13/12/84.
Remargues
Espèce sahélienne, sols sableux ou rocheux .. latérites et glacis secs. Très résistant au sec,
supporte pluviosités de 250 il 750 mm. Bon chorbon.
761
Origines des forgerons dans le YATENGA
-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-
(Extraits de la Monographie du Capitaine NOIRE - 1904 - )
1 . • . . FORGERO~S -- Les forgerons sont de de~{ races différentes, celle
des KOUROUMEI~OBES qui forme un groupe près de la plus grande
~artie de tous les vi11ages et celle venant de SALLAGA, au Slld
dE r·lil.NPOURoSJ.:, C!.ui occupe selüement les deL::: villages de KAL8itKA et
de SEGT~:mGà. Ils for~ent tous une caste 80éciale appelée ,~i~
ou OU.LBI3E et sent lé~ion d~~s le YATENGA, surtOQt à KAL&~I~\\ où
ils fornent un groupe d,,, 4.CCO habitants sny les 7.600 qui forment
le village.
Ne se ~élangeant pas avec les autres races, ils ont lli1 chef
dans chaque village qui correspond directe'Qe~t avec le chef des forgerons
de tout le Y~TENGA, résidant à OUiulIGOUYA : ce dernier a une gr<~~de
autorité sur tous.
A l'industrie du fer, ils joignent aussi celle du bois
ce
sont eux qui sont chargés des forêts.
Leurs fern~es confectionnent la poterie, souvent très bien
faite.
Bénéficiant de la richesse du minerai de la région, ils
l'extrayent eux-mêmes, en retirent du très ben fer et de l'acier, avec
lesquels ils confectior_~ent de nombreux outils qu'ils exportent dans les
Cercles voisins.
Ayant pris les coutumes des Mossis, cette race est 'à e!~courager
pour le développement de l'industrie du fer. Les travaux exécutés
par quelques uns des leurs : charnières, chaises pliantes de jardin et
autres objets indiquant journellement ce qu'on peut a~tendre de cette
race intelligente.
.....................................................................
(AU CHù..PITRE "industries indigènes" NOIRE REVIENT SUR LA QUESTION:)
762
-2-
Les forgerons sont tr~s nombreux dans le Yatenga, il en
existe près de tous les villages importants, depuis que le NABA :
OU:~ANANGO, qui voulait propager leur industrie, alors qu'ils étaient
tous groupés dans le Nord, les a dispersés un peu partout.
Ils préparent eux-mêmes le fer pour la confection de to~s les
outils nécessaires à tous les besoins. C'est ainsi que plus de 150
hauts-fournaux existants dans le Cercle sont employés par eux pour
fondre le minerai. La production du fer dans le Cercle est environ de
539 tonnes avec lesquelles les forgerons confectionnent pour eux et
pour l'exportation environ: 972500 dabas (binettes) - 802500 haches,
450550 couteaux - 74800 sabres - 217300 priquets.
A l'industrie du fer, ils joignent aussi celle-de la poterie
et du bois. Presque tous KOURO~Œi~OBES, venant de la région SONRHAY
à l'Est de la Boucle du Niger, vers ~Y, ils sont très intelli2ents et
exécutent bien ce qui leur est demandé.
Quelques uns d'entre eux, à OUAYIGOUYA, sur le vu d'W1 mod~le
sont parvenus à confectionner des charnières et gonds pour les portes
et même des chaises pliantes en fer. Ces derùi~res sont aussi bien faites
que celles exécutées dans les usines Fral'çaises.
Ce sont eux qui sont chargés de la coupe des bois.
Les femmes s'occupent spécialement de la poterie et en
confectionnent de grandes qu&ntités en les faisant cuire en bloc dans
les fours pouvant contenir de 25 à 50 petits canaris, suivant leur
grandeur.
Les charpentierc n'existent pas dans le Yatenga.
A OUAYIGOUYA, un forgeron a appris avec de nombreux conseils
à confectionner pas mal d'objets usuels, avec de simples outils indig~nes
et un rabot;
les résultats obtenus par cet indig~ne pour le montage de
,
portes, tables, brouettes etc. sont excellents et denotent une tr~s
bonne vo16nté~'
-0-0-0-0-0-0-0-0-
- ,-
DEPARTE!'ŒN'l' D 'HISTOIRE ET J.~U
~mlVERsITE DE OUAGADOUGOU
,
. ------
i
- - - - - -
~NSTITUT DES SCIENceS Hm1AINES
763
~T SOCIALES (IN. s. HU. s.)
bH 41-42
ANNEXE N° XVI
Arr NQ~TE
SUR
LA
PRODUCTION ~NCIENNE
-------------------------------------~-
DU FER AU BURKINA FASO
----------------------
Uat' d~ l'en9u~te
1.~ LOCALISATION ET IDENTIFICATION DE L'EN3UETE
1) Nom(s) de(s)
l'informateur's) - Age
pro1'••~.n • ('~'(,~,:>. '.. ç,.f
2) Nom du village 1 Toponymie selon les ethnies
)
Localisation du village
: Départ~ent. province
4) Coordonnées géographiques
5) Quartiers de forgerons - Nombre
Nom.
11-} VOLET HISTORIQUE
1) Histoire du viUage
oonf'ér4!r le deeurneut SQl" ~ 'lU.stoire du
peuplement.
2) Origine du Cer dans le village.
- mythes dlor~ginc
-
Autodécouvertc
- Origine extérieure
(ethnies voisines. musulmane ete ••• )
-
Forme de diCfusion à partir du village par micration
externe ou interne
-
Autres modes
)
Comment d.~ent-on forgeron'
4) Types de forgerons
- ferrier
- Corgerons Cabricants d'objets
- forgerons Cossoyeurs
- forgerons puisatiers
- forgerons bijoutiers.
•. -.1 •.•
,
764
.. 2 -
t:II.). J:ES ASPECTS TECHNI~UJ:S
1) La prospection
_ Rites et coutu~es
_ méthodes de pro~pection f ~er de pro.pection, 1es voyants,
1es p1antes •••
- Le prospecteur
2)
La mine
Rites et coutumes
Organisation du travai1
-
SitU4t~on géogra-l?i:l.:i.<lue 1 1>1on:t-.ga.a~ ~Ae ..
- j~e d'exp1oitation de 18 mine
• Ramassage de Gur~ace
• Décapage
• Fonçage
• Types de puito
puits à section circu1aire
- puits à section carrée
-
p':J.it.a à ~'t:toO'ft re<:t-engulaj.re.
- Autres 'types
• Circu1ation dans les puits
Encoches, eBe.al..:i.e"s,
Eche1le, ga1eries,
• Outils d'extraction
• Système de sécurité: étais, etc •••
3) Le minerai
Types de minerai
- Fondants
Préparation du minerai: concassage, ca11b~age~ ~~,
sechage e.t.c ••••
.../ ...
..
765
) -
\\)Lc fourneau
-
Fourn&awc -.o.1:i.t.4.:i.re~ -ou lalP" "U e_1.e
_ Les fourneaux è souff~ets
• Bas foyer
•
Ras rourne-~
• Fourzaeau "'aérS.aP .a ~lo8'
• Autres types.
- Les .f"pw0n2eux à tuyères
• 'lTPe Oogml~iga
• Type bwa (souter~in)
• Type samo
• t'ype tourni
• Type salla koulé
• Autres types
• l~éri
4
co4.e. 4c g;na-P"'u~~ d.-.. ~ouru'%JX
_ 4"" _
ca .e-t pieds à la base
.. Les dimensions
(hauteur, diamètr~, c.apacité~
- Etat de CoOftssrve1::t.on
('bUb.,.~" bi,en
cal)
•
.. ~• •aart'1.ts
• .so.fn.ts à outre
• Soufflet en poterie
• Soufflet en ~~
• Autres types
- Les tuyères
• Matériaux
• Forme
• Dimension
• Mode d'utilisation
.. Système
de eonb:~ -
~ i08·JVJ'~U-e.
_~-aai.q,ti~ du travail.
' ) Les conbustiblcs
- Nature
(Bois, charbon, paille)
- es.ences végétales employées (justLt:t.ar~
- Mode d'obtention du combustible.
• .. 1...
- "-
766
6) Ln réduction
-
Organisation du trava~l
.. Mode de chargel:leJIt ~ ~ u
• Quantité de minerai
• ~.i i;~ cie c_~bJ..e
-
La mise à 1"eu ( le 'lRD1ltexrto. r l 10- ç,oonme.'
-
Contrôle de la réduction (~oyens)
~~ée de la réduction
- Méthode. ~JUOmen1: .... rJ'Wnlt:2cm du tç.4~wu
_ Rythme d'u~111sat~on de6 r4UrftI'~ (jours, nombre ••• )
-
Evaluation de la quantité ~e 1"er prod~ite
Présentation des produits de la réduction LlDupe,
laitier scories)
- Mode transpor't cle lA loupe vers l..a. !:orge
7) L'a1"1"inage
- La 1"orge
• De.cr1ption de la 1"orge
: atelier, outils
• Le personnel. hiérarçhi-e, division du travail/
(sexe et classe d'Age), l'appr~i. .age
• Les aspects sociaux de la 1"Drge
-
culte
-
.
-
La production de la 1"orge
• Techniques d'a1"1"inage
• Qualités obtenues
• Usages t nomenclature des articles 1"abriqués~
xv.) LES ASPECTS SOCIO~ECCl'JCHIQUES
1) Les aSEects éçonomisues
•
La l:Iétallurgie est.-el~ URe ~lul:' •. jp1 q.ue et perlD&JMDte ,
Si non, déterminer les lnlt.rlUI aeti'Yités e~ ~ pér.i~
d'exécution.
-
-
Destination du métal brut
: Ceonsomma~~on lo~le OU
e~.
-
Consommation local du métal brut : .utfiaante ,
insu1"1"i-
&Ante' importation ,
..• 1 ..•
- 5 -
767
_ Destination des produits Cima • Conaemrnation ~ocùe ou
commerce.
-
Consommation locele des produit& ~iDi. * ~€ilnn~. ~ t
inau1'1'isante '1 , inportation '1
_ Le c.oamerçe :
• Echange. au niveau du village
- types de produits
- quantités
- mode d'achenge
(troc, t monnaie, prestation)
-
la clientèle
- Cer impcrté 1 origine, mode d'acquisition
- produits 1'iDJ.a :Lm~.. : ~• .a-en.o~e,
mode d'ecquisit~on•
• eommerce extérieur au village
- type. de pr~it.
- quantités
- modes d'échange
- mode de transport
- marchés (locaux, l~na)
-
la clientèle
- ~ cle llIa1"'duanu
-
t4xations
-
cadea-.lX.
- Autres productions liées a ~a .éte1Jurgie
(poterie, cordonnerte etc.}.
2~ Mes a.pects sociaux
- Place du Corgeron dans la société
• Cast' '1
• Position du 1'orgeron da~ 1A Jliér~e. 8-OC:l4.1A
• Relations matrimoDJ.ales
• Hiérarchie entre types de 1'orgeron.
• Pouvoir 'conomique des ~orgerons.
• .. 1•.•
-.
- '"t~t.ud8 de la société v;j.s-è-a~ 4Aa ~ ~
-- ---
; l$rTW
• Craint~
• Respe-ct
-
Attitude du forgeron vis-è--;ris de la société
-
Obligations de. forger uns er. cas de guerre
• Les forgerons pendant la période coloniale
•
Les autres fonetions des forgerons
:
• Politiques
• Jteligieuses
• Judic.iaire
• etc.
Titre et fonctions du Ch~f des forgeron..
- culturels des forgerona.
N .8. : Possil>i11...é auj~··- . •...."i de produire du f'er ft...:o'!'ft . . "~u.--
-
".--.....- ..--
..--
769
•
LABORATOI RE DE RADIOCARBONE
Centre de Datations et d'Analyses Isotopiques
Département des Sciences de la Terre· L A CNRS No.11
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD LYON 1
..
Monsieur Jean-Baptiste KIETHEGA
B. P. 7021
Université de OUAGADOUGOU
villeurbanne,
le 24 Février 1987
RESULTATS DES ANALYSES DE RADIOCARBONE EFFECTUEES SUR LES SITES
DE
PABRE :
Référence
No de Comptage
Activité en %
Age B.P.
Intervalle de
correction
85 BIA-85
Ly-4023
93,0
.: 1,5
580 + 130
+1580, +1230
BENA
:
BEN 85 KI B-I Ly-4024
78,0
.: l, 1
2000 + 120
(-365, -220)
WANARE :
85 KI A -8
Ly-4022
97,6.:1,5
190 + 120
(+1510 à +1700)
85 KIA -7
Quantité insuffisante
SINDOU :
85 KI C-38
Ly-4021
106,4 .: 3,7
Moderne
YALKA
- -
85 KI A-l
Ly-4019
98,0 .: 1,5
150 + 130
Moderne
PIEN
:
- -
85 KI A-21
Quantité insuffisante
85 KI A-18
"
"
SINDOU :
85 KI A-15
Ly-4020
96,6 .:!:....1,2
280 + 100
(+1450 à +1690)
1
PASSAKONGO
85 KI A-21
Ly-4018
95,4.:1,4
370 + 120
(+1440 à 1640)
-
85 KI A-32
Ly-4017
95,0': 1,4
410 + 120
(+1420 à +1630)
--------------------
RAPPEL WANARE ;
85 KI A-IO
Ly-3835
94,7 .: 1,3
440 + 110
(+1410 à +1620)
l'ABRE
85 BI A-79
Ly-3834
96,7 .: 2,1
270 +130
(+1470, +1640)
YALKA
85 KI A..2
Ly-3836
95,9 .: -l JO
330 + 90
(+1440 à 1650)
Adresse :
~3. BD. DU 11 NOVEMBRE 191B • 69622 VILLEURBANNE CEDEX· BAT 217 TEL.(7) 889·BI-2~ POlte 36-56
770
LABORATOIRE DE RADIOCARBONE
Centre de Datations et d'Analyses Isotopiques
Département des SCiences de la Terre· LA CNRS No.11
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD LYON 1
Monsieur Jean-Baptiste KIETHEGA
Maître Assistant d'Histoire
Université de OUAGADOUGOU
B. P. 7021
BURKINA FASO
Villeurbanne,
le 05 Mars 1987.
Cher Monsieur,
Je vous ai envoyé le 24 Février la liste des résultats que nous avons
obtenue sur tous vos échantillons. Aujourd'hui je vous fais parvenir les
fiches officielles que nous avons rédigées après les calculs définitifs qui
se font à la fin de chaque mois.
N'ayant pas voulu vous faire attendre je n'avais donc pas attendu la fin
du mois pour vous envoyer cette liste de résulta~ mais cependant j'aurais dù
le faire, car vous pourrez constater que pour 2 échantillons, la date portée
sur la fiche est un petit peu plus récente que celle portée sur la liste. Il
s'agit des échantillons:
- PABRE : PAB 85 BI A 85 (Ly-4023)et de SINDOU : SIN 85 KIA-15 (Ly-4020)
l'age est environ 100 ans plus jeune. Je tenais cependant à faire cette correction
et je vous prie de bien vouloir corriger la liste de ma lettre du 24 Février
en conséquence.
J'espère que cet ensemble de résultats vous convient et je serais heureux
de connaître votre opinion à ce sujet. Veuillez agréer, cher Monsieur, l'expression
de mes sentiments distingués.
P. S. : je vous fais aussi remarquer que les intervalles de correction sont un
peu modifiés. Cela est dù au fait que le calcul de l'ordinateur prend
en compte des données plus précises. Je vous prie donc aussi d'effectuer ces
corrections.
Adr.... :
"3,10. DU 11 NOVEMBRE 1918 - 69622 VILLEURBANNE CEDEX - BAT 217 TEl.(7) 889-81-2" Poste 36-56
771
LABORATOIRE DE RADIOCARBONE
Centre de Datations et d'Analyses
Isotopiques
Dêpartement ùes Sc:ences de la Terre -
LA CNRS N°II
Université Claude-Bernard -
LYON
1
43,
boulevard du
I l
Novembre
1918
69622
-
VILLEURBANNE -
(France)
-
TU.
(7)
889 81
24
Poste
3656
RESULTAT D'ANALYSE DE RADIOCARBONE
L'ECHANTILLON
Expédi teur
H. Jean-Baptiste KIETHEGA
Da te d'a rri vée au laboratoi re
:
------------------------------------------------------3eftti85------------------
Nom et rêférence
WANARE
WAN 85 KI A-8
donnés par l'expéditeur
--------------------------------------------------------------------------------_.
Nature de l'échantillon:
charbon
Observations sur le traitement
au laboratoire de radiocarbone
:
Age attendu par l'expêditeur
LE RESULTAT DE L'ANALYSE
.
.
-
14
%
+
Activite
C par rapport
97,6
1,5
au standard international
--------------------ï4----------------------------------------------------------
N"
de comptage. AGE
C B.P.
1
et marge statistique
Ly-4022
1 9 0 ! . 120
B.P.
Intervalle en annêes réelles après
1950
correction dendrochronologique
)a p •
J.C.
(+1520 il ~
av.
J .C.
Observations sur le
résultat
:
..•........•......••...•........•.............•........•.....•..•..•....••.....••••.•
AVERTISSEMENTS
:
-
La date ci-de •• us est.
suivant
les conventions
internationales
exprimée en annies
radiocarbo~e B.P.
(Before Present· avant
1950). Elle peut éventuellement être
convertie en annêes radiocarbone B.C.
(Before Christ)
par soustraction de
1950.
La marge statistique indiquée,
toujours par convention internationale est
la dê-
viation standard
(1
sigma)
c'est-a-dire qu'elle définit un intervalle dans
lequel
l'âge radiocarbone exact 8 deux chances sur
trois de se
trouver;
pour avoir une
certitude a environ 95 % de chances,
il
faut
doubler cette marge.
Le résultat ci-dessus
tient compte des éventuels fractionnements
isotopiques des
matjères organiques et entre autre suppose pour les ossements un fractionnement de
-20 /00
P.D.B.
L~ntervalle exprimé en années réelles a êtê obtenu par l'utilisation des tableaux
de corrections dendrochronologiques publiés par Klein et alii.
in Radiocarbon 1982.
V.
24 N°2,
p.
103-150.
Une information complète sur l'opportunitê de cette cor-
rection a êtê publiêe dans
le supplêment
1983 de
la revue d'Archê·ClIIlêtrie (G.M.P.C.A .•
Universitê de Rennes).
RECOMMANDATIONS
La date ci-dessus doit
toujours être publiêe avec Son numéro de comptage.
-
La terminologie B.P.
ou B.C.
doit être exclusivement rêservêe a ls date non-
corrigie.
tandis que
les expressions
rlavant"
1 "aprê& J.C." ou "de" l "avant Dotre
ère" ne doivent s'appliquer qu'aux âges en années
rêelles,
c'est-A-dire après
correction dendrochronologique.
-
Le laboratoire de radiocarbone souhaiterait avoir, de
la part de
l'expéditeur, un
commentaire de quelques
lignes sur ce rêsultat en vue de
la publication dans
le
journal Radiocarbon.
772
,
LABORATOIRE DE RADIOCARBONE
Centre de Datations et d'Analyses Isotopiques
Département ~es Sc:ences de la Terre - LA CNRS N-II
Université Claude-Bernard -
LYON
1
43,
boulevard du
Il Novembre
1918
69622
-
VILLEURBANNE -
(France)
-
Tél.
(7)
889 81
24
Poste
3656
RESULTAT D'ANALYSE DE RADIOCARBONE
L'ECHANTILLON
Expéditeur
Mr KIETHEGA
Date d'arrivée au laboratoire: 30/11/1985
--------------------------------------------------------------------------------
Nom et référence
donnés par l'expéditeur
WAN
85
K l A - 10
--------------------------------------------------------------------------------_.
Nature de l'échantillon:
Charbons de bois
Observations sur le traitement
au laboratoire de radiocarbone
:
Aucune
Age attendu par l'expéditeur
XVem XVlem siècle
LE RESULTAT DE L'ANALYSE
•
•
-
14
Actlvlte
C par rapport
94, 7%
.!. 1,3
au standard international
-:------------------ï4----------------------------------------------------------
N
de comptage, AGE
C B.P.
1
et marge statistique
Ly-3835
440+ 110
B.P.
------------------------------------------iÜX-ënvlrous-de--lSlÜ-1üf--------------
Intervalle en années réelles après
J
C
correction dendrochronologique
de{~
1410 à.1620
~
---------------------------------------------------------------------------------
Observations sur le résultat
:
Tout à fait conforme à l'age attendu et
rigoureusement comtemporain de LY-3834 et 3836
...................•............•..................•.........•...•.••.....••.••..•..•
AVERTISSEMENTS
:
-
La date ci-dessus est,
suivant les conventions internationales exprimée en années
radiocarbo~e B.P.
(B~fore Present· avant 1950). Elle peut éventuellement être
convertie en années radiocarbone B.C.
(Before Christ)
par soustraction de
1950.
-
La m~rge statistique indiquée, toujours par cdnvention internationale est la dé-
viation standard
(I
sigma)
c'est-à-dire qu'elle définit un intervalle dans
lequel
l'âge radiocarbone exact a deux chances sur
trois de se trouver;
pour avoir UDe
certitude à environ 95 % de chances,
il
faut doubler cette marge.
-
Le résultat ci-dessus tient compte des éventuels fractionnements
isotopiques des
matjêres organiques et entre autre suppose pour les ossements un fractionnement de
-20 100
P. D. B.
-
Lintervalle exprimé en années réelles a été obtenu par l'utilisation des
tableaux
de corrections dendrochronologiques publiés par Klein et alii,
in Radiocarbon 1982,
V.
24 N°2,
p.
103-150. Une information complète sur l'opportunité de cette cor-
rection a été publiée dans
le supplément
1983 de la revue d'Arché·QlIlétrie (G.M.P.C.A·.,
Université de Rennes).
RECOMMANDATIONS
La date ci-dessus doit toujours être publiée avec son numéro de comptage.
-
La terminologie B.P.
ou B.C.
doit être exclusivement réservée à
la date non-
corrigée.
tandis que
les expressions
tlavant"
/
l'apris J.C." ou "de"
/
tlavaDt Dotre
êre" ne doivent s'appliquer qu'aux âges en années réelles,
c'est-~-dire après
correction dendrochronologique.
-
Le laboratoire de radiocarbone souhaiterait avoir, de
la part de l'expéditeur,
un
commentaire de quelques
lignes sur ce résultat en vue de
la publication dans
le
journal Radiocarbon.
773
LABORATOIRE DE RADIOCARBONE
Ce~tre de DRtation~ et d'Analyses Isotopiques
Département ~es Sc:e~cec de la Terre -
LA CNRS N°11
université Claude-Bernard
-
LYO~
J
43.
boulevard du
I l
Novembre
1918
69622
-
VILLEUR&ANNE -
(France)
-
Tél.
(7)
ar.9 81
2~
Poste
3656
RESULTAT D'ANALYSE DE RADIOCARBONE
L'ECHANTILLON
Expéditeur
M. J. B. KIETHEGA
Date
d'arrivée
au
laboratoire:
_________________.
_
l~[LLL~2
Nom et
référ~nce
donnés
par
l'expéditeur
YALKA
YAL 85 KI A-I
--------------------------------------------------------------------------------_.
Nature de
l'échantillon:
charbon
--------------------------------------------------------------------------------
Observations
SU~ lé traiteme~t
au
laboratoire de
radiocarbone
:
Age attendu par
l'expéditeur
LE RESULTAT DE L'ANALYSE
_
_ _
14
%
+
Activite
C par
rapport
98,0
1,5
au standard
international
-:------------------ï4----------------------------------------------------------
N
de comptage.
AGE
C B.P.
1
et marge statistique
Ly-4019
: 150
+
130 B.l'.
Intervalle en années réelles après
correction dendrochronologique
(.:Jo Ï650Ih'-1950
)"p.
J.C.
• l' JE
Observa~ions
sur
le
résultat
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • ~=~c • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
AVERTISSEMENTS
:'
-
La date ci-dessus
est.
suivant
les
conventions
internationales exprimée en annies
radiocarbo~e B.~. (B~fore Present· avant 1950). Elle peut 'ventuelleaent être
convertie
en années
radiocarbQne B.C.
(Before Christ)
par
soustraction de
1950.
La marge
statistique
indiquée.
toujours
par
convention
internationale est
la dé-
viation standard
(1
sigma)
c'est-à-dire qu'elle définit un intervalle dans
lequel
l'âge
radiocarbone exact
a deux chances sur
trois
de se
trouver;
pour avoir
une
certitude
à environ 95
% de chances,
il
faut
doubler cette marge.
-
Le
résultat ci-dessus
tient
compte des
éventuels
fractionnements
isotopiques des
matières organiques
et entre autre
Sllppose rour
les ossements
un fractionnement
de
-20 100
P.D.B.
-
Lintervalle exprimé en années
réellet a
été obtenu par
l'utilisation des
tableaux
de corrections dendrochronologiques
publiés
par Klein et a l i i ,
in Radiocarbon
1982.
V.
24 N°2,
p.
103-150.
Une
in!o~mation complète sur l'opportunitl de cette cor-
rection a été publiée dans
le
supplément
1983 de
la
revue d'Arché·CllIlétrie
(G.M.P.C.A ••
Université de Rennes).
RECOMMANDATIONS
La date ci-dessus
doit
toujours
être publiée avec son numéro de comptage.
-
La
terminologie
B.P.
ou B.C.
doit être exclusivement
réservée
i
la date non-
corrig~et tandis que les expressions "avant"
1 'tap~ès J.C." Ou "de" 1 "avant aotre
ère"
ne doivent s'appliquer qu'aux
âgp-s en annéos
réellea,
c'est-l-dire après
correction dendrochronologique.
-
Le
laboratoire de radiocarbone
souhaiterait avoir, de
la
part de
l'expéditeur.
un
co~mentaire de quelques lignes sur ce résultat en vue de la publication dans le
journal
Radiocarbon.
774
LABORATOIRE DE RADIOCARBONE
Centre de Datations et d'Analyses Isotopiques
Département ùes Sc:ences de la Terre -
LA CNRS N°II
Université Claude-Bernard -
LYON
J
43, boulevard du
I l
Novembre
1918
69622
-
VILLEURBANNE -
(France) -
Tél.
:
(7)
889 81
24
Poste
3656
RESULTAT D'ANALYSE DE RADIOCARBONE
L'ECHANTILLON
Expéditeur
Mr KIETHEGA
Date d'arrivée au laboratoire:
30/11/1985
--------------------------------------------------------------------------------
Nom et
référence
YAL
85
KI
A
-2
donnés par l'expéditeur
--------------------------------------------------------------------------------_.
Nature de l'échantillon:
Charbons de bois
--------------------------------------------------------------------------------
Observations sur
le
traitement
au
laboratoire de radiocarbone
:
Aucune
Age attendu par
l'expéditeur
XVem XVlem siècle
LE RESULTAT DE L'ANALYSE
Activité
14 C par rapport
96,OZ
:,1,1
·au standard international
-:------------------ï4----------------------------------------------------------
N
de comptage, AGE
C B.P.
1
et marge statistique
Ly-3836
330 +90
B.P.
-------------------------------------------iûi-ëüv[ron;-de-ï620-AD---------------
Intervalle en années réelles après
p
correction dendrochronologique
de ~1440
il + 1650 )a . J.C.
~ .
Observations sur le résultat
Tout il fait conforme l l'age attendu et contemporain d.
deux autres résultats : Ly-3834 et 3835,
........••........•.•.............•...............••...•.....•••....•.•..•......••..•
AVERTISSEMENTS
i
-
La date ci-dessus est,
suivant
les conventions
internationales exprimie en annies
radiocarbo~e B.P.
(B~fore Present· avant 1950). Elle peut iventuellement être
convertie en années radiocarbone B.C.
(Before Christ) par soustraction de
1950.
La marge statistique indiquée,
toujours par convention internationale est la di-
viation standard
(1
sigma)
c'es:-à-dire qu'elle définit un intervalle dans lequel
l'âge radiocarbone exact a deux chances sur
trois de se
trouver;
pour avoir une
certitude à environ 95 % de chances,
il faut doubler cette marge.
Le résultat ci-dessus tient compte des éventuela fractionnements
iaotopiquea des
matjères organiques et entre autre suppose pour les ossementa un fractionnement de
-20 /00
P.D.B.
Lintervalle exprimé en années réelles a été obtenu par l'utilisation dea tableauz
de corrections dendrochronologiques publiés par Klein et alii,
in Radiocarbon 1982,
V.
24 N°2,
p.
103-150. Une information complète sur l'opportuniti de cette cor-
rection a été publiée dans le supplément
1983 de
la revue d'Archiométrie (G.M.P.C.A.,
Université de Rennes).
RECOMMANDATIONS
La date ci-dessus doit toujours être publiée avec son numiro de comptage.
-
La terminologie B.P.
ou B.C.
doit être exclusivement riservée à la date non-
corrigie.
tandis que
les expressions "avant"
/
"apris J.C."
ou "de"
/
"avaDt Dotre
ère" ne doivent s'appliquer qu'aux âges en années réelles,
c'eat-A-dire aprèa
correction dendrochronologique.
-
Le laboratoire de radiocarbone souhaiterait avoir, de
la part de
l'expéditeur,
un
commentaire de quelques
lignes sur ce risultat en vue de la publication dana le
journal Radiocarbon.
775
LABORATOIRE DE RADIOCARBONE
Centre de Datations et d'Analyses Isotopiques
Département ùes Sc:ences de la Terre -
LA CNRS N°II
Université Claude-Bernard -
LYON
1
43,
boulevard du Il Novembre
1918
69622
- VILLEURBANNE -
(France)
-
Tél.
:
(7)
889 81
24
Poste
3656
RESULTAT D'ANALYSE DE RADIOCARBONE
L'ECHANTILLON
Expéditeur
Mr KIETHEGA
ouagadougou
Date d'arrivée au laboratoire: 30/11/85
--------------------------------------------------------------------------------
Nom et référence
donnés par l'expéditeur
PAB 85
BIA
- 79
--------------------------------------------------------------------------------_.
Nature de l'échantillon:
Charbons de bois
--------------------------------------------------------------------------------
Observations sur
le traitement
au laboratoire de radiocarbone
:
Aucune
Age attendu par l'expéditeur
Début du Xem siècle
LE RESULTAT DE L'ANALYSE
.
.
é
14
Actlvlt
C par rapport
96.7%
:. 2.1
au standard international
-:------------------ï4----------------------------------------------------------
N
de comptage, AGE
C B.P.
1
et marge statistique
Ly-3834
270 +
130
B.P.
- - - - - - - - - - - -----:- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -"1lUr euv rI ons-de-i666-:!fr.'"',,-:---...------
Intervalle en années réelles après
correction dendrochronologique
de( -+ 1470 à+ 1640 ) a p. J. c.
:X1txxxixix
Observations sur le résultat
:
La date n'est pas confrome à ce qui était
attendu car on obtient un age qui se situe obligatoirement autour du XVlem siècle
et non autour du Xem • Elle est tout à fait la même que Ly-3835 et 3836
.••......•...••......••..........•...••••.........•..•..•..•.•••.•••.....•.....•..•••
AVERTISSEMENTS :
-
La date ci-dessus est,
suivant
les conventions
internationales exprimée en années
radiocarbo~e B.P.
(B~fore Present· avant
(950).
Elle peut éventuellement être
convertie en années radiocarbone B.C.
(Before Christ)
par soustraction de
1950.
La marge statistique indiquée,
toujours par convention internationale est
la dé-
viation standard
(1
sigma) c'est-à-dire qu'elle définit un intervalle dans lequel
l'âge radiocarbone exact a deux chances sur
trois de se
trouver;
pour avoir une
certitude à environ 95 % de chances,
il
faut doubler cette marge.
Le résultat ci-dessus
tient compte des éventuels fractionnements
isotopiques des
matières organiques et entre autre suppose pour les ossements un fractionnement de
-20 /00
P.D.B.
L\\ntervalle exprimé en années réelles a été obtenu par l'utilisation des tableaux
de corrections dendrochronologiques publiés par Klein et alii,
in Radiocarbon 1982,
V.
24 N°2, p.
103-150. Une information complète sur l'opportunité de cette cor-
rection a été publiée dans
le supplément
1983 de la revue d'Ar<:héométtie (G.M.P.C.A.,
Université de Rennes).
.
RECOMMANDATIONS
La date ci-dessus doit toujours être publiée avec son numéro de comptage.
-
La terminologie B.P.
ou B.C.
doit être exclusivement réservée à
la date non-
corrigie,
tandis que les expressions
l'avant"
/
rlapris J.C."
Ou "de"
/
'Iavant Qotre
ère"
ne doivent s'appliquer qu'aux iges en années réelles,
c'est-à-dire après
correction dendrochronologique.
-
Le laboratoire de radiocarbone souhaiterait avoir, de
la part de l'expéditeur,
un
commentaire de quelques lignes sur ce résultat en vue de la publication dans
le
journal Radiocarbon.
778
LABORATOIRE DE RADIOCARBONE
Centre de Datations et d'Analyses Isotopiques
Département des Sc:ences de la Terre -
LA CNRS N°II
Université Claude-Bernard -
LYON
1
43. boulevard du Il Novembre
1918
69622
-
VILLEURBANNE -
(France) -
Tél.
:
(7)
889 81 24
Poste
3656
RESULTAT D'ANALYSE DE RADIOCARBONE
L'ECHANTILLON
Expéditeur :Monsieur J.B. KIETHEGA
Date d'arrivée au laboratoire:
____________~~~!~!!~~!_~~_pp~~_O_~~~
-~/ll/&>--------------
Nom et référence
donnés par l'expéditeur
PABRE~- PAl 85 KI A-85
--------------------------------------------------------------------------------_.
Nature de l'échantillon:
charbon
--------------------------------------------------------------------------------
Observations sur le traitement
au laboratoire de radiocarbone :
--------------------------------------------------------------------------------
Age attendu par l'expéditeur
LE RESULTAT DE L'ANALYSE
Activité 14
94,0
%
+
1,5
C par rapport
au standard international
::-:::;~::~:~~~:~~~:ï4~-;~;~----------------ï-::~:::~---~-~~~----:--:;~-:~:~----
Intervalle en années réelles apris
correction dendrochronologique
(4- 1400
~ 1520 )a p • J.C.
~
Observations sur le résultat :
.....••....•.•••.....•.•..•.•..•................••...•....•.....•...•.•..•...••••.•••
AVERTISSEMENTS i
-
La date ci-dessus est, suivant les conventions internationales exprimée en années
radiocarbone B.P.
(Before Present· avant 1950). Elle peut éventuellement être
convertie en années radiocarbone B.C.
(Before Christ) par soustraction de
1950.
La marge statistique indiquée.
toujours par convention internationale est la dé-
viation standard (1 sigma) c'est-A-dire qu'elle définit un intervalle dans lequel
l'ige radiocarbone exact a deux chances sur trois de se trouver; pour avoir une
certitude A environ 95 % de chances.
il faut doubler cette marge.
Le résultat ci-dessus tient compte des éventuels fractionnements isotopiques des
matjires organiques et entre autre suppose pour les ossements un fractionnement de
-20 100
P.D. B.
Lintervalle exprimé en années réelles a été obtenu par l'utilisation des tableaux
de corrections dendrochronologiques publiés par Klein et alii, in Radiocarbon 1982,
V.
24 N°2, p.
103-150. Une information complite sur l'opportunité de cette cor-
rection a été publiée dsns le supplément 1983 de la revue d·Arché·...étrie (G.M.P.C.A.,
Université de Rennes).
RECOMMANDATIONS
La date ci-de.sus doit toujours être publiée avec son numéro de comptage.
-
La terminologie B.P. ou B.C. doit être exclusivement réservée A la date non-
corrigée,
tandis que les expressions "avant" 1 "apris J.C." ou "de" 1 "avant Rotre
ire" ne doivent .'appliquer qu'aux iges en années réelles,
c'est-A-dire apri.
correction dendrochronologique.
-
Le laboratoire de radiocarbone souhaitersit avoir, de la part de l'expéditeur, un
commentaire de quelques lignes sur ce résultat en vue de la publication dans le
journal Radiocarbon.
777
LABORATOIRE DE RADIOCARBONE
CeDtre de DatatioDs et d'ADalyses Isotopiques
D'partemeDt ùes Sc:ences de la Terre -
LA CNRS N°II
Universit' Claude-Bernard - LYON
J
43, boulevard du
Il Novembre
1918
69622
- VILLEURBANNE -
(FraDce) -
TU.
:
(7)
889 81 24
Poste
3656
RESULTAT D'ANALYSE DE RADIOCARBONE
L'ECHANTILLON
H. J. B. KIETHEGA
Expéditeur
Date d'arrivée au laboratoire:
30/11/85
-----------------~._----------------------------------
---------------------------
Nom et r'f'rence
dODDh par l' exp'di teur
BENA
BEN 85 KI B-I
--------------------------------------------------------------------------------_.
Nature de l"chantillOD :
Bois
--------------------------------------------------------------------------------
ObservatioDs sur le traitement
au laboratoire de radiocarboDe :
Age atteDdu par l'exp'diteur
LE RESULTAT DEL iANA1.YSE
•
•
<
14
ACtlVlt~
C par rapport
77,9
% +
1• 1
au staDdard iDterDational
-:------------------ï4----------------------------------------------------------
N
de comptage, AGE
C B.P.
1
et marge statistique
Ly- 4024
2000
+
120 B.P.
IDtervalle eD aDn'_ rfelles après
-170 +130
correctioD deDdrochroDologique
(-1üx
-HB fKlQCXXJllL
av. J .c.
Observations sur le résultat :
......................................................•..................•..........•
AVERTISSEMENTS i
- La date ci-dessus est, suivaDt les conveDtioDs interDatioDales exprimée en anDées
radiocarbo~e B.P.
(Before Present· avaDt 1950). Elle peut éventuellemeDt être
cODvertie en aDDées radiocarbone B.C.
(Before Christ) par soustraction de
1950.
- La marge statistique iDdiquée,
toujours par cODveDtioD interDatioDale est la dé-
viatioD standard (1 sigma) c'est-l-dire qu'elle définit UD iDtervalle dans lequel
l'ige radiocarboDe exact a deux chaDces sur trois de se trouver:
pour avoir UDe
certitude 1 enviroD 95 % de chaDces,
il faut doubler cette marge.
- Le résultat ci-dessus tieDt compte des éventuels fractioDnemeDts
isotopiques des
matJères orgaDiques et entre autre suppose pour les ossemeDts un fractioDDemeDt de
- 20 100
P • D. B.
- LiDtervalle exprimé eD aDDées r'elles a été obteDu par l'utilisatioD des tableaux
de corrections deDdrochroDologiques publiés par KleiD et alii, iD Radiocarbon 1982,
V.
24 N'2, p.
103-150. Une iDformatioD complète sur l'opportuDité de cette cor-
rectioD a été publiée daDs le supplémeDt 1983 de la revue d'Arché'aétrle (G.M.P.C.A.,
UDiversit' de ReDnes).
RECOMMANDATIONS
La date ci-dessus doit toujours être publiée avec SOD numéro de comptage.
- La terminologie B.P. ou B.C. doit être exclusivemeDt réservée 1 la date DOD-
corrigée,
taDdis que les expressioDs "avaDt" 1 "après J.C." ou "de" 1 "avaDt Rotre
ère" De doiveDt s'appliquer qu'aux iges eD aDnées réelles, c'est-l-dire après
correction dendrochronologique.
- Le laboratoire de radiocarbone souhaiterait aVoi~ de la part de l'expéditeur, un
commentaire de quelques lignes sur ce résultat en vue de la publication dans le
journal ~adiocarbon.
778
LABORATOIRE DE RADIOCARBONE
Centre de Datation~ et d'Analyses Isotopiques
Département ~es Sc:encec de la terre - LA CNRS N"II
université Claude-Bernard -
LYO~
1
43.
boulevard du
II
Novembre
1918
69622
-
VILLEUR&ANNE -
(France)
-
Tél.
:
(7)
Sr.9 81
2~
Poste
3656
RESüLtAT D'ANALYSE DE RADIOCARBONE
L' ECHAN! ILLOS
Expéditeur
H. J.B. KIETHEGA
Date d'arrivée au laboratoire:
_________________ .
_
~JLLL85
Nom et référence
PASSAKONGO
PAS 85 KI A-21
donnés
par
ltexpéditeur
--------------------------------------------------------------------------------_.
Nature de
l'échantillon:
Observations su~ l~ traiteme&t
au
laboratoire de
radiocarbone
:
Age attendu par
l'expéditeur.
LE RESULTAT DE L'ANALYSE
.
.
•
14
95,4
%
+
1,4
Actlvlte
C par rapport
au standard
international
-;------------------ï4----------------------------------------------------------
N
de comptage. AGF.
C B.P.
1
et marge statistique
Ly_4018
370
+
120 B.P.
Intervalle en années réelles après
correction dendrochronologique
Observa~ions sur le résultat
:
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • _ • • a • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
AVERTISSEMENTS
i
-
La date ci-dessus
est,
suivant
les
conventions
internationales
exprimée en annfee
radiocarbo~e B.~.
(B~fore Present. avant
1950).
Elle peut éventuellement être
convertie en années
radiocarbQne B.C.
(Before Christ)
par soustraction de
1950.
La marge statistique
indiquée,
toujours par convention internationale est la dé-
viation standard
(1
sigma)
c'est-à-dire qu'elle définit un intervalle dans
lequel
l'âge radiocarbone exact
a deux chances
.ur
trois
de
se
trouver;
pour avoir une
certitude à environ 95 % de chances.
il faut
doubler cette marge.
Le résultat ci-dessus
tient compte des éventuels fractionnements
isotopiques des
matières organique. et entre autre suppose pour
les ossements
un fractionnement
de
-20/ 00
P.D.B.
Lintervalle exprimé en années
réelles a
été obtenu par l'utilisation des
tableaux
de correctinns dendrochronologiques publiés
par Klein et alii,
in Radiocarbon 1982.
V.
24 N°2,
p.
103-150.
Une
information complète sur l'opportunité de cette cor-
rection a été publiée dans 1" supplément
1983 de
la revue d'ArchéOlllétrle (G.H.P.C.A.,
Université de Rennes).
RECOMHANDATIONS
-
La date ci-dessus doit
toujours être publiée avec son numéro de comptage.
-
La terminologie B.P.
DU
B.C. doit être exclusivement réservée à
la date non-
corril~e, tandis que les expressions "avant"
/
"apris J.C." oU "de" /
"avant Dotre
ère" ne doivent s'appliquer qu'aux âges en années réelles,
c'est-à-dire après
correction dendrochronologique.
- Le laboratoire de radiocarbone souhaiterait avoi~ de la part de l'expéditeur, un
co.mentaire de quelques
lignes sur ce résultat en vue de
la publication dans
le
journal Radiocarbon.
\\')
778
LABORATOIRE DE RADIOCARBONE
Centre de Datationa et. d'Analyses Isotopiques
Dé~arteMent ~es Sc:e~ces de la Terre - LA CNRS N"II
üniversit6 Claude-Bernard -
LYON
1
43.
boulevard du
Il
Novembre
1918
69622
-
VILLEURBANNE -
(France)
-
161.
:
(7) 3~9 81 2~
Poste
3656
kESULTAT D'ANALYSE DE RADIOCARBONE
L'ECHANTILLO~
Lxpéditeur
H. J.B. KIETHEGA
Date d'arrivée au laboratoire:
-----------------.---------------------------------JOIJ~~~--------------------
Nom et référence
donnés par l'exp6diteur
PASSAKONGO
PAS 85 KI A-32
--------------------------------------------------------------------------------_.
Nature de ,'échantillon:
charbon
Observations
SU=
l~ traitement
au
laboratoire de radiocarbone
:
Age attendu par l'expéditeur
LE RESULTAT DE L'ANALYSE
14
•
0
•
A~tlvlte
C par rapport
95,0
Z
+
1,4
au standard
international
;:-~:-~::;;:;:~-~~;.-ï4~-;~;~----------------------------------------------------
et marge statistique
1Ly- 41;)17
410
+
120
B.I'.
(
Intervalle en années réelles après
14101 1640
:::::::~::_~::~:::~::::~:~~~::_------------~~~~-~~~-~~~------------
Ob5erva~ions sur le résultat :
..•.............•........••.•.•....•...•...••.........•.....•....•••.....••....••••••
AVERonSSEMENTS
:'
-
La date ci-dessus est,
suivant
les conventions
internationales exprimée en annies
radiocarbo~e B.P.
(B~fore Present· avant 1950). Elle peut êventuellement être
convertie en années
radiocarb~ne B.C.
(Before Christ)
par soustraction de
1950.
La marge statistique indiquée,
toujours par convention
internationale est
la di-
viation standard (1
sigma)
c'est-i-dire qu'elle définit un intervalle dans
lequel
l'âge
radiocarbone exact a deux chances sur
trois de se
trouver;
pour avoir une
certitude i
environ 95 Z de chances,
il
faut
doubler cette marge.
Le résultat ci-dessus tient compte des êventuels fractionnements
isotopiques des
matjères organiques et entre autre suppose pour les ossements un
fractionnement de
-20 100
P.D.B.
Lintervalle exprimé en 4nn~es réelles a ét6 obtenu par l'utilisation des tableaux
de corrections dendrochronologiques publiés par Klein et alii,
in Radiocarbon
1982.
V.
24 N"2.
p.
103-150.
Une
information complète sur l'opportunité de cette cor-
rection a été publiée dans
le supplément 1983 de
la
revue d'Arché'ométrie (G.H.P.C.A ••
Université de Rennes).
RECOMMANDATIONS
La date ci-dessus doit
toujours être publiée avec Son numéro de comptage.
-
La
terminologie B.P.
ou B.C.
doit être exclusivement réservée i
la date non-
corrigie,
tandis que
1eR expressions 'lavant" 1 Ilapris J.C." ou "de'l 1 "avant Dotre
ère" ne doivent s'appliquer qu'aux iges en années réelles,
c'est-i-dire après
correction dendrochronologique.
-
Le laboratoire de radiocarbone souhaiterait avoir, de
la part de
l'expéditeur.
un
co~mentaire de quelques lignes sur ce rêsultat en vue de la publication dans le
journal Radiocarbon.
780
LABORATOIRE DE RADIOCARBONE
Centre de DRtation~ et d'Analyses Isotopiques
Département ~es Sc:e~cec de la Terre -
LA CNRS N°'I
université Claude-Bernard -
LYO~ 1
43.
boulevard du
Il
Novembre
1918
69622
-
VILLEURBANNE -
(France)
-
Têl.
:
(7)
ar.9 81
2~
Poste
3656
RESULTAT D'ANALYSE DE RADIOCARBONE
L'ECHANTILLON
Expéditeur:
M. J. B. KIETHEGA
Date d'arrivée au laboratoire:
------------------------------------------------------36fttf8S------------------
Nom et référence
donnés par l'expêditeur
SINDOU
SIN 85 KI C-38
--------------------------------------------------------------------------------_.
Nature de
i 'échantillon:
charbon
--------------------------------------------------------------------------------
Observations sur
le
traiteme~t
au
laboratoire de
radiocarbone
:
Age attendu
par
l'expéditeur
LE RESULTAT DE L'ANALYSE
Activité
14 C par rapport
106,4
%
~3,7
au standard
international
-:------------------14----------------------------------------------------------
N
de comptage.
ACE
C B. P.
1
et marge statistique
Ly-4021
B.P.
Intervalle en années réelles après
(_ Moderne_
)ap.
J.C.
correction dendrochronologique
av.
J .C.
Observa:ions
sur
le
résultat
:
................•.........................•..........•...................•...•••.•.••
AVER'!ISSEMENTS
i
-
La date Cl-dessus est.
suivant
les conventions
internationales
exprimée en annies
radiocarbo~e B.P.
(B~fore Present· avant
1950). Elle peut éventuellement être
convertie en années radiocarbQne B.C.
(Before Christ)
par soustraction de
1950.
La marge
statistique
indiquée,
toujours
par convention internationale est
la d6-
viation standard
(1
sigma)
c'es:-à-dire qu'elle définit un intervalle dans
lequel
l'âge radiocarbone exact
a deux chances sur
trois
de
se
trouver;
pour avoir une
certitude à environ 95 % de chances,
il
faut
doubler cette marge.
Le résultat ci-dessus
tient compte des
êventuels
fractionnements
isotopiques des
matières organiques et entre autre
Sllppose pour
les ossements
un
fractionnement
de
-20 100
P.D.B.
L\\ntervalle exprimé en années réelleç a été obtenu par
l'utilisation des tableaux
de correctinns dendrochronologiques publiés
par Klein et alii.
in Radiocarbon
1982.
V.
24 N°2.
p.
103-150.
Une
information complète sur l'opportunité de cette cor-
rection a été publ iée dans
le supplément
1983 de
la revue d' Arché·...étrie (G.K. P .C.A ••
Université de Rennes).
RECOMMANDATIONS
La date ci-dessus doit
toujours être publiée avec
son numéro de comptage.
-
La t.erminologie B.P.
ou B.C. doit être exclusivement réservée à
la date non-
corrigée,
tandis que
le~ expressions "avant"
1 l'aprês J.C."
ou "de" 1 "avaDt Dotre
ère"
ne doivent s'appliquer qu'aux âg~s en ann~es réelles, c'est-l-dire apris
correction dendrochronologique.
-
Le laboratoire de radiocarbone souhaiterait avoi~ de la part de l'expéditeur. un
co~mentaire de quelques lignes sur ce résultat en vue de la publication dans le
journa( Radiocarbon.
781
,'\\"
LABORATOIRE DE RADIOCARBONE
Centre de Datations et d'Analyses Isotopiques
Département cles Sc:ences de la Terre -
LA CNRS N"II
Université Claude-Bernard -
LYON
1
43. boulevard du Il Novembre
1918
69622
-
VILLEURBANNE -
(France)
-
Tél.
(7) 889 81 24
Poste
3656
RESULTAT D'ANALYSE DE RADIOCARBONE
L'ECHANTILLON
Expéditeur:
U. Jean Baptiste KIETHEGA
Date d'arrivée au laboratoire:
__DDiY~JUUjlJUt_QUAGAnQUGOV
3011J1Bj
-------------
Nom et référence
SINDOU
SIN 85 KI A-15
donnés par l'expéditeur
--------------------------------------------------------------------------------_.
Nature de l'échantillon:
charbon
--------------------------------------------------------------------------------
Observations sur le traitement
au laboratoire de radiocarbone
:
--------------------------------------------------------------------------------
Age attendu par l'expéditeur
LE RESULTAT DE L'ANALYSE
.
.
_ 14
98,0
1,2
%
+
ActiVite
C par rapport
au standard international
;:-~:-:~:;~:;:~-~~;-ï4~-;~;~----------------------------------------------------
et marge statistique
1Ly- 4020
: 160
+
100
B.P.
Intervalle en années réelles après
correction dendrocbronologique
( .... 1650
... 1950 ) ap-=-_~-:~_.
I~.
Observations sur le résultat
:
.......•...........••...•.•.•...•..........................•...............•.........
AVERTISSEMENTS
i
-
La date ci-dessus est, suivant les conventions internationales exprimée en années
rsdiocarbone B.P.
(Before Present· avant
1950).
Elle peut éventuellement être
convertie en annéea radiocarbone B.C.
(Bef ore Christ)
par soustraction de
1950.
- La marge statistique indiquée,
toujours par convention internationale est la dé-
viation standard (1
sigma) c'est-i-dire qu'elle définit un intervalle dans lequel
l'âge radiocarbone exact a deux chances sur trois de se
trouver
i
pour avoir une
certitude i
environ 95 % de chances,
il
faut doubler cette marge.
-
Le résultat ci-dessus tient compte des éventuels fractionnements
isotopiques des
matjères organiques et entre autre suppose pour les ossements un fractionnement de
-20 100
P.D.B.
-
Lintervalle exprimé en années réelles a été obtenu par l'utilisation des tableaux
de corrections dendrochronologiques publiés par Klein et alii.
in Radiocarbon 1982,
v. 24 N°2, p. 103-150. Une information complète sur l'opportunité de cette cor~
rection a été publiée dans le supplément 1983 de la revue d'Arché·amétrie (G.M.P.C.A.,
Université de Rennes).
RECOMMANDATIONS
-
La date ci-dessus doit toujours être publiée avec son numéro de comptage.
-
La terminologie B.P. ou B.C.
doit être exclusivement réservée i
la date non-
corrigEe,
tandis que
les expressions
Ilavant" 1 Ilapria J.C." ou Iide li 1 "avant Dotre
Ire"
ne doivent a'appliquer qu'aux iges en années réelles,
c'est-i-dire eprès
correction dendrochronologique.
-
Le laboratoire de radiocarbone souhaiterait avoir, de
la pert de l'expéditeur, un
co~mentaire de quelques lignes sur ce résultat en vue de la publication dans le
journsl Radiocarbon.
----~,,----
ANNEXE N° XIX
782
LASORATOIRB D'OCSANOGRAPHIB DYNAMIQUB BT DB CUMATOLOGIB
UNITE MIXTE DE RECHERCHE 121
CNRS / ORSTOM / UNIVERSITE PIERRE" MARIE CURIE
~ Ol} r C
P8Ii3, le 12-07-91
Cber MoœieUI,
Résul1atl 14C
N'Labo.
désignation
~14C~
Age 14CB.P.
Age cah"bIé AD.
Pa 1026 WAN 8SKi-1
97,4):t 0,6
260 :t 4)
1635-1660
Pa 1027
SAPB6Ki-61
93,60 :t0,9
580:t 60
1265-1425
Pa 1026
SIN 65 Ki 38
97,20:t 0,5
265:t 4)
1635-1660
Pa 1029
PAS 65 Ki JO
94,35 :t 0,5
5OO:t 50
14l5-14«1
Pa 1030 KONG B6 Ki 5
119,6O:t 1,0
s:tœl
Pa 1031
WAN 65 Ki7
96,50:t 0,5
325:t 4)
1485-164:1
Pa 1032
PI!65-Ki 12
124,00 :t 1,5
s:tœl
Pa 1034 WAN 65 Ki 10
96,9:t 0,5
125:t 40
1660-1950
KONG66-Ki8
impossible
En œnmt à 90tœ en.tièD! disposition pour tJut renseignement complémen1aù'e,recevez, cher
Monsieur JDe3 co~ S8lu1atkms.
~f~"
J.P. saliège
UlJiveniCi Pierre .t Marie Carie - !bar 14 - !Je làle - 4. Pt.t» JUSBlEU -75!J5!J 1*R18 CBDBX 06
rM: (1) 43.36.25.25 - po8te :
- rMezt: 206317 - Fu: (JI 43./54.05.07
.__ ........ ~_L- -_ - -- -- --
. ANNEXE N° XX;,
783
I..ABORilTOIRB D'OCSANOGRAPHIB DYNAAUQUB BT DB CUMATOLOGŒ
UNITE MIXTE DE RECHERCHE 121
CNRS / DRSTDM / UNIVERSITE PIERRE &- MARIE CURIE
~ 0" l' C.
Paris. le 10-07-90
Cher Monsieur,
Je m'eEŒe d'avoir pris lm tel retard, mais la jeunesse de vos échantillons m'a
surpris. rai dOŒ contrôlé toute la phase eœlytique a"t'ee rigœur ce qui m'a pris lm
peu de temps.
site
WLabo
AR 14C
•
14C B.P. •
calibré AD.
Sin 85 KI 44
Pa933
99,0+-1
80+-60
1685-1735.1805-1930
Kam86 KI 55
Pa934
99,0+-);
80+-60
1685-1735,1805-1930
Sap 86 KI78
Pa 924
98,6+-0,]
115+-60
1670-1755,1795-1955
,-
Pab 85BI79
Pa 923
96,9+-0,5
255+-40
1635-1660
Sap 86 KI43
Pa 914
charbon insuffisant
Pab 85BI 85
Pa913
99,1+-1
75+-80
1680-1745,1800-1955
Pie 85 KI 18
Pa912
97,0+-0,5
250+-40
1640-1665,1950
Tia86 KI 34
Pa911
98,2+-0,7
145+-60
1665-1955
Pien85 KI21
Pa 909
99,4+-1
50+-80
21Ctue1
Kam86K180
Pa 875
96,8+-0,5
260+-40
1635-1660
Sin 85 KI47
Pa900
97+-0,8
245+-60
1635-1675.1755-1795
Wan85 KIlO
Pa 898
99,1+-0,]
75+-60
1685-1735,1805-1930
Wan85KI6
Pa 892
99,0+-1
80+-80
1680-1745,1800-1940
Sie 85 KI 17
Pa 891
99,0+-0,6
80+-60
1685-1735,1805-1930
Wan85KI7
charbon insuffisant
Kou 86 KI9
col1agèœ insuffuant
UlJiveniU Pierre. II_rie Cllrie - 7bllr 14 - 3e 'u,e - 4. ",.,. JUSSIEU -76363 1ttR18 CEDEX {)fi
Til: (JI 43.36.25.25 - poste:
- Tllu: 206317 - Fu: (1143.54.05.07
784
Compte tenu de ces résultats analytiqœs, je souhaiterai connaltre votre opinion.
J'ai utilisé les tables de Stuiver el Pearson (RMiocarboœ ,vol. 28, n° 28, 1986 )
pour calibrer les dates 14C. Compte tenu de l'~vité très proche de 1'~ de vos
échantillons deux possibilités d'6ieS calibrés sont envisageables. nfau1rait en
discuter.
P.S. : Les quatre derniers échantillons voœ parvimiront en septembre.
Tia86 KI25
Tia86 KI 32
Tia 86 KI 39
Ya185KI2
ANNEXE N° XXI
785
LABORATOIRE D'OCSANOGRAPHIB DYNAAUQUB Br DB CUMATOLOGIB
UNITE MIXTE DE RECHERCHE 121
CNRS / ORSTOM / UNIVERSITE PIERRE &- MARIE CURIE
.LOI)'''C
Paris, 01/10/90
Cher Monsieur,
Suite des datations 14C, que vous m'aviez confiées:
N" Labo.
Site
~14C
Age 14C
Age calibré
~
B.P.
AD.
Pa 943
Tia 86KI 25
98.9
90+-60
1680-1745.1800-1940.1955
Pa 944
Tia 86 KI 39 99.0
80+-50
1685-1736,1805-1930.1955
Pa 945
Val 85KI 2
99,1
70+-60
1686-1735,1805-1930.1955
Pa 946
Tia 86 KI 32 89.9
90+-40
1695-1725.1815-1920.1955
Ces résultats sont. comme votre première série, très proches de l'actuel.
Cependant ils sont loin d'être sans signification. Je vous joints deux
graphiques qui je pense éclaircissent un peu le problème. Le premier est
extrait de Radiocarbone. vol 28,n° 2 B, 1986; il permet de visualiser
l'existence de deux ou même trois possibilités d'âqes calibrés pour un seul
âge 14C pour les périodes très récentes. Sur le de~xième graphique, j'ai
simplement reporté les âges calibrés de façon à les regrouper par tranches
d'âges. Il apparaît clairement que l'ensemble de votre échantillonnage
peut se regrouper soit aux environs de 1635-1755 A.D. (possibilité A), soit
entre 1795-1940 ADJ possibilité B) ou soit en 1955 AD. (possibilité C )1.
je pense qu'il est évident que l'on peut éliminer cette dernière possibilité.
mais il vous reste à trancher. à l'aide d'arguments archéologiques ou de la
tradition orale, entre les possibilités A ou B. (Je vous joints une note où WLMA
avions eu un problème similaire)
J'ai reçu la visite de Monsieur Lingani, j'espère pouvoir analyser sa série
d'échantillons d'ici la fin de l'année. Je vous prie de transmettre à votre
collègue Antoine Millogo Kalo que j'ai presque terminé ses analyses.
En espérant pouvoir vous rencontrer un jour pour pouvoir discuter plus
longuement; cordi alement.
UIJiveniU pjerre & Marie Curie - 7bur 14 - fie 'III,e - 4, PJ.e. JUSSIEU -7$fI$!J PltRIB CEDEX 06
Tél: (II 4,1.,16.25.25 - poste:
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1. Part de l'Afrique dans la production mondiale de fer entre 1981 et 1989
9
2. Dimensions des bas-foyers de Kougri (Sanmatenga)
124
3. Mensurations des j~de Kougri
130
4. Répartition des anciennes mineSde fer du Burkina Faso
199 à 202
S. Les arbres témoins pour la prospection
281
6. Résultats d'analyses géochimiques de minerai de fer du Burkina Faso
29S-296
7. Analyses géochimiques des minerais de Naaba Yeelé Tanga à Bangsoma et de Widi-Samba
(Sanmatenga)
300
8. Résultats de la diffraction X sur 14 prélèvements
302
9. Analyse par la di1fraction X d'un échantiUon de 34 Minerais de fer
303
10. Analyses de minerais provenant du Bénin
314
Il. Les di1férents niveaux de cuirasses
323
12. Les arbres des métallurgistes du Burkina Faso
331
13. Hauteurs moyennes annueUes des précipitations en limite nord et sud de l'aire de distribution des
divers acacias étudiés
347
14. Preferendum édaphique des acacias sahéliens
348
IS. Evolution de la pluviométrie (en mm)
363
16. Résultats d'analyses anthracologiques
369
17. Résultats d'analyses de radiocarbone de Passakongo
S31
18. Résultats d'analyses de radiocarbone de sites métallurgiques du Moogo, de J'Oudalan et du Yateng8
S36
19. Vocabulaire de la métallurgie: Samogo· Mandé
S6S
20. Résultats d'analyses de radiocarbones de Sindou (Comoé)
S70
21. Résultats d'analyses de radiocarbones du pays ~
S73
22. Répartition des forgerons dans des villages birifor et lobi
S89
23. Prix des ~ et couteaux au Yateng8 et au Moogo (exprimés en caurïs)
S96
792
792
L1STI; DI;S l=IGURI;S
Fig. 1 : Les débuts de la métallurgie en Afrique de l'Ouest: 2ème millénaire avant J. C
6
Fig. 2 : Les sites métallurgiques du fer dans les pays au Sud du Burkina Faso
14
Fig. 3 : Carte administrative du Burkina Faso
18
Fig. 4 : L'outillage lithique de la région de Gorom-Gorom (0Uda1an)
20
Fig. 5 : Le lithique de Yobiri dans le Gobnangou (Tapoa)
22
Fig. 6 : Les abris sous roche
25
Fig. 7 : Les rupestres de Pobe·Mengao (Sourn)
26
Fig. 8 : Les rupestres de la région d'Aribinda (Sourn)
27
Fig. 9 : Les rupestres de Borodougou (Houet)
28
Fig. 10 : Les rupestres de Doketi (Houet)
:
29-30
Fig. Il : La butte anthropique de Taga (Sourn)
33
Fig. 12 : Le sile de Toésé (Yalenga)
33
Fig. 13 : L'archéologie funéraire
34
Fig. 14 : L'hypogée de Kugribogdo (OUbritenga)
35.36
Fig. 15 : Les ruines de Pierres
40
Fig. 16: Les enceintes en argile
41-42
Fig. 17: L'orpaillage au bord du Mouhoun (ex Volta Noire)
44-45
Fig. 18 : Bas·foyers en Europe
62
Fig. 19: L'équivalent du bas·foyer européen en Afrique: Fours de Lima.
62
Fig. 20 : Le haut-fourneau
68
Fig. 21 : Fourneau de Pononkaha (Côte d'Ivoire)
71
Fig. 22 : Fourneau de Yelwani (Niger)
71
Fig.22bis : Feu Tirilè Souabe de Toungaré (Sourou)
95
Fig.23 : Feu Tenga Gaagré de Pabré (OUbritenga)
96
Fig. 24 : Le Mankugdugu naaba (photo Halpougdou 84)
96
Fig. 25 : Le sile d'Aribinda
98
Fig. 26: Lances d'Aribinda
100·101·102
Fig. 27 : Chasse à l'autruche (pobé-Mengao, Sourn)Lances d'Aribinda (Sourn)
103
Fig. 28 : Bouclier et sabre de Doketi (Houet)
105
793
Fig. 29 : Vestiges d'occupations anciennes au Yatenga
108
Fig. 30 : Mobilier de bunes anthropiques au Yatenga
109
Fig. 31 : Vestiges archéologiques autour de la mare d'Oursi (Oudalan)
111
Fig. 32 : Sites métallurgiques de la région des lacs
118
Fig. 33 : Sites archéologiques de Kougri (Sanmatenga)
119
Fig. 34 : Plan des bas-foyers de Kougri (Sanmatenga)
121
Fig. 35 : Fouilles de la nécropole de Kougri (Sanmatenga)
122
Fig. 36 : Les bas-foyers de Kougri
125
Fig. 37 : Kougri : emplacement de la base de fourneau
126
Fig. 38 : Kougri : la nécropole
127
Fig. 39 : Carte de localisation de Wanaré et Yalka (Yatenga)
134
Fig. 40 : Les fouilles de Wanaré 85 (Yatenga)
135
Fig. 41: Les Fouilles de Yalka 85 (Yatenga)
137
Fig. 42: Relevé des parois du puits de Yalka (Yatenga)
138
Fig. 43: Les fouilles de Passakongo (Mouhoun)
141
Fig. 44 : Carte de localisation de Bagonsié et Pien (Sissili)
145
Fig. 45 : Coupe Nord-Sud du puits de Sindou (COmoé)
147
Fig. 46 : Les fouilles du puits de Sindou (COmoé)
148
Fig 47 : Le waantga (fenière) de Petit-Séminaire de Pabré
151
Fig. 48 : Coupe nord-sud du puits de Kougribogdo (Oubritenga)
152
Fig. 49 : L'hypogée de Kougribogdo (Oubritenga)
155
Fig. 50 : Carte de localisation de Kampala, Tialcané, Sapiu (Nahouri)
157
Fig. 51 : Plan du site de Kampala (Nahouri)
158
Fig. 52 : Coupes stratigraphiques de la fenière de Kampala
159
Fig. 53 : Plan du site de Tiakané (Nahouri)
160
Fig. 54 : Coupes stratigraphiques de la fenière de Tialcané
161
Fig. 55 : Plan de l'ensemble 1 de Sapiu (Nahouri)
164
Fig. 56 : Plan du site de Kougsabla (Barn)
166
Fig. 56 bis: Fouille du fourneau de Kougsabla (Barn)
167
Fig. 57 : Principaux centres métallurgiques de la Bougouriba et du Poni
169
Fig. 58 : Plan de site de Lokhosso-Sandé (Poni)
170
794
Fig. S9 : Plan de la base du fourneau de Lokhosso-Sandé
172
Fig. 60 : Coupe stratigraphique Est.Quest des carrés XXXV et XLI de Lokhosso-Sandé
173
Fig. 61 : Coupe stratigraphique Nord-Sud du carré XXXV de Lokhosso-Sandé
174
Fig. 62 : Photos du site de Lokhosso-Sandé
17S
Fig. 63 : Carte de localisation de Goden-Qualogtenga (Boulkiemdé)
I77
Fig. 64 : La station de Bissiguin (Goden-wologtenga)
178
Fig.6S : Carte des sites métallurgiques de Tougou (Yatenga)
180
Fig. 66 : Fouilles de la nécropole de Tougou (Yatenga)
181 à 184
Fig. 67 : Objets en fer provenant de sites aurifères (Sissili)
186
Fig. 68 : CheviUères de N)êmé (Bougowiba)
187
Fig. 69 : Buttes de Diré ou Dirin (Sourn) - Photos Sanou, D.C.• 1994
19S
Fig. 70 : Carte des anciennes mines de fer du Burlcina Faso
196
Fig. 71 : Puits de mines de KankaIaba (COmoé)
20S
Fig. 72 : Les mines de fer de Béna (Kossi) et de Kiénè (Houet)
206
Fig. 73 : Vue de la mine de Sansanmatoura
209
Fig. 74: Plan de la mine de Béna (Kossi)
214
Fig. 7S : La mine de Zorongo (Soum)
222
Fig. 76 : Plan de la grande mine de Toungaré (Sourou)
22S
Fig. 77 : Mines de Sébèrè (Sourou) : puits et galerie
229
Fig. 78 : Puits de mine de Tissi et de Douban (Sourou)
230
Fig. 79 : Mines de DaIo et de Douban (Sourou)
231
Fig. 80 : Plan de la mine de Ronga 1 (Yatenga)
23S
Fig. 81 : Plan de la mine de Youba (Yatenga)
236
Fig. 82 : Plan de la mine de fer de Namissiguima (Yatenga)
237
Fig. 83 : Les sites métallurgiques de Kindiba (Yatenga)
239
Fig. 84 : La mine de Titao (Yatenga)
240
Fig. 8S : Photo de la mine de Guesna (Oubritenga)
2S 1
Fig. 86 : Pilota de la mine de Kougribogdo (Oubritenga)
2S 1
Fig. 87 : Relevé de la mine de l'école de Ralo (Boulkiemdé)
2S7
Fig. 88 : Photo de puits à crans : Ralo
2S8
Fig. 89 : Relevé de la mine de Monguenissi (RaJo)
2S9
795
Fig. 90: Carte des mines du Sanguié
262
Fig. 91 : Carte des mines de fer du Gulmu
264
Fig. 92 : Klm : fer de prospection
284
Fig. 93 : Hantoboni : fer de prospection
285-286
Fig. 94 : Croquis du fer de prospection de Lahirasso (Kossi)
287
Fig. 95 : Blocs de minerai de Toumi (Comoé)308
Fig. 96 : Minerai de fer de Sanîkoro (Kossi) et de Kobgè (Houet)
309
Fig. 97 : Le concassage et le calibrage du minerai
310
Fig. 98 : Profil d'altération latéritique
324
Fig. 99 : Les principaux éléments « lithologiques» du complexe cuirassé
325
Fig. 100 : Paniers de transport et de mesure du minerai
357
Fig. 101 : Femme apportant du c1wbon de bois à la forge de Toumi
358
Fig. 102 : Carte de la végétation du Burkina Faso
366
Fig. 103 : Cane des provinces métallurgiques du Burkina Faso
376
Fig. 104: « Haut·fourneau des Bobo de Banfora »
379
Fig. 105 : Fourneaux de Ouamélhéro (Côte d'Ivoire)
379
Fig. 106 : « Fourneau de Toumi (Comoé) »
383-384
Fig. 107: Démantèlement des Kuru
390
Fig. 108 : Kuru de Kiènè (Houet)
391
Fig. 109 : Coupe verticale d'un Kuru moyen
393
Fig. 110 : Bwi de Dédougou (Mouhoun)
397-398
Fig. III : Les ~ de Béna et Sokongo (Kossi)
402
Fig. 112 : Le ~ du 4è atelier de Béna (Kossi)
403
Fig. 113 : Les ~ de Biron et de Dassi (Kossi)
405
Fig. 114: Les bwi de Kopol et de Dinkiéna (Mouhoun)
406
Fig. 115 : Les bwi de Lahirasso et de Sanikoro (Kossi)
407
Fig. 116: Les fononsé de Diguila (Sanmatenga) et de Gandafabou (Oudalan)
..413
Fig. 117: Rapprochement entre les bas-foyers étudiés par BELENIN. PLEINER et RADWAN
en Europe centrale et ceux de Kougri (Sanmatenga)
418
Fig. 118: ~ du yatenga
.420-22
Fig. 119 : Le ~ de Lantaga (Passoré)
424
796
Fig. 120 : Les ~ Kibsi de KindiOO (Yatcnga)
42S-426
Fig. 121 : Base du boonga moaaga de KindiOO
428
Fig. 122: Les réemplois du boonga
430
Fig. 123 : Les ~ de la diaspora
.431-432
Fig. 124 : Site de Samtaba (Sanmatenga)
43S
Fig. 12S : Fourneaux Kibsi de SalIakoulé (Yatenga)
436
Fig. 126 : Les fourneaux de Kisiriguim et de Ronghen
439
Fig. 127 : Bases de fourneaux de Bonogo (Bazéga)
440
Fig. 128 : Les fourneaux sana
443-444
Fig. 129 : La charrue de Toungaré
44S
Fig. 130 : Le moulage du booga
448
Fig. 131 : Les éléments de la ventilation
4S1
Fig. 132 : Vestiges de collecteurs
4S2
Fig. 133 : Autres formes de collecteurs
4S3
Fig. 134 : Les loupes de Nô et Sandouré (Bam)
4S7
Fig. 13S : Les ~ du Gulmu
4S9
Fig. 136: Les boa ou aOOga
461-462
Fig. 137: Le boaaga en pays bisa
46S
Fig. 138 : Le di!!&!! birifor ou lobi
472-473
Fig. 139 : Le fourneau expérimental de B. MARTINELLI
477-478
Fig. 140 : Le fourneau expérimental de H.P. HAHN
479
Fig. 141 : Eléments du IDygy des Gurunsi
48S
Fig. 142 : Loupes de Kogbé et de Péni
494
Fig. 143 : Les scories de Korou
S04
Fig. 144 : Les scories comme matériau de construction
S09-S10
Fig. 14S : Les types de scories
Sll.S12
Fig. 146 : Carte du pays toussian
S62
79'1
SOMMAIRf;
Avant-Propos
I-IV
INTRODUcnoN_._._••••••••••_••••••__.••
•
••••
._._._••••_•••••••••••••••••.•••••••-.-••--- 1
1 - La fin du discours diffusionniste externe..................................................................................
1
2 • Un continent riche en fer
8
3 - Le renouvellement des connaissances sur le fer dans les pays voisins du Burkina Faso
11
4 - Le contexte archéologique burkinabè ; historique et bilan
16
5 • Objectifs, contenu et limites de nos recherches en paJéométaIlurgie du fer au Burkina Faso
.48
PREMIERE PARTIE :·LAMEmODOLOGIE
....
•_ _."'.~._.__._••_._..;.,-..s5
CHAPITRE 1 : LE VOCABULAIRE DE LA METALLURGIE DOIT ETRE UNIFORMISE
58
LI - Autour de la mine et du minerai
59
1.2 - Les termes désignant les structures de réduction
60
1.3 - Les termes désignant les produits de réduction
69
1.4 • Le vocabulaire onomastique
73
CHAPITRE JI: LES SOURCES DE L'HISTOIREDU FER AU BURKINA FASO
??
n.1 • Les sources écrites
77
n.2 • Les sources orales
87
n.3 • Les sources archéologiques
97
DEUXIEMEPARTIE:LES MINES ET LEMINERAI.._._•._._.
•
•__.••~._._._.···i;lllO
CHAPITRE III : LES ANCIENNES MINES DE FER ET LES TECHNIQUES D'ABATTAGE ET
D'EXTRACTION DU MINERAI DE FER
193
m.1 • Les mines de l'Ouest: provinces de la Comoé, du Houet et du Kénédougou
203
m.2 - Les mines des provinces de la Kossi et du MouhoUD
2 12
m.3 - Les mines du Nord: provinces du Passoré, du Sourn, du Sourou et du Yatenga
220
m.4 - Les mines de la région des lacs: provinces du Barn et du Sanmatenga
241
798
m.5 • Les mines du Moogo central : provinces de Bazéga et de I·Oubritenga.
248
m.6 • Les mines des provinces du 80ulkiemdé et du Sanguié
254
m.7 • Les mines de l'Est: provinces de Groupa, de la Gnagna et de la Tapoa
263
m.8 • Les mines du Sud et du Sud-OUest: provinces de la Bougounba, du Poni, de la Sissili, du
Nahouri et du 8oolgou
267
CHAPITRE IV : LA PROSPECTION
2 7B
IV. 1 • Les procédés occultes
278
IV.2 • L'observation directe des cailloux
279
N.3 • Les procédés par la variation de température
280
IV.4 • Le guidage par les plantes
281
IV.5 • Le fer de prospection
282
CHAPITRE V· LE MINERAI
2BB
V.I • Le minerai vu par les anciens métallurgistes
288
V.2 • Les résultats analytiques de minerais
293
V.3 • La préparation du minerai
305
V.4 • Les connaissances dans les régions voisines
312
V.5· Des réactions similaires en Europe
316
CHAPITRE VI- LE CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ET GEOLOGIQUE DES MINES ET DES
MINERAIS
319
VI.l • La complexité des latérites et des cuirasses
319
VI.2 • La connaissance des cuirasses du Burlcina Faso
322
CHAPITRE VII: QU'EST-CE QU'UN COMBUSTIBLE
329
CHAPITRE J'Ill: LES ARBRES DES METALLURGISTES SELON LEURS TRADITIONS
341
CHAPITRE IX-LA PRODUCTION DU COMBUSTIBLE ET SES EFFETS SUR L'ENVIRONNEMENT351
IX. 1 • La fabrication du chalbon de bois
35 1
IX.2 • Les quantités produites et consommées et les conséquences sur l·environnement..
354
IX.3 • Les données de l'anthracologie
367
799
QUATRIEME PARTŒ:LESFOURNEAUX ET LES TECHNIQUESDEIŒDUcnON _ .. ,
..,.372
CHAPITRE X : LES KURU OU /(RULA (/ollmetlllX) DES NUMU DE L 'OUEST
377
X.l • Quelques renseignements des sources écrites
377
X.2 • Les données de l'ethnoan:héologie
381
CHAPITRE XI: LES BWI (/ollmetlllX) DU BWAMU
395
XI. 1 - Les témoignages écrits
395
XI.2 - Les informations ethnoan:héologiques
400
CHAPITRE XII: LES BOOSE (/OIlmetlllX) DU CENTRE, DE L'ESTET DU NORD
409
XlI. 1 - Les fOnonse ou fenensé
410
XII.2 - Les boense ou boonsé
419
XII.3 - Les boosé
CHAPITRE XIII: LE DOMAINE DES DJUGU (/oll,,,etlllX)
469
XIn.l - Les fourneaux et les techniques de réduction chez les Birifor, les Dagura, les Gan et les Lobi469
xm.2 - Le djugu et son fonctionnement dans l'espace dit ~i
482
CHAPITRE XIV : LES PRODUITS DE LA REDUCTION: LOUPES ET SCORIES
493
XIV. 1 • La loupe: son épuration et son affinage
493
XIV.2 • Les scories et leurs emplois
501
CINQUIEME PARTŒ:LE FER DANS LES RELATIONS ECONOMIQUES. SOCIALES ET
CHAPITRE XV: LES ORIGINES DES METALLURGISTES ET DE LEURS TECHNIQUES
519
XV.l • Le Bwamu abrite-t-illa plus vieille métallurgie du fer du Burkina Faso?
519
XV.2· Le Yatenga: zone de convergence de plusieurs traditions et centre d'une formidable explosion
métallurgique à partir du XVO siècle
533
XV.3 • L'identification des Numu
559
XV.4 - Le domaine djugu : une histoire fragmentée
570
CHAPITRE XVI : LA METALLURGIE 1 UNE IMPORTANTE SOURCE DE REVENUS?
513
XVI.l - Un monopole lucratif sur les activités métallurgiques
584
XVI.2 • Une parité agriculture et métallurgie ?
587
XVI.3 - Quand le fer ne nourrit pas son homme
S90
XVI.4 • Les activités commerciales liées au fer
S91
CHAPITRE XVIII : METALLURGISTES ET FORGERONS: DES ARTISANS A PART
601
XVII.I • Lorsque la société approuve le forgeron
603
XVII.2 • Face à la crainte et au mépris
612
XVII.3 • Les forgerons dans un contexte de rapports égalitaires
619
CONCLUSION
_ ••••••••_._••••_••••_ ••••••••••••••••••_••••••••••••••••••••.••••••••••.•••••••••••••••••••••••_•••622
GLOSSAIRES
,
630
Glossaire français
631
Glossaire birifor
634
Glossaire bwamu
63S
Glossaire ~
639
Glossaire gulmancé
640
Glossaire kaséna
642
Glossaire kibga
644
Glossaire mooré
64S
Glossaire nomu
648
Signification des sigles et abréviations
6S 1
Avertissement relatif aux transcriptions des noms africains
6S4
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE ••••_•••••_••••_•••__•__•••_._
_••_••••••••••••••._•••••••••••••••••••••••••_ ••655
ANNEXES
1. Carte des sites métallurgiques du Burkina Faso
718
n. Rapport mission SANOU 94
719
m. Rapport mission SANOU 9S
724
IV. Caractéristiques macroscopiques des minerais de Zorongo et Naba Ycelé Tanga
728
V. Analyses géochimiques des minerais de Naba Ycelé Tanga et Zorongo
730
VI.Rapport mission WENJ.ŒNGA 94
733
VlI.Analyses géochimiques d'échantillons de roches ferrugineuses
736
802
vm.Etude géochimique et minéralogique du minerai de fer
737
IX.Rapport de mission WENMENGA
739
X. Résultats d'analyse géochimique de minerais du "Projet Campus Histoire du fer"
744
XI. Analyse par la diffraction X de minerais de fer
747
XII.Quelques taxa liés à la richesse du sol en fer
750
XlII.Rapport de mission "Projet Campus Histoire du fer". volet botanique
751
XIV.Identification charbons de bois Professeur Kiethega
753
XV.Origines des forgerons dans le yatenga
761
XVI.Enquête sur la production ancienne du fer au Burkina Faso
763
XVII.Résultats d'analyses de radiocarbone
769
XVIn.Lettre laboratoire de radiocarbone de Lyon transmettant résultats d'analyses de radiocarbone
770
XIX.Résultats Cl4 de Paris VI
782
XX.Lettre Paris VI transmettant résultats CI4
783
XXI.Lettre Paris VI transmettant résultats CI4
: ••••••• 785
XXII.Chronologie du peuplement Dogon au Yatenga
7'89
XXIll.Oursi 1985
7StD
TABLES DES MATIERES •••••••••••••••••••••••••••••••••••••.-•••••••••••••••••••" •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••" •••••••••••••••••791
Liste des tableaux
Liste des figures
Sommaire
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