UNIVERSITE DE PARIS 1
Panthéon - Sorbonne
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THESE
DE DOCTORAT D'ETAT ES LETTRES
EVOLUTION DES MILIEUX LITTORAUX DU SENEGAL
GEOMORPHOLOGIE ET TELEDETECTION
Par Amadou Tahirou DIAW
Soutenue le 4'Y\\AM A~~t devant le jury composé de :
M. Alain GODARD, Professeur Emérite à l'université de rarts-r, Président.
M. Louis-Robert LAFOND, Directeur Honoraire à l'EPHE, Rapporteur.
M. Alain MIOSSEC, Professeur à l'université de Nantes, Examinateur.
M. Raymond REGRAIN, Professeur à l'université de Picardie, Examinateur.
M. Mamadou M SALL, professeur à l'université ch. A. DIOP de Dakar, Examinateur.
M. Fernand VERGER, Professeur à l'Ecole Normale Supérieure, Directeur de thèse.

Avant-Propos
C'est aux encouragements de M. Le professeur Fernand Verger que je dois d'avoir entrepris
puis terminé ce travail sur l'évolution des milieux littoraux du Sénégal. M. F. Verger a suivi
cette thèse des années durant et m'a fait profité,de sa très grande expérience du littoral et de la
télédétection, par ses nombreuses critiques et 'suggestions. M. F. Verger m'a toujours incité à
la rigueur et à la précision dans le travail tant théorique que pratique. Je retrouve dans les
feuillets de critiques précises et pertinentes qu'il m'a envoyés "l'espoir de voir se construire
une thèse originale et nouvelle", voie dans laquelle il a toujours poussé ses élèves. J'espère, au
terme de ce travail, ne pas avoir déçu cet espoir et tiens à exprimer à ce maître ma profonde et
respectueuse gratitude.
Les professeurs Alain Godard, Louis-Robert Lafond, Alain Miossec et Raymond Regrain ont
accepté de juger ce travail et de le parfaire par leurs critiques. Je leur en suis obligé et très
reconnaissant.
J'exprime également ma respectueuse reconnaissance au doyen Mamadou Sali puisque c'est de
lui et de son enseignement dakarois d'autrefois que je tiens ma vocation délibérément tournée
vers l'étude du littoral.
Je regrette de ne pouvoir que si piétrement remercier M. Yves-François Thomas puisque de
notre travail commun sur le littoral sénégalais et de nos discussions sont nés bien des éléments
présentés ici. Dans le même ordre d'idées, l'ingénieur Nouhoum Diop m'a fait profiter de sa
très grande expérience de la bathymétrie du Saloum et m'a permis de participer à nombre de
missions à bord du baliseur Léon Bourdelles. Les relations chaleureuses et amicales que j'ai
tissées avec ces deux chercheurs ont constitué un attrait et non des moindres de mon travail.
L'ingénieur Roger Peinard-Considère a bien voulu me recevoir plusieurs fois chez lui et
travailler des heures durant avec moi et cela malgré son âge avancé. Ses souvenirs et son
expérience incontournable du Saloum m'ont permis de comprendre énormément de ce site si
attachant. A dix jours de sa disparition inattendue, le 31 décembre 1995, il m'écrivait de la
Pitié Salpétrière en ces termes: « Je vais incessamment quitter l'hôpital mais je ne serai chez
moi que dans une dizaine de jours. Ce n'est donc qu'à ce moment que je pourrai vous donner
les renseignements que vous me demandez. Par ailleurs, j'ai appris qu'il s'est actuellement
produit une extraordinaire amélioration de l'embouchure du Saloum puisqu'aucun dragage n'a
été effectué depuis 5 ans ». Que de passions et d'amours de la part de ce Monsieur pour cet
estuaire niominka, plein de beautés et d'énigmes! Je m'incline très respectueusement devant sa
mémoire.
M. le professeur Dr H. Bodechtel de l'Université Ludwig-Maximilians de Munich m'a permis
de co-investiguer les données MOMS sur les systèmes dunaires de la Côte nord. Le CNES et
SPOT-IMAGE m'ont facilité, dans le cadre du PEPS # 39, l'acquisition des données SPOT sur le
Saloum et permis ainsi d'approcher les milieux littoraux du Sénégal sous un angle novateur. Je
leur exprime ma profonde reconnaissance.
J'ai contracté d'autres dettes au cours de la préparation de ce travail, particulièrement vis-à-vis
de mes collègues de TECASEN et des Notes de Biogéographie, mes amis Alioune Bâ, Louis-
Albert Lake, Paul Ndiaye, Mame Demba Thiam et de M. El Hadj SalifDiop. Je n'oublie pas
mes collègues du département de géographie, Gorgui Ciss, Honoré Dacosta, Pascal Sagna,
Amadou A. Sow, Latsoucabé Mbow, Diène Dione, N'diacé Diop, Alioune Kane, Amadou
1

Diop, les doyens Ahmadou F. Kane et Cheikh Bâ, Ces derniers m'ont toujours prodigué
des conseils fraternels et amicaux. Je leur en suis sincèrement reconnaissant.
Le professeur Abdoulaye B. Diop m'a toujours amicalement soutenu et les membres du
département de géographie de l'IFAN, Binta Sène Diouf, Yaye Diambar Diop, Jean Diouf,
Abdoulaye Mbodje et Liady Bello m'ont également apporté le concours nécessaire chaque
fois que j'en ai eu besoin. Je tiens à leur exprimer ici mes sentiments de profonde
reconnaissance. Je confonds dans ces remerciements M. Moussa Sadio, chauffeur à l'IFAN
qui, avec beaucoup de dévouement, a conduit l'ensemble de mes missions à Sangomar.
Les Administrations de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, de l'Ecole Normale Supérieure
et du CNRS m'ont toujours permis de travailler dans des conditions optimales en me faisant
bénéficier d'associations et des infrastructures de recherche de leur laboratoire. Les
chercheurs et techniciens de ces laboratoires notamment François Cuq,
Catherine
Bressolier, Gérard Joly, Monique Levot, Jeanine Lerhun et Régina Zbinden
m'ont, au
cours de différentes missions à Paris, apporté l'appui nécessaire. Je tiens à les remercier
bien vivement.
Messieurs Abdou P. Ndiaye et Amadou Faye m'ont dégagé du souci de la confection
matérielle de mes nombreuses cartes. Leur concours dans la réalisation de cette thèse est
inestimable. Qu'ils soient assurés de ma reconnaissance amicale et fraternelle.
Madame Salimata Coly a saisi cette thèse et l'a toujours fait avec une remarquable
disponibilité. Je tiens à la remercier.
Mes amis Patrick Legrand, Patrice Callies et leurs familles m'ont toujours encouragé et
apporté beaucoup de chaleur lors de mes nombreux séjours à Paris. Je pense également à
mes amis Pape Ndoye, Pape Sow, Bocar Bâ, Fadhel Diagne, Adams S. Kolawolé, Amadou
K. Thiam et Oumar Sarr ainsi que leurs familles que je remercie bien vivement.
Sur le terrain, les pêcheurs et paysans, m'ont toujours parfaitement accueilli et m'ont fourni
de précieux renseignements sur nombre des faits littoraux. Je les remercie de m'avoir
ouvert un peu plus les yeux pour mieux comprendre le littoral sénégalais.
Tous ceux que je viens de citer, et bien d'autres, notamment ma petite famille, mes frères et
soeurs m'ont soutenu et encouragé. Je garde de leur fréquentation un des meilleurs moments
de cette recherche et leur renouvelle ma profonde gratitude.
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Introduction
Les milieux littoraux du Sénégal présentent une grande variété de reliefs qui ont fait l'objet
d'études plus ou moins approfondies. En effet, une large place est faite aux épisodes
morphoclimatiques du Quaternaire moyen et récent. De surcroît la mise en place des
formations en relation avec la chronologie des variations du niveau marin constitue, pourrions-
nous dire, une sorte d'hypertrophie dans le corpus géomorphologique du Sénégal. Et malgré
quelques efforts de compensation observés au cours de ces deux dernières décennies, il semble
évident que les champs d'étude relatifs à la morphométrie, à la dynamique ou à la cinématique
accusent un certain retard.
Cette tendance qui consiste à étudier davantage les aspects liés au Quaternaire découle de la
forte empreinte des travaux pionniers hérités de l'Ecole Strasbourgeoise, en association avec
des pédologues ou des géologues dont les plus connus sont S.P. Barreto, H. Faure, P. Elouard
et L. Hébrard. En effet, les premières recherches systématiques sur la genèse et la cartographie
des formations géomorphologiques ont démarré dans le cadre de la Mission d'Aménagement
du Sénégal (MAS) ~ les travaux mis en train fin 1953 et pratiquement achevés en 1954 ont
abouti à l'élaboration de la carte géomorphologique détaillée du delta du Sénégal. Cette
tentative originale pour reprendre l'expression de 1. Tricart (1961), couramment appliquée
dans des pays comme l'ex-Union Soviétique, l'ex-Tchécoslovaquie ou la Pologne, a eu dans la
pratique, peu d'effets sur les travaux géomorphologiques ultérieurement conduits sur
le
Sénégal. Parallèlement au levé cartographique du delta du Sénégal, A. Guilcher jetait les bases
dynamiques des rivages proches de l'embouchure. Cette étude littorale englobe les formes
développées sur l'estran, l'évolution de la flèche sableuse de Barbarie, le cohnatage des
marigots proches de la côte ainsi que l'évolution des vasières et des systèmes dunaires.
Ce tableau, si l'on y ajoute les falaises de la Presqu'île du Cap Vert, constitue une somme
panoramique des formes rencontrées sur les marges fortement humanisées du Sénégal
occidental. Développé sur un peu plus de 700 km le littoral et son arrière pays ont toute une
histoire; les agents naturels (mer, vent, précipitations...) et l'homme continuent à y exercer
leurs contraintes. Et si la part de la nature a été bien soulignée dans la genèse des milieux
physiographiques, surtout pour la période Quaternaire, les nombreuses influences anthropiques
et l'agressivité climatique ont contribué à rendre plus complexe l'évolution au cours de ces
dernières années.
Les travaux conduits dans le cadre de la présente thèse se limitent pour l'essentiel à l'étude des
systèmes dunaires de la côte nord, au bassin versant du lac Retba, à la flèche de Sangomar,
aux bancs sableux de l'embouchure du Saloum et aux terres basses de l'estuaire du même nom
(fig. 1). Le propos statique au sens où l'entend F. Verger (1972) y est exprimé à travers de
nombreuses cartes thématiques.
Ainsi, dans les années 60, les recherches de S.P. Barreto ont donné lieu à une formulation
synthétique de l'expression pédologique de la région des Niayes, de Mboro à Kayar ~ celles,
plus récentes de C. Marius cartographient les sols de l'estuaire du Saloum.

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La représentation géomorphologique trouve son expression dans quelques publications,
notamment celles de P. Michel (1969), de M.M Sali (1982) et E.S. Diop (1978, 1986).
L'expression de la végétation se caractérise quant à elle par une modestie de la production
cartographique.
La cartographie topographique, l'une des catégories les plus anciennes au Sénégal (début du
siècle), apparaît comme un bon modèle graphique du terrain parce qu'établi avec sérieux.
Toutefois, l'échelle de ces cartes, pour la plupart égale au 11200 000, n'autorise pas
l'établissement de "relations fonctionnelles" ou l'intégration de facteurs déterminants en
géomorphologie.
Le développement de la photographie aérienne et, plus récemment, celui de l'imagerie spatiale,
ont contribué à renforcer et à accélérer la tendance à l'utilisation de la carte "comme modèle
permettant à la fois de poser un problème et d'en formuler les réponses" pour parler comme F.
Verger (1972). En outre, l'imagerie aérienne ou spatiale, en permettant une prise de vue
instantanée de grandes étendues et en autorisant des échelles adaptées à la recherche
géomorphologique, précisément du 1110 000 au 11100 000,
a fait progresser rapidement
l'étude des littoraux. La répétitivité des prises de vue satellitaires et la généralisation des
techniques de rectification facilitent les procédures de comparaison et permettent de quantifier
les modifications survenues au cours des années. C'est là toute la mesure du propos
cinématique intéressant quelques-unes des formes étudiées dans cette thèse et dont les
évolutions sont décelables sur des intervalles chronologiques très rapprochés. C'est notamment
le cas de la flèche de Sangomar, des bancs sableux du Saloum, de la dune littorale de Sali à
Loumpoul ou du bassin versant du Retba dans les Niayes du Cap-Vert.
L'expression cartographique par le biais de la mesure des formes permet d'introduire une autre
dimension de connaissance des milieux littoraux. Le contexte méthodologique qui nous
intéresse rend plus nécessaire encore la mise en oeuvre d'analyses quantitatives. Aussi avons-
nous orienté une partie du champ de nos investigations vers la mesure des côtes du Sénégal et
la configuration des tannes de l'estuaire du Saloum.
En effet, les recherches morphométriques portant sur le littoral sénégalais ont inspiré peu
d'auteurs. De plus, celles qui existent se caractérisent par l'absence de définition d'un champ
de travail, la méthode employée n'étant souvent pas précisée. C'est par exemple le cas des
mesures relatives à la longueur des côtes sénégalaises.
D'un autre côté, les données de la littérature laissent penser que, pour développer par exemple
la connaissance du domaine estuarien, il suffit d'en perfectionner la taxinomie générale par une
individualisation des paysages. C'est ainsi que le tanne s'appréhende quasiment "par essence"
comme un paysage-type (par rapport aux autres paysages).
Cette priorité accordée à la dissociation taxinomique, au détriment de la différenciation
raisonnée entre faciès d'un même paysage, occulte la diversité de forme qui caractérise les
tannes. La précision de leur configuration spatiale, leurs liens avec l'hydrographie et les
perspectives de recherche sur leur mise en place au cours de l'évolution actuelle exigent qu'on
les étudie quantitativement à l'aide d'indicateurs morphométriques.
Les formes détectées à partir de l'imagerie aérienne ou spatiale résultent de mesures
radiométriques. L'élaboration de relations, correspondances ou assimilations s'effectue au
moyen d'un outil de formalisation qui peut-être graphique, statistique et! ou mathématique.
3

Rendre compte de la forme des objets pose en partie le problème de l'analyse texturale. L'autre
aspect relatif à la texture est constitué par la trame géométrique ou configuration du paysage.
Les termes de la texture ainsi posés demeurent très proches des expériences développées par la
photo-interprétation et sont d'une relative simplicité. Toutefois, ils sont devenus un peu plus
complexes au cours de ces dernières années avec les contraintes liées à la formalisation
mathématique et au traitement numérique. Considérée sous l'angle visuel et / ou quantitatif,
l'analyse texturale s'impose dans les procédures de détection d'objets et de reconnaissance des
formes. Elle permet d'aboutir à des structures caractérisables par des mesures susceptibles de
fournir des grandeurs objectives ou pouvant produire une certaine représentation de
l'organisation spatiale.
Enfin, les données de télédétection spatiale ont été utilisées ici en hydrographie côtière pour
compléter les méthodes traditionnelles de bathymétrie et pour comprendre l'importante
évolution de la flèche de Sangomar survenue en 1987. Et s'il est vrai que l'expérimentation en
télébathymétrie
se
voit
imposer
de
nombreuses
contraintes
tant
techniques
qu'environnementales, il n'en demeure pas moins qu'un vaste champ s'ouvre à elle :
détermination de la limite du trait de côte, repérage des hauts fonds proches de la surface, aide
de raccordement des isobathes, voire description des hauteurs d'eau.
Le présent mémoire s'appuie aussi sur d'autres techniques d'investigation, sédimentologie et
topographie essentiellement. TI se propose de répondre à l'ensemble des thèmes évoqués ci-
dessus et comporte trois parties :
- la première présente les traits généraux du littoral sénégalais et la nature des données de
télédétection utilisées plus spécifiquement celles fournies par les capteurs LANDSAT, MOMS,
MOS et SPOT.
- la deuxième porte sur les apports de la télédétection et des techniques de numérisation à
l'analyse de hauts fonds pré-littoraux, à l'évolution cinématique de la flèche sableuse de
Sangomar, à la cartographie et à la migration frontale des dunes littorales, à la dynamique des
paysages du bassin versant du lac Retba. Cette partie bénéficie aussi des apports de l'analyse
morpho-sédimentologique, importante pour la connaissance des milieux littoraux sénégalais.
- la troisième aborde la problématique de la définition des tannes ainsi que l'ensemble des
problèmes de connexité ou de texture des catégories de formes développées en milieu estuarien
plus précisément celui du Saloum.
4

Première partie
TRAITS GENERAUX DU LfITORAL SENEGALAIS ET
NATUREDESDONNEESDETELEDETECTION~EES

Chapitre 1. Ancienneté de la cartographie des côtes du Sénégal et morphométrie plane du littoral.
1.1. Caractères de la cartographie au Sénégal
Les côtes sénégalaises sont fréquentées depuis plusieurs siècles maintenant. En effet, depuis
1364 ou 1444, selon que l'on défende la thèse de l'antériorité de la présence normande ou
portugaise, elles ont fait l'objet d'une accumulation de documents relativement importants
mais de valeur inégale.
Une description des côtes est retrouvée à travers les nombreuses relations de voyage des
navigateurs européens et les différents rapports de l'Administration coloniale. Ces textes et les
cartes qui souvent les accompagnent, permettent de circonscrire l'allure des côtes sénégalaises
et de mesurer l'ampleur de leurs variations au cours des siècles. C'est ainsi que les abords des
voies de pénétration, fleuves et rivières, et la Petite Côte ont plus particulièrement bénéficié de
descriptions détaillées et d'une cartographie relativement fine.
Cet état de fait est à mettre en relation avec les difficultés de navigation à l'approche de Saint-
Louis, l'existence de nombreux comptoirs sur la Petite Côte et le développement des échanges
commerciaux entre le Saloum et la Gambie.
A cet égard, les variations de la barre à Saint-Louis ont été évoquées dès 1728 par le Père
Labat ~ elles ont été par la suite cartographiées par J. Joire en 1947 et réactualisées d'après
l'imagerie récente (fig. 2). Toujours dans ce secteur, la comparaison des cartes du Père Labat,
de Golberry (1802) et de Boilat (1853) montre les modifications qui ont affecté quelques-unes
des îles du delta du Sénégal entre le XVIIIe et le XIXe siècle.
La représentation d'autres secteurs, en l'occurrence le système littoral du Saloum (fig. 3),
amorce de la "Côte des Rivières du Sud", traduit les apports de la cartographie à la
connaissance géographique du littoral sénégalais. Ainsi, les cartes de d'Anville (1738) et de
Poirson (1802) donnent une certaine indication de l'organisation du drainage du Saloum. La
carte de Corbigny (1860) figure quant à elle des phénomènes naturels qui se sont reproduits
dans le courant 1987 avec la réouverture de l'embouchure du Lagoba. E. Mage (1863) lui,
parle pour la première fois de l'entrée du Saloum en la qualifiant d' "espèce de delta" ce qui
n'est pas sans évoquer le fonctionnement de cette aire géographique comme un véritable delta
de marée.
La connaissance des côtes sénégalaises a aussi bénéficié de quelques travaux de compilation
notamment les remarquables conclusions de o. Dapper sur la Petite Côte (G. Thilmans, 1971) ~
celles-ci sont d'une "étonnante" précision quant à la position et l'interprétation de la toponymie
des localités ou des lieux-dits. A cet égard, les sites dans le secteur de Joal-Fadiouth-Palmarin
notamment, correspondent bien géographiquement à ceux répertoriés sur les premiers
documents topographiques établis au début du XXe siècle par le Service Géographique de
l'Afrique Occidentale.
Ces cartes topographiques constituent les plus anciens documents offrant une couverture
systématique de l'espace (B. de la Masselière, 1979). Elles marquent la concrétisation des
essais de triangulation sur le Sénégal. En effet, l'exécution des premiers levés topographiques
réguliers sur le pays a été fixée par l'arrêté du 11 novembre 1903 du Gouverneur E. Roume.
Ces levés dénommés réguliers, parce que supposés s'appuyer sur un canevas de triangulation
réalisé suivant les méthodes les plus strictes de la géodésie classique (mesure de base,
construction de signaux, observations et calculs de chaînes géodésiques, triangulation
complémentaire) ont été poursuivis jusqu'en 1909, à l'échelle du 11100000. Ces levés se sont
d'abord appuyés sur deux triangulations, celle de Dakar (1903-1904) et celle de Lampsar
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(1904-1905) (fig. 4). Les coordonnées de départ choisies (Dakar et Saint-Louis) ont été
déterminées astronomiquement en 1885 par A. Bousquet de La Grye et Driencourt. La
géodésie fut complétée par l'emploi de méthodes astronomiques et l'utilisation du réseau de
stations télégraphiques. Trente six mille cinq cents (36 500) Km' le long du littoral atlantique
furent ainsi levés depuis le fleuve Sénégal jusqu'à la frontière de l'ex-Gambie anglaise.
Cependant, l'échelle adoptée (1/100 000) et l'existence de quelques lacunes ont conduit à
s'orienter vers un travail au 1/200000 et une densification des positions astronomiques.
Par conséquent, la carte régulière établie à l'échelle du 1/200 000 publiée en 1923-1925 sera la
continuation directe et l'achèvement des travaux d'avant-guerre avec toutefois une insertion
dans le système de coupure commun à toutes les cartes de l'ex-AOF. Cette nouvelle coupure
adoptée en 1922 est dite "type 1922".
L'année 1922 voit également l'exploitation de la photo-topographie avec les premiers clichés
sur Dakar qui permettront l'établissement d'un plan de la ville et de ses environs au 1/10 000.
En mars 1927, lors de la guerre du Maroc, deux missions de photographies aériennes (verticale
et oblique) ont été effectuées sur le littoral sénégambien, de Dakar à Joal et de Joal en Gambie,
par une escadrille de Goliath 5-B-2 de l'Aviation maritime. En 1946, la Base Aérienne 1/33
réalisera sur une partie des côtes sénégalaises une mission aérienne à l'échelle du 1/60 000.
Mais, en réalité ce n'est qu'à partir de 1949 que les techniques de la photographie aérienne
vont se greffer au créneau des cartes élaborées au Sénégal et en Afrique de l'Ouest. C'est
effectivement à cette date que commencèrent sur une grande échelle les travaux
de
photographie aérienne verticale qui allaient servir de support à la cartographie d'après-guerre
dans les anciennes colonies françaises d'Afrique. De nombreuses missions de couverture
aérienne suivirent et avec le développement technologique, des prises de vue satellitaires.
Cette relative richesse photographique et cartographique contraste avec la faiblesse de
l'exploitation géomorphométrique qui devrait en découler. Ce constat qui peut-être considéré
comme une exigence du point de vue méthodologique nous conduit à envisager les aspects
morphométriques du littoral sénégalais. A cet égard, les travaux de morphométrie plane relatifs
au littoral sénégalais forment un ensemble tout à fait restreint d'une part et sont d'autre part,
marqués par une imprécision des indices mesurés. C'est ainsi qu'on note des différences
importantes dans les valeurs admises quant à l'extension des côtes; celle-ci varie entre 500 et
700 km selon les auteurs, (promoteurs touristiques et scientifiques) qui toutefois ne précisent
pas toujours leurs sources et les méthodes mises en oeuvre. Pour tenter de cerner plus
rigoureusement la mesure de la longueur et de la découpure des côtes du Sénégal, nous avons
fait grand usage de la cartographie établie au 1/200000.
1.2. Problèmes méthodologiques et morphologiques
Les opérations de morphométrie plane sont délicates et nécessitent un certain nombre de
préalables. Outre l'homogénéité des cartes, la question de savoir ce que l'on mesure et
comment reste fondamentale.
1.2.1. Que mesure-t-on ?
Les principales notions rencontrées dans la littérature et composant la limite entre la terre et la
mer sont la ligne de rivage, la ligne de falaises, la ligne de côte et le trait de côte.
La ligne de rivage parfois utilisée comme synonyme de trait de côte, désigne également la ligne
de position momentanée de l'eau à l'intérieur du rivage ou même parfois une ligne fixe, mais
différente du trait de côte. Cependant, l'expression ligne de rivage n'étant jamais séparée de la
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Fig. 4: TRIANGULATION GEODESIQUE DES ENVIRONS DE SAINT-LOUIS (A )
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10

notion de niveau marin, il est préférable selon E. Auphan (1972) de la réserver à la position
momentanée de l'eau sur un rivage.
La ligne de falaises est très peu utilisée chez les géographes de tradition française. Considérée
comme la projection au sol de l'abrupt de la falaise, elle peut être, à ce titre, assimilée au trait
de côte sur une côte rocheuse (E. Auphan, 1972).
La position de ligne de côte désignant abstraitement le tracé de la frontière des Océans est
difficile à préciser, d'autant que la littérature n'en fournit aucune définition.
Le trait de côte est encore le terme le plus employé pour servir de limite linéaire entre la terre
et la mer. La plupart des auteurs l'utilisent pour désigner, comme A. Guilcher e), la ligne des
plus hautes mers, véritable frontière, au moins théorique, entre le continent et la mer.
Le choix du contour à mesurer reste posé mais on peut mieux dire qu' E. Auphan quand il
souligne que la ligne à suivre est celle qui rende compte au mieux des formes littorales liées au
tracé de la côte, c'est-à-dire le plus souvent la ligne des plus hautes mers. Toutefois, dans ce
choix et dans le contexte tropical se pose le problème des zones à mangroves qui sont de
véritables domaines de transition. Ce problème s'inscrit par ailleurs dans celui, plus global, de
la continuité des mesures en milieu estuarien.
La solution à la continuité des mesures est tout simplement la "traversée" du cours d'eau, bien
que subsistent de nombreuses questions déjà évoquées par E. Auphan (1972), notamment à
quel endroit traverser? Où prennent fin les rives d'un fleuve? Où commence la côte? Quelles
sont les limites d'un estuaire?
En tout cas, la distinction qui consiste à diviser l'estuaire en deux parties comme le fait F.
Ottmann (1965), l'une "marine" où se manifeste la marée de salinité, et l'autre "fluviale" où les
eaux restent douces, n'est point retrouvée sur les cartes. De plus, le recours du point de vue
géographique à la notion de paysage n'est pas toujours satisfaisant. Ceci pose par conséquent
un problème insoluble pour la logique. Mais il n'en faut pas moins tracer un segment pour
assurer la continuité de la succession des segments de mesure dans le cas d'une absence de
solution de continuité du dessin de la côte (fig. 5).
1.2.2. Comment mesurer?
L'indice de découpure qui résulte de la méthode des "écarts maximum" (fig. 6) doit selon E.
Auphan (1972) répondre à un certain nombre de traits dont:
- la linéarité de la mesure (la mesure doit porter sur une ligne correspondant à un contour réel
déterminé préalablement).
-l'expression d'irrégularité du tracé de la côte (l'indice doit comparer des portions successives
du contour réel mesuré, et la distance à vol d'oiseau séparant les extrémités de ces portions) ;
on appellera celle-ci le "segment de mesure" ;
- la constance de la longueur du segment, élément permettant de rester sur un même niveau
taxinomique (ici la longueur du segment est de 5 cm pour 10 km).
1
_ A. Guilcher identifie le trait de côte à la "ligne des plus hautes mers (eau calme). C'est la ligne qui
matérialise la limite entre la terre et la mer SUT les cartes terrestre et marines" (in E. Auphan, 1972).
1 1

Fig. 5_EXEMPLES DE
DELIMITATION
D'ESTUAIRES
1 2

Le principe de la méthode des "écarts maximums" exposé par E. Auphan (1972) et que nous
avons utilisé dans nos travaux (fig. 6), revient à mesurer le développement géométrique d'un
secteur de côte et à le pondérer par une formule exprimant la sinuosité (c'est-à-dire le
caractère plus ou moins anguleux du tracé). Pour cela, on trace une ligne brisée dont les
sommets sont constitués par des points équidistants du contour réel, et dont les segments,
appelés "segments de mesure" et désignés par L, sont d'une longueur invariable préalablement
choisie. La ligne brisée ainsi tracée s'appelle le "contour direct". Celui-ci délimite le "contour
réel interne" et le "contour réel externe", définis comme étant respectivement situés du côté du
continent et du côté de la mer par rapport au segment L. On mesure la longueur R du contour
réel entre les deux extrémités de chaque segment. L'indice de développement z est donné par
R
la formule z =
L
Cependant, on constate que pour un développement donné c'est-à-dire pour chaque valeur de
R, le contour réel peut s'éloigner plus ou moins de part et d'autre du segment de mesure. Plus
cet écart maximum augmente sur un même axe, plus la sinuosité du contour diminue.
Pour exprimer cette sinuosité, on procède de la façon suivante : à partir de L on élève les deux
perpendiculaires passant par les deux points du contour les plus éloignés de L, l'une sur le
contour réel interne, l'autre sur le contour réel externe. Ces deux perpendiculaires sont
appelées "segment d'écart maximum interne" et "segment d'écart maximum externe". Elles
aboutissent à deux "points d'écart maximum" interne et externe. On ajoute le segment d'écart
maximum le plus court au segment d'écart maximum le plus long. L'ensemble des deux
segments ainsi obtenus constitue le "segment d'écart général" dont l'extrémité opposé au
segment de mesure appelé "point d'écart général", est reliée à celle de L au moyen des
"hypoténuses d'écart général".
Leur somme est appelée H. Mais la longueur de H varie en fonction de l'emplacement du
"segment d'écart général" sur le segment de mesure. Or, comme les deux segments d'écart
maximum ne sont généralement pas issus du même point de L, la longueur de H diffère selon le
sens dans lequel on opère l'addition de ces deux segments puisque, dans ce cas, on obtient des
triangles équivalents, mais inégaux. Afin de supprimer cet élément arbitraire, on a dû faire
appel à une fiction en supposant le segment d'écart général toujours confondu avec la
médiatrice du segment. Les deux hypoténuses d'écart général sont alors égales. Le seuil à
partir duquel cette opération est nécessaire dépend à la fois de la longueur de R, de celle du
segment d'écart général et de l'emplacement des segments d'écart maximum sur le segment de
mesure.
R
Dans ces conditions, l'indice de sinuosité est défini par la formule S =
ZxH
R2
et l'indice de découpure se calcule de la façon suivante D =
Lx2H
1.3. Résultats des mesures des côtes sénégalaises
L'ensemble des mesures a nécessité le tracé de 50 segments (cf Annexe 1) totalisant 840,28
kilomètres de côtes (tabl. 1).
1 3

H /
/
/
t~·~,
\\
\\
\\
\\
\\
\\
Fig. 6: D~t~rmination de l'indic~ d e d~coupur~ par la m~thod~
des icarts max im urns dans l e s e c t e u r d e Le i ba r ( Sai nt - Lo ui s )
i o n q u e u r
o i r e c r e
du
s e ç m e n r
R
r o n ç u e u r
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h
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H
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r e c t o n q t e
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l
Z
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c e
d e v e t o p p e rn e n t
:
Z =L
l
_ _R_ _
1n die e
d~
sinuos.it~
S = Z x H
1n die e
d~
e e e c u p u r e
0
= Z x S =
R2
l
x
2 H
14

Tableau 1 - Mesure de la longueur des côtes sénégalaises et gambiennes.
Détimitatioos
Segment de mesure
Loogueurdes côtes
Nombre
%
Km
%
De la frontière mauritanic:one à la hauteur de
Malika
17
34
293,52
39,94
De Malika à la hauteurde Mbao
1
2
81,00
9,64
De Mbao
à
la
frontière
guinécmle (côtes
gambiermes exclues)
23
46
332,20
39,54
Côtes gambiennes
9
18
133,56
15,88
TOTAL
50
100
840,28
100
La découpure est une notion commune mais imprécise et surtout subjective. Quand peut-on
dire qu'une côte est "rectiligne" ou "très peu découpée" ? L'ensemble des travaux conduits sur
le littoral sénégalais définissent la côte comme telle. Ceci n'est pas tellement juste en raison de
la double absence de quantification permettant la comparaison de plusieurs états d'un même
phénomène et de l'échelle à laquelle on se situe. Le recours à des quantités mesurables et à un
niveau taxinomique se justifie car une côte peut-être grossièrement rectiligne et très
déchiquetée dans le détail. Par conséquent, l'unanimité subjective de côte "rectiligne" ou "très
peu découpée" liée à l'état des côtes du Sénégal constitue une insuffisance lorsqu'elle n'est pas
précisée.
A cet égard, le tracé de la côte suivi sur une carte à grande échelle (ou a fortiori sur le terrain)
est marqué par des indentations relativement peu prononcées mais limitées à un ordre de
grandeur équivalent, dans bon nombre de cas sur la côte nord, à une dizaine de mètres. Dans
ce même ordre d'idées, l'examen plus attentif du tracé des côtes (nord et sud) sur la carte au
1/40 000 de la presqu'île du Cap-Vert (IGN, 1953-1954) montre, de la hauteur du lac
Mbeubeussé (17' 30" W) au village de Yoff(17° 27' 30" W), une rectitude plus marquée de
l'allure de la côte avec cependant plusieurs indentations tandis que la côte sud, de l'anse de
Haon (17° 25' W) à la hauteur de la ville de Rufisque (17° 15' W), est caractérisée par une
remarquable courbure d'ensemble mais sans indentations majeures au niveau du tracé. Les
indices calculés par nos soins sur cette partie du littoral montrent par ailleurs que la découpure
est plus accentuée du lac Mbeubeussé au lac Youi (1,032 à 1,042) que sur la côte sud, de Haon
à la hauteur du cap des Biches ou encore du quartier de Keuri Souf à Thiawlène (fig. 7). La
comparaison des indices entre Gold Gaïndé - Lac Mecké (côte nord) et ceux de Mbao à
Nditakh (côte sud) est encore plus "surprenante" quand bien même l'écart demeure faible (1,06
- 1,04) (fig. 8).
La courbe de fréquences cumulées de valeurs de l'indice de découpure (fig. 9) permet l'analyse
de la série dont le domaine s'étend de 1 à 32,70. Toutefois, la médiane égale à 1,10 traduit une
dispersion inégale.
On relève d'autre part que près de 75 % des valeurs sont inférieures à 2. Il semble que l'on
puisse fixer à 1,03 la valeur maximum du caractère absolument rectiligne de la côte. Au-delà
de cette limite, il est possible de qualifier celle-ci de côte (plus ou moins) découpée (22 % des
segments ont un indice inférieur ou égal à 1,03). Par conséquent de faibles valeurs absolues de
l'indice (1,05 - 1,06) sont déjà le fait d'une côte découpée.
1 5

a
1.042
1.027
b
1 .019
l. 0 19
l. 019
c
1.020
Fig. 7: DECOUPURE DES COTES DU SENEGAL
à moyenne échelle (50 oooe)
a _de la hauteur du lac Voui au lac Mbeubeusse (côte nord)
b-b' _ du village de Hann-pêcheurs à la Centrale thermique du cap des Biches (côte sud)
c
_de la Central. thermique du Cap des Biches à Thiawlène (côt. sud)
16

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1.06
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Fig. 8: DECOUPURE DES CÔTES DU SENEGAL
à petite échelle ( 200 oooe)
d
-de Gold Gaindé à la hauteur du lac Mékhé (côte nord)
e
_de Mbao à Nditakhe (côte sud)

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100
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1.5
4
5
10
20
30
40
50
100
Fig:
9
COURBES
CUMULATIVES
DES VALEURS DE LA DECOUPURE
DES COTES DU SENEGAL
(Sensibilité:maximum 10Km)

1.4. Essai de classification des côtes du Sénégal
1.4.1. Les travaux antérieurs
On peut noter trois types principaux de classification ou de division des côtes du Sénégal : les
classifications génétiques, les classifications morphologiques et les classifications historico-
administratives.
1.4.1.1. La classification historico-administrative ou "vulgarisée" des côtes du Sénégal
Les notions couramment utilisées de Grande Côte, Petite Côte ou Rivières du Sud se
confondent avec l'histoire de la Compagnie du Sénégal et la course à la possession du littoral
ouest-africain par les puissances européennes de l'époque. A cet égard, la fondation de la
Compagnie du Sénégal en 1626 voit les premières formes d'organisation coloniale de l'espace
sénégalais.
Cette organisation sera effective en 1854 avec l'installation de Faidherbe à Saint-Louis.
Toutefois, il faut signaler avec Ah. F. Kane (1993) que l'appellation actuelle de Grande Côte
qui ne recoupe pas tout à fait l'extension coloniale - c'est-à-dire de Gorée à Saint-Louis - n'est
apparue qu'avec le traité de 1763 qui mit fin aux guerres napoléoniennes.
La réforme administrative de 1854 nécessaire depuis l'occupation de Carabane (1826) et
Sédhiou (1836) par les Français, introduisit le Commandement particulier de Gorée et
Dépendances par lesquelles il faut entendre le Sine, le Saloum, la Casamance, la Petite Côte,
les provinces et comptoirs situés au sud de la Casamance.
La nouvelle réforme du 26 février 1859 précisera les limites de la Petite Côte. Mais auparavant
le traité de Paris du 28 septembre 1783 faisait mention des Pays des Rivières situés au sud du
Sénégal. La Convention franco-anglaise du 28 juin 1882 et le décret du 12 octobre de la même
année constituèrent la Colonie des Rivières du Sud du Sénégal, c'est-à-dire la future Guinée
Française. Le terme de pays de Rivières du Sud désigne aujourd'hui les paysages littoraux du
sud de la Pointe de Sangomar aux Scarcies en Sierra-Léone.
1.4.1.2. Les classifications génétiques des côtes du Sénégal
L'ensemble des classifications adoptées sur le littoral sénégalais s'appuie sur trois critères pris
individuellement ou en association : l'orientation, les caractères génétiques et les caractères
morphologiques des côtes.
A la suite des descriptions des navigateurs européens du XIXe siècle, de nombreux auteurs ont
procédé à une division du littoral sénégalais en grands secteurs côtiers. A. Gruvel dans un essai
de définition des pêcheries du Sénégal a proposé en 1908 un découpage des côtes résumé au
tableau 2.
19

Tableau 2 - Essai de division des côtes du Sénégal et de la Gambie, d'après A. Gruvel (1908)
Secteurs côtiers
Orieolatioo
Caractéristiques sommaires
Ndiago - Pointe des Almadies
à partir de Ndiago directioo de la côte vers le SW
desa'iptioo d'une courbe à grand rayon avec
COIlDDC
entités l'embouchlJl'e du SéoégaI,
le
système des dunes, les roches basaltiques de l'île
de Yoffet de la Pointe des Almadies.
Cap Manuel - Cap Rouge
Côte dirigée vers le SE
Côte presquedroite avec les poinlcssailIanIes du
Cap-Vert et du Cap Manuel avec des roches
aodésitiques et calcaires.
Cap Rouge - Pointe de Sangomar
-
Secteur désigné sous le nom de Petite Côte.
. Cap Rouge à Jœl
EX1IDIion de la presqu'île de Sangomar sur 6 à 7
. Jœl à la Pointe de
NW-SE
milles.
Sangomar
N -S
Pointe de Sangomar-
Nombreuses modifications des passesdes
Cap Sainte-Marie
-
embouchures de cc secteur côtier.
N -S
Existence de nombreuses roches isolées et de
Gambie - Casamance
bancs sableux.
A. Gorodiski et F. Tessier dans leurs travaux de cartographie géologique de l'ex-AOF
proposent dans les années 50 une division des côtes du Sénégal reposant sur des bases
génétiques avec les unités constitutives du littoral et
orientationnelle, ainsi que sur une
description relativement sommaire du plateau continental.
F. Domain distingue d'un point de vue génétique plusieurs types de côtes, distinction
s'appuyant sur de nombreux travaux, notamment ceux de J.P. Masse (1968), du BRGM (1973)
etc.
1.4.1.3. Les classifications morpho-génétiques des côtes du Sénégal
La combinaison de critères morphologiques et génétiques dans les classifications n'est apparue
que tardivement dans la littérature avec la classification de F. Ottmann en 1965 et celle de
Inman et Nordstrom en 1971. Cette dernière classification a inspiré un essai de division de la
zone côtière du Sénégal proposé par M.M. Sali (1982). Les critères de cette classification
peuvent être ainsi schématisés:
Tableau 3 - Critères de classification de la zone côtière du Sénégal, d'après M.M.Sall (1982)
Critères tectoniques
Critères morphologiques
Intégration des côtes sénégalaises traînant ("Trailing cdge coast") et à la
- Côtes à plateau continental large (côtes de plaines basses avec des
sous-classe des côtes afro-traînantes (« Afro-trailing cdge coast).
cordees littoraux étendus) : de Saint-Louis à Kayar et de Mbour à la
Casamance.
- Côtes à plateau continental étroit (avec des formes côtières faites de
1plateau entaillés en falaises).
1.4.2. Essai de classification mis en oeuvre
1.4.2.1. Bases de la classification
L'essai de classification des littoraux du Sénégal mis en oeuvre complète et enrichit les travaux
antérieurs déjà analysés. A cet égard, la classification que nous avons adoptée est basée sur la
relation valeurs de la découpure / contraintes morphologiques. Aussi avons-nous isolé d'après
la morphologie les catégories de littoraux suivants:
20

- dunes
- estuaires, rias, flèches littorales
- formations sédimentaires tertiaires et secondaires
- roches volcaniques
- cordons littoraux
Cet essai appelle un certain nombre de remarques :
- TI reste évident que les limites de segments de mesure considérés ne se superposent pas
toujours aux limites géomorphologiques ou lithologiques connues. Ces cas sont souvent
observés au niveau des zones de contact entre milieux différents ; de tels chevauchements
concernent les secteurs côtiers de Ndiébène-Taré, Hann-Mbao et Sienndou-Cap de Naze. Dans
ce contexte, le choix adopté porte sur la catégorie morphologique constituant la dominante soit
en distance soit morphologiquement. Cette source d'imprécision doit être signalée mais
compte tenu de la qualité des documents utilisés, du nombre relativement important de mesure
et du soin apporté aux opérations, il ne semble pas que la valeur de l'analyse en soit affectée de
manière significative.
- La classification morphologique des segments s'appuie sur la carte géologique du Sénégal au
11500 000 publiée en deux coupures par le BRGM en 1962, la carte géomorphologique du
Sénégal au 11500 000 réalisée en 1981 par M.M. Sall pour le
compte de la Direction de
l'Aménagement du Territoire publiée en quatre feuilles. Elle a aussi pour base des travaux
ponctuels de géomorphologie ou de géologie effectués sur certaines portions du littoral,
notamment ceux de J. Tricart (1961), A.M. Severac (1964), P. Michel (1969), L. Hébrard
(1966).
- On a choisi de regrouper en une seule catégorie les côtes alluviales du fleuve Sénégal
(médiane 10,50) et les côtes à rias du Saloum (médiane 4,44) et de la Casamance (médiane
4,20) pour éviter de conserver à part une série ne comportant que trois segments, en
l'occurrence les rives du Sénégal.
Dans le cas de la presqu'Île du Cap-Vert, la configuration du secteur côtier et l'échelle adoptée
auraient pu constituer une contrainte majeure. Cette difficulté a été contournée par l'adoption
d'un niveau taxinomique plus élevé avec une sensibilité maximum de 2 km.
Nous avons par ailleurs associé certaines formes (estuaires ou rias et flèches littorales) parce
qu'elles sont étroitement mêlées. Nous avons dû également nous contenter de regrouper
différents faciès des côtes rocheuses (dolérites, basalte, basanites) ou des terrains sédimentaires
tertiaires et secondaires (calcaires, grès, marnes, cuirasse...) compte tenu de la diversité
taxinomique des formes du littoral et de la difficulté à opérer une distinction entre traits
d'ensemble et traits de détail.
En fonction des catégories morphologiques définies, la répartition des côtes du Sénégal a été
établie.
21

1.4.2.2. Répartition morphologique des côtes du Sénégal (tabL4a-b)
Tableau 4a - Répartition morphologique des côtes du Sénégal en segments
de mesure.
Nature
Segment de mesure
Nombre
%
Dunes
15
36,59
Estuaires, rias, flècheslittorales
12
29,27
Formations sédimentaires (tertiaires et
8
19,51
secoodaires)
Cordons littoraux
5
12,20
Côtes rocheuses
1
2,43
Total
41
100
Tableau 4b - Répartition morphologique des côtes du Sénégal en km
de côte
Nature
Longueur de côtes
Nombre
%
Dunes
191,81
27,14
Estuaires, rias, flècheslittorales
283,83
40,16
Formations
sédimentaires
(tertiaires
et
92,89
13,14
secoodaires)
Cordons littoraux
57,19
8,10
Côtes rocheuses (')
81,00
II,46
Total
706,82
100
La figure 10 indique la relation morphologie / découpure ; celle-ci se manifeste aussi par la
médiane de chaque catégorie concernée :
- Côtes à dune.......................................................
1,02
- Côtes de formations sédimentaires
tertiaires et secondaires........................................
1,08
- Côtes rocheuses à produits volcaniques
1,65
- Côtes à cordons littoraux.....................................
1,73
- Estuaires, rias, flèches sableuses
11,75
1 _ La longueur exacte des côtes rocheuses est de 59,5 km, la zone portuaire étant développée sur 21,5 km.
22

100
75
50
25
o
2
3
4
5
Fig.IO: Influence de la découpure sur les types morphologiques
dei i t to r a u x
5
Côt.s à cordons littoraux
23

Comme on peut le voir sur les figures 9 et 10, on peut distinguer trois catégories de côtes:
- Les types de côtes à découpure insignifiante, dans lesquels plus de la moitié des valeurs est
inférieure à 1,05. Ce sont les dunes (62 %) et les côtes constituées par les formations
sédimentaires tertiaires et secondaires (59 %).
- Les types de côtes à forte découpure, dans lesquels plus de la moitié des valeurs est
supérieure à 1,50 : 56,5 % pour les côtes rocheuses, 58 % pour les cordons sableux. On
remarque que le mode des côtes rocheuses qui s'élève à 46 % est situé dans la classe 4 ; avec
29,5 % des valeurs, cette classe constitue le mode secondaire au niveau des cordons sableux.
Les fortes valeurs de la découpure des cordons peuvent s'expliquer par les incurvations
observées au niveau de certains rentrants (cas de Mbodiène) ou les accidents représentant les
bombements rencontrés sur les pointes de Senti ou de Sarène.
- Les types de côtes à très forte découpure, exclusivement représentés par la catégorie
estuaires - rias - flèches littorales, et dans laquelle 80 % des valeurs sont supérieures à 4 et plus
de la moitié (60 %) des valeurs dépassent 10.
Par ailleurs, le critère adopté, c'est-à-dire la notion de découpure, nous a conduit à une
division du littoral en grands secteurs présentant une certaine homogénéité du point de vue de
l'indice. A cet égard, nous avons considéré non pas la valeur absolue de l'indice, très
irrégulière d'un segment à l'autre, mais la médiane mobile. Le calcul est établi sur trois valeurs
soit 30 km de "contour brisé direct Il • La figure Il précise la valeur de cette médiane mobile le
long des côtes du Sénégal et de la Gambie.
TI semble que l'on puisse distinguer sept secteurs bien distincts (fig. 11 et 12). La limite entre
ces secteurs aurait dû être précisée par d'autres critères, notamment géographiques, puisqu'il
n'y a pas, d'une part, correspondance réelle entre limite de segments et limite naturelle, plus
précisément lithologique et qu'il s'agit, d'autre part, de moyenne mobile. Ces réserves étant
apportées, il reste que ce découpage n'en correspond pas moins à quelque chose de réel.
- de Saint-Louis à Taré: Ce secteur littoral présente de fortes valeurs de la médiane mobile,
celle-ci étant toujours supérieure à 2. Et si cette côte basse est bien régularisée par la flèche de
Barbarie, il n'en demeure pas moins que cette structure sableuse est particulièrement active et
que c'est surtout parce qu'on note au niveau des marges du delta des indentations prononcées
et sinueuses qu'on a de grandes valeurs de découpure.
- de Taré à Yoff: sur ce secteur littoral, la médiane mobile reste toujours inférieure à 1,03 sauf
dans quatre cas où elle reste comprise entre 1,04 et 1,10, à Thioukougne (à la hauteur de
Lompoul), de Gold Gaïndé au lac Mekhé, à Kayar et au lac Retba (à la hauteur de Niague).
L'ensemble de ce secteur littoral présente la plus grande homogénéité du point de vue de la
découpure. Les côtes relativement peu découpées sont constituées de rivage d'accumulation
quaternaire à actuelle.
- de Yoff à Haon (la tête de la Presqu'île du Cap-Vert) : ce secteur littoral constitue un
accident majeur et de ce point de vue sert de référence. TI est fait de côtes rocheuses avec de
nombreuses indentations dont l'ampleur ne peut être saisie par un seul segment de mesure.
Aussi avons-nous opéré une subdivision du secteur sur la base de la médiane mobile (fig. 13)
mais avec un niveau taxinomique de 6 km de "contour brisé direct". Nous pouvons alors
distinguer dans cet ensemble quatre sous-secteurs. Le premier va de Yoff à la hauteur du lieu
dit Ndaré (à 2,5 km au sud de la Pointe des Almadies) avec des valeurs de la médiane mobile
fortes à très fortes (l,08 à 5,26). Cette section littorale est faite de côtes rocheuses avec une
24

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Fig. 11 Médianes mobiles (sur trois valeurs) de la découpure des côtes
du Sénégal et de la Gambie mesurée avec sensibilité maximum de 10 km
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Fig.12
Toponymie
et
hydronymie du littoral sénégalais
5 km
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Fig. 13: Méd;anes mobiles de
la
découpure des côtes de la tête
de la presqu'île
du Cap
Vert mesurée avec sensibilité maximum de 2km
27

prédominance des épanchements doléritiques du système éruptif des Mamelles. Le deuxième
sous-secteur est développé de Ndaré à la baie de Soumbédioune. TI est essentiellement
constitué de basanites, de basaltes, de tufs et scories avec également des valeurs de la médiane
mobile fortes à très fortes, comprises entre 1,31 et 4,12. Le troisième sous-secteur intègre le
système du Cap Manuel fait d' ankaratrites débités en orgues avec la plus forte valeur de
découpure (15,07) sur toute la portion de la presqu'île. Ce sous-secteur qui va de la baie de
Soumbédioune à la Pointe de Dakar comprend aussi la série sédimentaire de Dakar, quelques
tufs et scories. Le quatrième sous-secteur qui est fortement artificialisé avec la zone portuaire a
de fortes et très fortes valeurs de la médiane mobile (1,08 à 10,78) et s'allonge de la Pointe de
Dakar à Haon. TI comprend également des tufs et scories.
- de Haon à la Pointe Sarène : ce secteur du littoral est caractérisé par des valeurs de la
médiane mobile comprises entre 1,03 et 1,21. TI présente une relative dissymétrie du point de
vue de la découpure: forte courbure d'ensemble du tracé du littoral de Haon à Toubab Dialao
avec cependant de faibles valeurs de l'indice et un élément de partition représenté par le cap du
phare de Diokoul.
De Toubab Dialao marqué par des formations gréseuses jusqu'à la Pointe Sarène, les valeurs
de la médiane mobile sont plus élevées et le littoral présente dans cette portion une succession
de petits caps et micro-baies, zones de mobilisation et de remobilisation des sédiments
particulièrement dynamiques.
- de la Pointe Sarène à Palmarin : morphologiquement et d'un point de vue d'ensemble, ce
secteur pourrait être qualifié de "littoral des lagunes" avec des caps relativement prononcés
(pointe Sarène, pointe Senti). En effet, il intègre les systèmes lagunaires de Mbodiène et
Fadiouth avec des segments de mesure orientés NNW-SSE et NW-SE et l'existence de cordons
sableux relativement importants développés sur environ 9 km pour le premier et 4,5 km pour le
second.
Les écoulements restent ici parallèles à la côte et s'opposent aux petites rivières côtières de
Mbaling ou de la Somone rencontrées dans le secteur précédemment décrit, et qui sont
perpendiculaires à la côte. Le secteur littoral, de la Pointe Sarène à Palmarin, intègre des
valeurs de la moyenne mobile fortes à très fortes (1,97 à Il,97). TI correspond à une zone
d'accumulation de sédiments quaternaires et actuels.
- de Palmarin à Kafountine : cette section du littoral marque le début des Rivières du Sud (Sud
de la Pointe de Sangomar) et englobe l'ensemble des côtes gambiennes. Les valeurs de la
médiane mobile y sont fortes à très fortes (supérieures à 1,05) ; les vasières du Saloum restant
cependant plus découpées que les côtes gambiennes, côtes faites à la hauteur du Cap St Mary
de sédiments plus sableux avec diverses orientations directionnelles des segments de mesure.
- de Kafountine au Cap Roxo : ce secteur délimite le littoral casamançais où la seule valeur
insignifiante de découpure est rencontrée à hauteur de l'amorce de la presqu'île aux oiseaux.
Le secteur littoral casamançais est fait de sédiments sablo-vaseux et reste caractérisé par de
nombreuses "pointes sédimentaires", allongées nord-sud avec de très faibles valeurs angulaires,
comprises entre 3° et 7° (pointes de Sankoye, de l'île de la Goélette, de Diogué) et une
convexité générale de la côte bien prononcée dans la section allant de Nikine au Cap Skirring.
28

1.4.2.3. L'orientation du trait de côte
L'orientation du trait de côte au niveau des principaux secteurs littoraux: est résumée tableau 5
et figure 14. Les orientations rencontrées sont différentes et s'inscrivent dans la fourchette
suivante: NNE-SSW, NE-SW, ENE-WSW, W-E, N-S, WNW-ESE, NNW-SSE et NW-SE. Les mesures
obtenues le sont à partir du Nord géographique.
Tableau 5 - Segmentation du littoral sénégalais et gambienen fonction de
l'orientation du trait de côte.
Secteurs côtiers
Segnlents de mesure (1)
Orientation &;
Valeur angulaire moyenne
de SaiDt-Louis à Taré
Saint-Louis- Taré
NNE-SSW
IS"28'
de Taré à Yoff
Taré - Mboro Ndeundekat
NNE-SSW
3So 32'
Mboro Ndeundekat-Kayar
NE-SW
39" 43'
Kayar- Yoff
ENE-WSW
63° SO'
de Yoff à Hann
Dede Yoff-plagede Warar
NE-SW
96° IS'
Plage de Warar - Plage d u Méridien
NNE-SSW
S3° 30'
Plage du Méridien- Almadies
NE-SW
72°
Almadies-Fann Résideoœ
SSW-NNE
149" 33'
Fann Résidenœ- Cap Manuel
SW-NE
142°
Cap Manuel- Pointede Dakar
8-N
S4°
Pointede Dakar - Hann
SSE-NNW
23°
de Hann à la Pointe
Hann-Mbao
W-E
17" 20'
Sarène
Mbao - Bargny
WNW-ESE
67"
Bargny - Yenne
NW-SE
4SO
Yenne- Somooe
NNW-SSE
29" SO'
Somone - Sali Nianiaral
WNW-ESE
S6° 30'
Sali Nianiaral-Nianing
NW-SE
41°
Nianing - Pointe Sarène
NNW-SSE
23°
de la PointeSarène
Pointe ~Pointe Gaskel
NNW-SSE
19"
àPalmarin
PointeGaskel - Tine Dine
NW-SE
4So
Tine Dine - Palmarin
NNW-SSE
16°
de Palmarin à Kafouotine
Palmarin- PointeJacksoosa
NNW-SSE
19" 07'
PointeJacksonsa - Fort BuUen
NW-SE
26° IS'
Fort BuUen- Cap St Mary
E-W
89" 15'
Cap St Mary - Brufut
NE-SW
3SO
Brufut -Hauteur de Tujering
NNE-SSW
27"
Hauteur de Tujering-SaniangPointe
NNW-SSE
12°
Saniang Pointe - Hauteur de Bomboodir
N-S

Bombondir- Embouchure de San Pedro
NNW-SSE
22°
Embouchure de San Pedro-Kafountine
N-S

de Kafountineau Cap Roxo
Kafountine-Hauteur de Kassel
NNE-SSW
12° 30'
Kassel- Pointe BoulaIou
N-S
SO
PointeBoulalou -Kacbiouane
NNE-SSW
ISO
Kacbiouane- Hauteur de Boucoue
N-S

BoucoUe - Cap Roxo
NW-SE
3So 30'
Les secteurs côtiers de Saint-Louis à Kayar restent dominés par une orientation NNE-SSW. Sur
cette partie du littoral communément appelée Grande Côte, le remarquable changement de
direction se situe au droit du canyon sous-marin de Kayar. En effet, à partir de cette section
du littoral jusqu'à Yoff, les segments côtiers déterminés ont une orientation ENE-WSW avec des
valeurs angulaires comprises entre 380 et 650 • Le triangle qu'est la presqu'île du Cap-Vert
présente dans sa partie septentrionale, de Yoff aux Almadies, des segments d'orientation NE-
SW et NNE-SSW avec des valeurs angulaires élevées, de l'ordre moyen de 75°. La façade
occidentale de la presqu'île, des Almadies au Cap Manuel, est orientée SSW-NNE et SW-NE
avec des valeurs angulaires très fortes relativement, de l'ordre de 145° en moyenne. Les
secteurs du littoral plus connus sous l'appellation de Petite Côte et des Rivières du Sud
combinent les orientations les plus divergentes, ce qui peut s'expliquer par les nombreux:
"décrochements" de la côte. Toutefois, on peut signaler aussi la prédominance relative des
orientations NW-SE et NNW-SSE qui représentent environ 58 % de l'orientation des secteurs
côtiers développés de Haon au Cap Roxo.
1 _ Lessegments de mesure retenus correspondent au changement d'orientation du trait de côte.
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Fig. 1"': Segmentation des secteurs littoraux
à partir de l'orientation du trait de côte
30

Cbapitre 2. Les données de télédétection du littoral sénégalais
La télédétection est, nous rappelle plus récemment F. Bonn et G. Rochon (1992), la discipline
scientifique qui regroupe l'ensemble des connaissances et des techniques utilisées pour
l'observation, l'analyse, l'interprétation et la gestion de l'environnement à partir de mesures et
d'images obtenues à l'aide de plates-formes aéroportées, spatiales, terrestres ou maritimes.
Comme on peut s'en apercevoir, cette définition de la télédétection est prise dans son
acception la plus large et recouvre par conséquent l'usage restrictif qui en est fait, c'est-à-dire
la détection de faits perçus depuis une plate-forme spatiale, en orbite lunaire ou terrestre, usage
courant depuis 1960 environ.
Comme son titre l'indique, les termes en relation avec cette technique moderne née de la
photographie aérienne restent très largement intégrés dans le présent mémoire. Mais d'autres
termes sont également pris en compte, notamment les données de la cartographie classique et
les mesures bathymétriques obtenues par le baliseur Léon Bourdelles du Service des Phares et
Balises (port Autonome de Dakar).
En somme, nous avons tenté d'intégrer partiellement ou en totalité les diverses données de
télédétection obtenues sur le littoral sénégalais et qui peuvent être ainsi schématisées.
2.1. La cartographie topographique et les données photographiques du littoral sénégalais.
2.1.1. Evolution de la cartographie topographique
Le bilan de la cartographie au Sénégal débute en novembre 1903 avec l'arrêté du Gouverneur
Général E. Roume fixant l'exécution des premiers levés topographiques réguliers. Ainsi, le
littoral atlantique depuis le fleuve Sénégal jusqu'à la frontière de l'ex-Gambie anglaise fut levé.
Ces levés à l'échelle du 1:100 000 permirent la rédaction d'une carte du bas-Sénégal
comprenant au total 17 feuilles. Cette carte fut héliogravée et imprimée de 1906 à 1911 par le
Service Géographique de l'Armée à Paris pour le compte du Gouverneur Général de Dakar.
La projection adoptée fut la projection polyédrique ou polycentrique avec carroyage en grades
et minutes centésimales et avec comme méridien origine celui de Paris. Chaque feuille englobe
60 minutes centésimales en latitude sur 50 minutes en longitude. Mais la Conférence de Paris
en décembre 1913 va établir des règles qui vont présider à l'établissement de la carte
internationale du monde au millionième. Ces règles, à savoir :
- carroyage de la carte au millionième donné en degrés
- méridien origine considéré celui de Greenwich
- projection polyédrique de chaque feuille avec 4° en latitude et 6° en longitude,
vont être appliquées à la nouvelle coupure des cartes du Sénégal adoptée en 1922. Suite à ces
modifications, le principe fondamental du système cartographique de l'ex-AOF est que chaque
feuille de la carte à une échelle déterminée, doit être une subdivision simple de la feuille
immédiatement supérieure. En s'appuyant sur ce principe, la totalité de la surface levée au
1:100 000 (carte du bas-Sénégal) publiée de 1906 à 1911 est représentée dans la nouvelle
édition dite "type 1922" par 12 feuilles au lieu de 17.
Le bilan de la cartographie topographique du Sénégal reste étroitement lié à l'histoire de
l'Institut Géographique National (français) dont l'annexe de Dakar a été créée en 1945 (1.
Hurault, 1972). Cet institut est l'héritier du Service Géographique de l'Afrique Occidentale
(ex-AOF) créé en 1894 selon Ed. de Martonne (1925) et en 1895 selon J. Hurault (op. cit.).
31

Par ailleurs, Ed. de Martonne souligne que le service géographique d'avant-guerre n'avait pas
d'existence légale. En effet, le Gouverneur Général E. Roume n'avait pas créé un service
géographique local, doté d'attributions précises muni d'un programme bien net. TI s'était
contenté, dit-il, de faire appel à des brigades topographiques militaires empruntées au Service
Géographique de l'Armée. D'ailleurs, le Service Géographique de l'Afiique Occidentale
Française (ex-AûF) fut directement rattaché en 1910 au cabinet militaire du Gouverneur
Général. C'est seulement le Ier mars 1922, c'est-à-dire 3 mois après sa réouverture (le Service
Géographique de l'ex-AûF fut, semble-t-il, fermé en 1914) que les termes de son organisation
et de son fonctionnement furent définis pour la première fois par un arrêté général avec plus
tard quelques modifications (27 juillet 1923).
C'est également au cours de l'année 1922 que débute l'exploitation de la photo-topographie
avec les premiers clichés sur Dakar (cf annexe 2) et l'établissement d'un plan de la ville et
environs au 1:10 000 (Ed. de Martonne, 1923). Par ailleurs, en mars 1927 le littoral
sénégambien, de Dakar à Joal et de Joal en Gambie, fut couvert par deux missions aérienn~ C)
(verticale et oblique) de l'Aviation maritime. Mais l'introduction de cette technique - coûteuse
entre autres raisons - mettra du temps à se greffer réellement au créneau des cartes
topographiques malgré le résultat encourageant sur Dakar et l'Instruction Générale fixant les
conditions d'utilisation de la photographie pour l'exécution des cartes et plans en AûF. En
effet, le calendrier des missions de prises de vues pour l'année 1938 n'a pas été respecté et de
surcroît ces missions furent interrompues en 1939 par ordre du Commandant de l'Air en
Afrique Occidentale Française (ex-AûF). TI faudra attendre 1944 pour voir d'abord le Service
Géographique de l'ex-AûF et un peu plus tard les annexes de Dakar et de Brazzaville, utiliser
les couvertures photographiques trimetrogon effectuées par l'Aviation des Etats-Unis dans le
courant de décembre 1943 pour l'établissement de cartes à très petite échelle.
TI faut dire que si la politique de large confection des cartes à moyenne ou grande échelle (entre
le 1:100 000 et le 1:10 000) a été définie dans le programme cartographique de 1926, cette
orientation ne sera effective ~u'à partir de 1946 avec la réalisation de la carte régulière au 1:
50 000 dite type outre-mer ( ). Cette cartographie aura pour support essentiel la couverture
photographique aérienne verticale dont l'exécution a débuté sur l'OUest Africain à partir de
1949. Le Sénégal sera alors entièrement couvert lors de la campagne 1953-1954. Les
projections retenues pour les cartes du Sénégal sont la projection cylindrique conforme
Mercator Transverse Universelle (MTU) et la projection azimutale de Hatt. Selon R. Cuenin
(1972) dans le système MTU le globe est fractionné en 60 fuseaux de 6° d'amplitude et la
projection azimutale résulte de la projection perspective d'une portion de la sphère terrestre
sur un plan tangent à la sphère, à partir d'un point de vue donné. L'ellipsoïde pris comme
référence est celui défini par Clarke (1880).
Mais le développement de la cartographie à moyenne ou grande échelle élaborée par l'IGN n'a
été circonscrit en réalité qu'à des régions d'importance stratégique et économique ou plutôt
considérées comme telles. A cet égard, jusqu'en 1978 il n'existait pour l'ensemble du pays
qu'une cinquantaine de coupures au 1:50 000 localisées dans la presqu'île du Cap-Vert, la
région de Thiès, en Casamance et le long du fleuve Sénégal. Ces travaux cartographiques
s'appuient très largement sur la couverture aérienne verticale de 1978-1980 et les données de
la Mission d'Aménagement du Sénégal (MAS).
1 _ Nous avons pu consulter le calque d'interprétation de ces missions, calque dressé par M. Didier et répertorié
aux Archives Nationales d'Outre-mer sous la rubrique TP 818, Dossier 16, Service des TP, Bureau des Etudes
n" 21 cp.
2 _ Auparavant, il faut souligner l'existence des cartes régulières américaines - Sénégal 1150 000 - éditées en
1950 par the Army Map Service (AMPV), Corps of Enginneers, US Army, Washington DC (cf. A.T. Diawet
al., 1983) et dont on fait très peu référence dans la cartographie du Sénégal
32

Par ailleurs, il faut noter qu'au moment des indépendances, a été créé le Service
Topographique du Sénégal qui a continué à travailler avec l'IGN dont la tâche était plus
spécifiquement axée sur la cartographie. L'IGN s'est retiré du Sénégal en 1972 et le décret
721121 du 20 septembre de la même année créa le Service Géographique National (SGN) en
remplacement du Service Topographique du Sénégal. En 1989, le Service Géographique du
Sénégal est érigé en Direction des Travaux Géographiques et Cartographiques (DTGC). Cette
direction qui travaille en étroite collaboration avec un comité national de la carte, organisé par
le décret 771045 du 29 novembre 1977, poursuit entre autres objectifs l'élaboration de la carte
de base au 1:50.000 du territoire national. Ainsi, dans le cadre du programme Pl (1988-1990),
la Direction des Travaux Géographiques et Cartographiques a entrepris, à partir de 1989 et
avec l'appui de la coopération japonaise (nCA), la cartographie du littoral et de son arrière
pays, de la frontière mauritanienne à la frontière gambienne, entre les méridiens 16° et 17° w.
2.1.2. Les photographies aériennes du littoral
Comme nous l'avons déjà souligné, les premiers clichés connus sur le littoral sont ceux de
Dakar (cf annexe 2). Sur la côte sud, la première mission aérienne est celle effectuée par
l'Aviation maritime du 8 au 12 mars 1927 (Anonyme, 1927). En effet, c'est sur la demande du
Ministère de la Guerre en août 1925 que la Marine mit à la disposition de ce département une
escadrille de Goliath, pour prendre part aux opérations de guerre du Maroc ; la mission
aérienne débordera alors sur les côtes sénégalaises, de Dakar jusqu'à la frontière gambienne.
Mais malgré l'imposant programme topographique défini en 1926, les photographies aériennes
ne se sont imposées que vers les années 50. Auparavant, on peut mentionner la mission de la
Base Aérienne 1/33 de 1946, à l'échelle du 1:60 000, sur une partie des côtes sénégalaises. Par
la suite, des missions ponctuelles de l'IGN et de l'actuelle DTGC auxquelles on peut ajouter
celles de quelques projets de développement, ont été réalisées à partir de 1958. Le répertoire
que nous avons établi concerne plus spécifiquement la zone du Saloum qui a bénéficié du plus
grand nombre des missions (A. T. Diaw et al., 1983).
2.2. Les levés bathymétriques
Les côtes sénégalaises ont fait l'objet de nombreux travaux de bathymétrie (A. Ruffinann, L.J.
Meagher, J.Mc G. Stewart, 1977). Pour des raisons évidentes de pénétration économique, les
embouchures des fleuves ont été suivies de manière plus régulière. L'essentiel des analyses
bathymétriques conduites dans le cadre de ce mémoire, intéresse le fleuve Saloum, dont les
premiers récits de reconnaissance sont, à notre connaissance, datés du XIXe siècle. La
fréquence des levés sur le Saloum s'explique par les difficultés de navigation qui proviennent
de la mobilité des fonds à l'embouchure, elle-même liée à une grande rapidité d'évolution
géomorphologique.
Les levés hydrographiques d'une certaine précision débutèrent sur le Saloum avec la mission
Buchard de 1894-1895 ; cette mission fut complétée jusqu'en 1914 par d'autres travaux
dirigés par Dornier (1906), Ferry (1907), Lebail (1909-1910), Rouch (1912), Lecoq et de la
Haye-Jousselin (1914). Mais au cours des années suivantes, les vérifications périodiques des
passes de l'embouchure et des seuils du Saloum n'empêchèrent guère les accidents, notamment
l'échouage en septembre 1925 du navire du Capitaine au long cours Binvel, de la société des
"Armateurs Français". L'état défectueux du balisage entraîna quelques mois plus tard, en juin
1926, un abordage entre un navire norvégien et un navire danois. Et c'est sur l'insistance de la
Légation de Norvège à Paris, dont une cinquantaine de navires fréquentaient annuellement
l'embouchure, que le Ministère des
Colonies décida l'envoi en 1928 d'une mission
hydrographique dirigée par le Lieutenant de Vaisseau Y. Tromeur. Depuis, les travaux sur le
Saloum se sont poursuivis à un rythme relativement régulier sous la direction du Service
Hydrographique et Océanographique de la Marine, des Travaux Publics, du Bureau Central
33

pour les Equipements d'Outre-Mer et, plus récemment du Service des Phares et Balises du
Port Autonome de Dakar. En effet, les campagnes de levés ont été entreprises par ce service
dès 1978 et sont depuis renouvelées, presque chaque année. Les méthodes mises en oeuvre au
cours des campagnes du Baliseur Léon Bourdelles peuvent être ainsi résumées :
Le positionnement en X et Y des sondes est déterminé par lectures d'angles au théodolite
conduites par trois opérateurs (un "guide" et deux "traversiers") situés en des stations précises
rattachées à des points géodésiques connus.
Les profils sont positionnés pour converger vers la station de l'opérateur de radioguidage
chargé d'aligner l'embarcation sur la droite passant par le théodolite "guide". Cette
convergence a pour but l'établissement d'un réseau de profils dont l'écartement est grand au
large et se rétrécit suivant que l'on s'approche de la côte. La présence des deux opérateurs
"traversiers" permet de réduire les risques d'erreurs et d'obtenir une précision relativement
grande, de l'ordre de quelques décimètres (E. Cailliau, 1978).
La vitesse de l'embarcation hydrographique est réglée pour être aussi constante que possible et
le positionnement est réalisé aux "tops" prononcés par l'opérateur hydrographique et gravés
sur la bande de sondage. Le délai entre deux "tops" consécutifs est constant et fixé à 30
secondes, ce qui dans le cas qui nous intéresse correspond à environ 100 m.
A l'achèvement des opérations, il est procédé au dépouillement de la bande de sondage et à la
lecture des angles. Les profondeurs d'eau sont saisies sur ordinateur, corrigées des variations
de hauteur d'eau due à la marée, et restituées dans le système de coordonnées de Gauss
Laborde, puis dans la projection Mercator Transverse Universelle. C'est le même système qui
est également utilisé en Casamance. Cependant, les levés hydrographiques effectués sur le
Sénégal s'appuient sur d'autres systèmes (N. Diop, 1993). TI s'agit de:
- IGN 74 limité à la zone de Dakar,
- Yoff 200 pouvant être utilisé sur l'ensemble du pays,
-l'Adindan.
Ces trois derniers systèmes utilisent tous la projection UTM mais des datums différents.
2.3. Les données de la télédétection spatiale
D'un point de vue général, il faut noter que jusqu'en 1960 environ, les moyens utilisés par la
télédétection étaient assez limités, caractérisés par des progrès excessivement lents. Selon 1.
Pouquet (1971) le choc est venu des premières images transmises depuis une plate-forme
circulant au-delà de la stratosphère, avec la série TIROS (Television Infrared Observation
Satellite).
L'exploitation des données satellitaires s'est implantée au Sénégal par le biais d'un certain
nombre de projets réalisés en coopération avec la France et l'USAID à la fin des années 70. Le
département de géographie de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Dakar en
association avec le laboratoire de géographie de l'Ecole Normale Supérieure de Montrouge, au
travers de l'Equipe TECASEN (Télédétection, Cartographie et Aménagement du Sénégal) a
joué un rôle pionnier dans le développement de la télédétection sénégalaise. Les travaux
conduits dans le présent mémoire s'appuient sur les premières images Landsat jusqu'aux
images plus récentes fournies par le satellite SPOT.
34

2.3.1. Les dODDées Landsat
2.3.1.1. Description des satellites Landsat (fig. 15a)
Les satellites Landsat mis au point par la NASA ont été placés sur orbite, pour le premier de la
série, en juillet 1972. Les satellites sont de même structure que les satellites météorologiques
de type Nimbus et se décomposent en deux parties :
- une partie inférieure, dirigée vers la Terre, contient les capteurs et les matériels d'émission
et de réception.
- une partie supérieure, regardant le Ciel, comprend les organes de stabilisation, les
commandes d'attitude et les panneaux solaires.
L'axe des appareils d'enregistrement proche de la verticale permet d'obtenir le minimum de
déformations. Les appareils de contrôle d'attitude du satellite enregistrent et corrigent les
mouvements relatifs de roulis, tangage et lacet.
2.3.1.2 . Caractéristiques orbitales des satellites Landsat (fig. 15b)
Ces satellites ont des orbites quasi-circulaires et inclinées de 99° environ. De telles orbites
assurent une certaine constance de l'altitude (de l'ordre de 915 km) et de l'angle formé par la
direction Terre-Soleil avec le plan de l'orbite (environ 22°5). Ces caractéristiques entraînent
une constance de "l'échelle" des données recueillies (la quantité d'informations recueillies étant
toujours rapportée à une même aire de la surface terrestre) et des conditions d'éclairement des
zones balayées.
2.3.1.3. Les capteun des satellites Landsat
Les satellites de première génération (Landsat 1,2,3) sont équipés de deux types de capteurs:
- un capteur à balayage multispectral, Multispectral Scanner System (MSS)
- un ensemble de trois caméras, Retum Beam Vidicon (RBV).
L'altitude de survol du satellite et les caractéristiques optiques du système à balayage
multispectral permettent d'obtenir une image de 185 km de côté comprenant 2340 lignes et
3240 colonnes soit 7 851 000 taches élémentaires ou pixels de 79 m sur 56 m. Les capteurs du
système MSS de la série Landsat 1 et 2 enregistrent des valeurs de
luminance dans quatre
bandes spectrales réparties dans le visible et le proche infra-rouge:
Code NASA
I..oogueurs d'onde( en nanomètres)
Couleurs
MSS4
S()().6()()
vert
MSSS
600-700
onmgé-rouge
MSS6
700-800
rouge-infra-rouge
MSS7
800-1100
infra-rouge
L'ensemble des caméras RBV photographient simultanément une zone de 185 km sur 185 km
du bleu-vert (475 à 575 nrn) au proche infra-rouge (690 à 830 nrn).
Toutefois, le Landsat 3 lancé en mars 1978 différait de ses prédécesseurs par l'addition, dans le
balayeur MSS, d'une bande sensible à l'infra-rouge thermique (tache au sol de 240 m), et par
une résolution améliorée des caméras RBV (environ 40 m), lesquelles ne comptaient qu'une
bande spectrale panchromatique. Par ailleurs, les images produites dans le cas des deux
caméras RBV de Landsat 3 sont découpées en scènes de 98 km.
35

Système de commande d'altitude
Enregistreurs vldfo
~--t:I-.,....----=-... n t en nes
oftecteur l
balayage
multispectral
Fig.15a: Structure
des satellites
Landsat
d'après
Landsa~ n c t c u s e r s Handbook 1976
)
Fig,15b:Orbite
h e t r o s yn c hr-on e des satellites Landsat
d' après
t c n e s c t
Data
u s e r-s
Handbook
1976
36

En juillet 1982, les satellites Landsat mis en service présentent des résolutions spatiale et
spectrale plus fines. Les caméras RBV sont remplacés par un nouveau scanner, le Thematic
Mapper (TM), possédant une résolution au sol de 30 m et sept bandes spectrales réparties
comme suit :
Code NASA
Longueurs d'OIXk (en nanomètres)
TMI
450-520
TM2
520-600
TM3
630-690
TM4
760-900
TM5
1550-1750
TM6
10400-12500
TM7
2100-2350
2.3.1.4. Nature des données Landsat
- Etat des données sur le Sénégal
Du 23 juillet 1972 au 18 octobre 1979, 429 enregistrements ont été réalisés par les satellites
Landsat (lère génération) sur le Sénégal, qui peut être couvert par 15 scènes (fig. 16).
Fig. 16 - Localisation des images Landsat du Sénégal
L'examen de la liste des enregistrements fournie par l'Eros Data Center, dans cet intervalle de
temps, permet de constater que plus de la moitié des images sur le Sénégal a été enregistrée
avec des taux de couverture nuageux inférieure à 20 % - 328 au total - et que sur ce nombre
30 seulement ont été obtenues pendant la période de la saison des pluies.
- Nature des données
Les données exploitées dans le présent mémoire sont celles des scènes E.1267-10574 du 16
avril 1973 (Landsat 1) et 205-050 du 8 avril 1984 (Landsat 4). Elles peuvent être obtenues
sous forme photographique et sous forme numérique. Nous reviendrons sur les produits
numériques en abordant l'analyse des images pré-citées.
2.3.2. Les données MOMS-Ol
Le système d'acquisition des données MOMS-ol (Modular Optoelectronic Multispeetral
Scanner) a été construit par MBB - Space Division (Messersschmitt - Bôlkow - Blohm) à la
37

demande du Ministre allemand de la Recherche et de la Technologie et avec la collaboration de
l'organisme allemand de Recherche Aéro-Spatiale
(DFVLR Deutsche Forschungs-und
Versuchsanstalt für Luft-und Raumfahrt) ; l'Université Ludwig-Maximilians de Munich, ayant
proposé l'expérience et agissant comme superviseur technique (H. Bodechtel, 1982).
La mise au point du matériel MOMS bénéficia de deux missions d'expérimentation lors des vols
de la Navette Spatiale STS-7 en juin 1983 et STS-ll en février 1984. A ce stade de préparation,
le système d'acquisition à haute résolution comporte seulement deux modules optiques opérant
dans deux bandes de longueurs d'onde centrées sur 600 et 900 nanomètres, respectivement
575-625 nm et 825-975 nm. L'orbite du vecteur, en l'occurence la Navette Spatiale, est restée
quasiment stable à une altitude de 292 km au cours de l'expérimentation en juin 1983 ; en
revanche, elle a évolué entre 289 et 330 km pendant les manoeuvres de la seconde
expérimentation. L'un des objectifs de ces expérimentations consistait à vérifier la coïncidence
spatiale des taches élémentaires détectées à partir des deux modules.
Auparavant, des missions aéroportées avaient été effectuées en Allemagne, à bord d'un avion
Jet Falcon de DFVLR, dans le but de contrôler le réglage du dispositif optique. Le prochain
programme prévoit de réaliser des acquisitions panchromatiques en stéréoscopie avec une
résolution de l'ordre de 10-15 m. Une expérience future consistera à adjoindre deux autres
modules optiques opérant dans l'infra-rouge (bandes spectrales 1500-1700 et 2100-2300
nanomètres).
1.3.1.1. Description du système MOMS
Le programme allemand a été conçu pour réaliser des applications complémentaires à celles
qu'effectuent les autres satellites de télédétection. A ce titre, il présente l'avantage d'employer
un matériel réutilisable, donc adaptable à des besoins nouveaux en bénéficiant de
caractéristiques de vols différentes lors de chaque mission. Outre les expériences de courte
durée qui sont tributaires à la fois du calendrier et des orbites de la Navette, il est d'ores et déjà
envisagé de laisser le matériel évoluer en vol autonome, dans le cadre de missions s'étendant
sur plusieurs mois. C'est dans cette perspective que la plate-forme SPAS (Shuttle Pallet
Satellite), déjà embarquée à bord de STS-7 et STS-II, est programmée.
Le système de détection est composé de quatre barrettes comportant chacune 1728 détecteurs
qui enregistrent les rayonnements diffusés depuis une aire perpendiculaire à la trace du vecteur.
Compte tenu des réglages du système optique,l'aire d'observation instantanée depuis une
altitude de 300 km mesure 20 m sur 138,240 km. L'originalité du système MOMS réside dans
l'emploi d'un double jeu de lentille destiné à élargir le champ de vue (fig. 17). Les 6912
informations recueillies simultanément par l'ensemble des détecteurs de chaque module
déterminent une ligne d'image. La fréquence d'enregistrement des lignes est normalement
adaptée à la vitesse du vecteur porteur, de manière à éviter toutes distorsions géométriques de
l'image. Cette méthode de détection, désignée "push-broom", a également été retenue pour le
système de détection à haute résolution HRY du satellite français SPOT.
38

20m
>t--k
E
::c::
o
~
N -
co
M
Fig. 17 - Système optique MOMS. Aire instantanée observée à l'aide de 4 barrettes
Traditionnellement, les appareils de détection autres que les systèmes photographiques
réalisent les diverses visées à l'aide d'un miroir oscillant placé devant le capteur. En fonction
de cette technique de détection, la largeur du champ d'observation au vol est déterminée par
l'amplitude du mouvement et la hauteur du champ de vue est définie par l'angle de visée.
Habituellement, les constructeurs préférent diminuer la hauteur du champ de vue instantané
pour accroître la finesse de la résolution; dans
ces conditions, plusieurs capteurs sont
nécessaires pour traiter simultanément un nombre égal de bandes parallèles et jointives plus
étroites. Cependant, le bon fonctionnement de ce système implique que les différents capteurs
opérant dans une même bande spectrale aient la même sensibilité. Dans le cas contraire, le
déphasage entre les capteurs introduit systématiquement des écarts entre les mesures de
luminance qui sont recueillies sur des lignes successives; la périodicité d'un tel phénomène est
à l'origine du lignage de l'image. Un caractère analogue, observable non plus sur les lignes mais
sur les colonnes, résulte des différences de sensibilité entre les détecteurs montés sur les
barrettes.
2.3.2.2. Les missions expérimentales
Lors des deux missions de la Navette Spatiale qui ont servi à l'expérimentation du système
MOMS (tabl. 6), aucune transmission directe des données n'était prévue, leur récupération
n'étant effectuée qu'au terme de la mission après le retour sur terre de la Navette. Dans ces
conditions, bien que l'enregistreur magnétique embarqué soit à haute densité (72 Giga-bits), sa
capacité limite la durée globale des acquisitions à 30 minutes. Les zones d'observation ont
donc été sélectionnées en fonction des études les plus prioritaires de la communauté
scientifique (répartition des types de milieux sur plusieurs continents: végétation plus ou moins
dense et zones arides, zones côtières, urbanisées ou montagneuses) et leurs étendues
géographiques limitées. Il y eut quatre mises en service du système au cours de la première
mission et vingt-deux au cours de la seconde pour enregistrer 153 scènes ; le rapport de ces
deux derniers nombres indique la briéveté des opérations d'enregistrement et témoigne du
caractère sélectif
Pour s'assurer des conditions climatiques satisfaisantes au cours de chaque acquisition, les
informations météorologiques recueillies par les quatre satellites géostationnaires GEOS-E,
METEOSAT-2, INSAT-2 et GMS-2 ont été consultées en temps réel. Plus de 90 % des sites ont pu
39

ainsi être observés dans des conditions parfaites, les autres scènes ayant été partiellement
couvertes en raison de déplacements rapides des cumulus tropicaux.
Tableau 6 - Missions expérimentales du système MOMS à bord de la
Navette Spatiale, d'après DFVLR (1984)
Nom de DÙlaioo
MOM~lISTS-7
MOMSoOI/STS-11
Datede 1aDl:emcd
18juin 1983
3 f6vri« 1984
Altitude de travail
291 1 294 km
289 1330 km
Périoded'expérimentation
du 20 au 22 juin
du4au8f6vri«
Nombrede mÏICI cnlCl'VÎcc du
système d'aœuisitioo
4
22
Nombrede .œac. obIcrvécs
132
IS3
Surface des obIcrvatiOlll
1 676 100 km'
1 872 ISOkm'
2.3.2.3. Les produits diffusés
A partir des données archivées sur des bandes magnétiques à haute densité, trois types de
produits sont diffusés par le DFVLR. Ils concernent les données brutes, sans qu'aucune
correction radio métrique ou géométrique ne leur ait été apportée :
- données numériques sur bandes magnétiques 1600 ou 6250 bpi
- images sur film, (tirages papier en NB au 1: 800000).
- quick-looks.
Les données originales sont archivées sur des bandes magnétiques HDT à haute densité (14
pistes). Ces supports informatiques sont directement utilisés pour produire les quick-looks ou
pour générer les bandes magnétiques d'usage courant (ccr 9 pistes) destinées à la diffusion
des scènes de MOMS. A partir de ce dernier support, outre la fourniture des données, des
images en NB peuvent être reproduites sur papier ou sur film.
Le catalogue "MOMS-ol Data Catalogue", récapitulatif de toutes les scènes archivées et
diffusées par le DFVLR contient des cartes continentales sur lesquelles figurent les traces des
orbites suivies pendant les mises en service du système d'acquisition, ainsi que des tables
chronologiques mentionnant le numéro de référence de chaque scène, la dénomination de la
zone couverte, les coordonnés du centre de l'image, les angles d'élevation solaire et d'azimut
au moment de la prise de vue et le pourcentage de couverture nuageuse.
Des microfiches de format 140 x 100 mm (208 vues), représentant les quick-looks des images
obtenues à partir des données brutes, sont également disponibles. Les deux images spectrales
de chaque scène figurent sur les microfiches ; celles-ci sont classées par continent et disposées
sur 13 rangées de 16 colonnes. Des caissons représentant des cartes continentales où sont
indiqués les axes des orbites et les numéros des scènes sont intercalés entre les planches des
différentes orbites.
- les produits photographiques
Les films et les tirages sur papier photographique sont fournis dans un format utile de 174 mm
x 118 mm,à l'échelle de 1:800 000 (surface couverte 138 km x 92 km). Les annotations
d'identification sont portées sur un bandeau au-dessus de l'image.
40

Sur le bord droit, 16 caissons juxtaposés donnent une échelle de tons de gris relative aux
valeurs 0 à 127 par pas de 8. Au-dessus de l'image, 16 autres caissons de plus grande
dimension représentent un dégradé de densités de gris pour les valeurs 0 à 63 par pas de 4.
- Les données numériques
Les données recueillies au cours des missions expérimentales ont été organisées en scènes
correspondant à une durée d'acquisition de 12 secondes et sont ainsi diffusées sur des bandes
magnétiques 9 pistes de densité 1600 bpi. Une scène réunit environ 4720 lignes et chaque ligne
est décrite par 6912 valeurs de luminance soit plus de 32,6 millions de valeurs par canal pour
près de 12800 km2. Les données relatives aux deux bandes spectrales de MOMS~1 sont
enregistrées selon des formats identiques sur les deux volumes distincts.
En tête de chaque bande magnétique, un enregistrement de 156 octets intitulé "Header label"
contient des indications d'archivage,
des précisions relatives au format et quelques
informations statistiques : valeur moyenne et variance de l'image. Les valeurs de luminance
sont fournies dans les enregistrements suivants, à raison d'un enregistrement par ligne d'image,
mais les 140 premières lignes correspondent au dessin d'un bandeau d'identification
comparable à celui qui figure sur les transparents. Le fichier de données se termine avec un
enregistrement de fin de volume.
Les utilisateurs éventuels de MOMS~1 pourront trouver en annexe 3 des informations
complémentaires sur les produits diffusés.
2.3.3. Les données MOS-l
Le système d'acquisition de données MOS-I (Marine Observation Satellite) a été mis au point
par la NASDA (National Space Development Agency of Japon). Les bases de ce projet de
télédétection ont été jetées en 1979, complétées au milieu de l'année 1981 et finalisées en juin
1983. MOS-I est un satellite expérimental qui dans sa version actuelle est suivi par MOS-Ib en
service en 1989 et MOS-2.
L'objectifdu projet MOS est la mise en oeuvre de fondements technologiques d'une pratique de
l'observation de la terre, essentiellement les ressources marines. fi s'insère dans un programme
plus vaste, élaboré par les autorités spatiales japonaises et qui comprend les projets Earth
Resources Satellite (ERS-I) et Advanced Earth Observing Satellite (ADEOS).
2.3.3.1. Description du système MOS
Le satellite MOS d'une masse totale de 740 kg a été placé à 909 km d'altitude sur une orbite
circulaire héliosynchrone (99,1°) par la fusée N-II. Sa durée de vie nominale est de 2 ans. Des
satellites de rechange ont pris le relais (MOS-Ib) ou sont en projet afin d'assurer la continuité de
la fourniture des données. Le tableau 7 précise les caractéristiques orbitales du système MOS-I.
Tableau 7 - Caractéristiques orbitales de MOS-l, d'après NASDA-EMDUP (1988).
Altitude
908.7 km
Semi-major axis
7286.9 km
Inclinaison
99.1 0
Exceotricité
0.0040
Période
6190.50 sec
1 Cvcle orbita!
17 jours (237 révolutioœ)
Nbre de révolutions. par iour
14-17/1 révolutions
Heure de ll8SS82C au noeud descendant
10:00 - 11:00(beure locale)
Bande de terrain :
. Equateur.)
167 km
41

Trois types de capteurs sont embarqués à bord du satellite MûS. Il s'agit du Multispectral
Electronic Self-Scanning Radiometer (MESSR), du Visible and Thermal Infrared Radiometer
(VTIR.) et du Microwave Scanning Radiometer (MSR). Le tableau 8 donne les caractéristiques
des systèmes de détection de MûS-l.
Tableau 8 - Caractéristiquesdes systèmesde détection deMÛS-l, d'après NASDA-EMDUP (1988).
MESSR
VI1R
MSR
Champ d'application
Couleur de la surface de
Sédimeoten
Temp. de la surface de
Teneur en vapeur d'eau
l'océan, végétatioo,
suspension
l'océan, vapeur d'eau
utilisation du sol
ue
Bande spectrale
0.51-0.59
6-7
0.61-0.69
0.5 -0.7
10.5 -Il. 5
-
0.73 -O.SO
Il. 5 -12. 5
O.SO- l.l
Fréquence d'observation
-
-
-
23. S± 0.2
31. 4± 0.25
(GHZ)
lFOV(m)
50
900
2700
32000
23000
(visible)
(Infra-Rouge)
Longueur d'une largeur de
100 (pour chaque
1500
317
couloir (km)
optique)
Résolution
radiométrique 39 df3
55 df3
-
-
des capteurs
<O. 5kà3oo k
1 k
lk
Système de détection
électronique :
mécanique:
mécanique:
« pusb broom »
miroir oscillant
conique
Le radiomètre MESSR est le seul qui intéresse le présent mémoire. Il est équipé de deux
caméras qui enregistrent chacune une bande au sol de 100 km. Lorsque les deux caméras sont
utilisés simultanément la largeur du couloir détecté est de 185 km.
Le système de détection est composé de barrettes, au total 8, comportant chacune 2048
détecteurs de type CCD (dispositifs à transfert de charge) qui enregistrent les rayonnements
diffusés depuis une aire perpendiculaire à la trace du vecteur. Les 8192 informations recueillies
par l'ensemble des détecteurs de chaque module déterminent une ligne d'image. La fréquence
d'enregistrement des lignes est adaptée à la vitesse du vecteur porteur, de manière à éviter
toutes distorsions géométriques de l'image. Cette méthode de détection désignée "push
broom" est celle qui a été utilisée pour le système allemand MûMS et HRV du satellite français
SPOT.
En mode opérationnel normal, les conditions d'enregistrement de l'image sont effectuées avec
un gain faible mais le satellite peut être programmé de manière à enregistrer avec un gain élevé.
Enfin, le système MûS est équipé d'un transpondeur Data Collection System (DCST) afin de
déterminer la localisation précise de la plateforme par navigation Doppler. Le système reçoit
des signaux dans la bande de 400 MHz ; leur transmission s'effectue vers la station de réception
dans la longueur des 1,7 Ghz.
42

2.3.3.2. Les produits diffusés
A partir de données archivées sur bandes magnétiques à haute densité, plusieurs types de
produits sont diffusés par les organismes agréés par la Remote Sensing Technology Center of
Japon (RESTEC), le réseau Earthnet de l'Agence Spatiale Européenne et le Programme
National Thailandais de Télédétection.
Les produits dérivés du MESSR et distribués par l'Agence Spatiale Européenne concernent les
données brutes avec ou sans correction radiométrique et/ou géométrique. Par contre, les
données des capteurs VfIR. et MSR concernent les données brutes avec l'indication des
paramètres de correction radiométrique et
de
la localisation géométrique
sur
les
enregistrements de l'image.
Les données originales archivées sur bandes magnétiques HDT sont directement utilisées pour
produire des quick-looks ou générer des bandes magnétiques d'usage courant destinées à la
diffusion des scènes MûS. A partir de ce dernier support, outre la fourniture des données, des
disquettes et des images en NB ou en couleur peuvent être reproduites sur papier ou sur film.
Les données numériques recueillies par le capteur MESSR sont organisées en scènes
correspondant à une durée d'acquisition de 13.54 sec et sont diffusées sur des bandes
magnétiques de densité 1600 bpi ou 6250 bpi. Une scène réunit environ 2001 enregistrements
et chaque ligne est décrite par 9800 valeurs de luminance. Les données relatives aux différentes
bandes spectrales du MESSR sont enregistrées selon un format BSQ sur un même volume.
2.3.4. Les données SPOT
Le système SPOT conçu par le Centre National d'Etudes Spatiales (CNES) est réalisé par la
France en collaboration avec la Belgique et la Suède. La conception du projet remonte à 1974
et les opérations de simulation ont précédé le lancement du premier satellite SPOT effectué le
22 février 1986 à 01h 44mn 35s TU, à partir de la base française de Kourou en Guyane.
2.3.4.1. Le programme de simulations des données SPOT
Le programme de simulations SPOT avait pour objectifs de sensibiliser les communautés
scientifiques sur l'intérêt des futures données SPOT et de familiariser les utilisateurs potentiels
avec ce système. Le programme fut confié au Groupement pour le Développement de la
Télédétection Aérospatiale (G.D.T.A) et permit au Sénégal d'obtenir la réalisation de quatre
simulations sur son territoire : la ville de Dakar, les zones de Yaoualdé Sinntiou et de Kadar
(Ferlo) ainsi que l'embouchure du Saloum.
L'exploitation technologique et scientifique de la simulation sur le Saloum a été confiée à
l'Equipe TECASEN.
- Description des opérations et caractéristiques générales des données.
Les survols de l'embouchure du Saloum ont été effectués les 18 et 19 octobre 1981 par un
appareil Mystère 20 de l'Institut Géographique National Français. Les vols ont permis
d'acquérir des données radiométriques ainsi que des photographies aériennes Infra-Rouge
Couleur destinées à faciliter l'interprétation ultérieure des simulations des données du capteur
HRV du futur satellite SPOT.
Ces données couvrent trois bandes de terrain selon trois axes de prises de vues : 81 SPOT SEN
04, 05 et 06 (fig. 18 et tabl. 9).
43

Fig. 18 - Données des simuJations SPOT - Saloum
Tableau 9 - Caractéristiques des missions de simulations
SPOT - Saloum.
Attitude des
Dates
Heures TU
Echelle des
Données
vols
photos 1Re
radiom
Axe 04
7000m
19/10/19&1
Il h06- 11h09
1/46000
x
Axe OS
3S00m
1&110/19&1
nsoz-nsos
-
3S00m
19/10/19&1
10b4&- 1OhS1
1123000
x
Axe 06
3500m
19/10/19&1
10h35-10h37
1/23000
x
Les données photographiques ont été acquises à l'aide d'une caméra Wild RC 10 équipée d'un
objectif de 152 mm de focale, avec un film Infra-Rouge Couleur.
Les données radiométriques ont été acquises à l'aide d'un radiomètre à balayage Daedalus
dont les bandes spectrales permettent de reconstituer valablement les bandes spectrales XS1,
XS2, XS3, et XP de SPOT (fig. 19).
]
4
5
DAEDAlUS
Fig. 19 - Sensibilité spectrale comparée
des capteurs Daedalus et HRV
0,4
0,6
0,8
SPOT
HRV
..,.jcrons
0,4
0,6
0,8
44

2.3.4.2. Les données du satellite SPOT
- Le satellite
Le satellite SPOT, d'une masse totale de 1800 kg est placé à une altitude moyenne de 832 km.
D comprend deux parties :
. La plateforme multimission qui sans les panneaux solaires, est une boîte de 3 m de long,
de 2 m de large et de haut. Elle assure l'ensemble des servitudes nécessaires à la mission tels le
maintien de l'orbite, la stabilisation, l'alimentation électrique, etc .
. la charge utile comporte quant à elle les instruments d'observation en l'occurrence les
deux téléscopes Haute Résolution Visible (HRY), qui mesurent les quantités d'énergie réfléchie
et les appareils de télémesure de la mission qui assurent l'enregistrement des données sur bande
magnétique et leur transmission vers le sol.
- Les caractéristiques orbitales du satellite
Pour rendre possible la comparaison des photographies de régions différentes d'une même
région, dans des intervalles chronologiques données, l'orbite des satellites des ressources
terrestres doit répondre à certaines conditions. Les échelles et les conditions d'éclairement
doivent, par conséquent, être aussi constantes que possible.
Aussi, le satellite SPOT est-il placé sur une orbite circulaire, héliosynchrone, passant par les
pôles et située à 832 km. La période moyenne est de 101,4 mn. Cette orbite est "phasée" c'est-
à-dire que le satellite repasse exactement au-dessus de la même trace au sol tous les 26 jours.
Chaque cycle orbital comprend 369 "traces de référence", traversant l'équateur dans le sens
nord-sud à 10bJOt, le matin (en temps solaire moyen local). Les traces de référence, séparées
de 108,6 km à l'équateur, se resserrent aux latitudes élevées.
- Les capteun du satellite SPOT
Le système de détection et de mesure embarqué à bord de SPOT constitue une nouveauté par
rapport au dispositifLandsat.
Le système Haute Résolution Visible de SPOT (fig. 20a) est composé de 4 barrettes comportant
chacune 1500 détecteurs qui enregistrent les rayonnements diffusés depuis une
aire
perpendiculaire à la trace du vecteur. Les instruments HRY équipés au total de 6000 détecteurs
mesurent d'un seul trait la lumière issue d'une ligne de paysage de 60 km de large avec un pas
de 10 pour la bande panchromatique et de 20 m dans le mode multispectral.
En fonction du mode considéré, le système HRY de SPOT est sensible dans les bandes spectrales
suivantes:
Code SPOT
Longueurs d'onde (en microns)
Couleurs
ModeXS
ModeXP
XSI
0.50-0,59
Vert-j8Wle
XS2
0,61-0,68
rouge
XS3
0,79-0,89
Infrarouge proche
XP
0,51-0,73
visible
45

Miroir
ori~nt~bl.
Lltn 1I111t
par
t@l@commilndlt
Wiroir
Fig. 20a·. Schéma d un
tél
s cope
H RV
é
Sltns dit roliltion dit lil IIt"1t
=_.:::-4...:J
Fig. 20b:Traces par rapport
au sol
terrestre, de visees
HRV1-HRV2
Fig. 20c: Observations
verticales et obliques de
la terre par le satellite Spot
s e u r c e
CNES
46

Deux types de visée sont possibles avec les instruments HRV de SPOT. Dans le premier cas, les
instruments HRV sont disposés de telle manière qu'avec des angles de visée de plus ou moins
1,8°, on peut observer à la verticale du satellite une bande de terrain de 117 km de largeur avec
un recouvrement de 2 images sur 3 km (fig. 20 b).
Dans le second cas, on procède selon l'expression de B. Cervelle (1989) à un "dépointage" des
miroirs, situés avant les objectifs de visée des téléscopes, de plus ou moins 27° par rapport à la
verticale. Toutefois, les régions observées doivent être situées dans un couloir de 950 km de
large autour de la trace au sol du satellite ; la largeur de la bande effectivement observée étant
de 80 km en visée oblique extrême (fig. 20c).
- Les produits SPOT
. Les données photographiques NB et couleur.
Etablis par restitution à partir des données numériques les documents photographiques sont
fournis par la société commerciale SPOT-IMAGE. Les supports utilisés sont des films négatifs ou
positifs panchromatique ou multibande, en règle générale, à l'échelle du 11400 000, avec des
niveaux de base de prétraitement d'une scène SPOT répartis comme suit:
Le niveau lA, niveau brut avec une égalisation des détecteurs dans chaque bande spectrale et
l'introduction d'un coefficient de sensibilité relative entre les canaux. Ce niveau est sans
correction radiométrique.
Le niveau lB comprend les corrections radiométriques précédentes et géométriques liées aux
déformations introduites par le système (rotation de la Terre, effet panoramique).
Le niveau 2A est constitué par des corrections faites à partir des données d'attitude du satellite
et de la géométrie de prise de vue sans prise de point d'appui. La précision en localisation
absolue reste comparable à celle du niveau lB ; toutefois une simple translation entre x et y par
rapport à un point connu permet un recalage précis en localisation.
Le niveau 2B constitue un niveau de prétraitement de précision dans lequel, en plus des
corrections de niveau lB, on effectue des corrections géométriques bidimensionnelles avec une
prise de points d'appui. L'image est rectifiée dans une projection cartographique donnée.
Le niveau S, la scène est rectifiée de manière à être superposable à une autre scène de
référence.
La société SPOT-IMAGE fournit également des films couleurs qui permettent une saisie plus
directe des informations multispectrales (composition colorée) et des produits spéciaux ou
dérivés (combinaison XP + XS, rapport de canaux, assemblage de scènes, etc.) .
. Annotation dei filml SPOT (cf Annexe 4)
Les images SPOT sont annotées comme suit :
- identification et numérotation du satellite
- identification et numérotation de l'instrument de prise de vue
- identification de la scène sur la Grille de Référence SPOT, lU
- date de prise de vue
- canal
- marques fiduciaires (de repérage) représentées par des croix aux quatre coins de l'image
47

- coordonnées géographiques du centre de scène
- angles solaires (azimuth et site)
- angle d'orientation de la scène
- angle d'incidence (L, image obtenue sur la gauche du satellite, dans le sens du défilement
R, image obtenue sur la droite du satellite, dans le sens du défilement)
- méthode d'extension de la dynamique avec la loi d'adaptation retenue, linéaire assistée
(LM), linéaire automatique (LA), équipopulation assisté (EM) ou automatique (EA) et des seuils
compris à l'intérieur des valeurs utiles du signal. Copyright du produit et centre de traitement.
Enfin, chaque image est accompagnée de deux mires densitométri.ques (échelles à niveaux de
gris) réparties en mire absolue (haut) et en mire relative (échelle de gris du bas) avec 16 plages
pour la première et 254 plages pour la seconde.
. Les données numériques
Le produit "bande magnétique (CCT)"
Chaque scène SPOT, qu'elle soit acquise en mode multibande (XS) ou panchromatique (P)
couvre une surface variable depuis 60 x 60 km lorsque le mode de prise de vue est quasi-
vertical jusqu'à 60 x 81 km quand le mode de prise de vue atteint l'obliquité maximale (27°).
Les différents produits réalisables sur bande magnétique CCT se différencient, outre le niveau
de pré-traitement, par la densité d'enregistrement, le type de codage, la longueur des
enregistrements et l'organisation des fichiers.
La densité d'enregistrement est de 1600 ou 6250 bpi, valeurs usuelles pour les dérouleurs de
bandes magnétiques les plus fréquemment employés. Deux ou trois bandes magnétiques 1600
bpi sont nécessaires pour stocker une image SPOT alors qu'une seule bande magnétique 6250
bpi suffit.
Le type de codage
Les caractères alphanuméri.ques sont codés:
soit en ASCII (pour Ameri.can Standard Code for Information Interchange) le codage se fait
alors sur sept bits, un huitième bit étant réservé.
soit en EBCDIC (pour Extended Binary Coded Decimal Interchange), le codage étant alors
réalisé sur huit bits.
La longueur d'enregistrement
Chaque enregistrement image contient un nombre d'octets lié au nombre de pixels par ligne de
balayage. Suivant le matériel informatique dont dispose l'utilisateur, il pourra demander des
longueurs d'enregistrement:
soit standard (no split) qui selon le type de produit considéré peuvent prendre les valeurs de
5400, 8600 ou 10980 octets ;
soit courtes (split) est fixée à 3960 octets.
Cette dernière option est réservée aux seuls matériels informatiques qui ne permettent pas la
lecture d'enregistrements de plus de 4096 octets.
48

L'organisation des fichiers
Pour une scène acquise en mode multibande la disposition des lignes de chaque image mono-
spectrale (XSI, XS2 et XS3) peut être proposée :
soit de façon entrelacée, organisation dite BIL (pour Band Interleave by Line). Dans ce cas il
n'y a qu'un fichier image et chaque ligne image correspond à trois enregistrements successifs:
un pour la bande XSI, un autre pour la bande XS2, enfin un dernier pour la bande XS3.
soit encore de manière séquentielle, organisation BSQ (pour Band Sequential). Il y a alors trois
fichiers images, soit un par bande spectrale.
Le contenu d'une (ou d'un ensemble) de bande(s) magnétique(s).
Plusieurs bandes magnétiques, ou volumes physiques, peuvent être nécessaires pour stocker la
totalité de l'information d'une scène, ou volume logique.
Chaque bande magnétique est composée physiquement d'une suite d'enregistrements qUI
peuvent être regroupées en fichiers.
Un enregistrement est une suite d'octets séparés de l'enregistrement suivant par un intervalle
physique sur la bande IRG (pour Inter Record Gap).
Les enregistrements sont, le plus souvent, regroupés en fichiers de façon à ce que toutes les
données d'un même fichier soient de même nature. Chaque fichier est séparé du suivant par un
enregistrement particulier (EOF, pour End Of File).
Une image peut, ou non, contenir sur une seule bande magnétique. Chaque bande magnétique
ou volume physique, se termine par une marque spéciale (EOV, pour End Of Volume).
On rappelle, ci-après les différents types de fichiers présents sur une (ou un ensemble de)
bande(s) magnétique(s) correspondant à une image SPOT.
Le "Fichier Répertoire Volume"
li est lié à la structure du format et sert à décrire le contenu de la bande magnétique.
Le "Fichier En-tête"
Il contient des données auxiliaires liées à l'image. Ce sont les enregistrements: descripteur du
fichier, en-tête, éphémérides-attitude, égalisations radiométriques, histogrammes, projections
cartographiques, amers et annotations.
Le "Fichier Image".
Il contient un enregistrement descripteur de fichier et les enregistrements image où sont
présentes les valeurs radiométriques de tous les pixels de la scène.
Le "Fichier de Queue"
li contient des informations de qualité des données image et des modèles géométriques utilisés
par certains pré-traitements (enregistrements : descripteur de fichier, qualité, modèles
géométriques).
49

Le "Fichier de Fin de Volume"
TI indique la fin du volume logique.
A titre d'exemple, on présente ci-après la structure d'un produit Bïï, stocké sur n bandes
magnétiques 1600 bpi (tableau 10) et d'un produit BSQ stocké sur trois bandes magnétiques
(tableau 11).
Tableau 10 - Structure du produit Bll, stocké sur n bandes magnétiques, CNES, SPOT-IMAGE (1987)
• 1er bande magnétique
FichierRépertoirede Volume
EOF
EOF
• Nièmebande magnétique
FichierDesaipteur ~ Volume
EOF
EOF
• Dernière bande magnétique
FichierDescripteur~ Volume
EOF
EOF
EOF
Tableau Il - Structure du produit BSQ stocké sur trois bandes magnétiques, CNES, SPOT-IMAGE (1987)
S1ruc:ture de chaque bande magnétique :
FichierRépertoire~ Volume
EOF
Fichier~
EOF
EOF
EOF
50

· Le catalogue des images SPOT sur le Sénégal
Le classement a pour base la carte de la figure 21 qui permet de repérer les images par leur
point central; le système attribue à chaque scène deux repères K et J. La grille est donc
composée de noeuds situés à l'intersection de colonnes K et de lignes J. Des colonnes K sont
orientées parallèlement à la direction du défilement du satellite (traces) et les lignes J sont des
parallèles du globe terrestre. La liste des scènes SPOT peut être obtenue auprès de la société
commerciale SPOT-IMAGE. Les listings fournis comportent un certain nombre d'indications
détaillées en annexe 5.
r--.,
J 3'7
1 1
J 318
1 1
J 31 9
1 1
J 320
/ /
Fig. 21 - Grille de référence SPOT sur le Sénégal
51

Chapitre 3. Contexte géologique et Conditions de la genèse du littoral.
3.1. Evolution géologique du bassin sédimentaire sénégalo- mauritanien.
Le littoral sénégalais s'intègre dans le bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien d'âge méso-
cénozoïque. Ce bassin comprend des séries sédimentaires subhorizontales à faciès marneux ou
calcaires éocènes qui surmontent des grès et argiles du Crétacé en affleurement au niveau de la
Presqu'île du Cap-Vert. L'Eocène est localement recouverte par des grès argileux d'âge
miocène ou par des cuirasses ferrugineuses fini-pliocènes et par des formations sableuses
quaternaires. Le volcanisme tertiaire et quaternaire essentiellement celui développé dans la
Presqu'île perturbe par ses intrusions la couverture sédimentaire du bassin.
L'histoire géologique du bassin a fait l'objet de nombreux travaux (F. Tessier, 1952 ; F.
Tessier, l Lappartient, 1967 ; L. Hébrard, H. Faure, P. Elouard, 1969 ; P. Michel, 1969 ; D.
Nahon, D. Demoulin, 1971 ; lM. Cantabrel et al., 1976 ; R. Guiraud, Y. Bellion, 1979 ; A. Dia,
1980, 1982; M.M. Sali, 1982; Y. Bellion et al., 1991 ; 1. Niang-Diop, 1995). En nous appuyant
sur ces diverses études, nous pouvons proposer un tableau simplifié de la géologie du bassin
sédimentaire sénégalais (tableau 12).
Tableau 12 - Synthèse de l'évolution géologique du bassin sédimentaire sénégalais.
Séries ou étages
Age ou durée
Types de formations et événements survenus
4500 - 0 BP
Période aride
au
Tafolien (4500-2800 BP),
Post-Nouakchottien
humide au Dakarien (2800-2000 BP), aride entre
(Tafolien, Subactuel, Actuel)
2000 et 1100 BP. Niveau marin -2 à -3,5 m au
Tafolien, +1 à +2 m au Dakarien. Après 1100
BP,
évolution
vers
sécheresse
actuelle
et
fluctuations mineures du niveau marin. Mise en
place
des cordons
littoraux (dunes
jaunes).
Barrages des lacs littoraux et évolution de type
lagunaire. Comblement du réseau hydrographique
. Formation des flèches sableuses.Régularisation
de la côte par la dérive littorale à partir de 4000
BP. Poursuite de cette régularisation et formation
des dunes blanches.
Nouakchottien
6800-4500 BP
Episode
déterminant
dans
la
configuration
géomorphologique
du
littoral
sénégalais
et
marquée par une transgression marine de +1 à 2,5
m
-
(6800-3400
BP).
Maximum
de
la
transgression située à 5500 BP. Climat humide.
Formation
de plages marines à faune variée et
terrasses fossilifères ou azoïques. Espèce le plus
fréquent Anadara senilis. Ouverture des lacs par
des
grau
et
envahissement
des dépressions
(interdunes et cours inférieur des marigots). Mise
en place de quelques accumulations de coquilles
ou Kjôkkenrnôddinger. Colonisation de
mangrove (?),
Tchadien
11000-6800 BP
Remontée de la mer après la régression ogolienne
mais niveau encore bas (-10 à-50 rn), Climat
humide avec petite phase sèche autour de 7000
BP.
Formation
d'un
réseau
hydrographique
perpendiculaire à la mer et des niayes. Période
lacustre majeure. Dépôt de tourbes. Rubéfaction et
abaissement des dunes ogoliennes. Remaniement
locaux des dunes ozoliennes.
Ogolien
20000-11000 BP
Episode régressif -100 à -120 Dl, climat très aride,
intensification des alizés, mise en place de l'erg
ogolien d'orientation générale NE-SW sur le
Nord Sénégal, le Saloum et le plateau continental
exondé.
Inchirien
40000-20000 BP
Transgression
marine.
Base
de
l'lnchirien
marquée par un climat humide. Constitution de la
formation des sables argileux ("limons") de la
Pointe de Fano, du Champ de Tir et de Yoff ainsi
que des grès ferrugineux et des croûtes calcaires
du plateau de Bargny.
52

Lacune strati
85000-400OO HP
Ermien - Aioujien
125000-85000 HP
Période humide, niveau marin +1 à +1,5 m.
Fonnation de grès de plage ou beach rocks
Lacunestrati2J"llPhique
125000-700000 HP
Plio-Pléistocène
5MA
A partir du Pliocène, géologie influencéepar les
fluctuatiOllS du niveau marin et les œcillatiOllS
climatiques.
Coostitution de cuirasses ferrugineuses. Début du
volcanùme quaternaire des Mamelles (pléistocène
iDfèrieur)
Base
du
Pléistocène
supérieur
représentée par les grès de plage (+ 1 à + 1,5 m)
dansle Cap-Vert (1)
Miocène
18,5 MA
Inslallaûon
d'un
climat
tropical
à
lllÙsoIm
constrastées qui supplante le climat équatorial de
l'Eocène
- Série du Continental Terminal
qualifiée d'aJtérite8 autochtones mis en relaûon
avec un changement climatique important (15-10
MA). Calcaires et marnes sur niveau éocène à
l'ouest du Delta.
Oligocène
12MA
Episode transgressif. Calcaire et marnes. Grès
argileux du Continental Terminal.
Eocène
30 MA
Jusqu'au
Pliocène,
sédimentation
de
type
détritique continental. Fonnation sablo-argileuse
Eocènesupérieur
du Cootinental Terminal ou a1térites autochtones.
Eocène moyen
A la fin de l'Eocène, le bassin acquiert
sa
Eocène ( inférieur S.S
configuration actuelle. L'Eocène moyen serait le
) Paléocène
plus tnmsgressif des étages éocènes avec des
séries
argileuses,
marneuses
et
calcaires.
Il
com:spond également à un épisode
tectonique
majeur, résultat des contre-coups de la collision
en
Méditerranée des
plaques
africaines et
européennes. Rejeu de la structure en honts et
graben de la Presqu'ile avec le soulèvement de sa
partie sud et l'effondrement de la région du lac
Tamna. Cette tectonique majeure va déterminer la
régression de la mer qui n'occupera plus que des
golfes restreints. L'Eocène iDfèrieur est nwqué
comme l'Eocène moyen par une sédimeolation
essentiellement
biochimique
(faciès
argilo-
marneux avec de nombreux lWCideots siliceux et
phosphatés dans sa partie iDfèrieure et calcaire
danssa partie supérieure). Sur la dôme de Ndiass
qui fonctionnait comme un haut fond, existence
d'un biotope à tendanœ récifale (calcaires de
Popenguine).
Crétacé
Crétacé supérieur marqué par une importante
- supérieur
70 MA
sédimentation détritique avec des séries grèso-
-moyen
argileuses campano-maestrichtiens dans le horst
- inférieur
de Ndiass. La fin du Maestricbtien caractérisée
par une importanterégressiOlL Epaisseur du faciès
du Crétacé moyen (2000 m) et inférieur (400-
2000m).
Jurassique supérieur
58 MA
Début vraisemblable de l'histoire géologique du
bassin
Enfin, la tectonique se surimpose à la structure lithologique et à l'érosion différentielle pour
jouer un rôle de premier ordre sur la morphologie des côtes du Sénégal. A ce titre, on peut,
d'une part, citer avec H. Faure, D. Demoulin, L. Hébrard, D. Nahon (1971), le découpage du
tracé côtier de la Presqu'île du Cap-Vert en relation avec les trois grandes directions de
factures connues sur le site: NW-SE, N-S, WSW-ENE et d'autre part relever la disposition en
échelons du tracé côtier entre Rufisque et Mbour pour reprendre l'expression de M.M Sall
(1982), disposition liée aussi à la tectonique qui met en contact des terrains de résistances
inégales ou associent des failles transverses aux décrochements du littoral.
53

3.2. Aspects morphologiques et sédimentologiques du plateau continental sénégalais.
Avec une largeur moyenne de 40 km, le plateau continental reste étroit. n a fait l'objet d'une
subdivision en entités, qui s'appuie essentiellement sur deux critères, largeur et pente (L.J.
Meagher et al., 1977; M.M. Sall, 1982). Ainsi peut-on distinguer trois grands secteurs (fig. 22)
- le plateau nord s'étend de Saint-Louis à Kayar. n se développe sur 20 km au nord de
Kayar et sur 50 km au large de Saint-Louis. La pente continentale qui la borde a des valeurs
comprises entre 0,2 et 0,4 %. Ces faibles valeurs s'expliqueraient par la présence du "Kayar
Seamount" ou comme le signe probable d'une sédimentation actuelle (J. Pinson Mouillaud,
1980).
- le plateau sud, de la baie de Haon à la Casamance développe des largeurs excédant 50 km, les
valeurs maximales étant relevées au large du Saloum et de la Casamance. Les pentes varient
entre 0,3 et 0,6 % au large de la baie de Rufisque et le plateau est bordé d'une pente
continentale assez étroite à partir du Saloum. Cette particularité s'expliquerait selon L.J.
Meagher et al. (1977) par la progradation du plateau continental mieux alimenté à partir de
cette zone par les apports fluviatiles.
- le plateau du Cap-Vert compris entre les canyons de Kayar et de Dakar a une plateforme
étroite (2 à 15 km) et présente une pente forte variant de 1 à 1,5 %.
Les levés bathymétriques réalisés par la Mission du css Baffin (1977) ont permis d'identifier
plusieurs canyons sur le plateau continental et le talus sénégalais. Parmi les canyons identifiés,
celui de Kayar, long de 200 km, large de 6 km et proche de la ligne de rivage joue un rôle
essentiel dans la morphologie et la sédimentologie du plateau continental et de la zone littorale.
Sa genèse a fait l'objet de nombreuses hypothèses parmi lesquelles celle de F. Tessier qui fait
du lac Tanma un réseau hydrographique remblayé, prolongement du canyon de Kayar sur le
continent. Pour A. Ruffinann et al. (1977) la genèse du canyon serait à mettre en relation avec
les mouvements tectoniques oligo-miocènes et
mio-pliocènes. Ainsi à l'oligo-miocène,
l'intrusion des roches volcaniques du Cap Manuel aurait formé des îles au large de la côte et
provoqué l'interruption du courant de dérive et la formation de tombolos ; le canyon de Dakar
antérieur à celui de Kayar connaît un début de creusement. Au mio-pliocène, le volcanisme de
la Pointe des Almadies et des Mamelles a entraîné de nombreuses perturbations de la ligne de
rivage notamment la création d'une plage nouvelle entre la zone du lac Tanma et le Cap-Vert
avec un point d'inflexion à peu près à la hauteur de Kayar. Au plan sédimentaire, le rôle joué
par le canyon de Kayar reste majeur. Les observations de R. Hom et al. (1974, 1975) et RS.
Dietz et al. (1968), précisément la disparition de certaines séries minérales lourdes ou de la
plage, le rétrécissement du plateau continental et son escarpement du sud de Kayar au Cap-
Vert, indiquent une pénurie d'alimentation en sable et une réduction importante des matériaux
déplacés vers le sud par le courant littoral.
Par ailleurs, les structures longitudinales du plateau continental sont représentées par deux
falaises sous-marines: la première se situe vers les isobathes -35 et 45 m et la seconde, limitée
au plateau continental de la presqu'ile du Cap-Vert à sa bordure supérieure à -70 m. Elles
pourraient correspondre selon M.M. Sall (1982) à des cuestas rocheuses formées lors d'un des
stades régressifs du Quaternaire. On peut enfin signaler les affleurements rocheux parallèles à
la côte entre Saint-Louis et Kayar et entre Mbour et l'embouchure du Saloum, par des fonds
de -10 à -20 m.
Sur le plan de la sédimentologie, les principaux travaux sont ceux de J.P. Masse (1968) sur la
sédimentation biogène, J.F. Domain (1977) et A. Riffault (1980) sur la cartographie
54

l'" N
[Xx1xx] E.tension Ou large du
COmple.e
du
Kayor-
volcanisme
du
C. Vert
~ Seamount
[TI Plaine d' ~rosion
Pente
continentale
et talus
pléistoc';ne
CI] s u p r ie u r s non perturbés
é
ŒJ Effondrements SOus_marins ~
L:.:...:..:..:J Canyons s cu s rn e r i n s
i
ZOnes
de
d e p o t
de
glissements
1
GJ
',,11 Oômn salit~res
Fig.22
Bathymétrie
de la marge
continentale
du
Sénégal
et de la Gambie
d
apr~s L, J. "'eagher et AI. 1977
55

sédimentologique et J.P. Barusseau (1984) sur la typologie et l'origine des sédiments
détritiques. J. Peypouquet (1977) et J. Pinson-Mouillaud (1980) ont par ailleurs fourni
d'importantes contributions à la connaissance du plateau continental sénégalais notamment
dans le domaine de la paléoclimatologie et des environnements sédimentaires.
Les sédiments qui prédominent sur le plateau continental sont des sables moyens à fins
particulièrement entre les isobathes 25 et 75 m et les hauts fonds proches du littoral. On peut
également noter l'existence de zones de grandes vasières sur la côte nord, de part et d'autre de
l'embouchure du Sénégal (-20 à -80 m) et de l'embouchure de la Casamance au delta des
Bissagos (-25 à-50 m). Les sables prédominants du plateau continental sont des sables
carbonatés biogènes avec un taux: de carbonate, en général, supérieur à 40 %. Ces sédiments ne
sont pas en équilibre avec les conditions hydrodynamiques actuelles et seraient d'après J.P.
Barusseau (1984, 1988) d'origine ogolienne avec des remaniements marins et fluviatiles lors de
la transgression du Nouakchottien.
3.3. Facteurs de l'évolution du littoral
Les houles et les marées ainsi que les courants induits constituent les agents géodynamiques
majeurs de l'évolution du littoral. Les houles côtières ou du large ont pour origine l'action du
vent à la surface de l'eau. Les marées sur lesquelles nous nous étendrons plus du point de vue
de la définition jouent un rôle important, notamment dans l'élaboration et l'évolution des
paysages estuariens. Ces différents agents sont largement dépendants de la circulation
atmosphérique et océanique générale.
Par ailleurs, en abordant les conditions de la genèse du littoral sénégalais un point mériterait
d'être souligné, celui de la difficulté d'acquisition des données. En effet, à la quasi absence de
relevés dans certains secteurs, il faut ajouter, jusqu'à une date récente ( \\ le faible nombre ou
la courte durée des observations dans les zones relativement mieux étudiées comme la
Presqu'île du Cap-Vert.
3.3.1. La circulation atmosphérique générale et les éléments du climat
3.3.1.1. Les mécanismes généraux
Les vents au sol, essentiels dans les phénomènes de transport des sédiments, d'upwellings et
d'élaboration des mers de vent sont, sur la zone côtière sénégalaise, dépendante de 4 champs de
pression (M. Leroux, 1977, 1983) :
-l'anticyclone des Açores, source de la circulation d'alizés maritimes.
-l'anticyclone de Saint-Héléne, génératrice de la circulation de mousson.
- l'anticyclone continental maghrébien (ou libyen) semi-permanent, commande le flux
de l'alizé continental ou harmattan.
- la dépression saharienne dont l'axe sur le continent est appelé Front Intertropical
(FIT) et Zone Intertropicale de Convergence (ZITC) sur l'océan. Elle sert de frontière
énergétique entre les deux hémisphères et son déplacement saisonnier crée une alternance à
l'origine du découpage de l'année en deux saisons bien tranchées.
De novembre à avril, la circulation d'alizé s'installe sur l'ensemble du territoire. La saison des
pluies débute en avril-mai dans partie orientale du Sénégal, un à deux mois plus tard dans la
zone côtière. D'un point de vue anémométrique général, trois grands types de situations
1
_ Dans le cadre du programme Global Sea Level (GSL) une station de mesure du niveau de la mer a été
installée au Port de Dakar en 1991.
S6

peuvent être dégagées sur la zone littorale (M. Faye, 1978 ; C. Barbey, 1982 ; 1. Niang-Diop,
1995).
- de novembre à février, prédominance des alizés maritimes, de secteur N à NE (60 %
des vents) avec des vitesses de 5 à 6 m.s'.
- de mars à mai, installation des alizés maritimes continentalisés de secteur NW (60 %
des vents avec des vitesses maximum de 6,2 m.s' en avril.
- de juillet en septembre, prédominance des vents de secteur W « à 4,5 m.s") avec
des coups de vent, de vitesse moyenne de 20 à 25m.s· 1 et qui accompagnent les lignes de grain.
En somme et en faisant abstraction de la diversité des types de temps saisonniers bien connus
en milieu rural, la division de l'année en deux saisons bien tranchées entraîne la mise en place
de deux systèmes d'érosion : une morphogenèse de saison sèche dominée par les processus
éoliens et une morphogenèse de saison des pluies sous la dépendance des processus hydriques
(M.M. Sali, 1982).
3.3.1.2. Eléments du climat
Dans cette analyse nous avons restreint certains éléments du climat, notamment les
précipitations et les températures aux sites du bassin-versant du Saloum davantage marqués
par les processus hydriques et les phénomènes de salinisation ; l'efficience morphogénétique
des vents faisant l'objet de développements au chapitre consacré à l'étude des systèmes
dunaires.
Le bassin du Saloum compris entre 13°37' et 15°04' de latitude Nord et 13°54'30" et 16°55' de
longitude
Ouest (fig. 23) est marqué comme l'ensemble du territoire national par une
variabilité interannuelle et une péjoration pluviométrique. La moyenne pluviométrique du
bassin calculée par H. Dacosta (1993) donne sur la base de la normale 1951-1980 une variation
du Sud au Nord, de 880 à 480 mm avec un gradient océanique bien marqué.
1,·

OO r ouNou~t1
15·
15·
. -----
14·
f".
L - . , . - - - - - - - - - - - . - - - - L - - - - - - r - - - - - ~ ~
17"
".
15·
o
JO km.
Fig. 23 - Localisation du bassin versant du Sine Saloum (d'après H. Dacosta, 1993)
L'examen des paramètres climatiques des principales stations du bassin (Mbour, Kaolack,
Foundiougne) permet les observations ci-après:
57

- les paramètres climatiques de la station de Mbour.
La normale 1961-1990 que nous avons considérée donne une pluviométrie moyenne de 588
mm à Mbour. On note une forte concentration durant l'hivernage (500,25 mm soit 95.2 % du
total annuel). Les pluies de "heug" liées à des incursions d'air polaire durant la saison sèche
totalisent 28,12 mm (tabl. 13 et fig. 24a)
Tableau 13 - Paramètres climatiques moyens dela station deMbour (1961-1990).
Mois
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
AoClt
Sept.
Octobre
Nov.
Décembre
Puun
9,86
1,8
0,8
0,9
1,86
27,13
100,49
234,03
168,2
30,4
10
2,9
Mov.588
Jpmm
1
1
1
1
1
3
8
15
12
4
1
1
Mov.49
ET"
73
74
71
63
46
32
27
21
17
27
51
67
569 mm
IDs.
7,6
8,1
8,9
9,1
8,9
8,3
8,2
7,8
7,4
8,3
8,3
7,7
98,6
HR
46,5
52
55,5
56,5
67
76
77
80,5
80,5
73
58,5
49,5
64,3%
Tx
32,5
34,7
35,2
35,2
32,9
31,3
31,8
31,7
31,9
34,6
35,5
33,4
33,3"C
TM
24,3
25,6
26,6
26,9
26,3
26,9
27,8
27,6
27,4
28,2
26,8
24,8
26,5"C
TN
16,1
16,6
17,8
18,7
19,8
22,6
23,9
23,5
23
21,9
18,1
16,3
198"C
Ecdiurne
16,4
18,1
17,4
16,5
13,1
8,7
7,9
8,2
8,9
12,7
17,4
17,1
13,5"C
Bilan de l'eau
-63,1
-72,2
-70,2
-62,1
-44,1
4,7
73,4
213,0
151,2
3,4
-4,1
-64,1
AT.A2,5 QC
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
Le bilan de l'eau (tabl. 13 et fig. 24b) est positif entre juin et octobre avec un maximum de
+213 mm en août. L'évolution de l'humidité relative est unimodale, avec un maximum en août
(80,5 %) et un minimum en janvier (46,5 %). L'insolation présente une courbe bimodale avec
des maximade 8.9 et 8.3 et des minima de 7.4 et 7.6.
L'évolution de la température maximale (TX) est trimodale (tabl. 13 et fig. 24c) avec des
maxima de 35,5°C, 35,2°C et 31,8°C et des minima de 31,30°C, 31,7°C et 32,5°C. La
température moyenne (TM) a une courbe d'évolution identique. La température minimale (lN)
a une évolution unimodale avec un maximum de 23,5°C et un minimum de 16,I°C. L'écart
diurne est représenté par une courbe bimodale. L'amplitude thermique annuelle (A.T.A) est de
2,5°C. L'évaporation connaît une évolution unimodale avec un maximum de 74 mm en février
et un minimum de 17 en septembre (tabl. 13 et fig. 24c).
58

J
F
N
t.
M
J
J
t.
S
0
N
0
250
mm
J
F
N
A
N
J
JI
AI S
0
N
0
Jours
250
200
mm
l i

Jour s
200
ISO
12
l'
150
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100
8
"\\
12
10
8
sa
50
0
- ' - .. - ..
a
0
0
-t,
H~ur"s
250
mm
100
10
b
250
mm
-t;
b
200
80
8
200
150
60
6
ISO
100
40
4
la
sa
20
0
0
80
40
·C
42
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60
60
b
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24
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20
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12
20
10
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la
6
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:\\
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a
a
o
a
b. FOUNDIOUGNE (1962-1991)
Q . MBOUR (1961-1990)
J F N A N J J t . S O N O
250
mm
Jours
D Pmm
200
16
ISO
12
100
8
~ BILAN NEGATIF
50
a~=>-_--====L-L.....L..-'---.L---'.......J= a
200
60
~ 8 ILA N POSITIF
/
ISO
60
lit{{rij E Vt. P 0 RA T ION
\\00
sa
20
JOURS DE
PLUIE
o
a
a
- - - " ' - - " ' - -
HUMIDITE
RELATIYE
100
m m
·C
40
TEMP.MAL
90
80
- - - - - - - - - - -
TENS.OE YAP.
~
\\'''''-'- __ '_'_0_0_#
JO
70
"
-II-II-It-II-M-II-
TEMP.
MOY,
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60
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50
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20
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40
EC,
DiURNE
JO
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b
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========= INSOLATION
20
90
la
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a
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80
5 f,
[
o
70
c . K A 0 LAC K (1 961 - 19 90 )
Fig. 24a-i: Situation climatique moyenne annuelle
de la ieglon de ('estuaire du
Saloum

- Les paramètres cUmatiques de la station de Foundiougne
Les précipitations intéressent à des degrès divers tous les mois sauf celui de mars (tabl. 14 et
fig. 24d). Dès avril, de faibles pluies sont enregistrées, le maximum se situant en août avec
239,6 mm.
Tableau 14 - Paramètres climatiques moyens de la station deFouodiougne (1962-1991).
Mois
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
AoOt
Sept.
Octobre
Nov.
Décembre
Pmm
6,0
8,2
0
0,4
2,8
47,93
120,4
239,6
196,3
46,8
18,7
4,0
moy. S91,1
JPmm
1
1
0
1
1
4
8
13
12
4
1
1
moy.47
ET"
S6
70
70
67
48
30
21
17
17
28
SI
SS
S30nun
TX
34,0
3S,8
36,9
39,7
38,S
33,9
32,0
32,6
32,1
34,6
3S,7
33,9
34,8" C
TM
23,6
2S,3
26,6
27,6
26,6
26,2
2S,4
26;1
2S,9
27,S
26,0
24
2S,9"C
TN
13,2
14,9
16,4
lS,S
16,8
18,6
18,9
19,7
19,7
20,S
16,4
14,1
17°C
Ec. diurne
20,8
20,9
20,S
24,2
19,7
lS,3
13,1
12,9
12,4
14,1
19,3
19,8
17,?OC
Bilan de
-SO,O
~1,8
-70
~,6
-4S,2
17,9
99,4
222,6
179,3
18,8
-32,3
-SI
l'cau
AT.A4°C
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
Le bilan de l'eau à Foundiougne (tabl. 14 et fig.24e) n'est positif qu'entre juin et octobre. Les
extrêmes sont situées en août (+222,6 mm) et en mars (-70 mm). L'évaporation connaît son
maximum en février avec 70 mm. La température maximale (TX) a une évolution bimodale
avec des maxima de 39,7°C et 35,7°C en avril et novembre (tabl. 14 et fig. 24f).
- Les paramètres cUmatiques de la station de Kaolack
La moyenne pluviométrique de la normale 1961-1990 s'établit à 628,6 mm. Entre juillet et
septembre, les précipitations dépassent 100 mm (tabl. 15 et fig. 24g).
60

Tableau 15 - Paramètres climatiques moyens de la station de Kaolack (1961-1990).
Mois
Janvier
FéVrier
Mars
Avr
Mai
Juin
Juillet
AoOt
Sept.
OCtobre
Nov.
Décembre
Pnun
4,2
1,9
0,8
0
8,3
43,S
123,9
223,0
159,9
50,9
14,1
5,1
mov.628,6
JPnun
2
1
1
0
1
5
10
15
12
5
1
1
mov.54
ET"
82
88
93
87
72
48
33
23
22
33
57
70
708mrn
IDs.
84
91
95
99
96
86
80
75
76
84
85
77
102,8
TV
10,1
Il,1
13,0
14,9
19,2
25,2
28,5
29,9
30,1
25,4
18,1
Il,9
19,9
HR
36,6
37,8
39,9
43,1
50,4
62,S
72
77,9
78,3
69,6
53,3
41,1
55,2%
l'X
34,1
36,9
38,9
40,0
39,6
37,0
34,S
33,0
33,4
35,7
36,7
34,3
36,I°C
TM
25,2
27,3
29,1
30,1
30,7
30,3
29,4
28,5
28,4
29,5
28,5
25,6
29,8°C
TN
16,4
17,8
19,3
20,3
21,9
23,6
24,3
24
23,5
23,3
20,4
16,9
20,9°C
Ecdiwne
17,7
19,1
19,6
19,7
17,7
13,4
10,2
9
9,9
12,4
16,3
17,4
15,2°C
Bilan de
-77,8
-86,1
-92,2
-87
-63,7
-4,5
90,9
200
130,9
17,9
-42,9
-64,9
l'eau
AT.A 4,9"C
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
Le bilan de l'eau est négatif entre novembre et juin (tabl. 15 et fig. 24h). L'insolation a une
courbe bimodale avec le maximum principal en avril (9.1) et le maximum secondaire en
novembre (8.3 ). Les conditions thermiques restent dans l'ensemble sévères avec un maximum
principal de 40°c en avril (tabl. 15 et fig. 24i).
Au terme de cette rapide présentation du climat, quelques remarques peuvent être soulignées.
TI s'agit de la péjoration pluviométrique observée depuis les années 70 avec une reprise vers
1985. Et si comparativement à d'autres zones estuariennes notamment celle de la Casamance,
l'effet de la sécheresse est moins nette sur les mangroves du Saloum (c. Marius, 1995), il n'en
demeure pas moins vrai qu'on observe une augmentation de l'évaporation par rapport au
drainage, l'extension des tannes et la recrudescence des phénomènes éoliens.
3.3.2. Les facteun hydrologiques.
3.3.2.1. La dynamique marine
- Les conditions hydrodynamiques générales.
Au plan hydrologique, l'étude du plateau continental a principalement bénéficié des recherches
de G.B. Berrit (1952), M. Rossignol (1969, 1973), J. Merle (1972), J.P. Rebert (1979), B. Diaw
(1982, 1984), D. Touré (1983),1. Gningue etB. Diaw (1993).
61

La circulation océanique superficielle de la région maritime du Sénégal est caractérisée par
deux types de circulation :
· le courant nord équatorial vers l'OUest (avec des eaux froides).
· le contre-courant équatorial vers l'Est (avec des eaux chaudes et salées).
Cette circulation zonale devient méridienne sur le plateau continental avec :
· un courant Sud (avec des eaux froides) de novembre à mai
· un courant Nord (avec des eaux chaudes) de juin à août.
Les eaux côtières sénégalaises sont renouvelées durant la saison sèche (décembre à mai) par le
processus d'upwelling engendré selon M. Sarnthein et al. (1982) par l'interaction des alizés de
Nord-Est plus ou moins parallèles à la côte et de ce qui est improprement appelé courant des
Canaries.
Les masses d'eaux sont principalement au nombre de trois :
· les eaux froides salées du courant Sud,
· les eaux chaudes et salées du courant Nord,
· les eaux libériennes chaudes et dessalées.
Les eaux chaudes et froides connaissent des oscillations Nord-Sud délimitées par une zone
frontale. Ces oscillations, déterminées par l'évolution des courants de surface et des
upwellings, donnent naissance à deux saisons hydrologiques majeurs séparées par des périodes
de transition.
TI s'agit:
· de la saison froide (18°e) qui va de janvier à mai avec des courants généraux portant vers
le Sud. Avec les alizés, de nombreux upwellings côtiers draînent en surface des eaux plus
froides et plus riches en sels nutritifs.
· La transition vers la saison chaude s'établit avec la baisse des alizés en mai-juin et
l'installation rapide des eaux chaudes tropicales associées au contre-courant équatorial.
· La saison chaude (22 à 28°e) va de juillet à octobre. Le front de l'upwelling est repoussé
vers le Nord et l'influence du contre-courant équatorial sur la circulation est importante. De
manière générale, c'est la période où les courants de surface portent vers le NNW sous
l'influence des moussons.
· avec le retour des alizés et l'apparition des phénomènes d'upwelling côtiers, la transition
vers la saison froide se fait en novembre-décembre, les eaux chaudes refluant vers le Sud et le
large.
- Le rôle de la boule et des courants induits.
Les travaux de A. Guilcher sur la Langue de Barbarie (1954) représentent l'une des premières
formulations de la dynamique littorale des côtes du Sénégal marquées par deux régimes de
houle:
. une houle du Nord-OUest (N320° à 200E), enregistrée pratiquement en toute saison;
. une houle du Sud-OUest (N180° à 2300E), dont les effets sont surtout perceptibles au cours
de la saison des pluies.
A ces deux régimes de houle, on peut ajouter les houles exceptionnelles d'Ouest (N260° à
2700E) s'établissant généralement entre octobre et décembre et issues de cyclones de la mer
des Caraibes.
62

Mais si d'un point de vue formel, le rôle de la houle dans le façonnement des formes littorales
est indéniable, la mise en évidence de la relation dynamique - formes sur les côtes sénégalaises-
constitue encore une difficulté de taille. A cet égard, force est de reconnaître avec la plupart
des auteurs (M.M. Sail, 1982 ; A.T. Diaw et M. D. Thiam, 1987 ; 1. Niang-Diop, 1995), la rareté
ou le caractère fragmentaire des données de houle et de courants, surtout en ce qui concerne
les données in situ. Aussi, dans nombre d'études portant sur le littoral du Sénégal, a-t-on
recours aux données bateaux utilisées pour des études statistiques ou dans des modèles de
propagation. Toutefois, malgré ces réserves, quelques travaux, notamment ceux de J.P.
Barusseau (1980), J. Pinson-Mouillaud (1980) et M.M. Sail (1982) tentent d'établir des
relations entre certains paramètres de la houle et la mobilisation des sédiments du fond et/ou le
transport des sédiments par la dérive littorale.
Le dépouillement des enregistrements sur la côte sud - zone qui intégre la flèche de Sangomar
- permet d'établir la répartition directionnelle suivante (tabl. 16 et fig. 25) :
Tableau 16 - Fréquence directionnelle de la houle. (1929 observations effectuées au large des
côtes
du Sénégal) (13° 30' - 14° 10'N : 16° 00 - 17° 07W).
Direction en degrés
Fréquence en %
20
1,60
45
0,57
65
0,36
90
0,52
115
0,16
135
0,10
155
0,57
180
3,32
200
3,01
220
30,05
225
2,43
245
1,19
270
2,02
290
5,17
315
37,46
360
11,47
Les houles de secteur NW, NNW, N, WNW restent nettement prédominantes avec 84,15 % du
total des observations. Mais si l'on compare ces données avec celles fournies par M.M. Sail
(1982) pour le littoral de Saint-Louis, il faudrait souligner ici la relative importance des houles
de secteur SW, SSW, S, et WSW (11,35 % du total enregistré contre 2 %).
La progression méridionale des flèches sénégaliennes se fait, toutes choses égales par ailleurs,
sous l'influence combinée des houles principalement de secteur NW et de la dérive littorale
induite. Mais l'inégal développement de ces flèches sableuses suggère des disparités
migratoires entre la côte nord et la côte sud. A cet égard, les différentes évaluations de
l'intensité du transit des sédiments sur le littoral sénégalais (tableau 17) semblent confirmer le
rôle majeur joué par la presqu'île du Cap-Vert.
63

Fig. 25: Fréquence
directionnelle de la
houle
N
w
E
5
üire c no n s
v er s t e s e ue tt e s
s e
p r c p aç e
la
h o u l e ( ro s e c n t c q r c p h i qu e
position
13 030'_ 14 010' N;
16 000 _ 17 0 07' W
64

Tableau 17 - Estimation du transit sédimentaire sur la côte sénégalaise, d'après M.M. SaIl (1982)
Secteurs
Méthodes
Volumes charriés
Auteurs
côtiers
(en m3)
Vers le sud
vers le nord
Langue de
déplacement
550000
lIOIl
A .Minot,
Barbarie
moyen annuel de
déterminé
1934
l'embouchure
Sangomar
déplacement
100000
-
A Minot,
moyen annuel de
1934
l'embouchure
et
cinématique
du trait de côte
Sangomar
-
300 000
-
A Lefur,
1950
Sangomar
déplacement
200000
-
R. Peinard-
moyen annuel de
Considère, 1959
l'embouchure
Langue de Barbarie
formule
500-900000
-
Surveyer-
Neniger, 1971
Côte nord
-
1500000
-
J. Pinson-
Mouillaud,
1980
Côte nord
-
223-495000
223-52000
J. P. Barusseau,
1981
Petite Côte
-
30-70000
20-45000
J. P. Barusseau,
1981
Pointe Sarène
cubature
10-15000
20-45000
J. P. Barusseau,
1981
- Les marées
La marée désigne, dans son acception la plus courante, le mouvement oscillatoire du niveau de
la mer résultant des attractions de la Lune et du Soleil sur les molécules liquides. Le
phénomène est donc une conséquence de la gravitation universelle (A. Gougenheim, 1985).
La délimitation des espaces intertidaux, par exemple, s'appuie sur l'utilisation de niveaux de
références en relation avec les niveaux particuliers de la mer. Ainsi, à l'oscillation de niveau
correspond une oscillation horizontale de l'eau. Les différentes définitions associées à cette
oscillation verticale alternative et périodique ont été précisées par F. Verger (1968). En effet,
cette alternance se traduit pendant une certaine durée par un mouvement ascendant appelé
montée, montant ou marée montante, et par un mouvement descendant désigné sous les
vocables de baissée, perdant ou marée descendante. Ce mouvement de montée et de baissée,
dans le cas général, passe par les étapes de variations suivantes du niveau :
. à la fin de la montée, on note un arrêt de l'oscillation qui correspond à l'étale. Celle-ci est dite
étale de pleine mer puisque le niveau de l'eau est maximal ; dans cette situation, on parle de
pleine mer ou de marée haute ;
. La baissée qui suit l'étale de pleine mer est, elle aussi, marquée lorsqu'elle s'achève par
une interruption du mouvement et l'existence d'une étale, dite cette fois-ci de basse mer: le
niveau étant minimal, on parle de basse mer ou de marée basse.
Toutefois, on peut noter comme le remarque F. Verger (1968) des cas où la courbe d'une
marée peut présenter 2 ou 3 sommets rapprochés. Le sommet le plus élevé représente la pleine
mer principale et les autres sommets sont qualifiés de pleines mers secondaires. Il en est de
même des basses mers où la moins élevée désigne la basse mer principale tandis que les autres
correspondent aux basses mers secondaires.
65

Le marnage est défini comme étant la dénivellation entre la pleine mer principale ou unique et
la basse mer principale ou unique. Nous l'assimilerons comme le veut l'usage à la notion
d'amplitude C).
Très variable d'un littoral maritime à un autre, il est fort lors des syzygies et faible lors des
quadratures. La marée la plus forte est appelée marée de vive eau et la plus faible marée de
morte eau. Cependant, ces marées se produisent avec un certain retard (âge de la marée) pour
la première sur la syzygie et pour la seconde sur la quadrature.
Les variations de l'oscillation verticale de l'eau passent aussi par une succession de phases au
cours du mois lunaire suivant le schéma ci-dessous :
· croissance du marnage entre une morte eau et la vive eau suivante; c'est le revif
· décroissance du marnage entre une vive eau et la morte eau qui la suit; c'est le déchet.
La marée présente sur le globe des aspects très divers. Sur les côtes sénégalaises, chaque jour
lunaire de 24 heures 50 minutes connaît deux pleines mers et deux basses mers peu différentes
de niveaux. Ce caractère semi-diurne imprime son empreinte à la marée.
Enfin, les niveaux de références sur lesquels s'appuie la définition des mouvements verticaux
sont de plusieurs ordres :
. le premier niveau qui pourrait être évoqué parce qu'étant le plus simple est celui qui,
entendu dans le sens Laplacien, est appelé niveau d'équilibre par les hydrographes. Il s'agit en
l'occurrence du niveau que prendrait la mer si elle ne subissait pas l'attraction de la Lune et du
Soleil ;
· le niveau de mi-marée est la moyenne arithmétique des pleines et basses mers pendant une
longue période. Il diffère du niveau moyen approché par le calcul de la moyenne arithmétique
des hauteurs horaires avec l'obtention des meilleures valeurs sur la période de révolution des
noeuds de la dernière lune, ou période chaldéenne égale à 18 ans 2/3. Toutefois, la pratique
courante permet la confection de niveau moyen journalier, mensuel ou annuel.
La terminologie liée à l'oscillation horizontale de l'eau est en relation évidente avec celle de
niveau. Elle s'appuie également sur les types d'onde accompagnant la marée. Les cas d'une
onde stationnaire et d'une onde progressive sont en général envisagés. Mais dans les deux
situations, un des caractères essentiels reste l'annulation du mouvement pendant un instant
donné de la marée, parfois désignée aussi sous le nom d'étale de courant et auquel F. Verger
(1968) préfère celui de renverse.
Les autres moments de déroulement du mouvement horizontal sont :
. pour une onde stationnaire, le flot qui accompagne la montée puis le jusant qUI
accompagne la baissée.
. pour une onde progressive par contre, les deux courants se produisent pendant la montée
comme pendant la baissée. Aussi, le flot est défini comme le courant qui porte dans le sens de
progression de l'onde et le jusant celui de sens contraire.
Le réseau géodésique sénégalais, malgré les efforts déployés par l'IGN, la Mission
Hydrographique de la Marine et le Service des Travaux Publics reste relativement modeste et
1
__ L'expression d'amplitude qui en physique s'applique à la demi-dénivellation est définie par H. Baulig
(1956) comme la moitié du marnage, qui lui est qualifié par R Musset (1956) de différence des niveaux
extrêmes (in F. Verger, 1968).
66

pose par ailleurs de multiples problèmes de maintenance. Sur l'ensemble du littoral, Dakar est
une référence à laquelle les autres ports ou stations restent rattachés. En effet, par une relation
de concordance, on peut anlver, en chaque point de la côte, à établir le zéro hydrographique.
Cette valeur qui est le zéro de l'échelle du marégraphe de Dakar, encore appelé zéro commun
de l'Annuaire et des cartes marines se trouve à 2,30 m en contrebas du repère du nivellement
de Dakar I').
Ainsi, en nous appuyant sur ce zéro et sur la base des calculs établis par nos soins, le niveau de
mi-marée à Dakar est de 1,02 m. En fonction de la période considérée, ce niveau est variable
comme du reste le niveau moyen dont les valeurs adoptées dans l'Annuaire des marées sont
établies à +1,01 de 1975 à nos jours et à +0,98 de 1958 à 1974.
Le niveau zéro du nivellement général de l'Afrique Occidentale, appelé couramment zéro
normal est la surface horizontale passant par le repère fondamental de Dakar, niveau moyen à
Dakar. TI a une valeur légèrement différente du niveau moyen adopté par l'Annuaire des
marées puisque se situant à +1,320 m.
Du point de vue de la dynamique tidale, les côtes sénégalaises se caractérisent par un marnage
très modéré « à 2 m). L'énergie sur la côte reste principalement fournie par les houles (J.L.
Davies, 1964). Cependant la marée détermine les limites physiographiques de la plupart des
estuaires sénégalais qui, en réalité, fonctionnent comme de véritables rias.
3.3.2.2 - La dynamique estuarienne
L'estuaire du Saloum qui intéresse plus spécifiquement ce mémoire, s'ouvre entre Sangomar
(Lagoba et la Pointe) et les îles adjacentes de Dionewar et Niodior (fig. 26). Le fleuve orienté
Sud-Nord sur 18 km environ, est séparé de l'océan par la flèche littorale de Sangomar. TI prend
ensuite une direction SW-NE et enfin Est qui sera définitive. Le parcours du fleuve Saloum
présente divers aspects. Son cours inférieur, au Nord du delta, englobe les marigots les plus
importants, en l'occurrence ceux de Faoye et Ndangane reliés entre eux par de nombreux
chenaux.
Le cours moyen va de la confluence du marigot de Faoye à Kaolack. Jusqu'à Foundiougne, le
chenal est large et profond. Le principal aftluent est ici le Sine, juste en amont de Foundiougne.
Le cours du Saloum se rétrécit en amont de la confluence avec le Sine et devient très sinueux.
Jusqu'à Kaolack, se succèdent des ilôts, seuils et coudes qui rendent la navigation plus difficile.
Sur le cours supérieur, après Kaolack, le fleuve se divise en plusieurs bras peu importants et
souvent asséchés en saison sèche.
Les pentes du Saloum sont comme l'indique le tableau 18 très faibles.
1 _ Ce repère est différent de celui du zéro des cartes tel qu'il est défini dans les tables des marées des Colonies
Françaises de l'Antiantique pour l'an 1910. En effet, le Capitaine de Frégade
Le Bail estime, pour la
Presqu'île du Cap-Vert (1902-1910), que le repère de 1910 a éré transféré lors de travaux dans le port. Et c'est
sur sa demande qu'il a été procédé à l'exécution d'un nivellement entre ce repère transféré (situé à 12,65 m au-
dessus du zéro des cartes) et le plan formé par la partie supérieure du musoir sud de l'entrée du bassin du
radoub; la côte de ce plan étant à 2,312 m au-dessus du zéro des cartes.
67

17" 00
16·30
.:
Mbour
14"
14"
00'
00'
L -
---'-"':::::>.-J'-----
....-----r
o
10 k m
Fig. 26 - Schéma hydrographique du Saloum
Tableau 18 - Longueur et pentes de quelques chenaux
du Saloum, d'après G. Diluca (1975).
Rivières
Lcogueur
Pcnte(%)
mkm
, ~""'m"''''
12
1,6.10"
Salown
Tvikat Diori
15
1,3.10-'
Tawa
36
5,5.10-'
Bil
40
5.10-'
Néma
10
5.10-'
Marigots côtiers
SaIlJ'.boI"
20
6.10-'
Sokooe
26
7.10
Le réseau du Saloum se distingue par une absence totale d'alimentation en eau douce pendant
la plus grande partie de l'année. Et plus que tout autre facteur, les phénomènes de marées et de
salinité ont une forte influence sur le réseau hydrographique. Dans son ensemble, le Saloum a
une salinité très élevée, supérieure à celle de l'eau de mer, de l'ordre de 80 %
(E.S. Diop,
1978).
De nombreuses études ont été conduites sur les marées dans l'estuaire du Saloum (J.Y.
Tromeur, 1930 ; A. Minot, 1934 ; A Le Fur, 1950 ; Projet Intecsa, 1979).
Les plus forts marnages observés (ruines de la douane à Sangomar) sont mentionnés dans les
travaux de J.Y. Tromeur avec 1,80 m et ceux de la mission Le Fur, avec l,60 m. Le Service
Hydrographique de la Marine dans différentes Instructions Nautiques (1944, 1959, 1970,
1981) fournit à peu de choses près les mêmes chiffres.
Nous avons à la station de Djifère obtenu des valeurs diverses de l'état de la mer, fonction du
type de marée et de la période de l'année. La moyenne annuelle des pleines mers s'établit à
68

120,14 cm et celle des basses mers à 57,40 cm soit une amplitude C) de 62,73 cm (fig. 27 et
tabl. 19).
En moyenne les vives eaux les plus fortes s'établissent en octobre, novembre, avril et mai.
Dans le détail, elle débute avec la troisième marée qui a suivi la syzygie à 1 ou 2 jours après
l'équinoxe de septembre et 1 jour après celui de mars, seulement à la quatorzième marée après
la dernière syzygie.
Tableau 19 - Hauteurs et amplitudes moyennes dela marée à Djifère.
PM : 120,41 cm
BM:57,40cm
Amplitude : 61..73 cm
Mois
Haut. (an)
Mois
Haut. (an)
Mois
Haut. (an)
06185
101,00
06/85
26,40
06/85
74,60
07/85
190,92
07/85
50,50
07/85
59,42
08/85
111,64
08/85
63,00
08185
48,64
09185
118,20
09/85
76,86
09/85
41,34
10/85
120,09
10/85
77,66
10/85
43,43
11185
120,46
ll/85
72,53
11185
47,93
12/85
113,25
12185
54,87
12/85
58,38
01186
110,80
01186
43,57
01186
67,23
02186
115,65
02186
45,04
02186
70,61
03/86
114,63
03/86
43,73
03/86
70,90
04186
122,87
04186
60,60
04186
60,07
05/86
123,42
05/86
55,60
05/86
67,42
Les marées de mortes eaux les plus fortes sont observées en juin et grosso modo de janvier à
mars. Dans le détail, elles s'établissent pour le solstice de décembre à deux jours près (24
décembre) et à la cinquième marée après la quadrature.
En considérant toujours le schéma moyen (fig. 27 et tabl. 19) on note les variations suivantes:
. une régularité dans la croissance des pleines mers de juin à novembre est presqu'effective,
parallèlement à la décroissance de l'importance des valeurs de basses mers (juin à octobre).
Cette observation correspond à des marnages relativement faibles.
. une absence de progression des valeurs dans un sens ou l'autre, de décembre à mai, mais
avec des pleines mers sensiblement égales aux premières et des basses mers nettement plus
importantes, ce qui entraîne de fortes amplitudes.
. ces différences d'amplitude pourraient être mises en relation avec les variations de la
pression dont les schémas d'évolution restent fortement corrélables. En effet, parallèlement à la
1 _ L'amplitude moyenne mesurée pour 60 marées par le projet Intesca, entre le 12 février et le 25 mars 1979
est de 0,57 m. L'amplitude moyenne des 5 plus grandes marées toujours au cours de la même période ésrégaie
à 1,03 m.
69

mb
12 0
100
p"
1020
80
1010
~O
• 0
, 000
2 0
B'"
..
J
J'
A
o
N
o
)
A
"
198~
"8~
Fig. 27: Evolution
moyenne mensuelle des
PM
et BM
a
Djifère
et
de
la
pression atmosphérique à Dakar
cm
<m
12 0
120
100
100
80
80
s 0
~o
. 0
• 0
20
2 0
o
10
12
11"
.6
le
20 h e c e e e
10
11
...
16
Il
10 tv e o r e s
Fig. 28:Exemples
de
courbes a deux PM
et a deux
BM
a
Djitère
70

croissance et à la décroissance des valeurs barométriques correspondent un accroissement et
un décroissement du marnage à Djifère.
Par ailleurs, mise à part la forme variable des courbes de marée à Sangomar, on constate
l'existence de certains cas d'inflexions caractérisées par des pleines mers et des basses mers
(fig. 28) donnant ainsi une PM et BM principales et une PM et BM secondaires. Ce phénomène
de "marée à 2 eaux" représente une faible proportion de la marée à Sangomar (environ 4 %). n
est ici observé durant la période de Nouvelle Lune et le dédoublement de la courbe pour la PM
se produit lors du revif et pour la BM lors du déchet. Cette dernière remarque confirme, s'il en
était besoin, les observations de Rollet de l'isle (1945) dans les Perthuis.
Enfin, l'une des originalités des caractères hydrologiques du milieu s'affirme dans les différents
moments de la marée. D'après nos observations, les étales ont une durée moyenne de Ih12mn
pour les pleines mers et de lhûlrnn pour les basses mers.
La question des mouvements horizontaux sur le Saloum a d'abord été évoquée par la mission
Le Bail (1909-1910), reprise par la suite par divers auteurs notamment J.Y. Tromeur (1930), A.
Minot (1934) et R PeInard-Considère (1959). Des travaux plus récents ont été conduits sur le
même sujet (C.Y. Rocha, 1982 ~ M.M. Sall, 1982 ~ E.S. Diop et al. 1982, 1986 ~ A.T. Diawet
M.D. Thiam, 1993).
Le schéma généralement décrit, et qui ne constitue pas la disposition dans les estuaires,
attribue ici en durée, la prédominance du flot sur le jusant. Seul R Pelnard-Considère parle de
la prédominance du jusant sur le flot, mais dans le chenal d'embouchure.
La durée du flot peut dépasser 6 heures et varier d'une saison à l'autre ou d'un jour à l'autre
de plus d'une heure. En effet, les observations marégraphiques signalées dans le rapport de A.
Minot (1934) donnent, entre le secteur de Sangomar et Diakhanor, les durées suivantes:
. pour 4 jusants: 6h, Th, 6h, 6h
. pour 4 flots : Th, 5h, 5h30, 5h30.
L'EPEEC (1982) pour des mesures effectuées en avril et novembre donnent les valeurs
suivantes:
. pour 3 jusants: 5h, 5h45, 5h30
. pour 2 flots : Th,6h15.
Les observations que nous avons effectuées (16 flots et 18 jusants) donnent en moyenne une
prédominance du flot sur le jusant suivant les termes de 6h21 mn et 6h8mn. Cette dissymétrie
constitue une
particularité hydrologique du
Saloum
expliquée par
d'intenses actions
évaporatoires, une rétention hydrique de la mangrove (M.M. SaD, 1982 ~ EPEEC, 1982). En tout
cas, la durée d'acheminement de la marée d'une heure entre la Pointe de Sangomar et Djifère
C) se trouve être décalée par rapport à Kaolack (à 120 km en amont) de 8 à 9 heures et
d'environ 8h30mn à la station de Fatick, ce qui pose le problème des ondes de marée dont le
retard disproportionné ne peut être expliqué par les seuls faits de la pente, l'absence de débit
ou de la rétention par la mangrove. A cet égard, il faudrait également envisager la dissymétrie
et la spécialisation des bolons et/ou la rencontre de courants comparables au wantij dont parle
J. Van Veen (1950) et décrit par F. Verger (1968) dans les baies fiisonnes. Dans cette dernière
hypothèse, les lieux de rencontre pourraient bien coïncider avec des îlots et des bancs sableux
1 _ Même en considérant le fonctionnement de la nouvelle embouchure du Lagoba, le cheminement de l'onde de
marée dans l'estuaire reste encore long. A cet égard, la pleine mer de la station de Kamatane (78 km en amont
de Sangomar) est maintenant observée 15 mn plus tôt qu'elle ne l'était antérieurement (A.T. Diaw et al. ,
1990)
71

(fig. 29). En tout cas, elle devrait s'appuyer sur des études plus nombreuses fondées sur de
grandes séries d'observations et permettre ainsi de rompre avec une dominante propre aux
côtes sénégalaises, précisément le caractère fragmentaire des données exploitées. TI en est de
même des vitesses de courant dans le Saloum, souvent enregistrées sur un cycle de marée.
Toutefois, les mesures disponibles, celles plus anciennes de A. Minot (1934) établissent une
dissymétrie flot-jusant avec une supériorité du jusant (1,3 mis contre 1,1 mis pour le flot), ce
qui reste essentielle dans la genèse des structures sédimentaires des chenaux d'embouchure et
des deltas de marée (MM. Sali, 1982). Par contre, les vitesses fournies par E.S. Diop (1986)
restent dans 60 % des cas plus élevés au cours du flot. Pour cet auteur, cette particularité n'est
pas seulement propre au Saloum mais intéresse aussi des cours d'eau comme la Gambie et la
Casamance ou certains de leurs bolons coupés de toute alimentation pendant une bonne partie
de l'année.
En somme, en plus des actions anthropiques (extraction ancienne de mmeraux lourds,
extraction récente de sables et construction de structures), l'évolution du littoral sénégalais et
de son arrière pays reste sous la dépendance :
. de la marée et des courants induits pour la délimitation du champ estuarien. L'évolution
de ce champ reste également soumise à la salinité, aux phénomènes évaporatoires et éoliens,
sur lesquels nous reviendrons dans le chapitre consacré aux systèmes dunaires. D'un point de
vue de la dynamique marine, les vents notamment ceux de direction NW interviennent pour
renforcer les upwellings (mars et mai essentiellement) ou les houles de sw au moment de
l'hivernage.
. par contre, le faible marnage fait que l'élément marée joue très peu sur les côtes où
l'essentiel de l'évolution est commandée par l'énergie de la houle. Et si la houle du NW et la
dérive restent déterminantes dans le façonnement des formes et le transit sédimentaire,
particulièrement sur la côte nord, il faut signaler sur la côte sud, la diffraction de cette même
houle et le rôle accrue de la houle du sw. Le courant de dérive résultant de l'obliquité de la
houle du sw par rapport à la côte, même s'il participe à la dynamique littorale sur la côte sud,
présente des traits discutables du point de vue morphologique. A cet égard, M.M Sali (1982)
estime que ces effets sont d'une particulière instabilité. Pour J.P. Masse (1968), la discontinuité
de la dérive sur la Petite Côte serait plutôt favorable à la formation de courants de déchirure
qui autorisent l'évacuation de l'eau vers le large. Enfin, 1. Niang-Diop (1995), mentionne
l'existence de plusieurs courants de dérive sur la Petite Côte. Cette situation déterminerait des
zones de convergence et de divergence, essentielles dans l'évolution morpho-sédimentaire des
plages.
72

16 0 JO
14 0
00
IJO
55
1J 0
50
16 0 45
16 0 JO
1
~IJO
1
50
16 0 40
Fig. 29: Zones probables de rencontre
de
courants sur le
Saloum
Mod;f;~e d'opre"s .. 0
~.. Th'lam (19 86)

Deuxième partie
LES APPORTS DE LA TELEDETECTION ET DE L'ANALYSE MORPHO-
SEDIMENTOLOGIQUE A LA CONNAISSANCE DES MaIEUX
LITTORAUX SENEGALAIS

Chapitre 1. Télédétection et dynamique morpho-sédimentaire des niayes : exemple des sites du Retba,
Kayar et Lompoul.
D'après Marchal (1955), c'est à la fin du siècle dernier que les niayes ont commencé à retenir
l'attention de l'Administration Coloniale. Les premières prospections ont été entreprises en 1908
mais il faut attendre 1935 pour se faire une idée plus précise de la région.
Les niayes qui se développent le long du littoral Nord, depuis la presqu'île du Cap-Vert jusqu'à
mi-chemin entre Maka et Gandiole correspondent stricto sensu aux dépressions interdunaires.
Elles sont caractérisées par une nappe phréatique subaftleurante, une imposante diversité
biologique - avec de nombreuses espèces de la région phytogéographique de la forêt dense - , des
traits topographiques et morphométriques variables d'une niaye à l'autre.
Compte tenu de ses énormes potentialités agricoles, la région a fait l'objet de travaux notamment
hydrologiques conduits de juillet 1956 à février 1958 par la Mission d'Aménagement du Sénégal
(MAS). En 1960, la SERESA a procédé à une étude sur la mise en valeur agricole de la zone.
Au lendemain des Indépendances et dans le cadre de sa politique d'aménagement de zones
pionnières, le Gouvernement du Sénégal porta une attention toute particulière aux niayes. Ainsi,
prit-il en décemble 1961, la décision de mettre sur pied une société d'économie mixte chargée
d'orienter la politique de mise en valeur agricole des niayes. En partenariat avec la Société
Centrale pour l'Equipement du Territoire (SCET-Coop), la Société de Développement des Niayes
(SODENIA) sera officiellement constituée par le Gouvernement le 13 février 1962. La SODENIA
sera alors à la base de la plupart des travaux scientifiques élaborés dans le secteur jusque dans les
années 70.
4.1. Cartographie du site de Kayar
L'accent mis depuis quelques années sur les problèmes de classification des phénomènes
géomorphologiques (J. Tricart, 1965) s'est largement amplifié avec la particularité de certains
milieux, littoraux notamment (F. Verger, 1968, 1972, op. cit.) et l'automatisation des données. Les
données utilisées sur le site de Kayar concernent principalement l'enregistrement Landsat du 16
avril 1973 (bande n? 1267.10574) dont les paramètres sont rappelés ci-après:
-satellite
Landsat 1
- orbite
188
- axe
49
- Latitude du centre de la scène
14°36' N
- Longitude du centre de la scène
16°25'W
- élevation solaire
58°
- azimut solaire du radiomètre
94°
- heure d'enregistrement (TU)
Wh 57mn
4.1.1. Reconnailllance des ensembles de valeurs d'intensité de rayonnement du site de Kayar.
A partir de transect de la ligne 850 et des colonnes 168 à 300 (fig. 30) nous avons déceler des
ordres de grandeurs de rayonnement correspondant aux ensembles notés de A à E (tabl. 20) et
répartis spatialement de la manière suivante: la mer, la frange littorale turbide, les dunes vives, les
dunes à couverture végétale et les marges dépressionnaires.
75

140~
....--------t-
Ito4SS 4
--+--
lto4 SS
S
-
"556
120
- a -
"557
100
80
60
40
20
O'-----------L_~_ _...L_.L_
___l.__
___'___ _L__~__'_____~_~
_ _~___l._~i__~_~
168
IBO
190
200
210
220
230
240
250
260
270
280
290
300
Fig. 30 - Transect radiométrique W-E sur le site de Kayar O, 850, k. 168-3(0)
-la mer (A)
Elle possède les valeurs d'intensité de rayonnement les plus faibles dans tous les canaux ~ les
valeurs atteignent 47 dans le canal MSS4, 35,20, et 7 respectivement dans les canaux MSS5, 6 et 7.
D'OUest en Est, nous notons une augmentation des valeurs dans tous les canaux MSS. Cette
augmentation très nettement marquée à partir de la colonne 192 correspond soit à une croissance
des turbidités soit à une décroissance des fonds si ce n'est les deux à la fois.
- La frange littorale (B)
Dans tous les canaux, la distribution des valeurs d'intensité de rayonnement est beaucoup plus
étalée que pour le milieu précédent. Les valeurs sont assez élevées dans tous les canaux MSS4 et 5
où elles s'étendent de 53 à 57 et de 42 à 81. La figure révèle un pic de valeurs que nous n'avons
pas différencié et qui peut être en relation avec une remontée des fonds (barre pré-littorale) ~ il est
suivi par un "creux" qui pourrait correspondre à une bache puis par une augmentation des valeurs
coïncidant avec la diminution de la profondeur et/ou la décroissance des turbidités.
- Les dunes vives (C)
Ce milieu se caractérise par les valeurs d'intensité de rayonnement les plus élevés dans tous les
canaux. Les réponses situées entre 80 et 103 dans le canal MSS4 ct entre 67 et 110 dans le canal
MSS6, atteignent 127 dans le canal MSS5.
- Les dunes à couverture végétale (D)
Vers l'intérieur, nous notons une modification des réponses spectrales qui restent cependant assez
élevées: environ 80 dans le canal MSS4, 97, 91, et 39 dans les canaux MSS5, 6 et 7.
- Les marges dépressionnaires (E)
Elles présentent de faibles valeurs dans les 4 canaux. Leurs signatures nettes dans le canal MSS 7
(entre 24 et 27) s'insèrent presque dans les même intervalles de grandeur pour les trois autres
canaux: 50-55 (MSS4), 50-57 (MSS5), 50-56 (MSS6).
76

Tableau 20 - Tableau des ordres de grandeurs des valeurs de rayonnement et des valeurs les plus fréquentes
dans les 4 canaux. (Données ligne 850, colonnes 150à 300).
Ensembles
A
B
C
D
E
Canaux
valeurs
valeurs
valeurs
valeurs
intervalles de
valeurs les
intervalles de
valeurs
intervalles de
valeurs
rencontrées
modales
rencontrées
modales
variation
+ fréq.
variation
les + fréq.
variatiœ
les +fiéq
Max
Min
Max
Min
Max
Min
Max
Min
Max
Min
MSS4
47
35
38
87
53
53
103
80
99-94
80
61
74-77
55
50
50-53
68-80
MSS5
35
22
24-25
81
42
127
87
122-125
97
68
90-94
57
50
55
MSS6
20
13
14-15-
56
26
29-36
110
67
107-104
91
65
86-76-67
56
50
50
17
MSS7
7
3
5-6
19
9
12
47
27
45-44
39
31
37-36
27
24
25
34-31
La variation des valeurs d'intensité de rayonnement et leur répartition décrite dans le tableau 20
introduisent le problème de l'obtention des valeurs-seuils entre
les différentes
unités
phytogéographiques du site étudié. Toutefois, l'examen de la figure 30 ne semble pas autoriser
l'installation d'une limite entre les unités. D'ailleurs, sur quels critères se fonder pour la mise en
place d'une coupure entre deux points d'abcisses très rapprochés - pente du profil très forte -. En
d'autres termes, où placer par exemple, la limite entre les ensembles B et C dans le canal MSS7 ? à
19 ou 27 ? En effet, l'on sait que ces deux points représentent la "bordure" des ensembles B et C,
mais l'on sait aussi qu'ils ne sont chacun qu'un élément de ces deux ensembles - donc partie d'un
tout - . Dans ce cas, on ne peut généraliser une partie d'un ensemble à la totalité de ce dernier sans
considérer la distribution statistique des autres éléments de cet ensemble. Une seconde approche
nous permettra d'apporter une réponse au problème posé.
4.1.2. Détermination des valeurs-seuils des ensembles d'intensité de rayonnement
On peut considérer que les valeurs de l'ensemble défini par les lignes 850 à 890 et les colonnes
150 à 300 constituent une population distribuée d'une manière aléatoire. Cet ensemble peut aussi
être composé de plusieurs sous-populations, distribuées aléatoirement. Si ces hypothèses sont
vraies, toute sous-population répondant à une distribution normale sera représentée par un
graphique en ordonnée de probabilités par une droite - ou un segment de droite - caractéristique
de la population. La valeur des points d'intersection de ces segments de droite ou points de
troncature constitueront donc les bornes de chacune des sous-populations.
Nous avons donc été amenés à utiliser le programme CITER 4 en le complétant o par un calcul des
fréquences cumulées et une représentation graphique en ordonnées de probabilités (fig. 31a, b, c).
Nous résumons tableau 21, les bornes des divers segments, obtenues à partir de la représentation
en fréquence cumulée des valeurs d'intensité du rayonnement en ordonnées de probabilités (fig.
31a à 31c), pour les canaux MSS4,5 et 7.
1
_ Si l'examen de l'histogramme de fréquence permet de borner des ensembles homogènes, turbidités de la mer
par exemple, il est d'usage moins commode dans le cas d'ensembles complexes.
77

»t,
99,99
Q.
99,50
99
MS S
4
95
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1
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MSS
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10
--
5
1
0,50
21 25
47
71
87
96
115 121
./,
99,99 1
c.
99,50
MSS
7
99
95
..i.
/
90
/
50
. /
10
5
1
0,50
5
7
21
29
,
,
Fig. 31a-c: Distribution des frequences cumulees
de valeurs d'intensité de rayonnement
78

Tableau 21 - Limites des classes obtenues
à partir de la méthode des points du troncature.
MSS 4
MSSS
MSS 7
SI
1-39
1-21
I-S
S2
40-42
22-2S
6-7
S3
43-S1
26-47
8-21
S4
S2-S8
48-76
22-29
SS
S9-67
77-87
30-38
S6
68-80
88-96
39-48
S7
81-84
97-IIS
-
S8
8S-97
116-121
-
S9
98-111
122-127
-
Les tableaux 22a,b,c résultat de la combinaison des tableaux 20 et 21 permettent d'avancer dans le
découpage des données qui va servir à l'établissement de la carte automatique. Mais il pose un
certain nombre de problèmes qui peuvent être ainsi synthétisés :
-le problème de la valeur-seuil dans le cas de classes dont l'amplitude est grande: exemple des
ensembles A et B dans le canal MSS4 (tabl. 22a) ;
- la différenciation d'ensembles phytogéographiques spatialement distants délimités cependant
par la même valeur-seuil: cas des ensembles A/B et DIE dans le canal MSS5 (tabl. 22 b)
Tableau 22a, b, c - Valeur-seuils des ordres de grandeurs des données
Ensembles
AIB
BIC
CID
DIE
Canaux
Variat" des valeurs
Variat° des valeurs
Variat' des valeurs
Variat° des valeurs
Max.
Min.
Max.
Min.
Max.
Min.
Max.
Min.
77
3S
87
42
103
61
80
SO
Points de troncature
Points de troncature
Points de troncature
Points de troncature
1
MSS4
a
3S-42-S I-S8-67
42-SI-S8-67-80-84
67-80-84-97
SI-S8-67-80
Variat' des valeurs
Variat' des valeurs
Variat" des valeurs
Variat' des valeurs
Max.
Min.
Max.
Min.
Max.
Min.
Max.
Min.
81
22
87
42
127
68
97
SO
Points de troncature
Points de troncature
Points de troncature
Points de troncature
MSSS
b
47-76
87
96
76
Variat" des valeurs
Variat' des valeurs
Variat' des valeurs
Variat" des valeurs
Max.
Min.
Max.
Min.
Max.
Min.
Max.
Min.
9
7
27
19
47
31
39
24
Points de troncature
Points de troncature
Points de troncature
Points de troncature
MSS7
c
7
21
38
29
79

- le problème des sous-populations car il est exclu de vouloir cartographier multispectralement
tous les niveaux repérés dans chacun des canaux retenus. A partir de ce moment se pose un
problème de choix (C. Bressolier et al., 1979) et l'intervention de l'expérimentateur (recours à des
documents d'appui et indications de "vérité-terrain"). Aussi avons-nous essayé d'établir, sur cette
base, une typologie des ensembles du site de Kayar qui présente des caractères communs à tout le
littoral de la côte Nord-OUest du Sénégal.
4.1.3. Typologie des ensembles reconnus
Le découpage des données comme il est montré au tableau 23 a servi à l'établissement de la carte
automatique du site de Kayar (fig. 32).
La carte obtenue individualise très nettement certains ensembles. C'est le cas du domaine marin et
des dunes vives. Pour les autres ensembles où la végétation semble introduire de nombreuses
nuances, l'établissement d'une typologie qui reste délicate, a nécessité une appréciation des taux
de recouvrement. L'examen des photographies aériennes (extrait de la mission 74 SEN 9/350 clichés
59 à 61) nous a en effet permis de préciser la qualité et le taux de recouvrement de l'ensemble
végétalisé qui se divise sur les images Landsat en trois unités.
- Le domaine marin (1,2,3)
La décroissance des fonds et la croissance des turbidités délimitent une zone sous forme de larges
traînées festonnées, correspondant à des rip-currents - espacés ici d'environ 500 m les uns des
autres - situés en arrière de la première barre de déferlement (1) et avec laquelle ils se confondent
(2). Ces rip-currents sont fréquents sur ce littoral où les conditions hydro-climatologiques
engendrent la plupart du temps un espacement de cet ordre de grandeur.
Le lac M'baouane situé au Sud-Ouest de la carte a, de par sa faible profondeur, des réponses
similaires à celles de l'estran soumis au déferlement (3).
- Les dunes vives (4)
Déjà sur les profils (fig. 30) elles s'individualisent du reste par leurs réponses spectrales très
élevées.
Elle sont constituées dans l'ensemble par des surfaces nues et soumises à la déflation. La présence
parfois d'une végétation de psammophytes et d'halophytes était trop squelettique et rare pour
justifier une subdivision.
Cette unité située en arrière de l'estran a une largeur variant entre 500 et 2000 m ; elle transgresse
en certains endroits l'ensemble végétalisé.
- Les systèmes dunaires à couverture végétale (5,6,7)
Des modifications sensibles des réponses radiométriques sont apportées par un couvert végétal
souvent nuancé. Les sous-populations qui apparaissent sur la courbe de fréquences cumulées des
valeurs du canal MSS5 permettent d'en rendre compte:
- les valeurs 88-87 semblent caractériser un ensemble dunaire faiblement colonisé par la
végétation;
- la décroissance des valeurs qui délimitent deux ensembles (77-87 et 48-76) semble traduire
une augmentation du taux de recouvrement et/ou la présence d'associations végétales stratifiées.
80

Fig. 32: Connaissance par télédétection
du site de Kayar
Taxon~
MS 5-4
/Il 55- 5
MS 5- 6
MSS-7
N b r~
d~
s y rn b o te s
Surf. e n km 2

1-84
1 - 128
1 - 128
, -5
4816
21.74
-=
1_ 8 4
1-128
1- 128
6- 7
1206
5·44
--
1- 84
, -128
1 - 128
8- 21
1229
5.55

1- 84
1- 76
, -128
22-29
4198
18.95
--
1-84
1- 76
1 _ 128
30- 128
1573
7.10
1- 8 4
77-87
1- 128
30 -128
4822
21.77

1-84
88- 128
1- '28
30 -128
3520
15.89
1- 8 4
77- 128
1- 128
22-29

85-128
1.128
r ; 128
1 - 128
2947
13. 30
81

La comparaison de la répartition obtenue selon ces valeurs (combinées à l'ensemble repéré comme
végétalisé dans le canal MSS7) avec les photographies aériennes (fig. 33) montre que l'ensemble 5
(1-76 dans le canal MSS5 et 30-128 dans le canal MSS7) correspond soit à un tapis herbacé continu
(densité supérieure à 90 %), soit à une végétation arbustive de densité comprise entre 40 et 60 %,
le reste étant du sol nu. Lorsque les arbustes sont associés à un tapis herbacé, l'on passe à
l'ensemble 6 (77-87 dans le canal MSS5 et 30-128 dans le canal MSS7). Quand les strates
supérieures deviennent prédominantes (supérieures à 60 %) et associées, soit à des cultures, soit à
des pâtures continues - ce qui implique la proximité de la nappe - on passe à l'ensemble 7 (88-128
dans le canal MSS5 et 30-128 dans le canal MSS7).
- Les niayes (8)
Localisé sur une superficie d'un peu moins de 19 krrr', l'ensemble 8 correspond aux marges des
dépressions lagunaires appelées niayes, qui se prolongent en de vastes couloirs (vallées) longs
d'environ 3000 à 5000 m et larges de 250 à 1000 m, vers le Nord par la lagune de Tanma, et vers
la localité de Kayar par celle de M'baouane.
Cet ensemble caractérisé par une humidité quasi-permanente (même en période de saison sèche,
cas de notre exemple) est le site privilégié pour les cultures maraîchères et légumières réparties en
parcelles bien distinctes sur les photos.
Les combinaisons de classes d'intensité de rayonnement retenues sont présentées au tableau 23.
Elles ont permis d'aboutir à une typologie des ensembles présentés au tableau 24.
Tableau 23 - Combinaisons de classes d'intensité de rayonnement
retenues.
MSS4
MSS5
MSS7
1-84
-
1-5
1-84
-
6-7
1-84
-
8-21 (1)
85-128 (3)
-
-
1-84
1-76
30-128
1-84
77-87 (2)
30-128
1-84
88-128
30-128
1-84
77-128
22-29
1-84
1-76 (2)
22-29
(1) _ Le trait de côte qui apparaît sur le transect (fig. 30) défini à partir des points de troncature est limité par la
valeur-seuil 21.
(2)
_
La classification unispectrale réalisée aux moyens des points de troncature (MSS4) n'opère pas de
discrimination entre les marges des dépressions et l'estran compris entre les valeurs 51 et 67. Le canal MSS7
individualise plus nettement les marges des dépressions distribuées entre les valeurs 22 et 29. Toutefois, il les
confond avec une bande étroite correspondant à la partie supérieure de l'estran. Seule une différence de réponses
sur la visualisation unispectrale du canal MSS5 nous a permis de procéder à la discrimination des marges
dépressionnaires (valeurs égales à la limite 76) et estran (valeurs supérieures à la limite 76). L'estran, plus humide
se distingue des dunes vives et s'apparente aux dunes à faible colonisation d'où le regroupement effectué en 7.
82

Fig. 33 : Photographie aérienne du site de Kayar (Mission 74/SEN 9/350, d'après IGN (1974).
cliche IGN F- SN
cliche IGNF-SN
83

(3)
_ Les classifications uni et multispectrale à partir des points de troncature confrontées aux photographies
aériennes montrent que le canal MSS4 semble ici le plus discriminant. Cependant. nous n'avons pas tenu compte
de la subdivision qu'il (le canal) introduit à partir de la valeur 97 ; cette perte d'informations paraît « tolérable»
car la différenciation introduit un problème de texture et/ou une « pondération» du rayonnement des dunes vives
par des phénomènes voisins de rayonnement différent (dunes à couverture végétale par exemple ou même que par
les touffes d'herbes épaisses ou encore les cultures des « toolu been » localisés dans les dunes vives.
Tableau 24 : Typologie des ensembles identifiés.
3
Mer
2
Turbidité
Profondeur
1
Densité du ta-pis
densité des arbustes et
herbacé
arbres
4
0
0
Dunes
5
>90
(dépressions)
0
4Oà60%
6
>80%
4Oà60%
7
>80%
>60%
cultures avec proximité de la nappe phréatique
Niaye
8
4.2. Causes et formes d'évolution du paysage des mayes
4.2.1. Les causes de l'évolution du paysage
Les travaux systématiques à caractère hydrologique, morpho-pédologique ou phytogéographique
des niayes ont débuté vers les années 30-40. Il s'agit des études de J. Trochain (1940), P. Michel
(1955), S.P. Barreto (1962, op. cit.), G. Gaucher (1967), A. Martin (1967), J. Berhaut (1967). De
nombreux travaux à caractère académique ou liés à des projets de développement (reboisement et
régénération des sols diors) y ont été par la suite conduits. Une actualisation permettant de dresser
un bilan précis de la dynamique au niveau de certains champs de connaissance, notamment au plan
phytogéographique, n'est pas encore établie même si l'orientation générale des formes d'évolution
est largement connue (P. Ndiaye, A.T. Diaw, 1995).
En effet, en considérant les repères chronologiques des années 40-50, bien des données ont changé
sur le terrain. Elles procédent des conditions environnementales, d'aménagement et d'exploitation
et nécessitent une prise en compte de leur état actuel.
Les modifications survenues dans les niayes vont essentiellement dans le sens d'une dégradation et
d'une transformation accélérée des paysages végétaux antérieurs. Les causes de cette évolution
semblent largement connues et peuvent être ainsi systématisées:
- le déclenchement de la phase sèche de la décennie 1970 a contribué à amplifier le processus de
dégradation, largement enclenché par la mise en valeur agricole généralisée de niayes, en
particulier dans les dépressions au Sud de Mboro.
A cela s'ajoutent les effets des pompages effectués par le Service d'exploitation des eaux dans les
aquifères locaux mal réalimentés par les déficits pluviométriques successifs, l'abaissement des
84

nappes qui s'ensuit est le résultat logique d'une situation qui combine l'utilisation agricole de
l'espace et le prélèvement excessif de la ressource fondant l'hydromorphie du paysage des niayes.
En examinant le cas particulier de la partie littorale de Dakar on s'aperçoit que même les tentatives
d'aménagement national sont abandonnées du fait de la pression foncière due à l'urbanisation au
sud et à la conquête agricole partout ailleurs.
4.2.2. Les fonnes d'évolution du paysage
Les formes d'évolution du paysage des niayes revêtent plusieurs aspects dont les principaux
restent la régression des rives ou le tarissement actuel de lacs littoraux (Retba, Mbaouane,
Mékhé), l'abaissement des nappes phréatiques, la perte de diversité, le développement des formes
vives éoliennes et les tentatives de stabilisation de l'érosion par des actions de reboisement.
4.2.2.1. Evolution du couvert végétal
Des profils schématiques de végétation (fig. 34 a - b) essaient de préciser les aspects essentiels de
l'évolution des formes revêtues par le couvert végétal au cours de ces trente dernières années.
Ce que nous avons dénommé zone intermédiaire (A. Bâ et al., 1989, op. cit.) et qui comprend les
lacs littoraux, les marges dépressionnaires et les dunes fixées montre des changements notables. Le
changement le plus apparent est constitué par la disparition progressive de la palmeraie à Elaeis,
élément représentatif du paysage des niayes. La baisse considérable du niveau des nappes
phréatiques a présidé à l'apparition d'une très forte mortalité d'une espèce déjà en situation
relictuelle dans la région des niayes. Il est cependant remarquable de constater que la menace de
disparition qui pèse sur la palmeraie n'a que peu modifié la physionomie végétale des dépressions
dans la mesure où la plantation de très nombreux cocotiers a assuré le relais : le paysage se
maintient mais son composant principal a changé.
Un risque identique de disparition existe pour les roseaux qui ont fortement reculé à la fois en
raison du tarissement des étendues d'eau douce, de l'exploitation excessive pour la vannerie, de
l'utilisation de leur emplacement naturel pour les cultures maraîchères. Ce dernier facteur revêt
une importance considérable puisque toutes les dépressions non salées sont actuellement cultivées,
ce qui accentue le caractère artificiel du paysage végétal des niayes. En outre, les cultures
progressent même sur les dunes fixées où se pratique un maraîchage de contre-saison avec
arrosage d'appoint, en même temps qu'on y relève une extension des plantations d'arbres fruitiers
(manguiers, papayes, agrumes, anacardiers, etc...) ce qui tend à réaliser l'occupation intégrale de
toute la zone intermédiaire à la faveur de la spéculation agricole qui se développe activement.
Les plantations de sisal par contre sont à l'abandon depuis longtemps; seuls des individus isolés se
maintiennent sur les secteurs où ils avaient été installés en masse (forêt de Déni Youssouf ou
encore entre Sangalkam et Déni Biram Ndao). Ailleurs, ils sont dressés en ligne pour servir de
haies vives ou pour renforcer la cohésion du ballast le long de la voie ferrée.
4.2.2.2. Evolution du réseau hydrographique
L'eau marque le paysage d'abord à travers les plans d'eau disposés le long du littoral, leurs marges
et les dépressions interdunaires. Et pourtant on ne peut pas parler actuellement pour la région d'un
réseau hydrographique au sens où on l'entend communément. Les cours d'eau existants sont, il est
vrai, des vestiges d'un ancien réseau recoupant parfois la nappe phréatique. Il s'agit de marigots
85

DENI-BIRAIol-NDAO
SE
HW
Dune. vive . . .
. .mi-fixées
LAC RETIIA
DUNES FIXEES
PI"a-n-,.-a-t-io-nl
sect~ur ID~pres-I--lpalmeraie d'interdunel
:~~n:~~~~;""'"~
1
z
3
4
Km
N NW
KAYAR
E SE
DUNES
VIVES
LAC TANIoIA
1-"
Secteur
Secteu r
l '
Interdune à Niaye
1
douc.
- 1
Niaye sal.e
40-
1nu
steppique
turbac.e.'
palmeraiel
P"IOUj"
~
Y d rO P hi l e il!!de bor-
zo-
..
r~
dure
zOo ~""'-I..lJ':.':!.""'-t -"-':_..1..L:=-
j
,
Z
3
4
Km
DENI-BIRAM-NDAO
SE
NW
Dune. vive . . .
• eml-fix.e.
LAC RET8A
DUNES FIXEES
m
PI b-n-t-a-t-j-o-n 1 sec t eu r
40-
de flloo
steppique
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ZO-
1
ID~pr..-I-llnterdune. déllradé·1
.,on nuelpal1.
,

mer ole dellradee
O-Y)';i'7h~"""" -
~~~~---~----------------
- - - - - -
-
- - -
zo " " - - - - - -......-----T"-------.-----"""T-----!
3
4
Km
W NW
KAYAR
E SE
DUNES VIVES
LAC
TANIoIA
1~ls
Plonta~lon,
ecteu r
.
steppIque, ln erdu."e l'
N,oye dou,c î-'"
m
1
t
Nlaye .alee
40-
de f it a o
'
0 herbacee.
palmeraie
Pilou ..
~."""
zO-
ru
• •
maraic1hères
1
z:
:_''::_~.~--j
,
z
3
4
Km
Fig.34a-b:Evolution o ncie nn e et recente des
paysages des ni o y e s de Déni Biram
Ndao à Kayar
86

(Sangalkam, Wayambam, etc...) et de lacs littoraux sans écoulement. Ces lacs sont en effet fermés
par des barrages dunaires durant la période quaternaire à actuel de la géomorphologie du Sénégal
Nord-occidental et s'ils n'ont pas disparu par tarissement (Mbaouane, Mekhé), ils subissent de
grandes variations de niveau et présentent des rives en forte régression. C'est le cas du lac Retba
qui a été étudié sous notre direction par E.H.N. Dione (1994).
Cette étude qui procède d'un essai cartographique s'appuie sur les travaux de lM. Garnier
(1976), sur l'analyse de cartes relativement anciennes (1941), de missions de photographies
aériennes et de cartes topographiques plus récentes (1980, 1983).
L'étude comparative de l'hydrographie générale du bassin-versant du Retba (fig. 35 a-b) montre
en l'espace de quelques décennies la forte altération de l'humidité de la zone. En effet, la
physionomie hydrographique observée en 1941 laisse apparaître un fort taux d'humidité du bassin-
versant. Cette situation se traduit par l'existence de petites dépressions sur la frange littorale du
Retba. Le bassin de 1941 intégre de nombreuses mares aujourd'hui disparues; ces mares, d'après
de nombreux témoignages étaient poissonneuses. Elles occupaient des dépressions dont certaines,
avant la sécheresse des années 70, étaient plantées en riz par la colonie diola qui alternait cette
activité avec la récolte de vin de palme. Selon E.H.N. Dione (1994, op. cit.) en relation avec
l'enfoncement de la nappe, ces mares se sont asséchées et, malgré une reviviscence intermittente
(en année particulièrement pluvieuse), leur mise en culture nécessita à partir de 1976, un arrosage
systématique.
Les marigots de Sangalkam et Wayambam alors compétents le sont restés jusqu'en 1965 pour
devenir complétement secs entre 1973 et 1975.
Une autre trace du processus d'asséchement et de la pression anthropique sur le milieu est
décelable au niveau des rives du Retba qui ont fortement régressé entre la période de fermeture de
la lagune originelle (XIVe-XVe siècle) et maintenant; la superficie passant de 15 à 3,88 km2 (fig. 36
et tabl. 25).
4.2.2.3. Evolution des formes éoliennes
- Sédiments et efficience des vents du littoral des niayes
Les conditions de mise en mouvement des sables et l'estimation de la quantité de matériaux
transportés par le vent ont fait l'objet de nombreuses investigations basées sur les études
théoriques et les expérimentations de O'Brien et Rindlaub (1936), RA Bagnold (1941), W.S. Chepil
(1945), R. Kawamura (1951), AW. Zingg (1952), K. Horiwaka et H.W. Shen (1960), P.Y. BeUy
(1964), AA Kadib (1964), G. Salmeron (1967). A la suite de ces travaux, Y.F. Thomas (1975) a
précisé le rôle des facteurs de l'estimation des débits solides éoliens. Il a montré que la formule
d'efficacité potentielle des vents, largement utilisée en géomorphologie, et tirée de l'expression de
Bagnold:
1 = n(v - v')
où n = le nombre de fois où le vent a soufflé dans une direction donnée de la rose des vents;
v = la vitesse du vent mesurée à la hauteur des anémomètres (1150 cm)
v' = la vitesse limite d'efficacité du vent mesurée à la même altitude.
87

a.
o
L.------------------------I
1
o
2 Km
b.
c. E ~ "
o
Fig.35a-b:Etats de l' hydrographie du bassin
du lac Retba
en 1941 et en 1983
• Cours d'eau pirenne
C2J pet ites dépressions littorales
:.....
D
Cours d'eau temporaire
0
Limite du bassin versant
§
Zone inondable du lac
1..-/1 Routes et pistes
m "'ares et dipressions de
~ t oc c lit é
---
type n i a y e
88

, -l-
I
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o
1 km.
(1 )
DaI e
Rive s
du
1a c
Ni Ife a u
5 u rf ace
k m 2
en
m
en
(2)
)( 1 Ve
................. ,.
--
15
( J )
1954
------......---
2.40
6.1
( 4 )
1916
- - - - - -
3.50
4. 2
1980
4.10
4.6
1983
--
3. 88
(1 )
Par
rapport au
n i v e c u
0
de
la
mer
( 2 )
Fermeture
de
la
lagune
entre
le
xIV e elle
( 3)
Mi 55 ion
a érie n n e
A 0
546/100
( 4 )
Photo
d'avion
et levé au sol
Fig.36:Evolution des rives du lac Retba du XIVe a 1983
Nodifi~e et c o rn p t e t e e d apres J. loi. Garnier (1976)
89

Cette expression n'est pas une approche satisfaisante: d'après cette formule, le seuil de mise en
mouvement de sables de dune - voire de plage - se situe à 4,5 rn/s.
Or le v' de cette expression est fonction du diamètre du sédiment. Par conséquent le seuil de 4,5
rn/s n'est justifié que pour l'expérimentation de Bagnold où le grain type mesurait 0,25 mm. Les
valeurs de v calculées par Y.F. Thomas pour différents diamètres de sédiments sont précisées au
tableau 26.
Tableau 26: Valeurs de la vitesse critique de mise en mouvement V C) en atmosphère sèche et à l'altitude
de 1150 cm, d'après Y.F. Thomas (1975).
D (cm)
V (cmls)
0.020
580
0.025
663
0.030
742
0.Q35
817
0.040
888
0.045
955
0.050
1019
0.060
114O
0.070
1252
0.080
1357
0.090
1456
0.100
1549
TI est donc possible d'évaluer la corrélation entre le seuil critique de mise en mouvement et le
diamètre médian des sédiments qui, pour les milieux des sites de Kayar, Mboro et Lompoul sont
les suivants :
hautde plage
0.025 cm
dune vive
0.022 cm
dune jaune
0.022 cm
dune ogolieone
0.020 cm
Le seuil critique de mise en mouvement requis pour mouvoir les sables de tous ces milieux serait
de l'ordre de 6 rn/s. Cette vitesse est fréquemment atteinte actuellement par les vents instantanés
maxima mensuels (tabl. 27 et 28).
Tableau 27 - Vitesse moyenne des vents instantanés maxima mensuels associée à la direction vers
laquelle souffle le vent (mis) 1955-1964
Dakar
Saint-Louis
N
13
19
NNE
14
NE
40
ENE
17
E
14
ESE
10
SE
12
11.80
SSE
12
13.78
S
11.54
18.16
SSW
13.97
19.40
SW
16.83
13.87
WSW
15.46
13.50
W
19.25
18.16
WNW
16.70
18.80
NW
26
17
NNW
17.50
20.50
1 _ La vitesse donnée est la vitesse dite d' "impact" .
90

Tableau 28 - Fréquence des directions associées aux vents instantanés - Maxima mensuels (%) - Direction
vers laquelle souffle le vent. 1961-1970
Dakar
Saint-Louis
N
1,66
1,66
NNE
1,66
NE
0.83
1,66
ENE
0,83
E
ESE
0,83
SE
0,83
9,16
SSE
2.49
16.66
S
24.99
7.50
SSW
25.82
4,16
SW
9,16
6,66
WSW
8.33
4.99
W
11.66
35.83
WNW
4.99
4,16
NW
0,83
3,33
NNW
1,66
1,66
Les relations ainsi établies entre la dimension des particules (grain médian compris entre 0,020 et
0,022 mm) et les conditions anémométriques générales sur la côte Nord du Sénégal permettent de
dégager les éléments suivants:
. le seuil de mise en mouvement des sables des milieux dunaires est ici voisin de 6 m.s et les
vents de vitesse supérieure ou égale à cette valeur représentent plus de 50 % de l'effectif des
stations considérées.
. Les vitesses nécessaires à des débits solides entraînant la formation d'accumulations sableuses
sont de l'ordre de 9 m.s (elles correspondent à des débits solides de l'ordre de 20 kilogrammes par
mètre linéaire et par heure), de telles conditions se rencontrent 41 % du temps sur le littoral nord
du Sénégal.
- Cinématique des formes vives éoliennes
En dépit de grand nombre de méthodologies existantes (photo-interprétation, profil taxonomique,
expérience de trappes à sable etc...), les tendances décelées par les auteurs ayant travaillé ou
travaillant sur la cinématique des formes vives éoliennes du Sénégal nord occidental sont les
mêmes. A
cet égard,
les processus
éoliens expliquent l'essentiel
des
transformations
géographiques du périmètre des niayes ; celles-ci se traduisent par une extension des aires de
déflation (par avancée ou ravivement des sables), par une réduction des cuvettes aménagées et un
changement de l'état de la végétation par l'introduction de nombreux plants de reboisement.
L'évaluation des remaniements des systèmes dunaires de Kayar et Lompoul (fig. 37a-b et 38a-b) a
été menée par confrontation des états de 1954, 1973, 1978, 1984 et 1988. Pour ce faire, nous
avons utilisé les données aériennes Aû 1954, séries 079-083 et 188-190, SEN 1974. 09/350, séries
59-61, 1978-79 ND-28-XX-XXII, séries 369-370 et les données numériques 1973, Landsat 1, na
1267-10574, 1984, MûMS-oI, STS-ll, na 11-63-1691170 R, 1988, MûS-l, MESSR na 1191100.
Les figures 37a-b et 38a-b montrent l'ampleur des remaniements éoliens sur trois décennies. A cet
égard, on note une progression générale vers le Sud des massifs dunaires de la région de Kayar
avec des déplacements linéaires moyens compris entre 2,9 et 8,8 m
1
811-
• La cinématique des
formes est principalement marquée par la migration du front des dunes blanches et le ravivement
des parties internes des dunes semi-fixées. D'une manière générale, le processus de migration des
formes vives éoliennes se fait par le biais des couloirs d'érosion; par chevauchement de la forme
q1

b
,
"
Fig. 37a-b:Ext~nsion d e s r e mcnie m e nts éoli~ns
à Koyor e ntr e 1954_1973 e t 1973_1964
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L..:.::..a...:.
- SQbl~svifs
[=::J Ensemble végélQlis~
Ext~nsion des s e bt e s vifs
~ Pér;mètre de rebOisement
92

vive sur le corps de la dune semi-fixée ou par expansion latérale ou régressive -décompression et
écoulement des sédiments de la bordure occidentale de ce que A. Raynal (1963,op. cit) appelle
barre dunaire par exemple-.
L'évaluation des formes éoliennes à Lompoul (fig. 38a-b) permet d'observer une forte inégalité
des vitesses de progression au plan spatial et temporel. A cet effet, l'opposition est nette entre les
parties occidentale et orientale du périmètre où le type de dynamique est quelque peu différencié
avec:
. une extension selon une direction dominante (Nord Ouest à Nord Nord Ouest) et facilitée par
l'existence de couloirs d'érosion (partie Ouest) ;
. un déplacement en masse (chevauchante), sans direction préférentielle, qui exploite
essentiellement les dénivellations topographiques (partie Est).
La comparaison des deux situations traduit également un mouvement d'ensemble généralisé à l'Est
de la grande dune de Sali entre 1954-1978 et une atomisation du même mouvement, davantage
circonscrit au Nord Ouest, lors de la période 1978-1984.
Par ailleurs, on peut noter l'extension accrue des remaniements éoliens entre 1978 et 1984 à
Lompoul, et ceci malgré les actions de reboisement, avec des déplacements linéaires des formes
vives éoliennes compris entre 4,2 m.an'
et 8,7 m.an' et une réduction des cuvettes comprise entre
1,2 m.an"
et 2,5 m.an"
. TI en est de même du site de Kayar et de nombreux secteurs de la côte
Nord où les premières actions
de lutte contre l'ensablement des cuvettes maraîchères ont été
entreprises en 1925 par le Service de l'Agriculture et à partir de 1948 par les Eaux et Forêts.
Les plantations de stabilisation des dunes littorales commencées en 1948 ont porté sur une bande
de 200 m de large dans la zone de Malika et, d'après M.A. Andeke-Lengui (1983), jusqu'en 1959,
une superficie de 423 ha couvrant les périmètres de Cambérène, Yeumbeul, des lacs Mbeubeusse
et Retba (jusqu'au Sud de Kayar) a fait l'objet d'un reboisement par des filaos (fig. 39).
En 1975, on assiste au démarrage d'un important programme de fixation des dunes et de
régénération des sols dans le secteur allant de Mboro à Tounde Malèye (projet SEN 73/012). En
1979, le projet "Gandiolais" financé par l'ACDI est mis sur pied avec une fixation des dunes de
Tounde Malèye au Nord de Taré. En 1988, ce projet devient le Projet Conservation des Terroirs
du Littoral (CfL nord). Mais en 1989, la zone de KayarlNotto Gouye Diama/Mboro devait
accueillir un troisième projet du genre, intitulé PL 480. Ce projet d'abord financé par l'USAID, puis
en 1988, par l'ACDI qui en fait l'antenne Sud du projet Conservation des Terroirs du Littoral (B.
Dia, 1993).
La principale activité dans la zone des niayes demeure le maraîchage (Annexe 6). En effet, les
cultures pluviales (mil, niébé, maïs, etc.) se pratiquent encore mais sur des superficies
insignifiantes. L'arboriculture fiuitière également n'est pas très développée par rapport à la zone
des niayes (RD. Fall, o. Fall, 1993).
Mais outre les problèmes de dynamique éolienne, d'autres contraintes existent : salinité,
engorgements temporaires et acidité des sols. De plus, si la fixation des dunes constitue une
réussite technique incontestable, il n'en demeure pas moins que l'efficacité de la lutte contre la
mobilité des sables littoraux n'est pas encore complète. Cette situation est liée à plusieurs facteurs
parmi lesquels le vieillissement des premières plantations et la diminution de l'étanchéité des
93

B
~
...........;.-....;:z;;.------:~--------.;..----..J.----------....;~-------~~i __"""1
o
1 km.
Fig. 38a-b: Extension des remaniements ~oliens
à Lompoul
entre 1954-1978 et
1978_1984
o
Sables
vils
_
Extension
du
r e b e i s e m e n t
o
_
Extension
de
sables
vifs
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Rutis.que
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~
..____.
o
5 km.
Fig. 39: Plan de
localisation du programme
na t ion a 1 de fi x a t ion des du n es
d'après
M.A.
Andeke_Lengui
(1983)
95

rideaux d'arbres, l'existence de couloirs de déflation même au sein de structures reboisées, la forte
instabilité climacique des ensembles dunaires ainsi que la pression relevant des modes
d'occupation des sols.
96

Chapitre 2. Géodynamique de la flèche littorale sableuse de Sangomar.
5.1. Conditions de formation et typologie des flèches littorales.
S.1.1. Définition des flècbes littorales
De nombreux acteurs se sont intéressés aux flèches littorales. Ainsi note-t-on une relative variété
de définitions. M.G. Sauvage de Saint-Marc et M.G. Vincent (1935) considèrent les flèches comme
des langues de sable s'avançant en mer à partir d'un point singulier du rivage dans une direction
souvent différente de la direction générale du rivage et se terminant en eau libre.
1. Larras (1958) pense qu'une flèche se forme lorsque le sable s'achemine le long de la côte ou
d'un ouvrage et débouche brusquement dans le vide à l'aval d'une tête d'épi ou de jetée, d'une
pointe naturelle ou d'un cap, d'un angle vif ou d'une protubérance à la sortie d'un chenal, d'un
estuaire, d'un émissaire de lagune, d'un détroit ou d'une épave à la côte.
A. Guilcher (1954) parle d'une formation sédimentaire allongée se développant à partir d'un point
d'appui (point dur, haut fond), celui-ci peut avoir disparu, ce qui donne des flèches relictes ; les
tombolos constituent un type de flèches, les flèches isthmes.
Plus récemment, P. Galichon (1984) les définit comme des formations composées d'éléments
lithoclastiques, biodétritiques ou d'origine chimique, se développant à partir d'un point singulier
de la côte qui peut être une pointe naturelle ou artificielle (cap, épi, jetée) un angle vif de la côte
(sortie de chenal d'estuaire, de lagune, de détroit), d'une épave à la côte ou d'une île.
S.1.2. Typologie des flècbeslittoraies
Sur la base des définitions qui précèdent, quatre groupes peuvent servir de référence dans un essai
de typologie des flèches littorales (A. Galichon, 1984, op. cit.). fi s'agit:
. des flèches se développant à partir d'un point de la côte (cap, pointe rocheuse, île, jetée, épi) ;
elles peuvent être subdivisées en trois sous-groupes : flèches droites à apport unilatéral, flèches
droites à apport bilatéral, flèches à crochons.
. des flèches se développant dans un milieu où la présence d'un apport fluviatile (liquide ou
solide) joue un rôle avec comme sous-groupe les flèches d'embouchure et les flèches paires .
. des flèches d'entrée de baie qui font que deux écoles s'affrontent quant à leur dynamique de
formation.
. le dernier groupe comprend les tombolos, les flèches de milieu de baie et les flèches
azoviennes qui, elles, sont assimilables du point de vue de la définition à des flèches mais avec une
dynamique particulière.
97

5.1.3. Problématique des facteun d'élaboration des Décbes
La formation d'une flèche littorale nécessite un certain nombre de conditions parmi lesquelles: un
stock de matériau initial, un point d'ancrage, un substratum propice au développement, un agent
de transport et un mode de dépôt.
En ce qui concerne le matériau, on peut noter que les flèches littorales présentent une grande
variété tant du point de vue de la granulométrie que de la nature lithologique. Ce stock peut être
proche ou éloigné ; mais c'est sa capacité de renouvellement qui reste essentielle puisque
soulevant la question de l' orientation- elle-même liée au rapport débit solide / capacité de
transport - question qui n'a été jusqu'ici qu'approchée sommairement.
La deuxième interrogation relative à la formation des flèches est celle du point d'ancrage qui peut
être un angle de la côte, un épi, une tête de jetée etc. Dans le cas de Sangomar, l'examen de la
configuration du littoral ancien et actuel permettrait d'envisager, en l'absence de toute autre
hypothèse, les abords de la sortie du chenal du Saloum au Nord-Est de Djifère et représentant un
angle vif de la côte comme point d'ancrage. En effet, cette hypothèse pourrait être renforcée par le
schéma d'évolution de l'estuaire du Saloum tel que précisé par J. Ausseil-Badie et al. (1991) à la
figure 40 avec les phases suivantes:
. une phase estuarienne avec la formation d'un vaste golfe marin, le trait de côte étant rattaché
avec la limite des formations du Continental Terminal (A).
. une phase de formation des barrières littorales avec deux épisodes dont le dernier se situe
entre 3150-2250 ans BP, le Saloum se déversant vers le sud (B).
. une première phase de sédimentation deltaïque avec un remaniement des barrières littorales ;
le Saloum est dans sa position actuelle, les bancs et la mangrove émergent (C).
. la seconde phase de sédimentation est caractérisée par l'absence de la flèche renversée de
Niodior et la faible extension de la Pointe de Sangomar (D).
Le problème du substratum induit quant à lui des interrogations multiples et complexes. La plus
importante intéresse la limite entre la flèche et le substratum; celle-ci est, dans la totalité des cas,
définie quand la flèche est déjà en place. Le substratum de la flèche de Sangomar serait, d'après les
cartes effectuées par F. Tessier (1952), constitué à la base par les marnes de l'Eocène. Au cours du
Nouakchottien, la sédimentation s'est poursuivie par la mise en place d'autres formations (falun,
sable éolien, vase noire etc.).
Le facteur dynamique principal dans le façonnement des flèches est la houle et les courants induits,
la dérive essentiellement. Sa réfraction et sa diffraction en bout de flèche sont à l'origine de
courants d'expansion qui jouent un rôle de premier plan.
En relation avec ces quelques problèmes soulevés et en opérant une comparaison avec la Langue
de Barbarie qui répond aux critères d'une flèche d'embouchure, on peut se demander quelle est la
typologie originelle de la flèche de Sangomar. A-t-elle fonctionné à l'origine comme une flèche à
crochons, ou bien a-t-elle été une flèche d'embouchure ou une flèche droite? A cet égard,
l'existence de crochons ou plutôt de paléo-crochons souvent soulignés par la topographie et la
végétation pose, d'une part, le problème de la morphomètrie des crochons dans les flèches droites
98

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&90-790
(310 )
600- 650-1020
C. Sidim~nta1ion
D. S.;dim~ntation
2
Fig. 40:Phases d'évolution de ('estuaire du Saloum
Simplif;e'e
d' après J. A usse"
Bad;.
et AI. (1992)
F:-.:.-:-j Dépôt s c e te -v c s eu x ntuarien
I~~<~~I Sabin deltaïques ancien.
[lli Déplacement de chenaux
~ confinental terminal
99

et celles à crochons, et d'autre part, le problème de l'existence de ces formes à l'extrémité distale
des flèches d'embouchure. Ces paléo-crochons jouent, comme nous le verrons en abordant
l'érosion côtière à Sangomar, un rôle de première importance.
5.2. Pbysiograpbie de la flècbe de Sangomar : Aspects végétaux, pédologiques et morpbo-sédimentologiques.
5.2.1. Les sols de la flèche
Les sols des mangroves ont fait l'objet de nombreux travaux. D'un point de vue général,
Sangomar s'intégre dans ce cadre environnemental où les premières études pédologiques furent
conduites par les chercheurs de l'IRAT au cours des années 50-60. c. Marius qui a procédé au
cours des années 70-80 à la cartographie des mangroves du Saloum y distingue cinq types de sols
dont deux seulement intéressent principalement la flèche. TI s'agit:
. des sols minéraux bruts, d'origine non climatique, d'apport marin et fluvio-marin rencontrées
sur les zones sableuses et les plages.
. des sols peu évolués, d'origine non climatique:
- d'apports modaux, sur cordons littoraux et rencontrés dans les secteurs Est, Nord et interne des
parties médiane et terminale de la flèche.
- d'apports sulfureux, sur vases plus ou moins sableuses; ces sols supportent dans l'ensemble des
mangroves à Rhizophora et sont retrouvés sur la partie interne et la bordure orientale de la flèche.
5.2.2. Cartographie de la végétation de la flèche
Les types de sols décrits précédemment, notamment les sols minéraux bruts à dominante sableuse,
introduisent le problème de la fixation de la végétation. A cet égard, l'étude la plus détaillée sur le
site est celle de P. Ndiaye (1986) qui a également tenté de reconstituer les étapes décisives de
colonisation par les espèces végétales.
En effet, le substrat détermine ici l'organisation des groupements végétaux. Sur cette base, il est
alors possible de distinguer avec P. Ndiaye trois ensembles comprenant plusieurs groupements
végétaux (fig. 41). Il s'agit de:
- l'ensemble des vasières, de faible complexité floristique et qui en dehors des tannes, comprend
trois groupements:
. le groupement à Sesuvium généralement installé en bordure de tanne avec des espèces
adaptées à des milieux fortement salés (philoxerus, Suaeda) ou transitionnelles vers des milieux
nettement dessalés (paspalum, Cyperus art., Fimbristylis, Sporobolus rob. et spic.).
. le groupement à Paspalum et Fimbristylis, d'extension très faible sur la flèche et qui, sur la
rive gauche du Saloum, occupe principalement les zones dessalées que sont les anciens casiers
rizicoles.
. le groupement des mangroves qui au plan topographique comprend deux taxons : Avicennia,
Conocarpus et Laguncularia en arrière des Rhizophora mangle et racemosa qui bordent les
chenaux.
1nn

1J '
r J •
56
56

Eaux
o Sables nus
[CORDONS
RECENTS 1
m Groupement a Scaevola plum.
Chr y sobalanus
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Groupement
a
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..
...
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1J '
~ Groupement a oe t e e r i c ecast.
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54
54
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Groupement a
Imperata
cyl.
1 CORDONS
ANCIENS 1
111]1 Groupement a Aphania et May tenus
1 COMPLEXE
VASIERE_TANNE 1
Groupement a
Rhizophora mangle
~
~
Groupement a Avicennia
atricana
~
~
Groupement a
Sesuvium
port.
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52
52
[ SECTEURS
ARTIFICIALISES\\
1vVU ~I Dép 0 t coq u i Il e r
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1J '
50
50
Fig. 41:Groupements végetaux de
la
flèche
de
Sango m a r
s;mpl;t;;e
d'apr~s P. Ndiaye (1986)
r - - - - ' l
a
'00 m.
1 01

- l'ensemble des cordons récents marqués par des groupements diversifiés. Sur la marge
occidentale de la flèche, se dresse la "barrière" de direction méridienne constituée par des buttes à
Scaevola plumieri. Ce premier groupement, situé sur des niveaux topographiques compris entre 1
et 2 m, est en situation quasi monospécifique, intégrant seulement quelques espèces plus ou moins
sous-ligneuses comme
Calotropis
procera,
Euphorbia
glaucophylla, Cyperus
maritimus,
Schizachyrium pulchellum. Ensuite, on note une zone de transition, de recouvrement faible,
composée par une association de Scaevola - Chrysobalanus avec la présence de Ipomea pes
caprae, Leptadenia hastata et Acacia albida.
Le groupement à Chrysobalanus disposé en massifs et à Dalbergia de caractère monospécifique
semble, correspondre au contraire du groupement précédent, à des stades ultérieurs d'évolution
dominés par des ligneux.
Les petites dépressions interdunaires au Sud de la flèche sont dominées par le groupement à
Imperata avec de nombreuses herbacées telles que Blumea, Phyla, Eragrostis reg. et cil. ou des
ligneux comme Maytenus, Phoenix, Acacia albida.
- l'ensemble des cordons anciens correspond à des massifs sableux de quelques mètres de haut et
se trouve être constitué de deux groupements :
. le groupement à Aphania et Maytenus avec des ligneux de port arbustif ou buissonnant
(Aphania, Maytenus, Phoenix...).
. le groupement à Parinari et Maytenus d'évolution plus ancienne comparativement au
groupement précédent avec des espèces plus nombreuses, un développement fréquent des arbres
et l'origine soudano-guinéenne de plusieurs de ses espèces.
5.2.3. L'évolution morpho-sédimentaire de l'estran à Sangomar
5.2.3.1. Les levés topographiques
Les profils de plage décrits dans ce mémoire ont été réalisés à l'aide d'un niveau de chantier de
type WILD NK 05 et d'une mire pliante de 4 m. Les points de référence sont des bornes cimentées
que nous avons mises en place sur l'extrémité distale de la flèche ; la direction du profil étant
contrôlée par la boussole à chaque levé topographique. Les profils ont été effectués depuis le
cordon jusqu'à la limite inférieure atteinte par le miveau des plus basses mers et qui correspond
dans le cas qui nous intéresse à la zone de déferlement à la côte.
Les profils dessinés par la suite sur du papier millimètré s'appuient sur une échelle relative, le zéro
tant vertical (hauteurs) qu'horizontal (distances) étant le point fixe de chaque profil (borne
cimentée). L'éloignement ou l'absence de points repère par rapport aux bornes du nivellement
général n'a pas permis de travailler en valeur absolue pour les points repère. Afin de quantifier les
différents mouvements verticaux au cours des mois, les profils ont été comparés entre eux. Les
principaux taxons (haut estran, bas estran, zone de déferlement) ont été étudiés, leur profil étant
levé entre décembre 1988 et octobre 1989.
Au total, trois catégories de levés ont été exécutées sur l'estran à Sangomar : sur la partie Ouest
(Réf IPCI7), au niveau de l'axe Sud de l'extrémité distale de la flèche (Réf IIPClO) et sur la partie
Est (Réf IPC6).
102

5.2.3.2. Les techniques d'échantillonnage
Une étude qui se veut représentative des aspects sédimentaires d'une région littorale doit compter
avec deux conditions fondamentales : la nature de l'échantillonnage et les techniques de
prélèvement.
Nous avons retenu ici le type d'échantillonnage par prélèvements systématiques. En effet, les
populations de grain de la côte de Sangomar peuvent être définies par des caractères déterminés
en fonction de leur position sur l'estran: haute plage, basse plage, zone de déferlement. Les
prélèvements sont effectués par unité morphologique et peuvent par conséquent être considérés
comme orientés.
Par ailleurs, lorsqu'il s'agit de discerner des déplacements ou des gradients sédimentaires en un
moment donné, seule est intéressante la couche superficielle susceptible d'avoir été mise en place
ou remaniée au cours de la marée précédant l'échantillonnage. D'après W.C Krumbein (in c.
Bressolier, 1974) cette couche a une épaisseur variant entre 0,5 et 5 cm. Les échantillons analysés
par nous-mêmes et P.I. Diouf (1992, op. cit.) ont été prélevés à la cuillère sur les trois premiers
centimètres pour le haut et le bas estran. La zone de déferlement a fait l'objet de prélèvement à la
main sans que l'on puisse préciser la profondeur. L'équipement dont nous disposions ne nous a
pas permis d'opérer les prélèvements au niveau de la plage sous-marine.
5.2.3.3. Les techniques d'analyse sédimentologique
La granulométrie des sédiments a été effectuée au laboratoire de chimie de l'ORSTOM, avec un
appareil électromagnétique tamiseuse "analysette" de marque Fritsch (tamis conforme aux normes
AFNOR).
Au total, 215 échantillons ont été traités et leur analyse statistique s'appuie sur les paramètres
texturaux de Folk et Ward (1957). TI s'agit:
- du grain moyen (MZ)
(016 + 050 + 084) / 3
- du coefficient de dispersion (si)
(084 - 016) / 4 + (095 - 05) / 6,6
- du coefficient d'asymétrie (Ski)
(084 + 016 - 2.050)
(095 + 05 - 2.050)
+
2 (084 - 016)
2 (095 - 05)
- du coefficient d' angulosité (Kg)
095 - 05
2,44 (075 - 025)
103

Ces paramètres - de loin les plus utilisés - reposent sur l'usage de la notation phi (0), phi étant le
logarithme de base 2 de la dimension millimètrique en grain (u) :
0= log u
Le calcul du grain moyen [Mz) reflète la taille moyenne du sédiment total et permet d'approcher
les conditions diverses propres aux dépôts.
Le coefficient de dispersion (Si) encore appelé écart-type est la principale mesure de la dispersion
et permet de mesurer l'indice de tri du sédiment.
Les coefficients d'asymètrie (Ski) et d'angulosité (Kg) permettent de quantifier les sens et la
magnétude de l'écart à la normale.
Ski varie entre +1 et -1. Pour une courbe symétrique Ski = o. Il tend vers +1 lorsqu'il Ya excédent
en particules fines et vers -1 lorsqu'il y a excédent en éléments grossiers.
Une courbe normale a Kg = 1. Lorsque le sédiment est bien trié dans sa partie centrale Kg est
supérieur à 1. Quand le sédiment y est mal trié, et, par exemple lorsqu'il comporte deux modes
distincts, Kg est inférieur à 1.
5.2.3.4. Analyse de l'évolution des profils de plage
Le profil IPC6 est situé dans la partie interne du crochet de l'extrémité distale de Sangomar. Il
correspond à la zone de dépôt des sédiments qui contournent la Pointe. La largeur de l'estran a
varié de 40,6 m à 85,9 m. La forme des profils s'établit par des mouvements de transfert et de
compensation entre les différentes parties de l'estran, limitées par des points d'inflexion bien
remarquables.
L'examen des profils mensuels (fig. 42a-b) montre une tendance à l'érosion sur le haut de plage de
décembre à juin avec la plus forte valeur en mai. On note aussi une répétition du même
mouvement de balancement du point d'inflexion en janvier, mars et juin. Des mouvements
d'engraissement sont perceptibles à partir de juin avec le maximum en août.
La basse plage est au contraire marquée jusqu'en mai par des mouvements d'engraissement avec
un maximum en février. Une tendance à l'érosion se dessine à partir de juin, ce mois étant la plus
forte période d'érosion.
La zone de déferlement suit le même schéma que la basse plage puisque jusqu'en juin, le profil se
caractérise par des phénomènes d'engraissement; toutefois, le maximum est décalé de trois mois
par rapport à la province morphologique précédente (mai au lieu de février). Une tendance à
l'érosion et à l'engraissement est enregistrée mais sur de courtes périodes: deux mois pour la
première phase Guillet et août) et un mois pour la seconde phase (septembre).
Le profil IPC17 est la réplique du profil précédent puisqu'établi sur le même axe au niveau de la
partie externe de la flèche. li s'intègre à la zone de réfraction des houles et participe à la
mobilisation des sédiments, contribuant ainsi à l'extension méridionale de la flèche. La largeur de
la plage s'est considérablement développée au cours de l'intervalle de temps qu'ont duré les levés.
104

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105

Cette importante sédimentation à participé aux mouvements de régularisation du rivage et de
bascule vers l'Ouest pris par la flèche au cours de sa progression vers le Sud.
L'analyse des profils mensuels (fig. 43a-b) montre un haut de plage marqué par des mouvements
d'engraissement de décembre à juin avec un maximum en février. Le mois d'août caractérisé par
un engraissement relatif encadre des périodes de plus fortes érosions Guillet et septembre), la
reprise de l'engraissement étant effective à partir du mois d'octobre.
Au niveau de la basse plage, le mois de février connaît un bilan d'engraissement élevé dans un
environnement érosionnel continu jusqu'en juin ; la symétrie étant parfaite en mars (+0,24 m / -
0,24 m). On note des mouvements d'engraissement sur cette partie du profil de juillet à septembre
avec le maximum en début de phase.
La zone de déferlement se caractérise dans l'ensemble par une alternance serrée accrétion /
érosion. En effet, cette alternance se fait jusqu'en mars. C'est après que des mouvements
d'érosion s'installent au cours des mois d'avril et mai et sont très largement développés de juillet à
octobre.
Le profil IlPClO est topographiquement très déchiqueté. n se complexifie en opérant une
reproduction en surface de la topographie sous-marine de Sangomar faite de chenaux et de barres
pré-littorales.
Sur les profils mensuels (fig. 44a-b) le haut de plage est marqué par un bilan largement positif en
décembre. Une tendance à l'érosion est observée jusqu'en mai. Des phénomènes d'accrétion
s'installent de juin à octobre; ils sont toutefois localisés sur ce qu'on pourrait considérer comme la
partie supérieure du haut estran, la partie inférieure étant sous une dominante érosionnelle.
La basse plage est caractérisée par des mouvements d'érosion de décembre à avril ; relativement,
des phénomènes d'accrétion sont observés les trois premiers mois de l'année et en mai. Mais, c'est
de juin à octobre que le bilan des mouvements verticaux est à l'engraissement.
Sur la zone de déferlement les principales phases d'érosion coïncident avec les mois de décembre,
février et juin.
5.2.3.5. Evolution des paramètres sédimentologiques du stock de Sangomar.
- Variations des paramètres texturaux le long du profil IPC6 (fig. 45a-d).
. Le Grain moyen
La taille moyenne du sédiment (MZ) est comprise entre 1.76 et 2.60 sur le haut de plage. Les mois
de décembre et septembre sont marqués par une augmentation de la valeur de MZ en direction de
la basse plage; la tendance inverse étant observée en mai et juin.
Du bas estran vers la zone de déferlement, la variation de MZ est très importante. Les mois de
septembre et décembre enregistrent par ailleurs des écarts élevés quant à la valeur de MZ.
106

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Fig L,L,a-b:Prof;ls topographiques mensuels de la plage mér'ldionale de
Sangomar
(11PC10)

· L'Ecart-type
Le coefficient de dispersion (Si) montre dans l'ensemble un bon tri du sédiment; les valeurs sont
comprises entre 0,20 et 0,58 le long du profil. Cependant, l'écart-type est plus net sur le haut de
plage en décembre (0,34) et entre 30 et 40 m pour mai, juin et septembre (valeurs entre 0,34 et
0,45).
Le tri est bon en août sur le bas de plage seulement. Il devient mauvais en direction de la zone de
déferlement où les valeurs de Si augmentent pour tous les mois sauf en septembre.
· Le Coefficient d'asymétrie
Les valeurs de Ski restent supérieures à °sur le haut de plage ce qui traduit un excédent de
particules fines en direction du bas de plage où Ski avoisine o. C'est seulement sur la zone de
déferlement où les valeurs des paramètres tendent vers -1, qu'on note des éléments grossiers en
nombre important.
· L'Angulosité
Les valeurs de Kg varient fortement le long du profil considéré. Cette variation est très nette entre
30 et 50 m, de l'ordre de 0,73 à 1,5 au cours du mois de septembre. A ce niveau le sédiment est
très bien trié dans sa partie centrale puisque les valeurs sont dans l'ensemble supérieures à 1.
- Variations des paramètres texturaux le long du profil IPCI7 (fig. 46a-d).
· Le Grain moyen
MZ croît du haut vers le bas de plage notamment en décembre ; les valeurs sur l'ensemble du profil
sont comprises entre 0,97 et 2,73. La distribution de la taille moyenne du sédiment, régulière en
avril et octobre (1,73 et 2,34) connaît par contre un écart élevé entre décembre et juillet de l'ordre
de 0,97 à 2,73.
· L'Ecart-type
Si varie très peu du haut vers le bas de plage. L'exception concerne la valeur de l'indice du mois
de juillet qui varie de 0,45 à 0,80. Le stock est bien trié sur le haut de plage; la zone de
déferlement se caractérise par un mauvais tri du matériel avec des valeurs qui augmentent
rapidement, jusqu'à 0,72 et 0,92 pour juillet et octobre.
· L'Asymétrie
Ski est positif sur le profil de décembre avec toutefois de fortes variations du haut vers le bas de
plage. Au mois d'avril, on note très peu de variations, ce qui n'est pas le cas en juillet et octobre.
Les valeurs sont négatives au niveau de la basse plage (-0,17 et -0,19). Elles restent élevées sur le
haut de plage et la zone de déferlement. Par conséquent, nous pouvons retenir que Ski décroît du
haut vers le bas de plage puis augmente en direction de la zone de déferlement ; cette observation
figurant la tendance générale du profil.
109

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Fig. 4Ga-d: variation
des paramètres texturaux
le
long des profils
IPC 17
111

· L'Angulosité
Cet indice est marqué dans l'ensemble par des valeurs comprises entre 1 et 1,20. Cette situation
traduit un bon triage du sédiment dans sa partie centrale. Toutefois, on peut relever des variations
importantes au cours des mois de juillet et octobre.
- VariatioDs des panmètres textunw: le long du profil IIPCIO (fig. 47a-d).
· Le Grain moyen
MZ croît du haut vers la basse plage. Sur le profil considéré, de 62,5 m à 101 m, les variations des
valeurs mensuelles sont nettes et la taille moyenne du sédiment augmente en décembre, mai et juin
alors qu'elle diminue en octobre. Au-delà de 101 m, les variations sont très irrégulières notamment
entre septembre et octobre.
L'Ecart-type
Si croît du haut vers le bas de plage en décembre et en juin, alors qu'il décroît en mai. A partir de
62 m, il Ya une irrégularité dans la variation des valeurs, en juin, septembre et octobre. De la basse
plage et en direction de la zone de déferlement, la tendance est à l'accroissement de la valeur de
Si. On note des ruptures dans la variation du coefficient de dispersion en juin, septembre et
octobre.
· L'Asymétrie
Le haut de plage est marqué par une prédominance de particules fines en décembre et juin (valeurs
comprises entre 0,04 et 0,09). A partir de 62,5 m, on peut observer un excédent d'éléments
grossiers en décembre, juin et octobre, tandis qu'en mai le stock se caractérise par une
prédominance d'éléments fins. Sur le bas de plage, des variations importantes sont à signaler quant
aux valeurs mensuelles. Les écarts deviennent très prononcés en direction de la zone de
déferlement, et cela pour tous les mois.
· L'Angulosité
Kg est compris entre 0,96 et 1,16 sur le haut de plage. Dans l'ensemble, il croît vers le bas de plage
avec toutefois une évolution en dents de scie en juin et octobre. Au niveau de la zone de
déferlement, le mois d'octobre se traduit par un très bon triage du sédiment dans sa partie centrale
(valeurs de Kg supérieures à 1).
- Tendances de l'évolution sédimentologique de l'estran à Sangomar.
A partir de la valeur moyenne des paramètres texturaux (tabl. 29), nous avons tenté de dégager
les tendances évolutives du stock sédimentaire des plages de l'extrémité distale de Sangomar.

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Fig. 4 7a-d: variation des paramètres texturaux
le
long des profils
11PC 10
1 1 3

Tableau 29 - Valeurs moyennes des paramètres texturaux sur les plages
de l'extrémité distale de Sangomar.
Station
Taxon
MZ
Si
Ski
Kg
hauteplage
2.26±0.06
0.34±0.04
+O.09±0.02
1.05 ±0.03
basse plage
2.15 ±O.24
0.28±0.04
+0.04±0.02
0.52±0.1O
IPC6
Zone de déferlement
1.17 ±O.39
0.25±0.08
+0.01 ± 0.01
0.40±0.16
haute plage
1.43 ± 0.28
0.29 ±0.05
-o.08±0.02
0.81 ± 0.15
basse plage
1.40 ± 0.27
0.30±0.06
-0.03 ±0.01
0.91 ±0.14
IPCI7
Zone de déferlement
1.62 ± 0.25
0.43 ±0.08
-0.02 ±0.Q2
0.97 ±O.IO
haute plage
1.93 ± 0.19
0.35 ±0.04
+0.03 ±0.02
1.02 ±O.IO
basse plage
Ll8±0.34
0.21 ±0.06
+O.02±0.01
0.57±0.16
IlPCIO
Zone de déferlement
1.68 ±0.21
0.57±0.09
-0.01 ±0.33
0.85±0.19
Sur le profil interne de Sangomar (IPC6), le grain moyen s'affine de la zone de déferlement vers le
haut de plage. La distribution de la valeur des autres coefficients (Si, Ski, Kg) augmente dans le
même sens. Le sédiment est relativement mieux trié dans la zone de déferlement ; les valeurs du
coefficient d'asymétrie sont toutes positives, ce qui traduit un excédent en particules fines sur le
profil. Le coefficient d'angulosité (Kg) montre que les sédiments sont bien triés dans leur partie
centrale sur le haut de plage contrairement aux deux autres unités géomorphologiques.
Sur la plage externe de Sangomar (IPCI7), la taille moyenne du sédiment augmente du haut de
plage vers la zone de déferlement. Mais la basse plage constitue un "palier sédimentologique"
entre le haut de plage et la zone de déferlement. Le tri s'améliore en direction du haut de plage. Le
profil se caractérise très nettement par un excédent en éléments grossiers, avec des valeurs de Ski
négatives. Dans l'ensemble, le sédiment est mal trié dans sa partie centrale (Kg < à 1) avec,
cependant, une tendance à l'amélioration du haut de plage vers la zone de déferlement.
Sur la plage distale de Sangomar (IIPClO), MZ s'affine vers le haut de plage et la zone de
déferlement. Plus que sur le profil précédent, le bas de plage qui pourrait être considéré comme
une zone tampon, constitue le point de départ de l'affinement des sédiments. Le tri s'améliore de
la zone de déferlement vers le haut estran avec une position centrale pour le bas de plage, où il est
meilleur. La zone de déferlement se caractérise par un excédent en éléments grossiers
contrairement aux autres unités morpho-sédimentologiques, Les sédiments du haut de plage sont
bien triés dans leur partie centrale, ce qui n'est pas le cas au niveau de la zone de déferlement et du
bas de plage - ce dernier ensemble ayant le triage le moins bon.
5.3. Cinématique du trait de côte et évolution de la flèche de Sangomar.
5.3.1. Position du problème
L'importance des actions hydrodynamiques auxquelles est soumis le Saloum contribue à la
migration constante et rapide de sa "berge occidentale", également affectée par des modifications
11 4

majeures suite à la profonde érosion du Lagoba (Diokhane ou Ndokhane) survenue en février
1987 (fig. 48a-b-c-d).
Le modèle d'évolution que nous avons établi a été facilité par l'imagerie aérienne et spatiale et la
"prédisposition" cinématique des environnements morpho-sédimentaires de l'estuaire du Saloum,
plus précisément celle de la flèche (A.T. Diawet al., 1987, 1989, 1990, 1991), P.I Diouf (1992, op.
cit.).
Auparavant, des travaux portant sur l'évolution de Sangomar ont été conduits par de nombreux
auteurs. C'est ainsi que J.Y. Tromeur (1938, op. cit.) montre que la flèche a subi, dans le passé, de
nombreuses modifications. A. Lefur (1953, op. cit.) a dressé les mouvements de la Pointe de 1887
à 1950 et note, par ailleurs, qu'elle aurait marché d'environ un mille vers le Sud entre 1828 et
1853.
Toutefois, le levé Buchard de 1895 qui constitue une référence bathymétrique sur le Saloum, est
de loin le document le plus usité comme point de départ à des études cinématiques sur la flèche. A
cette date, il semble que la Pointe se situait à environ 2 km au nord du parallèle 13°48'.
M.M. SalI (1982, op. cit.) a établi à la suite de A. Minot (1934, op. cit.), J.Y. Tromeur (1938, op.
cit.), A. Lefur (1953, op. cit.) et R. PeInard-Considère (1959, op. cit.) un croquis polystatique de la
flèche de 1895 à 1960. Dans cette étude, il signale une progression vers le Sud, d'une centaine de
mètres en 1906, de 1400 m entre 1907 et 1912. A partir de 1914, il fait état d'une forte érosion du
segment distal de la flèche - celui-ci se transforma en une île qui s'est érodée et finira par donner le
haut fond de la Douane - . Jusqu'en 1925, c'est cette situation qui semble prévaloir à Sangomar.
A cet égard, nous pensons que l'année 1927 peut être considérée comme une référence dans
l'analyse diachronique de la flèche et cela d'un double point de vue:
- morphologique, puisqu'elle marquerait la fin des phases d'avancée et de recul jusqu'ici
observées à Sangomar; cette situation a fait dire à A. Lefur (1953 op. cit.) que la flèche n'est, à un
instant donné, que la partie du banc ne couvrant pas.
- cartographique, puisque 1927 marque la date des premières prises de vues aériennes au 1:50
000 sur le Saloum et sur la majeure partie du littoral.
5.3.2. Caractéristiques de l'imagerie utilisée
L'analyse de l'évolution de la flèche conduite dans ce mémoire a été rendue possible par:
- les levés de terrain des Officiers du Service Géographique de l'Afrique Occidentale Française
(AOF) qui entre 1904 et 1907, ont réalisé la coupure "Sangomar" (xv) de la carte topographique
au 1:100000.
- la première mission photographique aérienne panchromatique date de février-mars 1927 et a
été réalisée par le Lieutenant Cacia lors de la guerre du Maroc (les dates et heures d'acquisition de
l'image couvrant le Saloum ne sont pas connues). Cette mission est aujourd'hui perdue mais un
calque d'interprétation réalisé par Monsieur Didier est conservé aux Archives Nationales d'Outre-
Mer (Réf: TP 818, Dossier 16, Service des TP, Bureau des Etudes n? 21).
11 5

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A.1986
SPOT
XS
B.1988
SPOT
X5
20 km
C.1989
SGN
D. 1991
SPOT
XS
Fig. 48a-d: Etat général de la
flèche de
Sangomar de
1986 à 1991
Î Î 6

- la mission photographique aérienne panchromatique de 1946 a été réalisée par la Base
Aérienne 1133; elle n'a curieusement pas été utilisée par les différents auteurs qui ont étudié cette
région (les dates et heures d'acquisition de l'image couvrant le Saloum ne sont pas connues).
- la référence la plus connue correspond à la mission photographique aérienne panchromatique
du 19 février 1954 (12h 10rnn TU) réalisée par l'Institut Géographique National.
- trois autres missions photographiques aériennes panchromatiques, également réalisées par
l'Institut Géographique National, ont suivi le 3 avril 1958 (13h 55rnn TU), le 2 novembre 1969 (9h
5rnn TU) et le 26 février 1972 (9h 30rnn TU).
- une mission de simulation de données du radiomètre Haute Résolution Visible (HRv) du
satellite SPOT réalisée le 19 octobre 1981 (Il h 6mn TU) a permis d'acquérir simultanément une
couverture photographique couleur et une image digitale multispectrale avec résolution au sol de
20 m.
- une mission photographique aérienne panchromatique réalisée par le Service Géographique
National dans le courant du mois de mars 1989 a permis de poser les jalons de la coopération
topographique avec le Japon.
- de nombreuses images satellitaires sont disponibles, nous n'avons retenu ici que celles qui
présentent une résolution géométrique au sol compatible avec les objectifs de la recherche
entreprise. Ce sont une image du capteur Thematic Mapper (TM) du satellite Landsat 4 et cinq
images du capteur Haute Résolution Visible (HRv) du satellite SPOT respectivement acquises les 8
avril 1984 (lOh 54rnn TU), 9 mai 1986 (llh 46rnn 03s TU), 2 mars 1987 (llh 33rnn 40s TU), 5
avril 1988 (llh 40rnn 53s TU), 25 avril 1991 (llh 50rnn 53s TU) et 24 octobre 1991 (llh 49rnn
24s TU).
5.3.3. Méthodologie
Les photographies aériennes ont été ramenées à une même échelle (1:20 000) par agrandissement
photographique.
Le contour de chacune des 10 lignes d'avancée de l'extrémité distale de la flèche a ensuite été
digitalisé.
Les cartes, les photographies aenennes et les images TM
et HRV ont
été rectifiées
géométriquement pour être rendues superposables à l'image RBV. Cette opération a été conduite à
l'aide d'une procédure de calcul des lois de déformations géométriques fondée sur l'emploi d'un
polynome à deux variables limité au cinquième degré:
f(x,y) = L: al j . Xl . yi , avec 0 :5 i + j :5 5
après identification sur la scène de référence et sur les images à corriger de couples de points de
calage. L'erreur moyenne de positionnement sur les amers retenus tant en x qu'en Y a toujours été
trouvée inférieure à 0,5 élément d'image.
Les lignes de Pleines Mers de Vives Eaux Exceptionnelles (PMVEE), ou limites des zones inter et
supratidales, ont été retenues pour tracer l'évolution du site. Ce choix s'explique par leur faible
réponse aux perturbations à haute fréquence de la morphologie des plages et leur facile
11 7

identification sur des documents panchromatiques (photographies aériennes et image RBv). Sur les
scènes TM, la ligne des PMVEE a été repérée dans la bande spectrale comprise entre 2,08 et 2,35
wu après que de nombreux essais aient montré qu'elle était, dans le cas qui nous intéresse, la plus
adaptée à la résolution de ce problème.
Le positionnement de la ligne des PMVEE a été obtenu par suivi automatique des frontières du
contour du pied de la dune littorale. La procédure suivie est rappelée ci-après:
- Filtrage passe bas de chaque image initiale, i.e. remplacement de la valeur de niveau de gris de
chaque élément d'image f(x) par sa valeur moyenne g(x) dans son voisinage de connexité B :
g(x) = f(x) • V(x) ;
la fonction de voisinage V(x) retenue attribue au point central un poids maximum, les points voisins
ayant des poids inversement proportionnels à leur distance au point central ; le filtre retenu est
présenté ci-dessous:
121
v (x) =
242
121
- Isolement du contour de la dune littorale par segmentation binaire de chaque image convoluée
grâce à un seuillage des bornes inférieure et supérieure:
t1
x
= { X E R1 / t' ~ g (x) ~ tl }
h
Les valeurs des bornes t1 et h ont été repérées de façon interactive sur console graphique.
Cette limite a été supposée exacte pour ceux des documents qui ne permettaient plus de
vérification (1907 et 1927, repérée par photo-interprétation sur les différentes missions aériennes
et déterminée par seuillage des bandes TM-4 ou HRV-3 pour les images satellitaires).
- Etiquetage de l'ensemble des objets de chaque image binaire ainsi constituée.
- La progression de la flèche de Sangomar et les modifications du Lagoba ont été mesurées par
suivi de la ligne qui matérialise la frontière entre les domaines inter et supratidaux, i.e. de la ligne
des pleines Mers de vives Eaux Exceptionnelles (PMVEE). Le repérage du (ou des) objets
correspondant à la dune littorale (des objets parasites pouvant subsister) a été conduit par suivi des
frontières et élaboration du tableau de coordonnées des points frontières de la ligne des PMVEE.
5.3.4. Cinématique de la flèche de Sangomar
5.3.4.1. Evolution de l'extrémité distale de Sangomar
L'étude diachronique de la série de documents cartographiques, photographiques et satellitaires
ci-dessus évoqués a permis de reconstituer la cinématique de l'extrémité distale de la flèche de
Sangomar entre 1907 et 199] (fig. 49a-n).
L'évolution observée entre 1907 et 1927 (fig. 49a) fournit un bon exemple de ces mouvements
d'avancée et de recul rapides et importants décrits dans la plupart des travaux conduits durant la
période coloniale sur le site de Sangomar. La partie distale de la flèche connaît une forte érosion
selon sa direction d'étirement (régression vers le Nord sur une distance d'environ 1,8 km), un
11 8

E.1958-69
A.1907-27
F.
1969-72
8. 1927 - 46
C.1946-54
O.
1 1 9

1. 1984- 86
l . I 9 U - 8 9
104.1989- 91

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SOO m
N. Aveil-Oct 1991
Fig. 49a-n: cinématiqu~ de l'~xtrémtt~ di s tct e
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Sangomar d e 1907 à 1991
120

amincissement de ses plages tant externe qu'interne (la largeur moyenne passant de 440 m à 180
m) et une incurvation due à la présence d'une crête pré-littorale bien matérialisée sur le croquis de
Monsieur Didier (fig. 50a). La position de 1927 marque la fin des phases d'avancée et de recul et
peut être considérée comme une étape majeure de la progression régulière de la flèche vers le Sud.
En 1946 (fig. 49b), la forme de la partie terminale de la flèche est moins déjetée vers le Sud-Est.
On observe une régularisation du trait de côte. Entre 1927 et 1946, l'évolution principale est donc
un important épaississement de la partie distale (de l'ordre de 110 m, localement). L'extrémité de
la flèche est marquée par une légère concavité, laquelle correspond à une amorce de crochet.
En 1954 (fig. 49c), la direction méridienne de la flèche est mieux affirmée. Le crochet observé en
1946 a servi de point d'appui pour la progression vers le Sud. Cette évolution se traduit par une
discontinuité au droit de la ligne de contact entre les situations de 1946 et 1954. Le trait de côte
externe du nouveau tronçon de flèche est bien régularisé, à l'opposé la face externe montre deux
segments légèrement convexe au Nord, et d'allure concave au Sud. Les traces de la situation de
1954 encore observables dans le paysage actuel montrent des dépressions inter-crochons
relativement larges. Ce qui laisse supposer des crochets d'extension réduite dus à un faible
engraissement ou encore à un rythme de colonisation rapide des dépressions de la face interne de
la flèche.
En 1958 (fig. 49d), la progression de la flèche s'est poursuivie selon un rythme moyen annuel de
62 m. Son orientation méridienne reste dans l'ensemble maintenue. Toutefois, les faits les plus
spectaculaires de l'évolution au cours de cette période sont :
. un important engraissement de la flèche, surtout au niveau de sa face externe .
. la formation d'un crochet à fort rayon de courbure montrant un surcreusement marqué au
niveau de sa partie interne. C'est l'apparition de ce crochet qui a entraîné le changement
d'orientation de la flèche, à l'avenir tournée vers le Sud-Est.
En 1969 (fig. 4ge), on assiste à une extension rapide de la flèche qui s'est allongée d'environ 1320
m (rythme moyen annuel de 120 m). Elle connaît aussi de profondes mutations:
. les sédiments mis à disposition par la dérive littorale s'accumulent au niveau de sa partie
distale qui connaît une hypertrophie particulière.
. la partie interne abrite désormais une lagune relativement profonde protégée du Saloum par le
rabattement d'un crochet. Le vidange des eaux de cette lagune s'effectue au travers d'un exutoire
d'une soixantaine de mètres de large. Cette structure sableuse massive restera imprimée dans le
paysage jusqu'à nos jours. Il y a lieu de penser qu'elle a pris naissance, dès 1958, à partir d'un
haut fond pré-littoral jouxtant la flèche et dont on a restitué les contours sur la figure 50b.
En 1972 (fig. 49f), on ne note qu'une faible évolution par rapport à la situation de 1969.
L'extrémité distale est quasi stable puisqu'elle ne progresse seulement que de 33 m (rythme moyen
annuel de Il m). L'accumulation terminale observée en 1969 n'a connu que de faibles retouches.
En 1981 (fig. 49g), la progression de la flèche vers le Sud s'est poursuivie sur environ 330 m
(rythme annuel moyen de 35 m).
1 21

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A. 1927
8. 195&
C.
1969
D. 1986
Fig. SOa-d: Fonds pré-littoraux de la
flèche
de Sangomar
122

En 1984 (fig. 49h), on ne note pratiquement pas de progression vers le Sud mais un engraissement
transversal, en particulier sur la face externe de la flèche où il peut atteindre 160 m à l'extrême
Sud.
L'évolution relativement lente observée entre 1969 et 1984 serait à mettre en relation avec deux
éléments:
.le rôle "d'amortisseur" joué par la forme hypertrophiée mise en place à partir de 1969, ce qui a
pour effet d'entraîner une régularisation plus longue du trait de côte et une progression moins
rapide vers le Sud.
. le remplissage plus lent des fonds d'importance relative situés entre la Pointe et le banc pré-
littoral (fig. 50c).
En 1986 (fig. 49i), on note une progression de la flèche vers le sud (rythme annuel moyen de 174
m) par mise en place d'un nouveau crochet, et la régularisation des plages externe et interne par
érosion des flancs de la flèche. L'amaigrissement est particulièrement actif sur la partie interne où
le crochet mis en place en 1984 a disparu.
Le phénomène de diffraction autour de la Pointe en entraînant les sédiments vers le Sud-Est permet
la mise en place de crochets. En relation avec les fonds pré-littoraux situés au Sud de Sangomar
(fig. 50d), la même évolution se répéte en 1987 : la flèche continue sa progression vers le sud
mettant en place un nouveau crochet, l'érosion des flancs se poursuivant par ailleurs. On note
aussi l'isolement d'une petite dépression par fermeture du crochet mis en place dès 1986. L'année
1987 constitue une étape majeure dans l'histoire de la flèche marquée par la rupture du Lagoba et
une accélération de la progression du segment distal (rythme annuel moyen de 175 m).
En 1988 (fig. 49k), la progression de Sangomar vers le Sud s'opère par la formation d'un nouveau
crochet. Le rythme d'évolution reste encore rapide, de l'ordre de 198 m, avec une concentration
de l'apport sédimentaire établi selon un axe méridien et un léger remblaiement de la partie externe
de la flèche.
En 1989 (fig. 491), le processus d'extension de l'extrémité distale est maintenu (rythme annuel
moyen de 224 m) ; un crochet supplémentaire, de courbure moins marquée que le précédent
contribue à la régularisation du trait de côte et au renforcement du léger mouvement de bascule
vers l'Ouest amorcé en 1988.
Mais, c'est avec la situation d'avril 1991 (fig. 49m) que la réorientation du segment distal est le
plus achevée ; le réajustement du budget sédimentaire de Sangomar en direction de l'Ouest - par le
biais de l'apport d'un important volume de matériaux - a contribué à une très nette régularisation
du trait de côte impulsant à l'ensemble une orientation plein Sud. Le crochet dont le rayon de
courbure est peu développé, donne, par son allure suspendue l'impression d'une forme
inachevée ... A cet égard sa maturation sera achevée en octobre 1991 (fig. 49n). Au cours de
l'intervalle chronologique considéré, il semble que les efforts de sédimentation se soient
concentrés au niveau de la partie centrale du dispositif sédimentaire.
Les vitesses de progression et de recul de la flèche ont été déterminées : le déplacement de
l'extrémité distale a été mesuré, de même l'ordre de grandeur des superficies érodées ou
construites a été estimé. Les tableaux 30-31 et les figures 51-52 résument les résultats obtenus.
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de 1927 à 1991
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1 2 5

Tableau 30 - Estimation de la cinématique de la flèche
de Sangomar entre 1907 et 1991
Période
Progression (en rn/an)
Bilan net (en m' fan)
1907-1927
- 88
- 55 300
1927-1946
+ 31
+ 16300
1946-1954
+ 120
+ 27300
1954-1958
+ 100
f 82 500
1958-1969
+ III
+ 91 100
1969-1972
+ 22
- 29 500
1972-1981
+ 35
+ 32 800
1972-1984
0
+ 74600
1984-1986
+ 174
-18500
1986-1987
+ 175
+ 123 100
1987-1988
+ 198
+ 61200
1988-1989
+ 224
+ 62100
1989-1991
+ 264
+ 388 800
1991-1991
+66
- 197 100
Tableau 31 - Evolution de la longueur de la flèche de Sangomar, de Palmarin
Diakhanor à l'extrémité distale.
Longueur en km. Rupture du
Longueur en km Rupture
Période
Lagoba non prise en compte
du Lagoba prise en compte
1927
14,35
-
1946
14,94
-
1654
15,90
-
1958
16,30
-
1969
17,52
-
1972
17,58
-
1981
17,89
-
1984
17,89
-
1986
18,24
-
1987
18,41
18,11
1988
18,60
17,37
1989
18,82
17,27
1991 (avril)
19,11
16,38
1991 (octobre)
19,18
16,25
La progression vers le Sud de l'extrémité distale de la flèche peut aller de pair avec un bilan
sédimentaire négatif (1969-1972), de même une stagnation peut s'accompagner d'un bilan
largement
excédentaire
(1981-1984)
les
transformations
Nord-Sud (élongation)
sont
accompagnées de modifications Est-Ouest (épaississement ou amincissement) de régularisation du
profil longitudinal.
126

La progression vers le Sud se fait par mise en place de crochets successifs (fig. 53 a-b) qui utilisent
les matériaux transportés par une forte dérive littorale. Les débits solides calculés par différents
auteurs sont compris dans la fourchette 25 000 m3/an à 230 000 m3/an. Sachant que le bilan moyen
pour la période 1927-1991 s'établit à 47 000 m2/an, soit (compte tenu de la profondeur des fonds
pré-littoraux et de l'altitude de la flèche) 180 000 m3/an, seul l'ordre de grandeur supérieur des
débits solides semble cohérent.
5.3.4.2. La situation nouvelle du Lagoba
L'origine du mot Laboga n'est pas précise. C. de Nordeck (1885) parle plutôt de Lagon ou Lacon.
Il est toutefois possible que le terme soit une déformation du Lac Oba mentionné d'abord par le
Capitaine B. de Corbigny en 1861, ensuite par le Lieutenant E. Mage (1863, op. cit.) ; il pourrait
être aussi une déformation du mot Lakouba (Lakoba, Lakhouba) comme le suggère
l'Administrateur E. Noirot (1892) ; Lakouba signifiant lieu de refuge ou abri en wolof
Le terme Diokhane, d'origine serer évoque quant à lui l'idée de tirer quelque chose. Il désigne
l'action des pêcheurs niominkas qui, pour éviter de descendre jusqu'à la Pointe de Sangomar et
affronter la barre, préféraient entrer dans le Saloum ou en mer par Diokhane (Ndokhane) c'est-à-
dire en tirant leur pirogue sur ce que fut l'étroite bande de terre (fig. 54a-b) aujourd'hui percée par
une brèche très large (fig. 48a-d et 55a-n).
La cinématique du Lagoba peut être circonscrite autour de trois phases : deux de forte érosion
(1907-1946 et 1987 à nos jours) encadrées par une de relative stabilité des formes, de 1946 à
1987.
La première phase érosive intéresse essentiellement la partie interne du Lagoba et c'est à partir de
1946, que l'on peut observer au sud de l'étranglement du Lagoba un net amincissement de la
forme de la flèche. Cette forme, d'allure quelque peu effilée déterminera les contours d'ensemble
immédiatement au sud de Sangomar et ceci jusqu'à la profonde érosion survenue en février 1987.
Mais si avant l'ouverture de 1987, la forme d'ensemble du Lagoba et de ses abords, a été
relativement peu modifiée par la dynamique marine et fluviale, cette situation ne devrait pas nous
cacher des phénomènes géomorphologiques importants, décelables à travers une analyse détaillée
des photographies aériennes, en particulier celles acquises en 1946. Ils concernent, et c'est là un
fait d'observation nouveau sur le Saloum, l'existence d'un type particulier de petites flèches
attachées à la partie interne de l'étranglement du Lagoba. Ces flèches, en nombre réduit, ne
forment pas de systèmes ou de séries au sens où l'entend A. Guilcher dans ses travaux sur la
Langue de Barbarie (1954, op. cit.) et sur la région côtière du Bas-Dahomey occidental (1959).
D'ailleurs, la faible extension du Lagoba se prêterait difficilement au développement d'une série
continue de telles formes. Cependant, les quelques flèches qui y sont observées, montrent des
traits morphologiques similaires à celles décrites par A. Guilcher et, antérieurement, par Boudanov
et Zenkovitch (1960) sur les rives de la mer d'Azov. Ces flèches que nous qualifierons de
"pseudo-azoviennes" sont composées de petits crochets recourbés vers le Sud-Ouest. Leur partie
interne, par suite des conditions d'abri, est marquée par une sédimentation sablo-vaseuse ou
colonisée par de la végétation ; elles présentent également un espacement relativement régulier.
Pour expliquer leur genèse, il paraît nécessaire, en l'absence de houle principale et d'une
alimentation par la dérive littorale, de faire appel à des phénomènes ondulatoires d'une certaine
amplitude. L'orientation de ces flèches du Lagoba et surtout celle, soulignée ici par la végétation,
127

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Fig. 54a-b: Etat de
L a goba avant la rupture
du cordon (Juin 1985)
129

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H.1911.84
l. 1914- 86
J. 1986.87
K.1987-88
L. 1918-89
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Fig. 55a-m: cinématique de
Lagoba
de 1907 à 1991
io
M•• 989 - 91
130

de la partie interne du cordon immédiatement au sud de l'étranglement révèle un élément de
dynamique géomorphologique fort intéressant. En effet, l'orientation de cet élément sableux
qui se développe sur environ un millier de mètres est de sens contraire à celle des crochets
mis en place par la dérive littorale et prenant corps à partir de la bordure océanique de
Sangomar. Cette orientation particulière exclusivement observée sur cette partie de la flèche
traduirait-elle une évolution alternée des crochets durant les phases de progression du
cordon de Sangomar à la hauteur du Lagoba, ou marquerait-elle une frontière écologique
quelconque ... peut-être la limite méridionale de l'ancienne embouchure du Lagoba ou
plutôt, et cela en d'autres termes, la limite nord des variations de l'embouchure de
Sangomar, comme le soulignait, en 1938, déjà, la mission Tromeur.
La rupture de la flèche de Sangomar au lieu dit Lagoba ou Diokhane reste un phénomène
majeur de l'évolution du littoral saloumien. Des coupures de cordon sont signalées dans la
littérature pour des flèches comme celles de la Langue de Barbarie sur le fleuve Sénégal ou
de la Baie des Tigres en Angola (A. Guilcher & J.P. Nicolas, 1954, op. cit.; A. Guilcher et
al., 1974). D'autres exemples de flèches érodées dans une partie de leur tracé sont connus à
travers le monde, notamment sur le littoral français de la Vendée à la Pointe d'Arçay ou sur
le littoral du Sud-Ouest de Madagascar à Morondava.
TI est certain que l'érosion des littoraux demeure comme le montre l'enquête de E.C.F. Bird
(1985) un phénomène affirmé, précisément sur les plages, qui font 20% du linéaire côtier
mondial et sont érodées sur 70% de leur longueur. Dans cet ordre, d'intenses vitesses de
recul du trait de côte, pouvant atteindre jusqu'à 40m par an, ont par exemple été décrites
sur le littoral togolais par l'équipe du Professeur G. Rossi. Mais l'érosion observée à partir
de 1987 au Lagoba demeure sans précédent au plan mondial tant par sa rapidité (environ
640m par an entre 1987 et 1992) que par sa profondeur (les fonds sont d'environ une
dizaine de mètres là où était l'estran).
Cette étroite bande de terre large d'environ 80m et sur laquelle les Niominkas tiraient leurs
pirogues pour entrer plus rapidement dans le Saloum ou en mer, aurait fonctionné comme
embouchure du fleuve probablement vers 1860. A. Minot (1934, op. cit.) pense d'ailleurs
que le Lagoba n'a jamais existé seul, le Saloum ayant fait coexister deux embouchures l'une
au Lagoba, l'autre plus au sud. En tout état de cause, son évolution comme embouchure
reste mal connue et la reconstitution probable du cordon à cet endroit s'est poursuivie avec
trois accidents par la suite. Le premier de ces accidents survenu en août 1928 a rendu le
Lagoba fonctionnel durant une semaine avec des fonds de 1,5 à 2,5m. Les deux autres qui
se sont produits en 1952 et 1954, n'ont été que de simples ruptures du cordon sans
possibilité de naviguer dans la passe. Les Niominkas en parlaient d'ailleurs avec un certain
détachement suggérant à leurs interlocuteurs étrangers que le « dieu de Sangomar ne serait
jamais à la mer ». Mais le dieu de Sangomar a décoché, on ne sait pour quelles raisons, sa
flèche et l'a suspendue au-dessus de la tête des Niominkas et des nôtres. C'est dire ici que
l'ouverture du Lagoba en 1987 a pris de court l'ensemble des acteurs du littoral! Quelles
hypothèses permettraient alors de l'expliquer?
Deux types de facteurs combinés (hydro-climatologiques et géomorphologiques) peuvent
être dégagés. Parmi ces facteurs l'explication la plus simple et la moins discutable reste la
configuration particulière du Lagoba qui a une influence sur la dynamique et l'évolution
rapide de la géomorphologie. Pour J.Y. Tromeur (1938, op. cit.), le Lagoba représenterait
131

la limite nord des variations de l'embouchure du Saloum en l'occurrence celle de
Sangomar. Mieux, le Lagoba aurait lui-même fonctionné comme embouchure avec comme
indice de son existence l'étranglement de la flèche au sud de Djifère et qui est une zone
topographiquement faible dans le dispositif général de Sangomar. En réalité, le Lagoba par
sa grande étroitesse et sa position, constitue, jusqu'à la hauteur de Djifère (coude dessiné
par le trait de CÔte au débouché du Saloum), l'enracinement de la flèche. n semble, comme
cela est fréquent dans cette catégorie de forme que la progression de Sangomar soit
accompagnée d'un recul de sa racine et de sa partie la plus ancienne, ce qui s'est
effectivement produit en 1987. D'ailleurs, l'érosion généralisée de cette partie de la flèche
reproduit ici mais en le «tuant» le processus de formation des crochets : mobilisation et
déversement des sédiments dans la partie interne de la flèche et sectionnement du volume de
sédiments facilité par les points faibles du cordon que sont les anciennes dépressions inter-
crochets; ces dépressions accélérant de fait la circulation des eaux marines et fluviales.
Toujours au plan géomorphologique, le large plateau continental au droit du Lagoba
constitue un champ favorable au déroulement des houles ce qui a pour effet d'induire des
modifications de l'estran.
On pourrait aussi rechercher les causes de l'érosion du Lagoba dans les effets négatifs des
activités humaines (prélèvement inconsidéré
de sédiments et installation incontrôlée
d'implantations ou d'infrastructures le long du littoral) et dans le corps des phénomènes
hydro-climatologiques exceptionnellement observés le 27 février 1987 par la conjonction du
passage d'une dépression baromètrique (970 hectopascals), d'une houle marquée par de
fortes amplitudes (2,5 à 3,5m) et de marées de vives eaux. A ces éléments peuvent se
surimposer l'augmentation probable de l'effet de chasse des eaux du Saloum en relation
avec l'amélioration de la situation pluviomètrique observée à
partir de 1985 et les
phénomènes de résonance à l'intérieur de l'estuaire sur la houle.
La complexité des actions dynamiques et l'évolution rapide de la géomorphologie du
domaine associées à l'absence de moyens de mesure nous ont conduit, comme on peut le
constater, à nous heurter à quelques difficultés d'interprétation. L'étude des facteurs
apparaît même comme un obstacle dirimant pour la reconstitution de certains épisodes de la
morphogenèse et de l'évolution récente du Lagoba.. Aussi, avons-nous élargi au spectre de
la rupture de la flèche, la possibilité d'une autre explication, en relation avec une profonde
modification des fonds pré-littoraux à la hauteur du Lagoba, modification probablement
d'origine sous-marine lointaine et qui a été approchée grâce à l'imagerie spatiale. Cet autre
aspect explicatif de l'évolution géomorphologique imprévue et rapide du Lagoba sera
détaillée au chapitre suivant dédié aux apports de la bathymétrie et de la télébathymétrie à la
connaissance de la morphologie des fonds du littoral du Saloum.
l3I-bis

Chapitre 3. Apports de la bathymétrie et de la télébathymétrie à l'analyse des fonds du littoral du
Saloum.
Comme nous avons essayé de le démontrer dans les chapitres précédents, l'évolution
contemporaine des zones inter et supratidales du littoral sénégalais est rendue possible grâce aux
divers levés topographiques, aux missions photographiques aériennes et spatiales. Les levés
bathymétriques sont également nombreux mais traduisent une certaine disparité spatiale. Cette
disparité est rencontrée sur le site du Saloum, par exemple entre l'embouchure de Sangomar et
celle qui a fonctionné comme telle au niveau du Lagoba. En effet, cette ancienne embouchure reste
de nos jours mal connue. Depuis longtemps, le seul indice de son existence fut l'étranglement de la
flèche à environ 2 kilomètres au Sud de la localité de Djifère. En 1987, le 27 février, de fortes
houles de Nord-Ouest ont provoqué une nouvelle ouverture au niveau du Lagoba. Cette coupure,
profonde et aujourd'hui encore fonctionnelle (les fonds sont d'environ une dizaine de mètres là où
s'étendait l'estran) a fait l'objet de très peu de travaux (A.T. Diawet al., 1990 op. cit.). Par contre,
l'embouchure de Sangomar a, pour des raisons économiques évidentes, retenu l'attention des
administrateurs. Les déplacements continuels des chenaux et la nécessité de leur entretien ont
conduit les ingénieurs hydrographes à s'intéresser à ce complexe sédimentaire. Ce suivi a été
continué par les Services de l'Administration, notamment le Service des Phares et Balises. Des
travaux récents se sont intéressés au littoral du Saloum par le biais de la confrontation de
l'imagerie satellitaire (Landsat TM et SPOT HRV) avec la cartographie bathymétrique classique des
fonds (BCEOM, IGN, LCPC, 1985; A.T. Diawet al., 1986, 1987, 1988, 1991).
6.1. L'investigation en hydrographie: Limites des moyens actuels et apport de l'imagerie satellitaire.
La zone littorale est le lieu de rencontre privilégié de multiples activités : navigation, implantations
industrielles variées, tourisme etc ..., qui ont pour point commun d'exiger une connaissance fine de
la bathymétrie. La surveillance et le maintien des chenaux de navigation, le dessin de remblais
industriels, l'implantation de stations de captage ou de rejet d'eau, la création de parcs récréatifs,
ne peuvent être envisagés en l'absence d'une couverture hydrographique de qualité. Une gestion
rigoureuse de la frange littorale nécessite donc que l'on s'assure de la validité des documents
hydrographiques existants et, éventuellement, que l'on en dresse de nouveaux.
Au sondage ponctuel d'autrefois (localisation au cercle hydrographique et estimation de la
profondeur d'eau par emploi d'une ligne de sonde munie d'un plomb) s'est substitué, aujourd'hui,
le sondage linéaire (localisation par réseau de balises et/ou de satellites et obtention de la
hauteur d'eau par sondeur acoustique vertical. li n'en demeure pas moins que les levés
hydrographiques restent longs et coûteux, voire dangereux en milieu littoral. Aussi, tend-t-on à
mettre en oeuvre des outils susceptibles de venir en complément aux méthodes traditionnelles
(tabl. 32).
132

Tableau 32 - Eventail des techniques actuellement employées ou en coursde développement
en hydrographie, modifié d'après le. Guyon, 1987.
Domaine
Equipement
Support
Fondion
sondeur vertical
navire
levé bathymétrique linéaire
sondeur multî-fiùsceaux
navire
levé bathymétrique surfacique
Acoustique
sondeur latéral
navire
détection d' obstructions
sondeur d'exploiralion hydrogra-
navire
détection d'obstructions
phique
image radiomélrique
satellite
reconnaissance
bathvmétriaue surfacique
Optique
photographie aérienne
avion
.e littorale
impulsion Jaser
avion
bathvmétrie littorale ponc-tuelle
radar à antenne synthétique
satellite avion
reconnaissance topographique et
Hyper-fréquence
(SAR)
bathymétrique
..
M
générateur dechamps
avion hélicoptère
levé bathymétrique
La plus facilement accessible de ces techniques nouvelles est la télédétection passive dans la partie
visible et proche infra-rouge du spectre électromagnétique. Elle présente l'intérêt d'autoriser un
sondage surfacique et foumit d'ores et déjà de nombreuses applications opérationnelles :
détermination du trait de côte, rattachement d'îlots et de bancs, configuration du modèle par
petites profondeurs, voire même estimation de la hauteur d'eau.
Nous présentons ici une synthèse de la méthodologie employée, pour mettre en oeuvre cette aide à
l'hydrographie, et les résultats acquis par emploi des radiomètres Haute Résolution, pour
comprendre la réouverture de l'embouchure du Lagoba en février 1987. Enfin, nous analyserons
les différents mouvements des bancs de Sangomar par le biais de la cartographie bathymétrique
classique et une confrontation de cette catégorie de données avec l'imagerie satellitaire.
6.2. Aperçu théorique sur la méthodologie de l'hydrographie sateUitaire.
Les radiomètres passifs opérant dans la partie visible et proche infra-rouge du spectre
électromagnétique enregistrent la fraction de l'énergie solaire qui est réfléchie par la Terre ou
l'Océan. Au choix d'un radiomètre opérant dans des bandes spectrales précises (TM, HRV. ..) est
associée une ganune de performances fonction de ses caractéristiques spectrales.
Les différentes étapes d'un traitement conduisant à l'interprétation en termes de hauteur d'eau du
signal transmis par un radiomètre embarqué sur un satellite sont présentées ci-après.
6.2.1. La correction radiomètrique de l'image
La luminance mesurée par un radiométre L se décompose en plusieurs termes. A la composante
utile du signal Lw : informations sur la teneur et/ou la nature des matériaux en suspension, sur la
nature des fonds et sur la profondeur d'eau, se superposent éventuellement la réflexion spéculaire
Ls due à la réflexion directe des rayons solaires par la surface de l'Océan et la réflexion induite par
le déferlement de la houle en haute mer Le. En outre, lors de la traversée de l'atmosphère, le signal
est affecté par divers phénomènes physiques : les gaz, l'ozone et la vapeur d'eau présents dans la
133

haute atmosphère l'absorbent partiellement T et deux termes de diffusion par les gaz (diffusion
Rayleigh Lr) et par les aérosols (diffusion de Mie La) viennent s'y greffer. On peut alors écrire pour
chaque longueur d'onde i :
L(i) = {[Lw(i) + Ls(i) + Le(i)] . T(i)} + Lr(i) + La(i)
En l'absence de réflexion spéculaire et de déferlement en haute mer, le signal utile s'obtient en
résolvant:
Lw(i) = [L(i) - Lr(i) - La(i)] / T(i)
La luminance hors de l'atmosphère L se déduit des nombres digitaux ND au moyen d'une relation
linéaire:
L = ec(i) . ND(i) . Il (i)
Les valeurs de oc et Il
sont tabulées (tabl. 33a-b)
Tableau 33a - Coefficients de calibration pour le radiomètre Thematic Mapper des satellites Landsat 4 et 5
(les luminances obtenues sont exprimées en Wm-2. J.Wl-I. sr-I) .
Landsat-4 (origine)
Landsat-4
Landsat-4
(après 08-1983)
(après 12. 1983)
Landsat-5
Bande
oc
13
oc
13
oc
13
TMI
0,627 -1,520
0,594
0,000
0,602
-1,500
TM2
1,220 -2840
1,130
0,000
1,170
- 2,800
TM3
0,925 -1,170
0,767
0,000
0,806
-1,200
TM4
0,886 -1,510
0,608
0,000
0,815
-1,500
Tableau 33b - Coefficients de calibration pour le mode multibande des radiomètres Haute Résolution
Visible du satellite SP()T-I (les luminances obtenues sont exprimées en W.m-2• um". sr-I
Pour un gain m différent de mo, oc se calcule de la façon suivante: oc (m) = oc (mo). 1,3 (mo-m)
Gain (mo)
HRV-I
HRV-2
Bande
oc
13
oc
B
XS-l
5
1,08
0,00
1,06
0,00
XS-2
6
1,14
0,00
1,01
0,00
XS-3
5
1,06
0,00
1,02
0,00
La luminance due à la diffusion Rayleigh Lr se calcule simplement :
Lr(i) = Ar(i) . rr(i) . F'(i) . / fr('Y) . HI + P (8°)] / cos 8}
+ fr(V) .HI + P (0)] / cos 8 }
rr(i) = 0,00879 . i -4,09
F'(i) = F(i). exp {- (rOz+rg) . [(1 / cos 8) + (1/ cos 8°)]}
F(i) = F''(i) . [1 + 0,0167. cos (2 7t / 365) . (1.3)]2
fr (\\11 ±) = (3/16. 7t) . [1 + cos' «\\11 ± )]
cos \\11 .: - = - cos 8° . cos 8 + sin 8°. sin 8 . cos ( 0°_ 0 )
1 34

cos 'JI+ == cos eo . cos e + sin eo . sin e -cos ( 0°_ 0 )
avec Ar un terme d'albédo égalé à 1 par Gordon et al.(1983), r l'épaisseur optique, F' l'éclairement
solaire corrigé de l'absorption par l'ozone oz, les gaz et la vapeur d'eau g au jour julien J, les
valeurs de la constante solaire FO sont données au tableau 34, f la fonction de phase pour la
diffusion, p le facteur de réflexion de Fresnel de l'eau, e-, e, 0 et o les angles zénitaux et azimutaux
solaires et de visée.
Tableau 34 - Bandes spectrales et luminance solaire équivalente exprimée en w. m? . um" . sr-I
pour
le
radiomètre Thematic Mapper des satellites Landsat-4 et 5, et pour le mode multibande du
radiomètre Haute Résolution Visible du satellite SPOT-l
Bande
Centre
Intervelle
Luminance
SDCCIra1
solaire
TMI
0,480
0,061
620,0
TM2
0,570
0,074
577,0
TM3
0,660
0,067
493,0
TM4
0,830
0,127
332,0
XSl
0,540
0,107
587,0
XS2
0,650
0,077
502,0
XS3
0,840
0,102
331,0
Le calcul de la transmission T est immédiat:
T(i) == Ta(i) . exp { - [ rrl2 + roz + rg] / cos e]
si l'on suppose à la suite de Gordon et al. (1983, op. cit.) que la transmission des aérosols Ta est
égale à 1.
Par contre, la luminance due à la diffusion Mie La impose que l'on dispose sur l'image traitée d'une
zone pour laquelle le signal "utile" Lw soit égal à celui d'une eau de mer "pure", donc pour laquelle
La(i) == L(i) - Lr(i) - Lw(i).T(i)
Le signal "utile" correspondant à une eau de mer "pure" peut être déduit à partir de sa valeur
normalisée Lwn (tabl. 35).
Lw(i) == Lwn (i). {cos eo. exp [- rr/2 + roz + rg] / cos el}
Dans ce cas, on peut se munir d'une longueur d'onde de référence iO et calculer le rapport :
On déduit alors pour tout autre point de l'image:
Lw(i) == [l/T(i)] . {L(i) - Lr(i) - e (i,iO) - [LOO) - Lr[i") - Lw(iO) . TOO)]
Valeur qui peut également être exprimée sous la forme d'une grandeur invariable comprise entre 0
et 1 et mesurée sous la surface de l'eau, la réflectance R :
R(i) == [x . n' . Lw(i)] / [(1-p) . FO(i) . cos eo ]
135

n'est l'indice de réfraction de l'eau de mer [n' "" 1,341] et p le facteur de réflexion de Fresnel sous
l'eau (p est supposé constant et égal à 0,021).
Tableau 35 - Valeur de la luminance normalisée Lwn (i), exprimée en MW. cm? . J.Ull-1 . sr-I ,
pour les longueurs d'onde centrales i correspondant aux bandes spectrales du radiomètre Thematic Mapper
des satellites Landsat-4 et 5, et Haute Résolution Visible du satellite SPOT-l.
1
0,48
0,54
0,57
0,65
0,66
0,83
0,84
Bande
TMI
XSI
TM2
XS2
TM3
TM4
XS3
Lwn(i)
1,04
0,35
0,22
0,05
0,03
0,00
0,00
6.2.2. La sélection d'un "modèle bathymétrique"
Le signal "utile" comprend deux termes respectivement dûs à la charge en particules minérales
et/ou organiques, détritiques et/ou vivantes Lp, et à la réflexion par la fond ainsi qu'à la nature de
ce dernier 12 :
Lw(i) == LP(i) + lz(i)
En l'absence de charge particulaire, le signal émergeant a pour expression :
Lz(i) == 12°0 (i) + Rz . exp [-C(i) . f.z]
et la profondeur d'eau z se déduit facilement;
z == {Ln [Lz(i) - LzOO (i)] / RZ} / [-C(i).f]
avec 12°° la luminance mesurée par profondeur infinie (i.e. observable en tout point où la hauteur
d'eau est supérieure à une cinquantaine de mètres) ; RZ le coefficient de réflectance du fond; c le
coefficient d'atténuation de l'eau de mer; et f un facteur géométrique prenant en compte le trajet
optique;
f== [1/ cos( S')] + [1/ cos( SO')]
S'et SO, sont les angles zénitaux de visée et d'éclairement mesurés sous l'eau:
0' == arcsin [sin( S ) / n']
Lorsque les variations locales des paramètres de l'environnement (c et RZ) ne sont pas connues de
façon précise, il est impératif de disposer de point de calage cotés en latitude, longitude et
profondeur pour trouver une relation empirique de forme :
Z == a(i) . log [Lz(i)] + b(i)
où a et b sont des paramètres calculés par la méthode des moindres carrés sur l'échantillon de
points cotés. Ce modèle peut être amélioré par emploi de rapports de canaux :
Z == [Ln (QI / Qr)] / DC.f
QI == [Li(i) - Lz(i)] / [LiU) - LzÙ)]
Qr == Rz(i) / Rz(j)
1 36

De = C(i) - CG)
Si Qr et De restent constants lorsque varient les valeurs de la réflectance du fond et du coefficient
d'atténuation des eaux, on s'affranchit alors desdites variations.
6.2.3. Les facteun d'erreurs et le choix d'une longueur d'onde optimale.
Le choix d'une longueur d'onde de travail n'est pas neutre: une bande bleue (voisine de 0,45
micromètre) sera plus pénétrante mais montrera une sensibilité très nette aux variations de teneurs
en pigments chlorophylliens de l'Océan, une bande verte (voisine de 0,55 micromètre) sera moins
pénétrante mais également moins sensible aux variations de teneurs en pigments chlorophylliens.
L'influence de la diffusion par tout type de matériel en suspension jouera également en faveur
d'une bande verte.
La limite d'évaluation de la profondeur est fonction des paramètres environnementaux et de
mesure. Les facteurs les plus favorables sont des eaux limpides et peu productives, des fonds
"blancs", une forte élevation solaire et un faible angle de balayage.
6.3. Apport de la télébatbymétrie à la connaissance de l'accident du Lagoba.
6.3.1. Etat de la question sur le fonctionnement du Lagoba
L'étude de la dynamique de la zone intertidale de la flèche a fait l'objet de mises au point récentes
(A.T. Diawet al. 1989, 1990 op. cit., 1991). Par ailleurs, si l'on se réfère à la tradition orale, aux
divers travaux décrivant les phénomènes érosifs qui ont affecté le littoral de Sangomar (1914-
1915, 1925-1930 et 1936) ainsi qu'à l'iconographie disponible, l'ampleur des mouvements
observés de nos jours y est sans précédent.
De nombreuses coupures du Lagoba sont signalées dans la littérature. En prenant comme terme de
référence le début du XIXe siècle, on est conduit à constater le foisonnement des dates de ruptures
proposées et les contradictions sur la durée de fonctionnement de chaque épisode.
A notre connaissance, le seule carte matérialisant une ouverture du Lagoba est celle dressée par
de Corbigny avec l'indication "Nouvelle Embouchure en 1860", cette ouverture est d'ailleurs
contestée par l'Administrateur E. Noirot (1885, op. cit.).
D'autres dates sont également signalées par les différents auteurs qui ont travaillé sur le Saloum:
Yvetot (1890, 1909, 1927, 1928), A. Lefur (1928), J.Y. Tromeur (1928), A. Minot (1928), M.M.
Sali (1960, 1970).
La tradition orale (entretien du 21 avril 1988 avec le Lamane de Dionewar El hadji Babacar
Ndong) fait état de trois dates (1928, 1952 et 1954) et spécifie:
. une ouverture peu large du Lagoba en 1928 avec une possibilité d'accès en mer pour les
piroguiers;
. de simples ruptures du cordon sans aucune possibilité de passage en 1952, pendant trois mois,
et en 1954, durant une semaine.
Sur la base des travaux et informations précédents on peut :
1 37

. noter que l'embouchure du Lagoba a fonctionné en 1928, précisément à partir du 28 août
. estimer, au vu des contours de la carte établie par de Corbigny, et en les rapprochant de ceux
du document établi quelques années plus tard par E. Mage (1863), que le Lagoba aurait aussi
fonctionné en 1860.
A ces ruptures, il faut ajouter celle du 27 février 1987, qui est la plus profonde, tant du point
de vue temporel que spatial. En l'absence de levé bathymétrique récent sur le site, nous avons été
amenés à discuter, à partir de l'imagerie Haute Résolution, la morphologie des fonds pré-littoraux
tels qu'ils ont pu être observés avant puis après la rupture constatée en 1987.
6.3.2. L'imagerie
Les images retenues ont été acquises par le satellite SPOT-l, l'instrument Haute Résolution Visible
(HRV) numéro 2 opérant en mode multispectral (XS).
Ces scènes sont datées du 9 mai 1986 et 2 mars 1987 soit neuf mois avant et trois jours après la
rupture de la flèche de Sangomar qui est intervenue le 27 février 1987 (tabl. 36).
Tableau 36 - Conditions d'acquisition de l'imagerie SPOT (HRV)
utilisée pour l'étude de la rupture de la flèche de Sangomar.
Satellite
SPOT-I
SPOT
Quadrilatère
022-322
022-322
Radiomètre
HRV-2
HRV-2
Mode Spectral
Multibande
Multibande
Pixel
20 x20m
20x20m
Date
09 mai 1986
02 mars 1987
Heure(UTC)
lIh46mn03s
Il h33 nm40s
Latitude
14°01' N
14°01' N
Longitude
16°33' W
16°32' W
Orientation
9°06'
8°36'
Incidence
02° 18' (G)
20° 56' (D)
Elevation
71° 18'
56°08'
Azimuth
77° 54'
128° 07'
6.3.3. Procédure d'analyse
Une première analyse des images montre qu'à chacune des dates de prise de vue les conditions
hydroclimatologiques étaient clémentes (tabl. 37).
138

Tableau 37 - Conditions climatologiques observables lors de l'acquisitionde l'imagerie SPOT
(HRV) utilisée pour l'étude de la rupture de la flèche de Sangomar.
Date
09 Mai 1986
02 Mars 1987
T
24,4°C
24,6°C
Pression
1012 hp
1011 hp
Humiditérelative
72%
90"4
Visibilité
(')
300 dam
Veut(vitessse)
4 ms'
3 ms'
(direction)
NàNW
NàNW
Deux bandes spectrales sont utilisées pour conduire la reconnaissance des fonds: la bande XSI
(},,= 0,50 à 0,59 um) qui est bien adaptée à l'analyse de la morphologie des milieux infratidaux en
zone pré-littorale non turbide, et la bande XS3 (À= 0,79 à 0,89 um) qui est appropriée pour
discriminer les frontières entre les milieux continental et océanique,
La procédure d'analyse mise en oeuvre peut être ainsi décomposée.
6.3.3.1. Calibration des valeurs radiométriques en termes de luminance.
La luminance équivalente SPOT (À) exprimée en W.m-2 . Sr'( . um' pour une bande À donnée d'un
radiomètre HRV se déduit des valeurs radiomètriques i.e. des nombres digitaux ND(À) lus sur bande
magnétique au moyen de la relation suivante (CNES et SPOT IMAGE, 1987, op. cit.) :
1
L(À) = -
. ND(À)
A(À)
avec:
A(À) = a (À) . 1,3 m(;")-3
Les valeurs de a (À) et m(À) sont respectivement un coefficient d'étalonnage absolu, c'est-à-dire
une constante caractéristique d'un instrument HRV donné à une époque précise pour un gain de
référence, et le gain effectivement utilisé lors de l'acquisition (tabl. 38).
Tableau 38 - Valeurs de À en /!ID, a (À), m(À ), T(À) et f
Date
09 Mai 1986
02 Mars 1987
Â.
XSl
XSl
oc (Â.)
0,551
0,514
m (Â.)
5
5
T (Â.)
0,948
0,945
f
2,030
2,137
6.3.3.2. Extraction de la luminance due à la réflexion sur le fond
La soustraction au signal capté par le satellite L(À)
du signal moyen observable en haute mer
produit une grandeur L'Z(À) qui n'est plus fonction que de la profondeur d'eau z, de la qualité des
( - mesure non disponible.
139

eaux et de la nature des fonds. Cette opération retranche ainsi le rayonnement rétrodiffusé par
l'Océan Lw(A), d'éventuels effets de surface comme la réflexion spéculaire Ig(A) ou la réflexion par
déferlement en haute mer, i.e.. Le "moutonnement" Lc(A), ainsi que la diffusion moléculaire
(diffusion Rayleigh) Lr(A)et la diffusion par les aérosols (diffusion deMie) La(A) :
L'Z(A) = L(A) - {[Lw(A) + Lg(A) + Lc(A)] . T(A) (+ Lr(A) + La(A)
6.3.3.3. Correction atmosphérique
La correction de l'absorption par les gaz atmosphériques du signal L'Z(A) réfléchi par le fond est
réalisé au moyen du terme de transmission T(A) obtenu par emploi du logiciel "58" (D. Tanre et al.,
1986) (tabl. 38). On dispose alors de la grandeur LZ(A) recherchée:
L'Z(A)
LZ(A ) = - - - -
T(A)
Pour les deux images traitées T(L'Z(A) vaut respectivement 0,948 (09 mai 1986) et 0,945 (02 mars
1987).
6.3.3.4. Calcul de la luminance mesurée sous l'interface Océan-Atmosphère
Le terme LZ(A ) est converti en son équivalent mesuré sous la superficie de la tranche d'eau Lz: (A )
LZ(A)
K
avec K le facteur de transmission de l'interface Océan-Atmosphère (K::: 0,545)
6.3.3.5. Filtrage
Pour réduire le bruit résiduel de l'image et améliorer son aspect visuel, la suppression des
composantes spectrales élevées est obtenue par application d'un filtre "passe-bas". Le fichier de
luminance Lz (A) est convolué par un patron de taille 3 x 3 de type :
0,0625
0,1250
0,0625
0,1250
0,2500
0,1250
0,0625
0,1250
0,0625
6.3.3.6. Extraction de la limite Continent-Océan
Cette limite est obtenue par masquage de l'image convoluée au moyen de la bande XS3 (proche
infra-rouge) : le coefficient d'absorption de l'eau dans cette partie du spectre étant voisin de 1.
140

6.3.3.7. Calibntion de l'image, dans le domaine marin, en terme de profondeur d'eau, de coefficient d'atténuation
diffuse des eaux et de luminance des fonds.
Sachant que :
IZ (Â ) = Lf (Â Z=> 0). e [oKd(Â.). iZ]
avec fun coefficient de trajet optique (tabl. 38) ; Kd(Â) le coefficient d'atténuation diffuse de l'eau;
et Lf(Â , Z => 0) la luminance du fond estimée au-dessous de l'interface Océan-Atmosphère lorsque
la profondeur d'eau tend vers o.
On peut écrire :
Z = P(Â) . Ln [Lz (Â)] + q(Â)
et étendre Z par emploi de la méthode des moindres carrés grâce à des points de calibration dont
les coordonnées x, y et z sont connues.
Les relations précédentes illustrent la signification physique tant de la pente P(Â) que de l'intercept
q(Â) (W.A. Hallada, s.d.) :
1
P ( Â ) = - -
f Kd(Â)
q(Â) =
. Ln [Lf (Â , Z => 0)]
f. Kd(Â)
TI est donc possible d'obtenir des informations sur la qualité des eaux en extrayant le coefficient
d'atténuation diffuse [K.d(Â)] :
Kd(Â)=- - - -
f P(Â)
puis, lorsque Z est connu, en supposant Kd(Â) invariant, il est possible d'obtenir une information sur
la couleur des fonds pour ceux des points dont on connaît la profondeur :
6.3.4. Résultats obtenus
Une très importante modification du paysage sous-marin et intertidal s'est produite en seulement
quelques jours : le 27 février 1987 une brèche, aujourd'hui large de plus de deux kilomètres, s'est
développée, créant une seconde embouchure dans le complexe estuarien du Saloum.
Cette évolution géomorphologique imprévue et rapide des fonds pré-littoraux n'a pu être retracée
que grâce à l'approche satellitaire qui a autorisé une approche chrono-séquentielle, offert une
acquisition de l'information en temps réel et fourni une information de nature surfacique.
1 41

Les ordres de grandeur des paramètres d'estimation du modèle bathymétrique (N = nombre de
points de calibration, P«Â» : pente, q«Â» : intercept, r : coefficient de corrélation et Err = erreur
standard d'estimation) et des valeurs caractéristiques du milieu, (Kd «Â» : coefficient d'atténuation
diffuse de l'eau et Lf (Â , Z =>0): luminance du fond mesurée sous l'interface Océan-Atmosphère)
sont fournis pour chacune des deux images traitées (tabl. 39).
Tableau 39 - Paramètres d'estimation du modèle bathymétrique
employé et grandeurs caractéristiques du milieu.
Date
09 mai 1986
02 mai 1987
À.
XS-l
XS-l
N
9
8
p (À.)
-6,329
-2,384
q (À.)
27,259
9,557
r
0,945
0,962
Err
0,836
0,711
Kd (À.)
0,078
0,196
UO..,z::::> 0)
74,230
55,102
Si l'on se réfère aux normes de la classification des eaux de Jerlov (1976), les eaux frangeant la
flèche de Sangomar sont alors susceptibles d'être situées dans les catégories "Océanique II'' le 9
mai 1986 et "Océanique III" le 2 mars 1987. Ces ordres de grandeur semblent acceptables dans le
mesure où les eaux "Océaniques II et III" sont caractéristiques du littoral de l'Afrique de l'Ouest.
Enfin, les valeurs de luminance obtenues pour un sédiment gorgé d'eau correspond à un ordre de
grandeur de la réfleetance du fond dans la bande XSI compris entre 13,4 % (02 mars 1987) et 15,3
% (09 mai 1986).
Le dessin du trait de côte et des isobathes compris entre -2 m et -7 m avant et après la rupture ont
été obtenus par emploi de la procédure précédemment décrite et des paramètres d'estimation du
modèle bathymétrique (fig. 56a-b).
6.3.5. La rupture de la flèche de Sangomar: Essai d'interprétations.
S'il est vrai que le Lagoba s'est effectivement réouvert en 1928 créant ainsi un chenal étroit avec
des fonds variant de 1 m 50 à 2 m 50 en Pleine Mer, son fonctionnement comme ancienne
embouchure du Saloum reste, comme nous le soulignions plus haut, non encore élucidé. Pour
comprendre cette évolution du Lagoba et les raisons qui ont amené le Saloum à reporter son
débouché plus au sud, A. Minot a, dès 1934, émis l'idée que le Lagoba n'a jamais existé seul.
Aussi, a-t-il tenté un rapprochement avec le fleuve Sénégal qui, à certaines époques de son
histoire, a fait coexister deux embouchures. Le Saloum aurait eu donc deux ouvertures, l'une au
Lagoba, l'autre plus au Sud.
La fermeture ultérieure du Lagoba pourrait s'expliquer, selon lui, par un décalage des courants de
marée, défavorable à l'entretien des fonds, et qui a entraîné un certain engraissement, d'où la
probable reconstitution du cordon à cet endroit. Toutefois, cette interprétation semble fort
discutable compte tenu de la vitesse et de la force des courants amplifiées par l'effet de
142

canalisation consécutif à l'ouverture C). A cet égard, la situation actuelle du Lagoba en
conjonction avec une intense érosion ne suit pas, au regard de la durée et du caractère fonctionnel
de la récente ouverture du complexe du Saloum, l'hypothèse développée par A. Minot {1934, op.
cit.) et reprise par la suite par M.M. Sali {1982, op. cit.).
D'un point de vue général, le Lagoba, comme certaines portions du littoral sénégalais (Rufisque,
Saint-Louis, Petite Côte), est marqué par une accélération de l'érosion côtière. Cette situation est,
depuis quelques décennies, observée sur d'autres littoraux ouest-africains (estuaire de la Volta,
Nigéria, Togo, baie de Loango etc...). Au regard des causes globales, l'érosion est attribuée sur
ces littoraux à nombre de facteurs parmi lesquels : la sécheresse qui, relativement, aurait réduit les
apports fluviatiles, l'impact négatif des activités humaines, l'élevation - même limitée - du niveau
marin.
Les données de la météomarine et l'interprétation de l'imagerie traitée nous ont permis de fournir
les essais explicatifs ci-après:
- La situation météorologique et hydrologique.
Une forte dépression, creusée à 970 hectopascals, formée sur l'Atlantique du Nord Ouest et reliée
à un minimum relatif centré par 30° Net 45° W, a engendré au cours de son déplacement une forte
houle marquée par des amplitudes de 2 à 3,5 m. Cette situation hydrologique a vu sa sévérité
renforcée par des marées de vives eaux qui ont favorisé une attaque efficace du domaine supratidal
et l'ouverture d'une première brèche entre le domaine océanique et l'embouchure du Saloum.
A. Fontana {1987, communication orale) pense que des phénomènes de résonance à l'intérieur du
complexe du Sine Saloum pourraient avoir également contribué à l'amplification de l'énergie de la
houle.
De plus, l'amélioration de la situation pluviométrique de ces dernières années pourrait avoir
augmenté l'effet de chasse du jusant et ralenti l'évolution à l'engraissement.
- La rupture de la flèche et l'évolution des fonds.
L'examen de l'image acquise avant la coupure (fig. 56a) montre de profondes modifications de la
distribution des isobathes, à hauteur du Lagoba, par rapport à la situation observée en 1987 (fig.
56b). Cette évolution est marquée par :
. la disparition de la barre pré-littorale nettement observable sur l'image du 9 mai 1986 ~
. la constitution en 1987 d'une zone pré-littorale en forme d'amphithéâtre.
En effet, les barres de déferlement sur les littoraux meubles constituent un obstacle à la
propagation de la houle, laquelle libère ainsi une partie importante de son énergie et diminue
d'amplitude ~ la partie haute de l'estran est, de ce fait, protégée d'attaques directes massives de la
houle, grâce à ces structures dissipatrices d'énergie dans les zones desquelles s'effectuent 50 à 80
% du transport sédimentaire littorale. En 1987, si les raisons de la disparition de la barre pré-
1 _ M. Bâ et al. (1993) ont enregistré, lors de la réouverture du Lagoba, au Sud de Djifère, des vitesses de courant
de l'ordre de 5 à 6 mis alors que les maxima de vitesse jusqu'ici enregistrés n'ont jamais dépassé 1,5 mis.
143

a.
9
Ma. 1986
b.
2
Mars 1987
Fig. s s e .e: Esquisse télébathymétrique
du Lagobo
144

littorale e) sont mal connues, leurs conséquences ne laissent pas de doute: le rôle de butoir joué
par cette forme a été annihilé, ce qui a permis aux houles de consacrer une part plus importante de
leur énergie à éroder l'ombilic du Lagoba. La propagation des houles pourrait avoir été également
facilitée par la configuration du plateau continental qui, par son extension relativement large au
niveau du secteur a pu constituer un vaste champ entièrement favorable à leur déroulement.
6.4. L'évolution des bancs sableux de l'embouchure du Saloum.
Dans le vécu du Serer niominka, la rapidité de l'évolution des structures sableuses de
l'embouchure du Saloum est déterminée par la volonté du génie de Sangomar. TI fait naître et
disparaître hauts fonds et îles (A. Seck, 1970 cité par M.M. Sali, 1982, op. cit.).
En tout état de cause, la navigation subit depuis longtemps les effets de cette rapide évolution des
structures sableuses de l'embouchure qui ont fait l'objet d'un suivi détaillé depuis la mission
Tromeur dont l'envoi fut décidé par le Ministère des Colonies en 1928 (cf paragraphe 2.2 du
chapitre sur les données de la télédétection du littoral sénégalais).
6.4.1. Etat des levés bathymétriques analysés (tableau 40).
Les données bathymétriques exploitées dans le cadre de ce mémoire précisent l'évolution du
chenal d'embouchure sur près de 60 ans.
Tableau 40 - Synthèse des levés hydrographiques à l'embouchure du Salown de 1930 à 1988.
Année
Missions
Navire
Tvoede mesures
1930
Tromeur - Mission hydrographique du
Le Chevigné (campemeut)
Vedette à
Levé bathymétrique. Mesure de counmts.
Saloum
moteur Aster (48 HP, 9 m) Pirogue à
moteur Brannens Youyou de 5 m Particip.
du Braque el Remorqueur Renaud
1950
Mannevy, Lefur- Mission hydrographique Beautemps-Beaupré
Levé bathymétrique -observation des
1952
de la Côte Ouest d'Afrique. Levé à l'entrée
L.B.
courants Estimation du transit littoral.
du Saloum
1954
Sauzay, Péluchon - Mission
Beautemps -Beaupré
Levé bathymétrique.
1956
h
e de la côte Ouest d'Afrique
1958
Guyot - Mission hydrographique de la côte
Beautemps _Beaupré
Sondage bathymétrique el
mesure de
Ouest d'Afrique-T.P. AOF
P.699
courants dans l'estuaire. Transit littoral.
1%1
Demerliac- Mission hydrographique de
LéonCoursin
Sondage bathymétrique et mesure de
1963
l' AtlantiQUe Sud
counmts dans l'estuaire.
1964
Bourgoin- Mission hydrographique de
Sondage bathymétrique.
l'Atlantique Sud 1ère mission
hydrograpmque à l'embouchure du Saloum
1967
BCEOM - Mission hydrographique à
Baliseur-Léon Bourdelles
Levé bathymétrique - Mesure de courants
l'embouchure du Saloum
-(courantographe
MECABOUER
à
caméraautomatique ).
1970
BCEOM - Ile mission hydrographique à
Baliseur-Léon Bourdelles
Suivi de l'évolution du Saloum
l'embouchure du Saloum
Sédimentologie.Levébathymétrique -
Mesure de courants (flottewsdérivants,
courantographe du lab. de Chatou -
M
à bulles NEYRPIC.
1973
BCEOM • me mission hydrographique à
Baliseur - LéonBourdelles
Levé bathymétrique -Mesure de courants -
l'embouchure du Saloum
Insta1lationmaré2nwhe.
1978 à Goenvec,Pe1nard-Considère,BCEOM,
Baliseur- Léon Bourdelles
Levé bathymétrique Mesure de courants.
1984
Service Sécurité Maritime - Phares et
balisage
Balises
1985 à Diop -Service Sécurité Maritime - Phares et Baliseur LéonBourdelles
Levé bathymétrique Mesure et counmts
1988
Balises
Géodesie. balisage
1
_ En l'absence de données corrélatives, l'hypothèse d'une éventuelle propagation d'ondes issues de la Dorsale
Médio-Atlantique en direction de zones de faiblesse (problèmes de subsidence résultant d'une activité volcanique
sous-marine, en conséquence problème d'ordre géophysique) pourrait expliquer cette évolution érosive et les
modificationsobservées sur le Saloum et plus largement sur le littoral africain.
145

6.4.2. Travaux antérieurs sur la physiographie de l'embouchure du Saloum.
Les récits de reconnaissance du Saloum datés pour la plupart du XIXe siècle sont consacrés aux
difficultés de navigation sur le fleuve; celles-ci proviennent de la mobilité des fonds à
l'embouchure.
A notre connaissance, la première description la plus détaillée des passes de l'embouchure est
retrouvée dans le rapport du Lieutenant de vaisseau c. de Nordeck (1885, op. cit.) C). En effet,
suite à une mission de reconnaissance à bord du Goëland et datée de 1884, il distingua en fonction
du tirant d'eau, trois passes : deux situées au Nord (la deuxième portant le nom de "passe du
milieu") et une au Sud. Mais dans un souci de précision terminologique, c'est E. Mage (1863,
op.cit.) qui qualifia le mieux l'entrée du Saloum lorsqu'il parle d'une "espèce de delta". Les limites
spatiales de ce delta de marée avec principalement trois strucutres sédimentaires (bancs de Nord,
de l'Ouest et de l'Est) ont été circonscrites par la mission Tromeur (1930 - 1938, op. cit.), A.
Minot (1934,op. cit.) et très largement étudiées par de nombreux auteurs, notamment A. Lefur
(1953, op. cit.) et R Peinard-Considère (1959, op. cit.). Dans ce vaste milieu sédimentaire (fig.
57), le chenal d'embouchure et ses différentes branches connaissent une évolution complexe
pouvant être ainsi schématisée.
L -
-----"_----'~
_"___ f
i
o
125..,.
Fig. 57 - Bancs sableux de l'embouchure du Saloum, d'après 1. Y. Tromeur, 1930.
TI semble qu'en 1895 la passe principalement utilisée par la navigation est celle dite "passe du Sud"
à près d'une dizaine de kilomètres de la Pointe de Sangomar (fig. 58). Selon A. Minot (1934, op.
1
_ il semble qu'en 1853 un levé de reconnaissance du Saloum fut dressé par le Lieutenant de Vaisseau L.A. de
Rulhiere, Commandant le vapeur L'Alecton. D'après C. de Nordeck (1885, op. cit.) ce levé s'appuie sur un plan
anglais daté de 1828 et dressé par Kallet. Mais au moment de la reconnaissance effectuée en 1884 par C. de
Nordeck les instructions du plan anglais n'avaient plus aucune exactitude.
146

1
1
1
1
/
/
/
"""",'"
,,~;'
,,- "
,,-
/
/
Passe de l'Ouest
/1'"
o . '
/
l
,q~
.
~~
<.
~•••• -1 •••••••••,
~
;.
\\
\\\\
\\
.". ~~
1895
\\ \\ ,,,
2527000
"
Passe du Sud 1914 abandon née
1
.......... - - - ,
,,;'
"
~..... ""
\\
----
\\
1
1
1
1
/
/
/
/~
647000
PasseduSud
1895
o
lKm
1
1
Fig. 58:Evolution
de
,'axe des chenaux
et
passes du Saloum de
1895 à 1930
d' a p .... è 5
R. Pel n c r d
Con 5 i d è .... e (1985)
147

cit.) et R. PeInard-Considère (1959, op. cit.) la déformation de ce chenal s'est opérée en liaison
avec des méandres accusés. Cette situation a entraîné l'obstruction des extrémités méridionale et
septentrionale du chenal le rendant de facto inutilisable. Ainsi en 1914 ou 1915, le Saloum
débouchait en mer par la passe dite "passe de l'Ouest" bordée au Nord par le banc de Sangomar et
au sud-Sud-OUest par le banc de l'OUest. L'allure générale de cette passe est concave et reste
comparable à un arc dont la base est dénommée coude principal par R. Peinard-Considère (1959,
op. cit.) (fig. 59). En réalité, les limites de la "passe de l'OUest" ont considérablement varié au
cours du temps. Son évolution reste essentiellement sous la dépendance du balancement du coude
principal, ce qui a conduit à nombre de situations le plus souvent chevauchantes : plus ou moins
grande réduction des fonds, amorce de création de passe à travers le banc de l'OUest, réamorce de
chenal en direction du Sud ; ces états se combinant aux travaux de dragage avec un cubage
d'environ 927 430 m3 entre 1957 et 1980 soit 40300 m3 de moyenne annuelle, tabl. 41).
Tableau 41 : Volume de sédiments dragués à l'embouchure entre 1957 et 1980 pour l'obtention d'un chenal
de profondeur moyenne égale à -3,50 m par rapport au zéro des cartes (d'après la Direction de la Marine
Marchande, 1980).
Année
Volume dragué (m')
Côte au Zéro des CM (m)
1957
156 ()()()
-3,50
1962
108 ()()()
-3,50
1964
28 ()()()
-4,00
1967
160 ()()()
-4,00
1968
50 ()()()
-3,50
1969
-
-3,20 (1IIlIlS)et -3,05 (juin)
1970
29000
-3,00 (1IIlIlS),-2,90 (juin),
-2,65 (août)
1971
35 ()()()
- 3,50
1972
-
-3,00
1973
-
-2,10 (janv.) et -2,80 (juin)
1974
52970
-3,00 (avril) et -2,50 (déc.)
1975
133500
-3,70 (fèv.)
1976
-
-3,40 (janv.-fèv.) et -3,70 (nov.
apn!:s dép1aœmeot des bouées de
I~):
1971
-
-3,30 (avril) et -3,00 (octobre)
1978
-
3,00 et -2,50 (octobre)
1979
175 ()()()
-2,50 (fëv.) et -4,50 (déc.) après
~
1980
-
-3,50 (janv.), -3,00 (fëv.) et
-2,50 (mai)
' . :• • 0
• •
. .. ".
. .. .
.... .:
' . ' .
. . :
......
l
Bronch ..
ori .. ntol ..
i l Coud .. principal
m Bronch .. Ou .. st (poss .. d .. sorti .. )
rr Amorc .. v .. r s poss .. sud
Fig. 59 - Délimitation des sections du chenal d'embouchure du Saloum,
d'après BCEüM, IGN, ISTED, LCPC (1985).
148

6.4.3. Etablissement de la carte batbymétrique
La méthodologie des sondages bathymétriques a fait l'objet d'un développement au paragraphe
2.2 sur les données de la télédétection du littoral sénégalais. Aussi renvoyons-nous à cette partie
du mémoire pour aborder ici les techniques d'établissement de la carte bathymétrique.
A cet égard, les plans de sonde, levés lors de la campagne hydrographique, sont à la base de
l'élaboration des cartes bathymétriques. La zone de sondage grande de 3500 X 3500 m a été
maillée à raison de 70 cellules de 50 m selon chacun des axes. Les sondes z(xi) exprimées en mètres
et décimètres connues en un nombre limité de points xi(i = 1, Z, .....N) irrégulièrement répartis dans le
plan ont été interpolés selon une maille régulière par emploi de la technique géostatique connue
sous le nom de Krigeage (G. Matheron, 1970). Les principales étapes de cette opération sont
brièvement rappelées ci-après.
Dans un premier temps, la structure spatiale des données y(dij) est recherchée par calcul d'un
graphe de la différence moyenne en valeurs de z(xi) par rapport à chacun des autres points z(xj) en
fonction de leur espacement dij dans le plan :
n(dij)
(dij) = - - - - - - -
[112 . n(dij)] . L [z(xi) - z(xj)]'
Un semi-variogramme expérimental est ainsi obtenu auquel on ajoute alors un modèle théorique :
(d) = a . (1 - e -b.d )
Au fur et à mesure que les distances deviennent plus importantes, la fonction augmente pour
atteindre un niveau constant. A cette distance, i.e., la portée, les échantillons sont indépendants les
uns des autres. Lors de la phase d'interpolation d'un point donné seuls seront utilisés ses voisins
situés à l'intérieur de la portée. En d'autres termes, la semi-variogramme permet de définir le
rayon de recherche et la contribution des différents points expérimentaux à l'estimation d'un point
donné de la grille d'interpolation.
Lors d'une seconde étape, on recherche le meilleur estimateur linéaire non biaisé de la valeur z(x)
pour l'ensemble des points de la grille d'interpolation. Le Krigeage fournit pour chaque point une
estimation qui minimise la variance d'estimation au sein de la portée (ou meilleure estimation) : les
poids affectés aux points voisins sont les valeurs du semi-variogramme modélisé, standardisés
pour que leur somme soit égale à 1 (ou estimation non biaisée). La valeurz(xi) de chaque voisin est
alors multipliée par son poids standardisé et le résultat sommé pour l'ensemble du voisinage
(estimation linéaire).
Cette procédure appliquée aux plans de sonde levés entre 1930 et 1988 a permis d'élaborer une
série de cartes bathymétriques en isolignes que nous nous
proposons d'analyser dans le
paragraphe suivant.
149

6.4.4. Cinématique du delta de marée du Saloum
L'allure générale du chenal de 1930 (fig. 60a et 63a) est caractérisée par un "lissage" du profil qui
n'offre pas de rupture morphologique majeure entre les différentes sections. TI se présente en effet
comme un ensemble relativement continu avec une branche occidentale très étendue. Si l'on met
de côté les structures sableuses classiques (bancs) les fonds sont d'une bonne tenue bathymétrique,
ce qui à l'époque a fait dire à Y. Tromeur (1930, op. cit.) que la passe actuelle a de grandes
chances de se conserver.
A partir de 1950 (fig. 60b et 63a), on note un déplacement progressif en direction du Sud de la
section dénommée plus tard coude principal par l'Ingénieur R Peinard-Considère, un redressement
de la branche orientale du chenal et un resserrement des lignes bathymétriques entraînant une
canalisation plus marquée de la circulation et de la forme du chenal d'embouchure. Ce dessin du
chenal peut être mis en rapport avec l'évolution des fonds qui s'est produite au cours de
l'intervalle chronologique 1930-1950 et qui s'est traduite par une alternance verticale érosion!
accumulation (coordonnées 16758 et 16788) et un approfondissement du chenal de navigation.
En 1956 (fig. 61a et 63a) le redressement de la branche orientale du chenal se poursuit de même
que le basculement vers le Sud du coude principal. Mais cette forme majeure du delta de marée du
Saloum est également marquée par un certain tassement. Parallèlement au basculement méridional
du coude principal, on note une sinuosité de la branche occidentale du chenal, sinuosité qui
s'opère sous l'action conjuguée de l'étalement du mouvement d'accrétion au Nord et Nord-Ouest
du chenal et de la poussée sédimentaire issue du Sud-OUest du chenal.
En 1958 (fig. 61b et 63b) la sinuosité de la branche occidentale du chenal s'amplifie avec un
surcreusement au niveau de l'axe vertical du coude principal (coordonnée 16778). La sinuosité
très prononcée de l'extrémité occidentale du chenal (coordonnée 16758) s'effectue en relation
avec ce surcreusement et la poussée visible à partir de la position de la ligne -3 m au Sud-Ouest du
chenal. Comparativement à la situation de 1956, on note un certain relèvement des fonds de la
partie interne du chenal limitée de part et d'autre par de larges secteurs érosifs.
En 1961 (fig. 62a et 62b) on peut observer une forte accumulation de la partie amont du chenal
(coordonnée 16778). Une langue sableuse enveloppe la sinuosité de la section occidentale du delta
de marée et la base du coude principal. Une importante zone érosive prend corps au niveau du
coude en débordant vers l'Ouest précisément au nord de la branche occidentale du delta. La partie
méridionale se caractérise aussi par une érosion généralisée des fonds avec une tentative de
débouché au droit de l'axe du chenal à la hauteur des coordonnées 16778-13797.
Contrairement à la situation de 1961, la partie amont du chenal s'est érodée rapidement en 1964
(fig. 62b et 63b). La zone comprise dans l'axe nord-sud du coude a subi une accrétion importante
poussant non seulement la base du coude vers le Sud mais renforçant aussi l'amorce de chenal
précédemment mentionnée. Cette situation amplifie la sinuosité de la branche ouest parcourue par
les courants du flot qui tentent une percée en direction de l'extrémité sud du banc du Nord. De
part et d'autre de la base du coude principal, cette percée s'oppose à l'amorce de chenal située
dans l'axe sud du chenal balisé et qui est parcourue par le jusant.
En 1967 (fig. 64a et 63c) l'amorce d'un chenal en direction du Sud-Ouest se confirme, marquée
par l'extension des courbes bathymétriques -2 et -3 m. Les mêmes phénomènes érosifs affectent la
bordure externe du chenal en service, déterminant ainsi un front curvilinéaire de dimensions
réduites, à hauteur des coordonnées 645000-646000. Mais, on note un resserrement de la partie
150

16758
16778
a.
17817
13 797
b.
13817
[r=Il_3à_4m
lllIIJ
cm
_6 à _ 7m
_8 à _11m
Fig. GOa-b: Bathym~tri~ de 1 e mb ouc hu r e
du
Saloum en 1930 et 1950
1 51

Q.
b.
"117
13797
c:=JOà_2m
nm-6 à_7m
~ _8 à_llm
Fig. 61a-b:Bathym~trie de l'embouchure
du 5 aloum en 1956 et 1958
Î 52

a.
b.
13817
13797
c = J O à _ 2 m
lI:IJ _8 à_llm
Fig. 62 a-b: Bathym~trie de l'embouchure
du Saloum en 1961 et 1964
153

Q.
138' 7
........... 1930
_ _ _ _ _ 1950
- - - - 1 9 5 6
13797
b.
13'17
1958
1961
1964
13797
e ,
1967
1970
25Z'OOO
1973
25Z6000
d.
1978
1979
1980
Fig. 63a-d: Evolution de
la ligne -3. SOm des chenaux
de l' embouchure
du Saloum (1930-1980)
154

ouest du chenal de navigation ce qui lui confère une allure de U achevé avec cependant des
phénomènes d'accrétion de l'axe NW-SE. Les phénomènes d'accrétion intéressent aussi l'ensemble
du versant amont de la section orientale du chenal principal, la bordure septentrionale du banc de
Sangomar tandis qu'ils restent très concentrés à la base du coude.
En 1970 (fig. 64b et 63c) la partie amont de la section orientale du chenal et la poussée encadrant
la base du coude sont marquées par des phénomènes d'érosion de même que le nord du banc de
Sangomar. La poussée liée à la tentative de création du chenal vers la passe Sud-OUest s'est
amplifiée. La partie à l'ouest de la base du coude principal est quant à elle caractérisée par des
phénomènes d'accrétion de même que le secteur ouest tout à fait au Sud du chenal en service.
En 1973 (fig. 65a et 63c) la tentative de création du chenal vers la passe Sud-OUest (à l'Est de l'île
de sable) est plus manifeste encore. L'approfondissement de cette amorce était alors suffisant,
pour justifier, selon R Peinard-Considère (1982), des opérations de dragage et obtenir un chenal
praticable à cet endroit. Les dragages effectués en 1974-75 seront plutôt faits dans le secteur
ouest, qui intégre le chenal de service. En
1973 toujours, le chenal d'embouchure s'est encore
déplacé vers le Sud et on note un "éclatement" des fonds, avec au niveau de la bordure Est du
coude et au travers du banc du
Nord, de larges encoches de courants de même qu'un léger
décalage des fonds de la partie occidentale du chenal.
En 1978 (fig. 65b et 63d) le chenal a poursuivi sa progression vers le Sud et son tracé s'est
quelque peu complexifié. Le fait majeur est constitué par l'amorce d'un chenal nettement au Nord
du chenal balisé avec d'importantes érosions entre les abcisses 647000-648000. Cette situation
pourrait être mise en relation avec l'appel d'eau au jusant, résultat du dragage de la passe de
l'Ouest. Cette amorce reste cependant bloquée par une barrière sableuse qui l'empêche de franchir
le banc de l'Ouest. La passe du Sud-OUest qui avait commencé à se former à partir de 1964 et qui
s'était considérablement développée jusqu'en 1973 semble être en "dormance". L'arrêt de cette
évolution serait lié à la baisse d'alimentation de cette voie d'eau suite à l'artificialisation de la
passe OUest (dragages de 1974-75).
En 1979 (fig. 66a et 63d), l'apparition de la poussée au Nord du chenal balisé constitue encore un
fait hydrologique important mais son évolution reste toutefois bloquée par le barrage sédimentaire
à l'Ouest du delta de marée. Dans cet ordre d'idées, on peut noter une diminution des fonds dans
le secteur ouest du chenal et au niveau de l'amorce de passe Sud-OUest qui dans l'ensemble s'est
"endormie" malgré une légère poussée qui contribue plutôt à amplifier sa sinuosité.
En 1980 (fig. 66b et 63d) on note un léger redressement de la partie aval de la poussée du Sud-
OUest. La descente vers le Sud de la partie septentrionale du coude est effective tandis qu'on
assiste à une sorte de stabilisation du même mouvement en ce qui concerne l'extrémité sud du
coude principal, probablement en relation avec l'action de barrage des épis mis en place en 1956-
57. Dans l'ensemble, le chenal principal suit un tracé relativement régulier suite aux importants
travaux de dragage réalisés en décembre 1979 (tabl. 41). Seulement dans la partie ouest il
zigzague entre deux talus situés au Nord et au Sud à partir des abcisses 646000 et 647000 et reste
influencé par la sinuosité du coude dans le secteur est. La longueur de ce que nous pouvons
qualifier de "front bathymétrique" (à hauteur de l'axe vertical 647000) en s'allongeant, a tendance
à faire dériver le jusant vers le Sud-OUest, à la recherche d'un franchissement plus direct du banc
de l'OUest.
1 S S

644000
645000
648000
650000
2530000
Q.
2121000
2526000
2524 000 LLL.I..LJu.JLLLLL.I.LI..LJa..u...L.J.....L.JL..l..L-J--L....L.._..l.lo......II...-....L_.....J..J.
b.
c==Jo à _ 2m
[:=JJ_2à_3m
mm
UDI_7
_6
à_7m
à_8 m
Fig. 64a-b: Bathym~trie de l'embouchure
du Saloum en 1967 et 1970
156

644000
646000
2530000 rrT"TT"Tïï","-r-Tnr--r-"I71r--,--,-;";';F.---,r-"""T-ï"-n
Q.
25211000
2526000
2524 0 00 ......L.L.L.I.L.II...L.L.l-.L..J....L.J.....L.J'--L-.L.J...JJ-L....IL..J._...L.~_-1._.....J._.....J._.....J...J
b.
25211000
2527000
2526000
2525 000 ILIL..LJLI:..L.I.L.II...........a&.LL..L.II.....I-l...l..ll....L.."I;I--.=......;;;:..........._
..............._
.......
~o à_2m
ITll_4à_sm
[TI]] _Sà_6m
UIDI_7à_8m
[I:IJ _8 à- 11:Tl
Fig. 65a-b: Bathymétrie de l'embouchure
du Saloum en 1973 et 1978
157

Q.
b.
Fig. 66 a _ b : Bathymétrie de l'embouchure du Saloum
en 1979 et 1980
c=Jo à _2 m
ITIIIJ
1IIIIIJ
_5 à _6 m
_6
à _ 7 m
[11]_8 à_llm
1 5 B

En 1981 (fig. 67a et 69a), la situation sédimentaire du delta est caractérisée par d'importantes
zones d'érosion. En effet, les secteurs de dépôts restent très réduits, avec essentiellement un îlot
accrétionnaire dans la partie nord du coude principal.
En 1982 (fig. 6Th et 69a), le chenal de navigation est sinueux dans sa partie ouest. On observe
une accumulation dans le coude principal, accumulation issue de la poussée du banc du Nord. Le
coude est également décalé vers l'OUest procédant ainsi à un léger étranglement du chenal mais
surtout à une régularisation de l'allure générale. du tracé. Ce mouvement, en combinaison avec le
déplacement vers l'ouest du "front bathymétrique" et son élongation, a contribué à amplifier la
division du front en deux lignes : au Nord, le chenal balisé et au Sud l'amorce de chenal établie à
partir de 1979. L'ensemble du banc de l'OUest est marqué par un éclatement sédimentaire qui crée
des îlots accrétionnaires de type local ou compensateur.
En 1983 (fig. 68a et 69a), la géomorphologie du delta de marée du Saloum est marquée par une
certaine extension des fonds au Nord-Ouest, à la sortie du chenal balisé avec toutefois des
profondeurs peu importantes, comprises entre 2 et 3,5 m. La forte inflexion du coude est "lissée"
par la très nette poussée du chenal vers le Sud-Ouest - en direction du banc de l'Ouest - où la
jonction des fonds de -2,5 et -2 m est presque réalisée. La régularisation de l'allure du coude
pourrait aussi être mise en rapport avec le large "éventail" qui se dessine au niveau des abcisses
646000 et 645000. Dans cette architecture sédimentaire, l'alternance entre les poussées situées
immédiatement à l'est du coude est remarquable ; la poussée dirigée vers l'Est semblent chercher
une voie à travers le banc de Sangomar. Dans la partie méridionale du delta, l'amorce de chenal
vers la passe du Sud-OUest et sa liaison avec la branche issue du large, plus nette sur les levés
antérieurs notamment sur celui de 1982, marque encore la topographie sous-marine.
En 1984 (fig. 68b et 69b) le delta de marée est encore soumis à des modifications importantes:
. La partie nord à l'emplacement de ce qui était qualifié de coude est caractérisé par une forte
réduction des fonds notamment à la hauteur de la sortie de la passe où le seuil n'atteint plus que-
2,4 m soit 0,7 m de moins qu'en 1983. Le léger basculement vers le Nord du chenal observé au
cours des années précédentes semble annihilé. La poussée vers l'Est des fonds compris entre -2,5
et -3 m, amorce d'une sortie qui aurait contribué à régulariser les sinuosités du chenal principal, a
considérablement diminué de volume. Opposé à une étroite langue sensiblement d'égales
profondeurs, cette amorce de chenal enveloppe un haut fond, résultat d'une surélévation de la
topographie et prolongement naturel du banc de Sangomar.
. La partie au sud du coude est marquée par une extension relative des bancs sableux limités
dans leur tranche supérieure par des fonds de -2 m. On peut également signaler le maintien de
l'amorce vers la passe du Sud-Ouest où la tenue des fonds reste correcte avec des profondeurs de
-3,5 m. La partie médiane de cette poussée pourrait être rapprochée à une souille. Par ailleurs, la
morphologie d'ensemble du secteur au Sud-Est du chenal donne l'impression d'une série de formes
inachevées avec des "encoches" plus ou moins marquées, alternées et de direction opposée. Les
modifications les plus spectaculaires se situent au Sud-OUest de l'emplacement du coude et dans le
chenal d'embouchure; celui amorce une poussée notable en direction du banc de l'OUest avec une
branche principale Est-OUest encadrée par deux branches secondaires dirigées l'une vers le Nord-
OUest et l'autre vers le Sud-OUest.
En 1985 (fig. 70a et 69b) le delta de marée du Saloum a évolué assez rapidement. Le chenal
d'embouchure se présente comme une sorte de fosse allongée d'Est en OUest. Le franchissement
159

Q.
b.
Do à _2m
[J]]] _Sà_6m
[Ill]] _6 à _7m
UDI_7 à_8 m
[II] -8 à _llm
Fig. 67a-b: Bathymétrie de l'embouchure
du Saloum en 1981 et 1982
160

a.
b.
Fig.68 a_b: Bathymétrie de l'embouchure du Saloum
en 1983 et 1984
nm _6 à_7m DID _7 à_8 m
1 61

6~ 5000
6~6000
6~7000
648000
Q.
1981
2528000
1982
1983
2526000
b.
1984
1985
1986
c.
1987
1988
' - -
"---_ _......._....1.
. . . . . - . .
o
~oom
Fig. 69a-c:Evolution dl!' la ligne -3.S0m des chenaux
de ('embouchure
du
Saloum (1981-1988)
162

du banc de l'OUest imprime au chenal un tracé rectiligne avec la disparition de la forte courbure
qui, auparavant, caractérisait le coude principal. Dans la partie centrale du chenal et sur une
longueur d'environ 1200 m et une largeur de 200 m, l'isobathe -7,5 m décrit des figures fermées et
allongées comparables à des ombilics. L'amorce vers la passe du sud-OUest s'est renforcée; les
"encoches" greffées au chenal dans sa partie Est se maintiennent. Enfin, dans la partie
septentrionale du delta, on peut signaler l'existence de petits chenaux courts, peu incisés (-2 à -3
m) et disposés quasi-perpendiculairement au chenal d'embouchure ; l'un de ces chenaux
représentant du reste une relique de la branche nord-ouest du chenal qui fonctionnait avant 1985
(année de balisage du nouveau chenal).
En 1986 (fig. 70b et 69b), l'entaille opérée au travers du banc de l'OUest s'est renforcée. Le chenal
d'embouchure long d'environ 4 kilomètres, s'est davantage approfondi. L'allure de la fosse Est-
OUest décrite en 1985 se maintient remarquablement bien. La morphologie du delta de marée peut
être ainsi détaillée :
. Le versant septentrional de la fosse se caractérise par une alternance de poussées qui lui confère
l'allure d'une tôle ondulée. Dans la moitié Nord-Ouest de ce versant, ces amorces, légèrement
déversées vers le Nord-Ouest par rapport à l'axe du chenal d'embouchure sont bien nettes dans le
paysage. En effet, ces petits chenaux qui courent sur plusieurs centaines de mètres voient leurs
têtes se perdre dans des profondeurs comprises entre -2 et -3,5 m. Le secteur oriental du versant
montre par contre des incisions de faible extension, de l'ordre d'une centaine de mètres seulement.
. Sur le versant méridional, plus précisément à l'extrémité Sud du front du delta de marée, on
note l'amplification de la poussée dirigée vers le Nord-Est, avec des fonds de -4,5 m ; elle vient
butter sur le banc de l'Ouest après un parcours d'un peu plus d'un kilomètre de long. On peut
également souligner, toujours dans cette partie du delta, que l'axe médian de la souille sud s'est
considérablement creusé en même temps qu'il s'allongeait.
En somme, le chenal d'embouchure s'est allongé, élargi et creusé assez rapidement comme le
montre l'examen des levés effectués en 1985 et 1986. Mais dans le détail, on peut noter la
présence, en milieu du chenal, d'une convexité qui contribue à ralentir le net plongement de la
topographie sous-marine vers l'OUest. Cette structure, rencontrée sur l'ensemble des levés
analysés, est toutefois constituée par des fonds encore importants (-6,5 m) ; sa limite correspond
approximativement à celle de l'ancien coude décrit dans les travaux de R Peinard-Considère. Cette
forme qui scinde le chenal en deux parties correspondrait-elle à une frontière naturelle? On a en
tout cas l'impression qu'elle traduit une hésitation de la nature à se frayer un passage un peu plus
au Sud-OUest (situation de 1985 et 1986) ou encore à chercher timidement à ressusciter la voie
d'eau qui débouchait en mer par le Nord-Ouest.
En 1987 (fig.71a et 69c), les levés restent circonscrits au chenal d'embouchure; il n'est donc pas
possible de proposer une analyse détaillée de l'évolution du site. Les remarques suivantes
s'imposent néanmoins:
. on constate une surélévation des fonds assez importante, de l'ordre de 2 m, dans le secteur
Est du chenal, mais la tenue bathymétrique reste encore très bonne.
. on observe aussi une légère modification de l'allure générale du chenal qui, sous l'influence
probable de la poussée issue du Sud-OUest et de la surélévation des fonds, développe une
convexité tournée vers le Nord-OUest.
163

a.

rr=IJ_3à_4m
[JJ]_4à_5m
ITIID _5 à _6 m
nIIIJ _6 à _7m
Fig. 70a -b: Bathymétrie de
embouchure
du Saloum en 1985 et 1986
164

- - - - - r - - - - - - r - - - ---r--,
a.
1
1
1
1
1
1
1
1
- l
1
1
1
1
1
1
1
1
_ _ - -
_.l..
..J
1
...J
b.
. . ..........Il..l..J...J....l-..Il.....JL..l....L..L......IL..L~
,.....-----,
o
400m
c::::::::J 0 à _ 2 m
[I]]]] _5 à _6 m
lllIII_6 à _7 m
Fig 71a-b:Bathymétrie de l'embouchure
du Saloum en 1987 et 1988
165

En 1988 (fig. 71b et 69c) le processus vers le développement d'une grande jeunesse du chenal
d'embouchure est très affirmé. Le chenal entretient des fonds importants (-7 à -8 m en amont,
jusqu'à la limite du méridien 647000 et -6,5 m dans sa partie aval). TI court droit vers l'abcisse
2526000. Enfin, on peut mentionner le raccourcissement de l'ancienne branche Nord-Ouest et le
relèvement des fonds dans le secteur anciennement balisé.
6.4.5. Conclusions: relation entre l'imagerie et les levés bathymétriques du delta de marée du Saloum.
La profonde originalité de l'embouchure est de présenter un rythme de formation extrêmement
rapide, perceptible à l'échelle de quelques mois. Elle est aussi d'une grande complexité et pour
cette raison, reste mal connue. L'évolution du chenal de navigation a très tôt retenu l'attention des
Administrateurs et Ingénieurs hydrographes. Aussi a-t-il fait l'objet de nombreux levés qui,
jusqu'en 1981 environ, ont conforté une démonstration reposant sur l'amorce de création d'un
chenal plus au Nord du coude principal et un dépôt au Sud ou vice-versa. Seulement, à partir de
1982, on assiste à un déplacement vers l'aval du coude - entraînant sa régularisation - et
l'éclatement du banc de l'Ouest, ce qui a abouti en 1984 au creusement d'un nouveau chenal, de
géométrie grossièrement rectiligne, orienté selon un axe zst-ouest et qui sera balisé en 1985.
La télédétection spatiale doit permettre d'alléger considérablement les levés d'hydrographie
générale et aider à une stratégie nouvelle dans la préparation et la réalisation des levés classiques
qui restent seuls garants de la sécurité de la navigation. L'imagerie spatiale est une donnée
informative par rapport à la bathymétrie classique et doit aboutir selon l'expression de T. Garlan
(1989) à investiguer certaines zones par opposition aux zones à hydrographier. A cet égard et
compte tenu des contraintes environnementales du site (charge turbide élevée, supérieure à 30
mgll, renforcement de la remontée du flot dans le chenal, translation possible des états de surface
par rapport au fond etc.) et techniques (lignage résiduel notamment sur l'image Landsat lM de
1984), nous avons tenté une corrélation entre les données satellitaires disponibles et les levés
hydrographiques établis par le Service des Phares et Balises (fig. 72 et tabl. 42). Les écarts
chronologiques entre les dates de réalisation des levés bathymétriques in situ et celles d'acquisition
des images sont importants, ce qui constitue un handicap pour la confrontation des deux types
d'informations, surtout pour un milieu aussi instable. A contrario, ces données constituent les
seules informations corrélables disponibles et nous verrons, qu'en débit de l'importance du pas de
temps entre les acquisitions in situ et satellitaires, elles permettent de dégager des tendances.
Tableau 42 - Ecarts chronologiques entre les dates de réalisation des levés bathymétriques
in situ et celles d'acquisition de l'imagerie satellitaire.
Document
Date d'acquisition
lours cumulés
Jours
Bathymétrie
mi-novembre 1983
1 = 0001
= 140
Image TM
04 avril 1984
1 = 0141
=262
Bathymétrie
22 décembre 1985
1 =0403
Bathymétrie
22 décembre 1985
1=0769
= 138
ImageHRV
09 mai 1986
1=0907
=228
Bathymétrie
23 décembre 1986
1= 1135
=070
ImageHRV
03 mars 1987
1 = 1205
=226
Bathymétrie
mi-octobre 1987
1 = 1431
L'image Landsat lM du 4 avril 1984 a été comparée au levé bathymétrique de 1983 dont elle est
chronologiquement séparée de 140 jours (contre 262 pour celui de 1984).
166

1]· 55
L -
- . -
. . . . - - - ,
16·50
16·55
o
'k '"
Fig. 72 - Limites des zones étudiées par sondages
bathymétriques et par imagerie satellitaire
L'image HRV du 9 mai 1986 a été comparée au levé bathymétrique de 1985 réalisé seulement 138
jours avant son acquisition (contre 228 jours pour celui de 1986).
Enfin, l'image HRV du 3 mars 1987 a été comparée au levé bathymétrique de 1986 dont elle n'est
séparée dans le temps que par 70 jours (contre 226 jours pour celui de 1987).
Dans la corrélation mise en oeuvre, l'imagerie a été géométriquement rectifiée et rendue
superposable à la carte bathymétrique. On a ensuite calculé les paramètres a et b, ainsi que le
coefficient de corrélation du modèle:
Z = a . Ln (Lwninance) + b
pour chacun des trois couples suivants:
levé de 1983 et image de 1984, r = -0,16
levé de 1985 et image de 1986, r = -0,44
levé de 1986 et image de 1987, r = -0,32
S'il n'est bien entendu pas possible, par application du modèle, de retrouver le détail de la
bathymétrie (l'erreur quadratique moyenne est de l'ordre de 2 m), on peut retrouver les grands
traits de la morphologie des fonds. Ainsi, les faits suivants ont-ils pu être mis en évidence.
167

Sur l'image Landsat lM de 1984 (fig. 73a), les grandes structures de la morphologie sous-marine
sont décrites avec la mise en évidence du chenal d'embouchure. Ainsi, la courbe décrite vers le
Nord-OUest par le chenal est bien soulignée par la position des bancs de Sangomar et de l'OUest.
L'image HRV de 1986 (fig. 73b) montre les transformations ayant affecté les structures
sédimentaires du delta de marée :
. l'individualisation du banc du Nord est très nettement observable. Disposé transversalement à
la flèche de Sangomar, il a connu un fort engraissement et s'est considérablement étendu,
entraînant ainsi l'étranglement de la passe du Nord-Ouest.
. le banc de l'OUest disséqué en une série d'îlots sub-circulaires sous l'action des houles et la
poussée déterminée par les courants de jusant et dirigée vers l'Ouest sont également bien
repérables.
Enfin, sur l'image HRV de 1987 (fig. 73c) les limites du chenal restent bien cartographiées tout
comme l'individualisation du banc du Nord et la dislocation du banc de l'ouest. L'image montre
aussi l'amorce de chenal vers la passe du Sud-Ouest.
L'entrée du Saloum a toujours posé un problème d'accès vers les localités du Sine-Saloum,
particulièrement le port de Kaolack, important dans le trafic de l'arachide et du sel. Or, les levés
hydrographiques, malgré d'énormes progrès, restent longs et coûteux, voire dangereux, en milieu
littoral. De surcroît, le cas qui nous préoccupe est marqué par la rapidité de l'évolution des fonds,
ce qui rendrait vain tout effort de cartographie bathymétrique régulière selon des règles classiques.
Les résultats acquis par emploi des données fournies par les satellites Landsat (radiomètre lM) et
SPOT (radiomètre HRv) restent certes d'un détail limité du fait des interférences avec les
phénomènes de surface, la charge turbide et la nature des fonds. Cependant, ils n'en présentent pas
moins un intérêt considérable puisqu'ils matérialisent clairement la position du
chenal
d'embouchure et les limites des bancs sableux constituant le delta de marée du Saloum. Dans le
cas d'espèce, ils devraient pouvoir servir de pré-levés bathymétriques, et permettre l'optimisation
du travail à la mer en aidant par exemple au raccordement des isobathes, facilitant et accélérant
ainsi l'établissement de la carte bathymétrique.
168

a.
~
Extr~mlte de
b.
le
t t e c h e
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1 0
2
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3
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6_ Protondeur croissante
7.
8_
c ,
Fig. 73 0- c : Cart e
in f 0 9 ra phi que de
l'embouchure du Saloum à partir des
données TM (bande 2) d'Avril 1984, HRV
Spot (bande l J d e Mai 1986 et Mars 1987
169

Troisième partie
PROBLEMATIQUE DES TANNES, MORPHOMETRIE, CONNEXITE ET
APPROCHE TEXTURALE DES MILIEUX ESTUARIENS DU SALOUM.

Chapitre 1 : Texture et connexité des milieux estuariens du Saloum.
La zonation des mangroves lato sensu a fait l'objet de travaux très diversifiés tant du point de vue
spatial que thématique (H. Rollet, 1981). L'idée de continium généralement associée à
l'organisation de ces espaces est en rapport avec le liant qu'est l'eau et qui se traduit
essentiellement au travers d'actions multiples élaborées par la dynamique tidale. Ainsi en rythmant
la vie de ces espaces, la marée introduit une série de discontinuités inter et intra-morphologiques et
subit à son tour des modifications majeures liées à la rétention de la mangrove par exemple.
Les discontinuités inter-morphologiques posent le problème de la connexité de ces milieux, par
conséquent, la manière dont s'opère leur transition ou contact. En dehors de la nature de ce
contact, la zonation de ces milieux est aussi fondée par le contenu ou le type de matériau
physiographique (type de sols, végétation, variations topographiques...). Les discontinuités inter et
intra-morphologiques se prolongent par la trame géométrique ou configuration des paysages,
terme très proche de la photo-interprétation et peuvent être formalisées avec des paramètres
descriptifs ou mesurables, exprimés en terme de "formes" ou de grandeurs, ce qui permet
d'esquisser une certaine organisation de l'espace.
Le Saloum s'intégre bien dans cette dynamique faite, avec la résolution de plus en plus
performante des données, d'un élargissement des représentations géographiques et d'une
amélioration de la perception des paysages.
7.1. Analyse cartograpbique générale des milieux de l'estuaire.
Une cartographie infographique a été réalisée sur des extraits des simulations SPOT d'octobre 1981
et de la scène SPOT de mai 1986. Elle est centrée sur le secteur de l'ancienne embouchure du
Lagoba et le bolon de Gokhekor (fig. 74a) pour ce qui est de la typologie générale des paysages
(F. Verger et al. 1982 ; A.T. Diaw et Y.F. Thomas, 1987) et en amont du Saloum sur le site de
Foundiougne (fig. 74b) pour ce qui est de la zonation des milieux avec un accent particulier sur la
notion de contact (N.F. Diop-Guèye, 1991 ; A.T. Diaw, N.F. Diop-Guèye, P. Ndiaye, 1993).
7.1.1. Les métbodes utilisées.
Les techniques d'extraction de l'information s'appuient ici sur l'utilisation des indices (de
végétation et de brillance) et sur des classifications par agrégation autour de centres mobiles. Elles
mettent en relief les principales unités physiographiques des milieux étudiés ou leurs discontinuités.
Les caractéristiques fondamentales de ces méthodes peuvent être ainsi schématisées:
. les indices de végétation et de brillance résultent de la combinaison linéaire de canaux.
Très utilisés chez les auteurs anglo-saxons à la suite du lancement des premiers Landsat, ils restent
de conception relativement simple et participent au champ de l'assistance radiométrique. Le
premier permet une quantification de l'activité chlorphyllienne et de la densité du couvert végétal ;
le second autorise davantage une approche spectrale basée sur la nature du sol (type de faciès,
degré d'humidité ...). Ces indices sont obtenus grâce à la relation des canaux équivalents au Proche
Infra-rouge et au Rouge et la formule de calcul est la suivante pour le système SPOT.
XS3 -XS2
N = - - - - - -
XS3 +XS2
lB = (XS2 x XS2) + (XS3 x XS3)
171

Fig. 740 :Toponymie
et hydronymie du site
de
Lagoba-Gokhehor
Qvasiè-reo à. mangrove-
~=::j Zon.. inondable-_ tanne
1.: :::~I Cordon 5 a b t e c x
_ . _ t im i t e dr la zone- itudiie

Village-
f;i Localit~ urbaine
L-...L.
L---'-
~
o
2k m
Fig. 74b :Unités physiographiques du site
de
Foundiougne
172

. la classification par agrégation autour de centres mobiles se fonde elle sur l'affectation des
pixels au centre de classes qui leur est plus proche. Mais initialement les centres de gravité des
classes définies sont déterminés; ces centres jouent à leur toUT le rôle de centres d 'agrégation . Le
processus est ainsi réitéré un certain nombre de fois jusqu'à ce que la proportion de pixels qui
changent de classes lors de l'itération demeure très faible.
7.1.2. La hiérarchisation des paysages estuariens.
Les marais tropicaux fortement influencés par la dynamique tidale demeurent des étendues basses
de granulométrie fine, avec comme caractéristique principale l'adaptation d'une végétation
particulière : la mangrove. La faiblesse de l'altitude de ces terres, à bien des égards comparables
aux marais tempérés, mais surtout leur "compartimentation" topographique (très faible dans
nombre de cas, de l'ordre de quelques centimètres) en relation avec les rythmes de submersion de
la marée reste à la base d'une quelconque hiérarchisation. A cet égard, si des comparaisons restent
possibles entre les couples slikke -schorre et vasière à mangrove-tanne, l'existence de nombreuses
particularités locales (végétation, limites d'extension des marées, sédiments...) interdit toute
assimilation directe de formes de zones climatiques différentes. Nous reviendrons sur cette
question marquée par une absence réelle d'orientation problématique et qui a vu les premières
tentatives de formalisation mises en oeuvre par M .D. Thiam (1986), A.T. Diaw, 1. Lerhun, M .D.
Thiam et F. Verger (19 93) . Cette hiérarchisation des paysages est aussi marquée par le domaine
supratidal qui comprend deux ensembles, les pelouses et les cordons sableux.
7.1.3 . La typologie des paysages estuariens
7.1.3.1. Les catégories d'eaux
Les classes d'eaux obtenues à partir d'une agrégation autour de centres mobiles (fig. 76) avec
l'indication des spectres radiométriques (fig. 75) peuvent être ainsi réparties :
. les classes 1,2,3 délimitent des zones de faible turbidité (5 à 10 mg/l) associées à de fortes
profondeurs (6 à 14 m).
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lSO
l S O
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1 S 0
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Fig. 75 : Spectres radiom étriques moyens des centres de classes d 'caux.
1 73

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FIg , 7G:Class if icat ion par agrégation
des eaux
du
Saloum
17 4

· la classe 4 par laquelle la profondeur des eaux est faible (2 à 4 m) appartient au domaine marin.
Toutefois, sa valeur radiométrique moyenne dans le canal XSl plus forte - comparativement aux
classes 5 à la, de profondeur sensiblement égale - doit être mise en rapport avec la nature des
fonds plus sableux que dans le chenal du Saloum.
· les classes 5 à 10 définissent les zones de forte turbidité (la à 30 mgll) et/ou peu profondes (3 à
2 m). Les classes 5, 6, 8 et 9 mettent en évidence la zonation des bancs submergés. La présence
d'herbiers peut influencer la radiométrie. Notons que la classe 5 constitue la limite de perception
des bancs en profondeur (2 - 3 m) ; au-delà, leur présence se confond en partie avec la turbidité
des eaux.
Par ailleurs, les bancs jouent un rôle primordial dans l'économie de cueillette (Anadara senilis)
pratiquée par les ostréicultrices des îles.Le débouché de quelques chenaux (Ndiourène, Akalithik)
est marqué par des formes assimilables à des levées latérales auxquelles F. Verger et al. (1978)
donnent, par comparaison aux pointes aux herbes développées en zone tempérée, le nom de
pointes de mangrove ; ces levées ont une forme générale semi-courbe et étirée ; elles sont
dissymétriques avec une concavité tournée dans le sens d'expulsion des eaux . Leur façonnement
pourrait être attribué aux courants de jusant qui contribuent à la mobilisation des stocks
sédimentaires prélevés à partir des vasières ou remis en suspension à partir du fond.
7.1.3.2. Le complexe vasière à mangrove-tanne.
li correspond à la zone intertidale et se trouve être, malgré une apparente homogénéité
topographique, un milieu fortement interférent et enchevêtré du point de la dynamique
morphologique (mécanisme de formation, problèmes de colmatage, processus d'extension et de
régression, inter-relations entre ces processus...). Nous manquons à ce sujet de données précises et
des perspectives de recherche pourraient concerner le rôle des laisses de marée et de la végétation,
la fréquence de submersions, le degré de sédimentation etc.
En tout état de cause, la cartographie infographique obtenue (fig. 77) offre une restitution spatiale
précise des formations de mangrove avec l'individualisation de quatre classes, fonction du taux de
recouvrement. Les groupements de mangrove ici sont d'une faible complexité floristique et leur
configuration définit deux types principalement :
. le premier, linéaire, épouse le contour des chenaux de marée et est composé de Rhizophora en
peuplement dense, sous forme de bande d'extension variable (classe l, fig. 77) . La limite externe
de ces bandes correspond à ce que nous avons défini comme la "ligne de contact" entre le domaine
marin et végétal (fig. 78), fortement influencée par la largeur de la bande de mangrove et qui se
trouve être décalée dans \\' espace par rapport à la ligne de rivage instantanée.
· le second type de configuration correspond au taxon composé de Avicennia, Conocarpus et
Laguncularia, situé en retrait par rapport à Rhizophora, de densité variable et sans formes précises.
La cartographie automatique réalisée (fig. 77) isole aussi de manière précise les contours des
tannes, taxons d'une grande uniformité générale de topographie et d'aspect. lis présentent
néanmoins de fines nuances décelables sur l'imagerie de la simulation SPOT (fig. 79). Ces nuances
sont dues à l'ancienneté plus ou moins grande de la dernière submersion par la marée . Ainsi,
175

Fig.77:Typologie
des paysages de Lagoba-Gokhéhor
0
1
....
1
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Cordon
dénudé
1
1
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0
Fig, 78: Position de la ligne de rivageinstantannée(LR.I)et de la ligne
de contact (LC).
:; ...•.
.
-
.:~;.]:;~:.(:::.:::.:;:::: :::0::::
ii
. 1
.7
rm··
Fig. 79: Classification des tannes de Guissanor(Dedu
'.
Saloum).

s'individualisent différents étages qui s'inscrivent tous dans une tranche hypsométrique de
quelques décimètres
Lors de la simulation SPOT, les parties les plus hautes qui n'avaient été atteintes que par une marée
ancienne sont couvertes de poussière qui leur donne une teinte sombre (classe 7, fig. 79). Ces
parties sommitales sont cernées par une ceinture atteinte par une marée moins ancienne qui a lavé
les poussières et provoqué la formation d'efflorescences salines très claires (classe 5). Une
seconde ceinture plus basse correspond à une zone encore humide atteinte par une marée très
récente (classe 6). La zonation hypsométrique des tannes est ainsi clairement établie.
7.1.3.3. Le domaine supratidal (fig. 77).
li s'organise autour de deux ensembles : les pelouses et les cordons sableux. Les unités restent
difficilement différenciables spectralement mais sont aisément repérables spatialement. D'une
manière générale, les pelouses constituent des secteurs transitionnels, en bordure de tanne, avec un
tapis herbacé varié.
Les cordons sableux représentent les unités les plus hautes topographiquement. lis sont par
endroits ponctués par de la végétation. Celle-ci, de densité variable, est composée par plusieurs
faciès, naturels ou introduits. Ces unités comprennent dans les secteurs de Dionewar, Falia ou
Djifère - espaces fortement humanisés - des aires dénudées, résultant d'un défrichement par leur
mise en culture. Ce défrichement même sélectif - puisque seul le tapis herbacé est concerné - fait
que ces aires, comme les tannes ou les sables nus des cordons, ont ici les plus fortes réflectances.
7.1. L'approche texturale des milieux de mangrove du Saloum.
L'information de texture a longtemps été utilisée dans l'interprétation des photographies aériennes
(H. Maurer, 1974) et occupe de plus en plus une place de choix dans l'analyse et la compréhension
d'images numériques notamment les images satellites (K. Goita, 1992). Toutefois, en l'absence
d'une définition scientifique rigoureuse de la notion de texture, on assiste au développement de
nombreuses
méthodes d'analyse,
souvent
d'une applicabilité plus ou
moins limitée en
télédétection.
RM. Haralick (1979) considère la texture comme un phénomène à deux niveaux. Le premier
niveau concerne les primitives ou ce que L-A. Lake (1991) appelle éléments ou composants
élémentaires. Dans le cas d'une image numérique, les primitives constituent selon A. Coulombe
(1990) un regroupement de pixels ayant une propriété locale donnée (niveau de gris, ton, teinte
etc.). L'organisation spatiale des primitives définit le deuxième niveau de texture et permet
d'établir des relations ou des liens.
En nous appuyant sur ce schéma, nous avons tenté d'approcher la texture des formations de
mangroves du secteur de Guimsam tout en essayant de détecter les changements qui ont affecté le
site, par comparaison des missions aériennes de 1972, de la simulation SPOT de 1981 et des
données HRV du satellite SPOT de 1986 (fig. 80).
La détermination de la texture des mangroves de Guimsam s'appuie sur les paramètres que sont
l'organisation du drainage et/ou la plus ou moins grande conservation des espèces, essentielle dans
l'appréciation de l'évolution et du degré de recouvrement. L'utilisation de ces critères permet
d'observer par exemple une forte opposition texturale entre les formations à Rhizophora plus
massives, plus serrées et lisses de la grande pointe au Nord du bolon de Akalithik (classe 1) et
178

TEXTURE
STRUCTURE
PAYSAGES
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1
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1
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HAUTES
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BASSES:
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Homogene
FORMATION
VEGETALE
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s c u m o t r e s
1 7
1
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o
1 k m
Fig. 80: Cartographie
géocinématique du site de
Gui s s o no r-
179

celles d'extension spatiale plus réduite, de texture filiforme et qui souligne la présence de chenaux
de marée (classe 2).
La pointe au Sud du même bolon, dominé par Avicennia peut être, toutes choses égales par
ailleurs, rapprochée au niveau de sa massiveté à la classe 1. Elle reste toutefois de structure moins
serrée avec une texture sous forme d'un semis homogène en pointillé fin. Cet ensemble se
différencie de la classe 4 colonisée aussi par des Avicennia, de densité plus ouverte, avec une
texture grenue et la disposition des espèces en houppiers de forme arrondie.
La dernière classe de mangrove observée (5) présente une texture d'ensemble cribriforme
traduisant ainsi un stade d'évolution vers le tanne. Les formations végétales de cette classe montre
sur les photographies aériennes une disposition fibreuse, le "réseau végétal" tendant vers
l'évanescence. On peut enfin signaler dans cette rubrique un confinement des espèces végétales sur
des aires de plus en plus récentes et une extension des surfaces nues (tannes et étendues d'eaux
saumâtres) entre 1972 et 1986.
7.3. La connexité des paysages: réalités de la notion de contact des milieuI estuariens du Saloum.
La visualisation et la dynamique des contacts entre milieux adjacents, de nature opposée ont fait
l'objet de travaux notamment ceux de G. Rougerie (1960, 1964) et lM. Avenard (1971, 1976).
Ces auteurs ont, en effet, étudié la limite entre la forêt et la savane en Côte d'Ivoire et G. Rougerie
avance que le contact s'y fait de façon extrêmement brutale et non graduelle.
J.M. Avenard confirme cette brutalité du passage de la forêt à la savane lorsqu'il écrit: "Cette
limite forêt-savane semble correspondre à une délimitation de deux milieux très différents, de deux
écosystèmes de valeur économique égale".
Le niveau taxonomique envisagé dans le cas des milieux estuariens n'est pas le même que celui
étudié par G. Rougerie et lM. Avenard. Mais le problème de connexité même considéré sous
l'angle d'une échelle relativement réduite, n'en permet pas moins d'approcher la manière dont
s'opère la transition des formes. A cet égard, nous avons conduit, en collaboration ou supervisé
des travaux de recherches, sur la notion de contact au cours de ces dernières années (N.F. Diop-
Gueye, 1991 op. cit. ; A.T. Diaw et al., 1993 op. cit.). Les critères d'analyse que nous avons
utilisés s'appuient en particulier sur les états de surface, les caractères géopédologiques, les
valeurs de paramètres sédimentologiques et la pente relative (fig. 81).
La classification élaborée (fig. 82) permet de distinguer trois types de contact : les contacts
pelouse-cordon, tanne-pelouse et tanne-cordon. Les autres types de contact principalement celui
établi au niveau du complexe vasière-tanne feront l'objet d'une analyse critique dans le chapitre
consacré à la problématique des tannes.
180

5oum~. Ndor-onç log
,
Mbaa.~.
0)
-- t e-cesecr
Localite
L - -
~
o
Ikm.
Fig. 81 - Localisation des transects étudiés à Foundiougne
7.3.1. Les contacts pefouse-cerdon
lis sont caractérisés par une topographie peu marquée avec de faibles valeurs de pente, de l'ordre
de 2,84 %. Les limites se développent sur des distances comprises entre 40 et un peu plus de 500
m. Le passage de l'une à l'autre des unités s'effectue de manière progressive.
Au plan floristique, les contacts sont essentiellement composés d'espèces ligneuses et sous-
ligneuses dont les plus fréquentes sont Combretum glutinosum, Acacia seyal et Balanites
aegyptiaca. Dans cette catégorie de contact, les herbacées sont également présentes.
Au plan sédimentologique, le diagramme textural (fig. 83) présente la plus grande homogénéité et
la texture est essentiellement sableuse avec des valeurs partout supérieures à 71 % et un taux de
fraction fine toujours important, variant entre 50 et 80 %.
Les pH sont acides à moyennement acides, et les taux de salinité sont les plus faibles de toutes les
séries de contact de même que les taux d'humidité.
1 81

Eaux
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Pelou~es h c t o ch i t es r e m p o r c i r e s
Formation5. c r-b us ri v es
et
v c s i e r e s
o h er-bcc ss sur cordon5. sc eteux
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Tanne5.
œ
.....
"· ' · s u r' c c r d o ns s c b I e u a
Pelouse5.
halophiles
perennes
Route
Kaolack -Foundiougne
Fig. 82: Unités physiographiques du site de Gagué Bocar
182

7.3.2. Les contacts taane-pelouse
Us sont caractérisés eux aussi par une topographie peu marquée avec de faibles valeurs de pente
(2,17 %). Les limites se développent sur de courtes distances de l'ordre moyen de 47 m. Ici aussi,
le contact s'effectue de manière progressive.
Au plan floristique, la composition végétale est essentiellement faite d'herbacées avec comme
espèce la plus fréquente, Eragrostis tremula.
Au plan sédimentologique (fig. 83), la texture granulométrique qui se caractérise par une certaine
homogénéité, est sableuse à sablo-limoneuse avec des pourcentages de sable compris entre 48 et
94 % et des pourcentages de limons variant entre 6 et 38 %.
Les valeurs de pH sont moyennement acides à alcalines. La salinité est, dans l'ensemble, moyenne
et l'humidité faible, demeure supérieure à celle des limites pelouse-cordon.
7.3.3. Les contacts tanne-cordon
La transition se fait ici de manière brutale avec des valeurs de pente relativement importantes (en
moyenne 7,3 %). Ces contacts se développent sur de courtes distances.
La flore est ici composée, soit par des herbacées, soit par des herbacées et des sous ligneux, soit
encore par des herbacées associées à des ligneux.
Ces contacts sont marqués, dans l'ensemble par une texture granulométrique homogène
essentiellement constituée de sables (entre 76 et 92 %) avec une fraction fine plus importante
variant entre 62 et 67 %.
Les pH Ysont alcalins à moyennement acides. La salinité qui est la plus élevée de toutes les séries
de contact varie entre 6 et 19 % et les taux d'humidité sont également les plus importants.
En somme, au fur et à mesure qu'on s'éloigne du cours d'eau en direction des zones exondées, on
note que la texture sédimentologique devient plus homogène et sableux, le pH s'acidifie, les taux
d'humidité et de salinité diminuent.
On remarque également que la flore s'enrichit, sans doute avec l'adoucissement des conditions
sédimentologiques et l'augmentation des altitudes.
Pour ce qui concerne plus particulièrement les limites étudiées, il existe une étroite dépendance
entre les paramètres sédimentologiques : pH, salinité et humidité, cela prédispose à certaines
conclusions :
- les valeurs de trois paramètres sont les plus faibles au niveau des contacts pelouse-cordon,
avec des moyennes respectives de 5 pour le pH, 2,6 % pour la salinité et 0,9 % pour l'humidité.
- les pentes peu sensibles et les sols, dont la texture granulométrique est à dominante sableuse
sont les plus riches au plan floristique.
183

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PELOUSE-CORDON
Fig. 63:Diagrammes texturaux des échantillons des sites étudiés
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- les valeurs de contacts tanne-pelouse sont intermédiaires avec des moyennes de 6,7 pour le
pH, 6,3 % pour la salinité et 1,7 % pour l'humidité. Les pentes sont encore plus faibles que les
précédentes et la végétation, assez pauvre,est dominée par des herbacées à cause des taux de
salinité non négligeables.
- enfin, les valeurs des contacts tanne-cordon sont les plus élevées de toutes, avec en moyenne
7,3 pour le pH, Il % pour la salinité et 3,8 % pour l'humidité; ceci est dû au fait que les
influences du tanne se font encore sentir. Leur composition floristique, plus ou moins riche, est
dominée soit par des herbacées, soit par des ligneux et sous-ligneux ; au plan floristique, on note
donc soit une prédominance des influences du tanne, soit une prédominance des influences du
cordon.
De cette analyse sur les contacts des milieux estuariens, il ressort trois principaux constats (fig. 84)
- le premier est une caractéristique physiographique qui tient à la relative linéarité de
l'organisation des paysages des secteurs étudiés.
- le deuxième constat réside dans le fait que les contacts sont toujours très nets.
- la troisième observation importante est que le schéma classique eau-vasière-tanne-pelouse-
cordon peut être perturbé; il arrive qu'on passe du tanne au cordon ou de la vasière à la pelouse.
Dans de tels cas, la séquence est dite incomplète.
185

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Fig.84'.ldentification
des contacts entre uni re s
physiographiques du site de Gagué Bocar
186

Cbapitre 2. Géomorpbologie et problématique des tannes.
"Wagodioro 0 tannoléléné"(dictonserer)
Si tu crois être un bon coureur à pied
voicile tanne !
Les vastes surfaces nues que l'on observe derrière certaines mangroves ou parfois même en leur
sein sous forme de taches plus claires posent un certain nombre de problèmes encore mal résolus
(lM Lebigre, 1983). Elles caractérisent en effet les zones à mangrove de nombreuses régions
tropicales du globe et le terme employé pour les désigner (tannes) C) révèle d'abord une grande
imprécision d'ordre terminologique. Si le terme de tanne est consacré, il n'en demeure pas moins
qu'il existe une diversité d'appellations, fonction des régions où la forme est rencontrée. Ainsi
connaît-on les Bada en Inde,les salt pans en Papouasie - Nouvelle Guinée (A. Guilcher, 1965). Les
hypersaline bare flats ont été décrits par maintes auteurs en Australie. Les latino-américains parlent
d'albinas, de salitrales ou de salineras. La consécration du terme tanne semble une nécessité au
regard de la grande diversité terminologique régionale mais aussi locale car à Madagascar par
exemple, on note une dizaine de "résonance" terminologique pour désigner le tanne (tabl. 43).
Cette situation pose aussi le problème de contenu physiographique de la forme. A cet égard, le
tanne est assimilé par la plupart des géographes francophones en partie à la haute slikke et au
schorre des milieux tempérés. Dès lors, les problèmes sont à rechercher et se compliquent avec ses
différents faciès et surtout dans ses relations avec les formations végétales qui lui sont adjacentes.
Tableau 43 - Terminologie concernant les tannes à Madagascar
(d'après lM. Lebigre, 1983).
Auteur
Sllécialiste
Dénomination
R. Battistini (1960)
Géographie
Zone de vase sans végétation
R. Berijard (1963)
Biologie
Sols salés
J. H. Durand ( 1965)
Pédologie
Sols nus
J. P. Trouchaud (1965)
Géographie
Plaine à sira-sira ou heake
1. Hervieu (1968)
Sédimentologie
Zone salée intermédiaire
L Bigot (1971)
Botanique
Sansouïre
A Kiener (1972)
Biologie
Solontchak.
H. Weiss (\\972)
Botanique
Zone d'évaporites
J. N. Salomon (\\979)
Géographie
Vase nue de mangrove
M. Thomasson(198\\)
Botanique
SouiUère
8.1. Descripüon du tanne
Le tanne comme l'ensemble des milieux infra et interdidaux, vit au rythme des pulsations
périodiques des marées. TI constitue une forme de transition entre la mangrove et la terre ferme. Le
contact entre la mangrove et la terre ferme peut s'effectuer de manière brutale. Plus généralement,
la taille des palétuviers décline vers le tanne. L'existence de souches traduit selon J.M. Lebigre
(1983, op. cit.) une évolution rapide vers le tanne. La réapparition de palétuviers peut être
également observée derrière le tanne (R. Battistini, 1960). La transition peut être, par ailleurs,
1
_ Le substantif tan., qui signifie
"blancheur", est un exemple d'alternance consonantique rIt fréquemment
rencontrée dans la langue serer. L'adjectif "blanc" se dit en effet ran et la blancheur du tan est en relation avec le sel
dont la conséquence la plus évidente se traduit par l'absence de végétation sur cette étendue. C'est aussi ce dernier
point que les locuteurs étrangers au serer ont retenu du tan dont la transcription appropriée serait celle-ci.
Cependant l'usage ayant consacré le terme sous la forme "tanne", nous nous y conformerons.
187

floue avec l'existence de groupements végétaux plus complexes que la mangrove (J. Hervieu,
1968). Le problème reste plus simple lorsque le tanne vient butter sur un cordon comme nous
l'avons analysé au paragraphe 7.3.3. sur la réalité de la notion de contacts des milieux estuariens
du Saloum.
La topographie constitue un des traits majeurs dans la description du tanne. AI'échelle régionale,
sa morphologie générale est plate. A plus grande échelle, elle est en réalité très cloisonnée, avec
des
dénivellations topographiques
mineures
mais susceptibles de
créér
une
zonation
caractéristique, liée à la contrainte de la marée sur ces étendues. En effet, la succession des
inondations et des retraits, dont la marque se surimpose à la topographie, élabore une structure
d'ensemble auréolaire (fig. 85a-b). L'aspect le plus décrit en est la concentration de cristaux de sel
en surface. Celle-ci donne naissance à des efflorescences blanches dont l'aspect varie en fonction
de la position altimétrique du tanne, du type de marée, du degré d'évaporation et de la proximité
ou non de la nappe d'eau salée. A cet égard, nous avons décrit les principaux faciès du tanne en
relation avec la marée et la topographie lors de travaux antérieurs (F. Verger et al., 1982 ; A.T.
Diaw et al., 1993) et avons repris les conclusions essentielles dans la typologie des paysages
estuariens du Saloum développée dans le cadre du présent mémoire.
Les nivellements effectués sur les divers tannes du secteur de Guimsam (estuaire du Saloum,fig.
86) présentent le plus souvent des dénivellations comprises entre 2 et 6 cm. Exceptionnellement,
elles atteignent 16 à 20 cm, dans le cas où une partie du tanne correspond à un ancien chenal. Les
valeurs les plus élevées, 40 à 80 cm, ne correspondent pas à l'aire directe du tanne. Elles sont
plutôt à mettre en relation avec des formes mitoyennes : chenal fonctionnel, cordon coquillier ou
sableux. Enfin, il faut également souligner la présence, le plus souvent en bordure du tanne, de
bosses qui rompent l'harmonie topographique apparente. La pente d'ensemble de ces formes est
douce, mais ces bosses, posées sur une surface plane, paraissent imposer leur modelé. Aussi, l'oeil
accorde-t-il beaucoup d'importance à ces accidents topographiques d'origine éolienne de forme
arrondie et allongée, décrite comme des lunettes.
Dans l'aire immédiate du tanne existent par contre des formes très peu prononcées mais qui,
combinées à la structure litée des sédiments et à leur teneur en argile, sont suffisantes pour créer
un modelé de détail fait de microboursouflures. J. Vieillefon (1977) attribue la mise en place de ce
micromodelé au dégagement de soufre et à l'emprisonnement d'air qui aboutissent à une structure
dite de "moquette" par J.Y. Kalck (1978).
En
effet, les boursouflures éclatent sous les pas,
donnant ainsi une sensation veloutée comparable à une moquette. Le façonnement d'une telle
structure peut être également mis en rapport avec une évaporation rapide conjuguée à un retrait
aussi rapide de la nappe dans des sols à qualité gonflante marquée.
Par ailleurs, deux catégories principales de formes en creux sont rencontrées à la surface du tanne.
Elles s'observent la plupart du temps dans sa partie centrale où la morphologie déprimée autorise
la concentration des eaux et facilite la décantation des éléments argileux apportés par la marée ou
les eaux de pluie. La première catégorie se présente sous l'aspect de coupelles ou d'assiettes
(fig.87a). TI constitue en quelque sorte le négatif des microboursouflures décrites plus haut, et peut
être considéré comme transitionnel vers la seconde catégorie de formes, si l'on considère les
variations de volume provoquées par les phénomènes d'hydratation et de retrait par dessication.
Cette seconde catégorie représente sans doute un micromodelé de type gilgaï décrit en détail par
F. Verger (1964), avec existence de larges fentes de retrait (fig.8Th) comparables à celles qu'a
observées R. Rougerie dans la vallée du Sénégal au nord-est de Rosso.
188

Fig. 85a: Etats de
surface- d'un tanne du
secteur de Gokekhor et structuration
o ur e ot c i r e
des
niveaux
Fig. 85b: Tanne du secteur de Gokekhor avec au
premi er plan la dt=gradation de la mangrove
189

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Fig.87a:5urface
d un tanne structuré
sous torme
d'assiettes et de coupelles
Fig- 87b:Fentes de
retrait sur un tanne
1 91

D'autre part, l'action des êtres vivants peut modifier l'allure du tanne : il peut être ondulé en
surface avec de petites crevasses dues au piétinement de l'homme et du bétail. Une bioturbation du
tanne est par ailleurs produite par les crabes rouges qui contribuent à un ameublissement du sol
avec de petites bosses signalant l'entrée des terriers. L'action des plantes pose des problèmes plus
complexes qui seront abordés dans le paragraphe consacré à la zonation et à la définition du tanne.
8.2. Conditions d'évolution et répartition des tannes dans le monde.
8.2.1. Genèse et conditions d'évolution des tannes.
Situés dans des zones de forte concentration humaine, les tannes ont toujours suscité un intérêt
ainsi qu'en témoignent les divers travaux d'aménagement pour la riziculture ou les titres des
articles publiés à ce sujet. Les conditions nécessaires à leur formation sont partagées entre celles
dites naturelles et celles d'origine anthropique. Les deux peuvent être associées, contribuant à une
extension progressive du phénomène.
8.2.1.1. Les conditions naturelles
Le tableau de la figure 88 montre que la répartition des tannes ou des ensembles considérés
comme tels correspond certes à des climats tropicaux mais reste surtout marquée par une diversité
zonale certaine. En effet, si les tannes ont été, à notre connaissance, d'abord décrits dans des
zones pluviométriques favorables à leur développement (F.R. Fosberg, 1961), ils ont été plus
récemment observés sous des climats de types équatorial ou tropical humide caractérisés par une
pluviosité importante. TI semble donc que, parmi les conditions pluviométriques, l'existence d'une
saison sèche soit fondamentale pour empêcher le développement de toute végétation et conduire
ainsi à un faciès de tanne. Cette saison dont la durée varie suivant la zone climatique n'est
déterminante que dans les relations précipitation-évaporation qui jouent un rôle essentiel dans les
mécanismes hydrologiques. L'importance de l'évaporation peut en effet, contribuer à dérégulariser
les submersions par la marée et perturber la nappe d'eau salée. La conséquence principale est que
la mer devient, par rapport au tanne, un pôle de salinité minimum, selon l'expression de F. Baltzer
et L.R Lafond (1971). Plus récemment, les conditions édaphiques ont été prises en compte ~ c.
Marius (1985) explique la formation des tannes du Gabon ou de Pichavaram par un substrat
argileux qui, en réduisant la perméabilité, contribue à entretenir une nappe salée permanente
favorable à leur développement.
Le rôle des marées de forte amplitude a été envisagé par certains auteurs tels que F.R Fosberg
(1961). Cet auteur constate que les zones nues en arrière des mangroves sont situées dans des
régions où interviennent durant quelques jours des hautes marées au printemps. Entre ces périodes
de forte amplitude de la marée en saison sèche, se produit une concentration du sel dépassant le
seuil de tolérance des plantes halophiles. Cette position doit être nuancée pour deux raisons ; la
première c'est que des tannes de grandes dimensions sont observés sur des littoraux à faible
amplitude de marée; c'est le cas du delta de l' Artibonite en Haïti (lM. Lebigre, 1983, op.cit.).
Mais c'est la seconde raison c'est-à-dire l'intégration des facteurs liés à la fréquence et à la durée
des inondations par la marée, facteurs peu détaillés dans la littérature, qui semble être la plus
pertinente.
Les tannes sont considérés comme des milieux antérieurement afforestés. On y retrouve en effet
généralement des racines de palétuviers en surface ou en profondeur. Aussi, à côté du climat, une
régression récente du niveau marin interviendrait dans leur formation, comme l'a souligné G.
Paradis (1980). Dans le cas du Sénégal, ce haut niveau peut être le Nouakchottien (Flandrien).
192

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Celui-ci semble ainsi jouer un rôle essentiel dans la formation et l'existence des tannes en amont du
Sine-Saloum; cet ensemble résulte en effet d'une salinisation ancienne, et n'est actuellement plus
considéré comme une zone tidale, puisque n'étant plus atteint par les marées. En Inde, C. Caratini
et F. Blasco (1980) signalent l'importance des mouvements tectoniques qui provoquent le
détournement de l'Indus et s'accompagnent de modifications climatiques.
8.2.1.2. Les conditions anthropiques
Les modifications morphologiques aboutissant à la naissance ou à la progression des tannes
peuvent également être provoquées par des actions anthropiques. Celles-ci restent essentiellement
motivées par les besoins d'une exploitation agricole (riziculture) et artisanale ou industrielle
(extraction de sel). Dans le premier cas, les conditions de rétention hydrique et la présence d'une
matière organique relativement importante ont poussé l'homme à coloniser les sols de mangrove.
Dans la plupart des expériences, il s'agit de tentatives d'édifications de banquettes.
8.2.2. Tableau synoptique de la répartition et des conditions d'évolution des tannes.
La répartition des tannes dans de nombreuses régions du globe s'expliquerait donc par des
conditions édaphiques, morphologiques et hydroclimatiques relativement larges. La confection
d'un tableau synoptique (tabl. 44) de cette répartition et des conditions de leur évolution se heurte
à des difficultés liées à la diversité des origines prêtées à ces formes, mais surtout au fait que leur
mécanisme de formation ou d'extension reste dans le détail insuffisamment étudié. Seules des
expériences et des mesures de terrain feront mieux comprendre le réseau d'interrelations fort
complexes des facteurs physiques et anthropiques (précipitations/marée, précipitations/nappe
salée/végétation, marée/pente / géochimie, texture granulométrique/dessication marée / végétation
/ anthropisation ...).
Tableau 44 - Répartition et conditions d'évolution des tannes.
Localisation
Conditions générales et genèse évoquée
Terminologie locale ou
Références bibliographiques
utilisée
1. Domaine
Indo-malais et
pacifique
Puna
Island
Forte amplitude des marées (3,29 m de marnage
Sali1raIes, vegetation
F. R. Fosberg, 1961
.embou-ehure
du
moyen à Guadaquil). 972 mm de Pnun à la même
free zones, bare fIats.
RioGuayas
station. Climat sec ou au moins marqué par en saison
sèche. Evaporation.
Rio
Villaneuva,
Même explications que celles avancées à Puna Island
Salineras, vegetation free
F. R. Fosberg, 1961
Sud du Golfe de
zones, bare Ilats.
Fonseca (NW du
Nicaragua)
· La Union, Golfe
Amplitude de marée (2,46 m à la Union) avec 2111
Salitrales,
vegetation
free F. R. Fosberg, 1961
de Fonseca
mm de Pnun mais
38ÎSon
sèche très marquée.
zones, bare Ilats.
(Salvador)
EVlIIlOOltion.
1
· Nacaome, Golfe
Pnun égale à 1285 mm avec une saison sèche très
Sali1ra1es,
vegetation
free F. R; Fosberg, 1961
de Fonseca
marquée cormne à la Union.
zones, bare flats,
(Honduras)
· Port Moresby
1000 mm de Pnun à Port Moresby avec une saison
Sah pans, zones nues.
A Guilcher, 1965
(papouasie,
sèche marquée de mai à novembre. Salinité 9,4 à Il,
Nouvelle-Guinée)
84% à Lea Lea (NW de Port Moresby). Marnage
0,58 m en morte eau et 1,68 en l!nUlde marée.
Delta
du
Rio
Climat sec avec des Pnun < à 500 mm et concentrées
Zones nues, auréoles salines O. Dolfuss in A Guilcher,
Tombes et du Rio
sur quelques mois.
blanches.
1965
Zanunilla, El Saho
(Pérou)
· Magnetic Islando,
Pnun entre 1000 et 2000 mm Intluence des marées Bare areas, salt sealds,
W. Macnae, 1966
Townsville,
Port
de vives eaux sur les bare areas, Salinité de l'eau
Curtis,
Broad
intersticielle > à 100 0/0. 1nterrelation des Pmm, du
194

Sound,Glandestone
ruissellement, de l'évaporation et de la salinité
hmisfail,Darwin
déterminante dans la genèse de l'évolution des bare
(Auslralie)
areas. Importance probablement prédominante de
l'acquisition
par
le
sol
d'une
forte
salinité.
Importance d'une sécheresse climatique et de la
fréquence de submersion (sol mouillé par un peu
moins de 117 marées par an à Townville développe
un tanne).
· Saurasbtra,
1374 mm de Pmm avec saison sèche de 6 mois,
Bada,
tanne,
zone
nue
T. A Rao, 1967 et R. Kcrrest
Picbavaram (Inde
variation humidité
et
sels.
Nature
des
argiles
sursalées,
inC. Marius, 1965
(smectite).
· Cambridge Gulf-
Climat sec, avec 700 mm Pnun,température élevée >
Baceflats.
B. G Thom, L O. Wrigbl et 1.
Ord
River
37"
C
en
été,
forte
évaporation 2350 mm
à
M. Coleman, 1975
(Auslralie)
Whyndham. Marnage importanl et importance des
fréquences de submersion par la marée, ~onction.de la
topographie
et
de
l'amplitude
lD8JS
aUSSI
de
l'humidité de la surface du sol. Salinité des chenaux
entre 23 et
33% atteignant 40% dans les cuvettes.
Rôle de
on des vasières.
· Queensland
Action des cyclones tropicaux.
Baceareas, sait flats.
A P. Spenceley, 1976
(Australie)
· Port curtis,
IOIl mm de Pmm, 1416 d'évaporation et 212 mm
Bace flats, végétation free sait
F.Saenger, J.R~1977
Gladstone
de ruissellement à Gladstone. Forte évaporation,
flats,
(Australie)
marnage moyen de 2,28 m
.Pichavaram,
Durée de la submersion par
la
marée.
Forte
Bada, zone nues, plaques de
F. Blasco, C. Caratini, 1980
estuaire
de
la
anthropisation.
sol nu.
Godavari,
Navlakhi (Inde)
.Dumbéa
1016 de Pmm moy. à Nouméa. marnage maximal
Zone nue et voile algaire.
F. BaItzer, 1982
(Nouvelle-
égal à 1,70 m Stratification des eaux de l'estuaire.
CaIédomie)
Importance de la marée sur la zonation, de la salinité
des eaux intersticielles et de l'engorgement hydrique
des sols. Position de la mangrove (fluvio-marine ou
d'estuaire dans les dépressions marginales du delta).
· King Sound (NW
Climat semi-aride à Derby avec 620 mm de Pmm bare areas, sait flats.
v. Semeniuk., 1982
de l' Australie)
entre Nov et Déc. Evaporation égale à 3600 mm
Marée semi diurne avec Il,5 m aux Equinoxe.s
Salinités entre 40 et 50% mais pouvant dépasser 240
%.
· Puerto Soley,
1978 mm de Pmm à la Cruz (à 3 km de Puerto
Salitrales.
R. Soto et J. A Jimenez, 1982
BahiaSalinas
Soley) mais période prolongée de sécheresse. Forte
(Costa Rica)
évaporation, salinité sur le tanne égale à 177 % .
· CabuyaI, Puerto
16Il,8 mm de Pmm moy. à Puntarenas. Amplitude
Salitrales, zones nues internes R. Battistini, 1. P. Bergoeing
Moreno, Baie de
thermique amwelle faible (2,2° à Puntarenas. marée
des mangroves, zones nues.
1983
Salinas,
Nord
de
seuù-diurne avec une amplitude de 4,02 m entre les
Santa Elena (Costa
niveaux des plus basses et des plus hautes mers. Fort
Rica)
marnage, sécheresse saisonnière marquée. Absence
d'humidification
du haut estran par
les
eaux
continentales.
· Towsville,
Il63 mm de Pnun, température moyenne annuelle
Bare areas, salt flats
A P. Spenceley, 1983
Magnetic Islands
de
24,4°C, forte
évaporation d'avril
à déc.
à
(Australie)
Townsville.
2-F~
atlantique
américiane,
Caraïbes
· Boqueron district Pmm faibles. Température moyenne de 26,6OC SalitraIes, areas ofhigh
L R. Holdridge, 1940
(Puerto Rico)
ruissellemment
faible.
Extraction
du
sel
par
saline content
évaporation,
destruction de
la
mangrove.
Effet
tonique de la tenue en sels des sols.
· Salinas, Parguera,
861 mm de Pmmà Ensenada, 1129 à Aguirre et 969
Dry salt flats salinas,
G.Gintron, A E. Lugo, 0.1.
Culebra
(Puerto
à CulebnL Salinité des sait flats égale à 87 %.
salitrales, unvegetated
Pool et G. Moris, 1978
Rico)
Sécheresse climatique. Amplitude max. de la marée à
sait flats.
Culebra 0,58 et altitude du plancher des salt flats au-
dessus des basses mers moyennes entre 0,20 et 0,30
rn,
de la situation d'abri ou non.
3- Domaine est-
africain et
malR3Che
· Plaine
Effets d'une longue saison sèche dans le processus de Tannes..
L Berthois, A Guilcher, 1956
d'Ambilobe
tannification plus particulièrement l'impact d'une
in J. M. Lebigre, 1983
(Madagascar)
forte évaporation, à l'origine de la dessication intense
du sol.
.NWde
Longue saison sèche et forte évaporation.
Zones nues.
A Guilcher, 1965
195

M
Pointe de
Zone de vase sans végétation.
R. Battistini, 1960
l'Ampasimena,
Delta du
Sambirano
Sols salés.
R. Derijard, 1963
Sols nus.
J. H. Durand, 1965
. Plaine
Plaines
à sira-sira ou heake,
J M. TrouàJaud, 1965
d'Amdranopasy
espaces dénudées.
(N),
d'Anadramy
d'Ambovary et de
Maogoky (SW de
Madagascar)
. Quissanga, Saco
1100
nun de Pnun moyerme
à Inhaca. Forte
Bare salt flats, bare areas .
W. Macnae, 1967, 1968
da Inhaca
insolation. Salinité de la mangrove entre 19 et 42 %
(Mazambique)
mais supérieure à 100 % sur les salt flats. Situation
d'abri, marnage fort (33 m en vive eau).
Progression du remblaiment (sédimentation) et de la
Zone salée intermédiaire.
J. Hervieu, 1968
mangrove vers l'aval. Mort des palétuviers par
desséchement des
horizons de swfaces et sursalure
avec évaporation et remontée à partir de la nappe.
Tuléar (SW
de
Sansouire.
L Bigot, 1971
M
NWde
Topographie des côtes. Amplitude des marées. Forte
Sols nus salés
A Kiener, 1972
salinité.
(Solontchaks).
Tuléar (SW de
Question topographique, équillibre précaire entre
Zones d'évaporites.
M. Weiss, 1973
haloohvtes et palétuviers.
Tuléar (SW de
Vase nue de mangrove.
J. N. Salomon, 1979
M
Tuléar (SW de
Souillère .
M. Thomasson, 1981
M
Maogoky (SW de
Plaines à sira-sira ou heake.
P. Oliva, J. N. Salamon, 1984
M
3-Domaine
atlantique africain
Sine, Saloum
Salinité de l'eau en relation avec fortes marées.
Tanne.
J. Massibot, L Caries, 1946
(Sénégal)
Sierra Leone
Défrichements effectués
pour l'aménagement des
Aires dénudées.
D. G1edhill, 1963
pêcheries. Rôle prédominant du vent qui, en déposant
du sable, exhausse la surface du sol des mangroves,
ce qui a pour conséquence la mort des palétuviers et
la formation des tannes.
Rokupr
Ahimétrie
(salt
f1ats 6,12
inch
au-dessus
des
Bareareas.
H. D. Jordan, 1964
(Sierra Leone)
mangroves
environnantes).
Types
de
sols.
Configuration du
littoral.
Relative sécheresse et
acidité des sols.
Mansomanka,
Saison
sèche
accentuées.
Températures
élevées.
Tannes, Barren flats, highly
L. Giglioli, M.E. Thomton,
Bururu, tebebe,
Altitude des
tannes.
Phénomène de
déssication.
saline barrenflats.
1965
Kantonkunda
Limite de submersion des marées. Salinité des sols
(West
Kang
(40 à 82 % à Burutu et 29 à 46 % à Mansomanka).
district,
Keneba, Gambie)
Soumbouya
43S0 nun de Pnun mais influence de la saison séche.
Tannes auréoles ou
bandes
F. Ba1tzer et R. Lafood, 1971
(Guinée
Température moyerme annuelle de
26,SO° C à
sursalées,
Conakry mais pouvant atteindre 3So C Evaporation.
Apports d'eau douce très localisés sur le littoral.
Ouidah, Aho,
Climat subéquatorial sec (l3S0 nun de Pnun à
Tanne,
zones
nues,
zones
G. Paradis,
Gbéhoué (Bénin)
Cotonou, 1180 à Ouidah et 920 à Grand Popo).
dénuées. Tanne vif; Tanne à
E. Adjanahoun, 1974
Faible amplitude des marées.
Régression récente
Heleocharis.
postérieure à un niveau marin plus élevé. Mais tanne
du Bénin essentiellement une création anthropique
par extraction de terre salée pour la fabrication du sel.
Balingore,
1200 à ISOO nun de Pmm, Température moyenne de
Tannes, zones nues sursalées.
J. Vieillefon, 1977
Casamance
30° C. Degré hygrométrique élevé mais
longue
(Sénégal)
saison séche de novembre à mai. les températures
moyermes élevées favorisent une évaporation et une
évapotranspiration
intense.
Influence
édaphique
(matière du sol, régime hydrique).
Conditions d'engorgement et tassement du matériau
196

(légère régression, altitude initiale des dépôts du
tanne entre 7 à 8 cm au-dessus du niveau maxima1
d'inondation
actuel).
Importante évolution
des
horizons du sol (consistance). Durée et fréquence des
submersions. Mouvements de la nappe phréatique.
Salinité
des
sols.
Porosité
relativement
faible.
Relations oxydation, éléments en solution et éléments
échangeables. Type de minéraux (gonflants dans le
tanne).
Iles du Saloum
Forte évaporation (2208,6 mm à Kaolack, 1245,8
Tannes nus, tlInnes inondables,
E.S.~op, 1978, 1986
(Sénégarn), NE de
mm à Dionewar), Salinité plus élevée que celle de
tannes à efflorescences salines,
Cacbeu,Canchung
l'eau de mer. Baisse de la nappe Topographie. types
tlInnes herbus.
. (Guinée Bissau)
de marée. Sécheresse récente. Actions
es.
Deha du Sénégal, Evolution climatique induite par une sècheresse Tanne
vif;
tanne
herbacé,
Y. Kalck, 1978
Estuaire du Saloum accrue aboutissant à la dernière transformation des tanne inondé et exondé.
et Casamance
paysages de mangrove avec apparition du faciès
tanne.
Iles Baba Guèye,
Absence d'alimentation fluviale pour le Saloum et la
Tannes
nus
tanne
vifS à
M.M. Sali, 1982
Iles du Saloum,
partie aval de la Casamance. Faiblesse des pentes des
efflorescences salines tlInnes
Kamobeul,
cours d'eau et du marnage. Intervention du climat
herbus.
Samtïte,Elinkine
(tropical sec). Bonnes conditions de submersion,
Sénégal)
Topographie de la zone intertidaJe «
à 2 m),
Exploitation du sel. Sursalure des cours d'eau et des
nappes.
1
Baisde
Discontinuité pluviométrique avec 3 mois de saison
Tarmes vifs, tannes herbacés,
J. M. Lebigre, 1983
Bombetoka,
sèche à Libreville en relation avec un mauvais
tannes herbeux.
pointe de
drainage du substrat fait de sédimentation favorable à
Ampirimpirina,
l'exhaussement rapide de la swface du sol au-delà du
Andraoboka
niveau des hautes men; de moyenne eau. Sursalure de
(Madagascar)
l'eau de la nappe. Compaction de la vase et baisse de
Oveng. Moka
sa teneur en eau ce qui entraîne une gêne de la
(Gabon)
circulation horizontale de
la
nappe
phréatique.
Probable intervention déjà ancienne de l'homme sur
les tannes du Gabon.
Deha du Sénégal,
Sécheresse climatique. Evaporation. Salinité 7 à 8
Tannes vifs, tannes herbacés,
C. Marius, 1983
Iles du Saloum,
fois supérieure à celle de l'eau de mer. mauvais
Casamance
drainage. Type de sédùnents et de sédùnentation
(Sénégal) Gambie,
(dessication du sol, perméabilité réduite liée à la
Baie de Mondah
nature de l'argile.
1 (Gabon
Sine-Saloum
Répartition
des
Pnun.
Interrelation
eaux
de
Tannes.
M. D. Thiam, 1986
(SênégaJ)
PmmIévaporation/ nappe phréatique. Salure des eaux
superficielles et souterraines. Position topographique
rt aux chenaux de marée. Microt
e
Rio Pongo
3190 mm de Pnun moy. à Boffa. Température moy.
Tannes, zones nues sursalées.
F. Bertrand, 1989
(Guinée)
27"
C.
Dégradation
des
conditions
hydriques.
Défrichements pour l'installation et l'alimentation en
combustible des saliers accélérent la tannification.
N. Moreau, 1992
8.3. Zonation du tanne et essai de définition
Lorsque l'on aborde la zonation des tannes, une série de questions méritent d'être soulevées :
- Existe-t-il une zonation typique des tannes?
- Le tanne représente-t-il un état stable ou un stade dans une évolution?
- Quelle correspondance peut-on établir entre la zonation des tannes et celle des marais
maritimes tempérés, souvent utilisés comme référence?
Pour les marais tropicaux, les distinctions zonales se sont toujours appuyées sur la présence ou
l'absence de végétation. Mais si les auteurs s'accordent pour dire que le tanne est une étendue
salée et nue, c'est paradoxalement la végétation qui entretient une équivoque terminologique et
morphologique liée à plusieurs faits; à cet égard, une zonation trop rapidement calée sur le modèle
197

tempéré et ne tenant compte que de la physionomie de la végétation, sans observations sur les
relations submersions / topographie et un usage abusif de l'indicateur de discontinuité qu'est la
marée ont conduit, notamment dans le cas sénégalais, à une pléthore de définitions. Par ailleurs, la
partition par le critère végétal a abouti à une description large, couvrant l'ensemble du marais mais
occultant pour l'essentielles recherches sur une quelconque zonation du tanne proprement dit. Les
descriptions les plus caractéristiques de l'association mangrove-tanne ont été effectuées par F.R
Fosberg (1961, op. cit.) dans le Nord Equatorien, à Puna Island (estuaire du Rio Guayas) où,
selon son expression, de curieuses étendues nues sont localisées entre la mangrove et la terre
ferme. Cette succession est mentionnée également dans le delta de Rio Villaneuva (Nord-OUest du
Nicaragua) où la disposition des mangroves épouse étroitement le tracé du complexe des chenaux
de marée. Dans la même étude, FR Fosberg signale aussi l'existence de tanne dans les mangroves
australiennes, le long de la côte du Queensland. Sur ce même continent, le schéma de zonation le
plus détaillé est cependant celui fourni par W. Macnae (1966, op. cit.) pour des zones à
pluviométrie élevée, supérieure ou égale à 2000 mm. Ce schéma s'établit comme suit:
- forêt à Avicennia et Sonneratia
- forêt à Rhizophora
- forêt à Bruguiera
- forêt à Ceriops
- zone interne à Avicennia marina
- forêt d'Eucalyptus.
Lorsque la pluviométrie, à laquelle il faudrait ajouter des facteurs comme l'évaporation, la durée et
la fréquence des submersions, baisse, la zonation est modifiée. On note alors l'existence de tanne
et la disposition de la végétation devient la suivante :
- forêt à Avicennia
- forêt à Rhizophora
- forêt à Bruguiera
- tanne
- fourré de Ceriops
- forêt d'Eucalyptus.
Dans le domaine indo-malais, F. Blasco et C. Caratini (1980, op. cit.) décrivent la zonation de la
végétation de la région de Pichavaram (delta de la Cauvry) en liaison avec le rythme des marées et
la durée de submersions. C'est ainsi qu'ils distinguent trois zones:
- la zone à Rhizophora (R. apiculata et R. mucronata)
-la zone à Avicennia (A. officina L. et A. marina Vierh)
- l'arrière mangrove, discontinue, faite essentiellement de
Suaeda avec de larges plaques de sol nu.
La zonation mentionnée par R. Kerrest (in c. Marius, 1985, op. cit) dans le même secteur semble
légèrement différente avec :
- la zone à Rhizophora
-les formations à Suaeda plus ou moins mélangées d'Avicennia marina.
- les formations à Avicennia marina pur
- la zone nue.
198

En Nouvelle-Guinée et en Papouasie, la disposition zonale observée (A. Guilcher, 1965, op. cit) se
présente de la manière suivante :
- une zone de mangrove bordant les chenaux
- des zones nues de couleur blanche où ne pousse aucune végétation.
- une forêt d'Eucalyptus de terre ferme.
Ce schéma ressemble à peu de choses près à ce qui a été décrit à Madagascar par M. Weiss (1973,
op. cit) et J.P. Trouchaud (1965, op. cit) précisément au Nord-OUest de Tuléar. Ces auteurs
distinguent :
- une zone de vasière à mangrove
- une deuxième zone prolongeant la vasière et dite à "évaporites",inondée à marée haute
seulement. Cette zone
salée similaire au tanne est considérée comme une plaine de transition
localement appelée Sira-Sira. Elle peut être couverte par endroits de salicornes et, lorsqu'elle est
dans cet état, les parties concernées sont désignées sous le vocable de heake.
Auparavant, R Battistini (1960, op. cit) avait fourni pour la Pointe de l'Ampasimena le découpage
suivant:
- cordon sableux flandrien
- mangrove
- haut estran de vase nue en arrière de la mangrove
- ressaut à encorbellement avec Lapiez dans les calcaires coralliens du récif karombolien ...
A quelques nuances près, il établit le même état de découpage pour les paysages du delta du
Sambirano avec:
- roches éruptives post-Karroo
- mangrove
- zone de vase nue entre la mangrove centrale et la laisse de haute mer.
- cordon sableux
- accumulations sableuses en éventail sur le front du delta
- grand talus tectonique du bas Sambirano...
En Océanie, F. Baltzer (1982, op. cit) a consacré une bonne partie de ses travaux aux marais néo-
calédoniens. La zonation qu'il décrit reste tout à fait originale avec une ceinture de
Rhizophoracées subdivisée en plusieurs formations comprenant :
- une zone à Rhizophora micronata largement développée dans les parties externes (bordure de
chenaux et baies), mais pouvant être aussi retournée dans les parties internes.
- une zone unispécifique à Bruguiera gymnorhiza disposée parallèlement au rideau de
Rhizophora.
- une zone mixte à Rhizophora et à Bruguiera, dense dans les parties externes et de forme plus
claire dans les parties internes.
199

Les Rhizophoracées sont relayées dans la zone la plus interne des mangroves de la Dumbéa par
Avicennia officinalis qui précéde le pré-salé à Salicornia. Celles-ci sont, dans les secteurs les plus
salés, remplacés par un voile algaire à Cyanophycées. Enfin, la dernière zone rencontrée
correspond aux régions de salinité extrême. Elle est nue et sans végétation.
Le complexe mangrove-tanne a fait l'objet de nombreuses études sur le littoral ouest-africain. Un
schéma simplifié de la zonation que l'on y rencontre serait du type suivant :
- un rideau de Rhizophoracées localisées en bordure de chenaux, d'extension moyenne à faible.
- une formation secondaire à Avicennia pouvant se mélanger à des Rhizophora.
-le tanne.
En Afrique Centrale, les récents travaux de C. Marius (1985, op. cit) montrent, dans la baie de
Mondah au Gabon, une disposition analogue à celle des milieux à mangrove de l'OUest Africain.
Aussi, c'est certainement en Afrique de l'Ouest que les tannes sont les plus caractéristiques. Mais
si au départ, la plupart des auteurs décrivent le tanne comme une étendue salée et nue, ce qui
rejoint la représentation faite par les Serer, les essais de subdivision de l'espace effectués par la
suite ont développé quelques équivoques résultant de distinctions fondées sur des séquences
végétales ou pédologiques aboutissant à des contradictions certaines. A notre connaissance, après
les différentes études d'aménagement des tannes du Sine, le premier essai de spatialisation
dynamique a été conduit en 1963 par C. Charreau et P. Bonfils dans la région de Mbour au
Sénégal. Ces auteurs ont introduit les notions de tanne vif correspondant à un sol fortement salé
de type hypersolontchak et de tanne herbu assimilé à un sol moyennement salé de type solontchak.
Ces notions ont par la suite été reprises surtout par des pédologues et des géomorphologues. Ainsi
1. VieiUefon (1977, op. cit) et C. Marius (1985) définissent le tanne vif comme un domaine
exceptionnellement inondé par la marée, compte tenu de sa position topographique légèrement
surélevée. li correspondrait au tanne nu à efllorescences salines largement utilisé par les auteurs
notamment E.S. Diop (1978, 1986, op. cit) et M.M. SalI (1982, op. cit). Le tanne nu inondé est
alors défini comme une zone d'inondation quasi permanente, d'humidité élevée, d'évaporation
faible (c. Marius). Mais cette zone humide est en fait variable dans l'espace et dans le temps: c'est
l'état caractérisant une partie de la totalité du tanne à un moment donné, en fonction de la
disposition topographique et de l'importance de la marée.
Aussi, selon les auteurs, le tanne peut être vif, nu, inondé et/ou inondable, herbu, herbeux,
herbacée, à efllorescences salines.
On voit là toute l'ambiguité terminologique qui apparaît; si le mot tanne désigne par définition une
zone salée et nue, le qualificatif nu accolé au mot tanne constitue une redondance, alors que le
mot herbu contredit le terme de départ. Par ailleurs, l'assimilation du tanne herbu au schorre ou à
une partie du schorre montre que cette distinction, fondée sur une similitude d'aspect de la
végétation, a abouti à une schématisation extrême et même à des erreurs. Dans ce cas précis, la
comparaison avec le modèle tempéré qu'est le schorre n'est pas bonne. En effet, selon le strict
critère hydrographique,le schorre reste compris dans la zone inondable par les eaux marines ou
tluvio-marines. Or, pédologues et géomorphologues qui, à la suite de C. Charreau et P. Bonfils,
parlent du tanne herbu le décrivent comme isolé de toute influence des marées. Pour cette raison,
cette formation herbacée doit être classée comme une forme supratidale à la différence du tanne
qui, avec ses multiples états, reste fondamentalement un ensemble tidal.
200

Aussi proposons-nous d'appeler pelouse supratidale ce qui est couramment nommé tanne herbu,
suivi de l'indication de l'espèce ou des espèces dominantes ("pelouse supratidale à Sesuvium" par
exemple) qui apporte une précision supplémentaire justifiée.
La comparaison entre les marais tempérés et les marais tropicaux mérite un examen critique. TI
faut souligner tout d'abord que, même en zone tempérée, les critères de définition et de
reconnaissance des différentes formations ont été largement détaillés par F. Verger (1969, op. cit)
et repris par 1. Lerhun (1982). Nous nous y conformerons pour essayer d'établir la correspondance
entre les successions slikke-schorre et vasière-tanne, dont la disposition générale est résumée dans
les tableaux 45a et 45b.
Tableau 45a - Critères de définition de la slikke et du schorre (d'après F. Verger, 1969).
Critères de définition
Hydrograpbiques
Botaniques
Sédimentologiques ou
. 10'
es
Tableau 45b : Critères de définition de la slikke et du schorre appliqués à vasière et au tanne.
Critères de définition
Vasière
Tanne
Hydrograpbiques
Partie inférieure située entre BMVE et PMME. Partie
Entre PMM et PMGVE ; possibilité d'intervention de
supérieure située entre PMM et Grande PMME.
la nappe phréatique ; inondation par les eaux de
pluies.
Botaniques
Dével
d'une végétation de mangrove
Absence de vé2étation
Sédimentologiques ou
Vase plus ou moins sableux, sols peu évolués,
Sable fin, limoneux, rangé dans
le groupe des
pédololtiques
potentiellement sulfatés-acides.
solontchaks (sulfatés-acides).
La dynamique tidale est le trait majeur sur lequel devra s'appuyer toute comparaison entre marais
tempérés et tropicaux. Vasière à mangrove et tanne d'une part, slikke et schorre d'autre part
s'étendent entièrement à l'intérieur de la zone intertidale. Leur limite supérieure correspond au
niveau le plus haut atteint par les pleines mers de grande vive eau. A l'intérieur de cet espace, les
subdivisions et les correspondances entre les faciès sont délicates à établir car très étroitement liés
à la fréquence et à la durée des submersions ; les différents aspects les plus directement
perceptibles des marais dépendent de la capacité de la végétation à s'adapter ou non à des teneurs
en sel qui peuvent atteindre de très fortes valeurs dans les marais tropicaux du fait d'une
évaporation souvent importante. On constate que les taux de salinité s'accroissent alors
globalement de la mer vers le tanne, zone où la concentration saline devient trop forte pour
autoriser le développement de toute végétation. Le tanne peut ainsi être comparé à certaines mares
ou cuvettes de sursalinité que l'on observe sur les parties les plus anciennes des schorres, et
particulièrement dans les parties internes basses des schorres contraires.
L'aspect du tanne lui-même varie en fonction du niveau atteint par les marées, on y observe une
microzonation qui s'établit en fonction de l'ancienneté de la submersion et de la microtopographie.
Ces états, fréquemment observés sur les photographies aériennes, ont déjà fait l'objet d'une
analyse (F. Verger et al. 1982, op. cit.). Ils peuvent être schématisés de la manière suivante:
- une zone haute, couverte de poussière, de teinte sombre. Cette zone a été anciennement
atteinte par la marée ;
201

- la deuxième zone a été atteinte récemment par la marée ; les poussières ont été lessivées et on
y observe la formation d'efflorescences salines;
- la zone la plus basse, recouverte par la marée la plus récente, est encore humide.
En climat tempéré, des ceintures formées selon les mêmes processus s'observent l'été, alors que
les hauteurs atteintes par les marées sont faibles et l'évaporation la plus forte, soit dans les
cuvettes dénudées des schorres, soit sur les hautes slikkes.
Le mécanisme des marées sur le tanne peut être compliqué par une interférence liée aux
précipitations qui dérégularisent la dynamique tidale en entraînant des phénomènes de dessalement
par lessivage des sols ou une interférence liée à la nappe phréatique dont une forte salinité amplifie
au contraire la dénudation par l'existence de cristaux de sel.
Ces différents états, comme du reste l'existence de quelques herbacées généralement développées
à la faveur des pluies dans des microdépressions centrales ou bordières du tanne, ne sauraient se
substituer à la forme elle-même. C'est pourquoi nous préférons maintenir l'idée générale de
salinité liée au tanne, déterminante pour sa stérilité ; pour traduire aussi l'aspect ponctuel,
spatialement et temporellement, de ces herbacées, nous parlerons de pelouse ou de "péritan" pour
reprendre l'expression de lG. Adam (1961).
Enfin, on peut encore, à la lumière de toutes ces remarques, se demander s'il existe une zonation
type du tanne et du marais tropical en général. En ce qui concerne le second point, comme nous
avons pu le constater, divers schémas ont été élaborés. Dans le cas de l'Ouest Africain, l'amalgame
des divers états dynamiques avec le tanne n'a pas contribué à homogénéiser les choses. Mais si le
problème de la délimitation de l'espace intertidal subsiste encore, nous pensons avec F. Blasco
(1984) qu'une zonation classique même schématique des littoraux tropicaux s'impose. Elle serait
du type que nous proposons (fig. 89).
Conclusions
Les tannes représentent des formes d'évolution qui ont une grande ampleur sur la plupart des
zones humides littorales des tropiques. Malgré les observations et analyses accumulées, ils
semblent d'une réalité plus complexe. Aussi le rôle des facteurs de leur genèse et évolution ne peut
être abordé dans le cas particulier d'une seule discipline mais plutôt d'un point de vue transversal.
A partir de ce moment, il est possible de mieux mesurer les interrelations entre actions
anthropiques, effets de sécheresses climatiques, types et vitesse de sédimentation, phénomènes de
salure et sursalure des sols et nappes, faits pédologiques, degré et durée des submersions et
topographie.
Par ailleurs, si le paysage du tanne semble facile à percevoir sur le terrain, il n'est pas de même de
ses divers états, variables d'une séquence à l'autre, d'une période à une autre. Le tanne pose des
problèmes liés à notre avis à deux faits essentiels : une assimilation entre formes de milieux
différents et une substitution entre des états de la forme elle-même. Ce dernier point a davantage
compliqué les choses même si, paradoxalement, tous les auteurs s'accordent pour reconnaître au
tanne son caractère nu. Ce trait découle d'une série de facteurs convergents vers la salinité (marée,
évaporation, nappe phréatique). TI devrait donc être à la base de la définition même de la forme.
Aussi, nous définirons le tanne de la manière suivante :
202

S a l ; n i t é
~,
H,
PM
PM
PM
Mor
M moy
Gd 0
Y E
CONTINENT
Coot
JO
40
50
60
70
80
90
100
110
1
Cordon
1
1
duno;rt
1
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1
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5
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PM
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PMME
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CaNTINE NT
1
1
1
1
1
Gram;n:t'
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1

Cyptru"
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. - - - - - - - - - Pou' s. r e r e
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S o l i N u
a
mangrovt
Nu
Savant
Bass e
valièrt
valièrt
réctntt
1
Ancitnnt
"as.;~rt
1
Tan n e
Cordon
labltua
1
1
Fig. 89: Zonation
schématique des marais
lempérés (I) et t ro pic a u x (II)

Le tanne s'étend, en arrière des vasières à mangrove, dans la zone inondable par les marées de
vives eaux, il est caractérisé par des sédiments sablo-limoneux, une forte salinité et une absence
totale de végétation.
Enfin, comme on peut le constater, nous excluons de cette définition toutes les formes qui
évoluent en circuit fermé, qui ne sont plus atteintes par les marées, résultat d'une salinisation
ancienne et encore appelées tannes dans les secteurs amont du Sine et du Saloum. TI en est de
même des cuvettes localisées dans les cordons des dunes de la vallée du Sénégal dont la salinité
provient pour l'essentiel des infiltrations d'eaux marines et qui en réalité se rapprochent davantage
des sebkras.
204

Chapitre 3: Morphométrie des tannes de l'estuaire du Saloum
Ce chapitre prolonge le précédent par le fait que la littérature géomorphologique accorde une
importance notable à la dissociation taxonomique des milieux estuariens au détriment de la
différenciation justifiée des faciès d'un paysage spécifique.
Dans ce contexte méthodologique, la complexité de la configuration des tannes n'est pas
interrogée de même que sa relation avec le réseau hydrographique. Ce constat nous a conduit,
grâce aux données Haute Résolution Visible (HRv) du satellite SPOT (image 022-322 du 9 mai
1986), à poursuivre le travail de description morphométrique des tannes entrepris depuis 1988
(A.T. Diaw et al.). C'est ainsi que quatre critères morpho métriques (aire, périmétre, compacité et
indice de fractalité) auxquels il faut ajouter une variable d'association géographique - la
conformité - ont été utilisés pour étudier la forme et aboutir à une description systématique de 109
tannes situés dans les îles de Guior et de Guissanor. Les premiers éléments constituant cette
approche nouvelle devraient déboucher ultérieurement sur la solution de questions originales quant
à la mise en place et la signification géomorphologique des tannes.
9.1 - Cartographie des tannes et indicateurs morphométriques.
9.1.1- Cartographie des tannes
La relative faiblesse de l'information sur ces formes de relief des régions littorales tropicales,
notamment en ce qui concerne leur distribution et leur morphologie nous a conduit à dresser leur
cartographie détaillée dans le secteur de l'estuaire du Saloum (fig. 90).
L'analyse critique de la notion de tanne, établie dans nos travaux antérieurs (A.T. Diaw et al. 1993,
op. cit) et dans le chapitre précédent, nous a permis d'exclure de la cartographie présentée les
formes parfois reconnues comme des tannes herbus et largement utilisées dans la littérature. Ce
qui sera analysé ici reste la forme tidale.
La méthode d'analyse mise en oeuvre repose sur une segmentation binaire de la bande XSI (0,50 à
0,59 um) après identification du seuil de luminance correspondant en taxon recherché (fig. 90).
Les diverses opérations - cartographie, digitalisation et calcul des indices - ont été élaborées à
partir de la cartographie (fig. 90) et dont la figure 91a est un extrait. Afin de faciliter le repérage et
l'opération de digitalisation, les différents tannes ainsi cartographiés sont affectés d'un numéro
d'ordre (fig. 91b). A partir de ce moment, la mesure des indicateurs morphométriques est possible.
9.1.2 - Indicateun morphométriques utilisés.
Les formes de relief ont des propriétés facilement mesurables. La connaissance des indicateurs tels
que le périmètre, l'aire, la compacité et la dimension fractale des tannes du Saloum a été rendue
possible par la mise au point du programme MORPHO-T.
Le programme MORPHO-T appelle un sous-programme LECfUR qui permet de charger un fichier
de données contenant les coordonnées selon x et y du périmètre d'un, ou de plusieurs tannes.
LECTUR appelle à son tour les sous-programmes TAILLE, MORPHO, INTERP et FRAcrA qui
permettent d'effectuer les opérations suivantes :
- TAILLE calcule le périmètre de chaque tanne et l'exprime en mètre.
205

16·45
16° 4 0
16·35
16· 30
~~. ~ 1 .~ .. ~
~.
/J
~'~
~I\\(
14·
I
(
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1
__
l,') 7 ~
100
13·
13·
55
55
N
o
0\\
13·
13·
50
50
Pte
de
13·
45
Fig.90:Tannes de l'estuaire
du
Saloum
1
'\\.
/ {
'"
'\\0 'St U
C
{
, . . . . - ,
Il
1
0
2k rn .

, 6·45'
A
1 6 ·40'
, 6·45'
B
'6· 40'
422
426
Fig_ 91a-b:Localisation
et
numero
des tannes du
Saloum
207

- INTERP recalcule les coordonnées selon x et y du périmètre de chaque tanne selon un
intervalle régulier exprimé en mètres. L'opération est conduite en deux étapes: les longueurs
cumulées le long de la forme sont considérées comme la variable indépendante, les coordonnées
selon x (première étape), puis selon y (dernière étape) sont considérées comme la variable
indépendante.
On recherche alors les valeurs prises par X, puis y, pour des valeurs régulièrement espacées des
longueurs cumulées. Les valeurs sont interpolées au moyen d'une fonction spline cubique. Un
polynôme différent est utilisé pour chaque intervalle avec les contraintes suivantes : la fonction
obtenue doit passer par le point original et avoir la même pente. Les pentes calculées par
recherche de la pente de la parabole qui passe par le triplet constitué par chaque point et ses deux
plus proches voisins.
- MORPHO calcule les grandeurs suivantes :
· aIre
· périmètre
· compacité
· centre de gravité
· moment d'inertie
· moment statique
· tenseur d'inertie
· axe principal.
Le concept de dimension fractale rend compte de la variabilité à toute échelle des phénomènes
naturels et a été introduit pour décrire les objets très irréguliers. Son application s'avère
particulièrement intéressante par l'étude des milieux comme le relief (B. Mandelbrot, 1975), les
arbres (R. Mandelbrot, 1982), les nuages ou les turbulences atmosphériques (D. Schertzer et s.
Lovejoy, 1985, 1986). La télédétection se prête bien à l'analyse fractale comme l'indique G.
Ramstein et M. Raffy (1988, 1989, 1990).
Les contours et la variabilité des tannes ont été perçus à travers le sous-programme FRACfA. Ce
sous-programme calcule la dimension fractale d'un tanne par comparaison successive du périmètre
simplifié de la forme soumise à l'analyse. Les périmètres simplifiés PI, P2, ... Pn sont obtenus de
manière itérative en retenant un point sur 1, puis un point sur 2, ... puis un point sur n, chaque
segment reliant deux points successifs du périmètre prenant alors une longueur LI; L2, .., Ln.
La dimension fractale est obtenue en calculant :
Log (P) = a + Log (L) b
pour l'ensemble des n couples (P,L) obtenus FRACfA fournit les résultats suivants:
· a, intercept
· b, pente
· r, coefficient de corrélation
· n, nombre de points pris en compte;
b correspond à l'indice de fractalité au sens de H. Schwarz et M.E. Exner (1980) in M. Coster et
J.L. Chermant (1985). (Annexe 7).
208

En effet, une courbe fractale naturelle présente selon G. Ramstein et M. Raffy (1990) généralement
une "auto similarité" ; son degré d'irrégularité est comparable quelle que soit l'échelle que l'on
considère. L'homothètie interne est ici une propriété de nature statistique de l'objet. Pour définir
une dimension fractale sur de telles courbes, on utilise un ensemble régulier recouvrant celles-ci.
Les notions de recouvrement adoptent ce principe et sont facilement utilisables avec une table de
digitalisation.
La méthode de H. Schwarz et ME. Exner (1980) in M. Coster et J.L. Chermant (1985, op. cit.) est
une variante de la méthode de recouvrement de Mandelbrot-Richardson (fig. 92a) et de
détermination des courbes fractales utilisée par B.R. Kaye (fig. 92b) pour l'étude de la forme de
fines particules de carbone.
Dans la méthode de H. Schwarz et H.E. Exner, la première étape du processus reste la même que
dans les méthodes précitées : espace Ào régulier des points du contour et mise en mémoire de ces n
points (À == 11100 du diamètre de Féret). Le périmètre 1.2 (X, Ào) est calculé de la même manière.
Ensuite, on ne fait pas varier l'espacement Ài entre les points, mais le périmètre approché est
calculé en prélevant régulièrement un point sur j dans la mémoire (fig. 92c). Si l'on appelle dk, k + j la
distance entre k et le point k +i, on aura:
j
nlj d
nlj d
).j = -
~
k, k + j et L 2 (X, ). j) = ~
k, k + j
n
K=}
K=}
D'après l'analyse critique de M. Coster et J.L. Chermant (1985, op. cit), cette méthode bien que
moins rigoureuse est beaucoup plus rapide et donne d'excellents résultats dans le domaine compris
entre 11100 du diamètre de Féret et 112 du diamètre de Féret.
9.1.3 - Indicateur d'orientation: la conformité.
Cet indicateur se fonde sur l'hypothèse selon laquelle la forme des tannes connote une ou plusieurs
orientations géographiques qui ne sont pas dues au hasard mais semblent en partie dépendre de
l'orientation du réseau hydrographique. Cette hypothèse est sous-tendue par le fait que la
submersion des tannes par la marée ne se réalise pas toujours selon le modèle d'une nappe
uniforme glissant sur une surface plane.
L'observation de divers documents photographiques et du terrain révèle, souvent en bordure ou
par endroits sur le tanne, l'existence de légers sillons, très faiblement entaillés mais largement
suffisants pour réaliser une bonne part du drainage de l'estuaire (G. Belbeoch, A.T. Diaw et L.
Loubersac, 1982, op. cit.). Ces sillons, véritables voies d'écoulement, sont probablement
dépendants de différences topographiques et granulométriques et restent, toutes proportions
égales par ailleurs, comparables aux bolons.
Tester cette hypothèse revient à évaluer le degré de conformité de l'orientation des tannes par
rapport à celle du réseau hydrographique. Pour cela, on procède d'abord à la détermination
graphique des différentes orientations du binôme tanne-réseau hydrographique pour ensuite les
comparer. Cette procédure débouche sur la distribution des écarts d'orientation des tannes par
rapport à l'orientation du réseau hydrographique.
209

)..1
a.KAYE 197a
.... - - ...
t
......
0.01
0.1
Fig. 92a: Utilisation de la m~thode
Fig. 92b: Exemple d'une courbe
de
Man dei br 0 t - Ri cha rd son a v e c
fractale relative à l'analyse
une table de digitalisation
d'une particule de carbonne
X6
X,
"
7
Xs"""""
.
d (XS,X7):J: 2
X4
~d (XI,X2):;:1
XI
Xn
Fig. 92c: détermination de la
dimension fractale selon la
méthode
de H. Schwarz et H.E. Exner
210

9.1.4. Procédures de détermination des orientations.
9.1.4.1. Les orientations du réseau hydrographique.
Les orientations du réseau hydrographique sont déterminées par l'orientation des segments de
droite qui correspondent aux principales sections du trait de côte, des rives du fleuve Saloum et du
réseau de bolons (fig. 93 a et b).
Ces sections résultent d'une généralisation qui fait correspondre un segment de droite à chaque
unité de tracé irrégulier et à chaque série de méandres divagants. Les 65 sections obtenues mettent
en évidence les orientations dominantes du réseau hydrographique (fig. 94).
9.1.4.2. L'orientation dominante des tannes.
L'orientation dominante d'un tanne coïncide avec sa plus grande dimension d'étirement. Les 109
segments qui représentent la position et l'orientation dominante des tannes (fig. 94) ont été
obtenus par tracé d'un segment centré sur le tanne et de dimension égale au diamètre du cercle
circonscrit (fig. 93c). La connaissance de cette position est nécessaire pour la détermination de la
section hydrographique la plus proche de chaque tanne.
9.1.4.3. La lecture des orientations.
L'orientation des segments et section se lit directement sur un support transparent où figure une
rose de 36 dizaines de degrés,que l'on place sur la figure 94.
Les directions n'ayant pas de signification, seule la moitié de la rose est utilisée. Il y a donc 18
orientations et l'écart de rang maximum entre 2 orientations est de 9, soit à peu près 90°,
puisqu'au delà de ces chiffres on retrouve dans un quart suivant de la rose des orientations peu
différentes de celles rencontrées dans le quart précédent. Pour cette même raison, il faut, dans la
lecture des écarts, tenir compte de l'angle le plus faible entre les 2 orientations examinées et non
de l'angle le plus fort. Enfin, l'écart se définit par le nombre de secteurs de dizaines de degré qui
sépare les secteurs auxquels appartiennent les orientations +1 secteur : entre les secteurs 1 et 2 il y
a un écart de 1(0 +1), la comparaison entre deux orientations identiques étant codifiée O.
9.1.4.4. Les écarts entre orientations.
Les diverses orientations relevées sont comparées et les écarts enregistrés.
Cette comparaison pose problème lorsqu'un segment se situe dans le voisinage de plusieurs
sections. Pour identifier la section la plus proche on recherche la distance la plus courte séparant le
centre du segment du point de section le plus proche. Si malgré tout deux sections se trouvent
ainsi sélectionnées, c'est la plus longue qui est retenue (fig. 93c).
Les données obtenues par les procédures ainsi exposées sont présentées annexe 8. Leur analyse
permet d'obtenir une information synthétique sur les orientations et la conformité.
211

.... ....
/
, ;
,
)
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".
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A
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c ô t e ,
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b
o
l
o
n
2
Tanne
Comparaison
Reseau
hydrograph;que-Tanne
Fig. 93a-c:Procédure de détermination
des orientations dominantes
21 2

63
3
1
22
1 -1',go 229:~~\\
-
123
3;' 5:\\
:~\\I ~'6
33
' "
27
35
5
227
234/2 /
235
9
2369..2~6
30
\\4~32
~
32
orientat ion et
\\ 621
n' du
tanne
orientation
et
n:
section hydrographique
Fig.94:0RIENTATIONS
DOMINANTES
213

9.1.5. Conclusion sur les orientations et la conformité.
9.1.5.1. Les orientations du réseau hydrographique.
La sélection des sections hydrographiques s'est faite sur la base de leur plus grande proximité par
rapport à un ou plusieurs tannes. Le tableau 46 récapitule les différentes orientations enregistrées
ainsi que le nombre de fois où chacune d'entre elles est comparée à celle d'un tanne. TI ressort de
ce tableau que plus de 50 % des sections hydrographiques sélectionnées ont une orientation
comprise entre le NNW-SSE et le N-S (définis par les secteurs 33, 34, 35, 36, 1 de la rose) ; ce
résultat est également visualisé en figure 95a.
Tableau 46 : Orientations des sections hydrographiques
sélectionnées.
Orientation (secteurs de
Sections de réseau hydro-
Effectifdes tannes relevés et
la rose des directions)
graphique comparées aux
correspondantà
l'orientation
tannes
des sections hydrographiques
E
9
W
28
30,33,37
7
29
58
2
30
1,30,38
7
31
45
3
32
18
3
33
14,48
7
34
3,12,50
6
35
5,16,17,54
25
N
36
23,46
12
1
31,57
12
2
49,60
5
3
19,20,55
7
4
35,39
2
5
2,64
3
6
7
25,41,32
8
8
9.1.5.2. L'orientation des tannes.
Le tableau 47 et la figure 95b donnent la répartition des tannes selon leur orientation dominante et
permettent de formuler les remarques ci-après:
- l'orientation dominante des tannes varie entre le NW-SE, NNW-SSE et le N-S (secteurs 31 à 36
et 1) et représente près de 46 % de l'effectif
- Les tannes se caractérisent, en outre, par deux orientations sous-dominantes (NNE-SSW, E-W,
secteurs 3 et 9) ; elles constituent environ 16 % de la totalité des orientations relevées.
214

N
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l
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36
2
-ft~
-,
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J
"
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t1"
o
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">
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ClO
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2 a 3 f o i s
L' épaisseur du
tra",t est proport;onnelle
5
à 8
au
nombre de
tois
o~ t'o",",entation du r~seQu
hydrographique
est
comparée à
celle d'un tanne
12
25
N
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\\
1
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-,
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~
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CD
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W
E
a
3 tannes
L' épaiss e u r-
du
t r ait
est
pro port;on-
5
à 6
n e t r e à l'éttect",t des
tonnes
8
a 9
11
a
15
"
"
Fig.95a-b:Répartition des Orientations du reseau
hydrog ra ph i que sélectionné
21 5

Tableau 47: Orientation dominante destannes.
Orientation (secteurs de Numérodes tannes
Effectifdes tannes par
la rose des directions)
secteurs
E
9
236,2360,244,250,251,2100,435, 646
9
W
28
22,25,216, 66,616,421,
6
29
69,432
2
30
629
1
31
245,21, 26, 63, 64, 67, 617, 426, 430,
Il
436,624
32
237,610,620,621,625
5
33
240,252,212,27,6130,615,422,427,
13
4300,627,630,6300,635
34
44,28,218
3
35
221,227,230,239,2480,213,211,611,
15
612,619,623,420,429,613,636
N
36
233,238,241,29,214,613,622,634
8
1
248,23,210,618,628
5
2
235,243,41,61,68
5
3
229, 231, 2320, 42, 215, 62, 428, 626,
9
633
4
220,2410,246,43,419
5
5
232,234,14,24,217,417
6
6
15,65
2
7
241,2101,6260
3
8
219,418
2
9.1.5.3. La conformité.
La conformité de l'orientation des tannes par rapport à celle du réseau hydrographique est d'abord
analysée par secteurs d'orientation puis évaluée globalement en terme d'écarts:
- en considérant les secteurs d'orientation, la comparaison des figures 95a et b - élaborées à
partir des données des tableaux 46 et 47 - montre que la répartition des tannes est quasiment
superposable à celle des sections hydrographiques. Cette relation est particulièrement vraie pour
les orientations dominantes variant entre le N-S et le NNW-SSE. A cet égard, on peut constater
qu'une proportion importante des tannes, 40 % environ ont la même orientation (NS, NNW-SSE)
que la plupart des sections du réseau hydrographique (57 %). L'orientation NNE-SSW, sous-
dominante des tannes a également un degré de conformité élevé par rapport au réseau
hydrographique. L'orientation NW-SE qui caractérise 14 % des tannes a une relation de
dépendance plus faible au regard de celle du réseau hydrographique, dans une proportion de 1 à 3.
On remarque que l'orientation variant de l'ENE à l'wsw qui concerne 7 % des tannes n'est pas
représentée au niveau du réseau hydrographique.
216

- en considérant les écarts on peut construire à partir des données de l'Annexe 8 un diagramme
de répartition des tannes selon l'écart enregistré entre leur orientation et l'orientation de la section
hydrographique la plus proche. Le résultat obtenu (fig.96)
permet de constater que 68 % de
l'effectif des tannes suit une orientation du réseau hydrographique. Le degré de conformité des
tannes est encore plus prononcé si l'on ne prend en compte que les 3 premiers rangs d'écart qui
regroupent près de la moitié des tannes pour un écart d'orientation égal ou inférieur à 2 dizaines
de degré seulement.
Eft~ctif d e s
tannes
20
1 5
10
5
OL.....,----.----,-----,---,----,------,-----,--.-----,----
o
4
5
6
7
8
9
E cart
d, z o r n e s
o e
c e q r e
Fig.96 : Conformité orientation des tannes - Orientation du réseau hydrographique.
Au total, du point de vue des secteurs d'orientation comme des écarts, il se dégage un taux élevé
de corrélation entre les orientations dominantes du tanne et celles des sections hydrographiques.
Pour l'essentiel, il ressort du premier niveau, c'est-à-dire les secteurs d'orientation, que plus de la
moitié des tannes et 62 % des sections du réseau hydrographique restent confondus dans une
orientation variant du N-S vers le NW-SE. Le second niveau, celui des écarts d'orientation,permet
de constater que 68 % des tannes sont conformes, avec un écart égal ou inférieur à 4 dizaines de
degré.
Enfin, pour souligner les perpectives que présente la notion de conformité nous avons essayé de
saisir la répartition des tannes en fonction de leur écart d'orientation (fig. 96). L'histogramme de
distribution qui a une forme bimodale, laisse apparaître deux populations. La première (68 % de
l'effectif) présente un degré de conformité élevé, jusqu'à 4 dizaines de degré d'écart ~ la seconde
se caractérise par un niveau de conformité faible avec un écart au moins égal à 5 dizaines de degré.
Il conviendrait d'entreprendre une recherche spécifique pour trouver les raisons de cette
différence.
9.2. Analyse comparative des indicateurs morpbométriques et typologie des tannes.
Les paragraphes précédents nous ont permis de procéder à la description détaillée des différents
indicateurs et des informations qu'ils contiennent. Nous nous attacherons dans ce qui suit à
rechercher les diverses informations pouvant résulter des indicateurs et de leur application aux 109
tannes étudiés.
217

L'analyse comparative des indicateurs a été rendue possible par la création d'un fichier-image dont
le principe d'élaboration est rappelé ci-après.
9.2.1 - Principe du fichier-image.
Le fichier-image est l'une des techniques de traitement graphique de l'information mise au point
par 1. Bertin (1977). Cette méthode consiste à transformer le tableau initial des données en une
image manipulable susceptible de fournir un classement significatif des objets étudiés au regard
des indicateurs retenus.
Dans le cas présent les lignes du tableau de données, c'est-à-dire les tannes, doivent être mobiles
et permutables.
Pour construire et exploiter le fichier, il faut simplifier les indicateurs en réduisant les données
grâce à l'établissement de classes, transformer ce tableau de classes en image décomposable et
procéder aux permutations afin d'étudier les classements de tannes et les relations entre
indicateurs.
En principe, le fichier-image a pour principal objectif de fournir à l'opérateur une perception
simultanée de tous les niveaux d'informations contenus dans les données (J. Bertin, 1977 op. cit).
Cette vision synoptique permet en effet de définir un regroupement significatif des données et
donc une classification ou une typologie des objets étudiés. Toutefois, pour des raisons indiquées
plus bas, le fichier proposé ici sert simplement à mieux connaître les indicateurs considérés
ensemble.
9.2.2. Fondements du classement de la valeur des indicateun.
La figure 97a-e visualise la distribution des tannes pour les 4 indicateurs morphométriques ainsi
que leur répartition en fonction de la conformité.
Pour étudier ces indicateurs globalement et de manière cohérente, on a retenu le même nombre de
classes, 9 et la classification obéit au même principe. La partition s'est faite empiriquement,
d'abord sur la base d'une observation minutieuse de l'ensemble des valeurs fournies par les 4
indicateurs morphométriques ; ensuite on a procédé à la segmentation des valeurs réparties le long
des différents axes de distribution (fig. 97a-d). L'allure générale de chaque distribution, les
discontinuités observées sur les axes et le degré de regroupement des objets déterminent
l'amplitude, la limite et le contenu des classes. L'indicateur de conformité est quant à lui
directement utilisable pour le fichier après que les notifications 8 et 9 aient été regroupées pour
respecter le nombre de classes préalablement définies (fig. 97e).
L'annexe 9 récapitule le résultat de ces opérations et permet de passer du tableau des valeurs à
celui des classes (Annexe 10).
9.2.3. Construction du fichier et résultats de classements.
L'annexe 10 permet de construire le fichier. Pour y parvenir on fait correspondre à chaque ligne
du tableau une feuille de papier sur le pli de laquelle les numéros de classe sont analogiquement
transcrits par des traits d'épaisseur adéquate. On rassemble et on comprime les fiches ainsi
élaborées dans une boîte. Celles-ci font l'objet de divers rangements dont l'un des plus intéressants
concerne l'ordre croissant des valeurs de l'aire. Ce rangement fait ressortir une certaine
218

PERIMETRE
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J.
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CONFORMITE
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Fig ,97: Distribution et classement des valeurs des

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indicateurs morphométriques et de la conformité
tanne









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concordance des valeurs de l'aire, du périmètre et de l'indice de fractalité et un désordre tant en ce
qui concerne la conformité que la compacité.
Pour apprécier la corrélation positive qui existe entre l'aire, le périmètre et l'indice de fractalité, le
classement réalisé sur l'aire a été perfectionné en réitérant le rangement des fiches, d'abord sur le
périmètre, puis sur l'indice de fractalité sans procéder à la modification de chacun des ordres
précédents et en plaçant les fiches à valeurs trop dissemblables par rapport à la hiérarchie retenue,
dans le bas du fichier. Cette dernière opération montre malgré tout, et ce sur la base du simple
rapport entre le nombre de fiches effectivement rangées et l'effectif total des fiches que la
corrélation entre aire et périmètre concerne 92 % des fiches et celle entre ces indicateurs et l'indice
de fractalité avoisine 86 %.
L'ensemble des indicateurs génère donc un système de différenciation des tannes à 3 facteurs:
- l'aire, le périmètre et l'indice de fractalité
- la compacité
- la conformité
Ce dernier facteur est de nature géographique alors que les deux autres sont plus strictement
morphologiques.
Par ailleurs, la conformité représente le facteur et l'indicateur le plus indépendant. Pour ces
raisons, l'étude qui a été proposée plus haut apparaît indépendante de celle qui reste nécessaire
pour les autres indicateurs.
Seuls les deux autres facteurs sont donc maintenant considérés. Pour cela, le fichier-image n'est
plus nécessaire. Il est alors plus simple d'utiliser un diagramme de corrélation. Celui-ci doit
permettre de visualiser plus nettement la relation entre facteurs et d'identifier des tannes-types.
9.2.4. La relation indice de fractalité 1 compacité.
Les tannes sont positionnés dans le diagramme de corrélation selon leurs valeurs de fractalité et de
compacité auxquelles, à titre indicatif, on a surimposé celles de l'aire simplifiée par réduction à 3
classes de superficie (98a).
La dépendance et la corrélation positive entre ces indicateurs se trouvent ainsi confirmées sous la
forme d'un nuage de points diagonalisé: la complexité, la sinuosité et la superficie des tannes
augmentent parallèlement.
Cette remarque générale doit être complétée par les nuances qu'impose la relative dispersion des
points d'une part dans les valeurs moyennes et faibles pour l'indice de fractalité et la compacité,
d'autre part dans les classes de valeurs les plus fortes pour l'aire.
Cela signifie que, pour une part non négligeable, les tannes n'obéissent pas à la situation modale
selon laquelle un tanne est d'autant plus complexe qu'il est sinueux et grand. Les tannes normaux,
proches de cette situation modale, s'opposent donc aux tannes particuliers, qui s'en éloignent.
Aussi, dans la perspective typologique, obtiendrait-on beaucoup trop d'individus particuliers s'il
fallait procéder à une segmentation systématique du nuage de points. Il semble alors plus simple de
réduire l'échantillonnage de tannes-types en procédant à une extraction sélective de points bien
ciblés.
220

COMPACITE
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Petit
ou moyen
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Grand
0
> 360
Très
grand
E
~615
Fig.9Ba-b:Relation indice de t r o c t o lit e z Compacité/
o r r e des tannes du
Saloum
221

9.2.5. Typologie des tannes.
Dans le nuage de points on délimite visuellement 6 groupes de points, désignés par les lettres
alphabétiques de A à F, de sorte que le plus grand nombre de points soient regroupés avec le
minimum de groupes (fig. 98b).
L'inconvénient de cette segmentation sélective du nuage de points réside dans le fait qu'on néglige
un grand nombre de tannes. Mais cela ne gêne pas l'objectif de l'étude qui n'est pas de classer
tous les tannes mais plutôt de rechercher des types. De plus, les tannes non sélectionnés sont
considérés comme des individus intermédiaires ; par exemple, tous les tannes se trouvant au centre
du nuage sont des variantes de ceux sélectionnés dans les groupes B, C, D et E.
On recherche dans chaque groupe ainsi défini un point représentatif, celui occupant la position
centrale. Pour le groupe E qui est très hétérogène du point de vue de l'aire, on a choisi 2 points
bien opposés.
Ces points représentent les principaux types de tannes déterminés à partir de l'analyse comparée
des indicateurs morphométriques (fig. 98b).
Ce résultat est formalisé dans le tableau 48
Tableau 48 : Caractéristiques et détermination des tannes-
types de l'estuaire du Saloum.
Groupe
TIlIII»-Type
Caractéristiques

(valeurs ou classes et sitmification)
Indice de
Compacité
Aire
fractalité
A
23
0.762
0.739
Classe 1
Simple
Compact
Petit ou
moyen
B
630
0.93
0.705
Classe 1
Assez
Compact
Petit ou
simple
moyen
C
6130
0.594
0.503
Classe 1
Assez
Allongé
Petit ou
sinple
moyen
D
631
0.220
0.591
Classe 2
COfIIIJliQué
Allongé
Grand
E
615
0.079
0.296
Classe 2
complexe
étiré
Grand
227
0.086
0.479
Classe 3
Complexe
étiré
Très grand
F
65
-0.01
0.113
Classe 3
Complexe
sinueux
Très grand
Pour aboutir à un résultat encore plus simple, il suffit de synthétiser la nomenclature en éliminant
les redondances et en sélectionnant les termes qui induisent une différenciation optimale:
222

Tannes-types:
A.23
Elémentaire
B.630
Compact
C.6130 Allongé
D.631
Compliqué
E.615
Complexe
E.227
Très grand et complexe
F.65
Sinueux
Cette typologie permet de trouver une cohérence globale dans la configuration des 109 tannes
étudiés. Ceux-ci n'apparaissent alors plus comme une gamme infinie d'objets informes, mais, plus
probablement, comme les diverses formes d'extension et de complexification du même paysage.
Le tanne perd sa forme élémentaire en s'étendant et surtout en s'allongeant d'une part, et, d'autre
part, en passant d'une taille moyenne à grande (type C à D). Puis le tanne se complique en
s'allongeant davantage; il s'''étire'' sans que la taille n'intervienne vraiment (type D à E). Il devient
"complexe".
Ensuite la complexité n'augmente plus de manière significative, de même que l'aire ; le tanne
s'étire encore et devient sinueux (type F).
Aussi, le processus d'allongement apparaît comme le facteur-clé de complexification des tannes.
Cette conclusion offre un deuxième argument, après celui de la conformité, illustrant l'analogie
entre configuration des tannes et celle du réseau hydrographique.
Conclusion
La démarche classique de la taxinomie géomorphologique tend à faire du tanne un paysage, qui
par essence, est uniforme. Cette relative uniformité du tanne est en effet déterminée par des états
de surface peu variés, fonction du degré de submersion de la marée et/ou du taux de salinité.
Au regard de l'intégration de quelques-unes de ses propriétés (variabilité morphologique et
contextuelle), le tanne apparaît alors comme un objet polymorphe dont la mesure et
l'environnement immédiat peuvent éclairer la genèse dans le cadre du domaine estuarien.
Les premières conclusions qui s'appuient ici sur quelques paramètres morphométriques et la
conformité du tanne par rapport à l'orientation du réseau hydrographique, montrent d'abord que
l'infinie variété des formes de tanne ne semble répondre qu'à un processus de différenciation
relativement simple: le tanne se complexifie en s'étirant avant de devenir sinueux.
Ensuite,le tanne a une orientation dominante qui reste largement conforme à celle du réseau
hydrographique le plus proche.
Il existe ainsi une double analogie, géographique et
morphologique,
avec le réseau
hydrographique. Et l'hypothèse de la configuration essentiellement hydrographique des tannes en
sous-tend une autre, celle de leur origine et de leur évolution hydrographique, qui implique une
étude évolutive de ces paysages intermédiaires du domaine estuarien.
223

Conclusion générale
Le littoral du Sénégal offre une remarquable diversité de types morphologiques. Au cours de la
présente analyse, l'accent a été mis sur ce complexe fait de flèches sableuses, dunes, bancs pré-
littoraux et tannes. La marée et la végétation introduisent bien des "disparités nomenclaturales"
dans les zones connues pour être colonisées par la mangrove. L'érosion et les phénomènes
d'accrétion se disputent l'espace littoral et constituent des processus majeurs liés aux facteurs
naturels (dynamique éolienne, marine et fluviale). D'autres facteurs prolongent ces processus et
ressortissent de l'histoire morpho-climatique qui accentue l'originalité du littoral sénégalais,
d'occupation ancienne et où les paléo-formes, par leur relative fragilité, influent considérablement
sur la dynamique géomorphologique actuelle.
La
marque
de
l'homme
fortement
incrustée
dans
le
paysage
complète
le
"moment
géomorphologique" des milieux littoraux sénégalais où nombre de phases restent inachevées... A
cet égard, l'étude de l'origine du matériel qui -il faut le souligner reste complexe - n'est abordée
ici que sous un aspect très global, l'absence de bilan quantitatif neutralisant la plupart de nos
conclusions. L'explication des formes nécessite en effet une maîtrise du "corps" des matériaux
sédimentaires par des prélèvements ou sondages, une périodicité régulière et soutenue des mesures
de courants pour une connaissance de la répartition et de la valeur des forces en jeu, une
évaluation hypsométrique détaillée des formes développées dans les marais, une maîtrise des
conditions locales et des interactions rencontrées au niveau des nappes sableuses constituées par
les fronts dunaires des niayes.
Comme nous pouvons le constater de cette énumération, les conclusions auxquelles nous avons
abouties, plus particulièrement celles liées à l'explication génétique des formes demeurent encore
bien incomplètes et malgré le rendement des outils d'analyse géographique mis en oeuvre,
l'immensité du chantier semble infinie...
La connaissance du littoral sénégalais nécessite donc une recherche approfondie des phases les
plus actives au plan des processus morphogéniques et la constitution d'équipes multidisciplinaires
pour surmonter les difficultés et limites imposées à la maîtrise de l'évolution des phénomènes
littoraux. Toutefois, le présent mémoire nous a permis d'aboutir à une série de conclusions que
nous pouvons synthétiser comme suit :
l - La morphométrie plane du littoral sénégalais.
Des vestiges d'industries lithiques du Paléolithique retrouvés à la Pointe de Fann et les différentes
industries néolithiques du Khant ou des sites de la Presqu'île du Cap-Vert ainsi que l'arrivée des
premiers Européens (1364 ou 1444) témoignent de l'ancienneté de l'occupation des côtes
sénégalaises. Cette ancienneté de l'occupation du littoral et la densité des documents
photographiques et cartographiques contrastent singulièrement avec l'absence d'études de
morphométrie plane du littoral.
Ce constat nous a conduit à procéder à la mesure des côtes sénégalaises, longues de 706 km et à
l'analyse de leur état de découpure par le biais de la méthode des "écarts maximum". Cet axe de
recherche nous a permis, après l'inventaire des types de classification antérieurement connus sur le
littoral sénégalais (historico-administrative, génétique et morpho-génétique), d'élaborer une
224

classification basée sur la relation valeur de la découpure / contraintes morphologiques. C'est ainsi
qu'on peut distinguer trois grandes catégories de côtes :
- celles à découpure insignifiante (valeurs de découpure < à 1,05) et qui intéressent les dunes et
les formations tertiaires et secondaires, soit 56,10 % de la répartition morphologique des côtes.
- celles à forte découpure (valeurs de découpure> à 1,50) et qui sont représentées par les côtes
rocheuses à produits volcaniques et les côtes à cordons, soit 14,63 % de la répartition.
- celles à très forte découpure (valeurs de la découpure> 10) et qui s'observent au niveau des
ensembles morphologiques constitués par les estuaires, rias et flèches sableuses, soit 29,27 % des
côtes du Sénégal.
En intégrant l'orientation du trait de côte à ces deux paramètres, il semble que l'on puisse
distinguer sept secteurs littoraux caractéristiques et qui, du Nord au Sud, s'échelonnent comme
suit:
- de Saint-Louis à Taré
- de Taré à Yoff
- de Yoffà Hann (tête de la Presqu'île du Cap-Vert)
- de Hann à la Pointe Sarène
- de la Pointe Sarène à Palmarin
- de Palmarin à Kafountine
- de Kafountine au Cap Roxo
Dans le détail, les secteurs côtiers de Saint-Louis à Kayar ont une orientation dominante NNE-SSW.
Le changement de direction sur cette partie de la côte plus couramment appelée Grande Côte ou
Côte Nord, est situé au droit de Kayar. En effet, de Kayar à Yoff, les segments côtiers ont une
orientation ENE-WSW.
Le triangle qu'est la Presqu'île du Cap-Vert présente de Yoff aux Almadies des segments orientés
NE-SW et NNE-SSW. La façade occidentale (des Almadies au Cap Manuel) est orientée SSW-NNE et
SW-NE avec de fortes valeurs angulaires (> à 128°).
Les segments de la Côte Sud (petite Côte, Côte des "Rivières du Sud ") se caractérisent par des
orientations divergentes avec toutefois une prédominance relative des directions NW-SE et NNW-
SSE.
2 - La nature des données de télédétection du littoral sénégalais.
Les données de télédétection, entendu dans le sens large du terme, offrent ici aussi une
remarquable diversité. En l'absence de clichés photographiques du début du siècle, la cartographie
élaborée par le Service Géographique de l'Armée puis le Service Géographique de l'ex-AOF,
constitue un bon modèle graphique de terrain et d'analyse. Le développement de la photo-
topographie à partir de 1922 et celui de la photographie aérienne au cours des années cinquante
ont permis d'accélérer l'inventaire et la cartographie de nombreux sites du littoral sénégalais. Par
le biais de cette technique, la mesure du propos cinématique prend une signification toute
particulière notamment dans l'élargissement de la connaissance des formes littorales soumises à
une évolution géodynamique très rapide comme la flèche de Sangomar ou le front des dunes vives
de Kayar et Sali à Lompoul.
225

Cette approche de la dimension géomorphologique s'est renforcée à partir de 1972 par
l'exploitation des données recueillies par la série de satellites Landsat, caractérisés par une
répétitivité élevée. Les satellites de seconde génération avec une résolution spatiale plus fine, en
service au cours des années 80 (Landsat TM. MOMS, HRV SPOT), offrent une nouvelle voie
d'approche aux champs d'investigation en cartographie géomorphologique et en télébathymétrie,
complétant ainsi les instruments conventionnels jusqu'ici utilisés notamment la bathymétrie
classique des bancs pré-littoraux de l'estuaire du Saloum.
3 - L'analyse des données du littoral sénégalais.
Ce mémoire est dédié à quelques facteurs explicatifs de la géomorphologie des littoraux sénégalais
et s'est appuyé sur l'enchaînement de diverses procédures basées sur l'exploitation automatique
d'images numériques ou numérisées : pré-traitement, corrections atmosphériques, rectification
géométrique, utilisation de différents modules de traitement.
La cartographie et l'évolution des formes de la Grande Côte - La cartographie du site de Kayar a permis
d'établir la typologie des ensembles dunaires présentant des caractères communs à tout le littoral
de la Grande Côte. La méthodologie mise au point (méthode des points de troncature) utilise
l'hypothèse d'une distribution normale de population. Toute sous-population répondant à cette
distribution sera alors représentée sur un graphique en ordonnée de probabilités par une droite ou
un segment de droite caractéristique de la population; la valeur des points d'intersection de ces
segments de droite ou points de troncature déterminant la limite des sous-populations de l'image.
L'approche cinématique des remaniements des formes éoliennes de la Grande Côte a été menée à
bien par confrontation de diverses données de la télédétection (documents cartographiques,
photographies aériennes, images satellitaires). Elle a permis de préciser la forte inégalité des
vitesses de progression des dunes tant au plan spatial que temporel avec, par exemple, des
déplacements linéaires compris entre 4,2 rn.an" et 8,7 m. an-1 à Lompoul entre 1978 et 1984.
L'étude axée sur la relation sédiments-efficience du vent a montré que le seuil de mise en
mouvement des sables des milieux dunaires de la Grande Côte est voisin de 6 m.s et que les
vitesses nécessaires à des débits solides entraînent la formation d'accumulations sableuses sont de
l'ordre de 9 m.s (elles correspondent à des débits solides de l'ordre de 20 kilogrammes par mètre
linéaire et par heure), de telles conditions se rencontrant fréquemment sur les sites étudiées.
D'autres formes d'évolution du paysage de la Grande Côte ont été mises en évidence au cours de
cette étude. Elles se traduisent par la régression des rives ou le tarissement actuel des lacs littoraux
(Retba, Mbaouane, Tanma), l'abaissement des nappes phréatiques et la perte de diversité dans les
zones humides des niayes.
L'évolution de l'extrémité distale de Sangomar - Le croisement de documents cartographiques anciens, de
photographies aériennes et d'images satellitaires a permis la constitution d'une abondante base de
données iconographiques couvrant la zone de la flèche de Sangomar sur une période d'environ 80
ans. Le suivi du déplacement du trait de côte a autorisé l'établissement des modalités d'évolution
de la flèche : la progression vers le Sud se fait par mise en place de crochets successifs qui utilisent
les matériaux rendus disponibles par une forte dérive littorale dont on a pu établir qu'elle ne peut
pas être inférieure à 180 000 m3.
La situation nouvelle du Lagoba - L'évolution du Lagoba, situé à 2,3 kilomètres au sud de la localité de
Djifère, comme embouchure du fleuve Saloum reste mal connue. De nombreuses coupures y sont
226

signalées avec une durée de fonctionnement variable pour chaque coupure. Mais l'ampleur de
l'érosion qui, en février 1987, a réouvert la brèche du Lagoba y est sans précédent tant en ce qui
concerne son rythme de progression que sa profondeur. La morphologie des fonds pré-littoraux
tels qu'ils ont pu être observés avant puis après la rupture de la flèche a été approchée grâce à la
pertinence des données de la télédétection spatiale. A cet égard, la procédure mise en oeuvre a
permis le calibrage de l'image dans le domaine marin, en terme de profondeur d'eau. Cette
approche constitue un des points innovants de la procédure proposée et fournit par ailleurs, avec
la disparition de la barre pré-littorale observée par comparaison des images SPOT de 1986 et 1987
au droit du Lagoba, un des éléments explicatifs déterminants de la réouverture de l'ancienne
bouche du Saloum.
La cinématique des bancs sableux de l'embouchure du Saloum - Les déplacements continuels des chenaux et
la nécessité de leur entretien ont conduit les ingénieurs hydrographes à s'intéresser très tôt aux
bancs sableux obstruant l'embouchure du Saloum. De fait, cette structure géomorphologique a fait
l'objet de nombreux levés hydrographiques. Par conséquent, quatre phases bathymétriques
principales, en relation avec la politique hydrographique et l'évolution géomorphologique des
fonds peuvent être identifiées. TI s'agit:
- de la période de reconnaissance et des voyages sur les rivières du Sine et du Saloum dont le
début se situerait vers 1828 et qui est marquée par des récits et descriptions du fleuve, de ses
différentes branches et de l'embouchure. Le levé de Buchard (1895) peut être considéré ici comme
une étape majeure et "modernisante" de l'histoire bathymétrique du Saloum avec le balisage de la
passe principale (celle du sud) située à près d'une dizaine de kilomètres de la Pointe de Sangomar
et qui a fonctionné jusqu'en 1914-1915.
- de la période des "Missions Hydrographiques" du SHOM décidée en 1928 (Mission du
Lieutenant de Vaisseau J.Y. Tromeur) à la suite d'abordages ou d'échouages sur le Saloum en
1925 et 1926. Elle se caractérise par une connaissance des mouvements sédimentaires et une
recherche orientée vers des mesures de la dynamique marine et fluviale (marée, courants etc ...).
- de la période des missions du BCEOM. L'entrée du Saloum a fait l'objet d'un levé régulier
avec les "Missions Hydrographiques" qui se sont poursuivis jusqu'en 1956 (levé G. Péluchon). En
effet, après l'exécution de ce levé, il était convenu que la surveillance de l'état de la passe du
Saloum incomberait aux Travaux Publics de l'AOF. Mais, les Missions Hydrographiques du SHOM
se sont poursuivies bien au-delà de 1956, et cela dans un cadre élargi, celui des Missions
Hydrographiques de l'Atlantique Sud. Par ailleurs, en 1958-59 le BCEOM a supervisé une
imposante étude hydrographique à l'embouchure du Saloum et, c'est précisément, à partir de cette
période, que la notion de coude principal fut introduite par l'ingénieur R. Peinard-Considère afin de
caractériser la base de la passe du Saloum dont la forme se rapprochait d'un arc ; l'évolution de la
passe et des bancs étant en effet sous la dépendance du balancement alterné nord-sud de cette
structure.
- de la période des missions du Service des Phares et Balises. L'Administration a, en réalité,
continué à travailler avec le BCEOM jusqu'en 1984. C'est aussi à partir de 1984 qu'on note les
modifications les plus spectaculaires au niveau du delta de marée du Saloum avec la création d'un
chenal au droit du banc de l'Ouest, d'allure grossièrement rectiligne, hors de la section territoriale
du
coude principal. C'est également au cours de cette période que débute l'exploitation de
l'imagerie Haute Résolution orientée sur la bathymétrie du Saloum. Elle reste le fait de deux
équipes de recherche, la nôtre et celle de l'IGN-BCEOM-LCPC-ISlED. Les résultats obtenus à partir
227

de la télédétection spatiale restent de valeur inégale, fonction notamment des contraintes
environnementales des sites étudiés. Ils ne sauraient se
substituer aux levés classiques, seuls
garants de la sécurité de la navigation mais demeurent des outils précieux d'analyse. C'est ainsi
qu'ils nous ont permis de comprendre l'évolution géomorphologique imprévue et rapide des fonds
pré-littoraux à l'origine de la rupture du Lagoba et de circonscrire la limite des grandes structures
de la morphologie sous-marine du delta de marée du Saloum. Cette technique nouvelle présente en
effet l'intérêt d'autoriser un sondage surfacique, de fournir de nombreuses applications
opérationnelles (détermination du trait de côte, configuration du modelé par petites profondeurs),
permettant ainsi d'optimiser le travail à la mer, facilitant et accélérant l'établissement de la carte
bathymétrique.
La texture et la connexité des milieux estuariens - les discontinuités inter et intra-morphologiques
introduites par la marée et la végétation en milieu estuarien posent le problème de transition, ici au
nombre de quatre, entre les types de paysages (contact vasière-tanne, tanne-pelouse, tanne-cordon
et pelouse-cordon). Ces discontinuités sont prolongées par la trame géométrique des formations,
ce qui débouche sur une certaine organisation interne de l'espace. En effet, la notion de texture
vue sous l'angle strictement numérique reste d'une applicabilité relativement limitée. Aussi,
l'avons-nous approché en utilisant deux niveaux: les éléments ou composants des formations et
l'organisation spatiale de ces éléments par le biais de leurs liens ou relations.
La problématique et la morphométrie des tannes - Al' examen des nombreux travaux sur la zonation des
mangroves, le tanne présente un double intérêt, géographique en relation avec son extension
pantropicale et terminologique en raison d'une distinction fondée sur des séquences végétales ou
pédologiques trop calées sur les modèles des marais tempérés. Forme pantropicale, elle semble se
développer dans
des
conditions
très
diverses,
climatiques (sécheresse
pluviométrique,
évaporation), hydrologique (nappe salée, marée) morpho-pédologiques (type d'argiles, micro-
topographie) et anthropiques (déforestation de la mangrove, extraction de sels). L'intérêt
sémantique du tanne découle du fait que la plupart des auteurs qui ont travaillé sur cette forme ne
se sont pas préoccupés des aspects statique et dynamique intégrant ainsi autant de formes que la
dynamique permettait d'avoir. Le tanne est d'ailleurs entendu dans le sens de zones salées et nues.
Le terme nu qui lui est accolé constitue une redondance puisque le tanne est nu par définition alors
que l'emploi du qualificatif herbu, fréquemment utilisé, contredit cette définition. De plus, la
distinction fondée sur la référence aux zones tempérées a abouti à une schématisation extrême et à
des erreurs. En effet, la comparaison de ce qui est défini dans la littérature comme tanne herbu
d'avec le schorre ne se justifie pas. Ce constat est d'autant plus vrai qu'en utilisant le strict critère
hydrologique, le schorre reste compris dans la zone inondable par les eaux marines ou fluvio-
marines alors que le tanne herbu est désigné comme étant isolé de toute influence des marées.
Dans ce cas, il demeure une forme supratidale à la différence du tanne, qui en dépit de ses
multiples états reste un ensemble tidal.
La configuration des tannes et leur relation avec le réseau hydrographique prolongent la question
de la zonation des milieux de mangrove. Elles constituent des interrogations majeures au niveau du
complexe estuarien et ont été approchées par le biais de l'analyse de la dimension fractale et de la
recherche de relations de conformité entre l'orientation du réseau hydrographique et celle du
tanne. Les paramètres morphométriques utilisés (aire, périmètre, compacité et indice de fractalité)
ont permis d'aboutir à une typologie des tannes qui peuvent être élémentaires, compacts, allongés,
compliqués, complexes, très grands et complexes, et sinueux. Ils montrent par ailleurs que la
grande variété des formes de tanne ne semble répondre qu'à un processus de différenciation
relativement simple : le tanne se complexifie en s'étirant avant de devenir sinueux. Enfin, la
228

comparaison de l'orientation des tannes et du réseau hydrographique traduit une relation de
conformité étroite et permet de poser 1'hypothèse de la configuration hydrographique des tannes.
L'analyse morpbo-sédimentologique de l'estran de Sangomar - Elle s'appuie sur l'étude de profils de plage,
au nombre de trois, et qui représentent ici les principales provinces sédimentaires de l'extrémité
distale de la flèche que sont l'axe de progression vers le sud (IIPCIO), la zone locale de
mobilisation des sédiments (IPCl?) et la zone de dépôt
(IPC6).
L'évolution morpho-
sédimentologique est ici annuelle et présente une certaine variabilité spatio-temporelle qui peut
être ainsi schématisée :
- le secteur interne de Sangomar (zone de dépôt, IPC6) est marqué par un bilan érosif de
décembre à juin et des mouvements d'accrétion de juin à août. Les parties basses de ce profil sont
au contraire caractérisées par des phénomènes d'engraissement jusqu'en mai-juin, période à partir
de laquelle s'installe l'érosion. On note du point de vue sédimentologique un affinement du grain
moyen de la zone de déferlement vers le haut de plage de même que l'ensemble des autres
paramètres texturaux (écart-type, asymétrie, angulosité).
- le secteur de mobilisation locale des sédiments (IPC 17) se caractérise par des mouvements
d'engraissement du haut de plage de décembre jusqu'en juin, à l'inverse de la basse plage qui
s'érode au même moment tandis que la zone de déferlement connaît une phase érosive de juillet à
octobre. Au plan sédimentologique, le grain moyen s'affine du haut de plage vers la zone de
déferlement, la basse plage fonctionnant comme une sorte de palier sédimentologique entre ces
deux provinces. Le tri s'améliore vers le haut de plage et le profil est caractérisé par un excédent
en éléments grossiers.
- le secteur de progression méridionale de la flèche (lIPClO) est marqué par une phase érosive
continue sur le haut de plage (de janvier à mai) et une phase d'engraissement de juin à octobre. Le
profil présente une allure discontinue sur les parties basses du secteur sud avec des mouvements
d'érosion sur la basse plage en décembre et avril et en décembre, février et juin sur la zone de
déferlement. Au plan sédimentologique, le grain moyen s'affine vers le haut de plage et la zone de
déferlement, la basse plage étant le point de départ de l'affinement des sédiments. Les sédiments
du haut de plage sont bien triés dans leur partie centrale ce qui n'est pas le cas des parties basses
de l'estran.
Le cadre "minéral" du littoral sénégalais a été bien circonscrit dans les nombreux travaux existants.
li en est de même des facteurs généraux de genèse du littoral (climat, courants marins, etc.). Mais
l'absence d'études quantitatives sur les énergies et fréquences de houle par exemple, l'évaluation
précise des forces en jeu et corrélées constitue un lourd handicap pour la compréhension de
l'évolution de l'estran et de ses formes; des tendances et seulement des tendances n'y sont que
dégagées ; malgré les efforts de la recherche sénégalaise. Ces imprécisions ne seront levées que
grâce à des observations suffisantes dans la nature et à des mesures corrélées aux observations, en
somme des études systématiques du spectre des agents dynamiques intervenant dans la zone
littorale... et une somme encore plus considérable d'efforts. Quel champ de recherches encore
ouvert pour nous et pour les générations de naturalistes à venir !
229

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THOMAS (Y.F.). 1983. - «Télédétection des eaux turbides et structures thermiques de zones côtières de l'Atlantique
et de la Manche », ATP "Télédétection", Rapp. d'activité ENS (Montrouge) 158 p.
THOMAS (Y.F.). 1985. - «Approche par télédétection de la turbidité des eaux littorales. Etude de cas », Doctorat
d'Etat, Univ. Paris J, 276 p., 67 fig., 29 tabl.
241

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San Carlos de Bariloche, (à paraître).
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54 fig., 4 tabl.
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WALSH (G.E.). 1974. - «Mangrove: a review. Ecology of Halophytes», Acad. Press Inc., New York, Londres, pp.
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3), pp. 467-492.
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ZENKOVITCH (V.P.). 1960. - «Fondements principaux d'une théorie sur la formation des structures d'accumulations
dans la zone littorale », Cah. Océan., vol. 12, pp. 162-183.
ZINGG (A.W.). 1951. - «Sorne cbaracteristics of aeolian movement by saltation process », Col. Int. CNRS, n" 35,
Alger, pp. 197-208.
242

Liste des abréviations
ACDI
; Agence Canadienne de Développement International
ADEOS
: Advanced Earth Observïng Satellite
AJAA
: American Institute of Aeronautics and Astronautics
AOF
: Afrique Occidentale Française
ASEQUA
: Asociation Sénégalaise pour l'Etude du Quaternaire de l'Ouest Africain.
BCEOM
: Bureau Central d'Etudes pour les Equipements d'Outre-mer
BRGM
: Bureau de Recherches Géologiques et Minières
CEGET
: Centre d'Etudes de Géographie Tropicale
CERS
: Comité d'Etudes Historiques et Scientifiques
CITER
: Classification d'Images de Télédétection et Etude de Réflectances.
CNES
: Centre National d'Etudes Spatiales
CNRS
: Centre National de la Recherche Scientifique
CRA-Bambey
: Centre de Recherches Agronomiques - Bambey
CRODT
: Centre de Recherches Océanographiques de Dakar - Thiaroye
cn
: Conservation des Terroirs du Littoral
DFVLR
: Deutsche Forschungs-und Versuchsanstalt fur Luft-und Raumfahrt.
DTGC
: Direction des Travaux Géographiques et Cartographiques
EHESS
: Ecole desHautes Etudes en Sciences Sociales
EMDUP
: European Mos-I Data Utilization Program
ENS
: Ecole Normale Supérieure
EPEEC
: Equipe Pluridisciplinaire d'Etudes des Ecosystèmes Côtiers.
EPHE
: Ecole Pratique des Hautes Etudes
EPSHOM
; Etablissement Principal du Service Hydrographique et Océanographique de la Marine.
ERS
: Earth Resources Satellite
FAO
: Food and Agriculture Organization
GIA
: Grande Imprimerie Africaine
IFAN
: Institut Français d'Afrique Noire - Institut Fondamental d'Afrique Noire
IGN
: Institut Géographique National
IRAT
: Institut de Recherches Agronomiques Tropicales
ISRA
: Institut Sénégalais de Recherches Agronomiques
ISTED
: Institut des Sciences et des Techniques de l'Equipement et de l'Environnement pour le Développement.
LANDSAT
: Land Satellite
LCPC
: Laboratoire Central des Ponts et Chaussées
MAS
; Mission d'Aménagement du Sénégal
MBB
: Messersschmitt - Bëlkom - Blohm
MESSR
: Multispectral Electronic Self-Scanning Radiometer
MOMS
: Modular Optoelectronic Multispectral Scanner
MOS
: Marine Observation Satellite
MSS
: Multispectral Scanner System
MSR
: Microwave Scanning Radiometer
NASA
: National Aeronautics and Space Administration
NASDA
: National Space Development Agency of Japan
ORSTOM
: Institut Français de Recherche Scientifique pour le Développement en Coopération.
PEPS
: Programme d'Etudes Préliminaires SPOT
PNUD
: Programme desNations-Unies pour le Développement
RESTEC
: Remote Sensing Technology Center of Japon
SCET-COOP
: Société Centrale pour l'Equipement du Territoire -Coopération.
SODENIA
: Société de Développement des Niayes
SPAS
: Shuttle Pallet Satellite
SHOM
: Service Hydrographique et Océanographique de la Marine.
SPOT
: Satellite Probatoire d'Observation de la Terre
TECASEN
: Télédétection, Cartographie et Aménagement du Sénégal
TIROS
: Television Infrared Observation Satellite
UCAD
: Université Cheikh Anta Diop de Dakar
mCN
: Union Mondiale pour la Conservation de la Nature
UNESCO
: United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization.
US ArmyBEB
: United States Army, Beach Erosion Board
UsArmyCERC
: United States Army, Coastal Engineering Research Center
243

Annexe 1 - Découpure des côtes du Sénégal au 11200000 - Sensibilité maximum: 10 km
32,70 Secteur littoral de Leïbar
14,29 Presqu'île du Cap-Vert (de la hauteur du Lac Mbeubeussé à Mbao).
11,91 De la hauteur de Leibar à Ndiebène
11,79 De Palmarin à la hauteur de Guimsam
8,97
Hauteur de Kassel à celle de Boko (littoral casamançais)
8,64
Nianing - Pointe Sarène
4,44
Pointe Gaskel- ne de Tine Dine (Fadiouth)
S,31
Hauteur Salindiaye - Atadialama (littoral casamançais)
2,84
Niodior - Pointe Jacksonsa
lO
2,67
Gunjur - hauteur de Niafourang (littoral gambien)
6,66
Embouchure Bandiala - Djinakh Diatako
2,32
Ndiebène - Taré
1,97
Pointe Sarène - Pointe Gaskel
1,92
Djinakh - Kang Point (littoral gambien)
1,88
Hauteur Guimsam - hauteur Niodior
1,84
Pointe Jacksonsa - Bétanti
1,84
Bétanti - Bandiala
1,83
Toll Point - Fajara (littoral gambien)
1,46
Brufut - hauteur Tujering (littoral gambien)
20
1,33
Atadialama - hauteur de Kachiouane
1,27
Boko - Salindiaye
1,21
Somone - Sali Nianiaral
1,21
Gunjur (littoral gambien)
1,18
Boukotte wolof - Cap Roxo
I,IS
Tujering - Gunjur
1,II
Sali Nianiaral - Nianing
1,10
Hauteur Diam Diék - K. Abdou Ndoye (Kayar)
1,09
Nditakhe - Popenguine
1,08
Popenguine - Somone
30
1,08
Kachiouane - Boukotte wolof
1,07
Kang Point - Toll Point
1,06
Go1d GaIndé - MborolMer
1,06
MborolMer - hauteur de DiambaIo
1,06
DiambaIo - hauteur Lac Mekhé
1,06
Fajara - Brufut
l,OS
Niafourang - hauteur Diana
1,04
Sud de Pétion - Diourmel (au nord de MborolMer)
1,04
LacRetba - Lac Mbeubeussé
1,04
Mbao - Bargny
40
1,03
Bargny - Nditakhe
1,03
ne de Tine Dine - Palmarin Sassène
1,02
Hauteur K. Koura - hauteur Sékétaré (parallèle IS040')
1,02
Sékétaré - Tounde Maleye
1,02
Tounde Maleye - Pétion
1,02
Diego - Gold GaIndé
1,02
K. Abdou Ndoye - Lac Retba
1,01
Taré - K. Koura
1,01
Lac Mekhé - Diam Diék
sa
1,01
Diana - hauteur de Kassel
244

Annexe 2: Tableau d'assemblage des photographies aériennes de Dakar.
17· 2 e
\\
\\'U--=-=I--;\\":-~-!::;:::"'l \\
ln
Ed. de MarIanne (1923)
17· 2 e
2 ~ 5

AnDexe 3 : Informations complémentaires sur les produits MOMS.
En raison de la diffusion restreinte des données MOMS, des différences de présentation des annotations portées sur les quicks-
looks des deux missions 8TS-7 et 8TS-Il et des difficultés de positionnement dans la lecture des bandes magnétiques que nous
avons rencontrées, il nous a paru utile, de regrouper des informations constituant un "mode d'emploi raccourci".
· Annotations portées sur les microfiches des quicks-looks
Microfiche 1 : DFVLR MO~ 1 8TS-7 QL Raw Data 1 of 3 quick-looks comprimés des images 8TS-7 (l point sur 4).
Microfiches n° 2 et n° 3 : DFVLR MOMS-O1 8TS-ll QL Raw Data 2 of 3 quick-looks complets des images 8TS-IM
· Annotations portées sur les fiches et les tirages.
Au-dessus de l'image, un bandeau contient les trois lignes suivantes :
DFVLR WT-DAlBV MOMS 8TS-11 ABS-KORR. CCT-NR .167 28-11-85
A.NR. 055344 Kanal 3 900 nanometer.
MO~I 8TS-11 DFVLR WT-DA 28-07-85 F. KRAMAER CCT-NR.167
· Données numériques
Toutes les valeurs numériques relatives aux données sont exprimées en binaire et codées sur un octet; l'échantillonnage étant
déterminé avec une dynamique de 128 niveaux, les valeurs sontcodées deO à 127 en utilisant les sept bits de droite de chaque
octect. Les autres valeurs correspondant aux quantifications des paramètres sont également exprimées en binaire mais sont
toutes codées sur deux octets.
Composition de la bande magnétique contenant les données 600 ou 900 nm :
Header Label
1 enregistrement de 156 octets
En-tête d'image
141 enregistrements de 7500 octets
Données
4718 enregistrements de 7500 octets
Fin de volume
1 enregistrement de 12 octets
Contenu du "Header Label" et indications relatives aux données de la scène 11-63.167 qui a été enregistrée au cours de la
mission 8TS-l1 :
Octets
Contenu
Valeur
0-1
identificateur de l'enregistrement Header Label.
1
2-3
longueur de l'enregistrement exprimée en octets.
156
4-5
identificateur du type de données
15 pour MOMS
6-11
- segment non utilisé -
o
12-13
numéro d'archivage de la bande magnétique
167
14-17
- Segment non utilisé -
o
date de génération de la bande magnétique :
18-19
année
85
20-21
mois
7
22-23
jours
28
24-31
- segment non utilisé -
o
32-33
numéro du canal
3
34-35
numéro d'ordre de la bande magnétique
1
36-39
- segment non utilisé -
o
40-41
indication du canal actif
128
4243
valeur maximale
127
44-45
valeur minimale
o
46-47
longueur des enregistrements de données
7.500
4849
nombre de lignes de la scène
4.860
50-51
nombre de pixels par ligne
6.966
52-81
- segment non utilisé -
o
82-83
valeur moyenne " facteur multiplicatif
3021
84-113
- segment non utilisé -
o
114-115
variance • facteur multiplicatif
1.984
116-145
- segment non utilisé -
o
146-147
valeur du facteur multiplicatif
100
246

148-155
- segment non utilisé-
o
Contenu des enregistrements de données et indications relatives aux données de la scène 11-63-167 qui a été enregistrée au
cours de la mission STS-11 :
Octets
Contenu
Valeur
0-1
identificateur de l'enregistrement de données vidéo.
2
2-3
longueur de l'enregistrement exprimée en octects.
7-500
4-5
bande spectrale
900
6-7
adresse du premier pixel
532
8-9
adresse en dernier pixel
7.497
10-11
numéro de la ligne de l'image
oà 4.860
12-483
- segment non utilisé -
o
484-531
532-7497
données codées sur 128 niveaux
oà 127
7498-7500
segment complémentaire
o
longueur de l'enregistrement: multiple de 12 octets.
Contenu de l'enregistrement de fin de volume:
Octets
Contenu
Valeur
0-1
identificateur de l'enregistrement de fin de volume.
4
2-3
longueur de l'enregistrement exprimée en octets. 2
12
4-11
- segment non utilisé -
o
247

Annexe 4: Fac-similé du film positif de l'image SPOT (022-322) du 9 mai 1986 sur le Saloum (XSl)
SPOT 1
.. HRV 2 022-322 09 MAY 86
+
. "
+
11816-40+
wet6-Z0+
.\\
-
~+
~
1
4
-~+
N
o
1
4
H
+
!H+
N
o
!
i
+
N
~
i+
11816-40+
11816-30+
wet6-Z0+
+
+
N14+01 '/W016+33 ,
AZ:077+51 , EL:71+18'
OR: 009+03 '48"
INCID:02+17'L
11H 46MN 035
N1B PROJ:
LM
20/120 SPOT 0-PRODUCT.SATIMAGE-DIST.SPOT IMAGE- @ CNES 1986

Annexe 5 : Annotation des listings des scènes SPOT
1 (Mn)
Numéro de mission du satellite SPOT (SI, S2, S3 ou S4)
2 (GRS)
Repères dans la Grille de Référence SPOT du noeud le plus proche du centre de la scène considérée.
3 (NID)
Numéro d'identification de la scène dans le catalogue (7 chiffres et 1 lettre).
4 (MS)
Mode spectral (P ou S ou X ou P)
5 (C)
Configuration de prise de vue :
D ou T ou b ; (b pour espace blanc)
T, instruments jumelés en mode XS ou P
D, mono-instrument en mode double (P + XS)
b, deux instruments non jumelés
6 (Angle PV) Angle de prise de vue exprimé en degré et deuxième degré, et repéré E vers l'Est et W vers l'Ouest.
7 (CN) Note de couverture nuageuse codée :
OsiO%<CN<lO%
1 si 10 % < CN < 25 %
2 si CN > 25 %
Exprimée par 1/4 de scène dans l'ordre 1/4 NW, 1/4 NE, 1/4 SWet 1/4 SE.
8 (QT)
Qualité technique (fonction du nombre de lignes de balayage perdues par scène).
E excellente (E); Bonne (G)
nb = 0
0 < nb < 10
Médiocre (P)
; Dégradée (0)
lO<nb< 100
> 100
9 (Date PV) AAIMMIJJ Année, Mois et Jour de prise de vue exprimée en TU.
10 (coordonnées) Coordonnées géographiques du Centre de scène (latitude, longitude).
Annexe 6 : Productions et rendements estimés des principales cultures en 1988 du terroir de Kayar
(d'après RD. FaU, O. FaU, 1993).
Spéculations
Production annuelle en tonne
Rendementslha-tonneslha
l"'récolte
2-récolte
3-
Total
Moyenne
Norme
janv-fév
mai-juin
récolte
août-sept
Pomme de terre
410
307
205
922
16
15-25
Oignons
470
352
235
1057
20
30-70
Choux
500
375
250
1125
17
10-20
Carotte
137
103
48
308
15
20-25
Navet
125
93
62
280
15
25-30-
Piment
7
5
3
15
2
4-10
Tomate de table
107
80
53
241
18
5-30
249

Annexe 7: Valeun de la pente (b), de l'intercept (a), du coefficient de corrélation (r) et du nombre de points (np)
obtenues sur les tannes du Saloum par application du calcul de la dimension fractale d'après la méthode
de R SCHWARZ et M.E. EXNER.
Tanne
a
b
r
np
219
2.117
0.365
0.466
65
220
1.532
0.550
0.602
35
221
1.611
0.486
0.519
34
227
3.258
0.086
0.153
221
229
0.954
0.788
0.725
17
230
2.870
0.140
0.211
129
231
2.578
0.170
0.229
90
232
2.380
0.301
0.427
91
2320
1.122
0.684
0.653
20
233
1.435
0.561
0.578
29
234
1.879
0.430
0.513
50
235
1.847
0.432
0.512
48
236
1.513
0.558
0.606
34
2360
1.481
0.566
0.603
32
237
2.670
0.170
0.250
106
238
2.652
0.193
0.284
107
239
2.747
0.196
0.313
132
240
3.266
-0.009
0.014
165
241
1.832
0.450
0.530
48
2410
0.936
0.821
0.762
18
242
2.145
0.342
0.439
65
243
3.315
0.035
0.058
206
244
2.490
0.236
0.322
88
245
3.700
-0.105
0.186
278
246
3.413
0.00 1
0.002
227
248
3.335
0.001
0.002
201
2480
1.912
0.380
0.457
49
250
3.321
0.029
0.050
208
251
2.429
0.247
0.335
84
252
2.997
0.098
0.146
139
212
1.880
0.450
0.546
53
213
2.046
0.360
0.451
58
14
2.772
0.182
0.277
128
15
2.403
0.280
0.399
91
41
4.032
-0.066
0.155
553
42
2.285
0.314
0.415
76
43
0.951
0.787
0.727
17
44
1.787
0.474
0.556
47
21
2.119
0.318
0.403
61
2100
0.861
0.868
0.778
16
2101
1.395
0.572
0.582
27
22
0.923
0.817
0.750
17
23
1.028
0.761
0.730
20
24
2.659
0.209
0.313
113
25
2.490
0.243
0.344
93
26
1.504
0.551
0.582
32
27
4.908
-0.310
0.566
899
28
3.612
-0.071
0.1l4
236
29
2.477
0.227
0.315
84
210
4.434
-0.143
0.353
837
211
3.102
0.114
0.123
210
214
1.375
0.610
0.635
29
215
2.991
0.072
0.103
134
216
2.948
0.066
0.096
122
217
1.961
0.385
0.476
54
218
3.019
0.098
0.151
150
61
1.283
0.630
0.622
24
250

62
1.695
0.502
0.585
44
63
1.084
0.729
0.694
20
64
2.831
0.179
0.295
149
65
3.572
- 0.001
0.003
332
66
1.602
0.525
0.589
38
67
0.991
0.804
0.749
19
68
1.715
0.480
0.542
41
69
1.784
0.462
0.542
46
610
3.231
-0.040
0.056
141
611
2.922
0.163
0.282
169
612
3.022
0.131
0.236
190
613
2.223
0.324
0.418
70
6130
1.334
0.594
0.592
25
615
2.974
0.079
0.117
131
616
1.316
0.651
0.670
28
617
2.849
0.124
0.193
129
618
1.621
0.500
0.546
36
619
2.512
0.216
0.306
92
620
2.321
0.265
0.332
70
622
2.671
0.173
0.255
108
623
2.947
0.107
0.165
140
417
2.083
0.363
0.457
61
418
2.027
0.380
0.476
59
419
3.496
0.034
0.007
299
420
2.793
0.156
0.244
129
421
2.002
0.397
0.498
59
422
4.058
- 0.050
0.122
616
426
3.883
- 0.109
0.182
313
427
3.697
- 0.038
0.079
362
428
1.955
0.423
0.529
58
429
1.529
0.528
0.563
32
430
3.138
0.114
0.217
221
4300
2.689
0.162
0.228
102
432
3.762
- 0.099
0.182
309
435
2.663
0.191
0.279
107
436
2.213
0.344
0.464
76
621
2.046
0.638
0.456
58
624
3.251
0.023
0.038
182
625
0.941
0.807
0.737
17
626
1.122
0.717
0.689
21
6260
0.951
0.795
0.745
18
627
1.399
0.628
0.667
32
628
2.118
0.356
0.461
66
629
2.218
0.302
0.395
69
630
1.709
0.492
0.560
42
6300
3.427
- 0.002
0.004
221
631
2.598
0.219
0.329
109
633
1.755
0.469
0.543
44
634
2.143
0.336
0.429
64
635
3.545
- 0.061
0.097
207
636
2.639
0.220
0.335
118
646
1.279
0.649
0.668
27
251

Annexe 8: Données de la conformité entre l'orientation du tanne et de la section hydrographique.
N° Tanne
W Section hydro-
Orientation
Orientation
Ecart en dizaine
Classes d'écart ou
graphique
dela section
du tanne
de degrés
nivea de conformité
219
3
34
8
8
9
220
3
34
4
6
7
221
3
34
35
1
2
227
16
35
35
0
1
229
1
30
3
9
9
230
16
35
35
0
1
231
16
35
3
4
5
232
6
35
5
6
7
2320
16
35
3
4
5
233
16
35
36
1
2
234
16
35
5
6
7
235
30
28
2
8
9
236
30
28
9
1
2
2360
31
1
9
8
9
237
20
3
32
7
8
238
20
3
36
3
4
239
31
1
35
2
3
240
23
36
33
3
4
241
23
36
36
0
1
2410
23
36
4
4
5
242
23
36
7
7
8
243
31
1
2
1
2
244
31
1
9
8
9
245
23
36
31
5
6
246
31
1
4
3
4
248
23
36
1
1
2
2480
23
36
35
1
2
250
25
7
9
2
3
251
25
7
9
2
3
252
33
28
33
5
6
212
23
36
33
3
4
213
23
36
35
1
2
14
64
5
5
0
1
15
64
5
6
1
2
41
31
1
2
1
2
42
31
1
3
2
3
43
31
1
4
3
4
44
31
1
34
3
4
21
17
35
31
4
5
2100
17
35
9
8
9
2101
17
35
7
9
9
22
17
35
28
7
8
23
17
35
1
2
3
24
2
5
5
0
1
25
18
32
28
4
5
26
18
32
31
1
2
27
20
3
33
6
7
28
18
32
34
2
3
29
20
3
36
3
4
210
19
3
1
2
3
211
3
34
35
1
2
214
23
36
36
0
1
215
23
36
3
3
4
216
25
7
28
3
4
217
25
7
5
2
3
218
25
7
34
9
9
61
33
28
2
8
9
62
33
28
3
7
8
252

63
49
2
31
8
9
64
50
34
31
3
4
65
33
28
6
4
5
66
5
35
28
7
8
67
5
35
31
4
5
68
49
2
2
0
1
69
49
2
29
9
9
610
5
35
32
3
4
611
5
35
35
0
1
612
5
35
35
0
1
613
5
35
36
1
2
6130
5
35
33
2
3
615
48
33
33
0
1
616
5
35
28
7
8
617
45
31
31
0
1
618
46
36
1
1
2
619
48
33
35
2
3
620
12
34
32
2
3
622
45
31
36
5
6
623
54
35
35
0
1
417
32
7
5
2
3
418
34
30
8
4
5
419
34
30
4
8
9
420
34
30
35
5
6
421
34
30
28
2
3
422
34
30
33
3
4
426
38
30
31
1
2
427
37
28
33
5
6
428
49
2
3
1
2
429
48
33
35
2
3
430
48
33
31
2
3
4300
35
4
33
7
8
432
39
4
29
7
8
435
41
7
9
2
3
436
41
7
31
6
7
621
14
33
32
1
2
624
45
31
31
0
1
625
54
35
32
3
4
626
54
35
3
4
5
6260
54
35
7
8
9
627
54
35
33
2
3
628
55
3
1
2
3
629
57
1
30
7
8
630
57
1
33
4
5
6300
57
1
33
4
5
631
55
3
35
4
5
633
58
29
3
6
7
634
58
29
36
7
8
635
14
33
33
0
1
636
14
33
35
1
2
646
60
2
9
7
8
253

Annexe9: Limites des dasIeI établies à partir de la valeur des indicateun.
Indicateurs classe
A
B
C
D
E
Périmètre (m)
Aire (m')
Compacité
Indice de fractalité Conformité
(X IOD )
1
345 à 500 (-)
7500 à 20000
0,907 à 0,761
0,S69 à 0,720
1
2
501 à 600
20001 à 39000 (.)
0,760 à 0,671 (.)
0720 à 0,591
1 .
3
601 à 900
39001 à SOOOO
0,670 à 0,611
0,590 à 0,521
21.
4
901 à 1600 (-)
SOOOI à140000 (-)
0,610 à 0,531 (-)
0,520 à 0,401 (.)
3 -)
5
1601 à 2500
140001 à 250000
0,530 à 0,401
0,400 à 0,261 (-)
4
6
2501 à 3600
2500001 à 350000
0,400 à 0,301
0,260 à 0,141
5
7
3601 à 5000
350001 à 500000
0,300 à 0,201
0,140 à 0,023
6
S
5001 à 7300
50000 1 à 770000
0,200 à 0,166
0,010 à 0,050
7
9
11000 à IS000
IIS000 à 5300000
0113 à 0,079
0,0501 à 0,311 (-)
Sà9
Position:
- dela médiane
. des 2 principaux modes
254

Annexe 10 : Classes retenues pour les différents indicateu"
N° Tanne Périmètre
Aire
Compacité Indice de fractalité Conformité
219
4
4
1
5
9
220
3
2
2
3
7
221
3
2
3
4
2
227
7
8
5
7
1
229
1
1
1
1
9
230
6
6
4
6
1
231
5
4
6
6
5
232
5
5
2
5
7
2320
1
1
4
2
5
233
2
1
5
3
2
234
4
3
3
4
7
235
4
2
5
4
9
236
3
2
1
3
2
2360
3
2
1
3
9
237
5
5
5
7
8
238
5
5
4
6
4
239
6
6
3
6
3
240
6
6
6
8
4
241
4
3
3
4
1
2410
1
1
1
1
5
242
4
4
2
5
8
243
7
8
5
7
2
244
5
5
3
6
9
245
8
7
8
9
6
246
7
8
5
8
4
248
7
7
6
8
2
2480
4
2
5
5
2
250
7
7
6
7
3
251
5
4
4
6
3
252
6
6
4
7
6
212
4
3
1
4
4
213
4
3
3
5
2
14
6
6
5
6
1
15
5
4
5
5
2
41
9
8
9
9
2
42
4
5
1
5
3
43
1
1
2
1
4
44
4
3
2
4
4
21
4
3
6
5
5
2100
1
1
1
1
9
2101
2
1
4
3
9
22
1
1
1
1
8
23
1
1
2
1
3
24
5
6
2
6
1
25
5
5
5
6
5
26
3
1
5
3
2
27
9
9
8
9
7
28
7
8
6
9
3
29
5
5
3
6
4
210
9
9
7
9
3
211
7
8
6
7
2
61
2
1
4
2
9
62
3
2
5
4
8
63
1
1
3
1
9
64
6
5
7
6
4
65
8
7
9
8
5
66
3
2
2
3
8
67
1
1
1
1
5
68
3
3
1
4
1
69
4
3
3
4
9
610
6
5
7
8
4
255

611
6
5
7
6
1
612
7
5
8
7
1
613
4
4
3
5
2
6130
2
1
5
2
3
615
6
5
7
7
1
616
2
2
1
2
8
617
6
5
7
7
1
618
3
2
2
4
2
619
5
4
6
6
3
620
4
4
4
5
3
622
5
5
5
6
6
623
6
6
5
7
1
417
4
4
2
5
3
418
4
3
3
5
5
419
8
8
8
8
9
420
6
5
7
6
6
421
4
3
6
5
3
422
9
9
9
8
4
426
8
8
8
9
2
427
8
8
8
8
6
428
4
3
5
4
2
429
3
2
4
3
3
430
7
8
6
7
3
4300
5
4
7
6
8
432
8
8
7
8
8
435
5
5
4
6
3
436
4
4
5
5
7
621
4
3
4
5
2
624
7
6
7
7
1
625
1
1
2
1
4
626
1
1
2
2
5
6260
1
1
2
1
9
627
3
2
3
2
3
628
4
4
2
5
3
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4
4
5
5
8
630
3
3
2
4
5
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7
6
8
8
5
631
5
5
4
6
5
633
3
3
2
4
7
634
4
3
4
5
8
635
7
7
7
9
1
636
5
4
7
6
2
646
2
1
5
2
8
256

Résumé
Amadou Tahirou Diaw - Evolution des milieux littoraux du Sénégal. Géomorphologie et
Télédétection. Thèse de Doctorat d'Etat ès Lettres, Université de Paris 1 Panthéon - Sorbonne,
270 pages, 98 figures, 48 tableaux.
Les côtes du Sénégal offrent une sene de formes s'intégrant dans des environnements
sédimentaires caractéristiques, au nombre desquels les marges maritimes du Saloum et les niayes
du littoral Nord comptent parmi les champs remarquablement privilégiés d'études pour la
géomorphologie et la télédétection. A cet égard, la profonde originalité de
ces milieux est de
présenter un rythme de formation extrêmement rapide perceptible à des échelles de temps très
courts, historiques ou mensuels. Cependant, jusque dans les années 70, ils ont plutôt fait l'objet
d'une formalisation taxinomique et de précisions tournées vers leur mise en place en relation avec
les variations quaternaires du niveau marin. Aussi, si les données morpho-géologiques sont
aujourd'hui clairement circonscrites, les travaux morphométriques sur le littoral sénégalais sont
quasi-inexistants et ceux relatifs aux agents dynamiques se caractérisent par une certaine pauvreté
des paramètres essentiels, ce qui ne permet pas toujours la connaissance de leur valeur et la
mesure de leur impact sur l'évolution des formes. Mais à défaut d'apporter une réponse
satisfaisante à ce dernier point, fondamentalement lié à la structure des moyens mis en oeuvre, le
renouvellement de l'approche géocinématique des zones côtières du Sénégal, rendu possible par la
télédétection, permet d'établir les modalités d'évolution d'une série de formes telles que les flèches
sableuses ou les fronts dunaires et de poser, et renouveler certaines hypothèses notamment celles
qui concernent la mise en place des tannes et la dynamique des bancs pré-littoraux.
1ère Partie: Traits généraux du littoral sénégalais et nature des données de télédétection.
Les traits généraux du littoral sénégalais concernent la présentation du cadre géologique et les
conditions de la morphogenèse. Ces questions permettent de comprendre, d'une part, l'ambiance
sédimentaire du bassin sénégalo-mauritanien qui fonde les caractères essentiels de la nature do
matériel très largement meuble et le rôle des variations morpho-climatiques qui impose aux formes
une certaine instabilité climacique et, d'autre part, de mesurer, malgré les difficultés d'acquisition
des données, l'impact des conditions hydro-climatiques sur l'évolution du littoral. C'est....ainsi que
la morpho-sédimentologie de l'estran est par exemple sous la dépendance des houles et des
courants induits. Il en est de même du façonnement et de l'évolution des flèches sénégaliennes qui
sont déterminées sous l'effet combiné des houles principalement de secteur NW et de la dérive
littorale induite. La marée de type semi-diurne et très modéré « à 2 m) joue par contre un rôle de
premier ordre dans la délimitation des unités physiographiques des zones estuariennes sénégalaises
qui,
dans
l'ensemble,
fonctionnent
comme
de
véritables
rias.
Dans
ces
milieux
plus
particulièrement celui du Saloum, l'une des originalités des caractères hydrologiques s'affirme
dans les différents moments de la marée avec un schéma qui attribue en durée la prédominance du
flot sur le jusant. Les processus éoliens quant à eux sont essentiellement à la base des
transformations géographiques des périmètres des niayes.
257

Les données de la télédétection se caractèrisent par une relative ancienneté (1903-1904) et un
renouvellement continu au cours du siècle. Cette situation a été amplifiée par l'introduction à
partir de 1972 de la télédétection spatiale caractérisée par une répétitivité élevée avec la première
génération des Landsat et par l'intégration à partir des années 80 d'une résolution plus fine aux
radiomètres des satellites Landsat TM. MOMS, et SPOT autorisant ainsi une lecture plus rapide des
paysages et leur confrontation plus facile avec les données cartographiques ou photographiques
classiques (photographies aériennes, levés bathymétriques).
L'analyse morphométrique du littoral s'appuie ici sur la méthode des "écarts maximum" qui
permet d'apprécier l'influence de la découpure sur les types morphologiques littoraux et d'élargir
l'éventail des classifications jusqu'ici en vigueur sur les côtes sénégalaises. Cette méthode
renforcée par l'orientation du trait de côte présente l'avantage de quantifier et de fournir par voie
de conséquence, des
mesures très
précises des côtes
du
Sénégal, ce qui constitue
incontestablement une nouveauté.
Dème Partie: Apports de la télédétection et de l'analyse morpbcrsédimentologique à la connaissance des
milieuxlittoraux sénégalais.
L'avénement des satellites des ressources terrestres a considérablement élargi nombre de
représentations géographiques et amélioré notre perception des paysages. Jusqu'en 1983, la
définition spatiale des radiomètres disponibles en télédétection satellitaire ne permettait qu'une
approche très globale des environnements littoraux. L'opérationnalité des radiomètres à Haute
Résolution Spatiale (HRv) et à moyenne résolution spectrale (TM) autorise une cartographie très
précise des formes intertidales. Ces nouveaux instruments demeurent également adaptés au suivi
des littoraux sableux en voie d'évolution rapide. Ainsi, la confrontation des données spatiales et
celles des instruments conventionnels jusqu'ici utilisés (cartes, photographies aériennes) a permis
de procéder à des études détaillées de la cinématique littorale à Lompoul et à Sangomar. Dans le
premier cas, les traitements effectués mettent en évidence des aires de déflation éolienne jusque là
peu étudiées et dont la remise à jour de leur extension a été rendue possible en comparant cartes,
photographies aériennes et données du radiomètre Haute Résolution MOMS. Cette confrontation a
également autorisé le calcul de la vitesse de migration des dunes vives du secteur et l'appréciation
des dommages infligés aux cultures des cuvettes interdunaires appelées niayes. Elle a permis dans
le cas de Sangomar de comprendre les modalités d'évolution de la flèche sableuse dont la
progression vers le sud se fait par mise en place de crochets successifs qui utilisent les matériaux
transportés par la forte dérive engendrée par les houles dominantes du NW. Les données de la
télédétection spatiale ont également permis de discuter et de comprendre, par une calibration des
images SPOT disponibles en terme de profondeurs d'eau, la genèse de la rupture de la flèche à
Lagoba qui a été favorisée, notamment, par la disparition de la barre pré-littorale. Sur un autre
plan, les résultats de plusieurs levés bathymétriques rendent compte des mouvements de
l'embouchure du Saloum. La réalisation et l'emploi d'un modèle numérique de terrain ont permis
de cartographier la géomorphologie des fonds pré-littoraux et d'analyser quantitativement leur
évolution entre 1930 et 1988. Une confrontation de ces données avec l'imagerie satellitaire
(Landsat TM et HRV) est également proposée et traduit malgré certaines contraintes, tout le parti
qu'on peut en tirer (délimitation du trait de côte, description du tracé des passes, repérage des
hauts-fonds proches de la surface, voire description des hauteurs d'eau).
258

L'analyse morpho-sédimentologique se caractérise par une variation spatio-temporelle des profils
de l'estran et une variabilité de la distribution des paramètres caractéristiques des sédiments. Les
tendances qui peuvent être dégagées se traduisent par un bilan négatif de décembre à juin et positif
de juin à août sur le haut de plage du secteur interne de la flèche; les parties basses de l'estran
obéissant à un schéma inverse avec un affinement du grain moyen et des autres paramètres
sédimentologiques de la zone de déferlement vers le haut de plage. Le secteur externe de la flèche
se caractérise par des mouvements d'engraissement du haut de plage de décembre jusqu'en juin, à
l'inverse de la basse plage qui s'érode au même moment tandis que la zone de déferlement connaît
une phase érosive de juillet à octobre. La sédimentologie est marquée par un affinement du grain
moyen du haut de plage vers la zone de déferlement. Le front de progression de la flèche subit une
érosion continue sur le haut de plage de janvier à mars et une accrétion de juin à octobre. Sur les
parties basses de cet estran, les phases érosives sont observées en décembre, février, avril et juin
avec au plan sédimentologique un affinement du grain moyen vers le haut de plage et la zone de
déferlement.
mème Partie : Problématique des tannes, morpbométrie, connexité et approcbe tenuraie des milieux
estuariens du Saloum.
A l'examen des nombreux travaux sur les mangroves, le problème des tannes ne peut être envisagé
en ignorant les aspects terminologiques liés à la forme, résultat d'un glissement "sémantique" trop
rapide du modèle tempéré sur le modèle tropical. Le foisonnement de qualificatifs accolés au tanne
est favorisé par le poids accordé aux états de surface plus qu'à la forme elle-même, poids qui se
traduit par des ambiguités, des redondances ou des contradictions évidentes lorsque l'on entend,
par exemple, parler de tanne inondable, de tanne nu ou de tanne herbu. Aussi entendons-nous le
tanne dans le sens d'une formation qui s'étend, en arrière des vasières à mangrove, dans la zone
inondable par les marées de vives eaux et caractérisée par des sédiments sablo-limoneux, une forte
salinité et une absence totale de végétation.
Les discontinuités inter-morphologiques peuvent être visualisées en se servant de la notion de
contact, de connexité entre milieux adjacents, de nature opposée, dans une localisation de type
toposéquentiel. Les observations (états de surface, caractéristiques géopédologiques, paramètres
sédimentologiques et pente relative) permettent d'approcher le problème de la transition entre
milieu liquide et milieu continental qui dans le secteur étudié, celui de Foundiougne, apparait avec
des limites très nettes entre les différentes unités considérées (vasière à mangrove, tanne, pelouse
et cordon). Cette question est prolongée par la notion de texture qui - s'appuie ici sur les
primitives (regroupement de pixels ayant une propriété locale donnée) et leur organisation spatiale
- permettant ainsi de déceler des discontinuités intra-morphologiques au sein des milieux
estuariens notamment dans les mangroves.
La configuration des tannes et leur relation avec le réseau hydrographique restent peu interrogées
dans la littérature. Aussi nous sommes nous posé ces questions que nous avons tentées de
résoudre par le biais de l'analyse fractale et la recherche de relations de conformité entre
l'orientation du réseau hydrographique et celle du tanne. A cet égard, l'étude de morphométrie
mise en oeuvre à l'aide des paramètres suivants: aire, périmètre, compacité et indice de fractalité
ont permis d'opérer une typologie des tannes, d'établir leur processus de différenciation au plan du
"squelette" de la forme et de poser l'hypothèse de leur configuration hydrographique en relation
avec la notion de conformité, approche tout à fait nouvelle et dont les premiers éléments devraient
259

déboucher ultérieurement sur la solution de questions originales quant à leur mise en place et leur
signification géomorphologique.
L'appel de la mer reste très sonore sur les côtes du Sénégal et son arrière pays. L'homme par ses
interventions dysharmoniques semble omniprésent et omnipotent exerçant sa pression sur les
fragiles paléo-formes du littoral et accélèrant nombre de processus de dégradation naturelle. La
ligne de rivage, trait essentiel de la face de la terre dépend, dirions-nous, ici plus que nulle part
ailleurs, de la volonté, et surtout des caprices de l'homo senegalensis. C'est ainsi que plusieurs
centaines de kilomètres de littoral restent "solidement" bétonnées. Faut-il attendre pour
comprendre. En effet, comme le souligne F. VERGER, l' "histoire de la terre, se confond avec celle
des hommes" et. .. celle des hommes avec celle de la terre serions-nous tenter d'ajouter! La
rationnalité, l'organisation et la rigueur de gestion doivent être des préalables à toute action
d'aménagement et d'occupation de l'espace notamment littoral. Dans le cas contraire la
dynamique même du milieu se chargerait de nous rappeler son absurdité.
260

Summary
Amadou Tahirou Diaw - Evolution of the littoral environrnents in Senegal. Geomorphology and
Remote Sensing. Thesis of D. Arts, Universite de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 270 pages, 98
figures, 48 tables.
Senegalese coasts present a variety of forms that are integrated into distinctive sedimentary
environrnents ; among these the coastal margins of the Saloum and the Niayes of the North littoral
are part of the highly priviledged fields of studies in Geomorphology and Remote Sensing. In this
regard, these environrnents are remarkably original in that they present an extremely rapid rate of
formation which is perceptible in very short time scales, historical or monthly. However, until the
'70, they were rather
subject to taxonomie formalization and precisions geared towards there
setting relatively, to the quatemary variations in sea level. Therefore, if the morphological data are
neatly defined, there are virtually no morphometric works on the Senegalese littoral, and those on
the dynarnic agents are characterized by scarcity of the main parameters, thus preventing to gain
knowledge of their value and measure their impact on the evolution of forms. But, if it does not
give satisfactory reply to the latter point, which is fundamentally linked to the structure of the
means used, the renewal of the geo-kinematic approach of the Senegalese coastal areas made
possible by Remote Sensing enables us to establish how a series of forms such as sandy spits or
dune fronts develop, as weIl as to make, and renew, sorne assumptions, notably those about the
setting of tannes and the dynamics of pre-littoral banks.
Part I, - GeneraJ features of the SenegaJese littoral and nature of the Remote Scnsing data
The general features of the Senegalese littoral are concemed with the presentation of the
geological setting and the conditions of the morphogenesis. These questions enable us on the one
hand to understand the sedimentary surroundings of the Senegalo-Mauritanian basin which builds
the main characters of the nature of the very largely friable material and the role of morpho-
climatic changes, and on the other hand to measure the impact of the hydro-climatic conditions on
the evolution of the littoral, the difficulty in obtaining data not withstanding - This is how the
morpho-sedimentology of the strand for instance, depends on swells and induced currents. This is
also the case with the shaping and development of the Senegalese spits which are deterrnined
under the combined effect of swells, mainly ofNW sector, and the induced longshore drift. On the
contrary, the tide, of semi-diumal type and very moderate « 2 m) plays a key-role, in delimiting
the physiographic units of the Senegalese estuarian zones which, as a whole, function like genuine
rias. In these environrnents, more particularly those of the Saloum, one of the original features, of
the hydrologie aspects asserts itself in the different tidal phases, with a diagram which attributes in
timelenght the predominance of the flow on the ebb. As for the wind processes, they are
essentially at the basis of the geographical changes in the Niayes areas.
The Remote Sensing data are characterized by the fact that they are relatively old (1903-1904) and
continuously renewed throughtout the century. This situation was amplified by the introduction
from 1972 of Space Remote Sensing which was highly repetitive, with the first generation of
Landsat, and by the integration from the' 80 of a finer resolution to the radiometers of the Landsat
TM, MQMS and SPOT satellite, thus perrnitting more rapid reading of the landscapes and their easier
confrontation with the conventional cartographie or photographie data (aerial photographs,
bathymetrie surveys).
261

Here, the morphometric study of the littoral is based on the « maximum deviation » method which
enables us to appreciate the difference of the indentation on the littoral morphological types and to
widen the range of classification so far in use on the Senegalese coasts. The advantage with this
method, strengthened by the orientation of the coastline, is that it quantifies, and therefore
supplies, very accurate measurements of the Senegalese coasts, which is undoubtedly something
new.
Part fi - Contributions of Remote Sensïng and morpbo-sedimentologicaI analysis to the knowledge of the
Senegaiese littoral environments.
The advent of earth resources satellites bas considerably widened a great many geographical
representation and improved our perception of landscapes. Until 1983, the spatial definition of the
radiometers available in Satellite Remote Sensing only allowed a very global approach of littoral
environments. The operationality ofHigh Spatial Resolution (HRv) and average spectral resolution
(lM) radiometers permit a very accurate mapping of intertidal forms. These new tools remain also
proper for the fol1ow-up of sandy littoral evolving rapidly.
So, the comparison of the spatial data with those of the conventional instruments that have been
used so far (maps, aerial photographs) made it possible to undertake detailed studies of the littoral
kinematics in Lompoul and Sangomar. In the first case, the processes show areas of wind erosion
that have been little studied so far ; the updating of their extension was made possible by the
comparison of maps, aerial photographs and data from the High Resolution Radiometer MOMS.
This comparison also enabled us to reckon the migration speed of the live dunes in the area, and to
appreciate the damaged made to the crops in the inter-dune depressions called niayes. In the case
of Sangomar, it enabled us to understand the development processes of the sandy spit the
southwards advance of which is done through the setting of successive hooks which use the
materials transported by the strong longshore drift engendred by the predominance NW swel1s.
Spatial Remote Sensing data also permited to discuss and understand, through calibration of
available SPOT images in terms of water depths, the genesis of the rupture of the spit in Lagoba, a
rupture which was mainly favoured by the disappearance of the pre-littoral bar. In another field"
the results of several bathymetrie surveys account for the movements of the Saloum's mouth. The
realization and use of a Digital Terrains Models made possible the mapping of the morphology of
pre-littoral bottom and the quantitative analysis of their evolution between 1930 and 1988. A
comparison of these data with satellite imagery (Landsat lM and HRv) is also proposed and
translates all its possible uses, despite certain constraints: delimitations of the coastline, description
of channels, locating of shallow water, even description of bottom features. The morpho-
sedimentological analysis is characterized by a spatio temporal change in the profiles of the strand
and variability in the distribution of the characteristic parameters of the sediments. The noticeable
trends are a negative balance from December to June, and a positive balance from June to August
on the upper strand of the internal sector of the spit ; an inverse scheme is found in the lower
strand with a refinement of the grain size and the others sedimentological parameters from the surf
zone to the upper strand. The external sector of the spit in characterized by accretion movements
in the upper strand from December to June, in contrary to the lower strand which is eroded as the
same time, while the surf zone is submitted to erosion from July to October. The sedimentology is
characterized by a refinement of the grain rize from the upper strand to the surf zone. In the
progression front of the spit, an continuous accretion is noticeable on the upper strand from June
to October. On the low parts of this strand, erosion phases occur in December, February, April
262

and June with, in the sediment field, a refinement of the grain size towards the upper strand and
the surf zone.
Part DI. - Problematic of the tannes, morphometry, cennexity and texturai approach of the estuarian
environments of the Saloum.
In view of the numerous works on mangrove swamps one cannot envisage the problem of the
tannes without taking into account the terminological aspects related to the form, which stems
from a too rapid « semantic » shift from temperate to tropical pattern. The abundance of qualifiers
coupled with the tanne is favoured by the importance given to the surface conditions more than to
the form itself, an importance which is translated in ambiguities, redundancies or obvious
contradictions, for instance in the use of terms such as inundable tanne, bare tanne or grassy tanne.
Therefore, we refer to the tanne as a formation which lies at the back of mangrove mudflat in the
area flooded by the spring tides and characterized by sandy-silted sediments, high salinity and total
lack of vegetation.
One can visualize the inter-morphological discontinuities using the notions of contact, connexity
between adjacents environments, opposed nature, in a toposequential type location. The
observations (surface conditions, geo-pedological characteristics, sedimentological parameters and
relative slope) make possible to approach the problem of the transition between liquid environment
and continental, which in the study zone, that of Foundiougne, appears with neatly defined lirnits
between the different units considered (mangrove mudflat, tanne, lawn and bar). This issue is
prolonged by the notion of texture which is here based on the primitives (grouping of pixels with a
given local property) and their spatial organization - thus enabling us to discover intra-
morphological discontinuities amidst the estuarian environments, notably in the mangroves.
The form of the tannes and their relation with the hydrographical network are little studied in the
litterature. This is the reason why we asked ourselves these questions, which we tried to solve
through fractal analysis and search of conformity relationships between the orientation of the
hydrographical network and that of the tanne. In this regard, the morphometrical study used with
the foUowing parameters : area, perimeter, compacity and fractal index permited to make a
typology of tannes, establish their differentiation process conceming the « skeleton » of the form
and to pose the notion of conformity, an approach which is totality new and whose fust elements
should subsequently lead to the solving of original issues linked to their setting and their
morphological significance.
The sea fever remains very strong along the Senegalese coasts and hinterland . With his
dysharrnonic aets, man appears to be omnipresent and omnipotent, exerting pressure on the fragile
paleo-forms of the littoral and accelerating a great many processes of natural degradation. The
shoreline, main feature of the earth physionomy, depends, we wouId say, here more than
somewhere else, on the will, and above ail on the whims, of homo-Senegalensis. This is how
several hundreds of kilometers of littoral remain « solidely» concreted. Do we need to wait to
understand ? Indeed, as F. Verger points out, the « history of the Earth and that of men are
intermingled » and..... that of men and that of the Earth, should we be tempted to add !
Rationality, organization and rigour of management shouId be prerequisites to any action of
planning and space use notably littoral space. Otherwise, the very dynamics of the environment
would see to remain us its absurdity.
263

Tables des tableaux
1
: Mesure de la longueur descôtes sénégalaises et gambiennes.
2
: Essai de division descôtes du Sénégal et de la Gambie.d'après A oruvel (1908).
3
: Critères de classification de la zone côtière du Sénégal, d'après M.M. saIl (1982).
4a
: Répartition morphologique des côtes du Sénégal en segments de mesure.
4b
: Répartition morphologique descôtes du Sénégal en km de côtes.
5
: Segmentation du littoral sénégalais et gambien en fonction de l'orientation du trait de côte.
6
: Missions expérimentales du système MOMS à bord deJa Navette Spatiale, d'après DFVLR (1984).
7
: Caractéristiques orbitales de M08-1, d'après NASDA-EMDUP (1988).
8
: Caractéristiques des systèmes de détection M08-1, d'après NASDA-EMDUP (1988).
9
: Caractéritiques des missions de simulation SPOT- Saloum.
10
: Structure du produit BIL stocké sur n bandes magnétiques, d'après CNES,SPOT-IMAGE (1987).
II
: Structure du produit BSQstocké sur trois bandes magnétiques, d'après CNES, SPOT-IMAGE (1987).
12
: Synthèse de l'évolution géologique du bassin sédimentaire sénégalais.
13
: Paramètres climatiques moyens de la station de Mbour (1961-1990).
14
: Paramètres climatiques de la station de Foundiougne (1962-1991).
15
: Paramètres climatiques de la station de Kaolack (1961-1990).
16
: Fréquence directionnelle de la houle (observations au large descôtes du Sénégal).
17
: Estimation du transit sédimentaire sur la côte sénégalaise, d'après M.M. saIl (1982).
18
: Longueur et pentes de quelques chenaux du Saloum, d'après G. Diluca (1975).
19
: Hauteurs et amplitudes moyennes de la marée à Djifère.
20
: Tableau des ordres de grandeurs desvaleurs de rayonnement et des valeurs les plus fréquentes dans les 4 canaux
Image n° 1267. 10574 du 16 avril 1973).
21
: Limites desclasses obtenues à partir de la méthode des points de troncature.
22a,b,c : Valeur - Seuils desordres de grandeur des données.
23
: Combinaison desclasses d'intensité de rayonnement retenues.
24
: Typologie desensembles identifiés sur le site de Kayar,
25
: Evaluation du niveau et de la surface du lac Retba du XIVe à 1983, modifié et complété d'après J.M. Garnier (1976).
26
: Valeurs de la vitesse critique de mise en mouvement VC en atmosphère sèche et à l'altitude de 1150 cm,
d'après Y.F. Thomas (1975).
27
: Vitesse moyenne des vents instantanés maxima mensuels associée à la direction vers laquelle souffle le vent
(1955-1964).
28
: Fréquence desdirections associées aux vents instantanés - Maxima mensuels (%).
29
: Valeurs moyennes desparamètres texturaux sur les plages de l'extrémité distale de Sangomar.
30
: Estimation de la cinématique de la flèche de Sangomar entre 1907 et 1991.
31
: Evolution de la longueur de la flèche de Sangomar, de Palmarin Diakhanor à l'extrémité distale de 1927 à 1991.
32
: Eventail des techniques actuellement employées ou en cours de développement en hydrographie, modifié
d'après J.C. Guyon (1987).
33a
: Coefficients de calibration pour le radiomètre Thematic Mapper dessatellites Landsat 4 et 5.
33b
: Coefficients de calibration pour le mode multibande desradiomètres Haute Résolution visible du satellite SPOT-l.
34
: Bandes spectrales et luminance solaire équivalente exprimée en w.m? . um ·1 .sr' pour le radiomètre
TM des satellites Landsat 4 et 5, et pour le mode multibande du radiomètre HRVde SPOT-l.
35
: Valeur de la luminance normalisée Lwn(i), exprimée en mw.cm? .um -1 sr -1 , pour les longueurs d'ondes centrales i
correspondant aux bandes spectrales du radiomètre TM des satellites Landsat 4 et 5 et HRV du satellite SPOT-l.
36
: Conditions d'acquisition de l'imagerie SPOT(HRV) utilisée pour l'étude de la rupture de la flèche de Sangomar.
37
: Conditions climatiques observables lors de l'acquisition de l'imagerie SPOT(HRV) utilisée pour l'étude de la rupture
de la flèche de Sangomar.
38
: Valeurs de Â. en um, a(Â.), m(Â.), T(Â.) et f.
39
: Paramètres d'estimation du modèle bathymétrique employé et caractéristiques du milieu.
40
: Synthèse des levés hydrographiques à l'embouchure du Saloum de 1930 à 1988.
41
: Volume de sédiments dragués à l'embouchure du Saloum entre 1957 et 1980 pour l'obtention d'un chenal de
profondeur de -3,50 m par rapport au zéro hydrographique, d'après la Direction de la Marine Marchande (1980).
42
: Ecarts chronologiques entre 4 dates de réalisation deslevés bathymétriques in situ et celles d'acquisition
de
l'imagerie satellitaire.
43
: Terminologie concernant les tannes à Madagascar, d'après J.M. Lebigre (1983).
44
: Répartition et conditions d'évolution destannes.
45a
: Critères de définition de la slikke et du schorre, d'après F. verger (1969).
45b
: Critères de définition de la slikke et du schorre appliqués à la vasière et au tanne.
46
: Orientation dessections hydrographiques sélectionnées.
47
: Orientation dominante destannes.
48
: Caractéristiques et détermination des tannes-types de l'estuaire du Saloum.
264

Table des figures
1
: Localisation des sites étudiés.
2
: Etats de la langue de Barbarie d'après diverses sources (1720-1980).
3
: Evolution du système littoral du saloum d'après diverses sources (1728-1986).
4
: Triangulation géodésique des environs de saint-Louis (A) et Dakar (B).
5
: Exemple de délimitation d'estuaires (littoral casamançais).
6
: Détermination de l'indice de découpure par la méthode des "écarts maximum" dans le secteur de Leibar
7
: Découpure des côtes du Sénégal à moyenne échelle (1/50 (00).
8
: Découpure des côtes du Sénégal à petite échelle (11200 (00).
9
: Courbes cumulatives des valeurs de la découpure des côtes du Sénégal (sensibilité maximum 10 km).
10
: Influence de la découpure sur les types morphologiques de littoraux.
Il
: Médianes mobiles de la découpure des côtes du Sénégal et de la Gambie mesurées avec sensibilité
maximum de 10 km.
12
: Toponymie et hydronymie du littoral sénégalais.
13
: Médianes mobiles de la découpure des côtes de la tête de la presqu'île du cap vert. mesurée avec sensibilité
maximum de 2 km.
14
: Orientation du trait de côte du littoral sénégalais.
15 a
: Structure des satellites Landsat, d'après Landsat data users handbook (1976).
15 b
: Orbite héliosynchrone des satellites Landsat, d'après Landsat data users handbook (1976).
16
: Localisation des images Landsat du Sénégal, d'après NASA(1972).
17
: Système optique MOMS. Aire instantanée observée à l'aide des 4 barrettes de détecteurs.
18
: Données des simulations SPOT sur le saloum, d'après GDTA ( 1981 ).
19
: Sensibilité spectrale comparée des capteurs Daedalus et HRV.
20a
: Schéma d'un téléscope (Haute Résolution visible), d'après CNES, SPOT-IMAGE (1987).
20 b
: Traces, par rapport au sol terrestre, de visées HRVI - HRV2, d'après CNES,SPOT-IMAGE (1987).
20 c
: Observations verticales et obliques de la Terre par le satellite SPOT, d'après CNES,SPOT-IMAGE (1987).
21
: Grille de référence SPOT sur le Sénégal, d'après SPOT-IMAGE (1986).
22
: Bathymétrie de la marge continentale sénégalo-gambienne, d'après J.L. Meagher et al. (1977).
23
: Localisation du bassin versant du Sine Saloum, d'après H. Dacosta ( 1993).
24 a-i
: Situation climatique moyenne annuelle de la région de l'estuaire du Saloum.
25
: Fréquence directionnelle de la houle (13°30' -14°10'N; 16°00-17°0?W).
26
: Schéma hydrographique du saloum.
27
: Evolution moyenne mensuelle des pleines et basses mers à Djifère et de la pression atmosphérique à Dakar.
28
: Exemples de courbes à deux pleines mers et à deux basses mers à Djifère.
29
: Zones probables de rencontre de courants sur le saloum, modifiée d'après M. D. Thiam (1986).
30
: Transect radiométrique ouest-Est couvrant la ligne 850 et les colonnes 168 à 300 (site de Kayar).
31a-c
: Distribution des fréquences cumulées de valeurs d'intensité de rayonnement des canaux MSS4, 5 et 7.
32
: Connaissance par télédétection du site de Kayar.
33
: Photographie aérienne du site de Kayar (mission 74/SEN 91350), d'après IGN (1974).
34 a-b
: Evolution ancienne et récente des paysages des niayes, de Déni Biram Ndao à Kayar.
35 a-b
: Etat de 1'hydrographie générale du bassin versant du Lac Retba en 1941 et en 1983.
36
: Evolution des rives du Lac Retba du XIVeS à 1983, modifiée et complétée d'après J.M. Garnier (1976).
37 a,b
: Extension des remaniements éoliens à Kayar entre 1954-1973 et 1973-1988.
38 a,b
: Extension des remaniements éoliens à Lompoul entre 1954-1978 et 1978-1984.
39
: Plan de localisation du Programme National de fixation des dunes, d'après MA Andeke-Lengui (1983).
40
: Phases d'évolution de l'estuaire du Saloum, modifiée d'après J. Ausseil-Badie et al. (1992).
41
: Cartographie des groupements végétaux de la fléche de sangomar, simplifiée d'après P. Ndiaye (1986).
42 a,b
: Profils topographiques mensuels de la plage interne de sangomar (IPC6).
43 a,b
: Profils topographiques mensuels de la plage externe de Sangomar (IPCI7).
44 a,b
: Profils topographiques mensuels de la plage méridionale de sangomar (lIPClO).
45 a-d
: Variation des paramètres texturaux le long des profils IPC.6.
46a-d
: Variation des paramètres texturaux le long des profils IPC.17.
47 a-d
: Variation des paramètres texturaux le long des profils lIPC.lO.
48a-d
: Etat général de la fléche de Sangomar de 1986 à 1991.
49a -n
: Cinématique de l'extrémité distale de Sangomar de 1907 à 1991.
50 a-d
: Fonds pré-littoraux de la fléche de sangomar.
51
: Position de l'extrémité distale de sangomar de 1927 à 1991 .
52
: Evolution de la longueur de la fléche de 1927 à 1991.
53 a
: Etat du crochet pénultième de Sangomar (février 1989).
53 b
: Etat du crochet anté-pénultième de Sangomar (avril 1996).
54 a,b
: Etat de Lagoba avant la rupture du cordon (juin 1985).
55aà m
: Cinématique du Lagoba de 1907 à 1991.
56a,b
: Esquisse télébathymétrique du Lagoba - Images SPOT HRV du 9 mai 1986 et du 2 mars 1987.
57
: Bancs sableux du delta de marée du saloum, d'après J.Y.Tromeur (1930).
265

58
: Evolution de l'axe des chenaux et passes du saloum de 1895 à 1930, d'après R. Pelnard-considère (1985).
59
: Délimitation des sections du chenal d'embouchure du Saloum, d'après BCEOM, IGN, ISTED,LPCP (1985).
60 a,b
: Bathymétrie de l'embouchure du saloum en 1930 et 1950.
61 a,b
: Bathymétrie de l'embouchure du Saloum en 1956 et 1958.
62 a,b
: Bathymétrie de l'embouchure du saloum en 1961 et 1964.
63a-<1
: Evolution de la ligne -3,50 m des chenaux de l'embouchure du saloum (1930 à 1980).
64 a,b
: Bathymétrie de l'embouchure du saloum en 1967 et 1970.
65 a,b
: Bathymétrie de l'embouchure du saloum en 1973 et 1978.
66 a,b
: Bathymétrie de l'embouchure du saloum en 1979 et 1980.
67 a,b
: Bathymétrie de l'embouchure du saloum en 1981 et 1982.
68 a,b
: Bathymétrie de l'embouchure du saloum en 1983 et 1984.
69 a-c
: Evolution de la ligne -3,50 m deschenaux de l'embouchure du saloum(1981 à 1988).
70 a,b
: Bathymétrie de l'embouchure du Saloum en 1985 et 1986.
71 a,b
: Bathymétrie de l'embouchure du Saloum en 1987 et 1988.
72
: Limites deszones étudiées par sondages bathymétriques et par imagerie satellitaire.
73 a-c
: Carte infographique de l'embouchure du saloumdressée à partir des données TM (bande 2) du 4 avril 1984,
HRV-SPOT (bande 1) du 9 mai 1986 et du 2 mars 1987.
74 a
: Toponymie et hydronymie du site de Lagoba-ookhehor.
74 b
: Unités physiographiques du site de Foundiougne.
75
: Spectres radiométriques moyens des centres de classes d'eaux (saloum),
76
: Classification par agrégation autour de centres mobiles des eaux du saloum.
77
: Typologie des paysages de Lagoba - Gokhehor (Agrégation autour des centres mobiles).
78
: Position de la ligne de rivage instantanée (LRI) et de la ligne de contact (Le).
79
: Classification des tannes de l'île de Guissanor (îles du Saloum),
80
: Cartographie géocinérnatique du site de Guissanor (îles du saloum),
81
: Localisation des transects étudiés à Foundiougne.
82
: Unités physiographiques du site de Gagué Bocar (Foundiougne).
83
: Diagrammes texturaux des échantillons des sites étudiés à Foundiougne.
84
: Identification des contacts entre unités physiographiques du site de Gagué Bocar (Foundiougne).
85 a
: Etats et surface d'un tanne du secteur du ookekhor et structuration auréolaire des niveaux.
85 b
: Tanne du secteur de ookekhor avec au premier plan la dégradation de la mangrove.
86
: Exemple de levés topographiques sur les tannes de Guissanor (île du saloum).
87a
: Surface d'un tanne montrant la structure en forme d'assiette et de coupelle.
87b
: Fentes de retrait sur un tanne.
88
: Répartition des tannes dans le monde.
89
: Zonation schématique des marais tempérés (I) et tropicaux (II).
90
: Cartographie des tannes de l'estuaire du Salown.
91 a,b
: Localisation et numéro des tannes étudiés.
92 a
: Utilisation de la méthode de Mandelbrot-Richardson avec une table de digitalisation.
92 b
: Exemple d'une courbe fractale relative à l'analyse d'une particule de carbone, d'après B. Kaye.
92 c
: Détermination de la dimension fractale selon la méthode de H. Schwarz et H.E. Exner.
93 a-c
: Procédure de détermination des orientations dominantes.
94
: Orientations dominantes des tannes du Salown.
95 a.b
: Répartition des orientations du réseau hydrographique sélectionné.
96
: Conformité orientation des tannes - orientation du réseau hydrographique.
97 a-e
: Distribution et classement des valeurs des indicateurs morphométriques et de la conformité.
98 a,b
: Relation indice de fractalité / compacité / aire des tannes du Salown.
266

Table des matières
Pages
AVANT-PROPOS
II
INTRODUCTION
4
PRE-MIERE PARTIE: TRAITs GENERAUX DU LmoRAL SENEGAlAIS ET NATURE
DES DoNNEES DE TELEDETECTION UTILISEES.
5
CHAPITRE 1 : ANCIENNETE DE LA CARTOORAPHIE DES COTES Du SENEGAI ET M
PLANE Du LITTORAL.
-
ORPHOMETRIE
6
1.1. CARAClERES DE LA CARTOGRAPHlli DU SENEGAL
6
1.2. PRoBLEMEs MElHODOLOGIQUES ET MORPHOLOGIQUES
1.2.1. Que mesure-t-on?
9
9
1.2.2. Comment mesurer?
11
1.3. RESULTATS DES MESURES DES COlES SENEGALAISES
13
1.4. ESSAI DE CLASSIFICATION
19
1.4.1. Les travaux antérieurs
19
1.4.1.1. La classification historiee-administrative ou "vulgarisée"des côtes du Sénégal.
19
1.4.1.2. Les classifications génétiques des côtes du Sénégal
19
1.4.1.3.Lesclassifications morpho-génétiques des côtes du Sénégal.
20
1.4.2. Essai de classification mis en oeuvre
20
1.4.2.1. Bases de la classification
20
1.4.2.2. Répartition morphologique des côtes du Sénégal
22
1.4.2.3. L'orientation du trait de côte
29
CHAPITRE 2 : LES DONNEES DE TELEDETECTION Du LrrrORAL SENEGALAIS
31
2.1. LA CARTOGRAPHIE TOPOGRAPHIQUE ET LES DONNEES PHOTOORAPIDQUES DU LI'ITORAL SENEGALAIS.
31
2.1.1. Evolutionde la cartographie topographique
31
2.1.2. Les photographiesaériennes du littoral
33
2.2. LES LEVES BA11lYMETRIQUES
33
2.3. LES DONNEES DE LA lELEDElECTION SPATIALE
34
2.3.1. Les données Landsat
35
2.3.1.1. Description des satellites Landsat
35
2.3.1.2. Caractéristiques orbitales des satellites Landsat
35
2.3.1.3. Les capteurs des satellites Landsat
35
2.3.1.4. Nature des données Landsat
37
2.3.2. Les données MûMS-01
37
2.3.2.1. Description du système MOMS
38
2.3.2.2. Les missions expérimentales
39
2.3.2.3. Les produits diffusés
40
2.3.3. Les données MOS-1
41
2.3.3.1. Description du système MûS
41
2.3.3.2. Les produits diffusés
43
2.3.4. Les données SPOT
43
2.3.4.1. Le programmede simulations des données SPOT
43
2.3.4.2. Les données du satellite SPOT
45
267

CHAPITRE 3 : CONTEXTE GEOWGIQUE ET CONDITIONS DE LA GENESE Du LITTORAL.
52
3.1. Evournox GEOLOGIQUE DU BASSIN SEDIMENTAIRE SENEGALû-MAURITANIEN
52
3.2. AsPECTS MORPHOLOGIQUES ET SEDIMENTOLOGIQUES DU PLATEAU CONTINENTAL SENEGALAIS.
54
3.3. FACTEURS DE L'EVOLUTION DU LITfORAL
56
3.3.1. La circulation atmosphérique générale et les éléments du climat.
56
3.3.1. 1. Les mécanismes généraux
56
3.3.1.2. Eléments du climat
57
3.3.2.
Les facteurs hydrologiques
61
3.3.2.1. La dynamique marine
61
3.3.2.2. La dynamique estuarienne
67
DEUXIEME PARTIE: LES APPORTS DE LA TELEDETECTION ET DE L'ANALYSE
MORPHO-SEDIMENTOLOGIQUE A LA CONNAISSANCE DES
MILIEUX LmORAux SENEGALAIS.
74
CHAPITRE 1: TELEDETECTION ET DYNAMIQUE MORPHO-SEDIMENTAIRE DES NIAYES:
EXEMPLE DES SITES Du RETRA, KAy AR ET LoMPOUL.
75
4.1. CARTOGRAPHIE DU SITE DE KA y AR
75
4.1.1. Reconnaissance des ensembles de valeurs d'intensité de rayonnement du site de Kayar.
75
4.1.2. Détermination des valeurs-seuils des ensembles d'intensité de rayonnement.
77
4.1.3. Typologie des ensembles reconnus
80
4.2. CAUSES ET FORMES D'EVOLUTION DU PAYSAGE DES NIAYES
84
4.2.1. Les causes de l'évolution du paysage
84
4.2.2. Les formes d'évolution du paysage
85
4.2.2.1. Evolution du couvert végétal
85
4.2.2.2. Evolution du réseau hydrographique
85
4.2.2.3. Evolution des zones éoliennes
87
CHAPITRE 2 : GEODYNAMIQUE DE LA FLECHE LITTORALE SABLEUSE DE SANGOMAR.
97
5.1. CONDmONS DE FORMATION ET TYPOLOGIE DES FLECHES LITTORALES.
97
5.1.1. Définition des flèches littorales
97
5.1.2. Typologie des flèches littorales
97
5.1.3. Problèmatique des facteurs d'élaboration des flèches
97
5.2. PHYSIOGRAPHIE DE LA FLECHE DE SANGOMAR : ASPECTS VEGETAUX, PEOOLOGIQUES ET MORPHû-SEDIMENTOLOGIQUES. 100
5.2.1. Les sols de la flèche
100
5.2.2. Cartographie de la végétation de la flèche
100
5.2.3. L'évolution morpho-sédirnentaire de l'estran à Sangomar.
102
5.2.3.1. Les levés topographiques
102
5.2.3.2. Les techniques d'èchantillonnage
103
5.2.3.3. Les techniques d'analyse sédimentologique
103
5.2.3.4. Analyse de l'évolution des profils de plage
104
5.2.3.5. Evolution des paramètres sédirnentologiques du stock de Sangomar.
106
5.3. CINEMATIQUE DU TRAIT DE COTE ET EVOLUTION DE LA FLECHE DE SANGOMAR.
1I4
5.3.1. Position du problème
1I4
5.3.2. Caractéristiques de l'imagerie utilisée
1I5
5.3.3. Méthodologie
1I7
5.3.4. Cinématique de la flèche de Sangomar
1I8
5.3.4.1. Evolution de l'extrémité distale de Sangomar
118
5.3.4.2. La situation nouvelle du Lagoba
127
268

CHAPITRE 3 : APPORTS DE LA BATHYMETRIE ET DE LA TELEBATHYMETRIE
AL' ANALYSE DES FONDS Du LITTORAL Du SALOUM
132
6.1. L'INVESTIGATION EN HYDROGRAPlllE: LIMITES DES MOYENS ACTUELS ET APPORTS DE L'IMAGERIE SATELLITAIRE.
132
6.2. APERÇU THEORIQUESUR LA METHODOLOGŒ DE L'HYDROGRAPlllE SATELLITAIRE.
133
6.2.1. La correction radiométrique de l'image
133
6.2.2. La sélection d'un "modèle bathymétrique"
136
6.2.3. Les facteursd'erreurs et le choix d'une longueur d'onde optimale.
137
6.3. APPORT DE LA TELEBATHYMETRIE A LA CONNAISSANCE DE L'ACCIDENT DU LAGOBA.
137
6.3.1. Etat de la question sur le fonctionnement du Lagoba
137
6.3.2. L'imagerie
138
6.3.3. Procédure d'analyse
138
6.3.3.1. Calibration des valeurs radiométriques en termes de luminance.
139
6.3.3.2. Extraction de la luminance due à la réflexion sur le fond.
139
6.3.3.3. Correction atmosphérique
140
6.3.3.4. Calcul de la luminance mesurée sous l'interface Océan-Atmosphère.
140
6.3.3.5. Filtrage
140
6.3.3.6. Extraction de la limite Continent-Océan
140
6.3.3.7. Calibration de l'image en termes de profondeur d'eau, de coefficient d'atténuation
diffuse des eaux et de luminance des fonds.
141
6.3.4. Résultats obtenus
141
6.3.5. La rupture de la flèche: essai d'interprétation
142
6.4. L'EVOLUTION DES BANCS SABLEUXDE L'EMBOUCHURE DU SALOUM.
145
6.4.1. Etat des levés bathymétriquesanalysés
145
6.4.2. Travaux antérieurs sur la physiographie de l'embouchure du Saloum.
146
6.4.3. Etablissement de la carte bathymétrique
149
6.4.4. Cinématique du delta de marée du Saloum
150
6.4.5. Conclusion: relations entre l'imagerie et les levés bathymétriques du delta de marée.
166
TROISIEME PARTIE: PROBLEMATIQUE DES TANNES, MORPHOMETRIE, CONNEXITE ET
APPROCHE TEXTURALE DES MILIEUX ESTIJARIENS Du SALOUM.
170
CHAPITRE 1 : TEXTURE ET CONNEXITE DES MILIEUX ESTUARIENS Du SALOUM.
171
7.1. ANALYSE CARTOGRAPHIQUE GENERALE DES MILŒUX DE L'ESTUAIRE.
171
7.1.1. Les méthodes utilisées
171
7.1.2. La hiérarchisation des paysages estuariens
173
7.1.3. La typologie des paysages estuariens
173
7.1.3.1. Les catégories d'eaux
173
7.1.3.2. Le complexe vasière à mangrove-tanne
175
7.1.3.3. Le domaine supratidal
178
7.2. L'APPROCHE TEXTURALE DES MILŒUX DE MANGROVE DU SALOUM.
178
7.3. LA CONNEXITE DES PAYSAGES: REALITES DE LA NOTION DE CONTACT DES MILŒUX ESTUARIENS DU SALOUM.
180
7.3.1. Les contacts pelouse-cordon
181
7.3.2. Les contacts tanne-pelouse
183
7.3.3. Les contacts tanne-cordon
183
CHAPITRE 2 : GEOMORPHOLOGIE ET PROBLEMA1IQUE DES TANNES
187
8.1. DESCRIPTION DU TANNE
187
8.2. CONDITIONS D'EVOLUTION ET REPARTITION DES TANNES DANS LE MONDE.
192
8.2.1. Causes et conditions d'évolution des tannes
192
8.2.1.1. Les conditions naturelles
192
8.2.1.2. Les conditions anthropiques
194
8.2.2. Tableau synoptique de la répartition et des conditions d'évolution des tannes.
194
269

8.3. ZoNATION DU TANNE ET ESSAI DE DEFINITION
197
CONCLUSION
202
CHAPITRE 3 : MORPHOMETRIE DES TANNES DE L'ESnJAIRE Du SALOUM
205
9.1. CARTOGRAPHIE DES TANNES ET INDICATEURS MORPHOMETRIQUES
205
9.1.1. Cartographie des tannes du Salown
205
9.1.2. Indicateurs morphométriques utilisés
205
9.1.3. Indicateur d'orientation: la conformité
209
9.1.4. Procédures de détermination des orientations
211
9.1.4.1. Les orientations du réseau
hydrographique
211
9.1.4.2. L'orientation dominante des tannes
211
9.1.4.3. La lecture des orientations
211
9.1.4.4. Les écarts entre orientations
211
9.1.5. Conclusion sur les orientations et la conformité
214
9.1.5.1. Les orientations du réseau hydrographique
214
9.1.5.2. L'orientation des tannes
214
9.1.5.3. La conformité
216
9.2. ANALYSE COMPARATIVE DES INDICATEURS MORPHOMETRlQUES ET TYPOLOOIQUES DES TANNES.
217
9.2.1. Principe du fichier-image
218
9.2.2. Fondements du classement de la valeur des indicateurs
218
9.2.3. Construction du fichier et résultats de classements
218
9.2.4. La relation indice de fractalité / Compacité
220
9.2.5. Typologie des tannes
222
CONCLUSION
223
CONCLUSION GENERALE
224
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
230
LISTE DES ABREVIATIONS
243
ANNEXES
244
RESUME
257
SUMMARY
261
TABLE DES TABLEAUX
264
TABLE DES FIGURES
265
TABLE DES MATIERES
267
270