UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
000000000000000000000000
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION
ESSAI DE SIMULATION DE
L'AJUSTEMENT STRUCTUREL DANS
LE SECTEUR AGRICOLE AU SENEGAL
A L'AIQE ·D'UN MODELE CALCULABLE
D'EQUILIBRE GENERAL (MEGC)
Thèse de Doctorat d'Etat és Sciences Economiques
Présentée et soutenue publiquement
Par
Mamadou DANSOKHO
JURY
Président:
- M. Moustapha KASSE, Professeur, Doyen de la Faculté des Sciences
Economiques et de Gestion - Université Cheikh Anta DIOP de Dakar.
Suffragants:
- M. Albert ONDO OSSA, Professeur, Université Omar
BONGO de Libreville.
- M. Karamoko KANE, Professeur, Directeur du Programme de Troisième
Cycle Interuniversitaire en Economie.
- M. Hakim BEN HAM"lfOUDA, Directeur de Recherche CODESRIA.
- M. Abdoulaye DIA GNE, Maître de Conférences Agrégé, Directeur du Centre
de Recherches Economiques Appliquées - Faculté des Sciences Economiques
et de Gestion - Université Cheikh Anta DIOP de Dakar.
Août 2000

TABLE DES MATIERES
CHAPITRE INTRODUCTIF: L'AJUSTEMENT STRUCTUREL, UN BESOIN
D'INFORMATION, D'ANALYSE ET D'EVALUATION DE LA POLITIQUE
ECONOMIQUE
5
PREMIERE PARTIE: L'AGRICULTURE SENEGAlAISE DE LI\\.
CROISSANCE A lA CRISE
38
CHAPITRE 1- L'AGRICULTURE SENEGALAISE A LA VEILLE
44
DE L'AJUSTEMENT STRUCTUREL
44
SECTION 1- LES PERFORMANCES MACRO-ECONOMIQUES DU SENEGAL A LA
VEILLE DE L'AJUSTEMENT
46
/- Les performances macro-économiques
46
1I- Chocs extérieurs et évolution des politiques intérieures
51
SECTION 11- L'EXPERIENCE DE DEUX DECENNIES DE PROGRAMME AGRICOLE 55
/- Lesfondements théoriques du programme agricole 1960-1978
56
//- Les résultats du programme agricole à la veille de l'ajustement structurel.
66
A- L'agriculture et sa contribution au produit national
67
B. L'importance des exportations agricoles dans le commerce extérieur du Sénégal... 70
C. Les importations agricoles et la dépendance alimentaire
71
Ill. Les raisons de l'échec du Programme Agricole
76
A/- La politique des prix: L'Etat instrument de la ponction du surplus agricole
77
li. La recherche et la technologie
89
2/. Les facteurs institutionnels
95
3/. Le crédit sous le Programme Agricole
99
Conclusion
106
L'AJUSTEMENT STRUCTUREL DANS L'AGRICULTURE SENEGALAISE
111
SECTION 1- LES OBJECTIFS ET RESULTATS DE LA NOUVELLE POLITIQUE
AGRICOLE (NPA)
113
/- Les raisons de la Nouvelle Politique Agricole
113
1I- Les objectifs et résultats de la Nouvelle Politique Agricole (NPA)
115
SECTION 11- LES ORIENTATIONS DU PROGRAMME D'AJUSTEMENT
STRUCTUREL DU SECTEUR AGRICOLE (PASA) DANS uN CONTEXTE DE
LIBERALISATION RENFORCEE
120
SECTION 111- LE BILAN « PRIMA-FACIES» DES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT
STRUCTUREL AU SENEGAL
123
/- Les pelformances macro-économiques
123
1I- Les résultats de l'ajustement dans le secteur agricole
126
A/- Les cultures commerciales
127
II· La filière arachidière
127
2/- La filière coton
131
B/- La filière céréalière
134
1/- Le mil-sorgho
135
21- Le riz
136
Conclusion
139
Il

DEUXIEME PARTIE: LES MODELES D'EQUILIBRE GENERAL
CALCULE: DE NOUVEAUX Ol-ITILS CONCEPTUELS AU SERVICE
DE L'ETUDE ET DE L'ANALYSE D'UNE REALITE COMPLEXE: LE
SECfEURAGRICOLE
143
CHAPITRE 1- LE FONDEMENT THEORIQUE DU MODELE D'EQUILIBRE
GENERAL CALCULE: LE MODELE D'EQUILIBRE GENERAL
146
SECTION I- LA STRUCTURE DES MODELES D'EQUILIBRE GENERAL
148
I. Le modèle d'échange Pur
148
II. Le modèle avec production
152
SECTION II- LA DEMONSTRATION DU THEOREME DE L'EXISTENCE DE
L'EQUILIBRE GENERAL
154
SECTION III- L'ALGORITHME DE SCARF DE RESOLUTION DU MODELE
D'EQUILIBRE GENERAL.
158
Conclusion: La normativité du modèle d'équilibre général
161
CHAPITRE 11- LA DESCRIPTION D'UN MODELE D'EQUILIBRE GENERAL
CALCULE A ASPECT REEL (MEGC) : LE NOYAU WALRASIEN
164
SECTION I- LE CADRE COMPTABLE DES MCEG :LA MATRICE DE COMPTABILITÉ
SOCIALE (MCS)
165
1. Définition
165
II. Les utilisations de la MCS
168
A. L'instrument d'analyse de la MCS : les multiplicateurs d'impact.
169
B- La MCS cadre d'étude de l'analyse des incidences des chocs exogènes
dans une économie où les mécanismes d'ajustement par les prix et les possibilités
de substitution sont importants
171
SECTION 2- LE NOYAU WALRASIEN D'UN MEGC
173
I. La structure du modèle
173
II. Les prolongements du noyau walrasien des modèles d'équilibre général calculé
180
A. Le marché du travail.
180
B. Le marché des biens
181
C. L'équilibre extérieur.
183
D. L'équilibre entre l'épargne et l'investissement..
184
III. La règle du bouclage
186
A. Le bouclage
186
B. Les modèles keynésiens et monétaristes
188
C. Les modèles néo-structuralistes
190
II. Les orthodoxes
193
2-Les radicaux
193
D. La modélisation d'autres comportements
196
1/. Le fonctionnement du marché du capital
196
2/. Les fonctions inter-temporelles de consommation et d'investissement
197
3/. Les anticipations
198
4/. La dynamique
.'
199
51. La monnaie et les actifs
200
IV Les régIes de calibrages
201
CHAPITRE 111- LES MODELES D'EQUILIBRE GENERAL CALCULE APPLIQUES
A L'AGRICULTURE
203
SECTION I- LES CARACTERISTIQUES GENERALES DES MEGC
203

SECTION II- LES MEGC APPLIQUES A L'AGRICULTURE
211
1. Les modèles mondiaux
213
II. Les modèles par pays
215
CHAPITRE 1- L'IMPACT DES POLITIQUES D'AJUSTEMENT AU SENEGAL :
APPLICATION DE LA MATRICE DE COMPTABILITE SOCIALE 0
241
SECTION 1- LA STRUCTURE DE LA MCS DU SENEGAL
242
1. La structure
242
II. La lecture de la MCS
246
SECTION II- LA MATRICE DE COMPTABILITE SOCIALE EN TANT QUE CADRE
D'ANALYSE DES EFFETS DE L'AJUSTEMENT
249
SECTION III- L'IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE DU PROGRAMME
D'AJUSTEMENT STRUCTUREL A MOYEN ET LONG TERME,
DES BRANCHES AGRICOLES ETDES REVENUS URBAINS ET RURAUX
261
1. Les conséquences socio-économiques du Programme d'ajustement à moyen et
long terme
261
A. L'expérience 1
261
II. La méthode
262
2/. Les résultats
263
B. Expérience 2
265
II. La méthode
266
21. Les résultats
267
C. Expérience 3
270
11/- L'impact de la performance des branches agricoles (mil/sorgho, arachide et riz) et de
l'évolution des revenus urbains et ruraux sur le système sodo-économiques
272
A. L'impact de la croissance des branches agricoles: mil/sorgho, arachide et riz
272
II. La méthode
272
2/. Les résultats des simulations
273
B. L'impact de l'évolution des revenus urbains et ruraux entre 1985-1990
et 1990-1993
276
II. La méthode
276
2/. Les résultats
277
111- Conclusion
279
CHAPITRE 11- POUR L'ELABORATION D'UN MODELE D'EQUILIBRE
GENERAL CALCULE (MEGC) DE L'ECONOMIE SENEGALAISE
282
SECTION 1- LE MODELE D'EQUILIBRE GENERAL CALCULE DE L'ECONOMIE
SENEGALAISE
283
1- La structure du modèle
283
11/- L'équilibre sur les marchés des facteurs et des produits
292
B/- Le bouclage du modèle
293
SECTION II- LES RESULTATS DES SIMULATIONS
299
1. La simulation rétrospective de l'économie sénégalaise
299
II. La réduction budgétaire et les autres politiques
305
III. L'impact des chocs extérieures sur l'économie sénégalaise
;
318
CONCLUSION
328
BIBLIOGRAPHIE
337

LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1- Indicateurs économiques du Sénégal 1967-84 --------------------------.------------... ------------- 47
Tableau 2- Incidence des chocs extérieurs et des politiques suivies entre 1967-84
(% du PIB aux prix courant) ------------------------------------------------------------------------------.---------- 52
Tableau 3- Précipitations annuelles cumulatives 1961/1987 ---------------------------------------------------- 55
Tableau 4- Contribution du secteur agricole au PNB 1976-84 (milliards de Fcfa) --------------------------- 67
Tableau 5- Sénégal: Valeur estimative de la production totale commercialisée par culture
(en mi Il iards de francs CFA) -------------------------------------------------------------------------- -. --- ------- --- 68
Tableau 6- Superficie par culture (moyennes sur dix ans) en milliers d'hectares 1960-1990--------------- 68
Tableau 7- Evol ution du revenu rural moyen -------------------------------------------------------.-------------- 69
Tableau 8- Part des produits arachidiers et du coton dans les exportations du Sénégal---------------------- 70
Tableau 9- Importations des céréales, 1970 à 1992 (tonnes) --------------------------.------------------------ 72
T ab1ea u 10- --- ----- -- -- -- -- -------- -- --- -- -- -- -. -- -- ---- -- -- -- -- --••••-------- --- --- -.---- -- ------. -- --- ---------------- 73
Tableau 11- - Evolution du prix d'achat de l'arachide au producteur--------------------.--------------------- 80
Tableau 12- - Surplus dégagés par le commerce et l'industrie-------------------------------------------------- 81
Tableau 13- Arachide / Huile --------------.-------------------------.-------------.-------------------------------- 82
Tableau 14- Répartition géographique de j'échéance aux 31/12/82 et 83------------------------------------- 83
Tableau 15 - --------------------------------------------------------------.----._--------------------------.-- ----------- 91
Tableau 16- Evolution des taux d'endettement et remboursement au cours du Programme Agricole ---- 102
Tableau 17- Evolution des prêts de la BNDS et semences durant le Programme Agricole 1970-1980--- 104
Tableau 18- Les perfonnances macro-économiqucs du Sénégal au cours de l'ajustement----------------- 126
Tableau 19: Principaux résultats de la filière arachidière entre 90/91 et 95/96 ------------------------------ 130
Tableau 20 : Approvisionnement du marché intérieur en huiles et exportation des huiles entre 1991 et
1995 --------- -- ---'--' -.-- -- -- -- -- -- -- -- --------- ---- -------- -- -- -- -- ---.- -------- -------- --- --- -- --- --- -- -- -- --------- - 13 1
Tableau 21 : Résul tats d'exploitation, Producteurs cotonniers -----------.----------------------------------.-- 133
Tableau 12 : Evolution du coût de production du Paddy de 1989 à 1996 pour un rendement et
uni tin éraire technique constant--.----------.------------------------------------------------------------------- ---- 136
Tableau 23 : Comparaison des décompositions du prix de revient du riz sorti usine avant et après
1ibéral isation ---.--------------------- ----.-------------------------------------------.------------------------ --------- 137
Tableau 24 : La classification de la structure macro-économique selon la règle de bouclage ------------- 185
Tableau 25: Les variables et paramètres du noyau walrasien d'un CGE-----------------·-------------------194
Tableau 26- Impact des politiques de stabilisation selon les principaux modèles macro-économiques -- 195
Tabl eau 27 -Matrice exogène de 1990 XO --.-------------.-----------.---------------------------------------.---- 25 5
Tableau 28- Matrice YO des recettes endogènes à 1'1nnée de base---------------------------------------------257
Ta bl eau 28 b- ---------------------------------------- ---- ---- -- --------------------.-. --- --- -------- --- -- --- --------- -- 258..
Tableau 29- Matrice exogène de 1985 X 1 -----------------------.---.-------.------------------------------------ 262
Tableau 30- Matrice YI des recettes endogènes générées en 1985 ---------------------------------.----------- 263
Tab1ea u 30. b----- -- -- --- ---- ---- -- -- ---- -- -- -- -- -' ---- --------- -- -- --- -- -- --- --- -- ------ -- ---- --------- -, ----- -- ---- --- 264
Tableau 3 1- Matrice exogène de 1993 X2-----------------------------·------------------·------------------------- 266
Tableau 32- Matrice YI des recettes endogènes générées en 1993 --------------------------------------.------ 267
Tab1eau 32. b. ----------.-------------.•---------------------.----------.--------------------------------------------- -- 268
Tableau 33- Impact du PAM LT en début de période (récapitulatif)--------------··--------------------------- 271
Tableau 34- Impact du PAMLT en fin de période (récapitulatif) --.--------.--------------------------------- 271
Tableau 35- Variation des revenus des comptes endogènes entre la fin et le début du P AMLT
(récapi tu 1ati f) ------------------------------------------------.-------------------.------------------------------------- 27 1
Tab1eau 36- ------ -. ------ -- -- ---- -- ------------- -. ------ -- -- --------- -.------- --- --- ------ ---- -- --- -- --- -.------------ - 272
Tableau 37- Impact de la croissance des branches agricoles (mil/arachide/riz) entre 1985-/990 et 1990-
1993 ----- -. -- ------- -- -- -- -- -- ---- -- --------- -- -- -- -- ---- -- ----- -- --------- --- -------- --- --- --- --- ---.- ----- ------ ------ 274
Tableau 37 -b ----------------------------------------------------------------------.-------------------------- -- -- ----- 275
Tableau 38- Impact de l'évolution des revenus urbains et ruraux entre 1985-1990 et 1990-1993 --------- 277
Tableau 39- Les équations du modèle du Sénégal ------------------•••-----------------------.------------------ 295
Tableau 40- La simulation rétrospective de l'économie sénégalaise ----------------"------.------------------ 303
Tableau 41- -------------------------.---------------------------------------------------------------------------------- 31 0
Tableau 42- Les simulations 5 et 6 -- •• --------.-.-- •••-------•••-•••-••••--------••••••• -.------------------------- 316
Tableau 43- -.---••••--.----------------••••••• -------- --------.---------- ••••-.--------.----.------.------------ ------- 325

A
la
mémoire
des
parencs
et
amis disparus
A mon épouse Marième SAKHO
A mes enfants Aida,
Ramatoulaye
et Samouro
A mes parents
A
tous
ceux
qui
m'ont
soutenu
et
dont
la
contribution
â
la
réalisation
de
ce
travail
n'a
pas de prix~
2

REMERCIEMENTS
C'est l'occasion pour nous de présenter à Monsieur le Professeur Moustapha
KASSE, Doyen de la FASEG. Nos sincères remerciements pour les conseils et
l'appui qu'il a su nous apporter durant notre cursus universitaire malgré de
multiples charges. Qu'il nous soit permis d'exprimer toute notre reconnaissance
et notre joie d'avoir été l'un de ses étudiants.
Nous sommes particulièrement redevable aux Professeurs Erik THüRBECKE,
Professeur H.
E.
BABCOOK,
Paul DÜRÜSH,
David SAHN,
Shankar
SUBRAMANIAN et l'ensemble du personnel de Cornell National Food -
Policy - Program (CNFPP) de l'université de Comell à Ithaca, New-York pour
l'appui logistique et scientifique qu'ils nous ont apporté durant notre séjour à
Comell et tout le long de cette recherche. Sans l'appui logistique du CNFPP, ce
travail de recherches dans le contexte qui est le nôtre aurait du mal à aboutir, que
le Professeur THüRBECKE et toute l'équipe du CNFPP trouvent ici
l'expression de notre Profonde reconnaissance.
Nous sommes aussi redevable à l' African Economic Research Consortium
(AERC) à Naïrobi et au Conseil pour le Développement des Sciences Sociales et
de la Recherche (CODESRIA) à Dakar pour l'assistance inestimable qu'ils nous
ont apporté et au delà de notre personne à l'ensemble des jeunes chercheurs
africains.
3

Nous
tenons
à
expnmer
notre
profonde
reconnmssance
à
Thandika
MKANDAWIRE, Ancien Secrétaire Exécutif du CODESRIA, aujourd'hui
Directeur de l'UNRISD à Génève qui m'a initié à cette recherche en m'offrant
l'ouvrage de Lance TAYLOR, Structuralist Macro-Economics et les Working
Papers de l'université de Comell et à Hakim BENHAMMOUDA, pour sa
disponibilité, son appui et ses encouragements pour la finalisation de ce travail.
Nous témoignons toute notre gratitude aux membres du jury qui ont accepté
d'examiner ce travail et de faire partie du jury.
Que Thiemo et Aminata DIAW CISSE de la Faculté des Lettres et Sciences
Humaines; Gaye DAFFE ; Abdoulaye DIAGNE, Directeur du CREA; Malick
SANE;
Mamadou
Samba
KA',
Salif
Sada
SALL;
Fodye
Bacary
Doucouré;Abdoul Aziz Wane de la FASEG
Mamadou BA, Sociologue
(FRAO), Kalidou KANE, Documentaliste; Marie Tew NIANE, Directeur de
l'UER de Mathématiques à l'université de St-Louis; Fodé NDIA YE, Agro-
Economiste trouvent ici l'expression de ma profonde gratitude.
Nous remercions aussi Mme Dieynaba SO\\V qui a assuré le travail de saisie et
tout le personnel de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion qui
n'ont ménagé aucun effort pour nous faciliter la réalisation de ce travail.
4

Chapitre Introductif:
L'AJUSTEMENT STRUCTUREL, UN BESOIN
D'INFORMATION, D'ANALYSE ET D'EVALUATION DE LA
POLITIQUE ECONOMIQUE
Les perfonnances macro-économiques du Sénégal et de la plupart des
pays d' Afri.que au sud du Sahara, dans les années 80, ont été médiocres. Le
déclin de la croissance économique, s'est accompagné d'une plus grande
pauvreté des populations.
La corrélation apparente entre ces perfonnances macro-économiques
décevantes et la prévalence croissante des programmes d'ajustement structurel
(PAS) initiés par le Fonds Monétaire International (FMI) et le Banque Mondiale
(BM), a conduit un nombre croissant de chercheurs à s'interroger sur l'efficacité
et la convenance des dits programmes de réfonne. Deux arguments sont avancés
à ce propos. La première objection avance, qu'au regard des résultats macro-
économiques, les pauvres ont été ceux qui ont le plus souffert des privations
associées aux mesures du PAS. La seconde fait remarquer, que les PAS sont
inappropriés pour traiter de la crise économique africaine, en raison de leurs
orientations exclusives sur le rétablissement de la stabilité macro-économi.que de
court tenne, ce qui engendrent des conséquences négatives sur les pauvres.
La présente recherche examine la question suivante: quelles sont les
effets des réfonnes des politiques commerciales, fiscales et agricoles sur les
agents économiques au Sénégal?
5

Les causes de la cnse économique et sociale qui ont conduit à
l'ajustement structurel et que nous examinons dans cette recherche, font encore
l'objet d'un débat. Ce débat n'est cependant pas notre préoccupation.
Les partisans tout comme les opposants aux réfonnes, pour étayer leurs
arguments, ont recours à des outils quantitatifs d'évaluation des politiques.
Le développement et l'utilisation quasi généralisée des modèles dans le contexte
des
PAS en Afrique, aussi bien dans les cercles académiques que dans les
instances de décisions, montre que l'application des P.A.S. a suscité un besoin
d'infonnation, d'analyse et d'évaluation de la politique économique et
singulièrement de la politique agricole
Cette généralisation est le prétexte que nous saisissons pour, dans ce chapitre
introductif examiner le besoin d'infonnation, d'analyse et d'évaluation de la
politique économique qu'a fait naître les PAS. La première section identifie
d'abord les contraintes qui s'opposaient à l'offre et à la demande d'analyse puis
montre que dans un contexte de libéralisation des marchés, la mise en place d'un
système d'infonnation et d'évaluation est une nécessité .La deuxième section
expose les raisons qui ont conduit au développement des outils quantitatifs
d'évaluation dans le secteur agricole, la suivante présente les deux cadres
conceptuels de l'évaluation de la politique agricole que sont les équilibres partiel
et général . Les limites de la modélisation en équilibre partiel mises en relief
dans cette section nous ont conduit à opter pour la modélisation en équilibre
général. La dernière section, en s'appuyant sur les leçons des trois premières,
présente la problématique ,les objectifs et la méthodologie de la présente
recherche.
6

L'ajustement structurel: un besoin d'information d'analyse et d'évaluation
de la politique agricole
Dans
le contexte actuel
de
la libéralisation du
secteur agricole,
d'ajustement de l'ensemble de l'économie, un grand besoin en analyse macro-
économique et sectorielle apparaît. Ces analyses permettraient d'une part de
mieux cerner les interdépendances entre le secteur agricole et le reste de
l'économie et d'autre part de mieux évaluer les effets des interven~ions directes
(politiques agricoles) et indirectes (politiques macro-économiques) sur le secteur
agricole.
La réponse à ce besoin renouvelé d'analyse et d'évaluation des politiques
suppose au préalable l' identi fication des contraintes qui pèsent sur l'offre et la
demande d'analyse de politiques agricoles.
Les contraintes sur l'offre et la demande d'analyse de politique
L'offre d'analyse de politique agricole, aussi bien que la demande, dans
la plupart des Etats d'Afrique a été contrainte par plusieurs facteurs.
Du côté de l'offre jusqu'à une période très récente, les cadres d'analyse et les
processus de décision utilisées ont été mis en œuvre dans un environnement où le
secteur agricole était étroitement encadré par l'Etat et évoluait dans une situation
macro-économique relativement stable.
L'Etat avait le monopole de la commercialisation des produits vivriers et des
principaux produits d'exportation. Dans ce contexte, la recherche sur le.;:; contraintes
7

qui s'opposaient au fonctionnement des marchés et à la libéralisation en général était
contraire à l'esprit de la politique économique. S'y ajoute que l'approche par filière
dominante qui s'avérait pertinente, faisait que le cadrage macroéconomique ne pouvait
être l'objet de préoccupation. Enfin, la vision planificatrice s'imposant dans la plupart
des pays, la capacité d'analyse économique de l'Etat s'est concentrée dans
l'élaboration de plans quinquennaux de développement et de projets individuels
d'investissement au lieu de servir à la gestion de l'économie en tant que processus
continu de réajustement ou d'apprentissage.
La capacité de recherches et d'études au service des politiques agricoles est
insuffisante au regard des besoins de l'Afrique. La première constatation est la
faiblesse des effectifs de chercheurs spécialisés en économie agricole et en sociologie
rurale. La seconde constatation est que suivant «la tradition des ministères de
développement rural », la plupart des experts sur les questions économiques relatives
aux politiques agricoles sont des agronomes, des vétérinaires et des forestiers. Outre
les difficultés à amener les uns et les autres à parler le même langage, le manque de
maîtrise des questions économiques empêche les structures de traduire dans les faits
une analyse de qualité en matière de politiques agricoles et ne facilite pas le dialogue
avec les chercheurs. La troisième constatation est qu'il manque une bonne
connaissance de l'économie politique les réformes dans le secteur agricole, ainsi que
des procédures et structures décisionnelles. Qui a intérêt à soutenir tel changement de
politique, comment l'amener à s'approprier l'analyse ayant conduit à cette
recommandation? Ces questions sont essentielles et pourtant on ne leur prête qu'une
faible attention. L'absence ou presque de dialogue entre chercheurs et décideurs est la
quatrième constatation; elle résulte de la faiblesse de la capacité d'analyse tant des
chercheurs que des décideurs mais surtout du manque de savoir-faire pour construire
8

un dialogue:
Comment traduire les questions des praticiens en question et
problématiques de recherche et comment rendre les résultats de la recherche plus
pertinents
et
plus
accessibles
aux
décideurs?
La
dernière
constatation
est
l'insuffisance de la circulation de l'information. Les centres de documentation qui
restent fonctionnels sur une longue durée sont rares. Ensuite la publication et la
diffusion des résultats de la recherche sont nettement insuffisantes. Enfin, la majorité
des travaux sont réalisés dans le cadre de projets pilotés par des expatriés, qui
donnent lieu à des rapports à diffusion confidentiels ou très peu accessibles aux pays
africains.
Le
dogmatisme
avec
lequel
certains
donateurs
amSl
que
les
gouvernements ont abordé les discussions relatives à l'ajustement au début des
années 80 a été un autre facteur limitant de la demande d'analyse de politique
agricole. Le remède (l'ajustement) étant connu, l'information diagnostic n'avait
plus aucun objet. En outre, sous l'effet de l'ajustement structurel, la nécessité de
contenir la masse salariale a imposé des contraintes sévères au recrutement dans
la fonction publique; la capacité des pays à maintenir des compétences de haut
niveau dans la recherche s'est ainsi considérablement réduite, en raison de la
faiblesse des traitements offerts. Les meilleurs éléments abandonnent l'activité
de recherches dés que possible pour prendre un emploi bien rémunéré dans les
organisations internationales ou le secteur privé.
Enfin la déception des décideurs au sujet des résultats des recherches
menées en économie agricole et dans la plupart des autres sciences sociales en
9

Afrique par les expatriés les vingt dernières années est
autre facteur qui a
fortement limité la demande pour la recherche appliquée.
La nécessité de redéfinir les politiques agricoles dans le contexte de
l'ajustement structurel suppose avant tout la levée des contraintes qui pèsent à la
fois sur l'offre et la demande d'analyse de politique. La prise de conscience de
cet impératif s'est traduite par plusieurs changements d'attitudes ces dernières
années dans bon nombre de pays africains.
Dans plusieurs pays, des
améliorations du dispositif de recherche ont été engagées dans deux directions.
La première est la restructuration des instituts de recherche agricole qui a
indéniablement accru la rigueur scientifique et l'efficacité du potentiel de
recherche. L'impact de ces restructurations est limité cependant par la contrainte
budgétaire évoquée précédemment. La deuxième direction, destinée à pallier la
contrainte budgétaire est la mobilisation du potentiel existant hors du noyau
d'origine de la recherche agricole. Pour formaliser ce type de coopération, les
centres internationaux de recherche agronomique et la Banque Mondiale
proposent
l'instauration
de
systèmes
permettant
d'institutionnaliser
la
coordination entre les différents centres de recherche.
Ces dernières années ont vu par ailleurs l'émergence de nombreux
bureaux d'études qui jouent un rôle certes relativement important, mais encore
moindre par rapport à celui des bureaux étrangers. En tant qu'acteurs privés,
disposant d'une plus grande souplesse que les instituts de recherche, ces bureaux
sont souvent sollicités lorsqu'il s'agit d'élaborer des pr.ojets, de faire un
diagnostic ou de proposer des mesures dans un délai relativement court. Ces
structures comblent en partie les insuffisances du dispositif de recherche
publique.
10

Dans certains pays, pour remédier à la faiblesse de la capacité d'analyse
des ministères, des cellules de synthèse et d'analyse ont été mises en place
(Unité de Politique Agricole, Unité de Politique Economique, etc.). Ces
structures ont pour fonction de centraliser les études existantes, d'en commander
ou d'en réaliser d'autres, puis à partir d'analyses de synthèse, de proposer des
éléments de politique agricole. Dans certains cas elles fonctionnent de manière
satisfaisante, mais la plupart du temps elles ne sont pas en mesure de remplir
véritablement leur rôle par manque de capacité d'expertise.
Enfin pour surmonter les obstacles entre chercheurs et décideurs des
solutions ad-hoc ont été mises en œuvre, comme au Sénégal avec la constitution
d'un groupe de réflexion stratégique (ORS) hors institution et pour une durée
limitée, avec l'appui de la Banque Mondiale. Le besoin d'information et
d'analyse d'évaluation de la politique agricole qui résulte de l'ajustement a eu
pour conséquence le développement et la mise en œuvre de nouveaux
instruments quantitatifs d'évaluation et d'analyse de la politique agricole.
Le développement des instruments d'évaluation et d'analyse de la politique
agricole
Le développement des instruments quantitatif d'appréciation de la
politique agricole des pays africains s'explique pour trois raisons.
La première raison tient à la nature de la politique agricole. Quatre
faits stylisés caractérisent la politique agricole des pays africains:
11

-
la politique de
substitution aux
importations
en vue
de
promouvoir le développement industriel;
-
la surévaluation du taux de change par le biais du contrôle de
change et les licences à l'importation;
-
la fixation des prix au producteur par l'Etat;
-
la politique de subvention aux intrants et l'investissement dans
la culture irriguée.
L'interaction entre ces quatre faits n'a pas été pleinement appréciée. Les
conséquences de la politique de fixation des prix agricoles ont fait l'objet de
beaucoup de recherche, mais cependant peu de travaux ont estimé l'effet de
combine de la fixation des prix avec les autres types de politique.
La deuxième raison est liée à la théorie du commerce internationale qui
postule que la protection de certaines activités discriminent les autres restantes.
Cette connaissance ne s'est pas traduite par l'usage d'indicateurs de mesure de
la discrimination dont l'agriculture est l'objet. L'absence d'une quantification
systématique de l'ampleur de la discrimination de l'agriculture n'a jamais
occulté le fait que dans les pays en développement, rappelons le, l'Etat
intervenait directement dans la détermination des prix des produits agricoles.
La troisième raison est liée à l'ajustement structurel dans l'agriculture qui
se propose la promotion de la croissance par la modification de la structure des
incitations (prix et hors-prix) en faveur de l'agriculture par rapport aux autres
secteurs et à l'intérieur du dit secteur. Le changement de la structure des
incitations aura pour effet une utilisation plus efficiente des ressources.
L'assertion ci-dessus repose sur trois hypothèses:
12

-
les rigidités structurelles au sein de l'économie sont la cause des
difficultés économiques;
-
les distorsions internes engendrent des pertes d'efficience;
-
les distorsions empêchent les perspectives de croissance.
En résumé, la mise en œuvre de la philosophie de la « vérité des prix» se
présente comme la voie privilégiée de l'amélioration de la performance
économique. Près de 60% des prêts à l'ajustement structurel et la totalité des
prêts au secteur agricole comportent la conditionnalité liée à la réforme des prix.
L'application de la «vérité des prix» ne s'est cependant pas faite sans
difficulté. Elle s'est traduite par des émeutes (Egypte, Zambie, Maroc, Tunisie,
... ), s'y ajoute qu'à l'origine plusieurs gouvernements ont été réticent à mettre
en œuvre la poEtique de la «vérité des prix ». En outre, les hypothèses
théoriques qui fondent les programmes d'ajustement sont fortement contestés;
contestation d'autant plus forte que le doute subsistait quant à leur validation
empinque.
Dès lors pour évaluer les progrès accomplis dans la libéralisation, il est
nécessaire de disposer non seulement d'un système d'information sur les prix et
les marchés agricoles mais aussi d'instruments d'analyse et d'évaluation de la
politique agricole.
C'est dans ce contexte qu'il faut situer le développement des techniques
quantitatives d'évaluation et d'analyse de la politique agricole. L'importance
accordée à la variable prix dans les PAS justifie que les outils d'évaluation et
d'analyse de la politique agricole vont porter sur les prix. C'est dans ce sens que
13

Krueger et alii (1987) définissent le projet de l'économie politique des prix
agricoles comme étant «une entreprise qui se propose de fournir le détail de
l'historique de la politique des prix, de mesurer le degré des interventions et
d'analyser les
raisons
de
celles-ci
et les
effets sur la production,
la
consommation, le commerce, les transferts intersectoriels et la répartition des
revenus ».
L'intérêt accordé dans l'évaluation à l'analyse des prix s'explique pour
deux raisons. La comparaison inter-temporelle et spatiale des prix nominaux
peut servir d'indicateur pour évaluer l'impact des réformes économiques mais
aussi le degré d'unification des marchés au niveau national et régional. Ensuite
la prise en comptt des prix relatifs et en particulier le sens de leur modification
qui fait suite aux mesures de réforme, est la seconde raison qui justifie que les
prix relatifs peuvent être utilisés comme indicateur de la sensibilité des prix aux
mesures de réformes économiques.
L'utilisation des prix dans l'analyse et l'évaluation des politiques exige
pour cela, la conversion des prix nominaux en terme réel par le biais d'un
déflateur approprié; celui-ci pouvant être l'indice des prix à la consommation,
des prix des produits non agricoles, des prix des inputs ou des prix
internationaux.
Le prix réel qui a retenu l'attention, cependant, est la détermination des
termes de l'échange entre le secteur agricole et le secteur non agricole. Le
recours aux prix dans l'analyse et l'évaluation a deux objectifs:
14

-
démontrer les effets des modifications dans les prix des produits
locaux et des incitations par les prix qui se produisent durant
l'ajustement;
-
étudier l'impact de la réduction des dépenses publiques ou de
l'infrastructure sur les prix au niveau spatial.
La mise en œuvre des outils d'évaluation et d'analyse de la politique
agricole s'effectuera dans deux cadres conceptuels différents: le modèle
d'équilibre partiel et le modèle d'équilibre général.
Les cadres conceptuels de mise en œuvre des outils d'évaluation et
d'analyse de la politique agricole
L 'aDproche d'équilibre partiel
La notion d'équilibre partiel désigne les méthodes qui sont par nature plus
spécifiques à un secteur et qui portent sur l'examen des secteurs ou produits
particuliers au sein de l'économie sans aborder les intelTelations avec d'autres
secteurs ou la macro-économie. Quatre formes de modélisation ont été utilisées
pour évaluer ou analyser l'effet de l'ajustement dans le secteur agricole:
la modélisation de la réaction de l'offre agricole;
-
la modélisation de la structure des incitations;
les modèles de comportement des ménages;
-
les modèles multimarchés.
15

La modélisation de la réaction de l'offre agricole.
Cette modélisation consiste en l'estimation économétrique des élasticités
prix à court ou long terme de l'offre de production agricole. Deux approches
sont utilisées pour ce faire: l'approche structurelle et l'approche réduite.
L'estimation des élasticités prix dans l'approche structurelle peut se faire
de trois façons. La première consiste à dériver les élasticités d'une fonction de
production en utilisant la condition de premier ordre de maximisation du profit.
La fonction de production peut être spécifié comme une fonction Cobb-Douglas
à élasticité constante de substitution, une translog où une fonction à puissance
généralisée de Powel. La seconde consiste à dériver les élasticités d'offre en
ayant recours à l'optimisation linéaire du profit de l'agriculteur sous contrainte.
La dernière procédure est l'estimation de la fonction de profit de l'agriculteur.
L'approche réduite consiste en l'estimation directe des élasticités par la
spécification de la fonction d'offre. Cette approche qui se situe dans la tradition
de Nerlove peut incorporer les anticipations ou les ajustements partiels. La
détermination de l'élasticité de l'offre agricole aux incitations prix à court terme
est l'objet d'un certain nombre de travaux. Concernant l'Afrique on peut
distinguer deux groupes CT. Ademo!.a, Ojeyide, 1989).
Le premier et le plus important, fait l'hypothèse que les producteurs
africains ont un comportement de maximisation de leur revenu net. En
conséquence, ils répondent favorablement et efficacement aux changements
dans la structure des incitations induits par les variations des prix relatifs.
Helleiner (1975) et Bond (1983) ont rassemblé beaucoup de travaux empiriques
16

prouvant que les réactions de l'offre d'une culture aux augmentations de son
prix aux producteurs sont positives. D'une manière générale ces travaux
montrent que dans le court terme les élasticités de l'offre des cultures par
rapport à leurs prix au producteur sont positives et significatives, même si , elles
sont faibles variant entre 0,23 et 0,87. Dans le long terme ces élasticités tendent
a être plus élevées que celles de court terme et varient entre 0,25 et l,55. Il
convient de souligner que les valeurs prises par les élasticités diffèrent
sensiblement selon le type de modèle utilisé Chibber (1988). Enfin, les travaux
empiriques ont rarement porté sur les principales cultures alimentaires en
Afrique. Aussi est-on peu informé sur la réponse de leur offre (Ojeyide 1989).
Le deuxième groupe de travaux adopte au contraire 1'hypothèse selon
laquelle
les
producteurs
africains
ne
réagissent
pas
positivement
aux
modifications des prix au producteur en raison des contraintes culturelles ou
institutionnelles dans lesquelles ils sont insérés. Parmi les contraintes culturelles
mises en avant on peut citer le fait que les producteurs africains ont une aversion
envers le risque et valorisent davantage les activités de loisir. Aussi, une
augmentation des revenus pousserait les producteurs à substituer le loisir au
travail. Même si la production augmente, cet accroissement sera consommé
plutôt que commercialisé. Un autre argument est la rareté des biens de
consommation du fait des restrictions qu'impose la pénurie de .devises. Quant
aux contraintes institutionnelles elles sont reflétées par les imperfections du
marché, l'insuffisance de l'infrastructure, de la recherche, de la vulgarisation,
des routes de production, etc.. L'absence d'un environnement favorable à la
production agricole, limite sérieusement la capacité de réponse positive de cette
17

dernière. Les travaux de Smith (1989), Thomas et Chibber (1989) représentent
cette catégorie de travaux.
La faiblesse de ces
modèles d'évaluation, réside dans le fait qu'ils ne
peuvent apporter de réponse à la question de la résorption des distorsions. Les
distorsions internes sont la cause de l'écart entre les prix domestiques et
internationaux.
L'hypothèse de l'existence de distorsions internes est fondamentale dans
l'ajustement structurel. Aussi l'attention s'est-il portée vers l'examen de la
structure des incitations du secteur agricole, pour évaluer et analyser le degré de
discrimination de l' agricul ture.
L'évaluation et l'analyse de la discrimination du secteur agricole
L'analyse de la discrimination du secteur agricole est basée sur le calcul
du coefficient de protection nominal ou effectif. Celui-ci est un concept
compréhensible pour mesurer les effets directs et indirects des interventions sur
les marchés des produits agricoles. La mesure prend en compte les effets directs
des interventions sur les prix, les restrictions quantitatives, les différentiels de
taux de change ainsi que l'impact des termes de l'échange.
Les éléments clefs de ces indicateurs sont l'estimation du taux de change
d'équilibre, la désagrégation des prix des produits agricoles et non agricoles en
produits échangeables et non échangeables.
18

L'analyse de l'impact de la déprotection examine les conséquences des
réformes de politique sur plusieurs produits agricoles au lieu d'un seul produit.
La dévaluation et le démantèlement des structures de protection auront pour
effet d'éliminer le biais urbain dans les termes de l'échange.
Sur le plan empirique Krueger, Schiff et Valdés (1988) montrent que pour
18 pays en développement, l'impact de la protection indirecte généralement
domine l'intervention directe que les effets de la dernière soient positives et
négatives. Le taux de protection des produits alimentaires importés est en
moyenne de 20% là où le taux de taxation des exportations est de Il %. L'effet
total des interventions montrent qu'aussi bien les importations alimentaires que
les exportations sont taxées à des taux respe~tifs de 7% et entre 35 et 40%.
Deux conclusions émergent des travaux de ces auteurs: la première est
que les produits alimentaires sont subventionnés alors que les exportations sont
taxées. La seconde est que contrairement aux attentes, et au traitement des
produits d'exportations, dans 70% des pays de l'échantillon, les interventions
directs ont eu pour effet la protection de la production alimentaire.
Ces analyses portant sur l'estimation du taux de change effectif supposent
que le taux de change nominal est le même pour tous les biens échangeables.
Cette hypothèse est suj ette à caution si l'on considère les marchés parallèles des
devises; sur ces marchés en général, le prix domestique des devises est plus
élevé que celui du marché officiel. La présence de taux de change multiples fait
que le taux de change effectif n'est pas un bon indicateur du drainage des flux
19

de ressources. S'y aj oute que dans l'éventualité de la modification de la
politique commerciale, les effets prix de l'ajustement seront complexes.
Si les changements de la politique commerciale sont importants, il va de
soi que l'analyse devra aller au-delà de l'examen du seul taux de change. Les
analyses ci-dessus, postulent que la modification des termes de l'échange entre
le secteur agricole et le secteur non agricole et des prix relatifs des produits
permet d'atteindre une plus grande efficience économique. La littérature sur
l'évaluation des projets au plan macroéconomique reconnaît l'existence de
distorsions
qui
empêchent que
les
prix
ne
peuvent
refléter
les
coûts
d'opportunité. Sur cette base, on peut avancer que les termes de l'échange les
meilleurs ne peuvent plus être supposés égaux aux termes de l'échange
international. S'agissant des prix relatifs, les travaux de la réaction de l'offre de
production agricole aux prix constituent une autre raison pour affirmer que la
bonne politique devrait consister à fixer le niveau des prix relatifs des produits
selon leur coût d'opportunités.
Par rapport à l'objectif de crOIssance économique qui sous-tend ces
analyses, Borby (1968) et Bardhan (1974) montrent que le niveau des prix
agricoles ne peut être égal à celui international. Aussi ce qui est classé et
considéré comme distorsions, pourrait se révéler parfaitement rationnel du point
de vue de la croissance. En conséquence, le débat sur le niveau approprié des
termes de l'échange entre le secteur agricole et le secteur non-agricole doit se
faire en référence au modèle d'accumulation sous-jacent.
20

La discrimination et les réactions de l'offre agricole, sont une première
approximation des effets de l'ajustement.
Elles
ignorent
(ou
supposent
insignifiantes) les réactions des agents économiques aux changements qui
affectent les marchés les infrastructures ainsi que les interactions qui existent
entre les marchés. Ces préoccupations seront prises en charge respectivement
par les modèles de comportement des ménages et les modèles multimarchés.

Les modèles de comportement des ménages
La construction des modèles de comportement des ménages trouve son
origine dans les travaux de Chayanov dans les années 1920 et plus précisément
dans le débat qui opposait les populistes et les Bolchevik au sujet de la réforme
agraire en Russie. L'intérêt d'un tel modèle est qu'il permet d'évaluer
l'incidence d'une modification de politique tel les prix ou l'accès des ressources
sur le bien être des ménages par le biais des variations dans la consommation ou
le profit sur les marchés des facteurs et des produits.
Les modèles de comportement des ménages intègrent les interactions qui
existent entre la production, ,la consommation et le marché du travail. Ils
combinent les attributs des fonctions de production, des équations du marché
du travail et des fonctions de demande.
L'hypothèse sous-jacente à ce modèle est la maximisation de l'utilité sous
la contrainte de trois séries de facteurs comme le temps disponible pour le
ménage, la technologie et les ressources disponibles et les revenus des ménages.
Ces modèles peuvent être récursifs ou séquentiels.
21

Les modèles multimarchés
Les modèles multimarchés sont une extension de l'analyse de l'impact sur
un produit ou facteur spécifique des instruments de politique économique aux
interactions qui existent entre les marchés. L'analyse est menée du côté de la
production et des facteurs.
Le modèle incorpore un ou plusieurs systèmes de production agricole.
Chaque système est représenté par une fonction de profit, à partir duquel est
dérivée l'offre de produits et la demande de facteurs. La modélisation de la
production est complétée par celle relative, à la demande finale, à l'offre des
facteurs, aux équations de revenu et aux conditions d'équilibre des marchés.
Sur le plan empirique il existe deux procédures de construction des
modèles multimarchés. La première associée aux travaux de Quizon et
Binswanger (1986) est de nature académique; elle consiste à estimer le module
de la production et celui du système de la demande finale. La seconde plus
pragmatique est assimilée aux travaux de Bravennann et Hammer (1986) et
consiste à spécifier les équations et variables exogènes auxquels l'on s'intéresse.
Les modèles multimarchés pennettent d'évaluer l'impact d'une politique
particulière de réfonne sur la production, sur l'utilisation de facteurs, sur les prix
des biens non échangeables, sur les exportations nets, sur les revenus et la
consommation des ménages et de l'Etat et sur la balance commerciale. La limite
majeure de ces deux modèles tient au fait qu'ils sont spécifiques à un secteur.
Aussi, font-ils abstraction des effets de répercussion ou de rétroaction venant des
22

autres secteurs de l'économie. Cette dernière préoccupation est prise en charge
par les modèles d'équilibre général calculé.
Les modèles d'équilibre général calculés
Les modèles d'équilibre général calculés (MEGC) en modélisant de
manière explicite l'économie non agricole, permettent l'analyse des incidences
des changements intervenant dans un secteur et sur les autres secteurs de
l'économie.
Le point de départ de la construction des MEGC est la matrice de
comptabilité sociale (MCS) ; cette dernière est le cadre comptable des MEGC ;
elle consiste en un codage compréhensif des relations mésoéconomiques.
Dans une économie nationale, le MEGC se compose d'une série
d'équations de comportement pour les différentes institutions qui déterminent
l'offre et la demande sur les différents marchés ainsi que des règles de
réconciliation permettant d'équilibrer ces marchés.
Les MEGC se différencient principalement par le choix des règles de
bouclage des différents marchés ainsi que par le choix des élasticités de
substitution qui reflètent les rigidités relatives de l'économie.
La grande majorité des MEGC en économie agricole ont été utilisés pour
analyser l'impact de la libéralisation du secteur agricole à l'intérieur d'un pays,
d'un bloc commercial ou au niveau mondial.
23

Un grand nombre de modèles ont été construit pour analyser l'impact de
la libéralisation agricole proposée lors de l'Uruguay-Round ou pour étudier les
conséquences de l'application des propositions de l'OCDE similaires aux
accords de l'Uruguay-Round.
D'autres modèles analysent les impacts des changements de politique
agricole sur l'ensemble de l'économie et sur le bien-être.
Le recours à l'utilisation des MEGC s'explique par trois raisons:
-
les pressions exercées en faveur de la libéralisation des
politiques agricoles dans le cadre des négociations multilatérales
du
GATT
(OMC)
et
avec
la
considération
de
blocs
commercIaux;
-
les remises en cause du rôle interventionniste des Etats imposés,
par les contraintes budgétaires de plus en plus fortes;
les conséquences pour les pays en développement de la
libéralisation du commerce mondial des produits agricoles ainsi
que les effets de l'ajustement structurel sur la répartition des
revenus et sur la pauvreté.
Pour ces raisons, nous nous proposons dans cette entreprise de recourir à
un modèle d'équilibre général calculé pour évaluer les effets de l'ajustement
structurel dans l'agriculture sénégalaise.
24

Problématique et objectifs de recherche
Le rôle du secteur agricole en réponse aux politiques de réforme et
d'ajustement structurel de l'économie sénégalaise est important. D'abord en
raison du poids relatif du secteur agricole dans l'économie; ensuite parce qu'il
est supposé que l'impact favorable des PAS sur le secteur agricole est la
condition nécessaire pour l'amélioration de la performance macro-économique
globale du pays.
Au cours des années 1980, un certain nombre d'événements majeurs ont
touché le secteur agricole sénégalais et modifié les données économiques
héritées du passé:
la baisse de la pluviométrie et le raccourcissement de la saison
pluvieuse;
-
la dissolution de l'Office National de Coopération et d'Assistance au
Développement (ONCAD) ;
-
l'épongement des dettes du marché rural;
-
l'arrêt du Programme Agricole.
La nécessité de faire face aux multiples déséquilibres qui affectaient le
secteur réel de l'économie ainsi que la situation financière à la fin des années
1970, a conduit le Sénégal à mettre en œuvre le Programme de Stabilisation en
1979, puis le Plan de Redressement Economique et Financier (PREF) en 1980-
84. La persistance des déséquilibres et même leur aggravation en 1983/84, à la
faveur de la recrudescence de la sécheresse, a amené le Gouvernement au
25

maintien et au renforcement du processus d'ajustement de l'économie
sénégalaise, dans le cadre d'un programme à moyen et long terme.
Le Programme d'Ajustement Economique et Financier à Moyen et Long
Terme (PAMLT) 1985-1992, présenté à la communauté des bailleurs de fonds
en
1984,
doit
desserrer
les
principales
contraintes
qui
entravent
le
développement du pays:
le caractère erratique de la croissance économique;
-
la faible efficacité des investissements;
le poids inapproprié du secteur public et parapublic dans l'économie et
le déséquilibre croissant des finances publiques;
-
le niveau trop élevé de la demande intérieure, entretenant de lourds
déficits de la balance des paiements.
Les objectifs fondamentaux poursuivis par le PAMLT sont:
-
la consolidation des bases de la croissance par la définition et la mise
en
œuvre
de
stratégies
sectorielles
d'incitations
adéquates
et
appropriées pour relancer la production et l'investissement privé;
-
l'amélioration de l'efficacité des investissements pour accélérer la
croissance malgré la contrainte financière liée au poids du service de la
dette;
l'atténuation de la contrainte structurelle que constitue le poids du
secteur public et parapublic ;
26

-
la sauvegarde des bases à long terme de la croissance au moyen de
stratégies
adaptées
en
matière
d'éducation,
de
santé
et
d'infrastructures.
Dans son essence le PAMLT, en mettant l'accent sur la réorganisation des
bases productives de l'économie sénégalaise, vise à assurer les conditions
permissives d'une croissance économique soutenue et durable. Le premier
objectif du PAMLT se traduit par la mise en œuvre de politiques sectorielles et
par
l'application
d'une
nouvelle
approche
en
matière
de
politique
d'investissement. L'adoption de la Nouvelle Politique Agricole (NPA) en 1984
est l'application concrète des orientations du PAMLT dans le secteur agricole.
L'objet de la NPA est de créer des conditions telles que l'agriculture, au
sens large, puisse de façon harmonieuse et permanente et avec la participation
de tous les concernés, jouer trois fonctions essentielles:
-
atteindre l'autosuffisance alimentaire en dépit d'un taux de croissance
démographique rapide;
-
créer de nouveaux emplois pour cette population en augmentation;
-
réduire les tensions sur la balance des paiements par l'accroissement
des exportations.
Pour que le secteur agricole remplisse les trois fonctions énumérées, les
objectifs suivants sont assignés à la NPA :
-
la responsabilisation des producteurs ruraux;
27

la
réduction
progressIve
du
domaine
d'action
des
orgalllsmes
d'encadrement;
la privatisation de la gestion et de la distribution des facteurs de
production;
la mise en place d'une politique céréalière visant l'autosuffisance
vivrière à 80% en l'an 2000.
Après plus d'une décennie d'ajustement, le secteur agricole est loin
d'avoir repris le chemin de la croissance. La contre performance du secteur
agricole se fait lourdement ressentir sur l'économie dont le taux de croissance
par tête demeure négatif.
La
stagnation
et
la
profondeur
des
déséquilibres
de
l'économie
sénégalaise, comme celle des autres pays de la zone franc, est à l'origine de la
dévaluation de 50% du franc CFA décidée le Il janvier 1994 à Dakar. La
décision de dévaluer le franc CFA signifie d'une part que les PASn'ont pas eu
les effets escomptés et d'autres part, que la problématique de la croissance
économique reste entière.
Le nouvel environnement créé par la dévaluation et l'expérience de la
décennie écoulée offrent l'opportunité d'examiner la question suivante relative
au secteur agricole:
Etant donné l'eftèctivité des mesures, quelles ont été les conséquences sur
le secteur agricole?
28

Objectif
L'objectif principal
de
cette
recherche
consiste
à
exammer
les
conséquences de l'ajustement structurel dans l'agriculture et sur l'économie
sénégalaise à l'aide d'un modèle d'équilibre général calculé (MEGC).Trois
arguments justifient l'intérêt de cette investigation.
Les débats relatifs à la justesse des PAS, il convient de le rappeler,
trouvent leurs origines dans les causes de la crise économique des pays
d'Afrique au sud du Sahara. Selon les institutions internationales et les bailleurs
de fonds, la crise économique africaine a son origine dans la mise en œuvre de
politiques internes inappropriées, plutôt que dans les chocs externes. La
restauration de l'équilibre budgétaire, la libéralisation des échanges et la vérité
des prix, notamment dans l'agriculture, sont des mesures appropriées et
nécessaires pour améliorer le compte courant, relancer la croissance et l'emploi,
et réduire l'inflation. Ces constats et analyses des institutions financières
internationales sont l'objet de vives controverses.
Les instruments de politique économique, tels que la dévaluation sont
inefficaces pour promouvoir les exportations, s'y ajoutent des conséquences
négatives comme l'int1ation et la mauvaise réallocation des devises (STEWARD
1992). De plus, il est aujourd'hui soutenu que la libéralisation des importations
sans aucune discrimination contribue à rendre disponibles sur le marché, des
produits de consommation peu chers, là où la dévaluation augmente les prix des
inputs et du capital (CORNIA, VAN DER HOEVEN, et LALL 1992).TAYLOR
(1993) critique l'équilibre budgétaire, en raison de sa forte inclinaison sur les
29

mesures de stabilisation, au dépend des questions structurelles. Parmi les autres
effets négatifs, l'austérité et le déclin de l'accumulation du capital réduisent
l'investissement, ce qui est un obstacle pour atteindre les gains d'efficience que
proposent les PAS.
Nous
démontrerons
que les conséquences négatives des PAS sont
supportées de façon différenciées par les ménages.
Les affirmations premières selon lesquelles les PAS ont été négatives pour
les pauvres, ont eu un large écho. Pour les organisations non gouvernementales
notamment , la perception largement partagée est que les PAS ont altéré la
répartition des revenus, augmentant de fait la pauvreté. La Banque Mondiale n'a
pas été insensible à ces critiques; elle s'est évertuée à travers de nombreuses
publications à réfuter ces allégations tout en initiant paradoxalement des
programmes de compensation pour atténuer les coûts sociaux de l'ajustement
structurel notamment dans les programmes de lutte contre la pauvreté.
Cependant, ni les détracteurs, ni les partisans des PAS;à l'intérieur et en
dehors des institutions financières internationales, n'apportent de réponse
satisfaisante à la question fondamentale posée par l'ajustement à savoir: quel est
l'impact des mesures de réformes préconisées sur la répartition des revenus?
Les politiques publiques ont rarement des effets certains sur la croissance
économique et la répartition des revenus. Les politiques macro-économiques et
sectorielles, ont des liens complexes avec les ménages, les dites politiques
30

transitent par plusieurs institutions économiques et sociales avant d'atteindre les
ménages. Pour comprendre comment une politique particulière d'ajustement
affecte les ménages, il faut disposer d'un cadre analytique cohérent qui soit en
mesure de capter les effets d'inter dépendance circulaire qui caractérisent tout
système socio-économique et parmi lesquels, nous pouvons noter les activités
de production, les facteurs de production et la répartition des revenus. Ce cadre
doit également indiquer les valeurs initiales des autres comptes (capital, reste du
monde
et
administrations
publiques)
qui
sont
affectés
directement
et
indirectement par l'ajustement structurel. Autrement dit, il faut, pour identifier
la situation initiale, disposer d'un système complet et cohérent de données
désagrégées d'équilibre général (Thorbecke (1992, p.65)).
Ce cadre est offert par la Matrice de Comptabilité Sociale (MCS) qUI
présente deux autres avantages. II peut être utilisé pour analyser l'impact de
l'ajustement structurel sur la répartition des revenus. En second lieu, les
principaux changements accusés par les comptes donnés dans la MCS pour
l'année de base, revêtent une importance cruciale pour organiser et spécifier les
divers modules d'un modèle statique ou dynamique comparatif qui permettent
de retracer l'impact des politiques d'ajustement sur l'ensemble du système
(Thorbecke (1992, p.66)).
La MeS est un instantané de l'économie et comme tel, elle s'interprète
comme représentant des flux temporels lesquels doivent à leur tour être
expliqués par un modèle des comportements. Lorsqu'on met en évidence ces
31

flux entre comptes et à l'intérieur des comptes, les relations clefs qui doivent
retenir l'attention apparaissent clairement.
En d'autres termes, nous utiliserons
deux cadres d'analyse quantitative
différents pour simuler les effets des politiques d'ajustement sur l'économie
sénégalaise: une application de la MeS à multiplicateurs à prix constants et qui
a servi à estimer l'impact de l'ajustement et de l'évolution des branches
agricoles et des revenus et un modèle d'équilibre général calculé à aspect réel.
Le recours à ces deux cadres d'analyse, Vise à satisfaire une nouvelle
demande qui fait suite à l'application des PAS: la nécessité dans laquelle se
trouve les économistes et les décideurs des pays bénéficiaires ainsi que les
bailleurs de fonds de pouvoir suivre, évaluer et interpréter le développement
économique au cours du processus d'ajustement. l'entreprise en conséquence,
vise à mettre à la disposition des chercheurs et des décideurs un nouvel outil de
modélisation enrichissant de fait les modèles existants.
La priorité accordée dans l'effort de redressement économique du Sénégal
à l'agriculture et au monde rural et l'antériorité de l'ajustement structurel du
secteur agricole par rapport aux autres secteurs sont les autres arguments qui
justifient que l'évaluation de la réaction des agriculteurs aux politiques mises en
œuvre soit fondamentale pour tout succès éventuel du PAS.Le recours au
MEGC permet de répondre aux trois interrogations majeures soulevées par
l'ajustement structurel à l'égard du secteur agricole.
32

-
Comment les changements de la politique agricole affectent-ils
les autres secteurs de l'économie?
-
Comment les modifications des politiques non-agricoles se
répercutent-elles sur le secteur agricole?
-
La résorption des distorsions dans le secteur agricole rendra-t-
elle
l'économie
moins
vulnérable
aux
chocs
externes
et
internes?
Les liaisons intersectorielles et les effets induits macro-économiques liés à
ces questions justifient aussi l'utilisation du MEGC pour analyser leurs impacts.
Autour de l'objectif général, les objectifs spécifiques sont de deux ordres:
-
la construction d'une matrice de comptabilité (MCS) et la mise
en œuvre des multiplicateurs à prix fixes de la MCS pour
analyser l'impact de certains chocs sur l'économie sénégalaise;
-
la construction d'un MEGC et la simulation de quelques
mesures de politiques économiques. Plus précisément, il s'agit
d'analyser les effets particuliers des mesures de réforme sur:
-
l'offre de production et l'allocation des ressources dans le
secteur agricole et les autres secteurs de l'économie;
-
les
revenus
et
les
demandes
des
pnnClpaux
agents
institutionnels;
-
et les comptes extérieurs du Sénégal.
33

Quatre arguments justifient l'intérêt de cette investigation.
1- Au plan théorique,
l'ajustement structurel
est le champ d'une
confrontation théorique. La décennie qui vient de s'écouler dans le
cadre de l'ajustement structurel au Sénégal, offre l'occasion de jeter un
regard critique sur les hypothèses et conclusions qui sont au cœur de
cet affrontement théorique.
2- La généralisation des PAS en Afrique et dans le Tiers-Monde est la
seconde raison qui justifie l'entreprise d'évaluation de l'impact
économique des réformes. Il existe une demande pressante de la part
des économistes des pays bénéficiaires et des donateurs d'avoir la
possibilité de suivre et d'interpréter le développement économique au
cours du processus d'ajustement.
3- La priorité accordée à l'agriculture et au monde rural dans l'effort de
redressement économique du Sénégal et l'antériorité de l'ajustement
structurel du secteur agricole par rapport aux autres secteurs sont le
troisième argument qui justifie que la réaction des agriculteurs aux
politiques incitatives soit stratégique pour tout succès ultérieur du
PAS.
4- La présente recherche vise à mettre à la disposition des chercheurs et
des décideurs un nouvel outil de modélisation enrichissant de fait les
modèles existants.
34

Les modèles existants au Sénégal au nombre de quatre (SESAME('),
TABLO(2), MACRO-FINANCIER, MOMAR(3) sont logés au Ministère des
Finances. Ces modèles sont destinés à l'établissement des budgets économiques.
Leur fonction principale est d'assurer la cohérence des choix de politique
économique à travers le suivi des grands équilibres macro-économiques
financiers: Balance des paiements, comptes de l'Etat et endettement public. Ce
sont des modèles à structure keynésienne simple en raison de la simplicité de
leurs structures; ces modèles comportent plusieurs limites qui sont de trois
ordres:
ils ne permettent pas de vérifier la pertinence des hypothèses qui sont
postulées puisqu'on ne peut pas procéder à leur validation sur le passé
comme pour un modèle économétrique;
il s'agit de modèles comptables et comme tel, ils reposent sur des
relations de proportionnalités; les paramètres sont des propensions
moyennes, ce qui n'est pas sans poser d'autres problèmes;
la structure essentiellement linéaire de ces modèles, caractérisée par
des fonctions de production à coefficient fixe, la rigidité de la demande
finale et l'absence de relations de comportement, ne permet pas
Schéma Economique et Social d'Accumulation Moderne.
Nom donnée par référence à ses inspirateurs ou auteurs, Daniel Tomm(lSi, Jean-Joél Aerts, Blaise
Leendhardt, Gastion Olive.
Modèle Macroéconomique Révisé.
35

d'appréhender les effets des variations des pnx relatifs sur les
structures économiques (Collange, 1992).
Méthodologie
La méthodologie de cette recherche, est celle couramment utilisée dans les
exercices de modélisation en équilibre général calculé. Elle comprend les étapes
suivantes:
-
la construction de la matrice de comptabilité sociale de l'année 1990,
année de base 1990 ;
la dérivation des multiplicateurs à pnx fixes de la matrice de
comptabilité sociale;
-
l'analyse de l'impact de l'ajustement à l'aide des multiplicateurs à prix
fixes;
-
la spécification des équations de comportement, d'équilibre et des
règles de bouclage du modèle;
-
l'écriture du modèle sous le logiciel General Algebrical Modeling
System (GAMS) ;
-
la compilation du modèle;
-
le calibrage du modèle;
-
la simulation du modèle.
La suite du travail est organisée de la façon suivante. La première partie
étudie les déséquilibres de l'économie et de l'agriculture sénégalaise qui ont
conduit à la crise et à la fonnulation des objectifs et des mesures de réfonnes
36

structurelles. La seconde partie donne une vue d'ensemble des modèles
d'équilibre général et de leur application au secteur agricole. L'application des
MEGC à l'analyse et à l'évaluation de l'ajustement structurel au Sénégal est
l'objet de la troisième partie.
37

Première Partie :
L'AGRICULTURE SENEGALAISE DE LA
CROISSANCE A LA CRISE
En 1960, le Sénégal, à l'instar des pays de la sous-région a accéder à la
souveraineté
internationale
avec
des
structures
économiques
fragiles
et
largement façonnées par la division internationale du travail instituée par la
métropole coloniale.
Le pays était spécialisé dans la monoculture arachidière et l'exploitation de ses
ressources minières notamment les phosphates. Cette orientation l'obligeait à
exporter l'essentiel de sa production et à importer la majeure partie
de ses
produits de consommation courante. C'est ainsi que le Sénégal représentait le
prototype d'une économie extravertie.
C'est alors que se fondant sur le mode
VIe communautaire des sociétés
africaines, les autorités ont choisi la voie socialiste de développement qui se
voulait une alternative à la fois au capitalisme libéral et au socialisme
scientifique. Cette option s'est traduite par l'intervention de l'Etat dans les
secteurs de l'économie et l'omniprésence de la réglementation des activités du
privé.
Au plan agricole, l'Etat a crée de nombreuses sociétés d'encadrement destinées à
vulgariser les méthodes culturales modernes et à diversifier la production
38

agricole. Dans le même temps, elles assuraient à titre exclusif la mise en place
des intrants mais également la commercialisation des produits agricoles de rente
(arachide et coton)
Au niveau de l'industrie, l'Etat s"est attelé à nationaliser les grandes unités
existantes
et
à encourager l'émergence d'industries de substitution aux
importations. Cette politique de promotion s'est par le biais des incitations allant
de subvention d'équilibre à la concession pure et simple de monopole sur le
marché intérieur en passant par une protection élevée.
La stratégie officielle des prix était régie par deux régimes: le régime de
l'administration dans lequel l'Etat fixait lui même les prix et le régime de
l'homologation où avant toute modification de prix, l'opérateur privé devait
recueillir l'approbation de l'Etat.
Les instruments dirigistes de la politique monétaire en vIgueur (plafond de
réescompte,
encadrement
du
crédit"
distribution
sélective
du
crédit. .. )
constituaient une contrainte à l'allocation optimale des ressources.
Au plan des échanges extérieurs, il n'y a pas eu véritablement de rupture. Les
exportations essentiellement de matières premières étaient destinées à la France
tandis que les importations hormis le riz et le pétrole provenaient de ce même
pays.
Par ailleurs compte tenu de la parité fixe entre le franc CFA et le franc français,
ce schéma rendait l'économie sénégalaise très sensible aux variations de la
conjoncture en France.
39

Ce système
qui
a prévalu pendant les
deux
premières décennies de
l'indépendance a commencé à montrer des signes de faiblesse à la fin des années
70.C'est de cette époque que date le processus vicieux de recours systématique
aux concours extérieurs pour le financement du déficit budgétaire qui conduira à
un effritement de la situation financière du pays.
En définitive, comme l'a relevé le rapport de la Banque mondiale en 1984, au
cours des deux décennies qui ont suivi l'indépendance (l960-80),le Sénégal a
connu des perfonnances économiques très insuffisantes. De tous les pays
africains épargnés par la guerre ou les troubles civils il est celui quia connu le
plus faible taux de croissance économique (2,1% en moyenne en tenne réel),
alors que l'accroissement démographique était relativement élevée (2,8% par an)
.En 1981, tous les indicateurs économiques témoignaient des graves déséquilibre
financiers et structurels:le déficit des opérations financières de l'Etat s'élevait à
12,5% du PIB et le déficit du compte courant de la balance des paiements à
25,7% du PIB .Le taux d'inflation se situait à 12% tandis que l'indice des tennes
de l'échange chutait de 12% par rapport à son niveau de 1975; l'épargne intérieur
était négative et la consommation totale supérieure au PIB.L'encours de la dette
représentait plus des deux tiers du PIB et le service de la dette prés du cinquième
des exportations.
Il devenait ainsi incontournable de procéder à des réfonnes structurelles pour
desserrer les contraintes qui pesaient sur les sphères de production et d'échanges
40

et partant placer l'économie nationale sur un sentier de crOIssance saIne et
durable.
C'est ce contexte, qui a conduit le gouvernement sénégalais, sous la pression
des institutions financières internationales, à réexaminer les fondamentaux de sa
politique économique. Les autorités gouvernementales ont élaborés plusieurs
programmes de restructuration économique et financières avec l'appui de la BM
et du Fonds Monétaire international (FMI) Ces programmes étaient bâtis autour
des objectifs suivants:
stabiliser la situation financière intérieure et extérieure;
accroître l'épargne intérieure;
stimuler l'investissement dans les secteurs productifs;
libéraliser les échanges;
-
réduire le rôle joué par l'État dans l'économie.
Les mesures mises en œuvre dans le dans le cadre de ces programmes ont certes
infléchi la tendance à la stagnation de l'économie sénégalaise et réduit l'ampleur
des déséquilibres financiers. Toutefois, aussi bien au niveau sectoriel qu'au plan
macro-économique, les résultats obtenus ont été en deçà de ceux qui étaient
escomptés.
L'objectif d~ cette première partie est de retracer l'évolution et l'ampleur
de la crise économique et sociale au Sénégal qui a conduit aux réformes
économiques ainsi que les résultats des programmes
d'ajustement dans le
secteur agricole.
41

En effet, au cœur de la genèse de la crise de l'économie sénégalaise se
trouve l'agriculture. L'importante place que tient le secteur agricole dans les
politiques d'ajustement mises en œuvre
depuis le début des années 1980 au
Sénégal, s'explique par le rôle moteur que ce secteur a toujours joué dans
l'économie. Bien que l'agriculture ne représente guère qu'un peu plus de 10
pour cent du PIB (20 pour cent pour l'ensemble du secteur primaire (4\\ elle
occupe encore, 60 pour cent de la population active du pays et fait vivre plus des
deux tiers de la population totale. Elle constitue ainsi un secteur clé de
l'économie, comme source principale de revenus en milieu rural et du fait de son
incidence sur la balance commerciale, ou de la charge qu'elle représente pour
les finances publiques. Les caractéristiques physiques du Sénégal, la rareté des
ressources naturelles et la faible diversification de l'agriculture confère au pays
une
économie
relativement
vulnérable
dont
l'évolution
est
étroitement
dépendante à la fois des conditions climatiques (les aléas de la pluviométrie
notamment) et des changements de l'environnement international.
Bien que productrice de quelques cultures vivrières (mil-sorgho, maïs et
riz), l'agriculture fournit surtout des intrants aux industries alimentaires et
textiles (arachide, coton) qui représentent respectivement 43,1 % et 12,3% de la
production industrielle du Sénégal. Ces mêmes produits sont à la base des
exportations sénégalaises, l'arachide qui a cependant
beaucoup régressé,
représente en moyenne 10 pour cent des recettes d'exportation locale, la
Le secteur primaire est défini ici comme se composant de l'agriculture, de l'élevage, de la pêche et de
la foresterie.
42

production de coton est exportée à 80 pour cent. L'industrie et le secteur
importateur fournissent en retour à l'agriculture les intrants et équipements.
Cette partie est divisée en deux chapitres. Le premier couvre la période (1960-
80) marquée par une orientation socialiste de l'économie. Il
décrit l'évolution
macro-économique du Sénégal, examine les fondements de la politique agricole
ainsi que les causes de la faible performance de l'agriculture sénégalaise à la
veille de l'ajustement structurel.
Le deuxième couvre la période qui va de 1981 aux années 90 caractérisée par la
mise ne œuvre des premières réformes structurelles et par l'ajustement global et
l'approfondissement des mesures de libéralisation. Le chapitre décrit
la nature
,le contenu et les conséquences de l'ajustement structurel dans le secteur
agricole.
43

Chapitre I-
L'AGRICULTURE SENEGALAISE A LA VEILLE
DE L'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Le rôle du secteur agricole en réponse aux politiques de réforme et
d'ajustement structurel de l'économie sénégalaise est important. D'abord en
raison du poids relatif du secteur agricole dans l'économie; ensuite parce qu'il
est supposé que l'impact favorable des PAS sur le secteur agricole est la
condition nécessaire pour l'amélioration de la performance macro-économique
globale du pays.
Au cours des années 1980, un certain nombre d'événements majeurs ont
touché le secteur agricole sénégalais et modifié les données économiques
héritées du passé:
-
la baisse de la pluviométrie et le raccourcissement de la SaIson
pluvieuse;
-
la dissolution de l'Office National de Coopération et d'Assistance au
Développement (ONCAD) ;
-
l'épongement des dettes du marché rural;
-
l'arrêt du Programme Agricole.
La nécessité de faire face aux multiples déséquilibres qui affectaient le
secteur réel de l'économie ainsi que la situation financière à la fin des années
1970, a conduit le Sénégal à mettre en œuvre le Programme de Stabilisation en
1979, puis le Plan de Redressement Economique et Financier (PREF) en 1980-
44

84. La persistance des déséquilibres et même leur aggravation en 1983/84, à la
faveur de la recrudescence de la sécheresse, a amené le Gouvernement au
maintien
et
au
renforcement
du
processus
d'ajustement de
l'économie
sénégalaise, dans le cadre d'un programme à moyen et long terme.
Le présent chapitre fait le diagnostic de l'agriculture sénégalaise à la veille de
l'ajustement structure. De façon plus précise il examine les causes ayant conduit
à la crise de l'agriculture sénégalaise.
La première section présente les performances macroéconomiques du pays à
l'aide de quelques indicateurs. L'observation des indicateurs macroéconomiques
permet de dater le déclenchement de la crise financière que traverse le Sénégal
dans les années 1978-79. Faisant suite à une période de conjoncture favorable
entre 1974 et 1977, une nouvelle phase se serait ouverte marquée avec la
stagnation de la production nationale, la dégradation des équilibres financiers et
la montée de l'endettement.
Un tel constat est irréfutable, mais il est insuffisant comme l'observe Kassé
(1990). Selon cet auteur, si depuis cinq ans les déséquilibres financiers résistent
aux diverses mesures de redressement, c'est qu'ils s'inscrivent dans des
tendances lourdes, historiques, caractéristiques du "modèle" de fonctionnement
de l'économie sénegalaise. Les racines profondes des difficultés contemporaines
sont donc à rechercher plus loin, au delà des chiffres de conjoncture, au sein
même du système d'organisation socio-économique. Pour ces raisons la seconde
section examine l'expérience de deux décennies de programme agricole (1960.,.
80). La première partie présente les fondements du programme agricole, pour
une meilleure compréhension des enjeux du programme cette partie
relate .le
débat qui a opposé en particulier Senghor et Dia autour du programme. Le bilan
45

du programme agricole est l'objet de la deuxième partie. Les raisons de l'échec
du programme agricole sont examinées dans la troisième et dernière partie. En
examinant le rôle des prix et des externalités dans la déclin de l'agriculture
sénégalaise, cette partie les resitue dans leur véritable contexte à savoir le mode
de fonctionnement de l'économie sénégalaise. Le chapitre conclut que la crise de
l'agriculture
sénégalaise
est
structurelle
parce
que
tout
le
système
de
prélèvement de la rente agricole et minière n'a pas favorisé la reconstitution du
potentiel de production et que l'allocation de cette rente n'a pas permis la
constitution d'une base d'accumulation autonome, donc moins vulnérable
Section
1-
LES
PERFORMANCES
MACRO-ECONOMIQUES
DU
SENEGAL A LA VEILLE DE L'AJUSTEMENT
1- Les performances macro-économiques
L'analyse macro-économique permet de distinguer cinq périodes dans
l'évolution économique du Sénégal à la veille de l'ajustement structurel.
Le
tableau
qUI
suit
présente
les
pnncipaux
indicateurs
macro-
économiques relatifs aux dites périodes.
46

Tableau 1- Indicateurs économiques du Sénégal 1967-84
1960/61
67173
74178
79/81
82/84
85/87
Taux de croissance du PlB réel
2,2
2,3
1,9
4,4
4,2
Taux de croissance de la population
2,4
2,6
2,9
2,9
3
Taux de croissance du PlB/habitant
-0,1
-0,3
-1
1,6
1,2
Ratio investissement/PlB
13,8
18,3
15,4
15,8
13,7
Ratio épargne/PIE
9,7
10,5
-0,3
2,4
3,6
Ratio exportations nettes/PlB
-4,1
-7,5
-15,8
-13,4
-10,1
Ratio déficit des opérations courantes/PIB
-1,4
-5,5
-14,9
-12,8
-13,4
Ratio dettes/exportations
39
54,3
136,8
218,5
244,8
Ratio service de la dette/exportation
3,8
7,7
17,5
9,5
10,9
Ratio déficit budgétaire/PlB
-0,9
-1,1
-2,2
-9,4
-1,6
Taux d'inllation (IPC)
3,6
12,7
8,1
13,6
9,7
Taux d'inflation (déflateur PIE)
2,7
9,9
8,8
10,4
8,4
Taux de croissance de la production réelle de l'agriculture
5,8
2,3
1,1
3,6
8,9
Taux de croissance dans les industries manufacturières
6,9
1,5
8,2
5,5
1,9
Taux de croissance dans les industries extractives
2,5
2,5
4,4
-0,8
7,3
Taux de croissance dans les industries d'importations
2,2
10
5,7
2,4
0,5
Emprunt de la Banque Centrale en % du PIB
1,2
Il,3
7,5
-3,3
-0,7
Population rurale en % de la population totale
0
0,9
5,9
13,8
10
Taux de croissance annuelle
74,7
68
66,6
65
64
Secteur primaire
3,72
Secteur secondaire
4,38
Exportations
-1,12
Importations
l,53
Consommation publique
4,22
Consommation privée
4,74
Total investissement
0,40 1
Epargne interne
-8,35 i
Source:
Les principaux indicateurs macro-économiques montrent que de 1960 à
1984, la performance du Sénégal est médiocre.
La première période (1960/61
à 1966/67) se caractérise par une
performance relativement bonne de l'agriculture et une augmentation de la
production du secteur primaire de 3,7%. Le PIB augmente au rythme de 3,04%
par an.
47

Néanmoins, on observe des tendances négatives. Le taux de croissance de
la consommation est supérieure à celle du PIB. La part de la consommation dans
le PIB est passée de 87,6% en 1960/61 à 95,9% en 1996/67. La part de
l'investissement dans le PIB diminue, elle passe de 17,8% à 15,3% à prix
constant.
La deuxième période (1967/73) se caractérise par un ralentissement de la
production d'arachides et, en même temps de la croissance du PIB (2,9%) et du
PIB par habitant (-0,1 %). Le taux de croissance de la production agricole pour
l'ensemble de la période est de 5,8% soit une croissance annuelle de 1,1 %. La
stagnation de la production agricole s'explique surtout par la disparition de la
protection accordée par la France depuis 1929. Par rapport à la première période,
l'épargne augmente alors que la part des investissements dans le PIB continue
de baisser. Les déficits des opérations courantes et du budget représentent
respectivement 1,4% et 0,9% du PIB. Cette période correspond à la reprise des
exportations qui augmentent de 1,2%, et à la compression des importations;
pour l'ensemble de la période les importations diminuent de 1,2%.
La troisième période est une période de croissance animée par la poussée
des exportations. Les cours mondiaux et la demande de phosphate et d'arachide
ont augmenté de façon très substantielle et les termes de l'échange ont doublé
entre 1973 et 1976. Le volume des exportations et le PIB réel ont augmenté
respectivement de 10% et 2,3%. Le PIB par habitant a diminué de 0,3% au cours
de la période en raison de l'augmentation du taux de croissance démographique
de 2,6%. La faiblesse relative du taux de croissance du PIB réel est imputable à
48

la piètre perfonnance des secteurs productifs dont les taux de croissance n'ont
guère dépassé 2,5%.
La poussée des exportations a servi surtout à financer la consommation.
Le ratio de l'épargne au PIB ne représentant que 10,5%. Le rapport de
l'investissement au PIB est de 18,3% soit une augmentation de 4,5 points par
rapport à la période précédente. Ce ratio traduit surtout l'achat public
d'entreprises privées.
La troisième période a été marquée aussi par une forte inflation.
L'inflation mesurée par l'indice des prix à la consommation atteint 12,7% contre
3,6% pour la période 1967/73.
L'impact des politiques économiques expansionnistes s'est traduit par la
montée des déséquilibres. Le déficit des opérations courantes représente 5,5%
du PIB, alors que les ratios de la dette et du service de la dette aux exportations
représentent respectivement 54,3% et 7,7%.
La quatrième période 1979/81 est celle de la crise ouverte de l'économie
sénégalaise. Le PIB enregistre une croissance de 1,9%. Le PIB par tête diminue
de 1%, alors que le taux de croissance démographique continu d'augmenter
(2,9%) par an.
Les deux années de sécheresse (1978 et 1980) conjuguées à une chute
brutale des cours mondiaux se sont faits lourdement ressentir sur le secteur
49

agricole et les exportations. Les taux de croissances de la production agricole et
des exportations passent respectivement de 2,3% et 10% à 1,1 % et 5,7%. La part
des investissement dans le PIB a reculé une fois de plus, tombant de 18,3% à
15,4%, l'épargne intérieur devient négatif -0,3% du PIB.
L'inflation est ramenée à 8,1 % alors que les déséquilibres s'amplifient. Le
déficit budgétaire en proportion du PIB double passant de 1,1 % à 2,2%, les
ratios de la dette et du service de la dette en proportion des exportations passent
respectivement de 54,3% et 7,7% à 136,8% et 17,5%. Face à ses déséquilibres,
le Sénégal va recourir de plus en plus aux emprunts de la Banque Centrale qui
passe de 1% du PIB au cours de la troisième période à 6% durant la quatrième
période.
La cinquième période, se caractérise par la stabilisation et l'ajustement.
La croissance du PIB s'est fortement accélérée 4,4%. Sous l'int1uence de
conditions
climatiques
relativement
favorables,
la
production
agricole a
augmenté de 3,6%. Le taux de croissance des exportations diminue en passant
de 5,4% au cours de la période précédente à 2,4%.
Les efforts de stabilisation, n'ont pas donné les résultats escomptés et ont
dû être interrompu à plusieurs reprises.
Le déficit des opérations courantes en proportion du PIB ainsi que le ratio
du service de la dette aux exportations ont diminué, mais demeurent élevés. Les
importations sont fortement comprimées.
50

Le taux d'inflation augmente de 8,1% à 13,6%, ainsi que les ratios de la
dette aux exportations et déficit des ressources en proportion du PIB. Le ratio de
la dette aux exportations passe de 136,8% à 218,5% alors que le déficit des
ressources passe de -2,2% à -9,4%.
Les raisons de la contre-performance de l'économie sénégalaise résident
dans les chocs extérieurs et les politiques internes.
11- Chocs extérieurs et évolution des politiques intérieures
L'évolution de la conjoncture externe (instabilité des termes de l'échange,
récession mondiale, forte augmentation des taux d'intérêt de la dette extérieure
et fluctuations des taux de change) ainsi que les politiques économiques
adoptées par le Sénégal (l'expansion budgétaire, le non-ajustement des prix
relatifs et la politique de protection) ont influé sur la croissance économique et
la stabilité financière du Sénégal. Le tableau qui suit, emprunté à Uma LeIe,
présente l'incidence des chocs extérieurs et des politiques intérieures sur le
compte courant.
51

Ta.bleau 2- Incidence des chocs extérieurs et des politiques suivies entre 1967-84 (% du pm aux
pnx courant)
Effet
1. Variation du comple des opérations courantes
-7,8
2. Chocs
0,2
Tenues de l'échange
-1,3
Demande étrangère
2,9
Taux d'intérêt sur la dette
-0,4
Revenu net des facteurs, revenu du capital
-1,1
3. Politique suivie
-12,9
Promotion des exportations
-1,9
Effet sur la croissance du revenu
13,3
Compression des importations
-3,4
Augmentation des emprunts
-0,9
4. Autres facteurs
4,9
Fluctuations annuelles des exportations
1,3
Fluctuations annuelles des importations
-0,1
Paiement des transferts
2,4
Services non facteurs
1,1
5. Eléments résiduels
0,0
6. Facteurs contrôlables par les pouvoirs publics, l'exclusion de l'effet de la
croissance du PlB
Politique pure
0,4
Effet total déséquilibre
-6,7
Effet total pur
5,3
1
Source: UMA-LELE: Croissance agricole, politique interne, environnement extérieur et aide à l'Afrique.
Gestion du développement agricole en Afrique, pAO.
Entre 1967/84, les politiques économiques internes, les chccs extérieurs
ainsi que les autres facteurs sont la cause du lourd déficit qu'accuse le compte
des opérations courantes. En proportion du PIB, les dits facteurs représentent
7,8% du déficit des opérations courantes. Le déficit des opérations courantes est
surtout imputable aux politiques suivies. Au cours de la période, l'évolution
favorable mais modeste des chocs externes (0,20%) et des autres facteurs (1,3%)
sur le compte courant n'a pas pu contrebalancer l'effet négatif des politiques
suivi qui représente -12,9% de la variation du compte courant rapporté au PIB.
52

L'analyse détaillée des chocs autorise quelques constations. Le Sénégal a
certes souffert de la baisse des termes de l'échange (-1,3%) due au déséquilibre
commercial entre le volume des importations et des exportations; cependant
cette perte a été plus que compensée par la forte augmentation de la demande
extérieure (2,9%) surtout de phosphates; si bien qu'au total, les chocs extérieurs
se sont soldés par un solde positif si modeste soit-il (0,2%). La hausse des
paiements d'intérêt, consécutive à l'augmentation des taux d'intérêt étrangers a
été particulièrement négative. De ce point de vue, le Sénégal est perdant en
revenu net de facteurs (-1,1 %). La rubrique 3 du tableau présente les incidences
des politiques intérieures sur la promotion des exportations (qui se manifeste par
l'évolution de leur part de marché), sur la croissance des revenus (l'élasticité -
revenu des importations), sur la compression des importations (qui résulte des
changements de la demande globale) et sur l'augmentation de l'endettement. La
rubrique 6 présente la somme de ces diverses incidence, à l'exclusion de l'effet
sur la croissance du revenu.
La rubrique
6
montre
que
l'effet
de
la
politique
SUIVIe a
été
particulièrement
négative
(-6,7%).
Les
parts
de
marché
ainsi
que
les
importations ont fortement diminué. En revanche, les incidences de la croissance
des revenus ont été remarquables (13,3%). Il est cependant essentiel de
comprendre les facteurs qui motivent cette interprétation.
La capacité d'un pays a accroître ses parts sur le marché mondial est liée à
l'importance des produits exportés et à la politique du pays à leur ~ard. Le fait
que le Sénégal ait perdu ses parts de marché à l'exportation (-1,9%) est
imputable à l'évolution du marché des phosphates.
53

Face à la détérioration de sa position à l'exportation, le Sénégal a été
contraint de réduire ses importations (-3,4%) pour remédier à des déséquilibres
extérieurs substantiels et pour atténuer le déficit des opérations courantes.
Les
autres
facteurs
comprennent
les
fluctuations
annuelles
des
exportations, importations, ainsi que les paiements de transfert et services non
facteurs (fret et assurance). A cet égard le Sénégal a bénéficié des fluctuations
du marché (l'effet cyclique des importations étant minimum), tout comme il a
profité des paiements de transfert (2,4%) et des services non facteurs (1,1 %).
Outre ces chocs, il conviendrait également de noter d'autres chocs en
raison de leur caractère aléatoire. L'agriculture sénégalaise a particulièrement
souffert du climat. Depuis une trentaine d'années, une constante extrêmement
grave est la diminution considérable des précipitations annuelles. Le tableau qui
suit fait apparaître cette tendance entre 1960/1965 et 1981/1985. On peut voir
que la moyenne a constamment diminué pendant chaque période pour tomber de
799 mm par an en 1961/65 à 448 mm par an en 1981/85. En outre, le nombre
d'années durant lesquelles les précipitations annuelles sont tombés au dessous
de 600 mm par an a également augmenté, passant de zéro (0) la première
période à cinq (5) pendant la période la plus récente.
54

Tableau 3- PrécipitatiollS alllluelles cumulatives 1961/1987
Moyenne quinquennale en mm par
Nombre où les précipitations étaient
Années
an
Supérieurs à 800 mm
Inférieures à 600 mm
1961-65
799
2
0
1966-70
685
1
1
1971-75
558
0
3
1976-80
543
0
4
/981-85
448
0
5
1986-87
489
0
2
Source: La Banque Mondiale et le Sénégal (1960/87), p.53. Banque Mondiale, Rapport n08041, 1987.
Section 11- L'EXPERIENCE DE DEUX DECENNIES DE PROGRAMME
AGRICOLE
L'agriculture en tant que système social et activité économique a toujours
joué un très grand rôle dans le développement des pays. Cela est encore vrai
aujourd'hui, même dans les pays les plus développés, où elle semble largement
dépassée
par
l'industrie
et
les
servlces
comme
activité
économique
fondamentale.
La politique agricole initiée au début des années 80 n'est plus du tout la
même que celle d'il y a une décennie. Mais, si elle a beaucoup changé, par
certains aspects, elle continue à maintenir en condition d'infériorité manifeste
les masses rurales. Celles-ci n'ont jamais eu d'autres alternatives de vie et
d'ascension sociale que de quitter les campagnes pour s'installer à la périphérie
des villes.
55

Dans cette section, nous allons essayer d'abord d'exhiber les fondements
théoriques du Programme Agricole. Ensuite, nous allons établir le bilan du
Programme Agricole, en dernier lieu nous présenterons les causes ou facteurs
explicatifs de l'échec du Programme Agricole.
1- Les fondements théoriques du programme agricole 1960-1978
Sur la base de la logique économique des systèmes de cultures et
d'élevage de la période coloniale, furent fixés au lendemain de l'indépendance
les objectifs de la politique agricole du Sénégal indépendant:
En effet, à l'heure de l'indépendance, l'économie sénégalaise était
caractérisée par les traits suivants:
-
l'arachide dominait l'économie, et les exportations arachidières
dans les années 1950 étaient achetées par la France à des prix
subventionnés de 15 à 20% plus élevés que ceux du marché
mondial;
-
la France fournissait les 2/3 des capitaux publics pour le
développement;
les
investisseurs
français
détenaient
plus
de
90%
des
investissements dans le secteur privé et contrôlaient la plupart
des entreprises dans les secteurs de l'économie sénégalaise à
forte intensité de capital et de main-d'œuvre;
56

le trésor public français couvrait les déficits du commerce
extérieur sénégalais.
A ces principaux indicateurs de dépendance économique, s'ajoutaient les
lourdes contraintes qu'un tel système faisait peser sur le producteur principal, le
paysan. En effet, le commerce de l'arachide était dominé par les compagnies
françaises. Ces compagnies opéraient par l'intermédiaire de commerçants
africains
et surtout libanais,
qui
organisaient non
seulement
l'achat et
l'exportation des graines, mais également l'importation et la distribution des
biens de consommation. Les producteurs souvent gageaient leur récolte future
aux commerçants, en contre-partie du crédit que ceux-ci leur consentait, lors de
la période de soudure précédant les récoltes.
Le résultat fut un cycle
d'endettement
du
paysan
qui
(corrélativement
aux
effets
négatifs
des
mouvements à long terme de l'échange, et de la détérioration de la fertilité des
sols) laissa peu de place à la modernisation agricole. Cette situation renforça la
stagnation du revenu réel du producteur. Al' indépendance 60% des ménages du
bassin arachidier étaient endettés CS).
La mise en rapport de la situation de l'économie de traite et des objectifs
affirmés puis confirmés par les plans successifs de développement économique
du Sénégal, permet de dire qu'il s'agissait de constituer, par des actions de
modernisation, des solutions «productivistes» et de « responsabilisation» du
producteur paysan, une économie diamétralement opposée quant à sa structure à
celle qui existait jusque là.
i;
5
Nim Casswell, ibid., p.80.
57

Comme le note Kassé (199üb, p.53 ); la croissance économique planifiée
devrait aboutir à la promotion de l'agriculture par l'élévation du niveau de vie
des paysans, la réduction des inégalités qui existent entre villes et campagnes.
Ainsi plusieurs mesures économiques, financières et législatives prises dans les
plans successifs de développement faisaient du secteur agricole, un secteur
primaire auquel étaient imparties quatre fonctions essentielles; ce sont:
-
de couverture des besoins vivriers en expansion rapide à la suite d'une
explosion démographique et d'une urbanisation accélérée avec multiplication
des villes saturées et inadaptées;
-
de génération de surplus capables de faire sauter le goulot d'étranglement des
ressources en devise et de libérer les moyens d'un financement des activités
industrielles;
-
de libération de la main-d'œuvre agricole sans préjudice pour la production
globale;
-
d'élargissement du marché intérieur consécutif à l'accroissement des revenus
des producteurs.
Pour que l'agriculture sénégalaise remplisse son rôle en tant que premier
foyer d'accumulation quatre objectifs sont assignés au secteur agricole:
-
la
réorganisation
de
la
production
et
des
circuits
de
commercialisation, en vue d'accroître substantiellement la
production en s'appuyant sur un certain nombre de leviers que
58

sont les structures de vulgarisation de techniques nouvelles, de
regroupement et d'encadrement du monde rural;
l'accroissement et la diversification de la production, en vue de
parer aux aléas de la monoculture arachidière, de diversifier les
sources de devises pour financer les actions de développement et
atteindre l'autosuffisance alimentaire;
l'équipement
du
monde
rural
en
facteurs
modernes
de
production agricole, dans le but de moderniser les techniques de
production et d'améliorer les rendements;
la protection et
l'amélioration
du
milieu
naturel,
par la
modification du cadre de vie, et l'arrêt de la dégradation de
l'environnement hérité du système colonial d'exploitation des
terres.
Ces objectifs sont inscrits dans le cadre d'une politique globale qui se
propose l'instauration d'un système économique et social et démocratique, dont
les fondements sont à rechercher dans 1'« idéologie du socialisme africain ».
Par l'établissement d'un tel système de société, l'objectif recherché était
la libération du paysan de la «camisole de force» de l'économie de traite.
L'énergie ainsi libérée serait mobilisée au profit des grands efforts de
développement à accomplir (6).
Nim Casswell, « Pesasants, and Politic: State Marketing in Senegal, 1966-80, p.81, in Marketing
Board in Tropical Africa.
59

Selon Kassé (1 990a, p.20) pour les décideurs, comme pour les techniciens
du plan, la réalisation de tels objectifs ne pouvait dépendre d'un libre jeu des
forces internes du marché, ni des décisions individuelles car les bases du capital
national
sont
extrêmement
restreintes.
L'Etat
devrait
systématiquement
intervenir en occupant les hauteurs dominantes de l'économie c'est-à-dire les
secteurs clefs.
Toutefois note le même auteur, le socialisme africain dans sa verSIOn
sénégalaise est une mixture empirico-théorique qui le rapproche des démarches
sociales - démocrates.
Il part de l'idée que le capitalisme est absolument inapplicable et
incapable de promouvoir le développement dans des pays caractérisés par
l'inexistence d'importants
moyens
de production
nationale
(donc d'une
bourgeoise national) et par la prédominance des activités agricoles. Les formes
privatives y sont marginales.
Dans la même ordre d'idées, on estime que ni les conditions de lutte de
classe, ni celle d'une socialisation des moyens de production ne sont réunies. Le
socialisme scientifique est de fait rejeté comme non conforme aux réalités socio-
économiques. Le système à construire se doit alors d'allier l'efficacité
de la
gestion capitaliste aux objectifs du socialisme qui se résument dans la recherche
d'une plus grande justice sociale et dans la disparition de toutes les formes
d'exploitation de l'homme.
60

Léopold Sédar SENGHOR l'un des fondateurs du socialisme africain
militait pour une intervention limitée de l'Etat principalement dans le secteur
agricole, secteur dans lequel il ne remet pas en cause les intérêts privés
nationaux et surtout étrangers plutôt jugés indispensables au développement. Car
pour lui «il n'est pas question de vivre dans le ghetto de l'autarcie ... ». Les
pays communistes se sont ouverts aux capitaux, voire aux entrepreneurs des
pays capitalistes. Sans jamais exclure les étrangers, il est question que
progressivement, en avançant pas à pas, nous sénégalisons une industrie qui est
par définition sénégalaise. La vision de Senghor qui a fini par s'imposer comme
version officielle, n'a jamais été partagée par certains secteurs d'opinion dont
Mamadou Dia alors deuxième personnalité politique du pouvoir.
En effet selon Mamadou Dia (1961, p.71-72) « replacée dans la véritable
tradition historique, débarrassée de tous les préjugés et de tous les complexes
qui l'enrobent d'une gangue isolatrice, guérie de certains infirmités qui limitent
les horizons et en même temps la portée de son action la solution socialiste
s'avère parfaitement capable de réaliser l'économie dont l'Afrique attend d'être
dotée pour accomplir son destin dans les années à venir. Le même auteur
soutient que «sans outrecuidance, que c'est la seule solution efficace, car le
libéralisme qu'on voudrait lui opposer est pour ainsi dire marqué du sceau de la
caducité ... lorsque les libéraux eux mêmes sont appelés au pouvoir, ils
pratiquent rarement une politique économique libérale ».
Promu au rang de Président du Conseil, il s'attela à mettre en place tout
un programme économique où l'Etat était le principal acteur économique. De ce
61

fait Mamadou Dia devenait le précurseur de l'intervention économique de l'Etat
au Sénégal.
S'agissant du secteur agricole, les analyses des socialistes africains seront
particulièrement pertinentes. Ils partent du constat que dans les pays africains à
dominante rurale, le monde paysan a conservé les normes communautaires et
collectives d'organisation et de travail qui empêchent l'apparition de formes
privatives d'appropriation des instruments de production.
Ces modalités
d'organisation encore vivaces empêchent toute différenciation sociale prononcée
et conflictuelle par suite d'une faible productivité, mais aussi d'une distraction
du surplus économique effectif Kassé (1990, p.22 ). Selon le même auteur la
pratique du socialisme commence dans le monde rural.
Dans ce sens L.S Senghor observe que « la révolution rurale par la
coopération exige d'abord des organismes d'appui, la transformation de leurs
propres mentalités. En clair, c'est par l'agriculture qu'il convient de lancer les
actions transformatrices en vue du développement socialiste.
En agriculture, cette option va se traduire par trois types d'intervention de
la puissance publique:
-
la réforme de la chefferie de 1960 (suppression des chefs de
canton
et
création
d'un
corps
de
chef d'arrondissement
complètement fonctionnarisé) et la loi sur la réforme foncière de
1964 (elle se proposait de libérer les paysans de toutes les
contraintes traditionnelles qui pesaient sur eux). Selon cette loi,
62

« l'Etat devient le détenteur de toutes les terres non classées
dans le domaine public, non immatriculées ou dont la propriété
n'avait pas été transcrite à la convention des hypothèques ». Par
ces deux mesures qui se complètent, l'Etat se substitue aux
anciens maîtres de la terre et supprime le paiement de toute
redevance foncière (7) ;
la monopole de la commercialisation agricole et d'encadrement
rural. Chaque village ou groupe de villages allait être doté d'une
coopérative. Des structures nouvelles devaient être définies à
l'échelon des zones naturelles et des régions afin de « prendre en
charge tous les problèmes de développement ». La circulaire du
21
mai
1962 rappelle que la « coopérative a été lancée
essentiellement dans le milieu rural avec pour objectif d'assainir
les circuits de production et de commercialisation de l'arachide,
de démanteler l'économie de traite, de mettre fin à l'endettement
usuraire des paysans» ;
sur le plan pratique, ces dispositions vont se concrétiser par une
première vague d'intervention de la puissance publique en
1960/1962, suivie d'une pause jusqu'en 1969 ;
la période 1960/62 verra la mise en place de l'Office de
Commercialisation Agricole (OCA). Il reçoit le monopole de la
collecte de l'arachide, de sa vente aux huileries sénégalaises et
Jean Louis Balans et alii., AutonomIe locale et intégration nationale au Sénégal, PEDONE, 1976, p.52.
63

de l'exportation des graines. La Banque de Développement du
Sénégal
(BDS)
assure
l'exclusivité
du
financement
des
opérations de l'OCA et fournit des crédits au monde rural. La
gestion financière des pré-coopératives et des coopératives est
assurée par les agents des centres régionaux d'assistance pour le
développement (CRAD). Au niveau local, pour compléter
l'action des coopératives, sont mises en place les cellules
d'animation rurale et les centres d'expansion rurale. Ils sont
destinés à promouvoir une «prise de conscience» du monde
paysan et à jeter les bases d'une «démocratie rurale ». Pour
renforcer l'action des structures nouvelles créées, l'Etat crée des
entreprises publiques chargées de mettre en valeur certaines
ressources et d'approvisionner le monde rural en inputs.
La Compagnie Financière du Développement du Textile (CFDT) est
chargée d'expérimenter et de promouvoir la culture du coton, la Société
d'Assistance Technique et de Coopération (SATEC) est créée en vue d'accroître
la production arachidière de 25% en quatre ans. La Société Industrielle
Sénégalaise du Commerce du Matériel Agricole (SISCOMA) est quant à elle
chargée de fournir au monde rural le matériel agricole. La Société Industrielle
des Engrais du Sénégal (SIES) est chargée de fournir au monde rural l'engrais
nécessaire à la régénération des sols et à l'accroissement des rendements.
La période 64/69 verra quelques modifications mineures, la BDS devient
la Banque Nationale du Développement du Sénégal (BNDS), les attributions de
64

l'OCA et du CRAD sont confiées à une seule structure l'Office Nationale de
Coopération et d'Assistance au Développement (ONCAD), et en 1968 la Société
de Développement et Vulgarisation Agricole (SODEVA) prend le relais de la
SATEC.
Les années 1970 verront la seconde vague de mise en place de Sociétés de
Développement Rural (SDR). Trois faits majeurs ont concouru à ce grand
mouvement.
-
L'accent sera mis sur l'exemple que constitue le modèle d'entreprise.
En 1977, le Président Senghor déclarait dans un discours, « La seule
raison d'une différence de statut est généralement historique puisque,
au cours des années 1960, le cadre le plus couramment utilisé était
celui de l'établissement public, alors qu'à partir de 1970, on a préféré
associer des partenaires privés et recourir à la fonnule de la société
d'économie mixte ne doit pas être donné au hasard, mais correspondre
à un objectif précis. Ce statut doit correspondre d'une part, à des
projets d'entreprises motrices ou d'entraînement.
Je songe aux
phosphates, au fer, au pétrole »(8).
-
A l'approche du développement par produit s'est substitué, à partir
de 1974, une approche du développement par zone écologique
homogène embrassant l'ensemble des activités.
8
Constantin et alii., Les entreprises publiques en Aji-ique Noire: Sénégal, Mali, Madagascar, PEDONE,
1979, p.8.

65

Les bailleurs de fonds jouèrent un rôle propondérant dans la mise
en place des SDR.
Cette troisième vague sera couronnées par l'installation de la Société de
Développement des Fibres Textiles (SODEFITEX), la Société de Mise en
Valeur de la Casamance (SOMIVAC), la Société de Développement Agricole et
Industrielle (SODAGRI), la Société des Terres Neuves (STN), la Société
d'Aménagement et d'Exploitation des Terres du Delta (SAED), etc ..
En conformité avec la vision socialiste, l'Etat était le principal architecte
de l'édification économique, devait en conséquence occuper les «hauteurs
dominantes» de l'économie avec pour objectif d'élever substantiellement le
niveau des forces productives, récupérer le surplus économique jusque là
accaparé par le capital étranger, le réinvestir afin d'élargir la base de production
et enclencher ainsi un développement global soutenu et irréversible.
La perspective était flatteuse mais les résultats ne seront pas à la hauteur
des ambitions et objectifs.
11- Les résultats du programme agricole à la veille de l'ajustement
structurel
Les résultats du Programme Agricole seront examinés sur la base de
quelques indicateurs classiques: la contribution de l'agriculture dans la
formation du produit national, son incidence sur le commerce extérieur et sa
contribution à l'approvisionnement en besoins alimentaires de la production.
66

A- L'agriculture et sa contribution au produit national
La valeur totale de la production agricole n'a cessé de décroître. Pour la
période 1976/84, on note qu'en dehors de quelques années favorables, sa part
dans le PNB n'a cessé de décroître, passant de 18% en 1976 à 17% en 1984.
Les cultures commerciales ont contribué pour près de 51 % à la production
du sous-secteur agricole. Les cultures vivrières ont vu leur importance relative
s'accroître au cours des années 80. Cette tendance est confinnée par la part
décroissante des superficies cultivées en arachide et coton (Diagne, 1998).
L'examen des données économiques montre que l'évolution de la
situation agricole n'a cessé d'être défavorable. Pour la période 1976/84, on note
qu'en dehors de quelques années favorables, sa part dans le PNB n'a cessé de
décroître, passant de 18% en 1976 à 7% en 1984.
Tableau 4- Contribution du secteur agricole au PNB 1976-84 (milliards de Fcfa)
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977,6
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Source: Etude de la Politique Agricole du Sénégal, USAID, avril 198, p.3?
Le tableau 2 montre qu'au cours des années 60 et 70 les cultures
commerciales ont contribué pour près de 51 % à la production du sous-secteur
agricole contre
% aux cultures vivrières. Les cultures vivrières ont vu leur
importance relative s'accroitre au cours des années 80.
67

Cette tendance est confinnée par la part décroissante des superficies
cultivées en arachide et coton (Diagne, 1997).
Tableau 5- Sénégal: Valeur estimative de la production totale commercialisée par culture (en
milliards de francs CFA)
Années
Arachides
Coton
MiVSorgho
Maïs
Riz
Doliques
Fruits Frais
Tomates
Divers
Valeur nominale de la production
Valeur réelle de la production al
Huile
Bouche
Tolal
Commercialisée bl
Total
Commercialist.'c bl
60nO cl
19.4
0.0
0.2
8.3
0.5
2.1
0.4
2.8
0.2
4.4
38.3
22.4
179.2
104.3
70180 cl
31.1
0.6
1.0
16.0
1.2
3.5
0.5
3.5
0.2
5.5
63.2
35.4
158.4
83.8
80/81
22.9
0.1
1.2
21.8
2.1
2.7
0.6
38
03
8.1
63.6
19.1
102.3
JO.7
81/82
51.9
03
2.7
37.1
4.4
6.5
1.2
4.3
0.4
9.9
118.7
57.5
174.5
84.6
82183
56.9
0.4
3.1
"9.2
3.9
5.6
0.6
4.3
0.6
10.4
115.0
61.1
155.4
82.6
83/84
28.5
0.8
2.4
19.5
3.0
6.\\
0.4
4.4
0.7
lU
77.\\
33.1
?2.4
39.6
84/85
40.1
1.2
3.9
28.3
6.2
8.9
0.9
4.6
0.8
14.5
109.4
35.0
120.1
385
85/86
53.1
1.0
3.6
66.5
10.5
12.5
56
5.0
0.4
12.9
171.1
56.8
174.6
530
86/87
73.9
1.8
2.3
44.3
7.9
12.1
3.8
5.9
1.2
10.6
163.8
74.7
163.8
74.7
87/88
85.1
1.6
3.3
56.1
8.3
lU
2.0
5.6
1.1
9.3
184.7
77.6
180.9
76.0
88/89
50.2
1.9
4.3
44.5
9.7
12.4
15
6.9
I.l
10.3
142.9
56.3
138.0
54.4
89/90
57.3
2.3
2.8
541
9.4
14.4
1.9
7J
IJ
10.6
161.4
66.0
151.4
61.9
al Déflate du déflateur du PIB
bl La part de la production commercialisée serait la suivante:
Arachides de couches (50%), coton (100%), millsorgho (10%), maïs (10%), riz (30%) ;
Doliques {lO%)Jruitsfrais (50%). tomates (70%), et divers (50%).
cl Moyenne sur 10 ans.
Sources: USAIDISénégal, (( Senegal Agricultural Sector Analysis », Janvier 1991 et estimations des services de
la Banque.
Tableau 6- Superficie par culture (moyennes sur dix ans) en milliers d'hectares 1960-1990
Cultures
Moyenne par périodes des surfaces cultivées
Variations entre 70/79 et 80/89
1960/69
1970/79
1980/89
Hectares
Pourcentage
Cultures commerciales
1073.2
1154.6
966.6
·188
·163
Arachide
10701
1122
932.6
-189.4
-16.9
Coton
3.1
32.6
34
1.4
4.3
Cultures vivrières
1165.9
1191.6
1295.2
103.6
8.7
Mil/Sorgho
977.1
999.9
1063.6
63.7
6.4
Riz
82.4
79.2
70.8
-8.4
-10.6
Maïs
44.6
49.6
89.4
39.8
80.2
Niébé
61.9
62.9
71.5
8.6
13.7
Total
2239.1
2346.2
2261.8
-84.4
·3.6
Source: USAID,p.56
68

La combinaison d'une importante force
de travail dépendante de
l'agriculture et la faible participation de cette dernière au PIB explique que le
revenu rural moyen ait baissé. D'après les « Comptes Economique du Sénégal »
en 1959, le revenu moyen annuel par tête des paysans et pêcheurs ne dépassait
pas 20000 F, alors que le revenu annuel moyen par habitant était de 35000 F.
Depuis cette époque, les revenus monétaires des agriculteurs se sont dans
l'ensemble profondément détériorés entraînant une baisse du pouvoir d'achat,
comme le montre le tableau qui suit (Kassé, p.27).
Tableau 7- Evolution du revenu rural moyen
1960
22000 Fefa
1965
15400 Fefa
1972
12000 Fcfà
1977
10900 Fefa
1983
8 800 Fefa
Source: Kassé, Banque Mondiale, FMI et Agriculture Sénégalaise, p.27.
Ces statistiques révèlent donc un processus continu d'appauvrissement du
monde rural et expliquent l'urbanisation croissante, l'incapacité du monde rural,
à résister à la famine, aux calamités et à se passer de l'assistance alimentaire.
Par rapport à l'urbanisation Diagne (1998) fait observer que le Sénégal
cumule une démographie et une urbanisation en croissance rapide. Ainsi, 43%
de la population est urbaine en 1993 contre 30% en 1970. Plus de la moitié de
celle-ci vit dans la région de Dakar (5% du territoire national). Les régions de
Dakar et Thiès accueillent 35% de la population totale. Si la densité moyenne est
de 35 habitants/km2, elle était de 2.728 habitants/km2 en 1988 à Dakar, 142
habitants/km2 dans la région de Diourbel qui regroupe 9% de la population et
69

2,2% des terres, 6 habitants/km2 dans la région de Tambacounda qui occupe au
total 30% des terres et 5.6% de la population. Ces données font apparaître que
l'une des principales contraintes auxquelles
l'agriculture sénégalaise est
confrontée est que la population rurale est concentrée dans les zones éloignées
des terres arables et des ressources hydrologiques disponibles.
B. L'importance des exportations agricoles dans le commerce
extérieur du Sénégal
Les produits agricoles ont été dans le passé et sont encore aujourd'hui un
élément fondamental dans les exportations du Sénégal. Les exportations des
produits arachidiers et du coton fournissaient jusqu'à 82% des recettes tirées des
exportations, cette part ne représente plus que 12% dans les années 80 et 90.
Tableau 8- Part des produits araclzidiers et du coton dans les exportations du Sénégal
1961/62
1966/67
1973174
1977178
1980/81
1983/86
1991/92
Exportations de produits arachidiers et de colon
en milliards de Fcfa
25.14
27.45
22.03
47.8
14.5
28.2
36.6
Exportations
40.6
42.8
48.82
121.4
196
344.5
406
Part des produits arachidiers et du coton dans les
exportations tomles en %
82
78
45
40
12
12
12.5
Source: Direction de la Prévision et de la Statistique, Ministère de l'Economie, des Finances et du Plan,
Sénégal.
Les fluctuations enregistrées dans les exportations sont dues à l'évolution
erratique de la production et des cours mondiaux. Pour la campagne 78/79,
malgré un tonnage exceptionnel de 774500 tonnes, la baisse consécutive des
70

cours mondiaux n'a pas permis de retrouver le niveau de 1977, les mauvaises
campagnes agricoles de 79/80 et 80/81 combinées à la baisse des cours
mondiaux expliquent la chute exceptionnelle des recettes d'exportation.
C. Les importations agricoles et la dépendance alimentaire
Contrairement
aux
exportations
agricoles,
qUI,
malgré
la
perte
d'importance signalée dans les pages précédentes, constituent encore un secteur
fondamental, les importations agricoles pèsent de plus en plus lourd dans la
balance commerciale du Sénégal.
Elles ont augmenté à un rythme beaucoup plus rapide que celui de la
production et des exportations agricoles.
De 236857 tonnes en 1970, elles sont passées à 487800 tonnes en 1981
soit un doublement en 10 ans (Diagne, 1998).
71

Tableau 9- Importations des céréales. 1970 à 1992 (tonnes)
Année civile
Importations de céréales
Mil/Sorgho
Maïs
Riz
Blé
Total
1970
184
5014
119237
112422
236857
1971
30264
32848
187510
111995
362617
1972
nd
10365
169905
95446
nd
1973
nd
51453
191968
105422
nd
1974
7200
26900
207200
86700
328000
1975
2500
9600
102100
101900
216100
1976
48200
15100
244500
119900
427700
1977
49300
13800
248000
96000
407100
1978
60300
12000
239000
142400
453700
1979
19900
9400
351900
122900
504100
1980
28900
23200
302500
97200
451800
1981
21700
4500
339800
121800
487800
1982
7785
5755
329380
99166
442086
1983
48777
14316
394091
125493
582677
1984
143536
17509
393462
120116
674623
1985
59410
26985
342372
134253
563020
1986
6004
4513
329221
110004
449742
1987
6651
5986
235280
110785
358702
1988
6182
6706
299538
113428
425854
1989
12835
11615
430826
161554
616830
1990
1348
0
332894
145300
479542
1991
39475
19609
391411
143296
593791
1992*
25000
5000
400000
135000
565000
*Prévisions
Source: MEFP, Tableau de bord annuel de la situation sociale au Sénégal, Annexe Statistique, 1992
L'évolution contrastée des exportations et des importations explique en
grande partie le déséquilibre de la balance commerciale. Ainsi (Kassé ), montre
que durant la période 1973/79, les importations de céréales représentent près de
90% et 25% du déficit commercial respectivement en 1974 et 1979.
Les performances de l'agriculture sénégalaise doivent être examinées
dans le contexte des contraintes auxquelles elle fait face. Le tableau 12 montre
les données de base relatives aux types et à l'utilisation des terres. Des
indications majeures peuvent tirées de ce tableau.
72

Tableau 10-
Régions
Superticies
Zones non
Tolal autres
Terres arables*
Population rurale
totales
cultivables
zones
(milliers)
Cultivées
Jachére
Utile
Dakar
55
6
41
2
0
6
8
53
SI-Louis
4412
1759
2389
40
0
214
254
472
Louga
2919
1084
1335
264
147
89
500
417
Thiès
660
98
193
233
90
47
370
618
Diourbel
436
0
86
248
96
7
350
483
Sine Saloum
2395
341
904
848
300
2
1150
1079
Casamance
2835
477
1608
326
126
297
750
780
Tambacounda
5960
2331
3229
208
80
112
400
322
Tolal
19671
6105
9786
2169
840
773
3782
4224
DakariNiayes
23
361
Irrigables sous pluie
280
179
65
617
13
323
* la superficie cultivée est la moyenne des cultures principales de 1985/89 (arachide, mil/sorgho, maïs, niébé et
coton) - hormis la zone cultivée Dakar/Niayes qui correspond à 1984 et incluse l'horticulture).
~: USAID, p.46.
L'offre de terres arables est relativement faible dans chaque région.
La part des terres arables utilisées est encore plus faible, en particulier
dans le bassin archidier (Thiès, Diourbel, Kaolack et Fatcik).
Une proportion importante des terres sous cultures sont classées, du
point de vue des caractéristiques du sol, comme des terres à « pauvre
potentiel ».
U ne partie importante du potentiel non mise en valeur se présente sous
forme de réserves de forêts ou de pâturages.
La plupart des terres cultivables non utilisées sont dans la Vallée du
Fleuve Sénégal, en Casamance et dans la région de Tambacounda. Le
Bassin Arachidier a la population rurale la plus importante et est en
croissance rapide mais ne dispose plus que de peu de terres arables non
73

utilisées. Toute expansIOn des zones de cultures y entraînerait
l'utilisation des réserves de jachère.
La qualité des sols est une autre source de préoccupation. Cette qualité
n'est pas élevée et la disparition du couvert végétal expose à l'érosion
la plupart des bonnes terres.
-
A ce sujet C. Pien observe que le système de cultures utilisé au
Sénégal est un facteur de dégradation de la qualité des sols (mesurée
en termes de contenu en matière organique et en capacité de rétention
de l'eau). Ainsi en Casamance, le riz cultivé sous pluie même avec des
apports de 10 tonnes de fumier et 50 kg d'azote à l 'hectare a un
rendement de 2,021 kg/h, trois ans après l'élimination du couvert
végétal, et 1.195 kg/ha 46 années plus tard. Sans engrais, le rendement
était de 1.020 kg/ha trois ans après le défrichage et 310 kg/ha 46 ans
plus tard C).
La répartition de la population est un autre paramètre important pour
l'agriculture sénégalaise.
Par ailleurs, globalement la preSSIOn population/terres est très forte.
Actuellement, 62% des terres arables sont cultivées annuellement. Etant donné
les méthodes de cultures extensives utilisées, on estime à 30% l'accroissement
des superficies au cours des dix prochaines années qui serait nécessaire pour que
l'agriculture nourrisse la population sénégalaise. En d'autres termes, «les
9
C. Pieri, Fertilité des terres de savanes: Bilan de trente ans de recherche et de développement agricole
au sud du Sahara. Ministère de la Coopération et du Développement / ClRAD, Montpellier, France,
1989, p.112.
74

agriculteurs devront utiliser toutes les potentialités existantes tout juste pour
maintenir le statut quo CO)>>. Une telle extension des superficies cultivées se
heurte à la non coïncidence entre la répartition de la population rurale d'une
part, la répartition des terres cultivables et les ressources hydrologiques d'autre
part. on comprend dans ces conditions que les superficies totales cultivées
n'aient pu être étendues ces dix dernières années.
L'inadéquation de la répartition entre les terres arables, la pluviométrie et
la population rurale ainsi que la faible qualité des sols sujets à une forte érosion
se sont combinées avec des politiques souvent inappropriées. Il en est résulté
une mauvaise performance du sous-secteur agricole.
L'explication des contre-performances de l'agriculture sénégalaise réside
donc non seulement dans la détérioration des conditions climatiques, mais aussi
et surtout dans l'absence d'un système d'incitations favorable aux efforts de
productivité.
L'expérience du Programme Agricole a au total permis d'accroître, puis
de maintenir les superficies cultivées en arachide et en coton: 1.073 million
d 'hectares dans les années 1960 et 1.154 million dans les années 1970. Elle n'a
pas eu en revanche le même effet sur la production qui, d'une année sur l'autre,
subissait d'amples t1uctuations. Les rendements ont certes augmenté en
moyenne, mais à un taux inférieur à celui de la croissance démographique (3%).
/0
USAID, op. cil., p.55.
75

Au total, la lecture des résultats indique que le développement rural réalisé
pendant la période reste fort piètre.
La production reste non maîtrisée, sujette à de forte fluctuations selon la
pluviométrie ou la sécheresse d'une part, et de l'autre, selon la dégradation des
sols et le progrès de la désertification. Le sous-équipement du pays, la sous-
consommation d'engrais, de fongicides comme la non-diffusion de variétés à
cycle court, ou de techniques culturales opérationnelles constituent des signes de
l'échec de la politique de développement rural.
Cette situation perdure depuis près d'un quart de siècle. Il faut aUSSI
chercher les raisons de cette crise au delà d'une simple conjoncture changeante
ou d'impondérables écologiques. C'est-à-dire situer les raisons structurelles de
la crise de la politique de développement rural.
III. Les raisons de l'échec du Programme Agricole
La puissance publique à l'encontre de ses options des années 1960 et 1970
a été conduite elle-même à décider qu'il fallait une Nouvelle Politique Agricole.
En établir la nécessité c'est d'abord rendre compte de l'échec de la
précédente en ne l'expliquant plus essentiellement par des facteurs directs
comme
la
pluviométrie,
la
dégradation
des
sols
ou
les
failles
de
l'approvisionnement rural. Ce qui signifie déplacer le poids de ces obstacles en
les rapportant à ce qui les fondes structurellement. Ce sont d'abord la politique
76

des prix; ensuite les autres facteurs structurels que constituent la recherche et la
technologie, le crédit et les institutions de promotion du développement rural.
A/- La politique des prix: L'Etat instrument de la ponction du surplus
agricole
Le rôle détem1inant des pnx dans l'accroissement de la production
agricole a été maintes fois mis en relief en économie agricole. Ce point de vue
est celui qui est notamment défendu par Schultz (1978) et Peterson (1979). Ces
auteurs soutiennent en effet que le secteur agricole dans les pays en
développement e~;t confronté a des prix peu incitatifs. Ils ajoutent que les
ressources privées et publiques draînées par l'agriculture sont largement
fonction du système des prix.
Les prix à la production agricole, qu'ils soient officiels et administrés ou
ISSUS
du marché constituent un élément essentiel d'analyse de la situation
agricole.
Issus du marché, ils nous renseignent sur la rareté ou l'abondance relative
d'un produit; s'ils sont fixés administrativement, l'évolution de la spéculation
nous renseigne sur le caractère attractif des prix et sur l'adhésion des
producteurs aux prix proposés.
La comparaison des tendances des pnx des produits et des pnx des
facteurs de production met en évidence, l'effet de «ciseaux des prix », ce
77

dernier résulte d'une tendance à la baisse des prix des produits confrontée à une
tendance croissante des prix des intrants, qui aboutissent au laminage du revenu
agricole reflète en dernière instance l'évolution des tennes de l'échange
intersectoriel et ou international.
Sur la base de'3 idées forces ci-dessus, le paragraphe qui suit analyse la
politique des prix au cours du Programme Agricole.
Jusqu'à la campagne 1967/68, les pnx aux producteurs de l'arachide
étaient fixés officiellement par la France. De ce prix officiel étaient déduit les
charges afférentes au transport, au stockage et à l'assurance pour obtenir le prix
théorique de livraison aux usines. A rebours, ce schéma était applicable à chaque
point de collecte. C'est-à-dire que du prix officiel au producteur, il faut déduire
les retenues au titre de ces charges et la retenue au titre de l'alimentation du
fonds de stabilisation, pour obtenir le prix effectif payé au producteur
d'arachide. Compte tenu des mécontentements que ce système suscita en milieu
paysan, il fut remplacé par un système de cinq prix régionaux allant de 17,6
Fcfa/kg à 18 Fcfa/kg. Trois ans plus tard, ce système céda la place à un système
de prix bicéphale, un prix pour le bassin arachidier et un autre pour les régions
périphériques de la Casamance et du Sénégal-Ori'ental. A partir de 1971/72 un
seul prix, officiellement fixé par l'Etat, a cours sur toute l'étendue du territoire
national.
78

Toutefois, quelque soit le système de prix et la période considérée, le
monopole d'Etat de la commercialisation agricole (par l'intermédiaire de
l'ONCAD puis la Société Nationale d'Approvisionnement Rurale (SONAR) et
enfin la Société Nationale de Commercialisation des Oléagineux du Sénégal
(SONACOS) montre que l'Etat a été l'agent principal du «pompage» du
surplus agricole. Un bon nombre de facteurs explicatifs permettent d'étayer cette
affirmation.
La comparaIson entre les données sur l'évolution du pnx d'achat net
(moins les retenues diverses) au producteur en terme nominal et constant (francs
1971) et celles sur l'indice des prix à la consommation familiale de type africain
montre que pour la période 1960-1984, en prix courant, les prix au producteur
ont régulièrement décliné de 1961 à 1975, pour croître ensuite de 1972 à 1976,
stagnant jusqu'en 1981, puis ont augmenté jusqu'en 1983, et chuté entre 1983 et
1984 passant de 60 Fcfa/kg à 50 Fcfa/kg. En francs constants 1971, les prix au
producteur ont régulièrement décliné. Si on considère la sous-période 1971-
1984, la chute a été de l'ordre de 33,33% soit 2,38%/an. A contrario
l'observation l'évolution de l'indice des prix à la consommation familiale
africaine, indique une croissance régulière soutenue. Pour la sous-période
1971/84, l'augmentation est de 286%, soit 20,48% de taux de croissance
annuelle.
En mettant en rapport ce dernier indicateur avec l'évolution en termes
constants des prix au producteur d'une part, et d'autre part avec le fait que le
revenu de l'arachide constitue 80% du revenu monétaire du paysan dépensé en
79

biens de consommation, on mesure l'ampleur de la ponction effectuée sur le
paysan.
Tableau 11- - Evolution du prix d'achat de l'arachide au producteur
Années
Prix d'achat net au producteur
Indices des prix
Prix d'achat en Ifs constants 71
1960
20,8
68,2
30,5
1961
12,0
71,6
30,7
1962
22,0
76,1
28,9
1963
21,5
79,7
27,0
1964
21,5
82,7
26,0
1965
21,5
85,9
25,0
1966
21,5
87,8
23,9
1967
21,5
90,0
20,0
1968
18,0
90,0
19,2
1969
18,0
93,6
19,2
1970
18,5
96,3
19,2
1971
19,5
100,0
19,5
1972
23,7
105,8
22,4
1973
23,0
118,2
19,5
1974
29,8
137,8
21,6
1975
41,0
181,4
22,6
1976
41,5
183,4
20,6
1977
41,5
204,1
20,3
1978
41,5
211,2
19,7
1979
41,5
231,6
17,9
1980
41,5
251,4
18,!
1981
46,0
266,2
17,3
1982
60,6
312,3
19,2
1983
60,0
348,7
17,2
1984
50,0
386,0
13,0
Source: « Déséquilibres structurels et programme d'ajustement au Sénégal », République Française, Ministère
des Relations Extérieurs Coopération et Développement, 1985, p. 79.
A titre illustratif, entre 1979/80 en franc constant, le prix au producteur
passe de 181,1 Fcfa/kg à 17,3 Fcfa. Pour la même période, le compte de surplus
arachidier affiche 16,1 milliards de Fcfa pour une production commercialisée en
amont de 392000 tonnes, soit un surplus unitaire de 41 Fcfa/kg CI).
JJ
Calcul effectué à partir du tableau 8 « compte de surplus ».
80

Tableau 12- - Surplus dégagés par le commerce et l'industrie
Valeur CAF des exportations
19,9
10,4
43
61,6
Ventes locales
15,8
2,0
0,4
1,0
Total
35,7
12,4
43,4
62,6
Valeur au producteur de la récolle commerciale
17,4
9,2
48,7*+
64,4**
Revenu monétaire direct
17,0
9,1
41,8
55,3
Amortissement des dettes EN DS
0,4
0,1
-
Amortissement dette semences
-
6,9
9,1
Retenue
Engrais
-
-
-
Taxes fiscales & parafiscal
2,2
0,4
1,0
0,6
Total
-19,6
-9,6
-49,7**
-25,7
Sw-plus dégagés
16,1
2,8
-6,3
+33,6
Production en « amont}} (Milliers de tonnes)
392
190
692
352
* estimations
** chiffres rectifiés
Source: BCEAO Bulletin d'1njomzation et Statistiques, n0348 - Avril 1986, p.20.
Plus éclairante encore est l'analyse des données du tableau. Ainsi, si on
considère le ratio prix de vente huile arachide / prix d'achat en coques, on
montre que si en 1975, il fallait 4,82 kg d'arachide pour un litre d'huile, en 1984
il faut 10 kg d'arachide pour le même volume, soit 2 fois plus. Ensuite la prise
en compte de l'inverse du ratio prix mondial/prix d'achat en coque montre
également que si en 1975 le producteur d'arachide percevait 14,55% du prix
mondial, en 1977 celui-ci n'est plus que 14,06% malgré une légère hausse du
cours mondial (il passe de 285 F à 290 Fcfa/kg). En suite en 1980, il atteignait
23,71 % du prix mondial à la suite d'une hausse du prix d'achat au producteur
(qui passe de 41,50 F à 45,5 Fcül/kg) en dépit d'une chute du cours mondial.
Toutefois, la hausse consécutive du cours mondial de l'arachide entre 1980 et
1981 de 62,28% (de 175 Fcfa/kg à 284 Fcfa/kg) a correspondu à un déclin du
81

rapport, celui-ci passant de 23,71 % à 16,19%. Enfin en 1984, le producteur
d'arachide ne percevait que 13,36%.
Tableau 13- Arachide 1 Huile
1975
197(,
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
Prix d'achat net au producteur en Fcfa/kg/coque
41,5
41,5
41,5
41,5
41,5
45,5
46,0
60
60
50
courant
Idem-constant
(déflact.
Indice
des
prix
à la
22,59
22,63
20,33
19,65
17,92
18,10
17,28
19,24
17,21
12,95
consommation africaine) 100 = 1971
Prix de vente détail huile arachide ratlinée en
200
200
200
200
200
240
330
330
393
500
fcfa/L courant
Idem-constant
(déflact.
Indice
prix
à
la
110
109
98
95
86
95
124
106
113
130
consommation africaine) 100 = 1971
4,82
4,82
4,82
4,82
4,82
5,27
7,17
5,5
6,55
20,0
Rapport prix vente huile arachide / prix achat en
coques
285
270
295
290
201
175
284
215
232
374
Prix mondiale huile arachide en Fcfa!kg courant
6,87
6,51
7, Il
6,99
4,84
3,85
6,17
3,58
3,87
7,48
(non compris avantage 10%)
\\ ,43
1,35
1,48
1,45
1,01
0,73
0,86
0,66
0,59
0,75
Rapport prix mondial/prix achat (coque) courant
Rapport prix mondial/prix de vente (huile) courant
~.' République Française, Ministère des Relations Extérieures Coopération et Développement, op. cit.,
p.65.
Une
série
de
facteurs
propres
au
système
de
commercialisation
contribuent à la réduction du prix officiel au producteur. Il s'agit d'abord de
retenues telles les ristournes et les retenues anti-fraudes. En général ces retenues
sont effectuées pour couvrir les déchets, les impuretés des produits et le
recouvrement des dettes échues mais non payées. Ensuite de la retenue
« semences et engrais ». Ce système lie la distribution de semences et l'engrais
aux quantités commercialisées d'arachide. ces diverses retenues protègent l'Etat
contre de gros risques, en transférant ceux-ci aux paysans. Deux exemples tirés
de l'expérience de l'ONCAD sont édifiants à ce titre. En 1967/68, les prix
officiels fixés par région se situaient entre 17,565 et 18,442 Fcfa/kg. Le
82

producteur percevait 95% du prix officiel, ces retenues s'ajoutent le prélèvement
par les coopératives de 0,6 Fcfa/kg d'arachide de marge commerciale. 50% des
sommes ainsi prélevées servaient au recouvrement des dettes non payées, les
autres 50% étaient bloquées par la BNDS dans un compte intitulé «fonds
commun d'investissement ». Pour la période considérée, sur un fonds théorique,
et à la marge de 842,5 milliards de francs CFA, les coopératives n'ont perçu
effectivement que 351 millions, soit un revenu ( 2) au producteur de 17,76
Fcfa/kg contre 18,52 Fcfa/kg.
Ce système ne pouvait qu'engendrer un endettement important du monde
rural. Le tableau n09 qui retrace l'évolution des exigibles, des remboursements
et des impayés au 31 décembre 1982/1983 donne un aperçu de l'ampleur de
l'endettement au monde rural.
Tableau 14- Répartition géographique de l'échéance aux 31112182 et 83
Echéances
Impayés sur
Total
Echéances au
Echéances
Impayés sur
Echéances au
nonnales
échéances au
31/12/81
nonnales
échéances au
31/12/83
31/12/80
31/12/82
Cap-Vert
1126
6687
7813
7813
595
8248
8843
Casamance
105612
665770
771382
771382
34726
812084
846810
Diourbel
154774
1110378
1262152
1262152
62931
1351939
1414370
Fleuve
23772
131837
155609
155609
8540
167435
175975
Louga
113651
567665
681316
681316
54314
724730
779044
Sénégal-Oriental
260089
2750126
3010215
3010215
28545
3283357
3310902
Sine-Saloum
119515
1099164
1218679
1218679
58498
1352781
1411279
Thiés
63389
561826
625213
625213
29238
576123
705361
Total
841926
6893453
7735379
7735379
277387
8375197
8652584
Source: BCEAO, op. cit., p. 7.
11
Nim Casswell, op. cÎt., p.97.
83

En toute évidence les prix jouent un rôle important dans la croissance de la
production agricole. Toutefois, se limiter à la seule variable prix, signifierait que
les agents réagissent parfaitement aux signaux émis par le marché. En l'absence
d'extemalités , de biens publics, de rendements d'échelle et de toute intervention,
le marché assure l'allocation efficiente des ressources, l'information étant
parfaite. Mais cela nécessite que les marchés existent
et fonctionnent, une
condition qui n'est manifestement pas remplie dans les pays moins développés.
Comme l'observe Stiglitz (2000); il faut que l'infrastructure appropriée, le capital
humain et les institutions soient tous en place. S'il manque un seul de ces
ingrédients, les chances de succès (de la politique des prix) sont réduites de
beaucoup.
Les remarques de Stiglitz, infèrent qu'une analyse complète des raisons de la
crise de l'agriculture, doit prendre en compte les extemalités.
Le paragraphe qui suit présente la deuxième série de causes de
la crise de
l'agriculture sénégalaise relative aux extemalités.
B
Les externalités
Rappelons que le marché walrassien suppose l'échange généralisé et des agents
individuels rationnels dotés de ressources. Les individus ont des liens qui se
nouent entre eux au seul niveau du marché qui est l'instance
unique de
coordination.
Ce modèle pur walrassien a été depuis un siècle progressivement altéré,
notamment par l'introduction des biens publics. Dés lors qu'il y'a indivisibilités,
économie d'échelle et extemalités, le marché concurrentiel ne conduit pas à
84

l'optimum de Pareto;
une situation où il n'est pas possible d'améliorer la
situation d'un individu sans détériorer celle d'un autre. De nombreux objets
hétérodoxes ont été introduits dans la nouvelle économie du marché: dualisme
entre marché externe et interne, prise en compte de l'information asymétrique
conduisant à des contrats contingents, importance des risques, typologie des
marchés selon le degré de concurrence ... etc. ( Hugon 1999 P 18)
Une illustration de la remise en cause du schéma walras sien par la prise en
compte des externalités est donnée par La nouvelle économie institutionnelle
(NEI) et les théories de la croissance endogène.
La NEI privilégie:
Les asymétries d'information et le risque. Les informations imparfaites et
asymétriques peuvent conduire à une sélection et à un hasard moral.
L'incertitude relative au comportement des partenaires se manifeste par le
hasard moral.
Le rôle des différents modes de coordination. On peut différencier, selon
Coase ou Williamson (1987) , deux modes de coordination; le marché et
l'organisation. L'asymétrie de l'information répond aux défaillances du
marché ou à son fonctionnement sous-optimal. L'espace économique est
un réseau de contrats bilatéraux.
L'importance des règles pour limiter les risques, permettre la prévisibilité
des décideurs et accroître la crédibilité des politiques. Les règles sont
alors analysées comme des contrats. Les unités de décision telles que les
entreprises peuvent être définies comme des organisations ou des nœuds
de contrats. Selon la théorie des contrats, les agents choisissent les règles
contractuelles optimales.
85

Le rôle des incitations. La relation d'agence entre principal et agent entre
également dans une relation contractuelle en asymétrie d'information. La
délégation de la décision crée des risques d'asymétrie informationnelle
(hasard moral, sélection adverse) d'où le rôle de l'incitation du principal
vis à vis de l'agent pour que ce dernier révèle ses préférences et n'ait pas
un comportement opportuniste.
La rationalité
limitée.
Les agents
ont une
rationalité
limitée
et
procédurale ou adaptative. Les moyens et les fins sont interdépendants.
Les conventions sont des systèmes d'attentes réciproques des individus les
uns par rapport aux autres et qui améliorent l'efficacité coopérative des
acteurs concernés.(Hugon 1999 P21 à 23)
Le néo-institutionnalisme conduit à réhabiliter le rôle de l'état dans une
conception instrumentaliste et fonctionnaliste. L'état de droit est nécessaire pour
que puisse fonctionne le marché .La "bonne Gouvernance" est centrale pour
permettre le j eu du marché.
Sur un autre plan ,les nouvelles théories de la croissance remettent en cause
l'idée d'un progrès technique exogène.
Les analyses post-keynésiennes et néo-classiques de la croissance partent du
postulat que la croissance est le résultat de l'action de forces qui affectent à
l'extérieur ,autrement dit les variables de la croissance sont exogènes,
notamment le progrès technique qui a été intégré.
Soit à l'ensemble de la fonction de production (neutralité du progrès
technique au sens de Hicks);
86

Soit au facteur travail (neutralité du progrès technique au sens de
Harrod);
Soit au facteur capital (neutralité du progrès technique au sens de
Solow).
Cette externationalisation des facteurs de production a fortement réduit le
pouvoir explicatif de ces modèles de croissance.
La théorie de la croissance endogène tente de fournir de nouvelles explications à
la croissance. Cette nouvelle perspective prend son point de départ dans une
critique du modèle de Solow .
-
La conception du progrès technique inhérente au modèle de Solow est
relativement pauvre; en effet, la nature de ce progrès technique n'est pas
spécifiée, son rythme est déterminé hors de la sphère économique.
-
Le progrès technique est exogène chez Solow. Son taux de croissance
est considéré constant au cours du temps. Or depuis le milieu des années
70,on a pu observé un ralentissement des gains de productivité, ce qui
laisse bien supposer que le progrès technique dépend bien de valeurs
économiques.
Chez Solow, la croissance s'arrête en l'absence de progrès technique et
d'augmentation de la population ,du fait de la décroissance de la productivité
marginale du capital. L'hypothèse centrale de la théorie de la croissance
endogène est au contraire que la productivité marginale du capital ne décroît pas
lorsque le stock de capital augmentent.
En outre les facteurs de la croissance endogène engendrent des extemalités
positives. Ces extrenalités justifient l'intervention de l'état.
87

Les théories de la croissance endogène suggèrent que la croissance économique
n'est pas naturelle donc jamais acquise. Ces théories relégitiment l'intervention
de la puissance publique, elles ont également le mérite de placer leurs travaux
dans un cadre plus large et plus réaliste que les théories traditionnelles en ce
concentrant sur les sources effectives de croissance, plutôt que de chercher les
conditions d'un équilibre de plein emploi ou le sentier optimal de croissance.
Relativement aux marchés agricoles, Stiglitz (1987) avance cmq raIsons qUI
justifient l'intervention du gouvernement sur ces marchés:
la nature incomplète des marchés du crédit;
la présence de biens publics et de rendements d'échelle croissant;
l'information imparfaite;
les extemalités;
les objectifs de répartition de revenu.
A ces observations de Stiglitz, il convient d'ajouter que les transformations
dans l'agriculture sont la résultante d'une conjugaison de facteurs liés aux prix,
aux
changements
dans
les
structures
sociales,
institutionnelles
et
aux
investissements publics dans la recherche, la technologie et les infrastructures
rurales (Ishilawa 1967 ; Krishna 1982 ; Binswanger 1989).
Les remarques ci-dessus justifient que l'on intègre le rôle de la recherche et de la
technologie ainsi que des institutions dans l'explication de la crise de 'agriculture
telles sont les préoccupations respectives des deux paragraphes suivant
88

11 La recherche et la technologie
L'intérêt porté à le technologie dans les modèles théoriques de croissance a été
mis en exergue par la théorie de la croissance endogène (Barros, 1993) et la
littérature relative à politique industrielle (Lall, 1994). Selon les nouvelles
théories de la croissance endogène, le progrès technique n'est plus une variable
exogène, inexpliquée mais une variable économique qui renvoie à des
comportements et à des grandeurs macroéconomiques. Selon les tenants de ces
théories; les facteurs de la croissance endogène engendrent des extemalités
positives. Ces extemalités peuvent être perçues comme le fondement de la
justification de l'intervention de l'état.
Contrairement à la théorie de Solow, une intervention de l'Etat peut stimuler la
croissance en incitant les agents privés à investir davantage dans le progrès
technique. L'Etat peut être conduit à inciter les innovateurs à accroître leurs
efforts en renforçant la législation sur les brevets ou en encourageant la
coopération entre les firmes. S'il s'agit de recherches génériques, l'Etat peut
financer sur fonds publics. Pour inciter en outre à investir en capital humain,
L'état peut faciliter l'accès à l'éducation. On assiste ainsi à une réhabilitation des
dépenses publiques, non pas en terme de régulation conjoncturelle, mais dans
une perspective structurelle de croissance de long terme.
Par ailleurs, Les théories de la croissance endogène nous proposent quelques
éléments d'explication sur l'inégalité de développement entre nations. Alors que
le modèle de Solow considère qu'il y'a convergence entre les pays, la théorie de
89

la croissance endogène met l'accent sur l'hétérogénéité des taux de croissance
entre les pays. En effet, le modèle de Lucas montre qu'un écart initial en terme
de dotations en capital physique et humain entre nations tend à se reproduire et à
s'aggraver.
En résumé, cette littérature montre la nécessité d'étudier profondément les
structures industrielles en Afrique en vue d'identifier les gagnant et perdant ou
les politiques industrielles et technologiques prometteuses de croissance. Ceci
dans le but de comprendre les relations différentiées entre l'agriculture et
l'industrie au cours du processus de développement, en vue d'identifier les
investissements en ressources humaines ainsi que les stratégies technologiques
que les pays africains doivent adopter et sécuriser.
Sur le plan empirique, Hayami (1972) montre que la stabilité du plix réel du riz
au Japon entre 1880 et 1960 est la conséquence d'une politique de maintien des
salaires à un niveau bas et d'une amélioration de la technologie et des
infrastructures
qui
ont provoqué une baisse des
coûts
des
fertilisants.
Binswanger (1989), Delgado et Mellor (1984) notent
l'influence décisive de
l'investissement public (infrastructure, recherche, technologie) et du système
financier sur la croissance de la production agricole en Inde. Les éléments clefs
de ce processus sont l'infrastructure rurale, la recherche et la vulgarisation
agricole ainsi qu'un système adéquat de fourniture des intrants. L'étude de Stone
(1980) relative à l'expérience historique du développement de la chine dans les
années 70 montre que le prix n'a jamais été l'élément déterminant. La
performance historique de la chine est avant tout le résultat
d'un important
90

investissement dans l'infrastructure (particulièrement dans l'industrie chimique,
la conservation des sols et l'hydraulique).
L'importance fondamentale d'une productivité accrue des facteurs dans
l'agriculture a été souligné dans divers contextes. Une productivité accrue des
cultures vivrières est importante non seulement pour les conditions de vie de la
population, mais aussi, parce que pour la petite exploitation, l'objectif prioritaire
est la réalisation de la sécurité alimentaire.
Des approvisionnements réguliers et permanents de cultures vivrières
libèrent des terres et de la main-d'œuvre qui sont disponibles dans d'autres
productions à valeur plus élevée.
Le tableau qui suit présente l'évolution des rendements des principales
cultures de 1960/61 à 1986/87 au Sénégal.
Tableau 15-
Moyennes annuelles
Arachides tonneslha
Mil/Sorgho tonnes/ha
Riz tonneslha
Maïs tonneslha
1960/61-1964/65
0.914
0.508
1.227
0.841
1965/66-1969170
0.822
0.513
1.291
0.787
1970171-1974175
0.723
0.494
1.112
0.762
1975176-1979180
0.786
0.587
1.390
0.805
1980/81-1986/87
0.767
0.591
1.729
1.106
Source: Banque Mondiale: La Banque Mondiale et le Sénégal, 1960-87. Rapport n08041, p.44, 1987.
Comme on le voit, les rendements sont restés à peu près au même niveau
qu'au début de la période. La situation est complètement statique dans le cas de
l'arachide et du mil. En revanche, on note une augmentation sensible des
rendements du paddy et du maïs.
91

La cause fondamentale de cet état de choses est la faiblesse des recherches
et l'absence de messages technologiques appropriés pouvant exercer un effet
positif sur les rendements.
La recherche agricole post-indépendance a pris le relais des investigations
scientifiques
de
la
période
coloniale
dans
les
domaines
agronomIque,
zootechniques et vétérinaire. La politique de recherche au lendemain de
l'indépendance a été définie pour faire face à deux événements majeurs que sont
la pénurie alimentaire accompagnée d'une dépendance extérieure dans ce
domaine et la rupture des équilibres écologiques. Les axes de la politique de
recherche sont les suivants:
-
trouver des solutions à la pénurie alimentaire en faisant face
notamment à la faible productivité des systèmes de culture, à la
maîtrise aléatoire du milieu et des divers facteurs de production
et à l'insuffisance de technicité;
-
étendre les superficies cultivées et intensifier les productions
d'exportation (arachide, coton, produits de la pêche, ... )
-
évaluer, aménager et gérer les ressources naturelles (sols,
pâturages naturels, patrimoine forestier).
Cette
recherche
a
été
l'origine
d'importantes
innovations
telles
l'introduction de nouvelles techniques culturales et de variétés d'arachides
résistantes à la sécheresse, la protection des végétaux, la production de semences
sélectionnées, la promotion de système de culture et l'utilisation accrue de la
traction animale.
92

Au delà de ces acquis, l'ampleur des objectifs n'a malheureusement pas
généré les changements structurels et les ressources nécessaires. Les contraintes
décelées les plus remarquables sont:
le maintien de liens organiques trop étroits avec les structures du
passé;
-
une connaissance très limitée des systèmes agraires et de leurs
mécanismes de fonctionnement;
une trop grande dispersion et autonomie des structures de
recherches agricoles (avant la création de l'ISRA) ;
une concentration excessive des recherches agronomiques dans
une seule région écologique (Bambey) avec un accent exclusif
sur les productions;
-
des activités de recherches concentrées trop souvent en station
sans contact réel avec le milieu ambiant;
des liens trop lâches avec les structures de formation, de
développement et de vulgarisation.
Concentrées dans la zone du bassin arachidier, les recherches entreprises
n'ont pas abordé les graves problèmes de la dégradation des sols, ou la nécessité
où se trouve les exploitants d'associer culture et élevage pour protéger
l'environnement des conséquences d'une crOIssance démographique rapide.
Dans le même ordre d'idée l'USAID en a conclu «qu'en l'absence d'un
programme sérieux d'amélioration de la gestion des sols et de protection des
terres nouvellement défrichées, on peut non seulement douter du développement
du secteur rural, mais aussi affirmer que la production des cultures vivrières et
des cultures de rente continuera à diminuer» (USAID, p.53).
93

A ces constatations, Jammeh et LeIe (1987, p.l7) ajoutent deux autres
contradictions possibles entre la stratégie agricole actuelle et, respectivement,
l'affectation des crédits de recherche et l'avis des hommes en sciences quant à
l'exécution de cette stratégie. Selon ces auteurs, l'affectation actuelle des crédits
de recherche semble être fortement biaisée en faveur du riz et du maïs aux
dépend du mil et des arachides. En second lieu, ils révèlent que l'Institut
Sénégalais de Recherches Agricoles affirme que le plan céréalier est déficient du
point de vue scientifique pour deux raisons. Il ne définit pas de façon précise ce
qui constitue l'autosuffisance alimentaire et en second lieu, le plan céréalier ne
semble pas comprendre les contraintes techniques qui empêchent d'atteindre
l'objectif.
L'avis des chercheurs de l'ISRA sur le plan céréalier révèle un obstacle
fondamental qui s'interpose entre les résultats des recherches et l'augmentation
de la production. En effet, « l'expérience de 1'ISRA a montré que le transfert des
résultats de recherche aux agriculteurs n'a eu en général qu'une influence
modeste sur la production. D'après les spécialistes, on a souvent imputé cet état
de choses à l'insuffisance de la vulgarisation et des réactions des producteurs à
l'égard de l'innovation. Or, la raison fondamentale, selon 1'ISRA, est le manque
persistant d'appréciation de la distinction qui existe entre un résultat de
recherche d'une part et, de i'autre, la recommandation technologique» Jammeh
et LeIe (1987, p.82).
94

21. Les facteurs institutionnels
Parallèlement aux imperfections du marché, les travaux récents en théorie
économique vont s'intéresser aux différentes institutions qui jouent un rôle
important dans la coordination des actions des différents agents et la régulation
de l'ordre économique décentralisé.
Selon Hugon (1999, P 15) " la prise en considération des conventions et des
institutions n'est pas nouvelle en théorie micro économique (économie appliquée,
1990, Brousseau )". En effet, dès 1937 Coase s'éloignait du modèle de base en
considérant que la firme était un lieu de coordination hors-marché (Coase1937)
.Ce
courant
s'est
développé
ces
dernières
années
en
examinant
les
complémentarités entre organisation et marché (Benhamouda 1999).
Selon
le
courant
néo-institutionnel,
se
référant
à
l'individualisme
méthodologique, les institutions concernent les régularités du comportement
social convenu par tous
les membres de la société. Les institutions sont des
contraintes humaines qui structurent les interactions politiques, économiques et
sociales. Elles comprennent, selon North des contraintes informelles (coutumes,
codes de comportement) et des règles formelles (lois, droits de propriété).
L'économie néo-institutionnelle s'est développé autour de trois postulats: Les
institutions sont déterminantes dans l'allocation des ressources; elles peuvent
être traitées de manière endogène; et elles ont un fondement micro-économique.
A la dichotomie Etat-marché doit se substituer une analyse en terme d'acteurs
privés et publics prenant en charge, à des degrés divers de biens et services
collectifs, c'est à dire les extérnalités et le long terme.
9S

Pour l'Afrique, Oyej ide (1989) établit que même si les agriculteurs répondent
positivement aux modifications des prix relatifs, ceux-ci font face à des
contraintes
institutionnelles
qui
réduisent
cette
sensibilité.L'étude
de
la
communauté comme institution jouant un rôle important dans la socialisation
des agents économiques en Afrique, est au centre des travaux de F.R. Mathieu
qui considère que "la théorie économique est confrontée aux particularités du
comportement
économique
en
Afrique
à deux
niveaux
le
niveau
microéconomique de la relation entre l'Etat et ces mêmes communautés"
(Mathieu 1990. Au niveau micro - économique, l'agent économique en Afrique
est soumis à des contraintes communautaires qui, selon ces analyses, viennent se
superposer à la logique individualiste maximisatrice du modèle de l'équilibre
pur. "Ainsi, la survie dépend, dans les sociétés africaines, selon R. Mathieu, non
seulement des droits individuels (et de la carte d'échange correspondante), mais
surtout des communautaires qui sont conditionnés par des obligations vis - à -
vis de cette même communauté" (Mathieu 1990 : 12).
Le problème institutionnel est un facteur important pour le développement en
général.
En politique agricole, les problèmes relatifs au développement
institutionnels déterminent dans une large mesure, la formulation et l'exécution
d'une politique agricole conséquente. Sur la base des considérations ci-dessus, le
présent paragraphe identifie trois problèmes institutionnels qui pourraient
concourir à l'explication de la crise de l'économie sénégalaise
96

Le premIer de ces problèmes concerne le rôle relatif des appareils
technocratiques et des facteurs politiques dans la formulation et l'application des
politiques. A cet égard, le processus de formulation des politiques était
monopolisé par le Ministère des Finances, voir la Présidence alors que les
Ministères Techniques étaient chargés de mettre en œuvre des politiques dont la
formulation ne les avait guère concerné et où leurs droits de propriétés et les
éléments techniques étaient très limités (USAID, 1990, p.10S). L'autre aspect
relatif à la formulation des politiques est la faiblesse des capacités d'analyse. la
Division des Statistiques Agricoles de la Direction de l'Agriculture dispose
d'une unité chargée des études socio-économiques. Bien qu'elle ait déjà mené
des études et élaboré des rapports sur des sujets comme les stocks de semences
et la situation alimentaire, cette unité n'a jamais fait d'analyse des politiques en
tant que telle (USAID, 1990, p.l91). Au delà du Ministère du Développement
Rural, l'USAID fait observer que la faiblesse de la capacité d'analyse est le
dénominateur commun de tous les Ministères.
Le
deuxième
problème
institutionnel
est
la
fragmentation
des
responsabilités en matière de planification des politiques. Au Sénégal, la
planification et l'exécution du développement agricole, sont essentiellement le
fait des organismes de développement rurale plutôt que de l'Administration ou
du Ministère de l'Agriculture. Ces organismes avaient en charge plusieurs
aspects du développement rural, la vulgarisation, la distribution d'intrants, la
commercialisation, l'octroi de crédit, l'organisation des producteurs et souvent
des fonctions sociales (alphabétisation, gestion des projets de développement
rural).La faiblesse des mécanismes de coordination en matière de formulation
97

des politiques ainsi que la fragmentation des responsabilités ont conduit à
l'apparition des centres alternatifs de décision. L'émergence de ces centres de
décisions alternatifs est la cause de l'instabilité institutionnelle dont a
particulièrement souffert l'agriculture sénégalaise.
Le troisième problème institutionnel a trait à la faiblesse des structures
institutionnelles officielles, aux carences administratives et à l'opacité qui
entoure la répartition des rôles entre les pouvoirs publiques, les organisations
commerciales et les institutions participantes. A ce sujet, Kassé (1990, p.37) fait
deux observations relatives à la fragilité du mouvement coopératif et à la
carence de l'encadrement.
Selon Lui, la structure coopérative, dans sa
conception et dans son fonctionnement, s'apparentait plus à un rouage, voire une
cible de l'Etat qu'à une organisation de solidarité et de responsabilité. En effet,
ces pnnclpes fondamentaux bien que connus des coopérateurs grâce a
l'animation et l'éducation rurales, n'avaient même pas fonctionné comme il
apparaît dans les faits: distribution anarchique ou arbitraire des intrants qui sont
souvent bradés au marché noir, signes extérieurs de richesse, dégradation des
valeurs morales, politisation, etc .. S'agissant des carences des organismes
d'encadrement, Kassé les situe à trois niveaux:
-
au niveau financier, les structures d'encadrement vont accuser un
déficit de plus en plus lourd qui passe de 5 milliards en 1978 à 9
milliards en 1980 et à 12 milliards en 1982 ;
-
au plan technico-agronomique, les sociétés de développement
rural n'ont réussi ni à améliorer les rendements et la production
ni à assurer une diffusion adéquate de technologies fiables et
rentables dans leurs zones d'implantation et d'action;
98

enfin, au plan de l'encadrement, il est à déplorer que les sociétés
de développement rural n'étaient pas servi à défendre les intérêts
des petits producteurs, car cet encadrement a surtout été orienté
vers une certaine élite paysanne (Chef de Village, Président de
Coopérative) ou simplement vers
ces mêmes sociétés de
développement (Kassé, p.14 ).
Au total, les structures d'encadrement sont perçus soit comme des
institutions d'œuvres sociales devenues insupportables pour l'Etat, soit comme
des « monstres» qui vivent aux dépends des vrais producteurs (Gaye, 1992,
p.2).
3/ Le crédit sous le Programme Agricole
Le crédit agricole constitue par les facteurs de production qu'il est à même
de mettre à la disposition des paysans, la pièce maîtresse de la croissance de la
production agricole (13). Les études existantes sur le crédit agricole au Sénégal
(notamment: L. Tuck, 1983; ISRA, 1984; 1987a; 1987b; Ministère du
Développement Rural, 1989; Daffé et Dansokho, 1988) ont montré les causes
de l'échec des Programmes de Crédit au Sénégal. Le présent paragraphe
s'inspire de Daffé et Dansokho (1998).
Le Programme Agricole reposait presque entièrement sur son système de
crédit qui était lui-même fondé sur l'hypothèse qu'étant donné les aléas et les
risques liés aux activités agricoles, seul l'Etat était en mesure de financer les
13
DafJé et Dansokho (1998, p.20?) montrent que le crédit de court-terme et l'institution distributrice de
crédit explique pour 86,4% le volume de la production de riz dans le Delta du Sénégal.
99

lourds investissements dont celles-ci avaient besoin pour se développer. Ce
crédit était destiné à :
1- moderniser l'agriculture par l'emploi de techniques culturales
perfectionnées;
2- augmenter les superficies cultivées par la généralisation de l'emploi
du matériel agricole;
3- pennettre l'accroissement des
rendements
par une
utilisation
massive d'engrais et de semences de qualité.
Le système comportait deux types de prêts: le premier consenti par le
BNDS, comprenait les engrais et le matériel agricole; le second type de prêts
était directement accordé par l'üNCAD sous fonne de semences .
./ Le crédits BNDS
Succédant en 1964 à la Banque Sénégalaise de Développement (BSD), la
Banque Nationale de Développement du Sénégal (BNDS) fut, pendant une
vingtaine d'années, l'unique instrument aux mains de l'Etat sénégalais pour
assurer le financement de l'économie en général, du secteur agricole en
particulier. Comme la BSD, la BNDS était « habilitée à apporter son concours
financier ou technique à tout projet de nature à promouvoir le développement
économique du Sénégal» (art. 3 des Statuts). Mais dans la réalité, la quasi-
totalité du financement de la BNDS était destiné au secteur agricole. Elle
méritait bien de ce fait son nom de « banque des coopératives ».'
100

Le crédit BNDS était distribué sous forme d'engrais, de matériel agricole
et de produits vivriers (prêts de soudure). Les prêts étaient accordés aux paysans
par
l'intermédiaire
des
coopératives
qUI
centralisaient
les
demandes
individuelles en se portant garantes du remboursement.
Mais, afin de limiter l'endettement des paysans et des coopératives, le
montant maximum des divers prêts était fixé chaque année à 25% de la valeur de
la production commercialisée pendant la campagne précédente (pour chaque
paysan), et de la valeur moyenne de la production commercialisée pendant les
trois dernières campagnes (pour la coopérative). Cette capacité d'endettement ne
comprenait cependant pas les arriérés ni les annuités du au titre des prêts à
moyen et long termes.
Alors que les prêts d'engrais avaient une durée de 6 mois correspondant à
la durée de la campagne agricole, les prêts d'équipement étaient accordés pour
une durée de 5 ans. Par ailleurs, les taux d'intérêt pratiqués étaient calculés en
ajoutant au taux d'escompte préférentiel de la Banque Centrale des Etats de
l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), 1.5% pour les engrais et 2% pour le matériel
agricole.
Il existait deux types de garanties des prêts BNDS. Il y avait d'abord la
responsabilité solidaire de la coopérative qui faisait que si un membre de celle-ci
ne remboursait pas sa dette, c'est toute la coopérative qui était considérée
comme en défaut: celle-ci était alors privée de prêts supplémentaires. Cette
101

fonnule de dissuasion avait donc un caractère essentiellement social et
psychologique.
A côté de cette disposition, il y avait le procédé de recouvrement basé sur
le mécanisme de la ristourne. Ce mécanisme faisait que sur toutes les quantités
d'arachide vendues par une coopérative, il était automatiquement prélevé
1,5F/kg en faveur de la BNDS, à charge pour celle-ci d'en reverser le montant à
la coopérative à la fin de la campagne et après remboursement d'une bonne
partie de sa dette. Ce système du « prix net» pennettait ainsi à la BNDS de se
faire rembourser directement en cas de défaut de remboursement de la part de la
coopérative.
Comme l'indique le tableau, ce système de prêts BNDS a pennis une
distribution massive d'engrais et de matériel agricole. On estime (L. Tuck, 1983)
que le volume d'engrais annuellement distribué a ainsi été multiplié par 13.5%
au cours de la première décennie du Programme Agricole (1960/69). La
distribution de semoirs a connu une croissance tout aussi spectaculaire: elle
atteignit 133000 unités par an sous le Programme.
Tableau 16- Evolution des taux d'endettement et remboursement au cours du Programme Agricole
102

70171
7,1
28,6
35,7
48,6
34,5
37,3
71172
3,2
13
16,2
95,8
95,8
95,8
72/73
7,7
25,2
32,9
50,5
44,3
45,7
73174
6,7
22,6
29,3
75,3
57,6
61,7
75176
3,6
11,7
15,3
88,9
88,2
88,7
76177
6,4
16,3
22,7
82,5
77,3
75,2
77178
15,0
39,9
54,9
-
27,8
11,4
78179
10,1
20,7
30,9
54,7
62,1
63,1
79/80
17,6
38,8
56,4
8,8
47,6
24,6
80/81
28,5
75,7
104,2
Source: 1. Tuck, 1983
./ Le crédit semences de ['ONCAD
Entièrement géré par l 'ONCAD, ce système de crédit avait pour objet
d'assurer l'approvisionnement régulier de l'agriculture en semences de qualité.
Pour l'Etat sénégalais l'enjeu était crucial, compte tenu des relations supposées
exister entre le volume et la qualité des semences d'une part, et les superficies
cultivées et la production obtenue d'autre part.
Les prêts de semences, également en nature, avaient une durée égale à
celle de la campagne agricole (6 à 9 mois). Le taux d'intérêt était relativement
élevé puisqu'il était fixé à 25% de la valeur de l'emprunt (soit un taux de 45%
sur une base annuelle). La capacité d'endettement était fixée à un maximum de
100 kg de semences par agriculteur, ce qui a permis de stabiliser la distribution
de semences d'arachide autour d'une moyenne annuelle de 120000 tonnes entre
1970/71 et 1979/80. L'endettement moyen annuel s'éleva à 23% de la
production arachidière pendant la même période (tableau ).
103

Le Programme Agricole a sans aucun doute été marqué d'une forte
empreinte l'agriculture sénégalaise, ne serait-ce que par sa durée et par son rôle
dans la dotation du monde rural en facteurs de production modernes. Une
analyse approfondie montre cependant que le Programme Agricole a été
justement victime de ses ambitions.
Les erreurs de conception et d'organisation ont été souvent citées comme
les causes principales de l'endettement chronique dont a souffert le monde rural
pendant les années 1970 en particulier. En effet, alors que le Programme
Agricole exigeait un taux de remboursement minimum de 85% pour l'ensemble
des dettes, le recouvrement effectif n'a atteint ce taux qu'à l'occasion de trois
campagnes seulement. Les arriérés de dette s'accumulèrent en même temps que
se succédaient les années de mauvaise récolte. Le Gouvernement entreprit
d'annuler à trois reprises les dettes paysannes, mesures qui finirent par installer
chez les agriculteurs l'idée que le crédit était non seulement sans risque, mais
aussi un don de l'Etat.
Tableau 17- Evolution des prêts de la BNDS et semences durant le Programme Agricole 1970-1980
Années
Prêt BNDS
Prêt semence
Variation totale annuelle
Franc (million) 1 Variation
Tonnes
1 Variation
annuelle
(milliers)
annuelle
\\04

70171
1040,1
89
71172
1669,2
32,1
101
14
20,8
72173
1921,9
18,2
110
8,7
12,5
73174
2217,3
9,6
117
6,3
-0,5
74175
1777
-43,1
114
·2,4
-18,3
75176
1841,7
3,7
134
17,7
13,8
76177
3468,5
88,2
128
-4,9
18,2
77178
3431,0
-1,0
125
-2,4
-1,9
78179
4979
45,1
179
19,6
29,7
79/80
2296,6
57,9
125
·\\6,1
-34,7
Source: 1. Tuck 1983
Les fluctuations de la production arachidière et du taux de remboursement
firent que la dette s'accumula à un rythme annuel moyen de 10.5% jusqu'en
1977/78, année pendant laquelle le taux d'endettement s'éleva à près de 55% de
la production (tableau ). L'annulation de dette, qui s'ensuivit, coûta alors 5,5
milliards de F à l'Etat.
L'échec du Programme Agricole fut accentué par le fait que les prêts
accordés étaient de moins en moins utilisés par leurs destinataires; ces derniers
les cédaient, contre remise d'espèces, aux commerçants et à certains gros
producteurs. L'amélioration des rendements, qui aurait pu résulter de l'emploi
des intrants financés à crédit, ne pouvait donc pas jouer pour compenser l'effet
de la détérioration des conditions climatiques sur la production.
Mais le point culminant de la montée de l'endettement paysan fut atteint
en 1979/80, quand la production arachidière chuta à nouveau près de 35% par
rapport à la campagne précédente, et où la dette culmina à plus de 56% de la
production. Le taux de remboursement baissa à 24,6% contre 63.1% pour
105

l'année précédente. Ce fut aussi la dernière année d'existence de l'üNCAD et
du Programme Agricole.
Pendant la campagne de 1980/81, le montant des dettes cumulées des
coopératives s'éleva à plus de 2 milliards de F que l'Etat se chargea d'éponger à
nouveau. Quant aux dettes de l'üNCAD proprement dites, elles étaient de 94
milliards de F. dont l'essentiel était dû à la BNDS et aux autres Banques
Commerciales. Les conséquences furent incalculables pour l'ensemble de
l'économie sénégalaise et pour le développement du secteur agricole en
particulier. La méfiance traditionnelle du secteur bancaire privé vis-à-vis de tout
financement des activités agricoles se renforça.
Comme l'a montré 1. Tuck (1983), le système de crédit du Programme
Agricole était ainsi devenu, vers la fin des années 1970, une sorte de caisse de
sécurité sociale, un système d'assurance contre les risques de mauvaise récolte
encourus les agriculteurs.
Conclusion
L'expérience du Programme Agricole peut se subdiviser en deux sous-
périodes distinctes: celle de 1960 à 1966 et celle de 1967 à 1980.
La première sous-période se caractérise globalement par une croissance
régulière de la production agricole avec une nette domination de la culture et de
l'exportation de l'arachide. les niveaux satisfaisants de pluviométrie d'alors,
conjugués aux prix préférentiels pratiqués par la France pour ses importations
106

d'arachide, sont à l'origine de ces performances. n s'y ajoute la disponibilité des
engrais, des pesticides et des semences à crédit par l'intermédiaire d'un vaste
système de coopératives.
La sous-période 1967/80 se distingue par l'apparition et la persistance de
maUVaIses conditions climatiques donnant un caractère très instable à la
production et aux rendements agricoles. Le développement tentaculaire de
l 'ONCAD, au moment même où la France abandonnait ses prix préférentiels
pour l'arachide, ne pouvait que creuser le déficit de la filière. Il s'ensuivit une
montée de l'endettement des paysans et une diminution d'année en année des
taux de remboursements. L'Etat consentit des annulations successives de dettes
en faveur des paysans.
Al' expérience, vingt cinq années de programme de développement agricole
n'ont pas permis la réalisation des objectifs. En dépit de ses potentialités,
l'agriculture a périclité dans beaucoup de domaines:
-
elle n'a couvert que très faiblement les besoins vivriers installant ainsi une
grave cnse alimentaire qui se traduit par une dépendance excessive de
l'extérieur;
-
le pouvoir d'achat des producteurs s'est notablement dégradé par suite d'une
évolution défavorable des prix des grands produits agricoles et notamment de
l'arachide qui fournit entre 81 et 93% des revenus monétaires;
l'exode rural qui s'est amplifié apparaît comme le double sIgne de la
paupérisation des campagnes et de l'incapacité du secteur agricole à capter et
107

à utiliser sa propre force travail: Il a comme conséquences un vieillissement
rural et la gangrène urbaine;
les investissements directs dans le secteur agricole n'ont permIS ni la
suppression de la précarité des conditions d'existence et de travail des
paysans, ni la réalisation de la diversification de la production et donc de
l'autosuffisance alimentaire. Au contraire, le déficit vivrier s'est accentué
créant l'insécurité alimentaire;
enfin les mesures de modernisation introduisent des distorsions et produisent
un processus de différenciation sociale dans les compagnes alors même que
les formes capitalistes de production caractérisées par le productivisme ne
prennent point racine. (Kassé 1990,p. 53-54).
Un tel constat s'appuie sur l'observation des indicateurs macro-économiques.
Il ne peut pas être contesté, mais il est insuffisant. Si les déséquilibres
financiers résistent depuis cinq ans aux diverses mesures de redressement,
c'est
qu'ils
s'inscrivent
dans
des
tendances
lourdes,
historiques,
caractéristiques du "modèle" de fonctionnement de l'économie sénégalaise.
Les racines profondes des difficultés contemporaines sont donc à rechercher
plus loin, au delà des chiffres de conjoncture, au sein même du système
d'organisation socio-économique.
-
Le modèle de base de l'économie sénégalaise peut être identifié par certains
traits schématiques:
-
une forte sensibilité de la croissance aux variations de la production et de
l'exportation des produits de rente,
108

-
une utilisation insuffisamment productive des ressources tirées de la
valorisation de la rente et des apports extérieurs,
-
une répartition
inégale du
revenu
national,
au
profit surtout de la
consommation urbaine,
-
une vulnérabilité croissante de l'économie à l'égard des variables exogènes
(climat, cours mondiaux, taux d'intérêt ... ), résultat pour partie des trois
caractéristiques précédentes.
Ce modèle en crise durable parce que tout le système de prélèvement de la
rente agricole et minière n'a pas favorisé la reconstitution du potentiel de
production et que l'allocation de cette rente n'a pas permis la constitution
d'une base d'accumulation autonome, donc moins vulnérable.
-
L'aide extérieure à qui était dévolue - de fait - la fonction d'investissement a
eu un impact limité sur le développement faute de pouvoir se greffer sur des
projets réellement productifs et engendrer des effets d'entraînement sur les
activités nationales tournées vers le marché interne.
-
La leçon principale qui résulte de l'expérience de la politique agricole
sénégalaise est comme l'affinne Kassé (1990 à p.55) « d'instaurer une autre
politique agricole qui soit plus soucieuse de la prise en compte d'une
croissance économique intravertie,
de
l'amélioration constante de
la
productivité dans l'agriculture et des conditions sociales de vie des
producteurs" .
109

L'un des termes du consensus sur le diagnostic de la situation de
l'agriculture sénégalaise du début des années 1980, était que le coût élevé des
interventions de l'Etat dans ce secteur fut justement à l'origine des graves
déséquilibres de l'économie dans son ensemble. Ce bilan a ainsi fait naître la
conviction que l'Etat ne pouvait plus continuer à subventionner le secteur
agricole. Il n'est dès lors pas étonnant que la mesure de dissolution de l'üNCAD
soit allée de pair avec le désengagement progressif de l'ensemble des agences de
développement rural.
110

L'AJUSTEMENT STRUCTUREL DANS L'AGIUCULTUIŒ
SENEGALAISE
L'ampleur des déséquilibres macro-économiques précédemment mis en
évidence a rendu nécessaire depuis 1980, au Sénégal et partout ailleurs en
Afrique, la mise en œuvre des programmes d'ajustement structurel sous l'égide
du FMI et de la Banque Mondiale.
Les principales mesures contenues dans les PAS sont les suivantes:
-
le contrôle de l'offre de la monnaie;
-
le contrôle de la masse salariale;
-
la réduction du déficit fiscale;
-
la dévaluation;
-
la libéralisation des échanges;
-
la résorption des distorsions dans le marché des produits et du
capital (suppression des subventions, abolition du contrôle de
change) ;
-
la réorganisation des entreprises parapubliques ;
-
la réorganisation des circuits de commercialisation des produits
alimentaires;
-
le ciblage des investissements publics vers les exportations et les
secteurs de substitution aux importations;
-
la privatisation.
III

Les recommandations ci-dessus sont préconisées dans l'objectif de
résorber les déséquilibres et de relancer la croissance par le biais de la
restauration de la « vérité des prix» et du renforcement de l'efficience micro-
économique.
La généralisation des PAS est la reconnaIssance que l'intervention
régulatrice de l'Etat qui était au cœur du développement est à l'origine de la
crise des modèles de développement des années 70.
Les PAS augure une réorientation des stratégies de développement dans
laquelle, le marché est l'institution de coordination et d'organisation des
activités économiques. Comme le note à juste titre Kassé (1990, p.132), ces
programmes aux. grandes lignes quasiment uniformes quel que soit le pays
concerné, ont un contenu axé autour d'un ordonnancement classique fondé sur
les grands principes de la philosophie économique libérale qui voue un culte
poussé à la capacité autorégulatrice et rééquilibrante des forces du marché.
La croyance aux vertus du marché dans les PAS rappelons-le, résulte de
l'hypothèse selon laquelle les difficultés économiques sont dues à l'existence de
rigidités structurelles et de distorsions qui engendrent une allocation inefficiente
des ressources et limitent les perspectives de croissance.
Dans les PAS, l'agriculture occupe une place déterminante. Il en est ainsi
parce qu'elle est la principale source de revenu pour la majorité de la population.
L'agriculture est également le principal secteur producteur de biens exportables.
112

Finalement à cause de son importance, la nature et la structure de la production
agricole est une composante déterminante du système économique dans les pays
africains et sous-développés en général. Dès lors, il n'est pas surprenant que le
secteur agricole soit l'objet principal des réformes dans les PAS.
Les plincipales cibles des réformes dans le secteur agricole ont trait à la
politique des prix (suppression de la fixation des prix agricoles, des subventions
aux intrants et à la consommation), la politique du crédit (fixation de limites sur
l'offre de crédit, taux d'intérêt positif), la politique commerciale (libéralisation
des filières de production et de commercialisation des produits agricoles) et le
désengagement de l'Etat des entreprises parapublics.
Dans les pages qui suivent, nous examinons successivement l'application
et les résultats des programmes d'ajustement structurel dans le secteur agricole
au Sénégal.
Section 1· LES OBJECTIFS ET RESULTATS DE LA NOUVELLE
POLITIQUE AGRICOLE (NPA)
1· Les raisons de la Nouvelle Politique Agricole
Au début des années 80, l'économie sénégalaise se caractérise par
l'essoufflement de la croissance et la stagnation de l'économie sénégalaise. Ce
blocage de la croissance, manifestation externe du dysfonctionnement d'un
appareil
productif obsolète
et
de
structures
économiques
inadaptés,
va
approfondir et amplifier une série de déséquilibre dont la plupart étaient latents.
113

Pour faire face à la montée des déséquilibres, une série de plans et de
programmes vont être successivement mis en œuvre et dont l'ensemble constitue
l'ossature du processus dit d'ajustement.
Adoptée en 1984, la Nouvelle Politique Agricole (NPA) est le nom donné
aux premières mesures d'ajustements structurels définies pour le secteur
agricole au Sénégal.
La justification de l'élaboration de la NPA se résume en fait à un constat:
l'échec de l'économie rurale au Sénégal dont les manifestations les plus
importantes se traduisent par:
-
l'incapacité du secteur rural à couvrir l'intégralité des besoins alimentaires de
base du pays;
-
l'échec du système d'intervention mis en place par l'Etat;
-
l'endettement massif des paysans et leur progressive insolvabilité;
-
la profonde désarticulation économique et sociale dans les campagnes qui
accentue l'exode rural, vidant ainsi les campagnes de leurs bras valides et
contribuant ainsi au vieillissement rural.
Ces
tendances
d'une
agriculture
économiquement
inefficiente
et
prédatoire ont fini par introduire une différenciation sociale poussée entre une
élite paysanne et une majorité marginalisée. Elles ne pouvaient se maintenir
durablement sans créer des tensions et malaises dans le monde rural. (Kassé,
1990a, p.l71)
114

Le rôle que le secteur agricole a ainsi joué dans les déséquilibres permet
de supposer que la réhabilitation de l'agriculture dans le cadre du programme
d'ajustement structurel contribuerait significativement à l'amélioration de la
performance macro-économique globale du Sénégal.
11- Les objectifs et résultats de la Nouvelle Politique Agricole (NPA)
La Nouvelle Politique Agricole (NPA) est le nom donné aux premières
mesures d'ajustement structurel définies pour le secteur agricole au Sénégal.
Elle comporte pour l'essentiel quatre grandes orientations:
-
le transfert au secteur privé de fonctions - jusque-là dévolues au
secteur public et parapublic - telles que la distribution d'intrants,
la commercialisation des produits agricoles et le crédit agricole;
-
la suppression des subventions pour les intrants et les produits
agricoles, subventions jugées d'un poids excessif pour le budget
de l'Etat·,
la réforme du système des pnx, de manière à encourager la
substitution des céréales locales aux céréales importées dans la
consommation, ainsi qu'à accroître les cultures tant vivrières que
de rente', '
-
la libéralisation des marchés agricoles par la mise en place de
mécanismes régulateurs efficaces et la réduction des 'obstacles
réglementaires.
115

Ces orientations visent donc à créer un environnement et des incitations
susceptibles de juguler les tendances négatives qu'a connues l'agriculture
sénégalaise à la fin des années 1970, et qui sont considérées comme la cause
majeure des déséquilibres macro-économiques auxquels l'économie dans son
ensemble continue de faire face. Il s'agit, en d'autres tennes, de pennettre un
accroissement de la production et du revenu agricoles tout en assurant
l'équilibre des comptes extérieurs et des finances publiques.
Les contraintes physiques auxquelles fait face l'agriculture sénégalaise ne
peuvent
être
desserrées
qu'au
pnx
d'importants
investissements
en
infrastructures de base, et d'un approvisionnement régulier en intrants de
qualité. Mais les contraintes qui pèsent sur les finances publiques et sur les
comptes extérieurs du Sénégal n'autorisent désormais plus de tels efforts de la
part de l'Etat. C'est la raison pour laquelle les mesures de réduction des
dépenses de l'Etat et du déficit extérieur ont plus ciblé le secteur agricole
qu'aucun autre secteur.
Prolongeant la décision de dissolution de l 'ONCAD et d'arrêt de tout
système de crédit public, la NPA reste dominée par la perspective de
transformation de l'environnement et du système d'incitations en faveur de
l'agriculture de manière à en faire une activité économique et commerciale
rentable sans intervention et sans soutien de l'Etat.
La NPA comporte les principales mesures suivantes:
116

1-
la libéralisation à terme de la totalité des marchés et des prix
agricoles;
11-
le désengagement de l'Etat en faveur du secteur privé dans
les activités agricoles marchandes;
lll-
l'amélioration de la sécurité alimentaire du pays;
IV-
la libéralisation des conditions de crédit et la viabilisation du
système de crédit agricole.
La mesure de libéralisation des marchés agricoles vise, par l'élimination
des facteurs de distorsion, à modifier la structure des prix relatifs de manière à
encourager les productions domestiques par rapport aux importations. L'objectif
ici est de permettre un relèvement des prix et des revenus en faveur des
producteurs locaux. La suppression des subventions en faveur des intrants
agricoles fut, en ce sens, une des mesures prioritaires de la NPA. De même, le
secteur privé a vu son rôle s'accroître au détriment des circuits officiels dans
l'approvisionnement en intrants et dans la commercialisation des produits
agricoles.
Mais, c'est le désengagement de l'Etat qui est apparu comme le volet le
plus important - sinon le plus visible - de la NPA. L'objectif étant explicitement
une "plus grande responsabilisation des producteurs et une réduction des charges
de l'Etat", les mesures consistèrent à réduire directement les déficits dans les
différentes filières agricoles par le retrait des Sociétés de développement rural de
leurs fonctions traditionnelles d'approvisionnement, de commercialisation et de
117

crédit. Les producteurs continueraient certes de bénéficier d'un encadrement
technique pour certaines cultures, mais ils devraient dorénavant se passer des la
subvention et des autres formes de soutien de l'Etat pour l'acquisition des
intrants et pour le financement de leurs activités.
Concernant l'autosuffisance alimentaire, enfin, elle était non seulement
une orientation clé de la NPA mais aussi l'objet quasi-exclusif du Plan céréalier
de 1986. L'objectif était de relever le taux d'autosuffisance céréalière de 52 pour
cent en 1986 à 75 pour cent en l'an 2000, ce permettrait de rompre la
dépendance de l'économie nationale vis-à-vis de ses importations de céréales.
C'est pour la réalisation de ces objectifs que - comme première étape de la
libéralisation des prix- que les prix planchers officiels des cultures céréalières
ont, à partir de 1985, été relevés de 27 pour cent pour le mil/sorgho, de 17 pour
cent pour le maïs et de 29 pour le riz paddy local. Celui du niébé (haricot local)
fut quant à lui a augmenté de 80 pour cent.
Mais les prix à la consommation du riz et du blé importés ayant eux plutôt
diminué, ces mesures de hausse des prix des céréales locales n'ont pas eu les
effets escomptés ni sur les niveaux de production ni sur les revenus monétaires
des producteurs, la consommation céréalière urbaine mais rurale ayant continué
de se diriger vers les produits vivriers importés. Le phénomène fut accentué par
le fait qu'en 1988, le prix au producteur de l'arachide, qui demeure encore la
source principale de revenus monétaires des agriculteurs sénégalais, chuta à un
niveau plus bas (70 francs) que celui d'avant l'augmentation de 1985 (de 80 à 90
118

francs). L'augmentation de 43 pour cent du prix du coton ne pouvait - compte
tenu de la superficies limitées consacrées à sa culture - empêcher la baisse des
revenus des ruraux dont la majorité continue de vivre justement dans le bassin
arachidier (53 pour cent).
Après plus d'une décennie d'ajustement et en dépit des efforts faits dans
le sens de la réduction des interventions de l'Etat sénégalais dans le secteur
agricole et de la libéralisation des prix des produits et des intrants agricoles,
l'agriculture sénégalaise est encore' loin d'avoir repris le sentier de la croissance.
La dégradation de la situation du secteur agricole continue de peser lourdement
sur l'ensemble de l'économie. Aux
tendances négatives relatives
à la
production et aux rendements observées depuis les années 1970, est venu
maintenant s'ajouter le développement d'une pauvreté de plus en plus étendue et
visible dans les zones rurales, ce qui contribue à grossir les rangs des chômeurs
et des pauvres en milieu urbain. D'où la conception d'un
autre Programme
d'ajustement structurel pour le secteur agricole (PASA) qui, en s'inscrivant dans
un
environnement
macro-économique
stabilisé
et
dans
un
contexte de
libéralisation renforcée par la dévaluation, va renforcer et préciser davantage les
orientations de la NPA.
119

Section 11- LES ORIENTATIONS DU PROGRAMME D'AJUSTEMENT
STRUCTUREL
DU
SECTEUR
AGRICOLE
(PASA)
DANS
UN
CONTEXTE DE LIBERALISATION RENFORCEE
Il est aujourd'hui largement reconnu que les réformes introduites par la
NPA ont eu un impact négligeable sur la production et les rendements agricoles.
Elles n'ont réussi ni à faire retrouver au secteur le chemin de la croissance ni à
améliorer les revenus des agriculteurs. C'est dans ces conditions que le
gouvernement entra en 1990 à nouveau en négociation avec les bailleurs de
fonds. Ces négociations, qui ne durèrent pas moins de quatre ans, ont débouché
sur l'établissement d'un Programme d'ajustement structurel du secteur agricole
(PASA). Coïncidant avec la dévaluation du franc CFA, intervenue en 1994, et la
libéralisation de la quasi-totalité des marchés et des prix agricoles, la mise en
œuvre du PASA, en prolongement de la NPA, est ainsi censée tirer profit d'un
environnement macro-économique plus incitatif et stable. C'est pour créer un tel
cadre et pour exploiter au mieux les opportunités de diversification et de
compétitivité offertes par la dévaluation que le Sénégal a élaboré un programme
de politique économique et financière à moyen et long terme (PEFMT) couvrant
la période 1994-1997.
Le P.E.F.M.T. poursuit les objectifs suivants: i) un redressement sensible
du taux de croissance de l'économie de manière à dépasser la barre de 4 pour
cent à partir de 1995 ; ii) le retour du taux d'inflation à son niveau de 2 à 3 pour
cent des années précédentes; iii) la diminution d'un tiers du déficit du compte
120

courant extérieur (hors dons) par rapport au PIB ; iv) la réduction progressive du
déficit budgétaire global jusqu'à atteindre l'équilibre en 1997.
En conformité avec ces objectifs macro-économiques, les orientations de
la réforme structurelle dans l'agriculture ont été définies comme suit :
-
une croissance soutenue de 4 pour cent par an de la production
agricole;
l'amélioration de la sécurité alimentaire;
l'accroissement des revenus et la création d'emplois en milieu
rural.
Pour la réalisation de ces objectifs, le gouvernement a engagé quatre types
de réformes:
l'achèvement du programme de libéralisation des prix et du
commerce intérieur et extérieur des produits et des intrants
agricoles (entamé sous la NPA) , y compris pour les produits
aUSSI sensibles que le riz, le sucre, la farine, 1'huile végétale.
Pour l'arachide, les semences d'arachide et le coton, un
mécanisme
de
détermination
des
prix
par
des
comités
interprofessionnels a été créé. Ce mécanisme est destiné à fixer
au début de chaque campagne agricole, les prix au producteur
des produits par négociation entre les producteurs et les
industriels. Ainsi, sauf pour l'arachide, les semences d'arachide
et le coton, tous les prix au producteur administrés des produits
agricoles et des intrants sont abandonnés. Il en va de même des
121

pnx à la consommation des derniers produits qui faisaient
encore l'objet d'une fixation administrative comme l'huile
végétale, le riz, le sucre et la farine. Dans le cadre de la
libéralisation du commerce extérieur, le Gouvernement s'est
engagé à supprimer toute forme de restriction quantitative sur les
importations par l'élimination de toutes les distorsions qui
entravent le bon fonctionnement des marchés. Il s'est proposé de
remplacer les restrictions quantitatives par des politiques de
protection tarifaire.
-
Le désengagement de l'Etat et la suppression des monopoles.
L'Etat a pris des mesures pour se désengager de toutes les
activités
de
production,
de
transformation
et
de
commercialisation des produits et des intrants agricoles, et ceci,
au profit du secteur privé. Les mesures les plus spectaculaires
furent: le retrait de la Caisse de Péréquation et de Stabilisation
des Prix (CPSP) de l'impOliation et de la commercialisation du
riz désormais confiées au secteur privé; la fin du monopole de la
Société
Nationale
de
Commercialisation
des
Oléagineux
(SONACOS) dans l'achat de graines d'arachide d'huilerie et la
suppression des autorisations préalables à l'importation des
huiles végétales ; la renégociation des conventions spéciales
relatives au sucre et à la farine de blé.
-
Sécurité alimentaire. Outre la croissance des produits agricoles
et les actions ciblant les groupes les plus vulnérables, l'Etat a
122

pris des mesures pour permettre une meilleure coordination dés
systèmes d'alerte et l'efficacité du système d'information et pour
faire face aux crises dues à des calamités naturelles.
-
Crédit agricole. Il est prévu de renforcer les mesures de la NPA
relatives au financement des activités agricoles et qui visent à
favoriser la privatisation, la diversification et la décentralisation
du système de crédit agricole. Pour rendre le crédit viable, il est
prévu la sécurisation foncière pour utiliser la terre et les moyens
de production comme garanties de crédit. Dans la foulée, le
gouvernement encouragera l'épargne.
Section
111-
LE
BILAN
«PRIMA-FACIES»
DES
PROGRAMMES
D'AJUSTEMENT STRUCTUREL AU SENEGAL
1- Les performances macro-économiques
Le gouvernement du Sénégal a initié une série de Plans et Programmes de
Redressement Economiques et Financiers à la suite des faibles performances de
son économie à la fin des années soixante dix (cf. chapitre 1).
Bien qu'elle l'application de certaines mesures décidées dès
1980
rencontrait des résistances et ne fut effective qu'après plusieurs années, le
Sénégal a dans l'ensemble adhéré aux mesures d'austérité. Les mesures prises
dans le cadre du PREF, puis du PAMLT ont eu pour effet de comprimer la
123

demande finale, de réduire le déficit publique et extérieur comme le montre les
données du tableau 17.
Bien qu'elle ait donné des résultats probants au plan des équilibres
financiers, les politiques d'ajustement n'ont pas contribué autant qu'on l'espérait
à la réalisation des taux de croissance suffisant pour relever le niveau de vie des
couches les plus larges de la population.
L'examen des données macro-économiques du tableau 17 montre que
l'appareil productif sénégalais a enregistré des performances moyennes au cours
de l'ajustement.
Au niveau du PIB, on constate que l'accroissement de celui-ci passe de
2,8% par an au cours du PREF (1980-84) à 2,7% durant le PAMLT (1985-1992)
et à 2% à la veille de la dévaluation alors que l'objectifvisé était de 3,2% par an.
Le secteur agricole enregistre un net redressement au cours du PAMLT
(2,5%) de taux de croissance annuelle contre 0,4% par an durant le PREF ; entre
1993 et 1994, le taux de croissance atteint 8,2%.
Le secteur secondaire enregistre en revanche un déclin de son taux de
croissance. Le taux de croissance annuel du secteur secondaire de 5,1 % au cours
du PREF, celui-ci passe à 3,9% au cours de l'ajustement et à 1,9% entre 1993-
1994.
124

Pour le secteur tertiaire, on constate une augmentation régulière de son
taux de croissance (3,9% par an) jusqu'en 1993-1994 où celui-ci baisse au
rythme de 1,8% par an.
Les
performances
économiques
n'ayant
pu
égaler
la
crOIssance
démographique dans la période 1985-1993, on assiste à une stagnation du
revenu par habitant durant le PAMLT, alors qu'au cours du PREF. Le taux de
croissance du revenu par tête était de 0,2% par an.
L'effet de la dévaluation s'est traduit par une baisse de 0,7% des revenus.
En 1995 cependant, avec une croissance démographique de 2,7% les revenus par
tête augmenté de 2%.
Dans l'ensemble ce sont les populations urbaines qui semblent être plus
affectées que les populations rurales par les baisses de revenus. Les revenus
ruraux ont augmenté de 0,5% par an durant l'ajustement là où les revenus
urbains diminuaient de 0,3% par an. La dévaluation s'est traduite par une chute
prononcée des revenus urbains (-4,2% par an) et une forte augmentation de
revenus ruraux (6% par an).
125

Tableau 18- Les performances macro-économiques du Sénégal au cours de l'ajustement
Taux de croissance annuel moyen
1980-84
85-92
93-94
94-95
1- Consonunation
Consommation fmale en % du PIB
-1,4
-1,4
-2,7
-1.3
Consonunation des ménages en % du PlB
-1
-0,8
-1,9
-0,6
Consommation publiQue
-0,5
-0,6
-0,7
-0,6
11- Opération financière de l' Elat
Masse salariale
8,0
2,6
12,5
5,9
Déficit budgétaire en % du PIB
-2
-0,04
1,7
-2,5
Déoenses ordinaires en % du PlB
3,1
-0,46
-3
-3,8
JlI- Commerce extérieur
1
Exportations
8,5
4,3
8,1
9,6
Importations
3,8
2,2
-4,4
3,0
Déficit commercial
-7,6
-4
-52,6
-55,5
1
Déficit en % du PIB
-1
-0,5
-3,5
-',7
! IV-Production
PlB en volume
2,8
2,7
2
4,8
1
Valeur ajoutée primaire
0,4
2,5
8,2
4
Valeur ajoutée secondaire
5,1
3,9
1,3
9,7
Valeur aioutée tertiaire
2,3
3,3
-1,5
5,5
V- Revenus
PIB par habitant
0,2
0,0
-0,7
2
Valeur ajoutée primairelhabilant rural
1,5
0,5
6,0
1,9
1
Valeur aioutée secondaire et tertiairelhabitant urbain
-0,7
-0,3
-4,2
2,8
Source: Tableau de bord de la situation sociale du Sénégal. Module 4: Dynamique Economique et Emploi,
1996, page 9, 11, 12, 14, 15, 15 .. 1996. MEFP
Comme on le voit, les PAS n'ont pas réussi à enclencher une nouvelle
dynamique de croissance. La performance la plus nette réside dans la
consolidation de la stabilisation de la tendance au déséquilibre grâce à une
gestion drastique de la demande. Autrement, dans l'ensemble, les progrès restent
fragiles et inégaux Kassé (1990, p.141).
11- Les résultats de l'ajustement dans le secteur agricole
Dans ce paragraphe, nous présentons les perfonnances des cultures
commerciales et vivrières au cours de l'ajustement.
126

A/- Les cultures commerciales
1/- La filière arachidière
La filière arachidière, compte tenu de son poids a toujours été au centre
des préoccupations étatiques chaque fois qu'il s'est agi de définir un programme
sectoriel agricole. C'est ainsi que dans le cadre du PASA deux objectifs sont
assignés à la filière:
-
la relance de la production;
-
et l'amélioration de la compétitivité.
L'examen de statistiques générales de la production entre 1993/94 et
1995/96 conduit aux résultats suivants selon l'UPE (1998, p.27) :
le
nIveau
de
superficies
emblavées
en
1993/94
était
particulièrement bas (en fait le plus faible depuis 1986/87) ;
-
à partir de ce niveau, l'augmentation du prix au producteur s'est
traduite par une hausse des superficies emblavées de 20,7% en
1994/95, malgré une baisse des semences distribuées. Toutefois,
les superficies emblavées ont connu une chute de 4% l'année
suivante.
Les coûts de production ont augmenté de 8,26% entre 90/91 à 92/93, suite
à la dévaluation l'augmentation est de l'ordre de 44,64% entre 93/94 et 95/96.
L'augmentation des coûts de production est la résultante de celui du prix des
facteurs. Entre 1990/91 et 1992/93, le prix de l'engrais baisse de 3,4 tandis que
le prix des semences ainsi que les coûts de collecte augmentent respectivement
127

de 6,5% et 50%. Trois ans après la dévaluation, les semences et les engrais
enregistrent des augmentations respectives de 35,38% et de 79,76%.
En matière de politique de prix, le tableau qui suit montre que le prix au
producteur a toujours été nettement supérieur au prix plancher, et au prix
mondial (entre 1990/91 et 1992/93). Entre 1990/91 et 92/93, le pnx au
producteur augmente de 14,28%, après le changement de parité, celui-ci
augmente de 70%.
Les marges nettes à l 'hectare ont enregistré des hausses comprises entre
112% et 133%, confirmant ainsi une amélioration de la rentabilité de la culture
arachidière (UPE, 1998, p.27).
La rentabilité de la culture arachidière s'est nettement améliorée à la suite
de la dévaluation. Mais cependant, en dehors du prix et nonobstant les
conditions climatiques, la relance de la production arachidière est contrainte par
la disponibilité des semences et des engrais ainsi que par le renouvellement des
équipements.
En ce qui concerne les activités de collecte et de transformation, ces
dernières étaient confiées respectivement à la SONAGRAINES et à la
SONACOS. Un protocole d'accord liait chacune de ces sociétés au Fonds de
Garantie du Prix de l'Arachide (FGPA) pour réguler le fonctionnement de la
filière. Or, avec la mise en œuvre du processus de privatisation de la
128

SONACOS, les procédures et mécanismes habituels n'ont pas été pleinement
appliqués à partir de 1993/94.
Les frais de collecte ont été fixés contractuellement à 31010 Fcfa/tonne en
1992/93 et à 28500 Fcfa/tonne en 1993/94, soit une baisse de 8% malgré la
dévaluation. Cette évolution s'explique par un volume de collecte plus important
en 1993/94 par rapport à 1992/93 (211789 tonnes contre 138700 tonnes). En se
référant au coût de collecte de la campagne 1990/91 dont le volume de collecte
est de 236351 tonnes, on peut estimer que la dévaluation s'est traduite par une
hausse de l'ordre de 17%.
La commercialisation des huiles jusqu'en janvier 1995, les prix intérieurs
des huiles étaient administrés. A la faveur de la libéralisation, le seul mécanisme
de prélèvement qui existe vise à corriger d'éventuels dérapages entre les cours
mondiaux des huiles végétales raffinées et des huiles végétales brutes, afin de ne
pas pénaliser l'activité locale de raffinage.
L'évolution de la structure du marché intérieur est indiquée dans le
tableau
ci-dessous.
Avant
le
changement
de
parité,
on
a
assisté
au
développement de la consommation d'huiles végétales importées. En termes de
ventes sur le marché local, le volume total est passé de 88814 tonnes en 1993 à
63008 tonnes en 1994. En 1995, le volume des ventes est estimé à 85171.
La baisse de la consommation en 1994 est consécutive à l'évolution des
prix. Les différentes catégories d'huile ont accusé des hausses se situant entre
48,5% et 55,2% entre 1993 et 1994 (UPE, 1998, p.33).
129

En ce qui concerne les ventes sur le marché extérieur, l'évolution des
exportations entre 1991 et 1994 est présentée dans le tableau ci-dessous. Il
apparaît que la dévaluation est intervenue après une récolte en nette amélioration
et à un moment où on assistait à un fort relèvement des cours mondiaux. Cette
conjonction de facteurs favorables a permis à la SONACOS de tripler le cours
moyen de ses exportations d'huiles brutes et de multiplier par 3,45 son chiffre
d'affaires à l'exportation entre 1993 et 1994.
Bien que le prix au producteur ait augmenté de 70 à 100F/kg, la filière
arachidière a pu générer un résultat excédentaire de l'ordre de 7,7 milliards
pendant que l'exploitation de la SONACOS faisait ressortir un bénéfice de 600
millions contre une perte de 1,7 milliards pour l'exercice 1993 (UPE, 1998,
p.34).
Tableau 19: Principaux résultats de la filière araclzidière entre 90/91 et 95/96
90/91
91/92
92/93
93/94
94/95
95/96
Coût de production (F/ha)
85238
91028
92 284
96795
137641
140010
Rendement (kg/ha)
100C
1 050
1 050
1 100
1 200
1200
Prix plancher (F/kg)
55
60
61
61
80
82
Prix au producteur appliqué
70
80
80
100
120
125
Prix au producteur cours mondial
56
19
27
139
136
130
Coût de collecte
24
25
36
29
30
30
Prix de vente semence
122
130
130
130
171
176
Prix engrais
87,5
84
84
84
140
151
Volume collecté (Fe fa/tonne)
226351
359 173
138700
211 789
Frais contractuels
24376
20000
31010
28500
Source: Unité de Politique Economique, 1998.
130

Tableau 20 : Approvisionnement du marché intérieur ell huiles et exportation des huiles elltre 1991
et 1995
/991
1992
1993
1994
1995
Equivalent huiles raftlnées des importations huiles brutes (tonne)
14880
45523
75 151
58992
76613
Huiles végétales raftinées importées (tonne)
63899
26840
8 161
222
Huile arachide mise sur le marché (tonne)
9214
8868
5502
3794
8558
Total équivalent huiles raftinées (tonnes)
87993
78 231
88814
63008
85 171
Huile brute exportée (tonnes)
92792
83654
58979
73511
88380
Cours moyen FOB (Fcfa)
266
157
185
569
502
Source: Unité de Politique Economique, 1998.
2/- La filière coton
Le coton est la seconde culture d'exportation du Sénégal après l'arachide
jusqu'en 1984 la filière était excédentaire. Entre 1984 et 1992, les cours
internationaux du coton fibre ont chuté de moitié, ce qui s'est traduit par une
accumulation des déficits de la filière locale.
L'Etat pour remédier à cette situation, a chargé la SODEFITEX dans le
cadre de sa troisième lettre de mission en 1992, d'asseoir les bases d'un
équilibre financier durable grâce notamment à la réduction de ses coûts
d'intervention, et une relance de la production.
Ces objectifs se sont traduis dans la déclaration de Politique de
Développement Agricole par les mesures suivantes:
l'augmentation
de
la
production
par
l'intensification
et
l'extension de la culture cotonnière dans les zones propices sous
pluies;
131

l'amélioration des conditions de commercialisation du coton
graine dans un cadre négocié entre la SODEFITEX et ses
partenaires ;
l'amélioration de la compétitivité de la filière et de la qualité de
la fibre.
Le tableau qui suit permet de faire les observations suivantes relatives aux
performances de la filière. Généralement la période post-dévaluation a connu
des performanc,es moins importantes avec des baisses des superficies cultivées,
de la production et des rendements.
Le niveau des prix des facteurs de production permet d'expliquer cette
évolution. Après la dévaluation, les prix de cession ont augmenté d'environ 80%
pour les engrais minéraux, de 160% pour l'urée et de 25% pour les insecticides,
ce qui s'est traduit par un fléchissement de la demande. De manière générale, on
constate que les niveaux de consommation ont eu tendance à baisser depuis
91/92 et que n'eut été le soutien accordé, les niveaux atteints seraient
aujourd'hui davantage faibles suite à la dévaluation.
L'augmentation des charges qui résulte du renchérissement du prix des
facteurs a eu pour effet la baisse du revenu de l'exploitant. Au lendemain de la
dévaluation, en terme réel, le revenu de l'exploitant a baissé de 21,95% en
1994/95. En 1995/96, celui-ci retrouve son niveau normal suite à la baisse de
l'inflation et de l'ajustement des prix-producteur.
132

Du côté de la transformation, les rendements se sont nettement améliorés
passant de 40 à 42% en raison du programme de modernisation de l'outil
industriel et de l'introduction d'une nouvelle variété.
S'agissant des ventes locales, elles plafonnent à environ 2000 tonnes de
fibres. Le prix de cession du coton fibre à l'industrie locale était jusqu'avant la
dévaluation, basé sur le cours mondial déduits des frais non exposés, mais
actuellement avec le prix pratiqué (539F/kg) très en deçà des cours ou se trouve
dans une situation où c'est le producteur qui subventionne l'industrie locale. Les
ventes extérieures après avoir connu une période difficile entre 1992193, les
cours de la fibre qui déterminent en fin de compte l'équilibre de la filière sont
devenus plus favorables et se maintiennent actuellement à un niveau élevé.
TabLeau 21 : RésuLtats d'expLoitation, Producteurs cotonniers
89/90
90/91
91/92
92/93
93/94
94/95
95/96
Superficie (ha)
24 183
43341
44 164
44772
44806
33946
40000
Nombre de paysans encadrés
77 778
72 000
65000
Production (tonne)
29303
44723
50683
47533
38791
28664
42000
Rendement (tonnes/ha)
1 212
1 032
1 148
1 062
866
844
1 050
Prix plancher (Fcfa/kg)
100
lOO
100
95
85
150
170
Prix campagne (Fcfa/kg)
lOO
85
96
83
61
105
147
Charges totales (Fcfa)
37224
36378
36811
34825
29551
52738
67015
Revenu réel (moy)
Exploitant (base 1989)
53503
42446
50858
41450
33054
25801
50 115
Rendement égrenage
40,38
40,67
42,38
Production fibre (T)
19 196
15774
12 157
Prix de revient fibre
446,518
499,3lO
646,140
Prix de revient filatures locales
424,860
610,030
673,391
Prix de revient FüB
434,860
621,469
685,391
Prix de revient CAF
469,753
685,38
762,50
Ventes locales (T)
1 770
1 347
2 157
Export fibres (T)
14204
10000
Résultat d'exploitation
-0,529
-l,59
+34,81
133

B/- La filière céréalière
La situation était caractérisée avant la dévaluation, par une chute
importante des récoltes de l'ordre de 6,7% avec une production annuelle
moyenne qui est passée de 980000 tonnes au cours de la période 1986/90 à
seulement 910000 tonnes au cours de la période 1991/93 en dépit des projets
réalisés dans le domaine de la riziculture (+20%). Ce déclin s'explique
essentiellement par la baisse de la production de mil (-Il %) consécutive à la
réduction des superficies emblavées (-7% en moyenne) et aux variations
climatiques.
Faire face aux besoins alimentaires grandissants de la population de plus
en plus nombreuse et concentrée dans les centres urbains exigeait un recours
accru aux importations de riz et de blé. Celles-ci étaient facilitées par la
surévaluation du taux de change, et par la faiblesse des cours internationaux du
blé suite aux politiques de subvention des pays exportateurs et du riz brisé dont
le marché mondial est résiduel. Ces achats à l'extérieur ont porté sur une
moyenne de 600000 tonnes et ont fortement aggravé le déficit du pays. Pour
inverser cette tendance lourde observée au niveau de la filière céréalière,
l'ajustement monétaire intervenue en 1994 conjugué à une série de mesures
portant notamment sur la libéralisation du
secteur devraient permettre
spécifiquement:
l'accroissement de la production et de la consommation de
céréales locales par une de produits importés (riz et blé) ;
134

-
l'amélioration des revenus des paysans en particuliers les
producteurs de céréales consécutivement à la hausse de leurs
productions et de leurs marges;
-
et le renforcement de la sécurité alimentaire du pays.
Malgré le nouvel environnement, la production totale de céréales locales a
encore accusé une baisse nette qui se chiffre à -13% entre 1993 et 1994 en
passant de 1.086000 tonnes à 943.000 tonnes. Cette évolution globale cache
cependant une réduction encore plus sensible si on se refère aux spéculations les
plus courantes notamment le riz (-31000 tonnes soit -16%) et le maïs (-30100
tonnes soit -22%).
1/- Le mil-sorgho
Seule la production de sorgho a connu un essor particulier (+24000 tonnes
soit24%). Le mil était censé constituer un aliment de substitution aussi bien pour
le riz que pour le blé, la situation a très peu évolué. Le commissariat à la sécurité
alimentaire a observé que les prix relatifs entre le riz importé et le mil n'ont pas
réellement changé après la dévaluation. Malgré les hausses importantes du prix
de riz. Parallèlement, le prix du mil a pris l'allure d'une courbe ascendante qui
s'est terminée en 1994 ; par la suite, les prix se sont relevés sous la pression de
l'inflation globale de 1994 et du reflux de la production due essentiellement à la
baisse des superficies emblavées (-4%) et des rendements (-13%) consécutive à
la hausse du coût des intrants (+82%). La rémunération des producteurs n'a que
de 13%. Au total, le mil et le sorgho n'arrivent pas à se substituer aux céréales
135

importées. Les raisons tiennent aux coûts élevés de transfonnation de la céréale
en farine, ainsi qu'à ceux liées à la préparation culinaire. S'agissant du maïs, la
production et la consommation de celle-ci sont contraintes par des coûts de
revient élevés.
2/- Le riz
A la fin des années 80 et au début des année 90, le désengagement de la
SAED à pennis une augmentation des superficies aménagées et cultivées
réalisées avec des financements privés. Cette croissance s'est accompagnée
d'une baisse du rendement moyen et d'une augmentation du coût moyen de
production. La variabilité des rendements étant forte, le risque économique était
également élevé pour les producteurs et l'organisme de crédit SAED (1998
P23).
Tableau 22: Evolution du coût de production du Paddy de 1989 à 1996 pour un rendement et un
itinéraire technique constant
89
90
91
92
93
94
95
96
Rendement paddy
Kglha
4500
4500
4500
4500
4500
4500
4500
4500
Prix du paddy
f!kg
85
85
85
85
90
107
110
100
Charges avant récolte
f/ha
158357
164 019
185 178
192 122
192127
270256
271446
265596
Charges poste récolte
f/ha
84 150
84 150
68850
65025
68850
104479
104704
95929
Charges totales
f/ha
242507
248 169
254028
257147
260977
374 735
376150
361526
Coût de production
f!kg
54
55
56
57
58
83
84
80
Produit brut
f/ha
382500
382500
382 500
382500
405000
481 500
495000
450000
Marge! ha
f/ha
139993
134331
128472
125 353
144023
106765
118850
88474
Taux de marge
%
37%
35%
34%
33%
36%
22%
24%
20%
Source: SAED - ClRAD (1998, p. 7).
136

Tableau 23 : Comparaison des décompositions du prix de revient du riz sorti usine avant et après
libéralisation
1993 SAED
1995 Rizerie
F/kg
%
F/kg
%
Coût de production au champ
89
52
128
64%
1
Marge producteur
41
24%
40
20%
Prix du paddy
85
110
Coût de transformation
41
24%
20
10
Marge de la rizerie
0
10
5
1
1 Prix sorti usine
172
Source: SAED - ClRAD (1998, p.9).
Du tableau ci-dessus, il ressort les faits suivants: entre 1989-94, les coûts
de production sont restés relativement stables passant de 54F/kg à 58F/kg.
Au cours de la même période, le taux de marge a commencé à s'éroder
passant de 37% en 1989 à 33% en 1992. Après la dévaluation, le coût de
production a fortement augmenté passant de plus de 80F/kg, tandis que le taux
de marge s'effondrait passant de 36% en 1994 à 20% en 1996.
Au total sur la période, les coûts de production ont augmenté de plus de la
moitié (+55%) et la marge à l'hectare a baissé de 24%. Aussi, pour retrouver une
marge équivalente en francs courants, le producteur doit cultiver près de 1,5ha
en 1996 contre 1ha en 1989. Mais entre temps, il a subi une forte baisse de son
pouvoir d'achat (50%). Pour retrouver ce pouvoir d'achat, ce sont près de 3
hectares qu'il doit cultiver (à rendement constant) SAED (1998, p.8).
L'augmentation des coûts de production s'explique pour deux raisons. Le
désengagement de l'Etat s'est traduit par la suppression des subventions et le
137

transfert des charges vers les paysans. A cela s'ajoute la dévaluation du franc
Ctà qui a entraîné un renchérissement des intrants et des prestations de services.
Au nIveau de la transformation, la SAED avait le monopole de la
commercialisation et de lz transformation du paddy jusqu'en 1994. A cette date,
la SAED a privatisé les usines et le secteur a été libéralisé (abandon du prix
administré du paddy). Les effets de la libéralisation de la transformation du
paddy sont illustrés dans le tableau ci-après.
De ce tableau, il ressort que la dévaluation et la libéralisation ont pennis
de baisser nettement le prix de revient du riz local qui en 1993 était fortement
subventionné (42/Fkg). En 1993, le prix de revient du riz local était de 172F/kg
pour des prix au producteur du paddy et à la commercialisation en détail
respectif de 85F/kg et 130F/kg. En 1995, le prix de revient est de 200F/kg, pour
un prix au producteur de Il OF/kg et un prix du riz au commerce en détail de
220F/kg.
La plus grande compétitivité du riz local par rapport au riz importé en fin
1995, s'est faite au détriment du producteur qui, à rendement constant, a vu sa
marge relative diminuer de 4% et son pouvoir d'achat fortement réduits
puisqu'en francs courants, la marge est sensiblement la même (40F/kg) alors que
l'inflation est de plus de 40% (SAED, 1998, p.9).
En 1996, l'effondrement des prix de gros du riz brisé importé sur le
marché national a fait perdre au riz local ses débouchés. En raison de l'absence
d'une véritable protection de la filière nationale (seulement 15% de droits de
138

porte) et d'une importation de brisures de riz à des prix CAF très bas, le riz local
n'a pas trouvé de débouchés sur le marché nouvellement libéralisé. Ce n'est
qu'en 1997, avec l'application de la loi de protection instaurant un prélèvement
supplémentaire que le riz local a retrouvé des débouchés.
Suite au changement de parité d'une si grande ampleur et à la mise en
œuvre de réformes aussi profondes dans le secteur agricole en général et
céréalier en particulier, il est frappant de constater que les solutions aux
problèmes fondamentaux liés à la production et à l'importation restent encore à
trouver.
Conclusion
Pour indispensables qu'ils soient, le bilan« prima-facie» et le diagnostic
ne constituent qu'une première étape, produisant un état des lieux schématique
et fournissant un jugement d'ordre général sur l'adéquation du PAS aux
problèmes à résoudre au niveau de l'économie nationale et de l'économie du
secteur agricole, quant à la nature des objectifs, à la taille des actions et des
moyens prévus et au réalisme des modalités d'application retenues.
Toutefois ces exerCIces comportent des limites vites atteintes tenant à
deux raisons:
139

Tout d'abord l'information disponible n'a pas été conçue, collectée et
traitée en fonction de l'évaluation des PAS, ce qui peut altérer fortement sa
fiabilité, ayant parfois une marge de d'erreur supérieure à la quantité à réparer.
Ensuite, elle est trop souvent globale, ce qui gomme les différences de
comportement des opérateurs ainsi que les modifications dans les régions et
systèmes de production du pays.
Sur le plan méthodologique, l'évaluation de l'ajustement repose sur
l'examen des perfom1ances historiques. Il s'agit soit d'identifier les périodes
d'ajustement et de déséquilibre ou de comparer les résultats aux objectifs de
l'ajustement. ce qui permet ensuite de tirer les conclusions sur l'effet de
l'ajustement sur les marchés et les infrastructures.
Ces méthodes comportent plusieurs limites:
Tout d'abord la méthode naïve« avant-après »1 'ajustement consiste à
mesurer les variations des indicateurs entre la période précédant l'ajustement et
une échéance temporelle définie. On peut alors inférer un jugement sur
l'évolution de l'économie ou d'un secteur pendant la période.
Toutefois, l'examen des résultats de l'expérience n'implique pas causalité,
dans la mesure ou ce qui est observé dans le temps est influencé par une
pluralité de facteurs et non simplement par les politiques d'ajustement. en effet
les variations d'indicateurs reflètent l'impact non seulement des mesures du
140

PAS malS aussi de toutes les variables notamment exogènes ( fluctuations
climatiques, prix internationaux ).
En second lieu, la comparaison des résultats aux objectifs du PAS est
partielle et s'applique mieux à l'analyse des effets du PAS qu'aux impacts. En
effet, lors des négociations d 'un PAS, on s'accorde sur les effets des mesures,
sans identifier précisément les impacts. Pour que cette méthode soit envisagée
valablement, il faut avoir développé une prévision d'impact lors de l'évaluation
« ex-ante ».
Enfin, les deux méthodes constituent une première approximation des
effets des modifications des politiques économiques sur les marchés et
l'infrastructure. ces approches ignorent ( ou supposent insignifiants ) les
réactions des agents économiques aux modifications des signaux du marché ou
de l'infrastructure, tout comme elles restent silencieuses sur les interrelations
entre les marchés et l'infrastructure.
Des opérations ci-dessus, il résulte que si l'on veut situer les impacts les
plus probables des mesures d'ajustement structurel, il convient de construire un
cadre d'analyse systémique. En effet chaque mesure d'ordre technique,
réglementaire ou d 'un PAS, se trouve associée à un effet par le seul fait de sa
mise en œuvre et de son application plus ou moins complète, et chaque effet se
traduit par un impact sur les niveaux d'utilisation des facteurs de production, les
niveaux de production, les niveaux de prix et donc, le niveau et la distribution
141

des revenus, l'emplois et les échanges internationaux liés au secteur agricole,
c'est-à-dire sur les divers aspects de la vie économique du secteur.
Le recours au MEGC, rappelons le, pennet de résoudre aux trois
interrogations majeures soulevées par l'ajustement structurel eu égard au secteur
agricole.
Comment les changements de la politique agricole affectent-ils les autres
secteurs de l'économie?
Comment les modifications des politiques non- agricole se répercutent-
elles sur le secteur agricole?
La résorption des distorsions dans le secteur agricole rendra-t-elle
l'économie moins vulnérable aux choses externes et internes.
Pour ces raisons, nous aurons recours au MEGC pour évaluer les impacts
de l'ajustement structurel dans le secteur agricole au Sénégal qui est le propos
de la troisième partie.
142

Deuxième Partie :
LES MODELES D'EQUILIBRE GENERAL
CALCULE: DE NOUVEAUX OUTILS
CONCEPTUELS AU SERVICE DE L'ETUDE ET
DE L'ANALYSE D'UNE REALITE
COMPLEXE: LE SECTEUR AGRICOLE
La mise en œuvre des outils d'évaluation et d'analyse de la politique
agricole s'effectue en général
dans deux cadres conceptuels différents: le
modèle d'équilibre partiel et le modèle d'équilibre général.
La notion d'équilibre partiel désigne les méthodes qui sont par nature plus
spécifiques à un secteur et qui portent sur l'examen des secteurs ou produits
particuliers au sein de l'économie sans aborder les interrelations avec les autres
secteurs ou à la macro-économie.
Quatre formes de modélisation sont utilisées en équilibre partiel pour
évaluer ou analyser l'effet de l'ajustement dans le secteur agricole:
-
la modélisation de la réaction de l'offre agricole;
-
la modélisation de la structure des incitations;
-
les modèles de comportement des ménages;
-
les modèles multimarchés.
La limite majeure des modèles d'équilibre partiel tient au fait qù'ils sont"
spécifiques à un secteur. Aussi, font-ils abstraction des effets de répercussion ou
143

de rétroaction venant des autres secteurs de l'économie. Cette dernière
préoccupation est prise en charge par les modèles d'équilibre général calculé.
Les modèles d'équilibre général calculés en modélisant de manière
explicite l'économie non agricole, permettent l'analyse des incidences des
changements intervenant dans un secteur sur les autres secteurs de l'économie.
Un modèle d'équilibre général calculable (t\\1GEC) est un modèle d'évaluation et
de simulation qui vise, à partir de l'hypothèse walrasienne de l'interdépendance
des marchés et des agents d'une économie, à donner une représentation de
l'ensemble des transactions. De par ses origines et bases théoriques, il est donc
le produit de deux siècles d'innovation conceptuelle et d'affinement intellectuel
(Scarf et Shoven, 1984).
Si les hypothèses de base des MEGC relèvent donc de la théorie de l'équilibre
général établie par Walras et affinée par Arrow et Debreu, ce n'est que dans les
années 1970 que ces modèles furent construits pour analyser les politiques
économiques dans les pays en développement notamment. Cela s'explique par
l'impossibilité, pour ces pays, de recourir à des modèles économétriques faute
de données statistiques suffisantes ou à cause des changements fréquents qu'y
provoquent les chocs extérieurs (Zantman, 1995).
Le développement dans les années 80, des MEGC, a lieu
dans un
contexte qui correspond à la recherche d'outils quantitatifs élaborés pour évaluer
les choix de politiques économiques.
144

Au cours de la décennie, les MEGC ont été fréquemment utilisés pour
analyser les problèmes liés à l'ajustement structurel, à la stratégie commerciale
et à la répartition des revenus entre autres.
Cette deuxième partie expose les modèles d'équilibres général calculables
en général et leur application particulière au secteur agricole.
Le chapitre 1 expose les fondements théoriques du modèle d'équilibre
général calculé. Le chapitre suivant présente et discute le modèle analytique
d'un MEGC à aspect réel: le noyau walrassien du CGE. Les applications du
MEGC à l'analyse des questions de politiques agricoles sont l'objet du troisième
chapitre.
145

Chapitre I-
LE FONDEMENT THEORIQUE DU MODELE
D'EQUILIBRE GENERAL CALCULE:
Le modèle d'équilibre général
Le modèle d'équilibre général est le produit de deux siècles d'innovation
conceptuelle et d'affinement intellectuel (Scarf et Shoven (1984)).
Le modèle d'équilibre général a ses ongmes dans la description d'A.
Smith du comportement du capitaliste, guidé par le mobile du profit et la
sélection des activités économiques. Les éléments de la théorie de la demande
apparaissent déjà dans l'analyse de 1. S. Mill du Commerce International et de la
réponse des
agents économiques aux modifications des
droits et
taxes
d'importation.
Le modèle d'équilibre général atteindra sa maturité au 19ème siècle avec
Léon Walras. Walras présente une description générale du fonctionnement d'un
système
économique
complexe
basé
sur
l'interdépendance
entre
agents
économiques.
Les idées fondamentales du modèle d'équilibre général sont au cœur de la
théorie économique; la production ou la transformation de certains produits en
d'autres produits,
se distingue
de
la consommation
dont
l'objectif est
l'acquisition et éventuellement la consommation de biens et services. Les stocks
de produits détenus par les ménages sous leur forme physique ou au moyen
146

d'instruments financiers peuvent être consommés directement, détenus en stock
pour une éventuelle utilisation ou efforts comme facteurs de production. Le
revenu ou le patrimoine du consommateur est déterminé par l'évaluation de son
stock de biens au moyen des prix par lesquels ceux-ci seraient vendus. La
connaissance des prix relatifs et du revenu du consommateur déterminent la
demande et l'offre de travail et des autres ressources disponibles pour la
production.
Le modèle d'équilibre général
suppose
l'information parfaite des
producteurs sur les prix des inputs et de l'output. Les prix considérés sont
indépendants de l'échelle et de la composition de l'activité productive; compte
tenu des possibilités technologiques, chaque producteur sélectionne alors le
programme de Production qui maximise ses projets.
Les prix d'équilibre sont définis comme étant ceux qui égalisent l'offre et
la demande. Pour une économie donnée, la connaissance des prix d'équilibre
détermine l'ensemble des décisions économiques qui sont basées sur les prix.
Le modèle d'équilibre général est le fondement théorique du modèle
d'équilibre général calculé.
Les MEGC, consistent à simuler les interactions entre les pnnCIpaux
agents économiques, à travers les marchés telles qu'elles sont spécifiées par la
théorie néoc1assique de l'équilibre général.
Le comportement d'optimisation des agents économiques est dérivé de la
théorie micro économique et le modèle est identifié si les conditions de
l'équilibre sur les marchés sont spécifiées. Cette forte relation entre la théorie de
147

l'équilibre général et le MEGC permet au modèlisateur de faire en permanence
la jonction entre la théorie et l'application.
La conséquence de la liaison entre la théorie de l'équilibre général et le
MEGC est qu'une compréhension et une bonne maîtrise des MEGC suppose, au
préalable, la maîtrise de ses fondements théoriques autrement dit la théorie de
l'équilibre général qui est l'objet de ce chapitre.
La première section de ce chapitre présente la structure théorique des
modèles de l'équilibre général. La suivante démontre le théorème de l'existence
de la solution de l'équilibre général. La troisième présente l'algorithme de Scarf
de solution de l'équilibre général. La dernière section en guise de conclusion
montre le contenu normatif de la théorie de l'équilibre général.
Section 1- LA STRUCTURE DES MODELES D'EQUILIBRE GENERAL
Dans cette section, nous présentons successivement le modèle d'équilibre
général d'échange pur, puis le modèle avec production.
I. Le modèle d'échange Pur
Soit un consommateur représentatif, l'on suppose que celui-ci à un
ensemble de préférence pour un panier de biens x, x = (x\\, ... xn) dans un espace
à n dimensions.
148

Les préférences du consommateur peuvent être décrites soit par des pré-
ordres 2:: qui doivent satisfaire certaines conditions soit par un indicateur d'utilité
spécifique (U (x).
Antérieurement à la production et à l'échange, on suppose que le
consommateur dispose d'une dotation fixe de biens. La valorisation de cette
dotation par les prix du marché constitue le revenu du consommateur.
Soit n = (n, .... nn) le vecteur de prix
et co = (COI .... con) la dotation de biens.
Le revenu du consommation est donc:
tl
1 = L 7r;OJ; = 7r.OJ
;=\\
Le consommateur dépensera ce revenu pour acquérir des biens et services
qui lui procurent le niveau d'utilité le plus élevé possible.
Le problème du consommateur représentatif se ramène alors à un
problème de maximisation : étant donnés les prix des biens et la contrainte
budgétaire il faut trouver le vecteur des biens x = (Xi, ... , xn) qui maximise la
fonction d'utilité:
nx ~ nco
149

Le problème du consommateur demeure inchangé si l'on substitue le
vecteur Àrr à rr avec À > O. La fonction de demande étant homogène de degré
zéro
relativement
aux
prix,
on
peut,
de
façon
arbitraire,
choisir
une
normalisation quelconque des prix soit :
Sous certaines hypothèses, telles la continuité, la stricte convexité des
préférences, la fonction de demande individuelle x(rr) du consommateur sera la
solution. La fonction de demande individuelle est continue et satisfait à
l'identité:
l :rriXi(:rr) = l :rr;CJJj
i
Cette relation signifie que la totalité du revenu du consommateur est
dépensé.
Un modèle d'équilibre généralement comporte une pluralité d'unité de
consommation soit cd et xj(rr) la dotation en biens et la demande du t
consommateur.
La demande totale sera:
X(:rr) = Ix} (:rr)
}
Cette dernière âoit satisfaire l'identité:
:rr.x(:rr) =:rr.OJ
avec
150

La fonction de demande nette est définie par la différence entre la
demande et l'offre de biens antérieure à la production.
~(Jr) == x(Jr) - aJ
La fonction de demande nette doit satisfaire les conditions suivantes:
-
les fonctions de demande nette sont définies et sont continues
sur 91+ ;
elles sont homogènes de degré zéro, pour tout À positif
-
la loi de Walras: Jr.~(Jr) == 0== Jr(x(Jr)-aJ)
La loi de Walras qui signifie que la valeur de la demande nette agrégée est
toujours nulle, est importante pour tout système d'équilibre. En effet, si cette
condition n'est pas satisfaite, il y a une mauvaise spécification de la demande
nette de chaque agent qui est nulle, puisque le modèle de l'économie en question
viole le principe selon lequel «c'est parce que la valeur de la somme des
demandes excédentaires est nulle ».
Dans ce système, un équilibre général est défini par le système de prix qui
est tel que 1t* tq.
~; (Jr') s; 0
';;(Jr')==ü
si
Jr;>Ü
Dans ce système, chaque individu à une dotation fixe de biens, nous avons
examiné comment ils échangent ces biens entre eux, il n'y a aucune production.
151

A présent examinons le comportement de production en équilibre général.
II. Le modèle avec production
Le modèle d'équilibre général qui incorpore la production est similaire au
précédent mais l'on doit spécifier cependant la technologie de production.
Les activités peuvent être représentées par un tableau input-output.
Chaque activité est décrite par les coefficients techniques de production (aij) qui
indiquent quelle est la quantité du bien i nécessaire pour obtenir une unité du
bien j .Schématiquement ,ces activités peuvent être représentées par une matrice
non carré A qui montre les différentes possibilités de production des biens.
les activités sont supposées non réversibles. Autrement dit, il
n'est pas possible de produire des inputs à partir des outputs;
le vecteur des intensités de production x = (XI, ... , xn) associé à
chaque activité est positif;
l'ensemble
des
possibilités
techniques
de
production
l aijXj + W j ;::: V,. est fermé.
L'équilibre de ce modèle est déterminé par un vecteur de prix 7[* et des
niveaux d'activité X*j qui est tel que:
k
1- l'offre est égal à la demande ç,.(Jr.) = LaijX; +W
i = l, ... ,n ;
j
j=\\
2- et
aucune
activité
ne
génère
un
profit
positif:
n
LJrj'aijSO (=Osi
x; >0) j=l, ... ,k.
;=1
152

Sur le plan mathématique, la formalisation par Walras de l'équilibre
générale était la plus complète de l'époque.
En outre, Walras fut le seul parmI ses contemporains à reconnaître la
nécessité d'un argumentaire qui démontre l'existence d'un système de prix qui
assure la cohérence d'un grand nombre de décisions décentralisées (Scarf et
Shoven (1984)). Pour la démonstration de l'existence de l'équilibre, Walras
donne deux indications:
-
sur le plan mathématique, le nombre de prix à déterminer doit
être égal au nombre d'équations indépendantes. Ce théorème
dont se satisfait Walras est incomplet et exige des investigations
complémentaires;
-
la seconde indication est le processus du tâtonnement (par lequel
les prix sont périodiquement révisés selon l'écart qui existe entre
l'offre et la demande).
Le processus de tâtonnement ne converge cependant pas; dès lors, celui-
ci ne peut constituer un argument pour l'existence de l'équilibre.
Le problème de l'existence de solutions au modèle d'équilibre général sera
résolu dans les années 1940-1950, marquées par une intense activité en
économie-mathématique.
153

Section 11- LA DEMONSTRATION DU THEOREME DE L'EXISTENCE
DE L'EQUILIBRE GENERAL
L'apport majeur de la théorie mathématique de l'équilibre général au
lendemain de la seconde guerre mondiale, fut de démontrer l'existence de
l'équilibre général. Le théorème du point fixe introduit par Von-Neumann, en
économie mathématique va permettre à Arrow, Debreu, Gale, Kuhn, McKenzie
et Nikaïdo d'établir l'existence d'un système de prix qui égalise simultanément
l'offre et la demande de tous les biens.
Les résultats des travaux suscités vont amsi apporter une réponse
définitive à une question centrale en science économique à savoir la cohérence
du modèle d'équilibre général.
L'existence de l'équilibre en soi, n'a aucune signification en politique
économique. L'analyste ou le décideur est davantage intéressé par la question de
savoir: quel sera le comportement éventuel de l'économie si certaines variables
se modifient?
Pour que le modèle d'équilibre général puisse répondre à l'interrogation
ci-dessus, il doit-être résolu. Pour cela, il a fallu recourir aux théorèmes du point
fixe.
154

Les théorèmes du point fixe consistent en des projections continu d'un
simple unitaire en lui-même.
Soit S un ensemble de vecteurs X d'un simplexe Unitaire:
k
LX; = 1
Xi ~ 0
j:\\
L'image de X, F(X) est telle que LF;(X) = 1
F;(X) ~ 0 F est continue.
Deux types de projection sont généralement considérés: la projection en
point (l'image de X, F(X) est un point) et la projection d'un point à un ensemble
(F(X) est un ensemble).
Les deux théorèmes généralement utilisés en équilibre général sont le
théorème de Brouwer pour la projection en un point et celui de Kakutani pour la
projection d'un point sur un ensemble (Shoven et Whalley, 1987, p. ).
Pour montrer l'importance du théorème du point fixe, nous allons
l'illustrer par le théorème de Brouwer.
Le théorème de Brouwer
Soit Y = F(X) une fonction continue qui est une projection du simplexe
dans lui-même, il existe alors un point fixe de la projection, c'est-à-dire un
vecteur X qui est tel que: X = F(X).
155

L'exemple qui suit, montre comment le théorème de Brouwer peut-être
utilisé pour détenniner l'existence de Prix d'équilibre dans un modèle d'échange
pur où
l'équilibre est définie par un vecteur de prix p* qui est telle que:
c;(p")-w;~O
Vi
=0
si
~">O.
Soient la fonction de demande excédentaire définie par g, (P) = C;, (P) - w et
la projection de Gale-Nikaïdo (Yi) définie par:
P + ma~r 0, g. (P)]
Y =
1
AJ.
1
IN
' N
i = ,
1+ Ima~o,g;(P)]
;
N
l Y; = l, Y; ~ 0 gj (P) est une fonction continue car la fonction de
;=\\
demande excédentaire est continue. La projection Yi est une projection d'un
simplexe unitaire dans lui-même. Selon le Théorème de Brouwer, il existe par
conséquent, un point fixe p* qui est un vecteur et qui est tel que:
p.• = pt + max[o, gj (Pi·)l
i = l, N
1
N
1+ l max[o, gi (Pt)]
Il convient de montrer maintenant que p* est le prix d'équilibre pour ce
modèle.
N
Soit
C=l+Imax[o,g;(P;")]
C~" = p/ + max[0, gj (P;")]
Vi
Si
C> 1 (C-l)~" = max[o,g;(p;.")]
Vi
comme p;" > 0
Ç:>
gilP;") > 0 en conséquence, L p;"g,.(p;") > o.
156

La valeur de la fonction de demande excédentaire étant positive, la loi de
Walras est violée, si C > l, il Ya contradiction.
Par définition C ~ 1 donc C = l,
C = 1 l max[0, gi (~.)] = 0

Ce dernier résultat prouve que P*, point fixe, est le point d'équilibre du
système.
Le pnx de ce résultat remarquable de la théorie pure était cependant
extrêmement élevé.
Les outils mathématiques utilisés pour la démonstration de l'existence de
l'équilibre n'étaient pas constructifs. S'y ajoute que les dits outils ne donnent
aucune indication sur la procédure de calcul des prix ainsi que leurs utilisations
comme instrument d'analyse de politique économique, ce qui était l'objet initial
du modèle d'équilibre général ( Scarf et Shoren (1984)).
L'application des théorèmes du point fixe pour montrer l'existence de
l'équilibre dans les modèles d'échange pur ou qui comporte la production, a mis
en relief la cohérence des modèles d'équilibre générale dans les années 1950-
1960.
Le prolongement des théorèmes du point fixe par les algorithmes du point
fixe développés par Scarf (1967, 1973), va permettre d'apporter une solution au
modèle d'équilibre général.
157

La plupart des travaux récents relatives à la résolution du modèle
d'équilibre général trouvent leur origine dans l'algorithme de Scarf.
Dans ce quisuit, nous allons brièvement illustrer l'algorithme de Scarf.
Section 111- L'ALGORITHME DE SCARF DE RESOLUTION DU
MODELE D'EQUILIBRE GENERAL
Dans cette section, nous allons montrer comment on utilise l'algorithme
de Scarf.
Soit un modèle d'équilibre général qui comporte M consommateurs et N
biens et deux facteurs de production (capital, travail).
Hypothèses:
1- les conditions de premièr ordre de la maximisation de la fonction
d'utilité permettent de dériver la demande individuelle de biens.
Xil=Xi"(~"'PN,r,Cù) i = l. ...N. La demande individuelle du
consommateur m pour le bien i
m = 1....N.
X In
j
,
Lm, Km désignent respectivement les demandes de produit,
de facteurs, de travail et de capital, Pi, Cù, r étant les prix
respectifs du bien i, du facteur travail et du capital.
158

m
La fonction U
est strictement concave et dérivable. Cette
condition
implique
que
la
fonction
de
demande
de
consommateur est homogène de degré zéro par rapport aux prix.
2- Pour
la production,
chaque
industrie a
une
fonction
de
production homogène:
En minimisant la fonction de coût, on obtient la demande de
facteurs. Soit:
Dans ce modèle simple, l'équilibre est caractérisé par le système de prix
des biens et des facteurs pour lequel les fonctions de demande excédentaire des
biens et des facteurs est négatif ou nul:
M
Ix;"(~"'PN,r, w)-Qi:S a j = l. .. N
"MI
M
ILi(r,w,Qi)- ILm:sa
"X1'
m'X,{
IKi(r, w,Qi)- IK'" :S a
m=l
111==1
de plus si l'output de l'industrie j Qj est positive, la condition du Profit nul
P est maintenue, c'est-à-dire 1j Qi = wLi (r, w, Qi ) + rK i (r, w, Qi ) .
La loi de Walras s'écrit de la façon suivante:
LPj[Qj -LX;]+'t. Lj -~ L'}{t. Kj -~Km] = 0
159

L'homogénéité des fonctions de demande permet de normaliser les prix.
L'algorithme de solution
L'algorithme de résolution comporte les étapes suivantes:
1- étant donnés les prix des facteurs r, w, il faut déterminer la
demande de facteurs par unité de l'output j qui miriimise le coût
de production.
.
L i .
Ki
SOlt: (F=IJ(r,w,l),
Q. =kJ(r,w,l)
j=1...N
J
J
2- Utiliser la condition du profit nul pour déterminer les prix des
biens en fonction des prix des facteurs (r,w).
Soit P (r, w) = wLi (r, w,l) + rKi (r, w,l)
j = 1... N.
j
3- La connaissance du prix des N biens permet d'évaluer les
demandes individuelles.
j = l.ooN
Soit: X7(r,w) = X;II(~(r,w')'''''PN(r,w),r,w)
m=l. .. N
4- Calculer les quantités d'output qUI égalisent les demandes
individuelles
sur
le
marché.
Soit
M
Qi(r,w)=LX;'(r,w)
j=l. .. N
m=1
Et calculer les demandes de facteurs.
Soient:
Li (r, w) = li (r, w,l). Qi (r, w)
K j (r, w) = k i (r, w,l). Qi (r, w)
5- Les fonctions de demande excédentaire agrégées sont données
N
M
par:
III
Pk(r, w) = LKi (r, w) - LK
N
j=l
M
m=1
PI(r, w) = L Li (r, w) - L Lili
i=1
m=1
160

Pour toute valeur (positive) des pnx des facteurs (r,w), Pk et PI sont
généralement non nuls.
La loi de Walras garantie que la somme des deux fonctions de demande
des facteurs excédentaires est nulle. L'équilibre est obtenu pour les valeurs de
(r,w) pour lesquels Pk et PI sont nuls. Les contributions ultérieures en général, ont
consisté à affiner, à accroître la vitesse et la flexibilité de l'algorithme de Scarf
et à développer les méthodes alternatives de résolution. Ces dernières se sont
révélées bonnes en pratique, même si le critère de convergence de la solution
n'est pas garantie comme dans l'algorithme de Scarf.
Conclusion: La normativité du modèle d'équilibre général
Le modèle d'équilibre général, rappelons le, est un modèle d'économie
décentralisée. Dans le modèle Pur, seuls les prix relatifs ont de l'importance; les
quantités produites ou consommées ne se modifient pas si tous les prix varient
dans la même proportion. En d'autres termes, l'inflation exprimée comme une
variation du niveau général des prix, est exogène au modèle et n'a aucun effet
réel.
Le recours en SCIence économique à l'analyse en équilibre général
s'explique par le cadre qu'il offre pour étudier et analyser les interactions entre
les marchés. L'intérêt manifeste pour l'analyse en équilibre général, ne doit pas
cependant passer sous silence, le fait que l'analyse en équilibre général recèle un
161

fort contenu nonnatif. Le contenu nonnatif de l'analyse en équilibre général
provient de deux théorèmes fondamentaux ( Arrow (1951)).
Selon ces théorèmes, toute situation d'équilibre concurrentiel est optimal
au sens de Pareto et toute allocation optimale paretien est assimilable à un
équilibre concurrentiel (sous-réserve de transfert forfaitaire approprié).
Les théorèmes ci-dessus impliquent, que du point de vue de l'analyse en
équilibre général, toute intervention étatique qui causerait des distorsions dans
les prix relatifs engendre des coûts sociaux. Ainsi, les instruments de politiques
économiques comme les taxes et les tarifs qui auront pour effet de déplacer
l'équilibre parétien, vont générer des pertes considérables pour l'économie.
En outre, ces théorèmes infèrent qu'il convient de faire une distinction
très nette entre les objectifs de répartition des revenus et ceux relatifs à
l'efficience. La redistribution par le biais de transferts forfaitaires doit être
préférée à la redistribution en nature qui cause des distorsions dans les prix
relatifs.
Ces théorèmes constituent la justification théorique de l'allocation des
ressources fondée sur ces mécanismes. Ces théorèmes suggèrent que les
politiques comme les taxes doivent être détenninés par la comparaison des
situations d'équilibre avant et après introduction des dites politiques.
Si les hypothèses de base des MEGC relèvent donc de la théorie de
l'équilibre général établie par Walras et affinée par Arrow et Debreu, ce n'est
162

qu'à la fin des années 70 que ces modèles furent appliqués à l'analyse des
politiques économiques.
En effet, les auteurs des MEGC ont dû, dans leur effort d'appréhender les
caractéristiques
essentielles
d'économies
concrètes,
ajouter
un
ensemble
d'ingrédients au modèle originel. Il en est résulté une modification, parfois
significative, de la structure néoclassique telle qu'on la trouve à l'état pur dans
le système de Walras, B. Decaluwé et alii. (1989).
La section qui suit présente le noyau walrassien du modèle d'équilibre
général calculé (MEGC).
163

Chapitre 11- LA DESCRIPTION D'UN MODELE D'EQUILIBRE
GENERAL CALCULEAASPECT REEL
(MEGC) : Le noyau walrasien
Le développement dans les années 80, des MEGC, s'est effectué dans un
contexte
qui correspond à la recherche d'outils quantitatifs élaborés pour
évaluer les choix de politiques économiques.
Au cours de la décennie, les NIEGC ont été fréquemment utilisés pour
analyser les problèmes liés à l'ajustement structurel, à la stratégie commerciale
et à la répartition des revenus entre autres.
La
pluralité des questions économiques traitées par lesMEGC s'est
traduite en un écho favorable aussi bien dans les cercles académiques qu'au sein
des
décideurs
des
politiques
économiques
dans
les
pays
en
voie
de
développement.
L'objet de ce chapitre est d'illustrer à l'aide d'un modèle analytique (le
noyau walrassien) d'un MEGC, les évaluations faites au sujet de l'ajustement
structurel ainsi que les prolongements que l'on peut apporter au modèle
analytique de base.
Pour ce faire, la section première, présente la matrice de comptabilité
sociale qui est le point de départ des MEGC, en effet, la MCS permet de faire le
lien entre les différentes composantes du modèle et fournit la plupart des
164

données. La section suivante présente le noyau walrassien. Dans une perspective
d'enrichissement du noyau walrasien d'un modèle d'équilibre général, la section
présente d'autres alternatives possibles de spécifications des équations de
comportement et les implications qui en découle.
Section 1- LE CADRE COMPTABLE DES MCEG :LA MATRICE DE
COMPTABILITÉ SOCIALE (MCS)
La présentation d'une MCS simplifiée d'une économie, est la première
étape pour comprendre les équations de comportement du noyau walrasien.
Dans cette section, nous présentons la définition et les utilisations de la MCS.
J. Définition
Les premières MCS datent d'environ deux décennies. Le développement
et l'application des MeS est le résultat des limites des systèmes de comptes
nationaux antérieurs.
En raIson de l'accent particulier mIS sur la mesure de la crOIssance
économique, les systèmes antérieurs ne pouvaient saisir les aspects redistributifs
de la croissance économique. En dépit d'une masse importante de travaux sur
l'inégalité que prouve la longue histoire du coefficient de gini le lien explicite
entre croissance et inégalité sociale est relativement récente.
Selon S. 1. Keuning et W.A. De Ruijter (1984), Stone (1985) note que les
aspects
redistributifs,
et
en
particulier,
ceux
relatifs
au
revenu,
à la
165

consommation et au patrimoine des ménages ne sont pas pris en compte par le
système des comptes nationaux des nations unies publié en 1968. Dans une
certaine mesure, le rapport de 1977 a comblé ces lacunes. Cependant, ces
développements théoriques ne se reflètent guère dans les comptes nationaux.
L'essence de la MCS consiste en un codage compréhensif des relations
méso-économiques. Avant tout, cela signifie une désagrégation du secteur
institutionnel des ménages et aussi des catégories de valeur ajoutée. Ensuite les
inputs primaires sont liés à la demande finale.
Cependant,
la mIse en évidence des aspects redistributifs demande un
développement beaucoup plus large. Les biens et services dans une économie,
ne sont pas produits par une même technologie. Cette dernière dépend de la
répartition du revenu. La classification des biens et des industries doit être
modifiée. En effet, des biens et services homogènes en apparence, transigent par
des marchés et des prix différents pour la consommation des groupes spécifiques
de population.
Les considérations
sui vantes permettent
de
mettre
en exergue
la
singularité de la MCS vis à vis des systèmes antérieurs de comptabilité
nationale.
1- La MCS n'a pas pour objectif de permettre des comparaisons
internationales, contrairement au système normalisé des comptes
nationaux dont c'est l' 0 bj ectif principal.
166

2- La MCS reflète la réalité institutionnelle de l' obj et d'étude En
raison des liaisons entre la MCS et la planification économique
et/ou les politiques économiques, l'économiste - modélisateur
intervient, dés le départ, à la définition du cadre comptable, alors
que traditionnellement, cette tâche était laissée aux statisticiens
et comptables nationaux.
3- La MCS est rarement en adéquation avec la désagrégation des
comptes nationaux. Elle est toujours construite en intégrant des
statistiques diverses au niveau méso-économique, et en utilisant
presque toutes les données statistiques de base d'une période.
Les matrices de comptabilité sociale sont une synthèse du Tableau
Economique d'Ensemble (TEE) et du Tableau Entrée Sortie (TES). Pour cela,
elles s'appuient sur une description détaillée des comptes de production, des
facteurs de production et des comptes des secteurs institutionnels. Cette
représentation peut donner lieu à des classifications détaillées des facteurs de
production et des comptes des secteurs institutionnels ce qui permet, d'aller au-
delà d'une simple description de la formation du revenu disponible à partir de la
répartition primaire et de la politique de redistribution de l'Etat.
Formellement, une MCS se présente sous la forme d'une matrice carrée,
où pour une année donnée sont enregistrés des flux comptables (ou transactions)
de recettes et de dépenses. Les recettes sont enregistrées en ligne (indice i) et les
167

dépenses en colonne (indice j). L'intersection de la ligne (i) et de la colonne (j)
définit l'élément général de la MCS noté tij et qui constitue à la fois la dépense
du compte j et la recette du compte i. La cohérence interne de la MCS est
vérifiée du fait, que pour chaque compte, le total des recettes est égal à celui des
dépenses.
Le tableau qui suit présente une MCS de base ou simplifiée. On voit
immédiatement qu'il incorpore toutes les transactions majeures qui se déroulent
dans un système économique à un moment donné. La figure qui suit illustre
toutes les transformations visées au tableau; cette figure s'interprète comme
représentant des flux temporels, lesquels doivent, à leur tour, être expliqués par
un modèle des comportements (Thorbecke (1992, p.66».
Une fois La MCS construite, il convient de savoir quels comptes doivent
être exogènes et quels comptes doivent être endogènes. En général et selon le
contexte, l'Etat, l'extérieur et le compte d'accumulation sont supposés exogènes,
alors que les comptes des facteurs, des institutions et des activités de production
sont supposés endogènes.
II. Les utilisations de la MeS
Les MCS peuvent être construites à l'échelle national, régional, sous
régional, ou villageoise.
La MCS peut-être utilisée, soit pour calculer des multiplicateurs d'impact qui
donnent, dans une hypothèse de fixité de prix, l'effet de certains chocs
168

exogènes; soit pour étudier, dans le cas d'un Modèle Calculable d'Equilibre
Général (MCEG), l'incidence de certains chocs exogènes dans une économie où
les mécanismes d'ajustement par les prix et les possibilités de substitution, aussi
bien du côté de la production que de la demande jouent un rôle important.
A. L'instrument d'analyse de la MCS : les multiplicateurs d'impact
Sur la base de la partition de la MCS en comptes endogènes et exogènes,
la matrice
des
coefficients
de
la MCS
(les
multiplicateurs),
peut-être
décomposée en quatre composantes ((Pyatt et Round (1989)) (DefouTI1Y et
Thorbecke (1984))) :
-
l'injection initiale;
-
les
effets de transfert qui
captent les
effets
directs des
interactions à l'intérieur de chaque catégorie de compte. Par
exemple l'effet des transferts entre les institutions;
-
les effets d'ouverture qui montrent les interactions qui existent
entre les trois comptes; par exemple celui de la production sur
les revenus des facteurs, ou encore celui des revenus des facteurs
sur le revenu des ménages;
-
les effets de fenneture qui en remontant à l'origine, montrent les
incidences d'une injection du revenu dans la totalité du système.
La matrice des coefficients de la MCS (multiplicateurs), sert à l'analyse
des politiques de répartition du revenu, des choix technologiques, et de la
politique budgétaire.
169

Au titre des applications de la première génération de MCS entre autres
travaux, on peut citer Hazell, Ramasamy, et Rajagopalan (1991) qui utilisent une
MCS construite à l'échelon d'une région de l'Inde, (l' Arcot du nord) pour
étudier l'impact de la croissance agricole sur l'économie locale; Adelman,
Taylor et Vogel (1988) qui construisent une MCS pour analyser les revenus de
l'immigration sur l'économie d'un village au Mexique; Subramanian et Sadoulet
(1990) qui analysent les effets de la fluctuation de la production et des
changements technologiques sur un village en Inde; S. Koné et Thorbecke
(1996) qui utilisent une MeS pour examiner les effets des investissements sur la
croissance au Zaïre.
En outre, le cadre que constitue la MCS peut être utilisé soit pour étudier
l'impact des politiques d'ajustement, E. Thorbecke et alii. (1992) pour
l'Indonésie, K. Kich, A. W. Nelson et G. Nelson (1997) pour la Gambie, le
Cameroun et Madagascar, soit pour analyser les conséquences des politiques
maco-économiques sur la pauvreté, E. Thorbecke (1994) pour l'Indonésie, la
Gambie et Mexico, E. Thorbecke (1996) pour l'Indonésie.
La limite fondamentale cependant, de cette première utilisation de la MCS
tient au cadre keynésien qui
a présidé à leur construction. Dans un
environnement keynésien typique, les modèles en question ne peuvent refléter le
fonctionnement d'une économie de marché. D'abord parce que les mécanismes
d'ajustement par les prix jouent un rôle important dans une économie de marché
, ensuite parce qu'il existe des possibilités de substitution aussi bien du côté de
la demande, que de la production.
170

En conséquence, les modèles en question ne peuvent être utilisés pour étudier
tous les chocs qui accompagnent les changements structurels résultants des
réajustements des prix relatifs (taux de change réel, salaire, terme de l'échange,
etc.).
Pour prendre en compte les caractéristiques d'une économie où les
mécanismes d'ajustement par les prix et les possibilités de substitution existent,
il convient d'utiliser un modèle non-linéaire qui détermine conjointement les
prix et les quantités.
B- La MCS cadre d'étude de l'analyse des incidences des chocs exogènes
dans une économie où les mécanismes d'ajustement par les prix et
les possibilités de substitution sont importants
Dans la pratique, la substitution du signe de l'égalité recettes-dépenses par
celui de l'identité dans la MCS assure les conditions d'équilibre ex ante d'un
modèle calculable d'équilibre général.
Le cadre théorique des MCEG est celui du modèle d'équilibre général
concurrentiel auquel furent ajoutés de nombreux ingrédients destinés à le rendre
plus proche de la réalité: prix et quantité fixes, impôts et subventions, régimes
différents du taux de change extérieur, distinction entre biens échangeables et
non échangeables, facteurs de production spécifiques aux secteurs d'activité, etc.
Martens (1995).
171

La MCS est le cadre comptable des MCEG. A la différence des
modèles d'impact (MI), dans la situation de MCEG, la MCS spécifie les
comportements des agents économiques, les conditions d'équilibre sur les
différents marchés et les caractéristiques macro-économiques de l'économie qui
est l'objet de l'étude.
172

Section 2- LE NOYAU W ALRASIEN D'UN MEGC
L'objet
de
cette
section
est
la
spécification
des
équations
de
comportement du noyau walrasien d'un MEGC. Cette présentation est suivie,
dans un second temps, des prolongements qui peuvent s'ajouter au noyau
walrasien. La dernière partie discute la règle de bouclage du modèle.
Le noyau walrasien d'un MEGC comporte les marchés du travail, des
biens et de l'extérieur. Le comportement des agents économiques sur les dits
marchés est défini par les fonctions d'offre et de demande.
Les équations qUI suivent empruntées à De Janvry et Sadoulet (1987)
présentent les relations fondamentales du modèle walrasien.
1. La structure du modèle
./ Production
L'offre de production de chaque secteur (X Sj) équation (1) est fonction du
capital Ki et du travail Lki• Le travail est désagrégé selon le niveau de
qualification. Les types de travail sont imparfaitement substituables ente eux et
par rapport au capital.
xt = X,s(K"Lk,)
(l)
173

Le marché du travail est caractérisé par les équations (2) à (4). La
demande de travail Lki équation (2) est dérivée des conditions de maximisation
du profit, elle est fonction du taux de salaire (w) et des prix intérieurs à la
production Pd j. Dans l'équation (3), l'offre L s
k est fonction du taux de salaire Wkj
et du niveau des prix (P). L'équilibre sur le marché du travail et sur celui des
biens détermine le taux de salaire d'équilibre sur le marché du travail (équation
4).
(2)
(3)
(4)
La rémunération des facteurs de production est donnée par les équations
(5) et (6). La rémunération des facteurs est déterminée par les niveaux de
l'output, de l'emploi et des prix.
F;, =F;,(wkL~,tk)
(5)
V; = V;(p,X
L
(6)
i -
WkLk/ i)
k
Le produit du taux de salaire (w
S
t )
par le niveau de l'emploi (Lk ) net de
taxes (tj) constitue les revenus salariaux (Fk) équation (5). Les revenus non
salariaux (Vi) équation (6) sont constitués par la différence entre la valeur
ajoutée et les revenus salariaux net de taxe (tkj).
Les équations (7) et (8) définissent le revenu disponible des institutions.
~, = ~,(a/lk'F;"a/llV;,t/l)
(7)
174

(8)
Le revenu disponible des ménages Yn équation (7) est constitué par une
fraction des revenus salariaux (ank) et de la rémunération du facteur capital (anD
net de l'impôt (tn).
Le revenu du Gouvernement YG équation (8) est constitué par l'ensemble
des taxes prélevés sur l'output (Xi), la rémunération des facteurs de production
(Fk et Vi), et le revenu des ménages (Yn) et sur les importations et exportations
(M et E).
Les fonctions d'épargne et d'investissement sont données par les
équations (9) et (10). L'épargne totale S équation (9) est la somme des épargnes
individuelles SjYj auquel s'ajoute l'afflux de capitaux extérieurs exprimé en
monnaie nationale (ERF).
S = Isjy; + ERFj E ({n}, G)
(9)
j
Ii = kiS / pKi
(10)
pK; = I(p)
L'investissement nominal dans chaque secteur équation (la) est alloué de
façon exogène KJ. L'investissement dans ce secteur (PkD, est lui-même fonction
du niveau des prix.
La demande de biens est définie par les équations (11) à (16).
Zi = Ir/
(lI)
j
j
175

C,'i = cA(1- S,J~" p]
(12)
CG; = CGi = [(1- SG)YG'p]
(13)
di = f(pdi,prn,)
(14)
(15)
Pi = p(pdi,prn,)
(16)
La demande de biens d'investissement Zi par secteur, équation (11) est
donnée par la matrice de composition des biens d'investissement dans ce secteur
(T).
La consommation par type de ménages Cni équation (12) est une fonction
du niveau des dépenses (1-sn)Yn et des prix.
La part du revenu du Gouvernement qui n'est pas affectée à l'épargne
définit les dépenses gouvernementales COi équation (13).
L'offre intérieure di équation (14) est définie par le ratio des pnx
domestiques (Pdi) aux importations (Pmi). Le prix des importations (Pmi)
équation (15) est fonction du prix international (PwD, du taux de change (ER) et
des taxes sur les importations (tmi).
Le pnx au marché (Pi) équation (16) est fonction du ratio des pnx
intérieurs et des importations.
Les équations (17) à (19) définissent le marché extérieur.
176

M; ~ (1- d;{S: C;,; + cc; + Z, + (AX);]
(17)
E, = f(pei,pw;)
(18)
pei = pdJl + te;) / ER
(19)
L'équation (17) définit les importations. Les exportations (Ei) équation
(18) sont fonction du ratio des prix domestiques des exportations du marché
exprimées en monnaie nationale (Pcaet du prix du marché mondial (PWi)'
(Pca équation (19) est fonction des prix intérieurs auquel s'ajoutent les
taxes sur les exportations.
L'équation (20), la balance commerciale net de l'afflux de capitaux,
détermine le taux de change réel d'équilibre.
Lpw;M, - Lpe,E, - F= 0
(20)
L'équilibre sur le marché intérieur détermine les prix d'équilibre (éq. 21
et 22). Le modèle étant homogène relativement au prix, seuls les prix relatifs
seront déterminés. Par conséquent la normalisation des prix s'impose. La
monnaie étant absente, l'indice des prix est choisie comme numéraire du
modèle.
X,d = di[LC
(21 )
,
+ Cc; + 2, + (AX),l + E,
Il
J
Il
X;d -x: = 0
(22)
177

Le modèle comporte 23 équations et 24 variables endogènes, 4 variables
exogènes; comme l'indice des prix est le numéraire, le modèle est exactement
identifié.
(23)
Toutes ces équations déterminent la structure du modèle. Celle-ci est la
partie la plus importante de la modélisation ; elle détermine largement les
propriétés du modèle. Le choix approprié de la structure du modèle est dicté par
plusieurs considérations relatives au comportement du modèle au système
institutionnel en vigueur, à la généralité du système d'équations et au nombre de
paramètres nécessaires à la spécification du modèle.
Le noyau walrasien à aspect réel du MEGC peut être utilisé pour simuler
les conséquences socio-économiques de plusieurs aspects des programmes
d'ajustement structurel. Les politiques économiques généralement simulées à
l'aide d'un MEGC comprennent la dévaluation du taux de change (relativement
à un numéraire spécifique) et les politiques fiscales et de réduction des dépenses
publiques.
Le modèle peut aussi mettre en relief la réallocation des facteurs capital et
travail dans le processus de production ainsi que les modifications dans la
consommation et les tendances du commerce.
Eu égard à l'ajustement, les pnnCIpaux résultats du modèle walrasien
peuvent être résumés dans les lignes qui suivent.
178

Dans le modèle précédemment décrit, 1'hypothèse du plein-emploi génère
une rigidité de l'offre de production qui affecte l'impact des politiques macro-
économiques.
La politique fiscale induit une variation du taux d'intérêt. Si la demande
publique se modifie, le taux d'intérêt augmente ou réduit la demande de
consommation et d'investissement. La politique monétaire détennine le niveau
des prix.
Dans
ce
modèle,
l'impact
macro-économique
des
politiques
de
stabilisation est minimal.
L'output étantt fixe, le contrôle de l'offre de monnaie pennet de résoudre
les problèmes relatifs à l'inflation et à la balance des paiements. Le seul effet de
la dévaluation sur la demande sera de réduire le revenu réel.
En outre l'utilisation de ce modèle dans le court-tenne n'est pas justifiée.
L'évidence empirique montre qu'à court-tenne, il existe des déséquilibres
notamment sur le marché du travail; en conséquence les politiques d'ajustement
peuvent avoir un impact sur l'emploi.
Les modèles d'équilibre général sont complexes car ils ont pour objet de
simuler le comportement de l'économie tout entière.
179

Etant donnée la pluralité et la variété des comportements de l'économie,
le modèle ci-dessus pourrait être enrichi par l'incorporation d'autres hypothèses
de comportement. Le point suivant examine ces questions.
II. Les prolongements du noyau walrasien des modèles d'équilibre
général calculé
Dans cette partie, nous allons examiner d'autres hypothèses alternatives
au marché du travail, des biens ainsi qu'aux équilibres extérieurs et intérieurs.
A. Le marché du travail
Contrairement à l'hypothèse néoclassique de l'égalité entre l'offre et la
demande sur le marché du travail, il semble plus approprié de retenir que l'offre
de travail est infiniment inélastique pour un taux de salaire donné.
De ce qui précède, on peut formuler plusieurs théories alternatives de la
formation du salaire.
Une première formulation consisterait à postuler un salaire nominal fixe
qui reflète les contraintes institutionnelles de court-terme, liées à l'ajustement
des salaires au coût de la vie.
180

Une seconde possibilité serait de considérer le salaire réel en fonction du
minimum de subsistance.
Enfin toute autre théorie telle l'ajustement partiel du taux salaire à
l'inflation, peut-être introduite.
La prise en compte de ces hypothèses supplémentaires de la théorie de la
formation des salaires entraîne que l'équation (4) relative à l'égalité de
l'équilibre sur le marché du travail soit remplacée par une équation relative à la
formation des salaires.
Le taux de salaire n'étant plus généré par l'égalité entre l'offre et la
demande de travail, le surplus d'offre est la différence entre l'offre et la
demande de travail.
B. Le marché des biens
En agriculture, la régulation des pnx se substitue généralement aux
mécanismes de détermination des prix par le marché. Dans cette éventualité,
l'offre et la demande excédentaire de biens est absorbée soit par la variation de
stocks et la consommation publique soit par les exportations ou les importations.
Pour tenir compte de cette régulation, il convient d'introduire une
équation de prix Pi = P, en lieu et place de l'équation (18). Les exportations et
181

importations équations (21) et (22) sont détenninées par la différence entre
l'offre et la demande.
Dans l'industrie, la rigidité des prix à la baisse et la surcapacité en tenne
de capacités installés, est d'observation courante dans les pays sous-développés.
La modélisation de cette situation s'opère par l'incorporation du taux de
marge dans le système de tarification. Dans ce cas, le niveau de la production
s'ajuste à celui de la demande. Pour ce faire, l'équation (1) est remplacée par
une équation de prix incorporant le taux de marge soit Pdj = f(w,p,ri) :
ri = taux de marge
Dans la théorie néoclassique traditionnelle du commerce international,
tous les biens sont échangeables et sont parfaitement substituables aux biens de
production locale.
Les modèles empiriques qui adoptent cette hypothèse aboutissent à une
spécialisation extrême de la production et à des fluctuations peu réalistes des
prix relatifs intérieurs en réponse à une modification de la politique commerciale
ou des prix mondiaux.
Il en va tout autrement des modèles qui admettent des possibilités
seulement imparfaites de substitution et de transf<?nnation. Dans ce cas, tous les
biens de productions locales qui ne sont pas exportés sont effectiv:ement traités
comme les biens non échangeables. Leur part dans le PIB est désonnais égale à
182

l'unité moins la part des exportations; tous les secteurs sont traités de façon
symétrique.
Un secteur purement national
est alors
celui
dont
les
fonctions
d'importation et de transformation des exportations sont toutes de paramètres
nuls. Comme le montrent De Melo et Robinson (1985), la transmission entre les
prix mondiaux et les prix intérieurs est fortement
tributaire des taux
d'importation et d'exportation. Pour des élasticités données de substitution et
transformation, la relation entre les prix intérieurs et les prix mondiaux sera
d'autant plus forte que ces taux sont élevés.
Au total, l'hypothèse de l'imparfaite substituabilité a pour effet d'isoler de
manière très réaliste les prix intérieurs des variations des prix mondiaux. Si la
transmission subsiste, elle est moins forte que ne l'admet le modèle néoclassique
traditionnel des échanges internationaux.
C. L'équilibre extérieur
Dans le modèle présenté, la balance commerciale est définie de manière
exogène, le modèle détermine ensuite la valeur d'équilibre du taux de change
réel. Le taux de change est réel car la normalisation des prix impose un indice de
prix constant. On pourrait aussi bien définir le taux de change comme variable
exogène et s'en servir pour déterminer la valeur d'équilibre de la balance
commerciale.
183

La spécification d'un taux de change exogène génère un déséquilibre sur
le marché extérieur. Le déséquilibre est éliminé soit par des mécanismes de
rationnement soit par l'afflux de capitaux. Le taux de change étant exogène,
l'afflux de capitaux est la variable qui équilibre l'équation (20).
D. L'équilibre entre l'épargne et l'investissement
L'équilibre
entre
l'épargne
et
l'investissement
peut
être
formulé
di fféremmen t.
En raison de la participation active de l'Etat dans le programme
d'investissement, on peut choisir de boucler le modèle par l'investissement.
L'investissement étant exogène, le modèle détermine le niveau de l'épargne
reqUIS.
L'autre possibilité est de considérer que l'épargne publique est un
complément de l'épargne privée. Dans cette hypothèse, les dépenses publiques
sont déterminées de façon résiduelle par le modèle. Il faut supprimer l'équation
13, si l'on suppose que les dépenses de fonctionnement sont endogènes.
Enfin si l'on postule que les prix ne servent plus de numéraire, l'égalité de
l'épargne à l'investissement résultera de l'ajustement global de l'économie.
184

Tableau 24 : La classification de la structure macro-économique selon la règle
de bouclage
1-
Surplus de main-d'œuvre et salaire exogène:
Offre
de
production
de
court-
tonne: X' ~ X{ -pWJ
Equilibre
sur
le
marché
des
biens: X{ -i,: ,+gJ = XS
(1)
Equilibre sur le marché de la monnaie:
Md(-i,+p,+X S) = MS
(2)
Variables
exogènes,
MS,g,w,
W;
Variables endogènes, i,p,Xs.
2-
Tarification au taux de marge
L'équation
(1)
est
remplacée
par
p = w(l + r), r exogène.
3-
L'hypothèse néoclassique de plein emploi
Le
taux
de
salaire
w endogène
est
déterminé par w/p qui est constant.
4-
Modèle néo-structuraliste
Tarification au coût marginal: w=w(p)
Tarification
au
taux
de
marge,
et
endogénéisation du taux de marge, l'équation
(2)
est
remplacée
par:
s
XdU-p,r,g)=CXs,X
qUI
est
exogène.
w = w(c)
r = r(c)
Variables
Offre et demande utilisé aussi comme revenu réel
dans l'équation (3), modèle de base
1,W,p
Offre ct demande de monnaie
g
Taux d'intérêt nominal, salaire nominal et prix
W
Déficit gouvernemental
C
Actifs nominaux
Capacité d'utilisation
Taux de marge
Source: A. de Janvry, A. Fargeix et E. Sadoulet. 1990, p.47.
Les apports ci-dessus montrent qu'il n'existe pas un ensemble de
procédures prédéterminées pour construire la structure d'un MEGC.
185

La théorie économique, la connaissance de l'économie, sujet de 1\\~lude,
amsI que les préférences personnelles du modélisateur, contribuent à la
spécification de la structure d'un MEGC. La remarque ci-dessus ne constitue
cependant pas un désav!;lntage pour le MEGC; elle est le reflet tout simplement
de l'état de la théorie économique et des critiques auxquelles doit faire face tout
modèle économique empirique.
La structure du MEGC étant spécifiée, il convient, avant de procéder à
toute analyse empirique, de répondre à deux questions. La première est relative à
la façon dont l'équilibre de court terme est réalisé ou « règle de bouclage ». La
seconde a trait au choix des valeurs des paramètres nécessaires pour identifier le
modèle ou « calibrage ».
Dans les paragraphes qUI suivent, nous présentons successivement les
règles du bouclage et du calibrage d'un MEGC.
III. La règle du bouclage
A. Le bouclage
Pour comprendre la nature du débat relatif à la question du bouclage d'un
MEGC, revenons au noyau walrassien d'un MEGC.
Le modèle précité comporte 23 équations, 24 variables endogènes et 4
variables exogènes. Pour réaliser l'équilibre, autrement dit la satisfaction des 23
186

équations de demandes excédentaires, nous nous trouvons dans une situation où
le nombre de variables est supérieur au nombre d'équations. Dès lors, on doit
choisir de boucler le modèle; choisir que certaines variables soient exogènes ou
supposer qu'elles sont fonction d'autres variables de telle sorte que le nombre
d'équations soit exactement égal au nombre de variables endogènes pour que le
modèle ait une solution. Ce choix dicte la façon dont les variables du modèle
s'ajustent pour parvenir à l'équilibre. Dans notre exemple, nous avons choisi
que l'indice des prix numéraire était exogène, de telle sorte que le taux de
change soit réel.
Le choix de la règle de bouclage est au cœur du débat théorique à propos
de l'ajustement macro-économique à court et long terme. Selon la règle de
bouclage adoptée, ce débat fait apparaître deux grandes approches:
l'approche monétariste-keynésien;
l'approche structuraliste.
Dans ce qui suit, nous allons présenter les deux approches en partant du
noyau walrassien du NIEGC présenté auparavant.
Concrètement, nous allons montrer comment en abandonnant la règle de
bouclage du modèle néoclassique, on peut se retrouver dans l'une ou l'autre des
approches.
187

B. Les modèles keynésiens et monétaristes
Le modèle walrasien devient un modèle traditionnel IS-LM, si l'on
introduit l'hypothèse d'un salaire nominal fixe. En effet, pour un niveau donné
des prix, le modèle IS-LM détermine la demande et l'offre en fonction du ratio
prix-salaire. La flexibilité des prix assure l'égalité entre l'offre et la demande (le
salaire nominal étant fixe, une augmentation des prix entraîne une augmentation
du ratio prix/salaire).
Dans un tel modèle, des politiques fiscales et monétaires expansionnistes
entraînent une augmentation de la demande des prix et de la production
(directement pour la politique fiscale, pour la politique monétaire, indirectement
à travers une diminution du taux d'intérêt, une augmentation de l'investissement
et de la consommation).
Le comportement du modèle dépendra des élasticités. Si l'élasticité de la
demande d'investissement et de consommation par rapport au taux d'intérêt est
très faible, la politique monétaire est ineffective comme dans le modèle
keynésien traditionnel.Si l'élasticité de la demande de monnaie par rapport au
taux d'intérêt est faible, le modèle appartient à la tradition monétariste. Dans
cette situation, la politique fiscale est inefficace. L'augmentation des taux
d'intérêt entraîne une diminution de l'investissement et de la consommation. La
politique monétaire s'avère plus appropriée, la diminution du taux d'intérêt
entraîne une augmentation de l'investissement et de la consommation.
188

Si l'on complète le modèle en introduisant l'hypothèse de substitution
imparfaite sur le marché des biens entre les biens domestiques et étrangers, le
comportement du modèle sera similaire aux modèles de stabilisation du Fonds
Monétaire International OFMI tels que décrits par Khan et Knight (1985).
L'inflation et la production sont positivement influencées par l'excès de l'offre
de monnaie. Les dépenses publiques n'ont aucun effet sur la production et
l'inflation (le déficit budgétaire est financé par l'expansion monétaire), la parité
du pouvoir d'achat n'est pas nécessairement maintenue, l'inflation domestique
est cependant positivement corrélé à l'inflation d'origine externe.
Le rôle conducteur de la demande peut être assumé par le modèle. Pour
cela, à l'hypothèse d'un taux de salaire nominal, on ajoute le principe de la
tarification selon le taux de marge. Dans cette hypothèse, l'offre s'ajuste à la
demande sans les signaux de prix. Selon la valeur des élasticités de la demande
de biens et de la monnaie, le comportement du modèle pourrait être keynésien,
Monétariste pur. Les politiques expansionnistes génèrent la croissance sans
inflation.
189

C. Les modèles néo-structuralistes
Pour
les
néo-structuralistes,
les
rigidités
structurelles
empêchent
l'adaptation rapide de l'économie aux chocs externes. Le marché du travail est
le lieu où les rigidités sont les plus importantes.
Selon ce courant, le taux de salaire n'est plus déterminé par la
confrontation entre l'offre et la demande de travail.
Le taux de salaire dans cette approche est déterminé par un processus de
négociation entre les travailleurs et les entrepreneurs pour le partage du profit. Il
résulte de l'idée ci-dessus que la situation de sous-emploi pourrait exister; en
outre des salaires nominaux élevés entraînent des prix élevés, quelque soit le
système de tarification.
Par exemple, si l'on retient le principe de la tarification au coût marginal,
le fonctionnement du modèle se présenterait comme suit :
Le salaire nominal est exprimé par une équation de la forme W t = f(X t_l ,
Xt-2, ••• , Xt-n) où X est un vecteur de variables qui représente le taux de salaire et
le ni veau des prix.
Dans cette formulation, le salaire de la période, est la fonction du salaire
et de l'inflation de la période antérieure.
190

L'autre possibilité serait d'exprimer le salaire en fonction de l'inflation
courante. Branson (1986) propose l'expression suivante:
[ li~ - ~-l)l
w/ = WH l-y
~_I
J
où 0 ~ y ~ l est le taux d'indexation; celui-ci est fonction du ratio travail!
capital.
Le taux de salaire étant partiellement flexible, l'expansion économique
stimulée par la politique monétaire et/ou fiscale, va se traduire par un taux
d'inflation plus élevé que dans l 'hypothèse de fixité du taux de salaire nominal.
Il en est ainsi parce que l'expansion engendre une chute des salaires réels alors
que les salaires nominaux (partiellement) résistent à toute augmentation des
pnx.
A l'inverse, l'impact récessionniste de la stabilisation, sera atténuée dans
la mesure où la réduction des salaires réels entraîne une faible augmentation du
coût du travail.
Dans le contexte de l'ajustement partiel du salaire au taux d'inflation, la
modification de l'intensité de l'impact des politiques d'ajustement n'altère
nullement le sens de variation de l'output et des prix.
Un modèle alternatif qui donne des résultats qualitativement différent est
celui de Taylor (1985). Le modèle est dans la tradition structuraliste car il
postule l'existence de surcapacité de production et la tarification au taux de
marge.
191

Dans l'exposé de Taylor, le taux de marge et le salaire sont endogènes, en
tant que résultante d'un processus de négociation relatif au partage taux de
profit. Le taux de profit est fonction du taux d'utilisation des capacités installées.
L'autre différence du modèle est que la demande agrégée est fonction du
taux d'intérêt réel, alors que le taux de marge est une mesure de l'inégalité de la
distribution des revenus. Deux indéterminations relatives aux signes existent
dans ce modèle:
une augmentation de la demande, induit une augmentation de
l'utilisation des capacités et de la rentabilité selon le pouvoir
relatif de négociation des parties en présence, le taux de
marge pourrait croître ou décroître;
l'augmentation du taux de marge a deux effets opposés: une
diminution de la demande privée, en raison de la faible
propenSIOn à consommer des titulaires de profit et une
augmentation du taux d'inflation qui réduit le taux d'intérêt
réel et induit l'augmentation de la demande d'investissement
(effet Tobin).
Deux équilibres stables émergent dans le long-terme et qui vont constituer
la
ligne de partage
entre
les
orthodoxes
et
radicaux
dans
l'approche
structuraliste.
192

J! Les orthodoxes
Pour les orthodoxes les profits augmentent plus vite que les salaires dans
le processus de négociation et l'effet de la demande est plus important. Pour ce
courant de l'analyse structuraliste, la stabilisation à long-terme va aboutir à un
équilibre caractérisé par de faibles niveaux d'inflation et d'inégalité et par
l'accroissement du taux d'utilisation des capacités.
2-Les radicaux
Pour ce courant, en récession, on va assister à une perte relative pour les
titulaires de revenu en raison de la théorie du « Profit Squeez » qui sous-tend le
processus de négociation. L'effet Tobin domine l'effet d'inégalité. Les résultats
auxquels parviennent les radicaux sont à l'inverse de ceux des orthodoxes.
Pour les radicaux, la stabilisation réduit l'inflation, l'augmentation
subséquente de la part des profits génère un équilibre de longue période
caractérisé par un niveau d'activité faible et une augmentation de l'inflation et
de l'inégalité.
Les tableaux qui suivent présentent respectivement la classification de la
structure économique des modèles selon la règle de bouclage et l'impact
193

des politiques de stabilisation selon les principaux modèles macro-économiques.
Tableau 25 : Les variables et paramètres du noyau walrasien d'un CGE
Variables endogènes
XS1
Production du secteur i
M;,E;
Importation, Exportation du produit i
Xd;
Demande domestique du produit i
Lkj
Demande de travail de type k par le secteur i
L\\
Offre de travail de type k
Fk
Rémunération du travail de type k
Vi
Rémunération non salariale du secteur i
Yn
Revenu du ménage n
YG
Revenu du Gouvernement
S
Epargne
Ii
Investissement par secteur de destination
z;
Investissement par secteur d'origine
Cn;,CG;
Consommation du bien i par le ménage n et par le Gouvernement
d;
Pourcentage de la consommation domestique dans l'offre du produit i
pj,pd;
Prix au marché et prix domestique du produit i
pmj,pej:
Prix des importations et des exportations du produit i
pki
Indice des prix des biens d'investissement dans le secteur i
p
Indice des prix
Wk
Taux de salaire du travail de type k
ER
Taux de change réel
Variables exogènes du modèle
Dotation de capital dans le secteur i
K;
Prix international du produit i en monnaie internationale
PWj
Flux de capitaux extérieurs
F
Taux de marge exogène
rj
Paramètres du modèle
tk, t;, tn
Taux de taxation sur les salaires, les revenus non salariés et les
tm;,te;
revenus des ménages
Unk,Un;
Taux de taxation sur les importations, exportations
Sb,SG
Part du ménage n dans les revenus salariaux Fk, et les revenus non
r
salariaux Y;
A
Taux d'investissement du ménage n et du Gouvernement
p
Matrice de la composition des investissements
Matrice Input, Output
Coefficient de pondération du prix i dans l'indice des prix
194

Tableau 26- Impact des politiques de stabilisation selon les principaux modèles macro-économiques
Modèle macro·économique
Décroissance du déficit
Décroissance de l'offre de
gouvernemental g
monnaie M'
1. Taux de salaire exogène
p < 0, X < 0, i < 0
p=,X=O,i>O
Keynésien ôX d 1a = 0
(Taylor et Roscnsweig, 1984)
Modèle IS·LM
p < 0, X < O,i < 0
p < O,X < O,i > 0
(Lewis, 1985 ; Khan et Knight, 1985)
Modèle monétariste ôl'vfd 1a = 0
(Khan et Knight, 1981)
p=O,X=O,i<O
p<O,X<O,i>O
Il. Plein emploi
(Adelman et Néoclassique Robinson, 1978)
Même résultat que dans 1pour
i,X = 0
p et i
III. Tarification au taux de marge
Modèles keynésien pur, IS·LM et monétariste
Même résultat que dans 1 pour
i,p = 0
X et i
IV. Modèle néo·structuraliste
Ajustement partiel du taux de salaire réel
(Bransoll, 1986)
p<O,X>O,i<O
p = X =O,i > 0
Taux de marge endogène
(Taylor, 1985)
Orthodoxe
p-l- x i
p-l- xi,i < 0
Radical
pi X -l-
pi x-l-,i > 0
Source: A. de Janvry, A. Fargeix et E. Sadoulet, 1990, p. 48.
Les modèles que nous venons de présenter montrent à quel point les
MEGC peuvent être utilisés pour répondre à la pluralité des problèmes macro-
économiques.
Les progrès enregistrés dans la modélisation en équilibre général calculé
doivent cependant être complétés par la modélisation explicite de certains
comportements.
195

Ces comportements sont relatifs au fonctionnement du marché du capital,
aux fonctions inter-temporelles de consommation et d'investissement et aux
anticipations. Dans ce qui suit nous présentons les lignes directrices de la
modélisation de ces comportements.
D. La modélisation d'autres comportements
lI. Le fonctionnement du marché du capital
Le problème de la disponibilité des actifs financiers ou des possibilités
d'emprunt ainsi que de la susbtituabilité entre les actifs financiers doivent être
pris en compte par la modélisation en équilibre général calculé.
Selon les pays, la disponibilité des actifs financiers diffère, mais celle-ci a
des implications profondes quant au fonctionnement du modèle.
Soit une économie, où les résidents ne détiennent pas des actifs financiers
étrangers. Dans cette économie, l'offre intérieure d'épargne sera peu sensible
aux variations du taux d'intérêt interne, car les résidents ne tirent aucun
avantage des taux d'intérêt étrangers élevés.
En second lieu, le comportement de couverture des agents économiques à
l'égard de la dépréciation de la monnaie et ou de l'inflation dépend fortement
de la disponibilité d'actifs étrangers et du stock des entreprises.
196

En troisième lieu, la disponibilité des actifs et/ou des possibilités de dettes
soulève la question relative au rationnement. En effet, si les taux de change et
d'intérêt sont soumis à un contrôle; la procédure de rationnement utilisée pour
allouer des devises et/ou des prêts subventionnés aura des conséquences sur la
répartition des revenus.
La fonction de demande d'actifs incorpore implicitement la substituabilité
et, en conséquence, cette dernière aura une int1uence sur le fonctionnement du
modèle.
Dans l'hypothèse où les actifs étrangers et domestiques sont parfaitement
substituables, le taux d'intérêt domestique est le taux d'intérêt étranger auquel
s'ajoute le taux de dépréciation monétaire prévu.
Au contraire, si l'on postule une substitution imparfaite entre les actifs, la
substitution peut être considérée comme une approximation du risque et des
coûts de transactions liés aux actifs et qui diffèrent selon les ménages.
21.
Les
fonctions
inter-temporelles
de
consommation
et
d'investissement
Dans la plupart des MEGC, les fonctions d'investissement et d'épargne
sont très simples.
197

Toutefois, sans aller jusqu'à introduire des fonctions inter-temporelles
précises d'utilité et de maximisation du profit, il est crucial de savoir comment
l'investissement et la consommation sont influencés par l'inflation courante et
future.
Les agents économiques, dans une situation d'inl1ation permanente,
auront tendance à augmenter leur consommation au dépend de l'épargne pour se
protéger, dans 1'hypothèse où ils ne peuvent recourir aux actifs financiers. Un tel
comportement aura nécessairement des conséquences sur l'emploi et le bien-
être.
31. Les anticipations
Les équations de comportement des agents économiques dans les MEGC
peuvent intégrer l'inl1ation anticipée ainsi que la dépréciation de la monnaie.
Toutefois, le processus de formation des anticipations est rarement modélisé.
L'idéal
consisterait
à
estimer
simultanément
les
équations
de
comportement et le processus de formation des anticipations. Dans la pratique,
cela s'avère impossible en raison du manque de données et du nombre élevé de
paramètres à estimer.
La solution est de supposer que les anticipations sont rationnelles. Dans
cette éventualité, la demande d'actifs intègre les taux de change, les risques liés
à l'inflation, ainsi que les coûts de transaction sur la base de l'hypothèse de la
substitution imparfaite entre les actifs détenus par les agents économiques.
198

Le modèle fonctionne comme si les agents économiques avaient une idée
précise de l'évolution future de l'inflation et de la dépréciation de la monnaie
vraisemblablement; cependant, les agents économiques ne se comportent pas de
façon aussi rationnel en raison du manque d'information nécessaire quant à
l' évo lution future de l'économie.
4/. La dynamique
L'ajustement suppose la modification de l'allocation des ressources
intersectorielles. Comme le processus d'ajustement est nécessairement long, les
modèles d'ajustement ou de stabilisation doivent être dynamique.
La modélisation dynamique en MEGC consiste en une succession d'états
d'équilibres. Ces équilibres sont reliés par la mise à jour de certaines variables
entre des périodes successives. Ces variables pouvant être le stock de capital,
l'allocation du facteur travail, les changements dans la composition socio-
économique des groupes (migration, taux de croissance démographique), les
variables technologiques (croissance de la productivité).
Cependant, il aurait été meilleure de spécifier une dynamisation plus
générale dans lequel le comportement des agents dépendrait de l'évolution des
variables économiques. Les comportements d'épargne et d'investissement
pourraient dépendre des revenus futurs, de l'inflation et du taux de l'intérêt. Les
problèmes empiriques de l'estimation de tel comportement ainsi que la
spécification de la formation des anticipations sont cependant difficiles à
surmonter. S 'y ajoute que le modèle devient difficile à résoudre.
199

51 La monnaie et les actifs
La plupart des MEGC sont réels, au sens où ils ne détenninent que les
prix relatifs. L'offre et la demande de monnaie, la structure des portefeuilles
publique et privé, ainsi que le financement de l'investissement et du déficit sont
généralement omis. Comme le marché monétaire est ignoré, un numéraire doit
être choisi, qui est un des prix du modèle (le salaire nominal, le taux de change
ou un indice de prix).
L'absence de la monnaie a limité l'applicabilité des MEGC, comme l'a
montré Taylor (1983), la monnaie affecte fortement les variables réelles aussi
bien à court-tenne qu'à long-tenne.
Dans les pays en voie de développement les Gouvernements financent le
déficit soit par création monétaire soit par l'inHation.
La question des interactions entre le réel et le monétaire a surtout occupé
les économistes des pays développés.
Récemment cependant, des tentatives ont été faites pour incorporer les
interactions entre le réel et le monétaire dans les MEGC (Bourgignon et al. 1989
; de Melo et al. 1989 ; Thorbecke 1992 ; De Janvry et Sadouet 1992).
Les difficultés,
une fois de plus, ne résident pas dans le fait que les
MEGC ne peuvent pas incorporer ces interactions, mais plutôt elles tiennent
d'une part à la théorie économique et à la structure des équations sous-jacente et
200

d'autre part, à
ce qui est plus important, l'indisponibilité des données
financières au niveau des ménages et des entreprises, deux institutions clefs.
IV. Les régIes de calibrages
La spécification du modèle et la règle de bouclage ne posent pas de
difficultés spécifiques aux MEGC. La détermination des paramètres du modèle
pose cependant des difficultés.
En effet, pour une MCS et une spécification données, il existe une infinité
de paramètres qui sont compatibles avec la règle de bouclage.
La MCS rappelons-le, est un état d'équilibre où toutes les valeurs sont
observées.
Le vecteur endogène des variables dans la MCS se détermine en fonction
des paramètres et des variables exogènes.
Le problème est qu'en général, le nombre de paramètres est supérieur au
nombre d'équations endogènes. Il s'en suit qu'il n'existe plus de correspondance
univoque entre le vecteur des variables endogènes et celui des paramètres. En
conséquence, il existe un nombre infini de paramètres qui sont en mesure de
déterminer la variable endogène.
201

En d'autres tennes, il existe un ensemble infini de courbes d'offre et de
demande d'équilibre partiel qui sont compatibles avec les valeurs d'équilibre.
Si l'on se rappelle en effet que les MEGC visent entre autre à suppléer
l'impossibilité
de
détenniner
ces
paramètres
par
des
estimations
économétriques, il reste au modélisateur deux possibilités:
la première consiste à en fixer la valeur lui-même, en
s'appuyant
sur
la
littérature
théorique
et
empmque
(abondante dans le cas des élasticités) ;
la seconde est déduite du modèle et des valeurs recensées
dans la MCS. Les données de l'année référence constituent
en effet la solution initiale du modèle. Il suffit donc de faire
tourner le modèle à l'envers pour trouver la valeur des
paramètres manquant : les solutions réintroduites dans le
modèle, doivent alors pennettre de retrouver la matrice
initiale.
Cette procédure dite « de calibrage» ne pennet toujours pas de trouver un
ensemble unique de paramètres. Il reste alors au modélisateur de trancher, quitte
à détenniner par la suite la sensibilité des résultats aux valeurs choisies. Pour ces
raisons un MEGC ne saurait être un outil de prévision.
202

Chapitre 111-
LES MODELES D'EQUILIBRE GENERAL CALCULE
APPLIQUES A L'AGRICULTURE
L'objectif de ce chapitre est de rendre compte de la façon dont les MEGC
abordent les politiques agricoles en général et plus spécifiquement l'ajustement
structurel
dans
le
secteur
agricole.
La
première
section
présente
les
caractéristiques générales des MEGC et la suivante les MEGC appliqués à
l'agriculture. Dans chacune des deux sections, on examinera d'abord
la
structure des modèles selon le niveau de désagrégation des secteurs et/ou des
classes sociales; puis la façon dont les marchés des facteurs et des produits
s'équilibrent. L'identification des règles spécifiques de bouclage et les résultats
des simulations constitueront notre dernière préoccupation.
Section 1- LES CARACTERISTIQUES GENERALES DES MEGC
Un modèle d'équilibre général calculable (MGEC) rappelons le,est un
modèle d'évaluation et de simu lation qui vise, à partir de l'hypothèse
walrasienne de l'interdépendance des marchés et des agents d'une économie, à
donner une représentation de l'ensemble des transactions.
Cependant, ce n'est que dans les années 1970 que ces modèles furent
construits
pour
analyser
les
politiques
économiques
dans
les
pays
en
développement notamment.
203

La plupart des MEGC appliqués aux pays en développement sont des
modèles multi-sectoriels qui analysent l'impact des changements de politique ou
des chocs extérieurs sur ces économies.
Ceci dit, les questions généralement étudiées par les MEGC appliqués aux
pays en développement, concernent : les stratégies de développement ; la
répartition du revenu; l'ajustement structurel aux chocs extérieurs; la politique
budgétaire; la politique commerciale; la croissance à long terme et l'ajustement
structurel.
Probablement, le MEGC, le plus détaillé et sophistiqué de nos jours est
celui de Adelmann et Robinson (AR) (1978). L'objet du modèle est de traiter de
la répartition des revenus, aussi est-il très détaillé en ce qui concerne les classes
et les sources de revenu. Il comporte 29 secteurs dont deux agricoles. Chaque
secteur comporte quatre entreprises ; dans le secteur agricole, il existe quatre
entreprises de tailles différentes. L'agriculture n'emploie que du travail non
qualifié, alors que les autres secteurs utilisent sept catégories de travail. En ce
qui concerne le secteur agricole, l'accent est davantage porté sur la propriété
foncière que sur la production.
La pmtie statique du modèle représente l'équilibre de l'économie au cours
d'une période; la partie dynamique met à jour les variables exogènes de la
période précédente pour la période suivante.
Les principales caractéristiques de la partie statique sont les suivantes:
204

L'équilibre au cours d'une période est assuré par l'ajustement des prix des
produits et des facteurs de telle sorte que l'offre et la demande s'équilibrent sur
l'ensemble des marchés. Le mécanisme exclut, la possibilité du chômage à
court-terme. L'offre de travail de la période est soit fonction des salaires ou
exogène. Sous 1'hypothèse que les entreprises utilisent pleinement leurs
capacités, la demande de travail est dérivée de la maximisation du profit de
court-terme.
Sur le marché des produits, les offres sont fonction des prix des facteurs et
des produits. Cependant, les achats du gouvernement sont exogènes, la demande
privée est fonction des revenus et des prix qui sont endogènes. Les dépenses
d'investissement en terme nominal sont exogènes au cours d'une période. Le
volume de l'investissement supposé endogène, est une fonction inverse du prix
des produits, parce que l'indice général des prix est fonction des prix courants.
La règle de bouclage choisit par A.R est néoclassique, partant du plein
emploi, l'équilibre au cours de la période est déterminé par les prix endogènes
des facteurs et produits.
Le modèle est rendu dynamique, par la façon dont les entreprises
déterminent leurs stocks de capital à partir de leurs anticipations. La demande
d'investissement des entreprises est un processus d'ajustement stock-flux.
L'offre de fonds pour l'investissement des entreprises ,du gouvernement
détermine l'offre et la demande d'investissement
nominal de la période
205

suivante. Les autres variables exogènes du modèle au cours de la période (ex
l'offre de travail) sont dynamisées de période en période.
Le modèle de AR bien qu'il ne traite pas spécifiquement de l'ajustement
structurel, répond aux interrogations soulevées par l'ajustement.
En fait, ils soulignent les conséquences de plusieurs instruments de
politiques agricoles tels la réforme foncière, l'infrastructure des coopératives
rurales, l'augmentation de la productivité agricole, etc.
Leurs résultats en ce qUI concerne les politiques agricoles sont les
suivants:
1- les termes de l'échange agricole déterminent le plus souvent les
revenus agricoles;
2- les politiques de croissance de la production agricole bénéficient
la plupart du temps aux populations urbaines;
3- les politiques qui consistent à baisser les pnx des produits
alimentaires, profitent aux pauvres urbains;
4- il peut résulter, des politiques d'assistance aux revenus ruraux,
une détérioration des termes de l'échange agricole;
5- les termes de l'échange agricole sont très sensibles aux
variations de la production agricole;
6~ réduire la pauvreté rurale, eXIge un ensemble de mesures
intégrées
tels
la
réforme
foncière,
l'augmentation
de
la
productivité et des sources de revenu non-agricoles.
206

Le travail admirable de AR souffre à deux niveaux. D'un côté la
production agricole est trop agrégée de telle sorte qu'il n'est pas possible de
discuter dans le détailles prix relatifs à l'intérieur du secteur agricole. De l'autre
bien que les ménages agricoles soient bien détaillés, leur lien avec la production
est trop agrégé.
Dans le modèle du Brésil, Taylor et alii se proposent d'examiner, l'impact
des variations de l'investissement, et des modifications institutionnelles sur la
répartition du revenu. La structure du modèle de Taylor diffère de celui de AR
en particulier par la spécification exogène de l'investissement.
Ils utilisent une règle de bouclage keynésien à épargne forcée.
Bien que le niveau de désagrégation sectorielle soit très élevé, le secteur
agricole est réduit à deux secteurs, les végétaux et l'élevage. Très peu de
politiques ont été analysés en relation avec le secteur agricole; en revanche bien
que l'on puisse analyser l'impact des politiques non-agricoles sur les revenus
agricoles, l'ouvrage ne le fait pas.
Les deux modèles que nous venons de décrire sont les précurseurs de tous
les MEGC qui ont été construits ces dernières années dans les PVD.
L'objectif des modèles ci-dessus est la répartition des revenus. Cependant
progressivement, l'intérêt s'est porté sur l'ajustement aux chocs externes tel le
choc pétrolier et des modèles furent construits à cet effet.
207

L'étude de l'OCDE(l992) : des résultats théoriques conformes aux
prédictions "orthodoxes" ... mais dans les faits, une grande diversité de
réaction. Ces recherches portent
sur des programmes de stabilisation et
d'ajustement
structurel
menés
dans
7
pays
Chili,
Côte
d'Ivoire,
Equateur, Ghana, Indonésie, Malaisie et Maroc.
Cet échantillon permet de rendre compte de la diversité historique et
culturelle des pays en développement
touchés par les déséquilibres macro-
économiques internes et externes.
Certains pays ont mené des politiques d'ajustement
dans le cadre
d'accord avec les Institutions de Washington et d'autres se sont ajustés avant le
déclenchement de toute crise et sans recours au FMI (Indonésie, Malaisie). Le
refus de l'ajustement orthodoxe au Ghana s'est traduit par une longue crise
marquée en particulier par un rationnement des importations.
Pour chaque pays un modèle spécifique a été élaboré, à partir de la
maquette commune proposée par F. Bourguignon, W. Branson et J de Melo.
L'ensemble des modèles issus de la maquette commune sont construits
sur un principe commun. "Ce principe est l'articulation d'une modélisation
micro-économique plus ou moins détaillée de la structure de la production, des
prix et des revenus, et d'une modélisation macro-économique
permettant de
représenter et d'analyser les effets des principales composantes des politiques de
stabilisation et d'ajustement structurel" ( F. Bourguignon et CC. Morrisson
208

1992, p.54). Les effets de répartition des modifications budgétaires, et l'impact
des incitations fiscales, ou tarifaires, ou enfin celles dues aux modifications du
taux de change passent par les canaux habituels des MEGC de tradition
walrasienne.
Grâce aux caractéristiques du cadre macro-économique, les auteurs
prennent en compte les effets de court-terme (modification de la demande
effective agrégée, ou du prix des actifs financiers, dans des économies
caractérisées par une relative rigidité nominale des prix et des salaires) sur
l'emploi, l'utilisation des capacités et enfin sur les variables affectées par les
variations du taux d'intérêt et les effets de richesses résultant de la modification
du prix des actifs.
La maquette intègre un marché financier caractérisé, dans les pays de
l'échantillon où les marchés financiers sont les plus développés, par quatre types
d'actifs : la monnaie, la dette publique interne (bons du trésor), le capital
physique et les actifs financiers. Selon le régime de change, l'équilibre externe
sera réalisé par l'ajustement du taux de change (taux de change flexible) ou par
la modification du niveau des réserves et du stock de dette publique contractée à
l'extérieur (en régime de taux change fixe). Certaines situations de rationnement
par les importations sont également envisagées. Les besoins de financement de
l'état sont couverts par la création monétaire et l'émission de titres dans le pays
ou dans le reste du monde. L'excédent de l'épargne privée sur l'investissement
donne lieu à la constitution d'encaisses monétaires, de bons du trésor, d'actifs ou
de passifs étrange;s, et d'une diminution de l'encours des emprunts nationaux et
209

étrangers des finnes nationales. La création monétaire est égale à la variation du
crédit de la banque centrale au Gouvernement, à celle de l'ensemble du système
bancaire national aux entreprises et à la monétarisation de la variation de
réserves étrangères.
Les résultats auxquels parviennent les auteurs sont les suivants:
1- une politique budgétaire restrictive, dans un régime keynésien
se traduit par une diminution de l'activité économique et une
amélioration
de
la
balance
commerciale
au
prix
d'un
accroissement du chômage diminution; celui-ci et la baisse de
la demande effective s'adressant aux secteurs où se trouve la
majorité
des
pauvres
entraînent
une
détérioration
de
la
répartition des revenus. En régime classique la baisse de la
demande publique est compensée par d'autres composantes de
la demande, et en particulier par la hausse de l'investissement,
sur fonds d'ajustement des prix. Sur le plan de la répartition, les
résultats restent ambigus: une production inchangée assortie
d'une offre de travail inélastique, maintient le niveau de
l'emploi constant ; les effets distributifs passent alors par une
modification du système des prix et de la rémunération de
facteurs (en défaveur des facteurs intensivement employés dans
la production des biens faisant l'objet de la demande publique).
2- Dans le cas d'une politique monétaire restrictive, dans le schéma
orthodoxe, celle-ci doit se traduire par une baisse des prix
(théorie quantitative), une hausse du coût du crédit et du taux
210

d'intérêt et enfin une moindre demande (de consommation et
d'investissement).
La
baisse
de
la
demande
interne,
la
dépréciation réelle résultant de la baisse des prix et la hausse du
taux d'intérêt se conjuguent pour rééquilibrer les comptes
externes. Dans le cas de la Côte d'Ivoire représentatif des pays
de
la
zone
franc,
les
conclusions
sont
subordonnées
à
l'autonomie qu'ont
les
autorités de
mener une politique
spécifique.
3- Dans l'éventualité d'une dépréciation du taux de change et sous
l'hypothèse d'une ouverture significative, et d'une production
agro-exportatrice fortement élastique, la dévaluation améliorera
la situation des producteurs de ces biens, aux dépend des
catégories urbaines et/ou rurales non agricoles. La hausse des
prix des biens importés jouera en sens contraire, jusqu'à ce
qu'elle stimule la substitution d'importations lorsque cela est
possible.
Section 11- LES MEGC APPLIQUES A L'AGRICULTURE
Concernant l'agriculture en particulier, les perspectives ouvertes par les
MEGC pour l'analyse des politiques économiques se sont traduites par un
nombre important de travaux. Selon
Savard (1995), deux raisons expliquent
l'utilisation des MEGC en économie agricole:
211

les pressIOns exercées en faveur de la libéralisation des
politiques
agricoles
dans
le
cadre
des
négociations
multilatérales du GATT (OMC) et avec la consolidation de
blocs
commerciaux
comme
l'Union
européenne et de
l'ALENA',
les remises en cause du rôle interventionniste des Etats
imposées par les contraintes budgétaires de plus en plus
fortes.
La libéralisation du commerce mondial des produits agricoles et les effets
sur la pauvreté et la répartition des revenus de l'ajustement structurel ont pour
les pays en voie de développement des conséquences si énormes qu'ils
constituent des raisons supplémentaires pour l'utilisation des MEGC en
économie agricole.
La grande majorité des MEGC en économie agricole sont ainsi utilisés
pour analyser l'impact de la libéralisation du secteur agricole à l'intérieur d'un
pays, d'un bloc commercial ou au niveau mondial. Un nombre important de
modèles ont été construits pour analyser l'impact de la libéralisation agricole
proposée lors de l'Uruguay Round, ou étudier les conséquences de l'application
des propositions de l'OCDE similaires aux accords de l'Uruguay Round.
D'autres modèles analysent l'impact des changements de politiques agricoles
sur l'ensemble de l'économie et sur le bien-être.
212

1. Les modèles mondiaux
L'évaluation de l'incidence de la Politique Agricole Commune de l'Union
européenne, est l'objet des travaux de Burniaux, Waelbrock et ali. (1988) (BW).
BW utilisent un modèle comprenant treize produits agricoles et quatre produits
non agricoles. Le modèle, surnommé RUNS (Rural/Urbain/Nord/Sud), ventile
chacune des économies régionales en deux secteurs: le secteur rural (c'est-à-
dire l'agriculture) et le secteur urbain (tout le reste). Pour ses auteurs de RUNS,
la libéralisation du PAC a deux effets importants. Premièrement, la production
agricole chute entraînant une augmentation sensible des prix mondiaux pour
l'ensemble des produits agricoles. Deuxièmement, les effets combinés de la
hausse des prix mondiaux des produits alimentaires et de l'accroissement des
importations agricoles entraînent une augmentation de la production et des
exportations de produits manufacturés qui s'accompagne d'une diminution des
prix mondiaux de ces produits. L'impact de la PAC sur les populations rurales
des pays en voie de développement (PVD) est nettement positif: la hausse des
prix de production agricoles et la baisse probable des prix des biens
intermédiaires pourraient se traduire par une hausse des revenus .En revanche,
le secteur urbain est doublement pénalisé : en premier lieu, par la hausse des
coûts salariaux et en second lieu, par la baisse des prix mondiaux des produits
d'importation concurrents.
Quant au modèle de l'OCDE, intitulé WALRAS (World Agricultural
Liberalisation Study), il a deux objectifs principaux : mettre en évidence les
213

interactions entre les secteurs agricoles et non agricoles et évaluer, en termes
d'efficience et de bien être, les effets des politiques de l'OCDE sur les pays
membres eux-mêmes. Les objectifs d'un tel modèle expliquent d'une part le
secteur agricole n'y figure pas de manière détaillée, le modèle ne comprenant
que deux produits: l'élevage et tout le reste. Ils justifient d'autre part que le
modèle n'individualise aucun pays en développement (Bumiaux et ali 1990a).
En revanche, WALRAS se compose de six sous-modèles pour chacun des
grands pays ou régions d'échanges agricoles de la zone OCDE: CEE, Japon,
Nouvelle Zélande et Etats-Unies. Ces sous-modèles sont reliés entre eux et au
reste du monde. Tous les secteurs non-agricoles y sont supposés opérer à
rendement d'échelle constant, alors que les secteurs agricoles se caractérisent
par des rendements décroissants du capital et du travail (la terre est mobile entre
les secteurs agricoles et n'est pas intégrée comme facteur de production pour les
secteurs non agricoles). Les quantités totales de facteurs primaires disponibles
sont fixes, entièrement utilisés et partiellement mobiles entre les secteurs.
L'allocation du capital et du travail entre les activités se fait en fonction
de
l'offre et de la demande; les dits facteurs sont rémunérés au prix d'équilibre. Du
côté de la consommation, le modèle spécifie un consommateur unique
représentatif qui a la possibilité d'acheter à la fois des biens domestiques et des
biens importés en fonction des prix relatifs.
Les modèles mondiaux, comme ceux que nous venons de décrire, font
trop appel aux équations de transmission des prix pour représenter les politiques.
Cette façon réductrice d'illustrer les politiques ainsi que les lenteurs de
l'ajustement du marché des facteurs font qu'il est difficile de déterminer l'effet
214

net d'attraction des ressources des politiques publiques sur le produit marginal
des facteurs aux prix mondiaux (Hertel 1990). En outre, l'inclusion des pays en
développement
dans
ces
modèles
mondiaux
VIse
à
permettre
une
comptabilisation correcte de l'offre et de la demande globales dans une
perspective mondiale plutôt que du point de point de ces pays eux-mêmes (De
Janvry et Sadoulet, 1990). Ces modèles souffrent enfin de sérieuses limitations
en ce qUI concerne le niveau de désagrégation et l'exhaustivité de chaque
modèle national.
Ces questions ainsi que les conséquences qui en résultent pour les pays en
développement en cas de variation des termes de l'échange sont prises en charge
par les modèles par pays.
II. Les modèles par pays
Ces modèles visent un objectif différent. Par
nature, ils ne sont pas
destinés à répondre à des questions concernant le résultat global de la
libéralisation des échanges sur les prix internationaux. Ils préfèrent se concentrer
directement sur l'incidence de variations données des prix internationaux sur les
performances économiques de certains pays. Ils sont ainsi amenés à mettre
l'accent sur les interactions détaillées entre les différentes branches de
l'économie et sur la spécification des caractéristiques des différentes catégories
socio-économiques disposant chacune de sources de revenu différentes. Cette
approche permet d'une pmi de déterminer les groupes et secteurs sociaux qui
215

seront affectés par l'ajustement et la façon dont ils seront touchés. Elle permet
d'autre part de concevoir des programmes complémentaires, ainsi que les
mesures compensatoires visant à atténuer les effets de la libéralisation dans les
pays en développement.
Appliqués au secteur agricole, les modèles d'équilibre général calculables
par pays peuvent être sériés en deux approches distinctes. Dans la première
approche, le secteur agricole est modélisé de façon traditionnelle comme les
autres secteurs. Dans le second type d'approche, en revanche, le secteur
agricole
fait
l'objet
d'une
modélisation
explicite,
d'abord
en
modèle
multimarché, puis intégré dans un cadre d'équilibre général.
Dans la première approche, on retrouve les travaux par exemple de Loo et
Tower (1990), de De Janvry et Sadoulet (1984), de Lopez , Ali et Larsen
(1991 ),de Comell National Food policy programm(1996).
Loo et Tower. entreprennent, à l'aide d'un MEGC, d'examiner les effets
de la libéralisation des échanges agricoles dans les pays en développement en
mettant l'accent sur les termes de l'échange, le financement du secteur public et
sur l'allocation des ressources. Les auteurs utilisent un modèle fortement agrégé
de plein-emploi, comportant quatre secteurs. Les relations de production et de
consommation y sont supposées être des fonctions Cobb-Douglas. Tous les prix
mondiaux sont fixes, à l'exception de celui des exportations agricoles déterminé
par une courbe d'excès de la demande intérieure.
216

Par rapport aux effets sur les tennes de l'échange, les résultats des
simulations indiquent que les pays exportateurs nets de produits agricoles vont
enregistrer un gain net qu'ils décident ou non de répercuter le choc des prix sur
l'économie nationale. L'excédent de ressources agricoles du pays a simplement
acquis une valeur plus élevée sur la base des prix mondiaux. Concernant les
effets sur les finances publiques, l'augmentation des prix agricoles mondiaux et
de la valeur des importations et des exportations se traduit ici aussi par un gain
en tennes de revenu réels. Loo et Tower ont enfin identifié dans la réallocation
des ressources des secteurs protégés vers les secteurs concurrentiels une dernière
source de gains.
De Janvry et Sadoulet (1987) ont construit six MCEG relatifs à la Corée,
à l'Egypte, à l'Inde, au Mexique, au Pérou et au Sri-Lanka, pour simuler les
effets intersectoriels, intertemporels et sur les classes sociales de certains
instruments de politique économique comme : une augmentation de la
production sous différents régimes de prix (flexible et fixe); des incitations par
les prix; des investissements dans l'agriculture plutôt que dans l'industrie; des
subventions alimentaires. Pour ce faire, ils partent de la structure générale du
modèle walrasien en y incorporant les imperfections liées au fonctionnement des
marchés
du
travail
(les
contraintes
institutionnelles
dans
le
mode
de
détennination des salaires), des marchés de biens (le mode de régulation des
prix agricoles, la rigidité des prix à la baisse dans le secteur industriel et les
surcapacités de celui-ci) et en modifiant la règle de bouclage du modèle fondée
sur l'égalité entre l'épargne et l'investissement. De Janvry et Sadoulet concluent
217

qu'un même instrument de politique économique peut conduire à des résultats
différents; ces derniers dépendent de la façon dont l'économie est modélisée.
Lopez, Ali et Larsen (1991) analysent, à l'aide d'un MCEG simple, les
mécanismes par lesquels les politiques macro-économiques, commerciales, de
prix et de taux de change affectent l'agriculture d'exportation en Tanzanie et au
Malawi. Dans ce modèle, le secteur agricole est désagrégé en bien exportable,
importable et non-échangeable. Dans la fonction d'offre de production agricole,
ils intègrent le climat et la technologie en plus des prix. Le modèle analyse les
interactions entre l'agriculture et le reste de l'économie par l'intermédiaire de
deux mécanismes: les prix relatifs des biens non-échangeables et le niveau du
salaire réel, ce dernier étant déterminé par la combinaison des facteurs
institutionnels et de marché. La conclusion majeure du travail de Lopez, Ali et
Larsen (1991) est qu'en Tanzanie, l'agriculture d'exportation est fortement
sensible aux incitations par les prix et aux variations, en particulier, du prix
relatif des biens agricoles d'importations par rapport aux biens agricoles non-
échangeables.
L'ouvrage" Economic Reform And the Poor in Africa" publié en juin
1996 par D. Sahn consigne la plupart des travaux du CNFPP sur l'ajustement
structurel en Afrique.
L'objet de l'ouvrage est d'évaluer les conséquences économiques et
sociales de l'ajustement sur la pauvreté en Afrique et à Madagascar.
218

L'étude porte sur un échantillon de dix pays: Madagascar, Cameroun,
Gambie, Ghana, Guinée, Malawi, Mozambique, Niger, Tanzanie, et Zaïre.
Sur le plan empirique, l'approche a consisté à séparer, les effets de la crise
qui ont conduit à l'ajustement et les mesures de réforme économique sur la base
de modèles empiriques d'analyse de contre-tendance.
Dans l'examen des questions relatives à l'ajustement structurel en Afrique
l'approche est cependant éclectique (D. Sahn 1996 p.9).En effet la deuxième
partie de l'ouvrage évalue l'impact de la réforme des politiques commerciales à
l'aide de NIEGC ; La troisième aborde les conséquences de la réforme fiscale
sur le bien-être, en utilisant à la fois les modèles économétriques de régression
(S. Younger, B. Mills et D. Sahn), la modélisation input-output (P. Dorosh) et
les multiplicateurs d'impact de la MCS (S. Koné et E. Thorbecke) .Dans la
quatrième et dernière partie, la question de l'ajustement dans le secteur agricole
est étudiée au moyen des modèles multi-marchés sauf dans le cas de la Gambie
ou un MEGC est utilisé.
Les MEGC de l'ouvrage sont constmits pour analyser l'impact de la
libéralisation des échanges sur la croissance et la répartition des revenus au
Cameroun, en Gambie, au Niger, en Tanzanie et à Madagascar.
La structure générale des MEGC de l'ouvrage est néoclassique, elles sont
des variantes du modèle de Dervis, de Melo et Robinson qui furent appliqués au
219

Cameroun( Benjamin et Devarajan 1985
Condon et Devarajan 1987) et à
d'autres pays en développement.
Les productions des branches sont modélisées de façon traditionnelle; la
valeur ajoutée est spécifiée comme une CES des facteurs et les biens
intermédiaires sont une part fixe de la production (P. Dorosh pour Madagascar)
ou tout simplement la production est soit une CES (Subramanian
pour le
Cameroun) soit une CD (Sarris pour la Tanzanie) des facteurs de production
capital et travail.
Les flux d'échanges que sont les exportations et les ventes intérieures sont
des substituts imparfaits, ainsi que les imponations et la production domestique.
Les fonctions de demande d'exportation et d'importation sont respectivement
des fonctions CES et CET des indices de prix correspondants.
Le bouclage des modèles est néoclassique, le plein-emploi est supposé.
Al' exception du modèle de Sarris qui comporte une sphère monétaire,
tous les autres sont limités à la partie réelle de l'économie.
Le Cameroun diffère des autres pays sous-analyse, par son revenu par tête
élevé et son statut d'exportateur de pétrole. Deux périodes historiques sont
examinées par S. Subramanian; la première période, concerne la fin des années
70 et la moitié des années 80, où l'augmentation des exportations de pétrole a
entraîné une croissance de l'ordre de 14% du PIB avant de décliner dans la
220

première moitié des années 1980 et la seconde qUI couvre les mesures de
réforme de politiques mises en place en réponse à ces chocs.
A cet effet S. Subramanian simulent cinq scénarii de mesures de politique
économique:
la trajectoire de la performance économique du Cameroun de
1984/85 à 1989/90 ;
l'impact du choc pétrolier;
l'impact
du
choc
des
prIX
des
produits
agricoles
d'exportation ;
la fixation
de l'investissement publique à son nIveau de
1983/84;
la réduction des dépenses publiques par une dévaluation de
25% en 1986/87.
Les résultats indiquent que:
En raison de la faiblesse des liaisons entre le secteur pétrolier et le reste
de l'économie, et la rigidité de la production du secteur aux variations du prix du
pétrole, l'impact du choc pétrolier est faible.
Dans l'hypothèse de la chute des revenus pétroliers et en l'absence de
source de financement externe, la réduction des dépenses est l'unique alternative
qui s'offre au Gouvernement; à cause de la forte prépondérance des revenus du
pétrole dans les recettes de l'état.
221

La forte liaison entre l'agriculture d'exportation et le reste de l'économie,
couplée à l'effet de la réponse des prix en amont et en aval de l'agriculture, font
que les effets sur la croissance d'un déclin des prix des produits agricoles
d'exportation soient plus importants que ceux relatifs au choc pétrolier. La chute
des prix mondiaux des produits agricoles d'exportation entraîne le déclin de la
production et des revenus du secteur. La production des autres secteurs diminue,
mais cependant la chute à très peu d'effet sur le budget de l'état, dans la mesure
où les revenus prélevés de la taxation du secteur agricole servent à financer les
activités des offices de commercialisation et ne constituent pas une ressource
pour le trésor.
L'effet expansionniste de la dévaluation, augmente les recettes du
gouvernement et améliore le déficit de la balance des paiements. Aussi sans
recourir davantage à la politique
de réduction des dépenses publiques, le
Gouvernement aurait pu atténuer la sévérité des conséquences du processus
d'aj ustemen1.
Dans une situation de contraction des activités et de surcapacité, les
investissements réalisés après 1983/84 ont eut très peu d'effet. En revanche, les
simulations montrent, qu'une politique d'investissement plus prudente aurait
réduit le coût de l'ajustement, sans affecter de façon notable la production
durant ou après la période faste.
Pour l'agriculture d'exportation la même observation peut-être faite. En
effet si les offices de commercialisation et autres entreprises parapubliques
222

avaient judicieusement géré les importantes recettes alors que les cours
mondiaux des produits agricoles étaient élevés, ils auraient été en bonne position
pour amortir les conséquences de la chute des cours mondiaux des dits produits.
Au cours de l'ajustement, le secteur d'exportation se contracte certes, mais à une
allure plus faible et avec moins d'effets drastiques sur le reste de l'économie.
Les mesures d'ajustement adoptées par la Tanzanie depuis 1984 est le
sujet de l'analyse de Sarris.
Sarris utilise un MEGC comportant une partie monétaire et dans un cadre
dynamique, pour simuler de 1977 à 81 les politiques suivantes:
la dévaluation de 20% toutes choses étant égales par ailleurs
la diminution de 10% des dépenses courantes par rapport à
l'année de base;
la diminution de 10% des dépenses d'investissement en
tenne nominal;
la réduction de 20% des taxes indirects sur les produits
agricoles d'exportation;
la réduction de 10% de l'emploi dans le secteur publique;
le programme d'ajustement qui comprend les mesures ci-
après : la dévaluation de 20% de la monnaie tanzanienne,
l'augmentation des dépenses nominales d'investissement et
la réduction des dépenses courantes, la diminution des
effectifs de la fonction publique de 10%, la réduction de 20%
223

du taux des taxes à l'exportation des produits agricoles et une
augmentation de 10% de l'emprunt extérieur;
le déclin régulier de 20% des prix mondiaux des produits
agrico les d'exportation;
l'augmentation régulière
des
pnx
des
importations
de
produits intermédiaires et manufacturés;
les effets de l'ajustement dans un contexte peu favorable.
Cette simulation combine les simulations 6 ,7 et 8.
Les résultats des deux dernières simulations relatives à l'ajustement,
montrent que celui-ci a un effet drastique à court et à moyen-terme. Le taux de
croissance du PIB est très faible (0,1 %), l'offre de monnaie augmente de 21 %,
entraînant une hausse de l'indice des prix à la consommation de 9,5%.Le taux de
change sur le marché parallèle augmente de 8,1% et devient plus faible par
rapport au taux de croissance de celui
du marché officiel
(20%). En
conséquence, le marché parallèle se trouve réduit, les rentes sur les importations
officielles diminuent de 6,3% à l'année de base à 4,8 % du PIB et les encaisses
en devises des ménages diminuent.
Les dépenses récurrentes baissent de façon significatives; en raison à la
fois de la hausse des prix, et de leurs réductions en terme nominal pour financer
l'investissement.
A
court-terme,
l'investissement
privé
réel
diminue
principalement à cause des ménages.
La réduction de 10% des effectifs de la fonction publique combinée aux
autres mesures à des effets différenciés sur le salaire réel. Le salaire réel des
224

travailleurs non-qualifiés augmente, alors que celui-ci diminue pour ceux qui
sont qualifiés.
Les déficits publique et extérieur sont fortement réduits; principalement à
cause de la dévaluation et de la réduction des dépenses publiques.
L'impact sur les ménages est négatif mais différencié. Les ménages
ruraux et urbains pauvres ainsi que les classes rurales moyennes rurales qui ne
participent pas au partage de la rente perdent 1% en terme réels. Les riches en
revanche perdent 4 à5% en terme réel.
A moyen terme cependant, les choses se présentent différemment.
L'inflation est modérée et il y a reprise de l'investissement. Le PIB par tête
augmente de 3,2 % par rapport à l'année de base; en raison de l'amélioration de
la qualité de l'infrastructure qui est supposée avoir un impact positif de 4% sur
la production domestique. Les déficits publique et externes sont maintenus en
deçà de leur niveau de l'année de base. Le bien être des ménages s'améliore de
façon notable, plus particulièrement pour les ruraux pauvres et de classe
moyenne, et dans une moindre mesure pour les riches urbains et ruraux.
Dans un environnement défavorable, le PIB réel par tête augmente
considérablement à moyen tenne, les déficits sont fortement réduits. Les salaires
réels déclinent quelque soit le niveau de qualification. Le taux de change sur le
marché parallèle augmente mais d'une valeur inférieure au taux de dévaluation
225

officiel ; les rentes demeurent cependant élevées. Quelque soit la tranche de
revenu, le bien-être des ménages diminue.
A la suite de ces deux simulations, Sarris fait observer que les effets
bénéfiques des programmes d'ajustement deviennent mitigés, si les dits
programment se déroulent dans un environnement où les chocs externes sont
défavorables à l'économie considérée; en raison des conséquences négatives
dues aux chocs externes, les programmes d'ajustement font l'objet de vives
critiques.
Le chapitre l " Rent and Exchange rate" de P. Dorosh examine l'impact
de la stabilisation et de l' aj ustement structurel sur la répartition des revenus et le
bien-être à Madagascar. Quatre questions sont examinées par l'auteur:
les effets des poli tiques de stabilisation et de l'augmentation
de l'emprunt extérieur et de l'investissement, dans un
contexte où Madagascar honore ses engagements en matière
de remboursement de la dette extérieure;
les impacts de l'augmentation des importations de riz ;
les effets de l'abandon de la politique des quotas sur les
importations pour un niveau inchangé du volume des apports
extérieurs;
les effets de l'abandon des quotas en plus de la réduction de
l'afflux de capitaux. Cette dernière question en fait retrace, la
trajectoire historique du processus de libéralisation des
échanges en 1988.
226

Les résultats indiquent:
durant la stabilisation, l'afflux de capitaux et l'augmentation
des dépenses d'investissement, ont le plus bénéficié aux
couches urbaines riches et moyenne. Les ménages à faible
revenu
(en particulier les
ménages
ruraux)
ont moins
bénéficié du boom des investissements, car les effets négatifs
de l'appréciation du taux de change réel ont largement pris le
dessus sur les bénéfices résultants de l'augmentation de la
demande et de l'emploi. De façon similaire, la diminution de
l'assistance extérieure et de l'investissement pénalisent en
premier lieu les mêmes groupes bénéficiaires;
l'afflux de capitaux étrangers a augmenté l'investissement.
Les
importations
additionnelles
de
rIZ,
s'ajoutent
implicitement aux revenus du gouvernement ; cela a pour
effet de réduire le besoin d'emprunt de l'Etat et d'augmenter
les fonds disponibles pour l'investissement des officines
publiques.
Le maintien des quotas sur les importations de produits manufacturés
inhibe la production du secteur industriel qui repose sur l'importation de
produits intennédiaires ; la production industrielle chute de 0,4%.
Les modifications des pnx relatifs ont joué un rôle important dans
l'augmentation des importations de riz. La chute des prix à la production
agricole du paddy, entraîne celui de la production (5,4%). L'offre net de riz
227

augmente ainsi que la consommation (l, 1%). Les ménages non-productrices de
riz sont largement bénéficiaires de l'augmentation des importations de rIZ.
L'importation de riz étant financé par emprunt extérieur, l'effet net des
importations est faible pour les ruraux agriculteurs dans la mesure où
l'augmentation de la demande compense largement les effets négatifs pour les
agriculteurs, de la baisse des prix à la production agricole. Cependant, cette
politique de financement des importations de riz, conduit à une baisse
significative de la croissance.
Avec l'abandon des quotas et des tarifs implicites sur les importations, les
importations de produits manufacturés augmentent de 15,4 % par an; alors que
la production industrielle domestique décline de 2,5%. La demande se porte sur
les produits importés; le prix relatif des biens non-échangeables par rapport aux
échangeables
baisse.
Les
revenus
du
gouvernement
et
l'investissement
augmentent respectivement de 9,3 et
19% (les dépenses de l'état sont
maintenues constantes). A l'exception des ménages qui possédaient des rentes,
tous les autres ménages sont bénéficiaires.
P. Dorosh, B. Essama-Nssah et O. S. Mamadou, discutent les implications
des chocs dus à la détérioration des termes de l'échange de l'uranium et des
effets d'une dévaluation éventuelle du Fcfa dans l'exemple du Niger.
Ils simulent six scénarii :
228

la
dépréciation
du
taux
de
change
réel
sans
aucune
modification des politiques budgétaires et du commerce
extérieure;
la
politique
de
rationnement
des
devises
en
tant
qu'alternative à la dépréciation du taux de change;
l'effet de la politique économique du Nigéria sur la politique
d'ajustement du taux de change réel au Niger .Les auteurs
laissent inchangé le taux de change réel de l'année de base
entre le Naira et le Fcfa ; les variations du taux de change
réel entre le Niger et ses autres partenaires équilibrent les
comptes extérieurs du Niger;
l'effet d'une réduction des dépenses publiques en réponse à
la chute des revenus d'exportation de l'uranium;
l'effet de l'augmentation de l'impôt sur le revenu des
ménages urbains pour restaurer le déficit budgétaire, au
niveau qu'il avait à l'année de base;
l'effet d'une augmentation des dépenses récurrentes, un
scénario du reste peu probable à la fin des années 1980.
Les résultats des simulations indiquent:
la chute des prix à l'exportation de l'uranium a contribué à la
diminution de l' investissement et de'!' épargne, à la réduction
de la demande de travail et des revenus réels de toutes les
tranches de revenu;
229

la dévaluation accélère la croissance et augmente les revenus
réels .Mais cependant, la dévaluation n'aurait pas résolu la
crise
des
finances
publiques
du
Niger,
étant
donnée
l'ampleur des
besoins de dépenses par rapport à la chute
recettes d'exportation d'uranium;
les salariés de la fonction publique seront les pnnClpaux
affectés par la réduction des dépenses publiques;
si le Niger avait la possibilité de dévaluer plutôt, sa position
en tenne de croissance et de distribution de revenu serait
meilleure; ce qui lui aurait pennit d'éviter le contrôle des
changes et la politique de restriction des importations.
P. Dorosh et S. Haggbade partent de l'idée; selon laquelle la réduction du
déficit extérieur peut-être obtenue quelque soit l'objectif retenu en matière
d'investissement, par une augmentation, soit des exportations ou des substituts
aux importations. Pour ce faire, ils utilisent un modèle qu'ils dénomment Semi-
Input-Output (SIO) pour examiner les effets de l'investissement dans le café, le
riz et le secteur manufacturier sur le déficit extérieur de l'économie de
Madagascar.
Les résultats de simulations suggèrent que:
une stratégie d'investissement basée sur l'agriculture, en
particulier sur la réhabilitation des petits périmètres de
riziculture irriguée est la meilleure. Cette stratégie génère
une plus grande croissance du revenu, plus d'emplois et une
distribution plus équitable du revenu. Les perfonnances de
230

P. Dorosh et S. Haggblade concluent:
qu'il
faut
accorder
une
plus
grande
attention
à
l'infrastructure rurale, dans la mesure où celle-ci peut
affecter la capacité des acteurs ruraux et urbains de répondre
aux
demandes
intersectorielles
qu'elles
s'adressent
réciproquement. Dans cette stratégie, les décisions ainsi que
la mobilisation des ressources locales sont des pièces
maîtresses ;
que les interventions directes en amont de l'agriculture et
dans les activités rurales secondaires peuvent accélérer la
crOIssance.
L'impact des réformes économiques internes et des chocs extérieurs sur
la croissance et la répartition du revenu de la Gambie est étudié par P. Dorosh et
M. Lundberg. Les auteurs mettent l'accent sur deux points d'importance pour la
Gambie:
les modifications des prix internationaux de l'arachide et les
instruments de politique économique relatifs à ce produit;
le rôle de l'assistance extérieure dans la réforme.
Le MEGC construit à cet effet va servir à simuler les scénarii suivants:
le
refus de l'ajustement par les autorités gambiennes
(réduction du volume de l'assistance extérieure) ;
la réduction des dépenses publiques;
la politique des prix de l'arachide:
232

accroissement des pnx à la production de
l'arachide au Sénégal ;
chute des prix internationaux de l'arachide;
faible
prix
internationaux
de
l'arachide
et
modification
des
taxes
à l'exportation
de
l'arachide;
effets combiné des trois mesures ci-dessus.
la politique des prix du riz:
baisse de 27,3% du prix du riz sur le marché
mondial;
baisse combinée du prix du riz sur le marché
mondial et la diminution des taxes sur les
importations de riz (de 30% à 10%) ;
L'effet combiné des changements de politiques et des termes
de l'échange :
réduction
des
dépenses
publiques
et
modification des taxes et des prix internationaux
de l'arachide et du riz;
arrêt de la sécheresse;
afflux de capitaux ;
le package; cette simulation combine les effets de toutes les
simulations relatives à l'ajustement.
233

l'investissement dans le paddy sont le triple des effets de
l'investissement dans le secteur manufacturier, même sous
l 'hypothèse la plus optimiste pour le secteur manufacturier et
la plus pessimiste concernant la rentabilité du secteur
agricole. Du point de vue de l'efficience et de l'équité le
paddy est l'option prioritaire;
l'investissement dans le café et le riz génère des emplois et
des revenus substantiels dans les grands centres urbains;
dans les centres secondaires cependant les investissements
dans le café, le riz et le secteur manufacturier ont très peu
d'impact. Ce résultat est surprenant étant donné l'intérêt
croissant porté à la décentralisation; probablement que les
centres secondaires n'ont pas bénéficié des infrastructures
qui ailleurs ont renforcé les liens entre les activités de
transformation des produits agricoles et la commercialisation
des produits ;
un renforcement des liaisons intersectorielles. Près d'un quart
des revenus générés de l'augmentation de la production de
paddy revient aux urbains et aux institutions y compris l'Etat.
En retour, les ruraux perçoivent prés de la moitié des revenus
générés par l'investissement dans le secteur manufacturier.
Le
Gouvernement
par
ces
politiques
peut
aider
à
l'accomplissement
des
effets
potentiels
des
liens
intersectoriels.
231

Les résultats des simulations indiquent:
qu'un niveau bas du prix du riz à la consommation contribue
à accroître le revenu réel
des urbains pauvres et de
l'ensemble de la population respectivement de 2,8% et de
2,3%.En revanche si on considère le package total le revenu
réel des urbains va chuter de 0,2% et 1,4% respectivement
pour les non-pauvres et les pauvres;
que dans le long terme cependant l'afflux de capitaux
extérieurs est déterminant dans le processus de la réforme
économique. Dans 1'hypothèse d'un refus de l'ajustement et
d'une chute de l'assistance extérieure, le revenu moyen des
ménages baisse de 1,7% dans la partie statique de simulation.
A long-terme la baisse du revenu moyen est de 6,6%.
L'afflux de capitaux profiterait davantage aux populations
urbaines (6,8% et 5,7 % de croissance du revenu moyen
respectivement pour les couches non-pauvres et pauvres),
dans la mesure ou les investissements sont concentrés en
zone urbaine;
les gains les plus élevés en terme de revenu réel sont
enregistrés par les ruraux. L'arrêt de la sécheresse compte
pour plus de la moitié des 9,1% d'augmentation du revenu
réel des ruraux pauvres et à peu prés pour le tiers des gains
des ruraux non-pauvres, à l'année 5 de la simulation.
234

Les termes de l'échange, en particulier l'augmentation des pnx à la
production de l'arachide au Sénégal annihile les effets négatifs de la chute des
prix mondiaux de l'arachide. Il s'y ajoute, les effets positifs du déclin du prix
mondial du riz, dans la mesure où le ménage rural est acheteur net de riz. Les
effets négatifs qui accompagnent l'appréciation du taux de change réel
l'emportent sur les gains résultant d'une augmentation des dépenses publiques;
ainsi au contraire du ménage urbain, le ménage rural ne bénéficie pas de l'afflux
de capitaux à court-terme.
Le second type d'approche des modèles par pays VIse à intégrer les
modèles multi-marchés et d'équilibre général .Les modèles multi-marchés ou
modèles
sectoriels
traitent
généralement
les
substituabilités
et
les
complémentarités de manière plus appropriée et plus réaliste, tandis que
les
MEGC se concentrent sur les relations intersectorielles et les effets macro-
économiques. Les fonctions de production généralement utilisées dans les
MEGC sont spécifiées de manière indépendante pour chaque produit, par le
recours soit à une fonction Cobb-Douglas soit à une fonction CES. La
substitution des produits au niveau de la production ne s'opère que de manière
indirecte à travers le partage de facteurs de production communs, généralement
représentés par la main-d'œuvre. A l'inverse, la production agricole est fonction
d'une
stratégie de revenu, définie au niveau sectoriel, dans laquelle la
combinaison des produits et la demande de moyens de production font l' obj et
d'une décision conjointe (De Janvry et Sadoulet, 1990) .
235

Cette seconde voie a été explorée notamment par De Janvry et Sadoulet
(1990), Subramanian (1994), Bordao, Hertel et Campos (1994). Subramanian
examine plusieurs scénarii de réforme de la politique économique de l'Inde tels
qu'une libéralisation des échanges globaux et agricoles à l'échelle de l'économie
indienne , une augmentation des prix agricoles internationaux avec ou sans
libéralisation des échanges intérieurs, une réduction des subventions aux
engrais, etc. Ce modèle se singularise par deux traits : l'utilisation d'une
spécification multi-marchés de l'agriculture et le recours à deux formes de
bouclage du marché du travail. Les scénarii montrent que l'effet de la
libéralisation des échanges intérieurs de produits agricoles bruts sur l'agriculture
est négligeable. La libéralisation des échanges du secteur plus protégé des
produits agricoles transformés a une incidence négative sur l'agriculture dans la
mesure où la demande dérivée des secteurs agro-alimentaires diminue. La
libéralisation des échanges non-agricoles a en revanche une influence positive
sur les revenus agricoles, parce que les secteurs non-agricoles jouissent d'un
niveau de protection élevé par rapport aux produits agricoles. La libéralisation se
traduisant par une importante hausse des prix des produits alimentaires et une.
diminution de la valeur ajoutée non-agricole, les ménages ruraux sont pénalisés
en tant qu'acheteurs nets de produits alimentaires qui tirent jusqu'à un quart de
leur revenus d'activités non-agricoles.
Par ailleurs, le modèle de Subramanian (1994) montre que l'effet de
l'augmentation des prix agricoles mondiaux sur l'Inde est faible en cas de non-
libéralisation du commerce agricole. En revanche, lorsque la hausse des prix
intervient après la libéralisation des échanges intérieurs, l'agriculture connaît
236

une situation de récession à moyen terme du fait de la hausse des prix intérieurs
des produits alimentaires, laquelle induit une hausse des salaires. A long terme
et en cas de plein-emploi, le PIB augmente. Mais, l'augmentation des prix
mondiaux provoque une modification des termes de l'échange en faveur de
l'agriculture et une redistribution des revenus en faveur des exploitants grands
et moyens.
L'agriculture n'est pas nécessairement le principal bénéficiaire des
interventions qui la concernent. Le scénario relatif aux subventions aux engrais
montre que la majorité des aides profite à ce secteur. Une augmentation des
achats d'Etat et les ventes subventionnées de produits alimentaires est un moyen
coûteux de procéder au transfert des revenus. Les bénéficiaires désignés d'une
hausse des subventions enregistrent une baisse (de revenus) lorsque cette hausse
est financée par un relèvement des impôts indirects (directs).
237

Troisième Partie:
L'AJUSTEMENT STRUCTUREL AU SENEGAL :
QUELQUES ELElVIENTS D'APPRECIATION
SUR LA BASE DU MEGC.
Dépassant le cadre simpliste de l'équilibre partiel mais aussi le schéma
strictement
walrasien,
la
plupart
des
MEGC
appliqués
aux
pays
en
développement sont des modèles multi-sectoriels qui analysent l'impact des
changements de politique ou des chocs extérieurs sur ces économies.
Bousselmi, Decaluwe, Martens et Monette (1989) mettent en évidence les
facteurs qui ont concouru au développement, à la pluralité et à la diversité des
NIEGC. Selon ces auteurs, outre les progrès réalisés dans la conception et
l'élaboration du cadre sous-jacent au MEGC (matrice de comptabilité sociale,
résolution numérique et logiciels informatiques), la prolifération des MEGC est
la réponse aux faits suivants:
un besoin spécifique de formalisation lié à une meilleure
connaissance du sous-développement et aux mécanismes mis
en avant par les récentes politiques d'ajustement structurel
pratiquées dans les divers pays;
les limites du cadre de l'analyse en équilibre partiel ; les
modifications de politique économique n'affectant pas que
les prix de production mais aussi les prix à la consommation
qui, à leur tour, modifient directement et indirectement la
demande des différents produits et facteurs;
238

la
nécessité
d'étudier
les
changements
de
politiques
économiques
en
situation
concrète
conduisant
a
l'introduction d'hypothèses supplémentaires dans le schéma
originel
de
Walras
pour
tenir
des
caractéristiques
structurelles des pays et du contexte macro-économique.
Les questions généralement étudiées par les MEGC appliqués aux pays en
développement, concernent : les stratégies de développement ; la répartition du
revenu; les chocs extérieurs; la politique budgétaire; la politique commerciale;
la croissance à long terme et l'ajustement structurel.
En économie agricole, le recours au MEGC permet de répondre aux trois
interrogations majeures soulevées par l'ajustement structurel à l'égard du
secteur agricole.
-
Comment les changements de la politique agricole affectent-ils
les autres secteurs de l'économie?
-
Comment les modifications des politiques non-agricoles se
répercutent-elles sur le secteur agricole?
-
La résorption des distorsions dans le secteur agricole rendra-t-
elle
l'économie
moins
vulnérable
aux
chocs
externes
et
internes?
239

A l'instar des
autres pays sahéliens, le Sénégal est, en effet, affecté par de
nombreux chocs externes qui ont des conséquences durables sur les conditions
socio-économiques des différentes catégories de ménages. Le Gouvernement
tente de réagir à ces chocs en appliquant divers types de mesures de politique
économique. Si l'on désire évaluer les impacts de ces chocs externes et ceux des
politiques contre-factuelles du Gouvernement, il faut recourir à la modélisation
en équilibre général calculable .
La nouveauté du MEGC ainsi que la richesse des questions que ce modèle
permet
d'analyser,
justifient
que
l'on
teste
sa
pertinence
aux
réalités
économiques du sénégal. Tel est l'objet de cette partie.
L'analyse de l'impact des politiques d'ajustements à l'aide des multiplicateurs à
prix fixe de la MCS est l'objet du chapitre 1. Le chapitre 2 expose le modèle
d'équilibre général calculable proprement dit, ainsi que les résultats des
simulations de politique économique dans le cas du Sénégal.
240

Chapitre 1-
L'IMPACT DES POLITIQUES D'AJUSTEMENT AU
SENEGAL : Application de la matrice de
comptabilité sociale e4)
Le présent chapitre a pour objet la mise au point d'une méthodologie qui permet
d'analyser l'impact des politiques d'ajustement sur la répartition des revenus.
Alors que de très nombreuses études analysent les effets macro-économiques de
ces politiques, rares sont les recherches qui examinent plus en détail leurs effets
sur la production des différents secteurs et sur la distribution des revenus.
Dans un système socio-économique, les effets de tout événement
cheminent par tout un réseau de circuits complexes. Un choc exogène par
exemple une crise pétrolière, peut entraîner un déséquilibre intérieur ou
extérieur sous forme d'un déficit du budget et d'un déficit de la balance des
paiements. Ces déséquilibres entraînent, à leur tour, une réaction de la part du
gouvernement sous forme d'une politique d'ajustement.
Les mesures d'ajustement mis en œuvre affectent l'ensemble du système
économique par deux circuits nettement distincts. Le premier de ces circuits
opère par l'entremise de la sphère réelle de l'économie. Ce circuit pennet
d'identifier l'impact de mesures comme la compression budgétaire, ou des
changements de prix relatifs sur la structure de la production et la répartition
concomitante des facteurs et du revenu entre groupes socio-économiques et,
enfin l'impact sur le profil de consommation de ces groupes et sur leur niveau de
VIe.
14
La méthodologie de ce chapitre s'inspire de E. Thorbecke (1992).
241

Le second circuit opère par le biais du secteur financier. Les mesures
d'ajustement affectent le prix et la valeur des actifs détenus par les ménages, les
entreprises et les autres institutions et par conséquent la répartition des richesses.
Lorsqu'on analyse comment une politique particulière d'ajustement
affecte l'interaction triangulaire entre les activités de production, la répartition
du revenu de facteurs et la répartition du revenu des ménages, il importe de
mettre au point un système de classification qui permettent d'articuler les trois
relations.
Ce cadre intégrateur est offert par la Matrice de Comptabilité Sociale (MCS)
qui est l'objet de la première section. La deuxième section, méthodologique,
indique la façon dont la MCS peut être utilisée pour analyser les effets de
l'ajustement. La troisième et dernière section présente les résultats des
simulations de l'impact de l'ajustement basé sur la MCS.
Section 1- LA STRUCTURE DE LA MCS DU SENEGAL
L'objet de cette section est de présenter la Matrice de Comptabilité
Sociale (MCS) du Sénégal. Cette présentation est suivie de la lecture de la MCS.
J. La structure
La MCS, qui sous-tend le MEGC que nous allons appliquer à l'analyse de
l'impact des réformes de politique agricole sur l'économie sénégalaise, a été
construite à partir de la MCS du Sénégal de 1990 (MCS de base) conçue par la
242

Direction de la Prévision et de la Statistique (DPS) du Ministère de l'Economie,
des Finances et du Plan du Sénégal (MEFP). Elle diffère de la MCS de base
réelle par le nombre de comptes qu'elle comporte (34 au lieu de 51), nombre qui
a été défini en fonction de 1'0bj ectif de la recherche. Elle se caractérise par les
éléments suivants:
1- Les branches ou activités: le secteur agricole a été désagrégé en
cinq sous-branches ("mil/sorgho", "arachide", "coton", "riz",
"autres
produits
agricoles")
le
secteur
des
industries
alimentaires a été désagrégé en trois sous-branches ("corps
gras", "grains/farine" et "autres produits alimentaires") ; toutes
les industries (à l'exception de la branche textile) ont été
agrégées en un seul secteur, de même que les services.
2- Les
produits
:
la
nomenclature
des
produits
agricoles,
alimentaires et industriels a obéi à la désagrégation des branches
ou activités correspondantes ; les produits du secteur des
services ont en revanche été classés en trois grandes catégories
("transport", "commerce" et "autres services") pour introduire
les marges de transport et commerciales.
3- Les facteurs de production: outre le "capital", le travail a été
désagrégé en "travail urbain" et "travail rural" et l'on a introduit
la "terre" comme quatrième facteur de production.
La MCS a donc une dimension 33*33. Les 33 comptes ont été classés
dans les six grands groupes suivants:
243

La MeS a une dimension 34*34; les 34 comptes sont classés en 6 grands
groupes:
1°_ Les Branches (de 1 à 1])
agriculture (1 à 5 ):
mil/sorgho (l) :
arachides ( 2) :
coton (3) :
riz (4)
autres agriculture (5)
industrie (6 à 10) :
corps gras (6)
travail des grains (7)
autre
industries
alimentaires
(8)
(autre
industries
alimentaires, abattage, conserverie de poisson)
textile (9)
autres industrie (10) ; (industries extractives, bois, papIer,
pétrole,
industrie chimiques, matériaux de construction,
métalliques mécaniques, énergie)
services(ll) : (bâtiments et travaux publics, hôtels bars et
restaurants,
P.T.T.,
institutions
financières,
affaires
immobilières, commerce, divers services, administration).
2°_ Les comptes de produits(12 à 24)
produits agricoles (12 à 16) :
mil/sorgho( 12)
arachides (13)
244

coton (14)
riz (15)
autres produits agricoles( 16)
produits industriels (J 7 à 21)
produits des corps gras (17)
produits du travail des grains(18)
autres produits alimentaires(19)
produits du textile (20)
autres produits industriels (21)
produits des services (22 à 24 )
transport (22)
commerce (23)
autres services(24).
3°_ Les Facteurs de production (numérotés de 25 à 27 )
travail (25)
capital (26)
terre (27)
4°-Les Agents (28 à 32)
Gouvemement(28)
entreprises(29)
ménages urbains(30)
ménages ruraux(31)
245

5°_ Le reste du monde (32)
6°_ L'Accumulation (33)
Chaque cellule ou flux de la MCS a deux indices: un indice de ligne
« recettes» et un indice de colonne « dépenses ».
II. La lecture de la MeS
Les Il branches d'activités produisent chacune un output au coût des
facteurs dont le montant est donné par le total des colonnes 1 à Il. La lecture
des colonnes 1 à Il, pour chaque branche donne la décomposition de la valeur
ajoutée à l'intersection des lignes 25 à 27.
Dans la ligne 25, on trouve les salaires payés à la main œuvre, à la ligne
26, la rémunération du capital et à la ligne 27 la rémunération du facteur terre.
La production des branches est vendue aux comptes de produits (12 à 24)
et au compte du reste du monde (32). Les montants correspondants sont
enregistrés à l'intersection des lignes branches et des colonnes produits et reste
du monde.
A l'intersection de la ligne (23) commerce et des colonnes de produits, est
enregistré les marges commerciales sur les produits; à l'intersection suivante
des mêmes colonnes et de la ligne gouvernement (28) on enregistre les divers
taxes qui frappent les produits; l'intersection de la ligne reste du monde (32) et
des colonnes de produits (12 à 24), comptabilise les importations au prix CAF.
Le total des colonnes(12 à 24), donne la valeur des produits au prix du marché.
246

En ligne, les comptes de produits ventilent la valeur des produits au prix
du marché, en demande intem1édiaire des produits par les branches à
l'intersection des dites lignes et des colonnes (1 à 12), en demande finale des
agents à l'intersection des lignes produi ts et des colonnes (28 à 31), en
exportation à l'intersection de la colonne (32) et en accumulation à l'intersection
de la colonne (33).
Les lignes comptes d'agents (28 à 31) donnent l'origine des revenus des
agents, le total de chaque ligne donne le montant total des revenus de chaque
agent.
Les salaires versés aux ménages urbains et ruraux sont enregistrés à
!
l'intersection de la colonne 25 et des lignes (30 et 31); à l'intersection de la
1
colonne 26 et des lignes (29,30, et 31), enregistre les revenus du capital détenus
1
1
respectivement par les entreprises, les ménages urbains et ruraux; enfin
1
l'intersection de la ligne 31 et de la colonne 27 enregistre les revenus du capital
1
foncier entièrement versés aux ménages ruraux.
Les transferts reçus par les ménages urbains et ruraux de la part de l'état,
des entreprises et du reste du monde sont comptabilisés à l'intersection des
lignes (30,31) et des colonnes gouvernement (28), entreprises (29) et reste du
monde (32).Les transferts entre les ménages sont enregistrés à l'intersection des
lignes et lou des
colonnes ménages selon que les transferts sont reçus et lou
payés.
247

Les colonnes correspondantes des agents (28 à 32) ventilent ce revenu
brut en achat de biens de consommation finale à l'intersection des colonnes (28
à 32) et des lignes de produits (12 à 24) ; en impôt et taxes payés par les agents
aux gouvernement à l'intersection des colonnes (29 et 31) et de la ligne
gouvernement (28) et en transferts.
Les revenus du gouvernement. Outre les divers taxes que supportent les
produits qui sont comptabilisés à l'intersection de la ligne Gouvernement (28) et
des colonnes produits (12 à 24), à l'intersection de la même ligne et des
colonnes (29,30, 31 et 32), on enregistre respectivement les prélèvements
supportés par les entreprises, les ménages urbains et ruraux et les transferts en
provenance du reste du monde.
Le compte 33 d'accumulation en ligne, donne les épargnes des agents:
Gouvernement, entreprises ménages urbains/ruraux, et le reste du monde. En
colonne il donne l'investissement. Le total des flux (33-28), (33-29), (33-30),
(33-31) est l'épargne nationale.
Le flux (32-33) équilibrant recettes et dépenses du reste du monde est le
déficit courant extérieur ou épargne étrangère.
Dans cette application la MeS est utilisée uniquement comme cadre à
multiplicateurs à prix fixe pour explorer:
248

1- les conséquences
de l'évolution des dépenses publiques, des
exportations et de l'investissement brut sur le système socio-
économique au cours de la même période;
2- les effets de la croissance des branches agricoles que sont le
mil/sorgho, et 1 arachide, ainsi que la chute des revenus urbains
et ruraux sur le système socio-économique entre 1990 et 1994.
Section 11- LA MATRICE DE COMPTABILITE SOCIALE EN TANT
QUE CADRE D'ANALYSE DES EFFETS DE L'AJUSTEMENT
La matrice de comptabilité sociale à 33 comptes qui figure en annexe(
tableau 1) a été classée en 29 comptes exogènes et 4 comptes endogènes. A
l'exception des comptes commerce,
Gouvernement,
reste du monde et
accumulation qui sont supposés exogènes, tous les autres comptes sont
endogènes. Cette matrice que l'on dénomme, la matrice des transactions figure
au tableau 2 à l'annexe.
L'exemple suivant permet de comprendre la signification de la matrice
des transactions. Premièrement supposons que l'on souhaite identifier la
composition des dépenses et des sources de revenus des ménages urbains. La
colonne 30 donnerait la composition des dépenses et la ligne 30 les sources de
revenu. Ainsi en consultant de haut en bas la colonne 30,on constate que ce
groupe transfert 28286,02 millions de francs cfa aux ménages ruraux. Par
ailleurs ce groupe consomme des biens et services; on peut trouver la
composition détaillée de leur consommation à l'intersection de la colonne 24 et
249

des lignes 12 à 24, qui montrent par exemple que ces ménages dépensent
31049,58 millions de francs cfa en riz ligne (15).
Enfin ils paient à l'état des impôts de représentant 56389,63 millions de
francs cfa (ligne 28) et épargnent 106811,1 millions de francs cfa ligne (33). Les
dépenses totales des ménages urbains (qui sont égales aux revenus totaux) des
ménages urbains se montent à 1008401 millions de francs
cfa (total de la
colonne 30).
En consultant la ligne 30, on peut déterminer les différentes sources de
revenus perçus par les ménages urbains. Premièrement ,ce groupe tire un revenu
au titre de la rémunération des facteurs travail et capital à l'intersection de la dite
ligne et des colonnes 25 et 26 soit des montants respectifs de 460389,7 et
1186721,7 millions de francs cfa. La deuxième source de revenu est constituée
par les transferts en provenance des entreprises 195159,1 francs cfa des ménages
ruraux 29123,01 millions de francs cfa de l'état 21709,99 francs cfa et du reste
du monde 115 297,3 francs cfa. Les dites sommes figurent à l'intersection de
la ligne 30 et des colonnes 25, 26, 29, 31 et 32.
La distinction qui est faite dans une MCS entre comptes endogènes et
exogènes a une importance capitale. L'hypothèse est que le système socio-
économique représenté par la MCS est affecté par des changements et des
injections exogènes à savoir les mesures budgétaires relevant de l'Etat, les
changements ayant leur origine dans le reste du monde et le volume de
250

l'investissement. L'impact de ces chocs exogènes est répercuté par le système
interdépendant de la MeS.
Les effets totaux, directs et indirects sur les comptes endogènes (c' est-à-
dire sur les revenus des différents facteurs et institutions et sur le produit global
total des produits des différentes activités de production) sont estimés au moyen
du processus multiplicateur.
Aux fins de l'analyse, la matrice des transactions est convertie en une
matrice des propensions moyenne des dépenses en divisant chaque élément de
la matrice des comptes endogènes par le total de la colonne correspondante.
Ainsi, tandis que la matrice des transactions est exprimée sous forme de flux
monétaires, les matrices Ali et Aj(effets induits) sont exprimés sous forme de
ratio, le total de chaque colonne étant égal à l'unité.
La matrice des propensions moyennes suppose cependant que l'élasticité
revenu de la demande est l'unité, comme le montre le tableau 3 à l'annexe.
Il découle de la définition de Ali que, dans la matrice des transactions,
chaque revenu total endogène (y,,) est calculé comme suit:
YII = Ali +x
(1)
formule qui signifie que la somme des lignes des comptes endogènes (1-29)
peut- être obtenue en multipliant les propensions moyennes à dépenser pour
chaque ligne par le revenu indiqué dans chaque colonne et en ajoutant le revenu
total exogène x.
251

L'équation (1) peut être remaniée et présentée comme suit:
Yn =(I-Ant'x=Max
(2)
Ainsi à partir de l'équation (2), on peut calculer les revenus endogènes y"
en prémultipliant l'injection x par une matrice à multiplicateur Ma'
L'une des limitations de la matrice à multiplicateurs comptables Ma est
qu'elle suppose des élasticités de dépenses égales à l'unité, les propensions
moyennes à dépenser existant au moment considéré étant censées dans A",
s'appliquer à toute injection supplémentaire.
Par réalisme, les propensions moyennes à dépenser des ménages ont été
remplacées par leurs propensions marginales (A. Parikh et E. Thorbecke 1996).
Les propensions marginales des dépenses des ménages urbains et ruraux
ont été calculées à partir des données de l'enquête sur les priorités ( ESP).
Partant de 1'ESP, l'on a déterminé les déciles de revenu et les dépenses
correspondantes pour chaque type de produits par décile de revenu, pour la zone
urbaine et rurale.
La différence entre deux classes de revenu donne l'accroissement de
revenu là où la différence correspondante dans les dépenses donne la variation
dans les achats de chaque type de produits et pour chaque zone. Par la suite en
rapportant la moyenne simple de la variation dans les achats par produit à
252

l'accroissement moyen des revenus par zone on obtient la propension marginale
à dépenser par type de produit et par zone.
En remplaçant les propensions moyennes par les propensions marginales,
on obtient la matrice des propensions marginales soit Cil' Si l'on exprime les
variations du revenu (d ,,) résultant des variations des injections (d
y
x )' on obtient
(3)
La matrice Mc a été dénommée matrice à multiplicateurs à prix fixes ou
constants (tableau 4 à l'annexe).
Pour les simulations, on a supposé que la structure de propriété des
facteurs,
le mode de l'allocation des transferts entre institutions et les
coefficients
technologiques
de
chaque activité
demeurent
constants.
En
revanche, on a postulé pour les ménages urbains et ruraux des élasticités
plausibles de la demande par rapport au revenu. Une fois obtenue la matrice Cil
(tableau 5), la matrice des multiplicateurs à prix constants correspondante Mc
peut être dérivée au moyen de la relation (3) ci-dessus. Cette matrice figure au
tableau 6.
Si l'on fait vaner la matrice de la demande exogène c'est-à-dire les
dépenses des comptes exogènes, à savoir les marges commerciales, les dépenses
publiques, le reste du monde et l'accumulation et si l'on prémultiplie ces
injections par Mc, on obtient les revenus totaux correspondants des 29 variables
253

endogènes figurant dans la MCS. Les injections qui circulent dans l'économie
génèrent à la fois des effets directs et indirects et, en principe, tous ces effets
sont pris en compte par la matrice des multiplicateurs si un certain nombre de
conditions sont réunies. En particulier l'existence d'une capacité excédentaire
qui permet aux prix de demeurer constants.
L'hypothèse clef qui est retenue durant toute l'analyse est que Cil et Mc'
prennent en compte et reflètent avec exactitude les caractéristiques structurelles
et conjoncturelles de l'économie sénégalaise pendant les années 1990.Autrement
dit, les conditions initiales de 1990 année pour laquelle la MCS est disponible.
La matrice des
injections exogènes est dénommée X.
X
est par
conséquent une matrice 29*4 . l'indice zéro est utilisé, pour identifier les valeurs
afférentes à l'année de base (1990), de sorte que X o est la matrice effective des
injections exogènes en 1990; cette matrice est reproduite dans le tableau qui suit.
254

Tableau 27-Matrice exogène de 1990 XO
Commerce
Etat
Reste du monde
Investissement
1. mil/sorgho
a
0
a
a
2. arachides
a
a
a
a
3. coton
a
a
a
a
4. riz
a
a
a
a
5. autres produits agricoles
a
a
a
a
6. industrie corps gras
a
a
a
a
7. industrie travail grains et farine
a
a
a
a
8. autres industries alimentaires
a
a
a
a
9. textiles
a
a
a
a
la. autres industries
a
a
a
a
Il. services administration
309290,21
a
a
a
12. mil/sorgho
a
a
0,05
5930,39
13. arachides
a
a
2161,6
-3020,04
15. coton
a
a
a
-233,16
16. riz
a
a
a
-20013,95
17. autres produits agricoles
a
0
3475,56
112241,2
18. produits corps gras
a
a
21262,36
7157,32
19. produits travail grains
a
a
69,17
9953,41
20. autres produits alimentaires
a
a
32192,39
44779,43
21. produits textiles
a
80 1,7
6993,52
6227,9
22. autres produits industriels
0
4884,45
44944,87
108 la 1,63
23. transport
a
0
8206,04
a
25. autres services
a
335594,56
1712,9
a
26. travail
a
a
a
a
27. capital
a
0
a
a
28. terre
a
a
a
a
30. entreprises secteur moderne
a
a
1071,18
a
. 3 1. ménages urbains
a
21709,99
115297,3
a
32. ménages ruraux
a
6131,7
169245,68
a
On peut établir la relation suivante:
(4)
Mc (29*29) est la matrice à multiplicateurs à prix constants pour 1990 . fa est
alors une matrice (29*4) des recettes endogènes générées par la matrice des
injections X o' On peut donner de fc> l'interprétation suivante: elle donne, pour
chacune des catégories endogènes de la MeS, les recettes endogènes induites
directement et indirectement par chacune des quatre injections exogènes; Ainsi,
on peut déterminer quelle fraction du revenu total du ménage est imputable à
l'effet multiplicateur produit respectivement par l'un des éléments suivants:
255

marges
commerciales,
les
dépenses
publiques,
le
reste
du
monde
et
l'investissement. En additionnant les valeurs sur chaque ligne de fcJ, on obtient
les revenus totaux correspondants de chacun des 29 comptes endogènes, c'est-à-
dire:
(5)
e est le vecteur des unités (4* 1)
et Yo est le vecteur (29* 1) des revenus
totaux des comptes endogènes de la MeS. La matrice Yo des recettes endogènes
générée par la matrice des injections X o figure dans les deux tableaux qui
suivent.
256

Tableau 28- Matrice YO des recettes endogènes à l'année de base
Année de base
Commerce
Gouvernement
Reste du monde
Accumulation
Total
1. miL/sorgho
3963,58619
4508,61083
7022,65243
7940,92892
23435,7784
2. arachides
9007,37875
10278,4353
24587,1092
8099,81911
51972,7423
3. coton
497,963316
579,517912
972,306512
233,860321
2283,64806
4. riz
2496,65679
2841,47265
4581,27305
-2002,20868
7917,19381
5. autres produits agricoles
9746,11475
11079,3598
21171,7337
79252,4214
121249,63
6. industrie corps gras
13028,6063
14861,296
40956,8329
13329,738
82176,4733
7. industrie travail grains et làrine
12500,1953
14306,5942
19092,7995
19144,4212
65044,0102
8. autres industries alimentaires
22140,1371
25148,897
59917,7326
43780,8933
150987,66
9. textiles
6496,11964
7560,05176
12684,4675
6336,46155
33077,1004
10. autres industrics
38764,9332
43823,0588
54082,1344
78637,3132
215307,44
Il. services administration
389945,804
399322,739
66406,2999
39287,3551
894962,197
13. miL/sorgho
4395,02667
4999,37782
7787,07546
8805,30731
25986,7873
14. arachides
11839,4398
13510,1364
32317,6817
\\0646,5292
68313,7872
15. coton
517,349011
602,078525
1010,15837
242,964495
2372,5504
16. riz
15714,9614
17885,371
28836,3741
-12602,7062
49834,0003
17. autres produits agricoles
15555,3189
17683,2491
33791,216
126491,091
193520,875
18. produits corp, gras
15951,4503
18195,2865
50145,109
16320,138
100611,984
19. produits travail grains
13844,7543
15845,455
21146,4791
21203,6534
72040,3418
20. autres produits alimentaires
34349,2552
39017,1875
92959,2023
67923,7472
234249,392
21. produits textiles
11614,2339
13516,409
22678,2111
11328,7856
59137,6396
22. autres produits industriels
86604,9651
97905,3532
120825,214
175684,084
481019,616
23. transport
26665,432
28690,2712
26572,1777
17145,7413
99073,6222
25. autres services
57775,7124
396619,57
42627,114
23694,0854
520716,482
26. travail
110538,109
116228,789
71984,859
82826,846
381578,603
27. capital
218745,786
226929,676
87180,0829
70915,8915
603771,436
28. terre
1710,32053
1947,35265
3550,14034
4183,01603
11390,8295
30. entreprises secteur moderne
120942,77
125467,576
49272,3404
39208,8209
334891,508
31. ménages urbains
185893,094
216173,156
221403,56
98701,1331
722170,943
32. ménages ruraux
87417,4465
97953,4587
216645,979
42306,8492
444323,733
Total
1528662,92
1983479,79
1442208,32
1099066,98
6053418
257

Tableau 28b-
Année de base en %
COllunerce
Gouvernement
Reste du monde
Accumulation
1. mil/sorgho
0,16912543
0,19238153
0,29965518
0,33883786
1
2. arachides
0,17330967
0,19776588
0,473077
0,15584745
1
3. coton
0,21805607
0,25376849
0,42576898
0,10240646
1
4. riz
0,31534618
0,35889896
0,57864859
-0,25289373
1
5. autres produits agricoles
0,08038057
0,09137644
0,17461277
0,65363021
1
6 industrie corps gras
0,15854424
0,IS084612
0,49840096
0,16220869
1
7. industrie travail grains et
0,19218058
0,21995252
0,29353663
0,29433027
1
farine
8. autres industries alimentaires
0,14663541
0,1665626
0,39683861
0,28996339
1
9. textiles
0,19639326
0,22855848
0,38348184
0,19156642
1
10. autres industries
0,18004456
0,20353713
0,25118563
0,3652326S
1
11. services administration
0,43571204
0,4461895
0,07420012
0,04389834
1
13. mil/sorgho
0,16912543
0,19238153
0,29965518
0,33883786
1
14. arachides
0,17330967
0,19776588
0,473077
0,15584745
1
15. coton
0,21805607
0,25376849
0,42576898
0,10240646
1
16. riz
0,31534618
0,35889896
0,57864859
-0,25289373
1
17. autres produits agricoles
0,08038057
0,09137644
0,17461277
0,65363021
1
18. produits corps gras
0,15854424
0,18084612
0,49840096
0,16220869
1
19. produits travail grains
0,19218058
0,21995252
0,29353663
0,29433027
1
20. autres produits alimentaires
0,14663541
0,1665626
0,39683861
0,28996339
1
21.produits textiles
0,19639326
0,22855848
0,38348184
0,19156642
1
22. autres produits industriels
0,18004456
0,20353713
0,25118563
0,36523268
1
23. transport
0,26914764
0,28958537
0,26820638
0,17306061
1
25. autres services
0,11095426
0,76168046
0,08186243
0,04550285
1
26.travail
0,28968634
0,30459986
0,18865015
0,21706365
1
27.capital
0,362299
0,37585361
0,14439253
0,11745486
1
28. terre
0,1501489
0,17095793
0,31166653
0,36722664
1
30. entreprises secteur moderne
0,36114015
0,37465141
0,14712926
0,11707917
1
31. ménages urbains
0,25740871
0,29933793
0,30658054
0,13667281
1
32. ménages ruraux
0,19674269
0,22045516
0,48758588
0,09521627
1
Total
La matrice Y ades recettes endogènes montrent les faits suivants:
Les comptes des branches de production. Les branches ont
été particulièrement affectées par les marges commerciales
(31 %) et les dépenses gouvernementales (32%). L'examen
individuel des branches montre que ces dernières réagissent
très fortement aux injections en provenance du reste du
258

monde, en particulier les comptes arachides (47,31 %), le
coton (42,58%), le riz (57,86%) et les industries du corps
gras (49,84%).
La valeur ajoutée. La valeur ajoutée fortement influencée par
les
dépenses
gouvernementales
(35%)
et
les
marges
commerciales (33%), réagit équi-proportionnellement à ces
injections.
Les revenus des institutions. Les injections en provenance
des dépenses gouvernementales et du reste du monde ont une
forte influence sur les revenus des institutiol1S. Ainsi les
dépenses gouvernementales et les exportations représentent
respectivement 22% et 49% des revenus ruraux totaux. Les
revenus urbains réagissent équi-proportionnellement aux
dépenses de gouvernementales (30%) et aux exportations
(31 %). Le schéma est inversé pour les entreprises. Celles-ci
sont fortement influencées par les marges commerciales
(36%) et les dépenses gouvernementales (37%).
En
faisant
vaner
la
structure
de
la
demande
exogène
et
plus
particulièrement la structure des dépenses publiques, des exportations et de
l'accumulation, on peut estimer l'impact produit sur l'ensemble du système
socio-économique et en particulier sur la répartition des revenus. Dans le présent
259

contexte, cela signifie qu'il faut postuler différentes matrices Xi et mesurer leurs
effets sur les revenus endogènes, c'est-à-dire le vecteur Yi dans l'équation 6 :
McXi = Yi
i = 0,1,2
Indépendamment du scénario correspondant à l'année de base (expérience
0) utilisé comme référence, il a été procédé deux simulations ci-après. On a
postulé dans chaque cas une matrice différente de la demande exogène, les
indices 1 et 2 indiquant la simulation dont il s'agit:
-
Expérience 0 : année de base, 1990. On a utilisé la matrice de la
demande
exogène
effective
Xo
tirée
de
la
matrice des
transactions de la MeS de 1990.
-
Expérience 1. 1985, cette expérience simule les conséquences
sur le système socio-économique du PAMLT en 1985.
-
Expérience 2. 1993, cette expérience simule les conséquences
sur le système socio-économique du PAMLT en 1993.
Pour chaque simulation correspondant à une matrice distincte de
la demande exogène Xi, (i=0, l ,2), on calcule la matrice
correspondante Yi et le vecteur endogène total Yi en utilisant
l'équation 6.
-
Expérience 3 : cette dernière compare le scénario 2 au scénario
1. L'objectif de cet exercice consiste à mettre en relief
l'évolution de la contribution des comptes exogènes sur les
comptes endogènes.
260

Outre les expérimentations ci-dessus, nous avons simulé dans un second
temps les conséquences sur le système socio-économique de l'évolution de
quelques branches agricoles ainsi que les revenus urbains et ruraux au cours de
la même période.
La section qui suit présente les résultats des dites simulations sur le
système socio-économique.
Section 111- L'IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE DU PROGRAMME
D'AJUSTEMENT STRUCTUREL A MOYEN ET LONG TERME, DES
BRANCHES AGRICOLES ET DES REVENUS URBAINS ET RURAUX
Les résultats des simulations du modèle basé sur la MeS sont l'objet de cette
section. La première partie examine les conséquences socio-économiques du
PAMLT; la seconde les effets de l'augmentation de la production des branches
agricoles ainsi que la variation des revenus urbains et ruraux.
I. Les conséquences socio-économiques du Programme d'ajustement à
moyen et long terme
A. L'expérience 1
Le scénario 1 expérimente les conséquences socio-économiques
du
PAMLT en 1985.
261

JI. La méthode
Pour détenniner la demande exogène en 1985 imputable aux dépenses
publiques, au reste du monde et à l'investissement, on a divisé la demande
exogène de chacun des comptes de l'année 1990 par les taux de croissance
effectifs cumulés par les dits comptes entre 1985 et 1990. Cette simulation laisse
inchangée la structure des marges commerciales.
Le tableau qui suit donne la matrice exogène de l'année 1985, XI.
Tableau 29- Matrice exogène de 1985 Xl
. Commerce
Etat
Reste du monde
Investissement
1. mil/sorgho
0
0
0
0
2. arachides
0
0
0
0
3. coton
0
0
0
0
4. riz
0
0
0
0
5. autres produits agricoles
0
0
0
0
6. industrie corps gras
0
0
0
0
7. industrie travail grains et farine
0
0
0
0
8. autres industries alimentaires
0
0
0
0
9. textiles
0
0
0
0
10. autres industries
0
0
0
0
II. services administration
309290,21
0
0
0
13. mil/sorgho
0
0
0,04050871
5853,89264
14. arachides
0
0
1751,27275
-2981,08386
15. coton
0
0
0
-230,15242
16. riz
0
0
0
-19755,7858
17. autres produits agricoles
0
0
2815,80936
110793,377
18. produits corps gras
0
0
17226,2174
7064,99621
19. produits travail grains
0
0
56,0397557
9825,01885
20. autres produits alimentaires
0
0
26081,4468
44201,8106
21. produits textiles
0
678,280278
5665,97011
6147,565
22. autres produits industriels
0
4132,50107
36413,1782
106707,204
23. transport
0
0
6648,32264
0
25. autres services
0
283930,612
1387,74754
0
26. travail
0
0
0
0
27. capital
0
0
0
0
28. terre
0
0
0
0
30. entreprises secteur moderne
0
0
867,842497
0
3 1. ménages urbains
0
18367,791
93410,9083
0
32. ménages ruraux
0
5187,74003
137118,499
0
262

En utilisant l'équation 6, on détermine la matrice YI
des recettes
endogènes de l'année 1985 correspondant à XI.
21. Les résultats
Le tableau de la matrice des recettes endogènes de l'année 1985 (YI) qui
suit donne le détail des conséquences pour la dite année.
Tableau 30- Matrice YI des recettes endogènes générées en 1985
Expérience 1.
Commerce
Gouvernement
Reste du monde
Accumulation
Total
1. mi l/sorgho
3963.58619
3814,5214
5689,57245
7838.49719
21306,1772
2. arachides
9007,37875
8696.0957
19919,8438
7995,33782
45618,656
3. coton
497,963316
490,30257
787,737739
230,843707
2006,84733
4 riz
2496,65679
2404,035
3711,62965
-1976,38176
6635,93967
5 autres produits agricoles
9746,11475
9373,7199
17152,7943
78230,1276
114502,757
6. industrie corps gras
13028,6063
12573.4365
33182,173
13157,7949
71942,OlOg
7, industrie travail grains et farine
12500,1953
12104,1296
15468,4953
18897,4732
58970,2934
8. autres industries alimentaires
22140,1371
21277 ,2869
48543,8065
43216,1543
135177,385
9. textiles
6496,11964
6396,20059
10276,6294
6254.72619
29423,6759
10. autres industries
38764,9332
37076,6078
43815.9549
77622,9538
197280,45
11. services administration
389945,804
337847,996
53800,677
38780,5791
820375,056
13. mil/sorgho
4395,02667
4229,73603
6308,88834
8691,72578
23625,3768
14. arachides
11839,4398
11430,2845
26182,9549
10509,1974
59961,8766
15. coton
517,349011
509,390033
818,404343
239,830445
2084,97383
16. riz
15714,9614
15131,9626
23362,4889
-12440,14 12
41769,2717
17. autres produits agricoles
15555,3189
14960,9568
27376,7744
124859,455
182752,506
18. produits corps gras
15951,4503
15394,1674
40626,2781
16109,6211
88081,5169
19. produits travail grains
13844,7543
13406,0866
17132.3337
20930,1429
65313,3176
20. autres produits ahmentaires
34349,2552
33010,5885
75313,1559
67047,5844
209720,584
21. produits textiles
J 1614,2339
11435,5914
18373,3036
11182,6532
52605,7822
22. autr.:s produits industriels
86604,9651
82833,0675
97889,4825
173417,897
440745.412
23. transport
26665,432
24273,4753
21528,0952
16924,5748
89391,5773
25. autres services
57775,7124
335560,974
34535,3919
23388,4503
451260,528
26. travail
110538,109
98335,6556
58320,2821
81758,445
348952,492
27. capital
218745,786
191994.417
70631,0619
70001,1324
551372,397
28. terre
1710,32053
1647,56255
2876,23243
4129,05842
10363,1739
30. entreprises secteur moderne
120942,77
106152,155
39919,1835
38703,0581
305717,166
3 1. ménages urbains
185893,094
182893,836
179375,473
97427,9662
645590.368
32. ménages ruraux
87417,4465
82873,7673
175521,002
41761,1242
387573,34
Total
1528662,92
1678128,01
1168440,1
1084889,88
5460120,91
263

Tableau 30.b
Année 1985 en %
Commerce
Gouvernement
Reste du monde
Accumulation
1. miVsorgho
0,18602991
0,17903359
0,26703863
0,36789787
1
2. arachides
0,19744945
0,19062586
0,43666003
0,17526465
1
3. coton
0,24813214
0,24431483
0,392525
0,11502804
1
4. riz
0,37623259
0,36227499
0,55932239
-0,29782998
1
5. autres produits agricoles
0,08511686
0,08 \\86458
0,14980246
0,68321611
1
6. industrie corps gras
0,18109872
0,17477182
0,461235
0,18289446
1
7: industrie travail grains et farine
0,21197445
0,20525809
0,26230996
0,32045751
1
8. autres industries alimentaires
0,16378581
0,15740271
0,35911189
0,31969959
1
9. textiles
0,22077866
0,21738278
0,34926396
0,2125746
1
10. autres industries
0,19649658
0,18793858
0,22209983
0,39346501
1
Il. services administration
0,47532626
0,41182139
0,06558059
0,04727177
1
13. miVsorgho
0,18602991
0,17903359
0,26703863
0,36789787
1
14. arachides
0,19744945
0,19062586
0,43666003
0,17526465
1
15. coton
0,24813214
0,24431483
0,392525
0,11502804
1
16. riz
0,37623259
0,36227499
0,55932239
-0,29782998
1
17, autres produits agricoles
0,08511686
0,08186458
0,14980246
0,68321611
1
18, produits corps gras
0,18109872
0,17477182
0,461235
0,18289446
1
19. produits travail grains
0,21197445
0,20525809
0,26230996
0,32045751
1
20. autres produits alimentaires
0,16378581
0,15740271
0,35911189
0,31969959
1
21. produits textiles
0,22077866
0,21738278
0,34926396
0,2125746
1
22. autres produits industriels
0,19649658
0,18793858
0,22209983
0,39346501
1
23. transport
0,29829916
0,27154097
0,24082912
0,18933075
1
25. autres services
0,12803183
0,74360808
0,07653094
0,05182915
1
26. travail
0,31677123
0,28180242
0,16712958
0,23429678
1
27. capital
0,39672966
0,34821188
0,12810047
0,12695799
1
28. terre
0,16503829
0,15898243
0,27754358
0,3984357
1
30. entreprises secteur moderne
0,39560346
0,3472234
0,13057554
0,1265976
1
31. ménages urbains
0,28794279
0,28329703
0,27784719
0,15091298
1
32. ménages ruraux
0,22555072
0,21382732
0,45287171
0,10775025
1
Du tableau il ressort les faits suivants relatifs aUX quatre (4) comptes:
./ Les branches
Les
branches
ont
été
particulièrement
affectées
par
les
marges
commerciales (34%) et les dépenses publiques (30%). L'examen individuel des
comptes des branches de production montre qu'à l'exception des services, ces
dernières sont davantage sensibles aux pulsions externes représentant entre 15%
et 56% des revenus endogènes totaux des branches de production. Les branches
264

agricoles réagissent de façon équi-proportionnelle aux injections de dépenses
publiques et du commerce.
./ Les produits
La demande intermédiaire, finale et pour l'exportation est fortement
tributaire des dépenses gouvernementales (32,9%) et du reste du monde
(22,81 %) qui représente 66% des recettes de ce compte.
./ La valeur ajoutée
La valeur ajoutée en revanche est fortement influencée par le commerce
(36%) suivi des exportations (32%) .
./ Les revenus des institutions
Les revenus des institutions réagissent de façon équi-proportionnelle aux
injections relatives au commerce (29%), aux dépenses publiques (28%) et au
reste du monde. Toutefois les revenus ruraux sont fortement tributaires des
transferts en provenance du reste du monde (45%) ; les revenus des entreprises
restent influencés par le commerce (40%) et les dépenses gouvernementales.
B. Expérience 2
Le scénario 2 examine en fin de période (1993) les conséquences socio-
économiques du PAMLT.
265

l! La méthode
La procédure de détennination de la matrice exogène de 1993 (X2) a
consisté à multiplier la matrice de la demande exogène de 1990 (xo) par les taux
de croissance cumulés enregistrés respectivement par les dépenses publiques, le
reste du monde et l'investissement entre 1990 et 1993. La matrice exogène de
1993 est présentée dans le tableau ci-après.
Tableau 31- Matrice exogène de 1993 Xl
Commerce
Etat
Resle du monde
Investissement
1. mil/sorgho
0
0
0
0
2. arachides
0
0
0
0
3. coton
0
0
0
0
4. riz
0
0
0
0
5. autres produits agricoles
0
0
0
0
6. industrie corps gras
0
0
0
0
7. industrie travail grains et farine
0
0
0
0
8. autres industries alimentaires
0
0
0
0
9. textiles
0
0
0
0
10. autres industries
0
0
0
0
II. seïVices administration
309290.21
0
0
0
13. mil/sorgho
0
0
0,05879824
6014,91953
14. arachides
0
0
2541,96544
-3063,0865 1
15. coton
0
0
0
-236,483374
16. riz
0
0
0
-20299,2213
17. autres produits agricoles
0
0
4087,13611
113841,044
18. produits corps gras
0
0
25003,7863
7259,33773
19. produits travail grains
0
0
81,3414831
10095,2821
20. autres produits alimentaires
0
0
37857,1165
45417,699
21. produits textiles
0
1094,5708
8224,13313
6316,67013
22. autres produits industriels
0
6668,79923
52853,5837
109642,47
23. transport
0
0
9650,01393
0
25. autres services
0
458191,351
2014,31005
0
26. travail
0
0
0
0
27. capital
0
0
0
0
28. terre
0
0
0
0
30. entreprises secteur moderne
0
0
1259,66994
0
3 1. ménages urbains
0
29640,9145
135585,563
0
32. ménages ruraux
0
8371,68489
199026,957
0
Comme auparavant, le recours à l'équation 6 pennet de détenniner la
matrice Y2 des recettes endogènes de 1993 correspondant à X2.
266

2/ Les résultats
Les tableaux qui suivent présentent la matrice des recettes endogènes Y2,
respectivement en valeur absolue et relative,
Tableau 32- Matrice YI des recettes endogènes générées en 1993
Année 1993
Commerce
Gouvernement
Resle du monde
Accumulation
Tolal
1. mil/sorgho
3963,58619
6155,66142
8258,39184
8054,11591
26431,7554
2. arachides
9007,37875
14033,2732
28913,5742
82] 5,27086
60169,497
3. coton
497,963316
791,222882
1143,3982
237,193677
2669,77808
4. riz
2496,65679
3879,49731
5387,4157
-2030,7474
9732,8224
5. autres produits agricoles
9746,11475
15126,7852
24897,2129
80382,0554
130152,168
6. industrie corps gras
13028,6063
20290,309
48163,7925
13519,7351
95002,4429
7. industrie travail grains et farine
12500,1953
19532,9678
22452,4595
19417,2985
73902,9211
8. autres industries alimentaires
22140,1371
34336,0962
70461,1425
44404,9296
171342,305
9. textiles
6496,11964
10321,831
14916,4868
6426,77907
38161,2166
10. autres industries
38764,9332
59832,1573
63598,6847
79758,1797
241953,955
II. services administration
389945,804
545200,211
78091,4691
39847,3421
1053084,83
13. mil/sorgho
4395,02667
6825,71159
9157,3264
8930,81482
29308,8795
14. arachides
11839,4398
18445,5542
38004,4552
10798,2808
79087,73
15. coton
517,3490 II
822,025163
1187,91066
246,427619
2773,71245
16. riz
15714,9614
24419,1155
33910,56
-12782,3404
61262,2965
17. autres produits agricoles
15555,3189
24143,1559
39737,2795
128294,047
207729,801
18. produits corps gras
15951,4503
24842,2469
58968,8815
16552,7591
116315,338
19. produits travail grains
13844,7543
21633,9933
24867,5144
21505,8822
81852,1442
20. autres produits alimentaires
34349,2552
53270,6426
109316,747
68891,9066
265828,551
21. produits textiles
11614,2339
18454,1182
26668,7773
11490,2618
68227,3913
22. autres produits industriels
86604,9651
133671,374
142086,195
178188,218
540550,753
23. transport
26665,432
39171,1776
31247,9448
17390,1302
114474,685
25. autres services
57775,7124
541509,543
50127,9843
24031,8119
673445,051
26. travail
110538,109
158688,584
84651,6581
84007,4285
437885,7 8
27. capital
218745,786
309829,858
102520,706
71926,6997
703023,049
28. terre
1710,32053
2658,74435
4174,83996
4242,63916
12786,544
30. entreprises secteur moderne
120942,77
171302,414
57942,5364
39767,6886
389955,409
31. ménages urbains
185893,094
295143,85
260362,787
100107,982
841507,712
32. ménages ruraux
87417,4465
133737,053
254768,038
42909,875
518832,413
Total
1528662,92
2708069,17
1695986,17
1114732,66
7047450,93
267

Tableau n.b.
Année 1993 en %
Commerce
Gouvernement
Reste du monde
Accumulation
1. miUsorgho
0,14995547
0,23288886
0,31244205
0,30471362
1
2. arachides
0,14970008
0,23322903
0,48053541
0,13653548
1
3. colon
0,18651862
0,29636279
0,42827462
0,08884397
1
4. riz
0,2565193
0,39859941
0,55353067
-0,20864938
1
5. autres produits agricoles
0,07488246
0,11622384
0,19129311
0,61760059
1
6. industrie corps gras
0,1371397
0,21357671
0,50697425
0,14230934
1
7. industrie travail grains et farine
0,16914345
0,26430576
0,30381018
0,26274061
1
8. autres industries alimentaires
0,12921582
0,20039474
0,41123027
0,25915917
1
9. textiles
0,17022832
0,27047961
0,3908808
0,16841127
1
10. autres industries
0,16021616
0,24728737
0,2628545
0,32964198
1
Il . services administration
0,37028907
0,51771728
0,07415497
0,03783868
1
13. miUsorgho
0,14995547
0,23288886
0,31244205
0,30471362
1
14. arachides
0,14970008
0,23322903
0,48053541
0,13653548
1
15. coton
0,18651862
0,29636279
0,42827462
0,08884397
1
16. riz
0,2565193
0,39859941
0,55353067
-0,20864938
1
17. autres produits agricoles
0,07488246
0,11622384
0,19129311
0,61760059
1
18. produits corps gras
0,1371397
0,21357671
0,50697425
0,14230934
1
19. produits travail grains
0,16914345
0,26430576
0,30381018
0,26274061
1
20. autres produits alimentaires
0,12921582
0,20039474
0,41123027
0,25915917
1
21. produits textiles
0,17022832
0,27047961
0,3908808
0,16841127
1
22. autres produits industriels
0,16021616
0,24728737
0,2628545
0,32964198
1
23. transport
0,23293737
0,34218201
0,27296817
0,15191245
1
25. autres services
0,08579128
0,80408868
0,07443515
0,03568489
1
26. travail
0,25243594
0,36239721
0,19331904
0,19184781
1
27. capital
0,31115023
0,44071081
0,14582837
0,10231059
1
28. terre
0,13375941
0,20793299
0,32650261
0,33180499
1
30. entreprises secteur moderne
0,31014513
0,43928719
0,1485876
0,10198009
1
3 1. ménages urbains
0,2209048
0,3507322
0,30940036
0,11896264
1
32. ménages ruraux
0,16848879
0,25776542
0,4910411
0,08270469
1
L'analyse des tableaux ci-dessus montre les faits suivants.
./ Les branches
Les branches d'activités ont été particulièrement affectées par les
dépenses publiques (38%) suivi des marges commerciales (27%) dans leur
ensemble. Les branches agricoles sont davantage influencés par les dépenses
268

gouvernementales et le reste du monde représentant respectivement entre 23% et
40%, et 31 % et 55% des revenus totaux.
../ Les produits
Les comptes des produits se sont avérés fortement sensibles aux dépenses
gouvernementales
(41 %),
pUIS
aux
pulsions
extérieures
(25%)
et
à
l'investissement
(21 %)
et
dans
une
moindre
mesure
par
les
marges
commerciales (13%) .
../ La valeur ajoutée
La valeur ajoutée comme les branches s'est avérée fortement influencé
par les dépenses gouvernementales (41 %) et les marges commerciales (29%), le
reste du monde et l'investissement intervenant respectivement pour 17% et 14%
dans la formation du revenu de ce compte.
La décomposition de la valeur ajoutée montre cependant que les facteurs
capital et travail sont fortement influencés par les dépenses publiques (44% et
36%) et les marges commerciales (31 % et 25%) alors que le facteur terre est
fortement influencé par les exportations et l'investissement qui contribue en
parité (36%) à la rémunération de ce facteur.
../ Les revenus des institutions
Les revenus des institutions restent fortement tributaire des dépenses
gouvernementales (34%) et des exportations (33%) suivi des marges sur le
commerce (23%) et de l'épargne (10%). Selon les institutions, les transferts en
269

provenance de l'extérieur et les dépenses gouvernementales interviennent
respectivement pour 49% et 26%
à la formation des revenus ruraux contre
respectivement 31 % et 35% pour les revenus urbains. En revanche pour les
entreprises sont fortement sensibles aux marges sur le commerce (31 %) et aux
dépenses gouvernementales (44%) qui contribuent pour une part prépondérante
(75%) à la formation des revenus des entreprises.
c. Expérience 3
L'expérience 3 compare l'impact sur le système socio-économique du
PAMLT entre 1985 et 1993.
Entre 1985 et 1993, les résultats montrent une forte diminution de la
contribution des marges commerciales (-26%) et de l'investissement (16%) dans
la formation des revenus des comptes endogènes; tandis que les parts relatives
des dépenses publiques et du reste du monde augmentent respectivement de
31,2% et de 10,24%.
°
En considérant les branches par exemple, la diminution de 1 points de la
contribution des marges commerciales et de l'investissement entre 1985 et 1993
s'est accompagnée d'une augmentation de la contribution des dépenses
gouvernementales de 8 points et des exportations. En considérant les revenus du
second exemple le tableau montre que la réduction de la part relative des marges
sur le commerce (6 points)
et de
l'investissement a correspondu une
270

augmentation plus que proportionnelle des dépenses gouvernementales (6%) et
des recettes d'exportati ons (4%).
Tableau 33- Impact du PAMLT en début de période (récapitulatif)
Année 1993 en %
Commerce
Gouvernement
Reste du monde
Accumulation
Branches
0,267311316
0,38342195
0,19251725
0,15674949
Produits
0,1315693
0,40484909
0,25226141
0,2113202
Valeur ajoutée
0,286899144
0,40840693
0,16585592
0,13883801
Institutions
0,225249566
0,34290399
0,3274152
0,10443125
Tableau 34- Impact du PAMLT en fin de période (récapitulatif)
Année 1985 en %
Commerce
Gouvernement
Reste du monde
Accumulation
Branches
0,338327712
0,30072015
0,16787036
0,19308178
Produits
0,172685352
0,32927552
0,22810558
0,26993355
Valeur ajoutée
0,363455094
0,32061212
0,14475602
0,17117676
Institutions
0,294464816
0,27778405
0,29488483
0,1328663
Tableau 35- Variation
des revenus des comptes endogènes entre la fin et le début du PAMLT
(récapitulatif)
Commerce
Gouvernement
Reste du monde
Accumulation
Branches
-0,071016396
0,0827018
0,02464689
-0,03633229
Produits
-0,041116052
0,07557358
0,02415583
-0,05861336
Valeur ajoutée
-0,07655595
0,08779481
0,0210999
-0,03233876
Institutions
-0,069215249
0,06511993
0,03253037
-0,02843505
-0,257903648
0,31119011
0,10243299
-0,15571946
271

11/- L'impact de la performance des branches agricoles (mil/sorgho,
arachide et riz) et de l'évolution des revenus urbains et ruraux sur le
système socio-économiques
A. L'impact de la croissance des branches agricoles: mil/sorgho, arachide
et riz.
11. La méthode
Les taux de croissance annuelle à pnx constant de la valeur ajoutée
agricole est respectivement de 2,5% et 8,2% en moyenne entre 1985-1990 et
1990-1993.
Pour obtenir la valeur de la production des dites branches en 1985 au prix
de 1990, il suffit de faire le rapport entre la valeur de la production des dites
branches en 1990 par le taux de croissance cumulé.
Entre 1990-1993, au taux de crOIssance annuelle moyen de 8,2%, la
valeur de la production des dites branches en 1993 s'obtient en faisant le produit
de la valeur de la production des dites branches en 1990 par le taux de
croissance cumulé entre 1990 et 1993.
Le tableau qui suit présente les résultats de ces opérations.
Tableau 36-
VW'lntion nbsolue des comptes des brunches agricoles
(en millions de fcfa)
1985-1990
1990-1993
MiVSorgho
5559,82
6547,44
Arachide
6620,20
7796,12
Riz
1492
1757,01
272

Les variations absolues enregistrées dans les comptes des branches
d'activités au cours des deux périodes (1985-1990) et (1990-1993) sont
supposées représenter dans la MCS, l'injection exogène de revenu dans les
comptes des dites branches. Ces injections sont à la base du déclenchement du
processus des multiplicateurs. En partant de l'équation (3) ci-dessus on calcule
les effets revenus associés à l'augmentation de la production de chacune des
branches d'activités sur le système socio-économique.
21. Les résultats des simulations
Les tableaux qui suivent, récapitulent l'impact sur le système SOClO-
économique de l'évolution des branches sous analyse.
273

Tableau 37- Impact de la croissance des branches agricoles (mil/arachide/riz) entre 1985-1990 et
1990-1993
Variation entre 1985 et 1990
part relative
Mil
arachide
riz
mil
arachide
riz
1. miVsorgho
6285,72862
99,5728342
22,1169019
0,21817075
0,00305053
0,00319426
2. arachides
220,787186
7503,58951
50,1118336
0,00766328
0,22988127
0,00723745
3. coton
7,73025396
7,46861359
1,75586638
0,00026831
0,00022881
0,00025359
4. riz
62,6166377
63,4922221
1537,08244
0,00217335
0,00194516
0,22199466
5. autres produits agricoles
228,3 70235
238,486977
51,8184834
0,00792648
0,00730633
0,00748394
6. industrie corps gras
321,155789
331,027979
72,9407271
0,01114697
0,01014143
0,01053454
7. industrie travail grains et farine
296,421932
319,924249
67,1690408
0,01028848
0,00980125
0,00970096
8. autres industries alimentaires
544,463662
559,603163
123,153856
0,01889774
0,0171441
0,01778662
9. textiles
100,846018
97,4322198
22,9065322
0,00350025
0,00298495
0,0033083
10. autres industries
486,194528
501,741082
101,326126
0,01687528
0,01537143
0,01463413
11. services administration
733,792478
759,347615
163,573197
0,02546913
0,02326351
0,02362422
13. miVsorgho
804,87586
110,411441
24,5243497
0,02793636
0,00338258
0,00354195
14. arachides
290,206138
1161,13503
65,8677796
0,01007274
0,03557273
0,00951302
15. coton
8,03119249
7,75936647
1,8242222
0,00027875
0,00023772
0,00026347
16. riz
394,134287
399,645567
283,766995
0,01367997
0,01224361
0,04098333
17. autres produits agricoles
364,491074
380,637934
82,7050628
0,01265109
0,01166129
0,01194476
18. produits corps gras
393,204037
405,290959
89,3042858
0,01364768
0,01241656
0,01289786
19. produits travail grains
328,305977
354,336274
74,3939473
0,01139514
0,01085551
0,01074442
20. autres produits alimentaires
844,706659
868,194797
191,066714
0,02931884
0,02659817
0,027595
21. produits textiles
180,299827
174,19639
40,9539599
0,00625801
0,00533671
0,00591482
22. autres produits industriels
1086,21005
1120,9427
226,373294
0,03770116
0,0343414
0,03269419
23. transport
301,140797
328,461468
66,0000094
0,01045227
0,0100628
0,00953212
25. autres services
462,987297
461,09797
104,414586
0,01606978
0,01412628
0,01508018
26. travail
4861,09571
5009,015
927,534162
0,1687233
0,15345706
0,13396005
27. capital
868,998265
2416,03265
511,282241
0,03016198
0,074018
0,07384245
28. terre
1073,6991
346,509425
200,21151
0,03726692
0,01061572
0,02891575
30. entreprises secteur moderne
480,462089
1335,80485
282,683802
0,01667631
0,04092395
0,04082689
31. ménages urbains
4392,0405
5153,40689
989,137679
0,15244291
0,15788067
0,1428572
32. ménages ruraux
2388,05466
2126,58638
547,961618
0,08288676
0,06515047
0,0791399
Total
28811,0509
32641,1516
6923,96122
1
1
1
274

Tableau 37-b
Variation enlre 1990 et 1993
Part relati ve
Mil
arachide
riZ
mil
arachide
riz
1. miVsorgho
7402,23958
117,259592
26,045461
0,21817075
0,00305053
0,00319426
2. arachides
260,004805
8836,42464
59,0130488
0,00766328
0,22988127
0,00723745
4. coton
9,10335067
8,79523607
2,06775568
0,00026831
0,00022881
0,00025359
4. riz
73,7390018
74,770113
1810,1098
0,00217335
0,00194516
0,22199466
5. autres produits agricoles
268,934804
280,848546
61,0228457
0,00792648
0,00730633
0,00748394
6. industrie corps gras
378,201516
389,827266
85,8969704
0,01114697
0,01014143
0,01053454
7. industrie travail grains et farine
349,074274
376,751221
79,1000768
0,01028848
0,00980125
0,00970096
8. autres industries alimentaires
641,174749
659,003424
145,029308
0,01889774
0,0171441
0,01778662
9. textiles
118,758927
114,738748
26,975351
0,00350025
0,00298495
0,0033083
10. autres industries
572,555482
590,863513
119,324383
0,01687528
0,01537143
0,01463413
II. services administration
864,13335
894,227751
192,628215
0,02546913
0,02326351
0,02362422
13. miVsorgho
947,843012
130,02342!
28,8805366
0,02793636
0,00338258
0,00354195
14. arachides
341,754392
1367,3832
77,5676765
0,01007274
0,03557273
0,00951302
15. coton
9,45774381
9,13763432
2,14825334
0,00027875
0,00023772
0,00026347
16. riz
464,142918
470,633146
334,171678
0,01367997
0,01224361
0,04098333
17. autres produits agricoles
429,234289
448,249256
97,395716
0,01265109
0,01166129
0,01194476
18. produits corps gras
463,04743
477,281308
105,167139
0,01364768
0,01241656
0,01289786
19. produits travail grains
386,621765
417,275729
87,6083218
0,01139514
0,01085551
0,01074442
20. autres produits alimentaires
994,74881
1022,40906
225,005323
0,02931884
0,02659817
0,027595
21. produits textiles
212,325825
205,138257
48,2284894
0,00625801
0,00533671
0,00591482
22. autres produits industriels
1279,14957
1320,05165
266,583306
0,03770116
0,0343414
0,03269419
23. transpol1
354,631334
386,804876
77,7233938
0,01045227
0,0100628
0,00953212
25. autres services
545,226035
543,001114
122,961437
0,01606978
0,01412628
0,01508018
26. travail
5724,55435
5898,74799
1092,28928
0,1687233
0,15345706
0,13396005
27. capital
1023,35525
2845,18368
602,099778
0,03016198
0,074018
0,07384245
28. terre
1264,41634
408,058625
235,774482
0,03726692
0,01061572
0,02891575
30. entreprises secteur moderne
565,804811
1573,07897
332,896081
0,01667631
0,04092395
0,04082689
31. ménages urbains
5172,18257
6068,78768
1164,83525
0,15244291
0,15788067
0,1428572
32. ménages ruraux
2812,23607
2504,32413
645,294402
0,08288676
0,06515047
0,0791399
Total
33928,6523
38439,0798
8153,84376
1
1
1
Du premIer tableau, on note que l'accroissement de la production des
branches agricoles sous analyse a eu un effet nettement positif sur la totalité des
29 comptes endogènes. En proportion, il ressort des simulations que 32% de
l'effet multiplicatif de l'accroissement de la production des dites branches
revient aux branches d'activités.
275

L'augmentation
de
la production
des
branches
s'est
traduite par
l'accroissement de la demande directe et indirecte de produits intermédiaires et
finals. Ces derniers représentent entre 17% et 19% de l'effet total.
L'effet est nettement positif sur le revenu national. La valeur ajoutée
augmente et représente un peu moins de 24% à 17% au titre de la rémunération
du facteur travail.
Les
revenus
distribués
aux
agents
ou
institutions
augmentent
et
représentent 23% de l'effet total, dont 14,3% à 15,8% reviennent aux ménages
urbains contre 6,5% à 8,2% aux ménages ruraux.
B. L'impact de l'évolution des revenus urbains et ruraux entre 1985-1990
et 1990-1993
lI. La méthode
La procédure de l'estimation des revenus urbains et ruraux au cours des
deux périodes est la même que celle décrite dans la section précédente.
Sur la base de cette procédure, le montant des revenus urbains et ruraux
en 1985 au prix de 1990 est respectivement de 1.023.663,86 et 562.949,80
millions de F CFA.
En 1993, les revenus urbains et ont baissé de 15.263,14 et de 48.140,42
millions de F CFA. En revanche pour les mêmes périodes les revenus ruraux ont
augmenté respectivement de 14.215,18 et 40.763,143 millions de F CFA.
276

21 Les résultats
Le tableau qui suit présente l'impact socio-économique de la chute des
revenus urbains et de l'augmentation des revenus ruraux selon les principaux
comptes.
Tableau 38- Impact de l'évolution des revenus urbains et ruraux entre 1985-1990 et 1990-1993
Variai ion de revenu enlre 1985
Variation en
Variation de revenu
Variation en
el1990
% dulolal
entre 1990 ell 993
%dulolal
urbain
rural
urbain
urbain
rural
urbain
rural
1. mil/sorgho
-211,520602
382,180483
0,00532102
0,00709652
-667,144217
1095,93189
0,00532102
0,00709652
2. arachides
-520,709047
793,027123
0,01309898
0,01472533
-1642,33662
2274,06618
0,01309898
0,01472533
3. coton
-11,1252537
38,6929169
0,00027987
0,00071847
-35,08948j4
110,954911
0,00027987
0,00071847
4. riz
-128,766231
258,669874
0,00323925
0,00480311
-406,133707
741,755731
0,00323925
0,00480311
5. autres produits agricoles
-550,084931
800,909459
0,01383796
0,0148717
-1734,9893
2296,66938
0,01383796
0,0148717
6. industrie corps gras
-721,573974
1214,13883
0,01815194
0,02254475
-2275,87242
3481,63633
0,01815194
0,02254475
7. industrie travail grains el farine
-840,672097
835,783487
0,02114798
0,01551926
-2651,51253
2396,67334
0,02114798
0,01551926
8. autres industries alimentaires
-1181,18784
2057,24596
0,02971401
0,0382
-3725,51245
5899,31079
0,02971401
0,0382
9.lextiles
-145,135799
504,793246
0,00365104
0,00937326
-457,763961
1447,5334
0,00365104
0,00937326
10. autres industries
-707,096042
1247,71367
0,01778774
0,02316819
-2230,20845
3577,91479
0,01778774
0,02316819
11. services administration
-1625,19917
2360,91026
0,04088358
0,04383859
-5125,94147
6770,09149
0,04088358
0,04383859
13. mil/sorgho
-234,54484
423,781227
0,00590022
0,00786899
-739,763561
1215,22521
0,00590022
0.00786899
14. arachides
-684,428135
1042,36728
0,0172175
0,01935521
-2158,71299
2989,06823
0,0172175
0,01935521
15. coton
-11,5583594
40,1992309
0,00029076
0,00074644
-36,4555159
115,274382
0,00029076
0.00074644
16. riz
-810,506416
1628,17217
0,02038913
0,03023274
-2556,3688
4668,90873
0,02038913
0,03023274
17. autres produits agricoles
-877,964884
1278,29421
0,02208612
0,02373602
-2769,13544
3665,60681
0,02208612
0,02373602
18. produits corps gras
-883,452235
1486,51933
0,02222416
0,02760245
-2786,44276
4262,70835
0,02222416
0,02760245
19. produits travail grains
-931,097346
925,682902
0,02342272
0,01718855
-2936,71729
2654,46681
0,02342272
0,01718855
20. autres produits alimenlaires
-1832,55065
3191,70862
0,04609972
0,05926528
-5779,93611
9152,4696
0,04609972
0,05926528
21. produits texliles
-259,484309
902,505985
0,0065276
0,01675819
-818,423618
2588,00522
0,0065276
0,01675819
22. autres produits industriels
-1579,72742
2787,52445
0,03973969
0,05176018
-4982,52182
7993,44045
0,03973969
0,05176018
23. transport
-865,602651
497,11262
0,02177514
0,00923064
-2730,14447
1425,50862
0,02177514
0,00923064
25. autres services
-812,856053
1994,47886
0,02044824
0,03703451
-2563,77965
5719,32129
0,02044824
0,03703451
26. travail
-1599,55901
2582,36921
0,04023857
0,04795076
-5045,07141
7405,14203
0,04023857
0,04795076
27. capital
-1834,70237
2918,77214
0,04615385
0,05419726
-5786,72273
8369,80328
0,04615385
0,05419726
28. lerre
-92,7834118
158,781653
0,00233406
0,00294834
-292,642495
455,318585
0,00233406
0,00294834
30. entreprises secteur moderne
-1014,39205
1613,76543
0,02551809
0,02996522
-3199,43204
4627,59631
0,02551809
0,02996522
31. ménages urbains
-17395,2425
4107,07157
0,43759544
0,07626221
-54865,2725
11777,3432
0,43759544
0,07626221
32. ménages ruraux
-1388,35852
15781,4368
0,0349256
0,29303781
-4378,93683
45254,4819
0,0349256
0,29303781
Total
-39751,8822
53854,609
1
1
-125378,985
154432,227
1
1
277

Du premier tableau on note, que la diminution des revenus urbains de
15.263,10 millions de F CFA millions de F CFA entre 1985 et 1990 s'est
traduite par une baisse de la valeur totale des 29 comptes endogènes de
39.751,88 millions de F CFA, soit un peu moins du triple.
La chute des revenus urbains a lourdement pesé sur les revenus des
institutions qui représentent 49,80 % de l'effet total. Au sein des institutions la
baisse des revenus urbains représente 43,75 % de l'effet total contre 3,49 % et
2,55 % aux revenus des ruraux et des entreprises.
Dans un second temps, la baisse des revenus urbains a pour conséquence
la diminution de la demande intermédiaire et finale de 9.783,77 millions de F
CFA soit 16,71 % de l'effet total. Comme conséquence finale, on assiste à une
chute du revenu national car la valeur ajoutée diminue de 3.527,044 millions de
F CFA, soit 8,87% de l'effet total.
En revanche si on considère les revenus ruraux, leur augmentation de
14.215,18 millions en F CFA entre 1985 et 1990 s'est traduite par une
augmentation totale de 53.854,60 millions de F CFA. L'augmentation des
revenus ruraux a surtout profité aux institutions dont les revenus augmentent de
21.502,27 millions de F CFA soit 39,92% de l'effet total. Au sein des
institutions les transferts versés aux ménages urbains et les revenus des
entreprises augmentent respectivement de 4.107,07 millions de F CFA et de
1.613,76.
278

L'augmentation des revenus ruraux s'est traduite par une augmeritation de
la demande intermédiaire et finale de produits de 16.198,346 millions de F CFA
soit 30,07% du total de l'augmentation. Cette augmentation a surtout concerné
les produits du corps gras, des graines et farine ainsi celle du riz.
Comme résultante, la production et la valeur ajoutée de l'économie
sénégalaise augmentent respectivement de 10.094 et de 5.659,92 millions de F
CFA, soit respectivement 19,486% et 10,510% de l'effet multiplicatif total.
111- Conclusion
Le recours aux multiplicateurs à prix fixe de la matrice de comptabilité
sociale a permis de mettre en exergue les relations qui existent entre la structure
de la production et la répartition des revenus.
Au triple plan conceptuel micro-macro et méso-économique, la MCS est
un outil précieux pour le décideur et le chercheur dans leur effort permanent de
compréhension des interrelations économiques.
Dans ce chapitre, l'exercice a consisté à simuler les conséquences sur le
système socio-économique les faits suivants:
1- les effets du PAMLT en début et en fin d'application;
2- l'impact de l'évolution de quelques branches agricoles au cours
du PAMLT;
279

3- l'impact de l'évolution des revenus ruraux et urbains.
L'exercice auquel
nous
nous
sommes
livrés permet de
tirer les
conclusions suivantes:
dans le contexte de la libéralisation, si les autorités outre
l'objectif de la réduction du déficit publique, désirent relancer la
crOIssance économique et accroître les revenus des ménages
urbains et ruraux en tant qu'un des leviers de la politique
nationale de lutte contre la pauvreté, l'exercice montre que la
voie privilégiée est l'agriculture. Les effets d'interdépendance
sur l'économie
de l'injection d'une unité monétaire dans les
sous branches de l'agriculture sont nettement supérieurs à ceux
des branches non-agricoles quelque soit l'institution considérée.
Pour cette raison on pourrait s'attendre à une relance des
secteurs non-agricoles en raison de la forte liaison en amont et
en aval entre ces secteurs et les branches agricoles;
durant le PAMLT, la génération des revenus reste fortement
tributaire de l'action de l'Etat et de l'environnement extérieur,
s'y qjoute une forte diminution des marges sur le commerce et
un net ralentissement de l'épargne comme conséquence de la
baisse de l'épargne nationale.
La limite fondamentale cependant, de cette première utilisation de la MeS
tient au cadre keynésien qui a présidé à leur construction. En effet, dans un
environnement keynésien typique, les modèles en question ne peuvent refléter le
280

fonctionnement d'une économie de marché. Il en est ainsi, parce que dans une
économie de marché, les mécanismes d'ajustement par les prix jouent un rôle
important; ensuite il existe des possibilités de substitution aussi bien du côté de
la demande, que de la production.
En conséquence les modèles en question ne peuvent être utilisés pour
étudier tous les chocs qui accompagnent les changements structurels résultants
des réajustements des prix relatifs (taux de change réel, salaire, terme de
l'échange, etc.).
Pour prendre en compte les caractéristiques d'une économie où les
mécanismes d'ajustement par les prix et les possibilités de substitution existent,
il convient d'utiliser un modèle d'équilibre général calculé.
Dans le contexte des MEGC, la MCS représente les conditions initiales de
ces modèles; il en est le cadre comptable.
L'intégration des remarques ci-dessus, nous ont conduit à construire un
MEGC de l'économie sénégalaise, qui est l'objet du chapitre suivant.
281

Chapitre 11-
POUR L'ELABORATION D'UN MODELE D'EQUILIBRE GENERAL
CALCULE (MEGC) DE L'ECONOMIE SENEGALAISE
Le
chapitre
précédent
a
simulé
l'impact
de
l'ajustement
à l'aide des
multiplicateurs
de
la
Matrice
de
Comptabilité
Sociale
(MCS).
Les
multiplicateurs de la MCS (dans un· contexte de prix fixes), permettent certes
d'identifier les activités qui contribuent le plus à l'accroissement des revenus et
de simuler les effets sur la répartition des revenus d'une croissance exogène des
activités productives et / ou d'une modification du volume des dépenses
publiques; mais ils ne sont pas en mesure d'évaluer, par exemple, l'incidence
d'une modification de la politique des prix et / ou du taux d'imposition sur les
revenus
de la population. L'analyse en termes de multiplicateurs doit être
complétée donc par la modélisation des activités et des comportements des
agents économiques.
L'objectif de ce second chapitre est d'examiner les conséquences de l'ajustement
structurel dans le secteur agricole à l'aide d'un modèle d'équilibre général calculé
au Sénégal (MEGC). La présentation du modèle d'équilibre général calculé de
l'économie sénégalaise est l'objet de la section 1 .Elle consiste en la spécification
des équations de comportement des agents, des conditions d'équilibre des règles de
bouclage et de calibrage du modèle. La section suivante examine les résultats des
simulations du modèle. Trois types de simulation sont examinées: l'évaluation
rétrospective des performances économiques du Sénégal au cours de
l'ajustement structurel, les conséquences de la réduction des dépenses publiques
et des autres politiques économiques et l'impact des chocs extérieurs.
282

Section 1- LE MODELE D'EQUILIBRE GENERAL CALCULE DE
L'ECONOMIE SENEGALAISE
Dans ce qui suit nous allons décrire d'abord la structure du modèle, puis les
conditions d'équilibre sur les marchés des facteurs et des produits, les règles de
bouclage et la calibration du modèle.
1- La structure du modèle
Le modèle comporte sept blocs.
v' Les prix
(1) PMi = PWMi *(1 + TM) * ER
-
- -
(2)
PEi * (l + TE;) = PWE *
i
ER
(3) PPT, * XPTi = PPD *
i
XPDi +
PEi
*Ei
(1 + margx)
(4) PVA j =
PPTj (l - tprad) - l PCaij
i
(5) PC * XT, = PPD;(l + margd, + dtax) * XPD,
+ PM, *(1 + margm, + itax) *M,
(6) PKj = l
PC; * imatij
(7) PPTACTj = l
PPTi * autmatji
(8) PINDEX = l (Ji * PC
Les deux premières équations définissent les prix à l'importation (Pmi) et
à l'exportation (PEi) des produits en fonction
des prix mondiaux, du taux de
change et des variations engendrées par les taxes. L'équation 3 montre que la
valeur de la production totale est égale à la valeur des ventes intérieures, et des
exportations évaluées aux prix d'exportation.
283

L'équation 4 indique que le prix de la valeur ajoutée est égale aux prix de
production de la branche moins les coûts intermédiaires par unité de production.
L'équation 5 définit la valeur de la demande globale comme la somme des ventes
intérieures, taxes comprises et des importations, droits de douanes inclus.
L'équation 6 définit le prix d'une unité de capital (PKj), par le biais du prix
unitaire de production d'une unité de capital (Pci) et des coefficients de la matrice
de base
(imatij). L'équation 7 montre la relation qui existe entre les prix des
activités (PPTTACTj) et les prix des produits (PPTi), à l'aide des coefficients de
la
MCS (outmatji). L'équation 8, définit l'indice général des prix à la
consommation qui est le numéraire du modèle.
./ La production
L'équation 9 concerne la production des secteurs. La production est une
fonction CES du travail (Lj) et du stock de capital (fixe) par secteur (Kj).
(9) XPTACT j = CES( Llj ,L2j ,L3j ,K)
(lO)XPTi ='IXPTACTj*outmatji
j
./ Les échanges extérieurs
i
(11) Ei/EOi=(PWEOi]'I
PWEi
(12) XPTi = ATlYiE;i + (1- y) XPD;i flJl" jor i = exported goods
(13) ~=[ PE; *(1-y)]~i'PE;=
PEi
,rPi=_I_,jori=exportedgoods
XPDi
PPDi
Yi
1 + margxi
CPi- 1
1
(14) XTi= AC,.{oiM/i +(1- 0;) XPD/' /;" for i = imported goods
284

.
)(I;
M,
PPDi
<5,
1 .
.
(15)
- - = (--. *- - ,CT, = - - , for 1= lmported goods
XPD,
PMi
1- <5i
1 + Pi
PPD; = PPD,(1 + margd, + dtax,), and PM; = PM,(J + margm) + itax,J
(16) XTi = XPDi, for i = non - imported goods
(17) XPTi = XPDi, for i = non - exported goods
Les équations Il à 17 modélisent les échanges extérieurs. L'équation Il
définit la demande d'exportation des produits du Sénégal, en fonction du rapport
des prix à l'exportation de l'année de base (PWEüi) sur l'année courante (PWEi),
et de l'élasticité de la demande d'exportation du produit (l1i). L'équation 12
montre que la production nationale (XPTi) est une fonction agrégée à élasticité
constante de transformation (CET) des ventes intérieures (XPDi) et des
exportations (Ei). Le ratio des exportations sur les ventes intérieures est une
fraction de leurs prix relatifs (PE*iIPPDi) (équation 13). La demande intérieure
est une fonction CES agrégée des importations et des ventes intérieures (équation
14). L'équation 15 montre que le ratio des importations sur ventes intérieures est
une fraction du ratio souhaitée du rapport des prix relatifs (PPD*i/PM*i). Les
équations
16 et
17
désignent respectivement les biens
d'importation
et
d'exportation non échangeables.
Les marchés des facteurs
(181\\
/
-
ale,)
* I+p. / I+p
'1 W
L
le,)
r) -
K) 1 Lie.) 1
1-
a l ·
e.)
"
-
le
(19) L. Lie.) = LSle
)
(20) rj = (1- Laie.)
le
La demande de travail de chaque activité est déterminée par la condition de
premier ordre de premier du profit d'une fonction de production CES (équation
285

18). L'offre totale de travail dans l'économie est exogène .La totalité de la
demande de travail
des activités est égale à l'offre d' emploi (équation
19).L'équation (20) définit la rémunération du capital par activité.
Les revenus des (acteurs et l'épargne
(21) LCSALle = l wdistj,le *W j * Lie.]
j
(22) RETKke= I(PVA * XPTACTr ACTSAL) * shrkCke.j
j
j
(23) ACTSAL j = IWAle * wdistj,le * Lj,le
le * PINDEX
(24) SAVHHh=SOh (PINDEXO)+mpsheYh
(25) Yh = I (shne.h * LCSALle) + I (shne.h * RETKke) + ITR ANSFERh,inst
k
k
~
(27)TR ANHHlh = ITR ANSFERiNsT,h
INST
Les équations 21 à 28 définissent les revenus et l'épargne des agents
économiques. Chaque groupe de ménages reçoit une proportion fixe (wdistj) des
revenus salariaux (équation 21) de la branche. Les entreprises et chaque groupe de
ménages reçoivent une proportion fixe (shrkcj) des revenus du capital du secteur
(équation 22). Le revenu du capital est défini, par la différence entre la valeur
ajoutée et la rémunération de la main-d'œuvre du secteur (équation 22).
L'équation 23 définit le total de la rémunération du facteur travail versé par chaque
branche. L'équation 24 définit l'épargne des ménages par une fonction linéaire du
revenu dont la constante est homogène de degré 1 par rapport au niveau général
des prix. L'équation 25 définit le revenu total des entreprises et de chaque groupe
de ménages. L'équation 26 définit le revenu disponible des ménages, en
soustrayant du revenu brut, l'épargne, les transferts versés et l'impôt direct qui est
286

une fraction du revenu brut. Les transferts versés par les ménages sont définis par
l'équation 27.
Consommation des ménages
(28) PC; * CDilI = c/esih *YDh
(29) CDi =ICDHHuI
h
L'équation 28 définit la consommation finale en chaque produit de chaque
groupe de ménages par une fonction linéaire des dépenses. La consommation
finale de chaque produit est la somme de la consommation finale du dit produit
par chacun des groupes (équation 29).
Entreprises
(30)
YENT = RETK -(PVA *XPTAC~I - ACTSAL
j
1,
11 ) + ITR ANSFEREIlT,INST
INST
(31)
ENTSAV = YENT - l TRAN5FER INST,ENT
INST
Les équations relatives aux entreprises du modèle sont des identités
comptables. Les revenus des entreprises sont constitués de la rémunération du
capital (RETK) et des transferts reçus (TRANSFERENT, INST) auquel on
retranche la rémunération du capital des entreprises publiques (PYA *
XPTACTII - ACTSALll) équation (30). L'équation 31 définit l'épargne des
entreprises (ENT5AY) par la différence entre le revenu des entreprises (YENT)
et les transferts versés par les dites entreprises aux autres institutions
(TRANSFER'NST' ENT).
287

Le Gouvernement
(32)
GDi = fJ~ • GDTOT
(33)
GR = TARIFF + DUTY + PRODTX + DSALETX + ISALETX
+ DIRTX + (PVAl/ * XPTACTI/- ACTSALIl)
(34)
TARIFF= ITMi* PWM,* Mi* ER
(35)
DUTY= ITEi* PEi * Ei
(36)
PRODTX= Itprod/ PPTACTj * XPTACT j
j
(37)
DSALETX = l dtaxi * PPDi * XPDi
(38)
ISALETX = l itax; * PMi * Mi
(39)
DIRTX = l tdin, * y"
h
(40)
GOVSAV=GR- ITRANSFER/NST,gov - I p e * GDi
JIIST
Les dépenses du gouvernement en chaque produit sont une proportion
constante des dépenses totales supposées exogènes (équation 32). La somme des
droits sur
les importations, éventuellement des taxes sur les exportations et la
production, des taxes sur la production domestique et les importations et les
prélèvements directs supportés par les ménages constitue, les revenus du
gouvernement (équation 33).
Les deux équations suivantes définissent respectivement le montant total
des taxes sur les importations et les exportations des produits assujettis à ces taxes
en fonction des prix mondiaux à l'importation et/ou à l'exportation, des volumes,
des taux de taxation et du taux de change pour les importations. Le produit de la
production de la branche par le taux de taxation définit le montant du prélèvement
supporté par la branche (équation 36). Le total des prélèvements sur les branches
est défini par l'équation 35. Les équations 37 à 39 définissent les montants totaux
288

des autres taxes sur la production domestique , les importations et les impôts par
une fonction des taux de taxation, de la valeur des importations et de la production
domestique et du revenu. L'épargne du gouvernement, est la différence entre ses
recettes et ses dépenses (achats de biens et subventions) (équation 40).
La demande intermédiaire
(41) INT;= Lau XPTACTj
j
(42) INT II = LauXPTACTj+(MARGXTOT+MARGMTOT+MARGDTOT)/ PCII
j
(43) MARGXTOT= LPEi * margx;/(l + margx) * Ei
i
(44) MARGMTOT= '"
~PM; * margm; * Mi
i
(45) MAR GDTOT = LPPDi * margd; * XPD;
i
La demande intermédiaire d'un produit (INTi),
est la somme des
consommations
intermédiaires en ce produit par les différentes branches
(XPTACTj). La relation entre la demande intermédiaire d'un produit et la
consommation intermédiaire de la branche en ce produit est établie par le biais du
coefficient technique (aij), (équation 41).
La demande intermédiaire de la branche commerce, est la somme des
marges sur les consommations intermédiaires des branches et des marges totales
sur les importations, les exportations et les produits domestiques en volume
(équation 42).
289

Les trois équations suivantes définissent les marges totales sur les
exportations, les importations et les produits domestiques en fonction de leurs
valeurs et taux de marges respectifs.
L'investissement
(46) ID i = Limatij * DKj
j
(47) GID; = gio; * GOVIVT
(48) VGOVIVT= LPC * GIDi
;
(49) PK j * DK j = KIO j *(SAVINGS - TOTDSTK - VGOVIVT)
(50) TOTDSTK = LPC * DST;
i
(51) DST; = dstr; * XPT;
(52) SA VINGS =: TOTHHSA V + GO VSA V + ENTSA V + FSA V * ER
(53) TOTHHSA V = L SA VHH h
h
(54) DEPRECIA = LDEPRj * PKj * Kj
j
(55) DKTOT = LDKj
j
L'équation (46) définit l'investissement en volume en un produit, par la
somme des demandes d'investissement en ce produit par les différentes branches.
Le lien entre l'investissement en un produit et la demande d'investissement de la
branche en ce produit est établi par le biais du coefficient de la MCS (imatij).
L'équation (47) définit l'investissement en volume en un produit du
gouvernement, par le produit de la demande d'investissement du gouvernement
supposé exogène et le coefficient gioi tiré de la MCS. L'équation (48) définit la
valeur totale de l'investissement publique.
290

La valeur de l'investissement par secteur de destination (PK *
j
DKj , où PKj
est le prix du nouvel investissement j) (équation 49), est une proportion fixe de
l'investissement privée. La demande d'investissement privé est la différence entre
l'épargne totale (savings), la variation totale du stock de capital (TOTDSTK) et la
demande d'investissement publique en valeur (VCOVINVT).
La variation totale du stock de capital (TOTDSTK) est la somme en valeur
de la variation de stock de chaque produit (DSTj) (équation (50). L'équation
suivante définit la variation de stock d'un produit i, par la multiplication du taux de
dépréciation du produit i (dstrj) par le volume du produit (XPTj).
L'épargne totale est la somme de l'épargne des ménages, de l'état ,des
entreprises et du reste du monde en monnaie nationale (équation 52).L'épargne
des ménages est la somme des épargnes des ménages urbains et ruraux (équation
53).
La dépréciation totale en valeur du capital est la somme en valeur de la
dépréciation de chacune des branches (équation 54). La dépréciation (DEPRj) est
une part fixe de la valeur du stock de capital de chaque activité. Le modèle étant
statique, la dépréciation n'entre dans aucune autre équation ; les revenus des
ménages, l'épargne et l'investissement sont évalués en terme brut.
L'investissement privé (DKTOT) est la somme de l'investissement privé
dans chacune des activités ou branches (équation 55).
291

Le compte courant et l'épargne extérieure
(56) LPWMi* M i= LPWEi * Ei + FSAV
i
La balance courante définit, l'épargne extérieure (en devise), par le total des
importations et des transferts du Sénégal moins le total des exportations et des
transferts du reste du monde (exogène) en valeur (équation 56).
II.:. L'équilibre sur les marchés des facteurs et des produits
Dans le modèle néoclassique d'une économie concurrentielle, les variations
de prix assurent la réalisation de l'équilibre sur les marchés.
Les conditions de l'équilibre sur les marchés des facteurs ont été décrites.
La dotation de capital étant fixe par secteur, les variations du
taux de salaire
réalisent l'équilibre sur le marché du travail.
L'équilibre sur les marchés des produits. Bien que les produits soient
classés, en produits composites pour la consommation finale, en produits
domestiques totaux et pour le marché intérieur, les conditions d'équilibre ne sont
à spécifier que pour les produits composites. Le ratio des importations au ventes
domestiques étant le même pour toutes les importations, les conditions d'équilibre
sont automatiquement assurés pour les ventes domestiques. En ajoutant, les
exportations aux deux membres de l'équation assurant l'équilibre sur le marché
292

des produits destiné à la consommation domestique, on obtient l'équilibre sur le
marché des produits domestiques.
L'offre totale du produit composite (XTi) est la somme des demandes
intermédiaires du produit (INTi) des consommations finales des ménages (CDi) et
du Gouvernement (GDi), des investissements privés (IDi) et du Gouvernement
(GDi) et de la variation de stock (DSTi) équation (57).
(57) XTi = INTi + CDi + GDi + IDi + GIDi + DST,
(58) YGDP= LPVAj * XPTACTj + PRODTX + TARIFF + DUTY
j
DSALETX+ ISALETX- DEPRECIA
La somme de la valeur ajoutée et des prélèvement sur les produits moins la
dépréciation définit le revenu national (équation 58).
B/- Le bouclage du modèle
Le modèle dont nous venons de décrire la structure doit être complet. Pour
cela, le modèle doit satisfaire à un système de contraintes qu'il convient de
spécifier. Ces contraintes sont relatives aux conditions d'équilibre entre l'offre et
la demande, et à la règle sur les marchés des facteurs et des produits.
Le modèle d'équilibre général calculé de l'économie sénégalaise comporte
381 variables. Les équations sont au nombre de 314, dont 313 sont indépendantes,
l'équation de la balance courante (CAEQ) est redondante.
293

Le modèle de variables effectif du modèle (380) est supérieur au nombre
d'équations (313). Pour solutionner le modèle, il faut introduire des restrictions
supplémentaires. Pour ce faire les restrictions suivantes ont été introduites.
La demande de travail n'est pas spécifiée selon les éatégories de
travailleurs. L'équation de la demande de travail ne peut-être spécifiée. Il s'en suit
que la demande de travail est nulle; l'offre de travail exogène est nulle.
Le stock de capital des branches d'activités (lI) ainsi que la variation de
stock des comptes de produits (13) sont exogènes.
Les prix mondiaux des exportations et des importations des prodllits (9) sont
exogènes. Enfin dans le logiciel GAMS, les taxes sur les importations (TM) et les
exportations (TEX) sont des variables (pour faciliter les simulations de politique
relative aux modifications des tarifs), mais sont exogènes. En définitive, nous
avons 373 (313 + 9 + 9 + 9 + 9 + 13) restrictives (313 équations indépendantes et
60 variables exogènes) pour 380 variables.
Les sept restrictions restantes déterminent les règles de bouclage du modèle.
Les dépenses gouvernementales sont exogènes. Le Sénégal appartenant à la zone
franc le taux de change (ER) est fixe; il en est de même de l'afflux de capitaux
(fSAV) dans la mesure où il a un accès limité aux marchés de capitaux; la prime
de change (PREM) est fixe. Le fait que le taux de change et l'afflux de capitaux
soient exogènes permet à l'indice des prix de varier.
294

L'épargne des ménages et des entreprises (SaV) est exogène, l'équilibre de
l'épargne et de l'investissement est assuré par la variation de l'investissement
privé.
Tableau 39- Les équations du modèle du Sénégal
c:'seneg.12\\eql15en I.wq 1 12116196
seneg3.dos
Nom de l'équation
Symboles équations
Nombre
PMDEF
lM
9 PM(IM)
lM
9
PEDEF
IEX
9 PE(IEX)
IEX
9
ABSORPTION
1
1) PC(I)
1
1)
SALES
1
13 PPT{I)
INM
4
ACTP
IACT
Il PV A{IACT)
INX
4
PKDEF
IACT
Il PK(IACT)
IACT
Il
PPTDEF
IACT
Il PPTACT(lACT)
LC
1
PINDXDEF
1 PINDEX
ACTIVCES
CES
Il XPTACT(IACT)
CES
Il
ACTIVITY
IACT-CES-I
o XPTACT(IACT)
H
2
RATIOKL
Il l(lACT,LC)
PROATMAX
o l(IACT,LC)
KC
2
RETURN
CES
Il RETR(IACT)
LSDEF
1 LS{"lf'V")
LMEQUIL
LC
1 WA(LC)
CET
IEX
9 XPD{IT)
ESUPPLY
IEX
9 E(IT)
ARMINGTON
lM
9 XT(IM)
ARMINGNC
o M{"NCIMP-P")
COSTMIN
lM
9 M(IM)
XXDSN
INX
4 XPD(INX)
XSN
INM
4 1
XPTDEF
1
13 XPT(I)
INTEQ
)·1
12 INT(l)
MARGXDEF
1 MARGXTOT
MARGMDEF
1 MARGMTOT
MARGDDEF
1 MARGDTOT
INTEQ2
1 INT{"COMM-P")
CONHHEQ
"H
26 CDHH(I,H)
TRANHHEQ
H
2 TRANHH(H)
CDEQ
1
1) CD{I)
GDP
1 YGDP
295

ACTSALDEF
IACT
Il ACTSAL(lACT)
RETKDEF
KC
2 RETK(KC)
LCSALDEF
LC
1 LCSAL(LC)
YHDEF
Il
2 Y(II)
YENTFDEF
1 Y("FIRI"IS")
SAVHHEQ
H
2 SAVHH(H)
SAVENTFEQ
1 ENTFSAV
TOTHHSAVEQ
1 TOTHHSAV
GREQ
1 GR
GRUSE
1 GOVSAV
GDEQ
1
IJ GD(I)
RENTEQ
1 RENT
TARIFFDEF
1 TARIFF
PRODTXDEF
1 PRODTX
DUTYDEF
1 DUT Y
DIRTXDEF
1 DIRTX
DSALETXDEF
1 DSALETX
MSALETXDEF
1 MSALETX
DEPREQ
1 DEPRECIA
TOTSAV
1 SAVINGS
TOTSTKDEF
1 TOTDSTK
PRODINV
IACT
Il DK(IACT)
DKTOTDEF
1 DKTOT
IEQ
1
13 ID(I)
CAEQ
1 FSAV (redondant)
EQUlL
1
13 PPO
OB}
1 OMEGA
Total Equations
314
314
Closure
ER.FX
1
PREM.FX
1
FSAV.FX
1
K.FX
IACT
Il
PWM.FX
IFM
9
PWE.FX
IFX
9
SOV.FX
H+I
3
LS.FX
LC
0
L.FX(LC,IACT)
0
TM.FX(IM)
IFM
9
TEX.FX(1FX)
IFX
9
GOTOT
1
OST.FX
1
13
Total Exogenous Vars
67
Talai Eqns + ExogVars
381
296

TOlal Variables
380
NOle: PPD("NCIMP-P") has ail 0 coeITs in equations.
One equation is redundanl by Walras' Law.
(CAEQ WAS DROPPED, ABOVE)
KOEF
IACT
Il K(IACT)
L'équation KDEF n'est pas incluse dans les équatÎons du
modèle
K est exogène.
TM.FX(INM)
INM
4 TM(lNM)
M.FX(INM)
INM
4 M(INM)
E.FX(INX)
INX
4 E(INX)
Les restrictions ci-dessus ne sont pas utilisées par GAMS car
ces variables ne sa nI pas incluses dans le modèle
Variable
1:# Vars
E:\\ogênes
Equation
PPD
1
13
EQUIL
PM
1(lM)
9
PMDEF
PE
1(IEX)
9
PEDEF
PK
tACT
Il
PKDEF
PPT
1
13
SALES
PPTACT
IACT
Il
PPTDEF
PC
1
13
ABSORPTION
PVA
IACT
Il
ACTP
PWM
1(lM)
9
9
PWE
I(lT)
9
9
PINDEX
1
PINDXDEF
TM
1(lM)
9
9
TEX
1(IEX)
9
9
ER
1
1
PREM
1
1
RENT
1
RENTEQ
XT
1
13
ARMINGTON(9),XSN(4)
XPT
1
13
XPTDEF(13)
XPD
1
13
CET(9),XXDSN(4)
XPTACT
IACT
Il
ACTIVCES(II)
E
I(lT)
9
ESUPPLY
M
I(IM)
9
COSTMIN
K
IACT
Il
Il
WA
LC
1
LMEQU1L
LS
LC
1
LSDEF
L
IACT.LC
Il
RATlOKL
RETR
CES
Il
RETURN
INT
1
13
INTEQ(12),INTEQCOMM
MARGXT
1
MARXDEF
MARGMT
1
MARGMDEF
MARGOT
1
MARGDDEF
DST
1
13
13
CO
1
13
CDEQ
297

CDIlIl
l.lll
26
CONIlHEQ
TRANHH
Il
2
TRANHHEQ
SAVHH
Il
2
SAVHHEQ
YGDP
1
GDP
ACTSAL
IACT
Il
ACTSALDEF
RETK
KC
2
RETKDEF
LCSAL
LC
1
LCSALDEF
y
Il
3
YHDEF
Y("FIRMS")
0
YENTFDEF
ENTFSAV
1
SAVENTFEQ
TOTHHSAV
1
TOTIlIlSAVEQ
GD
1
13
GDEQ
ID
1
13
IEQ
GR
1
GREQ
TARIFF
1
TARIFFDEF
PRODTX
1
PRODTXDEF
DUTY
1
DUTYDEF
DSALETX
1
DSALETXDEF
MSALETX
1
MSALETXDEF
DlRTX
1
DIRTXDEF
GDTOT
1
1
GOVSAV
1
GRUSE
DEPRECIA
1
DEPREQ
SOV
1l+1
3
3
SAVINGS
1
TOTSAV
FSAV
1
1 CAEQ'
OK
IACT
Il
PRODINV
DKTOT
1
DKTOTDEF
TOTOSTK
1
TOTSTK.DEF
OMEGA
1
OB!
Total
380
67
3ÔO
381
• Une équation est éliminée par la loi de Walras
CAEQ est en général omise
Le modèle sera calibré sur les données de 1990. Mis à part les paramètres de
type économétrique des fonctions de production des activités, des systèmes de
demande d'importation et d'exportation qui sont tirés respectivement de Diagne et
Vrassidakis, et du coefficient capital - input-output, tous les autres paramètres
proviennent de la matrice de comptabilité sociale.
298

Section 11- LES RESULTATS DES SIMULATIONS
Le modèle ci-dessus a été utilisé pour simuler les conséquences:
-
des perfolJl1ances économiques
du
Sénégal
au
cours
de
l'ajustement structurel;
-
de la réduction des dépenses publiques et des autres politiques
économiques;
-
des chocs extérieurs.
Dans ce qui suit nous présentons les résultats des dites simulations.
I. La simulation rétrospective de l'économie sénégalaise
Les
simulations
qui
suivent
examinent,
les
conséquences
SOCIO-
économiques du PAMLT (1985-1994) dans le cadre du MEGC.
Dans le contexte du PAMLT, les dites simulations ont pour objectif
d'évaluer l'impact socio-économique des taux de croissance effectifs de la
production agricole, des exportations, du taux d'investissement ainsi que des
revenus urbains et ruraux au cours des périodes 1985-90 et 1990-94.
La première simulation se réfère à la période 1985-90; la deuxième
simulation porte sur la période 1990-94. Dans ces simulations, toutes les autres
variables exogènes du modèle sont constantes.
299

Entre 1985-90 : les résultats de la simulation 1
L'effet combiné de l'évolution de la production agricole, des exportations,
du taux d'investissement et des revenus a eu un impact dépressif sur l'économie
sénégalaise.
Les résultats de la simulation 1 montrent une diminution du PIB nominal
et réel
(-1,43% et -0,51%), de la consommation privée (-0,33%),
les
importations (-0,65%), des exportations (-0,35%), de l'investissement (-0,95%),
de la consommation publique (-1,07%) et des revenus du gouvernement
(-0,35%).
La diminution de l'investissement de (0,95%) au cours de cette période a
concerné l'ensemble des secteurs productifs; la valeur aj outée et la production
diminuent pour tous les secteurs à l'exception du riz dont l'accroissement est
négligeable.
La baisse de la consommation privée (-0,33%) est le résultat de la chute
des revenus urbains et ruraux et de l'évolution de l'indice des prix à la
consommation. En effet au cours de la période, les revenus urbains et ruraux
diminuent de
1,47% et
1,63%; tandis que les indices des prix à la
consommation des ménages augmentaient respectivement de 4,44 et de 1,10
points.
300

La consommation publique augmente en passant de 288,73 millions de
francs CFA à 341,281 millions de franc cfa.
Les revenus du gouvernement diminuent de 0,35% ; en l'absence d'afflux
de capitaux extérieurs, le financement du surcroît de la consommation s'est
opéré au prix d'un désinvestissement.
Entre 1990 et 1993
Les résultats de la simulation montrent que l'évolution des mêmes
grandeurs sous analyse a eu pour conséquence la diminution du PIB réel (-
3,9%),
des
exportations
(-6,25%),
des
importations
(-1,82%)
et
de
l'investissement (-65,39%); alors que la consommation publique et privée
enregistrent des augmentations de 36,5% et l, 75%.
Comme dans le scénario précédent, la baisse de l'investissement (-65,3%)
a été durement ressentie par l'économie sénégalaise. Al' exception notable du
riz (+0,034%), toutes les autres branches enregistrent une diminution de leur
valeur ajoutée. Les baisses les plus fortes étant enregistrées dans les services (-
45,11 %), les autres secteurs d'activité du primaire (-29,64%) et les autres
industries (-9,30%).
Les exportations et les importations diminuent de 6,25% et 1,82%. La
diminution des exportations est imputable aux exportations de produits agricoles
(-34,71%) et agro-industriels (-23,46%).
30\\

La baisse des importations relativement faible tient au fait que la baisse
enregistrée dans les importations de produits agricoles (-23,36%), des textiles et
des autres industries (- 9,57%) a compensé en terme réel la forte augmentation
nominale des importations de riz (13,89%), des produits du corps gras (4,27%)
et des services (26,15%).
A la différence de la première simulation, ce scénario a eu un impact
favorable sur les revenus des ménages, les revenus nominaux des ménages
urbains et ruraux Il,23% et 9,27%.
L'augmentation
des
revenus
stimule
la
consommation
privée qUI
augmente de 1,75% suite à l'évolution de l'indice des prix à la consommation
des ménages urbains et ruraux qui augmentent de 15 et de 4 points, le revenu
réel des ménages urbains baisse de 3,08% là où le revenu réel des ruraux
augmente (+5,16%).
En l'absence de flux net de capitaux, le financement de l'accroissement de
consommation
publique
(36,5%)
s'est
faite
au
prix
d'un
très
lourd
désinvestissement (- 65,35%).
302

Tableau 40- La simulation rétrospective de l'économie sénégalaise
Année de base SI
S2
1990
1985
1993
Pib reel
1648.610
1663,701
1587,548
Consommation privée
1331.373
1336,658
1356,468
Dépenses gouvernementales
259.528
627,08
Consommation publique
341.281
288,732.
465,951
Investissement total
322.708
381,057'
116,687
Exportation totale
209.883
215,516
194,84
Importation totale
721.793
720,480
715,085
Epargne étrangère
41.676
34,530
50,011
Revenus du gouvernement
255.328
254,875
253,936
Variation en pourcentage
PIS réel
-0,478
-3,704
Consommation privée
-0,284
1,885
Exportation totale
-0,729
-7,167
Importation totale
0,222
-0,909
Epargne étrangère
-1,064
20
Investissement totale
-0,948
-63,841
Consommation publique
-1,069
36,53
Revenu du gouvernement
0,215
-0,545
Production des branches d'activités
MiVSorgho
47.870
48,652
45,337
ARACHIDE
56.999
58,014
54,244
COTON
2.679
2,725
2,532
RIZ
12.846
12,869
12,837
AUTRE AGRICULTURE
196.511
208,738
154,767
CORPS GRAS
76.293
78,254
71,132
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
57.193
58,467
52,754
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
201.243
203,936
192,566
TEXTILES
38.235
38,825
36,333
AUTRE INDUSTRIE
362.255
369,456
337,522
SERVICE
1358.910
1336,853
1422,176
Variation de la valeur ajoutée des branches d'activités
MiVSorgho
-0,395
-2,112
ARACHIDE
-0,459
-2,301
COTON
-0,037
-0,123
RIZ
-0,019
-0,007
AUTRE AGRICULTURE
-0,895
-29,090
CORPS GRAS
-0,223
-0,754
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
-0,170
-0,714
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
-0,614
-5,136
TEXTILES
-0,190
-0,7 54
AUTRE INDUSTRIE
-0,730
-9,264
SERVICE
-1,068
44,903
Variation en pourcentage des comptes de produits
MiVSorgho
-0,620
-5,292
ARACHIDE
-0,640
-4,834
COrON
-0,630
-5,493
RIZ
-0,153
-0,067
AUTRE AGRICULTURE
-0,862
-21,243
CORPS GRAS
-0,720
-6,765
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
-0,690
-7,762
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
-0,572
-4,312
TEXTILES
-0,607 ,
-4,975
AUTRE INDUSTRIE
-0,665:
'-6,656
TRANSPORT
-2,605
4,656
COMMERCE
-2,605
4,656
AUTRE SERVICE
-2,605
4,656
Variation en pourcentage des importations
MiVSorgho
-0,138
-1,691
ARACHIDE
COTON
RIZ
-1,262
15,39
AUTRE AGRICULTURE
-0,839
-19,915
CORPS GRAS
-1,565
6,463
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
-0,635
-7,276
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
-0,450
-3,892
TEXTILES
0,558
-0,435
AUTRE INDUSTRIE
-0,653
-7,596
303

Année de base SI
S2
1990
1985
1993
TRANSPORT
COMMERCE
AUTRE SERVICE
-1,129
26,966
Variation en pourcentage des exportations
MiVSorgho
ARACHIDE
-0,858
-14,604
COTON
RIZ
AUTRE AGRICULTURE
-0,879
-22,517
CORPS GRAS
-0,854
-14,035
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
-0,731
-8,245
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
-0,635
-4,631
TEXTILES
-0,747
-8,221
AUTRE INDUSTRIE
-0,675
-6,202
TRANSPORT
-1,862
6,119
COMMERCE
AUTRE SERVICE
-0,858
-13,682
Variation en pourcentage de la consommation de produits
MiVSorgho
165,667
4,01
ARACHIDE
-4,521
4,638
COTON
RIZ
-1,575
8,7 38
AUTRE AGRICULTURE
-1,683
9,16
CORPS GRAS
-2,276
6,274
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
-1,516
10,51
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
-1,476
10,849
TEXTILES
-1,800
7,58
AUTRE INDUSTRIE
-1,383
12,27
TRANSPORT
-1,247
15,751
COMMERCE
AUTRE SERVICE
-0,889
-16,945
Variation en pourcentage du PIB courant
-1,308
13,404
Variation en pourcentage du prix à la consommation des produits
MiVSorgho
-1,747
6,236
ARACHIDE
-1,912
5,723
COTON
-1,714
6,395
RIZ
2,636
1,995
AUTRE AGRICULTURE
-6,848
2,045
CORPS GRAS
-2,266
4,636
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
1,994
0,738
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
0,980
0,423
TEXTILES
-3,141
3,762
AUTRE INDUSTRIE
0,080
-0,589
TRANSPORT
-0,592
-3,592
COMMERCE
-0,770
-11,433
AUTRE SERVICE
-1,100
35,166
Variation en pourcentage du prix à la production
MiVSorgho
-1,712
6,417
ARACHIDE
-1,967
5,566
COTON
-1,714
6,395
RIZ
-1,655
7,456
AUTRE AGRICULTURE
-3,890
2,357
CORPS GRAS
-2,808
4,143
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
2,106
0,752
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
1,273
0,479
TEXTILES
-2,045
5,09
AUTRE INDUSTRIE
0,135
-0,951
SERVICE
-1,184
20,709
Variation en pourcentage du prix de la valeur ajoutée
MiVSorgho
-1,637
6,905
ARACHIDE
-1,877
5,898
COTON
-1,646
6,835
RIZ
-1,521
8,661
AUTRE AGRICULTURE
-6,000
1,176
CORPS GRAS
-0,527
-2.922
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
-0,754
-12,416
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
-0,299
-3,06
TEXTILES
2,731
0,592
AUTRE INDUSTRIE
-0,656
-8,615
SERVICE
-1,154
24,191
Variation en pourcentage du prix mondial des exportations
MiVSorgho
ARACHIDE
304

Année de base SI
S2
1990
1985
1993
COTON
RIZ
AUTRE AGRICULTURE
CORPS GRAS
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
TEXTILES
AUTRE IN DUSTRIE
TRANSPORT
COMMERCE
AUTRE SERVICE
Exportation totale
209.883
215,516
194,84
Importation totale
721.793
720,480
715,085
Epargne étrangère
41.676
34,730
50,0 Il
Investissement totale
322.708
381,057
116,687
Consommation privée
1331.373
1336,658
1356,468
Variation en pourcentage
Investissement
-0,948
-63,841
Revenu réel des ménages
1585.566
1589,368
1585,85
Variation en pourcentage du revenu réel
ménages urbains
-0,551
-2,931
ménages ruraux
-3,079
5,170
Variation en pourcentage du salaire réel
-0,439
-2,520
Variation en pourcentage du revenu réel des ménages
-0,194
0,018
Variation en pourcentage du revenu nominal des ménages
ménage urbain
-1,337
12,454
ménage ruraux
-1,450
10,21
Revenu des ménages et des entreprises
ménages urbains
1008.401
968,419
1133,985
ménages ruraux
577.165
558,164
636,094
Entreprises
498.610
468,164
599,452
Gouvernement
255.328
254,875
253,936
Rdm
459.438
458,681
455,571
Indice des prix à la consommation des ménages
ménages urbains
100
94,873
115,849
ménages ruraux
100
98,232
104,792
Rémunération du facteur travail
ménage urbain
450.928
446,284
500,541
ménage ruraux
110.668
109,528
122,843
Rémunération du facteur capital
ménage urbain
176.997
175,296
224,567
ménage ruraux
204.394
202,429
259,327
Rémunération du facteur terre
ménage urbain
ménage ruraux
19.498
19,291
17,342
Transfert de revenu inter-ménage
ménage urbain
353.589
351,904
389,656
ménage ruraux
227.730
227,316
236,582
Epargne du reste du monde
329,942
56,421
II. La réduction budgétaire et les autres politiques
Simulations 3 à 6
Les simulations 3 à 6 simulent les conséquences de quelques
mesures de politique économiques relatives au PAS.
30S

Simulation 3
La simulation 3 examine les conséquences de la réduction des
dépenses de 10% toutes les autres variables exogènes du modèle
demeurent constantes.
La réduction des dépenses publiques libère l'épargne nationale.
La libéralisation de l'épargne nationale a pour effet une augmentation
de l'investissement de 13,10%.
Les
économies réalisées
sur les
dépenses
publiques
sont
réallouées aux secteurs de la production agricole et industrielle. La
valeur ajoutée et la production du secteur agricole augmentent
respectivement de 6,91 % et 7,400/0; pour le secteur industriel, les
augmentations sont de 3,32% et 6, ll%. Le secteur des servIces
enregistre par contre une diminution de la valeur ajoutée et de la
production respectivement de 10,50% et 3,260/0.
Le PIB en terme nominal dinlinue de 2,24%, mais cependant au
terme réel, il augmente de 0,70%.
La consommation privée augmente de 0,25% ; mais pour le riz et
les services, cette dernière diminue de 0,090/0 et 3,24%.
La relance de la consommation est la conséquence de la baisse
des prix à la consommation. Les prix des produits agricoles,
306

industriels et des services diminuent respectivement de 3,330/0 ; 0,690/0
et 2,55%.
Les
exportations
en
volume
aInSI
que
les
importations
augmentent respectivement de 1,23% et de 0,230/0. La réduction des
dépenses publiques s'est traduite cependant par la compression des
importations de riz (-2,570/0) et des services (-5,540/0). Ces réductions
dans
les
importations
ont
été
largement
compensées
par
l'augmentation des importations des autres produits agricoles et
alimentaires.
Les revenus nominaux des ménages urbains et ruraux diminuent
respectivement de 2, Il % et 1,740/0; en termes réels, les revenus
urbains augmentent légèrement (- 0,89%), tandis que les revenus
ruraux diminuent (-10/0). Ce dernier résultat est la conséquence de la
baisse des indices des prix à la consommation des ménages urbains
(2,97%) et des ménages ruraux (0,74%).
Le fait que les ménages ruraux soient plus touchés que les
ménages urbains par la réduction des dépenses publiques, s'explique
par la forte baisse des prix à la production agricole (-4,50/0) par rapport
au prix à la consommation des produits agricoles (- 3,32%).
307

Simulation 4
La simulation 4 examIne les conséquences de la réduction
budgétaire précédente, auxquelles s'ajoutent les hypothèses d'un
afflux net des capitaux de 20% et d'une dévaluation de 50% du F
CFA.
Le PIB réel, la consommation privée, les exportations, les
importations, l'investissement et les revenus du gouvernement dans
cette simulation augmentent respectivement de 0,820/0; 0,35%;
0,23% ; 1,13% ; 14,80% ; et de 51 %.
L'augmentation de l'investissement (14,80%) qui fait suite à ces
mesures a surtout profité aux secteur agricole et industriel. La valeur
ajoutée des secteurs agricole et industriel augmente respectivement de
7,22% et de 3,22%. Le secteur des services enregistre cependant une
baisse de sa valeur ajoutée de 10,73 %.
Le
PIB
nominal
augmente
de
48,370/0;
en
terme
réel
l'accroissement est de 0,82%, en raison de l'accroissement de l'indice
général des prix suite à la dévaluation.
La consommation privée augmente faiblement de 0,35%. Mais
cependant, l'examen de la structure de la consommation, montre des
baisses respectives de 5% et 9% dans la consommation de produits
308

agricoles et industriels contre la hausse de la production de services
(1,760/0).
La baisse de la consommation des produits agricole et industriel
est le résultat de la hausse des prix à la consommation des dits
produits qui en moyenne ont augmenté de 500/0.
Les exportations augmentent de 0,240/0 ; en raison de l'accroissement
des expoliations de produits agricoles (4,300/0) et industriels (2,210/0).
Les importations de tous les produits augmentent sauf le riz dont
les importations sont réduites de 1,32%.
Les revenus nominaux urbains et ruraux augmentent de 48,40/0 et
de 48,6%. Etant donné la hausse des indices
des prix à la
consommation des dits ménages de 46,820/0 et 50, Il % ; en tenne réel
les revenus urbains augmentent (1,073%) et les revenus ruraux
baissent (- 1,024%».
309

Tableau 41-
Année de base
S3
S4
1990
Pib reel
1648.610
1660,071
1660,071
Consommation privée
1331.373
1334,685
)334,685
Dépenses gouvernem.:ntales
259.528
Consommation publique
341.281
307,153
307,153
lnvestissementtotal
322.708
364,985
364,985
Exportation totale
209.883
212,475
212,475
Importation totale
721.793
724,386
724,386
Epargne étrangère
41.676
41,676
41,676
Revenus du J:(ouvernement
255.328
256,242
384,363
Variation en pourcentage
PlB réel
0,695
0,695
Consommation privée
0,249
0,249
Exportation totale
1,235
1,235
Importation totale
0,359
0,359
Epargne étrangère
0
0
Investissement totale
13,101
13,101
Consommation publique
-10
-10
Revenu du J:(ouvernement
0,358
50,537
Production des branches d'activités
MiVSorgho
47.870
48,379
48,379
ARACHIDE
56999
57,529
57,529
COTON
2.679
2,708
2,708
RIZ
12.846
12,834
12,834
AUTRE AGRICULTURE
196.511
205,176
205,176
CORPS GRAS
76293
77,258
77,258
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
57.193
58,123
58,123
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
201.243
203,039
203,039
TEXTILES
38235
38,613
38,613
AUTRE INDUSTRIE
362.255
367,107
367,107
SERVICE
1358910
1344,121
1344,121
Variation de la valeur ajoutée des branches d'activités
MiVSorgho
0,424
0,424
ARACHIDE
0,443
0,443
COTON
0,024
0,024
RIZ
-0,01
-0,01
AUTRE AGRICULTURE
6,038
6,038
CORPS GRAS
0,141
0,141
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
0,15
0,15
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
1,063
1,063
TEXTILES
0,15
0,15
AUTRE INDUSTRIE
1,817
1,817
SERVICE
-10,496
-10,496
Variation en pourcentage des comptes de produits
MiVSorgho
1,063
1,063
ARACHIDE
0,93
0,93
COTON
1,091
1,091
RIZ
-0,089
-0,089
AUTRE AGRICULTURE
4,409
4,409
CORPS GRAS
1,265
1,265
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
1,626
1,626
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
0,893
0,893
TEXTILES
0,988
0,988
AUTRE INDUSTRIE
1,339
1,339
TRANSPORT
-1,088
- ),088
COMMERCE
-1,088
-1,088
AUTRE SERVICE
-1,088
·1,088
Variation en pourcentage des importations
MiVSorgho
0,473
0,473
ARACHIDE
COTON
RIZ
-2,574
-2,574
AUTRE AGRICULTURE
4,238
4,238
CORPS GRAS
-0,758
-0,758
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
1,759
1,759
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
1,08
1,08
TEXTILES
0,193
0,193
AUTRE INDUSTRIE
1,692
1,692
310

Année de base
S3
S4
1990
TRANSPORT
COMMERCE
AUTRE SERVICE
-5,538
-5,538
Variation en pourcentage des exportations
MiVSorgho
ARACHIDE
2,634
2,634
COTON
RIZ
AUTRE AGRICULTURE
4,577
4,577
CORPS GRAS
2,478
2,478
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
1,493
1,493
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
0,75
0,75
TEXTILES
1,576
1,576
AUTRE INDUSTRIE
1,054
1,054
TRANSPORT
-1,648
-1,648
COMMERCE
AUTRE SERVICE
3,551
3,551
Variation en pourcentage de la consommation de produits
MiVSorgho
-0,843
-0,843
ARACHIDE
-0,95
-0,95
COTON
RIZ
-1,496
-1,496
AUTRE AGRICULTURE
-1,732
-1,732
CORPS GRAS
-1,223
-1,223
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
-2,095
-2,095
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
-2,09
-2,09
TEXTILES
-1,356
-1,356
AUTRE INDUSTRIE
-2,206
-2,206
TRANSPORT
-3,4 I3
-3,413
COMMERCE
AUTRE SERVICE
5,175
5,175
Variation en pourcentage du PIB courant
-2,238
46,643
Variation en pourcentage du prix à la consommation des produits
Mil/Sorgho
-0,944
48,584
ARACHIDE
-0,859
48,711
COTON
-0,971
48,543
RIZ
-0,356
49,466
AUTRE AGRICULTURE
-0,198
49,702
CORPS GRAS
-0,681
48,979
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
0,183
50,275
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
0,179
50,269
TEXTILES
-0,618
49,074
AUTRE INDUSTRIE
0,249
50,373
TRANSPORT
1,504
52,257
COMMERCE
2,837
54,256
AUTRE SERVICE
-6,889
39,667
Variation en pourcentage du prix à la production
MiVSorgho
-0,971
48,543
ARACHIDE
-0,834
48,749
COTON
-0,971
48,543
RIZ
-1,251
48,123
AUTRE AGRICULTURE
-0,228
49,658
CORPS GRAS
0,594
49,11
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
0,187
50,28
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
0,20]
50,304
TEXTILES
-0,825
48,762
AUTRE INDUSTRIE
0,40]
50,605
SERVICE
-3,779
44,332
Variation en pourcentage du prix de la valeur ajoutée
MiVSorgho
-1,061
48,409
ARACHIDE
-0,897
48,655
COTON
-1,052
48,422
RIZ
-1,461
47,809
AUTRE AGRICULTURE
-0,04
49,94
CORPSORAS
0,687
SI,03
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
3,133
54,7
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
0,968
51,452
TEXTILES
0,126
50,189
AUTRE INDUSTRIE
1,994
52,991
SERV1CE
-4,421
43,368
Variation en pourcentage du prix mondial des exportations
MiVSorgho
ARACHIDE
311

Année de base
S3
S4
1990
COTON
RIZ
AUTRE AGRICULTURE
CORPS GRAS
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
..
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
TEXTILES
AUTRE INDUSTRIE
TRANSPORT
COMMERCE
AUTRE SERVICE
Exportation totale
209.883
212,475
212,475
Importation totale
72 1.793
724,386
724,386
Epargne étrangère
41.676
41,676
41,676
Investissement totale
322.708
364,985
364.985
Consommation privée
1331.373
1334.685
1334,685
Variation en pourcentage
Investissement
13,101
13,JOI
Revenu réel des ménages
1585.566
1588,759
1588.759
Variation en pourcentage du revenu réel
ménages urbains
0,893
0,893
ménages ruraux
-1,008
-1,008
Variation en pourcentage du salaire réel
0,729
0,729
Variation en pourcentage du revenu réel des ménal!es
0,201
0,201
Variation en pourcentage du revenu nominal des ménages
ménage urbain
-2,106
46,84
ménage ruraux
-1,74
47,39
Revenu des ménages et des entreprises
ménages urbains
1008.401
987,159
1480,738
ménages ruraux
577.165
567,121
350,682
Entreprises
498.610
481.106
721.659
Gouvernement
255328
256,242
384,363
Rdm
459.438
460,933
691,4
Indice des prix à la consommation des ménages
ménages urbains
100
97,027
145,54
ménages ruraux
100
99,26
148,89
Rémunération du facteur travail
ménage urbain
450.928
454,002
681.002
ménage ruraux
110.668
111.422
167,133
Rémunération du facteur capital
ménage urbain
176.997
180,153
270,229
ména,ge ruraux
204394
208,038
312,057
Rémunération du facteur terre
ménage urbain
ména,ge ruraux
19.498
19,31
28,966
Transfert de revenu inter-ménage
ménage urbain
353.589
356,121
534,181
ménage ruraux
227.730
228,351
342,527
Epargne du reste du monde
315,309
472.963
Simulation 5
Le scénario 5 examIne les conséquences de l'augmentation du prix à la
production de l'arachide de 15% ; les dépenses publiques étant réduites de 10%,
alors que l'afflux net de capitaux est de 20%.
312

Les mesures de politiques économiques ci-dessus, ont eu pour résultats
l'augmentation du PIB réel (0,82%), de la consommation privée (0,35%), des
exportations (0,24%), des importations (1,22%), de l'investissement (14,80%) et
des revenus du gouvernement (1,23%).
L'investissement augmente de
14,80%, suite à l'accroissement de
l'épargne nationale. L'augmentation de l'investissement va profiter aux secteurs
agricole et industriel. La valeur ajoutée du secteur agricole et industriel
augmente de 7,22% et -10,73%. Les dites mesures ont cependant eu un impact
négatif sur la production du riz et des services.
La consommation augmente faiblement (0,35%), en raison de la hausse de
la consommation des produits de service (5,22%) qui a compensé la diminution
de la consommation des produits agricoles (-4,95%) et industriels (-8,53%). Les
prix à la consommation des produits agricoles et industriels augmentent de
1,23% et 3,53%, tandis que les prix à la consommation des services diminuent
de 5,96%.
Al' exception des importations de nz qui baissent (-1,32%), les
importations des produits agricoles et industriels augmentent de 5,39% et
9,57%.
Les exportations de produits agricoles et industriels augmentent, mais à
des taux plus faibles que ceux enregistrés pour les importations soit 4,28% et
2,26%.
313

Les revenus de l'Etat augmentent (1,23%), maiS cependant pour les
ménages, ces mesures ont un effet négati f sur les revenus nominaux. Les
revenus nominaux des ménages urbains et ruraux baissent de 1,07% et 0,95%.
Toutefois en terme réel les revenus urbains augmentent de 1,07%, tandis que les
revenus diminuent de 1,02%. L'évolution contrastée des revenus réels urbains et
ruraux, est due à la diminution de l'indice des prix à la consommation des
ménages urbains de 2,2%, alors que celui relatif aux ruraux augmente de 0,07%.
Simulation 6
La simulation 6 examine les conséquences de l'augmentation des taxes
sur les importations de riz dans les mêmes conditions que précédemment.
Comme dans la simulation précédente, ces mesures se sont traduites par
l'augmentation du PIB réel (0,78%), de la consommation privée (0,28%), des
exportations (0,027%), des importations (1,16%), de l'investissement (15%) et
des revenus du gouvernement (1,36%).
L'impact de ces mesures a été positive sur les secteurs agIicole (sauf le
riz) et industriel.
La valeur ajoutée des secteurs agricole et industriel augmente de 7,24% et
3,24%, en raison de l'augmentation de l'investissement (15%) dont vont
bénéficier ces deux secteurs.
314

Les pnx à la consommation des produits agricoles, industriels et des
services augmentent de 4,21 % et 4,4% ; et 1,23%. Ces hausses vont se traduire
par la baisse de la consommation des produits agricoles (-6,70%), industriels (-
8,13%) et une légère augmentation de la consommation des produits de service
(1,81%).
Les importations de produits agricoles et industriels augmentent de 2,64%
et 10,7% malgré la forte compression des importations de riz (-4,42%). La
même tendance à la hausse s' 0 bserve pour les exportations ; les exportations de
produits agricoles et industriels augmentent de 3,64% et de 1,12%.
L'introduction de la taxe sur les importations a eu pour effet la diminution
des revenus nominaux des ménages urbains et ruraux. Les revenus nominaux
des ménages urbains et ruraux baissent de 0,76%. En terme réel cependant, les
revenus urbains augmentent faiblement (1,10%) tandis que les revenus ruraux
baissent de (- 1,25%).
315

Tableau 42- Les simulations 5 et 6
Année de base 1990
55
56
Pib reel
1662,189
1661,596
Consommation privée
1336,09
1335,09
Dépenses gouvernementales
1648.610
289,174
289,932
Consommation publique
1331.373
307,153
307,153
Investissement total
259.528
370,495
370,908
Exportation totale
341.281
210,384
209,939
Importation totale
322.708
730,629
730,185
Epargne étrangère
209.883
50,011
50,011
Revenus du gouvernement
721.793
258,468
258,817
Variation en pourcentage
41.676
PIB réel
255328
0,824
0,788
Consommation privée
0,355
0,279
Exportation totale
0,239
0,027
Importation totale
1,224
1,163
Epargne étrangère
20
20
Investissement totale
14,8
14,936
Consommation publique
-\\0
-10
Revenu du gouvernement
1,23
1,36
Production des branches d'activités
MiVSorgho
48,352
48,343
ARACHIDE
57,271
57,22
COTON
47.870
2,706
2,705
RIZ
56.999
12,786
12,83
AUTRE AGRICULTURE
2.679
206,007
206,064
CORPS GRAS
12.846
76,654
76,533
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
196.511
58,257
58,277
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
76.293
203,031
203,022
TEXTILES
57.193
38,581
38,574
AUTRE INDUSTRIE
201.243
367,122
367,076
SERVICE
38.235
1343,791
1343,811
Variation de la valeur ajoutée des branches d'activités
362.255
MiVSorgho
1358.910
0,402
0,395
ARACHIDE
0,227
0,184
COTON
0,022
0,022
RIZ
-0,05
-0,013
AUTRE AGRICULTURE
6,617
6,657
CORPS GRAS
0,053
0,053
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
0,171
0,174
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
1,058
1,053
TEXTILES
0,137
0,134
AUTRE INDUSTRIE
1,823
1,806
SERVICE
-10,73
-10,716
Variation en pourcentage des comptes de produits
MiVSorgho
1,007
0,989
ARACHIDE
0,476
0,387
COTON
0,999
0,979
RIZ
-0,468
-0,124
AUTRE AGRICULTURE
4,832
4,861
CORPS GRAS
0,473
0,313
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
1,861
1,896
316

Annéc dc basc 1990
S5
S6
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
0,888
0,884
TEXTILES
0,905
0,887
AUTRE INDUSTRIE
1,344
1,331
TRANSPORT
-1113
-l,III
COMMERCE
-1113
-1,111
AUTRE SERVICE
-1113
-l,Ill
Variation cn pourccntagc dcs importations
MiVSorgho
1,134
1,264
ARACHIDE
COTON
RIZ
-1,326
-4,426
AUTRE AGRICULTURE
5,583
5,8
CORPS GRAS
1,277
1,72
TRAVAIL GRAIN ETFARINE
2,834
3,04
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
2,053
2,25
TEXTILES
0,963
1,128
AUTRE INDUSTRIE
2,462
2,6
TRANSPORT
COMMERCE
AUTRE SERVICE
-4,957
-4,793
Variation en pourcentage des cxportations
MiVSorgho
ARACHIDE
0,184
-0,322
COTON
RIZ
AUTRE AGRICULTURE
4,105
3,954
CORPS GRAS
-0,002
-0,516
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
0,899
0,767
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
0,005
-0,151
TEXTILES
0,862
0,71
AUTRE INDUSTRIE
0,445
0,313
TRANSPORT
-2,063
-2,153
COMMERCE
AUTRE SERVICE
2,87
2,697
Variation en pourcentage de la consommation de produits
MiVSorgho
-1,15
-1,187
ARACHIDE
-1,106
-1,112
COTON
RIZ
-0,853
-2,579
AUTRE AGRICULTURE
-1,853
-1,82
CORPS GRAS
-1,258
-1,223
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
-2,306
-2,293
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
-2,09
-2,038
TEXTILES
-1,06
-0,942
AUTRE INDUSTRIE
-1,789
-1,637
TRANSPORT
-3,496
-3,482
COMMERCE
AUTRE SERVICE
5,225
5,296
Variation en pourcentage du PlB courant
-1,087
-0,847
Variation en pourcentage du prix à la consommation des produits
MiVSorgho
0,202
0,442
ARACHIDE
0,15
0,365
COTON
0,202
0,449
RIZ
-0,122
1,875
317

Année de base 1990
55
56
AUTRE AGRICULTURE
0,868
1,085
CORPS GRAS
0,271
0,474
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
1,339
1,575
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
1,116
1,31
TEXTILES
0,045
0,188
AUTRE INDUSTRIE
0,789
0,895
TRANSPORT
2,573
2,824
COMMERCE
3,965
4,125
AUTRE SERVICE
-5,964
-5,715
Variation en pourcentage du prix à la production
Mil/Sorgho
0,208
0,454
ARACHIDE
0,146
0,355
COTON
0,202
0,449
RIZ
-0,432
0,282
AUTRE AGRICULTURE
0,999
1,249
CORPS GRAS
0,237
0,416
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
1,364
1,604
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
1,264
1,484
TEXTILES
0,06
2,251
AUTRE INDUSTRIE
1,28
1,453
SERVICE
-2,754
-2,518
Variation en pourcentage du prix de la valeur ajoutée
Mil/Sorgho
0,159
0,414
ARACHIDE
0,1
0,313
COTON
0,157
0,411
RIZ
-0,544
0,001
AUTRE AGRICULTURE
1,344
1,612
CORPS GRAS
0,626
0,624
TRAVAIL GRAIN ET FARINE
5,101
5,476
AUTRE INDUSTRIE ALIMENTAIRE
2,219
2,4 73
TEXTILES
1,248
1,483
AUTRE INDUSTRIE
3,28
3,516
SERVICE
-3,294
-3,038
III. L'impact des chocs extérieures sur l'économie sénégalaise
La vulnérabilité de l'économie sénégalaise aux chocs externes a été mise
en relief dans le premier chapitre. L'objet des simulations qUI suivent est
d'examiner les conséquences de certains chocs externes sur l'économie
sénégalaise dans un contexte d'équilibre général calculé.
Le six simulations qui suivent examinent les effets:
1.
De la baisse du prix mondial des exportations de 10%.
2.
De l'augmentation du prix mondial des exportations de 10%.
318

3.
De la diminution du prix mondial des importations de 1YYo.
4.
L'augmentation du prix mondial des importations de 15%.
5.
L'augmentation du prix mondial des importations de 15% et la
diminution du prix mondial des exportations.
6.
L'augmentation
du
prix
mondial
des
exportations
et
la
diminution du prix mondial des importations.
Dans toutes ces expérimentations, on postule une réduction des dépenses
publiques de 10% et un afflux de capitaux de 20%.
Simulation 7
La simulation 7 examine les conséquences de la baisse du prix mondial
des exportations de 15%, dans la situation où les dépenses publiques sont
réduites de 10%, et l'afflux net de capitaux augmente de 20%.
La baisse du prix mondial des exportations, a eu un impact négatif sur le
. PIB (-3,86%), la consommation privée (-3,72%) et les exportations (-48,09%) ;
l'effet est positif cependant pour les importations (+ 12,83%), l'investissement
(7,69%) et les revenus de l'Etat (29,40%).
L'augmentation de l'investissement (7,69%) qui résulte de ces mesures a
profité essentiellement au secteur agricole. La valeur ajoutée et la production du
secteur agricole augmentent respectivement de 9,22% et de 14,51 %.
Les secteurs industriel et des services, en revanche enregistrent des
baisses respectives de leur valeur ajoutée de -3,16% et -6,06%.
319

La baisse de la consommation privée (-3,72%) est due à la diminution de
la consommation de l'ensemble des produits. Les diminutions les plus fortes ont
concerné le riz (-4,66%) et les autres produits industriels (-14,07%). La
compression de la consommation des dits produits; les prix à la consommation
du riz et des autres produits industriels augmentent de 41 % et de 27%, alors que
ceux relatifs au mil/sorgho et à l'arachide n'augmentent que de 16,36% et
13,70%.
La détérioration de l'environnement extérieur a été particulièrement
négative sur les échanges extérieurs au Sénégal. Les exportations diminuent (-
28,09%) en raison de la baisse des exportations des produits agricoles (-28,04%)
et de la plupart des produits industriels; pour les produits industriels la baisse
est comprise entre 20% et 25,10%. La diminution des exportations est
conséquence de la baisse du prix domestique des exportations. Les prix
domestiques à l'exportation des produits agricoles et industriels diminuent
respectivement de 34% et 44,4% en moyenne.
Les
importations sont réduites pour la totalité des produits.
Les
compressions les plus fortes sont enregistrées pour le riz (2,78%) et les produits
du corps gras (32,84%).
Le revenu de l'Etat augmente, mais pour les ménages, la diminution du
prix mondial des exportations a été négative. Les revenus réels urbains et ruraux
baissent de 5,06% et de 2,6%.
320

Simulation 8
La simulation 8 est l'opposée de la simulation 7. L'expérimentation
suppose une augmentation du prix mondial des exportations de 10%.
Comme dans le scénario précédent, le PIB réel, la consommation privée,
les exportations enregistrent une baisse a laquelle s'ajoute la diminution des
importations; tandis que le revenu du gouvernement et l'investissement
augmentent.
L'accroissement de l'investissement Cl 0,50%) suite à l'augmentation du
pnx mondial des exportations a été affecté quasi exclusivement au secteur
agricole, contrairement aux secteurs industriel et des services.
La valeur ajoutée du secteur agricole augmente de 8,86%; tandis que
celle relative aux secteurs industriels et des services diminue respectivement de
1,30% et de 8%.
La consommation privée diminue (-2,20%), en raison de la compression
de la consommation de riz (-9,31 %) et de tous les produits industriels.
La consommation de mil/sorgho et des arachides augmentent de 2,30%,
parce que l'augmentation du prix à la consommation du mil/sorgho (29,40%) et
des arachides (28,40%) est inférieure à ceux du riz (45%) et des produits
industriels (37,2%).
321

Les exportations baissent (-10%) en raison de la chute du prix domestique
des exportations. Le prix mondial des exportations des produits agricoles et
industriels diminuent de 20% et de 40,40% en moyenne entraînant la baisse des
exportations des dits produits de 3,34% et de 12,60% en moyenne.
Les importations sont réduites pour la totalité des produits agricoles et
industriels. Les compressions des plus importantes ont concerné le riz (-17,40%)
et les produits du corps gras (-20,61 %).
L'impact de ce scénario a été négatif sur les ménages; les revenus réels
des ménages urbains et ruraux baissent de 2,54% et 2,07% en raison de
l'augmentation des indices des prix à la consommation des dits ménages qui est
supérieure à la hausse des revenus nominaux.
Simulation 9
La simulation 9 examme les conséquences d'une diminution du pnx
mondial des importations de 15%, dans les mêmes conditions qu'auparavant
contrairement au scénario précédent, l'impact de la baisse du prix mondial des
importations a été positif sur le PIB réel (+ 7,04%), la consommation privée (+
6,37%), les importations (0,10%), l'investissement (21,73%) et les revenus de
l'Etat (52,2%).
Suite à ces mesures, la réallocation de l'accroissement de l'investissement
(21,37%) s'est faite au profit des secteurs agricole et industriel en général. La
valeur ajoutée des secteurs agricole et industriel augmente de 7,20% et 3,30%.
322

L'examen de la composition sectorielle de la valeur ajoutée montre
cependant que l'impact de la diminution des prix mondiaux a été négative sur
les sous-secteurs de l'arachide, du riz et des industries du corps du gras.
La valeur ajoutée de l'arachide, du rIZ et des corps gras diminue
respectivement de 1%, 0,59% et 0,50%.
La consommation privée augmente, en raIson de l'augmentation de la
consommation de riz (18,12%)., des produits textiles (9,94%) et des autres
produits industriels (12,34%). La consommation du mil, des arachides, et des
produits de la minuterie diminue, parce que l'augmentation du prix à la
consommation de ces produits a été de loin supérieure à ceux des autres
produits.
La diminution du prix mondial des importations s'est traduite d'une part
par une forte compression des exportations (surtout des arachides (- 14,02%) et
des produits du corps gras (- 11,86%)) et d'autre part par l'augmentation des
importations (en particulier de riz (34,38%), des autres produits agricoles
(25,75%) et des produits du corps gras (50,5%)).
A 1'opposé des scénarii précédents, l'impact de la diminution du prix
mondial des importations a été bénéfique pour les ménages. Les revenus réels
des ménages urbains et ruraux augmentent de 6,8% et 4,31 %.
323

Simulation 10
La simulation 10 est l'opposée de la simulation 9. Dans les mêmes
conditions qu'auparavant, la simulation 10 examine l'effet de l'augmentation du
prix mondial des importations de 15%.
L'augmentation du pnx mondial des importations de 15% a eu pour
conséquence, la diminution du PIB réel (-4,37% et de la consommation privée (-
4,59%) et l'augmentation des exportations (4,05%), des importations (2,33%),
de l'investissement (8,67%) et des revenus du gouvernement (49,66%).
L'impact de l'augmentation du pnx mondial des importations a été
favorable aux secteurs agricoles et industriels.
324

Tableau 43-
Annü de
S7
S8
S9
SIO
Sil
base 1990
Pib réel
1648.610
1584,932
1614,425
1764,652
1576.56
1517,552
Consommation privée
1331.373
1281,787
1302,232
1416,224
1270,252
1229,734
Dépenses gouvernementales
259.528
378,411
456,54
413
345.264
Consommation publique
341.281
307,153
307,153
307,153
307,153
307.153
Investissement total
322. 708
317,551
356,597
392,833
350,714
392,708
Exponation tolale
209,883
108,93
147,826
202,238
218,392
137.529
Imponltion tOla1e
721.793
629,176
668,07
722,483
738,638
658,775
Epargne étrangère
41.67&
150,011
50,011
50,011
50,011
5U.U11
Revenus du gouvernement
255328
330,406
352,232
394,532
382,124
337,946
Variation en pourcentage
PIB réel
-3,863
-2,074
7,039
-4,37
-7,95
Consommation privée
-3,724
-2,189
6,373
-4.591
-7,63
Exponalion Iota le
-48,099
-29,567
-3,643
4,054
-33,997
Imponation IOtale
12,832
-7,443
0,096
2,334
-8,73
Epargne étrangère
20
20
20
20
20
Investissement totale
7,698
10,502
21,73
8,678
2,949
Consommation publique
-10
-10
·10
-10
-\\0
Revenu du gouvernement
29,405
37,95
54,52
49,571
32,358
Production des branches d'activités
AGRICULTURE
47.870
329,372
329,01
328,003
326,815
329,041
MOYENNE PAR BRANCHE
56.999
65,8744
65,802
65,6006
65,363
65,8082
INDUSTRIE
2.679
728,249
734,39
741,395
745,575
734,278
MOYENNE PAR BRANCHE
12.846
145,6498
146,878
148,279
149,115
146,8556
SERVICE
196.511
1335,065
1347,91
1343,639
1343,774
1348,555
76.293
Variation de la valeur ajoutée des branches d'acti"ilés
57.193
AGRICULTURE
201.243
9,223
8,879
7,199
7,309
9,249
MOYENNE PAR BRANCHE
38.235
1,8446
1,7758
1,4398
1,4618
1,8498
INDUSTRIE
362.255
-3,158
-1,255
3,27
3,151
-2,194
MOYENNE PAR BRANCHE
1358.910
-0,6316
-0,251
0,654
0,6302
-0,4388
SERVICE
-6,278
-7,807
-10,838
-10,743
-7,349
Variation en pourcentage des comptes de produils
AGRICULTURE
14,506
11,337
0,51
12,411
18.531
MOYENNE PAR BRANCHE
2,9012
2,2674
0,102
2,4822
3,7062
INDUSTRIE
-6,066
-0,201
3,053
7,574
0.133
MOYENNE PAR BRANCHE
-1,2132
-0,0402
0,6106
1,5148
0,0266
SERVICE
-1,953
-2,427
-3,372
·3,342
-2,286
MOYENNE PAR BRANCHE
-0,651
-0,809
-1,124
-1,114
-0,762
Variation en pourcentage des importations
AGRICULTURE
-48,497
-27,845
76,184
-45,661
-81,305
MOYENNE PAR BRANCHE
-16,166
-9,282
25,395
-15,220
-27,102
INDUSTRIE
-80,907
-47,017
125,269
-71,003
-130,127
MOYENNE PAR BRANCHE
-\\6,1814
-9,4034
25,0538
-14,2006
-26,0254
SERVICE
-17,9
-12,825
9,157
-15,923
-26,098
MOYENNE PAR BRANCHE
Variation en pourcentage des exporlations
AGRICULTURE
·28,043
-6,693
-13,342
23.25
-17,175
MOYENNE PAR BRANCHE
-\\4,0215
-3,3465
-6,671
11,625
-8,5875
INDUSTRIE
-108,211
-62,89
-17,343
21,194
-16,193
MOYENNE PAR BRANCHE
-21,6422
-12,578
-3,4686
4,2388
-3,2386
SERVICE
16,144
26,381
-5,761
7,164
26,991
MOYENNE PAR BRANCHE
8,072
13,1905
-2,8805
3,582
13,4955
Variation en pourcentage de la consommation de produits
AGRICULTURE
-4,205
-6,383
15,131
-19.427
-17,595
MOYENNE PAR BRANCHE
-0,84\\
-1,2766
3,0262
-3,8854
-3,519
325

Année de
S7
S8
S9
SIO
Sil
base 1990
INDUSTRJE
-35,807
-25,232
27,578
-38,486
-58.662
MOYENNE PAR BRANCHE
-7,1614
-5,0464
5.5156
-7,6972
-11.7324
SERVICE
1,32
0,721
3,804
-0.313
-0.8U2
MOYENNE PAR BRANCHE
0,44
0,240333333
1,268
-0,104333333
-0,267333333
Variation en pourcentage du PIB courant
12,372
Variation en pourcentage du prix à la consommation des produits
AGRICULTURE
105,027
162,181
273,84
223,384
119,131
MOYENNE PAR BRANCHE
21,0054
32,4362
54,768
44,6768
23,8262
INDUSTRJE
142,973
186,602
252,41 J
257,855
169,863
MOYENNE PAR BRANCHE
28,5946
37,3204
50,4822
51,571
33,9726
SERVICE
57,233
93,837
174,712
129,973
58.512
MOYENNE PAR BRANCHE
19,078
31,279
58,237
43,324
19.504
Variation en pourcentage du prix à la production
AGRJCULTURE
81,103
147,166
299,199
210,734
88,222
MOYENNE PAR BRANCHE
16,2206
29,4332
59,8398
42,1468
17.6444
INDUSTRIE
96,935
157,31
284,927
231,829
96,147
MOYENNE PAR BRANCIIE
19,387
31,462
56,9854
46,3658
l 'J.2294
SERVICE
14,458
26,669
54,739
38,093
14,233
MOYENNE PAR BRANCHE
Variation en pourcentage du prix de la valeur ajoutée
AGRICULTURE
70.097
140,294
308,575
200,456
62,067
MOYENNE PAR BRANCHE
14,0194
28,0588
61,715
40,0912
12,4134
INDUSTRJE
49,492
133,485
333,997
211,437
47,463
MOYENNE PAR BRANCHE
9,8984
26,697
66,7994
42.2874
9.4926
SERVICE
9,951
23,575
57,592
33.939
7,389
MOYENNE PAR BRANCHE
Variation en pourcentage du prix mondial des exportations
AGRICULTURE
-68,935
-39,81
0
0
-59,586
MOYENNE PAR BRANCHE
-34,4675
-19,905
0
0
-29,793
INDUSTRIE
-202,044
-108,233
0
0
-125,474
MOYENNE PAR BRANCHE
-40,4088
-21,6466
0
a
-25,0948
SERVICE
-20
-7,6
0
0
-18,378
Exportation tOlale
108,93
147,826
202,238
218,392
137,529
Importa:ion tolale
629,176
668,07
722,483
738,638
658,775
Epargne étrangère
50,011
50,011
50,011
50,011
50,011
1nvestissement totale
347,551
352,232
394,532
382,124
337,946
Consommation privée
1281,787
1302,232
1416,224
1270,252
1229,734
Variation en pourcentage
Investissem::nt
7,698
356,597
392,833
350,714
392,708
Reven u réel des ménages
1519,651
1547,959
1451,356
Variation en pourcentage du revenu réel
menages urbains
-5,061
-2,545
6,791
-4,198
-9,225
ménages ruraux
-2,579
-2,07
4,313
-5,756
-7,135
Variation en pourcentage du salaire réel
-9,439
Variation en pourcentage du revenu réel des ménages
.4,157
VariatIon en pourcentage du revenu nominal des ménages
ménage urbain
15,511
28,041
59,505
38,571
13.648
ménage ruraux
23,602
33,127
56,424
41.638
22.661
Revenu des ménages et des entreprises
ménages urbains
1164,818
ménages ruraux
713,39
Entreprises
544,671
Gouvernement
330,406
Rdm
609,053
Indice des prix à la consommation des ménages
ménages urbains
121,668
131,384
149,362
144,643
125,198
ménages ruraux
126,874
135,941
149,956
150,288
132.085
Rémunération du facteur travail
ménage urbain
515,75
326

Annüdr
S7
SS
S9
SIO
Sil
basr 1990
ménage ruraux
126,776
Rémuné.alion du fartrur capilal
ménage urbain
203,807
ménage ruraux
235,354
Rémunération du facteur terre
ménage urbain
ménage ruraux
22,908
Transfrrl de revenu inter-ménage
ménage urbain
477,242
ménage ruraux
328,552
Epargne du reste du monde
382,417
327

CONCLUSION
Les sécheresses cycliques apparues dans les années 1970, la faible
diversification de la production voulue par les politiques agricoles depuis la
période coloniale, ainsi que la baisse des deux principaux produits d'exportation
(arachide et phosphate) sur le marché international, se sont conjuguées pour
provoquer un net ralentissement de la croissance de la production et des revenus
agricoles au cœur des années 1970.
L'évolution macro-économique du Sénégal dans cette période montre en
effet que la situation était devenue intenable: « avec l'augmentation des déficits
courants et budgétaires, les déséquilibres internes et externes avaient atteint des
proportions de crise. Les résultats économiques empiraient. Les mauvais
résultats de l'agriculture et des exportations entraînaient la stagnation du PIB et
de la production, tandis que la consommation privée et publique allait
s'accélérant à des taux effrayants. En 1980/81, la consommation a dépassé la
production nationale et l'épargne interne était devenue négative. Etant donné
l'ampleur de la crise, une stabilisation et un ajustement étaient devenus
inévitables * ».
Le premier grand programme mis en œuvre fut le Plan de Redressement
Economique et Financier (PREF) qui a couvert la période 1980-1984. En raison
des résultats peu concluants du PREF, les réformes n'étant que partiellement
mises en œuvre, le gouvernement a adopté une deuxième phase d'ajustement.
328

Le Programme d'Ajustement"à Moyen et Long-Terme (PAMLT)
Pour la période 1985-1992. A la fin du PAMLT, les résultats escomptés
n'ont pas été à la hauteur des prévisions. La croissance attendue n'a pas eu lieu.
Au cours de cette période, le PIB n'a connu qu'une hausse de 2,7% en moyenne
annuelle; soit une croissance moindre que celle de la population.
Face à ses résultats médiocres, le gouvernement a mis en place en août
1993, suivi en 1994 d'une dévaluation de 50% du Fcfa.
Quel a été l'impact sur le système socio-économique des résultats du
PAMLT?
Le cours à la modélisation en équilibre général calculé dans cette
recherche, permet d'apporter une réponse. En effet, les deux premières
simulations qui examinent l'impact socio-économique simultané des taux de
croissance effectif de
la production agricole,
les
exportations,
du taux
d'investissement ainsi que des revenus urbains et ruraux entre 1985-1990 et
1990-94 montrent que l'absence de discipline observée par le Sénégal dans
l'application de l'ajustement
a causé un
lourd
préjudice
à
l'économie
sénégalaise.
Le PIB, tout comme les exportations enregistrent des baisses entre 1985-
90 et 1990-93.
329

La consommation publique et privée au lieu de diminuer, continu de
croître. En l'absence d'afflux de capitaux extérieurs, le financement du surcoût
de consommation s'est opérée au prix d'un lourd désinvestissement. Entre 1985-
90 et 1990-93, le niveau de l'investissement baisse et les revenus urbains et
ruraux
diminuent
entre
1985-90
tandis
qu'entre
1990-94
ces
derniers
augmentent. L'augmentation des revenus au cours de cette période suite aux
concessions faites aux organisations sociales, aura pour reflet la relance de la
consommation privée.
Au total, le laxisme dans l'application de l'ajustement a hypothéqué les
conditions de la croissance à moyen terme. Cela est tellement vrai que la
question importante au Sénégal demeure les conditions de la relance de
l'investissement.
Outre ces simulations relatives à l'analyse rétrospective des conséquences
effectives de l'ajustement, les autres simulations s'attachent à examiner l'impact
de la réduction des dépenses publiques couplée à d'autres instruments de
politiques économiques et des chocs externes dans le processus d'ajustement.
Dans ce qui suit, nous présentons les leçons que l'on peut tirer de ces
simulations.
La
réduction
budgétaires
et
les
autres
instruments
de
politique
économique
330

La réduction du déficit budgétaire est l'un des objectifs de toute politique
d'ajustement. L'appartenance du Sénégal à la zone franc, interdit le recours à la
dévaluation. Le compression des dépenses publiques, se présente alors comme le
moyen privilégié pour réduire le déficit.
Le scénario relatif à la compression des dépenses publiques montre que
celle-ci a eu un effet expansionniste sur l'économie nationale (tableau 39). Le
PIB réel, les revenus de l'Etat etl 'investissement augmentent respectivement de
0,69% ; 0,36% et 13,10%.
L'effort d'ajustement comme on pouvait s'y attendre a reposé sur le
secteur des services. La valeur ajoutée de la branche des services regresse de
10,51 %, tandis que ceux de l'agriculture et des services augmentent de 6,91 % et
3,32%.
La diminution des prix à la consommation dans cette expérimentation
entraîne une augmentation de la consommation privée. La diminution des
importations de riz et des produits du corps gras fait que les importations
augmentent moins vite que les exportations. Les ménages ruraux sont pénalisés
dans cette expérimentation. Le revenu réel des ménages urbains augmente de
0,89% ; tandis que celui des ruraux baisse de 1%. La pénalisation des ruraux
s'explique par la diminution des interventions de l'Etat dans le secteur agricole
mais aussi par le fait que l'accroissement de l'investissement privé qui fait suite
331

aux mesures de compression budgétaire n'a certainement pas profi té au secteur
rural.
L'afflux de capitaux, la dépréciation du taux de change, dans le contexte
de la réduction des dépenses publiques a des effets similaires mais plus
important que la simple compression des dépenses publiques (tableau 34).
L'augmentation du prix au producteur de l'arachide de 15%, combinée à
la réduction des dépenses publiques s'est traduite par des effets certes positifs
mais modeste comparée au scénario précédent. Tableau (40, S5).
A la différence du scénario qui précède, la crOIssance des revenus de
l'Etat est plus faible (l,23%) suite à l'augmentation de l'indice des prix à la
consommation des ménages ruraux, l'impact de l'augmentation des pnx au
producteur de l'arachide a été négatif sur les ménages ruraux. Les revenus
ruraux diminuent de 1,02% alors que les revenus urbains augmentent de 1,07%.
L'imposition d'une taxe supplémentaires sur les importations de riz et la
réduction budgétaire a eu un effet positif mais faible (Tableau 40, S5). Comme
dans les expérimentations qui ont précédé, le poids de l'ajustement a reposé sur
le secteur des services.
332

Du côté des échanges extérieurs, malgré la diminution des importations de
riz (-4,42%), les importations dans leur ensemble augmentent (1,1 %) ; en raison
de la forte dépendance extérieure du Sénégal.
Les prIX à la production et à la consommation augmentent. Pour les
produits agricoles, cependant l'augmentation des prix à la consommation est
supérieure à celui des prix au producteur. Ce résultat explique que les ménages
ruraux soient pénalisés dans cette expérimentation. Les revenus ruraux baissent
de 1,25% alors que les revenus urbains augmentent de 1,10%.
• Les chocs externes
Les scénarii 7 à Il simulent les conséquences d'une modification des prix
mondiaux des importations et ou des exportations. Dans ces scénarii où les prix
internationaux se modifient et où la politique de l'Etat demeure inchangée, les
effets sur l'économie sont plus importants que dans les expérimentations qui ont
précédé (Tableau 41).
Le PIB réel et la consommation privée diminuent fortement dans toutes
les expérimentations, sauf dans 1'hypothèse d'une diminution du prix mondial
des importations. Les revenus du gouvernement augmentent beaucoup plus dans
ces simulations comparées aux précédentes;
il en est de même pour
l'investissement.
333

Les exportations et les importations subissent de forte variation selon les
hypothèses. Le poids de l'ajustement a reposé sur les secteurs non agricoles dans
l'hypothèse d'une variation dans un sens ou l'autre du prix mondial des
exportations. Dans toutes les autres éventualités, le secteur des services est le
seul a en supporté le tribut. L'accroissement de l'investissement qui découle de
ces mesures profite aux branches agricole et industriel. La valeur ajoutée des
dites branches augmentera en conséquence.
Le commerce agricole représentant une part importante des échanges
totaux du Sénégal, les modifications des prix internationaux ont fortement
affecté les prix nationaux. Les prix à la production, à la consommation et de la
valeur ajoutée vont subir de fortes variations par rapport à l'année de base; ces
dernières auront des incidences non négligeables sur le revenu des ménages.
Les ménages urbains et ruraux vont enregistrer une diminution de leurs
revenus réels dans toutes les simulations sauf dans le cas où le prix mondial des
importations diminue.
Les résultats ci-dessus doivent cependant être interprétés avec beaucoup
de précautions, en raison des hypothèses qui ont présidés à la construction de la
MeS et du modèle.
334

Le modèle est néo-classique et statique.
Il est largement reconnu que les hypothèses néo-classiques ne sont pas
réalistes. Partant, il est donc possible d'introduire d'autres hypothèses pour
représenter certains aspects de la réalité; le mode de représentation théorique de
ces hypothèses n'étant pas forcément consensuel. Dans tous les cas, ces
modifications représentent elles aussi des simplifications grossières de la
réalité; elles peuvent opérer de plusieurs manières différenciées, avec des
répercussions diverses et importantes sur le comportement du modèle.
Une autre limite à cet exerCIce a trait à la spécification de l'offre de
produits agricoles. Les fonctions de production utilisées sont spécifiées de
manière indépendante pour chaque produit agricole. Dans cette formalisation, la
substitution au niveau de la production ne s'opère que de manière indirecte à
travers
le partage des
facteurs
communs.
A
l'inverse,
le
choix d'une
spécification multimarché du secteur agricole permet de mieux appréhender les
substitutions ( ). En effet, la production agricole est le produit d'une stratégie de
revenu définie au niveau sectoriel, dans laquelle la combinaison des produits et
la demande de moyens de production font l'objet d'une décision conjointe De
Janvry et Sadoulet ( ).
La nature statique du modèle rend difficile, la confrontation des résultats
du modèle avec la réalité. Un tel modèle ne peut-être utilisé pour analyser les
questions de politiques économiques dans un contexte où les changements sont
335

importants. En outre, les données statistiques disponibles pour l'estimation des
élasticités ne sont généralement pas directement utilisables pour les élasticités
qui doivent être spécifiées dans les MEGC.
Les élasticités utilisées dans cette recherche proviennent d'autres études;
elles ne contredisent pas les données statistiques existantes. Le recours à ces
élasticités ne pose aucun problème du point de vue théorique, mais à la vérité, il
faut reconnaître qu'il soulève une difficulté majeure au regard de la crédibilité
de l'évaluation quantitative des effets et des options spécifiques sur lesquelles
les décisions doivent être prises.
336

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TABLE DES MATIERES
CHAPITRE INTRODUCTIF :5 L'AJUSTEMENT STRUCTUREL, UN BESOIN
D'INFORMATION, D'ANALYSE ET D'EVALUATION DE LA POLITIQUE
ECONOMIQlTE
5
PREMIERE PARTIE: L'AGRICULTURE SENEGAIAISE DE LA
CROISSANCE A LA CRISE
38
CHAPITRE 1- L'AGRICULTURE SENEGALAISE A LA VEILLE
44
DE L'AJUSTEMENT STRUCTUREL
44
SECTION 1- LES PERFORMANCES MACRO-ECONOMIQUES DU SENEGAL A LA
VEILLE DE L' AJUSTEMENT
46
/- Les performances macro-économiques
46
//- Chocs extérieurs et évolution des politiques intérieures
51
SECTION II- L'EXPERIENCE DE DEUX DECENNIES DE PROGRAMME AGRICOLE 55
/- Les fondements théoriques du programme agricole 1960-1978
56
1I- Les résultats du programme agricole à la veille de l'ajustement structurel
66
A- L'agriculture et sa contribution au produit national
67
B. L'importance des exportations agricoles dans le commerce extérieur du Sénégal
70
C. Les importations agricoles et [a dépendance alimentaire
7 [
Ill. Les raisons de l'échec du Programme Agricole
76
N- La politique des prix: L'Etat instrument de [a ponction du surplus agricole
77
1/. La recherche et [a technologie
89
2/. Les facteurs institutionnels
95
3/. Le crédit sous le Programme Agricole
99
Conclusion
106
L'AJUSTEMENT STRUCTUREL DANS L'AGRICULTURE SENEGALAISE
111
SECTION 1- LES OBJECTIFS ET RESULTATS DE LA NOUVELLE POLITIQUE
AGRICOLE (NPA)
[13
/- Les raisons de la Nouvelle Politique Agricole
113
1I- Les objectifs et résultats de la Nouvelle Politique Agricole (NPA)
115
SECTION II- LES ORIENTATIONS DU PROGRAMME D'AJUSTEMENT
STRUCTUREL DU SECTEUR AGRICOLE (PASA) DANS UN CONTEXTE DE
LIBERALISATION RENFORCEE
[20
SECTION III- LE BILAN « PRIMA-FACIES» DES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT
STRUCTUREL AU SENEGAL
[23
/- Les performances macro-économiques
123
1I- Les résultats de l'ajustement dans le secteur agricole
126
N- Les cultures commerciales
127
1/- La filière arachidière
[27
2/- La filière coton
131
B/- La filière céréalière
134
1/- Le mil-sorgho
135
21- Le riz
136
Conclusion
139
350

DEUXIEME PARTIE: LES MODELES D'EQUILIBRE GENERAL
CALCULE: DE NOUVEAUX OUTILS CONCEPTUELS AU SERVICE
DE L'ETUDE ET DE L'ANALYSE D'UNE REALITE COMPLEXE: LE
SECTEUR AGRICOLE
143
CHAPITRE 1- LE FONDEMENT THEORIQUE DU MODELE D'EQUILIBRE
GENERAL CALCULE: LE MODELE D'EQUILIBRE GENERAL
146
SECTION 1- LA STRUCTURE DES MODELES D'EQUILIBRE GENERAL
148
1. Le modèle d'échange Pur
148
Il. Le modèle avec production
152
SECTION II- LA DEMONSTRATION DU THEOREME DE L'EXISTENCE DE
L'EQUILIBRE GENERAL
154
SECTION III- L'ALGORITHME DE SCARF DE RESOLUTION DU MODELE
D'EQUILIBRE GENERAL
158
Conclusion: La normativité du modèle d'équilibre général
161
CHAPITRE 11- LA DESCRIPTION D'UN MODELE D'EQUILIBRE GENERAL
CALCULE A ASPECT REEL (MEGC) : LE NOYAU WALRASIEN
164
SECTION 1- LE CADRE COMPTABLE DES MCEG :LA MATRICE DE COMPTABILITÉ
SOCIALE (MCS)
165
1. Définition
165
Il. Les utilisations de la MCS
168
A. L'instrument d'analyse de la MCS : les multiplicateurs d'impact..
169
B- La MCS cadre d'étude de l'analyse des incidences des chocs exogènes
dans une économie où les mécanismes d'ajustement par les prix et les possibilités
de substitution sont importants
171
SECTION 2- LE NOYAU WALRASIEN D'UN MEGC
173
1. La structure du modèle
173
II. Les prolongements du noyau walrasien des modèles d'équilibre général c~lculé
180
A. Le marché du travail.
180
B. Le marché des biens
181
C. L'équilibre extérieur
183
D. L'équilibre entre l'épargne et l'investissement.
184
Ill. La règle du bouclage
186
A. Le bouclage
186
B. Les modèles keynésiens et monétaristes
188
C. Les modèles néo-structuralistes
190
II. Les orthodoxes
193
2-Les radicaux
193
D. La modélisation d'autres comportements
196
1/. Le fonctionnement du marché du capital
196
2/. Les fonctions inter-temporelles de consommation et d'investissement..
197
3/. Les anticipations
198
4/. La dynamique
199
51. La monnaie et les actifs
200
IV Les régies de calibrages
201
CHAPITRE 111- LES MODELES D'EQUILIBRE GENERAL CALCULE APPLIQUES
A L' AGRICULTURE
203
SECTION 1- LES CARACTERISTIQUES GENERALES DES MEGC
203
35]

SECTION 11- LES MEGC APPLIQUES A L'AGRICULTURE
211
l. Les modèles mondiaux
213
II. Les modèles par pays
215
CHAPITRE 1- L'IMPACT DES POLITIQUES D'AJUSTEMENT AU SENEGAL:
APPLICATION DE LA MATRICE DE COMPTABILITE SOCIALE 0
241
SECTION 1- LA STRUCTURE DE LA MCS DU SENEGAL
242
l. La strncture
242
II. La lecture de la MCS
246
SECTION II- LA MATRICE DE COMPTABILITE SOCIALE EN TANT QUE CADRE
D'ANALYSE DES EFFETS DE L'AJUSTEMENT
249
SECTION III- L'IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE DU PROGRAMME
D'AJUSTEMENT STRUCTUREL A MOYEN ET LONG TERME,
DES BRANCHES AGRICOLES ET DES REVENUS URBAINS ET RURAUX
261
l. Les conséquences socio-économiques du Programme d'ajustement à moyen el
long terme
261
A. L'expérience 1
261
1/. La méthode
262
2/. Les résultats
263
B. Expérience 2
265
1/. La méthode
'"
266
2/. Les résultats
267
C. Expérience 3
270
11/- L'impact de la performance des branches agricoles (mil/sorgho, arachide et riz) et de
l'évolution des revenus urbains el rnraux sur le système socio-économiques
272
A. L'impact de la croissance des branches agricoles: mil/sorgho, arachide et riz
272
1/. La méthode
272
2/. Les résultats des simulations
273
B. L'impact de l'évolution des revenus urbains et ruraux entre 1985-1990
et 1990-1993
276
1/. La méthode
276
2/. Les résultats
277
111- Conclusion
279
CHAPITRE 11- POUR L'ELABORATION D'UN MODELE D'EQUILIBRE
GENERAL CALCULE (MEGC) DE L'ECONOMIE SENEGALAISE.
282
SECTION 1- LE MODELE D'EQUILIBRE GENERAL CALCULE DE L'ECONOMIE
SENEGALAISE
283
1- La strncture du modèle
283
11/- L'équilibre sur les marchés des facteurs et des produits
292
B/- Le bouclage du modèle
293
SECTION II- LES RESULTATS DES SIMULATIONS
299
l. La simulation rétrospective de l'économie sénégalaise
299
II. La réduction budgétaire et les autres politiques
305
Ill. L'impact des chocs extérieures sur l'économie sénégalaise
318
CONCLUSION
328
BIBLIOGRAPHIE
337
352

LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1- Indicateurs économiques du Sénégal 1967-84 ------------------------------------------------------- 47
Tablcau 2- Incidencc des chocs extériculS Cl des politiques suivies entre 1967-84
(% du PI Baux prix coura nt) ---------- -- -- ----------- -- -- -- -- ---------- -- ------------- --- --- -- ----- -- --- ------- ------ 52
Tableau 3- Précipitations annuelles cumulatives 1961/1987 -------------------------------------~-------------- 55
Tableau 4- Contribution du secteur agricole au PNB 1976-84 (milliards de Fctà) --------------------------- 67
Tableau 5- Sénégal: Valeur estimative de la production totale commercialisée par culture
(en mi Il iards de !Tancs CFA) ------- -- -- -- ------ --- -------- ------- ---------------- ------------ -- --- -- -- ---.---- -- ----- 68
Tableau 6- Superficie par culture (moyennes sur dix ans) en milliers d'heclares 1960-1990-------------·· 68
Tableau 7- Evolution du revenu rural moyen ------.-------------.------------------------------------------------- 69
Tableau 8- Part des produits arachidiers et du cOlon dans les exportations du Sénégal---------------------- 70
Tableau 9- Importations des céréales, 1970 à 1992 (tonnes) ---------------------------------------------------- 72
Ta b1eau 10- ---------- -- -- -------------- ----- ------ --- --- ------- -- ------ --- ----------- --- ---
o. --- ---- -------- ---- -- -- 73
Tableau 11- - Evolution du prix d'achat de l'arachide au producteur------------.----------------------------- 80
Tableau 12- - Surplus dégagés par le commerce ct J'industrie---------------·----·---------·------------------- 81
Tableau 13- Arachide / Huile -------------------------.-------.----------.----.------------------------------------- 82
Tableau 14- Répartition géographique de l'échéance aux 31112/82 et 83----------------------·-------------- 83
Ta b1eau 15- -----------.-------------------------------- -- -- ------------------------------- ----------- -- ------- -- --- ----- 9 1
Tableau 16- Evolution des taux d'endettement et remboursement au cours du Programme Agricole ---- 102
Tableau 17- Evolution des prêts de la BNDS et semences durant le Programme Agricole 1970-1980--- 104
Tableau 18- Les perfonnances macro-économiques du Sénégal au cours de 1'ajustement-----·----------- 126
Tableau 19: Principaux résultats dc la filière arachidière entre 90/91 et 95/96 ----------------------.------- 130
Tableau 20 : Approvisionnement du marché intéricur cn huiles et exportation des huilcs entre 1991 et
1995 ----------------- -- ---------- -- ------.- -- ---------- -- ------- -- --------- --- -------- ----------- --- -- ----- -- -- -- ------- 13 1
Tableau 21 : Résultats d'exploitation, Productcurs cotonniers------------------------·------------------------133
Tableau 22 : Evolution du coût de production du Paddy de 1989 à 1996 pour un rendement ct
uni tinérai re techn ique constan t--------. -- ------.- ---- ---------------- -------------------- -- ------------------ --- --- 136
Tableau 23 : Comparaison des décompositions du prix de revient du riz sorti usine avant et après
1ibéral isa tion ---------------------.---------------- -------- -- -- ----------------------------------.---- ----- -- -- ------- -- 137
Tableau 24 : La classification de la structure macro-économique selon la règle de bouclage ------------- 185
Tableau 25: Les variables et paramètres du noyau walrasien d'un CGE-----------------··-------------------194
Tableau 26- Impact des politiques dc stabilisation selon les principaux modèles macro-économiques -- 195
Tableau 27- Matrice exogène de 1990 XO --.----------.------.-------------------------.-------------------------- 255
Tableau 28- Matrice VO des recettes endogènes à l'année de base--------------------------··------------------ 257
Tab 1eau 28 b- --------------- -- --------------------- -- -- --.- ---------------- -- --- --- --- --------- -----.-- ------ -- -- ------ 258
Tableau 29- Matrice exogène de 1985 X 1 ------------------------------------------------------------------------ 262
Tableau 30- Matrice YI des recettes endogènes gènérées cn 1985 -----------------------------------------.--- 263
Ta bl ea u 30. b------------ -- -------------------------- -- -- --------------------- -- ----------------------.-- --------- --- --- 264
Tableau 31- Matrice exogène de 1993 xz-----------------------------------·-------------------------------------- 266
Tableau 32- Matrice YI des recettes endogènes générées en 1993 --------------------------------------------- 267
Ta b1eau 32. b. --.---------.-------------------.- -- ----.-. ------------------------------.------------------- -- ---- -- ----- 268
Tableau 33- Impact du PAM LT en début de période (récapitulatif)-----------·------------------------------- 271
Tableau 34- 1mpact du PAM LT en fin de période (récapi tu 1atif) --------------------------------------------- 271
Tableau 35- Variation des revenus des comptes endogènes entre la fin et le début du PAMLT
(récapi tu1ati f) -------.---------------------------- -. -------------------------------------------------- ----- --------- -- -- 27 1
Ta bleau 36- ----------------------------------.---------- ------ ------------------------------------------ ------ -- -- ----- 272
Tableau 37- Impact de la croissance des branches agricoles (mil/arachide/riz) entre 1985-\\990 et 1990-
199 3 ---------------------------------------------.---------..-- ---------------- ----------------------- -- ------- -- ------- - 274
Tab leau 37-b ------------- ---------- ------------------- ------ -- --------------------------------------- --------- -- ------ 275
Tableau 38-lmpact de l'évolution des revenus urbains ct ruraux entre 1985-1990 et 1990-1993---------277
Tableau 39- Les équations du modèlc du Sénégal --------------------------------------------------------------- 295
Tableau 40- La simu lation rétrospccti ve de l' économi e sénégalaise ------------------------------------------ 303
Ta b1eau 4 1- ------------- -- -------------------- -------- -- ----- ------------------------------------ ----- --- ------ -- ------ 3 10
Tableau 42- Les simulations 5 et 6 ---------------------------------------------------------.------------.---------- 316
Ta b1eau 43- 0-0••-------0- -0 -
-0--
0__0_.
.---.- -0
-.
---0-------.-------- -- 0-- -. -- -- -- -- -- ----0325
353