REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
UNION - DISCIPLINE' TRAVAIL
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
FACUL1E DES LETrRES. ARTS ET SCIENCES HUMAINES
DÉPARTEMENT DES SCIENCES SOCIALES
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THÈSE
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l-ëONSE'L AfRICAIN ET MALGA
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l'ENSEIGNEMENT SUPERI
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~ d'Iv.{ofm.~ on' lb ~. DOCTORAT DE 3ème CY iIfEA. M. E. S. - 0 t1{)nz....
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DOCUMENTATION DES TAMBOURS
ET
DES INSTRUMENTS PARLEURS
Présenté par :
Sàus la direction du Professeur
BINI Kouakou
NIANGORAN-BOUAH Georges
(IES - ABIDJAN)
ANNÉE 1992

-1
" .
.
7-P~4"t';":'j v~&ljt~ ~~~__~
.
".':.
CONSEIL AFRICAIN DT MALGACHE
SOMMAIRE
. POUR l'ENSEIGNEMENT SUPERIeUR 1
i C. A. M. E. S. -
OUAGADOUGOU
AVANT-PROPOS
Arrivée .' ~ .O.~. 7. .4.6
~' 3
'
Enregistré sous n""T>
-
INTRODUCTION
1 3
1
~----
-
'?nn~t
1
' .
~
CADRE THEORIQUE
18
PREMIERE
PARTIE
La typologie et l'organologie
des instrum~nts de la TIrummologie.
3>9
Chapitre l
Les membranophones
40
Chapitre II
Les a$rophones ou cors d'appel
5:7
Chapitre III
Les idiophones
60
Conclusion partielle
6.1
DEUXIEME PARTIE
Le pays des Abron-Gyaman
6)
Chapitre l
L'environnement physique
66
.. ;.
Chapitre II
Les populations
7'8
Chapitre III
L'édification du royaume
11'J
CONCLUSION PARTIELLE
174
,
TROISIEME PARTIE
L'univers socio - culturel
176
Chapitre l
La vision du monde
17 7
Chapitre II
Les ancêtres-fondateurs
22·•.
chapitre III'
Les chefs guerriers
3~O
Conclusion générale
354
N.B:Nous
avons
placé ici un sommaire afin de permettre
une
saisie
rapide
de ce document.ce sommaire n'exclut pas la table
des
matières
qui,.·elle, se trouve placée à la fin de la thèse.

2
Dans
un
monde
déchiré
par les
discordes,
par
les
rivalités
politiques et nationales,
où la dévotion à l'idéologie a cédé le pas à
l'invention
scientifique,
l'Afrique
a
plus que
jamais
encore
un
-message
qu'elle doit révéler à l'humanité.L'observateur qui sait
lire
le
sens
caché
des battements du tambour,
trouvera la
solution
des
problèmes inévitables auxquels nous nous heurtons aujourd'hui.
RICHARD st. BARBE BAKER
In Tambours Africains
P.
231.
en
1949.

- J -
- A V A N T - PRO P 0 S -
Dans
la tradition occidentale,
écrit Amadou Hampaté Bâ,
on
a
établi une fois pour toutes que,
là où il n'y a pas d'écriture,
il n'y
a
pas
de culture (1).
Aussi lorsqu'en tant que
membre
du
conseil
exécutif de l'Unesco,
il avait proposé pour la première fois de tenir
.-,
]
. ,
compte, dés,t,radftions orales comme sources historiques et
sources
de
culture, son propos avait suscité et provoqué des sourires.
"
Il
s'acharna alors à organiser des congrès et des réunions dans
les
pays
de l'ouest africain.
c'est sur la base
des
résultats
des
travaux
de ces assemblées que "l'Unesco admit le principe de la
prise
en
considération des traditions orales en tant que sources historiques
pour la rédaction de l'histoire générale de l'Afrique (2).
Lorsqu'à son tour le Professeur Georges Niangoran-Bouah face
au
vide
documentaire de la période précoloniale,
aux limites des sources
écrites,
des
documents matériels de l'art,
de l'archéologie
et
des
documents de la tradition orale,
à travers la drummologie,
propose de
tenir
compte non seulement des traditions orales mais aussi des textes
de
tambours
parleurs,
il
fut
à
son
tour
traité
de
"spécimen
d'ethnographes en voie d'extinction"(3).
Avec le temps,l'un et l'autre ont eu raison de leurs détracteurs et
nous
sommes
fiers
de bénéficier de leur expérience pour
parler
des
Abron
de la période précoloniale à travers les sons des
tambours
qui
viennent renforcer les éléments de la tradition orale.
------------------------------------------------------
--------------~
(l)Amadou Hampaté Ba, Aspects de la civilisation
africaine, Paris,
Présence Africaine, 1972, p.21-.-
(2)Arnadou Hampâté Bâ, Ibid.p.34.
(3)Abdou Touré, Aller au-delà de la narration In Fraternité Matin
N° 4599, du 26-2-1980 t,(~

- !f -
Nous
devons
une
reconnaissance totale au
professeur Georges
Niangoran-Bouah qui,non seulement, a su nous donner les conseils utiles
pour
mener cette étude,
mais offre l'occasion d'aller
en
profondeur
dans la connaissance du peuple abron-gyaman.
Un tel travail n'a été possible que grâce à la clairvoyance de nos
ancêtres
qui ont consigné leurs faits socio-historiques dans les
sons
des tambours.
Ces
faits
ont été repris à travers les temps p a r l e s
maîtres
tambourinaires. Ils sont nombreux et d'inégale érudition.
A
un jeune tambourinaire à qui nous avions demandé de
livrer
les
textes
de ses tambours parleurs pour la prémière fois, il ava,i t
répondu
sagement
par
ces deux propos:
"j'ai ça dans la tête et non
dans
la
bouche
" e t sache "qu'un enfant peut briser un escargot mais
pas
une
tortue".
Nous
avions compris alors l'importance de cette
institution
dans
cette
société et la nécessité de recourir aux détenteurs
de
ces instruments parleurs de musique. Ce qui a été fait.
Que le roi, les
chefs
de
provincê,
de village et autres détenteurs de ces
attributs
trouvent ici l'expression de notre profonde reconnaissance.
Nous
ne
saurions
taire l'inestimable aide
apportée
par
les
députés
des
départements
de Transua et de Bondoukou,Mme
Kindo
née
Assuama
et
Mr
Kwasi
Dongo
Ababio
,les
animateu~s
des
émissions
radiodiffusées "Musiques et Traditions de Côte d'Ivoire" et
"Connais-tu
mon
beau
pays"
avec
lesquels
nous
avions
parcouru
le
pays
abron-gyaman,
Messieurs Kwadio Kra Célestin et l'Abbé Célestin Igbrago
~<t
pour
les moyens logistiques mis à notre disposi tiona:;53 ",;;:~Cj.:;i;i;:';:~:~j::r;7:\\"o<::::>

- 5 -
Qu'il
nous
soit enfin permis de remercier très
sincèrement
Mr
Kwamé
Yeboa
directeur -fondateur de
MICRO-SYSTEME-INGENIERIEet
son
personnel
qui ont
assuré le traitement de texte de cette thèse.
Nous
pensons aussi à Sika Hortense,Touré Adjaratou,
Yeboa Abenan
Blandine,
Nodjigoto Yandjial Gisèle, Kwakou. Kwasi Yatchiya
Mathias, Angbé Justin
Désiré et
Yapi Augustin.
si aI?r;ès lecture de cet ouvrage,
l'on pense
que
nous
avons
fait
quelques,
contributions
à
une
plus
grande
cOBnaissance
du ,peuple Abron-Gyaman ,~e mérite
revient à tous les
tambourinaires du département
de Bondoukou et en
particulier
à
nos
grands
maîtres
à qui nous renq,ons hommage "africament
"
par
la
voie
du
tambour
circonstance
oblige.
Il
est
d'usage
que
l'utilisation de cet instrument
et
la transmission
d'un message tam-
bouriné soient toujours précédés d'un texte introductif.
Les Abron
en
ont deux.

- 6 -
Dans la province Zanzan du royaume de Bondoukou,
c'est:
Dada pimb~
(4)
Dada pimb~
Dada pimbO
Mere kasa.
Adiatshin
Mibe kan tshreman
Kakraa wum.
Traduction:
Tambourinaire primordial!
Tambourinaire primordial!
Tambourinaire primordial!
Je vais parler.
Il fait jour.
Je veux utiliser le tambour
pour vous dire un mot.
Et dans la province Yakassé du même royaume c'est:
Se,
se wan se!
Se, se wan se!
Se, se wan se!
Mi se se.
Mere
kasa.
Adiatshin.
Mi be kan tshreman
Kakraa wum.
Traduction:
Des murmures!
Des murmures!
Des murmures!
D'oü viennent-ils?
De moi.
Je vais parler.
Il fait jour.
Je veux utiliser le tambour
pour vous dire un mot.
(4) Dada pimb~ ou pimbO l'ancien est le premier
tambourinaire créé par-Dieu et qui se trouve dans
le disque lunaire.

- 7 -
-i'
Texte N° 2: A,Kwabenan Gboko (Kékréni)
(5)
Sekredou Afari Kwabenan!
Wu kum akokonyini,
kum brekuo
Nan adikyen fum wu.
Sasrabrozamsuman bribrijo!
simbedi Vao 'Bédiakori Biniboni ba !
K~ gOm€la! '
sogoman' toIiida L.
Wi'ladaniâti.,'j etigy i
A'süo ke-kire':' "< ~.' ""
KO t~ kO 'kra .wan dan in.
o dufrutsh€p'minan
akuman!
Asüo kiti. kiti
Ni kon gonon tsh€n
non.
P€t€mpr€m'minan
sunon!
Asüo bi son
On jeri €pu.
Sekredou Afari Kwabenan!
Adiatshin,
Man huminrinsu'AhiandO
Die, die.
Sekredou Afari Kwabenan!
Tuer le coq,
Tuer le coq de pagode
Le jour vous surprend.
Le génie Sasrabrozam protège
Contre tout malheur,
Le fils du prince Simbedi Yao mangeur de guerre.
Saint homme!
Etranger du matin!
Hôte du soir!
Rivière impétueuse.
Vaillant chef des porteurs
De l'âme du roi ne dort jamais.
Souche qui brise la hache!
Petite rivière capable de
Causer de grands dégâts.
P€t€mpr€m
qui avale l'éléphant!
Il y a la rivière
Et il Y a la. mer.
Sekredou Afari Kwàbenan
Il fait jour~
Majesté, faites parler de vous
Salut.
(5) Les noms entre parenthèses sont les noms de village.

T.N03: A Yao Kouman (Kékréni)
Simbedi Yao Bediakon!
Kankan nyon
·~tra Kpri kon.
otuo- suman Arnandjran nananwa!
Tshindiampon Kwame ba.
S imb.edi Yao, mangeur de guerre!
Associer déux objets
.t'es·renforce.
Petit-fils de la divinité ArnandJran (6)
Descendant de, Tshindiampon Kwam-e 1 , '
T. NO 4:A Koffi Agyeman (Kékréni)
Ambim Koffi Minan Sunon!
Sekredou Afari Kwabenan bal
Brakalugu.
Koffi le grand qui avale l'éléphant!
Descendant de Sekredou Afari Kwabenan!
L'ennemi ne dit jamais
Du bien d'autrui.
T.NO 5:A Koffi Kohosonon (Kékréni)
Ambim Koffi Minan Sunon!
Sekredou Afari Kwabenan bal
Efri nufu!
Wu nyan amani à,
Tanvuo buajo.
Simbedi Yao Bediakon Biniboni nanawa!
Be nyan ananzia be kunu.
Be nyan be kunu atshinvoni.
-------------------------------------------------------------------- '
( 6 )
Arn~ndjran
est
la divinité chez les Abron supposée
rendre
les
individus invulnérables aux balles de fusil.

- 9 -
Koffi le grand qui avale l'éléphant!
Descendant deSekredou Afari Kwabenan!
Le défunt a toujours tort.
Tes malheurs réjouissent tes ennemis.
Petit-fils du Prince
~
Simbedi Yao mangeur de guerre
Si tu rencontres l'araignée
Tue-la 1
~
si tu la rencontres et ne la tues pas
L'araignée~crabe te piqqera !
~
'.
\\
T. N~6:A Kwadio papasian (Wolotchéi)
.,
Kwadio!
Kotshra Manzan
/
Ye mun akura.
Susu bribi!
Wu susu bribi a,
Bribi susu wu.
Kwadio!
Une panthère n'est
Jamais vieille.
Respecte autrui.
Respecte autrui et
Il vous respectera.
~ N° 2 ~ ~ Atta Koffi (Tiédio)
Atakoura Bédiakon!
Essi Brobila nanawa!
Kasa kasa frein frein.
Atakoura mangeur de guerre!
Petit-fils d'Essi Brobilal
Parle, parle avec orgueil.

T.NO 8:A Kwabenan Kouman (Kroko)
Sekredou Afari Kwabenan!
Atakoura Bediakon bal
Wu ye
barima Biniboni!
Wu ye
katakie dada!
Abuguru ~
fe!
o fri tacla.
Sekredou Afari Kwabenan!
Des>c~ndant d' Atàkoura, mpngeur de guerre!
pfiri:Cë!
.
Tti'èS".un homme.
~u 1'~s toujours prouvé.
si;la tourterelle est jolie, "
"
<
Elle le doit à son plumage .
..
T.NO ~ :A Koffi Djani (Kinkua l
Ambim Koffi Minan Sunon!
Kwadio Ba!
Angobia Kroko!
Koffi le grand qui avale l'éléphant!
Descendant de Kwadio!
Angobia Kokroko!
T.NO 10
:A Kwadio Kra l
Tabagne) .
Kwadio!
Kotshra Manzan ye mun akura.
Yeboa Pipripi ba.
Kwadio!
Descendant de Yeboa Pipripi.
Une panthère
N'est jamais vieille.

T.N° 11:A Kwadio Venance
(Tabagne)
Kotshra Manzan jahinin Kwadio!
Broniba Kohosonon Arnbim!
Yeboa Sèsrèkou nanawa!
Yeboa Sèsrèkou!
Pintemprem minan sunon!
. Kwadio!
Descendant du bron Kohosonon le grand!
Ùne" ..panthère
N~est jamais vieille.
Petit- fils de Yeboa Sèsrèkou!
Yeboa Sèsrèkou!
Pintemprem qui avale l'éléphant.
T.N° 12
: A
Yao Bédiakon l
Drobo l
Yao Bédiakon Biniboni bal
Prince Yao, mangeur de guerre
T.NO 13
A Kwakou Adaé l
Duakwam l
Kwakou!
Kwakou Biniboni bal
Juaben foumassa k~t~k~!
Kwakou!
Fils de Kwakou
De la province de Foumassa
Originaire de Juaben.

- 112
T.N 0 14: Texte tambouriné abron pour dire merci
Mi da wasi ahininwa.,
Mi da wasi ahiand~.
Mi da wasi nan bri su.
Mi da wasi kesi,kesi,kesi.
Mi da wasi mo,mo ,mo.
Adie be tshin wa ,
Mi da·wasi.
Mi da wasi asan.
Je vous remercie princes royaux.
Distingués bienfaiteurs,
Vous remercier fait rire
Certaines personnes.
Et vous remercier fait pleurer
D'autres.
Je vous remercie,
Merci infiniment.
Tant que je vivrai,
Je vous serai toujours reconnaissant.
(7) Ce texte est avant tout celui de la cour royale et s'adresse aux
princes, aux neveux et cousins
du roi.Mais généralement i l est utilisé
pour tout bienfaiteur.

-
1 J -
INTRODUCTION
GENERALE

-
1'!~ -
De
l'Afrique considérée comme un continent sans histoire et sans
culture,
le
philosophe
Allemand
Hegel
écrit
"Dans
l'Afrique
proprement
dite,
l'homme
reste
arrêté au
stade
de
la
conscience
sensible d'où son incapacité absolue d'évoluer"
(8).
Les
explorateurs et missionnaires européens avant même d'essayer
d'observer,
d'écouter,
de comprendre l'homme noir avait décidé
qu'il
était un esprit faible,
proche de l'immédiateté, incapable de quoi que
ce soit.
Aussi
chaque
fois
que
les
administrateurs
européens,
les
anthropologues,
les ethnologues,
les sociologues et les historiens se
sont penchés sur l'étude des sociétés africaines,
ils ne l'ont envisagé
que
d'un point de vue extérieur au groupe cible dans
une
perspective
ethnocentrique
tendant
à infirmer ou confirmer des théories avec
des
objectifs de recherche préalablement définis.
Ces
travaux de recherche sur les sociétés africaines
malgré
la
rigueur méthodologique qui
les sous-tendent et la bonne
foi
de
leur
auteurs
s'avèrent
incapables
à faire connaître
de
l'intérieur
les
institutions,
la
manière
de penser et les valeurs
culturelles
des
Africains.
Partis
de
ces travaux de recherche,
les projets
de
développement
connaissent
des échecs malgré l'injection des crédits et des aides
de
toutes natures.
L'Afrique est à la traine et c'est non sans raison que
René
Dumont
intitulait l'un de ses ouvrages "L'Afrique Noire est
mal
partie".
Heureusement
l'on
assiste
aujourd'hui en Afrique à un
retour
aux
sources pour retrouver nos propres valeurs avant d'aller de l'avant. Il
y
a
donc un vide à combler,
un
ressourcement,
préalable
pour
que
l'Afrique ne perde pas son âme.
---------_._------------------------------------~-----
----------------
(8)
HEGEL, La Raison dans l'histoire, Paris, UGE,1965,p 245.

- r 5 -
Des voix s'élèvent pour proposer de nouvelles orientations.
Pour
Jean
Suret-Canale,"il est une histoire que les
africains
seuls
peuvent
écrire: c'est
celle
de
l'Afrique
intérieure,
vue
de
l'intérieur"(9) .
Pour
Jean
Poirier "il n'y aura de véritable développement que
si
le
développement est autogène"
(10),
en d'autres termes les Africains sont
les
acteurs
de
leur développement et la condition sine
qua
non
de
r~alisation
de
cet impératif est la prise en compte des
"préalables~
ethno-sociologiques." Aborder ce préalable c'est restituer le passé
de
l'Afrique
afin
d'y puiser les éléments nécessaires et
indispensables
pour le développement,
l'équilibre et l'épanouissement des Africains.
Or
affirme
Jean Devisse "même si l'on
accorde
une
importance
réelle
à
la tradition orale,
il y a un millénaire" de l'histoire
de
l'Afrique
(jusqu'au
xVIè siècle) pendant lequel
il
est
strictement
impossible
de
connaître
le
passé
du
continent
en
dehors
de
l'archéologie
mais
l'archéologie africaine coûte cher et réclame
des
moyens
énormes"
(11).
Enfin constate Jean Devisse "plus le
passé
est
ancien plus on va au coeur de l'Afrique"
(12).
------------------------~-----------------------------
----------------
(9)Boni Nazi, Histoire synthétique de l'Afrique résistante,
Paris,
Présence Africaine, 1971, p. 9
(10)Michel Arnengual, Une histoire de l'Afrique est-elle possible
?
Dakar, Abidjan, NEA,-r975, P.
174
(11)
Id.
(12) Id.

- r6
Voici
donc posée la question de la connaissance de l'Afrique
et
qui interpelle Chercheurs, Historiens, Anthropologues,
Sociologues.
Or
pour
l'historien
ivoirien
Jean Noêl Loucou,
"en
pays
Akan
les
spécialistes
actuels de la tradition orale que vous pouvez
interroger
ne
fournissent
pas
d'informations
au-delà
de
six
à
huit
générations"(13), et il conclut avec beaucoup d'amertume "qu'il est cer-
tain
que
nous devions
faire
notre deuil de certaines périodes pour
lesquelles
une reconstruction
vraiment satisfaisante ne pourra jamais
être
proposée faute de sources sérieuses"(14).
Pour
sa
part,
le Professeur Georges Niangoran-Bouah
à
travers
la
drummologie considère qu'on peut étudier la période précoloniale de nos
sociétés africaines à partir des tambours parleurs.
Les
Géographes
réunis à Bondoukou du 16 au 20 Février 1982 dans
le
cadre des deuxièmes journées géographiques de Côte D'ivoire, avaient mis
en
exergue la marginalité du Nord-Est de notre pays,ex-royaume
Abron-
Gyaman
et invité les Pouvoirs Publics et les cadres locaux à
oeuvrer
en faveur de ces populations. Le pays abron-gyaman étant notre cadre de
référence culturel et ayant assisté au débat autour de cette discipline
crée
par le professeur Georges Niangoran-Bouah,
c'est vers
elle
que
nous
nous
tournons pour contribuer à la perception de l'intérieur
en
dégageant
la
vision
du monde des Abron de
la
période
précoloniale
jusqu'à nos jours à travers les sources sonores instrumentales.
La
raison
principale justifiant cette étude à
partir
des
sources
précitées dans le cadre de l'Ethno-drummologie est dictée par l'absence
des
travaux sur les Abron-gyaman vus de l'intérieur très préjudiciable
aux nouvelles générations.
(13)Jean Noêl Loucou, Connaître notre passé, Fraternité Matin
N°4640 du
15 Avril 1980, p.
14
(14) Jean Noêl LOucou,
L'histoire africaine est une histoire totale
Fraternité Matin
na 4679 du 3 juin 1980,p.-r8.---

- 1'7 -
Il
faut
le
reconnaître
si
l'on
excepte"
l'Introduction
à
la
Drummologie"(15)
du Professeur Georges Niangoran -Bouah ,aucune
étude
n'a
abordé de l'intérieur la connaissance des Abron-gyaman perçue
par
Emmanuel Terray connu par ses recherches sur ce peuple comme étant"
un
faux
problème"
(16) lorsqu'il rappelle le reproche fait à un
candidat
lors
de sa soutenance de thèse portant sur le devenir d'un Etat voisin
du
gyaman
sur
le fait que "son travail a été
conçu
et
ré~lisé
du
deh6rs,
c'est-à-dire
qu'il
ne
représente pas le point
de
vue
des
interessés"
(17),
Terray conclut "qu'une telle discussion ne remue
à
son avi~ que de faux problèm~s"(18).
(15) Georges Niangoran-Bouah, Introduction
à
la
Drummologie.
Abidjan, GNB, 1980.
~
(16) Emmanuel Terray,Une
histoire
du
royaume
Abron
du
Gyaman
des
origines
à
la conquête colonIale,Univ Paris
~,Th.de Doctorat
d'Etat ès lettre,paris 1984, P XII.
(17) Emmanuel Terray, id.
(18) Emmanuel Terray, id.

- 18 -
CADR.E
THEOR.IQUE

- T9-
l
-
PROBLEMATIQUE
L'histoire
des Abron est connue à travers les traditions
orales
et les sources écrites.
Ce peuple a même bénéficié de nombreux travaux
conduits
par
des
administrateurs coloniaux,
des chercheurs
et
des
historiens attentifs à son évolution.
Le
Professeur Georges Niangoran-Bouah,
à travers la drummologie
nouvelle
science
créée en 1980 et qui se définit
comme
l'étude
des
textes
de
tambour
parleur
comme
source
de
documentation
pour
approfondir
nos
connaissances des sociétés
africaines
de
tradition
orale
de la période précoloniale,
soutient mordicus que non seulement
sans les sources des instruments de musique,
un maillon très importarit
des sources de l'histoire sociologique africaine manque, mais qu'il est
possible
d'écrire
avec les tambours parleurs l'histoire de
certaines
régions.
Issu du peuple Abron,
nos préocupations,
devant cette
nouvelle
source de documentation,
sont les suivantes
1)
Nous voulons savoir si les textes des tambours parleurs apportent
des
éléments nouveaux que les traditions orales et les sources écrites
ne connaissent pas.
2)
Est-ce que les textes de tambours parleurs recoupent les sources
orales et écrites?
3)
Et enfin vérifier si réellement l'on peut avoir une connaissance
approfondie des Abron rien qu'à travers les tambours parleurs.

· 20 -
De
ces
interrogations,
la
thèse
qu'il
nous
sera
donné
de
développer
est de prouver que sans les sources sonores instrumentales,
un
maillon
très
important des
sources
de
l'histoire
sociologique
·africaine
manque
et plus singulièrement celle des Abron- Gyaman
dont
l'interprétation
et la-compréhension ne peuvent être mieux
appréciées
qU'avec
les textes des instruments de musique lesquels
contribuent
à
soulever
certains
pans
cachés
de
leur
histoire .
Nous
demeurons
.. convaincu· qué si' l'on oublie cet ~spect de la documentation,
il Y a de
,
'
fortes
chances de mal interpréter et de mal juger les institutions
et
la pensée de ce peuple.
Nous
entendons démontrer que les tambours parleurs et
les
cors
d'appel
constituent
les
documents
dans
lesquels
les
Abron-Gyaman
parlent de leur pays,
de leurs institutions, de leur vision du monde à
travers les proverbes, dictons, maximes,
auxquels ils se réfèrent pour
résoudre,
éclairer,
justifier
un
problème
ou
une
décision.
Les
instruments
de
musique
seraient
donc
un
code
de
conservation
authentique des valeurs culturelles de la société Abron.
II
OBJET
Il
s'agit de l'utilisation des textes d'instruments
de
musique
comme
source de documentation pour approfondir la connaissance du pays
Abron.
Parler des instruments de musique en pays Abron revient en fait à
faire
l'histoire
de ce pays à travers cette source
en
évoquant
son
. peuplement,
ses
institutions
politiques
et
sociales,
l'idéologie
politique des souverains- fondateurs- 'c'est l'un des objectifs que vise
ce travail qui se veut une étude de l'intérieur de la société Abron.

- 2,. -
Le
second
objectif
est de montrer donc qu'à côté
des
sources
traditionnelles
de
collecte
des
informations
(documents
écrits,
d'archéologie),
les textes des instruments de musique sont des sources
fiables pour une approche globale des sociétés africaines contrairement
à l'information donnée par les autres sources à tendance idéologique.
Cette
étude du pays Abron revêt deux intérêts d'ordre
théorique
et pratique.
Sur le plan théorique, c'est la premi~re fois qu'une étude scientifique
à
partir
des
sources
sonores de
musique, est ménée. Cette position
confère une r~sponsabilité intellectuelle à
spn
auteur et
lroblige à
poser les
bases
d'une
connaissance
théorique
Ainsi
les
travaux
ultérieurs
pourront
bénéficier de ces résultats
pour
une
meilleure
utilisation de ces sources de documentation.
Le
second intérêt est d'ordre pratique.
Les résultats de
cette
recherche
peuvent
pallier
le
vide
documentaire
sur
la
période
précoloniale
de
cette
partie de la Côte d'Ivoire à
la
Bibliothèque
Nationale
mémoire de la nation ivoirienne chargée de recueillir et
de
conserver l'ensemble des documents relatifs à l a Côte d'Ivoire.
III
METHODE
Elle comprend les méthodes utilisées et les techniques d'enquête.
A
Les méthodes utilisées
La présente étude a necessité le recours à la théorie
de
la
loi
du
silence
comme
méthode
d'explication
et
à
la
méthode
comparative.
1)
La
théorie de la loi du silence
comme
méthode
d'explication.
Les
textes
des
instruments
de
musique
ne
mentionnent
jamais les méfaits des personnages cités.Ce sont donc
des
textes
incomplets.Ce qu'un chef A cache parce que déshonorant pour lui
peut être un fait glorieux pour un chef B qui le mentionnera dans ses

instruments de musique(cor d'appel,tambour de devise).
Il arrive même qu'un
chef C, neutre dans les rapports conflictuels en-
tre A et B donne des informations sur les deux antagonistes.
Seule la
théorie de la loi du silence
permet
de contourner cette lacune afin
d'avoir une explication fiable.Elle
exige une documentation abondante.
2) La méthode comparative.
Avec elle,
nous
avions
pu
rapprocher
les
informations des différentes sources
(écrites,orales et instrumentales)
et distinguer les informations qui se recoupent.Ainsi il nous été donné
de décéler l'apport des sources instrumentales, de ce qu'elles ont
et
que
ne peuvent révéler les autres sources à la connaissance des Abron-
Gyaman. Aussi, avions
nous
passé à une analyse critique
des
sources
écrites, orales et instrumentales.
a - Critique des sources écrites
Pour confronter les sources écrites aux sources sonores instru-
mentales, nous avions procédé à l'analyse de la documentation en rela-
tion avec l'histoire du pays Abron.
L'on sait que l'intérêt
des mis-
sionnaires, chercheurs
et
administrateurs européens pour le
pays
Abron
nous a valu une documentation abondante et diversifiée
sur
son
organisation
sociale
et politique. Cette documentation
abondante com-
prend aussi bien des ouvrages, des articles que des thèses.
L'ouvrage du capitaine Binger "Du Niger au golfe de Guinée"(19)
publié en
1892
donne un récit de son passage dans ce pays à l'époque
du
llè roi Kwakou Agyeman.
Il y décrit les différents Etats du pays
abron,
le mode de succession,
le
comportement des groupes ethniques,
leur religion, les rites funéraires et les relations commerciales
que
Bondoukou entretient avec les Etats voisins.
Document de première main
l'ouvrage de Binger donne un aperçu de ce qu'était le pays au moment de
son passage en 1888 mais pas sur les périodes antérieures.
---------------------------------------------~--------
--------------
(19) Capitaine BINGER , Du Niger au Golfe
de
Guinée,paris,
Librairie Hachette,
1892-,-p.
161-188.

-
ZJ -
Yves Person dans son ouvrage sur "Samori,
une révolution dyula",
(20)
après une évocation rapide des relations entre Abron et
Ashanti,
de la conquête du pays par les Abron,
du mode de succession aux sièges
royal et de province,
situe le pays sous le règne du roi Kwakou Agyeman
au moment de l'invasion du pays par Samori et ses
conséquences.
C'est
une
période
charnière
pour
l'histoire de ce
pays
qui
perdit
son
autorité
face à la présence anglaise et française,
elle marque la fin
du royaume Abron.
"Le
Noir de Bondoukou"
(21)
de Louis Tauxier publié en 1921
est
la
monographie
la plus complète sur le pays abron.
Il
contient
les
rapports des administrateurs coloniaux,
qui dans le souci de préserver
les intérêts de la France comportaient des erreurs. L'auteur a completé
cette
documentation par des enquêtes personnelles sur le
terrain.
Ce
document
contient de bons éléments mais doit être étudié avec beaucoup
d'esprit critique eu égard à l'origine des différentes sources.
Dans son article intitulé "récit concernant l'histoire du
peuple
Abron-Koulango"(22),
l'histoirien Simon MBra Ekanza n'échappant pas aux
sources
multiples
des
traditions
orales
Koulango
écrivait
"le
successeur
immédiat
de Tan Daté fut Abo Mir.i qui eût
un
règne
sans
histoire
(23).
Sur
le
terrain l'auteur a pu se
rendre
compte
des
divergences
entre
deux versions relatives à une même série de
faits,
les
listes dynastiques,
du mode de transmission du savoir
auquel
il
n'était
pas
préparé.
Cet
article
fort
enrichissant
situe
les
difficultés de la recherche en tradition orale en pays Abron-Koulango.
(20) Yves Person,Samori une révolution dyula, Dakar,IFAN,
1975, P 1691-1699.
---
(21) Louis Tauxier,Le Noir de Bondoukou, Paris, Ernest Leroux,
1921.
(22) Simon Mbra Ekanza~cIt concernant l'histoire du peuple
Abron
Koulango In
Bulletin
du
centre
universitaire
de
recherche
de
développement de l'Université d'Abidjan, nO 1, 1971. p.
53
(23) Id.

L'ethnologue
américain
Alexander Alland vient de consacrer
une
étude
approfondie
sur les Abron intitulée "La
danse
de
l'araignée"
( 24 ) .
Il
a cherché à comprendre les structures culturelles,
les pratiques
religieuses,
la sorcelllerie des Abron dans le village de Diassempa où
il a séjourné à trois reprises:
en été 1960, de Novembre 1961 à Avril
1962
et dix jours en Mars 1973.
Les limites du pays
Abron
affichées
dans son travail trop étroites ne correspondent pas aux limites réelles
~,
du pays issu des guerres de conquêteG~ . Avec cet ouvrage nous découvrons
ce que pense un ethnologue américain du peuple abron.
La
thèse
de
Robert
Handloff
"The
dyula
of
Gyaman"
( 2 5 )
s'inscrivant
dans un vaste champ de recherche retraçant l'histoire des
Dyula de Bondoukou depuis leur installation dans la région jusqu'à
nos
jours,
examine
les liens entre les musulmans,
les commerçants et
la
guerre
de l'élite non-musulmane dans le Nord - Est de la Côte d'Ivoire
à
l'ère précoloniale.
L'auteur s'est intéressé
particulièrement
aux
rapports
conflictuels
entre Abron et commerçants musulmans de 1870
à
1900 à partir des sources écrites et des traditions orales
recueillies
dans
la
période de Mars 1966 à Décembre 1977 et de Mars 1976
à
Août
1977 à Bondoukou.
Ce document écrit en Anglais est une autre perception
des Abron vu par un historien étranger.
(24) Alexander Alland,La danse de l'araignée,Paris, Plon,
1984
(25) Robert Handloff,The Dyula of Gyaman,
thèse 3è cycle université de
Lagon, Ghana,
1982

~ 25 -
Dernier
document
en
date,
la thèse de
Emmanuel
Terray
"ume
histoire
du
royaume
abron
du
gyaman
des
origines
à
la
période
coloniale"
(26)
constitue
une documentation extraordinaire
sur
les
origines,
le commerce,
les guerres,
les listes dynastiques du pays
Abron.
Nous
devons
à
cet auteur d'avoir collecté
et
soumis
à
la
critique
les
traditions orales recueillies auprès des grands
érudits
reconnus pour leur science.
L'auteur
y
souligne que ces informateurs "ne
répondent
qu'aux
questions' qui
leur
sont posées et peuvent passer
sous
silence
des
épisodes
ou
des
personnages à nos yeux décisifs s'ils
ne
sont
pas
explicitement interrogés à leur propos"
(27).
Contourner
cette
difficulté
suppose que le
chercheur
ait
la
possibilité
de
relancer
ces
informateurs.
La
plupart
des
grands
informateurs
de
l'auteur sont morts
(28) et la vérification
de
leur
propos impossible.
A cette source de difficulté se greffe le fait
que
l'auteur
en
voulant
prendre
ses
responsabilités
vis-à-vis
des
informateurs
s'est
abstenu de l'usage du
magnétophone;
point
n'est
alors
besoin
de
revenir
sur les
avantages
de
cet
instrument
de
collecte.
certains de ses informateurs par ailleurs qui avaient refusé
de se faire enregistrer, l'ont autorisé à d'autres chercheurs. Question
de méthode.
(26)
Emmanuel Terray ,op,cit
p.XXVII.
(27) Id.
(28)
Nanan
Dua
Kwabenan ex-chef des Fournassa en 1977,
Adou
Yao
de
Tabagne
·en 1983,
Kwabena Gboko ex-porte-parole de la cour
royale
en
1988,Kwadio Dongo et (non Kwabinan Dongo) de Tabagne et Kwadio Papasian
de ouélékéi en 1991.

- 26 -
La
géographie et l'hydrographie du royaume Abron écrit Emmanuel
Terray
"sont l'objet de descriptions fantaisistes.
Il se trouve, nous
dit-on au pied
des
fameuses montagnes de Kong (Rapport de Desnouy) et
le
Komoé qui l'arrose èst un bras du Niger. Sa population est un rameau
détaché de
la
grande
famille
hausa et elle
est
dans
sa
grande
majorité convertie à l'Islam"(29).
Réalisés' à partir des rapports d'administrateurs coloniaux,
des
recherches, sur la base des sources écrites et orales, ces travaux bien
qU'intéressants ne constituent pas une documentation suffisante, car le
point de vue des intéressés y fait défaut. On peut se demander si la
drummologie est en mesure de les compléter.
L'ouvrage du Professeur Georges Niangoran-Bouah intitulé "Intro-
duction
à la
drummologie"(30) publié en 1980 est original de par ses
sources,les tambours parleurs qui comportent une riche documentation
sur les Abron, leur histoire,
les éléments de la flore et de la faune,
leur vision du monde.
Préoccupé à définir le champ d'étude de la drummologie,
à mettre
l'accent sur la collecte des textes de tambours,
leur décodage et
les
orientations possibles de recherches ,le professeur, créateur de cette
discipline
n "a pas commenté l'ensemble des textes recueillis sur
les
Abron qui n'est qu'une infime partie par rapport à celle disponible sur
le terrain.
(29) Emmanuel Terray, op.
cit., p.
1300
(30) Georges Niangoran-Bouah, op. cit.

- 27
Notons enfin que ce travail n'a pas pris en compte les textes des
cors d'appel qui,parfois complètent les discours des tambours parleurs.
Ces
ouvrages
constituent
néanmoins
des
documents
de
base,
importants
et précieux,
qui pourront servir à établir
l'histoire
du
pays
Abron
après
une
étude
critique
et
comparative
avec
les
informations
fournies
par les sources sonores instrumentales
et
les
sources orales.
b)
critique des sources orales
Elles
~ont
abondantes mais restent
v~gues, ~sans
cohésion
et
quelque fois contradictoires, le plus souvent 'imprécises.
Elles
présentent
des lacunes nombreuses et c'est à peine si
le
chercheur
échappe
à
ses pièges malgré sa bonne
foi
et
les
outils
méthodologiques dont il s'entoure.
En matière de chronologie, écrit Terray,
Ille seul moyen dont nous
disposons
pour
dater
les divers épisodes de la conquête est
de
les
rapporter au règne du gyamanhene qui en a pris l'initiative.
Mais dans
la quasi-totalité des cas,nous nous heurtons à une pluralité d'opinions
contradictoires
la même campagne est attribuée tantôt à Kofi
sono,
tantôt
à
Koffi
Agyeman,
tantôt
même
plus
rarement
- à
d'autres
souverains antérieurs ou postérieurs". (31).
Notre
entretien avec le vieux Kwabenan Gboko de Kekreni en
1982
nous en donne la mesure.
Cet entretien s'était déroulé en présence
de
son
neveu Yao Kouman.
La langue utilisée et comprise de nous était le
Koulango.
La méthode de travail de notre informateur consistait à nous
dicter
les ~éponses aux questions posées et à les lui répéter
ensuite
dans
le but
de contrôler l'information donnée.
Il avait nié et refuté
ce que nous avions écrit sous sa dictée.
Plus
d'une
fois nous
fûmes
secouru
par son neveu qui
témoignait
en
notre
faveur.
Convaincu notre informateur reprenait une autre version.
----------------------------------------------------------------------
(31)Emmanuel Terray, op. cit. p. 906

-
?8 -
Il
lui
arrivait de remettre en cause trois versions
d'un
même
fait de la période coloniale.
Il en va de la plupart des recherches en
traditions
orales
et
ce n'est pas gratuit quand on affirme
que
les
propos
d'un même informateur sur un même sujet peuvent différer
selon
le moment et
l'équation personnelle du chercheur.
Malgré tout les informations reçues en tradition orale,
si elles
sont
bien analysées par le chercheur constituent des données
fiables.
Mais
il
ne
faut pas oublier qu'il est
difficile
de
contrôler
les
sources
de
telles
données.
Si bien que le chercheur est
obligé
de
contacter
un
nombre
important d'informateurs
et
de
recueillir
le
maximum de versions d'un même fait quitte à les passer au peigne fin.
Ce sont toutes ces difficultés qu'aucun chercheur en tradition
orale
n'ignore que nous voulons contourner en nous servant des sources
sonores
instrumentales
qui présentent l'avantage d'avoir
des
textes
authentiques, garantis et qu'on ne peut changer au gré de son humeur et
du chercheur en face.
c) Critique des sources instrumentales
La
documentation
de
base est constituée
par
les
textes
des
tambours
parleurs et des cors d'appel recueillis auprès
du
roi,
des
chefs de province, de village et des dignitaires abron,
c'est-à-dire la
classe dirigeante.
C'est
dans
ces instruments parleurs ainsi appelés parce
qu'ils
imitent
la
voix
humaine
que les Abron
des
origines
à
nos
jours
conservent les faits socio-historiques et les communications courantes.
Ces faits socio-historiques qui intéressent l'étude sont conventionnels
et immuables.

- 29 -
1)
Le
premier caractère des textes tambourinés c'est-à-dire
le
langage du tambour enregistré,
transcrit, décodé et traduit est d'être
conventionnel. Les textes sont conçus par le conseil des anciens et par
les
tambourinaires.
Ils
sont
entérinés par le
roi
et
diffusés
à
l'intention
du
public.
Ces
textes
tambourinés
sont
des
textes
conventionnels connus des initiés,
c'est-à-dire des hommes de culture.
le
tambourinaire qui se confond avec les tambours dans
l'exercice
de
ses' fonctions
n'invente
pas et n'improvise pas
les
discours
qu'il
diffuse à son public.
2)
Le second caractère est l'immuabilité des textes tambourinés.
En
effet
les textes conventionnels qui ne peuvent
être
changés,
ni
falsifiés
à
l'humeur
du
tambourinaire
sont
intacts,
immuables,
authentiques.
La
sanction que l'on inflige au tambourinaire indélicat
garantit
l'immuabilité
des textes.
Comme les Abron le disent
si
un
tambourinaire fait mal son travail,il sera sanctionné. L'on dit même que
traditionnellement le tambourinaire qui pendant sa prèstation se trompait
avait la tête tranchée,
séance tenante à moins qu'il ne
batte
aussitôt
"déblé"(32) pour reconnaître son erreur,
auquel cas il
était pardonné.
B- LES TECHNIQUES D'INVESTIGATION
Il
s'agit de faire l'inventaire des techniques utilisées pour la
collecte des sons des instruments de musique.
Notre démarche
comporte
deux étapes qui sont la documentation et l'enquête sur le terrain.
1
LA
DOCUMENTATION
Elle
est
abondante et comporte des lacunes sur la
période
précoloniale comme évoqué plus haut.
----------------------------------------------------------------------
(32) Terme abron qui veut dire je me suis trompé.

- Jb -
2
L'ENQUETE DE TERRAIN
Elle a consisté à identifier les détenteurs des
instruments
de
musique,
en un entretien semi-directif avec les détenteurs de
ces
instruments
de musique et à la collecte des textes
tambourinés,
cors
d'appel et des gongs.
a - Identification des détenteurs des instruments de musique
La
collecte
des
discours des instruments parleurs
de
musique
's'est
déroulée
dans le royaume Abron-Gyaman en Côte
d'Ivoire
et
au
·Ghana de 1982 à 1991.
Notre
étude
s'appuie
sur
les tambours parleurs
et
les
cors
d'appel dont l'importance n'échappe pas aux différents villages
abron.
Ils
sont très nombreux et le temps et les moyens financiers dont
nous
disposons
ne
nous
ont pas permis de les visiter tous.
si
tous
les
villages
ne
peuvent pas être étudiés,
il nous
faut
déterminer
les
critères
de choix des villages.
Compte tenu du fait que les
tambours
parleurs
et cors d'appel sont des récompenses offertes par le roi,
et
en
fonction de. nos préoccupations seuls nous intéressent les
tambours
parleurs et cors d'appel détenus par le roi,
les chefs de
province,et
certains dignitaires.
La
première
démarche
adoptée a été la rencontre avec
le
roi,
maître du pays.
Avec lui nous avions pensé qu'il détiendrait la
liste
de tous les détenteurs des instruments parleurs de musique. Nous avions

raviser
car
sa
majesté
ne
se
souvient
pas
exactement
des
responsables
de village qu'il a lui-même déèorés et pourtant ce
nlest
qu'à
la
mort
en
1963
du prince règnant
Kwamé
Adingra
qu'il
fut
intronisé.

-
31 -
Le problème de l'identification des détenteurs de ces instruments
trouverait une solution si toutefois le roi organisait régulièrement la
fête
de
l'Adaé,
fête de réjouissance réunissant tous
les
chefs
de
province et autres dignitaires.
Confronté à la crise économique,le roi
n'organise
plus
cette
fête dont il estime les
frais
d'organisation
élévés.
Nous
nous
sommes alors résolu d'identifier
par
nous-même
les
détenteurs des tambours parleurs et cors d'appel. Notre démarche montra
très
vite
ses
limites.
Nous
nous sommes confrontés
an
refus
des
détentèurs
qui
nous
demandaient l'autorisation du roi
avant
de
se
soumettre
à
nos questions.
Face à notre
insistance,
certains
nous
suppliaient
de les comprendre car ils seraient sanctionnés par le
roi
s'il
apprenait qu'ils nous ont livré des informations,
d'autres
plus
catégoriques nous refusaient tout simplement.
Nous
avions
rencontré
à
nouveau le
roi
pour
lui
demander
l'autorisation
de
visiter
tous les
détenteurs
de
ces
instruments
parleurs
de
musique.
Muni
de cette
autorisation
verbale,
et
des
photographies
prises
avec
le roi,
nous avions repris le
chemin
du
terrain
auprès
des
chefs de province.
Les
provinces
ne
sont
pas
nombreuses,
elles
ont
vite été identifiées.
Reste à identifier
les
autres détenteurs plus nombreux.
La
tâche est plus complexe ici car certains détenteurs
ne
font
pas
prévaloir
leurs instruments de musique.
Face à la complexité
du
problème
nous
nous
sommes adressés à des personnes âgées
et
à
des
tambourinaires
pour nous citer les chefs de leurs régions
respectives
(Tiédio,
Transua, Guiendé, Wolotchéi, Tabagne, Pinda). De prime abord,
certains
furent oubliés,
informé par la suite de leur existence
nous
les avons visités.
Compte tenu de l'état des routes,
certains voyages
par. contre furent reportés.

- J~ -
b
Entretien semi-directif avec les détenteurs des instruments de
musique.
Nous
avions
organisé un entretien
semi-directif
avec
les
détenteurs de ces instruments parleurs de musique.
certains détenteurs
ignoraient
parfois
l'origine
de leur discours
tambouriné.
En
tant
qu'objet- d'intérêt- public, tous les villageois qui entendaient le son
de
leur
tambour
venaient
à la cour du chef,
leur
concours
a
été
précieux.
L-es
interventions
étaient
libres,
chacun
apportait
sa
contribution à la compréhension des textes. Notre rôle consistait à les
relancer sur certains points formulés en question.
1) Déterminer les circonstances dans lesquelles vous aviez eu
ce
tambour
ou cor d'appel (question adressée aussi bien au
récipiendaire
qu'à celui qui l'a hérité).
2) Qui vous l'a offert?
3) Votre devise,
l'aviez-vous choisi ou vous a t-elle été imposée
4) Justifiez-la.
rI
faut souligner que ces questions concernaient aussi bien
les
chefs
de
village
que le roi,
les chefs de province
et
les
autres
dignitaires.
Les
réponses
à ces questions font référence à leur
passé,
aux
faits de gloire ou de malheurs de leurs ancêtres.
Dans les deux cas il
est demandé au chercheur d'offrir aux défunts - ancêtres de la boisson,
en l'occurence le gin pour faire des libations. C'est par ses libations
que
nôtre
détenteur
d'instruments
parleurs
de
musique
entre
en
communication avec les ancêtres qui l'autorisent à parler en leur nom.
rI n'est qu'un intermédiaire et il doit éviter de les offenser.

- JJ -
Nous nous sommes entretenus après les séances publiques à la nuit
tombée
avec
des
personnes agées (hommes,
femmes)
qui
nous
furent
indiquées dans les villages visités.
Dans un entretien individuel nous
avions
parfois évoqué non seulement les discours de leurs
instruments
de
musique mais aussi ceux des autres villages qu'elles connaissaient.
Ces discussions furent édifiantes.
Beaucoup de personnes n'aiment
pas
parler
de
leurs
voisins
quelque soient
les
informations
en
leur
possession.
Un érudit de la province pinango ayant parler à l'occasion
de
la
fête d'indépendance fut amendé et inquiété.Cet
incident
étant
encore
frais dans leur mémoire, chacun en a tiré une leçon. C'est à ce
niveau
que
le chercheur doit rassurer,
vaincre
les
réticences,
se
montrer sérieux et digne de confiance.
L'entretien
semi-directif
avec les adolescents et les
réponses
fournies montrent qu'ils n'ont pas accès à la compréhension de tous les
textes
de
tambours et de cors d'appel.C'est que l'on distingue
à
un
premier niveau des textes faciles à comprendre.
Ils font référence aux
faits de gloire et identifient leurs détenteurs.
A un second niveau le
langage
de
ces instruments parleurs de musique utilisent
toutes
les
subtilités
de
la langue parlée,
par exemple
les
interjections
qui
n'offrent pas de noeuds de compréhension.
Avant
de
nous
rendre dans les
villages,
nous
prenions
soin
d'écrire
des
lettres à nos hôtes pour les informer de notre
arrivée.
Malheureusement
ces lettres n'avaient aucun effet.
Pour
des
raisons
d'ordre
économique,
le
détenteur
du
siège
et
responsable
des
instruments
parleurs ne réside pas dans le village.
L'on ne prend pas
soin de le convoquer et c'est à notre présence qu'on nous demandait
de
louer
un camion pour le rappeler au village.
Il faut alors s'y
plier
car
même si nous décidons de le rencontrer dans son
campement,
c'eût
été impossible. En l'absence de ses notables,
il ne peut rien livrer.

" J'.
Pour toutes ces raisons nous n'avons pas au début de la recherche
une vue d'ensemble ni le nombre exact des villages à visiter.
Une
explication peut être donnée au comportement de
ces
chefs.
Il résulte des rendez-vous que certains chercheurs n'honoraient pas.
Nous
avions
en dernier ressort opté pour les visites
surprises
avec
les
conséquences
que cela comporte
:
il
faut
se
résoudre
à
respecter leur calendrier.
c. collecte des textes tambourinés et des cors d'appel
Les
chefs
de
village
et autres
détenteurs
d'instruments
de
musique
sont nos interlocuteurs dans les localités visitées.
Avec eux
nous
enregistrons
les
discours
de
leurs
instruments
de
musique.
Généralement
ils
ne le refusent pas et c'est mieux pour le
chercheur
qui y trouve deux avantages certains:
- En fixant
les discours,
on peut les faire écouter par un ou des
traducteurs,
ce qui permet de confronter plusieurs traductions.
- En
laissant le tambourinaire débiter tous les
textes.
on
ne
casse
pas
le
rythme de transmission.
cela donne
l'intégralité
des
textes
et
l'ordre
dans lequel ils sont fournis
pour
une
meilleure
transcription et exploitation ultérieures.
Les
textes
des
instruments
parleurs
de
musique
une
F
.
,OlS
enregistrés,
nous procédons ensuite au décodage phrase par phrase.
c'est à ce niveau que la tâche devient délicate parce que:
1)
le batteur ne cannait pas forcément le texte tambouriné.
Certaines personnes qui ne savent pas battre le tambour,
décodent mieux
que les batteurs.

Jj
-
Il
convient donc de s'adresser selon le cas à de simples
hommes
et
femmes
dans
le
village
qui
sont
quelque
fois
d'excellents
informateurs.
Les
femmes ne sont pas initiées aux tambours,
mais
il
arrive
qu'elles décodent mieux que les hommes
les
chefs
guerriers
sont parfois de bons traducteurs.
Il en est de même des joueurs de cors d'appel.
2 )
le
langage
des
tambours est
en
tchui,
une
langue
très
ancienne.
Pour le traduire,il convient de l'travailler avec une personne
suffisamment
cultivée
dans
cette
langue
pour
connaître
même
les
archaismes Il
(33).
Or de nos jours ces personnes sont rares.
En dernier
ressort
la
vérification
du
texte
transcrit
auprès
de
plusieurs
ihformateurs
sOrs permet de corriger U]l certain nombre de ces
erreurs
et
d'établir un texte assez fidèle"
(34).
Conscient de ses
problèmes
nous avions consulté plusieurs personnes et fait des comparaisons,
des
recoupements,
des
vérifications pour contrôler la qualité du document
afin qu'il soit fiable.
d- Les difficultés rencontrées
Elles se situent à deux niveaux
:l'identification des informateurs
tambourinaires,
la transcription et la traduction des textes.
1
-
Informateurs tambourinaires
Le rôle du roi est réduit à celui d'un chef de canton sans moyens
financiers.
Cette
position du roi se répercute sur les
autres
chefs
plus démunis,
détenteurs de sièges secondaires qui n'organisent plus de
cérémonie pouvant permettre de les
identifier.
(33)
Simone Ehivet,
Recherche sur le langage transcodé,
exemple de
l'
attoungblan Abouré.
Communication sur les
méthodologies de
recherche en tradi tion orale,
.lI.bidj an,
1980,
p.
9.
(34)
Id.

De
nos
jours,
il est extrêmement difficile de déterminer
avec
exactitude le nombre des tambours parleurs et cors d'appel en activité.
Et
même
si l'on arrivait à les
localiser,
les
tambourinaires
font
défaut.
Un
grand nombre d'entre eux sont morts sans que la rélève
ne
soit
assurée ou alors ceux qui vivent ont déserté leur village pour se
réfugier dans les régions cacaoyères
(Abengourou,
Soubré,
San-pédro).
2 - Transcription et traduction des textes
Les
textes
des
instruments parleurs
de
musique
datent
pour
certaines
de
la période précoloniale et pour d'autres de
la
période
post-coloniale.
La langue utilisée dans ces textes est l'Abron!
si les
textes
des périodes coloniales et post-coloniales sont parfois faciles
à traduire!
il n'en est pas de même de ceux de la période précoloniale
qui
utilisent
des mots
inconnus de nos
jours.
Il
arrivait
que
les
informateurs
donnent
lin
sens global au texte sans
pouvoir
traduire
phrase par phrase,
mot par mot.
Nous avions fait appel aussi bien aux
hommes
qu'aux vieilles femmes qui décodent parfois bien et
mieux
que
les
hommes.
Il
est
à
remarquer que les tambourinaires ne
sont
pas
toujours de bons traducteurs.
La phase du décodage est la plus éprouvante car il n'y a rien
de
plus
révol tant
comme le souU.ent Abel SY que "de s'apercevoir que
la
valeur esthétique d'une tournure n'est pas rendue,
que le contenu d'une
expression est faussée,
trahie ou partiellement énoncée"
(35)
surtout
quand il s'agit de la traduction des images poétiques tambourinées.
(35)
Abel Sy Amadou!
Seul contre tous!
Dakar;
Abidjan.
NEA,
1978..
p.
64.

.. -
,
- .) / -
Face
à de telles difficultés nous nous sommes parfois
contentés
d'une
traduction
littérale.
des
textes
transcrits
selon
la
recommandation
de
l'Institut
de
Linguistique
appliquée
de
Côte
d'Ivoire.
Celle-ci
a
l'avantage de restituer le génie
poétique
des
tambourinaires.
A Abidjan,
le concours des Ashanti et Bron de Doma qui maîtrisent
mieux
les
textes
que
les détenteurs Abron qui
dans
leur
majorité
parlent
le
Koulango
au
détriment de
leur
langue,
l'Abron
a
été
appréciable.
Il
faut
enfin
souligner que par
souci
de
commodité,
nous
avons
consigné la documentation des tambours et des
instruments parleurs dans
le document annexe.
Nous pensons ainsi surcharger le moins possible le
corps du texte.
Par ailleurs,
l'étude n'a pas abordé l'aspect physique,
l'hydrographie,
la
végétation et le climat du pays Abron à partir des
sources instrumentales .
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Cette photo a favorisé notre accueil auprès des chefs

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...
2
:

- J9 ~
PREMIERE
P A R T I E
LA TYPOLOGIE ET L'ORGANOLOGIE DES INSTRUMENTS
DE LA DRUMMOLOGIE

-
!~O -
Par
ordre d'importance,
cette étude porte sur cinq
instruments
parleurs
de musique regroupés en trois classes
les
membranophones,
les aérophones et les idiophones.
CHAPITRE l
: LES MEMBRANOPHONES
Ils comprennent les tambours
jumélés
(attoungblan),
les tambours
de
devise
(tchunissini) ,
et les ensembles
orchestraux
de
tambours
(Aborna) .
A.
LES TAMBOURS JUMELES
(Attoungblan)
1- Description
Tambour
parleur par excellence/les tambours
jumélés comme leur nom
l'indique,sont
composés
de deux tambours mâle et
femelle.Le
tambour
mâle
avec
sa paroi épaisse éme~ un son grave tandis
que
celui
dit
femelle émet un son aigu.
Ils sont tous deux taillés dans un arbre dont le nom scientifique
est
Aningueria
robusta
ou tchuniboa kodua en Abron qui
résiste
aux
intempéries
de
toutes
sortes et à la destruction
par
l'action
des
insectes.
Cet arbre est répandu dans le pays.
Les
dimensions
sont généralement de 90 cm de long et 29
cm
de
diamètre .:
La cavité est large par le haut et rétrécie par le
bas.
La
partie
supérieure
(le haut)
est recouverte d'une
peau
d'animal.
Le
tambour signale la peau de l'antilope.
''r.
. -
r
,
)~-
J

- 4r
Dieu!
A créé le ciel.
Dressez l'oreille
Et écoutez le
Divin tambourinaire.
Qu'a t-il créé?
Il a crée le tambourinaire.
Je viens
réveiller,
Je viens réveiller
L'arbre tchuniboa.
Je viens réveiller
Je viens réveillé les crochets.
Je viens les réveiller
Pour les faire parler.
Dressez l'oreille et écoutez!
Divin tambourinaire!
Dressez l'oreille et écoutez!
Faites silence,
je veux parler.
Je viens
faire parler la peau
De l'antilope.
Je viens faire parler les
Crochets.
Divin tambourinaire!
Terre,
salut! (T.
N°IS)
«Je viens faire parler
La peau de l'antilope»
En dehors de cet animal la peau du boeuf.
de la biche.
l'oreille
de l'éléphant sont utilisées pour couvrir les caisses de résonnance.
Pour maintenir cette membrane
(peau),
la caisse de résonnance est
percée de sept trous
(oboa Miniampon)
tout autour.
Des morceaux de bois
sont
ensuite
enfoncés
dans ces coins reliés à la
membrane
par
des
lianes
(obofoun).
Pour tendre la membrane sur la caisse de résonnance,
l'artiste- sculpteur
à
l'aide d'une pierre cogne les
coins

sont
fixés
les morceaux de bois.
Les deux tambours dans l'exercice de leur
fonction sont maintenus inclinés par deux supports
(edua
Kont'ntchin).
De
nos
jours,
l'on préfère utiliser les tables à manger.
Pour battre
enfin ces tambours,
l'artiste- sculpteur prévoit deux baguettes.

- 42 --
Un texte tambouriné commun aux Africains dit ceci
« Dieu- .le- Créateur
En organisant le monde
A créé entre autres choses
Le tambour et le tambourinaire»
Création
de Dieu,
le tambour est de ce fait sacré.
L'on
pense
qu'il
possède
une âme,
un principe de vie avec lequel il
communique
avec Diëu. Aussi à l'abattage de l'Aningueria robusta (tchuniboa kodua)

J"
' .

""" ,
qui
.seri ··à tailier. let~mbour,
l ' artistè-sculpteurt~eun volatile
à
l'intention de ~'âme de cet arbre.
( .
Le
tambour
sculpté
est
ensuite
soumis
à
un
rituel
de
sacralisation
par l'application sur la caiss~ de résonnance
de
sang.
Autrefois
c'était le sang humain qui servait à ce rite.
De nos jours,
le sang d'un animal remplace le sang humain.
Possédant
une
âme,le
tambour
n'est
pas
un
simple
objet
d'art.C'est
un
objet
sacré
qu'il faut manipuler
avec
beaucoup
de
prudence et de respect.Le tambourinaire s'adresse au tambour comme à un
être
vivant.ce
qui
nous
fait
dire
que
le
tambour
a
deux
aspects:l'instrument matériel et l'aspect immatériel qui vient
habiter
le réceptacle.Ce sont ces deux aspects qui constituent le principe même
de
la drummologie.Le tambourinaire est tenu d'évoquer tous les
autres
éléments constitutifs du tambour.
* Le Tambourinaire primordial.
Tambourinaire primordial!
Tambourina·ire priinordial!
Tambourinaire primordial!
Je vais parler.
rI fait jour.
Je veux utiliser le tambour
Pour vous dire un mot.(T.N.l)
Dada pimb' est le nom d'un personnage légendaire.
Son image dit-
on
se trouve dans le disque lunaire.
Dans le clan zanzan c'est par ce
texte
que
les Abron commencent à tambouriner pour rendre
hommage
au
premier tambourinaire créé par Dieu.

- 4"3 -
* Les Supports
Edüa kont~ntshi! (35)
Edua KrOntshin!
o tshitshi k~kO!
Edua Kr~ntshin!
Où que tu sois,
je t'invoque
Viens !
Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soit!
Ecoutez, écoutez!
Et méditez le message
Du tambour!
(T.No16).
Les
supports sont les crochets en bois qui maintiennent
au
sol
les tambours jumélés.
* Les crochets
« Mains crochets
crochets de bois
Tchuniboa,
Informez tchunidro
Que nous allons vous réveiller.»
(T. nOl?)
Les
crochets
sont
taillés
dans
un
arbre
différent
du
tambour.C'est l'arbre ofima qui sert à fabriquer les crochets.
(35) Littéralement ce mot veut dire arbre tordu et noueux.

Le tambour est inséparable du tambourinaire.
- Position sociale du tambourinaire
Kwabenan!
Fils d'Atakoura mangeur de guerre!
prince!
Tu es un homme.
Tu l'as toujours prouvé.
Si la tourterelle est jolie,
Elle le doit à son plumage. (T.No 18)
" Si la tourterelle est jolie,
Elle le doit à son plumage."
Le
tambourinaire
occupe
une grande place
dans
..
la
hiérarchie
,sociale.
S'il est respecté,
adulé, c'est à cause de son savoir -faire
comme l'affirme Kwabenan Kouman,
tambourinaire de la province foumassa.
C'est un érudit versé dans l'histoire de son pays.
Sans
entrer
dans
une
explication
des
mythes
de
possession
du
tambourinaire qui aurait appris l'art de tambouriner par des génies,
il
faut
dire que la plupart des tambourinaires interrogés dans le royaume
ont,
soit hériter l'art de tambouriner d'un parent,
ou ont été formés
par un maître.
Dans le premier cas,
le parent qui initie son fils ou son
neveu
offre lui-même des libations à l'ancêtre tambourinaire et à l'esprit du
tambour, en tant qu'instrument sacré.
Dans
le second ças,
il est demandé au candidat de
l'eau-de-vie
pour informer l'esprit du tambour,
lui demandant d'assister le candidat
à assimiler les leçons qui lui seront données.
Dans les temps anciens,
le maître tambourinaire et ses élèves se
retiraient
hors
du
village,
loin de tout bruit
pour
enseigner
le
langage du tambour et la manipulation de l'instrument.

Les
élèves apprenaient par coeur les textes de tambour au
cours
de la première étape,
la seconde étant consacrée à la manipulation des
tambours. C'est le jeu des crochets sur le tambour qui donne le son. En
dehors
de
ces cours,
chaque élève s'exerçait à son art par tous
les
moyens de bord (bois, table, chaise ou directement à même le sol).
Devant
le tambour,
il devient un simple
technicien.
C'est
le
tâmbour
grâce à sa mémoire collective qui enregistre les textes et les
reriden tem~s opportun ~elon un ordre connu de~ érudits.
Cet
ordre
comprend les appels et les
évocations
des
éléments
constitutifs
du
tambour,
les proverbes et les préceptes de
vie,
la
biographie des rois,
des dignitaires et enfin l'information à donner à
l'ensemble de la population.
Cet
ordre
est respecté au jour de l'Adaé et
autres
cérémonies
(fête
d'igname).
Le
tambourinaire se passe volontiers de
cet
ordre
lorsqu'il
s'agit
d'annoncer une guerre,
un décès,
une
pluie
(pour
inviter la population à se rendre dans les champs).
* Fin de séance tambourinée
«Brakatou!
Bri bri!
J'ai fini ou
Je demande à aller dormir»
(T. nO 19)
C'est par ce texte que le tambourinaire averti met un terme à une
séance tambourinée après avoir décliné son identité .
..

_ !~6 -
KWASI DATE
Maître tambourinaire
(Diassempa)

- f~7 -
2 - ROLE
Eboa kanzan!
Tambour qui vante
Les mérites du bourreau!
Objet d'intérêt-public!
Ou que tu sois
Je t'invoque, viens !
Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soit!
Ecoutez, écoutez et
Méditez le message du tambour. (T.N° 20)
En
tant qu'objet- d'intérêt-public,
les tambours parleurs
sont
présents
dans
tous
les villages et
les
possibilités
d'utilisation
qu'ils offrent sont nombreuses:
1)
Ils
servent
en tout premier lieu à faire
la
musique
pour
soutenir
la
danse
des
féticheurs
ou
celle
organisée
lors
des
funérailles d'un villageois.
A ces deux occassions,
les sons
scandés
sont
relativement faciles et pour peu que l'on soit attentif,
il
est
possible
même
à un adolescent de les reproduire et l'attoungblan
est
connu plus pour cela.
C'est pourquoi les missionnaires l'assimilent
à
un
instrument
du
diable.
Mais il n'y a pas
que
cette
possibilité
qu'offrent
les
tambours jumélés et le tambourinaire qui recevait
une
formation.
Les tambours jumélés sont à la fois des instruments d'information
et
d'éducation.
On les désigne par le terme "Tshreman "
qui
signifie
enseigner le monde, la nation. Dans les occasions de fête ou de
deuil,
ils
laissent
entendre
les
préceptes de
vie, les
proverbes
et
les
dictons,
les
biographies des rois et autres dignitaires à l'intention
de toutes les catégories sociales.
La
forme
poétique
de ces discours
les
rendent
difficiles
à
comprendre
au
non-initié.
Leur
compréhension
requiert
une
vaste
culture,
ce qui n'est pas à la portée de tout le monde. C'est pourquoi
tous
les textes tambourinés d'usage courant se terminent par le
texte
suivant:

- 48 ~
« Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soit
Ecoutez, écoutez et
Méditez le message du tambour»
(T.no21)
Il
est possible de parler dans n'importe quelle langue avec les
tambours.
Bien
que les Koulango dominent dans le Gyaman,
c'est la langue
abron
qui est utilisée.
B
LES TAMBOURS DE DEVISE (Tchunissini)
1)
DESCRIPTION.
Tambour
parleur
de
la classe dirigeante,
et
plus
petit
que
l'attoungblan,
les mesures du tambour de devise sont comprises entre 50
et 60 centimètres de long et entre 20 et 25 centimètres de diamètre.
Légèrement gonflé au milieu de sa longueur,ce tambour taillé dans
l'arbre
tchuniboa kodua est recouvert par une membrane unique en
peau
d'antilope
ou de boeuf tendue par 7 coins distants de la membrane de 8
à 12 centimètres
.
Au nombre des tambours de devise, deux se singularisent.
Ce sont Kantamantou et mpèbi.
De la gauche vers la droite: mpèbi et kantamantou.

-
49 -
Kantamantou
Tambour cylindrique à membrane unique,
i l mesure 60 centimètres de long
et 26 centimètres de diamètre.
rI est décoré d'une maxillaire et
près
de
la membrane en peau de boeuf,
se trouvent accrochées trois cloches
ou
bruiteurs s'entrechoquant lors des battements et
des
déplacements
dans
le
but
d'effrayer
l'entourage.
Sa caisse
de
résonnance
est
recouverte d'une peau de boeuf.
Mpèbi
De
dimensions
légèrement plus petites que le
Kantamantou
50
centimètres
de long sur 25 centimètres de diamètre,
il se
tient
sur
quatre
pieds
et est recouvert d'une peau d'antilope
Sa
caisse
de
résonnance
dans
sa
partie
extérieure
est
recouverte
d'un
tissu
multicolore.
Kantamantou et Mpébi appartiennent au roi.
2.
Rôle.
Le tambour de devise ou de proverbe sert
à identifier celui
qui
le
possède
et
demeure en permanence auprès de lui.
Le texte
de
ce
tambour est en g~néral en rapport avec la place et le rôle que joue
la
province,
le village dans le royaume.
Objet- d'intérêt- public,
il
orientait
en temps de guerre
les
guerriers d'un même chef.
C'est au son du tambour de devise qui est le
leur,
que les sujets reconnaissaient leur chef.
Ce tambour accompagne
celui qui le détient dans ses déplacements officiels.

- 50 -
3 -
Conditions d'attribution
Le tambour de devise ne s'achète pas et ne se vend pas non
plus.
c'est
un
privilège d'intérêt public que le roi accorde à un sujet
en
récompense des services exceptionnels rendus au pays,
à
la personne ou
à
la
famille
du
roi.
Le plus souvent il est
offert
à
celui
qui
participe à une guerre dans les rangs du roi.
4 -
Démarche d'attribution
Le
roi
peut directement proposer à l'ensemble de
son
conseil.
l'attribution
de
privilège à son parent ou à
tout
autre
sujet.
En
dehors du roi et de la reine-mère,
les princes,
les chefs de provihce
se
présentent au roi munis de 2 bouteilles de gin et proposent le
nom
de
leur candidat à récompenser avec les raisons de leur choix.
Si
le
roi
est
consentant,
il offre l'une des bouteilles d'eau-de-vie
pour
informer
a
son tour les ancêtres-défunts.
Le
candidat
alors
avisé
s'apprête
en
achetant
les
attributs
rattachés
a
son
titre
(palanquin,cimeterre,tambour de devise ... )

51
LES ATTRIBUTS DU POUVOIR
Palanquin
(apacane)
Tambour de devise et cor d'appel
Cimeterres
(tchurüs s in i
et abein)
(afranta)

- 51 -
3.
Cérémonie de remise
Elle
se déroule à la cour royale en présence de tous les
hommes
politiques.
Ce qui confère à l'offre un caractère solennel.
L'impétrant
entouré
des
membres
de
son clan vient remercier le
roi
et
prêter
serment de loyauté en tirant avec le cimeterre trois traits au sol.
Au premier trait,
il dit:
« En cas de malheur, si je ne cours pas
au secours du r o i ,
alors je n'ai pas respecté mon serment».
Au
second trait:
« Si le roi est la viande à boucaner.
alors
je
suis le support sur lequel repose la viande»,
en d'autres termes
pour
vaincre le roi.
il faudrait l'éliminer en tout premier lieu.
Au
troisième trait:
« Si je ne réponds pas à tes
convocations.
alors j'ai offensé ce serment»
A la suite de cette prestation de serment,
le roi offre de l'eau~
de-vie
aux
ancêtres-défunts pour les informer de ce qui vient
d'être
dit et sollicité leur protection en disant:
«
Je
vous offre cette boisson de mes propres
mains
pour
vous
demander d'assister celui à qui
je viens d'attribuer par votre grâce un
palanquin.
un cimeterre et un tambour de devise.
L'impétrant
en guise de reconnaissance sert à boire à toutes les
personnes présentes à la cérémonie et ensemble ils remercient d'un même
choeur le roi.
Ces attributs,
sorte de privilège sont héréditaires c'est-à-dire
qu'ils
se transmettent de chef en chef dans le cadre du village et
de
famille en famille pour un lieutenant de guèrre.
Mais cela ne veut pas
dire qu'ils ont un caractère absolu.
Le
roi peut les retirer à tout moment si le serment
est
violé.
C'est
également
lui
qui
entérine
le
discours
a
tambouriner
sur
proposition du récipiendaire ou de ses tambourinaires.

5J
UN TAMBOUR DE DEVISE INDUIT DU SANG HUMAIN AU COURS DU RITUEL
DE SACRALISATION.

- 54 -
C
LES ENSEMBLES ORCHESTRAUX (Aborna)
1.
DESCRIPTION
L'aborna
est
un ensemble orchestral qui comprend
cinq
tambours
parleurs
2 tambours
jumélés,
un grand tambour,
deux petits tambours,
un
gong.
Ce
sont les tambours des grandes occasions
(fête
d'igname,
intronisation d'un chef,
décès).
2.
ROLE
L'aborna
est
un privilège exceptionnel accordé par
le
roi
aux
chefs de village,
et de province pour les services exceptionnels rendus
à la nation,
et aux membres de sa famille.C'est lui qui définit
le proverbe de cet ensemble.
Cet
ensemble orchestral d'instruments parleurs sOlltient la danse
des sages en
jouant les proverbes connus des érudits.
Au cours de cette
danse tous les aspects de la soc~té sont passes en revue.
Tout le monde n'est pas autorisé à danser l'aborna.
Chaque membre
du clan a son pas de danse qui est en rapport avec sa classe.
son rang
social.
Tout individu qui se trompe de pas ou fait des gestes auxquels il
n'a pas droit est sanctlonné.
L'aborna
de
la cour royale se nomme Bent6
forme
contractée
en
langue
abron
de
"
aboussouan ben t6"
et veut
dire
la
famille
ne
s'achète pas.
Dans
l'exercice
de
ses
fonctions,
trois
faits
montrent
le
caractère sacré du grand tambour d'entre tous

- 55
a.
Le roi avant d'aller s'asseoir,
s'agenouille devant le grand
tambour en signe de respect et de vénération.
b.
Un
condamné
à
mort qui touchait ce
tambour
n'était
plus
exécuté.
c.
s ' i l tombait,
le porteur était exécuté séance tenante.
Le
tambour
en
tant
qu'institution
sacrée
occupe
une
place
importante
dans
la vie culturelle des Abron et cela se
remarque
par
l'intérêt et le respect qu'ils lui portent.

- 56 -
Le
Bentô,
sans exagération peut être comparé à un musée car
il
contient les maxillaires des chefs ennemis défa~ts de haute lutte.
Dans
l'exercice des ses fonctions,
il est porté
sur la tête d'un esclave et
les
hommages
lui sont rendus par les danseurs en signe de
vénération
car il est sacré.
L'on raconte que le sang d'un albinos avait servi au
rituel de sacralisation du Bentô confectionné à la demande du roi Kwasi
Yeboa.
En
guerre,
la capture de ce tambour équivalait à la défaite
du
roi et à la fin des hostilités car il demeure toujours auprès du roi.
Le
chef des instrumentistes responsables du BENTO,
Kwadio
Daté
raconte
que Osei Bonsu,
roi des Ashanti était convaincu
que
c'était
grâce
au BENTD qu'il n'arrivait pas à vaincre aussi facilement le
roi
des
Abron Kwadio Adingra Kouman.
Aussi s'empara t - i l de leur
tambour
royal et des batteurs
:
Bini Kwabenan et Tan yao.
Ce sont les fils de
ces derniers qui en 1876 après avoir fui Kumasi,
participèrent à Brekum
a
la
chute
de
Kwabenan
Diawuo par le
roi
Abron
Kwakou
Agyeman.
TAMBOURS ET CORS D'APPEL DE LA COUR ROYALE

-
57 -
CHAPITRE II
LES AEROPHONES
(cors d'appel ou Abein)
A.
DESCRIPTION
Ces
instruments
sont dits aérophones parce que
leur
principe
actif est déterminé par la masse d'air que l'instrumentiste y
insuffle
afin
d'en tirer des sons.Moins nombreux que les tambours
,on distingue
deux
types
de
cors:les
cors
en
dent
d'ivoire
et
en
métal.La
prédominance
des
cors
en ivoire est à l'origine
du
nom
donné
aux
sonneurs
de
cor: "asonkwa"
qui
dérive de "
ason"
(éléphant)
et
"
akwa"(serviteur)
et
signifie
les
serviteurs
chargés
des
dents
d'ivoire.Ces
cors sont percés d'un trou carré à la
partie
inférieure
dans
lequel avec sa bouche l'instrumentiste souffle.Le petit bout
est
actionné
avec le pouce qui le bouche et l'ouvre à tout moment.Ces
cors
dit-on " ont la particularité de ne pouvoir éme~tre la plupart du temps
qu'un
ou deux sons"(
36).
De temps en temps,les sonneurs de cor
dans
l'exercice
de
leur fonction versent de l"eau dans
leurs
instruments
pour
rendre
moins grave le son. Une corde relie chaque côté du cor
de
sorte
qu'on peut les suspendre à l'épaule.
Les cors
peuvent
être
joués
seuls
ou
intégrés à un orchestre.Celui de la
cour
royale
en
comptaient
douze recouverts d'un tissu
Il n'en reste plus que sept.
Ils sont tous en
ivoire.
Deux d'entre elles se singularisent dans cet
ensemble.Ce
sont le" Nkroumo" et le" Kprérério".Ces deux cors
d'appel
sont la propriété du chef d'orchestre qui entonne les chants repris
en
choeur par les autres musiciens.
(36)
Musique traditionnelle de l'Afrique noire
discographie
(Côte
d'Ivoire)
nO 6.
établie par chantal Nourrit,
William pruitt,
Paris,
CNA
, mai 1983.

- 58 -
B
-
ROLE
Tout
comme
les
tambours parleurs,
les cors d'appel
sont
des
privilèges
que la classe dirigeante accorde aux sujets.Tous
ceux
qui
possèdent
des tambours de devise n'ont pas forcément des cors
d'appel
et vice-versa.Les discours des cors viennent parfois complèter ceux des
tambours parleurs.
Les
joueurs de cor de la cour royale sont considérés
comme
les
femmes
du
roi.
Ils le
consolent en
cas
de
décès,
le
conseillent ou exhaltent ses hauts faits.
SONNEURS DE COR DE LA COUR ROYALE
ORIGINAIRES DE AMOITININ

- 59 -
LE COR D'APPEL EN OR ET LE TCHUNISSINI, DEUX
INSTRUMENTS COMPLEMENTAIRES
DE SOGOBO

- 60 -
CHAPITRE III
LES IDIOPHONES (Gong ou Daouro)
Dans
un
ensemble orchestral de tambours parleurs,
le gong
est
joué en premier lieu pour
inviter les tambours à lui emboiter le pas.
A- DESCRIPTION
Ce
sont des instruments à percussion appelés "cloche
à
battant
externe".
C'est avec du métal que l'on fabrique cet instrument.
Il est
battu avec un morceau en bois ou en fer.
UN IDIOPHONE

-~-
B - ROLE
Le message du tambour
parleur porte loin et peut être entendu
à
plus
de
40
kilomètres
par
tous les
membres
des
autres
villages
environnants
Lorsque l'information se limite au niveau d'un village,
c'est le gong qui est alors utilisé.
Le
langage
des
tambours
parleurs
de
nos
jours
étant
peu
accessible, le gong le supplée dans les villages.
Nous
avons
recueilli de4x textes,
celui qui est joué
lors
de~
l'enterrement
d'un
roi
ou
d'un
prince dans
le
clan
zanzan,et
à
l'adoration des siègescdes rois-défunts.
DOCUMENTATION DRUMMOLOGIGUE: voir le corpus en annexe.
CONCLUSION
PARTIELLE
Les
caractéristiques
générales
des
textes
tambourinés et des instruments parleurs.
Les textes recueillis présentent une même caractéristique
Ils
ne révèlent pas les faits déshonorants mais parlent des faits glorieux,
du bien des personnages dans les biographies.
Cet aspect du contenu des tambours considéré comme un défaut n'en
est
pas
en fait un.
C'est un trait du caractère des Africains
d'une
manière
générale.
Ils
passent volontiers sous
silence
les
actions
malheureuses,
celles
qui
ternissent l'image de marque du
chef.
Les
biographies des rois n'évoquent pas certains traits de leur
caractère,
et la fin de leur règne.
Pour
débloquer cette situation qui ne nous permet pas d'explorer
systématiquement
l'histoire
sociologique des Abron
à
travers
leurs
instruments
de
musique,
nous
recourons à la théorie de' la
loi
du
silence
en
interrogeant
les tambours des autres
détenteurs
de
ces
instruments de musique.

- 62 -
L'étude
systématique de ces instruments de musique dans le cadre
du
royaume
Abron aura permis de découvrir les
rapports
conflictuels
entre
les
d~fférents
groupes.
rI n'est pas évident à
première
vue
d'identifier les groupes en conflit ou rivaux,
il convient alors
dans
le
contexte
d'une
histoire sociologique d'étudier
la
totalité
des
tambours parleurs et cors d'appel de l'espace concerné.
Un
autre
trait
caractéristique
des
tambours
est
qu'ils
ne
mentionnent
jamais
les
dates
des
évènements
et
des
informations
évoqués.
Ce n'est là un défaut imputable à cette source d'information.
Cela relève de la mentalité même des Africains.
Pour
dater un évènement,
l'Africain vous répondra que c'est
au
temps
de tel que cela s'est déroulé:
Cet enfant,
dira t-on,
est né
lorsque je créais ma plantation à tel endroit;
ou bien c'est au cours
de la guerre contre tel que ce roi est mort et que tel est né ... etc.
De ce fait les faits que nous évoquerons ne seront pas datés dans
leur totalité à l'exception de ceux que les sources écrites nous aurons
permis.Cela
constitue un handicap sérieux,
car c'est au niveau de
la
datation
des
faits
que
les
sources
écrites
sont
les
plus
contradictoires.

- 6) -
DEUXIEME
P A R T I E
LE
PAYS
DES
ABRON
GYAMAN.

r "
-
0--'
-
LES GROUPES CULTURELS ET ETHNIQUES
BURKINA - FA S 0
·U
1:'.
INDEN E
GHA NA
LIBERIA
ALLADIAN
ESSOUM
OCEA N
ATLANTIQUE
o,
100 km
/
~ Groupe Akan
[[[[ill
Krou
o
Voltaïque
~
Mandé du Nord

Maodé du Sud

- 65 -
Le
royaume
des Abron-Gyaman est présenté comme étant
l'un
des
royaumes les mieux structurés de la période précoloniale jusqu'au début
des
indépendances
parmi les royaumes Agni
d'Abengourou,
Sannvin
de
Krinjabo, Baoulé de Sakassou, Dioula de Kong.
Il
s'agit pour nous dans cette seconde partie de situer le
pays
Abron,
son
environnement physique,
ses limites,
son climat,
et
de
déterminer
ensuite
les populations qui y vivent pour nous
faire
une
idée
de
son
étendue,
de l'hétérogénéité des ethnies
qui
ont
été
asujeties par les Abron.Les textes de tambour muets sur l'information à
donner
sur le climat,l'hydrographie et la végétation,c'est aux sources
écrites que nous avons recours.
CHAPITRE l
L'ENVIRONNEMENT PHYSIQUE
Les
guerres
en
pays Abron ont pour objectif
de
s'emparer
du
pouvoir politique et des terres comme nous le verrons plus loin.
Aussi
toutes les terres des chefs défaits reviennent aux va~nqueurs.
Sous le
rapport
de cette logique nous tenterons de cerner les limites du
pays
en évoquant les différentes guerres des Abron.
A. Les limites
1 - Les Agni - Bona d'Anhoro
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Il a défait et mis à mort
Le chef Bona d'Anhoro»
(T. nO 22)
«Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Il a tué Kwadia
Et ses soldats»
(T. nO 23)
C'est par deux guerres que les Abron parviendront à soumettre les
Agni-Bona rattachés à la province Siendji ou Angobia.
Les
Agni-Bona sont localisés dans les sous-préfectures de
Koun-
Fao et d'Agnibilékro.

LE PAYS AGNI-BONA
• Faroko
Parhadi.
• Nassian
ROYAUME
ABRON
-
GYAMAN
BONDOUKOU
œ
SandéÇjué

GHANA
AGNIBILEKROU G
2ûkm
Ûi---==I
1
_ _
Pays A nni-Bona
."


- 67 - '
2 - Les Koulango de Tanda
«Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Il a défait et mis à mort
Kwadio, chef de Tanda»(T. n024)
Kwadio était le chef de Tanda tué par le roi Adingra Pagnini. Son
ancêtre Issamara le sanguinaire était,
dit-on,
l'héritier légitime du
trône de Bouna.
Mais très cruel sa candidature fut réjetée et c'est en
'compagnie
d'une forte cavalerie qu'il quitta Bouna.
Il est
accueilli
par
la
population autochtone de .Nagafou qui le fait conduire
sur
la
montagne d'Isribodji.
Ses enfants se dispersèrent par la suite dans le
pays et créèrent les villages de Gbokoré,
Tehui,
Tanda. c'est dans ce
dernier village qu'il sera enterré.
Pour
se
rendre
dans
le
pays
Agni-Bona
conquis,
il
faut
nécessairement traverser la région de Tanda où les Koulango règnent
en
maîtres
absolus.
Maintenir
son autorité sur ce peuple
Bona
rebelle
revient à se rapprocher d'eux.
Aussi le roi Adingra Pagnini
s'attaqua
à
la puissance guerrière des Koulango de Tanda.
Les Koulango vaincus,
le
roi Adingra, en vue de mieux contrôler la région,
installa son fils
Tan
Kokobou
à Tangamourou.
La bataille contre les Koulango de
Tanda
permit d'agrandir les limites du royaume.
3. Les Gouano de Mrinzron
«Il est allé à Mrinzron
Et a détruit Mrinzron»
( T. nO 25)

- 68 -
Le
Hrinzron
était
un petit royaume formé par
les
Gouano
du
groupe
Akan
et
qui dévancèrent les
Abron
sur
le
territoire.
Les
principaux
villages de ce
pays
sont: Atram, Kiétan,
Kouafo,
Kalom,
Ganhim, et Méré le chef-lieu de ce petit état. C'est, dit-on, ce peuple
mécontent de la présence des Abron sur le territoire qui rapportait aux
Achanti les ambitions des Abron.
Le
roi
Abo Miri mit fin à leur comportement en
détruisant
cet
Etat.
De
nos jours dans le clan zanzan l'intronisation du roi Abron a
lieu à.Xiétan .
. 4. Les Koulango de Soko
« Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Il a défait et mis à mort
Tétéguè le chef de soko»
( T. n 0 26)
Le
village
de soko s'opposait à la présence des
Abron
et
les
habitants ne le cachaient pas. Aussi le roi Abo Miri décida t-il de les
attaquer au petit matin en les surprenant.
Au cours de cette bataille au bord de la rivière Tomé, le chef de
Soko,
Tétèguè trouve la mort.
Les villages voisins ne se sont
rendus
compte que par la couleur rouge sang de l'eau de la rivière Tomé.
5. Les Djamala de Koroyi
« Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Il a défait et mis à mort
Dagba Kroko»
( T. n 0 27)
C'est
sur
le
chemin
de retour de l'exil
à
Kong

il
fut
intronisé
que
le
roi Kohosonon s'attaqua au chef du
village
Koroyi
nommé
Dagba Kroko qui s'opposait à son passage. or, les Abron
doivent
nécessairement passer sur son territoire.
A l'issue de cette
première
guerre,
le
roi sort victorieux et contraint son adversaire à fuir
de
son pays situé entre Kong et le fleuve comoé.

- 69 -
6. Les Mande de Sogobo
« Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Il a défait et mis à mort
Nanbinan, roi des Mandé»
( T.no28)
Sous
le règne de leur 5è roi Kohosonon,
les Abron
attaquèrent
les
Mande
de
Sogobo
et tuent leur roi
Nabinan
(Nanan
Barima)
ou
Nanbiènan selon les sources orales.
7. Les Nafana de Banda
« Tu as guerroyé,
. Mais qui as-tu défait?
Il a défait et mis à mort
Koa Amoa le Nafana au teint clair»
( T. N°29)
Koa
Amoa, chef Nafana avait un teint clair, précise le' tambour.
Mais
sous ce libellé,
le texte n'indique pas le lieu d'origine de
ce
chef. Pour rendre exploitable cette information, nous avions eu recours
à
la biographie du chef Dua Kwabenan de la province Foumassa intronisé
en même temps que le roi Kohossonon à Kong.
La biographie de ce dernier
ne mentionne pas le nom mais évoque tout simplement le lieu et le teint
clair
de ce chef tué (le Banda au teint clair).
Koa Amoa
serait
le
chef
de Banda défait et mis à mort par le roi Kohossonon.
Le
tambour
royal signale cette victoire des Abron sur les Banda.
B. Les Koulango de Sapia
« Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Il a défait et mis à mort
Dobè, chef de Sapia»
( T. nO 30)
Les Koulango de Sapia résidaient lors de l'arrivée des Abron près
de la rivière Kannon située aux environs de Sorobango.

- 70
c'est Nanan Koffi Agyeman qui
les attaque, tue leur chef Dobè et
les contraint à l'exode .Ils se retrouvent à sapia, village touristique
bien connu pour ses poissons sacrés. On les confond même à ces poissons
qui seraient leurs ancêtres.
9. Les Koulango de Wolobidi
« Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Il a défait et mis à mort
Tongolingo, chef de Wolobidi»
(T. n031)
Tongolingo( est lé nom du chef des koulango de Wolobidi et
c'est
en
même temps le nom de leur tambour de devise.
Pour ce tambour donc,
tous les chefs Koulango se nomment Tongolingo.
Ils s'opposaient à
la
conquête
de
leur
pays et avaient infligé trois
défaites
à
l'armée
abron.
Or
avec la présence de la chefferie de Wolobidi,
la
conquête
acquise
des autres parties du pays,
peut être remise en cause à
tout
moment.
Les
Abron conscients du danger que suscite la présence de
cette
chefferie
des
populations autochtones koulango usèrent alors de
tous
les
moyens matériels et spirituels en s'attaquant à leur
chef
appelé
Wolodabia.
La
défaite
de
ce
chef marquait la fin de
la
résistance
des
koulango à la périphérie de la ville de Bondoukou.
Le pays koulango par la suite est confié à la province Akyidom.
s'étant
rendu
compte
de
la
traîtrise
des
Akyidom,
les
Koulango
refusèrent de dépendre de cette province.

- .';, -
10. Les Koulango de Nassian
« Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Il a défait et mis à mort
Modjabi, fils de Modjabi»
(T. n032)
Le
pays
de Nassian dans son histoire n'a jamais accepté
d'être
colonisé
par les abron très éloignés.
Aussi chaque fois
qu'il
était
possible,
les
chefs de Nassian se sont rebellés contre le pouvoir des
Abron.
c'est en voulant remettre en cause ce pouvoir que le roi
Binan
Kombi a défait et mis à mort Modjabi fils de Modjabi de Nassian.
11 - Modjabi, dernier roi de Nassian
« Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Il a défait et
mis à mort
Modjabi,
dernier roi de Nassian»
(T.
n033)
L'on
raconte
qu'après
son intronisation,
le roi
Koffi
Fofié
s'était
rendu à Kong pour sa fortification.
Sur le chemin de
retour,
les
Koulango de Nassian se rebellent et affirment qu'ils ne
serviront
plus les Abron battus par les Ashanti.
Fou
de rage,
blessé dans son amour-propre,
le roi abron
avait
laissé entendre:
"je vais aller me faire tuer par le chef de Nassian et
nous n'en parlerons plus".
Soutenu par les siens,
la guerre eut lieu. Modjabi est vaincu et
mis à mort et tous ses attributs emportés par les Abron.

- 72 -
12 - Atchumbon Kwasi Boatchi, roi de Bouna
« Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Il a défait et mis à mort
Atchumbon Kwasi Boatchi
roi de Bouna» (T. n034)
L'unè
des
actions d'envergùre du roi Kwasi Yeboa fut la
guerre
contre le roi de Bouna,c'est aussi l'une des guerres qui obtint l'appui
de tous les dignitaires car dit-on l'enjeu était de taille ~F le roi de
Bouna jugé très puisiant.
Le
roi de Bouna que Kwasi Yeboa a défait et mis à mort se
nomme
selon le tambour Atchumbon Kwasi Boatchi. pour sa part,Tauxier écrit:il
fut vainqueur et fit couper la tête à Tiéponn ou Tiéponi Kouassi,le roi
de
Bouna
de
l'époque:-; .Tiéponi est sans doute la
déformation
de
Atchumbon.
Kouassi
est
le nom de tout individu né
un
Dimanche.
Il
s'agit de la même personne. Ce roi dit-on ne se laissait pas faire
Mais
le
roi
du
Gyaman
viendra à bout
de
ce
roi
dans
les
circonstances décrites par le tambour:
Il avait pris le roi de
Bouna
et ses soldats simplement comme l'on ramasse des poussins,
sans grande
résistance.
Pour un roi réputé vaillant guerrier,
cette description a
pour but de magnifier les qualités de bon guerrier,
le roi Kwasi Yeboa
dont on dit que la guerre le craint.

·'._.. "-
..
-~~.~_ ..~---
.. ~---_._-._.. --
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. {
. ..,
' .
- 7J -
--...:.'
Les-rois de Bouna soutenus p~r leurs alliés et parents de Kumassi
ont . toujo~~~> été rebelles au pouvoir des Abron.
La victoire sur
les
KOUlàngO~~~~unapermit aux abron de contrôler la région jusqu'à la
;<>
,
C'est à la suite de cette guerre que Kwasi Yeboa reviendra créer
le village de Tabagne avec les captifs de guerre.
13 -, Kwabenan Diawuo, roi de Brekum
« Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Il a défait
Kwabenan Diawuo
Roi de Brekum » (T. n035)
Située à l'ouest du Ghana,
Brekum servait de frontière entre
le
royaume des Ashanti et celui des Abron.Le chef de Brekum est l'allié du
roi
ashanti qui le charge à ce titre de surveiller les Abron rebelles,
prêts à secouer le joug ashanti.
Pour les Abron, le chef de Brekum est
donc
un
voisin
gênant.
Il
fallait alors
trouver
les
raisons
de
l'attaquer.

- 7'" -
L'une
des
raisons
sur
laquelle
sauteront
les
Abron
est
l'assassinat
de ressortissants abron en 1876 et le roi Kwakou . Agyeman
en
profite pour attaquer Kwabenan Diawuo chef de Brekum.
Il
l'aurait
défait sans toutefois le mettre à mo~t.
14 - Duedou de Nkoranza
« Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?,
Il a défait l'honorable
Duedou de Nkoranza» (T. nO~6)
Duedou était le chef de Nk0r.anza, capitale politique de l'Etat du
même
nom.
La défaite de ce chef a permis au roi Kwadio Adingra Kouman
de contrôler cette partie du Nord-Ouest du Ghana actuel.
En
partant de ces guerres de conquête on peut dire que
le
pays
s'étendait
de
part et d'autre sur les territoires du Ghana et
de
la
Côte d'Ivoire.
Il
est limité au Nord par le royaume de Bouna et de
Nassian,
â
l'Ouest
par
le fleuve Comoé qui le sépare du pays Anno,
à l'Est
par
Bechem ( Ghana
et au Sud par Assikaso, village Djouablin.
En
Côte
d'Ivoire, le pays englobe les
départements
de
Bouna,
Bondoukou, Tanda et la sous-préfecture d'Agnibilékro.
Les limites de ce royaume ne se sont fixées qu'au règne du
11ème
roi Kwakou Agyeman après les guerres de conquête.
Le règne de celui-ci
a coïncidé avec la colonisation.
Les Etats voisins 'sont:
A l'Est, la confédération Ashanti
A
l'Ouest
le
royaume
des
Anno dont
il
est
séparé
par
le fleuve Comoé.
Au sud le royaume Agni-Ndenye.

- 75 -
B. L'Aspect physique.
Le
pays
des
Abron n'est pas plat.
On y rencontre
de
petites
chaînes qui s'étendent sur quelques dizaines de kilomètres.
Quelques moyennes montagnes atteignent parfois 1000 m
d'altitude
et gravitent autour de Bondoukou.
Ce sont les monts ZanZan,
Tétewa
à
Séréoudé,
pélé
à Kouassi-Ndawa.
Seuls surplombent les monts Bowe de
Kiendi ( 716 ml, les monts Yevele ( 635 m ), les monts de Tchendi
(566 m),
les monts Boutourou ( 530 ml,
mont Asiebango (599 m ) et le
mont
Blandrai
(557
m).
C'est sur ce dernier
qu'est
bâti le
centre
émetteur de la télévision pour la région Est.
Au-delà
de Kouassi-N'dawa le paysage est fait de
collines
qui
s'étendent à perte de vue et de quelques bas-fonds plans.
C. HYDROGRAPHIE, VEGETATION, CLIMAT
L'hydrographie
est
représentée
par la comoé et
la
Volta
qui
forment les limites du pays,la comoé à l'Ouest et la Volta au Nord-Est.
Cette dernière prend sa source au Burkina Faso.
L'impact de ces deux
fleuves
est nul.
Ils n'arrosent pas le pays. Ils sont de surcroît peu
navigables à cause des chutes et des rochers.
Hormis ces deux ·fleuves, trois grandes rivières arrosent le pays.
Ce sont: le Nengueré, la Baya et la Bayakokoré.
A ces trois rivières,
viennent s'ajouter des ruisseaux parfois à
sec
en
saison sèche de sorte que la pêche n'est pas une activité
qui
occupe les populations.
Ce sont:
Le Taïn: Il sert de frontière entre la Côte d'Ivoire et le Ghana.
C'est dans la région de Bondoukou qu'il prend sa source. Son nom évoque
la défaite des Abron et la disparition du roi Adingra Kwadio Kouman.

Le
Kolodio
et le Kulda:ils arrosent la région de
Bouna
et
de
Nas~ian.
Le
Tiribo:
Localisé
à
l'Ouest de
Bondoukou,
il
arrose
les
,villages de la province Angobia.
Le pays,
il faut l'avouer, est mal arrosé.
Très peu arrosé,
le pays est dans sa grande partie recouvert par
la savane et la forêt au sud-Est.
La
zone
de savane fait souvent place aux
forêts
claires,
aux
ilôts de forêts denses sèches. c'est la zone comprise entre Kouassi-Ndawa
et
Bouna.
Le
parc de la Comoé occupe une grande proportion
de
cet
espace et le rend peu habitable par les hommes mais riche en
ressources
cynégétiques.
Comme l'e laisse entendre la biographie tambourinée du roi
Ashanti Opokou Ware:
Ye nyran kuto
Atepu Akwa!
Opoku le clair!
Opoku Atepu Akwa!
Opoku le clair!
D'où viens-tu?
Tu viens de kwable Wonoo.
Tu viens de Amakom Nyanduawasi.
Tu viens
de l'endroit
Où le soleil se couche
Et où aucune biche ne manque.
Yaa, merci Majesté!
Merci, digne descendant des Ancêtres!
Opoku le clair!
Frampa, salut !
Buakro Frampa, salut
(T. N° 37)
«Tu viens de l'endroit
Où le soleil se couche
Et où aucune biche
Ne manque»

- 77 -
Ce
texte
décrit l'endroit où ce roi avait défait le roi
Abron
Abo Koffi.
C'est la région comprise entre Bouna et Kong.
De nos jours
cette
information peut être vérifiée,
car c'est à cet endroit
précis
que
se trouve le parc de la Comoé.
Cette zone se prête
aux
cultures
vivrières ( igname, maïs, mil, sorgho).
En
revanche
le Sud-Est recouvert par la forêt dense
couvre
le
fief
des Abron,
le pays Bini-Bona et quelques villages de la province
du Mèrèzon, la zone de
Mérékou et Siédja était
recouverte d'une forêt
dense. Celle-ci a fait place de nos jours à la savane arborée.
L'économie de cette zone repose essentiellement sur les
produits
de commercialisation ( café, cacao).
Cette
végétation s'explique par le double climat que connaît
le
pays.
La zone Nord (région de Bouna) présente un climat caractérisé par
deux saisons sèches bien nettes :
- une saison sèche qui peut durer de 5 à 8 mois
- une saison de pluie qui dure de Mars à Septembre.
L'harmattan
qui
y
souffle pendant plus de trois mois
donne
à
cette zone le degré hygrométrique le plus faible de la Côte d'Ivoire.
Quant
à
la
zone Sud (région
de
Bondoukou),
elle
connaît
4
saisons:
- une grande saison sèche (Novembre à Février)
- une grande saison de pluie (Mars-Juin)
- une petite saison sèche (Juillet-Août)
- une petite saison de pluie (Septembre-octobre)
L'harmattan qui souffle ici est de courte durée (2 à 4 mois)
Le
pays
des
Abron-Gyaman se divise donc en
deux
grandes
zones géographiques tant par le climat, la végétation, la faune que par
la flore.

- 7t3 -
CHAPITRE II
LES POPULATIONS
Après
avoir
évoqué les
limites
du
pays,
l'hydrographie,
la
végétation
et le climat qui conditionnent les présences
humaines,
il
s'agit
ici de déterminer les populations autochtones avant le royaume,
et les autres mouvements migratoires.
A - Les populations autochtones avant le royaume
L'expression
"gaman gaman fri titi" initialement
signifie
.Dieu
vient
ou
était
au
commencement
des
temps
immémoriaux.
C'est
l'expression
que
les Abron utilisent pour
désigner
les
populations
autochtones
qui facilitèrent leur installation à travers les
tambours
de devise qui leur sont offerts.
Pour la circonstance ce texte peut se traduire par
«Comme Dieu,
à l'origine du royaume
nous étions là ... »
Les chefs détenteurs de ces devises identifiées par l'enquête sur
le terrain sont le chef Nafana de Bondoukou,les chefs Koulango de Djom,
de Sepingo et les Denkyira de Toundiani.

- 79 -
1 - Les Nafana
« Gloire à toi Akomi !
Comme Dieu,
à l'origine du royaume
Tu étais là
Et permis sa création»
(T nO 38)
Les
Nafana forment une ethnie.
On les retrouve à
Bondoukou
et
dans le pays Banda.
Hais c'est surtout le chef Nafana de Bondoukou qui
reçut
les
fugitifs
abron.
L'on
raconte
que
ces
fugitifs
furent
découverts
derrière
un
bosquet par le chasseur du
chef
Nafana.
Ce
dernier après, le conseil des sages,
ordonna à son chasseur d'aller les
chercher.
Ce
qu'il
fit.
Le
chef Nafana
les
reçut
avec
beaucoup
d'affection
comme
il est de coutume en Afrique.
Ce
chef
s'appelait
Akomi.
Les
descendants de celui-ci reconnaissent que leur aieul avait
accueilli le roi des fugitifs abron du nom de Tan Daté.
Ce dernier,
à
la suite de l'hospitalité qui lui avait été réservée, sollicita l'asile
politique
pour
lui
et
les siens au roi
Akomi
qui
l'accepta
sans
condition
à
travers
les
propos
que
nous
rapporte
le
professeur
Niangoran-Bouah " chez nous Nafana,
le droit d' hospitalité et d'asile
est
un
droit
sacré,
quoi qu'il arrive aussi
bien
dans
les
jours
prochains
que dans les siècles à venir,
toi et ton peuple vous serez
toujours nos hôtes
(37).
En
retour le roi Tan Daté sous la forme d'un serment
lui
avait
répondu
" quoiqu'il advienne,nous vous reconnaîtrons toujours comme
étant les propriétaires de la portion de. terre qui nous sera
affectée.
Je
prends
les dieux et les mânes de nos ancêtres à témoin de
ce
qui
vient d'être dit ici"
(38).
Après
deux ans et demi de cohabitation,
les Abron sollicitèrent
et obtinrent une portion de terre sur laquelle ils créent leur
premier
-----------------------------------------------------------------------
(37) Georges Niangoran-Bouah, L'Univers Akan des poids à peser l'or,
Abidjan, NEA, 1987, P.
276.
(38) rd.

-
80 -
village,
ZanZan (39).
Pour récompenser Akomi le chef des Nafana,
Tan
Date
lui offrit un tambour de devise.
Par le texte du tambour
offert
par Tan Daté à Akomi, le roi abron reconnaît l'ancienneté de l'instal-
lation des Nafana sur ce territoire et leur droit de propriété sur
ces
terres,
étant entendu qu'il est l'auteur de cette pensée contenue dans
le
tambour
des Nafana.D'autres objets matériels témoignent
de
cette
hospitalité.Ils
sont
jalousement
gardés par le
chef
des
Nafana.Ce
sont:une
bûche,un
maïs,un
piment,un. gombo,un
peigne,un
métier
à
tisser,une balle de fusil et une photo d'Akomi et de Tan Datè.
Si
bien
même
au plan scientifique,l'offre du tambour
par
les
Abron dernière vague des populations installées,
permet d'affirmer que
les
Nafana sont les premiers occupants et chefs de terre à
Bondoukou,
il
faut reconnaître qU'une vive controverse divise Nafana et Gbin
qui
se disputent le droit du premier occupant.
(39)
ZanZan
qui initialement signifie" loin,
très loin" en
langue
koulango
est
le
terme utilisé par Akomi agacé
par
le
comportement
rébarbatif
des fugitifs abron pour se séparer d'eux.
Ce motif
serait
qu'un
chasseur
nafana après avoir tué un buffle reçutla
visite
d'un
autre
chasseur
Abron
qui
trancha
la
queue
de
l'animal
et
se
l'appropria.
Ce
dernier
chasseur en possession de cette queue soutiendra
avoir
tué cet animal au grand dam du chasseur nafana dépourvu de preuve.
Les
Nafana sous le prétexte que les Abron mouraient,
les expédièrent
loin
d'eux sur les montagnes.

- 8'1 -
Pour
les
Gbin,
Taki Adré,
leur ancêtre tombé du ciel
fut
le
fondateur
de
la
ville
de
Gontugo qui signifie"
il
Y
a· affaire
derrière,
répondant ainsi à ces enfants qui lui demandaient de quitter
le
site
peuplé d'animaux sauvages qui les
effrayaient.
Il
s'y
est
maintenu
et c'est après lui que viendront s'installer les
Loron,
les
1/
Nafana, les Hwéla, les Noumou (forgerons)!
(40).
Les
Nafana donnent une autre version de la signification du
mot
Bondoukou
qui
dériverait de Gutugo qui veut dire hutte.
Pour eux
le
fondateur
de Bondoukou est Akomi.
Il serait venu de Kagboko
dans
la
région
de
Katiola fuyant une imminente guerre prédite par
son
devin
oban
Karamoko.
Après
avoir traversé le fleuve Comoé à l'aide
de
la
canne
magique du devin,
il parvint avec son peuple· sur le site actuel
inhabité
à
l'époque.
Eparpillés
sur le
site,
les
jeunes
avaient
construit des huttes avec l'eau de la rivière Womo. Quand le chef Akomi
leur demandait où alliez-vous?
Ils répondaient : nous allions dans la
hutte.
Rejoints par les vieux,
la hutte des jeunes est à l'origine du
nom du village. C'est,disent-ils,après eux que viendront les Loron, les
Gbin, les Gromo, les Dioula de Kamagaya, les Abron.
De
nos jours cette controverse entre Nafana et Gbin demeure.
Il
ne s'agit pas de trancher par sentiment pour tel ou tel groupe mais
de
trouver
des
pistes comme le soutient le
professeur
Niangoran-Bouah.
Nous
faisons simplement remarquer que le tambour nous en fournit
une.
Le tambour de devise des Nafana de Bondoukou dit vrai lorsqu'il affirme
que
"comme
Dieu à l'origine,
les Nafana étaient là à la création
du
royaume".
Puisque
ce sont les Nafana qui offriront l'asile
politiqUE
aux fugitifs Abron.
(40) Delafosse (Maurice) ,vocabulaires comparatifs de plus de GO langueE
ou
dialectes
parlés
à
la
Côte
d'Ivoire
et
dans
les
région:
limitrophes,Paris, Leroux, 1904,P.J1G

- 82 -
L'on
raconte
aussi qu'à Bondoukou ce sont les Nafana qui
à
la
cérémonie de feu de brousse qui se déroule régulièrement chaque année
collectent
des volatiles dans les villages environnants.Ces
volatiles
sont ensuite sacrifiés aux génies de la terre.
En clair les Nafana sont maîtres des terres.
Cette
version
est remise en cause aujourd'hui par
les
Nafana.
Pour eux le mot zanzan est la déformation de
San,
un sujet Nafana qui
aux
premières heures de l'installation s'était égaré au
sommet
d'une
montagne.
Après les deux ans et demi de cohabitation, le chef Akomi ordonna
à
son
fils
Wolo Longo d'aller installer les Abron au pied
de
cette
montagne
situé à sept kilomètres.
Parvenu au pied de celle-ci et
non
satisfait de rester au bas de cette montagne, Tan Datè aurait démandé à
Wolo qu'il habiterait plutôt sur le sommet.
wolo revint informer Akomi
que le roi avait préféré s'installer à l'endroit où San s'était
égaré.
Les Abron ne sachant pas le sens du mot le déformèrent en zanzan.
2 - Les Koulango
Les
Koulango
qui
accordèrent
l'hospitalité
aux
Abron
sont
localisés dans les villagesde Djom, Sepingo .
a) Les Koulango de Djom
«Gloire à toi Digbayol
Comme Dieu,
à l'origine du royaume
Tu étais là

Hérébo,
cinquième
village
créé
par les
Abron
après
zanzan,
Yakassé, Nassan, Assuéfry pour mieux occuper le territoire koulango est
bâti sur les terres du chef de Djom (41) nommé Digbayo.
c'est lui
qui
indiquera la portion de terre au pied de l'arbre "hélidjo" au futur roi
des Abron, Kohosonon le Grand.
Digbayo
qui
contribua à son tour à l'installation des Abron
en
fut recompensé par l'obtention d'un palanquin et d'un tambour de devise
dont le texte lui rend hommage.
b) Le chef koulango de Sépingo
«Comme Dieu,
La haine était
A l'origine du monde»
(T. N° 40)
Les
Foumassa à leur installation sur le territoire
Abron-Gyaman
résidaient
à Duakwam.
En vue de mieux dominer les Koulango en
place,
ils
vinrent
se
fixer
à
Sapli
et à
Sépingo

ils
furent
bien
accueillis.
Pour manifester leur reconnaissance à l'égard des hôtes,
le chef
des
Foumassa
offrit les attributs de lieutenant de
guerre
à
Kwakou
Doussoua, chef du village de sépingo qui dérive de sakpô( genre d'arbre
qui
pousse en quantité dans la région) et de" kpin n'djô" voulant dire
au pied. sépingo veut dire au pied de l'arbre "sakpô".
Les
Koulango de Djom et de sépingo ré lèvent du chef de
Wolobidi
qui
s'opposa
farouchement
à la conquête de son
pays. Ces Koulango,
sortis
d'une cavité à Saye,
se seraient installés dans le pays
après
l'émergence du royaume de Bouna.
(41)
Interrogé
sur
le lieu où il venait,
le chasseur
de
Kohosonon
aurait répondu «je reviens de l'endroit où les gens chantent et dansent
au
clair
de lune en Abron (baabia nipa di jom)>>.
Le nom
Djom
est
attribué à ce village par les Abron.

- 84 -
Les
Koulango
de Sépingo bien qU'ayant accueillis
les
Foumassa
nourrissaient
une
haine à leur égard car ceux-ci une
fois
installés
les
attaquèrent
et
les contraignirent à une
situation
sociale
peu
honorante.
Dès
lors ils ne manquèrent aucune occasion pour
signifier
leur
mécontentement
vis- à- vis
de
ces
étrangers
devenus
indésirables,
accapareurs et encombrants.
Conscients
de
cette situation,
les Foumassa firent appel à
un
discours
idéologique
pour détourner les Koulango de la
haine
qu'ils
éprouvent à leur égard.
c'est
dans
ce
contexte
qu'il
faut
situer
ce
discours
qui
recommande de ne pas haïr les Foumassa car la haine,
création de Dieu,
n'est pas une invention nouvelle pour qu'on en tienne compte.
En
dehors du texte précité,
d'autres textes servent à
désigner
les populations hôtes. C'est par exemple celui de Soko.
C) SOKO
«N'oubliez pas le passé!
Je te demande
De ne pas oublier le passé»
(T. N° 41)
Par
ce texte, les Abron rendent hommage à tous ceux qui leur
ont
rendu
des
services
exceptionnels
et
leur
réaffirment
qu'ils
n'oublieront
jamais les services rendus.
Ce sont les Koulango de Soko
(42) qui avaient accueilli les fugitifs Foumassa pendant que les
Abron
de Doma atteignaient Bondoukou sous la conduite du roi Tan Datè.
(42)
Soko
est la forme contractée en langue gan de solokolo qui
veut
dire
le passage des éléphants.
Ce village créé par Héla
un
chasseur
d'éléphants
rélève de trois provinces:
le quartier sogomeli ou
soko
kaîbri
(Ahininfié),
le quartier des koulango (Foumassa),
le quartier
somgbala accueille les descendants de kouloupia à qui Héla avait confié
le couteau d'adoration de la forêt sacrée (Pinango).

- ?5 -
Satisfait
de l'accueil réservé,
Dua Kwabenan,chef des
Foumassa
offrit
un
palanquin
et un tambour de devise à Méla
et
le
discours
proposé
par
lui
tout en lui rappellant l'hospitalité
des
Koulango,
l'invite
à ne pas oublier cet accueil et à se souvenir en
tout
temps
que Méla,
lui avait sauvé avec les siens,
la vie.
C'est
de Soko que les Foumassa partirent pour créer Duakwam leur
premier
village
servant
de lieu de sépulture
pour
tous
les
chefs
Foumassa.
D'autres
Koulango
n'accordèrent pas l'hospitalité,
mais
à
en
croire les textes de tambours des Nkwanta,
ils sont autochtones
Ce
sont les Koulango de Boroko.
d - BaRaKa
« La terre est immense»
(T.N 42)
« Nous avions tué le chef des Koulango.
Un chef est toujours en possession de ses forces.
Le chef des Borako est en possession de ses forces.
La panthère est toujours en possession de ses forces»(T.N°43)
Les
hôtes
des
Nkwanta
furent
les
koulango
de
Borako.
Les
habitants
de
ce village confient que leurs ancêtres
seraient
sortis
d'un
trou
à Kofitia-Kurom à la rontière entre la côte d'Ivoire et
le
Ghana.
Nous
avions
visité ce trou à partir
de
Kérébio
Diomianbra,
village Nkwanta.
La légende encore vivante raèonte que cette population
était nombreuse.
Lorsqu'apparut l'un d'eux avec une grosse tête,
ceux
qui étaient à la surface s'étaient exclamés en ces termes:
Avec cette
énorme
tête qu'allons - nous trouver à manger?
Aussitôt le sujet
en
question
s'est
effondré
dans le trou qui se
referma
aussitôt.
Les
autres sous la conduite de Boroko créèrent un village appelé Boroko.
A
leur
sortie
du trou,
le peuple avec lequel ils
firent
connaissance
était
celui de Koti c'est-à-dire les gens de Suma- Ahenkro.
Ils
sont
donc les premiers occupants et maîtres des terres.
C'est après eux que
les autres populations s'installeront sur leur territoire.
Ce sont par
ordre d'arrivée:

- 86 -
1) Les Koulango de Saye
(Bouna) qui créèrent les villages
de
Wolobidi,
Sodji, Dèba, Brakodi,
sepingo, Badu, Seikwa.
2)
Les Gbin
3)
Les Yikoe
4)
Les Nafana
Ils
furent
introduits par les Yikoe chez le chef des
Gbin
qui
leur confièrent de faire les offrandes et les sacrifices pour adorer la
terre.
5) Les Somgbala de Soko.
6)
Les Koulango de Marahi ~nstallés auprès des Somgbala
de
Soko.
Ils
étaient
des
chasseurs tandis que leurs hôtes
étaient des
cultivateurs.
Quand
un
gibier
était tué,
ces
hôtes
faisaient
un
sacrifice
à
la terre.Par la suite,
ils confièrent cette
charge
aux
Koulango de Marahi.
7)
Les Koulango de Koroko.
Vinrent s'installer sur la terre
appelée Laso.
8)
Les Abron venus de Doman.
Ces
derniers
venus
accueillis par le chef de
Boroko
qui
les
installa à Djunim sur ces terres,
entrèrent en conflit.
Les hôtes
se
plaignaient
du
comportement
des Abron et pour cause.
Ils
sont
des
éléveurs
de
boeufs et ne luttaient qu'avec des flèches
les
Abron
quant
à
eux
sont des guerriers,
et il est de coutume
pour
eux
de
célébrer
les funérailles en tirant des coups de fusil.
Le
bruit
des
fusils
paniquait
les animaux qui se dispersaient dans tous les
sens.
Après plusieurs mises en garde demeurées vaines,
Handibim le neveu
du
chef
de
Boroko
se
saisit
de quelques
abron,
et
après
les
avoir
enchainés,
leur appliqua une belle correction. Les Abron n'apprécièrent
pas le comportement des hôtes.
C'est dans cette atmosphère tendue
que
les
Koulango accueillirent enfin les Nkwanta apparentés aux Abron.
Et
très vite ces derniers se trouvèrent confrontés à un problème
foncier.

Pour
délimiter une parcelle de terre aux fugitifs Nkwanta,
les
hôtes
recouraient au lancement de pierres confié à un gamin.
Il va sans dire,
qU'avec ce procédé,
l'espace délimité s'avérait
trop étroit pour la production de vivriers.
Confronté à ce problème de
survie,
le
chef
des Nkwanta Ntow Kroko,
à travers son
cor
d'appel
sollicite plus de parcelles de terre.
Il ne comprend pas,
alors que la
terre est immense, qU'on lui refuse une/portion de terre.
Ce texte ne changea pas l'attitude des Koulango de Boroko.
Abran
et
Nkwanta sont las de subir les hôtes.
Or un pacte de non-agression
"
lie Abron et Koulango mais pas avec les Nkwanta.
Les Abron ne
peuvent
donc
pas
les attaquer.
Ils sollicitent alors l'intervention de
Ntow
Kroko
et
ensemble
dégagèrent un plan pour mettre
fin
à
l'attitude
rebelle
des Koulango de Boroko.
L'occassion leur sera donnée
par
le
décès
de la mère d'Handibim,
ami de Ntow Kroko.
Celui-ci informa par
l'entremise de messagers,
son ami en deuil,
qu'il viendrait participer
aux
funérailles
de sa mère.
Au jour convenu,
Ntow
Kroko
avec
une
escorte
armée de fusils pénétra dans le village d'Handibim.
Au moment
de
donner
les
nouvelles,
l'armée
déchargea
sur
l'assistance
des
rafales.
Surpris par cette attaque inopinée,
Handibim est
éxécuté
par Ntow Kroko.
Lorsque le vieux Boroko,
arriva dans le village de son
neveu,
assis
sur
son cheval,
il fut informé
du
carnage.
Il
s'en
retourna
aussitôt
à
Boroko et ne
pouvant
supporter
l'affront,
il
enfourcha
son cheval avec la reine-mère et disparut dans la terre
par
laquelle il est sorti.
C'est à la suite de cette attaque que Ntow Kroko
est fait lieutenant de guerre par le roi des Abron.

RB
LES KOULANGO DE BOROKO SERAIENT SORTIS DE CETTE CAVITE
PRES DE KOFFI TIAKROM

- 89 -
3 - LES DENKYlRA
«Comme Dieu
A l'origine
du royaume,
Tu étais là
Et permis sa création»
(T. N° 44)
Les
habitants de Toundiani au même titre que les Abron sont
des
fugitifs qu'ils devancèrent sur le territoire des Koulango conduits par
la reine-mère Abran élévée par le roi Boa Amposem (1690-1701).
C'est à
la mort du fils de ce dernier nommé Ntim Gyakari,
roi du Denkyira
par
les
Ashanti et suite, à des troubles qu'elle décida de quitter ce
pays
avec son groupe composé d'hommes,
de femmes et du grand marabout de la
famille maître (wali)
Seydou.
Le
chef de Tanda dont on ne se rappelle pas le nom
l'accueillit
et
lui offrit une portion de terre où elle fonda son premier
village.
Très
vite
le
manque de terre la contraignit à se
déplacer
vers
la
rivière
Koliahou sur la route de Tehui.
Mais à Koliahou les fréquents
décès des membres du groupe seraient encore une fois à l'origine de son
déplacement à Monlia sur la route d'Iguéla.
Ici les crues considérables
et
dévastatrices de cette rivière,
la poussèrent une dernière fois
à
créer sur un autre site le village de Toundiani(43).
Une femme éprouvée par tant de difficultés n'a peur de rien.
Les
fugitifs abron l'apprendront à leurs dépens.
A
l'annonce
de
leur
arrivée,
la
reine-mère
et
son
peuple
n'avaient pas fui comme c'est le cas dans les villages visités(44).
Les
Denkyira de Toundiani réservèrent un accueil chaleureux
aux
abron et à la demande du roi Tan Daté, maître Seydou devint le marabout
du royaume.
Il ne participait pas aux guerres mais il lui revenait
de
prier pour le succès des armes du roi.
(43) Toundiani,
terme Abron signifie "ils sont restés,
ils n'ont
pas
fui (be tu wan juan) et date de la rencontre entre Abron et Denkyira de
ce village.
(44)
Les biographies tambourinées des rois laissent entendre que
leur
présençe provoque la panique et fait fuir.

- 90 -
Pour
récompenser ce marabout et sa suite,
le roi offrit au chef
Djani, un tambour de devise et un palanquin.
A
ces
privilèges s'ajoute le droit d'intercéder en
faveur
des
condamnés à mort et d'épargner la vie des épouses du roi-défunt du clan
Yakassé.
Pour lui permettre de jouir de ces privilèges,
certains chefs de
village sont commis pour le servir.
Ainsi le chef de Kanton qui menait
les
troupes
de 'Toundiani en guerre lui offre six (6) ;ignames
et
un
poulet. Celui de Diamba remet un morceau de bois tandis que ceux de Yao
Bango, ,Béléwelé,
Basapounou lui envoyaient des sujets pour le
porter
dans son palanquin à la fête d'igname.
B -
LES ABRON
Les
sources
orales et écrites s'accordent pour reconnaître
que
les
Abron
viennent d'Akwamou situé à l'est du Ghana
à
la
frontière
entre
le
Togo
et le Ghana.
Pour
le
tambour,
qui
sont-ils,
d'où
viennent-ils?
Les textes tambourinés infirment-ils ou non les sources
précitées ?
1 - Origine
Le tambour pour justifier l'origine des Abron dit ceci
«Dernier monarque de Doma
Il fait jour
Majesté,
Faites parler de vous»
(T.No 45)
Ce
texte contenu dans la biographie de tous les rois Abron
fait
référence
à la ville de Doma ou Dormaa- Ahenkro située dans la
région
Brong en territoire Ghanéen de nos jours.

- 91' -
Pour
le
tambour,
Doma
est la ville-mère des
Abron.
Mais
la
mémqire
collective
retient
qu'ils viennent d'un
peu
plus
loin
de
l'Akwamou et c'est à la suite de la domination que voulait leur imposer
les
Ashanti
qu'ils
se
déplacèrent de ce lieu
à
Anwanwinisou
puis
respectivement à suntresu, Bechem
N'Gwanta,; Doman Hwidiem, Doman. Le
tambour ne retient rien de ce périple considéré comme la période sombre
de l'histoire des Abron à ne pas retenir.
C'est
à
Doma
que les Abron
rejoints
par
des
ressortissants
Denkyirà' défaits par les Ashanti où ils vécurent,
qu'ensemble. ils vont
." ~
bâtir
une grande ville de plusieurs artères et créer leur siège royal.
Doma qui a vu naître la dynastie des Abron est considéré par eux
comme
leur
ville d'origine et c'est pourquoi tous les rois portent le
titre
de
«Roi de Doma» qui,
en fait,
n'était qU'une étape sur le chemin de
l'exode vers le royaume de Bondoukou.
Le chef de Doma est de nos jours
considéré comme le neveu du roi des Abron.
Cette
référence
à la ville de Doma comme origine des Abron
est
perçu
par l'historien Jean Noël Loucou qui écrit: "Les Abron
résultent
de
la
fusion
de
deux
sous-groupes
akan
:les
Brong
et
les
Akwamou"(45).
Pour
cet auteur le groupe akwamou "s'installa
dans
le
Doma ( région de Wam,
Sunyani dans l'actuel Ghana) où se fit la fusion
avec l'élément brong pour donner le peuple abron"(46).
Après
Doma,
ils s'installèrent
à
Abessim,
Djunim, Danaresou
(Bondoukou) puis à Zanzan,
leur lieu de sépulture royale. Mais en fait
ce territoire ne leur était pas inconnu. C'etait celui de leur aïeul et
ils l'expriment dans le texte "Masakua".
(45)
Jean Noël Loucou, Histoire de
la
Côte
d'Ivoire,
Abidjan, Ceda, 1984,p.154.
(46) Id.

- 92 -
Brebre Masakua (bis)
Je suis venu de moi même
M'installer sous le jama
De mon aïeul sans
Conseil d'autrui.
Divin tambourinaire!
Où que tu sois l
Je t'invoque
viens!
l
Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soit l
Ecoutez!
Ecoutez et méditez!
Le message du tambour!
(T.No 46)
«Je suis venu de moi-même
M'installer sous le jama
De mon aïeul sans
Conseil d'autrui»
«Où avons-nous été toujours?
Nous avions toujours été sous l'arbre
jama de nos ancêtres.
Un peuple étranger plus fort que nous
Vient nous attaquer.
Boafran Kokon!
La vie est ainsi faite»
(T.N o 47)
Les
Abron
ne sont donc pas des étrangers sur le territoire
sur
lequel
ils
créeront leur royaume.
Les deux textes font
référence
à
l'arbre jama de leur aïeul.
Lorsqu'un peuple en Afrique affirme
être
sous
l'arbre de ses ancêtres 1
il signifie clairement par là qu'il est
chez lui.
Les Abron ne sont donc pas des étrangers sur le site
qu'ils
occupent.
Cette idée est soutenue par Ivor Wilks et Georges Niangoran-Bouah.
Ce dernier affirme que le noyau des Abron-Gyaman constitué par un groupe
d'origine Akwamou "venu du sud-Est du territoire Ghanéen étaient à la
recherche de leur pays d'origine (région de Kong)" (47).
(47~ Georges Niangoran-Bouah
op. cit. p.137.
l

-9J -
Les Abron ne forment pas une unité ethnique. Ils comprennent
,
,
également les Foumassa dont le nom commun d'appelation est:
«souche qui brise la hache»
Origine des Foumassa
« Vaillant. Foumassa!
Souche qui brise la hache!
Dieu .est le créateur.de toutes choses.
Boatrin du Juaben!
:rî:~ince>'Boatrin!
On parle de toi, mais sais-tu en. quels
Termes parle t-on de toi ?
On parle de toi comme d'un intrépide
chasseur d'éléphants.
Serpent qui broie le maïs!
Chef des Agona!
Tu es un homme.
Et tu l'as toujours prouvé.
Condoléances et salut (T.N o 48).
Les
Foumassa
sont la résultante des tribus Juaben,
Asokori
et
Agona faisant partie du pays Ashanti kôtôkô.
«Souche qui brise la hache!
Prince de naissance!
Dua kwabenan du Juaben!
Fils de la cour royale
Ashanti kôtôkô!
Prince de naissance!
Ton fémur est en permanence
Sur le champ de bataille.
Dua kwabenan du Juaben!
Tu es un homme.
Tu l'as toujours prouvé.
Fils de la cour royale
Ashanti Kôtôkô!
Roi du Juaben!
Conducteur du peuple Foumassa».
(T. N°49)
Juaben est en même temps le nom originel des Foumassa et leur
capitale politique. Leur nom d'appelation tambourinée est une image
assez significative.

94 -
Par cette image, ils conseillent de ne pas se méprendre d'eux. Ce
sont de valeureux guerriers.
Ils rejoindront les Akwamou de Doma à
la
suite
d'un
conflit qui les opposa au roi Ashanti sous la conduite
du
roi
Dua Kwabenan.C'est donc Dua Kwabenan qui avait conduit les
Juaben
ou
Foumassa au cours de l'exode à Duakwam et non
Kwakou
Boussoumbira
comme le soutient certaines sources orales.
Dua Kwabenan, un grand guerrier
«Ton fémur
Est en permanence
Sur le champ de bataille»
Ce
texte
s'entend
pour
dire que le chef des
Juaben
est
un
grand
guerrier qui passe son temps à guerroyer.
2 - LE SYSTEME POLITIQUE
La monarchie absolue
«Je peux parjurer
Sans être amendé»
(T. N°SO)
Ces deux groupes qui se rencontrent après un consensus décidèrent
d'adopter
le système monarchique où le roi omnipotent règne en
maître
absolu
sur
tous les sujets.
Ce roi est choisi entre les
deux
clans
zanzan
et
yakassé du matrilignage de Doma.
Ce monarque est la
seule
personne autorisée dans le royaume à utiliser impunément les jurements
d'Etat qui évoquent les défaites Abron. Ce sont :
Je jure sur kong et
je jure sur la rivière Taïn.
3- La position sociale du roi
Le
roi est au-dessus de son peuple et son pouvoir est
d'essence
de
droit
divin.
On
ne lui adresse pas directement la
parole,
les
instruments
parleurs
constituent
sa
bouche,
moyen
par
lequel
il
communique avec le peuple. En voici quelques exemples

- 95 -
Discours pour remercier simplement le roi
«Majesté, merci.»
(T. n051)
c'est
par ce texte que les sonneurs de cor remercient le
roi
pour
tout don reçu de lui en signe de politesse.
Ce don peut être
de
toutes natures (argent, boisson ou de la viande).
Discours pour remercier le roi en cas de satisfaction d'un don reçu.
«Sa majesté le roi
Nous a offert en abondance à boire» (T. N°52)
Les sonneurs de cors considérés comme
"les épouses" du roi
sont
très exigeants et lui expriment sans détour leurs sentiments. C'est par
ce
texte
qu'ils lui signifient leur satisfaction lorsque
la
boisson
offerte
par lui au cours d'une veillée funèbre est abondante.
Il faut
le
souligner c'est une coutume chez les Abron de s'abstenir de
manger
en
cas de décès,
la boisson et la soupe épicée remplacent les
repas.
L'expression
"on
a fait son décès" s'entend pour
qualifier
que
les
participants
aux
funérailles ont bien bu,
lorsque ceux-ci ont
bu
à
satiété
alors
les
funérailles se sont bien déroulées,
dans
le
cas
contraire,
ils
s'en prennent aux organisateurs.
Pour leur
part
les
sonneurs de cors s'adressent à leur "époux".
Discours pour mettre fin à une soirée
«Je demande
Un endroit, Majesté»
(T. N° 53)
Les sonneurs de cor sont des serviteurs disciplinés qui vouent un
respect
total
au roi et à son entourage.
Ce respect
se
remarque
à
travers
ce
texte par lequel ils demandent la permission au
roi
pour
mettre fin à la soirée et aller se reposer.
Discours pour rendre les honneurs au roi sur le point de se lever
«Sa Majesté le roi
vas'éléver!
Sujets, apprêtez-vous»
(T .. No54) .

- 96 -
Le roi en tant qu'intermédiaire entre les hommes et Dieu, ne sort
pas quand ~l veut et comme il veut. Craint et respecté, il se distingue
des sujets à qui il peut demander tout ce qu'il veut. Son départ ou son
arrivée
dans
une assemblée,
un conseil ne passe
pas
inaperçu.
Les
tambourinaires,
les
pages,
les
sonneurs
de cors
lui
rendent
les
honneurs
en invitant tous les sujets à en faire autant.
En
entonnant
cet
air,
le
peuple
se 1ève pour lui permettre de prendre
congé
de
l'assemblée ..
Le ROI, un prètre
« Tshon hon!
Ecoutez!
C'est vrai!
Tshon hon!
Ecoutez!
A les voir
Ils vous feront frémir.
Ecoutez!
C'est vrai!
Ils vous feront frémir
Ecoutez!
Tshon hon!
C'est vrai!
Du calme!
Ecoutez!
La bonne parole.
Sa Majesté parle
Aux Ancêtres-défunts»(T N°SS)
«A les voir
ils vous feront frémir»
Il
s'agit ici des sièges sacrés représentant l'âme
des
ancêtres-
fondateurs
du
royaume.C'est par ce texte du gong que les sujets
sont
invités à garder le silence pour permettre au roi de communier avec les
défunts-rois.Les Abron considèrent que le roi est mortel mais le siège
ne
l'est pas,aussi représente -il le symbole du pouvoir
spirituel
et
temporel.Ce moment d'intense prière exige uh calme absolu.

- 97 -
4 - Croyances religieuses
La
notion
du sacré recouv~e tout ce qui est en rapport avec
la
religion
et l'animisme.
Que faut-il entendre par ces deux
termes
et
quelles réalités recouvrent-elles en pays abron ?
. Le sacré, écrit le professeur Georges Niangoran-Bouah,"c'est
le
caractère
de
ce
qui
dépasse l'homme et
suscite
son
respect,
son
admiration"
(48). Sous ce rapport il inclut les êtres invisibles c'est-
à-dire Dieu, les génies, les esprits des morts.
L~animisme,
prolongement
logique
des
. croyances
religieuses
consiste à attribuer aux êtres et aux choses de la nature,
un principe
de viè et une âme analogues à ceux d'un humain.
C'est
cet
univers
du
sacré où se côtoient la
crainte
et
le
mystère
que nous tenterons de restituer en interrogeant
les
tambours
parleurs sur les croyances religieuses des abron,
l'idée qu'ils se font
de Dieu, de la création du monde, des êtres animés.
A) La Notion de Dieu et des êtres animés
1) Origine de Dieu
«Le créateur
Etait déjà à
L'aube des temps»
(T. N°44)
Les
Abron reconnaissent l'existence d'un Dieu unique,
cependant
son origine leur serait inconnue.
Mais ils pensent qu'il était déjà à l'aube des temps.
(48) Georges Niangoran-Bouah, L'univers Akan des poids à peser l'or,
les poids dans la société, Abidjan, NEA, 1987, p. 246.

- 98 -
2) Dieu tout-puissant
«Dieu tout-puissant!
Je t'adore!
Je t'adore comme la langue
Se comporte avec la mâchoire»
(T. n 0 56)
En général les Abron croient en Dieu.
Les différents noms qu'ils
lui
attribuent ont pour but de le magnifier:
L'Etre suprême qui donne
la vie et offre tout (Nyanmin),
l'infini (Niankopon), Etre de confiance
(Tshindiampon), le créateur de toutes choses (Odangaman).
Le
jour de la semaine qu'ils consacrent à Dieu
est
l e ,
Samedi, aussi l'appellent-ils "Tshindiampon kwamin Nyanmin"
Contre
toute
vraissemblance,
ce
jour se trouve être
dans
la
tradition judéo-chrétienne le jour du sabbat conSacré à Dieu.
L'on
affirme
qu'à
l'origine
en pays
Akwamou,
les
Abron
ne
croyaient
pas aux divinités,seul Dieu était adoré.
Dire
"je
t'adore
comme
la
langue
se
comporte
avec
la
mâchoire",c'est
reconnaître
implicitement
qu'on ne~~éparerait jamais de lui,
on lui sera toujours
fidèle.
En
effet
c'est
à Dieu qu'ils s'adressent avant
d'aller
en
guerre.
Texte pour implorer le secours de Dieu:
«Seigneur!
Nous allons en guerre
protège-nous»
(T.N°57)
Les
Abron
pensent
que la protection de Dieu en
guerre
leur
est
indispensable.Aussi c'est par ce texte qu'ils implorent sa protection.
Leur
croyance aux divinités proviendrait de leur défaite
face
aux
Ashanti
aidés
par
le féticheur Anokiè et les fétiches
utilisés
par
leurs hôtes les Koulango.

- 99 -
Selon eux, et par la voix de leur 14è roi Tan Daté,
i l vaut mieux
d~re
la
vérité pour ne pas avoir à consulter les
devins,
en
clair,
l'homme
de
vérité
n'a pas besoin de consulter
d'autre
sources
que
celles'que lui dicte Dieu.
3. La création
Tshindiampon Nyamin
A créé le ciel
Et créé la terre
Tshindiampon Nyamin
A créé la nuit et le jour ,
Seul, absolument seul.
Si un tambourinaire fait mal son
Travail,
il a affaire !
Tshindiampon Nyamin!
Nous te rendons hommage.
Divin tambourinaire!
Où que tu sois,
Nous t'invoquons,
viens!
Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soit!
Ecoutez, écoutez
et
Méditez le message du tambour!
(T.No 58)
Tshindiampon Nyanmin est l'un des nombreux surnoms de Dieu,
créateur du ciel et de la terre, du jour et de la nuit. Et à ce titre
il mérite respect et considération.
a) La terre
Terre, quel malheur!
Terre, quel malheur!
Terre nous allons
Te faire une blessure
En creusant une tombe.
Le déblai te reviendra.
Terre, il y a décès!
Je te l'annonce.
Nous enterrons un cadavre.
Nous enterrons un cercueil brun
Et cela
par solidarité humaine.
Terre, où que tu sois!
Je t'invoque, viens!
Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soit!
Ecoutez!
Ecoutez et méditez
Le message du tambour!
(T.N°59).

-
,-00 -
La
terre
en
tant que création divine possède une
âme
et
est
vénérée
par
les
Abron~
Ils pensent qu'en creusant
la
terre
pour
inhumer
une dépouille,
on lui cause un tort et la blesse.
Ce qui lui
crée
des
sentiments de frustration et la fait pleurer comme
un
être
humain.
Dans ce texte, il est question de la convaincre qu'elle nia pas à
pleurer puisque la terre enlevée lui revient ainsi que le cercueil brun
et tout cela dans son propre intérêt.Ce texte nous renseigne qu'en pays
abron
les
morts }; 'sont
enterrés; dans un cercueil brun sous terre par
solidarité humaine.
L'on
estime
qu'après
avoir évoqué Dieu et la
terre,
il
faut
évoquer le sorcier, si l'on veut avoir une -longue vie.
b) Sorcier, génie-esprits
«Quand le génie sasrabrozam
Se rend dans un village,
Il loge chez le sorcier».
(T.N°60)
Génie et sorcier dans la pensée des Abron constituent une même réalité,
ils
cohabitent.
1) Le sorcier
Sorcier,salut!
Sorcier, salut!
Nos victimes ne sont que
Des hommes de valeur.
Nous n'avons pas
Affaire aux minables.
Sorcier,
je te salue.
Tu es roi.
Quand la nuit vient,
Je me lève pour te réveiller.
Quand le jour vient,
Je me lève pour te-réveiller.
Sorcier,
je te salue.
Sorcier, où que tu sois
Je t'invoque, viens!
Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soit!
Ecoutez,écoutez et
Méditez le message du tambour (T.No 61)

-
101 -
Dans la société Abron,
le roi,
les chefs de province, de village
et autresd~gnitaires possèdent une puissance,
un pouvoir
d'agression
qui
s'exerce
de
manière invisible pour la
protection
du
pays,
du
village et des membres de la famille.
A
côté de ces personnes,
genre de sorciers,
il existe
une
autre
catégorie
redoutable
de
sorciers
considérés
comme
"des
malfaiteurs
d'autant plus dangereux que leurs méfaits sont
invisibles
et
que
les conséquences sont généralement mortelles pour la
victime"
(49). Op les compare parfois à des êtres surnaturels qui seraient créés
par
Dieu
qui par la suite à cause de leur mauvaise
conduite
préféra
s'en débarrasser.
Les sorciers qui opèrent à visage non découvert sont
craints
et respectés au même titre que le roi.
Ce sont des
mangeurs
d'âme.
Les
victimes
des
sorciers
se
récrutent
dans
les
catégories
sociales aisées, les hommes de valeur à l'exception des personnes moins
importantes. Par catégories sociales aisées,il faut entendre les
hommes
riches
ou qui occupent une parcelle de pouvoir et qui de ce fait
sont
connus
et
appréciés.
L'action des sorciers subsiste de nos jours
et
inclut les intellectuels,
les travailleurs sociaux et des termes comme
"courte maladie" désignent leurs méfaits.
Cartésien ou pas la majorité
des
cadres
Abron croient en la sorcellerie et se
méfient
d'investir
dans leur village.
En
faisant l'apologie des sorciers,
les tambours
reconnaissent
implicitement
l'existence
des sorciers qu'on ne peut indiquer
à
vue
d'oeil.
Une
fois découverts,
ils sont bannis de la société.
A
leur
mort, ils sont enterrés sans ménagement.
(49) Jean Paul ESCHLlMANN, Les Agni devant la mort, Paris, Karthala,
1985, p.
223.

- 102 -
2) Le génie
«Kongol
Il Y a décès»
(T.No 62)
Kongo . est le nom du génie de la terre de Gbanè où vivaient
les
embaumeurs de la cour royale venus d'Hérébo à la recherche de l'or.
Ils
avaient
été
précédé
en
ce
lieu
par
Koffi
Akori
de
Kwatoutou, fondateur de Dimgbi. La cohabitation fit. long feu.A la suite
d'un conflit, les embaumeurs sollicitent une portion de terre à Kwadio
Koli, chef de terre de Gbanè qui les réinstallent au
lieu
dit
"gbon
latouo".Ici
un
malheur
va
s'abattre sur
eux,la
mort
décimait
le
groupe.En
animistes convaincus, ils attribuai~nt ces décès au génie
de
la terre. En' annonçant au
génie qu'il y a décès, cela
lui
faisait
plaisir
et il y eut moins de décès jusqu'au jour où un
marabout
vint
les inviter à quitter ce lieu.
5 - système successoral
«Rien que la lignée»
(T. NO 63)
L'héritage
en pays Abron est constitué par les tabourets sacrés.
L'animisme
est ici érigé en religion d'Etat.
La succession
au
trône
royal
et
la
dévolution des biens de toutes sortes se
font
dans
le
lignage
maternel,
c'est-à-dire
d'oncle à neveu ou de frère
à
frère
utérin.Quant aux sièges de province,la succession s'opère dans la ligne
patrilinéaire,c'est-à-dire de père en fils.
C - Les populations- hôtes des Abron
L'étude a identifié quatre groupes qui se seraient installés
après l'arrivée des Abron.
Ce
sont les Abron de Diédou,
les Nkwanta de
Kérébio-Domiambra,
les
Denkyira de Dokanou,
et les sogovagne de Sogobo.
Qui sont-ils et
d'où viennent-ils?

-
103 -
1- Les Diédou
«Il n'y avait personne»
(T.No 64)
Diédou
est
un village créé par des Abron
venus
de
Doma.
Ils
prirent
part à l'exode en s'installant d'abord à Djunim puis à Diédou.
Ayant la même origine que ceux de la cour royale,
le roi Kwadio Agyeman
les
invita
à
venir
vivre
avec lui.
Pour
donner
un
sens
à
son
invitation,
il
offrit à leur chef un tambour de devise.
Le texte
de
celui-ci:
"il
n'y
avait
personne", s'entend
pour
désigner
les
adversaires
des Abron.
Cette devise,
sorte de serment de fidélité au
roi abron laisse entrevoir deux idées essentielles
La
première
est
que cette population
est
venue
dans
le
royaume après les guerres de conquête.
La
seconde laisse croire que cette population se serait
engagée
dans
les
rangs de l'armée abron en prenant une part active
dans
les
guerres de conquête.
2 - Les Nkwanta
a) Origine
Nana Ntow Kroko!
Généralissime de guerre!
Serviteur intègre et compatissant
Venu des cieux!
Tromo Kwasi au cri inconnu!
Monarque de la forêt noire!
Seigneur des grands chemins!
En possession de toutes ses facultés.
Abron aux milles boucliers!
Empereur, roi de Duayaw Nkwanta!
Monarque omnipotent depuis les
Temps anciens!
Roi descendu du ciel par des chaînons!
Chef des Npona!
Créature qui pousse des cornes
Même morte!
Ano Adou Kwao!
Etre insaisissable aux trente secrets (T.No 65).
«Je suis fine lame de guerre»
(T. nO 66)

- 104 -
Les
ancêtres des Nkwanta seraient descendus du ciel à l'aide
de
chaînons
dans
le secteur forestier de Duayaw Nkwanta (situé
dans
le
Ghana
actuel)
où ils furent accueillis par Bouo
Kofi.
Descendus
du
ciel, les Nkwanta s'estiment un peuple ancien, autochtone sur leur site
originel où ils créèrent un royaume puissant.
Fondé avant celui des Ashanti,
ce royaume très vite va connaître
une
prospérité
enviée des voisins.
Jaloux de cette
prospérité,
les
Nkwanta parvinrent à les repouser.
Les Nkwanta se considèrent dès lors
comme
de
vaillants guerriers et à travers
leur
devise
tambourinée,
défient
le roi Ashanti et tout autre monarque qui oserait se mesurer à
eux
ou
les
attaquer.
Malheureusement leur unique défaite
face
aux
Ashanti les contraindra à l'exode.
b) Les causes de l'exode
«La terre est immense»
(T. N° 42)
Les
Nkwanta bien qu'étant de vaillants guerriers seront
vaincus
par
les
Ashanti
(50)
au cours
de
la
septième
bataille.
ceux-ci
emportèrent leur tambour de devise en or et de peu se seraient
emparés
de leur siège royal.
C'est
dans
ce
contexte
que
les
Nkwanta
vont
élaborer
une
philosophie
pour justifier leur déplacement du site originel avec leur
siège
royal.
En
effet cette pensée contenue dans
leur
cor
d'appel
considère
que
la terre est immense et pour une raison
quelconque
si
vous êtes contraint d'abandonner votre terroir, faites-le.
C'est ce que
fera
Ntow Kroko envoyé en mission pour, d'une part sauvegarder le siège
des
Nkwanta
et
d'autres part rechercher des mercenaires
en
vue
de
récupérer les biens matériels confisqués par les Ashanti.
(50) La défaite des Nkwanta s'expliquerait par la trahison d'une femme
Nkwanta
qui aurait indiqué à son amant ashanti le passage secret
sur
la rivière Apapè des Nkwanta où ces derniers passaient à gué
pour
surprendre les Ashanti.

- 105 -
Au cours de cet exode,
il s'installa avec ses oncles à
Asare,
Biama et à Kérébio Kessi.
D'autres villages seront créés par la suite.
Ce sont:
Kérébio Domiambra,
Kérébio Akoinkro,
Akosuam,
Brofoyedou,
Kofi Tiakurom.
3 - Les Sogovagne de Sogobo
«Le royaume est "grand.
Mais nous n'y avons pas
Notre place»
(T. N°67)
Venus
tard
dans
le
pays
Koulango,
les
sogovagne
Sogo
rencontrèrent
des
difficultés
pour
créer un royaume
à
eux
malgré
l'immensité
du territoire.
Le discours de leur cor d'appel évoque
ce
souci
permanent
qui les contraignirent à se
disperser
dans
le
pays
koulango.
s'ils
n'ont
pas trouvé de
terre

s'installer,
c'est,
affirme leur tambour de devise, qu'ils sont haï.
On
les
retrouve dans les villages
de
Sogobo,
Assuagny, Yézimala,
Sogovagne Sogo.
4- Les Denkyira de Dokanou ( Dengasso)
«Nous venons d'Asankra
Avec la guerre»
(T. N°68)
Ce
texte fait référence à l'origine de ce groupe et à la guerre.
Asankra serait le village d'origine des membres de la province
Dengaso
située dans le pays Bona. Ce texte signifie que c'est un peuple qui n'a
pas
peur
de la guerre et qui sait se battre mais
malheureusement
il
sera
battu par l'armée Ashanti à la suite d'une guerre et contraint
à
l'exode
sous
la
direction
de leur chef Ano Asouman
ou
Asouman
la
panthère.
La
panthère étant le totem de quelques uns de
ses
sujets,
certains mouraient rien qu'à entendre le surnom Ano.
Il changea Ano en
Yeminin qui signifie celui à qui nous appartenons tous.

-
106 -
Au cours de cet exode, les membres du groupe s'installèrent dans le
Denkyira puis à Borosani où ils vécurent pendant longtemps.
c'est ici
que lèur
chef Asouman Yeminin meurt et il est remplacé
par
Aka
Dam.
A la suite de son intronisation et pour fuir le malheur qui vient
de
les frapper par la mort de leur premier chef, Aka Dam s'installe à Wasa.
Ici
survint
un événement.
Une chaîne descendit du ciel àvec
Kwabena
Wasa. Cette chaîne appelée Gonzogonzo descendue dans la cour du 3è chef
Prao Bil~ va créer un conflit entre ce chef et son hôte qui· prétendait
que
cet
objet descendu dans son pays de facto lui
appartenait.
Prao
Bilé
et son groupe s'enfuirent alors avec cette chaîne et le siège
et
s'installèrent
à Anuanuan.
C'est ici qu'ils rencontrent
les
Asuadiè
chassés
de
chez eux par la guerre et faisant bande ensemble,
ils
se
déplacèrent
à
Bettié où un troisième groupe de fugitifs
se
joint
à
eux, ce sont les Abradi.
Ils
décidèrent
ensemble
d'aller
à la
recherche
d'une
terre
paisible. Découverts par un chasseur appelé Danatché qui leur offrit du
feu,
celui-ci
les
conduit
dans le village de Goura

des
luttes
intestines faillirent désagréger le groupe.
Mais après réconciliation,
ils décident de s'installer à Yabraso.
Le chef de Goura alla
informer
le
roi des Abron de leur présence et celui-ci l'autorisa à les laisser
s'installer
où ils voudront.
Ils créent alors Domansi qui
veut
dire
sous
l'iroko.
C'est
ici que le groupe éclate à nouveau.
Les
Abradi
s'installèrent
à Dihinibo,
les Asuadiè à Koun-Abronso et
les
autres
membres
installés sous la colline fétiche denga se firent appeler
les
Dengaso.
Leur
chef-lieu de canton est Dokanou qui veut dire sous
les
raphia.
Cette
plante poussait en quantité à cet endroit.
Les Dengaso
par
la suite vont s'essaimer dans le pays et créer
des
villages.
Ce
sont

- 107 -
Akracikro
Fondé par Akraci venu à la recherche de l'or.
Ce village
est
considéré
comme étant le plus vieux car c'est ici que
le
groupe
avait débarqué avant de s'installer à Pala Goura.
Brayé ,.Le site avait été découvert par Nango;
frère de San Kwamé mais
son
véritable fondateur est Kwabenan Fébi et veut dire "venir bien" ce
qui signifie si vous venez, venez avec quelque chose de bien.
Kokomian: est créé par le devin Tano kwakou
Assindi : Son fondateur est San Aka. C'est la déformation de suntre qui
;! veut dire la tête de l'éléphant tombé dans
l'eau.
Asuemankro
est
l'oeuvre
de
la
grande-mère
Asueman,
une
femme
courageuse venue à la recherche de l'or.
Aboisue:
qui veut dire la rivière de la tortue géante. Le village est'
construit auprès de cette rivière où une tortue géante fut découverte.
Guimeré : fondé par Kwasi Bouo pendant le règne de Kwasi Daté chef de
la province Siendji. Ce village qui veut dire sache regarder
joue le rôle d'éclaireurs et de liaison entre le chef de la
province Siendji et celui de Dengaso.
Anokikro
est fondé par un devin Anoki et est installé auprès de
la
rivière Ba.
,
,
1
1
Yao Badoukro
est fondé par Yao Badou venu de Belewele situé dans la
commune de Tanda.
Les autres villages sont :
- Worokro ou Anhoro :C'est ici que le roi Tan Daté avait défait le chef
Bonaye,
- Tan Kofikro
Ces
fugitifs denkyira forment une province appélée
dengaso.Elle
compte douze villages et le siège s'hérite d'oncle à neveu.
Neuf chefs se sont succédés au siège appelé siège de Prao Bilé du
nom du quatrième chef qui reçut au cours de son règne le siège descendu
du
ciel avec Kwabenan à Wasa.

_ 108 -
La
confection
de
leur
tambour de
devise
antérieure
à
leur
installation
dans le royaume abron entraîne t-elle leur autonomie vis-
à-vis du roi des Abron?
La
réponse est négative.Lors de la guerre de
éonquête,
la
capitulation des Bona ou Kaïsiosogo a fait du
chef
des
Dengaso
,un
vassal
du
roi
des Abron et ceci
se
traduit
par
les
contraintes politico-rituelles imposées par les Abron.
La fête d'igname débute par le rite de la tradition du bois.
Tous les chefs se munissent chacun d'un tronc d'arbre et vont le
jeter
en
choeur
et
en> 'exhaltant le pouvoir du
roi,
aux
pieds
de
leur
souverain.
Ils
font
ainsi acte d'allégéance envers leur
maître
et
reconnaissent son autorité.
Refuser la tradition du bois,
c'est rompre avec son supérieur et
rejeter
son pouvoir.
Des sanctions sévères étaient attachées à un tel
acte.
La province de Dengaso n'a jamais failli au principe.
D - Les Abron et leurs voisins extérieurs
Les Ashanti
- Les Ashanti, éternels ennemis des Abron
Nous savons, savons, savons!
Nous savons, savons, savons!
( bis)
Nous savons !
Nous savons qu'un jour
Il y aura la guerre.
Et qu'un jour,
Nous nous battrons !
Et savons
Qu'un jour nous fuirons.
Warakassa, Worokoussou!
La guerre, c'est le porc-épie.
Porc-épie qui avale l'éléphant!
Koadja koko , fils d'éléphant!
Eléphant qui brise la hache!
Eléphant!
Où que tu sois,
Je t'invoque, viens!
Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soit!
Ecoutez, écoutez et
Méditez le message du tambour! ( T.N°69)

- 109 -
Le
roi
Kohosonon à la tête du royaume à travers
une
série
de
guerres
dont l'issuelui était toujours favorable s'était fait craindre
par ses voisins et inspirait la confiance aux yeux de son peuple.
S'il fut un grand roi,
il savait les limites de son pouvoir et ne
se
faisait
aucune illusion dans ses rapports avec
son
grand
voisin
l'Ashanti qui s'identifie à la guerre et,
seul,
peut le vaincre et le
contraindre
à l'exil comme se, fut le cas avec son prédécesseur Abo Dua
Kokroko.
"La guerre, c'est le porc-épie!
Porc-épie qui avale l'éléphant!"
Le
porc-épie
est
le symbôle des Ashanti
et l'éléphant
celui des
Abron. En disant
c'est
le
porc-épie
qui
avale
l'éléphant, le
roi
Kohosonon reconnaît implicitement la supériorité des Ashanti.
Mes guerriers ne sont pas nombreux.
Mais ils sont courageux.
On n'est pas captif
Pour rien.
Est-ce qU'un champ de maïs
Produit-il en période de sécheresse ?
Mes guerriers travaillent
Même courbés
Jusqu'au coucher du soleil.
Je ne vous tiendrai pas rigueur
Si vous ne venez pas demain.
Mais je n'apprécie pas
Qu'on défriche mal mon champ.
La termite
Qui ronge le fer!
Comment les ont-ils tués ?
Ils les ont tués à la
Manière dont un chasseur
Tue l'éléphant.
Merci et salut (T.No 70).

-
110
Ce
texte,
dialogue entre le lieutenant de guerre de Lomo et
le
roi
Kohosonon,
créateur de ce siège est une réplique au cri de guerre
des Ashanti
"Tuer mille et mille autres viendront à la
charge".
En
effet
pour le roi abron dont l'idée-force contenue dans sa
biographie
est
"seul il faut mieux que mille",
les guerriers de l'armée abronne
sont pas nombreux certes, mais ils sont courageux.
Ne
vaut~il pas mieux d'avoir des guerriers en petit nombre
mais
courageux plutôt que d'avoir des guerriers en nombre qui
paniqueraient
sur le champ de bataille ?
Convaincu
que
ces guerriers sont courageux,
ce
lieutenant
de
guerre
demeure
tout de même incertain sur l'issuede la
guerre
qu'il
triomphe
grâce à sa patience et à sa grande classe.
rI est
considéré
comme un chasseur d'éléphant, c'est-à-dire un héro national.
Le roi Agyeman Pagnini
«Moi Agyeman Badou!
Je ne peux pas
Avoir peur des Ashanti
Et avoir peur'des Koulango.
»( T n07!)
A la mort d'un roi Abron, les épouses de celui-ci fuient le foyer
car une fois arrêtées,
elles sont exécutées. Pour éviter d'être tuées,
les
femmes
de l'ex-roi Kohosonon s'étaient réfugiées auprès du
chef
Wolodabia, chef des Koulango. Une fois épargnées de la mort, les veuves
deviennent
la propriété du nouveau roi.
C'est à ce titre que
le
roi
Koffi
Agyeman exigea le retour des veuves du roi Kohosonon.
Le
chef
Wolodabia
en
retour envoya une ambassade munie d'une flèche et
d'une
daba.
Ces
deux éléments représentent respectivement le symbôle de
la
guerre et de la paix.

- 111 -
Le
roi
Koffi Agyeman devait choisir entre deux
alternatives
insister
à réclamer les veuves par la guerre ou y renoncer en
sign~nt
la
paix.
Lorsqu'on
lui eût expliqué le message,
il entra
dans
une
grande colère et prononça ces phrases restées célèbres:
"Moi Agyeman Badou!
Je ne peux pas avoir peur des Ashanti
Et avoir peur des Koulango.
Jamais, au grand jamais!
Je le dis et le dirai toujours»
(T. N0 71)
Ce
texte
·nous renseigne que les Abron parmi
tous
leurs
voisins
craignaient plus les Ashanti dont ils
sont
tributaires.
Les
Ashanti combattirent les Abron en 1739, 1817.
Ce
sont
les éternels ennemis des Abron.
Et bien que
suzerains,
les
Ashanti
qui
peinaient avant de les vaincre
éprouvent
également
des
sentiments
de
peur
à
l'égard
des
Abron.
L'on
raconte
qu'avant
l'avénément
du devin Anokiè,
les Abron étaient suzerains.
Depuis
la
victoire
de
Osei Tutu,
les Ashanti seraient entrain de prendre
leur
revanche sur les Abron ..
«Kawiningon!
J'ai eu affaire.
Je me suis rendu chez lui
Et il a tué un mouton.
Quelle partie de l'animal
T'a t-il offert?
Il ne m'a offert que les côtes.
Kawinigon!
J'ai eu affaire»
(T. N°72)
L'on
raconte
que le 6è roi du Gyaman Koffi Agyeman
ou
Agyeman
Pagnini
avait
envoyé une ambassade composée d'un page et d'un
porte-
canne
auprès
de son homologue Ashanti.
A l'arrivée
de
l'ambassade,
celui-ci
fit
tuer un mouton bien gras.
Les messagers du
roi
abron-
gyaman étaient convaincus que le mouton était tué pour leur réserver un
bel accueil.

- 112 -
Au premier jour, ils eurent droit aux côtes du mouton, au second
jour,
ils
s'attendaient à ce qU'on leur
servent les
bonnes parties de l'a-
nimal, les
gigots par exemple.
Ils n'eurent malheureusement pas droit
même aux côtes. Très choqués par cet accueil,
ils en firent part au roi
à leur retour. Le roi Koffi Agyeman véxé par le
traitement
subi par
ses messagers ordonna aux sonneurs de cors
de conserver pour la posté-
rité cette injure qui lui est faite par le roi Ashanti.
Il est à noter que· dans le royaume, tout manquement à l'un des
messagers
du roi est considéré comme une atteinte à la personne du roi
et le sujet fautif est sévérement puni. Mieux vaut avoir affaire au roi
qu'à ses messagers.
«La guerre a éclaté.
D'où peut-elle venir?
Elle ne peut venir
Que d'Ashanti Kôtôkô.
Prince guerrier Datè!
Nous le savons et
L'avions devinée.
(T. N°73)
Ce
passage
tiré
de la biographie du 14è
roi
Abron
Tan
Datè
intronisé
en
1904 vient confirmer que les Ashanti furent
les
rivaux
redoutés
des abron.
De tous leurs voisins,
ils ne craignent que
les
Ashanti et demeurent persuadés qu'aucune armée ne peut les affronter si
ce n'est celle des Ashanti.

-
113 -
CHAPITRE III
L'EDIFICATION DU ROYAUME
Les
Abron se savent haï.
Il s'agit de déterminer ici ce à
quoi
ils·' ont recours et les structures mises en place pour l'édification du
royaume.
A - Les guerres de conquête
1- La nature de la guerre
«Yeboa Afari!
La guerre est une bonne chose.
La guerre était à la création du monde»
(T.No 74)
Lorsqu'un
texte
d'instrument
de
musi~ue
évoque
un
nom
de
personne,
il s'agit en cette circonstance soit du nom du créateur de ce
texte
ou
du
nom du roi qui pendant son règne l'événement
se
serait
produit.
Yeboa
Afari ici serait le fondateur de la dynastie de
Doma.
Successeur
de Yeboa Koriè,
il s'installa successivement
à
Suntrésu,
Bechem Nqwanda puis à Doma où i l mourut.
Tout au long de sa vie,
il soutenait l'idée que la guerre est une
bonne
chose.
Pour ce roi qui cautionnait la guerre,
celle-ci
serait
inscrite
au
coeur des sociétés dans la mesure où elle
permet
de
se
procurer
des
biens
matériels
et humains
pour
asseoir
le
pouvoir
politique.
L'idée défendue par Yeboa Afari, fondateur de la dynastie de Doma
rejoint celle de Karl Marx pour qui l'histoire de toute société jusqu'à
nos jours est l'histoire de la lutte des classes.

- 114 -
2 - Les objectifs
Nous n'avons pas réussi
A vaincre les Adansi
A cause de la traitrise d'un esclave.
Nous avons cependant vaincu
Et mis à mort' le chef des Koulango.
Nous l'avons tué pour nous emparer
De son pouvoir et de son pays.
Nous avons tué le chef
De Banna ( Banda )(T.No 75).
«L'araignée!
L'araignée
Avec intelligence
A abattu le fromager»
(T. NO 76)
Les Abron qui se comparent à l'araignée,
animal rusé,
affirment
avoir
vaincu les Koulango (le fromager) nombreux mais désunis grâce
à
leur intelligence.
Les
objectifs qu'ils ne dissimulent pas sont clairs:
s'emparer
du
pouvoir
politique
et
du pays des
Koulango.
En
effet
ce
pays
découvert
par le roi Badou Agyeman depuis Doma s'était
distingué
par
ses
richesses aurifères,ce qui lui permit de rembourser les
dettes.En
dehors
de
cet
or,les abron convoitaient
également
les
populations
dispersées
dans
le pays et dont l'organisation politique
ne
dépasse
guère
celle
du
village.
En s'emparant
du
pouvoir
politique,
ils
espèraient utiliser à leur fins ces populations et s'enrichir.
3 - Les Armes
a - Le fusil
Ta présence
S'annonce toujours
Par d'interminables coups de fusil (T. N077)

-
115 -
Les
Abron peuvent avoir utilisé le fusil dès leur
installation
dans
le pays pour conquérir ce territoire.
En effet la biographie
du
1er
roi
Tan Datè laisse entendre que la présence des
rois
s'annonce
toujours par des coups de fusil,
ce qui fait frémir les autochtones qui
n'étaient pas habitués à cette arme. L'arc et la flèche constituaient
leurs principales armes.
b - La poudre à canon
Tu sens la poudre à canon
A force de faire usage
De ton arme!
(T. N°7S)
Les
munitions des armes à feu étaient principalement la poudre à
canon.
c - La pierre à fusil
«Tu sens la poudre à canon
A force de faire usage
De ton arme!
(T. N°7S)
c'est au contact de la pierre et de la poudre que le fusil faisait
feu.
d- Les Boucliers
Abron aux milles boucliers
Rassemblez-vous, venez !
Tshrékrou Bendi Akoura
Munissez-vous
De vos cartouchières.
Venez, venez! ( T.N° 79)
e - Les cartouchières
«Munissez-vous
De vos cartouchières.
Venez, venez!
(T. NOSO)
f - Le cimeterre ou sabre
«Je suis fine lame de guerre.
Personne ne peut m'arracher
L'arme de ma main»
(T. N°S1)
Telles sont les armes qu'utilisaient les abron en guerre. L'usage
de
ces
armes
de fabrication étrangère montre que très
tôt
le
pays
entretenait des relations commerciales avec les Etats côtiers.

-
116 -
Les Abron-gyaman étaient conscients que les armes à elles
seules
ne
suffisaient pas à assurer le succès en guerre.
Ils recouraient aux
pouvoirs surnaturels des divinités.
4 - LES DIVINITES NATIONALES DE GUERRE
Ce sont Tano à Dadiassé et celle de souromani
a) Tano Kwabenan
Tano
Vient de la création du monde (T. N°82)
Le ruisseau traverse le sentier.
Le sentier traverse le ruisseau.
Des deux,
lequel est antérieur à l'autre? (T. N°83)
Le
chef du village de Dadiassé est responsable devant le roi
de
la
divinité Tano découverte au cours d'une partie de chasse à
Tanosou
dans
la région d'Asumenim.
C'est Tan Kwame qui en avait la charge
et
c'est d'Adandia qu'il viendra créer Dadiassé.
Installée un
mardi,Tano
porte
le
nom
de Tano Kwabenan.
C'est dans une même famille
que
la
divinité recrute ses prêtres.
L'insigne de son tambour de devise représente un porc-épie
gravé
sur la caisse de résonnance.
Le porc-épie est un animal muni de défenses, c'est dire par cette
image
que Tano est bien une divinité de guerre.
En tant que divinité,
son tambour de guerre laisse entendre qu'elle est une création de Dieu.
Elle est de ce fait infaillible.
Cette divinité avait/dit-on) affirmer
que
si les rois abron savent l'entretenir,
ils n'auront jamais honte.

-
117 -
En effet,
n'eût été l'entêtement de certains rois,le royaume
n'aurait
jamais connu de défaite comme ce fut le cas de la défaite d'Abo Koffi à
Kong,
d'Adingra
Kwadio
Kouman sur le Taïn,
celle de Koffi
Fofié
à
Morokro en pays Anno et celle de Kwakou Agyeman contre Samori à Gonia
ou Gondia.
C'est
à
l'intention
de la divinité Tano Kwabenan
que
le
cor
d'appel
de
la cour royale laisse entendre le second
texte.
Pour
ce
texte, Tano, qui est un ruisseau, est une création de Dieu.
La devise même de. Tano est: parler une seule fois.
b) Souromani
1 - Idéologie
«Je suis à vos côtés»
(T. N°84)
Le
lieutenant de guerre de souromani appelé chef du pardon est
le
gardien de la deuxième divinité de guerre des Abron.
Par ce
discours,
il
affirme sa fidélité au roi et sa disponibilité à prier pour l'aider
dans ses guerres de conquête. De nos jours ce village est pris d'assaut
par des visiteurs qui croient aux oracles de cette divinité.
2 - Caractère du chef du pardon.
«Le vent est venu
souffler sur le cocotier
Et l'a aussitôt déraciné»
(T.N°8S)
Le
lieutenant de guerre de Souromani avec sa divinité est
tout-
puissant et aucune armée ennemie ne peut lui résister. Il se compare au
cyclone qui dévaste tout sur son passage.

- 118 -
5 - Incitation à la guerre
La
décision
d'attaquer telle ou telle armée ennemie
rélève
du
roi.
Le
rassemblement
des troupes est assuré par les lieutenants
de
guerre à travers les tambours et cors d'appel. Nous avions collecté les
textes des lieutenants de guerre de Kérébio - Domiambra, Dorma-Ahenkro:
a) Kérébio-Domiambra (chef des Nkwanta)
«OÙ étais-tu
Quand nous partions
En guerre?
(T. N°86)
Tous les sujets du roi qui ne participèient pas aux guerressanè
motif, étaient punis, voire bannis de leur village. Ce texte entonné au
moment
d'aller en guerre rappelle à tous que des justifications seront
demandées aux absents.
Aussi tout individu qui entendait ce texte était
personnellement
invité à aller en guerre.
b}
Dormaa - Ahenkro
«Une tête
Va y rester»
(T. N°87)
Rester ici a le sens de perte de vie humaine en guerre. C'est par
ce texte que le tambour de, devise de Dormaa - Ahenkro annonce la guerre
à son peuple et l'invite au combat.
B - L'ORGANISATION DU ROYAUME EN REGIONS MILITAIRES
L'armée
abron
repose
fondamentalement
sur
trois
régions
militaires: Ce sont les régions de Songori, Guiendé et Drobo.

-
'119 -
1 -
Région de Songori
al
-
Fonction
«Je suis le chef
De l'avant -garde
Et rien d'autre»
(T.
N°B8)
Le
grand
tambour
de
Songori rappelle la
fonction
réelle
du
détenteur
du
siège de ce village.
Il n'est rien d'autre
qu'un
chef
militaire chargé de l'avant-garde de l'armée abron.
En période de guerre,
il conduit et fournit la poudre à canon aux
troupes
de
douze
villages
dont
Laoudi,
Kohui,Sanguié
Ta,
Bourougoudou,
Dèba,
Gono,
Gnongomami,
Pètèye,
Darikousou,
Fakala.
Les
chefs
de
ces villages lui prêtent le serment d'allégeance à
la
fête
d'igname.
Au temps du roi Tan Datè de Diassempa,
ce dernier en conflit
avec le chef militaire Kwakou Tori,
ces villages sont revenus à la cour
royale.
b)
- Origine du siège
«Je suis fine lame de guerre.
Personne ne peut m'arracher
L'arme de ma main»
(T.
N°Bl)
Le
premier
détenteur de ce siège est le neveu du roi
Kohosonon
appelé
Koffi
Awinipira,
réel prétendant au trône royal et
exclu
de
l'héritage à cause de la cruauté de son coeur.
Son surnom vient du fait
qu'il exécutait ou cicatrisait tous ceux qui avaient tort au cours
des
audiences
royales.
Tous
les
sujets
le
craignaient
et
le
peuple
mécontent de son comportement exigea qu'il soit exclu de l'héritage.
Ce qui fut fait.
Désavoué publiquement,le roi Kohosonon tenta de
repêcher
son neveu qui aime tant tuer en le nommant chef
de
l'avant-
garde de l'armée abron-gyaman.

' ...-. \\ .....
-
Fort de cette nomination,
Koffi Awinipira de cette situation tire
le discours de son tambour de devise.
Pour mémoire,
rappelons que sans autorisation,
Koffi
Awinipira
versait le sang des sujets,
acte inapprécié des sujets. Mais maintenant
qu'il
en
est
autorisé
par
le
cimeterre
qui
symbolise
sa
force
militaire,
qui l'en empêchera?Il est libre dès cet instant de faire ce
qu'il veut.
Ses fonctions se sont même accrues et c'est en sa présence
que tout nouveau roi prête serment avec le cimeterre qu'il détient.
GRAND TAMBOUR ET TCHUNISSINI
DE SONGORI (ADONTEN)

- 121 -
2 - REGION DE GUIENDE
a) Fonction
«Je suis le chef de l'avant-garde»
(T. N089)
situé à une vingtaine de kilomètres de Tanda sur l'axe Bondoukou-
Tanda,
le
village
de
Guiendé abrite l'un des
chefs
militaires
du
royaume. Il règne sur une vingtaine de villages avec lesquels il occupe
le front en guerre.
La seule mission qui lui est dévolue est d'assurer
en guerre le poste de l'avant-garde de l'armée abron-Gyaman.
b) Exercice de la fonction
«Je suis prêt à mourir»
(T. N090)
Etre prêt à mourir c'est être prêt à se sacrifier pour
l'honneur
du pays.
En tant que chef militaire des forces du centre,
les troupes
qu'il
dirige
au
combat sont face aux belligérants.
Elles
sont
les
premières à engager l'affrontement.
Dès lors elles sont exposées à
la
mort
et
peuvent
passer
de
vie à trépas.
Ce chef
se
dit
prêt
à
combattre.
Ce texte a pour fonction de stimuler,
conditionner moralement et
psychologiquement
les
soldats
qui
doivent
affronter
les
troupes
ennemies.En réponse à cette devise, le tambour de Broukro dit
«De tout temps
On ne prend que ce qu'on peut»
(T. N°91)
Ce texte signifie que même si tu vas tomber de suite c'est-à-dire
prêt à mourir,
fais ce que tu peux. Le chef de Broukro conseille à son
parent détaché dans le Gyaman de persévérer dans la lutte.

- 122 -
c - Caractère
«Guêpe en bordure de piste»
(T. N°92)
Le chef militaire de Guiendé se compare à une guêpe en bordure de
route.
Cette
guêpe munie d'un aiguillon venimeux est toujours prête à
se défendre quand elle est attaquée. Par cette image le détenteur de ce
tambour
de devise affirme être toujours prêt à combattre mais il
sait
vivre
en paix avec ses voisins d'où sa mise en bordure c'est-à-dire
à
l'écart,en clair il n'est pas belliqueux comme le chef des Foumassa qui"
se met au travers des routes défiant toute personne.
La
création de.ce poste par le roi Kohosonon est une
récompense
faite
à un ressortissant Denkyira qui très vite aux côtés
de
l'armée
Abron étala ses capacités à guerroyer.
Kwakou Fieni/c'est de lui qu'il
s'agit,
avec
ses
parents venus du Denkyira sous la conduite de
leur
chef
Misie étaient installés à Broukro du nom de son
fondateur
Bulu.
c'est
d'ici
qu'ils
apprirent
la présence
des
Abron-Gyaman
qu'ils
connaissaient sans doute déjà,puisque ceux-ci avaient séjourné au cours
de
leur exode vers l'Ouest dans le Denkyira.
Ils vinrent donc à
leur
rencontre.
Ensemble ils signèrent un pacte de non agression et
d'aide
mutuelle.
Pour
donner un sens à cet acte juridique,
Kwakou Fieni est
détaché
pour s'installer auprès du roi abron.
Confié au chef
de
la
province
foumassa,
il crée le village de Guiendé baptisé par le grand
marabout Asiekou Timité en souvenir de son pays natal Djenne.
C'est
à
partir des informations données au roi par ce chef que ce marabout sera
sollicité par le roi des Abron. Il devint le premier Imam de Bondoukou.
Sans doute aidé par les prières de ce marabout et par son fétiche"
appelé
Séminan,
capable
de le protéger des balles
ennemies,
Kwakou
Fieni
se
fit
remarquer dans les
différentes
guerres
de
conquête.
Intrépide,
il allait au devant de tout danger et sauva plus d'une fois
la tête des Abron.

- 123 -
Ce
titre
de
chef militaire des forces du centre
n'est
qU'une
juste récompense.
Toujours
prêt
à
se
sacrifier,
il
sera
à
l'origine
de
la
célébration de la fête d'igname.
Le
taro,
la banane et le maïs constituaient
l'alimentation
de
base des Abron et que l'on ne trouvait pas dans le pays d'accueil.
Aussi
face à la faim qui gagnait de jour en jour les
soldats,
Kwakou
Fieni avait pris un engag~ment solennel honoré de nos jours
Voici
le discours de ce chef que nous relate le père
Eschlimann
qui a séjourné pendant longtemps dans le pays Agni-Bona
«Je n'ai jamais vu personne d'entre vous
Manger de ce tubercule, quant à moi
Je vais en manger le premier. Si je meurs,
Vous saurez que cela est mortel et vous
N'en mangerez plus. Dans le cas contraire
Nous aurons de la nourriture pour notre pays»
(51)
Le chef militaire de Guiendé est aidé dans sa tâche par plusieurs
villages
dont celui de Krobou créé par son fils.
Celui-ci possède
un
tambour de devise. Le discours qu'il laisse entendre e s t :
(51)Jean Paul ESCHLlMANN , On les appelle Agni-Bona, Tankessé, 1979,
p, 40

- 124 -
«Gyapam et tatia
Viennent du commencement des temps»
(T. N0 93)
L'arbre
gyapam et son insecte (tatia) sont créés ensemble depuis
l'antiquité.
Cet
arbre;
même
mort garde en son
sein
ses
insectes
jusqu'à ce qu'un feu de brousse les brûlent et les tuent ensemble.
Cet
arbre
et cet insecte sont créés pour souffrir et mourir ensemble.
Ils
sont fidèles l'un à l'autre.
C'est
cette
image
que partage le
chef
militaire
de
Guiendé
(Gyapam) et son fils,
fondateur de K6robou (tatia). Ce village est créé
par
l'un des fils du fondateur de Guiendé d'où il partira pour
fonder
ce
village.
Aucun
conflit à l'origine ne justifie
cette
séparation
d'avec
son
père et pourtant elle était mal perçue malgré que le
fils
continuait
à
servir
son père et
à
participer
aux
guerres.
Aussi
lorsqu'il recevra de son père les attributs de lieutenant de guerre, sa
devise
imagée
de
l'arbre (Gyapam) et de l'insecte
(tatia)
soutient
qu'il ne se séparera jamais de son père.
3 - REGION DE DROBO
a) Création et fonction
«Depuis l'aube des temps
Je suis un chef militaire
La guerre est ma profession
Je me bats jusqu'au bout»
(T. N°94)
Sarkyi Akon!
Prends ton cimeterre
Et va les combattre (T. N°95)
Tchumasi Ampon!
Prêtes-tu l'oreille aux guerres? (T. N°96)

- 125 -
Les Abron de Drobo se disent venir d'Akwamou et depuis l'aube des
temps
leur chef occupe la fonction de chef militaire de l'armée abron.
Mais
en poussant plus loin les investigations,l'on se rend compte
que
l'aube des temps peut être précisé avec les textes d'autres instruments
détenus par le chef militaire de Drobo.
Il
ressort des explications données à partir du cor
d'appel
de
Sarkyi
Akon qu'à l'origine les Abron de Drobo ne constituaient pas une
division militaire de l'armée abron.
c'est à Doman Hwidiem à
l'époque
du
roi
Yeboa
Afari que le siège sera créé pour
récompenser
SarkYi,
guerrier intrépide d'oft son surnom "Akon". Le siège de Drobo de ce fait
porte le nom de siège de Sarkyi Akon.
L'aube des temps se situe ici au
cours
de
l'exode et non à l'origine première des abron
qui
seraient
venus d'Akwamou.
De simple soldat intrépide,
Sarkyi Akon devint un chef militaire
de
carrière
en
tant
que force
du
centre
de
l'armée
abron.
Ses
successeurs
seront aidés dans leur tâche par les troupes des
villages
de Seikwa,
Nzoko, Suman, Kwatwoma, Djunim, Japekrom et Atunan. c'est à
Drobo Arnanvusu que les chefs militaires de ces villages se réunissaient
pour élaborer leur plan de guerre. En tant que chef militaire, ce titre
impose
à tout détenteur du siège de sarkyi Akon de combattre
jusqu'au
bout
en ne fuyant pas le champ de bataille. Pour cela il a recours à la
protection
de
Tchumasi
Arnpon,deuxième chef du siège de
Drobo
avant
l'exode.
Il
est
considéré comme étant l'un des plus grands chefs puissants
et
courageux du clan des Drobo.
Aussi le discours de ce cor d'appel
tout
en lui rendant hommage l'invite à assister tous les détenteurs du siège
en guerre.

- 126 -
b) Exercice de la fonction
«Prenez
et partagez
Je m'en tiens à l'écart»
(T.N°97)
Ce
texte
signifie
en
clair que le
chef
militaire
de
Orobo
n'entend pas se laisser distraire par les butins de guerre, sa fonction
étant
de combattre et non de s'occuper à s'emparer des biens matériels
des troupes défaites.
s'il
est
vrai
que
l'un des objectifs
de
la
guerre
est
de
's'accaparer
le
pouvoir politique et les biens matériels
des
ennemis
défaits,
le
roi
est
conscient qu'à vouloir permettre
à
ses
chefs
militaires
d'amasser la fortune des autres,
ils se détourneraient
de
leur tâche et la sécurité ne serait point assurée.
Le
roi
des abron conscient que les biens matériels des
troupes
défaites
peuvent
distraire
les guerriers,
il leur
en
interdit
le
partage pour s'en tenir à leur fonction.
Par
ce texte,
le chef de la région militaire de
Orobo
atteste
comme
on le lui recommande qu'il ne se mêlera pas au partage du butin.
Il se tiendra toujours à côté.
Remarques :
L'ordre
de création des sièges des chefs militaires de
l'avant-
garde
n'est pas partagé par l'ex-porte-parole du royaume
abron
Nanan
Kwabenan Gboko et le roi actuel Koffi Yeboa.
Pour
le
premier
cité
l'ordre
serait
siège
de
Songori
(Yonronmin),
siège de Guiendé (séminan) et siège de Orobo(Sarkyi Akon).
Pour le roi,
il retient l'ordre suivant: Guiendé,
Songori,Almamy
de
Bondoukou et Drobo.
Il introduit ici un quatrième siège qui est de
création récente. Le chef militaire de Drobo dit-il en substance dépend
au plan religieux et militaire du siège de Guiendé.

- 127 -
Pour notre part, nous penchons sur l'ordre fourni par l'ex-porte-
parole
du
royaume à ca~se des liens de parenté qui lient
le
premier
détenteur
du
siège
de Songori à la cour royale et
surtout
du
rôle
important qui lui est dévolu, celui d'introniser tout nouveau roi.
C - ORGANISATION POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE DU ROYAUME
Le
choix de la. monarchie absolue de droit divin comme· forme
de
gouvernement
concentre
tous
les
pouvoirs
judiciaire,
politique,
économique,
religieux
et
militaire
entre
les
mains
du
roi.
Ces
différents pouvoirs peuvent s'avérer difficiles à assurer dans un
pays
de
la taille de celui que nous venons de décrire.
Il faut
s'attendre
alors
à
une organisation politique administrative et
militaire
pour
maîtriser
cet espace et les ressources humaines autochtones
conquises
par
les armes et prêtes à contester le pouvoir politique des
fugitifs
abron.
Dans ce contexte,
qu'elle est l'organisation politique tout court
du royaume abron identifiée dans les sources sonores instrumentales ?
1 - LES PROVINCES ET LEUR ROLE
Le pays en compte six. Ce sont
a) La Province du MEREZON
«Je demeure
A l'orée de la forêt»
(T. Nog8)
La
province
du Mérèzon est créée par le 7è roi du
Gyaman
Binan
Kombi Kouman pour récompenser son fils Adou Konodji. Dans son intention
le
roi, dit-on, voulait créér pour ce fils une province à l'instar de la
province Akyidom créèepar le roi Kohosonon pour ses fils et ceux de son
frère Bini Yao. A défaut/il créa une petite province qui regroupe douze
villages à cheval sur les territoires ivoirien et ghanéen.
La
mission
assignée
à ce fils était de rester au bord de la forêt pour surveiller

- 128 -
les
Ashanti,
éternels
ennemis des abron.
Les
chefs-lieu
de
cette
province
Mérèkou,
Pambasso,
Siedja
sont comme l'indique le
tambour
situés à la limite de la forêt et de la savane.
Le
choix du fils princier pour contrôler la frontière
répond
à
l'importance
de la mission,
qui ne peut être assurée que par un homme
digne de confiance.
De
nos jours cette forêt a disparu pour faire place à la
savane
arborée.
b) LA PROVINCE ANGOBIA (Siendji)
Cette province compte deux tambours de devise et un ensemble
orchestral appelé aborna.
Le premier tambour de devise perdu en
guerre
se
nomme "Edom n'grawiri";
seul le second "Sokronto" est de nos jours
en activité.
a) Rôle militaire
«La guerre arrive
Avec son cortège de misères»
(T. n099)
"Edom n'grawiri" est un tambour de guerre qui invite au front
les
troupes du chef de la province Angobia placée sous l'autorité
des
princes du clan Yakassé.
Le terme Angobia,
forme contractée en langue
Tchui de "an ko babi a" qui signifie "je n'irai nulle part ll est le
discours tenu par un fils à l'égard de son père.
En effet, au début de
la conquête, le roi Tan Daté avait placé son fils Tan Kokobou au milieu
des
Koulango
à
Tangamourou (52) pour assurer
la
permanence
de
sa
domination
sur
les
Koulango
mécontents
de
la
conquête
de
leur
territoire (cf au texte nO 170).
(52)
Tangamourou
est
la
déformation
en
langue
Koulango
de
tanga(palmiers),
bourou (en quantité),
et veut dire les palmiers sont
en .quantité à cet endroit.

- 129 -
D'un simple détachement,
le pouvoir politique de ce fils s'étendra sur
plusieurs communautés et prendra la fo~me
d'une véritable province
avec le roi Koffi Agyeman sous le règne de son fils Kwamé Apo. Le nom
du premier détenteur de cette charge s'est alors effacé au profit dIApo
et·le siège est appélé siège
d'Apo tout comme le siège royal porte
les noms de Kohosonon et d'Agyeman.
C'est Apo qui de Tangamourou ira créer le village de Tiédio
(53)
avec
le don de captifs que son père lui remettait après les
campagnes
militaires.
Le choix de Tangamourou, village koulango puis de Tiédio comme
capitale de la province Angobia répond à une volonté des Abron de mieux
contrôler les rebelles Agni-Bona pour éviter toute attaque surprise.
Les
princes
détenteurs
de ce siège sont considérés
comme
des
princes guerriers alertes et vigilants.
En guerre,
ils sont chargés de
détecter les points faibles du front d'où leur devise "la guerre arrive
avec son cortège de misères.
b) Fonction
«Devancez-les en guerre»
(T. N°100)
Les
points
faibles en guerre détectés,
le chef de la
province
Angobia dont les troupes constituent l'armée de réserve a pour
mission
de
dépêcher
des
hommes
frais
pour
les
renforcer.
Ses
troupes
comprennent
les guerriers du lieutenant de guerre de
Lamoli,
Kanton,
Koun-Abronso.
Le
rôle
de cette province a toujours été déterminante
et
l'on
cite en exemple le chef Kwasi Daté,père adultérin du onzième roi
abron
Kwakou Agyeman d'Amanvi.
(53) Tiédio en Koulango signifie don, cadeau.

- 130 -
c) LA PROVINCE AKYIDOM
Le terme akyidom signifie "derrière la guerre".
Dans ce
royaume
résolument tourné vers la guerre,
la place et la fonction du détenteur
de
ce
siège
nous
sont révéléés par ses
deux
devises
tambourinées
(dinkyem et Békamantchi)et son ensemble orchestral aboma.
1) statut des chefs
«Je suis un crocodile.
Je dors dans un trou sous l'eau.
Rien ne peut m'y toucher» (T; N°lD1)
Pour
ce tambour qui imite le vagissement du crocodile,
il
nous
renseigne
que le détenteur de ce siège est en sécurité,
hors de
tout
danger
comme
l'est le crocodile sous l'eau,
au sein du
royaume (54)
Pourquoi un tel message,
qu'est-ce qui justifie cette sécurité et pour
qui cette province a t-elle été créée ?
La
création
de
cette province est l'oeuvre
du

roi
Abron
Kohosonon le Grand avec un arrière-fond de népotisme pour ses
fils
et
ceux
de
son frère Bini Yao mort,
on s'en souvient,dans le
jurement
avec les messagers du roi Ashanti opokou Ware au cours du règne du
roi
Abo Koffi ou Abo Miri. Son souci primordial en créant ce siège était de
faire
en sorte qu'on n'oublie pas le nom de son frère Bini Yao.
Aussi
ce fut le fils aîné de ce dernier qui hérita en premier lieu ce siège.
Fils
de
roi,
les détenteurs de ce commandement se
considèrent
comme
des personnes intouchables pouvant agir en toute
impunité
sans
être
inquiétées.
En
effet,
les princes au Gyaman sont libres
de
se
conduire de la manière qu'il leur plaît.
Quelque soit la gravité d'une
faute commise,
ils ne sont jamais sanctionnés.
A leur
intention,
le
tambour de devise royal laisse entendre.
(54)
L'un
des héritiers de ce siège,
Bini Kwakou dans sa
biographie
signale
qu'il a fait exécuter un féticheur en pleine séance
publique.
rI n'a pas été inquiété. C'est même avec fièreté que ces descendants en
parlent.

- 131 -
Cultivez pour vous nourrir!
Je n'ai pas de préféré!
Cultivez pour vous nourrir!
Je n'ai pas d'ennemi!
Cultivez pour vous nourrir!
Je n'ai pas de préféré!
Jamais, Jamais de la vie!
On ne tue pas
Un prince étranger.
On ne vend pas
Un prince étranger.
Quant à l'esclave,
On lui tranche la tête( T.Nol02).
«On ne tue pas un prince étranger
On ne vend pas un prince étranger
Quant à l'esclave, on lui tranche la tête»
Les
héritiers de ce siège sont choisis selon une alternance dans
les villages suivants :
-
Pinda-Kouassi-N'dawa
constituent
une
même
famille.
- Gouméré
-
Kokosua
-
séréoudé
Pinda
Adou
Kwadio
fondateur
de
ce
village
est
le
frère
du
roi
Kohosonon. Une partie de sa famille conduite par son fils Bini Kwakou à
l'invitation
de
son ami Kwasi N'da,
un ressortissant
Denkyira
venu
rechercher
de l'or pour rembourser ses dettes,
s'installe à
Kouassi-
N'dawa. C'est Bini Kwakou qui imposera le nom de son ami à l'appe1ation
, ,
de ce village cree par des Kou1ango.
Kouassi-N'dawa et Pinda de ce fait sont considérés comme
formant
une seule famille.

~ 132 -
GOUMERE
L'on attribue la création de ce village au 4è chef de la province
Akyidom, nanan Adou Yao Kouman qui avait dépossédé le pouvoir politique
à la population autochtone koulango.
En effet, Gouméré forme contractée
en
langue
koulango
de "gon minrin" qui veut dire "je
suis
dans
le
pétrin",
était
le site sur lequel, Sié, un chasseur de sangliers
avait
bâti
son campement.
Il répondait ainsi à ses frères qui,ne le
voyant
pas,
étaient venus à sa recherche.
Les àbron lui ayant pris de
force
les gigots de sangliers destinés à son oncle, chef de terre de Kroko.
"
Le
détenteur
actuel du siège de la province Akyidom nanan Koffi
Kohosonon, petit-fils
du 8è chef Akyidom Kwakou Kohosonon
dit
pampi~
réside dans ce village.
Kokosua
créé
par
Kwakou
Sekyere, fils du roi Kohosonon, ce village
se
trouve
en
territoire
Ghanéen.
c'est à ce titre que
sa
descendance
accède à ce siège de l'Akyidom.
Séréoudé
Baptisé du nom de Séréoudé qui signifie c'est bon de demander par
Kwasi Sekyeré,
lui aussi fils du roi Kohosonon, ce village est en fait
,
crée par la reine gouano Woussoua.Kwasi Sekyeré y était venu rechercher
de
l'or.
Avec
l'accord de la reine,
il en eut en
abondance
et
il
rebaptisa
le
village.
Sans doute fait-il allusion au fait
que
s'il
avait
cherché à s'imposer par la force,
il n'aurait pas pu
accumuler
tout son trésor. Ce trésor était regulièrement versé au roi Kohosonon,
ce qui a permis à ce dernier de reconstruire le royaume après la
chute
du roi Abo Miri.
C'est
dans ce village que sont recrutés le représentant de l'âme
et .le chef des nobles de cette province.

- 133 -
2) Rôle militaire
«Demeurer
A l'arrière du pays»
(T. N°103)
L'armée
abron
comporte cinq divisions dirigées
par
des
chefs
militaires
L'aile droite (nifa),
l'aile gauche (benkum),l'arrière-
garde(akyidom), l'aile des éclaireurs(twaifouo),l'avant-garde(adonten).
De toutes ces divisions,
seule l'arrière-garde est la plus importante et
est confiée à la province des princes fils du roi Kohosonon.
Il n'est
pas
donné
à n'importe quellè armée
d'assurer
l'arrière-garde
d'une
armée
de la taille de celle des Abron-Gyaman et c'est pourquoi ce chef
en a fait sa devise.
Sa fonction consiste à assurer l'arrière- garde de
l'armée et à intervenir dans la guerre en cas d'ultime nécessité car de
sa résistance,
ou de sa débacle dépend l'issue de la guerre et le sort
du royaume.
AP.;oMA.
Nanan Koffi Kohosonon
chef actuel des Akyidom
Gouméré le 25-10-82

-134 -
d) LA PROVINCE PINANGO
La
province Pinango est la toute dernière province créée par
le
roi
Kohosonon Ambim du clan zanzan pour récompenser Asondaré,
un chef
denkyira
venu
s'installer
auprès
de
lui
avec
sa
famille
sur
l'intervention du chef de Pinda Adou Kwadio.
Comme les autres chefs de
province,
il
possède un tambour de devise,
un ensemble orchestral de
tambours, un cor d'appel.
1) Historique et fonction
«Reculez
Je suis le plus brave»
(T. N°104)
Les
Pinango sont des rebelles denkyira.
Le roi Ashanti après la
soumission
des Abron-Gyaman devait en finir avec eux.
Renseignés
des
intentions
de ce roi,
ils se déplacèrent alors dans le Gyaman

il
avait
placé
après son passage l'un de ses lieutenants de
guerre.
Le rôle de celui-ci consistait à surveiller tous les gestes des Abron-
Gyaman.
Cette
présence
militaire
limitait
les
manoeuvres
de
ces
derniers en position incomfortable.
Informé
du malaise qui règnait dans le camp des Abron-Gyaman, le
chef
Denkyira pour débloquer cette situation décida de tuer ce
gênant
lieutenant
de
guerre.
Le roi abron surpris par la
réaction
de
cet
étranger, répliqua aussitôt en s'interrogeant sur le retour probable des
Ashanti. Le chef Denkyira, tout courageux lui aurait répondu ainsi :
«
S'ils reviennent qu'ils me brûlent avec vous.»
Il tua effectivement
ce lieutenant de guerre et ayant constaté que le roi Ashanti sans doute
confronté à d'autres problèmes ne réagissait pas,
ce chef Denkyira est
nommé
lieutenant
de
guerre
par
le
roi
Kohosonon.
Son
rôle
est
comparable
à celui que jouent la gendarmerie nationale et la police dans
nos Etats modernes.

- 135 -
A l'époque où se produit cet évènement,
il est clair que le chef
Pinatigo était le plus brave d'entre tous,
seul à même de débloquer
la
situation
qui
prévalait.
C'est
de
cette situation
qu'il
tire
le
discours
de
son
tambour de devise.
Reculer (55)
ici à
le
sens
de
laissez-moi
agir.
Ce
discours
s'adresse
aux
Abron-Gyaman
moins
courageux
que
lui,sur le même ton,
il choisira comme insigne de
son
parasol
"une hyène avec un os à la gueule".
Cette image symbolise
le
chef
qui dénoue,
trouve solution à tout problème délicat.
Le
second
insigne
de
son parasol représente une tortue que tente
d'enlever
un
aigle,
ce qui est impossible.
Par cet autre insigne,
le chef Pinango
considère que rien ne peut lui arriver.
2) Le symbole de la province
«An hun»
(T. N°I05)
Le
discours du cor d'appel du chef Pinango imite l'hurlement
de
l'hyène. Le cri de cet animal fait trembler et inspire la crainte.
En
choi~sissant cet hurlement, ce chef
veut
que
son
passage
provoque la panique et le frémissement des personnes sur son chemin. Ce
discours l'accompagne dans ses déplacements.
Tous
ces
insignes font référence à la bravoure du premier
chef
nommé Asondaré.
(55) Le nom pinango donné aux Denkyira viendrait du verbe reculer et
signifie ils ne reculent jamais.

- 136 -
3) BIOGRAPHIE D'ASONDARE
a - Nom tambouriné
«Manioc d'Asondaré»
(T. N°106)
Nommé
lieutenant de guerre par le roi Kohosonon,
Asondaré
sait
qu'il
lui
doit
reconnaissance.
L'un des dons
qu'il
offrit
est
à
l'origine
de son nom tambouriné.
L'on raconte que Asondaré lui aurait
1
offert
une grande quantité d'or emballé dans des
feuilles.
Avec
son
cure-dent,
le
roi
entrouvrit le paquet.
A la question de
l'un
des ~
serviteurs du roi qui demanda Asondaré sur le contenu du paquet,
le
roi
s'empressa aussitôt de dire,
c'est le manioc d'Asondaré.
Nous en
déduisons que le roi voulait garder pour lui seul cette quantité d'or.
b) La guerre du Djamala
«Asondare, chef Pinango
Tu es allé au Djamala
Sans un coup de fusil
Mais revenu avec un grand coussinet
Asondare, retournons chez nous»
(T.N°107)
Asondaré est le seul chef de province dont le nom est honoré dans
l'orchestre
de cors d'appel de la cour royale à la suite de la
guerre
menée contre les Djamala.
Les
Djamala
sont
dans l'actuelle
sous-préfecture
de
Satama-
Sokoura.
Dans
une guerre qui opposait les Djamala
aux
Abron-Gyaman,
Asondaré
aurait
demandé au roi Kohosonon l'autorisation
de
conduire
cette
expédition
lointaine (56).
Le cor d'appel nous dit sans
avoir
tiré un coup de fusil,
il remporta une éclatante victoire et revint au
pays avec un grand coussinet.
Pour porter une lourde charge, les abron
se servent d'un grand coussinet.
Le terme grand coussinet ici
désigné
la quantité de captifs raménés par ce chef guerrier.
--------------------------------------------------------.--------------
(56) Satama-Sokoura est situé à 68 km de Bouaké,
la capitale du centre
de la Côte d'Ivoire.
Hérébo à l'époque capitale du pays abron, est à 42
km de Bondoukou.
.

- 137 -
c'est en souvenir de cette guerre et des prouesses d'Asondaré qu'à
la
demande
du roi Kohosonon que ce texte nous est parvenu
grâce
aux
cors
d'appel.
Par cet hommage,
Asondaré est considéré comme un
héro
national.
A
sa
décoration,
il lui avait été remis cinq
mille
fusils,
le
nombre
de
ces
fusils
a
donné
le
nom
de
leur
premier
village
Appimandoum.
c'est
le
douzième
chef du Pinango
Yao
Kohosonon
qui
transférera
le siège à Ouélékéi ou
Wolotchéi, c'est-à-dire au lieu

Wolo le chef Somgbala est:tombé. Les héritiers du siège
sont locf,ilisés
"
dans
trois
villages
Bohi,.
Appimandoum et Yomian.
C'est dans
c~s
villages que résidèrent les premiers chefs Pinango.
Le chef Pinango,en plus des .attributs qui lui sont offerts,
administre des villages qui lui sont confiés.
Ce sont Nagafou, Yomian,
Kanassi, Sianhodi, Gbro, sangniégo, Soko (quartier somgbala) .
Il
Y a de cela dix ans,
à la fête d'igname, le chef du quartier
Somgbala de soko lui remettait six ignames et un coq. seul de nos jours
Sangnego lui offre des ignames
Au cours de cette fête,
le chef Pinango immole deux boeufs,
trois
moutons
et
plusieurs poulets sur les sièges des défunts
une
semaine
après
le
roi au jour dit Fofié et ce, depuis la débacle dans
le
pays
Anno.
Une fois ces animaux dépécés,
il offre un gigot au roi, au chef
de
la
province
Akyidom
et la patte avant à
celui
de
la
province
Foumassa.
4) - Intronisation du chef Pinango
«Prenez et partagez
"
Je m'en tiens à l'écart»
(T. N°97)

- 138 -
Le village de Transua créé par Nanan Adou Moffo et la
reine-mère
Angabia
venus de Bohi, abrite l'un des nobles de la grande famille
des
Denkyira,
le chancellier de tous les Pinango.ll détient avec la reine-
mère la liste de tous les nobles de la province Pinango.
Denkyira comme les Pinango,
i l n'hérite pas néanmoins leur sièqe
principal et son tambour de devise le lui rappelle.

....
'"
1
Le s1ege cree pour
lui par le chef Atta Koffi lui impose d'introniser les chefs Pinango.
Nanan Kwabenan Kohosonon
Ex.Chef des Pinango
Abidjan 1989

- 139'-
e) LA -PRoVINCE FOUMASSA
Elle est créée par les alliés des âbron originaires du Juaben.
La
capitale politique de cette province est Sapli.
1) Identité et caractère des Foumassa
«Jè traverse l'artère principale
';.'>, -"~;'t,ê:':poingfe~mél
'r::~TQui;:'és-tu ?.,
.;':'Mqi, je suis Foumassal
, Je suis po~dre à canon et
'. Je suis pierre à feu!
si tu es homme, provoque-moi.
Je te combattrai car
Je suis poudre à canon et
Je suis pierre à feu.
si tu es homme, provoque-moi.
Je suis homme!
Si tu t'amuses avec moi,
Je ferai usage de mon arme.
Je suis poudre à canon et
Je suis pierre à feu.
si tu es homme,
Je traverse l'artère pricipale
Le poing fermé.
si tu es homme,provoque-moi.
Je suis homme de l'aroubène!
Je viens de Koforidua!
Je viens de Juaben!
Foumassa!
Je suis poudre à canon et
Je suis pierre à feu.
si tu es homme,
Moi je le suis aussi.
Cognes-moi!
si tu me cognes,
Tu m'amuses.
Je ferai usage de mon arme à feu
Foumassa!
Je suis poudre à canon et
..J~:'suis pi~ri~. ~fe~.
N6us avons lâ':mêine assiette.
Jè ne vais F~s'me ,fâcher.
Je suis poudieà, canon et
Je'~uis pierre 'à' feu.
Je' n' aime.pa:s:. l'es histoires .
Si tu ai~es'leshistoires,touches-moi!
Si tu aimes ies histoires,amuses-toi
Avec moi.
si tu es homme , touches-moi.
Si tu offenses sans raison,
Touches-moi.

- 140 -
Si tu es brave,
Je t'invite au combat.
Je suis poudre à canon
Et je suis pierre à feu
Si tu es un homme,
Mesure toi à moi.
Si tu m'attaques,'
Tu sauras qui je suis
Essaie et tu verras»
(T. N°108)
Le
présent discours des Foumassa qui se joue à la manière de
la
,"peti te
musiqtie
de
nuit
de Mozart!-~, est conçu
pour
surprendre
les,
.
-.:';-
'5,
adversaires"
Les Foumassa défient ici, en permanence tout individu"
qui
oserait se mesurer à eux.
L'on dit même que ce sont eux sans motif qui
se
ruent sur de paisibles citoyens,
d'où leur nom Foumassa.
En clair
les Foumassa sont un peuple passionné de
guerre.
2) Les Foumassa et le matrilignage royal
«Pense avant de dormir»
(T. N°109)
Les
Foumassa,
peuple guerrier sur un ton conflictuel estiment
qu'ils
ont été mal récompensés par le matrilignage royal qui les assimilent au
peuple
soumis et les traitent comme de simples sujets. Ils sont
exclus
de la gestion politique du pays. Et pourtant, racontent-ils, sans eux la
branche
des
Doma,leurs
alliés n'auraient pas pu
atteindre
ce
pays
abron-Gyaman et le conquérir eu égard aux difficultés rencontrées.
1
1
1
i
Nanan Kwadio.Boitrin
Chef actuel des Foumassa
Kotio le 20-10-82

- 141 -
~. ",
ŒGANISAT/ac PŒ./T1CO-Il/LÎTAIRE DE U PROVIIŒ roJIASSA
;.-.
" .
-."
. ,
Sl.EGE ŒIŒVEl1.' ;'. . ~
PoRtE-PAROLE
"'~
IIfTENDAHT (GyasihiriID),
.. '
:(Abakllllânl, " -.:
:
Village:: Kangue/é
Vi lIage: Dilgbi
"
Vi lIage'; KDboko
'
,
..
l
1
CAP 1TA1HE DE GUERRE
(SAFOlUNINl
PRO\\' [ta FOOIlASSA
DIVISION IlILITAIRE
Vi liages: Alata
-
; - - -
(Ailontenl
Yayègo
chef lieu: Sapli
Vi lIage: Savangnere
Tagbale
Finsou
r - -
POR'TEUlS DE SABRE
Village: Kroko
E1mAlJIŒURS lAhrofoul -
TAIflIOUR1HA 1RES
-
ClEF ATlP/RI
Vi Il age : DuakvaJ
Yi liage : Kroko
Villa ge : llancaa
....

-
142 -
f) - LA PROVINCE AHININFIE
1) statut
«Je peux parjurer
Sans être amendé»(T.N050)
Tout
chef
issu
du clan zanzan. ou yakassé dirige
une
cour
appelée
"Ahininfié". Voici ce que dit le premier tambour de cette province.
Ce discours proclame de façon explicite la.pr.imauté de cette
province
pàr rapport aux autres provinces du royaume. Celui qui la dirige est le
roi
choisi
au sein de deux clans:
zanzan et yakassé (57) mais
tous
deux font partie du même matrilignàge royal.
La
primauté de ce roi s'exprime à travers l'usage des
jurements
d'Etat. Il est le seul à pouvoir les utiliser sans être puni ni amendé,
dans le cas d'un conflit.Ces jurements sont :
a) Je jure sur Kong
b) Je jure sur Taïn
Le
premier jurement se réfère à la mort en exil du roi Abo
Kofi
(58) à Kong.Exil au cours duquel la plupart des dignitaires abron
dans
des conditions difficiles d'existence trouvèrent la mort.
C'est à Kong
que
les tambours de devise des chefs Foumassa et des
embaumeurs
sont
conçus.
Le
second
jurement rappelle la défaite des Abron à la
bataille
qui les opposa au roi Ashanti. Au cours de cette bataille le roi Kwadio
Adingra Kouman le sanguinaire fut tué.
---~---------------------------~---------------~------
-----------------
(57)
Le
clan
zanzan
comprend
les
villages' de
Hérébo,
Tabagne,
Diasempa, Ahuitiesso.
Le
clan
yakassé
regroupe
les
villages
d'Amanvi,
Adandia,
Assuéfri, Tangamourou,Tiédio.
(58)
L'historien
Mbra
Ekanza Simon
dans
son
article
"Récit
concernant
l'histoire
du peuple Abron-Koulango dans
le
bulletin
de
liaison
.du
centre universitaire de recherches de développement nO
1,
1971; P.56·écrivait "Abo Miri eut un règne sans histoire".

- 143 -
Ces
deux
jurements d'Etat qui font référence aux
malheurs
des
Abron
sont
frappés d'interdit.
Pour
justifier
cet
interdit,
l'on
soutient
que leur évocation peut causer la répétition de ces
malheurs
et entraîner un mauvais sort sur leurs successeurs.
En
dehors du roi,
tout sujet qui entend ces jurements est
tenu
d'informer son chef hiérarchique, qui à son tour avertit le roi. Celui-
ci
convoque les personnes mises en cause.
utilisés dans le cadre d'un
conflit entre deux personnes,
celle qui a tort répare l'offense causée
aux
ancêtres
pour que l'ordre soit rétabli.
L'offense
ici
est
une
rupture avec les ancêtres.
2 - Le chef
«Je n'ai pas de préféré
Je n'ai pas d'ennemi»
(T.N°IIO)
Le
second tambour de devise du roi laisse entendre qu'il n'a pas de
préféré
ni d'ennemi,c'est dire qu'il est au dessus des populations
de
toutes les provinces.
3 - Fonction du roi
Elle est contenue dans le tambour de devise "Mpèbi"
«Cultivez pour vous nourrir
Je n'ai pas de préféré
Cultivez pour vous nourrir
Je n'ai pas d'ennemi
Cultivez pour vous nourrir
Je n'ai pas de préféré
Jamais,
jamais de la vie
On ne tue pas un prince étranger
On ne vend pas un prince étranger
Quant à l'esclave, on lui tranche la tête»
(T. N0 I02)

- 144 -
La
fonction
essentielle du roi telle que dégagée
ici
et
sans
Il
laquelle \\.\\ il
ne serait qu'un bandit couvert de gloire (59), consiste à
faire règner la justice.
Pour
exercer
cette
fonction,
il
jouit
de
l'immunité
de
juridiction affirmée dans la devise du Kantamantou.
En
soutenant
qu'il n'a pas de préféré ni d'ennemi,
le
roi
se
considère comme un juge impartial au-dessus des sujets.
Il n'a pas
de
parti-pris.
La
justice
appelle la sanction.
Le discours du
tambour
Mpebi
donne les limites de la juridiction du roi en matière de sanction.
1)
Le roi ne peut exécuter un prince étranger,
c'est-à-dire
tout prince abron quelque soit la gravité de sa faute.
2) Il ne peut non plus le vendre
De
telles
exceptions ne s'appliquent pas aux esclaves que
l'on
exécute sans regret. Les bourreaux de Tengohini (GO) sont chargés de la
tâche.
-----------------------------------------------------------------------
(59) Gaston Bouthoul,
Histoire de la sociologie, Paris, PUf, 1965, p.15
(GO)
Tengohini est la forme contractée de Tengo (oreilles) et de
wuni
(en repos) et signifie quand on est exécuté,
on n'a plus de soucis. La
charge de Brafouo est instituée par le roi Koffi Agyeman.

- 145 -
,
/
œGANISATlœ Pll.iTIl1Œ ET AœINISTRATlYE"OO RllYAUrlE
Province AHININFIE
ProvInce du Foulassa
chef 1ieu :
chef lieu : SA/'L1
Zanzan
Tangauaou
Yakassé Tabagne
~
Nassan Aaanvi
Assuéfr, Diasseapa
/
Hérébo
Dabi laya
1
Province Akyidoll
Province du Pinango
Province d'Angobia
Province du NèrèzoD
chef 1ieu : Kouassi ~ chef 1ieu : Ouélékéi
chef lieu: Tiédio
chef 1i eu : Paabasso
N'dava
'"
,
chef de vi liage
c~.ef de vi liage
chef de vi liage
1
chef de vi lIage
1
1

- 146 -
2 - LES GRANDS SERVITEURS DU ROYAUME
Des
fonctions à la fois administrative,
cultuelle sont
assurées
par
des
chefs
de village qui assurent le fonctionnement de
la
Gour
royale.
La
hiérarchie de ces fonctions telle que décrite par le
tambour
dans le monde akan est :
«Dieu le Créateur en organisant
Le monde qu'a-t-il créé?
Il a créé sène
Créé le tambourinaire et
Créé Kwawuo,
le principal bourreau»
(60)
Les
principaux
agents du roi créés à
l'origine
étaient
le
porte-parole, le
tambourinaire et le bourreau.
D'autres postes rituels
et protocollaires seront créés par la suite.
a)
- Les Porte-parole
Il est mort, Sène l'a tué.
La paix est revenue.
Oui la paix est revenue !
Sène,
reçois ta récompense.
Nous venons de Badou!
Nous venons d'Atopré !
Atopré tue la pierre
Et tue sène lui-même.
sèn~ viens prendre
Possession de ton Bini!
Atopré tue la pierre et tue sène
Sène où que tu sois !
Je t'invoque, viens!
Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soit!
Ecoutez, écoutez et
Méditez le message du tambour! (T.No 111).
---------------------------------------------~--------
------------------
(61) K,Y, Daaku, History in the oral
traditions of the
Akan
In
Folklore
and
traditional
history édité par
Dorson--(R~ Paris,The
Hague iMouton, 1973, p.48.

-
147 -
«sin~ impose le silence» (T. N°112)
Les
porte-parole ou pages,
chargés d'imposer le silence
au
cours des audiences du roi sont issus de Kiendi, village fondé par
Dro
Koffi
premier
détenteur
du siège des pages.
La
création
de
cette
fonction
remonte
au 4è roi Abo Koffi qui le chargea
d'entretenir les
tombes des membres du lignage royal inhumés à Yakassé.
c'est à la mort
de
ce roi qu'il transférera ses reliques à Assuéfry avant de créer son
village.
Le
porte-parole est très écouté par le roi qui l'envoie
parfois
en
mission.
Sa
présence
équivaut à celle du roi.Il lui
revient
de
réciter par coeur des poèmes pour le glorifier,
le magnifier quand
il
pénètre dans la cour à son réveil,
au moment de prendre fonction.
Les
porte-parole
ne sont pas appréciés par les sujets
qui
les
trouvent
arrogants
et
le
fait
de
bénéficier
de
l'immunité
de
juridiction renforce davantage leur comportement.
Le rôle du porte-parole à l'enterrement du défunt-roi
Palmier!
( bis )
Palmier planté au carrefour
De Doma et de Tchrébio!
Le chef de Doma est allé et
N'a pu le terrasser.
Le chef de Tchrebio-Nkwanta
Est allé et n'a pu le terrasser.
Si un chien vous prend
Quelque chose et se dirige
Vers la cour royale,
Laissez-le l'emporter.
Ampim Nana !
Si une claie ne peut te contenir
Que peut alors un grenier ?
Sa présence fait frémir.
Gazelle mâle aux cornes levées!
Un individu caché
Tue les jeunes et les vieux.
Laissez-les lui,
Sinon il vous tuera
Il fait nuit, silence.
La mort marche!
Tout ce qui fait peur,
Est oeuvre humaine.
Le malheur est source de
Mauvaises nouvelles.
Se cacher pour apercevoir

- 148 -
Ce qui est interdit,
Le malheur vous arrivera.
Cachez-vous bien.
Quand le génie Sasrabrozam
Se rend dans un village,
rI loge chez le sorcier.
_La mort marche!
La panique s'installe. L'esprit
Des ancêtres-défunts chemine (T.Nol13).
En
allant
enterrer
tout roi abron ,les pages
devancent
sur
deux
kilomètres
la
dépouille
mortelle et invitent les
populations
à
se·
coucher

ne pas se dissimuler pour voir le cortège accompagnant
la
dépouille du roi à l'aide du gong. Tout récalcitrant pris devient une
proie de la
cour royale
qu'il
vaut
mieux ne pas réclamer. En dehors
des personnes chargées d'enterrer le roi (embaumeurs, bourreaux, chefs
de province, parents proches du roi-défunt, pages)
aucun sujet
n'est
autorisé à voir la dépouille.
Le présent discours du gong met en garde
tout
être
qui par curiosité serait tenté de dévoiler
le secret. Une
fois
pris
les
contrevenants sont exécutés
par
les
bourreaux.
Ces
derniers,comme l'affirme le discours du sonneur de gong,coupent tout ce
qui
est
vert
et
tout
ce qui est
rouge
en
d'autres
termes
,ils
n'épargnent personne aussi bien les jeunes que les vieux.
rI en va du
respect des traditions et du maintien de l'idéologie funéraire :le
roi
ne meurt jamais.
b) - Les Tambourinaires
Bentô est le nom d'appelation·de l'ensemble orchestral de la cour
royale. c'est à travers cet ensemble composé de tambours parleurs et de
cors
d'appel
que le roi exprime ses peines et ses joies.
Le
tambour
constitue sa bouche.

-
149 -
1) Les fonctions
Boafro akokonyini!
Qui, avec son énorme tête
Ne pousse des cornes
Que derrière les .pieds.!
Le coq indique le temps
.
Le jour surprend
Celui~qui tue le coq
Et tue le coq de pagode.
Coq!
Où ,que tu soi·s ~
Je t'. invoque,-' viens. !
Roi Krôdjô .et dignitaires
De quelque pays que ce soit!
Ecoutez!
Ecoutez et méditez le message du tambour! ( T.Nol14).
Tout
comme le coq,
le tambourinaire à des moments précis de
la
journée informait les citoyens du déroulement du temps.
En particulier
il agit au nom du roi.
a) Le Réveil du roi
«Majesté,
Il fait jour
Faites parler de vous»
(T. N°115)
c'est
par
ce texte de la fin de la biographie des rois
que
le
tambourinaire
au
petit
matin,
à quatre heures, invite
le
roi
à
se
réveiller et à prendre service.
b) La visite au roi réveillé
«Il fait jour,
Sa majesté. le roi
S'est reveillé
Allons lui
Dire bonjour»(T~ N°116)
Ne
rend pas visite au roi qui veut et quand i l veut.
Il y a
un
protocole.
C'est
par ce texte tambouriné que les chefs de
délégation
,
i~""lio
sont p à
se rendre à la cour royale pour saluer sa majesté
le
roi
et
s'enquérir de ses nouvelles.

- 150 -
c) La salutation des citoyens par le roi
«Il fait jour,
Sa majesté le roi reveillé
Dit bonjour et souhaite
La bienvenue
A tout le monde»
(T. N°ll?)
c'est
également par un texte exécuté par le tambourinaire que le
roi s.alue les .délégations convoquées par lui.
d) L'hymne à la nation
Il arrive,
sa majesté arrive
Le bourreau avance!
Le vaillant chef
Porteur d'âme du roi avance!
Le prince guerri'er marche!
Il arrive, sa majesté arrive.
Décrochez les ceintures de guerre et
Et portez-les.
Tambourinaires
!
Glorifiez-les.
c'est une bonne occasion.
Dans l'iroko,
i l y a du bois d'iroko.
Du bois semblable
A celui du fromager
Et du bois semblable
Au bois-de-fer.
Okumgbubuo!
Quand la maison est calme
On cherche après le tam-tam.
La souris grimpe,
Le chat la suit.
Leur mouvement est à imiter.
Prince,
imitez-les
!
Adou Sangan sangan! '
C'est à toi qU'on s'adresse ainsi
Quand une bosse de terrain
Arrive à hauteur de hanche,
On l'appelle monticule.
Dites-lui condoléances et
Laissez~la mourii.
La. terre,
Est généreuse et bienfaitrice.
La grenouille se rencontre
Dans.tôutesles rivières.
Tan Kwasi!
Est aussi Tano.
Guerrier Daté!
Est aussi d'Angobia Tchrébio.
Qui es-tu pour oser
provoquer le roi?
Querelle.de roi,
Qui est le roi?

-
151 -
Le roi c'est moi:
Guerrier Datè!
Sen, impose le silence!
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi?
Querelle de roi,
Qui est le roi?
Le roi c'est moi:
Prince Adingra!
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi?
Querelle de roi,
Qui est le roi?
Le roi, c'est moi:
Binan Kombi!
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi?
Querelle de roi,
Qui est le roi?
Le roi, c'est moi:
Abo Dua Kokroko!
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi?
Querelle de roi
Qui est le roi?
Le roi c'est moi:
Koffi le grand qui avale l'éléphant
Il va s'asseoir,
Sa Majesté s'assoit
Kongrom!
(T.N°118)
En
l'honneur
des souverains- fondateurs et de leur
pays,
les
tambourinaires
jouent
cet
hymne quand le roi arrive
au
lieu
d'une
réunion.
Pendant
son
exécution, tous les sujets y compris le
roi
se
tiennent debout et gardent un silence absolu.
2 - Le Bentô
a) Origine
«L'éléphant mâle et unique
Si l'on ne parvient pas à l'abattre
C'est tout simplement qu'il est gros»
(T. N°119)
Ce
texte
est en langue baoulé et non en abron.
A
la
question
banale que vient faire un texte baoulé dans le tambour des Abron?
Nous
ne
nous attendions pas à un long développement sur l'origine
même
du
Bentô.
Voici
le
récit du chef Kwadio Datè,
chef de Yaokokorokro et
maître du Bentô :

- 152 -
L'ensemble
orchestral des tambours du roi est introduit dans
le
pays par Brafouo Adingra,
neveu du roi okofou Datè. Il était allé à la
demande
de la reine Aoura Pokou lui apporter une assistance
militaire
dans
la
guerre qui l'opposait aux Djamala
à
Langbaso.
Après
avoir
écrasé
l'armée ennemie,
la reine voulut le récompenser en lui donnant
de
l'or.
Ce qu'il refusa en choisissant à la place ce tambour.Il
n'a
pas, avait-il
dit,
à
monnayer
ses
services
à
un
membre
de
sa
famille, abron et baoulé font partie du groupe akan".
La
reine mit ensuite à sa disposition
des
tambourinaires.
Une
fois
parvenu
au
pays, Brafouo Adingra installa ses
tambourinaires
à
Téhui ou Teo.
A
la suite d'un conflit;
ces tambourinaires abandonnèrent
leur
tâche.
L'importance
des tambours n'est plus à
démontrer.
Alors
que
faire ?
Pour
le
sixième
roi
Agyeman
Badou,
il
n'est
pas
question
d'abandonner
cet
ensemble.
Il
partit
donc
à
la
recherche
de
tambourinaires.
Entre
temps le village koulango de Kroko fournit
les
tambourinaires
de la province foumassa.
C'est dans ce village que
le
roi
va
recruter
Yao
Djiban
après
l'avoir
testé.
Il
lui
confie
l'ensemble orchestral.
Pour
le
récompenser,
il lui offrit un tambour
de
devise,
un
palanquin.

- 153 -
2) Origine du maître tambourinaire
«Pour les avoir suivis»
(T. N°120)
Yao
Djiban,fils du chef de terre de Kroko (62) pour
se
mettre
entièrement
au
service du roi,
quitte son village natal et fonde
un
-
nouveau
village appelé Yaokokorokro situé à une dizaine de
kilomètres
de Gbanè, village du chef des serviteurs du roi.
ùO
Yao
Djiban,
avqps-Ie
sans préjugé,
n'est pas un abron
ni
un
esclave
et aucune relation ne le lie fondamentalement au
matrilignage
royal.
De ce fait,
il est libre de partir à tout moment. Le roi en est
conscient. Aussi décide t-il de le combler davantage de privilèges.
Yao
Djiban
au
même titre que le roi
s'il
parjure
n'est
pas
amendé.
Il peut récupérer les amendes, charge à lui d'informer le roi.
Intercesseur
en
faveur des condamnés à mort du roi,il est autorisé
à
conserver les queues d'éléphants abattus par ses chasseurs.
(62)
Les
descendants
de
Koroko seraient sortis
de
terre
près
de
Karabengué.
C'est à l'un d'eux Dua Yao que le chef des Foumassa confia
l'ensemble
orchestral des tambours appelé Aroubène venu de
koforidua.
Les tambourinaires du Foumassa sont recrutés dans deux villages : Kroko
et
Mangam.
Ceux
de Kroko sont les tambourinaires en chef
de
cette
province.

-
154 -
A cette époque,
posséder ces privilèges c'est du coup se
hisser
dans la classe dirigeante, celle des élites qui ne peut s'ouvrir à tous
de
peur
de disparaître.
Et comme pour attirer d'autres sujets à
lui
emboîter le pas,
il fait entendre à tous qu'il doit ses privilèges par
la
volonté des Abron qu'il a suivis.
En d'autres termes faites
comme
moi
et vous serez recompensé,
telle est la leçon qui se dégage de
ce
discours idéologique.
Il est à noter que le chef de terre de Kroko ne
possède pas d'attributs offerb par le roi.
L'ensemble orchestral des tambours groupés du roi appelé
"Bentô"
est
présent
à
toutes les grandes occasions:
fête d'ignames,
de
l'Adaé,
funérailles.
c'est avec cet ensemble que les Abron organisent
la danse des sages réservée au roi et hauts dignitaires du royaume et à
leurs familles.
Un noble qui commence à danser est encouragé par le texte suivant
«Gros animal
Vas-y posément
calmement et montre-toi»
(T. N°121)
Par
contre
le
fils d'esclave est averti qu'un malheur
va
lui
arriver.
«Va te nourrir de boules d'akasa»
(T. N0 122)
«C'est la tête de l'esclave
Qu'on décapite»
(T. N°123)
C'est
par
ces
deux textes que l'esclave est sommé
de
quitter
l'aire de danse réservée aux nobles et de la sanction qui l'attend.
c) Les Bourreaux (Brafouo)
Il a tué deux fois Atakora!
Qui a-t-il exécuté ?
Il a tué trois fois Atakora!
En sa présence
La
pie sent sa vie menacée.
Le roi sent sa vie menacée.
Habituel bourreau!

- 155 -
Emporte le damné au loin.
Tchrèmi Duédou!
Sujet de sa Majesté, sacrifie -toi
Pour sauver le pays.
Tchrèmi Duédou!
Dors en paix.
Divin tambourinaire!
Où que tu sois,
Je t'invoque, viens!
Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soit!
Ecoutez, écoutez et
Méditez le message du tambour!
(T.N 124).
«Je suis fine lame de guerre»
(T. N°66)
La
fonction de bourreau est assurée à la fois par les
habitants
du village d'Amoitinin et de Tengohini.
Ils sont chargés d'exécuter les
condamnés
à mort sur ordre du roi.
Les chefs des bourreaux
réside
à
Amoitinin
mais la charge n'a été véritablement institué que par le roi
Koffi
Agyeman.
C'est au chef de Tengohini qu'il confia la
tâche.
Le
chef
des bourreaux est également chargé de l'entretien des
corps
des
défunts-rois
et princes en attendant leur enterrement à Zanzan.On
les
appelle alors embaumeurs.
1 - Nom d 1 appelation tambouriné et origine
«Abrofou
Apam! (63)
Qui de tout temps
Agis en bien
Viens!
Viens sur l'heure!
Abrofou Apam!
Des Abron
Viens!
Viens sur 1lheure» (T.N°125)
Les
embaumeurs
actuels
ont
pour
descendants
une
population
d'origine
N'zima ou Appolonienne ayant rejoint les fugitifs
abron
au
cours
de
leur exode.
Ils seraient partis d'Apam ( cape Coast)
à
la
suite d'un conflit de succession entre deux frères jumeaux appelés Atta
ni Atta.
(63) Abrofou : qui entretient tout objet en décomposition.

- 156 -
La principale activité des N'zima étant l'entretien des corps des
défunts,
les
Abron leur confièrent la tâche d'entretenir les corps de
leurs rois et princes.
Aux embaumeurs N'zima de Cape Coast se sont joints les
Agni-Anno
de
Famienkro venus aussi solliciter l'asile politique au roi Kohosonon
Ambim.La
candidature à la chefferie de leur leader Totobi rejetée
à
causé du caractère sanguinaire de son défunt-frère Bomoti,une
fraction
acquise
à
sa cause,
dont Gninankan,Tiécoura,et ses soeurs Affoué
et
Tewa,s'exila
en ,emportant avec elle des ,-ustensiles de
cuisine,
trois
cuvettes pleines d'or et un siège royal.
Introduits
par le chef des embaumeurs,
ces refugiés lui
furent
confiés
par
le roi après que leur chef ait prêté un
serment
de
non
agression. C'est à partir de ce moment que les Abron furent informés de
l'existence
de l'or dans le pays Anno où ils se dirigeront plus tard
pour emprunter ce métal pour rembourser leur tribut au roi Ashanti.
De
nos
jours, on
retrouve les Appoloniens
dans
les
pompes
funèbres d'Abidjan pour l'entretien des corps des personnes décédées.
L'exercice
de cette fonction exige le respect de certains
rites
et dispositions particulières.
Dans
la
perception
religieuse du
pouvoir
politique,
le
roi
intermédiaire
entre les hommes et Dieu ne meurt pas.
Pour annoncer sa
disparition,des termes consacrés,le désigne.
En pays abron-gyaman l'on
dira que "L'éléphant est tombé dans·l'eau"
(tout roi Abron se
surnomme
éléphant) ou" le roi a mal à la dent"
(64).
---------------------------------------------------------------------
(64)
Cette
conception
de la mort du roi n'est
pas
particulière aux
abron-gyaman,
elle
est
partagée par d'autres pays africains tels
le
Burundi, le Burkina Faso( royaume mossé). Parlant des rites de la mort;
Rozier Raymond nous informe qu'au Burundi, on ne dit pas d'un roi qu'il
est
mort
mais
que
"le soleil s'est couché"
ou
encore
qu'''il
est
parti","
il
a bu".
En pays Mossé le terme consacré est selon
Pacere
Titinga
dans
Il
Ainsi on a assassiné tous les Massé",
"le
feu
s'est
éteint" .

- 157 -
Puisque le roi "a mal à la dent",
on fera appel aux soigneurs.
Ce
sont les embaumeurs.
Ils résident à Amoitinin.Leur chef est informé par
un
messager du chef de l'intendance qui lui remet deux
bouteilles
de
gin.
conviés par
le chef de l'intendance
,les embaumeurs ou
soigneurs
tenteront
pendant
onze. jours de soigner la dent du roi
après
s'être
rassurés que le roi-défunt au cours de son règne,
n'ait pas amendé l'un
d'eux.
si
tel
est
le ~as, l'amende est aussitôt
restituée
par
les
.
membres de la famille du défunt.·
Cl est dire que
les embaumeurs ne sont
pas
amendés quelque soit la faute commise.
Au 'moment de
s'introduire·
dans le village où aura lieu le traitement,
le chef des embaumeurs
se
fait annoncer auprès des dignitaires qui offrent deux bouteillBs de gin
et un mouton qu'il tue à la mémoire de tous les rois-défunts.
La momification du corps du défunt-roi
Fourmi-cadavre 1
Morte,
pue.
Même vivante,
c'était pareille.
Divin tambourinairel
Où que tu sois,
Je t'invoque,
viens
1
Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soitl
Ecoutez,
Ecoutez et
Méditez le message du tambourl (T.N D 126)
Dès
les
premiers
jours,
un canard et un chien sont
abattus.
La
patte du chien,
le canard et une peau de panthère sont accrochés sur le
mur
de la maison mortuaire.
La vue de ces objets annonce toujours
un
deuil
national
et ils sont visibles par tous ceux qui passent
à
cet
endroit.
Le couvre-feu est décrété de
19 heures à
5 heures du matin.
Le
corps
du roi-défunt est cousu d~ns une peau fraiche de boeuf abattu
à
cette
occasion.
Le
corps
est ensuite suspendu verticalement
et
un
récipient
recueille l'eau émanant du corps.Cette eau puante que
tente
de
dissimuler
l'odeur
des
animaux
abattus
(chien, canard)
est

- 158 -
insupportable.C'est pour déconsidérer cette odeur que le tambour laisse
entendre ce discours qui révèle que
le roi de son vivant puait dès lors
qu'on ne pouvait pas l'approcher.
C'est cette eau qui sera enterrée au
lieu
de
résidence du roi-défunt pendant que le corps
est
enterré
à
Zanzan.
Dans l'exercice de ses fonctions,
le chef des Abrofou est soumis
à
tin certain nombre d' interdi ts: il ne mange pas le"
foutou"purée d'igname,
pilé
dans u~ mortier le mercreGi.c'est avec le fémur de l'éléphant que
son<
foutou
est
~ilé.Il ne se lave pas
"
non plus les
mains
avant
de
manger le douzième
jour.
"
bl
-
L'Annonce officielle qe la mort du roi
«L'arbre majestueux
S'est effondré
Condoléances»
(T.N°127
C'est
par ce message que le chef d~ village de Sourom~ni
chargé
d'annoncer
officiellement la mort du roi est informé par
un
messager
selon
un
rite consacré.
Le messager ne s'adresse pas directement
au
chef de Souromani
(ou Tefouhinin)
pour lui annoncer le décès.Il se rend
certes dans ce village muni d'une cuvette contenant un pagne de
deuil,
de
l'argent
(2
peredwan),
deux
bouteilles de gin
qu'il
dépose
à
l'entrée
du village mais il en ressort aussitôt.
Parvenu à
l'orée
du
village,
il
lance un grand cri pour annoncer que
l'arbre
majestueux
s'est effondré,
ce qui signifie que le roi est mort.
Il s'enfuit aussitôt car s ' i l est rattrapé,il est mis à mort.
C'est bien connu le chef du pardon après les
funérailles d'un roi
mourrait mystérieusement.
Aussi prend-t-il
tout son temps pour annoncer
le
décès.
Or
tant qu'il n'a pas annoncé la mort du roi et pleuré
en
premier lieu,
personne ne peut le
faire à sa place.

- 159 -
d} Le chef de l'intendance (gyasihinin)
.-i..
«Nous repoussons le combat
Pour permettre au roi d'avancer»
(T. NO 128)
Le
terme
gyaasi
veut
dire tous ceux
qui
restent
autour
et
entretiennent le feu du roi.
Le chef de l'intendance est le
servite,~
en chef de tous les :serviteurs du roi. Cette charge lui impose de vivxe
en permance'dans la ..èo~r royale .
. '".' .:.:'~~;::<):,.
..: .. " .,
.
Le ';,pre-inier détèIiteur de ce siège est Kwasi 'Bolla Basa .
Boua Ba;sa
-,
.~..~ :,", '.
veut dire briseur d'aile.
A l'origine,
brave guerrier, il.brisait les
ailes difficiles au combat.
Une fois les ailes brisées, i l invitait le
roi
resté en arrière à continuer son chemin.
Il assurait
en
quelqi\\l!e
sorte la sécurité du souverain au cours de l'exode. Le chef de l'in-
tendance est avant tout chef de guerre,
ce
pour lequel il s'est
brillamment illustré au départ et qui lui a
valu sa nomination.
En
tant
que
chef du protocole,
il
introduit
tous
ceux
qui
sollicitent une audience à la cour.
Au
cours
de la cérémonie d'offre de bois au roi le
jeudi
(k~a
yawouo) ,
veille
de la fête d'igname,
il détermine l'ordre de passallJe
des
chefs
et s'exécute en dernier lieu et distribue ces
morceaux
de
bois aux épouses du roi.
En
cas de décès du souverain,
le chef de l'intendance avisé
en
tout
premier
lieu constate le décès.
Il lui revient
alors
dans
la
discrétion
totale
de saisir les autres dignitaires.
Assistent
à
la
réunion qu'il convoque; les embaumeurs (Abrofoufouo), les exécuteurs de
sentence (Brafouo), les sonneurs de cor (Asokwafouo).
Le
chef
de
l'intendance intervient dans le
choix
du
nouveau
souverain.
Au cours de l'intronisation, i l fait semblant d'asseoir par
trois
fois
le
nouveau
roi sur le siège
censé
contenir
l'âme
des
souverains-fondateurs.

- 160 -
Une telle fonction,
nous semble t-il,
ne peut être confiée à un
eè~lave.
Pour
toutes ces fonctions-qu'~l exerce,
le détenteur de
ce
siège
n'est jamais amendé et peut même récupérer l'amende à celui
qui
parjure en l'absence du roi, quitte à lIen informer par la suite.
Il
apparaît donc que sa fonction est capitale et pour l'exercer,
certains
villages
lui sont attribués.
Les 'chefs de
ces
villages
à
chaque,
fête d'igname viennent lui prêter serment en signe d'allégeance
et lui offrir des présents.
Le~ 'chef
de
pétèye lui offre un mouton, .~. les
autres
chefs
de
village
de Dédi,
Gbanè (porte-cimeterre),
Amodi (un quartier
de
ce
,village),
Kouassi Kouman,
Kouafo, Tchjnwa (urt quartier de Mangam) lui
apportent du bois.
Ces
différents
chefs et leurs troupes accompagnent le
chef
de
l'intendance en guerre. Celui-ci se recrute dans les villages suivants:
Gbanè:
Village créé par le chef gyaasi Tan Koffi au cours du règne du
roi Kohosonon de retour d'une campagne contre le roi de Bouna.
Il Y est rejoint peu après par les Anno, une fraction dissidente,
venue de Famienkro. Ces oerniers n'héritent pas ce siège.
Kouafo:
Les habitants du quartier kôtôkô créét. par 11 un des serviteurs
du roi kohosonon peuvent prétendre au siège.
Deimba
village situé dans l'actuelle sous-préfecture
d'Agnibilékro.
Clest ici que vivait Bini Koffi avant d'hériterle siège.
Kouassi
kouman:'
Chef-lieu actuel· du siège du chef gyaasi.
·Pour
des
raisons dl ordre économique, le chef de 11 intendance ne rés·ide,~.plus,-à la
cour royale.

- 161 -
e ~ Les Maîtres-de-parole (Tshianmin)
Maître-de-Parole
Ala
fois Pie et rossignol
Parle pour montrer
Ton savoir- faire,
Mais fais-le avec prudence
Parle dans le droit chemin
Où que tu sois,
Je t'invoque,viens
Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soit
Ecoutez,
Ecoutez et
Méditez le message du tambour ( T.No129).
Le
maître-de-parole
ou
porte-parole
détient
les
documents
officiels
de
l'Etat à l'image d'un ministre de la communication
dans
nos Etats modernes.
Intermédiaire obligé entre le peuple et le roi qui
n'adresse jamais directement la parole à ses sujets,
il connaissait la
censure de l'information lorsqu'on lui recommande de fixer des bornes à
sa parole.
Les bornes ou noeuds renferment des informations difficiles à décoder
Pour les comprendre, il faut faire preuve de perspicacité.
Le
premier
détenteur du siège de porte-parole du royaume
abron
était Kwadio Kouratini,
interprète du premier monarque nanan Tan Datè.
Mais
cette
fonction ne sera véritablement instituée
qu'au
règne
du
cinquième
roi
Kohossonon en faveur de Fori kwadio.
Les raisons
sont
simples
eu
égard à la politique instaurée par le
roi
Kohosonon
qui
consiste à décorer ses propres fils.
Aman
Miézan,
mère
de Fori est issue de la cour
royale
et
confiée
par
le chef Angui à nanan Dua Kwabenan,
chef de la
province
Foumassa.
C'est,
rappelons-le,
ce
dernier
qui
intronisa
le
roi
Kohosonon à Kong.
De ce mariage de raison, naquirent cinq enfants
1) Fori Kwadio,
l'aîné
2) Tin Ninrin
3) Kokroko
4) Tehetan
5) Bouaki Tia,
futur chef. des Foumassa.

- 162 -
En
plus
de ses origines nobles,
Fori dit-on,
était
un
jeune
soldat intrépide.
Les
conditions
et les circonstances sont favorables à
Fori
et
c'est
d'un
commun accord que le monarque Kohosonon et le chef
de
la
province foumassa Dua Kwbenan décident de le distinguer en lui
offrant
un palanquin, un cor d'appel et un tambour de devise.
«Il y a guerre
Fori !
Tu aimes vraiment la guerre
Comme tu aimes la guerre,
On t'invitera à la guerre
Et c'est par elle que tu mourras» (T. NO 130)
Ce discours fait référence à la bravoure en guerre de Fori Kwadio
plutôt
qu'à
sa
fonction
de
maître
-de-parole.
Cette
situation
s'explique par les préoccupations des Abron à l'époque.
La lutte
pour
la
survie.
Les
seules
qualités
requises à un citoyen, c'est
d'être
un
homme
courageux,
prêt
à se sacrifier pour sauver son pays au prix de sa vie
car
celui
qui meurt en guerre a plus de mérites
que
l'individu
qui
meurt d'une mort naturelle.
Fori
sait
qu'il mourra à la guerre mais ne peut deviner à
quel
moment i1 le sera et il le regrette dans son cor d'appel.
C'est
d'Adandia que les descendants de Fori viendront
créer
le
village de Kékreni qui, dit-on serait la forme contractée de
«tchrè tchrè mi wu asem
nan yè nim kan»
Qui signifie "dis-moi clairement ton affaire ou problème pour que
je
le comprenne bien et en rende compte au roi".
si cette version est
vraie elle souligne à propos le rôle de porte-parole que joue les chefs
de ce village.
De nos jours,
à la mort du détenteur de ce siège c'est
le
petit-fils
de Tin Ninrin,
frère de Fori Kwadio qui
intronise
le
nouvel interprète du- roi.

- 163 -
En dehors du poste de porte-parole de Kekreni,
le royaume compte
plusieurs
porte-parole sans privilèges à l'exemple de Fori
dont
les
origines sociales ont été déterminantes.
Ils
sont reconnaissables à leur canne surmontée d'une ananas
ou
d'une lampe. Quelle signification donne t-il à ses symboles?
L'ananas :Ce fruit,c'est connu,est très sucré,doux. On le consomme avec
plaisir.
On identifie la fonction de maître-de-parole à l'ananas.
Par
cette image, l'on voudrait que le langage du maître-de-parole soit doux
à entendre, il doit plaire.
La
lampe :Le maître-de-parole est l'homme le plus informé des affaires
du royaume,
rien ne lui échappe.
Il est à même d'éclairer le roi dans
ses prises de décision.
Les
autres maîtres-de-parole sont recrutés dans les villages
de
Songori,
Guiendé,
Zanzan,
Atunan,
Takikrom,Amoitinin.
L'ordre
de
création de ces sièges serait le suivant :
1) SONGORI
Le second siège créé par le roi Kohosonon réside à songori.
2) ATUNAN
Le
siège
d'Atunan
selon
feu nanan Kwabenan
Gboko, serait
créé
en
troisième position.
De nos jours,le détenteur de ce siège participe
à
la fête d'igname du roi muni de sa canne surmontée d'un éléphant sur un
piège.
Par
cette
autre image,
il affirme que le roi est comme un
éléphant,
aucun piège ne peut le prendre.

-
164 -
3) GUIENDE
Le
siège de porte-canne de Guiendé est l'oeuvre du roi
Kohosonon.
Ce
sont
les enfants du premier détenteur de ce siège sur demande du
chef
de
Guiendé qui consommèrent en premier lieu l'igname que les
Koulango
trouvés sur place avaient offerte aux Abron.
4) TAKIKROH
Le siège de Takikrom fut créé en cinquième position.
5) AHOITININ
.,.f
C'est
le
tout
dernier siège et il est l'oeuvre
du
roi
Kwakou
Agyeman. Le premier détenteur Koffi Gboko, très éloquent, conduisait les
délégations du roi à Gwa ou Cape Coast sur la côte méditérranéenne.
Il
y allait chercher le sel du roi.
Il reçut du chef de cette ville kwaku
Dua-
une
deuxième canne en plus de celle
offerte
par
Treich-Laplène
surnommée "Ahimré ou abane kuman".
C'est-à-dire la canne du commandant
surmontée d'un pommeau semblable à un champignon.
f) Les purificateurs de l'âme du roi
«Patou!
Qui n'ira nulle part!
Purificateur en chef
De l'âme du roi»
(T. N°131)
«Je suis un sympathisant
Partout où tu seras
Je serai avec toi»
(T. n~ 132)
Le
rituel
par lequel le divin roi meurt et retourne à la vie
a
lieu chaque année au jour dit mouroufié.
Le chef du village de
Karako
considéré
comme l'épouse du roi représente le doUble de l'âme du
roi.
C'est un sympathisant du monarque.
Il lui est en tout temps fidèle. Au
jour
de
la
cérémonie,le chef de Karako porté dans un
palanquin
est
conduit
à
la rivière où il prend un bain afin de se
débarrasser
des
impuretés qui ont pu s'accumuler sur son âme et par ricochet sur
celle
du
roi,
car
dit-on,
à la longue ces impurétés peuvent atteindre
sa
v-italité.

- 165 -
Le
chef de Karako partage cette fonction
avec
celui de Marahui-Ahenfié.
L'origine de cette charge reste de nos jours confuse.
La version
officielle
que
nous
avions recueilli donne des
devises
du
premier
détenteur décoré après sa participation à différentes guerres :
«Nous sommes des
Hommes de parole
'
Même à genou,
Nous sommes toujours prêts
Pour la guerre» (T. N° 133)
«Ahuri!
Tu es un vrai guerrier
Et la guerre te passionne»
(T. nO 134)
«Ahuri!
purificateur en chef
De l'âme du roi»
(T. N°135)
L'on
raconte
qu'Ahuri était un homme d'action toujours
prêt
à
combattre et un vaillant guerrier.
Il débloquait les points
critiques
en
guerre.
Pour le récompenser,
comme c'est souvent le cas,
le
roi
Kohosonon
lui
offrit
un palanquin,
un tambour de devise et
un
cor
......
l'
d'appel.
Il le fit par la suite son kra.
En
dehors
de cette première version
officielle,
une
deuxième
version affirme que le fondateur de ce village non éloigné d'Hérébo
du
nom de karako était perché sur un arbre au jour de la célébration de la
purification
de l'âme du roi Adingra Kwadio.
Celui-ci l'ayant aperçu,
l'aurait invité à descendre en ces termes:
"kra si bira,
min nyo
wu
bribi"
signifie kra au sommet de l'arbre viens,
je ne te ferai
pas
~
~
du mal.
Il le fit son kra et son nom tambouriné est
«Purificateur en chef
De l'âme du roi»
(T.N°131)

- 166 -
En
pays abron fait remarquer Terray,
"le kara fait intervenir les
captifs sur la scène politique. Au Gyaman, un homme libre peut avoir un
captif kara, le roi et les chefs en ont plusieurs" (65).
Une fois choisi,
"le ka ra changeait de statut et mène la
même
existence que le roi"
(66).
Kra ou Kara selon Terray désignent le même
mot.
REMARQUE
En admettant que le chef du village de Karako,
Adou
Kwame
rencontré
le
20-10-1982
ignore
ou
n'a
pas
voulu
nous
.' donner
cette
version,
pratique
courante chez les
Akan, nous
reconnaissons
qu'étant
toujours
aux
côtés
du roi,
Ahuri peut
prendre
une
part
déterminante en guerre et mériter ses attributs.
Pour lui permettre d'exercer cette fonction de kra (âme) du
roi,
le
premier détenteur s'est vu remettre quatre villages pour le servir.
Ce sont Sanguiéi, Kiramisé, Tahoudi et Landayé. A chaque fête d'igname,
les chefs de ces villages koulango lui remettent des présents.
- Le
chef
de Tahoudi lui offre cent (100)
ignames
et
un
(1) mouton.
- Le chef de Kiramisé lui envoie cinquante (50)
ignames
- Landayé
(67) et Sanguei sont les porteurs de cimeterre du
chef.
Le
roi n'est rien sans les sièges sacrés censés
contenir
l'âme
des
rois-défunts.
La manipulation de ces sièges revient aux
porteurs
des sièges.
(65)
Emmanuel Terray,
La
captivité dans le royaume
Abron
dans
l'esclavage
en Afrique précoloniale présenté par Meillassoux,
Paris,Maspéro, 1975, p.419.
(66) Id.
(67)
Le premier porteur fut Koffi.
Il s'installa à Karako et reçut
du
chef kra Bènè Koffi un cimeterre avec l'accord du roi Tan Datè qui
à son tour,
attribua le titre de : chef de ceux qui aident (Boaman
hinin) à Landa Yao,
deuxième chef de Landaye qui lui apportait à
chaque
fête d'igname du gibier.
Le roi en retour lui remettait de
la
poudre à canon.

- 167 -
g) Les Porteurs de sièges royaux (Akognuafouo)
1- Nom d'appelation:
a)
Sonneurs de cor de naissance
Venez, venez
Venez sur l'heure (T.N° 136)
b)
Petits-fils
Du chef des sonneurs de cor (T.N°137)
c)
Petits-fils
De Bini Kobena (T.N° 138)
2- Origine de la fonction
«Nous avions toujours été
Les serviteurs du roi»
(T. N° 139)
« Adou l'ancien!
» (T.N°140)
L'animisme
en
pays
abron est érigé en religion d'Etat
et
est
symbolisé
par
des
tabourets
sacrés
ayant
appartenu
au
premier
fondateur. Toute succession passe alors par la dévolution des tabourets
sacrés.
Lors
de
son
intronisation,le roi
fournit
deux
sièges
ou
tabourets. Celui qui a servi à l'intronisation devient le réceptacle de
l'âme
du roi.
rI est induit de sang humain en période précoloniale et
de nos jours avec le sang d'un chien qui rappelle la condition
animale
de l'homme.
rI est sacré et ne sort qu'au cours des grands rituels.
A
sa mort,
c'est par son tabouret que la mémoire du roi est honorée.
Le
siège
qui n'a pas servi au rituel d'intronisation est entretenu par le
kra qui représente l'âme du roi.

- 168 -
si
le
règne du roi est marqué par des actions dignes
du
pays,
être
celui-ci obtient le quitus (68)
et ce siège est alors .retiré pour
conservé. Ainsi les vingt deux rois abron d'Akwamou au Gyaman 50n1: ado-
rés autour de quatre sièges: Aforiè,
Kohosonon, Agyernan,
KwaSl Yeboa.
Les sièges sacrés
abron.
Le
premier
de
ces
sièges
appelé Il Aforié"
ne date pas
de
l'installation des Abron sur ce territoire actuel.Il fut confié pour la
première fois à Asokwa Adou, honoré dans les textes de cor d'appel
paL
le nom Dada Adou ou Adou l'ancien.
Il serait venu au cours de l'exod0
avec
le
siège
Aforiè,son
tambour
de
devise
et
le
cor
appelt
"kpr~rério".
Ce
sont les descendants de celui-ci,
localisés dans les
villages de Bini Kobenan et Amodi qui, tout en étant les sonneurs de cor
de
la
cour royale,
ont la charge de veiller sur les
sièges
royaux.
C'est l'antériorité de la création de cette charge avant la création du
royaume
que
met
en exergue le discours du cor
d'appel
de
la
cour
royale.
Ici ancienneté équivaut à la noblesse.
(68)
Le quitus est donné par les dignitaires avant l'intronisation
du
nouveau
roi.·
Cet te
cérémonie a lieu à Kiétan (c lan zanzan)
et
Sodj i
(clan yakassé)
dans la brousse loin de tout regard.
Au cours de
cette
cérémonie,
les
malversations de l'ex-roi sont évoquées et les
leçons
d~gagées afin de servir de fil directeur au nouveau souverain.
Parfois
l'on
jette l'anathème sur telle ou telle famille qU'on exclut du trône
a
cause du comportement des membres précédents.
C'est le
cas
d'Apia
Frournan
à
cause du caractère sanguinaire de l'ex-roi
Kwadio
Adingra
}~ouman .

- 159 -
3 - Exercice de la fonction
«Le perroquet
Est ce qu'il est»
(T. N°141)
Les
sièges
ne
sont
pas
des objets
profanes
que
l'on
peut
manipuler à sa guise.Ils sont sacrés et par l'intermédiaire de ceux-ci,
le roi entre en relation, communie avec les ancêtres-défunts.Ces sièges
possèdent
une
âme.
La mauvaise manipulation des sièges
royaux
peut
alors
occasionner
la colère des défunts et la malédiction du
roi
au
pouvoir.
Aussi
le
roi en prend un soin particulier.
La fonction
de
porteurs de sièges étant héréditaire, tout nouveau roi a nécessairement
intérêt
à
ce que les porteurs de sièges lui affirment
leur
fidélité
(69).Le
perroquet est ce qu'il est,veut dire que cet oiseau ne
change
jamais
de
couleur.II
a toujours été ce
qu'il
est.En
clair,il
est
demandé aux sonneurs de garder pour toute l'éternité l'exercice de leur
fonction.
Ce
texte
leur rappellent constamment l'engagement pris par
les
aïeux
et les invitent à servir le roi.Considérés comme les épouses
du
roi,
celui-ci
répond
toujours
favorablement
à
leur
doléances
et
caprices.
Les sièges sont conservés dans une chambre et le roi en assure la
garde.
La
tâche
des
porteurs résidant à Bini
kobenan
et
à Amodi,
consiste
à
jouer
les cors d'appel le jeudi soir après
la
cérémonie
d'offre du bois en vue d'informer les ancêtres que le nouvel an est là.
-----------------------------------------------------------------------
(69)
Les
successeurs de Asokwa Adou respectent toujours
ce
serment.
Dans le conflit qui opposait le roi kofi aux autres chefs en 1988,
les
porteurs de siège prirent le parti du roi.

-
170 -
Le lendemain vendredi,
les porteurs sortent les sièges de leur demeure
en respectant scrupuleusement l'ordre de leur création.
Ils
enduisent
ces
sièges avec le sang des boeufs que le roi immole à l'intention des
rois-défunts.
obligation lui ait faite de tuer un boeuf sur chaque siège,
soit
quatre
boeufs à chaque fête d'igname.
Avant d'enduire les
sièges
de
sang,
le
roi offre de la liqueur aux sièges pour réveiller les
rois-
défunts.
Une
fois
le
sang asséché,
il dépose des
boules
d'igname
,!
(foufou) surIes sièges et offre une deuxième libation pour demander la
protection dès ancêtres.
Le roi ne partage pas cette boisson avec eux,
,
le fond revient aux porteurs des sièges. Ils le réclament.
A la fin de la cérémonie,
les sièges sont remis à leur place
en
attendant la prochaine fête d'igname.
h) Le gardien de l'Etat (Manbèhèhinin)
Il
réside à Koumbenagaré.
Il détient un tambour
de
devise.
Voici ce que dit son tambour.
« Nous avions toujours été
Les serviteurs du roi»
(T.No 139)
Ce
texte veut dire que comme Dieu,
la fonction de gardien de
l'Etat
ne date pas d'aujourd'hui.Le détenteur de ce siège
est
chargé
de
détecter les sources de tension,
d'espionner tous les voisins
qui
s'apprêtent à affronter dans une guerre,
le pays.
Une fois la
guerre
détectée, il informait le chef de Kanton et de Lamoly. Celui-ci en tête
va au-devant de la guerre.
s ' i l peut y mettre fin,
i l le fait. Dans le
cas contraire toutes les autres troupes sont alertéés.
N.B.
si
le
chef de Koumbenagaré donne une fausse information
sur
l'imminence d'une guerre,
le chef de Lamoly informe le roi et
celui-ci
est exécuté.

-
171 -
i)
Le trésorier d'Etat (Sanahinin)
Ahibango,
à
4km
de Tangamourou est le' village dans
lequel
se
recrute
le
trésorier de l'Etat du Gyaman.
Il possède un
tambour
de
devise dont le texte est :
« Reculez et laissez-moi passer
Je suis un serviteur du roi»
(T.No 142)
En tant que serviteur du roi chargé du trésor d'Etat, le texte
de
son
tchunissini invite les sujets à le laisser passer
pour
aller
servir
le
roi.
Le
premi~r détenteur de cette
distinction
estyAhi
,.
Kwabenan.Pour
un
pays
porté vers la recherche
de
l'or,
les
biens
matériels par la guerre, il va sans dire que les monarques ne sauraient
confiés
leur
trésor
à n'importe quel sujet.
Qu'est-ce qui
a
alors
motivé la distinction de Ahi Kwabenan?
qui était-il et par qui fût-il
décoré ?
L'on raconte que Kwabenan Ahi était au service du roi
Agyeman
Pagnini.
Il
lui
revenait
de réceptionner les
morceaux
de
viandes
boucanées,
viande d'éléphant en l'espice,
et de les présenter au roi.
Pour Ahi,
il faut présenter les bons morceaux de viande à sa Majesté .
Aussi retirait-il, tous les morceaux qu'il estimait peu présentables au
roi.
Il
gardait
par
devers
lui
ces
morceaux
qu'il
revendait
discrètement. Ainsi au fil
des années, il accumula une petite fortune~
qu'il
ne
dépensait
pas.
Vint
un jour ou le
roi
confronté
à
des
problèmes de trésorerie, parce que tributaire du roi Ashanti, affichait
une
mauvaise mine.
Ahi prit son courage à deux mains et s'enquit
des
soucis qui frappait le roi et lui promit dè ne pas s'en faire.
Le roi,
sachant
que
son
serviteur ne peut lui être
d'aucun
secours
aurait
rèpliqué
en
ces
termes:
Je dois un lourd tribut et
les
messagers
doivent
arriver
d'un instant à un autre et tu me demandes de
ne
pas
m'en faire.
Confiant, Ahi rétorqua que le problème du roi trouvera une
solution.

-172-
A la suite de ces propos, il alla rechercher sa fortune et l'of-
frit
au roi qui le pesa. Cet or couvrait largement les besoins de sa
Majesté.
Tout heureux,
sa Majesté remercia son serviteur.
Mais ce dernier
va
refuser d'être congratuler par sa Majesté
ca~
dira-t-il, c'est ton argent,
pourquoi donc me remercier.
Il expliqua
alors au roi Agyeman
Pagnini
l'origine de son trésor.
Le roi, convaincu que son serviteur était voué à son service , économe
il lui décerna le titre de Sanahinin, c'est-à-dire chef du trésor
royal. Sa tâche consiste à ouvrir le dja,(trésor royal), .~~ à le conser-
ver. Le roi et lui seul savent le lieu de la cach~tte. Au jour de la
fête d'igname, il porte le dja et précède le chef des purificateurs de
l'âme de Karako.
Au
plan politique,
i l lui revient d'installer sur le siège dès
défunts le chef de Tanda et de Marahui-Ahenfié.
La dernière cérémonie date d'Octobre 1991 à Marahui-Ahenfié . De
tous
les
serviteurs du roi,
i l est le seul habilitdf,à consommer le
fond
de
boisson
du roi,c'est dire que le roi
lui
fait
entièrement
confiance et le porte dans son coeur.
A ces fonctions secondaires, s'ajoutent d'autres avantages:
- Le chef du village de Tanda,
consid~ré comme son fils,
lui
offre
à chaque fête d'igname, six(6)
ignames et un coq.
Il
lui
remet
également
cent(100) ignames,
un mouton et cent(100) épis de maïs pour
servir de papier hygiénique.
- Le
chef du quartier grômô de Tangamourou qui fut le
tuteur
de Abi,
lui offre du bois à la fête d'igname. Cette offre est toujours
respectée. Enfin, il faut le souligner, Abibango est considéré comme le
campement
de
Tangamourou car c'est d'ici qu'est parti Ahi pour
créer
son village.

- 173 -
LOCAL1SA! ION DES GRANDS SERY ITEURS 00 IllJYAUIlE
.
.
Por te::-paro le ITchiaainl
Vi Ilag~: Kekreni
Songori, Guiendé,
Atuaa,AlOit inin,
TakikrOi
Taabour inaires du BenU} ~
.--- Eabauaeurs IAbrofoutouol
Village: Alilitinin
Vi liage :Yaokokorokro
l
1
SeMeurS de cm
(Asû\\;-,;ôto:JO)
ROI
Bourreaux (Brafouol
~ill.age ; Aœc;itinin
f - - -
1---
Vil Jag~: Tengohini
Cour rO/ale
Aloitinin
. -
f--
Porieurs de sièges
IAkognuatouol
f--
Villos€):-Bini Kübenan
~ Laveurs de 1'.1ae du roi
·Aiodi
r - -
(Kcadjari foua)
Vi lIages :Karoko et Narahi
L'intendantiGïcl.sihinin)
Vi liage :Y-ûuas:;i KJUlaI1
1Trésorier d'Etat 1t--
Régions li 1itaires
(Sanahinin)
Les gardiens des biens
(AdontenJ
d'Etat
Villages: Songori, Guiendé
nllage : Ahiban,o
Vi lIage : KouJbenagaré
Orobo

-174-
CONCLUSION PARTIELLE
Les
Abron, dénommés Gyaman, par les Ashanti sur un ton moqueur
c'est-à-dire ceux qui ont
fui
leur pays, ne
sont
pas
parfois
des
autochtones
sur le territoire sur lequel ils bâtiront un royaume riche
et prospère. Ce royaume englobe de nos jours les départements de Bouna,
de Bondoukou, de Tanda et la sous-préfecture d'Agnibilékro.
Les
habitants trouvés sur place sont les koulango
de
Soko,
de
Djom,
de
Sepingo:,Boroko,
les
Nafana de Bondoukou,
les Denkyira
de
Toundiani,
d'autres populations viendront se joindre à celles déjà
en
place.
Ce
sont
les Nkwanta,
les Abron de Diédou,
les Sogovagne
de
Sogobo.
L'étendue
de
ce
royaume et les guerres menées
par
les
abron
montrent
que
ces
populations ont conn~
des
mouvements
migratoires
importants
dans
des conditions difficiles
de
déplacement
pédestre.
Zanzan
le
village-mère
des Abron est à 180 km de
Bouna,
à
157
km
d'Agnibilékro,
à plus de 300 km de Bechem au Ghana.
L'étude
a identifié cinq importants tambours de devise,
ce
qui
signifie que le royaume compte cinq grandes provinces ou commandements:
1) Ahininfié : Elle est commandée par le roi,
le chef suprême de
toutes
les
provinces
qui peut tout demander
aux
chefs
des
autres
provinces.
Le
roi
est
choisi dans un matrilignage
royal
selon
le
principe
de
l'alternance
au pouvoir entre deux
clans
zanzan
et
yakassé.
2)
Angobia:
Province créée pour récompenser
un
prince,
elle
intervient en guerre pour renforcer les points faibles.
3) Akyidom:
Sa fonction est d'assurer l'arrière-garde de l'armée
abron
pour protéger les biens du royaume.
Ce commandement est
dirigé
par
les
fils
du roi Kohosonon et ceux de son
frère
Bini
Yao.
Ils
occupent une position privilégiée dans le pays en tant que princes.

- 175 -
,
,
4) Pinango: Creee par le roi Kohosonon)cette province dirigée par
un
lieutenant
de
guerre d'origine Denkyira
forme
l'avant-garde
de
l'armée abron.
Il est à la fois policier et gendarme.
5)Foumassa:Sur un ton moralisateur,
cette province dirigée par
les
fugitifs Juaben assimilés aux peuples soumis s'attend à ce que les
membres du lignage royal la réconsidère,
en raison des services rendus
dans les différentes guerres de conquête.
Il apparaît donc au regard des textes contenus dans les
tambours
de devise, que le pays abron, oeuvre des fugitifs abron est une société
résolument
tournée
vers
la guerre pour la recherche de
la
liberté.
t-
Aussi affirmen1'ils depuis Domaa que "la guerre est une bonne chose"
(T.
N° 74).
Par voie de conséquence les noms des provinces sont précédés
du mot Kôtôkô qui désigne tout guerrier.
Le texte de convocation des chefs des grandes provinces au nombre
de
cinq
du
pays tout en montrant le rang
de
chaque
chef
confir~e
l'orientation
guerrière
de
ce pays qui s'appuie
sur
une
stratégie
militaire.
Les
ethnies
qui
peuplent
le
royaume
abron
seraient
venues
d'horizons
divers.Comment donc dans le cadre de l'Etat,
les Abron vont-
ils les intégrer ?
«Une famille désintégrée
Devant une petite famille»
(T. nO 143)
L'Etat se présente à leurs yeux comme une grande famille avec
de
nombreuses
composantes et la seule manière de maintenir l'unité est de
ne pas évoquer les origines des uns et des autres. Evoquer les origines
d'un sujet, c'est lui dire en clair qu'il est étranger. L'individu vexé
n'a d'autre solution que de repartir dans son village
d'origine.
Dans
ces conditions,
le royaume court à la longue le risque de disparaître.
Pour éviter une telle conséquence,
la cour royale sanctionne sévèrement
les responsables de t.els comportements.

- 176 -
TROISIEME
PARTIE
L ' U N I V E R S
SOCIO-CULTUREL

- 177 -
Notre
projet
consiste à révéler l'univers socio-culturel
des
Abron tel que contenu dans les sources instrumentales c'est-à-dire les
enseignements conservés dans ces instruments de musique et qui guident
le comportement des Abron. Puis à identifier les ancêtres-fondateurs,
leur contribution à l'édification du royaume à travers les tambours
jumélés, les tambours de devise
et
les
cors d'appel et les chefs
guerriers qui contribuèrent à la création du pays.
CHAPITRE l
LA VISION D~ MONDE
Les
"Ayamia ou Abebouo" sont les nombreuses pensées,
proverbes
et
préceptes de vie que les Abron utilisent couramment pour
justifier
ou certifier un acte.
Ils tirent leur origine de l'expérience vécue et
par
la
force
des temps sont devenus des
vérités,
des
conseils
de
sagesse.
Il s'agit dans ce chapitre, de découvrir la pensée des Abron à
travers les textes de réflexio~, les dictons, les maximes, les
préceptes,
les proverbes tambourinés regroupés autour des thèmes.
1 - L'intelligence
«L'araignée!
L'araignée avec intelligence
A abattu le fromager»
(T. N°76)
Le
langage des Abron est riche en
métaphores.
L'araignée',
arthropode
très
connu
pour
son intelligence dans
les
contes
est
l'image
que se font les Abron qui ont,
en face d'eux,
le
fromager,
très
grand
arbre
solidement fixé au sol
représente
les
Koulango,
peuple autochtone qu'ils ont réussi à combattre et
à s'emparer de leur
pays et de leur pouvoir politique.
Les
fugitifs abron,
qui ne forment nullement
une
ethnie,
venus en petit nombre de pays lointain affirment ici que
c'est grâce à
leur intelligence qu'ils sont parvenus à dominer les koulango, nombreux
mais désunis.

-
/178 -
Nanan Kwasi Gyaban Ababio et sa cour à Kérébio-Domianbra

- 179 -
2 - LA CONSCIENCE
«Ce que pense autrui
Est difficile à deviner»
(T. NO 144)
L'on raconte que San Kwame, détenteur du siège de l'Akwamou, chef
du
cabinet
de
la
province akyidom en accord
avec
les
cinq
chefs
auxquels il est lié,
avait donné en mariage sa fille.
Ayant refusé ce
choix, pour le convaincre,
le père eut recours aux conseils d'un sage
pour
la raviser.
Au même moment le conseil des chefs réunis dont
San
Kwame
avait
demandé le sacrifice d'un être humain pour le
succès
de
leurs armes en guerre.
Chaque membre était invité à proposer une personne.
Pour ce genre
de sacrifice,
ils ont recours aux captifs et aux esclaves. Le choix des
autres chefs réunis discrètement en l'absence de San Kwame se porta sur
la fille de celui-ci. Trois jours plus tard la fille disparaissait sans
laisser
de traces à quelques jours de la cérémonie de
mariage.
C'est
vainement
que le père rechercha sa fille sans l'aide de ses collègues.
Il
se
rendra
compte
plus tard que c'est
sa
fille
qui
avait
été
sacrifiée
pour
le
succès
de
leurs
armes.
N'ayant
pas
soupçonné
l'attitude de ses pairs,
il en déduit qu'il est difficile de percer la
pensée d'autrui, de pénétrer sa conscience.
3 - LA FAMILLE
«La famille ne s'achète pas»
CT. N° 145)
On ne cho~sit pas sa famille en naissant.
On naît nécessairement
dans une famille et on y reste qu'on le veuille ou pas. L'on ne peut de
son propre gré choisir sa famille.
Puisque
l'appartenance
à la classe dirigeante est
conditionnée
par la naissance,
on est noble ou pas. Le pouvoir économique n'est pas
un
moyen de mobilité sociale dans la société abron qui se
singularise
par une stratification sociale rigide.

-
180 -
«Une famille désintégrée
Devient une petite famille»
(T. N°143)
Evoquer
les origines d'un sujet,
c'est lui
dire
indirectement
qu'il
est
étranger.
L'individu
vexé
n'a d'autre
solution
que
de
repartir
dans son village d'origine ou ailleurs.
or, le royaume
abron
est
formé à partir de la fusion de plusieurs
mouvements
migratoires.
Dans ces conditions; le royaume est appelé à court terme à disparaître.
Pour
éviter
que cela n'arrive,
la cour de justice du roi
sanctionne
sévèrement· toute
personne· qui par excès de
colère
ou
autre
motif
rappelle les origines d'un sujet.
Cette
devise conseille de ne pas évoquer les origines des uns et
des autres.
4 - LA PARENTE
«Nous sommes semblables
A l'atè» (T. N° 146)
Cette expression s'emploie pour mettre l'accent sur
l'étroitesse
des relations qui lient deux individus inséparables. Elle est utilisée
pour
la première fois par le prince kwadio Tawa détenteur du siège des
princes
de
Tabagne et créateur du siège de Pinda à l'endroit
de
son
demi-frère
Binan kwasi.
Celui-ci est le fils du douzième chef
de
la
province
pinango
Kwakou
Tawa (70).
C'est à la mort de ce
chef
que
Affoua Ohimma,
fille du fondateur de Pinda,
Adou Kwadio se remaria au
roi
Kwasi
Yeboa de Tabagne et de ce mariage naquit
Kwadio
Tawa
qui
emprunte
son prénom au premier époux de sa mère.
Kwadio Tawa règne
à
Tabagne
et
son
frère aîné réside à Pinda.
------------------------------------------------------
-----~----------
(70)
cf liste des chefs de la province Pinango en annexe.

-
181
-
De
père
différent,
ils demeurent
frères,
ils ont la même mère et
le fait de
vivre
séparés n'altère en rien les relations qui les lient.
C'est pour maintenir ces liens fraternels que Kwadio Tawa créa un siège
pour son frère aîné. Les héritiers
de ce siège qui résident
obliga-
toirement à Pinda sont recrutés de ce fait à Tabagne et à Pinda.
5 - LA RICHESSE ET LE DROIT D'AINESSE
La poule picore
Le matin,
La poule picore
Le soir,
La poule picore
Kwadio le fortuné!
pourquoi venir me provoquer ?
La barbe touffue
N'a pas d'importance.
Le cil est plus âgé que la barbe (T. N°147).
La
poule livrée à elle-même arrive à se nourrir en
picorant
du
matin
au soir en ne comptant sur personne.
La barbe est plus
touffue
que
le cil mais le cil est antérieur à la barbe.
On naît avec le cil,
la barbe précède.
L'on
raconte
que
le prince Kwasi Kohosonon
très
fortuné
(la
barbe) est le cadet de Kwame Agyeman aux ressources modestes (le
cil).
Fort
de sa richesse,
il voulut succéder)contrairement à la coutume~au
défunt Kwasi Sekyere dit Baridja.
Il distribua de ce fait de fabuleuses
sommes d'argent aux électeurs et ne cachait pas son
optimisme.
Contre
toute attente,
le choix des électeurs se porta sur la modeste personne
de
son frère aîné Kwame Agyeman.
Dans sa devise,il fera comprendre
à
son
frère
que même pauvre,
il arrive à se nourrir sans
compter
sur
l'aide de personne,
de surcroît i l est l'aîné et c'est le critère pris
en compte pour la succession.
En d'autres termes il n'avait pas besoin
d'être riche pour accéder au siège.

- 182 -
6 - LA RESPONSABILITE DU CHEF DE FAMILLE
La souris mange le riz
Le serpent boa mange la souris
Le serpent boa mange donc le riz»
(T. N°148)
Par voie de transitivité,
le serpent,
même s ' i l ne mange pas le
riz de manière directe ,dès lors qu'il mange la souris,
i l en mange.Les
Abron veulent signifier ici qu'on peut n'être pas au premier dégré,
responsable de quelque chose et en assurer la responsabilité.
En clair
un
chef de famille est responsable qu'il le veuille ou non de tout
ce
qui peut arriver à sa progéniture~
7 - LA SOLIDARITE
«Les petites rivières
Donnent naissance
Au grand fleuve»
(T. N° 149)
Cette
devise
du prince de l'Akyidom signifie que
ce
sont
les
faibles apports successifs qui font grossir la fortune.
Les détenteurs
des sièges secondaires (petites rivières) en servant le siège principal
(grand
fleuve)
en
font la force,
en d'autres
termes
le
détenteur
principal
du
siège de l'Akyidom n'est rien sans les chefs des
sièges
secondaires. Pour comprendre cette devise il nous faut rappeler le rôle
du détenteur principal du siège de l'Akyidom.II assure l'arrière- garde
de l'armée abron. Et c'est une tâche de grande importance que d'assurer
l'arrière-garde de la taille de l'armée abron.
Et cela n'est
possible
qu'avec le concours de ses lieutenants de guerre.
Ce
proverbe du chef de cabinet de la province akyidom
conseille
au chef akyidom de ne pas négliger ses collaborateurs.
«Mettre deux objets ensemble
A plus de force»
(T.N° 3)
Une brindille de balai est facilement cassable,
ce qui n'est pas lE
cas de plusieurs brindilles mises ensemble.
En clair pour ce proverbe,
l'union fait la force.

- 183 -
Le criquet!
Quand le criquet se met sur un rocher
Le rocher s'écroule.
Quand le criquet se met
Sur une pierre,
La pierre éclate.
Divin tambourinaire!
Où que tu sois, Je t'invoque
Roi Krôdjô et dignitaires,
De quelque pays que ce soit!
Ecoutez,
Ecoutez et
Méditez le message du tambour! (T.N°150)
«
Intuntumbè satshra amorofi »
en abron ou tô en koulango
sont
des genres de criquets migrateurs qui se déplacent en .masse; compacte en
faisant
du
bruit
d'où le nom" kpra"
donné par
les
Attie
pour
les
désigner. Avec
leur
nombre ,ils dévastent en très peu de
temps
les
plantations
en rongeant les feuilles
.Le rocher et la pierre sont deux
éléments
qui se désagrègent difficilement. Par
cette
image
,les
Abron
affirment que rien ne résiste à ces criquets qui se déplacent en
groupe. Les Abron sont comparables aux criquets. La leçon qui se dégage
ici est que l'union fait la force.
8 - LE MERITE
«La tête d'un animal
Ne se perd jamais
Dans le fond d'une marmite» (T. N°151)
Le mérite d'un individu ne peut qu'être reconnu par tous.
Par ce
proverbe
les
chefs
militaires
du siège de Sarkyi
Akon
toujours
à
l'écoute
des
guerres
affirment
qu'ils
ont
largement
contribué
à
l'édification du royaume abron à travers les guerres menées avec succès
et
par
voie
de
conséquence
leur
mérite
ne
souffre
d'aucune
contestation.
«On me prend
Pour un hérisson»
(T. N° 152)

-
184 -
Se
dit de quelqu'un dont on a sous-estimé la valeur
réelle.
Ce
proverbe est utilisé pour corriger cette appréciation.
L'on
raconte
qu'un
jour
le
roi
Tan
Daté; étonné
par
le
comportement
de Kwasi Attoko,
intrépide en guerre, s'était exclamé
en
ces termes
je te prenais pour un hérisson alors que tu es plus qu'un
porc-épie.
Dans l'échelle d'appréciation du porc-épie et du
hérisson,
l'on
estime
que
le porc-épie se défend mieux que l'hérisson qui tous
deux
appartiennent
à la même famille.
Appliqué dans le contexte
de" Kwasi
Attoko, le roi le considérait moins valeureux que les autres guerriers.
En
d'autres
termes,
il sous-estimait sa valeur
intrinsèque
en
guerre et il s'en est rendu compte. C'est en reconnaissance des servi-
ces rendus en tant que
vaillant guerrier au service du pays que le roi
lui offrit un tambour de devise dont le texte est tiré de cette situation
9 - LA DISCRETION
«La peau de l'abdomen
Cache les viscères»
(T. N° 153)
Ce
dicton semblable au proverbe qui dit "toute vérité
n'est
pas
bonne à dire" se dit pour justifier que ce n'est pas
toute
chose
qu'il faut révéler.
Ce texte est celui d'un chef militaire appelé la tête du village
(kronti)ou réside un chef supérieur. Son rôle consiste à recueillir les'
plaintes et suggestions des citoyens
et à les transmettre au chef
supérieur. L'exemple emprunté à Field éclaire mieux son rôle.
Par
exemple
écrit celui-ci:
"si les citoyens estiment que le prix
des
denrées sur le marché est exagérément élevé,
ils se plaignent au
che~
Kronti
qui
repercute la plainte au chef en suggérant que
le
double
gong annonce le prix maximum fixé"
(71).
----------------------------------------------------------------------
(71) FIELD, Akim-kotoku, an oman of the Gold Coast, London,the crown
agents for the colonies, 1948, P.
24.

- 185 -
c'est
le
chef
Kronti qui annonce à son chef supérieur
ce
~e
l' opposition
lui
reproche,
sa destitution.
Il est
l a · courroie
,de
transmission
entre
les citoyens et le chef supérieur qui
le
craint.
L'on
raconte
que
des
conflits opposent souvent
ces
deux
pouvoi~s
lorsque par exemple le second, incapable de résoudre un problème prétend
n'être pas informé, c'est de cette manière qu'il se couvre.
Le chef kronti ici contrairement à ses fonctions réelles, affirne
que
tout
comme
la
peau de
l'abdomen
cache
les
viscères,
il
ne
révèlerait pas à son chef supérieur toutes les critiques faites 'par les
citoyens. En clair il préfère protéger son chef supérieur plutôt que de
liexposer
aux· citoyens.
Dès
lors
le chef kronti
cesse
d'être
la
courroie de transmission entre le peuple et le chef supérieur, libre àe
règner en dictateur.
10 - LA DEVOTION
«Servir le roi
Avant d'être recompensé»
(T. N° 154)
D'une
manière générale dans la société traditionnelle abron,
les
qualités
d'un
être s'apprécie par ses rapports
avec
les
ainés.
Un
enfant
de
bonne éducation est celui qui après le repas du soir,
reste
auprès
des
vieux,
attise leur feu et se prête à leurs
petits
soins
(achat du tabac,
commissions diverses) . Généralement c'est à cet enfant
qui
peut
ne pas être le sien,
que le sage confie ses
secrets
après
l'avoir testé.
Il en est de même des rois à l'égard de tous les sujets y compris
ses
propres
fils.
A
travers
l'historique des
sièges
et
de
leurs
attributs,
l'on
se rend compte que leurs détenteurs ne les
ont
reçu
qu'après
avoir rendu d'éminents services au roi,
à la nation ou à
sa
famille.

- 186 -
Dans
cette
société
monarchique où nul n'a le
droit
de
jouir
librement
de
ses
biens s ' i l n'appartient ,à
la
classe
dirigeante,
l'obtention
de
privilèges en conférant des devoirs certes mais
aussi
des
droits
(intercesseur)
revêt
une
importance
capitale
pour
l'impétrant et le donateur c'est-à-dire le roi. Cette offre loin d'être
neutre est l'appât par lequel le roi attire les populations autochtones
dans le but inavoué de conquérir leur territoire. En petit nombre les
Abron seuls ne pouvaient venir à bout des Koulango farouchement opposés
à la conquête de leur pays. Ce texte- invite les populations à servir
le roi, à
lui
faire allégeance.
11-
LE BIENFAIT.
«N'oubliez pas le passé» (T.N°155)
Kwabenan
Sawa,
sujet
du chef de la province Akyidom
nanan
Kwabenan Angui s'était voué corps et âme pour servir son maître.
De
tels
services
ne passent pas inaperçus et marquent
le
bénéficiaire.
Aussi dans un premier temps le chef Kwabenan Angui confia en mariage sa
fille Adja Madadja à Kwabenan Sawa.De ce mariage naquit un enfant.
Il
s'en était suivi aussitôt le divorce à cause de l'âge de l'époux.
Pour témoigner une seconde fois sa reconnaissance à Sawa, le
chef Akyidom le fit son chef gyasi c'est-à-dire celui qui entretient et
gère
les
serviteurs
de la cour en lui offrant
un
palanquin
et
un
tambour
de
devise dont le texte fait référence aux
énormes
services
rendus par Kwabenan Sawa.
12- LA FORTUNE
«C'est après sa mort
Qu'on dénombre
Les anneaux laissés
Par le mille-pattes»
(T.N 0 156)
C'est dans une situation particulièrement difficile que l'on peut
juger du degré d'intelligence, d'habileté ou de fortune d'une personne.

- 187 -
13 - LA VANTARDISE
«Tant que le vent
Ne souffle pas,
Le coton s'estime lourd»
(T. N°15?)
En l'absence de difficultés,
l'on pense que tout est facile.
Le
chef
de
la région militaire de Drobo qui se compare au vent
s'estime
plus fort que tout autre chef militaire (coton).
De tous les animaux,
C'est le sanglier qui en marchant
Déplace beaucoup d'air
Après son passage.
Sanglier !
Où que vous soyez,
Apportez - moi sa peau
Le vantard ne tient
Jamais les mêmes propos
En présence de celui-qui-sait.
Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soit!
Ecoutez!
Ecoutez et
Méditez le message du tambour ! ( T.N°158)
« Le vantard ne tient jamais
Les mêmes propos en présence
De celui qui sait»
Ce
texte très souvent cité dans les sources orales se passe de
commentaires.Nous
faisons remarquer pour notre part que les maux de la
société abron ne sont pas ignorés des sources instrumentales.
14 - L'INEGALITE SOCIALE
«Il y a souris et souris!
La souris grise est différente
De la souris à rayures.
La souris grise est la vraie»
(T. N° 159)
Autant
i l
y
a une différence entre les souris autant i l
y
a
une
différence
entre les nobles.
Il y a noble et noble.
Je suis un
vrai
noble.
L'auteur de cette devise,
Kwabenan N'zian,
est le fils de
la
reine-mère Akoua Dapa et le neveu du roi Kwadio Agyeman.

-
188 ~
C'est de ces deux parents qu'il a obtenu le palanquin, l'aborna et
son
titre de lieutenant de guerre de Priti Ahenkro.
Très proche de la
cour royale, i l estime être plus noble que les autr<es nobles.
Ce
proverbe
est
utilisé
par
un
individu
qui
désire
qU'on
reconnaisse son rang social et lui rende les honneurs.
«Abo Tokrowa!
Si tu manges
A la manière d'un prince,
On te fusille avec
Une balle de prince»
(T. NO 160)
Il ne faut pas se faire passer pour ce qu'on n'est pas.
«L'arbre koukoumandekoumo
Veut faire comme le bananier
Mais ne peut y arriver»
(T. NO 161)
L'arbre koukoumandekoumo sert à tailler les caisses de résonnance
des
tambours.
Il
produit aussi des fruits en
grappes.
Le
bananier
produit
également des fruits en régime puis en main.
Les deux
arbres
produisent
de
la même façon.
Cependant il y a
une
différence:
les
fruits
du
bananier
sont
longs
et
comestibles,
ceux
de
l'arbre
koukoumandekoumo ne le sont pas.
La
leçon que le tambour de Songori donne ici est qu'il
ne
faut
jamais
se
comparer à autrui.
Tous les êtres humains sont
semblables
mais ils n'appartiennent pas tous à la même classe sociale.
15 - LA MODESTIE
«Un esclave sans modestie
N'est pas apprécié»
(T. N°162)
Par
cette
image,l'on
conseille au sujet de ne pas
trop
faire
étalage de ses richesses accumulées au point de concurrencer le
roi.Ce
texte
s'adresse notamment aux esclaves(kanga),que l'on ne souhaite pas
voir s'exhiber.
Pour
ramener à l'ordre certains sujets qui passent
outre
cette
recommandation.
ils
sont
dépouillés
séance tenante
de
leur
tenue
vBstimentaire. Cette tâche est assurée. par les pages très effrontés.

.,.. 189 -
Chaque fois que le roi ou un chef de province doit assister à une
audience
publique,
il se met volontairement en retard pour
permettre
aux
pages
de
vérifier que le pagne ou la paire de
chaussures
qu'il
portera, ne sont pas déjà portés. Si la paire de chaussures ou le pagne
sont portés par des sujets, l'habilleur du roi (Damouhinin)
apprête une
autre tenue.
Le
sujet est parfois sanctionné non à cause de la qualité de
sa
tenue
vestimentaire mais par le message qu'elle véhicule.
Les pagnes,
les sandales. véhiculent une pensée comprise des ho~es de culture.
16 - L'EDUCATION
Fais -nous connaître comment
Le crocodile élève ses petits.
Fais-nous connaître comment
L'aigle élève ses petits.
Le crocodile élève ses petits
Dans un trou sous l'eau.
L'aigle élève ses petits
Au faîte des arbres,
Dans le ciel.
Divin tambourinaire!
Où que tu sois,
Je t'invoque, viens!
Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soit!
Ecoutez,
Ecoutez et
Méditez le message du tambour !(T.N°163)
Le
crocodile
et l'aigle élèvent leurs petits dans
leur
milieu
d'existence.
Le crocodile ici est l'image des populations
autochtones
tandis
que l'aigle répresente les Abron.Dès lors que ces deux
groupes
n'éduquent
pas
leurs
enfants
dans le
même
milieu,alors
ils
sont
différents l'un de l'autre.
Ce
texte traduit les rapports entre les populations
autochtones
et les fugitifs Abron maîtres du pays.

-
190 -
17 - L'EXPERIENCE
J'ai mangé le foie
De tous les animaux.
Celui de la tortue a de loin
plus de saveur
Que tous les autres.
Divin tambourinaire!
Où que tu sois,
Je t'invoque,viens!
Roi Krôdjô et-dignitaires
De qu~lque payiqu~ e~ soitl
Ecoutez~
Ecoutez et,
Méditez le,message du tambour 1( T.N°164)
Les personnes ayant goüté une fois dans leur vie,
le foie de
la
tortue,
savent
que celui-ci est ,très succulent.Elles le savent
parce
qu'elles l'ont goüté,
expérimenté. La leçon qui se dégage ici est qu'il
faut compter avec l'expérience dans la vie.
18 - DISPOSITION NATURELLE
Tous les animaux peuvent au
Moins escalader une colline.
Mais pour la tortue, grimper
Sur un caillou,
c'est tout un problème
Divin tambourinaire!
Où que tu sois,
Je t'invoque, viens!
Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soit,
Ecoutez,
Ecoutez et
Méditez le message du tambour !(T. N° 165)
Dans la vie, c'est
connu,
la
tortue
se
déplace
difficilement
par
rapport aux autres animaux.Bien que son
foie
soit
plus
succulerit
que les autres animaux,
elle a des limites liées à
sa
constitution.En
clair
dans
la
vie,il
faut
tenir
compte
de
ses
dispositions naturelles.

-
191 -
19- LA TRAITRISE
Chien, traître!
(bis
)
Chien, merci, merci, merci!
Chien, merci!
Mon ami et moi
Etions dans l'eau
Mon ami fit trois tours
Sur lui-même ,
Mon ami,
croyant que je ne savais
Pas nager, m'abandonna
Et traversa seul l'eau.
Si je n'avais pas su nager,
Je serais mort dans,l'eau.
Tourner trois fois dans l'eau
Traître de chien.
Divin tambourinaire!
Où que tu sois, Je t'invoque
Roi Krôdjô et dignitaires,
De quelque pays que ce soit,
Ecoutez,
Ecoutez et
Méditez le message du tambour !( T.N°166)
Mon ami et moi
Nous luttions à la surface
De l'eau
si je ne savais pas nager,
Je me serais noyé.
Salut!
(T N° 167)
Par définition,
un traître est celui qui trahit et trahir c'est
livrer, faire du mal à l'improviste.
Dans
le
premier
texte c'est un ami qui entraîne
un autre
dans
une
embuscade
dans le but de lui faire· du mal.En abandonnant son ami
seul
dans le fleuve i l ne recherchait qu'à le voir mourir sans aucun secours.
Mais
il
ignorait
que
son
ami
savait
nager.Il
est
alors
considéré comme un chien c'est-à-dire un traître.
Le remerciement qui lui est adressé est au sens figuré.
Il est
employé pour désapprouver son geste. Le second texte aborde lui aussi
le thème de la traîtrise.

- 192 -
Par
ces textes, nous savons que la traîtrise était l'un des
.maux
de
la
société préc9loniale abron.
En l'évoquant,
le
tambourinaire
invitait
les citoyens à cesser d'être des traîtres pour se
mettre
au
service de leur pays.
Une fois démasqués,
ils sont mis à mort.
20 - LE MAL
«Cessez de faire le mal
Ne savez-vous pas qu'il
Fait jour? (T. N° 168)
Ce
disddurs date de la période coloniale marqu~e par ia perte de
l'indépendance
du royaume abron où le roi et ses serviteurs
règnaient
en maîtres absolus.
Avant
cette date,
à la mort d'un roi,
ses épouses
et
proches
serviteurs
étaient
exécutés.
Le nombre de ces exécutions
peut
être
évalué entre 8 à 20 personnes. Certains sujets avaient la vie sauve en
se réfugiant auprès des chefs intercesseurs.
Avec
la
présence
des missionnaires,
les temps ont
changé
et
exigent
d'autres comportements vis-à-vis des étrangers qui
s'opposent
fermement aux exécutions sauvages. Le roi Kwakou Agyeman demande à ses
sujets de s'adapter aux temps nouveaux.
21 - LA DEMEURE
Les femmes s'en vont,
Elles sont trente.
Les femmes reviennent,
Elles reviennent avec
Soixante morceaux de bois.
Le canard: J'ai enfin une demeure,
Ma demeure.
On ne viendra plus
M'importuner à ce sujet.
Kwasi, honorable citoyen!
Femmes, merci, merci!
Divin tambourinaire!
Où que tu sois,
Je t'invoque, viens!
Roi Krôdjô et dignitaires,
De quelque pays que ce soit,
Ecoutez!
Ecoutez et
Méditez le message du tambour! (T.N°169)
~--.,. ,
4 :
.i~~~;!it::'!i>

- 193 ~
«Le canard :
J'ai enfin une demeure,
Ma demeure
On ne viendra plus
M'importuner à ce sujet
Moi Kwasi, honorable citoyen.»
Avoir
une demeure à soi est l'ambition de tout citoyen digne
de
ce
nom.
Avoir
une
demeure,
un logis où dormir
c'est
assurer
son
indépendance.
Le
roi abron,
à l'époque
précoloniale,
invitait
ses
sujets à travers ce texte à se construire des habitations.
Cette
préoccupation
que les Abron entretenaient à cette
époque
est
toujours
d'actualité.
Un
citoyen) quel
qu'il
soit
paysan
ou
intellectuel, s ' i l
ne
possède pas une maison
personnelle
n'est
pas
considéré.
22 - LA CONTRAINTE MORALE
Quatre
textes tambourinés illustrent la pensée des Abron sur
la
contrainte morale.
Le grenier d'ignames du veuf,
Qu'il brûle ou qu'il ne brûle pas,
Le veuf immobilisé
Demeure impuissant
Contre pareille situation.
Divin tambourinaire!
Où que tu sois
Je t'invoque, viens!
Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soit!
Ecoutez!
Ecoutez et
Méditez le message du tambour !(T.No170)
Le palmier géant!
Qu'il ploie tout seul
Ou qu'il ne ploie pas
Au moment de l'abattre,
Le lépreux assis sur ses racines
Et qui ne sait où aller
Est inquiet.
(T. N°17l)

194 -
Les
hommes ou les femmes à la suite du décès de leur conjoint se
soumettent
à
la cérémonie d'adie~ ou de veuvage sur
une
période
de
trois
mois
aux
soins
des
parents.
Ils
cessent
toute
activité
économique.
La position du roi en période de guerre est semblable à celle des
veufs.
Il
est
interdit au roi
tout mouvement car il ne
prend
pas
effectivement part à la lutte sur le champ de bataille.
Il
en est de même de tous les citoyen~ qui doivent se
soumettre
à la contrainte-morale.
Prince Adingra!
Tu es un homme.
Tu l'as toujours prouvé.
Prince Adingra!
Le chasseur rend sage tout animal.
Le sentier traverse le ruisseau
Le ruisseau traverse le sentier
Des deux,lequel est antérieur à l'autre?
On a tracé le sentier pour réjoindre
Le ruisseau.
Le ruisseau vient de l'origine de la création.
Dieu
est le créateur de toutes choses. (T.N°172)
«Le chasseur rend
Sage tout animal»
si
la
biche
royale par exemple est
sage,
c'est
à
cause
du
chasseur.
«Les plumes d'un oiseau
Mort sur un arbre,
Ne restent jamais là-haut» (T. N0173)
Les plumes d'un oiseau mort sur un arbre finissent nécessairement
par tomber à terre.
Ce
proverbe
s'entend pour dire qu'un messager
ne
doit
jamais
garder
sur
lui les nouvelles.
Il doit rendre compte de sa mission
à
celui qui l'a envoyé.

- 195 -
23 - LA PAROLE
«C'est la bouche
De l'homme qui le
tue»
(T. N0 174)
«Toute parole est parole
La parole est facile
La parole est difficile
Qui veut parler
Doit parler clair, et
Parler vrai»
(T. N°175)
«Parler une seule fois»
(T. NO 176)
Ces
tro~s'
textes soulignent l'importance de lalparole
dans
la
société. Elle peut condamner ou libérer un individu.
Ainsi
toute
parole
qui sort de la bouche
d'une
personne
est
importante
et engage sa personnalité.
C'est à partir de la manière de
parler
qu'un
individu est jugé.
Aussi l'on ne doit pas
parler
pour
parler.
L'on
conseille
ici
à
tout humain
qui
parle,
de
le
faire
posément,
calmement
en disant des choses essentielles pour ne pas
se
compromettre,
la parole étant à la fois facile et difficile.
Par voie
de conséquence il lui est demandé d'avoir une seule parole en disant la
vérité. Car en disant la vérité l'on est sûr de ne pas se compromettre.
Ce texte se trouve aussi bien dans les tambours jumélés que dans les
cors d'appel.C'est l'idéologie de la divinité Tano Kwabenan et du
chef
de Doma.
24 - LE REGRET
La fortune est mère de l'oubli.
Ils étaient deux esclaves.
L'un est devenu prince règnant.
L'autre est demeuré esclave.
La fortune est mère de l'oubli
si je savais
Demeure toujours derrière
Si vous rencontrez l'araignée,
Tuez-la!
Si vous la laisser partir
Elle deviendra tarentule
Pour vous piquer!
(T. N° 177)

196 -
" Si je savais
Demeure toujours derrière"
Ce
proverbe est employé dans deux contextes différents à travers
les
textes
recueillis.
Dans le premier contexte
l'on
regrette
une
action
passée
et
dans
le second cas, il
est
question
d'éviter
de
regretter une action irréparable.
Premier contexte
Les Foumassa par leur courage et leur tenacité avaient permis aux
" 'Abron de
Doma de parvenir dans le pays' des Koulango, de les vaincre et
de diriger le pays. Réduits par la suite au rang de simples sujets, ils
regrettent
ici
tous
les
sacrifices
consentis
par
eux
aux
Abron
de Doma.
Deuxième contexte
L'arrière-garde
de
l'armée nationale abron-gyaman est le
poste
qui, aux
yeux des rois/est le plus important car de la
résistance
de
ceux qui le tienne,
de leur déroute dépend l'issue de la guerre et
le
sort du royaume.
Compte tenu de cette importance capitale, ce poste ne
doit être tenu que par des hommes de confiance et sûrs car le regret ne
vient qU'après une action malheureuse ou irréparable.
Partant de cette
considération,
ce
poste
d'arrière-garde est confié pour la
première
fois par le roi Kohosonon à ses fils qui dirigent la province akyidom.
C'est
à
ses
fils
que sont également
confiés
les
chefs
des
territoires conquis dans des conditions difficiles.
c'est par
exemple
le chef de Wolobidi,
de Sogobo qui leur prêtent serment d'allégeance à
leur
intronisation.
Le
chef
de la province pinango créée par
le
roi
Kohosonon à qui sont confiées les régions rebelles de Nassian,
du Bini
et du Barabo rélèvent de leur autorité.
AU
total,
c'est en concentrant le pouvoir entre ses mains
avec
l'appui
de
ses
fils que le roi Kohosonon a marqué son règne
sur
le
siège royal qui porte son nom.

- 197 -
25 - LA HAINE
«Je suis dé~esté et
Je suis indésirable»
(T. N0 17è)
Plusieurs
textes identiques font référence à la haine.
Ce
sont
ceux des villages de Dadiassé (quartier Tchouman Kwame),
de Sogovagne,
d'Assindi, d'Ad joumanban go, Transua, Yaokumkro et de TABAGNE.
La famille Tchouman Kwame de Dadiassé
La famille de Tchouman Kwame venue tard dans le royaume
résidait
à
Adandia,
~illage· créé par la reine Abran Tamia.s~rvintun conflit
entre
les
membres de cette famille et la reine tout comme
celui
qui
contraindra d'autres familles à se déplacer pour créer les villages
de
Mérékou, Foadja, Kwatoutou, Assuéfry, Hiango.
La famille de Tchouman Kwame quant à elle trouva refuge auprès de
Tano yao 2è chef de Dadiassé,
village intercesseur et lieu de culte de
la divinité nationale de guerre des Abron appelée Tano Kwabenan.
Ce
texte
choisit
par le chef du quartier
Tchouman
Kwame
par
Kwakou
Beredjrem rappelle ce conflit qui l'a vu partir d'Adandia
avec
sa famille.
- sogovagne Sogo
créé
par
Koffi
Djétogoman
du
groupe
ethnique
hwéla
appelé
Sogovagne,
il
partage
la même devise que le chef des
Sogovagne
qui
réside
à Sogobo ou à Assuagny.
Comme ses ancêtres,
Koffi.
Djetogoman
avait
rencontré des difficultés pour fonder ce village.
Il se
serait
adressé
d'abord au chef de terre de Sodji qui avait auparavant indiqué
aux Koulango de Fissa le site sur lequel ils bâtirent leur village.
Et
c'est
sur
la
recommandation
du chef de Sodji
que
celui
de
Fissa
consentira
ensuite
à
l'installer sur le
site
actuel
de
Sogovagne
Sogo.Ne
pas trouver une parcelle de terre où s'installer alors que
la

- 198 -
terre
est
immense,
c'est
être haï par les
chefs
de
terre.
C'est
l'attitude de ces derniers que le texte met en exergue. Et pourtant les
Abron devancés par les Sogovagne seront les maîtres du pays.
En effet,
affirme Kwadio San, les Sogovagne ont pénétré ce pays avant les Abron.
Ils
.les
aideront même dans leurs guerres de conquête.
C'est
à
l'issue de ces guerres que les Sogovagne Sogo seront confiés au chef de
la province Angobia, Apia sanhi.
A
une
époque
donnée,
le
chef
de
sogovagne,
mécontent
du
~comportement de ce chef, refusa de le servir par une requête au roi. Il
est à sa demande confié au chef de la province pinango,
Yao Kra à
qui
il
remet à chaque fête d'igname,
un coq et douze ignames.
En
retour
celui-ci
lui
offre un sac de sel,
le gigot
du boeuf immolé
et
une
somme d'argent (72).
- Assindi
«Je suis détesté
Ma famille ne collabore pas
Avec moi»
(T. NO 179)
Cette
pensée
est
du
chef Aka
d'Assindi.
Dès
lors
que
les
habitants
d'un même village dans les temps anciens formaient une
même
famille,
les chefs de village en période de guerre rassemblaient leurs
familles pour aller combattre.
Le chef Aka aurait invité les habitants
de
son
village
à
combattre aux côtés diApo,
chef
de
la
province
Angobia.
A
sa
grande
surprise,
tous
ceux
qui
avaient
répondu
favorablement
à
sa
demande,
l'abandonnèrent seul sur
le
champ
de
bataille.
De
retour
de
cette guerre,
le chef
Apo
lui
offrit
un
palanquin
et
un
tambour
de devise.
Le discours
de
celui-ci
fait
référence à l'attitude de sa famille qui l'avait abandonné.
La famille
ne
s'achètant
pas,
le
rejet d'un membre par
la
famille,
est
chose
inadmissible.
----------------------------------------------------------------------
(72) Cette somme équivaut en koulango à "djitè sirè bila",
une monnaie
ghanéenne estimée à deux shillings.
.,.::._.-----.-::;............

- 199 -
«J 1 ai honte»
(T. NO 180)
Ce
texte vient appuyer celui du tambour de devise du
chef
Aka.
Celui-ci
soutient ici que sa famille l'a honni en le laissant seul sur
le champ de bataille.
ADJOUMANBANGO
Le tambour de devise du chef d' Adjoumanbango affirme à son
tour
que
le peuple Ahininfié (cour royale) le déteste,
ne veut pas de lui.
En
effet,
le ,lieutenant de guerre d'Adjoumanbango,
un
quartier
du
village
de
Diamba,
rélève du chef dé la province angobia
chargé
de
renforcer
les ailes jugées faibles au combat et d'assurer parfois
les
premières
lignes en s'exposant aux balles des forces
ennemies. Imposer
une
telle position en guerre à une troupe,
c'est vouloir la mort
des
membres
de cette troupe et par ricochet les détester.
Car on ne
peut
aimer quelqu'un et le conduire à la mort.
TRANSUA
«Les Pinango me détesten~.
Je suis indésirable»(T.N°181)
Le tchunissini du chef de Transua laisse entendre que les Pinango
le
détestent,
ils
ne
l'aiment
pas.
Transua
est
fondé
par
des
ressortissants
denkyira qui auraient dévancé sur le territoire
abron-
gyaman les Pinango de Ouélékéi.
A cet effet,
la création du siège de
Transua
est antérieure à celle des Pinango de Ouélékéiplacé sous
la
tutelle
du
chef de Transua,
à qui il revient avec son
chancellier
d'introniser le nouveau chef des Pinango.
Par
tradition,
tout
chef
pinango
intronisé a
le
devoir
de
remettre
au chef de Transua deux serviteurs de sexe différent.Le
plus
souvent,
ce
sont des captifs ou des esclaves qui sont ainsi
offerts:
L'homme
cultive
pour son maître et la femme devient
l'épouse
de
ce
dernier. Le non-respect de cette tradition est à l'origine du discours

- 200 -
tambouriné
du chef de Transua.
A une époque donnée,
les chefs de
la
province pinango refusèrent de remettre les deux personnes imposées par
la coutume. Le chef de Transua et ses notables réunis concluent que les
Pinango
le
haïssent.
c'est là une atteinte à la personne du chef
de
Transua
et de tous ses sujets.
Aussi il ordonna de
changer
l'ancien
texte et de le remplacer par celui-ci.
Et
lorsque
Yao Kra parvint au siège du Pinango,
il mit
fin
à
cette
situation
car, disait-il,
"si je les déteste,
je n'aurai pas
un
long règne (73).
Il offrit alors un palanquin à Bini Kwadio,
chef
de
Transua
et par la même occasion pour enterrer définitivement la
hache
de
guerre,
il
lui demanda de changer le discours de son
tambour
de
devise.Bien qu'il ait accepté le palanquin, celui-ci rejeta sa requête,
car
disait-il,
le différend à l'origine de ce discours ne date pas de
son règne.
De
nos
jours cette coutume qui consiste
à
remettre
deux
serviteurs
au
chef
de Transua par celui
nouvellement
intronisé
de
Wolotchéi
est
en vigueur.
Mais l'on constate que ces serviteurs
une
fois
remis
au destinataire'disparaissent aussitôt.
c'est
à
croire
qu'il
y
a
un arrangement entre le chef
Pinango
et
les
serviteurs
offerts
dans
le
seul
but
de respecter
les
clauses
d'un
contrat
séculaire inadapté à notre contexte politique,
économique et social où
il n'existe plus d'esclaves.
YAOKUMKRO (T.N° 178)
Les
descendants des habitants du village de
Yaokumkro,proche
de Transua, viennent d'Ahuitiesso, village créé par les abron de Hérébo
venus à la recherche de l'or. C'est Bini Yao Atiengari,Koffi Brafouo et
Yao
Angoua
qui après la guerre de Brekum en 1876, fondent
ce
village
(73)
Les
décès des chefs Pinango ces
dernières
années,lu~
donnent
raison.
Un
conflit de reine-mère divise les deux familles du Pinango
et de Tr.ansua.
C'est Nanan Kwadio Papasian qui intronisa Kohossonon à
la ·place du chef de Transua.

- 201 -
auquel ils donnent le nom de Yao Kum,un captif ramené de Brekum.Mais ce
dernier
ne va pas diriger ce village,c'est plutôt Krou Kwamé ,fils
de
Yao
Angoua
que les sages désigneront en reconnaissance
des
services
rendus
par
son
père.A la suite de
cette
désignation, il
est
nommé
lieutenant de guerre par le roi Kwakou Agyeman,onzième roi des Abron.Il
reçut
de celui-ci les attributs du pouvoir (siège,cimeterre,tambour de
devise,ensemble orchestral).Le -texte de son tambour de devise "je
suis
détesté
et je suis indésirable",qu'il s'est choisi,fait référence à la
,~
guerre à laquelle ses parents avaient participé à Ir appel du roi Kwakou
..;;,.
Agyeman.Cet appel de ses parents à la guerre implique que le roi ne les
aimaient
pas car/selon Krou Kwamé,
on ne peut pas aimer quelqu'un
et
l'inviter
à la guerre.Le roi n'aime pas de ce fait ses parents,il
les
détestent.Son
grand
tambour quant à lui laisse
entendre
qu'il
peut
affronter n'importe quelle guerre .11 combat même les Blancs.
TABAGNE (T.N°178)
Kwadio
Tawa est le fils aîné du roi Kwasi Yeboa et sa
mère
la reine Affoua,
veuve de l'ex-chef Kwakou Tawa de la province Pinango
de
qui,
il hérite le prénom Tawa.
Le père de la reine Affoua
est
le
fondateur du village de Pinda,
Adou kwadio. Ce dernier imposa sa fille
à
marier
à Kwasi Yeboa à la mort de son premier mari dans le
but
de
perpétuer la noblesse de la lignée.
D'un
double
point
de vue Kwadio Tawa est un prince
noble
par
rapport
à
ses
autres demi-frères dont les
mères
sont
parfois
des
captives.
Cette
origine sociale met en bonne position ce prince
pour
succéder
à
son
père.
Bien
plus,
ce prince était, dit-on) un
fils
respectueux qui rendait d'énormes services à son père et qui en
retour
l'estimait.
Ce
qui ne plaisait pas à ses demi-frères ambitieux mis
à
l'écart.

- 202 -
Il
fallait
donc
à tout prix l'écarter
de
son
père.
La
coalition
des
demi-frères y parvint en informant le père
que
Kwadio
Tawa
avait
eu des rapports incestueux avec l'une de ses
épouses.
La
sanction
dans
ce cas pour un fils princier qu'on ne
tue
pas,
était
l'exil
forcé.
c'est ce qui arriva à Kwadio Tawa.
Son père
le
renia
malgré
ses
justifications.
C'est de cette situation qu'il
tire
la
pensée
contenue
dans son tambour de devise dans laquelle il
soutient
qu'il est haï et détesté (74) une fois à la tête du village de Tabagne.
«L'ennemi
Ne,dit jamais
Du"bien d'autrui»
(T. N°4 )
Les
Abron
sont
convaincus
que si quelqu'un fait
du
bien
à
son
ennemi, ce dernier ne l'aimera pas pour autant.Cette idéologie du
tambourinaire Koffi Agyeman de Kekreni soutient qu'un ennemi demeure un
ennemi et quoique tu fasses,il ne changera jamais d'opinion.En clair on
ne
peut pas transformer le comportement d'un ennemi.Il vaut·
mieux
ne
pas chercher à se réconcilier avec son ennemi.
« Taro!
Couche-toi
Grande haine
La haine est là
Taro!
Couche-toi
salut,salut» (T.N°182).
Les
Abron,
à
leur
arrivée
dans le
pays
actuel
pour
leur
subsistance,
plantaient
l'haricot
en
même temps que
le
tarot.Pour
récolter
l'haricot,plante plus géante que le tarot,les
paysans
Abron
piétinaient cette dernière plante.Si elle est piétinée, c'est, disent les
Abron, qu'elle
est détestée.Elle doit s'attendre à chaque
récolte
à
être
maltraitée.Elle
est invitée à accepter cette condition.Le
tarot
est
une métaphore pour désigner les populations
autochtones
koulango
haï par les Abron.
(74)
Koffi Adingra continuera à solliciter le fétiche Ebouo
pour
que
Kwadio Tawa meurt avant lui en promettant un boeuf.

- 203 -
26 - LE MEPRIS
«Mépriser est source d'aversion»(T. N° 183)
L'aversion
ou l'antipathie que l'on a de quelqu'un nous amène
à
le répugner et à ne pas le rapprocher.
Cela fait mal.
pourquoi se haïr
quand on sait que nous mourrons. Ce discours invite chaque membre de la
société à ne pas haïr son prochain.
Une telle leçon n'est pas 'fortuite. Les Abron ayant soumis par la"
ruse
et la force des armes les populations autochtones savent que
ces
'dernières ne peuvent que les haïr.
Par ce discours du cor d'appel du
chef de Souromani, ils invitent les koulango à surmonter l'aversion à
leur égard.
Cette
méthode adoptée par les Abron est,
selon monsieur Thizier
Seya
Pierre,
l'une des méthodes qu'utilisent les gens pour
oblitérer
des messages qui les menacent (75). Le message qui menace ici les Abron
est l'aversion.
«Comme Dieu,
Notre haine ne date pas d'aujourd'hui»
(T. N° 40)
Les
Agni-Bona du canton Asuadiè venus de Brosa dans
l'Aowin
en
pays
Denkyira
vivaient
regroupés
dans
trois
familles
(Assuadiè,
Amanwunan
et Abradie) à Pala Goura près de Tanda.
Profitant
de
leur
mésentente,
les
Abron
les
attaquent
et
remportent
une
éclatante
victoire
(76).
Après leur défaite,
ces trois familles quittèrent le
village pour s'installer près de la Comoé dans le Guimini.
(75) Seya PIERRE THIZIER, Aspects culturel et idéologique
de
la
dépendance In Revue ivoirienne d'Anthropologie et de socioIOgie- Kasa
Bya Kasa N° 1, Août Septembre octobre 1982, P 13.
(76) un tison conservé à Pala Goura,
lieu de sépulture des chefs
Bona
leur rappelle de nos jours cette défaite. Ces familles s'interdisent de
voir ce tison.

- 204 -
Une
explosion démographique entraîna le manque de terre
et
les
obligèrent
à se déplacer à nouveau.
Elles s'installent alors à
Kwarne
Kro d'où elles rélèvent du chef de la province angobia.
Elles occupent
le
front au combat dans l'armée abron,
ce qui les exposent aux balles
des
forces ennemies.Ce n'est pas de gaîté de coeur qu'elles jouent
ce
rôle. Elles sont
mécontentes de leur rôle et haîssent les Abron.
Fourmi-rouge!
Que vas-tu faire
De la cola ?( bis)
Tu ne peux la manger
Ni la vendre; alors
Que vas-tu en faire ?
Divin tambourinaire!
Où que tu sois!
Je t'invoque, Viens!
Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soit,
Ecoutez!
Ecoutez et
Méditez le message du tambour
(T.N 184)
La
cola
était et demeure de nos jours un produit prisé
par
les
Abron
car
elle
possède plusieurs propriétés et
sert
à
différentes
cérémonies.Elle
est de ce fait indispensable.
C'est l'image
que
les
Abron- gyaman
se font du territoire koulango aux énormes potentialités
mal exploitées qu'il renferme .La fourmi rouge est l'image des koulango
qui
s'opposent
à la conquête de leur pays.Une
telle
résistance
des
populations
autochtones
n'est
pas
du goût des
fugitifs
abron
qui
auraient souhaité mettre ce territoire en valeur. Par cette image, les
Abron
s'interrogent
et ne comprennent pas
pourquoi
ces
populations
s'obstinent
alors qu'elles ne peuvent pas jouir des immenses richesses
qu'offrent
leur territoire en l'absence d'une
organisation
politique
élaborée.

- 205 -
27 -
L'INGRATITUDE
«Pense avant de dormir»
(T.nolü9)
Lorsque
les Abron arrivaient de Doma,
ils avaient deux
sièges-
trônes:
celui
de
Doma
et celui des Foumassa.Abron
et
Foumassa
étaient égaux en droit. Réduit par la suite à l'état d'esclave après la
fondation
du
royaume abron dirigé par les Doma,
le roi des
Foumassa
invite le roi abron à reconsidérer sa position,
à se souvenir
qu'ils
étaient au départ tous deux égaux et des alliés et enfin à respecter la
convention établie au départ.
Faute
d'avoir
pris en compte cet avertissement,
les
Foumassa
réagirent
contre leur maître Adingra Kwadio Kouman qui périt
dans
la
guer~e contre les Ashanti sur les bords de la rivière Taïn.
Il y a lieu de s'interroger sur l'entêtement dont font preuve les
rois
abron,
les raisons de cette attitude envers les alliés
qui,
au
départ
avaient
les
mêmes aspiration~.
Nous avions
interrogé
trois
sources
le roi actuel Koffi Yeboa du matrilignage royal, feu Kwabenan
Gboko,
ex- porte-parole du' royaume et Kwakou Adaé Nangbolo de
Duakwam
tous
deux
membres
de
la famille foumassa,
le
chef
Foumassa,
Kwadio
Boitini Koulidjo ayant refusé de nous entretenir sur ses origines
sans
aucun doute à cause de notre appartenance au matrilignage royal.
Pour le roi, tous les sièges de province sont créés en territoire
abron à l'exception de celui des Foumassa ou Juaben,
branche rattachée
aux Ashanti.
Au moment de leur rencontre,
les Juaben vivaient près de
Kumassi tandis que les Abron résidaient à Kumasi Suntresu.
Au
cours de cette période,
l'un des membres du groupe
foumassa
eût
maille à partir avec le roi Ashanti à la suite d'un
adultère.
Le
chef des Foumassa fut fait prisonnier et devait être tué.
A la demande
de ses sujets,
le roi abron intercéda auprès de son homologue Ashanti.

- 206 -
Celui-ci
refusa
la
remise
de la peine et proposa
à
nouveau
à
la
consommation
de cent brochettes d'escargots séchés à Kwakou Bousoumbra
chef des Foumassa.
Edenté,
il ne put consommer ces brochettes.
A
la
place une amende de cent pèfla (77) d'or lui fut imposée. Le roi abron
l'ayant
aidé à rembourser cette amende,
le chef Foumassa et sa
suite
prirent la décision de se joindre aux abron,
lorsque ceux-ci quittèrent
Suntresu.
Pour l'ex-porte-parole du royaume qui confirme le nom initial des
Foumassa,
c'est-à-dire des Juaben, le terme foumassa,
formetcontractée
de
"bè foum basa" est un surnom attribué au fait qu'à ch'aque
victoire
en
guerre"
les Juaben s'accaparaient des captifs sans en
donner
aux
abron
de Doma.
L'explication qu'il donne au ralliement des Juaben
se
précise davantage. Pour lui, tout part d'un conflit entre le roi ashanti
et
celui
des Foumassa,
le fils "'de···ce dernier ayant
commis
l' adul tère
avec l'une des femmes du roi ashanti.
Pour le punir,
le roi ordonna à
Kwakou Bousoumbra de consommer cent escargots séchés, or celui-ci était
sans
dents.
Trouvant la punition sévère et injurieuse,
les
Foumassa
suivirent
les Abron.
Poursuivis par les Ashanti,
ces
derniers
leur
infligèrent
une amende de 150 X 100 pèfla.
Au même moment Bofou Bini,
neveu
du
roi
en
compagnie de sa femme se
rendirent
à
Gbro
à
la
recherche de l'or pour payer les dettes de son père.
C'est avec cet or que le roi Abron paya son tribut au roi ashanti
et
l'amende
infligée
à
Kwakou
Bousoumbra.
Pour
kwakou
Adaé
dit
Nangbolo,
c'est
par
abus de langage que
nous
appelons
abron,les
Foumassa.
Ces
derniers
forment une chefferie identique à
celle
des
Abron.
(77) Le terme pèfla est selon Terray, un terme Koulango qui désigne
un poids appelé asuasua en abron et équivalant à 52,7 grammes.

- 207 -
Les
Foumassa sont apparentés aux Ashanti et leur nom d'origine
est Juaben.
Le nom Foumassa attribué vient du fait que les juaben sont
de
vaillants
guerriers
et sans que vous ne vous y
attendiez
à
une
attaque,
vous
surprennent sans raison apparente.
Le roi
ashanti
se
serait interrogé en ces termes
: "pourquoi ce garçon offense t-il de la
sorte? Sans que vous n'ayez affaire à lui,
il te prend en captif (78).
Un
tel
comportement ne plaisait pas aux voisins et voilà
qu'un
jour,
le
chef
des Juaben et le roi ashanti entrent en
désaccord
au
sujet
de l'adultère commis par le fils du chef Foumassa avec la
femme
du roi ashanti.
Pour règler cet affront, ce dernier résolut de verser
le sang de l'adultérin,
solution que rejette le chef Juaben. Face à ce
refus,
il
proposa
à nouveau à Kwakou Bousoumbra
de
consommer
cent
escargots séchés.
Il
est édenté et ne peut donc consommer ces
escargots.
Le
roi
ashanti tout en colère les renvoya de son territoire. Kwakou Bousoumbra
alla
trouver le chef d'Akim pour solliciter une portion de
terre.
Ce
dernier informé de l'esprit belliqueux des fugitifs refusa sur le champ
et
c'est
sur l'insistance de leur chef,
qu'il
accède à
la
demande
après
la signature d'un pacte de non agression.
Sur cette portion
de
terre, il créa le village de Koforidua.
Les
Foumassa qui connaissaient déjà les Abron vont aller à
leur
rencontre.
Ils
les retrouvent à Abessim et pendant trois
jours,
ils
fêtèrent les retrouvailles. C'est ici que le chef des Foumassa compte
tenu du fait qu'il avait
été
dévancé
par le roi abron Bofou Bini se
subordonne à son siège.
Ces trois versions éclairent à notre sens, les relations entre les
Abron de Doma et les Foumassa et nous situent sur le ton du discours:
"pense avant de dormir".
---------------------------------------------------------------------
(78) En ashanti se d i t :
Akuda non ô fum sa,
nan aden non,
wan
juru
asem nan be sa tshitshi domu?

- 208 -
Pour les Abron du matrilignage royal,
ce discours est une
leçon
osée
des
Foumassa
qui
prétendent être sur le
même
pied
d'égalité
Ces
derniers,
affirment-ils,
sont
responsables
de
mésentente
avec le roi des Ashanti pour avoir accepté d'intercéder
en
leur
faveur.
Comment,
s'interrogent-ils,
les Foumassa peuvent-ils -se
comparer
à
nous,
oublient-ils que c'est nous qui les avons sauvé
en
payant les dettes de leur chef édenté Kwakou Bousoumbra ?
Bref
les
relations entre Abron de Doma et Foumasa au
cours
de
leur cohabitation sont empreintes d'inimitié.
«Le peuple siendji
Est un peuple oublieux»
(T. N° 185)
En 1818, le roi du gyaman Adingra Kwadio Kouman est défait et
mis
à mort par le roi Ashanti Osei Tutu Kwamena Bonsu et sa soeur Arna Tamia
la
téméraire
faite
captive et envoyée
à
Kumasi.
A
Kumasi,
écrit
Reindorf,
"elle se maria à Sampane. Elle eut une fille Arnpoma hwenee et
Owusu Taseamandi.
Sampane qui essaya de s'enfuir,
fut tué mais Tamia
libérée
par Kwaku Dua rejoignit le gyaman"(79)
.
Kwaku Dua à l'époque
était le roi des Ashanti.
Dans
le Gyaman,
l'on avance que Tamia se maria au
roi
Ashanti
lui-même et de ce mariage naquit Koffi Agyei qui,
en droite ligne, est
héritier du trône royal abron.
" Akim dihyiè Brafo Agyei" de son nom tambouriné étant mort,
elle
remit
le siège à Kwadio Appia son libérateur. Elle demandera
également
~u'à la mort de Kwakou Agyeman,
le trône revienne à son libérateur .La
reine
,morte avant le roi,la candidature de son
protégé Kwadio
Appia
sera rejetée.
(79)
Révérend
Carl.C.Reindorf
,The history of
the
Gold
Coast
and
Asante, Basle.
F. Reinhardt cap 1889, P 165.

- 209 -
De
ce
refus,
il
tire
le discours de son
tambour
de
devise
d'Adandia qui signifie que les membres du clan Siendji ne tardent pas à
oublier
le
bien
qu'on leur fait.
Sans lui la reine
ne
serait
pas
rentrée
au
pays.
Appia
estime qu'il a été mal
recompensé
par
les
Siendji.
« Awasou
Est un peuple oublieux»
(T. N° 186)
Le villaged'Assuéfry créé par Badou Kouman possédait un
tambour
:de
devise.
Le discours de ce tambour est remplacé par Kwabenan
Badou
Akroman,
lieutenant de guerre du roi Kwasi Yeboa.
Malgré les services
rendus
à
ce roi,
il fut mal recompensé à son tour dans
le
context~
suivant
L'armée abron sans succès s'était déjà confrontée à cinq reprises
à
l'armée
de Bouna.
Kwabenan Badou sollicita alors le concours
d'un
marabout
qui lui exigea la boule d'igname que devra manger le
roi
de
Bouna.
Kwabenan
Badou
se
déguisa en
un
autochtone
koulango,
et,
s'introduisit
à la cour du roi de Bouna.
Il revint remettre la
boule
demandée
au
marabout
qui après une semaine
de
retraite,
conseilla
d'attaquer le roi de Bouna avant la fête de l'Adaé.
Ce que fit l'armée
abron.
Kwabenan
Badou trancha la tête du roi de Bouna du nom
de
Kwasi
Grandjiago. Bouna est distant de 229 km d'Assuéfry. Revenu à pied de ce
voyage, Kwabenan Badou avait les pieds enflés.
Après trois jours de repos, il vint remettre le maxillaire au roi
Kwasi
Yeboa.
Ce dernier à sa vue,
se mit en colère prétendant
qu'il
avait dissimulé l'or gagné à Bouna.
Il fit enchaîné,
des pieds et des
mains
Kwabenan
Badou,
une
manière
de
l'amener
à
restituer
l'or
camouflé.
Celui-ci
sera
libéré à la demande d'un membre de
la
cour
royale. C'est cet incident malheureux que rappelle le tambour de devise
de la famille Adiassua d'Asuéfry.

- 210 -
«La fortune est mère de l'oubli»
(T. NO 187)
Par
fortune,
il faut entendre une situation avantageuse qui
fait qu'on oublie facilement la situation précédente.
Les
Foumassa
sous-groupe
ethnique
à
l'intérieur
des
Abron
estiment
par ce dicton que la branche de Doma devenue Ahininfié
n'est
pas reconnaissante.
Une fois parvenue au pouvoir, elle les a maintenus
au
statut
d'esclave et pourtant ils avaient au départ le même
statut
social et aspiraient à la liberté.
Contexte :
Les Foumassa affirment que sans eux la conquête du pays
koulango
n'aurait pas été possible à cause du petit nombre des Abron qui avaient
en
face d'eux les koulango nombreux mais dit-on désunis.
Ces derniers
s'opposaient
fermément à la conquête de leur territoire (cf
texte
NO
170) .
Ensemble,
ils ont lu~té contre ce peuple farouche et attaché à son
indépendance.
Dans ces guerres, les pertes ont été importantes du côté
des
Foumassa.
L'un
des illustres chefs Dua Kwabenan au
cours
d'une
bataille,
atteint
d'une flèche empoisonnée,
trouve la mort. Vengé par
son
frère,
les reliques du chef koulango ornent le grand tambour
des
Foumassa.
A l'issu~de ces guerres, les chefs koulango sont vaincus. Vint le
moment
de diriger ce vaste territoire.
Les Foumasa
après
compromis,
désistent
en
faveur du roi Tan Daté pour lui permettre de
règner
en
maître
absolu.
Une fois au pouvoir,
les amis d'hier sont oubliés
et
assimilés
aux esclaves à qui il rejette la responsab[ité de la défaite
face aux Adansi.Et pourtant ils avaient les mêmes statuts au départ
et
ensemble,
ils
aspiraient
à
la grande liberté loin
de
leur
ennemi
commun, les Ashanti.

-
211
~
Les
Foumassa pensaient qu'ils seraient traités comme des
alliés
sûrs, or,
à la réalité, dans ce royaume écrit le professeur
Niangoran-
Bouah
"un individu qui n'est pas roi quelque soit son rang social dans
le pays est esclave du roi car ce dernier peut tout lui demander
étant
maître absolu et souverain de droit divin"
(80)
c'est
malheureusement
dans cette situation que les
Abron
vont
réduire les braves Foumassa mécontents de leur sort.
«La fortune
Est mère de l'oubli»
(T. N° 187)
Cet
autre
dicton de Koffi Gyèban,
chef de
l'Akwamou
rappelle
l'ingratitude de la branche de Doma devenue ahininfié. Comme le roi,
il
est lui aussi issutdu matrilignage royal.
L'on
raconte que Koffi Gyèban était l'un des fidèles
serviteurs
du
roi,
un
confident
discret.
Une
fois
le
royaume
créé,
avec
l'autorisation
du
roi,
il
alla créer son village Kouatoutou

il
espérait trouver de l'or tout en continuant à servir son maître. Quelle
ne fut pas sa surprise d'entendre quelque temps après que le roi venait
de nommer deux lieutenants de guerre.
Ce titre accompagné
d'attributs
est
une
distinction que le roi offre à ses vaillants sujets pour
les
récompenser.
Le 'valeureux guerrier Koffi Gyèban, non seulement,
il ne
figure
pas sur la liste des impétrants,
il n'a pas été consulté par le roi qui
ne se passait pas de ses conseils.
Le
roi
qui vit en paix aujourd'hui grâce en partie à
lui,
l'a
oublié et ce n'est pas juste.
«Partagez-vous le butin
Je m'en tiens à côté
rl est difficile de connaître
La pensée d'autrui»
(T.N°188)
(80) Georges Niangoran-Bouah,
L'Univers Akan des poids à peser l'or,
les poids dans la société, Abidjan, NEA,1987,~282.

-
212 -
En
participant
volontairement aux guerres de
conquête, les
chefs
de
village
le
faisaient avec une arrière-pensée.Celle de bénéficier
des
retombées
de
la guerre en cas de victoire par la
redistribution
des
villages conquis.Les chefs de ces village vaincus sont tenus d'apporter
des présents au lieutenant de guerre dont ils dépendent.C'est donc
ces
avantages
qui
motivaient ces candidats aux honneurs.Or voilà
que
le
chef
du
village
de
Nzoko qui dépend du
chef
de
l'avant-garde
de
Drobo,n'a pas eu droit au partage des butins .Dès lors qu'il ne doutait
pas qu'on puisse le mettre à l'écart,c'est tout deçu qu'il
s'adressera
sur
un ton conflictuel au chef de Drobo en lui disant de prendre à lui
seul le butin.Ce dernier se présente à ses yeux comme un homme
ingrat.
28 - LA MEFIANCE
«Je t'ignorais
A présent je sais
A qui j'ai affaire»
(T. N°189)
Ce
dicton
se
dit de quelqu'un qui a déçu la
pleine
confiance
placée
en
lui.
La victime par cette sentence montre l'échec
de
son
appréciation d'opinion qu'elle regrette.
Cette
formule décrit le volte-face de Koffi Gyèban déçu
par
le
comportement
du
roi
à son égard.
Vivant en parfait accord
avec
ce
dernier,
il
pensait vivre dans l'intimité du roi et deviner même
ses
intentions.
A partir de la nomination des deux lieutenants à son insu,
il
croit découvrir maintenant le vrai visage du roi.
Désormais il
se
~éfiera de lui.
«On dépouille la tortue
Poule méfies-toi»
(T. N° 190)
La tortue,
reptile chélonien, enfermée dans une carapace osseuse
en cas d'attaque est difficile à atteindre.
Il n'en est pas de même de
la poule moins protégée, ses plumes prennent facilement feu.

- 213 -
Ici la tortue est l'image de Koffi Gyèban et la poule les
autres
sujets
du roi.
Koffi Gyèban se considèrant comme un vaillant guerrier
est tout de même victime des agissements du roi.
A travers ce qui
lui
arrive,
il
invite les autres sujets moins lotis,
à se méfier du roi,
car
c'est
de cette manière qu'ils seront
traités.son
message
se
résume à ceci
c'est moi vaillant guerrier que le roi maltraite ainsi,
plus faible que moi,
attendez-vous au pire.
«La bosse au dos est invisible
Celle de la poitrine ne l'est pas»
(T. N°191)
Une
bosse
est
une grosseur anormale au dos ou à
la
poitrine.
Celle qui pousse par l'arrière,
au dos n'est pas visible par celui qui
la porte,
il ne peut apprécier sa taille.
Par contre il peut voir
et
apprécier celle de l'avant sur sa poitrine.
Cette
maxime veut dire qU'on peut ignorer les événements
passés
mais pas ceux qui se déroulent devant nous.
Par
ce
discours
le chef Akwamou Koffi Gyèban
affirme
que
la
connaissance
des
faits présents ne lui échappe pas.
Il ne peut
plus
compter sur le roi qui l'a déçu.
29-
LE DANGER
si vous rencontrez l'araignée!
Tuez-la! (bis)
si vous la laisser partir,
Elle deviendra tarentule
Pour vous piquer.
Divin tambourinaire!
Où que tu sois,
Je t'invoque, viens!
Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soit!
Ecoutez!
Ecoutez
et
Méditez le message du tambour!
(T. N° 192)
C'est
l'araignée
qui,
en
grandissant
devient
la
tarentule.
Parvenue à ce stade,
elle devient dangereuse,
sa piqûre fait mal.
Il
faut donc l'empêcher de parvenir à êette transformation morphologique.

-
214 -
Ce
dicton
est
la
leçon
que
les
Foumassa
tirent
de
leur
cohabitation,
de
leur
alliance
avec les
Abron.
Ils
étaient
tous
esclaves,
les
Abron
de Doma sont devenus par
leur
désistement
les
princes règnants tandis qu'ils sont restés esclaves, maltraités par les
Abron de Doma.
Ce texte conseille de mieux connaître son partenaire avant de lui
faire des concessions pour éviter toute surprise à l'avenir.
30 - Autrui
«Le guerrier respecte autrui»
(T. N° 193)
Cette
pensée du chef Kwame Bérébéré de Pambasso considère que le
guerrier doit craindre autrui,
s'il ne le fait pas,
il doit au
moins
craindre
son père et Dieu pour obtenir dieux tout ce qu'il désire
sur
terre et éviter d'être maudit.
Il
croit en l'existence d'un Dieu suprême qui communie avec
les
vivants par l'intermédiaire de son père,
chef de la province
Merezon.
Il
pense que ce père,
compte tenu de ses rapports avec Dieu,
a la
possibilité
de
le
bénir.
C'est pourquoi,
en tenant
compte
de
ce
principe, Kwame Bérébéré, cinquième et dernier chef de Pambasso dont le
prénom
rappelle le touraco (bérébéré) qui permit aux abron de
vaincre
les Agni-Bona, en fils respectueux, fidèle à son père Kwabenan Diassié
Wanpéhian
représentait celui-ci à toutes les réunions
administratives
qui
en
reconnaissance
lui
offrit
ses
attributs
(tchunissini
et
palanquin) .
Il craint son père parce qu'il pense aussi qu'il a la possibilité
de
le maudire.
Or l'Abron répugne d'être maudit et considère
que
.la
famille (père,
mère en particulier) est la source de tous les malheurs
d'un individu.

- 215 -
31 - LA JUSTICE
«Si autrui vous tape
Tapez-le aussi»
(T. N° 194)
Identique à la fameuse loi du talion qui exige de punir l'offense
par une peine du même ordre, la compréhension de cette pensée impose de
situer son auteur et le contexte.
L'auteur
de
cette
pensée,
Signo est le fils du
fondateur
du
village
de
Toundiani originaire du Denkyira tout comme
les
Pinango,
vaillants
guerriers.
C'est ce père qui lui offrira les
attributs
de
lieutenant
de
guerre à une époque où la contestation des
populations
autochtones
est loin d'être étouffée.
La situation exigeait
que
les
fugitifs
Denkyira se fassent respecter par les populations autochtones
koulango qui manifestement n'approuvaient pas la présence des
fugitifs
d'une
manière
générale
sur le territoire.
A cette
époque,
ne
pas
répondre à une provocation,
une attaque c'est faire preuve de
lâcheté
et
'manquer de courage.
Le texte de ce chef conseille donc que si
ton
prochain
te tape sur la poitrine,
il faut répliquer.
C'est selon lui
par cette manière,
qU'un être peut garder sa dignité dans une
société
où les plus forts soumettent les plus faibles.
L'aigle-pêcheur dit:
Je suis le maître du monde
L'aigle dit aussi:
Je suis le maître du monde.
Le Touraco, témoin et juge
Pour les départager dit :
Aigle-pêcheur!
Va te nourrir de graines de palme.
Aigle!
Le monde t'appartient!
3 fois)
Divin tambourinaire!
Où que tu sois,
Je t'invoque, viens!
Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soit!
Ecoutez!
Ecoutez
et
Méditez le message du tambour! (T.N°195)

-
216 -
Ce
texte
met
en
opposition l'aigle pêcheur et
l'aigle
qui
se
disputent la direction du monde. Le touraco messager de Dieu tranche en
faveur de l'aigle oiseau rapace de grande taille et qui au sens
figuré
désigne un esprit supérieur, un génie.
Ici
les
Abron
(aigle)
affirment
en face
de
ceux
qui
leur
disputent
le
pouvoir politique (aigle pêcheur) que leur
pouvoir
est
divin.
La
reconnaissance
et le respect du droit des uns et des
autres
est à la base d'une vie harmonieuse.
La justice doit règner pour tous.
32-
LES ABRON VUS PAR EUX-MEMES
«Déesse terre
Qu'il est bon d'être bron»
( T. N°196)
Les Abron,
maîtres du territoire après les guerres de
conquête,
détiennent les pouvoir politique,
économique,
judiciaire par lesquels
ils exploitent les autres ethnies assujeties.
Les Abron peuvent tout se
permettre
dans
le pays sans être inquiétés et jouissent de
tous
les
droits tandis que les koulango sont regulièrement amendés et dépouillés
de
leur
biens.
Si bien qu'ils évitent d'entrer en relation avec
les
Abron,
d'épouser
les femmes abron.
Les Abron sont conscients
d'être
privilégiés
et ce texte met en exergue cette appartenance des Abron
à
cette position. Ils en tirent une réelle fièreté.
33-
L'AMBITION
Si l'oiseau Kôtôkô Sabrikwa
A la taille de l'aigle,
Il utiliserait la barbe
Pour construire son nid.
Divin tambourinaire!
Où que tu sois,
Je t'invoque, viens!
Roi Krôdjô et dignitaires,
Ecoutez, écoutez et
Méditez le message du tambour! ( T.N o 197)

- 217 -
"Kôtôkô
Sabrikwa" est un petit oiseau,bien que de petite taille,
il
s'at~aque
et déplume tous les autres volatiles.c'est
avec
leurs
plumes
qu'il construit son nid.Aussi ambitieux qu'il est
,il
affirme
qu'il
utiliserait
la barbe de l'homme pour construire son
nid
,s'il
avait
la
taille
de
l'aigle.Ce proverbe
est
utilisé
pour
narguer
quelqu'un qui manque d'ambition.
34 - LE REGNE
Taki!
Qui n'attend pas
Que la guerre vienne à lui.
Chef des Agona!
si tu veux règner
Fais-le.
Toute chose a une fin.
Boaki d'Asokori!
Qui n'attend pas
Que la guerre vienne à lui.
Chef des Agona!
Tout règne a une fin. ( T.N°198)
Ce
texte du tambourinaire de Kroko qui se passe de
commentaire
conseille,
le
chef
des Foumassa ,vaillant guerrier,
de marquer
son
temps de règne au pouvoir
car tout règne a une fin.
35-Le Respect
«Kwadio!
Une panthère n'est jamais vieille.
Respecte autrui.
Respecte autrui et
Il vous respectera»
(T.No 6)
Une offense d'où qu'elle vient, n'est pas tolérée en pays
abron
car elle peut conduire à des situations dramatiques .Pour éviter d'être
offensé,l'idéologie
du maître tambourinaire Kwadio Papasian
conseille
de
respecter
autrui.Le respect appelant le respect ,autrui en
retour
vous respectera.

- 218 -
36 - La Mort
«Roi !
Cessez de pleurer
La mort a toujours existé»
(T.N°199)
«La mort
Est pénible»
(T. N° 200)
La mort,
considérée comme le passage du monde sensible vers l'au-
delà
en arrachant des êtres chers,
est douloureusement ressentie
par
les
Abron peinés de voir partir l'un des leurs.
Aussi
pour
exprimer
cette douleur,
cette peine organisent-ils des cérémonies qui absorbent
leur temps et les richesses accumulées.
Cette
mort
tant redoutée parce qu'elle perturbe l'ordre
social
serait une création divine.
Texte de consolation du roi en cas de décès d'un parent
«Roi
!
Cessez de pleurer
La mort a toujours existé»
(T N° 199)
Le
roi
Abron ne manifeste jamais sa peine au décès
d'un
sujet
quelque soient les liens de parenté par des pleurs ou des lamentations.
Ce sont les sonneurs de cors,
"épouses du roi"
qui pleurent à sa place
et
le consolent par ce texte en prenant pour argument le fait
que
la
mort ne date pas d'aujourd'hui,
elle a toujours existé. Le roi ne doit
donc s'indigner de ce qui existe de longue date, oeuvre divine.
37 - LE DESTIN
Poule -
Je ponds,
je ponds
Aigle - Je prends,
je prends
Poule - Je ponds trente fois
Aigle -
Je prends trente fois
Poule - Je vais m'installer
Au carrefour
Aigle- Je vais m'installer
Au faîte du fromager
La poule furieuse tremble de colère.

- 219 -
poule, toi aussi,
condoléances
Boafran Kokon!
Le monde est ainsi fait.
Divin tambourinaire!
Où que tu sois,
Je t'invoque, viens!
Roi Krôdjô et dignitaires
De quelque pays que ce soit!
Ecoutez!
Ecoutez et,
Méditez le message du tambour! (T.N°201)
La
poule
dépossédée
du fruit de son travail
par
l'aigle
est
furieuse.
Le tambour la console et lui fait comprendre que le monde est
ainsi fait.
Par
ce
dialogue entre la poule et l'aigle ce sont les
rapports
entre
les koulango (poule) et les Abron (aigle) qui sont
évoqués.
Ce
sont
des
rapports
de domination
et
d'exploitation
économique
que
tentent
de
remettre
en cause les koulango qui
travaillent
mais
ne
bénéficient
pas du fruit de leur travail.
Ils sont dépossédés par les
Abron.
En effet,l'or extrait sur leur sol par eux,revient aux Abron,
les
queues,
les dents d'éléphant,la peau des panthères tués reviennent aux
Abron.
A
chaque
fête
d'igname
les
chefs
koulango
apportent
des
présents, dons obligatoires,
au roi et chefs abron.
L'on
peut
dans
une moindre mesure
croire
qu'il
existe
deux
classes
sociales dans la société abron.
Cette situation de l'avis des
Abron,
groupe
dominateur,
est prédestinée et ne doit être remise
en
cause. Les koulango sont invités à accepter la situation comme telle
«Kwadio !
Tous les êtres sont appélés à mourir.
Mais le poussin échappera au bec
De l'aigle»
(T. N° 202)
Kwadio
est l'auteur de cette pensée.
C'est le fils aîné du
roi
Kwasi Yeboa,
fondateur du village de Tabagne.
~.

- 220 -
Pour lui il ne fait aucun doute
que tous
les êtresmouront un à
un,
mais le poussin
qui
est
appelé
à
vivre,
échappera toujours
au bec de l'aigle. De la même manière
un
homme appelé à vivre surmon-
tera tous les
obstacles
qu'il rencontrera dans sa vie.
Ce
texte
résume la propre vie de son auteur.
En
effet
Kwadio
Tawa,
accusé
d'avoir eu des rapports incestueux avec sa mère par
ses
demi-frères
pour
l'écarter
à la succession du siège
de
leur
père,
s'était
réfugié
à
Sabi où il apprit le décès de son père
survenu
à
Bandakagni-Tomora.
Il vint aussitôt,
prit de l'or qu'il déposa sur la
face
et dans les oreilles du défunt et prononça ce discours
~'Père,
mes frères ont témoigné de ton vivant que j'ai couché avec ma mère,
si
cela
est vrai,
prends- moi comme ton mouton et emporte-moi
avec
toi
dans l'au-delà ll •
Il prit ensuite de l'eau-de-vie qu'il versa dans la bouche de son
père
et
consomma la viande du boeuf tué à l'occasion
du
décès.
Les
funérailles furent célébrées en sa présence sans qu'il ne meurt.
L'on
raconte
qu'il fut contraint par ses demi-frères à
prouver
son
innocence et au cas où il avait eu des rapports avec sa
mère,
il
mourait. Ayant échappé à la mort,
il dégagea cet enseignement de la vie
contenu dans son cor d'appel:
IITous les êtres sont appelés à mourir un
par
un.
si par destin le poussin est appelé à
vivre,
l'épervier
ne
parviendra
jamais
à
le prendre.
Appliqué à son
cas,
cette
pensée
signifie
que malgré ce qu'on a pu dire de lui,
toutes les
conditions
étaient réunies pour qu'il meure,
or il a surmonté tous les obstacles.
Seul
le destin tracé par Dieu peut le permettre et son nom
tambouriné
fait référence à cette situation.
«Fromager au milieu des marécages"
Après avoir surmonté les obstacles,
rien ne peut lui arriver.
Il
est hors de portée de tout danger.

- 221 -
CHAPITRE II
LES ANCETRES-FONDATEURS
En
pays
Abron,
tout individu possède un nom tambouriné
par
lequel
on
le
désigne,
l'interpelle
en cas de malheur
ou
pour
le
glorifier.
Il en est de même des rois.
Les tambours jumélés ne mentionnent que le
nom
de
seize
rois.
Certaines biographies
sont
plus
fournies
que
d'autres.
En
fonction des informations disponibles,
nous indiquerons
l'état-civil,
le caractère, l'idéologie et l'oeuvre de ces différents
rois.
A: Les SOUVERAINS
1 /
TAN DATE
Clan : ZAN ZAN
Lieu de résidence : ZANZAN
Autel et lieu de culte : ZANZAN
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi
Qui est le roi ?
Le roi,
c'est moi
Guerrier Datè!
Le grand tambour qui
Dort dans l'eau
Ne devient jamais
Grand crocodile.
Guerrier Daté!
Tu sens la poudre à canon
A force de faire usage de ton arme.
Ta présence
S'annonce toujours par
D'interminables coups de fusil.
Tu
es un homme.
Tu l'as toujours prouvé.
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait ?
Il a défait et mis à mort
Le chef Bona d'Anhoro.
Paix à son âme.
Il y a roi et roi et
Roi qui tue roi!
Quand tu tues,
la victime
S'en va toujours dans l'au-delà
Avec du sang frais à la bouche.

- 222 -
Tu tues vite et facilement!
Guerrier Datè!
Ta présence provoque
La panique et fait frémir!
Guerrier Datè!
On parle de toi
Mais sais-tu en quels
Termes parle t-on
de toi ?
On parle de toi comme d'un
Intrépide chasseur d'éléphants!
Guerrier Datè!
Boafran kokon!
Dernier monarque de Doma!
Il fait jour, faites parler
De vous Majesté.
Condoléances et salut!
(T. NO 203)
al Etat-civil
« Guerrier Daté»
Son
nom tambouriné est guerrier Daté,
pour la tradition orale
il
se nomme Tan Daté.
Ce prince fut le premier roi des Abron en
.Côte
d'Ivoire
mais pas le premier de la dynastie ( dernier roi de
Doma)
C'est
dire que cette dynastie comptait avant lui des rois
(81).
Mais
pour des raisons qui tiennent compte de la mentalité des Africains, ces
rois de la période obscure des Abron ne sont pas honorés.
(81)
La
liste de ces rois recueillie le 14 octobre 1988 à
Hérébo
au
cours
de
l'adoration des sleges est la suivante
Adou
Bini,
abri
Yeboa, Yeboa Akorié, Yeboa Afari, Bofou Bini, Badou Agyeman.

Pour
le tambour donc,
c'est Tan Daté,
roi des fugitifs qui
est
accueilli par le chef Nafana Akomi de Bondoukou ou Wandaresou à qui
il
offrit un tambour de devise.
Les descendants d'Akomi reconnaissent que
leur aïeul fut l'hôte de Tan Daté. Cette information n'est pas partagée
par
Delafosse
qui
écrit
" L'autre fraction quitta
Doma
sous
la
conduite
d'un
chef nommé Adou-Bini,
et se rendit d'abord à
Yakassé,
village situé près et à l'est de Dadiasi,
au sud de Bondoukou. Bientôt
Adou-Bini plaça sous sa suzeraineté les Nafana et les Gbins autochtones
du pays
(82)
Malgré l'hospitalité réservée au guerrier Daté,
ce roi n'avait
pas
oublié
son arrière - pensée politique en demandant refuge au chef
des
Nafana.
bl Idéologie
«Le grand tambour qui
Dort dans l'eau
Ne devient jamais
Grand crocodile »
Le grand tambour, symbole de la connaissance est l'idée que se fait le
guerrier Daté.
Homme de culture mais qui par la force des choses s'est
vu obligé de quitter son pays (83) pour se réfugier auprès des Nafana,
peuple
autochtone.
Il vit avec son peuple en sécurité dans
ce
pays.
Même fugitif,
il avait conscience de ce qu'il voulait pour lui et pour
son
peuple
garder
son indépendance en ne se fondant pas
dans
le
groupe
des populations autochtones.
Très vite,
le séjour
des
Abron
parmi
les
Nafana
étala l'incompatibilité des deux
groupes
à
vivre
ensemble.
Les
difficultés
de rapprochement se situent à la
fois
au
niveau de la langue et des comportements.
(82) Maurice Delafosse, op.
cit , p.
102
(83)
De
ce
fait les Abron sont appelés sur un ton
moqueur
par
les
Ashanti" Gyaman".c'est-à-dire ceux qui ont fui leur pays.

- 224 -
Les
Nafana,
sénoufo
du groupe gu~ parlent le Gan et les
Abron
membres
de
la grande famille lingustique Akan,
l'Abron.
Ils
ne
se
comprennent
pas
au
plan du langage.
Au niveau du
comportement
les
nouveaux
venus aux yeux des autochtones s'affichaient comme des
êtres
fiers et arrogants.
C'est avec joie que les Nafana leur indiqueront-le
site
sur lequel ils créent leur premier village appelé
Zanzan.
C'est
ici en voulant s'affirmer que le guerrier Daté va soumettre les
autres
ethnies nombreuses mais désunies.
cl Oeuvre
1/ Le tambour de devise des Nafana de Bondoukou
Sa
biographie
ne
le
signale
pas
en
recherchant
le
donateur du tambour de devise des Nafana de Bondoukou,
il est cité.
Il
est
donc
l'auteur du texte du tambour de
devise
des
Nafana
de
Bondoukou. Ce texte est en abron et non en gan.
« Gloire à toi Akomi
Comme Dieu,
A l'origine du royaume.
Tu étais là
Et permis sa création» ( T.N° 38)
Par
ce
texte
le
guerrier
Daté
reconnaît
l'antériorité
de
l'installation
des Nafana sur le site et remercie leur chef
Akomi
de
lui
avoir accordé l'asile politique.
Ce dernier avait fait,
dit-on,
preuve
d'entêtement lorsque le roi Ashanti le menaça en lui
demandant
d'expulser les fugitifs Abron par l'expédition d'une balle de fusil.
Malgré
cette
menace
il
continua à
protéger
les
fugitifs
en
les
installant sur les monts Zanzan.
Respectant
l'antériorité
des Nafana sur le
site,
les
villages
créés pendant le règne du guerrier Daté,
offrent un poulet au début de
la
période
des
feux de brousse.
Ce sont
Zanzan
Frétia,
Zanzan
Kokosou, Boudi, Méré, Asiman, Sanguéi; Goli, Nakawa.

- 225 -
En plus du tambour de devise,
du palanquin,
d'autres
privilèges
sont
dévolus
à Akomi.
Il joue le rôle d'intercesseur.
Ce
rôle
lui
permet
de
fléchir le pouvoir,
les décisions du
monarque
abron.
En
effet,
tout
sujet
condamné
à mort qui parvenait aux pieds
du
chef
Nafana
avait
la
vie sauve.
Les propres sujets Nafana
ne
sont
pas
amendés quelque soit la faute commise.
- La guerre contre ANHORO, roi des Bona.
«Il a défait et mis à mort
Le chef bona d'Anhoro »
situés dans les sous- préfectures de Koun~Fao et de Kouassi Datékro,
les
Agni-Bona
s'opposèrent aux visées
impérialistes
des
Abron.
La
défaite
de
leur
chef Anhoro a permis au guerrier Daté
d'établir
sa
suzeraineté sur les Agni-Bona.
Pour
Jack
Goody
qui écrit
" I t
was
his
successor,
or
next
successor but one,
called Tano Date,
who is said to have settled near
Bonduku.
However,
before
the Abron settled there,
they fought a war
wi th the Agni of Bonna to sou th"
(84).
----------------------------------------------------------------------
(84) Jack Goody
Ashanti and the Northest
in
research
review
supplement
nO
1
Ashanti
Research
projet,
Institute
of
African
studies,
University of Ghana Legon, December,
1965 , P 6.

- 226 -
Les
Abron, conduits par Tan Daté auraient conquis le pays Bona
avant
leur installation dans le pays koulango.
Les
sources
tambourinées
disponibles
ne
nous
autorise
pas
à
confirmer
ou
infirmer cette assertion.
Ce qui est sûr,c'est
quel la
guerre
contre les Agni-Bona est la seule mentionnée dans la biographie
du roi Tan Datè.
dl La mort du roi Tan Datè
,
~
Le
village de Zanzan est cree par le roi Tan Daté et
sert
de
lieu de sépulture des rois,des princes et des
princesses.
Ce
qui
nous amène à dire que c'est dans ce village que le premier roi Tan Daté
trouva la mort où il fut enterré. C'est pour honorer sa mémoire que les
autres rois seront enterrés à ses côtés.
Pour le professeur Niangoran-
Bouah, son règne se situe entre 1710 et 1715
(85).
2 -
ADINGRA PAGNINI
Clan : Yakassé
Lieu de résidence : Yakassé
Autel et lieu de culte : Adandia
Qui es-tu
pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi,
Qui est le roi ?
Le roi c'est moi,
Prince Odom Sèsrèkou
Pasaroukou!
Prince Adingra!
Dors peu car dormir
Profondément rend esclave
Et conduit derrière Accra.
Tchrèmèrèdi Asari!
Adingra le Bourreau!
Dernier prince!
Mets un terme
A sa combativité.
----------------------------------------------------------------------
(85)
Georges Niangoran-Bouah, Niangoran Bouah répond à Gbagbo
Laurent
In Fraternité Matin nO 4593 du 19-2-1980 page 20.

- 227 -
Prince Adingra!
Tu sens la poudre à canon
A force de faire usage
De ton arme à feu.
Ta présence
S'annonce toujours
Par d'interminables des coups de fusil.
prince Adingra!
Tu es un homme.
Tu l'as toujours prouvé.
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait ?
Il a défait et mis à mort
Kwadio
Chef de Tanda.
Prince Adingra!
Paix à son âme.
Il y a roi et roi
Et roi qui tue roi.
Quand tu tues,
la victime
S'en va toujours dans l'au-delà
Avec du sang frais à la bouche.
Tu tues vite et facilement.
Prince Adingra!
Ta présnce provoque
La panique et fait frémir.
Prince Adingra!
On parle de toi
Mais sais-tu en quels
Termes parle t-on
de toi ?
On parle de toi comme d'un
Intrépide chasseur d'éléphants.
Prince Adingra!
Boafran kokon!
Dernier monarque de Doma!
Il fait jour, faites parler
De vous Majesté.
Condoléances et salut (T.No 204).
a) Etat-civil
« Odom Sèsrèkou
Boa Adingra Biniboni!
Pasaroukou!
»
Prince
Adingra
ou Adingra le Bourreau est le neveu
de
l'ex-roi
Datè le guerrier.
A un moment donné,
i l se sépara de lui et alla créer
le village de Yakassé. C'est avec lui que naît le système politique des
Abron basé sur l'alternance entre les deux clans Zanzan et Yakassé.

- 228 -
b) Caractère :
« Adingra le bourreau »
C'est
un
prince
passionné de guerre à tel point
qu'il
pue
la
poudre
à
canon.
Il tue facilement.
C'est donc un roi cruel
et
qui
n'éprouve aucune pitié pour ses ennemis.
C) Idéologie
« Dors peu car dormir
Profondément rend esclave
Et conduit derrière Accra»
Tout
au
long
de son règne,
c'est ce conseil que
le
prince
Adingra prodiguait à son peuple.
Il tire son origine dans la situation
de l'époque.
Le règne de ce monarque coïncidait avec la domination du monde akan par
les Ashanti qui,
à défaut d'avoir de l'or,
recherchaient les esclaves.
C'est, cette orientation d'activité mercantile que Ward dépeint ainsi
" Les seules marchandises exportables que l'Ashanti pouvait produire en
grandes
quantités
était
donc les
esclaves.
L'Ashanti
devint
donc
délibérément un Etat-marchand d'esclaves. En temps de paix, beaucoup de
ceux-ci
étaient achetés sur les marchés du nord...
ainsi les raids et
la guerre permettaient d'en obtenir bien d'autres " (86).
Face
au
comportement
des
Ashanti
qui
n'hésitaient
pas
à
organiser
des raids pour se procurer des esclaves,
le prince
Adingra
conseille la vigilance à son peuple.
(86) Emmanuel Terray, op. cit.,
p. 772
1
1 .

~ 229 ~
d) Oeuvre
Le prince Adingra est un fin stratège,
un guerrier qui passe
le meilleur de son temps à guerroyer au point d'apporter son assistance
militaire aux nécessiteux. Vigilant,
il conseillait d'aborder la guerre
avec patience.
- L'enlèvement du Bentô.
«La famille ne s'achète pas»
(T.No14S)
« Moi,
je sers Adingra.
Adingra est immortel.
Yeboa sèsrèkou est immortel» (T.No20S)
La tambour royal des Abron fait référence à deux noms.
Celui
du
prince
Adingra
et de Kwasi Yeboa.
Pour justifier
ce
choix,l'on
avance que le prince Adingra est celui qui a introduit le Bentô dans le
royaume;
quant à Kwasi Yeboa,
à la défaite de Kofi fofié,
ce tambour
fut
confisqué
par
les Anno à Famienkro.
C'est Kwasi
yeboa
qui
le
restaura.
Ce tambour vient de Langbasso,
affirme les sages du royaume. Le prince
Adingra
l'a rapporté de ce pays à la suite de
l'assistance
militaire
donnée
à la reine AbIa Pokou en guerre contre les Djimini de Dabakala.
En
bon
stratège,l'on
raconte qu'il surprit ses
adversaires
et
les
aurait vaincu sans peine.
Sa stratégie consista à placer une troupe en
face
de l'ennemi qui tirait à tout moment pendant qu'il
traversait
à
gué
la
rivière
qui
les séparaient et se trouva de
biais
avec
les
Djimini qui ne l'aperçurent pas arriver.
Pour
le
récompenser,
la reine souhaitait
lui
offrir
des
lingots d'or,mais il déclina ses offres et choisit à la place son grand
tambour
qu'il baptisa Bentô c'est-à-dire, ne s'achète pas.
Ce mot plus
explicite
dans le tambour kroukrou s'entend pour dire que
la
famille
ne s'achète pas.

230 -
La
reine
mit également à la disposition du prince
Adingra,
ses tambourinaires,
qu'il installa à Tehui.
Ces derniers sachant très
bien
qu'ils
ne
faisaient
pas
partie
de
la
famille
d'Adingra,
acceptaient
tout
de même de le servir à travers le texte
du
premier
petit tambour kroukrou :
« La famille ne s'achète pas (T.N.14S)
Adingra est immortel.
Yeboa sèsrèkou est immortel»
(T.N°20S).
a) La guerre contre le chef de-Tanda
« Il a défait et mis à mort
Kwadio
Chef de Tanda »
La
situation
géographique
de Tanda
et
de
ses
villages
satellites occupe une place charnière entre Adandia capitale du royaume
Abron
et
le
pays
nouvellement conquis par
le
guerrier
Datè.
Les
Koulango de Tanda se sont toujours opposés à la présence des Abron dans
leur
pays et c'est à leur intention que les tambours jumélés
laissent
entendre
le
texte:
" la fourmi-rouge"
(T.N°184 ).
Pour
Adingra le bourreau (87), se rapprocher de cette population
conquise est la seule garantie pour maintenir son autorité sur ce peu-
ple rebelle. Or, entre ces
deux
pays,
s'interpose l'organisation poli-
tique des Koulango et Adingra n'a d'autre alternative que de s'attaquer
aux Koulango de Tanda dirigés par leur chef Kwadio.
La bataille contre
les
Koulango
de
Tanda ne serait pas facile si nous nous
référons
à
l'expérience
guerrière
des
forces
en
présence.
Au terme de
cette
bataille,
Kwadio le
chef des koulango
est vaincu et mis à mort.
(87) Le prince Adingra serait le fondateur du village de Yakassé et
du
clan du même nom.
Son règne inaugura l'alternance au pouvoir entre les
deux clans : Zanzan et Yakassé.

- 231 -
Pour maintenir sa présence auprès des Agni-Bona et des koulango,
le prince Adingra nomma son fils Tan Kokobou pour surveiller la région
et l'installa à Tangamourou à mi-chemin entre Yakassé et Koun-Fao.
La
bataille contre les koulango de Tanda a permis d'agrandir les
limites du royaume et d'asseoir le pouvoir politique des Abron-Gyaman.
3 - BINAN KOMBI (PAGNINI)
Clan : Zanzan
Lieu de résidence : Zanzan
Autel et lieu de culte : Zanzan
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi,
Qui est le roi ?
Le roi,
c'est moi.
Binan Kombi
!
Celui qui ne désire pas parler
Doit nécessairement se taire.
Le nuage ( cumulo nimbus
)
Se forme ailleurs
Et la pluie tombe ailleurs.
Prince Binan Kombi!
Boafran kokon!
Dernier Monarque de Doma!
Il fait jour,
faites parler
De vous Majesté.
Condoléances et salut!
» (T.N°206)
a)
Etat-civil
:
« Binan Kombi
Atoprèkon mangeur de guerre»
Son nom tambouriné est identique à celui que les personnes utilisent
couramment dans le langage parlé et sa biographie relativement courte
peut bien vouloir dire que Binan Kombi n'a pas vécu longtemps (88).
(88) En effet il n'aurait pas connu un long règne si l'on en croit
les
sources orales : 67 jours selon les traditionnistes abron.
Il serait le
neveu de l'ex-roi Adingra Pagnini

232 -
b) Idéologie
Elle est contenue dans trois devises
1) Première devise
« Celui qui ne désire pas parler
doit nécessairement se taire »
Cette
phrase
à
première vue semble vouloir
situer
le
caractère de Binan Kombi, c'est un homme ferme et déterminé. Mais cette
analyse est loin d'être satisfaisante.
A notre avis,
"parler" a le sens
de se manifester,
d'agir.
Il recommande à tous ceux qui ne peuvent pas
se manifester, de se tenir tranquilles. Comme il apparaît ici, ce conseil
s'adresse aux populations autochtones qui ne jouissent pas des
énormes
potentialités
qu'offre
leur
pays.
En
effet
les
Koulango,
écrit
l'administrateur
Nebout "tirant du sol et de leur propre
travail,
ce
qui
leur
est nécessaire pour vivre et se vêtir,
ils n'ont jamais
eu
besoin
de
recourir aux villages environnants (89) .Ces propos
sont
à
nuancer car le chef de wolobidi règnait sur dix villages.
Dès lors qu'ils ne peuvent pas,
selon leur organisation politique et
sociale,
se
faire entendre,
Binan Kombi les invitent à
laisser
les
Abron faire ce qu'ils veulent.
deuxième devise
« Le nuage (cumulo nimbus)
Se forme ailleurs
Et la pluie tombe ailleurs»
Car même s'ils ne sont pas autochtones sur ce territoire,
ils
peuvent
néanmoins
y
apporter le bonheur,
le
bien-être
pour
tous.
Signalons
ici
que
l'organisation sociale et politique
des
Abron
à
partir des villages,
des provinces diffère de celle des Koulango
très
peu portés à une cohésion sociale .
(89·) EE·40 Rapport du 3ème trimestre, Bondoukou le 2-Janvier 1904.

- 233 -
troisième devise
«Le vent commence ailleurs
Et se fait sentir ailleurs»
Le
vent
ici est l'image de la force du pouvoir politique
des
Abron qui. a pris naissance à Doma et qui ambitionne de s'exercer sur ce
territoire des Koulango.
En
clair, par ces deux dernières idées les Abron
reconnaissent
qu'ils
ne
sont pas un peuple autochtone dans ce pays
mais
n'empêche
qu'ils
aient la latitude de jouer les premiers rôles en s'emparant
du
pouvoir
politique
dans
un
pays

i l
n'existe
aucune
forme
d'organisation politique élaborée.
Les
Koulango
avant l'arrivée des Abron, écrit
l'administrateur
archiviste
Tauxier,
"étaient en proie à l'anarchie
nègre.
Dans
toute
l'étendue
du pays koulango,
les villages étaient indépendants les uns
des autres et ne relevaient de personne...
Les koulango formaient
une
juxtaposition
de
petits
villages
indépendants
incapables
de
se
confédérer
et
ne reconnaissant d'autre autorité que,
celle de
leurs
chefs de village et de leurs chefs religieux"
(90)
Mais
malgré
ce
manque d'organisation à
grande
échelle,
les
Koulango
vont
s'opposer à toute conquête de
leur
territoire.
c'est
cette
situation que ré lève le discours tambouriné au
titre
animalier
fourmi-rouge
(T.N° 184).
Cet
insecte dit-on,
se
trouve
sur
les
colatiers et empêche de cueillir les fruits de cet arbre.
Les Koulango, comparés à la fourmi-rouge s'opposent à la conquête
de leur pays.
A cela les Abron répondent que si tu n'en manges pas et
ne nous laissent pas en cueillir,
alors si tu tombes sur nous, nous te
tuons.
-----------------------------------------------------------------------
(90) Louis Tauxier ,Op. cit.
P.
166

- 234 -
Cette décision de tuer pour s'imposer va frapper à la fois
les
autochtones koulango, Nafana et les émigrants d'origines diverses.
4 -ABO KOFFI
OU ABO MIRI
Clan : Yakassé
Lieu de résidence : Yakassé
Autel et lieu de culte : Assuéfry
« Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi,
Querelle de roi,
Qui est le roi
Le roi c'est moi:
Abo Yandaki Afari!
Descendant de la
Reine-mère Aman N'zian.
Il est allé à Mrinzonron
Et a détruit Mrinzonron.
Abo est homme
Caché derrière un arbre.
Brebre Tchindjin!
Anopi Abo Pepra!
Abo Dua Kokroko!
Tu es un homme
Et tu l'as toujours prouvé
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Il a défait et mis à mort Tètègué
Le chef de Soko à l'aurore
Et le sang des victimes a rendu
L'eau de la rivière Tomè rouge.
Abo Dua Kokroko!
Paix à son âme.
Il y a roi et rois
Et roi qui tue rois.
Quand tu tues,
tes victimes
S'en vont dans l'au-delà
Avec du sang frais à la bouche.
Tu tues vite et facilement.
Abo Dua Kokroko!
Ta présence provoque
La panique et fait frémir.
Abo Dua kokroko!
On parle de toi, mais
Sais-tu en quels termes
Parle t-on de toi ?
On parle de toi comme
D'un chasseur d'éléphants.
Abo Dua kokroko!
Boafran kokon!
Dernier monarque de Doma!
Il fait jour,
faites parler
De vous Majesté
Condoléances et salut (T. N° 207).

- 235 -
a) Etat - civil
«Abo Dua Kokroko!
Abo Yandatchi Afari!
Himia Amanzian Biniboniba!»
Abo
Dua
Kokroko a pour père Abo yandat~hi Afari et
sa
mère
n'est
autre
que la Reine-mère Aman N'zian.
C'est un
monarque
noble
aussi
bien du côté de sa mère que de son père.
Il se fait appeler Abo
dua
arbre géant qui domine la forêt.
Deux interprétations
peuvent
être données sur son physique:il est soit grand de taille ou gros.
b) caractère:
« Abo est homme
Caché derrière un arbre»
Se
cacher
derrière
un
arbre,
c'est
ne
pas
se
laisser
découvrir,
pour
surprendre.
Le
roi
Abo aime
donc
surprendre
ses
adversaires.
c) Oeuvre :
La
destruction du Mrinzonron et la défaite de Tétèguè
sont
ses principales oeuvres.
- La destruction du Mrinzonron
« Il est allé à Mrinzonron
Et a détruit Mrinzonron.»
Ayant
devancés
les
Abron sur
ce
territoire,
les
Gouano
formaient un petit état appelé Mrinzonron.
L'on raconte qu'ils étaient
alliés aux Ashanti à qui ils fournissaient les informations utiles
sur
les
Abron.
C'est pour mettre fin à cette attitude que Abo Dua Kokroko
à la tête du royaume détruisit ce petit état dont la capitale politique
.était Kiétan.

- 236 -
- La défaite de Tètèguè
~ Il a défait et
Mis à mort Tètèguè»
Le village de Soko, situé à cinq kilomètres de Bondoukou
et composé essentiellement des populations autochtones koulango,
s'opposaient
à la présence des Abron et ses habitants ne le
cachaient
pas. L'on raconte que ces habitants bouillaient les grains
de maïs que
les
Abron
devaient
ensemencer;
en les acculant
à
la
famine,
ils
espéraient les chasser sur leur terre .Le roi Abo Dua Kokroko contraint
à résoudre ce problème de survie de son peuple,
attaqua,
au petit matin
par surprise,
le chef de Soko nommé Tètèguè et le tua.
Le reste de la
population ne s'en est rendu compte que par la couleur rouge sang de la
rivière Tomè.
d) Mort
« Je peux parjurer
sans être amendé ( T.N° 50)
« Tu viens de l'endroit
où le soleil se couche
Et où aucune biche ne manque»
(T.No37
)
c'est
par
ces
textes que nous tenterons de situer le
lieu
et
les
conditions dans lesquelles le roi Abo Dua Kokroko trouva la mort.
Kantamantou,
tambour
de devise du roi affirme qu'il
est
le
seul à ne pas être sanctionné pour un jurement. Les jurements d'Etat en
pays abron sont: Je jure sur Kong et je jure sur Taïn. Ces deux jure-
ments rappellent aux Abron deux pages sombres de leur histoire.
Evoquant
le récit du premier jurement l'on raconte
que
le
quatrième
roi
abron
Abo Dua Kokroko avait fait
tuer
un
orpailleur
ashanti
et
son fils vendu sur le marché d'esclaves à Kong.
Ce
fils,
libéré par un autre Ashanti et à qui il conta sa mésaventure ainsi
que
celle de son père,ce dernier informa à son tour le roi Ashanti.
Celui-
ci
décida d'en savoir plus en envoyant une ambassade auprès du roi Abo
Dua·Kokroko.

- 237 -
A
cette
ambassade,
le
roi nia
les
faits
qui
lui
sont
reprochés.
Le
monarque
ne
devant pas jurer,
Bini
Yao,
son
futur
successeur fut commis pour prouver la sincérité des propos du roi. Bini
Yao, convaincu que le roi
avait menti, refusa de jurer. Mais,
sous la
contrainte, il cède et au bout de quelques jours il décède.
Informée à mi-chemin,
l'ambassade revint et exigea qu'on lui
présente
à nouveau Bini Yao.
Le roi fit venir l'un de ses
sujets
du
village de Tchrébio qui ressemblait au disparu.
Les messagers, doutant
de
l' identité
de
la personne présentée,
avaient
remarqué·' que,
ce
dernier
avait un orteil coupé.
C'est donc un infirme.
Or, aussi
bien
chez
les Ashanti que chez les Abron,
un infirme ne peut prétendre
au
trône.
Les messagers repartirent convaincus que le roi avait fait tuer
effectivement le père de l'enfant.
Craignant la réaction du
roi Ashanti Opoku Ware, le roi Abo
Miri
et l'ensemble des dignitaires abron s'exilèrent à Kong,
lieu
de
fortification des souverains abron en temps de paix.
Ici, ils
vécurent
dans
des conditions difficiles:
les habitants de cette ville jetaient
du
sable
dans leur repas ou les vendaient
comme
des
esclaves.
Les
sources écrites de Bowdich,
Dupuis, Tauxier et autres auteurs relatent
l'histoire
de l'exode de Abo Dua Kokroko sur Kong,
sa défaite face au
roi
Ashanti.
Selon les traditionnistes de Tabagne,
le roi Abo
Koffi
ainsi que le chef de la province foumassa Yao Boatini mirent fin à leur
souffrance en consommant de la bile de caïman.
C'est,
cette page noire de l'histoire abron que la biographie
du
roi
Opokou Ware évoque quand il dit :
"Tu viens de l'endroit
où le soleil se couche
Et où aucune biche ne manque."
(T.No37)
Pour
le tambour,la guerre se serait déroulée à l'Ouest de
Kumasi
et
dans
une région giboyeuse.
Selon toute vraisemblance,
cette
région
serait celle de Bouna avec sa réserve d'animaux non loin de Kong.

- 238 -
Pour
le
professeur
Niangoran-Bouah,
sa
tête
serait
décapitée
et
envoyée à Kumasi(91).
Un
peu
plus
tard
l'on
apprit qu'un
devin
ashanti
venu
à
Assuéfry,
consultait avec le fémur de l'ex-roi Abo Dua kokroko.
Il fut
aussitôt arrêté et exécuté.
Ainsi donc, Abo Miri n'aurait
pas "eut
un
règne sans histoire" comme l'écrivait l'historien M'bra Ekanza Simon(92).
5- KOHOSONON Le Grand
Clan : Zanzan
Lieu de résidénce
: Hérébo
Autel et lieu de culte : Hérébo.
parle,
parle avec orgueil!
Vous haïssez le roi pour rien!
Vous haïssez le prince pour rien!
Haïr le roi pour rien!
Qui est le roi ?
Le roi, c'est moi:
Taki le grand.
L'éléphant qui brise la hache!
Guerre, paix à ton âme.
Sa Majesté Koffi au teint clair!
Kohosonon qui avale l'éléphant!
Il y aura la guerre
sur l'heure.
Brave guerrier,prends ta tête
Pour porter le tambour.
Forêt qui avale l'éléphant!
L'éléphant qui brise la hache!
Prince Koffi,
celui qui tend
Un piège en travers de ta
Route prend malheur !
Koffi qui avale l'éléphant!
Tu es un homme.
Tu l'as toujours prouvé.
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Il a défait et mis à mort
Dagba Kroko.
----------------------------------------------------------------------
(91) Georges Niangoran-Bouah, op.cit.
p.165
(92) Simon Mbra Ekanza ,op. cit. p.56.

- 239 -
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait ?
Il a défait et mis à mort
Nabinan chef Mandé.
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait
Il a défait et à mort
Koa Amoa
Le Nafana au teint clair.
Koffi qui avale l'éléphant!
Reçoit nos hommages.
Il y a roi et roi
Et roi qui tue rois
!
Quand tu tues tes victimes
S'en vont dans l'au-delà
Avec du sang frais à la bouche.
Tu tues vite et facilement.
Majesté, on parle de toi.
Mais,
sais-tu en quels termes
Parle t-on de toi ?
On parle de.toi comme d'un
Intrépide chasseur d'éléphants.
Koffi qui avale l'éléphant!
Boafran kokon!
Dernier monarque de Doma!
Il fait jour,
faites parler
De vous Majesté.
Condoléances et salut (T.N° 208).
a)
Etat-civil
«Ambim Taki!
Eléphant qui brise la hache!
Koadja koko!.
Koffi le grand qui avale l'éléphant!
»
Le
cinquième
roi
des
Abron est né
un
vendredi
après
qu'un
chasseur abron ait tué un éléphant.
C'est à partir de sa naissance qui
coïncide
avec
l'abattage
d'un
éléphant que
le
nom
Kohosonon
qui
signifie
"Koffi
a tué un éléphant" est rentré dans le calendrier
des
noms abron.
En zone de forêt,
l'éléphant est le plus gros animal et il
incarne
la force.
Aucun piège ne peut le contrarier.
C'est
donc
un
évènement
important que d'être né le jour de l'abattage d'un éléphant.
Il
avait un teint clair.
Au nom tambouriné des Foumassa,
"souche
qui
brise la hache",
le prince Koffi répond,
c'est l'éléphant qui brise
la
hache, en d'autres termes il est plus fort que les Foumassa.

- 240 -
b) Intronisation
« Je t'accompagnerai et
T'installerai sur le grand fromager
A Zanzan»
(T.N°209)
c'est à l'intention du roi Kohosonon que les tambours de
devise
des
Foumassa et des embaumeurs d'Amoitinin laissent entendre ce
texte
qui
constitue un serment de fidélité du chef des foumasa et celui
des
embaumeurs
au
roi
abron.
Par tradition,
les chefs
de
province
et
responsables
de charge une fois le roi intronisé,pour reconnaître
son
autorité, posent un acte juridique en prêtant le serment de fidélité et
de soumission.
Les
deux
chefs promettent dans leur texte de ramener
le
roi
Kohosonon dans le village de ses ancêtres, c'est-à-dire Zanzan, lieu de
sépulture
des rois et princes abron.Dans ce village,
il
existait
un
fromager
et
c'est
au sommet de cet arbre que le
chef
des
Foumassa
promettait d'installer par tous les moyens le roi abron. c'est dire que
le roi Kohosonon ne fut pas intrônisé à Zanzan mais ailleurs.
Mais où?
rI s'agit de Kong où, avons-nous dit, le roi Abo Dua Kokroko »=& trouva
la mort.
rI est alors remplacé par le jeune Kohosonon intronisé par le
roi
Ashanti
Opoku
Ware
et le chef
religieux
de
Kong.
Après
son
intronisation,
il intronisa à son tour Dua Kwabenan chef des Foumassa.
Tous deux étaient l'objet de plusieurs vexations.
Kong étant un centre
commercial
et spécialisé dans la vente des esclaves,
les habitants de
cette ville vendaient les fugitifs,
jetaient du sable dans leurs mets.
Face à de tels actes,
le jeune Kohosonon pleurait tous les jours.
Dua
Kwabenan,
chef
de la province Foumassa plus âgé,en
le
consolant, lui
aurait
promis de l'envoyer à Zanzan.
Ce à quoi le jeune roi répliqua,
que vais-je y manger ?

-
241 -
ROYAUME DE KONG
BUR-KI NA - FASO
LIBERIA
Sassandra
Tabou

OC E A N
A r L A N r l O U E
o
100km
1
,
i
1
Source: BERNUS ( Edmond). Kong el sa région in é'udes
Eburnéennes nO VIII. Abidjan 1960. p. 243 .

Région
de Kong

-
242 -
De l'ananas avait répondu Dua Kwabenan,
ce qui signifie qu'il lui
fera manger de bonnes choses. c'est de ce jour que date l'ananas porté
sur le parasol du chef des Foumassa. Le chef des embaumeurs d'Amoitinin
avait pris le même engagement en promettant de ramener le roi Kohosonon
(93)
à Zanzan par toutes les voies et moyens y
compris
l'eau.
c'est
également
à partir de ce moment que le parasol du chef des
embaumeurs
est surmonté d'une pirogue jaune.
Les
deux chefs avaient tenu leur promesse et
Kohosonon
devint
le plus grand roi des Abron.
Son nom reste attaché au nom
des
sièges abron.
c) Caractère :
«Celui qui tend un piège
En travers de la route
Prend malheur»
Il n'aime pas être contrarié et n'apprécie pas qU'on le provoque.
Lorsque l'interêt du pays est engagé,
il est capable de se sacrifier au
prix de sa vie.
d) Idéologie
« Celui qui tend un plege
En travers de la route
Prend malheur»
Tendre un piège ici a le sens de contrecarrer.
celui qui tenterait de
contrecarrer le roi Kohosonon , un malheur l'attend.
-----------------------------------------------------------------------
(93)
Par
abus
de langage,
certaines
personnes
se
nomment
Koffi
Kohosonon
c'est-à-dire,
qu'ils
se font appeler par deux fois
Koffi.
Kohosonon est la forme contractée de Koffi et Sonon.

- 243 -
Pour
comprendre cette idéologie politique contenue dans
sa
biographie,
il
faut rappeler que le roi Abo Dua Kokroko et
tous
les
dignitaires abron pour échapper à la vindicte du roi Ashanti Opoku Waré
avaient
fui
leur royaume pour se réfugier à Kong.
Cette fuite
avait
montré aux yeux des chefs koulango et agni-bona soumis,
les limites du
pouvoir
des
Abron
considérés dès lors comme "les
épouses
des
rois
Ashanti".
Dès
cet
instant le désir de
recouvrer
leur
souveraineté
devenait
de plus en plus imminente au sein des peuples
soumis.
C'est
dans
ce
contexte que naquit cette pensée du roi Kohosonon qui
promet
une correction sévère à tout peuple soumis qui le contrecarrerait
dans
ses tentatives de reconstruction du royaume déconsidéré par la défaite
du roi Abo Dua Kokroko.
e) Oeuvre
De
retour
de Kong où il fut intronisé et rassuré
par
les conseils des grands marabouts de Kong,
le roi Kohosonon va
tenter
de rétablir l'image de marque des Abron.
Malgré
sa
mise en garde contenue dans
son
idéologie
politique
contre
tous
ceux
qui s'opposeraient
à
la
tentative
de
réorganisation du royaume,
il sera contrarié par certains chefs contre
lesquels il livra une série de guerres.
-La guerre contre Dagba Kroko.
« rI a défait et
Mis à mort Dagba Kroko»

-
244 -
La
première
victime
du
roi
Kohosonon
est
Dagba
Kroko
appelé
différemment selon les sources écrites.
Bernus parle de Deroba Korokou,
chef
du
dyamala
(94)
Demba
Kouroukou,
massa
du
Dyammala
(Braulot) (95) ,Dango Gurga (le kitab Ghunja)
(96).
C'est
sur
le chemin de retour de Kong où il fut
intronisé
que le roi Kohosonon s'attaqua au chef du village de Goroyi nommé Dagba
Kroko qui s'opposait à son passage. or les Abron doivent nécessairement
traverser son territoire.
A l'issue de cette guerre,
le chef
rebelle
est vaincu et contraint de s'enfuir de son pays.Bernus,
qui évoque son
nom,
le
situe
sous le règne de Kombi,
chef de Kong.
Il
se
serait
attaqué à ce chef qui l'aurait repoussé.
Il trouvera refuge auprès du
roi
de
Bouna.
Kombi s'empara de Bouna et toujours selon
Bernus,
il
poursuivit
Deroba
Korokou
qui s'était
échappé
vers
le
sud.
C'est
finalement
dit-il,
le chef du Djimini qui livra Demba à Kombi qui lui
trancha la tête(97).
(94) Edmond BERNUS, Kong et sa région In
Etudes
Eburnéennes,

VIII
- Abidjan.
Ministère
de l'Education Nationale (Direction de
la
recherche scientifique), 1960, p.261.
Le
Dyammala est une petite colonie manding située tout au sud
de
la
Subdivision de Dabakala, autour du village de Sokoura.
195) Emmanuel Terray ,op. cit.,p. 842
(96) Emmanuel Terray, op. cit. p. 844
(97) Edmond BERNUS,
9p. cit.,p.
261

-
245 -
Au
bout de ces deux récits,
l'on penserait qu'il y a
une
contradiction: D'un côté le tambour qui affirme que Kohosonon a défait
et
mis à mort Dagba Kroko et de l'autre selon le récit de
Bernus
que
c'est Kombi qui lui trancha la tête.
rI n'en est rien.
Dans la pensée
des
Abron,
un
roi ou un chef qui fuit son pays en pleine guerre
est
considéré comme étant mort.
Ce qui arriva à Dagba Kroko.
rI n'est donc
pas
exclu
qu'il
revienne dans son pays,
reconstitue
son
armée
et
s'attaque au pays de Kong.
- La guerre contre Nabinan (Nanan Barima)
« rI a défait et
Mis à mort Nabinan,
Chef Mandé de Sogobo »
Nabinan
était le chef des sogovagne (hwela) et résidait à Sogobo.
Comme
les
abron,
il voulait créer un royaume à
lui.
Aux
yeux
des
fugitifs
et
maîtres
politiques
du
pays,
cette
ambition
signifie
clairement
que ce peuple refuse de les servir. Or, au moment où le roi
Kohosonon
entreprenait la reconstruction de son pays après la
débacle
de
Kong,
une telle ambition n'était autre qu'une provocation que
le
roi
ne
saurait tolérer.
rI s'attaqua donc au roi Nabinan
et
à
ses
troupes
à Sodji.
Au terme de cette guerre le roi sogovagne est défait
et mis à mort.
Les survivants créent le village de Sogovagne Sogo
sur
les
terres
de Sodji.
D'autres se réinstallent dans les
villages
de
Sogobo, Asiman, Yézimala à la recherche de l'or.

-
246 -
Aux
dires
des sages de Tabagne,
cette défaite coûta
chère
aux
habitants
de Sogovagne Sogo qui étaient regulièrement amendés par
les
Abron qui, par ce biais les dépossédèrent de tous leurs biens.
c'est
à
la suite de cette défaite que les Sogovagne
changèrent
les
textes
de leur tambour de devise et de leur cor d'appel
pour
en
adopter de nouveaux en fonction de la situation qu'ils vivent.
Le
cor
d'appel
affirme que la terre est immense et pourtant ils n'ont pas
de
place

créer
un royaume à eux. De là, ils en déduisent
dans
leur
tambour de devise qu'ils sont haïs par les Abron.
-La guerre contre Koa Amoa
«Il a défait et mis à mort
Koa Amoa le Nafana
Au teint clair»
Le
roi
Kohosonon
a défait et mis à mort Koa Amoa le chef
Nafana
au
teint
clair.Le texte ne nous dit pas le lieu d'origine de
ce
chef.Ce
qui
rend
peu
exploitable cette
information. L'informateur a plutôt
privilégié
le
nom,l'ethnie
et
le teint qui
sont
nécessaires
pour
l'identifier
à son époque mais pas de nos jours.Il existe
aussi
bien
des Nafana à Bondoukou, à Kanguélé qu'à Banda ou Foukaï.
Pour
l'identifier,nous nous sommes référés dans un premier temps à
la liste des chefs nafana de Bond6ukou.Le nom de koa Amoa n'y
figurant
pas,
nous
eûmes
recours à la biographie de Dua Kwabenan ,chef de
la
province
foumassa,intronisé
à
Kong tout comme
le
roi
Kohosonon.La
biographie
de
ce dernier ne mentionne pas son nom
mais
évoque
tout
?implement le lieu d'origine et le teint clair de ce chef tué. Une autre
piste
nous
suggère que les Abron ont défait et mis à mort le chef (/c
Banda. Il
s'agit
de
l'ensemble
orchestral
Bentô.En
attendant
de
vérifier
la liste de la dynastie de Banda,nous postulons que Koa
Amoa
pourrait bien être l'un des chefs de Banda.

- 247 -
6-KOFFI AGYEMAN PAGNINI
Clan: Y,akassé
Lieu de résidence:Tangamourou
Autel et lieu de culte: Adandia.
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi
Qui est le roi ?
Le roi, c'est moi
Quand un chien vous prend
Quelque chose,
Laissez-le l'emporter.
Agyeman Badou!
Agyeman le vrai!
Agyeman le colmateur des brèches!
Badou aux mille boucliers!
Oiseau mouche qui construit
Son nid en bordure du sentier!
Petite rivière qui cause
De grands dégats en débordant!
Agyeman Badou!
Je ne peux pas
Avoir peur des Ashanti
Et avoir peur des Koulango.
Jamais, au grand jamais !
Je le dis et le dirai toujours
Agyeman Badou!
Tu sens la poudre à canon
A force de faire usage
De ton arme.
Ta présence s'annonce toujours par
D'interminables coups de fusil.
Agyeman Badou!
Tu es un homme.
Tu l'as toujours prouvé.
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Il a défait et mis à mort
Dobè, chef de Sapia.
Tu as guerroyé.
Mais qui as-tu défait?
Il a défait et mis à mort
Tongolingo, chef de Wolobidi.
Agyeman Badou!
Reçois nos hommages.
Il y a roi et roi
Et roi qui tue rois
Quand tu tues,
tes victimes
S'en vont dans l'au-delà
Avec du sang frais à la bouche
Tu tues vite et facilement
!
Majesté, on parle de toi
Mais, sais-tu en quels termes
Parle t-on de toi ?
On parle de toi comme d'un
Intrépide chasseur d'éléphants.
Agyeman Badou!

- 248 -
Boafran kokon!
Dernier monarque de Doma!
Il fait jour,
faites parler
De vous Majesté.
Condoléances et salut!
(T.No 210).
a)
Etat-civil:
«Agyeman Badou
Agyeman le saint
Agyeman,
colmateur de brèches»
Il
est le descendant du sixième roi abron Badou Agyeman de qui
il
hérite
le
nom
Agyeman Badou.A ce nom se greffent
deux
surnoms
qui
situent clairement l'homme,les missions qu'il s'assigne.Il se considère
comme
un
colmateur
de
brèches,c'est-à-dire
un
réparateur
de
tort. Plusieurs
personnes peuvent certes porter le nom Agyeman mais lui
il est le vrai,le saint.
b) Caractère:
«Badou aux mille boucliers,
Oiseau mouche qui construit
Son nid en bordure du sentier
Petite rivière qui cause
De grands dégâts en débordant»
C'est
à
partir de ces idées que nous tenterons
de
dégager
son
caractère et sa devise.
Agyeman Badou
est certes un guerrier, c'est-à-dire celui
qui
tue
vite
et facilement et n'éprouve aucune pitié pour ses adversaires,Mais
l'exercice de cette fonction ne l'empêche pas d'être à la fois un homme
doux, respectueux
.11 est même tolérant et sait vivre en paix avec
ses
voisins.C'est
un roi discret qui ne s'exhibe pas et n'écrase
pas
non
plus
les autres.En revanche,il ne sait pas pardonner quand l'on
porte
atteinte
à
son
honneur
et à celui de son
pays.Dès
cet
instant,il
devient incontrôlable.
Dans l'un de ses excès de colère,
il prononça ce célèbre apophtègme:
«Je ne peux pas
Avoir peur des Ashanti
Et avoir peur des Koulango
Jamais,au grand jamais»

- 249 -
Ce texte nous révèle que l'ennemi juré du roi Agyeman Badou est et
demeure
son
homologue Ashanti.S'il craint et respecte les
Ashanti,il
n'en
est
pas de même des koulango.Il n'éprouve
aucune
considération
pour ces derniers.
C) OEUVRE:
Il combattit Dobè et Tongolingo respectivement
chef de
Sapia et de
Wolob1di.
- La guerre contre Dobè
«Il a défait et mis à mort
Dobè, chef de Sapia»
Les Koulango de Sapia résidaient lors de l'arrivée des Abron, près de
la rivière kanon,
située près de Sorobango. De nos jours, ils résident
à
Sapia entre Koboko et Kotio .A l'origine de ce déplacement les Abron
se
souviennent encore qu'un jour, les koulango de Kanon Nagari avaient
surpris
un jeune abron déterrant leurs ignames.Ils le tuent à coup
de
flèche.C'est pour se venger de ce meurtre que le roi Agyeman
s'attaqua
à
Dobè ,leur chef et le tua.A la suite de cette guerre,les
survivants
se déplacèrent à Nagafou.La pénurie d'eau dans cette région contraindra
le
chef
du groupe ,un chasseu~ à découvrir la rivière Sansi et
c'est
avec
la permission du chef de terre de Kotio que le groupe
s'installa
enfin au bord de cette rivière et créa le village de Sapia qui signifie
j'y suis pour toujours,je ne bougerai plus.
- La guerre contre Tongolingo
« Il a défait et mis à mort
Tongolingo, chef de Wolobidi»
A propos du choc décisif entre Abron et Koulango de Wolobidi, Terray
écrit :
«la plupart de nos devanciers et certaines sources orales le
situent sous le règne de Kofi Sono»
(98).
(98) Emmanuel Terray ,Op.Cit . P 908

- 250 ~
Pour
les tambours parleurs,
c'est Koffi
Agyeman.
Mais
l'implication
de Kofi Sono n'est pas à écarter comme nous le
verrons,
même si le gain de la défaite revient à Kofi Agyeman.
Les
Koulango de Wolobidi dirigés par leur
puissant
roi
Tongolingo
du
nom
de son tambour et Wolodabia
pour
les
traditions
orales,
avaient
infligé
trois
défaites aux
abron
et
s'opposaient
véritablement à la conquête de leur pays. Le roi Tongolingo règnait sur
dix villages. Le roi Agyaman Badou sachant la supériorité numérique des
koulango
ne
se serait pas engagé contre eux si
certaines
conditions
n'étaient
pas
remplies,c'est-à-dire l'assurance que l'issue de
cette
confrontation lui sera favorable.
Cette
assurance
lui
sera fournie par le
chef
de
la
province
akyidom,
fils
de
l'ex-roi
Kohosonon
qui
considère
que
Tongolingo était mort en sursis par sorcellerie.
* L'action de Kohosonon
Après
les trois défaites enregistrées par
les
Abron,
à
défaut
d'une
confrontation directe et fatale,
le roi Kohosonon
opta
pour la diplomatie et se lia d'amitié avec Tongolingo et commença à
le
travailler
en sorcellerie en vue de le vaincre.L'on raconte qu'il
fit
venir un marabout(99)
. Informé de sa mission, celui-ci exigea qu'on
lui
amène
la boule d'igname que devra manger son "ennemi".
L'un
des
serviteurs du roi Kohosonon réussit à l'obtenir par l'intermédiaire de
sa
fiancée,
fille de Tongolingo. Lorsque le fétiche fut prêt,
le roi
~ohosonon mourut.
(99)
Il s'agit du soudanais Timité Asiekou.
Informé de son passage
à
Guiendé
par
le chef de ce village,le roi enverra par trois
fois
des
messages
pour l'inviter à venir l'aider par ses prières à conquérir le
pays. C'est le troisième messager qui le convaint car le pieux musulman
voulait à tout prix se rendre à la Mecque.

- 251 -
* - La traîtrise
du chef akyidom
Agyeman Badou du clan Yakassé succède donc au trône r~yal
du
défunt
roi Kohosonon du clan zanzan.
Les Abron lui
soumirent
de
s'attaquer
au chef Tongolingo sans quoi la conquête du
territoire
ne
sera pas effective. Agyeman Badou refusa.
Sur l'insistance du chef des
Akyidom,
tonsidéré
comme son fils,
qui soutenait que Tongolingo
est
mort en sorcellerie, Agyeman Badou céda.
Le
chef
des
Akyidom
mit
sur
pied
une
stratégie
qui
consistait
à mettre en conflit les deux chefs et à soutenir au dernier
moment le roi des Abron.
Il
alla signifier son intention de continuer les
rapports
amicaux
qui
existaient entre leur
défunt-père
et
Tongolingo.
Puis
informa
ce dernier de l'intention du nouveau roi Agyeman Badou de
lui
déclarer la guerre lui rassurant par là même, son soutien.
Il
resta
au
roi Agyeman Badou à trouver
le
mobile
de
l'attaque.
A la mort du roi Kohosonon,
ses veuves s'étaient réfugiées
auprès du chef des Koulango,
Tongolingo
Sachant très bien que celui-
ci refuserait de lui rendre ces veuves, il les lui demanda.
Tongolingo en retour lui transmit sa réponse par l'intermédiaire d'une
ambassade
à
laquelle
il
remit une flèche et
une
daba.
La
flèche
symbolisait la guerre et la daba,la paix et le roi Agyeman Badou devait
choisir entre ces deux propositions. Ce message voulait simplement dire
que
si
le
roi insiste à réclamer les veuves,
il
lui
déclarait
la
guerre;
en s'abstenant,
il le laisserait vivre en paix. Car il est le
neveu du roi Ashanti. Lorsqu'on l'eût décodé ce message, le roi Agyeman
Badou
entra
dans une grande colère et prononça
les
phrases
restées
célèbres :
«Moi Agyeman Badou,
Je ne peux pas
Avoir peur des Ashanti
Et avoir peur des koulango
Jamais,
au grand jamais
Je le dis et le dirai toujours.»

- 252 -
Il fit ensuite couper les deux oreilles du messager.
La guerre venait
d'être déclarée. Tongolingo rassuré du soutien du chef akyidom lui
offrit de la poudre à canon et douze boeufs.
La
guerre
eut lieu effectivement.
Encerclé,
traqué de toutes
parts
Tongolingo
tenta
de fuir du côté de l'aile assurée par
la
province
akyidom qui n'eut pas de peine à l'abattre.
c'est
ainsi
que
le roi Agyeman Badou parvint à
vaincre
les
koulango
et
à
les
soumettre
au
pouvoir
central.
La
relique
de
Tongolingo,
soutiennent
les
Abron,
se trouve dans
le
kantamantou,
tambour
de devise du roi. A notre sens, il devait se trouver
dans
le
grand
tambour
Bentô,
or
celui-ci
depuis le
roi
Koffi
Fofié
est
confisqué par les Anno et est jalousement conservé à Famienkro.
Nous
retenons que Tongolingo a été défait et mis à mort par le
chef
de
la province akyidom au compte du roi Agyeman
Badou
qui
lui
confia
en
récompense
le
commandement
des
villages
koulango
de
Tongolingo.
Lorsque les Koulango se rendirent compte de la traîtrise des Akyidom,
ils refusèrent de dépendre d'eux.
En
dehors
de
ces
deux
guerres,
l'enquête
auprès
des
détenteurs
de
tambours de devise a permis de dénombrer
les
tambours
offerts
par
le roi Agyeman Badou.
Ce sont ceux de
Yaokokroko,Tehui,
Lamoly.
Il est également l'auteur du texte "kawinigon" de
l'orchestre
de cors d'appel de la cour royale (T.No 72)
- Yaokokroko
«Pour les avoir suivis»( T.No120)
C'est,
dit-on,
Agyeman
Badou
qui attribua à Yao
Djiban
un
siège,
un
palanquin,
un
sabre et un tambour de devise.C'est
à
son
intention que ce tambour laisse entendre:
"comme je les ai suivis,j'ai
été.·recompensé".
"Les" ici désigne. l'ensemble des Abron.

- 253 -
- Tehui ou Teo
« Reculez
Le héro arrive»
(T.N o 211)
Kwadio Kohosonon,
originaire de Tangamourou, avait reçu de lui
un tabouret noir, un cimeterre, un cor d'appel, un tambour de devise et
un
palanquin
qui
n'est pas refait depuis la guerre contre
Samory
à
Gonia (Gondia) où Kwame Kalo, le père du chef actuel trouva la mort. Le
texte de son cor d'appel invite les sujets au combat.
- Lamoly
«En cas de guerre,
Ne m'oubliez pas»
(T.N°212)
c'est
à
son adresse que le tambour qu'il
offrit
pour
la
première
fois
à Kwadio Tiré laisse entendre:
En cas de
guerre,
ne
m'oubliez pas.
- Tengohini
«Ce n'est pas un problème
De tout temps, nous tuons
Par la volonté de Koffi Paqnini.
Où que vous soyez,
Venez!
Salut» (T.N° 213)
Pour
exécuter
les condamnés à
mort,
il
crée
une
charge attribuée au village de Tengohini. Le texte du tambour de devise
qui le cite,
laisse entendre que l'exécution des hommes ne date pas de
nos jours.
Comme Dieu à l'origine de la création du monde, l'exécution
des hommes y était.
7-
BIHAN KOMBI KOUMAN.
Clan = Zanzan
Lieu de résidence = Nassan
Autel et lieu = Hérébo

- 254 -
Qui es-tu pour oser
prQvoquer le roi ?
Querelle de roi,
Qui est le roi ?
Le roi, c'est moi
La guerre éclate,
Nous combattons
La guerre vient,
Nous combattons.
Dieu!
Akohué si Brafou tré.
Binan Kombi!
Nous irons porter la guerre
A l'origine de la guerre.
Boa Saprapa!
Coupeur de têtes est allé loin.
Et il revient de loin.
Lève-toi et viens m'informer.
Atchumpon Tchétchékou!
Prends ta tête pour porter le tambour
Binan Kombi!
Tu es un homme,
Tu l'as toujours prouvé.
Tu as guerroyé ,
Mais qui as-tu défait ?
Il a tué une panthère.
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait
Il a tué un chef
En train de manger.
Tu as guerroyé
Mais qui as-tu défait?
Il a défait et mis à mort
Modjabi fils de Modjabi.
Tu as guerroyé
Mais qui as-tu défait?
Il a fait exécuter
Kwakou Bôtôkpri d'Assuéfry.
Ce dernier ne devait pas mourir.
Binan Kombi!
salut!
Et paix à leur âme.
Binan Kombi!
Il y a roi et roi
Et roi qui tue rois.
Quand tu tues,
tes victimes
S'en vont dans l'au-delà
Avec du sang frais à la bouche.
Tu tues vite et facilement.
Majesté, on parle de toi.
Mais sais-tu en quels termes
Parle-t-on de toi?
On parle de toi comme d'un

- 255 -
Intrépide chasseur d'éléphants.
Binan Kombi!
Boafran kokon!
Dernier monarque de Doma!
Il fait jour ,faites parler
De vous Majesté.
Condoléances et salut!
(T.N° 214)
a) Etat-civil
« Petit-fils de Boa Saprapa
Yeboa Sèsrèkou »
Binan
Kombi kouman est le petit-fils du 3ème roi Abron Binan Kombi
Pagnini.
Les
termes
pagnini (aîné)
et kouman (cadet) servent
à
les
distinguer.
b) Caractère
«Il a fait exécuter
Kwakou Bôtôkpri d'Assuéfry.
Ce dernier ne devrait pas mourir»
En
faisant
exécuter
injustement
Kwakou
Bôtôkpri
d'Assuéfry,ce
roi
se
présente
comme un roi
cruel
et
injuste
qui
n'éprouve aucune pitié pour ses adversaires.
Il n'est pas donné à tout
le monde de tuer une panthère.
Binan Kombi l'a réalisé.
Par ce geste,
il confirme qu'il est terrible et brave.
c} Idéologie
« Nous irons porter la guerre
A l'origine de la guerre»
Binan Kombi est un brave guerrier, prêt à combattre en tout temps.
En bon stratège, sa conception de la guerre diffère de celle développée
jusqu'ici,
il
innove.
Son
innovation s'inscrit
dans
une
approche
nouvelle qui veut que la guerre ne se limite pas seulement sur le champ
de
bataille.
Selon
ce monarque,
si l'on veut mettre un terme
à
la
guerre,
il
faut
se rendre nécessairement au lieu où la guerre
prend
naissance en détruisant toutes les usines qui produisent les armes, les
hommes qui conçoivent les stratégies militaires.

- 256 -
En
clair
pour
ce
roi
de
la
dynastie
de
Doma
de
la
période
précoloniale
et
comme
le
résume justement
le
professeur
Georges
Niangoran - Bouah:
"la guerre doit être totale, c'est-à-dire qu'elle doit être sociale, poli-
tique et économique."
(100) .Que recouvrent ces trois qualificatifs?
Par
sociale,
il faut considérer que,
la guerre,
ce n'est
pas
seulement
les
guerriers sur le champ de
bataille,
c'est
aussi
les
concepteurs
de
plan
de
bataille.Ce terme implique
que
toutes
les
couches sociales sont concernées.
,
Par politique, nous devons avoir en idée que ce ne sont pas les
guerriers
qui décident de la guerre mais bien les hommes politiques
(le roi et ses notables).
Par économie, il faut comprendre que, s'il n'y a point d'armes,
il n'y a point de guerre.
Pour mettre fin à la guerre,
il convient de
détruire tout ce qui concourt à la fabrication des armes et qui
assure
des revenus réels à des catégories socio-professionnelles.
Il
se dégage de l'idéologie de Binan Kombi qu'il
ne faut
plus
se
contenter
de rester sur la défensive mais de passer à
l'offensive
pour aller au lieu où la rebellion prend naissance (101).
-----------------------------------------------------------------------
(100) Georges Niangoran-Bouah
Tambour parleur ou histoire régionale
In Ivoire Dimanche N° 27,
6 juin 1976, p.4~
(101) Georges Niangoran-Bouah , Op.Cit. p. 168.

- 257 -
d) OEUVRE
Au nombre de ses actions
menées nous retenons
:
- Qu'il a tué une panthère et un chef en train de manger
- Sa victoire sur Modjabi,
fils de Modjabi et l'exécution
de
Kwakou Bôtôkpri d'Assuéfry.
- L'exécution d'un chef à table
« Il a tué un chef
En train de manger »
c'est
être
cruel que de tuer un être en train de
manger.
Le
moment de l'action a été privilégié par rapport au nom de ce chef et de
son
village,ce
qui
n'enlève rien à la valeur
de
cette
phrase
qui
caractérise
la
manière
dont
les
ancêtres
des
Abron
concevaient
l'information à donner dans cette société précoloniale.
- La mort de Modjabi fils de Modjabi.
« Il a défait et mis à mort
Modjabi fils de Modjabi»
Ce
texte
ne
nous renseigne pas sur l'origine
de
Modjabi.Mais
à
travers
d'autres biographies ,l'on sait qu'il est le fils
de
Modjabi
roi de Nassian.
- L'exécution de Kwakou Bôtôkpri
« Il a fait exécuter
Kwakou Bôtôkpri d'Assuéfry.
Ce dernier ne devrait pas mourir »
L'on
raconte
que Kwakou Bôtôkpri ramassait des pépites d'or sous
le
tronc
d'un fromager déraciné par la tornade,
lorsque Kwasi
Abo
Miri
fils de la reine Kessia Bomo d'Assuéfry, parti à la chasse, le surprit.

-
258 -
Il
revint informer le roi Binan Kombi de cette découverte.
Celui-
ci,
pour
entrer
en possession à lui tout seul
de
cet
or,
ordonna
l'exécution de cet orpailleur. Ce qui fut fait.
C'est à cet endroit que
le
village
d'Ahuitiesso
sera créé et qui signifie" endroit

l'on
cherche l'or".
C'est
cette exécution injuste que rélève le tambour car rien
ne
peut la justifier, si ce n'est l'égoïsme.
Remarque
Tous
ces
actes
de cruauté
signalés
dans
les
tambours
jumélés
trouvent un écho favorable dans les sources orales.
L'on dit
même qu'à l'annonce du décès de sa mère, il fit tuer son informateur et
tous les autres serviteurs présents.
Le
monarque Binan Kombi Kouman est le fondateur du village
de
Nassan qui veut dire trois jours.
Venu à la chasse en ce lieu,
il
entendait y rester pour trois jours.
8 - KWADIO ADINGRA KOUMAN
Clan = Yakassé
Lieu de résidence : Tangamourou
Autel et lieu de culte:Tangamourou
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi?
Querelle de roi,
Qui est le roi?
Le roi, c'est moi:
Prince Edom Sèsrèkou
Boa Adingra !
Adingra qui enterre vivant,
Sanguinaire Adingra!
Atchéhi Assi Yao mangeur de guerre!
Prince de bonne éducation!
Tes malheurs réjouissent tes ennemis.
Adingra Kwadio!
Si un ami t'offense,
Pardonne son forfait,
Dieu se chargera de lui
Comme agit Bribrijo,
Fétiche de sasrabrozam.
Adingra Biniboni!
Dors peu car dormir
Profondément rend esclave
:
Et conduit derrière Accra!

- 259 -
Descendant de la princesse
Ayawa Bribiano!
Prince Adingra!
A force de faire usage de ton arme,
Tu sens la poudre à canon.
Ta présence s'annonce toujours
Par d'interminables coups de fusil.
Prince Adingra!
Tu es un homme.
Tu l'as toujours prouvé.
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Il a défait et mis à mort
Kwadia et ses soldats.
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Il a dé~ait et mis à mort
L'honorable Duédou de Ngoranzan.
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait ?
Il a défait et mis à mort
Afrafrakon.
Prince Adingra!
Condoléances et
Paix à leur âme.
Il y a roi et rois
Et roi qui tue rois.
Quand tu tues,
tes victimes
S'en vont dans l'au-delà
Avec du sang frais à la bouche.
Tu tues vite et facilement
.
Prince Adingra!
Ta présence provoque la panique,
Elle fait fuir et fait frémir.
Majesté, on parle de toi.
Mais sais-tu en quels termes
Parle t-on de toi ?
On parle de toi comme d'un
Intrépide chasseur d'éléphants.
Prince Adingra!
Boafran kokon!
Dernier roi de Doma
Il fait jour. Tchaniangon!
Faites parler de vous
Condoléances et salut! (T.N° 215).
a)
Etat-civil
« Odom Sèsrèkou
Boa Adingra Biniboni
Descendant de la princesse
Ayawa Bribiano.
»

-
26.0 -
Le
prince Adingra Kwadio, svelte et élégant est le descendant du
deuxième roi Odom Sèsrèkou Boa Adingra Biniboni ou prince Adingra
qui
est le grand-père
de son père Kwame Apo,
fondateur de Tiédio et chef
de
la province
Angobia. Il
hérite donc du nom de son
grand-père
du
côté
paternel,
pratique
courante chez les
Abron
et
qui
permet de
remonter l'arbre
généalogique de l'individu.
Sa mère est la princesse
de
sang Ayawa
forme
contractée tambourinée de Affoua Yawa qui est la
petite-fille
de Kalia, mère du sixième roi Agyeman Badou. Ainsi
donc,
prince
Adingra est membre
du clan Yakassé de par
sa double origine
maternelle et paternelle. c'est cette double origine qui le fait être
un tribun distingué et bien élévé.
b) Caractère
« Adingra qui enterre vivant
Sanguinaire Adingra »
Ce
passage évoque l'enterrement par le roi Adingra
Kwadio
de
son
neveu,
un débile mental qui l'empêchait de dormir.
Il l'enterra
vivant et c'est à la suite qu'il informa le peuple que son neveu
était
mort
et
qu'il
l'aurait enterré.
La dévolution des biens
de
toutes
sortes se fait dans le lignage maternel,
c'est-à-dire d'oncle à neveu
en pays abron. Ainsi donc un neveu quel qu'il soit,
représente beaucoup
pour
la famille et le neveu du roi est lui même roi en tant qu'il peut
jouir de tous les privilèges sans qu'il ne soit inquiété.
Qu'il arrive
que
ce neveu soit enterré à l'insu du peuple est
chose
inadmissible.
C'est un événement
Le
peuple
n'a
pas suivi son roi dans son mensonge
d'où
son
surnom "Adingra qui enterre vivant".
En
dépit
donc
de ses origines nobles d'où il tire
sa
bonne
éducation,
le roi Adingra se présente à la fois comme un homme
viril,
violent,
cruel et sanguinaire. A la limite,le mot n'est pas fort,c'est
un
roi
lâche
car il conseille de ne se débarrasser
de
ses
ennemis
qu'adroitement.

-
261 -
Les
traditions
écrites qui le peignent sont contradictoires.
Pour Terray, "les chroniqueurs abron et dyula le décrivent à l'intérieur
un souverain
autoritaire
et cruel"
(102). Quant
à
l'Amiral
anglais
Sir
George Collier
qui
séjourne sur la côte de l'or à l'époque de la
mort d'Adingra, parle de lui comme" d'un monarque extrêmement équitable
et
doux,
dont les dispositions et les manières étaient
inoffensives"
(103).
Les
propos
des chroniqueurs abron
et
dyula
rejoignent ceux des
tambours parleuFs.
Il
était
craint
de
son peuple qui
le
haïssait
et
se réjouissait à la fois de ses malheurs. L'on raconte que tous les
chefs
traditionnels
ne s'étaient ralliés dans la guerre contre le roi
Ashanti Osei Bonsu
en 1817
qu'après
avoir présenté leurs
griefs
au
cours d'une assemblée tenue pas très loin de Wolotchéi. Au sortir de ce
conseil, il
était
convaincu
qu'il ne reviendrait pas vivant dans son
royaume.
Il
célébra
ses
funérailles
à
lui
en
buvant
à satiété à
Bondoukou.
c) Idéologie
« Si un ami t'offense
Pardonne son forfait
Dieu se changera de lui
comme agit Bribridjo
Fétiche de Sasrabrozam »
Le
prince Adingra,
très habile,ne se vengeait pas directement de
ses ennemis.
Il confiait la tâche à Bribridjo, fétiche de sasrabrozam.
Ces ennemis, par expérience répétée, une fois sortis de sa cour étaient
retrouvés
morts.
Il
commanditait, dit-on
des
bourreaux
qui
se
chargeaient
de
les
éliminer
par
tous
les
moyens
pendaison,
enpoisonnement)
de sorte que sa responsabilité n'est
pas
directement
engagée. Par cette pensée qui le révèle cruel et
empoisonneur,il con-
seille de ne se défaire des ennemis qu'avec beaucoup d'adresse.
(102) Emmanuel TERRAY, Op . cit . P 1124
(103) Id.

- 262 -
d) OEUVRE
:
Au
compte du roi Adingra Kwadio,
cruel
et
sanguinaire,
on
dénombre quatre faits importants rélevés dans sa biographie. Ce sont la
guerre contre Kwadia,
chef des Bona, celle contre l'honorable Duedu de
Ngoranzan, l'exécution d'Abiam, dignitaire Adansi et d'Afrafrakon.
- La guerre contre Kwadia
« Il a défait et mis à mort
Kwadia et ses soldats »
Aux
dires
des chroniqueurs abron,
écrit Tauxier,
les
premères
'années
du règne de Kwadio Adingra,
sont marquées par
une
expédition
victorieuse contre Ngoranzan qui figure en troisième position parmi les
évènements mentionnés dans sa biographie.La guerre contre Kwadia et ses
soldats
est quant à nous la prémière guerre menée par ce roi.
Mais ce
texte ne localise pas le lieu d'origine de ce chef.
Kwadia,
selon les
sources du professeur Georges Niangoran-Bouah, est le roi des Bona(104).
Ces Bona se seraient
établis en Côte d'Ivoire dans la première moitié
du 18ème siècle dans la région d'Agnibilekro et forment quatre
chefferie:
indépendantes.
Ce
sont
les
Abradie
de
Ndakro,les
Assuadiè
de
Tienkoikro, les Amanvouna d'Ameakro et les Dengaso de Dokanou.
Cette
guerre avait permis au roi Adingra d'étendre son
pouvoir
et sa domination sur ces différentes chefferies.
- L'exécution d'Abiam
« Il a défait et mis à mort
Abiam, dignitaire dlAdansi »
Faisant partie du monde akan,le pays Adansi serait le lieu dans
la
mythologie akan, où Dieu créa toutes choses. Ce mythe est repris
dans les textes tambourinés des Adansi au cours des fêtes.
Ce texte est
Noble ruler, you hail from Adanse
Where the creator created things » (105)
---------------------------------------------------------------------
(104) Georges Niangoran-Bouah, Loc. cit.,p.39.
(105) Kwame Y DAAKU,History in the oral traditions of
the
Akan
In
Folklore
and Traditional history édité par Dorson (R.M-)-,-paris, The
Hague, Mouton,
1973, P 45.

-
263 -
c'est dans le pays adansi que les Etats akan auraient puisé leur
institutions de gouvernement et les éléments de leur culture. Les Abron
tout comme les autres Etats akan sont tributaires de ce pays.
C'est en
voulant
mettre fin à cette dépendance qu'ils attaquèrent une
première
fois
sans
succès
ce pays.
Ils doivent leur
défaite
à
un
mauvais
esclave. Le texte faisant référence à cette défaite est mentionnée dans
l'aborna de la cour royale.
« Nous n'avons pas réussi
A vaincre les Adansi
A cause de la traîtrise
D'un esclave»
(T.N°75)
Dès
lors
que les Abron n'avaient pas réussi à
les
vaincre,
ils
doivent payer un lourd tribut et c'est en venant réclamer ce tribut que
le cruel et Sanguinaire roi Adingra fit exécuter Abiam, messager du roi
des Adansi.
- La guerre contre l'honorable Duedou
« Il a défait et mis à mort
L'honorable Duedou de Nkoranza »
Duedou
pour
le tambour et Duodu pour la tradition orale
est
le
chef
des Koulango de Nkoranza que le roi Adingra, pour relever le défi
lancé
par
le
chef, attaqua. Selon des sources
concordantes, le
roi
Adingra
avait
envoyé son porte-parole au roi de Nkoranza
sans
doute
pour récupérer un tribut,signe que le chef de Nkoranza est dépendant de
lui . Celui-ci en retour fit savoir au messager que la puissance du roi
des Abron n'est pas comparable à la sienne. Ces propos rapportés au roi
Adingra sont à l'origine de l'attaque du Nkoranza et la défaite de leur
chef Duedou.
Mais
selon la liste dynastique en possession de
Terray,
nous
dit-il,
le
nom
Duedu n'y figure pas (106).
(106) Emmanuel Terray, Qp.Cit. p.
1126

- 264 -
Mais en revanche le
nom "EFA"
fournit par Esin Kwame,
chef militaire
de Songori, qui serait l'adversaire
des Abron figure sur cette liste.
Un
autre problème se pose ici.
La liste
comporte
deux chefs qui ont
pour nom EFA.
Il s'agit de Guakuro EFA Panyin et Guakuro EFFA Kuman. En
admettant que EFA
fut l'adversaire
des
Abron,
il
est
difficile de
désigner celui qui a
été défait par le roi Adingra. Nous
reconnaissons
simplement que la défaite
de
ce
chef
a permis au royaume abron et de
contrôler
cette
partie occidentale du Ghana actuel.
- L'exécution d'AFRAFRAKON
« Il a tué Afrafrakon »
Le
texte
ne
nous renseigne pas sur
l'identité
et
le
village
d'origine
d'Afrafrakon.
Que le tambour évoque son
exécution
montre
qu'il fut un adversaire de taille.
c'est ce qu'il convient
de
retenir
pour certains noms sur lesquels le tambour
reste
muet.
Sans
doute
nous
pouvons
un jour les identifier
à partir des
listes
des
chefs qui se sont succédés dans les villages.
Il
Y a donc une nécessité à encourager
les
monographies
sur
l'histoire des villages par les autochtones que détiendraient
les
chefs de village comme c'est souvent le cas au Ghana.
e) La guerre du Tain et la soumission du Gyaman.
Osei salut !
Majesté, salut
oséi Kwadio!
Roi de Kumasi.
Adu Ampofrô Antchui!
Oséi Kwadio!
Tu es homme.
Tu es brave.
Tu as toujours été un homme
Brave qui se bat
Avec un fusil dans une main
Et sabre dans l'autre.
oséi Kwadio!
Quand on parle de toi,
On ne se trompe pas.
Terre , condoléances !

- 265 -
Oséi Bonsu se bat
pour tuer rois
Tu es homme.
Tu es brave.
Tu lias toujours prouvé.
Brave qui se bat
Avec fusil dans une main
Et sabre dans l'autre.
si ça ne tient qu'à lui,
Il n'y aurait jamais de guerre
Mais de simples exercices.
Oséi Bonsu qui se bat
Pour capturer rois.
Tu as défait et mis à mort
Adingra Kwadio Kossompré.
Tu as défait et mis à mort
Akwassi Gnringnrin.
Tu as défait et mis à mort
Assassi Akosson.
Bonsu qui se bat
Pour capturer des rois
Et qui ôte la vie
A toute personne qui le contrarie.
Bonsu qui se bat
Pour capturer des rois,
A force de tuer,
.' ~---'>-_._--
L'homme devient misérable.
---~---
Bonsu combat
Pour capturer des rois,
Tu as défait et mis à mort
Adingra Kwadio Kosompre.
Tu as défait et mis à mort
Asasi Akoson.
Bonsu combat
Pour capturer des rois
Pour lui l'homme
N'a aucune valeur.
Tu as défait et mis à mort
Akwasi Gnringnrin.
Tu as défait et mis à mort
Assassi Akosson.
Bonsu combat
Pour attraper rois,
Brave qui sent
La poudre à canon
Oséi Bonsu se bat
Pour tuer rois.
Tu es un homme et
Tu as toujours été brave;
Brave qui se bat
Avec fusil dans une main
Et sabre dans l'autre.
Bonsu se bat pour
Avoir des prisonniers royaux.
Bonsu roi de Kumasi
Adou Ampôfro Antchui!
Ce qu'on dit de toi
Ne peut pas être faux
Ce qu'on dit de toi
Ne peut pas être faux,
Majesté!
(T.N o i16)

- '166
La
biographie
du roi Ashanti Osei Bonsu signale que,c'est
lui
qui tua le monarque sanguinaire Adingra Kwadio Kosompré, roi des Abron.
La
bataille
au cours de laquelle il trouva la mort,avait eu
lieu
au
bord
de
la rivière Taïn,
qu'il franchit malgré
les
recommandations
fermes de la divinité de guerre Tano.
Le
roi
Ashanti
est l'ordonnateur des guerres
et
le
premier
bénéficiaire
en cas de victoire comme cela se passe en pays abron.Mais
en
fait
ce
n'est pas lui qui aurait tué le roi abron
si
nous
nous
référons à la biographie du chef
de Kokofu, Osei Assibé.
« Osei Asibé!
Osei le dernier!
Le roi fut informé
que tu as défait
Et tué Adingra;
Et le roi avait approuvé
Ta décision de ramener
Adingra mort ou vif.
Tu as défait et tué
Akwasi Gneringnerin.
Tu les a tués à l'occident.»
(T.No217)
Ce
texte
plus
précis
indique
que
Adingra
fut
tué
à
l'occident
c'est-à-dire
au lieu où le soleil se couche.
En effet
le
royaume
abron
est
la
limite de la
partie
occidentale
du
royaume
ashanti.
L'on
raconte que le roi Abron Adingra,
sentant
la
défaite
venir
avant
de
se
donner la mort,
aurait demandé
à
son
fils
de
l'enfouir
sous
les
cadavres dans le but d'éviter que sa
relique
ne
devienne la propriété du roi ashanti.
Malheureusement,
c'était
peine
perdue. Le roi portait des pépites d'or dans les cheveux, ce qui permit
à Osei Assibé, chef de Kokofu de l'identi~ier et de le décapiter.

267 -
9 - KOFFI FOFIE
Clan : Zanzan
Lieu de résidence : Hérébo
Autel et lieu de culte : Hérébo
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi
Qui est le roi
?
Le
roi,
c'est moi.
Taki !
Eléphant qui brise la hache.
Guerre,
condoléances.
Koadja Koko!
Koffi
Qui avale l'éléphant!
Il y aura la guerre.
La guerre sur l'heure.
Fine lame de guerre!
Sacrifies-toi pour sauver le monde.
Forêt qui ensevelit l'éléphant!
prince Koffi!
Eléphant qui brise la hache!
Celui qui tend un piège
En travers de ta route
Prend malheur.
Atoprèkon mangeur de guerre!
Koffi
Qui avale l'éléphant!
A force de faire usage de ton arme,
Tu sens la poudre à canon.
Ta présence s'annonce toujours
Par d'interminables coups de fusil.
Koffi qui avale l'éléphant!
Tu es un homme.
Tu l'as toujours prouvé.
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Tu as défait
Et mis à mort Modjabi,
Le dernier roi de Nassian.
Atakoura mangeur de guerre
Condoléances et
Paix à son âme.
Il y a roi et roi

Et roi qui tue rois.
Quand tu tues, tes victimes
S'en vont dans l'au-delà avec
Du sang frais à la bouche.
Tu tues vite et facilement.
Koffi qui avale l'éléphant!
Ta présence provoque
La panique. Elle fait fuir
Et frémir.
Majesté, on parle de toi
Mais sais-tu en quels termes
Parle-t-on de toi ? On parle de toi
Comme d'un intrépide chasseur d'éléphants.
Koffi qui avale l'éléphant!
Dernier monarque de Doma!
Boafran Kokon!
Il fait jour
Faites parler de vous
Condoléances et salut (T.N° 218).
a) Etat-civil
«Arnbim Taki Si
Eléphant qui brise la hache
Kwadja Kôkô
Atôprèkon mangeur de guerre
Atakoura mangeur de guerre
Pripce Koffié»

un· vendredi
au jour dit fofié,il
se
nomme
donc
Koffié,
forme contractée de Koffi Fofié.Il emprunte les surnoms du roi
Kohosonon Ambim,ce qui nous permet d'affirmer qu'il est issu de la même
famille que ce dernier.En effet, selon les sources orales,le roi Koffié
serait
le
petit-fils du Sème roi Kohosonon Ambim .Sa mère
serait
la
fille du roi Kohosonon et son père Ahenkora,
chef de Drobo.
Le
trône
royal s'hérite d'oncle à neveu et à ce titre Koffié n'est pas un ayant-
droit.
Or,
à la mort de l'ex-roi Kwadio Adingra Kouman,
i l n'y avait
plus d'héritier légitime.
Pour trouver une solution à ce vide juridique, le roi
Ashanti
Osei
Bonsu,qui soutient que les nobles ne
finissent
jamais,
conclut que si un roi épouse une femme,
les enfants de celle-ci peuvent
hériter
le
trône.C'est
à ce titre que Koffié devint
roi
des
Abron
intronisé par celui des Ashanti.

- 269 -
b) Idéologie
« Celui qui tend un piège
En travers de la route
Prend malheur »
L'expression
"tendre un piège en travers de la route" signifie
contrarier,
s'opposer
à.
Il
s'agit des potentiels
ennemis
du
roi
Koffié.
Le
royaume abron vient de connaître un mauvais sort avec la défaite du
roi Adingra. Le nouveau roi se doit de relever le défi et de rétablir
la souveraineté du pays.
Par ce texte,
le monarque Koffi Fofié met en
garde tous ceux qui entraveraient ses efforts de reconstruction.
c - Les guerres de Koffié
- La défaite du roi de Nassian (107)
« Il a défait et mis à mort
Modjabi, dernier roi
De Nassian »
La présence du prince Koffié attire la guerre, c'est donc dire
que
c'est un
roi passionné de guerre, capable de
se
sacrifier
pour
sauver son pays.
C'est ce qu'il fit en s'attaquant au roi de
Nassian.
Nassian est situé
sur l'axe Bondoukou-Kong.
Après son intronisation,
1-
le roi Koffié s'était rendu à Kong pour sa fortification.
Sur le chemin
de
retour,
les koulango de Nassian se rebellèrent en affirmant qu'ils
ne serviront plus les Abron battus par les Ashanti.
c'était le premier
affront subi par le nouveau roi et c'est fou de rage qu'il répliqua par
ces
propos
"Je
vais aller me faire tuer par le
chef
de
Nassian
puisqu'il
estime que je suis
la femme du roi Ashanti." La guerre
eut
lieu
et se termina par la défaite de Modjabi (108) et la
confiscation
de ses biens royaux.
(107) Nassian, terme koulango, signifie les rides du pied.
(108) Pour Koffi Kereme,
il se nomme Digo et pour les Dyula du Barabo,
Doobe.
C'est ce nom que retient Terray puisqu'il figure selon lui
sur
la liste dynastique de Nassian communiquée par Jean Louis Boutillier.

-
270 -
- La
défaite de Koffié contre l'Anno et la perte des instruments du
pouvoir
Les
sources
orales
sont formelles sur la
fin
du
roi
Koffié.C'est Diane Watara, roi des Anno, qui avait défait et mis à mort
le roi Koffié dans les circonstances suivantes :
Après avoir vaincu le roi de Nassian et fier de cette
victoire,
Kwasi
Datè,
chef de la province Angobia,proposa au roi Koffié d'attaquer les
Anno
pour
ne pas avoir à rembourser le prêt contracté avec ce
peuple
pour
payer
le tribut au roi Ashanti à la mort du roi
Adingra
Kwadio
Kouman.Sa
Majesté Koffié refusa au nom du traité de paix
signé
entre
les
deux royaumes,jugeant cet acte injuste.
Sur l'insistance de Kwasi
Datè
mésestimant que le fétiche du serment était trop vieux pour
être
efficace, le roi cède et attaque les Anno.
Le
cri d'un oiseau alerta les Anno et les guerriers abron surpris
par
la riposte se noyèrent dans le fleuve Comoé.
Le
prince Koffié trouva la mort tandis que Kwasi Datè en fut
épargné.
Tous
les attributs royaux abron et ceux de Nassian sont de
nos
jours
confisqués
à
Famienkro
malgré toutes
les
tentatives
diplomatiques
initiées par ses successeurs pour les récupérer.
10- KWASI YEBOA
Clan = Zanzan
Lieu de résidence = Tabagne
Autel et lieu de culte = Tabagne
Comme
le
roi Koffié,le 10ème roi Abron est du clan
zanzan.
Son
élection a créé une rupture dans le système de l'alternance au
pouvoir
entre les deux clans : zanzan et yakassé.

- 271 -
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi;
Qui est le roi ?
Le roi,
c'est moi
Tuer sans se précipiter.
Le supplicié marche!
Le bourreau marche!
Le prince guerrier marche!
A la rencontre de mâchoires fraîches.
Adou Brekou!
Nous arrivons même tard la nuit.
Nous venons te s~rvir et
Venons par tous les moyens.
Bribri Yeboa!
Angaman Boakro!
Yeboa sèsrèkou!
Se bat, contrôle
Et dirige les combats.
Quand on lui parle
De la guerre, il rit.
Avec intelligence,
Tu affrontes la guerre.
Bribri Yeboa !
Tu sens la poudre à canon
A force de faire usage
De ton arme.
Ta présence s'annonce toujours
Par d'interminables
Coups de fusil.
Bribri Yeboa !
Tu es un homme.
Tu l'as toujours prouvé.
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait ?
Il a défait et mis à mort
Le très-puissant Atchumpon
Kwasi Boatchi,
Roi de Bouna.
Comment l'avait-il pris?
Simplement comme
L'on ramasse des poussins
Gure gure gure !
Atchumpon Kwasi Boatchi!
condoléances et paix à ton âme.
Yeboa sèsrèkou!
Majesté, la guerre a peur de toi
Il y a roi et roi
-
Et roi qui tue rois.
Quand tu tues, la victime
S'en va dans l'au-delà
Avec du sang frais à la bouche.
Tu tues vite et facilement

272·-
Yeboa!
Bâtisseur de greniers vides.
Ta p~ésence provoque la panique.
Elle fait fuir et frémir.
Majesté, on parle de toi
Mais sais-tu en quels termes
Parle-t-on de toi ?
On parle de toi comme d'un
Intrépide chasseur d'éléphants.
Yeboa Sèsrèkou!
Fils d' Androu Kwasi Konogoli!
Boafran kokon!
Dernier monarque de Doma!
Il fait jour, faites parler de vous.
Condoléances et salut (T.No 219).
a) Etat-civil
1) Nom tambouriné
«Yeboa Sèsrèkou!
Fils d'Androu Kwasi,
Kondogoli!
»
Yeboa Sèsrèkou, dixième roi des Abron, est le fils d'Androu
Kwasi
Androu.
Le tambour le compare à l'oiseau sèsrèkou en abron ou dewo
en
koulango
qui lorsque son poursuivant veut s'en saisir, fait de
petits
trots et l'entraîne très loin.
Par cette comparaison,
l'on
considère
que Yeboa fut un roi patient, déterminé.
Pour les sources orales recueillies à Guiendé, la mère
de Yeboa Sèsrèkou est Assuama, nièce du Sème roi Kohosonon qui,à sa
mort fut enterrée à Dakoua,
et son père, Kwamé Séminan, chef militaire
détenteur du siège de Guiendé.
Il
se
fait également appeler Adou
Brekou,
Bribri
Yeboa,
Angaman Bouakro, Kondogoli.
Son
premier surnom Adou Brekou qui sera le nom tambouriné
de
son
fils
Adou
Yao
mort sans avoir hérité le siège
des
princes
de
Tabagne lui vient de l'origine de l'une de ses épouses préférées.

- 273 -
Elle
s'appelait
Yawa
Fri et est originaire de Bouko
dans
la
sous-
préfecture de Tanda.
Son second surnom Bribri Yeboa s'entend pour dire
qu'il effraie et fait frissonner à la vue.
c'est aussi un
destructeur
de
village (Angaman Boakro).
Il aimait beaucoup boire d'où son surnom
Kondogoli,chenille qui ne quitte jamais le vin de palme.
Aussi son nom
reste attaché à la demande à.boire au roi formulée par tout serviteur:
« Angaman Boakro,
Yeboa Sèsrèkou,
Je bois un peu
De vin de palme
Ainsi que du jus de raphia.
» (T.N°220)
2) Situation matrimoniale.
« Fils de Yeboa Sèsrèkou ou
Petit-fils de Yeboa Sèsrèkou »
Sont
les
termes
par lesquels l'on désigne les
enfants
et
les
petits-enfants
du roi Kwasi Yeboa qui hériteront le siège des
princes
créé par lui. Ce sont:
1) KWADIO TAWA
Kwadio!
Fromager
Au milieu des marécages!
Une panthère n'est jamais vieille.
Fromager
Au milieu des marécages!
Fils de Kwasi Yeboa!
Tu as toujours été un homme.
Condoléances et salut.
(T.N°221)
Son nom tambouriné veut dire fromager au milieu des
marécages.
Ce
nom
signifie qu'il est hors d'attente de tout
danger.
Sa
devise
tambourinée éclaire la signification donnée à ce nom.
Sa mère,
épouse
de seconde main, originaire de Pinda, s'était remariée à Yeboa Sèsrèkou
à
la
demande de son père Adou Kwadio.
Le prénom Tawa est emprunté
à
celui
du premier époux de sa mère du nom de Kwakou Tawa,
chef
de
la
province du pinango.
On lui doit la création du siège de lieutenant de
guerre de Pinda (T.N°146).

- 274 -
Au
cours de ses funérailles,
affirme la veille Aman Biré,
il était
interdit
de
le
pleurer en
langue
koulango.
Les
discours
imposés
étaient:
1) «l'eau de la vase a enseveli Kwadio
Tué par la divinité Tano»
(109)
2) « Kondogoli part en abandonnant
La gourde de vin de palme»
(110)
Le
second texte des pleureuses confirme que Yeboa sèsrèkou
surnommé
Kondogoli aimait beaucoup boire.
2) KOFFI ADINGRA
Sasrabrozam suman Bribridjo!
Prince Adingra!
Fils de Kwasi Yeboa!
Tu as toujours été un homme.
Condoléances et salut (T.No222).
Il avait pour mère Atawa originaire de Wawé près de Kouassi-N'dawa.
Le
détenteur
du
siège
des princes n'est pas le chef du
village
de
Tabagne,
car
n'eût été la fin des guerres de conquête,
il serait
un
chef
à la tête d'une province.
Il demeure néanmoins le conseiller
du
roi
issu
du
clan zanzan et au décès de celui-ci,il
lui
revient
de
récupérer
les sièges royaux en attendant l'intronisation d'un
nouveau
roi.
(109) le texte en abron e s t : ateke n'süo minan sunon
Nanan Tano kum jahinin.
(110) le texte en abron
Yeboa Assuaman
Kondogoli wa bru n'zan
jaï hinan Nanan.

- 275 -
N'étant pas le chef du village,
Adingra est libre de résider dans
le
village
de
son
choix.
C'est ce qu'il fit en
allant
s'installer
à
Kouassi-Ndawa où il meurt.
Il partageait la même
idéologie que le huitième roi abron Adingra
Kwadio
Kouman
qui
conseille
de se débarrasser
adroitement
de
ses
ennemis
par tous les moyens.
C'est ce qu'il fit en allant
à
Laoudi
solliciter
que la divinité "ebuo" tue son frère aîné Kwadio
Tawa.
Il
promit un boeuf à cette-divinité si son voeu était exaucé.
A ta mort
du
prince aîné,
il tint effectivement parole.
C'est au cours de
son
règne
que
son
frère
Yao
Kohosonon
mourut
après
l'épreuve
de
l'ordalie.C'est cet événement malheureux qu'évoque son cor d'appel.
L'on
raconte
qu'au décès de sa mère,
il n'a pu
obtenir
un
mouton
pour célébrer ses funérailles.
Profondément touché
par
cette
situation,
il
meurt
bien avant l'enterrement de sa mère.Douze
jours
plus tard, il est lui- même inhumé à Zanzan.
3 - KWASI SEKYERE.
Prince Kwasi Boatchi!
Fils de Kwasi Yeboa!
Petit-fils de chef adonten!
(111)
Gros piment!
Tu as toujours été un homme.
Condoléances et salut.(T.N°223)
Il est le petit-fils d'un chef de l'avant-garde de l'armée abron
et
fils du roi Yeboa Sèsrèkou. Sa mère,
à en croire notre grand-mère
AIDa
Biré,
est originaire de Drobo. Or nous savons que le chef de Drobo est
l'un des chefs militaires de l'armée abron.
Le grand-père maternel de Kwasi Sekyèrè serait donc un militaire.
(111) Adonten, terme abron, signifie force du centre de l'armée.

- 276 -
Sachant qU'un jour i l hériterait le siège des princes, et convaincu
du
poids de l'argent dans la gestion du pouvoir politique,
il s l était
enrichi
au
point
qu'il voulut que l'on puisse se
promener
avec
la
balance
à
peser l'or,
d'où son surnom Baridja qui veut
dire
porter
(bari),
la balance à peser l'or (gya).
Le capitaine Binger qui rendit visite au roi Agyeman
d'Arnanvi
écrivait.
"
Cocobo,
l'ancien intendant,
a un frère qui jouit
aussi
d'une assez grande influence dans le pays,
mais qui reste en dehors de
toutes~ ces chicanes; il se nomme couassy Sékré et habite Tabaye (112).
rI est co-signataire du traité de paix avec Treich-Laplène signé le 23-
11-1888 à Arnanvi.
4- KWAME AGYEMAN
Prince Kwame!
Fils de Kwasi Yeboa!
La poule picore.
Le matin,
La poule picore.
Le soir,
La poule picore.
Kwadio le fortuné!
pourquoi venir me provoquer ?
La barbe touffue
N'a pas d'importance.
Le cil est plus âgé que la barbe.
Agyeman Badou!
Tu as toujours été un homme.
Condoléances et salut (T.N 0 224).
La
biographie
tambourinée
du prince Kwame,
fils
du
roi
Yeboa
sèsrèkou
nous
restitue le conflit·de succession au siège des
princes
entre
lui
et
son
frère
cadet
Kwasi
Kohosonon.
Celui-ci,très
fortuné,voulait
qu'on
l'élise
à la place de son fère qui
occupa
le
siège.
------------------~-----------------------------------
----------------
(112)
capitaine BINGER, du Niger au golfe de Guinée par le pays
de
Kong et le Mossi, Paris--, Hachette, 1892 -,-p.
179. - - - - - ----

- 277 -
Pour
répondre
à
l'injure
qui lui est faite par
son
frère
cadet,
Agyeman
Badou
fait comprendre dans sa biographie,
qu'il
est
certes
pauvre,
mais comme la poule,
il ne compte sur personne pour
résoudre
ses
problèmes de subsistance.
Il est pauvre mais demeure tout de même
l'aîné, et le droit d'aînesse ne s'achète pas.
5 -
KWASI KOHOSONON
KOTOKRO
Prince Kwasi Kôtôkrô!
Fils de Kwasi Yeboa!
Tu as toujours été un homme.
Condoléances et salut.
(T.N°225)
De son nom tambouriné"Atchimpon Kwasi Kotokro" parvenu au siège des
princes
après
Kwame Agyeman qu'il voulut évincer,
a
une
biographie
sommaire.
Nous retenons
que sa mère est originaire
d'Atuna,
village
qui fournit les porte-canne du roi.
6 - KWAKOU GNANMIN
Kwakou!
Dernier fils de roi!
Tu as toujours été un homme.
Condoléances et salut.
(T.N°226)
Il
est le dernier fils du roi Yeboa Sèsrèkou à règner sur le
siège
des princes de Tabagne.
Sa mère,
dit-on,
Kra Affoua fille d'esclave, avait été exécutée au
décès du roi Yeboa pour l'accompagner dans l'au-delà.
7 - KWABENAN KOHOSONON
Kwabenan Kinté d'Adamsu!
Fils de Kwadio Tawa!
Petit-fils de Kwasi Yeboa!
Tu as toujours été un homme.
Condoléances et salut.
(T.N°227)

- 278 -
Sa mère est originaire d'Adamsu, village du royaume·abron situé
dans sa
partie ghanéenne.
L'on
raconte
que,
c'est
au cours de son règne
que
la
population
du quartier de Sabari avait quitté Kandena à la suite
d'un
conflit pour s'installer à Tabagne.
8 - YAO KOHOSONON
Eléphant qui brise la hache!
Fils du prince Adingra!
Petit-fils de Kwasi Yeboa!
Tu as toujours été un homme.
Condoléances et salut.
(T.N°228)
Son père Koffi Adingra est le deuxième fils du roi Yeboa.
9 - KWAKOU NKETIA
Kwakou!
Fils de Kwasi Yeboa!
Tu as toujours été un homme.
Condoléances et salut (T.N°229)
Il a pour père Kwasi Sekyere Baridja le fortuné.
10 - KOFFI ADINGRA
Koffi!
Prince Koffi!
Fils de Kwame Agyeman!
Le soir,
L'orphelin se souvient de sa mère.
Tu as toujours été un homme.
Condoléances et salut.
(T.N°230)
Sa
mère est originaire de Gbokoré. Orphelin de
mère,
il dégage
dans
sa biographie l'importance de la mère dans la société en
mettant
en exergue la situation des orphelins de mère.

- 279 -
Il - KWADIO YEBOA
Kwadio!
Une panthère n'est jamais vieille.
Fils de Kwasi Kohosonon!
Petit-fils de Kwasi Yeboa!
Tu as toujours été un homme.
Condoléances et salut.
(T.N°231)
Son
père n'est autre que le cinquième prince de Tabagne
du
nom de Kwasi Kohosonon qui voulut évincer Kwamé Agyeman l'héritier
direct du trône.
12 - KWAME NKETIA
Kwame!
Fils d'Adou Yao!
Petit-fils de Kwasi Yeboa!
Tu as toujours été un homme.
Condoléances et salut.
(T.N°232)
Son
père Adou Yao dont le nom tambouriné est Adou Brekou
nia
pas
règné
sur
le
siège
des
princes.
Sa
mère
vient
du
village
d'Amoitinin.
13 - ATTA KWADIO
Kwadio!
Une panthère n'est jamais vieille.
Atakoura mangeur de guerre!
Fils de Kwakou Gnanmin!
Dernier prince!
Petit-fils de Yeboa Pipripi!
Tu as toujours été un homme.
Condoléances et salut.
(T.N°233)
C'est
le fils du dernier prince Kwakou Gnanmin.Sa mère Akoua
Kra
vient
de
Karako.II
était
trop âgé lorsqu'il
accéda
au
siège.S'il
refusait de le prendre,
sa famille en serait exclue pour toujours.
Il
eût un règne très court.

- 280 ,..
1-
14 - KOFFI TAWA
Koffi le saint!
Koffi le grand!
Fils de kwabenan
Kohosonon Kintè d'Adamsu!
Petit-fils de Kwasi Yeboa!
Tu as toujours été un homme.
Condoléances et salut.
(T.No234)
Le
détenteur
actuel du siège est le fils de
Kwabenan
Kohosonon
d'Adamsu et de Aman Sahi.
Remarque :
Les femmes du roi Yeboa ne sont pas issues du même village
Pinda ( mère de Kwadio Tawa), Wawè (mère de Koffi Adingra), Drobo (mère
de
Kwasi
Sekyèrè),
Atuna ( mère de Kwasi Kohosonon
Kotokro),
Bouko
(mère d'Adou Yao)
Cette
diversité des origines des épouses s'explique
par
le
fait que le roi est libre de choisir ses épouses où il veut,
d'épouser
au besoin des filles jumelles sans enfreindre la loi.
b) Caractère
« Awassou
Est un peuple oublieux»
(T.No186)
Awassou est le nom par lequel on désigne le matrilignage royal.
Awassou
Kôtôkô est l'appelation de l'armée de la cour
royale.
Ce
texte
affirme que celle-ci n'est pas reconnaissante et ne tarde pas
à
oublier les services qu'on lui rend.
C'est
par
cette devise de Kwabenan Badou Akroman d'Assuéfry
et
par
l'emploi de la théorie de la loi du silence que nous
illustrerons
le caractère du roi Yeboa Sèsrèkou.
La première devise du village d'Assuéfry était
1
« Je suis détesté
1
Je suis indésirable»
(T.N°178)
C'est ce texte qui sera remplacé par le second texte précité après la
guerre
de Bouna au règne du roi Yeboa Sèsrèkou dans les
circonstances
suivantes :.

-
281 -
L'armée abron sans succès avait déjà affrontée à cinq
reprises
l'armée
de
Bouna.
Le
lieutenant
de guerre
Kwabenan
Badou
Akroma
sollicita
alors
le
concours
spirituel
de
son
marabout
qui
lui
recommanda
d'entrer
en
possession de la boule d'igname
que
devrait
manger le roi de Bouna.
Kwabenan Badou informa le roi Yeboa Sèsrèkou et
partit
à la recherche de cette boule.
Il se déguisa en un
autochtone
koulango
et
s'introduisit à la cour du roi
de
Bouna.
Après
s'être
emparé
de
la boule d'igname de ce roi,
il revint la remettre
à
son
marabout.
Une semaine plus tard celui-ci lui suggéra que l'armée abron
devra attaquer le roi de Bouna avant la fête de l'Adaé. Ce qu'elle fit.
Kwabenan
Badou
n'eût pas de peine à décapiter le roi de Bouna
appelé
Kwasi Grandjiago(113) et trois jours après son retour au pays,
il alla
remettre le maxillaire au roi Kwasi Yeboa. A peine arrivé à la cour
royale qu'il fut pris à partie par le roi qui, sous le prétexte du
temps mis pour le rencontrer,
aurait dissimulé l'or gagné à Bouna.
Il
le fit enchainer, dans le but de l'amener à restituer " l'or camouflé".
celui-ci sera libéré à la demande d'un dignitaire de la cour royale.
C'est cet incident malheureux que rappelle l'actuelle devise de la
famille Adisua d'Assuéfry.
En bref, pour ce chef Kwabenan Badou, Yeboa
Sèsrèkou est un roi ingrat, avide d'argent voire cynique.
C'est
à la suite de cette déception qu'il se choisira le texte de
son
cor d'appel.
« Dieu Tout-puissant!
Je t'adore!
Je t'adore comme
La langue se comporte
Dans la mâchoire!»
(T.N°56)
Par
ce
texte Kwabenan Badou se détourne de son roi
Yeboa
Sèsrèkou
pour se confier à Dieu.
(113)
Le
chef
de Bouna
est connu
sous
plusieurs
noms.
Pour
le
tambour,
il se nomme Atchumpon Kwasi Boatchi.Dans les sources orales ,
son nom diffère selon les villages
:
1) Atchimboni Kwasi
(Bini kobena,
Tabagne, Kekreni,
songori)
2) Tuene Apone (Suma Ahenkro)
3)
Kwasi Grandjiago
(Assuéfry, Wolotchéi)

-
282 -
Cette
attitude de ce lieutenant de guerre ~st un
comportement
bien af~icain.
Les sujets croient au pouvoir divin de leur roi et
lui
font
entièrement
confiance.
C'est
en cas de difficulté
qu'ils
ont
recours
à
Dieu qui constitue à leurs yeux,
un
père
consolateur.Tel
n'est pas l'avis de Hegel qui écrit:
"Il ne faut pas penser ici à une
adoration de Dieu ni à la reconnaissance d'un esprit universel opposé à
celui
de
l'individu"
(114,) .Pour notre auteur ,"la
religion
commence
avec la conscience de l'existence de quelque chose qui soit supérieur à
l'homme"(115).
Or
en se confiant à Dieu,
Kwabenan Bad6u ne fait~rien
d'autre que reconnaître l'existence d'un être supérieur à lui,
ce
que
lui nie en tant que nègre, Hegel.
c) Idéologie
Le
roi Yeboa sèsrèkou possède deux devises dans sa
biographie.Le
tambourinaire est libre de tambouriner le texte
de
son
choix.
Ces deux devises sont
1)
«Gamangaman
a toujours existé
Le supplicié marche
Le bourreau marche
Le prince guerrier marche»
2)
«Tuez
Tuez doucement, calmement
Sans précipitation »
En nous référant à son prénom Sèsrèkou, oiseau patient,le second texte
rend mieux compte de sa pensée.
Dans ce texte,
en bon stratège, le roi
Kwasi Yeboa conseille de se débarrasser de ses adversaires en les tuant
sans précipitation, l'un après l'autre.
-----------------_._---------------------------------------------------
(114) HEGEL ,Op cit . P.
254
(115)
Id.

- 283 -
dl Oeuvre
Elle
porte
sur
la
guerre
contre
le
roi
de
Bouna,
la
restauration du tambour royal Bent~, la création du siège de Duakon, la
création de Tabagne, la guerre projétée sur les Anno.
- La guerre contre Atchimbon Kwasi Boatchi
« Il a défait et mis à mort
Atchimbon Kwasi Boatchi
Roi de Bouna»
Le
monarque
Yeboa
Sèsrèkou est un roi
patient,
déterminé
à
l'image
de
l'oiseau
Sèsrèkou.
Cette
détermination
lui
permet
d'affronter
la guerre sans crainte de sorte que la guerre elle-même
a
peur de lui.
En bon stratège,
il l'aborde avec toute son intelligence
et met très peu de temps à combattre.
« Yeboa,
Bâtisseur de greniers vides»
On
appelle
grenier
en
guerre les
tentes
amenagées
pour
stocker
les armes,
les munitions et la nourriture des soldats.
Cette
expression signifie que les tentes qu'il construit ne lui serve à
rien
puisqu'il défait très vite ses adversaires.
Yeboa est donc un vaillant
guerrier.
Il
passe le meilleur de son temps à guerroyer au point
que
quand il entend parler de la guerre,
il s'en moque. Ses lieutenants de
guerre
et
chefs de province avaient livré au cours de son règne
des
séries
de
razzia pour s'emparer des captifs mais la
guerre
la
plus
importante qu'il ait livré est celle contre le roi de Bouna.
Ce
roi
qu'il
attaqua se nomme selon le
tambour,
~Atchimbon Kwasi
Boatchi".
L'identification de ce nom sur la liste fournit par Labouret
correspond à Toumpouna Kouassi né un dimanche.
Or le nom tambouriné de
tout
individu né un dimanche est bien celui donné par le tambour.
Les
sources écrites et sonores se rejoignent ici. Le tambour le peint comme
un
roi difficile,
vaillant qui ne se laisse pas faire.

-
284' -
Mais le roi Yeboa viendra à bout de ce roi dans les circonstances
t
décrites
par le tambour.
Il avait pris le roi de Bouna et ses soldats
simplement
comme l'on ramasse des poussins,
c'est-à-dire sans
grande
résistance, avec beaucoup de facilité.
Pour un roi reputé vaillant guerrier,
cette description a pour
but
de magnifier les qualités de bon guerrier le roi
Sèsrèkou.
Bouna
est
situé
à
plus de deux
cents
kilomètres de Hérébo,
et
donc
ne
constitue pas une menace immédiate pour les Abron.
A quel niveau peut-
on alors situer les enjeux de cette guerre?
Les
enjeux sont à la fois d'ordre politique
et
économique.
Au
plan politique,
les rois de Bouna soutenus par leurs alliés et parents
de
Kumasi
ont
toujours été rebelles au pouvoir des
Abron
et
cette
situation
inquiète
les
abron qui craignent que cette
attitude
soit
suivie par les autres groupes soumis qui rechercheraient des alliances.
Au plan économique,
la victoire sur les koulango de Bouna permet
aux
abron de contrôler la région jusqu'à la limite du pays lobi
riche
en or et les routes menant vers Kong et de se procurer des captifs.
C'est
à la suite de cette guerre que le roi Kwasi Yeboa reviendra
à
Hérébo
avec une forte communauté de koulango avec lesquels
il
crée
son
village
appelé
Tabagne,
qui devint la
capitale
politique
du
royaume.
Contrairement
en pays Ashanti où la capitale du royaume
est
fixe,
en pays abron le roi décide de s'installer où il veut.Zanzan est
, ,
cree
par Okofou Datè,
Yakassé par,Brafouo Adingra,Nassan
aujourd'hui
Koboko
par
Binan Kombi,
Assuéfry par Abo Koffi,Hérébo par
Kohosonon
Ambim, Amanvi par Agyeman Badou et Diassempa par Tan Datè Kouman.
De retour de cette guerre,
le roi pour remercier Tchouman
Kwame
lui confia Yawa Badou .

285 -
- La restauration du tambour royal Bentô
« Adingra est immortel
Yeboa sèsrèkou est immortel»
(T.N°20S)
Dans
le tambour royal Bentô,
il n'est mentionné que le
nom
de
deux
rois
Adingra Pagnini et Yeboa sèsrèkou.Tout le pays rend ainsi
hommage
à
Adingra pagnini pour l'avoir rapporté de Langbaso
dans
le
pays
Djimini.
Quant
à Yeboa sèsrèkou,
après la confiscation
de
ce
tambour
par
les Anno,
vainqueurs du
roi Koffié,
c'est lui
qui
le
restaura
après avoir sacrifié un albinos au cours de la
cérémonie
de
sacralisation.
- La création du siège de Duakon
« Rien que la lignée» (T.N°63)
Duakon
était un lieutenant de guerre du roi Kwasi Yeboa.
Mort sur le
champ de bataille à Bouna,
il est remplacé par Tan Kwabenan.
C'est de
, ,
retour de cette guerre,
que le siège qui porte son nom,
est cree pour
l'honorer.
A ce siège est rattaché un certain nombre de privilèges. Il
revient
au
détenteur
de ce siège,
lieutenant du roi
dans
le
clan
zanzan, d'introduire les chefs de village de Kinkua, Kikiwèri, Gbanhui,
Djaniyao,
Kalom et Fissa auprès du roi qu'il est habilité à
destituer
en cas d'inconduite sur demande de tous les dignitaires du royaume.
- TABAGNE et son grand tambour
A
l'instar du roi Kohosonon,
Yeboa sèsrèkou voulait
creér
une province pour ses fils.
Il n'eût pas le temps non seulement de leur
créer cette province mais aussi de leur attribuer l'ensemble orchestral
de tambour. C'est après lui que ces fils tenteront de le créer dans des
conditions
qu'il
convient de relater pour situer ~e comportement
des
princes de Tabagne dans le royaume.

-
286 -
* Le refus du roi Agyeman Badou d'octroyer un grand tambour
aux princes de Tabagne.
« La mort chemine avec celui
Qui ne suit pas les conseils»
(T.N°236)
Ce texte signifie que si vous insistez à vouloir
règner,
je
vous tue.
C'est le texte proposé par le roi Kwakou Agyeman aux enfants
de son prédécesseur.
Il mettait ainsi en garde les fils de Kwasi Yeboa
qui
réclamait
le discours de leur grand tambour.
Réclamer
un
grand
tambour,
c'est vouloir règner,
ce qu'il ne voulait pas entendre,
car
disait-il, c'est au tour de ses enfants de règner.
* La création du grand tambour de TABAGNE
« Le peuple Awassou et
Son chef Agyeman le clair
Me détestent :
ça ne m'est égal, car la haine
Ne date pas d'aujourd'hui»
(T.N°237)
Ce
texte
qui s'adresse à Agyeman le clair et aux membres de la
cour
royale signifie qu'il ne faut pas s'en faire si l'on est haï.
C'est le texte,
que la délégation de Tabagne envoyée auprès
du
roi Kwakou Agyeman à Amanvi de retour de sa mission,
avait proposé
au prince Kwasi Sekyere dit Baridja.
Dans la forme et dans le fond,
ce
texte
montre bien que la délégation avait été déçu par le discours
de
celui que les princes de Tabagne considèrent comme leur père.
Au
cours
de la fête d'igname,
ce prince s'étant
rendu
à
Amanvi,
lui
fera
écouter le discours retenu et c'est en
vain
qu'il
protestera en disant . " Ce n'est pas ce que j'ai proposé."
A
l'intention
de
ses
enfants qu'il voulait
coûte
que
coûte
protéger, le deuxième discours de l'aborna de Tabagne répond
« On dépouille la tortue
Poule, méfies-toi»
(T.N°190)

~. 287 -
Ce texte met en opposition la tortue et la poule. Si la tortue avec sa
carapace
qui la protège est inquiétée,
l'inquiétude de la poule
sera
encore
plus
grande,
vu qu'elle est dépourvue de moyens
de
défense.
Tortue
et
poule représentent respectivement l'image
des
princes
de
Tabagne et d'Amanvi.
Par
ce
texte
les
enfants
de
l'ex-roi
Kwasi
Yeboa
font
comprendre
aux deux enfants du roi Kwakou Agyeman que c'est parce
que
leur père est mort,
que leur père les maltraitent. Mais qu'ils sachent
aussi que c'est de cette manière et plus encore qu'on les traitera à la
mort de leur père.
L'on raconte qu'après qu'ils eurent entendu ce texte yeboa Akorié
et
Kwakou
Gnankan,
fils
du
roi
Kwakou
Agyeman
craignant
d'être
maltraités
à leur tour par le successeur de leur père,
avaient
réuni
les dignitaires pour qu'ils ravisent sa position à l'égard des
enfants
de
son
prédecesseur.
Ce
qu'il accepta en gardant dans sa
cour
Yao
Kohosonon qui mourra plus tard dans une histoire de vol et que
relate
le discours du cor d'appel de son frère aîné Koffi Adingra
- La mort de Yao Kohosonon
« Eé!
On hon!»
(T.No238).
C'est
un
cri de désolation,
d'affliction poussé par le
prince
Koffi Adingra de Tabagne après avoir appris la nouvelle du décès de son
frère
Yao
Kohosonon
survenu à Amanvi
après
une
épreuve
d'ordalie
soumise par le roi Kwakou Agyeman. S'il était informé très tôt de cette
épreuve,
le
prince Koffi Adingra aurait pu sauver la vie de son frère
en
contrecarrant
l'effet
de
ce liquide
par
les
selles
fraîches.
Maintenant qu'il est mort, il est trop tard pour agir, et cela le peine
beaucoup.

- 288 -
A
l'origine de cette mort,
l'on raconte qu'un jour
l'un
des
sujets
fortunés
du
roi
résidant
à
Yaokokorokro,
village
des
tambourinaires
de
l'ensemble orchestral des tambours royaux
(Bentô),
avait
promis,
qu'à sa mort,
il lèguerait une certaine quantité
d'or
(116)
au roi Kwakou Agyeman.
subitement ce serviteur mourut,
le
roi
délégua
le fils de son prédécesseur Yao kohosonon pour le
représenter
aux obsèques de son sujet (117). Ce qu'il fit.
A la fin des cérémonies,
l'or promis au roi par le défunt lui fut rendu.
A son retour,
il garda, par devers lui~ cette somme et soutint
n'avoir rien reçu.
Pour en savoir plus,
le roi envoya une
délégation
réclamer
cet or.
Celle-ci revint et confirma que Yao Kohosonon
avait
bel
et
bien
reçu
cet or.
Ce dernier encore une
fois
nia
l'avoir
réceptionné.
Pour
établir
la vérité, le roi eut recours
à
l'épreuve
d'ordalie
en
le
soumettant à la
consommation
du
liquide
Il Ingbéin
n'djo" (118). Le jeune prince Yao Kohosonon mourut aussitôt.
e) La guerre projetée sur les Anno et la fin de son règne
Le tambour
ne le dit pas.L'on raconte que son
jurement
est: « Bandakagni de Yeboa » (119)
(116)
Cette somme en abron vaut cent pèfla d'or.
(117)
A la mort d'un roi,
ses fils reviennent à son successeur. Yao
Kohosonon
fils
du
roi
Kwasi Yeboa et
frère
de
Koffi
Adingra

détenteur du siège des princes de Tabagne s'installa auprès du roi
Kwakou Agyeman.
(118) Infusion des feuilles de la plante "ingbéin n'djo"
en Koulango.
(119) Il s'agit bien du roi Kwasi Yeboa.

- 289 -
C'est
à Bandakagni Tomora qu'il trouva la mort en route pour
le
pays
Anno après qu'il eut été abandonné par les siens qui lui reprochait
de
s'être approprié tout seul les captifs de Bouna.
C'est avec l'accession de Yeboa Sèsrèkou au siège royal que la
rupture
du
système
de l'alternance entre les deux
clans
zanzan
et
yakassé s'opéra. Le problème de candidat dans l'autre clan se posait-il
pour qu'on en vienne à cette rupture?
La
réponse est négative,
Atrèman,dit-on,était candidat.
En
empêchant
ce
dernier
de briguer le poste,
l'on se
demande
si
les
membres
yakassé
n'avaient
pas
une
arrière-pensée.
En
effet
.les
attributs
royaux
sont
perdus
par
la
faute
de
Fofié
du
clan
zanzan.N'oublions pas la rivalité entre les deux clans. Le raisonnement
serait celui-ci, puisque ce sont les zanzan qui ont égaré les biens, eh
bien
qu'ils
les
remplacent.
Les
actions menées par
le
roi
Yeboa
sèsrèkou
tendent
à
corroborer
cette
hypothèse
puisqu'après
avoir
restauré le Bentô,
et combattu les koulango de Bouna, il s'apprêtait à
affronter
les Anno en vue de récupérer les biens royaux
confisqués
à
Famienkro.
Après
un
conseil de guerre,
il avait devancé
les
autres
dignitaires
à
Bandakagni.
Une
fois que le roi quitte
son
lieu
de
résidence
pour aller combattre,
tant que la guerre n'est pas achevée,
l'honneur
l'empêche
de
revenir sur ses pas.
Le
roi
avait
attendu
vainement
les autres dignitaires mécontents du partage des captifs
de
guerre ramenés de Bouna.
Las d'attendre,
il se donna la mort avec
la
bile
de
caïman à Bandakagni Tomora.
Cette mort en exil du roi
Yeboa
Sèsrèkou
est à l'origine du jurement
d'Etat
précité.

..
."
~
- 230
Il
KWAKOU AGYEMAN
clan : Yakassé
Lieu de résidence
: Tangamourou
Autel et lieu de culte : Amanvi
Qui es- tu pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi
Qui est le roi ?
Le roi, c'est moi
Quand un chien vous prend
Quelque chose,
Laissez-le l'emporter.
Agyeman Badou!
Agyeman,
au teint clair!
Agyeman,
colmateur de brèches!
Agyemanmangeur de guerre!
Seul,
il vaut mieux que mille.
La chenille bien que molle
Arrive a ronger le palmier.
Agyeman Badou!
Tu sens la poudre à canon
A force de faire usage
De ton arme
Ta présence s'annonce toujours
Par d'interminables coups de fusil
Agyeman Badou!
Tu es un homme.
Tu l'as toujours prouvé.
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait ?
Il a défait
Kwabenan Diawuo
Roi de Brekum.
Agyeman Badou!
Condoléances et
Paix à son âme
Il y a roi et roi
Et roi qui tue rois.
Quand tu tues,
tes victimes
S'en vont dans l'au-delà
Avec du sang frais à la bouche.
Tu tues vite et facilement . .
Agyeman Badou!
Ta présence provoque la panique.
Elle fait fuir et fait frémir.
Majesté, on parle de toi
Mais sais-tu en quels termes
Parle-t-on de toi ?
On parle de toi comme d'un
Intrépide chasseur d'éléphants
Agyeman Badou!
Boafran kokon!
Dernier monarque de Doma!
Il fait jour, faites parler de vous
Condoléances et salut (T. N° 239)

-
291
-
a) ETAT-CIVIL
1) Nom tambouriné
« Agyeman Badou!
Agyeman( Kôkô)
au teint clair!
Agyeman( Touatokro) colmateur de brèches!
Agyeman
mangeur de guerre!»
Le
prince
Agyeman Badou est issu de la lignée du
célèbre
Agyeman Badou ou Koffi Agyeman,
6è roi des Abron.
Il est grand et
de
teint
clair.
Le grand tambour de Tabagne confirme ce teint.
Selon un
informateur
qui
sollicite
l'anonymat,
Kwakou Agyeman
est
le
fils
adultérin de Kwasi Datè,
chef de la province Angobia.
Son orteil était
coupé.
rI est donc infirme et ne devait pas accéder au trône.
En compensation de cette infirmité,
son père dut payer
une
somme équivalant à cent cinquante pèfla d'or.
a) Agyeman Badou
Badou
en abron est le prénom du dixième enfant d'une mère.
Kwakou Agyeman en question est fils unique,
son jurement d'Etat
étant
Agyeman
Bakon.
Il
n'est donc pas le dixième enfant de
sa
mère.
Ce
surnom sert à l'identifier à la lignée du sixième roi Agyeman Badou qui
serait sans doute le dixième enfant de sa mère.
b) Agyeman (Kôkô)
au teint clair
Kôkô
veut
dire rouge.
Le langage abron étant pauvre
en
couleur,
Kôkô
désigne
le
teint
clair
de
ce
roi
et
sert
à
le
différencier
avec d'autres rois ayant le même nom que lui.
C'est
par
exemple
celui de qui il hérite son nom.Outre le teint,la
taille
peut
parfois servir à désigner et à différencier tel ou tel individu.
c)
Agyeman( Touatokro) colmateur de brèches
Agyeman mangeur de guerre!
Sont
deux surnoms qu'il emprunte à son descendant Agyeman.
Loin d'être un simple emprunt de ces surnoms,
Agyeman Badou se veut le
continuateur des idées de son descendant.

- 292 ...:
Ces
deux
surnoms
posent le
problème
de
l'identité
de
l'individu
~t
de son autonomie dans la société abron.
L'individu
se
définit
par rapport à ses descendants et toutes les actions
qu'il
va
mener doivent concourir à assurer la dignité de la famille.
Ainsi à son
jeune
âge, le prince Agyeman sait les missions qui lui sont assignées:
être un colmateur de brèches et un vaillant guerrier.
b) CARACTERE
« L'homme est
Maitre de sa conscience»
(T.N°24Q)
C'est
ce
texte que le roi Kwakou Agyeman avait proposé
à
la
délégation
du prince de Tabagne venue lui demander le discours de
son
ensemble orchestral. Il signifie par là qu'il est libre de se comporter
comme il l'entend,
d'agir en bien ou en mal.
Dire à un fils qu'il est
libre de se comporter comme il l'entend,
c'est le rejeter. Or, dans le
royaume,
à lç mort d'un roi, ses fils reviennent à son successeur avec
lequel
ils
continuent de jouir de tous les droits.
Ils ne
sont
pas
amendés ni punis quelque soit la faute commise. En proposant le texte"
la
mort
chemine
avec celui qui ne suit pas
les
conseils"
le
roi
rejetait
définitivement
les
fils
de
son
prédécesseur
malgré
les
conseils de son entourage.
Agyeman
Badou était un chef autoritaire qui n'écoutait pas les
conseils de son entourage.
Et comme il l'affirme lui-même,
l'homme est
maitre de sa conscience,
en clair il est libre de faire ce que bon lui
semble.
c) IDEOLOGIE
« Quand un chien
Vous prend quelque chose,
Laissez-le l'emporter»

- 293 -
Le
roi
Kwakou
Agyeman reprend l'une des pensées
du
roi
Koffi
Agyeman mais dans un tout autre contexte.
Lorsqu'il
accède
au
trône,
la
contestation des populations autochtones n'est pas étouffée
et ce discours s'adresse à eux. Aux yeux des Abron,
il est clair que si
le chien vous prend quelque et que sur le champ vous criez sur lui, il
abandonne cette chose,
mais s ' i l a eu le temps de prendre le bon
bout
de la chose et qu'il la saisit bien,
il ne la lâchera pas. Cette image
reflète les rapports entre les abron et les koulango.
Les
Abron
depui's
leur
premier monarque
Tan
Datè
jusqu'au
onzième Kwakou Agyeman se sont suffisamment implantés dans le pays pour
renoncer
à quoique ce soit.
C'est plutôt les populations
autochtones
qui doivent renoncer à toute lutte.
d) OEUVRE
Elle porte sur la défaite du roi de Brekum Kwabenan
Diawuo,
la
création du siège d'Amorofi,
siège d'Agyei,
de Yeboa Akoriè et de
Yaokumkro.
- La guerre contre Kwabenan Diawuo
« Il a défait Kwabenan Diawuo
Roi de Brekum»
* Situation géographique de Brekum
Située
à
l'ouest
du Ghana actuel,
la
ville
de
Brekum
servait
de frontière entre le royaume Ashanti et celui des
Abron.
Le
roi
de Brekum est l'allié du roi ashanti qui le charge à ce
titre
de
surveiller les abron,
leurs éternels ennemis. Pour les Abron,le roi de
Brekum
est
donc
un voisin encombrant.
Il fallait donc
trouver
les
raisons d'attaquer ce voisin gênant.

-
294 -
* Les causes de l'affrontement
L'une des raisons sur laquelle sauteront les Abron est
l'assassinat
de ressortissants abron, et Agyernan Badou en profite
pour
attaquer
le
roi
de Brekum Kwabenan
Diawuo.
L'événement
selon
les
sources de Terray se situe en 1876 (120).
* La composition de l'armée abron
A
en croire Terray,
ont participé à cette expédition,
Il
les
hommes
du
gyamanhene commandés par ses fils Yeboa Akorié et Apia
sâ,
par son favori Kwaku Arnurufi et par ses safohene hiawouo de Lamoli,Apia
d'Atuna
et
Kwabena
Djene de Sulemani,
et
enfin
les,
guerriers
du
siengi ... "
(121).
A
cette troupe manquait les chefs
militaires
des
provinces akyidom, pinango et foumassa. Malgré cette absence massive de
ces
chefs,la ville de Brekum sera conquise après avoir attendu en vain
le
secours
de l'armée ashanti dirigée par le roi Mensa
Bonsu
(1874-
1883) .
Le
roi Kwabenan Diawuo avait capitulé et de ce fait
n'était
pas exécuté comme les autres chefs défaits et mis à mort.
Pour montrer
qu'il
a aussi lutté au cours de son règne,
Kwakou Agyeman exigea
que
figure dans sa biographie qu'il a tué le roi de Brekum.
- La création du siège d'Amorofi
« Je serai présent
Partout où il y aura la guerre. » (T.N°241)
C1 est
de
retour
de
Brekum
que
le
roi
Kwakou
Agyeman,
pour
récompenser
son
favori Arnorofi,
lui décernera un palanquin, un
grand
tambour et un tambour de devise.
La ville de Brekurn lui sera également
confiée malgré le mécontentement des autres dignitaires.
Le roi
avait
choisi de faire plaisir à son neveu qui,
à travers sa devise, lui promit
(120) Emmanuel Terray, Op.
cit.,p. 1727
(121)
Emmanuel Terray, op.cit. ~.
1':)-2.1·

- 2'35 -
- La création du siège de Koffi Agyei
« Brakatou!
J'ai toujours été prince»
(T.N°242)
Brakatou est le surnom de Kwakou Agyeman.
C'est au cours de son
règne
que la reine Arna Tamia,
soeur de l'ex-roi Adingra Kwadio Kouman
va
exiger la création de ce siège en souvenir de son fils Koffi
Agyei
mort en exil.
Depuis
la
mort du Bè roi Adingra le
sanguinaire
jusqu'au
onzième
Agyeman, aucun des rois n'avait soulevé la question de la libération de
Tamia.
Le
roi
Kwakou Agyeman,parvenu au siège royal avec le coup
de
pouce
de
son père Kwasi Datè,n'a pas intérêt à encourager
le
retour
d'Agyei
l'héritier légitime.
C'est dans cette situation complexe
que
Kwadio Apia,
un membre de lignage de Arna Tamia entreprit la libération
de celle-ci en remboursant une forte somme en or.
Une fois libérée, la
reine Arna Tamia,
sur le chemin de retour,
choquée par
l'indifférence
des
dignitaires abron enverra un messager dire au roi Kwakou Agyeman "
d'essuyer ses fesses sur le siège royal car son fils héritier
légitime
revient récupérer son trône".
Ces
propos sémèrent la panique dans les instances dirigeantes et
l'on commença à se poser toutes sortes de questions. La reine Arna Tamia
va t-elle vraiment pour la première fois destituer un roi ?
L'on
n'avait
pas fini de tergiverser que fut annoncé
le
décès
subit
de
Koffi Agyei à Sunyani dans des
circonstances
mystérieuses.
Cette
mort
brutale serait, à en croire les rumeurs,
l'oeuvre
du
roi
Kwakou Agyeman qui, en sorcellerie, aurait supprimé la vie à Agyei pour
éviter le déshonneur.
Dans le royaume,
par principe,le roi ne connaît
pas son successeur qui pourrait attenter à sa vie.
Désarmée par la mort de son fils,
la reine Tamia réunira tout de
même
les
dignitaires et imposer la création du siège des
neveux
qui
portera le nom de "siège d'Agyei" en souvenir de son fils.

- 29'.6 -
- La création du siège du prince Yeboa Akoriè
« Si la guerre vient,
Je la mange»
(T.N°243)
« Je suis poudre à canon et
Je suis pierre à fusil»
(T.N° 244)
Manger a le sens de vaincre la guerre.
C'est le discours retenu par
Yeboa Akoriè dans son tambour de devise que lui avait offert son
père
après la campagne de Brekum.
Ce fils,
dit-on,
était un enfant modèle,
serviable et toujours aux côtés de son père.
De tels comportements de fils de roi depuis Tan DAtè méritent d'être
recompensés.
C'est
ce
que
fit le monarque
Kwakou
Agyeman
en
lui
attribuant un siège noir,
un palanquin, un cimeterre, un grand tambour
et
un tambour de devise.
Ayant reçu ces attributs après une guerre
à
laquelle il participa,
Yeboa Akoriè entend demeurer un grand guerrier.
Aussi dans son grand tambour,
il se dit être poudre à canon et pierre à
fusil.
S'attaquer
à
un tel être,
c'est aller au suicide car
il
ne
renonce à aucune guerre.
Remarques :
Selon
les
sources du
professeur
Emmanuel
Terray,
ce
serait Kwakou Agyeman qui, contre l'avis contraire de ses sujets, aurait
imposé
ses
vues et permis le retour de Koffi Agyei et de sa mère
Am a
Tamia en versant "400 onces d'or à l'Asantehene"
(122).
Celui-ci à
la
suite
d'une
maladie
meurt
à Nyami.
Terray
qui
ne
cite
pas
par
précaution
son
interlocuteur digne de foi,
Kwakou Agyeman se
serait
débarrasser habillement d'Agyei avant qu'il ne rejoigne le gyaman et se
serait approprié "le siège que la reine avait fait fabriquer pour Agyei
lors de son séjour à Kumasi"
(123) en le donnant à Kwadio Apia, celui-
là même qui lui avait disputé le trône lors de son élection à la grande
satisfaction de la reine Ama Tamia.
(122) Emmanuel Terray, op. cit
p.
1292
(123) Yves Person ,Samory,
une révolution dyula, Dakar, IFAN,
197-5, Torne III
p.
169-2-

- 297 -
Ces propos se portent en faux au développement que nous venons de faire
à partir du tambour de devise et du cor d'appel du siège d'Agyei.En
disant "Brakatou(Agyeman)
je suis prince de sang"
nous pensons
pour
notre part que la reine, mécontente de l'attitude du roi, veut prouver
que son fils même mort est un prince de sang. Affirmer que ce fils est
héritier légitime, c'est montrer en sens inverse qu'Agyeman ne l'est pas.
D'autre part à moins que nous soyons induit en erreur,
le discours
du
tambour
de devise d'Adandia et de sokouadou témoigne que Appia Frouman
ou Kwadio Appia
stigmatise l'ingratitude des Siendji.
-La création du siège de Yaokumkro
«Je suis détesté
Je suis indésirable»
(T.N°178)
C'est
de retour de la guerre de Brekum que le roi Kwakou
Agyeman
offrit les attributs de lieutenant de guerre à Krou
Kwame
du
village de Yaokumkro.
Opinion de Kwakou Agyeman face à l'invasion par
Samory e~la présence europeenne dans le royaume.
« Adou Bini!
Je sais
Ce que mes sujets pensent
De moi.
Je me nourris de piment
Et de la bouillie de maïs.
Prince Adou!
Où vais-je trouver de l'argent?
Les blancs emportent mon argent.
Traduis -les en justice
Tout simplement.
Agyeman le saint!
Est mon ami.
Tout simplement
Agyeman le saint!
Est mon ami»
(T.N°245)
Ce
texte de l'orchestre des cors d'appel de la cour
royale
évoque
les
difficultés
auxquelles
le
roi Kwakou
Agyeman
se
trouve
être
confrontées. La première difficulté fait référence à l'invasion du -pays
par samori, la seconde difficulté est liée à la présence française.

- 298 -
1) L'invasion du pays par Samori.
« Je me nourris de piment
Et de la bouillie de maïs »
Evoquer
ce
que l'on mange,
( le piment et la bouillie
de
maïs
signifie que l'on mange mal.
L'armée de l'Almamy Samori Touré après sa
victoire
sur
celle
des Abron avait envahi le
pays
abron.
Le
roi,
contraint de se retrancher dans le sanctuaire de la divinité nationale,
impuissant,
assista
à la libre circulation des sofas de l'Almamy et à
leurs exactions.
Yves
Person
rapporte" qu'ils parcouraient sans cesse le
sud
du
territoire
abrô,
et
fréquenter
régulièrement,
jusqu'en
1897,
les
marchés
du
pays
Bona.
Les
réquisitions de
vivres
auxquelles
ils
procédaient, les rendaient impopulaires, mais la population n'osait pas
réagir et les incidents furent finalement peu nombreux"(124).
Le
roi,
incapable
d'assurer
la
sécurité
de son
peuple,
était
l'objet
de
critiques
acerbes
de la part de son peuple et il
le
sait.
Toujours
selon Person " le commerçant Erbe, atteste que la disette et la terreur
règnaient partout " (125).
Les récoltes à peine rentrées,
écrit Person
"étaient
saisies
dans leur intégralité et les
malheureux
habitants
devaient
racheter
au
prix
fort
ce
qui
était
nécessaire
à
leur
subsistance
et
aux semailles"(126).
C'est cette
situation
vraiment
malheureuse
qui a fait dire au roi Agyeman qu'il mange mal et sait
ce
que
ses sujets pensent de lui.II va sans dire qu'ils pensaient mal
de
leur roi.
(124) yves person,Op.cit.p.1698.
(125)
Id.
(126) id.

- 299 -
2) La présence française et la perte du pouvoir économique
« Prince Adou
OÙ vais-je trouver de l'argent?
Les Blancs emportent mon argent
Traduis-les en justice»
(T.N°245)
Traduis-les
en
justice
signifie ici qu'il faut
maudire
les
Blancs
qui empêche~le roi Kwakou Agyeman de s'enrichir.
En
effet
la
justice
royale était une source d'enrichissement et une occasion
pour
le
roi
d'extorquer
des
~ortunes à ses sujets et
de
renflouer
ses
caisses.
Obligation
était
faite
aux
protagonistes
de
verser
une
certaine somme quelque ,soit l'issue du jugement.
A défaut de payer
son
amende, le sujet mettait en gage son neveu le plus souvent.
En
signant d'une croix le traité de paix le 13
Novembre
1888
avec
Treich-Laplène (127), le roi Kwakou Agyeman pouvait-il
"deviner
que cette plume était le poignard qu'il plantait mortellement en plein
coeur
de
sa riche cité ?"
(128). Il
l'ignorait.
Et
lorsqu'on
lui
rapporta
" l a nouvelle stupéfiante que le royaume avait été partagé en
deux par les Blancs et que les Français s'en étaient attribués la
plus
grande partie,
le vieux roi protesta aussitôt,
incapable de compendre
comment
on avait ainsi disposé de lui"
(129).
Il était trop tard.Dans
un
ultime recours,
il sollicite l'aide du premier roi Adou Bini
pour
qu'il
maudisse les Blancs.
Mais conscient que cet appel ne
sera
pas
entendu,
c'est non sans raison qu'il conseille à son peuple de changer
de comportement à travers le texte n0154 des cors d'appel.
(127) Voir texte annexe page3~o
(128) Jean Marie Adiaffi, La carte
d'identité, Abidjan, CEDA, 1980,
p.136.
(129) Yves Person , Op cit, p. 1694.

-
300 -
12 -
KWADIO YEBOA
clan : Zanzan
Lieu de résidence : Hérébo
Autel et lieu de culte : Hérébo
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi,
Qui est le roi ?
Le roi, c'est moi
Bribri Yeboa!
Angaman Boakro!
Yeboa Sès.rèkou!
Descendant de Bosom Nketia.
Kankrankan!
il vaut mieux que mille.
Tu es un homme.
Tu l'as toujours prouvé.
Il y a roi et roi.
Un prince marche
Toujours posément.
Toi qui défais les
Mâchoires fraîches
Majesté, on parle de toi.
Mais sais-tu en quels termes
Parle-t-on de toi?
On parle de toi comme d'un
Intrépide chasseur d'éléphants
Yeboa sèsrèkou!
Boafran kokon!
Dernier monarque de Doma!
Il fait jour,
Faites parler de vous
Condoléances et salut.
(T.N° 246)
a) ETAT-CIVIL
- Nom tambouriné
« Bribri Yeboa
Angaman Boakro
Yeboa sèsrèkou
Bossom Nketiaba
Kankrankan»

~ 301 -
Il
est
descendant du fétiche Nkétia qui
le
protège.
Parti
accompagné
Samory
dans
l'Anno,
l'on
avait
cru
qu'il
ne
reviendrait plus.
Il revint et accéda au trône. On attribue son retour
à
son fétiche Nkétia qui a permis qu'il revienne sain et
sauf.
Nanan
Kwadio Yeboa est l'oncle du roi actuel Koffi Yeboa.
Angaman Boakro et Yeboa Sèsrèkou sont deux surnoms qu'il emprunte
au roi Kwasi Yeboa,
ce qui signifie qu'il est de la même lignée que ce
roi. Kankrankan est un surnom que porte un homme grand et fort.
b) CARACTERE :
« Un prince marche
Toujours posément»
Ce
texte traduit le comportement du roi en tout instant
et
en
tout
lieu.
Il doit éviter la précipitation,
et pour cela disposer de
son temps.
Par ricochet son caractère doit réfléter cette attitude. La
patience est l'un des traits de son caractère en tant que descendant du
roi Yeboa Sèsrèkou.
c) IDEOLOGIE
« Seul, il vaut mieux
Que mille »
Descendant
du cinquième roi Abron,
il reprend à son compte la
réponse des Abron au cri de guerre des Ashanti.
En effet plus nombreux
que les Abron,
les Ashanti narguent ces derniers en disant:
Si
vous
tuez mille guerriers ashanti,
mille autres viendront à la charge. A ce
cri
de guerre pour se moquer d'eux,
le roi abron répond seul,il
vaut
mieux que mille.
En clair la supériorité
numérique n'est pas aux yeux
des Abron en matière de guerre, un critère important. Il faut une bonne
stratégie de combat.

- 302 -
d) OEUVRE:
Sa
biographie plus réduite que celle des précédents rois supprime
des passages tels que :
Tu sens la poudre à canon
A force de faire usage
De ton arme!
Ta présence s'annonce toujours
Par d'interminables coups de fusil
Quand tu tues,
la victime
S'en va dans l'au-delà
Avec du sang frais à la bouche
Tu tues vite et facilement "
Ta présence provoque la panique
Elle fait fuir et frémir.
(T.N° 203)
Cette biographie ne mentionne pas que Kankrankan est un guerrier
comparable à un chasseur d'éléphant.
Il n'aurait donc pas combattu. En
effet son règne,si nous nous référons aux sources orales voire écrites,
se situe au début de la colonisation française.
Son prédécesseur avait
signé le traité de paix en 1888.
Au
cours
de cette période coloniale le royaume
abron
perdit
sa
souveraineté
avec
l'exécution de trois de ces chefs.
Ce sont
Kwakou
Kohosonon,
dit Pampin (chef de la province akyidom),Kwame Fram(chef de
Suma)
et Basanko(chef de la province foumassa) .Ils
s'opposaient
avec
leur dernière énergie à la conquête du pays.
Le
tambour est attentif à l'évolution de l'histoire du
royaume.
Il
n'est pas superflu de noter que Kankrankan a élévé le petit-fils de
Wolodabia,
Kwabena Nketia qui héritera plus tard le siège de Wolobidi.
e) LA
FIN DE SON REGNE
Le
tambour ne le mentionne pas,mais le rapport
politique
de
l'administrateur
Benquey
consulté
aux Archives
Nationales"
de
Côte
d'Ivoire dit qu'il serait mort" le 28 AoUt 1902 des suites de brUlures
très
sérieuses
contracteés
en tombant accidentellement dans
le
feu
pendant son sommeil"(130).
(130)
Benquey, Rapport politique trimestriel du cercle de Bondoukou,
AoUt 1902

- 303 -
ll-KWAKOU AMANDJRAN
Clan : Yakassé
Lieu de résidence:
Kandena
Autel et lieu de culte: Adandia
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi
Qui est le roi ?
Le roi, c'est moi
Enfant d'Amandjran
Fétiche de fusil.
Le génie Sasrabrozam
Protège l'enfant d'Amandjran.
Fils de la grande divinité Tano,
Piment de fumier!
Tu es chargé de fruits,
Mais pour quelle raison
Produire en un endroit
Où il y a des excréments ?
Odom Sèsrèkou
Boa Adingra!
Petit-fils de roi
Amandjran!
Fétiche de fusil
Kwakou!
Boafran kokon!
Dernier monarque de Doma!
Il fait jour,
faites parler de vous
Condoléances et salut.(T.No 247)
a) ETAT-CIVIL:
«Enfant d'Amandjran
Petit-fils de
Odom Sèsrèkou
Boa Adingra»
Petit-fils
de
"Odom
Sèsrèkou Boa
Adingra"
ou
Kwadio
Adingra
Kouman,
huitième des Abron et fils du roi Tano Kèsiè,
il
se
fait
appeler
par
Amandjran
du nom du fétiche qui
a
permis
de
le
concevoir. L'on reste persuadé que celui qui détient ce fétiche ne peut
mourir
de
balles de fusil.
Prince de bonne éducation,
il
naquit
à
Adandia.

- 304 -
b) REGNE:
« Piment de fumier
Tu es chargé de fruits,
Mais pour quelle raison
Produire en un endroit
Où il y a des excréments?
Le
piment
qui pousse dans un endroit où il y a des engrais
donne
de
gros
fruits.
Le
fumier
constitue
de
l'engrais
naturel
pour
les
Africains.
En
se
comparant au piment de fumier,
le roi Amandjran
petit- fils de Kwadio Adingra Kouman,
se considère comme un grand
roi
capable de beaucoup de choses.
Mais malheureusement son règne se situe
à
une
mauvaise période qu'il regrette.Cette période est marquée à
la
fois par deux ordres de problèmes internes et externes.
Au plan interne,
son règne coincïde avec l'annexion du pays par Samori
et
il
ne doit sa survie qu'à la protection de
Tano.
C'est
dans
le
sanctuaire
de cette divinité nationale de guerre des Abron qu'il
alla
se
réfugier.
A
cette
époque la détérioration du
climat
social
et
politique
ne lui avait rendu aucun service.
Et c'est malgré lui qu'il
assista
dans
l'impuissance
aux
querelles
à
l'intérieur
des
deux
clans:yakassé et zanzan.
Au
plan
externe,
impuissant
il
dut
se
plier
à
la
volonté
des
administrateurs
coloniaux.
Le
siège qui fait son pouvoir
sera
même
confisqué
par l'administrateur Nebout qui écrit dans son rapport
:"je
ferai
remarquer également au roi [Kwakou Amenguina] que c'est de
nous
seul qu'il détient son autorité. J'ai conservé par devers moi la chaise
royale
que je lui remettrai publiquement" (131) .
Bien plus en
juillet
-
1903,il est puni d'une amende pour avoir autorisé ses porte-canne à "
régler les palabres et infliger des amendes exagérées(132).
(131)
Nebout, Rapport politique trimestriel du cercle de
Bondoukou,
EE 40
Archives Nationales de Côte d'Ivoire.
(.132) Id.

- 305 -
Ce
sont
tous ces problèmes qu'il
qualifie
d'excréments.
Et
se
demande pourquoi son règne coïncide avec tous ses problèmes.
De l'avis
même de ce roi, i l n'a pas connu un règne heureux.
Au
cours de son règne,
une grande famine s'était emparée de tout
le
pays provoquée par un feu de brousse dévastateur.
C'est
dans ces conditions déplorables que le roi Amandjran règna
en vingt cinq mois et mourut en décembre 1904 à Kouassi Kouman où
il
s'était rendu pour la fête d'igname.
14 -KWAME DATE ou TAN
DATE
KOUMAN
Clan : Zanzan
Lieu de résidence : Dabilayo
Autel et lieu de culte : Diassempa
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi
Qui est le roi ?
Le roi, c'est moi
La guerre a éclaté,
D'où peut-elle venir?
Elle ne peut venir
Que d'Ashanti kôtôkô.
Prince guerrier Datè!
Nous le savions et
L'avions deviné!
Guerrier Datè!
Descendant d'Apahou Siakwan!
Homme de grande intelligence!
La chenille bien que molle arrive
A ronger le palmier.
Guerrier Datè, seul
Vaut mieux que mille.
Alchornea cordifolia!
Un roi n'est jamais pressé.
Il marche calmement, posément.
Toi qui défais les màchoires fraichesl
Majesté, on parle de toi.
Mais sais-tu en
quels termes
Parle-t-on de toi ?
On parle de toi comme d'un
Intrépide chasseur d'éléphants.
Guerrier Datè!
Boafran kokon!
Dernier monarque de Domal

-
306 -
Il fait jour, faites parler de vous.
Condoléances et salut
(T.N o 248)
a) ETAT- CIVIL :
« Guerrier Datè
Descendant d'Apawou Siakwan
Homme de grande intelligence»
Guerrier
Datè,
est
le
fils
d'Apawou
Siakwan,
homme
de
grande
intelligence.
Il est également le descendant de la mère du premier roi
abron " Guerrier Datè".
b) CARACTERE
« La guerre a éclaté
D'où peut-elle venir?
Elle ne peut venir
Que d'Ashanti Kôtôkô».
Tan Datè Kouman, comme tous les rois abron,
est un prince belliqueux
aimant la guerre. A l'instar de ses prédécesseurs,
il nourrit une haine
viscérale à l'endroit des rois Ashanti qu'il craint et- évoque même si à
son époque,
il n'y avait plus de guerre.
Il nous rappelle néanmoins que les éternels ennemis des Abron ne
sont
autres que les Ashanti,
car si la guerre éclate, dit-il,
"elle ne peut
venir que d'Ashanti Kôtôkô".
Comme
le roi Kohosonon,il ne manque pas de
provoquer les Ashan-
t i et de les défier" seul il vaut mieux que mille"
Et en toute logi-
que,
il
soutient
qu'il leur aurait barré la route comme
la
plante
alchornea cordifolia se répand sur les routes.
_ c) IDEOLOGIE
« La chenille bien que molle
Arrive à ronger le palmier»
Se
dit
de quelqu'un qui ne perd pas espoir de parvenir
à
ses
fins malgré les difficultés.
Tan
Datè Kouman, en arrivant au pouvoir,
savait que le
royaume
rencontrait
des difficultés et que ce n'était plus le même pays craint

- 307 -
et respecté même par les Ashanti.
La présence française commencée avec
le roi Kwakou Agyeman qui signa le traité de protectorat le 13 Novembre
1888
avec
Treich-Laplène
s'impose
de plus en
plus
et
aliène
son
pouvoir. Jugé de chef ambitieux,
l'administrateur Nebout écrivait:
"en
empêchant
la perception des amendes qui faisaient autrefois le
revenu
des
rois
et
chefs,
nous
les avons appauvri à
tel
point
que
les
administrés n'ont plus pour eux aucun respect"
(133).
Pour la première fois,
le successeur d'un roi était désigné de
son
vivant
par
l'administration
pour, dit-on, "éviter
le
retour
des
nombreuses
palabres"
(134).
Devant
une telle situation,
le guerrier Datè ne perd
pas
espoir
et il nourrit l'ambition de rétablir son pouvoir lentement mais
sûrement à la manière de la chenille qui bien que molle arrive à ronger
le palmier.
Tan
Datè de ce fait,
aura maille à partir avec l'administration
coloniale dans sa tentative de réorganisation du royaume. En Août 1907,
il avait construit Il au milieu de la ville de Bondoukou une bâtisse
en
tous
points
analogue aux maisons des européens en poste
à
Bondoukou
(135)
Pour cette construction, i l fut traité de roi ambitieux par les
colons
qui
n'appréciaient
pas
qu'il habite dans
le
même
type
de
logement
qu'eux.
Ces
derniers
le contrarieront encore au
cours
de
l'enterrement
de la reine-mère Kalia qui n'avait pas supporté
le
roi
lors
de
son
élection.
Il
avait
exigé
qu'élIe
soit
enterrée
à
Tangamourou,
l'administrateur Latapie Georges la fit inhumer à Zanzan.
Bien qu'ambitieux,
le roi Tan Datè II n'a pu rétablir la situation.
(133)
Nebout, op. cit
(134)
Id.

- 308 -
d) OEUVRE :
.On
lui
doit
la
création
du
Village
de
Diassempa
et
l'attribution
des sièges de lieutenant de guerre de Diassempa
et
de
Priti.
- La fondation de Diassempa
Le
terme
Diassempa qui signifie "dire la vérité pour
ne
pas
avoir
à consulter des devins" est le nom attribué par le roi Tan
Datè
au village qu'il fonda
après son choix.
A
la
tête
du royaume pour faire comprendre l'objectivité
de
leur
choix. En effet depuis le premier roi Tan Datè .jusqu'au quatorzième Tan
Datè
Kouman,aucun
membre de sa lignée n'avait hérité le trône
royal.
Aussi
pensait-il que les dignitaires abron avaient oublié les
membres
de cette lignée.
- La création du siège de lieutenant de guerre de Diassempa
« Je suis détesté
Je suis indésirable»
(T.N° 178)
C'est
Kwasi
Fram,
neveu du roi
Kwame
Tan
Datè,
chasseur
émérite
qui de Dabilayo au cours d'une partie de chasse découvrit pour
le compte de son oncle le site sur lequel sera fondé le dernier village
abron créé par un monarque Abron.
Pour
le
récompenser,
le
roi
lui
donna
le
titre
de
lieutenant
de guerre avec les attributs qui y sont
rattachés
(siège,
tambour
de
devise).
Mais
il n'eût pas le temps de lui
choisir
une
devise lorsqu'il mourut en 1922. La présente devise qui affirme que son
détenteur
est
détèsté est proposée par le chef
actuel
de
Diassempa
nanan Kwakou Kohosonon et selon l u i ,
il fait allusion aux difficultés
rencontrées par son oncle au cours de son règne.
(135) Nebout,
Ibid

- 309 -
C'est
à
sa
mort que sa nièce Abenan Badou offrira un
siège
à
Priti Arnbigrno.
- La création du siège de lieutenant de guerre de Priti
« Pour les avoir suivis» (T.No 120)
Priti
est
le village où résidait le futur roi
Abron
Tan
Datè
Kouman
et
sa
famille
avant qu'il ne fonde
son
propre
village
de
commandement. Il n'a pu décorer le chef de ce village de son vivant. Ce
serait
chose
faite
avec
sa nièce Abenan Badou qui
lui
offrit
les
attributs
de lieutenant de guerre.
Le premier bénéficiaire fut
Anzou
Kwame
de l'ancien Priti et le discours de son tambour de
devise
fait
référence à l'accueil réservé à la famille de Tan Datè.
En
effet
lorsque le futur roi abron s'était installé
à
Priti,
cela
n'a
été
possible
que grâce à l'hospitalité
de
la
population
autochtone
qui
lui
avait apporté son
assistance
dans
les
travaux
champêtres et autres domaines.
De
tels services en pays abron ont toujours été
recompensé.
Le
chef
bénéficiaire clame ici sa satisfaction pour avoir aidé la famille
Tan Datè à s'installer à Priti et qui lui est reconnaissante.
15 - KWADIO AGYEMAN
Clan : Yakassé
Lieu de résidence : Dabilayo, Arnanvi et Tangamourou
Autel et lieu de culte : Tangamourou
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi,
Qui est le roi ?
Le roi, c'est moi
Odom Sèsrèkou,
Boa Adingra!
Petit-fils de roi
Kwadio!
Il y a roi et roi
Et roi qui tue rois.
Un roi n'est jamais pressé.
Il marche calmement, posément.
Toi qui. défais les mâchoires fraîches.

-
310
Prince, on parle de toi.
Mais sais-tu en quels termes
Parl~-t-on de ~oi ?
On parle de toi comme d'un
Intrépide chasseur d'éléphants.
Agyeman Badou!
Dernier monarque de Doma
Notanzèsrè!
Boafran Kokon!
Il fait jour, faites parler de vous.
Condoléances et salut!
(T.No249)
a) ETAT-CIVIL
« Odom Sèsrèkou Boa Adingra
Petit-fils de roi!
Agyeman Badou!
Une panthère
N'est jamais vieille»
"odom. Sèsrèkou Boa Adingra" est le nom du huitième roi abron
du
clan
yakassé.
Tous les enfants de sa lignée se reconnaissent en
lui,
même s'il a été un roi sanguinaire. Agyeman Badou, le quinzième roi est
le petit-fils de Kwadio Adingra Kouman.
b) CARACTERE :
« Un roi marche toujours
Posément et calmément»
C'est un roi calme,
posé et très âgé lorsqu'ilp~it le trône:
Ses
électeurs
en
misant
sur
son
caractère
pensaient
pouvoir
le
manupuler à leur guise, ce fut le contraire.
c) IDEOLOGIE:
« Une panthère
N'est jamais vieille»
C'est
le
nom
que porte tout individu né un lundi
mais
c'est
aussi
ici
la devise du roi Agyeman Badou qui estime qu'il
n'est
pas
trop âgé pour règner sur le trône abron.

-
311
-
Les
électeurs abron,
faiseurs de roi avaient fait appel à
Agyeman
Badou, fabriquant d'assiettes en bois à Adjoumanibango-
Il était très peu connu de l'ensemble des électeurs.
En face de lui
il
Y
avait
le jeune candidat des Siendji,
Yao Kalo
du
village
de
Gbokoré.Ce
dernier au cours de sa campagne mettra en exergue l'âge
de
son
adversaire.
Celui-ci soutenu par les dignitaires des villages
de
Tabagne
et
de Tiédio malgré tout sera élu.
Et pour
répondre
à
son
concurrent
malheureux qui estimait qu'il était trop âgé,
il lui
fera
comprendre
qu'une panthère n'est jamais vieille.
Même morte elle fait
plus peur qu'une chèvre vivante.
C'est
de cette même manière que le prince Kwame Agyeman de
Tabagne
répondit à son concurrent malheureux Kwasi Kohosonon qui le traitait de
pauvre.
d) OEUVRE
On
lui attribue la création des sièges de lieutenant de guerre
de Priti Ahenkro et de Diédou.
Création du siège de Priti Ahenkro.
«Gyapam et tatia
Viennent du commencement des temps.»
(T.N°93)
L'arbre
gyapam et l'insecte tatia sont créés pour vivre et
mourir
ensemble.
Ce
texte
s'emploie
pour
signifier
sa
dévotion
à
un
bienfaiteur, le plus souvent un parent.
Le
titre
de
lieutenant
de guerre avait
été
attribué
pour
la
première
fois
~l Kwadio Fiéni,
fondateur de Priti Ahenkro
(136).
Il
était le chasseur de la cour royale.II ravitailla~t celle-ci en
viande
d'éléphants
en période de famine.
Il aurait tué quatre vingt dix neuf
éléphants
pour le roi Kohosonon qui l'incorpora à la cour
royale.
Ce
récit vient confirmer les propos des sages de Kinkua qui affirment
que
les
habitants
de Priti Ahenkro et ceux de Kinkua constituent la
même
famille
et que pour- une histoire d'éléphant abattu et qu_'ils
devaient

-
312 -
dépécer,
ils n'ont pu assister à l'enterrement d'un de leur chef,ce qui
est à l'origine de leur séparation.Si l'attribution de ce titre date du
règne du cinquième monarque Kohosonon,
il faut souligner
qu'il n'était
accompagné
d'aucun
attribut.Il faut attendre le quatorzième
monarque
Kwadio Agyeman du clan yakassé pour offrir à son neveu Kwabenan
N'zian
qui
est aussi le fils de la reine-mère Akoua Dapa,
un
palanquin,
un
aborna et un tambour de devise.
C'est
à ces deux dignitaires du royaume et parents que
Kwabenan
N'zian prête le serment de leur demeurer fidèle.
Certains
villages rélèvent de son autorité politique.
Ce
sont:
priti,Priti Ahenkro,Arosua,Kouassianaguini,Asuatifi,Kwadiodongokrom
et
Sokoura. Les chefs de ces villages lui apportent à chaque fête d'igname
un morceau de bois en signe d'allégeance.
-La création du siège de Diédou.
« Il n'y avait personne»
T.N° 64
)
Il
s'agit ici des ennemis des Abron.
Ce discours du chef de Diédou
laisse
penser que s ' i l était venu très tôt dans le
royaume, i l
aurait
pris une part active dans les guerres de conquête.
(136) Priti
signifie que je dois sauver la vie de mon peuple.En
effet
c'est à la fin des prémières guerres de conquête que Fiéni s'est résolu
à
créer
un village pour maintenir auprès de lui les
membres
de
son
clan.
Il serait venu de Doma en passant par Denkyira, Nchira,
Sunyani,
Yakassé, Assuéfry.

- 313 -
Pour
la compréhension de ce texte,
il convient de rappeler que
le
village
de
Diédou est créé par des Abron venus de Doma.
Ils
avaient
pris
part
à
l'exode
en
s'installant
d'abord
à
Djunim
puis
définitivement
à Diédou.
Ayant la même origine que les Abron de Doma,
le
roi Kwadio Agyeman les invita à venir vivre avec
lui.
C'est
pour
donner
un sens à cette invitation qu'il offrit à leur chef un
tambour
de devise. Cette devise souligne bien que les habitants de Diédou ne se
sont
ralliés
que très tard
aux Abron après les guerres
de
conquête
comme nous l'évoquions dans le peuplement.
16 - KOFFI YEBOA
Clan : Zanzan
Lieu de résidence : Hérébo
Autel et lieu de culte : Hérébo
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi
Qui est le roi ?
Le roi, c'est moil
Bribri Yeboa!
Angaman Boakro!
Yeboa Sèsrèkou!
Atoprèkon mangeur de guerre!
Il y a roi et roi!
Un roi n'est jamais pressé.
Il marche posément et 'calmement.
Toi qui défais les mâchoires fraîches!
Majesté, on parle de toi.
Mais sais-tu en quels termes
Parle-t-on de toi?
On parle de toi comme d'un
Intrépide chasseur d'éléphants.
Yeboa Sèsrèkou!
Boafran kokon!
Il fait jour, faites parler de vous.
Condoléances et salut.( T.N o 249)
a) ETAT-CIVIL
« Bribri Yeboa!
Angaman Boakro!
Yeboa Sèsrèkou!
Atoprèkon mangeur de guerre!»

-
314 -
Il
est le descendant du roi Koffi Fofié (Atoprèkon Bediakon),
de
Kwasi
Yeboa (Bribri Yeboa) dont le nom tambouriné est Yeboa
Sèsrèkou,
le destructeur des villages (Angaman Boakro).
Il
est également le neveu du douzième roi Kwadio Yeboa.
Sa
mère
Yawa Yeboa se maria à Bini Koffi Ando du village de Gouméré.
C'est
de
cette union que naquit le neuvième roi du clan zanzan.
b) CARACTERE
« Un roi marche posément
Et majestueusement»
C'est
un roi au tempérament calme,
posé.
Rien en lui ne
laisse
penser
qu'il
est violent,
cruel et sanguinaire.
La paix
entre
les
différentes
ethnies
de son peuple est son souci
permanent
qu'il
ne
cesse de proclamer officiellement.
C) Son règne
« Dernier roi de Doma»
L'actuel
roi des Abron vivait à Adjoumanibango lorsque
les
électeurs
lui
firent
appel
pour
succéder
à
Kwadio
Agyeman.
Ce
choix,
cette
fois-ci,portait sur un jeune.Ce dernier avait en face de
lui
plusieurs
candidats
dont
Yao
Abissa
et
Kwadio
Agyeman,
un
intellectuel autoritaire,
craint par les dignitaires de Tabagne.
Pour
éviter la dictature de celui-ci,
le choix des électeurs de Tabagne
se
porta
sur la personne de Koffi Yeboa de Hérébo au tempérament calme et
facilement influençable.Mais celui-ci devra attendre impuissant la mort
du
régent
Adingra
survenue le premier janvier
1963,
pour
se
voir
introniser et entrer en possession des tabourets royaux.
Il est le dernier roi de Doma qui règne.
C'est pourquoi sa
biographie ne s l achève pas par le mot condoléances.
Depuis 1987 le roi
semble
avoir
considérablement vieilli, affecté par les problèmes
que
traverse son pays.

- 315 -
Textes de glorification commun à tous les rois
«Quand la panthère
Apparaît au bout du village,
Son odeur se répand au village.
Son odeur sent n'grahuri (137)
Basa Pipripi!
Quand il se montre
AU bout du village,
La guerre se sauve.
panthère, salut!
Divin tambourinaire!
Où que tu sois,
Je t'invoque,
Roi Krôdjô et dignitaires,
De quelque pays que ce soit!
Ecoutez!
Ecoutez et
Méditez le message du tambour !(T.N°250)
Panthère !
Où que tu sois,
Je t'invoque, viens
Panthère! :
C'est à moi qu'on dit
Majesté, marche
Posément !
Panthère,
salut!
Divin tambourinaire!
Où que tu sois,
Je t'invoque,
Roi Krôdjô et dignitaires,
De quelque pays que ce soit!
Ecoutez!
Ecoutez et
Méditez le message du tambour! (T.N°251)
Par
ce texte,l'on affirme que les rois Abron inspirent la crainte.En
effet,
la vue de ces hommes que l'on ne voit pas souvent,entraîne
une
sorte de frayeur. Les sujets évitent même de les rencontrer.
Tous les rois sont désignés sous le nom de panthère .C'est pourquoi
à
leur
décès,une peau de panthère est accrochée sur le mur extérieur
de
la
cour où leur corps est exposé pour signifier qu'un roi ou un
prince
est décédé.
(137) Atmosphère de guerre.

-
316 -
B -
LES
REINES - MERES
Au nqmbre de trois,
ce sont
Assoumia, Yawa Bra et Ama
Attawa.celles
qui les succèdent résident respectivement à Tangamourou,
Adandia et Amata.
1 - ASSOUMIA
Clan : Yakassé
Lieu de résidence : Tangamourou
Autel et lieu de culte : Tangamourou
IDEOLOGIE:
« Je resterai et
T'attendrai jusqu'à ton retour»
(T.N°252)
Dans le pays abron aussi bien dans le clan zanzan que
dans
le
clan
yakassé,
la reine-mère est choisie dans une même famille
et
elle
réside à Tangamourou.
On l'identifie souvent à la soeur ou à
la
femme du roi.
En réalité,
elle n'est pas la première femme du roi
ni
nécessairement sa soeur.
Elle est élue comme le roi et sans administrer
une
province particulière,
elle joue un rôle important.
Elle est
la
conseillère
du
roi et peut le destituer lorsqu'il viole
son
serment
d'intronisation. Le roi requiert donc sa fidélité pour mener à bien son
mandat.
Toute
détentrice du siège de reine-mère réside à Tangamourou où
l'assiste
l'héritier présomptif,
Il
l'abakoumanhinin" et le
serviteur
chargé
de
l'entretien des lieux de culte des
nobles
décédés
appelé
lI a banmouhinin".Il
revient à ce dernier serviteur d'assurer l'interrègne
à
la
mort de la reine-mère.La reine-mère tout comme les rois
et
les
princes détenteurs de siège sont enterrés à Zanzan à l'exception du roi
Kwadio Agyeman.
Sont enterrés à Tangamourou,
les grands serviteurs du
clan yakassé.
La reine-mère ne participe pas aux guerres.
Pour la consoler,
les
tambourinaires
restés auprès d'elle,expriment ses sentiments à travers
des discours.

- 317 -
Discours de consolation de la reine-mère en période de guerre
« La veuve s'impatiente.
rI est parti
Et n'est pas de retour.
La veuve
N'a pas le temps»
(T.
N°253)
Le
tambour compare l'attitude de la reine-mère à celle
d'une
veuve.
Elle ne participe pas à la guerre mais elle brûle
d'impatience
tant que le roi, parti à la guerre,
n'est pas revenu.
Ce roi à qui elle
promet
à travers son tambour de devise de lui demeurer fidèle
quelque
soit le temps que mettra son absence.
L'époux de la reine-mère (Asomhinin)
Le
chef des serviteurs,
considéré comme l'époux de la reine-mère,
possède un tambour de devise adoré à chaque fête d'igname dans la
cour
même de la reine-mère. Voici ce que dit son tambour sacré.
« Prenez et partagez
Je m'en tiens à l'écart»
(T.N°97)
Il
s'agit du pouvoir politique.
Le détenteur de ce texte affirme
qu'il
renonce au pouvoir politique.
Le premier détenteur de ce
siège
vient de Denan,
une localité située derrière Accra (Ghana).
c'était un
valeureux guerrier plus armé que les Akwamou.
Il possédait deux
mille
sept
cent
fusils
(2700).
Dès lors,
il commença à s'apprêter en
vue
d'arracher
le pouvoir aux Akwamou.
rnformé des intentions de ce
chef
guerrier,les Akwamou se réunirent et lui confièrent leur reine-mère,
le
deuxième personnage de la dynastie.
Intégré dans la grande famille des
Akwamou,
ce
chef
de Denan renonça à toute lutte
pour
s'emparer
du
pouvoir.
Son
rôle même de nos jours consiste à veiller sur la
reine-
mère et les princes
(Abakouma).

La Reine-mère des Abron-Gyaman, son époux à gauche et le
détenteur du siège des neveux (Abakoumanhinin) à
Tangamourou.
La Reine-mère des Abron-Gyaman
Et son tambour de devise à Tangamourou

- 319 -
2 - YAWA BRA
Clan ; Yakassé
Lieu de résidence ; Adandia
Autel et Lieu de culte : Adandia
IDEOLOGIE:
« Rien que la lignée» (T.N°63)
Le premier détenteur de ce siège est Abran Tamia,
fille du chef
Apo de la province angobia et fondateur du village de Tiédio. Elle
se
maria
à Touboua et vint s'installer à Adandia à
la
recherche
de
l'or. De ce mariage naquit Yao Dabila, Abenan Biré et Kwakou Amandjran,
futur roi du Gyaman.
A la mort de Touboua,
elle se remaria à Amon Kwadio,
fondateur
du village de Hiango.
Très
vite
le village de la reine se peupla avec
la
présence
d'autres' captifs.
Ces derniers bien intégrés voulurent bénéficier des
mêmes
avantages que les fils de la reine.
La devise de celle-ci
leur
rappelle
qu'ils n'ont pas droit à l'héritage de son
siège
car,
dit-
~
elle,
"c'est par son effort personnel qu'elle a acquis ses biens.
En
conséquence,
ils reviennent aux membres de sa lignée."
La société abron se présente comme une société à stratification
rigide où la naissance confère tous les droits. La détention du pouvoir
politique devient à cet effet une affaire de famille.
L'histoire
banale de la bûche que personne
n'ose évoquer à
Adandia
situe
clairement
la
position de la classe dirigeante
vis-à-vis
des
autres
couches sociales.
En effet l'on raconte qU'une querelle
entre
les
fils de la reine et ses captifs serait à l'origine de la
création
des
villages
de Foadja (prends ton héritage),
Mérékou
(au
lieu

poussent
les
champignons),
Kwatoutou (Nous,serviteurs,
fuyons
pour
laisser
la
place
aux princes),
Hiango (Je ne répondrai
pas
à
tes
convocations)

-
320 -
3- AMA
ATTAWA
Clan : Foumass,a
Lieu de résidence : Amata
Autel et lieu de culte : Amata
IDEOLOGIE:
«Rien que la lignée»
(T.N° 63)
C'est
au cours du règne du chef de terre de Kroko,
Kwame
Djadou
que
Dua
Kwakou
et sa soeur jumelle Ama Attawa
de
Duakwam
vinrent
demander
une
portion de terre en vue de créer un village
à
eux.
Ce
village est baptisé du nom de la reine Amata,
forme contractée de
Ama
Attawa.
En quittant le village-mère Duakwam,
il s'agissait pour la reine
de
préserver ses biens matériels pour sa lignée,
chose impossible
si
elle restait dans ce village.
CHAPITRE III:
LES CHEFS GUERRIERS
Les chefs guerriers rassemblent à la fois les princes de
sang et les lieutenants de guerre.
A- Les Princes
«Rassemblez-vous
Et attendez-moi»
(T.No 254)
Ce
discours du tambour de devise du détenteur du
siège
des
neveux
des
Nkwanta
décrit l'attitude et le comportement
des
nobles
appelés «abakouman».
Chaque province a son siège des neveux.
Ce
sont
les héritiers présomptifs du grand siège de la province.
Leur présence
aux
réunions est obligatoire.
Rien ne se fait sans eux.
Mais pour
y
assister,
ils
se
font
attendre et
indisposent
pratiquement
toute
l'assistance réunie.
L'on raconte que, pour offrir du bois au jour dit
Kwayawuo,
au roi, c'est le détenteur du siège des neveux qui s'exécute
en
premier
lieu.
Avant
lui,
aucun des sujets
venus
des
villages
environnants
et devant rejoindre leur localité pour adorer leur siège,
ne peuvent offrir du bois au roi de peur d'être sanctionnés

- 321 -
Le
retour
de ces sujets dans leurs villages respectifs
avant
la
tombée de la nuit dépend de l'humeur de ces personnes intouchables
qui
n'apparaissent que lorsque tout le monde est réuni.
C'est pour montrer
qu'ils
sont au-dessus des autres sujets que le tambour laisse entendre
ce discours.
Dans
le
royaume, les
princes
jouissent
d'un
statut
privilégié.
Ils sont libres de se comporter comme bon leur semble sans
être inquiétés. Ce sont:
1 - NANGO
Clan : Yakassé
Lieu de résidence : Secrebango
Autel et lieu de culte : Secrebango
Idéologie:
« Peuple ahinifié,
La fortune ne me convient-elle pas
Autant qu'au sot?»
(T.N°255)
Le fondateur de Secrebango,village situé à neuf kilomètres de Tiédio,
est Koffi Sekyere,
fils du 6è roi Koffi Agyeman du clan yakassé.
L'on
raconte que très jeune,
il servait son père,
cultivait ses champs. En
récompense
des
services rendus,
il reçut de sono père un
tambour
de
devise. Le premier texte est de nos jours oublié. Celui que nous venons
de citer,
tire son origine d'un mécontentement.
En effet tout héritier du siège de Secrebango peut prétendre au
trône
dIApo de la province angobia ou siendji.
Le chef à l'époque
de
Secrebango du nom de NANGO,
était prétendant au trône.
En y postulant,
il
rêvait de s'enrichir grâce aux amendes infligées aux sujets.
Iloen
est de même des chefs responsables de siège.
Le rêve que caressait Nango serait une réalité si son oncle
ne
s'était opposé à sa candidature en soutenant un autre candidat.

- 322 -
c'est à l'intention de son oncle, et des autres dignitaires qui
l'avaient lâché, qu'il
fit tambouriner le présent texte. Dans ce texte
il
interpelle
le peuple ahininfié et leur demande s ' i l ne
mérite
pas
d'avoir
la
fortune.
Quant à son adversaire de
circonstance,
il
le
qualifie de sot.
Bien
que
nous
soyons dans une monarchie où la
successsion
est
héréditaire,
il Y a lutte pour accéder au pouvoir. Par ce texte datant
de l'époque du 6è roi abron Koffi Agyeman,le pouvoir nous révèle
l'une
des faces des contradictions, des conflits et tensions au sein de cette
société
précoloniale
jugée
à
tort
par
certains
anthropologues,
d'harmonieuse et ahistorique.
A
notre cônnaissance,
il n'y a jamais eu de succession qui ne
fasse
l'objet de discussion où s'entremêlent la
sorcellerie,
et
des
prises de position de camps opposés.
2) KWASI SEKYERE dit BARIDJA
Clan : Zanzan
Lieu de résidence : Tabagne
Autel et lieu de culte : Tabagne
Idéologie
«Kwasi
Nous ne jouons pas franc-jeu»
(T.N 0 256)
L'on
raconte
que,
Kwasi Sekyeré dit Baridja,frère cadet
de
Kwadio Tawa,
fortuné, souhaitait que,
l'on puisse se promener avec son
trésor (dja) d'où son surnom "Baridja".
Très riche et influent,
son entourage avait voulu qu'il
soit
l'héritier
direct
de son père.
Il prit part au coup
fomenté
contre
son frère aîné Kwadio Tawa pour l'écarter de leur père.
S'étant
rendu compte très tard,
que la voie utilisée n'était
pas la bonne,
il regrette ici son acte et s'en prend à ses conseillers.

3')-
-
c . . 7 . -
-.,;
3 - YEBOA AKORIE
Clan : Yakassé
Lieu de résidence : Arnanvi
Autel et lieu de culte : Arnanvi
Idéologie
« Si la guerre vient,
Je la mange»
(T.N°242)
Manger,
ici est une image et a le sens de vaincre, de mettre un
terme à la guerre au cas où elle éclaterait.
Telle est l'idéologie
du
prince
Yeboa.
Akoriè pour servir à sa manière le roi
Kwakou
Agyeman,
créateur de son siège.
En effet,
l'on raconte que Yeboa Akoriè
était un fils modèle,
serviable
et toujours aux côtés de son père.
Son frère Kwakou Gnankan
avait
préféré
résider à Tengohini.
De tels comportements
de
prince
depuis le roi Tan Datè Ier,
méritent d'être recompensés. Ce que fit le
roi Kwakou Agyeman de retour de la guerre contre Kwabenan
Diawuo,
roi
de Brekum. Aussi l'idéologie politique de ce prince fait-il référence à
la guerre.
Reconnu comme un guerrier intrépide, Yeboa Akoriè entend le
demeurer
et
jouir
de la confiance de son
père.
C'est
pourquoi
il
soutient,
à travers ce discours,
qu'il sera toujours aux côtés de son
père, si la guerre éclatait.
« Je suis poudre à canon et
Je suis pierre à fusil»
(T.N°243)
La
poudre à canon et la pierre à fusil étaient les deux armes à son
époque et ne possèdait pas ces armes qui voulait.
Affirmer être poudre
à
canon
et
pierre à fusil,
c'est s'affirmer comme
étant
un
grand
guerrier devant être craint par tous.
s'attaquer à lui,c'est aller
au
suicide volontaire dès lors qu'on est averti.

- 324 -
4 - ADOU
KWADIO
Clan : Zanzan
Lieu de résidence : Hérébo
Autel et lieu de culte : Hérébo
Idéologie
« Peuple Awassou
Nous ne jouons pas
Franc-jeu»
(T.N°257)
En
général,
la
succession au trône royal se passe d'oncle à
neveu.
Lorsque
ces
neveux sont nombreux,la course devient
ardue.
Les
plus
ambitieux
utilisent
des
stratagèmes
pour
éliminer
d'éventuels
candidats.
Adou
Kwadio dans ces conditions s'était mis à l'écart
des
chicanes de ses frères.
Aussi lorsqu'on lui reprochait sa solitude, il
répondait
"c'est
en
se
cachant
que
la
courge
parvient
à
se
développer". Mais en fait,il reprochait à ses frères de ne pas jouer
franc-jeu comme il le mentionnera dans son tambour de devise.
Origine du siège
« Adou !
Tu es un bon serviteur» (T.N°258)
L'on raconte qU'Adou Kwadio du clan zanzan,à la mort du onzième roi
Kwakou Agyeman,
devait hériter le trône royal.
Même noble, son
statut
social
ne
l'avait
pas empêché de se mettre au service du
roi
qu'il
servit corps et âme,en cultivant ses champs d'ignames. Trop âgé, le roi
était convaincu que son ,serviteur n'hériterait pas le siège. Aussi pour
le remercier pour tous les services rendus,il créa le siège des
nobles
à
son intention.Ce sont ces services exceptionnels que son cor d'appel
met ici en exergue.

- 325 -
Adou
Kwadio comme le pensait le roi,
n'avait pas hérité le siège
royal, en revanche ses successeurs Kwadio Yeboa et Koffi Yeboa l'actuel
roi y ont accédé.
Par le discours de ce cor d'appel,
Adou Kwadio
est
bien
le premier bénéficiaire de ce siège des nobles.
Emmanuel
Terray
avait raison lorsqu'il doutait de l'origine Akwamou de ce siège.
pour
les
services exceptionnels rendus au roi,
certains
privilèges
furent accordés à Adou Kwadio.
L'honneur lui revient d'introduire à la
cour
royale
treize lieutenants de guerre.
Ce sont
ceux
de
Tabagne
(siège de Duakon);
Lomo,
Assuéfry (Kwakoum fié),
Ahuitiesso, Kouassi
Kouman,
Kpanan Ababio,
Kpanan,
Soko Kaïbri,
Sapia,
Djom, Karako et
Koufouo.
Il
apprécie les dons qu'offre au roi,le lieutenant de guerre
de Sapia.
Ces dons sont constitués de cent (100)
ignames et un mouton.
Dans ses prérogatives,
il peut censurer ces dons.Ce qui arrive souvent
lorsque le mouton qui lui revient n'est pas gras.
Il reçoit également des présents de quelques autres villages:
Kpanan Ababio lui offre du bois et six (6)
ignames.
Assuéfry
(Kwakoum
fié)
apporte à la fête d'igname deux (2)
litres d'huile de palme rouge
qu'il partage avec la reine-mère.
Soko Kaïbri : six (6)
ignames et un coq
Koufouo : douze (12)
ignames et un coq.
Il
faut signaler aussi qu'à la cérémonie de l'offre de bois au
roi,
il
lui revient de
faire le premier cette offrande.
Jouissant
de
ce
privilège,
il
prend
le
malin
plaisir à retarder
le
début
de
la
cérémonie
sachant
bien que,
les lieutenants de guerre venus pour
la
cérémonie, doivent repartir aussitôt dans leur village pour l'adoration
de leurs sièges respectifs.
« Assouman
Retourne chez toi»
(T.No259)

-
326 -
Le
détenteur de ce siège,
en ne partageant pas l'opinion du roi
au
cours
d'une assemblée des chefs de province,
desprinces,de la reine-
mère et des autres dignitaires,
a une manière toute particulière de le
faire savoir.
Il enfourche son siège. Aussitôt son sonneur de cor très
proche de lui fait savoir au public la réaction de son maître. A partir
de cet instant, il rentre chez lui.
« Awua » (T.N o 260)
Awua est le cri du chat huant.
Le cri de cet animal entendu en plein
jour
annonce
un
malheur.
Celui
qui
l'entend
doit
nécessairement
consulter
un
devin.
Dans le même ton,
ce discours ne
se
fait
pas
entendre à n'importe quelle occasion.
Il est ordonné par son détenteur
en cas de difficulté de toutes sortes.
5 - KOFFI AGYEI
Clan : Zanzan
Lieu de résidence : Tangamourou
Autel et lieu de culte : Tangamourou
Nom tambouriné:
«Abakouma
De la cour royale»(T.N o 261)
Idéologie:
« Brakatou
J'ai toujours été un prince (T.N o 241)
créé par la reine-mère Ama Tamia de retour de son exil de Kumasi,
ce
siège
visait
à
honorer
la
mémoire
de
son
fils
Agyei
mort
accidentellement sur le chemin de retour à Sunyani. Ce fils, s ' i l était
rentré
au
pays, devait récupérer le trône occupé par
le
roi
Kwakou
Agyeman.
Dans
ce
discours,on
lui
fait
comprendre
sur
un
ton
conflictuel,qu'il n'est pas un prince de sang.

- 327 -
« Le peuple Awassou
N'est pas un peuple inquiétant»
(T.N°262)
Dans le royaume abron-gyaman,
ne devient pas roi qui
veut.
Seuls
les
princes
de sang sont les héritiers légitimes.
Avec le siège
des
nobles,
ces
futurs candidats se préparent à assumer les fonctions
de
roi
lorsque
leur
tour viendra.
Détenteur
de
ce
siège,
aucune
candidature dans le clan yakassé ne peut l'inquiéter, assuré qu'il est,
d'être roi.
Certains
chefs de village sont désignés pour servir
le
siège.
Ce
sont ceux de Dabilayo,
Agyeibango,
qui lui fournissent respectivement
des ignames et des poulets à chaque fête d'igname. Les autres chefs des
villages environnants offrent du bois de chauffe.
Discours de son aborna
« La poule et le cafard
Peuvent-ils jouer ensemble?
Poule!
Prends-le et mange»
(T.N°263)
Poule
et
cafard
sont des métaphores pour désigner
le
chef
abakouma
de Tangamourou et les autres princes du
clan
yakassé.
Tout
prince qui hérite de ce siège est assuré d'être intronisé.
rl a plus de
chance
que
les autres princes également dans la course au
titre
de
roi.
Le
chef
abakouman affirme ici dans ce texte qu'il peut
écraser
tous ces princes qui ne représentent rien à ses yeux.
Le discours de son grand tambour précise davantage la pensée et
la manière dont ce prince perçoit les autres princes contenues dans son
tambour de devise.

- 328 -
6 - ADOU KWADIO KOKO
Clan : Akyidom
Lieu de résidence : Kouassi-Ndawa.
Autel et lieu de culte : Kouassi-Ndawa
Tout détenteur du siège d'Adou Kwadio comprenant un tambour de devise
et un co~ d'appel réside à Kouassi-Ndawa.
Idéologie tambourinée
« Qui peut les prendre? » (T.N°264)
Bien
avant qu'il ne détienne le siège de noble,
Adou Kwadio
avait
reçu de Bini Kwakou,
frère de son père Kohosonon,
un cor d'appel et un
tchunissini,
en tant que noble.
ce qui est contraire à tout protocole
d'attribution de ces objets. Pour narguer ses détracteurs,
il leur fera
comprendre
que
c'est Kwakou qui les lui a offerts et
par
conséquent
personne ne peut les lui arracher.
Idéologie contenue dans le cor d'appel
« Adou (bis)
Je t'expliquerai mon affaire
En temps opportun!»
(T.N°265)
De quelle affaire s'agit-il ici? c'est la vie privée d' Adou Kwadio
sur laquelle le cor d'appel lève un pan sur son histoire.
En remontant
les faits, Adou Kwadio avait reçu de façon illégale des attributs
(tambour
de
devise et cor d'appel) et ce n'est que
plus
tard
qu'il
recevra
un
palanquin du chef akyidom Kwame Kohosonon dit
Paparapahou
fondateur
du
village
de Bonem.II convient
donc
de
déterminer
les
c~rconstances.

-32~ -
Le
roi
Tan Datè de Diassempa porté vers
l'enrichissement
personnel par la perception des coutumes (138)
avait eu maille à partir
avec
certains
chefs
(139).
Au nombre de ces
chefs
figurait
Kwame
Kohosonon qui s'exila à Sunyani (Ghana).
A sa place,
Adou Kwadio
fut
intronisé et porté en palanquin.
Après
de
longues
négociations,
les
autorités
de
Sunyani
persuadèrent l'exilé politique Kwame Kohosonon à rentrer au
pays.
Son
siège
étant
occupé par Adou Kwadio qui reçut tous les
honneurs, son
retour
posait problème.
Il reprit tout de même son siège.
Que
faire
donc
de l'ex-chef Adou Kwadio?
Pour lui permettre de
bénéficier
des
avantages
de son rang social,
il créa le siège de noble pour ne point
le déshonorer.
Adou Kwadio avec le retour de Kwame Kohosonon était sur
le
point
de tourner une page sombre de son
histoire.
En
se
voyant
destituer,
il préférait la mort. Une telle histoire inoubliable ne peut
se conter à n'importe qui et à n'importe quel moment.
(138) Pour jurer sur sa coutume en 1916 i l fallait payer 225,00 frcs.
(139)
L'administrateur du poste de Bondoukou à l'époque écrivait
dans
son
rapport
politique qU'en Mai 1909 "le chef Adou
Kofi
du
village
d'Assorokrou
à
la suite d'un différend à propos d'une femme
avec
le
chef des Abron Tan Datè a quitté la Côte d'Ivoire pour le Ghana ". A la
même
époque
le
chef
adonten de Songori fut dépossédé . de
tous
les
villages qui le servaient.

- 330 -
7 - BINI YAO
Clan : Akyidom
Lieu de résidence : séréoudé
Autel et lieu de culte: Séréoudé.
Idéologie
« Une famille
Possède plusieurs composantes»
(T.N°266)
Pinda,
à
l'origine,
constituait
le village-mère de
la
province
akyidom:
C'est de ce village que partiront certains membres du lignage
pour
créer d'autres villages
Kwasi Sekyere s'installa sur la chaîne
de montagne Sirahi à séréoudé,
Kwakou Nketia à Kouafo,
Bini Kwakou
à
Kouassi-Ndawa
en vue d'extraire de l'or. La recherche de l'or serait à
l'origine de la dispersion du lignage akyidom.
Cet éloignement du village-mère Pinda a eu pour conséquence le rejet
de
la
candidature de certains prétendants aux sièges de
la
province
akyidom.
Au
nombre
des
victimes,
figure Bini Yao de
séréoudé
qui
convoitait le siège principal de la province akyidom.
Comme dans toutes les provinces,l'accession d'un candidat à un siège
entraîne
des
querelles
interminables
qui
laissent
parfois
des
séquelles. Le candidat est invité à expliquer son arbre généalogique et
à
déterminer
en
quoi
il
est
un
légitime
prétendant.
A
défaut
d'arguments
convaincants
et
fondés,
le
rejet
est
prononcé.
Tout
héritier légitime infirme est écarté. Il fut reproché à Bini Yao d'être
trop
éloigné du village-mère.
Ce qui ne l'avait pas
convaincu.
Pour
règner à tout prix,
il créa le siège des nobles malgré l'opposition des
autres dignitaires de la province.
La devise choisie remet en cause la
définition
de la notion de famille et rappelle que la famille comprend
plusieurs composantes réparties sur toute l'étendue du pays (140).
(140)
Il
est
à
remarquer que dans la
province
akyidom
certains
captifs
appelés fils du roi se prennent réellement pour ce
qu'ils
ne
sont
pas
et prétendent
à des sièges.
Ebi Nzian la mère
de
Kwakou
Nketia
de
Kouafo
était une captive.
Ne pouvant dire à
la
face
du
candidat ses origines,
l'on avance des preuves peu .solides.

- 331 -
De
nos
jours,
le
détenteur de
ce siège est choisi dans
une
même
famille, celle de Kwasi Sekyere, tandis que le représentant de l'âme du
chef akyidom est fourni par la famille de la reine Woussoua (141).
Tout
détenteur
du
siège
de
noble de
Seréoudé
est
de
fait
le
lieutenant de guerre du chef de la province akyidom et à ce titre,
il a
la
grande responsabilité de garder sa poudre à canon et
d'occuper
le
front sur le champ de bataille.
En
période
d'hostilité,
il
commande
et dirige
les
troupes
des
villages de Wolobidi~
Laoudi, Sorobango, vérékaye, Tenagari·. Les chefs
de
ces
villages en contre-partie lui apportent des ignames et
de
la
viande à chaque fête d'igname.
8 - FEBI AGVEMAN
Clan : Angobia
Lieu de résidence : Tiédio
Autel et lieu de culte : Tiédio
Idéologie:
« On me hait
Depuis ma naissance»
(T.N°267)
L'histoire
raconte que le chef Apo (142) de la province
angobia
avait un fils, Agyeman Fébi, qui était valeureux et serviable. Aussi il
lui
attribua
un
tchunissini
et
des
villages.
Ce
sont
Gonia
et
Torosanguéhi.
Ce privilège devait lui permettre d'hériter le siège que
son
père occupait,celui des Angobia.
Tout héritier de ce siège
à
sa
naissance
possède
déjà
des droits innés et sait le rôle
qu'il
sera
amené à jouer.
Ce rôle qui consiste à subordonner ses sujets et à
les
réduire parfois à de simples objets sur lesquels il détient le droit de
vie
ou
de
mort
perçu
très
tôt
ne
plaît
pas
à
la
majorité
silencieuse.
(141)
La reine-mère Woussoua du clan des Gouano est la fondatrice
du
village de Séréoudé.
(142) Son nom tambouriné est
Apo Siakwan Sèbrèfouè.

- 332 -
Celle-ci,sans l'affirmer ouvertement,
le manifeste tout de même.
Cette cla~se dirigeante en est consciente et sait qu'elle est détestée.
9 - AnOU MOFFO
Clan : Pinango
Lieu de résidence : Transua
Autel et lieu de culte : Mantoumandja
Idéologie
« Prenez et partagez
Je m'en tiens à l'écart»
(T.N°97)
Lorsque
la
vague
de
population
denkyira
conduite
par
les
descendants d'Asondaré arrivait en territoire abron-gyaman,
elle avait
été devancée par le prince Adou Moffo et la Reine-mère Angabia venus du
Denkyira. Ils vivaient à Bohi.
Adou
Moffo et Angabia devinrent donc les hôtes de
cette
population
Denkyira
comme
le suggéra le roi abron.
Adou Moffo n'hérite
pas
le
siège
principal
des Pinango mais il joue le rôle de
chancellier.
Il
détient
avec la reine-mère la liste de tous les nobles,
héritiers
du
siège
du Pinango.
Il lui revient de choisir à la mort d'un
chef,
le
nouvel héritier et de l'introniser. C'est cette impossibilité d'hériter
le
siège
de Pinango que le texte de tambour de devise offert
par
le
chef Pinango Atta Koffi met en évidence et qui semble dire "prenez
et
partagez
le pouvoir,
je n'en veux pas.
En guerre,
le tambour d'Adou
Moffo laisse entendre
« Vaillant Pinango
Seul, il surpasse mille»
(T.N°268)
Il loue le courage des guerriers de la province Pinango.

- 333 -
10 - KWASI SANGOLO
Clan : Pinango
Lieu de la résidence
Sianhodi
Autel et lieu de culte : Sianhodi
Idéologie tambourinée
« Les Oreillons» (143) (T.N°269)
Les
oreillons
empêchent l'individu qui en est atteint
de
mouvoir
les
mâchoires
et de
parler.
Toute
communication
lui
est
impossible.
Cette
devise
évoque
l'attitude que devait
adopter
les
dignitaires
Pinango
lors de la décoration d'un lieutenant
de
guerre
contre leur gré.
En effet l'on raconte que le treizième chef Pinango Kwadio Kohosonon
avait informé les dignitaires pinango qu'il allait nommer un lieutenant
de
guerre
en la personne de son neveu
Kwasi
sangolo.
Tous
avaient
rejeté
cette proposition.
En dépit de ce refus,
le chef se passa
de
leur
opinion
et offrit un palanquin,
un tambour de devise et un
cor
d'appel
à
son
neveu.
C'est de cette
situation
que
Kwasi
Sangolo
l'impétrant, tire
le discours de son tambour de devise dans lequel
il
affirme que les dignitaires sont devant le fait accompli.
Idéologie contenue dans le cor d'appel
« Oubliez,
Oubliez cette affaire
N'en parlez pas»
(T.N°270)
Les dignitaires étant mis devant le fait accompli,
son cor d'appel les
supplient d'oublier cette affaire,
de se surpasser afin d'y mettre
un
terme. A la fête d1igname, assis dans son palanquin,
le détenteur de ce
siège précède le chef de la province pinango.
(143) Les oreillons: maladie infectieuse, épidémique et contagieuse
d'origine virale caractérisée par une inflammation des glandes
parotides et des douleurs dans l'oreille.

- 334 -
11 - AMOROFI
Clan : Yakassé
Lieu de résidence : Amorofikro
Autel et lieu de culte : Amorofikro
Idéologie
« Je serai présent
Partout où il y aura la guerre»
(T.N°240)
Arnorofi, neveu du roi Kwakou Agyeman Kôkô,
avait pris part aux guerres
et
plus particulièrement à la toute dernière contre le roi de
Brekum.
rI assurait l'arrière-garde du roi pour empêcher que l'ennemi ne vienne
à
le
surprendre.
Arnorofi
est
un
homme
de
confiance.
Pour
le
récompenser,
le roi lui offrit un tambour de devise.
Dès lors qu'il a
été récompensé pour avoir guerroyé aux côtés du roi,
le discours choisi
réaffirme
qu'il
se
mettra,
toujours à la disposition
du
roi
pour
participer à toutes les guerres.
Les
discours
des
tambours
constituant des serments
que
tout
un
village
prête
pour servir loyalement le roi,
par
cette
devise,
il
s'assure
qu'il
a
des partenaires sûrs,
prêts
à
l'aider
dans
ses
sollicitations.
12 - YAO KOUMAN
Clan : MEREZON
Lieu
de résidence : Kromokro
Autel et lieu de culte : Kromokro
Idéologie
« Je suis
A vos côtés»
(T.N°84)
Yao Kouman est le fils de l'une des reines-mères de la province de
Mèrèzon.
Serviable
et bon enfant,
sa mère lui offrit un
tambour
de
devise
et
pour
la remercier de cette distinction,
il lui
promet
à
travers
sa
devise,
assistance
et
fidélité.
Kromokro
et
certains
villages situés au Ghana relèvent de son autorité.

- 335 -
13 - TI KWADJAN
Clan : M~rèzon
Lieu de résidence : Adamsu
Autel et lieu de culte : Adamsu
Idéologie
« Nous sommes
Semblables à l'atè » (T.N°146)
« Je suis à vos côtés» (T.N°84)
L'atè
est une graine,
ses deux cotylédons sont
inséparables.
Cette
devise de Ti Kwadjan et de la reine Assuama Ponko fondateurs du village
d'Adamsu à l'intention du chef de
Kwatwoma résidant à Sékétia confirme
que
les
liens
de parenté que rien
ne
saurait
détruire,
resteront
éternels.
Le détenteur du siège des neveux Yoman promet à son tour
de
lui être fidèle et de le servir en tout temps.
14 - KWAME ADINGRA
Clan : Yakassé
Lieu de résidence : Amanvi
Autel et lieu de culte : Tangamourou
Idéologie
« Kwame
TU es un véritable monarque»
(T.N°271)
Le
prince
régent Kwame Adingra en prenant par la force le
pouvoir
est considéré par ses détracteurs comme un usurpateur.
Il affirme
ici
dans
son cor d'appel,
n'en déplaise à ses détracteurs,
qu'il est
un
vrai
monarque
et
à ce titre il règnera.II est le créateur
du
siège
Aduana.
En
réalité,
il
est
fils de roi et de ce
fait,il
ne
peut
prétendre
au trône.
Comment en est-il parvenu?
Lorsque le
prince
Kwame
Adingra a compris que son père Kwadio Agyeman sous le
poids
de
l'âge
n'était
plus en mesure de gouverner,
il lui demanda et
obtint
l'autorisation
de
le
représenter
aux
réunions
administratives.

- 338 -
L'opportuniste et rusé prince fera alors signer un acte par
lequel
tous
les
dignitaires s'engagent à reconnaitr~
son
droit
de
représentativité légale auprès de l'administration coloniale.
Son père
avait
maille à partir avec le gouverneur français à propos du
travail
forcé. c'est sur le conseil de son fils,
pour échapper à la réprimande,
qu'il s'exila au Ghana(Sunyani)
avec les tabourets sacrés et tous les
dignitaires.L'histoire
de cet exode est encore vivace dans la
mémoire
des sages encore en vie.
Le
prince va dès lors confis4uer le pouvoir et à la mort de son
père
en 1953,
il continuera à le conserver au grand dam des ayant-droits et
candidats
Kwadio
Agyeman un lettré,
Yao Abissa de Tabagne
et
Koffi
Yeboa
de
Hérebo
tous du clan zanzan.
Ainsi donc de 1953 à
1963
le
royaume
va traverser une crise politique sans précédent malgré que
la
royauté ne joue plus q'un rôle sYmbolique.
Il mourut
accidentellement
sur l'axe routier Gouméré-Tanda.
En
tant que régent,
le prince Kwame Adingra aura marqué
de
son
génie l'histoire du royaume. Mais malgré cette appréciable contribution
qui n'est pas remise en cause,
i l ne fut jamais intronisé.
c'est pour
cette raison que le tambour ne mentionne pas sa biographie.
caractère du prince Adingra
« Ecartez-vous
Je suis le plus brave
Je suis homme de parole
Je suis poudre à canon et
Je suis pierre à feu»
(T.N°272)
Intelligent,
le
prince Adingra possédait une forte personnalité
et
connaissait les institutions du royaume.
Il était de ce fait craint et
respecté.
c'est sous le règne de son père que la pointe sud du
Gyaman
c'est-à-dire la région d'Agnibilékro fut détachée du royaume.

- 337 -
B - LES LIEUTENANTS DE GUERRE
Leur participation dans les guerres de conquête fut déterminante.
1 - AKORA DEKI
Clan : Yakassé
Lieu de résidence
: Kanton
Autel et lieu de résidence
Kanton
Idéologie Tambourinée:
« Moi
Je veux combattre»
(T.N°273)
Kanton,
village
Koulango créée par la population autochtone à partir
de Tangamourou abrite l'un des plus grands lieutenants de guerre de
la
province angobia. Les Abron ne viendront que plus tard les rejoindre et
leur substituer le pouvoir politique par l'intelligence et la force des
armes.
Pour
se
faire
respecter
et éviter d'être
attaqué
par
les
Koulango mécontents de leur domination,les Abron proclament qu'ils sont
prêts à
combattre,ils n'ont pas peur de mourir.
Le premier détenteur de ce siège remettait à chaque razzia,
la part de captifs qui lui revenait,
à Apo,
fondateur de Tiédio.
Idéologie contenue dans le cor d'appel.
Brakatou!
Autrui vous déteste !
Faites fi de lui»
(T.N°274)
Les
Abron,
en s'imposant de force aux autochtones koulango de Kanton
et déterminer à combattre à tout moment, savent qu'ils attirent sur eux
la
haine.
Pour
se faire bonne conscience et
justifier
leur
devise
tambourinée,
ils
conseillent de ne jamais tenir compte de
l'aversion
d'autrui.
En clair le guerrier ne doit fléchir à aucun sentiment, seul
compte le résultat de son action.

- 338 -
2- KWADIO TIRE
clan : Yakassé
,
Lieu de résidence
Lamoly
Autel et lieu de culte: Lamoly
Idéologie
« En cas de guerre
Ne m'oubliez pas»
(T.N°212)
Le
lieutenant de guerre de Lamoly {144) est appelé
"Hiawouohinin"
c'est-à-dire
celui qui va à la rencontre de la guerre. Ce titre a été
attribué
pour
la
première fois à Kwadio Tiré qui, à la
suite
d'un
conflit
familial,avait quitté Kikiwèri pour se réfugier auprès du
roi
Koffi
Agyeman
qu'il
aidait dans ses guerres de
conquête.
C'est
en
réconnaissance
des services rendus qu'il lui attribua ce titre et
les
privilèges
qui s'y rattachent.
En brave guerrier,
il demande
à
son
maître
et
bienfaiteur de lui faire appel à chaque fois qU'une
guerre
éclaterait.
rI
joue
le rôle d'éclaireur dans
la
province
Siendji,
détermine
les lieux de conflit et à ce titre va au-devant de la
mort.
rI lui revient d'informer le chef du Siendji qui est lui-même éclaireur
du
roi.
Ce
vaillant guerrier réside à Lamoly.
L'emplacement
de
ce
village
sur la piste entre Tangamourou et Bouna répond à une stratégie
militaire.
rI
s'agissait
de
fermer la route de
Bolé
que
l'ennemi
koulango
de Bouna emprunte nécessairement pour rejoindre
la
capitale
politique du pays à l'époque Tangamourou.
Comme
la reconnaissance des services exceptionnels
d'un
sujet
s'accompagne
de
privilèges,
d'autres chefs de villages
relèvent
de
l'autorité
du chef de Lamoly et lui offrent des présents à chaque fête
d~igname.
Ainsi le chef de Kapé dans la région de Nassian lui
fournit
un mouton et trois corbeilles de poisson,
tandis que ceux de Sakpatrou
et
de
SogoSiendji lui offrent chacun un mouton et une
corbeille
de
poisson.
(144)
Lamoly
est également le nom de la rivière découverte
par
le
fondateur
Kwadio Tire au cours d'une partie de chasse.
L'eau de cetté
rivière était douce comme si elle contenait du sel (Lagbmo)

- 339 -
Si
le
chef
de Lamoly au plan militaire dépend de
la
province
angobia où il est inhumé(Tangamourou),
il n'en est pas de même au plan
religieux.
Il relève de la cour royale et à chaque fête d'igname,
son
émissaire
a
charge de dépecer l'un des quatre boeufs tués par le
roi
pour adorer les sièges des
rois-défunts. Ce boeuf qu'il dépèce à notre
avis
serait celui offert au roi Koffi Agyeman.
Le roi en
retour
lui
remet une patte avant du boeuf dépecé.
3 - YAO KOHOSONON
Clan : Yakassé
Lieu de résidence : Tehui ou Téo
Autel et lieu de culte : TEHUI ou Téo
Idéologie tambourinée
« Reculez
Le héro arrive»
(T.N°211)
Tehui,
village
koulango situé dans la sous-préfecture de Tanda
est
créé
par Sié Fiali,
fils d'Issamara.
Il y est rejoint peu après
par
Kwadio Kohosonon qui,
à la suite d'un conflit,
abandonna sa famille à
Tangamourou pour aller à l'aventure.
Il
sera maintenu par les femmes de son ami Sié Fiali absent
à
Tehui
(145)

il
avait
l'habitude de chasser du
gibier.
Muni
de
ses
attributs de lieutenant de guerre offerts par le roi Koffi Agyeman,
il
supplanta
très vite le pouvoir politique de son ami et devint le
chef
politique
incontesté
de
ce village sablonneux
et
responsable
des
tambours
parleurs jumélés de la cour royale. De nos jours, ce
village
jouit de la réputation de ses tambourinaires.
L'idéologie politique de Kwadio Kohosonon identique à
celle
du
chef
de Pinango somme les guerriers moins braves que
lui,
à
lui
laisser
le passage afin qu'il aille combattre car un brave guerrier ne
se cache pas, il s'affiche à aller combattre.
(145)
Le terme Tehui signifie Sié a découvert le sable et y est
resté
pour
toujours
d'après ses frères,
à qui
il
ne
rendait
plus visite.

Idéologie contenue dans le cor d'appel
« Petit - Palmier!
Lève - toi»
(T nO 275)
Le palmier à huile serait le premier arbre créé par Dieu.
Ici
le
petit palmier désignerait la
population
autochtone.
D'autre
part,
affirment
les
sages de Tehui,
tous les arbres peuvent
perdre
leurs feuilles en période de sécheresse,
à l'exception du palmier.
Le
palmier
dans
ce contexte représente l'image du soldat
disponible
et
toujours
prêt
à
combattre.
L'adjectif petit
sert
à
qualifier
la
jeunesse
des soldats.
Ce discours tout en s'adressant à l'ensemble de
la
population
vise
essentiellement
les
jeunes
adolescents
assez
réceptifs au message idéologique.
En
période
de guerre,le lieutenant de guerre de Tehui
fournit
la
poudre à canon aux chefs qui relèvent de son commandement. Ce sont ceux
de Diamba, Kwadio Bango, Siasso, Tangamourou (quartier Kroko), Bélewelé,
Bondoukou (quartier Kalidioulasso) et Watè.
4 - KWASI ATTOKO
Clan : Zanzan (Akyidom)
Lieu de résidence : Attokom
Autel et lieu de culte : Attokom
Idéologie contenue dans le cor d'appel
«Kwasi Attoko!
Sois toujours prêt
Pour aller combattre.»
(T N° 276)
Le
village
d'Attokom créé par Kwasi Attoko
abrite
l'un
des
lieutenants
de guerre de la province akyidom.
C'est de Pinda que
ces
ancêtres viendront s'installer à Assuéfry suivie de la famille Aponsem.
Le chasseur Ban Kwadio,
au cours d'une partie de chasse,
découvrit la
région
aurifère auprès d'une rivière appelée Attokom.
C'est le nom de
cette rivière que portera Kwasi Attoko, sixième chef du siège d'Akounan
Koufouo.
Il quitte alors Assuéfry et s'installe sur le nouveau site en

341 -
confiant l'administration d'Assuéfry à la famille d'Aponsem. Le tambour
de
devise de cette famille rappelle de nos jours qu'ils constituent la
même entité.
c'est
ici
que Kwasi
Attoko reçut le titre de
lieutenant
de
guerre.
L'on
raconte qu'un jour le roi Tan Datè (146)
s'adressant
au
chef Kwasi Attoko disait:
je te prenais pour un hérisson alors que tu
a la taille du porc-épie.
C'est à partir de ce propos que Kwasi Attoko
tire son idéologie tambourinée.
Idéologie tambourinée
«On
me prend
Pour un hérisson»
(T.no152)
-------------------------------------------------~----
---------------
(146) Il ne nous a pas été donné de déterminer s ' i l s'agit du premier ou
du quatorzième roi Abron.

· - 342-
Dans
l'échelle d'appréciation des animaux,
l'on estime que le
porc-épie
se défend mieux que le :hérisson.
Placé dans le contexte
de'
Kwasi
Attoko,
le
roi le considérait moins valeureux que
les
autres
guerriers.
En d'autres termes,
il sous-estimait sa valeur intrinsèque
en guerre et il s'en est rendu compte.
C'est
en
reconnaissance
des
services
rendus
en
tant
que
valeureux
guerrier
au service de la nation que le roi lui
confia
sa
fille Kossua Kalia et les attributs de lieutenant de guerre.
En
brave
guerrier reconnu,
le roi à travers le
cor
d'appel
décerné
invite Kwasi Attoko à lui être disponible à tout
moment
pour
aller
combattre.
Pour
se
faire, l'on
raconte
que
ce
chef
avait
l'habitude
de glaner assis sur un cheval son cimeterre appelé
"Kantan
n'grandji".
5 - FALEDJINA KAMAGATE
Clan : Zanzan
Lieu de résidence : Bondoukou
Autel et lieu de culte : Bondoukou
Idéologie tambourinée
« Je suis fine lame
De guerre»
(T.N°GG)
Les Dioula du quartier Kamagaya de Bondoukou ne se rappellent
pas le discours de leur tambour de devise mais ils se souviennent qu'il
était
identique à celui de Kérébio Domiambra que nous avions
collecté
et
qui
signifie
que son détenteur est adroit dans
le
maniement
du
cimeterre.
-.- -..----_. __ ._ . ._-- ------._-.---- ... -------.--~---- ----- .. -----_._-- ....

- 343 -
Ce
détenteur n'était autre que Falédjina ou Falé le génie,
un grand marabout né à B,égho.
Ayant appris la renommée de ce, marabout,
l'un
des rois abron sans doute Kohosonon lui fit appel pour l'aider
à
travers ses prières à conquérir le pays koulango.
Il se déplaça alors à
Kouafo.
En rêve,
il vit la victoire des Abron.
Il informa le roi qui
entreprit la conquête du pays
. Une fois le pays conquis, ce roi invita
Falédjina
à
vivre
auprès de lui en
lui
offrant
un
palanquin,
un
tabouret, trois cimeterres et un tambour de devise.
En
guerre,
le chef des Kamagaté occupe l'aile droite
dans
les troupes conduites par le chef de la province akyidom.
Il dispose de
trois mille fusils.
Une
telle
position
ne
peut être
assurée
que
par
des
guerriers
vaillants
et courageux.De nos jours,
l'idéal
du
quartier
Kamagaya est représenté par un tabouret et deux cimeterres sur l'un des
bâtiments attenant à la mosquée du quartier.
6 - KWAME APPIA SOROBOA
Clan : Yakassé
Lieu de résidence : Kinkua
Autel et lieu de culte : Kinkua
Idéologie
« Je peux parjurer,
Sans être amendé»
(T.N°SO)
Le
siège
d'Angobia du village de Kinkua serait venu
de
Kwahu
Anwanwinissu,
en
revanche
le tambour de devise conçu
en
territoire
abron-gyaman
est attribué pour la première fois à Kwame Appia
Soroboa
(147).
Il
aurait
reçu
le titre de lieutenant
de
guerre
dans
les
circonstances suivantes
:

-
344 -
Les
sources
orales
nous
renseignent
que
Kwame
Appia
se
transformait
en
singe
et grimpait sur les arbres afin
de
débus~r
l'adversaire
en guerre en éclaireur d'où son surnom
"Soroboa".
c~~t
également lui qui indiqua le chef de Boroko, son voisin à Ntow Kroko,"
qui le décapita à la demande du roi Abron. Il aurait participé à toutes
les guerres abron.
Le roi, en signe de gratitude, lui décerna le titIe
de lieutenant de guerre avec les privilèges qui y sont rattachés :
1) Il peut parjurer sans être puni.
Dans tout le royaume abron, il est le seul à partager la même dev,liBe
que
le roi.
Il bénéficie de l'immunité judiciaire.
Il
n'est
jameds
amendé quelle -que soit la faute commise.
C'est
de
cette
situation avantageuse que Appia Soroboa
tire
sa
devise tambourinée.
2) Il est autorisé à pénétrer à la cour royale sans se déchausser.
Pour
justifier cette autorisation,
l'on avance
qu'un
cfu~f
guerrier
venu informer le roi d'une attaque surprise armée ne
disp~e
pas
de
temps
pour se déchausser.
Il lui est de ce
fait
permis
~e
s'adresser directement au roi sans intermédiaire.
Grand
guerrier,
c'est
à
lui qu'était revenu la
charge
œœ
préparer à la maîtrise des armes Tan Kokobou qui deviendra plus tard ~e
premier détenteur du siège de la province angobia,
du nom du siège
èe
Kinkua.

345 -
c'est
à ~akassé que Appia Soroboa se sépara du lignage
royal
et
s'installa
à
Mèrèzon puis à Kinkua (148).
Le
premier
site
fut
abandonné
au
profit du site actuel dans les
roseaux,
propriété
des
Koulango de Kikiwèri.
Ce
sont
les
enfants
de
soeur qui
héritent
le
siège
-de
Kinkua.Ils
sont repartis dans cinq villages
Ce sont
Arosua,
Koffi
Badoukro, Hiango, Tabagne (quartier Baridja) et Kinkua.
Pour n'être pas venus dans les délais au décès d'un des
chefs
du siège angobia, les habitants de Priti Ahenkro partis de Mèrèzon pour
fonder ce village sont exclus du siège.
Pour le chef Djan Koffi ou Ambim Koffi Minan Sounon Kwadio ba
angobia
Kokroko,
les
habitants de Kinkua et de Priti Ahenkro sont issus de la
même
famille
et
avaient
les mêmes droits
d'héritage
au
siège
de
l'Angobia.
Au
décès
de l'un des héritiers,
les habitants
de
Priti
Ahenkro
qui
venaient de tuer un éléphant jugèrent bon de
le
dépecer
avant de participer aux funérailles.
Et lorsqu'ils s'y rendirent,
les
parents
de
Kinkua, choqués
par
leur
attitude
leur
demandèrent
"pourquoi
pleurez-vous?,
vous n'avez personne
ici,
allez-y
dépecer
votre éléphant".
Un
éléphant
abattu serait donc à l'origine de la
séparation
entre les deux familles de Kinkua et de Priti Ahenkro.
-----------------------------------.--------------~---
--------------------
(148) Kinkua terme abron veut dire lia pris le chien~ C'est l'endroit où
le
serpent au cours d'une battue à la criée avait tué le chien du fils
pe Appia Soroboa.

- 346 -
7 - KWAME DEGNINAN
Clan : Zanzan
Lieu de résidence : Lomo
Autel et lieu de culte : Lomo
Idéologie
« Allez l'informer
si vous le faites
Que me fera t-il ?»
(T.N°278)
Pour
comprendre ce texte,
il convient de situer le
fondateur
du
village de Lomo.
Ce
village est créé par l'un des sujets du roi Kohosonon qui, après
plusieurs
parties
de
chasse
à
cet
endroit
riche
en
ressources
cynégétiques, décide
de s'y installer avec les captifs remis
par
son
maître.
Ceux-ci étaient constamment maltraités.
Kwame Degninan, c'est
de lui qu'il s'agit,
est dans les bonnes grâces du roi.
Personne de ce
fait
n'a
de leçon à lui donner malgré sa mauvaise conduite à
l'égard
des sujets qu'il dirige.
Et lorsque le roi le nomma lieutenant de guerre,
il choisit
deux
discours
pour
son
tambour
de devise.
Le
premier
discours
"allez
l'informer
"autorise les sujets à aller rendre compte au roi
de
ses
agissements. Le second discours" si vous le faites, que me fera-t-il?"
signifie
en clair qu'il est convaincu que le roi ne
retiendra
aucune
sanction à son égard.
Ces
discours ont pour but de décourager la réaction des
sujets.
Voilà
la mentalité qui guidait le comportement des sujets
proches
du
roi au 18è siècle cautionné par lui-même.
Ces deux discours tambourinés, à notre sens, légitiment le pouvoir des
hommes
du
roi
et font d'eux des hommes
intouchables.
Ces
discours
invitent non seulement les sujets de Lomo à se ranger mais s'adresse
à
l'ensemble
de
toutes
les personnes vivant sur le
territoire
abron-
gyaman
à
ne point se rebeller contre le pouvoir des
princes
et
des
lieutenants de guerre du roi . .

- 347 -
8 - KWADIO FRI
clan :, Zanzan
Lieu de résidence : Tabagne
Autel et lieu de culte : Tabagne
Première idéologie
« Suis-les!
Suis-les de près!»
(T.N o 278)
Deuxième idéologie :
« Combien de fois meurt-on ?
On ne meurt qu'une fois»
(T.N o 279)
Le premier texte conseille que pendant la guerre, on doit approcher
l'adversaire avec courage, détermination et sang-froidi
le second texte
justifie ce conseil.
Car dès lors qu'on ne meurt qu'une seule fois dans
la vie,
il faut approcher l'adversaire de près et ne jamais chercher à
fuir ou à éviter son adversaire.
C'est là faire preuve de courage.
Ce
discours
idéologique a pour but de motiver,
d'encourager
les
soldats
à
prendre
effectivement part à la guerre
sur
le
champ
de
bataille.
Les
Abron appellent celui qui fuit en guerre "kasa n'gomin" c'est-
à-dire
l'être
qui
n'a
pas
la
parole
d'honneur.
C'est
un
grand
déshonneur de fuir en guerre,
le fuyard est rejeté par tout le monde
y
compris les membres de sa famille. Ce rejet entraîne parfois le suicide
que la société condamne.
Le
détenteur
de ces devises
Kwadio Fri, originaire
de
Tabagne
avait
participé à la guerre contre·Samori.
C'est à son retour que
le
roi
Kwakou Agyeman lui offrit un tambour de devise et un cor
d'appel.
Ces
deux
instruments de musique soulignent l'attitude du guerrier
en
temps de combat.
9 - KOFFI SAHI
Clan : Pinango
Lieu de résidence : Transua / Washington
Autel et lieu de culte : Transua
Idéologie

-
348 -
« Unir la famille»
(T.N o 280)
La
candidature
de Koffi Tawa à la tête de
la
province
pinango
avait
été
rejetée
par
lé chancellier et la
reine-mère
de
Transua.
L'argument
de
taille
avancé était le suivant
Koffi
Tawa
est

jumeau, or aucun jumeau par principe ne peut prétendre à ce siège. Pour
contourner
ce principe,
Tawa exigea qu'on lui fasse venir
son
frère
jumeau.
Celui-ci étant mort,
la famille opposée à son élection ne put
le
lui
présenter.
Il s'empara de force le siège et nomma une autre reine-mère
résidant à Affouavame en lieu et place de celle de Transua.
C'est
pour
résoudre
le conflit créé par lui qu'il
institua
le
siège de l'Akwamou à qui il confie le rôle principal de réconcilier les
deux familles divisées.
C'est cette tâche du chef Akwamou que rappelle
leur tambour de devise,
"Unir les deux familles en une".
C'est
un
travail de longue haleine car
Koffi
Tawa,
mort,
ce
conflit
est
loin d'être résolu.
Kwabenan Kohosonon
son
successeur,
contrairement
à la coutume,
est intronisé par Kwadio Papasian et
par
voie de conséquence les deux serviteurs ne sont pas remis comme l'exige
la coutume à celui qui intronise le chef pinango. Les frustrations nées
de
ce comportement de la famille du pinango seraient à
l'origine
des
décès des chefs pinango ces dernières années.
10 - SANWA
PRAO
Clan : Yakassé
Lieu de résidence : Teko
Autel et lieu
de culte : Teko
Idéologie:
« Je ne rate
Jamais ma cible» (T.N o 281)

- 349 -
Ne pas rater sa cible,
c'est être adroit et par ricochet c'est être
un bon soldat. Telle ~st la devise du lieutenant de guerre de Teko, quli
veut dire que nous sommes au bas de la colline.
Rater sa cible,
c'est
être un mauvais soldat. Ce lieutenant de guerre n'entend pas l'être.
Par
ce texte,
il conseille à tous les guerriers qui relèvent
de
lui, d'être adroits.
Les
ancêtres
des
habitants actuels de Teko
seraient
venus
de
l'Anno
sous
la
direction de Sanwa Prao à la suite
d'un
conflit
de
succession.
Ce chef au coeur dur délaissé au profit d'un autre au cours
de son exode sera accueilli par Koffi Agyeman qui l'introduit auprès du ~\\
d'or qu'il fonde son villa~e.
C'est en remettant de l'or à chaque fête
d'igname que le roi lui offrit le titre de lieutenant de guerre du
roi
abron,
il faut reconnaître que le texte de son tambour de devise n'est
pas
attribué
par
celui-ci.
Koffi Prao l'avait envoyé
de
son
pays
d'origine, étant lui-même noble.
11 - TAN
KWADIO
Clan : Zanzan
Lieu de résidence : Marahui- Ahenfié
Autel et lieu de culte : Marahui-Ahenfié
Idéologie
« Le brave meurt
Toujours au petit matin»
(T.N°282)
Pour dire qu'un soldat est mort en guerre les Abron disent qu'il
est
tombé et le moment indiqué est le petit matin.
Les guerres ont lieu la
nuit et se terminent au petit matin. Mourir au petit matin c'est lutter
jusqu'au
bout.
Tan Kwadio bénéficiaire de cette devise entend
lutter
jusqu'au bout et ne point se séparer des Abron.
En effet l'attachement
de
Tan Kwadio à la cour royale est exemplaire.
Koulango,
il
s'était
désolidarisé
du chef de Wolobidi pour suivre les Abron.C'est que
très
tôtiil
avait
compris
que la grandeur et le respect
de
son
village

- 350 -
passaient
par
les liens étroits avec les Abron,
peuple
foncièrement
guerrier.
Aussi
avait-il aidé le roi des Abrondans
ses
différentes
guerres de conquête.
En récompense l'un des rois,
son nom est oublié,
lui offrit un tambour de devise.
En plus de ce privilège, il participe
à
la cérémonie de purification de l'âme du roi.
Sa devise choisie est
une véritable éthique,
Il conseille d'accepter de mourir si on veut se
montrer
brave homme car c'est dans la guerre que l'homme
acquière
sa
dignité.C'est le chef d'Ahibango,
le Trésorier de l'Etat du Gyaman qui
l'intronise.
12 -
YAO KOKO
clan : Zanzan
Lieu de résidence : Boupoko/ Kwahinekro
Autel et lieu de culte : Boupoko /
Kwahinekro
Idéologie :
« Prince Yao mangeur de guerre
Tu as toujours été
Un vaillant guerrier.
Quand tu entend parler de la guerre!
Tu ris.
Avec toi rien n'est impossible.
Si on te compare à une pioche!
Tu fais mieux qu'une hache.
Coupe le tambour»
(T.N° 283)
Le tambour
apétia des Akwamou de Boupoko est un butin de guerre
que Yao Bediakon rapporta du Kwahu où il livra une guerre contre le roi
de ce pays à la demande du roi Ashanti.
Ce
tambour de petites dimensions, douze centimètres de long
sur
vingt centimètres de diamètre est accompagné d'un cimeterre d'exécution
et
à ses côtés sont accrochés des maxillaires.
Il est enduit de
sang
humain
et conservé jalousement.
Dans les temps anciens,
son audition
annonçait une exécution capitale. Couper le tambour signifie qu'il faut
exécuter la victime.

- 351 ~
Comme toute institution sacrée, ce petit tambour a
son histoire.
L'on raconte que dans un conflit qui l'oppo~ait au tout-
puissant roi de l'Etat du Kwahu situé entre l'Akwamou et l'Ashanti,
le
roi
Ashanti aurait sollicité l'assistance militaire de
l'armée
abron
par
l'entremise
d'une ambassade afin de repousser sinon
vaincre
les
'Kwahu, redoutables guerriers.
Très
proche
du
pays
Ashanti,
c'est
Bofouo
Taki,
chef
de
l'Akwamou
qui
reçut
la délégation avant de l'introduire
à
la
cour
royale.
Le roi absent,
sans doute parti pour sa fortification à Kong,
c'est
Kwakou
Kouman détenteur du siège des neveux qui
enregistra
la
requête sans prendre de décision.
Les
messagers retournèrent alors auprès du chef Akwamou et
celui-ci
dans
l'obligation de donner suite à cette assistance se concerta
avec
les chefs de village qui relèvent
de son autorité.
Yao Kôkô qui avait
vécu
dans
le
Kwahu se porta volontaire pour aller
le
combattre
si
d'autres volontaires se joignaient à lui.
Ce qui fut fait. Après avoir
sondé le terrain et informé de sa cachette,
il le découvrit un vendredi
jouant
à
l'awalé en or massif avec son épouse et son tambourinaire
à
ses côtés. Le roi de Kwahu reconnaissant son ex-tisserand s'apprêtait à
lui
réserver
un bel accueil lorsque celui-ci lui trancha la
tête
et
s'empara
de
son épouse.
Pour sauver sa
peau,
l'épouse
révéla
les
secrets
de
son mari,
car même la tête tranchée le roi
était
encore
vivant.

Elle ordonna de couper son orteil gauche. De cet orteil sortit
un serpent qu'il fallait tuer et éventrer. Ce qu'il fit.
L'épouse à son
tour
fut
exécutée.
Yao Kôkô alla remettre au roi Ashanti le
jeu
de
l'awalé
en
or,
la
tête au roi des Abron et garda le
petit
tambour
(apétia).
De
retour
en pays abron,
le conseil des
sages
du
siège
Akwamou
respectueux
du serment prêté avant son départ dans le
Kwah~,
remit
le
siège
à
Yao Kôkô qui n'est pas
un
héritier
légitime
au
détriment de la famille de Djèban exclut du siège.
De nos jours
tro,is
familles
héritent ce siège
Brafouo,
Amponsem,
Yao Kôkô.
Le pays
kwahu
que
cite
les
sages de Boupoko
serait
à
en
croire
Terray,
l'AKYEM (149) et cette guerre se serait déroulée en 1742 (150).
Ap,'.tia :'J1l cf-'nt,,!:
de"
tarnbour~
:Ill
cJ1f~f' de 1,\\ forêt(k"3h r'hinin)
-----------------------------------------------------------------------
(149) Emmanuel Terray, op.
cit., p.1742.
(150) Emmanuel Terray, Op.
cit., p.817.

353
ETAT DU KWAHU
.Tumu
FANTE
•Cape Coast
.
.
Sekondi Takoradi
o
50
100
450
Cl===============:::::::11
••••••••
............... ..
.............. ..
.. .. .. .. .. .. .. .. ..
,
:::::::::::::::::
L Etat du Kwahu
..................

- 354 -
CONCLUSION
GENERALE

- 355 -
L'objet
de cette étude était d'utiliser les sons des instruments
de
musique
parleurs pour approfondir la connaissance du pays abron
dans
le
souci de comparer les sources instrumentales par rapport
à
celles
qui
existent
déjà
(sources
écrites et orales) et
de
vérifier
que
celles-ci apportent des éléments nouveaux inconnus jusqu'alors. Pour se
faire,
nous
avions consulté l'abondante documentation écrite
sur
les
Abron
aussi
bien par les chercheurs ghanéens,
ivoiriens, que par
les
Africanistes
et qui se trouvent dans
les
bibliothèques.
Travaillant
dans
l'une de ces structures -
la Bibliothèque Nationale -
notre tâche
fut moins pénible pour la consultation de cette documentation.
Ce
qui
n'est
pas le cas pour la collecte des sons tambourinés.
Nous
n'avons
pas
la prétention de les avoir tous collectés.
Le peu que nous avions
collecté
a
permis
d'aborder tous les aspects
culturels
de
la
vie
sociale
des Abron.
En bref nous avions appréhendé l'homme abron
sous
tous
ses aspects:
sa philosophie,
sa littérature,
sa religion,
le
droit, la politique,
l'histoire.
Pour
les
sources orales et
écrites,
les
Abron
seraient
venus
d'Akwamou situé à la frontière entre le Togo et le Ghana.
Les tambours
parleurs quant à eux parlent de Doma au Nord- Ouest d'Accra
et ne font
nulle part référence à Akwamou.
Pour les tambours, c'est à Doma que les
Abron
ont
créé
leur dynastie avec la
fusion
de
plusieurs
groupes
ethniques.C'est
ce que confirme l'historien Jean Noël Loucou quand
il
écrit
"les Abron résultent de la fusion de deux sous-groupes
akan:les
Brong
et
les
Akwamou"(151) et toujours selon cet auteur
"les
Abron
fondèrent le royaume de Doma sous la direction du roi Adou Bini"(152).
(151) Jean NOel Loucou,Histoire de la Côte D'Ivoire, Abidjan, ceda,
1984, p.154.
(15·2) rd.

..,356 -
Pour les instruments de musique, ce serait Yeboa Affari le fondateur de
cette dynastie.Les Abron ne forment donc pas une ethnie si l'on définit
l'ethnie par la langue,une culture propre. Par Abron,il faut
comprendre
tous
les
fugitifs
abron
d'Akwamou,les
Foumassa
apparentés
ahnx
Ashanti,les Pinango du groupe denkyira et les Nkwanta.
Tous
fuyaient l'hégémonie des Ashanti après la défaite
des
Denkyira.
Pour
Ivor Wilks et Georges Niangoran-Bouah (153)
les Abron seraient à
la recherche de leur terre d'origine.
Cette information est
confir~ée
par
les textes tambourinés(cf T n046) .Ils furent accueillis par
Ak~ni
le
chef nafana sur le territoire qu'ils occupent de nos jours.Celui--t:i
en
fut
recompensé
ainsi que tous les
chefs
qui
facilitèrent
le~lI:'r
installation.Tous ceux qui s'y opposaient furent combattus.
L'organisation
politique
du
royaume
et
les
tâches
assignées
aux
provinces
et villages montrent une société résolument tournée vers
]~
guerre.
La
conquête
du
pays
à
laquelle
s'opposaient
les
populati0ms
autochones
n'a
été
possible que grâce à
certaines
alliances
et
à
l'offre des attributs du pouvoir (tambour de devise,
siège, palanqui~,
cimeterre ... ) .
Au
fur
et
à
mesure
que les contrées tombaient
sous
le
joug
des
Abron, les
villages étaient aussitôt distribués aux chefs de
province,
de villages et lieutenants de guerre.
Par
l'étude
des
tambours
de
devise,
il
nous
a
été
donné
d'identifier
tous
ceux
qui ont aidé les Abron dans
leur
guerre
de
conquête.
Les
textes contenus dans ces tambours font référence
à
la
fidélité au roi.
------------------------------------------------------
---------------~
(153)
Les Akwamou situés en territoire ghanéen à la frontière du
Togo
interrogés
par
le
professeur
Niangoran-Bouah
Georges
sur
leur
origine,
affirment que leurs ancêtres viennent de derrière la comoé en
territoire
ivoirien
pas
très
loin de
Wenchi.Ils
étaient
en
Côte
d'ivoire
avant de partir au Ghana à la recherche des
terres
fertiles
(cf émission télévisée "le passé au présent"
sur Bondoukou) .

- 357 -
La
liste des rois permettant de suivre les différents événememt:s
et
leur
évolution dans le temps ne fait pas l'unanimité au
sein
~s
différents clans et à l'intérieur même d'un clan.
Le roi actuel
KoÉfi
Yeboa
et
le prince de Tabagne du clan zanzan ne donnent pas
la
même
liste
des
différents
rois (cf tableau p. -38'S') tout comme la
brancme
Yakassé avec l'héritier
présomptif Koffi Kereme.
Et
la liste des rois abron détenue par les Koulango de
Tanda
n'est
pas identique à celles précitées.
La confusion règne surtout dans les noms des premiers rois n'ayant
Iflil.S
foulé
le
territoire
actuel.Les
tambours parleurs
qui
auraient
pu
départager ces groupes ne mentionnent pas pour c~tte période considé~e
comme
obscure pour l'histoire des Abron, les noms de ces rois. Seul le
nom du premier roi Adou-Bini est cité par les cors d'appel.
La liste des rois Abron-Gyaman fournie par Maurice Delafosse (cf. p .,)I8J')
à
partir
des sources écrites et orales outre les
erreurs
d' écri tlDIie
attribue
la
pénétration
des Abron sur le territoire
des
Nafana
~t
koulango à Adou-Bini.
Celui-ci figure en tête des rois de la dynas.1tie
que
nous
avons
recueilli au cours de l'adoration des
sièges
le
14
octobre
1988 à Hérébo;
un autre document du Ministère ivoirien de
la
Fonction Publique non daté l'attribue à Abo Miri (154).
Pour le tambour,
c'est Tan Daté qui foule le territoire et demamne
l'asile
politique au valeureux Akomi,chef des Nafana de Bondoukou
qui
l'installera sur les montagnes de Zanzan à sept
kilomètres.Le
premïer
yillage
créé par les Abron sur ce territoire est Zanzan et c'est
dans
ce
village que seront enterrés tous ceux qui viendront après
lui.
Ce
sont:
(154)
MINISTERE DE LA FONCTION PUBLIQUE ET DE L'INFORMATION - Aspect
des départements de Côte d'Ivoire,
2è édition, P.
170

- 358 -
1) Adingra Pagnini
2) Binan KombiPagnini
3) Abo Koffi ou Abo Miri
4) Kohosonon Ambim
5) Koffi Agyeman Pagnini
6) Binan Kombi Kouman
7) Kwadio Adingra Kouman
8) Koffi Fofié
9) Kwasi Yeboa
10) Kwakou Agyeman
11) Kwadio Yeboa
12) Kwakou Amandjran
13) Kwame Daté ou Tan Daté Kouman
14) Kwadio Agyeman
15) Koffi Yeboa
Comme il apparaît sur cette liste,
ce tambour ne mentionne pas
le
nom du régent Kwame Adingra,
fils du roi Kwadio Agyeman qui
avait
dirigé le royaume du vivant de son père très âgé. A la mort de celui-ci
en 1953, il conservera le pouvoir jusqu'à sa mort en 1963. Fils de roi,
sa
succession
au
siège royal au grand dam des
héritiers
est
jugée
d'illégale.
De ce fait,
les tambours ne font pas cas du
régent
Kwame
Adingra
qui, . il faut le reconnaître,
a joué un rôle assez important
dans les grandes orientations du royaume dans les décennies 40 et 50
Les textes de cor d'appel et de tambour de devise conçus par lui, n'ont
aucune
représentativité
nationale.
L'exemple de Kwame
Adingra
nous
amène
à considérer une question fondamentale.
Quels sont les critères
retenus
pour
arrêter les textes à tambouriner en ce qui
concerne
la
biographie des rois, quels sont ces faits?
Le
proverbe
contenu dans le tambour du chef militaire
de
Drobo
illustre les faits à consigner dans la biographie des rois.
« La souris mange le riz
Le serpent boa mange la souris
Le serpent boa mange donc le riz»
(T.No148)

- 359-
L'on considère que tous les sujets appartiennent au roi. Dès lors,
il ~st responsable de toute faute qui sera commise par l'un d'eux, même
en son absence.
De la même façon,
il assume la responsabilité morale. et
matérielle
de
tous les faits dignes d'intérêt
national
survenus
au
cours de son règne.
L'un
de ses sujets remporte-t-il une bataille,
il en
est
l'auteur.
Tous
ses
faits sont consignés dans sa biographie.
Et
les
différentes biographies d'inégale longueur sont fonction des évènements
produits.
'Ces
biographies
tambourinées dl:s rois' exécutées
tous
les
jours
à quatre heures du matin pour les glorifier et les inviter à
la
tâche
présentent
dans
leur
structure
des
analogies.
Les
t~xtes
tambourinés sont dans leur forme des poèmes marqués par la concision et
se
démarquent
du langage oral.Par exemple pour dire dans
le
langage
oral
que"
j'ai été recompensé pour les avoir suivis",le
tambour
dira
"comme je les ai suivis".
Les
cinq
premiers
vers
annoncent
l'auteur: C'est un roi guerrier qui défie tout guerrier au combat~
Tout
roi abron se présente donc comme un roi guerrier.
Les vers
suivants identifient le roi par son nom et ses surnoms.
En dehors
des
sources
tambourinées,
aucune
source
orale ou
écrite
n'évoque
les
surnoms des rois qui en disent long sur l'image que ces rois se donnent
d'eux-mêmes
et qui permet de comprendre leur caractère;
il en est
de
même de leur idéologie politique,
c'est-à-dire l'idée qui anime le roi
à son intronisation et qu'il défendra tout au long de son règne.
C'est
après avoir identifié le roi, que le tambour passe en revue ses guerres
ou autres actions de bravoure accomplies.
Viennent
ensuite les congratulations pour remercier le roi,
le
glorifier et l'inviter à la tâche. Le dernier vers se termine par salut
si le roi est vivant ou condoléances dans le cas contraire.

-
360 -
Le
nom
et
l'idéologie politique du roi
sont
dégagés
à
son
intronisation.
Les
autres
faits sont enregistrés au fur et à
mesure
qu'ils se présentent.
Les
traditons
orales
se caractérisent
par
des
hésitations
qU'Emmanuel
Terray a pu constater sur le terrain.
En
effet
écrit-il
"des
initiatives
aussi
importantes que l'accord avec
les
Hwéla
de
Sorobango
ou les campagnes contre les Koulango de Wolobidi et de Sapia
sont attribuées par certains chroniqueurs à Koffi Sono, pour d'autres à
Koffi Agyeman "(155).
Les biographies tambourinées de ces rois offrent
l'avantage de différencier leurs actions, nous évitant les lacunes, les
contradictions
lorsqu'il s'agit pour les sources écrites de dater
ses
faits.
Ayant collecté les textes tambourinés du village de Tabagne fondé
par
le
roi
Kwasi
Yeboa
et
suivi
à
plusieurs
reprises
l'émission
radiodiffusée "Connais-tu mon beau pays"(156) nous sommes en mesure
de
nous
prononcer.
A
aucun
moment les sages de ce village
n'ont
fait
allusion
aux
sources
instrumentales
qui
pourtant,
dictent
leur
comportement
dans
le
royaume,
racontent la mésaventure
du
premier
prince Kwadio Tawa et la mort par ordalie du prince Yao Kohosonon.
Pour
les quelques sages que nous avions interrogé sur le silence
gardé, ils
nous
ont
répondu
"C'est
notre affaire,
veux-tu
que
nous
nous
découvrons
aux yeux de tous"?
Nous comprîmes alors qu'en
diffusant
les
textes de leurs tambours et ceux des autres nous révélons au grand
jour ce qu'ils ont toujours caché.
(155) Emmanuel Terray, op. cit.,
p. 841
(156) Les émissions radiodiffusées du 9, 10,
16, Mars 1987.

- 361 -
Les
sources instrumentales renferment aussi
des
proverbes,
des
dictons,
des maximes et des apophtegmes.
Méthodologiquement au niveau
des
sources
orales,
il
importe
de
recueillir
les
proverbes
en
situation,
c'est-à-dire au cours d'un récit,
d'un jugement.
Or on ne
cite pas un proverbe à n'importe quel moment.
Sa citation correspond à
une situation qui lui donne son sens. Une telle méthode est fastidieuse
et exigeante.
Elle
suppose
que
le chercheur soit constamment dans
le
milieu
traditionnel
pour noter les proverbes,
qu'il comprenne la
langue
du
milieu. Bon nombre de proverbes (ayamia ou abebouo en Abron) couramment
utilisés
par les Abron sont contenus dans les tambours jumélés et dans
les tambours de devise ou à proverbe,
épargnant ainsi ces difficultés
réelles d'ordre temporel et financier au chercheur.
Les proverbes,
les dictons,
les maximes et apophtegme dégagés
dans
cette
étude constituent des enseignements frappés pour paraphraser
le
professeur
Joachim Bony du sceau de l'histoire sur deux plans:
Celui
de leur génèse et celui de leur utilisatiuon.
Au
plan de leur génèse,
tous tirent leur origine
des
événements
marquants
des
moments plus ou moins graves du vécu quotidien qui
aux
yeux des Abron méritent d'être connus.
Au
plan
de leur utilisation,
ils assurent la relation
entre
le
passé
et le présent et sont évoqués dans les mêmes
circonstances
que
celles qui leur ont donné vie.

-362 -
Ces
enseignements
qui permettent d'apprécier la cohérence
de
la
pensée
des
Abron apparaissent à certains égards comme le véhicule
de
leur potentiel culturel,
de leur vision du monde,
de leur
conception
des rapports humains à travers les attitudes admises, souhaitées et les
comportements négatifs que rejettent la société. Sous leur forme brève,
ces
discours
amènent
un
individu
à
faire
l'économie
de
longs
développements
et
à être plus concis dans ses propos.
celui qui
les
emploie est considéré comme un être de grande culture,
un érudit et la
réplique
qui
en est donnée montre que l'interlocuteur
a
compris
le
message.
C'est
donc
pour
des raisons idéologiques que l'on
a
"denié
aux
Africains tout système cohérent de pensée"(157).
La
somme
des
pensées
philosophiques,
des
proverbes,
dictons,
maximes,
apophtegme relévée dans cette étude montre la richesse de
la
pensée
des Abron,
fruit de leur expérience accumulée au fil des temps
dans un pays qui n'était pas le leur et qu'ils s'en sont accaparés
par
la
force des armes et surtout,par leur intelligence comme eux-mêmes le
confirmént à travers l'un des textes de l'orchestre des cors d'appel
« L'araignée
Avec intelligence
A abattu le fromager»
(T.N°76)
Le langage des tambours fait beaucoup référence aux éléments de
la
flore et de la faune.
L'araignée est une métaphore
désignant
les
Abron qui ont en face d'eux,
le fromager,
c'est-à-dire les populations
autochtones vaincues.
(157) François Joseph AMON
D'ABY
,Proverbes populaires de Côte
d'Ivoire, Abidjan, CEDA,
1984, P.
5.

- 363 -
Les
Abron
se
disent donc
intelligents.
Les régions
mili-
taires sont dirigées par des lieutenants de guerre qui
se
sont
ral-
liés
à eux . Le détenteur du siège de Guiendé
et
sa
suite localisés
à Broukro seraient venus de Borosa dans l'Aowin,
les Drobo ne
se sont
ralliés au groupe qU'après leur installation.
L'on ignore par contre
les origines exactes du détenteur du siège de Songori. Pour Emmanuel
Terray dès lors qu'il tient le cimeterre au cours de l'intronisation
du roi, il l'estime noble.
Comme toute institution,
les sources instrum~ntales ont leurs limites
et il convient de les évoquer. Relevant du caractère des Africains,
~es
tambours ne mentionnent pas les guerres perdues par les rois Abron.
Ils
ne
retiennnent
que les faits glorieux dans un certain sens.
C'est
à
croire qu'ils livreraient toutes les guerres remportées.
Au niveau des sources orales,
la guerre contre le chef de Boroko, au
temps du roi Tan Datè, comme le soutient Emmanuel Terray (158) n'est
mentionnée nulle part dans sa biographie.
Il est vrai que les Abron
n'avaient pas affronté directement les Koulango de Boroko mais toutes
les parties reconnaissent que Ntow Kroko avait été sollicité par le
roi Abron.
Le
tambour
royal
Bentô honore Brafouo Adingra
et
Kwasi
Yeboa.
Le
premier
avait
rapporté
le Bentô de Langbaso après avoir
secouru
la
reine
AbIa Pokou dans une guerre et le second l'aurait restauré
après
sa perte dans le pays Anno au règne du roi Koffi Fofié.
La biographie de ces deux rois ne mentionnent pas ces faits.
Pour le
maître tambourinaire Kwabenan Gboko,
c'est une omission et il
propose
que l'on introduise le texte suivant
(158) Emmanuel Terray, Op. cit.
P.
661
La
tradition
de
Boroko
place cet
événement
sous
Adingra
Pagnini, les anciens de Kérébio sous Abo Miri et Nana Kwabenan Gboko le
situe sous le roi Tan Datè.

-
364 -
« Adingra le Bourreau!
Tout le peuple Ahinifié
Le sait.
c'est toi qui rapporta
Le Bentô!
» (T.N°284)
Le
raid
dirigé également dans le Djamala par Asondaré,
chef de
la
province
du
Pinango que signale le cor d'appel de la cour
royale
ne
figure
pas non plus dans la biographie du roi Kohosonon
qui,
dit-on,
avait autorisé Asondaré à aller combattre à sa place.
Au plan des sources écrites, certaines victoires reconnues à des rois
ne sont pas mentionnées dans leur biographie
c'est au temps de Koffi
Sono
écrit Tauxier, que le nom de Bouna fut prononcée pour la
première
fois
dans
l'histoire
de
Bondoukou.
Pour cet
auteur
qui
cite
M.
NEBOUT,"Kofi
Sono
prit Bouna et tua son roi Vérélégué dont
le
crâne
orne encore le tam-tam de guerre des Abron " (159) .Tauxier signale pour
sa
part
qu'il ne trouve pas le roi vérélégué dans la
généalogie
des
rois de Bouna de M.Labouret.Pour Terray,
Verélégué serait le surnom de
Bulumbo.La
biographie de ce roi ne signale ni Vérélégué ni
Bulumbo.II
en est de même de Malba,chef de Bouna.
Le
Dictionnaire
Borreman's,
révèle qu'en "1746-47
Koffi
Sono capture et met à mort Malba,le chef de Bouna."
(160)
Tauxier signale également que "Kouadio Adingra Kakiré fit d'abord la
guerre
au
roi de Bouna et le battit.II s'empara même de
sa
capitale
mais chefs et gens purent s'enfuir,du moins la plupart ,et allèrent
se
réfugier
chez
les
Lobis"
(161).
Aucun texte dans
sa
biographie
ne
souligne cette victoire.
(159) Louis Tauxier, op. cit. p. 101.
(160)
Volume l, page 19
(161)
Id.

- 365 -
Mises à côtés ces lacunes, les textes tambourinés jouent un
rôle
appréciable
dans
la vie sociale et
culturelle
de~
sujets
du
royaume.
Par
les
préceptes
de vie et les éléments de la
vision
du
monde, tout
sujet
connaît sa place dans la société et la façon
de
se
comporter pour éviter les problèmes. Il est donc faux de croire que les
tambours
n'ont
aucune
prise
réelle sur
la
société
en
dehors
de
l'hagiographie
des
rois.
Ils
relatent
les
conflits
sociaux, les
comportements
prohibés et donnent des conseils pour bien se
comporter
dans la société.
Au
terme
de
ce
parcours
difficile,
il
apparaît
donc
que
l'ensemble
des textes collectés confirment l'hypothèse
du
professeur
Georges Niangoran-Bouah
selon
laquelle
on peut écrire l'histoire ré-
gionale africaine
avec
des
textes de tambours parleurs. Le résultat
de ce travail le confirme.
Cette thèse,
dès lors, est une ébauche pour une collecte des
textes de tambours du pays abron. Ensuite il conviendrait de l'élargir
dans les autres régions Akan de Côte d'Ivoire. La création d'une asso-
ciation dénommée "Association pour la recherche en Drummologie"
(A.R.D)
avec ses antennes dans les villages et animée par les étudiants serait
un moyen de hâter la collecte avec les outils méthodologiques dégagés.
Cette association
apolitique aurait pour seule ambition de participer
à l'écriture de l'histoire précoloniale de la Côte
d'Ivoire avec les
textes de tambours qui couvrent la période précoloniale et qu'aucune
autre
source
fiable pour l'heure ne
permet
d'appréhender. Les sour-
ces instrumentales sont aussi attentives aux autres périodes, coloniale
et post-coloniale. Il ne s'agira donc plus de limiter la drummologie
à
l'étude
des
sociétés
précoloniales mais de l'étendre
à
toutes
les
époques.
La
drummologie
se définirait comme l'étude
des
textes
de
tambours
parleurs
comme
source de documentation pour
approfondir
nos
connaissances
des
sociétés africaines de tradition
orale.

- .)66 -
Dès lors qu'ils nous permettent d'aborder touà~:.1es aspects
culturels de la vie sociale, il y a donc lieu de réhabiliter cette
institution totale qu'est le tambour et avec lui tous les autres ins-
truments de musique parleurs. Tout ceci n'est possible que si les
ministères de la Culture, de la Communication et du Tourisme conju-
guent leurs efforts pour la revalorisation en amont du métier de
sculpteur-tambourinaire en créant un musée des instruments de musi-
que et en aval par la programmation de .~'la danse des sages" dans les
circuits touristiques.
La culture véhiculée à travers ces instruments de musique
a besoin de se faire connaître dans l'actuelle phase de réhabilita-
tion de la Culture. Bien plus elle peut intéresser les touristes.
La Culture n'est pas un gouffre financier, elle peut rap-
porter des devises si elle est réellement prise en compte.
Nous suggérons qu'enfin, dans la connaissance des sociétés
africaines que les textes des instruments de musique parleurs qui
sont anciens, officiels, originaux, authentiques, conventionnels,
figés et de première main, soient pris en considération dans la con-
fection des documents scientifiques africains en Sciences Humaines.
Sans ces textes, un maillon très important manque à la connaissance
de oes sociétés. Pour cerner l'ensemble des sources anciennes, les
sources archéologiques,écrites et orales ne suffisent plus. Il faut
nécessairement inclure les sources sonores instrumentales.

-367 -
l N D I e A T ION
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-
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- 371 -
B LES COLLECTIONS
-1-
Périodiques traitant du débat sur la drummologie.
Ces documents sont classés par ordre chronologique.
MAN JUSU, K.K.,fI La lettre de K.K. Man Jusu n In Fraternité Matin
N°.
4569 du 22 janvier 1980. p.
16,
2.Colonnes à la une.
GBAGBO, Laurent," A propos de l'émission sanctuaire: quelques
fadaises sur la culture fl In Fraternité Matin, N° 4587, du
12 février 1980 P.
19,
5 colonnes à la une.
NIANGORAN - BOUAH, Georges," A propos de l'émission sanctuaire
Niangoran-Bouah
répond
à Gbagbo
Laurent"
In
Fraternité
Matin, NO 4593 du 19 février 1980 P.20,
5 colonnes à la une.
NIANGORAN,
porquet, E,fI A propos de l'émission sanctuaire,
réponse à
Laurent GBAGBO" In Fraternité Matin,
No 4599, du 26 février
1980. p.
12, 5 colonnes à la une.
ABDOU, Touré," Aller au-delà de la narration" in Fraternité Matin, 4599
du 26 février 1980 P.
13
,
2 colonnes à la une.
KOUAKOU
Albert,fI A propos de Musique" In Fraternité Matin, No 4605 du
4 mars 1980
p 17-18, 5 colonnes à la une.
MAN JUSU,
K.K," La victoire des modernes" In Fraternité Matin, No 4617
du 18 mars 1980 p.13,
2 colonnes à la une.
KADJA MIANNO, Daniel," La Drummologie
doit
définir son
objet"
In
Ivoire Dimanche No 475 du 16 mars 1980,
p.
22-25,
7 colonnes à la
une.
WONDJI Christophe,"
Pour la production d'un discours scientifique en
Afrique" In Ivoire Dimanche No 475 du 16 mars 1980 p.
25-28,
Il colonnes à la une.
ZADI ZAOUROU, Bernard," La Drummologie
ou le masque grimaçant d'une
science moribonde"
In Ivoire Dimanche No 475 du 16 mars 1980
p.
29-31,
9 colonnes à la une.
NIANGORAN-BOUAH, Georges,fI Qu'est-ce que la Drummologie?" In Fraternité
Matin, No 4617, du 18 mars 1980
p.13,
5 colonnes a la une.
KOUAKOU, Albert," La Drummologie, un merveilleux outil de recherche" In
Fraternité
Matin, No 4623 du 25 mars 1980.
4 colonnes à la une.

- 372 -
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Koffi," Décolonisation
impossible"
In
Fraternité
Matin,
No 4623 du 25 mars 1980. 7 colonnes à la une. p 12-14.
NGORAN,
K.F." La Drummologie,
instrument d'objectivité dans les recher-
ches en sciences humaines" In Ivoire Dimanche No 478 du 6 avril
1980, p. 49
NGORAN,
Yao," Quand deux couteaux se disputent 11 Ivoire Dimanche
No 478
du 6 avril 1980 p 46-48.
ASSA KOBY, Théophile,ll Querelle autour du Tarn-Tarn:
Six remarques à
Bernard zadi" In Ivoire Dimanche No 479 du 13 avril 1980, p.
46-48, 5 colonnes à la une.
ZADI ZAOUROU, Bernard," Drummologie : la montagne et la Souris" In Ivoire
Dimanche No 479 du 13 avril 1980, p 45-49,
8 colonnes à la une.
GRAH MEL,
Frédéric," Des échanges enrichissants mais parfois vifs" In
Fraternité
Matin,
No 4640 du 15 avril 1980.
3 colonnes à la
une.
LOUCOU,
Jean No~l," Connaître notre passé"
In
Fraternité
Matin,
No
4640 du 15 avril 1980, 5 colonnes à la une
NIANGORAN-BOUAH,Georges," La
drurnmologie est-elle vraiment née aux Etats-
Unis?" In Fraternité
Matin, N° 4685 du 10 Juin 1980,
5 colonnes à la une, p.
18
_ I I
Drummologie : toutes les sciences ne sont pas analytiques"
In Fraternité
Matin, No 5202 du 2..3 février 1982 p.
18-20.
-" Tambour parleur toujours loquace"
In Ivoir'soir No 7 du 19 mai 1987 PlO.
_ I I
connaître le passé est un élément de développement"
In le Guido No 267 du Il AU 17 mai 1988, P 58-60
-" La
Drummologie
c'est quoi même?"
In Notre
librairie
No
86
janvier-mars 1987.
COMOE KROU, Barthélémy," Drummologie : des interrogations qui assaillent
mon
esprit"
In
Fraternité
Matin,
No 4697 du 24
juin
1980
,p.20,
6 colonnes à la une.

- 373 -
MAN JUSU,
K.K," La drummologie : pour une nouvelle étape" In Fraternité
Matin No 5109 du 3 novembre 1981, p.
9.
_ I I
La
drummologie revient deux ans après "La querelle autour
du tam-tam"" In
Ivoire Dimanche No 570,
10 janvier 1982,
p. 32-34.
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Emmanuel,
classes
and class consciousness in
the
Abron
kingdom
of
gyaman.ln Marxist
analyseS- and
social
anthropology, Malaby, 1975.
TERRAY,
Emmanuel,
- Une histoire du royaume Abron des origines à la
conquête coloniale,
Université de Paris l,
these
de doctorat d'Etat ès lettres,
5 volumes, 1984.
YAO, Annan Elisabeth, Les Mouvements migratoires des populations Akan
du Ghana en Côte d'Ivoire, des origines-X-nos jours, univer-
sité d'Abidj~thèse de 3è cycle de socIologie, 1984.
Autres sources : Documents relatifs au cercle de Bondoukou
(
conservés aux Archives Nationales.
1 EE Politique générale-cercle de Bondoukou.
AUTRES TAMBOURINAIRES CONSULTES
KWAKOU LACO
de AGUINAN
KWAME KOUMAN DOGO
de YAOKOKOROKRO
KWAKOU AGYEMAN DJABO de TEHUI
TCHRE KWASI de KEKRENI
KWAKOU ADAE de HEREBO
KWADIO KWASI NAH de SONGORI
ATTA YAO de SECREBANGO

- 375 -
TABLE
DES
M A T I E R E S
SOMMAIRE
1
AVANT - P~OPOS
3
INTRODUCTION GENERALE
13
CADRE THEORIQUE
18
l
-
Problématique
19
II -
Objet
20
III -
Méthode
21
A - Les méthodes utilisées
21
1-La théorie de la loi du silence comme méthode
d'explication
21
2- La méthode comparative
22
a - Critique des sources écrites
22
b - Critique des sources orales
27
c - Critique des sources instrumentales
28
B - Les techniques d'investigation
29
1- La documentation
29
2- L'enquête de terrain
30
a - Identification des détenteurs d'instruments
parleurs de musique
30
b - Entretien semi-directif avec les détenteurs
32
c - collecte du langage des tambours,
des cors d'appel et des gongs
34
d - Difficultés rencontrées
35
1-Informateurs tambourinaires
35
2-Transcription et traduction des textes
36

- 376 -
PREMIERE PARTIE
LA TYPOLOGIE ET L'ORGANOLOGIE DES INSTRUMENTS
DE LA DRUMMOLOGIE
39
CHAPITRE l
Les Membranophones
40
A - Les tambours jumélés (attoungblan)
'40
1 - description
.40
2 - rôle
4·7
B -' Les tambours de devise (tchunissini)
48
1 - desC:,riPtion
48
.
2 -
rôle
48
C - Les ensembles orchestraux (aborna)
54
1 - description
54
2 - rôle
54
CHAPITRE II: Les Aérophones
(cors d'appel ou abéin)
57
A - Description
57
B - Rôle
58
CHAPITRE III: Les Idiophones
(gong ou daouro)
60
A - Description
60
B - Rôle
61
DOCUMENTATION DRUMMOLOGIGUE: Voir le corpus en annexe.
Conclusion
partielle
Les caractéristiques générales
des textes tambourinés.
61

- 377
DEUXIEME PARTIE : LE PAYS DES ABRON-GYAMAN
63
CHAPITRE l
L'environnement physique
,65
~-
A - Les limites
'55
1
1
B - L'aspect physique
75
C - Hydrographie, végétation et climat
-75
CHAPITRE II : les populations
78
A-Les populations autochtones avant le royaume
78
1 - Les Nafana
~7-9
2 - Les Koulango
82
a) Djom
B2
b) Sepingo
133
c) Soko
34
d) Boroko
'85
3 - Les Denkyira
89
B - Les Abron :
90
1 - origine
-90
2 - système politique
94
3 - position sociale du roi
94
4 - croyances religieuses
97
5 - régime successoral
-:1-02
C - Les populations- hôtes des Abron
102
1 - Les Diédou
103
2 - Les Nkwanta
103
a)
origine
103
b)
causes de l'exode
-104-
3 - Les Sogovagne de Sogobo.
'105
4- Les Denkyira de Dokanou (Dengasso)
'2105
D - Les Abron et leurs voisins extérieurs
Les Ashanti
108

-
378 -
CHAPITRE III
L'EDIFICATION DU ROYAUME
113
. A - Les guerres de conquête
113
1 - La nature de la guerre
113
2 - Les objectifs
114
3 - Les armes
1]4
4 - Les divinités nationales de guerre
116
a) Tano (Dadiassé)
116
b)
Souromani
117
5 - L'incitation à la guerre
118
B - L'Organisation du Royaume en régions militaires
118
1 - Région de Songori
119
a)
fonction
119
b) origine du siège
119
2 - Région de Guiendé
129
a)
fonction
121
b) exercice de la fonction
121
c)
caractère
122
3 - Région de Drobo
124
a)
création et fonction
124
b) exercice de la fonction
126
C
- L'organisation politique et administrative
du
Royaume
12Q
1 - Les Provinces et leur rôle
127
a) La Province du Mèrèzon
127
b) La Province Angobia ou Siendji
128
1 - Rôle militaire
128
2 - Fonction
12 8
c) La province Akyidom
130
1
statut des chefs
1QO
2 - Rôle militaire
133

- 379 -
d)
La province Pinango
13A
1 - historique et fonction
13 4
2 -
symbôle
13 -5
3 - biographie d'Asondaré
13'6
a) nom tambouriné
136
b) guerre du Djamala
13~6
4 - Intronisation du chef pinango
13.7 '
e) La province Foumassa
135)
1 -
identité et caractère des Foumassa
13:,9
2 - Les Foumassa et le matrilignage
royal
HHW
f)
La province Ahininfié
142
1 - statut
14:2
2 - chef
143
3 -
fonction du roi
14 .3
1. - LES GRANDS SERVITEURS DU ROYAUME
14'6
a)
les porte-parole (Sen)
b)
les tambourinaires
( Bentôfouo)
14 8
1 -
fonction
149
2 - bentô
15 1
a)
origine
15.1'1
b) origine du maître tambourinaire
15,3
c)
Les bourreaux ( Brafouo)
15 5
1 - nom d'appelation et origine
155
2 -
annonce officielle
de la mort du roi
15'B
d)
Le chef de l'intendance ( Gyaasihinin)
e) Les maîtres de parole ( Tchianmin)
f)
Les purificateurs de l'âme du roi
16'4
(Kradjarifouo)
g)
Les
porteurs des sièges royaux
(Akognuafouo)
16'7
1 - nom d'appelation
16 -7
2 - origine
16 7
3
exercice de la fonction
16 9.

-
380 -
h) Le gardien de l'Etat
Manbèhèhinin)
i) Le Trésorier de l'Etat ( Sanahinin)
171
Conclusion partielle
174
TROISIEME PARTIE :L' UNIVERS SOCIO-CULTUREL
177
CHAPITRE l
LA VISION DU MONDE
1 - L'intelligence
17 7
2 - La conscience
179
3 - La famille
4 - La parenté
5 - La richesse et le droit d'ainesse
181
6 - La responsabilité du chef de famille
182
7 - La solidarité
182
8 - Le mérite
18,2
9 - La discrétion
184
10 - La dévotion
18 5
11 - Le bienfait
186
12 - La fortune
186
13 - La vantardise
18 7
14 - L'inégalité sociale
18 7
15 - La modestie
188
16 - L'éducation
189
17 - L'expérience
190
18 - Disposition naturelle
190
19 - La traîtrise
19(1
20 -
Le mal
21 -
La demeure
22 - La contrainte morale
23 -
La parole

- 331 -
24 - Le regret
19 5
25 - La haine
197
26
Le mépris
20:3
27 - L'ingratitude
20 5
28 - La méfiance
21:2
29 - Le danger
213
30 - Autrui
214
31 - La justice
215
32
Les Abron vus par eux-mêmes
21.6
33
L'Ambition
21 6
34 -
Le règne
21 7
35- Le respect
2L7
36 - La mort
21;7
37 -
Le destin
21.8

-
382 -
CHAPITRE II
LES ANCETRES- FONDATEURS
221
A - Les Souverains
221
1- Tan Datè
221
a) état-civil
222
b)
idéologie
223
c) oeuvre
224
d) mort
226
2 - Adingra Pagnini
226
a)
état-civil
227
b) caractère
227
c)
idéologie
228
d) oeuvre
229
3 - Binan Kombi Pagnini
23~
a)
état-civil
231
b)
idéologie
232
4
- Abo Koffi ou Abo Miri
234
a) état-civil
235
b)
caractère
235
c) oeuvre
235
d) mort
236
5
- Kohosonon Le Grand
238
a)
état-civil
239
b)
intronisation
240
c) caractère
242
d)
idéologie
242
e) oeuvre
243
6 -
Koffi Agyeman pagnini
24 7
a)
état-civil
248
b) caractère
248
c) oeuvre
2 4 9
7 - Binan Kombi Kouman
2 53
a)
état-civil
25 5
b) caractère
25 5
c)
idéologie
25 5
d) oeuvre
25 7

-
383 -
8 -
Kwadio Adingra Kouman
25 8
a) état-civil
259
b) caractère
260
c)
idéologie
261
d) oeuvre
262
e) La guerre de Tain et la soumission
du Gyaman
264
9 -
Koffi Fofié
267
a)
état-civil
268
b)
idéologie
268
c)
les guerres de Fofié
269
- La défaite du Roi de Nassian
269
- La défaite de Fofié contre l'Ano et
la perte des instruments du pouvoir
269
10 -
Kwasi Yeboa
270
a)
état-civil
270
1) nom tambouriné
273
21 situation matrimoniale
273
b)
caractère
280
c)
idéologie
282
d)
oeuvre
283
e)
La guerre projetée contre les Anno
et la fin de son règne
Il -
Kwakou Agyeman
al
état-civil
291
b) caractère
292
c)
idéologie
292
d)
oeuvre
293
12 -
Kwadio Yeboa
300
a)
état-civil
300
b)
caractère
30·1
c)
idéologie
301
dl oeuvre
302
e)
la fin de son règne
302
13 -
Kwakou Amandjran
30.3
a)
état-civil
30 3
b)
règne
30 4

-
384 -
14 -
Kwame Daté ou Tan Datè Kouman
305
a)
état-civil
306
b) caractère
306
c)
idéologie
306
d) oeuvre
15 - Kwadio Agyeman
309
a) état-civil
310
b) caractère
310
c)
idéologie
310
d) oeuvre
311
16 - Koffi Yeboa
313
a)
état-civil
313
b) caractère
314
c) son règne
314
B - LES REINES - HERES
316
1 - Assoumia
316
2 - Yawa Bra
317
3 - Anla Attawa
320
CHAPITRE III: LES CHEFS GUERRIERS
320
A: LES PRINCES
320
1 - Nango
321
2 -
Kwasi Sékyéré
322
3
Yeboa Akoriè
32 3
4 - Adou Kwadio
324
5 - Koffi Agyéi
32 6
6 - Adou Kwadio Kôkô
328
7 - Bini Yao
330
8
- Fébi Agyeman
331
9 - Adou Hoffo
332
10 - Kwasi Sangolo
11 - Amorofi
12 - Yao kouman
13 - Ti Kwadjan
335

- 385 -
14 - Kwamé Adingra
33'5
B: LES LIEUTENANTS DE GUERRE
33'7
1 - Akora Deki
337
2 - Kwadio Tiré
338
3 - Yao Kohosonon
33i9
4 -
Kwasi Attoko
340
5 -
Falédjina
Kamagaté
34'3
6 -
Kwamé Appia Soroboa
343
7 -
Kwamé Degninan
346
8 -
Kwadio Fri
347
9 -
Koffi Sahi
34'7
, 10 -
Sanwa Prao
34'S
I l -
Tan Kwadio
34 9
12 - Yao Kôkô
3 -50
Conclusion générale
35 4
Indication bibliographique
367
Table des Matières
37'5
Annexes

- 386 ~
A.
N
N
E
X
E
S

- 387 -
b
taobour iné de perSOlllllJ
Joar dt la SeGal",
NOs d'appelatioD ordinaire
. Kotsbra IanZan Djabinl Kuadio
(Une panthère D'est jamais vielll,)!
1.uIdi : Joda
Kvadio
!
!
. 2 1 Sttr,duo Mar1Kw,u1MA
llatdl ~ Blnalld&
KlIabfBlD
btran boa KvakDu • !
3
(Kmou briseur de sabre)
l'Bruedi : Voukueda
Kvakou
AtcMl Assl 'Tao Sfdlakon
• (Tao IJUl UlIf8 la fU'rre)
Jeudi
Taoda
Tao
Albi, Kat1 "illlll SUIlOII
VnId,tdl 1 mita
Kottl
5
!(Kollf 1. ,rand qui aval. l'mpllaRt!
!
6
Tchindiaapon KlIaflll Iyaeia
Saledi
:
Ni lllI inda
Kme
7
Atchulpon Kvasi Boitcbi
Dllancbe : Kwasieda
Kvasî
N.B: Lu t... l l'lia" du lIoueI D'ont pas de /lOI Wbourin4 pu
lM de &8laine. On les dilipw par un s8\\l1 llOI 1 Cul.,
cul. Kokor.,

-
388
!
Roi des AbrOll Katfi Teboa
rom Taboua de Taba&œ
! Jonph AkoUlI, chet de Tlnda
- - - - - - - - - ' - - - - - - - - - - - - _ ! , - - - - - - - -
1 - Adou Bria
lbI et PréllOll
Liea de résidence! 1 -!Ilr i Yeboa ltaoi
2 - Obri Yeboa
_ _ _ _ _ _ _ _ _""";""
' 2 - Tua Kintio
3 • Teboa Karü
3 - AlI(obia Alanvl
4' Yeboa Attul
1 - Tua Kentn
HilaiR
4 • Mou Gieali
5 • Bottou Binl
2 - Att~ Koumll

S . Alta KOUIan
6 • Badou AcY8IUII
3 - AdOII Br iD
• Kuusi -AkYaIou
6 • T.boa Kari.
7 • Till Datl
4 - Objdl Yeboa
Allvanvlniuou
7 • Bidou Adjouulli
. 8 - Adingra PapiDI
5 • San Yeboa KGr lé
Suntresou
8 - Battauo Bioi
! 9 • Binan KoIbi
6 • Yeboa AttarJ
BeclIee Gwallda,
9 - Teboa Affar 1
!10 - Allo "iri
7 - 8adou Agyeeaa
Dola
10 - Adou Bini
!11 - Kat li SouoolI
6 - Bottou BiBi
Abessia
!11 - Tao Daté
!12 • AcYtUlI PapiD!
9 • TaD Ditl
Dola
!12 • Mingra 81ni
!13 - Binan KOIbi KoœII
.10 - Adiacra Papllli
. (Doa, Djunil,
!13 - Billin KOIbi
!14 - Kwadio Minera
!Il - BiDiA koabJ PagniDi
lIandaressou,
!14 - Abo Koffi dit Abc ft'bri
!15 - Koft i Foié
!12 - Allo Kotti ou AbD "iri
laAzaJ)
!15 • Katfi KohosOllOO 1725-1755
!16 - Kmi Yeboa
!13 - Kotti KabosOllOll
Takasiâ.
!16 - Katfi AdjoUAalli PaiDi
!17 - Kwakou AgyllU1l
!14 - Kat fi AgyeEa
Naassan
!
1155- mo
!18 • Kliadio Yeboa
!IS - 8ill3ll KoIOi Kollia
(likissé. Hérébo,!17 -,BiniD KoIbi 1170-1777
!19 - Kmou Aaandjraa
!l6 - Kiladio Adi.,ra
Assuétri
!lB - Kvadio Minera Im-1B18
!20 - TiD DiU
!J7 - Kotti Fotié
Allandli
!19 - Kotti Kaoosonon dit Fotié
!2J • ~lo aiynaR
!18 • Kwasi Yeboa
Ilaanan
1818-1821
!22 - Katt i Teboa
!19 -:Kwakou Agyeeaa
Tangilourou
!20 - Kml Yaboa 1621-1850
!2O ~ Kwadio Teboa
Hérébo
!Zl - Kwakou Adjou..ni 1850-1897.
lU - [mou Aaandjrilll
(IIér'bo, Tabagnel!22 - Kwadio Yeboa 1897-1902
!
!22 - Till l>até
Alanvi
!23 - Kwakou Alandjran 1920-19()4!
!23 - Kwadio AlYeDiII
HÉcébo
!24 - Tano Daté 1904-1922
!
!24 - KoU i Yeboa
Adandia
!2S - Kwadio Adjouaani 1922-1952!
Diasseapa
!
!
TangalOurou
Ilérébo

- 389 -
LISTE DES ROIS ABRON A PARTIR DES TRADITIONS ECRITES DES
- - ---
-
MUSULMANS DE BONDOUKOU
1-Adu-Bini ou Adu-Biri ou Adu-Binye(1450)
12-Agyumani(1760-90)
2-Biri
Ebwa
13-Biri-Kofi-Kadyo 1790-1810
3-Yebwa-Fari ou Ebwa-Fari
14-Adingra Kadyo 1810-20
4-Sakuriye
15-Fofié 1820-30
5-Bwadu-Agyumani
16-Kwasi Ebwa 1830-50
6-Bofu Bini
17-Agyumani 1850-97
7-Tarudati
18-Kadyo-Ebwa 1898-1902
8-Adingra-Banini
19-Amengina 1902-
9-Biri-Kofi-Banini
10-Abo (1720-46)
Source: Delafosse,Maurice,Vocabulaires comparatifs de plus de 60
langues ou dialectes parlés à la Côte d'Ivoire et dans
les régions limitrophes,p 105-6.
LES REINES-HERES DU PAYS ABRON
1-Asarewa Bodjo
2-Assoumia
3-Assuama Kôkô
4-Ama Tamia
5-Kalia
6-Ama Kombi Pagnini
7-Ama Kombi Kouma
8-Akoua Djanwa
9-Akoua Dapa
10-Yawa N'zobia
11-Kossua Badou Kaakiré.

-
...J/ V
-
LA CÔTE X,'IVOIRE DANS LA CITÉ AFRICAINE
DEUXItME MISSION DE TRtICH.LAPLtNE
(A. LA. RECHERCHE DE BINGER) (1'88S)
Traltêconclu avec le paya de l'A.brou- et du· Bond-lukou
(n novembre 1888) (Ratifié par.décre-t du 4 avril 1889)
i
1
1
Au nom de la République Française,
Entre M.-QuINTRlE, Gouverneur p. i. du Sénégal et Dépendances,
représenté par M. Treich-Laplène, délégué du Résident de France
à Assinie, en vertu des pleins pouvoirs délivrés par M. de La Porte,
(Il
4
0
Sous-Secrétaire d'Etat aux Colonies, le 2 ao11t 1888 j
~
li
Et le sieur AnJIMIN, roi °du pays de l'Abron et du Boodo~kou,
0
CD
Bllsisté des principaux chefs du pays.
Article pre'7lür. ~ Le Roi de J'Abron et du Bondoukûu déclare
..
->
\\0
..",
placer son pays sous l'amitié et la protection de la Francr:.
~
->
0
Article 2. -
Le Gouverneur du Sénégal reconnait Adjimin comme
~
"d
roi de l'Abron et du Bondoukou et lui promet amitié et protect;on.
P.
~
Article 3. -
Le commerce se fera librement entre lés sujet"s français
-
SB >
0'
du pa)'s d'Assinie, de Gr~nd-Bassam, de rIndéllié, de Bettié et les
l '
«
,.....
V1
suiets de l'Abron et du Bondoukou.
t:Jj
Article 4. -
Le roi de l'AblOn et du Bondouku..l s'engage à préser-
c...
ver de tout:pülage les caravanes qui viendraiellt chez lui et à laisser-
' - '

libre l'accès de son pays.
1
bi
Article 5. -
Le gouvernement français s'engage à fairE> ouvrir et
ll'
entretenir une route entre le pays (le, 1'1I>ron et celui d'Assini<:.
0

Article 6. -
Le' gens du pays de 1 Abron et du Bondoukou SQnt
c+
CD
libres néanmoins d'aller commercer en pays autres que ceux du terri-
p.
toir~ français.
Article 7. -
Les contestations qui JKlurraient s'élever entrE> les
gens du pays de l'Abron et ceux des
- H<
pay~ voisins seront port~es devant
0
....
les autorités françaises qui jugeront.
-
li
CD
En aucunes circonstances, les opérations ne pourront être smpcll-
P.
dues par ordre des chefs indigènes.
, -
§
Article 8. -
Une rente annuelle, dont le chiffre ne serd pas iufé-
ta
'rieur à trois mille francs, sera payée au roi de l'Abrûn et du Bondoukou
f-'
comme présent d'amitié et pour l'entretien des routes dar.,;. son pa~'s.
ll'
Article 9. -
Le roi de l'Abron s'engage à ne conclure Bucunecon-
0
r->'
vention avec les autres nations sans.Ie consentem-ent préalable de
c+
CD,
la France.
Articl~ 10. -
Le présent traité servira de ba~e aux relations entre
e,
li
r->.
0
-~
ll'
-
c
r->'
. -Je Gouvernement Français et le pays -de l'Abr0n ·et du Bondoukou.
~
CD
Fait et signé cn triple expédition au village de Zaranou Ou Aminvi.
1
Signé: TREICII-LAPLÈNE.
f-d
J. AhTCBELL, Chef du. ~onpoi.
~
.....
Le premier inurprète : signé: CADIA.
ta
w
Le deuxième interprète: signé : ANNO.
bi
Le Caporal de_lo.Milice: TANO
+
~
Le prem.ier MU8ager : fuSSA.NKOU +
0
ta
_
Ont fait la croix, ne sachant pas signer :-
CD
LE ROI ADJIMIN
+ Le Chef ADOU CADJOU, héritier du
Trône
+
Le premier _Chd c.. COLES
+ Le Chef QllACY SEKERE
+
Le Fils aîné, 1er chef DIA.sSY
+ Leporte-canne CADJOU AdJUUN +
Le die! BOITEN
+ Le chef AIIlBRUPI, 2e héritier -- +
Le chef PAPEY
+ DIOU CACOU, 1er chef
+
D.uÉ, Porte-Canné
+ COFFE ADJIIUN, chef de Lamholi +
CACOU, NlACA, 2e Gif> du Roi
+ CACOU FINDI, chef de Djenné +
A»PIA' S.A YE, J"(~lUpJa~!:'_nt de
Dins!!",
+
Vu le P.~sidcnt dc France li. Griiod·Bassam et Allsinie.
Signé; A. VERDIER.

- 391 -
LES VILLAGES DES DIFFERENTES PROVINCES
PROVINCE AHININFIE
1 - Adandia
40 - Ngorato
2 - Adoubango
41 - Gbondo
3-
Aguinda
42 - Gourongui
4-
Ahibango
43 - Djanyao
5 - Ahuitiesso
44 - Guiban
6 - Akossuarn
45 - Guiende
7 - Arnanvi
46 - Siengui -
Iguela
8 - Arnatarnia
47 - Ifo
9 - Arnoitinin
48 - Herebo
10 - Arnodi
50 - Kekreni
11 - Andobango
51 - Kikiweri
12 - Assafo
52 -
Kirarnissé
13 - Assuéfry
53 - Koffi Bango
14-
Atrarn
54 - Kongodia
15 - Bakottié
55 - Korobou
16 - Bini Kobenan
56 -
Koto -
Ngwanda
17 - Bilikié
57 - Koufo
18 - Bondo -
Koulango
58 -
Kournbenagare
19 - Bouadarn
59 - Kourournia - Bira
20 - Bouatia
60 - Kerebio
21 - Bouko
61 -
Kerebio - Domiarnbira
22 - Borournba
62 -
Kerebio - Akoinkro
23 - Broukro
-63 -
Kinkua
24 - Brofou - Edou
64 - Kouadio Dongo
25 - Gbanè
65 - Kouafo
26-
Dabilayo
66 - Kouakou Tanokro
27 - Dadiassé
67 -
Kouassi Badoukro
28 - Dagboleyo
68 -
Kouassi Kournan
29 - Dakoua
69 - Kiendi
30 - Darignanrni
70 - Kietan
31 - Dedi
71 - Lamoly
32 - Deirnba
72 - Landaye
33 - Dibikro
73 - Lao
34 - Donvagne
74 - Laoudi
35 - Diassernpa
75 - Lomo
36 -
Diédou
76 - Lotognigo
37 - Djom
77 - Marahui
38 -
Fakala
78 - Nassan
39 - Gbanhui
79 - Ngarawa

-\\
-392:'"
PROVINCE FOUMASSA
1 -
Amata
20 - Kiendi
2 -
Atakitien
21 -
Langbadare
3 - Bake
22 - Mangam
4 - Bagnarase
23 - Nagabare
5 - Beguilibi
24 -
Nagabare -
Zerma
6 - Breda
25 - Nanyongo
7 -
Boko
26
-
Nao
8 - Boudi
27 -
Sananga
9 - Dame
28 -
sapli
10 -
Darikosou
29- Savangnere
11 -
Dimgbi
30 - Savagne
12 -
Duakwam
31 -
Sepingo
13 -
Karalo
32 -
Simblibi
14 -
Kandena
33 -
sodji
15 -
Kangba
34
-
Siago
.16 -
Koboko
35 -
Tisamba
17 - Kongodia
36 - Yayego
18 -
Kotio
37 - Yezimala
19 -
Kroko
38 -
Zere
PROVINCE
ANGOBIA
Kalom
Ampounou
Kamala
Assuamekro
Kohui
Babango
Koun - Abronso
Biraoudi
Kouabinakro
Bondobe
Kouadio Agyeman
Bourougoudou
Kokomin
Braye
Ledi
Deba
Mantimangoua
Dinaoudi
Pala
Dokanou
Panayo
Diarra
secrebango
Essikro
siasso
Fadia
Torosanguehi
Gankoro
Tiedio
Gotya
ouangale
Guimere
Yao Dakounkro
Hiango
Yerekaye .;.. Koko
Houmankpin
Zade
Kalakro
Zekpo

- 393 -
PROVINCE
AKYIDOM
ADOU KOUAKOU
KIEMEDI
ANGAHUI
LAOUDI
ASIMBA
LANDAGARE
ASSUAKO
LOLOHUI
ASSUANGUI
MARAHUI
ATAKITIEN
ATAKITIEN - TAKIKRO
MARASYE
MERE
ATTOKOM
NAKAWA
BAGBAO
NAO
BlRAODI
NDOTYESSO
BRAKODI
NAMASSI
BOROKO
OUAHUE
BOUPOKO
WOLOBIDI
BOZANGUI
PINDA
DEBANGO
POUGOUVAGNE
DOUMANSSI
FOUNGASO
SABI
GANHINMI
SADJAHI
SANGABILE
GOUMERE
SANGUIE
GUIMINI
KOUAME KOSSONOU
SEREOUDE
SIKASSUA
KOHOURA
KOTOKOUA
SOGOBO
KARABENGUE
SIPA
YAFOUM ...SANASSI
KOUAFO
KOUASSI N'DAWA
YAKASSE
KWATOUTOU
YEREKAYE
LA PROVINCE PINANGO
ABEMA
AFFOUAVAME
KIENDI -
WISIWERE
AKAYAO
MOTIAMO
ALELE
METI
APPlMANDOUM
NA:FABENI
ASSUETIA
NAGAFOU
ASSUETIA - BANON
N'GANHI
BASAPOUNOU
OLEYEGO
BOLI
OUROUKIE
BOKORE
PELEGODI
BOUROUKPONKO
SANGUIEBO
BIRINSIMA
SOGO
DANGUlRA
SIANHODI
DIAMBA
TAMBI
FISSA
TISSIE
GBANNAN
TOUNDIANI
GOLE
TRANSUA
KANGUELE
YAO - BANGO
KANTON
YAO - NANGO
KOUADIO - DOUABANGO
IGUILA
KOUAME - BONI
YOMIAN
KIENDI
ZAGALA

,
1
- 394 -
PROVINCE
DE MEREZON
ASSOROKROM
KOUADIO KISSIKRO
DATEKROM
MEREKROU
KORIA
PAMBASSO
KONGOUMA - NINGOUM
SIEDJA
LISTE
DES
CHEFS
DE
PROVINCE
MEREZON
ADOU KONODJI,
il marchait le dos courbé
KWADIO DIAHUSSIE
KOFFI APPIA
TANO KWAME
BINI KWAKOU SANPAN
AnOU YAO KOGODUA
YAO ABISSA DJAHOU
KWAKOU NKETIA TINDINI
KWAKOU KISSI AKOUSSAN
KWAME APPORI
KWABENAN DIAS SIE WANPEHIAN
PAMBASSO,
le 20 Octobre
1982
DENGASSO
ASSOUMAN YEMININ
AKA DAM
ALLOU BOUA
PRAO BILE
KOUNDIRE
TAN KWAKOU
NANAN
N'DA
ASSOUMAN Yeminin
KWAME TCHREME
DOKANOU,
le 28 Décembre 1982
FOUMASSA
DUA PAGNINI
KWAKOU DJABAN
BRAFO ADUA
KWAME BOUKITIA
KWAKOU BOUSSOUMBRA
KWADIO BOAKI
YAO BOATININ
KOFFI BARAGNI
DUA KWABENAN
KWASI KOHOSONON
DUA KWAME
KWABENAN BOAKI
KWASI nUA KON
DUA KWABENAN
ANIN AGYEI
KWADIO BOATININ
KOTIO le 29 Octobre
1982

- 395 -
ANGOBIA
TAN KOKOBOU
TAKI BRIRIBARA
KOFFI KOKOBOU
BADOU KWASI
KWADIO AGYEMAN
KWABENAN BADOU
APAHOU DIKRO
KWAME APAHOU
APPIA SANHI
KWADIO AMON YAO
AGYEMAN KOKO
KWAME KOUMAN
AGYEMAN FITINI
KWASI DATE
KWAME ADINGRA
KWAKOU AGYEMAN KAATOU
TCHREKWAME
KWAME ADINGRA
KWASI FROGO DATE
APAHOU SIAKOUAN
YAO AGYEMAN.
LISTE DES CHEFS DE LA PROVINCE ANGOBIA
1 - APPOH"
fils du 2ème roi Adingra pagnini.
2- BINI KOMBI Takibiribra,
fils d'une femme
3 -
TANO KOKOBOU
4
K. BADOU
5
SAN KOKOROKO
6
KOTOKOURODOU
7
BEDIA KWASI
8
DATE KWASI OU KWASI DATE
9
KWAKOU AGYEMAN KAATOU
10
KWAME ADINGRA
I l
APPOH SIAKOUAN,
fils d'AGYEMAN
12
DIASSIE,
fils du roi KWAKOU AGYEMAN
13
KOKOBOU,
fils de KWASI DATE
14
KWADIO AGYEMAN TIMBE
15
APPOH DIKOURO,
fils de KWASI DATE
16
APPIA SANHI,
fils du roi KWAKOU AGYEMAN
17
AGYEMAN KOKO,
fils de APPOH
SIAKOUAN
18
KWADIO AGYEMAN Fitini ( 1935-1936)
19
KWAME ADINGRA,
fils de KOKOBOU (1936-1951)
20
KRE KWAME,
fils du roi KWAKOU AGYEMAN (1951
)
21
KWASI DATE FROGO,
fils de KWABENAN BADOU (1956)
22
YAO AGYEMAN (1962-
)
Source : KWADIO ADINGRA
DENIS
AKYIDOM
KOFFI NKETIA
ADOU KWADIO
ADOU YAO PAGNINI
ADOU YAO KOUMAN
fondateur de Gouméré
KWAKOU SEKYERE
fondateur de Kokosua
BINI YAO KOTCHI
BINI KWAKOU
fondateur de Kouassi Ndawa
KWAKOU KOHOSONON PAPIN
KWAME KOHOSONON PAPARAPAHOU
KWABENAN ANGUI
KWABENAN DONGO
KOFFI KOHOSONON
fils de Papin
Gouméré le 22 octobre 1982

- 396 ...
PINANGO
ADOU BIBI
YAO KOHOSONON
AKOURA SEKYERE
KWADIO KOHOSONON
ADOUTILE
ANGAMAN KWAKOU
ASONDARE
KWAKOU TAHOUA
KWABENAN BEHI
YAO ANZOUA
KWAKOU ADAE
YAO KRA
KWASI BOUSSOUMEKI
KWABENAN DONGO
KOFFI ANZOUA
KWASI NKETIA
BINI KOFFI
KWABENAN TAHOUA
BINI KWAKOU
KOFFI TAHOUA
KOHOSONON GOBLI
KWABENAN KOHOSONON
Wolotchéi
le 28 Septembre 1989
Intendant (GYASIHININ) KWASI KOUMAN
KWASI BOUA BASSA
DJAN KWAKOU
KOTOKO BADOU
KWAKOUAPAHOU
KOTOKO DATE
TAN YAO
TAN KOFFI
BINI YAO
KWASI KOUMAN
BINI KOFFI
BINI KOFFI
KWADIO AGYEMAN
KOFFI NKETIA
KWABENAN ADAMOU
Kouassi Kouman,
le 31 Mars 1989
1
PORTE-PAROLE (tchianmin)
DE KEKRENI
1
1
KWADIO KOURATINI
\\
ANGUI
KOFFI DJADOU
1
,
FORI KWADIO
FORI KWADIO
YAO N'VOUO
KWABENAN KOHOSONON
KOUAME KOHOSONON
YAO KOKO
KWAKOU AGYEMAN
KWAME YEBOA
TCHRE YAO
YAO AGYEI
KWABENAN YEBOA
KWADIO MANZAN
KWASI KOKO
KWABENAN GBOKO
TAN KWAKOU
KOFFI MOUROUFIE
Kekreni, le 10 juin 1989
SEREOUDE
A- Les Réprésentants de l'âme du chef de l'Akyidom ( Karadjarifouo de
l'akidomhinin
KRA DIHYE
KOFFI KOUMAN
ADOU YAO
INSE KWAME
KWASI KRAKO
KOFFI SEITI
KOFFI FOFIE BOUREMAN

- 397 -
B - Les
chefs du siège des neveux (Abakoumanhinin de l'akidomhinin)
BINI YAO
KWADIO SEKYERE, son règne a coincidé avec la colonisation
BINI KWAME
KWADIO KOHOSONON
BINI KOFFI
KWADIO BENE
Kouassi N'dawa,
le 5 Décembre 1988
CLAN
YAKASSE
A- Les chefs du siège des neveux ( Abakouman de Tangamourou)
KWADIO APPIA
KWASI KALO
AS SARE
KWADIO ADINGRA
BOUANZI
KWADIO AGYEMAN
YAO KALO
KOFFI KEREME
B - Les chefs du siège des neveux ( Abakouman) de Tiédio
·Kwadio FRI
TOUBOUA
TAN DATE BIRO
AMON KWADIO
TAN KWASI
KWABENAN AGYEMAN
ATTAKROUPI
KWAME DONGO
KWAME AGYEMAN
KOFFI APO
KWADIO TANTRANTAN
ESSI KOFFI
YAO KRA
KWAKOU ADAE
KWAKOU APO
CLAN
ZANZAN
A - Les chefs du siège des neveux ( Abakouman de Hérébo)
ADOU KWADIO
KWADIO YEBOA
KWAME KOHOSONON
KOFFI YEBOA
ADOU KWAME
KOFFI KOHOSONON
Hérébo,
le 14 Octobre 1989

- 398 -
LISTE DES DIFFERENTS CHEFS DE VILLAGE
1 - TABAGNE
KWASI YEBOA
KWADIO TAHOUA
KOFFI ADINGRA
KWASI SEKERE
KWAME AGYEMAN
KWASI KOHOSONON KOTOKRO
KWAKOU GNANMI
KWABENAN KOHOSONON fils de Kwadio Tahoua
YAO KOHOSONON
fils de koffi Adingra
KWAKOU NKETIA
fils de Kwasi Sekere
KOFFI ADINGRA
fils de Kwame Agyeman
KWADIO YEBOA
fils de Kwasi kohosonon
KWAME NKETIA
fils de Adou Yao
ATTA KWADIO
fils de kwakou Gnanmi
KOFFI TAHOUA
fils de Kwabenan kohosonon
Tabagne,
le 5 Mars 1990
2 -
PAMBASSO
KWAME BIRIBI
KWAME NKETIA
KWAME KOTOROBADJI
KWADIO PRAO
KWAME BEREBERE
Pambasso,
le 26 Décembre 1983
3 - KARAKO
KARAKO
ADOU KOFFI
SIBARY
YAO DAKOUA
BENE
ADOU BRAFOUO
KOHOSONON
TAN KWABENAN
AHURI
KWAME YEBOA
KOFFI de Lomo
KOFFI ATTABRA
TAN KWADIO
YAO KARAKO
ADAYE
KWAME KARAKO
ADOU KOFFI
ADOU KWAME
Karako, le 20 Octobre 1982
4 - AMATA
DUA KWAKOU
FILIMANDJE
KOFFI TEYA
SADJOUGOU
YAO ADINGRA
KWABENAN BAYA
KWABENAN PA
ADOU YAO
TCRRE KWASI
Amata, le 19 Septembre 19.89 .

- 399 -
5 - DADIASSE
TAN KWAME
YAO BEDIAKON
TAN YAO
TAN YAO KOUMAN
KOFFI TOUDOUM
TCHRE KWAKOU
YAO MENZAN
KWAME DATE
KWABENAN YEBOA
BINI KWAME PEDJO
AKOUA M'ZE
YAO KRA
TAN KWAKOU
KWADIO KRA PHILIPPE
Dadiassé,
le 9 Juin 1989
Les
chefs
des
grandes
régions
militaires
(Les Adonten)
A. SONGORI
KOFFI KOHOSONON AWINIPIRA
KWAKOU NKETIA TORI
KWAME ADOUA FROUBOUO
ESSI KWABENAN KISSIGO
YAO KWRAMANE
KOFFI KOHOSONON
KWASI DABILA
ESSI KWAME
KWABENAN KOUM
KWAME ASANTI
KWADIO DJAHOU
ADOU KWABENAN
Songori le 5 décembre 1988
B. Guiendé
KWAKOU FIENI
KWABENAN AGYEMAN TOLE
EBENIN KOTOKOU
KWAKOU FIENI KIEMOGO
KWAME SEMINAN
KOFFI PRAO
KWASI KOBOUA
KWAME FIENI DALA
YAO TREMANI
KWAKOU FIENI ADOUA
KOFFI BOATININ
KWAKOU FIENI
ATTA KWAME
KWAKOU SEMINAN
KWADIO FIENI
KWADIO SOUBRINME
AIME BRAKATOU
KWASI FIENI
Guiendé le 1 septembre 1988.
Priti-Ahenkro.
1-KWADIO FIENI
6-KWABENAN N'ZIAN
2-KWABENAN FIENI KOUMAN
7-KOFFI DJEBAN
3-SAHINI
8-KWADIOBADOU
4-ABO KWAME
9-KWAME APAHOU
5-TAN YAO
10-KWABENAN PRAO

- 480
c. DROBO
l-KWADIO TCHUNIDI ASARE
9-KWADIO ADOUFFOU FANFANTOU
2-KWABENAN TCHOUMASSI AMPON
10-KWABENAN ADINGRA
3-KWADIO FERKJ\\
11-KWADIO BONAN KOKO
4-KWABENAN TANO
12-KWAME ADINGRA
5-FERKA KOUMAN
13-BOSIAN
6-YAO NKETIA
14-KWADIO BOSIAN BONA
7-KWADIO KWAHIN
15-KWADIO ADINGRA APRAKOU
8-KWADIO SARKYI - AKON
16-KWADIO BOSIAN dit (ASSIEDOU TAKOU)
Quatre chefs qui ne font pas partie de cette liste ont été destitués.
Ce sont:
1-PONG KWAME
2-KWAME BOSIAN
3-KWAKOU NKETIA
4-TCHUNI KWADIO
Source: Prince
Yao
Barima
dit
Azoumana OUattara.
Les chefs intercesseurs du royaume abron-gyaman
A. Nafana de Bondoukou
SOGODE ou SOUKOUPE
AKOBY ou AKOMI
SAN TAWA
TANTRANTAN
SIE KOFFI
SIE ADJEI
APPIA
ADAMSOU YAO
TI KWAME
INSE KWABENAN
SIE KOFFI BIO
SAN Inan
KOFFI AMOHA
Bondoukou le 19 octobre 1982
B.
Toundiani
DJANE
KWABENAN AGYEMAN
WALl SEIDOU
KWASI ADINGRA KOH
KWASI WALE
ATTA YAO
(1954-1973)
KWAME ADINGRA,
ca 1895
KWAME ASSIEDOU
Toundiani le 19 Octobre 1982

- 401 -
Les
chefs du Bentô
(YaoKokroko)
YAO DJIBAN
DJAN KWABENAN
DJAN KWADIO
KWADIO YEBOA
YAO KOKROKO
KOFFI KOHOSONON
KOFFI DJEBAN
DJAN KWADIO
KWAKOU ATlMAN
KWADIO DATE
Yaokokroko le 7 septembre
1989
Les chefs embaumeurs (Amoitinin)
ATTA NI ATTA
ABABIO
KOFFI SANHON
NIANGORAN
KOFFI KOKO
ADJEI KOKO
ABO YAO
KWAKOU MIAHI
KWABENAN GBOKO
KWABENAN ADAMOU
ADOU·KWAKOU
ATTA KWABENAN
KWAKOU AGYEMAN
Amoitinin le 5 septembre 1989.
Les souverains Nkwanta depuis l'exode dans la région de Bondoukou.
1 - NANAN NTOW KROKO
2 - KWADIO TOUFFOUOR
7 -
KWABENAN NKETIA
1881 -
1920
3 - KWASI KOHOSONON
8 -
KOFFI GYABAN l
1920 -
1968
4 - ADOU YAO KESSIE
9 - ADOU KWAKOU ADAE
1972 -
1975
5 - ADUA KWASI
10 -
KWASI DARKWA
1975 -
1983 destitué
6 - YAO TOUFFOUOR
11 -
KWASI GYABAN II
1- 6 -
1984
LES CHEFS AKWAMOU
(Boupoko)
1 - SAN KWAME
2 - KOFFI DJEBAN
13 -
KWAME APPIA
3 - BOFFOUO TAKI
14 -
KWADIO DA MAAFO
4 - YAO KOKO
15 -
KWADIO SAHURI -
1895
5 - TAN YAO l
16
-
KWAME
DJEBAN
TCHRIFOUO
6 - TAN KWAME
17·- TAN YAO III
7 - KOUE KWAME
18 -
KWADIO DJEBAN
8 - YAO BRAFO
19 -
KWABENAN DJEBAN
9
KWADIO BRAFO
20 -
KOFFI DJEBAN, 3 mois de règne
10 - BINI KWAKOU
21 -
KWAKOU DAPA
11 - TAN YAO TOUNDOUM II
22 -
KWASI PONG
12 - KOFFI TAKI
23 - BOFOUO TAKY
j
Source:Vieux Bakari de Boupoko

- 402 -
CHEF KRONTI (krontihinin) de Transua
1-KOFFI SAHI
2-ADOU KWAME
3-KWAME NKETIA
4-KWAME KOKOBA
5-KWAME PRAO
6-KWABENAN DONGO BOUTOU
7-BINI KWAKOU. Décédé récemment,il n'est pas remplacé.
CHEF AKWAMOU ( Transua)
1-KWADIO FODJO
2-ADOU KWAME
Washington le 20/08/90
Le siège des
lieutenants de guerre de Pinda
1-BINI KWASI
5-KWABENAN KOHOSONON
2-TEHUA
6-KOFFI KRA
3-KIEMOGO
7-ADOU YAO
4-TIEBA
8-SIRIKI OUATTARA
Pinda le 1er -9-1990
Les chefs du pardon (souromani)
1-BINI BREBREKOU
2- AFRA SI KAFOUO
7-KWABENAN AKROUKROU
3-SAWURI AKWASI
8-KWABENAN ADJEI BADOU
4-KWABENAN DJENE
9-KWASI NKETIA
5-ADOU
ATCHUMPON
10-KWAME PETER,
destitué
6-KWABENAN HININ KOUMAN
11-KWADIO ABISSA
souromani le 16/08/1990
Les chefs du siège des lieutenants de guerre (Transua)
1-KWASI TA
7-ADOU KWADIO
. 2-ADOU MOFFO
8-ADOU YAO II
3-ADOU YAO I
9-BINI KWADIO
·4-YAO KROKO
10-KWADIO TOUFFOUOR
5-TAN KWAKOU
11-YAO KOHOSONON
6-ADOU KWABENAN
12-KWAME PRAO
Transua le 20 Aout 1990

-403 -
LES
chefs Akwamou de l'akyidom (KOKOSUA n01)
,
1-TAKI BOUABOUA AMANI
4~KWAKOU BADOU TIA
'J.
2-YAO DIAHOUO
5-KWADIO FODIO
3-KWAKOU BOUSSOUMKI
6-KOFFI NKETIA
Pinda le 5.09.1990
Les chefs du siège d'Akounan"
(Attokom
1-AKOUNAN
2-BINI KWABENAN
7-ADOU KWADIO
3-KOFFI NKETIA PAGNINI
8-KOFFI NKETIA ADONOU
4-KOFFI NKETIA KOUMAN
9-YAO NKETIA
5-TAN KWADIO
10-KOFFI KOHOSONON
6-KWASI ATTOKO
11-KWAME TA
Attokom le 13/08/1990
Les chefs du siège des neveux d'Adou Kwadio (Kouassi N'dawa)
1-ADOU KWADIO
5-BINI KWADIO
2...,KOFFI DJADOU
6-KWABENAN KOHOSONON Sakotchrè
3-KWAKOU DONGO
7-YAO KOHOSONON
4-YAO KOHOSONON
8-YAO DIASSIE
Les Lieutenants de guerre du siège "Angobia"
(Kinkua)
1-KWAME APPIA SOROBOA
6-TAN KWAKOU
2-KWADIO KOUFFOUO
7-KWAKOU ADINGRA
3-KOFFI TONVOU
8-KWAME ADINGRA
4-BINI KWADIO
9-KWASI N'ZIAN
5-KWAKOU DAPA
10-DJANI KOFFI
ADAMSU
1-Ti
Kwadjan
avec
sa mère la reine Asuama Ponko
en
sont
les
fondateurs.
2-ATIWARI
7-KOFFi ABlRAN
-3-ASOUMOU
8-APPIA TETIA
4-TEHUA
9-ATIWARI II
5-APPIA
10-KWAME LAMINE
1

v 6-SEKYERE
11-KWABENAN BOAHEN KOKO

:',..';:....
- 404
Les chefs du Siège des neveux d'Adamsu
1-YOMAN
2-YAO MIEZAN
3-KOFFI KYEREME
4-AMARA JONATA
Adamsu le 12/09/1989
Les chefs de Bor6ko
1-BOROKO
10~YANKOU
2-S0MGBONAGA
11-DARI
3-GBORON
,
N'GO
12-KWAME KOUMAN
4-TCHEMIO
13-JAMARA
5-IVOU
14-KWADIO MANDOUADJA dit Balla
6-YAO TIA
15-ADINGRA
7-KWABENAN TIA
16-KWAKOU KOHOSONON décédé vers 1952
8-KWABENAN IBOMM
17-DEM KWAME décédé en 1972
9-MAIZAN'
18-YAO DONGO
Source:Kwadio Tchriffouo
LISTE DES ROIS NKORANZA
1-ADU DENYINAH
11-KWASI OPOKOU l' (Katakye)
2,,":BAFFO PIM l
12-EFFAH KOFI III
(Koffi Du)
3-FEI HYEAMAN l
13-KWAME KUDOM II (Kwame Kumasi)
4-EFFAH NKANTRAM
14-KWADWO EFFAH IV
5-WIAFE AKENTENG
15-KWAME BAFFO II
6-KUDUM AGYEMAN l
16-YAW KUDOM III
7-KWADWO WUSU-ANSAH (or 8?)
17-KWABENA WIAFE II
8-GUAKURO EFFAH Panin l
(or 7?)
18-YAW KUDOM IV
9-GUAKURO EFFAH II (Atta Kwadwo)
19-GUAKURO EFFAH V
10-KOFFI'BAFFO'(kofi Abammo)
20-KWAME BAFFO III
Source:
Goody
(J),Boateng (C.Y).
-The history and traditions
of
Nkoranza in Research Review
Supplement
~n01, Institute of African Studies, University of Ghana.
Legoll, December,
1965, p.
176.
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Le Doyen .ne· ;1àFaoulté des 'pettres-,
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-1-
AVERTISSEMENT
Ce document, annexe de la thèse sur les Abron-Gyaman à
travers
leurs
instruments
de
musique,
rassemble
les
drummophonies
c'est - à - dire
les
sons ou langages des
instruments
de
musique
joués
et
connus de ce peuple à
certaines occasions ( fête d'igname, Adaé*, voyage officiel,
intronisation,
décès
à
l'exception
de
celles du pays
ashanti fournies par le professeur Georges Niangoran-Bouah.
Elles
ont
été
collectées
auprès
des
détenteurs de ces
instruments de musique (roi, chefs de province, de village,
lieutenants de guerre, et princes).
Le résultat de cette démarche a permis la constitution
de
ce corpus de textes de sources instrumentales. C'est à
partir
de
ce
corpus que nous avons écrit l'histoire des
Abron-Gyaman.
En
consignant
ces
langages dans un corpus, notre
préoccupation est double:
- donner la possibilité à toute personne de vérifier
nos sources;
- fournir
aux
chercheurs
en
Sciences humaines et
singulièrement
en
Ethno-drummologie un corpus de
sources instrumentales vu qu'elles intéressent
l'Histoire, la linguistique, la Philosophie, les
Arts dramatiques ... etc
-------------------------------------------------------------
W
Adaé: grande fête de réjouissance.- Elle a lieu après la
fête d'igname.

-2-
Ces
langages, transcrits et traduits
en
Français, sont
appelés textes tambourinés.
Les textes
que nous n'avons pas
pu traduire
sont
conservés
tels. Ces textes sons numérotés
T. Nol(texte nOl)
à T.No 284. Les textes identiques collectés
dans des villages différents portent le même numéro.
Les
noms des villages suivent ces numéros. Le texte nOl
de la thèse correspond au premier texte du corpus.
Il en est
de même des autres textes.
Enfin
il
faut
considérer que la graphie des
noms de
personne ne tient pas compte de l'orthographe habituelle.
C'est ainsi que:
Kouamé deviendra Kwamé.Par contre les
noms
des villages sont écrits tels que l'administration les
nomme.

,;.. 3
-.
Texte N°l
Traduction:
Dada pimbj(l)!
Tambourinaire primordial!
Dada pimb)!
Tambourinaire primordial 1
Dada pimbj !
Tambourinaire primordial!
Mere kasa.
Je vais parler.
Adiatshin!
Il fait jour
Mi be kan tshreman
Je veux utiliser le tambour
Kakraa wum.
pour vous dire un mot.
Texte N°lbis
Traduction:
Se, se wan se
Des murmuresl
Se, se wan se
Des murmuresl
Se, se wan se
Des murmuresl
Mi se s€:.
D'oÙ viennent-ils?
ME:re kasa.
De moi.
Adiatshin!
Je vais parler.
Mibe kan tshreman
Il fait jour.
Kakraa wum.
Je veux utiliser le tambour
Pour vous dire un mot.
T.N° 2:Kwabenan Gboko
(Kékréni)
Kwabenan Gboko (Kékréni)
Sekredou Afari Kwabenan!
Tuer le coq
sekredou Afari Kwabenan!
Tuer le coq de pagode
Wu kum akokonyini,
Le jour vous surprend.
kum brekuo
Le génie sasrabrozam protège
Nan adikyen furn wu.
Contre tout malheur,
sasabrozam suman bribrijo
Le fils du prince Simbedi Yao
Simbedi Yao Bediakon Biniboni bal
Mangeur de guerre.
Saint homme!
K~g~ mela!
Etranger du matin!
sogoman lonida!
Hôte du soir!
Wila daman jetigy!
Rivière impétueuse!
Asüo kekre!
Vaillant chef des porteurs
K~t~k~ kra wan danin.
De l'âme du roi ne dort jamais.
j
dufrutshe 0 minan akuman.
Souche qui brise la hache!
Asüo kiti kiti
Petite rivière capable de
Ni kon gonon tshen non.
Causer de grands dégâts!
Petemprem minan sunon!
Petemprem qui avale l'éléphant!
Asüo bi son,
Il y a la rivière
j n jeri epu.
Et il Y a la mer.
Sekredou Afari Kwabenan!
Sekredou Afari Kwabenanl
Adiatshin.
Il fait jour.
Man huminrinsu AhiandJ
Majesté, faites parler de vous.
Die, die!
Salut!
(l)Dada pimb~ est le nom du premier tambourinaire créé par Dieu
chez
les Abron du clan Zanzan.

- 4 -
~ N° 3:Yao Kouman (Kékréni)
Yao Kouman (Kékréni)
simbedi Yao mangeur de guerre 1
Simbedi Yao Bediakon!
Petit-fils de la divinité
Kankan nyon
Amandjran, descendant de
~tra
Kpri
kon.
Tchindiampon Kwamel
otuo suman Amandjran nanawal
Associer
deux
objets
Tshindiampon kwame bal
Les renforce.
T. NO 4: Koffi.Agyeman (Kékréni)
Koffi Agyeman (Kékréni)
Koffi le grand
qui avale l'éléphant!
Ambirn Koffi Minan Sounonl
Descendant de Sekredou Afari
Sekredou Afari Kwabenan bal
Kwabenan:L'ennemi ne dit jamais
Brakalugul
Du bien d'autrui.
T.N° 5:Koffi Kohosonon (Kékréni)
Koffi Kohosonon l
Kékréni l
Koffi le grand qui avale l'éléphant
Descendant de Sekredou Afari
Ambirn Koffi Minan Sunonl
Kwabenan,
le défunt a toujours
Sekredou Afari Kwabenan bal
Tort. Tes malheurs réjouissent
Efri nufu!
Tes ennemis. Petit-fils du prince
Wu nyan amani a,
Simbedi Yao mangeur de guerrel
Tanvuo buajo. Simbedi Yao
si tu rencontres l'araignée,
Bediakon Biniboni"nanawal
Tue-la.
Si tu la rencontres
BE nyan ananzia bE kunu.
Et ne la tues pas
BE nyan bE kunu atshinvoni.
L'araignée-crabe te piquera.
T. N°6:Kwadio Papasian (Wolotchéi)
Kwadio Papasian (Wolotchéi)
Kwadio!
Kotshra Manzan
Kwadio!
YE mun akura!
Une panthère n'est jamais vieille.
Susu bribi.
Respecte autrui.
Wu susu bribi a,
Respecte autrui et
Bribi susu wu.
Il vous respectera.
T. N° 7
: Atta Kofii (Tiédio)
Atta Koffi(Tiédio)
Atakoura Bédiakon!
Atakoura mangeur de guerre 1
Essi Brobila nanawa!
Petit-fils d'Essi Brobila!
Kasa kasa frein frein!
Parle, parle avec orgueil!

- 5 -
T.NO 8:Kwabenan Kouman (Kroko)
Kwabenan Kouman (KI'oko)
Sekre,dou Afari Kwabenan!
Sekredou Afari Kwabenanl
Descendant d'Atakoura mangeur
Atakoura Bediakon bal
De guerre. Prince!
Wu ye
barima Biniboni.
Tu es un homme.
_
Wu ye
katakie dada.
Tu Itas to~jours prouvé.
Abuguru J
fe!
Si la tourterelle est jolis
o fri tacla.
Ellé le doit.l son plumage.
T.NO 2. 1.: Koffi Djan (Kinkua l
Koffi Djan (Kinkua l
Koffi le grand
·Ambim koffi Minan Sunon!
Qui avale l'éléphant!
Kwadio Ba!
Descendant' de Kwadio
Anqobia Kroko!
Angobia Kokrokol
T.NO 10
. Kwadio Kra 1. Tabagnel.
Kwadio Kra l Tabagne)
Kwadiol
Kwadio!
Kotshra Manzan
Descendant de Yeboa P ipripi l ,
Ye mun akura.
Une panthère
n'est jamais
Yeboa Pipripi bal
Vieille.
T.N° 11: Kwadio Venance (Tabagn~
Kwadio Venanca (Tabagne)
Kwadio!
Kotshra Manzan jahinin Kwadiol
Descendant du bron Kohosonon Ami
Broniba Kohosonon Ambim!
Petit-fils de Yeboa Sèsrèkoui
Yeboa Sèsrèkou nanawa!
Une panthère n'est jamais vieil]
Yeboa Sèsrèkou!
Yeboa Sèsrèkou!
Pintemprem minan sunonl
Petemprem qui avale l'éléphant!
T.NO 12
~ Yao Bédiakon 1 Drobo l
Yao Bédiakon 1 Drobo l
Yao Bédiakon Biniboni bal
prince Yao mangeur de guerre 1
i
T.NO 13
_ Kwakou Adaé 1 Duakwarn J.
Kwakou Adaé l Duakwam l
Kwakoul
Kwakoul
Fils de Kwakou de la province
Kwakou Biniboni bal
De Founlassa
Juaben foumassa kJtOk~!
Originaire de Juaben.

-
6 -
T.N° 14:
Texte tambouriné abro~ pour dire merci
Je vous remercie princes royaux
Mi da wasi ahininwal
Distingués bienfaiteurs,
Mi da wasi ahian~!
Vous remercier fait rire
Mi da wasi nan bri sri.
Certaines personnes.
Mi da wasi nan bri su.
Et vous remercier fait pleurer
Mi da wasi kesi,kesi,kesi.
D'autres.
Mi da wasi mo,mo ,mo.
Je vous remercie,
Adie be tshin wa !
Merci infiniment
Mi
da
wasi.
Tant que je vivrai,
je
vous
Mi da wasi asan.
Serai toujours reconnaissant.
T. N°1S:. Kroko
Kroko
Dieu!
A créé le ciel.
Dressez l'oreille
Et écoutez leI
Divin tambourinaire 1
QU'a t-il créé?
Il a crée le tambourinaire.
Düa surul
Je viens
réveiller,
Human huminrinsu.
Je viens réveiller
Gamangaman tshreman!
L'arbre tchuniboa.
~bo die bein ?
Je viens réveiller,
:)bo Tshreman.
Je viens réveillé les crochets.
Mi be nyanin wu,
Je viens les réveiller
Mi be nyanin adüa tshüniboa.
Pour les faire parler.
Mi be nyanin wu,
Dressez l'oreille et écoutez.
Mi be nyanin kotokrom.
Divin tambourinaire!
Mi be nyanin wu,
Dressez l'oreille et écoutez.
Mi be kasa.
Faites silence,je veux parler.
Human huminrinsu.
Je viens faire parler la peau
Mu tie, mi be kasa!
De l'antilope.
Mi be kasa etshüni man.
Je viens faire parler les
Mi be kasa kotokrom.
crochets.
Gamangaman tshreman!
Divin tambourinaire!
Asasi ya mantshin!
Terre, salut!
T.N°16:Edüa kontQntshin
T.N016 ~ Edüa kontQntshin
Edüa kontantshin!
Edüa krOntshin!
Edüa kont~ntshil
" tshi tshi kJ k') .
Edüa krontshinJ
Edüa kont)ntshinl
~ tshi tshi k~ kO .
Wu k' man bi a 1
Edua Krontshin!
Mi fre
wJ
:a, bira.
Où que tu sois, je t'invoque
Ehinin Krôdjô!
Viens !
Ehinin inan
Roi Krôdjô et dignitaires
Fri man bein?
De quelque pays que ce soitl
Munyran, mu diel
Ecoutez, écoutezl
Mu nyran, nyran mu die
Et méditez le message
Mu die ni atshreman be kan!
Du tambour 1

-
7 -
T.NO 17:Kékréni
T.N017:Kékréni
Nza njurina!
Mains crochets!
Edüa njurina!
Crochets de bois!
Edüa Tshuniboa!
Tchuniboa!
o
k0
ss tshunidro
Informez tchunidro
Ysrs bs man
huminrinsu.
Que nous allons vous réveiller.
T.N° l8:Kwabenan Kouman(Kroko)
T.N°l8
: Kwabenan Kouman
rkroko)
Kwabenan!
Sekredou Afari Kwabenan!
Fils d'Atakoura mangeur de guerr
Atakoura Bediakon bal
Prince!
Wu ys
barirna Biniboni.
Tu, es un homme.
Wu' ys
k~takie dada.
Tu·l'as toujours prouvé.
Abuguru ~
f s !
Si la tourterelle est jolie
o
fri
tacla.
Elle le doit
à
son
plumage.
T.N°19
:Texte de fin
de séance----ui:mbourinée.
Brakatu!
Brakatu!
Bribri.
Bribri.
Jlai f i n i ,
je demande
Man hüe/man kJ da.
à
aller dormir.
T.NO 20 ~ Ntimpan
T.NO 20
Le tambour parleur
Eboa Kanzan!
Atshrsmansan dia!
Eboa kanzan!
Brafuo atukwahin!
Tambour qui vante
Wu kO man by a!
Les mérites du bourreau!
Ys frs wua, bira.
Objet d'intérêt-public!
shinin Krôdjô!
Où que tu sois
shinin inan
Je t'invoque,
viens!
Fri man bsin?
Roi Krôdjô et dignitaires
MU nyran mu die
De quelque pays que ce soit!
Mu nyran, nyran mu die
Ecoutez, écoutez et
Mu die ni atshrsman bs kan!
Méditez le message du tambour!

-
8 -
T. NO 21
:Extrait du texte N.20
T.N021
:Extrait du texte N.20
ehinin Krôdjô!
ehinin inan
Fri man bein?
Roi Krôdjô et dignitaires
Mu nyran mu die!
De quelque pays que ce soitl
Mu nyran, nyran mu die
Ecoutez, écoutez et
Mu die ni atshreman be kan!
Méditez le message du tambour 1
T. NO 22 :Extrait du texte 203
T.N°22 :Extrait du texte 203
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Okon kum wan ?
Il a défait et mis à mort
~kum Anhorohinin Bonaye.
Le chef Bona d'Anhoro.
T.NO 23 :Extrait du :texte215
T. N~ 23:Extrait du texte 215
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Jkon kum wan?
Il a défait et mis à mort
~ kum Kwadja ni nima.
L'honorable Duédou de Ngoranzan.
T.N° 24
:Extrait du texte 204
T. NO 24:Extrait du texte 204
Tu as guerroyé,
~ kon kum wan?
Mais qui as-tu défait?
a kum Tandahinin
Il a défait et mis à mort
Kotshra manzan jahini.
Kwadio,
chef de Tanda.
T. NO 25
Extrait du texte 207
- - - -
T.NO 25:Extrait du texte 207
Il est allé à Mrinzonron
Dkj mrinzron, wüe
mrinzron.
Et a détruit Mrinzonron.
T. NO 26 . Extrait du texte 207
- -
T.NO 26:Extrait du texte 207
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
:.)
kon kum wan?
Il a défait et mis à mort
~ kum Sokohinin Tètèguè.
Tètèguè,Chef de Soko.
T. NO 27
Extrait du texte 208
-
- -
-
T.N° 27:Extrait du texte 208
---.;.;;---'----'-....;..
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
~kon kum wan ?
Il a défait et mis à mort
Jkum Dagba Kroko.
Dagba Kroko.

- 9 -
T. NO 28
Extrait du texte 208
- - - -
T.NO 28:Extrait du texte 208
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
Okon kum wan ?
Il a défait et mis à mort
~kum sogobo Nabinan.
Nabinan,chef Mandé de Sogobo.
T. NO 29 : Extrait du texte 208
T.NO 29: Extrait du texte 208
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
okon kum wan ?
Il a défait et mis à mort Koa
jkum Koa Amoa,Nafana kOkO.
Amoa le Nafana au teint clair.
T. N° 30 : Extrait du texte 210
- - -
T.NO 30: Extrait du texte 210
Tu as guerroyé.
Mais qui as-tu défait ?
J kon kum wan ?
Il a défait et mis à mort
~kum sapiahinin Dobè.
Dôbê, chef de Sapia.
T. NO 31 : Extrait du texte 210
T.N° 31: Extrait du texte 210
Tu as guerroyé.
Mais qui as-tu défait ?
~ kon kum wan ?
Il a défait et mis à mort
jkum Wolobidi Tongolingo.
Tongolingo,chef de Wolobidi.
T. NO 32
. Extrait du texte 214
- - -
T.N° 32: Extrait du texte 214
- - - - - - -
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
J kon kum wan?
Il a défait et mis à mort
Okum Modjabi a Modjabi.
Modjabi fils de Modjabi.
T. NO 33 : Extrait du texte 218
T.N° 32: Extrait du texte 218
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
~ kon kum wan?
Il a défait et mis à mort
Okum
Modjabi
a Modjabi.
Modjabi le dernier roi
de
Biniboni kaakire.
Nassian .

-
10 -
T. N° 34
Extrait du texte 219
- - -
T.N° 34: Extrait du texte 219
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
~kon kum wan?
Il a défait et mis à mort
~kum
Gbonahinin Atshurnpon Kwasi
Modjabi le dernier roi
de
Boatchi Biniboni diasian.
Nassian .
T. N° 35
: Extrait du texte 239
T.NO 35:
Extrait du texte 239
Tu as guerroyé,
Il a défait Kwabenan Diawuo
~ kon kum wan?
Mais qui as-tu défait?
Okum
Brekumhinin
Il a défait Kwabenan Diawuo
Kwabenan Diawuo.
Roi de Brekum.
T.
N° 36 : Extrait du texte 215
T.N° 36:
Extrait du texte 215
Tu as guerroyé,
Mais qui as-tu défait?
j
kon kum wan?
Il a défait et mis à mort
Okum
Ngoranzanhinin
L'honorable Duedou de Ngo-
Biniboni Duedou.
Ranzan.
T. N° ~ ..:. Opoku Ware
T.N°37:
opoku Ware
Ye nyran kuto,kuto
Kuto,
kuto.
Atepu Akwal
Opoku
Tintinl
Ye nyran kuto,
Kuto.
Ye nyran kuto kuto.
Atepu Akwal
Kuto Kuto
J
Opoku le clairl
Opoku Atebu Akwal
Opoku Atepu Akwal
Opoku Tintin!
Opoku le clairl
wO
fri hini ?
D'où viens-tu?
Wj
fri Kwable WonO.
Tu viens de kwable Wonoo.
Wj
fri Amakom Nyadüawasi.
Tu viens de Amakom Nyanduawasi.
Wj
fri damre
Tu viens
de l'endroit
wie kj tD rO
Où le soleil se couche
Wansani bi ampa.
Et où aucune biche ne manque.
Yaa, okronto iJ
Yaa,
merci Majesté.
Yaa, obi aka damre na ak1
500.
Merci, digne descendant des Ancêt
Opoku k~k:>!
Opoku le clair!
Frampa damirifa !
Frampa,
salut
1
Buakro,
Frampa,
damirifa
Buakro Frampa,
salut

-
11 -
T.NO 38
. Bondoukou 1 Nafana l
T.NO 38:Bondoukou (Nafana)
1
1
Gloire à toi Akomi!
Comme Dieu,
1.:
A l'origine du royaume
Gamangaman fri titil
Tu étais là
Ak6ini damirifa.
Et permis sa création.
Gloire à toi Digbayo
Comme Dieu,
A l'origine du royaume
Gamangaman fri t i t i l
Tu étais là
Digbayo damirifa.
Et permis sa création.
T.NO 40 . sépingo, Koun-Abronso
T.N° 40 : Sépingo, Koun-
- - - - - -
Abronso
Comme Dieu,
Gamangaman fri titil
La haine était
Kp~ fri titil
A l'origine du monde.
T.NO 41
. Soko
- - -
T.N 0 41
: Soko
N'oubliez pas le passél
Kae dabil
Je te demande
Mi sre kae dabi.
De ne pas oublier le passé.
T.NO 42
: Kérébio- Domiambra
T.NO 42
: Kérébio- Domiambira
Asasi kokrool
La terre est immense.
T.NO 43 Kérébio-Domiambra
T.NO 43 Kérébio-Domiambra
Kum Nguranhinin!
Nous avions tué
~ hinin Dti ni mpj mu 1
Le chef des Koulango.
Bôrôkohininl
Le chef des Boroko est en
A j ti ni mp..', mu 1
Possession de ses forces.
Kotshra manzan!
La panthère est toujours
A Dti ni mp~ mul
En possession de ses forces.
T.N0 44: Toundiani
T.N 0 44: Toundiani
Comme Dieu,
A l'origine du royaume
Tu étais là
Gamangaman fri titi!
Et permis sa création.

-
12 -
T. NO 45
Extrait· du texte 203
T.NO 45:
Extrait du texte 20:
Dernier monarque de Doma!
Domahinin Biniboni kaakire!
Il fait jour.
Adiatshin.
Majesté!
Man huminrinsu Ahiandj!
Faites parler de vous.
Die! die!
Condoléances et salut!
T.NO 46
: Masakua
T.NO 46
: Masakua
Brebre
Masakua!
Brebre Masakua!
(bis )
Brebre
Masakual
Je suis venu de moi même
Mi t i nana jamasi.
M'installer sous le djama
Mi ngon k~, kO, k{J.
De mon aïeul sans
By a mua mi.
Conseil d'autrui.
Angamangaman tshreman!
Divin tambourinaire 1
W~ K~ man by a,
Où que tu sois,
Mi fre ~ a, bira !
Je t'invoque, viens!
ehinin Krôdj ô! .
Roi Krôdjô et dignitaires
ehinin inan fri man bein ?
De quelque pays que ce soitl
Mu nyran mu die !
Ecoutez!
Mu nyran, nyran mu die !
Ecoutez et méditez
1
Mu die ni atshreman be kan!
Le message du tambour
1
1.
T.NO 47
:Tabagne
T.NO 47
:Tabagne
Où avions- nous toujours été
Kronkron be tüa kwa?
Nous avions toujours été
1
o tüa nanan Gyama su.
Sous l'arbre djama
1
Gyama bi
De nos ancêtres.
o beba anuman kuku.
Un peuple étranger plus fort
Boafran kokon!
Vient nous attaquer.
Ekonfran damirifa!
Boafran kokon!
J nye bribi.
La vie est ainsi faite.
T.N° 48: Yao
Boatini,
T.N 0 48
. Yao
Boatini,chef
---Cher-Foumassa
Foumassa
Vaillant Foumassa
souche qui brise la hache
Edüa dufrutsh~ bu akuman!
Dieu est le créateur de toutes
Gamangaman b~adie.
Choses. Boatini du juaben!
Juaben Boatini!
Prince Boatini!
Boatini Biniboni!
On parle de toi,
Ye b~ wu odini
Mais sais-tu en quels termes
Ye b~ ni sein ?
Parle t-on de toi ?
Ye b~ ni kokroo
On parle de toi comme d'un
Se bomofuo kuman sunon.
Intrépide chasseur d'éléphants.
Asokori Boakil
Boatini d'Asokoril
Prinminrin wui ad~.
Serpent qui boie le maïs
Agonahininl
Chef des Agonal
WU YE barima.
Tu es un homme.
WU YE katakie dada.
Tu l'as toujours prouvé.
Damirifal
Condoléances et salutl

-
13 -
T. N°49 : Dua Kwabenan
T.N°49 . Dua Kwabenan,chef
----chef Foumassa
Foumassa
Souche qui brise la hache!
Prince de naissance!
Dua Kwabenan du Juabenl
Fils de la cour royale
Edüa dufrutshe bu akuman!
Ashanti Kôtôkô!
Düa Biniboni!
Ton tibia est en permanence
Juaben kwabenan Dual
Sur le champ de bataille.
Krobia Sandi KOtOkO!
Dua Kwabenan du Juaben!
Wura ba.
Tu es un homme.
Düa Biniboni!
Tu
l'as toujours prouvé.
Kotojüe Oda lonyem.
Fils de la cour royale
Juaben kwabenan Dua!
Ashanti Kôtôkô!
Wu ye barima.
Roi du juabenl
Wu ye katakie dada.
Toi qui conduisit
Krobia Sandi Jq t'J k~ !
L'émigration des Foumassa!
Wura ba.
Tuer le coq
Juabenhinin!
Tuer le coq de pagode
Wu ye: barima ni ha.
Le jour te surprend.
Wu kum akokonyini
Le sentier traverse le ruisseau
Wu kum brekuo,
Le ruisseau traverse le sentier
Nan adikyen fum wu.
Lequel des deux,
N'süo tshüa kwan,
Est antérieur à l'autre?
Kwan tshüa süo
On a tracé le sentier
Panyini di wan ?
Pour atteindre le ruisseau.
etshüa kwan kOtO asüo.
Le ruisseau est antérieur
ASüo ti fri titi.
Au sentier. Au commencement,
Gamangaman b~adie!
Dieu créa toutes choses.
Biniboni kwabenan Dua!
Prince Dua Kwabenan!
Wu ye barima.
Tu es un homme.
Wu ye katakie dada.
Tu l'as toujours prouvé.on parle
Ye b~ wu dini
De toi, mais sais-tu en quels
Ye bj ni sein ?
Termes parle t-on de toi ?
Ye bO ni kokroo
On parle de toi comme d'un
Se bomofuo kuman sunon.
Intrépide chasseur d'éléphants.
T.N 0 50 _ Ahininfié (Kantamantou l
T. NO 50: Ahininfié(Kantamantou)
kinkua
kinkua
Je peux parjurer
Kantamantu!
Sans être amendé.
T.N° 51
ehinin dansi akon!
Nanan dansi akon!
Majesté, merci.

-
14 -
T.N° 52
T.N° 52
Sa majesté le roi,
Nous a offert en abondance
Nanan tsehi n'zan 0 bebre!
A boire.
Mi sre baabi 0 Nanan!
Baabi mi Nanan 1
Je demande
Mi sre baabi 0 mi Nanan.
Un endroit, Majesté.
T.NO 54
Sa Majesté le roi
ehinin a soril
Va s'éléverl
HU man huminrinsu.
sujets apprêtez-vous.
T.N° 55: Ahininfié
T.N° 55 : Ahininfié
Kohon, kohon!
Tshon hon!
Tie kasa!
Tchon hon (3)
Ampa 0
!
Ecoutez!
Tshon hon
C'est vrail
Tie kasal
Tchon hon
WU be yo,
Ecoutezl
Wu ye bribri.
A les voir,
3 be nyo wu bribri.
Ils vous feront frémir.
Tie 0 kasal
Ecoutez!
Ampa o!
C'est vrai!
Hu man nyo bribri ol
Ils vous feront frémir
Tie kasal
Ecoutez!
Tshon hon!
Tshon hon
Ampa!
CI est vrai!
Hu man nyo,kasa.
Silence!
Asempa.
Ecoutez la bonne parole
Nanan hira
Sa Majesté parle
Kasa 01
Aux ancêtres rois-défunts.
T.N° 56 ~ Assuéfry
T.N 0 56 ~ Assuéfry
Nyankopon Tshindiamponl
Dieu Tout-puissant 1
Mi danin wu 01
Je t'adore.
Mi danin wu
1
Je t'adore
Se ketreman
Comme la langue
Danin aboji e
Se comporte avec la mâchoire.
(3) Kohon kohon = onomatopée pour désigner le bruit du gong frappé
à l'aide d'un bâton.

-
15 -
T. N° 57 :Kérébio-Domiambira
T.N057: Kérébio-Domiambira
Seigneur!
Ye kra Nyanmin
Nous allons en guerre
Asan ni ye k~ kon.
Protège-nous.
T.N° ~ ~ Tshindiampon Nyamin.
T.N° 58
Tshindiampon Nyamin(4)
Dua suru!
Dua asasi!
Dua asasil
Dua suru!
Se tshunikanfuo
Tshindiampon Nyamin
Tsha dua bonin a,
A créé le ciel
Onya amani.
Et créé la terre
Wu nan wu bO sumo
Tshindiampon Nyamin!
B~ hua,
A créé la nuit et le jour ,
Ongon kJ, kO, kJ
Seul, absolument seul.
By amwa wu !
Si un tambourinaire fait mal son
Tshindiampon Nyamin!
Travail, il a affaire !
Yere man wu damirifa.
Tshindiampon Nyamin!
Gamangaman tshreman!
Nous te rendons hommage.
Wu k~ man by a,
Divin tambourinaire!
Ye fre wu a, bira 1
Où que tu sois,
ehinin Krôdjô!
Nous t'invoquons,
viens.
ehinin inan fri man bein?
Roi Krôdjô et dignitaires
Mu nyran, mu die,
De quelque pays que ce soit!
Mu nyran, nyran mu die,
Ecoutez, écoutez
et
Hu die ni atshreman be kan
Méditez le message du tambour!
T.N° 59
Asasi
T.N°59 : Déesse Terre
Terre, quel malheur!
Terre, quel malheur!
Asasi, damirifa!
Terre nous allons
Asasi, damirifa!
Te faire une blessure
Asasi yere tu nvro.
En creusant une tombe.
Yere tu a, n'go.
Le déblai te reviendra.
Asasi nipa wu a,
Terre, il y a décès.
Mi kan man tshre wu.
Je te l'annonce.
Asasi odua funu.
Nous enterrons un cadavre.
Odua adaka bini.
Nous enterrons un cercueil brun
Yere bedi n~ua.
Et cela
par solidarité humaine.
Asasi, wu k~ man by a,
Terre, où que tu sois,
Ye fre wu a, bira!
Je t'invoque, viens!
ehinin Krô,dj ô!
Roi Krôdjô et dignitaires
ehinin inan1fri man bein?
De quelque pays que ce soitl
Mu nyran, mu die!
Ecoutez!
Hu nyran, nyran mu die!
Ecoutez et méditez
MU die ni atshreman be kan
Le message du tambour!
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(4) Tshindiampon Nyamln est l'un des surnoms de Dieu.

-
16 -
T.N° 60 :Extrait du textel13
T.N°60 : Extrait du textel13
Quand le génie sasrabrozam
Sasrabrozam k~ hia,
Se rend dans un village,
o ~? sia baïfuo su.
Il loge chez le sorcier.
T.N° 61: Buswefuo
T.N°61: Le Sorcier
Buswefuo, damirifa
Buswefuo, damirifa
1
Ye kum nipa kronkronl
Ye kum nipa grongronl
Sorcier, salutl
Buswefuol
Sorcier, salutl
Mi man wu matshin
Nos victimes ne sont
Mi fre wu, ~hinin wa
Que des hommes de valeur,nous
Enyrun ju a, mi sori
N'avons pas affaire aux minables
Mi nyarii wu.
Sorcier,
je te salue
Adiatshin a, mi sori
Tu es un roi; quand la nuit vien-
Mi nyani wu.
Je me lève pour te réveiller.
Buswefuo!
Quand le jour vient,
Mi man wu matshin.
Je me lève pour te réveiller.
Buswefuo, wu k3' man by a,
Sorcier je te salue.
Mi fre wu a, biral
Sorcier où que tu sois,
ehinin Krôdjô
Je t'invoque viens 1
ehinin inan fri man bein?
Roi Krôdjô et dignitaires
Mu nyran mu die
De quelque pays que ce soit,
,
Mu nyran, nyran mu die
1
Ecoutez,
écoutez et
Mu die ni atshreman be kan!
Méditez le message du tambourl
T. N 62: Amoitinin
T. N° 62: Amoitinin
Kongo!
Kongo die die.
Il Y a décès.
T.N°63: Adandia, Amata,Tabagne
T.N° 63: Adandia, Amata,Tabagne
Krukru tshe
Rien que la lignée.
T.N°64
: Diédou
T.NO 64: Diédou
San dru ben!
Il n'y avait personne.
T.N° 65 : Ntow Kroko
T.N° 65 :Ntow Kroko
Ntow Kroko! i
San kon hinin!
somboafo!
A nansi fri Niankonsunu!'
Nana Ntow Krokol
Trjmo Akwasil
Généralissime de guerre!
A obi ni nan boa suo!
Serviteur intègre et compatissan
Kwayebremuhinin!
Venu des cieuxl
Kwantipon mu hinin!
Tromo Kwasi au cri inconnu!

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17 -
Jküe a oti ni mpjmul
Monarque de la forêt noire
Abron tshempem!
Seigneur des grands chemins
Duayaw Nkwantahininl
En possession de toutes ses facu
Titi Biniboni!
Abron aux mille boucliersl
Atüaban
50
hinin!
Empereur,roi de Duayaw Nkwanta
Np~nahininl
Monarque omnipotent depuis les
Kakasi mpj bi a,
Temps anciens!
Ye kunu
Roi descendu du ciel par des
Nanso ~fu mahinbin
chaînons. Chef des Nponal
Ano Adou Kouao!
créature qui pousse des cornes
Infifiwa a ni hJ akwan 1
Même morte
Adüasan kwao a
Ano Adou Kwaol
être
Ohinin tanu.
Inssaisissable aux trente secret
~ --

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18 -
T.NO 66 : Kérébio-Domiambra,
T.NO 66 :Kérébio-Domiambira
BOndollkou (quartier Kamagaya)
BOndoUkou (quartier kamagaya)
Mi sinin wu akonfranl
Je suis fine lame de guerre.
T.NO 67 . Sogobo
T.NO ~ ~ Sogobo
Le royaume est grand
ASasi, asasi te tretrel
Mais nous n'y avons pas
Mi nyan baabi mi tran.
Notre place.
T.NO 68:Dengasso( Dokanou)
T.N° 68: Dengasso(Dokanou)
:J dom beba
No~s venons d'Asankra
Ye fri~<i Asankra.
Avec la guerre.
T.N069 : Esunon
T~N069 ~ L'Eléphant
Yere si, si ,sil
Nous savons, savons, savons 1
Yere si,si,si ( bis
Nous savons, savons, savons ( bi
Vere si 1
Nous savons 1
Yere si tshrel
Nous savons qu'un jour
Vere si tshre, dabil
Il y aura la guerre
Vere si, yere kon
Et qu'un jour,
Dabi yere si, yere juani
Nous nous battrons 1
Warakasa, worokusu
Et savons
Yere si.
Qu'un jour nous fuirons.
Odom si KJ tJ kO
Warakassa, Worokoussou
Osi kÔt~kO di minan sunon,
La guerre, c'est le porc-épie.
Esunonba koadj a kJ kO .
porc-épic qui avale l'éléphant.
Ambim kofi Minan Sunon.
Koadja koko , fils d'éléphant
Esunon <
Eléphant qui brise la hache
Wu k~ man by a,
Eléphantl
Mi fre wu a, bira
Où que tu sois,
ehinin Krôdjôl
Je t'invoque, viens 1
ehinin inan fri man bein
?
Roi Krôdjô et dignitaires
Mu
nyran mu die
De quelque pays que ce soit
Mu nyran , nyran mu die
Ecoutezjéeoutez et
Mu die ni atshreman be kanl
Méditez le message du tambour 1

-
19 -
Mes guerriers ne sont pas nombre
Mais ils sont courageux.
On n'est pas captif
Pour rien.
KJ t~ k~ fU~ ma
Est-ce qu'un champ de maïs
Ben dO sul
Produit-il en période de séchere
Be huodrinl
Mes guerriers travaillent
Ben kj
jahi wüal
Même courbés
Tshrekru be di akwal
Jusqu'au coucher du soleil.
ApesE bro
Je ne vous tiendrai pas rigueur
Be di n' gokrJ .
Si vous ne venez pas demain.
Be kutu, be. nam.
Mais je n'apprécie pas
Ehüe di k~ br'J ko.
Qu'on défriche mal mon champ.
Etshinan wum ba,
jahi.
La termite
Ad~ bonin mi tshre wul
Qui ronge le ferl
Taka taka wüa dadiel
Comment les. ont-ils tués?
Wu kum se ?
Ils les ont tués à la
aKum se bomofuo
Manière dont un chasseur
'Kuman sunon!
Tue l'éléphant!
Be mo, be mol
Merci et salut!
T.NO 71: Extrait du texte 210
T.N071
: Extrait du texte 210
Moi Agyeman Badou!
Agyeman Badoul
Je ne peux pas
Mi suro sandi
Avoir peur des Ashanti
Mi suro Ngoran.
Et avoir peur des Koulangol
Dabi! dabi 1
Jamais,au grand jamais.Je le
Mi kan, mi kanl
Dis et le dirai toujours!
T.N° 72
Kawinigonl
Kawinigonl
J'ai eu affaire
Man hunu amanin
Je me suis rendu chez lui,
Mi kO 0 ye,
Et i l a tué un mouton
o kum juan.
Quelle partie de l'animal
o man wu die bein ?
T'a t-il offerte?
o man mi juan fin
rI ne m'a offert que les côtes
Kawinigonl
Kawinigon!
Man hunu ama~in.
J'ai eu affaire.

-
.:::u -
T.N° 73: Extrait du texte 249
T.N°73 . Extrait du texte 249
D'où peut-elle venir?
Elle ne peut venir
edom si fri man bein ?
que d'Ashanti kôtôkô
~ fri man be in
Prince guerrier Datè
As andi k~ T\\~ k~
Nous le savions et
Ye si, ye si Binibonil
L'avions deviné 1
T;N074:Dorma-Ahenkro
T.N074:Dorma-Ahenkro
Yeboa Afaril
La guerre est une
Yeboa Afaril
Bonne chose.
Kon ye!
La guerre était à la
Kon fri titil
création du monde.
T.N° 75 : Ahininfie
T.N075 ~ ~ royale
Nous n'avons pas réussi
A vaincre les Adansi
A cause de la traitrise d'un escl;
Nous avons cependant vaincu
Adansi ben ku bel
Et mis à mort le chef des Koulang,
Ngoa b~ninl
Nous l'avons tué pour nous empare
Kum Nguranhininl
De son pouvoir et de son pays.
Kum fa ehinin dil
Nous avons tué le chef
Kum Banahininl
De Banna ( Banda ).
T.N° 76
Kwamua!
Kwamua tsha enyranl
L'Araignée 1
~ di n' nyanza
L'Araignée avec intelligence
tsha enyran peinl
A abattu le fromager.
T.N° 77: Extrait du texte 203
T.N°77 : Extrait du texte 203
Ta présence s'annonce toujours
Ye ti wu n'ganl
Par d'interminables coups
otuo
tutu' pein pepreinl
De fusil.
T.N° 78: Extrait du texte 203
T.N°78 : Extrait du texte 203
Tu sens la poudre à canon
Wu suman tshrebu~
A force de faire usage
Nan wu hu bonin atudurol
De ton armel
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C i è
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-
~.L
-
T.N° 79 : Abron Tshempem
T.N°: 79 : Abron aux mille boucliel
Abron Tshempeml
Abron aux mille boucliersl
Mu mra, mu mral
Rassemblez-vous, venez 1
Tshre kru bendi
Tshrékrou Bendi Akoura
Akura
Munissez-vous
Bendi nnoa
De vos cartouchières.
Abron Tshempeml
Venez, venez 1
Mu mra, mu mral
T.NO 80: Extrait du texte 79
T.N°80 : Extrait du texte 79
Munissez vous
Bendi nnoa
De vos cartouchières.
Abron· Tshempeml
Abron a~x mille boucliersl
Mu mra, mu mral
Venez,venezl
T.NO 81: Songori
T.N° 81: Songori
Je suis fine lame de guerre
Mi sinin wu akonfran
Personne ne peut m'arracher
Wan be je?
L'arme de ma main.
T.N° 82: Dadiassé
T.NO 82: Dadiassé
Tano 1
o fri titil
·Vient de la création
Odangaman boa adiel
Du monde.
T.N° 83
T.NO 83
Le ruisseau traverse le sentier
Nsüo tshüa ekwan
Le sentier traverse le ruisseau
ekwan tshüa nsüo
Des deux, lequel est antérieur
Benie ye panyini ?
A l'autre?
T.N° 84 . Adamsu,Kromokro
T.NO 84 :Adamsu,Kromokro,Souromani
Souromani
Mi ben wu kukul
Je suis à vos côtés.
T.NO 8S . Sou romani
T.N°8S : Souromani
Nvraman
Le vent est venu souffler
K~ kan cube
Sur le cocotier et
Cube tshüan tem.
L'a aussitôt déraciné.

-
22 -
T.N° 86: Kérébio-Domiambira
T.N° 86: Kérébio-Domiambira
Où étais-tu
Be kn
kon
Quand nous partions
Wu ka hin ?
En guerre?
T.N° 87
: Dorma-Ahenkro
T.N° 87
: Dorma-Ahenkro
Tiri be tu nil
Une tête va y resterl
T.N° 88
. Songori
T.N° 88 ~ Songori
Je suis le chef de
Mi y~ adontenl
L'avant-garde et
Man nini.
Rien d'autre.
T.NO 89
: Guiende
T.N089
: Guiende
Je suis le chef de
Adonten mi hininl
L'avant-garde.
T.N° 90 : Guiendé
T.N° 90
: Guiendé
Mi be tJ mrere!
Je suis prêt à mourir.
T.NO 91
. Broukro
T.N091
: Broukro
De tout temps
Gamangaman fri titi!
On ne prend que
Ku be krua.
Ce qu'on peut.
T.NO 92
: Guiendé
T.N° 92
: Guiendé
Kuantipon asamual
Guêpe en bordure de piste!
T.NO 93 : Priti Ahenkro,
Krobo
T.N093 ~ Priti Ahenkro, Krobo
Gyapam tatia
Gyapam et tatia ( 5 )
Fri titil
Viennent du commencement des temps
T.NO 94 : Drobo
T.N094: Drobo
Adonten mi hininl
Depuis l'aube des temps
eh in in kon
Je suis un chef militaire
eh in in n' juan.
La guerre est ma profession
Kuantipon mi hinin!
Je me bats jusqu'au. bout.
(5) Gyapam est un arbre et tatia, un insecte qui ne se sépare jamais de
cet arbre.
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-
23 -
T.N° 95 . Drobo
T.N° 95 :Drobo
Sarkyi Akon 1
Sarkyi Akon 1
Prends ton cimeterre
Kjt3 ni non kon.
Et va les combattre 1
T.N° 96 : Drobo
T.N°96 : Drobo
Tshumasi Ampon e
Tshumasi Ampon é 1
Wa son ekon su ?
Prêtes-tu l'oreille aux guerres
T.N° 97: Drobo,Tangamourou
T.N° 97 _ Drobo,Tangamourou
Ben je
Be nni 1
Prenez et partagez
Mi pe "bi.
Je m'en tiens à l'écart.
'T.N° 98 . Mèrèzon
,T ~ N° 98: Mèrèzon
Je demeure
J tim b~ nuan 1
A l'orée de la forêt.
T.N° 99 _ Angobia
T.N° 99 :Angobia
La guerre arrive
Avec son cortège
Edom n'grawiril
De misères.
T.N° 100 ~ Angobia
~ N°lOO: Angobia
Huru tra kO konl
Devancez-les en guerre!
T.N° 101 ~ 'Akyidom
T.N°lOl _ Akyidom
KU, ku, kul
Mi YE denkyem
Je suis un crocodile.
Nyran pan.
Je dors dans un trou
Mi da bunu mu.
Sous l'eau.
Bribi a n'ti~ kan.
Rien ne peut m'y toucher.

-
,<j
-
T.N0102
. Ahininfié (Mpèbi)
T.N0102: Cour royale (Mpèbi)
Cultivez pour vous nourrir
Je nIai pas de préféré.
Cultivez pour vous nourrir
Je nIai pas d'ennémi.
Cultivez pour vous nourrir
Je n'ai pas de préféré.
Mi pe bi 1
Jamais, Jamais de la vie.
Mi tan bil
On ne tue pas
Be se be di, mi pe bil(bis)
Un prince étranger.
Kura dada 1
On ne vend pas
Man bi dihyie ben kunu.
Un prince étranger.
Man
bi dihyie ben tO nu.
Quant à llesclave,
DongO, be tshüa ni tiri tshüel
On lui tranche la tête.
T.N0103
. Akyidom
T.N0103 : Akyidom
Demeurer
Be ka mantshi!
A llarrière du pays.
T.N 0 104 . Pinango
T.N°104
: Pinango
Pünidol
Reculez 1
Mi sran katakie
Je suis le plus brave.
T.N010S
Pinango
T.N 0 10S ~ Pinango
An Hun
An hun ( 6 )
T.NO lOG : Asondare
T.N010G
Asondare
---(chef des Pinango l
Asondare kongonet
Le manioc dlAsondare.
T.N010?
T.NO 10?
Asondarel
Asondaret
Asondare pinangohininl
Asondare, chef pinangol
Wa kj jamalaga
Tu es allé au Djamala
Wan tu tüol
Sans un coup de fusil
Wu tiri kakraka kahire.
Mais revenu avec un grand coussir
Asondarc e mian ko fiel
Asondare,
retournons chez nous.
---------------------------------------------------------------------
( 6 ) Ce cor imite le cri de l'hyène.
t'tu ?& If·
c- - ct atM:"

-
25 -
T. N°1DS Aroubène des Foumassa
T.N01DS : Aroubène des Foumassa
Je traverse
L'artère principale
Le poing fermé
Mi tüa Kokrobetüa
Qui es-tu ?
Mi tüa abontinint
Moi je suis Foumassa
Wu ni wan ?
Je suis poudre à canon et
Mi yo Foumassa.
Je suis pierre à feu
Mi wo atuduro,
Si tu es homme, provoque moi.
Mi wo a tshrebuol
Je te combattrai (bis) car
Wu ye barima,kam he!
Je suis poudre à canon et
Mi ni wu be kon! (bis)
Je suis pierre à feu.
,Mi wo a tuduro ,
Si tu es homme, provoque moi.
Mi wo a tshrebuo!
Je suis homme
Wu yo barima,kam he!
Si tu t'amuses avec moi,
Mi yo barima!(bis)
Je ferai usage de mon arme
Wu gro mùa ,mi tu wu tüo.
Je suis poudre à canon et
Mi be tu wu tüo.
Je suis pierre à feu
Mi wo atuduro,
si tu es homme
Mi wo a tshrebuo!
Je traverse l'artère principale
Wu yo barimal
Le poing fermé~
Mi tüa kokrobetüa,
Si tu es homme, provoque moi.
Mi tüa abontinin !
Je suis homme de l'aroubène. '
Wu yo barima,kam he!
Je viens de Koforidua.
Aroubène barima yem 1
Je viens du Juaben.
Mi fri Koforidua,
Foumassa!
Mi fri Juaben!
Je suis poudre à canon et
Foumassa!
Je suis pierre à feu
Mi wo atuduro,
si tu es brave,
Mi wo a tshrebuo!
Moi je le suis aussi.
Wu yo barima,
Tape-moi!
Mi su mi yo barima!
si tu me tapes,
Kawani.tu mi
Tu m'amuses.
Wu kawani mia ,
Je ferai usage de
Wu gro mia,
Mon arme à feu.
Mi tu wu tûo.
Foumassal
Foumassa!
Je suis poudre à canon
Mi wo atuduro,
Je suis pierre à feu
Mi wo a tshrebuo!
Nous avons la même assiette
Mi sum gofri
Je ne vais pas me fâcher.
Mi guro wu.
Je suis poudre à canon
Mi wo atuduro,
Je suis pierre à feu
Mi wo a tshrebuo!
Je n'aime pas les histoires
Mi pa asem!(bis)
Si tu aimes les histoires,
Wu pe asem al
Touche-moi.
Kam he.
Si tu aimes les histoires,
,Wu pe asem, i
Provoque- moi.

-
26 -
Guro mi!
Si tu es homme,
Fa wu guro be kam.
Touche-moi.
Ye bo wu dUal
Si tu offenses sans raison,
Kami he!
Touche-moi.
o fum asa,kam he!
Si tu es brave,
Mi ni wu be kon!
Je t'invite au combat.
Mi wo atuduro
Je suis poudre à canon
Mi wo tshrebuol
Et je suis pierre à feu.
Ebo wu dUal
Si tu es un homme,
Kam he.
Compare-toi à moi.
Wu kam mia!
Si tu m'attaques,
Wu be hun mi.
Tu sauras qui je suis
Hüe ye!
Essaie et tu verras.
T.N0109: Foumassa
T.N0109
:Foumassa
KD da susu!
Pense avant de dormir.
T.N°110:Extrait du texte102
T.N°110 . Extrait du texte 102
Mi pe bi
Je n'ai pas de préféré!
Mi tan bit
Je n'ai pas d'ennemi!
T.N°lll :Sène.
T.NOll1
: Le Page
Il est mort, Sène l'a tué
La paix est revenue .
Kun,
sèn~ kun boajo 1
Oui la paix est revenue 1
Ye nam bre, boajo 1
sène,
reçois ta récompense
sën~ bira be je wu futu~
Nous venons de Badou
Ye nam Badou,
Nous venons d'Atopré (7)
Ye nam Atopré
_
Atopré tue la pierre
Atopré brjbuo a bra
se~
Et tue Sène lui-même
sin~ be ba be j~ ni Bini
së~ viens prendre
Br~buo a, br~ s2n~
Possession de ton Bini
sè~
GkO
man by a,
Atopré tue la pierre et tue Sène
Mi fre wu a, bira 1
sène oü que tu sois
ehinin Krôdjô
Je t'invoque viens!
ehinin inan fri man bein?
Roi Krôdjô et dignitaires
Mu nyran,' mu die 1
De quelque pays que ce soit,
Mu nyran, nyran mu die 1
Ecoutez, écoutez et
Mu die ni atshreman be kan
Méditez le message du tambour 1
------------------------------------------------------ --~------------
( 7 ) Atopré est le nom d'une danse que l'on organise pour annoncer à
la population qu'il ya un condamné à exécuter. Atopré est _.synonyme
de mort. A ce titre,
il peut tuer une pierre et tuer Sen lui-même.

-
27 -
T.N°112 Extrait du textel18
T.N°112: Extrait du texte 118
Sènt.be je diel
sèn~ ,impose le silencel
T.N° 113:Ahininfié
T.N0113 ~ Cour royale
Palmier ( bis )1
Palmier planté au carrefour
pe Doma et de Tchrébio.
Ko, kol
Le chef de Doma est allé et
Akwabetrin e el
N'a pu le terrasser.
Ko, ko akwabetrinl
Le chef de Tchrebio-Nkwanta
Osi Doman- Tchrebio- Nkwantal
Est allé et n'a pu le terrasser.
.Domahinin k~ to a,
si un chien vous prend
Wan ti mian ni tO.
Quelque chose et se dirige
Tchrebiohinin kO to a,
Vers la cour royale,
Wan ti mian ni tJ.
Laissez~le l'emporter.
Etshüa fa wu dial
Ampim Nana !
Man fa ni kJ, Ampim Nana.
Si une claie ne peut te contenir
Tshrebia tshrere biaso.
Que peut alors un grenier ?
Atin pata tshrebiaso.
Sa présence fait frémir
Ahunu bO brime
Gazelle mâle aux cornes levéesl
Ofiti pariko da netum
Un individu caché
J tüa bru, J tUa kO k~ .
Tue les jeunes et les vieux.
Sonsoniri wrugrawiri.
Laissez-les lui.
Toni toni tshonhJ tan wue.
sinon il vous tuera
Hini manonl
Il fait nuit, silence
~di be man wu.
La mort marchel
Ko, ko adiesan 01
Tout ce qui fait peur,
Mu nyran mu diel
Est oeuvre humaine.
Ewuo nam 1
Le malheur est source de
Bribi ~ tu, nipa nan YO.
mauvaises nouvelles.
Samanfuo bribi.
Se cacher pour apercevoir
Brebre m'ma, n'ga amanie m'ma.
Ce qui est interdit,
Hinda ru ye.
Le malheur vous arrivera.
Hinan ru ye.
Cachez-vous bien.
Toni tonie
Quand le génie sasrabrozam
Sasrabrozam k) hia,
Se rend dans un village,
a KJ sia baïfuo su.
Il loge chez le sorcier.
Ewuo nam!
La mort marche!
a Bribi naml
La panique s'installe.L'esprit
Samanfuo bribi.
Des ancêtres-défunts chemine.
T. N°114 : Akokonyini
T.NOl14 ~ Le coq
Boafro ak~k~nyini!
Boafro akokonyini!
Ni tri kokro 0,
Qui, avec son énorme tête
Ofi aben ni nantshi,
Ne pousse des cornes
odi adikyen.
Que derrière les pieds ( 8
Wu kum AkOkonyini
Le'coq indique le temps.
Wu kum Breku a,
Le jour surprend
Adikyen fu mu
Celui qui tue le coq
AkOk~nyini,
Et tue le coq de pagode
Wu kO man by a,
Coq,
Mi fre wu a, bira
Où que tu sois,

-
28 -
ehinin Krôdjô,
~e t'invoque, viens 1
ehinin inan fri man hein?
Roi Krôdjô et dignitaires
Mu nyran mu die
De quelque pays que ce soit,
Mu nyran nyran mu die
Ecoutez, écoutez, et
Mu die ni atshreman he kanl
Méditez le message du tambour 1
T.N°115 Extrait du texte203
T.N°115: Extrait du texte 203
Majesté!
Adiatshin.
Il fait jour
Man huminrinsu AhiandO!
Faites parler de vous.
T.NO 116 :
T.N°116
:Invitation à la
salutation du-roi
Il fait jour,
Adiatshinl
Sa majesté le roi
ehinin a sorio
S'est reveillé.
Hu man yen kO
Allons lui
Man matsnin.
Dire bonjour.
T.N° 117: Salutation
des
---- ---- délégations par le roi.
Il fait jour,
Adiatshin! .
Sa majesté le roi, reveillé,
ehinin a sori
Dit bonjour et souhaite
ys man matshin
La bienvenue
AhiandO.
A tout le monde.
( 8 ) Dans la mentalité africaine, il n'y a pas de différence
entre les pieds et les pattes.
'.

T.N° 118: Hymne national
T.N°118 ~ Hymne national des Abr
- - d e s Abron
Il arrive,
sa majesté arrive
Le bourreau avancel
Le vaillant chef
Porteur d'âme du roi avancel
Le prince guerrier marche 1
Il arrive sa majesté arrivel
Décrochez
les
ceintures
de
Guerre et portez-les.
Glorifiez-les.
c'est une bonne occasion. Dans
L'iroko,
i l y a du bois d'iroko
Du bois semblable
Wari ba 0 wari bal
A celui du fromager
Konomre nam !
Et du bois semblable
KOtOkO
krahinin nam
Au bois-de-fer
KJtakO hininba nam 1
Okumgbul:mo
Biniboni nam 1
Quand, la maison est calme
Wariba 0, wari bal
On cherche après le tarn-tam
Mon tun nnoàl(bis}
La souris grimpe
Atshreman j i j i nul
Le chat la suit
Tshremeredu okum atshremanl
Leur mouvement est à imiter
Okofu yere di amin 1
Prince,
imitez-les 1
Okofu yere di nyranl
Adou Sangan sangan
Okofu yere di a kakapimpein
c'est à toi qu'on s'adresse ain:
K;)konfuO 1
Quand une bosse de terrain
Asûo nyran nyran
Arrive à hauteur de hanche,
Be je ni tshûni.
On l'appelle monticule.
Atshreman brafu di atshre!
Dites-lui condoléances et
Agan miri kjy~bil
Laissez-la mourir.
KQYObi ahininwa 1
La terre,
KjYObi Ahiand;)!
Est généreuse et bienfaitrice.
Adu Sangan Sanganl
La grenouille se rencontre
Adu atshremere tua.
Dans toutes les rivières.
Asasi fre jena
Tan Kwasil
BJ
fre ahamon süo.
Est aussi Tano.
Oman nugon.
Guerrier Daté
Asasi ayel
Est aussi d'Angob1a Tchrébio.
Frifri dubuenanl
Qui es-tu pour oser
Kosia Boboribol
Provoquer le roi?
Asüo nyinan nyinan
Querelle de roi,
Da asüo mu.
Qui est le roi?
Tan Kwasi Binibonil
Le roi c'est moi:
Be fre Tano.
Guerrier Datè.
Angobia Tshrebiol
Qui es-tu pour oser
j
ye Dkofu Date.
Provoquer le roi?
Tan Datel
Querelle de roi,
Sen be je die.
Qui est le roi?

-
30 -
Obi di wan
Le roi c'est moi:
Otim ni ehinin kon ?
Prince Adingra
ehinin kon, ehinin di wan?
Qui es-tu pour oser
ehinin di mi : Okofu oatè
provoquer le roi?
Obi di wan
Querelle de roi,
Otim ni ehinin kon ?
Qui est le roi?
ehinin kon, eh in in di wan ?
Le roi, c'est moi:
ehinin di mi : Adingra Biniboni
Binan Kombi!
Obi di wan
Qui es-tu pour oser
Otim ni ehinin kon ?
provoquer le roi?
ehinin kon, ehinin di wan ?
Querelle de roi,
ehinin di mi : Binan Kombi
Qui est le roi?
Obi di wan
Le roi, c'est moi:
Otim ni ehinin kon ?
Abo Oua Kokroko!
ehinin kontehinin di wan?
Qui es-tu pour oser
ehinin di mi
: Abo Oua Kokroko.
provoquer le roi?
Obi di wan
Querelle de roi
Otim ni ehinin kon ?
Qui est le roi?
ehinin kon, ehinin diewan ?
Le roi c'est moi:
.
ehinin di mi
: Ambim Kofi
Koffi le grand qui avale l'élép
Minan Sunon.
Il va s'asseoir,
otransi a transi.
Sa Majesté s'assoit
Kongrom.
Kongrom!
T.N° 119 . Yaokokrokro
T.N°119 : Yaokokrokro
L'éléphant mâle et unique.
Si j
Ne parvient pas à l'abattre, c'
Esunon kakon J ti
kpri
Tout simplement qu'il est gros.
T.N° 120 : Yaokokrokro Priti
T.N°120 : Yaokokrokro Priti
Semi tu bel
Pour les avoir suivis.
T.N0121:0robo
T.N°121:0robo
Gros animal!
Abua kesie bre bref
Vas-y posément
Man huminrinsu.
calmément et montre-toi.
T.N° 122 . Orobo
T.N°122 . Orobo
Gyai su!
Gyai akasa di!
Va
te nourrir de boules d'akaE

-
31 -
T.NO 123 : Drobo
T.NO 123 : Drobo
C'est la tête de l'esclave
Dongo nan be tshüa n'tif
Qu'on décapite.
T.N 124 . BRAFUO
T.N0124 . Le Bourreau
Kum wan ?
Kum Atakora mbrenu
Il a tué deux fois Atakora
Kum wan ?
Qui a-t-il exécuté ?
Kum atakora bresan
Il a tué trois fois Atakora
Petipre, beie ni tif
En sa présence
Biniboni,beje ni tif
La
pie sent sa vie menacée.
Brafuo dada!
Le ro:!. sent sa vie menacée. '
Fa non, ~!
Habituel bourreau,
Tshritshri
Emporte le damné au loin
ehinin akwa Tchrèmi Duédou!
TCllrèmi Duédou
Fa otri ji atshreman !
Sujet de sa Majesté,sacrifie-to]
ehinin akwa Tchrèmi Duédou
Pour sauver le pays.
Yere man wu damirifa.
Tchrèmi Duédou!
Angamangaman tshreman!
Dors en paix.
Wu ~ man by a,
Divin tambourinaire!
Mi fre wu a, bira !
Où que tu sois,
ehinin Krôdjô !
Je t'invoque, viens!
ehinin inan fri man bein?
Roi Krôdjô et dignitaires
Mu nyran, mu die
De quelque pays que ce soit!
Mu nyran, nyran mu die !
Ecoutez, écoutez et
Mu die ni atshreman be kan!
Méditez le message du tambour 1
T N0125: Amoitinin
T NO 125: Amoitinin
Abrofu Apam!
Embaumeur venu d'Apam
Dabi dabi !
Qui de tout temps
Ya die ye
Agis en bien
Kan hon mira!
Viens!
Abrofu Apam!
Viens sur l'heure!
Ebron Abrofu Apam!
Embaumeur des Abron
Kan hon mira!
Viens! viens sur l'heure!

-
32 -
T.NO 126 : Abua Kankan
T.NO 126 : La fourmi-cadavre
Fourmi-cadavre
Morte, pue.
Abua kankan abofon o!
Même vivante,
Ni mu t i se dada ?
c'était pareille.
Angamangaman tshreman
Divin tambourinaire
WO
kO man by a,
Où que tu sois,
Mi fre wJ a, bira,
Je t'invoque, viens!
ehinin Krôdjô,
Roi Krôdjô et dignitaires
ehinin inan fri man bein?
De quelque pays que ce soit,
Mu nyran mu die,
Ecoutez,
Mu nyran, nyran mu
die
Ecoutez et
Mu die ni acshreman be
kan!
Méditez le message du tambour 1
T N0 127: Drobo
T NO 127: Drobo
L'arbre majestueux
Dupon kesie atutu
s'est effrondrél
Damirifa die,die!
Condoléances!
T. N°128: Kouassi Kouman
T.NO 128: Kouassi Kouman
Sum non
Nous repoussons le combat
Man k0 tshri tshri .
Pour permettre au roi d'avancer
T.N0129: Tshiamin
T.N0129
Le Maître-de-Parole
ehinin dihie
Kasanoman - krondi!
Maître-de-Parole
Kasa, kasa frin frin
A la
fois Pie et rossignol
Kasa by tshre !
Parle pour montrer
Wu kasa by al
Ton savoir- faire,
Kasa timborimu.
Mais fais-le avec prudence.
Kwaye timborimu asamoal
Parle dans le droit chemin.
Wu kO man by a,
Où que tu sois,
Mi fre wu a, bira 1
Je t'invoque,viens!
ehinin Krôdjô
Roi Krôdjô et dignitaires
ehinin inan fri man bein?
De quelque pays que ce so~t!
Mu nyran, mu diel
Ecoutez 1
Mu nyran, nyran mu die
Ecoutez et
Mu die ni atshreman be kanl
Méditez le message du tambour!
mwe" ±

-
33 -
T.N° 130 : Kékréni
T.NO 130 . Kékréni
Tshri tshri be t~ 1
Fori WU pe konl
Il Y a guerre
Pe kon papa a !
Fori 1
Tshri tshri be t0l
Tu aimes vraiment la guerre
Fori wu pe kon a
Il y a guerre
.. Be fre wu kon.
Comme tu aimes la guerre,
Tshri tshri be t~!
On t'invitera à la guerre.
Fori wunim damre
Et c}est par elle
Adie be tshen wu ?
Que tu mourras.
T.N° 131
T.N°131 . Nom tambouriné
Du chef des Kra de Krako
- - - - - - -
Palou
Patoul
t, Angob i a kwaO
Angobia kw~ 1
Ahenkwa kra kokroko
Qui n'ira nulle partI
Patou angobia kwa~ 1
Purificateur en chef
Ahenkwa kra kokroko!
De l'âme du roi!
T.NO 132 : Karako
T.NO 132: Karako
Mi ta watshi.
Je suis un sympathisant.
Baabi a wu be wura
Partout où tu seras
Mi be wura hJ.
Je serai avec toi.
T.N° 133
Karako
T.N° 133
: Karako
-
Nous sommes des hommes
De parole.
Même à genou,
Wu kasa wu bua
Nous sommes toujours prêts
Ye kutu ye kon.
Pour la guerre.
T.NO 134 : Karako
T.N°134
:Karako
Ahuri e
!
Ahuri 1
Wu pe kon 0
Tu es un vrai guerrier
Wu pe kon papa a
Et la guerre te passionne.
T.NO 135
T.N0135 : Nom tambouriné
DU chef
Ahuri de Krako
Ahuri!
Ahuri!
Ahenkwa kra
kokroko
Purificateur en chef
Patu angobia kwaJ
(bis)
De l'âme du roi.

-
34 -
T.N°136: Amoitinin
T
NO 136: Amoitinin (nom
d'appel
Sonneur de cor
De naissance
Asokwa nan bo wu dual
venez, venez
Mu mira mrere 1
Venez sur l'heure!
T N °137: Amoitinin
T N 0137: Amoitinin
Petit-fils
Asokwahinin nan nanawa!
Du chef des sonneurs de corI
T N° 138:BiniKobenan
T N °138:Bini Kobenan
Bini Kobenan nanawal
Petit-fils de BiniJKobenal
T.N°139
T.N°139
ehinin kwa dada dihyie 01
Nous avions toujours été
Kwa dada dihyiel
Les serviteurs du roil
T.NO 140
T.NO 140
Da Adou el
Da Adou.
Adou l'ancienl
T.NO 141
T.N°141
Ako yom dada e !
Yom dada
Le Perroquet est ce qu'il est.
T.NO 142 . Ahibango
T.NO 142i Ahibango
punidO
Reculez et laissez-moi passer.
Mi sum katakye!
Je suis un serviteur du roi.
T.NO 143
T.NO 143
Abusuan pahiimu 01
Une famille désintégrée
Abusuan be ka tian.
Devient une petite famille.
T.NO 144 ~ Akwamou(Boupoko)
T.NO 144 ~ Akwamou(Boupoko)
Tiri mu asem,
Ce que pense autrui
:) dru 1
Est difficile à devin~r.

T.NO 145:Yaokokorokro
T.N°145:Yaokokorokro
Abusuan
Ben t~!
La famille ne s'achète pas.
~.NO 146 : Pinda, Adamsu
T.N0146 ~ Pinda, Adamsu
Nous sommes semblables
Ye friatebiral
A l ' a te ! ,( 9 )
T.N0147 :Extrait du texte224
T.N0147:Extrait du texte 224
Sorne,' some Jo
Prince Kwame!
Ak;)]Q be di some.
Fils de Kwasi Yeboa!
Adiatshin, .
Picorer 1 ( bis )
~,k) be di some.
La poule picore
Enyinijü a,
Le matin,
Ak>k.? be di some.
La poule picore.
Awiyan Kwadio
Le soir,
Hanmi Tshrifu.
La poule picore.
Hi tim ,netum.
Kwadio le fortuné!
eman ajemsein.
pourquoi venir me provoquer ?
Abo jise jejerije kwa.
La barbe touffue
Aniwin ~ tsheri
Nia pas d'importance.Le cil
Abo jise panyini.
Est plus âgé que la barbe.
T.N°148:Drobo
T.N0148:Drobo
Akura di mon.
La souris mange le riz.
D di wui a nan
Le serpent boa mange la souris.
Pranmire afa nan mrin.
Le serpent boa mange donc le riz.
T.N° 149 : Kokosua
N°l
T.N° 149
: Kokosua NO 1
Les petites rivières
Asüo kuman kuman
Donnent naissance
Nan hira asüo.
Au grand fleuve.
1
( 9 ) Ate = nom de la graine du Dioclea reflexa.

... 36 -
T.N°150 : Intuntumbe
T.N°150:Le Criquet
Intuntumbe
Satshra amrofil
Nan buO pahi.
Le criquet
1
Intuntumbe
Quand le criquet se met
Satshra amrofil
Sur un rocher,
le rocher s'écroulE
Amrofi fr~ bu~
Quand le criquet se met
Nan buJ bu.
Sur une pierre,
Angamangaman tshremanl
La pierre éclate.
WO klJ man by a,
Divin tambourinaire 1
Mi fre
W'J a, biral
Où que tu sois, Je t'invoque
ehinin ,Krôdj ô, .
Roi Krôdjô et dignitaires,
ehinin inan fri man bein?
De quelque pays que ce soitl
Mu nyran mu diel
Ecoutez 1
Mu nyran, nyran
mu
die
Ecoutez et
Mu die ni" atshreman '·be kan 1
Méditez le message du tambour 1
T.N0151
Abua ni tri
La tête d'un animal
j
nyra hnm
Ne se perd jamais
Kwan seni mu.
Dans une casserole.
T.N0152
. Attokom
T.N0152
: Attokom
On me prend
Be bum apese!
Pour un hérisson.
/
T.N° 153 :Transua
T.N° 153: Transua<
Afru human
La peau de l'abdomen
Kata hi yasu.
Cache les viscères.
1"
1
T.N° 154 . Angobia
T.N0154
: Angobia
Sum hinin
Servir le roi avant
Ni wa jel
D'être recompensé.
T.NO 155 . Kouakou Tanokom
- - - -
T.N°155
: Kouakou Tanokom
Kae dabi!
N'oubliez pas le passél
Drobo
T.N°156: Drobo
Kangabi J wu a,
C'est après sa mort
Ye huni nika dud~
QU'on denombre les anneaux
Nan J be jani h~.
Laissés par le mille-pattes.

-
37 -
T.N0157:Drobo
T.N0157:Drobo
Nvraman m' ma
Si le vent ne souffle pas
Atintrihu se
~ drul
Le coton s'estime lourd.
T.N0158
Sisre Kwabrafo
T.N 0 158 ~ Le Sanglier
De tous les animaux,
c'est le sanglier qui en marchan1
Déplace beaucoup d'air
Après son passage
Mwan nyran sisre kwabrafo!
Sanglier !
Onan odi nvraman gumni tshre.
Où que vous soyez!
Okr~ man by a, bram gun ni human.
Apportez - moi sa peau.
Asikyre si mere su.
Le vantard ne tient
Fa hon si mere su.
Jamais les mêmes propos
Asikyre si brafuo a se angaman.
En présence de celui-qui-sait.
ehinin Krôdjô
Roi Krôdjô et dignitaires
ehinin inan fri man bein?
De quelque pays que ce soitl
Mu nyran mu die!
Ecoutez!
Mu nyran, nyran mu die
Ecoutez et
Mu die ni atshreman be kan!
Méditez le message du tambour
T.NO 159 :Priti-Ahenkro
T.NO 159
: Priti-Ahenkro
Il Y a souris et souris.
Surakura!
La souris grise est différente
sura
bOtokural
De la souris à rayures.
surakura kronkron.
La souris grise est la vraie.
T.N0160
. Songori
T.N° 160 ~ Songori
Abo Tokrowal
Abo Tokrowal
Si tu manges à la manière
Wu didi Biniboni düanian
D'un prince, on te fusille
e- tu Biniboni tuo.
Avec une balle
de prince.
T.N0161
. Songori
T.N°161 ~ Songori
KukumandenkumO
L'arbre kukumandenkumo
Osian brodie ;
Veut faire comme le bananier
se won tim wro brodiel
Mais ne peut y arriver.

-
38 -
T.N° 162
Kanga bri kOkO n'nye de
Bri kO k'J n' nye de
Un esclave sans modestie
Kanga bri kJ nI nye de.
N'est pas apprécié.
T.N°163
. Dinkyem
T.N0163: Le Crocodile
Fais -nous connaître comment
Wa man yen ngo hue
Le crocodile élève ses petits!
o dinkyem yen ni ma!
Fais-nous connaître comment
W~ man yen ngo hue
L'aigle élève ses petits!
KrJponon yen ni ma!
Le crocodile élève ses petits
o dinkyem yen ni ma ni brum.
Dans un trou sous l'eau.
KrOponon yen ni ma
L'aigle élève ses petits
Ni surudu.
Au faîte des arbres
Damirifa, Damirifa!
Dans le ciel.
Angamangamantshreman!
Divin tambourinaire 1
wJ kO man by,· a,
Où que tu sois,
Mi fre wO
a, bira!
Je t'invoque, viens
1
ehinin" Krôdjô!
Roi Krôdjô et dignitaires
ehinin inan i r i man bein?
De quelque pays que ce soitl
Mu nyran mu die
Ecoutez,
Mu nyran, nyran mu die!
Ecoutez et
,
Mu die ni atshreman be kan!
Médi tez le message du tambour l,
T.N°164
. Atshitshre
T.N°164: La Tortue
J'ai mangé le foie
Ma hwi nwa nyran merebuo!
De tous les animaux;
Ma hwi atshitshre merebuo!
Celui de la tortue a de loin
Atshitshre merebuo!
plus de saveur
Kyen mwa nyran merebuo de.
Que tous les autres.
Angamangaman tshreman!
Divin tambourinairet
Wu kO man by a,
Où que tu sois,
Mi fre wu a, bira !
Je t'invoque,viensl
eh in in Krôdjôl
Roi Krôdjô et dignitaires
eh in in inan fri man bein?
De quelque pays que ce soit!
Mu nyran mu die
Ecoutez!
Mu nyran, nyran mu die
Ecoutez et,
Mu die ni atshreman be kan!
Méditez le message du tambour
T.N°165
Kum atshitshre
-
T. N°165
: La Tortue
Tous les animaux peuvent au
Moins escalader une colline.
Mwa
nyran frO
mb~pO!
Mais pour la tortue, grimper
Atshitshre fr~ buo
Sur un caillou,
Hun amani.
C'est tout un problème.
Angamangaman tshreman!
Divin tambourinaire!
Wu kJ man by a,
Où que tu sois,
Mi fre wu a, bira!
Je t'invoque,
viens 1
ehinin Krôdjôl
Roi Krôdjô et dignitaires
ehinin inan fri man bein?
De quelque pays que ce soitl
Mu nyran mu die!
Ecoutez,
Mu nyran,
nyran mu die
Ecoutez et
Mu die ni atshremanbe kan!
Méditez le message du tambour

-
.j~
-
T.N°166
: Etshûa
T.N0166: Le Chien
Etshûa brebie!
Etshûa brebie!
Etshûa be mo, be mo,
be mol
Chien,
traître!(bis }
Etshûa mol
Chien, merci, merci, merci!
Etshûa brebie!
Chien, mercil
Etshûa brebie 1
Mon ami et moi
Mi ni' mi yango 1
Etions dans l'eau.
ye juru asûo mu .
Mon ami fit trois tours
Mi yango tshûa ni hon bresan.
Sur lui-même ,
Mi yango tshûa asûo.
Mon ami,
croyant que je ne savais
Se mi nim ajuarial
Pas nager, m'abandonna
An gam asûo fa mi saa prekon.
Et traversa seul l'eau.
Etshûa hon, bresan asûo mu.
Si je n'avais pas su nager,
Etshûa brebie, die,
diel
Je serais mort dans l'eau.
Damirifa, 'damirifa,
damirifa!
Tourner trois fois dans l'eau
Angamangaman
tshremanl
Traître de chien.
WO ka man by a,
Divin tambourinaire!
Mi fre w~ a, bira!
Où que tu sois,
Je t'invoque,
ehinin Krôdjô!
Roi Krôdjô et dignitaires,
ehinin
inan fri man bein?
De quelque pays que ce soit!
Mu nyran mu die
Ecoutez,
Mu nyran,
nyran mu die
Ecoutez et
Mu die ni atshreman be kan!
Méditez le message du tambour
T N°167:Tiédio
T N° 167:Tiédio
Ye kon de de de!
Ye kon deI
Ye kon sein?
Ye kon prekon pel
Ye kon pe asûo su
Mon ami et moi
Ye kon,ye kon sein?
Nous luttions à la surface
Ye kon,ye kon prekon!
De l'eau
Mi ka nim Juarie,
si je ne savais pas nager,
Asûo ni man dim apo
Je me serais noyé.
Yere man damirifa,damirifa!
Condoléances et Salutl
T.N°168
Wu nu jahi bebrebe 0
Cessez de faire le mal.
Adiatshin!
Ne saviez-vous pas
Wu nim se adiatshin ?
Qu'il fait jour?
r------------~~....",."'"-'=""~~.-
..."-..,",..~~.__-:? ..... ,••...•-•..~, ~- "

- 40 -
T. 169
Ema
- - - -
T.N°169: Les Femmes
Les femmes s'en vont,
Elles sont trente.
Les femmes reviennent,
Elles reviennent avec
Ema be kQ, bo non adUasanl
soixante morceaux de bois.
Ema be ba, bo non adUasan 1
Le canard: J'ai enfin une demeure
Puma puma Aduesian.
Ma demeure
Ab~)kOkJ, ma nyran mi dabre.
On ne viendra plus
EtUatokro, bisa mi tokro.
M'importuner à ce sujet.
Mian, mian, kwasi .Binibonil
Moi,
Kwasi, honorable citoyen.
Damirifa, damirifal
Femmes, merci, merci 1
Angamangaman tshreman!
Divin tambourinaire 1
Wu k..~ man by. a,
Où que tu sois,
Mi fre wu a, ·hira 1
Je t'invoque, viens
1
ehinin Krôdjôl
Roi Krôdjô et dignitaires,
ehinin in an fri man bein?
De quelque pays que ce soit,
Mu nyran mu die!
Ecoutez!
Mu nyran,
nyran mu die
Ecoutez et
Mu die ni atshreman bE kan!
Méditez le message du tambour 1
T.N°170
Kuranfuo
-
T.N°170
: Le veuf
Le grenier d' ignames du veuf "
Kuranfuo aputuo,
aputuol
Qu'il brUIe ou qu'il ne brûle pas,
Kuranfuo aputuo,
aputuo !
Le veuf immobilisé
obe hio, on hio,
Demeure impuissant
Kuranfuo ni hon okikanon.
Contre pareille situation.
Angamangaman tshreman!
Divin tambourinaire!
WJ kJ man by a,
Où que tu soisl
Mi fre w~ a, bira!
Je t'invoque, viens!
ehinin Krôdjô!
Roi Krôdjô et dignitaires
Ehinin inan fri man bein?
De quelque pays que ce soit,
Mu nyran mu diel
Ecoutez,
Mu nyran, nyran mu die
Ecoutez et
Mu die ni atshreman bE kanl
Méditez le message du tambour
T.N°171
Akuabetrin
T.N°171
: Le Palmier géant
Le palmier géant
Qu'il ploie tout seul
Ou qu'il ne ploie pas
Au moment de l'abattre,
Akuabetrin kodrol
Le lépreux assis sur ses racines
Se
be
bu, yen bu 0,
Et qui n~ sait où aller
Patafuo yen t i kane.
Est inquiet.

p--...------=-=-'_'w_>e....w........."""'''''''........"_"'"...."'....''''....·ft..".'......u....•.."''''"·..,,........"....''""D_'....~,,-.......""".'W...._-....'......"------===~~-~c-=o-=========cc-
-
41 -
T.N0172
:Adingra Biniboni
T.NO 172 : Prince Adingra
Prince Adingral
Adingra Binibonil
Tu es un homme
wu ye katakie dada.
Tu l'as toujours prouvé
Wu ye barima.
Prince Adingral
Adingra Binibonil
Le chasseur rend sage tout anima
Abua a kan,
Le sentier traverse le ruisseau
Tshri bomofuo.
Le ruisseau traverse le sentier
Akwan
tshûa
asûo!
Des deux, lequel est antérieur
ASûo tshûa akwanf
A l'autre? On a tracé le sentier
panyini di wan?
Pour rejoindre le ruisseau
J kJ ta akwan tshüa asüol
Le ruisseau vient de l'origine
Asüo t i fri t i t i .
De la création. Dieu est
Gamangaman
boadie.
Le créateur de toutes choses.
T.N0173:Drobo
T.N0173:Drobo
Les plumes d'un oiseau
Anuman wu sura
Mort sur un arbre
Ni tacra won kasura.
Ne restent jamais là-haut.
T.N°174:Drobo
T.N0174:Drobo
Nipa non
C'est la bouche de l'homme
Kinikunu nan w~
jai non.
Qui le tue.
T.N0175
. Kasa
T.N°175: La Parole
Toute parole est parole.
La parole est facile.
Kasa by a kasa.
La parole est difficile.
Kasa ye ya.
Qui veut parler
Kasa kasa a,
Doit parler clair, et
Kasa krongronf
Parler vrai.
T.N0176
: Dorma-Ahenkro
T.N0176
: Dorma-Ahenkro
Kasa prekon!
Parler une seule fois.

-
42 -
T.N°177
Foumassa
-
T.N°177
: Foumassa
- - - - ' - - . . ; . . .
La fortune est mère de l'oubli.
Ils étaient deux esclaves.
Ahuyan yerefi papa.
L'un est devenu prince règnant.
Ngoa mienu.
L'autre est demeuré esclave.
Bakon ye akwa diyie.
si je savais demeure
Bakon ye' akwa papa.
Toujours derrière.
Ahuyan yerefi.
La fortune est mère de l'oubli.
Nim sa kaa:t'shi.
si vous rencontrez llaraignée,
Be nyan ananzial
Tuez-la 1
Ben kunu.
Si vous la laissez partir
Ben nyan ben kuni a,
Elle deviendra tarentule
Atshinvonil
Pour vous piquer.
T.N° 178 ::Dadiassé
T.N° 178 : Dadiassé
(quartier Tchouman Kwame),Sogovagne
(quartier Tchouman kwame),S99ova91
sogo,Adjoumanbango,Diassempa,Assuefry
Sogo,Adjoumanbango,Diassempa,
Yaokumkro, Tabagne
Assuefry, Yaokumkro, Tabagne
Be kri mil
Be tan mil
Be kri mi 1
Je suis détestél
Be mi pe mil
Je suis indésirable 1
T.N°179
Assindi
T.N0179
: Assindi
Je suis détesté
Gasi be mi pe mi.
Ma famille ne collabore pas
Abusuan be nguro mi.
Avec moi.
T.N°180
: Assindi
T.N° 180 : Assindi
Man aferi!
J'ai honte 1
T.NO 181 :Transua
Transua
Penango !
Be kri mi!
Be mi!
Les Pinango me détestent
pe mil
Je suis indésirable.
T N°182 : Tabagne
!. N0182:Tabagne
Taro
Couche-toit
Kokoo dahon wusu!
Grande hainel
A tan kesie
La haine est là.
Tan yere si.
Taro
Kokoo dahon wusul
Couche-toil
Damirifa, damirifal
Salut, salut!

-
43 -
T.N° 183 : Souromani
T.N°183 :Souromani
Tan ya
01
Mépriser
Tan ya.
Est source d'aversion.
T.N°184
: Arnromoa
T.N°184
. La Fourmi-rouge
Amromoa su!
Ye besi dein ?
Amromoa su
Fourmi-rougel
ye besi sein ?
Que vas-tu faire
On tim di,
De la cola ?( bis)
On tim tJ
Tu ne peux la manger
Amromoa su
Ni la vendre,
alors
Ye besi dein?
Que vas-tu en faire ?
Angamangaman tshremanl
Divin tambourinaire!
WO ~ man by a,
Où que tu sois,
Mi fre wO
a, bira!
Je t'invoque, Viens!
ehinin Krôdjô,
Roi Krôdjô et dignitaires
ehinin inan fri man bein?
De quelque pays que ce soit!
Mu nyran , mu die!
Ecoutez 1
Mu nyran,
nyran mu die
Ecoutez et
Mu die ni atshreman be kanl
Méditez le message du tambour
T.N° 185
: Adandia
T.N° 185
Adandia
Siendj i
K) ta kt) 1
Be ni tsheri
Le peuple Siendji
Be yerafil
Est un peuple oublieux.
T.N° 186 : Assuéfry
T.N° 186:Assuéfry
r-KWabënan Badou Akroman l
(Kwabenan Badou Akrornan)
Awassou k~ tO k~ !
Be ni tsheri
Awassou
Be yerafi.
Est un peuple oublieux.
T.NO 187:Extrait du texte 177
T.N° 187:Extrait du texte 177
Ahuyan yerefi!
La fortune est mère de l'oubli.
T.N° 188:Nzoko
T.N° 188:Nzoko
Partagez-vous le butin
Je m'en tiens à côté.
Ben tshe be di!
Il est difficile
Mi pe bi.
De connaître
Trim asem 0 dru.
La pensée d'autrui.

- 44 -
T.N°189:Boupoko
T.N°189:Boupoko
Je t'ignorais
Dada man hunu.
A présent,
Afidie man hunu.
Je sais à qui j'ai affaire.
T.N°190 :Drobo,Pinango,Boupoko
T.N°190:Drobo,Pinango,Boupoko
Be tutu awurol
On dépouille la tortue
Ak~k~ da hon wusu.
Poule, méfies-toil
T.N0191:Boupoko
T.N°191:Boupoko
La bosse au dos
Est invisible,
Dada afu fri watshil
Celle .de la poitrine
Afidie wa fri manim.
Ne l'est pas.
T.N°192
: Ananzi
T.N°192: L'araignée
Be nyan ananzi a
Be gu nu!
si tu aperçois l'araignée
Be nyan ananzi a
Tue-là 1 (bis
)
Be gu nu.
si vous la laisser partir
Be nyanon ban gu nia!
Elle deviendra tarentule
Atshinvoni.
Pour vous piquer
Gamangaman tshreman!
Divin tambourinaire 1
w~ k~ man by a,
Où que tu sois,
Mi fre wO a, bira!
Je t'invoque,
viens
1
ehinin Krôdjô!
Roi Krôdjô et dignitaires
ehinin inan fri man bein?
De quelque pays que ce soit
Mu nyran, mu diel
Ecoutez 1
Mu nyran, nyran mu die 1
Ecoutez et
Mu die ni atshreman be kan!
Méditez le message du tambour !
T.N° 193 : Pambasso
T.N°193
: Pambasso
K,1 t(J k~ sure bribi 1
Le guerrier respecte autrui.
f
T.N° 194 : Diamba
T.N°194
: Diamba
Nipa kan wal
si autrui vous tapel
Kani bi.
Tapez-le aussi.

-
45 -
T.N°195
ekom
T.N°195 ~ L'Aigle-pêcheur
L'
aigle-pêcheur dit:
Je suis le maître du monde
L'aigle dit aussi:
Je suis le maître du monde.
ekom (10 ) se man wanonl
Le Touraco,
témoin et juge
KrOponon se man wanon!
Pour les départager dit :
KO~1 tshrankan hi asem tshre:
Aigle-pêcheur,
eKom
kO
fa abe di,
Va te nourrir de graines de palm
Kr~ponon nan man wanonl
Aigle,
Nan
man wanon!
Le monde t'appartient ( 3 fois)
Angamangaman tshremanl
Divin tambourinaire,
w~ kO man by a,
Où que tu sois,
Mi fre wJ a, biral
Je t'invoque, viens!
ehinin Krôdjôl
Roi Krôdjô et dignitaires
ehinin
inan fri man bein?
De quelque pays que ce soit!
Mu nyran mu die!
Ecoutez!
Mu nyran, nyran mu die
Ecoutez
et
Mu die ni atshreman be kan!
Méditez le message du tambour
T. N°196:Pinango
T.N°196:Pinango
Déesse Terre 1
Boa Asasi!
Qu'il est bon
Ebron su 0 de 01
D'être Abron.
T. 197: KO ta kD
sabrikwa
T.N°197:
Kôtôkô Sabrikwa
KOtOkJ Sabrikwa!
Odru si kroponial
Angan odi ab~j0 su
si l'oiseau Kôtôkô sabrikwa
An nyJron buo.
A la taille de l'aigle,
Angamangaman tshreman!
rI utiliserait la barbe
WO k'J man by a,
Pour construire son nid.
Mi fre
wJ
a, biral
Divin tambourinaire!
ehinin Krôdjô!
Où que tu sois,
ehinin inan fri man bein?
Je t'invoque,
viens!
Mu nyran mu die
Roi Krôdjô et dignitaires,
Mu nyran 1
nyran mu die
Ecoutez,
écoutez et
Mu
die ni atshreman be kanl
Méditez le message du tambour
10 ) Dans le clan zanzan le terme atshim est utilisé à la
place d'ekom.
Il désigne le même oiseau.

-
46
T.N°198:Boaki(chef Foumassa)
T.N°198: Boaki 1 chef Foumassa l
Takil
Qui n'attend pas
Taki prinminrinl
Que la guerre vienne à lui.
J hia dom!
Chef des Agonal
Agonahinin 1
Si tu veux règner
Jbre
tiwa dibi.
Fais-le.
Eni bre nan bre.
Toute chose a une fin.
N'ga mre su
Boaki d'Asokoril
Asokori Boaki prinminrin!
Qui n'attend pas
J hia dom.
Que la guerre vienne à lui.
Agonahininl
Chef des Agonal
Bre n'ga
mre. su.
Tout règne a une fin.
T.NO 199
T.N°199
Ewuol
Ewuo fri titil
Roi 1
ehinin jahi su 0
Cessez de pleurer
Ewuo ye fri t i t i .
La mort a toujours existé.
T.N°200
Ewuo el
La mort est pénible.
Ewuo n'nye.
T.N°201 ..:.. AkQkQ
T.N0201:
La Poule
AkOk~ se mere
t~, mere tOI
Poule -
Je ponds,
je pondsl
Kr~ponon se mere fa, mere fa!
Aigle - Je prends,
je prends!
Ak.9 kO se mere tO
aduasan!
Poule -
Je ponds trente fois!
KrOponon se mi fa aduasan l
Aigle -
Je prends trente foisl
Ak~kj se mi kO tran ngwanda su!
Poule -
Je vais m'installer
Kr~ponon se mi ~ tran dungwasil
Au carrefour.
AkjkO ni hon kikanon,
Aigle - Je vais m'installer
Ak.1 kO
su die.
Au faîte du fromager.
Ak.1 fran k~ kon 1
La poule furieuse tremble de colè
Boafran kokon!
Poule, toi aussi,
condoléances
~ fri titi
Boafran Kokonl
Nyo
bribri.
Le monde est ainsi fait
Angamangaman tshreman!
Divin'tambourinaire!
Wu
k..1
man
by
a,
Où que tu sois,
Mi fre wu a, bira!
Je t'invoque,
viens
1
ehinin Krôdjô,
Roi Krôdjô et dignitaires
ehinin inan fri man bein?
De quelque pays que ce soitl
Mu nyran, mu diel
Ecoutez 1
.
Mu nyran, nyran mu die
Ecoutez et,
Mu die ni atshreman be kanl
Méditez le message du tambour

- 47 -
T.N° 202 ..:.. Tabagne
T.N° 202
. Tabagne
Kwadio, kwadiol
Benyran be tO
konl
Se akoko
be tshi al
Tous les êtres sont
Akroman wun fa 01
Appelés à mourirl
Akoko be tshel
Mais le poussin échappera
Akroman wun fa 01
Au bec de l'aigle-pêcheur.
T. N° 203
TAN DATE
- -- ---
T.N0203
: TAN DATE
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle roi
Qui est le roi ?
Le roi, c'est moi
Obi di wan
Guerrier Datèl
Otim ni ehinin kon ?
Le grand tambour qui
ehinin kon,
ehinin di wan?
Dort dans l'eau
ehinin di ... mi :
Ne devient jamais
Okofu yere
di amin.
Grand crocodile.
Adasüo yere kOta Biniboni.
Guerrier Datèl
Baabi a nam yere be kr'J.
Tu sens la poudre à canon
Timpan kesie da asüo mu,
A force de faire usage de ton arn
Onani dinkyem nyiranpan.
Ta présence s'annonce toujours
okofu Date 1
Par d'interminables coups de fus:
Wu suman tshrebuo
Guerrier Datè!.
Nan wu hu bonin atuduro.
Tu
es un homme.
otûo tutu pein peprein.
Tu l'as toujours prouvé.
Okofu Date !
Tu as guerroyé,
Wu ye barima.
Mais qui as-tu défait?
Wu ye katakye dada.
Il a défait et mis à mort
Okon kum wan ?
Le chef Bona d'Anhoro.
Jkum Anhorohinin Bonaye
Il y a roi et roi et
Okofu Date !
Roi qui tue roi.
Yere man damirifa, damirifa.
Quand tu tues,
la victime
ehinin gon, Biniboni gon.
d
S'en va toujours dans l'au-delà
Wu nan j kum nipa
Avec du sang frais à la bouche.
Nan nipa di moja mron kO
saman.
Tu tues vite et facilement.
~
kunu
dada.
Guerrier Datèl
Okofu Date !
Ta présence provoque
Ye t i wu n'gan yere jûan.
La panique et fait frémir.
Ye t i wu n'gan,
Guerrier Datè!
Ye won wusu bri, brio
On parle de toi.
Ye b~ odini, ye bJ ni sein ?
Mais sais-tu en quels
Ye b~ ni kokroo
Termes parle t-on
de toi ?
Se bomofuo kuman sunon.
On parle de toi comme d'un
Boafran kokonl
Intrépide chasseur d'éléphants
Domahinin akofu Datè
Guerrier Datè!
Biniboni kaakire,
Boafran kokonl
Okoful
Il fait jour,
faites parler,
Adiatshin.
De vous Majesté
Man huminrinsu AhiandOI
Dernier monarque de Domal
Dieldiel
Condoléances et salut!

-
48 -
T.N° 204
ADINGRA PAGNINI
T.N°204
: ADINGRA PAGNINI
Qui es-tu
pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi,
Qui est le roi ?
Le roi c'est moi,
Odom Sèsrèkou Biniboni.
Pasaroukou!
Prince Adingral
Dors peu car dormir
.Obi di wan
Profondément rend esclave
Otim ni ehinin kon ?
Et conduit derrière Accra.
ehinin kon, .ehinin di wan ?
Tchrèmèrèdi Asari!
ehinin di" mi :
Adingra le bourreau!
Qdom Sèsrèkou boa Adingra biniboni!
Dernier prince!
Pasaroukou!
Mets un terme
Adingra Biniboni!
A sa combativité.
Wu da kakra a
Prince Adingral
Wu da bi a nyanin
Tu sens la poudre à canon
a da krakire N'granhi.
A force de faire usage
Tshremeredi Asari!
De ton arme.
Brafuo Adingra!
Ta présence, Majesté,
Biniboni kaakire!
S'annonce toujours
Adingra Biniboni fri kunue!
Par d'interminables
Fanon fri kunue!
coups de fusil.
Adingra Biniboni!
Prince Adingra!
Wu suman tshrebuo
Tu es un homme.
Nan wu hu bonin atuduro.
Tu l'as toujours prouvé.
Ye t i wu nlgan
Tu as guerroyé,
otüo tutu pein peprein.
Mais qui as-tu défait?
Adingra Biniboni!
Il a défait et mis à mort
Wu ye barima.
Kwadio
Wu ye katakie dada.
chef d'ê Tanda.
o kon kum wan?
Prince Adingra!
J kum Tandahinin
Paix à son âme
Kotshra manzan jahini.
Il y a roi et roi et
Adingra Binibonil
Roi qui tue roi
Yere man damirifa.
Quand tu tues,
la victime
eh in in gon, biniboni gon.
S'en va toujours dans l'au-delà
Biniboni 0
kum biniboni.
Avec du sang frais à la bouche.
Wu nan J
kum nipa,
Tu tues vite et facilement.
Nan nipa di moja mron k~ saman.
Prince Adingra!
o kunu dada.
Ta présence provoque
Adingra Binibonit
La panique et fait frémir.
Ye t i wu n'gan, yere Juan.
Prince Adingra!
Ye ti wu n'gan, ye hon wusu bri,bri.
On parl~ de toi
Adingra Biniboni!
Mais sais-tu en quels
Ye bO wu odini, ye b?
ni sein?
Termes parle t-on
de toi ?
Ye bO ni kokroo
On parle de toi comme d'un
Se bomofuo kuman sunon.
Intrépide chasseur d'éléphants.
Boafran kokon!
Prince Adingra!
Domahinin Adingra Binibonit
Boafran kokont
Kaakiré Kosompré!
Dernier monarque de Domal
Adiatshin!
Il fait jour,
faites parler
Man huminrinsu AhiandO
De vous Majesté.
Die, diet
condoléances et salut.

-
49
-
T.N° 205:Yaokokorokro
T.N° 205:Yaokokorokro
Nanan be wu asan.
Adingra Biniboni!
Adingra est immortel!
Yeboa Sèsrèkou bal
Yèboa Sesrekou est immortel 1
T. NO 206
. BINAN KOMBI PAGNINI
T.N 0 206: BINAN KOMBI PAGNINI
Qui es-tu pour oser
Obi di wan
Provoquer le roi ?
Otim ni ehinin kon ?
Querelle de roi,
ehinin kon, ehinin di wan ?
Qui est le roi ?
ehinin' di mi : " ,
Le roi~ c'est moi.
Binan Kombi
Binan Kombi 1
Wu tim kasa bi a,
Celui qui ne- désire pas parler
Mua wanon tshre
Doit nécessairement se taire.
N'SÜO muran baabi,
Le nuage ( cumula nimbus
)
KJ
t~ baabi
Se forme aille~s
Ddi n' vraman
Et la pluie tombe ailleurs;
Ko ja baabi
Atoprekon mangeur de guerre
Atoprèkon Bediakon
Prince Binan Kombi,
Domahinin Binan Kombi
Boafran kokon
Biniboni kaakire
Dernier Monarque de Doma,
Adiatshin
Il fait jour,
faites parler
Man huminrinsu Ahiand~
De vous Majesté.
Die, die!
Condoléances et salut »
T.NO 207: ABO KOFFI OU ABO MIRI
T.NO 207
: ABO KOFFI ou ABO MIRI
« Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi,
Querelle de roi,
Qui est le roi
Le roi c'est moi
Abc Yandaki Afari,
Descendant de la
Reine-mère Aman N'zian
Jbi di wan
Il est allé à Mrinzonron
Otim ni ehinin kon ?
Et a détruit Mrinzonron.
ehinin kon, ehinin di wan?
Abo est homme
ehinin di mi ;
Caché derrière un arbre.
Abo Dua Kokrokol
Brebre Tchindjint
Himia Ama N'zian Biniboni bal
Anopi Abo Pepral
jk~ mrinzron, wüe
mrinzron
Abo Dua Kokrokot
Anie beta edüatshi.
Tu es un homme
Brebre tshinjinl
Et tu l'as toujours prouvé
Anopi Abo Pepra 1
Tu as guerroyé
Abo Dua Kokroko
1
Mais qui as-tu défait?
Wu ye barima,
Il a défait et mis à mort Tètègue
Wu ye katakie dada.
Le chef de soko à l'aurore
~ kon kum wan ?
Et le sang des victimes a rendu
Jkum sokohinin Tetégué.
L'eau de la rivière Tomè rouge.
Anopa tutu adia ni
nyin.
Abo Dua Kokrokol

-
50 -
o man Tomé nani bri k.;) Jo .
Paix à son âme.
Abo Dua Kokroko!
Il y a roi et rois
Yere man damirifa.
Et roi qui tue rois.
ehinin gon biniboni gon.
Quand tu tues tes victimes
Biniboni n kum biniboni.
S'en vont dans l'au-delà
Wu nan j
kum nipa,
Avec du sang frais à la bouche.
Na nipa di moja mon kO
saman.
Tu.tues vite et facilement.
,1 ku nu dada.
Abo Dua Kokrokol
Abo Dua Kokroko!
Ta présence provoque
Ye t i wu n'gan, yere juan
La panique et fait frémir.
Ye t i wu n'gan,
Abo Dua kokrokol
Ye hon wusu bribri.
On parle de toi, mais
Abo Dua Kokrokol
Sais-tu en quels termes
Ye bO wu odini, ye
bO ni sein?
Parle t-on de toi ?
Ye b~ ni kokroo
On parle de toi comme
Se bomofuo kuman sunon.·
D'un chasseur d'éléphants.
Boafran kokon!
1JIho Dua kokrokol
Domahinin
Abo Dua Kokroko
Boafran kokonl
Biniboni kaakirel
Dernier monarque de Domal
Adiatshin.
Il fait jour,
faites parler
Man huminrinsu Ahiand~ .
De vous Majesté.
Die, diet
Condoléances et salutl
T.N° 20a . KOHOSONON AMBIM
T.N°20a : KOHOSONON le Grand
Parle,
parle avec orgueill
Vous haïssez le roi pour rienl
Vous haïssez le prince pour rien!
Haïr le roi pour rien,
Qui est le roi ?
Le roi, c'est moi:
Kasa, kasa frein,
frein!
Taki le grandI
Mondom ehinin kwa!
L'éléphant qui brise la hachel
Mondom Biniboni kwat
Guerre, paix à ton âme.
ehinin kwa,
ehinin di wan ?
Sa Majesté Koffi au teint clairl
ehinin di mi :
Kohosonon qui avale l'éléphant!
Ambim Takisi,
esunon bu akumanl
Il y aura la guerre
sur l'heure.
ekon damirifa.
Brave guerrier,prends ta tête
Koadja Kôkôl
Pour porter le tambour.
Ambim Koffi minan sunon!
Forêt qui avale l'éléphant!
ekon be
t~, be tJ mreinl
L'éléphant qui brise la hachel
ekon be
tJ, be tO meinl
Prince Koffi,
celui qui tend
Akonfran katakie!
Un piège en travers de ta
Fa otri ji atshreman.
Route prend malheur.
Ateke di minan sunonl
Koffi le grand qui avale l'élépha
esunon bu akumanl
Tu sens la poudre à canon
Biniboni Koffi e,!
A force de faire usage de ton arm
Wa son kwandi fidie
Ta présence s'annonce toujours
I\\J tshi abembrese.
Par d'interminables coups de fusi
Atoprèkon Bediakonl
Koffi le grand qui avale l'élépha
Ambim Koffi minan sunonl
Tu es un homme.
Wu suman tshrebuo
Tu l'as toujours prouvé.
Nan wu hu bonin atuduro.
Tu as guerroyé,
YE. ti wu n'gan,
Mais qui as-tu défait?
otüo tutu pein peprein.
rI a défait et mis à mort
Ambim Kofi minan sunonl
Dagba Kroko.
Wu YE. barirna.
Tu as guerroyé,
Wu ye katakie dada.
Mais qui as-tu défait ?
,) kan kum wan ?
Il a défait et mis à mort

-
51 -
Okum Dagba Kroko.
Nabinan chef Mand~ de Sogobo.
okon kum wan ?
Tu as guerroyé,
~kum Sogobo Nabinan.
Mais qui as-tu défait?
Okon
kum· wan ?
Il a défait et mis à mort
Koa
j kum Koa Amoà,
Nafana Je.) k.î .
Amoa le Nafana au teint clair.
Ambim Koffi minan sunonl
Koffi le grand qui avale l'élépl
Yere man damirifa,
damirifa
Reçoit nos hommages.
ehinin gon, Biniboni gonl
Il y a roi et roi
Biniboni ,'kum biniboni 1
Et roi qui tue rois
1
Wu nan Jkum nipa,
Quand tu tues tes victimes
Nan nipa di moja mron kO saman.
S'en vont dans l'au-delà
D kunu dada.
Avec du sang frais à la bouche.
Ambim Koffi minan sunonl
Tu tues vite et facilement.
Ye ti wu n'gan,
Majesté, on parle de toi.
Yere j üan .•
Mais, sais-tu en quels termes
Ye ti wu n' gan,
Parle t-o~ de toi ?
Ye hon wusu bri, brio
On parle de toi comme d'un
Ye bO wu odini, ye b~ ni sein?
Intrépide chasseur d'éléphants.
Ye b:) n'i kokroo se bomofuo kuman
Koffi le grand qui avale l'élépl
sunon.Boafran kokonl
Boafran kokonl
Domahinin Ambim Koffi minan sunonl
Dernier monarque de Domal
Biniboni kaakire,
adiatshin.
Il fait jour,
faites parler
Man huminrinsu AhiandQ.
De vous Majesté.
Die, die 1
condoléances et salutl
T.NO 209
: Foumassa
T.N°209
: Foumassa
Mi di wu be kO
zanzan!
Je t'accompagnerai et
Mi di wu be kO
si
T'installerai sur
Zanzan nyran su.
Le grand fromager à Zanzan.
T.NO 210
AGYEMAN
PAGNINI
T.N°210
: AGYEMAN PAGNINI
Qui es-tu pour oser
provoquer le roi ?
Querelle de roi
Qui est le roi ?
Le roi,
c'est moi
Quand un chien vous prend
Quelque chose,
Laissez-le l'emporter
Agyeman Badou!
Agyeman le vrai
Agyeman le colmateur des brèche
Badou aux mille boucliers
Obi
d...--i wan
Oiseau mouche qui construit
Otim ni ehinin kon?
Son nid en bordure du sentier,
ehinin kon,
ehinin di wan ?
Petite rivière qui cause
ehinin di mi
:
De grands dégats en débordant.
Etshüa fa wu dia, mani kJ.
Agyeman Badou!
Agyeman Badou!
Je ne peux pas
Agyeman Kronkronl
Avoir peur des Ashanti
Agyeman Tuatokrol
Et avoir peur des Koulango;
Se kan di gruhin Akonlankon.
Jamais,
au grand jamais 1
Akonkron bete bete
wüi
abe.
Je le dis et le di~ai toujours

-
52 -
Agyeman Badoul
Agyeman Badoul
Odon non onyuron kwan kon.
A force de faire usage
Asüo kiti kiti nan hiri abembrese.
De ton arme,
Agyemail Badoul
Tu sens la poudre à canon. Ta
Mi sure sandi, mi sure Ngoran.
présence s'annonce toujours par
Dabi mi kan, mi kan.
D'interminables coups de fusil
Wu suman Tshrebuo
Agyeman Badoul
Nan wu hu bon in atuduro.
Tu es un homme.
Ye ti wu n'gan
Tu l'as toujours prouvé.
otüo tutu pein peprein.
Tu as guerroyé.
Agyeman Badou 1
Mais qui as-tu défait ?
Wu ye barima.
Il a défait et mis à mort
Wu ye katakie dada.
Dobè, chef de Sapia.
okon kum wan ?
Tu as guerroyé.
Jkum Sapiahinin Dobè .
Mais qui as-tu défait ?
J kon kum wan ?
Il a défait et mis à mort
Jkum'Wolobidi Tongolingo.
Tongolingo, chef de Wolobidi.
Agyeman
Badoul
Agyeman Badoul
Yere man damirifa , damirifa.
Reçois nos hommages.
ehinin gon, Biniboni gon.
Il y a roi et roi
Biniboni Jkum Biniboni.
Et roi qui tue rois.
Wu nan Jkum nipa,
Quand tu tues,
tes victimes
Nan nipa di moja mron kO
saman.
S'en vont dans l'au-delà
:) kunu dada.
Avec du sang frais à la bouche
Agyeman Badoul
Tu tues vite et facilement
1
Ye ti wu n'gan, yere jüan.
Majesté, on parle de toi
Ye ti wu n'gan,
Mais,
sais-tu en quels termes
Ye hon wusu bri, brie
Parle t-on de toi ?
Ye b~ odini, ye bO ni sein?
On parle de toi comme d'un
Ye bJ ni kokroo
Intrépide chasseur d'éléphants.
Se bomofuo kuman sunon.
Agyeman Badou!
Boafran kokonl
Boafran kokonl
Domah~nin Agyeman Badoul
Dernier monarque de Doma!
Biniboni kaakirel
Il fait jour,
faites parler
Adiatshin, man huminrinsu AhiandO.
De vous Majesté.
Die, die 1
Condoléances et salutl
T.N° 211
Tehui ou Teo
- - - - -
T.N° 211
Tehui ou Teo
- - - - -
Pünido,
Reculezl
Katakie be bal
Le héro arrive.
T.N°212 ~ Lamoly
T.NO 212 _ Lamoly
Odom yahin
Be kan be tshrern
En cas de guerre,
Titi.
Ne m'oubliez pas.

-
53 -
T N° 213:Tiédio
T N°213:Tiédio
Ce n'est pas un problème.
o fri titi!
De tout temps nous tuons
o nye bribil
Par la volonté de
Yekum
Koffi Pagnini.
Koffi Pagnini da honon man!
Où que vous soyez 1
Wu ko baabi a, biral
Venezl
Damirifal
Salutl
T.NO 214
. BINAN KOMBI KOUMAN
T.N0214
: BINAN KOMBI KOUMAN
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi,
Qui es't le roi ?
Le roi,' c'est moi
La guerre éclate,
Nous combattons.
La guerre vient,
Obi di wan
Nous combattons.
Otirn ni ehinin kon ?
Dieul
ehinin kon,
ehinin di wan ?
Akohué si Brafou tré.
ehinin di mi :
Binan Kombi 1
edom si,
yere kon.
Nous irons porter la guerre
edorn ba,
yere kon.
A l'origine de la guerre.
Tchindiampon Akohüe si brafu tre.
Boa Saprapa, coupeur de têtes
Binan Kombi 1
Est allé loin.
Ye be kO damre dom t i fri titi.
Et i l revient de loin
Boa Saprapa, boa konzi mron.
Lèves-toi et viens m'informer.
K~ atshritshri
Atchumpon Tchétchékou, prends
Sori, be tshre mia nyanin.
Ta tête pour porter le tambour
Bira, be tshre mia nyanin.
Binan Kombil
Atshumpon Tshetsheku !
Tu sens la poudre à canon
Fa ~tri ji atshreman.
A force de faire usage de ton arme
Atshumpon Tshetsheku 1
Ta présence s'annonce toujours
Yere man damirifa, damirifa .
Par d'interminables coups de fusil
Binan Kombi
!
Binan Kombi 1
Wu suman tshrebuo,
Tu es un homme.
Nan wu hu bonin atuduro.
Tu l'as toujours prouvé.
Ye t i wu n'gan,
Tu as guerroyé ,
Otüo tutu pein peprein.
Mais qui as-tu défait ?
Binan Kombi
l:
Il a tué une panthère.
Wu ye barima.
Tu as guerroyé,
Wu ye katakie dada.
Mais qui as-tu défait
~ kon kum wan ?
Il a tué un chef
Okum Kotshra manzan jahinin.
En train de manger.
~kon kum wan ?
Tu as guerroyé
Okum ehinin didi.
Mais qui as-tu défait?
'J kon kum wan ?
Il a défait et mis à mort
jkum Modjabi a Modjabi.
Modjabi fils de Modjabi.
'J kon kum wan?
Tu as guerroyé
1 kum Assuéfry Kwakou Bôtôkpri.
Mais qui as-tu défait?
Nyan wuo kwa, kwa.
Il a fait exécuter
Binan Kombi 1
Kwakou Bôtôkpri d'A6~uéfry.Ce

-
54 -
Yere man damirifa, damirifa.
Dernier ne devait pas mourir.
ehinin kon ,Biniboni gonl
Binan Kombi 1
Biniboni J kum Binibonil
Salutl
Wu nan wu kum nipa,
Et paix à leur âme.
Nan nipa di moja mron
Binan Kombil
Ka saman.
Il y a roi et roi
,1 kunu dada.
Et roi qui tue rois.
Binan Kombil
Quand tu tues,
tes victimes
Ye ti n'gan,
S'en vont dans l'au-delà
Yere jüan.
Avec du sang frais à la bouche.
Ye ti wu n'gan ,
Tu tues vite et facilement.
Ye hon wusu bri,bri.
Majesté, on parle de toi.
Ye b~ wu odini,
Mais sais-tu en quels termes
Ye bO ni sein?
parle-t-on de toi?
Ye bO ni kokroo
On parle de toi comme d'un
Se bom6fuo kuman sunon.
Intrépide chasseur d'éléphants.
Boafran kokonl
Binan Kombil
Domahinin Binan Kombil
Boafran kokonl
Biniboni kaakire!
Dernier monarque de Domal
Adiatshin.
Il fait jour ,faites parler
Man huminrinsu Ahiandal
De vous Majesté.
Die,diel
Condoléances et salutl
T.N° 215
KWADIO ADINGRA KOUMAN
~ N° 215:Kwadio Adingra Kouman
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi?
Querelle de roi,
Qui est le roi?
Le roi, c'est moi:
Edom Sèsrèkoul
Boa Adingra Binibonil
obi di wan
Adingra qui enterre vivant,
Otim ni ehinin kon ?
sanguinaire Adingra
ehinin kon, ehinin di
wan?
Atchéhi Assi Yao Bédiakon
ehinin di mi:
Prince de bonne éducation,
~dorn sèsrèkou Boa Adingra Biniboni!
Tes malheurs réjouissent tes ennen
Adingra osie nipa mron sein ?
Adingra Kwadiol
Adingra !
si un ami t'offense,
Wu ye brafuo dada.
Pardonne son forfait,
Atchéhi Assi Yao Bediakonl
Dieu se chargera de lui
Efri nufu!
Comme agit Bribridjo,
Wu nyan arnanian,
tanvuo buajo.
Fétiche de sasrabrozam.
Adingra Kwadio !
Prince Adingra!
Wu nyan digo ni wan, man ni di,
Dors peu car dormir
Nyanmin be di ni bi.
Profondément rend esclave
sasrabrozam suman bribrijo.
Et conduit derrière Accra.
Adingra Biniboni !
Descendant de la princesse
Wu da kakraa,
Ayawa Bribianol
Wu da bia, nyanin.
Prince Adingra 1
Wu da mia krakira N'granhi.
A force de faire usage de ton arm~
Ayawa ba sikanyüa bribianol
Tu sens la poudre à canon ..
Adingra Biniboni 1
Ta présence s'annonce toujours
Fri kunue!
Par d'interminables coups de fusiJ
Fanon fri kunue!
Prince Adingral

-
55 -
Adingra Biniboni 1
Tu es un homme.
Wu suman tshrebuo
Tu l'as toujours prouvé.
Nan wu hu bon in atuduro.
Tu as guerroyé,
Ye t i wu nlgan,
Mais qui as-tu défait ?
otüo
tutu pein peprein.
Il a défait et mis à mort
Adingra Biniboni!
Kwadia et ses soldats.
Wu ye barima,
Tu as guerroyé,
Wu ye katakie dada.
Mais qui as-tu défait ?
okon 'kum wan?
Il a défait et mis à mort
j
kum Kwadja ni nima.
L'honorable Duédou de Ngoranzan.
J kon kum wan?
Tu as guerroyé,
j
kum Dansi Abiam debrefuo.
Mais qui as-tu défait ?
okon kum wan? {) kum
Il a défait et mis à mort
Ngoranzànhinin Biniboni Duédou.
Afrafrakon.
j kon kum wan?
Prince Adingra!
o kum Afrafrakon.
Condoléances et
Adin~ra Biniboni !
Paix à leur âme.
Yere man damirifa,damirifa.
Il y a roi et rois
ehinin gon,Biniboni gon!
Et roi qui tue rois.
Wunan 0 kum nipa ,
Quand tu tues,
tes victimes
Nan nipa di moja mron kj
saman.
Sien vont dans l'au-delà
j
kunu dada.
Avec du sang frais à la bouche.
Adingra Biniboni!
Tu tues vite et facilement
.
Ye ti wu n'gan
Prince Adingral
Yere
jüan!
Ta présence provoque la panique,
Ye t i wu nlgan,
Elle fait fuir et fait frémir.
Ye hon wusu bribri.
Majesté, on parle de toi.
Ye bQ wu odini,
Mais sais-tu en quels termes
Ye bj ni sein?
Parle t-on de toi ?
Ye b~ ni kokroo
On parle de toi comme d'un
Se bomofuo kuman sunon.
Intrépide chasseur d'éléphants.
Boafran kokon!
Prince Adingral
Domahinin Adingra Biniboni kaakirel
Boafran kokonl
Tchaniangonl
Dernier roi de Doma!
Adiatshin!
Il fait jour. Tchaniangon!
Man huminrinsu AhiandO 1
Faites parler de vous
Die, die!
Condoléances et salut!
T. N° 216
: Osei Bonsu
T.N 0 216 ~ Oséi Bonsu (roi Ashanti)
Osei damirifa
Oséi,
salut !
osei damirifa
Majesté, salut
Osei Kwadio!
Oséi Kwadiol
Kumasi adu
Roi de Kumasi
Ampofrô Antshuihininl
Adu Ampofrô Antchuil
Osei Kwadiol
Oséi Kwadiol
W~ YO berna.
Tu es homme.
W~ ~ katakie.
Tu es brave.
WJ y3 berna dada.
Tu as toujours été un homme
o katakie ofua otûo.
Brave qui se bat
Ni afran be kon.
Avec un fusil dans une main
Osei Kwadio 1
Et sabre dans l'autre.
Ye b~ odini a yen tu wu su,
Oséi Kwadiol
Ye bO odini a yen tu wu okesi
Quand on parle de toi,
Asasi damirifal
On ne se trompe pas.
Asasi damirifal
Terre , condoléances
osei Bonsu kon
Oséi Bonsu se bat
Kum ahininl
Pour tuer rois

-
56 -
Wj yJ berna.
Tu es homme,
W~ y~ katakie.
Tu es brave,
Wj y:) berna dada.
Tu l'as toujours prouvé.
o katakie ofua otüo
Brave qui se bat
Oni afran be kon.
Avec fusil dans une main
Kan ku a,
ampese kon
Et sabre dans 11autre.
Onon 0gril
Si ça ne tient qu'à lui,
Osei Bonsu ak~ hi ahinin
Il n'y aurait jamais de guerre
Osei Bonsu akJ
tshi ahinin.
Mais de simples exercices.
Wu kum Adingra
Oséi Bonsu qui se bat
Kwadio Kosompre.
Pour capturer rois.
Wu kum Akwasi Nyrinnyrin
Tu as défait et mis à mort
Wu kum Asasi Akoson
Adingra Kwadio Kossompré.
Bonsu okon tshi ahinin
Tu as défait et mis à mort
Obiara je wOtshi nyea
Akwassi Gnringnrin.
Tsha ni t i r i trala tanhin
Tu as défait et mis à mort
Kon, Bonsu okon tshi ahinin
Assassi Akosson.
WJ, kum nipa
Bonsu qui se bat
Nan nipa YO nmObO
Pour capturer des rois
Osei Bonsu okon
tshi ahinin
Et qui ôte la vie
Wu kum nipa
A toute personne qui le contrarie.
Nan nipa yJ
nmOb~
Bonsu qui se bat
Wa kunu,' wa kunu
pour capturer des roisl
Kokoo!
A force de tuer,
Bonsu okon tshi ahinin!
L'homme devient misérable.
Wu kum Adingra
Bonsu combat
Kwadio Kosompre.
pour capturer des rois,
Wu kum Akwasi Gnringnrin.
Tu as défait et mis à mort
Wu kum Assassi Akosson.
Adingra Kwadio Kossompre.
Bonsu okon tshi ahinin!
Tu as défait et mis à mort
Obiari je wJtshi nyea.
Asasi Akosson.
Tsha ni t i r i trala tanhin!
Bonsu combat
Kon krab~ t0
Pour capturer des rois
Bonsu okon hia hinin!
pour lui l'homme
Wa kunu, wa kunu
N'a aucune valeur.
Osei Bonsu
Tu as défait et mis à mort
Okon tshi ahinin
Akwasi Gnringnrin
Wu kum Adingra
Tu as défait et mis à mort
Kwadio Kossompre
Assassi Akosson
Wu kum Akwasi Nyrinnyrin.
Bonsu combat
Wu kum Asasi Akosson.
pour attraper rois,
Bonsu okon tshia hininl
Brave qui sent
Oben tshrebuo a
La poudre à canon
Ni hu bon atudurol
Oséi Bonsu se bat
Osei Bonsu okon
pour tuer rois.
Kum a hinin!
Tu es un homme et
wO Y;) berna.
Tu as toujours été brave;
W'~ y~ katakie.
Brave qui se bat
W:) YO berna dada.
Avec fusil dans une main
o katakie ofua!
Et sabre dans l'autre.
otûo ni afran be konl
Bonsu se bat pour
Osei Bonsu okon hia hininl
Avoir des prisonniers royaux.
o Kumasi Adu Ampôfro!
Bonsu roi de Kumasi
Antshuihinin!(bis)
Adou Ampôfro Antchui,
Ye b~ odini a!
Ce qu'on dit de toi
Yen tu wu su!
Ne peut pas être faux
Ye bJ
odini a,
Ce qu'on dit de toi
Yen tu wu su,
Ne peut pas être faux,
Jkesi 1
Majestél

-
57 -
T.N°
217.
Osei Asibe
T.N° 217
: oséi Assibé
oséi Assibé
oséi le dernier,
Osei Asibe
Le roi fut informé
,Osei kaakire
Que tu as défait
WO kum Adingra
Et tué Adingraj
Ma ehinin t i
Et le roi avait approuvé
Wu kum Adingra
Ta décision de ramener
Ma ehinin pene wo
Adingra mort ou vif.
W~ kum
TU as défait et tué
Akwasi Nyerinnyerin.
Akwasi Gnringnrin.
Wa
a kum die
Tu les a tués à l'occident.
Towie bi AkO tor'J .
(endroit où le soleil se couche.
T~N° 218 . KOFFI FOFIE
T~N°218 : KOFFI FOFIE
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi
Qui est le roi
?
Le
roi,
c'est moi.
Taki 1
Eléphant qui brise la hache.
Guerre,
condoléances.
Koadja Kôkôl
Koffi
Qui avale l'éléphant.!
Il y aura la guerre.
La guerre sur l'heure.
Obi di wan
Fine lame de guerre sacrifie-ta
otim
ni
ehinin
kon?
Pour sauver le monde
ehinin kon,
ehinin di wan ?
Forêt qui
ehinin di mi
:
Ensevelit l'éléphant!
Ambim Taki si,
esunon bua akumanl
Prince Koffi!
ekon damirifa.
Eléphant qui brise la hache!
Kwadja Kôkôl
Celui qui tend un piège
Ambim
Koffi Minan sunonl
En travers de ta route
ekon be tJ, be tO mreinl
Prend malheur.
ekon be t~, be t~ mrein!
Atoprèkon mangeur de guerre!
Akonfran katakie!
Koffi le grand qui avale l'élép}
Fa otri j i atshreman.
Tu sens la poudre à canon
Ateke di minan sunon!
A force de faire usage de
esunon bua akuman!
Ton arme.
Biniboni Kofti el
Ta présence s'annonce toujours
Wa son Kwandi fidie,
Par d'interminables coups
K~ tshi abembrese.
De fusil.
Koffi le grand
Atoprèkon Bediakon!
Qui avale l'éléphant!
Ambim Koffi Minan sunon!
Tu es un homme.
Wu suman tshrebu~,
Tu l'as toujours prouvé.
Nan wu hu bonin atuduro.
Tu as guerroyé,
Ye t i wu
n'gan,
Mais qui as-tu défait ?
Otüo tutu pein peprein.
Tu as défait
Ambim koffi Minan sunonl
Et mis à mort Modjabi,
Wu ye barima.
Le dernier roi de Nassian.
Wu ye katakie dada.
Atakoura mangeur de guerre!
J kon kum wan ?
Condoléances et
3kum Nassianhinin Modjabi
Paix à son âme.

.., 58 -
Biniboni kaakirel
Il Y a roi et roi
Atakoura Bediakon 1
Et roi qui tue rois.
YErE
man damirifa, damirifa.
Quand tu tues,
tes victimes
Ehinin gon, Biniboni gon.
Sien vont dans l'au-delà
Biniboni 0kum Biniboni.
Avec du sang frais à la bouche.
Wu nan ~kum nipa,
Tu tues vite et facilement.
Nan nipa dimoja mron ~) saman.
Koffi le grand qui avale l'éléphal
,)
kunu dada 1
Ta présence provoque
Ambim Koffi Minan Sunonl
La panique. Elle fait fuir
YE t i wu n'gan,
Et frémir.
YE hon wusu bribri.
Majesté, on parle de toi
YE bO wu dini,
Mais sais-tu en quels termes
YE bJ ni sEin?
Parle-t-on de toi ? On parle
YE bJ ni kokroo
De toi comme d'un intrépide
SE bomofuo kuman sunon.
Chasseur d'éléphants.
Boafran kokonl
Koffi le grand
Domahinin Ambim ,Koffi Minan Sunonl
Qui avale l'éléphantl
Biniboni kaakirel
Dernier monarque de Doma!
Adiatshin.
Boafran Kokon,il fait jour.
Man huminrinsu Ahiandj 1
Faites parler de vous.
Die,diel
Condoléances et·salutl
T. N° 219
. KWAS! YEBOA
T.N 0 219
=
KWASI YEBOA
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi;
Qui est le roi ?
Le roi,
c'est moi
Tuer sans se précipiter.
Le supplicié marche.
Le bourreau marche.
Le prince guerrier marche
A la rencontre de
Obi di wan
Mâchoires fraîches.
otim ni Ehinin kon ?
Adou Brekou, nous arrivons
Ehinin kon,
Ehinin di wan ?
Même tard la nuit.
Ehinin di mi
=
Nous venons te servir et
Kuman Kuman brEbrE.
Venons par tous les moyens.
TObrEfuo nam.
Bribri Yeboal
J kum nipa nam.
Angaman Boakrol
KO t'J kO hininba nam.
Yeboa sèsrèkou!
Biniboniba nam.
Se bat, contrôle
Wu nan wu j i moja mron
Et dirige les combats.
Adou Brekou YErE ba.
Quand on lui parle
jkofu YErE di amine
De la guerre,
i l rit.
Adasüo YErE kOtO Biniboni.
Avec intelligence,

-
59 -
Baabi a nam yere be krJ.
Tu affrontes la guerre.
Bribri Yeboal
Bribri Yeboa 1
Angaman boakrol
Tu sens la poudre à canon
J KO sran kon, kon sani hon.
A force de faire usage
Yeboa Sésrèkou el
De ton arme.
A ti kon a,
sri.
Ta présence s'annonce toujours
Brebre boa hue.
Par d'interminables
Bribri Yeboa !
Coups de.fusil.
Wu suman tshrebu~,
Bribri Yeboa 1
Nan wu hu bonin atuduro.
Tu es un homme.
Ye ti wu n'gan,
Tu l'as toujours prouvé.
otüo tutu pein peprein.
Tu as guerroyé,
Bribri
Yeboa 1
Mais qui as-tu défait ?
Wu ye barima.
Il a défait et mis à mort
Wu ye katakie dada.
Le très-puissant Atchumpon
,1 konkum wan ?
Kwasi Boatchi,
Jkum
Gbonahinin Atchumpon
Roi de Bouna.
Kwasi Boatchi
Comment l'avait-il pris?
Biniboni diasianl
Simplement comme
~ tshi be se ?
L'on ramasse des poussins
j
tshi be se n'gokoma gure gurel
Gure gure gure !
Atchumpon Kwasi Boatchi
Atchumpon Kwasi Boatchi
Vere man damirifa.
condoléances et paix à ton âme.
Yeboa Sèsrèkou!
Yeboa Sèsrèkou!
jdom sure wu AhiandO.
Majesté,
la guerre a peur de toi
ehinin gon, Biniboni gon.
Il y a roi et roi
Biniboni 0kum Biniboni.
Et roi qui tue rois
Wu nan wu kum nipa ,
Quand tu tues,
la victime
Nan nipa di moja mron k~ saman.
S'en va dans l'au-delà
o kunu dada.
Avec du sang frais à la bouche.
Yeboa si pata hunu!
Tu tues vite et facilement.
Ye ti wu n'gan,
Yeboa,
.
Vere jüan.
Bâtisseur de greniers vides!
Ye ti wu n1gan ,
Ta présence provoque la panique.
Ye hon wusu bribri.
Elle fait fuir et frémir.
Ye bJ wu dini,
Majesté,
on parle de toi
Ye bO ni sein?
Mais sais-tu en quels termes
Ye bD ni kokroo
Parle-t-on de toi ?
Se bomofuo kuman sunon.
On parle de toi comme d'un
Boafran kokon,
Domahinin
Intrépide chasseur d'éléphants.
Yeboa Sèsrèkoul
Yeboa Sèsrèkoul
Biniboni kaakire!
Fils d'
Androu Kwasi Konogoli!
Androu Kwasi Androuba Konogoli!
Boafran kokon!
Adiatshin.
Dernier monarque de Doma,il fait
Man huminrinsu AhiandJ.
Jour,
faites parler de vous.
Die,die!
Condoléances et salut!
T.N° 220:
T.N°220: Pour demander à boire al
rc
Angaman Boakro!
Yeboa sèsrèkou!
Angaman Boakro!
Mi be num
Yeboa Sèsrèkou!
MOrDsan kakra.
Je bois un peu
Mi be num
De vin de palme.
AdokrO misuo.
Ainsi que du jus de raphia.

-
60 -
T.N0221
: Kwadio Tawa
T.N0221:
KwadioTawa
i Tabagne l
(Tabagne-)--
Kwadiol
Kwadio !
Fromager
EnyiranPetekon!
Au milieu des marécages 1
Kotshra manzan
Une panthère n'est jamais vieille
Ye mun akura.
Fromager
Enyiran Petekon!
Au milieu des marécagesl
Yeboa Sèsrèkou bal
Fils de Kwasi Yeboal
Wu ye katakie dada.
Tu as toujours été un homme.
Die!(bis)
Condoléances et salut.
T. N0222
. Koffi Adingra
T.N0222:
Koffi Adingra
(Tabagne)
(Tabagne)
Sasrabrozam
Suman bribrijol
Sasrabrozam .suman Bribridjol
Adingra biniboni!
Prince Adingra!
Yeboa Sèsrèkou bal
Fils d~ Kwasi Yeboa!
Wu ye katakie dada.
Tu as toujours été un homme.
Diel (bis)
Condoléances et salut!
T. N°223
. Kwasi Sekyre dit Baridja
T.N°223:
Kwasi Sekyere dit
(Tabagne)
Baridja Tabagne-)--
Biniboni kwasi Buaki!
Prince Kwasi Boatchi!
Yeboa sèsrèkou bal
Fils de Kwasi Yeboa!
Adonten nanawa!
Petit-fils de chef adonten!
Dongom kokroko!
Gros piment!
Wu ye katakie dadal
Tu as toujours été un homme.
Die! (bis)
Condoléances et salut!
T.N0224
. Kwame AGYEMAN
T.N°224: Kwame AGYEMAN
(Tabagne)
(Tabagne)
Tshindiampon Kwame Biniboni!
Yeboa sèsrèkou bal
Sorne, some!
Prince Kwamei
Ak:)k:> be di some.
Fils de Kwasi Yeboa!
Adiatshin,
Picorer ( bis
)
Ak.:>k:) be di sorne.
La poule picore
Enyinijü a,
Le matin,
Ak~k~ be di sorne.
La poule picore
Awiyan Kwadio!
Le soir,
Manmi Tshrifu.
La poule picore
Mi tim netum
Kwadio le fortuné!
eman ajemsein
Pourquoi venir me provoquer ?
Abo jise jejerije kwa.
La barbe touffue
Aniwin J tsheri
N'a pas d'importance
Abo jise panyini.
Le cil est plus âgé que la barbe.
Badou Agyemanl
Agyeman Badou!
Wu ye katakie dada!
Tu as toujours été un homme.
Die 1 ( bis )
Condoléances et salutl

-
61 -
T. N°225
. Kwasi Kohosonon
T.N°225:
Kwasi Kohosonon
(Tabagne)
(Tabagne)
Atshumpon Kwasi KatnkrOI
Prince Kwasi Kôtôkrôl
Yeboa Sèsrèkou bal
Fils de Kwasi Yeboal
Wu ye Katakie dadal
Tu as toujours été un homme.
Die 1 ( bis )
Condoléances et salutl
T. N°226
. Kwakou Gna~min
T.N°226: Kwakou Gnanmin
(Tabagne)
. (Tabagne)
Boafran boa Kwakou el
Kwakou!
ehininba kaakirel
Dernier fils de roil
Wu ye katakie dada!
Tu as toujours été un homme.
Die !Cbis)
Condoléances et salut!
T. N°227
Kwabenan "Kohosonon
T.N0227:
Kwabenan Kohbsonon
(Tabagne)
(Tabagne)
Adamsu Kwabenan kinte!
Kwabenan Kinté d'Adamsu!
Enyiran petekon!
Fils de Kwadio Tawal
Yeboa Sèsrèkou nanawa!
Petit-fils de Kwasi Yeboa!
Wu
ye katakie dada 1
Tu as toujours été un homme.
Die! ( bis)
Condoléances et salutl
T.N0228
. Yao Kohosonon
T.N°228: Yao Kohosonon
(Tabagne)
(Tabagne)
Esunon bu
akuman 1
Eléphant qui brise la hache!
Adingra Biniboni bal
Fils du prince Adingra!
Yeboa Sèsrèkou nanawal
Petit-fils de Kwasi Yeboa!
Wu ye katakie dada!
Tu as toujours été un homme.
Die! (bis)
Condoléances et salut!
T. N°229 . Kwakou Nketia
T.N°229: Kwakou Nketia
(Tabagne)
(Tabagne)
Boafran bua kwakou e
Dongom kokro~o bal
Kwakou!
Yeboa Sereku nanawal
Fils de Kwasi Yeboa!
Wu ye katakie dada!
Tu as toujours été un homme.
Die! (bis)
Condoléances et salut!

-
62 -
T. N°230
: Koffi Adingra
T.N0230: Koffi Adingra
- -
-
(Tabagne)
(Tabagne)
Koffi kokrokol
Koffi Binboni!
Koffi le Grand!
Tshindiampon Kwame bal
Prince Koffil
Yeboa Sèsrèkou nanawal
Fils de Kwame Agyemanl
Enyinijüa,
Petit-fils de Kwasi Yeboal
Ajüanin fO
ni.
L'orphelin se souvient de sa mère
Wu ye katakie dada!
Tu as toujours été un homme.
Die I(bis)
Condoléances et salutl
T.N0231
Kwadio Yeboa
T.N°231: Kwadio Yeboa
(Tabagne)
( Tabagne)
KwadioÏ
Kotshra Manzan
Kwadio!
Ye. mun akura!
une panthère n'est jamais vieille
KO tO kr\\? ba!
Fils de Kwasi Kohosononl
Yeboa Sèsrèkou nanawa!
Petit-fils de Kwasi Yeboal
Wu ye katakie dadal
Tu as toujours été un homme.
Die!( bis)
Condoléances et salutl
T.N°232:
Kwame Nketia
T.N°232
Kwame Nketia
(Tabagne)
(Tabagne)
Tshindiampon Kwame!
Kwame!
Adou Brekou ba!
Fils d'Adou Yao!(
11)
Yeboa sèsrèkou nanawa!
Petit-fils de Kwasi Yeboa!
Wu ye. katakie dadal
Tu as toujours été un homme.
Die!
( bis
)
Condoléances et salut!
T. N°233
. Atta Kwadio
T.N0233:Atta Kwadio (Tabagne)
Kwadio!
Kotshra manzan
Kwadiol
Ye. mun akura!
Une panthère n'est jamais vieille
Atakura Bediakonl
Atakoura mangeur de guerre 1
Biniboni kaakirel
Fils de Kwakou Gnanmin
Boafran boa Kwakou bal
Dernier prince!
Yeboa piprip~ nanawa!
Petit-fils de Yeboa Pipripil
Wu ye. katakie dadal
Tu as toujours été un homme.
Die! (bis)
Condoléances et salut!

-
63 -
T. N°234
. Koffi Tawa
T.N°234: Koffi Tawa
(Tabagii""e")
( Tab a gii""e")
Koffi kete ketel
Koffi Kete Ketel
Koffi kokroko!
Koffi le grandI
Biniboni Koffi!
Fils de kwabenan
Adamsu Kwabena Kinte bal
Kohosonon Kintè d'Adamsul
Eny1ran petekonnanawal
Petit-fils de Kwasi Yeboa!
Wu ye· katakie dadal
Tu as toujours été un homme.
Die! (bis)
Condoléances et salut!
T.NO 235 -=- Tabagne
T.N°235 -=- Tabagne
Etumfu wan t i a,
La mort chemine avec
,1 tiri be kan.
celui qui ne suis
pas les conseiJ
T.NO 236 -=- Tabagne
T.N°236 . Tabagne
j
fri titil
j
nye bribi.
Le peuple Awassou et
Agyeman Kokel
Son chef Agyeman le clair
o nye bribi.
me détestent.
Awassou be kri mi.
ça ne m'est égal, car la haine
D nye bribi.
Ne date pas d'aUjourd'hui.
T.N° 237: Tabagne
T.N° 237
. Tabagne
Eh!
Ehl
On hon 1
On honl

-
64 -
T. NO 238
KWAKOU AGYEMAN
T.N 0 238
: KWAKOU AGYEMAN
Qui es- tu pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi
Qui est le roi ?
Le roi j
c'est moi
Quand un chien vous prend
Quelque chose,
obi di wan
Laissez-le l'emporter.
Otim ni ehinin kon ?
Agyeman Badoul
ehinin kon,
ehinin di wan ?
Agyeman, au teint clair!
ehinin di mi :
Agyeman, colmateur de brèches!
Etshüa fa wu adie, man fa kO.
Agyeman mangeur de guerrel
Agyeman Badou!
seul, i l vaut mieux que mille.
Agyeman Kôkô!
La chenille bien que molle
Agyeman Touatokro!
Arrive a ronger le palmier.
Agyeman Bediakon!
Agyeman Badou!
Bacon osran apim.
Tu sens la poudre à canon
Akonkron bete bete wui abe.
A force de faire usage
Agyeman Badou!
De ton arme.
Wu suman tshrebu~,
Ta présence s'annonce toujou~s
Nan wu hu bonin atuduro.
Par d'interminables coups de fusi
Ye t i wu n'gan
Agyeman Badoul
otüo tutu pein peprein.
Tu es un homme.
Agyeman Badou !
Tu l'as toujours prouvé.
Wu ye barima.
Tu as guerroyé,
Wu ye katakie dada.
Mais qui as-tu défait?
~ kon kum wan ?
Il a défait
~kum Brekum hinin
Kwabenan Diawuo
Kwabenan Diawuo.
Roi de Brekum.
Agyeman Badou!
Agyeman Badou!
Yere man damirifa, damirifa.
condoléances et
ehinin gon, Biniboni gon.
Paix à son âme.
Biniboni Jkum Biniboni.
Il y a roi et roi.
Wu nan wu kum nipa,
Et roi qui tue rois.
Nan nipa di moja mron kJ
saman.
Quand tu tues, tes victimes
o kun dada.
S'en vont dans l'au-delà
Agyeman Badoul
Avec du sang frais à la bouche.
Ye t i wu n'gan,
Tu tues vite et facilement.
Yere juan.
Agyeman Badoul
Ye ti wu n'gan,
Ta présence provoque la panique
Ye hon wusu bribri.
Elle fait fuir et fait frémir
Ye b~ wu dini,
Majesté, on parle de toi
Ye bO ni sein?
Mais sais-tu en quels termes
Ye
b~ ni kokroo
Parle-t-on de toi ?
Se bomofuo kuman sunon.
On parle de toi comme d'un
Boafran kokon, Domahinin
Intrepide chasseur d'éléphants.
Agyeman Badou!
Agyeman Badou!
Biniboni kaakire!
Boafran kokon!
Adiatshin.
Dernier monarque de Doma,
il fait
Man huminrinsu AhiandJ .
Jour,
faites parler de vous.
Die/die!
Condoléances et salut!

-
65 -
T.N° 239:Tabagne
T.N°239 ~ Tabagne
Wu yo papa da otrim.
L'homme est
Wu yo bon in a da otrim.
Maître de sa conscience.
T.N° 2,40
: Amorofikro
T.N0240
: Amorofikro
DJm bi a,
Je serai présent
Mi be ~) hO.
Partout où i l y aura la guer
T.N° 241 ~ ~angamourou (Abakouman)
T.N°241:Tangamourou(Abakouma
Brakatu 1
Brakatoul
Mi ye dihye dada.
J'ai toujours été prince.
T.NO 242 _ Amanvi
T.N0242
: Amanvi
Si la guerre vient,
~m di, mi di.
Je la mange.
T.N°
243: Amanvi
T.NO 243:Amanvi
Mi son atuduro
Je suis poudre à canon et
Mi son a tshrebuo
Je suis pierre à feu
T.N° 244
T.N° 244
Adou Bini e!
Mi nim ngrofua nonl
Adou Bini el
Adou Binil
Mi nim ngrofua nonl
Je sais
Mi di mankol
Ce que les gens
Mi di mamba !
Pensent de moi.
Adou Bini!
Je me nourris de piment et
Mi nyan sika wohin?
De la bouillie de maïs.
Abrofu di mi sika
Prince Adoul
KO
samandO.
Où Vais~je trouver l'argent?
Tie,tie a
Les Blancs emportent mon ar:f
Agyeman paa.
Traduis-les en justice
o yon gomini.
Tout simplement
Tie,tie a
.
Agyeman le Saint
Agyeman paa'
Tout simplement
o yon gomini 01
Agyeman le Saint.

-
66 -
T. N° 245
KWADIO YEBOA
T.N 245
: KWADIO YEBOA
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi,
.01;>i di wan
Qui est le roi ?
.Otin ni.ehinin kon ?
Le roi,
c'est moi
ehinin kon,ehinin di wan ?
Bribri Yeboal
ehinin di mi
:
Angaman Boakrol
Bribri Yeboa!
Yeboa Sèsrèkoul
AngamanBuakrol
Descendant de Bosom Nketia.
Yeboa sèsrèkou e!
Kankrankanl
Bosom nketiabal
Seul,
il vaut mieux que mille.
Kankrankan 1.
Tu es un homme.
Bacon osran 'apim.
Tu l'as toujburs prouvé.
Wu ye barima,
Il y a roi et roi.
Wu ye katakie dada 1
Un prince marche
ehinin gon, Biniboni gonl
Toujours posément.
Biniboni nanti bre, bre.
Toi qui défais les
Wu nan wu yi aboji mron
Mâchoires fraîches
Ye bJ wu odini,
Majesté, on parle de toi
Ye b~ ni sein ?
Mais sais-tu en quels termes
Ye bO ni kokroo ?
Parle-t-on de toi?
Se bomofuo kuman sunon.
On parle de toi comme d'un
Boafran kJkon!
Intrépide chasseur d'éléphants
Domahinin
Yeboa Sèsrèkou,
Yeboa Sèsrèkou!
Boafran kokon
Biniboni kaakire!
Dernier monarque de Doma
Adiatshin
Il fait jour,
Man huminrinsu AhiandJ
Faites parler de vous
Die,die!
Condoléances et salut.
T. N°246
KWAKOU AMANDJRAN
T.N 246
: KWAKOU AMANDJRAN
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi
Qui est le roi ?
Le roi, c'est moi
Odi di wan,
Enfant d'An1andjran
otim ni ehinin kon ?
Fétiche de fusill
ehinin kon,
eh in in di wan ?
Le génie Sasrabrozam
ehinin di mi ;:
Protège. l'enfant d'Amandjran.
otüo sUman Amandjran bal
Fils de la grande divinité Tano,
Sasrabrozam suman Amandjran bal
Piment de fumier,
Tan Kesi Biniboni bal
Tu es chargé de fruits,
Subinansu manko
Mais pour quelle raison
K~ sO kJ s~ gbini gbini sein ?
Produire en un endroit
~dom Sèsrèkou Boa Adingra!
Où il y a des excréments ?
Biniboni nanawa!
Odom Sèsrèkou
ehinin gon, Bininboni gont
Boa Adingral
Biniboni nanti brebre.
Petit-fils de roi
Wu nan wu hi aboji mron.
Amandjranl
Ütüo suman Amandjran
Fétiche de fusil
Biniboni kaakirel
Kwakoul

-
67
-
Domahinin Kwakou el
Boafran kokonl
Adiatshin!
Dernier monarque de Domal
Man huminrinsu Ahiand~
Il fait jour,
faites parler de voU~
Die, die
!
Condoléances et salut!
T~
NO 247
: KWAME DATE
T.N 247
KWAME DATE
~;ou TAN DATE"KOUMAN
- ~ TAN DATE KOUMAN
Qui es-tu pour oser
Provoquer le roi ?
Querelle de roi
Obi di wan
Qui est le roi ?
otim hi ehinin kon,
Le roi, c'est moi:
ehinin kon
La guerre a éclaté,
ehinin di wan ?
D'où peut-elle venir?
ehinin di mi
:
Elle ne peut venir
~dom si fri man bein ?
que dlAshanti kôt~kô
o fri man bein
Prince guerrier Datè
A:s andi k~ TO klJ
Nous le savions et
Ye si, ye si Biniboni
L'avions deviné 1
Okofu Datè!
Guerrier Datè
Apahou' Siakwan
Descendant d'Apahou siakwan
Debrefuo bal
Homme de grande intelligence,
Akonkron bete
La chenille bien que molle arrive
Bete wui abe.
A ronger le palmier.
Okofu Datè 1
Guerrier Datè, seul
Bacon osran apim.
Vaut mieux que mille
Jenyema siakwan !
Alchornea cordifolia.
ehinin gon, Biniboni gonl
Un roi n'est jamais pressé.
Biniboni nanti brebrel
Il marche calmement, posément.
Wu nan wu hi aboji mron 1
Toi qui défais les mâchoires
Ye bO wù dini
Fraîches. Majesté, on parle de toi
Ye bO ni sein ?
Mais sais-tu en
quels termes
Ye bj ni kokroo
Parle-t~on de toi ?
Se bomofuo kuman sunon.
On parle de toi comme d'un
Boafran k{) kon!
Intrépide chasseur d'~léphants.
Domahinin Okofou Datè
Guerrier Datè!
.
Biniboni kaakire Okofou
Boafran kokonl
Adiatshin
Dernier monarque de Doma.
Il fait
Man huminrinsu AhiandO
Jour,
faites parler de vous
Die,diel
Condoléances et salutl

-
0 0
-
T.N° 248
KWADIO
AGYEMAN
T.N 248 ~ KWADIO AGYEMAN
-Qu'i 'es-tu pour' oser
·P·révoquer le 'roi?
Q~~relle de roi,
~,Obidi wan
~ui' est leroi~
·,Otimni ,ehinin kon
. LerOt, c'est moi
;"éhinin kon, ehinin di wan ?
.. :oddfu'sèsrèkou,
.' ,.'
,-.ehitündi J',mi ':.
. Bôa:"Adingr'a .! .
,;,».' ,;; "Ôdom' s'èsrèkou Boa Adingra
Petit-fils de roi
Biniboni nanawa!
Kwadiol
Agye~an Badou ~.
Il y
a roi et roi
Kotshra manzan
Et roi qtii tue rois.
Ye mun akùroa l
Un roi n'est jamais pressé'~
.,..
ehinin· goa, Biniboni gon!
. Il matche calmement, posém~nt:
Binibohi nanti brebre!
Toi qui'défais les mâchoiEes
.......
Wu nan wu hi aboji mronl
Fraîches.
Prince, on parle de t,
,:~ Ye bO wu odin!,
'",
(, Mais 'Sais-tu e"h quels termes
•.~
"
Ye .b,? ni sein ?
" Parle-t-on de toi ?
Ye ,bJ ni kokroo'
On ,parle de toi" comme d'un
Se bomofuo kuman sunon.
~
Intrépide chasseur d'éléphants.
Boafran kokon!
Agye.mêln Bad6u 1
'
Domahinin Agyeman Badoul
Dernier monarque de Doma!
Biniboni kaakire, Notanzèsrèt
Notanzèsrè!
Adiatshin
Boafran Kokon
Man huminrinsu AhiandJ
Il fait jour,
faites parler de 0
Die,die!
Condoléances et salut!
T.N° 249
KOFFI YEBOA
T. N° 249
: KOFFI YEBOA
Qùi es~tu pour oser
Jbi di wan ?
provoquer le roi ?
Otim ni ehinin kon
Q\\,lerelle.de roi
ehinin ken,
ehinin di wan ?
Qui est le roi?
ehinin di mi:
Le roi,
c'est moil
Bribri Yeboa!
Bribri Yeboal
Angaman Boakrol
Angaman Boakrol
Yeboa sèsrèkou el
yeboa sèsrèkoul
Atoprèkon Bediakonl
Atoprèkon mangeur de guerre
~hiniri gon, ~iriib6ni gont
Il·' yaroi et roi
~iniboni nanti brebre!
Un roi n'est jamais pressé~
Wu
nan wu hi aboji mron.
Il marche posément et calmement.
Ye bJ wu odini
Toi qui défaiS les mâchoires
Ye b~ ni sein ?
Fraîches. Majesté, on parle de-t
YebJ ni kokroo
Mais sais-tu en quels termes
.
Se bomofuo ku~an sunon.
Parle-t-on de toi?
Boafran kokonl
On parle de toi comme d'un
, . Domàhinin!
Intrépide chasseur d'éléphants~
Yeboa sèsrèkou!
Yeboa Sèsrèkoul
Biniboni kaakire!
Boafrankokon t .
Adiàtshin
Il fait jour,
faites parler dev~
Man huminrinsu,AhiandO!
Condoléancès et salutl.
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T.N° 250: Kotshra manzan
T.N° 250: La panthère
Quand la panthère
Kotshra Manzan
Apparaît au bout du village
Ofiti kroti a
Son odeur se répand au village
Non hon bonin fiemu,
Son odeur sent ngrahuri
Non hon bonin ngrahuri
Basa Pipripi
Basa pipripi!
Quand il se montre
Ofiti kroti a
Au bout du village,
Na dOm juani.
la guerre se sauve.
Kotshra manzan
Panthère, salut !
Yere man w) damirifa
Divin tambourinaire,
w~ kO
man by a,
Où que tu sois,
Mi fre wO ~, bira!
Je t'invoque, viens!
ehinin Krôdjô,
Roi Krôdjô et dignitaires
ehinin inan t r i man bein?
De quelque pays que ce soit,
Mu nyran mu die !
Ecoutez,
Mu nyran, nyran mu die !
Ecoutez et
Mu nyran die ni atshreman bekan~
Méditez le message du tambour !
T.N°251
:Kotshra manzan
T.N°251: La panthère
Kotshra manzan
WO kO man by a,
Panthère 1
Ye fre wO a, bira!
Où que tu sois,
Kotshra manzan
Je t'invoque, viens
Ye be fre wan ?
Panthère :
Ye be fre
c'est à moi qu'on dit
Biniboni nanti
brebre!
Majesté, marche
Kotshra manzanl
Posément !
Yere man w~ damirifa.
Panthère, salut
Angamangaman tshremanl
Divin tambourinaire
wo kô man by a,
Où que tu sois,
Ye fre w,)
a, bira!
Je t'invoque,viens!
ehinin Krôdjô!
Roi Krôdjô et dignitaires,
ehinin inan fri man bein?
De quelque pays que ce soit,
Mu nyran mu die!
Ecoutez!
Mu nyran, nyran mu die
Ecoutez et
Mu die ni atshreman be kanl
Méditez le message du tambour
T.N° 252
. Tangamourou
T.N° 252 ~ Tangamourou
Je resterai et t'attendrai
KrO be tu!
Jusqu'à ton retour.
T N° 253:Tiédio
T N° 253:Tiédio
Kuranfuo
Hu mire!
La veuve s'impatiente.
o koa!
rI est parti
Wan ma al
Et n'est pas de retour.
Kuranfuo
La veuve
Hon nyom ni joda.
N'a pas le temps.

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T.N° 254 : Kérébio-Domiambra
T.NO 254
: Kérébio-Domiambra
Be ni tshe
Rassemblez-vous et
Be tshüre mi.
Attendez- moi!
T.N° 255 ~Secrebango
T.N 0 255 ~ Secrebango
Awassou 1
Peuple Ahininfiét
Sika n'zem?
La fortune ne me convient-elle
~ se ~ ye abua ?
Pas autant qu'au sot?

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T.N°256 ~ Tabagne,
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Akw.asi l,
yere guro bira.
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T.N° 257, : Hérébo (Abakouman)
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Awassoul-
"Yer'e guio, bira.
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T.NO 259 _ Hérébo (Abakotiman)
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AsouÏnan :é l'
Assoumanl
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K~ wu krom
Retourne chez toi.
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T.NO 260 . Hérébo (Abakouman)
T.N0260 . Hérébo (Abakôuman)
Awual
Awual
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T.NO 261
T.N0 261
Ahininfié Abakuma!
Abakouma de la cour royale.
T.N° 262 ~ Tangamourou
T.N0 262 :Tangamourou
AbO fra be grJmanil
Le Peuple Awassou,
Awasu be grO manil
N'est pas un peuple inquiétant.
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T.N° 263 ~ Tangamourou
T.N° 263:Tangamourou
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T':;No;-J'264~'::~:<"Koua(s!s1'-N'dawa
T:~ N0' 264';:'" Kou'assi-N' dawa
,
~
~
- - - -
..
.
Hwan be je ?
Qui peut les prendre?
~,.'

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T.NO 265 : Kouassi- N'dawa
T.N 0 265
Adou, Adou!
Asem hia
J tu dabia,
Mi be tshre wu asie!
1 -,
'.'-',
.
T.No 266 ~ séréoudé, Adamsu
_T_.N_o _2_6_6 ~, .::::;.::.:::;~~~~.;:....::
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;'--oè
_Abusu,ân -qrunqrunwa.
;)fi:;r· atO bre
Be' ril:",:pe mi.
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T.NO 268 : Transua
- - - -
~.N°268 : Transua.
Pinango ka t~ k~
Vaillant Pinango~
Bacon osran apim.
Seul, il surpasse-~ille.
T.NO 269 : Sianhodi
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T.NO 269: Sianhodi
Zemerekutu!
Les oreillons!
..
"
~
T.N° 270 _ Sianhodi
T.NO 270
Sianhodi
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Kata su!
Oubliez,
Asem ni nyran
Oubliez cette affaire.
Kata su.
N'en parlez pas.
T.NO 271 : Amanvi
T.NO 271 . Amanvi
Kwame e !
Kwamet
Wu Y,1 hinin 01
Tu es un véritable monarque.
T.NO '272 '.i Amanvi (Kwame Adinqra)
T.N 0 272 .i Amanvi (Kwame Adingra)
Pûnid~ 1
Ecartez-voust
Mi sràh';'wu katakie!
Je suis, le plus brave.
Kasa 'prekon' 1
Je suis homme de parole.
Mison' -atuduro
Je:' S'ui-s'- poudre à canon et
Mi son a tshrebuol
Je suis pierre à feu.

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T.NO 273
. Kanton
T.NO 273
. Kanton
Moi!
Mi pe se ye kon
Je veux combattre.
T.NO 274
: Kanton
T.NO 274
: Kanton
Brakatout
Brakatou!
Nipa tan wu a,
Autrui vous déteste
Kata wu ani.
Faites fi de lui.
T.NO 275
: ~ehui ou Teo
T.N 0 275
: Tehui ou Teo
Abential
Petit palmier
Man wusul
Lève-toi.
T.NO 276
:Attokom
T.N 0 276
: Attokom
Kwasi Attokol
Kwasi
t
Sois toujours prêt
Da hon wusu.
Pour aller combattre.
T.NO 277
. Lomo
T.NO 277
. Lomo
KO kan
K~ kan tshre fu
Allez l'informer!
Wu kO kan
si vous le faites
Be ye mi dein ?
Que me fera t-il?
T.NO 278
. Tabagne
T.NO 278
: Tabagne
Tu be!
Suis-les!
Tu be kuku!
Suis-les de près!
T.NO 279 ~ Tabagne
T.NO 279 ~ Tabagne
Ewuo na hin?
combien de fois meurt-on ?
Ewuo na con pe.
On ne meurt qu'une fois.
T.NO 280 : Transua
T.N 0 280
: Transua
kura kura abusuan!
Unir la famille.
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I ,
ID
1'1
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T.NO 281
. Teko
T.NO 281 : Teko
Je ne rate jamais
Tantia ni kwa!
Ma cible.
T.N° 282
. Marahui
T.NO 282
: Marahui
Le brave meurt
Katakie be tO
anupa!
Toujours au petit matin.
T. N0 283:Boupoko
T.N 0 283:Boupoko
princ; Yao mangeur de guerre
Tu as toujours été
Yao Bediakon Biniboni bal
Un vaillant guerrier.
Wu ys okofu dadal
Quand tu entends parler
Wu ti kon a sril
De la guerre,
tu ris.
~tüa apentrin n'zuro!
Avec toi, rien n'est impossible.
Wu bum soso al
Si on te compare à une pioche,
mi bu wu akuman!
Tu fais mieux qu'une hache.
tsha tshüni.
Coupe le tambour.
T.NO 284
:Kékréni
T.NO 284:Kékréni ~
Brafouo Adingral
Tout le peuple Ahininfié
Brafuo Adingra!
Le sa.it.
Wu nan wu di bentO ba.
C'est toi qui rapporta
Awassou man nim!
Le bentô.
1