UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
JJJJD
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
JJD
DEPARTEMENT DE LETTRES MODERNES
THESE DE DOCTORAT D'ETAT
CONTACTS DE LANGUES AU SENEGAL
ETUDE DU CODE SWITCHING WOLOF-FRANÇAIS
EN MILIEU URBAIN: APPROCHES LlNGUIST/QUE,
SOCIOLINGUISTIQUE ET PRAGMATIQUE
o
Présentée
par
Papa Alioune NDAO
Sous la Direction de
J. B. MARCELL ES/
Professeur
URA CNRS 1164 SUDLA
Université de ROUEN
1ANNEE UNIVERSITAIRE: 1995-19961
1· INTRODUCTION.
1.1 LE SUJET. LES RAISONS DU CHOIX.
Une
conception
rigide
des
pratiques
langagières
en
milieu
diglossique
a
pendant
longtemps
accrédité
la
thèse
des
fonctions
différenciées en Afrique. Le français langue officielle dans les domaines
de l'administration et de l'enseignement, la (les) langue(s) locale(s) dans
les autres
domaines.
Cependant des
observations
récentes
de
linguistes
ainsi
que
des
enquêtes sociolinguistiques (Dumont,
1983, Ndao,
1984) ont abouti à la
remarque
selon
laquelle
les
codes
en
présence,
loin
d'obéir
à
une
répartition
fonctionnelle
stricte,
se
chevauchent
fréquemmcnt.
Ce
phénomène
est
semble-t-il
plus
souvent
attesté
dans
les
zones
où
prédomine une langue véhiculaire (Bouquiaux,
1989). Tenant compte de
cette
hypothèse,
nous
nous
intéresserons
plus
particulièrement
à la
situation du
Sénégal.
En
effet on
sait que ces nouvelles données sociolinguistiques ont
favorisé l'émergence d'un mode d'expression mixte dans lequel le parler
A est submergé par B (langue seconde). Il ne s'agit plus de l'emprunt au
sens
classique
mais
d'un
phénomène
aux
appellations
multiples
alternance, mixage, mélange ou code switching, concept le plus répandu
dans la terminologie sociolinguistique.
L'exemple du
fait de
langue
qu'est
l'alternance
mérite qu'on
s'y
arrête :
- d'abord parce que les études linguistiques et sociolinguistiques de la
Francophonie
n'ont
pas
accordé
jusqu'ici
beaucoup
d'importance
au
sujet.
En
fait,
les
seules
productions
notables
doivent être
limitées
à
l'aire nord-américaine et anglo-saxonne.(Weinreich,
1953, Haugen Einar,
1956, Fishman,
1971, Shana Poplack.
1979
, David
Sankoff et Shana
Poplack, 1980 , Gumperz, 1982, etc.);
- ensuite,
parce que
de
nombreux
observateurs font
de
plus
en
plus
allusion au fait, en le mettant en rapport avec les milieux urbains en
Afrique.
Il
nous paraît donc
utile
de mesurer l'impact de
l'alternance
sur
les
productions
orales
d'ensemble,
d'évaluer
l'incidence
du
phénomène
sur
une
redéfinition
éventuelle
des
situations
de
communication et de situer la place de ce code dans les compétences
linguistiques et
communicationnelles des
groupes bilingues.
-
enfin,
nous
avions
noté
que
les
remarques
sporadiques
qui
font
référence
à
ce
problème
en
zone
francophone
tendent
à
relever
simplement son caractère aléatoire et imprédictible au niveau du procès
de
l'énonciation
(Manessy,
1978).
D'aucuns
estiment
qu'il
ne
serait
même pas lié au choix du sujet ni au style d'élocution ni à l'attitude du
locuteur
vis-à-vis
de
son
auditoire.
Il
va
sans
dire
que
pareilles
réflexions
reposent
sur
un
jugement
qui
fait
davantage
appel
aux
impressions
premières
qu'à
une
étude
plus
détaillée
du
discours
alternant. Car s'il est vrai que tout discours obéit à une logique psycho-
sémantique
profonde, il
devrait,
nous
semble-t-il, être
possible,
sinon
de prédire les modalités d'occurrence de l'alternance, tout au moins d'en
déterminer
quelques
raisons
explicatives.
1.2 PROBLEMES METHODOLOGIQUES ET THEORIE LINGUISTIQUE
Nous
envisageons
notre
étude
de
manière
pro gressive
afin
de
POUVOlf
y
intégrer
plusieurs
cadres
de
référence,
conformément
au
présupposé
théorique
suivant
lequel
chaque
niveau
d'abstraction,
chaque
ni ve au
d'observation
ne
peut
apporter
qu'une
explication
partielle
du
phénomène.
En
effet,
le
code
switching
ne
pourrait être
2
compris
de
façon
complète
que
grâce
a
une
étude
à
la
fois
ethnographique,
attitudinale
et
grammaticale
(Poplack,
1980)
c'est-à-
dire
à
une
analyse
intégrée,
à
savoir
non
seulement
quand
le
Code
Switching
se
produit, mais
aussi
comment ,
où
et
pourquoi
(Gardner
Chloros, 1983) ..
De
ce
point
de
vue
nous
délimitons
notre
domaine
d'analyse
autour
de
l'hypothèse
de
Breitborde
(1982)
suivant
laquelle
nous
distinguerons
entre
les
facteurs
micro-linguistiques
(ceux
qu'on
peut
relever dans l'interaction même) qui peuvent aider à expliquer le Code
Switching ; et les facteurs macro-linguistiques (ce qu'il
faut savoir sur
les
normes
de
la
société en
question)
pour
comprendre
et
cerner
le
mécanisme et les motivations du phénomène .
Il
s'agit également de
mettre
à l'épreuve
les
outils
qui
ont été
élaborés en vue de classer les différents aspects auxquels on identifie le
code
switching.
Parmi
les
nombreuses
typologies
proposées
,
nous
retiendrons
pour examen
les
concepts
de
code
swi tching
si tuationnel,
conversationnel, d'alternance fluide balisée (Poplack) et de convergence
avec ou sans code switching ... (Gumperz, Nadkarni, Sankoff ).
1.3 LE CORPUS.
On s'accorde à dire que la difficulté majeure de la sociolinguistique
(le recueil de données réelles et suffisantes et l'analyse de celles-ci) est
particulièrement aiguë dans
le
code
switching
Nous
nous
abstiendrons
de
développer
ici
cette
problématique.
C'est
pourquoi
l'élaboration
de
notre corpus s'est faite suivant les recommandations et les suggestions
réunies
par
Pénelope
Gardner-Chlores
(1983)
dans
"Code
switching
:
"approches
principales et perspectives".
On
retient
en
outre
que
pour
pouvoir dégager des règles et
des régularités qui caractérisent le Code
3
switching dans le cadre d'une variété X, il est nécessaire de recueillir un
très grand nombre de données. Ce que nous avons fait en multipliant les
enregistrements
de
productions
orales,
en
situations
formelles
et
informelles
:
émissions
de
radiotélévision,
conversations
libres,
mais
également
conversations
organisées
autour
de
différents
échantillons
représentatifs des personnes qui font l'objet de
notre enquête en milieu
urbain (exposés, discours. sermons, discours politiques). Nous disposions
à cet effet d'une vingtaine de cassettes enregistrées.
1.4 UNE ANALYSE DU CONTACT A PARTIR DE DONNEES
MICRO ET MACRO-LINGUISTIQUES.
C'est
presque
un
truisme
que
de
reconnaître
que
la
domination
linguistique
en
con tex te
diglossique
s' accom pagne
d'une
forme
d'inféodation
au
système dominant,
et cela,
à plusieurs
niveaux
de la
composante
grammaticale;
les
marques
les
plus
saillantes
étant
repérables au
plan lexical et morphologique, mais cela va parfois bien
au
delà
, jusqu'à
atteindre
la
syntaxe,
que
d'aucuns
dénomment
la
citadelle de la langue .
On
admet d'autre part qu'il
existe en
ville
une
accélération
du
processus général de la mutation linguistique
qui
s'articule autour de
deux couples : l'un synchronique (wolof urbain / wolof rural) et l'autre
diachronique
(wolof traditionnel/wolof contemporain),
qui
interfèrent
.Mais que le changement apparaisse en ville, qu'il soit le produit de la
véhicularisation ou de la dévernacularisation ou
tout simplement de la
dynamique de la langue (ou tout cela à la fois ), il est de plus en plus
clair
aujourd'hui
qu'une
bonne
part
du
processus
est
motivé
par
le
contact séculaire du wolof avec le français. Le
mélange de langues qui
en
résulte
peut
avoir
des
motivations
diverses
dont
les
difficultés
4
d'élucidation
sont
à la mesure
de
l'ampleur
et
de
la
complexité
du
phénomène
Nous
nous fixons comme objectif d'interroger les pratiques telles
qu'elles apparaissent,
non pas uniquement à
travers le dire des
sujets,
mais aussi
et surtout à travers
l'usage effectif des
locuteurs
dans un
ensemble de situations, aussi di versifiées que possible.
On
s'évertuera
à
analyser
de
plus
en
plus
la
nature
des
productions
langagières
pour
comprendre
comment
les
deux
codes
interférent,
de
quelle
manière,
dans
quelles
situations,
avec
quels
locu teurs.
Evaluer
les
habiletés
langagières,
c'est
également
mesurer
l'utilisation que les locuteurs font de l'une et de l'autre langue dans des
situations
données.
Pour ce faire, on abordera la question du code switching à partir
de deux volets descriptifs essentiels
_ un volet micro-linguistique
dans
lequel
on axera nos
interrogations
sur le niveau linguistique interne , grammatical et illocutoire en vue de
déterminer
les
capacités
d'utilisation
des
formes
linguistiques
de
la
langue wolof, à partir desquelles l'hypothèse d'un déséquilibre dans les
compétences pourrait être évaluée,
expliquant certaines
alternances.
_ un
volet macro-linguistique et pragmatique qui prend en charge les
facteurs concernant les attentes et les modalités de
rapport intervenant
entre les locuteurs et les destinataires : en somme tous les aspects de la
communication
qUI
transcendent
les
dimensions
strictement
grammaticales ou lexicales de la langue et qui relèvent des composantes
contextuelles,
psychologiques
et
comportementales
pouvant
expliciter
les
significations sociales et les
finalités
interactionnelles inhérentes à
l'alternance
codique.
5
L'exploitation
des
questionnaires
(
pour
l'évaluation
des
compétences
lexicales
et
grammaticales)
et
l'analyse
des
corpus
conversationnels
(pour
la
mesure
des
fonctions
rhétoriques
et
pragmatiques)
ne
consti tuen t
pas
deux
instances
séparées.
m ai s
deux
moyens
complémentaires
d'un
parcours
analytique,
qUI
en tend
traduire
concrètement
l'exigence
méthodologique
d'une
approche
multidimensionnelle du code
swi tching.
6
2- EVOLUTION HISTORIQUE DU FRANCAIS
ET DU WOLOF.
2.1 INTRODUCTION.
Senghor
avait
coutume
de
souligner
avec
emphase
la
présence
très
ancienne
de
la
langue
française
au
Sénégal,
en
évoquant
la
présentation
(par
la
colonie)
des
Cahiers
de
Doléances
et
de
Remontrances aux Etats Généraux. Cette référence constante à la
plus
ancienne colonie française, ainsi qu'aux rôles phares joués par ses deux
principales villes dans l'entité A.O.F. n'a pas manqué de laisser dans la
mémoire
des
étrangers
l'image
d'un
pays
profondément
marqué
non
pas par la
francité (qu'il tenait à opposer à la négritude à travers la
dialectique
de
"l'enracinement
et de
l'ouverture")
mars
par
un
usage
répandu de la langue de Voltaire qui serait parlée et bien parlée même
dans
l'ensemble
du
territoire.
Trente
ans
après
l'indépendance
du
Sénégal, si l'on sait quelle est la situation du français par le bilan des
rapports
pédagogiques
sur
l'apprentissage,
ce
que
l'on
sait
moins
en
revanche,
ce
sont
les
relations
que
cette
langue
a
entretenues
et
entretient avec les autres langues et les usagers eux-mêmes.
L'approche
sociolinguistique
comptabilise
aujourd'hui
des
publications
assez importantes, mais la
plupart de
ces
travaux
se
résument
à
des
généralités
théoriques
sur la
nature du
français
d'Afrique.
Le maillon
faible
demeure
encore
l'approche
épilinguistique
reposant
sur
la
question
des
représentations
sociales.
Et
c'est
précisément
cette
dimension de l'étude que nous avons tenu à actualiser dans ce chapitre.
L'objectif n'est
pas,
bien
entendu,
de
présenter
une
étude
exhaustive
sur
la
question,
mais
tout
simplement de
restituer
le
parcours
de
la
langue
(des
origines
à
nos jours)
afin
d'en
tirer
un
certain
nombre
7
d'informations,
celles
qUI,
dans
une
certaine
mesure,
peuvent
nous
permettre
de
saisir
les
comportements
et
les
attitudes
présentement
inscrites
dans
la dynamique épilinguistique que
nous
avons circonscrite
au cours de notre recherche. En effet on ne saurait délimiter toutes les
significations
sous-jacentes
aux
langues
en
contact
en
mettant
entre
parenthèses l'histoire du contact ou l'histoire tout court des langues.
Ces
contacts
sont
ISSUS
de
processus
socioculturels
(à
soubassement idéologique, économique ou
politique)
qui
peuvent varier
d'une communauté à
l'autre,
d'un
pays
à
l'autre,
suivant
des
données
sociolingui s ti q ues
spécifiques.
Avant l'analyse
du
code
switching,
nous
avons jugé
utile
de
retracer
donc ce
parcours spécifique
du
français
en
ne
perdant pas
de
vue
la
nécessité de le corréler
- à la question du rapport, ou du contact avec les langues locales,
singulièrement avec le wolof
- aux représentations des différents acteurs
SOCIaux
impliqués dans
ses
enjeux
historiques,
idéologiques
et
économiques,
en
ce
qu'elles
pourraient
rendre
plus
explicites
certains
faits
linguistiques
ou
sociolinguistiques identifiés au cours de
l'analyse.
Nous pensons que si l'on veut tenter une mesure de la situation du
contact, il
nous faut d'abord dégager les idéologies et les appréciations
pour voir comment elles se
traduisent dans la pratique linguistique des
locuteurs
(et donc
comment elles pourront à
moyen
terme
se
traduire
aussi).
La
synthèse
critique
des
sources
variées
(historiques,
sociologiques,
économiques,
ethnologiques,
administratives)
nous
a
permis
d'une
part
- de délimiter le contexte historique de l'apparition du français ,
8
- de rappeler les termes de la politique linguistique et culturelle de la
France,
axée sur la doctrine assimilationniste : la mission dévolue au
français et le statut accordé aux langues autochtones , les modalités de
sa coexistence avec les langues locales, en particulier avec le wolof;
et
d'autre part, d'aborder les données sociolinguistiques
actuelles à la
lumière
des
repésentations
façonnées
par
l'histoire
sociale
du
contact
linguistique et
culturel.
2.2 LA LANGUE FRANCAISE
APERCU HISTORIQUE, ENJEUX ET REPRESENTATIONS.
2.2.1
Le
contexte
politique.
Les
toutes
premières
heures
de
la
présence
française
sont
caractérisées
par
l'association
étroite
entre
la
langue
et
la
religion
chrétienne.
L'implication
de
l'institution
administrative
coloniale
naissante était minime concernant les
objectifs en matière d'éducation
et d'instruction. Les colonies demeurent la périphérie, et ne témoignent
ru d'une passion humanitaire,
ni
de
besoins économiques importants .
La
conservation
de
celles-ci
obéissait
davantage
à
une
question
de
prestige
politique
amoindrie
par
les
défaites
de
l'empire
,
et
des
rivalités
avec
les
Britanniques
.Théâtre
d'opérations
secondaires,
l'Afrique, d'une manière générale restait l'affaire des
Ministères de
la
Marine (Deschamps,
1971).
Domaine
traditonnel
des
compagnies
de
commerce,
le
Sénégal
accueille
son premier gouverneur pour succéder aux anglais en
1817.
Cette
date
marque
le
début
de
l'aire
des
gouverneurs
marins:
onze
gouverneurs
se
succéderont entre
1839
et
1847,
orientant
les
débats
9
essentiels de
la colonie autour du commerce, de sa réglementation , de
sa
libéralisation (Marfaing,
1991).
Le Gouverneur Bouet, nommé en
1843, résumait la
situation tout
en déplorant le fait :
"La politique qui a prévalu au Sénégal depuis la repnse de possession
et surtout depuis l'abandon des projets de colonisation, semble avoir en
vue les intérêts commerciaux du
moment, plutôt que ceux de l'avenir,
les progrés de la civilisation africaine".
2.2.2
La
société
et
la
langue.
Analysant l'évolution des structures éducatives dans l'hexagone et
dans la colonie, Colin note que les colonies sont à la fois tributaires et
indépendantes
des
grands
mouvements
métropolitains.
En France, le XIXe siècle est celui de la grande révolution scolaire
ponctuée
par
de
nombreux
soubresauts.
En
pnse
avec
la
grande
mutation
du
capital
industriel,
les
ministres
et
les
gouverneurs
ne
mêleront
(tout
au
moins jusqu'aux
temps
des
rêves
assimilasionnistes
de
masse
de
l'Union
Française)
les
problèmes
d'Outre-mer
et
les
problèmes
français.
Néanmoins
un
rapport
s'établit
entre
les
deux
univers éducatifs; effectivement les techniques, les moyens, les "
.
savoir-
faire"
des
éducateurs
sont
dans
une
large
mesure
compris
dans
le
courant
d'importation.
En France le système est divisé en deux filières :
une réservée à l'élite , l'enseignement secondaire
une réservée au peuple, l'enseignement primaire.
Le
combat démocratique se
mène pour que
l'existence même de cette
école primaire soit étendue à la population entière .
1 0
Il faudra attendre Jules Ferry en
1881 et
1882 pour que l'enseignement
primaire soit effectivement reconnu comme gratuit et obligatoire. La loi
Falloux de
1850 est perçue comme l'instrument législatif de défense de
l'Eglise,
le
système
éducatif
demeurant
pour
elle
un
instrument
indispensable de
pouvoir.
La
création
de
la
Congrégation
des
Frères
de
l'Instruction
Chrétienne
de
Lammenais
va
répondre
au
grand
projet d'instaurer ce
même pouvoir
au niveau du peuple que la mutation sociale entraînée
par
l'industrialisation
tend
à
déchristianiser.
Les
Frères
de
Ploërmel
. .
.
seront
les
ml ssronnaires
vi go ureu x
de
la
défense
des
po si tions
chrétiennes
en
milieu défavorisé.
Le
décalage
veut
que
l'implantation
de
leur
congrégation
aux
colonies
se
situe
dans
un
premier
temps
comme filière d'élite en milieu colonial (nous y reviendrons) .
La
population des villes comptoirs est alors composée de
quatre
catégories :
1- les européens que l'on peut répartir en trois classes
les employés du gouvernement
les négociants
les marchands
2- le milieu des "habitants" et des "signares" qUI sont des mulâtres
très proches de la société européenne .
3- les "gourmets", populations noires christianisées
4- les captifs et les esclaves ..
1 1
A l'époque, en dehors
des français
métropolitains,
seul
le
milieu
des "habitants", des gourmets,
utilise le français,
et s'est ouvert à des
degrés divers à la
culture française, sans pour autant avoir éliminé
la
culture
wolof.
L'usage
du
français
s'impose
d'autant
plus
que
l'on
a
accès
à
la
sphère
de
l'administration
et
du
négoce.
La
pratique
du
français
devait se développer et se
consolider à l'âge adulte,
lorsqu'un
individu entrait dans la vie professionnelle.
2.2.3
L' ébauche
d'une
structure
éducative.
Durant
cette
période,
l'éducation
est donnée
dans
chaque
classe
selon
des
modalités
distinctives
ordonnées
aux
rapports
sociaux:
les
blancs
ont
été
éduqués
en
Europe,
et
quand
les
familles
blanches
s'installent à la colonie, elles envoient leurs enfants en Europe ou les
font éduquer sur place par des précepteurs européens. Les
"habitants",
lorsque leur fortune
le leur permet, tentent de faire
de même (Boilat,
1984
P 20).
L'unique
tentative
de
scolarisation
laïque
entreprise
fut
l'école
mutuelle,
initiée
par
Jean
Dard.
Il
s'agissait
dans
l'esprit
du
gouvernement de mettre en place un échelon d'éducation efficace mais
peu onéreux,
adapté à des
milieux de
faible
instruction et capable de
concourir au plan de la colonisation. Sous cet angle , l'appareil éducatif
doit s'adresser d'abord aux
noirs,
non christianisés,
tout comme
il
est
clair
que
c'est
vers
eux,
en
destination
ultime,
que
doit
aller
le
mouvement de colonisation. Mais le milieu de la colonie est dominé par
les
"habitants",
essentiellement mulâtres et
gourmets
qui
n'y
sont pas
du
tout
préparés.
Difficile
donc
d'adapter
un
instrument
éducatif de
masse à la petite bourgeoisie des traitants qui ne peuvent pas ne pas se
sentir concernés par la nouvelle école. C'est ainsi que semble s'énoncer
1 2
la contradiction initiale et en définitive insurmontable, qui s'attachera à
l'enseignement mutuel
sénégalais
tout
au
long
de
la
période,
jusqu'à
clarification
brutale
des
méthodes
et
des
options,
consacrée
par
la
venue des fréres de Ploërrnel en 1841.
Dard
était résolu
à
inscrire
son entreprise
dans
l'orthodoxie
de
l'enseignement
mutuel:
une
pédagogie
fondée
sur
une
participation
dans
l'ordre
et
la
discipline,
très
respectueuse
du
prmcrpe
de
la
hiérarchie, permettant une diffusion de la culture de base à une classe
"non cultivée" (ce qui était la pratique européenne) sans que l'on puisse
counr le
risque d'une véritable égalisation culturelle entre
les classes,
ce qUI aurait mis en péril l'ordre établi.
Son
engagement:
une
école
faisant
progresser
la
"civilisation"
parmi les
peuples
noirs, une école s'adressant
avant
tout
aux
classes
populaires: "A leur sortie de l'école, plusieurs seront à même de diriger
l'éducation primaire de leurs semblables et même propres à former des
institutions
dans
l'intérieur.
Du
reste,
ce
qu'ils
auront
appris
en
fera
toujours
de
bons
cultivateurs,
des
citoyens
plus
intelligents,
des
ouvners plus habiles que ne l'étaient leurs pères" (Colin, p326).
Mais il y avait loin entre le credo et la réalité. Ses élèves pour la
plupart,
n'étaient
pas
wolofs,
mais
des
locuteurs
wolofs,
même
s'ils
reconnaissaient la part de leur culture wolof. Le français ne pouvait pas
leur
être
une
réalité
aUSSI
étrangère
que
les
rapports
le
laissent
entendre.
Ils
avaient
plus
ou
mOInS
largement
accès
à la
culture
française,
à travers
les rapports économiques et sociaux
bien avant la
création de l'école : "A Gorée toutes les signares parlent français; les
Jeunes gens des deux sexes sont entièrement habillés à la française avec
toutes les nouvelles modes" .(Boilat, 1984).
Dard, sans livrer la composition en détail, avance que son école est
en prise directe sur le peuple, ce qui correspond à la philosophie de
1 3
l'enseignement
mutuel
européen.
Il
parle
d'un
noyau
d'esclaves,
sans
doute
pour
répondre
aux
voeux
des
différents
groupes
parisiens
qui
suivent son effort et se situent dans le mouvement humanitaire et anti-
esclavagiste.
La
grande
majorité
des
esclaves
saint-louisiens
sont
musulmans. Mais l'école au premier stade, s'adresse aux chrétiens. Il est
donc certain que les esclaves y étaient très minoritaires.
En 1837, il Y avait 110 élèves dont 6 blancs, 71 mulâtres, 33 noirs.
Et Saint-Louis comptait 8 à 10 000 habitants. Mais les Jeunes enfants,
proches de leur mère dans le milieu christianisé, étaient surtout dans la
mouvance
culturelle
wolof.
Dard
mesure
alors
l'extrême
difficulté
à
appliquer
ce
que
les
pédagogues
appelleront
la
méthode
directe
(enseigner
directement en français).
Il
optera
très
rapidement
pour
la
méthode
de
traduction,
et
sera
ainsi
le
pionnier
de
la
recherche
africaniste en la matière. Il apprend le wolof et le bambara. La nouvelle
méthode prend forme dès la deuxième année et suppose que l'on puisse
faire accéder l'élève à la langue nouvelle à partir de la sienne propre,
mais
aUSSi
au
système
de
représentations
sociales
qu'elle
traduit,
et
donc
aux
rapports
de
communication
différents;
seulement
Dard
privilégie de façon étroite le
vocabulaire
; sa connaissance limitée de
l'univers socio-culturel wolof et son côté humaniste le porte à plaider le
droit à la différence: "la civilisation wolof est plus que négligée; elle est
mise à l'oubli, puisque l'on a cessé d'instruire les noirs du Sénégal dans
leur
propre
langage.
Il
faut
que
les
noirs
soient
instruits
dans
leur
langage
maternel:
sans
cela
point
d'établissement
durable,
point
de
civilisation".(Colin, p387). Mais il paraît clair que l'utilisation du
wolof
n'est
qu'un
détour
"indispensable"
selon
lui
pour
établir
le
système
français (il en sera également ainsi des directives au
temps de l'Union
Française pour le wolof et l'arabe).
1 4
Dans cette phase d'établissement, où
tout est centré sur le pôle de
la
colonisation saint-Iouisienne et de ses dépendances, en somme le
petit
monde des blancs et des habitants , assortis de
leurs
serviteurs, Dard
avait tenté de pratiquer l'articulation sur l'autre versant de la société: le
monde des noirs extérieurs à l'emprise directe du modèle socio-culturel
des européens ou assimilés.
Mais ses instruments d'analyse et d'action
ne
trouvaient
pas
les
points
d'ancrage
dans
une
société
qUI
restait
résolument
refermée sur elle-même, dominée
par les
notables
à Saint-
Louis et à Gorée. Après le départ de Jean Dard, ces derniers appuyeront
tout ce qui donnerait à l'école son caractère assimilationniste.
La
période consécutive mettait l'accent sur les intérêts immédiats
de la société blanche et mulâtre. On assiste alors à la naissance d'une
"politique indigène", conduite par une nouvelle administration coloniale
de
conquête
et
de
pnse
de
po ssessron
qUI
imaginera
un
autre
développement
pour
le
monde
noir
conquis,
dans
un
rapport
de
domination bien calculé. Les principaux acteurs en seront les Frères de
Ploërmel et les officiers coloniaux.
Le point sur lequel les Frères seront intransigeants est "l'éradication des
parlers africains
non seulement en classe mais hors
de
classe".
Cette
attitude
semble
caractériser
une
expérience
bien
établie
des
Frères
Ploermel,
qui
se présentent comme des champions de la
Francophonie
avant
la
lettre
et
déjà
bien
engagée
dans
la
lutte
pour
débarasser
l'Hexagone
des
"parlers
régionaux".
Toute
langue
non
française
fera
l'objet d'une croisade, et tout particulièrement le breton. Le Sénégal est
perçu
comme
une
sorte
de
Bretagne
noire.
Et
la
contrainte
par
le
symbole* sera longtemps établie dans les deux territoires.(Colin, 1980 P
326).
*.La pratique
du
symbole
était
strictement
la
même
dans
tous
les
territoires
sous
domination
française.
aussi
bien
dans
l'hexagone
que
dans
les
colonies.
1 5
Dans
son
étude
sur
l'histoire
du
français
en
Bretagne,
Broudic
note
qu'il
était
recommandé
aux
élèves
de
ne
point
parler
breton
en
récréation
comme
ils
avaient
eu
l'habitude
de
le
faire
jusqu'alors.
L'inspecteur
primaire
de
Quimper,
passant
du
stade
de
la
recommandation
à
celui
de
l'injonction
déclarait
"Aux
moyens
proposés
pour
les
enfants,
on
pourrait
ajouter
la
remise
déjà
pratiquée
sur
mon
invitation
dans
plusieurs
écoles,
de
jetons,
qUI,
donnés
à
un
certain
nombre
d'élèves,
seraient
passés
par
ceux-ci
aux
enfants
parlant
breton".
Celui
qUI
serait
surpris
à
proférer
un
mot
breton
par
inadvertance
se
voyait
attribuer
une
pièce de
bois et
ne
pouvait
prendre
part aux Jeux
de
la
récréation
que lorsqu'il
aurait lui
même entendu
un
de
ses camarades
parler breton.
Quant à
l'origine
même de
la
pratique,
il
semble qu'elle
soit datée de
bien
avant le XIX o siècle colonial. On
la situerait au Moyen Age, à l'époque où
le latin
était la
langue de la communauté
savante, et
donc
non
seulement de
l'église,
mais
aussi
de
l'Université.
Ainsi
professeurs
et
étudiants
pouvaient
se
déplasser
de
Bologne à Heidelberg, Prague ou
Paris, sans jamais se
sentir dépaysés en cours.
Des
informateurs
surnommés
les
"loups"
veillaient
à
l'application
de
ce
réglement.
Lorsqu'un
étudiant
avait
une
quelconque
requête
à
présenter
au
Recteur de
l'Université
de
Paris,
le
réglement
l'obligeait
à
bannir
toute
parole en
français.
Les
derniers
témoignages
d'utilisation
du
symbole
en
Bretagne
remonteraient à
1951, ils
sont bien plus tardifs au Sénégal (autour des années 60).
Cependant
bien
qu'officiellement
la
pratique
ait
disparu
des
établissements
scolaires,
certains
témoignages
tendent
à
signaler
un
usage
informel
du
procédé
aujourd'hui
encore
dans
certaines
écoles
prt rnaires
de
Dakar
et
de
Ziguinchor
(quelques
locuteurs
y
font
allusion
dans
nos
enquêtes).
Toutefois,
il semble que
l'existence du
symbole dans
l'école sénégalaise soit rendue
pérenne
par
les
enjeux
socio-économiques
liés
au
français.
Il
existerait
en
effet
une
demande
sociale en
direction
de
la
langue
la
plus
efficacement
associée
li
la
1 6
réussite
scolaire
et
dans
une
certaine
mesure
encore
sociale
(en
dépit
du
bouillonnement
idéologico-culturel
qui
traverse
cette
évidence).
Ces
résurgences
et
ces
avatars
du
symbole
constitueraient,
aux
yeux
des
adeptes
une
garantie
d'appropriation
de
la
norme.
principalement
pour
prévenir
l'échec
scolaire.
La
conscience
des
locuteurs
semble
davantage
marquée
par
le
rôle
"inhibiteur"
que
jouerait
le
wolof
dans
l'acquisition
de
la
langue
associée
à
la
réussite
socio-professionnelle.
1 7
Les
noirs
de
la
mouvance
coloniale
reproduisent
leur
modèle à
travers deux allégeances sociales régulatrices et normatives
- l'allégeance chrétienne qui les introduit, en position de basse classe,
dans un
système copié pour partie des
"habitants" et des blancs, sans
école
ou
presque
pas,
rnai s
avec
un
rôle
déterminant
joué
par
l'imprégnation familiale et
la
contagion,
à
travers
les rapports
sociaux
vécus dans la vie quotidienne des modèles des classes supérieures.
-l'allégeance musulmane
qui
marque
le
rattachement dominant
aux
modèles des sociétés de l'environnement colonial: l'école coranique reste
alors
le
modèle
d'éducation
généralisé,
en
symbiose
étroite
avec
l'éducation
intra-familiale (Tu l'cotte,
1983)
Cette situation apparaît très clairement à travers les discours de l'Abbé
Boilat, qui définit les objectifs assignés aux acteurs majeurs du
système
éducatif en gestation.
2.2.4
Du
français
pour
les
"habitants",
du
wolof
pour
les
noirs.
Chargé pendant quelques années, pour
le
gouvernement local, de
l'Inspection
Générale
de
l'Instruction
Publique
au
Sénégal
et
dépendances,
Boilat
commence
par
apprécier
le
bien
que
les
écoles
opéraient tant à Gorée qu'à Sr-Louis. "Les jeunes filles
sont fort
bien
élevées
les Soeurs rivalisent de
zèle avec
les
Frères pour
les faire
avancer dans la science, la vertu, et
les préserver des dangers" .(Boilat,
pl 2)
Les
perspectives
didactiques
qUI ressortent
en
filigrane
de
ce
même
discours annoncent une rupture avec la ligne de Jean Dard, rupture qui
marquera
pour
plus
d'un
siècle
l'enseignement
dans
les
colonies
1 8
françaises,
en
étroite
cohérence
avec
l'idéologie
de
la
mISSIOn
civilisatrice, ponctuée par le côté obsessionnel de la pédagogie franco-
centriste.
On se permettra ICI quelques extraits aux fins de rrueux illustrer ce
point de vue.
De l'éducation des Jeunes filles nones.
"Malgré
leur bonne
volonté, je remarquais
tous
les
jours
avec
peine que
ces
demoiselles
n'avaient nullement cette
tendre
piété
que
l'on remarque en France dans les personnes de leur âge; elles aimaient
les
prédications, les
lectures de
piété, et néanmoins rien ne
paraissait
les toucher et leur faire goûter les douceurs que l'amour de Dieu répand
dans
les
âmes
innocentes.
Animé
du
désir
de
planter
parmi
cette
portion précieuse du troupeau, la vraie dévotion, cette religion éclairée
sans laquelle point de civilisation, et en cherchant les différentes causes
du
mal, j'en ai
trouvé une
entre
autres,
dans
l'habitude de
parler le
wolof"(Boilat, p l l ).
Le
wolof est perçu
comme
l'obstacle
majeur à l'instruction des
enfants, à leur accès à la civilisation. Boilat exorte en conséquence les
pères et les mères à diriger et à maintenir les enfants dans la voie du
progrès. Et l'un des moyens qu'il importe au plus haut point d'employer
est de leur parler en français et d'exiger d'elles qu'elles ne parlent point
d'autre langue dans les maisons.
"S'il
en est qui
soient encore
bien arriérées
dans
leurs
études
c'est
toujours
faute
de
comprendre et de
ne
pas
parler
le
français.
Vous
remarquerez
aisément
que
celles
qui
ont
profité
le
mieux
sont
les
enfants qui, chez elles, ont été familiarisées
avec la
langue française.
1 9
Celles qUI ne
connaissent que
l'idiome du
pays prennent du
dégoût à
l'étude,
manquent
souvent
la
classe
et
arrivent
à
l'examen
aUSSI
arriérées
qu'au commencement de l'année"(Boilat, pI4).
L'accès
aux
vertus
salvatrices
du
christianisme
passait
inévitablement par la langue française et par ceux
qUI en étaient les
garants au niveau familial : les femmes. En effet la moralité, la politesse
et
le
bon
ton,
qui
sont
les
marques
de
la
civilité
doivent
devenir
l'apanage
des Jeunes filles,
qui
sont les
vecteurs
les
plus
sûrs
de
la
transmission
de
ces
vertus
exclusivement
chrétiennes.
La
raison
essentielle:
" Plus tard , devenues des mères de famille, elles communiquent ce ton,
cette éducation religieuse à leurs enfants; et tôt ou
tard elles ramènent
à la vertu des époux peu religieux et contribueraient ainsi à propager la
langue
de
ces
vertus
plus
loin,
chez
les
domestiques
et
les
esclaves"(PI5).
"Si
elles
parlent le
français
à leurs
domestiques,
elles
éviteront
d'entendre des foules
de mots que la décence ne
permet point et qui
sont sans cesse dans la bouche des noirs.
Dans
peu
de
temps,
les
domestiques
parleraient
français,
alors
elles tâcheraient de les civiliser par la religion, leur apprenant tous les
devoirs
que
la
religion
Impose
aux
serviteurs
à
l'égard
de
leurs
maîtres.Vous
serez servis
avec
plus
de
fidélité
et
toute
la
société
y
gagnera. Alors, alors seulement la civilisation aura fait plus de
progrès
que depuis plusieurs siècles que la colonie est fondée".
Cependant, la suite du discours de Boilat opère un changement de
ton et d'appréciation sur la langue wolof.
"J'ai donné ce discours uniquement pour les enfants qui fréquentent les
écoles
françaises.
La
majeure
partie
de
la
population,
ne
recevant
20
aucune
éducation,
a
au
contraire
besoin
d'instruction
dans
la
langue
indigène" .
Mais la
contradiction n'est qu'apparente, puisque le
raisonnement obéit
à
une
logique
de
société
coloniale
qUI
repose
sur
une
forte
différenciation
sociale:
la
langue
qui est à décrier,
fustiger,
pour les
"habitants",
l'élite dont il
est issu,
peut
servir pour une
autre
cause,
également
favorable
aux
objectifs
d'ensemble:
le
proselytisme.
C'est
ainsi
qu'il
s'évertuera
avec
les
Abbés
Lambert
et
Fridoil
à
faire
imprimer un catéchisme en langue wolof. Et c'est avec enthousiasme et
émotion
qu'il
relate
ce proselytisme prometteur
qui
découle
de
cette
option.
"On
ne
se
serait jamais
attendu
au
succès
dont
ces
pernes
furent
couronnées.
Tous
les
SOIfS,
à
huit
heures
précises,
l'église
était
entièrement remplie de noirs de tout âge et de tout sexe".
Mu par un désir profond de francisation accélérée des "habitants",
Boilat
entreprendra
de
créer
un
établissement
secondaire
confié
au
petit
noyau
de
prêtres
africains
d'extraction
mulâtre,
ce
groupe
entendait faire de ce collège un instrument de promotion sociale. Et ce
n'est pas sans fierté qu'il rappelle que bien des siècles avant , l'Afrique
avait produit
les "premières lumières du monde": "des Pères de l'église
dont
les
savants
ouvrages
excitent
encore
l'admiration
des
contemporains
, ont
été
des
africains
comme
nous
: Saint-Augustin,
Tertullien,
Saint-Cyprien
avaient
du
sang
africain
dans
les
veines"(Boilat, p 230).
En infléchissant avec force le dessein éducatif dans le sens qu'ils
attendaient, ils furent néanmoins confrontés aux résistances de la haute
administration, qui elle, entendait assigner à cet appareil un
centre de
vocations
sacerdotales
pour
constituer
"en
grand
réseau,
les
prêtres
2 1
noirs
pto nruers
civilisateurs
de
l'Afrique
difficilement
accessible
aux
blancs, vecteurs d'un "modèle socioculturel supérieur" .(Colin, 1980)
Comprenant que les
frères
noirs voulaient poser les jalons d'une
formation
de
l'élite
indigène,
l'administration
s'abstint
de
donner
les
moyens d'un
travail efficace.
Elle redoutait les risques de contestation
du pouvoir en place, même au nom de l'assimilation. Cette crainte sera
permanen te
tou t
au
lons
de
la
période
coloniale
et
explique
les
b
contradictions
perpétuelles
du
système,
écartelé
entre
l'exigence
d'une
logique
assimilationniste et
la
gestion des
rapports
de forces
sociales
dans un contexte de domination économique et politique
"Eduquer
sans
trop
instruire"
telle
sera
la
devise
qUI
devrait
permettre d'éviter la contestation autour des
privilèges.
A la suite de Boilat, bien souvent des tentatives de rruse en place
de
structures
éducatives
avancées
seront
freinées
pour
des
raisons
budgétaires
et
stratégiques.(Turcotte,
1983)
2.2.5
Faidherbe
et
l'éducation
fonctionnelle.
Les débuts d'une école laïque institutionnelle
Aux
problèmes
de
l'éducation,
Faidherbe
paraît
attacher
une
grande importance et cherche à atteindre aussi bien les adultes que les
enfants.
En
1854, l'enseignement semble sortir des premiers tâtonnements:
un effort de réflexion sur les buts et les méthodes aboutit à renoncer à
une réplique imparfaite de l'école telle qu'elle fonctionnait en France et
on
s'oriente
vers
une
adaptation
aux
réalités
locales
et
vers
un
enseignement professionnel couronnant le cycle primaire.
Dans
l'espoir
d'atteindre
les
populations
autres
que
les
"habitants",
il
ouvrit
des
22
écoles laïques à Saint-Louis, à Gorée,
mais
aussi à Podor, Dagana et
Bakel,
postes
militaires
installés
le
long
du
Fleuve
Sénégal.
Les
exigences de
la politique d'expansion coloniale appelaient des réponses
fonctionnelles aux besoins de l'appareil. C'est ce qui expliquerait qu'il se
soit attaché à pousser l'enseignement fonctionnel
dans
des formes
qui
répondaient à ses
projets politiques: la
"rigueur climatique" interdisant
l'occupation massive par les
européens d'un grand nombre de fonctions
fatigantes
notamment
à
l'intérieur,
il
fallait
former
des
habitants
du
pays.(Deschamps,
1978).
A deux reprises, il a songé à fonder une école des arts et métiers
pUIS,
devant
les
difficultés
budgétaires
rencontrées,
s'est
résolu
à
envoyer des boursiers en
métropole.
En
outre la
conjoncture
politique
lui
imposait
le
respect
de
la
religion et du statut personnel des musulmans. Il a même fait aboutir le
VIeux projet de
tribunal musulman, concession qu'il
avoue accorder à
regret (Cornevin, 1966).
En réalité, il espérait aboutir au contrôle des marabouts et à long
terme, escomptait que grâce à l'école française (les marabouts devaient
envoyer leurs élèves à l'école française des classes du
soir) la société
musulmane se rapprocherait ainsi de la société française. Il aura évalué
mIeUX que ses prédécesseurs et que certains de ses successeurs l'impact
de la culture islamique dans la société sénégalaise, tout au long de son
parcours d'unification du pays. Son credo : en poussant à l'ouverture des
petits échelons scolaires légers dans l'intérieur, il pourrait disposer des
auxiliaires indispensables à l'extension de son appareil de contrôle et de
conquête.
On
dit
de
ses
sucesseurs
qu'ils
n'ont
pas
montré
son
intérêt
"passionné" pour l'enseignement. D'ailleurs les écoles de poste ainsi que
23
l'Ecole des
fils de
chefs et
d'interprètes qUi furent sa
création, durent
être
supprimées
en 1871.
2.2.6 Bilan
du
siècle.
A la fin du siècle. l'école coranique règne à peu près complètement
en
brousse.
L'administration
désireuse
d'en
contre-balancer
l'influence
ouvrit
des
écoles
mais
fut
obligée
de
les
confier,
même
en
pays
animiste,
à
des
instituteurs
musulmans.
Il faut noter à ce
sujet
que
l'originalité
de
l'islamisation
du
pays
wolof
(rappelons-le,
point
de
départ de
la
colonisation
terri toriale)
achevée
à
la
fin
du
1ge
siècle
réside
dans
l'importance
des
confréries
et
que
l'affiliation
exprime
l'hostilité
des
wolofs
(mais
également et
surtout
des
populations
du
fleuve,
les
toucouleurs,
plus
anciennement
islamisés)
aux
autorités
coloniales
tout
en affranchissant
les
classes
sociales
défavorisées
(les
paysans
modestes)
des
cadres
traditionnels
"féodaux"
ou
familiaux
(Moniot,
1992, p 125).
En
1895,
l'instruction
demeure
l'apanage des
"quatre
communes".
On
dénombre environ 2350 élèves dans les
"quatre communes" contre 300
dans
les
écoles
de
l'intérieur.
La
population
des
"quatre
communes"
serait évaluée à 40 000 Habitants dont 3 000 européens.
La ville de Saint-Louis compte environ 20 000 habitants.
Rufisque et Dakar entre 8 000 et 9 000 habitants
Gorée environ 2 000. (Cornevin, 1969, p31S)
Les familles de notables indigènes qui constituaient l'essentiel des sous-
traitants de cette période, étaient tous des lettrés en
arabe et tenaient
leurs
registres
en
arabe
assistés
d'un
comptable
qui
le
tenait
en
français.(Marfaing,
1991).
24
Cependant,
nous
sommes
à
une
période
de
grands
bouleversements
socio-éconorniques, marquée par l'instabilité du
commerce de
traite (la
gomme)
qui
poussera du
reste
les
grands
traitants
à
devoir
investir
dans l'éducation scolaire de leurs enfants, de façon à ce qu'ils puissent
s'orienter vers l'administration ou
l'armée coloniale.
2.2.7
Jules
Ferry
et
l'école
laïque
en
contexte
colonial.
A
la
source
du
phénomène
colonial,
et outre
les justifications
économiques, il y a la certitude établie de la suprématie européenne en
matière de
civilisation, certitude renforcée par le
positivisme ambiant.
Jules
Ferry
qUI
aSSOCIa
son
nom
à
l'enseignement
républicain
reconnaissait ouvertement que les
"races"
supérieures avaient un
droit
vis-à-vis des "races" inférieures. Léon Blum, à sa suite, était obligé, à la
Chambre
d'admettre
le
fait
et
de
s'associer
aux
irréductibles
de
la
suprématie européenne : "il nous faut reconnaître le
droit et même le
devoir des races supérieures d'attirer celles qui ne
sont pas parvenues
au même degré de culture [... ). Nous avons trop l'amour de notre pays
pour désavouer l'expansion de
la
pensée,
de
la
civilisation française"
(Guy Richard, p354).
Pour
Colin,
l'idée
d'un
empire
français
visait
à
"transcender
la
contradiction entre démocratie et
colonisation", pour la
transformation
de
quelques
millions
de
sujets
en
citoyens
aux
valeurs
et
droits
métropolitains.
Excepté
qu'à
aucun
moment
les
théoriciens
de
l'assimilation n'étaient disposés
ni
à en
assumer les charges,
ni
à en
admettre
les
conséquences.
Ce
qui
explique
"le
décalage
permanent
entre
l'esprit
de
la
doctrine
et
la
réalité
du
système
éducatif
colonial" .(p419)
25
Mais
le
débat
lui-même
sur
la
doctrine
avait
ses
partisans
et
ses
détracteurs. Nous allons en examiner succintement les termes.
2.2.8
Sur
l'instruction
des
indigènes.
En 1908, le Congrès des Colons avait émis le voeu fort clair que
l'instruction primaire des indigènes fût supprimée et que les crédits qUI
y étaient affectés fussent employés à leur instruction agricole pratique.
Ainsi
se
trouvaient
en
porte
à
faux
avec
le
modèle
ferriste,
les
représentations
des
partisans
d'une
visée
à
dominante
économique.
(Moniot,
1992).
"L'instruction
fait
un
mal
de
termite
déclarait
un
membre
des
délégations financières. Elle arrivera peu à peu à modifier la situation
sociale
de
l'élément français
[... ].Instruire nos
sujets
c'est
les
rendre
aujourd'hui nos égaux et demain nos maîtres ''.
En fait, depuis que les lois sur les congrégations avaient amené en
1903
le
gouvernement
à
s'occuper
des
choses
de
l'enseignement
. .
.
(jusqu'ici
à
peu
près
complétement
abandonnées
aux
missionnarres
ainsi
que
nous
venons
de
le
voir)
des
VOIX
se
sont
soulevées,
argumentant dans
le
sens
de
la
règle
indirecte (le
"home
rule"
des
britanniques
)
suivant deux
registres que
nous
pourrions
qualifier de
moral et psychologique;
Pour certains, il était puéril de fermer les yeux sur les dangers de
la
formule
directe;
apprendre
le
français
aux
indigènes,
c'est
leur
permettre de "lire tous les jounaux dans lesquels le gouvernement et les
hauts fonctionnaires sont attaqués chaque jour inpunément".
26
"C'est mettre à leur portée les romans que nous laissons trainer et dans
lesquels
ils
puiseront une
idée
singulière
de
la
moralité
de
la
race
éducatrice,
c'est éveiller
dans
leur
âme
des
aspirations
que
nous
ne
pouvons
01
ne
voulons satisfaire, c'est détruire les conceptions morales
appropriées
à leur mentalité sans les remplacer par les nôtres qu'ils
sont incapables de saisir.
C'est toujours donner à l'indigène qUl sait deux langues une supériorité
certaine sur le français qui n'en sait qu'une" (Moniot, 1992).
Comparant la France à l'Angleterre et à la Hollande, autres nations
impliquées
dans
l'aventure
coloniale, Jules
Harmand
dénonçait cet état
d'infériorité
indécente
qui
s'expliquerait
selon
lui
par
la
persistance
d'une
m a uv a i s e
organisation
ministérielle,
l'uniformité
des
réglementations et l'ubiquité des fonctions (Deschamps,
1978)
"Aux
Indes
britanniques
et
néerlandaises,
tout
indigène
s'adressant
sans hésitation dans sa langue
naturelle
à
l'européen
qu'il
rencontrait,
restait
profondement
surpns
et
décontenancé
lorsqu'il
constatait
l'incapacité
de
cet étranger à le
comprendre.
On remarquait d'ailleurs
qu'aussitôt
son
attitude
changeait
de
poli,
confiant,
humble,
et
empressé qu'il était, il devenait méfiant, arrogant et moqueur" .(Moniot,
1992)
Cette formule semble consacrer la méthode indirecte, lui conférant
une efficacité certaine pour imposer l'ordre moral et social qui sied à la
domination
coloniale.
o .
•
Mieux
vaut
donc
faire
la
classe
"comme
les
rrussronn aires qur
s'efforcent de parler à l'indigène dans sa langue afin de
mieux pénétrer
son âme".
D'autres en soutenant que les prmcipes
de
1789 n'étaient pas un
article d'exportation,
insistaient sur la
crainte de
donner la
majorité à
l'élément
indigène,
numériquement
important,
m ai s
également
et
27
surtout sur le
fait que les indigènes avaient une organisation politique
et sociale différente de celle de la France et une conception particulière
de
la
liberté
politique
(répugnance
des
indigènes
musulmans
à
demander
la
naturalisation, qui
avait pour effet de
les
soustraire à la
législation dérivée du coran). (Coquery Vidrovitch, 1992).
On sait que la thèse assimilationniste l'emportera, mais que durant
tout son exercice. on s'évertuera à concilier autant que faire se peut les
termes
apparemment
antinomyques
des
principales
prises
de
position
sur la question.
2.2.9
La
thèse
et
ses
tentatives
d'application.
Dc
1903 à 1930, l'éducation est considérée comme l'instrument de
la "conquête morale" (suivant l'expression de
Georges Hardy, inspecteur
de
l'enseignement public au
Sénégal) qui imprimera sa marque à cette
période.
A ce stade c'est le régime de croisière de l'exploitation coloniale,
marqué
par
l'extrême
puissance des firmes
commerciales
qui
drainent
le produit et le profit de l'économie de traite (c'est l'âge d'or des sociétés
bordelaises et marseillaises au
moment où
la culture de l'arachide fait
une
percée
remarquable
dans
l'intérieur,
contribuant
à
l'installation
d'une
économie
de
marché
dans
le
monde
rural).
Les
grandes
con s tell ation s
se
cons ti tuent,
se
re nforcen t
pro gressi vemen t,
s'imbriquent et
animent l'appareil
d'exploitation
bien
rodé
qui
pénétre
la
société villageoise,
pratiquant à une vaste échelle les fonctions
de
plus value sur le travail paysan. (Colin, 1980).
Mais
SI
les
con st gn e s
gouvernementales
s'attachent
à
faire
fonctionner
la
machine
le
plus
efficacement
possible
vis-à-vis
des
28
paysans, la politique officielle se trouve pnse en défaut, et, en quelque
sorte, à contrepied, sur le problème d'une élite indigène.
En
effet
la
création
de
cette
élite
était
difficilement
évitable
compte tenu de la nature de l'idéologie de
la République radicale d'où
procède le
système d'administration coloniale.
Car en principe, rien ne peut s'opposer à l'ascension économique,
sociale, politique des indigènes s'ils viennent à se "civiliser", c'est-à-dire
à s'imprégner totalement de la culture française, expression d'un absolu
de civilisation ouvrant toutes les portes du POUVOIr. En
fait, cette élite
indigène
va se
constituer progressivement
à partir de
la
nécessité de
mettre
en
place
les
auxiliaires
noirs
du
pouvoir
blanc.
Pris
dans
l'engrenage de
la promotion
par le
savoir,
comment ne
pas
aspirer à
atteindre
les
plus hauts
niveaux,
du
point de
vue
des
indigènes?
Et
comment
mettre
en
place
les
garde-fous,
le
système
de
sélection-
limitation du point de vue des blancs, permettant d'éviter, au delà d'une
masse critique, un mouvement d'inversion des pouvoirs? Revoilà posés
les termes préalables à la doctrine directe.
2.2.10
La
stratégie.
Elle
a
toujours
été
d'établir
des
lignes
de
résistance
pour
circonscrire et contrôler la "promotion" et ces lignes se sont contamment
trouvées emportées. L'on comprend que la politique éducative ait été la
plus chaude de ces stratégies, de ces poussées et de ces résistances.
- Les composantes de la structure éducative
La nouvelle école élémentaire se répartit autour de trois instances
entre lesquelles un enchaînement très sélectif est possible.
29
Le premier niveau est celui des "écoles de village" confiées à des
maîtres
indigènes,
cellule
de
base
d'une
éducation
des
masses
généralisée
à
partir
d'un
apprentissage
sommaire
du
français
qUI
servira à communiquer avec les agents de l'appareil d'état et apportera
un certain perfectionnement mental et moral
"civilisateur".
Le second niveau est celui les "écoles régionales", installées aux
chefs-lieux
de
cercle.
s'adressant
à
la
population
enfantine
des
agglomérations
administratives
de
petite
et
moyenne
importance.
Dirigées
par
un
maître
européen,
elles
recrutent
parmi
les
meilleurs
élèves des écoles de village et donnent un "Certificat d'Etudes Primaires
pratiques".
Elles
doivent déboucher
sur
l'emploi
immédiat,
soit
dans
l'agriculture,
soit dans les
métiers
manuels
d'artisans,
d'ouvriers,
soit
dans les emplois inférieurs d'auxiliaires de la fonction publique.
Le
troisième
niveau,
celui
des
"écoles
urbaines"
n'accueille
qu'exceptionnellement des recrues de
la filière
précédente. Ces écoles
sont installées
en ville,
pour la
population urbaine
(avec
souvent la
distinction
d'une classe
spéciale pour européens
quand
c'est possible)
(Colin, 1980). Elles seules ouvrent les carrières normales de la fonction
publique
et
délivrent
un
certificat
d'études
primaires
élémentaires
conçu selon le programme métropolitain.
L'ossature de
ce système,
avec quelques
fluctuations
restera
en
VIgueur
pratiquement
jusqu'au
lendemain
de
la
seconde
guerre
mondiale.
Les statististiques font état pour le Sénégal de
en
1906
29 écoles de garçons (soit 3252 élèves)
4 écoles de filles (40 élèves)
30
56
maîtres
européens
35
maîtres indigènes.
en
1914
38 écoles de garçons (3894 élèves)
5 écoles de filles (300 élèves)
39 maîtres européens
60 maîtres indigènes.
sources
(Colin, 1980)
Cette politique trouve son théoricien le plus incisif en la personne
de George Hardy, nommé donc Inspecteur de l'enseignement de
l'AOF
en
1912.
Il
restera
en
place
sept ans
et
s'en
ira
à
la
suite
d'une
campagne
menée par les
leaders indigènes
qUI
lui
reprochaient
son
manque d'orthodoxie dans l'application de la doctrine assimilationniste.
Il continuera de jouer un rôle important comme éducateur, historien,
théoricien de ce monde colonial dans l'entre deux guerres.(Colin, 1980)
Son discours sert de contrepoint et de support à la politique des
quatre gouverneurs généraux, de William Ponty à Angoulvant. En vérité
Hardy n'est pas assimilationniste, du moins de façon franche et massive
, et c'est ce que lui reprochent
Diagne et ses amis,
les
principaux
leaders politiques noirs à avoir accès à la représentation parlementaire
(Diagne est le premier député noir du Sénégal). Mais il croit à la vertu
civilisatrice de la langue française, qui sera l'arme essentielle de cette
"conquête morale" qui doit suivre. (Colin, 1980)
La langue française devait donc servir de base à l'enseignement.
"C'est en français que toutes les leçons doivent se faire et on ne saurait
lui consacrer trop de temps et lui donner trop de som, en raison de sa
difficulté et de son utilité. Le français devait être imposé au plus grand
nombre d'indigènes et servir de langue véhiculaire dans toute l'étendue
3 1
de l'Ouest Africain" (circulaire du Gouverneur Général Carde
P 82 - 83 ,
Turcotte,
1983 ).
D'où
une
forte
insistance
dans
les
directives
pédagogiques
sur
l'oralité.
"Il
faut
répandre
en
surface,
le
français
parlé.
Il
faut
rencontrer, dans les villages les plus éloignés, avec le chef, au moins
quelques
indigènes comprenant notre
langue et
pouvant s'exprimer en
français sans prétention académique ".
Les
auxiliaires de l'école dans la diffusion
du
français
devaient
être les militaires ct les femmes surtout à l'instar du modèle précédent,
celui des Frères de Ploërmel et des missionnaires du Saint-Esprit, cités
plus haut
"Avec les tirailleurs
libérés ct
rendus au
village,
ce
but peut être
atteint aisément et rapidement".
Puis plus loin
"Il est en effet très important
pour nous, d'assurer notre influence
sur
la
femme
indigène.
Par
l'homme,
nous
pouvons
augmenter
et
améliorer l'économie du pays.
Par la femme,
nous touchons au
coeur
même du foyer indigène où pénètre notre influence: quand on s'adresse
à l'homme, a dit Saint-Simon, c'est l'individu qu'on instruit. Quand on
s'adresse à la femme c'est une école que l'on fonde. Il faudra atteindre
le plus grand nombre de fillettes possible". (Turcotte, P 84).
Après avoir examiné notes, directives et programmes scolaires, on
pourrait résumer cette politique en disant que
l'accession à la
culture
française intègre les
sujets coloniaux dans
la
nation,
ou
l'état-
nation
français; que le niveau de connaissance ct de maîtrise du français
est
l'indicateur
de
la
répartition
en
classes
sociales
des
locuteurs
qur
constituent l'ensemble national. On délivre à chaque classe la dose de
savoir et
d'expression
française
qui correspond
à son état. Par là on
reste dans une perspective assirnilationniste. mais en étendant le champ
32
de
la
nation
française
à des
sociétés
inférieures.
C'est
en
ce
sens
qu'assimilation et domination devaient faire
bon ménage.
Cette
ligne
restera
pratiquement
identique
jusqu'à
l'avènement
des Gouverneurs Brevié et Charton, au début des années 30.
Quelques chiffres:
en 1920, le nombre d'élèves dans les écoles élémentaires était de 12
500
en
1930, 36 000 élèves étaient scolarisés pour toute l'Afrique dont
3000 pour l'AEF.
2.2.11
L'école
de
masse
et
la
politique
de
l'association.
Les
faits
montraient
à
l'évidence
que
la
généralisation
d'un
modèle dérivé du français (même très léger dans les écoles de village)
se heurtaient à des charges budgétaires très lourdes et à l'impossibilité
de recruter en masse le personnel européen qui seul, à l'époque pouvait
"franciser" .
La
politique
d'association
permettra
d'opérer
une
correction
de
trajectoire qui
apparaissait comme indispensable.
La
structure formelle
à trois étages sera maintenue, mais on va
modifier
le
contenu
de
l'enseignement,
et
donc
les
contraintes
d'encadrement. La finalité économique et technique de la promotion par
l'école,
au
niveau
des
masses
va
être clairement
affirmée,
alors
que
Hardy
mettait
en
avant
la
promotion
culturelle.
Ce
qui
va
compter
désormais,
c'est
de
former
pratiquement
le
plus
grand
nombre
de
paysans et d'éleveurs pour augmenter la production. On
rejoindra ainsi
les objectifs de recentrage imposés par la grande crise économique de
33
l'Empire
français;
et
les
conclusions
de
la
Conférence
économique
impériale
de
1935
rejoindront
les
instructions
de
la
politique
éducationnelle
de
Brevier.
On
parle
alors
d'école
rurale,
d'école
de
masse.
En
somme
une
tournure
plus
résolument
anti-élitiste
et
populiste que la précédente. (Colin,
1980)
Former
le plus possible d'agents économiques sujets français, peu
importe
la
distance
prise,
pour
les
niveaux
de
base,
avec
la
culture
françai se.
Cette orientation apparaît clairement dès
lors
qu'on
compare
les
circulaires de
1909 et 1932, sur la formation des indigènes adultes.
La
première
s'inscrit
encore
dans
une
perspective
d'expansion
culturelle:
"A l'heure actuelle, il y a un intérêt de premier ordre à recevoir dans
nos écoles publiques le plus grand nombre d'indigènes
adultes, afin de
leur
fournir
la
clef
de
leur
progrès
moral
et
matériel
qUI
est
la
connaissance du
français. Les cours d'adultes doivent avoir surtout pour
but d'apprendre aux auditeurs à parler français, à connaître les mesures
métriques
françaises,
à acquérir
des
notions
très
simples
d'hygiène et
de géographie locale, et enfin autant que possible,
à lire, écrire et à
compter. (G.G William PONTY . 1.0
de l'AOF 6 mars 1909
P 14);
Les
circulaires
de
1932 et
1933
vont
s'inscrire
dans
une
autre
direction : celle de l'imprégnation.
"Il est un
autre moyen
d'agir
immédiatement
sur
la
masse,
c'est le
cours
pratique
d'adultes
les
auditeurs
souvent
interchangeables
sont
des
gens de
service ou
des
manoeuvres qui
n'ont
guère le
moyen de
mener
à
bonne
fin
l'apprentissage
du
français.
Hormis
les
centres
urbains,
où
l'enseignement
du
français
aux
adultes
répond
à
une
demande
indigène,
il
sera
souvent
possible
de
remplacer
les
cours
actuels
d'adultes
par
des
cours
pratiques.
Faisons
appel
aux
gens
du
34
village
pour
des
cau ser ie s
simples,
familières,
et
VOIre
même
pittoresques
sur l'hygiène,
l'agriculture:
employons
la
langue
indigène
qui dira tout de suite notre pensée, nos intentions". (G. G. Brevié, J.O. de
l'AOF 30 juin 1932 PP. 105-106 sur l'ensseignement populaire en AOF).
Cependant il
convient
de
noter ici
que
cette
dernière
attention
portée sur les langues vernaculaires (tout comme sur l'arabe du temps
de
Faidherbe
et
quelques-uns
de
ses
successeurs)
obéissait
à
une
stratégie
qui
s'imposait
sur
le
terrain,
plutôt
qu'à
un
changement
profond de cap, se rapprochant davantage de la règle indirecte; certes la
conception
anglo-saxonne en faveur des
langues indigènes avait trouvé
des
échos
favorables
dans
certains
milieux,
métropolitains
aussi
bien
que
locaux,
mais
cela n'était guère de
nature
à infléchir l'orientation
fondamentale
de
la
règle directe.
Cette ligne
a
tout
simplement pris
conscience des limites imparties à la mission assimilatrice. En effet la
circulaire de 1910 du G.G. Ponty précisait bien déjà que compte tenu de
l'importance de la population de l'AOF (10 millions en
1910), nul ne
pouvait
songer
et
pour
longtemps
encore,
à
appliquer
la
loi
sur
l'obligation scolaire. Elle précisait même que "toutes les ressources de la
colonie ne
suffiraient à assurer l'instruction aux enfants de six à treize
ans qui pourraient fréquenter l'école ".Ces difficultés à donner à l'école
les
moyens
de
ses
objectifs
ont
poussé
à
multiplier
les
initiatives
tactiq ues
suscepti bles
bon
an
mal
an
de
consolider
la
domination
coloniale
:
l'assimilaton
culturelle
(des
assimilables)
serait
complétée
par une
politique d'imprégnation en direction des
adultes pour élargir
la sphère. Miser sur l'enfance (tel que cela apparaissait dans le principe)
et la scolarisation classique
devenait de plus en plus irréaliste (dans un
contexte de restriction budgétaire). Il fallait songer à atteindre la masse,
ne
fusse
qu'indirectement,
avec
les
langues
indigènes.
"Ce
qu'il
faut,
35
sans
attendre
que
tous
nos
Jeunes
élèves
soient
parvenus
à
l'âge
d'homme,
c'est
répandre
dans
la
masse
indigène,
notre
esprit,
nos
intentions,
nos directives.
Et le
cours pratique en
langue
indigène me
paraît
un
excellent
moyen
en
vue
de
cette
action
éducatrice
de
la
masse" .
Il semble tout de
même que cette initiative de masse, outre les
raisons
économiques
avancées
plus
haut,
s'inscrive
dans
une
série
de
mesures
destinées
à
prévenir ou
à
contenir
les
cri tiques
de
la
règle
directe.
Ce qui expliquerait certaines tonalités
de la circulaire Brevié
n0107, qui prennent l'allure d'une mise au point
"Entendons-nous bien. Il n'est pas question
dans cette entreprise, qUI
peut être
d'une grande
portée,
de
mettre
en
cause
l'enseignement du
français
dans
les écoles; il
ne
s'agit pas de
revenir sur la
discussion
épuisée de la langue véhiculaire. Je prie instamment de ne pas ouvrir à
nouveau
cette discussion".
2.2.12
Français
langue
véhiculaire.
L'option du
français,
langue véhiculaire, était bien entendu sous-
jacente à celle du français langue de culture dans la mission civilisatrice.
Mais elle tire également son fondement (pour les
administrateurs) dans
des
convictions
fortement
tributaires
de
la
conception
jacobienne
de
l'état français, déjà éprouvée en métropole: la Convention avait souhaité
l'extinction "naturelle" du plurilinguisme populaire ("patois" - "idiomes")
sous
l'effet
d'une
"propagation"
massive
du
français
parlé.
(Balibar,
1987).
En
1845,
Boilat
évoquait
déjà
l'argument
babeliste
dans
ses
premiers
contacts
avec
l'intérieur du
pays.
Confondant
parfois
entités
ethniques et linguistiques, il note :"tels sont les wolofs, les sérères, les
36
mandingues, les sarakolés, les peuls, les toucouleurs,
les bambaras, les
lawbés,
les diolas, les maures, vivant ensemble et ayant entre eux des
rapports journaliers,
leurs
langages diffèrent
autant
que
leurs
traits
-
Que
de
mystères!
Chaque
peuple
a
son
type,
sa
constitution,
son
tempérament,
ses usages, sa
langue[ ... ]. Comment se
fait-il que depuis
tant de siècles, ils n'aient pas fondu leurs idiomes en une seule langue
commune?" (P 13
préface).
Le Gouverneur général Ponty préconisait la
nécessité absolue "de
répandre immédiatement la
langue française,
à cause de
la multiplicité
"des dialectes locaux, de la différence des races" et surtout, ajoutait-il,
"de la nécessité de substituer peu à peu son usage à celui de l'arabe,
employé comme langue écrite dans les familles aristocratiques".
Enfin on retrouve cette même insistance dans l'arrêté du
10 mai
1924
(J.O. AOF. p.316.20).
"Les indigènes eux-mêmes ne se comprennent pas toujours, les moyens
de transport s'améliorant, les voyages se multipliant et les relations se
développant.
Il
est de toute
nécessité que le français,
sans prétendre
supplanter les idiomes, véhicule les idées communes qui fusionnent les
races"
2.2.13
Retour
au
français
langue
de
culture.
On retiendra de l'histoire des politiques éducatives et de la diffusion du
français
des visions et
des
attentes quelque
peu différentes
selon que
l'on se place du point de vue des administrateurs ou des administrés.
Assimilationnistes ou
pas,
tous
les administrateurs
croyaient fermement
à
la
vertu
civilisatrice
de
la
langue
française.
Ceci
explique
l'intransigeance des pouvoirs coloniaux quant à l'usage exclusif de cette
langue,dans
un
contexte
socioculturel
qui
méritait
qu'on
apportât
des
37
spécificités aux modalités de sa diffusion. Cette donnée sociolingustique
était
pourtant
loin
d'être
méconnue
par
les
responsables
de
l'administration
et
de
l'instruction
publique(Ponty,
Hardy,
Carde,
Delavignette, Brevié et Guy).S'ils ont tour à tour marqué le système local
d'une
touche
particulière,
procédant de
la
sensibilité
des
uns
et
des
autres à tel ou tel aspect de l'application des résolutions des doctrines,
ils n'en ont pas moins défendu
la grande idée du
français, langue de
culture (y compris à travers la fonction véhiculaire qu'ils tenaient à lui
attribuer).
Cette référence
constante à
l'orthodoxie culturelle
après
la
parenthèse
associationniste,
va être encore plus appuyée
à la
période de
l'Union
française
qui
consacre
le
droit
à
la
citoyenneté
dans
toute
l'Union
(Cornevin,
1966).
Les résolutions adoptées en matière de polititique éducative, réitéraient
avec force la ligne assimilationniste et élitiste:
l'enseignement
devait
être
donné
en
langue
française,
et
l'emploi
pédagogigue des dialectes locaux parlés devait absolument être interdit,
aussi bien dans les écoles privées que dans les écoles publiques.
L'Inspecteur
général
Delage,
conseiller
pour
l'enseignement
au
commissariat aux colonies déclarait:
"le
but est moins de
sauvegarder
l'originalité
des
races
colonisées
que
de
les
élever
vers
nous" .(La
Conférence africaine de l'enseignement.Dakar 1944)
Cette
politique
consistera
à aligner progressivement le
système
éducatif
sur
le
modèle
d'enseignement
métropolitain.
La
même
conférence insistait encore sur le souhait voire l'exigence que le français
constitue
non
seulement la
langue
véhiculaire unique
mais
encore
le
moyen essentiel de formation intellectuelle et morale.
Du côté des administrés, des masses, au début de l'aventure éducative,
la revendication essentielle était que l'instruction fût égale pour tous. Le
38
souci de
scolarisation, (allié au
prestige social) constituait l'axe de la
revendication
pour
une
influence
correspondante
à
celle
de
la
communauté coloniale.Ce n'est que vers la
fin
de
la
période coloniale
que
la revendication put atteindre la dimension identitaire,
au
moment
où
la
reconnaissance
en
tant
que
citoyens
avait
pour
corro laire
le
renoncement
aux
valeurs
ancestrales.
Et
c'est
parce
que
les
francophones
se
sentirent
directement
menacés dans leur être, "faites que chaque enfant soit un vrai français
de
langue,
d'esprit et de
vocation"(l'adaptation de
l'Enseignement aux
Colonies,
Congrès
International
de
l'Enseignement
1931
p.293)
qu'ils
réagirent par un mouvement de nationalisme culturel, né
de
la
volonté
d'opposer
à
l'universalisme
français,
l'affirmation
de
leur
identité
à
prétention
également
uni verselle
la
négritude.
Mais
c'est
probablement aussi parce que les anglophones n'eurent pas à supporter
l'aliénation dans
les
mêmes
termes, qu'ils accueillirent unanimement le
courant
avec
un
scepticisme
sans
indulgence;
on
connaît
la fameuse
allusion
ironique
de
l'écrivain
nigérian
Wolé
Soyinka
à
l'endroit
de
Senghor et sa négritude
"un tigre ne proclame pas sa tigritude" . En
effet à l'impérialisme culturel
français,
s'opposait
le
mot d'ordre
des
britanniques
d'avoir
à respecter
plus
ou
moins
l'intégrité des
valeurs
traditionnelles
(même
s'ils
ont
eu
également
à
caresser
l'idée
d'une
langue
véhiculaire
anglaise,
en
dépit
des
idées
reçues
sur
cette
question*
* note sur le mot d'ordre britannique en matière de politique linguistique
Il
convient
de
nuancer
fortement
le
point
de
vue
le
plus
généralement
reçu
sur
l'attitude
britannique.
39
En
vérité,
l'administration
coloniale
n'a
pas
toujours
choisi
de
préserver
les
langues
vernaculaires,
en
ayant
comme
souci
principal
de
les
introduire
dans
le
système éducatif.
Elle
était même
animée du
même
besoin
de
centrer celui-ci
sur
la
langue
anglaise,tout
au
mOInS
dans
les
colonies
de
l'afrique
orientale
(Kenya-
Ou ganda- Ta ngan yka).
La
plupart
des
rapports
sur
la
politique
linguistique
dans
le
domaine
de
l'éducation
n'ont
pas
manqué
de
décrier
la diversité
linguistique
pour
faire
valoir
la
nécessité
d'introduire
le
Swahili.
On
a
signalé
qu'auparavant,des
tentatives
ont
été
faites
pour
que
l'anglais
devînt,
non
seulement
la
langue
du
système
éducatif,
mais
encore
une
lingua
franca
devant être acquise le plus tôt
possible.
(cf
Rapport
Beecher,
1942
et
Rapport
annuel
du
Département
de
l'éducation
1955).et Abdul aziz :
"Patterns
of
language
acquisition
and
use
In
Kenya,
rural
and
urban
différence"
International Journal of the
Sociology of Language
N°34 PP. 95-120
40
Le
SOUCI
permanent des
élites était de
faire
place à la
culture
africaine, tout en veillant à ce que le "niveau" ne baisse (Colin, 1980).
Et ce "ni veau" constituera une revendication continuelle. Ce refus de la
coloration culturelle de la domination linguistique (qui s'opposait à la
domination
linguistique à caractère plus économique et administrative
des
anglo-saxons) marquera la période post-coloniale.
Il
explique
et
éclaire
en
partie
la
configuration
sociolinguistique
actuelle,
à
travers
les
représentations
du
français,
parsemées
d'ambivalences
dans
les
comportements.
2.3 LE FRANCAIS ET LES REPRESENTATIONS DU SA VOIR.
2.3.1
Les
données
sociolin guistiq ues.
La
plupart des enquêtes
sociolinguistiques
effectuées
à ce
JOur
s'accordent à retenir que le français est perçu plus comme une langue
utilitaire (au
sens social) que comme une langue à vocation culturelle
(Calvet M., 1968; Dumont P.,1977; Blondé J., 1978). Langue des instances
administratives, politiques et économiques, elle demeure garante de
la
promotion
sociale.
Ce
statut
expliquerait
à
bien
des
égards
les
manifestations socio-symboliques liées à son
usage.
Celles-ci semblent
être
une
caractéristique
constante
de
l'attitude
des
élites.
Nous
évoquions plus haut le fait que le maître-mot des
revendications des
élites à la période coloniale était le savoir. L'accès au savoir distillé avec
parcimonie
à
une
petite
minorité,
s'inscri vai t dans
la
logique
de
la
revendication égalitariste des
masses. Aujourd'hui encore des approches
sociologiques
abondent dans
le
même
sens,
pour relever ce
culte du
savoir. Analysant en substance le comportement des élites, Diop O.
4 1
B.
(1982)
relève l'importance de
la représentation
du
savoir, qu'il met
en rapport avec l'usage de la langue :
"le savoir est en effet survalorisant aux yeux des autres, cela se traduit
par
une
utilisation
du
français
faite
souvent
de
lieux
communs,
formules
sophistiquées,
inflation
de
mots.
déclarations
pompeuses
pour
montrer que l'on a conquis l'univers de l'étranger".
Parodie
du
savoir
organisé
sur
le
mode
représentatif,
ce
parler
n'interviendrait
pas
comme
une
réponse
à
des
situations
vécues
mais
comme source d'autosatisfaction. Ainsi perçu, le langage et le savoir ne
seraient
plus
alors
que des
marchandises,
des
biens
de
consommation
chargés de
servir de parure.
Le français
n'a aucun dynamisme en tant
qu'instrument de communication ayant à répondre à des besoins divers.
Les
formes
souvent
stéréotypées
qu'il
revêt
"renforcent
sa
fonction
symbolique*
et
anémient
en
même
temps
sa
force
d'information
(fonction
emblématique).
* Cette dimension psychosociologique avait été assez vite perçue
par
les
administrateurs
coloniaux
(George
Hardy)
, qui
investissaient
de
temps
à autre
dans
la
psycho-sociologie
des
peuples
(
très
sommairement
sans
doute.),
pour
affiner
leur
stratégie
d'implantation
et
de
diffusion
du
français.
Conscients
qu'ils
ne
pouvaient pas
appliquer le principe de
l'école ouverte à tous
( cf historique du
français)
,
ils
mirent
au
point
divers
procédés
sélectifs,
qui
s'appuyaient
sur
ces
critères
socio-psychologiques:
cette
sélection
devait
porter
principalement
sur
les
fils de chefs et les notables
"j'entends
par
là
que
la
fréquentation
de
l'école
devra
pour
cette
catégorie
d'enfants
avoir
un
caractère
obligatoire.
La
société
indigène
est
en
effet
très
42
hiérarchisée et notre politique doit
tenir compte de
ce fait.
Or la
considération qUi
s'attache
au
rang
social
doit
se
doubler
du
prestige
que
donne
l'instruction
et
auquel
le
noir est loin d'être
insensible".
Circulaire sur la réorganisation de
l'enseignement, J.O de l'AOF.1924 P.16.
43
Des observations du meme ordre ont été faites dans les contextes
diglossiques où le français coexiste avec une
langue véhiculaire ou une
langue nationale commune à l'ensemble de
la
population (Wald,
1979
pour la République de Centre Afrique, Bentolila, 1981 pour Haïti ). Nous
aurons l'occasion de revenir sur ce point.
Des efforts ont été entrepris pour améliorer la qualité du français
(méthodes et travaux du CLAD), mais ils se sont heurtés, semble-t-il, à
deux problèmes majeurs
le
premier
est
que
la
langue
dans
son
acquisi tion
comme
dans
sa
pratique
reste
principalement tributaire
du
milieu
scolaire.
Or
l'école
n'admet
et
ne
reconnaît
qu'une
seule
variété
présentée
de
manière
normati ve,
le français.
Sous prétexte d'apprentissage ou de correction tous les autres ru veaux
de langue sont sanctionnés . Cela est justifié sans doute par le statut du
français
dans
la
mesure
où
ses
domaines
d'usage
sont
limités
aux
circonstances
dans
lesquelles
seule
cette
variété
est
théoriquement
requise
(l'école,
les
bureaux,
l'administration
etc.).
De
ce
fait
toute
extension
de
l'utilisation
de
cette
langue
conduit
à
généraliser
un
modèle
u ruque
dans
des
situations
de
communication
qUI
exigent
d'autres
formes
de
discours,
d'autres
niveaux
d'expression.
Toutefois
même
si
les
locuteurs
arrivaient
par
le
biais
de
l'école
à
prendre
conscience de la diversité des registres du français, il est peu probable
que cela puisse changer de manière significative les modalités de leurs
pratiques
langagières.
En effet les niveaux de langage, n'existent que parce qu'il existe
une variété de situations sociales de communication: ainsi, le langage est
soutenu,
familier,
populaire selon qu'on fait
un exposé,
qu'on discute
avec des amis ou qu'on est en conversation au marché etc. Mais là ou le
français
remplit
une
fonction
sociale
de
communication,
certains
44
locuteurs
seulement sont capables
de
produire
des
énoncés en
niveau
de
langue
A et en
niveau de langue B par exemple, avec une égale
aptitude,
eu égard à leurs connaissances, à leurs habitudes ou
à leurs
statuts
socioculturels;
mais
tous
les
locuteurs
ont
généralement
la
capacité d'interprétation des énoncés en A et en B, et de comprendre la
signification du choix de A et de B fait par un autre locuteur (Labov,
1961). Les niveaux de langue sont étroitement liés aux situations où la
langue remplit un
rôle de
moyen de communication
sociale
avec une
multiplicité de répertoires;
et
c'est là que
se situe
le
second
type de
problèmes
auxquels sont confrontées les initiatives pédagogiques.
Conscient des
conditions
artificielles
de
l'acquisition
du
français
par les élèves sénégalais, le CLAD s'est évertué à élahorer une méthode
qui avait pour objectif d"'actualiser" la langue, de
"libérer l'expression"
chez les élèves (Dumont, 1976 b). Mais les résultats différeront très peu
de ceux qu'on obtenait avec les méthodes antérieures
(Maurice Calvet,
1968).
Le
fait
est
que
l'enfant
enfermé
dans
un
cadre
factice
et
restreint, répétait fidèlement
les dialogues qu'il
avait dû
apprendre par
coeur mais n'arrivait que très rarement à une expression personnelle et
originale
à
partir
du
modèle
proposé
(Fal
Arame,
"Critique
de
la
méthode CLAD pour parler français"). Autrement dit, c'est parce que le
support
qui
devait
constituer
l'expression
originale
(c'est-à-dire
une
compétence linguistique actualisée par des situations de communication
réelles) est pour amsi dire inexistant, tout au
moins il existe, mais se
trouve
médiatisé
par
d'autres
langues
auxquelles
sont
rattachés
les
registres
propres
aux
situations
de
communication
sociale
vécues
par
les
locuteurs.
Le
français
ne
semble
s'imposer
que
dans
deux
circonstances:
- le discours rituel, conventionnnel et sans interlocuteur,
45
- la communication avec les alloglottes (lorsque l'interlocuteur ne
parle
pas wolof).
2.3.2
L'impact
du
véhiculaire.
Ces données sont corroborées par les observations recueillies dans
deux villes africaines à partir d'une enquête sociolinguistique comparée
(Wald,
1894).
A Meiganga (Cameroun) on entend plus souvent le
français
qu'à
Bouar
(République
Centre
Africaine)
et
dans
des
situations
de
communication
plus
variées,
comme
par exemple
au
marché,
tandis
qu'aucune
transaction
en
français
n'est
notée
parmi
des
centaines
relevées à Bouar. Il se trouve que l'usage du français ne se heurte pas à
la concurrence d'une autre langue
commune à Meiganga. Et ce rôle (de
fait
véhiculaire)
du
français
plus
affirmé
semble
en
partie
expliquer
une
impression
de
plus
grande
compétence
chez
les
locuteurs
camerounais (Wald, 1984
P74).
En effet, l'absence d'une langue africaine qUI serait susceptible de
répondre aux besoins de communication inter-ethnique
et
de tendre à
devenir,
au
delà des
besoins,
un
pôle d'identification
pour
l'ensemble
des habitants du pays, ouvre ainsi au français du Cameroun un
champ
plus large (tout en préservant l'usage des langues ethniques). Alors qu'à
Bouar les
différentes
catégories
sociales
ont
un
accès
moins
aisé
au
français et l'utilisent surtout dans le cadre de
ses fonctions
de langue
apparente.
2.3.3 Norme,
hypercorrection
et
insécurité
linguistique.
Ce défaut d'actualisation de
la langue dans des situations vécues,
aboutit
souvent
dans
l'usage,
à
une
confusion
des
registres.
Les
46
instances
pédagogiques
relèvent
souvent dans
les
griefs
formulés
sur
l'enseignement, l'acquisition et
l'apprentissage de la
langue,
le fait que
les sujets
"mêlent avec la
plus grande indifférence locutions littéraires
ou
poétiques
et
mots
familiers,
constructions
syntaxiques
complexes
propres
à
la
langue
écrite
am si
qu'expressions
relâchées
caractéristiques du style oral." (Calvet M., 1968; Blondé J., 1978) L'élève
peu assuré de bien connaître les contraintes qui pèsent sur l'application
des
règles,
"se
réfugie
dans
l'imitation
des
tournures
de
hon
aloi,
authentifiées
par l'usage des
auteurs
scolaires
et
parfois
par celui
de
personnalités
prestigieuses,
hommes
politiques,
écrivains
etc.
La
vulgarisation progressive de
ce
type "d'écarts" est à la mesure du
taux
de
scolarisation
et
de
la
date
d'implantation
des
structures
scolaires
dans le pays.
Sur le
plan psychologique,
cela donne
parfois
l'illusion aux
locuteurs
sénégalais
qu'ils
possèdent
une
maîtrise
"indiscutable"
de
la
langue
française, surtout lorsqu'ils se
comparent à des locuteurs français natifs
impliqués dans des interactions qui requièrent d'autres registres que le
style
soutenu
ou
oratoire.
Cette
dimension
psychologique
de
l'appropriation
pourrait d'ailleurs
expliquer une
tendance
très
partagée
à la
survalorisation de leurs performances quand ils sont amenés à se
comparer
avec
les
autres
africains
francophones
ou
avec
des
français
natifs : les sénégalais parleraient mieux français que les français,
les
maliens, les burkinabe, les ivoiriens ...
2.3.4
Appropriation
linguistique
et
norme
endogène.
Mais cette prétention à une "relation de proximité" avec la norme
grammaticale (selon la
représentation
qu'ils en
ont) peut être mise en
contraste avec une autre
attitude
qu'ils semblent développer vis
à
VIS
47
de la norme française : une forme de distance VOIre d'hostilité VIS à VIS
de tout ce qui caractérise la norme du français standard parlé. Chez de
nombreux
intellectuels
et
personnes
scolarisées,
la
prononciation
grasseyée
du
IRI
est
souvent
stigmatisée
parce
qu'elle
est
signe
d"'aliénation"
et
d'assimilation
culturelle,
dans
la
mesure
où
elle
rapproche des manières de parler du "blanc" v et partant de sa
manière
d'être.(1'expression qui
désigne
cette
attitude
est
bien
connue
sous
le
nom de
"cip-cip", onomatopée qui s'évertue à restituer ironiquement le
parler des
"français"), l'idéal serait donc de
se conformer à un
accent
local, de
posséder le /rI,
variable qui
serait indicateur d'une
"identité
sociale et culturelle" de la sénégalité.
Ces
attitudes
identitaires,
très
répandues
dans
les
milieux
bilingues
urbains, renforcent l'insécurité linguistique des locuteurs auxquels leurs
on g mes
sociales
ou
socio-culturelles
confèrent
une
compétence
conforme
au
parler standard
français.
La crainte
de
paraître
ridicule
avec un accent "francisant" les pousse à masquer parfois les stigmates
de la francité.
"Moi je roule les IR/* , mais au lycée, SI tu fais ça, on te marginalise tout
de suite ; il suffit que tu parles avec un
accent différent de
l'accent
sénégalais pour qu'on te mette en quarantaine". (Lycéen 18 ans).
Mais l'insécurité linguistique se
traduit par l'autre versant aUSSI, celui
qUI
consiste
à
idéaliser
ses
pratiques
langagières.
On
a
souvent
rencontré des locuteurs dont la position sociale et la distance à la norme
scolaire
donnaient
à
supposer
un
usage
peu
fréquent
du
français,
déclarer utiliser cette langue en
situation informelle de communication.
A l'opposé, dans les catégories socio-professionnelles élevées, on compte
des locuteurs à compétence confirmée (qui ont donc toutes les raisons
d'utiliser le
français
dans
des
situations plus
variées)
qui
manifestent
* Au Sénégal, "rouler les IR/" c'est en fait les grasseyer.
48
des
tendances
au
refoulement
du
désir
de
mettre
en
pratique
cette
compétence
linguistique,
parfois
même
lorsque
les
facteurs
interactionnels sont réunis (Ndao,
1984).
Nous
aurons
l'occasion
de
r everur
sur
ces
attitudes
et
les
représentations qui les gouvernent au cours de nos analyses.
Cette distance observée vis-à-vis du français
s'évalue donc en fonction
de la position des locuteurs sur l'échiquier social et socio-professionnel;
en somme nous pourrions la formuler ainsi :
plus
l'individu
a
des
perspectives
dans
la
hiérarchie,
plus
il
manifesterait son "attachement" à la langue française (les finalités étant
plus
matérielles qu'affectives);
- plus
l'individu
est
hiérarchiquement
bien
placé,
plus
il
semblerait
prendre du
"recul" vis à vis d'elle (ici la distance s'évaluera en termes
idéologiques).
C'est
dire
que
le
français
demeure
un
objet
de
convoitise,
essentiellement parce
qu'il
est
la
langue du
savoir,
celle qUI
permet
encore
de
se
positionner
sur
l'échiquier
social,
malgré
la
baisse
d'efficience de cette valeur pour des raisons de crise économique. Mais
le français est aussi objet de refus>, motivé par l'idéologisation de l'outil
(Fishman),
par
le
questionnement
identitaire
très
incertain.
Cette
position toute particulière maintient le français
très largement dans la
dynamique de l'ambivalence socioculturelle; ce qUI n'est pas sans effet
sur le phénomène de l'alternance codique, résultat du
contact entre le
français et la langue principale du pays, le wolof.
*Calvet
soulignait
ce
refus
,
précisant
que
le
français
était
ressenti
comme
langue
imposée
jusqu'en
1960,
c'est-à-dire
par
toutes
les
élites
ayant
plus
de
30
an s.
49
Diagnostiquant
le
"malaise
linguistique"
du
Sénégal,
il
pense
qu'il
n'est
pas
uniquement
dû
au
danger d'une créolisation des deux
langues
en
contact (le
wolof
et
le
français)
risquant
de
se
mélanger confusément dans
une
sorte
de
sabir post
colonial,
mais
qu'il
procède
également
et
procède
toujours
de
causes
psycho-
sociologiques avec un triple aspect :
-
d'abord
le
malaise
des
intellectuels
africains
vis-à-vis
du
français
serait
encore
senti
par beaucoup d'entre eux
comme étant la
langue du
colonisateur et
la
cause
de
J'acculturation.
- ensuite
le
malaise des
français
de
l'assistance
technique,
souvent
mal
préparés
à
leur
mission,
qUI se
comporteraient
""trop souvent
comme
des
représentants
de
la
civilisation"
-
enfin
le
malaise
des
responsables
de
l'enseignement
en
Afrique,
tant
africains
que
français,
qui
répugneraient
à
sortir
de
leurs
habitudes.
Maurice Calvet, 1968
P. 88
50
2.4 LA
LANGUE WOLOF
2.4.1
Une
progression
ancienne
liée
au
commerce
et
à
l'administration.
Si la décision des autorités coloniales était sans appel, concernant
l'exclusion des
langues autochtones des circuits institutionnels, il reste
que le wolof bénéficiait par le fait colonial même d'un certain nombre
d'atouts,
qui contribuèrent
largement à amorcer sa domination
sur les
autres
parlers.
Dès leur arrivée, les colons se sont installés en pays wolof, le long
des
côtes
atlantiques,
où
ils
ont
fondé
les
deux
grandes
villes
qui
symbolisent
l'histoire
de
la
présence
française,
Saint-Louis
d'abord,
Dakar ensuite ( à l'origine il y avait Gorée naturellement). Ils se sont
appuyés sur les populations wolofs ( fonctionnaires, subalternes, guides,
interprètes
et bien avant ces
derniers,
les
cours
royales
et princières
durant la
"pacification") pour progresser dans
les
territoires
intérieurs.
A partir de
cette période,
quelques témoignages
sont disponibles,
qui
permettent
d'illustrer
cette
progression;
En 1933, Davesne faisait allusion au rapport de force favorable au
wolof dans
l'évaluation qu'il
faisait de
la
situation géolinguistique de
l'époque.
" Au Sénégal, le ouoloff s'est imposé ou s'impose à peu près aux sérères,
aux Nones de la région de Thiès et aux tribus de quelques cantons de la
Basse-Casamance"(P.14).
Il
est
vrai
que
l'assertion
était
aussitôt
nuancée par le fait qu'il reconnaissait que son LIsage par ces populations
était
assez
superficiel
et
se
bornait
chez
"les
indigènes
qui
l'on
empruntée
à
un
vocabulaire
relativement
sommaire",
susceptible
de
5 1
rendre des
services dans des circontances définies de la vie pratique.
Mais c'était là le point de vue de l'administrateur colonial qUi, obnubilé
par
l'idée
d'une
diffusion
très
large du
français
(c'était
sa
mission),
pouvait difficilement se rendre à l'évidence : le wolof avait déjà entamé
son
processus
de
véhicularisation.
En
effet,
sous
l'impulsion
des
relations
commerciales
qui
s'étaient
multipliées
et
devenaient
plus
complexes au point de rendre exigible une langue de marché, le choix
ne pouvai t porter que sur la langue de terrain : celle des transactions
commerciales, le wolof. Mais le point de vue de l'administrateur, même
s'il se reférait à une dynamique géolinguistique pertinente, n'aboutissait
pas à la même conclusion : l'argument, on l'a vu au chapitre historique,
était
que
par
suite
des
mouvements
de
population,
les
frontières
linguistiques
s'étaient
singulièrement
enchevêtrées.
En
effet,
il
était
fréquent
à
l'avènement
de
l'école
française,
que
l'effectif
d'un
établissement
fût
constitué
d'élèves
appartenant
à
plusieurs
des
grandes familles linguistiques, et ne se comprenant pas entre eux.
- Fallait-il alors Imposer à toute l'école l'une de ces langues et écarter
les autres? (argument de la diversité
linguistique)?
- Allait-on obliger telle ou telle ethnie à apprendre la langue de l'autre,
ennemi
légendaire? (argument du
tribalisme)?
- A
la
diversité
et
à l'adversité,
il
fallait
donc
introduire
dans
les
nouvelles générations la "paix française" (Davesne, 1933).
Dès
les
premières
heures
de
la
période
coloniale
on
peut
. '
.
également
suivre
le
témoignage
du
rm ssro n na i re
Boilat,
sur
la
progression
du wolof .
Mbour, considéré comme village de la province du Baol , était un
pays sérère, mais quelques-uns des
habitants parlaient wolof.
S'agissant des chrétiens de Joal, contrée sérère (la christianisation
est
antérieure
à la
rrussion
française
et
est
l 'oeu vrc
des
portuguais
52
d'abord), il insiste sur le fait qu'ils ont oublié le portuguais mais qu'en
revanche
"ils
entendaient
tous
admirablement
bien
les
deux
langues
wolof et sérère" (Boilat, pp 108-109). C'est l'occasion de rapporter ici un
passage
intéressant
sur
l'usage
que
faisaient
les
habitants
de
cette
localité sérère, du
wolof, et qui préfigure les fonctions rhétoriques du
mélange de langues que nous nous sommes engagé à étudier ici même.
"Devant les congénères sérères monolingues, le fait de parler wolof leur
fournit le
triste moyen de tromper et d'abuser leurs pauvres VOISInS qui
n'entendaient que la langue maternelle et qui ne veulent ou ne peuvent
apprendre le woloff".
Pour Boilat, appréciant les chrétiens de Joal, leur sens de la charité "est
tel qu'ils
ne voudraient pas
enseigner à leurs
voisins
une langue qui
leur
donnerait
une
sorte
de
supériorité
sur
eux".
Au
contraire,
ils
aiment un
langage cabalistique et mystérieux
qu'ils
se
réservent pour
eux, leurs enfants et adeptes, affectant en tout un air de supériorité sur
tous les sérères qu'ils traitent de barbares"
Plus loin, décrivant un
de
ses personnages pittoresques rencontré
à Joal,
il note qu'il parlait admirablement le wolof et le
sérère, mais
avait
le
talent
d'embrouiller
et
de
parler
un
langage
prétendu
relevé
pour en Imposer au commun des hommes : "quand il parlait aux wolofs,
il
y
mêlait
du
sérère.
Parlait-il
à
ceux-ci,
il
y
mêlait
tout
exprès
beaucoup de wolof" (P 110).
Michel
(c'est
le
nom du
personnage) refusait d'enseigner la prière en
wolof et
même
en
sérère;
il
estimait
qu'on
devait
le
faire
dans
un
langage
occulte,
mystérieux,
cabalistique,
qui
devait
donner
aux
chrétiens de Joal le pouvoir et le droit de
tromper les autres dans un
langage
qu'ils
n'entendaient
pas
(fonction
d'ostentation
et
de
mystification).
53
Ailleurs dans les contrées intérieures du Sine et du Saloum, s'il est
vrai qu'il ne mentionne pas dans ses observations, un usage répandu du
wolof dans les populations, il fait néanmoins très souvent référence à la
qualité
du
wolof
des
différents
rois
rencontrés,
ainsi
que
de
leurs
courtisans
: "ils parlaient admirablement bien tous jusqu'à six langues
différentes".
La description qu 'i 1 donne de
cette région,
insiste sur sa
vocation
d'échanges
et
expliquerait
davantage
la
percée
relative
du
wolof à
une
période
où
l'administration
et
les
institutions
coloniales
n'étaient
pas
encore
fermement
établies
à
l'intérieur
.Le
Saloum
constituait le carrefour commercial, pour l'or, l'ivoire, les esclaves issus
des
royaumes
de
Toumbouctou,
des
pays
bambaras
et
des
autres
contrées de
l'intérieur. "On s'y ravitaillait en cire, mil,
rIZ
à très bon
marché". Le wolof s'y imposait progressivement comme linga franca.
2.4.2
Evolution
institutionnelle
du
wolof.
Avant la période coloniale, aucune des langues parlées au Sénégal
ne possédait une tradition d'écriture excepté le poulaar et le wolof, dont
la graphie fut empruntée
à l'arabe, moyennant quelques réajustements
de
type
phonétique. L'usage de
cette graphie porte
d'ailleurs
un
nom
chez les populations wolofophones : c'est le "wolofal". En effet, peuls et
wolofs ont subi une influence musulmane plus ancienne, plus massive
que
les
autres
ethnies
locales
(Houis,
1971).
C'est
pour
cela
que
l'adoption de
cette écriture obéissait à des
motivations
essentiellement
religieuses que reflète l'ensemble de la production littéraire : fixations
de
paroles
sacrées,
guides
pour
musulmans,
poèmes
publiés
par
les
grands marabouts du
pays, chroniques qui racontent les hauts faits de
personnalités religieuses (Diagne,
1978)
54
C'est une graphie qui
assure encore la communication épistolaire
d'une
génération
de
lettrés
musulmans
aInSI
que
le
moyen
de
vulgarisation des connaissances religieuses dans le monde rural.
A
partir de la période coloniale, on
assiste à la codification en
lettres
latines
des
langues
locales
comme
le
wolof,
le
poulaar,
le
mandingue,
et
le
sérère.
Très
souvent,
cela
demeure
l'initiative
des
missionnaires. Houis signale au total cinquante cinq travaux sur le wolof
entre
1732
et
1828.
Mais
la
politique
coloniale
vu
qu'elle
ne
reconnaissait
pas
de
statut
aux
langues
ne
stimula
guère
cette
recherche,
contrairement
aux
pol i tiques
allemandes
et
dan sune
certaine
mesure
seulement
anglaises
(Nd ao ,
1992)
qUI
permirent
de
déboucher plus tôt sur une
linguistique appliquée.
Les travaux de qualité plus scientifique sur les langues wolof et
sérère aparaissent à partir
de
1943 avec les productions de
Senghor,
Sauvageot, Diagne.
La période plus récente est dominée par les travaux du Centre de
Linguistique Appliquée dont la création devait permettre de prendre le
relais
de
la
recherche
africaniste
dans
un
cadre
plus
institutionnel.
Cependant Jusque dans les années 80, l'essentiel de la production de cet
org arusrne
était
surtout
motivé
par
le
SOUCI
d'une
pédagogie
performante du
français,
à savoir la nécessité de mieux connaître les
langues
autochtones
afin
de
dispenser
un
"meilleur
enseignement
du
français"
(études contrastives).
Mais conjointement aux
recherches effectuées
pour la rénovation
de
l'enseignement du français, il convient de
signaler que le CLAD a
entrepris
un
programme
de
recherches
sur
les
langues
parlées
au
Sénégal
en
vue
de
leur
utilisation.
Les
études
les
plus
avancées
concernent
naturellement
le
wolof
qUI
bénéficie
de
supports
pédagogiques
plus
opérationnels.
L'introduction
du
wolof
dans
le
55
système scolaire reste circonscrite à l'expérimentation (classe pilotes). Il
existe aussi un enseignement facultatif de la langue wolof et des autres
langues
nationales dans le
cursus universitaire,
axé principalement sur
les systèmes grammaticaux de ces langues).
D'un point de vue officiel, l'utilisation des langues locales dans le
système éducatif n'est pas à l'ordre du jour.
56
3- QUELQUES ASPECTS THEORIQUES SUR LE
BILINGUISME, LA DIGLOSSIE ET LE CODE SWITCHING.
3.1 LE
BILINGUISME
On distinguera suivant le
classement de Van Passel, trois sortes
d'approche
du
bilinguisme
1- celles
qui
reposent sur
l'observation
des
phénomènes
et de
leurs
conséquences (les définitions
descriptives)
2- celles qUI reposent sur des a-pnonsmes de la notion du
bilnguisme
(définitions
normatives)
3-
celles
qUI
reposent
sur
la
conviction
que
les
phénomènes
du
bilinguisme sont trop complexes et trop di vers pour pou voir être placés
sur
un
commun
dénominateur,
m ai s
que,
pour
des
raisons
méthodologiques, il est nécessaire de disposer d'une définition pratique,
essentiellement
limitée.
Nous
nous
situerons à ce
dernier ni veau
de conviction,
attendu
que notre propos n'est pas ici, un débat ou une réflexion théorique sur
le phénomène lui même, mais un regard jeté sur un autre fait de langue
qui lui est consécutif.
Nous
pensons
que
l'axiome
posé
par
De
Grève
et
Van
Passel
permet
de
partir
d'une
définition
pratique,
mieux
adaptée
aux
faits
ordinaires de la communication sociale. Ainsi un individu sera considéré
comme bilingue dès qu'il est à même
57
- de se faire comprendre
- de comprendre ce que les autres disent, dans deux ou plusieurs
langues.
Cela
implique
d'emblée
le
fait
que
bilinguisme
n'inclut
pas
forcement
la
connaissance
approfondie
de
deux
ou
plusieurs
langues
étrangères et celle de
langue maternelle. Il s'agirait d'une connaissance
avant tout utilitaire.
La
définition est complétée par la précision suivant laquelle, tant
du
point de
vue psychologique que du
point de
vue physiologique, le
bilinguisme
implique
à
chaque
fois
et
pour
chaque
individu,
deux
espèces
d'activités
différentes
dans
lesquelles
interviennent les
mêmes
organes
cérébraux et phonateurs.
Le
bilinguisme
se
réaliserait
alors
par
un
contact
de
deux
systèmes linguistiques différents et dont le point de
rencontre se
situe
dans chaque individu bilingue ou plurilingue.
Cette approche présente l'avantage de dépasser ou
de contourner
les
exrg ences
normatives
qUI
caratérisent
d'autres
conceptions
du
phénomène.
L'une
d'elles
postule
par
exemple
que
les
différents
systèmes
linguistiques
qui
"cohabitent"
et se
côtoient dans
l'esprit du
bilingue,
sont des
systèmes finis et stables,
de
sorte qu'on
pourrait espérer en
acquérir les parties pour arnver au
point oméga de la perfection. Mais
cette
stabilité des
systèmes
est perçue comme
une
abstraction
parfois
qualifiée de dangereuse. C'est la formule de Braun.
Bloomfied
(1969)
construit
sa
définition
autour
du
concept
de
"Native Like" (qui s'identifierait à la maîtrise de la langue maternelle).
Ce qui revient à considérer le bilinguisme précoce comme la condition la
plus favorable de la "maîtrise
parfaite"
58
On
déduit de
cette
approche
que
l'unilingue
à l'âge
adulte
qUI
entreprendrait
l'apprentissage
d'une
langue
seconde
ne
pourra jamais
rattraper son retard. Bloomfield éprouve lui
même quelque difficulté à
être
pl us
précis lorsqu'il
reconnaît qu'il
est impossible
de
définir le
degré de
perfection auquel
celui
qui parle
bien
une
langue étrangère
devient bilingue, relativisant par là même la distinction. Il rejoint sur ce
point Weinreich qui
lui,
suggère
'qu'au
lieu
de
se
quereller
sur des
définitions, il vaudrait mieux partir du point de vue que le bilinguisme
se présente à des degrés, et au cours de l'étude, établir la distinction
entre "plus" et
"moins" de
bilinguisme (P5); les personnes impliquées
seront
appelées
bilingues.
Ils
suggére
même
que
s'il
n'en
est
pas
spécifié
autrement
toutes
les
remarques
au
sujet
du
bilinguisme
s'appliquent également au
multilinguisme
(parler
alternativement
trois
langues et plus).
Plus succinte et vague est la définition de Haugen, où bilinguisme
est compris comme commençant au point où
le locuteur peut produire
des énoncés complets et changer de sens dans l'autre langue (1953).
Plus intéressantes pour nous sont les définitions de O. Jespersen et
Léopold (1939) qui constituent des hypothèses
qUI interpellent d'assez
près le champ et les théorie du contact.
Rendant
compte
de
ses
observations,
Jespersen
rapporte
qu'il
arrive souvent que des enfants qui sont obligés de parler chez eux sans
mélange de
dialecte,
parlent le
dialecte quand
ils
jouent à l'extérieur
avec
des
camarades
d'école.
Capables
J'isoler
les
deux
formes
de
langage,
ils
seraient
également
en
mesure
d'apprendre
deux
langues
moins directement liées .
Soulignant au passage les
"mélanges"
(qu'il qualifie de
bizarres)
qUI en
résultent parfois
"pour
une
certaine
durée",
il
s'empresse
de
rassurer
en
précisant
que
beaucoup
d'enfants
passeront
facilement
59
d'une langue
à
l'autre sans
les
mélanger,
à condition
tout
de
même
qu'ils
soient
en
contact
avec
les
deux
langues
dans
les
milieux
différents,
ou
qu'ils
les
entendent
sur
les
lèvres
de
personnes
différen tes.
Liées aux réseaux et aux situations de communicaton am SI qu'aux
rôles
des
interactants,
ces
conditions
préalables
pour
un
"bon
bilinguisme"
selon
Jespersen,
ne
semblent
guère
gêner
W.
Leopold,
lorsqu'il formule sa définition du
bilinguisme ainsi
: "Celui qui
peut
passer d'une langue à l'autre, la forme idéale du bilinguisme étant que
les
deux
langues
soient
parlées
indifféremment
dans
toutes
les
circonstances de l'existence". En admettant que dans la pratique
on ne
peut qu'espérer des approximations de cet idéal, il tempère lui aussi son
jugement par la précision que le bilinguisme est un fait même lorsque
l'une des
deux langues est beaucoup mieux parlée et d'une façon plus
étendue que l'autre, aussi longtemps que toutes les deux sont utilisées
régulièremen t.
Hamers et Blanc (1983)
proposent de
distinguer le
bilinguisme,
plutôt sociétal, et donc valable pour la communauté, de la bilingalité qui
est le bilinguisme individuel. Le terme du
bilinguisme inclut celui de
bilingalité qui réfère à l'état de l'individu mais s'applique à un état de la
communauté
dans
laquelle
deux
langues
sont
en
contact
avec
pour
conséquence
que
deux
codes
peuvent
être
utilisés
dans
une
même
interaction et qu'un bon nombre d'individus sont bilingues (bilinguisme
sociétal).
Cette
acception
se
rapproche
des
sens
donnés
à
la
notion
de
diglossie par Fishman lorsqu'il établit les cas possibles de diglossie sans
bilinguisme et bilinguisme sans diglossie.
60
Nous
reviendrons longuement sur cette
acception
importante dans
le domaine du contact de la langue, compte tenu de la dimension sociale
du fait.
Avant
de
resituer
les
éléments
de
définition,
en
rapport
avec
notre problématique, nous reprendrons par souci de faire le plus simple
devant la trop grande complexité de l'objet, la synthèse à notre sens la
mieux
conforme
à
une
perception
réaliste
du
bilinguisme:
Celui-ci
pourrait se concevoir comme
l'aptitude facultative
ou
indispensable de
communiquer
avec
les
interlocuteurs
de
deux
mondes
(communautés)
allophones,au moyen de deux
idiomes présentant un
taux de différence
linguistique telle que la communication entre les deux en est affectée ou
même exclue. Deux mondes perçus comme deux entités culturelles dont
les limites et l'intersection sont à définir par la sociologie et l'ethnologie
et qui peuvent ou non coincider avec une région ou un corps politique.
Par allophone il convient de comprendre parlant et/ou comprenant des
langues
différentes.
Cette
différence
doit
être
telle
qu'un
strict
unilinguisme ne suffirait pas à pallier les difficultés de communication
qui en découlent et le terme de "communiquer" est suffisamment large
pour inclure les différentes
modalités de
la
communication
telles
que
production,
perception
(blinguisme
actif ou
passif)
et
parole,
écriture
(possibilité de bilinguisme stylistique) (Van Overbeke,
1972).
Pour
quitter
provisoirement
le
sujet,
nous
nous
rangerons
volontiers derrière Sauvageot qui estime que le bilinguisme est un
fait
d'expérience et
que pour le
caractériser point n'est besoin d'échafauder
une théorie, il suffit d'en observer expérimentalement l'existence.
6 1
3.2 BILINGUISME
ET
DIGLOSSIE.
3.2.1
L'approche
de
Ferguson
et
de
Fishman.
Depuis que Ferguson le
premier l'employa en
1953, le
terme de
"diglossie" est non seulement largement accepté, mais il s'est élargie et
raffiné.
A
l'origine,
il
était
utilisé
pour
désigner
une
société
qUI
reconnaissait
deux
ou
plusieurs
langues
pour
ses
communications
à
l'intérieur de la société même.
L'utilisation à l'intérieur d'une société
de
plusieurs codes
séparés
et le maintien de cette séparation plutôt que le remplacement d'un code
par
un
autre
à
un
moment
donné,
dépendait
de
l'attribution
de
fonctions différentes à l'une et à l'autre.
Un
ensemble
de
comportements,
d'attitudes
et
de
valeurs
était
porté
et
exprimé
par
une
autre
langue.
Les
deux
ensembles
étaient
entièrement
acceptés
comme
culturellement
légitimes
et
complémentaires c'est-à-dire non conflictuels (Ferguson,
1959). En effet
la possibilité d'un conflit entre eux deux devait être infime, compte tenu
de
leur
séparation
fonctionnelle.
Cette
séparation
prenait
souvent
la
forme
d'une
"langue
élevée"
H
(High)
utilisée
pour
la
religion,
l'enseignement
et
les
autres
aspects
de
la
culture,
et
d'une
"langue
basse"
L
(Low)
commune,
employée
pour
les
sujets
quotidiens,
la
famille et
le milieu du travail non formel (Low Work). Ferguson avait
dénommé "H" et"L" langues superposées.
A
la
théorie originale de Ferguson,
d'autres
ont ajouté
plusieurs
considérations
significatives.
Gumperz est principalement à l'origine
de
la
conscience que
la
diglossie
existe
non
seulement
dans
des
sociétés
multilingues
qui
62
reconnaissent officiellement plusieurs langues,
non
seulement dans des
sociétés qui utilisent à la fois des variétés dites classiques et d'autres
dites vulgaires, mais encore dans des
sociétés qui emploient différents
dialectes
ou
registres,
diverses
variétés
linguistiques
fonctionnellement
différenciées.
Il
a
par
ailleurs
fourni
la
plupart
des
appareils
conceptuels
grâce
auxquels
les
enquêteurs
qUI
ont
pour
terrain
les
communautés linguistiques essaient de discerner les
structures sociales
régissant
l'usage d'une variété
plutôt que d'une
autre,
particulièrement
au niveau des interactions dans des groupes restreints.
Quant à
la
contribution
personnelle
de
Fishman,
elle
peut être
énoncée
comme
une
tentative
de
description
du
maintien
ou
de
l'abandon de la diglossie au
niveau cette fois
de
la
nation
ou
d'une
société
entière.
Dans
les
communautés
multilingues,
il
s'agit
de
déterminer
les
structures
normatives
et
générales
de
l'usage
de
la
langue,
afin
de
mettre
en
évidence
la
nature
systématique
des
alternances
entre
variétés
chez
les
individus
qUI
partagent
un
répertoire de variétés (Fishman,
1968).
D'un point de vue descriptif, Fishman a le mérite de présenter une
étude
minutieuse
et
exhaustive
de
la
manifestation
d'usage
de
la
langue.
L'analyse
des
rapports
interpersonnels
au
sem
d'une
communauté linguistique (ou de plusieurs) est intéressante en
ce
sens
qu'elle
révèle
le
dynamisme
d'usage
du
langage.
Mais,
au
delà
de
l'intérêt interactionnel, les données linguistiques que livre Fishman,
ne
semblent pas
suggérer l'idée d'une corrélation des faits linguistiques et
des
faits
sociaux;
c'est
un
travail
qui
relève
plus
de
la
sociologie
descriptive que de la sociolinguistique, lorsqu'on se refère au point de
vue
selon
lequel
les
contrastes qui
s'opèrent
dans
l'utilisation de
la
langue
par
des
individus
sont
des
manifestations
concrètes
des
contradictions de la société. En effet il part de l'indi vidu mais semble
63
exclure
dans
sa
description
les
groupes
SOCIaux
en
tant
qu'entités
sociales collectives manifestant une
activité
linguistique commune.
Les
unités
de
référence
telles
que
"communauté
linguistique"
ou
"réseau
social" ne sont pas clairement désignées. Dans "sociolinguistique" on lit
que
"communauté
linguistique",
tout comme
"variété linguistique",
est
un
mot
neutre.
Ce
mot
n'implique
aucune
dimension
particulière
pas
plus qu'une base de rassemblement bien définie"(Fishman, p43). Ce qUI
laisse penser que la vision de classe est délibérement mise à l'écart.
S'agissant de ce qu'il appelle répartition fonctionnelle, on note que
"dans toutes les communautés linguistiques, il
existe des domaines, ou
classes de
situations qui exigent une variété et d'autres qui exigent une
autre
variété.
Certaines
données
correspondent
à
une
langue
haute
notée H et d'autres à une langue basse ( L )
Deux
ou
plusieurs
langues
ou
variétés
ne
peuvent
avoir
la
même
fonction sociale". On pourrait se demander si l'utilisation des termes H
(high)
et
L
(1ow)
(qui
ont
une
connotation
particulière)
n'est
pas
révélatrice de
la hiérarchisation des variétés linguistiques en présence.
D'autre part, le fait d'affirmer que la langue doit avoir une seule
fonction,
un
seul
domaine
d'usage
parmi
d'autres
peut poser
quelques
problèmes. D'abord il faut savoir s'il s'agit de deux variétés (ou niveau
de
langues)
ou
de
deux
langues
différentes.
Dans
une
communauté
caractérisée
par
la
diglossie
(comme
la
Belgique,
pour
donner
un
exemple)
vouloir affecter une langue à des
fonctions
administratives,
politiques
ou
économiques
et
l'autre
à
des
fonctions
domestiques,
reviendrait
à
aiguiser
les
problèmes.
Or
s'il
existe
des
problèmes
linguistiques
en
Belgique,
c'est (entre
autres
raisons)
parce
qu'aucune
des deux communautés en
présence ne
voudrait accepter que sa langue
soit reléguée à des fontions de simple communication, mais exige qu'elle
ait
une
place
effective
dans
les
activités
les
plus
importantes
de
la
64
nation belge. Cette VISIon exclusivement fonctionnelle de la langue ou
des
variétés occulte le rapport étroit qui existe entre la langue et les
faits
sociaux.
En France par exemple ce
n'est pas un
hasard,
SI les
couches ou
catégories sociales sont identifiables par la
manière
dont
elles s'expriment. La normalisation du français
Cà partir d'un dialecte
qUI coexistait avec d'autres) a des causes historiques et politiques. On
sait que la réussite ou l'échec des Jeunes dans les institutions scolaires
et universitaires peut avoir des liens avec leurs ongmes sociales.
En
outre
l'organisation
sociale de
l'usage
de
la
langue
apparaît
chez Fishman comme une
institution naturelle dont il
se
propose de
livrer
uniquement
le
fonctionnement.
L'intérêt
de
la
description
est
certain,
mars
la
matière
sociale
qui
devrait
être
impliquée
semble
insuffisamment traitée, si elle n'est pas absente. Toutefois son analyse
de
l'organisation
sociale
d'usage
et
de
comportement
linguistique
permet d'avoir une compréhension plus large de
la
notion de
langue.
Toute langue a des variétés et ces variétés ont des conditions d'emploi
déterminées.
Ceci
n'est
certes
pas
une
nouveauté
de
la
théorie
sociolinguistique, mais s'oppose une fois
de plus à une vision unifiante
et homogène de la langue qui a fait ou fait encore école.
Partant
de
ce
prrncrpe
théorique,
Fishman
va
réévaluer
les
concepts
de
bilinguisme et
de
diglossie.
C'est
l'objet
de
son
article
intitulé
"bilinguisme
de
société".
En
effet
selon
l'acception
la
plus
commune le concept de diglossie désigne une société qui reconnait deux
ou
plusieurs
langues
pour
ses
communications
internes.
il
s'agit
de
remettre
en
question
le
caractère
homogène
de
l'usage
d'une
langue
dans une société donnée.
S'il est vrai que la diglossie existe, dans des sociétés multilingues
qUI reconnaissent officiellement plusieurs
langues, s'il est vrai
que la
diglossie existe dans les sociétés qui utilisent à la fois des variétés dites
65
classiques
et d'autres vulgaires (populaires),
Fishman estime qu'elle est
aussi
présente
dans
des
sociétés
qui
emploient
plusieurs
variétés ou
dialectes différenciés
l'utilisation différentielle de variétés d'une même
langue est un signe de diglossie (Fishman. p.87-88).
Fishman
distingue
quatre
sortes
de
communautés
linguistiques
caractérisées
par
la
diglossie
ou
le
bilinguisme
:les
comunautés
caractérisées
- par la diglossie ct le bilinguisme,
- par la diglossie sans bilinguisme,
- par le bilinguisme sans diglossie,
- et par l'absence des deux phénomènes.
Il
estime
que
beaucoup
de
communautés
linguistiques
modernes
considérées normalement comme unilingues, sont en
fait caractérisées à
la
fois
par la
diglossie et
par
le
bilinguisme,
SIon considère
leurs
registres distincts comme des langues ou des variétés séparées.
Et il explique l'existence de cette situation dans les sociétés modernes
par un
accès
croissant aux
rôles,
facilité
par
les
institutions
et des
processus
SOCIaux.
Ce point de vue doit également être nuancé lorsqu'on constate que ces
sociétés modernes connaissent très
souvent des
contradictions
sociales
qUI ont des conséquences diverses au niveau des rapports sociaux. Dans
les
sociétés modernes régies par un
certain
mode
de
production,
les
institutions loin de favoriser un accès croissant aux rôles, sont parfois
les principaux facteurs de la restriction ou de la limitation des rôles.
En
effet
les
interférences
qui
se
créent
entre
individus
de
classes
sociales
différentes,
semblent
trop
limitées
pour
favoriser
le
développement
d'un
bilinguisme
répandu.
Par
ailleurs
trop
peu
d'individus ont une égale compétence des différents niveaux de
langue
qui existent; et il semble plus facile pour un intellectuel de manipuler le
66
"langage
populaire",
en
revanche
il
est
mOInS
évident
qu'un
ouvner
p urs s e
accéder
spontanément
au
langage
académique.
La
"démocratisation"
des
institutions
n'empêche
pas
le
fait
que
la
compétence
linguistique
d'un
individu
soit
en
rapport
étroit
avec
la
réalité langagière de son milieu
social. De
ce fait
nous
estimons que
l'analyse
de
Fishman atteint un
raffinement excessif lorsqu'il
s'agit de
déceler un signe de bilinguisme ou de diglossie dans ce
qui est appelé
"niveau
de
langue"
ou
variétés
d'une
même
langue.
D'autres
cas
de
bilinguisme
avec
diglossie
nous
paraissent
plus
appropriés
à
la
situation.
Il
cite le cas du
Paraguay, pays où plus de la moitié de la
population
parle
espagnol
et
guarani
(une
part
considérable
de
la
population naguère rurale et monolingue ayant
ajouté l'espagnol
à son
répertoire
linguistique).
Il
ya
aussi
celui
des
cantons
de
la
Suisse
alémanique
où
la
population
en
âge
scolaire
utilise
alternativement
l'allemand et le suisse.
Fishman distingue ensuite les situations de diglossie sans bilinguisme :
"on
trouve
dans
ces
situations
deux
ou
plusieurs
communautés
linguistiques
impliquées,
qUi
forment
une
unité
du
point
de
vue
politique, religieux et (ou) économique malgré le fossé socioculturel qui
les
sépare.
Au
niveau de cette
unité, il
faut
effectivement reconnaître
que
deux
ou
plusieurs
langues
ou
variétés
ont
cours.
Ici
une
ou
plusieurs
des
communautés
linguistiques
impliquées
se
caractérisent
par des limites de groupe
assez imperméables de
telle
sorte que pour
les "outsiders" (et ceux-ci peuvent être tous ceux qui ne sont pas nés au
sein
de
la
communauté,
car
l'accent est
rm s
sur
la
position
sociale
attribuée
par
la
naissance),
l'accès
aux
rôles
et
à
la
langue
est
sévèrement limité"
(Fishman,
p.95).
Il donne comme exemple les élites européennes avant la première
guerre
mondiale
67
" ces élites parlaient le français
tandis que
la
grande masse
de
leur
concitoyens
utilisaient
une
autre
langue
(non
apparentée)
pour
leurs
communications internes.
Comme
la
majorité
de
l'élite et celle
de
la
masse
n'avaient
pratiquement
pas
de
contact
entre
elles,
elles
ne
formaient
pas
une
communauté
linguistique
homogène;
Comme
la
majorité de
l'élite et celle da
la
masse maintient
une
vie caractérisée
par
des
répertoires
de
rôles
extrêmement
li mi tés,
leurs
répertoires
linguistiques
restaient
trop
étroits
pour
permettre
le
développement
d'un
bilinguisme
social.
Néanmoins
dans
toutes
ses
e xpress ions
économiques et nationales, la politique de l'état joignait ces groupes en
une
entité
quoi
qu'en
y
regardant
de
près
on
constate
une
classe
supérieure
et
une
classe
inférieure
chacune
possédant
une
langue
appropriée
à
ses
intérêts
personnels
et
limités
de
classe" .(Fishman,
p97).
Si la
situation décrite ici par Fishman a évolué, il n'en demeure
pas moins que des traits essentiels persistent dans la
société moderne.
Le langage de l'ouvrier est différent de celui du fonctionnaire bien que
tous
les
deux
s'expriment
en
français.
Ils
serait
plus
judicieux
de
caractériser les deux situations comme étant des situations de
diglossie
sans
bilinguisme.
Mais
au-delà
du
fait
typologique,
le
passage
est
important en ce sens qu'il pose implicitement le probème des rapports
entre langue et superstructure. Déjà en
1950 cela demeurait l'essentiel
du débat post-marrien sur le
marxisme en linguistique. C'est aInSI que
Staline
s'est
évertué
à
démontrer
que
la
langue
n'est
Dl
une
superstructure ni
un fait de
classe. Il avait invoqué le contexte de la
Russie
de
1917
pour
signifier
que
malgré
le
bouleversement
infrastructurel,
la
langue
russe
n'avait
pas
subi
de
changement.
Sa
conclusion était
que la
langue
"est un
instrument qui
sert également
toutes
les
classes
de
la
société et manifeste à leur égard
une
totale
68
indifférence ; qu'il n'existe pas de langue de classe mais simplement un
usage de classe de la langue.
Aux arguments qui avaient été avancés pour montrer le caractère
de
classe
de
la
langue française
en
Angleterre
(pendant une
certaine
période,
les
féodaux
s'exprimaient
en
français
tandis
que
le
peuple
utilisait l'anglo-saxon), Staline répondit "on sait que cet engouement de
ceux qui
s'amusaient à parler la langue française
a disparu ensuite sans
laisser de trace, faisant place à la langue anglaise commune à tout le
peuple" .
S'il
est
vrai
que
la
langue
n'est
pas
une
superstructure,
son
caractère de classe n'en est pas pour autant effacé car il
se manifeste
dans son aspect de véhicule privilégié de l'idéologie. On a montré que
l'anglais moderne était justement le produit de la confrontation entre le
saxon parlé par le peuple et le normand parlé par l'aristocratie, qUI a
laissé des traces considérables au plan lexical. (Calvet L.l., 1979).
En réalité les motifs profonds du raisonnement de
Staline doivent
être mIS en rapport avec les problèmes qui
s'étaient posés en matière
de
politique
linguistique et
qui
préoccupaient les
dirigeants
de
l'état
multinational.
La
conception
unifiante
de
la
langue
apparaissait
à
Staline comme seule conforme à la politique des nationalités .La thèse
de Staline qui soutient que la langue comme moyen de
communication
entre les hommes dans la société sert toutes les classes n'est donc pas
justifiée. Dans les pays qui connaissent cette dichotomie linguistique, la
langue ne
remplit pas uniquement une fonction de
communication, elle
est
également
un
moyen
d'expression
privilégié
d'attitudes
et
de
comportements
SOCIaux.
En
outre,
lorsqu'on
ex arm ne
les
données
sociolinguistiques
africaines
on
constate
que
mOInS
de
10%
de
la
population utilise la langue officielle occidentale, la majorité s'exprimant
essentiellement
en
langues
vernaculaires.
On
admet
pourtant
que
le
69
seul moyen d'accéder aux fonctions importantes de l'Etat dans ces pays
est de parler ces langues officielles occidentales. C'est dans ce sens que
le caractère de classe de la langue apparaît très clairement, malgré les
arguments
de Staline.
Mais à l'inverse du raisonnement de Staline, la théorie des deux
langues a inspiré un courant actuel dont la position revient à définir la
langue comme langue de la classe dominante : aInSI le français serai t la
langue
de
la
bourgeoisie;
mais
l'ambiguïté
que
pose
cette
assertion
(nous n'estimons pas opportun d'en parler ici) nous amène à rejoindre
la proposition faite par LB. Marcellesi (1981) selon laquelle le français
serait la langue des couches linguistiquement hégémoniques. Il suggère
un concept qui puisse rendre compte de l'existence de ces couches qui
tantôt dans certaines sociétés se confondent ou
s'intégrent à la classe
dominante,
tantôt existent de
manière autonome
et parfois
par
sous-
détermination
ou
surdétermination échappent partiellement au
contrôle
de l'état. Il avance le terme de "couches" pour ne pas envisager ces
ensembles
d 'indi vid us
comme
une
cl asse
unique.
Il
raj ou te
"culturellement" en le justifiant par le fait que le choix d'une variété ou
même de
telle ou telle forme linguistique est un choix culturel qu'on
peut
rapprocher
du
jugement
esthétique.
Il
préfère
enfin
le
terme
"hégémonique" à celui de "dominant", dans la mesure où ce terme met
l'accent
sur
l'importance
du
rôle
que
Joue
le
consentement
des
intéressés".
Et
SI jusqu'ici
la
différenciation
linguistique
s'est établie
selon
l'échelle des classes, elle se pose aussi à l'échelon géographique. Aussi,
commente Fishman, l'existence d'une diglossie nationale n'implique pas
un
bilinguisme
répandu parmi
les
populations rurales
ou
les
groupes
récemment urbanisés d'Afrique - en opposition aux populations un peu
plus occidentalisées dans ces structures - ni dans les castes inférieures
70
de
l'Inde
contrairement
à
leurs
compatriotes
privilégiés
les
brahmanes,
ni
dans
les couches
sociales
inférieures
de
la
population
franco-canadienne,
par opposition
aux citadins
de
la
classe
supérieure
et
moyenne".
A ce
stade
il
s'opère une
évolution
du
bilinguisme
au
monolinguisme
ou,
inversement,
du
monolinguisme
au
bilinguisme.
Ainsi les classes supérieures après avoir acquis la langue dominante ont
tendance
à
abandonner
la
langue
première,
alors
que
les
classes
inférieures des villes qui ne parlaient que la langue dominée, tendent à
acquérir
la
langue dominante.
On constate
l'existence
d'une
classe
au
pouvoir
monolingue,
un
peuple
citadin
bilingue
et
un
peuple
campagnard monolingue (Fishrnan, p96). Il
explique que les besoins et
les
conséquences
d'une
industrialisation
et
d'une
urbanisation
rapides
et
massives
étaient
tels
que
les
membres
de
la
communauté
linguistique
qui
fournissaient
la
main
d'oeuvre
productrice
ont
vite
abandonné
leurs structures
socioculturelles
traditionnelles
et ont
appns
la
langue
associée
aux
moyens
de
production
bien
longtemps
avant
d'avoir
été
intégrés
dans
l'ensemble
des
structures
socioculturelles
et
des situations privilégiées associées à cette langue.
Si
les raisons économiques et politiques qui
expliquent l'évolution des
situations de
diglossie de
bilinguisme sont
très justifiées, il
reste
que
les
suggestions
avancées
par
Fishman
pour
résoudre
les
problèmes
engendrés
par
ces
situations
demeurent
un
peu
trop
schématiques
lorsqu'elles
doivent
s'appliquer
à
la
situation
africaine.
Car
Fishman
estime
que
le
type
d'évolution
décrit
plus
haut
"peut
amener
des
discussions"
dans
les
états
de
l'Afrique
de
l'Ouest,
SI
leurs
élites
occidentalisées et coupées de leur ethnie d'origine continuent à ne
pas
promouvoir la
généralisation
d'un
bilinguisme
stable.
"Ces
très
larges
communautés
linguistiques
auront
à réaliser l'incorporation des masses
en reconnaissant à la fois la langue officielle de grande communication
7 1
et
les
langues
locales
pour
les
besoins
du
foyer
et
de
la
famille"
(Fishman,
pIOI).
Les
langues locales ont toujours été le
moyen
d'expression dans
les foyers et les familles. Il s'agit peut-être de les placer dans les autres
domaines de l'activité sociale : là où les langues officielles ont toujours
été dominantes
Prétendre à un bilinguisme stable et répandu nous paraît quelque
peu utopiste lorsqu'on considère les problèmes que pose l'usage exclusif
des
langues
dites
de
grande
communication
en
Afrique
au
ruve au
officiel (ce point sera discuté au chapitre suivant)
Si
certaines
suggestions
avancées par l'auteur
ne
nous
semblent
pas toujours
satisfaisantes d'un
point de
vue
théorique,
nous
pouvons
néanmoins
admettre
l'importance
de
tels
travaux
qui
sans
nul
doute
constituent
un
ensemble
de
matériaux
susceptibles
d'être
utilisés
en
sociologie du
langage, eu égard aux nombreux thèmes et sujets
qUI y
sont
traités
ou
posés
et
dont
l'intérêt
demeure
plus
que
jamais
d'actualité.
3.3 LE CODE SWITCHING.
3.3.1 L'approche
psych olin~uistique.
La
définition
du
code
switching
par
les
psycholinguistes
repose
sur
le
sens
électrique de
"switch",
axé
sur un
processus
mental
qui
autoriserait le sujet bilingue à passer d'une langue à l'autre.
Ainsi
Wilder Penfield et
Lanar Roberts
partent de
la
notion
de
"single switch mode1" (modèle à aiguillage unique) pour démontrer que
le
mécanisme qm consiste à activer une des langues du
bilingue rend
l'autre
inopérante.
En
revanche
Lambert
(1969)
et
Macnamara
(1971)
72
estimen t
que
le
passage
d' u ne
lan gue
à
l'au tre
n '0 béi t
pas
à un
processus unique, mais plutôt à deux types d'alternance différents
- l'alternance définie comme capacité productrice (output switch)
- l'alternance définie comme capacité réceptive ( input switch)
Ces deux alternances sont mesurables en comparant le temps nécessaire
pour lire un texte mixte avec celui qu'il faut consacrer à la lecture d'un
texte unilingue, et en divisant ensuite cette différence par le nombre de
changements d'une langue à l'autre dans le texte en question. Et c'est le
temps nécessaire pour accomplir cet acte qui définirait l'alternance.
On peut se poser la question de savoir
quel aspect du changement
d'une
langue
à
l'autre
ralentit
la
lecture.
Macnamara
souligne
au
passage
que la confusion résultant
de ces mouvements de va-et-vient
constant
dans
ce
qu'il
appelle
les
opératons
"p réattentives",
pourrait
expliquer
en
partie
ce ralentissement plutôt
que
les
changements
de
langue à
proprement parler.
Gardner-Chlores signale les travaux de Neufeld qui font observer
justement
que
l'alternance
n'est
pas
un
phénomène
unitaire
mars
qu'elle
comporte
plusieurs
niveaux
différents:
le
niveau
phonétique,
lexical, sémantique,
etc, qui n'opérent pas de façon simultanée. De plus
Neufeld
estime
que
le
stockage
mental
des
deux
langues
serait
vraisemblablement plus unifié au
plan lexical qu'à d'autres ni veaux, ce
qui
pourrait
avoir
des
conséquences
sur
le
type
d'alternance,
créant
ainsi
la
grande
confusion
chez
le
sujet
bilingue.
Dans
l'approche
expérimentale, Martin L et
Albert et Lorraine Kobler postulent que le
bilingue passerait d'une langue à l'autre grâce à un système de contrôle
souple
et
continu,
qUI
serait
sensible
aux
changements
dans
l'environnement
linguistique et
non
linguistique,
mais
qui
n'excluerait
jamais totalement l'une ou l'autre langue.
73
Dans
le
même ordre
d'idée,
Dechert (1982)
compare la
capacité
linguistique
à un
système
de
traitement des
données
où
rivaliseraient
plusieurs
programmes pour organiser le "matériel". Et c'est le jeu plus
ou moins conflictuel de ces stratégies qui serait à l'origine des "erreurs",
"hésitations"
et
"mélanges
accidentels".
En
guise
d'illustration
à ce
modèle
théorique,
Insup
Taylor
(1971)
établit
des
associations
verbales; on sollicite le bilingue pour qu'il donne toutes les associations
qui
lui
viennent à l'esprit, après qu'on lui
a présenté des mots, tantôt
dans une langue tantôt dans l'autre, lui même ayant le loisir de réagir
dans
la
langue
qu'il
veut.
On
relève qu'en
moyenne,
les
associations
données
dans
la
même
langue
que
le
mot-stimulus,
sont
plus
importantes que celles données dans l'autre langue. Il s'en suit que les
liens
intra-linguistiques
seraitent
plus
forts
que
les
liens
inter lingui stiq ues.
On reproche à ces expériences psycholinguistiques :
d'abord une déduction quant au
fonctionnement normal du langage sur
la
base
d'une
activité expérimentale qui
n'a
qu'une
ressemblance
très
directe avec
celui-ci; ensuite,
le
fait que les
résultats
de
l'expérience
sont souvent ambigues et décevants
dans
la
mesure
où
le
niveau
de
signification statistique qui y est atteint est minimal, et que les résultats
des différents sous-tests ne mènent pas tous à la même conclusion.
Une approche qui contribue de manière plus tangible à répondre à
la question du switch est le modèle du "bilinguisme composé/coordonné
ou
indépendant/interdépendant.
S'appuyant
en
effet
sur
le
phénomène
de
l'alternance,
d'autres
chercheurs
ont
exploré
cette
distinction,
qui
repose
sur
l'histoire
linguistique
de
l'individu.
Celui-ci
aurait
deux
signifiants pour un signifié dans la pratique linguistique, à l'opposé du
bilingue
coordonné
qui
a
appris
deux
langues
dans
des
contextes
différents et établi des associations différentes par mot dans
la
langue
74
A et l'équivalent du
même mot dans la langue B.
Les deux langues à
tout
stade
de
l'existence
peuvent
être
plus
ou
moins
indépendantes
l'une de l'autre et le degré d'indépendance subit des variations selon les
circonstances
où
celui-ci
se
sert
des
deux
langues.
L'exemple
d'interdépendance
extrême
donné
concerne
le
traducteur
qui
pour
chaque mot et chaque expression entendue ou utilisée dans une langue
fait appel dans sa mémoire à l'équivalent dans l'autre langue. L'exemple
de
dépendance
totale étant
une
personne qUi passe
chaque
année
ses
vacances
dans
un
pays
où
elle
n'a
aucun
contact
avec
sa
lan zue
b
d'origine; et pour que les deux langues ne soient par conséquent jamais
juxtaposées dans le temps.
A
la distinction composé/coordonné,
les
psycholinguistes
ajoutent
avec une
légère préférence à
la
seconde,
la distinction
indépendant /
in terdépendan t.
L'avantage qu'ils
perçoivent
dans
cette
distinction
reposerait
sur
le fait qu'elle permet de tenir compte dans la description du bilinguisme
individuel
non
seulement
du
déroulement
historique,
mais
aUSSI
d'autres facteurs intellectuels ou ayant trait à la personnalité.
Pour
démontrer
que
le
code
switching
est
différent
chez
les
bilingues
indépendants
ou
interdépendants,
Jacobovitz
(1968)
établit
des tests qui font appel à la capacité de passer rapidement d'une langue
à
l'autre
(décodage
chronométré
d'un
texte
mixte,
traduction
la
plus
rapide possible d'une
liste
de
mots
qui
sont tantôt
dans
une
langue,
tantôt dans
l'autre.
Ainsi
à connaissances
linguistiques égales dans les
deux
langues,
seront bilingues composés ou
interdépendants
les
sujets
qui ont le plus de facilité dans les tests faisant appel à une transition
rapide entre les deux langues. Les réserves émises pour cette approche,
mentionnent
la
négligence
ainsi
faite
de
l'effet
de
la
pratique
qu'on
estime
considérable;
de
même
que
la
méconnaissance
de
l'histoire
75
personnelle des sujets et des contextes dans lesquels ils se servent de
leurs langues.
Mais
nous
reviendrons
tout particulièrement
sur
cette
approche,
qUI
nous
paraît
plus
intéressante
que
la
démarche
"électrique"
notamment
pour
illustrer
nos
hypothèses
d'après
le
modèle
de
bilinguisme développé par Wallace et Lambert (1969).
3.3.2
Code
switching
et
mutation
sociale.
Le code switching
dans bon nombre de travaux est perçu comme
une étape caractéristique d'un développement linguistique complexe, ou
de mutations sociolinguistiques en cours.
Eddie Kuo (1974), étudiant le parler des migrants chinois aux Etats Unis,
considère
que
le
code
sw i tching
est
une
étape
dans
une
"séquence
historique
la première génération ne parle que chinois à la maison, la
deuxième mélange souvent les deux langues, et il est à supposer que la
troisième génération ne parlera plus chinois du tout.
Peter Trugdill
rend compte du
rapport entre
le
code
switching et la
mutation, dans sa recherche sur un dialecte albanais en contact avec le
grec, et qu'il pense être en voie de disparition au profit du grec même; il
y note des phénomènes de réduction et de simplification de l'arvanitika
ainsi que le rôle compensatoire du code switching.
Dans sa conclusion sur bilinguisme et diglossie J. Fishman explique que
le bilinguisme sans diglossie serait un état de transition, tant pour les
répertoires
linguistiques
de
la
communauté
que
pour
les
variétés
linguistiques
impliquées.
Si
les
normes
et
valeurs
séparées
(mais
complémentaires)
sont
inexistantes
pour
établir
et
maintenir
la
distinction fonctionnelle des variétés linguistiques il estime que ce sera
la
langue
associée
au
courant prédominant des
forces
sociales
qUI
76
supplantera les autres. Il postule, dans ce cas, l'émergence de pidgin,
cristallisation
d'une
fusion
nouvelle
des
langues
ou
variétés,
apparaissant lorsque les
membres
des
catégories sociales laborieuses
sont à ce point déracinés qu'ils sont dans l'impossibilité
d'entretenir ou
de
développer
les
"accés
aux
rôles"
compartimentés
et
délimités
de
façon
significative.
Ce
qUl
les
empêche
d'entretenir
des
contacts
suffisants avec les membres de la classe dirigeante, susceptibles de leur
servir
de
modèle
pour
l'apprentissage
de
la
variété
normalisée
de
l'autre langue.
Fishman
insiste
tout
particulièrement
sur
le
rapport
entre
diglossie
et
bilinguisme
pour
expliquer
cette
transition.
Certaines
communau tés
sont
caractérisées
par
l'absence
presque
totale
de
"différenciation
fonctionnelle
bien
établie,
socialement
reconnue
et
protégée. Il donne l'exemple des immigrants déplacés dans un pays et
leurs
enfants,
qui
ont
une
inclination
particulière
à
employer
leur
langue maternelle et l'autre langue pour les communications internes et
ce, d'une " façon apparament arbitraire" (allusion donc au mélange). Et
comme dans les domaines familial,
scolaire et professionnel, les rôles
naguère séparés, sont tous perturbés par suite de la dislocation massive
des valeurs et des normes résultant de la simultanéité de l'immigration
et de l'industrialisation, on en arrive à utiliser chez SOI la
langue de
travail
et
de
l'école.
Si
les
compartimentations
des
rôles
et
la
complémentarité
des
valeurs
diminuent
sous
l'influence
des
modèles
étrangers,
le
répertoire
linguistique,
lui
aussi,
sera
m o in s
compartimenté.
Langues
et
variétés,
d'abord
considérées
comme
séparées,
en
viennent
à
s'influencer
réciproquement.sur
le
plan
phonétiq ue,
lexical
et
sémantique
et
même
grammatical
dans
une
mesure
beaucoup
plus
large
qu'auparavant.
Au
lieu
de
deux
ou
plusieurs
langues
soigneusement
séparées,
chacune
surveillée
par
des
77
groupes (ici l'acception américaine de la notion renvoie à des catégories
soci oprofe ssi oune lles
telles
que
les
professeurs,
les
prêtres
et
les
écrivains, c'est-à-dire les gardiens ou les "dépositaires" de la norme), ce
sont
différentes
variétés
q u i
interviennent
avec
divers
degrés
d'interprétation.
La
remarque
finale
relance
la
question
très
importante
liée
aux
représentations de
cette variété et sur lesquelles nous aurons
l'occasion
de
revenir
dans
ce
chapitre:
"les
langues
des
immigrants
peuvent
devenir
ridicules
parce
qu'elles
sont
"humiliées","ruinées",tandis
que
leur
ver s ion
correcte
ne
dispose
même
plus
d'un
support
qUi
maintiendrai t la langue.
Ce qui est valable pour les imigrants, l'est aussi pour les communautés
linguistiques dans les pays d'afrique et d'asie" (Fishman, p65).
3.3.3
L'analyse
du
code
switching.
En ce qUI concerne les moyens de l'approche, la contribution décisive à
l'étude et à l'analyse à proprement parler du code switching revient à
J.J Gumperz-et à l'école fonctionnelle américaine(avec Hymes, 1964).
Son
approche
de
la
linguistique
sociale
revient
à
substituer
à
une
grammaire
de
l'individu,
locuteur idéal
introspecté,
une
grammaire
de
la
communauté
linguistique
qui
présente
toutes
les
garanties
de
la
méthode
sociologique
de
l'échantillonnage
et
de
la
quantification.
Il
préconise qu'on puisse traiter de
la diversité linguistique que manifeste
une
population
locutrice
en
fonction
des
grandes
catégories
de
la
différenciation
sociale:
âge,
sexe
mve au
de
formation,
position
économique etc.
En s'intéressant aux stratégies
verbales elles-mêmes,
il
montre que
les
choix
langagiers
du
locuteur
ont
une
signification
symbolique
et
78
impliquent
des
effets
de
sens.
En
conséquence
les
variables
sociolinguistiques
qui
sont
en
elles-mêmes
constitutives
de
la
réalité
sociale,
doivent être traitées
dans
le cadre
le
plus
général
de
signes
indexicaux. Ce qui suppose que les performances langagières soient de
préférence
saisies
en
situation;
démarche
qui
permet
de
traiter
des
données
empiriques
qUI
laissent
intacts
tous
les
indices
communicationnels
dont
le
verbal
est
une
composante,
mais
pas
la
seule.
Les concepts qu'il développe au tour du phénomène de l'alternance, et à
partir d'études de cas tels que les paires de langues -Espagnol-Anglais,
Hindi-anglais
et
Slovène-Allemand
ont
pe rm is
d'amorcer
une
méthodologie d'approche de
l'alternance codique.
Ils
ont permis,
pour
l'essentiel,de
retenir
la
nécessité
d'analyser
le
discours
bilingue
en
tenant
compte
des
facteurs
ethnographiques
(ethnographically
oriented
linguistic
measurement);
c'est-à-dire
de
juger
ce
discours
non
par
référence
aux
normes
courantes
dans
les
pays
unilingues
mais
aux
normes de la communauté bilingue en question.
Les
présupposés
théoriques
en
sont
qu'il
existe
différentes
fonctions
possibles
du
code
switching
dans
une
conversation
telles
que
le
renforcement d'un message important, la
citation, l'indication
quant au
destinataire
principal
du
message
ou
l'introduction
d'une
connotation
particulière que l'autre langue évoque mieux (nous reviendrons sur ces
différents
aspects et leur critique dans
le
chapitre consacré
à
l'étude
pragmatique de
l'alternance wolof français).
A partir de ces travaux, plusieurs chercheurs vont analyser et explorer
diverses
manifestations
du
code
switching
à
travers
le
monde.
La
plupart
de
ces
recherches
sont
animées
par
des
universitaires
du
monde anglosaxon
D.l Parkin sur les groupes ethniques à Nairobi
79
C Myers Scotton sur les travai lleurs dans trois vi Iles africaines, Kampala,
Nairobi et Lagos.
C.Myers Scotton et William Ury sur des locuteurs de Luyia, de swahili et
d'anglais
au
kenya.
Hasselmo sur les immigrés suédois aux
Etats
Unis( code swi tching and
modes of speaking).( 1970).
Edward
Hernandez
sur
les
aspects
cognitifs
de
la
communication
bilingue( 1969).
Une
publication
récente
en
ver sion
française,
présentée
par
Jacky
Simonin( 1989) synthétise la
théorie de
l'ethnométhodologie et regroupe
les
données
analytiques
sur
l'alternance
codique
et
l'analyse
conversationnelle,contribution
décisive
de
1.J.
Gumperz
à
l'approche
communicationnelle
(Sociolinguistique
interactionnelle
L'Harmattan
1989-243
pages)
Un
dernier
aspect
de
ses
études
sur
l'alternance
semble
prendre
le
contre-pied des partisans de l'hypothèse de la transition (Kuo, Trugdill).
Selon lui,
le
bilinguisme que pratique une
population donnée
persiste
souvent
sur
plusieurs
générations.
En
outre
à
mesure
que
les
populations
anciennes
s'assimilent,
de
nouveaux
groupes
de
locuteurs
parlant
une
langue
étrangère
surviennent
et
d'autres
types
de
bilinguisme
apparaissent.
Ainsi
il
est
peu
probable
que
l'alternance
codique
soi t
une
simple
déviation
de
normes
monolingues
appelées
bientôt
à
disparaître.
Au
contraire,
avec
le
déplacement croissant des
populations jadis
stables,
l'emploi
de
l'alternance
codique
dans
la
communication
a
plus
de
chances de se répandre que de décroître.
Rappelant l'étude de Timm (1975) qui passe en revue une bonne
partie de la littérature sur ce sujet, il relève qu'au cours de ces derniers
siècles,
la
pratique
a
été
observée
à
travers
le
monde,
dans
de
80
nombreuses
situations
où
les
langues
étaient
en
contact-
Il
cite
les
descriptions
des
habitudes
langagières
de
la
haute
société
(de
l'Allemagne du
l7ème, la Russie du
19ème et de l'Angleterre du début
du
siècle)
dont
l'allemand,
le
russe
ou
l'anglais
est
émaillée
d'expressions
françaises.
3.3.4
Code
switchin~,
alternance
codiq ue,
discours
mixte.
Gardner-Chloros
établit
une
nette
distinction
entre
alternance
codique
et
discours
mixte
(alors
que
la
plupart
du
temps
ces
deux
concepts
sont
confondus:
on
utilise
indistinctement
alternance,
code
switching ou code mixing, en précisant inter ou intraphrastique).
Le discours mixte serait un
discours dans lequel les changements
de langue sont si fréquents
et
variés qu'on ne peut mettre sur chacun
d'eux une motivation précise. Elle pense que même si cela était avéré, la
signification du tout dépasserait celle de chacune de ses parties. Il s'agit
d'une
variété
aux
connotations
sociolinguistiques
séparées
par
rapport
aux
deux
langues
constitutives
(Gardner-Chloros,
P220).
De
ce
fait
alternance codique rejoint le sens donné au code switching par Laks, qUI
estime qu'on
devrait le
réserver
à des situations où
il
n'y
a
pas
de
mélange
des
langues,
mais
changement
de
codes
en
fonction
des
paramètres
qui
changent
dans
la
situation
(style
de
situation,
interlocuteur, sujet et
fonctions
pragmatiques).
N'entrent donc pas dans
la
problématique,
les
situations
où
il
y
a
évidemment
succession,
substitution
de
langues,
m ar s
au
contraire
intercalage,
mixtes
linguistiques.
Son
enquête
conduit
à
l'imposibilité
de
décrire
la
compétence des locuteurs, en posant deux grammaires et
des passages
de l'une à l'autre.
8 1
Cadiot introduit une autre discussion dans le concept : tout d'abord
sa
définition du
code switshing rejoint l'idée que
Léopold
se
fait du
bilinguisme,
à
savoir
l'aptitude
qu'on
découvre
chez
les
"parleurs"
d'user des deux langues dans une indistinction apparente (Cadiot, p. 52).
Il affine ensuite en distingant le code switching stricto sensu propre aux
populations
en
situation
d'investir
l'alternance
réglée
des
langues
comme
variété
à
laquelle elles
s'identifieraient
prioritairement
et
cite
l'exemple des "chicanos" de
Californie ou
du Nouveau
Mexique et les
portoricains
de
New
York.
Le
code switshing lato
sensu
sera réservé
pour définir la pratique généralisée et dense de
l'alternance des langues
sans identification par la communauté ou encore idéologisation au
sens
fishmanien.
En
effet
la
communauté
nordique
(dans
la
région
de
Forbach
Sarreguemines). qu'il
étudie
n'est
guère
marquée
par
une
c
identité
régionale
centrée. comme
c'est
le
cas
en
Alsace. autour
du
/
dialecte.
C'est
l'acception
Gumpersienne
qUI retiendra
plus
notre
attention,
et
nous aurons l'occasion de discuter ce choix. Cela dit, nous dépassons la
dichotomie
alternance codique et mélange de
langue
dans
le
discours,
pour
la
simple
raison
que
nous
nous
trouvons
confronté
aux
deux
situations sur le terrain d'analyse, ainsi que nous l'avons expliqué dans
le paragraphe "code switshing mélange, alternance".
82
4 - ALTERNANCE CODIQUE EN CONTEXTE DIGLOSSIQUE
POURQUOI UNE EVALUATION DE LA COMPETENCE.
4.1 INTRODUCTION.
Bon
nombre
d'études
sur
l'alternance
codique
semblent
donner
une
part
très
peu
significatve
à
la
non
maîtrise
des
systèmes
grammaticaux
concernés.
On
estime
ICI
ou
là
que
relativement
rares
sont
les
passages
où
le
changement
de
code
serait
motivé
par
l'incapacité
des
locuteurs
à
trouver
les
mots
pour ex primer
ce
qu'ils
veulent dire dans l'une ou
l'autre langue (Sanchez,
1983, Cadiot,
1987,
Gumperz, 1982). On a ainsi tendance à privilégier l'étude des stratégies
discursives.
Certes
l'approche
syntaxique
et
communicationnnelle
(cette
dernière
englobant
les
approches
ethnométhodologiques,
énonciatives,
interactionnelles
et
sémiotiques)
nous
renseigne
sur
les
motivations
psychologiques sociales et linguistiques de l'alternance, mais il convient,
à notre
sens,
d'éviter
de
confondre
cette
étude
avec
une
simple
réhabilitation des phénomènes de
mélange de
langue.
Il
est bien vrai
que
cette
réhabilitation
était
rendue
nécessaire
pour
contrecarrer
le
discours de type ulta normatif tendant à stigmatiser "l'hybridation", "la
pidginisation",
ou
"l'abatardissement"
des
langues
en
contact.
mais
il
faut
avouer que cette déculpabilisation
du
parler
mixte
prend
parfois
des
allures
d'une
survalorisation
du
phénomène.
C'est
pourquoi
nous
estimons qu'elle ne
devrait nullement occulter la
nécessité de
prendre
en
compte
des
faits
de
mélange
générés
par
une
"déficience"
de
la
compétence
chez
les
locuteurs
bilingues.
Compte
tenu
de
l'espace
diglossique et des déséquilibres qui lui
sont inhérents, cette hypothèse
mérite
d'être
envisagée
tout
aussi
sérieusement
que
les
autres
sur
83
lesquelles
s'appuient
les
analyses
conversationnelles.
Les
lignes
qUI
suivent
tentent
d'en
résumer
le
point de
vue
justificatif à
partir
du
contact
wolof-français.
4.2 DIGLOSSIE ET COMPETENCE.
Dans
les
études
citées
plus
haut,
les
auteurs
font
référence
à des
procédés
de
mélange
qUI
ne
résulteraient
d'aucun
déficit
m ai s
refléteraient
plutôt
une
compétence
poussée
dans
les
deux
langues.
Ainsi
pour
Poplack (s'agissant
de
la population
portoricaine
de
New-
York),
le
mode
mixte
représenterait
"une
ressource
communicative
distincte pour les orateurs qui maîtrisent les deux langues".
Il
importe
cependant
de
souligner
que
ces
remarques
ne
sont
pas
toujours
illustrées
par
des
données
tirées
d'une
évaluation
effective
de
performances
(Gumperz,
1989,
Poplack,
1979).
Du
reste
au
sujet
de
cette
même
communauté ethnique,
un
point
de
vue
autre est
soutenu
par Perl,
que nous partageons;
nous reviendrons sur les remarques qUI
l'autorisent. Ceci ne
saurait remettre en cause le bien fondé partiel des
faits
relevés
par
Poplack.
L'hypothèse
pourrait
se
justifier
plus
aisément
dans
des
situations
comme
celle
du
Québec,
où
les
deux
langues
en contact
sont de
grandes
langues
de
communication
dotées
d'un
statut officiel,
et où
les
locuteurs
ont
appris
et consolidé
leurs
idomes
dans
un
contexte
de
bilinguisme
assujetti
à
des
instances
de
contrôle
(Mackey,
1976).
Ailleurs
les
échanges
bilingues
examinés
concernent
des
minorités
vivant
dans
des
milieux
culturellement
et
ethniquement
distincts.
Par
souci
d'efficacité
au
travail,
elles
sont
tenues de posséder une maîtrise de la langue de la majorité (Gumperz,
1989),
tout
en
participant
activement
aux
réseaux
de
parenté
ou
d'amitié qui relient leurs pairs sur une base ethnique ou linguistique.
84
La situation qUI nous préoccupe ICI marque
sa
spécificité par un
bilinguisme
social
relativement
restreint
(Fishman
1971)
au
regard
de
la communauté à laquelle appartiennent les bilingues. En effet conscrite
en
milieu
urbain,
cette
couche
regroupe
essentiellement
des
locuteurs
qui ont acquis la langue officielle, le français, par la voie scolaire, et la
langue locale, le wolof, par le cadre familial et social. Aujourd'hui ces
deux
langues,
antérieurement
maintenues
séparées
à l'usage
par
les
contraintes socio-politiques de
la diglossie, en sont venues à s'intluencer
mutuellement sur les différents
niveaux linguistiques et cela, dans
une
mesure
beaucoup
plus
considérable
qu'auparavant.
Toutefois
la
réciprocité
de
l'influence
devrait
être
fortement
nuancée
du
fait que
l'on
oppose
une langue
étroitement contrôlée
(le
registre scolaire et académique du français) à une autre, le wolof, livrée
à son expression la plus naturelle : l'oralité. Il est en effet admis que
dans
les
codes
explicitement
normalisés,
l'emprunt
ou
l'interférence
atteint
généralement un
point de
résistance
plus
rapidement
que
dans
les langues normalisées, vu que l'écart entre ce que disent les locuteurs
d'une langue non normalisée et ce qu'ils savent devoir dire se remarque
plus
vite
et
tend
à
promouvoir
dans
la
communauté
cultivée
des
défenses
telles
que
le
pu n srne ,
la
répression,
la
crainte,
ou
l'irrédentisme.
En
ce
qUI
concerne
le
français,
les
"bornes"
sont
indiquées
par la
norme écrite et scolaire,
le bon
usage.
S'agissant du
discours en wolof, la crainte est omniprésente d'une "franlofisation", se
caractérisant par un grand nombre d'emprunts qui, s'il ne semblent pas
avoir
modifié
les
structures
fondamentales
de
cette
langue,
suscitent
chez le
locuteur wolophophone une impression d'altération profonde de
la
variété.
C'est
précisément
cette
hypothèse
d'une
évolution
"pidginisante" de langues en contact qUI est signalée par Perl (1985) à
propos de l'espagnol des portoricains ayant longtemps vécu à New York
85
avant
de
retourner
à
l'île.
La
couche
particulière
de
locuteurs
dénommés
"spanglophones"
utilisent
une
variante
de
la
langue
espagnole
fortement
influencée
par
l'anglais
et
qUI
serait
même
devenue
la
langue
maternelle
d'un
grand
nombre
de
personnes.
Il
est
reconnu
à
présent
que
beaucoup
de
portoricains
ne
maitrîsent
plus
totalement
la
variété nationale de la langue soutenue et sont contraints
de constituer un répertoire bâti
autour d'un espagnol "simplifié", variété
qUI s'imposerait
progressivement
dans
les
grandes
villes.
La
similarité
des situations est patente et prouve que le
problème de la compétence
linguistique
e x i ge
un
examen
plus
approfondi
que
les
vagues
observations qu'on a pu noter sur la question.
Force est de constater l'aptitude à utiliser le wolof sans alternance
avec
le
français
est
devenue
également
rare
chez
les
locuteurs
"bilingues" des villes. Sans doute convient-il de rappeler
que la vitalité
du
wolof ou
des autres langues
vernaculaires
trouve
sa place dans un
milieu
ou
la
langue
demeure
le
reflet
authentique
des
réalités
socioculturelles
du
monde
traditionnel.
L'acquisition
d'une
compétence
élevée
dans
cette
langue
suppose
des
conditions
d'apprentissage
et
d'usage qui sont de moins en mOInS disponibles dans le
monde urbain.
En effet, l'exercice de la parole, dans le contexte de l'oralité obéit à un
ensemble
de
règles
qUI
en
définissent
la
spécificité.
L'anthropologie
linguistique
rappelle
que
l'art
de
la
parole
commence
dès
l'enfance
quand le "vieux" de la famille s'assied dans la cour, au clair de lune. "La
parole
à
travers
les
textes
proverbiaux
ou
patrimoniaux
est
signe
de
connaissance;
chefs
et
notables
doivent
exceller
dans
une
allocution
originale articulée de proverbes, et c'est en eux qu'on lit les normes de
la
société"
(Houis,
1971).
Loin
de
s'enfermer
dans
un
système
clos,
même si elle véhicule des informations, un enseignement, et permet de
86
prouver,
la
parole
se
manifeste
également
au
ru veau
des
comportements,
à
propos
de
situations
et
face
à
un
public.
D'où
l'importance
de
facteurs
extra-liguistiques
tel
que
l'identité
des
participants à la communication, les conditions spacio-ternporelles de
la
pnse de
parole, les rapports d'autorité entre participants, ainsi que les
types
de
discours
envisagés.
Tous
ces
facteurs
nous
renvoient
à
l'organisation socioculturelle de
la communauté qui détermine la forme,
le contenu de
la langue, et son usage approprié. Dans la mesure où
le
"bilingue, du fait de son long séjour à l'école et de son appartenance à la
ville,
n'a
plus
tout
à
fait
de
références
pratiques
dans
le
cadre
socioculturel
traditionnel,
sa
compétence
en
vernaculaire
se
trouve
comprorruse.
Il
s'oppose en
cela aux
locuteurs
non
impliqués
dans
la
diglossie (dont l'un des termes est le français),
qui
appréhendent tous
les
actes
du
"quotidien" par la langue locale (ou les langues locales):
celle qui possède encore une variété de registres dont ils sont les seuls à
maîtriser véritablement l'usage. Il s'agit là de populations rurales ou de
"rurbains"
(création
néologique
des
sociologues
pour
désigner
les
populations
rurales
récemment
urbanisées),
aInSI
que
des
locuteurs
"bilingues"
ayant
acquis
une
solide
culture
traditionnelle
du
fait
de
leurs origines rurales ou de leurs séjours répétés dans le monde rural.
4.3 CODE SWITCHING, MELANGE, ALTERNANCE.
Compte tenu d'un contact étroit et des passages
incessants d'une
langue
à
l'autre,
les
interférences
lexicales,
morpho-syntaxiques
prennent des proportions telles qu'il n'y a plus dans le discours un seul
énoncé, une seule phrase attribuable à l'une ou l'autre langue. En réalité
toutes les nuances qu'expriment les notions en VIgueur dans l'étude de
ce
champ
sont
observables
dans
le
contexte
qUI
nous
intéresse.
87
Toutefois,
il convient de faire
un
premIer rapprochement entre ce
que
Gumperz
nomme
"code
switching
situationnel"
et
l'alternance
balisée
d'une
part,
et
d'autre
part
entre
"code
switching
conversationnel"
et
l'alternance fluide ou non bali sée.
Le
code
switching
situationnel
désigne
les
contextes
de
bilinguisme
où
les
normes
de
sélection
du
code
tendent
à
être
relativement
stables.
Il s'identifierait en
partie
aux
intéractions
où
le
locuteur est tenu de commenter l'usage qu'il fait de
l'autre langue, s'il
ne
s'agit
pas
de
passages
métaphoriques.
En
outre,
il
implique
plus
sonvent
des
énoncés
homogènes
dans
l'une
ou
l'autre
langue.
En
revanche
dans
le
code
switching
conversationnel,
les
glissements
s'opèrent de façon moins consciente, plus automatique, sans qu'il y ait
changement
d'interlocuteurs,
de
sujet ou
d'autres
facteurs
majeurs
de
l'interaction.
Cette
alternance
non
balisée
se
présente
habituellement
sous
forme
inter ou
intra-phrastique.
L'examen
des
différents
corpus
sur lesquels nous
travaillons,
révèle une
très
grande fréquence
de
ce
genre
d'alternances.
Il
est
intéressant
de
noter
que
la
même
constatation a été faite dans une étude sur le mélange sango-français en
République
Centrafricaine
(Wénezoui
Deschamp
1988)
Par
ailleurs
Poplack observe que
l'alternance
codique véritable
est
beaucoup
plus
fréquente
chez
les
portoricains
alors
que
chez
les
francophones
du
Canada, l'emprunt lexical de mots anglais est l'usage normal (Poplack &
alii,
1987 ). La convergence des remarques peut laisser penser que le
code
switching
conversationnel
ou
l'alternance
fluide,
apparaît
de
manière
plus
évidente
dans
les
contextes
fortement
marqués
par
le
déséquilibre de statut des langues donc en milieu diglossique.
Nous disions plus haut qu'à trop orienter l'analyse de l'alternance
vers
la
direction
exclusive
des
fonctions
rhétoriques,
on
risque
de
reléguer
à
l'épiphénomène
le
facteur
du
déficit
linguistique
(faut-il
88
préciser que le terme n'est nullement connoté ici ?).
Celui-ci découle à
notre
sens,
de
contraintes
essentiellement
linguistiques
inaptitude
(momentanée ?) de telle ou telle langue à exprimer telle ou telle réalité;
le
wolof,
tout comme
les
autres
langues
vernaculaires,
ne
serait pas
"outillé" pour véhiculer de fait le discours scientifique ou technologique.
Entendons nous bien: il ne s'agit pas de la langue en soi, attendu que
toute
langue
possède
le
potentiel
grammatical
requis
pour
assumer
n'importe
quelle
forme
de
discours.
Il
s'agit
de
la
langue
à
travers
l'usage qu'en font les locuteurs hic et nunc. Cela est précisément dû au
rôle
qui
lui
revient dans
la
dynamique diglossique, et qui
constitue
progressivement
un
handicap
dans
ce
domaine.
Amr
Helmy
(1980)
parle
"d'infirmités énonciatives"
d'une
langue,
concept
qui,
renvoie
à
l'incapacité
à
rendre
compte
des
faits
d'énonciation
propres
aux
domaines
où
celle-ci
n'est
jamais
utilisée.
Concernant
l'alternance
français-wolof,
nous
avions
tenté
de
mettre
en
évidence
un
certain
nombre
de
tendances
signficatives
du
discours
hétérogène
(
Ndao,
1990): nous concluions à un choix plus marqué du français
dans
les
énoncés
à
dominante
référentielle
ou
cognitive,
du
wolof
dans
les
énoncés à dominante expressive, phatique ou
expressive:
l'inter-relation
étroite de
ces multiples fonctions
dans un
même
message expliquant
partiellement les
fait d'alternance.
4.4 L'ALTERNANCE COMME VARIÉTÉ?
En
dépit de
la valeur symbolique qu'elle prend comme marqueur
d'appartenance
à
une
communauté,
l'alternance
n'est
pas
considérée
comme troisième langue, tout au moins dans les travaux menés jusqu'ici
sur la question. En Europe, vu que l'essentiel dans la réflexion
concerne
les
communautés
migrantes
(Cadiot,
1987),
on
laisse
avancer
89
l'hypothèse
qu'il
n'en
sera
probablement
nen,
car
les
conditions
actuelles
de
l'immigration sont telles que ces
"parlers
bilingues
sont
voués à la marginalisation, et à plus ou moins long terme, à l'extinction.
On doute également que la
norme interactive du
comportement bilingue
puisse concurrencer la norme dominante, qui reste toujours du côté de
l'autre langue (De Hérédia Deprez,
1987). La situation
du
Sénégal est
différente à bien des égards.
1) En
effet,
le
phénomène
est
loin
d'être
marginal
étant
donné
qu'il
concerne une catégorie non négligeable de locuteurs (ici
on devra tenir
compte
de
toutes
les
personnes
qUI
ont
fréquenté
plus
ou
mOInS
durablement
le
système scolaire
en
milieu
urbain).
De
plus,
le
wolof
bien que minoré, est une langue majoritaire, c'est à dire la plus utilisée
par
l'ensemble
des
locuteurs.
Certes,
par
commodité
pour
la
classification, on définit la relation français-wolof comme relevant de la
diglossie, situation bilingue dans laquelle
une des langues est de statut
socio-politique
inférieur.
Et
ce
rapport
s'apparenterait
au
cas
de
bilinguisme soustractif, défini par Lambert (1974).
Dans cette situation,
les
apports
des
deux
entités
linguistico-culturelles
ne
sont
pas
complémentaires
mais
compétitifs.
Cette
forme
de
bilinguisme
serait
présente
"lorsque le milieu communautaire dénigre
ses
propres
valeurs
socioculturelles
et
attribue
des
valeurs
supérieures
à
une
langue
culturellement
et socio-économiquernent
plus
prestigieuse".
Toutefois
à
ce
niveau
de
considération
on
oublie
trop
souvent
que
le
"prestige"
n'est pas une valeur absolue, dévolue à une langue une fois pour toute.
En effet le
prestige socio-économique d'une
langue comme le
français
n'est pas nécessairement lié à son prestige culturel, tout au
moins dans
la communauté qui nous intéresse.
90
2) Il n'y a pas de norme dominante, qui s'imposerait dans la plupart des
situations
de
communication
où
elle
serait
requise
en
vertu
de
son
statut
officiel.
Le
français
est
langue
des
institutions,
de
l'administration,
de
l'écriture,
mais
la
réalité
sociolinguistique
indique
une
pr o gr es sion
appréciable
du
wolof
vers
les
domaines
naguère
réservés
au
français
(Dumont,
1983,
Ndao,
1984).
Celui-ci,
même
valorisé socialement, serait aujourd'hui concurrencé par le wolof qui est
fortement impliqué au plan culturel, parce que
de plus en plus associé
à la cause identitaire (en dépit des marques
d'irrédentisme notables
à
l'intérieur
d"une
communauté
qUI
conserve
son
caractère
multiethnique).
\\.1/
Le wolof est la langue première des ovolofs. il est la langue première
d'adoption
de
certains
locuteurs
qUI
ont
perdu
très
tôt
leurs
compétences
en
langues
ethniques,
à
cause
d'un
usage
familial
plus
fréquent de cette langue (Dreyfus,
1990); en fin,
il est langue seconde
pour
tous
les
autres
locuteurs
de
la
ville,
assurant
ams i
la
communication
inter-ethnique.
Du
reste
la
perte
ou
l'abandon
de
la
langue
première
ethnique,
constatés
auprès
des
jeunes
citadins
laisse
supposer
un
processus
de
désethnicisation
des
toutes
dernières
génerations, singulièrement celles qui vivent à Dakar où
la promiscuité
sociale et
la
prédominance
du
wolof
sont
susceptibles
d'accélérer
le
phénomène.
En
outre,
compte
tenu
d'une
véhicularité
au
taux
croissant,
le
wolof tente sérieusement de "forcer" les barrières, le "compartimentage"
des
rôles
linguistiques.
Les
résultats
de
plusieurs
enquêtes
(signalées
plus
haut)
mettent
en
garde
contre
une
complémentarité
mettant
rigoureusement en
parallèle langue africaine et langue française,
oralité
et écriture, tradition et modernisme, etc. Nous avons ici
l'exemple d'une
9 1
langue
africaine,
qUi,
sans
être
soutenue
par
une
instance
superstructurelle, cherche néanmoins à s'ouvrir sur le
monde
moderne.
Ce
qur,
d'ailleurs,
n'est
pas
sans
incidence
sur
la
norme
d'expression.
Parlant des finalités
de
la
communication,
Houis
(1974)
rappelle
que
les
échanges
linguistiques
sont
parfois
voulus
pour eux
mêmes, pour leur efficacité, qu'ils opèrent selon des lignes
de moindre
résistance,
au
même
titre
que
la
prononciation
opère
selon
une
économie imposée par le moindre effort. De la
même manière,
on ne
parle
pas
avec
le
SOUCI
constamment
soutenu
d'être
pur,
correct,
irréprochable.
Cette tendance au
moindre effort est
très
présente dans
les contextes où
l'une des langues n'est pas associée
à des
structures
normatives (Poutignat- Wald,
1979). En outre le fait que l'une se trouve
"dépossédée"
de
certaines
fonctions
pour des
raisons' socio-politiques,
oblige le lecteur à puiser dans l'autre pour assurer ces fonctions.
Cummins
(1984) fait
la distinction
entre le
langage utilisé
dans
des situations contextuelles pour des tâches qUI sont cognitivement peu
exigeantes.
Dans
le
même
ordre
d'idées
Bialytock
et
Ryan
(1985)
délimitent trois niveaux pertinents d'usage du
langage
- les tâches conversationnelles qui utilisent le
langage comme médium
de
l'interaction,
-
l'usage
qui
fait
appel
au
langage
décontextualisé,
et
qUI
requiert
souvent de nouveaux modes de
traitement de l'information
tels que la
lecture et l'écriture,
- enfin les tâches métalinguistiques dans lesquelles le
sujet doit prêter
attention
aux
formes
du
langage,
et
être
en
mesure
de
manipuler
consciemment ses éléments.
De
ces
trois m veaux , seul l'usage du
langage comme moyen de
communication
ordinaire
implique
substantiellement
le
wolof.
Mais
l'appropriation de
la langue comme outil d'organisation cognitive, aInSI
92
que
le développement des
capacités métalinguistiques
pouvant faciliter
le
traitement
de
l'information
à
un
niveau
d'abstraction
plus
élevé,
demeure l'apanage (chez les
"bilingues") du
français,
langue de l'école,
langue
du
"savoir".
Parlant
des
problèmes
du
multilinguisme
en
Afrique,
Lewis
(1962)
souligne
que
l'apprenant
sera
beaucoup
plus
marqué par son instruction,
si dans une structure bilingue, une langue
est appuyée
par les
services
officiels
au
détriment de
l'autre.
Et la
situation signalée du sango en Centrafrique illustre bien ce point de vue
"sans surprise, les
centrafricains et en
particulier les intellectuels ne
sont pas habitués à traiter en sango des questions ayant trait à la VIe
moderne de sorte qu'au
niveau de
la pratique, ils utilisent le
français
même entre eux là où on s'attendrait à les voir échanger en sango (Diki
Kidiri, 1987). C'est également la conclusion à laquelle aboutit Mirja Saari
(1989) après un examen de
la situation finnoise:
"dans une collectivité
où l'on parle l'une ou l'autre des deux langues diglossiques, le répertoire
des langues peut se révéler insuffisant dans certains domaines". *
*.La conclusion de Mirya Saari s'inspire des développements théoriques sur les
concepts
suivants
:
Le bilinguisme additif :
L'additivité
a trait
au
développement des
capacités
métalinguistiques
et
de
la
flexibilité
cognitive.
Etre
capable
d'exprimer
la
même
pensée
en
plusieurs
langues
permet
à
l'enfant
de
percevoir
sa
langue
comme
un
système
parmi
d'autres,
d'en
percevoir
les
manifestations
comme
des
phénomènes
de
catégories
plus
générales,
ce
qUI
l'amènera
à
développer
une
conscience
plus
grande
des
opérations
1inguistiques
(Vygotsky,
1962).
93
Le
bilinguisme
soustractif :
Dans
la
forme
soustractive,
l'enfant
dont
la
langue
première
n'est
pas
valorisée par la
société (comme c'est souvent le cas pour les
enfants de
minorités
ethnolinguistiques)
va,
par
le
biais
de
la
scolarisation,
acquérir
une
langue
seconde
fortement
valorisée
aux
dépends
de
sa
langue
maternelle.
Le
degré
de
bilingalité
reflètera
une
étape
de
soustraction
entre
la
langue
et
la
culture
maternelle
et
la
langue
seconde,
et
le
remplacement
de
la
langue
maternelle
par
la
langue
seconde.
Le
semilinguisme
:
Pour décrire
la
maîtrise
imparfaite des
deux
langues
par des
enfants
des
minorités
immigrantes
en
contexte
suédois.
Le
manque
de
compétence
est
attribué
aux
relations
de
pouvoir inégales entre le
groupe dominant
et
le
groupe
dominé,
ainsi
qu'à
des
politiques
éducatives
inadéquates.
Cependant si
le
concept implique un
déficit, il
n'est pas dit
s'il
s'agit d'un
déficit
purement
linguistique
ou
d'un
déficit
d'origine
cognitif.
94
L'alternance
doit être
perçue comme
une
variété
supplémentaire?
On a déjà
avancé
le
concept de
continuumv "
pour
caractériser
cette
situation
où
le répertoire est présentée sous
forme
de
trajectoire avec
les
deux
langues
aux
deux
extrémités,
le
code
switching
se
voyant
inséré au point de rencontre de ces deux normes.
**.Le
continuum
Le
continuum
est
une
notion
proposée
en
créolistique
par
les
linguiste
Decamp
(1971) et Bickerton (1973).
Decamp
l'a
expérimenté
en
Jamaïque,
tandis
que
Bickerton
s'est
penche
sur
la
situation
de
la
Guyane
(anglophone).
Il
est
défini
comme
un
système
linguistique
complexe
dans
lequel
le
créole
basilectale
(situé
au
bas
d'une
série
de
systèmes
intermédiaires)
prend
comme
cible
l'anglais
ou
le
français
standard
ou
acrolectal
(situé
en
haut
du
système
global).
Les
tentatives
des
locuteurs
d'approcher
cette
cible
conduisant
à terme
à
la
disparition
du
créole
(décréolisation).
Les
différentes
grammaires
intermédiaires,
qui
marquent
les
étapes
sur
le
chemin
vers
l'anglais
standard
engendrent des
mésolectes.
Comparé à
la
diglossie,
ils'en
distingue
par
le
fait
qu'il
n'y
aurait
pas
deux
grammaires
nettement
distinctes.
Les
discussions
théoriques
et
critiques
autour
de
la
notion
ont
fait
apparaître
un
autre
concept,
celle
d'interlecte
que
Prudent
avance
pour
rendre
compte
des
nombreux
codes
switching,
emprunt,
calques
qui
font
que
le
propos
interlectal
est
souvent
insaisissable
pour ceux
qui
cherchent
à
la
classer en
tant
que
variété.
L'interlecte
est
souvent utilisé
pour
désigner
le
discours
mixte
y
compns
par
nous
mêmes
attendu
que
ses
configurations
structurales
la
rapproche
du
code
switching
conversationnel.
95
L'hypothèse d'un vernaculaire bilingue fait également son chemin
(Gafaranga,
1987). Analysant
le
discours
mixte arabe
moderne
arabe
dialecte
égyptien,
Amr Helmy
observe
que
pour
le
locuteur
natif,
l'accès à la langue dans sa totalité est constamment différé. Au terme
d'une socialisation plus ou moins poussée de l'individu, la compétence
linguistique serait celle qui
lui
donnerait le
sentiment de
grouper en
une langue unique les deux langues qu'il aurait apprises.
En plus des finalités socio-symboliques ou des
visées stylistiques
qUI sous-tendent le code switching, il convient donc qu'on
s'interroge
sur
les
performances
des
locuteurs
bilingues
il
s'agit
alors
de
déterminer
dans
quelle
mesure
et jusqu'à
quel
point
la
compétence
linguistique des
locuteurs est mi se en jeu dans le discours mixte. En
outre un
certain nombre de
faits
remarqués
(tels que
le
phénomène
psychologique
d'appropriation
linguistique,
dans
un
contexte
de
bilinguisme
de
composition
favorisant
la
complémentarité
de
type
compensatoire) constituent des
"observables qUI peuvent permettre une
évaluation plus poussée du volet "compétence", très peu retenu jusque
là dans les analyses du code switching.
96
5 - EVALUATION DE LA COMPETENCE.
5.1 LA QUESTION DE L'EMPRUNT.
"La langue wolof se caractérise par un
grand
nombre d'emprunts
qUI ne
semblent pas encore
avoir modifié les
structures fondamentales
de
cette langue, mais qui
demandent à être canalisé par le
biais
de
l'enseignement par exemple, si l'on ne veut pas craindre de voir
naitre
un Jour au
Sénégal une espèce de "franlof" .ni wolof ni français" Telle
était la conclusion de M. Calvet en 1968 sur l'évolution de la situation
linguistique au Sénégal. 25 ans après, cette situation a dû
sensiblement
évoluer dans le sens perçu par l'auteur.
Mais existe-t-il une pnse de conscience de la rapidité d'évolution
du wolof? Comment est perçu l'emprunt? La question est à lier au degré
de tolérance des locuteurs parlant cette langue. En effet on admet que
dans les communautés unilingues, cette tolérance peut l'être mOInS que
dans les communautés multilingues où l'incidence d'utilisation des traits
linguistiques
appartenant
à plusieurs
langues
peut
former
un
seul
continuum, somme de tous les codes opérants.
Il convient ici d'examiner, au sem de ce continuum, ce qui relève,
dans le discours des locuteurs, du pur hasard (éléments nouveaux pns
fortuitement
à une
autre
langue
et
qui
ne
réapparaissent jamais)
ou
d'emprunts
réitérés
au
point
de
donner
le
sentiment
qu'ils
ont
été
tranférés dans l'autre langue et intégrés dans le code des locuteurs. Sur
ce point précis nous nous inspirons des travaux de W. Mackey sur les
communautés bilingues du
Canada.
Nous
reviendrons
plus
loin
sur la
théorie et les hypothèses qui appuient la démarche.
Aborder l'emprunt sous cet angle, nous conduit tout naturellement
à nous éloigner des définitions canoniques qUI le fondent. Dans le cas de
97
langues
en
contact,
on
exclura
l'emprunt
perçu
comme
l'intégration
d'unités d'une langue donnée (dite source) dans une langue cible. Parler
d'emprunt dans ce
cas revient à
s'arrêter aux
unités
qui
passent dans
un
autre
système
linguistique
en
suivant
plus
ou
moins
les
règles
syntaxiques,
sémantiques,
phonétiques du
système
d'adoption.
Le wolof ne fait pas exception à cette règle de l'emprunt, et c'est
tout
naturellement
qu'il
a
intégré
totalement
les
emprunts
(déjà
très
anciens)
à
l'arabe,
à
l'anglais,
au
portugais:
Dumont
(1973).
Il
a
également
achevé
l'intégration
d'emprunts
faits
de
mots
qui
le
plus
souvent expriment les aspects de la civilisation moderne, industrielle et
urbaine.
Ces
emprunts
utilisés
couramment
tant
à
la
ville
qu'à
l'intérieur
du
pays
sont
intégrés
phonologiquement
à
la
langue
et
répondent
au
critère
souvent
associé
à
l'acception
classique
de
l'emprunt:
la
nécessité.
Toutefois
l'emprunt
par
nécessité
ne
constitue
pas l'essentiel du
stock des
unités empruntées.Loin
s'en
faut.
Certains
chercheurs
ayant
abordé
le
problème,
déplorent
avec
un
esprit
résolument puriste la part des emprunts dits de luxe. On estime que le
taux
des
emprunts
au
français
est
élevé,
et
que
SI
certains
sont
admissibles (aviateurs, marin, postiers
etc), d'autres ont cependant la
possibilité d'être exprimés par la langue (Calvet, 1968).
C'est un
point de
vue normalisateur qUI ne tient pas compte du
caractère complexe de
l'emprunt ainsi que de
l'importance des facteurs
psychologiques,
socioculturels et économiques.
5.1.1
Aspects
socioculturels
et
économiques.
En
effet
l'introduction
des
mots
étrangers
dans
la
langue
ne
saurai t s'expliquer uniquement par l'existence de
groupes
bilingues
et
par des
causes économiques.
L'attitude
de
la
communauté
linguistique
98
ou
plus
précisément de
la
communauté
socioculturelle
y contribue
à
bien
des
égards
: une
des
langues
peut
être
dans
une
situation
de
prestige par rapport à l'autre. Dubois (1969) illustre ce fait en rappelant
que le lexique politique anglais est emprunté au XIIIème, non pas parce
qu'il définit des institutions que la France ne
connaît pas encore, mais
parce que
ces institutions ont un
grand prestige auprès des
rédacteurs
des correspondances étrangères
c'st le prestige politique et culturel qui
rejaillit dans la langue. Celui-ci peut toutefois être limité à une certaine
activité. Retenons l'exemple de la grande influence de
l'anglais dans la
langue des sports et du cinéma, c'est-à-dire là où s'est exercée pendant
un temps la suprématie culturelle ou économique, alors même que dans
d'autres
secteurs
son
action
s'est
avérée
insignifiante.
Il
en
est
de
l'influence de l'arabe sur le wolof.
Les
tranches
lexicales
où
se
fait
particulièrement
ressentir
cette
situation
sont
l-la vie religieuse (nom de Dieu, du diable, du paradis, de l'enfer, des
obligations
canoniques ... )
2-
la
division
du
temps
(calendrier, jours
de
la
semaine,
heures
de
journée, idées morales, droit musulman, salutations ... )
3- la toponymie et la patronymie.
Au Sénégal quelques-uns des
toponymes
les
plus
usités
sont
"Madina
(vs Medina), "Fass" (Fez), "Darou" ( Dar), pour baptiser les villages et les
quartiers wolofs et ou musulmans.
Quelques noms de ville permettent de l'illustrer:
Madina Gounass
Medina baay Niass
Medina Sabah
99
Daarou
Marnaan
Daarou Mousti
Daarou
khoudoss.
La ville ou le village est fondée par un chef religieux ou marabout, et
connaît une rapide extension due à la volonté des adeptes de
vivre à
proximi té de leur chef spirituel.
En
outre
dans
un
pays
à
80%
musulman,
les
patronymes
arabes
(
réajustés
phonétiquement)
supplantent
progressivement
et
sûrement
le
vieux fond
traditionnel disponible:
Mamadou
vs Modou
=
Mohamet
Ousseynou
=
Hossein
Assane,Alassane
=
Hassan
Abdoulaye
=
Abdel
Fatou
=
Fatima
Djeynaba
=
Zeinab
etc.
Les JOurs de la semaine, nommés en wolof, révèlent leur orrgine arabe:
français
wolof
arabe
Lundi
altine
Al
ithneïn
Mardi
talaata
Al
thoulathaa
Mercredi
alarba
Al irbiàa
Jeudi
al xames
Al
khamis
vendredi
aldjouma
Al jumaha (la mosquée)
Samedi
asset
As s e i bt
100
Dimanche
a leet
Al ahat
Les
prénoms
authentiques,
originels
ne
sont
actualisés
que
dans
les
régions
à
traditions
animistes
fortement
marquées,
qui
résistent
tant
bien que mal à la domination culturelle islamique et dans une moindre
mesure
chrétienne.
L'émergence
des
courants
musulmans
orthodoxes
favorise
quelques
attitudes
d'hypercorrection
consistant
à
adopter
sans
adaptation
des
patronymes
arabes.
Il est parfois de bon ton, dans ces milieux, de prononcer les vocables
avec l'accent le mieux indiqué à Fez, au Caire ou à Médine.
Mais
d'une
façon
générale,
les
transformations
phonologiques
concernant ces emprunts sont telles que bien souvent tous
ces
termes
ne sont plus ressentis comme découlant d'une langue étrangère. Ils sont
donc
intégrés.
La
situation est tout autre lorsqu'elle concerne le français comme
langue
source
d'emprunts
En effet, si pour la langue arabe, il est patent que les emprunts de
vocabulaire
constituent,
avec
l'écriture
(il
existe
une
longue
tradition
d'usage
des
caractères
arabes
pour
transcrire
les
langues
locales,
singulièrement
le
wolof),
la
manifestation
la
plus
saillante
de
son
influence
(Monteil,
1980),
le
français
recèle
un
certain
nombre
de
particularités qui déterminent sa
spécificité.
Tout d'abord parce que le domaine d'emprunt est très étendu. En
effet le rôle que la France a joué dans l'histoire politique du Sénégal, la
puissance économique du pays "prêteur" ainsi que le rôle social que la
langue française a joué et continue à jouer, semblent être des facteurs
décisifs pour expliquer le volume massif des emprunts.
101
Cependant
la
masse
des
emprunts
du
wolof
au
français
est
variable
d'un
individu
à l'autre,
suivant
son
niveau
de
scolarisation,
selon le
type
de
discours,
selon
son on gme citadine ou
rurale.
Nous
tenterons de faire l'inventaire des situations
d'emprunt afin de
mesurer
leur impact dans le discours mixte.
Ensuite,
parce que la langue française elle même a subi une évolution
telle
qu'il
convient
de
l'évaluer
dans
sa
dimension
régionale;
comme
variété africaine dès lors qu'il sied aujourd'hui de parler de français de
Côte d'Ivoire, du Burkina Fasso, du Niger, etc.
De plus la diffusion de la langue ne passe pas toujours par l'institution
scolaire dont l'impact reste encore relativement faible
pour des
raisons
liées
à
des
considérations
économiques
et
d'efficacité
pédagogique.
Il
s'est
développé
des
variétés
sociolectales
plus
ou
morris
fortement
diffusées en milieu urbain et qui contribuent à confondre et à bousculer
la
norme
scolaire
dans
son
usage
oral
voire
écrit,
en
l'absence
de
registres différenciés dans la comunication sociale (N dao,
1984, Dumont,
1976).
Certes,
tous
les
pays
ne
sont
pas
concernés
au
même
degré;
néanmoins
l'apport des
variétés
sociolectales
à la norme régionale du
français est une réalité sociolinguistique.
Enfin le français coexiste principalement en milieu urbain avec le wolof,
langue
véhiculaire.
On
postule
qu'une
langue
devient
véhiculaire
lorsqu'elle
est
utilisée
par
des
locuteurs
libérés
de
toute
contrainte
normative
acceptant
d'en
pratiquer
une
forme
"ab atard ie".
Mais
ce
"dynamisme" va parfois à l'encontre d'une norme sociale qui peut aller
jusqu'à nier le
statut de
langue à cause du
nombre
"élevé" d'emprunts
qui
caractérise
le
véhiculaire.
Ce
fut
le
cas
du
swahili
et du
sango
(Calvet, 1974, Diki kidiri, 1982). C'est aujourd'hui le cas du wolof urbain
perçu par les représentants du bon usage (en l'occurence les utilisateurs
des variétés régionales : wolofs du Cayor et du Baol traditionnels).
102
La
mesure
de
cette dynamique
doit être
ramenée
en
définitive
à la
pratique
et
à
l'attitude
des
locuteurs
face
à
leur
langue.
Nous
y
reviendron s.
Après avoir défini les
containtes qui
pèsent sur l'emprunt en
général,
nous allons à présent resituer l'emprunt dans un contexte de langue en
contact.
Il s'agit d'apporter des réponses aux questions suivantes
- comment prend forme la conscience de l'emprunt ?
dans
quelle
mesure
les
contraintes
sociales,
psychologiques
et
culturelles influencent-elles l'intériorisation de
l'emprunt ?
les
critères
linguistiques
"définitoires
sont-ils
nécessaires
et
suffisants?
5.1.2
Langues
en
contact
et
emprunt.
L'introduction
d'éléments
étrangers
dans
une
langue
permet
de
distinguer deux forines de pénétration :
- la pénétration secondaire qui est le processus par lequel certains traits
de
la
langue
dominante
s'introduisent dans
la
langue
réceptrice
sous
une
forme
très
modifiée
de
manière
à
s'intégrer
au
système
phonologique, syntaxique, lexical ou sémantique de cette dernière
-
la
pénétration
primaire,
lorsqu'une
fois
introduite
dans
la
langue
subordonnée, les traits de la langue dominante continuent clairement et
sans conteste à faire partie de cette langue.
Cette forme
primaire est très
marquée dans
le discours des
locuteurs
bilingues
(français/wolof),
dans
la
mesure
où,
tributaires
des
deux
codes,
ils ont tendance à privilégier l'emprunt direct
sans
adaptation
phonétique
ou
morphosyntaxique.
On peut comparer les trois colonnes suivantes
103
Mot français
usage
adoptif
usage des bilingues
Tribunal
tirbinaal
tribunal
chemise
s irn i s
chemise
chaussette
soset
chaussette
gouvernement
gornement
gouvernement
député
dipité
député
eau de cologne
lackologne
eau de cologne
table
t a a b a l
ta ble
En
effet
l'adaptation
est
le
fait
quasi
exclusif
des
locuteurs
endoglottes
(langues
locales)
qUI
en
empruntant,
éprouvent
des
difficultés
articulatoires qu'ils
contournent en
adaptant
l'emprunt entre
autre au
phonétisme de
leur
langue.
Les
locuteurs exoglottes
(langue
locale/français) ne
consentent à adapter leur usage que
dans
quelques
rares cas d'emprunts dont
l'intégration est très ancienne. On peut citer
celui du
vocable "feebar", qui signifie malade et qui vient du
français
"fièvre"
par association sémantique;
"torop"
du
français
trop qui
peut
signifier "très"
ou
"trop", selon les modalités expressives du
contexte
(intensité
ou
excès)
wolof,
là
où
en
langue
source,
il
marque
exclusivement
l'excès.
104
5.1.3
Quid
de
l'emprunt
de
luxe.
On
admet difficilement
la
pertinence
du
déterminatif "de
luxe".
Certes
on
peut
co nce vo ir
son
utilisation
par
commodité
de
c1assement,(opposition
avec
nécessité),
mais
sa
connotation
laisse
supposer
que
le
locuteur
abandonne
volontairement
la
possibilité
qui
lui est offerte par sa langue . et se "paie le luxe" d'opter pour un produit
étranger. Raisonner en termes de "nécessité" ou de "luxe" c'est se placer
dans
une
logique
de
normalisation
de
la
langue.
Ce
qui
peut
être
justifiable.
Mais
avant
cela,
il
paraîtra
plus
utile
d'adjoindre
des
caractéristiques moins formels
à l'emprunt,qui rendent mieux compte, à
notre sens, des motivations réelles des
locuteurs. Dans un contexte de
langue en contact (et donc de normes en contact) il importe de savoir à
quelle norme obéit le discours du bilingue. Le point de vue du linguiste
qui
voit
dans
chaque
langue
un
système
structuré,
obéissant
à
des
règles
spécifiques
et
très
précises
peut
être
différent
de
celui
d'un
locuteur qui
manie deux codes pour délivrer un
message,
suivant des
motivations psychologiques ou
stylistiques à définir.
5.1.4
Emprunt
et
inté&:ration
Nous
avons
vu
précédemment
que
dans
une
situation
où
l'emprunt
est
à
prédominance
primaire,
les
critères
linguistiques
de
l'intégration
ne
peuvent
être
allégués
(critère
phonétique,
critère
morphosyntaxique etc.). Dailleurs (Guilbert,
1982) dont les travaux font
autorité
sur
la
question,
remarque
que
le
critère
de
la
prononciation
selon
le
système
phonétique
de
la
langue
emprunteuse
n'est
pas
toujours décisif pour apprécier le degré d'intégration. Pour illustrer ce
point
de
vue
entre
autres
exemples
il
cite
le
cas
du
terme
"sprint"
105
vocable
du
sport
qui
n'est
plus
motivé
comme
étranger
et
qui
se
prononce
néanmoins à l'anglaise.
En
réalité,
concernant
l'installation
des
termes
étrangers
dans
le
système
linguistique,
il
postule
qu'un
terme
d'origine
étrangère
cesse
d'être néologique à partir du
moment où
il est entré dans le système
linguistique
de
la
langue
d'accueil,
c'est-à-dire
quand
précisément,
il
cesse d'être
perçu
comme
terme
étranger.
De
ce
point de
vue
, les
critères
qUI
semblent
être
les
plus
pertinents
sont
non
plus
phonologiques mais
morphosyntaxiques et sémantiques
-critère morphosyntaxique: un mot étranger dès le moment où il sert de
base
à
une
dérivation
selon
le
système
morpho-syntaxique
français
serait véritablement intégré à la langue.
-critère
sémantique:
le
processus
d'entrée d'un
terme
dans
une
langue
se réalise
sémantiquement avec un signifié monosémique. Le fait que
le
terme
une
fois
introduit
puisse
recouvrer
une
disponibilité
sémantique qui lui permet d'assumer le
rôle de
signifiant de
plusieurs
signifiés témoignerait de son insertion définitive dans le système lexical
de la langue d'accueil.
L'emprunt étant direct le plus
souvent, il devient difficile à pnon de
savoir si un élément a été intégré dans le code du locuteur bilingue ou
si ce dernier l'emprunte à l'autre code de manière occasionnelle.
La question qu'on peut se poser est donc la suivante : la
présence de
l'élément
"étranger"
est-elle
le
résultat d'une
intégration
dans
le
code
ou d'une interférence dans le message?
Dans
une
communauté
switchante,
cette
démarche
nous
aiderait
à
mieux
cerner,
parmi
les
éléments
fréquents
appartenant
à
l'autre
langue,ceux
qUl
peuvent
être
considérés
comme
étrangers,
ou
qui
appartiennent
au
wolof
du
locuteur
(hypothèse
d'une
structure
à
continuum plutôt qu'un usage séparé dans la conscience du locuteur).
106
5.2 l\\IETHOnOLOGIE.
5.2.1 Le
modèle
théorique
de
référence
et
le
protocole
d'enquête.
La théorie linguistique dispose que de façon générale les noms
communs,
les
verbes
et
les
adjectifs
se
répandent
plus
facilement,
souvent
en
réponse
(comme
nous
l'avons
vu
plus
haut)
à
des
modifications
technologiques
et
à
des
orientations
religieuses
et
culturelles. Il arrive également que la prononciation et l'ordre des mots
soient influencés.
Mais on
précise
également
que
le
centre
structurel
d'une langue résisterait davantage au changement (à
savoir la
structure
phonologique
et
grammaticale),
les
mots
empruntés
tendant
à
être
adaptés aux structures de la langue qui les reçoit.
Il s'agira donc dans
ce chapitre de
situer le
bien fondé
de
ces
présupposés par rapport à un
usage de
la
langue spécifique:
le
parler
urbain. Nous tenterons de répondre à deux questions:
a)
qu'en
est-il
des
situations
où
deux
(ou
plusieurs)
langues
sont
utilisées de façon concomitante dans les interactions?
b) les emprunts de type lexical sont-ils plus fréquents?
La
syntaxe
et
la
morphologie
du
wolof
résistent-elles
vraiment
au
contact avec le français?
Notre
approche
du
problème
s'inspire
amplement
du
modèle
théorique défini par Mackey à partir de
ses travaux sur le
bilinguisme
et les contacts de langue. Nous en présentons les grandes lignes.
107
On distingue deux principes au départ de l'hypothèse:
1) les
langues évoluent et
présentent des
variations
, des
hésitations.
Les
codes
en
évolution
se
caractérisent
par
un
état
permanent
d'entropie,
certains
plus
que
d'autres,
et
plus
ou
mOInS,
selon
les
époques.
Et l'interférence ( au sens anglo-saxon, le terme désigne l'emprunt non
intégré)
répétée d'éléments
d'un
autre
code
tendrait
à
augmenter
cette
entropie.
2) En se référant à l'usage et aux variations qu'il autorise, cette entropie
sera affectée par le degré de tolérance des personnes parlant la langue.
Certaines
communautés
étant
plus
disposées
que
d'autres
à
tolérer
l'interférence.
Cependant dans l'utilisation de traits linguistiques qui relèvent de
plusieurs langues, il convient de discriminer entre les faits qui découlent
de phénomènes d'intégration
et ceux qui
se
rapportent à l'interférence:
d'où la nécessité d'une distinction entre intégration et interférence.
L'intégration.
Dans
les
communautés
bilingues,
l'hypothèse
retenue
est
que
certains
locuteurs
de
la
langue
A
auront
tendance
à
faire
usage
de
certains
items
de
la
langue
B,
n'en
connaissant
probablement
pas
d'autres. Mais certains locuteurs peuvent connaître les deux termes d'un
concept et n'en utiliser qu'un
seul, au
moment où
d'autres connaissent
les deux
et
les empruntent indifféremment.
La question de savoir si une unité donnée appartient à deux codes ou à
un seul devra être estimée en termes de degré. En effet, si l'on admet
que
l'ensemble
des
locuteurs
utilisent
une
forme
et
une
seule,
cette
108
forme,
même
en
admettant
qu'elle
provient
d'une
autre
langue
et
qu'elle y existe depuis toujours, fera partie des langues du bilingue. Elle
sera
intégrée
à
100o/c
dans
l'autre
langue.
Le
pourcentage
pouvant
s'échelonner de 0 à 100%.
Une fois ce principe posé, il y a lieu de déterminer dans quelle mesure
l'utilisation
d'une unité étrangère peut être
considérée comme
normale
(relative à la norme).
On énoncera alors deux possi bili tés
a- la mesure à partir du discours
b- la mesure à partir du code
a) La mesure à partir du discours.
Partant des échantillons du discours bilingue, elle se fera en identifiant
et en quantifiant les éléments étrangers qui
s'y sont introduits, le critère
retenu étant celui de la fréquence. Et on suppose que si la norme est ce
que les
gens utilisent, plus ils introduisent un
terme étranger dans la
langue, plus ce terme est normal. Il s'agit alors de faire l'inventaire des
occurrences d'un mot ou
d'une forme
dans
des
échantillons
pertinents
de
la
langue
parlée
ou
écrite.
Naturellement c'est
une
démarche
qui
présente des limites vu que la
fréquence
des mots
s'avère instable et
suppose
une
multiplication
considérable
des
échantillons
pour
obtenir
une plus grande probabilité d'occurrences.
Néanmoins elle est à retenir
pour ce qu'elle peut apporter.
b) La mesure à partir du code
Trois
facteurs
sont
impliqués
la
disponibilité,
la
traduisibilité
et
l' acceptabi li té:
109
bl) La disponibilité.
Elle
sera définie comme
une mesure
appropriée
aux
mots
qu'on
peut utiliser, aux noms, aux verbes, aux adjectifs ou
aux adverbes qui
sont plus ou moins à la disposition du locuteur bilingue.
Le test fournira la liste des termes utilisés par le locuteur dans chaque
code suivant un
nombre donné de champs sémantiques. La mesure sera
appliquée à des éléments non grammaticaux de la langue, c'est à dire à
ceux
qUI
servent
d'expression
à
des
catégories
conceptuelles,
en
particulier les noms concrets. Car il semble plus probable qu'une mesure
portant
sur
ce
qui
touche
de
plus
près
le
concret
permette
une
évaluation
meilleure (Mackey,
1976).
Le
moyen de
mesuer la disponibilité est de prendre un
échantillonnage
représentatif
de
la
population
et
de
demander
à chaque
locuteur
un
inventaire
des
termes
qu'il
utilise
dans
chaque
champ
conceptuel
ou
sémantiq ue.
Mais
ce
test
qUI
semble
privilégier
le
champs
conceptuels,
nous
l'utiliserons
dans
les
limites
imparties
à
la
situation
du
contact
wolof/français.
En
effet,
beaucoup de
champs
en
rapport
avec
la
vie
quotidienne des citadins se
trouvent investis de termes empruntés à la
langue
française,
dans
un
rapport
trop
disproportionné
pour
qu'on
puisse tirer des observations intéressantes concernant la
disponibilté.
A
titre
d'exemple
(si
l'on reprenait les champs retenus
dans l'enquête de
Mackey)
pour
la
vêture,
les
concepts
fonctionnent
à sens unique, vu
qu'ils
sont presque
tous empruntés
au
français,
à défaut d'équivalence
dans
l'habilement
local
(pantalon,
chemise,
chaussettes,
cravate,
chandail, souliers, jupe, tailleur etc.).
En revanche, un champ comme celui des sentiments (honnêteté, courage,
pudeur
etc.),
plus
universel,
moins
passible
d'emprunt,
mérite
d'être
1 10
testé pour POUVOlf confirmer ou
infirmer sa capacité de
résistance au
phénomè ne
in terféren tiel.
b2)
1a tr adu isib il ité
Elle entend tester l'aptitude des bilingues à fournir des équivalents dans
l'autre
langue.
Le locuteur entend des mots en français dans le contexte du wolof et on
lui
demande
de
fournir
la
forme
équivalente
correspondant au
wolof,
l'équivalent
devant
rendre
compte
essentiellement
du
même
contenu
que
le
terme du
test.
Au
cas où le bilingue se
montre incapable de
trouver
des
équivalents
appropriés,
on
peut
présumer
que
l'élément
initial appartient vraiment à son autre code, ou aux deux codes.
b3)
l'acceptabilité.
Son but est d'obtenir la moyenne de variation possible dans un choix
d'éléments
susceptibles
d'apparaître
dans
la
conversation
normale
et
quotidienne.
Le degré
d'acceptabilité d'un élément sera indiqué par la
moyenne
totale
accordée
à
cet
élément
dans
des
enregistrements
de
phrases.
On
demande
à
chaque
locuteur
dans
un
groupe
représentatif
de
bilingues
d'évaluer
les
phrases
d'un
texte
effectivement
observé
contenant
des
éléments de
l'autre langue.
Chaque phrase sera évaluée
selon la probabilité d'utiliser, selon l'enquêté,
une
telle
phrase presque
toujours,
quelque fois, jamais.
Ce dernier
pourra l'estimer inutilisable.
Les résultats devront fournir l'évantail des degrés d'acceptabilité.
I I I
5.3 ELE1\\lENTS DU QUESTIONNAIRE.
Introduction
A propos des
emprunts du wolof au français Dumont (1973) dresse la
liste des mots français les plus fréquents, 99 mots la composent. L'étude
thématique de cet ensemble révèle une appartenance très marquée à ce
qu'il appelle le vocabulaire de la ville.
Sur la centaine de mots issus du français et classés parmi les 1500 mots
wolof les plus fréquents, on relève environ
12 mots grammaticaux; en
l'occurrence
des
conjonctions
de
coordination
et
des
adverbes;
les
vocables
sont
en
majorité
constitués
de
noms.
On
admet
que
leurs
fréquences respectives sont parmi les plus élevées et les placent au tout
premier rang : il en va des éléments qui suivent.
- pour
- d'ailleurs
- parfois
-
maIS
- d'accord
- de temps en temps
- trop
- alors
- des fois
- parce que
- il faut que
- comme
- toujours
Parmi les vocables cités
- affaire
- content
-
métier
-
commencer
- façon
-
gagner
-
marché
- con tre
-
manquer
-
temps
- saleté
- papa
-
tarder
Il 2
Toutes ces unités, dont certaines ont été intégrées aux différents tests,
ont la particularité d'être des
marques redondantes puisqu'elles ont des
équivalents lexico-sémantiques en wolof. Mais elles se signalent par leur
adoption dans le discours wolof au détriment de la forme wolof.
Il va sans dire que ce classement du vocabulaire français vs wolof des
bilingues
n'illustrera
pas
l'importance
relative
des
termes
français
et
wolofs
dans
la
communauté.
Notre
objectif
n'est
pas
de
dresser
un
inventaire
des
lexies
de
l'interlangage;
nous
sommes
plus
particulièrement
intéressé
par
le
fait,
d'une
part
de
savon
ce
que
représente
dans
l'esprit de
la
communauté
bilingue
ce
pourcentage de
remplacement français, et d'autre part de déterminer
- jusqu'à
quel point le français, langue de transmission est rentré dans
le wolof, langue de réception;
-
jusqu'à
quel
point
et
suivant
quels
critères,
les
résistances
au
remplacement s'opèrent et avec quels locuteurs. En effet, le recours à la
langue
de
transition
obéit à de
multiples
motivations
inhérentes
à la
communication
sociale,
aux
logiques
discursives.
Si
l'on
admet
avec
Bloomfield que les synonymes réels n'existent pas, on peut affirmer que
les
emprunts
qUI
ont
un
équivalent
attesté
au
sem
de
la
langue
emprunteuse
véhiculent d'autres
formes
d'expressivité
et ne
sont
donc
pas toujours des emprunts de luxe (Dumont, 1973).
Remarques sur le unités retenues.
a) Les éléments
grammaticaux.
al) Les adverbes à signifié temporel et syntagmes.
1 1 3
français
wolof
aujourd'hui
te y
demain
l lë g
ë
matin
suba
SOIf
ngoon
parfois, des fois
leg.leg / fiaare
hier
demba
tout de suite
legi legi
Les syntagmes "ce SOIr ,ce matin, cette nuit, cet après-midi" se réalisent
par antéposition de la particule "ci" (ci ngoon, ci suba, ci gudi etc.)
a2) Les monèmes de subordination.
français
wolof
que
ne / rn
En
wolof la
présence
du
monème
"ne"
est
conditionnée
par la
catégorie
des
verbaux
figurant
dans
le
syntagme
indépendant.
Le
monème
apparaît
exclusivement
avec
les
verbaux
ayant
pour
signifié
"croire"
(defe),
savoir,
connaître
(xam),
espérer
(iakar),
parler
(wax),
dire
(ne)
etc.
Il
correspond
au
français
que
(dite
complétive),
introduisant un
syntagme dépendant, dans
les
mêmes
conditions
(c'est-
à-dire après les verbes de doute , d'opinion, de sentiment etc.)
- jusqu'à ce que
ba
l 14
expnme la finalité
attendez jusqu'à ce qu'il VIenne
xaaral ba mu fiow
Parce
que-car
ndaxte/ngir
(1
variante)
exprime
la causalité et se
situe dans
un rapport de
variante avec
la
marque
de
subordination
précédente
(ndax)
lorsque
celle-ci
a
pour
signifié la causalité.
françai s
wolof
Puisque,
du fait que,
étant donné que,
ndegam/ndem
(l variante)
attendu
que,
comme
expnme la condition nécessaire à la réalisation du procès exprimé par le
syntagme
dépendant.
Il
n'est
jamais
utilisé
pour
indiquer
une
éventualité,
mars
une
condition;
Il
s'oppose
dans
son
emploi
au
syntagme de subordination "su".
a3 Coordination avec monème de coordination oppositivc
ou
ad versa ti ve.
115
français
wolof
m a i s
wande/wante
Cl
variante)
Ce monème est utilisé pour exprrrner une opposition entre deux procès.
Il correspond au français "par contre", "cependant".
français
wolof
donc
kon/bon
(1 varian te)
A ces deux monèmes peuvent s'ajouter les particules "n ag"
ou
"boog",
pour exprimer la conséquence.
franç ai s
wolof
pour
ndax ou ngir
Marque l'expression de la finalité.
a4 Entre nommaux, syntagme nominal et prédicat.
franç ai s
wolof
ou, ou bien
w a l a-w al l a
Exprime
une
opposition
du
type
alternatif
entre
deux
ou
plusieurs
nominaux,
syntagme nominal et prédicat, syntagme prédicatif.
116
présente comme variante "rnba", employé dans les mêmes conditions et
avec la même signification.
Le monème "am", quant à lui, expnme l'alternative mais son statut ne
peut
être
davantage
défini.
Il
ne
se
rencontre
qu'en
phrase
interrogative.
b) Les
unités
lexico-sémantiques.
Par souci de ne pas verser dans le registre soutenu du wolof, nous
avons orienté les différents
tests vers un
niveau
de
langue sensé être
accessible au locuteur wolofophone moyen : un
lexique de synthèse où
se
trouvent neutralisées les
grandes variables qui
opposeraient ruralité
et urbanité ou encore modernisme et tradition. A priori notre sélection
s'identifierait à un savoir partagé par les deux mondes, donc l'ensemble
de
la
communauté wolofophone.
Les termes
choisis
l'ont été
avec
le
nurumurn
de
polysémie,
afin
d'éviter
les
recours
éventuels
aux
formulations
approximatives
dans
les
réponses.rref:
Dictionnaire
du
wolof courant : français/wolof-wolof/français. Fal et alii,1992).
Dans
les
tests
de
traduisibilité,
nous
entendions
varier
les
centres
d'intérêt sémantique, pour obtenir des performances en principe un peu
plus
fiables
et
mOInS
parcellaires,
fussent-elles
parfois
réduites,
puisqu'elles renvoient à différents
domaines
d'expression.
1 1 7
Dans la liste des mots, les domaines se répartissent amsi:
L'espace social
- le centre (ville)
-
un concours (un Jeu de dames)
- le quartier
- un copain
-
un vagabon
-
accueillir
-
le
va-et-vient
déménager
Domaine
médical
- le cordon ombilical
- un
malade
.
.
- une insomnie
Domaine du droit
- une amende
-
protéger
(quelqu'un)
- d'accord
- surveiller (veiller sur)
Les valeurs sociales
- honneur 1 (mettre en jeu son)
- honneur 2 (c'est un honneur pour moi)
- humble
(une
personne)
- inculte (une personne)
- incorrect (une personne)
- la courtoisie
- volonté (bon plaisir)
1 1 8
Divers
-
encadrer
(quelqu'un)
- un projectile
- énergie (il a de l')
- il se peut que
- différencier (deux choses)
- hésiter
- effacer (une tâche)
- ingénieux (un garçon)
-
l'épargne
- réception
(banquet)
-
absolument
- espace
Liste des phrases proposées
Test de
traduisibilité
(Elles sont présentées ici suivant les domaines d'expression retenus)
F = Français ; W = Wolof
NB:
P renvoie au numéro de la phrase sur la liste
Les
unités
soulignées
dans
la
phrase
française
constituent
les
éléments intrus à analyser.
Expression des sentiments:
P4
F.
Il est jaloux, c'est pOurqUOI il n'est pas content de ta
promotion.
W.
Dafa anaan, moo tax begul Cl sa teraanga JI.
1 19
P19
F.
Il faut que je parte d'ici car il s'acharne
contre mol.
W.
Faw ma j6g fii ndax kii dafama singali.
"Expressions consacrées" du discours moral:
P2
F.
C'est Dieu qUI crée.
W.
Yallaay amal (SOS).
PlI
F.
Je SUIS prévoyant pour l'avenir.
W.
Damay faggu ëllëg.
Expression de
l'hypothétique:
P3
F.
Il se peut que ton père VIenne aujourd'hui.
W.
Amaana sa baay naw tey.
Expression du jussif
P 12
F.
Il
faut absolument que tu partes.
W
Faww nga dem.
Expression du droit
120
P13
F.
Ce qu'il a dit est prouvé.
W.
Limu wax dafa am firnde.
P18
F.
Celui qUI enfreint la loi est passible d'un peme.
W.
Ku bëtt sart yoon dab la.
P6
F.
Personne n'ose les toucher. ils ont quelqu'un pour les
protéger.
W.
Kenn safiu leen l aal, dafiu am ku leen ynr.
P26
F
Normalement, il passe la nuit ICI.
W.
Naka jekk fii laay fanaan
Domaine de la mer :
P8
F.
Cette île n'est pas habitée
W.
Dun bee, kenn dëkku fa
PlO
F.
La
vague a emporté mes habits.
W.
Duus bi yobbu na samay yéré.
121
P7
F.
Le poisson a avalé l'hameçon.
w.
jën wi wann na doolinka bi.
Domaine médical:
Pl
F.
Une douleur d'une grande
intensité.
W.
metit wu xartal.
P5
F.
J'ai une indigestion depuis trois Jours.
W.
fietti fan a ngi nu, dama fër.
P 15
F.
Le charlatan s'appuie sur la magIe
none.
W.
Jabar Cl
xam-xam bu nuul lay sukkandiku.
Unités lexico sémantiques diverses:
P9
F.
Cela est plus avantageux
que ce que tu avais dit tout à
l'heure.
W.
Loolu de moo gëna duun li nga waxoon léégi.
P 14
F.
Après
cela, que dis tu ?
W.
Gannaw 1001u, 100Y wax ')
122
P16
F.
Pui s9 ue tu ne pars plus, je retoune à la maison.
W.
Ndegam doo dem, ma dellu sama kër.
Pl 7
F.
Il a gaspillé son argent.
W.
Sank na xaalisam.
P 2 0
F.
On lui a volé tous ses bijoux.
W.
Takkaayam leep lanu sacco
P 21
F.
Ce qu'il m'en a donné est insignifiant.
W
Mayu ma Cl lu tollu tarfatal-ayni.
P 22
F.
La flamme de la bougie éclaire la pièce.
W.
tàkk-tàkku sondeel bi mu ngr leeral néeg bi.
P23
F.
Patiente un peu.
W.
Taaxirlul
tuuti.
P24
F.
Je voulais venir mais j'ai eu
un
empêchement.
W.
Bëggoon naa now waaye dama amoon tex tex.
123
P 2 5
F.
Ma jambe est enzourdie.
W.
Sama tank dafa nagam.
P 2 7
F.
Ces deux là sont presque égaux.
\\V.
Naar nu, pottag noo yem.
P28
F.
Ils portent des chaussures Jaunes.
W.
Dall yu puur la sol.
P 2 9
F.
C'est un farfelu.
W.
Kooku aw raxla la.'
P30
F.
Cette nouvelle l'a affolé.
W.
Dég dég booboo ko ranniti.
Test
d'acceptabilité.
Les
phrases
qui
font
l'objet
du
test
sont
celles
qUI contiennent
des
éléments de la langue française.
Elles alternent volontairement avec des
phrases entièrement énoncéées en
wolof.
Notre objectif est de faire en sorte que l'attention du
locuteur auditeur
ne
soit
pas
trop
attirée
par
la
présence
des
unités
théoriquement
étrangères.
124
Liste des phrases retenues
PI
Du maay faral di dem foofu.
P2
Demain, pourque ma now seetsi lak nak, da ngay prévoir thé de!
P 3
Ba ma deme damako fekk mu tëdd.
P4
Nowoon na malS fekku ma lafa.
P 5
Yoobante bi du pour yow, mère bi mooko moom.
P6
Waw, alors saa waay, nu mu deme?
P 7
Est-ce que c'est possible que ma represen te ko en assemblée
générale? Gars-yi di nan ko accepté nga fook, sans que mu jox ma
procuration?
P 8
Jaar naafa, indil sa bajan turandoom.
P 9
Serigne, hier soir la fi guëdj han! Depuis lors
guisaatumako.
PI0
Toujours ma wax ko ko, seulement du degg!
125
Conclusion.
Très
peu
de
tests
de
compétence
grammaticale
ou
lexicale
obtiennent
en
géneral
l'assentiment
total
des
linguistes.
Souvent
très
divisés sur la question, les détracteurs en contestent le bien fondé en ce
qu'ils
escamotent
un
aspect
significatif
de
l'autonomie
des
systèmes
signifiants;
le
grief le
plus
fréquemment
souligné est
que
les
notions
peuvent varier d'une langue
à l'autre, ne recouvrant pas forcément les
mêmes référents.
C'est pourquoi
nous
avons
dressé
scrupuleusement la
liste
des
unités
en
tenant
compte
de
l'existence
d'équivalents
sémantiques les plus
éprouvés
dans l'univers
sémiotique des
bilingues.
Nous
n'avions
pas
la
prétention
de
vouloir
donner
à
cette
étude des
conclusions
généralisables
et
défi nitives.m a is
quelles
que
soient
les
limites
imputables
à
la
méthode,
nous
pensions
pouvoir
dégager
(à
l'image
des
travaux
qUI nous
ont
inspiré)
quelques
constats
et
des
orientations
pour
des
investigations
ultérieures.
Ce
volet
devait
permettre
d'évaluer
la
relation
des
locuteurs
bilingues
aux
saVOIrS
grammaticaux et lexicaux, sauf que l'expression lui
échappe, donc
tous
les comportements langagiers nécessitant une production de sens.
Et c'est cette réalité des pratiques langagières qui constituera le second
volet
de
notre
analyse,
le
discours
bilingue,
attendu
que
dans
notre
esprit le premier devait permettre de mieux saisir le second.
Souvent
traitées
de
naïves,
ces
expériences
(estiment
les
détracteurs)
réduiraient
la
langue
à
une
simple
nomenclature
et
le
langage
à
un
répertoire de mots, par conséquent les connaissances linguistiques à des
connaissances
purement
lexicales.
Ce
qui
est
néanmoins
irrécusable,
c'est que le
lexique est partie intégrante de la langue et mérite
aussi
d'être pris en
considération.
126
6 -TRAITEMENT DU QUESTIONNAIRE.
6.1 LA
POPULATION
BILINGUE.
La
population
parente
est
constituée
des
locuteurs
bilingues
(wolof/français)
: ici
le
terme
wolof renvoie
à l'usage
de
la
langue
véhiculaire,
ce
qUI
a
l'avantage
de
faire
porter
l'évaluation
sur
l'ensemble
des
wolofophones,
qu'ils
soient d'origine ethnique
wolof ou
autre.
Cela
permet en même
temps d'évaluer les
performances
suivant
les
rapports
(de
véhicularité
ou
de
vernacularité)
que
les
locuteurs
entretiendraient avec la langue wolof.
Les
unités
de
référence
renvoient
aux
groupes
ethniques,
aux
catégories
sociales
ou
professionnelles
selon
les
questionnements
considérés. Compte tenu de
l'entité ciblée (des bilingues scolarisés) les
critères "âge" et "catégorie socioprofessionnelle" se recoupent parfois : il
s'agit
essentiellement
d'élèves,
d'étudiants,
d'enseignants,
auxquels
s'aj ou ten t
des
locuteurs
de
di verses
catégories
professionnelles
scolarisés aux mêmes degrés que les premiers.
6.1.1
Les
variables
L'ensemble de chaque
unité
est organisé
suivant
les
variables
:
origine ethnique, origine géographique (ville, village ou
région d'origine),
durée
de
résidence
à
Dakar,
sexe,
niveau
d'études,
première
langue
parlée
à
la
maison
(ou
en
famille),
fréquence
des
séjours
au
pays
d'origine, s'il s'agit d'une localité hors frontières.
127
Les
croisements obtenus
sur la base
d'un
traitement informatique
(logiciel)
permettent
de
répertorier
les
données
pertinentes
pour
l'analyse.
Signalons quelques contraintes imposées par les réalités du
terrain
comme par exemple :
-
une
disproportion
sensible
constatée
entre
les
tailles
des
groupes
ethniques
représentés,
notamment
dans
les
établissements
universitaires,
mais
qui
reflètent
après
tout
la
sociologie
des
rapports
entre
système
éducatif
et
représentativité
ethnique
au
Sénégal
le
déséquilibre
étant
plus
manifeste
lorsqu'on
compare
le
centre
(principalement des régions
wolof)
et
la
périphérie
(constituée
par les
régions à dominante "autres ethnies").
une
plus
grande
difficulté
à
solliciter
efficacement
le
monde
professionnel
dans
les limites
méthodologiques
imposées
par ce
genre
d'enquêtes
(fiabilité
des
réponses
sous
certaines
conditions
de
réalisation).
Nous avons préféré limiter dans ce
cas précis la taille de
l'échantillonnage
et
obtenir
ainsi
des
données
recueillies
strictement
dans les mêmes conditions.
Pour autant, nous ne pensons pas que ces distorsions puissent remettre
en
cause
la
représentativité de
cette catégorie
en
vertu
des
principes
mêmes
qUI
guident
les
méthodes
d'échantillonnage
d'un
part,
et
de
l'autre,
lorsqu'on
tient
compte
de
la
taille
de
l'échantillon
proportionnellement à la population scolarisée (Chauchat,
1990).
Le
total des locuteurs sollicités s'élève à 325 bilingues. Les tests
d'évaluation sont répartis en deux grands questionnaires
le questionnaire I correspond au test de traduisibilé
le questionnaire II correspond au test de disponibilité.
128
Les deux
tests pou vent par la
même occasion permettre de définir des
degrés
de
connaissance/ignorance
d'unités
linguistiques,
ou
des
conditions
de
disponibilité
et
de
non-disponibilité
de
certaines
unités
linguistiques.
Le
recensement
des
questionnaires
exploitables
est
arrêté
à
311
locuteurs, répartis ainsi sur les deux questionnaires:
Questionnaire
l
Questionnaire
II
Lébou
1 0
Lébou
1 0
wolof
5 1
wolof
46
peul
14
peul
1 5
toue ouleurs
20
toucouleur
20
sérère
1 8
sérère
1 5
diola
1 0
diola
8
manding
5
manding
7
bambara
6
bambara
4
diakhanke
4
sarakhole
2
sarakhole
2
cap
verdien
1
cap
verdien
2
6.1.2
Le
questionnement
autour
des
variables.
Le paramètre "ethnie".
Il
s'agit, en
comparant et
en croisant les
différentes données, de
rendre
compte
des
rapports
d'influence
linguistique,
au
sem
des
différents
groupes
ethniques
urbains.
129
a)
faire
notamment
l'inventaire
des
locuteurs
d'origine
ethnique
non wolof,
ayant adopté
le
wolof comme première langue parlée à la
maison (désormais PLM, appellation choisie pour remplacer le
concept
de langue
maternelle, jugé
inefficient dans
la
mesure où
il
peut être
source d'interprétations diverses.
qui
le plus
souvent
ne
recoupent pas
la pratique langagière des
locuteurs qui
la mentionnent : en
effet pour
certains, langue maternelle signifierait la langue ethnique de la mère ou
du père,
parfois la langue qu'on
a utilisée tôt, pendant l'enfance,
mais
que
l'on
ne
parle
plus,
parce
qu'elle
a
été
supplantée
par une
autre
langue dans le cadre de la communication familiale).
b) exarruner l'effet de la durée de la résidence à Dakar (désormais
R)
sur les performances ainsi que les éventuelles neutralisations qu'elle
serait amenée à opérer sur ces mêmes performances chez les locuteurs
d'origine ethnique non wolof : la comparaison pouvant se faire en outre
avec les
localités à dominante
alloglotte,
lorsqu'on songe à des
villes
comme
Ziguinchor,
Kolda,
Matam,
Tambacounda,
Fatick,
etc.,
centres
urbains
linguistiquement
et
ethniquement
marqués.
c) Enfin, mettre en parallèle les autres groupes ethniques avec le
groupe
wolof,
toutes
PLM
confondues
d'abord,
ensuite,
les
mêmes
groupes sous le rapport exclusif PLM wolof.
Le paramètre "âge".
Lorsqu'on est plus âgé, il s'agit de savon s'il existe des indices qUI
marqueraient
une
différence
dans
les
itinéraires
et
les
comportements
linguistiques
: y-a-t-il un rapport biunivoque entre origine ethnique et
PLM? Les données indiquent-elles un impact du temps sur les processus
de
glottophagie
observables
chez
les
locuteurs
plus jeunes,
en
tenant
130
compte
des
remarques
avancées
a
ce
propos
dans
les
travaux
sociolinguistiques les
plus récents sur le wolof (Dreyfus, 1991; Juillard,
1993), tendant à confirmer la progression de cette langue au ni veau des
pratiques langagières des jeunes locuteurs citadins.
Le paramètre "sexe".
L'intérêt
à
suivre
les
performances
féminines
provient
de
l'hypothèse
définie
dans
des
recherches
également
récentes
(Switgart,
1990; Thiam,
1990)) portant sur les
représentations
auxquelles on les
aSSOCIe,
en
tant
que
porte
drapeau
du
conservatisme
linguistique,
pendant
que
d'autres
conclusions
font
état
d'un
certain
renouveau
sociolinguistique
chez
elles,
les
considérant
même
comme
éléments
moteurs du
changement (Juillard,
1993).
Une dernière interrogation sur cette catégorie consiste à vérifier SI
le décalage entre discours (idéologie) et pratique, tel qu'on le remarque
dans d'autres
approches de
terrain (March,
1994) est avéré,
ou
si les
femmes
ont
une
pratique
plus
conforme
aux
attendus
du
discours
valorisant
sur
les
langues
nationales
(problème
de
l'insécurité
linguistique et du discours dominant sur la langue).
Le rapport au français.
En
examinant les performances en
wolof des locuteurs
bilingues,
nous sommes IpSO facto confrontés à la langue française; il s'agit, sur le
plan
strictement
linguistique
(tout
au
mOInS
pour
cette
partie
de
l'analyse), d'étudier les modalités de la répartition des items énoncés en
français,
suivant
les
catégories
grammaticales
impliquées:
substantifs,
verbes,
adjectifs,
termes
de
haute
fréquence,
de
grande
disponibilité
etc.).
1 3 1
7 -RESlJLTATS ET ANALYSES.
7.1 La
variable
"origine
géographique"
Lorsque la durée de résidence à Dakar est comparahle à l'âge (les
locuteurs nés à Dakar ou qUl y sont installés dès la prime enfance), lJ!
variable
origine
géographique
(O.G)
se
trouve
neutralisée.
Autrement
dit,
un
locuteur peut
être
d'origine
ethnique
manding,
toucouleur
ou
socé sans que cette variable puisse avoir un impact sur sa performance.
Celle-ci
est en
tout point comparable aux
locuteurs
d'origine ethnique
wolof.
Signalons une nuance toutefois:
les
locuteurs
d'origine ethnique
autre
que
wolof réalisent
des
performances
quelque
peu
différenciées
selon
que
l'origine
géographique
renvoie
à
une
ville
régionale
ethniquement marquée ou pas : ainsi, deux locuteurs d'origine ethnique
sarakholé se distinguent en ce que celui qui est d'origine géographique
dakaroise
ou
kaolackoise
réalise
un
score
légèrement plus
élevé
que
celui
qui
est
d'origine
géographique
bakéloise,
même
SI
par
ailleurs
celui-ci a longtemps vécu à Dakar. On pourrait penser que les locuteurs
qUI
mentionnent
une
origine
géographique
ethniquement
marquée
gardent
vraisemblablement
un
lien
ethnique
et/ou
linguistique
mOInS
mythifié que celui des locuteurs qui ont une référence ethnique qUI ne
correspond pas à la référence géographique de cette même ethnie.Il y a
tout lieu de croire qu'une activité linguistique certaine est présente dans
le
cadre
familial.
Cette
hypothèse
aurait
pu
être
vérifiée
par
une
information
subsidiaire auprès
des
locuteurs
: sur le
traitement de
la
variable
PLM
en
demandant
par
exemple
quelle
était
la
deuxième
langue parlée à la maison (DLM). Nous avons pensé que PLM suffirait au
questionnement, alors qu'on
a pu
constater par exemple qu'un
locuteur
d'origine
ethnique
socé
pouvait,
en
contexte
urbain,
utiliser
le
wolof
132
comme PLM et le manding comme DLM, dans le cadre d'une stratégie
réaliste
de
conservation de
la
langue ethnique en
famille
qui
tiendrait
compte du poids du véhiculaire.
Les
scores
les
plus
médiocres
sont
détenus
par
les
locuteurs
d'origine
ethnique
autre
que
wolof qui
ont
la
plus
faible
durée
de
résidence
à Dakar et concomitament sont d'une
origine
géographique
localisable en région alloglotte : Podor, Matam, Bamako, Toumbouctou.
Très
souvent
,
ainsi
que
cela
apparaît
dans
les
données,
ces
locuteurs
pratiquent
la
langue
ethnique
comme
première
langue
à
la
maison (Bambara, Pulaar, Soninké).
7.2 La
variable
"durée
de
résidence"(DR)
Elle est à son tour neutralisée
par le groupe ethnique manding. A
durée de résidence égale et à âge égal, quatre locuteurs mandings ayant
déclaré
utiliser
le
manding
comme
première
langue
à
la
mai son,
réalisent des performances fort différenciées :
exemple:
L 1
20 ans
2 bonnes réponses
L2
19 ans
8 bonnes réponses
C'est
tout
le
rapport
personnel
que
les
locuteurs
désignés
entretiendraient avec la langue wolof à domicile qui nous échappe ICI,
rapport
qui
serait
susceptible
d'éclairer
ces
disproportions
dans
les
performances,
notamment
les
conditions
d'intégration
et
d'usage
de
cette langue par les différents acteurs de la communication familiale ou
intra- ethnique, qu'il nous était impossible d'insérer dans nos données,
vu la complexité de l'observation.
Il
en
est
de
même
des
locuteurs
d'origine
ethnique
autre
que
wolof qui déclarent utiliser le wolof comme première langue. En effet
133
leurs
performances
ne
se
distinguent
aucunement
de
celles
des
locuteurs d'origine ethnique wolof,
groupe qui
pratique dans sa totalité
le wolof comme première langue.
Exemple
performance
socé
PLM wolof
o G. Goundiour
7
toucouleur
PLM wolof
o G. Kaloum
7
serère
PLM wolof
o G. Popenguine
8
Une exception toutefois : il s'agit d'un toucouleur PLM wolof 0 G. Podor;
mais on peut noter que chez ce locuteur, la durée de résidence à Dakar
est égale à 3 ans, ce qui suppose une durée de résidence très longue en
milieu pulaarophone; autrement il serait difficile de saisir le sens donné
à PLM wolof, à moins que la réponse ne soit tout simplement biaisée
pour raison
d'insécurité linguistique.
7.3 La
variable
"ethnie".
a) Les
sérères.
Les
tendances
notées
précédemment
semblent
se
confirmer,
à
savoir que les meilleurs résultats proviennent des locuteurs :
- qUI font usage du wolof comme première langue, qu'ils soient nés
à Dakar ou en pays sérère;
-
qui
annoncent
le
sérère
comme
première
langue
mais
dont
l'origine géographique est localisée en pays wolofophone.
Parmi
les
moins
bons
résultats,
il
convient
de
mentionner
un
cas
atypique,
celui
d'un
locuteur
qui
réunit
de
façon
apparente
les
134
conditions
les
plus
favorables
pour
une
performance
honorable
et qUI
totalise un seul point
serère : 23 ans, né à Dakar, durée de résidence 23 ans, PLM wolof.
Les
sérères
qui
déclarent
pratiquer le
sérère
comme
première
langue
parlée à la maison, ont pour la
plupart une origine
géographiquement
marquée
Mbour. Joal Sabène , Niodior,
Kaolack, Thobe, Mont-Rolland,
Fatick. La durée de résidence à Dakar oscille entre 1 an et 5 ans avec
une
pointe
exceptionnelle
à 12 ans. On peut néanmoins pencher pour
l'idée qu'il s'agit de locuteurs qui ont une pratique assidue du wolof en
famille et dans les
relations informelles sans que cette langue n'évince
la
langue
ethnique.
Les
résultats
se
situent
dans
une
moyenne
acceptable
relativement à la
moyenne d'ensemble des performances.
Illustrations:
Localité
Résidence
Age
PLM
Performance
Fatick
2
22
wolof
4
Diakhao
24
wolf
6
Kaolack
2
22
sérère
5
Mbaké
3
23
sérère
7
Fatick
26
52
sérère
6
St Louis
11
42
wolof
7
Les PLM wolof chez les sérères.
Parmi les sérères qUI utilisent le wolof comme premières langue,
on note des locuteurs issus de locali tés ethniquement marquées : Fatick,
et Diakhao sont les villes principales de la région du
Sine, berceau de
l'ethnie. Ceci semble confirmer une tendance de
plus en plus prononcée
135
croit-on,
de
l'avancée du
v/olof en milieu
sérère,
singulièrement dans
cette région du Sine. En effet, on relève que les meilleures performances
sont
détenues
par
les
Jeunes
locuteurs
originaires
de
localités
wolofophones du Nord, principalement situées entre Thies et St Louis, et
qui
affichent une durée de
résidence beaucoup moins longue à Dakar
lorsqu'on les compare aux locuteurs de même performance.
Les PLM sérères chez les sérères.
En
examinant
les
PLM
sérères
affichées,
et
en
effectuant
la
comparaison des tendances avec celles qui
se
dégagent du
tableau de
recensement de la population (1994), on constate un net écart entre les
déclarations
des
enquêtés
et
les
données
qu'illustre
le
tableau
de
la
configuration ethnolinguistique de
la
région.
Dans
le
chapitre
sur les
langues parlées dans la région du Sine Saloum, on peut noter que
dans la circonscription de Kaolack, 62% des sérères utiliseraient le
wolof comme seconde langue. Les sérères demeurent dans cette région
l'ethnie qui
aurait le plus
souvent sa propre
langue comme première
langue.
En effet, 6% des sérères utiliseraient le sérère comme première langue,
comparés aux manding 0,6%, aux bambaras 2% et aux peuls 1,9%; le
sérère étant parlé par 9,9% de la population régionale, derrière le pulaar
17,8%, et le wolof 65%.
tableaux
du
recensement.
136
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137
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D APFt\\RTENANCE ET LA PREHIERE LANGUE Pi\\RLF::L (REGIO~ [JE DAKAR)
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1\\ :
Aulrts
ethnies
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Notes
W - Wolof (Wolof et Léb ou l. P - Ha lp o u l a r e n (Toucouleur, Peul.
Foulbé. Fou la}, S - s r r . D - Diola, t--1g - Mandingue (MandinRue
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139
Si
l'on part du principe admis que la plupart des locuteurs ayant
adopté
le
wolof comme première
langue devraient
se
situer parmi
les
plus
jeunes
locuteurs
(15-20
ans),
on
ne
peut
que
nuancer
les
déclarations des locuteurs ayant avancé le wolof come PLM. Il s'agirait à
notre
sens
d'attitudes
d'insécurité
naissante,
probablement
liées
au
prestige social de la langue wolof, qui se fait au détriment de la fidélité
linguistique des jeunes générations.
En
déclarant
majoritairement
maintenir
l'usage
familial
de
leur
langue ethnique,
les
sérères demeurent la
seule composante ethnique à
obtenir des performances honorables, comparables à celles des locuteurs
d'origine
ethnique
wolof,
ou
des
locuteurs
alloglottes
utilisant
méanmoins
le
wolof
comme
première
langue.
Autrement
dit,
ils
se
distingueraient par leur capacité relative à assimiler la
langue d'autrui,
sans être assimilés.
Les
locuteurs
qui
adoptent
la
langue
wolof (usage
familial)
se
distinguent par le fait qu'ils sont composés en majorité de personnes du
sexe féminin, d'étudiants, à l'exception d'un enseignant de 42 ans, ayant
vécu 30 ans à St Louis et 10 ans à Dakar. C'est également le seul groupe
ethnique où
l'on
ne
note guère
de
détachement
significatif du
groupe
des
élèves
en
matière
de
performances.
Ces
tendances
se
précisent
lorsqu'on examine la répartition de la population selon l'ethnie d'origine,
la première et la deuxième langue (cf tableau du recensement).
Dans la région de Dakar,
32% des sérères affichent le wolof comme première langue contre 53%
comme
deuxième
langue,
ce qUI situe le
total
à
85%
de
sérères
qUI
feraient
du
wolof un usage
non
négligeable.
Mais
le
pourcentage
des
sérères
à
adopter
le
sérère
comme
première
langue
augmente
proportionnellement
à la
baisse
de
l'usage
de
cette
langue
comme
langue seconde. Ce qui explique le nombre assez important des locuteurs
140
utilisant
le
sérère comme
PLM
67%
des
sérères
auraient le
sérère
comme
première langue.
Tout comme chez les sérères, nous retrouvons dans le recencement
des
chiffres
qUI
corroborent
nos
résultats
chez
les
mandings;
la
répartition retient que les mandings adoptent le wolof à 32% (dans la
région de Dakar) comme première langue et 48% comme seconde langue.
Les diolas affichent sur le tableau de répartition le taux d'usage le
plus bas de la langue wolof comme première langue : 15% contre 63%
comme seconde langue , ce qUI corrobore également les chiffres de notre
enquête : aucun diola parmi les témoins n'a déclaré faire usage du wolof
comme
première
langue.
Et
cela
se
trad ui t
par
ailleurs
dans
les
performances,
par le
fait
qu'ils
constituent
le
groupe ethnique qui
a
réalisé les moins bons résultats.
b) Les peuls et les toucouleurs
Nous disions plus haut que le groupe linguistique pulaar était plus
enclin à adopter le wolof comme première langue; la tendance étant plus
appuyée
dans
le
groupe d'origine
ethnique
toucouleur.
Là encore,
les
statistiques
nationales
autorisent
une
lecture
conforme
à
nos
propres
résultats.
En effet les toucouleurs
adoptent
le
wolof comme première
langue à hauteur de
67% dans la
région de
Dakar, soit de
très loin,
l'usage
le
plus
élevé, contre
24%
comme
langue
seconde.
Les
peuls
feraient
le
même
usage à hauteur de
25%
(première
langue) et 54%
(deuxième langue).
De plus,
les
toucouleurs
sont
13,8%
à
utiliser le
pulaar, leur langue ethnique comme première langue contre 25% comme
seconde
langue,
alors
que
les
peuls
à
Dakar
utilisent
leur
langue
ethnique à 73,5% comme première langue contre 8,5% comme seconde
langue.
141
Ainsi, à la question : "quelle est la première langue parlée à la maison?"
14
locuteurs
toucouleurs
sur
20
et
10
locuteurs
peuls
sur
19
ont
répondu le wolof.
En
règle
générale
les
toucouleurs
de
PLM
wolof
se
distinguent
des
autres (9 bonnes performances surl4). Ils ne font donc pas exception à
la tendance dégagée autour de "PLM wolof" si l'on met à part le cas d'un
locuteur
de
sexe
féminin,
qui
bien
qu'ayant
résidé
23
ans
à
Dakar
détient l'un des plus mauvais scores.
On peut noter également que les meilleurs
résultats
du
groupe
qUI se
situent parmi les meilleurs résultats de l'ensemble, sont détenus par les
locuteurs
dont
l'origine géographique est diversifiée
: Thiès,
Diourbel,
Fatick et
Louga,
même si
pour l'essentiel
il
s'agit de centres
urbains
wolofophones.
Les
locuteurs
d'origine
géographique
ethniquement
marquée
(Podor,
Matam, Ourossogui ... ), en dépit de l'adoption du wolof comme PLM et
parfois d'une durée de
résidence relativement longue à Dakar, réalisent
des
performances
médiocres,
q uo i qu e
légèrement
supérieures
aux
résultats des locuteurs de PLM Pulaar. L'exception concerne les élèves,
qui
s'inscriraient ainsi
dans
la
dynamique
dégagée
dans
leur
groupe.
Chez ces derniers, les choses se présentent de manière plutôt disparate.
En effet:
-
tantôt
la
variable
résidence
fonctionne
convenablement
certains
locuteurs
de
PLM
pulaar
ayant
vécu
longtemps
à Dakar ou
en
pays
wolof (Diourbel,
Kaolack
et
St
Louis)
peuvent
obtenir
des
résultats
comparables à la moyenne des résultats les plus significatifs (ce qui est
la tendance marquante dans cette catégorie),
tantôt
elle
est
complètement
neutralisée,
laissant
apparaître
des
performances beaucoup
moins
bonnes,
tous
paramètres
considérés.
142
Enfin les
performances les plus médiocres du
groupe sont détenues par
les locuteurs toucouleurs de PLM pulaar.
Dans
l'ensemble
ethno-linguistique
Peul-Toucouleur,
l'axe
des
meilleures performances oscille entre les
17-20 ans
(élèves) et les 30-
40
ans
(enseignants-medecins).
Comment
expliquer
la
différence
de
comportement
entre
peuls
et
toucouleurs?
Il semble bien que la communauté Peule s'intègre davantage dans
une
dynamique comparable à celle des communautés alloglottes mandings et
bambaras
(cf
les
groupes
ethniques)
et
dans
une
moindre
mesure
sérère,
c'est-à-dire
dans
un
bilinguisme
ou
un
multilinguisme
d'opportunité
pour reprendre
une
caractérisation
développée
par
Houis
(1971).
En
effet
la
langue 2 est à percevoir comme
un
instrument commode
dont les
circonstances ont imposé
l'usage.
Parlant de
la
dissémination
des
Peuls, il estime qu'ils constituent généralement une minorité et se
trouvent par là même contraints d'utiliser une deuxième langue pour les
relations
économiques.
Loin
de
voir dans
ce
lien
de
dépendance une
situation de contact où le Peul tendrait à s'assimiler, il pense que les
Peuls assument cette différence sans jamais la muer en
une hiérarchie;
c'est
peut-être
là
une
marque
attitudinale
des
groupes
rompus
aux
contacts avec les
autres communautés.
Quant aux toucouleurs, avec 67% des locuteurs utilisant le wolof comme
première langue (dans la région de
Dakar), c'est-à-dire plus du
double
des sérères, on peut estimer que le processus d'assimilation linguistique
est
très
avancé,
s'il
n'est
pas
irréversible.
Ce
phénomène expliquerait
sans doute que ce
groupe ethnique soit aujourd'hui
à l'avant-garde du
combat
irrédentiste
dont
font
notamment
écho
une
multitude
143
d'associations,
de
revues,
et de
manifestations
socioculturelles
pour la
défense
du
pulaar.
c) Les diolas.
Ils
sont
en
première
position
dans
le
groupe
des
ethnies
à
maintenir
solidement
la
langue
ethnique
dans
l'usage
familial
(les
wolofs mis
à part bien entendu) soit près de 90% des locuteurs. Les
locuteurs qui ne mentionnent pas le diola, déclarent utiliser le manding
comme
première langue.
En
outre ils constituent de manière tout à fait singulière la seule
catégorie
dans
laquelle
l'origine
géographique
est
homogène
tous
déclarent venir soit de Ziguinchor, soit de la Casamance ce qui constitue
une mobilité presque nulle.
Par ailleurs, la donnée "durée de résidence à Dakar" ne semble pas
Jouer le rôle attendu et qUI s'est confirmé d'une manière ou d'une autre
dans le cas des autres groupes alloglottes:
autrement dit, que "R"
soit
égale à 3,
12 ou 22, n'influe nullement sur la performance des locuteurs.
On observe plutôt des effets paradoxaux dans certains cas.
Ainsi un locuteur étudiant de 24 ans, ayant toujours vécu à dakar (R =
24) détient le plus bas score de l'ensemble des tests proposés.
L'examen
des
facteurs
ethnolinguistiques
éclairants
sera
envisagé
plus
loin, afin de mieux situer les faits.
Dans
ce
groupe
enfin,
les
femmes
font
les
scores
les
plus
médiocres.
144
d) Les
mandings.
Ils
ont
tous
comme
première
langue
le
manding
(la
langue est
souvent appelée
socé),
mais
présentent des
origines
géographiques
très
diversifiées,
au
regard
des
autres
groupes
qUI affichent
une
situation
similaire
(c'est-à-dire
l'unicité
de
la
référence
PLM)
:
Kolda,
Dakar,
Kaolack, Saint-Louis.
Toutefois, contrairement aux diolas, la durée de résidence à Dakar
est
significative,
de
même
que
l'origine
géographique.
Quand
elle
se
situe
entre
15
et
20
ans,
les
résultats
indiquent
une
moyenne
de
performance
relativement
bonne
(6-7),
ce
qUI
laisse
supposer
une
pratique du
plurilinguisme plus effective.
La
sous-catégorie
diakhanké,
une
variante
dialectale
mande,
se
démarque
quelque
peu
de
cette
tendance
:
les
locuteurs
témoins
se
situent
dans
la
tranche
d'âge
la
plus
élevée
du
groupe
(40
ans,
42
ans/54
ans)
Ils
ont
le
diakhanké
comme
PLM
mais
mentionnent
des
orrg ines
géographiques
ethniquement
marquées
Mi s s ir a ,
Guinée,
Casamance.
Lorsqu'ils déclarent adopter le wolof comme PLM, cela s'avère conforme
aux performances (qui sont dans la moyenne générale).
e) Les lébous.
La variable PLM n'étant plus opérationnelle (en princrpe: vu que le
lébou
est
censé
être
une
variante
dialectale
du
wolof),
nous
avons
confronté
les
variables
les
plus
significatives.
Les
résultats
les
plus
positifs
traduisent les
performances
des
locuteurs
de
la
tranche
d'âge
supérieure
(35-55
ans).
L'origine
géographique
les
classe
en
mileu
urbain
Dakar
et
Rufisque.
Les
moins
bonnes
performances
sont
145
repérables
chez
les
locuteurs
originaires
des
localités
villageoises
(Bargny, Mbao, Yen, Toubab Dialao), et plus rarement de milieu urbain
(2 locuteurs originaires de Thiès et de Kaolack)
La
durée
de
résidence
n'est
nullement
un
indicateur
de
performance, puisque les
meilleurs scores sont également répartis entre
les locuteurs rufisquois et dakarois :
Performance
pharmacien
33 ans
R
l 0
8
enseignant
24 ans
R
3
9
assureur
28 ans
R
28
7
Autre fait notable à notre sens dans ce groupe : nous étions partis
de l'hypothèse qu'en organisant les unités lexicales du
questionnaire par
champs, nous pourrions obtenir des faits significatifs, liés aux domaines
de compétence qui sont étroitement associés à certaines communautés :
.
.
ICI
le
champ
lexical
de
l'environnement
mann
qui
interpelle
plus
traditionnellement la communauté léboue.
Il
n'en
est rien
ou
presque,
les lébous, qui s'identifient aux activités marines, ne se distinguent point
des autres groupes par la maîtrise linguistique de cet espace, ainsi que
l'attestent
les
résultats
obtenus
avec
des
mots
comme
"île",
"vague",
"hameçon", etc.
Peut-être
le
lexique à base dialectale se maintient-il de
manière
plus
dynamique,
compte
tenu
de
la
nature
traditonnelle
de
l'activité
(pêche) à laquelle s'identifie le groupe, mais aussi - pourrait-on ajouter
- grâce à une pratique plus
suivie de
l'endogamie d'après
les
sources
sociologiques.
Par exemple, à la traduction du mot "île", on trouve dans 80 % des
réponses, le mot français. Seul le mot "vague" fait ici exception avec 20%
146
de bonnes réponses. Ces performances étant réalisées par des élèves et
par quelques locuteurs d'autres catégories, orrgmaires de villages lébous
hors
de
Dakar
: Bargny,
Mbao,
Yen et
Ngaparou,
à
l'exception d'un
dakaroi s.
f) Les wolofs.
Deux particularités les distinguent des autres groupes :
1)
ils
constituent
le
seul
groupe
ethnique
composé
exclusivement de locuteurs ayant comme PLM la langue ethnique,
2) ils sont le seul groupe ethnique à ne pas (ou presque pas)
faire
référence
à d'autres
langues
dans
la
rubrique
"autres
langues
parlée" (0,6%).
Ces
deux
remarques
sont
donc
une
confirmation
de
la
position
hégémonique de la langue.
Les wolofs détiennent les
scores les plus élevés et se
situent en
bonne
position
lorsque
l'on
considère
l'ensemble
des
résultats
par
groupe
ethnique.
Néanmoins
l'écart de performances entre eux et les
autres groupes est
loin d'atteindre les niveaux auxquels on pouvait s'attendre, compte tenu
de
leur double référence identitaire (référence linguistique et ethnique).
Seuls les locuteurs situés dans la
tranche 35/55 ans
se distinguent en
détenant le plus grand nombre des scores les plus élevés. Entre 16 et 20
ans , les performances relativement bonnes et régulières des élèves sont
pondérées
par les
résultats
plutôt médiocres
de
l'ensemble
majoritaire
des 24/34 ans.
L'âge est également une variable identiquement significative, dans
le sous-groupe des femmes, où l'on retrouve les performances les plus
appréciables chez les plus de 30 ans, ainsi que chez les jeunes élèves.
147
En
outre, dans ce
groupe ethnique,
nous nous
sommes intéressé
tout
particulièrement
à
l'origine
géographique
pour
vérifier
SI,
éventuellement,
la
référence
au
vernaculaire
pouvait
révéler
quelques
tendances
significatives sur les performances.
Où localiserait-on le wolof "idéal"? Le meilleur wolof se parlerait-il
aux
alentours
de
la
capitale
(Dakar,
Rufisque),
ou
dans
les
régions
auxquelles la tradition associe le wolof originel, le "vrai" wolof? (Saloum,
Kaolack).
La moyenne géographique des performances donne
le classement
suivant :
performance
1
Louga
(Ndiambour)
6,7
2
Thiès
(Cayor)
6,5
3
Diourbel
(Baol)
6
4
Saint-Louis
(Waalo)
5,7
5
Kaolack
(Saaloum)
5,6
6
Dakar
(Cap Vert)
5,5
7
Rufisque
(Cap Vert)
4,25
Même
SI
l'écart
n'est
pas
très
sensible,
il
reste
cependant
significatif d'un
fait
: les
locuteurs
qui
"s'en
tirent
le
mieux"
sont
identifiés comme orrgrnaires des localités
associées traditionnellement à
la langue vernaculaire, et
qui ont été les
principales références ayant
permis l'élaboration du
wolof dit "fondamental", sur lequel
nous nous
sommes
appuyé
pour construire
notre
questionnaire
(Fall-Diop
Arame
1993) .
En
dressant
l'inventaire
des
lexies
pour
lesquelles
les
résultats
sont
nuls
(=
0
point),
le
tableau
indique
la
répartition
suivante
par
groupe
ethnique
148
Questionnaire
l
Questionnaire
II
Manding
1 9
Manding
3 1
Bambara
1 6
Bambara
22
Diola
1 1
diola
2 1
Lébou
1 1
Peul
1 3
Sérère
1 0
Lébou
1 0
Peul
09
Sérère
08
Toucouleur
07
Toucouleur
06
Wolof
02
Wolof
o 1
Il
découle
de
ces
chiffres
que
m o i n s
un
groupe
ethnique
comptabilise de résultats nuls, plus il affirme une meilleure compétence,
comparé aux autres groupes. Ainsi le classement indique que les wolofs
arrivent en tête, suivis des groupes toucouleur, sérère, lébou, peul, diola,
bambara,
et manding.
On
remarque
que
ce
classement
correspond
mutatis
mutandis
à
celui
des
groupes
ethniques
lorsqu'on
les
considére
sous
le
rapport
"groupe
ethnique
PLM
wolof".
En
effet
les
trois
premiers
groupes
ethniques
sont
ceux
qui
ont
tendance
à
adopter
le
wolof
comme
première langue au détriment
de leur propre langue ethnique.( on peut
se reporter au
tableau des "groupes ethniques et premières langues").
Un
test
complémentaire
avait
consisté
à
soumettre
les
lexies
à
résultat nul à des locuteurs témoins de la même unité (groupe ethnique
wolof) pour vérifier si cette tendance serait confirmée.
149
Les unités linguistiques concernées sont
coobare
Yl1r
pottag
sallaaw
maandute
doolinka
pu ur
wattu
sag
dun
raxla
Jarag
Jorn
sank
degg degg
ra Qa ti
xarala
singali
faww
En
faisant
le
classement des
bonnes
réponses
de
l'ensemble,
on
note
dans
la
rubrique
o n g ine
géographique
le
nombre
de
fois
qu'apparaissent les localités des locuteurs les plus performants:
Waalo et Djambour (Saint Louis, Louga, Kébérner)
19
occurences
Cayor (Khombole, Thiès, Tivaone)
16
occurences
Baol (Mbake, Touba)
5 occurences
Cap Vert (Dakar + Rufisque)
4 occurences
Saloum (Kaolack, Kaffrine)
3 occurences
Apparaît
à
travers
le
classement,
à
peu
près
la
même
configuration
que
celle
du
classement
par
ori gme
géographique
des
performances
de
l'ensemble.
Ceci
autorise
à
retenir
la
constatation
suivant laquelle les locuteurs originaires des localités associées au wolof
vernaculaire
réalisent
effectivement
les
meilleurs
scores
sur
les
mots
qui ont totalisé les taux de
réussite les plus bas, ainsi que l'affiche le
tableau illustrant la liste des items soumis à la traduction.
Quant à la domination des locuteurs du Waalo, du Cayor et du Baol,
le
fait notable à retenir est que pour l'essentiel, il
s'agit de
locuteurs
relativement âgés (35/52 ans) et qui déclarent avoir vécu au
moins
10
150
ans
dans
leurs
localités
d'origine,
parfois
20
ans
et
plus,
pour
les
locuteurs de 40 ans et plus.
Les jeunes
(principalement les élèves) qUI ont réalisé les performances
les
plus
notables
relèvent
dans
leur
grande
majori té
de
ces
mêmes
localités, excepté qu'ils ont presque tous une durée de résidence à Dakar
souvent équivalente à leur âge.
Pour
expliquer
ces
données,
il
est
légitime
de
rappeler
la
position
hégémonique du wolof, mais aussi et surtout un processus (en cours) de
recentrage culturel et linguistique, qui
se manifeste notamment par :
1)
La
multiplication
des
organes
d'information
en
langues
nationales
(essentiellement
le
wolof).
Les
émissions
de
plus
en
plus
nombreuses
et
diversifiées
à
la
radio
et
à
la
télévision
(dans
une
moindre
mesure
toutefois)
favorisent
semble-t-il
une
écoute
plus
importante et développeraient aInSI
une compétence passive
susceptible
d'activer la disponibilité lexicale.
2)
L'émergence d'une
action
culturelle
plus résolument endogène.
Tout en
étant ouverts, les plus jeunes ont l'opportunité de
développer
une
sensibilité
musicale rattachée
à la création locale et aux
langues
nationales,
en
particulier
le
wolof.
Les
musiciens
les
plus
en
vue
produisent
en
effet
dans
tous
les
registres
(épique,
lyrique,
moral,
social) qui
privilégient le
répertoire traditionnel en langue locale,
avec
en
plus,
une
diffusion
de
masse
plus
rapide
et
plus
efficiente
qu'auparavant.
C'est
une
rupture
par
rapport
aux
générations
immédiatement
antérieures
dont
la
culture
musicale
et
artistique
est
tout
particulièrement
extravertie
(sensibilité
très
accrue
au
répertoire
latino-américain
et
anglo-américain).
151
3)
La
déculpabilisation
:
l'enceinte
de
l'école
(et celle
de
bien
d'autres
institutions)
n'étant
plus
surveillée
par
le
"symbole",
les
nouvelles générations ont un sentiment plus positif à l'égard des langues
locales.
Elles
vi vent
au
plan
social
la
période
post-réhabilitation
des
langues
nationales, déchargées
des connotations
négatives,
des
interdits
d'usage et des sentiments dauto-odi.
4)
La proximité des
réseaux
d'interactions
traditionnelles,
attendu
qu'ils
passent
plus
de
temps
en
compagnie
des
parents
(notamment
depuis la suppression des
internats et demi-pensionnats) ou
des grands-
parents,
ce
qUI leur
permet
de
consolider
l'usage.
Les
performances
répertoriées
sur
le
champ
lexical
du
civisme
l'illustrent
bien
à
notre
sens. Car même si le paramètre âge consacre la domination de la tranche
supérieure
35-55
(c'est-à-dire
celle
de
la
maturité
et
de
l'initiation
achevée
à
la
morale
sociale
),
on
note
que
les
Jeunes
locuteurs
obtiennent
néanmoins
un
score
honorable.
Ces
concepts
constituent
autant de
termes récurrents
à
travers
les
thèmes
que
développent les
chansons
populaires
modernes et il
est vraisemblable
qu'on
les
utilise
beaucoup plus fréquemment que par le passé, dans les
instances de la
communication sociale et familiale. Il est vrai également que le discours
moral
ou
civique
passait
nécessairement
voire
exclusivement,
par
la
langue
officielle,
en
vue
de
la
formation
du
"citoyen
moderne"
(l'instruction
civique à l'école
fut
supprimée dans
les
années
soixante
dix).
Sous
ce
rapport,
l'examen
des
performances
des
jeunes
filles
(lycéennes)
par opposition
aux
femmes
de
la
population enquêtée est
aussi édifiante. En voici une illustration :
152
Questionnaire
l
Liste des
items
Total
performances
H+F
femmes
Jeunes fi lles
Différencier = wuutale
2 1
3
3
sur
3
Epargne = yaxan
sur
D'accord = and naa Cl
18
5
4
sur
5
Centre = digg
1 15
43
29 sur
43
Projectile = saan
19
6
6
sur
6
Quartier = gox
48
20
13 sur
20
Va et vient =jaabante
14
6
5
sur
6
Insomnie = werekcekk
14
5
4
sur
5
Concours = jon a n t e
19
1 3
13 sur
13
Honneur = Jorn
22
7
3
sur
7
Honneur = sag
10
7
5
sur
7
Inculte
=
xamadi
12
8
6
sur
8
Humble = oyof
16
7
6
sur
7
Femmes = ensemble des locutrices
Jeunes filles = sous ensemble des locutrices.
153
Questionnaire
II
Listes des items
Total
Performances
H+F
Femmes
Jeunes filles
Gaspiller = pasar pasar
20
6
5
sur
6
île = dun
13
5
4
sur
5
vague = duus
27
10
8
sur
10
magie none = xam xam bu FlU u l
32
1 1
10 sur
11
bijoux
= takkaay
95
37
21 sur
37
puisque = ndegen
3R
13
8
sur
13
nouvelle
= xibaar
26
5
3
sur
5
engourdi
=
nagam
16
7
7
sur
7
prouvé = firnde
2 1
4
4
sur
4
S'acharner = singali
4
sur
4
créer = sakk
82
24
12 sur
24
prévoyant
= fàggu
18
8
4
sur
8
jaloux = ifiaan
16
8
4
sur
8
patienter
=
taaxirlu
0
intense = tar
2 1
6
3
sur
6
= tiis
23
8
5
sur
8
absolument
= faww
8
sur
N.B.
Les
femmes
représentent 61
locutrices sur
136 locuteurs
dans le
questionnaire I et 46 locutrices sur 146 dans le questionnaire II.
154
Les Jeunes filles ont de 16 à 21 ans dans le questionnaire I et de 17 à 21
ans dans le questionnaire II; elles sont 23 dans le questionnaire l et 22
dans le questionnaire II.
Naturellement,
les
performances
des
femmes
suivent
les
tendances
majeures
que
nous
venons
de
dégager
autour
de
la
variable
origine
géographique
dans
le
groupe
ethnique
wolof.
On
peut
par
la
même
occasion
signaler leurs performances moindres
comparées à celles des
hommes
pour
l'ensemble des
résultats,
sans
qu'on
puisse
attribuer ce
fait à des déterminations précises, hormis l'examen des champs lexicaux
susceptibles de faire ressortir un "atavisme" linguistique; nous avions en
effet
pensé
que
certaines
variables
plus
ou
moins
marquées,
appelleraient
de
manière
plus évidente des
performances positives
de
leur
part
(vocables
tels
que
protéger,
bijoux,
veiller
sur,
cordon
ombilical, etc.). mais les résultats ne laissent rien supposer dans cette
direction.
Le
seul vocable significatif à cet égard est "yiir" (protéger)
mais
il
ne
saurait
constituer
une
référence
pertinente
pour
tirer
la
concl usion
espérée.
Tableau indicatif des performances lexicales d'ensemble.
(Tous les groupes confondus)
Questionnaire l
Quetionnaire
II
déménager
tox u
142
bijoux
t a k k a ay
9S
centre
digg
7S
créer
sàkk
82
accueillir
teeru
8S
nouvelle
xihaar
61
protéger
yi i r
66
flamme
tàkk-tàkk
S 1
h s i ter
é
xel fiaa r
S3
puisque
ndc ge m
38
quartier
gox
48
indigestion
f ë r
36
155
copain
àndandoo
40
empêchement téq-téq
35
énergie
k t t a n
35
magie
noire
xam-xarn bu nu ul
32
à
espace
jàww
26
in tense
re y
29
honneur
jom
22
vague (la)
duus
27
différencier
wuutale
21
intense
t i i s
23
projectile
saan
1 9
intense
ta r
21
concours
jorja n t c
1 9
presque
daanaka
25
incorrect
reew
1 9
prouvé
firnde
21
humble
toroxlu
16
gaspiller
sànk
20
d'accord
sàllaaw
1 6
prévoyant
fàggu
18
insomnie
werekcekk
14
engourdie
nagam
16
va et vient
dem ak dikk
1 4
jaloux
afia a n
16
cordon
ombilical
1u t t
1 2
nouvelle
degg-degg
5
honneur
sag
1 0
jaune
puur
5
effacer
far
8
créer
sos
4
encadrer
s é q
8
protéger
aar
3
encercler
ëw
8
patienter
taaxirlu
0
courtoisie
te g gin
7
affoler
ràl)l)ati
0
volonté
coobare
5
hameçon
d o o l i n k ë
0
épargne
yaxan
5
s'acharner
singali
0
vagabond
do xan dee m
5
presque
pottag
0
surveiller
aar
4
d'accord
sàllaaw
0
absolument
faww
protéger
watt u
0
honnêteté
m a a nd u t e
promotion
te r a a n g a
0
156
7.4 REMARQUES SUR LES DEFICIENCES LEXICALES.
Nous avions cherché à tester l'ensemble des secteurs lexicaux, en
vue
de
délimiter
des
domaines
où
les
déficiences
seraient
éventuellement
plus
marquées
que
dans
d'autres.
Il
semble
qu'aucune
des parties du discours ne se distingue réellement des autres ainsi que
le montre le
tableau. En effet verbes,
substantifs,
adjectifs et adverbes
se retrouvent indifféremment en
haut, au milieu ou
en bas du
tableau,
sans
signification apparente.
La seule opposition plus ou moins nette a trait aux mots concrets
et
abstraits;
on
entend
par
là
une
sous-catégorisation
de
noms
qui
référent
à des
objets du
monde physique ou
de
ce qui
est considéré
comme tel,
par opposition aux noms abstraits
qui
dénotent des entités
appartenant à l'ensemble idéologique (Dubois
1973). On observe de fait
que les
lexemes qui définissent des attitudes et des manières
d'être ne
peuvent être
nommés de manière appropriée,
(même en admettant une
tolérance
synonymique qui
tient
compte des
mots
à
signification plus
lâche, plus dispersée). Nous avons déjà évoqué en partie cet aspect au
chapitre
précédent
(vocabulaire
CIVIque
et
moral).
L'abstraction
se
présente
ICI
comme
un
secteur
très
peu
générateur
de
bonnes
performances et tendrait à être exprimée ou en français,
ou
en wolof
approximatif.
Il
apparaît
d'ailleurs
que
cette
approximation
n'est
pas
limitée à ces seuls noms abstraits.
Elle traduit concrètement le rapport
que les locuteurs entretiennent de façon générale avec le système.
L'examen
du
questionnaire
II
(syntaxe)
permet
de
constater
que
la non disponibilité (ou la méconnaissance) des termes débouche sur de
157
nombreuses
inexactitudes
de
caractère
sémantique,
des
termes
Impropres ou des malentendus terminologiques. On relève
a)
un
choix
très
fréquent
des
expressions
génériques
(des
hyperonymes
à la place des hyponymes,
des
synonymes
partiels,
des
parasynonymes) et en quantité
non négligeable, des antonymes.
L'idée,
semble-t-il. étant de faire admettre que la réponse se situe d'une façon
ou d'une autre dans le champ sémantique , en dépit
de l'indisponibilité
du
terme
adéquat (exemple
de
"vague"
traduit
par mer,
mousse,
eau,
fleuve. tourbillon, etc.)
b)
la
référence
à des
procédés métalinguistiques
pour pallier
le
manque
de
précision
en
particulier la
prédilection
pour
les
formes
périphrastiques,
les
définitions
par
la
négation
et
d'autres
formes
encore,
caractéristiques
des
moyens
métadiscursifs,
par
lesquels
les
locuteurs
voudraient probablement démontrer que
le
terme
ne
leur est
pas
totalement
étranger.
Illustration par quelques exemples du corpus.
7.4.1
Les
constructions
périph rastiq ues.
1- vagabond
doxandeem
-
walaakaana
celui qUI ne possède nen, démuni, misérable
- doxkat
qUI
vadrouille
- fiàkk kelifa
qui n'est sous la tutelle ou l'autorité de
de personne, qui est désobéissant
158
2- insomnie = werekcekk
- fiàkk nelew
qUI est privé de sommeil
3- humble = toroxlu
- ku reewul
qUI n'est pas impoli
4- inculte
xamadi
- ku fiàkk 1an
_
a
t:>
qUI n'est pas allé à l'école
- ku jangul nasaraan
qUI n'a pas appns le français ou qUI n'a pas
n'a pas fréquenté
l'école moderne
- nit ku xamul
quelqu'un qUI est ignorant
5- ingénieux = xarala
- ku am xalaat
quelqu'un
qUI réfléchit
- ku am yitte
qUI est courtois
- ku no ml
qUI n'est pas éveillé
-
liggeeykat
un
travailleur
159
- bari mën mën
quelqu'un qur est apte à se tirer d'affaire
- ku am ngikk?
6- indi ges t ion
fër
- ku sere
(du verbe français "serrer") désigne la
cons ti pation
- mcti tu
biir
maux de ventre
- ku
reesalul
litt
qUI n'a pas le ventre calme
- ku demut all
qUI ne peut pas faire ses besoins
- Jangoru biir
qUi a la maladie du ventre
7 - prévoyant
faggu
- gIsaane kat
(un
voyant)
- gIS gISU ëllëg
qui
essaie d'entrevoir l'avenir
- xalaat suba
qui pense à demain
- pare Iii fiowul
qui se prépare pour l'avenir
8- s'acharner
singali
160
- dal Cl kow
"rentrer
dedans"
- nekk Cl kow
se
mettre sur quelqu'un
- mayul ma jàmm
qUI ne me laisse pas en paix, tranquille
9-
amende
alamaan
- looy wara fey
ce que l'on doit payer
- juuti
emprunt à l'anglais douanier (dut y),
percevoir des taxes (marchés routes etc.)
7.4.2
Les
antonymes.
1- ingénieux
xarala
- ku
fiorul
qUI n'est pas mûr
2- courtoisie
teggin
- ku bon
qUI est méchant, mauvais.
-
muusadi
qUI n'est pas éveillé
-
yaradiku
qUI n'est pas hien éduqué
3- humble
toroxlu
161
- KU rëy
qUI est prétentieux
7.4.3
Les
hyperonymes.
(Extensions sémantiques, confusions de sens, faux sens, contre
sens)
1- île = dun
- tefes
mer
- dex
fleu ve
- ndox
eau
- gox
quartier
2- volonté
coobare
-
bànneex
plaisir
3- cordon ombilical
lutt
- buumu ànd
- jumbax
nombril
- butitu JUf
intestin
d'accouchement
- wër gefio
ceinture
162
4- énergie = kàttan
- do ole
force
- safara
fe u
- yëngatu
dynamique, énergique (en parlant d'une
personne)
- njaxlaf
énergique
(idem)
- sawar
gal
-
mën-mën
capacité
5- projectile = saan
-
gànnaay
arme en
général
- xeer
caillou
- doj
p i e r r e
- sox
balle
(arme)
- xeeJ
lance
163
gerenaat
grenade
(emprunt
au
français)
La
confusion
sémantique
provient
sans
doute
d'un
manque
de
discernement
dans
le
couple
paronymique
projec te ur/proj ec ti le,
qUI
explique
les traductions suivantes :
- lu lcer
cc qui est lumineux
- xUJ kamac
allusion
à une lumière intermittente
- xottu
butéel
tesson de bouteille (qui a la faculté de
scintiller)
6- quartier ::: gox
-
mbedd
rue,
avenue
- kof
com de rue ou croisement
- pénc
arbre à palabre, lieu de réunion, place
publique
dëkkukaay
néologisme créé à partir de "dëkk" habiter
+ suffixe instrumental : qui sert à habiter,
domicile
-
tund
colline
-
diiwaan
région
(emprunt
à
l'arabe)
164
7 - engourdi = nagam
-
neWWl
enflé
- diis
lourd
- metti
qUI fait mal, douloureux
- rëy
devenir gros,
grand
8- effacer
far
- fomp
essuyer
9- épargne = yaxan
- baalal ko
pardonner (influence du
français
épargner
quelqu'un de quelque chose)
10- flamme == tàkk-tàkk
- soondeel
bougie
- saxaar
fumée
- safara
fe u
- leeraay
éclat, clarté
165
11- concours = jorja n te
- yoote
Jeu
(traditionnel)
- raw gaddu
Jeu
(traditionnel
- boloot
belote
L'ensemble
des
données
linguistiques
examinées
permet
de
constater
que seulement un petit nombre de
locuteurs sont à même d'utiliser un
répertoire
lexical
plus
ou
moins
vaste
et
selectionné
sémantiquement
(avec un
sens avéré de la nuance et de l'exactitude dans le choix des
mots). Plus d'un tiers des locuteurs s'exprimerait au
contraire avec un
fond lexical laborieux et approximatif. Vingt pour cent tombent dans de
fréq uen tes
inexacti tudes
séman tiq ues,
ex pres s i o n s
Impropres,
néologismes
de
circonstance,
idiotismes
gratuits
et
peu
fréquents
qu'il
serait fastidieux d'énumérer ici. A cela s'ajoute le problème de l'usage
également
appproximatif,
non contrôlé dans
l'ensemble
des morphèmes
et des liens, permettant d'induire une maîtrise des normes de base de la
morphosyntaxe
wolof.
ces
remarques
seront
illustrées
dans
le
second
volet, par des faits précis tirés du corpus.
7.5. REMARQUES SUR LES DEFICIENCES MORPHO-SYNTAXIQUES.
7.5.1
Les
entorses
au
système
de
dérivation.
7.5.1.1
La
détermination.
166
- Traitement synchronique du
classificateur.
En
wolof, dans les
formes
nominales
envisagées
au
singulier,
il
existe
sept
types
de
prolongements
morphologiques;
chacun
utilise
la
même variété de
consonne,
aussi
bien pour
l'ossature
simple que pour
l'ossature
complexe.
Au pluriel, les types sont au nombre de trois : l'ossature / fi / est propre
aux
formes
lexicales
qui
traduisent
des
noms
d'être,
de
même
que
l'ossature /j/; leur emploi est de ce fait plus limité que celui de /y/.
Exemples:
siguJier
pluriel
nik k-i
ni t fi - i
xar rn-
xar y-
fas w-
fas y-
ganar g-
ganar
y-
néeg b-
néeg y-
lëf 1-
yëf y-
safara
s-
safara
y-
jigéen J-
jigéen n-
cas relevés dans le corpus
pour
jën Wl
on a
* ...
Jen bi
gmax gl
*ginax bi
gox gi
*gox bi
dëkkuwaay
JI
*dëkkuwaay
bi
suuf SI
*suuf hi
167
sondeel SI
*sondeel bi
ndox mi
*ndox bi
dex gi
*dex bi
île W1
*ile bi
(le relevé n'est pas exhaustif)
Ici, se confirme très nettement les tendances qui
ont déjà été observées
sur
les
emprunts
du
wolof
au
français
(Dumont,
1973),
à
savoir
la
généralisation
de
l'usage
du
morphème
de
classe
b-.
Ce
qui
semble
correspondre à un mouvement actuel de la langue wolof, pour les mots
d'origine wolof, aussi bien que pour les vocables d'emprunts au français.
Les
autres
classificateurs relevés
n'obéissent
pas
plus
aux
contraintes
morphosyntaxiques qui les caractérisent. Ainsi à coté de
*dex bi,
on trouve
*dcx ji, *dex wi, dex gr
dun bi,
*dun gi, *dun mi.
*ile bi
ile wi
15 locuteurs sur 147 ont pu réaliser la forme exacte jën WI (le poisson).
Nous
retiendrons
pour
l'illustration,
quelques
modalités
de
la
dérivation
suffixale,
telles qu'elles
sont apparues dans
notre corpus de
façon notable.
- Dérivation simple au premIer degré
Dans le
système, le dérivatif est exprimé sur le
plan formel
par
une seule manifestation localisée en un
point unique.
Quatre situations
existent.
Trois
concernent
des
modifications
qUI
affectent
la
forme
168
sourru se
à
la
procédure
de
dérivation.
On
peut
interpréter
aUSSI
les
dérivations
par permutation consonantique,
par
prénasalisation.
Dans ce
cas,
le
monème
dérivatif
procède
d'une
manifestation
formelle
extérieure
à
la
base
soumise
à
la
procédure
de
dérivation
(on
les
désigne parfois par affixes de dérivatifs).
En permutation consonantique, on trouve par exemple
soxor (méchant) -
coxor (méchanceté)
En
prénasalisation consonantique
dem -
ndem
bëgg (aimer) -
mbëgg (amour)
En
préfixation consonantique
afiaan (jaloux) -
kafiaan (jalousie)
En dérivation par suffixation :
saf (qui a du goût)- safaay (le goût)
7.5.1.2 la
dérivation
nominale.
Les
différentes
dérivations
du
système,
démontrent
que
le
wolof
ne
fait pas de distinction formelle entre nominal et verbal. Les formes
monématiques
bivalentes
n'appartiennent
donc
à
aucune
catégorie
précise. Ells sont disponibles aussi bien pour une fonction nominale que
pour une fontion verbale (Diagne,
1976). Seul l'emploi des lexèmes se
combinant
avec
des
modalités
caractéristiques
des
nominaux
ou
des
verbaux, permet d'établir une distinction entre nominaux et verbaux.
La
169
distinction est par conséquent latente et
confirmée par l'aptitude qu'ont
ceux-ci à se combiner aux diverses modalités du parler.
Déri vation au second degré
Elle
est
caractérisée
par
l'indissociabilité
des
éléments
formels
constitutifs
du
léxème
dérivatif.
On
ne
peut
dans
aucun
des
cas
suppnmer
un
des
éléments
formels
qui
intervient
dans
la
procédure
sans aboutir à un non sens :
exemple
Sop (turbulent) -
copte (turbulence)
En dressant le tableau des lexèmes dérivés nous obtenons les occurences
sui vantes
:
a) autour de
la base verbo-nominale
jub
(droit)
nju b
*jub
*njubte
*j u b te
*jubaay
un seul lexème dérivé est attesté
njub (droiture).
b) autour de la base nominale
170
distinction
est par conséquent
latente et
confirmée par l'aptitude qu'ont
ceux-ci à se combiner aux diverses modalités du parler.
Dérivation au second degré
Elle
est
caractérisée
par
l'indissociabilité
des
éléments
formels
constitutifs
du
léxème
dérivatif.
On
ne
peut
dans
aucun
des
cas
supprimer
un
des
éléments
formels
qui
intervient
dans
la
procédure
sans aboutir à un non sens :
exemple
Sop (turbulent) -+
copte (turbulence)
En dressant le tableau des lexèmes dérivés nous obtenons les occurences
suivantes
:
a) autour de la base verbo-nominale
jub
(droit)
nj u b
*jub
*njubte
*juhte
*jubaay
un seul lexème dérivé est attesté
njub (droiture).
b) autour de la base nominale
170
gor
(honnête homme)
*gor
*ngorgore
*ngore
*gore
*worte
seul
gor est attesté indiquant
l'état d'un
homme
honnête et
se
range
dans la catégorie de la détermination.
Les autres
items sont donc
fautifs
dans
leur prétention
à intégrer le
paradigme
des
nominaux.
c) autour de la base verbo nominale gërn
Gërn (croire)
n g ë m
*gëm
*ngëmeel
*ngëmte
seul ngëm est attesté dans le paradigme des sustantifs.
d) autour de sawar, on dénombre
*cawarte
*cawar
171
*sa\\\\'are
aucun dérivé nominal n'est attesté.
e) autour de
bég (content)
m bé g te
*béo
::-
*bëgg
*bëgg bëgg
*bégte
*bég bég
bëgg bëgg vient de bëgg (aimer) et ne saurait donc permuter avec bég
base de référence du paradigme. Seul mbégte est attesté dans ce groupe.
f) autour de kàttan (énergie)
*kat tan te
*kattaneel
Ni l'un Dl l'autre ne sont attestés.
g) autour de yëg (avoir de la considération pour quelqu'un)
*yëgte
*yëgteel
*yëg yëg
*yëgante
172
aucun item n'est attesté.
Enfin
les
items
isolés denc
et
wor (épargner,
trahir)
donnent
comme
dérivés nominaux par permutation consonantique kor (la trahison et par
conservation de la base verbe-nominale denc.
Aucun des items
relevés
n'obéit
à
ces
régles
de
dérivation.
Même
observation
pour
saan
qui
exclut les dérivés "sanni" et "saan saan".
- Dérivation néologique
par-aay et -te
Dans l'ensemble du corpus, on remarque une forte occurrence des
suffixes
-aay
et
-te
dans
des
dérivés
également
fautifs.
Ils
semblent
jouer
le
rôle
de
morphème
suffixal,
épenthétique,
tendant
à
ériger
l'analogie en système de dérivation libre.
On peut relever en vrac pour -aay
*jubaay
pour
jub
(droiture)
*baaxaay
pour
mbaax
(bonté)
* gorewaay
pour
ngor(honnéteté)
*dencukaay
pour
denc
(épargne)
*yaatuwaay
pour
j a w w
*yaruwaay
pour
teggin( courtoisie)
*ngëmaay
pour
xamadi(inculte)
La liste n'est pas plus exhaustive, elle indique une forte inclination des
locuteurs à l'usage de ce procédé.
Pour -te on relève
*njubte
pour
njuh(honnêteté)
173
*jubte
*worte
pour
ngor(honnêteté)
*mbëgte
pour
bëgg
bëgg(volonté)
*yëkte
pour
teggin(courtoisie)
*cawarte
pour
kàttan(énergie)
*kilifte
pour
teggi n( courtoi sie)
*yarute
pour
te gg i n( cou rtoi s ic)
*mbaaxte
pour
m a a nd u tee honnê te té)
*beate
pour
bëgg
bëgg(volonté)
b
*kontante
pour
bëgg
bëgg(volonté)
*ngëmte
pour
xamadi(inculte)
7.5.2 La
reduplication.
Elle
mérite d'être signalée à cause de
l'abus
du
procédé qUI en
résulte,
notamment
dans
les
dérivations
nominales.
Même
si
elle
est
moins
productive
que
les
deux
premiers
procédés,
sa
fréquence
est
notable dans les items comme :
*dog-dog
*leer-leer
*jub-jub
*yaatu-yaatu.
On peut mentionner pour clore ce chapitre, l'exploitation plus ou mOInS
insistante du
procédé (relativement
plus
simple
que
les
autres)
de
la
dérivation par usage de la base verbo-nominale.
Comme
lexème
nominal,
c'est
une
possibilité
qu'offre
le
système
lui
même, excepté que la majorité des locuteurs en font une utilisation non
conforme. Il concerne les items
174
* wor- *sa w ar- *denc- * y aatu- * sànni - * leer.
Synthèse.
Les
failles
constituent la
règle dans les différents
compartiments
du
procédé
dérivationnel.
Les
difficultés
sont particulièrement présentes
dans
la réalisation
des
procédés de type prénasalisation, variation consonantique, ainsi que les
modes
plus
complexes
de
type
parasynthétique
où
l'adjonction
concomitante et solidaire du préfixe et du suffixe à la base apparaît le
plus souvent comme un exercice ardu, générant dans la plupart des cas
des
réalisations éronnées.
Les
locuteurs
s'exercent à
contourner
les
difficultés
en
adoptant
des
procédés
qui
présentent "l'avantage" d'être inspirés
par des
modes
de
dérivation moins complexes (la suffixation tous azimuts). Ceux-ci offrent
en effet
des
possibilités
(à
leurs
yeux)
de
"vraisemblance phonique",
compte tenu de leur disponibilité mais aUSSI de leur fréquence dans la
langue.
L'expression
des idées
et
des
notions
reste
dominée
par des
procédés
peu
économiques,
en
l'ocurrence
le
recours
aux
formulations
péri
et
para-phrastiques
(formes
dit-on
préliminaires
de
la
dénomination),
aux circonlocutions dont la syntaxe particulière imprime
au signifiant les marques de l'à-dire plutôt que du dire.
175
7.6 Le
lexique
français
Le
lexique en temps que partie de la réalité sociale de la langue
est soumis à la double loi de la continuité et de l'évolution. La somme
essentielle
du
lexique
est
nécesairement
transmise
d'une
génération
à
une autre et est censé assurer la possibilité de la communication dans le
cadre d'une communauté qUI se
perpétue.
La conséquence en
serai t la
permanence du lexique essentiel d'une langue, une résistance sociale au
renouvellement et
le
maintien de
la tradition lexicale (Guilbert,
1978).
Mais il est un fait également que la composition du
lexique, sa norme
dans un
temps donné est faite de l'action contradictoire des forces de
conservation et des forces de
novation, équilibre instable qUI se
traduit
par une rénovation partielle et continue du stock lexical, l'apparition de
mots nouveaux et de nouveaux sens, la disparition de
mots anciens, de
sens vieilli etc.
Ces
données
sur
le
lexique
sont
encore
plus
pertinentes
dans
un
contexte défini par la coexistence linguistique où
le contact des langues
favorise
une
mutation
relativement
plus
rapide
des
données
normatives. En effet les barrières linguistiques mises à la disposition ne
sont jamais absolues et dans les situations de
bilinguisme quand deux
ou
plusieurs
langues
sont
utilisées
régulièrement,
c'est
l'ensemble
du
dispositif qui se
trouve impliqué dans certaines formes de mutation qUI
n'épargnent ni le lexique ni certaines autres parties de la grammaire des
langues.
Après aVOIr étudié quelques aspects de l'usage du
vernaculaire (le
rapport de locuteurs
au
système lui-même d'un
point
de
vue
normatif
et
descriptif),
nous
continuerons
d'illustrer le
propos
avec,
dans
cette
partie,
un
compte-rendu
sur
les
modalités
d'utilisation
des
unités
176
françaises
d'une
part,
et
d'autre
part
sur
les
jugements
métalinguistiques des locuteurs sur les performances mêmes.
Le
questionnaire qui
leur
a été soumis à ce
propos,
s'était fixé
comme objectif de définir comment ils appréciaient ce qui était présenté
comme
le
wolof fondamental,
une fois
admis
l'écart entre celui-ci et
leurs
propres
performances.
Nous
avons
ciblé
tout particulièrement le
groupe
des
locuteurs
wolofophones
natifs,
choisis
en
référence
au
concept de
locuteur-auditeur natif, plus apte en principe à dégager des
positions
avisées sur sa langue,
son système (par opposition
aux non
natifs qui feraient de cette langue un usage véhiculaire).
Nous
examinerons
d'abord
les
mécanismes
d'utilisation
du
français
à
travers les données des questionnaires l et II.
Tableau indicatf des occurences des unités françaises par item.
Questionnaire
II
promotion
129
puisque
05
île
75
affoler
05
jaune
67
prouvé
04
vague
43
prévoyant
03
hameçon
25
jaloux
02
normalement
1 4
charlatan
02
presque
1 2
engourdi
o 1
farfelu
1 2
patienter
o 1
flamme
1 2
avantageux
01
empêchemen t
1 0
absolument
o 1
indigestion
09
il se peut que
01
magie noire
08
intensité
00
nou velle s
08
gaspiller
00
177
bijoux
07
s'acharner
00
protéger
07
insignifiant
00
Tableau indicatif des occurrences des unités françaises par item
Questionnaire 1
concours
68
cordon ombilical
37
honneur
62
d'accord
34
projectile
67
épargne
33
absolument
59
énergie
32
honneur
58
volonté
32
incu l te
56
protéger
30
courtoisie
53
incorrect
24
ingénieux
5 1
différencier
2 1
humble
5 1
effacer
20
amende
43
centre
1 8
encadrer
42
encerc ler
1 6
va et vient
40
malade
1 4
vagabond
38
accueillir
08
hési ter
38
cop ai n
05
quartier
36
déménager
02
espace
37
.
.
ms o mrn e
37
7.6.1 Les
unités
françaises
On peut constater que :
1) le nombre de locuteurs utilisant les unités françaises est
relativement plus important que celui des locuteurs qui se sont
distingués dans le choix des unités wolofs.
178
2) les unités françaises apparaissent dans tous les domaines
du lexique, dans toutes les catégories grammaticales.
Trois motifs principaux semblent justifier leur choix :
- soit que les locuteurs ignorent le terme wolof
- soit qu'ils connaissent le terme mais celui-ci n'est pas disponible
- soit qu'ils connaissent le terme mais son équivalent français est
plus fréquent dans l'usage social.
a) L'exemple des noms abstraits permet d'illustrer le premier cas de
figure, à savoir le motif d'incompétence.
En effet nous avions déjà signalé la médiocrité des performances sur ces
unités. En comparant les réponses données en wolof avec celles données
en français :
Wolof
Français
humble
16
51
honneur( 1)
la
62
courtoisie
07
53
volonté
05
32
honnêteté
al
00
inculte
12
56
île
00
75
promotion
00
129
vague
00
43
On remarque deux façons de solliciter les mots français pour construire
son énoncé :
179
- ou bien le mot
français est courant et de haute fréquence et le
mot wolof est inconnu(cas de "vague" et "promotion")
- ou bien le mot wolof est inconnu, et le mot français est utilisé
sans être courant.
Cette attitude ne serait pas socialement motivée mais relèverait d'un
acte individuel d'usage (automatique) du français pour combler les
lacunes dues à l'ignorance de termes wolofs . On pourrait les qualifier
d'emprunts individuels de circonstance. Ceci permet de comprendre le
sens du décompte attribué à un terme comme "courtoisie", alors que ce
mot français est caractérisé par une fréquence nulle dans le discours
ordinaire, quotidien, en wolof.
b) L'usage des unités françaises pourrait se justifier par leur grande
disponibilité.
Bien des locuteurs connaissent l'équivalent wolof du mot "quartier" =
"gox" : on décompte 48 bonnes réponses sur 140. Mais lorsqu'on leur
demande ce qu'ils utilisent le plus souvent, ils déclarent faire usage du
mot français au motif qu'il serait plus courant que le mot wolof qu'ils
associent volontiers à l'habitat rural.
Le mot français "jaune" remplace l'équivalent wolof "puur", parce que la
plupart des noms de couleur (à l'exception de noir, blanc et rouge qui
ont par ailleurs une très haute fréquence en wolof) sont empruntés au
français, en dépit parfois de l'existence d'équivalents en wolof, comme
c'est précisément le cas pour la couleur jaune (puur). Perçu comme rare
et jugé plutôt recherché, ce mot est donc très peu disponible chez les
locuteurs qui semblent lui préférer le mot français, lorsqu'ils n'utilisent
pas les appellations métaphoriques wolofs pour désigner la même
couleur; telles que "mboq" dont le sens dénoté est maïs.
Jaune
67
locuteurs
180
pu ur
05
locuteurs
mboq
38
locuteurs
Pour le mot "encadrer", on compte 42 réponses en français et 08
réponses en wolof (séq).
Ce choix participe
également de la bipolarisation ville/campagne
qUI affecte un certain nombre d'unités , si l'on s'en tient aux avis émis
sur les modalités d'usage. C'est cette attitude qui prévaut par exemple
dans l'appréciation du mot "jarag" qui traduit "malade". L'usage du mot
français (à quoi s'ajoute un emprunt français de très haute fréquence,
complétement intégré "feebar", issu de fièvre) supplante le mot wolof
"jarag" ainsi que ses variantes synonymiques "wopp" et "tawat".
L'impression générale laisse apparaître le fait que les mots wolofs
de fréquence plus faible sont de toute évidence plus recherchés, parfois
vieillis (probablement par le
fait
qu'ils sont davantage tributaires
d'un
usage rural) et partant, moins
disponibles
que
les
mots empruntés au
français
et
possédant une
fréquence
comparable.
Si
les
mots
français
traduisent
la
préférence
de
certains
locuteurs
au
moment
où
sont
également disponibles chez eux les équivalents wolofs, c'est aussi parce
qu'ils
sont
historiquement
associés
à
des
références
sociales
et
économiques
proches
de
l'univers
occidental.
Qu'ils
disent
"malade",
"cordon ombilical"
ou
"insomnie"
en
lieu
et place de
"tawat",
"lutt",
"werkcekk", ce n'est guère que la transposition au plan linguistique , de
la
prédominance
des
pratiques
médico-sociales
urbaines
(et
donc
occidentales).
Dans
les
cas
qUl
présentent
des
taux
d'emprunt
relativement
élevés (chiffres compris entre
100 ou
plus et 45) on
peut relever un
nombre
important
de
mots
qui
ont
la
particularité
d'avoir
un
champ
synonymique
très
réduit en wolof.
Cette condition
ne
laisse guère
au
locuteur
(qui
ignore
l'équivalent
exact)
d'autres
choix
que
l'emprunt
18 1
français.
Pour
les
cas
Inverses
où
les
mots
offrent
davantage
de
possibilités synonymiques, les performances en
wolof ne
sont pas pour
autant améliorées de
manière sensible.
Les locuteurs qui optent pour une mention "nulle" (sans réponse)
se
si tuen t
vraisemblablement
dans
la
catégorie
des
locuteurs
qUl
éprouveraient plus de
difficultés
à s'exercer dans l'art des adaptations
et autres
détournements de procédés.
Autrement
dit
le
taux
d'emprunt
peu
élevé
voue
faible
en
français n'implique pas ipso facto de bons résultats en wolof.
illustration:
réponses
en wolof
en
français
prévoyant
03
1 8
charlatan
02
33
magie noire
08
32
gaspiller
00
00
normalement
14
01
jaloux
02
1 6
intensité
00
00
engourdi
01
1 6
La majorité des locuteurs peuvent donc ignorer le mot wolof sans
choisir
d'utiliser le
mot
français
. Ils
ont recours
en
général
à
des
procédés métadiscursifs, mais la mise en oeuvre de
telles stratégies ne
rend pas la réalisation de la tâche facile. Elles permettent de chercher à
"s'en sortir" sans que les résultats se rapprochent vraiment de ce que le
sens peut encore tolérer de la part de locuteur natifs.
182
Les synonymes relevés en wolof
Ces
unités
choisies
par
les
locuteurs
constituent
un
ensemble
paradigmatique qui
les
classe
dans
un
registre
distinct des
unités
de
référence
du
test.
uni té
réponses
réponses
réponses
linguistique
français
wolof
synonymes
accueillir
OS
00
teeru
90
presque
12
01
xawa
5 1
daanaka
25
copain
05
40
x ari t
90
énergie
32
35
doole
48
effacer
20
OS
fomp
SO
épargner
33
05
denc
64
patienter
01
05
xaar
99
Jaune
67
05
mboq
50
normalemen t
14
00
Cl
yoon
S5
A
travers
les
réponses de
type synonyrruque,
on peut parler de
l'émergence d'un registre linguistique
caractérisé par le choix très net
des
mots
de
la
dernière
colonne,
qui
relèvent
d'un
vocabulaire
très
commun, à haute fréquence, de
sens très général, ne favorisant pas la
précision
du
propos.
Les
locuteurs
qUI en
ont
fait
usage
(ils
sont
nombreux)
interprètent
néanmoins
les
réponses
justes
présentées
comme du
wolof fondamental
(références de
la
deuxième colonne) de
deux manières :
183
a)
un
vocabulaire
soutenu
et
recherché;
ce
sont
souvent
les
jugements
des
locuteurs
les
moins
performants
du
groupe,
mais
pas
exclusi vemen t.
b)
des termes du
wolof courant: jugement des
locuteurs les
plus
performants,
qui
s'empressent
le
plus
souvent de
les
écarter
de
leurs
propres pratiques, parce qu'ils les perçoivent comme non conformes au
parler ordinaire de la communauté sociale. Tout en connaissant donc les
termes, ils se sentent solidaires de
la masse des "parleurs", et utilisent
de ce fait les vocables désignés.
Parmi les mots dits rares ou peu courants on peut relever
dun =île
lutt = cordon ombilical
werkcekk = insomnie
yur = protéger
xarala = ingénieux
coobare = volonté
raxla = farfelu
Et parmi les mots courants:
Maandute = humilité
yaxanal = économiser
sànk = gaspiller
gox = quartier
kàttan = énergie
Naturellement quand on procède à une évaluation plus fine des unités ,
on peut observer une variation: certains mots sont classés à la fois dans
184
le
registre
courant,
peu courant, rare ou vieilli.
Nous avons établi un
classement
de
ces
unités
sur
la
base
des
mentions
dominantes
pour
chacune d'elle. Le fait notable ICI est que les mots classés peu courants
sont, en règle générale, considérés comme appartenant soit au sociolecte
des personnes d'un certain âge, soit au géolecte des ruraux. La mention
"utilisé par tout le monde" constituant la moins fournie.
Voici quelques extraits de propos recueillis à ce sujet au
près des
locuteurs
wolofophones
natifs.
jar ag
(maladie)
"quelqu'un qui vit à Dakar ne
l'utiliserait pas, par peur de
ne pas se
faire
comprendre."
sànk
(gaspiller)
"Je préfère et j'utilise yaq qUI est plus courant."
dun
(île )-sank
"Je connais les deux mais Je ne les utiliserais pas."
daana
ka
(presque)
"C'est du wolof de brousse."
pottag
(presque)
"C'est trop savant."
puur
(jaune)
"C'est quand même plus simple de dire jaune. C'est le terme que tout le
monde connaît et utilise. C'est le milieu maraboutique peut être ...
185
raxla
(farfelu)
"Je n'ai jamais entendu."
rarjjati
"Le plus usuel est tiital".
ynr
(protéger)
"II faut bien comprendre le wolof pour l'utiliser".
doolinka
(hameçon)
"C'est un terme technique".
coobare
(volonté)
"C'est un terme usuel mais il faut une bonne maîtrise".
7 .6.2 Un
code
unique.
Le
procédé
de
la
commutation,
appliqué
aux
unités
wolofs
et
françaises permet de postuler que ces mêmes unités lexicales font partie
d'un ensemble unique où les unités françaises peuvent se substituer aux
unités wolofs, constituant ainsi un
groupe paradigmatique, qui participe
du même code, celui du locuteur bilingue,d'un même capital lexical qu'il
mobilise
suivant
les
multiples
déterminations
que
nous
venons
d'examiner.
Si
le mot français
est disponible et effectivement choisi à
l'exception du mot wolof également disponible, c'est la preuve qu'il est
socialement associé à la désignation de l'objet ou de la notion. Mais cela
peut avoir comme motivation le fait que le mot qui vient en premier à
l'esprit du
locuteur est le mot qui s'impose à l'acte d'énonciation.
S'il
s'agit
du
terme
français
dans
telle
situation,
dans
telle
autre,
cela
186
pourrait être le terme wolof. A notre aVIS, les motivations en faveur de
l'un
ou
l'autre
élément
(dans
ce
cas
précis)
ne
relèvent
pas
de
con train te s
extérieures.
Les
facteurs
psycholinguistiques
individuels
rentrent
amplement
en
considération,
une
fois
écartés
les
motifs
d'incompétence
pour
les
locuteurs
qui connaissent l'équivalent wolof et ne
l'utilisent pas.
Nous
pensons
en
outre
qu'il
n'y
a
pas
de
différenciation
sémantique
ou
stylistique,
mais
simplement
une
économie
linguistique
qui
oriente
le
choix. Le mot français ne remplace pas définitivement le mot wolof. Son
apparition
est
fortement
liée
à
une
disposition
mentale,
difficilement
appréciable,
qu'il
faut
mettre
en
rapport
avec
des
mécanismes
psycholinguistiques subtiles de la performance.
A un
stade plus évident d'observation, disons
simplement que
le
mot
qui vient en priorité et celui qui est disponible dans le stock individuel,
participent
d'un
même
réseau
d'équivalences
lexico-sémantiques
et
permutent
aisément
dans
le
discours
du
locuteur,
suivant
les
mêmes
modalités
énonciatives.
L'impression ultime que donne ce discours est qu'il réfère à une variété
où
les
unités
(on pourrait
les
classer en
termes
d"'exolexies",
unités
françaises,
par
opposition
aux
unités
wolofs
"endolexies")
françaises
seraient déchargées de
tout sentiment d'extranéité,
dans l'énonciation.
Ce qui renforce l'hypothèse d'une structure à continuum plutôt que d'un
usage séparé (dans la conscience du locuteur) des deux codes. Chez les
bilingues, dans le discours tout au moins dénoté, il n'y aurait pas deux
références
lexicales
différenciées,
mais
des
outils
linguistiques,
tous
appropriés,
destinés
à construire
un
message,
ce
qu'il
y
a
de
plus
ordinaire.
C'est ainsi
que
la
très
haute
fréquence
du
mot
wolof
n'interdit
pas
l'usage du terme français. Des syntagmes tels que "eau bi" et "arbre yi"
187
ont été réalisés là où on
attendrait, de manière beaucoup plus évidente
et habituelle, "ndox mi"
et "garab yi".
Cet aspect sera encore bien plus
présent
lorsque
nous
en
viendrons
à exarm ner le
fonctionnement
des
mots outils, dans les chapitres suivants.
7.6.3 Le
cas
diola.
Si
l'on
tient compte de
l'origine ethnique des
locuteurs
qUI font
davantage
usage
des
"emprunts"
lexicaux,
on
pourra
noter
une
plus
forte
inclination
des
diolas
à la
substitution
des
termes
français
aux
termes wolofs, SUIVIS des locuteurs pulaars et mandings.
Cette
attitude
quasi
systématique
du
groupe
relèverait-elle
d'une
stratégie
de
simulation
ou
tiendrait-elle
plutôt
d'un
défaut
de
compétence qui pousserait les locuteurs à traduire les mots wolofs qu'ils
ignorent
automatiquement par du
français
? Nous
essaierons
d'élucider
cette attitude,
à travers quelques données sociolinguistiques disponibles
sur le groupe ethnique (Calvet, Juillard, Thiam 1987).
Dans une enquête portant sur 834 enfants à Ziguinchor, à la
question
"quelle est ta langue maternelle?", 21 langues sont citées.
La principale langue maternelle étant le
diola (30,4%),
suivi du
wolof
(21%).
Ces
deux
langues
totalisent
à elles deux,
plus
de
50% des
réponses,
suivies du manding 12%, du mancagne 9,6% et du peul 8%.
-En
demandant
aux
diolas
quelle
était
la
langue
maternelle
de
leurs
parents,
les
enquêteurs
ont
obtenu
que
la
langue
la
plus
représentée
était
encore
le
diola,
dans
une
proportion
légérement
supérieure
(33,5%), suivie du wolof (15%). Cependant la comparaison parent/enfant
donne des indications sur l'évolution en cours d'une génération. En effet
on
peut
constater
que
certaines
langues
progressent
et
d'autres
sont
188
mOInS transmises aux enfants. Naturellement le wolof est en progression
chez les enfants (175 enfants contre 98 pères et l l Zmères) alors que le
diola est en légère baisse (254 enfants contre 284 pères et 300 mères).
Toutefois
SI
l'on tient compte de la
tendance constante
à la diffusion
nationale du
wolof, on pourrait soutenir que relativement à la puissance
du wolof, le diola se maintient dans une proportion importante,au même
niveau que le créole,alors que le pulaar (des peuls et des toucouleurs)
langue
importante
chez
les
parents
est
en
nette
régression
comme
langue
maternelle.
L'autre fait
significatif chez
les
diolas
découle
de
cet
autre
point de
l'enquête:celle-ci
précise
-quc la majorité des enfants sont trilingues et connaissent deux langues
en plus de leur langue maternelle (36%).
-qu'ils sont bilingues pour 29%, mais 26% connaissent quatre langues et
plus.
Mais
on
observe que
les
diolas
seraient
les
mOInS
concernés
par le
plurilinguisme. En effet les plus monolingues seraient les wolofs (18%)
suivis des diolas (8,9%), tandis que les plus polyglottes (4 à 5 langues
connues) seraient les manjaks, les sérères, les mancagnes et les peuls. Ce
monolinguisme
ne
fait
donc
que
traduire
une
position
linguistique
majoritaire (à l'instar des wolofs au niveau national) au niveau régional,
dans
le
contexte
communautaire
c asamançais,
par
conséquent,
une
certaine
autonomie
par
rapport
aux
pratiques
langagières
de
la
communauté.
Par ailleurs, si l'on prend en compte les langues secondes dans la même
zone,
la
représentation
des
rapports
de
force
se
modifie.
Les
trois
premières langues maternelles étaient dans l'ordre: le diola, le wolof, le
manding,
alors
que
les
trois
langues
les
plus
parlées
sont
ordonnées
différemment : le wolof, le manding, le diola.
189
Autrement dit, le diola serait la moins véhiculaire des trois langues les
plus
parlées
et, inversement,
la
plus
vernaculaire
du
groupe
des
trois.
Elle est une langue de
haute transmission familiale,
peu répandue chez
les
autres
locuteurs,
en
dépit
d'un
contexte
fortement
marqué
par
le
plurilinguisme
des
locuteurs.
Ces différents
aspects sociolinguistiques de
la
langue diola
constituent
nous
semble-t-il,
des
conditions
favorables
au
conservatisme
linguistique
qui
ne
manque
pas
de
transparaître
dans
les
jugements
épilinguistiques
des
locuteurs
non
diolas
sur
les
diolas
ou
sur
leur
langue:
-"La plupart des diolas ne veulent pas parler wolof"
socé 21 ans
On aSSOCIe
cette disposition à l'histoire de
la communauté.
Il
est fait
allusion à l'épisode de Mangoné (roi wolof) faisant la guerre contre les
diolas, source de représentations sur le wolof, qui sont multiples :
"On
dit
traditionnellement
ICI, que
tu
es
un
truand
quand
tu
parles
wolof, tu es menteur".
peul 27 ans
Les socés semblent aVOIr le
même point de vue, en allant même plus
loin dans
la caractérisation du wolof, par la fameuse
formule
"soorwa
ndingo"(1e wolof est petit très petit).
Nous aurons l'occasion de revenir sur ces stérootypes du wolof.
En
faisant
l'inventaire
des
informations
préliminaires
aux
entretiens,
on
peut
noter
avec
une
régularité
frappante
que
presque
190
tous les
locuteurs d'origine diola annoncent parler en
famille diola ou
français (avec les frères ou
soeurs) et précisent parfois ne jamais faire
usage du wolof dans cet espace. Les deux cas sur 16 qui font exception
sont de
famille mixte: père diola, mère manding pour l'un, père diola,
mère wolof pour l'autre.
Et pourtant,
la
référence
à
la
langue
française
dans
les
interactions
familiales est un fait très rare dans les enquêtes sur les langues parlées
au
Sénégal
(même
si
les
pratiques
réelles
démentent
souvent
les
déclarations de certaines locuteurs au sujet de cette langue précisément,
mais ceci est un autre problème).
Cela pourrait laisser penser que ce choix serait un acte symbolique qui
consacre
une certaine "neutralité"
du
français
dans
le jugement diola,
opposé au wolof plus connoté.
Cependant,
on
peut retenir
que
dans
le
répertoire
diola,
les
familles
veillent
scrupuleusement
au
maintien
exclusif de
la
langue
ethnique
dans
la
communication familiale,
une pratique qUI n'est d'ailleurs
pas
singulière, puisque les mandings aussi semblent l'adopter.
-Le VieUX n'est jamais content quand on parle le wolof, (locuteur diola).
-Je
parle
uniquement
wolof en
dehors,
ou
avec
mes
soeurs
et
mes
frères, à l'insu de mes parents. (locuteur socé)
-Les socé, entre eux ne parlent que socé avec un
étranger,ils parlent
wolof plutôt que français.Mais les dio las, eux, entre eux parlent français.
"Le diola aime parler français; ils ont tendance à se retrouver entre eux
à l'école publique comme dans le privé". (locuteur wolof)
On
peut
estimer
que
cette
"propension"
à
parler
français,
proviendrait d'une
pratique qui
vise
à pousser
l'èlève
à
s'exercer
le
191
rmeux possible afin de mettre tous les atouts de la réussite scolaire de
son côté, réussite qui passe nécessairement par la langue de l'école.(nous
renvoyons à la note sur le symbole, au premier chapitre).
Les
conséquences
de
ces
micropolitiques
linguistiques
peuvent
bien
également
expliquer
les
performances
réduites
des
locuteurs
diolas, qui auraient une pratique beaucoup plus restreinte que celles des
autres
groupes
ethniques.
Leur
expérience
limitée
du
parler
vernaculaire wolof, les amènerait à un usage plus prononcé du
français
(le contexte bilingue y étant favorable). Ceci permettrait de comprendre
qu'ils
manifestent
un
choix
plus
orienté
vers
les
mots
français(en
comparaison
avec
les
autres
groupes
ethniques)
dans
les
deux
questionnaires.
Ce
choix
serait
alors
gouverné
par
des
motifs
d'incompétence
linguistique,
s'ajoutant à l'attitude
"refuge" définie plus
haut.
192
8 - VERNACULAIRE/VEHICULAIRE
URBAIN
8.1 LES
MUTATIONS LEXICALES
Au
terme
de
notre
analyse
on
peut
admettre
l'évidence
du
processus
de
remaniement
de
certaines
structures
du
wolof.Ici
nous
nous
sommes
évertués
à
explorer
le
mécanisme
sous
sa
dimension
lexicale,
mais
bien
d'autres
secteurs
pourraient
révéler
des
modalités
intéressantes
de
ces
mutations
(le
point de
vue
morphologique
avec
notamment l'évolution du système verbal ou temporel) qui n'ont pu être
étudiés faute de temps, mais aussi d'intérêt immédiat au regard de nos
objectifs.
On
peut
affirmer
aujourd'hui
que
le
processus
de
véhicularisation
atteint,
au
vu
des
pratiques
langagières,
un
degré
suffisamment
important
pour
qu'il
confine
le
vernaculaire
à
des
fonctions
de
représentation
en
milieu
urbain.
Certains
observateurs
n'ont
d'ailleurs
pas manqué de le souligner; on convient de plus en plus que le wolof
sous une forme à laquelle on reconnaît une "authenticité traditionnelle"
ne
s'emploie plus que dans
des
situations formelles mettant en
scène
des
personnages
de
"statut
élevé"
sur
l'échelle
des
valeurs
traditionnelles
(chefs
coutumiers,
notables
et
différents
gardiens
des
activités traditionnelles) en milieu urbain (Thiam, 1990).
La
seconde remarque est que l'indice
de
dévernacularisation
du
wolof serait que beaucoup de wolofs ne se reconnaissent pas dans cette
forme de parler (le wolof"traditionnel") et même la contesteraient Nos
propres
enquêtes
indiquent
que
certains
locuteurs
d'origine
ethnique
wolof s'identifient certes à l'ethnie, mais précisent assez souvent, dans
leurs
commentaires
métalinguistiques
sur
leurs
propres
performances,
qu'ils ne
sont pas
vraiment des
wolofs
vu
qu'ils
ne
peuvent exercer
193
pleinement
leur
langue,
faute
de
la
maitriser
("suma
wolof
xootul,
dëgërul":
littéralement,"mon wolof n'est pas solide").
Pour définir le vrai wolof, les qualificatifs les plus saillants renvoient à
la notion
de pureté, de raffinement, de richesse ou de densité. On parle
de "vrai de vrai wolof", "de wolof pas déformé", "pas mélangé, de wolof à
100%", de "wolof filtré", celui des origines , celui des régions historiques.
Seulement,
définir
le
vrai
wolof ne
signifie
pas
l'adopter
ou
vouloir
l'adopter.
En
effet,
à
ces
références
quasi
mythiques
au
wolof
vernaculaire,
d'autres
locuteurs
opposent
un
appUI
très
remarqué
au
wolof véhiculaire urbain, ainsi
qu'en témoignent les opinions
signalées
précédemment.
Ils
estiment
que
très
peu
de
gens
comprennent
ou
maitrisent la variante vernaculaire et que c'est même très souvent faire
preuve de préciosité ou de grandiloquence que de s'aviser à l'utiliser:
_" Si tu utilises le wolof très lourd, ça peut gêner la communication ... "
-"C'est un wolof archaïque, le pur wolof..."
L'observation directe des émissions télévisées ou l'écoute des émissions
radiodiffu sées ,confirme
allé gremen t
les
di fficul tés
d' é loc u tion
qu'éprouve une bonne partie des locuteurs invités. Souvent , le désir un
peu forcé d'arriver à maintenir une certaine conformité à la norme , fait
perdre à leur allocution toute son efficacité (multiples SCOrIes, recherche
du
mot juste,
du
mot rare,
usage
impropre
de
mots
etc.).
Les
plus
pragmatiques
s'engagent naturellement
à adopter la
variété
de
contact
(ou franlof).
De jeunes locuteurs
citadins,
impliqués
dans
des
projets
ruraux
, ont
décrit
leurs
séjours
dans
des
villages
wolofs
(Swigart,
1991).
Tous ont mIS l'accent sur les difficultés qu'ils rencontraient, pour se faire
comprendre, à cause de leur vocabulaire restreint. Les anecdotes ont été
relatées parfois avec une pointe de regret ou
de gêne. Cependant même
si
ces jeunes
dakarois
admettent
que
le
terme
wolof
a
un
référent
194
ethnique aussi bien que linguistique, ils ne s'identifient pas
pour autant
à ces référents. Ils seraient, ou plutôt ils se sentiraient plus comme des
citadins d'origine wolof, qui parlent un wolof citadin.
La référence à ce wolof citadin apparaît très souvent sous la forme du
vocable
"mélange", qu'ils semblent plus disposés
à assumer que leurs
aînés.
En
effet
chez ces
derniers,
on
entend
souvent
les
locuteurs
interrogés
survaloriser
leurs
compétences
lorsqu'ils
sont
appelés
à
justifier
leurs
performances.
Ils
prétendent
être
le
produit
d'une
éducation linguistique familiale draconienne où l'usage du français était
exclu.
La
plupart d'entre
eux
affirment pouvoir faire
donc
usage du
wolof sans y mêler un mot de français, mais force est de reconnaître là
encore
l'écart
parfois
considérable
qUI
sépare
les
déclarations
(d'intention)
et
les
performances
effectives;
résultante
d'une
forme
d'insécurité linguistique chez les locuteurs d'origine ethnique wolof, qui
acceptent
plus
difficilement
la
fragilisation
de
leurs
compétences
en
langue
vernaculaire.
Cette
attitude
peut être
mise
en
contraste
avec
celle des locuteurs ayant une maîtrise confirmée du vernaculaire : ceux
là
affichent
des
comportements
beaucoup
m om s
idéologisés
et
admettent plus volontiers la réalité des pratiques langagières. Ils savent
en effet, et ils le disent, que l'existence du véhiculaire et la nécessité de
son usage s'imposent aux locuteurs qui n'ont pas (plus) accès à la norme
vernaculaire,
c'est-à-dire
donc
à
la
majorité
des
membres
de
la
communauté
urbaine
bilingue.
8.2 LE VEHICULAIRE URBAIN COMME MARQUE D'IDENTITE.
Lors de nos enquêtes sur la variation de la langue intitulée "Leur
wolof dit-il qui
ils
sont'?"
(Ndao, Thiam, Juillard,
1994) nous avions
cherché à rendre compte de la perception des appartenances régionales
195
et ethniques au travers du
wolof parlé par les
adolescents. On
s'était
demandé
(partant de
la situation de la langue que beaucoup d'enfants
des villes acquièrent en premier lieu, ou en second lieu mais très tôt), si
les locuteurs du wolof, quand ils l'ont appris tout jeunes, marquent leur
appartenance ethnique comme leurs aînés, ou, à tout le moins, s'ils le
font de manière qui permette leur identification ethnique.
La
première
hypothèse
que
nous
formulions,
au
départ
de
l'enquête
était que
l'apprentissage précoce
du
wolof dans
les
villes
contribuerait
à
atténuer
sa
variabilité
en
fonction
des
groupes
ethniques
et qu'en conséquence,
l'identification ethnique des
locuteurs
wolofophones
devrait
s'avérer difficile.
Les
données
relatives
à cette
hypothèse confirment cette supposition, même si elles amènent aussi à
la nuancer.
Ainsi globalement, les wolofs sont certes reconnus pour tels, mieux
que les autres groupes ethniques,
mais
certains d'entre
eux
sont très
mals identifiés. Par ailleurs
beaucoup de non wolofs sont pris pour des
wolofs, surtout quand ils sont à Dakar. Un certain nombre d'adolescents
ont paru fonctionner, dans ces épreuves d'identification avec un à-priori
assez simple, qui assimile wolofophone natif et wolof. Autrement dit, la
langue
wolof ne
corespond plus
nécessairement à une
identité
wolof
sinon
celle
qu'impartissent
au
locuteur
wolofophone
une
proportion
importante
d'auditeurs.
Le plus souvent, les Jeunes ne savent pas de quelle ethnie est le
wolofophone
qUI
leur
parle,
puisqu'ils
se
trompent
dans
les
identifications ethniques, dans plus de quatre cas sur cinq.
Cependant
même lorsqu'ils ont appris le wolof en
bas âge, certains locuteurs le
!parlent en y marquant leur identité de groupe : certaines identifications
lethniques
continuent
de
se
faire
elles
concernent
toutefois
une
Iminorité d'individus, avec de grosses variations suivant les groupes
196
Ce stéréotype du wolof se retrouve également dans l'analyse que fait
Leigh Switgart (1991) des représentations de l'identité nationale issue
du
parler
urbain.
Celle-ci
repose
essentiellement
sur
des
qualités
négatives : les locuteurs étiquettent le sénégalais comme "quelqu'un qUI
a la langue sucrée"; il est "insoumis", "irrespectueux" et "agit selon ses
propres
intérêts".
La
difficulté
de
la
description,
selon
l'auteur,
est
rendue délicate par le fait que très souvent elle n'est pas indiquée par le
nom "sénégalais, mais plutôt par le nom "wolof". Cherchant à clarifier la
substance
de
cette
identité,
elle
en
vient
à
pousser
les
dakarois
à
préciser qui est-ce qui possède exactement ce caractère. Le résultat est
que personne
ne veut l'admettre comme une description de son propre
groupe :
- les
non-wolofs, même wolofisés sur le plan linguistique disent que
c'est typiquement wolof,
les wolofs chrétiens disent que c'est typiquement musulman
- et les wolofs
de la brousse disent que c'est typiquement urbain.
Mais les jeunes wolofs urbains, qui savent que leur comportement
est souvent critiqué par leurs aînés, transforment ces qualités négatives
en les décrivant d'une façon positive (usage du qualificatif "dynamique"
par exemple).
Cette
combinaison de
traits
caractéristiques,
connue couramment
comme
"wolof"
serait
le
stéréotype
du
sénégalais
urbanisé
presque
forcément
wolofophone,
mais
pas
nécessairement
d'ethnie
wolof.
Ces
dernières remarques sont corroborées par les
résultats du questionnaire
ICI même analysé (cf résultats par groupe ethnique).
197
8.3 Le
mélanae.
Le
nombre de fois où
"mélange "est cité pour définir son parler
(chez les Jeunes lycéens),
sans que cela
soit fatalement associé
à un
jugement
négatif,
est
appréciable.
L'attitude
Inverse
concerne
pour
l'essentiel
les
locuteurs
wolofophones
de
PLM
wolof,
plus
âgés
; il
semble donc que la propension à la culpabilisation tienne exclusivement
de
l'âge
des
locuteurs.
Les
jeunes
développent
un
comportement
identitaire
par
leur
constante
référence
au
parler
mixte,
vue
qu'une
confortable majorité le reconnaît comme le
moyen d'expression le
plus
répandu
en milieu urbain.
Signalons que
dans
les
entretiens,
on s'est
bien gardé de faire usage de tout vocable pouvant suggérer la notion. Il
n'empêche
que les résultats ont fait apparaître très librement le
terme
"mélange"
dans
la
désignation
des
parlers.
Ils
font
dans
l'ensemble
preu ve
d'une
conscience
métalinguistique
assez
ai güe ,
au
vu
des
jugements qu'ils portent sur leurs propres capacités à utiliser le
wolof
dit fondamental, par opposition à leurs aînés, davantage marqués par la
culpabili sa ti on.
8.4 Synthèse
Nous
avons vu
le
comportement des différents
groupes ethniques
à l'endroit du
wolof véhiculaire,
qui
phagocite
les
autres
variétés
à
travers sa version urbaine et mélangée : celle-ci postule une effigie dans
laquelle
on
cherche
à
reconnaître
les
traits
caractéristiques
d'une
identité collective et
s'oppose en
cela aux
tentatives
de ré actualisation
du
vernaculaire
élaborations
fantasmatiques
de
ce
qui
apparaît
aujourd'hui
de
plus en
plus distancé
par les
pratiques
langagières
de
l'espace urbain. Ce n'est pas la langue comme système qui témoigne du
198
positionnement des
locuteurs mais bien ici
le discours, l'usage que les
individus en font. L'accent est porté plus sur la communication que sur
la fidélité ethnique ou la loyauté linguistique. Dans un contexte urbain
marqué
par
la
pluralité
ethnique
et
la
promiscuité
linguistique,
la
bijection entre langue et culture semble perdre de sa validité.
En transgressant les usages, en passant d'une langue à l'autre selon les
lieux
, les circonstances,
les
intentions,
le
bilingue ou
le
plurilingue
s'autorise à dire non pas ce qu'il "peut" mais ce qu'il veut. L'enjeu est
d'avantage
dans
le
fait
de
se
dire
plutôt
que
de
dire
dans
une
ou
plusieurs
langues.
Ceci constitue
un
moyen
supplémentaire au
service
d'une
formulation
discursive de l'identité et non pas une source de disfonctionnement par
rapport à
un
cadre
référentiel
monolithique
supposé être la
condition
d'une stabilité linguistique et culturelle.
La proximité
linguistique autorise
la promiscuité linguistique
(misceo).
La
diversité
langagière,
déjà
reconnue
à
l'intérieur
d'un
système
linguistique
donné,
investit
la
totalité
du
champ
et élargit
le
champ
discursif à l'usage concomitant de plusieurs langues.
Les motivations sociolinguistiques qui y concourent sont multiples. dans
ce
chapitre nous
avons voulu circonscrire certains de
leurs effets
qUI
ressortissent des faits de compétence linguistique, faits qui n'ont pas été
très souvent soulignés et détaillés dans les recherches sur le contact.
Le second volet de notre analyse se donne comme objectif d'évaluer les
stratégies
discursives
sous-jacentes
au
discours
mixte
wolof-français
(capacités
plurielles
d'organisation
et
d'agencement
des
idées,
moyens
mIS
au
servi ce
de
cette
forme
d'interaction,
et
les
modalités
d'appropriation des règles du contact linguistique), une fois admises les
premières
déterminations.
199
9 -TABLEAUX RECAPITULATIFS DES PERFORMANCES
LEXICALES PAR GROUPE ETHNIQUE, PAR SEXE ET
PAR CATEGORIE SOCIALE.
'~t~'M.B'~RJ\\"slJ'i
Traduction
Tolérances
Réponses
Réponses
pourcen-
ethnie
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dem ak dikk
9
62
14,52
jaabante
1
14
7 ,14
Protéger
aar
9
66
13,64
Surveiller
wattu
0
4
0
Vagabond
doxandeem
1
5
20
Concours
jonante
3
1 9
15,79
Insomnie
werekcekk
1
1 4
7,14
Il se peut que
amaana
9
90
1 0
Malade
jarag
0
3
0
tawat
2
1 5
13,33
teebar
1 2
85
14 ,12
wopp
0
8
0
Hésiter
xel-naar
6
53
11 ,32
Honnêteté
maandute
0
1
0
Honneur
jom
1
22
4,55
Honneur
sag
2
1 0
20
Humble
toroxlu
0
0
0
oyot
2
1 6
12,5
Inculte
xamadi
1
1 2
8,33
Incorrect
reew
3
1 9
15,79
Ingénieux
xarala
0
1
0
~
"-
-,
-
'Co.:
"':v
Volonté
coobare
0
5
0
bëgg bëgg
3
40
7,5
Accueillir
berndeel
0
0
0
teeru
7
85
8,24
Copain
àndadoo
4
40
1 0
Déménager
toxu
1 0
142
7,04
214
Cordon
1u tt
0
1 2
0
ombilical
Encadrer
seq
1
8
12,5
Encercler
yeew
0
°
0
Wër
7
1 1 7
5,98
Energie
kàttan
2
35
5,71
Différencier
wuutale
0
1 1
0
Effacer
far
0
8
0
Absolument
fàww
0
1
Epargne
yaxan
0
5
°0
Espace
jaww
0
26
D'accord
sallaw
0
0
°0
and naa ci
0
1 8
nangu
1
1 9
°
5,26
Amende
alamaan
3
56
5,36
Centre
digg
9
1 1 5
7,83
Projectile
saan
3
1 9
15,79
Quartier
gox
4
48
8,33
Va et vient
lambar-
0
0
0
lambar
dem ak dikk
7
62
11 ,29
jaabante
0
1 4
0
Protéger
aar
4
66
6,06
Surveiller
wattu
0
4
0
Vagabond
doxandeem
0
5
0
Concours
jonante
1
1 9
5,26
Insomnie
werekcekk
1
1 4
7,14
Il se peut que
amaana
7
90
7,78
Malade
jarag
0
3
0
tawat
2
1 5
13,33
feebar
3
85
3,53
wopp
1
8
12,5
Hésiter
xel-naar
3
53
5,66
Honnéteté
maandute
0
1
0
Honneur
jom
1
22
4,55
Honneur
sa9
1
1 0
1 0
Humble
toroxlu
0
0
0
oyof
2
1 6
12,5
Inculte
xamadi
0
1 2
0
Incorrect
reew
1
1 9
5,26
~
Volonté
coobare
1
5
20
bëgg OOgg
1 5
40
37,5
Accueillir
berndeel
0
0
0
teeru
36
85
42,35
Copain
àndadoo
1 6
40
40
Déménager
toxu
50
142
35,21
215
Cordon
1u tt
5
1 2
41,67
ombilical
Encadrer
seq
8
8
100
Encercler
yeew
2
2
100
wër
44
1 1 7
37,61
Energie
kàttan
20
35
57,14
Différencier
wuutale
5
1 1
45,45
Effacer
far
5
8
62,5
Absolument
fàww
1
1
100
Epargne
yaxan
4
5
80
Espace
jaww
1 4
26
53,85
D'accord
sallaw
a
a
a
and naa ci
1 1
1 8
61,11
nangu
9
1 9
47,37
Amende
alamaan
1 9
56
33,93
Centre
digg
40
1 1 5
34,78
Projectile
saan
1 3
1 9
68,42
Quartier
gox
20
48
41,67
Va et vient
lambar-
a
0
0
lambar
dem ak dikk
25
62
40,32
jaabante
5
1 4
35,71
Protéger
aar
25
66
37,88
Surveiller
wattu
2
4
50
Vagabond
doxandeem
3
5
60
Concours
jonante
8
1 9
42,11
Insomnie
werekcekk
1 3
1 4
92,86
Il se peut que
amaana
24
90
26,67
Malade
jarag
3
3
100
tawat
6
1 5
40
feebar
28
85
32,94
wopp
3
8
37,5
Hésiter
xel-naar
21
53
39,62
Honnéteté
maandute
a
1
a
Honneur
jom
5
22
22,73
Honneur
sag
6
1 a
60
Humble
toroxlu
a
0
a
oyof
6
1 6
37,5
Inculte
xamadi
8
1 2
66,67
Incorrect
reew
5
1 9
26,32
Ingénieux
xarala
1
1
100
Courtoisie
teggin
3
7
42,86
LEBOU
LEBOU
1 0
147
6,8
'Na_DF
Wa...OF
51
147
34,69
PEUL
PEUL
1 5
147
10,2
TOUCOULEUR
TOUCOULEUR
20
147
13,61
SERERE
SERERE
1 8
147
12,24
216
DIOLA
DIOLA
8
147
5,44
BAMBARA
BAMBARA
6
147
4,08
MANDING
MANDING
4
147
2,72
FEMME
FEMME
61
147
41,5
HOMME
Hav1ME
85
147
57,82
LYCEEN
LYCEEN
38
147
25,85
ETUDIANT
ETUDIANT
74
147
50,34
ENSEIGNANT
ENSEIGNANT
1 4
147
9,52
AUTRES
AUTRES
1 3
146
8,9
~ ~ ~~.=-~.~~-- ~=~ -----~
-
QUESTIONNAIRE 2
LEBOU
LEB()J
8
136
5,88
VVO...DF
WŒ.cr
55
136
40,44
PEUL
PEUL
1 3
136
9,56
TOlJCX)LJLEUR
TOUCOULEUR
1 9
136
13,97
SERERE
SERERE
1 6
136
11 ,76
DIOLA
DIOLA
7
136
5,15
BAMBARA
BAMBARA
3
136
2,21
MANDING
MANDING
4
136
2,94
FEMME
FEMME
46
136
33,82
HOMME
HOMME
90
136
66,18
LYCEEN
LYCEEN
36
136
26,47
ETUDIANT
ETUDIANT
65
136
47,79
ENSEIGNANT
ENSEIGNANT
1 4
136
10,29
AUTRES
AUTRES
1 3
136
9,56
wolof
françai
Centre
1 1 5
18
147
12,24
Quartier
48
36
147
24,49
vagabond
5
38
147
25,85
Va et vient
1 4
1 0
147
6,8
Concours
1 9
68
147
46,26
Copain
5
32
147
21,77
Accueillir
0
8
147
5,44
Déménager
142
2
147
1 ,36
Cordon
1 2
37
147
25,17
ombilical
Malade
3
1 4
147
9,52
Insomnie
14
37
147
25,17
amende
56
43
147
29,25
D'accord
0
34
147
23,13
217
Protéger
66
30
147
20,41
surveiller
4
43
147
29,25
Honneur1
22
62
147
42,18
honneur2
10
58
147
39,46
Humble
0
51
147
34,69
Inculte
1 2
56
147
38,1
Incorrect
1 9
24
147
16,33
Courtoisie
7
53
147
36,05
Volonté
5
32
147
21,77
Encercler
2
1 6
147
10,88
Encadrer
8
42
147
28,57
Energie
35
37
147
25,17
Différencier
1 1
21
147
14,29
Effacer
8
20
147
13,61
Epargne
1
33
147
22,45
Projectile
19
67
147
45,58
IL se peut que
86
3
147
2,04
Hésiter
53
40
147
27,21
Ingénieux
1
51
147
34,69
Absolument
1
59
147
40,14
.
)
Gaspiller
°
°
147
0
Créer
4
1
147
0,68
Il se peut que
125
1
147
0,68
protéger
3
7
147
4,76
Prouver
21
4
147
2,72
S'acharner
4
0
147
Patienter
5
1
147
°
0,68
Affoler
1
5
147
3,4
Farfelu
1
1 2
147
8,16
Jaloux
1 6
2
147
1 ,36
Avantageux
8
1
147
0,68
Prévoyant
1 8
3
147
2,04
Engourdi
16
1
147
0,68
Insignifiant
0
0
147
Jaune
5
67
147
°
45,58
Presque
1
1 2
147
8,16
Normalement
1
1 4
147
9,52
Puisque
38
5
147
3,4
Absolument
8
1
147
0,68
Enfreindre la
0
°
147
0
loi
Promotion
1
129
147
87,76
218
Indigestion
36
1 0
147
6,8
Nouvelle
5
8
147
5,44
Empêchement
10
35
147
23,81
Intensité
0
0
147
0
Magie noire
32
8
147
5,44
Charlatan
33
2
147
1 ,36
Hameçon
0
1 2
147
8,16
Ile
1 3
75
147
51,02
Vague
27
43
147
29,25
bijoux
95
7
147
4,76
Flamme
51
1 2
147
8,16
219
10 - ASPECTS GRAMMATICAUX, RHETORIQUES
ET PRAGMATIQUES
10.1 LES
MOTS
GRAMMATICAUX
Il est admis que la langue wolof s'est enrichie d'un
certain nombre de
mots
grammaticaux
français.
La
liste
considérée
comme
réd ui te
à
l'époque
des
premières
études
(les
emprunts
du
wolof
au
français.
Dumont,
1973)
s'est
allongée
de
manière
considérable,
aInSI
qu'en
témoignent l'observation directe et la lecture du corpus.
Mais
avant
de
rentrer dans
le
vif des
remarques
que
ces
faits
nous
inspirent, nous dresserons d'abord un tableau qui permet de comparer
la
fréquence des occurrences des mots grammaticaux wolofs et français les
plus significatifs du corpus.
TABLEAU DES OCCURRENCES DES UNITES GRAMMATICALES.
Mot
nom b re
Situation
de
communication
d'occurrences
F. : mais
133
n'apparaît
pas
en
discours
conventionnel,
est
(dont 42
repérable
dans
toute
autre
situation
47
à
Femmes)
Dakar; 34 à Ziguinchor
W. : wante vs
dont
13 occurrences en contexte d'interaction
15
waaye
informelle à keur Madiabel (monde rural).
2 en situation formelle.
F.
parce que
124
repérable
en
toutc
situation
el
chez
tout
puisque
8
locuteur
(excepté
journal
télévisé).
W.
ndaxte vs
22
8
occurrences
en
interactions
informelles
ndax
0
(surtout monde rural
6 à keur Madiabel); 14
en
situation
formelle.
F.
pour
62
11
occurrences
en
situation
formelle;
31
occurrences
chez
les
locuteurs
non
francophones.
W.
ngir
5
3 occurrences en
situation
fo rrne Ile
et
2 en
interaction
informelle
(monde
ru ral).
220
F. : comme vs
45
6
occurrences
chez
les
locuteurs
non
comme par exemple
61
francophones;
interactions
informelles
des
variantes
bilingues.
comme que
5
comme te
3
w. : ndegam vs
2
ndeem
0
maanaam
4
situation
formelle
et
monde
rural.
F.: ou / ou bien
1 2
w. : walla vs
1 1
en
interactions
informelles
8
mbaa
occurrenceschez
des
locuteurs
non
francophones
et
3
oocurrences
chez
les
locuteurs
bilingues
(keur
Madiabel)
F.
aussi
43
1n terac ti ons
informelles
(Dakar
-
Ziguinchor)
également
12
W
tarn
tarnit
21
Toute
situation.
itam
F. : même
35
interactions
informelles
(Dakar
- Ziguinchor)
W.
sax
4
interactions
informelles
monde
rural
(keur
Madiabel)
F.
presque
26
interactions
informelles
W. : daanaka
3
discours
formel,
sermons
et
monde
rural
(keur
Madiabel).
F.: des fois vs
1 2
interactions
informelles
(Dakar
-
Ziguinchor)
parfois
W.
fiaare
1
Ziguinchor
venn saa yi
1
Dakar
Ndax
Sa présence en tête de phrase est considérée comme facultative; en
expression spontanée, c'est son absence qUi est de plus en plus relevée;
l'équivalent français
présente
une
plus
grande
disponibilité
auprès
des
locuteurs bilingues. Aucun usage de la particule n'est relevé excepté sous
la
forme
interrogative
indirecte
où
la
forme
française
semble
difficilement
substituable
pour
des
r a i s o n s
de
contraintes
morphosyntaxiques
221
P:
J'étais en train d'hésiter ndax trèfle la wara fiëw ou bien coeur.
(j'étais en train d'hésiter pour voir si c'est le trèfle qui devrait
venir ou le coeur).
Il en est de même pour "tedu" (n'est-ce-pas), forme qui fonctionne
un peu comme "ndax" sauf qu'elle ne figure jamais dans une interrogation
indirecte,
et
attend
souvent
une
réponse
affirmative,
à l'instar de
la
particule "x ana" dans "xanadu". L'interrogation directe est partout rendue
par la forme
française est-ce que / n'est-ce
pas
que,
ou
par la
forme
wolof directe sans particule d'origine ou d'emprunt.
L2
Ouh, yow bayyil caaxaan/ surpnse day
du (= tedu) yaa ko commander
(bon, trêve de plaisanterie/ n'est ce pas que c'est toi qui l'a
commandée.
Lü
Est-ce que dégg na aUSSI français?
Lü
Mais "pour te faire VOIr " boobu/ Est-ce que seetlu nga bu baax SI
nit ni.
Lü
Est-ce que di ngay wax olof ngay duggal Cl français?
Walla/mbaa
Coordinateurs exprimant la notion d'alternative; ils
se maintiennent
de façon équilibrée avec leur correspondant français "ou", "ou bien" dans
les
interactions
informelles,
lorsqu'on
tient
compte
de
leur
usage
très
VIvace en milieu non francophone (8 occurrences sur Il
signalées) où on
ne relève aucune utilisation du "ou" français.
222
Wante/waaye
Cette conjonction combine toujours deux propositions régies par des
verbes dont les sens s'opposent ou se contrarient. Elle est très fortement
dominée par son
équivalent français
"mais"
(133
occurrences françaises
contre 15 wolofs avec une nette prédilection en milieu non francophone).
Ne i r
(Avec une variante libre "ndax"), cette particule expnme la finalité;
elle s'éclipse au profit de la particule française "pour". L'usage de celle-ci
est largement attestée chez les locuteurs non francophones avec la moitié
des
occurrences. Elle n'est donc
guère prisée chez
les
bilingues et se
présente
comme
l'une
des
unités
à haute
fréquence,
tous
sociolectes
considérés. Dans l'enquête sur les emprunts du wolof (Dumont, 1973), il
est
signalé
que
"pour"
emprunté
par
le
wolof,
n'a
jamais
de
valeur
attributive,
mais
qu'il
sert
presque
toujours
à
expnmer
un
but.
Nos
données paraissent faire évoluer les faits dans la mesure
où nous avons
pu relever sur les 62 occurrences de "pour", 29 emplois de la particule
avec
un
sens
attributif
(ou
bénéfactif),
en
particuler
dans
la
quasi
locution recurrente en intéraction informelle : "pour man".
Ndegem/ndeem/
gannaaw
Ndeem alternant avec ndegem, expnme la condition nécessaire pour
que
l'action
exprimée
par
le
verbe
de
la
proposition
enchâssante
se
réalise.
On n'a pu noter que deux occurrences de la conjonction dans le corpus
alors que ses équivalents français en totalisent 53 (comme et puisque). La
conjonction "comme" est construite parfois avec la particule "te" (comme
te)
parfois
avec
que,
mais
toujours
dans
le
sens
d'une
subordination
causale. Il y a lieu de signaler l'importante fréquence du syntagme figé
223
"comme
par exemple", fortement
usité
dans
les
intéractions
informelles
pour marquer
l'illustration,
dans
les énoncés
de
type
argumentatif. Très
disponible
chez les
locuteurs,
il
efface
pour
ainsi
dire
son
équivalent
wolof
"maanaam"
(qui
ne
bénéficie
que
de
4
occurrences,
toutes
en
situation
formelle).
"Puisque"
est
aussi
bien
utilisé
en
milieu
bilingue
qu'en milieu non francophone.
Ham/
tamit/tam
Avec un rapport d'occurrences de 55 unités françaises (43 "aussi" et
12
"également")
contre
21
unités
wolofs,
on
note
une
tendance
à
l'utilisation
quasi
systématique
de
"aussi"
chez
les jeunes
locuteurs
de
Dakar et de
Ziguinchor; en revanche
1 seule occurrence est remarquée
dans
les
interactions
entre
les
locuteurs
non
francophones.
Si
la
coordination de complétif "tarn"
est moins
présente
que
"aussi ",
on
la
retrouve assez souvent sous une forme combinée avec le "mais" français ,
dont on a déjà dit qu'elle est abondamment utilisée par les locuteurs dans
l'ensemble des situations. Nous parlerons plus loin des valeurs que nous
pensons
être
liées
au
renforcement
des
unités
de
l'une
ou
de
l'autre
langue.
Daanaka
Compte
trois
occurrences
contre
26
pour
son
équivalent
français
"presque". Les exemples sont relevés à partir d'intéractions en milieu non
francophones
et
en
discours
formel.
Ces
résultats
confirment
les
observations que nous avions retenues aux tests de compétence.
fi aar e
Totalise trois usages contre 14 pour "des fois".L'expression française
est revenue souvent dans le discours de la jeune génération dakaroise et
224
ziguinchoroise: un seul locuteur de ce groupe fait
exception en utilisant
1
l'expression
"yenn
saayi"
(synonyme
de
n aare ),
expression
aussitôt
renforcée de manière redondante par "des fois".
na ka vs hi
dans la locution naka .... ba
Les
deux
particules servent à délimiter un
repère
temporel auquel
fait référence l'action exprimée dans la phrase. Le
premier terme "naka"
est systématiquement rendu
par
l'équivalent
français.
- depuis bi ma defee sixième ba ...
- depuis deux cassettes am yi daal be leegi des na daal (L 16).
Les
connecteurs
français
Concernant les liaisons logiques et leur expression en français, nous
\\dressons
un
tableau
des occurrences les
plus
notables
de
l'emprunt de
mots français par le wolof, relevées dans les séquences wolof du corpus,
l '
.
1
1
'
.
i-d
1et
cassees SUIvant
es va eurs sèmantiques CI- essous.
1- l'addition
en plus - encore- ainsi que
- également-
après-
d'ailleurs
2- retranchement,
la
restriction
sauf - sinon - smon que
- à moins que - moins
3- le choix, J'alternative
- ou - ou bien - soit
225
4- l'opposition et la conceSSIOn
- malS - toutefois - malgre que
- tandis que - alors que - pourtant
- par contre
5- la cause et la conséquence
- parce que - pUlsque - comme - c'est pourquoi
- c'est que - pour - pour que - de sorte que
6- la
comparaIson
- comme - comme par exemple
- par rapport à - (variante, par rapport ak)
- plutôt que
7- le temps, la sucessIOn
- avant que - après que - à chaque fois que
- toujours - par la suite - temps bi, équivalent à "lorsque", "au
moment où" (qui ne sont pas en revanche attestés)- souvent - des fois -
parfois - rarement - temps en temps.
8- l' hypothétiq ue
demeure
le
seul
compartiment
où
l'expression
wolof offre
une
grande
disponibilité quant à la formulation de l'éventuel, du potentiel, de l'irréel
et du conditionnel. Néanmoins on note l'usage relativement fréquent de
"même"
qUI
est
l'unité
utilisée
avec
la
particule
"si"
pour
marquer
l'éventualité.
Le
"si"
français
est
remplacé
par
la
particule
wolof
exprimant l'hypothèse : "su"; ce qui se présente sous la forme "même su"
ou sa variante "même bu".
226
L 26
mais même gars yi bun
ko
deggul
L 27
même bu doon woy tamit olof laay woy est ce que tamit di na
arranger waa ki nga xamne deggufiu
olof?
9- Svntagmes
prépositionnels
et
adverbiaux
répertoriés
d'un côté / de l'autre
chaque
matin
en
général
il n'est plus question
en
particulier
chaque JOur
la
plupart
il faut que
en tout cas
au fond
le plus souvent
d'accord
c'est que
quand
même
de toute façon
par force
L'illustration
systématique
des
différentes
occurrences
de
mots
grammaticaux,
de
mots
outils
ou
de
syntagmes
pourrait
paraître
fastidieuse,
tant les unités
sont nombreuses et variées.
En
revanche,
il
nous semble beaucoup plus éloquent d'extraire deux ou
trois énoncés de
locuteurs
différents
qui
permettent une
lecture
synoptique
du
dispositif
switchant dont nous venons de faire l'inventaire
L4
bu n fi fiowee alors da fiuuy tàmm 1001u quoi/ da üuuy mun 1001u de
sorte
que du nu ko muna bayyi quoi/ alors que fiun fii gars yi du
nu
exiger cas boobu.
227
L6
c'est que fii yëngg man yee fi nekkJ kippe wu nu quoil tandis
que
fale fioorn dan leen di làkk 10 tubaabl peut être pour nu
gëna
teela
degg tubaab pour mun continuer seen jàng bu baax quoi
LI
Euh musique mbalax mun naa ne moom la nu xam daal parce que
yeneen musique yi ak nu mu munti demee 1 bu fiowee Sénégal
Dakar par exmplel dafaay leneen 10 xamne dafaay joge à l'étrager
new fii Itandis que mbalax fiun fioo ko ki daal/ su nu culture la
C'est
bien normal que mu woy feneen quoi plutôt
que mu garder
rekk/ leegi c'est
très
normal
que
mu
revaloriser
musique
am
du
mun
comporter-
wu
normalement.
L Il
daay dimbale ay xale
comme par exemple xale YI feebar laay defal show - am
- il aide la jeunesse - comme par exemple en faisant un "show" pour
aider les enfants.
L 14
genre yi mako gëna préférer moy kii quOI comme par exemple, OUI,
"salimata bi".
- le genre que je préfére le plus c'est truc, quoi, euh comme par
exemple, oui "salimata".
LI 5 - xale yi buggatunu ay comme par exemple jël affaires traditions YI
ak yooyu quoi
228
(les jeunes n'aiment plus, comme par exemple prendre les trucs
traditionnels et tout ça quoi).
L 16
comme lan par
exemple? gIS nga, amna ay Jeunes yu bari yuuy julli
di woor.
(comme quoi par exemple? tu VOIS y a plein de jeunes maintenant
qui font la prière, qui font le ramadan).
Ll7
souvent nak yenn musique - am neex na, par
exemple comme ay
yarubi.
(souvent quand même, y a quelques morceaux qUI ne me
déplaisent pas, comme "yarubi").
L 12
mu ngi yee Jeunesse bi presque tout le monde han.
(il éveille la Jeunesse, presque tout le monde han).
LI 7
bu riuuy jàngi presque chaque fois bus bi daay bloquer yooyu daal.
(quand on va à l'école, presque à chaque fois le bus est plein à
craquer, tout ça).
L4
maiS presque olof rekk la fiuuy làkk, olof rekk la fiuuy làkk
(mais on parle olof presque tout le temps, que olof).
229
L3
musu nu xam/ comme
par
exemple
seen dëkk qUOI
(ils n'ont jamais connu comme par exemple leur pays quoi).
10-2 LA
RELEXIFICATION EN
MORPHOSYNT AXE
Un
nombre
important
de
locutions
conj oncti ves
et
de
syntagmes
prépositionnels
en
français
subissent des
transformationsd'effacement.
Il
s'agit surtout de l'élément
post-posé final.
Parfois
aussi
c'est
l'élément
wolof
qui
va
se
substituer
à
l'élément
français
post-posé.
Nous
retiendrons,
par ce fait
, un procédé d'adaptation
morphosyntaxique
dû
aux contraintes imposées par la structure wolof :
- avant muuy xam Xalil Guèye.
(avant qu'il ne connaisse Xalil Guèye)
La locution "pour que" à valeur finale est réduite à "pour" SUIVI du
syntagme
wolof.
exemple :
Peut-être pour nu gëna teela degg tubaab pour mun continuer seen
jàng(L).
(peut-être pour qu'ils puissent parler tôt le français et qu'ils
puissent continuer leurs
études).
Toutefois ces procédés de troncation alternent avec la possibilité d'utiliser
pleinement les mêmes locutions mais avec une moindre fréquence :
230
1- c'est surtout ci forme bi
(c'est surtout sur la forme).
2- ça dépend Çl yow
(ça dépend de toi).
3- mu revenir ci li mu waxoon
(il revient sur ce qu'il avait dit).
4- amna entretien ak moom Cl. ..
(il a un entretien avec lui sur. .. )
5- rendez vous ak Recteur
(rendez vous avec Recteur).
6- bi ma glsee par rapport ak li maay seetaan ak li maay daj fee
(si je compare ce que je regarde à la télé avec ce que je vis
rée l1emen t)
Les particules wolofs "ci" et "ak" interviennent à la place des équivalents
français
comme
pour
garantir
une
certaine
cohérence
de
la
continuité
syntaxique
wolof;
elles
constituent
des
indices
de
l'appartenance
de
l'énoncé à la langue wolof, en dépit de l'importance des unités françaises.
En effet on ne saurait identifier les séquences ci-dessus comme françaises
vu
que
les
contraintes
morphosyntaxiques
liées
à
l'élaboration
de
la
phrase française ne sont pas respectées ici. Il convient de considérer donc
comme
des
emprunts
les
unités
françaises,
parce
qu'elles
sont
concaténées
selon
une
suite
qui
obéit
à la morphosyntaxe wolof.
Ceci
explique les opérations de substitution qui font que :
231
- "sur" est remplacé par "si", ou par "ci"
1. di naay way rarement si la VIe actuelle
(il chante rarement sur les sujets de la vie actuelle).
2. mu revemr ci li mu waxoon
(il est revenu sur ce qu'il avait dit)
3. da nuuy copier D européens YI
(ils copient sur les européens)
- "de" est remplacé par "ci"
4. ça dépend fLYoW bu fekkee moom ...
(ça dépend de toi, si... )
- "avec" ou "à" est remplacé par "ak"
5. rendez vous ak Recteur
(rendez vous avec Recteur)
6. bi ma gisee par rapport ak li maay seetaan
(litt = par rapport ~ ce que je vois à la télévision)
On peut dire que c'est moins la quantité de "matériaux" linguistiques qUI
importe
pour
déterminer
l'appartenance
linguistique,
que
les
procédés
d'agencement utilisés pour signifier; si ces derniers relèvent des règles de
combinaison
morphosyntaxiques
d'une
langue
donnée,
nous
pourrons
232
alors classer l'énoncé dans cette langue. En
conséquence, des réalisations
virtuelles comme celles qui suivent seront considérées comme atypiques:
l *c'est surtout sur forme bi
2 *ça dépend de yow
3 *mu revenir sur lima waxoon
4 *amna entretien avec le Recteur.
L'utilisation de la particule française associée au syntagme français aurait
appelé
de
façon
tout à fait
prédictible des
suites
françaises
, suivant
toujours la contrainte syntaxique. On aurait alors les phrases suivantes :
c'est surtout sur la forme
ça dépend de toi
mu revenir sur ce qu'il avait dit
amna entretien avec le recteur
qUI seraient classées séquences françaises.
Vient appuyer également cette hypothèse, la phrase qUI suit
233
- tubaab yi dan am liberté bem ëpp envers Cl seen parent-yi
(les européens prennent trop de liberté dans leurs rapports avec
leurs
parents).
Si
le
syntagme
prépositionnel
était
réalisé
en
français
on
aurait
eu
"envers leurs parents";
lequel
syntagme
serait
compatible
avec
toute
autre
séquence
française
qui l'aurait précédé, mais pas avec une séquence wolof.
Il faudrait donc exclure des réalisatons possibles la phrase
* tubaab YI dan am liberté bem ëpp envers leurs parents.
10.3 LES
LIMITES DES
COMBINAISONS MORPHOSYNTAXIQUES
Dans
le même
ordre
d'idées,
un
certain
nombre
de
combinaisons
morphosyntaxiques
semblent
être
exclues
en
vertu
de
ces
mêmes
contraintes
d'équivalence.
C'est le cas notamment des combinaisons suivantes
nom wolof + article français / dans le discours wolof
nom français + article wolof / dans le discours français
excepté
que
si
ces
combinaisons
arrivent
à
se
réaliser,
il conviendrait
mieux
de les classer toutes les deux comme des emprunts spontanés que
chercheraient
à
suppléer
les
insuffisances
ou
les
imprécisions
conceptuelles,
découlant
des
références
socioculturelles
qUI
ne
présentent
pas
de
correspondances
notionnelles.
Dans
le
discours
à
234
dominante française, ce fait est particulièrement notable au code écrit et
singulièrement
dans
les
écrits
de
type
jounalistique
orienté
vers
les
réalités
politiques,
sociales
et
culturelles
locales.
Les
emprunts
sont
souvent balisés d'ailleurs, du
fait des pesanteurs
normatives de l'écriture
et de la langue
utilisée:
- Le
chômage augmentant parallélement dans
des
proportions bien
plus
importantes,
des
pratiques
comme
le
"xar
matt"
(travail au
noir)
deviennent monnaie
courante.
N.B:
la
métaphore
reprend
le
sens
li ttér al
du
syntagme
verbo-norninal "xar matt" : (couper bu bois pour faire du feu).
Wal Fadjiri
n° 957 du 23 mai 1995
P3.
Mais
la
propreté
de
Podor
porte
aUSSI
l'empreinte
d'un
investissement
humain
dans
un
"set setal" pour lequel la meilleure
des ASC est primée chaque année, en début d'hivernage.
N.B:
set
setal
= nettoyage collectif (litt. le fait de rendre
propre); métaphore dont la fortune fut amorcée au
moment des élections
de 1993, en vue d'une moralisation de la vie politique et des moeurs.
Wal Fadjiri
n° 958 du 24 et 25 Mai 1995
P6
- Elles n'hésitent pas à mettre les petits plats dans les grands
pourvu tout simplement que le "ganale" de "Ass" soit mémorable.
N.B:
allusion
à
l'accueil
(ganale)
exceptionnel
réservé
aux
pélerins (Ass diminutif de El Hadj) à leur retour de la Mecque.
Sud Quotidien du 24 Mai 1995 Page 4
235
Ils
étaient
là
aUSSI
les
deux
ténors
de
la
lutte
sénégalaise
Toubabou
Dior
et
Moutapha
Guèye
en
compagnie
du
Tigre
de
Fass
esquivant des pas de danse et de
"baak".
NB
"baak"
(mis
pour
"bàkk")
séance
très
courte
de
percussion en l'honneur d'un lutteur et destinée à le
motiver avant qu'il
n'affronte
son
adversaire.
Sud Quotidien n" 647 du Mercredi 31 Mai 1995, P 4
Les fonctions sont donc doubles : elles contribuent à mêler l'emphase à la
spécification, dans un SOUCI d'ancrage du récit à l'uni vers socioculturel.
Dans le discours wolof , le recours au syntagme français (nominal le plus
souvent réecrit nom + syntagme prépositionnel) est total, avec très peu
de réadaptation de la structure.
JOX na ko billet d'avion- m
papaam moy directeur
d'école bi
fiun danu bëgga seetaan débat parlementaire
b i
chef de gare bi ngeen wara giss pour mu régler problème bi
rapidement
Ici
aussi,
les
locuteurs
semblent motivés
par un
souci d'économie
linguistique : face à des références qui ne sont plus nouvelles mais dont
la
complexité
structurelle
incite
plus
à
l'emprunt,
plutôt
qu'à
une
tentative de
reformulation hasardeuse du
concept.
236
Dans le discours wolof toujours, il faut noter que l'article français +
nom wolof est exclu, par les limites mêmes qu'opèrent les lois de position:
en français,
l'article est antéposé,
en
wolof
le
déterminant est toujours
postposé.
Le
mot emprunté
s'adapte donc
aux
principes morphologiques
du wolof.
Les
désinenc'es
verbales
Dans l'usage
que font
les
locuteurs des
verbes
empruntés
au
français,
l'unité verbale est dépouillée des affixes flexionnels,
la base obtenue est
réinterprétée
suivant
les
règles
qui
gouvernent
le
système
aspecto-
temporel du wolof. Ainsi :
- nu nguy continuer di def
(il continue à faire)
- door di compléter.
(commence à compléter)
définir a gul termes YI
(il n'a pas encore défini les termes).
daay voyager di acquérir ay connaissances
(il voyage souvent et acquiert des connaissances)
L2
- leegi su demee be mu dominer wu
(jusqu'à ce qu'il soit dominé)
- amna yeneen jigeen yoo xamne dan organiser wu/di def ay tours.
237
(il Y a d'autres femmes qui s'organisent, qui font des tours.)
L15
- da fiuuy interesser wu
L 15
- musique intéresser wu ma
L 16
- di nga recevoir quelques influences.
(tu recevras quelques
influences)
L2
- damaay préférer ma jàng.
(je
préfère
travailler).
- fiu rigny passante bal bi
(ils se passent la balle(à tour de rôle))
Les
marques
de
temps
sont
des
affixes
suffixés
à
l'auxiliaire
de
la
proposition
quand
celle
ci
contient
un
auxiliaire
et
au
verbe
de
la
proposition quand il n'y a pas d'auxiliaire.
L'aspect et la modalité sont portés par certains des affixes personnels
daay
damaay
duratif
-wu
marque de la réflexion
-di
affixe du futur.
- u l
négation + non accompli
-na/naa
suffixe de l'accompli
-o o n
suffixe du passé
- an te
suffixe de la réciprocité
L'itératif,
indiqué
par
le
préfixe
re-
en
français
n'est
emprunté
que
lorsque la forme de l'élément emprunté le contient. Autrement, il est le
238
plus
souvent
reformulé
en
wolof avec
le
suffixe-aar
accolé
à la
base
française.
Remarquons enfin que le critère décisif semble être le verbe en tant
qu'élément prédicatif, qUI Impose sa grammaire à l'ensemble de l'énoncé.
La
soumission de
la
base(en réalité ici
toujours
l'infinitif français)
aux
modalités
d'affixation du wolof est indicateur d'appartenance à la langue
wolof.
LI
- da fiuuy nettoyer douches yI.
(nous nettoyons les douches)
L 2
- comme da fiuuy utiliser seen auto/di ko liggeeye
(comme on utilise leur voiture dans le cadre du travail)
L 3
- ma doon Cl capter affaire kii
(j'en ai retenu des histoires de ... )
foo jaar nga respecter sa aîné
(tu es bien obligé de respecter ton aîné)
L 3
pour sénégalais yi rekk laay chanter quoi
(il ne chante que pour les sénégalais quoi)
L4
daf ko bugga évolueel si monde bi quOI
(il veut faire en sorte que sa musique évolue dans le monde
entier quoi)
239
10.4 LES CONTRAINTES SYNTAXIQUES DANS LE CODE SWITCHIN'
10.4.1
Analyse.
Se fondant sur le postulat selon lequel le
changement de code est
régi par un processus suivant une règle, Gumperz suggère que les études
dans
ce
domaine
puissent
répondre
à
la
question:
"quelles
sont
les
contraintes
qui
régissent
ce
type
de
juxtaposition
au
niveau
de
la
phrase? "
Une
étude
sur
la
présence
des
contraintes
syntaxiques
sur
le
changement de codes chez les chicanos californiens
a été effectuée
par
Gumperz
et
Hernandez
(1968).
Ils
ont
trouvé
dans
leur
analyse,
la
présence de
certaines contraintes syntaxiques
: les constructions
peuvent
varier certes, mais avec un
certain nombre de restrictions
Vamos, la semaine prochaine
mais
* quand, vamos?
Se lodi a mi grand-père
mais
* se lodi a mon grand-père
Es muy amical
mais
* es très amical
etc.
Par
la
suite,
d'autres
études
ont
tenté
d'examiner
l'applicabilité
des
contraintes syntaxiques sur le chicano.(Sanchez,
1972; Pfaff,
1975; Timm,
1975; Mc Menamin, 1973; Aguirre(1977 et 1978) et Poplack,
1984)
Nous y reviendrons dans le commentaire.
240
Les
morphèmes
liés.
a) - Le
verbe.
L'alternance exclut :
un verbe wolof construit avec un pronom français
* nous lekk
(nous
mangeons)
* elle dem
(elle part)
L'alternance autorise
un verbe français construit avec un pronom wolof.
L3
nu
comprendre chanson bi
nous comprenons la chanson
L 16
après mu
moderniser affaire-yi xam nga
(après, il a modernisé les affaires, tu vois)
b) Le
substantif.
L'alternance autorise
un substantif français construit avec un adjectif wolof
porte bu xonq bi
la porte rouge.
L 7
musique bu
intéressant la
L 2 7
dafa am benn
heure
L12
wax be duggal SI yeneen
langues (150)
L'alternance exclut :
un article français avec un substantif wolof sauf cas de
balisage qui intervient exclusivement en
discours français
(cf extraits journaux).
241
L'alternance autorise
un article wolof avec un substantif français.
LI
dinaa la jox ay
instruction
(46)
L2
xoolal sama personnalité.
LI
Jeune yi respecte wu fiu nit nu leen gëna mak daal
L15
te rythme bi mu am leegi.
L'ensemble
des
désinences
verbales
du
français
sont
exclues
de
l'alternance(notamment les
morphèmes
de
conjugaison).
Les pronoms français, qu'ils soient toniques ou
atones (je tu il elle moi,
toi, lui, elle nous, vous, ils, eux elles), ne sont pas autorisés, par opposition
aux
formes
wolofs
qui
peuvent
combiner
sans
limites
avec
les
verbes
français(ma nga-rnu-fiu ngeen, yow, moom, fiun, yeen)
c) Le
syntagme
prépositionnel.
L'alternance exclut :
une préposition française + un nom wolof
* duggal dans neeg bi
L'alternance autorise
une préposition wolof suivie d'un syntagme nominal ou d'un nom
français + article - déterminant + nom
une préposition wolof suivie d'un syntagme nominal français
lorsque celui-ci est composé d'un nom français + un déterminant
wolof
une préposition française suivie d'un syntagme nominal wolof.
L21
ça dépend ci yow bu fekkee mom.
li ma gisee par rapport ak li maay seetaan.
242
L25
moom moo dominer ci kër ~p
been kii bu leen kii entre seen parent.
L5
nu casser mur bi entre seen parent.
10.4.2
Commentaire.
Pour
John
Lipski
l'alternance
intervient
avec
des
conditions
de
restriction: elle ne peut se produire que lorsque la phrase a dépassé le
point où un changement radical de la structure est nécessaire. Elle est en
outre exclue entre certains éléments qui
seraient indissolublement liés,
tels que l'article et le substantif ou le pronom sujet de la phrase et son
verbe.
Pfaff(l979)
considère que
le
discours
alterné
est
le
produit
de
deux
systèmes
grammaticaux
dont
la
combinaison
est
associée
à
des
restrictions qui lui garantissent une transaction sans accrochages. Il n'y
aurait pas de règles spécifiques qui régiraient ce discours dans la mesure
où
on
n'observe
guère
de
modifications
grammaticales
des
données
à
l'instar de la pidginisation.
Shana Poplack(l979) aboutit, en décrivant le discours bilingue espagnol-
anglais, à la conclusion que les deux langues en contact restent intactes à
tous les niveaux, à part les deux restrictions signalées dans son analyse:
la restriction quant au morphéme libre (l'alternance ne pouvant pas avoir
lieu entre deux morphémes liés) et la restriction quant à l'équivalence (la
limite d'une possibilité de combinaison alternante se situant aux endroits
où les grammaires des deux langues se recouvrent).
Tous semblent avec plus ou moins de précision aboutir à la conclusion
selon laquelle les
deux variétés sont grammaticalement intactes dans la
discours bilingue.
243
Nos résultats autorisent à signaler les multiples exceptions que nous
venons
de
percevoir
sur
la
possibilité
ou
l'absence
de
possibilité
de
combinaison dans
certains contextes
morphosyntaxiques:
D'abord la restriction quant au morphème lié: on
voit qu'au verbe
français,
on
peut ajouter des particules morphologiques wolofs en toute
position.
Il
nous
semble
que
la
langue
cihlc
peut
se
permettre
un
nombre
considérable
de
combinaisons
morphologiques
autour
d'une
unité
d'emprunt
française.
Ce
qui
n'est pas le cas du
français.
Il est vrai
qu'on peut
noter des
situations
de
cette
nature
comme
dans
l'exemple:
"il paraît
que
votre
soirée était trés neex boy", mais il s'agit là d'exemples exceptionnels, dont
l'occurence
relève
d'un
discours
non
ordinaire,
à
finalité
ludique,
localisable
dans
le
sociolecte
des
adolescents,
qUI trouvent
ainsi
une
modalité particulière d'expression des sentiments de joie(c'est neex, c'est
rafet,
c'est
toy,
etc ... );
une
modalité
cx pressive
sur
laquelle
nous
reviendrons dans l'analyse pragmatique du
discours switchant.
Il
convient
donc,
ici
même
de
nuancer
les
restrictions
apportées
par
Poplack, ce qui, du reste a été fait par Bentahila et Davies(l983) dans
leur
étude
sur l'alternance
de
l'arabe
marocain
et
du
français,
où
ils
signalent
que
l'alternance
peut
avoir
lieu
à
différents
endroits
des
frontières
syntaxiques.
Tout comme nous, ils signalent le fait à l'intérieur de groupes verbaux et
adjectivaux
non
équivalents,
à
l'intérieur
d'expressions
régies
par
une
préposition, entre des prépositions subordonnées et
leurs compléments.
Il est
tout
de
même
intéressant
de
préciser
que
ces
formes
denses
d'alternance sont quasi exclusivement notées
dans
les
travaux
qui
font
référence à des contacts de langues en situation de diglossie marquée, par
244
opposition
précisément
aux
contextes
où
les
langues
en
contact
ne
subissent pas des disparités sensibles d'un point de vue sociopolitique.
Ainsi,
les
analyses
rapportées
sur
les
langues
en
contact
en
Europe
excluent presque toutes ces
possibiltés
d'alternance dense,
à
l'exception
de
celles
de
Di
Pietro et
Del
Coso-Calarne et Oessch-Serra(1983)
qui
signalent des cas limités d'alternance à l'intérieur d'expressions, le plus
souvent d'ailleurs idiomatiques, dans le discours des migrants italiens en
Suisse
Romande.
Gardner
Chloros
mentionne
aussi
quelques
exemples
trouvés entre le sujet pronominal et le verbe(ça schwimmt", ça griewelt
de
trop";
entre
l'adjectif
ou
l'article
et
le
substantif(de
gals
toupie:
d'poubelle) avant le verbe principal(nitt dass se do cueillir).
Ces exceptions ne concernent-elles pas justement des langues en situation
de minoration sociale?
Finalement
les
limites
qui
s'imposent
aux
combinaison
sont
rrurumes
comparées aux possibilités offertes à la langue receptrice des emprunts,
ce qui accrédite davantage la thèse de Bentahila et Davies, appuyée par
les résultats obtenus par Laroussi sur le contact entre l'arabe dialectal et
le
français
à
Sfax
(Tunisie).
Nous
rajoutons
pour
notre
part
que
SI
certaines formes d'alternances sont autorisées ici et exclues dans d'autres
cas de langues en contact (Poplack) cela ne fait que traduire des rapports
de force linguistiques qui illustrent la mesure (jusques et y compris dans
la syntaxe et la morphologie) de la domination du français sur le wolof.
Il s'agit alors d'une question de gradation de cette domination, en rapport
avec
les
langues qui
sont en
contact, ce
qui
fait
que
les
restrictions
semblent
plus
évidentes dans
le
cas de
l'espagnol
et de
l'anglais,
du
français et de l'anglais, lorsqu'on les compare avec le contact du français
et de l'arabe dialectal, du français et du wolof, ou encore du français et du
sango;
Poplack
(1979)
et
Bentahila
laissent
de
côté
par
exemple
les
alternances
accompagnées
de
commentaires
métalinguistiques,
c'est
la
245
preuve aussi
et
surtout que les restrictions
signifiées par les uns et
les
autres, doivraient être liées à la nature des bilinguismes en question.
Poplack et Sankoff se
sont intéressés à un
contexte de bilinguisme
relativement
stable,
et
n'ont
pas
pns en compte la variable âge pour
comparer les VIeux membres du
groupes avec les plus jeunes ou encore,
n'ont
pas
SUI VI
les
changements
susceptibles
de
se
produire
chez
les
individus
au
fil des années.
pour
mettre
à l'épreuve
l'hypothèse
de J.J.
Gumperz
et
E.Hernandez
(1968)
lorsqu'ils
affirment
pouvoir
trouver
le
code
switching
"chaque
fois
que
des
groupes
linguistiquement
minoritaires
entrent en
contact étroit
avec
des
groupes
linguistiquement
majoritaires
dans
des
conditions
de
changement
rapide".
Cette
formule
pourrait être réadaptée suivant la dynamique diglossique locale
chaque
fois
qu'une
langue
institutionnellement
minoritaire
entre
en
contact étroit
avec
une
langue
institutionnellement
majoritaire
dans
des
conditions
de changement rapide.
Un
cas
spécifique
La
red u plica tion
du
morphème
(
subordination
dans
la
subordination
complétive
ne-que.
L 13
Je pense ni que xaleyi ...
Je pense que nI...
li ma ci xam mooy ~ ru
L5
xalaat naa ~ mbalax laay tëgg
L5
man Youssou, xalaat naa ci ~musicien la
L 15
dam leen wax ne que hun, Youssou neex na ma torop
246
L3
Je crOIS ne ku respecter wuul seen aîné bari nafi torop.
loolu moo tax ~ élèves yi
Les
exemples
ci-dessus
présentent
la
caractéristique
d'être
des
subordonnées
complétives
introduites par
des
verbes
déclaratifs
et des
verbes d'opinion : xalaat (penser) wax (dire) xam (savoir).
On peut remarquer que l'usage homogène de
la construction syntaxique
française ou wolof n'apparaît nulle part dans l'ensemble des phrases. Qu'il
s'agisse des constructions gouvernées par le verbe français, ou le
verbe
wolof,
la
redondance morphématique semble être
la
régIe.
En
outre la
combinaison
des deux particules complétives
redondantes
n'obéit pas
à
une contrainte d'ordre. On trouve "ni" (variante de "ne" complétif wolof)
SUIVI ou
précédé de
"que"
(complétif français).
Et même
"ni"
pouvant
commuter avec "ci" (en) comme dans "xalaat naa ci que" (au lieu de xalaat
naa ne que.)
Trés
abondants dans la syntaxe du
discours
bilingue,
ces exemples de
télescopage de morphèmes de
subordination nous amènent à penser que
les suites "ne que", "que ni", "que ne", "ni que" traduisent bien souvent
des automatismes de constructions switchantes plus que des redondances
à visée emphatique contrairement à d'autres
formes
de
redondance
de
morphèmes
aux
effets
rhétoriques
plus
certains
que
nous
examinerons
u 1térieuremen t.
Nous
rangerons
dans
cette
même
rubrique
la
conjonction
"comme",
emprunt
désormais
intégré
en
wolof
contemporain
et
qui
est
très
fréquemment renforcée, tantôt par la particule francaise "que", tantôt par
la particule wolof "te". L'effet de sens y est également nul :
L5
comme que iioom européens YI amufiu benn kii daal
(60)
247
L 19
comme
que noon la, vivre-uma
(69)
L 15
comme
que nit 01 DOO DUUY Juger
( 176)
Elles serviraient, par leur tonalité redondante,
à scander l'échange verbal
dans
un
discours
qui
trace
résolument
les
marques
de
la
bilingualité
Jusques et y compris dans les joncteurs.
Mais à travers ces manifestations spécifiques d'usage de morphèmes, il y
aurait
également
l'idée
que
les
éléments
de
l'autre
langue
dans
un
discours
donné
ne
constituent
pas
une
indication
sûre
de
"mélange
linguistique",
pour
la
raison
que
ces
éléments
peuvent
bien
avoir
été
adoptés
comme
partie
de
la
norme
linguistique
des
groupes
auxquels
appartiennent les bilingues : ce que nous postulions dans l'hypothèse de
dép art.
Les
contraintes
syntaxiques
sont
observées
en
considération
des
gr amrnane s
respectives
des
deux
langues
et
très
peu
d'exemples
violeraient
les
contraintes
que
nous
venons
d'énoncer.
Il
y
a
incontestablement des limites qui font que l'alternance ne peut avoir lieu
à n'importe quelle frontière syntaxique, une jonction "savante" des deux
gr arnmair e s
unilingues
qUI,
pour
ainsi
dire,
se
concèderaicnt
mutuellement
des
règles
syntactico-sémantiques
aboutissant
à
la
"grammaire du bilingue" .Mais c'est tout de même le wolof qui concède le
plus grand nombre de
possibilités combinatoires
(et c'est là un élément
important
qui
nous
fait
aboutir
à
une
conclusion
différente
de
celle
d'autres
chercheurs
qui
se
sont
penchés
sur
cet
aspect
du
phénomène.
Nous sommes donc d'accord avec Gumperz (1989) lorsqu'il fait remarquer
que
l'alternance
n'indique
pas
nécessairement
une
connaissance
imparfaite des systèmes grammaticaux concernés, mais à condition que le
concept
fasse
référence
aux
règles
élémentaires
qUI
régissent
le
248
fonctionnement des
unités
morphosyntaxiques
dans
la
phrase,
grarnmarre
se
confondrait
alors
avec
syntaxe
et
s'opposerait
au
lexique
ou
à
la
phonologie (Dubois,1970) ou à l'étude des
flexions, mais exclurait l'étude
de la formation des mots.
Tou tefois
le
contenu
que
Gumperz
donne
au
concept,
l'associe
étroitement à l'idée d'une compétence fort
élargie du
locuteur bilingue,
qui en fait un locuteur-auditeur idéal des deux codes; il considére en effet
comme tout à fait exceptionnels les cas où les changements de code sont
motivés
par l'incapacité des locuteurs à trouver les mots pour exprimer
ce qu'ils veulent dire dans l'un ou l'autre code.
Dans
bien
des cas,
il
estime
que l'information
que
fournit
l'alternance
pourrait tout aussi bien s'exprimer dans l'autre langue.
Autrement dit, le
locuteur peut
dire
une chose
dans
un
code
et
la répéter sans aucune
pause dans l'autre. Cette affirmation est en tout cas loin d'être confirmée
dans notre étude, où, bien au contraire, la compétence des locuteurs est
fortement mise en cause dans bien des manifestations de l'alternance.
En réalité, la
raison principale en est que les compétences lexicales et
grammaticales
de beaucoup de
locuteurs wolofophones citadins bilingues
présentent
des
aspects
de
fossilisation,
d'une
absence
de
progrés,
d'évolution dans les acquisitions linguistiques,
lorsque les locuteurs sont
parvenus à un certain niveau d'apprentissage informel (le relais du
cadre
d'acquisition familiale et sociale, devant être l'école, celle-ci se
consacre
exclusivement à faire acquérir le français).
En
outre,
nos
propres observations peuvent être
appuyées
par
l'attitude
des locuteurs à l'égard même du phénomène.
Bien
souvent,
les
tentatives
visant
à
expliciter
les
auto-relevés
décrivant l'usage bilingue, révèlent, on le rappelle, de façon très évidente
un net décalage entre la description que font les locuteurs de leur propre
usage et les études empiriques de textes enregistrés (Gumperz,
1992). En
249
effet
lorsque
les
locuteurs
s'engagent
à utiliser
une
langue
dans
une
conversation informelle (parfois
même formelle,
nous
avons expérimenté
les deux
situations) et à s'en tenir strictement à ceHe-ci, le résultat est
que
toutes
ces
interactions
enregistrées
dévoilent
des
glissements
constants
vers
l'alternance codique.
Les explications qu'ils en
donnent ultérieurement,
après
avoir écouté les
enregistrements, donnent une
part belle au
mélange de langues,
ou
aux
emprunts
linguistiques
imputables
à une
maîtrise
imparfaite
des
deux
codes,
ou
d'un
des
codes; en
plus des
formes
stéreotypées d'arguments
dont le sens varie en
même temps que les attitudes (le point de vue le
plus remarquable sur ce
point renvoyant à des
attitudes identitaires que
nous avons analysées plus haut).
Dans
le
même
ordre
d'idée,
les
déclarations
des
locuteurs
sur
leurs
capacités
à
adopter
une
pratique
monolingue
sont
à
prendre
le
plus
souvent
plus
comme
des
déclarations
d'intention
que
comme
des
possibilités expressives réelles.
L'observation
directe
permet de
constater
que l'usage d'un code unique (et cela n'est valable que pour le français)
n'est
effectif
que
dans
le
cas
où
l'interlocuteur
est
un
francophone
monolingue.
Pour
tout
autre
interlocuteur,
il
nous
a
été
donné
de
relever
que
l'alternance
était
la
seule
possibilité
offerte
à
l'interaction
(avec
des
degrés variables selon les locuteurs
bien
sûr). En
témoigne le
point de
vue d'un locuteur, qui, en répondant à la question sur le mélange, n'a pu
s'empêcher d'exprimer sa pensée dans un code switchant :
250
Lü
Utilisez vous le mélange avec tout le monde?
LI 2
Oui-si non bu dee doon nga étranger/gis un blanc,
interlocuteur bi/ça dépend de l'interlocuteur/si c'est un
toubab/xam nga mu noo ci dugal ay mots wolofs?
mais bu dee entre fiun la surtout en ville y a pas de
problèmes/eh/par exemple avec
les
parents/c'est la
même
chose han/seen papa du nangu fiuuy
làkk olof quoi/
locuteur manding 25 ans Ziguinchor
Traduction
OUI
SInon, si avec un étranger, un européen ça dépend de
l'interlocuteur. Si c'est un toubab (européen), tu sais, tu ne
peux pas utiliser des mots wolofs n'est-ce pas?
mais SI c'est entre nous, surtout en ville , y a pas de problème,
eh, par exemple avec les parents, c'est la même chose han, les
parents n'acceptent pas qu'on s'adresse à eux en wolof quoi.
10.5 L'INTERACTION AVEC LES MONOLINGUES
Il Y a lieu de croire que le recours à un code unique pour s'adresser
à un
locuteur
monolingue
serait
l'apanage de
locuteurs
impliqués
dans
des interactions au
sein de communautés caractérisées par une diglossie
stable, terme le plus souvent confondu avec diglossie tout court dans la
terminologie de John
Gumperz
: en effet selon
lui,
dans
la diglossie,
l'alternance
codique
est
essentiellement du
type
situationnel
(Bloom
et
Gumperz
1972).
Des
variétés
distinctes
s'emploient
dans
certains
251
contextes
associés
à un
type
d'activités
distinctes
et
limitées
selon
la
catégorie
d'interlocuteurs
à
qUI
l'on
parle
(amis,
famille,
étranger,
subordonnés etc. )
Les locuteurs en situation de
diglossie doivent donc
connaître plus d'un
système
grammatical
pour
mener
à
bien
leurs
affaires
quotidiennes.
Toutefois un seul code est employé à un moment donné. Chaque variété
pouvant être considérée comme ayant une place ou une fonction distincte
dans le répertoire linguistique local.
Dans une
telle "compartimentation"
de l'usage langagier,
les normes de
sélection du code ont tendance à être relativement stables. Les règles qui
gouvernent leur emploi sont également enseignées explicitement et "leurs
manquements
peuvent
susciter
des
commentaires
à
haute
voix"
(Gumperz 1989
p59).
Nos
propres
observations
se
démarquent
naturellement
des
présupposés
qUI
fondent
le
cadre
théorique
de
l'alternance
situationnelle.
Elles
s'orientent,
par
les
faits
même
observés,
vers
le
second
cadre
de
définition
de
l'alternance
le
code
switching
conversationnel,
qUI
caractérise les communautés que nous définissons en termes de
diglossie
mouvante
ou
instable.
Nous
avons
vu
que
l'écoute
et
l'analyse
des
discours de
switch conversationnels montrent que
les unités
switchantes
font
partie
d'un
même
acte
de
parole
ou
les
parties
switchantes
sont
reliées
par
des
rapports
syntaxiques
et
sémantiques
très
étroits,
équivalents à ceux qui relient les passages d'un même code. De nombreux
locuteurs impliqués dans ce
genre d'interaction
admettent,
lorsqu'on leur
pose la question du pOurqUOI de cette alternance, qu'il s'agit de faits dont
ils
ne
sont
pas
conscients
et
autour
desquels
ils
ont
développé
des
automatismes
langagiers.
Ce
qUI les
intéresse, c'est bien souvent l'effet
obtenu lorsqu'ils communiquent ce qu'ils ont à dire, même si par ailleurs ,
dans
cette
même
forme
d'alternance,
une
place
certai ne
doit
être
252
contextes
associés
à un type d'activités distinctes et limitées
selon la
catégorie
d'interlocuteurs
à
qUI
l'on
parle
(amis,
famille,
étranger,
subordonnés etc. )
Les locuteurs en situation de diglossie doivent donc connaître plus d'un
système
grammatical
pour
mener
à
bien
leurs
affaires
quotidiennes.
Toutefois un seul code est employé à un moment donné. Chaque variété
pouvant être considérée comme ayant une place ou une fonction distincte
dans le répertoire linguistique local.
Dans une telle "compartimentation" de l'usage langagier, les normes de
sélection du code ont tendance à être relativement stables. Les règles qui
gouvernent leur emploi sont également enseignées explicitement et "leurs
manquements
peuvent
susciter
des
commentaires
à
haute
voix"
(Gumperz 1989
p59).
Nos
propres
observations
se
démarquent naturellement
des
présupposés
qui
fondent
le
cadre
théorique
de
l'alternance
situationnelle.
Elles
s'orientent,
par
les
faits
même
observés,
vers
le
second
cadre
de
définition
de
l'alternance
le
code
switching
conversationnel,
qUI
caractérise les communautés que nous définissons en termes de diglossie
mouvante
ou
instable.
Nous
avons
vu
que
l'écoute
et
l'analyse
des
discours de
switch conversationnels montrent que les
unités switchantes
font
partie d'un
même
acte
de
parole ou
les
parties
switchantes
sont
reliées
par
des
rapports
syntaxiques
et
sémantiques
très
étroits,
équivalents à ceux qui relient les passages d'un même code. De nombreux
locuteurs impliqués dans ce genre d'interaction admettent, lorsqu'on leur
pose la question du pourquoi de cette alternance, qu'il s'agit de faits dont
ils
ne
sont
pas
conscients
et
autour
desquels
ils
ont
développé
des
automatismes
langagiers.
Ce
qUl
les intéresse,
c'est bien souvent l'effet
obtenu lorsqu'ils communiquent ce qu'ils ont à dire, même si par ailleurs ,
dans
cette
même
forme
d'alternance,
une
place
certaine
doit
être
252
reservée
aux fonctions signifiantes (cc sera l'objet du
prochain chapitre)
qui ne
sont pas négligeables et qui mettent en
évidence les
motivations
de l'expressivité. Mais principalement, à l'origine du
mélange des langues
français/wolof se situe une lacune de vocabulaire ou de structure. Lacune
par le fait qu'un élément ne soit pas disponible et
pas forcément par le
fait qu'il ne soit pas connu. On recourt à l'autre langue pour combler cette
lacune.
Certains
peuvent
éviter
cette
stratégie
en
présence
d'étrangers
unilingues,
comme
nous
l'avons
dit,
mais
d'autres,
pour
présenter
une
certaine
"t1uidité" du
propos
, n'hésiteront
pas à sacrifier l'égard qu'ils
pourraient
a vo ir
pour
l'unilingue
au
profit
de
la
commodité
communicationnel1e.
Mais
ceux-là
mêmes
qUi
s'avisent
à
prendre
en
compte
l'interlocuteur
développent
dans
leurs
discours
une
multi plici té
d'attitudes
qui
sont
la
manifestation
d'une
mauvaise
conscience
du
mélange. Celle-ci est l'apanage (en situation formelle de prise de parole)
des
locuteurs
adultes,
la
plupart
investis
d'un
certain
rôle
social
et
possédant une conscience très aigue de la normativité. Mais une maîtrise
approximative du vernaculaire, liée à un souci affiché de devoir tenir
un
discours wolof à la hauteur de leur rôle social, les oblige à "soigner" leur
élocution.
Stratégie périlleuse qui
aboutit à l'observation de nombreuses
et longues pauses, à un contrôle inhabituel de débit, en vue de contenir
d'éventuels écarts syntaxiques et lexicaux, enfin, à la pratique réitérée de
l'autocorrection
et
des
reformulations
discursives.
Cependant,
pour
la
grande
masse
des
locuteurs
bilingues
confrontés
aux
deux
prmcipes
concurrents, entre le principe qui fait tenir compte de l'allocutaire et celui
du moindre effort, c'est celui de l'économie de l'expression qui semblerait
l'emporter
plus
fréquemment.
(se reporter tout particulièrement au texte sur le sida dans le corpus)
253
10.6 ORDRE SCRIPTURAL ET MELANGE DE CODES.
On est fondé à croire que l'ordre scriptural, qui constituait jusqu'ici
la
seule
instance où
la diglossie
manifeste
encore
son fonctionnement
suivant le modèle
de la bipolarité fergussonnienne, à son tour se prend
au
Jeu
du
contact
linguistique.
En
effet
le
mélange
de
codes
(orthographiques)
est en
train
d'imposer
ses
marques
aux
productions
langagières
écrites,
conséquence
de
la
dynamique
sociolinguistique
développée
par
l'évolution
du
statut
social
de
la
langue
wolof
(notamment l'élargissement des
secteurs d'utilisation de la langue).
Etudiant les langues utilisées à Dakar et les comparant à celles qu'on
trouve à Paris à travers les inscriptions des commerces, L.J .Calvet (1990)
note la diversité
des moyens scripturaux mis en oeuvre pour satisfaire
les
besoins
de
la
communauté.
On
peut
observer
qu'à
Dakar,
sur
l'ensemble
des
inscriptions,
trois
langues
sont
utilisées
:
le
français,
l'arabe, le wolof, et deux alphabets, la latin, l'arabe : tout ceci dans un
savant mélange. Tandis qu'à Paris on relève un rapport constant entre la
forme graphique et le contenu linguistique (l'arabe en alphabet arabe, le
chinois en caractères chinois, le français en alphabet latin etc.), à Dakar,
les choses semblent beaucoup moins univoques; en effet on peut trouver
du wolof en caractères arabes ou latin, de l'arabe en caractères latins. Ceci
paraît
traduire
une
incertitude
dans
les
relations
entre
le
système
graphique et le système oral dans une situation de transition entre oralité
et écriture, mais témoigne surtout d'une grande fluidité dans les rapports
entre
les
langues
:
aucune
barrière
n'est
socialement
signalée
pour
réglementer
l'usage
des
codes
orthographiques
mobilisés
pour
communiquer en wolof (caractères latins et arabes, et bien que la "norme
officielle"
de
la
transcription
soit
l'alphabet
phonétique,
celui-ci
n'est
jamais requis à l'usage) ou en arabe (caractères arabes ou latins). En ce
254
sens,
les
murs
(l'écrit)
de
Dakar
donnent
à constater,
à l'instar des
discours, que les langues font plus que coexister, elles cohabitent aussi.
10.7 LE "SWITCH" DES MONOLINGUES "ENDOGLOTTES".
Les
réflexions
sur
l'alternance
codique
sont
apparues
pour
la
première fois (tout du moins pour l'Afrique francophone) avec l'ouvrage
de Maurice Houis intitulé Antropologie Linguistique de
l'Afrique Noire
(1971). Dans sa tentative pour circonscrire le phénomène, Houis avance
que la diglossie (pour lui synonyme de mélange de langue ou de parler
des
bilingues)
apparaît sous
la
pression
de
termes
nouveaux
et
de
situations qui
ne sont pas courantes dans les conversations quotidiennes.
Reconnaissant la complexité du problème, il le relie au besoin de suppléer
également à un manque de spontanéité à la fois dans l'usage lexical, et
dans l'explicitation des relations logiques entre propositions, ainsi qu'au
besoin de réaliser un effet de style. Mais il semble minimiser l'ampleur
du mécanisme à cause "précisément de cette diglossie qui maintiendrait
globalement l'une et l'autre langue dans des domaines sémantiques qui se
seraient
installés
au
cours
de
l'usage,
dans
une
relation
de
stricte
complémentarité. C'était méconnaître aux
relations interlinguistiques et à
la
diglossie
elle-même
sa
dynamique
évolutive,
en
rapport
très
étroit
avec les
changements socioculturels (Labov,
1985, Fishman,
1973). Les
analyses
exposées
ICI
même
infirment cette
conception
fergussonienne
fixiste et non contlictuelle des langues en contact.
Mais bien plus, l'autre remarque qu'il formulait sur cette diglossie et qUI
intéresse
plus
particulièrement
notre
propos
c'est
le
fait
qu'il
semble
exclure la population monolingue, qui
en dehors des
emprunts intégrés,
ne ferait nullement usage du français dans un discours alternant. D'autres
chercheurs
ont
eu
également
l'occasion
de
signifier
cette
conviction
255
distinct
du
vernaculaire,
et
même
du
véhiculaire
dans
son
contenu
classique.La raison se
trouve dans la
nature même de son rapport à la
langue source. Celle-ci déterminerait, non pas une continuité comme c'est
le
cas du
véhiculaire, mais une rupture par rapport au
réel traditionnel,
induite par de nouvelles valeurs de positionnement social. Aujourd'hui le
fait est vérifié que pour se faire comprendre à Dakar, il est nécessaire et
il
suffit de
parler le
wolof : pour se faire
intégrer et être identifié au
dakarois, au citadin, il faut utiliser le code mixte dont le dakarois n'arrive
pas à se défaire.
UNITES LEXICALES EXTRAITES D'INTERACTIONS DE MONOLINGUES
ENDOGWITES.
LIEUX: KEUR MADIABEL ET ZIGUINCHOR
affaire
vraiment
par
exemple
- comme
ou
bien
pour
- mais
il faut que
commencer
- parce que
d'accord
arrêter
- bon
manquer
certai n
- encore
envoyer
dernier
emmerder
p u i s q u e
débloquement
-
tomber
coloniser
complet
- dominer
depuis
vérifier
des fois
mélanger
po ur q u o i
- races
domaines
original
employer
257
(Dumont,
1973 sur les
emprunts
du
wolof).
Mais
il
faudrait
dire qu
l'ensemble de ces travaux s'appuyait sur une situation déjà vieille d'un
trentaine
d'années.
Nos recherches
actuelles,
soutenues
par des
travaux
plus récents sur la question
(Thiam,
1991) permettent de
conclure que
l'alternance
gagne
progressivement
l'espace
monolingue
endoglotte
de
façon
très
notable
en
milieu
urbain
et
dans
une
moindre
mesure
en
milieu rural, sous l'effet d'un mimétisme socialement valorisant. En effet
lorsque les emprunts spontanés et certaines formes de mélange de codes
sont généralisés au
sein de
l'élite, ils
peuvent se
révéler d'un
puissant
attrait
pour
les
autres
couches
sociales
et
susciter
un
phénomène
d'immitation
ou
de
reproduction
du
modèle
de
référence,
capable
de
générer
d'importants
changements
linguistiques
(ceci
est
manifeste
au
plan
lexical
et
morphosyntaxique).
L'aboutissement
de
ces
bouleversements
passe
par
un
processus
de
revernacularisation
(Manessy,
1982)
qui
implique
non
plus
seulement
un
groupe,
les
bilingues,
mais l'ensemble
de
la communauté
linguistique urbaine
: "le
sujet parlant uniquement français,
pour peu qu'il s'attende à ce
type de
mélange,
a
au
moins
autant
de
chance
de
comprendre
les
phrases
switchantes,
ou
d'en deviner
le
sens,
que
le
wolof non
compétent en
français. Mais ce dernier, accoutumé à décoder de telles phrases et vivant
quotidiennement
l'expérience,
démontre une nette aptitude à reproduire
le
modèle"
(Thiam,
1990). Des
cas
d'usage répété
d'emprunts plus ou
moins
spontanés,
établis
ou
en
voie
d'intégration
,
dans
un
but
de
reproduction
du
modèle
du
parler
mixte
dakarois,
sont
très
souvent
observés dans des situations où on ne compte que des monolingues non
francophones.
Ce
qUI,
à
l'origine
peut
avoir
une
valeur
strictement
ostentatoire, se mue, avec l'usage répété, en simple fonction dénotative et
informative,
indice
d'une
expansion
et
d'une
normalisatio
du
modèle.
C'est significatif aussi de la structuration d'un nouveau modèle de parler
256
le plus souvent
c'est pas intéressant
il faut que
affaire
d'animal
mot français
tout le monde
c'est très rarement que.
En jetant un coup d'oeil sur la liste Cl contre, on remarque que l'on est
bien loin des
emprunts que nous
avions
volontairement exclus
de
nos
préoccupations
partant
du
principe
qu'ils
relèvent
des
domaines
classiques
de
l'emprunt
africain
au
français
(vocabulaire
technique,
notions nouvelles, dénomination d'objets nouveaux,
de réalités nouvelles
etc.). Ce
corpus, constitué d'items et de
syntagmes divers
: syntagmes
prépositionnels,
adverbiaux,
groupes
nominaux
etc.,
montre
de
toute
évidence que le discours du monolingue endoglotte, s'il est moins prolixe
en séquences switchantes que celui des bilingues, offre tout de même une
gamme
très
variée
d'utilisation
des
ressources
lexicales
françaises
verbes,
adverbes,
adjectifs,
substantifs,
locutions
conjonctives,
éléments
interjectifs, etc., voire, segments de phrases. Ces emprunts dépassent très
largement ce que la terminologie anglo-saxonne désigne par le terme
de
"tags",
caracréristique
des
emprunts
classiques
du
discours
mixte.
Il
illustre
si
besoin est
les
tendances
actuelles
de
l'énonciation
dans
le
discours
monolingue urbain.
Illustration par des extraits d'un discours de locuteur non frandophone
258
LlO
àndu üu pour l'islam
Capitale des soce fioonu (P78)
fiow doora commencer fiaan leen nguur gl
jekk na fiow fiu ane ter leen foofu
bataillon
yekatina drapeau
blanc bi gu erre
nangu na pour fiu xeex
place.
mine fiun commerçants yi'
nekka foofu ba certain jamarjo fiow sifioom
ak yi marna janke/dernier nguur kaabo
yalla boole histoire digganbe soce yeek kaabu
ak saraxolle
fiii dafi seet seen débloquement bi/armes iiu seet fiu hamni arme bi yëpp
complet na mais fass yi manquer na
marna janke waal envoyer fanweer naari soldar pour iiu dem Liberia.
Peul firdu jaooa frontière yi fiow fii
arnufiu
j àmm
pu i s que
he ex
atti
b
neex/heeh
rekk/soce/soce
nak
du
nangu fiu coloniser même bu fiu wolbati encore jiroom naari
yoon/soce
du nangu nga liggee patron nga diko emmerder
bi fiu fiowee tomber Malinko Sonko
mangi dem doxaat pour yokk soce fiu départ
(ci ko dalee) depuis Casamance be
fiu indi ay marchandises/fruits
africains yu
dem guru/yu dem ay cafe etc.
baïnunke moo wara riche même soce {Juisque après
baïnunke
soce/après soce peul!
Comme olof langue nation.ale
259
depuis ci reew arabe
Comme du olofu ndiaye jaxase la
bon diola seen làkk fii la nu sotti wah
nga hamne especial la/ordinaire la seen làkk
boo leen vérifier ci cosaan tandda la
pourquoi seen làkk moo dominer/
p asq uo leegi c'est rarement temps dekk/mun
nga
degg nga fekka baïnunk di toog di waxtaan seen làkk
Roginal
bi daal soce pasque tey tey fii//
boobu sax kooku c'est pas intressant pasque kooku
bokkul
sunu reéw
Casamance
entière (toute la Casamance)
il faut nga
amnàn ay junni junni dekk villages su ne
nanga deff/jamma rekk ci kow.
Jaayante boobu doon di affaire animan (mal)
(nag xar/bey
canard).
10.8 REDONDANCES ET EFFETS D'EMPHASE DANS
L'UTILISATION DES
COORDINATEURS
1
C'est que nak ça dépend aUSSi de la personne
2
Je dis pas que nak vous ne devez pas revendiquer, vous devez
revendiquer mais
nak
positivement.
3
Waaw yow kay, Si tu me donnes des preuves, des propositions
concrè tes
260
4
Man je t'entends bien quand tu dis ....
5
Man ce que Je t'ai donné, ce n'est pas des propositions concrètes?
Les
énoncés
ci-dessus
relèvent
du
discours
mixte.
Mais
on
remarque
de
manière
générale
que
les
unités
lexico-syntaxiques
appartiennent
pour
l'essentiel
à
la
langue
française.
Les
très
rares
présences
d'unités
appartenant
à
la
langue
wolof
n'affectent
nullement
les
structures
syntagmatiques
françaises.
Leur
suppression
n'altère
pas
non
plus
l'acceptabilité
sémantique
du
message.
Autrement
dit
la
présence ou l'absence des unités wolofs ne
dérangerait pas un
locuteur
francophone monolingue qui serait amené à décoder les messages.
Certains de ces éléments font office de
chevilles. Toutefois on peut se
demander
pourquoi
les
locuteurs
ressentent
le
besoin
de
les
intégrer
dans des phrases françaises. En nous reportant à leur rôle grammatical en
wolof,
on
s'aperçoit
que
certains d'entre
eux
sont
caractéristiques de
l'énoncé
emphatique,
mode
d'expression
comportant
une
intensité
particulière
et
qui
fait
porter
l'accent
sur
un
des
constituants
de
la
phrase. Ils relévent
1) de l'énoncé expressif, et ont pour rôle d'exprimer les réactions
affectives des locuteurs.
2) de l'énoncé phatique qUI VIse à attirer l'attention.
3) de l'énoncé impressif en tant qu'il cherche à déclencher une
réaction,
un
comportement.
261
En effet "nak", "waay", "han" et "kay" sont des particules interjectives.
"Man"
correspond
au
pronom
personnel français
accentué
"moi".
Il
est
très récurrent dans les énoncés. Du point de vue du
discours, il dénote
une
opacité
maximale
c'est-à-dire
la
position
du
locuteur
qui
entend
assumer
totalement
son
opinion
en
le
mettant
en
contraste
avec
le
discours
de
l'interlocuteur.
Ainsi
"man",
"yow ",
"moom"
viennent
fréquemment
renforcer
le
sujet
énonciatif
français
" . "
Il t
"
Je,
u,
dont
la
charge expressive est jugée
insuffisante pour restituer
l'effet d'emphase
désiré.
Dans un
contexte conversationnel, il s'agit pour le
locuteur d'une forme
particulière de
l'insistance qui
aSSOCie l'acte verbal au
gestuel servant à
s'auto-désigner (placer sa main sur sa poitrine vigoureusement). Il en est
de même pour l'expression "damanela", "ce que moi je te dis" (ma parole)
par opposition à ce que les autres affirment ou pensent.
"Waaw",
"anhan",
sont
également
très
présents
dans
le
discours,
et
signifient d'ordinaire "oui" mais dans les contextes de leur apparition, ils
s'identifient
à
des
formes
linguistiques
qUI
ne
véhiculent
pas
des
sémantismes spécifiques dans les messages perçus sous l'angle informatif.
Ils serviraient ici à établir, à réamorcer ou à prolonger l'interaction. Dans
ce sens, ils sont en majorité classables comme particules phatiques.
Tout ceci nous amène à penser que si les termes français parviennent à
transmettre le
contenu
notionnel
et
informatif du
message
, il
manque
parfois
la
possibilité
d'adjoindre
les
connotations
particulières
qUI
accompagnent
certaines
modalités
expressives
l'insistance,
la
colère,
l'agacement, la contrariété, la joie, l'enthousiasme; toutes ces nuances qUI
sont
parfois
rendues
plus
judicieusement
par
des
procédés
suprasegmentaux
ou
d'autres
indices
lexicaux,
dans
une
conversation
française.
262
C'est ainsi qu'une phrase comme :
"yow
itam,
ne
bois
pas
tout!"
pourrait
être
traduite
avec
un
"franchement"
réprobateur,
typique
de
la
conversation
familière
française (sous-entendu : "il faut en laisser aux autres, tu exagères").
Il n'est pas certain, compte tenu des modes d'acquisition du français , que
les
locuteurs
ordinaires
soient
toujours
en
mesure
de
développer
ces
compétences spécifiques dans l'usage qu'ils font du français.
waaye
itam
waaye
nak
kon donc
te itam
te nak
kon nak
mais itam
mais
nak
donc nak
mais
aUSSI
mais alors
te
pourtant
mais
pourtant
mais
tamin
Dans ces différentes locutions, on remarquera à nouveau la grande
liberté de combinaison des éléments wolofs avec des éléments français, (à
l'instar
des
particules
"ne"
et
"que"
des
complétives
examinées
précédemment), qui font que "waaye itam" peut commuter avec "te itam"
ou
"mais itam",
ou
"mais aussi"
pour signifier le
"mais aussi"
le
"en
revanche" français . "Mais nak" peut
commuter avec "te nak" ou "waaye
nak" pour traduire le "mais alors" (dans ce cas!) ou "mais" réitéré dans la
conversation familière (rnais l, mais 1, mais! ... ). L'insistance sur l'idée d'une
opposition forte à nuance contrastive ou restrictive, très fréquente à l'oral
en
wolof
expliquerait
le
renforcement
des
coordinations
oppositives
wolofs et françaises
telles que
"waaye",
"te"
, mais,
par les particules
263
d'insistances
"itam"
et
"n ak ".
L'accent
emphatique
ne
serait
pas
suffisamment restitué par l'emploi exclusif de la coordination française.
Par
anologie
à
ces
modes
de
combinaison,
on
peut
relever
"mais
pourtant",
"mais
par
contre
" où
le
"mais"
pourrait
apparaître
comme
superfétatoire,
voire
imcompatible
avec
"pourtant",
"par
contre"
ou
en
"revanche", unités
qui .à elles
seules,
suffiraient à marquer l'opposition
avec les nuances d'insistance qui y sont associées :
Illustration
1)
- waaw malS tami t
amna yenn parents yoo xamne droits YI fiu am
si fioom dun ko jox.
(oui, mais il faut dire quand même qu'il Y a des parents qui refusent de
reconnaître à leurs enfants des droits).
2)
- il
faut
les
respecter pas
que fiun
üoo
leen
njëkka
xam
aduna
premièrement,
xam
nga,
malS
nak yenn
saa danu
d'accord te
ne
par
exemple sufi la ne bon doo genn ...
(Il faut les respecter, parce qu ils ont plus d'expérience premièrement, tu
sais, mais par contre parfois
quand ils décident que tu
ne
devras pas
sortir ... )
3) te
pourtant fiëpp a ko bëgg
(mais pourtant il est aimé de tous)
"Mais
leegi"
est
la
seule
forme
qUl
ne
commute
pas
avec
d'autres
locutions possibles de sens à peu près équivalent : on pense par exemple
à "wante leegi" qui existe en wolof mais qui n'apparaît pas dans le corpus.
Elle
traduit
le
contraste
recherché,
entre
l'ici
maintenant
et
le
passé
264
(récent ou ancien), dans le
sens où la narration s'attache à valoriser le
passé (ou à déplorer le present) sous des accents nostalgiques
1)
- L 16 Parce que temps yu
yagg yi kenn doonul dem école/ mal s
leegi sooy dem école dinga recevoir quelques influences.
(Parce que dans les temps anciens, l'école n'existait pas, mais maintenant
(de nos jours), avec l'école, on reçoit certaines influences ... )
2)
- L24 Je me rappelle très bien kii sama enfance daa wu ma woon
sax seetan télé ... mais leegi xale yi xamatu fiu fo ...
(Je
me
souviens
bien
qu'étant
enfant,
je
ne
regardais
presque
pas
la
télé ... mais maintenant les enfants ne savent plus s'amuser (à cause de la
télé» .
10.9 FONTIONS REFERENTIELLES ET IMPRESSIVES.
10.9.1
Le
discours
ar2umentif
Le discours argumentif semble consacrer l'usage du français ( tout
au
moins
les
outils
qui
articulent ce
mode
discursif);
l'argumentation
étant
comprise comme une action finalisée,
cette fin
coincidant avec
l'adhésion de l'auditoire à une ou à des thèses présentées par le locuteur
et donnant lieu
à un
enchaînement structuré
d'arguments
(Mainguenau
1976). Suivant cette acception, nous examinerons les énoncés de L 12 et
L13.
L.12
L 13
Bon je pense que français bi ...
Bon man mais je pense que ...
- Parce que foo munti dem ...
- Même français yi ...
2
Ni même au niveau de...
C'est parce que ...
- Mais il y a aussi...
- Mais petit à petit...
Parce que au Sénégal...
Mais sinon ...
- Je pense que bon...
- Sans pour autant. ..
- C'est bien beau...
- Cela va nous permettre ...
- Je, bon, le wolof d'accord mais ... - Cependant il faut dire .
- Parce que bon d'abord .
- Je n'y vois pas d'inconvénient malS ...
- En quelque sorte nous sommes ...
En
se
reférant
aux
énoncés
L
12
et
L
13,
on
constate
que
certains
segments
de
ces
suites
relèvent
de
la
structure
d'une
argumentation
discursive
en
effet ici,
l'opinion
de
chaque
locuteur est
soumise
à
l'explicitation qui permet de justifier les points de vue
avancés,
de les
étayer par des exemples, des illustrations
L'argumentation de L 12 s'affirme en outre contre un point de vue
adverse,
celui
de
L
13,
ce
qui
explique
les
recours
au
raisonnement
concessif : -" le wolof d'accord, c'est bien beau mais y a aussi les moyens,
y
a
beaucoup
de
trucs
qUI
entrent
en
Jeu
quoi ... ",
Les
adverbes
modalisateurs
-
"peut-être",
"sans
pour
autant"
etc.,
les
éléments
de
l'énumération
progressive
des
fai ts
et des
causes
("parce
que",
"bon",
"d'accord", "surtout", "en plus" et "deuxièmement"), le "mais" d'opposition
ou
de balancement,
l'emploi
systématique du
causatif "parce que",
bref
tous
les
SIgnes
qUI
stipulent
la
progression
du
raisonnement
sont
présents dans le discours.
En B 12 on note que l'énoncé est proche du discours didactique; ce
qUI le caractérise, c'est la référence au savoir scolaire, un savoir commun
aux
sujets
de
l'interaction,
et
que
le
locuteur
restitue
comme
preuve
admise, présupposée, avant de
poursuivre son argumentation.
266
La formulation du point de vue personnel, qui
passe par les verbes
d'opinion
et de
pensée, indice d'une distance
minimale dans la
relation
que le locuteur entretient avec son discours, se réalise le plus souvent en
français,. Dans le discours des jeunes locuteurs (16 - 2S ans) le décompte
des locutions françaises ("je crois que", "je pense que", "pour moi", "selon
moi",
etc.)
s'élève
à
16
contre
4
locutions
wolofs
(fook
naane
2
occurrences, defenaane 1 occurrence, mun naane 1 occurrence).
Le
français
serait-il
la
langue
par
laquelle
on
énoncerait
plus
volontiers
son
point
de
vue
,
marque
de
l'individualité
assumée,
par
opposition au wolof qui offrirait moins l'occasion aux jeunes locuteurs de
formuler
un
discours
fortement
personnalisé?
En
tout
cas,
ce
qui
apparaît
très
nettement,
c'est
le
fait
que
l'échange
verbal
en
français
recouvre
l'ensemble
des
éléments
qUI
composent le discours argumentif :
En B 12 "l'exode ou introduction" prenons un pays comme le Japon
La confirmation plus loin : "ils ont su se développer sans
même qu'il y ait révolution ... "
La réfutation ou l'examen critique des points de vue opposés.
D 6
"oui mais, ils ont su bénéficier de l'aide américaine".
D 8
Les américains ont fait cela parce que la main-d'oeuvre ne
coûte
pas
chère,
et
parce
que
le
Japon
est
un
point
stratégique.
Le point de vue le plus significatif dans ces séquences en
français, est
que
les
locuteurs
paraissent
animés
par
la
volonté
d'étahlir
une
démonstration
au
sens
rhétorique
du
terme
à
savoir
l'aboutissement
logique
des
opérations
succe s srvcs
du
discours
argumentif.
On
267
remarquera,
à
l'appui,
la
très
nette
domination
des
constructions
syntaxiques
françaises
(qui
ne
sont pas
forcément
plus
économes
ou
moins
"lourdes" que leurs
équivalentes
wolofs),
c'est-à-dire celles dont
les fonctions sont plus étroitement liées à l'argumentation :
- coordonnants qUI marquent les liens entre les idées essentielles.
- subordonnants syntaxiques de haute fréquence dans le procès de
l'argumentation et dans les textes narratifs (on peut se référer
notamment au chapitre précédent sur les mots outils).
10.9.2
Le
discours
sur
la
modernité.
L28 - Jeunesse bi dafa am tendance solu comme européen YI
(Les jeunes ont tendance à s'habiller comme les européens ... )
- Danse daal bëgg naako, loisirs tamit , sports consorts ..
(La danse, j'aime bien, les loisirs aussi, les sports etc).
- Te jeunesse bi tamin du solu comme avant, tenue traditionnelle bi du
ko sol leegi.
(Et il y a aussi que la jeunesse ne s'habille plus comme avant, les tenues
traditionnelles, ils ne les portent plus maintenant).
- Jeunesse bi dafa am tendance sol comme europeén YI. Voilà d'une part
elle est positive parce que le monde doit changer, bon, d'autre part c'est
négatif parce qu'on a tendance à perdre nos valeurs, comme femme yi.
di/euh/di di solu di def yefu, comme tubaab yi ni fiuy def te loolu mun
tax nu bayyi li su nu maarn yi .. lin, nu fi bayyi loon/ mën na tax loolufi fi
bayyi loon réer/ li ci baax moodi
aduna bi
mu
ngi/ dafaay
soppaliku/
268
fiun
tarn
dafi
wara
soppaliku
and
ak
moom/ waaw/
leegi
mu
ngi
nii/
machine yi lëpp la nu créer waaw.
(Comme
les
femmes qui
s'habillent, euh,
qui
font
les
trucs
comme les
européens,
comme les européens font et
ça peut mener à l'abandon de
l'héritage
des
anciens,
on
peut
perdre ce
qu'ils
ce,
ce qu'ils
nous
ont
laissé. Ce qui est bien, c'est que le monde change et nous aussi nous
devons changer avec lui/ OUI, tu vois ça bien maintenant, avec l'exemple
des machines, on arrive à tout créer).
L 16 -
Il
aurait
pu
choisir
des
sujets
beaucoup
plus
actuels
dans
la
société
mais
sinon en général daal amna
sens, question fiakk
respecter
dara/ ouverture
rekk la
de,
ak émancipation/ ya
ouverture
par
rapport
au monde extérieur mais sinon/ be leegi amna ay valeurs yoo xamne nUI)
ko conserver daal.
L5
- Loolu amna puisque Jeunes yi leegi, ils ont tendance à copier sur
les européens, comme te fioorn européens yi arnufiu benn kii daal, benn
kii, entre seen parents, benn mur. ..
Hormis
un
bref
passage
sous
forme
d'alternance
intraphrastique,
(mais
à
très
nette
dominante
française)
on
peut
considérer
que
le
premier
énoncé
(L
28)
produit
par
le
même
locuteur,
exprrrne
un
contraste
caractéristique
des
transitions
fonctionnellement
métaphoriques
(Fishman,
1971).
Le
passage
du
monde
des
jeunes
(associé à la symbolique vestimentaire occidentale), s'élabore en français,
langue de la "modernité". A l'inverse, la référence aux "anciens" s'énonce
entièrement
en
wolof
(on
notera
dans
l'énoncé
wolof
de
nombreuses
hésitations
et reformulations
qui
montrent la difficulté
à
structurer son
propos dans cette langue , alors que l'énoncé français semble offrir une
269
plus grande fluidité ). Le texte dans sa dynamique argumentive est bel et
bien mené en français (dans la première partie; le switch intervient au
moment de l'illustration du propos, illustration qui prend toute sa valeur
stylistique
à travers
son
mode
de
formulation
aphoristique
: l'énoncé
français
doit en effet être renforcé en wolof pour rendre plus probante
encore l'argumentaire. Et tout comme la modernité se conçoit en français,
l'avenir et l'ouverture semblent également associés au code français, ou
au mixte mais à dominante notionnelle française.
L26 - Gars yi wax naan changer na
mu sique am
man Je
pense que
Youssou dafa wara changer puisque mode bi daay évoluer, da
fa wara
évoluer
and
ak monde bi,
and
ak Jeunesse
bi...
comme
ça
nga
mën
avancer, moo boo tooge sur place doo dem fenn.
L 16 - (Se reporter à L 16 page précédente également) Un peu en retard
daal,
ils
sont pas
tellement imprégnés
des
réalités
actuelles
quoi,
ils
vivent en fonction de l'éducation qu'ils ont reçue.
L20 - C'est très
normal que mu
revaloriser musique sénégalaise parce
que mu nul toujours ci olof rekk laay continuer quoi .
.. jeunes yi, seen goût, musique anglaise la da fioo gëm français et tout ça.
L28 - Moom du took/daay voyager,di kii
di acquérir ay connaissances
yu bari, comme Amérique certainement am na fa ay xarit musiciens, fioo
koy inspirer, certainement daf leen bugga def plaisir, je sais pas, xeyna
moo tax muuy woy en anglais.
(Il
est
très
mobile,
il
voyage
beaucoup,
il
acquiert
aUSSi
des
connaissances, comme en Amérique certainement où il abeaucoup d'amis
270
mUSICIens, qui l'inspirent, alors il voudrait certainement leur faire plaisir,
Je sais pas , c'est peut être pour ça qu'il chante en anglais).
voyager
a v c rn r
acquérir des connaissances
préparer
l'avenir
certainement
changer
mu srcren s
évoluer
m sp ir e r
avancer
faire plaisir
monde - Jeunesse
OU verture
sur place
société
émancipation
v ale urs
monde
extérieur.
Le
relevé
ci-dessus (non exhaustif) des emprunts français,
indique que
tous les termes désignés ont leur équivalent wolof, avec des variantes de
registres (exemple : monde = aduna , jamono = dëkk bi, etc.) et pourtant
ce sont les concepts français qui ont été retenus par les locuteurs pour
élaborer leur pensée. A la question "pourquoi utilisent-ils ces mots plutôt
que des mots wolofs 7", nous répondrons de
nouveau
qu'il
s'agit
de
référents étroitement associés à des "topics" qui ont l'habitude de se dire,
de se théoriser en français dans cette communauté sociolinguistique que
constituent les jeunes citadins,
voire
les
moins jeunes.
C'est pourquoi
l'avenir se
conçoit dans la
modernité, elle-même synonyme d'ouverture,
d'utilisation des langues étrangères, aussi bien par le chanteur (qui le fait
lpar réalisme économique en chantant en anglais) que par ses fans qui le
ifont par réalisme social ou disons sociolinguistique).
271
10.10 LES
EMPRUNTS
PAR
OBLIGATION
L 15
- Waaw parce que fiaare bun defee pièce be bugg ko won nit ni da
fiuuy jë1 d'abord le contact du chef de village 1 dem ci ay responsahles
politiques
yi dem ci sous préfet bi 1 waxtan ak fioom Il bu ko defee nak
fiu inviter
population
bi
yepp
parce
que
fiaaree
bu
nu
defee
sun
répéti tion be bugga wone pièce bi nit fii fioo fiuuy juger
(Oui parce que des fois, quand on veut faire une représentation théâtrale
(une pièce), on prend d'abord contact avec le chef de village, on va chez
le chef de village, on va voir les responsables politiques, on va vou grosso
modo tous les notables du village, le sous préfet, on discute avec eux,
ainsi on invite la population, toute la population, parce que des fois, après
la répétition, au moment de la réprésentation, c'est la population qui nos
juge).
L 15 - Noël yi bu nowee amna ci ay ASC yoo xamne da fiooy orgamser ay
semalDes
culturelles
et sportives,
semaines yoo xamne lu nekk lan ciiy
def daal. Je crois que même ci fan yii di fiow amna benn équipe bu ci
wara organiser semaine
culturelle- a m
(A noël, il y a des ASC (Association Sportive et Culturelle) qUI organisent
des semaines culturelles et sportives, semaines où il se passe pas mal de
choses. Je crois même que ces jours ci à venir il ya une équipe qui prévoit
d'organiser sa semaine culturelle).
A l'opposé
de ce que l'on vient de dire concernant le discours sur la
modernité (où
un choix lexical entre les
unités françaises et les unités
wolofs existe
même si les
locuteurs s'orientent presque exclusivement
vers le français pour l'expression des notions), dans les énoncés ci-dessus,
le discours initié en wolof se poursuivra en français lorsqu'il faudra faire
272
appel
à des notions qUI ont pour orrgrne un champ sémiotico culturel
étranger aux
réalités locales. Très peu
d'équivalents conceptuels s'offren
en effet aux locuteurs compte tenu d'une très longue séparation des rôles
linguistiques
entre
français
et
langues
endogènes.
L'évolution
sociolinguistique ayant abouti
à un décloisonnement relatif de ces rôles,
les langues (ici le wolof, mais très certainement aussi le pulaar, le sérère,
le manding, le diola etc.) se sont mises à dire ce qu'elles n'avaient pas à
dire auparavant et ce qu'elles n'avaient jamais appris à dire jusque là : le
modernisme, la nouveauté à travers les notions économiques, sociales et
politiques.
D'où l'impression
d'un
usage considérable d'emprunts
parfois
intégrés
à
la
structure
morphosyntaxique
wolof,
parfois
non
intégrés
pour les cas d'emprunts qui atteignent la dimension d'un syntagme.
Illustration
D 1
Mentalités YI la
B 2
Russesyi
D 2
Nationaliseel
A 9
wolof + la révolution bourgeoise
A 8
wolof + ay société privée
A 8
wolof + ay problèmes idéologiques
D5
wolof + transforme le phosphate
273
D7
wolof + un rrumrnum de technologie
D7
wolof + qUI sont des produits stratégiques
Parmi les unités linguistiques soulignées dans L 15 et L 15 bis, certaines
entrent
dans
le
cadre paradigmatique de
champs
lexicaux
particuliers
concepts
des
institutions
modernes
et de
la
hiérarchie
administrative
"chef de
village",
"responsables
politiques",
"population",
"sous
préfet",
"prendre
contact".
Concepts
du
discours
socioéducatif "moderne"
:
"ASC"
ou
Association
Sportive et Culturelle, "semaine culturelle", "équipe", "organiser".
Toutes ces unités ont tendance à s'installer comme syntagmes
figés,
et
rares sont les locuteurs qui chercheraient à rendre un
sens équivalent en
wolof par souci de pureté linguistique; et le discours wolof le plus formel
(allocution,
sermon,
bulletin
d'information
télévisé
ou
radiodiffusé)
n'échappe pas à cette règle.
L'usage du
français
pour poursuivre une énonciation en wolof est donc
souvent motivé par l'absence d'un dispositif lexical approprié, lorsque le
discours
a
la
prétention
d'énoncer
des
thèmes
traditionnellement
tributaires du
champ notionnel français
Dans le vocabulaire qui a trait à la hiérarchie administrative, le syntagme
"chef de village" est seul à posséder un équivalent ordinaire wolof. Mais
déjà les référents ne sont plus tout à fait
les mêmes : "chef de village"
renvoie
plutôt à un
statut politico administratif,
tandis
que,
en
disant
"borom dëkk"
on
fait
allusion
à
une
position
sociale extrême
dans
la
hiérarchie
traditionnelle,
avec un
pouvoir supérieur à
celui
qu'exerce le
chef
de
village
dans
la
hiérarchie
administrative
moderne.
Les
deux
lconcepts n'induisent donc pas les mêmes représentations sociales , ce qui
confère
bien
souvent
à
l'équivalent
wolof
(s'il
existe)
un
usage
274
différencié,
même
si
parfois
cette
différence
arn ve
à
être
neutralisée
dans certaines circonstances formelles de l'énonciation.
10.11 LES
FONCTIONS
CRYPTO-LUDIQUES
Ces fonctions sont plus manifestes dans les interactions initiées en
langues locales excepté le wolof, car le français et le wolof constituent des
langues
suffisamment
diffusées
socialement
pour
prétendre
véhiculer
des
messages cryptés à des
fins
sérieuses
ou
ludiques.
Encore que le
français
arrive
à le
Jouer
parfois
dans
la
communication
familiale,
lorsqu'une partie seulement de
la famille est scolarisée. Il peut s'établir
dans ce cas une forme
de complicité entre locuteurs francophones, que
n'approuvent évidemment pas toujours les personnes qui en sont exclues.
C'est une situation assez courante au sein de la génération des locuteurs
bilingues (scolarisés) aujourd'hui âgés de 55
à 70 ans, et qUI ont dans
bien des cas des conjoints monolingues. Pour les autres, il paraît bien plus
difficile
de
cornmuru q uer
secrètement
en
wolof
(du
fait
de
la
véhicularisation) ou en français (du
fait de la
scolarisation de
plusieurs
membres de la famille). En revanche, ce rôle est très largement assumé
par les autres langues ethniques en situation de minoration face au wolof
et au français, dans des lieux tels que les bureaux, l'école, ou dans tout
autre endroit public .Si le wolof est la langue de la détente commune, il
n'est
pas
exclu
parfois
que
les
sentiments
de
solidarité
ethnique,
de
fidélité
linguistique
puissent
animer
certains
locuteurs
qui
se
créeront
des occasions de détente et de complicité par l'usage momentané de leurs
propres
langues
ethniques.
Ce
fait
est
particulièrement remarquable
à
Ziguinchor où le multilinguisme local est vécu avec beaucoup de vivacité,
comme le démontre l'opinion des locuteurs :
275
L4
- Mais attention olof bi mooy mën / mais y a une chose / soo xoolee
ci récréation yi sudee élèves yi genn na nu récréation yi / toujours ci biir
comme par exemple ci classe bi
nii /daay/ nu
ci
bari da fiuuy former
groupe / tu as vu, nii/ saayu nu gennee da nu anda en groupe / te sun
andee en groupe / làkka bu leen neek la nu làkk.
(Mais attention , le wolof prend le dessus mais SI tu regardes bien ; aah
pendant la récréation quand
les
élèves sortent
, toujours
dans,
comme
par exemple
dans
la
classe
comme ça,
pas
mal
d'élèves
forment
des
groupes, tu as vu,
comme ça ils vont ensemble en groupe et la
langue
qu'ils utilisent quoi, tu as vu, ils utilisent la langue qu'ils veulent, parce
que moi).
L5
- Walla su nu nekkah di wahtaan olof be pare su ma gayn peul la
da ma kooy làkka peul /maneko c'est à dire in petto / waaw/ in petto/
c'est ça bu fekke yeena bugga am complice / mu door la ko / comme ça
fiale bafia nandd quoi d'accord!.
(Ou alors , si on se retrouve en train de bavarder en wolof , mon pote est
peul, ben je lui cause en peul, je lui parle, c'est à dire in petto , oui in
petto, c'est ça, en peul, comme ça les autres ne peuvent pas piger quoi,
d'accord!).
Dans la communication familiale toujours, il convient de relever un
fait saillant concernant l'usage du
français
: lorsque les parents ne
sont
pas
francophones
et que
les
enfants
se
permettent
quelques
incursions
en
français
(
qui
se
résument
à
l'emprunt
d'éléments
phatiques
caractéristiques
de
l'interaction
des
jeunes
comme
les
"quoi",
"c'est-à-
dire",
"bon"
etc.,
qUI
scandent
l'énoncé
wolof),
cela
entraîne
inéluctablement des réactions d'hostilité chez les
parents à l'endroit des
enfan ts.
276
Cette hostilité envers le français pourrait s'expliquer par un sentiment de
perte de
contrôle de la communication familiale,
qui est nécessairement
hiérarchisée
et
obéit
à
des
rapports
de
rôles
codifiés,
rapports
qui
risquent d'être
bouleversés
par
l'intrusion
d'une
langue dont l'usage
ne
répond
pas
aux mêmes contraintes socio-culturelles.
L'hostilité n'est pas
forcément liée à l'identité occidentale
en
soi, mais
à
une réaction de
conservatisme
linguistique
(plus
marqué
en
contexte
multilingue)
qui
s'opposerait
à
une
langue
(même
à
travers
de
simples
indices)
susceptible
de
remettre
en
question
les
stratégies
familiales
de
transmission des
langues ethniques.
Cette
manifestation
d'hostilité
est
d'ailleurs
tout
aussi
remarquable
à
l'endroit du
wolof, dans la communication familiale intra ethnique, bien
que cette langue soit généralement admise et légitimée comme langue de
l"'agora"
et
des
relations publiques
auprès
des
locuteurs
alloglottes
de
Ziguinchor,
toutes
ethnies
confondues.
Ces
locuteurs
sont
disposés
à
reconnaître le rôle véhiculaire du wolof, le rôle officiel du français, mais
d'un
autre
côté, ils
sont très prompts
à contester la prétention de ces
mêmes
langues
à
assumer
d'une
manière
ou
d'une
autre
la
communication familiale, quel que soit le degré de cet usage.
L 13
- Paabi aUSSI c'est ça/ il est inspecteur d'arabe lui aussi! c'est ça
quoi/ Diana, soit tu lui parles en français ou que tu lui parles en arabe /
mais sooy
nekkee
fii/ parce que
moom
pour mu
wax
olof sax / c'est
difficile quoi/ chez lui.
(Le "vieux" aussi c'est ça, il est inspecteur d'arabe lui aussi, c'est ça quoi.
Diana soit tu lui parles en français ou que tu lui
parles en
arabe, mais
autrement , parce que lui, pour qu'il parle wolof, c'est difficile quoi chez
1u i).
277
L 12
- Même fiun su nu fii
yan/ paabi aussi noon la mel fii
nak moom/
yenn saa YI ngaay fiow ngaay làkk olof / bon sa parents yi/ waaw moom
mu reprocher la quoi bon yenna saayi nga fiow di wax ak moom des fois
quand
tu
lui
trouves
de
mauvaise
humeur
/là
moom/
tu
vois/
mer
na
quoi/ ou bien ni mu la gisee ngaay fiow ag moom/ nga iiow diko wax ag
olof mu
mer la// ou bien nga fiow / bon
boo
kooy
waxee langue
ami
moom/
amul
problème quoi/
mais
boo
fiowee/
ngaay
di
kooy
/
ycnn a
saa YI nga fiow sax di ko wax français / mer na ci sax quoi/Jo
(Même ici han, le vieux aussi, il est comme ça, ici des fois, tu arnves, tu
causes wolof bon à tes parents, oui ils te le reprochent quoi, bon des fois,
tu
viens
parler
avec
eux,
des
fois,
quand
tu
le
trouves
de
mauvaise
humeur, alors là, tu vois, il est hors de lui; ou bien il te voit venir vers lui,
tu
es en train de
lui parler olof, il
se fâche contre toi, mais quand
tu
arrives et que tu lui parles dans sa langue, là Y a pas de problème, mais
si tu viens , tu le .. des fois , même si tu lui parles en français, il t'en veut).
Une
seconde
raison
à
cette
hostilité
pour
le
français
cette
fois,
pourrait
être
une
répugnance
des
adultes
au
mélange
à
"forte
teneur
phatique"
(adoption de nombreux
tags),
qui
caractérise
le
langage de la
jeunesse urbaine. Parler ainsi c'est faire preuve d'impolitesse, de manque
d'égard, de correction vis-à-vis d'eux.
Certains
tags
constituent
des
indicateurs
d'appartenance
au
milieu
et
permettent
de
catégoriser
ces
Jeunes
locuteurs
en
locuteurs
urbains
"branchés" .
Les unités qui les composent sont puisées aux trois sources linguistiques
qui sont le français, l'anglais et le wolof.
278
wolof
français
anglais
xam nga
qUOI
cool
gIS nga
affaires(yooyu)
ruee
waaw
bon
niks
c'est à dire
fecl
m a i s
fine
Les items anglais remplissent des fonctions poétiques (artistiques et
ludiques)
en
ce
sens
qu'il
y
aurait
comme
une
valeur
magique
des
concepts, une sorte de fascination, de séduction que ces mots exercent sur
le
locuteur
(l'attrait
du
signifiant
) et que
les
équivalents
wolofs
ne
sauraient certainement pas rendre avec les mêmes pouvoirs d'évocation.
Quant
aux
items
français,
nous
pensons
qu'ils
procédent
d'une
lacune
dans l'expressivité wolof, amenant le locuteur à meubler son discours de
"bon", "c'est-à-dire", "que", et "quoi" ,discours très souvent énoncé sous le
mode
de
la
parataxe
SIgne
d'une
maîtrise
approximative
de
la
subordination
wolof.
La conscience du jugement dépréciatif que les adultes font de leur parler
contraste
avec
la
tolérance,
voue
la
sympathie,
que
les
jeunes
manifestent
pour
ce
parler.
Ces
formes
de
comportements
nous
font
penser à la remarque de Bourdieu (1980) à propos de la subversion des
rapports
de
forces
symboliques,
qui
vise
non
pas
à
effacer
les
traits
stygmatisés,
mais à renverser les
tables
des valeurs qui
les constituent
comme stygmates. Car "le stygmate produit la révolte contre le stygmate
qui commence par la revendication publique contre le stygmate "(p 69).
D'aucuns vont jusqu'à mettre en rapport ces items dépréciés avec le
souvenir
des
tonalités
repressives
du
discours
jussif
des
tenants
de
l'ordre
colonial,
où
certains
de
ces
"tags"
ponctuaient
la
parole
des
279
supérieurs ("eh bien alors" ou "comment!" ou "dis donc quoi" etc.). Si nous
prenons le tag le plus répandu dans le parler urbain, à savoir "quoi", on
s'aperçoit que,
à travers ses représentations, son utilisation n'est admise
d'un point de vue normatif dans un acte de parole que lorsque ce dernier
est énoncé du haut vers le bas, de l'autorité vers le subalterne.
Inverser
la
tendance
serait
signe
d"'effronterie".
d'''impolitesse''
ces
connotations
péjoratives
gouvernent
encore
les
représentations
les
plus
actuelles sur le "mélange phatique". En effet, c'est un modèle qui connaît
une grande fortune dans les milieux urbains marginaux et
décriés. Ceux-
ci
semblent
avoir
véhiculé
assez
tôt
ces
tags
et
certains
démarcatifs
typiques
de la
conversation
familière et des échanges informels français
ou anglais, vu que leurs activités quotidiennes s'exercent dans des lieux
de proximité exolingue (bars,
hôtels, ports,
cinémas, circuits touristiques
etc.); ces mêmes sources seraient à l'origine, en partie, de l'adoption des
termes anglais qui ajoutent au snobisme du parler urbain :
L9
- bon yooyu ham nga en général fiuy wax yooyu nu bari dan leen
teg délinquants quoi/ oui/ parce que boni fiun/ comme fiun sun baay yi
quoi mbon/ boo waxee man "niks" man faale wu ma dara bon / xam nga
yooyu
yu
dafiu ne kii
da
fa
réew
quoi/ waxu
réewantu
rekk
lay
wax
quOI.
(bon, ces choses-là en général ceux qui le disent on les prend pour des
délinquants quoi, oui parce que bon, nous, c'est comme avec nos parents,
bon, quand tu dis "niks", moi "faale wu ma dara" Ue m'en fiche) bon, tu
SaIS , les gens vont dire que tu
es mal éduqué, que ce sont des
trucs
d'enfants
impolis.
Des
fois
aUSSI
y
en
a
qUI disent
que
c'est le
langage
des
gens
qUI
fréquentent
les
bars).
280
Invités
à
identifier
les
locuteurs
de
discours
témoins
sur
le
phénomène,
les
personnes
enquêtées
ont
construit
leur
identification
sur la base de jugements stéréotypés, qUI tantôt mettent le stigmate à
l'index,
tantôt
le
valorisent
en
l'associant
au
concept
de
"nouvelle
génération", Ainsi la répétition de "quoi" à chaque fin de phrase est un
motif suffisant pour classer le locuteur dans cette catégorie.
"Il dit souvent quoi-quoi. c'est un dakarois, nouvelle
génération" .
"C'est un dakarois -nouvelle génération- insolent",
"Ce n'est pas un intellectuel, à cause du "bon" qu'il utilise,
comme les footballeurs, les analphabètes quoi, c'est le langage
de la rue".
"C'est quelqu'un de Dakar, ce n'est pas un intellectuel, il répète
"bon - bon".
Ce sociolecte fait donc son chemin dans la masse juvénile, et même au-
delà,
il
constitue
un
registre
supplémentaire
du
parler
bilingue.
Un
besoin de
créativité anime cette frange
qui cherche dans
l'innovation,
une marque d'originalité, de distinction, une référence qui est à la fois
poétique,
identitaire et ludique et qui
trouve
beaucoup de
complicité
chez les autres.
"Nice - quoi, oui, ham nga, yooyu lëpp ay làkk Jah man yi la quoi /
su nu toogee
tu uti, nu ne nice ,oui boo fekkee dara nice-ul tam seen
boor (rires)"
281
(Nice qUOI OUl, tu sais tout ça, c'est le parler des Jah man, ils disent
souvent nice, oui, même si rien ne va en réalité de leur côté (rires)).
Lü
- Mais pourquoi ils parlent comme ça ')
L9
- Mais pour wahtan bi gëna neex quoi (rires), toog be créer quor /
Jeunes yi iiooy créer affaires yooyu quoi.
(Mais, pour que la conversation soit plus intéressante, plus croustillante,
plus salée quoi (rires). Il faut créer ct les jeunes aiment bien créer tout
ça quoi).
Nous
terminerons
ce
chapitre,
en
présentant
ce
cours
essai
poétique,
improvisé
sur
les
lieux
de
l'enquête,
par
un
griot
non
francophone,
qui donne à sa manière son point de
vue sur ce qui est
communément
appelé
"prononcer"
en
wolof
(emprunté
au
français);
allusion
moqueuse
à
ceux
qui
parlent
wolof
en
y
transférant
les
habitudes
articulatoires
du
français
hexagonal,
ou
qui
parsèment leurs
propos de "tags" indiquant qu'ils sont citadins et scolarisés.
"Prononcer", waaw kay ham 100 noocee ka gën
"quoi, quoi" mënut depaans
"ah quoi, ah quoi" te üaan mégot lu muuy jërifi ? nangu nga ?
fort calaas, waaw fort calaas / fort palaas a ka gën
il vaut mieux avoir de quoi nocer que de prononcer (prononcer).
Ce n'est pas avec des "quoi - quoi" qu'on assure la dépense quotidienne
(ce qui fait nourrir la famille).
Quel intérêt y a t-il à dire "ah quoi, eh quoi" (à prononcer donc) SI c'est
pour quémander des mégots de cigarettes ? tu es d'accord ?
montrer qu'on a de la classe, oui montrer qu'on a une classe élevée
282
eh bien mieux vaut montrer qu'on a une bonne place (un emploi élevé).
Il illustre
assez bien l'idée que la faculté
métalinguistique qUI permet
de réfléchir sur son langage à tout instant de
production langagière en
situation
diglossique devient réflexion
sur
la
diglossie
elle-même
une
façon
de
vérifier également que jamais un
usage linguistique
n'existe
sans
sa
représentation-.
Le
griot
participe
pleinement
des
valeurs
traditionnelles
et
son
regard
sur
le
parler
urbain,
mais
aUSSI
sur
la
langue de l'école, reflète l'opinion (n'est-il pas le "porte parole") de son
groupe,
celui
des
ruraux
non
francophones
qui
perçoivent
dans
ces
attitudes
linguistiques des formes
de vantardise lorsqu'elles sont prises
dans un contexte non approprié. Le griot profère des propos laudatifs,
mais à condition que le bénéficiaire sache les monnayer "grassement". Il
a donc une vision très pragmatique et intéressée des rapports
sociaux,
qUi anime son jugement sur la langue : montrer qu'on est allé à l'école,
n'a de sens pour lui que si cette ostentation ou cette exhibition repose
sur
un
poids
social
conséquent
(avoir
de
l'argent,
avoir
un
travail
important, être sollicité financièrement par les
autres,
sont des
SIgnes
de réussite sociale, en revanche, devoir solliciter quelqu'un d'autre pour
fumer une cigarette c'est l'oppobre: même si on sait bien "prononcer").
L'école
(le
savoir) est
perçue
dans
son rôle
exclusif de
"promoteur"
social.
283
11- FONCTIONS PRAGMATIQUES MULTIPLES DU
DISCOURS ALTERNATIF.
Il.1 LE RAPPORT DES ROLES.
En
situation
formelle
d'interaction,
là
où
la
diglossie
indique
l'usage du
français (r apporrs bureaucratiques), les
locuteurs s'expriment
par
la
forme
alternante.
On
peut
noter
qu'au
moyen
des
unités
syntaxiques
françaises,
le
locuteur manifeste
sa
position
hiérarchique
qu'il légitime ainsi. Il fait intervenir cette compétence (l'énonciation en
français)
pour rappeler à son interlocuteur et subalterne ses obligations
professionnelles, dès
lors
qu'elles sont l'objet d'un manquement de sa
part. Par la même occasion, la référence au savoir (professionnel) passe
par la langue (le français) qui est le support de ce savoir.
LI
- Mais monsieur Diaw, n'est ce pas que vous êtes comptable, et en
matière de comptabilité, il y a des règles élémentaires ?
A l'inverse, le recours aux unités syntaxiques du wolof marque le
désir du
locuteur L2 de se libérer d'une situation contraignante. Cette
stratégie
permet
de
réduire
la
tension
émanant
de
la
pression
du
supérieur,
et
d'établir
progresssivement
un
dialogue
détendu,
moins
marqué par les relations d'autorité que symbolise l'usage du français.
L2
- Il est vrar que Je SUIS le comptable de la maison, waaye nak dan
ma yonnee bon ne ma feyal, ma fey ...
(Il est vrai que je suis le comptable de la maison, mais il se trouve qu'on
m'a envoyé des bons pour que je paye, et j'ai payé ... Quant à rembourser
et comment rembourser, je n'ai reçu aucune instruction).
28
Il en est de même pour les tentatives de justification des faits qUI sont
reprochés
à L2 : les irrégularités professionnelles qu'il dissimule mal
par
une
argumentation
maladroite,
passent
par
l'usage
du
wolof.
Le
locuteur espérant aInSI ramener son interlocuteur à des sentiments plus
conciliants.
Nous
retrouvons
par
ailleurs
dans
le
discours
du
supérieur
hiérarchique
toutes
les
marques
de
l'énoncé jussif,
signes
du
rapport
d'autorité
- à partir d'aujourd'hui ...
- il n'est plus question que ...
- à qui que ce soit. ..
l'énumération des
consignes
premièrement,
deuxièmement. ...
devrait rembourser jusqu'au dernier centime ...
- couper directement à la source ...
- sans exception ...
Nous reviendrons plus loin sur cette fonction dite de convergence.
11.2 L'OBJECTION. L'ASSERTION CATEGORIQUE.
1) waaw, wane munul calculer, xamul dara daay jouer rekk eh, wane ne
sait pas jouer, il ne sait rien du tout, il joue tout court.
2) waaw kon jouer leen jeu baa ngook bon puisque c'est comme ça voilà
le jeu, à présent jouez!
285
La
formule
interjective interviendra pour caractériser ou
formuler une
réplique très brève mais qui se veut en même temps péremptoire ainsi
que le montrent les énoncés.
A9
(profération
d'une
injure
pour
marquer
son
indignation)
et
C3
(énoncé dans lequel le contre exemple que donne le locuteur a pour but
de détruire d'avance toute objection de la part de l'interlocuteur :
- xamul, mu nu 100 foot ball !
- xamul dara, Jog leen.
- waaw yow yaa malhonnête
- Ehh, Tanzanee ngi nii Néréré ah
Mais c'est la formule négative qUI note davantage l'objection
A3 - D4 - DIO sont des énoncés négatifs.
- non daxu nu Russes yi
- gars Yi technologie bi du nu ko jox mukk
- gars Yi du nu la bayyi nga kupe ko !
Ces énoncés marquent le désaccord entre locuteurs et allocutaires.
Toutefois
la
réfutation
de
l'opinion
de
l'allocutaire
n'appelle
pas
en
retour
un
énoncé
de
type
argumentatif
avec
explicitation
de
la
réfutation, contre exemples étayés, contre illustrations etc.,
de
la part
du
locuteur.
Celui-ci
usera
d'éléments
expressifs
pour
indiquer
son
refus
d'adhésion
intonations
particulières,
accents
d'insistance,
interjections. Ainsi "w aaw", "han", "kay", "daal", "heey", ponctuent toutes
ces phrases énoncées en
wolof, et
indiquent par
là
même la
charge
émotionnelle
qui
autorise
à les
classer comme
segments
du
discours
expressif,
celui
des
émotions
fortes
: colère,
déception,
énervement,
excitation.
286
3) Xamul, mu noo foot bal
(Il ne sait pas, il ne sait pas Jouer !).
4) Xamul dara, jog leen
(Il ne connaît rien, allez levez-vous l).
5) Calculer wul, billahi mu nul jouer waay !
(Non, il n'a fait aucun calcul, je te le jure qu'il ne sait pas
Jouer l).
A3
Daxunu Russes YI
(Ils n'ont pas chassé les russes !!)
A9
Waaw, yow yaa malhonnête"
(Mais qu'est ce que tu peux être malhonnête toi !!)
B 13
Gis nga fokk motivation am !
(Je vais te dire une chose ! il faut qu'il Y ait motivation).
C3
Eh, tanzanee ngi nii !
(Et la Tanzanie alors, et Niéréré ?)
D2
Dafiu ne amuiiu dara, yallaa nu ko tek
(Il faut dire que nous somme pauvres, nous n'avons nen, c'est
notre
sort).
D4
Gars yi technologie bi du nu ko jox mukk
(Les gars, ils ne te donneront jamais la technologie l).
287
Ces
phrases
sont
avant
tout
caractérisées
par
leurs
modalités
déclaratives. Mais elles diffèrent des autres phrases déclaratives wolofs
par
le
fait
qu'elles
concourent
exclusivement
à
marquer
dans
ces
passages l'objection ou l'assertion catégorique.
Du
point de vue de
la modalisaton,
les
données
en wolof sont
caractérisées par une transparence maximale. En effet telles qu'elles sont
formulées,
les
phrases ne
laissent apparaître
aucune
identification
du
sujet à son énoncé : le "je" énonciatif s'efface pour laisser place à un sujet
anonyme
emploi
des
indéterminés
équivalant
à
"nous",
"on",
"ils"
français: "daüune", "gars yi", "fiun", "dufi ko" etc.
En
outre l'argumentation se
traduit par la
profération de
vérités
considérées
comme
absolues,
voue
intemporelles.
Ces
formulations
semblent
bloquer
toute
possibilité
d'embrayage
du
discours
sur
une
situation concrète ou dynamique de communication, en interdisant toute
espèce de
réponse de la part du récepteur. Ce fonctionnement apparaît
plus particulièrement dans les modalités d'énonciation de B 13, D 2 et
DIO:
gIS nga fokk motivation am
amunu dara, yallaah fiu ko tekk
gars YI du nu la bayyi nga kupe ko
Les temps et modes utilisés sont le présent, le
duratif, le futur
permanent,
l'impératif.
Ainsi que le
note Schumpf (1971), les
phrases différent sur le point
fondamental
des
phrases
déclaratives
en
ce
que
celles-ci
peuvent
et
celles-là ne peuvent être soumises à une épreuve de vérité. En effet, ICI
l'impératif, qui n'est plus un impératif jussif comme dans le cas précis de
288
son
utilisation
dans
les
énoncés
français
(exemple
précédent),
n'a pas
pour objectif de provoquer, de susciter une autre question ou une autre
réponse
: le
locuteur A qui dans
les énoncés
français
commence
son
intervention
par
la
formule
"je
pense
que
"
ou
"donne-moi
des
exemples",
crée
les
conditions
d'une
poursuite
du
dialogue
ou
de
la
conversation.
Mais
le
locuteur
B
qUI énonce
les
phrases
suivantes en
wolof n'attend aucune réplique de la part de
son interlocuteur, mieux, il
entend clore le débat en ayant, quoiqu'il arrive le dernier mot.
B 13
- fokk motivation am!
D2
- arnufiu darar, yalla nu ko tek
(évocation du sort jeté par la divinité)
11.3 LE DISCOURS RAPPORTÉ.
a) La
citation
preuve.
Dans le discours wolof, on peut remarquer de façon très nette que
le locuteur
qui rapporte les paroles d'autrui utilise le plus souvent le
style direct, malgré l'existence d'autres formes de discours rapporté dans
cette langue.
(le wolof possède aussi
bien le
style direct que le
style
indirect). Pour le locuteur bilingue, il semble, en nous appuyant sur le
corpus,
que
ce
procédé
soit
motivé
par
des
rai sons
de
stratégie
discursive.
La
première
aurait
pour
but
d'authentifier
l'énoncé
rapporté
en
utilisant le style direct : il s'agit là d'une citation preuve qui permet au
locuteur
de
défendre,
d'appuyer
un
argument,
un
point
de
vue.
La
citation sera rapportée dans
la
langue de
l'auteur;
en revanche en A3
289
l'usage du wolof se justifierait plus par la nature du texte; en effet, il
s'agit d'un discours à connotation politique ; et le personnage cité, pour
faire effet sur l'auditoire, utilise dans son discours un procédé de
style
impressif proche de la harangue. Le ton est déclamatoire et exigerait de
ce fait que le texte soit prononcé avec une certaine touche de solennité et
d'emphase. Ce que le wolof est plus à même de rendre, du point de vue
de la performance stylistique du locuteur.
Illustration
A Il - Tu as, en math spé, sufiu prof physique dafane ma "nous
dépendons à 100% sur des problèmes vitaux" alors ne ma
leegi : "l'industrie occidentale est conçu de telle sorte que SIon
coupe le chemin des matières premières, tous les
gouvernements
occidentaux
tomberont".
b) Citation
à
effet
oratoire.
Illustration
A13 - Oui ça c'est sûr, aux gens qui disaient que oui, fioo nguy xaar
révolution bi fiow, Lénine daf leen ne :"bon la féodalité ça a existé
pendant combien
d'années,
combiende
siècles?"
Yeneen
structures
sociales yi ko jiitu fiaata années laiiu def? Gars yi wax ïiaata siècles,
mu ni leen : "yeen ngeen bëgg la bourgeoisie fiow demb rekk tey
mu jeex? non!" Muni leen nak "du demee noonu,d'ailleurs te
révolutions yi daan am, révolution bourgeoise niroowul ak
révolution
prolétarienne
290
(Aux gens qUI disaient que OUI, "nous attendons la prochaine révolution,
et que
ça
va être dur", Lénine leur dit "bon, la féodalité ça a duré
combien d'années, combien de siècles?" "Et les autres structures sociales
qui l'ont précédée se sont imposées combien d'années durant?" Les gars
répondirent. Il leur dit alors : "Et vous, vous voudriez que la bourgeoisie
arrivée depuis si peu
de temps
seulement puisse disparaître aussitôt?
Non ce
n'est pas comme cela que cela va
se passer, et d'ailleurs la
révolution prolétarienne est différente de la révolution bourgeoise").
c) L'illusion
de
la
vraisemblance.
Le
discours
rapporté
dans
sa
langue
originelle
permet
d'authentifier
la
parole
(nous
l'avons déjà
signalé
plus
haut)
mais
il
restitue
également
au
sujet
de
l'énoncé
rapporté
une
consistance
dramatique, un effet de réalisme qui
serait passé sous
silence dans le
discours
transposé.
Vraisemblablement
il
y
aurait
une
volonté
de
théatralisation du message reconstitué et médiatisé par le locuteur :
P28
- "Recteur daal, DOW camper / took/ gars yi ne ko toogal si table
bi/ mu ban! took si gettu bey wi/ après boy yi jox ko parole quoi/ mu
ne leen: "Ce sont des initiatives heureuses, mais ces initiatives là, c'est
mieux que de bloquer les institutions" .Xam nga, développer fa be parei
ne leen:
"je
dis
pas que
vous
ne devez pas revendiquer/ vous devez
revendiquer,
mais
vous
ne
devez
pas
revendiquer
que
positivement/
Mais
avec
de
petites
grèves
qUI
bloquent
l'institution,
ça
c'est
pas
positif". Il dit: "vous savez, il y a quelques années, l'université de Dakar
était
la
première
université
africaine,
maintenant
on
doit
être
la
troisième parce que Abidjan, mais on est en train de remonter, parce que
Abidjan et Yaoundé sont dans la même situation" (rires).
291
Dem baay took ne
"ah. j'avais oublié, Je déclare la séance .... "
On
peut
donc
présumer
de
la
solidité
et
de
la
constance
du
mécanisme pragmatique, en
se
fiant à la
longueur de
l'énoncé, énoncé
qur ne souffre à aucun moment de l'intrusion de syntagmes wolofs, une
fois la citation enclenchée par le verbe déclaratif "il dit". Cette
remarque
pourrait être renforcée par cette autre illustration extraite de l'allocution
de bienvenue au Recteur :
"Et puis
l'assesseur,
xawma naka la tuddati,
mu jël parole bi
ne
nak
waaw:
"Monsieur le
Recteur vient d'arriver/
nous
saluons
l'arrivée de
Monsieur le Recteur, il en a donné la preuve à de multiples occasions,
mais il est venu en retard, mais comme vous le savez, le Recteur est
capable de s'adapter à toutes les situations"(rires).
A la fin de la citation, le narrateur-rapporteur reprend le récit en wolof
cette fois
"Recteur daal DOW
"
avant de laisser à nouveau la parole au Recteur en français.
11.4 LE
TRIGGERING
Lü
- Kon leegi, créole bi ça perd du terrain?
L 12
- Waaw ça perd du terrain, avec le temps moom, on parle le créole
de moins en moins.
Lü
- Mais Jules neena le milieu aussi ça Joue.
292
L 12
- Il yale milieu qui Joue aussi.
Lü
- Mais kooku c'est au Delta là bas?
L 13
- C'est au Delta même ak Cl kër gi.
Lü
- Donc volontairement?
L13
- Oui volontairement, c'est ça.
Lü
- Waaw pour lan loolu?
L 15
pour waxyaan rekk.
Michael
Clyne* a défini le concept de triggering pour qualifier un
mécanisme
psycholinguistique
spécifique
certains
mots
seraient
en
prmcipe
communs
aux
deux
langues;
or
l'emploi
de
ceux-ci
est
susceptible de déclencher un glissement vers le français pour le reste de
la phrase ou du discours. Dans le cadre de l'interaction, il apparaît sous la
forme
suivante:
nous
avons
constaté
que
lorsque
le
locuteur utilise
un
terme
ou
un
segment d'une langue donnée (français ou wolof), c'est dans cette langue
que la
réplique de l'interlocuteur se fera,
tout au
moins, au
début de
l'énonciation.
Toutefois
même
SI
l'on
peut
observer
à
travers
les
* Clyne distingue quatre types de déclenchage :
-
le
déclenchage
conséquent.
suivant
un
transfert
prenant
la
forme
d'un
élément
commun
aux
deux
langues,
-
le
déclenchage
anticipatoire
(précédant
un
élément
comun),
-
le
déclenchage
en
sandwich
qui
concerne
des
éléments
structuraux
(conjonction,adverbe
etc.)
placés
entre
deux
éléments
communs,
- et
le déclenchage contextuel où
tout un
contexte provoque un
changement
de
langue.
(Clyne
1969).
293
exemples
ci-dessus
une forme
de
régularité
systémique,
il
faut
avouer
qu'il se présente bien des
occasions qui
modèrent le point de vue qui
voudrait en faire une loi; les questions posées en français ou en wolof
n'induisaient pas nécessairement
une réponse en français ou en wolof.
- Question en français
liA quoi cela est-il dû à ton avis?"
- Réponse en wolof
"gars yi, parce que gars yi, bu nu demee be am seen
indépendance yi, da nu, bon fiibi quoi ".
Aucune logique de "déclenchement" ne semble non plus se dégager de
ces actes de paroles, qui amèneraient le locuteur à parler de l'usage qu'il
fait des
langues en
énonçant par exemple
son propos
dans
la
langue
nommée:
L 15
- "Je comprends un peu diola, en général degg naa français, Je parle
aUSSi wolof".
N.B.: Pour dire qu'il parle en wolof, il l'énonce en français et pour dire
qu'il parle en français, il l'énonce en wolof.
La réalité est donc extrêmement plus complexe, car le dialogue se réalise
presque
toujours
par l'alternance inter-phrastique.
Ici
nous
ne
pouvons
entériner
le
triggering
qu'en
termes
très
limités
dans
la
masse
des
réalisations
phrastiques.
294
10.5 LES
FONCTIONS EXPLORATOIRES
CAS MARQUÉS . CAS NON MARQUÉS
Cet aspect de l'alternance codique est plus connu sous l'appellation
de convergence (Giles Smith, 1987). Il s'agit d'un compromis entre deux
manières
différentes de
s'exprimer. Il est classé
parmi
les phénomènes
qui
permettent soit de se rapprocher, soit de s'éloigner linguistiquement
de son interlocuteur. Le rapprochement linguistique du locuteur vers son
interlocuteur peut être ressenti
par celui-ci
comme
positif, comme une
accommodation.
En
ce
sens,
on
parle
également
de
fonction
de
réconciliation.
La
stratégie
est
tout
particulièrement
nu se
en
évidence
dans
les
interactions de
type code
switching situationne l,
et l'analyse qu'en fait
Mayer
Scotton
(1982)
rend
encore
mieux
compte
des
modalités
énonciatives du discours.
En effet Scotton distingue trois fonctions sociales du code switching dans
ses études
l- Ie code switching comme séquence de choix non marqué.
2- le code switching comme choix marqué.
3- le code switching comme choix exploratoire.
Pour illustrer ces catégories, on pourra admettre ici que le français
est
la
langue
attendue
en
situation de
travail
(statut officiel),
et
son
usage constitue un
signe linguistique (au sens non saussurien bien sûr)
de l'équilibre des droits et obligations des communiquants. Le wolof, en
revanche,
serait le cas marqué
en ce
qu'il
traduit
un
changement de
langue
qui
entraîne
une redéfinition
de
ces
droits
et obligations
dans
l'échange dialogal. Pour le locuteur qui prend l'initiative de cet échange
en wolof, il s'agit alors d'une tentative de négociation, d'une exploration;
295
quand on sait que toutes les négociations ne
réussissent pas, le choix de
continuer
son
propos
en
français
après
avoir
été
sollicité
par
son
interlocuteur
en
wolof.
est
signe
que
le
supérieur
entend
neutraliser
toutes
les
orientations
visant
à
redéfinir
les
droits
et
obligations
premiers. En revanche. le recours au choix marqué (le wolof) traduirait
le fait qu'il consent à réduire la distance sociale et à s'engager dans une
relation
moins
formelle
qui
entérine
l'accommodation.
Très
présente
dans le
contexte des rapports
professionnels,
cette
stratégie
peut servir
de baromètre des rapports de rôles.
Variabilité
des
valeurs.
Naturellement
les
langues
ne
sont
pas
classées
définitivement
comme
cas
marqués.
Leurs
statuts
sous
ce
rapport
dépend
de
la
"compartimentation" (Fishman,
1976) des rôles de chacune d'elles, mais
aussi de l'évolution des rapports de forces internes.
Dans
certains
secteurs
de
l'administration
générale
nous
avons
pu
remarquer que le wolof était le code marqué dans le cadre des rapports
hiérarchiques (verticaux ) et constituait par ce fait même une exception,
nécessairement signifiante,
étant donné que
c'est le
français
qui
y est
attendu.
Mais
la communication horizontale
(les employés entre eux
)
oriente bien souvent son choix vers le wolof qui devient ainsi code non
marqué
l'usage
du
français
(langue
normalement
requise)
par
un
employé pour s'adresser à ses pairs , ou
aux clients , peut être parfois
interprété
en
termes
de
zèle,
de
vantardise
ou
de
snobisme
(dans
le
cadre d'une demande de
service par exemple,
le
locuteur "impertinent"
peut être "sanctionné" en voyant sa requête traîner en longueur, jusqu'à
ce qu'il fasse preuve de plus d"'humilité" en utilisant la langue wolof par
exemple, lors d'une prochaine visite)
296
En revanche dans les
grandes sociétés du secteur privé (banques,
assurances, grandes sociétés du secteur tertiaire etc.), la communication
dans
le
groupe
de
cadres
supérieurs
et
moyens
sera
conduite
en
conformité
avec
les
marques
que
le
cloisonnement
diglossique
a
attribuées aux langues dans ces situations : le français (même si le fait
n'est pas absolu), remplit sa fonction de langue de travail à l'écrit comme
à l'oral.
Cela
tient
très
probablement
au
fait
que
les
enjeux
de
la
production
(le
marché, la concurrence, le
motif de
la rentabilité etc.)
exigent
un
maintien
relativement
constant
de
la
distance
sociale
hiérarchique, garante de l'efficacité au travail. En effet un choix marqué
dans ce contexte, en l'occurrence le wolof pourrait signifier de la part du
supérieur
(le
chef de
service)
ou
du
subalterne,
l'acceptation
ou
la
recherche d'une familiarité, corollaire du laxisme dans le travail, ou de la
confusion dans les droits et obligations. La
situation est bien entendu
différente
dans
les
secteurs
non
institutionnels
(notamment le
secteur
dit informel) où le wolof demeure choix non marqué et le français choix
marqué, excepté lorsque son usage minimal s'impose pour satisfaire des
besoins langagiers techniques (lexiques professionnels).
Choix marqué, le wolof l'est également lorsqu'il traduit les rapports
linguistiques dans les milieux éducatifs. Lors de ces types d'échange, on
constate que le wolof ou toute autre langue endogène sera mise entre
parenthèse
dans
l'espace des
interactions
semi
publiques
ou
publiques
(salles des professeurs au lycée ou au collège, bureaux des enseignants à
l'université) entre maîtres et élèves, enseignants et étudiants, afin de ne
pas
éveiller
chez
les
autres
élèves
ou
étudiants
des
soupçons
de
familiarité trop grande ou de complicité ethnique, attitude incompatible
avec
la
distance qui
est censée régler
tradi tionnellement
les
relations
enseignants/
enseignés.
297
Cependant
ces
langues
ethniques
peuvent
aUSSI
se
présenter
comme choix
non
marqués,
pour toute interaction
dans
l'enceinte des
écoles et des uni versi tés, hors des salles de cours (domaine exclusif du
français). Elles traduisent des gestes de solidarité et de fidélité ethnique,
de
détente
dans
un
espace
autorisé
(étudiants
sérères
entre
eux,
étudiants toucouleurs entre eux etc).
298
11.6 LES ENJEUX IDENTITAIRES AUTOUR DU FRANÇAIS ET DU
WOLOF.
Les
enjeux
identitaires
interpellent
plus
nettement
les
rapports
wolof!
langues
locales
que
les
rapports
français/langues
endogènes.
D'abord
parce
que
les
fonctions
assumées
par
les
deux
langues
hégémoniques
ne sont pas
identiques, ensuite
parce
que
l'intrusion
du
wolof dans les domaines de prédilection des parlers endogènes est loi n
d'être un
épiphénomène sociolinguistique à l'instar du
français
dont le
degré d'adoption est relativement faible dans la communication familiale
et ethnique. La menace glottophagique que représente l'usage du wolof
est bien réelle, nous l'avons souligné ici même dans notre travail; mais
elle
est
aussi
amplement
corroborée
par
la
plupart
des
recherches
effectuées auprès
des nouvelles générations de locuteurs urbains voire
ruraux (Dreyfus, 1989, Thiam, 1990, Juilliard, 1991, Swighart, 1990). Les
discours
des
tenants
de
l'irrédentisme
se
distinguent
par
l'évocation
constante de
notions qUI tiennent davantage d'une vision machématique
(guerre
des
langues)-
des
rapports
wolof/langues
locales,
que
d'une
coexistence pacifique de ces langues.
*.Ce
rapport
wolofllangues
locales
peut
se
traduire
en
termes
conceptuels
par
la
macrodiglossie,
notion
développée
par
John
Trumper,
et
qui
sert
à
dénommer
un
ensemble
tripartite
composé
de
deux
diglossies
ayant
un
degré
hiérarchique
différent
l'idiome
moyen
(M)
se
comporte
comme
un
idiome
haut
(H)
avec
les
langues
ethniques et comme un idiome B avec le français.
Elle est voisine de
la notion proposée par Calvet (Louis Jean,
1988) quand il dit que
"la
guerre
des
langues
n'oppose
pas
seulement
les
langues
coloniales
aux
langues
colonisées,
elle
se
joue
entre
toutes
les
langues
et
l'on
voit
apparaître
en
Afrique
les
diglossies
enchâssées.
(Revue
Diagonale
n08).
299
Les qualificatifs qui reviennent souvent tournent autour de la notion de
force, de domination, d'obligation, de conflit etc.(se reporter au corpus).
Retour à l'ambiguïté des représentations du
français.
La
même
personne
qui
défend
avec
vi gue ur
l'idée
que
le
wolof
puisse
supplanter le
français
(argument
parfois
spécieux)
prétend
dans
un
contexte
différent
, faire
usage
très
spontanément
de
cette
langue
pour énoncer le discours de l'intimité (amoureuse). C'est le cas de L 13
que les circonstances obligent à faire usage du français pour protéger son
intimité (fonction cryptique),
mais par ailleurs il
déclare qu'il peut être
amené à parler souvent français
"sans être en mesure d'expliquer ce qui
le
pousse
à le faire".
Le
même
locuteur toujours,
affiche
une
volonté
toute personnelle d'utiliser le français
tout en s'érigeant contre ceux qui
aiment à parler français.
L 13
- "Bon moi, parce que bon, tu sais, nous VIvons au Sénégal, chacun
sait comment les gens , leur façon de, leur manière de faire quoi! C'est à
dire bon par exemple, toi,
tu peux venir, tu
me parles français
pour te
faire
voir,
suis obligé de
te
répondre en français,
mais
si
tu
viens en
toute
simplicité, bon,
on va te
parler dans
la langue
que
l'on
veut,
à
savoir olof, ou socé ou créole".
Son discours est une illustration classique
du
fait
répertorié
dans
les contextes dominés par le véhiculaire urbain (Wald
1979), c'est à dire
la profonde insécurité linguistique que les locuteurs ressentent vis
à VIS
du
français.
Les
catégories
sociales
qui
ont
un
accès
moins
aisé
en
français ne s'y risquent pas volontiers. Elles utilisent cette langue surtout
dans le cadre de ses fonctions de langue apparente : pour communiquer
300
avec des étrangers et dans des positions d'infériorité face à une autorité
administrative, lorsque celui
qui domine la
situation
impose le
français
au risque de leur faire perdre la face, s'ils venaient à répondre dans une
autre langue. Le principe fonctionnerait suivant
la
règle qui
veut qu'on
parle
le
français
quand
on
vous
parle
le
français.
Et
ceux
dont
la
compétence est plus
ou
moins
réduite ou
nulle
sont
évidemment
plus
vulnérables aux stratégies qu'on qualifie de
vantardise
: user du
français
sans nécessité, en obligeant son interlocuteur à se défendre ou à perdre
la face
(l'expression
"faire
le
malin
en
parlant
français").
Mais
cette
dernière
catégorie
peut
également
développer
des
stratégies
de
masquage
en
prenant quelques
risques
pour
des
raisons
manifestes
de
prestige. C'est le sens que donne L 12 à sa remarque :
L 12
-
"Parce que
tu
sais,
actuellement nous
sommes
dominés
par le
modernisme , bon y a d'autres qui sont, qui veulent être assimilés quoi,
si je comprends bien, pas que bon ce que je veux en dire c'est que bon, le
français, ils aiment parler ça quoi, ils essaient de parler français, or, bon,
le français ce qu'il en savent, c'est pas beaucoup, ils en savent très peu ..
- A chacun sa manière d'agir, de parler quoi, bon moi je peux parler
comme ça, parce que ça me vient comme ça, mais il y a des gens qUI, en
parlant, aiment se faire voir, qu'on sache qu'ils parlent français".
301
CONCLUSION.
WOLOF URBAIN, LANGUE POL YNOMIQUE.
En
dépit
de
l'existence
d'une
norme
orthographique
(longtemps
sujette à controverse au niveau
des instances de
décision officielle sur
les langues), les attitudes linguistiques ne sont pas unifiées s'agissant
de
l'écriture.
En
outre
les références
dialectales
mettent en
évidence
une
pr axis
diffuse
où
les
variables
s'entremêlent
dans
un
continuum
de
formes
lexicales, phonologiques et morphosyntaxiques comprises entre:
-
le
parler
du
kajoor
et
du
baol
(le
kajoor
étant
la
province
centrale de l'ethnie wolof)
- celui du waalo
- celui du jolof
- celui du saalum
- et celui de Dakar, fortement influencé par le français, comme l'est
également celui des grandes villes.
le
parler des
lebu
qui
constituerait
ce
que
certains
historiens
croient être la forme historique
du
wolof.
Il
se
distingue de tous les
autres
parlers
sans
que
cette
différence
n'aboutisse
cependant
à
l'incompréhension
totale.
Dans l'usage du
standard écrit (nouvelles, reportages ayant trait à
la vie publique)qui se
limite à du l'insertion hébdomadaire d'une feuille
dans les
trois quotidiens nationaux, on note une
coexistence aisée des
mots et expressions des différentes formes dialectales.
Dans
les
situations
de
la
communication
orale
formelle
(journal
télévisé,
sermons et
autres discours
conventionnels),
le
fait est encore
plus
marquant.
302
A
la
di versi té
des
formes
dialec tales
(lexique,
phonologie,
morphologie), s'ajoute le phénomène du discours mixte que nous venons
d'étudier
en
tentant
d'en
circonscrire
les
spécificités
structurelles
et
sociopragmatiq ues.
Cette diversité s'expliquerait entre autre faits, par un ensemble de
circonstances
économiques
et
sociologiques
comme
la
mobilité
géographique et
professionnelle consécutive
à l'urbanisation,
les effets
de
convergence
ethnique,
les
intermariages
et
l'usage
véhiculaire
intense. Il s'agit là de conditions qui autorisent à qualifier le statut du
wolof contemporain de langue polynomique, pour reprendre le concept
développé
par
J.B.
Marcellesi
(1990)
dans
son
appréciation
de
la
situation du corse. L'auteur explicite en effet l'attitude des locuteurs face
à la variation en termes d'intertolérance des
variétés.
La variation et l'interpénétration des faits linguistiques seraient le
produit d'une communication linguistique hors des frontières dialectales
et
de
l'apparition de
la
langue minorée,
dans
des
contextes d'emploi
jusqu'alors
inaccessibles.
A cet égard, nous avons eu l'occasion, tout au long de notre étude,
de rappeler les avancées sociolinguistiques du wolof urbain qui se sont
effectuées en marge de toute initiative ou aide officielle. Le concept de
polynomie ramasse somme toute l'idée que les langues n'ont pas besoin
d'être
unifiées
pour
accéder au
statut de
langue
"majeure"
avec
des
attributs institutionnels et véhiculaire conférés par l'Etat.
Cette dynamique de la diversité et de l'unité autour et "dans" (code
mixte) la langue wolof autorise aujourd'hui à la définir comme langue
polynomique
ou
"ensembles
de
pratiques
langagières
dont
le
mouvement
échappe
à
l'encadrement
normatif et
aux
hiérarchisations
internes" .
303
LES
FONCTIONS SIGNIFIANTES.
Gumperz préconisait de décrire la compétence du bilingue comme
consistant en un répertoire de codes liés les uns
aux autres par leurs
fonctions dans le discours. Mais la nature même du code switching qui
caractérise
le
mieux
le discours mixte wolof/français
(code
switching
conversationnel ou code mixing fait qu'il est très difficile de dégager à
chaque fois des fonctions précises, attribuées pour de bon à telle ou telle
langue, comme c'est le cas dans le code switching (situationnel) stricto
sens u.
Dans
le
code switching
wolof/français, il convient d'écarter des
pratiques langagières, l'existence d'une alternance réglementée des deux
codes, vu qu'il est vraiment exceptionnel qu'on puisse trouver chez les
locuteurs
un
usage
plénier
de
chacune
des
deux
langues
dans
une
interaction.
L'alternance, SI elle existe, concerne de fait une langue déjà mixée
qUI
est
le
wolof
urbain
et
le
français,
langue
qUI
se
prête
accidentellement
au
mélange
dans
son
usage
normal,
parce
que
fortement
protégée.
En
effet,
les
éléments
extérieurs,
les
marques
transcodiques y sont régulièrement balisées par les locuteurs.
Les actes de parole exclusivement énoncés en français ou en wolof
sont donc
très
rares
et
quand
ils
sont repérés,
ils
renvoient
à
des
situations
conventionnelles.
Il reste qu'il est possible de définir les modalités de la signifiance,
à
travers
les
unités
lexico-syntaxiques
des
deux
sous-codes
en
communication réciproque, qui soustendent ce code global.
Des aspects les plus saillants, nous rappellerons les suivants
-
le
discours
énoncé
en
français
pourra
être
ponctué
en
situation
informelle
par
des
transferts
de
type
stylistique
qui
traduisent
un
304
besoin d'expressivité, plus ordinairement médiatisé en
wolof, vu
que le
français
dans
les rôles qui
lui
sont impartis,
ne
prend pas en
charge
cette fonction
phatico-ex pressi ve.
les
fonctions
emblématiques
et
ostentatoires
sont
celles
qUI
catégorisent
le
français
dans
ses
rôles
principaux,
si
l'on
excepte
sa
valeur instrumentale en tant que langue de
travail, et exclusivement en
situation conventionnelle (discours, interaction formelle,
usage écrit).
Ces deux fonctions caractérisent le discours
des bilingues, mais le rôle
ostentatoire
du
français
peut
également
être
attribué
à
l'usage
qu'en
font (même si c'est de façon limitée) le endoglottes, pour des motifs de
prestige.
Les
fonctions exploratoires sont très présentes dans le cadre des
interactions
formelles
aussi
bien
qu'informelles;
elles
concernent
les
négociations que les locuteurs en
situations,
engagent pour faire
valoir
leurs
propres
intérêts.
Elles
apparaissent comme
des
stratégies
où
les
locuteurs
en
tant
qu'individus,
exploitent
la
grammaire
sociale
de
la
communauté
(connaissance
de
l'interprétation
sociale
des
choix
linguistiques, marqués, non marqués) pour négocier les issues qui leurs
sont
favorables
rapports
hiérarchiques,
transactions
commerciales,
négociations sociales de di verse nature
Enfin
les
fonctions
plus
spécifiquement
métaphoriques
qUI
relèvent
d'un
conditionnement pragmatique
:
le
besoin
en
somme
de
sursignifier,
d'emphatiser,
de
détendre,
d'ironiser,
d'exagérer,
de
faire
de l'hyperbole (les grecs, dit-on, avaient besoin d'en dire un peu trop, un
peu plus).
305
LIMITES DE LA SIGNIFIANCE.
L'alternance
codigue
peut
donc
s'envisager
comme
un
contraste
entretenu entre énoncés personnalisés ou généralisés. Mais cela ne veut
pas dire que tout segment en français reflète par exemple la distance ou
gue tout segment wolof reflète la conciliation.
Le
discours
mixte
révèle
dans
bien
des
actes
de
parole,
de
nombreux
cas
de
passages
gue
nous
estimons
contingents
et
c'est
pourquoi,
il
serait
hasardeux
ou
vam
d'y
rechercher
une
quelconque
signifiance.
Nous avons eu l'occasion de discuter ce point. Il
convient
donc de
nuancer l'opinion
à valeur de synthèse sur la question de
la
signifiance (De Herdia, 1987. PP. 91-125), et qui voudrait que dans tous
les cas, le switch, mot ou phrase, ne soit jamais l'équivalent exact de ce
qu'il
remplace
et
que
chaque
terme
soit
porteur
d'une
connotation
spécifique qui renverrait aux expériences personnelles de chacun. Cette
importance
accordée
à
toute
alternance
comme
nécessairement
signifiante
procède,
à notre
avis,
d'une
généralisation
hâtive
qui
tient
peu compte des catégories de switch.
L'ECONOMIE LINGUISTIQUE.
Nous
avons
pu
observer
que
l'alternance
peut
dans
le
cas
du
discours mixte s'en tenir à un signifié de dénotation (ne véhiculer donc
aucune connotation subsidiaire). Et dans de nombreux cas, les
éléments
français
introduits
dans
le
"discours
wolof"
proviendraient
de
choix
spontanés,
qui
fonctionnent
suivant le
principe de
l'économie
mentale,
linguistique.
Nous
avons
signalé
que
certains
changements
interviendraient non pas parce que le
locuteur chercherait le
mot juste,
306
mais parce que le mot utilisé serait beaucoup plus à portée de main au
moment de l'énonciation.
En effet, là où un monologue au capital expressif plus restreint que
celui
d'un
autre
monolingue
parvient
difficilement
à
aligner
deux
phrases
en
s'aidant de béquilles
telles que
des
"machins",
"trucs",
"je
veux
dire",
le
bilingue
tout
aussi
limité
cherchera
spontanément
du
secours dans sa seconde réserve. Ceci explique les nombreux "emprunts"
primaires,
spontanés,
observables
dans
le
discours
des
bilingues.
Mais
dans
la
conscience
profonde
du
bilingue,
ces
termes
là
semblent
provenir
d'une
même
source
paradigmatique.
On
dit
alors
qu'il
parle
"indistinctement"
deux
langues.
De
ce
point
de
vue
le
critère
de
disponibilité
apparaîtra
alors
comme
critère
majeur
pour
apprécier
ce
discours
mixte
parmi
les
multiples
catégories
de
switch,
en
ce
que
précisément
il
ne
saurait
être
socialement
ou
psychologiquement
significatif. Lüdi (1985) le
confirme dans ses travaux,
lorsqu'il signale
que
les
exemples
dans
lesquels
une
hésitation
(pause,
bégaiement,
répétition
etc.)
fait
penser
à
un
oubli
momentané,
voire
à
une
plus
grande disponibilité du
terme transféré, sont nombreux. Mieux, il avoue
qu'il n'est pas en mesure de prouver que la difficulté de trouver le mot
juste n'est pas due dans tous les cas à un lacune lexicale. Il opte pour
des
problèmes
"d'accès au
lexique".
Ce qui,
à
notre
avis,
reviendrait
strictement eu même. Lacroix (cité par Dumont,
1986, P 70), parle de
"cognat" terme qu'il définit comme un emprunt occasionnel, non intégré
à la langue d'accueil et le plus souvent non compris des monolingues. Il
les
perçoit
comme
"roue
de
secours"
pour
pallier
une
réelle
lacune
temporaire ou habituelle, et entend ne pas les assimiler à l'emprunt de
luxe.
307
L'HEGEMONIE DU FRANCAIS.
J.
Lindenfeld observe dans son
étude sur le contact yaqui / espagnol,
que l'inf1uence de l'espagnol est très importante au ru veau du lexique,
particulièrement
dans
les
domaines
des
objets
matériels
de
l'organisation sociale, des termes de parenté, des
nombres cardinaux et
ordinaux etc., même si elle est moins sensible en morphosyntaxe.
Haugen
aboutit
aux
mêmes
observations
s'agissant
de
l'influence
du
suédois
sur
le
norvégien
dans
les communautés
migrantes
des
Etats-
Unis : 73% de noms, 23% de verbes, 4% d'adjectifs et l % d'adverbes.
Nos observations sur le contact du wolof et du français corroborent en
partie ces conclusions, excepté que la morpho syntaxe wolof semble avoir
subi
une
influence
encore
plus
remarquable
dans
le
discours
des
bilingues, et au-delà, dans la langue wolof (on se reportera au chapitre
sur les mots grammaticaux).
Toutes ces situations présentent la caractéristique commune de ref1éter
les
rapports
diglossiques
des
langues
en
contact,
qur
expliquent
l'hégémonie
qu'exercent
les
langues
dominantes
(institutionnellement
parlant) sur les langues minorées (de ce même point de vue).
Mais cette emprise peut se manifester de façon plus ou moins intense,
suivant le rôle joué par la variété dominée dans les domaines décisifs au
plan
socio-économique
ou
institutionnel.
Le
norvégien
serait
par
exemple
aujourd'hui
bien
mOInS
enclin
à
nommer
des
réalités
éducatives, politiques ou sociales en langue suédoise, alors que dans ces
domaines, au
Sénégal, l'hégémonie du français est presque totale; elle
déborde même de ces secteurs pour couvrir de multiples compartiments
de l'univers urbain.
Voici un corpus tiré d'une interaction informelle de jeunes citadins sur
un thème se rapportant au foot ball.
308
"Stade - fédération - ASC - maillot - bas - journaliste - ailier - attaquant
- gardien - défense en ligne - commentaire - poule" etc.
Il s'agit d'un champ lexico-sérnantique qui touche directement une
activité
importée, mais bien intégrée dans
l'imaginaire ludico-sportif de
jeunes (et de moins jeunes) sénégalais. Ces mots seront reproduits dans
d'autres
interactions
avec
les
mêmes
automatismes,
les
mêmes
constructions que lors de l'encodage de cette dernière interaction.
Cela veut dire qu'ils procèdent du
précodage
du
discours
répété
que
Lüdi désigne
par l'inter-textualité;
Ils
ne
signifient donc
pas
au
sens
rhétorique,
m a i s
constituent
des
champs
paradigmatiques
complémentaires au dispositif lexical disponible pour servir la parole du
locuteur bilingue.
Il ya bien plus, l'art de la pensée articulée, celui du raisonnement, de la
parole réfléchie, se réalise, on s'exerce de
plus en
plus en empruntant
bon
nombre
de
ses
outils
(connecteurs,
joncteurs,
subordonnants
de
divers
ordres)
au
français,
dans
une
dynamique
qui
exclut
parfois
l'alternative du choix.
L'ampleur du phénomène est tout aussi appréciable que dans le cas de
l'emprunt
lexical
spontané
(si
nous
comparons
les
données
norvégiennes,
yaqui et sénégalaises).
Il faut admettre que
l'exercice qui conditionne la
maîtrise de
cet art
essentiellement
formel,
conventionnel,
est
médiatisé
par
la
langue
française,
à
l'école,
au
lycée,
à
l'université,
d'où
la
présence
très
remarquée
des
éléments
transcodiques
dans
la
morphosyntaxe
du
discours de cette nature, qui se voudrait wolof.
309
L'APPROPRIATION ET LA
MARQUE IDENTITAIRE.
Au
delà
de
la
compétence
mesurable
(l'habileté
plus
ou
morns
grande
à déjouer les pièges de la syntaxe, la richesse ou la pauvreté
lexicale),
il
existe,
croyons-nous,
un
sentiment
de
po s se.s st on ,
d'appropriation
des deux codes
dont la
manifestation
à travers l'usage,
expliquerait
certains
aspects
du
code
switching
wolof/français.
Ces
switch
là
ne
peuvent
pas
non
plus
être
attribuées
à
des
fonctions
discursi ves ou
stylistiques.
Ils constituent, à
notre
sens, des choix
non
marqués,
socialement non motivés.
Appelés
switch
intégraux ou
switch
profonds
(skilled), ils se présentent plutôt comme
variété autonome de
pratiques;
le
locuteur bilingue
utilise
dans
son
discours
des
éléments
français à la place d'éléments wolofs équivalents, mais peut être amené
aussi
à employer les équivalents
wolofs
dans
la
même
interaction
et
dans les
mêmes circonstances.
Et souvent les
locuteurs impliqués dans
ces switch déclarent ne pas faire exprès, ou disent ne pas faire attention
puisque cela vient tout "naturellement".
Ces switch
n'existent pas n'importe où. Rappelons
qu'on les exclut des
communautés
diglossiques
étroites
où
il
yaurait
une
"stricte"
(disons
plus
ou
moins
rigoureuse)
répartition
des
deux
variétés.
Ils
arrivent
rarement dans
le switch français/anglais du
Canada.
En effet chez ces
francophones,
toutes
les
alternances
semblent
remplir
des
fonctions
et
sont de ce fait socialement significatives (flagged) et ne passent donc pas
inaperçus
(Gumperz,
1985).
Il
convient
tout
de
même
de
préciser les
limites sociales imparties à cette alternance (qu'on
ne
saurait confondre
avec
l'interférence caractéristique du
rapport
entre
le
français
canadien
et l'anglais)
: en effet au
Canada, une personne parlant français
en
y
mêlant de
l'anglais sans intention
métaphorique,
risque
de
ne
pas être
valorisée par ses pairs,
même dans
des interactions informelles.
A
cet
310
égard Brann (1990) établit une distinction pertinente entre l'''isoglossie''
qui
désignerait
l'emploi
à
parité
de
deux
langues
dans
une
société
(Belgique,
Canada) et
le
"mixilinguisme"
pour désigner le changement
habituel de deux ou plusieurs codes ou de leur mélange en tant que trait
indi viduel.
Commentant
le
switch
new-york ais,
Poplack
pense
qu'il
pourrait
s'agir
d'un
phénomène
qUI
fonctionne
comme
mode
d'interaction
similaire
à
l'usage
linguistique
des
monolingues,
ce
switch
étant
analogue à l'usage d'un code unique qui est le choix non marqué pour un
échange. Le code switching wolof /français procèderait à notre sens du
même
mécanisme.
En
nous
limitant
au
strict
point
de
vue
sociolingui s tique,
on
pourrait dire
que
le
parler urbain
est caractérisé
par des
occurrences
rnassrve s
de
variantes
allophones,
que
cette
variation
est
dûe
à une
performance
moindre
dans
la
langue
dominée
et
au
relâchement
concomitant des normes sociales. Mais cela ne signifie peut être pas qu'il
faille
la
situer
dans
le
lot
des
"langues
moribondes".
Les
locuteurs
bilingues
bien
qu'ayant
une
compétence
lexicale
et
grammaticale
réduite, en comparaison avec les locuteurs du vernaculaire, développent
une compétence de communication à travers le switch, de sorte qu'on ne
remarque
pas
toujours
l'étroitesse
de
leur
compétence
linguistique
(le
skilled code switching). En ce sens ils répondent , en tant que locuteurs,
len tan.t
qU'~sage~s de la langue (des langues), à l'exigence première de
ltoute mteraction, a savoir l'efficacité dans la communication (certes avec
Iles moyens du bord, mais moyens tout de même).
3 1 1
LE DISCOURS MIXTE COMME DÉPASSEMENT DIALECTIQUE DU
CONFLIT DIGLOSSIQUE.
Le
Page
a
décrit
un
exemple
intéressant
à
propos
de
la
communauté des étudiants chinois de l'université de Hong Kong.
Il démontre que le "language mixing" aurait aussi l'effet de faire qu'un
locuteur soit capable de signaler deux identités en un. Les étudiants, en
effet, parlent souvent un mélange dense d'anglais et
de
cantonnais (a
dense
mixture
of
english
and
cantonese).
S'ils
parlent
seulement
cantonnais, ils peuvent être perçus, dans le contexte d'une université de
langue anglaise, comme non "éduqués" et non "sophistiqués"; et s'ils ne
parlent qu'anglais, ils pourraient être classés comme déloyaux vis à vis
de leur communauté (Trugdill,
1985). Parler les
deux à la fois,
c'est
transcender ces problèmes (overcome problems). Cette situation, à bien
des égards, rappelle des aspects du discours mixte wolof/français, que
nous évoquions en termes d'insécurité linguistique. L'angoisse de devoir
choisir le français ou le wolof, selon qu'on veuille être conforme à la
norme
fonctionnelle
des
répertoires,
ou
qu'on
soit
plus
sensible
au
jugement
des
locuteurs
(vantardise/humilité,
sympathie/antipathie)
amène
des
locuteurs
à
négocier
sans
cesse
leurs
actes.
Le
switch
constituerait arnsi une volonté inconsciente de
dépassement dialectique
du rapport conflictuel de la diglossie wolof/français, diglossie instable,
dans l'attente peut être de sa stabilité ?
Il reste le "non dit" dans cette contribution modeste à l'étude des
langues en contact. Le sociolinguiste aura deviné, que le dire, nous fait
passer de l'analyse du contact (notre objectif) à l'action sur la (les )
langue (s).
C'est une
autre réflexion,
qui
relève
d'un
autre domaine
d'investigation : la glottopolitique, vaste programme qui repose sur des
312
incertitudes
et
des
hésitations
quant
à
ses
référents
conceptuels
et
méthodologiques. Nous pensons, notamment à tout le débat non encore
achevé
sur
politique
de
langue,
aménagement
linguistique
et
planification (J. B. Marcellesi, 1986, Chaudenson, 1989) sans oublier la
critique sociale de la terminologie (Gambier, 1991). C'est pourquoi, nous
préférons mûrir la réflexion pour une contribution ultérieure.
313
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TABLE DES MATIERES
1 - INTRODUCTION
1
1.1 Le sujet - les raisons du choix
1
1.2 Problèmes méthodologiques
2
1.3 Le corpus
3
1.4
Une analyse du contact à partir de données micro et
macro-lin guistiques
4
2 - EVOLUTION HISTORIQUE DU FRANCAIS ET DU WOLOF
7 •
2.1 Introduction
7
2.2
La langue francaise.
Aperçu historique, enjeux et représentation
9
2.2.1 Le contexte politique
9
2.2.2 La société et la langue
10
2.2.3
L'ébauche d'une structure éducative
12
2.2.4
Du français pour les "habitants", du wolof pour les
noirs
18
2.2.5
Faidherbe et l'éducation fonctionnelle
22
2.2.6 Bilan du siècle
24
2.2.7
Jules Ferry et l'école laïque en contexte colonial..
25
2.2.8
Sur l'instruction des indigènes
26
2.2.9
La thèse et ses tentatives d'application
28
2.2.10 La stratégie
29
2.2.11 L'école de masse et la politique de l'association
33
2.2.12 Français, langue véhiculaire
36
2.2.13 Retour au français
37
2.3
Le français et les représentations du savoir..
.41
2.3.1 Les données sociolinguistiques
.41
2.3.2 L'impact du véhiculaire
.46
2.3.3
Norme, hypercorrection et insécurité linguistique
.46
2.3.4
Appropriation linguistique et norme endogène
~
2.4 La langue wolof
51
2.4.1
Une progression ancienne liée au commerce et à
l'administration
51
2.4.2
Evolution institutionnelle du wolof..
54
3 - QUELQUES ASPECTS THÉORIQUES SUR LE
BILINGUISME, LA DIGLOSSIE ET LE CODE SWITCHING
57
3.1 Le bilinguisme
57
3.2 Bilinguisme et diglossie
62
3.2.1
L'approche de Furguson et Fishman
62
3.3 Le code switching
72 A
3.3.1
L'approche psycholinguistique
72
3.3.2 Code switching et mutation sociale
76
3.3.3 L'analyse du code switching
78
3.3.4
Code switching, alternance codique, discours mixte
81
4 - ALTERNANCE CODIQUEEN CONTEXTE DIGLOSSSIQUE.
POURQUOI UNE ÉVALUATION DE LA COMPÉTENCE?
83
4.1 Introduction
83
4.2 Diglossie et compétence
84
4.3 Code switching, mélange, alternance
87
4.4 L'alternance comme variété
89
5 - EVALUATION DE LA COMPÉTENCE
97
5.1 La question de l'emprunt..
97
5.1.1
Aspects socioculturels et économiques
98
5.1.2
Langues en contact et emprunt..
103
\\
5.1.3 Quid de l'emprunt de luxe
.105
l
5.1.4 Emprunt et intégration
105 »>:
5.2 Méthodologie
107
5.2.1
Le modèle théorique de référence et le protocole
d'enquête
107
5.3 Eléments du questionnaire
.112
6 - TRAITEMENT DU QUESnONNAIRE
.127
6.1 La population bilingue
127
6.1.1 Les variables
127
6.1.2
Le questionnement autour des variables
129
:/
7 - RESULTATS ET ANALYSES
132
7.1 La variable "origine géographique"
132
7.2 La variable "durée de résidence"
133
7.3 La variable "ethnie"
134
7.4
Remarques sur les déficiences lexicales
.157
7.4.1
Les constructions périphrastiques
158
7.4.2 Les antonymes
161
7.4.3 Les hyperonymes
162
7.5
Remarques sur les déficiences morphosyntaxiques
166
7.5.1
Les entorses au système de dérivation
166
7.5.1.1 La détermination
.166
7.5.1.2 La dérivation nominale
.169
7.5.2 La reduplication
174
7.6 Le lexique français
176
7.6.1 Les unités françaises
178
7.6.2 Un code unique
186
7.6.3 Le cas diola
188
8 - VERNACULAIRENEHICULAIRE URBAIN
193
8.1 Les mutations lexicales
193
8.2
Le véhiculaire urbain comme marque d'identité
195
8.3 Le mélange
198
8.4 Synthèse
198
9 - TABLEAUX RECAPITULATIFS DES PERFORMANCES
LEXICALES PAR GROUPE ETHNIQUE, PAR SEXE ET
PAR CATÉGORIE SOCIALE
.200
10 - ASPECTS GRAMMATICAUX, RHETHORIQUES ET
PRAGMATIQUES
220
10.1 Les mots grammaticaux
220
10.2 La relexification en morphosyntaxe
230
10.3
Les limites des combinaisons
morphosyntaxiques
234
10.4
Les contraintes syntaxiques dans le code
switching
'"
240
10.4.1 Analyse
240
10.4.2 Commentaire
243
10.5 L'interaction avec les monolingues
251
10.6 Ordre scriptural et mélange de code
254
10.7 Le "switch" des monolingues
255
10.8
Redondance et effets d'emphase dans
l'utilisation des coordinateurs
260
10.9
Fonctions référentielles et impressives
265
10.9.1 Le discours argumentatif..
265
10.9.2 Le discours sur la modernité
268
10.10 Les emprunts par obligation
272
10.11 Les fonctions crypto-ludiques
275
Il - FONCTONS PRAGMATIQUES MULTIPLES DU
DISCOURS ALTERNATIF.
284
Il.1 Le rapport des rôles
284
11 2 L' bi
.
l'
.
, .
.
0
jection,
assertion categonque
285
Il.3 Le discours rapporté
289
Il.4 Le triggering
292
11.5
Les fonctions exploratoires.
Cas marqués - Cas non marqués
295
11.6
Les enjeux identitaires autour du français
et du wolof
,
,
299
CONCLUSION
302
BBLIOGRAPHIE
314
TABLE DES MATIERES
CORPUS
365 (volume II)
UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
00000
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
000
DEPARTEMENT DE LETTRES MODERNES
· CON-;~~~-~F~I;A'I~ ~~-~·~·~;;':Z~H:U,
· POUR L'ENSEiGNEN\\EN"{ SUPZ;RiEUR '
· C. A. M. E. S. -
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Enregistré sous n° l3 ~ .-;"
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THESE DE DOCTORAT D'ETAT
CONTACTS DE LANGUES AU SENEGAL
ETUDE DU CODE SWITCHING WOLOF-FRANÇAIS
EN MILIEU URBAIN "APPROCHES LINGUISTIQUE,
SOCIOLINGUISTIQUE ET PRAGMATIQUE
Présentée
par
Papa Alioune NDAO
Sous la Dlrectron de
J. 8. MARCELLE5/
Professeur
URA CNRS 1164 SUDLA
Université de ROUEN
1ANNEE UNIVERSITAIRE: 1995-19961
.
,
1
,_~
~__-1
REMARQUES
PRELIMINAIRES SUR LE
CORPUS
1. INTERACTIONS LIBRES
• OBSERVATIONS DIRECTES
ET
OBSERVATIONS
PARTICIPANTES
Lors d'une mISSIon d'enquête sur les langues parlées à
Ziguinchor nous avons saisi cette occasion pour recueillir un
corpus significatif du discours mixte, en vue d'une analyse
comparée avec les données recueillies à Dakar ; étaient ciblés
les
quartiers
représentatifs
des
rapports
de
domination
et
d'influence linguistique, en l'occurrence SOUKOUPAPAYE dans
la périphérie et le quartier SANTHIABA-ESCALE au centre. Ce
sont
des
quartiers
marqués
par un
usage
dynamique
des
langues ethniques et qui illustrent les différentes stratégies
mises en oeuvre pour la sauvegarde, le maintien ou l'abandon
de
la
langue
"maternelle"
ou
"paternelle",
au
sein
des
structures
sociales
et
familiales.
Ces
localités
présentent
également
une
grande
diversité
ethnique
(mandingues
/
diolas / créoles / peuls / wolofs et sérères). La
situation
sociolinguistique qui prévaut dans ce contexte ne saurait du
reste faire l'économie de l'histoire et de
la
sociologie du
peuplement de cette zone, sources importantes d'informations
sur
les
comportements
des
locuteurs
des
différentes
communautés linguistiques face aux langues en présence. Les
interactions
reproduites
recoupent
un
certain
nombre
d'éléments de réflexion axés sur l'examen des opinions des
365
J
locuteurs sur les langues, l'usage qu'ils en font, l'histoire des
contacts, les représentations
qui
en
découlent,
suivant des
paramètres tels que l'appartenance ethnique, le niveau social,
l'âge, le sexe et la scolarisation. Les données recueillies ont trait
à des interactions (le plus souvent informelles) menées dans le
cadre familial,
dans
les
groupes de
pairs
à l'intérieur de
chaque quartier ciblé.
A chaque fois que cela nous est apparu nécessaire, nous avons
confié la direction de l'enquête à des locuteurs membres de la
structure,
afin
d'obtenir
des
données
non
biaisées
par
certaines
contraintes
de
l'interview
ou
de
l'entretien
(paradoxe
de
l'observateur);
ces
enquêteurs
étaient
bien
entendu
informés
de
nos
objectifs
et
avaient
appris
à
manipuler
les
instruments
de
l'opération
mIS
à
leur
disposition.
Dans
chaque
zone
d'enquête,
nous
avons
retenu
un
groupe de jeunes locuteurs (entre 18 et 35 ans), observé et
enregistré les
multiples conversations qu'ils ont tenues sur
des sujets très variés : par ailleurs nous leur avons soumis un
questionnaire
construit
sur
la
base
des
objectifs
définis
précédemment.
Dans les quartiers, nous avions souhaité atteindre un effectif
plus significatif de locuteurs adultes bilingues (entre 45 et 60
ans) mais les occasions ont souvent fait défaut, du fait d'une
moindre
disponibilité
de
cette
catégorie.
Néanmoins
nous
avons
pu
approcher
quelques
locuteurs
de
cette
même
tranche mais qui appartiennent pour l'essentiel à la catégorie
366
des non francophones (ceux qui ne sont pas alphabétisés en
français mais l'étant parfois en arabe ou en wolof).
L'enquête de Keur Madiabel (localité de la région centre du
Saloum) consacre le discours épi et méta linguistique cette
même catégorie sur des
questions liées à la langue, à la
terminologie
linguistique,
au
développement
aInSI
qu'à
l'histoire des contacts linguistiques et ethniques.
Les autres éléments de cette partie du corpus constituent
un ensemble d'extraits d'émissions de radio, de télévision et
d'observations
directes.
Notons
que
l'observation
directe
se
distingue
de
l'observation
participante
en
ce
qu'elle
présente
les
caractéristiques suivantes :
- le phénomène étudié est observé dans l'instant où il se
produit :
- le rôle de l'observateur est le plus neutre possible.
Témoin, il
enregistre
l'événement tel qu'il se produit,
les
sujets
étant
parfois
avertis,
parfois
non
avertis
de
l'enregistrement. Nous avons voulu de la sorte rester fidèle au
principe de la séparation observateur-sujet, sans préjuger de
la qualité des données à recueillir dans pareille situation, et en
faisant un pari sur la quantité pour neutraliser d'éventuelles
défaillances d'exploitation.
Quant à l'observation participante, elle a été particulièrement
expérimentée au cours des interactions verbales familiales et
dans
d'autres
situations
informelles
de
conversations
se
367
----·L
déroulant
en
milieux
fermés
(maisons,
appartements,
boutiques et échoppes de marché). (Chauchat H., 1990)
II.
CORPUS
A
ENTRETIENS
DIRECTIFS
ET
SEMI·
DIRECTIFS
Ce
volet
a
été
réalisé
suivant
les
principes
de
l'observation indirecte ou provoquée. Il s'agissait en effet de
recueillir
des
comportements
verbaux
et
non
verbaux
suscités par l'observateur et non produits
indépendamment
de la situation d'observation, en vue d'obtenir des réactions
ou des réponses à un stimulus présenté par l'observateur. La
situation d'observation était toujours explicite et connue des
locuteurs
sauf que
ceux-ci
ignoraient
précisément
l'enjeu
véritable de ces entretiens, même q'ils se savaient quelque
part
objet
d'étude.
Ce
procédé
conservait
à
notre
sens
l'avantage qu'on puisse exercer une forme
de contrôle des
données recueillies et d'en étudier la validité : tester ou plutôt
évaluer des compétences communicationnelles à travers une
problématique discursive commune : cela permet de recouper
la cohérence des réponses obtenues de diverses manières sur
un même indicateur. Cette démarche se veut complémentaire
à
la
technique
de
l'observation
directe
et
multiple
qui
gouverne
l'autre partie du
corpus présentée plus
haut en
première partie.
Nous avons considéré deux grandes villes sénégalaises
Dakar et Ziguinchor.
Si elles sont toutes
deux largement
wolofophones, Dakar, avec son statut de capitale, représente le
368
" \\
lieu principal de diffusion du wolof urbain. Ces villes sont
reliées par de nombreux contacts soit de façon directe, soit par
le canal des medias, mais elles sont distantes de 450 km.· Elles
connaissent toutes deux un brassage de population mais avec
des
proportions
ethniques
différentes.
La
configuration
sociolinguistique des deux villes est également différente. A
Dakar, le wolof est la base du répertoire linguistique pour une
population dont l'hétérogénéité ethnolinguistique d'origine se
transforme
l'usage du
wolof y est non marqué
dans
la
plupart
des
circonstances
de
la
vie
quotidienne,
pour
l'ensemble des citadins. A Ziguinchor le
wolof est un des
éléments du répertoire linguistique même s'il tend à prendre
la
position
hiérarchique
la
plus
haute
chez
les
Jeunes
plurilingues.
Il
serait
surprenant,
SI
l'on
s'en
tient
aux
principes fondamentaux de la diatopie que le wolof se soit
développé dans les deux villes suivant des modes identiques.
Toutefois dans l'état actuel des choses, la variation du wolof
n'ayant
pas
fait
l'objet
d'analyses
systématiques,
nous
retiendrons l'hypothèse d'un développement de plus en plus
uniforme
du
parler
urbain,
singulièrement chez
les jeunes
citadins, remarquable dans l'exercice généralisée du discours
mixte,
hypothèse
que
nous
avons
entrepris
de
vérifier
à
travers
ces enquêtes.
Les
enregistrements
On
a
demandé
à
20
adolescents
dakarois
et
20
adolescents ziguinchorois de répondre, en wolof, aux questions
369
' 1
1) Les jeunes, maintenant, ont-ils autant de respect pour
leurs aînés ?
2) Dans la 2ème question nous avons cherché à susciter
des réactions, faire
formuler des opinions sur la personne
d'un mUSICIen vedette, très en vue chez les jeunes citadins.
Les
productions
fournies
par
l'ensemble
des
locuteurs
présentaient
l'avantage
de
pOUVOIr
nous
permettre
de
receuillir un corpus sur la base d'une thématique commune
capable d'infléchir le discours des uns et des autres vers des
modalités énonciatives relativement proches.
Caractéristiques
des
locuteurs
- Ils
fréquentent
tous
un
établissement d'enseignement
secondaire
- ils sont âgés de 16 à 24 ans ;
ils ont vécu les dix dernières années au moins dans la
ville considérée (la plupart y sont nés et ne l'ont quittée que
pour des séjours inférieurs à trois mois
- ils ont tous appris le wolof à l'âge de 8 ans au plus tard
(18 d'entre eux ·le parlent au titre de la première langue) ;
- les principales ethnies sénégalaises sont représentées
dans
l'échantillon,
dans
les
proportions
qu'indiquent
les
résultats du test de compétence exposé plus haut;
370
~
1
_ dans les deux villes et à l'intérieur de chaque groupe
ethnique, on a veillé à une répartition équitable des deux
sexes.
371
TRANSCRIPTION
PRESENTATION GENERALE DU CORPUS
Elle s'inspire des conventions de transcription régissant
les corpus de la bangue de données Valibel. (Michel Francard,
Version
1991)
Le corpus se présente sous la forme d'un texte continu,
interrompu par les seuls retours à la ligne indiquant qu'un
autre locuteur prend la parole.
Chaque locuteur est identifié au moyen de la lettre
L
suivie
d'un
numéro
correspondant
généralement
à
l'ordre
des premières prises de parole.
Par convention, il a été décidé d'identifier l'enquêteur
menant
l'entretien
avec
l'aide
d'un
questionnaire
(observation
participante
et
indirecte)
comme
étant
Lü,
même
si
le responsable de
l'enregistrement participe à la
conversation au même titre que les autres informateurs.
Les lexèmes des deux langues en contact sont transcrits
suivant les graphies qui
régissent l'orthographe de chacune
des langues en contact : alphabet latin pour la partie française,
phonétique pour la partie wolof.
.
Les textes étant censés être énoncés en langue wolof, on a
indiqué en caractères italiques les éléments français du texte,
répertoriés comme emprunts ou séquences switchantes.
372
La majuscule est utilisée pour marquer les noms propres
ou les noms à référence unique.
Pour ponctuer le corpus, nous avons évité le recours aux
signes traditionnels, inadéquats dans ce contexte
nous avons
utilisé plutôt la barre oblique en distinguant
schématiquement:
la pause brève : une seule barre oblique
- la pause longue : deux barres obliques.
La barre oblique est également utilisée pour certains cas
d'actes
manqués,
tels
l'interruption-reprise.
Dans
ce
type
d'énoncés le mot tronqué est immédiatement suivi de la barre
oblique
(sans
espace).
Seul
le
point
d'interrogation
est
emprunté à la ponctuation traditionnelle.
LES PHENOMENES
SUPRA-SEGMENTAUX
Le soulignement d'une syllabe, d'un mot ou d'un groupe
de mot marque une modification de l'intensité à cet endroit :
un soulignement par + + +
indique un renforcement de
l'intensité.
un soulignement par
indique une dimunition de
l'intensité.
Nous n'avons pas noter les variations de débit (accélération et
ralentissement), et d'intonation.
373
ALPHABET ET PHONETIQUE DU WOLOF
QUELQUES REMARQUES
Afin de faciliter la tâche du lecteur non averti, VOICI
quelques
correspondances
phonétiques
entre
l'alphabet
officiel .du
Sénégal et
l'alphabet français.
(FaU,
Santos et
Doneux,
1990)
Les
lettres
suivantes
ont,
dans
l'alphabet
officiel du
Sénégal la valeur phonétique suivante :
1) Consonnes
c
approximativement ce
qu'on entend
en
français
dans
tiens
J
approximativement
ce
qu'on
entend
en
français
dans
dieu
n
existe en français dans
agneau
x
approximativement
ce
qu'on entend
en
français
dans
chercher. Ce son existe en espagnol (jota) et en allemand
(buch)
q
n'existe pas en français, existe en arabe (qarib
"proche")
w
existe en français dans
oui
N
ce qu'on entend en françaçs dans les mots empruntés à
l'anglais comme parking
374
-
1
2) Voyelles
a
ce son est plus ferme qu'un
a
français mais plus ouvert
que
ë
à
c'est le son
a du français
e
c'est le son
è
ou
ê
du français père, t~te
ë
c'est le son
e
du français comme dans demain
o
c'est le
0
ouvert de pomme
6
c'est le
0
fermé de beau, chos e
u
c'est le son
ou
du français trou
cl
c'est le son
an
du français
ba b
3) Les sons transcrits par une double lettre
Les sons
mp - mb - nt - nd - nc - nJ - nk - ng - nq
doivent être réalisés sans
"é"
d'appui en début de mot.
Ex. : mbër
champion
bunt
porte
ndab
récipient
denc
garder
nJaay
vente
tànk
jambe
ngelaw
vent
xonq
rouge
samp
planter
Les doubles voyelles transcrivent des voyelles longues.
Ex. :
suu f
sol
Les doubles consonnes transcrivent des consonnes fortes.
Ex.: bakkan
nez.
375
INTERACTION INFORMELLE
Contexte
ludique
Partie
(jeu
de
cartes)
réunissant chez
un
enseignant,
une
bande de copains (étudiants, travailleurs sénégalais)
dans un
appartement, agglomération rouennaise (entre 27 et 38 ans)
Waay
vous avez amené le pli très vite 1j'ai pas vu Pli.
May
(Maïmouna)
rekk la gis mu 1.
May
rekk vous avez
kay.
Lamine
kay la wax.
J'ai pas vu ce que t'as amené toute à l'heure 1 kenn gisul
dërëm.
J'étais
en
train
d'hésiter
ndax trèfle-la wara fiëw ou
bien
coeur 1.
Waaw
gars
yi fioorn gisu nu sa ma carte sax ! parce
que
man ban nan ma laal fenn.
Wane
(patronyme) kay il
était
super
atout ci 1 xoolal
gars yi fiaata valets
lan am, fiaata Il amoon ngeen sans.
Non, naroon na rey tout
rekk mais hee.
21, 64-65-5 (en français) vous font Il.
376
Waaw,
yowitam,
benn valet bi la jël, au lieu ma jël carreau
ma jël
tout Il ma nekk devant 1.
Mane, waxuma loolu, man li ma laay wax, xam naa ko.
Passe
On
cherche
cinq points
han gars
YI, on vous a avertis 1
on t'a avertie han,
May.
Tout
Ki yow waroo ko won waay, mais su enjeux
YI nekkee.
Bilan
kay, do ko ko rappeler.
Ahan damaay noppi ?
Wawaaw.
De
toutes
les façons
han, man je prends pas à la légère
en fonction de ça. Je prends comme 1 ni mu mel.
De
toute façon
ne prends pas
à
la
légère,
elle
a trois
valets
minimum.
Maa nekk bopp ?
Yaa nekk bopp, da ngay Jouer pour nu dugal lees ?
Waaw May
defal sa pli
yëpp quoi 1 soo paree nga passe
ma
leen ?
Ann wodi traduire
de, ko no on après
kowii Il.
Hamidou
yow leegi nga basculer
roof cartes
yi 1.
377
Bàyyil rekk mu jouer. Soo parlotee il va être en situation
de danger. Yaa parloter,
nu ne yow yaa parloter.
Aah moom moo parloter
kay, moom moo ko expliquer.
Tu
wa (tu vois).
attention
(rires)
pardo n
(rires)
Lu bay jeww di goddo.
eey
Reya ti nga de han.
Mën naa ko.
Aah si! mën 100 ko kan.
Noppi leen rekk.
Badou
ngay wax kan / mu noppi, munul ma
Maay ree su ma gis / muuy dox.
On t'a rien dit toi là.
Hun, Iii de lu moy lor. Lu may xeefi de xawma ndax xeefi na
leen ?
L"'homme des êtres"
moom, mu ngiy calculer
rekk.
Du / du ma calculer ?
Aah pourquoi
mu bafia calculer
yowit~m?-
"',
Rë /1
Tout
ngeen di jouer
de.
378
..... ,
Xam naa ko 1 fii sam part rekk moo fiiy rey han 1 loolu lu woor
la.
Sûr ul 1 dara wooru ci ?
Yow yaa parloter 1 yow yaa parlote.
Nim do 1 il calculait 1 il calculait.
Xamul ni trèfle
bi demee.
Waaw, Wane munul calculer. Xamul dara. Day jouer
rekk.
Kaay xool.
Non calculer
wul de billahi munul jouer
waay
Jouez leen 1jeu
baa ngook.
Hoo 1 Wane
mooy cuune Il
Waay buma sonnal yow.
Bip 1 han 1.
Amna pik 1 ma defe ne amna amuI 1 amuI pik ?
Xamul. Munoo football !
Xamul dara 1 log leen 1 allez
Looy wax jôg Ieen 1 deux : un la 1
Badou
da ngay ba am deux
deux.
Kii
kay Badou
risque la woon rekk 1 parce
que
Dun
soixante cinq la
DU Il.
Waaw mais j6gal.
Am nafiu seen pli
be pare.
Yeena ngiy ut seen point
yeen.
379
-,
1
Mais
ce
qui
vous
aurez arrangé / c'est de laisser faire
un pli et puis ngeen lalli.
Su amoon deux plis 1 gars
yi du nu laal.
Xanaa doo calculer 1 xanaa doo compter
nak 1 da ngay jël di
sanni carte gi Il.
Xoolal Badou 1 Badou
mu ngiy lalle han (rires).
y ow bi nga nekee fii mu nu 100 woon def lingay wax ?
Lool laa ko doon wax kay ma ragal Il (rires).
Bien joué !
Passe
naa.
C'est ce que je voulais dire / j'ai pas osé.
Kii di 1 moomit di enregistrer
rekk 1 sereer bi
Moom kay doo wax sereer beek 1 toucouleur . beek Il.
Sa hi li mo mulo. Mbila ?
Kii moo ma doon reetaan 100 1 parce que accent bi (rires).
Han?
Passe?
Pik !
Jaaji de mariaas
380
TRADUCl10N
Oui, vous avez amené le plis très vite, j'ai pas voulu.
Il n'y a que Maï qui.
Que Maï oui, vous avez, oui.
Oui, je parle de Lamine.
J'ai pas vu ce que t'as amené toute à l'heure
personne n'a
nen vu.
J'étais en train d'hésiter entre trèfle et coeur.
Oui, les gars, eux, ils n'ont même pas vu mes cartes
Ben parce qu'ils se gardent de me toucher quelque part.
Wane, lui, il était super atout dans ; regarde bien combien de
valets ils ont les gars, vous étiez "sans atout" à 100.
Non, j'ai failli battre avec tout mais alors, 21 - 64 - 65 - 5
vous font.
Et, dites donc, tu ne sais pas qu'il a pris un valet, et moi au lieu
de prendre carreau j'ai pris tout, et je me trouve en tête.
Ecoute, je ne parle pas de ça, je sais très bien de quoi je parle.
Passe.
On cherche cinq points han les gars, on vous a averti, on t'a
avertie han Maï.
Tout.
381
<.
1
ne devrais pas lui montrer, mais SI les enjeux se
bilan, tu, tu ne dois pas rappeler.
je dois me taire ?
taise, c'est lui
.s les façons han, moi Je prends pas à la légère, en
~ ça, je prends comme ça vient.
rose que mal ?
façon ne prends pas à la légère, elle a trois valets
alculs.
-n tête?
1 tête, tu joues pour qu'on fasse entrer les ?
"ais ton pli, tu me le passes après.
. ça c'est sûr.
l,
tu nsques de basculer, avec les cartes.
té.
; jouer voyons, si tu "parlotes" il va être en situation
voilà, c'est toi qui a parloté, ils disent que c'est toi.
est bien lui qui a parloté, c'est lui qui s'est mis à
nen du tout, il
1IS
it pas jouer.
ntion,
on .
.ore battu.
parce que c'est possible.
~Ique ?
382
Tu vois, il ne sait rien, il ne sait pas jouer.
Il ne connaît rien, allez levez-vous
Va pas si vite toi là, c'est deux un.
Badou, tu attends qu'on soit à deux deux.
- Ca c'était risqué Badou, vu qu'on était à 65.
Oui mais lève-toi.
Us ont déjà fait leurs plis.
Vous vous cherchez votre point. Mais ce qUI vous aunez
arrangé, c'est de laisser faire un pli et partir.
S'il Y avait deux plis, les gars ne partiront pas.
- Tu ne calcules pas ? tu ne comptes pas ? tu balances les
cartes comme ça, c'est tout ?
Regarde Badou, Badou est en train de... (rires)
- Toi, quand tu étais la / pourquoi tu n'as pas fait ce que tu dis
?
Voilà, je pensais exactement la même chose, mais j'osais pas
(rire s)
Bien joué.
Je passe.
C"'est ce que je voulais dire, j'ai pas osé.
Regarde celui-là qui est en train d'enregistrer, ce sereer là.
- Oui y a pas que le sereer, le toucouleur aussi.
C'est lui qUI me faisait rire, à cause de son accent (rires)
384
INTERACTION INFORMELLE
(ENTRE PAIRS)
4 LOCUTEURS ETUDIANTS:
1 FEMME ET 3 HOMMES ETUDIANTS
THEME ABORDE: LES PROBLEMES DE DEVELOPPEMENT
LES TERMES DE L'ECHANGE ENTRE PAYS DEVELOPPE~
ET
PAYS
SOUS-DEVELOPPES
Al
Il
faut
nécessairement
que
fiuuy collaborer,
fiuuy jëndante ak di jaayante ak yooyu, mais nak il
faut
nécessairement
que
ce
soit
des
rapports
sains.
B 1
- Man sax je pense que
ne.
A 2
- Regarde
l'Angola,
il
a
de
très
bonnes
relations.
B2
- Mais
l'Angola, beneen forme
d'impérialisme
mao
fa
installer-wu,
ils font
appel
aux
Américains
maintenant,
une
fois
qu'ils
aient
chassé
les
russes.
A 3
Non
daqufiu Russes -YI.
B 3
Forme
daq Iafi Ieen dàq rekk.
386
· .....··1
C 1
Mais
si
on
commercialisait
nombre
de
produits
locaux
?
malheureusement
"/FA"
a
fait
des
recherches
tu
vois,
bon
mais
actuellement ID U
ngi
foofu
daal,
y
a aucun chef d'entreprise qui
est
venu
les
voir
pour
leur
demander
de
lancer
leurs
produits.
Dl
Je
pense
que
mentalités-yi la, on
ne peut pas
débattre.
C2
- Mais
non,
au
contraire, parce qu'en Chine ils
ont
réussi
ça
avec
la
révolution
culturelle,
alors on n'a qu'à faire la même chose.
B4
Sur
des
problèmes
de
consommation
là
.,
magnétoscopes, lUS de fruits,
tout ça han,
man
je
pense
que
ne
ce
n'est
secondaire,
c'est
au
second
plan,
par
exemple
quand
un
régime
communiste
s'installe
au
Sénégal,
ce
qù'il
doit
proposer ;
man je
t'entends
bien
quand
tu
dis
"on nationalises", on socialise, on ...
A 4
Waaw, yow kay si tu me donnes des preuves, des
propositions
concrètes.
B5
Man
ce
que
je
t'ai
donné,
ce
n'est
pas
des
propositions
concrètes
?
. c'est pas clair ?
qu'est-ce
que
tu
veux
encore
comme
détails
?
~
i.-..
Quand
on
nationalise
les
grandes
unités
de
production,
c'est
pas
une
proposition
concrète
?
.
387
.~
1
B 6
Mais
le
Sénégal ne produit rien,
le Sénégal ne
produit
rien,
de
toute
façon
en
tant
que
Sénégalais
nous
ne
pouvons
rien
faire
indépendamment
des
capitaux
étrangers.
A 5
Les phosphates de Taïba
c'est rien
?
D 2
Dafiu
ne, nous
sommes
pauvres,
nous
n'avons
rien,
c'est
notre
sort.
B7
Mais
bien
sûr
qu'on
n'est
pas
naturellement
pauvres,
ça
je
n'en
disconviens
pas,
mais
on
est
très
pauvre
technologiquement,
c'est
un
fait.
A 7
Mais la technologie on
l'importe.
D 3
Oui, mais ils ne donnent pas ça.
B 8
Toi
qui parles
de
Taïba,
les phosphates,
qu'est-
ce
que
tu
peux
en
faire
?
les
phosphates
de
Taïba,
c'est
rien
indépendamment
des
capitaux
étrangers.
D 4
Gars -yi technologie
bi dufiu ko jox mukk.
C 3
Eeh, Tanzanee
ngi nii, Nereere
aah!
A 8
Attends
'ma wax la, xam nga pays
capitalistes
YI
quel est .leur problème
?
iioom daiiuuy am ay
sociétés
privées
yoo xamne état
bi ak fii mu
amanteel ay problèmes
idéologiques
fioorn seen
yoon nekku ci, fioom
daal,
na
leen
nit
yi jaay,
388
•
1
problèmes
américains yi nu mu demee ? Te du daf
leen ne, moom Reagan, bu nu jaay Russes -yi blé ?
gars -yi ne ko ku fi waxati loolu nu folli ko.
DS
Gars yi dufiu ko joxe, gars yi ils ne donnent pas
leur technologie
, mooy seen ato ut, ils le savent,
d'ailleurs
da ngaay nationaliser
yëpp, nu ne la
d'accord,
nationaliseel,
yëf
yaa
ngook,
leegi
liggeeyal,
transformer le phosphate à présent.
C 4
Mais dans ce cas on s'adapte, bon comment ? on
fait
comme
Nyerere par exemple.
B 9
Mais
tu
prends
9.000
ingénieurs
sénégalais,
tu
leur donnes
le phosphate,
ils
ne
vont rien faire
avec.
cs
Non
mais
par
exemple,
au
lieu
d'importer
les
mac h in es yoo xam ne yii ça va leur coûter cher
en
importation
brut,
petrole
ak
yooyu
yépp,
après
nag
ils
ont
essayer
d 'utilis er
l'énergie
solaire, des trucs comme ça.
BIO
Mais
c'est pareil, je te dis,
tu
donnes
à
1.000
ingénieurs
sénégalais
d'appliquer
l'application
de
l'énergie
solaire
au
Sénégal,
ils
te
regarderont
les
appareils,
ils
sauront
rien
faire.
C6
C'est faux,
c'est faux,
c'est faux.
A9
Waaw yow yaa malhonnête.
389
BI
Comment
faux
?
Waay
je
comprends
les
Sénégalais
waay yo, parce
que diga il faut un
esprit
d'initiative,
et
c'est
ce
qui
n'existe
pas
au
Sénégal.
C 7
Non mais il aurait suffi que
nit ni exploiter
ko,
c'est tout, non mais non
waay, xam nga lan mooy
sun problème
?
on
est
trop
trop
trop
tourné
vers
l'extérieur
waay, eeh, gis nga, te sax 0 n
cherche
même
à
voir
quelles
sont
nos
possibilités,
ça non, c'est le problème.
B12
Prenons
un
pays
comme
le
Japon
par exemple,
même
sans
qu'il y
ait
une
révolution
au
sens
général du
terme,
ils ont su
se développer mais
.
par motivation,
ils ont adopté eh,
euh, sais pas,
l'ancienne
technologie
coloniale.
D6
C'est
que
nak
ils
ont pu
bénéficier de
l'aide
américaine
hein,
attention.
C 8
Ah
tu
sais
pourquoi Amérique
def ko
noonu
?
bon
la
main
d'oeuvre
ne
coûte
pas
chère,
ensuite
c'est
un
point stratégique
au
niveau
de
l'Asie
si,
c'est
surtout
ça,
c'est
stratégique,
parce qu'il y a la Chine à côté.
B 13
Gis nga, fokk motivation
am, je suis scientifique,
je
connais
les
scientifiques
sénégalais.
D 7
Bon
benn
cha n c e
lafiu
munoon am,
fiu am ay
produits
yoo xam ne yu qui
sont
des
produits
390
" \\
stratégiques, te ne gars
yi balaa nu leen kooy JOx
ngeen JOX nu un
minimum
de technologie.
A10
C'est
les
matières
premières.
D8
On
n'a
que
l'huile
hein,
tu
parles
de
matières
premières.
C9
On
a
des
matières
premières
et
je
pense
qu'avec
le
fédéralisme,
ça
marcherait
très
bien,
sincèrement.
D9
Ah oui, à la seule condition, le fédéralisme.
A I l
Tu
sais,
en
"Maths
spe",
sufiu prof.
physique
dafa ne ma
"nous
dépendons
à
100
%
sur des
problèmes
vitaux,
alors
nee na leegi "1 'indus trie
occidentale est conçue de
telle sorte que
si
on
coupe
le
chemin
des
matières
premières,
tous
les
gouvernements
occidentaux
tomberont".
DIO
Gars
yi du nu la bayyi nga couper
ko seen bakkan
la nu ci teg.
A 12
Oui je sais.
D11
Da ngaay xool li am Amérique
Latine,
da ngaay
nationaliser
les
champs
pétroliers,
gars yi tël la,
jël keneen, parce
qu'ils
se défendent.
Non,
c'est
quelque chose
qui
va pas se faire
du jour au
lendemain.
391
A 13
Oui ça c'est sûr, aux gens qui disaient que "oui,
fioo
nguy
xaar révolution
bi fiow et que
ça va
être dur,
Lénine
daf leen ne "bon,
la féodalité ça
a
existé pendant
combien
d'années,
combien
de
siècles
? Yeneen structures
sociales yi ko jiitu
fiaata années
la fiu def ? Gars
YI wax fiaata siècles,
mu ni leen yeen ngeen bëgg la
bourgeoisie fiow
demb rekk tey mu jeex ? Non, mu
rn leen nag du
demee
noonu, d'ailleurs te revolution yi daan am,
révolution
bourgeoise niroowul ak révolution
prolétarienne.
392
,
1
1RADUCTION
A 1
Il faut nécessairement qu'on collabore, qu'on ait des
relations commerciales.
B 1
Du reste, moi Je pense que.
A 2
Regarde l'Angola, il a de très bonnes relations ...
B 2
Mais en Angola, c'est une autre forme d'impérialisme
qui s'y est installée...
A 3
Non, ils n'ont pas chassé les Russes !
B 3
Mais SI ! c'est une forme d'expulsion en quelque sorte.
C 1
Mais SIon commercialisait nombre de produits locaux
? Malheureusement "IFA"
a fait des recherches, tu
VOIS ! bon, mais actuellement, il n'en est rien quoi ! Il
Y a aucun chef d'entreprise qui est venu les VOIr
pour leur demander de lancer leurs produits.
Dl
Je pense que c'est un problème de mentalités...
C 2
Sur
les
problèmes
de
consommation
là ...
magnétoscopes, jus de fruits, tout ça, han ! moi je
pense que c'est secondaire, c'est au second plan : par
exemple quand un régime communiste s'installe au
Sénégal, ce qu'il doit proposer... moi je t'entends bien
quand tu dis "on nationalise, on socialise, on...
393
<,
,
.
1
A 4
Oui eh bien, toi SI tu me donnes des preuves, des
propositions concrètes ...
B 5
Moi, ce que je t'ai donné, ce n'est pas des propositions
concrètes ? c'est pas clair ? Qu'est-ce que tu veux
encore
comme détails
?
Quand on nationalise les
grandes
unités
de
production
ça
c'est pas
une
proposition concrète ?
B 6
Mais le Sénégal ne produit rien ! le Sénégal ne produit
rien ! de toute façon en tant que Sénégalais nous ne
pouvons
nen
faire
indépendamment
des
capitaux
étrangers.
A 6
Les phosphates de Taïba c'est rien ?
D 2
Il faut dire que nous sommes pauvres, nous n'avons
rien, c'est notre sort !
B 7
Mais bien sûr qu'on n'est pas naturellement pauvre !
ça je n'en disconviens pas, mais on est très pauvre
technologiquement, c'est un fait !
A 7
Mais la technologie on l'importe
D 3
Oui, ils ne donnent pas ça !
B 8
Toi qui parles de Taïba, les phosphates, qu'est-ce que
tu peux en faire ? les phosphates de Taïba, c'est rien
indépendamment des capitaux étrangers !
D 4
Les gars, ils ne te donneront jamais la technologie.
C 3
Et la Tanzanie alors, Nyéréré ?
394
A8
Attends
que
je
t'explique
tu
sais,
les
pays
capitalistes, quel est leur problème ? Eux, ils ont des
sociétés
privées
qui
ne
se
soucient
point
des
problèmes idéologiques entre états. Ce n'est pas leur
affaire ; eux ce qui les intéresse c'est de pouvoir faire
leur
commerce.
Qu'en
est-il
du
problème
des
Américains
?
N'est-ce
pas
que
Reagan
leur
a
demandé de ne plus vendre du blé aux Russes ? Eh
bien, les gars ont menacé de le destituer ?
DS
Les gars ne te donneront rien, ils ne te donneront pas
leur technologie,
c'est leur atout
! ils
le
savent.
D'ailleurs il suffit que tu nationalises tout pour qu'ils
te
disent
:
d'accord,
nationalise
tout,
à
présent
travaille, transforme le phosphate à présent.
C4
- Mais dans ce cas, on s'adapte ! bon, comment ? on
fait comme Nyeréré par exemple.
B9
Mais tu prends 9.000 ingénieurs sénégalais, tu leur
donnes le phosphate, ils ne vont rien faire avec !
cs
Non,
mais
par
exemple,
au
lieu
d'importer
les
machines
qui
risquent
de
leur
coûter
cher
en
importation... brut, pétrole et tout ça ...
BIO
Mais c'est pareil ! je te dis
! tu donnes à 1.000
ingénieurs
sénégalais
d'appliquer
l'application
de
l'énergie solaire au Sénégal, ils te regardent, ils te
regarderont les appareils, ils sauront rien faire !
C6
C'est faux ! c'est faux ! c'est faux !
395
A9
Mais qu'est-ce que tu peux être malhonnête !
B Il
Comment faux
? mais je comprends les
ingénieurs
sénégalais je te dis ! parce que déjà il faut un esprit
d'initiative, et c'est ce qui n'existe pas au Sénégal.
C7
Non, mais il aurait suffi que les gens l'exploitent c'est
tout.
cs
Non, mais non ! c'est pas vrai ! Tu sais, quel est notre
problème
?..
on est trop,
trop,
trop
tourné
vers
l'extérieur je te dis ! Et puis d'ailleurs, on cherche
même pas à voir quelles sont nos possibilités, ça non !
c'est le problème
B12
Prenons un pays comme le Japon par exemple, même
sans qu'il y ait une révolution au sens général du
terme, ils ont su se développer mais par motivation,
ils
ont
adopté
euh,
euh,
sais
pas...
l'ancienne
technologie coloniale.
D6
C'est que, ils ont pu bénéficier de l'aide américaine
hein ! attention !
cs
- Ah, tu sais pourquoi les Américains ont agr de la
sorte ? bon la main d'oeuvre ne
coûte pas cher.
Ensuite c'est un point stratégique au niveau de l'Asie.
Si ! c'est. surtout ça, c'est stratégique, parce qu'il y a
la Chine à ·côté !
396
B13
- Je vais
te dire une chose
: il
faut
qu'il y
ait
motivation ! Je
suis un scientifique, je connais les
scientifiques sénégalais !
D7
Bon, on aurait pu avoir une chance, celle d'avoir des
produits
stratégiques,
qui
sont
des
produits
stratégiques. On dirait alors aux gens, qu'avant qu'on
leur donne cela, il faudrait qu'ils nous donnent un
minimum de technologie.
A10
C'est les matières premières
D8
On
n'a que
l'huile
hein
! tu
parles
de
matières
premières
C9
On a des matières premières et je pense qu'avec le
fédéralisme, ça marcherait très bien, sincèrement
D9
Ah oui, à la seule condition ! le fédéralisme !
A Il
Tu sais, en maths spe, notre prof. de physique m'a dit
: "nous dépendons à 100 % sur les problèmes vitaux".
Alors il a dit "l'industrie occidentale est conçue de telle
sorte
que
SIon
coupe
le
chemin
des
matières
premières,
tous
les
gouvernements
occidentaux
tomberont.
DIO
Les gars ne se laisseront pas faire, il y va de leur vie.
A 12
Oui, je sais.
D11
T'as qu'à voir ce qui se passe en Amérique Latine tu
nationalises les champs pétroliers, les gars
te font
397
sauter
et
en
prennent
un
autre,
parce
qu'ils
se
défendent.
A13
- Oui, ça c'est sûr : aux gens qui disaient que "oui,
nous attendons la prochaine révolution et que ça va
être dur", Lénine leur dit "bon, la féodalité ça a existé
pendant combien d'années, combien de siècles ? Et les
autres structures sociales qUI l'ont précédée se sont
imposées pendant combien
d'années?"
Les gens
répondirent, il leur dit "Et vous, vous voudriez que la
bourgeoisie arrivée depuis peu de temps seulement
puisse disparaître aussitôt ?" "Non, leur dit-il, "ce
n'est pas comme ça que ça se passe, et d'ailleurs la
révolution
prolétarienne
est
différente
de
la
révolution bourgeoise".
398
INTERACTION INFORLvIELLE
Un
locuteur rapporte
un
échange entre les
étudiants et le
Recteur lors d'une rencontre organisée en période de troubles
universitaires.
Boy (bruit)
Ensuite
le
chef
du
département
d'histoire
va
parler 1 Boy recteur
daf fa nekkoon 1 et
puis
l'assesseur
en
dernier 1 après
xawma kan 1 Paa Ablaye
Il mu jël
parole bi ne waaw "monsieur le Recteur vient
d'arriver
1 nous saluons l'arrivée de monsieur le Recteur, il en a
donné la preuve à de multiples occasions 1. Mais
il est
venu
en
retard
mais
comme
vous
le
savez
le
Recteur
est capable de s'adapter à toutes les situations" (rires).
- C'est pas vrai
?
- Recteur
daal üow camper
1 took 1 gars
yi ne ko
toogal si table
bi 1 mu ban 1 took si gettu bëy wi 1 après
boy
YI JOX ko parole
quoi 1 mu ne "effectivement
je
suis
arrivé
en
retard
mais
je
vais
m'adapter,
comme
le
disait
l'autre
là
Il
(rires)
mais
def fa
benn laïus 1 ne
"vraiment,
ce
sont
des
initiatives
heureuses,
mais
ces
initiatives
là
1
c'est
mieux
que
de
bloquer
les
institutions
1 xam nga 1 développer
fa be pare ne leen "j e
399
e
nak vous
ne
devez
pas
revendiquer
/
vous
tiquer, mais positivement /. Mais avec des petites
'iloquent l'institution, ça c'est pas positif". Il dit :
y a quelques années, l'Université de Dakar était la
Iniv ersité
africaine,
maintenant
on
doit
être
l
parler. Mais tu
arce
que
Abidjan,
mats
on
est
en
train
de
is
l'assesseur en
'arce
Abidjan
et
Yaoundé
sont
dans
la
même
aye ; il prend la
ires).
ieur le Recteur il
'est lui tout craché ça en plus Il
.. Mais il est venu
eur est capable de
ok ne : "ah, j'avais oublié, je déclare Il xawma
tee (bruit) oui / et puis lever 1 tac /
.ent de s'asseoir à
t
sur une
place
a parole quoi, il
tard, mais je vais
'Mais" ... , il fit un
eureuses, mais ces
s institutions", tu
et leur dit encore
revendiquer, vous
400
INTERACTION FORwIELLE
LUTTE TRADITIONNELLE (MBAPAT)
STADE
IBA MAR
EXTRAIT REPORTAGE RADIO
Présentateur
50
ans
- Ci lu nu jot ci ay renseignements
fiaar nu mën bëre yoo
xamne 1 Boy Na!)
demna, fekki na ko. Aah Combat
bi nar na
1 Combat
bu nara doy waar. Si diggante Boy Na!)
ak Dam
Sigeer.
Boy
Na!)
demna. Attaqué
na, sanni na benn pied
maanaam ni ngiy lëwto be tey ci diggante Dam Sigeer / Dam
Sigeer,
Bot Na!)
sanni na leegi Dam
benna kurpefi Il Kii
mooy
champion
Thiès,
mooy Boy l'vaO / Dam Sigeer di
champion
ba dëkka Souyal 1 Ndax tey boo ne Souyal ne
champion Sigeer : ne Dam Sigeer / Boy NaO dem na, Dam
Sigeer
jël na ko boole na ko si aah 1 Boy Na!)
jël na Dam
Sigeer ban na 1 mi jemaleko si suuf 1 wooj na ko wolbati ko
Boy Na!) daan na Dam Sigeer jéll bu set wecc 1 daf ko jël rek
wolbati ko jéll bu set wecc (silence).
402
'<.
1
- Loo xarnne fioom fullaal nan ko 1001 ndaxte bokk nafiu ci li nga
xam ne lu mag la ci moom. Kooku mooy Boy Jinne 1 di xale bi
nga xam ni ca lambb ja dimanche
(dimans) gu jot mu bëre
même
bu amuI sax combat 1 naan "da may bëre sax par
force
may ko amateurs
yi" ndax bu jëk.k padd yi amoon na
ci lambb 1 galgal kott ak caxal Il Aah 1 Mi che 1 moom 1
Waawaaw
Michel
la ngook de 1 Michel
moom / Combaam
nak dafay 1 mbir yu ci bari nak 1 ma fatali ma ko 1 Co m bat
boo xam ni nak soxIawul sax commentaire
te ku ci nekk dan
lay yab 1 ndax dafiuy farai di yeex ci mbedd yi 1 su dee bu fiu
dajee rekk def ay eskandaai (scandale) Il tey nak. Michel
seen cammoü 1 Moda. Diop seen
ndeyjoor Il D60r na
kurpefi 1 Waaye Michel nak moom comme
da fa muna
encaisser 1 yooy yëpp duggagu ko 1 lenn rekk mooy lu ko
faral di metti / mooy lenn daal bu kenn door ci koll bi / li ci des
yëpp mën na ko nangu sauf koll bi 1 moom Mi che 1 1 lëpp
Mi che 1
nak moom defe naa daal, benn yoon la mësa daan 1
bëre na nak seize
combats 1 benn yoon 1 quinze
yi yëpp lu
Yallah xam doyna Il Waawaaw moom kay 1 li ma la wax rekk/
seize
combat 1 benn victoire
la mosa am ak quinze
yi
moom li Yallah xam doyna Il Michel
nak, oui 1 déet 1 oui
bul door ci koll bi 1 parce que
koll bi Michel
1001 rek.k. la ban /
bu ko si Yallah xiiree nak mu daal di gëfiâ Ieegi ci 1 ne ma took
grands prix
yaa ngook : attention MicheL / attention Michel
/ /.
403
1RADUCTION
D'après les
renseignements que nous avons, il s'agit là de
lutteurs chevronnés. Boy Niang est parti à l'attaque, ah ceci
nous annonce un beau combat entre Boy Niang et Dam Sigeer.
Boy Niang est reparti à l'attaque, il a avancé une jambe, ce qUI
signifie qu'ils se cherchent encore, Dam Sigeer et Boy Niang.
Boy Niang vient d'envoyer un coup de poing à Dam. C'est lui le
champion de Thiès, lui Boy Niang, Dam Sigeer, celui de Souyal,
car aujourd'hui qui dit Souyal dit champion Sigeer, dit Dam
Sigeer. Boy Niang est reparti, Dam Sigeer l'a attrapé. Boy Niang
tient Dam Sigeer, Dam Sigeer tente de se défaire de l'attaque.
Boy Niang l'a soulevé pour le faire tomber, il l'a fait tomber, l'a
roulé. Boy Niang a battu Dam Sigeer, une victoire nette, sans
bavure (silence).
- C'est quelque chose qui est d'une importance capitale pour
lui, lui c'est Boy Jinne, le garçon qui est abonné aux séances du
dimanche
et
même
quand
aucun
combat n'est
programmé
pour lui, il propose quand même de lutter par force et d'offrir
son combat aucx amateurs. Car avant. les techniques étaient
variées: il y avait le "Padd" , dans la lutte, le "galgal", le "kott" et
le "caxal". Aah. Michel, voilà Michel, Michel est arrivé. Parler du
combat de Michel, c'est rappeler d'abord un certain nombre de
choses ; c'est un combat qui se passe de commentaire, souvent
des jeunes gens qui ont l'habitude des combats de rue, puis
que souvent ce sont des rencontres qui se terminent par des
bagarres. Aujourd'hui, Michel à votre gauche, Moda Diop à
404
votre droite,
le coup de poing est parti. Niais Michel, est un
encaisseur et donc, tout ça ne semble pas l'inquiéter. Il n'y a
qu'un truc qui pourrait l'agacer : recevoir un coup au ventre ;
il peut admettre les coups n'importe où, excepté au ventre.
Oui Michel peut tout encaisser sauf des coups au ventre ;
d'autre part je crois savoir que Michel, de tous ses combats,
n'a comptabilisé qu'une seule victoire, seize combats donc, et
une seule victoire, les quinze autres combats, comme vous le
savez. Eh OUI vous pouvez faire la déduction qui s'impose. Eh
oui, Michel, oui, non il ne faut pas cibler le ventre parce que
Michel ne supporte pas, ah ça non, le ventre il ne faut pas, de
temps à autre, ce genre de coups le fait gémir, c'est alors qu'il
se décide à abandonner, attention, Michel, attention ...
405
EXTRAIT SERlVION
SUR
L 'ISLAlVI
RADIO
DIFFUSION
Islam li mu ittewoo jëkk mooy (bruit)
ak itam jàngale
jikko yu baax ndax bu jikko yu baax amuI ci nit ni du nu mëna
déggoo 1 du nu mëna ànd 1 du
nu dimbalante 1 ba teyit
maanaam Yalla ci la technologie bokk Il ndax technologie
bu amuI developpement
du am 1 lum mëna doon nu di ko
liggéey 1 da fiuy took xalaat ko 1 bindd ko ci këyit 1 borom
xarnxam yi werante ka ba d'accord ni ban ko defee nii sun ko
defee nii man na jur Iii ak Iii 1 boo gise bun defaree usine
a k
lu fi (bruit)
ba mana liggéey nangam par at : nangam jooju
bu nu ko jaayee di na indi nangam ci xaalis 1 di na maye nu
embaucher
nangam Cl ay nit 1 dana jërifi nangam ci réew mi
1 loolu mooy technologie il faut
nu xalaat ko Il 1601 lépp nak
lislam indi na ko 1 ci la industrie
bokk ci la mbéy bokk 1 mbéy
nak mëtna fonkk ndax mooy métier
mi nit njëka def ci adina
1 ndax wax nan ne fiaari doomu Aadama ya 1 ya Aadama jëka
jur 1 mook Hawa 1 nu leen di wax Xabiil ak Nabiil te ci (bruit)
1 nu ne fianga nekkoon Cham 1 maanaam fi Syrie nekk tey 1
ûoorn fiaar ficofiu fa la kenn ki reyyee moroom ma sax 1 nee
nafiu fioofiu bey la nu jëkka def Il kon nak mbey am na solo 1
am na njëriû 1 kon Iislam diine tédd la 1 donc diine liggéey la
Il su neexoon Yal1a mu taabal lépp ci asaman, lu nit soxla rekk
1 waaye mu ne putt ci sa kanam 1 Yalla mën na ko. Xam nga ?
1 Waaye nee na maa lankk duma ko def 1 fokk nga sonn
jëkk 1
406
fokk nga sabab lu / ma sogla jërin / moo tax lislam li mu gëna
ittewu
jëkk
mooy
yarr
/
éd u c a t ion
ak
tarbiya,
mu
ne
Mohamat
(paroles
arabes du
Coran)
/ damalaay y6nni ci
nit fiaar /t.
Ci
mbindeef yi
sax
nit
ak
jinne ndax mission
w 1
Mohamet
ci la jinne yi bokk / Yalla ni ko damalay yonni ci
fiëpp pour nga jàngal leen / nga yarr leen fiu am jikko yu baax
fiu xam sama yoon / lima tëral nu respecter
ko kenn ku
nekk muy liggéey jërifiu :/ nit iii seen dund mana yokku / nga
nekk itam lamp boo xam ne da ngay leeral nit iii / yow sa
yoon maa koy leeral / foo aw leeral naa ko / nit iii topp si sa
ginnaaw / su ko defee seen lépp baax seen lépp leer / waaye
nak balaa ngaa yarr nit dankooy gëna yaru / ku yaruwul doo
mëna yaraate / moo tax Yalla, M.o h a met
la jëkka yarr /
ndaxam de yit ...
407
TRADUCTION
Un des premiers préceptes de l'Islam, c'est (bruit) mais
aussi il préconise les bonnes habitudes car sans celles-ci, les
hommes n'arrivent pas à vivre en symbiose, dans l'entente
parfaite, la solidarité,. Il y a également que la religion englobe
la
technologie,
car
sans
technologie,
il
n'y
a
point
de
développement. Il faut savoir que toute réalisation matérielle
est le produit d'une réflexion bien menée par des savants,
d'une
théorie discutée,
vérifiée
; de
ce
fait
cette
théorie
permet d'engendrer des choses. On fabrique une usine, celle-
ci
produit
tant
d'articles
par
an
ces
articles
vendus
rapportent tant d'argent ; cet argent permet l'investissement
qui lui même
permet la création d'emplois ; ce qui contribue
au développement du pays. Telle est la technologie. On doit y
penser et l'Islam l'a fait. La technologie englobe l'industrie,
l'agriculture
l'agriculture,
c'est
quelque
chose
de
très
important car c'est le premier métier de l'homme sur terre.
En effet, l'histoire rapporte que les deux enfants d'Adam, ses
tout premiers fils avec sa femme Eve, Xabiil et Nabiil, vivaient
à Cham (dans l'actuelle Syrie). D'ailleurs c'est li cet endroit là
que l'un des frères a tué l'autre. On dit que leur première
activité, c'était la terre. C'est dire que l'agriculture est très
importante et utile. C'est aussi la preuve que l'Islam est une
très grande religion donc une religion du travail. Dieu peut
tout
envoyer
sur
terre
à partir
des
cieux,
tout
ce
dont
l'homme a besoin, tout peut lui tomber du ciel par sa seule
volonté, Dieu peut tout comme vous le savez ? Mais il a refusé
408
catégoriquement de le faire, parce qu'il entend que l'homme
s'habitue à l'effort, à l'endurance, l'épreuve avant de pouvoir
jouir du profit, et c'est la raison pour laquelle l'Islam privilégie
l'éducation, la droiture : éducation et discipline. Dieu a dit à
Mohamet en personne (paroles arabes du Coran) : "Je t'envoie
auprès
des
humains
afin
que
tu
leur
communiques
deux
choses , ou plutôt chez les créatures" car il y a les humains et
les jinn, vu que la mission du prophète englobe une partie
concernant les jinn. Dieu lui dit donc : "Je t'envoie chez toutes
les créatures afin que tu leur transmettes la connaissance,
que
tu
les
éduques
pour
qu'ils
acquièrent
de
bons
comportements, pour qu'ils connaissent ma loi (voie), ce que
j'ai ordonné qu'ils le respectent, que chacun sache travailler
et vivre du fruit de ce travail, que chacun puisse améliorer sa
condition d'existence. Je t'envoie pour que tu sois la lampe qui
éclaire les humains, quant à ton chemin, c'est moi qui me
charge de l'éclairer. J'illuminerai partout où tu devras passer,
et l'humanité suivra tes pas en sorte qu'elle· prospère dans la
clarté. Mais avant de pouvoir éduquer les autres, il faut qu'on
soit éduqué soi-même. Quiconque n'est pas éduqué ne pourra
éduquer personne ; et c'est pourquoi Dieu a d'abord éduqué
Mohamet
avant
de
l'envoyer
éduquer
l'humanité.
D'autre
part...
409
EXTRAIT D'UN JOUR1~AL PARLE EN 'VOLOF
Mbirum doxalinu administration
maanaam am na benn
jotaay goo xamne ubi nafiu ko / fiaar ni nga xamne fioo war
toppatoo lëpp lu jëm ci di xarelu mbir Yl / nu leen di wooyee
inspecteur
général
d'état / ak di
seet
mbir
yi
ndax
tëkkoofiu naak yoon / jetaay ga goo xamni ka kooy ubbi moodi
Babacar Néné Mbaye
ci turu ministre
d'état
Jean
Collin
/ moodi jotaay bi ubbi na nu ko fa boo xamni dafa jaar lé leek
nu seet mbir yi fun ci toll te yit tam seet fiak / doxalin yi
dëkkoona ak chartes yi nu tëral walla déet / ndax üaare dëgg
la amaana ay chartes yi nu tëral walla déet / yoon doon ay
chartes
yu eh / dëggaatu nu jamano / waaye yi tam ûaare
doxalin yi nga xamne moom la nit ni doxal (bruit) na') ci yu
bare ci yaq boo xamne moo laxasu cini nu waroon doxal // Ca
réewum
Comores
na ka dimanche
jii / ca la fiuuy def
fiaareel bi woote ngir seet ni nga xamni fioo fa doon xëccoo
dimanche ji ngir wutu présidence
Hamed
Abdoulaye /
kan moo ci wara daq / Ca Pakistan
suuf si yëngatuna / Lu
tolloo fukki nit ak benn faatu nanu fa / Ca Afrique
g a
Prétoria
nekk fietti téeméer ak fieent fukki nit ak fiett üco
xamne dun leen japp ci wallu politique
/ tëj leen ca kaso
(cachot)
ba / lank nanu ne du nu lekk ay fan a ngi / leegi nak
nu ngiiy sakku ni da nu bugga gise ak président De Klerk /
wax ak fiaar ci ay jawrifiam / Amna fieneen fioo xamni fioom
tamin dan leen japp be fietti fukki nit ak fieent / wallu si nanu
leen ci xiif boobu / wax nanu itam ne fukki nit ak benn di ay
410
mbokku fioo xam ne japp nan leen eh te nu demoon fioom
itam di wax daal ni lu seeni mbokk yi nekkee mettina / fioorn
itam japp nafi leen yobu ca kaso ba. Loolu mbokk yi moodi
xalaat yi fi dikkoon waroon leen jottali / fiur,) leen di fiaanal
j amm / wa salaam.
4 l l
, !
TRADUCTION
Concernant l'organisation du
système administratif,
on
annonce
l'ouverture
d'un
séminaire
regroupant
ceux
qUI
veillent sur les affaires de l'Etat, (et qu'on désigne sous le nom
d'Inspecteur général d'état) et qui vérifient si ces affaires sont
conformes
aux
lois et règlements.
C'est monsieur Babacar
Néné Mbaye qui a ouvert les travaux au nom du Ministre
d'Etat Jean Collin. Ce genre de réunion s'impose parfois en ce
qu'il permet de faire le point et de contrôler. les activités de
l'administration pour VOIr si elles sont en adéquation avec les
lois ; en effet, il est vrai que parfois on arrive à constater que
certaines lois ou dispositions générales sont quelque peu en
déphasage avec l'actualité, sont obsolètes, mais également on
note que bien souvent de nombreux problèmes relevés dans
la conduite des affaires de l'administration relèvent de la faute
de gestion (gabégie, détournements de fonds publics etc ... o.
C'est dimanche
prochain
qu'aura
lieu
le
second
tour des
élections présidentielles aux Comores. Il s'agira de désigner
parmi les candidats en lice le successeur du .président Hamed
Abdoulaye. La terre a tremblé au Pakistan. Il personnes sont
mortes.
A
Pretoria,
en
Afrique
du
Sud,
340
(trois
cent
quarante)
personnes arrêtées pour des
motifs politiques, et
emprisonnées,
ont
entamé
une
grève
de
la
faim
depuis
quelques jours. Ils
cherchent à rencontrer le Président De
Klerck ainsi que deux de ses ministres. D'autres personnes ont
également été arrêtées. ; trente cinq personnes sont venues
les
soutenir dans leur action ; on
annonce
aussi que
Il
412
personnes,
des
parents des
prisonniers,
ont été
arrêtées
et
écrouées
alors
qu'elles
étaient
venues
manifester
leur
inquiétude à propos de l'état de santé des grévistes. Voilà
chers
parents
les
nouvelles
qui
nous
sont parvenues,
que
nous devions vous transmettre. Nous vous souhaitons paix et
tranquilli té.
413
"--"',1
PELERINAGE A LA lVIECQUE
INFORMATIONS POUR LES
PELERIN:S
RECIT DU PELERINAGE RADIO TELEVISEE
EXTRAIT
Bi fiuuy laata génn nak def nafiu seern farata ci wallu wu
jern ci mbiri police ag it ci mbiri douanes 1 bi nu gennee fekk
na nu waa Commission bi taxaw tekkal leen baüy dugg
Cl car
yi leen di
wara yobbu Médinatul
Mouna
wara .
Muuy
docteur, di sage-femme di ndawum banque / këpp ku bokk
ci kuréel gi taxaw nga ngir nga dimbale ujaaj yi be benn
rëqrëq bafia am ci lenn ci seen fiow bu mak bi ni fiow fii ci
makatal mu karaba 1 fielo ci kuréel gi yeeg ak wace ujaaj bu ne
di nafiu jël sa passeport
bind sa tua ci ab liste
buuy xamle
ujaaj bu ne 1 car
bum wara dugg Il ni ngeen ko gisee / amna
Cl sax nu jota ut ay yoobal laata nu dugg ci car yu climatisé yi
/ war leena yobbu Médinatul muna wara
Il ni yore wër gu
yaram gi doxal nafiu seen liggéey ndax ndaw ~i ngeen di gis
doom yi muuy joxe day aar sunu ujaaj yi ci bëpp feebar Il nii
nak la ko kuréel gi jappoo saa yu abion (avion) j6ge Sénégal
aksi ci Djeddah
ba üaar junni ak fietti téeméer ak fuk.k ak
fietti ujaaj aksi fi ak jamm ak salaam Il ginnaaw bu nu defee
fieenti téeméer ak fanweer ci kilomètre
Cl yoon wi nu tuddee
yoonu gaddaay ga 1 muuy fii Mouhamed
Salalaahu Salaam
jaaroon : la nu soga eksi nak Médinatoul
Mouna
wara.
Climatiseur /
téléviseur /
douche
/
maanaam
lépp
100
414
-c, • . J
xamne Iii da na neexal sellal nekkuwaayu nit ci barab bu sell bi
Il Jigéen ak goor am ku ci nekk sa dëkkuwaay 1 raxca dolli
dëkkuwaay doon yu jegefi jakkay Mohamet Ibn Abdallah Il
Loolu may leen fiu mun di julli waxtu wi jurôorn di def seeni
naafila 1 di fiaan si barab bu sell
bi Il fii fiu leen di dalal 1
néek boo dugg amna climatiseur te sun diggante ak fi nu
wara soxal 1 muuy jumaa bu magg
bi à peu près
trente
mètres, quarante mètres
la 1 soo jugée agg ci juma ji 1 def
sa farata dellusi waat sa dëkkuwaay (silence).
Locut. femme
Dëkkuwaay baax na torop 1 bi
nu nowee be
tey daal
vraiment
fiun fiépp nUQ fiuuy toppatoo 1 yaatu na 1 dafiuuy
nettoyer douches
yi 1 dafiuuy defar daal chaque
matin
/
ascenceur
amna fi aussi.
Locut. homme
Bokk na ci li gëna firneel liggéey bu am solo bi fiu séetlu fii
1 wallu wër gu yaram ujaaj yi ndax bloc
bu nekk amna ay
ajkat yoo xamne yii saa yu nu xëyee suba nu ngiiy seet ujaaj
yi ku si feebar nu faj la 1 di xéol seen te n s io n
bu ci dugga
hôpital
waree yit nu def ko 1 gis ngeen ko garab ak lépp 100
xamne Iii day aar amnafi ndax kat wër mooy taxa def say
farata yépp Il.
Lii nak 000 ko grsa ndoo 1 ay wafi sunu jiggéen YI wone
seen
manin
1 Hi
nak
bu
mënee
am
lu
nu
wara
sant
gouvernement bu
Sénégal
la 1 Cl biir waxtaan ba juboo SI
415
'-1
lanu waa rée wu Arabie
Saoudite
nanzule nu / maanaam
'-"
togg ay fiam yoo xamne yii sunu fiami réew la / ndax ginnaaw
bu lakk ga fa arnoon waa Arabie
Saoudite
nangootufiu woon
ay ujaaj yu j6gee ca yeneen réew fiow di togg sa seen biir am
réew 1 kon Iii feefial na fonkk goo xarnne ci ki fi fay Arabie
Saoudite fonkk nan ko /sufiu réew 1 fonkk ko yit 1 ki ko jiite
Il kon ni ngeen ko gisee ni 1 fason toggin bu ne arnoon na fa 1
ku ko xarn muuy ceebu jën mbaa rnuuy rnaafe mba muuy
beneen togg bu mana doon 1 lépp nak nu tëral ko ci ay charte
fiuuy sellai togg gi 1 ci biir loolu arnoona fa kuuy toppatoo nam
yi ndax daf diiy dëkku tàngoor ba fiam yaqu dafa gaaw 1 ci
wallu gaafiu amoona fioo xamne fiii dan fa téewoon ngir di am
ap farlu ag it ak séetlu pour rnëna aar lépp 100 xarnni daay indi
Geer ?) Il
Medinatoul
Mouna
wara,
Médinatoul
Rassoul
/
b e
kaa noon ya deey xeex ca Makka 1 fiii ci ûoo ko téeru teral ko
doléel ko 1 tabax fi jaakaarn jinga xarnne jii 1 benn julli foo fi
julli weecee na junni julli ci beneen jakka.
416
,
1
TRADUCTION
Avant
qu'ils
ne
sortent,
ils
se
sont
acquittés
des
formalités de police et de douane. A la sortie de l'aéroport, ils
sont accueillis par la commission, qui a affrêté un car pour les
transporter
à
Médinatoul
Mouna
wara.
Qu'il
s'agisse
du
médecin, de la sage-femme, de l'employé de .banque, toutes les
personnes utiles ont été réquisitionnées pour la circonstance,
en
vue de
faciliter
le
séjour des
pélerins,
afin qu'ils
ne
rencontrent la moindre difficulté au cours de ce grand voyage
en terre sainte. Les membres de la Commission se" chargent de
récupérer
les
passeports
des
pélerins,
de
transcrire
leurs
noms sur la liste des transporteurs, et comme vous pouvez le
voir, les pélerins ont même la latitude de faire leurs courses
avant de prendre place dans les cars climatisés qui doivent les
conduire à Medinatoul Mouna wara. Les services de santé ont
fait leur travail ainsi que le montre l'image de cette dame qUI
distribue
des
comprimés
pour
la
prévention
de
multiples
maladies. La Commission a aUSSI affrêté un certain nombre
d'avions
au
départ
du
Sénégal
pour
Djeddah,
avec
une
capacité totale de 2.313 pélerins, qui ont pu être acheminés
dans la paix et la tranquillité. C'est au bout de 430 kms sur la
route dénommée "le chemin de l'exil" (celui là que le prophète,
"paix sur lui" avait emprunté) qu'on atteint Médinatoul Mouna
wara.
Climatiseur, téléviseur, douche,
tout ce qUI a trait au
confort
personnel
des
pélerins
devant
rendre
son
séjour
417
-. 1
agréable a été prévu.
On a prévu des lieux d'hébergement
pour les femmes et pour les hommes, avec l'avantage que ces
lieux ont été choisis à proximité de la Mosquée de Mohamet Ibn
Abdallah. Ce qui permet aux pélerins de pouvoir y accomplir
les cinq prières ainsi que le "naafila", d'avoir le privilège de
prononcer des voeux dans ce lieu saint. A l'endroit où ils sont
installés, toutes les chambres sont climatisées et la distance
qui sépare la résidence de la grande mosquée est réduite ainsi
à environ 30 ou 40 mètres, de sorte qu'on peut y remplir ses
obligations et revenir aussitôt.
Locut. femme
Les logements sont confortables. Depuis que nous sommes
arrivés,
on
n'a
pas
manqué
de
s'occuper
de
nous.
C'est
spacieux,
les
douches
sont régulièrement
entretenues,
tous
les matins ; il Y a également des ascenceurs.
Locut. homme
Ceci fait partie des faits qui prouvent l'important travail
abattu
ici
dans
le
domaine
de
la
protection sanitaire des
pélerins : un personnel médical est affecté à chaque bloc pour
contrôler la santé des pélerins, soigner les maladies, vérifier la
tension,
les
hospitaliser
en
cas
de
besoin.
Vous
l'avez
remarqué, il y a des médicaments et toute sorte de matériel
destiné à la protection des pélerins car il est indispensable
418
d'être en bonne santé pour être en mesure d'accomplir toutes
les obligations du pélerinage.
Comme nous pouvons également VOIr, il s'agit de nos
ressortissantes en
pleine activité culinaire.
Cette possibilité
(offerte aux femmes) de prendre en charge la cuisine, est à
mettre
à
l'actif du
gouvernement sénégalais,
qui
a pu
la
négocier avec l'Arabie Saoudite. En effet depuis le dernier
incendie,
l'Arabie
Saoudite
interdit
aux
pélerins
étrangers
d'organiser la cuisine communautaire. Cette dérogation offerte
à notre pays est le signe que l'Arabie Saoudite a beaucoup de
considération
pour
notre
pays,
et
cet
attachement
est
réciproque. Comme vous pouvez le constater, tous les plats
nationaux sont disponibles : le ceebu jën, le "mafe" ou tout
autre plat ; le tout étant exécuté dans le strict respect des
normes
d'hygiène.
Il Y avait des personnes chargées de contrôler les mets
étant donné qu'on est dans un contexte de pays chaud, et que
les
plats
peuvent
tourner
très
rapidement.
Concernant
la
prévention des blessés, on a également diligenté une équipe
pour la surveillance et la protection.
Médinatoul Mouna wara, Médinatoul Rassoul, quand les
ennemis le combattaient à la Mecque, ce sont les Médinois qui
l'ont accueilli, protégé et armé, qui lui ont également construit
une Mosquée ; une prière faite dans cette mosquée équivaut à
1.000 prières dans toute autre mosquée.
419
EXTRAIT FEUILLETON TELEVISE
"UN D.G PEUT EN CACHER UN AUTRE"
PRODUCTION RTS SENEGAL
LI
Détacher
nga hebdomaire
u essence
yi?
A
une
partie
du
personnel,
quarante
litres
personnelles
?
L2
Waaw
c'est-à-dire
1 waaw ay cadre
yu nekk SI
kër gi la nu.
LI
Anhan
?
L2
Comme
d a fi u u y
utiliser
seen auto
1 di ko
liggéeyee 1 DG
Diakhate ne pour nu may leen ci
fêtes yi 1 nu seeti seen famille 1 nu defal leen cette
petite faveur là
Il.
LI
Waaw
mais
chaque
jour ku ciiy employer
voiture de service dan lay jox essence
?
L 2
Waaw mais
kii mooy li ma la expliquer daal 1.
LI
Anhan ? Il chapitre
bii nak lu mu signifier
?
L 2
Kii ay prêts
yoo xamne yii 1 D.G
Diakhaté moo ko
defaloon partie personnel
bi 1.
420
LI
Waaw
mais
Monsieur
Diaw,
n'est-ce
pas
que
VOUS
êtes
comptable
?
Et
en
matière
de
comptabilité
y
a
des
règles
très
élémentaires,
mais comment se fait-il que
fii nu fiiy consentir
des
prêts
à
une
partie
1
à
une
partie
du
personnel depuis plus de six mois
te
gisuma fi
benn
cha pit r e
boo
xamne
bii
def
nan
s t
remboursement
?
Mais
atte bOIT fey la Il.
L2
Waaw 1 xam
nga
man
1 il est vrai je suis le
comptable
de
la
maison
1 waaye
nak
dan
ma
,
..
yoone
bon 1 ne
ma feyal
1 ma fey 1 quant
a
rembourser
et
comment
rembourser
1 je
n'ai
reçu
aucune
instruction
Il.
LI
Anh jottoo
benn
instruction
? / Dans / à partir
d'aujourd'hui
1 dinaa la jox ay instructions 1 te
nga déglu bu baax Il dotations
essence yi il n'est
plus
question
que
nu jox à qui que ce soit
a y
essence
quarante
litres
par
semaine
Il na dëfi
tey Il et je vois que nu üuuy jox essence
ak fiii
üuuy jox xaalis 1 même
groupe
d'individus YI la 1
donc il existe à la Sonac une caste
boo
xamne
dafiu am privilèges
boo xamne moo ëpp privilèges
yi fienn ni am 1 dey
dën Il.
Deuxièmement képp ku ameel société bi xaalis na
ko rembourser
jusqu'au
dernier
centime
1
couper directement à
la
source
et
à partir
de
421
<, ·1
cette .fin de mOLS képp ku ameel société
bi na fey
1 c'est clair
?
L 2
Oui c'est clair d'accord.
LI
Pardon
n'est-ce pas
que
Monsieur
Diaw
Il kan
la ?
L2
C'est
•
A
mot-meme,
LI
Aah yow la ? aah bon Il et
sans
exception képp
leu ame
na fey d'accord
?
L 2
D'accord.
422
"
1
TRADUCTION
LI
Avez-vous
détaché
les
bons
hebdomadaires
d'essence
?
A
une
partie
du
persorinel
quarante
li tres personnelles ?
L 2
Oui, c'est-à-dire, OUI,
il s'agit de cadres de la maison
(de l'entreprise).
LI
Ah bon?
L 2
Comme ils utilisent leur voiture pour ie· travail, DG
Diakhaté avait demandé qu'on leur fasse cette petite
faveur, pour leur permettre de se rendre auprès de
leur famille pendant les fêtes.
L 1
Oui mais cela veut dire que chaque jour on donne
des bons d'essence aux gens qui utilisent les voitures
de service ?
L 2
Oui mal ça, c'est ce que Je viens de vous expliquer
quOI.
L 1
Ah bon ? et ce chapitre là. qu'est-ce qu'il signifie ?
L 2
Là il s'agit de prêts que le DG Diakhaté avait consenti
à une partie du personnel.
LI
Oui, mats Monsieur Diaw, n'est-ce pas que vous êtes
Comptable ? Et en matière de comptabilité y a des
423
,
1
règles très élémentaires, mais comment se fait-il que
vous ayez consenti des prêts à une partie , à une
partie du
personnel, depuis plus de six mois alors
que
ne
figure
nul
chapitre
indiquant
le
remboursement
des
sommes
dues
? Mais
rendre
justice à la dette c'est la payer.
L 2
Oui, vous savez moi / il est vrai que Je SUIS le
comptable de la maison mais il se trouve qu'on m'a
envoyé des bons pour que je paye, j'ai payé. Quant à
rembourser
et
comment
rembourser
je
n'ai
reçu
aucune
instruction.
L 1
Ah, vous n'avez reçu aucune instruction ? Dans, à
partir
d'aujourd'hui,
Je
vais
vous
donner
des
instructions.
Et
écoutez
bien
s'agissant
des
dotations
d'essence,
il
n'est
plus
question
qu'on
donne à qui que ce soit 40 1 d'essence par semaine,
c'est fini à partir d'aujourd'hui. Et je vois que ceux
qui
reçoivent
l'essence
et
ceux
qui
reçoivent
les
prêts
en
argent.
constituent
le
même
groupe
d'individus...
Donc
il existe à la Sonac une caste
d'employés
privilégiés
qUI
se
partagent
tous
les
avantages au détriment des autres.
; que tout cela
cesse.
Deuxièmement,
toute
personne
qUI doit de
l'argent à la société devra le
rembourser jusqu'au
dernier centime
; ce sera retenu directement à la
source et à partir de cette fin de mois. Quiconque doit
à la société, paiera. C'est clair ?
424
L 2
Oui c'est clair, d'accord.
LI
Pardon, n'est-ce pas que Monsieur Diaw, c'est qUI ?
L 2
C'est moi-même.
LI
Ah c'est vous ? ah bon ! Et sans exception quiconque
doit devra payer, d'accord ?
L 2
D'accord.
425
. -
1
L 1
Waaw / mais bijoux
bu rafet bii nak ku ko moom ')
L2
Merci
ci surprise
bi / fi mu ne xale yi da nu
kontaan ba
dof 1
L 3
Yakamtinaa
seetaan
"famille
Carrington"
en
couleur.
L 4
Waaw yaay Kristelle rekk la bugga gIS quoi 1 en en
en
couleur 1 xam naa.
LI
Kristelle
ak: Carington
ak: / be tey waxaguleen ma
lu fi indi télévision
couleur bi.
L 2
Ouh, yow bayyil caaxaan 1 surprise day Il du yaa
ko commander
?
L I M a n ? aah non 1 attention
mosuma co m man de
télévision
couleur.
L 2
Benn waay de moo ko fi indi nee na Président
des
Commerçants
moo ko fi y6nni.
LI
Président
des
commerçants
?
Xanaa
xamna
fim
joge ? j'ai
compris.
L3
Waaw,
papa
xaaral ma brancher
book antenne
bi 1 léegi mu commencer
?
LI
Eeh xoolal 1 toogal fii Il Dynasteek 1 fara calcalak
kum munti doon 1 di ngeen ko
seetaan mais
en
426
noir et blanc / comme d'habitude Il han 1 buma
fi kenn brancheel Iii 1 dindil leen ma ko 1 dellool leen
ma ko ci caisse
bim newoon 1 te sama noir
et
blanc 1 fa mu nekk 1 ci kër gi 1 branche
waatal
leen ma ko fi han Il.
427
TRADUCTION
LI
Oui, mais à qui c'est ce superbe bijou
L 2
Merci de la surprise. Les enfants sont fous de joie.
L 3
l'ai hâte
de
regarder la
"famille
Carrington"
en
couleur.
L 4
Ah oui, maman moi c'est Kristelle que Je veux VOIr
en en en couleur quoi, tu sais.
LI
Kristelle, Carrington, vous ne m'avez toujours pas
dit qui a apporté ici cette télévision couleur !
L 2
Ah, tu vas être sérieux ! N'est-ce pas que c'est toi
qui l'a commandée ?
LI
Moi, aah non ! attention Je n'ai jamais commandé de
télévision couleur moi
L 2
Ben c'est quelqu'un qUI l'a apportée, de la part du
président des commerçants.
LI
Président des Commerçants ? Je suppose qu'il sait
d'où cela vient. Bon j'ai compris.
L 3
Oui, Papa, attends que je branche alors l'antenne, ça
va bientôt commencer.
428
LI
Eeh, tu me SUIS, reste là. Qu'il s'agisse de Dynastie ou
de
tout
autre
feuilleton,
vous
le
regarderez
sûrement, mais en noir et blanc comme d'habitude
hein, il n'est pas question de brancher ça ; retirez-
mal
cette
télé
et
remettez-la
dans
son
carton
d'emballage et vous voudrez bien me replacer ma
télé
noir et
blanc
et
la rebrancher comme
avant
d'accord ?
429
'. 1
UNE PIECE DE DAARAAY KOCC
THEATRE
POPULAIRE
EXTRAIT
L 1
Waaw yow foo nekkoon ?
L 2
Waaw yaay yowitam maa ngi an be pare / tëdd di
nelaw rekk nga di ma woo / ma man
man dama
sonn /
L 1
Yow daal li ngay nelaw man yaakaar naa di na ëpp /
looy nelaw nii ?
L 2
Waaw ki an be pare da ngay sieste yow tam ma man
Il waay.
L I A I hamdoulilaayi rabil aalamina Il.
L 2
Maa ngi nii cinq
heures da ma wara dem ville /
nga di ma yaqal sama nelaw / lan la ?
L 3
Salamalekum.
LI
Moo yeen Ramatoulaye / nga nga def / ça va ? Gan
a
ngook // yow tooga fii / aah yow de Yallah la indi
/
430
L3
Han?
L 1
Da ma naroon def li may def be pare 1 fiow sa kër.
L3
Lan la ?
LI
Aah mbir amna Il Baa neena alxamis lan koy maye.
L3
Ahan ?
LI
Waaw.
L 3
Mbaa fiakko fayda.
LI
Ci lan ?
L 3
Aah waawaaw 1 xamoo daal ci lan ? Sa doom ji nga
xamne tubaar fa kala sax 1 mel nam wara mel 1 nga
jur ko fal] ka wara jur Il waay dëkk bi nga xamne
looy jënd da kooy jarr 1 han ? mbubb sax boo kooy
jënd da kooy jarr waxatimaa nit ak i noppam nga
war cee laaj kër.
L 1
Laaj naa ko di.
L3
Loo laaj ?
LI
Montre,
cinquante
mille francs
ag up radio.
L 3
(Rires
aux
éclats).
431
,
1
L 3
Laaj na ko lu bari kat 1 eey JJ b ay a 0 (ironique et
moqueur)
L 1
Aah laaj naa ko lu bari de.
L 3
Yow sa doom ji nga war cee am auto
(oto) 1 war cee
am kër 1 wara laaj fiaar fukki junni 1 may gu jëkk 1
wara laaj
warugal 1 jiroom fukki junni 1 man noppi
naa ci jooju wax 1 da ma la doon yëgal si Il.
L I Nakka xam lu mu waral ban na 1 xam nga man dama
nekk si ndakaaru te xawma dara lu geej giiy riir 1
yaay sama xarit 1 yaay sama doomu ndey 1 gis nga
1 dama lay woo dëj la sama wet 1 lu ma wara doxal
yaa kooy doxal 1 yow laa ko
ndeyal Il.
L 2
Waaw yaay 1 waaw sa doom jan la fiuy maye ?
L 1
Xanaa yow.
L2
Man? kufi ma may ?
LI
Mamadou
Lamine.
L2
Nga ne ma ?
L 1
Mamadou
Lamine Ndiaye
mi yaroo fii ? si kër gi.
L 2
Nu naan kii mooy jëkkaru Rama ? non non 1 Kooku
yow tamin ? Aah non IILamine 1 Séer bi nekkoon
fii si bir kofi
bi? Xaleyi fioorn sax, fioom sax dufiu Il
432
maman
1 yow tam / xoolal diplômes yi ma am /
xoolal sama personnalité yow tamin 1 yaa boy boa
maay jox 1 sama naatango 1 mais pas Lamine
aah
non 1 Lamine
kay nak 1 moom moom moom 1 ak
kum muntidoon 1 non Lamine did 1 Seuteu teu teu
teu teu
te Il Wax ma keneen yaay nak mais
bu ma
wax
Lamine Il.
L 1
Moo doom bul def noonu nak.
L 3
Ramatoulaye (bruit)
wax dëgg Yallah gIS nga yëf
yi mbokk la.
433
--'·1
1RADUcnON
LI
Ah OUI, OÙ étais-tu ?
L2
Mais maman toi aUSSI, tu sais bien, j'avais fini de
manger, j'étais en train de dormir, et voilà que tu
me réveilles ! Je suis fatiguée maman
L 1
Tu ne trouves pas que tu dors un peu trop ? Ca
commence à prendre des proportions. Qu'est-ce qUI
se passe?
L 2
Mais c'est tout à fait normal qu'on fasse la sieste
après manger non ? oh maman voyons.
LI
Dieu soit loué!
L 2
A cinq heures je dois me rendre en ville et tu me
gâches ma sieste ? qu'est-ce qu'il y avait ?
L 3
Bonjour.
LI
Quelle surprise ! Comment vas-tu ? Ca va ? Nous
avons un hôte. Prends place ici. C'est la providence
qui t'amène
L 3
Hein?
L 1
J'allais finir ce que j'avais à faire pUIS passer chez toi.
L 3
Qu'y at-il ?
434
<,
1
LI
Aah un grand événement
Bâ a décidé de donner sa
fille en mariage jeudi.
L3
Ah oui?
LI
Ouï.
L 3
J'espère que tu ne te laisseras pas faire
L I A quel propos ?
L 3
Ah oui, tu ne sais pas ? Quand on est la maman
d'une fille aussi superbe
tu sais bien que dans ce
pays, pour obtenir quelque chose on y met le prix, à
fortiori lorsqu'il s'agit de personne en chair et en os,
et que tu devrais exiger une maison.
L I M a i s j'ai demandé des choses.
L 3
Qu'as-tu demandé ?
L 1
Une montre, cinquante mille francs et une radio.
L 3
(Rires aux éclats).
Oui
c'est
beaucoup
ça,
décidément
Mbayang
(ironique et moqueur)
L 1
Ben oui j'ai demandé plein de choses.
L 3
Tu ne sais pas qu'avec ta fille tu pourrais obtenir
une voiture, avoir une maison, exiger 100.000 F de
435
··..... ·1
-i
dot, demander une compensation de 250.000 F ; ton
attitude
me
dépasse.
Parlons
d'autre
chose, j'étais
venue te dire que ...
LI
Qu'est-ce que j'en sais moi de tout cela ; tu sais, moi
Je VIS à Dakar, mais je ne suis pas du tout au parfum
tu
sais
que
tu
es
mon
amie,
ma
soeur,
ma
confidente. Je te laisse le soin de t'occuper de tout ça,
tu seras la maraine.
L 2
A propos maman, tu parles de quelle fille en termes
de mariage ?
L 1
Eh bien de toi
L 2
de moi ? Et qui donc me prend en manage ?
L 1
Mamadou Lamine.
L 2
J'ai mal entendu ?
LI
Mamadou Lamine Ndiaye, qUI a vécu ICI dans cette
maison
L 2
Peut-on imaginer un
instant les
gens
dire
de
lui
"Voilà le mari de Rama" ? non, non ! Ah ça non alors
! aah non ! Lamine ce péquenot qui a vécu dans ce
quartier ? même les enfants, même eux ne... Maman,
allons,
tu
as
vu
mes
diplômes,
avec
toute
ma
personnalité,
tu
voudrais
que,
maman
chérie,
tu
peux choisir de me donner mon bonheur, mais pas
436
Lamine, aah non, Lamine !! lui, lui, lui, quiconque
excepté lui, non Lamine non, oh lala lala lala. Parle-
moi de quelqu'un d'autre, je t'en prie mais ne, de
grâce, ne me parle pas de Lamine.
L 1
Je t'en supplie ma fille, ne me fais pas ça
L 3
Ramatoulaye (bruit), disons-le, au fond, tu sais c'est
une affaire de parenté.
437
'. 1
ex e m pie
1 da ngay gIS ku la gëna mag 1 par
exemple nga dugg ci bus nga jox ko mu took 1 loolu
signe de respect
la Il walla nga jeegal ko tali waHa
dara 1 on
ne peut pas
dire
qu'au
Sénégal
que
jeunes
yi respecte
wu nu nit nu leen gëna mag
daal Il forcement
ici
au
Sénégal on
dit que les
jeunes
ne
respectent pas
les
aînés
/
alors
que
c'est
faux.
L12
M
Youssou
Ndour
moom 1 afin
jcg na de
léegi nu
bari 1 même
man sopp naa ko 1 musique
am sax
neex
na
torop
waaw
ça m'intéresse
beaucoup
parce que
day wax Iii 1 lee 1 lu kii 1 lu dëgg quoi 1
par
exemple
suuy wax/x Il xawma 1 disque
am
boobu
mu
waxoon Il xawma bugguma
am
doom
xawma Il oui 1.
Lo hu hum 1 lan moo la ci capter ?
L 2
Bon ma doon ci capter affaire
kii 1 kii uni 1 ci kii 1
Un ic ef yi quoi 1 bon xam nga 1 bon nu 1 ni kii 1 ni
am doom be pare 1 nu kooy rejeter
be pare 1 ni
kooy ban 1 tekk ko ci yoon bi
mi 1 mn 1 dem noonu 1
fin, je crois que ça 1 ça confronte avec ce problème
de gens là 1 concerne avec un peu Il ce problème là
Il.
Waaw neex na ma torop 1 waaw 1 woo wëy (oui oui)
pas
que Il c'est la
musique,
c'est presque la
musique
traditionnelle
du
Sénégal
quoi
Il
oui
oui et puis daf ko daf ko bugga évoluer ! si / si
439
"
1
mon de
bi quoi
i pou r
mu / pou r
nu mun ka
dégg si dekkëbi 1 waaw Il bon tu sais
man 1 man
je
resp
1 man je
respecte
les
aînés
1
normalement
on
doit
les respecter
pas
que
fioorn
fioo
fiuuy conseiller plus
tard 1 pour si on
fait
des
erreurs
xam nga Il bon Il bon
Il bon
fin
il faut
les
respecter
pas
que II fiun fiow /
fiun fioo leen njëkka xam aduna premièrement
1
xam nga 1 mais nak 1 xam nga ye 1 yeen saa 1 da nu
d'accord
te ne par exemple
sufi la ne 1
bon 1
doo genn doo dem bal da ngay def attention 1 xam
nga ay genn de
trop te doo dem bal pas
que Il
presque
mbon 1 c'est dangereux
quoi 1 xam nga
Il mai s
amna yene 1 yenn fa ç 0 n
dafi
wara
comprendre
tam ni peut-être man 1 comme
par
exemple
man 1 man xamnaa sam bopp 1 duma
dem di génn ak ay nit ay bandit quoi par exemple
1 ma dem def banditisme
si si si biti Il voilà 1.
L3 M
Youssou
tey li ko caractériser
Il c'est
que bon
pas que
su fiu xoolee bu baax 1 mus i que
bi fi mu
nekk 1 instants
yi Il moom moo ko yeegal quoi 1
moom mo ko yobbu fu sori quoi te moom da fa am
jom quoi mu ngi liggéey 1 carrement
quoi Il ak
tamit su fiuuy
wax mbalax I:moom mbalaxam du
passé
Il c'est
pas
le
même
rythme
quoi
1 à
part le tama 1 bon 1 yeneen kii yépp daf ko kii quo i
suuy def chanson du pour sénégalais
yi rekk lay
chanter
quoi 1 nu dégg olof kese quoi Il
dafay
440
"
1
dem si yeneen horizon 1 fioofiu tamin 1 seen làkk
pour nu mun comprendre
chanson bi quoi Il def
naa 1001 la Il.
Je crois que ça fait partie de l'éducation
sun
la
éd u que
e bu baax Il foo jaar nga respecter
sa
aîné Il defe naa parents
yi sufiu éduque
wul
seen doom Il noonu camit su nu l/ sun nekkul mag
am responsabilité
di
xalaat
bu
baax
dun
mun
re specte
fienn ni 1 il fokk
seen par en t s
di le en
si dimbale 1 éduque leen bu baax 1 comme
ça su
nu gennee ci biti éducation
bifi yor seen kër su
dee baaxna nu mun ko wone si mbedd mi quoi Il
mais si tel n'est pas le cas
moom
doo
lu
mun
respecter / je
crots
Il
ku
respecte
wul
seen
aîné
bari na fi torop Il.
L 0
Lu ko waral ?
L 3
Hun ? manque
de
conscience
et
d'éducation.
L4 F
You 1 chanteur la 1 neex na ma 1 di na way di na
way rarement si la vie actuelle 1 c'est tout ce que Je
pense
1
c'est
tout
ce
que
je
préfère
dans
sa
musique
Il.
Moi
hun 1 je
crois
que
c'est
"
a
cause
de
la
colonisation /
xanaa ne kii 1 li tax xale YI du nu
respecte
seen parents
/
c'est que
SI
tubaab YI
.
lan ko grsee ak
télévision 1 dan kooy essayer Il
441
"
\\
xool 1 essayer
ci seen papa Il ndax affaires
YI di
na
marcher liman daal 1601 laa xalaat.
L5 F
Man 1 Youssou
Ndour
xalaat naa ci que c'est un
Il musicien bu baax la 1 te tamit di na woy ci xale
te tam di na woy ay woy yi nga xam ne di nan Cl
mën tirer ay leçons Il comme
"yaru bi" ak bii bi
euh "buggu ma am doom bi" kii daal Il musique am
xalaat naa que mbalax lay tëgg comme
tout autre
musicien yu nekk Sénégal 1 te tamit kii 1 mungi
chercher
à
1
enrichir
musique
am
daal
1 te
tamit euh 1 comme
ni mi siiy dugale anglais
ak
français
1 parce
que
nu jàngal di 1 di na am
problème
si
fioom
Il mais
la
plupart
1
boo
deggee 1 si musique
am 1 comme
"country
boy"
bi 1 da cii wax anglais 1 be ci yagg mu kii ci olof Il.
L60lu
am na puisque
jeunes
yi leegi, ils
ont
tendance
à
copier
sur
les
européens
1 comme
te
fioom eu r 0 p é e n s
yi 1 arnufiu benn kii daal /
benn kii bu leen di kii 1 entre se en parent 1 benn
mur 1 te leegi 1 a 1 africains
yi da na leegi dem be
copier si européens yi 1 leegi bëgga casser
mur
boobu
nekk
entre seen parents 1 be dootul am
rusteel Il leegi da ngay gis ay européens
di saaga
seen papa 1 di ko ne "tu mens" 1 te leegi africains
yi dan ko bëgga toppandoo 1 te loolu mënul wéey Il
pas que le mot
"fenn" ci olof da fa diis.
Loolu mënu nu ko 1 sa papa wax 1 nga koy ne "da
ngay
fenn" 1 1601 1 1601 la Il te tamin 1 mais amna ay
442
jeu ne s
yi nga xam ne da na respecter
s e e n
parents 1 lum leen wax la fiuy def 1 kii mais am na
yenn tamin 1 respecter wufi lenn daal.
L6 M
Euh
Youssou Ndour 1 euh 1 gars
la boo xaman te
ne euh
1d a y
développer
musique
sénégalaise
quoi euh parce que bugg na xale yi 1 parce
que
affaire bi mu doon def si bii passé nii 1 affair ikii
yooyu quoi Il waay nah Il bugg na xale yi torop te
encore
mu ngi jappale musiciens
yu ndaw YI
quoi 1 te léolu 1 baax na Il waaw musique
bi amna
leneen li muuy germee si suuf quoi Il si nu kii yi 1
sun cosaan 1 amna yu siiy génn quo i 1parce
que 1
mbalax sunn cosaan la fii 1 voilà Il.
Xam
nga
g ars
yi Dakar
yi quo i
/ en général
yoyu fiooy tax nu wax léolu 1 les
Dakarois
là Il
xam nga noom 1 ay ''je
m'en foutiste la nu quoi /
parce que boo gisee gars yi ni fiuuy doxalee Dakar
1 han 1 nga xamne Iii du yoon quoi / gars yi da nga
mel ni yaru nu leen quoi Il comme
par
exemple 1
ben gayn 1 kii quo i 1 un
Dakarois
buuy dawal 1
xam nga 1 mu yor otoom quoi Il benn paa 1 benn
paa yéeg si kii bi quoi Il benn 1 di wace 1 rekk mu
accélérer 1 xam nga 160lu 1 léolu 1 xam nga doo am
respect Il ak ay yu bari quoi Il du xaley tey yëpp
de 1 Dakarois
yi la en général quoi / Dakarois yi
daal en
particulier
quoi Il ni fi juddoo di jàng
école 1 1601 la.
443
L7 M
Youssou
Ndour
1
OUl
1
c'est
une
musique
in té r es san t e l mus i que
bi am na in t é r e s san c e
quoi 1 puisque
su nu cosaan laay wax 1 encore
Il il nous apprend sur la société 1 il parle un
peu
du futur
quoi 1 anh 1 nga wax SI fu tu r Il
waaw 1 kon nak musique
bu am intéressanc e
la
1 yëpp 1 1601 la.
Mbalax 1 ah oui 1 mbalax ak yeela la yemale quoi /
oui / chanteur
yëpp 1 pres que 1 ci ben thème
la 1
muuy kii quoi 1 parce
que üoom fiëpp ci affaire
société bi la fiuuy wax 1 encore nu di nu jàngal
futur
bi 1 di nu wax passé
bi 1 di nu wax passé
bi
1 1601 la Il.
Dëgg la 1 benn côté 1 waay du dëgg ci beneen côté
quoi /
oui 1 boo gisee nu ne xale yi yaru wufi
parce
que
si
on
nous compare
à
nos
parents
éducation
bi nu am ak éducation bi nu am fiun
du
benn quoi 1 1601 la 1 De
l'autre
côté 1 c'est
que
fiun
1
fio orn
Cl
seen
temps
1
bon
1
civilisation
blancs
yi dugg na totalement 1 nous
sommes
totalement assimilés
quoi 1 anh m
me
ê
booy
respecter
say parents 1 bon Il di nga am
ay
yenn
erreurs
yi 1 tu
ne
peux
pas
l'éviter
quoi / puisque si 1 si kii bi la nekk 1 mu mufi ko
comprendre 1 1001 la tax 1 fiun xaleyi fioo leen wara
dabsi quoi 1 Iufi indi han 1 façon bufi indi fiu mëna
comporter
ci boob façon
quoi.
444
jota dem si fioom 1 xam nga, xam xam tuuti
respecter
f i ag
l
bi num demee 1 bon
leegi moom 1 bufi
si üoom di leen wax lu fiu jàng.
'oy yu ma neex 1
1
c'est
un
chanteur anh 1 et
qui 1 qui
00
xamne
yooyu
it
des
messages 1 waaw 1. De
toute
façon
.re yi ma ko gëna
mil) fiuuy yee quoi
mu ngi yee jeu n es se bi 1
ne
par
exemple
ue
pratiquement
tout
le
monde han 1 0 u i
na ma 1 amna ay
.1) Il c'est
un
chanteur, waaw 1 à
travers
suko woyee 1 lu
zhansons nak amna ci ay messages yu muuy
1 mais
des
fois
~ ay yeete 1 affaires
yu demee noonu 1 ay
n 1 ciib Il ay kii
.ils yu demee noonu Il.
.x rekk Iay wax si
1
yii muuy woy rek laa lay wax han 1 co m m e bi
Nelson
Mandela"
wax naan "bugguma am doom" oui 1 kooku
iëpp xam nan Iii
ko
seetee
c'est
un
conseil
parce
que
galais
yi fioom 1 pour
fioom 1 seetu ûu seen
ig
rekk di
wax
j
Il defu fiu seen xel lu bari ci seen doom quoi 1
o seetee 1 be seet
1 yaa 1 da ngay gis koo xamne amuI 1 arnul
xale yi Il parc e
ey 1 nekkul di liggéey mais dina am cinq doom,
xel be nga xamne
Ioorn et puis
kooku dundd gi di na xawa metti
football 1 balle
Il euh de
toute façon
Iii
ma muna wax
; moom réaction
y temps
yale ak temps yii du benn quoi 1 OUI
ser
wu quoi Il
puis la plupart
bufi
delloo
ci
temps
y u
n tout cas
man
k ya, ci all lafi nekkoon quo i Il foofu 1 y avait
'ar exemple euh
hier 1 hiérarchie respectée
quoi 1 boo 1 sa
ruggatu
nu ay 1
it
frère
da lay respecter
1 nga respecter
sa
traditions
yi ak
nd frère / oui / mais
fii ci ville
bi loolu amu fi Il
'lent
dirais-je
w 1 peut-être
di
nga respecter sa g ra n d
gars
yi di def 1
e oui mais
fii 1 ci biir kër gi 1 mais
d'autant
r
sol kii 1 boo ko
447
• -..
1
waxe affaires
yooyu du ko gëm quoi Il leegi paa YI
affaires
yooyu nak moo leen naqadi.
LIS
F
Dam leen wax ne que
hun 1 Youssou
Ndour neex
na ma torop pas que heu 1 musique
bi dafa kii
daal dafa changer 1 te r y th me
bi mu am leegi
amu ko woon avant 1 moo tax mu neex ma daal 1
c'est plus moderne euh là chaque fois
w 0 y am
day am message te message bi dafay am sens 1 ci
bugguma am doom euh Il message
bi mooy euh
1 buggul am doon 1 euh
daf ne buggul am doom boo
xamne
euh 1 day souffrir
daal 1 après
su safioon
daal
doomam 1 du
man que r
dara daal je
suis
entièrement
d'accord
avec
lui
1.
Waaw ci man la dépendre
kay Il pas
que
booy
dem ba am 1 doom kay tu
es responsable
bu ko
imposer kenn mu nu ma ko imposer.
LI6
FAlla Seck 1 temps yooyu dafa bari woon sabar ak
ay taasu yooyu Il neexulwoon.
L 0
Leegi nak
(rires)
1 après mu moderniser
affaires YI xam
nga kii ci
daal 1 def ci émancipation
plus
d'ouverture
mu commencer
di
neex 1 neexoon
na
bu
baax
mais
depuis
1
deux
dernières
cassettes
am yi daal/ ça
reste daal 1 ça laisse à
désirer, quand
même
pas
que
yu fi gëna b i e n
daal Il waaw 1 après mu commencer
leegi dafa
450
mel ni Il dafa manquer
d'inspiration 1 moo ko
dal quoi 1
L 0
Le contenu
?
C'est surtout ci forme
bi la kan 1 da al xowma ci Il
temps yale daall xawma nu ma koy expliquer Il bi
ma Il bi
ma
njëkka neex 1 mooy
bi
mu
woyee
"maral"
1 boobu
mooma
njëkka
neex
boobu
la
Youssou
Ndour
commencer di ma neex daal mais
nak / bi ma si gëna neex 1 moom mooy kii Il gaynde
bi / pourtant
le
message
ça
passe
1
moi
je
trouve
que
li
muy
wax
amna sen s de 1 d' une
manière
générale amna sens 1 bien
que
yenn
saa yi
nak 1 il
aurait
pu
choisir
des s uj e t s
beaucoup
plus
actuels
dans
la
société
mais
sinon
en
général
daal
amna
sens
1
question
fiakk
r e s pee ter dara 1 0 u ver tu r e rekk la de 1 ak
émancipation 1 y
a
ouverture
par
rapport
au
monde
extérieur
mais
sinon 1 be leegi amna ay
valeurs
yoo xamne nUI) ko conserver
daal 1 mais
am
na
yoo
xamne
on
trouve
que c'est un peu
dépassé
quand
même 1 il faut
s'émanciper daal
1
xam
nga
l'histoire
1
il
faut
toujours
renouveler daal 1 si non Il.
L 0
Comme quoi par exemple ?
Comme
lann par
exemple? gis nga 1 amna ay
jeunes yu bariyuuy julli di woor 1 affaires
yooyu
surtout gisoo ak mouvements
mourides yu am
451
nii ça se 1 bon ça se voit que Il amna yoo
xamne
yu 1 les jeunes se révoltent 1 par ex e m pl e
sun
ne doo takk gewël ak doo takk ay 1 ay tëgg ay
genres
yooyu 1 xam nga loolu 1 c'est
un
peut
erroné quoi 1 leegi bu la neexee nak 1 te soo gisee
kooku 1 nga bugg ko marier 1 darj kooy marier
de
Il c'est ce que je pense 1 bon
ils sont un peu
en retard daal 1 par rap / ils sont pas tellement
imprégnés des réalités actuelles quoi / ils vivent
unh
1 en
fonction
de
l'éducation
qu'ils
ont
reçue
quoi
Il
et
puis
maintenant
les
réalités
ont changé et ils ont des difficultés à s'adapter
au
monde
nouveau
waaw 1 donc
il faut
que
tamit nu changer tuuti 1 éducation bi daal 1 pour
adapter ko ak réalité
bi en
ce
moment
parce
que
temps yu yagg yi kenn doonul dem école 1
kenn 1 kenn doonul woon am contact
ak monde
extérieur
bi torop daal 1 de ce fait
sa tradition
ngay gëna xam ak yooyu Il mais
leegi sooy dem
école 1 même si tu n'est pas acculturé 1 di nga
recevoir
quelques
influences
Il
parce
milieu
boo traverser 1 xam nga
1 da ciiy am influence 1
de ce fait nak, dan wara tenir compte de ça 1
nu ... nu
jeema réadapter kii bi daal Il la
manière
d'éduquer.
LI7
M
Youssou Ndour 1 bon
mu ngi bégal mag ni 1 di
bégal xale yi daal lib 0 n man. daal ki wu ma quoi 1
neexu ma bu baax mais
contre u ma ko tamit quoi
452
1 bu
nu
téggee sound
am dinaa défouler
wu
m 0 men t yi quand même mais Il mais daal pou r
ma
déglu
nii
moom
Il du
kii
quo i
Il jëndda
cassette am ak yooyu du ma def daal Il neexu ma 1
anh Il moom daay (bruit) de trop quoi 1 et puis
yenn wax YI man (bruit)
yenn wax YI neexu ma
quoi
1 par
exemple
comme
bu
ûuuy
wax
ay
"bugguma" am doom ak yooyu damay xawa gêner
quoi 1 walla ay pensées
bi muuy introduire
SI
mbalax bi 1 justement
daf may gëner
quoi 1 man
1 pour man andul quoi 1 walla ay anglais yooyu 1
déduction
1 souvent
nak yenn musique
am
neexna 1 par
exemple
comme ay yarubi te tektale
anh di yeete affaires
yooyu Il c'est tout quoi Il.
Noom li nu wax nii 1 souvent
am na 1 su dee ngey
gis ay boy yoo xam ne yii fioom da ngay waaru da
ngay gIS si biir bus bi par
exemple 1 da ngay gis ay
p a a
yu taxaw 1 fioom souvent
nu
took quoi
1
c'est le cas
du fiuuy jàngi presque
chaque fois
bus bi day bloquer
yooyu 1 da ngay gis paa yi
taxaw 1 nga gis élèves
yi took Il walla fiuuy wax di
saaga 1 fekk amna ay paa yu nekk foofu 1 affaires
yooyu Il walla di draye walla tamin ci biti rekk 1
souvent
mères
yi fioom li nu wax nu 1 souvent
amna
yoo
xamne
mais
tam c'est
pas
toujours
éloquent
quoi 1 amna yoo xamne Il bon
defe naa
si yow la 1 nin leen di yaree seen kër quoi 1 kenn ni
Il qu e fienn ni 1 bu nu gisee paa yi dan leen di
may nu took 1 ay fi paa yi nekk / du nu wax sax /
453
-,
1
yu demee noonu / mais par contre fieneen
iii da
ngay
waaru
/1 parce que bon
1 sais pas 1 en
Afrique
la
quoi 1 comme
droit
d'ainesse daf fi
mos a exister
ak 1 man 1 je ne trouve pas 1 ngay
wara dindi affaire boobu.
LI8
M
Youssou
Ndour 1 man mën naa ne mbalax bi moom
1 actuellement
mi 1) koy jouer
koy jouer
comme
il le faut
daal 1 mais actuellement
mu 1) kooy xa
1 xawa bayyi daal 1 ndaxte mbalax mi nim ko daan
defee ça fait deux daal Il
dafa mel ni leegi daal
day
genn
cadre
u
Sénégal
daal 1 parce
que
actuellement
1 suy wara chanter
1 du
nangoo
chanter
en
wolof 1 lu ci ëpp daal da ciiy boole
anglais
walla mu cii boole yeneen yu am te loolu au
fond soo ko seete day mel ni day genna Sénégal
daal Il.
Bon pour
man li ka indi mooy li fiu roy tubaab yi
be mu
ëpp daal 1 xam nga 1 tubaab yi dafi am
liberté
bem ëpp envers
ci seen parents daal Il
su nu toogee ci seen parents
lu le en neex wax.
Pour
man 1 yaakaar naa sur ce plan tamit , 1001 la
1 nit, il faut des temps tamit xale 1 fu ay pare n t s
am took waxam daa wul bari sax 1 day am kersa ci
parents
yi 1 mais
leegi fu fiu took 1 parents
yi da
nuuy mais
xale yi 1 wax ji li ci ëpp / fioorn fioo koy
yor 1 waaw.
454
L 19
1\\'1 W aa w
Y0 ussou
/
Y0 u ssou
/
Y0 ussou
LVdo ur
quoi
/
je
l'écoute
très
bien
/
sincèrement
baaxna 1/ et puis
noon la quoi / et puis bon /
peut-être
le
camarade bu wax ne / co m men t
dirais-je
dafay jël
yeneen
kii
yi
quoi
/
mais
c'est-à-dire
que
tamit ci
biir
woy
bi
muy
woy
quo i
dafa
am
benn affaire
quoI/il Y a un
problème
/
un
problème
plutôt
de
survie
quoi
/
supposons
que
Youssou
/
pour
ne
pas
être
délaisse quoi / fokk mu jeerna woy en américain /
en français
tout
ça / et
puis la musique /
comme
nan
na
ne
c'est
un
monde
sans
frontière
/
c'est
bien
normal
que
mu
woy
feneen
quo i 1 plutôt que
mu garde
rekk 1 pas
que
amna ne boo tejoo kat / finalement
bu yaggee
da ngay dee ci misère
anh 1 xawma
isolat. Il
Booba nak 1 sincèrement
gars yijeunesse bi
quoi resufiu musique
Youssou
Ndour / toppatoo
wuü ko sax vraiment 1pour
fioom c'est
quelque
chose
boo xamne gëna lu leen quoi 1
musique
Youssou
Ndour
quoi
/
peut-être
femmes
YI
quoi 1femmes
yi ûoo gëna toptoo mais
musique
Youssou
Ndour toptoo wufi ko qui Il indil ay woy
ci biti quoi ay cerne affaires yooyu boo fiowee rekk
quoi / nu d'accord ak yow (rires) soo 1 boo gise
bon
peut-être
c'est
lié
à
plusieurs
facteurs
/
d'abord
comme
nin
doon
waxatee
quo i Il que
leegi
/ 'c'est
l'homme
se
sent
libre
quoi
et
surtout quoi /
moi ce
que je prône et
ce
que
455
, i
j'aurais souhaité quoi 1 moi ce que je 1 mooy 1
mooy film
yi quoi 1 bien vrai que bugg naa 1 je
les aime 1 parce
man xel mi may am ci film
bi
quoi
1 pour
man
1
mun
naa
ne
c'est
de
l'imagination
1 munul ànd ak réalité quoi 1 mais
film yi quoi 1 nu xam nan koy au
moins
Il
redistribuer quoi 1 pas
que ça
influence
quoi 1
pas que on voit des 1 dans les films
yoo
xamne
1 ûii
da
fiuy
door
seen
pa pa,
nu
di
fiow
automatiquement
ils pensent que ne ce
qu'ils
imaginent
quoi
c'est
la
réalité 1 alors
que
en
réalité ils se trompent quoi 1 te yooyi tamit de il
faut que
nu jeema seet nu fiuuy jeema planifier 1
jeerna
modérer
comportements
yi 1 parce
que
y
a
certaines
situa
Il
parce
que
mun
naa
seetaan film 1 took bem yagg / dama naan 1 bu ma
gisee par
rapport
ak li may seetaan ak li may daj
fee 1 automat
Il
ça
me
rend
révoltant 1 dama
naan
man
vivre
uma
dara
quot
Il
autom
1
comme
ka noon la 1 v iv r e
uma
: damay jeerna
tamit
épanouir
quoi
et
dans
cet
épanouissement
1 ma créer
ay délits
rekk,
L20
F
Jeu n es se
bi boa seetee au fond
nekkufiu Cl toor
daal 1 pas
que Il vie bi ni mu leen dikke rekk 1
no on lan kooy muna jappee daal 1 boo seetee àddina
bi leegi dafa changer
1 comme
occidentaux yi li
nu dugal su nu bopp Il su nu bopp leegi moo waral
nu nit fiuy vivre e noonu / parce
que bu njëk : su
456
~
1
nu ma am YI noom affaires
yooyu
nekkuloon
seen
xel 1 de telle sorte que / jeunes ya 1 boobu iioom
1 li nekkoon seen 1 seen 1 distraction
mooy
dem
tool ya 1 waxtaan ak affaires
yooyu 1 leegi nak 1
vie
bi dafa changer
1 tout
est
modernisé
/
modernisation
bi fiow 1 andi nu 1 ay règles
am
yu
bées 1 moo waral aussi
/
jeunesse bi di ko
doxalee noonu 1 mais
aussi fioom defu nu dara 1
man 1 musique Youssou Ndour
neexna ma torop 1
parce que
su ma ko dégloo 1 di naa ci am baaneex
te heure
bu
ma degee
Youssou
Ndour
/
aussi
suma xol dina sedd te 1 mun nan ne sax 1 Y 0 us sou
Ndour 1 xeyna genn na ci cadre bi mu
nekkoon 1
parce que bu njëkk 1 olof la doon wax te da
doon 1
li mu doon wax 1 fiëpp xam nan ne woon dëgg la Il
Leegi nak daf ko changer 1 te effectivement sax 1
boo gise mu war ko changer 1 demna ba nga xamne
lim waroon woy yëpp 1 woy na ko 1 Leegi c'est très
normal
que mu revaloriser
musique
am 1 dem
1 kii 1 dem génn 1 muna jàng yeneen langues yi 1
gëna
revaloriser
musique
sénégalaise
1 parc e
que
munul
ne
to uj 0 u rs
ci
olof bi
rekk
lay
continuer
daal 1 te gis naa jeunes yi 1 seen goût 1
leegi musique
anglaise la 1 da fioo gëm français
ak yooyu daal 1 moomit comme jeunesse
bi li nu
bëgg 1 moomit ci laay topp daal 1 rythme bi muy
topp
aussi
/
rythme jeunesse
bi
rekk
lay
topp
daal
1 de
telle
sorte
que
munu
ma
ko
condamner ci côté
boobu daal Il.
457
Xale / xale moom du ci dara / parce que moom
da
fa fiow fekk fi loolu / avant
muy xam Xalil
Gueye
dan fee fekkoon affaires
yooyu / man / jeu n es s e
bi / li nu nekkee leegi / man je ne condamne pas /
télévision
yeek
yooyu
/
man je
ne
condamne
pas / ci parents
yi / parents
yi laay condamne
/ parce que
éducation de
base / da fa am / nit ki
ni
fiu
ne
sa
doom
nin
ko
yaree
rekk
noon
lay
continuer
/ boo JI yaree Cl waawaaw / waaw lay
continuer / boo ko yaree Cl / noo ko munti yaree
rekk /
noon
lay continuer / de telle sorte que /
nit ki boo ko yare / ba mu nekkee xale be bum / bum
/ ak be ni mu maggee / fu mu to11 wax jooju nga ko
doon wax mu ngi nekk ci moom / warooko tëj comme
ni ko kii waxee / parce
que soo ko tëjee aussi du
yewwu ci àddina / dar) ko wara bàyyi muuy génn /
mais toujours
/ deel def xelam ne / boo génnee
aUSSl
Iii eek (ak) Iii nga wara def / boo rombbee say
kilifa / Iii ak Iii nga wara def / deenga / mais
soo
bayyee sa xel / sa / sa / sa doom / doo ko wax dara /
doo ko yedd / dooko digal liiy àddina / doo ko wax liiy
gauche / liiy droite
doo ko xamal liiy gauche
am /
luuy droitam
/ xale bi du xam dara / deenga /
télévision yi fiuy wax télé / man mun naa ne tele
/ kii la / distraction rekk la / parce
que
bu dee
yow da nga ànd ak sa éducation
ba nga xamantane
say waajur dan la ko joxoon nga nekk ak moom /
même boo seetaanee télé kay loolu warula mëna
changer / parce que dafa nekk ci yow / dafa nekk
458
quelque chose 1 mun naa ne c'est inné quoi Il daQ
ko 1football
rekk 1 yaa ngi yobbaale 1001 daal 1 boo
seetaanoon
cinéma
aussi
1 gis nit muy rey nit 1
ngay ne axx 1 Iii de moom 1 man nu lay reyee nit ak
yooyu 1 daa fekk yow da nga defoon sa xel ne da nga
bugga rey nit daal 1 mais soo ko bëggul appliquer
daa ka appliquer jamais
Il man télévision bi du
ma ko condamner 1 man éducation de base
b i
laay wax daal 1 parents
YI amna iienn iioo xamne
da iiuuy éduquer seen doom te ni iiuuy éduquer
seen doom ba 1 nifiuuy maggee mooy continuer 1
soo yaree sa doom ci toujours boo waxee mu lay
tontu 1 bu maggee yit mooy continuer / boo yaree
sa doom si toujours
bu ma waxee rekk Qane waaw /
mooy continuer 1 waaw boobu mooy wey 1.
L21
F
inaudible (bruit)
Ci dara Il ci dara 1 1001 1 1001 1
1001 daal laa muna wax 1 ndaxte boo seetee 1 yow boo
iiowee 1 nga juddu ci famille boo xamne yow kenn
éduquer wu la 1 kenn defula dara 1 lu la neex wax 1
lu la neex nga soli lu la neex nga def 1 lu la neex nga
wax 1 yow defoo dara ndaxte say parents
fiee
la
wara di kii daal 1 di la won daal 1 di la wax Iii 1 yow
nii nga wara defee ak nii nga wara soloo Il boo
nekkee si biir waajur 1 nii nga wara def 1 boo nekkee
si sa biir xarit itam ni nga war def Il mais
top, top
ngay wax lu la neex 1 te yow xamoo 1 da ngay jàng
rekk 1 da nga fiow fekk : te iii nga àndal tamin 1 mun
naa wax 1 yow bu fekkee yaa ngi ànd ak nu baax /
459
nu mun la si bayyi bu fekkee tam gIS nan la ngay
ànd ak nu bon 1 au lieu nu wax la ko 1 nu took rekk
di la xool 1 di la bayyi daal 1 ngay wax lu la neex 1
ngay def lu la neex 1 topp daal 1 fioo xamne daal 1
fioom daal xamufiu lu baax 1 xamufiu lu bon 1.
Jeunesse
bi
daal 1 mun naa wax defunu dara 1
parents
yi
daal
1 pre s que
fioo 1 p ri n c i pal e
victime J.
Musique
Youssou
Ndour daal / man daal 1 jamm
laa ci gis J ndaxte Youssou
Ndour
daal
J moom
daal lépp lu mu woy daal J presque amna éduq /
day éduquer daal J ndaxte clip bi mu genne bu bees
di wax ay set ak tiivii / tax na maa Iii daal 1 Xam nga
rekk / li mu wax si cassette am bi daal / ah wax na
dëgg / parce que
yow boo toogee / boo bëggee euh
/ en ra ci ne men t
ak ouverture
/
et
ouverture
bi yow li / lu 1 li nekk fee 1 moom lay télévision
bi
di la won li nekk fii tamin / moom lay télévision bi
di la won / yow nak yaay seet / li ci baax ak li ci bon /
ndaxte yaa ngiiy seetaat / xam nga / lu baax / xam
nga lu
bon te
mag um jëmm nga /
sa pro pre
conscience
/ mun na la won lu baax ak lu bon Il
Pare nt bu demee ba bayyila ngay seetaan tele /
munula jàngal / ay sept ans / six ans / mun nala
won / boo demee be nekk mag yaay nekk sa propre
responsabilité / booy seetaan télévision gisu 100
ci lu baax / képp télévision mun naa wax presque
éducation
/
épanouissement
/
divertissement
460
1 tirer si inconvénient / boo gisee télé nga
kooy
seetaan
/
ngay
seetaan
/
gIS
m é t h 0 des
doc ume n ta ire s yi / façon
de
parler
1 d e
s'adresser à ses parents lépp ça
dépend ci yow /
bu fekkee moom / bu fekkee yow 1001 moo la neex 1
bafi weej sa waajur 1 di toptoo kooku 1 kooku 1 loolu
daal / man daal xawma ci dara ndaxte boo grsee
kooku moom il a ses propres moyens 1 yow amoo
propres
moyens boo xamne ni mun nga taxaw di
wax say parents nii ou bien bafi obéir say parents
daal.
L22
F
En
tout
cas
je
crois
que
la
jeunesse
aujourd'hui
est
Il pères
de
familles
YI
nga
xamne doo tufi 1 doo tufi lakkal seen doom yi 1 seen
lakk 1 ak ax kii 1 xale yi nga xamne leegi dufi topp
seen waajur 1 comme nifi
doon
def bu
njëkk Il
parce
que amna conditions
yoo xamni 1 amna ay
parents yu nga xamante ne fioorn 1 di fiuuy iiow /
di fiuuy joge seen 1 seen 1 seen 1 région 1 fiu iiow
Dakar 1pour
jàng après
nu delsi 1 leegi fiu dem 1
fiu am benn jabar bu nga x amne degul seen làkk 1
leegi du fiu xam ban la fiuuy làkk seen doom 1 des
gens
qui ne sont pas Il est-ce que c'est vrai
?
euh
1 loolu
baaxul
1 parce
que
1
chaque
personne dafa nara am langue
am pour 1 pour
que
Sénégal
riche
en
langues 1 waaye leegi su
fekkee ne nëpp olof lafiu làkk 1 kon daay 1 ce sera
un
échec
Il
Youssou
Ndour,
il
chante
bien
461
(rires) 1 c'est que chansons
am
yëpp
en
wolof
la ka def 1 te leegi tam mu essayer def anglais 1
mais je crois que 1 xanaa 1 kii xamne daFJ nara
développer
en
1
en
1
en
diola
ou
bien
en
manding
1
on
peut
pas
toujours
chanter
en
olof Il mais tamit amna yenn parents
yoo xamne
Il dd / dev / devoir
yi nu ! droits
yi nu am SI
fioorn dun nu ka Jax 1 voilà Il communication
b i
ak su nu parents
yi 1 du nu 1 ka ree 1 du nu ka ree
1 du nu leen jax respect
bu 1 bu leen war Il.
L 0
Waaw mais lu tax loolu 1.
Han 1 par
1 parce
que jeu 1 nu wa 1 0 u i 1 ni
tamm ci mbedd mi di gis nit ni di wax 1 comme
n t
fiuy co m mu n i que r
ak
seen
xarit
YI
waru
nu
communiquer noonu ak seen parents yi 1 comme
ils
communiquent
avec
leurs
alliés
ou
autres
1/.
L23
F
Aah 1 Youssou
dina woy bu baax 1 moom Il xam
naa li mu bëgg te ba tey "zouk"
moo ma ko gënal 1 li
muuy def - amna ci jorn daal 1 mus i q II e bi muuy
def nii 1 par exemple "bugguma am doom"
euh Il
ni mu ka woyee amna sens daal 1 bugg naa yee nu
bari du jox Ieen ay conditions
yu nu wara am
doom ak yëpp daal Il doom boo xamne day torox 1
doom boo xamni du am Iii 1 du am ay 1 dun ka
satisfaire
nifi ko waree 1 kon sun ko satisfaire
ul
1 dafay 1 dafay dem 1 dem 1 def 1 nekk di droguer
462
' 1
wu 1 walla di sace 1 walla di def 100 xamne nu kooy
tej 1 lu fiaaw daal Il amna fico xamne bu nu gisee
mag 1 di nan xamne kii mo ko mag 1 ça
dépend si
éducation
bi 1 di nan la mun di dimbale def la yëpp
1 amna fioo xamne bun rombee nit 1 day mel ne ru
rombu nu kenn 1 tout
dépend
de
l'éducation.
L24
Aah 1 man de Youssou
Ndour
neex na ma de 1
neex na ma Il mus i que
am (sugam) neex na ma
tamit 1 te li muuy woy daal neex na ma parce
que
avant
neexu
ma woon de
1 mais
après
ak
moderni
/
modernisation bi ak mu kiiwee 1 ak ni
mu changer
ee 1 rythme u missig am (musique-
am) mu gëna kii daa1 1 am style Il funk 1 moo tax
daal 1 mu neex ma Il aah li muuy woy waaw 1 day
am message /
à
chaque fois day am message
/
te
message bi à chaque fois
day am sens
pour
man 1 mes sage bi 1 oui /
retenir naa Cl woy yu
bari 1 mais
récemment kii 1 comme
"bugguma
am
doom" 1 boobu amna sens
torop 1parce que dafay
wax que ne moom buggul daal doomam souffir Il
su saâoon 1 su amee doom 1 doom bi dina na kii daal
1 dina vivre en paix 1 am 1 ce dont il a besoin /.
Sa waajur waxee nu am lin ci tek walla nu gëdd ko 1
lu nekk di nan ko wax 1 leegi yow mi ko jur 1 yow si
sa bopp sa xol day mujj tàng 1 doo ko mën rejeter 1
da lJ kooy teye rekk et puis
yow jeem 1 jeem a u
moins
mu changer
habitude boobu 1 mais
man
je
pen se
que
kii 1 r
vol u t ion
é
b i fi
n a a n
463
,
1
révolution
1 évolution
1 mooy
def
loolu
yëpp
mais 1 su nu nekkee sa wettu papa sax 1 da ngay /
doo kii 1 da ngay sedd 1 doo wax wax ju bari 1 da
ngay noppi limais
leegi da ngay nekk sa wettu
papa
1 xale bu yuuxu 1 nga saaga fii 1 lu nekk nga
wax ko 1 man daal je crois que Il bi fiuuy xool sax
nit ni 1 ci biir télé
yi 1 ma koy def 1 mais man je
me
rappelle
très
bien kii 1 sama enfance 1 daa
wuma
woon
sax
seetaan télé 1 suma jàngiwul 1
guddi gi da üuuy fo nii di fo nii J mais
leegi xale yi J
xamatufiu fo J du nu
gennee rekk J nu ngi wax
affaires-u film J lu rekk la fiuy wax J man je crois
que 1001 daal moo tax que Il élè 1 euh xale yi J
lee gi munatu fioo j àng 1.
Man foog naa ne daal man ku nu respecter
wul
daal ci parents
yi la parce
que comme 1 bu J xale
moom bu def J day def lu ko neex J du seet lu baax
ak lu bon 1 mais
parents
yi fioo ko war dindi ci lu
bon J li nga xamne moom lay def J bu mu gisee ne
xale bi mu ngi bugga yab magam J nu took di ki xool
walla mag ji di ko waaja door "bayyi ko bayyi ko
bayyi ka" 1 mais "bayyi ko" boobu muuy def bey tax
xale bi fumu took day foog ne moorn maa dominer
ci kër gi 1 lu ka neex lay def 1 dans ce cas
fa lay
jaaree du res p e c ter
kenn J te bu respec ter- wu 1
mag ji rekk J bu yaggee yeen fiiy parents
YI yeen
nu ladul respecter J du leen sax faale J.
464
Man 1 foog naa ne Youssou
Ndour
daal moom 1
euh 1 mu ngi musique
moom 1 di na musique 1
mai s
man 1 p ers 0 n n e Il e men t 1 man mus i que
intéresser-wulma de telle sorte di naay took di kii
1 di xam ku mun musique ak ku munul musique
/
seulement
suma rakk moom 1 moom fu mu took
affaire-u "super diamono" rekk lay wax! man 1
bu waxee mane ko dall affaires -u musique
ça
ne
m'intéresse
pas Il li ma intéresser di naa ko def 1
mais
musique
moom 1 ça
ne
m'intéresse pas 1
soo leen ko teggee nak moom dinaa dëglu 1 mais
pour
took di def ay 1 ay repères
1 Iii ak Iii 1 man
1001 lëpp du sama affaire 1.
L26
F
Daf fekk nga yar sa doom ba nga xamne 1 xam nga
xale boo ko yaree 1 depuis
commencement bem
nekkee xale 1 boo ko yaree yenn yar yi 1 day dem be
bu gisee dara tam 1 du ko wafifii dara 1 mais
boo ko
bayyee noonee nak 1 moom dafay kii Il seen avenir
1 moo tax 1 fiuuy ap affaires
yooyu 1 amna fioo
xam dan ko def seen bopp 1. Rap bi kii la daal 1 passe
temps
la rekk 1.
L 0
Lan mooy sa xalaat si mbalax ?
Mbalax
euh / parce que rythme
bi daf ma neex,
euh en plus Youssou Ndour
yeete tamit 1 boo ko
seet 100 si kassette-am bi "set" rekk Il xoolal li mu
def 1 li mu defar 1 defar na dëkk bi 1 dafay yee
jeunesse
bi 1 Youssou
Ndour
dafay aider
465
,
1
jeunesse bi 1 set bi 1 xoolal gars
yi 1 defar naû fii
yëpp 1 kofi boo dem 1 gis nga Il koo gis nu naan
y 0 us sou set setal 1 affaires
yooyu 1 te en plus si
woyam yi 1 day 1 éduquer kii 1 jeunesse
bi 1 parce
que
day woy naan xoolal 1 mu naan "mboloo mooy
doole" 1 affaires yooyu Il 1001 rekk bu ko gars
yi 1
u ko dégg moom 1 di
nga xam mooy k Il neex na ma
daal Il te gars yi wax naan changer
na mus iqu e-
am 1 man da ma yaakaar ne 1 Y 0 us sou
dafa wara
changer
puisque mode bi day évoluer 1 dafa
wara
é vol uer 1 ànd ak mon d e
bi 1 ànd ak
jeunesse
bi 1 mais bu toogee sur
place dan koy
fatte 1 comme ay (rires)
ay Il ay fioom Doudou
Sow
affaires
yooyu 1 ay number one 1 mais
xam
nga gars
yooyu fatte nan leen 1 Youssou
Ndour
El
Hadj
Faye
la àndaloon def Il El
Hadj
Faye
moog moom 1 moo ngi le
dernier puisque
moom
deful 1 àndul ak kii bi 1 jeunesse
bi nit bi da ngay
ànd ak jeunesse
bi 1 ànd ak rythme
bi 1 jeunesse
bi laaj 1 comme ça
nga mëna avancer 1 mais
bon
toogee
sur
place 1 doo 1 doo dem fenn daal Il
ry th m e
bi moo leen ci neex 1 affaires
yooyu 1 da
ngay gIS fii 1 pourquoi
fiun fiuuy dëglu ay affai res
ay cembe te xamu nu la fiuuy wax ? rythme
bi
moo iiu Cl neex 1 xam nga 1 leegi moom Y 0 us sou
Ndour
moom bu woyee tamit ay 1 ay français
affaires
yooyu 1 mais
même
gars
yi bun ko
déggul mais
bëgg nan Youssou
Ndour
parce que
rythme
bi moo leen ci neex 1 affaires
yooyu
1
466
mais même / même
bu doon woy tarnit olof lay
woy 1 est-ce
que tamit di na arranger waa Il ki
nga xamne deggu nu olof ? par exemple un diola
qui
est
très
conservateur
ak Il du ko neex xam
nga ?
(Rires)
te
pourtant
fiëpp
a
ko
1 Y 0 U s sou 1
Youssou Ndour
moom fiëpp ko bëgg i amui diola 1
te deggul Il (rires)
(bruits)
Il.
Man bien
vrai
que
Touré
Kounda 1 neex na ma
torop sax 1 m 1 dafa am yoon 1 yenn kii soce 1 bun
koy wax 1 xam nga soce bu xôot rekk dootu ma
comprendre
Il mais
bu waxee yenn soce yi 1 du
kii 1 mais
rythme
bi 1 seen ry th m e
bi daf ma
neex 1 comme
rythme
bambara yi affaire
yi Il
mais
xawma lan la mais
dafay def sentiment
ci
man 1 peut-être
que Il.
L27
F
Parents yi 1 bu xale yi respecte wul mag yi 1 ça
dépend
ci parents
yi puisque
boo yaree sa doom
1 nga yar ko bu baax 1 mu deggal magam 1 fu mu
romb 1 fu mu romb kenn du ko xool 1 xam ne kii mag
am la di
na ko respecter 1 mais
mën
ngaa
respecter
mag comme mën ngaa respecter xale 1
ça dépend daal nin lay yaree 1 boo respecter mag
mbaa nga respecter
xale 1 boo ko respecter
rekk
mu respecter
la 1 mais
boo respecter-wul
kenn
1 kenn du la mëna respecter 1 1001 lëpp daal 1 si
parents
yi la daal 1 boo yaree sa doom bu baax 1
fum genn di na respecter nit ni te fum toll 1 dan
467
koy respecter 1 pas
que
xale bu tuuti moom / da
nga gis xale bu tuuti / boo xam ne ay paa dan koy
respecter 1 ça
dépend nin ko yaree la 1 mais
boo
yarul sa doom boo ko yarulee 1 boo waxee mu tontu
la 1 nga bayyi ko ci lu ko neex 1 après à la fin
day 1
deey ëpp daal 1 mooy ni ngay gis fii 1 da ngay romb
rekk benn xale sax / mu toofi la 1 xam nga 1 fioofiu
yaru nu seen doom 1 nga bayyi sa doom ci mbedd
mi 1 doo xam heure
bi m 1 heure normale 1 da fa
wara fekk xale ci kër amna xale yoo xam ne 1 dafa am
benn heure
boo xam ne 1 dafa am benn heure
boo
xam ne dafa leen wara fekk ci kër 1 mais boo le en
bayyee
chaque
fois
nu nekk ci
mbedd
mi 1
affaires
yooyu 1 ku romb 1 nu toofi leen 1 nu déor
la balle 1 te doo ci mën dara 1 da ngay dem ci p a a
lufi lay wax ? baal ma 1 dun wax dara Il xam nga
1001 nak ci parents
yi la quoi 1.
L28
F
Danse
daal bëgg naa ko, loisirs 1 sports 1 consort
Il te jeunesse
bi tamin du solu comme
avant 1
tenue traditionnelle
bi du ko sol leegi 1 kii la jël 1
jeunesse
bi
da fa
am te n dan c e sol c 0 m m e
eu r 0 p é en s yi 1 consort
1 voilà
Il
d'une
part
elle
est
positive
parce
que
le
monde
doit
changer 1 bon
d'autre
part
c'est
négatif parce
que
on
a
tendance
à
perdre
nos
valeurs
traditionnelles
1 comme femmes
yi di 1 euh 1
di 1 di solu 1 di def yefu 1 comme
tubaab yi ni nu
def 1 te loolu mën na tax nu bayyi ni 1 sufiu maam
468
yi li üoo nu fi bayyiloon 1 mën na tax loolufi fi
bayyiloon mu réer 1 li ci baax moo di aduna bi mu
ngi 1 dafay soppaliku 1 nufi tam dan wara soppali ku
1 ànd ak moom 1 waaw 1 leegi mu ngi nu machines
yi leegi lépp la nu créer 1 waaw Il.
Su nu maam yi lin fi bayyiwoon dun ko respecter /
waaw / üun nu fi 1 dan wara préparer
sun avenir
/ moo tax mus i que -am neex na ma 1 di naa ko
deglu 1.
You,
aah,
You tamit musique-am neex na de /
ndaxte
r y th m e
bu neex lay teg 1 waay tamit 1
mus i que -am du kii 1 du
yéddaate en
général 1
waaw 1 gisuma ci benn kii, benn sens Il mballax bi
ni muuy kii wee ? non 1 defe naa tamit ci kii bi la 1
xam nga moom tamit du took 1 day voyager 1 di kii,
aah 1 di a c q u é ri r ay con n ais san ces
yu bëri 1
comme
/
Amérique
certainement
1 amna fa ay
xarit musiciens
yu bëri 1 fioo koy inspirer 1 di ka
kii 1 certainement
daf leen bugga def plaisir
m 0 0
tax muuy woy 1 je sais pas 1 xeyna moo tax muuy
woy en
anglais 1.
Loolu ci yar bi la / ndax xale 1 boo xaminteni ba mu
nekkee xale 1 kenn yaru ko 1 ne wu nu ko 1 kii mooy
sa lii 1 dar] ko
wara respecter 1 ak yooyu : su
maggee di ko mun kii 1 aah du rnën comporter- w u
normalement ndax leegi da ngay gis benn xale 1
maamam nekk foofu mu yore cigarette
si gemifi bi
469
,
i
du tux 1 xam nga loolu rico Cl wara jog nak 1 di kii 1
yar seen doom 1 wax leen ko Il.
L29
F
Su nu mag yi tamin da nu wara comprendre parce
que m
mu deme la 1 du
su nu
coobare 1 da nu
changer leegi, mela tul comme bu njëkk ba 1 nit yi
tam da nu changer.
L 0
Tuuti rekk ?
W a a w parce que
damay took yeneen saa yi SI nu
kër 1 saam moroom yi bun ma ne nu dem baali 1 du
ma dem 1 yeneen
saa yi
1 da may bafia dem /
damay préférer
ma jàng walla took su nu kër Il.
Mbalax 1 Youssou
Ndour 1 mên na way 1 waay 1
amna maanaa 1 ndaxte day 1 de éduquer
nit YI SI
avenir
bi 1 li nu wara def temps-wu présent
bi li
su nu maam yi do on def lu yagg Il jeunes
yi da nu
wara
comprendre
kii 1 su nu aînés
yi tuuti
1parce que
fioorn seen te m p s
ak su nu bos da fa
wute 1 euh 1 kii yi 1 su nu mag yi tamit 1 du nu
wara comprendre
1 parce
que nu mu deme la 1
du su nu coobare.
470
L 2
Le
vieux
est
olof 1 la
maman
est
toucouleur 1
elle est de
Cuut (?) 1 elle vient de Matam 1.
L 0
Waaw leegi paa bi di wolof 1 mère
bi di toucouleur
yow lan la daan làkk ?
L 2
Man 1 soce rekk lan may làkk (rires).
L 0
Noo def be degg toucouleur ?
L2
Toucouleur
? dara laa ci deggul (rires) 1 man de
moom
gaa
innocent
laa (rires)
Il mais
en
ce
.
moment là
aussi
mu
ngi dépendre
peut-être
bon
ci Il.
L O C i biir quartier
bi nga nekk ?
L2
Xam
nga
bon entourage
bo 1 entourage
bi
yëppaa ngi
soxla langue mandingue 1 tu
as vu ?
avec
le
jeu
des
copains
1
il
me
fallait
du
mandingue
Il
alors yaa ngi intégrer
wax
JI
(rires)
1 c'est
comme
ça nak III
L 0
Mère
bi
leegi
nak 1 moom amuI kenn ku degg
toucouleur
ci biir ?
L 2
Sace tuuti rekk quoi 1 sacc rekk tuuti.
LO
Mais
day fekk aussi peut-être finalement
paa
bi yagg fi ?
473
L2
Waawaaw
1
c'est
pour
les
parents
qu t
fréquentaient
1 mais
les
parents 1 ils
viennent
plus
maintenant 1 bon 1 ils
sont
vieux 1 bu fiu
nowee
maintenant / ils
ont l'occasion de parler
quand
même
wolof.
L 0
y ow fan nga judoo 1 fii .
L 3
Non,
Sénégal/on parle socé (bruit).
L 0
Mais
yow fim nekk nii 1 bu fekk:ee ne euh
marier
nga 1 am ay gosses 1 lan nga leen di lill ?
L 3
Papeel,
LO
C'est-à-dire
?
.
L 3
Papeel 1 tu connais
papeel
?
LO
Non.
L3
Papeel Il langue Guinée Bissau
la.
L 0
Bissau 1 waaw 1.
L 3
Parce que
ay vrai africains la nu 1 suis
papeel,
L 0
Attends / parce que là je suis perdu 1 papeel ça
veut
dire 1 boo ne papeel 1 ça veut dire
quoi ?
exactement
? (rires)
/ d'après yow 1 lan moo ko
waral ?
474
L 3
Ci milieu bi la quoi .
L4
Mais
leegi 1 pour
fiu fréquenter
école
bi euh Il
nan la deme fii ci région
bi? fiii fréquenter
école
bi ? école bi lan lafi ci 1 bufi gennee récréation
par
exemple
1 xam nga ci biir classe
bi 1 de
toute
façon français
la 1.
LO
Bon
mais
boo gennee récréation 1 ban 1 ban 1
ban làkk 1 làkk la fiuuy làkk fioom ?
L 4
Ziguinchor
moom 1 fioom socé
la 1.
L 0
Mais
fiii fiii fiii jàngee Ziguinchor
ban làkk la iiuuy
làkk bufi gennee récréation
?
L4
Xam nga école
aussi
fiu bare fioo fay daje OUI
am na fioo xamne da fiuuy làkk olof 1 da fiuuy làkk
diola Il amna fioo xamne da fiuuy taxaw nii di làkk
français
Il.
L 4
Mais
boo seetloo làkk bi nga xamne moom mooy làkk
bi nu mingook foh 1 muuy ay foh 1 mbaa waxtaan 1
tout ça 1 ci biir école
beek yooyu quoi
comme
pratiquement
quand
même
journée bi yëpp 1 fii
ci ëpp ci école bi la fiuuy nekk 1 sauf bufi gennee 1
après
deUu waat ci mbedd mi 1 mais
ci biir école
bi 1 ré c réa t ion
1 yi
1 nga
xamne
1 fiaare
récréation 1 bon boo toogee di deglu par
exemple
475
nga fiow eksi toog Cl cour
bi di leen di see Il olof bi
mooy menacer 1.
L 0
AmuI 1 amuI 1 amuI ci yenn quartiers
YI Il.
L 4
Mais
attention 1 olof bi mooy mën 1 mais y a une
chose
soo xoole 1 aah 1 ci récréation yi 1 sudee
élèves
yi genn na fiu récréation
yi 1 toujours
ci
biir comme
par exemple
ci
classes
bi nii 1 day 1
nu ci bari dafiuuy former groupe / tu as vu 1 nii
/ saa yu
nu
gennee da nu anda en
groupe
1 te
sufiu àndee en
groupe 1 làkka bi la nu làkka quoi /
tu as vu 1 làkk bu leen neex la nu làkk Il parc e
que
man
def
naa
con s ta t
bi 1 man bi
ma
commencer
sixième
/
depuis
bi
ma
defee
sixième 1 su ma gars
YI presque
1 su ma gars
YI
yëpp ni may àndal daal 1 am na ay diola 1 am na ay
soce 1 mais
presque olof rekk la fiuy làkk 1 olof rekk
la fiuy làkk 1.
L5
Mooy peut-être
li kii wax non? bu dee groupe
b
euh Il mun nga par
exemple
ay affinités
1 daje
nekk
benn
groupe
boo
xamne
nii
nooy
ànd
toujours / par 1 effectivement
li ëpp ci groupe
bi ay soce la fiu bu boobaa bu fiuy wax di foh di ree
mba fiuy déconner 1 euh
soce bi la fiuuy jël 1 fiale
jël diola bi 1 waaw kooka di na am ci biir école
b i
waaw 1.
476
L 4
Walla su fiu nekkah di waxtaan olof be pare su ma
gayn peul
la 1 da ma kooy làkka peul
ma ne ko
c'est-à-dire
in
petto 1 waaw in petto 1 c'est ça
bu fekkee yeena bugga am complice
mu déor la ko
1 comme ça fiale
bafia
nandd quoi 1 d'accord Il.
L 0
Est-ce
que
am na fiuuy làkk français
?
L 5
Diola han.
L 0
Diola
yi la han 1 fioorn fiooy far al di làkk français
bi
? récréation
han? d'accord 1 mais socé yi
fioom
bu dee récréation
la 1 ûoom lafi la fiuuy làkk ?
L 5
Noom xeyna tuuti olof bi quoi 1 fioorn fiooy gën di
làkk ci olof bi quoi 1 mbaa seen làkk Il diola yi fiooy
gëna làkk toubab 1.
L O C i école
bi rekk mbaa ci mbedd meek yooyu ?
L 5
Noofiu
même entre eux comme ça da fiuuy làkk
toubab 1.
L 0
Waaw lan mon ko indi ?
L 5
Bon 1 boo nekkee école quoi 1 nga am gayn boo
xamni
gëm
na jàng rekk
1 deggul
olof quo i 1
français la lay làkk.
L 6
Da nu gëm jànga de 1 gars
YI da fiu gëm jànga de
Il.
477
,
1
(Arrive
une
personne)
L 5
Boy pullo 1 boy pullo (peul)
nu mu demee ? na ka
job bi ?
L 7
Ehh job bi fiur] ci kowam.
L 0
Waaw nga be loolu lan moo ko indi ?
L 5
Bon man 1 mandinka laay làkk quoi, gayn bi diola
laay làkk 1 te gayn bi deggul olof quoi 1français la
may làkk 1 puisque
mbon (bon)
deggul olof 1 te
man degguma diola quoi 1.
L 0
Waaw mais kooku bariwul.
L 5
Mais
fiiiy làkk olof rekk fioo leen gëna bari quoi.
L O B 0 n
leegi lan moo tax diola
yi di gën di làkk
français
ni yeneen yi ?
L 5
Diola
yi un 1 deux
rekk nu roof français
bi xam
nga 1.
L 6
Nuuy fiow
fii
di
làkk français
1 très souvent ci
village ba la fiuuy joge 1 la fiuuy njëkkey jàngee 1
xam nga 1 bufi fi fiowee alors da fiuuy tamm loolu
quoi 1 da fiuuy miin loolu de
sorte
que duo ko
muna
bayyi
quoi Il alors que
fiun fii 1 gars
y 1
du
fiu
exiger
cas
boobu
1
waay
affaire
de
symbole
baax na ci quoi 1 fii da faxawa baayee ku
478
" - 1
quoi 1 c'est que
fii yëngg man (young man)
y e e
fi nekk 1 kippe (occuper)
wu fiu quoi Il tandis
que fale fioom dafi leen di làkk 100 tubaab peut-
être
pour fiu gëna teela degg tubaab pou r
mun
continuer
seen jàng bu baax quoi.
L 0
Mais
fii affaire de symbole gëj na ?
L7
Symbole
waay boobu moom beneen sound la.
LO
Fii symbole
bee tax quoi 1 est-ce
que symbole
bi be léegi mu ngiy dox ci village bi ?
L5
Aah waaw.
L8
Nun daal 1 fele 1 man gIS naa fa ay Jeunes
yoo
xamne jàngu fiu école
mais
nak 1 tubaab moom
dafi koy làkk 1 waaw 1 bari na fa sax 1 seen jàng
soriwul 1 mais nak tubaab tamin 1 tubaab fioom 1.
L 6
Waaw
ga r s
YI xam nga bon
1
bufi
nowee
Ziguinchor
1 pour
wone rekk ne 1 gayn leegi 1
évolués na fiu tuuti 1 fiu commencer dugg si làkk
tubaab wone ne gayn leegi 1 du fiu ay villageois
quoi kooku tam 1 psychologiquement
la ci fioom
quoi 1.
L 7
Noom bu fiu feeüee rekk 1 bu nu waxee rekk 0 n
sent carrément que
fiii 1 moom kay village
ba la
fiu nekk 1 mu ngi mel ni rekk Casa
bu Il xam nga
479
poser 1 kooku boo ko defee nga ànd ak fioorn / boa
ka defulee doo ànd ak fioom.
L 0
Lan moo ëpp ci villages yi?
L 4
Ci villageois
yi écoles
publiques
yee ëpp 1.
L 0
Donc amul différence 1 villageois Il.
L4
Bu dee école
publique bi la symbole bi la 1 bu dee
école privée
bi la 1 ci co m po rte men t
bi ak
éducation bi waaw 1.
L 0
Mais
est-ce que symbole
bi mi ngi marcher
?
L 4
Kooku ça dépend
ci maîtres
y 1.
L 0
M ais li ëpp ci maîtres yi est-ce
que di nan déor
symbole
bi?
L 4
Actuellement 1 mën na am han 1 bu fekkee ne yow
école
publique nga nekk comme
maître
leegi
influence
école
privee
ba ngi fi 1 donc
tu
es
obligé nga pousse
say élèves pour
fioomitam
nu
bafia am ay retards.
L9
24 ans
L 9
1965
laa
juddu
L 0
Est-ce que
j àng
nga école ?
482
L9
Waaw jàng naa ba C~12.
LO
Euh / waaw ban cosaan nga ?
L9
Man bambara
la.
LO
Ban làkk nga jëkka làkk yow ?
L9
Man soce.
L 0
Fan nga juddoo ?
L 9
Fii suma baay moo jogee Mali qUOI.
L 0
Aah / DOW Sédhiou ?
L9
Waaw.
L 0
Kon Sédhiou / lu fiuuy làkk foofu ?
L 9
Soce rekk / soce rekk la fiuuy làkk foofu.
L 0
Diola
nak / dun ko làkk foofu ?
L 9
Non diola amul / soce rekk la te diolu yëpp degga na
nu soce.
L 0
Euh
sa papa
lan lay làkk ?
L 9
Papa / soce lay làkk
L 0
Ak bambara
/ di nay làkk bambara
?
483
. - \\
L9
Non / bambara
rnosu
ma
ka
degg
muuy
làkk
bambara.
LO
Sa yaay nak ?
L 9
Suma yaay soce la.
L 0
Yow yan làkk nga degg ?
L 9
Man degg naa soce ak olof ak français
tuuti quor.
L 0
Degg nga diola ?
L 9
Déedéet / deggu ma diola.
L 0
Degguloo bambara
tamil.
L 9
Déedéet degguma bambara.
L 0
Seen kër / seen biir kër ban làkk lafi fay làkk ?
L 9
Soce rekk.
L O S a diggante ak sa xarit yi nak / lan ngeen di làkk ?
L 9
Su nu toogee nii / soce la fiuy làkka ak olof.
L 0
Leegi booy wax ak sa / fiii ngay liggéeyal soffor si han
/ lan ngeen di làkk ?
L 9
Olof rekk.
L 0
Est-ce que
am nga seef (chef)
fi ngay liggéey ?
484
. '
1
L 9
Comme
nan?
LO
Euh
ku la / ku la chef?
L 9
Ku ma chef?
waaw am naa / am naa ko.
L 0
Kooku booy wax ak moom lan ngay làkk ?
L9
Kooku
toucouleur
la quoi 1 mais
olof la
fiuuy
wax.
L 0
Euh
ci li nga seetlu / mbedd mi / euh yow li nga ciiy
wax / làkk han / ak luy nit ni di làkk / lu ci ëpp lan
la ?
L 9
Lu op / waaw xam nga / mbon / langue
nationale
bi moom mooy olof / nu bari nak olof la fiuuy làkk /
waaw / bon bu joge fa / diola quoi 1.
L 0
Fii ci Ziguinchor
han?
L9
Waaw.
L 0
Sédhiou
nak nu mu demee ?
L 9
S édhiou
moom soce rekk fioo fa nekk / am na ay
diola
mais
man du ma leen degg üuuy làkk diola
Il soce rekk.
L O D i na fiuuy làkk olof foofu ?
L 9
Waaw / di na fiuuy làkk olof / mais
tuuti quoi.
485
. -.'. ~
L 0
Yow Cl sa dundd 1 ban làkk ngay ngëna làkk en fait
?
L 9
Man 1 soce laay gëna làkk.
L 0
Euh est-ce que
di ngay làkk français
?
L 9
Français / non /
lu may làkk français
bariwul.
L 0
Mais
bu fekkee ne di ngay làkk français
ndax Il nu
muuy demee / luy / lu lay indi ci làkk bi ?
L 9
Lu may indi ci làkk bi ? aah / ah // làkk bu neex la
nak, oui làkk bu neex la / mais
amufiu
moyen
pour wax ko quoi / parce que du am ak ko took
pour waxtaan
français
quoi / ku
lay
waxtaanal
rekk / kooku olof la lay jox walla soce l.
L 0
Donc
bu fekkee ne yaa ngi làkk français
da fay
doon lu la neex daal ?
L 9
Woy woy (oui oui).
LO
Mais amul ay situations yoo xamne yu da ngay
obliger
làkk français
?
L 9
Si / amna ay situations
yoo xamne mbon / bu ma
fa dugge fokk ma làkk français
/ bon
comme par
exemple
bu ma jogee fii
/
bu
ma
amee
ay
problèmes
fii / comme
par
exemple
beneen
patron / comme
su ma soxlee beneen patron
bu
486
--
1
ma
ndemee
faafu
/
ma
exp li que r
ka su ma
problème
/
il faut
que
ma wax ak français
/
waaw / bon
suma
patron bi tamit / kooku tamit
jàngul / mars mu may jox ay lettres
may jàngal ko
/ .
L 0
Leegi yow / booy wax français boobu / walla ngay
jàngal
lettre-u français
bi / est-ce
que
sa
digganteek ak làkk: boobu / dafay mel ni sa làkk: bopp
la walla dafay mel ni làkk jambur la daal boo xamne
bii amulook moom benn affaires ?
L 9
Daay
nirool ak jambur quoi / quoi / waaw parce
que man bu ma ko waxee ak français / il foku ma
(il faut que)
wax ko ak olof / mbon / li ma koy wax
olof tamin du lëpp laay wax ci lettre bi quoi / parce
que yeneen yi du ma leen comprendre.
L 0
Leegi / euh / bu fekkoon ne dan la wax nga tann Cl
làkk yi / nga / yi ngay degg fii / yan lan Cl wara
duggal ci l'école
bi pour nu koy jàngal ?
L 9
Xam nga fii / soucoupapaye
fii / sace yi fioo bare /
bon amna ay diola mais diola yi tamin dafiu làkka
soce soce / bon partout boofa demee / boo leen làkka
soce / il fokku nu tontula / waaw / donc
kon
mooy
degg nan soce / mbon fii nak sace yi bari na / bon
diola
yi tamin / parce
que
kenn du comprendre
diola
ak soce / parce que diola
yi dafiu làkka soce
/ soce yi dafiu lakk diola / waaw soce yi dun làkk
487
.
J
L 0
Non pour jàngal ko xale YI ?
L 9
Pour
jàngal ko xale yi ? man daa xanaa ma dugal
leen pour nu jànga euh
soc 1 yo diola 1 oui 1 mais
olof moom 1 xam nga national
la xam naa tôt 0 u
tard 1 fokku nu degg ko 1 bon mais diola moom 1
pour degg
ko
mooy problème 1 bon je préfère
diola 1 ma duggal leen diola
nu jànga loolu quoi 1.
L 0
Waaw leegi yow booy wax ci ak xarit yi walla ci kër gi
walla ak fi ngay liggeeyee ak yooyu 1 ndax di nga 1 di
ngay boole ci benn wax bi ay làkk. yu bari ?
L 9
Su may waxtaan nii ak sumay gars
yi olof la fiuuy
waxtaan ak soce 1 olof ak soce Il tuuti ak français
quoi 1 oui 1.
L 0
Est-ce que
di ngeen di jaxase làkk yooyu Cl benn
wax hi ?
L 9
Waaw di nan ko jaxase 1.
L 0
Euh
yan làkk ngeen di jaxase Il li ci ëpp ?
L 9
Waaw
en général français
quoi ?
L 0
Par
exemple
ngay
wax
olof ngay
duggal
Cl
français Il w a a w .
L 0
Est-ce que
di ngay wax soce nga duggal ci wolof ?
489
,
1
L9
Waaw.
L 0
Est-ce que
di ngay wax olof nga duggal ci soce ?
L9
Waaw.
LO
Est-ce
que
di ngay wax euh / français
nga
duggal ci soce ?
L9
Waaw Il.
L 0
Jaxase bi daal lëpp la nekk daal ?
L 0
Waaw lu tax fiuuy def loolu ?
L 9
Mbon 1 xam nga / fiun am na yeneen kii yoo xamne
mbon 1 soo ko munul wax ak beneen langue 1 mun
100 ko
wax ak beneen langue 1 te soo ko waxee ak
fioo toog 1 di ngeen ko degg 1 waaw moo tax nu def
loolu quoi 1 bon comme par exemple bon
làkkee
olof 1 bon boo dem be ci kanam 1 nga cal) foofu 1
xamoo nu ngay demee / mun nga duggal sa làkk te
gars
yi nan ko comprendre
quoi 1 wa1la nga
duggal français / waaw di nan comprendre.
L 0
Waaw 100lu bu fekkee ne da nga cal) rekk nga kooy
def ? walla am na Il.
L 9
Waaw / am na yeneen milieux
yoo xamne bon 1 bu
fioo waxtaane 1 mun nga ko làkk quoi 1 waaw 1 mun
490
nga indi ay yeneen làkk 1 duggal ko Cl yeneen wax bi
quoi /.
L 0
Mais pour lan loolu ?
L 9
Non / pour
waxtaan
bi
gëna
neex
quoi
(rires)
toog
be
créer
quoi
/
jeunes
yi
fiooy
c rée r
affaires
yooyu quoi ~
L O C i création
bi la quoi ?
L 9
Waaw fiale
tamit fiu ngeey wax
Cl
m é 1an g e
bi
(rires).
L 0
Leegi Il dama buggoona xam ni xale yi waxee leegi Cl
dëkk bi la 1 di wax ay Il "niks" l "da ma ko dar)" 1
"maay
créel" ak affaires
yooyu
Il lan mooy sa
xelaat ci façon
(fasorji) wax boobu ?
L 9
Mbon 1 yooyu 1 xam nga en
général 1 fiuy wax
yooyu 1 fiu bari dafi leen teg délinquants
quoi
/
oui / parce que mbon 1 fiun 1 co m m e
üun sun
baay yi quoi 1 mbon 1 boo waxee man "niks" "man
faale wu ma dara" 1 bon 1 xam nga yooyu yu safiu
ne kii dafa réew quoi 1 waxu réewantu rekk lay wax
quoi.
L 0
Réewantu.
L 9
Walla mooy wax yooyu quoi / bon en général
boo
ko waxee yi tamin 1 dafiu ne kii day mandi 1 day 1
491
~·I
deey def Iii 1 foo taxaw 1 wax jah man
yi 1 ne ko
niks man faale wu ma dara Iman su ma waay xam
nga Il.
LO
Jah man?
L9
Waaw.
L 0
Ah jah man? waaw waaw nice OK Il.
L 9
Nice quoi / oui / xam nga yooyu lëpp ay làkk jah
man la quoi / su üu toogee / tuuti / üu ne "nice
oui" / boo fekkee dara ni ce -ul
tam
seen
boor
(rires).
L 0
Waaw mais yow mos nga tukki ?
L 9
Man ? waaw / mos naa tukki.
L 0
Fan nga demoon ?
L 9
Man def naa Kaolack
deux
ans 1 waaw 1 falaa
passer
permis 1 joge fa 1 Dakar
/
Touba
/
Bambey /
Darou Kandji / Pekess 1 N gaay 1 yëpp
jaar naa ko.
L 0
Aah yow voyager
nga han kon / est-ce que
de g g
nga olof bu baax leegi ?
L 9
Non / olof dam kooy degg mais su ma làmmifi dafa
diis quoi /.
492
,
1
L O S a lammifi dafa diis han ? Lu waral loolu te yow nga
dem Kaolack
1 def fa deux
ans 1 yow dem nga
Touba 1 Darou / Dakar ?
L 9
Waaw c'est que
mbon 1 fu ma demoon 1 Kaolack
tamit 1 fu ma loger 1 foofu kër soce la 1 su ma
tonton
lan quoi / moom mii ak doomam yi yëpp
soce rekk la fiu làkk Il bon boo jogee ci galle 1 boo
demee ci alla bi 1 ci dëkk bi 1 mun nga làkk foofu olof
quoi / mais
boo fiowee kër ga moom soce rekk laay
làkk /.
493
TRADUCTION
LI
Ici c'est dur. Y a pas de boulot, non y a nen, OUI, c'est
évident, non non ; ah ça, d'ailleurs moi,... tu sais
quand tu ne connais pas la région, tu viens de Dakar
ou de Kaolack, tu arrives en Casamance, tu vois le
pays, tu vois la nature, des fois tu vois, tu arnves,
tu vois ces vallées avec les palmiers, puis t'aperçois
dans les vallées les chèvres, les moutons euh les... tu
te demandes SI t'es vraiment au Sénégal. C'est vrai
han,
alors
quand
tu
observes
bien
la
région
comment elle se présente, tu te dis que vraiment un
autre pays qui aurait une pareille contrée, en aurait
tiré autrement profit, tu vois aah ça, ça c'est une
réalité, c'est indiscutable.
L 0
Oui, oui oui, elle rejoint le domicile conjugal.
L 2
Elle vient avec son enfant qui ne fait pas partie de la
nouvelle famille ; bon l'enfant est d'une autre race ;
bon maintenant son mari à elle Khardjatou, étant
peul, tu vois que c'est difficile pour l'enfant de
devoir parler cette langue nouvelle pour elle, ce sera
difficile quoi ; oui quant à la mère, c'est le mari qui
va l'obliger à parler la langue qu'il parle qUOI, parce
qu'elle
en
tant
que
nouvelle
mariée,
elle
doit
s'adapter mais
dès
qu'elle
trouve
ses
marque
et
maîtrise mieux le foyer, et que sa famille commence
494
'.: 1
à avoir de l'ascendant sur le foyer, alors là on parle
diola, c'est le diola qui s'impose.
Oui oui, d'accord que ça dépend de la première
femme, si la première femme a de grands enfants, la
langue qu'elle utilise avec ses enfants va s'imposer
aux autres enfants plus jeunes.
Et puis yale milieu qui joue aussi hein; bon c'est la
première femme quand même parce qu'elle est la
première à avoir des enfants,
normalement, donc
quand ces enfants vont grandir, ce sont eux qUI
vont initier la communication avec les plus petits, et
imposent de ce fait leur langue.
L 0
Mais Jules disait tout à l'heure que le milieu peut
également jouer.
L 1
Il yale milieu qui joue aussi.
L 0
Oui c'est-à-dire ?
L 2
C'est-à-dire
mon
frère,
c'est
extraordinaire
c'est
comme chez moi, nous on est des wolof mais pour
qu'on parle wolof, c'est tout à fait un problème.
L 0
Mais comment se fait-il ? le père est wolof, la mère
est socé ou wolof ?
L 2
Le vieux est wolof, la maman est toucouleur. Elle est
de Cuut, elle vient de Matam.
495
L 0
Oui, bon, ton père est wolof, ta mère est toucouleur.
quelle langue te parlait-on ?
L 2
Moi, ils ne me parlent que soce (rires).
L 0
Comment
as-tu
fait
pour
comprendre
le
toucouleur
?
L 2
Toucouleur ? Je ne parle pas un mot de toucouleur
(rires). Moi tu sais. Je suis un "innocent (rires) mais
en ce moment là aUSSI ça dépend peut-être bon... de ...
L 0
Tu VIS dans le quartier ?
L 2
Tu sais bon l'entourage, tout l'entourage se sert de la
langue mandingue, tu as vu ? avec le jeu des copains
il me fallait du mandingue, alors tu intègres le topo ?
(rires). C'est comme ça.
L 0
Et la maman alors, il n'y a personne qUI parle sa
langue, le toucouleur ?
L 2
Piquer des mots par ci par là
quelques mots par Cl,
c'est tout.
L 0
Mais c'est peut-être parce que ton père est installé
depuis longtemps dans le quartier ?
L 2
Oui oui. C'est pour les parents qui fréquentaient
mais les parents, ils viennent plus maintenant bon ,
496
ils sont VIeux ; quand ils viennent maintenant ils ont
l'occasion de parler quand même wolof.
L 0
Et toi, tu es né où ? ici ?
L 3
Non, au Sénégal, on parle socé (bruit).
L 0
Mais si tu te mariais et que tu avars des
gosses,
quelle langue leur parlerais-tu ?
L3
Papeel.
L 0
C'est-à-dire?
L 3
Papeel, tu connais papeel ?
LO
Non.
L 3
Papeel c'est la langue de Guinée Bissau.
L 0
Bissau, oui.
L 3
Parce
que
nous
sommes
de
vrais
africains,
SUIS
papeel.
L 0
Attends, parce que là je SUIS perdu. Papeel ça veut
dire, quand tu
dis
"papeel", ça veut dire qUOI
?
exactement
(rires)
d'après
toi
?
explique-moi
pourquoi
?
L 3
C'est une· question de milieu qUOI.
497
,
1
L 0
Mais maintenant pour ceux qui
fréquentent l'école
euh, comment ça se passe dans cette région ?
L 4
Ceux qUI fréquentent l'école ? dans l'école, qu'est-ce
qu'ils ... ? S'ils sortent à la récréation par exemple, tu
sais en classe de toute façon c'est le français.
L 0
Bon, mais quand ils sortent en récréation, quelle,
quelle quelle langue, langue ils utililisent ?
L 4
A Ziguinchor, eux c'est le socé.
L 0
Mais
ceux
qui
fréquentent
les
établissements
de
Ziguinchor utilisent quelle langue à la récréation ?
L 4
Mais tu sais à l'école également, c'est beaucoup de
gens qUI se retrouvent. Oui il y en a qUI parlent
wolof et qui parlent diola, il y en a qUI parlent
français. Mais en observant bien la langue qui est
associée aujeu ou aux causeries tout ça à l'intérieur
de l'école et tout ça quoi, la plupart du temps ils sont
à l'école avec de temps en temps une rapide sortie
dans la rue et retour à l'école, à l'intérieur de l'école
donc, à la récréation, bon quand tu te mets à bien
écouter par exemple, tu arrives, tu t'installes dans la
cour, tu les observes, là c'est le wolof qui menace.
L 0
Il n'y a pas dans certains quartiers (...)
L 4
Mais attention, le wolof prend le dessus mais y a une
chose
SI
tu
regardes
bien
aah,
pendant
la
498
,
1
récréation, quand les élèves sortent, toujours dans,
comme par exemple dans la classe comme ça, pas mal
d'élèves forment des groupes, tu as vu, comme ça, à
chaque fois qu'ils sortent, ils forment des groupes, ils
vont ensemble en groupe, et la langue qu'ils utilisent
qUOI, tu as vu, ils utilisent la langue qu'ils veulent,
parce que moi j'ai fait ce constat. Moi quand j'ai
commencé
ma
sixième,
depuis
que
j'ai
fait
ma
sixième mes gars, presque tous mes gars, ceux de
mon groupe, en quelque sorte, il y a des diola, il y a
des socé mais presque tous, ils utilisent le wolof.
L 5
Ca rejoint peut-être ce qu'il avait dit non ? Si c'est le
groupe,
tu
peux avoir par exemple des
affinités,
vous constituez un groupe solidaire, vous évoluez
ensemble,
effectivement la plupart du
groupe
ce
sont
des
socé,
dans
ce
cas,
quand
ils
jouent,
s'amusent ou bien quand ils veulent déconner, euh
ils utilisent le socé, les autres prennent le diola, oui
ça, ça arrive à l'intérieur de l'école, oui.
L 4
Ou alors si on se retrouve en train de bavarder en
wolof, mon pote est peul, ben je lui cause en peul, je
lui parle c'est-à-dire in petto, oui in petto, c'est ça,
lorsqu'on veut avoir de la complicité, il te balance ça
en peul, comme ça les autres ne peuvent pas piger
quoi, d'accord.
L 0
Est-ce qu'il y a des gens qUI causent en français ?
499
L 5
Les diola oui.
L 0
Ah
bon
les
dio la,
ce
sont
eux
qUI
parlent
habituellement français ? à la récréation ? d'accord
mais et
les
socé à la récréation, qu'est-ce qu'ils
utilisent eux ?
L 5
Eux, peut-être un peu le wolof quoi ; c'est eux qui
utilisent plus souvent le wolof quoi, ou alors leur
langue ; les diolas sont ceux qui utilisent le plus
souvent le français.
L 0
A l'école seulement ou dans la rue et ailleurs ?
L 5
Eux, même entre eux
comme ça,
ils
utilisent le
français.
L 0
Comment expliquer ça ?
L 5
Bon, quand tu es à l'école et que tu as un pote qui
est très branché études, il ne comprend pas olof
quoi, ben tu lui causes en français.
L 6
Ils sont très branchés études les gars, pour eux il
n'y a que ça de vrai.
(Arrive une personne).
L 5
Boy pullo, boy pullo (peul) comme ça va ? et le
boulot ?
500
" ,
1
L 7
Euh, le boulot, on fait aller.
L 0
Bon, tu m'expliquais comment ça se fait que les
diola...
L 5
Bon moi je parle mandingue, le pote parle diola et le
pote ne comprend pas olof quoi, il va me causer
français puisque bon il ne comprend pas olof et que
moi je ne comprends pas diola quoi.
L 0
Oui mais ça c'est une situation plutôt rare.
L 5
Mais ceux qui utilisent le wolof seulement sont bien
plus nombreux quoi.
L 0
Mais comment expliques-tu le
fait que les
diola
utilisent le français beaucoup plus que ne le font les
autres.
L 5
Ah les diola, un, deux ils glissent le français, tu sais !
L 6
Ceux qui utilisent le français, ici, la plupart sont
orrgtnaires des villages, et c'est là-bas qu'ils s'initient
au français et quand ils arrivent ici, alors ils sont
tellement
habitués
à
parler
français,
ils
y
sont
habitués de
telle sorte qu'ils ne peuvent plus se
passer de cette habitude. Alors que nous, ICI, les
gars, on exige pas ce cas là. Mais l'affaire de "symbole"
est un peu utile pour ça quand même. Il y a qu'ici
c'est le fief des "yëngg man" (young man). Ils n'ont
que faire, alors que là-bas, on les pousse à parler
501
français
peut-être
pour
qu'ils
puissent
se
familiariser tôt avec cette langue et mener à bien
leur scolarisation.
L 0
Mais le symbole, c'est une affaire qUI a disparu y a
longtemps ?
L 7
Le symbole, ça c'est un autre truc.
L 0
Ici donc c'est à cause du symbole quoi ; est-ce que le
symbole continue toujours à fonctionner dans les
villages ?
L 5
Bien sûr.
L 8
D'ailleurs, là-bas, moi j'ai vu des jeunes qui ne sont
pas allés à l'école, mais alors le français, ils le parlent,
ah oui, il y en a pas mal là-bas, ils ne sont pas allés
très loin à l'école mais le français, le français ça...
L 6
Oui, les gars,
tu
sais, bon quand ils
arrivent à
Ziguinchor,
pour
montrer
que
bon
ils
sont
maintenant
"évolués",
ils
se
mettent
à
parler
français, pour signifier que bon, à présent ils ne sont
plus des villageois quoi, ça aussi, c'est psychologique
chez eux.
L 7
Eux dès qu'ils apparaissent seulement, il suffit qu'ils
parlent, on sent carrément. que ce sont des villageois
; c'est comme un casa qui, tu sais quand il se met à
502
parler wolof alors là tu peux savoir que c'est un bleu
dans la ville.
L 8
Ici, en général les gars décrochent très tôt de l'école
quoi, et puis, comme mal mon cas, j'ai abandonné
très· tôt les études, on m'a mis en apprentissage, j'ai
commencé à m'habituer à l'argent, à la bringue, puis
j'ai arrêté tout ça, maintenant je suis rentré dans le
milieu du maquis, je me suis mis à fumer (tabac), à
boir
du
thé
avec
les
copains
et
tout
ça,
voilà
pourquol. ..
L 0
Bon, c'est ça. Mais alors est-ce qu'il existe des cas,
comme par exemple des gars originaires des villages
qUI
viennent
ICI
poursuivre
leurs
études
normalement, et qui ne font pas comme les villageois
ont l'habitude de
faire, c'est-à-dire que finalement
ils parlent socé entre eux ou à l'école sans que cela
n'influe sur leurs études ou bien ?
L8
Oui, dans l'apprentissage des matières, tu VOIS un
diola
qUI quitte
là-bas,
qUI arrive,
tout
décidé
...a
apprendre
un métier, en deux ans seulement il y
arnve, il avance
...
alors que mal Je reste coincé a la
maIson ...
L 0
Bon pour toi c'est cela qui explique qu'ils parlent
plus français que les autres ?
503
.•
1
L 4
Oui parce que eux ils sont très motivés qUOI OUI,
parce qu'ils sont au village, ils sont gérés par des
blancs, les abbé, les soeurs, tu as vu, c'est ça qUI fait
qu'ils parlent beaucoup français comme ...
L 0
Mais est-ce qu'il y a une différence avec les villageois
qui ont fréquenté l'école publique ?
L 4
Bien sûr qu'il y en a.
L 0
Quel genre d'école trouve-t-on le plus au village ?
L 4
Au village ? Il Y a des écoles publiques ainsi que des
centres.
L 0
y
a-t-il
autant
d'écoles
publiques
que
d'écoles
privées ?
L 4
Ouï. on peut dire en gros que leur comportement est
général.
Les
villageois
pour
l'essentiel,
c'est
le
français
qu'ils,
OUI,
eux,
le
français,
ça,
c'est
régulièrement. ..
Par exemple moi, SI Je SUIS diola et que je SUIS au
village, il y a un diola qui se trouve à..., s'il arrive et
veut parler français, je le prendrais autrement, je
comment, euh, je l'écoute d'emblée, ici par exemple,
prenons ici, parce qu'il y a des diola qui font leurs
études, et pour ces études il y a un certain nombre
de choses qu'ils mettent en avant. Si tu acceptes
504
\\'.' <., ï
cela, tu pourras composer avec eux, SInon tu ne
pourras pas.
L 0
Qu'est-ce qui domine dans les villages ?
L 4
Dans les villages, ce sont les écoles publiques.
L 0
Donc il n'y a pas de différence entre villageois.
L 4
Si c'est à l'école publique c'est le symbole. Si c'est à
l'école privée, c'est le comportement et l'éducation,
OUI.
L 0
Mais est-ce que le symbole marche toujours ?
L 4
Ca, ça dépend des maîtres.
L 0
Mais est-ce que la plupart des maîtres utilisent le
symbole ?
L 4
Actuellement, peut-être bien han, SI tu es à l'école
publique comme maître d'école, il y a l'influence de
l'école privée qui est présente donc tu es obligé de
pousser
tes
propres
élèves
pour
qu'eux
aUSSI
puissent aVOIr le même comportement pour qu'ils
n'aient pas des retards.
L9
24 ans
L 9
Je suis né en 1965.
505
L 0
Es-tu allé à l'école ?
L 9
Oui je suis allé jusqu'au CM2.
L 0
Euh, oui de quelle ehtnie es-tu ?
L 9
Moi je suis bambara.
L 0
Quelle est ta première langue ?
L9
Socé.
L 0
Où es-tu né ?
L 9
C'est mon père qui est originaire du Mali qUOI.
L 0
Aah, pour venu s'installer à Sédhiou ?
L9
Oui.
L 0
Quelle langue est parlée à Sédhiou ?
L 9
Que du socé. On ne parle que socé là-bas.
L 0
Et le diola ? On n'y parle pas diola ?
L 9
Non, y a pas de diola. Que socé et tous les diola
parlent socé.
L 0
Quelle langue parle ton père ?
L 9
Papa, il parle socé.
506
'"'-
!
L 0
Et bambara, parle-t-il bambara ?
L 9
Non, je ne l'aijamais entendu parler bambara.
LO
Et ta maman?
L 9
Ma maman est socé.
L 0
Quelles langues parles-tu ?
L 9
Moi je parle socé et wolof et français un peu quoi.
L 0
Tu comprends diola ?
L 9
Non, je ne comprends pas diola.
L 0
Tu ne comprends pas bambara non plus.
L 9
Non, pas bambara.
L 0
En famille, à la maison, quelle langue parle-t-on ?
L9
Que socé.
L 0
Avec tes amis alors, quelle langue utilisez-vous ?
L 9
Entre nous comme ça, on parle socé et olof.
Lü
Bon maintenant quand tu discutes avec tes collègues
de travail, les chauffeurs han, quelle langue vous
utilisez ?
L9
Que olof?
507
L 0
As-tu un patron, là où tu travailles ')
L 9
Comment ça ?
L 0
Euh, quelqu'un qui est le chef ?
L 9
Mon chef? oui j'en ai, j'en ai.
L 0
En parlant avec lui, quelle langue tu utilises ?
L 9
Lui, il est toucouleur quoi, mais on parle olof.
L 0
Dans la rue, selon ton observation, euh, entre la
langue que tu utilises et celle que les gens utilisent
quelle est la langue la plus fréquemment utilisée ?
L 9
La plus utilisée, bon, tu sais, la langue nationale c'est
le olof, la plupart des gens utilisent le olof oui, après
ça, c'est le diola quoi.
L 0
Ici à Ziguinchor han ?
L 9
Oui.
L 0
Et à Sédhiou ?
L 9
A Sedhiou, c'est le socé uniquement. Il y a des diola
mais moi Je
ne les entends pas parler diola, ils
n'utilisent que le socé.
L 0
Parlent-ils olof là-bas ?
508
L 9
Oui, ils parlent olof, mais très peu quor.
L 0
Quelle langue as-tu l'impression de parler le plus
dans la vie en fait ?
L 9
Moi, c'est le socé.
L 0
Euh, parles-tu des fois le français ?
L 9
Français, non, Je parle le français très peu.
L 0
Dans quelle circonstance il t'arrive de parler français
?
L 9
Qu'est-ce qui m'amène à le faire ? aah, ah, j'estime
que
c'est
une
langue
agréable
mais
on
n'a
pas
tellement de moyen pour la parler, parce qu'on a
personne avec qui causer en français
uniquement.
En général les gens te causent en olof ou en socé.
L 0
Donc quand tu utilises le français,
c'est par pur
plaisir en quelque sorte ?
L 9
Oui oui.
L 0
Mais il n'y a pas de situations qUI t'obligeraient à
parler français ?
L 9
Si il y a des situations qui bon, font que je suis obligé
de
parler
français,
bon
comme
par
exemple
en
partant d'ici, si j'avais des problèmes ici, comme par
509
,
\\
exemple avec un autre patron, SI Je vais là-bas, pour
lui expliquer mon problème, il faut que je parle
français, oui, bon mon patron non plus, lui non plus
n'est pas allé à l'école, mais il me donne des lettres
pour que je les lui traduise.
L 0
As-tu l'impression, en
lisant ou
en
traduisant les
lettres de ton patron, que cette langue là est plutôt
une langue
qui
t'est complètement étrangère,
qui
appartient à quelqu'un d'autre.
L 9
ça ressemble
plutôt à
une
langue
étrangère,
OUI
parce que moi, quand je le dis en français, il faut que
je le dise en wolof, bon, mais je ne dis pas tout non
plus en olof parce que y a certains trucs queje ne
peux pas traduire en wolof.
L 0
Maintenant, euh, si on te disait de choisir parmi les
langues que tu entends ici, celles qu'on enseignerait
à l'école?
L 9
Tu sais, ici à Soucoupapaye, ce sont les socé qui sont
majoritaires. Bon il y a des diola mais les diola aussi
parlent socé. Bon partout où tu vas, en parlant socé
les gens te répondront, donc cela veut dire qu'ils
comprennent socé. Bon ici il ya beaucoup de socé.
Bon les diola aussi, parce que personne ne comprend
diola et socé, parce que les diola parlent socé, les socé
parlent peu diola, oui les socé ne parlent pas diola.
Bon les socé quand ils parlent, utilisent le wolof, mais
510
n'utilisent
pas
le
diola,
pas
mal
de
socé
ne
comprennent pas diola. J'ai vécu 17 ans ici, bon
jusqu'ici je ne comprends pas diola, OUI.
L 0
Bon, donc si tu devais choisir, tu choisirais le socé en
premier ?
L 9
Oui je chosirais le socé en premier quoi.
L 0
Bon, ensuite ?
L 9
Après le socé, euh, truc, le diola oui, tu sais qu'ici, il y
a beaucoup de Baïnouk, mais les Baïnouk n'utilisent
pas leur langue, eux ils ne parlent que socé. On peut
dire que ce pays est un pays de Baïnouk quoi.
L 0
Tu veux dire Soucoupapaye ? C'est un quartier de
Baïnouk ?
L 9
Oui, Ziguinchor en entier, est un pays Baïnouk parce
que les Baïnouk ont été les premiers à s'y installer
avant toutes les autres races (ethnies). Oui.
L 0
Maintenant après le socé, le diola, quelle langue va
suivre ?
L 9
Je suppose que ce sera le créole, oui, il y a pas mal de
créoles, ils sont nombreux.
L 0
Et le wolof? on l'introduirait à l'école ?
511
L 9
Le olof non je ne l'ai jamais appris à l'école.
LO
Non, pour l'enseigner aux élèves je veux dire.
L9
Pour l'enseigner aux enfants ? moi Je serais plutôt
...
pour les
mettre
a
l'école
qu'ils
apprennent entre
,
soce, diola, OUI mais olof, tu sais c'est la langue
nationale, sûrement tôt ou tard, ils sont appelés à la
parler, bon mais le diola, pour le comprendre, c'est
un problème, bon je préfère le diola, les mettre à
l'école pour qu'ils apprennent cette langue.
L 0
Bon maintenant quand tu es en conversation avec
tes amis ou à la maison ou au travail et tout ça, est-
ce que tu utilises plusieurs langues à la fois ?
L 9
Quand je discute comme ça avec mes gars, on cause
en olof et en socé, olof et socé, un peu en français
qUOI.
L 0
Est-ce que vous mélangez ces langues là ? dans une
même parole ?
L 9
Oui, on mélange han !
L 0
Qu'est-ce que vous mélangez le plus souvent ?
L 9
Oui en général le français quoi par exemple on parle
olof on y introduit du français oui.
L 0
Est-ce qu'en parlant olof tu y introduis du socé ?
512
L9
Oui.
L 0
Est-ce qu'en parlant français tu y introduis du socé
?
L 9
Oui.
L 0
En somme le mélange, c'est avec toutes les langues.
Bon mais pourquoi ça ?
L 9
Bon, tu sais, il y a des choses, tu sais quand tu ne
peux pas les dire dans une langue, tu peuxdire ça
avec une autre langue, et puisque les gens qUI sont
avec toi peuvent comprendre ça comme ça, OUI c'est
pour ça qu'on fait ça quoi. Bon comme par exemple
quand tu parles olof, à un moment donné tu cales, tu
ne sais pas comment continuer là tu peux introduire
ta langue et les gars comprendront quoi, ou alors tu
mets du françaislà aussi ils comprennent.
L 0
Bon, ça c'est quand tu cales, tu es coincé, que tu le
fais uniquement, ou bien il y a d'autres ?
L 9
Oui il y a d'autres
milieux où les gens dans la
conversation
peuvent
parler,
peuvent,
OUI,
introduire d'autres langues en utilisant une langue
donnée quoi.
L 0
Mais pour quoi ça ?
513
L 9
Non, pour que la conversation soit plus intéressante.
plus croustillante, plus salée quoi (rires) il faut créer
et les jeunes aiment bien créer tout ça quoi.
L 0
Ca fait partie de la "création" quoi ?
L 9
Oui d'autres utilisent souvent le mélange (rires).
L 0
Je voudrais aVOIr ton aVIS sur la manière dont les
jeunes parlent maintenant dans la ville. Quand ils
parlent ils disent "niks", "darj" "maay creel" et tout ça.
Qu'en penses-tu ?
L 9
Bon ces choses là en général, ceux qui le disent on les
prend pour des délinquants quoi, oui parce que bon.
nous, c'est comme avec nos parents, bon, quand tu
dis moi "niks", "moi faale wu ma dara" bon, tu sais les
gens vont dire que tu es mal éduqué, ce sont des
trucs d'enfant impoli quoi.
Des fois aussi y en a qui disent que c'est le langage
des gens
qui fréquentent les bars, celui des
"jah
man" qui disent "moi niks j'en ai rien à faire~ tu sais".
LO
Jah man?
L 9
Oui.
L 0
Ah jah man, oui oui, nice OK.
514
L 9
"Nice" quoi oui, tu sais tout ça c'est le parler des "jah
man", ils disent souvent "nice", "oui", même si rien ne
va en réalité, de leur côté (rires)
L 0
Mais as-tu déjà voyagé ?
L9
M .?
.
01 . OUI.
L 0
Où es-tu allé ?
L 9
J'ai fait deux ans à Kaolack, OUI, c'est là-bas que j'ai
passé le permis, de Kaolack je SUIS allé à Dakar,
Touba, Bambey, Darou Kandji, Pekees, Ngaay, tout ça
je suis allé.
L 0
Décidément tu as vraiment beaucoup voyagé. Donc,
tu devrais bien parler wolof maintenant ?
L 9
Non, je comprends olof mais c'est encore un peu
lourd tout ça.
L 0
Comment ça et pourtant tu es allé à Kaolack, tu es
resté deux ans là-bas, tu es allé à Touba, Darou,
Dakar ?
L 9
Oui c'est que bon, là où j'étais à Kaolack aussi, là où je
logeais, là-bas c'est une famille socé, c'était chez mon
oncle quoi, lui ainsi que ses enfants ne parlent rien
d'autre que socé. Bon quand tu quittes la maison, tu
peux
parler
olof à
l'extérieur
mais
dès
que
tu
retournes à la maison, il n'y a que le socé.
5 15
,
1
LlO
50 ans
Soce
1 non francophone
LlO
(paroles soce)
Mais
su ma làkka laa jëkka waxtaan
ak yow 1 pass ka (parce que)
moom la namppa.
L 0
Moom mooy dëgg sax.
LlO
Dëgg nga 1 1001 la wara folJkk hi tam / pour su may
doom yi 1 eh nu ham man maay kan 1 fiun lan lan 1
ban héet lan bokk 1 dee nga ? waaw ni (nit) ku nekka
foo cosaanoo 1 daq ko wara folJkk 1 man loolu lu ma
neex la ci soce yi pas que da nu forjkk seen cosaan 1
même
boo
ko
yoboo
Paris
mu
làkka
soce
Il
"mandi 1Jk00 1 kaa fiinn te mu mandilJkoo 1 to wanni 1
mandi I)koo piir aman chia.
LO
Hum.
LlO
"A man chia du ma mandirj moo wara wurelo boo taQ
mandirj ma li" Il mooy mandilJko 1 Mali la jogee 1.
Anhan 1 mandirj ci réew Mali la nekk "Conni boo
nekkee
Casamance 1 etarj Casamance talJ 1 mun
nan
wax
se
jemoo
cosaan
1 capitale
ancien
capitale 1 mandilJka moo premier
(premier) dikki
Mali (dëkk) foofu la soce jogee 1 rnandirjka : duube a
bote jeelo.
L 0
Waaw 1 fioorn nu nu nowee Casamance
?
516
, ,
LlO
Woo histoiro janfatarj Qan fue folop mandirj de parto 1
ma wahla fi nu jogee d'abord.
LO
Waaw.
LlO
Boobu leer nan 1 bu boobu leeree 1 nu xam lan
mooy soce 1 jogee na Limande 1 doxantu doxantu 1
fiow 1/ àndu nu pour
l'islam 1 àndu nu pour dara
1pour xam 1 si suuf Mali fii 1 ndax denc palace boo
xamne nit di na mun dunddu foofu 1 nu jel jiroom
iiaaru barr 1 nu jem leen seet.
L 0
Jiroom fiaar barre ?
LlO
Jiroom naar barre 1 nu dox 1 dox bee nu dugg fuuta
jalorj Il Soo kubu dara 1 xanaa Tooma 1 Nallu 1 Baaka
pas que boo nekka mandirj 1 mandirjka moori 1 boo
nu fiowee 1 des foofu 1 nu desu Fuuta Jalorj ak i peul
fuuta yi 1 and ci Nallu Tooma 1 Baaka 1 xéet yooyu
yëpp fioo nekka Fuuta Jalorj 1 ûoorn mande yooyu 1
nu denke
(dëkk)
foofu 1 nayettu (nawet) foofu 1
beyy Il beyy bi
nexna (neex na)
no 1 nu bayyi
kenna ki 1 nu may ko jabar 1 Yallah may ko 1 ubbi ko
1 al hamdilah 1 am na njaboot Il nu fiow nak Peul
Fuuta yi, J aaxanke yi fiow 1 nu tuubu leen 1 nu
nekko
mandiq moorol Il mandirjka moori 1 nga
jiroorn fiaar la 1 kenn ki 1 des na 1 des na jrroorn
benn 1 yooyu fiow dëkk kaabu Il waaw 1.
517
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fioo fioo Kaabu 1 fioo fioo defar kriqti 1) yi 1 jekka
defar kril)til)
LO
Kaabo ?
LlO
Kaabo 1 ha Il dekko bu fioo wax nu fiow foofu 1 mu
ne ko yee ni 1 fii ngeen joge 1 mu nen tel mandirj
doole 1 mboto mandiq 1 beta telurj alu mandirj moole
teli aah mandirj koole Il Koofiaj finoo wax mandirj ko
oh 1 men telli boo tal)
mandirj 1 mandiq
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munte Il kon goo làkka bu nu 1 eeh bu nu fekke
foofu eh koo la fiu mu na waxa 1 nun fiu ne ko
mandi 1) koo 1 làkka koofiaaj Il mandiq nii la fioowee
Il.
Jiroom fiaar la 1 kenna ki des Fuuta J alorj mu ne ko
"rnandi q ka moori" nu fiow Kaabu fiu ne mandirjko 1
ne
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mandirjkoo 1 moo
wore
wural
boote
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mandi I)ko rabanna
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binimaato
kaabo
kono isite site 1 sije dole koofiaaje futu 1 dole tandda
futu ituuta jew 1 tuuta jew 1 fo de wule ko manaate
1 chiaata 1 yew mincheaa dann 1 eh fi mii jekke ko 1
fiu took 1 yalla may la yii takka jabar 1 jabar tandda
ak i koofiaaj 1 dengga 1 Yallah dimballe le 1 ubbina
njaboot 1 ubbina tabaar kalla barina jaboot 1 dengga
1 fiu doora commencer
fian le nguur gi 1 mu ne
yeen su nu xéet yi ngir rekke la fiu doon 1 amna
xéet iiuy iiow 1 fiu ngi kisidege 1 kisidougou 1 mooy
peul firdu yi 1 wacca 1 fekk na soldaar yi jëkka nafi
518
-- \\
now 1 fiu arrêter
leen foofu 1 mooy Madina Boowe
1 boobu temps
si Boowe 1 du làkka peul
de 1 làkka
tan 1 eeh làkka koo fiaaj la 1 mais peul
yi jel ko
seen bopp 1 Madina Boowe da fa mel larj ka
arabe
tuuti pasqua Boka Medina 1 si arabe
la 1 Madina
mooy dekk 1 so boowe mooy yii (fiii) yagga nafi foofu
Il.
Dikkë bi 1 fiow nafi defar dekke bii mais
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foofu 1 mooy Madina Boowe 1 fiu arrêter leen peul
firdu yi foofu 1 bataillon le
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mu xotti mbubam 1 fekka sër rabbu la fiu dOQ soli
mu yekkati 1 nii lay wax 1 mu ne ah soce mu ni
"yebba leero wi linddi fuleel yee bu loodi" maanaam
mu ni pol yi yekketi na drapeau
blanc
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fiow wor leen 1 indi leen 1 kepp soce bu xonk fii takk
jabar pol yooyu Il ne amul soce bu xees 1 ne soce bu
xees amul mosul am deenga 1 fiu fiow 1 fiu joxleen
ay
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1 dekkal
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dekkax fioofiu 1 pol su fiu mbokka 1 ku fiow rekk poli
fiow 1 fiaani soce yi place bufi le en daleh 1 pol firdu
yi 1 pol yi fiow 1 saraxulee yi fiow 1 wan (waa) Futa
J alorj 1 saraxulle yi fiow fie lettu ûu 1 mu ne "sonink
keefia" mu ne han "ûun soninke nee na 1 xeeti yi
nekka ci gannaw eh 1 soninke 1 seen nekke yeefar
moo gen fiun 1 fiun fiu took fu fiu deggul 1 mu ne
manda 1 saraxulle yi 1 fioo took ci Fuuta J aloq 1 fekke
jalonke 1 soce yooyu 1 mu ne dal leen fii 1 pas que ci
519
kanam
ay
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1 nu
may leen ko dekka bu tudd "Manda" Manda 1 si Fuuta
J alorj 1 saraxulle yoo took foofu 1 be pol Fuuta yi fiow
baay
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baay almanananko 1 dugga si Maacina Fuutooranke 1
tasaare fiow 1 pol Fuuta yi fiow Danda / jaalunke /
sun mbokka soce yoo 1 nu xeexa fioo befiu duma
leen 1 fiu nanggu réew ma 1 bi nu nanggu réew bi 1
saraxulle yi fioo jeballe seen bopp si fioofiu 1 fiune
fioom de dafi bugga tuubi 1 fiu tuub 1 nekka foofu 1
nekka foofu be certain jamano iiow si fioom fia leen
ko son ko ak yi Marna Janke 1 dernier nguur Kaabo 1
Yalla boole his toire diggante soce yeek kaabu ak
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Kooku Y tam 1 his toire
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seet seen dé b 10 que men t
bi 1 a r mes
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manquer-na Il buur bi mu ne ko dem leen ngeen
dem wuti 1 mu ni eh 1 Marna Jarjke Waal envoyer
fanweer
fiaari
soldaar pour nu dem Libéria
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fassu piir di dem Mauritanie
Il Saraxulle yi japp
fanweer fiaar 1 fietti soldaar yi 1 rey leen bàyyi
kenn 1 mu ne ko pas que
yeen du leen jullit 1 yeen
du leen wax lahillah illahlah Mouhamad Rassoul 1 Lii
moo boole diggante saraxulle ak Peul Fuuta Il Soce
nekka nii 1 Yallah dimbale nga leen ko sonko fekkana
yeen
soldaar jaar
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na
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Gambie 1 di nekka nguur 1 di nekka nguur 1 mais
520
nak amufi jàmm
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nek.k 1 xeex rek.k 1 soce 1 soce nak du nanggu 1 kenn
du nanggu nu coloniser 1 be bis tey 1001 moo des ci
loxo soce Il même boo nekkee patron-am 1 buggul
nga coloniser
ko 1 wax 1 wax boo xamne bugg
jàmrnam 1 jarna mu bàyyi liggéey
boobu Il pas
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coloniser 1 be bi nu (bruit)
be mandirjka 1 soce
kenn mosu ko coloniser 1 fioo coloniser 1 moo tax
be tey daay yaakaar soce da fa yabaat 1 deedeet 1
100 fekkul doo ko nanggu 1 même
bu
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wolbati
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yoon 1 soce du
nanggu nga
liggee patron
nga di ko emmerder 1 di ko wax wax
bu nek.ke 1 da fa dem sa yoon 1 mu ne ko liggéey bi
jarmu 1 alal jaruma Iii 1 nu wax soce buggul liggéey
1 soce buggui anh Il.
Bi nit ni fiowee tomber
Malinko
Sonko
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mu ne
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pour yokk soce Il baïnunke moo nu ëpp do ole ci
réew mi 1 nu départ
nak 1 dumax peul yi 1 nanggu
colonisation
bi lëpp seen loxo be agg fi nu wax
Nioro
Mamou
Ndaro
Il mais
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Garnbia be Guinée
Bissau 1 colonisés
yi 1 ni jàppa
nit ni di leen coloniser
di
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leen seante
(seyyante)
pas
ka (parce que)
du nu leen jaay 1
da nu leen jappa nii 1 indi 1 yar leen kër ga 1 jel seen
santa (sant) 1 tek ko seen kaw 1 fatte seen fami (Ile) 1
521
,
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soce defna Il soce 1ll!I. bariwul be bisi tey 1 boo
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tandda la Il soce bariwul 1 depuis
Casamance
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Guinée
Bissau 1 soce bariwul 1 wànte Iii moo tax
làkka kati soce 1 da fa bari ci réew mi Il bu junni
taxawee 1 yëpp di làkka soce soo leen laji seen maam
1 kii di wax man baïnunk laa kii di man njaago 1 kii di
wax man tandda 1 kii di wax man peul firdu 1 su ma
cosaan foofu la j6gee deenga 1 mais nak 1 làkka bi
colonisation
tax yëpp fiu bari fàtte nafi seen làkka
cosaan 1 pas que
Iifi leen coloniser 1 sa papa foof
la juddu 1 di làkka soce 1 sa maam foof la juddu eh
yow boo xamee loolu waxu fiu la tam ku
moom
Casamance fii.
Wii diola da fa dox tanka fiow 1 Casamance
cosaan
yëpp baïnouk la kese 1 Guinée
Bissau 1 Tandda 1
koofiaaj 1 balanta naaga dafa fiow tankam 1 mankaafi
Fuuta Jalon la jogee 1 manjaaku aussi
kisibededugu
la jogee 1 kii laay wax too ma njaago 1 tandda Booka,
mankaafi la Il dekka foofu 1 je 1 naaj bi 1 bu fiu
paree fiu fiibi
campagne 1 bon 1 pol fuuta yopp
fiaw fiu indi ay marchandises
/
fruits
africains
yu dem guro yi dem ay cafe 1 yi dem ay banaan 1
fio dem ay oranges Il di leen yenne (yenu ) di indi
di jaay di dem 1 balanta kuy fiow 1 bu fiow pol Fuuta
li fiu soxla 1 marchandiss
u la ak jah 1 fu fiu jaay 1
su la nex nga dello 1 su la nex nga took 1 nu la
balanta yi iiow 1 balanta naar la 1 nii la seen xeet di
duggee ci Guinée
Bissau 1 fiep Fuuta Jalorj la nu
522
j6ge 1 baïnunke 1 wax
boobu 1 moo wara riche
Casamance 1 bu dee fii jaar dëgg 1 làkka baïnunke
moo
wara
riche
même
soce
pisque
après
baïnunke soce la après soce peul 1 pol yi mujjee
fiow 1 mais
làkke làkke 1 làkke bu
wara ri che
Casamance 1 nekka lilla 1 comme
olof national 1
lanku (langue)
nationale 1 mooy baïnunke 1 moo
wara
am pas
que
fioo
fioo
cosaan
si
réew
mi
(Casamance).
L 0
Mais
Baïnunke ak diola nu fiu Il.
LlO
Soriante nafiu 1 du nu dégante 1 bokku nu diola
jiaatu ci baïnunke, eeh baïnunke mooy seen jiaat 1
comme fioo 1 diola
daay wax rekk.
soce la.
L 0
Diola soce la ?
LlO
Pas que diola 1 bi fiu j6gee mandirjka 1 üoo ml tam
bariwufi 1 diola
seen xeeti bari 1 Angola la des 1
réew
Angola Il fiu wacce côte
Guinée
Bissau 1
mu nekk.e "kisinar joola" 1 diola
xeet la 1 ci arabu yi
nu wax 1 mu ne fioo fioo di fay.
L 0
Oui oui / récemment là un jour là 1 Maamu
1
mom copain là 1 moo am benn "kisinar diola " la bu
ko engager
woon ko pour dem jeli son bois là en
brousse
mais
bim demee foofu 1 alors seen
làkk
bi quoi moo ma frapper
quoi 1 ma laaj waa ji quoi
1 mane kooku déguma ko 1 mosuma ko dég quoi /
mais mane ko mais yeen lan ngeen di làkk 1 mu ne
523
ma kisinar diola 1 ma ne ka 100 li tam diola la 1 mu
ne waawaaw 1 diola
Guinée Bissau.
LlO
Noom noon la nu fiewee ànd ax saraxulle 1 fioo
depuis
ci réew arabe si nun sace 1 fioo fioo faykati
comme
fin di moi s
bu
jotee
1 finseneer
YI
(fonctionnaires)
nga dem ban que
nu fey la 1
affaires yi commerçant fioo yore bidset (budget)
yi 1 moo diola yi 1 moo tax diola làkk bi dafa am tuuti
pol 1 da fa am tuuti serer 1 melanse (m é la nge r)
moo nekka foofu 1 comme
du olofu ndiaye
jaxase
la 1 nko olof 1 soce baa ngi foofu 1 pol baa ngi foofu 1
deenga 1 tuuti mot français
baa ngi foofu 1 serer
baa ngi foofu Il bon
diola
seen làkk fii la nu sotti
wax
bi
nekka
wax
bi
nga xamne
especial
la
1
ordinaire
la 1 seen làkk au fond au fond
soce la 1
tu ur (tur)
boobu
üun
fioo
ko jox
"joorla"
mooy
feykat.
Temps
races yi kenn toppatoowul 1 sa métier rekk
lan la woo Il boo nekkee uude 1 nu ne "kararj ke" soo
nekkee soor la ci kow mu ne ko "jama kat" nu ne ko
soor la Il fiun sun maam koofiaaj la 1 moo tax mane
soce piir bariwul fii 1 sun maam cosaan koofiaaj la
fioom fioo defar krifJtifJ 1 di ràbb ak bey 1 1001 lan xam
Il mai s
li nu do on boole soce yi 1 nu sotti su nu
santa
bi
"Manjarj" 1 mais
nak tout le
mond e
koofiaaj la su la wax man soce la 1 kaabufiancoo la 1
kooro la pititi pata Il.
524
. , 1
Yii soce bariwul leegi / xeexa maa dakka (daq)
baïnunke bi fiow / fu fiu sine (sanc) / sace dakka
leen foofu / fu fiu nekke / fiu xamne sace xamna fii /
palasu (place beykat la ceebu riche-na fi / dugubu
riche-na fi / ahan / fiu fiow dal seen kow / be fiu
dugga Pakaw / Dakoor / Tabadian / Saako be dugga
Gambie / fii yëpp baïnunke fioo ko moom Il soce
lëpp lu xale nguur bi (bruit)
boo leen vérifier ci
cosaan tandda la / kii cosaan koofiaaj la / bi fi balanta
yi iiow / fioo ni boole ak soce / soce boole leen benn
làk / mais
balante / co m m e
i bafie nafi / fiu ngi
làkka seen làkka / Pourquoi
?
seen
làkk
bafia
dominer
(pour
que
leur
langue
ne
soit
pas
dominée)
làkka balanta bafia réer quoi
comme
lu
làkka baïnunk réer / Pas quo leegi c'est
rarement
/
temps dekk / dekk tuutiyi / mun nga dégg nga
fekka baïnunk di toog di waxtaan se en làkk ma is
dekk bu nu mun ta doon / boo làkk baïnunk dafa mel
ni soce nga fekka foofu / mais seen rigin (origine)
làka bi dootoo dégga fenn / da nga wori Ziguinchor
fii be tas / boo ne ko "maa sume ye" mu ne "maa
sume ye" Il "roginal" (original) bi daal mooy soce /
pas
qua tey tey fii Il.
525
ON
ale,
l'ancienne
ville du MaIL
(Commence l'entretien par des paroles en socé - acte
Casamance?
symbolique qu'il commente ensuite).
Mais cest ma langue que je vais d'abord utiliser en
parlant
avec
toi,
parce
que
c'est
ma
langue
t savoir ce que
maternelle.
Limande, ont
nt pas partisans
Tu as raison, parfaitement.
uête de bonnes
C'est vrai, il faut aVOIr de la considération pour sa
.1er. Ils avaient
langue, de sorte que mes enfants puissent savoir qui
.r les
envoyer
je suis,
d'où
nous
venons,
à
quelle
ethnie
nous
appartenons, tu comprends ? Oui, tout homme doit
donner de l'importance, avoir une haute idée de ses
origines, et ça c'est quelque chose
que j'apprécie
u'à atteindre le
chez
les
socé,
parce
qu'ils
accordent
beaucoup
les
peuplades
d'intérêt à leur origine, leur histoire. Un socé, même
parce
qu'étant
si
tu
l'amènes
à
Paris,
il parlera toujours
socé
mt
décidé
de
" man di r)lcoo
yaamoy
mandirjkoo
kaafinnte
mu
Jalon avec les
mandirjkoo to wanni mandirjko piir amantaa".
~ooma,
Baaka,
ta Jalon ; eux
Hum.
l,
d'y
passer
"Amantaa
dunia
mandirj moo wara wurelo bootaq
:. Ils laissèrent
rnandiq mali
:1
épousa
une
Il
fonda une
Oui signifie que le Mandingue se trouve dans le pays
t la prospérité
Mali "comme on est en Casamance, on peut dire, en
526
grâce à Dieu le tout puissant. Alors ils arrivèrent, les
Peul
Fouta,
les
Jaaxanke
arrivèrent,
ils
furent
convertis
à
l'Islam
pour
devenir
des
"mandinka
moorol", des mandinka moori. Ils étaient sept, l'un
est resté, ce sont les six autres qUI habitent le kaaba,
OUI.
Les premières ethnies qu'ils ont rencontrées, là-bas
sont les Tanna et les Koofiaaj. Ce sont eux les "kaabu".
Ce sont eux qui travaillent les "krintin", les premiers
à construire les krintin en Afrique.
LO
Kaabo ?
Oui Kaabo.
Si
tu entends parler de Bere Kolong,
capitale des socé, ce sont eux qui sont là-bas.
Ils étaient 7.
L'un est resté au
Fouta Djalon, on
l'appelle "mandinka moori".
Ils
arrivent au
Kaabu
pour
prendre
l'appellation
de
"mandinko
:
"moo
wooro
wula
boote
nam
mandirjka
rabanna
omoo
wusa / binimaato Kaabo isite site. Sije doole koofiaaj e
et futu / dole tandda futu ituuta jew tuutajew / fo
de wule ko manaata / chiaata / yew mincheaa wu le
ko manaata / chiaata / yew mincheaa dam".
Ils s'y installèrent ; se marièrent avec des femmes
d'ethnie tandda,
koofiaaj,
fondèrent de
nombreuses
familles grâce à Dieu et prirent le pouvoir. Ils dirent
aux autres que d'autres peuples allaient venir, qui
se trouvaient à Kisidedougou, Kisidougou, ce sont les
peul firdou.
Ceux-ci arrivèrent, devancés par leurs
528
soldats.
Ils
furent
arrêtés
à
l'endroit
dénommé
Madina Boowe. En ces temps là Boowe n'était pas
encore une contrée peule, on y parlait tan, euh on y
parlait la langue koofiaaj. Mais Boowe fut prise par
les peul. Madina Boowe est en quelque sorte une
appellation
d'origine
arabe
car
Madina
en
arabe
signifie
ville
tandis
que
Boowe
veut
dire
"les
anciennement établis". Les peul firdu furent arrêtés
par les bataillons des tandda et des
kofiaaj . Une
longue et dure bataille s'en suivit. Un peul déchira
un
bout de
son pagne
blanc
(à
l'époque
ils
se
drapaient de pagne en coton tressé) qu'il brandit en
guise de drapeau, et les socé dirent "yebba leero Wl
linddi fulel yee bu loodi" ce qui signifie "les peul ont
soulevé le drapeau blanc, sans doute pour dire qu'ils
arrêtent la guerre". Alors les socé les encerclèrent,
on les rassembla.
Tout socé de teint clair est issu d'un métissage peul
car il n'y a pas de socé de teint clair, tu sais. On leur
offrit des maisons, ils s'y installèrent pour longtemps
- les
peul,
ce
sont nos
parents - Les peul qui
arrivaient demandaient à s'installer
les peul firdu,
les saraxulle, les gens du Fouta Jalon, les saraxulle
arrivèrent,
les
cheveux
tout
tressés
:
ils
dirent
"soninke keeüa", ce qui signifie : nous les soninké,
nous disons que les ethnies soninké préfèrent rester
animistes plutôt de s'installer en territoire étranger.
A
Manda
dans
le
Fouta
jalon
les
saraxolle
s'installèrent. Ils y trouvèrent les jalonke. Les socé
529
leur suggérèrent de
s'arrêter là
car plus
loin
ils
risquaient
de
rencontrer
des
peuples
guerriers
alors qu'ils n'aiment pas la guerre. C'est un peuple
de commerçants.
On
leur céda un endroit appelé
Manda, dans le Fouta Jalon qui devint la ville du
saraxulle. C'est par la suite que les peul Fouta sont
venus sous le commandement de Baay
Almananko;
ils pénétrèrent dans le Macina Fuutankore, pillèrent
tout, ils vinrent à Manda et les Jaalonke, nos parents
socé là, les combatirent. Ils furent battus, la ville
assiégée. Après la prise de la ville, les saraxullés se
soumirent
à
eux.
Ils
confièrent
qu'ils
voulaient
devenir musulmans. On les initia à la religion. Ils
demeurèrent là-bas jusqu'à l'avènement des
sonko
et de Marna Janke, dernier roi de Kaabo. C'est Dieu
qUI a ainsi tissé l'histoire commune des soce Kaabu
et des saraxulle.
- Ca aussi c'est une autre histoire. Comment ça s'est
passé ? Ils ont passé en revue la garnison, ils ont vu
que
les
armes
étaient
au
complet
mais
qu'il
manquait des chevaux. Le roi leur demanda d'aller
chercher des chevaux. Marna Janke Waaly envoya
152 soldats au Libéria à la recherche de pur sang
arabes.
Ils
(les
peul)
prirent
les
soldats
et
les
tuèrent. Ils en laissèrent un sauf et lui dirent la
raison du massacre : "parce que vous n'adhérez pas
à la religion de Mahomet : vous ne dites pas lahillah
illahlah Mouhamad Rassoul. Telle est l'histoire des
relations entre saraxulle et peul Fouta. Du côté des
530
-". 1
socé Dieu les protégea bien. Avant Sonko, il y avait
déjà d'autres soldats qui ont régné y a longtemps du
Kaabu jusqu'en Gambie. Mais ils ont toujours créé
des
diffucltés
aux
peul.
Les
peul
firdu
avaient
traversé la frontière pour venir là-bas ; fuyant ainsi
les
guerres,
ils
sont
venus
se
réfugier.
Ils
ne
vivaient
presque
jamais
en
paIx
à
cause
des
guerriers socé.
Le
socé
n'accepte
pas
d'être
colonisé.
Jusqu'à
aujourd'hui,
ce
trait de
caractère est resté
ancré
chez le socé. Même si tu es patron, il n'acceptera pas
que tu le domines. S'il n'a pas sa paix, il préfère
lâcher
le
travail
et
partir.
Personne
n'a
jamais
colonisé le socé, c'est lui qui a toujours colonisé
jusqu'au (bruit) jusqu'au Mandinka. On n'a jamais
colonisé le socé, c'est nous qui colonisons, c'est ce qui
fait qu'on croit de nos jours que le socé manque de
considération vis-à-vis des autres. Non, ce n'est pas
tout à fait
ça.
C'est qu'on n'a jamais connu
la
domination.
On a beau tourner et retourner dans
tous les sens, (7 fois) le socé n'acceptera jamais de se
faire
emmerder
par
son
patron,
qu'on
lui
dise
n'importe
quoi,
il
préfère
partir,
en
disant
que
l'argent ou le travail n'en vaut pas la peine. D'où le
préjugé sur lequel repose l'idée que le socé n'aime
pas travailler, le socé est fainéant.
Quand les gens sont arrivés, c'était sous le règne de
Malinko Sonko et de Marna Janke et (bruit). Il dit : "Je
531
reesal fiam wi 1 nit mën na ko tuddee "kerendom" 1
walla fiu roy lu demee ni moom Il aah "flotteur"
da fa flotter
ci biir essence
bi 1 su boobaa nit mën
na ko tuddee 1 roy Il mu roy "xol" 1 bon 1 yi ci bari
daal hamnaa melo woo xamne wii ni mën na ko koo
tuddee 1 te soo dajeek ki nga xamne xamna ko nil] ko
xamee Ida
ngeen ci
mëna d'accord / freins
yi 1
moom mën na tudd "laxaab" 1 gannaaw moo kooy
taxawal 1 freins
yi moom mën na tudd "laxaab" 1
foro foro be ham safara 1 kooku man def naa ko fi be
tàyyi Il gattax 1 gattaxaab daw 1 ngaay jël 1 jël
bantab dugub 1 rocci ko bem des bant bi su ko defee
nga hut fiax mu nooy 1 def ko ci ron gi 1 daal di ko
tiim nii 1 di ko froc froc 1 boo kooy froc froc 1 bu
sosee be tàng 1 daay saxaar 1 saxaar be yagg mu
dagg rekk/ espécialement
rot ci lu nooy loolu 1 mu
tàkk 1 1001 la fiuuy wax "foro foro" 1 mais
de naa
kooy ham ci Il moom la fiuuy hutee safara 1 leegi
nak halmet yomb na.
L 0
Xam nga li nga wax ci njëlbeen : ne làkk da fa
duggante 1 moo doon dëgg dëgg parce que
froc froc
boobu 1 boo ko waxee 1 fekk ku fort daal tuuti ci
tubaab 1 dafaay dal di xelaat frotter.
L 1 4
Loolu bari na 1 waay da 000 duggante kay 1 ndax lu
tubaab yi di wax rang 1 holof yu bari tey 1 boo
wëroon tey 1 duo la mëna wax lan mooy rang te
rang num amee ci mot tubaab rekk mu daadi jub 1
605
repars en exploration pour agrandir la communauté
socé. Les baïnunke sont plus nombreux que nous
dans cette contrée ". Ils partirent, ils vainquirent les
peul, les soumirent et s'emparèrent du pouvoir et
s'étendirent jusqu'à Nioro Mamou Ndaro. Tout le
monde fut soumis ; mais ils ne pratiquaient pas le
commerce des esclaves. Les prisonniers de guerre,
on les ramenait à la maison, on leur donnait le
patronyme familial pour qu'ils oublient leur propre
famille. Aussi faisaient les socé. En fait les socé pur
souche ne sont pas nombreux. Si tu n'es pas koofiaaj,
tu es baïnunk. Si tu n'es pas baïnunk, c'est que tu es
tandda. Il y a très peu de socé, de la Casamance à la
Guinée Bissau., il n'y a pas beaucoup de socé. Mais
c'est pour cela aussi qu'il y a beaucoup de gens qui
parlent
la
langue
socé
dans
le
pays
sur
1.000
personnes parlant socé, tu les interroges sur leurs
origines,
les
uns
diront qu'ils
sont
baïnunk,
les
autres njaago, d'autres tandda, d'autres peul firdu.
Il en est de même pour mes ancêtres. Tu VOIS. Quant
à la langue, elle s'est répandue grâce à la colonisation
qui a fait que beaucoup de peuples ont abandonné la
langue de leurs ancêtres. Parce que tous ceux qui
sont nés sous la domination socé ont fini par adopter
la langue. Mais je n'ai pas encore parlé de l'histoire
de la Casamance.
Les diola sont venus à pied ici. Les Baïnunk sont les
populations originelles de toute la Casamance.
532
Les gens de Guinée Bissau, les tandda, les kofiaaj, les
balantes sont venus à pied ici. Les mankaafi sont
arrivés
du
Fouta Jalon.
Les
manjak viennent de
Kisibededugu. Les gens qUI se disent tooma, njaago,
tandda, booka sont en fait des mankaafi. Ils venaient
pour la saison des cultures et repartaient à la fin de
la
saison.
Les
peul
Fouta
venaient
avec
des
marchandises, des fruits africains tels que cola, café,
bananes, oranges, pour les vendre, les écouler et
repartaient
pour
r e v ern r
avec
d'autres
marchandises encore. Les balantes fournissaient aux
peul Fouta ce dont ils avaient besoin, le troc était
très libre. Telle est la présence des balante. C'est ainsi
que
l'ethnie
est
située
en
Guinée
Bissau.
Tous
viennent du Fouta Jalon. Les Baïnunk, oui, sont les
vrais aborigènes, s'il faut dire les choses comme elles
sont. La langue baïnunke précède ici celle des socé
puisque après les baïnunke, ce sont les socé, après
les socé, les peul, ce sont les derniers arrivés. Mais la
langue, euh la langue qui est sentie comme la toute
première
en
Casamance,
qu'on
pourrait
comparer
avec le olof national, langue nationale, c'est bien le
baïnunke, ce devrait être ça parce que ce sont les
ancêtres du pays casamançais.
L 0
Mais entre baïnunke et diola, comment... ?
LlO
Ils sont assez éloignés. Ils ne se comprennent pas,
c'est différent. Les diola ne viennent pas avant les
533
baïnunk,
ce
sont les
baïnunk qUI
viennent
avant
eux ; mais les diola disent plein de choses ; les diola
sont des socé.
L 0
Ah bon, les diola sont des socé ?
LlO
Parce que les diola, lorsqu'ils ont quité le mandinka,
ils n'étaient pas
nombreux, l'ethnie diola est très
restreinte.
La
plupart
des
diolas
sont
restés
en
Angola, le pays angolais. Ils ont descendu la côte de
Guinée Bissau devenue Kisinar Joola ; le nom diola
fait référence à une ethnie dénommée ainsi, à partir
d'un vocable arabe "ceux qui payent bien".
L 0
Oui, OUI, récemment là, un jour là,
Maamu mon
copain là, il avait un "kisinar diola" qui l'avait engagé
pour aller chercher son bois là en brousse. Mais
quand il est arrivé là-bas, alors, mor j'ai été frappé
par leur langue. J'ai demandé au gars ce que c'était,
puisque je ne comprenais pas, je n'ai jamais entendu
ce parler, alors je lui al dit : "mais qu'est-ce que vous
parlez comme ça ? il me répondit que c'était du
kisinar diola. Je lui ai demandé si cela aussi était du
diola, il me répondit que oui, c'est le diola de Guinée
Bissau.
LlO
C'est comme cela qu'ils sont venus, accompagnés des
saraxulle. Venus depuis les pays arabes vers nous
les socé. Ce sont eux qu'on nomme "ceux là qui
payent bien" les "bons payeurs". Comme à la fin du
534
mois,
les fonctionnaires vont à la banque, on les
paye. Ce sont eux qui détiennent le budget, dans les
affaires de commerce. Eh bien les diola c'est un peu
ça. C'est pour cela qu'on retrouve un peu de peul
dans la langue diola, un peu de sérère, c'est une
langue mélangée. C'est comme le olof, une langue
mélangée dans le olof tu retrouves du socé. du peul,
tu vois, un peu de français, du sérère. C'est ici que la
langue
diola
a évolué
pour
devenir
une
langue
spéciale, ordinaire en quelque sorte ; leur langue au
fond, c'est du socé. Ce nom là, c'est nous qui le leur
avons donné "joorla" qui veut dire le payeur.
Du
temps
des
ethnies,
les
choses
étaient
assez
simples, on appelait les gens par leur métier. Si tu
étais cordonnier, on t'appelait "karanke", si tu étais
tisserand on disait "jamakat". Nous, notre ancêtre
était kofiaaj, voilà pourquoi je soutiens qu'il n'y a
pas beaucoup de socé, de socé pure souche ; notre
ancêtre était koofiaaj. Ce sont eux qui fabriquent les
krintin, ils sont tisserands et cultivateurs. Voilà nos
activités. Mais en nous mêlant aux socé, nous avons
changé
nos
noms
(patronymes)
en
"manjarj'".
Autrement, tout le monde qui dit être socé est en
fait koofiaaj,
kaabunancoo
ou
koorolo,
et patati,
patata.
Je peux te dire qu'ils sont très peu nombreux les
socé. Ce sont les guerres qUI ont forcé les baïnunk à
venir ici. A chaque fois qu'ils s'installaient quelque
535
part,
ils
en
étaient
chassés
par
les
socé.
Ils
choisissaient
souvent
de
bonnes
terres,
très
favorables à la culture du riz, du mil. Régulièrement
les socé les délogeaient, pour confisquer leurs terres.
A force d'être repoussés, ils sont arrivés dans le
Pakaw, à Dakoor, Tabadian, Saako avant d'entrer en
Gambie. Toute cette contrée revenait aux baïnunk.
Pour
beaucoup
d'enfants
socé,
SI
tu
remontes
jusqu'à
leurs
ancêtres,
tu
verras
qu'il
s'agit
de
tandda ou de koofiaaj, avant l'arrivée des balante. Ils
se sont mêlés avec les socé, et ont adopté ainsi une
langue commune socé. Mais les balante ont mieux
résisté, parce qu'ils refusaient de parler une autre
langue que la leur. Mais pourquoi ont-ils fait ça vous
croyez ? pour que leur langue ne soit pas dominée,
pour que le parler balante ne se perde pas quoi, ne
connaisse pas le même sort que la langue baïnunk.
Parce que maintenant c'est devenu rare. Dans les
premiers
temps,
c'était
tout
à
fait
ordinaire
d'entendre des gens réunis, parler baïnunk dans les
petits villages. A présent, partout où vous pouvez
aller,
entendre
parler
baïnunk,
c'est
entendre
parler socé.
Vous
n'entendrez
plus
nulle part le
parler
originel.
Vous
pouvez
faire
le
tour
de
Ziguinchor, si vous dites "maa sume ye" on vous
répondra partout
"maa sume
ye".
L'original c'est
plutôt le socé parce qu'aujourd'hui ...
536
2 0
entretien
LlO
Li ma dégg da fa bari tuuti 1 dégge naa tuuti criole 1
dégg naa tuuti balanta dinaaga 1 tuuti rekk mun naa
faji su ma soxla ci joola tuuti deenga 1 pol lit kooku da
fa mel ni moom laa nampa 1 pas que suma jabar ci
bosu pol yi Il aki olof ma làkkal la Il soce mooy
jiroom benn baat français 1 da ma jeema tuuti pas
qua musuma deffu école.
L Il
Ah waxuloo ko naar.
LlO
Naar 1 boobu sax 1 kooku c'est pas intéissant
(intéressant) pas
quo kooku bokkul su nu réew.
L 0
W a a w mais français
tamin bokkul su nu réew ?
LlO
( Ri r es) mai s
nak fioo nu
colon i se r
1 naar
coloniser
wul Sénégal/voilà / (rires) 1 su nu
dekkandoor la nu 1 waaw su nu dekkandoor la lepp 1
sun doom baay la nu lepp Il deenga 1 pas que fiow
nu yekkatima 1 duggal ma alxuraan 1 ma jànga 1
xam adduna wi 1 xam yonent bi 1 xam yoon l'islam
1 xam dekkandoor 1 xam àndandoor 1 xam li nga wax
1 eeh loolu mun naa wax sun doom baay lan 1 doom
ndey la Il mais
nak eeh 1 lu mu yagga yagg 1 eeh
lu nekk sa ker 1 sa cosaan 1 war nga xam Il eeh dafa
mel ne sax ay 1 Ziguinchor
leegi olof moo dominer
1 olof moo domine Il boobu be niayes 1 boobu nga
dem ba entière / pas que
fiuy
liggéey
Dakar
1
537
mbindaan YI dem 1 liggéey 1 fiow jàngal seen maam
1 seen baay seen rakka yi m me
ê
bu fiu demu fiu
Capitale / mais da fiu wax Iii la olofu di wax nii 1
olof nii laay wax 1 olof nii laay wax 1 olof nii laay wax
Il bee nu dégg Il leegi Casamance
entière bee
Fojjolembu 1 foo muna dem boo ne "nanga def" boob
da na wax "jàmmah rekk" 1 xanaa wax bi de moo dul
sori 1 mais
nak làkka la be nga xamne da fa riche
Il Casamance
fii tam 1 doole co m me
ni ko amu
doole fale Il yooy yepp de fiu ko làkk 1 eeh fii tam 1
boo dem be Fuuta yi tam 1 am na yi nga xamne boo
le (boo ne) "na nga def" 1 dafi la xool nii comme
rab
1 xamuûu 100 yu wax Il il faut
nga wax xal pulaar
ne üoom fii tarn noon la mel 1 Casamance be tey
amna dekk yi taxul fiu dégg ko 1 mais du fiu ko làkk
Il am nafi ay junni junni dekk villages
su ne "na
nga def" 1 jàmma rekk ci kow 1 xanaa fiu 1 ku ko degg
olof 1 mais nak moo gena yaatu bu làkka yi 1 boo
mun ta dem (foo) 1 boo ko 1 boo ne ko "jàmm nga
am" 1 lu wax "jàmm rekk" 1.
L 0
Kon ci duggalante 1 jaayante euh ak ci yan laay /
laay 1 ci yan domaines
la fiu employer
olof?
LlO
Eeh c'est trop
/ trop 1 bari na li nu taxa be fiu
duggalante 1 jaayante 1 fii
1 olof mun
na
fiow
première catégorie fruits
1 yi demee be ci tiir yi
1 be si balais
yi 1 be si fruits
africains yi 1 ay dèw
(?) fruits
1 gerte yi ay bananes
1 ay orans 1 ay
538
dèw mango / ay dem tout / patates / fiam bi / bon
1é g ume s
yi nga xamne fruits
la / moo yi indi
duggalante / jaayante bu doon di affaire animan la
(animal)
/ nag / xar / bey / canard
lu la goor yi di
j6g / war seen velo / dugga àlla ba / Iii baal baol la /
lu salum salum Iii pol la / Iii soninke.
539
TRADUCTION
LlO
Je comprends pas mal de langues en fait.
Je parle un peu créole, un peu balanti naaga avec le
diola,
j'arrive
à
me
débrouiller,
tu
comprends,
quand au peul, c'est comme si c'était ma langue
maternelle. Parce que ma femme est d'origine peule.
Je peux te causer en wolof également, le socé est la
6ème langue que je parle. Le français, j'essaie un
tout petit peu vraiment, parce que je ne suis pas allé
à l'école.
L Il
Tu ne lui a pas dit l'arabe.
LlO
Arabe, ça au fond c'est pas intéressant parce que ça,
ça ne fait pas partie des langues du pays.
L 0
Oui mais le français non plus ne fait pas partie des
langues du pays ?
LlO
(rires) Oui mais c'est eux qui nous ont colonisé, les
arabes n'ont pas colonisé le Sénégal, voilà (rires). Ils
sont (les arabes) nos voisins, nos frères, si tu veux -
tu comprends ? parce qu'ils m'ont pris, ils m'ont mis
à l'école coranique où j'ai appris le Coran, je me suis
formé, j'ai acquis un savoir- vivre, j'ai appris sur le
monde, sur le prophète, j'ai appris à respecter mes
semblables, à apprécier mes amis, à bien parler et
540
bien écouter. Pour tout ça, on peut dire qu'ils sont
des frères authentiques. Cela dit, on ne peut pas
ignorer son patrimoine culturel, son histoire.
A Ziguinchor aujourd'hui, c'est le wolof qui domine,
le olof domine. D'ici jusqu'aux Niayes (région de
Dakar) c'est le olof. Parce que
les personnes qUI
séjournent à Dakar pour le travail notamment les
bonnes (femmes de maison), de retour à Ziguinchor,
initient au
olof grand parents,
parents, frères
et
soeurs. Même sans être allés en
pays olof, à la
Capitale, ils disent souvent "c'est comme ça qu'on dit
en wolof', les wolof disent comme ceci, comme cela, et
à force, ils finissent par parler olof. Actuellement en
Casamance, où que vous puissiez VOUS trouver, de
Ziguinchor à Fongolembu, SI VOUS dites "nanga def"
(comment
allez-vous)
on
vous
répondra
"jamma
rekk" Ge suis en paix). Peut-être que la conversation
n'ira pas plus loin, mais il n'empêche que c'est un
parler assez répandu en Casamance, comme il l'est
ailleurs. Partout on parle cette langue
toutefois
c'est différent, si vous allez au Fouta, il y a des gens,
si tu leur dit "na nga def" ils te regardent comme si
tu étais une créature étrange. Ils ne comprennent
pas cette langue. Il faut leur parler pulaar. Ici aussi,
il y a des coins comme ça. Jusqu'à aujourd'hui, il y a
des villages qui ne comprennent pas wolof, ils ne
parlent pas cette langue.
541
Des villages comme cela, il y en a des milliers qUI ne
comprennent pas "na nga def", sauf quelques rares
exceptions. Il n'empêche que c'est la langue la plus
répandue. Partout où vous allez vous dites "jamma
nga am", on vous répond "jamma rekk".
L 0
Donc c'est dans le cadre des échanges, du commerce
euh,
quoi
d'autre
encore,
dans
quels
domaines
emploie-t-on le wolof ?
LlO
Euh, c'est trop, trop. Les causes sont multiples. Dans
le domaine des échanges, du commerce, ici le wolof
arrive en tête ; première catégorie, les fruits et les
produits, comme l'huile de palme, les balais, les fruits
africains,
les
fruits,
l'arachide,
les
bananes,
les
oranges, les mangues, les patates, le manioc, bon les
légumes, les fruits, tout ceci favorise les échanges
commerciaux.
Il
y a
aussi les
échanges dans
le
domaine
du
bétail,
boeufs,
moutons,
chèvres,
canards, les hommes de toute ethnie sillonnent le
pays, la brousse, en vélo, on trouve des baol baol,
des salum salum, de peul, des soninké.
542
27 ans
SOU d e U r
29 ans
au
chômage
L 13
Bon je travaille pas / man suis soudeur /
moom
laa doon def quoi
/ j'étais
apprenti
chauffeur
des fois maay am contrat au
niveau de Il après
ma,
fiow
fi arrangement
1
mais
journalier bi
moo
ëpp
quo i / ensuite
comme
que
su m a
grand frère
1 il
était
au
barrage
de
Djama 1
bon
il
a
travaillé
là-bas
be
après
barrage
1
bon il a fondé un GIE 1 bon à la suite / seen G 1 E
bi
mu
tomber
dans
l'eau
1
les
anciens
travailleurs du
barrage 1 bon
lui 1 il est resté
jusqu'à
présent
1
il
travaille
1 bon
muuy
for mer ay nit au niveau du
village 1 parce qu'il
était le seul cadre 1 bon à la suite 1 bim
demee
be réussir 1 il nous a appelés / man ak su ma /
man
ak
seexa ndooram
/ bon
lorsqu'il
nous
a
,
appelés 1 on
est venu là-bas 1 on a commence
"
a travailler 1 bon job bi iiuuy def c'est Il c'est
enrichissant
quoi
1
parce
que
Il
si
on
travaille pas on
n'a TIen Il.
L 0
Euh
yow nak mos nga tuki.
L 12
Oui
mos naa dem euh si non Dakar 1 hors du
Sénégal 1 si non Gambie
rek laa mosa dem.
L 0
Yagg nga Dakar ?
543
L 12
Oui parce que
mos naa fa jàngee quand
même
oui def naa fa su ma seconde
han loui
def naa fa
su ma troisième
ale su ma seconde Il oui j'ai fait
deux ans à Dakar Il.
L 0
A
part
ça
1 Casamance
nga
mosa dëkk
quo i
Ziguinchor
?
L 12
Waaw 1 si non j'ai été à Dakar 1 mais
yagg na
torop 1 par la suite
la nu affecte à Bignona 1 su
ma parents
yi 1 après
fiow Ziguinchor
quoi 1.
L 0
Ban niveau
d'études
nga am ?
L 12
Euh
bac.
LO
Yow nak Modou ?
L 1 3
Man 1 niveau CM2
laa am.
L 0
Yow ban ethnie
mooy sa origine ?
L 12
Bon
man je suis
manjaque anh 1
L13
Man 1 suis
mandingue.
L 0
Mandingue Il euh ban làkk 1 mooy sa làkk bi nga
njëkka làkk ?
L 12
Wolof la.
L 0
Wolof
mooy
sa langue maternelle ?
544
L 12
Bon ma maman elle est sérère / ici à la matson
on parle wolof / mooy sérère yoo xamne ne yii /
mosu nu xam par exemple
seen dëkk quoi / fioorn
mosu nu vivre
seen kii / seen kii Il.
LO
Làkk.
L 12
Voilà c'est ça.
L 0
Mais
seen kër kon / bi nga juddoo rek wolof ngeen
fa làkk.
L12
Waaw.
LO
Yow nak ?
L 13
Mandingue
la fiuuy làkk.
L 0
Mandingue
ngeen di làkk ci kër gi han ?
L 13
Bon des fois di nan làkk olof parce que on a des
neveux
yoo xamne seen papa
olof la / bon xam
nga avec
la
domination ci langue
olof / n 0 us
sommes
obligés
/
de
temps
en
temps
bon / da
üuuy làkk olof / bon
dafiuuy làkk diola
aussi /
parce que bon ma maman / yaayam diola la.
L 0
Mais
ban làkk nga njëkka dégg yow ?
L 1 3
Mooy soce.
545
L 0
Donc
ma dellusi waat Cl question
bi han 1 euh sa
papa
lan mooy làkkam ?
L 12
Euh
sum papa / créole /.
L 0
Créole
han? /
L 12
Waaw.
L O S a yaay ? wolof ?
L 1 2
Waaw wolof.
L 0
Yow sa yaay nak ?
L 1 3
Man sace.
L 0
Yow yan làkk nga dégg en général ?
L 12
En
général dégga naa olof / je comprends un peu
diola.
L 0
Français
nak?
L 12
Si dëgga naa français Il euh, làkk yëpp an.
L 0
An, làkk yëpp ?
L 12
Waaw
sinon
dégganaa français
/ dégganaa tam
tuuti anglais
ak tuuti espagnol.
LO
Yow oak ?
546
L 19
Man dégganaa soce / dégg naa peul / dégg naa diola
ak créole ak wolof.
LO
Ak français
?
L 13
Ak français
Il.
L 0
Euh
ci kër gi / parce
que
fiu
ngi dellusi Cl
question
bi euh en suspens là / han / ci kër gi /
seen kër gi yan làkk ngeen di làkk ?
L 1 2
Bon di na nu lill olof surtout 1 mais créole très
rarement
quand
même
1
à
part
peut-être le
français de temps en temps 1
te
kooku
c ' est
rare.
L 0
Yeen nak lu ngeen di làkk ?
L 1 3
Bon fiun soce la fiu làkk / soce / des fois diola / ak
wolof akfrançais.
L O C i kër gi han ? mais amna / aa làkk bu ngeen ci gëna
làkk ?
L 13
Bon
actuellement 1 soce bi / moom la fiuu gëna
lill / bon
moom la Iafi namppu.
L 0
Après 1 ban moo ci tegu ?
L 13
Wolof
bi 1 après français
bi.
L 0
Dina am ay moments
yu ngeen di làkk diola ?
547
L 13
Waaw 1 diola parce que
lee leek bon 1 su fiaare 1
des fois
xam nga 1 nu làkk diola 1 ou
bien su nu
amee ay Il fioo xamne ay diola
la nu làkk diola ou
bien nu làkk créole.
L 0
Si seen diggante ak seen xarit YI 1 waaw 1 yan làkk
ngeen di làkk ?
L 12
Olof la.
L 13
Olof.
L 12
Olof ou créole mais le plus souvent
olof 1.
LO
Waaw.
L 13
Bon wolof ou créole Il bon ak français bi aussi
/ français
b i
aussi /
comme
on
a
tendance
à
oublier le wolof (rires).
L O O n va y revenir
anh d'accord
?//
Bon yow bi ngay jàng 1 bi nga nekkee au lycée ou
au collège 1 ban làkk nga doon làkk élèves
yi?
L 12
Bon
olof ou français.
L 0
Bon
yow 1 au niveau de
fi ngay liggéeyee ?
L 13
Bon
làkk yi yëpp la fiuy làkk han 1 parce que /
bon tu vois 1 nit iiepp a. faay daje quoi / bon y a
le wolof / yale soce / yale diola yale peul
548
aussi
Il peul
waalo
quoi 1 bon parce que peu l
waalo ak peuli fii bon amna tuuti différence bo nga
xamne
di
ngeen
làkkante
1
mais
Il
amna
différence
bu ci nekk quoi 1.
L 0
Bon mais
foofu amna ay soce yu bari ?
L 13
Bon
amna 1 non
pas
tellement
1
c'est
des
immigrés Il mais entre nous 1
fiun
les
frères.
L 13
Français la fiuuy làkk 1 parce
que am naa benn
grand frère 1 moom français la gën di continuer
Il tout le temps born fa nekkee 1 bon
français la
fiuu làkk 1 waaw 1.
L 0
Mais
bu passé
seen milieu fraternel
boo bu
bon
1.
L 1 3
Ki la fiuuy làkk 1 wolof 1.
L 0
Mais
kooku c'est au delta là-bas ?
L 13
C'est au delta 1 même ak ci kër gr 1 au
niveau
du
village
1 parce
que
bon
1 au
niveau
du
village
fioom déggu fiu soce 1 nous
sommes
obligés 1 comme
lui
il
a
l'habitude
de
parler
français
bon
mu
emporter-wu ci 1 waax Il bon 1
il nous a dominé quoi 1 parce que 1.
W
Il
vous
a
dominé
linguistiquement
(rires).
549
L 0
Waaw
m at s kooku ça revient au même / mais Cl
mbedd mi nak ? fii à Ziguinchor
bu ngeen taseek
nit ûu ngeen xamul / lu ngeen di làkk ?
L 12
Olof / c'est que
nak
ça
dépend
aussi
de
la
personne
quoi
/ waaw / su ma déggee / par ce
que il y a des gars
yoo
xamne pra t i que men t
tous
les
diolas
/
la plupart des
diolas
du nu
bugga di
làkk
olof quoi / bon
c'est que tu
es
obligé yow / bon
déggulee diola bu baax / de
parler
avec
eux français.
L 0
Bon
leegi / pour fiu résumer
affaire boobu yëp /
yow sa xalaat / ban lill nga gëna lill dans la vie ?
L 12
Olof la.
LO
Yow nak.
L 13
Waawolof.
LO
Wolof aussi
euh
même par rapport ak français
wolof ngay gëna làkk ?
L 13
Olof laay gëna lill.
LO
Pareil?
L 12
Pareil.
550
L 0
Bon
maintenant
/ booy làkk français
est-ce
que
/ obligation
la walla // tu le fais parce que
daf
la neex
quoi?
L 13
Non
parfois
je
suis
obligé
quand
même
hein
waaw / dans des cas xamne nit ki bu fiowee di ma
làkkal
français xam nga / je n' peux pas peut-
être di répondre en wolof quoi / je suis obligé
m a répondre ko en
français.
L 0
Donc li interlocuteur bi di Il.
L 12
Waaw
ça dépend de l'interlocuteur / lu muuy kii
.
qUOI.
L 0
Lu muuy njëkka wax.
L 12
Waaw.
L 0
Arnul beneen critère
bu laay Cl wax français.
L12
Si
non
nak
ça
m'arrive
souvent
de
parler
français
comme
nii rek / neex ma rek / waaw.
L 0
Donc
volontairement.
L 12
Waaw
volontairement
c'est
ça.
LO
Waaw yow nak Modou ?
L 1 3
Bon 'man / benn la han / parce que bon / xam nga
nous vivons au Sénégal/bon
ku nekka xam na
551
nit YI nu fiiiy 1 leur façon
de 1 leur manière de
1
de
faire
quoi
1
c'est-à-dire
bon
1
par
exemple 1 yow 1 mën nga fiow 1 nga làkk ma
français
pour
te
faire
voir
1 suis
obligé
ma
tontu la ci français 1 mais so fiowee simplement
1
bon
dinafi làkk bu fiu Il mooy olof 1 ou bien soce
ou bien créole 1.
L 0
Mais
"pour
te
faire
voir"
boobu 1 est-ce
que
seetlu nga bu baax si nit fii ?
L 13
Bon
seetlu
naa
ko
1 parce
que
xam
nga
actuellement
nous
sommes
dominés
par
le
modernisme
Il
bon
y
a
d'autres
qui
sont
Il
qui
veulent
être
assimilés
quoi
si
je
comprends bien pas que bon 1 lu ma Cl mona wax
1 mooy français 1 bon daf leen neex fiu kooy làkk
nii quoi /
c'est-à-dire
da fiu bayyi seen làkk 1 di
jéema làkk français 1 te or 1 mbon 1 français
bi 1
lufi ci dégg barewul quoi 1 lufi ci dégg barewul.
L 0
Bon
maintenant avec
la petite
amie 1 euh
s a
gel quoi ban làkk ngeen di gëna làkk ?
L 13
Sinon que Il français
la fiuuy gëna làkk.
L 0
Français
ngeen di gëna làkk 1 lu ko waral ?
L13
C'est-à-dire
1 mon
na
am
moom
1 moo
ma
pousser parce que 1 des fois da fiuuy took ci ay
552
milieux yoo xamne / comme fii seen kër / bon sun
bafiee xale yi dégg lu fiuuy wax / nous
sommes
obligés nu wax français Il bon
su doon fiun fiaar
la aussi / man je n' sais pas
lu ma si
pousser ak
moom / mais français la fiuuy làkk sou ven t.
L 0
Moom ban làkk aay làkkam ?
L 13
Créole.
L 0
Mais
yow dégg nga créole ?
L 13
Waaw dégg naa créole.
L 0
Moorn dégg na soce ?
L 1 3
Moom tuuti la ci dégg quoi.
L 0
y ow nak bann làkk ngay làkk sa gel ?
L 12
Euh / olof.
LO
Moom lan la ?
L 12
Anh / toucouleur
la han.
L 0
Yow dégg nga toucouleur
?
L 12
Pas du
tout.
L 0
Moom dégg na créole ?
553
L 12
Waaw dégg na.
L 0
Dégg na diola ?
L 12
Dégg na 1 waaw.
L 0
Est-ce que
dégg na aussi français
?
L 12
Waaw dégg na.
LO
Degg na.
L12
Waaw.
L O B 0 n uhm 1 bon
leegi
booy
utiliser
français
/
est-ce que
da 1) kooy ressentir
comme
langue
étrangère /
waHa comme
langue
? /
L12
Comme
une
autre
langue
han.
LO
Comme
une
autre
langue
?
L12
Oui oui y a pas de différence quoi.
LO
Yow nak ?
L 13
Pour man 1 amuI benn différence
pas
que
bon
habitude
boobu la fiu yor Il.
L 0
Mais
peut-être
que
kon
ûiiy
fiow
1 xaaf nu
. commencer
leen làkk euh français / alors i kon
fioomi
tamin noonu la 1 amuI benn différence
/
554
alors
ils
commencent en français
/ pas pour se
faire voir / parce que juste habitude
bi la ?
L 13
Non 1 amna iioo xamne c'est pour se faire voir /
waaw
1 pour
nit iii xamne 1 bon
kii daay làkk
français
/.
L 0
Mais
kooku intuition par exemple / yenn saa YI
nga jeli ko 1 xamne ni mu demee la quo i.
L 13
Xam nga nit ku nekk ak manière am la 1 ru muuy
waxee
quoi / bon man je peux parler comme ça
parce que
da fa iiowee ci man 1 mais
amna fioo
xamne dafi kooy wax 1 bon
da fiu bëgg nit iii gis kii
1 làkk bi dégg na français.
L 0
Est-ce que bu fiu leen laajoon ndax bëgg ngeen fiu
duggal
Cl
enseignement
école
/
euh
enseignement
langues
locales
/
wolof /
soce
/
diola
/
créole /
sérère / peul etc...
est-ce
que
di ngeen ci d'accord ?
L 13
Bon
xam nga olof bi moo dominer actuellement avec
le peul parce que bon côté
bii nii peul la iiuuy làkk 1
bon
so yéggee waalo à partir de St-Louis
j ë m
Fuuta 1 peu 1
la iiuuy làkk 1 bon
peul
YI 1 fioo
dominer
côté
boobu 1 bon
fii diola
yi iioo fi
dominer Il bon leegi 1 su iiuuy jël 1 da fiuuy jël
peul 1 olof 1 peul 1 diola soce ak yi si des 1 ay
baïnunk affaire
Y0 0 yu.
555
LO
Mais
maintenant
la
question
prise
de
l'autre
côté
han Il
est-ce
que
vous
souhaiteriez
que
le français
soit remplacé par une
ou plusieurs
des langues locales
?
L 12
Remplacé?
aah non 1
L 13
Suis
pour.
L 0
Euh
revenons
d'abord
au
non
1 non
pourquoi
?
.
L 12
Bon je pense que français bi / c'est
une
langue
de
communication / xam nga / internationale
quoi 1 pas que
foo munti dem / y a des langues
yoo xamne ni / il faut
absolument nga wax ko /
mooy
le français
1 l'anglais xam nga / 1an gue s
yoo
xamne
ni même au
niveau de l'ONU
moo
faay daw / bon le wolof d'accord c'est bien beau
/ buggoon nan pour que su nu langue
àgg à un
niveau
international
1
mais
y
a
aussi
les
moyens 1 y
a
beaucoup
de
trucs
qui
entrent
en jeu quoi / xam nga / pas que olof / Sénéga 1 ak
quelques
pays
limitrophes
peut-être
nga
mun
yem avec
le wolof 1 tu peux peut-être pas au
niveau
international
di fa làkk olof, c'est
pas
possible 1 je pense que bon Il français bi / mu
1 olof mu nu ko remplacer 1 non 1 je pense pas
1.
556
L 0
C'est un point de vue / mais
nn / leegi Abd 0 u
yow 1 100 si sa xelaat ?
L13
Bon
man Il lu mu wax 1 benn la quoi / mais je
pense
que
1 100 gis 1 même
français
yi
suii
demee he seen 1 iiu dom in e r
seen français
1 iiu
jox iiu seen français he iiu kooy làkk 1 c'est parce
que daii ko yaatal Il bon iiun aussi 1 bon 1 mu nu
fiu ko genee brusquement 1 mais petit
petit 1
à
mun nafi ko remplacer
1 parce
que
bon
moom
lafi am 1 suii ko defee 1 les gens seront obligés
iiu
xam ko 1 lan mooy olof Il mais si non
sufi ko naree
emal fii 1 duii egg au niveau
international 1 waaw.
L 12
Waaw
1
moo
iiu
genal
1 je
n 'y
vois
pas
d'inconvénient
oui 1 moo doon kii sax 1.
L 0
Anh / lu tax ?
L 12
Je pense que
war naii dégg tamin suii làkk YI quoi
1 parce que bon / français
hi en
quelque
sorte
ça
nous
a été imposé par le colonisateur 1 je
pense que gars yi war naii dégg seen làkk.
L 0
C'est tout
?
L 12
Sans
pour autant
rejeter
le français
1.
L 0
Waaw 1 mais
Modou 1 nuii dégg naiiu sunn làkk
déjà ? leegi han intérêt
la iiu muna gis ha duggal
ka ci enseignement
hi?
557
L 12
Bon / ça
va nous permettre de bien
nu
xam
sun bopp / parce
que
bon man C M 2
laa yem /
mais monnaa bindd / su do on dégg naa han / su
doon dégg naa suma làkk / mon naa ko bindd / mon
naa bindd ay histoires walla ma bindd ay livres
yoo xamne ci suma làkk laa kooy bindd / mais
fi fi
ne nii / munu ma ko def parce que bon d'accord /
kii yi fioo maay sonnaI/mots
composés
yi /
phrases
yi moo ci gën sonnaI l,
L 0
Oui 1 yow ci kii boobu / lu ciiy sa xaIaat ?
L 12
C'est la même chose / par exemple boo buggee
bindda
lettre / tu
pourrais
peut-être
l'écrire
comme
nooy
binddee en
français / nga bindd ko
en wolof / en sérère ou autre chose /.
LO
Bon / mais
bu nu doon hiérarchiser
langues
yooyu nu wara dugal ci enseignement / euh / jox
ma Cl fiett par
ordre de préférence / yoo xamne
yii moom la fiu wara dugal école l,
L 1 2
Bon le wolof / le peul/le diola.
LO
Ensuite.
L 12
Sérère
bi / le soce / le manding.
L 0
C'est
un
autre point de
vue
qui
se
défend /
est-ce que
yow / am nga ci xalaat Abdou
?
558
L 13
Oh 1 suma ci amee xalaat 1 anh 1 daay sonnal 1
parce
qu'il
me
faut
demander
la
base
pour
votre.
L 0
De
notre
entretien.
L 13
Wolof
laa ci jiital 1 après peul/après manding /
bon diola bi moo ci mana topp 1 diola man 1 li ci des
1parce que
fii li fiuuy làkk da fa bari.
LO
Waaw
leegi est-ce
que am nga impression
que
dans
la
même
phrase
1 da
nga
siiy
jaxase
plusieurs
langues
? han ? 1
Waaw 1 ça / c'est vrai 1 waaw.
L 0
Euh
yan langues
la?
L 13
Surtout
le français
han.
L 0
Le français
han 1 moom ngaay jaxase ak lan ?
L 13
Ak wolof.
L 0
Ak wolof Il.
L13
Waaw.
L 0
Euh 1 leegi on prend / si on te dit par exemple
/
parfois
/
souvent
/
très
souvent
/
toujours
/
qu'est-ce
tu
prendrais
,
c'est parfois
que
tu
559
le fais
/ souvent que tu
le fais
/ très
souvent
/
toujours
?
L 13
Je le fais souvent hein.
L 0
Donc tu te situes un peu au milieu ?
L 13
Oui.
LO
C'est-à-dire
que
amna nu kooy gëna def par
rapport à toi ?
L 13
Oui / je crois bien.
LO
Yow nak Modou ?
L 12
Benn la.
L 0
Yan langues
la?
Bon
olof J sooce, joola ak peul
ak créole J fiooy li
ma gën dégg quoi J.
L 0
Bon
leegi J est-ce
que
di ngaay boole wolof ak
joola / te français
du ci bokk par exemple ?
L 12
Non non / parce que wolof bi moo dominer.
L 0
Uh / booy lill sooce dinga ci boole wolof?
L 12
Waaw / des fois / di naa ci boole wolof quoi
man
daal
1001u
moom
daal
c'est général
quoi 1/ da
ngaay gis nit ki / mu commencer
phrase
rekk mu
560
dem ci langaamu 1 han 1 mu door benna mot foofu 1
mu fiowaat encore
ci ay olof yooyu quoi 1 c'est ça
quoi 1 man surtout ça
1 man sooce ça 1 parce
que
man 1 han 1 côté
maternel 1 je
suis
socé
quoi 1 bon
côté paternel 1 je
suis
sérère
quoi
1 mais
le
sérère
/
je
ne
comprends
rien
Il
vous voyez 1 ma
maman 1 elle est sérère 1 les
sérères
de
la
Casamance
là
1 ils
parlent
que
manding et
arabe 1 nu jàng arabe quoi / bon ni
j àngoon arabe 1 fiëpp 1 sooce la fiuuy làkk quoi 1
bon fii 1 alors / vous voyez 1 1001 la quoi 1 m
m e
ê
suma accent
bi sax boo seetee 1 même
olof bi sax di
na ko wax mais
nak 1 je suis sûr et certain que
déggu ma ko bu baax 1 waaw 1.
L 0
Kon yow booy làkk wolof di nga ci boole ay Il.
L 1 2
Des fois 1 je me ret 1 bu maay làkk olof rekk tem
ma dem ci olof 1 eh sooce bi.
L 0
Mais
est-ce que
di ngay commencer
làkk
sooce
après que
nga dugal ci benn.
L 12
Bon 1 bu ma xamee ne waa ji ne 1 bon
fatte rn ki du
sooce
1 quoi 1 oui 1 ma virer quoi.
LO
D'accord
/
mais
est-ce
que
ak nep ngeen di
employer
/
euh
/
façon
langage
mélangé
boobu ?
561
L 12
Waaw.
L 0
A vec tout le monde ?
L 12
Si non / hu de doon nga étranger
/ gis un
blanc
interlocuteur hi / ça
dépend
de
l'interlocuteur
/ si c'est un toubab / xam nga / mu noo ci dugal
ay mots olof? mais
hu dee entre
fiun la surtout
en
ville
/
y
a
pas
de
problème
/ eh / par
exemple
avec
les
parents
/
c'est
la
même
chose han / seen papa
du
nangu fiuuy làkk olof
quoi / /.
L 13
Paa hi créole
la / il vient de Guinée Bissau kay /
hu nu làkkulee français / surtout
moo faay kii / kii
la ûu làkk / euh / créole / bun làkkee olof paa hi du
ko kii quoi / du /
L 0
Du ko nangu.
L 13
Du ko nangu.
L 0
Du ko nangu quoi / neexu ko quoi.
LI
Paa hi aussi c'est ça /
il est inspecteur d'arabe
lui aussi / c'est ça quoi / Diana ta ha ka manding
soit
tu
lui
parles
en
français
ou
que
tu
lui
parles en arabe / mais
sooy
nekkee
fii
/ parce
que moom pour mu wax olof sax / c'est difficile quoi
/ chez lui 1.
562
Le
vieux
là
aussi / c'est la
même
chose / du
wax olof quoi.
L 12
Même
fiun su fiu fii yan 1 paa bi aussi noon la mel
fii oak moom 1 yenna saa yi 1 ngaay fiow 1 ngaay
làkk olof 1 bon sa parents
YI 1 waaw moom mu
reprocher
la quoi / bon
yenna saa YI nga fiow di
wax ak moom 1 des fois quand tu lui trouves de
mauvaise humeur / là
moom 1 tu
vois 1 mer na
quoi / ou bien
ni mu la gisee ngaay fiow ag moom
1 nga DOW di ko wax ag olof mu mer la Il ou bien
nga üow 1 bon
boo kooy waxee langue-am 1 moom 1
amuI
problème quoi 1 mais
boo fiowee 1 ngaay di
kooy 1 yenna saa yi nga fiow sax / di ko wax
français
1 mer na ci quoi Il.
L13
Parce
que
la
plupart
/
plus
de
80
%
de
la
population du Sénégal
da nu wax / da fiuuy làkk
olof han 1.
L 0
Mais
est-ce
que koo ku 1 ça
met en
péril les
autres
langues
?
L 13
Waaw 1 parce
que
mbon 1 temps
yi 1 maa ngr
deglu
une
émission
là
1 fiuuy
ne
le
sérère
quand
même
a perdu
1 da fa kii quoi / bon je
pense
que
loolu 1 c'est
surtout
du
à
l'avance
du olof 1je pense 1 maanaam mooy linga wax 1.
563
LI
W a a w
mais 1 est-ce que et surtout sérères YI
sax 1 man 1 pour 1 y
a des
sérères pour
mu
mana
dégg
sax
fiuuy
làkk sérère au
moins 1 il
faut se rendre aux quais ici avec les pêcheurs
là
quoi
mais
sinon y
a
deux familles
sérères
qui
m'entourent boo xamne fioom fiëpp 1 m ê m e
les
petits
enfants
là
parlent 1 mais
de
/
ils
parlent
même pas
kay 1 ils
parlent
wolof 1
mais
nak boo buggee dégg sérère sax 1 il faut
n g a
dem be géej.
L 13
Parce
que
le
sérère
1
on
l'entend
très
rarement ici han 1.
L 1 2
Da fa lëdëm quoi 1 amna kabrouss 1.
L 13
Surtout le
karoun là 1 ooh 1 ouh 1.
L 12
Ooh 1 Ouh 1 karoun 1 baïnu 1 da fa mélanger
ak Il.
L 13
Da fa 1 ouh 1 c'est très difficile 1 joola foofii bi 1 bu
Bignona 1 boobu 1 c'est beaucoup plus facile 1.
L 12
Yenn saa yi di nga wax be dugal si yeneen langues
yi sewa sew yi 1 comme
mu ni ngaay wax nii 1 0 u
bien
nu
dugal
SI
mandirjka 1 bon
alors
tu
comprends
facilement
quoi.
L 0
Mais
da fa am lu nu bind ci livre YI par
rapport
au diola 1 ay twatay 1 gu silay Il est-ce
que
mots
yooyu ça vous dit quelque chose ?
564
L 12
Non je
n'ai jamais
entendu
cela Il il
y a l e
foofii / yale kabrouss 1 yale karoun 1 yale
blouf ak kalunci.
L 13
Peut-être
foofu / fiun 1001 la fiu xam quoi I,
L 12
Am na yeneen encore.
L 13
Parce que
ci suuf nii / am na.
L 12
Soo demee Cap Skiring là / da ngaay wace ci suuf /
ci faro yooyu laa la wax / ûoofiu bu iiuuy làkk sax /
doo xam lu wax / pour yow nak mooy wax sa kanam
/ waaw doo comprendre / do jeli dara / waaw Il
par rapport au
diola
foofii
bi
/
boo
fa
toogee
quelques temps
rekk 1 comprendre
nak 1 diola
foofii mooy daw fii actuellement à
Ziguinchor.
L 13
Te mooy gëna daw sax 1 actuellement 1 je pense
anh 1 moo gën plus facile quoi.
L 1 2
Mai s
manding bi nak 1 manding bi tamin 1 j e
constate
que
bari na torop ci Casamance
là 1.
L 13
Oui
bare na fi 1 surtout
vers
côté
"kanfouya" 1
vers
département
de
Sédhiou
là
Il.
Booru Gambie / yale buje / yale Pakaw / yale
Gaabu /
le
Kaabu c'est
vers
Vélingara
encore
quoi / c'est / da fa am frontière
entre
Guinée
1
Vélingara
et
Guinée 1 waaw Il 1001 la quo i 1
565
Kaabu da fa
fiow be une partie
dugg
dans
le
département
de
Vélin gara
1 laal na tuuti une
partie de la région de Kolda tam 1 te nak Gui née
Bissau
la gëna am doole nak 1 waaw 1 foofu mooy
source bi quoi 1 origine
bi.
LO
Mais
bu fiu do on seet diola
ak
manding fiu jël
Casamance
yëpp han 1 ban moo ci wara ëppale ?
L 13
Bon 1 ce sont les diola de 1 pour moi Il
waa w
xam nga diola yi 1 de ce côté là lan dominer.
L 12
Manding aussi han" mais
manding yi fioo gën bari
1 parce
que
iioom
soo
demee
dans
le
département
de
Sédhiou
1 moo
gëna
rëy
d'abord 1 le
deselman
1 c'est grand
le
Pakaw
aussi c'est grand Il soo j6gee foofu aussi
n g a
dem
encore
côté
Vélingara
encore
là 1 foofu
man di n g
xam nga Il comme
à
Kolda
par
exemple / yale peul 1 waaw 1 foofu di nga mëna
déggoo ak gars
iii quoi Il noon la mel.
L 13
Parce
que
bon
diola
1 minorité
bi
côté bii la
nekk et encore 1 on a oublié encore le
kabadaa
han 1 qui
est
mélangé
des
peul
et
mandin
encore
Il
c'est
vers
le
carrefour
diaroume
quoi 1 yooyu da fa dem tafu Gambie quoi 1.
L 12
Da fa fiow be fii aussi 1 Goundomp.
L 0
Kon fioom seen fiaari làkk yi da fa dajee quoi ?
566
L 12
Parce que xam nga / bon / comme paa yi nifi kooy
waxee / si le vieux était là / moom monoon nga
waxtaan ak moom Cl histoire bi.
L 13
Et on
a
oublié encore
le
birassou
encore / le
birassou
encore
/
c'est
des
mandingues
et
des
baïnouks
encore / moom tamin da fa joxe beneen
langue / waaw / non / loolu la / sooce bi la iiuuy
làkk: quo i / parce
que
ce
sont
des
mandingues
qui ont dominé là-bas quoi et vers
simbanding
braasu quoi J.
567
mADUCTION
L12
Bon je ne travaille pas, mois SUIS soudeur. C'est le
métier
que
je
pratiquais
quoi.
J'étais
apprenti
chauffeur, des fois j'avais des contrats au niveau de :
après je me suis arrangé pour venir ICI, mais le plus
souvent on nous
prend comme :journalier, ensuite
comme que mon grand frère il était au barrage de
Diama, bon il a travaillé là-bas puis après le barrage,
bon il a fondé un GIE, bon à la suite, leur GIE est
tombé à l'eau. Les anciens travailleurs du barrage /
bon lui, il est resté jusqu'à présent il travaille. Bon il
s'occupe de former des gens au niveau du village,
parce qu'il était le seul cadre, bon à la suite, quand il
a réussi, il nous a appelés. Moi et mon, moi et son
frère jumeau bon lorsqu'il nous a appelés, on venu
là-bas on
a commencé à travailler, bon le boulot
qu'on fait c'est, c'est enrichissant qUOI, parce que SI
on travaille pas on n'a rien.
LO
Euh, toi, as-tu déjà voyagé ?
L12
Oui, je SUIS déjà allé, euh, si non à Dakar, hors du
Sénégal, si non en Gambie seulement que je suis allé.
LO
As-tu séjourné longtemps à Dakar ?
568
L 12
Oui, parce que j'y ai déjà séjourné pour les études
quand même. Oui, j'y ai fait ma seconde, oui j'ai fait
deux ans à Dakar.
L 0
A part ça, tu as toujours vécu en Casamance, qUOI ?
à Ziguinchor ?
L 12
Oui, sinon j'ai été à Dakar mais il y a longtemps. Par
la suite on nous a affecté à Bignona, mes parents,
après on est venu à Ziguinchor quoi.
L 0
Quel niveau d'études as-tu ?
569
L2
Euh bac.
L 0
Et toi Modou ?
L 13
Moi, j'ai le niveau CM2.
L 0
Toi, tu es de quelle origine ?
L 12
Bon moi Je SUIS manjaque anh.
L 1 3
Moi suis mandingue.
L 0
Mandingue. Euh quelle est ta première langue ?
L 1 2
C'est le wolof.
L 0
Le wolof est ta langue maternelle ?
L 12
Bon ma maman, elle est sérère, ici à la maison on
parle wolof. Ce sont des sérères qui n'ont jamais, par
exemple
connu
leur
origine
quoi.
Eux,
ils
n'ont
jamais vécu leur machin, leur truc.
L 0
Leur langue.
L 12
Voilà, c'est ça.
Lü
Et toi?
L 13
Nous, on parle mandingue.
570
L 0
Le mandingue, vous le parlez à la maison n'est-ce
pas ?
L 13
Bon, des fois on parle wolof parce que on a des
neveux dont le père est wolof ; bon tu sais, avec la
domination de la langue wolof nous sommes obligés
de temps en temps bon, de parler olof, bon on parle
diola aussi, parce que bon ma maman, sa mère est
diola.
L 0
Mais quelle langue parles-tu le mieux, toi ?
L 1 3
C'est le socé.
L 0
Donc, je reviens à la question han. Quelle est la
langue de ton père ?
L 12
Euh, mon père, le créole.
L 0
Le créole han ?
L 12
Oui.
L O T a maman? wolof?
L 1 2
Oui, le wolof.
L 0
Et toi, ta maman ?
L 13
La mienne c'est socé.
L 0
Quelles langues comprend-tu en général ?
571
L 12
En général Je comprends olof, Je comprends un peu
diola.
L 0
Et le français ?
L 12
Oui je comprends français, euh, toutes les langues
han.
L 0
Ah bon, toutes les langues ?
L 12
Oui, si non je comprends français, je comprends
également un peu anglais et un peu espagnol.
L 0
Et toi alors ?
L 13
Moi
je
comprends
socé,
je
comprends
peul,
Je
comprends diola et créole, et wolof.
L 0
Et français ?
L 1 3
Et français.
L 0
Euh, à la marson, parce que
là on revient à la
question qui était en suspens là, han, à la maison,
chez toi, quelles langues vous utilisez ?
L 12
Bon,
on
parle
wolof
surtout,
mais
créole
très
rarement quand même, à part peut-être le français
de temps en temps, et c'st rare.
L 0
Et vous, à la maison ?
572
L 13
Bon, nous, on parle socé, socé, des fois diola, et wolof
et français.
L 0
A la maison han ? mais y a-t-il une langue que vous
utilisez en priorité ?
L13
Bon actuellement, le
/
soce, crest la langue la plus
utilisée. Bon, c'est notre langue maternelle.
..
LO
Après, qu'est-ce qui vient apres ?
L13
Le wolof, après le français.
LO
y a-t-il des moments où vous utilisez le diola ?
L 13
Oui, le diola, oui, parce que des fois bon, de temps en
temps, des fois tu sais, on parle diola à des gens qui
sont diola, ou bien on parle créole.
L 0
Entre amis, copains, quelle langue parlez-vous ,)
L 12
C'est le olof.
L 13
Olof.
L 1 2
Olof ou créole mais le plus souvent olof.
L 0
Oui, d'accord.
L 1 3
Bon wolof ou créole, bon et français aussi, le français
aussi, comme on a tendance à oublier le wolof (rires).
573
L O O n va y revenir anh, d'accord ? Bon, toi quand tu
allais à l'école, quand tu étais au lycée ou au collège,
quelle langue tu utilisais avec les élèves ?
L 12
Bon le olof ou le français.
L 0
Et toi, au niveau de ton lieu de travail ?
L 13
Bon, toutes les langues, han parce que, bon tu VOIS,
c'est un lieu cosmopolite quoi. Bon yale wolof, yale
socé, yale diola yale peul aussi, le peul waalo quoi,
bon parce qu'entre le peul waalo et le peul d'ici, y a
une
petite
différence,
bon
vous
arrivez
à
communiquer
mais
il
y
a
quand
même
une
différence.
Lü
Mais, là-bas, y a-t-il beaucoup de socé ?
L 13
Oui il y en a mars tellement, ce sont des immigrés.
Mais
entre
nous,
nous
les
frères,
on
utilise
le
français, parce que j'ai un grand frère, lui c'est le
français qu'il utilise le plus souvent, tout le temps
que j'étais là-bas, c'est le français qu'il utilisait avec
nous, oui.
L 0
Mais en dehors du milieu fraternel là ?
L 13
Là, c'est chose, c'est le wolof.
L 0
Mais cs 'est au delta, là-bas ?
574
L 13
C'est au delta, mais aussi à la maison, au niveau du
village, parce que bon, au niveau du village, eux ils
ne comprennent pas socé ; nous sommes obligés,
comme lui il a l'habitude de parler français, bon il est
emporté par son élan, oui, bon il nous a dominé quoi,
parce que.
L 0
Il vous a dominé linguistiquement (rires).
L 0
Oui mais ça, ça revient au même, mais et dans la rue
? ici à Ziguinchor, quand vous rencontrez des gens
que vous ne connaissez pas, en quelle langue vous
leur parlez ?
L 12
Olof. Ce qu'il y a c'est que ça dépend aussi de la
personne quoi, OUI, si je comprends, parce qu'il y a
des gars qUI, pratiquement tous les diola, la plupart
des diola, ne veulent pas parler olof quoi, bon c'est
que tu es obligé toi, si tu ne parles pas bien diola, de
parler avec eux en français.
L 0
Bon maintenant, pour résumer tout ça,
selon toi,
quelle langue as-tu l'impression de parler plus, dans
ta vie ?
L 12
C'est le wolof.
L 0
Et toi?
L' 1 3
Oui le wolof.
575
L 0
Wolof aussi ; euh même par rapport au français, tu
parles plus souvent wolof ?
L 13
Je parle plus souvent wolof.
L 0
C'est pareil ?
L 13
C'est pareil.
L 0
Bon, maintenant, quand tu parles français, tu le fais
par plaisir ou par obligation ?
...
L13
Non parfois Je SUIS obligé quand meme hein, OUI,
...
...
dans
des
cas
ou
quelqu'un
s'adresse
a
moi
en
français,
tu
sais
Je
ne
peux
pas
peut-être
lui
répondre en français.
L 0
Donc, c'est selon la langue de l'interlocuteur quoi.
L 12
Oui, ça dépend de l'interlocuteur, ce qu'il, truc, quoi.
L 0
Ce qu'il utilise en premier.
L 12
Oui.
L 0
Il n'y a pas pas d'autres critères qui motivent ?
L 12
Si, non mais ça m'arrive souvent de parler français
comme ça tout simplement, par mon bon plaisir, oui.
L 0
Donc volontairement ?
576
L12
Oui volontairement, c'est ça.
LO
Oui, et toi Modou ?
L13
Bon moi, crest pareil, parce que bon, tu sais, nous
vivons
au Sénégal, chacun sait comment les
gens,
leur façon de, leur manière de, de faire quoi, c'est-à-
dire bon, par exemple, toi, tu peux venir, tu me
parles français pour te faire voir, suis obligé de te
répondre
en
français,
mais
SI
tu
viens
en
toute
simplicité bon, on va te parler dans la langue que
l'on veut, en savoir olof, ou bien socé ou bien créole.
LO
Mais, ce "pour te faire voir" là, est-ce que c'est une
remarque
que
tu
as
faite
sérieusement
chez
les
gens ?
L13
Bon, j'ai
bien remarqué
cela parce
que
tu
sais,
actuellement
nous
sommes
dominés
par
le
modernisme, bon y a d'autres qui sont, qui veulent
être assimilés quoi, si Je comprends bien pas que
bon, ce
que Je veux en
dire, c'est que bon,
le
français, ils aiment parler ça quoi, ils essaient de
parler français,
or bon,
le
français
ce
qu'ils
en
savent, n'est pas très consistant quoi ; ils en savent
très peu.
LO
Bon, maintenant avec ta petite arme, euh, ta copine
quoi,
quand
vous
êtes
ensemble
quelle
langue
parlez-vous le plus souvent ?
577
L 13
Pour moi, y a pas de différence, parce que bon, on a
l 'habi tu de .
L 0
Mais alors, peut-être que les gens qui vous parlent
spontanément euh, en français, alors, peut-être que
pour eux
aUSSI
c'est comme
ça,
ils
font
pas
de
différence,
alors
ils
commencent
en
français,
pas
pour se faire voir, mais parce que c'est juste une
question d'habitude
?
L 13
Non, certains, c'est pour se faire VOIr , OUI pour que
les gens sachent que celui-là parle français.
L 0
Mais ça par exemple, c'est une affaire d'intuition
parfois tu les comprends, tu saisis le sens de
leur
attitude.
.
L13
Tu
"-
sais, a chacun
"-
sa maniere d'agir, de parler qUOI.
Bon moi je peux parler comme ça parce que ça me
vient comme ça, mars y a des gens qUI, en parlant,
aiment
se
faire
VOIr,
qu'on
sache
qu'ils
parlent
français.
L 0
Et si on vous demandait de choisir parmi les langues,
celles
que
vous
aimeriez
introduire
à
l'école,
si
l'enseignement se faisait en langues locales : wolof,
socé, diola, créole, sérère, peul etc... ?
L 13
Bon tu sais, c'est le wolof qui domine actuellement
avec le peul parce que, bon, ce côté ci, les gens
580
L 13
Si non que, euh français.
L 0
Français, pourquoi ?
L 13
C'est-à-dire, peut-être que c'est elle qUI me pousse,
des fois on se retrouve dans des milieux, comme ici
chez elle, bon SIon ne veut pas que les enfants
comprennent ce que nous sommes en train de nous
dire, nous sommes obligés de parler français bon,
des fois aussi on se retrouve tout seuls à parler
français, mais je n' sais pas expliquer ce qui me
pousse à le faire, mais on parle français souvent.
L 0
Quelle est sa langue maternelle, à elle ?
L 13
Créole.
L 0
Mais toi, est-ce que tu parles créole ?
L 1 3
Oui, je parle créole.
L 0
Elle, est-ce qu'elle parle socé ?
L 13
Un tout petit peu.
L 0
Et toi, en quelle langue parles-tu à ta copine ?
L 1 2
Euh olof.
L 0
Elle est quoi elle ?
L 1 2
Anh, elle est toucouleur.
578
L 0
Est-ce qu'elle parle toucouleur ?
L 1 2
Pas du tout.
L 0
Créole?
L 12
Oui.
LO
Diola?
L12
Oui
L 0
Est-ce qu'elle parle français aUSSI ?
L 12
Oui.
L 0
Elle comprend français.
L 12
Oui.
L 0
BOD,
à présent utiliser le français, est-ce que tu le
ressens
comme
une
langue
étrangère,
ou
comme
une langue ?
L 1 2
Comme une autre langue han.
Lü
Comme une autre langue ?
L 1 2
Oui oui, y a pas de différence quoi.
L 0
Et toi?
579
ne la hamee ci holof Il Rang fim nekk nii 1 mooy nit
nu def ag lox 1 leegi bu ay rabi dex naawoon nii 1
romb la jëm nii 1 topante 1 da nga naan "ndaw lox gu
jag" 1 bu yii awee nii 1 yale aw nale 1 ngane "ndaw
lox
yu
j ag"
11 su
boobaa
lox
mun
na
tekki
tremblement 1 mun na tekki rang 1.
L O O u i 1 leegi lan moo sa xalaat ci fas yeene boobu
jàngalekat yi ak gouvernement
bi 1 ci dugal làkk yi
ci biir l'école
yi?
L 14
Duugal làkk yi ci biir école
bi daal 1 moo di comme
ni ngeen di def nii 1 li ngeen ceey jelee 1 ngeen di ko
dajaleeb
bereb
1 par
bereb bereb 1 par
bereb
bereb ba mën ko bindd 1 sa booba ngeen de ko
j àngale 1 par étape / aaah 1 amaana sax 1 non leegi
nii da nan ko tayal 1 waay fiiiy jàng fioorn daafi ci
mën j ëfndiku 1 ndax fiim
nekk nii 1 ci mag ni baat
bu la réer 1 li ci ëpp da ngaay seet ku la mag mu wax
la ko 1 bu booba nak na la magoon 1 lan doon wax 1
sun ko binddee / ni ci kanam di ko jàng 1 mun na
dem be 1 lu moy 1 da nan dem a dem be doo tufi wax
holof / ndax bari na tey ku namp lu moy holof 1
ndax holof 1 tubaab lay roy 1 aaah yeneen nations
yi yit 1 toofiu ma leen 1 waay holof la fiuuy roy ndax
lu ëpp doole war Il comme
langue
nationale hi
holof lan ko def fii 1 su boobaa bari na ci tey 1 ay no
xamne fiii / li waral ho lof gëna yaatu fim ne 1 bu
peul
sëyeeg fioom 1 bu yaggee dootoo wax peul 1
606
buuy bambara 1 bu yaggee noonu 1 100100 ko yaatal
1 waay moog sérère
üoom 1 holof boo gis Sénégal
la dëkk 1 sérère
boo gis Sénégal la dëkk 1 su nu fi
ëppee 1 fioom üaar rekk 1 fii lan gëna roy 1 ci seen
teewte daal.
LO
Ci
digante
wolof
ak sérère
justement 1 seen
mbokk noo ko gisee ?
L 14
Seen up
mbokk 1 wolof
ak sérère
? En tout cas
ni ma ko gisee daal 1 üoorn fiaar 1 na ka jekk üoo
bokkoon réew mi 1 fiii 1 da noo jege ndox mi 1 fiii
jege ndox mi 1 aah 1 holof yi ne ci jeeri ji 1 waalo
rekk lan xamoon 1 loolu xawa jege ci ndox 1 foofa la 1
njaajaan njaay feefioon ci ni ko histoire
nettalee 1
waaw 1 fioorn fiaar fioofiu daal 1 na ka jekk 1 fioom
fioo fi dëkkoon 1 espagnols
yi now nan fi dem 1 ag
yeneeni xeet ak i yeneeni xeet 1 nu ci bari dan fi
doon liggéeey si di dellu 1 di dem ak i dikk 1 fienn ni
di took be yagg 1 waa waalo 0 kii yi 1 toucouleur yi
fiow 1 fekk si leen di fi jaaysi xorom 1 di dem ak dikk
1 fienn ni took 1 di jëlanteek fioorn 1 te holof yi fioo
hëppoon 1 te fioo gëna jëlanteek nit ni 1 ndax fim ne
nii 1 lu dugg holof 1 dugg beneen xeet 1 ndem gan
nga si seen biir sooy fiow rekk fiu daldi la yaatal 1 bu
boobaa nga waxanteek fioom 1 mën nan laa may
seen doom 1 mën na ûoo jël ci yow Il moo tax mu
gëna yaatu 1 waay fioom fiaar de fioo fi cosaanoo Il.
L 0
Kon xanaa sereer yi ak lebu yi da nu bokk ?
607
TRADUCTION
W
On parle français
maintenant aujourd'hui SI Je te
salue, je ne te dis pas "salamalekum", tu sais ce que Je
te dis? "alors, ça va", tu me réponds "ça va", c'est
quoi "ça wa" ?
L 14
(rires) "ça va", c'est pas du wolof.
L 0
Han, tu es d'accord que ce n'est pas du wolof?
L 14
Je
dois
te
dire
"salamalekum",
tu
me
réponds
"malekum salaam" ou alors "jàmm nga am", "jàmm
rekk han", ça c'est du wolof, mais je te dis "eh, ça wa"
"na nga def waay" ? tu réponds "mal] fi rekk waay"
c'est quoi ça. Si tu parles comme cela avec quelqu'un
qui n'entend pas français, il ne peut pas comprendre
cela. Mais à la vérité on devrait parler wolof.
L 0
Jefukaay ? Jefandikukaayi ? han ce que vous utilisez
comme outils pour le travail. Ah oui, oui ce qui se
trouve dans la machine dont on se sert ça là a un
nom en wolof. Aujourd'hui, SIon allait, aah, là,
pourrais-tu me citer 5 outils que tu as l'habitude
d'utiliser
tous
les jours,
pourrais-tu
le
faire
en
wolof?
609
L 14
Oui, dans la machine (la "mécanique") ? Il Y a cinq
trucs que tu es obligé d'utiliser, pour travailler. Bon,
il yale "kook", oui, tu le prends tu mets le saaj
dedans, aj j'ai déjà parlé du "kook", j'ai parlé du
"saaj", han ? à présent le "saaj" là, si tu le mets dans
le "kook", tu prends le "kook" tu le mets dans le "ceeli",
pour que le truc puisse basculer comme cela ? n'est-
ce pas ? Tu sais aussi que le "siso", tu es obligé de
l'utiliser ? ne
serait-ce que
pour couper
? Bon,
l'instrument
pour
couper,
ensuite
tu
prends
cet
objet en fer, tu y glisses l'aiguille, après ça, tu dois
démarrer le travail, tu prends le tissu que tu glisses
entre la dent et le "ndëbu".
LO
bëfi YI
L 14
Oui les "bëfi" et le "ndëbu", tu laches le ndëbu, tu
pédales pour pouvoir coudre.
L 0
Ce "pédaler" là, peux-tu le traduire en wolof?
L 1 4
"Pédaler" ? OUI, bien sûr, que je pourrais.
LO
Vas-y.
L 14
"Weq", oui (rires) il suffit de dire "weq".
L 0
Oui, très franchement, est-ce que
tu utilises tout
naturellement ces vocables wolof, en travaillant. Le
"weq" là l'utilises-tu quand tu parles ?
610
L14
Est-ce que je l'utilise, ce mot wolof ? Oui, des fois, le
bon dieu m'y pousse. Je me surprends à dire "maa
ngiiy weq machine bi", "tey damaay weq bu baax.
LO
Si aujourd'hui l'enseignement se faisait en langue
wolof,
tu
sais,
comme
le
fait
mon
ami
là,
l'alphabétisation,
s'il
enseignait
aux
tailleurs,
en
wolof, pour qu'ils écrivent en wolof, quel vocable
préconiserais-tu entre "wéq" et "pédaler" ?
LIS
Si c'est le wolof qu'on enseigne, on devra dire "weq".
Si on propose "pédaler", si tu suis "pédaler", il te
mènera au français. "Il était méchant ou il était doux"
- tout ce qui a été dit là-dessus, a été consigné. Il y a
un dossier spécial
sur
ça.
Si Moussa pouvait te
mettre en rapport avec cet instituteur là, il pourrait
t'en dire beaucoup de choses.
LO
L'instituteur du coin ?
LIS
Oui de l'école d'ici.
LO
Il y en a un qu'on a rencontré à la pharmacie, mats,
on s'est dit juste bonjour et on est parti, mais Je
pense qu'on aura l'occasion de
voir beaucoup de
gens, vu qu'on est là encore aujourd'hui et demain.
LIS
Et demain. Bon d'accord, sur ces sujets là, on est
assez mobilisés. Des fois on réfléchit sur le domaine
de la santé, notamment au moment des vacances de
6 l l
Noël.
Il Y a des
ASC
(associations
sportives
et
culturelles) qui
organisent des semaines culturelles
et
sportives, semaine où
il se passe pas
mal
de
choses. Je pense même que ces jours-ci à venir, il y a
une
équipe
qui
prévoit
d'organiser
sa
sername
culturelle ; dans le village même, il y a six ASC, oui, à
Keur Madiabel. C'est-à-dire qu'il y a trop de jeunes,
parce que Keur Madiabel a au moins une centaine
d'étudiants qui sont à Dakar, et quand ils reviennent
tous au village, ils s'intéressent à ces activités.
L 0
C'est cela.
L 15
Sans compter ceux qui vivent ici au village, qui sont
bien plus nombreux et je peux dire qu'ils sont une
centaine de jeunes qui font des études et d'autres
qui travaillent.
L 0
Oui, d'ailleurs moi-même je compte parmi mes amis,
certains ressortissants de Keur Madiabel.
L 15
Oui, car au moment des vacances, non seulement,
tous ceux qui sont originaires du coin reviennent,
mars des fois ils ramènent des copains qui viennent
pour passer les vacances ici, découvrir la région,
faire connaissance avecnous. Oui.
L 0
Mais
les
gens
du
village,
s'intéressent-ils
à vos
activités, théâtrales entre autres ?
612
L 15
Oui parce que, des
fois, quand on veut faire une
représentation
théâtrale,
on
prend
d'abord
contact
avec le chef du village, on va chez le chef du village,
on va voir les responsables politiques, on va voir
grosso modo tous les notables du village, le sous-
préfet,
on
discute
avec
eux,
aInSI
on
invite
la
population, toute la population, parce que des fois,
après la répétition au moment de la représentation,
c'est la population qui nous juge. Et puisque c'est eux
qui nous jugent, on fait appel à eux le maximum
possible, et ils viennent aussi, ils viennent, surtout
les femmes, il y a ici des femmes très dynamiques,
qUI
s'engagent
à
fond
dans
les
différentes
entreprises de cette nature. On
est très liés avec
elles.
L 0
y a-t-il des organisations des femmes ?
L 15
Oui, elles ne sont pas
affiliées au parti à l'heure
actuelle chaque ASC compte un regroupement sur la
base d'une activité donnée. Oui je peux te citer le cas
de
l'ASC
"daara
ji"?
Les
membres
versent
des
cotisations. Lorsqu'une équipe lance un appel, on dit
chaque membre deux briques pour qu'on construise
un siège social. Quand cet objectif est réalisé, les
briques c'est pas très cher, les femmes entre elles
collectent des cotisations, pour qu'une fois le siège
terminé, qu'elles achètent deux ou trois machines à
coudre
et
organisent
des
cours
de
couture,
des
613
L14
"Sideem" signifie un petit
"ndeem", parce que tu n'as
pas vu la mère, et donc en disant "vends-moi de ton
"deem", ce n'est point du wolof. Bon "tegget", on le dit
chez nous "figget", les autres disent
"pitax". Le chat,
ils l'appellent "wundd"
; ils introduisent ainsi un
vocable étranger qu'ils sont les seuls à comprendre.
C'est comme du verlan. Tu peux initier quelqu'un à
cette
façon
particulière
de
parler,
vous
pourrez
communiquer de telle sorte que les locuteurs dont
vous
partagez
la
langue
maternelle
ne
pourront
même pas comprendre. Par contre si tu parles wolof
aux gens de la communauté, ils comprendront. C'est
pourquoi ils introduisent des vocables spéciaux.
LO
C'est
un
peu
pour
toutes
ces
raisons
que
nous
parcourons tous les villages. Aujourd'hui, je suis à
Keur Madiabel pendant que mon collège est à Nioro
pour le même travail. Bon, à propos de la discussion
qu'on avait commencée, zut, tu vois ma façon de
parler, j'ai dit "commencée" alors que "commencer"
c'est français, n'est-ce pas (rires) ?
L14
Oui, "commencer" c'est français.
LO
De nos jours, beaucoup de personnes sont incapables
de s'exprimer sans y mêler des mots français.
L14
Oh,
tu
sais,
les
langues
elles-mêmes
se
sont
interpénétrées, maintenant ."Sappo" c'est un mot qui
a une signification donnée. "Sappo" en français veut
615
dire bonnet. En peul cela signifie "10", le chiffre "10",
en wolof ça veut dire retentir. Si tu prends un lance-
pierre que tu fais tourner très fort, puis tu lâches, le
projectile vibre, se déplace avant d'attérir. On dira
"mbëq nga sabna", dans ce cas le même mot a trois
significations.
"Barre, barre"
peut se
traduire
par
direction. En wolof ça peut signifier du gratin de
nourriture. On dira "barre bi j6g na". Bon
"koor"
veut dire s'abstenir de manger et boire" en wolof il a
le sens de.
Et donc les langues sont mêlées. Si c'est la langue
maternelle
qu'on
utilise
tout
naturellement
il
convient d'écouter ce
qui
n'en fait
pas partie et
d'utiliser uniquement cette langue. C'est le problème
de
quelqu'un
qui
parle
une
langue
donnée,
se
débrouille dans telle autre langue, comprend telle
autre langue encore... Celui-là peut savoir tout ce
qu'on peut lui dire, seulement il ne parlera pas en
utilisant le juste mot.
L 0
C'est la raison de notre présence ICI. faire en sorte
que les enfants, les jeunes, en grandissant puissent
être en mesure de différencier les langues, la langue
maternelle
et
la
langue
étrangère,
qu'ils
sachent
identifier et utiliser les vocables étrangers tout en
étant capables de
les restituer dans leurs propres
langues. Si je dis "par exemple".
616
L 14
"Par exemple" c'est comme si je te disais telle ou telle
ou telle chose, par exemple, tel et tel et tel ça veut
dire
"maanaam" en wolof.
L 0
D'accord que beaucoup de personnes ignorent cela ?
Ce
"maanaam" là, est-ce que c'est du wolof ou ça
vient d'ailleurs.
L 14
Maanaam c'est du wolof, c'est de l'arabe, OUI, disons
que c'est
olof et c'est arabe.
L 0
Parce que j'ai eu une discussion avec quelqu'un à ce
propos. Il m'a dit que c'est arabe, quelqu'un d'autre
m'a dit que c'est wolof. ..
L 14
Les langues se sont croisées à ce nrveau mais l'arabe
dit "maana", le wolof en l'imitant dit
"maanaam" mais
si on va au fond des choses, pour dire vrai, le
vocable est arabe. Si on veut le dire en wolof, ce sera
alors "meloo".
On peut dire
"maanaa lu xonq la, maana lu fiuul la"
ou bien
"meloo wu xonq la, meloo wu fiuul la". C'est
cela le nom wolof, oui.
L 0
J'ai remarqué qu'il y avait une différence entre le
parler
du
Saalum
et
les
autres
parlers
(Cajoor
Bawol).
L 14
Ils
sont différents.
Chaque région a sa
façon
de
parler, car le Kajoor, le
Bawol, le
Njaambuur, euh le
617
Siin Saalum,
tous ont une
manière différente
de
s'exprimer
parce
que
certains
disent
"bafiwaaru
xarar". Si c'est vers le Rip, une baignoire vide se dit
"bafiwaaru xarar". Mais
ici on dit "bafiwaar" tout
court, on dit
"xott bafiwaar, c'est une baignoire vide.
Les uns disent
"dama kooy" (pour dire je vais ...) les
autres
"faa kooy" on les appelle
"faana faana", c'est le
meilleur (rires). Là-bas, la pénétration française a
été tardive, car les français s'étaient plutôt installés
du côté de l'eau (le fleuve , la mer) de ce fait les
populations qu'ils y ont trouvées étaient amenées à
parler plus français, ceux qui viendront par la suite
renforceront cette tendance. Plus on s'éloigne de la
capitale,
plus
on
se
familiarise
avec
la
langue
maternelle.
L 0
"Aay", cette interjection est utilisée par qUI ?
L 14
Aay aay, c'est du Jolof. Au Jolof, quand ils appellent
les chiens, ils disent
"aay" "aay aay kuri". Par ici il Y a
également des gens qui disent cela en général ce sont
des wolof qui cohabitent avec les sérères, ils disent
"haay", comme
Djim, le monsieur qui est là-bas :
"aay dem keur Madiabel", "aay dem tool", eux, ils
disent
"aay".
Je
pense
qu'ils
ont
dû
avoir
des
relations avec le Jolof.
L14
(bruit inaudible) C'est le nom authentique du poussin
"naar
naar",
si
tu
veux
parler
saalum
saalum
vraiment, "naar naar", c'est le nom qui désigne le
618
pOUSSIn. Les enfants du reste ne le connaissent pas,
ils disent toujours "doomi picc", oui.
L 0
Bon, d'après toi, le
saalum s'arrête où ?
L14
Le Saalum. Quand on dit "Siin", on dit "Saalum".
Maintenant
on
a
subdivisé
cela
en
départements,
mais avant il y avait le Siin, Saalum, le Kajoor., le
Bawol. Chaque pays avait un
nom, chaque région
avait un nom. C'était l'époque de chefs de canton où
chaque chef de canton avait un fief qui portait un
nom. Ici au Saalum y avait le Jingili, le Waalo, le
Lageem et quoi encore, oui, le Jingili, Lageem Waalo et
le Rip, Rip oui. Ce sont les parties constitutives du
Saalum.
L 0
Et le
ndukumaan alors ?
L 14
Oui, le Ndukumaan en fait partie aussi. Et donc les
gens de chaque contrée avaient aussi un nom : "waa
Lageem", "waa Rip", oui.
L 0
Je
pense qu'il est important qu'on sache tout cela
parce que de nos jours on parle de départements, de
communautés
rurales,
d'arrondissements,
des
mots
rattachés à la langue française.
L 14
Tout ça, ça s'appelait
tundd.
619
Les
Saalum saalum qui ont quitté la région pour
aller s'installer en Gambie, disent "jookaa" pour le
mot tundd.
Chez nous, tous les outils associés à notre travail et
que le français désigne par le concept général de
matériel, nous on l'appelle
"ndefëndu", tous à savoir,
tu
peux choisir entre
"daba"," sernefi", Jaaxaay,
konko, larmet, euh, xëcu ; c'étaient les outils de
travail.
Les
choses
ont évolué
par la suite,
les
français
ont
introduit
de
nouveaux
instruments.
Quand on a vu l'auto la première fois et qu'on ne
connaissait pas le nom, on lui avait donné le nom de
"bëkk dafifi dofifi''. Plus tard, le vélo est arrivé, on l'a
appelé
"fiaarjeet", la charette est venue, la charette
elle, au moment où elle est apparue, nous étions déjà
en rapport avec les français., les français l'appelaient
"carosse" et nous
"sareet" (en fait charette). Oui,
s'agissant du moteur, si on l'examine pièce par pièce,
on voit que celui qui l'a construit, a donné un nom à
chacune de ces pièces. Dans ce cas on est bien obligé
de s'appuyer sur cela, d'imiter les appellations. Bon
si on revient aux outils traditionnels, le "dëru" qu'on
utilisait pour tirer, portait le nom de
njëfandu". Tout
ce qui constitue un moyen pour réaliser une tâche
peut s'appeler
"njëfandu". En prenant une pierre, de
l 'herbe
nommé
"fux",
une
autre
herbe
nommé
"holo", on fait un feu où on rajoute du charbon, on
attise énergiquement jusqu'à voir apparaître du fer,
c'est
un
fer
spécial
qu'on
utilise
dans
certains
620
ouvrages. Ces façons de faire avaient des noms. En
revanche, il semble difficile de vouloir chercher un
autre
nom
à
un
outil
qui
a
été
créé
par
une
personne qui lui a lui-même donné un nom. Cela
suppose que tu sillonnes le pays, que tu fasses de
l'information, à chaque personne, tu diras que telle
chose, le français le désigne par tel nom. Ce n'est pas
assez de s'en tenir à soi, il faudra vulgariser le mot
proposé, contacter les ouvriers, des gens comme moi
qui réparons les moteurs, les
vélos afin que nous
propagions cela. On pourra trouver des appellations
en wolof pour des choses comme
"roue dentée",
"pignon", "axe central", selle, "bouchon de réservoir",
réservoir,
"poignet
d'accélérateur",
carcasse,
bloc.
cylindre,
huile
brequin,
euh
culasse,
soupape,
condensateur, visse platinée, allumage, bobine haute
tension, feu rouge, toutes ces choses là pourraient
aVOIr un nom ; on pourrait les reproduire en Images,
introduire
à
l'école,
jusqu'à
ce
qu'elles
soient
connues,
vulgarisées,
avant
qu'on
ne
puisse
vraiment considérer que le nom wolof est accepté.
Celui
qui
construit
un
instrument,
lui
donne
un
nom,
et
tu
voudrais
à
toi
tout
seul,
prétendre
donner
une
autre
appellation
à
la
chose
?
Si
quelques-uns
acceptent
le
nom,
d'autres
le
rejettent, ce n'est pas dans ces conditions que le mot
connaîtra une fortune. Il faut un large consensus.
621
L 0
Oui, ça c'estvrai mais tu sais, ce sont les wolof qUI
travaillent
ICI
qUI
devraient
réfléchir
sur
les
créations dans ce domaine. Alors, est-ce que d'après
toi, il est possible de trouver des noms à toutes ces
choses ? Si on réunissait tous ces gens dans le cadre
d'un seminaire pendant quelques jours,
si on leur
disait : bon, maintenant "huile brequin" tout ça, si on
prenait tout et que on
leur disait de
trouver des
noms à tout ça, qu'on fasse des illustrations et qu'on
écrive tous ces noms, qu'on répande ça dans les
écoles, et ailleurs, c'est possible ?
L 14
Oui c'est possible, pourquoi ? parce que par exemple
l'organisme
humain
est
composé
d'un
certain
nombre de "pièces". Cela peut être des éléments de
comparaison.
Quelque
chose
comme
par exemple
l'estomac,
renferme
un
truc
qu'on
nomme
"kerendom",
"kerendom",
SI
tu
ex am m es
attentivement
le
"kerendom,
tu
observes
bien
le
cylindre,
les
traits
qu'il
fait,
qui
permettent
la
digestion des aliments, alors on pourrait donner le
nom de "kerendom" au cylindre, ou un autre vocable
encore sur la base de ce type de comparaison. Aah le
"flotteur" flotte dans l'essence, n'est-ce pas. Dans ce
cas on pourrait l'appeler par analogie, au coeur, "xol".
Bon, bref, pour la plupart des choses, il y a des
ressemblances
qUI
autorisent
des
transferts
d'appellation.
Et si
vous
partagez ce
savoir avec
d'autres gens, ils seront très vite en accord avec vos
622
suggestions.
Les
freins,
on
pourrait
les
appeler
"lahaab",
vu
que
c'est
ce
qui
sert
à
arrêter
le
mouvement, on peut dire
"lahaab".
Frotter jusqu'à
obtenir du feu, je l'ai fait longtemps ça, une tige, tu
prends une tige de mil, que tu nettoies proprement,
ensuite tu cherches de l'herbe tendre que tu places
sous la tige, tu commences les frottements jusqu'à
obtenir de la chaleur par ce moyen, puis de la fumée
; une partie de la tige se coupe et permet à l'herbe de
s'enflammer. C'est ce qu'on appelle "foro foro". C'est
par ce procédé qu'on obtient du feu. Mais de nos
jours on trouve très facilement des allumettes.
L 0
Tu sais, ce que tu disais au tout début, à savoir que
les langues se sont interpénétrées, ça c'est vrai je
trouve parce que à propos de "froc froc" justement,
quand
tu
prononces
ce
mot
devant
un
locuteur
avisé en français il pensera aussiôt à "frotter".
L 14
Y a beaucoup d'exemples comme ça.
Oui il y a
interpénétration
parce
que
SI
tu
VOIS
ce
que
l'européen (le français) appelle "rang", la plupart des
jeunes d'aujourd'hui sont incapables de
te
dire ce
que cela signifie. Et pourtant autant le
terme est
disponible
en français,
autant le
terme
existe en
wolof. Le rang, ce sont des gens disposés en ligne. Si
vous voyez passer un vol d'oiseaux de mer, vous
dîtes "ndaw lox gu jag" (quel suberbe rang). Si une
partie
prend
cette
direction-ci
et
l'autre
cette
623
direction-là, vous dites, "quel superbe rang". Dans ce
cas
"lox" peut signifier "tremblement", et partant
"rang" .
L 0
Oui,
que
penses-tu du projet gouvernemental
sur
l'introduction des langues locales à l'école ?
L 14
Introduire les langues à l'école, c'est un peu comme
vous faites
en
ce
moment.
Les
résultats
de
vos
recherches,
il
faut
les
rassembler,
domaine
par
domaine, domaine par domaine, puis fixer tout cela.
De ce fait vous pourrez transmettre cela à l'école,
par
étape.
Peut-être
que
nous
autres,
on
éprouverait
de
la
paresse
pour
nous
remettre
à
l'ouvrage, mais, cela pourra être d'un grand profit
pour ceux qui sont allés à l'école ?
Aujourd'hui,
quand tu ignores un concept il suffit d'aller voir un
aîné pour qu'il te le dise, fixer toutes ces choses là,
permet
aux
générations
actuelles
et
à
venir
d'apprendre ce qui se disait autrement, on risque à
brève ou moyenne échéance de ne plus parler holof
car il y a plein de gens qui ont le wolof comme langue
maternelle, parce que
le
wolof imite le français,
tandis que
les autres nations (ethnies) imitent le
wolof selon la loi du plus fort Comme la langue
nationale ici est le wolof, ce qui explique l'expansion
du wolof c'est ceci : un peul qui se marie en milieu
wolof
perdra
progressivement
sa
langue,
un
bambara c'est la même chose. C'est cela qui explique
624
son expansion Mais entre wolof et sérère, il faut dire,
que tout wolof est originaire du Sénégal, tout sérère
est originaire du Sénégal, SIon remarque que
ce
sont les groupes ethniques les plus répandus, c'est
parce qu'ils se sont adaptés au présent.
L 0
Et à propos des relations entre wolof et sérère ?
L 14
La parenté entre
wolof et sérère
') En
tout
cas
d'après moi, normalement ces ont ces deux entités
qui se partageaient le pays. Les sérère vivaient à
proximité
de
la
mer,
les
wolof dans
les
terres
intérieures Oui, en quelque sorte, ils se tiennent. Les
sérères étaient proches de l'eau aah les wolof étaient
à l'intérieur. Ils n'avaient que le Waalo comme lieu
proche
de
l'eau.
C'est
là-bas
qu'était
apparu
Njaajaan Njaay, si l'on en croit l'histoire du pays. En
temps normal, c'étaient les premiers habitants;
les
espagnols venaient et repartaient ainsi que d'autres
nations. Beaucoup d'entre eux y séjournaient pour
le
travail
et
repartaient,
ils
allaient
et
venaient,
d'autres
restaient
beaucoup
plus
longtemps.
Les
gens du
Waalo euh,
les
toucouleurs venaient les
rejoindre
ICI
pour
y
vendre
du
sel,
partaient et
revenaient,
d'aucuns
s'installaient
et
avaient
des
relations étroites avec eux. Mais les wolof étaient plus
nombreux"
et
beaucoup
plus
ouverts
au
point
qu'aujourd'hui l'influence
olof s'est généralisée. Si
tu es
étranger chez eux,
ils
te
mettent à l'aise,
625
parlent peul, bon si tu vas au Waalo, à partir de St-
Louis vers le Fouta, les gens parlent peul, bon les
peul dominent de ce côté là. Bon ici ce sont les diola
qui dominent. Bon maintenant si on doit choisir, il
faut prendre le peul, le olof, peul, le diola, le socé et
les autres, les baïnunk et autres.
L 0
Mais
maintenant la question prise de
l'autre côté
han,
est-ce que
vous
souhaiteriez que le
français
soit
remplacé
par
une
ou
plusieurs
des
langues
locales ?
L 1 2
Remplacé ? aah non
L 13
Suis pour.
L 0
Euh revenons d'abord au non, non pourquoi ?
L 12
Bon Je pense que le français, c'est une langue de
communication,
tu
sais,
internationale
quoi
parce
que où que tu
ailles, y a des langues qu'il faut
absolument utiliser, c'est le français, l'anglais tu sars,
ce sont des langues utilisées au niveau de l'ONU ; bon
le wolof, d'accord, c'est bien beau, on aurait aimé
voir notre langue accéder à un niveau international
mais y a aussi les moyens y a beaucoup de trucs qui
entrent en Jeu qUOI, tu sais, parce que le olof, c'est
au Sénégal et dans quelques pays limitrophes peut-
être où tu peux utiliser le wolof, tu ne peux peut-
être pas, au
niveau international, utiliser le wolof,
581
c'est pas possible, je pense que bon, le français, bon
le wolof ne peut pas le remplacer, non je ne pense
pas.
L 0
C'est
un
point
de
vue,
mais
qu'en
penses-tu,
Abdou ?
L 13
Bon mal, ce qu'il a dit, c'est ça mais je pense que,
même les Français, si leur langue a pu dominer, s'ils
ont pu nous l'imposer au point qu'on la parle, c'est
parce qu'ils l'ont propagée. Bon, nous aussi, bon, on
ne
peut
certes
pas
abandonner
brusquement
le
français, mais petit à petit, on pourrait le remplacer
(par le wolof), parce que bon, c'est notre richesse,
comme ça les gens seront obligés de la connaître, de
savoir ce que c'est que le olof, mais si non si on doit
limiter
ICI
son
usage,
on
n'atteindra
jamais
un
niveau international, our,
L 12
Oui, on aurait aimé ça, Je n'y VOIS pas d'inconvénient
oui, c'est d'ailleurs.
L 0
Hein ? pourquoi ?
L 12
Je
pense qu'on doit également parler nos langues
qUOI, parce que bon, le français en quelque sorte ça
nous a été imposé par le colonisateur, je pense que
les gars doivent comprendre leur langue."
L 0
C'est tout ?
582
L12
Sans pour autant rejeter le français.
LO
Oui, mais Modou, nous nous comprenons déjà nos
langues
non
?
Maintenant
quel
intérêt
pourrait
motiver leur introduction dans l'enseignement ?
L13
Bon, ça va nous permettre de bien nous connaître,
nous-mêmes parce que bon moi j'ai quitté l'école au
CM2 mais je sais écrire. Si je comprenais ma langue,
si j'étais capable d'écrire dans cette langue, SI Je
pouvais
écrire des histoires,
ou
écrire des
livres
dans
ma
propre
langue,
OUI,
mais
hélas,
actuellement,
je
ne
peux
pas,
parce
que
bon
d'accord, j'aurais des problèmes avec euh, truc, les
mots composés, les phrases risquent de
me
créer
des difficultés.
LO
Oui, et toi quel est ton point de vue ?
L12
C'est la même chose, par exemple si tu écris une
lettre, tu pourrais peut-être l'écrire comme tu écris
en français,
tu fais la même chose en
wolof, en
sérère ou autre chose.
L 0
Bon mais SIon hiérarchisait les
langues pour les
introduire
dans
l'enseignement
euh,
peux-tu
me
donner trois par ordre de préférence.
L 1 2
Bon le wolof, le peul, le diola.
L 0
Ensuite.
583
L 12
Sérère, socé, manding.
L 0
C'est un autre point de vue qUI se défend
qu'est-ce
que tu en penses Abdou ?
L 13
Oh, SI j'ai un point de vue là-dessus ? se serait un
peu fatigant parce qu'il me faut demander la base
pour votre ...
L 0
de
notre entretien.
L13
Je mettrais d'abord le wolof, après le peul, après le
manding, bon le diola suivrait, oui le diola, le reste
après,
parce
qu'ici
les
langue
parlées
sont
nombreuses.
L 0
Oui, as-tu l'impression que dans une même phrase,
tu utilises plusieurs langues ? han ?
Oui, ça c'est vrai, oui.
L 0
Euh, quelles langues ?
L 13
Surtout le français han.
L 0
Le français han, tu le mélanges avec qUOI ?
L 1 3
Avec le wolof.
L 0
Avec le wolof.
L 13
Oui.
584
L 0
Bon, maintenant on prend, SIon te dit par exemple,
parfois,
souvent,
très
souvent,
toujours,
qu'est-ce
que tu
prendrais
? c'est parfois que tu
le
fais
?
souvent que tu le fais, très souvent, toujours ?
L 13
Je le fais souvent hein
L 0
Donc tu te situes un peu au milieu ?
L 13
Ouï.
L 0
C'est-à-dire
que
y a des gens qUI le
font
plus
souvent que toi.
L 1 3
Oui je crois bien.
L 0
Et toi?
L 12
Benn la
L 0
Quelles langues ?
L 12
Bon, olof, sooce, joola et peul et créole. C'est ce que je
constate le plus
L 0
Bon, maintenant, est-ce que tu mélanges le wolof et
diola, sans faire intervenir le français ?
L 12
Non non, parce que c'est le wolof qui domine.
L 0
Euh, quand tu parles socé, tu y mêles du wolof ?
585
L 12
Oui, des fois, ça m'arrive quor.
Bon,
mor
Je
pense
que
c'est
général
comme
phénomène quoi. Tu vois quelqu'un commencer une
phrase, il glisse un mot dedans, il revient encore au
olof tout ça quoi, c'est ça quoi, moi, c'est surtout ça,
le socé, parce que moi, han, côté maternel, je suis
socé quoi, bon côté paternel, je suis sérère quoi, mais
le sérère, je ne comprends rien, vous voyez, ma
maman, elle est sérère, les sérères de la Casamance
là, ils ne parlent que mandingue et arabe, tout le
monde parle socé quoi, bon ceux qui ont appris
l'arabe, alors vous voyez, c'est ça quoi, même mon
accent, si tu regardes bien, même le wolof je le parle
mais alors, je suis sûr et certain que je ne le maîtrise
pas bien, oui.
L 0
Donc quand tu parles wolof, tu le mélanges avec ...
L 12
Des fois, je me ret..., quand je parle wolof je passe du
wolof au socé.
L 0
Mais est-ce qu'il t'arrive, en parlant socé d'y glisser
une ...
L 12
Bon si Je sais que mon interlocuteur euh, bon SI Je
réalise qu'il n'est pas socé quoi, oui, je vire quoi.
L 0
D'accord, mais est-ce que c'est avec tout le monde
que vous utilisez cette façon de parler mélangé ?
586
L 12
Oui.
L 0
Avec tout le monde ?
L 12
Si non, si c'est avec un étranger, un européen, ça
dépend
de
l'interlocuteur.
Si
c'est
un
toubab
(européen), tu sais, tu ne peux pas utiliser des mots
wolof n'est-ce pas ? mais si c'est entre nous, surtout
en ville, y a pas de problème, eh, par exemple avec
les parents, c'est la même chose han, les parents
n'acceptent pas qu'on s'adresse à eux en wolof quoi.
L 13
Le vieux est créole, il vient de Guinée Bissau. Si on
ne parle pas français, la langue la plus courante, euh
on parle machin, euh créole. Si on parle wolof le
vieux il ne truc ... euh.
L 0
Il ne l'accepte pas.
L 12
Il ne l'accepte pas.
L 12
Il ne l'accepte pas, ça ne lui plaît pas.
L 13
Le vieux aussi c'est ça - il est inspecteur d'arabe lui
aussi, c'est ça quoi - Diana Tabaka mandingue, soit tu
lui parles en français ou que tu lui parles en arabe
mais
autrement...
parce que lui,
pour qu'il parle
wolof, c'est difficile quoi chez lui.
Le vieux là aussi c'est la même chose, il ne parle pas
wolof quoi.
587
L 12
Même ici han, le VIeux aussi, il est comme ça. Ici, des
fois, tu arrives, tu causes wolof bon à tes parents,
oui ils te le reprochent quoi, bon des fois tu viens
parler avec eux, des fois quand tu lui trouves de
mauvaise humeur, alors là, tu vois, il est hors de lui
ou bien, il te voit venir vers lui, en train de lui
parler olof, il se fâche contre toi. mais quand tu
arrives et que tu lui parles dans sa langue, là y a pas
de problème, mais si tu viens, tu le ..., des fois, même
si tu lui parles en français, il t'en veut.
L 1 3
Parce que la plupart, plus de 80 % de la population
du Sénégal parlent wolof han.
L 0
Mais
est-ce
que
ça,
ça
met en
péril
les
autres
langues ?
L 13
Oui, parce que bon, ces temps-ci, j'ai entendu à la
radio dire (dans une émission) que le sérère quand
même a perdu, il est truc quoi, bon je pense que ça
c'est surtout dû à l'avance du olof. Je pense c'est-à-
dire, c'est ce que tu viens de dire ...
L 12
Oui, mais est-ce que et surtout les sérères pour, y a
des sérères, pour qu'on entende déjà parler sérère,
au moins, il faut se rendre aux quais ici avec les
pêcheurs là
quoi, mais SI non y
a deux familles
sérères qui m'entourent, où tout le
monde, même
les enfants parlent mais alors ils ne parlent .même
588
pas,
ils
parlent wolof,
mais
SI
tu
veux
entendre
parler sérère il faut aller sur la côte.
L 13
Parce que le
sérère, on
l'entend très rarement ICI
han.
L 12
C'est obscur quoi, il y en a à Kabrouss.
L 13
Surtout le Karoun là, ooh, ouh !
L 12
Ooh - ouh, le Karoun, le baïnu, c'est mélangé avec ...
L 12
C'est, ouh ! c'est très difficile, le diola foofii, de
Bignona, ça, c'est beaucoup plus facile.
L 1 2
Des fois, tu parles en y mêlant de petits mots, comme
là tu parles, tu y mêles du mandinka, bon dans ce
cas là tu comprends facilement quoi.
L 0
NIais on a écrit des choses dans les livres en rapport
avec le diola, des "twatay gu silay", est-ce que ces
mots-là, ça vous dit quelque chose ?
L 12
Non je n'ai jamais entendu cela. Il yale foofii, yale
kabrouss yale karoun yale blouf et le kalunci.
L 13
Peut-être là-bas, ici c'est ça qu'on connaît.
L 12
Il Y en a d'autres encores.
L 1 3
Parce que plus bas, au sud, il y en a.
589
L 12
Si tu vas au Cap Skiring là, tu fais une virée dans les
rizières
là,
ces
gens là quand ils
parlent, tu
ne
comprends rien du tout, quand ils te parlent, tu ne
comprends rien, tu ne piges rien, OUI, par rapport
au diola foofii, mais tu y restes quelques temps là tu
peux comprendre. Ici à Ziguinchor c'est le diola foofii.
L 13
C'est le dialecte diola le plus répandu, actuellement,
je pense. C'est plus facile que les autres.
L 1 2
Mais le mandingue aussi, il yale mandingue aUSSI, Je
constate que c'est très répandu en Casamance.
L 13
Oui,
c'est
très
répandu,
surtout
du
côté
de
"kanfouya, vers le département de Sédhiou là.
Vers la Gambie, yale Buje, yale Pakaw yale
Gaabu, le Kaabu c'est vers Vélingara encore qUOI,
c'est,
c'est
la
frontière
avec
la
Guinée.entre
Vélingara et la Guinée, oui, c'est ça quoi le Kaabu. Il y
a une partie dans le département de Vélingara, ça
englobe une partie de la région de Kolda aussi, mais
l'essentiel se trouve en Guinée Bissau, oui, c'est là la
source, l'origine.
L 0
Mais si on compare le diola avec le mandingue en
Casamance,
toute la Casamance, qu'est-ce qui est
plus important ?
L 13
Bon ce sont les diola pour mol. Oui, tu sars les diola
dominent de ce côté Cl.
590
L12
Les
mandingues
aussi
hein,
mais
les
mandingues
sont plus nombreux, parce qu'eux, si tu vas dans le
département de
Sédhiou, d'abord c'est plus grand,
c'est grand, le Pakaw aussi c'est grand. De là tu te
rends
du
côté
de
V élingara
là
encore
c'est
les
mandingues tu sais, comme à Kolda par exemple. Y a
le peul, oui, là-bas tu peux t'entendre avec les gars
quoi. C'est comme ça.
L13
Parce que bon, les diola, la minorité se trouve de ce
côté ci et encore, on a oublié encore le kabadaa han,
qui est mélangé des peul et des mandingues. C'est
vers le carrefour diaroume quoi. Ca va jusqu'à la
frontière gambienne quoi.
L12
Ca vient jusqu'ici aussi, à Goudomp.
LO
Donc leurs parlers sont VOISIns ?
L12
Parce que tu sais, bon, comme le disent les VIeux, SI
le vieux était là, lui il aurait pu te faire l'historique
de tout ça.
L13
Et on a oublié encore le birassou encore le birassou
encore, c'est des
mandingues et des bainounk, là
aussi, ça vient d'une autre langue. Oui, non c'est ça.
Ils
parlent
socé
quoi
parce
que
ce
sont
des
mandingues
qui
ont
dominé
là-bas
qUOI
vers
simbanding brassou quoi.
591
KEUR l\\'IADIABEL (SINE SALOUl\\'I)
ENTRETIEN AVEC DES HABITANTS
L14
homme
(45 ans)
non
francophone
L 0
Tubaab la fiuuy làkk nii 1 yow fim ne nii 1 su ma laay
nuyu 1 du ma la wax "salamalekum" 1 xam nga lu ma
laay wax
? "alors ça
va" 1 nga ne ma ça wa 1 lan
mooy sa wa ?
L 14
(Rires) ça
wa de du wolof.
L 0
Han 1 xam nga ne 1001 du wolof? 1 da ma la wara ne
"salamalekum" 1 nga ne ma "malekum salam" mbaa
"jàmm nga am 1 jàmm rek kafi" loolu mooy wolof 1
mais
da ma lay wax "eh 1 sa wa" l "na nga def
waay ?" 1 nga ne han l "mal) fi rekk" 1 1001 mooy lan
? boo ko waxeek ku déggul tubaab 1 moom xamud
lan la ? kooy wax rekk 1 mais nak fiun lufi wara wax
nii mooy wolof.
L 0
Jeku
kaay
?
jefandiku
kaay
?
han
li
ngeen
di
liggéeyee 1 ha waawaaw li ci mechine bi (machine)
fiu di ko jefandiku 1 amna tur ci wolof Il aah leegi
bu DU demoon 1 aah 1 ci fii 1 dil)
ma
muna
wax
jiroomi jefandiku kaaay yoo xamne yii bës bu nekk
nga jefandikoo ko 1 te yëpp nga mun ko wax ci
olof
?
592
naa kooy wax ci wolof ? waaw / leeleeg Yalla XUf
est-ce que
bu
ci / ma tëp rekk ne "maa ngiiy weq mesiin bi
ooyu / ûoom di
ay" / "tey da
maay weq bu baax".
fekkoon ne da nu doon jàngal / fiuuy jàng wolof /
ee pièce be bug
m
nga
comme ni sa ma xarit bi di def unh /
1 le contact du
rhabétisation
/ buuy jàngal ay tailleurs
wolof
hef de
village
our
nu bindd w olof
bi / ban baat la leen wara
i / dem ci nit fii
~ ci fiaari baat yooyu / weq la leen wara jox walla
.m fi baat dem ci
daler
?
// bu ko defee
yëpp parce
que
fekkee wolof la fiuuy jàngal / weq la nu wara jox /
bugga
wone
nu joxee pédaler / boo toppee pédaler rekk /
1.
Comme
que
l jem ci
tubaab /.
00 le
maximum
i
fa soxoroon / walla da fa seddoon / noon la ko
ak / di na fiuuy
-on doxalee / lu üu / ûu ci wax / nu bindd ci /
i jigéen nu takku
nna
fiun
un
dossier
spécial
sur
ça
Il bu la
àppale ci bords
oussa
euh / wonoon ins titut e ur
boobu / di na
la.
ci muna wax lu bare bari bari.
YI ?
istituteur
bi nekk fii.
arti
kan fim ne
cole
bi / mu ngi fii à l'école.
vup e m e nt boo
waaw fiu / mun
..m na ku nu ci jota tased ci pharmacie bi / mais da
" / fim nekk nii
u nuyoo noonu rekk / daal di dem / mais
xam naa
xamne / nUI] ci
ina nu gis nu bari / pas
que fiun nu ngi fi tey ak
nu ne / chaque
uba.
lU
tabax
benn
vk suba - waaw waaw / Cl yooyu daal la
fiuuy
laa na ka taxaw
'ëngatu /
leeg
leeg
fiu
yëngatu
ci
wallu
tangat
.éen ni fioorn nu
594
ngi cotiser seen biir ndax bu siège bi taxawee 1 fiu
am fa fiaari machines
walla fiett 1 di fa jàng fiaw ak
di ko cuub ak yooyu Il am na yeneen jigéen nu am
yenn
ambitions
/ parce
que
am na jigéen yoo
xamne / su nawettee / fioom da fiuuy cotiser jënd
seen jiwu / def seen tool / def fa toolu mbootaay u
jigéen
yi
/
am
yeneen
jigéen
yoo
xamne
dan
or g an i se r -wu
/
di
def
ay
tours
/
chaque
semaine
nu dem kër kenn / seet benn thème /
waxtaan
et / créer
seen
attaaya
/
seet
benn
th ème / daadi ci waxtaan be six heures / sept
heures / nu
tasaarco.
597
bu boobaa benn mot bi tekki na fietti mbir / yum
signifier
bon / su boobaa barre / barre ci boppam
euh / mun nan ko tekkee direction / bu dee ci olof
mun na tekki njël boo xamne mu ngi xoofi / nu ne
barre bi j6g na // bon
koor mooy fiakka lékk fiakka
naan Cl xolof 1 mooy deel Cl tubaab waHa jaram 1
waaw 1 wax yi dafioo dugante Il su fekkee nak 1 li
nga nàmp ngaay wax 1 nga xamne dan la ne kaay jël
sa ween wi 1 da nga wara bayyi yooyale nak 1 di wax
ci li nga nàmp 1 bom des nak ngaay wax nit koo
xamne kii da fa bawoo fale 1 te yow 1 fekk mos nga
fale ay baat 1 mos fii ay baat 1 lufi wax daq ko mëna
xam 1 waaye dal) ko waxee wul nal) ko wara waxee 1.
L 0
Loolu mooy li nu taxa j6g 1 ni nga xamne üoorn fiooy
xale yi 1 su nu maggee 1 nu muna rafifiale baat bii
kat sa ma baat bi ma nàmp la 1 man naa ci dugal nak
baat bii 1 wante 1 na fekk mu leer ma ne du su ma /
du baat bi ma nàmp te bu mu tere ta mit nga xam
baat bi nga nàmp na ka lan kooy waxee / c'est ça 1
bu ma ne par exemple / par exemple.
L 14
Par
exemple mooy mu mel ni tey 1 mu mel ni da
malane
nangam
ak
nangam
ak
nangam
1 par
exemple
ICI
et tel et tel 1 mooy tekki ci
holof
"maanaam" .
L 0
Xam nga loolu nu bari xamu nu ko ?
599
Maanaam boobu ndax olof la ? walla tamit am na fu
mu saqeeqoo ?
L 14
Maanaa de olof la 1 arabe
la 1 waaw 1 olof la arabe
la 1.
L 0
Ndax da ma ci amoon waxtaan 1 am ku ne arabe la 1
maanaa 1 am ku ma ne du arabe 1 wolof la
mooy
maanaam.
L 14
Wax yi da fiu daje foofu 1 mais
arabe da na wax
maanaa 1 olof da na roy Cl moom ne maanaam mais
baat bi dëgg dëgg 1 boo ko seetloo be seet ko arabe
la Il Bu fekkee xolof daf ko bëgga wax l "meloo" lay
tekki Il maanaa lu xonq la 1 maanaa lu fiuul 1 meloo
wu xonq la 1 meloowu fiuul la 1 bu boobaa noon laay
mëna tudd ci holof 1 waaw.
L 0
Da ma seetlu ne am na ay wuute wuute Cl waxm
Saloum ak yeneen wax ci (Cadjor 1 Baol).
L 14
Bokku fiu sax 1 béréb bu nekk ak na fiuuy waxee
ndax kajoor 1 bawol 1 njaambuur 1 euh Siin Saalum
lëpp bokkuii ni fiuuy waxe 1 ndax fiii da fiuuy wax
baiiwaar u xarar" 1 bu fekkee booru Rip la baiiwaar
(baignoire)
bu deful dara 1 baiiwaar u xarar Iafi
kooy wax 1 waay fii baiiwaar rekk la fiuuy wax 1 xott
baiiwaar la fiuuy wax 1 mooy bu defut dara Il fiii
"dama kooy" la fiuuy wax 1 fia naan "faa kooy" 1
moom la fiuuy
wax "faana faana"
mooy (c'est le
600
Daarou Marnaan
Daarou Mousti
Daarou khoudoss.
La ville ou le village est fondée par un chef religieux ou marabout, et
connaît une rapide extension due à la volonté des adeptes de vivre à
proximité de leur chef spirituel.
En
outre dans un pays à 80%
musulman,
les
patronymes
arabes (
réajustés phonétiquement)
supplantent progressivement et sûrement le
vieux fond traditionnel disponible:
Mamadou
vs Modou
=
Mohamet
Ousseynou
=
Hossein
Assane,Alassane
=
Hassan
Abdoulaye
=
Abdel
Fatou
=
Fatima
Djeynaba
=
Zeinab
etc.
Les jours de la semaine, nommés en wolof, révèlent leur origine arabe:
français
wolof
arabe
Lundi
al tine
Al ithneïn
Mardi
talaata
Al thoulathaa
Mercredi
alarba
Al irbiàa
Jeudi
al xames
Al khamis
vendredi
aldjouma
Al jumaha (la mosquée)
Samedi
asset
Asseibt
100
meilleur)
foofa moom 1 da fiaa yéexa duganteek
tubaab YI Il xam nga li gënoona jege dex gi 1 fala
tubaab YI daloon.
Na ca njëkk fioo gën di wax tubaab 1 fia leen di fekk di
gën di wax tubaab 1 ku la gën sori Capitale
bi fim
ne moo la gëna wax lam nàmp.
L 0
"Aay" nan fioo kooy wax ?
L 1 4
Aay ? aay jolof jolof la 1 jolof bu fioo hoo xac sax aay
lan kooy hooyee l "aay aay kuri" 1 am na fii tam fiii
wax mbala njeereer yi 1 fioonu holof lan nu dëkk ci
sereer yi 1 haay la fioo wax 1 co mm e
noom Djim
jale l "aay dem Keur Madjabel" l "aay dem tool" 1 aay
la fiuuy wax fioorn 1 fioonu nak duggante nan kook
jolof Il.
L14
(bruit inaudible)
Moom mooy tur wi wer 1 mooy
naar naar 1 poussin ci tubaab 1 naar naar moom 1
saalum-saalum 1 bu fekkee
bugg na
làkk saalum-
saalum dëgg dëgg "naar naar" la ko tuddee 1 gone yi
sax xamufi ko l "doomi picc" rekk la fiuuy wax 1
waaw.
L 0
Waaw 1 Saalum moom 1 ci sa xalaat 1 fan la toll ? fan
mooy salum ?
L 14
Saalum Il dan ne Siin ne Saalum 1 xam nga leegi lan
ko def ay départements
1 waaye
Siin
Saalum
Kajoor 1 Bawol moom dan ko xaajoon 1 barab bu ci
601
nekk 1 ndax dëkk sax 1 dëkk bu ne da na am tur 1 su
boobaa
tundd
wu
nekk
di
na
ham tur 1 Paris 1
tundd lan leen tuddee woon 1 ndax booba jamanooy
"chef de canton" yi bufi ko defee ay coupures
1
kenn ku nekk fare hoo morceau 1 bun leen xaajee 1
kenn ku nekk fare hoo morceau
1 bareb bu nekk
nak nu hutal ko tur Il fii ci Saalum am na Jingili 1 am
na kii Il Waalo 1 amna Lageem ak fanati waay 1
waawaaw 1 Jingili 1 Lageem 1 Waalo ak Rip 1 Rip
waaw Il loolu mooy tur yi nga xamne yii 1 fioom
nëp fioo bok.k Saalum gii.
LO
Ndukumaan nak ?
L 14
Waaw, Ndukumaan ci la aussi 1 ci la moomitam Il su
ko defee barap bu nek fia fa dëkkee 1 xam nufi ko
tuddee 1 foofa ba boo j6ge fii 1 fiu ne kii waa Lageem
la 1 nga j6gee fii 1 fiu ne kii waa Rip
la 1 waaw.
L 0
Xam nga 1001 tamit lu am solo 1 fiu xam ko pas que
fim nekk nii 1 ay départements
la fiuuy wax 1 ay
communautés
rurales 1 ay arrondissements
1
te loolu da fa taq ci tubaab bi.
L 14
Yooyu nak tundd la tuddoon 1 ba leegi fii ci Jolof
euh 1 saalum-saalum yi j6ge fii te dem Gambie
/
euh tundd l "jookaa" la fiuuy wax ci fiun lëpp 100
xamne moom ngaay liggéeyee nga xamne dar] kooy
jël 1 tiye tubaab di ko wax matriel
"ndefëndu"
la
tudd 1 fioom
üëpp
nak Il
mën
nga tann
daba 1
602
sernèfi 1 jaaxaay korjko 1 larmet 1 aah Ixëcu 1 yoo ya
mooy lin daan liggéeyee fiun 1 bi
nga xarnee ne
jamano dox na dox a dox 1 dox nak be tubaab yi indi
fi yu yees 1 bifi gisee oto ta xamagufi naka la tudd
"bëkk dafifi dofifi" lan ko doo wax nu dem be yagg 1
welo fiow 1 nu tuddee ko "fiaarjeet" 1 sareet fiow 1
sareet moom 1 ba nga xamee ne fiow na fekk nu
duganteek tubaab yi tuuti 1 "carosse rr la ko tubaab
yee doon wax 1 fiun nu naan ko "sareet" 1 waaw 1
waay yi nga xamne yii boo détaille-e tey moteur
bi
par pièce 1 ki ko liggéey 1 hutal ko tur 1 ci rnoom
rekk nga mëna roy 1 waay fiun jëfandiku yu njëkka
fiow 1 dëru bi nga xamne boo daan xëcc moom ngaay
jëfandikoo / yooyu moo doon tudd "njëfandu'' / lëpp
100 xamne darj ci liggéey daal 1 njëfandu la tudd Il.
Su fekkoon ne fiun fioo jël doj 1 boole kook gajj gu
fiuuy wax fux 1 boole kook gajj gu fiuuy wax holo !
mag ni dan ko daan jël 1 dajale ko ci bërëb 1 hut
safara 1 def ko ci ak kërifi / xambb/xambb ko / di ko
lakk bem genee fer 1 Mu nekk fer esp ecial nu di ci
liggéeyee 1 lin ko doon liggéeyee mun na ham tur 1
waay nak ki liggéey yëf yi benn mot 1 mu tuddee ko
nii 1 nga bug kooy tuddee weneen tur / il faut que
leegi nga wor réew mi kenn ku nekk / nga ne ko Iii
kat tubaab nàngam la kooy wax / bu boobaa yow
kenn dukoy / fokk nga di ko wone / 1001 la ko
manoona def tey / nu seet ubrierl sama classe
gi 1
YI nga xamne réparer eey seen mbir 1 fiu tas ko Il
"roue dentée"
nu utal ko tur ci holof "pignon"
nu
603
hutal ko tur ci holof l "axe
central"
nu hutal ko tur
1 "selle"
bi nu hutal ko tur 1 "bouchon
réservoir"
1 réservor
bi 1 poignet
accélérateur
/
carcasse
/
bloc / cylindre /
huile broquin /
euh
culasse
/
soupape
/
condensateur
/
visse
platinée
/
allumaas
/
bobine
haute tenchion feu
rouge Il
yii yëpp dan leen di def 1 hutal ko tur 1 dessin ko 1
def ko ci école yi 1 bu yaatoo 1 nu doora mana ham
turi holof Il waaye kiko liggéey be pare te ne Iii la 1
yow nga tuddee ko leneen yow kenn 1 te dëkk ci
dëkk bi di ko wax gone yi 1 nu di nangu 1 fiii di bafi 1
su boobaa doc mana yaatal sa mbir.
L 0
Waaw loolu moom lu dëbu la 1 mais
xam nga loolu 1
fiiiy wolof teey liggéey fii 1 domaine boobu fioo ko
muna sàkk 1 waaw est-ce
que sa xalaat loolu mun
nan leen sàkkal ay tur dëgg dëgg 1 noonu bun leen
dajale
woon 1 espèce
u réunion
séminaire
sax 1
nu took fa ay fan 1 nu ne leen waaw leegi "huile
brequin"
loolu yëpp 1 dajale 100lu yëpp 1 ne leen 1
wutal leen ay tur 1 ngeen wutal leen ko tur be pare
1 fiun nu dessin
ko bindd tur yi 1 tas ko l'école
yi 1
tas ko Cl yeneen bërëb yi 1 loolu mên na nekk ?
L 1 4
Lool mën na nekk 1 ndax Ii ko wara 1 da cee ham
pièces
yoo xamne ci nit 1 ci nga kooy seet 1 aah 1 lu
demee ni ki 1 am na mbaq lu ci nekk nu di ko wax
"kerendom" l "kerendom"
boo
ko
seetloo 1 seetlu
cylindre bi 1 traits yii mu def 1 nga xamne mooy
604
t'intègrent facilement, et n'hésitent pas à te donner
un conjoint ni à en prendre auprès des tiens. C'est
cela qui explique leur expansion. C'est les deux plus
anciens
peuplements.
L 0
Est-ce que les sérère et les lebu sont apparentés ?
L 14
C'est le même peuple. C'est comme les peul et les
toucouleur. Comme entre celui qui est instruit et
celui qui ne l'est pas. Y a pas de différence.
626
KEUR
l\\tIADIABEL
(suite)
ENTRETIEN AVEC
PLUSIEURS LOCUTEURS
Am na / Waalo Lageem am na / waaw / Waalo fii
amna.
Mooy fietti Waalo.
L 0
Fii Waalo na ka la ?
L 15
Fii mooy Waalo / fii mooy Waalo Saalum / waaw xam
nga Lageem moo nekk ca partie
baIe / fii
mooy
Lageem.
L 14
Déedéet Abdou
moom xamutt Waalo bii / moom
Waalo Barak la xam / gis nga fii / Waalo Saalum la / li
ko dalee / Boo jappale Kaolack
(Kawlak) /
boo
départ-ee
ba
romb
nga
dëkk
ba
fiuuy
wax
Kar
Sooce / foofu Waalo Lageem la / li ko fa dalee be fiow
fii / Waalo Saalum la.
L O C i cosaani Waalo Saalum lafi lan Cl mëna retenir /
lan moo fi jiitu / lan moo fi doon événement yoo
xamne yu mënafi ko retenir
daal ci biir histoire
bi
/ hun ?
L 14
Maanaam tarixaam / Cl përëmjer (premier)
nekk?
/ fii deey dëkk bii iiuuy wax Keur Madiabel dey / ku
627
fiuuy wax Madiabel Lô / maa ka sane / fii el Keur
Madiabel /.
L 0
Madiabel
moomu lan la ? wolof?
L 14
Wolof waaw.
L 0
Fu mu joge woon bi muuy sane fii ')
L 14
Bi muuy sane fii nak / xawma fum jogee woon /
waay nak: fii mo ko sane.
L 16
Je
peux intervenir un peu
?
L 1 5
Mais
région
bi / gox gi fiu nekk / seen eosaan du
walaf / saalum ei boppam / seen eosaan / eh eh
se r e e r
peu t - ê t r e
/
s 0 e e
ak
peu 1
w a a w
/
maintenant
ak
euh
/
immigration
bi / 1e s
wolofs
du
Cayor
si fioo mujji fiow implanter
S li
fii / fiun fiii di wax ak yow / fiëpp / di la wax ne
wolof
Iafi / sufi eosaan du fii / suii eosaan yëpp mu
nga joge kajoor / Bawol walla jolof / maintenant
tu
sais
/
l'émigration
continue
jusqu'à
présent
/
maintenant
ce
sont
les
sérères
du
Bawol
qui
s'implantent ici / mais
koo fi dégg mu ne la w olof
la / da fa / afin / même
buuy
w olof
tamin
/
eosaanam du fii / fee la joge ea kajoor / Bawal fiow fii
/ mais
bu fekkee ne eosaan dëgg ngaay wut fii / 0 u
bien
muuy sooee walla muuy peul/peul
yi daal
defa naa fioo fiow fii njëkk normalement / waaw
628
avec 1'histoire de
Elli Banaa ak 1 m ê me
sooce yi 1
sereer yi Elli banaa lan fekk fii 1 waaw Il mai s
maintenant
avec
l'immigration
/
les
wolofs
ont
fini
par.
L 16
W0 lof
sax moom bariwul 1 wolof
ci boppam
maanaam boo toppee maanaam 1 du doon cosaan
wolof
boo ko toppee 1 da na nekk sereer mbaa mu
nekk toucouleur
mbaa mu
nekk saraxolle euh 1
walla sooce 1 euh 1 ni ci bari 1 wolof
yi seen cosaan
1 li ci bari du wolof piir Il wolof du xéet 1 làkk la 1
làkk wi nak moom mu ngi fi moom 1 waay wolof piir
lu jafe la yombul de 1 bu fekkee ne hamna yit 1 lu
jafe la làkk wi nak moom
làkk wum denddat suruxal
ko.
L 1 7
Gisoo ni sant Kébé 1 saraxolle la nu 1 mandirjka la nu
1 bàyyee koo fiow kolobaan (bruit).
Sant Guèye 1 kooku mooy ci làkk kat Doumbouya.
Doumbouya
nu mu demeek Cissokho 1 moo di 1
mooy
LO
Diop /
Guèye / Diop
mooy
Traoré
1 mooy
Tarawlel ma defe
woon ne Doumbouya
mooy
Guèye.
LI 7
Diarra mooy Ndiaye 1 waaw kan 1 Tarawole mooy
Diop 1 Cissokho
mooy Guèy e,
629
L 0
Han ? Ci s s 0 k ho
mooy Gu y e
de
è
?
déedéet ')
Doumbouya
mooy Gu è y e,
LI 7
Xawma exactement 1 üoorn fiaar fiëpp la waaw nak
Doumbouya 1 Wosseynou 1 Kouri Bari 1 FaU 1
Diarra Ndiaye / Kante Thiam Sidibe Sow /
a k
Bathily
Sow.
Sereer yi sooce fiooy seen maam 1 waaw 1 Maysa
Waali Njonn mooy seen maam 1 Waali Njonn be ci
Mahekoor 1 jiroom fukki buur la ak fiaar 1 kulaar gii
mooy njëkk ci Sénégal 1 moo njekk fii ci réew mi 1
kulaar Il.
L 0
Wolof YI ëpp nu woon sereer yi 1 ëpp nu
woon
tukulër yi 1 lu tax fioorn seen làkk wër réew mi ?
fieneen ni seen làkk yem ci fioom walla sax yenn saa
YI
muuy
régresser ?
L 15
C'est
une
langue
commerciale
1 maanaam
moo
gëna woyof 1 wolof moom da fa woyof ku fiow boole
leen ci boppam 1 alors que un
milieu diola pour
nu dugg leen 1 problème la boo demee ci diola yi
pour nga dugg leen be aborder leen be intégrer
leen 1 c'est très dur / c'est la même chose chez
les
sérères
/
chez les
toucouleurs /
mais
chez
les
wolofs /
tu
viens
tout de
suite tu
intègres
/ y a pas de problème 1 üoorn, ils
t'intègrent
/
et
en
plus
de
cela
/
c'est
la
langue
commerciale
comme
je
l'ai
dit
ça
aussi
c'est
630
très
important 1 fii be Casamance
1 marché
boo
ci dem on ne parle que wolof 1 j'ai été à Niamey
mais là-bas on
ne parle que
wolof 1 au
marché
central
de
Niamey
1 on
ne
parle
que
wolof
(rires)
c'est
terrible
1 tu
te
croirais
en
plein
marché
Sandaga
(rires)
1 oui
c'est
terrible
Il
c'est Il c'est les
wolof 1 c'est un peu
les juifs
de
la région
hein
(rires) Il.
LIS
Noom dufi la boole ci seen biir 1 mun nafi la seetaan
fale nga beru foofu 1 waay buuy olof nak fioorn 1 kufi
gis nak fiaare 1 dafi la boole ci se en bopp 1 moo tax
nak làkk bi gëna yaa Il.
Alasaan 100 xam ci wolof ?
L 18
Wolof, olof xanaa walofal (rires).
Xam
nga
fiett
yooyu
benn
hamul
Cl
njerifi
1
porononcer 1 fort
kalaas 1 rafet juddu doomi gor
piir laa 1 fieneen 1 hey hay 1 man sàcc sax a ma ko
gënal Il.
L 0
Lu tax ?
L 18
Neneen tamin ngi topp ci kowam gën ko ne ma fian ?
LO
Nan?
L 18
Waaw kay 1 prononcer
1 ham 100 noocee ko gën 1
quoi 1 quoi
mënut depaans ah quoi ah quoi 1 te
fiaan
mégot lu
muuy jërifi
? N angu
nga ? 1 fort
631
kalaas (rires) 1 waaw fort kalaas 1 fort
palaas ko gën
1 ne garj-g qaaral te hamuloo dara lu muuy jërifi ?
à
naii lëggéeyi 1 rafet juddu 1 doomi borom dëkk buuy
sàcc 1 da nan ko fal ? rafet juddu 1 rafet jikkoo ko
gën Il muuy dox naan doomi gor piir la 1 1001 bu ko
waxati 1 da fa ham ndimbal nit warda
tiitaroo lu
ham ndimbal 1 demal ki le hamut ndimbal 1 fexeel be
gore 1 kun ka hoyee yaa ca laI) 1 fiaari gor kun jur
(jud) doomi gor nga 1 mbaam ak mbaam bun juree 1
du doon mbaam ? te üun xejufi ci lu ne gàfifi 1 ci lu
ne dekk xejuû ca 1 lu ne dakk/dàq ? lan xej 1 gàiiii
daay jeex 1 dekk daay jeex 1 dàq ak boroom be dee 1
jikko Il.
Géwél 1 paa bu suukar la 1 suukar waajile darj kooy
mëna ban rekk nu ne la "waa ji de buggoo suukar" 1
waaye boo ne suukara bon be bugg kooy fiaawal 1 be
ne suukar a yàq réew mi 1 kera 1 bun la indiwoon
fun jappee dex 1 jarkajeek boroom wargayeek daafi
dikkale 1 door la be nga buga dee bor (bër) bu set gor
def lu baax 1 lam men da wax 1 te ku ko waxit du mer
1 fiun fioo kooy wax te doo nu ko sant 1 banco nu 1
da nga hamagut lu la gënal Il.
Gor 1 su ne set ak tilim laa hemale 1 bawul saabu 1
bajo bi bu la taxulee tukki 1 taxla fiibbi 1 set be tukki
1 mbaa tilim be fiibbi.
632
1RADUCTION
L 1 5
Il Y a Lageem Waalo, oui, ici puis...
ça fait trois "Waalo".
L 0
Ici c'est quel Waalo ?
L 15
Ici c'est Waalo, c'est Waalo Saalum, oui. Tu sais le
Lageem, c'est l'autre partie, là-bas, ici c'est Lageem...
L 14
Non non, Abdou lui, il ne connaît pas ce Waalo ci, lui
c'est plutôt le Waalo Barak qu'il connaît. Tu vois ICI
c'est
le
Waalo
Saalum.
ça part
des
environs
de
Kaolack jusqu'après un village dénommé Keur Sooce,
c'est le Lageem Waalo. De là-bas jusqu'ici c'est le
Waalo Saalum.
L O Q u e peut-on retenir de l'histoire du Waalo Saalum ?
Quels
événements
majeurs
il
faudrait
retenir
de
l'histoire, hein ?
L 14
Tu
veux
dire
l'historique
(tarixa),
les
toutes
premières périodes ? Ce qu'on peut dire sur Keur
Madiabel, c'est que le village a été fondé par Madiabel
Lô, ici à Keur Madiabel.
L 0
Qui était-ce ce Madiabel, un wolof ?
L 1 4
Oui, un wolof.
633
LO
D'où venait-il au moment où il fondait le village ?
L14
Au moment où il fondait le village, aah je ne sais pas
au juste.
L16
Je peux intervenir ?
LIS
Bon, cette région Cl, là où on se trouve précisément,
son origme n'est pas wolof. Le Saalum à proprement
parler, son origine, euh c'est sérère peut-être, socé
et peul oui, maintenant, avec l'immigration, les wolof
du Cayor sont les derniers à venir s'implanter ICI.
Nous-mêmes, nous tous qui nous disons wolof, nos
orrgmes c'est pas par ICI, nos
racines il faut les
chercher au Bawol ou dans le Jolof. Maintenant tu
sais,
l'immigration
continue
jusqu'à
présent,
maintenant
ce
sont
les
sérères
du
Bawol
qUI
s'implantent ICI. Mais toute personne qui déclare être
wolof, elle est, afin , même si elle est wolof aussi, ses
origines sont ailleurs. Elle viendrait du Kajoor, Bawol
pour s'installer ici. Mais si on recherche les vrais
originaires, ou bien ce sont les sooce, ou bien ce sont
les peul. Je pense vraiment que les peul sont les
premiers à s'installer ici, oui, avec l'histoire de Elli
Banaa et même les sooce et les sérère ont trouvé Elli
Banaa ici, oui. Mais maintenant avec l'immigration,
les wolof ont fini par.
L 16
Du reste ils ne sont pas nombreux les wolof. Le wolof
en tant que tel, c'est-à-dire quand on parcourt son
634
histoire, n'a pas d'origine precise. Le wolof peut être
sérère,
ou
toucouleur
ou
saraxolle
euh,
ou
bien
sooce, euh pour la plupart. Les wolof, si l'on se refère
aux origmes, ne constituent pas une ethnie pure. Le
wolof n'est pas une référence ethnique. C'est une
langue.
La langue en revanche
est très
présente.
Autrement
le
wolof authentique,
c'est
difficile
à
trouver, ce n'est pas facile, si tant est qu'il y en ait,
c'est très rare. Quant à la langue, toute autre langue
qUI la côtoie, finit par être phagocitée.
L 1 7
Tu observeras
que
les
dénommés
Kébé
sont des
saraxulle, des mandinka, qui sont venus s'installer à
Kolobane (bruit).
Le patronyme Guèye
signifie en langue étrangère
Doumbouya. Doumbouya et Cissokho sont des Diop,
Guèye, Diop, c'est Traoré, ou Tarawole.
L 0
Je pensais que Doumbouya est l'équivalent de Guèye.
L 1 7
Diarra c'est Ndiaye, oui c'est ça, Traoré c'est Diop et
Cissokho c'est Guèye.
L 0
Hein ? Cissokho c'est Guèye non ? c'est Doumbouya
qui est Guèye.
L 1 7
Je ne sais pas exactement, je crois que c'est les deux.
Si non Doumbouya c'est Wosseynou, Kouribary c'est
FaU, Diarra c'est Ndiaye, Kante Thiam, Sidibe Sow, et '
Bathily Sow.
635
Les sérères ont pour ancêtres les sooce, OUI. C'est
Maysa Waali Njonn leur ancêtre. De Waali Njonn à
Mahekoor, on compte 52 rois. C'est Kulaar le berceau
du Sénégal. C'est le plus ancien site du pays, Kulaar.
L 0
Ils n'étaient pas plus nombreux que les sérère, les
wolof, et les toucouleurs et comment se fait-il que
leur langue se soit répandue partout dans le pays ?
et
que les
autres
langues
se
soient limitées
aux
ethnies
correspondantes,
ou
bien
même
qu'elles
aient régressé ?
L 15
C'est une langue commerciale, autrement dit elle est
plus simple (souple). L'homme wolof est très simple.
il intègre facilement tout nouveau venu, alors que
un milieu diola pour que tu l'intègres, c'est tout un
problème. Si tu vas chez les diola, avant que tu ne
puisses les aborder pour les intégrer, c'est très dur :
c'est
la
même
chose
chez
les
sérère,
chez
les
toucouleur, mais chez les wolof, tu VIens tout de
suite,
tu
intègres.
Y a pas de problème, eux ils
t'intègrent
et
en
plus
de
cela
c'est
la
langue
commerciale comme Je l'ai dit, ça aUSSI c'est très
important.
De
là
où
nous
sommes
jusqu'en
Casamance, dans tous les marché, on ne parle que
wolof. J'ai été à Niamey (Niger), mais là-bas on ne
parle que wolof. Au marché central de Niamey, on ne
parle que wolof (rires). C'est terrible, tu te croirais
en plein marché Sandaga (rires), oui c'est terrible,
636
c'est, c'est les wolof, c'est un peu les juifs de la région
hein (rires).
L 15
Eux ils ne t'intègrent pas, ils peuvent te confiner à
l'isolement, tandis que le wolof lui, très souvent, il a
tendance à t'accepter, à t'emmener vers
les
siens,
c'est ce qui explique que leur langue soit une grande
langue de communication.
Alasaan, que penses-tu du wolof ?
Le texte qUI suit a valeur poétique et repose sur des
jeux de mots que la traduction ne saurait restituer
aucunement.
637
KEUR
lVIADIABEL
(suite)
AU MARCHE AVEC LES FEMMES
entretien
une vendeuse de poisson
LO
Marche weeru koor moom xanaa du heure bi Iay
commencer
de 1.
L 19
Marse weeru koor nak moom 1 ah daay commencer
tuuti 1 di naay dem ay temps
ba onze
heures 1
dem ba booru tisbaar 1 ndugg mi dellu continuer
waat jem tàkkusaan 1 waaw waay heeer bii (heure)
daai Iaay
/ waaw bu xëyee daal 1 fiu dugg ndànk /
ndànk rekk 1 be boori midi 1 fiu arrêter bufi jullee
tisbaar dellu commencer
xaar waaw.
L 0
W aa w mais fii moom da ma fi gisul jën ?
L 19
Jën ham na / da fa ne ca côté
yii / waay jën ham na.
L 0
Waaw jën bi xanaa dafi ko indee ndakaaru ?
L 19
Kaolack
lafi kooy jelee 1.
L 0
Kaolack
amuI geej / dan kooy jelee ndakaaru xana ?
L 19
Kaolack
hamna géej waaye waaye nak xam naa daa
1 dufiu di 1 dun ham jënam daai / jën yi daal dafaay
bayyeekoo boori (bord) Mbour ak Cayar daal 1 fiow
638
Kaolax / su fiuwee / waa / waa Keur Madiabel it /
dem
it
fioom
jël
anndi
/
ûu
tegg
ci
sareet
yi
(charette) / fiu jôor di jaay.
L 0
Keur Madiabel de taxu ko sori noonu moom.
L 1 9
Soriwut 1001 kay / fiu ngeey paas jiroom fukk dellusi
ci mbaar yi / super
yi fieen fukk.
L 0
Njaayu weeru koor gi num demee ?
L19
Waaw marse bi naay change
tuuti / pour fiun nak
/
' -
nln dekkee nn / marse bi
nekk benn marse nn
moom / nekk na sanchement ci fiun l .
LO
Waaw parce que
marse bi nekkuloon benn marse ?
L 1 9
Waaw da fa nekkoon fiaar / dafi ko xaajaloo nak /
leegi nak boole nafi ko benn rekk leegi nak daal nekk
na ci fiun daal lu baax / te da na tax fiun / fim ne gan
gu dikkoon te xamut ci marse bi fenn ndax fee / xam
fii rekk da na tax moom bu nowee / da na xam ci fiun
/ waaye bi jën yi nekkee fale moom / dafi daan def
ne rekk / ku dikk jënd jën foofa rekk / jënd sa lejum
rekk / daldi dem / sa affaires-i rënd / rënd / mooy
li fiuuy booleek fiam yi.
L 0
Question.
L 1 9
Nifi ko gisee de moom / da na dem be sun làkk réer /
gàtt gàtt gi / waaw ndax 1001 daal du fayda / ndax
639
xam sa wax be pare / wëce sa wax te noo waxee rekk
wax ko ci waxap jaambuur / kooku du wax. Làkk gi
nga xam ne daal du wut sa làkk bu den / ngaay def
sa làkki neen rekk / fiuuy jàngale baati holof neen
rekk / lu mu ? nu ne Iii li ko fof daan wax / fiu ne
nangam waaw / xam nga comme
ne ma la wax leegi
/ xam nga sanse (changer)
fi u Cl kooy wax kile /
defar la fiuuy wax / soppi / xam nga loolu mooy
sanser / teyitam ba teyit da na nu def lenn tam /
maanaam sa welo panne / ngane réparer
xam nga
kooku waxi tubaab la / jagalaat la fiuuy wax.
L 0
Wante nak lu demee ni welo moom / kooku xam nga
fokk nga ne welo / xam nga welo moom tamit / euh /
tubaab la ?
L19
Waaw da fa hamutoon ci wolof / yooyu moom bun Cl
demee moom / ci kallaama jambuur nga kooy mëna
waxee /.
...
LO
(Langues
a
l'école)
L 1 9
Fim ne nii / loolu nifi kooy defee / sun dikkaatee doo
tufi wax kii balance la / xam nga balance
tubaab la /
da fiuuy wax peese kaay / walla xayma / nattukaay
/ yooyu moom mooy waxu wolof // xayma nak /
mën nan koo def ce nenn / yaakaar nga ne Iii ku ko
defoon ca bance ba / di ko peese da na mat kilo / ni la
eeh / waaw yaakaar naa xaymaal rekk / boo defee nii
640
di na mot loolu mooy xayma 1 mooy firi xayma waaw
1.
L 0
Waaw 1 leegi si sa xalaat 1 da ma bugoon xam yan
eeh 1 wute wute am digante wolof Saloum ak wolof
Cayor ?
L 19
Amna ndax xam nga fii bufi demee be ci affaire-i
togg 1 affaire-i eh matriel 1 xam nga matriel moom
tubaab la 1 waaw 1 jumtu kaay yi nu liggéeyee Il
sufi ca demee 1 xam nga fiun da fioo wax cin 1 toggu
kaay 1 kalleera 1 xam nga fiun kalleera Iafi kooy wax
walla cin 1 fiale nak kawdiir la fiu wax 1 wax joor joor
yi kawdiir la fiuuy wax 1 degg nga 1 waaw 1 foofu
moom sufi ci demee 1 aah sun demee ba ci 1 xam nga
affaire-i cinwaar 1 li ko fi jiitu mooy "wattu kuddu" 1
moo fi nehoon 1 wattu kuddu moom Iafi doon tibbee
1 leegi cinwaar dikk nak 1 leegi cinwaar nak moom
xam nga olof la 1 xam naa kii la 1 waay wattu kuddu
moom moo fi nekkoon moom.
Leegi fiu
ngiy
wax paan ay
baignoire
nii leegi
baignoire la tudd ci fiun 1 waay leegi paan rekk la
nuuy wax 1 waay nak baignoire
lafi ko doon wax.
L 0
Paan la fiuuy wax leegi 1 wante baignoire
lafi
daan
wax ?
L 19
W aa w
baignoire.
641
L 0
Waaw loolu ci mbiru kaddu yi la 1 ni ngaay tudde Iii
ak kii 1 ci mbiri waxin bi nak ? gisuloo ci tamin ay
wute wute ?
L 1 9
Nale fioo gëna woyof wax 1 su fekkee ne nak saalum-
saalum
piir
la
nak
1 sun
laay
wax
habal
ma
baignoire
1 baign 1 baign 1 rekk lan laay wax 1
baign u xaraar 1 koo ku moom boo deggee saalum-
saalum wax la ko 1 hàbb na la paan 1 baign u xaraar.
L 0
Baign u xaraar mooy abal ma paan ?
Waaw 1 xam nga ajfaire-i léyu 1 kii plateau
yii iii
fiiy def leegi 1 koo ki tam 1 layu la fi gennee 1 xam
nga layu waaw 1 nu di ko wax mberu 1 kooku mberu
la
tudd
1 waaw
bun
ne
mberu
1 euh 1 saalum
saalum boo ne mbedu 1 joor joor yi ne leyu 1 deenga
1 fii nu dellu de fa de takk tableau
yii nii 1 be
teyitam 1 be tey remplacer na tirJ-tirJ waaw 1 tirJ-tirJ
yu niiy beesee Il.
Be teyit am na fun wu tee Cl wax 1 fioorn lu mel ni
demal tuuri mbalit mi 1 da leen di
wax yenul Iii
dëppal ma ko ca hàll ba 1 kooku boo ko waxee saalum
saalum 1 dëppal ma 1 fioom Iii lan ci xam 1 maanaam
jël ndabb 1 nga yëkk nam ba pare 1 te fioom dëpp 1
tuuri lan kooy wax / da fiuuy wax jëlal mballit mi /
dëppali ma ko ca hàll ba.
L 19
Li nga balaie
nii ba pare 1 xam nga tubaab mooy
wax balaie / buub nak la fioo wax bu ko defee boo ne
642
buub nak 1 fabai
mbuubit minak 1 fapii ma ko 1
waaw mbuubit. Looi la saalum saalum yi di wax 1
waaye joor joor YI fioom dan ko naan jëIal mballit mi
dëppali ma ko Il.
Wolof
yu jëkk ya 1 gone yi nu ngi nii 1 fim ne nii 1
fiii si bari koo si laajoon konko 1 kooku xam nga kenn
xamukosi de 1 te soo ko 1 sso leen ko jàngalee 1 won
leen lu mandarga ak konko lu niido ak konko 1 won
ne leen Iii mooy konko nangam lan ko daan defee Il.
Dan le en jox yee sax 1 ndax lee leeg fiuuy jàng ay
jumtukaay 1 ci 1 Cl lifër (livre)
YI dan leen ko
espliquer 1 tékkil leen ko ci tubaab 1 waay du tax nu
xam ko 1 ndax xamufi ko woon ca cosaan 1 lu mel ni
daba ak raba 1 ak seel ak yooyu 1 am 1 amoon na ay
tur ci wolof waaye da fa réer be fim ne nii hàbb nan
ko ci tubaab yi fatte nan nin ko daan waxee fiun Il
L 0
Kon nak bun ubee daara ji 1 xam naa ne dina am 1
dina am solo 1.
Gis nga 1 am na Cl gune yoo xamne nii 1 soo ne leen
ndab 1 dun ko xamee 1 mooy defukaay Il xam nga
bool ndab la tudd waaw 1 lawbe bi da ngaay dem ne
ko xetall ma ndab 1 ndab la tuddoon na ka jekk 1
waaw kooku moom.
643
1RADUCTION
L 0
Le marché en période ramadan, ce n'est pas à cette
heure-ci que ça commence ?
L 19
Aah, le marché de Ramadan tu sais, ça commence,
par moments vers llh, ça va jusqu'aux environs de
14h, pour reprendre jusqu'à
17h.
Autrement c'est
à cette heure ci que ça démarre. Oui, le matin, on s'y
met
tranquillement
jusque
vers
midi,
on
arrête.
Après la prière de 14h, on reprend, oui.
L 0
Oui, mais je ne vois nulle part du poisson ici.
L 19
Il y a du poisson, mais de l'autre côté, il y a du
poisson.
L 0
Oui je suppose que ce poisson là provient de Dakar.
L 1 9
On le fait venir de Kaolack.
L 0
Il n'y a pas de mer à Kaolack, ça ne viendrait pas de
Dakar?
L 1 9
Si il y a la mer à Kaolack, mais je pense qu'il ne doit
pas y aVOIr probablement du poisson. Ce que je sais
c'est que le poisson provient des environs de Mbour
et Cayar pour attérir à Kaolack. Les gens de Keur
Madiabel
vont
se
ravitailler
à
Kaolack.
On
les
644
transporte
par
charette
jusqu'au
marché
pour
les
vendre.
L 0
Keur
Madiabel,
au
fond,
c'est pas
SI
éloigné
de
Kaolack.
L 1 9
Pas tant que ça. On paye 250 F pour un aller-retour
en (404-405 peugeot) "bâché", ou 200 F en "super".
L 0
Comment se
présente le
commerce en
période de
ramadan
?
L 19
Au niveau du marché, ça change un petit peu pour
nous qui habitons là le marché unique constitue un
changement, pour nous.
L 0
Ah bon, il n'y avait pas un seul marché avant ?
LI 9
Oui, ben il y avait deux marchés avant c'était divisé
en deux. Maintenant on a réuni les deux en un, ce
qui est une bonne chose pour nous maintenant. Et ça
fait que nous, aujourd'hui, si quelqu'un arrivait, ne
connaissant
que
l'autre
partie,
eh
bien
il
peut
maintenant connaître la place où nous sommes. Par
contre du temps où le poisson était là-bas, les gens
achetaient
leur
poisson,
leurs
légumes
et
s'en
allaient, leur rënd, rënd c'est tout ce qUI accompagne
le mets principal.
LO
645
L 19
De notre point de vue, en bref, on nsque de perdre
un Jour nos langues parce que connaître sa langue,
l'abandonner ensuite pour n'utiliser que
la langue
d'autrui, ça c'est pas bien.
U ne langue qui n'est pas ta langue, tu en fais ta
langue,
non.
Il
convient de
n'apprendre
que
des
vocables wolof.
Pourquoi?
On se dit : comment le wolof nommait ça ? on donne
la réponse. Tu sais par exemple comme je l'ai dit
toute à l'heure "sanse" (changer), ça se dit chose /
"defar" se dit soppi tu sais, c'est ça qu'on appelle
"sanser" toujours dans le même ordre d'idée, quand
ton vélo est en panne, tu parles de "réparer", tu es
d'accord que c'est du français, on dit "jagalaat" en
wolof.
L 0
Mais concernant le vélo, on est obligé de dire "velo",
c'est également euh, velo aussi c'est du français.
L 19
Oui
mais
c'est
parce
que
c'est
une
notion
qUI
n'existait pas en wolof. Bon ça j'admets que c'est avec
la langue d'autrui qu'on peut le nommer.
L 0
Et à propos de l'introduction des langues locales à
l'école T
L 19
Comment réaliser cela ? A l'avenir, si tel était le cas,
on
ne
dirait
plus
euh,
c'est
une
"balance",
car
"balance" c'est français on devra dire "peesekaay" ou
646
alors "xayma" ou "nattukaay", ça ce sont des vocables
olof "xayma", ça revient à ceci : tu penses que telle
chose si on la mettait sur la balance pour la peser, ça
ferait tant de kilos, c'est cela. Eeh, oui je pense que tu
dois évaluer cela. Si tu le fais, cela fera tant, c'est cela
"xayma", c'est cela la signification de "xayma".
LO
Bon à présent quel est ton point de vue, je voudrais
savoir
euh,
quelle
différence
existe-t-il
entre
le
wolof du Saloum et le wolof du Kayor ?
L19
Il Y en a parce qu'aujourd'hui dans le domaine des
sièges, des
matériels, tu sais que
"materiel" c'est
français,
bon,
les
instruments
qu'on
utilise
au
travail, si on réfléchit sur ces choses là, n'est-ce pas
qu'on dit "cin" "toogu kaay", "kalleera". Nous on dit
"kalleera" ou "cin", les autres ils disent "kawdiir" oui
les joor joor, ils disent kalleera, tu entends, oui, si on
va dans ce domaine, tu sais, on prend une chose
comme "cinwaar", avant ce vocable on disait "wattu
kuddu", avant c'était ce mot là, on se servait avec le
"wattu
kuddu"
aujourd'hui
on
dit
"cinwaar",
"cinwaar" est venu après. Quant à "cinwaar", d'accord
que c'est wolof, avant on disait wattu kuddu.
Aujourd'hui encore, on appelle "paan" baignoire, ça
s'appelle "baignoire" chez nous, mais maintenant on
ne dit que "paan" alors qu'avant on appelait cela
"baignoire" .
647
L 0
Ah OUI, on dit "paan"
maintenant, mais on disait
"baignoire" ?
L 1 9
Oui baignoire.
L 0
Bien ça ça concerne les mots à savoir comment on
nomme telle ou telle chose.
Maintenant dans la façon de parler des gens, y a-t-il
une différence ?
L 19
Les autres ont un parler plus léger, s'il s'agit des
saalum
saalum
authentiques,
s'ils
veulent te
dire
"prête-moi une baignoire, ils te disent "baign" tout
court, ou "baignu xaraar". Quand un saalum saalum
te parle ainsi, c'est qu'il t'emprunte une baignoire,
un "baignu xaraar".
L 0
Donc baignu xaraar, c'est le "paan".
L 19
Oui, tu sais, en ce qui concerne le "leyu" euh plateau,
qu'on utilise ici, ce truc là aussi est apparu ici avec
l'appellation de "layu" autrement appelé "mberu". Ca
là
s'appelle
"mberu",
OUI
quand
on
dit
"mberu",
quand le saalum saalum dit "mberu", le joor joor dira
leyu, tu comprends, là où l'on accroche les tableaux,
ca là a remplacé les "tiQ- ti rJ", oui les tiQ- ti Q pour
vanner.
De plus il y a une autre différence, toujours dans la
façon de parler.
648
Eux, quand ils veulent dire "demal tuuri mbalit mi"
(va vider la poubelle = enlever le tas d'ordures), ils
disent "yenul Iii dëppal ma ko ca hàll ba" ; ça par
contre si tu le dis aux saalum saalum "dëppal ma", ils
comprendront mettre le couvercle sur un plat (pour
le protéger) alors que pour les joor joor "dëpp", c'est
aller jeter quelque chose.
Ils
diront plutôt
"jelal
mbalit mi, dëppali ma ko hàll ba.
L 19
Ce que tu viens de balayer, n'est-ce pas c'est le
français qui dit balai, nous on dit "buub". Quand tu
dis "buub, prends le "mbuubit", oui le "mbuubit", le
saalum saalum parle comme cela alors que les joor
joor ils disent dëppali, "jëlal mbalit mi dëppali ma ko".
- Les anciens, tu vois les enfants actuellement, la
plupart des enfants, tu leur demandes ce que c'est
qu'un "konko", personne ne le saura, alors que s'ils
avaient l'occasion de l'apprendre, de l'identifier par
des
représentations,
des
Images,
des
dessins,
montrant que c'est ça le "konko", c'est comme cela
qu'on l'utilisait ça servait à ça etc... C'est un bon
travail
d'éveil,
parce
que
ils
apprennent
des
instruments dans les livres où on les leur explique,
on les leur traduit en français mais ce n'est pas assez
pour qu'ils les connaissent parce qu'ils ne les ont pas
vécu. Des trucs comme la "daba", le "raba", la "selle" et
tout ça, avaient des noms en wolof qui ont disparu,
au
point
qu'on
les
a
empruntés
au
français
649
ujourd'hui et qu'on ne se souvient même plus des
PASTEEF"
.oms anciens.
~
)onc Je crOIS bien que ce
sera une bonne chose
[uand on ouvrira les portes de l'école en langues
rice
ocales.
"u VOIS encore, certains enfants, tu leur dit "ndab",
ls ne sauront pas que c'est un récipient. Tu sais que
'bol" ça s'appelle "ndab", oui, tu vas chez les laobé,
t qu'il illustre à
iour
commander
le
"ndab",
ils
te
le
taillent,
nsation (pauses,
iormalement le nom c'est ndab, ça OUI.
'cours surveillé,
leen ko defalee
yeen Il tey nak
. 1 nUI) ka fas
:I jangaro jmga
w ak réew yii
ii nga xamente
mbootaay binga
nga xamen tini
Il Waxtaan wi
.qal tey 1 (eeh)
la 1 maanaam 1
mbirum koom
t)
bokk na Cl
650
association boobu tudd sowa 1 ndax sowa 1 association la
boo xamentini jigeen yi fioo ko taxa jog waaye amna tamin g60
yoo xamni fioo nekk ci biir Il (euh) Fernanda
Ramos 1 moom
jangalekat la 1 (euh) bokkna yi tamin ci (euh) association
boobu ma leen wax 1 muuy S 0 WA Il (euh) Soukeyna
Dieng
Diop 1 (euh) Soukey moo nekk nii ci suma wet 1 moom s ag e-
f e m me la (e u h) ci S 0 W A
itam 1 me m b r e
la ci 1 (e u h)
professeur
Oumar
Sylla
1 moom
mu
ngiiy
liggeey
Cl
Hôpital Fann / Psychiatrie la 1 (euh) waaye itam 1 bokk na
ci association bi nga xamintini 1 (euh) moom lan leen wax
sanq 1 muuy SOWA
Il.
Inviter
nafiu tam 1 jigeen yi nga xamentini 1 (euh) nu
ngi j6ge 1 (euh) 1 ci Liberté V 1 ngir fiow 1 ni ko jigeen fii di
def 1 fekkee sun waxtaan wi 1 sanni ci (euh) 1 seeni xalaat Il
(euh) ballaa fiuuy dugg ci biir waxtaan wi nak 1 xam ngeen ne
di naa faral di leen jox ay xabaar Il tey nak 1 xabaar bi nga
xamne moom laa leen indil 1 (euh) xam ngeen ni (euh) di nan
wax ni 1 (euh) 1 jigeeni Sénégal
yi 1 da fioo bugg 1001 1 ngir
am yaram 1 te fiun Yalla da fa def 1 Yalla bind nu sax 1 nu
nekk ay jigeen yoo xamentini da noo am yaram Il néon la nu
1 Yalla 1 li ëpp si fiun da nu am yaram 1 amna fioo xamentini
moom la fiuuy oowee "doomu nay" Il doomu nay" yooyu nak
1 da fa am ay 1 lu ci am Il te li nga xamentini moo ci am 1
(euh) 1 professeur Issa
Lô 1 mi nga xamne mooy directeur
phramacie 1 ci ministère
Santé publique
1 moo nu bindal
këyit
gii
1 nu
yore
nii,
mu
ngi
tudd
"halte
à
l'auto-
médication
anarchique,"
maanaa bayi lëpp 100 x a fi n i da
ngaay taxawaalu ci mbedd mi rekk 1 gis garab 1 jëndd ko Il
652
Professeur
Issa
Lô 1 wax nafi ni 1 amna benn jigeen boo
xamne faatu na 1 ci jamano yi fiu genn 1 te li mu naan 1 mooy
doomu fiay Il jigeen gi xam nafiu fi mu faatoo 1 xam nafiu ban
bës laak yooyu yëp 1 waaye loolu dufi ko wax ci émission bi 1
lifi mana japp rekk 1 te ngeen war ko japp mooy doomi fiay
rekk na 100 xamne
nii 1 mu ngny faral di rey jigeen yi te def
naane am yaram war na nu xool ba xam ndax 1 jar na dee
(euh) walla jarul dee 1 beneen xabaar bi nga xamne 1 (euh) 1
moom la leen indil 1 mooy 1 xam ngeen ne 1 fan yii yëpp 1 .
man maa le en di wax ne 1 lëpp 100 xamentini jaaxal na leen 1
soo leen ma ko laajee ci émission yi maay def ci radio bi 1 mbaa
émissions
yi maay def ci télévision
bi 1 di naa leen tontu Il
am jigeen yu bari yoo xamentini nak 1 (euh) laaj nafi ma 1 rn
ma 1 fioorn dafiu jaaxle ci 1 fecc boo xamentini journal
le
Témoin genee na ko 1 muuy fecc boo xamentini jigeen dafi Cl
wone cëram 1 dem naa seeti ki nga xamne mooy di r e ete u r
publication bi 1 su ma confrère
Mamadou
Oumar
Ndiaye
Il Oumar Ndiaye
nak 1 (euh) wax na ma 1 (euh)
waxtaan
namaak moom 1 (euh) won na ma (euh) photos
yi nga xamne
moom la jëlee foofu 1 photo bu gëna rafet la gennee 1 photo
ya fa nekk, ay jigeen yu def yaramu neen 1 fioo doon fecc Il te
lima gëna jaaxal ci mbir mi mooy 1 ci lu ma Oumar
Ndiaye
won 1 ay photographes
tubaab fiu nga toogoon di
leen
photo Il kon nak defe naane li nga xamne moom lafi wara def
1 mooy fexe ba j 0 ur n a lis tes
yi fiu di leen won lu rafet
ndaxte journalistes
yi 1 fiun 1 dafi leen soxla 1 leeg leeg
ngeen ubbi seen journal 1 fiu ne leen jigeen sangam 1 def na
conférence
sangam 1 fiëpp bëgg Il aah mbala jigeen sangam
1 ci dëkkam . fiakk na nangam Il su ko defee su nu décideurs
653
yi 1 bu fiu jangee carnet
boobu 1 xam ne war na fioo dimbale
jigeen
yi
Il waay
itam 1 bu
fiu
dajaloo
def
lu
fiaaw
1
journalistes
yi 1 bufi fiowee dafi kooy wone 1 konte defe naa
ne leegi 1 li fiu wara def 1 mooy xalaat bu baax ne 1 fiun war
ne ûu bayyi di fecc Il que 100lu Témoin
wone 1 bu fiu xoolee
ci sufi tours
yi 1 jigeen yi di def ak ngënte yi 1 da ngaay gis
fiuuy fecc 1 fecc yu mel noonu 1 di wone seen cërr 1 konte
defe naa ne man balaa fioo woo journaliste bi 1 defe naa ne
fiun fioo wara toogaat 1 xalaat 1 xool ndag war na fiu fecc fecc
yu fiaaw walla waru fiu fecc fecc yu fiaaw
Il Loolu mooy
naareelu xabaar bi ma leen di indil Il Beneen xabaar bi nga
xamintini buggoon naa ko joxe 1 mooy 1 xam ngeen ni 1 fiaar
fukk fan ak jiroom ci weer wi fiu genn 1 fii ci Ndakaaru def nafi
fi (euh) conférence bu mag a mag boo xamintini (euh) mu ngi
jëmoon ci mbirum xale yi 1 maanaam naka lan leen di dimbale
ak yu demee noonu Il Looi tax na (euh) Centre
Culturel
Américain
(da maay
bayyi
sama réalisateur Alla
Seck 1
mu
won
fiu images yi) Il Centre
Culturel
Américain
organiser-woon na 1 benn waxtaan boo xamentini 1 moom la
fiuuy
wax
émission
"via
satellite" 1 (euh) émission
"via
satellite"
boo bu nak 1 nekk na émission boo xamentini bii
ay
jigeen
ûoo
nekkoon
(euh) ca Washington 1 (euh) fiu
inviter
ay jigeen ca Ndakaru 1 (euh) fiuuy waxtaan daal Cl
naka (euh) Iafi muna fexee be dimbale xale yi 1 ci jamano yale
fiu genn 1 (euh) 1 bi nga xamentini
1 ûu
ngiiy
waajal
Conférence
bi nga xamentini 1 mooy
Conférence-u Xale yi
(euh) Centre
Culturel
Américain defoon na waxtaan woo
xamentini mUI) ko jëmale ci naka la fiuuy juree xale yi Il
(~) fiingeen gis / dëkk bi nu wone nii lu tollook fiaar fukki
654
dëkk ak jiroom fiaar Il yu mel noonu 1 nu ngiiy xelaat ci naka
la fiuuy def ba nga x ame n ti ni li fiuuy wooyee "initiative
de
Bamako" 1 garab yi di na jegen nit yi nga xamentini fioo neew
doole Il Ag itam naka la fiooy def ba nga xamne nit fii neew
doole fioofiu (euh) garab yi dina yombb 1001 ci seen wet Il
(euh) loolu moo taxoon (euh) Centre
Culturel
Américain 1
defar wenn waxtaan bo xamentini 1 am na fiu nekkoon ci
Dakar
fekkee ko 1 (euh) Madame
Ndioro
Ndiaye ak (euh)
benn économiste
bu fiuuy wax Mohamed Aïdar 1 ag itam
ki nga xamne moo fi teewal euh Unicef am üoo xaminteni 1
( euh) fioom fiu nga nekk 1 (e u h) ca Wa shi n g ton 1 naari
tubaab
yu jigeen yoo xamentini di ngeen leen gis bu ci
kanamee 1 kenn ki mu ngt tudd Francisca
Monti 1 ki dess
Caroline
Lung Il fioorn li fiuuy toppatoo 1 mbirum xaalis bi
daal ION G
la fiu 1 naka la fiuuy dimbalee Afrique 1 be nga
xamentini 1 waa Afrique
di nafi am xaalis boo xamentini 1 di
na fiu ci dimbalee xale yi 1 ci poste santé yi Il kon loolu
nekkoon waxtaan woo xamentini wu am maanaa la ci kii (euh)
Centre
Culturel
Américain
Il Li ngeen wara japp nak
mooy (euh) lëpp li nga xamentini moom lafi wara defal xaleyi
nak 1 ndax fiu muee
jigeen yi fioo ci wara jiitu ndaxte xam
ngeen ru jigeen YI su nu werulee 1 amufiu xam xam 1 (euh) 1
pour dimbale xaleyi di na nekk 100 xamentini yombul 1 te
loolu Président Abdou Diouf
wax na ko 1 ci bi muuy ubbi
Conférence bi nga xamentini OUA ak UNICEF 1 fioom (euh)
fioo
taxawaloon (euh) Conférence
boobu 1 (euh (euh) fii ci
Ndakaaru 1 ci fiaar fukki fan ak jiroom 1 ci weeru nove m b re
Il kon defe naa ni (euh) waxtaan yooyu nekk na waxtaan yoo
xamentini yu am maanaa la 1 ndax itam 1 bu leen ne rekk 1 ay
655
dëkk ak jiroom fiaar Il yu mel noonu 1 nu nguy xelaat ci naka
la fiuuy def ba nga xamentini li fiuuy wooyee "initiative
de
Bamako" 1 garab yi di na jegen nit yi nga xamentini fioo neew
doole Il Ag itam naka la fiooy def ba nga xamne nit ni neew
doole
no onu (euh) garab yi dina yombb 1001 ci seen wet Il
(euh) loolu moo taxoon (euh) Centre
Culturel
Américain 1
defar wenn waxtaan bo
xamentini 1 am na nu nekkoon ci
Dakar
fekkee ko 1 (euh) Madame
Ndioro
Ndiaye ak (euh)
benn économiste
bu fiuuy wax Mohamed
Aïdar 1 ag itam
ki nga xamne moo fi teewal euh Unicef am fioo xaminteni 1
( euh) ûoom nu nga nekk 1 (e u h) ca Wa shi n g ton
1 naari
tubaab
yu jigeen yoo
xamentini
di ngeen leen gis bu ci
kanamee 1 kenn ki mu ngi tudd Francisca
Monti 1 ki dess
Caroline
Lung Il fioorn li fiuuy toppatoo 1 mbirum xaalis bi
daal ION G
la nu 1 naka la fiuuy dimbalee Afrique 1 be nga
xamentini 1 waa Afrique
di nan am xaalis boo xamentini 1 di
na nu ci dimbalee xale yi 1 ci poste santé yi Il kon loolu
nekkoon waxtaan woo xamentini wu am maanaa la ci kii (euh)
Centre
Culturel
Américain Il Li ngeen wara japp nak
mooy (euh) lëpp li nga xamentini moom lan wara defal xaleyi
nak 1 ndax nu muee
jigeen yi fioo ci wara jiitu ndaxte xam
ngeen nt Jigeen YI su nu werulee 1 amufiu xam xam 1 (e u h) 1
pour dimbale xaleyi di na nekk 100 xamentini yombul 1 te
loolu Président Abdou Diouf
wax na ko 1 ci bi muuy ubbi
Conférence bi nga xamentini OUA ak UNICEF 1 fioom (euh)
fioo
taxawaloon
(euh) Conférence
boobu 1 (euh (euh) fii ci
Ndakaaru 1 ci fiaar fukki fan ak jiroom 1 ci weeru novembre
Il kon defe naa ni (euh) waxtaan yooyu nekk na waxtaan yoo
xamentini yu am maanaa la 1 ndax itam 1 bu leen ne rekk 1 ay
655
jigeen i tubaab la fiuuy waxtaanal 1 ndaxte jigeenu tubaab 1
su nu fiowee fii di leen laaj 1 dafi leen kooy tekkil ci wolof 1 kon
itam, fioorn itam munufi fiow fii benn bës, fiow (euh) def ay
conférences 1 fiu tekkil leen (euh) li fiuuy wax itam 1 yeen
ngeen degg olof 1 di su fiu làkki reew 1 konte loolu moo tax leeg
leeg waxtaan yu
am maanaa YI nga xamentini (euh)
waa
Centre
Culturel
Américain
1 di nafi ko waxtaan 1 ma di
leen ko won 1 kon fiii ngeen di gis 1 mooy naari jigeen tubaab
yooyu 1 ngeen
xàmeeleen
bu
baax
(Francesca
Monti
ak
Caroline Lung! Il ndax fiaari jigeen yoo xamentini da nuuy
wut xaalis 1 di indi ci su fiu réew 1 ngir dimbale fii nga
xamentini 1 (euh) 1 fioo nekk (euh) ci su fiu réew. Konte li nga
xamentini nak 1 moom laay ci bugga teg 1 mooy fiu dugg
nak
ci su fiu waxtaan wi nga xamentini 1 mooy waxtaan wi fiu taxa
j6g waxtaan wi net fanna laay doon Il benn bu njëkk bi 1 di
nafi dellusi bu baax ci feebar bi tudd SIDA 1 bu fiu j6gee foofu
1 fiaarelu fanna waxtaan bi 1 di nafi wax jigéen 1 li nga
xamentini 1 loolu moo tax mu soxal association bi tudd S 0 WA
1 lu tax seen liggeey yëpp daal 1 ci mbirum SI DA 1 mu jëmale
ko ci jigeen yi 1 (euh) li des ci waxtaan wi nak 1 da fiooy ubbi
discussions
yi 1 fexe discuter
be xam maanaam na ka la
mbir mi di demee.
L 2 0
Lu demee ni 1 (e u h) wër gu yaram ak yeneen 1
yeneen
(euh) kii 1 num tuddati (euh) problème- u
koom
koom
Il Pour
problème-u SI DA
bi nak
moom 1 (euh) émission
kii 1 (euh)
num
tuddati
(euh) li fiuuy def nii 1 trottoir
bi 1 (euh) wone na
ni ci fukki nit ak jiroom fiaar 1 jiroom fieu yi rekk 1
656
fioo xawa xam lan mooy SIDA ak naka laay, naka
laay 1 naka la fiuuy muna 1 naka laay SIDA bi di
waaja dal 1 1001 di benn Il fiaareel ba yi tam 1 lépp
trottoir bi wone na ne jefiante bi tambalena (euh)
jigeen fiaangi jin goor ni goor fiaa ngi jin jigeen yi Il
kon book 1001 tamin lu am solo la 1 fieteel ba 1 kon
book leegi 1 pour dellusi ci mbirum SIDA
bi 1 SIDA
bi
dafa am
benn njangaro joo xamm (euh)
bim
feefieek leegi 1 (euh) 1 mun naa wax ne daal dafaay
yokk njaxale nit ni (euh) 1 amul réew moo xamne Cl
aduna daal (e u h) mun nga faa dem 1 te gisu 100 fa
fioo xamne 1 (e u h) 1 SIDA
kii woon na leen 1 am
nan SIDA 1 walla 1 doomu jangaru SIDA bi nekk si
seen yaram Il fiaareel ba yi tam ci (euh) 1 wallum
koom koom 1 SIDA lim lor, ci doomu adama yi tamin
dafa bari Il amna réew yu bari yoo xamne S ID A bi
tax na (euh) koom koomu réew yooyule daal di am
perte yu bari bari daal 1 waaw fieteel ba yi tam 1 bu
ngi jërn ci 1 ci yaq 1 koom koom 1 waaye nit ki ci
seyam ak ci nekkinam ak ci njabootam 1 SIDA
b i
indi na loraange bu bara daal 1 waaw 1 1001 yëpp tax
na ba nga xamne SIDA doonatul feebar rekk yem ci
1 waaye fi gëna ruqe ci nit ki
foofu la kooy feebar bi
fekk dal di ko yaq Il waaw 1001 yakaar naa ne lu am
solo la 1 Leneen lu am solo 1 mooy li nga xamne ay
mi ll iorji nit ci adina (euh) 1 SIDA bi 1 euh teral na
leen 1 am nu def ay calculs 1 ay tubaab lafi nak 1 ne
fileek (euh) jiroom fietti at 1 fiii nga xam ne jangaru
ji dugg na leen 1 di nan doon fieen fukki million 1 fii
657
ci Afrique nak moom 1 réew nit nu fiuul ni rekk laa
wax de 1 waxuma 1 (euh) boole wu ma si sax euh 1
naar yi 1 app na 1 app na 1 appal na daal (e u h) fukki
million
te 1001 nak moom 1 ci 1 (euh) mun naa wax
ci mag yi la daal 1 xaleyi moom diggante 1 genn walli
million ak million ci ni nga xamne SIDA bi (euh)
mu IJ leen di gaafi daal 1 ci lan wara toll. Lôol nak won
na leen ne euh 1 SIDA
bi 1 laaj na daal 1 fekk doom
adama jog ci Il te li si gëna doy waar nak 1 c ' es t
que be leegi amagufi benn garab goo xamne 1 bu ko
nit k.i jëlee SIDA
bi foofa laay
yem 1.
658
EXTRAIT EMISSION TELEVISEE
PASTEEF
SUR LE SIDA
II.
Reportage
Enquête
sur
l'information
Waaw defe naa ne 1 euh baax na 1 fiu won leen li nga
xamtini moom Iafi jelee ci mbedd ml ndaxte genn na
fiu
ci
mbedd
mi
1 euh
sun
benn
co n f r ère
Ibrahima
Saadi
1 journaliste la ci rédaction
journal parlé 1 moom moo demoon dajeek nit fii 1
laaj
leen
ndax
xamunu
SIDA
Il euh
1 waxtaan
woowu laa bugg 1 euh 1 sun réalisateur Ali Seck 1
mu won fiu waxtaan woowu 1 ndax fiu 1 euh
xool ko
euh bu fiu ko xoolee be noppi nak 1 fiu door 1 fiu
gëna dugg nak ci biir waxtaan wi Il.
L 0
Xam nga SIDA ?
A
SIDA ? déedéet.
LO
Question
B
Déedéet.
659
C
Feebar bun
naan SIDA '} waaw degg naa nu di ko
wax han.
L 0
Xamuloo nan lan ko mëna attraper ?
D
Nufi muna attraper ? bon degg naa nu ne bon / lu
dem ci caga ji / ak bon / yi fiakk fayda yooyu daal /
mon / mon kooy joxe.
LO
Question
E
SIDA ? Waaw degg naa nu kooy wax rekk.
L 0
Xam nga nufi kooy amee ?
E
Aah ca dëgg dëgg de xawma nufi kooy amee.
L 0
Xam nga feebar bu nu naan SIDA.
F
SIDA ? man degguma olof de / man toucouleur la.
L 0
Question.
G
SIDA
a mooy feebaru / xam naa ko / dégg naa ko nii
rekk / woy.
L 0
Nu iiu ko muna amee ?
G
Affaire
bi /
xanaa moytu jigeen / waax xam ni
ngaay doxalee // yeso
LO
Question.
660
H
W aa w ça dépend
1eegi ci goor yuuy moy 1 di dem ci
jigeen nu bari quoi 1 walla jigeen bu xaminte moomit
1 daay fréquenter goor nu bari 1 1001u mooy indi
SIDA 1 la plupart Il.
LO
Question
1 35 ans Anh ? SIDA ? waaw xam naa ci lu bari de 1 li maay
gis muuy genn rekk (sourire) Il waaw 1
L 0
Est-ce que
xam nga lan moo kooy joxe ? aah 1 1001
de mooy foye sa bopp rekk 1 waaw 1001 daa1 laa ci
xam 1 jigeen daal 1 da fa wara respecter
boppam 1
waaw
soo
respecter
sa bopp daal 1 nit ni
respecter la 1 foo foyee sa bop it 1 nga gis ko.
LO
Question
J 60 ans Xawma ko de waaye degg naa ko 1 degg naa nu di
ko wax 1 la kooy joxe de xawma ko 1 waaye daal
co m me ni nu ko waxee 1 moytu ko daal moo gën 1
ku ko moytu ko daal di nga muee 1 te sart yin ci jox 1
wax yëpp ku ko moytu daal di nga muee 1 moytu ko
dall a gën.
LO
Question
K
Xam naa ko.
L 0
Xam nga nu nu kooy amee ?
661
K
Nin
kooy
amee
? par rapport
sexuel
waaw euh
pour éviter ko 1 nufi Il po u r moytu ko ? nga jël
say précautions 1 waaw.
LO
Question
L
35 ans
Feebar SIDA
li kojoxe ? mooy lenn 1 bon 1 luuy
war 1 mooy feebar bi 1 lin ko 1 li ko mëna joxe 1
mooy nit yor ko be pare 1 bon nu wutal la benn
piqûre
boo xamne difi la ko pikiir 1 j6gaat pikiir ko
nit ki quoi 1 xam nga 1 li war daal 1 mooy di wut
pikiir boo Il seringle à jeter
daal 1 xam nga 1.
L 0
Ak lan mooy kooy joxe ?
M
Waaw ak leneen 1 ak nga jël ki nga xamne de fa SIDA
be pare 1 nga wat ko ci benn lanset be pare 1 wataat
ci keneen quoi 1.
L 0
Ak lan encore ?
M
Man daal 1001 rekk la ci xamoon ci -li nga xamne moo
ko mëna joxe daal.
LO
Question
N
Waaw SIDA
xam naa ko kan 1 euh 1 soo fekkee da
nga am contact
ak ku mel ni beneen jigeen 1 jigeen
bu ko am daal 1 walla par exemple
nga
am
ay
seringles
yoo
xamne
dan
1 yii
nu
tirer
1 nu
injecter
la ko 1 walla yu mel noonu 1.
662
L 0
Pour
nga éviter
ko / lan nga wara def ?
N
Ah par
exemple
su fekke da ngaay am rapport
ak
ku ko am 1 nga ut ay contraceptifs
yu nga xamne
yii 1 yu mel ni ay capotes
walla yeneen yoo xamne
yii di na la empêcher
nga 1 mu dal la quoi.
663
TRADUCTION
Bon, Je pense que, euh qu'il serait intéressant qu'on
vous montre les images que nous avons pu tirer de
la rue, car nous sommes allés dans la rue, euh un de
nos confrères Ibrahima Saadi, il est journaliste à la
rédaction du journal télévisé, c'est lui qui est allé à la
rencontre
des
gens,
pour
leur
demander
s'ils
connaissaient le SIDA. Euh, ce sont ces entretiens
que je voudrais que notre réalisateur, Ali Seck, nous
montre,
qu'on puisse
les
voir,
avant d'ouvrir les
débats sur la question.
L 0
Connaissez-vous le SIDA ?
A
Le SIDA ? non
L 0
Connaissez-vous le SIDA ?
B
Non !.
L 0
Connaissez-vous le SIDA?
C
La maladie qu'on nomme SIDA? OUI, j'en al entendu
parler oui.
L 0
Savez-vous comment on peut l'attraper ?
664
D
Comment peut-on l'attraper ? bon, j'ai entendu dire
que bon, par l'intermédiaire des prostituées et bon,
des bêtises de ce genre qui le donnent.
L 0
Connnaissez-vous le SIDA ?
E
Le SIDA ? j'en entends parler seulement.
L 0
Savez-vous comment on l'attrape ?
E
Aah,
pour
parler
franchement.
Je
ne
sars
pas
comment on l'attrape.
L 0
Connaissez-vous le SIDA ?
F
SIDA
?
moi je ne
parle
pas
olof,
moi Je
SUIS
toucouleur.
L 0
Même question.
G
Le SIDA c'est la maladie de, je connais comme ça, j'en
ai entendu parler oui.
L 0
De quelle manière l'attrape-t-on ?
G
Le truc, eh bien, éviter le contact avec les femmes,
oui, savoir comment se comporter, oui.
L 0
Même question.
H
Oui, ça dépend de l'homme qui dévie, qui fréquente
de
nombreuses
femmes,
ou
de
la
femme
qui
665
fréquente plusieurs hommes. C'est ça qUI donne le
SIDA, la plupart.
L 0
Même question.
1
Hein . SIDA, oui, Je connais pas mal de choses là-
dessus, tout ce qu'on montre oui.
L 0
Savez-vous ce qui donne le SIDA.
1.
Quand on n'est pas rigoureux vis-à-vis de SOI OUI, Je
pense.
Une femme doit se respecter, SI elle veut
qu'on
la
respecte.
Autrement,
SI
l'on
n'est
pas
ngoureux, on nsque de l'attraper.
L 0
Même question.
J
Je
ne
le connais pas mais j'en ai entendu parler
quant à ce qui donne le SIDA, je le sais pas. Mais
comme on l'a dit, il faut l'éviter, celui qui sait l'éviter,
s'en tirera. Et puis avec tous les conseils qui sont
donnés, on peut arriver à l'éviter ; l'éviter, c'est le
maître
mot.
L 0
Même question.
K
Oui, je connais.
L 0
Savez-vous comment on l'attrape ?
666
K
Comment
?
par
rapport
sexuel,
oui,
euh
pour
l'éviter ? il faut prendre ses précautions oui.
L 0
Même question.
L
Qu'est-ce qui donne la maladie ? C'est ceci : ce qUI
doit, c'est la maladie, ce que, ce qui pourrait donner
la maladie, c'est le fait de l'avoir, ensuite on te fait
une
piqûre,
et
on
fait
une
piqûre
à
une
autre
personne
avec
cette
même
seringle
;
ce
qu'il
faudrait, c'est chercher une piqûre, euh seringle à
jeter quoi, tu sais.
L 0
Quoi d'autre qui donne le SIDA ?
L
Oui et autre chose. Tu prends quelqu'un qui a le
SIDA, tu lui coupes les cheveux avec une lame, et
avec la même lame, tu
coupes les cheveux d'une
autre quoi.
L 0
Et quoi encore ?
L
Cest tout ce que je peux dire concernant les choses
qui peuvent donner le SIDA.
Lü
Question.
M
Oui, le SIDA, je connais euh si tu as un contact avec
pour ainsi dire une autre femme, une femme qui l'a
en quelque sorte, ou' alors par exemple tu as des
667
seringles déjà utilisées et qu'on te les injecte. ou des
choses de ce genre.
L 0
Pour l'éviter qu'est-ce qu'il faut dire ?
N
Euh, par exemple si tu dois avoir des rapports avec
quelqu'un qui l'a, tu cherches des contraceptifs, des
choses comme les capotes et autres qui vont t'empêcher
de l'attraper..
668