1
n° d'ordre 062
Université Cheikh Anta Diop de Dakar
Faculté
des
Sciences
et
Techniques
. [CONSEiL AfRICAIN ET MALGACHE
~OUR l'EN5EIGNEMl::NT SUPERIEUR
1
C. A. M. E. S. -
OUAGADOUGOU \\
Ar.rivé.e .: .2.2·qCl· 2001·
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Enregistre sous n
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MEMOIRE DE D.E.A DE BIOLOGIE ANIMALE
Présenté par
EDOUARD
N'DIAYE
Contribution à
la connaissance de
l'écobiologie des deux espèces de
Gerreidae du Sine-Saloum (Poissons,
Téléostéens).
soutenu le 17 mai 1995 devant la commission d'examen:
Président:
Mf.
Jean
TROUI LLET
Membres:
Mme.
CONSTANCE
AGBOGBA
MM
Yves
SIA U
Omar Thiom
THIAW
Bhen
Sikina
TOGUEBAYE
Guy
VIDY

A mon père et à ma mère
A mon amie

AVANT-PROPOS
Cette étude a été faite conjointement dans les laboratoires d'écologie de
l'UCAD sous la direction de Y. SlAU et o. T. THlAW; et de l'ISRA/CRODT sous la
direction de J. J. ALBARET et de G. VIDY chercheurs de l'ORSTOM.
Mr, Y. SIAU, Professeur et responsable du laboratoire d'écologie à l'UCAD, m'a
accueilli dans son laboratoire où il m'a aidé et encouragé tout au long de ce
travail. Je veux lui adresser mes plus chaleureux remerciements.
Mr. O. T. THlAW, Maître de conférence à l'UCAD a bien voulu assurer la suite
de mon encadrement après le départ de Mr. SIAU. Je tiens à lui exprimer toute
ma gratitude pour son soutien amical et ses continuels encouragements au
cours de ce travail qui n'aurait pu être terminé sans son aide.
Mr. ALBAREr et Mr. VIDY se sont intéressés à ce travail et ont participé à mon'
encadrement lors de mon séjour au CRODT. Mr. VIDY a donné le meilleur de
lui même à la suite du départ de Mr. ALBARET pour mener à terme ce travail.
A tous les deux, j'exprime mes sincères remerciements.
Mr, le Professeur TROU1LLEr, responsable du DEA de Biologie Animale à
l'UCAD a mis à ma disposition les moyens d'édition et de finalité de ce travail.
Je le remercie d'avoir accepté de faire partie de mon jury et d'y assurer la
présidence.
Je remercie Mr. le Professeur TOGUEBAYE, chef du département de Biologie
Animale d'avoir accepté d'être membre de mon jury.
Je remercie Mme AGBOGBA, Chargée d'enseignement, actuelle responsable du
laboratoire d'écologie d'avoir accepté d'être membre de mon jury.
Mes remerciements vont aussi au D.G. du CRODT le Docteur D. TOURE qui
m'accueilli dans son centre, à l'ensemble des chercheurs du CRODT et
particulièrement à Mr. P. S. DIOUF qui, sans lui ce travail n'aurait pu se
réaliser.
Je tiens à associer à ces remerciements Mme I. GNINGUE, ingénieur chimiste
et son équipe qui ont mis à ma disposition les données sur les facteurs
environnementaux du Sine-Saloum; de même que mes amis pêcheurs de
Missirah qui sont auteurs des captures réalisées durant les
pêches
expérimentales.
Je ne saurais oublier les ingénieurs informaticiens du CRODT Mme V.
FONTENEAU et Mr. R. SARR dont l'aide m'a été précieuse pour le traitement de
mes données et la mise au point des modèles envisagés.
Je remercie également les techniciens du laboratoire d'écologie de l'UCAD et
tout le personnel du CRODT qui m'ont cordialement adopté au sein de leurs
groupes respectifs.
Enfin, j'avouerais volontiers que ce travail souvent fastidieux n'aurait pas
été mené à terme sans le soutien affectif de mes parents et amis.
Je remercie la famille FAYE, pour son soutien, sur tous les plans, qu'elle n'a
jamais cessé de me témoigner durant la réalisation de ce travail.
Chers frères et soeurs: GABRIEL, HYACINTHE, ANNA, ErIENNE, ELYSE, je vous

remercie pour votre compréhension et votre patience à mon égard.
Je remercie Mme DIOP née A. DIOUF et Melle A. NDIAYE (Bamako), Mr. A.
DIOUF (Bordeaux), Mr. M. DIOUF, Mr. A. DIOUF, Mr. M. DIOH (Banque
Mondiale), Frère H. NDIAYE (Sacré Coeur), Melle E. DIOUF (lTS) et Melle E.
SARR (Miramar) de même que Mme. N. DIOUF (Fass) pour toute leur
contribution dans la réalisation de ce travail.

SOMMAIRE
INTRODUCTION
MATERIEL
ET
METHODES
METHODFS D'ETUDE DFS CARACTERISTIQUFS PHYSICO-CHIMIQUFS DU
MILIEU
6
METHODFS D'ETUDE DU MATERIEL ANIMAL
6
Implantation des lieux de pêche
6
Pêche
7
Régime
alimentaire
7
Structure
démographique
8
Otolithimétrie
9
LE COMPLEXE FSTUARIEN DU SINE-SALOUM
10
LE MILIEU PHYSIQUE
10
HYDROGRAPHIE
10
CUMAT DU SINE-SALOUM
I l
Pluviométrie
I l
Température
12
HYDROLOGIE DU SINE-SALOUM
14
Hydrodynamique
14
Salinité des eaux
lS
Hydrochimie
lS
Teneur en oxygène dissous
16
Turbidité des eaux
16
LE MIllEU
HUMAIN
16
LFS PECHFS TRADITIONNELLES
17
LFS SAISONS DE PECHE
18
RESULTATS
ET
DISCUSSION
LE MIllEU
PHYSIQUE
21
HYDROLOGIE
21
Observations
21
Salinité
21
Température de l'eau
24
Teneur en oxygène dissous
26
Turbidité
26
Bathymétrie
26
Discussion
26
LE MIllEU BIOLOGIQUE
27
PEUPLEMENT
FAUNISTIQUE
27
Observations
27
Discussion
27
PEUPLEMENT
VEGETAL
28

Observations
28
Discussion
29
ECOBIOLOGIE nrs GERREIDAE DU SINE-SALOUM
31
DISTRIBUTION DU GENRE GERRES DANS LE SINE-SALOUM
31
Répartition des deux espèces G. nigri et G.
melanopterus dans le
Saloum, le Diomboss, et le Bandiala.
31
Observations
31
Discussion
31
Variation des captures de G. nigri et G.
melanopterus au COUTS de
l'année
35
Observations
35
Discussion
35
Rythme
nycthéméral
36
Observations
38
Discussion
38
Influence de la teneur en oxygène
39
Observations
39
Discussion
39
Influence de la salinité
39
Observations
39
Discussion
41
Influence de la turbidité
41
Observations
41
Discussion
42
REGIME AUMENTAIRE
45
Etude des contenus stomacaux
45
Observations
45
Discussion
46
RYTHME TROPHIQUE
48
Observations
48
Discussion
48
STRUCTIJRE DES POPUIATIONS DE G. NIGRI et G. MEIANOPTERUS
50
Observations
50
Discussion
53
RELATION TAILLE-POIDS
56
Observations
56
Discussion
56
OTOUTHIMETRIE
57
Observations
57
Discussion
58
CONCLUSION
60
ANNEXE
62
REFERENCES
67

1
INTRODUCTION
Les Gerreidae sont des poissons téléostéens appartenant au super ordre
des Percoïdei et à l'ordre des perciformes. La systématique des genres et des
espèces reste, jusqu'à présent, confuse. NElSON (1976), reconnait sept genres
: Diepterus, Eucinos tom us, Gerres, Parequula, Penteprion, Ulaema, Xystaema
et quarante espèces.
AUSTIN (1976), affirme que : "les Gerreidae sont des poissons du
Nouveau Monde, avec pour exception deux espèces trouvées en Afrique".
Pourtant CYRUS et BLABER (1982a), décrivent dans le Natal, en Afrique du
Sud, six espèces appartenant au genre Gerres
- Gerres oyena Forskal, 1775
- Gerres Iilsmentosus Cuvier, 1829
- Gerres poieiti Cuvier, 1829
- Gerres oblongus Cuvier, 1830
- Gerres acinaces Bleeker, 1854
- Gerres rappi Barnard, 1927
Sur les côtes ouest-africaines, deux espèces de Gerreidae sont connues.
Il s'agit de Gerres nigri Gunther, 1859 et de Gerres melanopterus
Bleeker,
1863, qui font l'objet de la présente étude réalisée dans l'estuaire du Sine-
Saloum. Ces deux espèces sont, morphologiquement, très voisines l'une de
l'autre, mais C. melenopterusise distingue de C. nigri par la présence d'une
v
tâche noire qui colore l'apex de sa dorsale (figures 1 a et b).
Alors que les travaux antérieurs ont essentiellement porté sur la
systématique des Gerreidae, l'écobiologie de ces poissons, en Afrique, n'est
que très partiellement connue (ALBAREf et OFSFOSSEZ, 1988).
Notre travail sur les Gerreidae du Sine-Saloum entre dans le cadre d'un
vaste programme de recherche intitulé "Système Pêche de l'Estuaire du Sine-
Saloum", mené conjointement par l'ORSTOM et l'ISRA (CROOT).

2
es ont motivé ces travaux:
1°) L'.
1 héberge plus du sixième de la population
sénég
e d'environ 10% du territoire national, et les
ressol
ituent, dans cette région, la principale source
des r
de 90% des protéines animales de la ration
alime
ocalités, notamment dans les îles). De plus, la
'-.
pêch
~
e du déclin de l'agriculture, une des sources les
plus _
DIOUF et al., 1990).
&
Durant nos pêches expérimentales, l'effectif des Gerreidae vient après
celui des Clupeidae. G. nigri et G. melanopterus sont des espèces dépassant
rarement 215 mm de longueur totale, et elles ne constituent pas une cible
préférentielle pour les pêcheurs. Les individus capturés sont souvent séchés
ou consommés sous forme de friture très prisée par les populations locales.
2°) Le milieu présente des caractères originaux: hypersalinité, découpage
très dense du réseau hydrographique, exondation de grandes superficies lors
des marées basses, présence de mangrove, existence de trois bras à situations
environnementales nettement différentes
3°) Cette étude permet:
- de compléter l'inventaire ichtyologique ébauché dans cette région
par SEREf (1983),
- de mieux cerner le cycle écobiologique des Gerreidae qui n'est que
partiellement connu, en particulier leur distribution spatiale et saisonnière,
leur adaptation aux facteurs environnementaux, leur régime alimentaire,
leur structure démographique.
- de lier ces ~ariations à celles des paramètres hydrologiques.
L'échantillonnage destiné à l'étude d'ensemble du Sine-Saloum a débu-
té en avril 1991 et a pris fin en avril 1993. En ce qui concerne les Gerreidae,
il a commencé en décembre 1991 pour se terminer en décembre 1992.

3
p==
o
Fig. la: Gerres nigri Gunther, 1859 (Photo: ROUX, 1981)
1
1
o
4cm
Fig. lb: Gerres melanopterus Bleeker, 1863 (Photo: ROUX, 1981)

4
MATERIEL
ET
METHODES

CODE nes STATIONS DE L'FSTUAIRE DU SINE-SALOUM
STATIONS
BRAS
1
BANDIAlA
BANDIAlA
2
CATHIOR
BANDIAlA
3
NDANGANE FAU
BANDIAlA
4
TOUBAKOUTA
BANDIAlA
S
SOUKOurA
BANDIAlA
6
NDIOUNDIOU
BANDIAlA
7
DIAMA
DlOMBOSS
8
NDIORENE
DIOMBOSS
9
BABANDIANE
DlOMBOSS
10
NDOFFANE
DlOMBOSS
11
FADOUM
SALOUM
12
FOUNDIOUGNE
SALOUM
13
SOUM
SALOUM
14
BAOur
SALOUM
lS
NDIMSIRO
SALOUM
16
A. MBOYE KH. SAMB
SALOUM
17
FAFANDA
SALOUM
18
D]AHANOR
SALOUM
19
D]IFERE
SALOUM
20
FAYAKO
BOLONG SALOUM
21
GUILOR
BOIDNG DIOMBOSS
22
KALALEN KOLALE ENT
BOLONG SAIDUM
23
KAlALEN KOLALE CAR
BOLONG BANDIALA
24
KALALEN KOLALE DlOTO
BOLONG BANDIALA
2S
KAlALEN KOLALE F. MAlAN
BOLONG BANDIALA
26
BANE SOUTOUTA
SALOUM
27
GAGUE BS3 bis
SALOUM
28
SASSARA B64 bis
SALOUM
29
LYNDIANE
SALOUM
30
KAOLACK
SALOUM
31
BEN RONE B147
SALOUM
32
PINDANE
BOIDNG DlOMBOSS
33
MBELANE
BOIDNG DlOMBOSS

5
,
.,. ~
:c
u '
\\
o Po 't'
SI Ion des stanIons de pêche
1 Limite dezone
z zone
Fig. 2·. Carte de l'estuaire du S·me-Saloum

6
METIIODES D'ETUDE DES CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES
DU
MILIEU
Une station hydrologique est associée à
chaque
prélèvement
ichtyologique. Ainsi les paramètres physico-chimiques tels que température,
salinité, teneur en oxygène dissous, profondeur de disparition du disque de
Secchi, sont relevés.
La température de surface est déterminée par lecture directe d'un
thermomètre gradué au 1/10 de oc plongé dans un seau contenant de l'eau de
surface. Pour la température de fond, une bouteille à renversement est
utilisée pour prélever l'eau de fond. La température de cette eau est ensuite
mesurée comme précédemment.
La salinité est mesurée au salinomètre et au réfractomètre. L'eau de
surface est mesurée directement, la salinité de l'eau de fond est déterminée
par l'emploi de la bouteille à renversement.
Le taux d'oxygène dissous est mesuré avec un oxymètre sur les
échantillons d'eau prélevés pour les mesures de salinité.
Le disque de Secchi permet d'estimer la transparence et la turbidité
des eaux.
Un sondeur permet de connaître la profondeur aux différentes stations
de pêche expérimentale.
METHODES D'ETUDE DU MATERIEL ANIMAL
Implantation des lieux de pêche
Sur la base d'une synthèse bibliographique (DIOUF, 1990), et d'une
étude préliminaire, chacun des principaux bras de mer qui constituent le
complexe estuarien du Sine-Saloum a été divisé en plusieurs tronçons :

7
- Saloum : 4 tronçons
- Diomboss : 2 tronçons
- Bandiala : 2 tronçons
Sur chaque tronçon, un certain nombre de stations a été retenu.
Pêche
Des pêches expérimentales sont réalisées tous les deux mois à l'aide
d'une senne tournante de 250 m de long. Cet engin est peu sélectif par sa
conception (la chute, 14 m, est supérieure à la profondeur
maximale
rencontrée à toutes les stations, la maille est de 14 mm) et par la manière dont
il est employé. Lors de l'échantillonnage, il n'y a pas de recherche de bancs
de poissons, mais plutôt un encerclement à "l'aveuglette" d'une portion d'eau
correspondant à un emplacement prédéterminé. A chaque station deux coups
sont effectués :
- un au niveau de la rive, droite ou gauche
- un au milieu du chenal
La reproductibilité de l'échantillonnage à la senne tournante nous
autorise à considérer chaque coup de pêche comme une unité d'effort stable.
Les abondances spécifiques, aussi bien en effectifs qu'en biomasse, ont été
estimées par les prises par unité d'effort (p.u.e).
Après chaque coup de senne, les prises sont triées et les Gerreidae
comptés et pesés. L'échantillonnage bimestriel compte, au moins, une
trentaine d'individus
Régime
alimentaire
Un premier décompte permet de dénombrer le nombre d'estomacs
pleins par rapport à celui d'estomacs vides. On obtient ainsi le coefficient de
réplétion. Les contenus stomacaux sont ensuite étalés dans une cuve à
numération, dite cuve de DOLLFUS. Les aliments sont ensuite identifiés et

8
comptés. Le classement des proies, souvent partiellement digérées, est fait en
grandes unités systématiques sans que nous puissions toujours pousser
l'identification jusqu'à l'ordre ou la famille.
Pour étudier le régime alimentaire des Gerreidae nous avons utilisé la
méthode d'occurrence, ou de fréquence, qui est qualitative (PllSNIER et a1.,
1988),
Il s'agit de compter le nombre d'estomacs contenant une catégorie
d'aliment A (NA) et de faire le rapport NA sur le nombre total d'estomacs
pleins analysés (NT). Ce rapport est exprimé en pourcentage et appelé indice
d'occurrence ou de fréquence, dont la notation est 10.
NA
10 =
x 100
Nf
Structure
démographique
Les spécimens capturés sont mesurés et pesés. Sont notés : poids plein
et poids éviscéré, longueur totale, longueur standard, et longueur à la
fourche.
Pour la détermination des relations taille-poids, nous avons utilisé la
relation (1) :
PP = aLTb
Dans cette équation:
PP = poids plein
LT = longueur totale
a et b sont respectivement des caractéristiques du milieu et de l'espèce.
A partir de ce modèle, aucune signification biologique ne peut être

9
attribuée au coefficient b. Par contre une transformation logarithmique
permet non seulement une réduction et une homogénéité de la variation des
deux paramètres (PP et LT), mais aussi l'obtention d'une fonction linéaire et
une approche biologique de b. La relation (1) devient alors (2) :
log PP = log a + b log LT
Otolithimétrie
Définie comme le développement progressif d'un être vivant, la
croissance est un paramètre de base des méthodes de dynamique des
populations. La biométrie constitue un outil très important pour cette étude.
Des mesures métriques et pondérales permettent de quantifier ce phénomène
biologique.
En plus de la longueur et du poids, des organes squelettiques tels que
les otolithes, qui sont considérées comme des marqueurs naturels de
croissance, sont examinées afin d'essayer d'établir des relations entre le
développement de ces éléments et la croissance des poissons.
Les otolithes sont prélevées dans le crâne de poissons frais à l'aide de
ciseaux et de pinces, puis nettoyées à l'eau du robinet et placées dans des
sachets avec leurs références. Chez les juvéniles les otolithes sont très
fragiles et se cassent ou se perdent facilement durant les manipulations.
Pour la mise en évidence des annuli (anneaux d'arrêt de croissance),
deux méthodes nous ont donné des résultats concordants. La technique de
brûlage (CHRISTENSEN, 1954) consiste à calciner des otolithes coupées
transversalement. Les anneaux d'arrêt de croissance apparaissent alors
sombres sur fond plus clair. La méthode de coloration à la fuchsine acide et à
l'amido-schwartz (SIAU et BOUAIN, 1988) permet de colorer les sections
d'otolithes en donnant des teintes différentes au fond et aux anneaux d'arrêt
de croissance.
Ces techniques sont effectuées sur, au moins, trente individus de
chaque espèce.

10
LE COMPLEXE ESTUARIEN DU SINE-SALOUM
Sur le milieu, physique et biologique, nous possédons quelques
références fragmentaires traitant d'aspects particuliers, mais aucune étude
d'ensemble n'était disponible
LE
MIllEU
PHYSIQUE
Le Sine-Saloum est un complexe estuarien situé dans la region de
Kaolack, à 150 km environ au sud de Dakar. Il forme une "ria" dont les
chenaux sont exclusivement parcourus par les eaux marines. La marée
monte deux fois par jour jusqu'en amont de la ville de Kaolack située à
l'intérieur des terres, à 112 Km de l'embouchure.
Ce complexe estuarien est formé par plusieurs systèmes hydrologiques
drainés par un important réseau hydrographique dans lequel les pluies
représentent le seul apport d'eau douce.
HYDROGRAPHIE
Dans le terme "Sine-Saloum" on comprend un ensemble complexe
formé par:
- le Sine au nord
, ,
r
jf" ,
- le Saloum au nord et nord-est
, ,1
Le Saloum est lui-même associé au :
"
"l
o
Diomboss au centre
o
Bandiala au sud
Les trois "bras", Saloum, Diomboss et Bandiala, sont interconnectés et
découpent deux groupes d'îles bien distincts d'une superficie totale d'environ
800 km2. Les îles du Gandoul forment le groupe septentrional, celles de
Betanty forment le groupe méridional. Un lacis de chenaux de marée sépare

11
ensuite ces deux ensembles en une multitude d'îles formées généralement de
vases plus ou moins sableuses (Figure 2).
Le Saloum, dont la longueur approximative est de 130 km, a sa partie
aval protégée par la pointe de Sang omar. Depuis 1988, cette pointe présente
une ouverture sur l'océan au sud du village de Djifère. La vitesse d'érosion de
la pointe nord de terre ferme au niveau de la brèche est de plus de 3000 m en
deux ans (DIAW, 1989). Cette vitesse d'érosion est très inquiétante vu le
danger qu'elle représente, pour les populations locales, de voir disparaître à
brève échéance les terres sur lesquelles elles sont inst
f
~
1
J
immémoriaux.
,
,
'.' ~
c
'1
Alors que sa partie aval est large de 1 à 3 km, le
l'amont, à partir de Foundiougne, pour ne mesurer (
Kaolack.
En amont de Foundiougne prend naissance
sinueux n'est plus, dans sa partie amont, qu'une va.u<;;<;; a.,:),:)<;;LU<;;<;; vu
s'accumulent, quelquefois, les eaux de pluie.
Le Diomboss, avec une embouchure plus large que celle du Saloum (7
km environ), est long de 68 km. Il se divise dans sa partie aval en deux bras
qui entourent l'île de Poutake. Juste après cette île, la jonction des deux bras a
une largeur de 2,5 km. Le Diomboss rencontre, à 26 km de son embouchure, le
Bandiala.
Le Bandiala, avec une largeur de 1 à 2 km et une longueur d'environ
34 km, est nettement plus étroit et plus court que le Saloum et le Diomboss. A
Toubakouta, sa largeur n'atteint que 200 m.
CUMAT DU SINE-SALOUM
Pl uviométrie
Le climat est soudanien et se caractérise par deux saisons nettement
distinctes dues à l'alternance des alizés et de la mousson:
- une saison sèche, fraîche de novembre à mars et chaude de mars à
juin, au cours de laquelle les vents dominants sont des alizés maritimes frais

12
(de direction nord à nord-est), et continentaux secs (de direction est à nord-
est)
- une saison chaude et humide, ou saison des pluies, de juillet à octobre,
qui a eu tendance à s'écourter dans les années récentes, et se caractérise par
des vents de direction ouest à sud-ouest.
Les pluies dépendent de l'alizé boréal et du déplacement vers le nord
du Front Inter Tropical. La région a un régime unimodal avec une abondance
des pluies qui diminue du sud au nord. D'après les moyennes calculées pour la
période 1958 à 1982, le Sine-Saloum s'inscrit entre les isohyètes 900 mm à
Djinak, au sud, et 700 mm au nord. Le nombre de jours de pluie varie entre 45
et 55 par an.
Mais des irrégularités interannuelles de l'évolution pluviométrique
sont enregistrées. Depuis les années 60 on assiste à une baisse généralisée du
niveau
des
pluies
qui s'est confirmée en
1983
où des
hauteurs
exceptionnellement
faibles ont été enregistrées. Ainsi, à Kaolack la
pluviométrie en 1958 a été de 1050 mm alors qu'en 1983 elle n'a été que de
304,8 mm (tableau 1).
Le déficit pluviométrique noté ces dernières décennies a fortement
affecté le régime et l'hydrologie des différents cours d'eau (LE RESTE, 1986 ;
DIOUF et al., 1986) notamment de l'estuaire du Sine-Saloum. Il est accentué
par des températures relativement élevées.
Une mesure de l'évaporation moyenne annuelle et de la pluviométrie
annuelle concernant trois stations situées, d'aval en amont du Saloum, à
Dionewar, Foundiougne et Kaolack, donne les résultats consignés dans le
tableau II. On note :
- une décroissance des précipitations annuelles d'aval en amont
- un gradient croissant de l'évaporation, dans le même sens.
Températures
Le domaine libéro-guinéen se prolonge dans le Sine-Saloum (DIA et
PAGES, 1983).
La température annuelle moyenne est de 25,3°C. Les températures
moyennes mensuelles maximales s'observent généralement d'avril à juin et

13
Années
DIONEWAR
TOUBAKOlITA
SOKONE
KAOlACK
1970
-
721,8
664,5
477,1
1971
906,3
1119,0
854,0
849,0
1972
465,3
-
400,4
479,8
1973
630,6
701,6
616,9
440,2
1974
750,2
768,0
583,7
548,5
1975
854,3
1004,7
894,7
553,7
1976
619,6
710,8
-
472,4
1977
-
475,0
-
461,1
1978
1073,9
874,1
-
649,0
1979
458,8
772,4
854,3
510,5
1980
-
-
484,5
418,1
1981
-
701,2
-
434,5
1982
-
362,8
-
654,3
1983
-
523,3
363,1
304,8
1984
-
438,0
521,7
608,3
1985
-
-
662,0
650,2
1986
-
706,8
593,2
636,6
1987
-
696,7
461,2
550,9
1988
-
1087,8
909,7
669,0
1989
-
968,5
656,8
716,7
1990
-
502,4
477,1
455,6
1991
-
-
-
462.3
Tableau 1 : La pluviométrie (mm) de 1970 à 1991 au Sine-Saloum
(METEO NATIONALE)
Evap. totale
Pré./an.
Déficit pl.
STATIONS
Années
(mm)
(mm)
théoriaue
DIONEWAR
1971/81
1245,8
842,0
391,8
FOUNDIOUGNE
1971/81
1606,8
703,2
903,1
KAOlACK
1971/81
22086
6098
1598.7
Evap. : Evaporation
Pré./an. : Précipitations annuelles
pl. : pluviométrique
Tableau II : Evaporation et précipitations dans le Sine-Saloum
(Rapp. UNFSCO sur les sciences de la mer 32)

14
sont de l'ordre de 30 à 32°C à Kaolack. Les températures moyennes mensuelles
minimales sont enregistrées en décembre, janvier et février. Selon les
relevés effectués par les services de la météorologie nationale du Sénégal, en
1994 elles ont varié entre 20 et 23°C.
HYDROLOGIE DU SINE-SALOUM
La zone du Sine-Saloum, parcourue par les trois "bras" ouverts sur
l'océan, présente des facteurs hydrologiques qui lui sont propres.
Ainsi le déficit d'apport en eau douce continentale détermine durant
toute l'année une influence prépondérante des phénomènes de marée
dynamique et de marée de salinité dans l'ensemble du réseau (BARRUSSEAU
et al., 1983).
Hydrodynamique
L'évolution sédimentologique et morphologique du Sine-Saloum est en
grande partie conditionnée par le caractère hydrodynamique de l'estuaire
qui présente la particularité d'une absence quasi totale d'alimentation
fluviale en toute saison. Ce fait est contraire au schéma habituel des
estuaires.
Dans le Saloum et le Diomboss, la durée et la vitesse du flot dominent
celles du jusant (écoulement vers la mer), contrairement à ce qui se produit
dans le Bandiala (BARUSSEAU et al., 1983).
La durée du montant est plus longue que celle du descendant. Ceci
s'explique par l'inertie des zones environnant les "bras" : mangroves, tannes
et lacis de bôlons jouent le rôle d'un réservoir amont. Cette inertie se
manifeste également au cours du montant par une résistance à la
pénétration
de
l'eau dans les
chenaux, les goulets des tannes, et
l'enchevêtrement des rhizophores de la mangrove. Les conséquences qui en
découlent sont un retard de remplissage du réservoir amont, mais aussi de
vidange du même réservoir. Le retard de vidange explique que le courant
dans le chenal soit encore en jusant quand le niveau de la mer est en train de
remonter.

lS
L'ensemble bôlons, mangroves, tannes, joue le rôle d'un atténuateur
d'échanges. C'est ainsi que les débits de flot et de jusant déterminés à la
station de Diifère montrent un déficit du jusant, en volume, de 27.10 6 m3. Ceci
signifie que la masse d'eau entrée par le profil de Djifère en est ressortie
amoindrie en volume.
La particularité hydrodynamique du complexe estuarien du Sine-
Saloum est de présenter, contrairement aux estuaires dits "normaux", une
prépondérance du flot sur le jusant, tant en durée qu'en vitesse.
Le facteur de restitution de l'eau (débit jusant/débit flot précédent)
varie entre 75 et 80% dans le Saloum. Dans le Diomboss le débit du jusant peut
être estimé, en moyenne, entre 60 et 80% de celui du flot (BARUSSEAU et sl.,
1983).
Une des conséquences de l'existence du bouchon atténuateur
d'échanges est la montée jusqu'à Kaolack d'un important volume d'eau salée
qui ne redescend pas à cause du fort pouvoir évaporateur de la zone amont et
la compensation des nappes déprimées par l'évaporation,
d'où
un
accroissement global de la salinité des eaux et des sols.
Salinité des eaux
Les études effectuées par DIOP (1978) montrent une importante
variation de la salinité entre la partie aval et la partie amont du complexe
estuarien. En 1978, la salinité était de 35,S 0/00 en mer, 55,S 0/00 à
l'embouchure, et dépassait 100 0 / 0 0 à hauteur de Kaolack.
Hydrochimie
L'hydrochimie des eaux a été effectuée dans le Saloum et le Bandiala.
Les eaux du Saloum ont une composition ionique voisine de celle de
l'eau de mer, mais avec des variations de la concentration globale en sels. Le
facteur de concentration augmente d'aval en amont: il est de 1,2 à Diifère, 1,6
à Foundiougne, et 2,2 à Kaolack.
Les concentrations relatives des différents éléments chimiques
varient très peu. Cependant, une légère baisse de la teneur en Ca et Mg par

16
rapport à celle en Na est observée entre Djifère à Foundiougne (SAaS, 1983).
Le pH varie de 7 à 8 et atteint parfois 9,25.
Le Bandiala accuse une composition ionique anormale avec un excès
de C03H- par rapport aux autres ions (DIA et PAGES, 1983).
Teneur en oxygène dissous
Ce paramètre n'a été mesuré que par AUSSEIL-BADIE (1983). Cet auteur
indique seulement que la teneur en 02 dissous peut atteindre 7 mg/l pendant
l'hivernage.
Turbidité des eaux
Elle revient à déterminer la transparence des eaux avec un disque de
Secchi.
Dans le Saloum, la quantité de matière en suspension augmente de
l'aval vers l'amont. Elle est tributaire de la marée. En période de flot la
turbidité décroît en même temps que la salinité dans le Bandiala (SAaS, 1983).
Les eaux du Diomboss sont plus limpides que celles du Bandiala
(AUSSEIL-BADIE, 1983).
LE MILIEU
HUMAIN
A la suite du déficit pluviométrique des deux dernières décennies,
l'agriculture, et particulièrement la riziculture, accuse dans cette région un
déclin compensé par une montée en faveur de la pêche.
En milieu continental, les pêcheurs, estimés à 5500 personnes
(Recensement C.R.O.D.T., 1985), cohabitent avec les agriculteurs ou vivent
isolés. On distingue ainsi :
- des villages ou campements permanents de pêcheurs exclusifs
- des villages ou campements de pêcheurs pratiquant aussi l'agriculture. On y
trouve des pêcheurs autochtones et des pêcheurs d'origine extérieure attirés
également par la commercialisation des ressources halieutiques. Ces derniers

17
affluent au niveau des points d'écoulement du poisson
Djifère, Missirah,
Foundiougne, Sokone ;
- des villages à vocation agricole, pratiquant la pêche à petite échelle en
saison des pluies, regroupent Ouolofs et Toucouleurs spécialisés dans la pêche
aux crevettes dans les bôlons,
- le milieu insulaire est habité par une population migrante, très tournée
vers la mer, et répartie sur une vingtaine de villages (VAN CHI BONNARDEL,
1978). Ce sont les "sérères Nyominka"
LES
PECHES
TRADITIONNELLES
Les pêches se déroulent dans deux secteurs:
- le secteur maritime qui va de la pointe de Sangomar à la frontière
sénégalo-gambienne
- le secteur fluvio-Iagunaire, constitué par le complexe Saloum-
Diomboss-Bandiala avec son réseau de bôlons.
Les prises de poissons ont connu une hausse régulière jusqu'en 1974.
Cette tendance affiche ensuite un accroissement rapide à partir de 1977,
année de mise en service de l'usine de Djifère avec 16.000 t de poissons
achetés. En 1978, les 30.000 t sont atteintes. La fermeture de l'usine en 1981
explique la chute des débarquements en 1982 avec moins de 10.000 t (DIOUF et
al., 1991).
Avec la réouverture de l'usine en 1992 et la création du centre de
pêche de Missirah en 1987, la pêche maritime se développe au détriment de la
pêche continentale.
Les engins utilisés varient
senne de plage, senne tournante,
épervier, ligne ...
Le parc piroguier est relativement important avec 1136 uni tés
recensées en octobre 1990 (BOUSSO, 1993).

18
Sokone, Missirah, Djifère, grâce à leur capacité d'écoulement et de
conservation (moyens de transport, chambres froides, usine de traitement),
reçoivent les prises en provenance de l'embouchure ou de la façade
maritime. Les eaux estuariennes fournissent Foundiougne et Ndangane.
Œ
SAISONS DE PECHE
Trois saisons de pêche peuvent être définies:
- une saison froide: de décembre à mars
Elle correspond à la période creuse pour la pêche artisanale sur la
façade maritime (FREON et WEBER, 1985). C'est la période durant laquelle les
Clupeidae (Ethmalosa fimbriata) sont capturés aux embouchures du.Diomboss
et du Bandiala aux alentours du "banc rouge" et à l'intérieur de la zone de
déjection de ces bras de mer. La raréfaction des prises est aggravée en
janvier et février par l'intensité des alizés qui diminue la vulnérabilité du
poisson à l'engin de pêche
- une période de transition: d'avril à juin
Les bancs d'ethmaloses pénètrent dans l'ensemble du réseau estuarien
- une période chaude: juillet à novembre
Pénétration plus accentuée des Sphyraenidae, des ethmaloses, et des
Ariidae vers l'amont. Les poissons pélagiques côtiers se font rares (C.R.O.D.T.,
1985). Les pêcheurs migrent plus à l'intérieur des eaux continentales.
Certaines
familles
telles
que
les
Cichlidae
(Saro th erod on
melanotheron, Tilapia guineensis, Hemichromis fasciatus), les Pomadasyidae
(Pomadasys jubelini, P. incisus, P. perote ti), les Mugilidae (Uza dumerili, L.
falcipinis, L. grandisquamis, Mugil curema, M. cephalus, M. bananensis) et
les Gerreidae (Gerres nigri, G. melanopterus) sont présentes toute l'année.
Les Sphyraenidae (Sphyraena guachancho), les Lutjanidae (Lutjanus
den ta tus, L. goreensis), les Sciaenidae (Pseudotolithus bra chygn a th us, P.
elongatus, P. senegalensis, Argyrosomus regius), les Polynemidae (Galeoides
decadactylus) pénètrent dans l'estuaire à partir d'avril avec la progression
sud-nord des eaux chaudes atlantiques.

19
Sardinella aurita (Clupeidae) est capturée en début et fin de saison
chaude.
La pêche crevettière est saisonnière et dure de juin à septembre.
Les observations déjà réalisées sur le Sine-Saloum montrent la
complexité des mécanismes qui régissent le fonctionnement d'un estuaire
inverse. Certains auteurs soulignent même l'existence d'un coin sursalé
inverse représentant l'écoulement vers l'aval de l'eau de mer concentrée
dans le système évaporatoire (DIOP et al, 1982). Cependant, de nombreux
paramètres physicochimiques restent totalement inconnus.
L'étude écobiologique de G. nigri et G. melanopterus devant se faire
dans ce milieu nous avons dû recueillir un complément d'informations sur
ce qui était connu du complexe Sine-Saloum afin de pouvoir établir des
relations entre l'écobiologie des espèces étudiées et les paramètres
principaux du milieu dans lequel elles vivent.

20
RESULTATS
ET
DISCUSSIONS

21
LE
MIllEU
PHYSIQUE
HYDROLOGIE
Observations
Salinité
Dans le Saloum, nous avons effectué des mesures en plusieurs points
(tableau III). Une analyse des résultats nous permet de constater un gradient
croissant de la salinité de l'embouchure à Kaolack où un maximum de 92,5
0/00 est enregistré.
Par rapport à la frange océanique située à l'ouest de Djifère,
l'embouchure présente une salinité nettement supérieure: 39 contre 35 0/00.
Le faible apport des pluies et les phénomènes d'évaporation intenses,
surtout à hauteur de Kaolack, ont également des conséquences au niveau de
certaines unités morphologiques. C'est ainsi que nous observons une :
- salinisation et acidification des vasières à mangroves
- extention des surfaces sursalées : les tannes nus
-"hypersalinisation" des nappes phréatiques notamment en saison
sèche
C'est durant la saison sèche que le Saloum présente son maximum de
salinité (figure 3).
La variation de la salinité entre saison sèche et saison des pluies est
faible en aval et forte en amont et est comprise entre 1 et 34 0/00.
Quelles que soient la saison et la marée, la salinité dans le Sine-Saloum
reste donc généralement supérieure à celle de l'eau de mer.
Un autre paramètre restant à vérifier est le rôle que pourrait jouer la
brèche de Sangomar. Elle faciliterait une plus grande circulation d'eau
océanique et donc une atténuation de la salinité.

22
Salinité en
surface
Salinité
en
profondeur
STATIONS
saison sèche 1 sais. humide
saison sèche 1 sais. humide
DJIFERE
39,3
37,9
39,4
36,6
FAFANDA
41,4
40,4
42,8
39,2
A. MBOYE W. S.
45,0
40,0
45,0
40,0
NDIM SIRO
45,4
42,2
45,8
43,5
FOUNDIOUGNE
55,5
49,0
57,0
52,0
FADOUM
55,0
49,0
56,0
48,3
KAOlACK
925
580
-
-
Tableau III: Les salinités moyennes (%0) dans le Saloum (1992)

23
Salinté (0/00)
100
90
80
70
60
50 L~,--,,---.-~:-:-:~~:--:-:~
40
30
tg AVAL
AMONT
01-------+--------+-----
o
.0
~
e
-0
E
.:.1.
0
"0
E
(ïj
C
:J
~
c
0
o
:J
0
(/)
l5
.E
Z.
0
"0
<5
u,
o
0
0
u;

u-
::.<:
- - - s.sèche
- - - - - - s. humide 1
Fig. 3 : Les salinités moyennes (%0) de surface dans le Saloum
(1991-92).

24
Ouant au Diomboss et au Bandiala, leur salinité varie de 3S à 41 0/00,
elle est donc proche de celle de l'océan.
Le gradient croissant de salinité est très atténué dans ces deux bras de
mer surtout près des embouchures. Les faibles longueurs de ces deux bras et
leur ouverture directe sur l'océan accentuent l'influence maritime qui est
encore plus nette dans le Diomboss, parcouru par de forts courants.
Les variations de salinité en fonction de la profondeur, aussi bien pour
le Saloum que pour le Diomboss et le Bandiala, demeurent faibles (de 0 à
20 / 0 0 ) (Tableau III). Mais, contrairement aux autres cours, les salinités en
profondeur dans le Diomboss sont légèrement supérieures à celles de la
surface.
Sur toute la longueur du réseau estuarien nous avons donc affaire à un
bief salé présentant une sursalure croissante d'aval en amont accentuée par
le déficit pluviométrique.
En général, la salinité à l'intérieur des bôlons est supérieure à celle
relevée au niveau des axes centraux où le confinement est moins ressenti.
Température de l'eau
Dans le Saloum, les températures de l'eau varient entre 20,8 et 31,4°C
(tableau IV). Elles sont maximales en juillet, août et septembre (31,4°C), et
elles atteignent le minimum (20,8°C) en février.
L'évolution journalière de la température de surface montre une
croissance jusqu'à 13h-14h puis une diminution. Par contre, les eaux de fond
présentent des maxima en fin de journée entre 17 h et 18 h.
D'une manière générale, la température des eaux des différents bras
du Sine-Saloum augmente d'aval en amont.

2S
12/91
02/92
04/92
06/92
08/92
10/92
12/92
STATIONS
DJIFERE
24,6
20,8
24,8
27,5
30,0
28,7
24,0
FAFANDA
25,9
23,2
25,2
27,9
30,7
28,6
26,0
i
A. MB. W. S.
26,3
23,0
24,9
28,4
30,5
29,1
25,8
i
NDIM SIRO
25,1
23,6
25,5
27,9
30,7
29,0
24,8
FADOUM
24
23,2
24,7
28,9
31,4
29,9
24,5
BABANDIA.
25,6
21,4
25,1
27,6
30,4
29,2
25,1
BANDIALA
254
23.3
252
28.9
29.6
289
26,1
Tableau N : Les températures moyennes de l'eau dans le Sine-Saloum
(1991-92).
Taux d' 02
en surface
Taux d'02
profondeur
STATIONS
mS!/1
%
mS!/1
%
DJIFERE
9,7
96
8,5
77
FAFANDA
9,5
92
8,2
59
A. MBOYE W. S.
8,0
81
7,8
69
NDIM SIRO
8,7
87
8,1
84
FOUNDIOUGNE
8,8
99
8,3
96
FADOUM
8,0
95
7,0
68
KAOLACK
-
-
-
-
BABANDIANE
9,0
92
8,4
88
NDIOUNDIOU
8,0
66
7,5
66
BANDIALA
91
96
80
88
Tableau V : Les teneurs en oxygène des eaux du Sine-Saloum
(1991-92).

26
Teneur en oxygène dissous
Pour les trois bras, les fortes teneurs en oxygène dissous relevées à
l'embouchure
diminuent vers l'amont. Les maxima d'oxygène sont
enregistrés au niveau des axes centraux des chenaux (tableau V).
Turbidité
Avec une disparition du disque de Secchi à une profondeur moyenne
de 2 m, les zones 5 et 7 sont les plus turbides. Dans les autres zones les eaux
sont plus claires, avec une moyenne de disparition supérieure à 3 m.
Bathymétrie
Dans le Saloum, au niveau de l'embouchure, les profondeurs minimales
dans le chenal sont de l'ordre de 12 à 13 m. Bles peuvent atteindre 17 m en
amont de Foundiougne (Fadoum). Au niveau des fosses les 20 m sont très
souvent dépassés.
Le Diomboss présente des fosses d'environ 10 m de profondeur,
identiques à celles rencontrées dans le Saloum.
Dans le Bandiala, nous remarquons fréquemment un dédoublement du
chenal avec des profondeurs pouvant atteindre 14 m.
Discussion
Les précédentes études des paramètres physicochimiques du Sine-
Saloum sont succinctes (DIOP, 1978). Les chiffres que nous avons obtenus,
pour la salinité, la température de l'eau, la teneur en oxygène dissous, et la
turbidité recouvrent les valeurs précédemment relevées.
Il est intéressant de mentionner les différences de salinité entre les
années. Ainsi les différentes valeurs que nous avons enregistrées en 1992
sont plus faibles que celles de 1978. Cette diminution de la salinité dans le
Saloum est probablement due à la pluviométrie nettement supérieure en 91-
92 à celle de 1977-78.

27
Pour ce qui est de la bathymétrie, nous n'avons pas connaissance
d'étude antérieure sur ce point. Notre étude ayant porté sur de nombreux
relevés effectués dans plusieurs stations et pendant plus d'un an à
intervalles réguliers, elle nous permet de donner un ensemble de valeurs de
référence pour les lieux de prélèvement.
LE MIllEU
BIOLOGIQUE
PEUPLEMENT
FAUNISTIQUE
Observations
Les prélèvements que nous avons effectués nous ont permis
d'inventorier quatre-vingt quinze espèces appartenant à quarante familles
(voir annexe).
La faune ichtyologique du Sine-Saloum est dominée par les espèces
marines et estuariennes. On note une absence totale d'espèces continentales.
Avec quatre vingt quatre espèces, le Bandiala, un des trois bras de
l'estuaire, a une richesse spécifique plus grande que le Saloum et le
Diomboss. Nous avons identifié soixante cinq espèces dans le Saloum et
cinquante huit dans le Diomboss.
Discussion
L'identification des espèces de poissons récoltées dans le Sine-Saloum
au cours du programme d'étude a permis de proposer un classement de cette
ichtyofaune en plusieurs communautés (DIOUF, 1992) :
- une communauté estuarienne stricte:
Elle est constituée d'espèces vivant presque exclusivement dans les
estuaires et les lagunes. Il s'agit essentiellement de Saro th erod on
melanotheron, Tilapia guineensis, Psettias sebae et Gerres nigri.
- une communauté estuarienne d'origine continentale:
Elle est représentée par une seule espèce: Hemichromis fasciatus

28
- une communauté estuarienne d'origine marine:
Il s'agit d'espèces d'origine marine parfaitement adaptées aux
conditions des estuaires. Pour cette communauté, la reproduction a lieu dans
l'estuaire, mais peut également intervenir en mer. Ce sont surtout les
Mugilidae : Iiza falcipinnis, L. dumerili, Mugil curema, M. bananensis.
- une communauté marine estuarienne :
Ces espèces ont une large répartition dans les lagunes et les estuaires.
Leurs écophases juvéniles sont souvent dominantes voire exclusives. Parmi
les représentants de cette communauté au Sine-Saloum, on peut citer:
Sphyraena afra, Caranx hippos, C. senegallus, Chloroscombrus cbrysurus,
Gerres melanopterus, Epinephelus aeneus...
- une communauté marine accidentelle:
.
Cette communauté renferme des espèces marines
régulièrement
capturées dans l'estuaire bien que rarement abondante : Antennarius
pardalis, Fodiator acutus, Lagocephalus laevigatus...
- une communauté marine occasionnelle:
Ce sont des espèces très rares dans l'estuaire, voire exceptionnelles
Pteromylaeus bovinus, Rhinoptera bonasus, Gymnura altavela, G. micrura.
PEUPLEMENT
VEGETAL
Observations
L'estuaire du Sine-Saloum présente un couvert végétal composé
essentiellement
de mangrove constituée des genres Rhizophora
et
Avicennia.
Aussi bien dans le Saloum, le Diomboss, et le Bandiala, R. mangle est
plus fréquent juste en bordure des cours avec des hauteurs pouvant atteindre

29
3 m tandis que A. africana, à port plus petit (environ 1,5 m de hauteur), vient
en arrière plan. La mangrove est très développée dans le cours moyen du
Diomboss.
Une des caractéristiques du Sine-Saloum est la dégradation croissante
de sa mangrove d'aval en amont.
Discussion
La présence d'une mangrove dans le Sine-saloum est un phénomène
ancien (AGBOGBA et DOYEN, 1985). La diminution progressive des surfaces
couvertes, avec un gradient croissant de dégradation d'aval en amont, peut
avoir plusieurs causes:
- L'exploitation de cette mangrove, en particulier pour faire du
charbon de bois, contribue à la diminution des surfaces couvertes par les
palétuviers.
- La très forte salinité pourrait également être mise en cause, mais
nous remarquerons que le Diomboss, à forte salinité, porte une mangrove
dense.
- Enfin, la pollution émanant de la ville de Kaolack pourrait également
intervenir.
La réduction de la mangrove devrait donc avoir une incidence néfaste
sur l'écosystème "mangrove" et, en particulier, son rôle en tant que
"nurserie" (THOLLOT, 1987; RAMADE, 1984).

30
ENGIN
S
E N
N E
Ta
u
R
N A
N
T
E
1
Zones
1
2
3
4
5
6
7
8
Total
Effectifs
11
406
76
1062
469
581
257
41
2903
P.u.e.
1
27
6
53
39
48
21
2
197
Biom. (g)
488
10268
2747
35368
19344
25995
7222
673
102105 ,
P.u.e.
41
685
229
1768
1612
2166
602
34
4683
N. coups
11
15
13
20
12
12
12
·20
115
Tableau VI : Répartition des captures de G. nigri suivant les zones dans le
Sine-Saloum (1991-92).
ENGIN
S
E
N
N
E
T a
u
R
N A
N
T
E
Zones
1
2
3
4
5
6
7
8
Total
i
Effectifs
52
176
16
228
453
122
435
58
1540
P.u.e.
5
12
1
11
38
10
36
3
116
Biom. (g)
875
3290
202
3766
14911
2723
6816
1081
33664
P.u.e.
73
219
17
188
1243
227
568
54
568
N. coups
11
15
13
20
12
12
12
20
115
Biom. : biomasse
P.u.e.: prise par unité d'effort
N. : nombre
Tableau VII : Répartition des captures de G. melanopterus suivant les zones
dans le Sine-Saloum (1991-92).

31
ECOBIOLOGIE nes GERREIDAE
DU SINE-SALOUM
DISTRIBUTION
DU
GENRE GERRES DANS LE SINE-SALOUM
Lors des pêches expérimentales effectuées de 1991 à 1992, l'effectif
total de Gerres nigri capturées s'est élevé à 2903 individus alors que celui de
G. melanopterus a été de 1S40 individus.
Répartition des deux espèces
G. nigri et G.
melanopterus dans le
Saloum, le Diomboss, et le Bandiala.
Observations (tableaux VI et VII).
G. nigri est rencontrée dans la totalité du complexe estuarien. Elle est
plus abondante dans la zone 4 où elle présente une p.u.e. (prise par unité
d'effort = effectif capturé) qui est égale à 53. C'est au niveau de la station 6
(Ndioundiou) de cette zone qu'elle est la plus fréquente. Egalement riche en
G. nigri, la zone 6 a une p.u.e. de 48. Dans les autres zones la p.u.e. est moins
importante: 27 dans la zone 2; 21 dans la zone 7; 6 dans la zone 3; 2 dans la
zone 8; et 1 dans la zone 1.
G. melanopterus, elle aussi présente dans toutes les zones de pêche du
complexe estuarien, montre également des abondances différentes suivant
les secteurs.
Elle est maximale dans la zone 5, partie la plus maritime du
Saloum, avec une p.u.e. de 38. Elle est également élevée, 36, dans la zone 7. Les
zones 2 (p.u.e. = 12), 4 (p.u.e. = 11) et 6 (p.u.e. = la) ont des p.u.e. moyennes,
alors que les zones 1 (p. u.e. = 5), 3 (p. u.e. = 1) et 8 (p.u.e. = 3) sont relativement
pauvres en G. melanopterus.
Discussion
L'espèce G. nigri n'est signalée que dans les lagunes et les estuaires du
Sénégal, de la Côte-d'Ivoire (ALBARET et DESFOSSEZ, 1988), de la Guinée
équatoriale et du Congo (ROUX, 1981).

32
Dans le Diombos et le Bandiala, les embouchures, zones directement
ouvertes au système océanique, sont moins riches en G. nigri que les cours
moyens.
Dans le Saloum, exceptée la partie la plus amont qui est très pauvre,
tout le reste du cours présente une assez grande abondance de G. nigri, y
comprise la partie la plus aval, protégée par la pointe de Diifère,
G. melanopterus est, en général, davantage capturée dans les eaux
maritimes qu'au niveau continental. Ainsi la distribution de G. melanopterus
est plus large que celle de G. nigri puisqu'elle est présente du Sénégal à
l'Angola où elle a été décrite par CONCALVES (1966). GILMORE et al., (1981) la
signalent également en Atlantique centre-ouest dans les lagunes de Floride.
Espèce marine à grande affinité estuarienne, la présence massive de G.
melanopterus
dans la zone 5 trouve son explication dans la position
géographique du secteur (aval du Saloum).
Ses p.u.e, sont faibles dans les deux autres embouchures. Ceci peut
s'expliquer, pour le Diomboss, par la pauvreté, déjà remarquée pour G. nigri,
de la zone 3 traversée par de forts courants. Par contre, cette hypothèse ne
justifie pas la faible p.u.e. enregistrée en zone 1, dans le Bandiala, qui n'est
pas parcourue par de forts courants. L'effectif de la zone 7 en G.
melanopterus est donc difficilement explicable d'après les seuls paramètres
rhéologiques alors que la zone 6 située plus en aval accuse pour la même
espèce une abondance trois fois plus faible.
Il apparaît donc, dans la répartition spatiale des Gerreidae, une
hétérogénéité qui ne peut pas être expliquée par les seuls paramètres
hydrologiques.
Il y aurait donc lieu de faire intervenir,
pour expliquer les
hétérogénéités de répartition, la présence, ou l'absence, de bôlons très riches
en matières nutritives, dont 4 originaires du cours moyen du Diomboss à
mangroves denses, qui se déversent dans la zone 7 du Saloum (figure 2).
L'éloignement de la zone 8 par rapport aux régions riches en matières
nutritives, et sa continentalité lui conférant une salinité et une température
élevées, justifient la pauvreté de ce secteur en Gerreidae.
La nature ou la géomorphologie même des embouchures et la position
des stations par rapport à la façade océanique pourraient également
intervenir dans l'abondance de la biomasse ichtyologique, du moins en ce qui
concerne le genre Gerres, dans cette région du Sine-Saloum.

33
P.u.e. (effectifs)
50 T
45 T
40
35
-----<>---- BANDIALA
30
25
-------tr---- DIOMBOSS
20
~-=======:
- X - SALOUM
15
10
5
0 + - - - - - - - - - + - - - - - - - - - - 1
S. froide
Transition
Hivernage
Fig. 4 : Evolution saisonnière des captures de G. nigti dans le Sine-
Saloum (1991-92).
P.u.e. (effectifs)
30 T
x
25
-----<>---- BANDIALA
20
x
-------fr---- DIOM BOS
15
S
10
x
-X-SALOUM
5
0-1----------+-----------1
S. froide
Transition
Hivernage
Fig. 5 : Evolution saisonnière des captures de G. melanopterus dans le
Sine-Saloum (1991-92).

34
Fév.
Mai
Juin
Déc.
1 Avril 1
Août 1
Oct.
1
1
1
Effectifs
2
59
133
67
100
51
308
P.u.e.
1
15
22
17
17
5
5
Bandiala
Biom. (g)
160
1720
3695
542
3246
1415
8029
P.u.e.
80
430
616
136
541
14
1338
Effectifs
167
75
66
170
210
378
19
P.u.e.
42
19
16
42
53
38
9
Diomboss
Biom. (g)
5837
2453
3153
7600
8105
13185
160
P.u.e.
1459
613
788
1900
2026
1318
80
Effectifs
433
270
139
113
114
292
279
P.u.e.
43
27
14
11
11
22
35
Saloum
Biom. (g)
14670
9664
5333
5200
3504
5508
14854
P.u.e.
1467
966
533
520
438
424
1857
Tableau VIII : Evolution temporelle des captures de G. nigri dans le
Sine-Saloum (1991-92).
Fév.
Avril 1 Mai
Juin
Août 1
Oct.
Déc.
1
1
1
1
Effectifs
21
41
51
46
3
5
82
P.u.e.
11
10
8
12
1
1
14
Bandiala
Biom. (g)
280
953
1076
977
76
117
51
P.u.e.
140
238
179
244
9
12
181
Effectifs
91
35
0
5
33
3
10
P.u.e.
23
9
0
1
8
1
5
Diomboss
Biom. (g)
1445
833
0
99
863
21
rr
P.u.e.
361
208
0
25
216
2
39
Effectifs
481
297
115
73
70
81
32
P.u.e.
48
30
11
7
9
6
4
Saloum
Biom. (g)
9909
9446
2767
1850
946
1037
613
P.u.e.
991
945
2n
185
118
80
rt
Tableau IX : Evolution temporelle des captures de G. melanopterus dans
le Sine-Saloum (1991-92).

3S
Variation des captures de G. nigri et G. 'melenopterus au cours de
l'année.
Observations (figures 4 et 5 ; tableaux VIII et IX).
L'effectif des captures de G. nigri, est extrêmement variable dans le
temps.
Si nous considérons l'ensemble du Sine-Saloum, en cumulant les p.u.e
bimestrielles nous constatons que les mois de mai (p.u.e.« 52) et de décembre
(p.u.e. = 49) montrent des prises nettement inférieures à la moyenne
mensuelle (p.u.e, = 66).
Mais, en examinant séparément les chiffres obtenus dans chaque
cours, nous notons que les minima sont atteints d'octobre à février pour le
Bandiala, en avril-mai et décembre pour le Diomboss, et de mai à août pour le
Saloum. Il y a donc encore là une extrême hétérogénéité dans les captures.
Chez G. melanopterus, les variations de p.u.e. montrent également des
variations importantes.
Alors que la moyenne bimestrielle est de 31 specimens p.u.e., les
extrêmes observées sont: un minimum de 8 en octobre et un maximum de 82
en février. Cependant, on remarque une très grande différence entre les
p.u.e. de février et avril, respectivement égales à 82 et 49, et celles observées
le reste de l'année avec une valeur moyenne de p.u.e. située autour de 17.
Discussion
Dans l'ensemble de l'estuaire du Sine-Saloum,
G. nigri et G.
melanopterus sont capturées en toute saison, avec des
différences
l
importantes dans l'abondance des prises, mais qui ne semblent montrer un
lien avec la saison que chez G. melanopterus.
l
En effet, dans les trois bras, les captures de G. nigri sont extrêmement
variables tout au long de l'année. Celles de G. melsnopterus sont beaucoup
plus élevées en février et avril que pendant le reste de l'année. Il semble
l
donc y avoir, chez G. Melanop terus, une nette influence de la saison de pêche
sur le niveau des p.u.e.
1
Dans le Natal, la distribution de fréquence de la répartition spatio-
1
temporelle des captures de poissons du genre Gerres dépend essentiellement
1
1

des espèces auxquelles on se réfère (CYRUS et BrABE
\\.ct l ,,V'
~\\~!: t
l,'
~lt' [(
est très capturée en hiver et en automne dans le ba:
f
~
.
"
Kosi. G. fllamentosus est présente durant toute l'ann'."'~J( ((
t:» 1 {'''(€.',
acinaces est abondante durant toute l'année dans l'
'",
of . 1 ' -
Kosi excepté le bassin amont, contrairement à G. t:
' , ' , < .
dans tout le bassin. Enfin, G. oblongus est présente e,.. .P~U~
_
saisons dans le bassin tidal du Kosi.
Nous observons, dans le Sine-Saloum, un mécanisme voisin de celui
/\\
..~~....
décrit dans le Natal. G. nigri est présente toute l'année dans l'ensemble du
bassin estuarien, sans qu'il soit possible de relever des variations spatio-
temporelles nettes. G. melanopterus montre de nettes variations d'abondance,
mais seulement temporelles.
Le paramètre "espèce" semble donc être un élément important à
prendre en compte dans l'étude de la répartition des Gerreidae.
Cependant, il faut noter que G. melanopterus effectue une migration
thalassotoque amenant en mer les grands individus qui y réalisent leur
reproduction (observations personnelles). En effet, on ne pêche dans
l'estuaire que des individus juvéniles. Il est donc possible que les variations
d'abondance de cette espèce dans l'estuaire correspondent à des mouvements
migratoires.
Rythme
nycthéméral
Le cycle journalier a été étudié au niveau de la station 6, dans la zone 4.
Ce choix s'explique par la particularité de cette station. Elle se situe à
l'intersection du Diomboss et du Bandiala et elle a fourni la plus grosse p. u.e.
pour G. nigri (53), avec un chiffre de p.u.e. intermédiaire (11) pour G.
melanopterus.
Six prélèvements ont été effectués, sur une durée de 24 h, le 29 octobre
1992. Les heures de prélèvement sont les suivantes: 6 h 30, 9 h, 12 h, 15 h 30,
18 h, 23 h.
Dans les variations saisonnières des prises le mois d'octobre se situe à
la valeur moyenne avec 65 specimens p.u.e..
L'étude avait pour but de visualiser la variabilité des captures diurnes
et nocturnes, mais également de mesurer d'éventuelles variations liées au
balancement des marées.

37
Heures
6h30' 1
9h
12h
115~O' 1 18h 1 23h
Total
MB
MM 1 MH
MB
MH
Gerres
Biom. (g)
3230
2040
3840
365
597
590
1Œ>62
nigri
P.u.e.
1615
1020
1920
183
299
295
5331
Effectifs
87
73
94
52
55
El)
422
Gerres
Biom. (g)
0
420
0
0
0
0
420
melanopterus
P.u.e.
0
210
0
0
0
0
210
Effectifs
0
6
0
0
0
0
6
Prof. (m)
3,8
4,0
4,6
3,8
3,8
4,2
N. coups
2
2
2
2
2
2
MB : marée basse
MM : marée montante
MH : marée haute
MD: marée descendante
Prof. : profondeur
Tableau X : Cycle nycthéméral des captures des Gerres dans le
Sine-Saloum (29/10/92).

38
Observations (tableau X)
L'effectif total de Gerreidae capturés pendant une durée de 24 h est de
428 individus. Parmi eux G. nigri, avec 422 individus pour une biomasse totale
de 10662 g, représentait 99% des prises contre 1% (6 individus) pour G.
melanopterus.
G. nigri est capturée quel que soit le moment de la marée aussi bien de
jour que de nuit.
La biomasse capturée est maximale à 12 h avec un poids de 1920 g
(p.u.e.), La p.u.e, minimale qui est de 182,5 g est obtenue vers 15 h 30 mn. Les
prises sont également faibles en fin d'après-midi et dans la nuit.
Discussion
G. nigri,
qui représente l'essentiel
des
prises
lors
de
cette
expérimentation, accuse une nette tendance à la baisse vers la nuit. Cette
diminution de la biomasse p.u.e. pourrait trouver son explication dans une
baisse de la vulnérabilité du poisson durant la nuit.
Une variabilité de
l'accessibilité à l'engin de pêche, suivant le moment de la journée, a été
nettement remarquée chez les poissons de grande taille (ALBARET, 1974).
SARANO (1983) et GARCIA (1984) parlent d'une efficacité différentielle des
engins de pêche liée à des particularités éthologiques des espèces cibles. Cette
hypothèse reste à vérifier chez les Gerreidae du Sine-saloum.
Il faut également remarquer que, plusieurs coups de senne ayant été
donnés, au même endroit, en 24 h, la faune non migrante du lieu se trouve
forcément épuisée en fin de la période d'expérimentation. Cette méthode
d'évaluation n'est peut-être pas la meilleure pour juger de la distribution des
Gerreidae au cours d'un cycle nycthéméral.
Alors que, dans la zone retenue pour cette étude, nous
avons
régulièrement pris G. melanopterus lors de nos campagnes bimestrielles,
cette espèce a été pratiquement absente des captures effectuées au cours
d'une série de coups de senne réalisés sur 24 h. Nous pouvons voir là une
illustration de l'extrême variabilité de la répartition des Gerreidae du Sine-
Saloum.

39
Influence de la teneur en oxygène
Observations
La répartition géographique des prises montre que les zones
d'ouverture directe sur l'océan ne sont pas les plus peuplées puisque G. nigri
et G. melanopterus présentent une abondance maximale dans les zones
moyennes des cours.
Discussion
Le complexe estuarien étant uniquement parcouru par des masses
d'eau salée d'origine océanique, la stratification verticale y est minime.
Les régions à forte teneur en oxygène dissous sont celles situées près
des embouchures, les régions à faible teneur sont les plus en amont (DIOP,
1978). Or les specimens de Gerreidae sont surtout abondants dans les régions
moyennes des cours.
En saison des pluies la teneur en oxygène peut atteindre 7,5 mg/l, mais
on ne note pas pour autant une augmentation du volume des prises p.u.e. à
cette période.
Le genre Gerres ne semble donc pas avoir d'affinité particulière pour
les fortes teneurs en oxygène.
La résistance de ce genre aux faibles teneurs en oxygène dissous a été
signalée dans la lagune Ebrié, en Côte d'Ivoire, où G. nigti et G. melenopterus
sont présents dans des eaux contenant moins de 1 mg/l d'02 dissous (ALBARET
et orsrossrz, 1988).
Influence
de
la salinité
Observations (figures 6 et 7)
Une des caractéristiques du Sine-Saloum est son hypersalinité quasi
permanente durant toute l'année.

40
P.u.e. (effectifs)
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
·S (0/00)
0 35
40
45
50
55
60
65
70
75
80
Fig. 6 : Répartition des captures de G. nigri suivant les classes de
salinité (°100) dans le Sine-Saloum (1991-92).
P.u.e. (effectifs)
30
25
20
15
10
5 -
S (0/00)
40
45
50
55
60
65
70
75
80
Fig. 7 : Répartition des captures de G. melanopterus suivant les classes
de salinité (°100) dans le Sine-Saloum (1991-92).

41
G. nigri est capturée dans des gammes de salinité allant de 35 0/00 à 70
0/00. la p.u.e maximale est obtenue entre 40 et 45 0/00.
Pour G. m elan opterus, les salinités auxquelles on l'observe varient de
35 à 60 0/00, avec deux maxima d'abondance, le plus important se situe entre
45 et 50 0 / 0 0 et le second entre 35 et 40 0/00.
Discussion
Dans le complexe du Sine-Saloum, les deux genres G. nigri et G.
melanopterus peuvent vivre dans des eaux salées à hypersalées. ALBAREf et
DESFOSSEZ (1988) capturent,
en lagune Ebrié, G. aigri et G. melanopterus
dans des salinités comprises entre 0 et 35,5 0/00 donc dans des eaux douces,
saumâtres et salées. Pour G. nigti, ces auteurs obtiennent une prise par unité
d'effort maximale à 7 0/00. Pour G. melanopterus la zone préférentielle se
situe entre 25 et 35,5 0/00. En Casamance, G. nigri est capturée jusqu'à 78 0 / 0 0
(ALBAREf, 1987).
G. nigri et G. melanopterus sont donc des espèces euryhalines. Ce
caractère est assez répandu dans le genre Gerres. En effet, CYRUS et BLABER
(1982a), considèrent G. filamentosus, G. rappi et G. acinaces comme des
espèces euryhalines qui évoluent dans des salinités comprises entre 0 et 35
0/00 avec des préférenda différents. Par contre, BLABER et BLABER (1980),
considèrent G. oyena et G. oblongus comme des espèces sténohalines qui
évoluent dans des salinités comprises entre 20 et 35 0/00.
Bien que l'on soit généralement tenté de considérer la salinité comme
un des facteurs principaux de la distribution de l'ichtyofaune dans les
milieux estuariens salés ou hypersalés WHITFIElD (1980), elle ne semble pas
régir la répartition des Gerreidae dans le Sine-Saloum.
1
Influence de la turbidité
t
Observations
1
Durant les campagnes de récolte, la profondeur de disparition du
disque de Secchi varie de 2,16 m à 3,23 m.
1
1
1

42
Pour G. nigri , la p. u.e. minimale se situe dans la zone la plus turbide
(zone 1) mais la p.u.e, maximale a été faite dans la zone 4, qui n'est pas la plus
claire.
Pour G. melanopterus, les p.u.e. élevées se rencontrent dans des eaux
très turbides (zones 5 et 7) avec une disparition moyenne du disque de Secchi
à 2 m. Les eaux plus claires, avec une profondeur de disparition du disque de
Secchi supérieure à 3 m, sont pauvres en G. melanopterus.
Discussion
Les deux espèces sont capturées dans la quasi totalité de l'estuaire, à
tous les degrés de turbidité, et sans que l'abondance des prises y soit liée. Il ne
semble donc pas y avoir de relation étroite entre la clarté des eaux
et
l'abondance de G. nigti et de G. tnelanopterus.
Ces observations sont sensiblement différentes de celles d'ALBARET et
DESFOSSEZ (1988) et de CYRUS et BlABER (1982 a et b) effectuées sur le genre
Gerres respectivement en lagune Ebrié et dans l'estuaire du Kosi. Dans leur
étude systématique des Gerreidae, ces derniers auteurs affirment que ces
poissons deviennent "progressivement moins communs dans les eaux plus
turbides".
BlABER (1980) et BlABER et BlABER (1980), indiquent que la turbidité
est le facteur clé déterminant la distribution et le recrutement des poissons
dans les estuaires tropicaux et subtropicaux. VAN OOSTEN (1945), SWENSON et
MATSON (1976) et SWENSON (1978) démontrent que la turbidité exerce une
grande influence dans la distribution des poissons d'eaux douces et saumâtres
de certains estuaires. MUNRO (1967), récolte G. poieti et G. oblongus à
l'embouchure des estuaires du Kosi c'est à dire dans les zones les moins
turbides de ce système hydrologique sud-africain.
Nos observations montrent que, dans le Sine-Saloum, la distribution
d'abondance de G. nigri et G. Melanopterus ne répond pas strictement aux
critères généralement admis pour ce genre, en ce qui concerne la turbidité
de l'eau.

10 : INDICE D'OCCURRENCE OU INDICE DE FREQUENCE (%)
Gerres nigri NT = 142
Gerres melanopterus NT = 155
S
1 N
E -
S
A
L
0
U M
PTE-COTE
HANN
Sais. sèche
Sais. humide Sais. sèhe
Sais. humide
NT= 75
NT= 67
NT=46
NT= 52
NT=32
NT=25
Annélides
Polychètes
0
0
0
0
100
0
Crustacés
ostracodes
16
14
43
40
0
4
Arthropodes
malacostracés
7
3
83
58
0
40
Haparticoîdes
12
22
28
35
0
0
R. ANIMAL
Lamellibranches
bibalves
81
87
17
23
0
0
Mollusques
Gastéropodes
75
63
39
42
0
0
Vertébrés
Poissons
9
3
11
15
0
12
Végétaux
Algues
rouges
13
10
-
-
0
0
R.VEGETAL
Vgx. non id.
17
21
-
-
47
32
MINERAUX
Silice
27
30
23
26
0
12
Tableau XI : Régime alimentaire des Gerres dans le Sine-Saloum.
Détermination de l'indice d'occurrence 10.
~
UJ

44
%
90
Lame Wb
1 ranc hes
80
Gastéropodes
70
60
50
40
30
Hapartlcoldes
20 ~rustacés
Algues
10
Poissons
1
1
1
1
r
o
l
Fig. 8 : Pourcentage d'occurrence des catégories d'aliments de G. nigri
dans le Sine-Saloum (1991-92).
%
60
Crustacés
50
Gastéropodes
40
Haparticoides
30
amellibranct es
20
Poissons
10
Algues
Fig. 9: Pourcentage d'occurrence des catégories d'aliments de
G. melanopterus dans le Sine-Saloum (1991-92).

45
REGIME
ALIMENTAIRE
Etude des contenus stomacaux
L'examen a porté sur 142 estomacs pleins de G. nigri et 155 de G.
melanopterus. Dans l'échantillonnage de cette dernière espèce, 98 specimens
proviennent du Sine-Saloum, 32 de la Petite-Côte et 25 de Hann-plage.
Observations (Tableau XI, figures 8 et 9)
Pour G. nigri, en saison sèche, les mollusques
ont
un
indice
d'occurrence (10) maximal. Ils se partagent en :
- lamellibranches: 10 = 81%
- gastéropodes: 10 = 75%
La consommation de crustacés est moyenne (10 = 16%). L'indice de
fréquence des poissons est faible (10 = 9%). Les végétaux (algues et divers)
occupent une place non négligeable avec un indice d'occurrence total de
30%. Les minéraux sont présents dans le contenu stomacal (10 = 27%). Ce sont
des grains de sable vraisemblablement ingérés avec les proies.
En saison des pluies nous retrouvons, à peu de différences près, les
mêmes indices d'occurrence.
Pour les G. melanopterus récoltées dans l'estuaire du Sine-Saloum, en
saison sèche, 10 atteint 83% pour les malacostracés,
28%
pour
les
haparticoïdes. Lamellibranches et gastéropodes ont des 10 respectifs de 17 et
39%. La consommation des poissons présente un indice de fréquence de 11%.
En saison des pluies, les malacostracés ont un 10 = 58%, les ostracodes
40%, les haparticoïdes 35%. La consommation de bivalves et de scaphopodes
accuse une légère augmentation pour donner respectivement 23 et 42%. Il en
est de même pour les poissons qui atteignent 15%.

46
Les grains de sable ont un 10 presque constant: 23% en saison sèche et
26 % en période de pluies.
Chez les individus récoltés en mer sur la Petite-Côte la fréquence de
présence des polychètes atteint 100%. Les crustacés ont un 10 = 44%
(ostracodes 4%, malacostracés 40%). Quant aux végétaux non identifiés, leur
10 varie de 32 (Hann-plage) à 47% (Petite-Côte). Les débris minéraux ont un
indice d 'occurence de 12%.
Le cycle de G.
melanopterus présentant une
phase
juvénile
estuarienne et une phase marine reproductrice, nous n'avons pas pu réaliser
un échantillonnage régulier sur toute l'année dans cette dernière phase et
nous ne connaissons donc pas l'intégralité de son régime alimentaire.
Discussion
Peu d'études ont été effectuées sur le régime alimentaire des Gerreidae
sur les côtes ouest-africaines (LONGHURST, 1957 ; FAGADE et OLANIYAN ; 1973
; ALBARET et DffiFOSSEZ, 1988).
Dans l'estuaire du Sine-Saloum, l'embranchement des mollusques,
représenté en particulier par les lamellibranches et les gastéropodes de
petite taille, semble fournir l'alimentation préférentielle des Gerreidae,
quelle que soit la saison.
Dans l'alimentation de G. nigri, les crustacés sont assez diversifiés avec
les décapodes (petites crevettes) les ostracodes, les copépodes et les
haparticoïdes. Les petits poissons font également partie des proies. La
présence de grains de silice dans certains estomacs est une confirmation de
la tendance benthophage de l'espèce. Les végétaux, algues en particulier,
entrent également dans l'alimentation.
Les décapodes
et
autres
crustacés
entrent
largement
dans
l'alimentation de G. melanopterus au Sine-Saloum. Mais les polychètes jouent
un rôle important dans le régime alimentaire des représentants de cette
espèce capturés au large des côtes. L'indice d'occurrence de cette catégorie de
proies y est de 100% et cet aliment ne se rencontre que dans la phase marine
du poisson.
Les Gerreidae peuvent consommer une vaste gamme d'aliments. CYRUS
et BLABER (1983) et ALBARET et DESFOSSEZ (1988), signalent que G. tiigri
mange des insectes et des petits crustacés. Dans les milieux lagunaires un
petit bivalve, Corbula trigona, constitue la nourriture de base des Gerreidae
(FAGADE et OLANIYAN, 1973 ; ALBARET et DESFOSSEZ, 1988). FAGADE et

47
OLANIYAN (1973) signalent, eux aussi, une prédominance des mollusques
bivalves appartenant au genre Corbula, des gastéropodes et des copépodes
dans les estomacs de Gerreidae
La consommation de mollusques par les Gerreidae du Sine-Saloum
correspond donc aux observations faites par différents auteurs,
mais
l'importance des crustacés dans leur régime alimentaire est propre aux
poissons du Sine-saloum.
Dans son travail sur les régimes alimentaires des poissons démersaux
des estuaires ouest africains LONGHURST (1957), note la présence des
polychètes dans le régime alimentaire des G. melanopterus de Sierra Léone.
Pour WILLIAM et al., (1973), la consommation de polychètes et de
copépodes dépend de la taille du poisson. Les jeunes du genre Gerres
s'alimentent surtout de copépodes et cette alimentation est remplacée par les
polychètes au fur et à mesure que les individus grandissent.
L'alimentation à base de polychètes observée chez les grands individus
de G. melanopterus pêchés en mer correspondrait donc au régime de la phase
adulte. Il serait intéressant de savoir si elle est nécessaire pour assurer la
maturation des produits génitaux.
JOHNSON (1977) et HYSLOP (1980), considèrent que la compétition entre
proies est vraisemblable lorsque 10 dépasse 25%.
Dans l'estuaire du Sine-Saloum des convergences alimentaires existent
entre les deux espèces de Gerres, en particulier pour les mollusques qui
constituent une cible de compétition. Pour éviter la compétition, G. nigri et G.
melanopterus
affichent des préférences trophiques différentes dans le
complexe Saloum-Diomboss-Bandiala. Ainsi les gastéropodes
Bullaria
adansonii et Pteropoda sp sont majoritaires dans les estomacs de G. nigri. Par
contre, pour G. melanopterus le scaphopode Dentalium senegalensis constitue
l'essentiel de la nourriture en mollusques.
Par l'étude de leur régime alimentaire nous mettons en évidence une
inféodation des Gerreidae à la strate démersale et nous pouvons donc les
classer parmi les benthophages.
Ces poissons prélèvent leur nourriture sur les organismes de l'endo et
de l'épifaune généralement fixée sur les racines dans la mangrove. Ceci
correspond aux observations de THOLLOT (1987) qui attribue à la mangrove le
caractère de source de nourriture. La capacité des Gerreidae à trouver leurs
proies dans ce milieu souvent turbide serait due à leur bonne vision liée à la
grande taille de leurs yeux (CYRUS et BLABER, 1982b).

48
RITHME TROPHIQUE
L'évolution du rapport du nombre d'estomacs pleins sur le nombre
total d'estomacs donne une idée du rythme trophique des Gerreidae aux
différentes époques de l'année.
Observations (figure 10)
Pour G. nigri, le minimum d'estomacs pleins est obtenu en avril avec
13% contre 87% d'estomacs vides soient 4 estomacs pleins contre 26 vides.
Une deuxième baisse est observée en octobre. Le maximum d'estomacs pleins
s'observe en juin avec 29 pleins (78%) contre 8 (22%) vides.
Chez G. m elan opterus, tous les individus disséqués au laboratoire ont
des estomacs pleins, qu'ils soient récoltés au Sine-Saloum, à Hann ou sur la
Petite-Côte.
Discussion
Chez G. nigri, la première baisse du coefficient de réplétion pourrait
correspondre à la période de ponte, située en avril d'après nos observations.
Ceci marquerait l'absence d'alimentation pendant le frai. La recherche de
nourriture est alors réduite à son minimum. Ce mécanisme est mentionné par
FARRUGIO (1975) chez les muges de Tunisie. La seconde diminution du
rythme trophique, en octobre, intervient à une période durant laquelle
aucune activité sexuelle n'est observée chez G. nigri dans le 'Sine-Saloum.
Nous ne connaissons pas les causes de la régression du rythme trophique à
cette époque, mais elle
pourrait
correspondre
à
des
changements
hydroclimatiques intervenus après les pluies (par exemple, une éventuelle
diminution de la salinité après les apports d'eau douce) ou à d'autres facteurs
abiotiques ou biologiques propres à l'espèce.
Chez G. melanopterus aucune variation saisonnière du rythme
trophique n'est observée.

49
80
en 70
e
:!60
Q.
r; 50
~ 40
~ 30
Q)
'b 20
~10
a Jf----+----I--------I--------+------+----+---~
-+-
cj
c
(j)
(J
~
"C
"5
-<1>
-,
a
.0
>
o
-<1>
«
a
-+-
LL
U
o
Fig. 10: Rythme trophique chez G. nigri dans le Sine-Saloum (1991-92).

50
STRUCTURE DES POPUlATIONS DE G. NIGRI Er G.
MEIANOPTERUS
Observations :
- G. nigri
Les individus mesurés ont été répartis en classes de tailles de 10 mm
d'intervalle. La distribution des fréquences des différentes classes de tailles
de l'ensemble de la population laisse apparaître un mode à 120 mm (LF =
mesure de la longueur à la fourche), mais l'importance de la classe 80 mm
traduit une certaine perturbation dans les petites tailles (figure Il). Lorsque
les mâles sont séparés des femelles, les deux distributions montrent une
tendance à une bimodalité avec un décalage dans les modes des distributions
des tailles des deux sexes (figure 12). En effet, chez les femelles un premier
pic est observé à 83 mm, un deuxième à 130 mm. Chez les mâles, un premier
pic est visible à 100 mm, et un deuxième à 120. Par ailleurs, les femelles
atteignent de plus grandes tailles que les mâles (LF maximale supérieure à
180 mm pour les femelles contre 170 mm pour les mâles).
Si la distribution des classes de tailles est étudiée dans les différents
lieux de pêche on constate une très grande hétérogénéité (figure 13). Les
tailles des captures montrent, soit une parfaite unimodalité des distributions
(zones 1,2, S, 8), soit une nette bimodalité (zones 3,6,7).
Il apparait également que, dans la zone 8 abondent les juvéniles avec
une valeur modale de 83 mm. Dans la zone S, où le mode est à 125 mm, les
adultes représentent 95 % des captures. Dans les zones 6 et 7 les pourcentages
d'adultes diminuent avec, respectivement 90 et 70 % des prises.
- G. melanopterus
Les distributions des fréquences des tailles des individus suivant les
différentes zones, présentent une distribution bimodale. La population
semble composée de jeunes dont les longueurs sont inférieures ou égales à 95
mm et de moins jeunes "pré-matures" qui peuvent dépasser 145 mm. Les
premiers sont très nombreux, parfois plus que les seconds selon les zones
(zones 8 et 3) (figures 14, 15, 16).

51
N (%)
N=698
20
18
16
14
12
10
8
6
4
2
LF (mm)
0
s 0r-, ~ ~ 8 0~ ~ g ~ fa s:l 0r-, ~ ~ 8
~
~
N
Fig. Il : Structures en taille de la population de G. nigti dans le Sine-
Saloum (1991-92).
N (%)
25
20
15

Mâles ( N=132)
10
o Femelles (N=145)
Fig. 12 : Structures en taille des populations mâles et femelles de
G. nigri dans le Sine-Saloum (1991-92).

52
'll.
ZONII
16
14
12
10
LFCmm .
o
'l.
ZONE 2
30
25
20
15
10
1.
ZONE 3
16
14
12
10
8
6
4
LFCmm)
o 1--,-.,-........-4..............--+-+-+-<
1.
ZONES
30
25
20
15
10
'l.
ZONE 6
40
35
30
25
20
15
10
5
LF(mm)
01--..-. . . . . . . . . .
. ._ _
1.
ZONE 7
20
15
1
ID
LFCmm)
o \\--,-,,-,,,,"'-,JIa,I- . .11-
ZONES
S0ll..
60
40
2 : . _
"'"
LF(mm)
~ g ~ ~ § ~ § ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~
Fig. 13
Distribution des fréquences de tailles de G. nigti dans les
1
diverses zones du Sine-Saloum (1991-92) .

i
1

S3
Dans le groupe des petits, la supériorité numérique des femelles est
nette, alors qu'elle s'amoindrit un peu dans le groupe des grands individus. A
partir de 140 mm, l'effectif global commence à diminuer considérablement et
seules les femelles atteignent des tailles de 200 mm qui sont d'ailleurs rares
dans l'estuaire.
Discussion
Une des difficultés majeures dans l'étude de la structure des
populations de G. nigri et G. melanopterus est l'absence d'échantillonnages
regroupant les états larvaires, juvéniles et adultes. En effet, les différents
âges sont généralement distribués en différents lieux, si bien que même le
regroupement en pool des échantillons de provenances diverses ne peut
garantir la reconstitution exacte de la structure d'ensemble de la population
car les proportions des différentes classes d'âges ne sont pas forcément
respectées par les pêches.
la bimodalité des distributions des fréquences des classes de tailles, qui
semble apparaître tant dans l'étude de la population
globale
qu'en
distinguant les sexes, pourrait donc traduire, soit une discontinuité entre
juvéniles et adultes des deux sexes, soit une lacune dans l'échantillonnage.
la profondeur dans les lieux de pêche pourrait être la cause de la
répartition différentielle des G. nigri du Sine-Saloum, comme cela a déjà été
observé pour cette espèce dans le secteur maritime de la lagune Ebrié
(ALBAREf et DffiFOSSEZ, 1988).
G. melanopterus présente deux phases: l'une, juvénile, est estuarienne
et l'autre, adulte, est marine. Il est donc logique de n'observer, en estuaire,
que des individus de petite taille, et de retrouver en mer les grands
spécimens. la taille correspondant à la migration des G. tiigri vers la mer
semble comprise entre 130 et 140 mm. Malgré son étude sur la distribution de
G. melenopterus, CONCALVES (1966) n'a pas signalé ce mouvement migratoire.

54
N
N =496
200
180
160
140
120
100
80
60
40
20
LF (mm)
O-J-L-..:J.+L~fL-..-4-L-.....l.tJ.........J..p;..;..~-4.l--4=~="f----+---+--J--i--!
Fig. 14 : Structures en taille de la population de G. melanopterus dans le
Sine-Saloum (1991-92).
N
70
60
50
40

Môles (N = 159)
30
o Femelles (N = 254)
20
10
o
LF (mm)
-\\L.4LljlLlj.LJfL
Fig. 15 : Structures en taille des populations mâles et femelles de
G. melanopterus dans le Sine-Saloum (1991-92).

1
1
ss
"
zone 1
30
1
25
20
15
la
lF(mm)
a
"
Zone 2
25
20
15
la
lF(mm)
a
Zone 3
"
8
7
6
5
4
3
2
1
LF(mm)
a
ZoneS
"
25
20
15
la
LF(mm)
a
Zon.6
"
30
25
20
15
la
LF(mm)
a
Zon.7
"
25
20
15
la
lF(mm)
i
a
zon.e
"
25
20
15
la
Fig. 16 : Distribution des fréquences de tailles de G. tnelenopterus dans
les diverses zones du Sine-Saloum (1991-92).

56
RELATION
TAILLE-POIDS
Observations
Pour l'étude des relations taille-poids chez G. nigri nous avons utilisé
120 individus dont les tailles et les poids varient de 89 à 170 mm et de I l à
118,6 g. L'application de l'équation de la droite de régression log PP = log a + b
log LT dorine :
PP= 0,169.10-5 x LT3,228
r=0,989
d'où on extrait la relation (2) : log PP = 3,228 log LT- 4,7721
Chez G. melanopterus, dans les 105 couples de valeurs retenus, les
tailles et les poids sont compris entre 64 et 188 mm et entre 8 et 198 g. Les
relations, chez cette espèce, sont:
PP = 0,112 10-5 x LT3,319
r= 0,984
log PP = 3,319 log LT - 4,9508
On rappelle que a est une caractéristique du milieu et b une caractéristique
de l'espèce
Discussion
La caractéristique b est une expression de la forme de l'espèce. Ce
coefficient quantifiable (b = 3,228 pour G. nigri et b = 3,319 pour G.
melanopterus) est la quantité dont s'accroît le logarithme du poids plein de
l'individu lorsque le logarithme de sa longueur totale augmente. Il peut donc
être assimilé à la vitesse d'accroissement ou d'augmentation du poids en
fonction de la longueur. Ces deux espèces semblent avoir la même vitesse
d'accroissement car b n'est que très faiblement plus élevé chez G.

57
melanopterus.
En lagune Ebrié, G. melanopterus a une vitesse d'accroissement du
poids nettement plus grande que celle de G. nigri (ALBARET et DESFOSSEZ,
1988). Toujours en lagune Ebrié, BERT et ECOUTIN (1982), avaient abouti aux
mêmes conclusions en obtenant, pour G. nigri :
log pp = 3,258 log. LT - 4,2269 r = 0,987
et pour G. melanopterus :
pp = 0,2868 leT5 x LT 3,412
r = 0,984
D'après la classification de PLISNIER et al., (1988), G. nigri et G.
melanopterus ont une croissance dite allométrique. Par contre l'espèce
Brachydeuterus auritus, (Pomadasydae) voisine et souvent confondue avec le
genre Gerres (ROUX, 1981), a une croissance plutôt isométrique (FONTANA et
BOUCHEREAU, 1976).
OTOLITHIMETRIE
Observations
Pour la détermination des annuli, les meilleurs résultats sont obtenus
avec la calcination, mais le pourcentage de réussite n'est que de 46%.
Equidistants,
les
annuli apparaissent sous forme
de
courbes
concentriques et sombres. Mais la petitesse et la friabilité des otolithes des
Gerreidae les rend très difficiles à manipuler après passage à la flamme.
Nous notons une différence, dans la forme des otolithes, entre les deux
espèces. Les otolithes de G. melanopterus sont trapues et plus larges que
celles de G. nigri. A longueur égale, G. nigri a des otolithes plus longues que
celles de G. melanopterus.
Chez G. nigti, le plus petit individu présentant un annulus a une
longueur totale de 87 mm.
Chez G. melanopterus, le plus petit individu présentant un annulus a
une longueur totale de 83 mm
Les résultats obtenus après brûlage et examen à la loupe des coupes
transversales d'otolithes, de même que les mesures des dimensions des

58
otolithes, permettent l'établissement des relations entre la longueur totale du
poisson (LT), le nombre d'annuli (Na), et la longueur de l'otolithe (Lo).
G. nigri:
n=80
LT = 16 Na + 71
r = 0,96
LT= 28 Lü + 14
r= 0,99
Lü = 0,5714 Na + 2,0357
r = 0,98
G. melanopterus: n = 73
LT = 33,3 Na + 51,673
r=0,96
LT = 30,23 Lü - 35,905
r=0,99
Lü = 0,6629 Na + 1,743
r=0,98
n : nombre total d'otolithes observées.
r = coefficient de correllation
Discussion
Les otolithes
sont
des
concrétions
minérales
essentiellement
composées de carbonate de calcium. Elles sont situées dans l'oreille interne.
Comme les autres organes calcifiés, elles sont supposées enregistrer les
variations écologiques susceptibles de modifier le développement des
individus, sous forme de dépôts de structure différente. L'arrêt ou le
ralentissement de la croissance chez les poissons sont liés à la cessation de
l'alimentation. Celle-ci se produit, principalement, dans deux circonstances:
d'une part lors de la période de reproduction et, d'autre part, lorsque la
température de l'eau baisse. C'est ainsi que CASTANET et al., (1976), parlent de
zones et d'annuli périodiques correspondants respectivement aux dépôts
osseux d'été et d'hiver.

59
Le but de l'otolithimétrie est donc de déterminer l'âge des individus
capturés, mais cela suppose d'abord que l'on puisse visualiser des traces
d'arrêt de croissance sur les otolithes, et, ensuite, que l'on sache combien de
traces se forment chaque année.
L'observation d'annuli sur des coupes d'otolithes de G. melanopterus
capturées dans le Sine-Saloum prouve que l'apparition des zones d'arrêt de
croissance n'est pas liée à la période de ponte puisque ces juvéniles n'ont pas
pondu. Cette constatation est opposée à celle de BAYAGBONA (1966), qui
affirme que les annuli sont principalement dûs au frai.
Par contre,
POINSARD et TRAODEC (1966), ainsi que LE GUEN (1971) établissent une liaison
entre la nature des couches constitutives des otolithes et les conditions
environnementales : en saison chaude, apparition d'un anneau noir hyalin,
en saison froide, formation d'un anneau blanc opaque.
En nous référant aux résultats obtenus lors de l'étude du rythme
trophique de G. aigri, nous notons que le premier minimum du coefficient de
réplétion correspond à la période de ponte. Le deuxième peut correspondre
aux changements hydroclimatiques. Si nous admettons que cette espèce se
comporte comme la précédente et que les annuli ne se marquent pas au
moment de la reproduction, nous pouvons penser que les arrêts de croissance
ont lieu en octobre, période durant laquelle l'activité trophique diminue
considérablement chez G. nigri.
Il faut cependant remarquer que, chez les poissons tropicaux, la
signification des annuli des otolithes est sujet de controverses. En effet, d'une
part ces perturbations de la croissance ne sont pas aussi marquées, ni de
manière aussi régulière que chez les poissons de mers tempérées ou froides
et, d'autre part, on ne connait pas toujours les causes des perturbations et,
donc, leur localisation dans le temps.

60
CONCLUSION
Le complexe estuarien du Sine-Saloum, formé
par un réseau
hydrographique complexe de "bras", de bolongs et de zones pouvant
s'exonder,
est caractérisé par des apports fluviatiles restreints, une salinité
supérieure à la normale, des teneurs en oxygène dissous pouvant être très
basses, et l'influence prédominante de l'ouverture océanique.
Il abrite deux espèces de Gerreidae, Gerres nigti et G. melanopterus,
adaptées à ces conditions particulières. Leur vaste aire de distribution, leur
fréquence et leur abondance font des Gerreidae un élément majeur de
l'ichtyofaune des écosystèmes côtiers saumâtres ouest africains.
La répartition des effectifs des deux espèces présentes dans le Sine-
Saloum, estimée par des pêches régulières, montre une très grande
hétérogénéité selon les zones géographiques. Cette variabilité
peut
difficilement être reliée aux principaux facteurs abiotiques des lieux de
pêche étudiés (régime rhéologique, température, teneur en oxygène dissous,
turbidité, salinité). D'autres facteurs abiotiques pourraient intervenir (pH,
distance par rapport aux rives), mais il semble également nécessaire de
rechercher l'influence de paramètres biologiques, comme l'existence de
migrations entre le complexe estuarien et l'océan, et la richesse en
nourriture. L'examen de ce dernier facteur devrait également permettre de
mettre en évidence les liens entre les lieux de pêche explorés et les zones
abritant une mangrove importante, source d'éléments nutritifs.
L'étude du régime alimentaire de G. nigri et G. melanopterus montre
que les deux espèces recherchent leur nourriture dans le benthos, avec une
préférence pour les mollusques et les crustacés. Avec des régimes sembla-
bles, elles évitent la compétition en ciblant, dans les même groupes
biologiques, des espèces différentes.
La structure des populations fait ressortir une hétérogénéité dont
l'origine pourrait être trouvée, soit dans un dimorphisme sexuel, soit dans les
difficultés d'échantillonnage liées aux différences de profondeur des lieux de
pêche.

61
Les résultats préliminaires d'une étude de la croissance montrent qu'il
est nécessaire de connaître le cycle de reproduction des deux espèces afin de
localiser la période de ponte et la distribution des juvéniles et des adultes en
cas de migration entre estuaire et océan.
De nos premiers résultats ressortent donc plusieurs problèmes relatifs
à l'écobiologie des Gerreidae du Sine-Saloum. Il apparait ainsi la nécessité de
poursuivre notre travail en l'axant, en particulier, sur la détermination des
facteurs biotiques ou abiotiques, intervenant dans la variabilité de la
distribution des deux espèces, et sur l'étude de leur cycle de reproduction.

62
ANNEXE
USTE DES ESPECES DE POISSONS RENCONTREES DANS LE SINE-SALOUM (*).
ACANTHURIDAE
Acanthurus moronviae (Steindachner, 1876)
S B
ANTENNARIIDAE
Antennarius pardalis (Valenciennes, 1837)
S
ARIIDAE
Arius latiscutatus (Gunther, 1864)
S B 0
Arius parkii (Gunther, 1864)
S B 0
Arius heudeloti (Valenciennes, 1840)
SBO
BATRACHOIDIDAE
Batrachoïdes liberiensis (Steindachner, 1876)
S B 0
BELONIDAE
Strongylura senegalensis (Valenciennes, 1846)
B
Tylosurus crocodilus (Peron, Lesueur, 1825)
B 0
BOTHIDAE
Citharichthys stampflii (Steindachner, 1869)
S B 0
CARANGIDAE
Chloroscombrus chrysurus (Linné 1766)
S B 0
Caranx senegallus (Valenciennes, 1833)
S B 0
Caranx bippos (Linnaeus, 1766)
S B 0
Hypacanthus amia (Linnaeus, 1758)
S B 0
Trachinotus teraia (Cuvier,1832)
S B 0
Decapterus rhonchus (Geoffroy St-Hilaire, 1817)
S B 0
Trachurus trecae (Cadenat, 1949)
S B 0
Selene dorsalis (Gill,1862)
B 0
Alectis alexandrinus (Geoffroy St-Hilaire, 1817)
BD

63
CICHLIDAE
Hemichromis fasciatus (Peters, 1857)
S B
Sarotherodon melanotheron (Dumeril, 1859)
SBD
Tilepie guineensis (Bleeker, 1862)
SBD
CHAOTODONTIDAE
Chaetodon hoeJ1eri (Steindachner, 1883)
B
CLUPEIDAE
Ethmalosa flmbriata (Bowdich, 1825)
SBD
llisha africana (Bloch, 1795)
S B D
Sardinella madarensis (Lowe, 1795)
SBD
CYNOGLOSSIDAE
Cynoglossus senegalensis (Kaup, 1858)
SBD
Cynoglossuscadenati(Chabanaud,1947)
B
Cynoglossus monodi (Chabanaud, 1949)
S B
DASYATIDAE
Desyetis margarita (Gunther, 1870)
SBD
Dssyetis margaritella (Compagno et Roberts, 1984)
SBD
ECHENEIDAE
Echeneis naucrates (linnaeus,1758)
SBD
ELOPIDAE
Bops lacerta (Valenciennes, 1846)
SBD
Bops senegalensis (Regan, 1909)
S
D
EPHIPPIDAE
Drepane africana (Osrio, 1892)
SBD
Chaetodipterus lippei (Steindachner, 1895)
S B
Chaetodipterus goreensis (Cuvier, 1831)
B
EXOCOETIDAE
Fodiator acutus (Valenciennes, 1846)
SBD

64
FISTULARIIDAE
Fistularia tabacaria (Linné, 1758)
B
GERREIDAE
Gerres nigri (Gunther, 1858)
S B D
Gerres melanopterus (Bleeker, 1863)
SBD
GYMNURIDAE
Gymnura altavela (Linné, 1758)
B
Gymnura micrura (Bloch et Schneider, 1801)
BD
HEMIRAMPHIDAE
Hemiranphus brasiliensis (Linné, 1758)
S B
Hemiranphus picarti (Valenciennes, 1846)
B
LOBOTIDAE
Lobotes surinamensis (Bloch, 1790)
B
LUTJANIDAE
Lutjan us goreensis (Valenciennes, 1830)
S B D
MONODACTYLIDAE
Psettia sebae (Cuvier, 1831)
S B D
MUGILIDAE
Liza falcipinnis (Valenciennes, 1836)
S B D
Liza grandisquamis (Valenciennes, 1836)
SBD
Liza dumerili (Steindachner, 1870)
S B D
Liza sp
B
Mugil cephalus (Linné , 1758)
S B
Mugil bananensis (Pillegrin, 1928)
S B D
Mugil curema (Valenciennes, 1836)
S B D
MYLIOBATIDAE
Pteromylaeus bovin us (E. Geoffroy Si-Hilaire, 1817)
B

6S
POLYNEMIDAE
Polydactilus quadrifilis (Cuvier, 1829)
B D
Galeoïdes âecaâectylus (Bloch, 1795)
SBD
Pentanemus quinquarius (Linné, 1758)
SBD
POMADASYDAE
=
HAEMUUDAE
Plectorhynchus macrolepis (Boulanger, 1899)
S B D
Brachideuterus euritus (Valenciennes, 1831)
S
D
Pomadasys jubelini (Cuvier, 1830)
SBD
Pomadasys peroteti (Cuvier, 1830)
S B D
Pomadasys incisus (Bowdich, 1825)
S B
Pomadasys rogeri (Cuvier, 1830)
S
PSETTODIDAE
Psettodes belcheri (Bennet, 1831)
SBD
RHINOBATIDAE
Rhinobatos cemiculus (E. Geoffroy St-Hilaire, 1817)
SBD
Rhinobatos albomaculatus (Norman, 1930)
B
RHINOPTERIDAE
Rhinoptera bonasus (Mitchill, 1815)
B
SCIAENIDAE
Pseudotolithus senegalensis (Valenciennes, 1833)
B
Pseudotolithus brachygnathus (Bleeker, 1863)
S B D
Pseudotolithus typus (Bleeker, 1863)
BD
Pseudotolithus elongatus (Bowdich, 1825)
S B
Pseudotolithus moori (Gunther, 1865)
S
Argyrosomus regius (Asso, 1801)
B D
Pteroscion peli (Bleeker, 186~)
S B
SCOMBRIDAE
Scomberomorus tritor (Cuvier, 1832)
SBD
Orcynopsis unicolor (E. Geoffroy St-Hilaire, 1817)
B

66
SERRANIDAE
Epinephelus aenus (E. Geoffroy St-Hilaire, 1817)
S B 0
Dicentrarchus punctatus (Bloch, 1792)
S B 0
SOLEIDAE
Pegusa triophthalmus (Bleeker, 1863)
B
Synaptura lusitanica (Capello, 1868)
S B 0
Synaptura cadenati (Chabanaud, 1848)
S
0
SPARIDAE
lithognathus mormyrus (Linné, 1758)
S
Pagrus caeruleosticus (Valenciennes, 1830)
S
Diplodus belloti (Steindachner,1882)
BD
Diplodus vulgaris (E. Geoffroy St-Hilaire, 1817)
B
SPHYRAENIDAE
Sphyraena afra (Peters, 1844)
S B 0
Sphyraena guanchancho (Cuvier, 1829)
S B
SYNGNATHIDAE
Hippocampus punctatus (Guichenot, 1850)
S B 0
TETRAODONTIDAE
Ephippion guttiier (Bennet, 1831)
SBO
Lagocephalus laevigatus (Linné, 1766)
B 0
TORPEDINIDAE
Torpedo marmorata (Risso, 1810)
B
TRICHIURIDAE
Trichiurus lepturus (Linné, 1758)
B
(*)
S = espèces rencontrées dans le Saloum; B dans Bandiala ; 0 dans le
Diomboss.

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a
la
c:onil,li~;sall('(' df~ }'/'cnhi,,!ngle des deux
espèces
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- Nom -Ju c;mdidat :
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ND L\\ Y E
- Nature du memoire :
Diplôme d'ELUdes Approfondies
- Jury:
Président
î'RüUlLLFT
Membres:
Constance
Yves
Sl/\\LI
Omar Thiom
TJUl\\ IN
Bhen Sikina
TOCUEll\\YF:
Cuy
Viny
- soutenu le l7 mai lln5
Résu m r! :
::,:ctlt; etude ,'orle sur l'érobiologic de 2 espèces de Gerreidae du
complexe csur...ricn du S:rit: Saloum: Gc.ves ni{!ri et Gerres melenopterus.
-i,'éll1(jC <10.
leur (~cd()gk montre que ces deux esperes :·::>nt largement
rcpr èscnt ccs claus I'cusc.nblc de l'estuaire avec des salinités allant de 3S à 7U
% 0 .
Les populauon. sont maximales autour de 4S %0.
-Lc regime alimcnuure de type benthophage est composé svrtout de
petits mollusques pour G, nigri. Les crustacés OîÜ une place Importante dans
le regime aluncn.aire de G. melatiopterus dont le spectre parait plus large
que celui de C. r.iori.
-1.:). ~;tn:('ltH(; ct;;: populations fait ressortir une hétérog énéité
dont
l'origine l){)urrJ.it être trouvée. soit dans undimorphismc sexuel, soit dans les
difficultés d'0chêlIHillnnnaw:: liées aux OliTén~nc(~s dl' prch'l1cklU' des lieux (](~
pèche.
-L'exarucn des annuii sur les COl:pCS transversales d'otolithes en
dehors de la période de reproduction de C. nigr) ct C. metunonterus nous
permet de dire que (Ç; arteix de croissuncc Ile Slllll pa;.; uniquement ùu,') ù la
rcproduct inn Ul mi lieu t r opirul .
. (;. nigri dont Je cycle biologique' sc dé:n'llic\\.nL~lf~n'H.:nt en milieu
est uaricu, c~;1 une c:;p(·er' cstu.iricnnc stricte, ;,:(:n; '~j~i'.' (;, mcJanoj){crus est
une espèce ruarm.. d ....t1fillilè cstuuricnnc.
Mots Clés : Gcrrcidac - Estuaire- Poissons - Télcoteeus - t:roioPlc
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trophique - Structure demographique - Otoîithimelr\\(~ - Annuli. "