REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
Union· Di.op/lne . Tra.ail
MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE
CHARGE DE L'ENSEIGNEMENT
SECONDAIRE ET SUPERIEUR
PACULTÉe
DES LETTRES. ARTS
ET SCIENCES HUMAINES
ANALVSE Etl~TgRPRETATION DES PROBLEMES
SYNTAXIC(j~/SËMANTIQUES<OBSERVÉS
~A~~~'A~'~~~~f;~~A~ËbjÛP~ORTUGA1S
... :;':-. :::/.":: :«:://ff~ :::(~:tt?·:>" :::;.,: :.:..::::: :::::;:- ..',
.
. ·············<·<:>/ÊNCOTEÔflvôÎRS·<i.··..•··· ".
!' CONSEIL AFRICAIN ET MALGACHE:l
POUR l'ENSE1GNEMENT SU?ERIEUP. 1
1
. C. A. M, E. S. -
OUAGADO»GOU \\
..\\r:·ivée .. '; ·0" }AN~ ZOOl ....
.:Ii,egislre sous n
.>If ·O·2·6·g·g)·
- = - = = ~~=''''
"'-'--"
Présentée pBr:
Sous la DIrect/on de:
ANNEE': 1989
Koffi TOUGBO
Pro THEOPHILE Koui
Pro
BRACONNIER Cassian

REMERCIEMENTS
Ici, tous nos remerciements vont vers ces Personnalités, ces Maîtres, ces Institutions,
ces Communautés et ces amis qui ont favorablement concouru à la réalisation de ce travail et
nous leur rendons les hommages qu'ils méritent.
Nous voudrions extérioriser particulièrement notre immense gratitude au Professeur
"-
Docteur Izidoro BLIKSTEIN de l'Université de Sao Paulo au Brésil pour l'attention,
l'amabilité et la disposition sans faille avec lesquelles il nous a reçu au Brésil comme
étudiant, bien que nous venions d'un autre continent, d'une autre Université et conditionné
par d'autres habitudes et traditions. Avec ses conseils et ses éclaircissements toujours
opportuns et riches, il nous a soutenu et encouragé sans relâc~e aux moments les plus
critiques et pénibles de notre recherche au Brési L Tout au long des quatre années scolaires
que nous avons passées sous son regard vigilant, il nous a stimulé et encadré. Ses observations
toujours pertinentes lors des fréquentes rencontres et séances de travail que nous avons eues
avec lui nous ont ouvert la ligne de recherche et la méthode qui ont rendu possible la
réalisation de cette thèse.
/
A Monsieur le Professeur Théophile KOUI, notre Maître qui, dès notre retour en Côte
d'Ivoire, a spontanément accepté de coordonner notre recherche et diriger cette thèse malgré
ses multiples responsabilités et activités académiques, pédagogiques et administratives, nous
rendons, en ces termes, un vibrant hommage et lui extériorisons notre profonde gratitude.
2

Nos remerciements vont également à l'endroit du Professeur BRACONNIER Cassian,
notre Co-Directeur de thèse pour sa significative collaboration tout au long de la réalisation de
ce travail. C'est pourquoi la responsabilité des failles et incorrections qui pourraient être
éventuellement remarquées dans ce travail doivent être attribuées à l'auteur lui-même et non
au manque d'une meilleure direction ..
Nos remerciements s'étendent aussi aux professeurs Margarida Petter et Nelson Luiz
Petter qui orientèrent nos premiers pas vers le sentier de l'étude de la langue portugaise et qui
ont continué de nous apporter leur inestimable collaboration et aide là-bas, à Sao Paulo, loin
de chez nous.
Nous remercions aussi, du fond du cœur, les professeurs Docteurs Erasmo d'Almeida
Magalhaes, Fabio Rubens da Rocha Leite, Edith Pimentel Pinto et Diana Luz Pessoa de
Barros qui, à travers leurs cours, nous ont donné les fondements théoriques et pratiques
indispensables à la conception concrète de cette thèse.
Aux professeurs Docteurs Nilce Sant' Anna Martins et Francisco da Silva Borba,
illustres figures de la communautés scientifique universitaire de Sao Paulo qui nous ont
toujours reçu et traité avec beaucoup d'attention , et qui, à l'occasion de notre examen de
qualification,
n'ont
pas épargné
de
critiques,
commentaires
et
suggestions
combien
constructives et objectives à l'endroit de notre projet de recherche en vue de la définition
complète de son modèle méthodologique, nous tenons à dire vivement merci.
A son Excellence Monsieur l'Ambassadeur Ernesto Ferreira de CARY ALBa, ex-
Ambassadeur du Brésil en Côte d'Ivoire et à la Communauté brésilienne dans notre pays,
3

pour les remarquables attention, aide financière et conseils qu'ils
nous ont donnés lors de
notre voyage d'études et de recherches au Brésil, nous demanderions de trouver ICI,
l'expression de notre profonde et sincère gratitude.
A la FAPESP ( Fundaçao de Amparo à Pesquisa no Estado de Sao Paulo ), pour
l'indispensable et considérable aide financière qu'elle nous a accordée durant la réalisation de
cette recherche et
à la CODACfUSP ( Coordenadoria De Atividades Culturais da
Universidade de Sao Paulo), pour la double assistance (financière et stage pédagogique
pratique d'enseignement du portugais langue étrangère) dont d'elle nous avons bénéficiée
pendant la dernière phase de notre séjour de recherches, et à toute l'Université de Sao Paulo,
nous disons infiniment merci.
A Monsieur le Professeur Touré BAKARY, Recteur de l'Université Nationale de Côte
d'Ivoire, pour la disponibilité et la compréhension singulières avec lesquelles il nous a reçu
toutes les fois que nous avons frappé à sa porte, nous manifestons hautement ici, nos sincères
remerciements.
..
Enfin, à tous ceux qui, de loin ou de près, nous ont apporté directement ou
indirectement quelque type d'aide - particulièrement notre épouse Sandra KOFFI dont le
soutien moral ne s'est jamais démenti à toutes les phases de notre travail, et Monsieur
,
,
ELLOH Clément ( et famille) -, nous réitérons nos sincères remerciements.
4

PLAN GENERAL
Page
Avant-propos
Introduction
Chapitre 1:
Contextualisation: un aperçu de la situation linguistique en Côte d'Ivoire.
Chapitre II
Analyse et interprétation des problèmes syntaxico-sémantiques observés dans l'apprentissage
du portugais en Côte d'Ivoire.
Chapitre III
Suggestions didactico-pédagogiques pour l'enseignement et l'apprentissage du portugais en
Côte d' 1voire.
Conclusion
·t
Bibliographie
Annexe: Corpus
Table des matières
5

AVANT-PROPOS
Cette thèse est le fruit d'un travail consacré à l'analyse des problèmes de syntaxe et de
sémantique que nous avons fréquemment observés dans le processus d'enseignement /
apprentissage de la langue portugaise à l'université Nationale de Côte d'Ivoire.
Elle se situe dans le prolongement et l'approfondissement de la recherche qui a fait
l'objet de notre diplôme de philologie et Linguistique Romane (NŒSTRADO) obtenu
à
l'université de Sào Paulo au Brésil.
Sa préparation a exigé de nous un séjour de quatre anse 1984-/1988) au Brésil où nous
avons organisé et réalisé toute la recherche bibliographique puis, entre autre, actualisé nos
connaissances en littérature et culture brésiliennes et amélioré notre compétence écrite et orale
en portugais. C'est au Brésil que nous avons conçu et presque monté cette thèse; là-bas, nous
n'avions à notre disposition que la version portugaise des principaux ouvrages ce qui justifie
l'abondante présence d'éditions traduites dans la bibliographie générale.
Le corpus est formé par deux des principaux volets de la communication humaine:
l'écrit et l'oral.
Le volet écrit est constitué, au départ, de plus de 300 différentes copies d'exercices
faits par les étudiants eux-mêmes entre 1979 et 1985 et une enquête d'opinion conduite en
1986.
6

Quant au volet oral, il se compose de deux cassettes audio (d'une heure chacune)
enregistrées lors de causeries réalisées en portugais avec les étudiants.
En plus de tout ce matériel, au cours de l'année scolaire 1988/89, nous avons décidé de
donner au corpus une dimension plus actuelle et plus étoffée; c'est ainsi que nous y avons
ajouté plus de 700 nouvelles copies d'exercices.
Comme nous le voyons, le corpus s'étale sur une dizaine d'années - donc dix
promotions- et nous croyons qu'il est suffisant pour tenter de cerner les problèmes
diachroniques et synchroniques qui se font jour dans l'apprentissage du portugais dans notre
université en vue d'en proposer les solutions appropriées.
L'analyse s'appuie en grande partie sur la perspective théorique préconisée par le
structuralisme
« orthodoxe»
et
elle
se
développe
dans
une
démarche
contrastive
français/portugais.
7

INTRODUCTION
I.OBJECTIFS DU TRAVAIL
Après l'accession à l'indépendance par les pays africains d'expression portugaise, le
Gouvernement ivoirien a décidé, à partir de 1977, de mettre sur pied des structures concrètes
en vue de favoriser et accélérer le processus de création d'un Département d'Etudes Ibériques
en Côte d'Ivoire.
Dans la même période, le Recteur de l'Université de Sao Paulo est venu en visite à
Abidjan où, avec son homologue ivoirien, il a participé à la signature d'une convention
culturelle inter-universitaire, convention qui a confirmé officiellement l'ouverture des portes
de J'Université Nationale de Côte d'Ivoire à la langue portugaise Le Département d'Espagnol
qui est pratiquement la pièce maîtresse de cette politique d'études ibériques entreprise par
notre Gouvernement comprendra alors désormais une section de portugais
Avec l'actuel rapprochement des relations commerciales, techniques et culturelles
entre
le Brésil
et
la
Côte
d'Ivoire,
l'intérêt
de
la
langue
portugaise
s'est
accru
considérablement. A la faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines de notre Université, le
nombre d'étudiants optant régulièrement pour le portugais comme deuxième langue a connu
une augmentation vertigineuse ( Voir tableau point 4.1.) ces trois dernières années. Il y a de
plus en plus d'étudiants ( ivoiriens et étrangers en Côte d'Ivoire) désireux d'acquérir une
8

compétence non seulement en portugais écrit et oral, mais aussi en littérature et civilisation
lusophones
C'est précisément dans ce contexte qu'a surgi notre motivation pour la réalisation de
ce travail dont nous avons initié les recherches en 1984 et dans lequel nous visons, à partir de
la perspective de la variante portugaise du Brésil, les principaux objectifs suivants:
identifier, cataloguer et commenter les erreurs et les différents types
de problèmes qui s'observent dans l'apprentissage du portugais par
les étudiants à la lumière d'exercices faits par eux-mêmes;
Contribuer à répondre au manque de matériels didactiques
spécifiques pour le cours dans le processus d'acquisition d'une
compétence pour la reconnaissance et l'application des principes
obligatoires dans l'articulation du discours en langue portugaise;
contribuer à la création et à l'adaptation d'une méthodologie
.•
d'enseignement qui puisse être utile et pratique dans le cadre d'une
stratégie spécifique pour l'enseignement du portugais en Côte
d'Ivoire.
Puisqu'à notre connaissance, il n'existe pour le moment pas de recherche de cette
nature parmi nous, nous espérons que cette thèse sera vue comme un modeste apport
certainement opportun à l'implantation définitive du cours de langue, littérature et civilisation
luso-brésiliennes en Côte d'Ivoire.
9

2.PLAN DU TRAVAIL
Pour ce plan, nous avons considéré trois chapitres: la contextualisation du problème,
l'étude contrastive des difficultés et leur interprétation, et enfin, une proposition didactico-
pédagogique pour l'enseignement du portugais dans notre pays.
En considérant le fait qu'en dehors du français, notre langue officielle, le pays compte
en son sein, plus d'une soixantaine de langues locales presque toutes encore agraphes malgré
les multiples efforts que déploie l'ILA ( Institut de Linguistique Appliquée) en vue de codifier
les principales, il nous paraît convenable, dans un premier temps, de nous arrêter pour dire
quelques mots sur l'actuel panorama linguistique, tout en soulignant brièvement la situation
du français, quelques-unes de ses spécificités usuelles et sa' vie concrète dans certaines
couches de la population locale.
Ce premier chapitre a pour objectif de situer l'univers linguistique de la majorité des
étudiants, univers dans lequel baignent et s'opèrent l'enseignement et l'apprentissage de la
langue portugaise
Dans le deuxième chapitre, nous cherchons, dans un premIer point introductif, à
esquisser une étude contrastive de quelques points grammaticaux qui serviront d'écran pour
l'analyse et l'interprétation des erreurs vérifiées dans le corpus; nous présentons, en nous
basant sur une sélection de textes grammaticaux, des observations synchroniques sur les
difficultés les plus visibles dans le processus d'apprentissage du portugais par les étudiants.
Cette esquisse inclut non seulement des difficultés d'ordre phonétique et phonologique,
morphologique, syntaxique et sémantique, mais aussi les problèmes relatifs à la perception de
10

la tonalité émotive ou affective dans les substantifs et adjectifs qualificatifs. A la fin de ce
premier point, nous proposons un bref lexique usuel constitué par une relation d'expressions
et mots portugais et leurs équivalences « dénotées» en français.
Dans le deuxième point de ce deuxième chapitre, en comptant avec la contribution de
l'approche structuraliste, dans une conduite contrastive, nous procédons à l'analyse et
interprétation proprement dite des fautes et problèmes relevés dans le corpus.
Enfin, dans le troisième et dernier chapitre, à la lumière des difficultés et des contextes
socio-culturel et linguistique sous-ja'Scents, nous proposons une stratégie de l'enseignement
qui, malgré toute l'attention et l'ardeur que nous consacrons à sa formulation, et l'engagement
que nous prenons de la soutenir, nous ne pouvons, d'aucune manière juger définitive.
..
Il

CHAPITREI
CONTEXTUALISATION:
UN
APERCU
LA
SITUATION
LINGUISTIQUE
EN
"-
COTE D'IVOIRE
[2

1. PANORAMA LINGUISTIQUE DE LA CÔTE D'IVOIRE
A l'image des autres pays négra-africains, la Côte d'Ivoire est un territoire
plurilingue.
Aujourd'hui les Chercheurs et ethnolinguistes s'accordent à reconnaître J'existence
d'environ une soixantaine de langues locales qui, dans la typologie linguistique africaine,
s'inscrivent dans la grande famille Niger-Congo
Quant à la classification de cèlles-ci, comme l'indique la carte de la page suivante, ils
reconnaissent quatre sous-ensembles ou groupes relativement homogènes: Kwa (ou Tano),
Kru, Gur et Mandé.
Le groupe Kwa, localisé au Centre et au Sud-Est du pays, est composé de 17 langues:
Le groupe Kru, au Sud-Ouest, comprend 18 parlers:
Le groupe Mandé, dans les régions Nord-Ouest, Centre-Nord et Centre-Ouest ,compte
18 langues.
..
Quant au groupe Gur, il se situe au Nord de la Côte d'Ivoire et il comprend 4
principaux parlers.
13

LES
QUATRE
GROUPES
LINGUISTIQUES
DE
LA
COTE
D'IVOIRE
.,
14

Dans ce milieu linguistiquement hétérogène où aucun parler ne semble se distinguer
démographiquement au point de s'imposer comme langue nationale officielle, le français est
le seul instrument qui garantit l'unité linguistique nationale.
Aussi, joue-t-il un rôle
indispensable dans les échanges nationaux et internationaux de tous ordres, rôle qu'aucune
langue locale n'est à même de jouer en ce moment même si le Dioula Taboussi
- variante
dialectale du Malinké - se positionne comme la langue véhiculaire locale la plus utilisée dans
le commerce nationaL L'emprise du français est telle que la Côte d'Ivoire est actuellement
portée au troisième rang des pays où l'on rencontre le plus grand nombre de journaux ou
magazines écrits en langue française (Kokora, 1983).
Dans le cadre de la politique de la promotion des langues nationales menée par le
Gouvernement, à l'heure actuelle, en Côte d'Ivoire, quatre langues nationales ont été l'objet
d'études relativement avancée; il s'agit du Baoulé (langue dominante du groupe kwa), du
Bété (langue dominante du groupe Kru), du Malinké (langue dominante du groupe Mandé) et
du Sénoufo (langue dominante du groupe Gur ).
En Août 1977, une loi portant reforme de l'enseignement avait été votée par le
Parlement. Dans son article 68, cette loi stipulait que l'université devait s'employer à:
instaurer dans ses Centres de Recherche et d'Enseignement une
politique
linguistique
nationale
,
attentive,
néanmoins,
à
la
complémentarité fonctionnelle entre le français et les langues
nationales et
15

redynamiser la pluri-disciplinarité des organes chargés de la mise en
application d'une telle politique linguistique.
Dans ce processus, l'ILA ( Institut de Linguistique Appliquée) devait jouer son rôle, à
savoir, préparer l'introduction des langues nationales dans le système éducatif en élaborant
des manuels scolaires où celles-ci seraient codifiées et décrites.
A présent, aucune langue nationale n'a encore été introduite dans l'enseignement
Cependant, se déroulent régulièrement au CERA V (Centre d'Enseignement et de Recherches
Audio-Visuelles) de l'Université Nàtionale, des cours audio-oraux hors campus de Baoulé,
Bété, Dioula et Sénoufo qui s'adressent à tous les publics
A la télévision et à la radio, des programmes d'informations et d'avis et communiqués
dans les principales langues locales sont tenus et exécutés quotidiennement sauf le Dimanche.
Dans cette société où le français constitue, comme nous l'avons dit plus haut, le canal
prépondérant de la communication et où le taux
d'analphabétisme n'est pas négligeable,
.,
surgit un autre problème sociolinguistique né de la tentative d'intégration des illettrés dans le
milieu linguistique coiffé par la langue française; il s'agit de ce qu'il est convenu d'appeler le
français de MoussaI. Dans cette dénomination, Moussa est le prototype de l'illettré ou du
,
,
villageois qui aspire à la vie urbaine.
16

2.
UN
APERCU
DE
LA
SITUATION
ACTUELLE
DU
FRANÇAIS EN CÔTE D'IVOIRE
Aucun système de communication verbale n'est pratiqué de façon uniforme au sem
d'une même communauté donnée car la société est composée de membres qui n'ont pas tous
nécessairement le même degré d'instruction, les mêmes expériences, le même environnement
familial, etc. Le français, langue officielle de la Côte d'Ivoire, n'est donc pas pratiqué de la
même manière par toutes les couche~ et composantes de la population ivoirienne.
L'usage du français dans notre pays affiche plusieurs niveaux de langue qu'il convient
de ramener à trois pour un souci de clarté pédagogique: le français de l'élite, le français
populaire et enfin, le sabir franco-africain (français de Moussa en Côte d'Ivoire) que certains
auteurs ont qualifié de petit-nègre et que l'on a parfois mis en rapport avec le français des
tirailleurs de l'époque coloniale.
Le français de l'élite est celui des intellectuels ou cadres. II est a priori parfait du point
de vue de la norme grammaticale et parlé par une minorité de la population. Il diffère
légèrement du français de France par la réalisation phonétique de certaines lettres; nous
citerons, à titre d'exemples, les lettres e et r:
Remarquer [remarke] chez nous,
[RamaRke] en France.
1 CONFEMEN (Conférence des Ministres de l'Education des états d'Expression française)- 1986. Promotion et
intégration des langues nationales dans les systèmes éducatifs: bilan et inventaire- Paris, H.Campion,pp149-
17

Le français populaire, pour sa part, est la variété parlée dans les rues et marchés des
grands centres urbains, en général par ceux qui n'ont pas un niveau d'études élevé.
Quant au sabir franco-africain ou français de Moussa, il se définit comme le français
forgé par les illettrés dans leur laborieuse tentative de parler le français, une langue qu'ils
n'ont pas l'habitude d'utiliser dans leur vie quotidienne et dont ils ignorent complètement les
structures grammaticales.
A ce propos, écrivait Laurent Duponchel (1974 p48) :
« Un africain illettré tente de parler français alors qu'il n'a dans
cette langue qu'un bagage lexical réduit et qu'il ignore les règles
de combinaisons qui régissent la phrase française: il calque la
phrase qu'il veut française sur la structure spécifique de sa
langue» .
De nos jours, il existe assez de recherches en cours et quelques travaux spécifiques
déjà conclus2 qui touchent plus exhaustivement à la situation générale du français en Côte
d'Ivoire et particulièrement à celle du français de Moussa et c'est pourquoi, ici, nous ne nous
y attarderons pas. Nous tâcherons d'émettre ou de reprendre, à titre indicatif, quelques
informations sommaires sur ses aspects phonétique, lexicologique, morphologique et même
syntaxique
afin que le lecteur soit situé sur le milieu dans lequel baignent la plupart des
apprenants en vue d'une meilleure perception d'une partie de l'origine des fautes observées
dans le corpus. Rappelons ici que, même si le français de Moussa ne constitue pas la langue
165
2 A la bibliothèque de l'ILA, il existe un répertoire assez étoffé de travaux relatifs à cet sujet.
18

de travail des étudiants, il influe quelques fois, tout comme le français populaire, sur leur
niveau de langue par le biais des interactions sociales.
Voici une phrase. « Mais bandécon 1 ya trop de fous dont que 1 cirquile ms dans
Abidjan, à l'hère actièle» (ID n0955, 1989)
Sur le plan phonétique, nous notons dans la phrase l'absence de certaines unités
sonores telles que la voyelle fermée [11] et la semi-voyelle [œ]
Aussi, constatons-nous que ....cirqude, nis, actièle et hère sont le résultat de la
transformation des termes circule, nus, actuelle et l 'heure par Moussa.
Les phonèmes ci-dessus cités ont été respectivement assimilés à Iii et à /E/.
Toujours sur le plan phonétique, il convient de signaler également que dans ce sabir,
entre autres, la voyelle semi-fennée [e) est couramment assimilée à le] comme dans
*Je pé au lieu de Je peux
·0
* je vé au lieu de Je veux
Sur le plan lexicologique, nous remarquons que les apports sont de plusieurs origines
dont nous ne retiendrons seulement que deux ici, pour illustrer notre propos.
Les langues locales; exemple. le bara-gnini qUI vient des mots
malinkés bara ' travail' et gnini ' chercher'. Ce mot composé
désigne' le travailleur occasionnel'.
19

Les actualités et évènements socio-économiques; par exemple le
mot groto se réfère génériquement à toute personne qUI détient
quelque pouvoir économique ( ou politique) dans la société
Pour illustrer l'aspect morphologique, dans un premier temps, nous retournerons à
notre première phrase pour retenir le deuxième mot: handécon
C'est un terme qui est né de l'expression française « bande de cons)} et dans lequel
nous
remarquons
une
applicatiOfl
inconsciente
du
principe
d'économie
linguistique
matérialisée par la transformation de J'expression toute entière en un seul mot, tout en
respectant plus ou moins la musicalité de celle-ci.
Dans un second temps, nous citerons un autre terme: toussite « tout de suite)}
souvent avancé par les illettrés et dans lequel l'on voit se répéter le même phénomène
d'agglutination inhérent à l'utilisation instinctive du principe d'économie linguistique.
En abordant enfin l'aspect syntaxique de la langue de Moussa, nous soulignerons trois
manifestations parmi tant d'autres:
l'effacement systématique de l'article;
ex : 11 afait acident;
20

- l'amalgame ( Hattiger,lL 1983,p75) fréquent de J'article dans une
séquence qui pourrait être représentée comme suit.
possessif + article + nom
ex : Donne-moi mon l'argent.
la fréquente postposition de l'article la ou de la particule aux
substantifs;
ex : femme-la; voiture-la; la femme-là; le type-là.
Plusieurs hypothèses tentent d'expliquer ce dernier phénomène et son origine
mais des difficultés surgissent toujours lorsqu'il s'agit d'en cerner définitivement le
statut.
Dans l'approche faite par
G. Herault (1968 p99), liai est présenté comme
jouant le rôle d'une « particule de ponctuation» et « d'emphatique mineur ». Pour
Jean Louis Hattiger( op.cit.) c'est un phénomène qui pourrait jouer le rôle d'une
..
« particule de thématisation» telle qu'il en existe dans les langues des locuteurs
puisque liai se place
«
très fréquemment
après les constituants nominaux
thématisés». Cependant, ajoute-t-il avec réserve, ces différentes explications « sont
,
,
loin de répondre à tous les problèmes posés» par lai ; il y a donc lieu d'admettre
que lIai puisse se prêter à d'autres explications.
A notre avis, le problème du morphème lIai pourrait également être considéré
sous l'angle de l'analogie. Il est la conséquence de la reproduction des structures
21

syntaxiques liées aux langues locales qui sont les modèles sur lesquels les locuteurs
construisent généralement les nouvelles réalités linguistiques. Nous savons que tout
apprentissage linguistique s'opère par comparaison et/ou par superposition du nouvel
acquis en rapport avec le ou les anciens. La polyglotie n'est donc pas un frein mais
plutôt un avantage dans l'étude des langues étrangères. L'apprenant construit toujours
la nouvelle réalité linguistique sur celle qu'il a déjà intégrée et lorsqu'il en a plusieurs,
le processus d'apprentissage se développe plus rapidement, la conscience étant déjà
pourvue de modèles antérieurs sur lesquels la nouvelle réalité linguistique se calquera.
Il est vrai qu'à l'heure actuelle la plupart des travaux réalisés sur le français
dans notre pays ont été menés dans une perspective sociolinguistique ou ont porté, en
général, sur les particularités lexicales de celui-ci, les travaux sur la syntaxe et la
morphologie étant rares. Poursuivant notre tentative d'explication la fréquente
postposition de /Ia/ ( article ou particule de thématisation ) nous continuerons de nous
appuyer sur le contexte ethnolinguistique des locuteurs.
La division anthropomorphique de J'univers n'est pas exprimée dans nos langues
locales par l'article. Par ailleurs, l'article même n'existe pas en tant que catégorie autonome,
séparée. Le genre du substantif est, selon le cas ou la langue, soit indiqué par le ton, soit
inclus dans le contenu sémantique-même du nom ou exprimé à l'aide d'une particule
postposée à celui-ci. D'autre part, l'adjectif qualificatif ou le numéral cardinal ne précèdent
jamais le substantif. Par exemple, en dioula, muso signifie 'femme(s)' et sawa 'trois'. Muso
sawa 'trois femmes' donnerait littéralement * 'femmes trois'. Quelles conclusions partielles
pouvons-nous tirer de ce fait?
22

Il ressort que l'illettré, animé consciemment ou inconsciemment par une préoccupation
syntaxique (celle de la nécessaire postposition de certaines catégories spécifiques au nom),
établit la relation; et comme il n'y a pas nécessairement coïncidence entre les mots
grammaticaux du français et ceux de sa langue maternelle, notre locuteur commettra des
erreurs graves en ramenant automatiquement la structure syntaxique à celle du modèle que
constitue sa LI J .
Laurent Duponchel ( op.cil.) avait, en son temps, souligné avec beaucoup d'intérêt,
cette application du modèle linguistique maternel au français par l'illettré qui ne cherche pas
nécessairement à savoir si les règles de la combinaison des mots dans la phrase française
exigent une autre structure.
De notre tentative d'explication du phénomène liai, naît une autre question: Pourquoi
nos illettrés n'util isent-ils pas aussi le morphème 119 1 quand on sait que le va de pair avec
la ?
La préférence exclusive du /lai se comprend facilement lorsqu'on imagine la difficulté
que pose au locuteur la prononciation de le à cause de la présence de la voyelle sémi-fermée
[9]. Il est donc plus économique pour lui d'opter pour liai dont la production exige moins
d'effort.
Pour clore cette discussion relative au français de Moussa, nous dirons que la liste des
exemples est inépuisable et que même dans certaines œuvres littéraires actuelles, des auteurs
recourent à des expressions issues de ce sabir en vue de conférer à quelques passages (surtout
3 Le concepl d'article français, par exemple, n'esl pas nécessairemenl connu par celui-ci car il ignore d'ailleurs
cette catégorie en tant que telJe.
23

des dialogues) une portée populaire Aussi, le théâtre populaire ivoirien, dans sa recherche
d'atteindre non seulement les lettrés mais aussi le public illettré, privilégie de plus en plus,
aujourd'hui, le français de Moussa.
Ainsi, se trouve brossé le contexte linguistique ou sociolinguistique dans lequel
s'exécutent l'enseignement et l'apprentissage de langue portugaise dans notre pays. Cette
spécification préliminaire nous permettra certainement de mieux comprendre les cause et
nature des problèmes vérifiés dans le corpus.
24

CHAPITRE II
ANALYSE
ET
INTERPRETATION
DES
PROBLEMES
SYNTAXICO-
SEMANTIQUES
OBSERVES
DANS
L'APPRENTISSAGE DU PORTUGAIS
,...
EN COTE D'IVOIRE.
2.5

1.CONSIDERATIONS
PRELIMINAIRES
SUR
LA
LANGUE PORTUGAISE.
Dans ce sous-chapitre, nous passerons délibérément sous silence les considérations
diachroniques ou historiques de cette langue néo-latine pour ne nous en tenir qu'à celles liées
à l'aspect diatopique ou géographique et aux conséquences qui découlent de celui-ci.
Cette attitude ne doit, en aucun cas, être interprétée comme l'expression d'une éventuelle
négligence de la non moins impor1.'ante histoire de la langue portugaise de notre part, mais
plutôt comme la manifestation de notre préoccupation essentiellement tournée vers le
processus de la délimitation des priorités didactico-pédagogiques immédiates.
Actuellement, l'espace que couvre la langue portugaise est assez vaste. Le portugais est
parlé sur tous les continents. Outre le Portugal en Europe, le portugais est la langue nationale
du Brésil en Amérique du Sud. En Afrique, il y al' Angola, le Mozambique, le Cap Vert, la
Guinée Bissau et le Sao Tomé et Principe où il constitue la langue véhiculaire officielle. En
..
Asie, le portugais se conserve officiellement sur l'île de Macao et enfin, en Australie, il est
parlé dans la partie orientale de l'île de Timor.
Du point de vue démographique, la langue portugaise occupe aujourd'hui la cinquième
place parmi les langues du monde, avec plus de 150 millions de locuteurs ( Mira Mateus,
1983 p20)
26

En parlant de cette diffusion de la langue à travers le monde et du classement des
dialectes sous-jascents, le philologue portugais Leite de Vasconcellos ( 1970) distingue trois
groupes:
les dialectes continentaux,
les dialectes insulaires et
les dialectes d'outre-mer.
C'est justement dans cette dernière modalité qu'il classe le portugais du Brésil, la
variante que nous avons choisiecomme base de notre analyse.
Pour que le lecteur puisse mieux nous SUivre, il convient que nous en vOYions, à
présent, quelques unes des spécificités ou différences par rapport au portugais du Portugal
Dans un souci de simplification, nous rangerons ces différences
sous trois points
fondamentaux: phonétique, syntaxique et lexicologique.
.>
27

2.QUELQUES DIFFERENCES ENTRE LE PORTUGAIS
DU BRESIL ET CELUI DU PORTUAL
2.1. Quelques différences phonétiques.
A ce propos, écrivait le brésilien Gladstone Chaves de Mello (1975,p 119),
« Nos frères de l'autre côté de l'Atlantique parlent plus
rapidement avec beaucoup plus d'énergie, marquant le contraste
entre les syllabes toniques, tandis que nous, parlons lentement,
plus posément, distribuant à un rythme pendulaire, sur la chaîne
parlée, la tonicité ou semi-tonicité et l'absence d'accent. .. »
Cette observation de Gladstone se réfère visiblement à l'existence de différences et
même de divergences phonétiques entre le portugais parlé au Brésil et celui du Portugal.
Nous allons en énumérer quelques unes parmi celles qui nous paraissent les plus
saillantes.
a). Les lettres
e et 0 se prononcent normalement lei et loi au Brésil tandis qu'au
Portugal, le e s'assourdit et le 0 se prononce lui.
28

Exs: coraçào 'cœur' et redaçào 'rédaction' se lisent respectivement c/o/raçào et
r/e/daçào au Brésil mais c/u/raçào et ri' Idaçào au Portugal.
b) Au niveau de la prononciation des voyelles toniques suivies de consonnes nasales, il
y a des différences.
Prenons par exemple cama 'lit' et Antonio' Antoine'.
Au Brésil, le a ou le 0 qui précèdent m ou t1 se
nasalisent nécessairement et se
prononcent lai et lôl alors qu'au POI1ugal, leur exécution se fait normalement sans nasalisation
c/a/ma, Ant/o/nio.
c). Pour ce qui est de la représentation sonore de la lettre l, il Y a semi-vocalisation de
celle-ci au Brésil lorsqu'elle est en position finale dans le mot ou lorsqu'elle se situe entre une
voyelle et une consonne à l'intérieur d'un vocable. Au Portugal, dans de tels cas, il y a
vélarisation. Par exemple, les mots mil 'mille' ou salvar 'sauver' sont
prononcés mi/wl et
Isa/w/var au Brésil, puis mi/fl et saA-/var au Portugal.
4
d).Enfin, quant aux sifflantes finales ( de syllabe ou de mot), de façon générale elles
ne se palatalisent pas au Brésil tandis qu'au Portugal, elles se palatalisent nécessairement.
Par exemple, les mots mesmo 'même' et caros ' chers' se lisent respectivement
me/z/mo et carolsl au Brésil, mais melf Imu et carulf 1au Portugal.
4 Notons cependant que les états de Rio de Janeiro,Maranhào et quelques autres du Nord-Est du Brésil
constituent une exception à cette règle.
29

Au vue de ces différences, certains linguistes et philologues européens ont vite fait de
qualifier de dialecte le portugais du BrésiL Le portugais du Brésil, rétorquent les brésiliens,
n'est pas un dialecte, il est pour le Portugal, ce que l'anglais des Etats-Unis est pour
l'Angleterre.
2.2. Quelques différences syntaxiques
Sur le plan syntaxique, les divergences sont moindres. Elles se limitent à quelques
points seulement, parmi lesquels nous retiendrons deux à titre d'exemple.
a). L'utilisation et l'emplacement des pronoms personnels:
Ex: Ele viu ela 'il l'a vue' est une phrase qui peut très bien se dire au Brésil alors
qu'au Portugal, elle se révèle maladroite. Dans l'ex-métropole, il faut plutôt dire Ele
vill-a ou bien ele a viu.
b). L'utilisation des prépositions.
Au Brésil, on dit, et cela ne constitue pas une faute grave, vou na chiade' je vais en
ville' alors qu'au Portugal, l'unique forme acceptée est vou à cidade.
2.3. Sur le plan lexicologique.
30

C'est à ce niveau que 1'on retrouve les plus importantes différences entre le portugais
du Portugal et la variante brésilienne. En effet, le Portugais du Brésil a bénéficié, sur le plan
lexicologique, de plusieurs apports tels que les indianismes ou tupinismes et les africanismes.
2.3.l.Les indianismes ou tupinismes
De son long contact avec les langues amérindiennes, le portugais n'est pas sorti sans
traces car, aujourd'hui, l'on compte en son sein, des centaines de mots qui représentent une
immense contribution de la langue indigène Tupi . Et ce vocabulaire nouveau, retorque
...
Gladstone chaves de Mello (op.cit.p45) rejoignant les propos de l'ethnolinguiste américain
Edward Sapir (1961) est en rélation étroite avec le milieu brésilien.
Dans la toponymie brésilienne, des noms comme maraeanà, l(juea et pavuna sont
irréfutablement indigènes et constituent des emprunts lexicaux de grande valeur.
L'anthroponymie, quant à elle, n'est pas restée en marge de ce phénomène et elle s'est
aussi, enrichie de noms propres tels que [ara, !racema, .furaei etc.
,.
Dans la flaure et la faune, on note également la présence de tupinismes qui s'illustre
par des noms comme abaeaxi 'ananas', mandioea 'manioc' eapim 'herbe sauvage' sabia
'ornith' etc.
2.3.2. Les africanismes
31

On compte également, dans le lexique du portugais du Brésil, des africanismes en
grande partie d'origine bantou ou nago-yoruba.
Ceux-ci se réfèrent en général à des entités surnaturelles, à des pratiques religieuses, à des
entités surnaturelles, ou à des mets.
Comme exemples, nous pouvons citer les noms Orixa 'dieu', Ogum, Xangô (deux
divinités), Candomblé (une religion afro-brésilienne), acarajé, vatapa, Juba ( trois plats
particulièrement appréciés par les divinités du Candomblé) et même des verbes comme xingar
'insulter' , coxilar 'somnoler' etc.
Pour clore ce point, nous indiquerons que les africanismes se vérifient aussi, mais en
nombre relativement faible, dans l'anthroponymie ( ex ; Dunga) et la toponymie (ex; Catetes)
brésiliennes.
2.4. Conclusion
.,.
En dépit de toutes les différences que nous venons de relever, il faut retenir que le
portugais du Brésil n'est pas très différent de celui du Portugal. Il n'y a pas d'opposition
majeure et encore moins de divergences au niveau des principales catégories linguistiques.
L'alphabet, les nombres, la conjugaison, les mots grammaticaux ( pronoms, articles,
adverbes, adjectifs, prépositions, conjonctions etc.) , le genre grammatical, les règles
grammaticales, l'emploi des modes et des temps, la structure de la phrase etc.
sont
32

exactement les mêmes aussi bien au Portugal qu'au Brésil et c'est pourquoi le brésilien lit et
comprend aussi bien les œuvres de Luis de Camàes, Oil Vicente ou Fernando Pessoa
(écrivains portugais) que celles de ses compatriotes Machado de Assis, Mario de Andrade ou
Joao Guimaraes Rosa (in Silveira, 1983,p293) .
3.
ESQUISSE
CONTRASTIVE
DES
PRINCIPALES
DIFFICULTES
DU
TRAJET
PORTUGAIS-FRANÇAIS
ET
VICE-VERSA.
Il Y a des points qui, pour des raisons diachroniques et pour des raisons synchroniques,
sont générateurs de problèmes pour un francophone dans son apprentissage du portugais.
L'étudiant ivoirien ( ou de l'université de Côte d'Ivoire), en consultant un livre de
grammaire, peut apprendre les diverses possibilités de réalisation du portugais mais il ne saura
pas nécessairement ce qui est norme au Brésil ou au Portugal, ce qui est attendu et même
obligatoire selon le contexte.
Notre premier objectif ,dans cette esquisse contrastive, est justement de montrer les
aspects obligatoires du portugais comparativement au système français, en indiquant le
mécanisme générateur de problèmes de pratique orale et écrite.
33

Notre deuxième objectif vise à établir un écran sur lequel nous fairons la projection du
prochain point de ce chapitre, à savoir l'interprétation et l'analyse des erreurs contenues dans
les exercices.
Cette esqUisse s'articule autour de cinq points: les plans phonético-phonologique,
morphologique, syntaxique et sémantique puis un lexique usuel dans lequel nous réunissons
quelques expressions lexicales et proverbiales portugaises avec leurs équivalences en français.
3.1. Plan phonético-phonologique
Nous avons constaté une fréquente confusion dans les deux représentations sonores de
la consonne r en portugais; quand la prononcer !R 1ou Irl ?
fRJ quand elle se trouve en position initiale dans le mot;
ex : rata 'rat'
!Ratol
* Iratol
ou quand elé est doublée à l'intérieur du terme comme
dans carro 'voiture' IkaRol */karol et
bUTTO 'âne' /buRol */burol
Irl dans le reste des cas;
ex: francés 'français' Ifracesl ; partir 'partir, aller, diviser' Ipartirl
En français ( en faisant allusion au français parlé en Côte d'Ivoire), dans les cas ci-
dessus cités, la lettre r se prononce de la même et seule façon Irl et c'est ce qui fait que les
étudiants commettent l'erreur de prononciation en portugais.
34

1
1
1
Il ya aussi des difficultés dans la prononciation des.
1
-diphtongues nasales - ao lâwl , àe 1âj 1 ;
1
ex: pao Ipaw/' pain', mae Imajl ;
1
- triphtongues nasales - uao luaw l, -oao 1 oâw l, -eao leâw 1 et -iao liâw 1;
ex : saguao 1 saguâw l' vestibule'
JoaD 130âw l ' Jean'
Leao Ileâw l' lion' et
....
Regiào 1Re,iâw /.
Ces difficultés sont naturellement dues à l'absence de ces diphtongues et triphtongues
nasales en français.
Au niveau de la réalisation sonore de
é/ê, on remarque une divergence entre le
français et le portugais, ce qui justifie les fautes d'intonation de la lettre e chez les étudiants.
Ils prononceront généralement les é et ê portugais *lei et * 1f,1 comme en français au lieu de
1 f, 1 et 1 e 1 respectivement. Cette inversion est due au fait qu'en français, lorsque la lettre e
porte un accent aigu (é) ou un accent circonflexe (ê), elle se lit lei ou 1f,/. En portugais, c'est
plutôt le contraire. Il faut lire él f, 1 et ê lei et c'est pourquoi on dira.
você Ivose/' tu, toi', José 1}OlF. l 'Joseph, José' et non
* 1VOSf, l, * 1Joze/.
C'est une divergence très délicate qu'il faut bien assimiler et maîtriser.
35

En français aussi, la dernière syllabe - à moins que ce soit un e muet - d'un mot,
d'un élément de la phrase ou d'une phrase est presque toujours accentuée
Ex : la maison;
Le gardien voudrait sortir.
Pour cette raison, les étudiants tendent à rendre oxytons la plupart des mots portugais,
même si ceux-ci sont normalement paroxytons. On voit alors l'abondance de cacopées c'est-
à-dire, d'erreurs de prononciation qai résultent de l'emplacement anormal ou du déplacement
de l'accent tonique;
Ex: *dificil au lieu de dificil ' difficile'
3.2. PLAN MORPHOLOGIQUE
3.2.1. Le genre
La tendance à établir l'analogie des genres dans les deux langues constitue la
principale cause de la plupart des fautes liées à cette catégorie grammaticale.
L'étudiant aura par exemple tendance à considérer les mots portugais terminés par -
gem (ex: viagem, passagem, garagem, mensagem, massagem) comme masculins et ceci, par
analogie avec le genre de leur synonyme ' voyage, passage, garage, message, massage) en
français.
36

La confusion du genre se manifeste également dans le cas de obrigado ' merci'.
Contrairement à ce qui se passe en français où merci est invariable, son synonyme en
portugais peut prendre la marque graphique du masculin ou du féminin selon le sexe de celui
qui remercie. Ceci étant, la femme dira toujours ohrigada 'merci'et l'homme ohrigado
'merci' .
3.2.2. La pluralisation
Le processus de pluralisation n'est pas du tout resté en marge des difficultés qUI
reviennent régulièrement.
Si en français, le pluriel des mots s'obtient généralement par l'ajout d'un s à ceux-ci,
en portugais, la pluralisation présente certaines complexités supplémentaires.
a)
Au niveau des mots terminés par la diphtongue nasale - ao, à part ceux qui font
leur pluriel par simple ajout du s , il yen a d'autres parmi lesquels:
.•
- les uns font leur pluriel en - aes ;
ex: pào 'pain' - paes' 'pains', ciio' chien' - dies 'chiens'
-certains en - oes ;
ex :fraçao 'fraction' - fraçoes 'fractions'
- d'autres possèdent un pluriel triple;
37

ex: vulcào 'yolcan' - vulcôes, yulciis, yuldies 'yolcans'
b)- Le pluriel des mots terminés par les nasales -em, -im, -om, -um s'obtient par la
transformation du -m en -ns;
exs:.fim'fin' - fins
som 'son' - sons 'sons'
atum 'thon' - atuns 'thons'.
Bem 'bien' - bens 'biens'
c)- Hormis quelques exceptions ( comme mal 'mal' - males 'maux' , cônsul 'consul'
- cônsules 'consuls'), les mots terminés par -al, -01 et -ul obtienn~ leur pluriel par
la transformation du -1 en -is;
ex:
sai 'sel' - sais 'sels'
amo! 'hameçon'
- anzois ' hameçons'
sul 'sud' - suis' suis'.
..
d) Pour ceux qui ont un singulier en -il, le pluriel yarie selon la tonicité ou l'atonicité
de ceux-ci:
- les mots terminés par -il tonique donnent le pluriel en -is tonique.
Ex :funi!' antonoir'
- funis ' antonoirs'
38

- Les mots terminés en -il atonique ont le pluriel en -eis atonique.
Ex: réptil 'reptile' - répteis ' reptiles'
Pl'ojétil' projectile' - prcijéteis 'projectiles'
e) En ce qui concerne les substantifs composés, il n'y a pas de difficultés
insurmontables chez les étudiants car, de même qu'en français, le premier élément
demeure invariable (s'il est un verbe) et le second prend la marque du pluriel;
ex : porta-bandeira ' porte-drapeau'
pol'ta- bandeiras ' porte-drapeaux'
3.2.3. La préposition: contraction
Certaines prépositions telles que pOl' ' pour, par',
a' à' et em ' sur, dans, en, à',
lorsqu'elles sont suivies par l'article défini 0 'le' ou a 'la', s'unissent à celui-ci pour former
un seul vocable.
Ex : pOl' + 0 = pelo ' par le, pour le' ;
pOl' + a = pela' par la, pour la'
a + a = à 'à la'
a + 0 = ao' au'
em + 0 = no ' dans le, sur le, au '
em + a = na ' dans la, sur la, à la'
39

En français, ce n'est pas nécessairement le cas pour les mêmes prépositions. Et c'est
pourquoi l'étudiant dira parfois
E'u es/ou *em a sa/a, eu es/ou *em () men'ado au lieu de
Eu es/ou na sa/a' je suis dans la salle', eu eS((}f( no mercado ' je suis au marché'
3.2.4. Le pronom
3.2.4.l.Les pronoms personnels sujets:
En portugais, les pronoms personnels sujets peuvent être omis sans que cela crée
d'ambigüité dans la compréhension de la phrase.
Ex : Coma banana ' je mange de la banane' = Eu coma banana ' je mange de
la
banane'
Come arroz ' il mange du riz' == E/e come arroz ' il mange du riz'
En français, la mention des pronoms personnels sujets est obligatoire et c'est
ainsi que les étudiants, surtout les débutants, insistent à les utiliser par analogie, abusivement,
surchargeant inutilement les phrases qu'ils construisent.
3.2.4.2. La traduction du pronom indéfini ON.
En portugais, l'indéfinition se rend de trois manières:
40

avec le syntagme a gente;
ex : A gente sabe ' on sait'
A gente jala .... ' on parle.
avec la particule se ; dans ce cas, le verbe s'accorde en nombre avec
le complément d'objet direct.
ex : canstroem - se casas' on construit des maisons'
Perde-se dinheiro ' on perd de l'argent'
avec la forme impersonnelle et indéfinie comme dans les phrases
Vive-se bem 'on vit bien'
Vivem-se bem ' on vit bien'
3.2.5. L'Adjectif
3.2.5.1.Le possesssif.
Ex : A sua màe a chama 'votre mère vous appelle'
Dé-me a seujamal' donnez-moi votre journal'.
Dans ces deux exemples, les possessifs sua et seu sont respectivement précédés des
articles a 'la' et a 'le' qui ici, servent simplement à « embellir» la phrase ou en d'autres
41

termes, à conférer au possessif une certaine emphase. En français, ce genre de construction
(article + possessif + nom) - parfaitement normal en portugais - est agrammaticale.
3.2.5.2.Les numéraux cardinaux.
En portugais, quelques cardinaux s'accordent en genre avec les termes auxquels ils
sont liés. En français, ces mêmes adjectifs restent invariables en genre. il s'agit de dois 'deux'
et des centaines à partir de duzentos 'deux cents' inclus.
;..
En portugais, on dira normalement:
Dois homens 'deux hommes'
Duas mulheres 'deux femmes' et
Duzenlas moças 'deux cents jeunes filles' mais jamais
*dois mulheres ou
* duzentos moças.
3.2.6.Le Verbe
..
3.2.6.1. Les temps et les périphrases verbales.
3.2.6.1.1. Les temps verbaux.
Au niveau des temps verbaux, il y a des difficultés engendrées, soit par la divergence
et lou les déphasages quant à la correspondance de ceux-ci d'une langue à une autre, soit par
la fréquence relative de leur usage dans chaque langue.
42

A ce propos, nous en présenterons ici, de façon très résumée, troi s : il s'agit du passé
simple de l'indicatif, du plus-que-parfait de l'indicatif et du subjonctif imparfait.
3.2.6.1.1.1. Le passé simple portugais traduit par le passé composé en
français.
En français courant, de nos jours, on utilise de moins en moins le passé simple qui se
voit progressivement remplacé par le passé composé.
Le portugais au contraire, utilise le passé simple avec plus de rigueur et il n'hésite pas
à l'appliquer, à l'oral ou à l'écrit, toutes les fois qu'il veut exprimer une action réalisée à un
moment complètement passé.
Le passé simple portugais est le temps qui, le mieux rend l'idée des actions exprimées
par le passé composé français. On traduira alors couramment le passé composé français par le
passé simple portugais; cependant, les étudiants ne semblent pas encore avoir compris cela
puisqu'ils reproduisent en portugais, le syntagme du français:
Avoir (au présent de l'indicatiO + participe passé
Ex: Meu irmào lem viajado ' mon frère est parti en voyage'
Minha irmà ha viajado ' ma sœur est partie en voyage'
43

3.2.6.1.1.2.. Le plus-que-parfait de l'indicatif
En portugais, ce temps présente deux formes courantes:
la simple; ex : Ele viajara ' il était parti en voyage'
la composée; ex : Ele tinha viajado ' il était parti en voyage'
En français, le plus-que-parfait de l'indicatif a une seule et unique forme; celle-ci est
assez proche de la forme composé portugaise et cela fait que la tendance de nos étudiants est
d'utiliser à peine la composée en portugais et ce, par analogie.
3.2.6.1.1.3. L'imparfait du subjonctif.
Ce temps est très fréquemment utilisé en portugais. Son importance est davantage
accrue dans les cas de concordance des temps comme nous le verrons dans le point 3.3.3.
'.
En français, ce temps s'est pratiquement dissipé, car aujourd'hui on le voit confiné à
peine dans la langue littéraire et surtout pour des finalités stylistiques ( Chevalier, Jean-
Claude et alii, 1964, p361).
Une des multiples causes de cette disparition progressive serait, selon Chevalier
(op.cit.), la non fixation des complexes règles de concordance des temps en français par les
locuteurs.
44

Actuellement, l'imparfait du subjonctif français a été pratiquement assimilé au présent
du subjonctif. C'est pourquoi, en lieu et place de Je voulais.qu 'il vint, l'on peut tranquillement
dire aujourd'hui Je voulais qu'il vienne sans que cela ne constitue une faute grave. En
portugais, ces deux formes ne sont pas du tout assimilables et chacune obéit à des règles
spécifiques.
3.2.6.1.2. Les périphrases verbales
Une des tendances caractéristiques des langues romanes est la périphrase (Coseriu,
1977, pp 231-263). D'ailleurs, en n?montant au latin, nous nous en rendons aussitôt compte.
La différence entre les langues néo-latines par rapport à la question de la périphrase est la
variation de celle-ci d'une langue à une autre. Le portugais, par exemple, privilégie certaines
formes et le français, d'autres.
Par exemple, Viajei et Tenho viajado sont deux structures qui veulent dire la même
chose en français (' je suis parti en voyage') mais qui ramènent à des sens complètement
différents en portugais où la deuxième construction contient une nuance
d'insistance et de
réitération Tenho viajado signifie' je suis effectivement / assez souvent allé en voyage'.
Pour illustrer davantage nos propos, nous allons prendre quelques exemples de
périphrases verbales
parmi les plus courantes; nous les diviserons en trois classes selon
qu'elles s'obtiennent avec l'infinitif, le participe présent ou le participe passé.
3.2.6.1.2.1. Avec l'infinitif
45

Voltar a + infinitif ' re + infinitir
C'est la forme utilisée en portugais pour exprimer la répétition (aspect réitératif). En
français, cette forme n'a pas d'équivalent lexicalisé; elle se rend par le suffixe re- ou bien
par l'adjonction de l'expression' de nouveau'/' à nouveau' à l'infinitif
Ex : Voltou a varrer 'il a rebalayé/ il a balayé de nouveau'
Acabar de + infinitif' venir de + infinitir
Elle exprime l'aspect terminatif et équivaut à la périphrase française' venir de +
infinitif.
Ex: Acaba de chegar ' il/elle vient d'arriver'
Eles acabaram de almoçar ' ils/elles viennent juste de dejeûner'
3.2.6.1.2.2. Avec le participe présent.
Estar + participe présent
Cette périphrase expnme l'aspect duratif ou fréquentatif en portugais. En
français, par manque d'équivalence propre, elle correspond à l'expression
être en
train de + infinitif.
Ex : Es/amos comendo ' nous sommes en train de manger'
46

Andar + participe présent expnme un mouvement ou une action qUI se
prolonge sans direction fixe et indique un aspect fréquentatif
Ex : Ele allda procurando seu livro ' il est en train de chercher son livre'
Vir + participe présent est une périphrase qui indique, hormis la durée, que
l'action a commencé à une période de temps passé. Parmi tant d'autres nuances, elle
exprime aussi l'insistance.
Ex : Faz tempo que de vern pesquisando sobre este tema
, il Y a longtemps qu'il fait des recherches sur ce thème'.
Ir + participe présent
expnme l'idée de progressIOn, de développement et a
généralement un caractère duratif. En français, cette périphrase est exprimée par' peu à peu'.
Ex : As nuvens iam cobrindo 0 céu
Les nuages couvraient peu à peu le ciel'
..
Parfois, la construction est renforcée par des expressions comme aos poucos ' petit à
petit', cada vez mais' de plus en plus'.
Ex: Ele ia se tomando cada vez mais forte ' il devenait de plus en plus fort'
la melhorando 0 seu rendimento aos poucos ' petit à petit, il améliorait son
rendement.
47

3.2.6.1.2.3. Avec le participe passé
Parmi les périphrases verbales formées avec le participe passé en portugais, celle qui
retiendra le plus retenir notre attention est Ter + participe passé.
Celle-ci, dans sa forme pure, suggère simultanément quatre aspects: le duratif,
réitératif, fréquentatif et accumulatif Cette construction peut être utilisée pour marquer la
persistance d'une action déjà réalisée.
Ex: Tenho lido este livro vanas vezes ' J'ai plusieurs fois lu ce livre'
3.2.6.1.3. Ser!Estar = Etre!Etre.
Au cœur des problèmes qui se distinguent avec
beaucoup de poids, au niveau des
verbes, nous avons l'usage de ser et estar, verbes qui en français, correspondent à un seul:
être
L'emploi judicieux de ces deux verbes (auxiliaires) est l'une des compétences les plus
difficiles à acquérir en portugais par un étudiant étranger. Ces deux verbes présentent des
nuances qui doivent être perçues avec précision car leur maîtrise représente un des premiers
pas sûrs dans l'apprentissage de la langue portugaise.
L'étude du rapport entre Ser et Estar dans les langues ibériques est d'une étendue et
d'une complexité si considérables qu'elle ne pourrait se réaliser décemment en si peu de
lignes. Néanmoins, ici, nous nous efforcerons de mettre quelques brèves observations
48

susceptibles de guider le lecteur dans la compréhension et l'usage de ces deux verbes qui,
dans leur essence, sont opposés.
En général, on utilise SER , pour exprimer les caractéristiques ou qualités essentielles
d'un être ou d'une chose. Celles-ci peuvent être'
-physiques: Ela é alta' elle est grande de taille'
-morales: Você é honesto 'tu es honnête'
-matérielles: A sua pulseira é de prata ' votre/ton bracelet est en argent'
On utilise également SER pour:
désigner une profession;
ex : Meu pai é médicc) , mon père est medecin'
évoquer un numéral;
ex: Sào cinco ' ils sont cinq'.
Il Y a en outre un ensemble d'adjectifs qui, de par leur nature sémantique, exigent
toujours Ser Ce sont les adjectifs qui indiquent:
- les formes géométriques car celles-ci
sont considérées comme des notes
incorporées dans la signification même des termes
49

1
1
1
Ex : A sala é quadrada ' la salle est carrée'
A mesa é oval ' la table est ovale'
r
1
- L'appartenance à un parti ou à une réligion ;
1
ex : E republicano ' il est républicain'
1
Vocês sào calolicos ' vous êtes catholiques'
Quant à Estar, il sert non s.eulement à localiser spatialement maIs aussI il marque
l'expression des caractéristiques contingentes ou des aspects transitoires.
Ex: 0 livra esta na mesa' le livre est sur la table'
Ec;tamas tristes' nous sommes tristes'
Enfin, il convient d'ajouter que dans certains cas où la limite entre le contingent et
l'essentiel se confondent, le locuteur peut utiliser exceptionnellement l'un ou l'autre. L'usage
de Sel' ou Estal', dans une telle situation
est entièrement dépendant de la subjectivité du
locuteur. La phrase 'Elle est belle' peut se traduire en portugais par 'Ela é bonita' ou bien
'Ela esta bonita' selon que le locuteur veuille dire respectivement qu'elle est belle
(naturellement) ou ( circonstantiellement)
3.2.6.1.4. Haver 1Ter = Avoir lAvoir
50

De mème que dans le cas de Ser/Estar, malS avec mOInS d'ampleur, il y a aussI
difficulté chez les étudiants francophones devant l'usage correct de Haver ou Ter. Cette
difficulté provient principalement du fait qu'en français, il existe un seul verbe (avoir) pour
exprimer tantôt l'idée de Haver, tantôt l'idée de Ter
Quant faut-il employer alors Haver ou Ter?
Ces deux auxiliaires sont normalement utilisés dans la formation des temps composés:
Ele havia dito = Ele tinha dito' il avait dit'
Du point de vue synchronique, il est à remarquer que la tendance ou préférence des
utilisateurs est de plus en plus tournée vers l'usage de Ter, Haver étant en voie d'archaïsation
progressIve.
Enfin, Ter exprime aussi la rélation possesseur! objet possédé, ce qui n'est pas le cas
de Haver.
..
Ex : Tenha um livra' j'ai un livre'
3.3. PLAN SYNTAXIQUE
3.3.1. Solécismes de rection
Les solécismes ou fautes de rection sont dus, en général, à l'influence de français.
Ex: * Eu gasta viajar au lieu de Eu gosta de viajar 'J'aime voyager'
51

*Pensau à sua mèÎe au lieu de Pensau em/ na sua mèÎe 'il/elle a pensé à sa mère'
3.3.2. Solécismes dans la syntaxe du pronom complément atonique
Les solécismes dans la syntaxe du pronom complément atonique commis par les
étudiants se justifient par la difficulté qu'il y a naturellement à absorber totalement la
grammaire d'une langue.
En plus de toutes les règles phonologiques qui peuvent expliquer le problème de
l'emplacement de ce pronom dans là phrase, nous pensons qu'il demeure véritablement un
problème d'ouïe.
La tendance du portugais est de mettre l'accent tonique sur l'avant-dernière syllabe.
Soit les trois exemples de lexèmes trissyllabiques:
PA RE DE (parede) 'mur'
CA SA CO (casaco) 'pardessus'
ME TA DE (metade) 'moitié'
Nous prendrons maintenant la séquence suivante :..... que viu ~a ' ... qui l'a vu'; elle
peut être représentée comme une séquence de :
52

Tonique
+
Tonique
+
atonique
Que
+
Viu
+
o
Dans la réalisation sonore de la séquence, on remarque que le pronom 0 ( atonique)
disparaît presque car précédé de deux mots toniques (forts) qui l'écrasent. Pour le sauver, il
faut l'intercaler entre les deux toniques:
~o
Que
ra> Que 0 viu
+~niqUe.
Tonique
tonique
+ atonique
+ tonique
Le problème de l'emplacement exact du pronom personnel complément atonique en
portugais est donc une question de balancement de toniques et d'atoniques dans la phrase. Et
dans cette perspectivee, le pronom personnel complément atonique de la troisième personne
peut se placer avant le verbe sous les formes
0, a, os, as.
Ex: Eles 0 viram ' ils l'ont vu'
Vocês a conhecem ' vous la connaissez'
53

Eu os chamo ' Je les/vous appelle'
Ela as varreu ' elle les a balayées'
Il peut être enclitique, c'est-à-dire, placé après le verbe et lié à celui-ci par un trait
d'union, chose inexistante en français où ce pronom est toujours proclitique ( placé avant le
verbe).
Selon la terminaison du verbe, sa forme peut être:
0, a, os, as
lorsque le -verbe est terminé par une diphtongue orale ou par une
voyelle;
ex:
Comi-a' je l'ai mangée'
Joguei-osfora 'je les ai jetés'
- 10, la, los, las lorsque le verbe est terminé par -r, -s ou -z. Dans ce cas, on supprime
alors ces consonnes.
Ex: * Nao quero ver r) as donne
Nao quero vê-las ' je ne veux pas les/vous voir'
Qui( s) 0 donne Qui-Io' je l'ai voulu'
- no, na, nos, nas lorsque le verbe est terminé par une nasale.
Ex: Eles viram-nas
'ils les ont vues' au lieu de * Eles viram - as
54

Il faut enfin ajouter qu'en portugais, au futur simple de l'indicatif et au conditionnel, le
pronom complément atonique ne doit ni ne peut être enclitique; il faut procéder à sa
mésoclise, c'est-à-dire à son emplacement à l'intérieur du verbe.
Ex : Dire Transporta -fas-ei ' je les transporterai'
Transporta- fas- ia 'je les transporterais' au lieu de
* As transportarei 1transportarei-as
* As transportaria/ transportaria -as
3.3.3. La concordance des temps
La
Consecutio temporum ,dans les deux langues, présente, dans plusieurs cas, des
divergences qui sont la cause de déroutes fréquentes lorsqu'il s'agit de passer d'une langue à
l'autre et vice-versa.
Quand le verbe de la proposition principale est au présent ou au futur simple de
..
l'indicatif et celui de la subordonnée au présent du subjonctif, dans la traduction vers le
français, le verbe de la principale se maintient aux mêmes temps et mode tandis que celui de
la subordonnée se met à l'infinitif. En portugais, on dira par exemple:
Peço a Pedro que me acompanhe' je demande à Pierre de m'accompagner'
Pedirei a Pedro que me acompanhe' je demanderai à Pierre de m'accompagner'
et jamais
* Peço a Pedro de me acompanhar
55

*Pedirei a Pedro de me acompanhar
comme certains étudiants tendent à le dire couramment.
Aussi, quand le verbe de la proposition principale est à um temps du passé, celui de la
subordonnée (introduite par « que ») se met à l'imparfait du subjonctif. En français, ce n'est
pas nécessairement le cas; le deuxième verbe peut très bien être maintenu dans sa forme
infinitive.
Ex. Ped;u-me que retornasse logo' il m'a demandé de retourner tôt'
Lhe dissemos que viesse" nous lui avons dit de venir'
Dans une proposition subordonnée introduite par la cOI)jonction quando (quand) ou
par le pronom relatif que 'que, qui', l'idée du futur probable rendue en portugais par le futur
du subjonctif se traduit en français par le futur simple de l'indicatif.
Ex. -Visita-Io-emos quando chegarmos a Sào Paulo
, Nous vous/lui rendrons visite lorsque nous arriverons à Sào Paulo'
..
Fare; 0 que você me disser 'je fairai ce que tu me diras'
Se + imparfait du subjonctif en portugais, correspond à « si + imparfait de
l'indicatif» en français.
Ex. Se eufosse rico
'Si j'étais riche
Mais jamais * Se eu era rico
56

3.4. PLAN SEMANTIQUE
3.4.1. Les faux amIS
La traduction des mots par analogie phonique est aussi une des erreurs capitales que
commettent les étudiants. Dès qu'ils découvrent un mot portugais dont ils ignorent le sens
mais qui a cependant une relation homonymique avec un mot français, en général, ils
établissent immédiatement l'équivalence de signifiés. Voyons -en, dans le tableau ci-dessous,
quelques exemples.
Mots Portugais
Faux amis
Vrais sens
Propriedade
*propreté
propriété
Chato
*chat
plat
Obrigado
* le brigadier
mercI
.
Caro
*car
cher
Amao
*l'amant
la main
Procurar
*procurer
chercher
Co\\chao
*cochon
matelas
o bolo
*le bol
le gâteau
Atender
* attendre
recevOIr
57

3.4.2. L'affectivité dans les substantifs et adjectifs qualificatifs.
En dehors du langage intellectuel lié à la fonction reférentielle, il yale langage
affectif, subjectif ou émotionnel dont on se sert pour exprimer, de façon spéciale, nos états
d'âme. Ce langage, affectif, n'obéit pas nécessairement aux règles établies par la grammaire.
Dans ce paragraphe-ci, nous allons montrer les recours dont dispose la langue
portugaise pour rendre la fonction émotive dans les noms
et adjectifs qualificatifs
(diminutifs), fonction dont la perception n'est pas toujours évidente et facile aux yeux des
étudiants dans leur processus d'apprentissage.
Une pose se fait immédiatement nécessaire afin de c9ntextualiser le concept
de
fonction affective en rappelant sa place parmi les autres fonctions du langage.
Qu'entendons-nous par fonction?
La fonction peut être succinctement définie comme l'aspect dont se revêt le langage
selon l'objectif que vise celui qui l'utilise (Zélio dos Santos 1,1981,p16).
Le langage implique alors une diversité de fonctions. Elles sont nombreuses les
personnalités du monde linguistique qui ont mené d'excellentes recherches sur l'étude des
fonctions du langage. Bulher, Halliday, Martinet et Roman Jakobson en sont les plus connues.
Pour Jakobson par exemple, dans le processus communicatif, il y a six facteurs. Dans
toute communication verbale, dit-il, il y a un Destinateur qui envoie un Message à un
58

Destinataire. Pour que l'objectif du message soit atteint, celui-ci requiert un Contexte et un
Code appréhensibles par le destinataire et, finalement, un Contact. Le code est généralement
la langue dans laquelle le message a été émis tandis que le contact est le moyen ( écrit ou oral)
par lequel la communication est réalisée.
A chacun de ces six facteurs ( Destinateur, Destinataire, Message, Contexte, Code et
Contact) correspond une fonction linguistique, conformément au schéma ci-desssous :
Contexte
Fonction Référentielle
Destinateur
Message
Destinataire
Fonction Emotive
Fonction Poétique
Fonction Conative
Contact
Fonction Fatique
Code
Fonction Métalinguistique
59

L'apprentissage de toute langue doit nécessairement prendre en considération ces six
fonctions mais ici, comme le titre du point l'indique, nous porterons notre regard sur celle liée
au Destinataire ( la fonction émotive ou affective) car c'est là que beaucoup de malentendus
se font de plus en plus jour.
La tonalité affective apparaît dans les substantifs, adjectifs qualificatifs et surtout dans
certains suffixes.
3.4.2.1 Les substantifs
La tonalité émotive du substantif peut être évidente dans la désignation-même du mot.
Ex : Alegria 'joie'
Sofrimento 'souffrance'
Amor 'amour'
Le substantif peut aussi être affectif par l'association d'idées et connotations qu'il
suggère. Par exemple, le mot lagrima 'larme' est un substantif qui comporte les idées de peur
ou de tristesse et, par conséquent, lié au côté émotif.
Les substantifs axiologiques, pour l'idée de jugement (bon/mauvais, positif/péjoratif)
incluse dans leur signification, sont aussi essentiellement affectifs. Dans assassino ' assassin',
il Y a l'idée de tuer et de perversité.
60

3.4.2.2. Les adjectifs qualificatifs
L'adjectif qualificatif à son tour, existe seulement par référence à un substantif que,
comme son nom l'indique, il qualifie.
De même que dans le cas du substantif, son trait affectif peut transparaître dans sa
propre signification.
Ex: ruim 'mauvais, méchant'
Bondoso' bon, généreux""
Cependant, c'est dans son emplacement par rapport à celui-ci que son rôle affectif est
le plus pertinent; selon qu'il vienne avant ou après le nom qu'il accompagne et qualifie,
l'adjectif a une charge de nuances subjectives ou objectives qui rejaillissent sur le contenu
sémantique de la phrase.
A ce propos, voici deux exemples:
'.
a).A casa nova do Joào é Gzul ' la nouvelle maison de Jean est bleue'
b).A nova casa do Joào é Gzul' la nouvelle maison de Jean est bleue'
Dans le premier exemple, la construction de la maison de Jean vient d'être achevée. La
maison est donc objectivement nouvelle.
61

Dans la
seconde, la maison que Jean habite peut être une vielle construction mais,
pour Jean, elle est nouvelle car ce n'est que très récemment qu'il s'y est installé.
Le portugais maintient clairement et rigoureusement cette différence sémantique qui,
même si elle existe en français (où selon qu'il est antéposé ou postposé, l'adjectif qualificatif
est respectivement spécifiant ou caractérisant), n'est pas très explicite aux yeux des étudiants.
Le français tend couramment à l'antéposition de celui-ci au substantif et c'est pourquoi, l'on
dira usuellement nouvelle maison pour exprimer aussi bien J'idée de casa nova « objective»
que celle de nova casa « subjective ».
3.4.2.3. Les su~xes
Dans les deux classes de mots que nous venons d'évoquer, l'affectivité est aussi et
principalement exprimée à travers les suffixes diminutifs ( et augmentatifs). A ce propos,
disait Manuel Rodrigues Lapa ( 1977, pp 105-109)
« C'est dans les suffixes que la décharge des passions s'opère avec une
plus grande énergie. Les sentiments qui, vulgairement, agitent notre
âme et qui se résument en fait par J'amour et l'aversion que nous mani-
festons d'ordinaire vis-à-vis des choses et des personnes, se reflètent
parfaitement dans certains suffixes ( ... ) filons expressifs de premier
ordre. »
lei, nous allons insister sur le diminutif En portugais, il se rend par le suffixe -inho.
62

Ex : 0 livrinho ' le livret'
o menininho ' le garçonnet'
En français, au diminutif, on assocIe presque toujours l'idée de petitesse, ce qUi
engendre une bonne partie des fautes commises par les étudiants dans leur traduction et
compréhension des diminutifs portugais.
Par exemple, les mots paizinho et màezinha ne doivent pas être traduits littéralement
par 'petit père' et 'petite mère' mais plutôt par 'père bien aimé' et mère bien aimée'. Dans le
cas de l'adjectif queridinho, par exemple, la tendance des étudiants sera son interprétation par
'peu aimé' au lieu de 'bien aimé', commettant, de cette façon, un contressens .
Le morphème portugais - inho indique sympathie, affectivité ou amour. Le diminutif
est un recours stylistique qui sert à manifester plus l'émotion, la subjectivité que la petitesse
en SOI.
3.5. Vocabulaire
Dans l'étude contrastive, nous avons respectivement examiné les plans phonético-
phonologique, morphologique, syntaxique et sémantique. Cependant, comme nous le savons,
c'est dans le lexique qu'on rencontre les plus grandes différences, surtout dans le cas des
expressions idiomatiques; c'est pourquoi dans ce volet-ci, nous avons sélectionné quelques
mots et expressions lexicales et proverbiales avec lesquelles nous prétendons apporter une
63

contribution à l'augmentation du potentiel vocabulaire de nos étudiants en vue de les aider à
résoudre certaines difficultés immédiates
3.5.1. Expressions lexicales
A
Abrir mào de 'renoncer à'
Abrir 0 apetite ' exciter l'appétit'
Acerca de ' quant à, au sujet de'
A curto prazo 'à brève échéance'
A duras penas' avec sacrifice'
A final de contas' en fin de compte'
\\
A francesa ' à la française'
\\
A medida que' au fur et à mesure que'
A custo ' difficilement'
A nào ser que' à moins que '
Andar às apalpadelas ' aller à tâtons'
A nosso ver' à notre avis'
Ao invés de ' au lieu de'
\\
A paisana' en civil'
Apesar de (que) 'malgré
A prazo 'à échéance'
A prestaç5es' à crédit, en plusieurs mensualités'
A qualquer hora ' à n'importe quelle heure'
64

\\
A queima roupa ' à bout portant, à brule-pourpoint'
\\
As avessas ' à l'envers, à rebours'
\\
As cambalhotas ' culbutant'
\\
As escondidas 'en cachette'
\\
As escuras ' à l'aveuglette, à tâtons'
A seu ver' à son avis'
\\
As gargalhadas ' aux éclats'
,
As mil maravilhas ' à merveille'
A sos' tout seul, à huit clos'
Assim que' dès que'
Assoar 0 nariz ' se moucher'
\\
As tontas ' étoudiment'
\\
A tarde' l'après-midi, le soir'
Até logo' au revoir'
,
A toa ' pour rien'
A todo custo ' à tout prix'
A todo vapor ' sans arrêt'
\\
A tona (d'agua) 'à la surface, à fleur (d'eau)
A torto e a direito ' à tort et à travers'
\\
A vontade 'à l'aise'
c
Cara a cara 'face à face'
Chegado a 'amateur de'
65

Coitadinho! 'le pauvre'
Conquanto ' bien que, quoique'
Contudo ' malgré cela, néanmoins'
D
Dado que' étant donné que'
Dar de beber ' donner à boire'
Dar de corner' donner à manger'
De antemào ' d'avance, préalablement'
Debaixo (de) , en- dessous (de), sous'
Debalde ' en vain'
De bom grado ' volontiers'
De bruços ' à plat ventre'
De c6coras ' accroupi'
De cor' par cœur'
De fato ' en fait'
..
De forma que' de sorte que'
De hoje em diante ' à partir d'aujourd'hui'
De improviso ' à l'improviste'
De mau grado 'à contr-cœur'
De mais a mais' de plus en plus'
De nova ' à nouveau'
Dentre ' panni'
Depois de amanhà ' après-demain
66

De ponta a ponta' d'un bout à l'autre'
De proposito ' exprès'
De repente' soudain'
Desde que' depuis que'
De sobra ' en excès, de trop'
De sobreavi so ' sur les gardes'
Destarte 'de la sorte'
De subito 'subitement'
De supetào ' tout à coup'
Devagar ' lent, lentement'
Deveras ' vraiment, en vérité'
De vez em quando 'de temps en temps'
Dia-a-dia ' tous les jours, au jour Je jour, quotidien.
E
Ei-lo' le voici'
Eis por que' voici pourquoi'
Embaixo de ' sous'
Embora ' bien que
Em cima de ' sur, au-dessus de
Em direçao a ' vers'
Em poder de ' dans les mains de'
Em prol de ' au bénéfice de'
Em seguida ' ensuite'
67

Enquanto (ao passo que) 'tandis que'
Estar à cata de 'être à la recherche de'
Estar ao alcance de 'être à la portée de'
Estar a par de ' être au courant de'
Estar com fome ' avoir faim'
Estar com saude ' être en bonne santé'
Estar de barriga cheia ' être rassasié'
Estar de luto ' être en deuil'
Estar em pé ' être débout, être sur pied'
Estar para' être sur le point de'
Estar melhor 'aller mieux'
Estar de plantao ' être de garde'
Estar de prontidao ' être prêt'
F-H
Falar sem rodeio ' parler franchement'
Hoje em dia' aujourd'hui, de nos jours'
L
Lamento muito 'je regrette'
Lançar mao de ' profiter de'
68

M-N
Mais dia menos dia 'tôt ou tard'
Na medida em que' dans la mesure où
Nao obstante ' cependant'
No entanto ' cependant, toutefois'
o
o amanhecer ' le lever du jour'
o anoitecer ' le crépuscule, la tombée de la nuit'
o pôr-do-sol ' le coucher du soleil'
Outrem ' autrui'
Outrora ' autrefois, jadis'
Outrossim ' demême'
p
Palmo a palmo 'petit à petit'
Por causa de ' à cause de'
Portanto ' alors, par conséquent'
Porventura' par hasard'
Posto que' étant donné que'
Pouco a pouco ' petit à petit'
69

Q-R-S-T
Quase 'presque'
Que pena , ' dommage !'
Receio que 'je crains que'
Sem pé nem cabeça ' sans pied ni tête'
Sem mais nem menos ' ni plus ni moins'
Sequer ' même pas'
Tampouco' non plus'
Tintim por tintim ' point par point' _
Tomara que' j'espère que, je souhaite que'
Tomar conta de ' surveiller'
3.5.2. EXPRESSIONS PROVERBIALES
Mogar-se em pouca agua ' se noyer dans un verre d'eau'
Amor corn amor se paga ' l'amour ne se paie qu'avec l'amour'
Ao bom entendedor, meia palavra basta ' à bon entendeur, salut'
Dar corn a lingua nos dentes ' devoiler le secret'
De grào em grào a galinha enche 0 papo ' petit à petit l'oiseau fait son nid'
Num abrir e fechar d'olhos ' en un clin d'œil'
70

4.ANALYSE
ET
INTERPRETATION
DES
PROBLEMES
SYNTAXICO-SEMANTIQUES VERIFIES DANS LE CORPUS.
4.1.De la situation des étudiants et du Corpus.
Chaque étudiant concerné est au moins quadrilingue car, en plus du français, il parle sa
langue maternelle (virtuellement) ou LI qu'il a apprise dans le milieu familial, l'anglais qu'il
pratique depuis la classe de sixième, et l'allemand ou l'espagnol qu'il étudie depuis la
quatrième.
En choisissant le portugais comme deuxième langue ou langue d'option dès la
première année d'université, l'étudiant ajoute une cinquième réalité linguistique aux quatre
premières sous-jascentes ci-dessus mentionnées.
Actuellement, le programme de portugais à la Faculté des Lettres, Arts et Sciences
Humaines se présente comme suit. :
deux heures hebdomadaires au département d'allemand;
deux heures au département d'histoire! géographie;
deux heures au département de lettres modernes;
trois heures hebdomadaires au département d'anglais;
trois heures hebdomadaires au département d'espagnol;
-
six heures en Cl de Littérature et Civilisation Brésiliennes.
71

Malgré la faiblesse de la charge horaire qui lui est accordée en vertu de son statut de
langue d'option, nous constatons que le portugais est en train de gagner une audience de plus
en plus soutenue au sein de l'université. Une observation du graphique suivant basé sur les
rapports des Enseignants de la matière montre qu'au cours de ces huit dernières années, le
nombre d'étudiants a augmenté de plus de 200%. Parti d'à peine une vingtaine pendant
l'année scolaire 1981/82, l'effectif est passé à 200 en 1986/87 puis à près de 300 en 1987/88
et à plus de 400 en 1988/89.
Effectifs
500
400
300
200
100
o
1981/82
1986/87
1987/88
1988/89
An. Scolaires
72

En ce qui concerne le corpus, au départ, notre objectif était de privilégier l'écrit. Tout
au long de la recherche, nous nous sommes rendus compte qu'une telle base limiterait le
champ d'action du travail . Nous avons alors décidé d'y inclure la dimension orale en
sélectionnant des exercices oraux.
Plus tard, nous avons remarqué que les exercices écrits et oraux en question n'offraient
pas toujours d'éléments suffisants pour cerner complètement les problèmes car, dans les
premiers ( écrits), le facteur spontanéité était pratiquement nul puisqu'en grande partie, ceux-
ci ont été faits à la maison à l'aide de dictionnaires et d'autres documents didactiques. Nous
avons alors résolu de trouver un moyen visant exclusivement à vérifier le niveau de portugais
spontanément écrit par les étudiants et pour ce faire, nous avons ~éalisé une enquête d'opinion
- voir formulaire annexe - dans laquelle nous avons recouru à plus d'une centaine d'étudiants
de différents départements et des deux sexes.
A l'issue de cette enquête, notre intérêt s'est porté sur le point relatif aux suggestions
qu'ils ont avancées
sous forme de rédaction ( en portugais) en vue d'un enseignement
adéquat et plus adapté de la langue portugaise en Côte d'Ivoire.
Après lecture et relectures attentives et minutieuses de tout le matériel recueilli, nous
avons sélectionné, pour notre analyse et interprétation des problèmes syntaxico-sémantiques,
une partie relativement représentative ( voir annexe). Nous avons écrit et transcrit les
exemples littéralement, en les maintenant tels qu'ils sont présentés dans l'original, donc, avec
les éventuelles erreurs d'accentuation, d'orthographe et
de ponctuation. Les différents
exemples portugais que nous y avons
puiser tout au long de notre analyse ne seront pas
73

1
1
traduits en français car, étant généralement émaillé; de fautes, ces constructions, pour être
1
traduites adéquatement, exigeraient un travail préliminaire de correction qui enlèverait au
corpus son originalité.
1
4.2. Analyse et Interprétation des problèmes
Tout abordage pratique, pour jouir d'une cohérence scientifique certaine, doit
être précédé d'une disposition théorique qui en établit les principes. Nous n'allons pas nous
dérober de cette constance; nous ouvrirons donc ici une parenthèse pour élucider notre
démarche et expliquer la terminologte que nous utilisons.
L'expression syntaxico-sémantique se réfère évidemment à deux vastes champs
d'activités linguistiques: la syntaxe et la sémantique
La syntaxe est, comme le dit Borba ( 1984, p) 8)), la branche de la grammaire qui
« s'occupe des relations que les unités maintiennent dans l'énoncé. Son
point
de départ est alors la combinatoire de formes libres, celle-ci
obéissant
à deux pnnclpes fondamentaux:' la successIOn et la
1inéarité . . ».
La Syntaxe est donc la discipline formelle qui établit essentiellement les règles de
production linguistique. L'analyse syntaxique est une démarche qui se procède alors à deux
nIveaux:
74

1
1
Le premier est le plan sous-jascent, abstrait ou niveau profond. C'est à ce niveau que
1 se décident l'ordre des mots et les règles qui doivent présider à cet ordre.
1
Le second niveau est le plan superficiel. C'est là que se décide la combinatoire
1
morphique ou, en d'autres termes, la réalisation de l'ordre précédemment décidé au niveau
,
profond.
Quant à la Sémantique, elle est relativement récente en tant que discipline linguistique
( Ullmann,1979,p7) Au XIXe siècle, elle n'était qu'une science à caractère historique qui,
encore enracinée dans les méand[es de la rhétorique classique, se confondait avec la
philologie et cherchait à établir les axes généraux qui conduisent à la naissance, au
développement et à la mort des mots et expressions. C'est à partir du XXe siècle, après la
publication de l'œuvre de Ferdinand de Saussure par ses disciples en 1916 ( v. trad.1971) que
la sémantique a véritablement commencé à être J'objet de plusieurs opérations à l'issue
desquel1es el1e est sortie avec la face qu'elle présente aujourd'hui.
Pour nous résumer, nous dirons que traditionnellement, la sémantique se définit
comme la branche de la linguistique qui a pour principal objectif l'étude du sens des mots
Aujourd'hui, l'objectif de la sémantique est bien plus vaste; la sémantique ne s'occupe plus
seulement de la signification ou du sens d'un texte ou d'un discours mais aussi, elle est
devenue une branche de la Sémiotique
Avant d'arriver à l'analyse et interprétation des problèmes syntaxico-sémantiques
proprement dits, une autre question nous vient à la pensée: peut-on séparer le syntaxique du
sémantique?
75

La problématique de la séparation entre la syntaxe et la sémantique, depuis plusieurs
décennies, constitue un important sujet de discussions qui oppose linguistes syntaxistes et
sémanticiens.
Dans sa Grammaire des Cas, Charles Fillmore (1968), reprenant quelques aspects de
syntaxe et de
sémantique de la tradition grammaticale et reélaborant le modèle type de la
Grammaire Générative (Votre, 1984), montre au niveau sous-jascent que toute relation
syntaxique a une conséquence sémantique ou, autrement dit, il reconnaît toute manifestation
syntaxique comme sémantiquement pertinente
L'un des plus grands mérites des « casualistes» est leur conception selon laquelle,
malgré la différence qu'il y a entre les
signifiants ( syntaxe et sémantique), les deux se
rejoignent au fond puisqu'ils se complètent dans la pratique. Le premier est le point de départ
( il part de la référence) et le deuxième, celui d'arrivée ( il focalise la référence elle-même)
Par conséquent, une séparation radicale entre études syntaxiques et études sémantiques est
plus artificielle que réelle.
..
Bernard Pottier (1974), pour sa part, dans une orientation plus orthodoxe que celle de
Fillmore - car privilégiant essentiellement le niveau superficiel - se réfère également aux
relations syntaxico-sémantiques et conclut en faveur de la complémentarité des deux
concepts, ce qui est aussi notre avis.
76

Pour cette raIson, dans l'analyse de notre corpus, nous avons évité d'établir la
séparation systématique entre les essences syntaxique et sémantique. La séparation au niveau
superficiel obéit simplement à notre souci de présenter le travail de façon didactique.
Nous chercherons donc, en nous appuyant concrètement sur les exercices oraux et
écrits, à identifier, cataloguer et commenter les problèmes qui, de façon générale, se posent
dans les exercices. Nous considérerons respectivement les plans lexical ( interférences
lexicales, hybridismes, vocables étranges), syntaxique et morpho-syntaxique ( problèmes
syntaxiques et morpho-syntaxiques au niveau de la rection', de la concordance,etc.). Nous
porterons également notre regard SUr les fautes purement morphologiques, les interférences
phonético-phonologiques,
graphologiques et
les
problèmes
ou
déviations
spécifiques
sémantiquement pertinentes ( les faux amis et l'utilisation de Sel' et Estal')
Pour construire un tel travail, plusieurs possibilités méthodologiques s'offrent. Pour
notre part, nous avons opté pour la perspective structuraliste « orthodoxe» car pour nous,
compte tenu de ses obj ectifs, ce travail ne pourrait être plus éclectique qu'en adoptant cette
démarche que, pour une question de prudence méthodologique, nous allons présenter ici.
..
Qu'est- ce que le structuralisme?
Tandis
que
les
Chomskyens
qualifient
génériquement
de
structuraliste
toute
linguistique post-saussurienne, Jean Dubois, dans sa Grammaire Structurale du français: la
phrase et les transformations ( 1969, pp 7-10), écrit ceci:
77

« La linguistique structurale définit sa tâche de description comme une
recherche des différences, des oppositions dans l'ordre de la chaîne (de la
combinatoire syntagmatique ) ou dans l'ordre de la classe de sélection
(paradigmatique) »
Aussi, avance-t-il dans le même ouvrage,
« Dans la mesure où la langue est envisagée comme un système où les termes
se définissent par des oppositions bilatérales, multilatérales, privatives, isolées,
etc., le linguiste strueturaliste est conduit à étudier en premier lieu la langue ou
le code linguistique à un moment donné de son fonctionnement: la description
structurale est d'abord synchronique ... »
Les
différents
types
d'abordages
(
le
fonctionnaliste,
le
synchronique
et
le
diachronique à vision structurale) auxquels nous
recourons directement ou indirectement
dans cette étude se fondent indiscutablement dans le modèle structural tel que défini ci-
dessus.
En outre, chaque intervention ou phrase, chaque texte du corpus est pris comme un
« produit fini », une production suffisante et indépendante, un système formé de relations
d'interdépendance et notre analyse et interprétation vont s'opérer synchroniquement dans une
perspective contrastive.
78

Pour plus de clarté, nous avons sérié le corpus de sorte qu'après chaque exemple
illustratif, le lecteur trouve, entre parenthèses, les indications précises pouvant lui permettre
de vérifié la référence exacte dans l'annexe.
4.2.1. Niveau lexical
Les problèmes vérifiés au niveau lexical du corpus englobent principalement les
interférences lexicales, les hybridismes et les vocables étranges.
4.2.1.1. Interférences lexicales
L'interférence lexicale est l'introduction, dans la parole ou dans le texte écrit du
bilingue de formes étrangères, comme des unités ou structures. Il faut cependant faire la
distinction entre les interférences lexicales et les emprunts qui sont des éléments déjà intégrés
dans la langue ( Mackey, 1976).
Par exemple, en portugais du Brésil, les mots tanches 'sandwich', purê 'puré' sont des
emprunts alors que *favorisar -au lieu de favorecer 'favoriser' - , terme employé par un
locuteur brésilien qui vécut en France pendant plusieurs années, n'est pas un emprunt mais
plutôt une interférence du français qui pourrait même être considérée à la limite comme un
mot hybride (barbarisme).
Généralement, les interférences lexicales sont involontairement introduites dans la
langue par le locuteur.
79

Dans notre corpus, nous allons voir comment se manifeste ce type d'interférences;
nous nous intéresserons dans un premier temps aux interférences du français, de l'anglais, de
l'espagnol et de l'italien, et ensuite, nous examinerons respectivement quelques hybridismes
puis d'autres barbarismes.
4.2.1.1.1. Interférences du français.
Elles s'observent au niveau des:
Noms de pays tels que Brèsil, Cap Vert,ItaIie dans les séquences
« podereis... organisar vlagens nem palses que falar pOJtuguês (Brésil, Angola, Cap-
Vert »(B. 1.1) et
« Koffi vai na Italie ... » (B.l.5)
Substantifs « allemand, lycée, sciences, ballon, car» dans
« Nao aprendido espanhol, allemand... quando esta no lycée ... dam sciences» (A.I)
« Moussa tem ballon »(B.l.4)
« Ali conduce 0 car »(B. 1.4)
Conjonctions de coordination
« Sao Joao compra 0 açucar et 0 pao »(B.I.5)
80

4.2.1.1.2. Interférences de l'anglais
On les voit dans
Les Substantifs
« ... aprender gramatica, papers, redaçao »(A 1)
Les Verbes comme to be 'être'
« Vamos be exc1uidos »(A 1)
La préposition in
« Nao quero haver português in texto »(RI. 1.)
la conjonction de coordination so
« ... ahora estào aprendido inglês, português, so, é muito dificil »(AI)
4.2.1.1.3. Interférences de l'espagnol
L'interférence de l'espagnol au nIveau lexical est de loin, plus importante que
l'incidence des mots français ou anglais réunis car, à cause de la relative ressemblance entre
le portugais et la langue espagnole, celle-ci s'impose plus facilement et fréquemment dans les
exercices réalisés par les étudiants d'espagnol qui constituent la majorité de nos apprenants.
Les interférences apparaissent dans:
81

Les Substantifs
ano, vacaciones, lenguas, dificultades, porvenir, beca, estudios,
bachillerato, universidad, niFios, etc. dans les séquences
« .. 0 GlI0 passado .... »(A 1)
« .. durante as vacaciones ... »(A2)
«
nào se pode traduzir em lenguas ... »(A2)
«
tem muitas dificultades ... »(A2)
«
de que nos reserva 0 porvenir ... »(A2)
«
para obter una beca ... para os estudios ... »(A2)
«
depois de su bachillerato ... »(A..2)
« Eu estudio na universidad »(B.13)
« Vivem quatro mulheres corn feos niFios »(B.IA)
Les verbes salimos, trabajar, es, estudio, gustan, conduce, hablaI', etc.
«
por que quando salimos ... »(Al)
«
os estudantes ... têm que trabajar, trabajar ... »(A2)
« Paulo es umo gato ... »(B.l.3)
« Eu estudio na universidad »(B.l.3)
« Todos os mulheres gzistam muito bem .. »(B.IA)
« Ali conduce 0 car »(B.1A)
« ... um grande esforço para hablar português »(B. lA)
Les articles una, los, las et la préposition en
82

«
sera una coisa ... interessante »(A2)
«
os estudantes que procedem de una familia no rica »(A2)
« Las mulheres fazer esforço sem falar »(B.13)
« ... que regressao en los povoados ... »(A2)
« As frases sao simples, en português »(B.1.3)
L'adverbe d'intensité muy
« Agora, se encontram em uma situaçao muy dificil »(A2)
Les adverbes de manière directamente et de temps ahora
« ... estamos aplicando directamente ... »(Al)
« Ahora, hay muitos problemas ... »(Al)
Les possessifs nuestra et su
.,
«
com nuestra .. .chegada »(A2)
«
vao depois de su bachillerato ... »(A2)
Les numéraux cardianux ochenta, nobecientos, et l'ordinal primer
«
mil nobecientos e ochenta ... »(A2)
«
eu penso que durante el primer, 0 primer ana .. »(A2)
83

La particule négative no
« ... os estudantes que procedem de una familia no rica ... »(A.2)
La conjonction de coordination pero
« ... uma balsa para os estudos, pero agora ... »(A.2)
L'expression de portée métalinguistique es deôr
« .. com nuestra ... chegada, es decir a ana ... »(A.2)
Et même le morphème catégorique 5 -ao
« " .esta compressao ha desnimao ... »(A.2)
4~2.1.1.4.Interférencede l'italien
Nous avons vérifié la présence de mots italiens dans les phrases
« Eu dou a bala ao bambino italianime »(B.1.3)
« Ele fala corn a diretor perto della porta »(B.l.2)
4.2.1.2. Hybridismes
5 Dans l'espagnol courant hispano-américain, on ne prononce pratiquement pas le -d- du morphème -ado.
marque du participe passé des verbes du premier groupe en espagnol. Amado 'aimé' sc prononcera lal11ao]
84

Les hybridismes sont tous les barbarismes6 formés à partir de mots appartenant à des
langues différentes. Nous avons ici, comme exemples concrets, les termes
collègio
et
gobernamento dans les séquences
« quero que 0 português se enseiie em os collègios ... »(B .1.1)
« ... pidam ao gobernamento ... »
Le
mot
collègios est formé
par
les
parties
collè-
(français)
et -gios
(espagnol/portugais). Quant à gobernamento , il présente une structure morphologique copiée
sur le mot français gouvernement et une prononciation calquée sur l'espagnol, surtout le
radical goberna- où la consonne fricative sonore labiodentale Ivl se voit remplacée dans la
prononciation par l'occlusive sonore bilabiale Ibl pUIsque la première n'existe pas en
espagnol.
Toujours au titre des hybridismes dans le corpus, on peut citer les mots « campanhar,
fenetra, recevemos, universidady » dans les phrases
« Ele é 0 campanhar »(B.1.3)
« 0 cachorro esta abaixo dafenetra »(B.1.5)
« Em a casa, nos recevemos 0 barulho ... »(B.1.4)
« Eu vou falar corn meus amigos da universidady »(B.1.2)
4.2.1.3. Autres barbarismes: les vocables étranges
6 Les barbarismes sont « toutes les erreurs qui portenl sur la fomle du mol: erreurs de prononciation, de graphie.
85

En excluant délibérément la base physiologique et les déterminations purement
sociales, Eugenio Coseriu ( 1979, pp 69-70) définit le langage comme une activité créatrice
conditionnée par deux principaux facteurs ou aspects: le facteur psychique et le facteur
linguistique.
Ce côté créateur du langage est mis en évidence dans quelques vocables (étranges) où
les étudiants cherchent parfois de façon inadéquate, à combler leurs faiblesses en vocabulaire.
Les mots
sugesto, cassetas, estudantos, fi ceos, ambassada, relacionas, paisos, umo, duos,
bonos, cristêià, quatra, fazo, classa, carra, doentos, etc. sont des mainifestations explicites de
cette créativité dans le corpus.
« Sugesto a utilisaçao das cassetas para falar. .. »(R1.1)
« ... 0 estudo do português nos ficeos ... »(R1.2)
« ... é preciso que os estudantos vao no Brasil ... »(R 1.1)
« ... é util para relacionas entre a Costa do Marfim e os paisos ... »(R 1.2)
« ... foi na ambassada de Brasil. .. »(A2)
« Paulo es umo gato ... »(R1.3)
« Carlos e José sao duos bonos amigos »(R1.3)
« Ela sou uma boa cristêiêi »(R1.3)
« Eu estou entre as quatra mulheres »(R1.3)
« ... eu fazo um grande esforço ... »(B.]. 4)
« Eu estou na classa de português »(R1.2)
« ... precisam a carra »(R1.5)
« Meu vizinho esta doento »(R1.5)
de flexion, mots mal formés, vocables étranges, etc. ». ANDRE, Hildebrando Ade. (1983). Gramatica ilustrada,
3a ed Sào Paulo, edit.Moderna Itda, p353.
86

Dans la première séquence, nous voyons le mot
sugesto
qui, pour l'étudiant, est
certainement la première personne du singulier du verbe sugerir' suggérer'.
En nous posant la question de savoir la raison qui ]'a amené à dire *slIgesto au lieu de
sugiro ' je suggère', en réponse, nous constatons que l'étudiant a pensé au mot
sugestào
'suggestion' auquel il a enlevé le suffixe - 30 et dont il a gardé le radical sugest - . A ce
radical, il n'a fait qu'ajouter la désinence verbale -0 de la première personne du singulier du
présent de l'indicatif pour obtenir sugesto.
Dans les autres cas, les étudiants ont d'abord cherché la racine ( en français ou en
portugais) du mot
qu'ils voulaient utiliser puis, sachant que le portugais est une langue
caractérisée par les voyelles thématiques 0 et a en général pour le masculin et le féminin
respectivement, ils les yont ajoutées en fonction du genre du mot en français.
4.2.2. Niveaux syntaxique et morphosyntaxique.
4.2.2.1.Problèmes syntaxiques
4.2.2.1.1. Solécismes de rection.
Dans les exemples
« E preciso que os estudantos vao no Brasil para .... »(B.l.l) et
« ... foi na ambassada ... »(A2) ,
87

le problème de la rection verbale se pose explicitement. La norme grammaticale portugaise
prescrit que la rection du verbe ir 'aller' se fasse avec la préposition a ou para et non avec la
préposition em 7 ; on dit alors couramment
« ... vào ao Brasil ... » ou « ... vào para 0
Brasi1. .. »' ... vontau Brési1. .. ' et « ... foiàembaixada»' .. estalléàl'ambassade'.
Dans « ... e organisaçao de viagem em Brasil »(B.11), on découvre le même problème.
On doit plutôt dire a ou para 0 Erasil car l'idée d'aller est sous-entendue.
Il nous est difficile de détecter la cause de cette faute puisque nous savons qu'elle n'est
ni due à l'interférence du français, hi à celle de l'espagnol et encore moins de l'anglais. Dans
aucune de ces langues, dans le présent contexte, la rection des verbes de mouvement ne se fait
avec la préposition em. D'autre part, le contact de l'étudiant ~vec des brésiliens n'est pas si
fréquent qu'il puisse justifier une éventuelle influence de la rection populaire brésilienne.
Nous avons enfin vérifié un autre solécisme de rection dans la phrase « Eu preciso
dinheiro para comprar sapatos »(8.1.4) où l'étudiant a omis l'obligatoire préposition de qui
vient normalement juste après preciso.
4.2.2.1.2. Solécismes de concordance
ï Il faut reconnaître malgré tout que dans le portugais populaire, l'expression ir em est plus fréquente que ir a.
Il est aussi important de rappeler que, du point de vue diachronique, ir em est parfaitement acceptable parce
qu'en latin, la rection du verbe ire 'aller' pourrait être faite avec in + accusatif, par exemple: co in silvam 'je
vais dans la forêt'. Malgré ces possibilités, la granunaire considère correcte seulement la rection portugaise
construite avec la préposition a.
ss

Dans quelques phrases longues et complexes comme « Agora, hay alguns que têm
uma meia boisa e para os que ... nao teniam exito em la escola debem que deixar ... »(A.2)
par exemple, les étudiants n'obéissent pas à une relation cohérente entre les temps verbaux.
Dans d'autres phrases où apparaît haver sous une forme impersonnelle, « diziam que
haviam becas ... »(A.2), ils n'observent pas la règle d'invariabilité de haver, alors qu'il
signifie 'exister'
Il Y a aussi des cas où les étudiants mettent le verbe de la proposition subordonnée au
présent de l'indicatif alors que dans..ces contextes spécifiques8 ( Celso cunha, 1971, p320), la
norme grammaticale portugaise exige le présent du subjonctif.
*« Avero que os professores explicam ... »(B.1.1)
au lieu de
« desejo que os professores expliquem» ' Je souhaite que les professeurs
expliquent'
Les solécismes de concordance ne se manifestent pas seulement au niveau des verbes;
ils touchent aussi les adverbes comme dans l'exemple
« ... a situaçao de 0 estudante, na Costa do Marfim , é muita dificil »(A.2)
4.2.2.2. Interférences syntaxiques
8 Quand le verbe de la proposition principale est tm verbe qui exprime till désir, un souhait ou un ordre. celui de
la subordonnée se met au subjonctif.
89

Sur le plan syntaxique, en dehors des irrégularités purement syntaxiques, nous voyons
également des interférences syntaxiques, provenant principalement du français et de
l'espagnol mais aussi quelques fois de l'anglais.
Ces irrégularités se vérifient dans la rection;, dans la concordance des temps et dans
l'ordre des mots à l'intérieur de la phrase.
4.2.2.2.1. Interférences du modèle français dans la rection.
On les voit dans quelques constructions comme
« ... e depois 0 primeiro ano ... »(A. 1)
Dans cette intervention, le problème de la rection: de l'adverbe depois 'après' est
confronté à celui de la rection en français (et même en anglais).
En français, on dira «... après la première année» et en anglais, « ... after the first
year », c'est-à-dire, on appliquera la structure
après + article tandis qu'en portugais, la
séquence normale est du type depois + de + article *'après +de +article'.
Il est évident que le problème ne se poserait pas si l'étudiant avait utilisé la préposition
apos ' après' ce qui donnerait « ... e apos 0 primeiro ano ... » ' après la première année'.
Prenons maintenant ces deux interventions:
90

« ... é muito dificil para 0 aluno de 2° ano de traduzir um texto em português »(A.l)
« E dificil de falar porque ... »(B.l.2)
Ici, l'on voit à nouveau l'interférence du modèle français. Contrairement à ce qui se
passe en français où l'adjectif qualificatif difficile est toujours régi par une préposition
lorsqu'il est suivi d'un infinitif, en portugais, dans un cas comme celui -ci, on doit omettre la
préposition de après dificil 9 . On aura donc
« é muito diflcil traduzir. .. » ' il est difficile delà traduire'
"
« E dificil falar. .. » ' Il est 'difficile de parler'
Toujours au nombre des interférences syntaxiques du ,français dans les constructions
faites en portugais par les étudiants, nous pouvons retenir deux autres:
« os estudantes gostào ir de ônibus ... »(B.l.3)
« Eu tento de sair pela janela »(B.14)
'f·
Dans ces constructions, nous voyons que les étudiants ont respectivement copié les
formes françaises
« aimer + infinitif» et « tenter + de + infinitif» comme dans les
exemples «... aimer aller ... » et «... tenter de sortir. ,. » .
En portugais, les phrases justes sont
« os estudantes gostam de ir de ônibus ... » ' les étudiants aiment aller en bus'
91

« Eu tenta sair pela janela » ' j'essaie de sortir par la fenêtre'
4.2.2.2.2. Interférences de l'espagnol dans la rection.
Les interférences syntaxiques du modèle espagnol s'appliquent surtout à la rection de
certains verbes comme ir ' aller', ajudar 'aider', etc. dont les équivalents en espagnol sont
nécessairement régis par la préposition a comme dans la phrase
« ... pensa que vai a ganhar... vai aviver bem ... »(A.2).
Comme l'espagnol est la langue néo-latine relativement plus proche du portugais et
que l'organisation des éléments de la phrase et de la propositiQn dans les deux langues est très
similaire - du type SN SY SN ( SYC) - , les étudiants pensent en général que l'adoption du
modèle espagnol peut toujours leur permettre de résoudre leurs difficultés syntaxiques en
portugais.
4.2.2.2.3. Influence du modèle français dans la concordance des temps.
Dans
l'intervention
«
... quenamos que os alunos comecem
0
estudo
do
português ... »(B.1.2), le verbe de la proposition principale est à l'imparfait de l'indicatif (ou
au conditionnel) tandis que celui de la subordonnée est au présent du subjonctif. C'est une
faute due à l'interférence du français. Nous savons qu'en français contemporain, quand le
verbe de souhait de la proposition principale est à un temps du passé, celui de la subordonnée
9 En portugais, il n'est pas toujours impossible d'utiliser la préposition de juste avant l'infInitif: é um livra
diflcil de 1er
'c'est un livre difficile à lire'. Dans ce cas, le de portugais peur être traduit par la préposition à en
français.
92

peut être au présent du subjonctif sans que cela constitue un solécisme de concordance, étant
donné que le subjonctif passé (imparfait) est de moins en moins utilisé.
Au contraire, en portugais, ce n'est pas le cas; J'utilisation
du subjonctif passé est
obligatoire toutes les fois que le verbe de la principale est à un temps passé. La phrase
correcte est donc
« ... entao queriamos que os alunos começassem 0 estudo do protuguês ... » ' ... alors
nous voudrions que les élèves commencent l'étude du portugais ..
4.2.2.2.4. Interférences syntaxiques du modèle anglais
En observant bien les trois phrases
« Eu vou à américa biblioteca »(8.1.2)
« Ele nao conhece as todas amigas da José màe »(8.1.3)
« Entre todos meus professores ha nao uma mulher »(8.1.5)
..
nous nous rendons compte que les étudiants ont appliqué le modèle anglais de la combinaison
des mots à l'intérieur de la phrase.
En disant « ... américa biblioteca », le premier a pensé à « ... american library », le
second « ... as todas amigas da José mae» a pensé à « ... the al! friends of Joseph's mother»
et le troisième, quant à lui, a appliqué la négation en anglais « ... have not.. ».
93

En portugais, les phrases correctes sont respectivement
« Eu vou à biblioteca americana » ' Je vais à la bibliothèque américaine'
« Ele nao conhece todas as amigas da mae de José» ' il ne connaît pas toutes les amies
de la mère de Joseph'
« Entre todos meus professores, nao ha uma mulher» ' Parmi mes professeurs, il n'y a
aucune femme'.
En outre, dans l'exemple « Sabado, fevereiro, 25 de 1989 »(B.1.2) relatif à la date en
portugais, nous remarquons l'appliootion pure et simple du modèle anglais de l'écriture de la
date par cet étudiant du département d'anglais. La forme juste est « Sâbado, 25 de fevereiro
de 1989)
4.2.2.3.Interférences morpho-syntaxiques.
L'interférence morpho-syntaxique est caractérisée par l'introduction de combinaisons,
de parties de discours, de catégories grammaticales et de morphèmes lexicaux venant d'autres
langues dans la parole du polyglotte.
Dans le corpus, les interférences morpho-syntaxiques proviennent principalement du
français et de l'espagnol et se manifestent dans l'apocope, la conjugaison, le genre, la
pluralisation et dans la contraction préposition/article.
4.2.2.3.1.Au niveau de l'apocope.
94

En espagnol, il est très fréquent de voir quelques adjectifs qualificatifs ( ou articles)
placés devant un substantif masculin perdre la dernière syllabe.
Les tennes unD
'un', alguno ' quelque', ninguno ' personne' , primero 'premier',
tercera' troisième', malo 'mauvais, méchant', bueno ' bon, gentil' etc, perdent le 0 final
devant les noms masculins et deviennent respectivement « un, algun, ningun, primer, tercer,
mal, buen » , etc. et d'autres comme grande' grand', santo 'saint' deviennent « gran, san ».
On dira par exemple « el buen soldado ... el tercer hombre ... el gran pescador» ' le
bon soldat. .. le troisième homme ...ie gran pêcheur'.
Sil'apocope est donc fréquent dans la langue espagn<? le, il n'en est pas de même en
portugais.
Retournant au corpus, nous voyons l'interférence du modèle espagnol dans la
séquence « ... dorante el primer, 0 primer ano ... »(A.2) ; l'étudiant s'est rendu compte de
l'interférence de l'article défini espagnol el 'le' et l'a aussitôt remplacé par son équivalent
portugais 0 'le' mais il n'a pas pu éviter l'apocope.
4.2.2.3.2. Dans la conjugaison
Dans la conjugaison, les interférences morpho-syntaxiques se vérifient au niveau des
verbes qui ont les voyelles -e- ou -0- dans le radical, tel s que les verbes pensaI' 'penser',
querer 'vouloir', poder 'pouvoir',etc.
95

On sait qu'en espagnol, certains verbes irréguliers des premier et second groupes qui
ont
-e- comme dernière voyelle du radical transforment celle-ci en diphtongue -ie- aux
personnes toniques ( les trois premières personnes du singulier et la troisième du pluriel) du
présent de l'indicatif, de j'impératif ou du subjonctif. C'est le cas de pienso 'je pense', quiero
'je veux', etc.
Nous avons dans le corpus beaucoup d'exemples qUI illustrent cette interférence
morpho-syntaxique:
« Qlliero ... uma vezes por semana alguns brasileiros para falar corn eles (RI. 1)
« ... a vida universitaria ... muito dificil e isso pllede freinar. .. 0 desenvolvimento do
pais em alguns anos » (A.2)
« Queria saber si 0 governo do Brasil no puede organizar a viagèm ... » (Al).
Un autre problème lié à l'interférence du modèle espagnol dans la conjugaIson
s'observe dans la séquence « prefiro que os profèssores luchem para crear 0 departamento do
português ... e pidam ao gobernamento ... » (R1.2).
Prefiro est juste mais
*pidam ne l'est pas. Le verbe pedir 'demander' est, en
lO
espagnol,
l'un des
verbes dits
à alternance
et
sa COnjugaison
se caractérise par
l'affaiblissement de la voyelle du radical dans certaines situations: le
- e - du radical se
transforme en - i - aux personnes toniques et complémentaires. Au présent de l'indicatif par
exemple, nous avons pido, pides, pide, pedimos, pedrs, piden et au présent du subjonctif,
pida, pidas, pida, pidamos, pidéiis, pidan.
96

En portugais, le verbe pedir existe mais, bien qu'irrégulier, il n'obéit pas à la même
règle de conjugaison qu'en espagnol. Nous avons par exemple peço à la première personne
du singulier du présent de l'indicatif et par conséquent peça, peças, peça, peçamos, peçam,
peçam au présent du subjonctif
4.2.2.3.3. Dans le genre
Une irrégularité bien commune est liée à l'application, par analogie, du genre des
termes du français à leurs synonymes en portugais. Les étudiants transfèrent simplement la
notion de masculin ou féminin du français au portugais.
« Tenho ({ma carro» (B.IA)
« ... e os que tèm 0 coragem» (A.2).
Les genres féminin et masculin des mots carro et coragem ont été établis par analogie
au français 'une voiture' et 'le courage'.
Enfin, rappelons ici qu'une bonne partie des erreurs de genre se doit au fait que les
étudiants font l'amalgame en associant
systématiquement à la voyelle thématique
-a, le
genre féminin et pourtant, il y a des exceptions; nous citerons ici, quelques exemples où
apparaissent les mots problema et dia:
«« 0 vocabulario me dou aIgumas problemas » (B.I. 1)
« ... outra problema, por favor ... »(A.l)
10 Ce sont les verbes temlinés par -ehir, -edir, -egir, -eguir, -endir, -estir, -ervir.
97

« Os mendigos pedem ao longo da dia» (E. 1.5).
4.2.2.3.4. Dans la pluralisation
L'influence des modèles français et espagnol dans le processus de pluralisation est un
autre type d'interférence morpho-syntaxique.
Voici un exemple: « '" muitos jovenes ... » (A2)
lei, l'étudiant a appliqué le modèle espagnol car, dans cette langue on obtient le pluriel
des substantifs terminé par -en, en ajoutant -es à ceux-ci;
ex :joven .. jovenes' jeune" jeunes'.
En portugais, on obtient le pluriel des mots terminés en
- em en ajoutant -ens à leur
radical; c'est ainsi que l'étudiant devrait dire « .. muitosjovens ... »
Un autre problème intéressant de pluralisation concerne les mots portugais terminés
par - s au singulier ( mês' mois' ) par exemple.
Les étudiants savent qu'en français, sauf dans certains cas spécifiques ( où, après
modification orthographique, le lexème se termine par un - x ) le pluriel des noms s'obtient en
mettant un -s à leur forme singulière; les noms déjà terminés par -s au singulier (exemple,
le bas) restant identiques.
98

Pour cette raison, lorsqu'ils rencontrent des mots portugais qui portent déjà un -s au
singulier, ils ne font qu'appliquer le modèle français, c'est-à-dire, ils n'ajoutent plus rien à
ceux-ci. Cette attitude est illustrée dans l'intervention na 3 de B.t.l où l'étudiant a écrit
« ... para passar alguns mês para falar português melhor ».
4.2.2.3.5. Dans la contraction
En portugais, les prépositions em 'sur, dans, à' par/per ' par, pour', de 'de' se
contractent avec l'article défini a 'le' ou a 'la'. Ainsi, nous avons:
Em + 0 = na 'sur le, dans le, au ... '
Em + a = na' sur la, dans la, à la .. '
Per/par + 0 = pela' par le, pour le'
Per/por + a = pela 'par la, pour la'
De + a = da' de la'
En espagnol, sauf dans le cas de
« de + article défini masculin singulier el(la) » r+ deI 'du', il n'y a pas de contraction.
En français, il y a contraction dans deux cas:
De + le = du
De + les = des.
99

La phrase « Le cahier du professeur est sur la table» donnera « El cuaderno dei
profesor esta en la mesa» en espagnol, et « 0 caderno do professor esta na mesa» en
portugais.
A cause de l'interférence des modèles français et espagnol, les fautes liées à la
constraction (préposition + article) abondent dans les exercices des étudiants:
« ... quando chegou por a primeira vez no Brasil »(A2)
« '" nao se pode traduzir em las lenguas ... » (A2)
«
depois de su bachilleraoo em las escuelas ... » (A2)
«
que regressao en los povoados ... »(A2)
«
quero dizer que a situaçao de 0 estudante na Costa do Marfim é muita
difÎcil »(A2)
« José anuma 0 carro de a mae »(B.1.3)
« Em a casa, recevemos 0 barulho dos carros ... » (B.I.4).
4.2.2.4. Quelques problèmes d'ordre morphologique
4.2.2.4.1. Difficultés dans la flexion verbale
Le verbe, comme nous le savons, est une catégorie grammaticale très complexe qui se
« flexionne » en personne, nombre, mode, temps et voix. Une telle complexité, certainement
engendre des problèmes chez tout étudiant qui se propose d'apprendre une langue étrangère.
Prenons l'exemple suivant:
100

« Ahora, estao aprendido inglês ... » (A2)
On y remarque une confusion entre le participe passé et le participe présent. En
portugais, le participe passé régulier se caractérise par les morphèmes - ado ( pour les verbes
du premier groupe) et -ido (pour ceux des second et troisième groupes)!! , puis le participe
présent, par les morphèmes :
-ando pour le premier groupe,
-endo pour le deuxième groupe,
-indo pour le troisième groupe.
Résumons tout cela dans le tableau suivant:
INFINITIF
PARTICIPE PRESENT
PARnCIPE PASSE
1er groupe! Cantar 'chanter'
Cantando
Cantado
t~ groupe! Bater 'battre'
Batendo
Batido
",e
.)
groupe
!
Partir
Partindo
Partido
'partir,diviser'
1
Il Cependant, il y a quelques exceptions. En portugais, les verbes dits « abondants» - selon les tennes de Celso
Cunha ( op.cit.p 258), possèdent au moins deux [onnes équivalentes; par exemple, aceitar 'accepter' donne
aceitado ou aceito 'accepté', entregar 'rendre, remettre' donne entregado ou entregue' rendu, remis', matar
'tuer', matado ou marto 'tué'.
101

4.2.2.4.1.1.Confusion dans la flexion des verbes à certains temps.
Par exemple, en utilisant le verbe ir 'aller' au passé simple/passé composé de
l'indicatif, un étudiant a dit
« ... 0 ano passado, foi na ambassada de Brasil. .. » (A2) et un autre, utilisant Ser
'être', a avancé « ... ano passado .. fue a primeira vez ... » (A. 1).
Dans la première intervention, nous voyons foi (troisième personne du singulier) en
lieu et place de fui (première personne du singulier) ; dans la deuxième, il y a eu substitution
de foi parfue. On remarque une incertitude et une confusion quant à la conjugaison des verbes
ir et ser (qui ont une forme identique) au passé simple ou au passé composé.
Au présent de l'indicatif, nous découvrons aussi des erreurs dans la flexion de certains
verbes. Dans les exemples suivants,
« Os estudantes gostêio ... » ( RI.3)
« Ela sou uma boa cristaa » (RI.3)
« Eu queremo ver Sao Paulo ... » (B. lA)
« Cada quinta-feira, eufazo um grande esforço ... » (B. lA)
« Eu pinta um quadro para as attraç5es dos caipiras » (RIA)
« Nos dançam e cantam durante a festa» (B. 1.5),
les étudiants ont mis respectivement:
102

*gostào à la place de gostam
*sou à la place de é,
*queremo à la place de quero,
*fazo à la place defaço,
*pinta à la place de pinto et
*dançam/cantam à la place de dançamos/ cantamos.
La confusion s'étend également au futur du subjonctif. *« ... quando os estudios
terminam e chegam aqui ... » (A.I) au lieu de « ... quando você terminar seu curso e
voltar. .. » est encore une preuve palpable de la grande difficulté que rencontrent les étudiants
au futur du subjonctif, un temps qu'ils n'utilisent presque pas en français
4.2.2.4.1.2.. Remplacement involontaire d'un temps par un autre
« Eu quero saber as dificultades que você tinha quando chegou ... no Brasil » (A.2).
Dans cette intervention, l'utilisation de l'imparfait de l'indicatif se revèle inadéquate.
Dans la séquence « ... quando você tinha ... », le temps convenable pour l'expression de
l'intention de l'étudiant
est le passé simple/ passé composé en portugais « .. quando você
teve ... » , ... que tu as eues ... ».
La séquence avec l'imparfait (tinha) fait penser que l'étudiant veut savoIr les
difficultés que l'interlocuteur avait jusqu'au moment où il foula pour la première fois le sol
brésilien; or, en réalité, il souhaite simplement avoir une idée des difficultés que celui-ci a
103

rencontrées au cours de sa période d'adaptation au Brésil. Le remplacement involontaire du
passé simple/passé composé par l'imparfait a engendré un contressens.
Toujours dans cette intervention, le verbe querer 'vouloir' ne devrait pas être au
présent de l'indicatif mais plutôt à un temps qui pourrait conférer à l'intervention un ton
moins
impératif.
Il
s'agit
évidemment
d'un
problème
lié à
la pragmatique de
la
communication qui constitue un aspect fondamental de l'apprentissage de toute langue. Il ne
suffit pas d'apprendre seulement les règles grammaticales; il faut aussi connaître les subtilités
et règles implicites qui gouvernent l'usage des expressions en vue de déclencher un effet sur
l'auditeur ou le locuteur.
Du point de vue pragmatique, l'intervention correcte. est: « Gostaria de saber. .. » ,
« poderia saber...» ou « queria saber. .. ». le conditionnel quereria est presque toujours
remplacé par l'imparfait queria car ce dernier est plus court et plus euphonique.
4.2.2.4.1.3. Irrégularité dans la formation de quelques adverbes de manière
Nous découvrons aussI des irrégularités dans la formation de certains adverbes de
manière.
« ... quero aprender-Ihe como uma segunda langage simpfamente » (RI. 1).
L'étudiant démontre qu'il
a une notion de la formation correcte de l'adverbe de
manière en portugais; il sait que pour l'obtenir, il faut ajouter à la forme féminine de
l'adjectif qualificatif, le morphème --mente. Cependant, il semble méconnaître que simples'
104

1
1
simple' est une forme qui répond aussi bien pour le masculin singulier que pour le féminin
singulier et que pour cette raison, il n'y a plus lieu d'y glisser un -3 qui fausse la structure.
4.2.2.4.1.4. Haver / Ter, un problème morphologique et
syntaxico-
sémantique.
En espagnol, tous les verbes
-sauf dans quelques cas où, pour des finalités
stylistiques, on peut utiliser tener 'avoir'- forment leurs temps composés avec l'auxiliaire
haber 'avoir'.
Pour la formation des temps composés portugais, on utilise, normalement, aussi bien
haver que ter. Cependant, l'auxiliaire ter est si fréquent que, pratiquement, il a remplacé
hm1er dans la formation de ceux-ci.
Compte tenu de l'influence toujours marquante du modèle espagnol, les étudiants
utilisent en général haver:
comme auxiliaire dans la formation des temps composés;
« ... isto caso hasido suspendido » (A.2)
- comme verbe principal dans certaines périphrases verbales
où nous
attendrions normalement le verbe ter;
« nao quero haver portuguès in texto » (D. 1.1)
4.2.2.5. Niveau phonético- phonologique
105

Quant aux interférences phonétiques ou phonologiques, elles affectent essentiellement
les unités et structures de timbre, d'articulation et d'agencement dans le corpus
Il a été difficile pour nous de détecter toutes les zones d'irrégularités et d'interférences
phonologiques, en raison de la précarité de notre matériel électronique - limité à peine à un
magnétophone-; nous présenterons donc ici, les interférences qui nous ont paru les plus
saillantes.
D'abord, il ya la prononciation fautive de la diphtongue nasale -30 [àw].
En français, il existe des diphtongues nasales telles que Ijf/, 1 0~/, 1j51 comme dans les mots
bien, loin, lion, etc. mais il n'en existe pas du type làwl rencontré si régulièrement en langue
portugaise. En raison de cette absence,
beaucoup d'étudiants
éprouvent
d'énormes
difficultés en tentant de la prononcer. Dans la plupart des cas, ceux-ci la remplacent par le
phonème nasal 151 comme dans
« ... agora esta uma decepçon» [agoraEBta uma desfPs5] (A2)
ou par la diphtongue orale laol comme dans la séquence
« ... tem relaçaos .. , » [ t ~ relasaos](B. 1.2).
A propos de cette difficultés spécifique, il convient de signaler qu'elle n'est pas
exclusive de l'étudiant ivoirien mais, en général, de tout locuteur francophone Malgré tout, il
y a lieu
de rappeler ici, que compte tenu de notre expérience, nous pouvons affirmer, en
outre, que cette difficulté de prononciation de la diphtongue làwl est liée à la langue
maternelle de l'étudant. Il y a en Côte d'Ivoire, certaines langues locales telles que le baoulé,
106

l'agni, le yacouba et le dida ( la variante de warta) etc. où la présence de diphtongues de ce
type facilite la prononciation de la diphtongue portugaise /aw/.
Deuxièmement, nous vérifions l'influence de certaines règles phonétiques de la langue
française. Dans l'intervention n° 4 de A.1, nous lisons le vocable *naqui;
« ... sua integraçao naqui ... » [ sua îtegrasaw naki].
Phonétiquement parlant, il y a eu une assimilation progressive de la résonnance nasale
de la terminaison -30 sur la voyelle a du mot aqui 'ici'.
L'on observe enfin une interférence de l'espagnol dans certains termes comme cassa,
et apessar dans la séquence
« ... nao podem conseguir uma boIsa apessar de ... para regressar a la cassa »( A.2)
[nàw podt k5segir uma b.Jwsa apesar de ... para regresar a la kasa ]
Nous savons qu'en espagnol, il n'existe pas d'opposition phonologique entre set z.
4.2.2.6. Niveau graphologique
Sur ce plan, les interférences du français se manifestent aussi de façon impressionante.
Dans les exemples
« Nesta sal/a, cabe cerca de 150 estudantes » (R1.2)
107

« ... 0 português é uma lengua de comunicaçào international .. .(B.l.l)
« Vou apprender minha aula » (B.1.2)
« Quero que se ensefie em os collègios como 0 inglês » (B. 1. 1)
« De accordo corn minha namorada, nos vamos ao mercado » (B.l.S)
« Paulo es umo gato muito intelligente ... » (B.1.3)
« 0 senhor é 0 professor de allemào » (B.1.S)
« Eu pinta um quadro para as attraçoes dos caipiras » (B. 1.4) et
« por decisào presidential, eIe é ambaixador » (B.l.S),
on
remarque
respectivement
l'influence
des
mots
français
salle,
communication,
internationale, apprendre, collège, accord, intelligent, allemand, attraction et présidentiel.
Dans l'exemple « Suggesto a utilisaçào das cassetas para falar mejor 0 português, e
organisaçào de viagem em Brasil » (B.1.1), on voit dans les mots organisaçào et utilisaçào,
la présence maladroite du - s à la place du -z par analogie aux termes français organiser et
utiliser.
4.2.2.7. Quelques problèmes sémantiques
Les problèmes sémantiques peuvent être occasionnés par les faux amis ou par le
manque de maîtrise des subtiles différences sémantiques entre certaines expressions et termes
tels que ser et estar.
4.2.2.7.1. Les faux amis
108

Par exemple, le mot espagnol criar ' créer, élever, produire' et le terme français crier
affichent presqu'une homonymie. Cependant, ils se réfèrent à des signifiés qui n'ont aucun
lien de synonymie. Il s'agit donc là de faux amis.
Dans le matériel oral, on peut lire, dans les interventions n° 2 et 3 de A.2.,
«
eu tento que a Costa do Marfim nào se pode traduzir. .. » et
«
a faculdade é uma escola que nào procura trabalho ».
Dans la première, l'étudiant- a pris
*tento pour 'entends' en français. Il a associé
entendre « entender, ouvir» à tentar 'tenter de, essayer de', ce qui a faussé le sens de la
phrase. Il a voulu dire « ... eu entendo ... » ou mieux encore « ' .. eu ouç%uvi dizer que ... »
' ... j'ai oui dire que ... '.
Dans la deuxième, il a utilisé procurar
'chercher' pensant que ce verbe signifiait
'procurer' en français.
Bien qu'il s'agisse du même verbe à la source latine, il ya eu dans ces deux langues
romanes que sont le français et le portugais, des développements sémantiques différents que
l'étudiant, fixé sur l'identité des signifiants, n'a pas appréhendés; il a facilement établi
l'identité de signification.
On peut encore voir dans
« ... chegam à universidade sim balsa... » ( A.2) et
109

« .. nào se pode fazer nada sim ... din hei ra » (A. 2)
que les étudiants ont associé le vocable espagnol sin 'sans' au portugais sem 'sans', faisant en
sone que le choc homonymique les conduise à une traduction de sem par analogie (à sin).
Dans les versions N°l et 2 de 8.2.3, les étudiants ont traduit
« principe herdeira »
'prince héritier' par
'*principal héritier' ; ils ont pris le terme portugais principe pour
'*principal' en français. Dans le même exercice, un autre étudiant
a préféré' seul' et a
obtenu ' *seul héritier' au lieu de 'prince héritier'
...
Toujours dans la version nOl de B.2.3, pour traduire
« ... às margens do riacho Ipiranga
às margens daquele riacho »
, sur les rives du ruisseau Ipiranga
sur les rives de ce ruisseau-là',
un étudiant a écrit: « ... en marge du de la rive de Ipiranga ... en marge de cette rive».
A la page suivante (8.23), un autre a mentionné simplement: « ... au château de
Richard Ipiranga ... au château de ce Richard» pour traduire la même séquence.
Dans ces deux derniers cas, on note une déviation du sens de la séquence.
4.2.27.2. A propos de Seri Estar.
[10

Le manque de maîtrise de la différence fondamentale entre ces deux verbes et la
méconnaissance de leur usage adéquat engendrent des erreurs d'ordre sémantique.
Dans le matériel oral, par exemple, nous voyons:
«
de maneira que nào somas seguros de que nos reserva 0 porvenir. .. » ( A.2)
«
e quando lIega aqui, agora esta uma decepçon » (A.2).
Dans le premier cas, au lieu de somas, le choix devrait porter sur estamos puisque
l'actuelle préoccupation quant à "la garantie d'un avenir meilleur est un état d'esprit
momentané et donc variable ( voir usage de ser/estar dans le point 3.2.6.1.3.
Dans la seconde intervention, l'étudiant devrait utiliser ser pour indiquer le caractère
permanent de la déception dans sa mémoire.
Dans les deux cas, les phrases justes sont respectivement:
« ... de maneira que nào estamos seguros do nosso futuro ... » , ... de sorte que nous ne
sommes pas sûrs de notre avenir ... ' et« ... e quando se chega aqui, é uma decepçào ... » , .. et
quand on arrive ici, c'est la déception ... '.
Dans le matériel écrit, la confusion dans l'usage de SerlEstar se manifeste au niveau
de plusieurs phrases parmi lesquelles nous retiendrons, à titre d'exemple, les suivantes où
nous voyons Ser à la place de Estar et vice-versa:
III

« Meus documentos sào sobre a mesa» (RI.3)
« Ela esta uma muçulmana » (B.I.3)
« Meu amigo esta, 0 nova engenheiro » (B. 1.3)
« Brasil esta um pais de futebol » (RIA)
« As pessoas doentes sào com 0 médico » (RIA)
« Africa esta 0 campeao de futebol em Côte d'Ivoire» (RI.5)
« Loyola é doente entao ele vai ver um médico » (B. 1.5)
«Eu estou um aluno na universidade de Abidjan» (R1.5)
« Os alunos que sào no Brasil falam português bem» (R1.5)
4.2.27.3. Exercice
Nous allons maintenant esquisser une interprétation sémantique de la versin du texte
na 4 faite par un étudiant (version na 2 de R2A )
Texte:
,.
« E noite de Natal, e estou sozinho na casa de um amigo. Vou me deixando ficar
,,-
sozinho, numa confortavel melancolia ... sou um homem sozinho ... de repente um carro
começa
a
buzinar
corn
força,
junto
ao
meu
portao.
E
um
caminhào
de
lixo.
Esta ... carregado ... coma se trouxesse todo 0 lixo do ana que passou, todo 0 lixo da vida que
se vai vivendo ... »
Traduction faite par un étudiant:
112

« C'est la nuit de Noël, et je suis seul chez mon ami ... .je vais me laisser à être seul,
dans une mélancolie confortable
je suis un homme seul. tout à coup une voiture se mit à
klaxoner fort auprès de ma porte
C'est un camion d'ordures. Il est ... chargé ... comme s'il
transportait toutes les ordures de l'année passée, toutes les ordures de la vie qu'on vient de
vivre ... »
A la première ligne, en traduisant um amigo par 'mon ami', l'étudiant a remplacé
J'article indéfini um par l'adjectif possessif mon, retrécissant par conséquent le contenu de la
communication. Mon ami pré-suppose une plus grande intimité entre celui qui parle et son
amphitryon, tandis que um amigo véhicule à peine une information..
Il faut donc traduire « ... na casa de um amigo ... » par ,' ... chez un ami ... '.
Le passage « vou me deixando ficar sozinho ... » a été traduit par « je vais me laisser à
être seul. .. » . Du point de vue syntaxique et sémantique, cette traduction n'a aucun sens en
français. Et elle démontre que l'étudiant ne domine pas l'aspect verbal, non seulement en
portugais mais aussi et surtout en français.
.,
Ici, le verbe a un aspect inchoatif avec une nuance progressive. La traduction juste est
, seul, je me plonge petit à petit. .
Dans la même phrase, « ... numa confortavel melancolia»
a été traduit par' ... dans
une mélancolie confortable ... '.
113

L'étudiant, sans s'en rendre compte, a occulté le trait subjectif que le narrateur a
imprimé à sa phrase originale Dans la traduction, il a postposé l'adjectif cOf?fortable par
rapport au substantif mélancolie. La mélancolie n'a jamais été confortable. Si le narrateur a
dit « confortavel melancolia» ( l'adjectif avant le nom), il a voulu exprimer une certaine
sujectivlté que nous ne voyons pas dans la traduction française; la fonction expressive devrait
prévaloir
et
l'adjectif qualificatif,
maintenu
à
sa
place:
' ... dans
une
confortable
mélancolie ... '
« Sou um homem sozinho » équivaut à ' je suis un homme solitaire' et non à ' *je suis
un homme seul'.
« Junto ao meu portao » a été traduit par' auprès de ma porte'.
L'étudiant n'a pas su distinguer ici, la différence sémantique qui existe entre porta
'porte' et son augmentatif portao ' portail'. Bien que, dans l'actuel cas, le mot suggère une
connotation bien intime et subjective évoquant l'idée d'entrée dans l'intimité du narrateur,
nous proposerons l'expression 'auprès de mon portail' pour traduire « junto ao meu portào ».
Plus loin, l'étudiant a traduit « ... como se trouxesse ... » , ... comme s'il apportait ... '
par ' ... *comme s'il transportait. .. '. Le verbe Irazer signifie 'apporter' en français
et non'
transporter'. Dans apporler, il ya ['idée de prendre d'un lieu jusqu'à celui du locuteur, tandis
que transporter est bien vague et ne traduit pas à première vue l'idée de lrazer.
Enfin, dans la traduction de « todo 0 lixo da vida que se vai vivendo ... » par' toutes
les ordures de la vie qu'on vient de vivre ... " il y a un profond contressens.
114

Dans la séquence portugaise, il y a l'idée de quelque chose qui a déjà commencé et qui
se déroule progressivement dans le temps. Or, dans la traduction proposée par l'étudiant, on
remarque un aspect terminatif, c'est-à-dire qu'elle se refère à quelque chose qui vient d'être
conclu.
C'est encore là une erreur sémantique qui confirme le fait que l'étudiant, à l'image de
la grande majorité de ses condisciples, n'a pas une notion satisfaisante de la catégorie
aspectuelle du verbe dans les deux langues. « Todo 0 lixo da vida que se vai vivendo ... »
correspond à ' toutes les ordures de la vie qu'on est en train de vivre ... ' en français.
Maintenant, nous allons proposer un modèle de traduction du texte:
, C'est la nuit de Noël, et je suis seul chez un ami ... seul, je me plonge petit à petit
dans une confortable mélancolie ... je suis un homme solitaire ... Tout à coup, une voiture se
met à klaxonner fort, auprès de mon portail... C'est un camion de ramassage d'ordures. Il
est.. .chargé ... comme s'il apportait toutes les ordures de l'année qui vient de s'écouler, toutes
les ordures de la vie qu'on est en train de vivre ... '
4.3.Conclusion
Tout au long de cette analyse et interprétation, nous avons pu identifier les variables
qUI déterminent les erreurs et difficultés des étudiants de la Faculté des Lettres, Arts et
Sciences Humaines de l'Université Nationale de Côte d'Ivoire, dans leur apprentissage de la
langue portugase.
115

Ces erreurs et difficultés sont d'ordre lexicologique, syntaxique et morpho-syntaxique,
morphologique, phonético-phonologique, graphologique et sémantique, conformément au
tableau récapitulatif de la page suivante.
Pour réaliser ce travail, comme nous l'avons précédemment signalé,
les deux
modalités - exercices oraux et écrits - ont été prises en compte.
D'une part, nous avons vérifié que, selon
le département ou les connaIssances
linguistiques antérieures de l'étudia-nt, il y a dans l'exercice qu'il rend, des interférences en
nombre relativement élevé d'hispanismes ou d'anglicismes.
D'autre part, nous avons constaté qu'il y a impérieuse nécessité pour les étudiants, de
procéder à de sérieuses révisions de leurs cours de grammaire et orthographe françaises afin
d'éviter certaines erreurs ridicules comme celle que nous voyons dans les exemples suivants.
«
en marge du de la rive ... » (B.2.3)
«
résidence des noirs fibrés ... »(B.2.5)
« .. ,il s'arrêta... abord du ruisseau ... » (B.2.3)
«
devant à l'invasion du Portugal. .. » (B.2.3)
«
quelques valeurs occidentaux ... » (B.2.5)
En outre, nous avons remarqué que généralement, les étudiants ont mOinS de
difficultés dans la version (passage du portugais au français) que dans le thème ( passage du
français au portugais).
116

Enfin, les étudiants du département d'espagnol ont affiché,
malgré tout, une
compétence (en lecture et compréhension) meilleure que celle de leurs condisciples des autres
départements (anglais, allemand,etc.) . Cette prédisposition se justifie par le fait que
l'espagnol et le portugais sont deux langues romanes et que les univers lexical et grammatical
des deux sont, par conséquent, assez proches tandis que l'anglais et l'allemand, pour être des
langues germaniques, sont naturellement distants du contexte néo-latin.
Pour illustrer toute la problématique soulevée dans ce point de notre travail et en vue
de permettre une meilleure visualisation de celle-ci, nous présentons le tableau ci-dessous où
nous indiquons, dans un montage hiérarchique, l'ordre et la rélation des principaux prolèmes.
117

TABLEAU RECAPITULA TIF DES PROBLEMES
VERIFIES
DANS LE CORPUS
Interférences lexicales du français, anglais, espagnol
et italien.)
Hybridismes·
/
)
Niveau lexical
-==::;...----~ Autres barbarismes
les vocables étranges.
Problèmes syntaxiques
solécismes de
rccti()n~ et de
concordance.1
Niveaux syn-
Interférences syntaxiques
modèle français et espagnol
taxique et morpho-
dans la rection
syntaxique
modèle français dans la concordance des temps
modèle
- anglais dans l'ordre des mots.)
'
de l'espagnol: apocope et morpho-
I t
f
n er erences
~ syntaxe des verbes·
morpho-syntaxiques
d
f ·
)
, u
ranç81s: genre;
du français et de l'espagnol, contrac-
tion et pluralisation.
)
Problèmes
morphologi-
gues
~flexionverbale;
temps.)
formation des adverbes de manière.
Niveau phonético- ~Interférencesdu français: diphtongue et liaison i
phonologique
~ Interférence de l'espagnol: prononciation de la consonne
simple 2.
Niveau grapho-
_ _ _ _ _---:')~ Interférences du français
consonnes simples et doubles.
logique
Faux amis
L
Problèmes
I-Iave,/te,
Ser/estar.
sémantigues
118

CHAP-lTRE III
SUGGESTIONS
DIDACTICO-
PEDAGOGIQUES
POUR L'
ENSEIG
'.
NEMENT ET L'APPRENTISSAGE DU
'"
PORTUGAIS EN COTE D'IVOIRE.
119

Bien que l'apprentissage d'une langue étrangère soit un fait normal au cours des
différentes époques de l'histoire de l'humanité, l'on peut affirmer qu'une politique
systématique de l'enseignement de la langue étrangère a été véritablement mise sur pied,
surtout à partir de la deuxième guerre mondiale. A ce moment-là, le gouvernement américain
venait de décider concrètement, par nécessité stratégique, de donner à ses soldats la formation
et la compétence en langues étrangères en vue de leur permettre une plus facile
communication avec les peuples des pays oulet régions où ils allaient.
La finalité des cours, à cette occasion, consistait à peine à l'acquisition de la langue
orale puisque la langue écrite intéressait très peu (Passel, 1983, pp 1-13).
Pendant la guerre, cette activité devait pleinement atteindre ses objectifs. Après cette
phase, bénéficiant de recours de plus en plus modernes, et visant des objectifs plus diversifiés,
l'enseignement des langues étrangères s'est développé de façon si fulgurante qu'il couvre
aujourd'hui pratiquement tous les pays du monde.
3. PROPOSITION DIDACTICO-PEDAGOGIQUE.
Pour plus efficaces que prétendent être les modèles linguistiques, pour colossales que
soient les connaissances grammaticales de l'enseignant, pour nombreux et spécifiques que
soient
les
exercices
de
correction
d'erreurs
phonétiques,
graphiques,
syntaxiques,
morphologiques, etc. il convient de rappeler que l'apprentissage d'une langue étrangère reste,
avant tout, une opération affective. Le professeur doit faire en sorte que l'enseignement soit
une agréable expérience émotionnelle. Il faut , pour ce faire, que l'étudiant aime la langue.
120

Dans notre proposition didactico-pédagogique, nous insistons surtout sur une stratégie globale
dans laquelle l'enseignant doit savoir doser et mélanger avec équilibre, des techniques de
correction linguistique avec des tactiques persuasives appuyées sur des éléments culturels et
artistiques qui touchent véritablement à la dimension affective de l'étudiant.
3.1. Notre cours est-il un cours intensif ou un cours d'immersion?
De nos jours, les cours de langues étrangères peuvent être regroupés sous deux
modalités principales: les cours intensifs et les cours d'immersion.
Le premier ( intensif) , comme nous l'avons esquissé ci-dessus, a débuté pendant la
deuxième guerre mondiale. Sa méthodologie consiste à faire des exercices et dialogues, et
s'appuie sur l'utilisation du laboratoire et des matériels audio-visuels; le nombre d'étudiants,
pendant chaque séance, est très réduit et l' obj ectif est de les amener, en un temps record, à
parler la langue standard.
Quant au cours d'immersion, il vise l'étude de la langue sous ses différents aspects:
langue littéraire, grammaire, langage populaire, standard, etc. et cela, sur une période qui dure
des années.
Après cette mise au point, nous pouvons classer le cours de portugais dispensé à la
faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines de l'université nationale de Côte d'Ivoire dans
la famille des cours d'immersion. Sa durée est d'au moins
deux ans et il ne vise pas
seulemennt à donner aux apprenants -
en groupes à effectifs élevés- une compétence
121

linguistique et communicative en langue portugaise, mais aussi à leur enseigner la littérature
et la civilisation luso-brésiliennes
Pour atteindre cet objectif, au cours de la première et de la deuxième années, cet
enseignement se base sur des livres didactiques ( pour étrangers) puis, en troisième année -
Cl de Littérature et Sociétés du Brésil -, en plus des cours magistraux, des textes
grammaticaux, de littérature brésilienne et des textes de civilisation et géographie économique
du Brésil, il donne aux étudiants l'occasion de présenter des exposés visant à leur inculquer
un esprit de recherche personnelle. Comme ils disposent d'une bibliographie réduite à cause
de la précarité de leurs moyens financiers, ils reçoivent fréquemment des textes polycopiés en
complément. Aussi, empruntent-ils--souvent des textes relatifs à la littérature juvénile et des
journaux et revues du Brésil, tout ceci, contribuant à leur permettre d'avoir une vue plus
ample des divers registres linguistiques et s'exercer à la lectureet à la compréhension écrite.
Après avoir établi ces brèves observations initiales qui montrent l'orientation et la
méthodologie du cours, nous allons maintenant présenter le contenu de notre proposition.
3.2. De l'effectif des groupes de Travaux Dirigés (TD) et
Travaux
PratiquesTP.
Dans l'étude d'une langue étrangère, l'effectif des groupes est très important, surtout
lorsque les apprenants sont des débutants.
Durant l'année scolaire 1988-1989, nous avons pu compter à la faculté, plus de trois
cent cinquante (350) étudiants en première année, - tous départements confondus - engagés
dans l'étude du portugais comme seconde langue ou langue d'option.
122

Si, selon les textes en vigueur dans notre institution, il est prévu un effectif de vingt
cinq (25) à trente (30) étudiants par groupe de TD/TP, nous avons pu observer que, dans la
pratique, ce nombre est souvent de loin dépassé dans plusieurs départements où les effectifs
atteignent soixante (60) ou soixante dix (70). Pour que les enseignements puissent être mieux
transmis et assimilés, nous suggererions désormais une réduction réelle des effectifs aux
limites normales. Nous savons que des problèmes de salles disponibles peuvent se poser mais,
nous savons aussi que, pour plus nobles que paraissent les objectifs d'une méthode théorique
d'enseignement de langue étrangère, l'opérationnalité de celle-ci peut être inhibée par les
conditions matérielles dans lesqueHes elle s'exécute. Les effectifs souvent pléthoriques des
groupes entravent inévitablement la réalisation des projets et c'est pourquoi ce point doit
constituer le premier pas de nos suggestions.
3.3. Du matériel didactique
Dans le double processus de l'enseignement/apprentissage de toute langue étrangère,
l'une des plus grandes difficultés réside dans la délimitation et le choix du matériel didactique
adéquat.
Cette difficulté prend encore plus de poids lorsque le cours, encore en phase de
structuration, s'applique à une langue aussi disséminée que le portugais.
Comme l'on observe, le cours est entièrement tourné vers le portugais du Brésil; il
s'impose donc la nécessité de reconsidérer le matériel didactique dans le sens de le rendre
aussi perméable au portugais du Portugal et à celui de l'Afrique lusophone. Cette attitude
123

aurait pour conséquence immédiate de fournir aux étudiants des éléments pour une
connaissance plus vaste de la langue et de la culture lusophone dans ses aspects les plus variés
et complets. Il faut rappeler, à ce sujet, que la « perméabilisation» doit être douce et
graduelle. Nous ne sommes pas d'avis qu'il faille transformer, du jour au lendemain, ce qui a
été conçu et construit pendant plusieurs années. Nous pensons qu'une première expérience
pourrait être initiée au niveau de la troisième année où il existe depuis quelques années un
certificat de Littérature et Société du Brésil. A notre avis, celui-ci pourrait être purement et
simplement transformé en Cl d'Etudes lusophones. Ce serait alors l'occasion pour les
enseignants de montrer aux étudiants, les différents aspects de la langue portugaise à travers la
civilisation et les différentes littératUres d'expression portugaise.
3.4. L'aspect phonologique
A propos de l'aspect phonologique, il est très important d'insister sur quelques
phonèmes spécifiques tels que:
les diphtongues nasales du type -ào, -àe (et leurs pluriels), -oe
les triphtongues nasales -eào, -iào, ~oào et -uào (et leurs pluriels)
les phonèmes Irl ,1 RI ( ex : duro 'dur', carro' voiture' ) et
les digraphes -nh- et -Ih- qui engendrent beaucoup de confusions.
Pour ce genre d'exercices de prononciation, on pourrait alternativement utiliser le
laboratoire et la prononciation à haute voix.
3.5. De l'exercice de la traduction
124

La traduction est un exercice qui consiste à faire
« la substitution du matériel textuel d'une langue ... par du matériel textuel
équivalent dans une autre langue» (Cattford, 1980, p22) ,
ce que Roman Jakobson définit encore comme un exercice qui engage
« deux messages équivalents dans deux codes différents» (op.cit.p65).
Elle peut engager diverses ...modalités; elle peut être graphologique, phonologique,
partielle, pleine, etc.
Ici, nous nous en tiendrons à la dernière modalité, c'est-à-dire la traduction (version)
pleine ou la soumission d'un texte entier au processus de substitution des parties de la langue
source( le portugais dans le cas d' espèce) par le matériel textuel de la langue cible ( le
français).
Pour cet type d'exercice, nous ne discuterons pas la notion d'adéquation / fidélité (ou
non) du texte traduit, pas parce que cette notion est impertinente, mais tout simplement parce
qu'elle appartient à un domaine ( la théorie de la réception) qui ne nous paraît pas opportun
ici. Nous suggérons essentiellement une perspective dans laquelle prévaudont deux aspects
principaux:
la nécessité d'une préparation graduelle préliminaire des
125

étudiants à cet exercice difficile qui exige une bonne maîtrise des deux
codes linguistique concernés;
- la possibilité de réveiller, par cet exerCIce, le sens d'initiative
personnelle et d'indépendance intellectuelle chez les étudiants.
Dans notre université,
l'exercice de la versIOn
intervient dans
le programme
seulement à partir de la deuxième année. Au vu du matériel de notre corpus, des témoignages
complémentaires recueillis lors de l'enquête d'opinion (voir formulaire en annexe) et de notre
expérience personnelle, nous pensons que cet exercice doit être revu de la façon suivante:
Au cours du premier semestre de la deuxième année, par exemple, l'enseignant chargé
de cette discipline ne donnerait
pas aussitôt
des textes entiers à traduire;
il
irait
progressivement en commençant d'abord à proposer des phrases simples et courtes. Ce n'est
qu'à partir du deuxième semestre qu'il commencerait véritablement à proposer des textes
entiers à traduire, toujours en partant des plus faciles aux plus difficiles. Dans cette seconde
phase, hormis les textes d'examens partiels, presque tous les autres exercices seraient faits à la
maison par les étudiants, le délai devant être déterminé par l'enseignant lui-même. A partir du
texte proposé, les étudiants réaliseraient d'autres recherches et exercices complémentaires
préliminaires qui les éclaireraient dans la version. Ils iraient par exemple:
a). noter toutes les nouvelles règles de grammaire qui apparaissent dans le texte et, à
l'aide de livres de grammaire ou d'autres matériels didactiques, chercher à les comprendre en
même temps que leurs différentes utilisations en vue de les assimiler définitivement;
126

b). faire un travail similaire au niveau lexique. Les étudiants établiraient la liste de tous
les mots du texte dont ils ignorent le sens et, à l'aide du dictionnaire bilingue ou unilingue, ils
chercheraient les significations respectives et/ou les champs sémantiques, étoffant ainsi donc,
de façon personnelle, leur potentiel en vocabulaire.
Dans la salle de classe, pendant la correction
-
qui serait normalement lente - ,
l'enseignant serait en quelque sorte l'arbitre; il corrigerait ou expliquerait seulement ce qui
échapperait à la compétence des étudiants et insisterait sur les points fondamentaux du texte.
Le cours de verSlOn serait oainsi emprunt de dynamisme et plus profitable, et les
étudiants, lentement et sûrement, apprendraient plus. De cette façon, ils parviendraient à
l'acquisition d'une méthode de travail efficace qu'ils pourraient désormais appliquer dans
toute étude de langue étrangère ou exercice de traduction.
L'esprit d'initiative démontré dans les recherches déclenchées par les exercices de
version devra être constamment stimulé. L'effort de ceux qui auraient rigoureusement
travaillé et participé aux TD/TP tout au long de l'année scolaire devra être récompensé par
l'enseignant qui déterminera lui-même les modalités et les critères de la note de participation.
Il faut ajouter que, les textes, comme nous le conseille la sociolinguistique, ne devront
pas être exclusivement de nature littéraire; ils devront s'étendre également aux textes
journalistiques, artistiques, scientifiques, et à des jargons divers en vue de donner aux
apprenants une compétence linguistique plus vaste.
127

Par ailleurs, dans l'élaboration et choix des textes, l'enseignant ne devra pas limiter la
norme au niveau des étudiants d'espagnol car ces étudiants ont, en général, un niveau de
compréhension du portugais supérieur à celui de ceux des autres départements de la faculté.
En outre, pour les examens « officiels» de version
-
qui se font en principe sans
dictionnaire ni matériel complémentaire - , les textes devront, de préférence, être proches des
réalités socio-culturelles des étudiants tout en faisant en sorte que les difficultés présentes
dans les textes proposés aux étudiants du département d'espagnol ne soient pas identiques à
celles présentes dans les textes destinés aux autres départements.
3.6. Quelle grammaire enseigner?
Cette question se serait révélée impertinente si elle avait été posée il y a quelques
décennies, lorsque la grammaire consistait en un ensemble statique et «monolithique» des
règles du bien écrire et du bien parler
Actuellement, il existe une diversité de modèles grammaticaux qui travaillent avec des
méthodes relativement différentes et qui visent les modèles d'analyse les plus variés.
Ici, nous ne prétendons, ni discuter la viabilité de chaque modèle, ni discriminer une
seule de ces grammaires-là, puisque chaque modèle a aussi bien ses mérites et adéquations
que ses limites. Ce que nous voudrions établir comme conseil c'est qu'avant que l'enseignant
n'applique
le
modèle
de
son
choix,
il
devra,
de prime
abord,
se
convaincre
de
l' opérationnalité de celui-ci.
128

La primauté que nous accordons à la perspective pragmatique ici se justifie
pleinement, puisque les étudiants du cours se fixent pour premier objectif, l'acquisition d'une
compétence en langue portugaise, pas théorique mais pratique, aussi bien au niveau de l'écrit,
de l'oral que de la lecture. Nous soutenons alors vivement la thèse selon laquelle il ne faut pas
enseigner aux étudiants une grammaire passive, seulement formée d'un conglomérat de règles
qui régissent la communication en langue portugaise; la grammaire devra être réflexive et
viser la découverte du fonctionnement de la langue par des phrases que les étudiants
construiront eux-mêmes, après avoir vu un premier exemple élaboré par l'enseignant.
Dans la construction des phrases, l'enseignant pourra être bien répétitif sur le modèle
dans un premier temps; ensuite, il pourra progressivement remplacer les termes, catégorie par
catégorie afin de faire faire simultanément des exercices syntagrpatiques et paradigmatiques.
3.7. De l'alternance des types d'exercices.
Il faut alterner les types d'exercices et élaborer le programme hebdomadaire de telle
manière que chaque jour, il n'y ait pas seulement des cours théoriques mais aussi des cours
ponctués d'exercices oraux ( conversation, lecture, dialogues, etc.).
Pendant les cours de conversation, par exemple, l'enseignant pourrait, dans un premier
temps, raconter des fables du folklore brésilien, portugais ( ou d'autres pays lusophones), des
anecdotes et des blagues, quelques-unes de ses propres expériences liées à la vie dans les pays
précités, faire écouter aux étudiants quelques chansons de la musique de ces pays-là et les
commenter, ensemble. L'objectif de ce genre d'exercices consiste à les amener à mieux
connaître les pays dont ils étudient la langue, la littérature et la civilisation. L'élément ludique
129

est toujours d'une grande importance dans le processus de l'enseignement/apprentissage des
langues étrangères.
On pourrait aussi étudier la possibilité d'inviter et d'interviewer de temps en temps,
des fonctionnaires ou travailleurs brésiliens, portugais ou angolais de passage ou résidant à
Abidjan en vue d'offrir aux étudiants l'occasion de tester leurs connaissances en langue
portugaise et de donner au cours une dimension plus vivante.
Dans un deuxième temps, l'enseignant pourra stimuler des dialogues spontanés entre
les étudiants afin de les conduire gràduellement vers l'adresse en communication orale. Tous
devront prendre part aux exercices de conversation. L'enseignant, au cours de cette seconde
phase, pourra parfois respecter la loi du silence comme méthod~ didactique. Nous savons que
l'un des principaux rôles du maître est de corriger les erreurs de ses élèves; cependant, les
interventions abusives de celui-ci peuvent se révéler quelques fois inhibitrices, car le souci
ardent de corriger l'élève à chaque prononciation fausse,
par exemple,
devant
ses
condisciples, le conduit à la peur de parler ou à l'auto-répression qui finissent par porter un
grave préjudice à sa participation en classe.
Dans ce genre d'exercices, l'enseignant devra appliquer toute sa compétence
pédagogique et mettre en pratique tous ses recours personnels de persuasion.
A cause des
conditions socio-linguistiques des étudiants, l'enseignant devra exclusivement - sauf dans des
cas exceptionnels - conduire, en portugais, les heures de conversation. La rigueur devra se
faire encore plus grande en troisième année. Quelques mots d'encouragement sont toujours
bénéfiques, particulièrement pendant les toutes premières leçons de l'année.
130

3.8. Du niveau de langue.
Dans le choix du niveau de langue, l'enseignant pourra observer une certaine
flexibilité. Il devra modérer le purisme, les termes trop littéraires et exclusivement populaires
pour mettre un plus grand accent sur le portugais usuel, la langue de tous les jours.
3.9. Pourquoi accordons-nous une importance particulière à l'aspect socio-
culturel?
L'acquisition d'une langue étrangère n'est pas seulement l'acquisition de la bonne
prononciation, de la grammaire et des expressions ou vocabulaire. L'acquisition d'une langue
étrangère est aussi et surtout l'incorporation des habitudes et la compréhension de la
philosophie et du comportement du peuple dont on étudie la langue. La langue, étant
l'expression et le véhicule de la culture toute entière d'un peuple, il y a en elle explicitement
ou implicitement, la société avec ses habitudes caractéristiques. Celui qui étudie alors la
langue étrangère doit viser, en plus de l'acquisition du vocabulaire, de la prononciation et de
la grammaire, le développement de la capacité de se déplacer avec réflexe de son identité
culturelle d'origine vers la langue cible. Pour justifier notre position, nous allons prendre un
exemple qui illustre bien ce phénomène, un exemple relatif à un épisode dont nous avons
nous-même été témoin un jour. Il s'agit de l'intervention suivante:
Que 6timo ! a senhora esta hem gordinha .
, C'est très bien ça ! vous êtes bien grosse madame'.
131

C'est la phrase que prononça un étudiant noir africain à Sao Paulo quand il voulut
exprimer sa joie de rencontrer une de ses amies brésiliennes qu'il revoyait après deux longues
années.
Triste rencontre! N'est-ce-pas ?
Nous avons dit triste parce que la brésilienne s'est sentie choquée et même offensée
par les propos du jeune africain, et pourtant, le ton n'était pas rude. Nous confessons que le
ton était même familier et très doux. La brésilienne aurait sans doute souhaité que l'africain
dise le contraire en ces termes:
Que ôtimo ! a senhora esta bem magrinha
, C'est très bien ça , vous êtes bien mince madame'.
Pour tous les brésiliens qui avaient assisté à la scène, l'africain venait de commettre
une indélicatesse. La robustesse n'étant pas nécessairement mal vue en Afrique, elle n'est pas
péjorative dans la Culture Négra-africaine. Bien au contraire! On considère que seul grossit
celui qui mène une vie heureuse où les tranquillités physique et morale, matérielle et
spirituelle cohabitent de façon heureuse et homogène car, dans la vie quotidienne, quiconque
ne jouissant pas de paix maigrit quelles que soient la quantité et la qualité de la nourriture
consommée.
Ainsi donc, au fait d'être gras, on pourrait associer une axiologie positive en Afrique
Noire alors qu'au Brésil, cet état n'est désiré par personne car,
considéré comme
essentiellement péjoratif. Tout le monde, et surtout les femmes, souhaite être mince et même
132

les gros/grosses se sentent blessés(ées) - sauf dans le cadre très réduit de la famille -
lorsqu'on insiste à leur rappeler qu'ils le sont effectivement.
Nous nous trouvons alors en face d'un problème qui
transcende les données
grammaticales car situé à la limite entre la linguistique et l'anthropologie; il s'agit du
problème des « couloirs isotopiques» ou sémantiques auxquels Blikstein (1983, pp.60-6]) se
réfère en ces termes:
« De tels traits finissent par acquérir, dans le contexte de la praXIS, une valeur
positive ... en opposition à une valeur négative ou péjorative. C'est ainsi que les traits
de différenciation et d'identification, imprégnés de valeurs positives/péjoratives, se
transforment en traits idéologiques. Et ceci, éclôt la sémiose: les traits idéologiques
vont déclencher une figuration de forme ou couloirs sémantiques, par lesquels vont
couler les lignes de signification, ou mieux, les isotopies de la Culture d'une
communauté ... »
En Inde par exemple, la couleur blanche symbolise le deuil tandis qu'en Occident,
c'est plutôt la noire.Cela signifie que l'absolu n'existe pas dans l'interprétation des valeurs
culturelles. Le bon et le mauvais sont des concepts essentiellement relatifs.
Le jeune africain voulait exprimer une « super-affectivité» en choisissant le terme
gordinho
-gordo 'gros' qui remet à l'équilibre dans la Culture dont il est issu et le sufixe -
in ho, marque de l'affectivité en portugais, mais le contenu communiqué a été pejorativement
interprété.
133

Dans l'acquisition de la grammaire, de la prononciation et du vocabulaire, ce genre de
discours à la fois axiologique et lié aux habitudes ( ici, le concept de valeur) du peuple
brésilien n'est pas mis en relief. Maîtriser véritablement la langue « brésilienne» ne signifie
pas seulement connaître par cœur les règles de grammaire et de prononciation et posséder un
vocabulaire étoffé, mais cultiver la capacité de se déplacer, sans tâtonnement, de la Culture
d'origine vers la brésilienne.
Comment rendre ce déplacement effectif et automatique?
C'est seulement au moyen du travail progressif attentivement préparé et réalisé par
l'enseignant que cela peut être rendu effectif, car les deux Cultures sont différentes comme le
sont les mondes linguistiques. Quoi qu'on dise que la Cul~ure brésil ienne est émaillée
d'éléments africains, il est nécessaire d'insister sur le fait qu'il s'agit de deux univers culturels
très différents dans leurs principales coordonnées idéologiques 12
3.10.Conclusion
..
Dans le processus d'enseignement/apprentissage du portugais, chaque étudiant représente
un champ hétérogène dans lequel cohabitent désormais, au moins cinq « micro-univers» ou
manifestations linguistiques: la langue maternelle, le français, l'espagnol ou l'allemand,
l'anglais et enfin le portugais.
12 Il faut rappeler que de célèbres artistes brésiliens défendent l'idée d'une Africanité malgré leur connaissance
trop superficielle des lignes de base de la Culturc Africainc. Pour sc montrcr « africaniste », ils s'habillcnt
comme l'africain, et se font tresser les cheveux, mais un tcl comportement n'est qu'une manifestation
inconséquente d'indices.
134

L'on sait que, du point de vue de la perspective psycholinguistique, l'apprentissage
d'une langue étrangère est en étroite relation avec les fondements du/des stock (s)
linguistique(s) antérieur(s) (Slama-cazacu, 1979, p 141). L'on sait aussi que, selon la théorie
chomskyenne de l'existence des universaux linguistiques 13 et des analogies entre les langues
dans leur structure profonde, celui qui domine déjà plus d'une langue - tel est le cas des
étudiants de notre université - a une plus grande facilité dans l'étude d'autres réalités
linguistiques.
Compte tenu de ces théories, l'assimilation devrait être rapide et, par conséquent,
l'apprentissage du portugais à l'unioVersité nationale de Côte d'Ivoire ne devrait pratiquement
poser aucun problème majeur.
Cependant, nous voudrions vivement déconseiller de tels préjugés aux enseignants,
nouveaux ou anciens. Ces préjugés ne devront, en aucun cas, constituer des motifs suffisants
pour que l'enseignant attende des résultats immédiats. Il devra éliminer cet état d'esprit et
faire preuve en même temps d'optimisme et de patience quant aux résultats concrets. 11
gagnera à éviter de se fier aux belles théories car celles-ci ne cautionnent pas nécessairement
les résultats pratiques. D'ailleurs la théorie des universaux linguistiques ne se révèle pas elle-
même exempte de limites ( Coseriu, 1978, p148-203), étant donné qu'elle ne fonctionne pas
de la même façon pour toutes les langues du monde. Même si elle fonctionnait sans faille, le
professeur devrait penser au fait que parmi les étudiants, la maîtrise des codes linguistiques
antérieurs est variable d'un individu à l'autre si bien que l'apprentissage de la langue
portugaise serait toujours relativement difficile.
13 On appelle «
universaux du langage, les similaires existant dans toutes les langues du monde ... Comme
exemple ( ... ) on peut citer la double articulation du langage humain: toutes les langues connues partagenl cc
caractère de comporter W1e articulation non significative de la chaîne parlée (niveau des phonèmes) el WI
135

En reprenant et paraphrasant le psycholinguiste soviétique Alexei A. Leontiev ( 1981),
nous terminerons notre proposition en disant que l'enseignant devra chercher à créer sans
cesse, une atmosphère qui stimule les étudiants et leur fasse vivre une expérience agréable,
expérience sans laquelle tout effort didactique et pédagogique reste vain
agencement de ces phénomènes en unités de rang supérieur» ; DUBOIS, jean et alii (1973)- Dictionnaire de
Linguistique- Paris, Larousse, p5Ü3.
136

CONCLUSION
Comme nous l'avions déjà signalé dans la partie introductive, nous visions, dans cette
thèse, trois objectifs fondamentaux:
D'abord, identifier et cataloguer, à partir des exercices oraux et écrits des étudiants, les
difficultés auxquelles ils sont généralement confrontés et les erreurs qu'ils commettent dans
leur apprentissage du portugais.
Ensuite, mettre à leur disposition, un auxiliaire pratique dans leur processus
d'acquisition des principes obligatoires dans le discours en langue portugaise, en élaborant
une esquisse contrastive de certains points grammaticaux qui posent problème dans le trajet
portugais- français et vice-versa.
Enfin, émettre des suggestions spécifiques dont les enseignants pourraient s'inspirer
pour la confection de leurs programmes d'enseignement.
Pour parvenir à ces objectifs, nous avons conçu notre travail en trois chapitres:
Dans le premier, nous avons essayé de situer le problème dans son contexte; en nous
appuyant sur les études réalisées en ethnolinguistique et en sociolinguistique, nous avons
présenté de façon panoramique le tableau linguistique et la situation actuelle du français en
Côte d'Ivoire.
137

Dans la deuxième, en comptant avec la contribution de la linguistique synchronique, et
même de la stylistique et du fonctionnalisme, nous avons fait dans un premier temps, une
esquisse contrastive portugais - français à partir de certaines des erreurs les plus fréquentes
des étudiants. Après cela, nous avons procédé à l'analyse et à l'interprétation des erreurs
syntaxico-sémantiques vérifiés dans le corpus. Pour cet exercice, nous avons suivi la
formulation théorique proposée par le structuralisme linguistique, dans une conduite
contrasti ve.
Enfin, dans le troisième et dernier chapitre, nous avons émis un ensemble de
suggestions visant à contribuer à la mise sur pied d'un enseignement plus adapté du portugais
en Côte d'Ivoire.
Nous pensons qu'en appliquant celles-ci, il sera plus facile d'établir des programmes
didactiques et pédagogiques en fonction des conditions complexes dans lesquelles s'opèrent
l'enseignement et l'apprentissage de cette langue dans notre pays.
II faut cependant reconnaître que, malgré tout, il incombe toujours à l'enseignant
d'observer, en dernier recours, le comportement et le niveau de ses étudiants puis d'apporter,
en conséquence, la stratégie qu'il juge adéquate.
Cette réserve se justifie par le fait que la pédagogie, en tant que telle, ne s'enseigne pas
nécessairement. Elle peut naître de l'expérience didactique ou résulter de l'interaction
étudiants/professeur car la véritable pédagogie doit surtout fonctionner sur la base de la
pragmaticité. Comme propose l'écrivain brésilien Paulo Freire (1985) dans son œuvre
Pedagogia do Oprimido ' pédagogie de l'opprimé', la véritable éducation ne doit pas être
138

« bancaire », c'est-à-dire celle à travers laquelle le professeur omnipotent inculque des
connaissances à des étudiants passifs ~ la véritable éducation doit être « andragogique »,c'est-
à-dire celle qui stimule l'homme et lui apprend à entreprendre. L'étudiant n'est pas un objet
en soi mais plutôt un sujet à la recherche de la connaissance au sein d'une authentique
interaction professeur/étudiant.
Nous espérons avoir apporté ainsi, notre modeste pierre à la construction de rédifice
qu'est l'enseignement/apprentissage du portugais en Côte d'Ivoire.
Nous souhaiterions que cette thèse , la première sur l'enseignement de la langue
portugaise dans notre pays, constitue un point de départ pour la réalisation de recherches et de
travaux
futurs, et serve de contribution dans le processus d'implantation définitive de
l'enseignement de la langue, de la civilisation et de la littérature luso-brésiliennes dans notre
pays.
139

BIBLIOGRAPHIE
1. DICTIONNAIRES
AZEVEDO, Domingos de, - Grande Dicionârio Francês-Por/lIgllês.- ed. rev. E atualizada,
Lisboa, Livraria Bertand, 1952.
----------------------------------. - Grande Dicionario Francês-Português. 4a ed. revista e
atualizada, Lisboa, Livraria Bertrand, 1952 .
....
BURTIJ'J-VINHOLES, S. -Dicionario jrancês-português, portllgês-jrancês. - 31 a ed. amp. e
atualizada, Porto Alegre- Rio de Janeiro, Globo, 1986.
CAMARA JUNIOR, lMattoso. - Dicionario de Fi/%gia e Graipmatica.- 6a ed. Rio de
Janeiro, lO. Ozon Editor, 1974.
DUBOIS, le outros. - Diciontfrio de Linguf.s·tica. - Direçao e coordenaçao de trad. 1zidoro
Blikstein, Sào Paulo, Cultrix, 1978.
DUCROT, O.e TODOROV, Tzevetan. - Dicionario das Ciências da Linguagem.- 6a ed
Lisboa, PubIicaçoes Dom Quixote, 1982.
Enciclopédia De/ta Larousse ( 15 volumes) - 2a ed. Rio de Janeiro, Ed. Delta SI A, 1966.
FERNANDES, Francisco. - Dicionario de Regimes de substantivos e adjetivos. - 2a ed.,
Porto Alegre-Rio de Janeiro- Sao Paulo, Globo, 1952.
------------------------. - Dicionario de Verbos e Regimes - 34 ed .. Porto Alegre- Rio de
Janeiro, Globo, 1985.
140

GREIMAS, A.l. e COURTES,]. - Dicionario de Semiotica. -- Sao Paulo, Cultrix, s/d.
HOLANDA FERREIRA, Aurélio Buarque de. - Novo dicionario da lfnglla portuguesa. - 1a
ed. 14a impressao, Rio de Janeiro, Nova Fronteira, s/d.
JOTA, Zélio dos Santos. - Dicionario de Lingufstica. - 2a ed. Rio de Janeiro, Presençal INL-
MEC, 1981.
LUFT, Celso Pedro. - Dicionario gr.lamatical da l(ngua portuguesa. - Porto Alegre, Globo,
1967.
NASCENTES, Antenor. - Dicioncfrio de sinônimos. - 3a ed. Rio de Janeiro, Nova Fronteira,
1981.
ROBERT, Paul. - Le petit Robert j .- Paris, le Robert, 1982.
SPD\\lA, Segismundo. -Dicionâ'rio pratico de verbos conjugados.- 3a ed. corrigida e
me1horada, Sao Paulo, Fernando Pessoa, 1977.
V ARlOS, - Dicionario gramatical de verbos do português do Brasil- org. e coord. Francisco
da Silva
Borba, Texto Provisorio- Texto definitivo a ser publicado pela
Melhoramentos em 1988.
2. GRAMMAIRES
ANDRE, Hildebrando A. de. - GramGtica illistrada. - 3a ed., Sao Paulo, Edit ModernaLtda.,
1983.
BAYLON, Christian et FABRE, Paul. - Grammaire systématique de la languejrançaise avec
des trm1aux pratiques d'application et leurs corigés. - Paris, Fernand Nathan,
1973.
BORBA, Francisco da Silva. - « Gramatica de Casos- uma apresent~o geral ». - UNESP,
Campus de Araraquara, s/d.
141

1
1
CAYROU, Gaston et Autres. ~ Grammaire Latine.- Paris V, li br. Armad Colin, 1960.
CHEVALIER, Jean Claude et GROSS, Maurice.- Méthodes en grammairefrançaise.- Paris,
Klincksieck, 1976.
-----------------------et alii.- Grammaire Larousse dl/français cOJJtemporaill.- Paris,
Larousse, 1964.
CORBEIL, Jean Claude.- Strncture syntaxique du français moderne- élémentsfonctionnels
dans la phrase.- Paris, Klincksieck, 1971.
G
.r
-'
CORREA, Roberto A. e STEINBERG, S. Hauser.-
ramatica da l/I1gl/afrancesa.- S.L.P,
FENAME 1MEC, 1968.
CUNHA, Celso.- Gramdîica do português contemporâneo.- 2a ed. , Belo Horizonte, Bernardo
Alvares SIA, 1971.
--------------- e CINTRA, Lindley. - Nova gramatica do português contemporâneo.- 2a ed ,
14a impressao. Rio de Janeiro, Nova Fronteira, 1985.
DUBOIS, Jean. - Grammaire Structurale: la phrase et les transforamtions.- Paris,
Larousse, 1969.
-----------------et CHEVALLER, Françoise Dubois.- Eléments de Iinguisliquefrançaise :
syntaxe. - ed.rev. et corrigée, Paris, Larousse, 1970.
DUVIOLS, Marcel et VILLEGLER, Jean. - Grammaire espagnole.- Paris, Librairie Hatier,
1964.
FILLMORE, Charles J. « The case for case» in BACH, E. and HARMS, R. - Universa/s in
linguistic theory. - New York, Holt Rinehart and Winston, 1968.
GREVISSE, Maurice.- Le bon usage. Grammaire avec des remarques sur la langue française
142

d'aujourd'hui.- 7a ed. ,Gembloux, lDuculot S/A, 1959.
,-
LEMLE, Miriam.- Analise sintatica ( teoria geral e descriçào do português).-Sao Paulo,
Atica,
1984.
LUFT, Celso Pedro.- Novo guia ortogrqftco.- 18a ed. Porto Alegre-Rio de Janeiro, Globo,
1986.
MIRA MATI~US, Maria Helena e outros.- Gramâtica portuguesa. - Coimbra, liv. Almedina,
1983.
NEGRI, Teodoro.-Aprendizagem da-pluralizaçào em porwuguês- um estudo transversal do
pré-escolar à 8a
série do 10 Grau.- Sao Paulo, FFLCH, ] 980 ( tese de
Doutoramento).
RUWET, Nicolas.- Théorie syntaxique et syntaxe du français.- Paris, Seuil, 1972.
SALVADOR, José.- Apuntes y ejercÎcios de aplica~ci6n.- Abidjan, textuel Fac. Des Lettres et
Sciences Humaines, 1983.
SILVEIRA, Souza da.- Liçoes de português.- 9a ed. , Rio de Janeçiro, Presença, 1983.
TESNlERE, L.- Eléments de syntaxe structurale.- Paris, Klincksieck, 1969.
VOTRE, Sebastiao. - « A gramâti~ca dos Casos profundos e a sentença portuguesa » in
Estudos de Semântica aplicada ao portuguès J,1. -
UNESP, Campus de
Araraquara, 1984.
3.ŒUVRES GENERALES
143

AMARAL, Amadeu .. - 0 dialeto caipfra- 2a ed., Sào Paulo, Anhembi, 1955.
ARRESJAN, Ju . D. - Idéias e métodos da linguÎstica estrutural contemporânea. - trad.
e Lucy Seki, Sào Paulo, Cultrix, 1980.
ARRAIS, Telmo Correia.- As estruturas sintcÎtico-semânticas dos verbos de movimemo em
IV
português.- S,ao Paulo, FFLCHIUSP, 1974 (tese de Doutoramento).
AUDUBERT, Albert.- Do português para 0 jrancês.- 2a ed. Sào Paulo, Difusào Européia do
Livro, 1970.
BALLY, Charles.- Linguistique générale et linguistiquefrançaise.- 4e ed. ,Borne, Francke,
1965.
BARRaS, Diana Luz Pessoa de.- A lesta do discurso. Teoria do discurso e andiise de
redaçàes de vestibulandos.- Sào Paulo, FFLCH 1985 (tese de Livre-
Docência).
BLIKSTEIN, Izidoro.- « Estrutura, Criatividade e transformaçào no léxico » in Lmgua e
literaturd.- 4a ed. ,Sào Paulo, 237-266, 1975.
---------------------------.- Kmpar Hauser ou a Frabricaçào da Realidade.- Sâo Paulo,
EDUSP/Cultrix, 1983.
---------------------------. - Técnicas de Comunicaçào Escrita. - 2a ed. , Sào Paulo, Atica, 1985.
BaRBA, Francisco da Silva.- lntrouçào aos estudos LingufSticos.- 8a ed. rev. E atualizada,
Sâo Paulo, Nacional, 1984.
--------------------------------.- Teoria Sintâtica.- Sào Pauloi, TAQI EDUSP, 1979.
BOUTON, Charles Pierre.- L'acquisition d'une langue étrangère.- Paris, Klincksieck, 1974.
]44

CAMARA JUNIOR, 1. Mattoso.- Introd1lçào às l(ng1las indfgenas brasileiras.- 2a ed. rev.
Rio
de Janeiro, Acadêmica, 1965.
-------------------------------.- Contribuiçào à estili!;tica port1lguesa.- 3a ed.,rev., Rio de Janeiro,
Ao Livro Técnico/MEC, 1978.
CARONE, Flavia de Barros.- Morfossintaxe.- Sào Paulo, Atica, 1986.
CATFORD, John C. - Uma teoria /ingufstica da traduçào.- Sào Paulol Campinas, Cultrix 1
PUC,1980.
COHEN, Marcel.- Histoire d'une langue: le français ( des lointaines origines à nos jour5).-
Paris, ed. Hier et Aujourd'hui, 1947.
CONFEMEN ( Conférence des Ministres de l'Education des Etats d'expression française) -
Promotion et intégration des langues nationales dans les systèmes éducattf5 :
bilan et inventaire.- Paris, nChampion, 1986, pp.149- 165.
COSERIU, Eugenio.- Sincronia, Diacronia e Historia.- trad. De Carlos Alberto da Fonseca e
Mario Ferreira, Rio de Janeiro- Sào Paulo, PresençalEDUSP, 1979.
----------------------. -{( Los universales deI lenguage (y los otros) » in Gramatica, Semantica,
Universales.- Madrid, Gredos, 1978, pp. 148-203.
----------------------.- {( El aspecto verbal perifntstico en griego antlguo ( y sus reflexos
romanicos)>> in Estudios de Lingufstica Romémica.- Madrid, Gredos, 1977,
pp.231-263.
CUNHA, Celso.- Lmgua portuguesa e Realidade brasileira.- Rio de Janeiro, Nova
Fronteira,1981.
DELAFOSSE, Maurice.- Vocabulaires comparatifs de plus de 60 langues et dialectes parlés
145

en Côte d ']vo;re et dans les rég;ons bmUrophes avec des notes bngldsüques et
ethnologiques, lIne b;bbograpMe et une carte.- Paris, Ernest Leroux, 1903-
1904.
DUCROT,O. TODOROV, Tzevetan e outros.- Qu'est-ce que le Structurabsme? - Paris,
Seuil, 1968.
DUPONCHEL, Laurent. - « Réflexions sur l'enseignement du français en Côte d'Ivoire» in
langues négro-afr;caines et ensdgnement du frança;s:
cOl?férences et
.comptes-rendus.- Abidjan, publication multicopiée de l'ILA, Enseignement du
français n° XXVII, 1971.
-------------------------. - Le frança;s efJ Côte d 'Ivoire, au Dahmey et ail Togo. - Abidjan,
publication multicopiée de l'ILA, 1974.
ECO, Umberto.- Comosefaz uma tese.- 2a ed., Séao Paulo, Perspectiva S/A, 1985.
ELGIN, S. Haden. - 0 que é bngurstica ? - trad. De Alzira S. , Helena M. e Junéia M. , Rio
de Janeiro, Zahar ed. ,1974.
ELIA, Silvio. - 0 problema da lfngua brasileira.- Rio de Janeiro, INL / MEC, 1961.
----------------. - A unidade lingufstica do Brasil- Rio de Janeiro, Padrao, 1979.
FRANCOIS, frédéric.- L' Ense;gnement et la d;versité des gramma;res.- Paris, Hachette,
1974.
FREIRE, Paul0.- Pedagogia do Opr;m;do. - 14a ed. ,Rio de Janeiro, Paz e Terra S/A, 1985.
FRlCK, Esther et BOLLI, Margrit.- « Inventaire préliminaire des langues et dialectes en Côte
d'Ivoire» , Actes du 8e Congrès de la SLAO in Annales de l'Un;versité
d'Abhljan, Sér;e H: bnguistique.- vol.1.- 1971, pp 395-426.
GEERTZ, Clifford.- A interpretaçao das cultllras .- trad. De Fanny Wrobel, Rio de Janeiro,
146

Zahar Editores, 1978.
GENOUVRIER, E. e PEYTARD, Jean.- Lingu(stica e ensino do português. - trad. E
adaptaçao de Rodolfo I1ari, Coimbra, Almedina, 1974.
------------------------ Linguistique et enseignement dufrançais.- Paris, Larousse, 1970.
GREENBERG, Joseph.- Languages ofAfrica.-The Hague, the Netherlands, Mouton et Co.,
1963.
GUIRAUD, Pierre.- A estillstica.- trad. De Miguel Maillet, Sao Paulo, Mestre Jou, 1978.
HALLIDA Y, M.A.K. e outros.- As ciéncias lingu(sticas e 0 ensino de I(nguas.- trad. De
Myriam F. Morau, Petropolis, Vozes, 1974.
HATTIGER, Jean Louis.- Le français populaire d'Abidjan: lin cas de pidginisation.-Abidjan,
ILA, 1983.
HERAULT, G.- « Etude phonétique et syntaxique du français d'élèves de cours préparatoire
de la région d'Abidjan» in Annales de l'Université d'Abidjan.- Série H., 1968.
ID n°
, Abidjan, 1989.
ILARI, Rodolfo.- A lingu(stica e 0 ensino da Imgua portuguesa.- Sao Paulo, Martins Fontes,
1985.
JABE.- « Le français de Côte d'Ivoire ou la langue de Moussa» in Afrique-Asie.- Paris,
20/04/1986.
JAKOBSON, Roman.- Lingui'-;tica e Comunicaçào.- trad. De Izidoro Blikstein e José Paulo
Paes. Sao Paulo, Cultrix, s/d.
KERBRAT-OREccmONI, c.L.- L'énonciation de la subjectivité dans le /angage.- Paris,
Armand Colin, 1980.
147

KOKORA, Pascal D. - « Situation sociolinguistique en Côte d'Ivoire et emprise du français:
les variétés de celui-ci et les attitudes langagières qu'elles suscitent chez les
locuteurs» in Cahier Ivoirien de Recherches linguistiques n° 3.- Abidjan, ILA,
1983.
LAMY, André.- Enquête sur le français des élèves de sixième. - Abidjan, publication
multicopiée de l'ILA, Enseignement du français, n° XI, 1970.
LAP A, Manu~1 Rodrigues.- EstilÎstica da lfngua portuguesa.- 9a ed. , re. e acresc. , Coimbra,
Editora Limitada, 1977.
LA VERGNE, Tressan de .- Inventaire linguistique de l'Afrique Occidentale française el du
Togo.- Dakar, IFAN, 1953.
LEONTIEV, A. Alexei.- Psychology and Language learning process.- Oxford, Pergamon
press, 1981.
LEPSCHY, Giulio c.- La linguistique structurale.- Paris, Payot, 1968.
LIMA SOBRINHO, Barbosa.- A IÎngua portuguesa e a unidade do Brasil.- 2a ed., Rio de
Janeiro, Brasilia, José Olympio/ INL, 1977.
LOTT, Ferdinand-« A queele époque a-t-on cessé de parler le latin? » in Bulletin du Cange.-
, 1931, pp 118 e segs.
MACKE Y, W.F. - Bilinguisme et contact des langues.- Paris, Klincksieck, 1976.
MARTINET, André.- A /inguÎslica sincrânica.- trad. De Lilian Arantes, Rio de Janeiro,
Tempo Brasileiro, s/d.
-----------------------.- Elementos de /inguÎstica general.- 2a ed., Madrid, Gredos, 1970.
MAURER JeT. Henrique.- 0 problema do latim vulgar.- Rio de Janeiro, Acadêmica, 1962.
148

MELO, Gladstone Chaves de.- A /(ngua do Brasil.- 3a ed. melh. e aum. Rio de Janeiro, FGY,
1975.
------------------------. - Ensaio de esti/Îstica da l(ngua portuguesa. - Rio de Janeiro, Padrào,
1976.
NABHAN, Neuza N. - Interferência lexical. Estudo dafala de imigrantes libaneses em Sào
Paulo.- Sào Paulo, FFLCH, 1984 (tese de Doutoramento).
OGDEN, C.K e RICHARD,I.A. - 0 significado de significado.- loa ed., trad. De Alvaro
Cabral, Rio de Janeiro, Zahar Ed. 1972 .
...
OLIVEIRA FO, Paulo de.- Lingufstica aplicada à lingua portuguesa.- Sào Paulo, Lua Nova,
1987.
PASSEL, Frans Van.- Ensino de Lfilguapara adultos.- trad. De Herminia S.Marchi, Sào
Paulo, PioneiralEDUSP, 1983.
PINTO, Edith Pimente\\.- 0 português do Brasil, textos crfiicos e tecJricos 1-1820 /1920- Rio
de Janeiro- Sào Paulo, LTC/EDUSP, 1978.
-------------------------.- id. II - 1920- 1945-, ibid. 1981.
-------------------------.- A lmgua escrita no Brasil.- Sào Paulo, Atica, 1986.
POTTIER, Bemard.- Linguistique générale: théorie et descriptions.- Paris, Klincksieck,
1974.
PRETI, Dino F. - SociolinguÎstica, os nivéis de fala.- Sào Paulo, Companhia Nacional, 1977.
------------------. - A gîria e outros.- Sào Paulo, TAQIEDUSP, 1984.
ROULET, Eddy.- Théories grammaticales, descriptions et enseignement des langues.- Paris-
149

Bruxelles, Fernand Nathan-Labor, 1978.
SAPIR, Edward.- Lingu(stica como ciência : ensaios.- seleçao, trad. E notas de 1. Mattoso
Câmara Jr., Rio de Janeiro, Acadêmica, 1969.
SLAMMA-CAZACU, Tatiana.- Psicolinguf.ytica aplicada ao ensino de I(nguas.- trad. De
Leonor Scliar, Sao Paulo, Pioneira, 1979.
SAUSSURE, Ferdinand de.- Curso de /ingufstica Gera/.- trad. De Antonio Chelini, José
. Paes e Izidoro Blikstein, Sao Paulo, Cultrix, 1971.
STLVA NETO, Serafim da.- In/roduçào ao eS/lido dafilologia porluguesa.- 2a ed. ampl E
melh por Evanildo Bechara e Joram Pinto de Lima, Rio de Janeiro, Grifo,
1976.
---------------------------------.- Manual de filologia portuguesa- 2a ed. melh. e acresc., Rio de
Janeiro, Acadêmica, 1957.
--------------------------------.- Lfi7gua. Cultura e Civilizaçào.- Rio de Janeiro, Acadêmica, 1960
--------------------------------.- HistOria da l(ngua portuguesa.- 2a ed. Rio de Janeiro, Livros de
Portugal SIA, 1970.
-------------------------------. - Jntroduçào ao estudo da 1Ît7gua portugesa no Brasi1. - 3a ed.
Rio de Janeiro, Presença, 1976.
TCHAGBALE, Zakari.- « l'espace linguistique ivoirien» .- Abidjan, ILA, s/d.
ULLMAN, Stephen.- Semântica- uma inlroduçào à ciência do signijicado.- 2a ed. trad. De
lA. Osorio Mateus. Lisboa, Fundaçao Calouste Gulbenkian, 1970.
VARlOS.- Es/udos de Filologia e Linguûtica.- Sao Paulo, TAQI EDUSP, 1981.
VASCONCELLOS,1. Leite de.- Esquisse d'une dialectologie portugaise.- 2a ed. corn
lSO

aditamentos e correçàes do Autor, preparada por M.Adelaide do Valle Cintra.
Lisboa, Centro de Estudos Filologicos, 1970.
VERA, Armando Asti.- Metodologia da pesquisa cient(ftca. - 1a ed. trad. De Helena G.c. e
Beatriz Marquez M., Porto Alegre-Rio de Janeiro, Globo, 1983.
WESTERMANN, D. e BRYAN, M.A.- Languages C?f West Africa (handbook of languages
II).-Oxford University Press, 1952.
151

ANNEXE: LE CORPUS.

INDICE
Matériel oral
provenant d'étudiants d'Anglais
. provenant d'étudiants d'Espagnol
Maériel écrit
En portugais
provenant d'étudiants d'Anglais
provenant d'étudiants d 'Espagno1
provenant d'étudiants de Lettres Modernes
provenant d'étudiants d'Histoire et Géographie
Provenant d'étudiants d'Allemand
Formulaire d'enquête
Versions
. Texte nO] : Os vivos e os mortos entre os bantus
153

- versions nO 1,2,3 (d'étudiants d'Espagnol)
Texte nO 2 : As raizes da cultura brasileira : as origens da artquitetura
-versions n° 1,2,3,4,5 (d'étudiants d'Anglais)
Texte n° 3 : Un pouco de nossa historia
- versions n° 1,2,3 (d'étudiants d'Anglais)
Texte n04 : Natal
-versions n01,2 (d'étudiants d'anglais)
Texte n05 :
-versions nO 1,2,3 ( d'étudiants d'Espagnol)
154

A. MATERIEL ORAL
A.l Provenant d'étudiants d'anglais
1. Nao existe um departamento de português entao os alunos que aprendem português
aprendem uma outra lengua. Por esto, por isto, é muito dificil aprender realmente portuguès
por que quando salimos, quando os estudiams acabo, nao podemeos trabalhar num
ambassado, ambassada de portugais na Costa do Marfim.
2. Outra problema, por favor, hacer favor, 0 ano passado, fue a primeira vez para
estudar 0 português e este ano, estartIos aplicando directamente a versao ; é muito dificil para
o aluno de segundo ano de traduzir um texto em português porque no tenemos vocabulario
para traduzir.
3. Ahora, hay muitos problemas porque hay alunos aqui que nao aprendido espanhol,
allemand ( ... ) quando esta no lycée, estava no lycée porque os alunos dam sciences, ciências
mas ahora estao aprendido inglês português, so, é muito dificil para um home que habi
preparado por se para dar português.
Nao podemos aprender gramaticas, papers, redaçao, versao mas mi si ao aprendimos,
vamos be excluidos.
4. Sua integraçao naqui quando terminar os estudos nao vai ser dificil ? Para trabalhar
na Costa do Marfim guando estudios terminam e chegam agui, coma vai ser para trabalhar na
Costa do Marfim ?
155

1
J
5. Queria saber si 0 governo do Brasil no puede organizar a viagem por estudantes que
r
aprendem 0 português durante as vacaciones.
,
5.
Os problemas sao que aqui, nao temos miuitas oportunidades de falar portuguès e
quando, e depois 0 primeiro ano, começamos a traduzir bastante textos, textos que
nao comprendemos as palavras normalmente.
A.2. provenant d'étudiants d'Espagnol
1. 0 que eu quer, quero perguntar é que de una manera geral, fazemos português so
durante 3 anos e quando no, uma pessoa chega ao Brasil, eu penso que durante el primer, 0
primer ano, ista persona tem muitas dificultades. Eu quero saber as dificultades que você tinha
quando chegou por a primeira vez no Brasil.
2. Por favor, eu quero precisar alguma coisa por que desde hace 3 ou 4 dias, eu tenta
que a Costa do Mamm nao se pode traduzir em las lenguas. Se debe dizer Côte d'Ivoire, sim
es 0 que 0 presidente da republica quer.
3. Para mim, a situaçào do estudante na Costa é muito grave por que queremos estudar
mas quando achamos no que vamos fazer depois do ensino que temos na faculdade, temos
medo porque geralmente est~damos para trabalhar no futuro e a faculdade é uma escola que
nao procura trabalho.
4. Como meu amigo, quero dizer que a situaçao de 0 estudante na Costa do Mamm é
muita dificil por que a causa das injusticias sociais 0 estudante nao pode saber 0 que vai fazer
156

no futuro, de manera que nao somos, ( ... ) seguros de que nos reserva 0 porvenir; e se 0
estudante da Costa do Marfim tivesse oportunidade de ir ao estrangeiro para perfeccionar-se,
isso sera un coisa muita interessante.
5. Quando uno, um passa 0 bachillerato, pensa que vai a ganhar muito dinheiro, bom,
vai viver bem, e quando llega aqui, agora esta uma decepçon.
',.
157

6. Os alunos de 2° ensino no quer, no querem vivir à universidade
e \\(âo depois de su bachillerato em as escuelas, escolas superiores 0
passam um concurso para trabalhar em una firma.
7. Bom, eu digo que a situaçEro dos estudantes de antes e la de
agora naD é a mesma coisa ; e antes, os estudantes podiam ter uma
boisa para os estudos, pero agora, a situaçao é mais dif(cil com nuestra,
nossa chegada, es decir 0 ana mil nobecientos e ochenta e quatro.
Os estudantes, os alunos que llegam, chegam à universidade sim boisa
e sobretodo, os estudantes que procedem de una fam(Jia no rica têm
que trabajar, trabajar para, trabajar para ...
8. Os estudantes naD podem conseguir uma boisa apessar de, do
trabalho que podem fornecer. Esta compressao ha desanimao muitos
jovenes que regressao en los povoados e os que têm 0 coragem de
persê, de seguir os estudos. Agora, hay alguns que têm uma meia boisa
e para os que, 0 ano, naD teniam éxito em la escola debem que deixar,
nâo têm a possibilidade de beneficiar das obras do CNOU, têm que
deixar los cidades, les cités, as cidades universitarias para regressar a
la cassa, e es 10 que, com esta situaçao, a vida universitaria vuelve
muita, muito dif(cil e isso puede freinar, freiar a developpement, 0
desenvolvimento do pars em alguns anos.
9. Penso que os estudantes da Costa do Marfim, agora, se
encontram em uma situaçao muy dif(cil por as razoes que os amigos
acabam de dizer por que continuar os estudios sem boisa é muito
dif(cil. 0 Estado deve ajudar a los, aos estudantes.
\\58

1
1
10. Em conclusao, pienso que a escola esta reservada aos alunos
de ricos por que agora, no, naD se pode fazer nada sim, sem dihheiro.
Il. Eu acabo cam os estudios aqui en a universidade por que 0
ana aqui naD andou e agora mismo, estoy fazendo para fazer de nuevo
os estudios aqui na universidade.
Para obter uma beca para os estudios en Brasil, como podemos
fazer por que a ana passado, foi na ambassada de Brasil para fazer,
como fazer para obter una beca e a secretaria disse que 0 Brasil nâo
da bec a para os estudios entao eu quero saber se é verdade.
12. Eu terminei com a Cl e agora, eu estou com 0 L; isso
quer dizer que depois do ana passado, eu fiz 0 Cl. 0 curso foi coma
os todos e somente, eu naD encontrei dificuldades nas aulas.
o ana passado, quando estavamos no Cl, os professores diziam
que haviam becas para 0 Brasil e com a morte do presidente brasileiro,
esse caso, isso casa ha sido suspendido.
159

8., MATERIEL ECRIT
B.1. - En portugais
RI. 1 - Provenant d'Etudiants d' Anglais
1.
E mais Util 0 Brasil é um gran pais e 0 português
é uma lengua de communicaçao international. .. no temos un di-
cionario ... Quero que 0 português se ensene em os collègios como
o inglês.
2. Nao quero h'lver português in texto. Quero aprenderlhe
como uma segunda langage simplamente.
3. E preciso que os estudantos van no Brasil para passar alguns
mês para falar português melhor.
4. Quiero encontrou uma vezes por semana alguns brasileiros
para faiar com eles.
5. Avero que os professores explicam as palavras no francês
para que entendimos porque naD vamos estudar português durant
muitos anos.
6. Sugesto a utilisaçao das cassetas para falar mejor 0 por-
tuguês, e organisaçao de viagem em Brasil.
7. Em mais das aulas se pode haver un ensino audio-visual
e se pode organisar uma viagem todos os anos para 0 Brasil para
estudar era bom.
8. 0 vocabulario me dou algumas problemas ...
160

9. Podereis fazer cassetas por praticao oral e organisar viageno
nem pa(ses que falar português (Brésil, Angola, Portugal, Cap-Vert) .
10. E dif(cil de falar porque depois da classe naD temos 0 pra-
zer de falar com outras pessoas e estamos mais preocupados por a
primeira I(ngua.
Il. Para uma ensino mais adequado do português na costa do
Marfim, os professores devem organisar cada ano, a viajem para Bresil.
12. Os estudantes'-tem medo de fazer erradas entao naD querem
falar português com os outros.
13. Eu vou à América bibl ioteca.
14. Eu estou na classa de português.
15. Eu vou comer no restaurante da universidady.
16. Eu vou falar com meus amigos da universidady.
17. Ele fala com 0 diretor perto della porta.
18. Nesta sail a, cabe cerca de 150 estudantes.
19. Eu nao muito falo português.
20. Sèbado, fevereiro, 25 de 1989.
21. Vou apprender minha aula.
B.l.2. - Provenant d'Etudiants d'Espagnol
1. Na costa do Marfim quero que ensinar 0 português nuns
colegios como em universidade. E CJtil para as relacionas entre a
Costa do Marfim e os paisos que falam português.
161

2. A Costa do Marfim tem reJaçaos importantes cam a Brasil
isto pode ayuda-nos.
3. De uma manera geral, a aluna que estuda a português na
Costa do Marfim tem muitos problemas nas diferentes materias.
Par que ele 56 começa a estudo do português na universidade. Entao
nos queriamos que os alunas comecem a estudo do português nos
liceos ••.
4. Prefiro que o.OS professores luchem para crear 0 departamento
do português na universidade e pidam ao gobernamento a insino do
português nas escolas.
J62

8.1.3. Provenant d'Etudiants de Lettres Modernes
1. Meus documentos san sobre a mesa f
2. Os estudantes gostao ir de ônibus para a faculdade.
3. Eu estudio na universidad •
4. Eu sou um estudiante.
5. As frases san simples en português.
6. Paulo es umo gato muito intelligente quem quer estudar
medecina.
7. Carlos e José sao, duos bonos amigos.
8. A gata ri de a cançao
9. Ela esta uma muçulmano.
10. 0 carro esta caro por contra 0 relt'x;jio esta barato .
Il. Ela sou uma boa cristaa •
12. Las mulheres fazem esforço sem falar.
13. José arruma 0 carro de a mae •
14. Ele é 0 campanhar.
15. Vocês conhecem treze regiao .
16. Eu estou entre as quatra mulheres .
17. Cada dia, eu como 0 pequeno pao.
18. Eu dou a bala ao bambino italianime.
19. Meu amigo esta 0 nova engenheiro .
20. Ele naD conhece as todas amigas da José mae .
163

B.l.4. Provenant d'Etudiants d'Histoire-Géographie
1. Eu rento de sair pela janela .
2. Ha muitos estudantes em nesta faculdade.
3. 0 gaUlo come do pimenta.
4. Vivem quatro mulheres com feos ninas.
5. Todos os mulheres gustam mui to bem dinheiro.
6. Brasil esta um pais de futebol •
....
7. Eu vou para 0 Brasil por ver 0 pélé.
B. Eu queremo ver Sao Paulo antes de ver Rio de Janeiro.
9. Eu preciso dinheiro para comprar sapatos·
10. Cada quinta - feira, eu fazo um grande esforço para
hablar português.
Il. Eu pinta um quadro para as attraçoes dos caipiras.
12. Em a casa, nos recevemos 0 barulho dos carros pela janela •
13. 0 pobre pede dinheiro na rica comerçanta.
14. MO/ussa tém um ballon de futebol •
15. Ali conduce 0 car.
16. Eu vou jugar futebol com meus amigos.
17. Eu espero que minhas phrases scIo 6timas.
lB. As pessoas doentes san com 0 médico •
19. Eu faço dez frasas em português.
20. Tenho uma carro.
164

B.l.S. Provenant d'Etudiants d'Allemand
1. Africa està 0 campeao de futebol emCôte d'Ivoire~.
2. Eu ajudo mia mae à fazer 0 mercado .
3. Nos dançam e cantam durante a festa
4. Meuvizinho
esta doento .
5. Senhor Rodriguez vende sua casa para receber do dinheiro
6. Loyola é doente entâo ele vai ver um médico .
....
7. Os estudantes preclsam de perguntar para compreender dois
termos.
8. Enfim alguns alunos de alemâo falam português e eles
conjugam também dos verbos em português ..
9. Koffi vai na Italie para ver Sao :Joao
10. Para vir na Universidade os alunos que moram em Yopougon
precisam a carra .
Il. Eu estou um aluno na Universidade em Abidjan.
12. Os alunos que san no Brasil falam português bem
13. Eu hei: um grande Cx:Jio para os ladraos
14. Sao Joao compra 0 açucar et 0 pao.
15. Entre todos meus professores ha naD uma mulher.
16. Por decisao presidential, ele é ambaixador..
17. 0 cachoro esta abaixo da fenetra .
18. De accorda com minha namorada, nos vamos ao mercado
19. 0
Senhor é 0 professor de allemao .
20. Os mendigos pedem ao longo da dia.
165

1
1
B.1.6. FORMULAIRE D'ENQUÊTE D'OPiNION
1. Trouvez-vous utile l'apprentissage du portugais en Côte d'Ivoire?
( ) oui
( ) plus ou moins
( ) non
( ) autres réponses
.
2.
Quel genre de difficultés rencontrez-vous?
( ) version
.
( ) rédaction
.
( ) grammaire
.
( ) à l'oral
.
(
) autres difficultés
'"
":
.
3.Quelles sont vos suggestions pour un enseignement plus adéquat du portugais en Côte
d'I
.
?('
. )
vOIre . reponses en portugais
.
Qualification de l'étudiant
A Instruction ( ) première année
C. Département ( ) espagnol
( ) deuxième année
( ) anglais
( ) licence
( ) lettres modernes
( ) histoire-géo
( ) allemand
B. Age
()16-20ans
D. Sexe
( ) masculin
( ) 20 - 25 ans
( ) féminin
( ) plus de 25 ans.
166

B.2. .- VERSIONS
B.2.1·TEXTE N° 1
DEPARTEMENT D'ESPAGNOL -
COURS DE PORTUGAIS (1980-1981)
SUJET D'EXAMEN
DUEL II - JUIN 1981
PROF: Fabio Leite
VERSION
OS VIVOS E OS MORTOS ENTRE OS BAt'HU
" Os Bantu v.ivos levam seu existir em càmunhao constante
com os falecidos. Se fôssemos ao fundo das coisas, 0 homem é igual-
mente uma entidade-laboratorio, na quai se elabora tudo 0 que com-
compae cultura da sociedade. E èle é um transmissor total, aquele
mesmo de seu prëprio corpo ao mesmo dtulo que os conhecimentos
,.
registrados em seu esplrlto. 0 corpo humano é uma tradiçao pro-
veniente de toda a série de ancestrais. A procriaçâo é, com efeito,
uma entidade lança da sobre sua trajetoria existencial e que naD chega
ao fim senao quando a linhagem se extingue. 0 Estado é uma enti-
da de composta de individuos, que compoem 0 estagio atual das lin-
hagens em curso. Segue-se que a geraçao dos vivos de uma dada
sociedade estava presente nos se us ancestrais da geraçao que cum-
priu tais etais fatos ha algumas centenas de anos. E esses ancestrais
sabiam que seus feitos preparavam a seus descendentes respectivos
essa herança da quaI gozariam e transmitiriam intacta à sua pro-
pria descendência ".
Resumo adaptado de
" A filosofia Bantu Comparada "
Alexis Kagame. Présence Africaine, Paris, 1976.
167

1
- Version nO l (d'un étudiant d'Espagnol)
Les vivants et les morts chez les Bantous.
Les Bantous vivants mènent leur existence en communion cons-
tante avec les décédés. Si nous fouillons le fond des choses, l'homme
est également une antité-laboratoire, dans laquelle s'élabore tout ce
qui compose la culture de la société. Il est lui-même un transmet-
teur total, de son propre corps au même titre que les connaissances
enregistrées dans son esprit. Le corps humain est une tradition pro-
venant de toute une....série d'ancêtres. La procréation est, en effet,
une antité lancée sur la trajectoire existentielle et qui n'atteint la
fin que lorsque le langage s'étend. L'Etat est une antité composée
d'individus, qui composent ltétagie actuelle des lignages en cours.
Ensuite, la génération des vivants d'une société donnée était présente
chez ses ancêtres de la génération qui accomplit tels et tels faits
il y a des centaines d'années. Et ces ancêtres savaient que leurs
efforts préparaient leurs descendants respectifs cette hérédité dont
ils jouirent et ils transmettraient intacte à leur propre descendance.
168

1
- Version nO 2 - (d'un Etudiant d'Espagnol)
Les vivants et les morts chez les Bantous.
Les Bantous vivants mènent leur existance en communion cons-
tante avec les défunts. Si nous allons au fond des choses, l'homme
est également une entité-laboratoire, dans laquelle s'élabore tout
ce qui compose la culture de la société. Et il est un transmetteur
total, celui même de son propre corps humain au même titre que les
connaissances gravées dans son esprit. Le corps humain est une tra-
dition provenant de toute la série d'ancêtres. La procréation est,
avec effet, une entité lancée sur sa trajectoire existenciel1e qui
n'arrive pas au bout si ce n'est quand la lignée s'éceind. L'Etat est
une entité composée d'individus, qui composent le stade actuel des
lignées en cours. Il parait que la génération des vivants d'une société
donnée était présente dans ses ancêtres de la génération qui accom-
plit telles et telles fautes il y a quelques centaines d'années. Et ces
ancêtres savaient que leurs faits préparaient à leurs descendants
et transmettraient intact à leur propre descendance.
- Version nO 3 - (d'un Etudiant d'Espagnol)
Les vivants et les morts parmi les Bantous
Les Bantous, de leur vivant, sont en communion constante
avec les morts. Si nous allions au fond des choses, l'homme est
également une entité-laboratoire, dans laquelle s'élabore tout ce
qui compose la culture de la société. Et il est un transmetteur
169

total, celui-là même de son propre corps, au même titre que les
connaissances enregistrées dans son esprit. Le corps humain est
une tradition provenant de toute une série d'ancêtres. La procréation
est, en effet, une entité lancée sur sa trajectoire existencielle et
qui ne parvient à sa fin que lorsque la lignage s'étend. L'Etat est
une entité composée d' individus, qui composent le stage actuel des
lignages en cours. Il s'en suit qu'une génération de vivants d'une
société donnée était présente dans ses ancêtres tels ou tels faits
il y a quelques centaines d'années. Et ces ancêtres savaient que
leurs faits prépareraient à leurs descendants respectifs cette héré-
dité de laquelle ils jouirent et qu'ils transmettraient intacte à leur
propre descendance.
170

B.2.2. TEXTE /\\J o 2
DEPARTEMENT D'ESPAGNOL
-
COURS DE PORTUGAIS (1980-1981)
SUJET D'EXAMEN:
DUEL II
-
OCTOBRE 1981
PROF.
Fabio Leite
VERSION
Raizes da cl:!ltura brasileira
as origens da Arquitetura
l\\Jos séculos 16 e 17, se por um lado a preocupaçao das auto-
ridades portuguesas era Mensinar" aos (ndios, por outro era nÊlo
permitir que os europeus imigrados "esquecessem" sua pn':pria cul-
tura. TaI preocupaçao mostrava-se particularmente vèlida no que
se referia à religiao, ainda mais quando se sabia que muitos dos
novos povoadores queriam apenas distância do Santo OfI'éio. Outros,
os mercenarios, eram de religiosidade dïJia. E grande parte
- in-
clusive entre os mais importantes senhores de engenho - compunha_se
de cristâos novos, judeus cristianizados à força, muitos ainda segui-
dores secretos da fé jud~ica. Assim, enquanto 0 Estado português
ocupava-se em defender a colônia dos corsarios e hunguenotes
franceses (que, expulsos da França, rondavam as CDs:[8S do Brasil,
chegando a se estabelecer no Rio de Janeiro e depois no Maranhao),
conferia ~ Igreja a "saUde das aimas", tornando-a depositèria das
manifestaçc3'es permitidas de arte e cultura. Por tais razoes, a pri-
meira arte a surgir no Brasil foi a arquitetura, com dois tipos de
edificaçoes : as fortalezas e as construçoes religiosas.
] 7]

1
1
1
1
- Version na 1 (d'un Etudiant d'Anglais)
1
Les racines de la culture Brésilienne
les origines de
l'Architecture
Au cours des'16e et 17e siècles, la plus importante préoccupa-
tion des autorités portugaises était "enseigner" aux Indiens; d'autre
part il n'était pas permis que les européens imigrés "oublient" leur
propre culture. Un~ telle préoccupation se montra particulièrement
valide vu qu'elle se réferait à la réligion, plus encore quand on sa-
vait que des nombreux nouveaux colonisateurs s'écartaient un peu
du ·Saint Office. D'autres, les mercenaires,' furent d'une réligiosité
douteuse. La grande partie - incluant certaines des plus importants
seigneurs de la gent - se composait de nouveaux chrétiens, judas
christianisés par la force, de nombreuses autres sectes de foi ju-
daïque. Ainsi, pendant que l'Etat portugais s'occupait à défendre
la colonie des corsaires et refugiés français (qui, explulsés de France,
envahirent les côtes du Brésil, cherchant à s'établir à Rio de Janeiro
et après, à Maranhao), conferèrent à Igreja la "Santé des armes",
devenant le dépositaire des manifestations permises de l'art et de
la culture, raisons pour lesquelles, le premier art à surgir au Brésil
fut l'architecture, avec deux types d'édifices: les forteresses et
les constructions réligieuses.
172

Version nO 2 (d'un Etudiant d'Anglais)
Les richesses de la culture brésilienne
les origines de l'Architecture
Aux siècles 16 et 17, si d'une part la préoccupation des auto-
rités portugaises était"d 'enseigner" (d'instruire) les Indiens, de l' au-
tre c'était de ne pas permettre à ce que les immigrants européens
" perdent" leur propre culture. Une telle préoccupation se montrait
,
particulièrement efficace en ce qui concernait la religion, encore
...
plus quand on savait que beaucoup des nouveaux habitants désiraient
à peine se détacher du Saint Office. Les autres, les mercenaires,
/
étaient de religion douteuse. Et la majorité (y compris les gentils-
hommes) se composai t de nouveaux chrétiens convertis par la force ...
Ainsi lorsque l'Etat portugais s'occupait de défendre la colonie de
corsaires et de huguenots français (qui, explulsés de France, s'étaient
rendus sur les côtes du Brésil, cherchant à s'installer à Rio de Ja-
neiro et après à Maranhao) se rendait à l'église "SalXJe das aimas"
la transformant en lieu de manifestations autorisées d'art et de
.,.
culture; pour de telles raisons, le premier art à nai'tre au Brésil
fut l'architecture avec deux types d'édification: les forteresses et
les constructions réligieuses.

Version nO 3 (d'un Etudiant d'Anglais)
Les Racines de la culture Brésilienne
Les Origines de l'Architecture
Au seizième et dix-septième siècles, si d'une part la produc-
tion des autorités portugaises était "d'enseigner" les Indiens, d'autre
part c'était pour ne pas permettre aux Européens émigrés d'exercer
leur propre culture. Une telle préoccupation se montrait particuliè-
..
rement valide quand on se referait à la réligion, plus encore quand
on savait que beaucoup des nouveaux peuples voulaient être à quel-
que distance du Saint Office. D'autres, les mercenaires, étaient de
la réligiosité douteuse. Et la grande partie - inclusive parmi les
plus importants seigneurs de l'invention - se composait de nouveaux
chrétiens, des juifs christianisés de force encore plusieurs disciples
de la foi juive. Ainsi, pendant ce temps l'Etat portugais s'occupait
à défendre la colonie des corsaires et des huguenots français (qui,
expulsés de la France, tournaient autour des côtes du Brésil, en par-
venant à s'installer à Rio de Janeiro et puis à Maranha'o), il se con-
férait à l'Eglise le "Salut des Ames", devenant dépositaire des mani-
festations autorisées de l'art et de la culture, pour ces raisons, le
premier art surgi au Brésil fut l'architecture, avec deux types d'édi-
fication
les forteresses et les constructions réligieuses.
174

1
1
1
1
Version nO 4 (d'un Etudiant d'Anglais)
1
Les racines de la culture Brésilienne
Les origines de l'Architecture
Aux 16 et 17e siècles, la préoccupatoin des autorités portu-
gaises est d'une par "enseigner" les Indiens, et d'autre part ne pas
permettre aux européens imigrés "d'oublier" leur propre culture.
Une telle préoccupation se montrait particulièrement valable, non
pas qu'elle se référait à la réligion mais plus encore quand on sa-
vait que les nouveaux venus voulaient à peine la distance du Saint
Office; les autres, les mercenaires étaient de réligion compromet-
tante. Cette grande partie - inclusive entre les plus importants
seigneurs de la place se composait de nouveaux chrétiens, juifs
christianisés par la force beaucoup encore se réfugiaient dans
les sectes secrètes de la foi judaïque.
Ainsi lorsque l'état portugais s'était occupé de défendre la
colonie des cors"aires et des chassés français (qui expulsés de france
rejoignaient les côtes du Brésil, arrivant à s'installer à Rio de Ja-
neiro et depuis la Maranhao), conférant à Igreja la "Santé des Ames"
devenant le dépositaire des manifestations qui permirent à l'art et
la cul ture.
Raisons pour lesquelles le premier art à surgir du Brésil fut
l'architecture, avec deux types d'édifications: les forteresses et
constructions réligieuses.
175

B.2.3
TEXTE N° 3
UM POUCO DE NOSSA HISTORIA
o Brasil nao é um pais muito antigo. Ele ainda nâ'o tem 500
anos, mas muita coisa jà aconteceu desde que os portugueses aqui
chegaram em 1500. 0 Brasil, durante 300 anos coma colônia de
Portugal, desenvolveu-se lentamente. Mas, em fins de 1807, D. Joao
VI e a fam1lia real portuguesa abandonaram Lisboa e instalaram-se
no Rio de Janeiro, devido à invasao de Portugal pelas exércitos de
Napoleâ'o.
o Rio de Janeiro, naquela época, era uma pequena cidade de
60.000 habitantes e a chegaga da corte portuguesa cam 15.000
pessoas mudou completamente a vida do lugar.
o pars progrediu bastante cam a presença da corte.
Em 1821, D. Joao VI voltou para Portugal, mas deixou em seu
lugar a seu filho D. Pedro, a pr(ncipe herdeiro.
D. Pedro t inha 9 anos,quando chegou ao Brasil. Foi criado em
liberdade e amava a nova terra coma sua segunda pâtria.
Depois da partida de seu pai, D. Pedro ficou nu ma situaçao
dif{cil. De um lado, devia defender os interesses de Portugal, que
nâo queria a nossa liberdade. De outra, sentindo-se também brasi-
leiro, compreendia a desejo de independência do pars.
A 7 de Setembro de 1822, D. Pedro, contrariando as intençoes
de Portugal, proclamou a nossa independência. Issa aconteceu em
Sâo Paulo, às margens do riacho Ipiranga. D. Pedro tinha vindo
177

a esta provincia a fim de acalmar os patriotas, que exigiam a inde-
pendência. Voltando de Santos, parou, com sua comitiva, às margens
daquele riacho. Recebeu ai um mensageiro com a correspondência
da corte portuguesa. Irritado com a carta de seu pai, que lhe orde-
nava voltar para Portugal, D. Pedro arrancou do chapéu as fitas
com as cores portuguesas e, erguendo a espada, gritou : "Indepen-
dência ou Morte 1"
Version N~ 1 (d'un Etudiant d'Anglais)
Une petite partie de notre histoire
Le Brésil n'est pas un pays très ancien. Il n'a pas encore 500
ans, mais beaucoup de choses se sont déjà passées depuis que lès
portugais sont arrivés ici en 1500. Le Brésil durant 300 ans comme
colonie portugaise, s'est développé petit à petit. Mais V8rs la fin de
1807, Don Joâo VI et la vraie famille portugaise ont abandonné Lis-
boa et se sont installés à Rio de Janeiro, ils ont dévié l'invasion du
du Portugal sur les pressions de Napoléon.
Rio de Janeiro à cette opoque étaient une petite ville de
60.000 habitants et l'arrivée de la troupe portugaise avec 15.000
personnes a complètement changé la vie
du lieu.
Le pays a beaucoup progressé avec la présence de la troupe.
En 1821, Don Joâo VI est reparti au Portugal, mais il a laissé à
sa place son fils Don Pedro, le principal héritier.
Don Pedro avait 9 ans quand il est arrivé au Brésil. Il a été
élévé dans la liberté et dans l'amour de la nouvelle terre comme
i78

sa seconde patrie. Depuis le départ de son père, Don Pedro est resté
dans une situation difficile. D'une part, il devait défendre les inté-
rêts du Portugal qui ne voulait pas de notre liberté. D'autre part,
se sentant aussi brésilien, il comprenait le désir de l'indépendance
du
pays. Le 7 Septembre 18Z2, Don Pedro, contrariant les inten-
tions du Portugal a proclamé notre indépendance. Cela s'est passé
à Sâo Paulo en marge du de la rive de Ipiranga. Don Pedro était venu
dans cette province afin de calmer les patriotes qui exigeaient l'in-
dépendance. Au retour de Santos, il s'est arrêté avec son comité en
marge de cette ri ve. Il a reçu un messager avec la correspondance
de la troupe portugaise. Irrité par la lettre de son père qui lui ordon-
nait de retourner au Portugal, Don Pedro a mis sous forme de chapeau
les rubans portant les couleurs portugaises et brandissant le drapeau,
a crié "l'indépendance ou la mort".
Version nO 2 (d'un Etudiant d'Anglais)
Un peu de notre histoire
Le Brésil n'est pas un pays qui date de très longues années
d'existence. Il n'a pas encore 500 ans, mais beaucoup de choses s'y
sont déjà passées depuis que les Portugais y sont arrivés en 1500.
Le Brésil se développait lentement durant 300 ans comme colonie
du Portugal. Mais à la fin de 1807, D. Joâo VI et sa famille origi-
naires du Portugal abandonnèrent Lisbonne et s'installèrent à Rio
de Janeiro, fuyant l'invasion du Portugal par les troupes de Napoléon.
179

Rio de Janeiro, à cette époque-là, était une petite ville de
60.000 habitants et l'arrivée du groupe des émigrants portugais
composé de 15.000 personnes changea complètement la vie de ce lieu.
Le pays se développait sans cesse avec la présence des émigrants.
En 1821, D. Joâo VI retourna au Portugal, mais laissa à sa place
son fils D. Pedro, le principal héritier.
1
D. Pedro avait 9 ans quand il arriva au Brésil. Il fut élevé sans
contrainte aucune ...et il aima la nouvelle terre comme sa seconde patrie.
Depuis le départ de son père, Don Pedro est resté dans une si-
tuation di fficile. D'un côté, il devait défendre les intérêts du Portugal
que notre liberté n'admettait pas. De l'autre, il se sentait aussi Bré-
si lien et comprenait le désir d'indépendance du pays.
Au 7 Septembre 1822, D. Pedro, contrariant les intentions du
Portugal, proclama notre indépendance. Cela se passa à Sâo Paulo
au Château
de Richard Ipiranga. D. Pedro était venu dans cette
province afin d'acclamer ses compatriotes qui avaient exigé l'indé-
pendance. A son retour de Santos, il s'arrêta en compagnie de son
comité au Château de ce Richard. Il
reçut là un messager avec la
correspondance des colons portugais.
Irrité contre la lettre de son père qui lui donnait l'ordre de
retourner au Portugal, D. Pedro décora son chapeau de rubans avec
les couleurs portugaises et en levant son épée cria: "l'indépendance
ou la mort !"
180

Version nO 3 (d'un Etudiant d'Anglais)
Un peu de notre histoire
Le Brésil n'est pas un pays très ancien. Il
n'a pas encore 500
ans, mais beaucoup de choses se sont déjà passées du fait que les
portugais sont arrivés ici en 1500. Le Brésil, pendant 300 ans comme
colonie portugaise s'est développé lentement. Mais, vers la fin de
1807, D. Joâo VI et sa famille portugaise abandonnèrent Lisboa et
s'installèrent à Rio de Janeiro, devant à l'invasion du Portugal par les
soldats de Napoléo'T'l.
Rio de Janeiro, à cette époque était une petite ville de 60.000
habitants et est arrivée la colonie portugaise avec 15.000 personnes
est venu compléter la vie du lieu.
Le pays progressait lentement avec la présence de la colonie.
En 1821, D. Joâo VI retourna au Portugal mais il laissa dans son lieu
son
fils D. Pedro, le seul héritier.
Pedro avait 9 ans quand il est arrivé au Brésil. Il était
.................. et aimait la nouvelle terre comme sa deuxième patrie.
Après être parti de son pays, Pedro se trouva dans une situation
difficile. D'un côté, il devait défendre les intérêts du Portugal, qui
ne veut pas notre liberté. De l'autre il se sentait aussi Brésilien,
"comprenait la lutte de l'indépendance du pays".
Le 7 Septembre 1822, Pedro contrariant les intentions du Por-
tugal, proclama notre indépendance. Ceci s'est passé à Sâo Paulo
au bord du ruisseau Ipiranga.
181

Pedro était venu dans cette province afin de calmer les patriotes,
qui exigeaient l'indépendance. Retournant de Santos, il s'arrêta avec
sa suite abord
du ruisseau Ipiranga. Il reçu un message avec une
correspondance de l'assemblée portl1gaise. Faché avec la lettre de
son père qui lui ordonnait de retourner au Portugal, Pedro enleva
son chapeau sous forme de rubans avec couleurs portugaises et
levant une épée, il cria "l'indépendance ou la mort".
182

1
B.2.4. TEXTE ND 4
NAT
A L
,E noite de Natal, e estou sozinho na casa de um amigo, que foi
para a fazenda. Mais tarde talvez saia. Mas vou me deixando ficar
sozinho, numa confortavel melancolia, na casa quieta e cômoda. Oou
alguns telefonemas, abraço à distância alguns amigos. Essas poucas
vozes, de homem e muiher, que respondem alegremente à minha,
san quentes, e me fazem bem. "Felizl'Jatal, muitas felicidades" ;
dizemos essas coisas simples com afetuoso cal or ; dizemos e creio
que sentimos ; e como sentimos, merecemos. Feliz
Natal!
Oesembrulho a garrafa que um amigo teve a lembrança de me
mandar ontem ; vou là dentro, abro a geladeira, preparo um uisque,
e venho me sentar no jardinzinho, perto das folhagens Ùlnidas. 5in-
to-me bem, oferecendo-me este copo, na casa silenciosa, nessa noite
de rua quieta. Este jardinzinho tem 0 encanto sabio e agreste da
dona da casa que 0 fornou. E um espaço folhudo e florido de cores,
que parece respirar ; tem a vida misteriosa das moitas perdidas, um
gosto de roça, uma alegria meio caipira de verdes, vermelhos e
amareJos.
Penso, sem saudade nem magoa, no ana que passou. Hà nele
uma sombra dolorosa ; evoco-a neste momento, sozinho, com uma
espécie de religiosa emoçao. Hà também, no fundo da paisagem es-
cura e desarrumada desse ano, uma clara mancha de sol. Bebo silen-
ciosamente a essas imagens da morte e da vida; dentro de mim
183

elas san irmas. Pento em outras pessoas. 5into uma grande ternura
pelas pessoas ; sou um homem sozinho, numa noite quieta, junto de
fo/hagens tmidas bebendo gravemente em honra de muitas pessoas.
De repente um carro começa a buzinar com força, junto ao meu
portâo. Talvez seja algum amigo que venha me de se jar um Feliz
Natal ou convidar para ir a algum lugar. Hesito ainda um instante
ninguém pode pensar que eu esteja em casa a esta hora. Mas a buzina
é insistente. Levanto-me com certo alvoroço, olho a rua, e sorrio :
é um caminhao de lixo. Està tao carregado, que nem se pode fechar
tao carregado como se t.rouxesse todo 0 lixo de ana que passou, todo
a lixo da vida que se vai vivendo. Bonito presente de Natal! 0 moto-
rista buzina ainda algumas vezes, olhando uma jenela do sobrado vizinho.
Lembro-me de ter visto naque/a janela uma jovern mu/ata de verme/ho,
sempre a cantarolar e a espiar a rua. E certamente ela quem procura
o motorista retardatàrio : mas a jane/a permanece fechada a escura.
Ele movimenta com violência seu grande carro negro e sujo ; parte
com ruido, estremecendo a rua
Volto à minha paz, e ao meu uisque. Mas a frustraçao do /ixeiro
e a minha também quebraram 0 encanto solitàrio da noite de Natal.
Fecho a casa e sain devagar ; vou humildemente filar uma fatia de
presunto e de alegria na casa de uma familia amiga.
(Rubem Braga, A Borboleta Amarela)
184

Version nO 5 (d'un Etudiant d'Anglais)
Les racines de la culture Brési lie'nne:
Les origines de l' Archi tecture
Aux 16e et 17e siècles, la préoccupation des autorités portugais
était "d'enseigner" aux Indiens, et d'autre part était pour ne pas
permettre que les Européens imigrés "oublient" leur propre culture .
...
Tel
préoccupation se montrait particulièrement valide lorsqu'
on se référait à la religion; plus encore, quand on savait que beau-
coup de nouveaux du Saint Office. D'autres, les nécessaires étaient
de réligieusité douteuse, la grande partie - y compris parmis les
plus importants messieurs d'esprit - se composait de nouveaux cré-
tiens, des juifs, christianisés par force
beaucoup encore suivant
des sectes de la foi judaique, ainsi lorsque l'état portugais s'occu-
pait à défendre la colonie des corses et les chasseurs français (qui,
expulsés de la France regagnaient les côtes du Brésil, cherchant à
s'instaler
à Rio de Janeiro et après à Maranhâ'o) se conférait à
l'église Cl "Sainte des Ames, en devenant dépositaire des manifesta-
tions permises d'art et de culture, par de telles raisons, le premier
art à surgir au Brésil fut l'architecture, avec forteresses et les
constructiàns réligieuses.
176

Version nO l (d'un Etudiant d'Anglais)
Nol:!
1
C'est la nuit de Noël et je suis tout seul, dans la maison d'une
amie qui est allée à la ferme.
Il se fait tard pour que je sorte, mais je vais m/ennuyer en res-
tant seul dans une
mélancolie de confort, dans la maison qui est
calme et commode. Je donne quelques coups de fil, j'embrasse quel-
ques amis à distance ..... Les petites voix d'hommes et de femmes qui
répondent allègrement à la mienne, sont chaudes et me font du bien
(me réconfortent) joyeux Noël
meilleurs voeux
Nous disons des choses simples avec une chaleur affectueuse.
Nous disons et je crois que nous les ressentons. Et comme nous les
ressentons, nous les méritons. Joyeux Noël!
Je dépaquette la bouteille qu'un ami a eu l'idée de m'apporter
hier. Je vais à l'intérieur, j'ouvre une glacière, je prépare un whisky
et je viens m'asseoir dans le jardin près d'un feuillage humide. Je
m'installe bien, m'offrant ce verre dans la maison silencieuse.
Ce jardin a un charme savant et agreste de la maitresse de
maison qui l'avait créée. C'est un espace feuillé et fleuri de mul-
tiples couleurs qui semble respirer. 11 a une vie mystérieuse de
buissons égarés, un plaisir de campagne, une allégresse de verdure
à demi rustre, rouge et jaune. Je pense sans nostalgie ni chagrin
à l'année qui s'achève. Il y a
Je l'evoque
en ce moment, tout seul, avec une espèce d'émotion réligieuse.
185

1
1
Il Y a aussi au fond du paysage son:bre et dérangé de cette année,
une lueur claire du soleil. Je bois silencieusement en pensant à ces
images de mort et de vie. En mon fort intérieur elles sont soeurs.
Je pense à d'autres personnes.
Je ressens une grande tendresse pour ces personnes.
Je suis un homme seul dans une nuit calme auprès des feuil-
lages humides, buvant sérieusement en l'honneur de plusieurs per-
sonnes.
Soudain une voiture commença à klaxonner près de ma porte.
rI se peut que ce soit un ami qui vienne me présenter les meilleurs
voeux ou m'inviter à aller quelque part. J'hésite encore un instant
personne ne peut penser que je sois à la maison à cette heure-ci.
Mais le klaxon persiste. Me levant avec empressement, je jette un
regard dans la rue et je souris. C'est un camion d'ordures. Il est
tellement chargé qu'il ne peut pas se fermer; tellement chargé comme
s'il transportait toutes les ordures de l'année qui s'achève, toutes
les ordures de la vie à venir. Quel beau cadeau de Noël!
Le chauffeur klaxonne encore plusieurs fois, regardant une fe-
nêtre du voisin de la maison à étages. Je me souviens d'avoir vu à
cette fenêtre une jeune mûlatresse rouge toujours en train de frédon-
ner quelque chose et épier la rue. C'est certainement elle qui cause
le retard du chauffeur mais la fenêtre demeure fermée et sombre.
Il démarre avec violence son gros camion noir et souillé. Il part
avec bruit, secouant la rue. Je retrouve ma paix et mon whisky
186

mais la déception du balayeur et également la mienne avait brisé
le charme
solitaire de la nuit de Noël. Je ferme la maison et je
sors lentement; je vais humblement dérober un morceau de jambon
et l'allégresse au domicile d'une famille amie.
187

Version nO 2 (d'un Etudiant d'Anglais)
N
0
1:!
1
C'est la nuit de Noël, et je suis seul chez mon ami qui est
parti à la ferme.
Plus tard je sortirai peut-être, mais je
vais me laisser à être
seul, dans une mélancolie confortable dans la maison calme et com-
mode. Je donne quelques coups de téléphone j'embrasse à distance
quelques amis. Ces petites voix d'hommes et de femmes qui répon-
dent avec allégresse à la mienne sont vives et me font du bien.
"Joyeux Noël" beaucoup de félicitations; nous disons ces choses
simples avec une chaleureuse affection. Nous disons et nous croyons
en ce que nous sentons, et comme nous sentons, comme nous méri-
tons. Joyeux Noël!
J'ouvre une bouteille qu'un ami a eu souvenance de m'envoyer
hier; je vais là dedans, ouvre une glacière, je prépare un whisky
et je viens m'asseoir dans le jardinet près des feuillages humides.
Je m'installe bien en m'offrant ce verre. Dans la maison silencieuse,
durant cette nuit de rue calme. Ce jardinet a l'enchantement sage et
rustre de la propriétaire de la maison qui l'a conçue. C'est un espace
garni et fleuri de couleurs qui semble respirer; il a une vie mysté-
rieuse de buissons perdus, une saveur de campagne, une gaieté à
moitié de rustres verts rouges et jaunes.
Je pense sans nostalgie ni chagrin à l'année passée. Il y a une
ombre douloureuse ; je J'évoque en ce moment, seul comme une
sorte d'émotion réligieuse.
188

Il Y a également au fond du passage obscur et déssarimé de
cette année, une tâche claire de soleil. Je bois en silence à ces
images de mort et de vie; pour moi, elles sont des soeurs. Je pense
à d'autres personnes. Je sens une grande tendresse pour les personnes.
Je suis un homme seul, dans une nuit calme, à côté des feuillages
humides, buvant gravement en l'honneur de beaucoup de personnes.
Tout à coup, une voiture se mit à klaxonner fort auprès de
ma porte.
Peut-être que c'est un ami quelconque qui vient me souhaiter
Joyeux Noël ou m'inviter à aller quelque part. J'hésite encore un
instant; personne ne peut penser que j'étais à la maison à cette
heure. Mais le klaxon est insistant.
Je me lève avec ravissement bien sûr, j'écoute la rue et je
souris: c'est un camion d'ordures. Il
est aussi chargé qu'on ne peut
le fermer: aussi chargé comme s'il transportait toutes les ordures
de l'année passée, toutes les ordures de la vie qu'on vient de vivre.
Beau cadeau de Noël!
Le conducteur klaxonne un peu plus encore
en écoutant une fenêtre de la maison voisine. Je me souviens avoir
vu à cette fenêtre une jeune mulâtre rouge, toujours à fredonner et
à épier la rue. C'est certainement elle qui met le conducteur en
retard; mais la fenêtre est en permanence fermée et obscure. Il
démarre violemment son gros camion noir et sale
part avec grand
bruit en secouant la chaussée.
Je retourne à ma paix et à mon whisky. Mais la frustratoin du
conducteur et la mienne aussi rompent l'enchantement solitaire de
la nuit. Je ferme la maison et je sors lentement; je vais humblement
saisir une miette de jambon et de gaÎeté chez une famille amie.
189

8.2.5. ' TEXTE N° 5
F ACUL TE DES LETTRES
JUIN 1982
ET SCIENCES HUMAlt\\IES
2 HEURES
DUEL II
ESPAGNOL
AUCUN DOCUMENT
VERSION
PORTUGAISE
" E do conhecimento de todos que, tanto apœ as revol tas dos
muçulmanos na Bahia quanta depois da libertaçao dos escravos,
....
incrneros africanos voltaram às terras de seus ancestrais e for-
maram, no Daomé e na Nigéria, uma sociedade denominada
" crioula ". Mas esses escravos, duranteo tempo em que ficaram
na América, aprenderam a arte de construir casas e de forjar 0
ferro, tiveram seu espirito aberto ao progresso e as delicias do
conforto e foram seduzidos por alguns valores ocidentais. Tudo
isso contribuiu para que voltando à Africa, formassem uma pri-
meira burguesia negra. Por outro lado, levaram consigo uma con-
cepçao dualista do mundo, composta de Senhores e de Pobres
dependentes e que, no pIano da arquitetura, expressar-se-ia pela
oposiçâo entre "Sobrado".- palacete urbano de dois andares, per-
tencente ao Senhor - e 0 "Mocambo" - a casa simples, coberta
com folhas de palmeira, residência dos negros livres ou dos caboclos".
Os escravos transportarao essa oposiçâo para sua antiga
pètria, poré'm invertendo-a em seu prëprio favor : 0 "mocambo"
190

sera a residência dos nativos africanos e a "sabra do", a dos antigos
escravos, ara libertos. Bela vingança contra as frustraçoes de seu
anterior estado de' escravidao : esses escravos, à medida em que
enriqueciam graças à pratica do comércio, construiam casas prin-
cipescas, de acordo cam os modelas de seus antigos senhores do
Brasil "
(Trecho extraidB de "0 le80 do Brasil atravessa a Atlântico, de
Roger Bastide in Estudos A fro-Brasileiros).
191

Version nO l (d'un Etudiant d'Espagnol)
C'est de la connaissance de tous que, tant après les révoltes des
musulmans à Bahia qu'après la libération des esclaves, d'innombrables
africains retournèrent aux terres de leurs ancêtres et formèrent
au Dahomey et au J\\Jigéria, une société dénommée "Crioula". Mais
ces esclaves, durant le temps qu'ils sont restés en Amérique, appri-
rent l'art de construire des maisons et de forger le fer, eurent l'es-
prit ouvert au progrès et aux délices du confort et furent séduits
par quelques valeurs'" occidentales. Tout ceci contribua, de retour
en Afrique, à former une première bourgeoisie noire. D'un autre
côté, ils apportèrent avec eux une conception dualiste du monde,
composé de seigneurs et de pauvres indépendants et qui, sur le plan
de l'architecture, s'exprimerait par l'opposition entre 150brado" -
petit palais urbain de deux étages, appartenant au seigneur - et la
"Mocambo" - une maison simple, couverte de feuilles de palmier,
résidence des noirs librés ou des "Caboclos".
Les esclaves transporteront cette opposition à leur ancienne patrie
en l'invertissant cependant à leur propre faveur: le "Mocambo"
sera la résidence des natifs africains et le "so brado" à d'anciens
esclaves, soi t libérés. Belle vengence contre les frustrations de
leur état antérieur d'esclavage: ces esclaves, à mesure qu'ils
s'enrichissaient grâce à la pratique du commerce, construisaient
des maisons de princes ressemblant aux modèles de leurs anciens
seigneurs du Brésil.
192

Version nO 2 (d'un Etudiant d'Espagnol)
C'est de la connaissance de tous que, aussi bien après les ré-
voltes des musulmans à Bahia qu'après la libération des esclaves,
de nombreux africains retournèrent aux pays de leurs ancestres et
formèrent au Daomé et au Nigéria, une société dénommée "Crioula".
Mais ces esclaves, pendant le temps où ils se trouvèrent en Amérique,
apprirent l'art de construire des maisons et de forger le fer, ils eu-
rent leur esprit ouvert au progrès et aux délices du confort et furent
...
séduits par quelques valeurs occidentales. Tout cela contribua pour
que, en retournant en Afrique ils forment une première bourgeoisie
noire. D'autre part, ils portèrent avec eux une conception dualiste
du monde, composée de patrons et de pauvres dépendants et qui, sur
le plan de l'architecture, s'exprimait par opposition entre "Sobrado" -
petit palace urbain à deux étages, appartenant au patron - et la
"Mocambo" - la maison simple, couverte de feùilles de palmier, rési-
dence des noirs libres ou, des "Caboclos".
Les esclaves transportèrent cette opposition pour leur vieille
patrie, cependant, en la convertissant en leur propre faveur: le
"mocambo sera la résidence des natifs africains et le "sobrado,
celle des anciens esclaves maintenant libérés. Belle vengeance con-
tre les frustrations de leur état antérieur d'esclavage: ces esclaves,
à mesure qu'il s'enrichissaient grâce à la pratique du commerce,
construisaient des maisons de princes, par rapport aux modèles de
leurs anciens patrons du Brésil.
193

Version nO 3 (d'un Etudiant d'Espagnol)
Tout le monde sait que, d'innombrables africains retournèrent
aux terres de leurs ancêtres et formèrent au Daomé et au Nigéria,
une société dénommée "Crioula", après les révoltes des musulmans
Bahia et la libération des esclaves. Mais ces esclaves, pendant le
temps où ils restèrent en Amérique, apprirent l'art de construire
des maisons et de forger le fer, ils eurent l'esprit ouvert au progrès
et aux délices du {;onfort, ils furent séduits par quelques valeurs
occidentaux. Tout cela contribua à la formaticin d'une première bour-
geoisie
nègre quand ils retournèrent en Afrique. De l'autre côté
ils apportèrent avec eux une conception dualiste du monde, composée
de Maîtres et de Pauvres dépendants et qui, du point de vue archi-
tecture s'exprimai t par l'opposition entre "Sobrado" - palais urbain
de deux marches, appartenant au Maître - et le Mocambo" - la mai-
son simple couverte de feuilles de palmier, résidence des noirs libres
ou des "caboclos".
Les esclaves transportèrent cette opposition pour leur ancienne
patrie, mais en la changeant à leur propre faveur: le "mocambo"
sera la résidence des natifs africains et le "Sobrado", aux anciens
esclaves, c'est-à-dire libérés. Belle vengeance contre les frustrations
de leur état antérieur d'esclavitude : ces esclaves, au fur et à me-
sure qu'ils s'enrichissaient grâce à la pratique du commerce, cons-
truisaient de jolies maisons, en accord avec les modèles de leurs
anciens maîtres du Brésil.
194

r
1;'
,
.
I~~.
l,' .
. ~
l~
~ . .
. .
,
1
["
1· - '.
l '
l
1
1
1
1
1
1
1
1
,~
·l·
,-~
I~;f~
1; ~
~

........~ '- "': .: ...
-
:'\\ rn:'cr ~ \\·:e~ ~1~1~1! ;'se:: 21lJ~J r'e!larltS. '2L1} }JI~~:21"lt i::~0agC. [~ré ~ i!:" {~~6 tf_' ct ~ i"\\:u: r::; c! i{i ~~c Lrcc-
, v n j" '1 \\" 1("1 i ! r~
"'~!
r~r()p()s!t~!.(!n.
•• L (.L. , • "i '.' .. ;.
t; 11 ()llé li (' C~-!) 11()n () l(!~~" iOlt.! e)
l
,
,-i
11')orll!~a!s.
.
~