UNIVERSITE DE NICE - SOPHIA ANTIPOLIS
Département des Sciences du Langage
E•••i••• "·UDe •••'!I.e .th••-
•••I.'••lque ... J.'. Der••CU'.ri••
... ••~.-Di••' ••••
TBESE
,...,..
" ,.'
Année Universitaire 1989/1990.

A mon grand frère Siaka Koné et
à ma correspondante et amie
Marie-Hélène Guyot.

REMERC 1EMENTS
Le présent travail s'appuie sur les définitions recueillies auprès de
nos Informateurs hommes, femmes, jeunes et vieux . Que tous trouvent lei
le témoignage de notre gratitude pour le dévouement dont ils ont fait
preuve à notre égard.
Nous tenons à remercier Monsieur Le Professeur Robert Nicolaï pour
avoir dirigé ce travail ainsi que pour ses nombreux conseils et sa disponi-
bilité à nous recevoir et à nous écouter. Il a grandement contribué à nous
faire découvrir certains méandres de la recherche. Aussi voudrions-nous
lui exprimer notre reconnaissance.
Nous devons beaucoup à Monsieur Le Professeur Alain Delplanque
pour avoir guidé nos premiers pas dans l'étude du sens. Son enseignement,
ses travaux et ses remarques lors de nos rencontres ont grandement
contribué à notre réflexion et constamment inspiré notre recherche. Qu'il
trouve ici le témoignage de l'estime considéraOle que nous lu1 portons et de
la reconnaissance que nous lui devons. Nous tenons à remercier et à assurer
de notre amitié toute sa famille pour l'accueil chaleureux et amical qu'elle
nous a manifesté lors de nos séjours chez elle.
Notre gratitude va également à Monsieur Le Professeur Emérite
Gabriel Manessy qui a su nous faire profiter de sa grande expérience des
langues afr1caines lors des multiples entretiens que nous avons eus avec
lui. Ces entretiens nous ont été d'un grand profit.
NoS remerciements vont également à toutes celles et à tous ceux qui
nous ont aidé et encouragé lors de la préparation de cette thèse; une pensée
particulière va à Mademoiselle Dominique Desfontaine pour le dévouement
et l'amitié dont elle a fait preuve à notre égard.
Enfin, nous remercions très cordialement Madame Glenza qui a
accepté d'assurer la réalisation matérielle de cet ouvrage. Qu'elle trouve
ici le témoignage de notre reconnaissance.

2
LA LISTE DES ABREVIATIONS
- ACe.
accompli
- Adj.
=
adjectif
- CA
=
complétant
-CE
=
complété
- conj.
con jonct ion
- conn.
connecteur
- C.V.
=
consonne-voyeIle
- DA
=
déterm inant
- DE
déterminé
- df.
défini
- dériv.
=
dérivatif
- exist.
=
existent ie l
- FC
fonction-circonstant
- FPA
=
fonction prédicative-adjectivale
- FPN
=
fonction prédicative nominale
- FPV
=
fonction prédicative verbale
- F5
fonction sujet
- i
=
item
-ident.
=
identification
-K
=
catégorème
-L
locatif
- loc.postp.
=
locution postpositionnelle
- focal.
=
localisateur
-N
=
nominal
- nbre
nombre
-n
=
nombre
- n.f.
=
nom fonctionnalisé
- nég.
=
négation
-P
prédicat.
- p
=
page
- pl.
=
pluriel
- pmr.
=
particule de mise en relief
- postp.
postposition
- préd.adj.
=
prédicatif adjectival
- préd.nom
=
prédicatif nominal

3
- préd.vb.
prédicatif verbal
- prép.
=
préposition
- PRON.
Pronom
-QA
=
qualifiant
- QE
qualifié
- qqch
=
que l que chose
-5
sujet
- Sg
=
singulier
- Sm
sémène
- spécif.
=
spécificateur
- t
transitaire
-v
=
verbe
- VN
verbo-nominal

4
INTRODUCTION

5
A l'heure où il est question dans plusieurs pays d'Afrique d'introduire
les langues nationales dans le système éducatif scolaire et dans les
domaines de l'alphabétisation fonctionnelle, la linguistique africaine
souffre d'une carence considérable de travaux de sémantiQue.
Cette carence qui ne facilite certainement pas la confection de
documents didactiQues, est notoire dans le cas du jula,
l'une des trois
langues nationales du Burkina Faso.
--
Le jula est classé par ,.J.H. Greenberg 1 parmi le groupe linguistique
Manden, sous-groupe occidental. Le groupe Manden, l'un des plus répandus
dans l'Ouest Africain, est classé parmi la grande fam111e Niger-Kordo-
fanien laquelle comprend deux subdivisions: le Niger-Congo et le Kodro-
fanien.
Sur le plan socio-linguistique, le jula parlé au Burkina Faso présente
trois variétés:
- la première est le jula ethnique; c'est la langue d'une communauté
d'individus appelés les Jula.
En ce qui concerne cette communauté, nous nous devons de souligner
à l'instar de B. Coulibaly 2 Que "contraIrement à certaines opinions reçues,
il existe des villages Jula tout comme il existe des villages Lobi, Dagara,
Bobo, etc..:. A cet effet, signalons que Darsalami, situé à 17 kms de Bobo-
1 eREENBERG (J.H.) , Language, culture and communication, Essais by Greenberg, J.H.,
Standford. Univ. Press. StBnford, C8lifoni.
2 COULiBALY (B.), "Le juIll véhiculllire de Haute-Voltll : phonologie-morphollJ,;lie, syntaxe et
règles de transcription ortho;lraphique" , vol. l, Il et III, Paris (Thèse de ax:torat d'Etat).

6
Dioulasso est un important village jula. La grande majorité de sa
population affirme appartenir à l'ethnie jula et avoir comme langue
maternelle le juJa. L'existence d'une communauté ethnique jula est
irréfutable. Les critères en sa faveur sont non seulement d'ordre
géographique, sentimental et linguistique, mais aussi d'ordre historique et
culturel.
En plus du jula ethnique, il existe le jula véhiculaire, la deuxième
variété de la langue juJa. C'est une langue utilisée dans le commerce. En
relation avec ce statut commercial, signalons que les JuJa sont tradItIon-
nellement réputés dans la sous-région pour être des commerçants, et ce
n'est certainement pas le fruit d'un hasard si le terme jula désigne à la
fois l'ethnie, l'individu et l'activité commerciale.
Sous réserve d'une étude socio-linguistique approfondie, le jula
commercial, c'est-à-dire le jula véhiculaire, diffère du jula ethnique par
sa forme relativement simplifiée et variable; son lexique, par exemple,
est limité essentiellement aux besoins de sa création à savoir des
transactions commerciales entre autres.
Depuis environ quatre ou cinq générations, le jula véhiculaire se
stabil ise en devenant 1a langue maternelie d'une communauté urbaine
composite. Cette communauté se définit surtout linguistiquement et
géograPhiquement. La troisième variété du jula, qui est donc l'idiome de la
communauté en question, connait moins de variations que le jula
commercial.
Nous récapitulons ces différentes variétés de la langue jula en
recourant aux trois expressions suivantes utilisées par G. Manessy 1 pour
décrire le statut socio-linguistique du jula, ce sont:
· le jula "vernaculaire", c'est-à-dire le jula ethnique,
· le jula véhiculaire,
· le jula "vernacularisé" c'est-à-dire le jula véhiculaire stabilisé.
Le présent travail porte sur la troisième variété du jula, et
précisément sur le jula "vernacularisé" de Bobo-Dioulasso. Ayant pour
1C'étllit dllns un œses cours sur "11l technique d'enquête'et œœscription des Illngues il trlldition
orllle", cours dispensés il 18 Faculté des Lettres cE l'Université cE Nice.

7
ambition de poser Quelques jalons pour une étude de la vie des signes
linguistiques du jula, il comprend plusieurs problématiques.
La première est lexicale; allant au-delà de nos travaux antérieurs
Qui ont porté sur un champ lexical bien délimité: celui du lexique du corps
humain. cette problématique concerne l'ensemble des unités signifiantes
de la langue. Elle nous amène d'une part à les considérer dans leur
morphologie, leur formation, leur renouvellement et leur fonctionnement
syntaxique, et d'autre part, à essayer de mettre en évidence leur séman-
tisme.
La problématique lexicale ainsi posée ne permet-elle pas de réunir
Quelques
matériaux
nécessaires
à
la
confection
d'un
dictionnaire
monolingue ou plurilingue 7 A notre avis, cette Question appelle une
réponse positive. Même si la Question de confection de dictionnaires ne
s'inscrit pas dans le cadre du présent travail, elle constitue l'un de ses
objectifs médiats. Pour l'atteindre il faudra non seulement approfondir
certaines Questions Qui seront abordées dans le cadre de la problématique
lexicale - ce sera par exemple le cas du traitement de la polysémie - mais
aussi il faudra définir une lexicographie Qui puisse tenir compte du statut
socio-linguistiQue de la langue jula.
A la problématique lexicale, se greffe la problématique ....e.thno-
l,ingu~stig~~...:, Celle-ci concerne le rapport entre langue et pensée humaine.
A chaque fois Que cela sera possible, nous mettrons en évidence les cas de
désignation propre à la langue et à la communauté Jula, et les cas Qui, très
probablement, relèvent des universaux du langage.
La problématique ethno-linguistiQue nous conduira à effectuer des
comparaisons ponctuelles entre le jula et d'autres langues, telles Que le
bambara, le dagara, le français. Comme nous l'avons souligné par ailleurs l,
chercher à connaître des systèmes universels ou particuliers revient en
fait à poser la Question d'isomorphisme: la logique Qui sous-tend la ·vie·
des unités signifiantes, les sens Que celleS-Ci révèlent dans une langue
correspondent-ils à la logique et aux sens des unités signifiantes dans une
autre 1angue ?
1 KEITA (A) 1 AnlllY'C ethno-~!IOtique de:! termes dé:lion!lOt les otrties du coro:! humllin, cf. III
partie introouctive.

8
A travers les problématiques qui viennent d'être évoquées naît une
autre problématique qui est celle d'interdisciplinarité. En effet, on peut se
demander de quelle discipline relèverait le travail que nous ambitionnons
d'effectuer. Cette question se justifierait facilement dans la mesure où il
s'agit à la fois de sémantique, de lexicologie, d'ethno-linguistique.
La conjugaison de ces disciplines justifie grosso-modo le titre que
nous donnons à ce traval1 : Esquisse d'une analyse ethno-sémjolQgjQue du
Jula vernacularisé de Bobo-Dioulasso. Elle explique par ailleurs, mais en
partie, le choix théorique.
Cholx théorique et méthodologlque :
L'analyse ethnosémiologique que nous proposons part d'une enquête
menée auprès des locuteurs du Jula. Cette enquête a eu pour but d'éviter
toute instrospection en recueillant des méta-discours, c'est-à-dire des
discours tenus sur la langue elle-même. Les méta-discours constituent un
outil heuristique important; ils nous permettent d'obtenir non seulement
des définitions de lexèmes, mais aussi des informations sur la visIon du
monde des locuteurs.
Tout au long de l'enquête, menée tantôt avec un magnétophone, tantôt
sans magnétophone, nous avons cherché à aller au-delà d'une certaine
immanence en recueillant des données extra-linguistiques qui aideront à
comprendre et à classer les unités signifiantes de la langue.
Dans le but d'obtenir des données et des renseignements plus
objectifs, nous avons interrogé des personnes de sexe, d'âge et de
condition socio-professionnelle différents. Parmi elles, 11 y avait d'une
part des informateurs de référence, c'est-à-dire ceux que nous avons
gardés durant toute la période d'enquête, et d'autre part, des informateurs
occasionnels. Parmi ces derniers, certains n'avaient le jula ni comme
langue maternelle, ni comme langue première, mais tout simplement
comme langue seconde, langue de circonstances. Le travail avec des
informateurs qui n'appartiennent pas à la communauté urbaine jula est
révélateur
surtout
quand
on
se
donne
des
préoccupations
extra-
linguistiques; il permettra par exemple de constater que la compréhension
du sens de certaines locutions n'est possible que si J'on fait intervenir des

9
éléments culturels. En plus de la variation des informateurs, nous avons
varié le moment et le lieu d'enquête, et ce, pour un même item.
Au cours de ce trava il de terra in, nous avons recue ill i, dans un
premier temps, les définitions des unités signifiantes de la langue. A cet
effet, nous sommes parti du fichier lexical dont nous disposons sur le Jula
- quelque deux mille mots -. Nous avons fait définir quelques centaines de
lexèmes afin de constituer un corpus.
Le corpus constituant un inventaire fermé, nous ne nous trompons
pas sur ses limites dans la description de la structure sémantique d'une
langue donnée, limites d'autant plus prévisibles que le sens ne peut pas
être traité en inventaire fermé.
Pour essayer de pail ier le danger qu'il y a à opérer avec un corpus,
nous avons recue111i des textes oraux tels que des contes, des dev1nettes,
des scènes de conversations quotidiennes. L'observation et l'analyse de ces
textes pourront mettre en évidence des fluctuations sémantiques des
unités signifiantes de la langue. Pour définir un mot, les informateurs
procèdent généralement de trois façons qui sont:
La mimique: il s'agit là de donner la définition des unités signifiantes par
des gestes, des jeux corporels et sans discours. Le support défln1tionnel
ici est non-l inguistjque ; les informateurs y recourent surtout pour les
unités signifiantes qui expriment une action ou un procès; par exemple,
pour définir Ikamutarrul "clignoter des yeux", les informateurs battent
plusieurs fois des paupières en disant que c'est cela Ikarnutarru/.
Le recours au référent: les informateurs recourent parfois à ce à quoi le
signe linguistique renvoie, surtout si celui-ci se trouve à la portée de la
main ou de la vue. Les unités signifiantes qui sont ainsi définies sont
surtout celles qui appartiennent à la classe nominale; c'est ainsi que pour
définir par exemple Iku·1 "la tête", les informateurs indexent - c'est à
dire montrent du doigt - la tête en disant que c'est cela /ku·l. Nous
qualifions les définitions obtenues par ce procédé de désignatives. Celles-
ci ne sont pas à confondre avec ce que J. Larochette 1 appelle définitions
désignatives. Selon cet auteur il existe trois sortes de définitions
désignatives qui sont celles obtenues
"a) soit en énumérant tous les
1 lAROCHETTE (J.), "Le signifiœtion". Extreit de Linguistiœ Antveroiensie n" 1, 1967. pp.
127-169.

10
caractères de ces objets [il s'agit des objets désignés par les signes);
b) soit en signalant les caractères qui différencient ces objets d'autres
objets avec lesquels on pourrait les confondre; c) soit en signalant les
caractères que ces objets ont en commun", La différence se situe au niveau
du support définitionnel. Celui-ci est d'ordre linguistique dans les trois
sortes de définitions désignatives en question, tandis qu'il est non-
linguistique dans la deuxième façon qu'ont nos informateurs de définir une
unité signifiante.
Les deux premières façons qu'ont nos informateurs de définir les
unités lexicales ont donc un support non-linguistique,
En insistant ou en passant par certaines subtilités, les informateurs
abandonnent le support non-l inguistique et recourent à un support 1inguis-
tique qui est le suivant:
- les périphrases : c'est la troisième manière de définir les unités
signifiantes. Les informateurs donnent une suite de mots, de locutions
comme définitions; il s'agit donc de définitions discursives. Soulignons ici
l'importance de la paraphrase comme technique d'enquête: elle permet,
entre autres, de contourner certains tabous et d'obtenir des périphrases.
Ces périphrases recueil 1ies, transcrites, traduites et que nous
citerons très souvent en exemple, contribueront dans une certaine mesure
à caractériser et à classer les unités signifiantes, à établir une étymolo-
gie populaire, et ultérieurement au présent travail, à élaborer un diction-
naire monolingue_.".
L (~~:: ~;o"r; _'tion qui viennent d'être présentés concernent
surto
.lIs s~gnes linguis ~ es que nous qualifions d'ordjQaires. ordinai-
res p i rabB.~~?4 ~J~t'ônom t
ées et aux idéophones. Les informateurs
éprou ~ t d~~ ·èfl~(jc.uAés à -, inir discursivement les onomatopées et les
~
\\)1 c'~m ni
,Ion
idéoph
; cela s'expliqu,
ns doute, par la relation qui existe entre les
,J>
signes l
'tiques e
référents.
, rel., nt\\ '?>'
La prise en compte des onomatopées et des idéophones a son
importance dans l'appréhension du système de nomination.
Au cours des séances de travail avec les informateurs, nous sommes
arrivé à Quelques constats qui dicteront la démarche à suivre dans le
présent travai 1.

Il
Le premier constat est que les informateurs arrivent, de façon
spontanée et régulière, à définir une unité signifiante prise hors-contexte.
Remarquons que A Delplanque (dont l'ouvrage l
nous servira de référence
constante) est parvenu au même constat avec les locuteurs dagara, une
communauté ethnique du Burkina Faso. Toute unité signifiante reconnue
comme appartenant au capital lexical jula reçoit au moins une définition,
même si elle est considérée isolément, en dehors de tout contexte et de
tout discours 2; cela se passe donc sur l'axe paradigmatique. Il arrive qU'un
informateur définisse un lexème par rapport à un autre en le citant ou en y
faisant allusion.
Partant de ce constat, nous posons une première hypothèse selon
laquelle le sens d'un signe linguistique s'organise et se détermine sur l'axe
paradigmatique -cela est surtout valable pour les lexèmes ordinaires -
Ainsi les périphrases recueillies constituent des éléments de signification
des lexèmes pris dans un rapport paradigmatique.
Au niveau du discours, (c'est-à-dire de la chaîne parlée - d'où rap-
port syntagmatique -) le sens dont 11 est question dans la première
hypothèse subit des modifications. Les informateurs, quelle que soit leur
éloquence, sont incapables de décliner tous les éléments de signification
d'un lexème. Cette incapacité, qui est due à l'existence d'une infinité
d'acceptions contextuelles des lexèmes nous conduira à poser une deuxième
hypothèse: le sens est une potentialité qui s'actualise dans un contexte.
Pour mieux comprendre cette hypothèse, distinguons deux types de
contextes, le contexte linguistique et le contexte situationnel. Le contexte
linguistique est l'environnement de l'unité linguistique, c'est-à-d'Ire les
éléments qui la précèdent et ceux qui la suivent. L'environnement en
question aide à accéder au sens d'un lexème donné.
Ainsi, si à travers la première hypothèse il est question d'une
organisation paradigmatique du sens, dans le contexte linguistique il est
question d'une organisation syntagmatique du sens, c'est-à-dire une
organisation sur l'axe de la succession, de la chaîne parlée. Il y a donc une
évolution par rapport à la première hypothèse. A ce stade de la réflexion,
nous pouvons soutenir que le sens s'organise et sur l'axe paradigmatique et
1 DELPlANQUE (A.) ,Langue r1F!JAr8. Essais «il sémiologie linguistique, Thèse d'Etat.
2 Il s'agit là du discours habituel ,ordinaire, quotidien tenu par les lœuteurs. L'intérêt «il cette
remarque tient au fllit que le:s séences «il œtinition constituent une sitUlltion «il dis::ours QUi
est diffêrente du discours ordinaire.

12
sur l'axe syntagmatique. Ces deux axes sont complémentaires dans la
détermination du sens. Signalons que cette réflexion va dans le même sens
que celle faite par certains linguistes dont A Delplanque 1. En effet, selon
ce dernier le sens présente deux aspects organisés suivant les deux axes:
- sur l'axe paradigmatique, aspect sémiotique, oppositionnel.
- sur l'axe syntagmatique, aspect sémantique, en contexte.
Notre réflexion ne s'arrête pas là, car il existe des cas pour lesquels
ni Je rapport paradigmatique, ni le rapport syntagmatique, ni la réunion des
deux ne suffisent pour accéder au sens. Il faut l'apport du contexte
situationnel.
Celui-ci est constitué par "les données communes à l'émetteur et au
récepteur sur la situation culturelle et psychologique, les expériences et
les connaissances de chacun des deux· 2. Nous partirons du contenu des
deux hypothèses posées pour cerner la question du sens en jU1a. Mais au
préalable, nous devons remarquer que pendant longtemps, beaucoup de
travaux sur le sens n'ont pas dépassé le cadre d'application de notre
première hypothèse. B. Pottier 3, par exemple, soutenait l'existence dans le
mot d'un sème noyau qui générerait les autres sens. Chaque mot atteste une
substance sémique qui va fluctuer en fonction des combinaisons des
morphèmes. Toujours selon lui, "un même élément peut prendre des valeurs
diverses en fonction du contexte [il s'agit ici de notre premier type de
contexte, c'est-à-dire l'environnement linguistique] qui sélectionne un
certain nombre de possibll ités".
La notion de "sème noyau· a souvent servi de fondement théorique en
ce qui concerne la description du sens. On se sert, par exemple, des traits
sémiques pour réaliser l'analyse componentielle. Comme nous essaierons
de le montrer, ce type d'analyse, tout comme l'analyse distributionnelle, de
par leurs domaines d'application restreints, ont un pouvoir explicatif
limité.
Nos hypothèses et les remarques qu'elles ont engendrées imposent
une démarche qui tient compte de trois niveaux.
1 Delplanque (A), Langue dlmra Essais de sémiolooie linguistique (Thèse d'Etat).
2 Dictionnaire de Linguistiaue, Larousse.
3 POTTIER, (8.), Présentation de 18 linguistique, Fondement d'une théorie, ed.Klincksieck,
P!II"is, 1967.

13
Le premier est celui des unités signifiantes, il permettra de dégager
la structure des définitions; par exemple, on remarque Que les locuteurs
recourent parfois à la "définition négative", c'est-à-dire Que l'unité
signifiante est définie par exclusion des éléments entrant dans le même
paradigme Qu'elle: elle est définie par ce Qu'elle n'est pas; cela est par
"
,,1.\\
exemple le cas de cette définition de 150gon1l "le sexe m8SCUlin" :
l A ,
l
'A
1
f' A
1
IkoJo té, buu té, 12512 tel "ce n'est ni !il l'os, nililla chair. ni un tenoon".
Ce niveau interviendra aussi dans la détermination des valences lexicales.
Le deuxième niveau est celui de l'organisation syntagmatique des
unités signifiantes; nous essaierons d'appréhender tous les sens émanant
de cette organisation. Nous prendrons en compte et les 'morphèmes
lexicaux' et les 'morphèmes grammaticaux" 1 et ce, dans leurs différentes
combinaisons. Signalons Que ces deux catégories de lexèmes sont à
considérer sous les acceptions Que B. Pottier leur donne: les premiers sont
des lexèmes et les seconds des "grammèmes". Nous examinerons d'une part
les cas de création de sens à partir de combinaisons entre "morphèmes
lexicaux' et "morphèmes grammaticaux" et d'autre part, entre deux ou
plusieurs "morphèmes lexicaux".
Seront examinés également les cas où les fonctions syntaxiques
(sujet, objet, prédicat, circonstant) assumées par les unités signifiantes
contribuent à déterminer le sens.
Le troisième niveau prendra en compte les cas où l'entourage
immédiat ou médiat de l'unité signIfiante ne permet pas de cerner le sens
de celle-ci. Les cas concernés sont ceux Qui exigent la prise en compte du
contexte situationnel; cela est par exemple le cas de certaines locutions
figées dont le sens n'est pas ce Qui s'offre en surface, mais Quelque chose
de virtuel Qui s'actualise dans le discours.
A la suite de ces différents examens, nous proposerons un traitement
de la polysémie et de l'homosémle en jula. Partant de nos problématiques
et de nos hypothèses, l'analyse du sémantisme de chaque catégorie lexicale
se fera sur les plans suivants:
1 id.. Ljnguistjgye générale. théorie et ŒsçriDtjon Paris, 1970.

14
- plan morpho-syntaxique:
C'est un plan
de
définition
taxinomique
et
fonctionnelle
des
catégories lexicales. Il est, selon M. Houis l ".... formel en ce sens qu'il se
concrétise dans des schémas ou présentations graphiques". Nous récapitu-
lerons à travers des schémas les informations sur la classe et les
fonctions syntaxiques des catégories lexicales qui seront analysées.
- plan sémantique:
C'est le plan de la relation entre les signifiants et les signifiés. On y
examine les valeurs (sèmes), le sémème et le praxème des unités
lexicales.
- plan pragmatique:
Il s'occupe de la relation entre les unités lexicales et le monde,
c'est-à-dire les locuteurs, leur culture, leur vision des choses. L'analyse
de certaines unités lexicales sur ce plan nécessite qu'on se situe à un
niveau énonciatif plutôt qu'à un niveau lexical. Cela sera par exemple le
,
/
,
'1:'
1
cas de l'énoncé / a ye klJ!USl b:>/ lil a enlevé la culotte, le pantalon/ auquel nous
' \\ ....
recourrons pour analyser le contenu pragmatique de / kUruSl/ "la culotte, le
pantalon".
Pour terminer cette présentation de la méthodologie, signalons que
les plans morpho-syntaxique, sémantique et pragmatique correspondent
aux trois dimensions qui constituent "la sémiotique" selon (C) l'1orris
2.
Ces trois dimensions appartiennent à la langue, tandis que la polysémie et
l'homosémie (que nous traiterons) sont des opérations qui appartiennent au
langage; comparativement aux plans morpho-syntaxique, sémantique et
pragmatique, ces opérations ont lieu sur un plan conceptuel.
Avant de faire une synthèse méthodologique à travers un tableau,
soulignons que nous emprunterons plusieurs de nos outils de description à
A Delplanque; les recherches de celui-ci sur la langue dagara nous servi-
ront d'éléments de références et de comparaisons.
1 HOUIS (M.). Des unités significatives. Afrique et Langage 19 ; 1983.
2DUCROT, Oswald et Alli. , Dictionnaire encyclopédique des sciences du lanœœ , p. 117

15
"SEMIOTIQUE" (c. Morris)
Langue
Langage
Phonologie
Morpho-Synt.
Sémant.
Pragmat.
Conceptuel
Valeurs
Tableaux
VALENCES
Polysémie
des conson-
(Classes et
Sémème
Virtuèmes
nes et des
voyelles
fonctions)
Praxème
Homosémie
APERCU PHONOLOG 1QUE.
Nous ne donnons qu'un aperçu du système phonologique car celui-ci a
déjà fait l'objet de plusieurs descriptions approfondies. Les travaux de
spécialistes sur le système phonologique du jula et des autres langues
mandé comportent, sur certains points, des conclusions divergentes: parmi
ces points, citons la quantité vocalique, la marque du défini et de
l'indéfini. En ce qui concerne la quantité vocalique, la divergence porte sur
l'existence ou la non-existence de voyelles longues; quant à la marque du
défini et de l'indéfini, il existe une convergence concernant son caractère
supra-segmental
- en l'occurrence les tons -, mais une divergence
concernant la nature des tons.
Traiter certains points de ces divergences nécessiterait une étude
phonologique approfondie, ce qui ne pourrait pas se justifier dans le cadre
de cette thèse. En revanche, il existe deux raisons essentielles de donner
un aperçu phono Jog i que:
- La première tient au fait que le système phonologique constitue une
certaine référence dans la création lexicale. Il permet, d"une part, de
distinguer certaines catégories lexicales, et d'autre part, de connaître les
sons et les phonèmes qui attestent un emploi courant, nul ou exceptionnel.
Cela peut-être par exemple le cas dans une langue où le son [V] n'apparaît
Que dans les onomatopées ou dans les idéophones; les onomatopées et les
idéophones sont parfois formés de sons ne relevant pas du système
phonologique de la langue.

16
- La deuxième raison tient au fait Qu'en jula le ton participe pleinement à
l'établissement et à la compréhension du sens d'un lexème; nous signalions
déjà plus haut l'aptitude du ton à marquer le défini et l'indéfini, et nous
montrerons ultérieurement comment le ton contribue à l'élaboration du
sens au niveau de certains syntagmes.
L'aperçu phono logique que nous donnons a pour fondement notre
fichier et le lexique de base jula 1. Ce fichier constitue un reflet de l'état
actuel de la langue. Il nous permet de dresser un tableau consonantique et
un tableau vocalique. Nous terminerons cet aperçu phonologique par les
trai ts supra-segmentaux.
1.- LES PHONEMES CONSONANTIQUES:
Le système phonologique de la langue jula comporte Vingt phonèmes
consonantiques que nous pouvons représenter schématiquement selon leurs
modes et points d'articulation:
Labiales
Dentales Palatales Vélaires Glottales
Oc cl \\llI i ve ~
Sourdes
p
t
c
k
SoDOr~
b
d
j
g
5a5ales
m
n
Tl
1)
Fricatives Sourdes
f
s
h
SoIlores
-
:z
Linides
l
Vibrantes
-r-
SHi-
IV
Y
~lles
1
Il convient cependant de faire quelques remarques sur ce tableau:
B. Coulibaly accorde le statut phonologique au son [V] tout en prenant soin
de remarquer qu'il s'agit d'un phonème marginal. Pour nous, [Vl ne compte
pas parmi les phonèmes du jula pour la simple raison que les quelques
1 D.A.F.S. (Direction de l'Alphobétisation Fonctionnelle et Sélective). Lexique de BtI5e Julo,
1979.

17
mots dans lesquels il est présent sont, soit des emprunts, soit des
onomatopées ou des idéophones, exemples:
NW "s'envoler", est au départ la reproduction verbale du bruit des
battements d'ailes de la mouche qui s'envole.
Ivùgùv6g61 "produire un bruit dans l'air en lançant un bâton" : c'est une
onomatopée car ce lexème reproduit le bruit d'un bâton lancé
violemment.
1/
Ni!! "faire de la vitesse" est le bruit produit par le moteur d'un véhicule.
Quant à l'exemple IY:)fl:)<p l "légume pour faire la sauce de tô" donné par
B. Coulibaly, nous ne connaissions pas son existence; nous ne pouvons donc
pas statuer sur son cas même s'il nous semble être un idéophone.
Quant au nombre des phonèmes consonantiques, le jula décrit par G.
Dumestre 1 comprend également vingt phonèmes consonantiques. Mais Il
ne s'agit là que d'une correspondance numérique car en "diou}a de Côte-
d'Ivoire" (c'est la variété décrite par G.Dumestre) il existe un phonème
Igbl qui n'existe pas en jula de Bobo-Dioulasso; en revanche, 121 a un
statut phonologique en Jula de Bobo-Dioulasso qu'on ne lui attribue pas en
-dioula de Côte-d'lvoire- .
2 - LES PHONEMES VOCALIQUES:
Le système phonologique de la langue jula comprend vingt et un
phonèmes vocaliques. Sept d'entre d'eux sont oraux:
IiI, leI, lE l, lai, luI, lOI, l'J 1.
Parallèlement, il existe sept nasales:
On note en bambara et en dioula de Côte d'Ivoire les mêmes voyelles orales
et nasales.
t DUME5TRE,( GJ, RETORD (G.L.AJ, Kooi ? Cours de diaule, Université d'Abidjan.

18
Ces voyelles orales et nasales ont leurs correspondantes longues. Au
niveau de la longueur vocalique, nous notons une différence entre le jula de
Bobo-Dioulasso, le bambara et le "dioula de Côte d'Ivoire". Deux causes
seraient à l'origine de la longueur vocalique: selon G. Dumestre, il existe
en dioula des voyelles longues que l'on peut considérer comme le résultat
de la chute d'une consonne intervocal ique; la chute d'un Igl intervocal ique
par exemple serait une cause de rallongement vocalique. Ainsi, la longueur
vocalique n'aurait pas de pertinence phonologique et cela
explique
l'existence de quatorze pnonèmes vocaliques en dioula de Côte d'Ivoire.
La seconde cause de la longueur vocalique serait le port de la marque
du défini par les lexèmes monosyllabiques.
Ces deux causes, que nous ne refutons pas, ne suffisent cependant
pas à expliquer des cas de longueur voca11que en jula. B. Coulibaly a
développé dans sa thèse d'Etat plusieurs arguments en faveur de la
pertinence de la longueur vocalique; nous adhérons à ces arguments
auxquels nous renvoyons le lecteur. Avant de dresser le tableau des
phonèmes vocaliques, signalons que G. Dumestre, qui explique rallonge-
ment vocalique par une chute de la consonne intervocalique Ig/, transcrit
dans son ouvrage: le lexique fondamental du dioula de Côte-d'Ivoire
plusieurs lexèmes avec une longueur vocalique qui, à notre avis, ne saurait
s'expliquer ainsi; exemples
1 aXl nil "un peu"
. /
. /
,
, .
IJoona Joonal "tres vite, tres totO
lbS nSI "vomir"
Iloôrul "cinq"
/
.
Inaaml "quatre"
/
.
Iseegy "huit"

19
Après ces remarques, voici le tableau des phonemes vocaliques en
jula:
Rétractées
Arrondies
1
-
Aperture
Brèves
Lonques
Nasales
Brèves
Lonques
Nasales
1
,. deqré
i
ii
L
u
uu
IJ
2· deqré
e
ee
~
0
00
Q.
3· deqré
e:
e:e:
~
~
Xl
2
4· degré
a
aa
~
-
-
-
3 - TRAITS SUPRA-SEGMENTAUX:
Le jula, langue à tons, marque le défini et l'indéfini au niveau supra-
segmental. Comme le montre B. Coulibaly, le défini et l'indéfini sont
marqués par le schème tonal:
Exemples:
' ;\\
Isèl
"un cheveJ"
et
ISO: 1
"le chever
/
/
1\\
1501
" une maison"
et
ISO: 1
"la maison"
,
\\
l'
1
"un homme"
et
lCE :1
"l'homme"
Imùsèl "1JDe .œ.-e"
et
ImÙSôl "la .œ-"

20
1
LES BASES NOMINALES ET
LEUR SEMANTISME

21
1 - RAPPEL MORPHO-SYNTAXIQUE :
Dans la langue jula, un nominal se caractérise par sa faculté à
sélectionner la modalité de nombre et la marque du défini:
- Modalité de nombre :{["] pour le singulier
[-ù] pour le pluriel
Exemples:
ImfJsô- ,,/ "femme"
et
Imùso-ù/ "femmes-
femme
5g.
femme-jll.
Ijàkûma-s/-chat-
et
Ijàkûma-ùl "chats"
chal-
59.
chal -
pl.
IwÙlû- flI 1 -chUJl-
et
IWÙ1û- ùl "chiens
chien - 59.
chien - pl.
- La marque du défini est, comme nous l'avons signalé à la page
précédente, un schème tonal.
Le constituant nomjnal qui en résulte est apte à assumer les
fonctions non prédicatives, exemple le sujet:
Imùs6ù
tâgârill
-les femmes sont parties·
femme-jll.
p.,.u.acc.
N-nbre
y.
S
p
.t
/
1
IWÙ1ûù
wowora 1
"les chiens ont aI»{ê"
chien.pl.
lIboyer.KC.
N-nbre
y.
S
P

22
Par aIlleurs ce constituant nominal peut, en sélectionnant un prédicatif
nominal (pn), assumer une fonction prédicative nominale (FPN).
Exemples:
Imùsoù yé m~g:5ù yé1 'les femmes sont des personnes"
femme-pl.
personne pl.
N-nbre
on N-nbre-
poste.
S
FPN
1 J~kum~ té m~gS
yél "le chat n'est pas une personne"
chllt-.
neg. personne
N-nbre
pn N-nbre
postp.
S
FPN
Im~g6ù
12 1
'ce sont des personnes'
persome-pl.
idenl.
N- nbre
Ill.
S
FPN
Ainsi le schéma de valences du nominal en jula est le suivant:
n
df
po
Fnp
FPN
Il faut signaler que la construction de ce schéma s'inspire des
schémas de valences présentés par M. Houis 1. Ainsi, 'le rectangle ici
représente le système des nominants et le cercle
le système des
prédicatifs nominaux'.
1 Houis, (M.), 'Plan de description systématique des langues Negro-efricaines', Afrique et
.1mlmIœ...n° 7. 1977.

23
Remarque:
Ce que nous avons vu jusqu'à présent concernant le nominal, est en
fait un substantif, une sous-classe des nominaux; mais il n'est pas le seul.
Parmi les autres sous-classes des nominaux, il y a par exemple l'adjectif
que nous présentons très sommairement:
- l'adjectif:
C'est un nominal qui ne peut prendre la modalité de nombre ni la
marque du défini que dans un syntagme qualificatif.
Exemples:
* 1 j~u 1
mais
"
leE
j~ù 1
"les hommes grends"
grBlld-pI.
homme
grllndjll.
* 1 d~ù 1
mais
Ik~l S dùu 1
"les puits profonds"
""
profond1l1.
puits
profond"'1ll .
aE
QA
* Itélî 1
mals
Iko télîl
"la chose rapire"
rapide
Remarque: à la suite d'une "troncation" et d'une extention sémantique les
adjectifs suivants prennent la modalité de nombre et la marque du défini:
1
.-
Igol
"mauvais·
~
Igol
"parole amère", "l'injure"
16gS1 "petit"
~
I~""I
Y..I5 ,J
"le œilt( te)"
Ijûgûl "méchant"
~
Ijûgû 1 "l'ennemt·
Hormis cette exception, l'adjectif n'est pas apte à assumer une fonction
non-prédicative, exemple le sujet:
* Ij~u
tilgilri2 1
"les grands sont partis·
edj.pl.
pllrti.acc.
p
Par contre, il peut sélectionner un prédicatif adjectival (pa) pour assumer
une fonction prédicative adjectivale (FPA).
Comme prédicatif adjectival, la langue jula atteste:
(ka
pour la forme affirmative
lmil
pour la forme négative.

Exemples:
,
A
leE :

j~1
"l'homme est grand"
homme
grand
li
pa
Adj,
s
FPA
1
Imisélî
ma bQI
"l'aiguille n'est pas grosse"
aiguille
gros
t!
~
S
FPA
Le schéma de valences ci-après récapitule
les aptitudes
de
l'adjectif en jula.
P
FPA
FnP
-QE
-FS
2 - DETERMINATION DE LA BASE NOMINALE:
Il s'agit de l'association d'un lexème nominal et d'une autre unité
lexicale qui joue le rôle de déterminant ou de spécificateur. Contrairement
aux marques nominales présentées dans le rappel morpho-syntaxique. il n'y
a pas suffixation entre le lexème nominal et le déterminant, mais post-
position. Cela donne une structure qui, simplifiée,
se présente comme
suit:
- Base nominale p déterminant
Le syntagme issu de cette association est apte à assumer les
fonctions sujet, objet et circonstant. La présentation des marques
nominales qui va suivre n'a pas la prétention d'être exhaustive.

25
2.1.- Les quantificateurs.
Selon le Dictionnaire de Linguistique (Larousse 1973) ce sont "les
déterminants qui indiquent la quantité par laquelle le nom est défini", ils
regroupent les éléments suivants:
2.1. 1. - IbeÉI / 15 (1 :
l'opposition IbtÉI /
1 511 marque la totalité (tous) ; elle marque par
-/
1
ailleurs la distribution pour /be e/ et l'absence de totalité (aucun) pour
,1
/51/ , exemples:
\\
1\\
/ 1
/m151U bee /
~ 1 Boeuf-s + touslchaquel "tous les bœufs"
boeuf -s
tous
, "
/
/m151
51/
~
Imisi + aucun 1 "aucun bœuf"
bolUf
aucl.l\\
/1~6
béÉ /
~ 1jour + tous/chaquel "chaque jour"
jOlr
touslchllClUi
/m~g~
1
51 /
~
Ipersonne+aucunl
"aucune personne" (personne)
personne
aucun
2.1.2. - Les numéraux:
Ils comprennent les cardinaux et les ordinaux. A part /fSl::S1
"premier" et /lâb~/ "dernier", les numéraux ordinaux en jula sont formés à
l'a1de de numéraux card1naux et d'un dérivatIf /-ni2 /; on a a1ns1 :
le numéral cardinal + le dérivatif/na/ > le numéral ordinal.
Les numéraux détermInent le lexème nomInal auquel l1s se rapportent; par
ailleurs ils peuvent, à eux-seuls, assumer les fonctions sujet, objet et
circonstant.
Exemples de séquence où le numéral détermine un lexème nominal:
/ sàgà
kél~.1 ~ 1 mouton + un 1 "une 1) mouton"
mouton
l.I\\
/m'us'o
ta 1 ~
~
I f emme + d' 1
IX "dix femmes"
,.,
ferrme
dix

26
, , /
""
1woro mug~1 ~
/ cola + vingt! "vingt colas-
cola
vingt
Idé
f61SI
~
/enfant + premier/ "premier enfant"
....
enfanl
premier
Imùso sabanâl ~ / femme+ trois + dérivatif/ "troisième femme"
fenvne
lroi5-dériv.
Signalons
que,
pour
exprimer
la
quantité,
le
jLJla
associe
couramment Id~1 au numéral cardinal. Id~1 qui signifie -enfant" marque
dans cette association "l'unité" : exemples:
" "
/
/
1
. •
/saga d~ kel~ / ~ / mouton + unite + un / "un( 1) mouton"
ImùsO tal ~ /femme + unité + dix/
"dix femmes"
..... -
En plus du "morphème vide" [al l'unicité est exprimée lexicalement par
l'association 1 dé+kélél.
,.,
~

1
2.1.3 -/caama 1:
C'est un quantificateur qui exprime la multiplicité. Il peut assumer
seulles fonctions sujet, objet et circonstant.
J
Exemples de séquences avec 1 caamal :
Imùsè caama 1
/femme+plusieurs/ "plusieurs femmes"
femme
plu5ieur!l
"
,
/
1
Im:lg:J caamal
/personne+plusieurs/ 'plusieurs personnes-
p8f'Sonne
plusieurs
/ s~g~mà~ caamal ...,
/matin+plusieurs/ "plusieurs mlltins"
maün
plu5ieur5
2.2- Les dicto-nominaux :
Ils regroupent les éléments ci-après:
2.2. 1 - / c6 / :
Il sert à marquer l'indétermination lorsqu'il porte un ton haut, et la
détermination lorsqu'il porte la marque du défini.

27
Avec l'indétermination, la marque du pluriel est portée par le nom
auquel 16 1 se rapporte; par contre, la marque du pluriel est portée par
16 1 lorsqu'il s'agit de la détermination.
Exemples:
Imùsô dS 1
- t
/femme+détermination/ ·une certaine femme"
Imùsôù dSI
/femmes+ indétermination/ "certaines femmes"
ImùsodS 1
/femme+détermination/ ·l'autre femme"
Imùso 6ùl
/femme+ indétermination+s/ "les autres femmes·
161 tout seul peut assumer les fonctions sujet, objet, circonstant et
peut être à son tour déterminé.
/
/
2.2.2 - 1 WErE 1 :
A défaut de pouvoir lui trouver une étiquette, nous nous contentons de
sa traduction française -autres· et des exemples suivants:
/
A
/
/
IlQQ WErE 1
~ / jour+autre/ • un autre jour"
jlllB'
autre
Im~ wéré 1 ~ /personne+autre/ ·uneautrepersonne"
parwnne IUtre
Imùsôwéré 1
~ /femme+autre/ ·uneautrefemme"
femme
autre
\\
/ \\
2.2.3 - IYErE 1 :
Il exprime l'ipséité; cela n'empêche pas cependant le lexème nominal
auquel il se rapporte de se combiner avec la marque du pluriel:
Exemples:
...
A
\\ . 1 \\
Imuso YErEI ~ /femme+ ipséité
/ "18 femme en personne"
Imùsdù yÈrÊI ~
/femme-s+ipséité
/
·les femmes en personne"
" /\\
IYErEI tout seul ne peut assumer les fonctions: sujet, objet circonstant.

28
2.2.4 - 1 fana 1 :
Là également, dans l'incapacité de trouver une étiquette, nous nous
contentons de la traduction française "aussi" et des exemples suivants:
Imùsô fana 1
---7
If emme+aussi/
"la femme aussi"
lcÈû fana 1
---7
Ihomme-s+aussi/ "les hommes aussi"
/ ' ,
/
/
Id eu fana 1
---7
1enfants+aussi/
"les enfants aussi"
'\\.
Remarquons que
1 fana 1 "aussi" et lyÈrtl "en personne, même" ne se
rapportent pas exclusivement aux lexèmes nominaux assumant la fonction
sujet; ils se rapportent également aux lexèmes verbaux et aux lexèmes
verbo-nominaux assumant la fonction prédicative. Exemples:
, / / 1
, J '
1 a bo llra
yere/-t lil courir acc.mêmel "il Il couru bien même"
il
courÎr-lICc.
même
Imùsô tagara fana 1 -t Ifemme-aller-acc.- aussll -La femme est partie
femme
aller-acc
aussi
aussi".
2.3 - Les interrogatifs 1 jon 1 et
Ijùm~ 1
Ils interrogent sur la quantité pour Ijolil
et sur l'identité pour
IjùmÊ/. Ils peuvent assumer à eux-seuls la fonction sujet. Ijonl n'est pas
~
A
compatible avec la marque du pluriel, ce qui n'est pas le cas de Ijù~1
Ijonl et IjùrrÊ 1 sont respectivement traduisibles par: "combien"
,...
et "quel"; exemples:
,
1\\
1 m:)<p j6111
- t
Ipersonne+combienl
"combien ce personnes ?"
personne combien
1
~',
1 wila jo1l1
-t
Imille+combienl
"combien de milliers?"
mille combien
, "., /
1 m:)<p Jum~1
- t
Ipersonne+que11
"quelle persJnne?"
personne
quel
Imlsfjùm~1
- t
Iboeuf+que11
"quel bœuf?"
boeuf
quel
Ik6: jùmtl
laffaire+que 11
"quelle affaire ?"
arralre quel

29
- le pluriel:
: (...... ,..,
ImlSl JU~U l
"quels boeufs?"
1 .. "
,..,
Iko Ju~UI
"quelles affaires ?"
,1
2.4.- Le spécificateur Imil:
Il exprime une spécificité du référent du nominal auquel il se
rapporte, Il est apte à prendre la marque du pluriel et à assumer, entre
autres, la fonction sujet. Au pluriel il présente deux formes: Imlû 1 et
Imlnû l,
Exemples:
/
"
~ k/ ./
\\ t/ / k/ t/ / 1
. 'f
.
Im::>g::> ml
a Ja 0
e a a
::> na
-+ Ipersonne-specl ,pred.grand.
'"
,..
-
personne speci. préd,adj, grand nég, notre COM, association
pron. adj.nég. notre
association postp, 1
"la personne qui est grande ne fait pas partie
œnotre association",
~
/k/ ~
Imùso mmu Ce: apI
'OlÛ
1 -+ Ifemme-specif."être belle",
femme
spédf.
"être belle"
elles - prendre
eIles, prends
"choisis les femmes Qui sont belles"
2.5 - Le démonstratif In)1 :
Comme déterminant du lexème nominal, In)1 connaît trois distribu-
tions possibles:
- Inll
postposé au lexème nominal auquel il se rapporte:
Exemples:
Imùsô nif -+ Ifemme+démonstratif1 "la femme-là",
r~démom.
1 ...
~
Iko:
nI! -+/affaire+démonstratlf1 "l'affaire-là"
- Inil antéposé au lexème nominal auquel il se rapporte:
Exemples:
Ini mùsô 1-+/ démonstratif+femmel "cette femme"
Ini k6:" 1 -+
1démonstrat i f +affaire1
"cette affaire"
- Inll postposé et antéposé au lexème nominal auquel il se rapporte:

30
Exemp les:
Ini
mùsô
nll -+
Idémonstratif+femme+démonstratif1
démonst-femme""1lémonst.
"œttefemme-ci"
Inl k'êt nU -+ Idémonstrat.+affaire+démonst.l "cette effeire-
ci"
Inl1 est apte à prendre la marque du pluriel et peut assumer, tout seul, la
fonction sujet:
'-
l '
/
\\.
Exemples:
Inunu ma JlI 1
"ceux-ci ne sont pas bons"
C8Ull-Ci
prêt!. bon
S
Adj.
Dans la fonction de déterminant la marque du pluriel est portée par le Inll
postposé qui devient Inùnû/. Face à l'impossibilité du Inl1 antéposé à se
mettre au pluriel, nous ne retiendrons que deux types de distribution du
InU; ce sont:
- lexeme nominal + démonstratit;
- démonstratif + lexeme nominal + démonstratif
Ainsi nous considérons que: la distribution selon laquelle Inl1 est
antéposé a .
0
0
.
1 n'est qu'une forme elliptique de la distribu-
tion: dé.
~"tratif+ Ie.·-;- ~ rJminal+ dëmonstratit:: les locuteurs faisant
tout s· t.> QJJlft~~J~économi ~
second démonstratif; ils jugent ces deux
forme ~ UiV(f~'Ate~~Ù poin
vue de leur sens.
.:;::
Dcc~jJJ.
2.5
détenniRllti«\\p
1;
~)
Co
u lexème nominal, (01 connaît deux distribu-
tions:
- la première consiste à postposer (0 1 au lexème nominal. (01 y assume
une valeur interpellative.
Exemples:
Icf.. [" ~I -+ 1 homme+interpellationl
"eh l'homme!"
Imùsô 01 -+/femme+interpellationl
"eh le femme!"
- la seconde distribution consiste à insérer (0 1 dans une structure redu-
plicative; on obtient la structure suivante:
NI + fa 1 + NI
- Dans cette structure (0 1 a une valeur distributive.

31
Exemples:
Imùso Ô mùso/ ~ /femme+distributif+femme/ "chlllue femme"
Idé '0 dé 1...., /enfant+distributif+enfant/ "chaqueenfent"
...
.....
La valeur distributive de cette structure se confond souvent avec une
valeur "généralisante".
l
!
2.7 - La détermination par les adjectifs:
Avec les lexèmes nominaux. les lexèmes adjectivaux forment des
1
composés de structure qualificative dans lesquels la marque du pluriel est
portée par les lexèmes adjectivaux. Ceux-ci sont en nombre réduit en jula;
environ une trentaine selon B. Coulibaly.
Exemples de détermination par les adjectifs:
Iji gonîl
~
/eau+chaud/
"eau ch8uœ.
BlIU chllUde
/
. \\ . 1
A
/ban a JU gu /
....,
/ ma ladie+méchant/ "malooie grllVe"
mllllldiB
méchant
Ik~l~ dQ/
....,
/puits+profond/ ·puitsprofon::t"
puil.5
prorond
/cÉ
jaù 1
~
/hommes+grands/ ·hommes grands.
"-
homme
grlllld-s
3 - ELABORATION DE NOUVEAUX SIGNIFIANTS.
La langue jula passe par le biais de la dérivation et de la composi-
tion pour élaborer de nouveaux signifiants. Elle atteste des bases
nominales simples et des bases nominales complexes.
Nous partirons du marquage lexical de l'opposition sexué/non-sexué
pour présenter la dérivatlon et la composition. Remarquons que celles-ci
sont attestées dans l'opposition sexué/non-sexué, laquelle est souvent
décrite sous l'étiquette de "genre·.
3.1- Le marquage lexical sexué/non-sexué:
Le jula n'est pas une langue à genre; il se caractérise au niveau du
signe linguistique par une indivision des deux sexes, par exemple il n'a

32
qu'une seule forme de pronom personnel 1 pour marquer le masculin et le
féminin; exemples:
làl Uil"l"elie"
/ùl "ils"relles"
Mises à part quelques exceptions que nous signalerons, le jula marque
lexicalement le sexe par le biais de la composition.
3.1.1 - Marquage lexical du sexe féminin:
Pour des humains comme pour des animaux, le sexe féminin est
marqué par le terme Imùsô/ "femme", "femelle",
Exemples:
IdémusôI
< Id~+mùsô 1
....
lenfant+femmel
= "la fille"
""
1""
/
J
\\0
A
1
A
1 uru musoi < Ifuru+musoi
....
Imariage+femmel = "l'épouse"
1 k?>r?> musôI < 1 k;n +mùsôl
....
laîné+femmel
= "rainée"
. , '
1
A
• , "
..
A
IJara musoi <
IJara +muSOI
-+
Ilion+femellel
= "la lionne"
......
1
A
..
f\\
""""
Isaga muso/<
Isaga+musol
-+
Imouton+femellel = "la brebis"
A travers ces exemples on peut se rendre compte de la différence qui
existe entre le jula et une langue comme le français pour ce qui concerne
la marque du sexe féminin: là où le jula utilise la composition pour
marquer lexicalement le sexe, le français utilise un signifiant simple. Au
niveau du marquage du sexe masculin on remarquera la même différence
entre les deux langues.
3.1.2 - Marquage lexical du sexe masculin:
Pour les humains comme pour les animaux, le sexe masculin ou le sexe
mâle est marqué par le terme /cÈ/ "homme",
Exemples:
Id~1
< Id~ÈI
-+
1enfant+hommel
= "le garçoo"
.-
l(urUŒI
(
A
"
< 1 urU+ce: 1 ....
Imariage+hommel = "l'époux"
Ik:rr-Xe:1
< Ik:rl+cÈI ....
laîné+hommel
= "l'ainé"
." " "
1] aroce:1
< Ijàrâ+cÈI
....
Ilion+hommel
= "le lion"
1 Nous reprcduisons dans l'annexe n" 4 deux tableaux lEs pronoms personnels en ju1a

33
Dans le marquage lexical du sexe féminin et du sexe masculin, il existe
aussi un parallélisme formel Imùsol /Icè/; mais il est des cas où celui-
ci cesse d'être.
3.1.3 - Les cas où le parallélisme formel Imùsol / Icèl se brise:
Dans la désignation de certaines classes d'âge chez les humains, on
note certains lexèmes nominaux qui expriment et le sexe et la classe
<fâge; exemples.
IsQgurûl
"la jeune fille"
Ik~bél~1 -le jeune garçon".
Le parallélisme formel Imùsol /
Icèl disparaît également dans la
désignation de certains animaux. L'opposition sexuée est, soit contenue
dans les lexèmes nominaux simples, soit marquée par un processus de
dérivation qui est cependant peu productif. Les cas inventoriés concernent
les animaux mâles.
Exemples de l'opposition sexuée contenue dans les lexèmes nominaux
simples :
IdQdQI
"le ClXl"
Igèr~gê 1
"le lézard mâle"
Iturâl
"le taureau"
Les feme lies correspondantes de ces animaux sont désignées respective-
ment par:
'"
! , .
.. ,""'
'A
ISISE muso 1 <
ISISE + mUSOI -+
Ipoule+femellel = "poule"
Ib~s~ mUSÔI < Ib6sS + mÙsôl -+ 1lézard+femellel = "lézard femelle"
~ ~
- ,
A
ImlSl musoi < Imisî + mùsôl -+
Ibovidé+femellel
= "vEl:he-.
A la suite de ces exemples, remarquons que les locuteurs jula, sauf
quelques rares exceptions, combinent le terme générique et le terme dési-
gnant spécifiquement le sexe mâle, ce qui donne:

34
" ,.. , , "
/basa gerxge/ ~
/1 ézard+ 1ézard mâ1e/ .. "lézard mâle"
'....
"
/
/misi tiIra/
~
/bovidé+taureau/
.. "le taureau"
Le cas du coq fait exception: '* /sisê dQdQ/
- l'opposition sexuée marquée par un processus dérivationnel :
nous avons inventorié trois dérivatifs seulement:
· le dérivatif /- jigi/
: exemples:
"' '"' ,
"
../ /
/SagaJ1g1l "le bélier" < /saga + Jl,911 -.. / mouton + dérivatif/
/bàjigi /
"le bouc"
< /bàà + jigi/
~ /chèvre + dérifatif/
.
k .... '1
· Je derivatif /-
::lr::l
: exemples:
\\
\\
.\\
~
/bàk::lr:ml / "le bouc"
<
/bà+ k:n+nÙ
/dôsôkSrSI "Iechien" <
/dôs6+ k:nl
· le dérivatif /- sar~/: les termes inventoriés ne sont pratiquement plus
employés, ce sont:
/ j èsarâ/
"le phectd1ère mâle"
<
Ij è + saraÎ
/dajÉ sâml -Iecobamâle"
<
IdajÉ + sarnl .
/ ~,
Remarque: les dérivatifs l-jigl/ l-k~1 et I-sàral marquent, en plus
J
du sexe, l'âge mûr, adulte, ce qui donne plutôt:
"le bélier adulte" pour /sàgà jigtl
-le bouc adulte" pour !bàl66nfl ou /bàji~Î
"le chien adulte" pour ldôs6k:Sdl, i 1
"le phacochère mâle adulte" pour Ijesaral
etc.....
ils ont par ailleurs en jula un statut lexématique; ils signifient respec-
tivement "espoir, base, support" "âge" et "charme". Ce statut lexématique
et la structure dissyllabique des dérivatifs concernés donnent très
probablement à ces derniers une origine lexématique.
Concernant ces cas où le parallélisme formel Imùsol 1 IcÈI se
brise, signalons que pour distinguer une petite femelle d'un petit mâle on
retrouve Imùsol / IcÈ/.

35
Avant de conclure la présentation du marquage lexical sexué/non-
sexué, il faut encore faire deux remarques:
- Outre les lexèmes désignant les hommes et les animaux, on trouve le
parallélisme formel Imùsol 1 IcÈI dans certains lexèmes désignant des
objets et des végétaux. Ce fait Qui consiste à attribuer lexicalement un
sexe à des corps Qui sont biologiquement asexués [-sexué] trouvera sans
doute son explication dans la vision du monde propre aux locuteurs de la
langue jula.
Exemples d'objets et de végétaux marqués lexicalement par Imù.s61 1
IcÈ/:

Iyfrll "arbre" IV~f cÈmâl
"l'arbre qui ne timne pas lE fruits".
,
,
~ ~,
1
, ,..
Itoroytrl cemal "sycomore, figuier mâle"
Itorol ·sycomore, figuier·
"
,
~.r
'"
;
Itoro ytrl mUSOmal"sycomore,figuier femelle",
,
" "
f\\
< /babicemal "la2C.V.fourl)Jnnette"
"
t>
Ibabl/ "la 2 C.V:
....
r
....,
"
Ibl:lbi musoml:ll "la 2 C.V:
Signalons Que le parallélisme ImùSol/ IcÈI se retrouve gene-
ralement chez les espèces végétales Qui présentent deux variétés: une
variété Qui donne des fruits et une variété Qui n'en donne pas.
, "-
Quant à l'exemple du véhicule dénommé Ibabil en jula, nous ne
détenons pas une explication ethnologique convaincante; néanmoins nous
pouvons postuler Que le parallélisme Imùsol / IcÈI s'établit en fonction
de la forme de l'objet, il y aurait là une opération de métaphore.
La deuxième remarque porte sur l'expression de certaines relations
de parenté, telles Que:
Ibllmùsol
"la mère"
<
Ibll+mùsol
~
Imère+femmel
e / . A
t ... /
• 0
1 enemusoi ·la tante·
<
lene+mus 1 ~
Itante+ f emmel
Ifàt::€1
·le père.
<
Ifà+cÈI
~
Ipère+hommel
Ibél~cÊ./
"l'oncle·
<
Ibélé+CEI
~
loncle+hommel
.-

36
Sur le plan de la rhétorique, ces expressions sont des cas de
pléonasme car les lexèmes /b~/, /t~n~/, /fà/ et /bfu~/ suffisent pour
.-
désigner les relations de parenté en Question. Etant donné que l'opposition
sexe féminin/sexe masculin est marquée lexicalement par Imùs61! /cè/
, /
l , '
""
ri"
, I I "
on peut chercher à savoir si /bace/, ltEneŒ/, /famuso/ ou /bél~/
sont attestés dans la langue jula; la réponse est non, d'après une enquête
Que nous avons menée auprès des locuteurs.
Après cette présentation du marquage lexical de l'opposition sexué
/non-sexué, présentons la dérivation et la composition nominales en
partant des catégorisations: bases nominales simples et bases nominales
complexes.
3.2 - Les bases nominales simples.
3.2.1 - La marque du nombre:
cf. le rappel morphosyntaxiQue, p..U
3.2.2 - Les dérivatifs nominaux:
Il s'agit de dérivatifs qui permettent d'obtenir une base apte à
assumer les fonctions sujet, objet et circonstant.
Ces dérivatifs nominaux sont:
.
/
3.2.2.1 - Le derivatif /-ya / :
Il n'entraîne pas un changement de catégorie: le nominal demeure
toujours le nominal. Il exprime un état:
Exemples:
,
,
A
/
/ceya/
"la masculinité"
< /Ce+yal
~
/ homme+Etati
/mùsôY§1 "16 féminité"
< /mùso+y'a/
-+
/femme+Etati
3.2.2.2 - Les dérivatifs / -ntl et /-bal
Ces deux dérivatifs marquent respectivement le diminutif et J'aug-
mentatif. Ils se suffixent à un nominal sans provoquer un changement de
catégorie: le nominal demeure toujours le nominal:

37
f
1
f
f
f
"
lytr1nll
"le petit arbre"
< lylIi+nll
-+
larbre+diminutif1
f
1
f
1yfribâ1
"le grand arbre"
< lylIi+bal
-+
1arbre+ augmentat if1
1
1
IbérénÎI
"le petit bâton"
< Iberé+n'iI -+
Ibâton+diminutif1
Ibérébâl
"le grand bâton"
< Ibéré+bal
-+
Ibâton+augmentatif1
Ces deux dérivatifs sont par ailleurs un affectif pour Infl et un péjoratif
pour Iba/.
/
3.2.2.3 - Le dérivatif I-tal
.-
Il marque la négation du référent du nominal auquel il se suffixe;
c'est un privatif. Tout comme les dérivatifs précédents, il n'entraîne pas
un changement de catégorie.
,
l
,
/
ICEtal
"femme sans mari"
<
ICE+ t~1 -+
Ihomme/mari +privatif1
/
"f~/
/
f
/
Ihakllîtal "un irréfléchi"
<
Ihakîll + t~/-+ lesprit+privatif1
If ~fu' "'''pauvre"
<
If~~+ t~1 1-+ Ipouvolr force+privatif1
3.2.2.4 - Le dérivatif 1- tS/2:
/
Il marque l'état, mais contrairement au dérivatif I-yal (cf. 1.2.2. 1)
celui-ci implique généralement un état maladif; là également le nominal
demeure to~jours le nominal.
Exemples:
lk&natSI
"un lépreux"
<
Ik&nâ + tSI -+
,
Ilèpre+Etatl
/
Idàt -il
"un bossu"
<
Ida + bl
-+
.....,
Ibosse+Etati
"-
1 If~àt~ devient Iftt~ à la suite de la chute de la consonne vélaire Ig/.
.
-
L
L
Il ne faut pas confondre le ~rivat1f l-t8J avec le numéral cardinal (t8J -dix (la) leQUel
est apte à déterminer un lexème nominal ~e dérivarif l-tSJ est sufffxé ~ndis que le numéral
cardinal ItY.... est postposé au lexème nominlll qu'il ~ermine. Exemples de séquences
comportant 1t8J "dix. ( 10» :
\\ ... ,
,..
m~'
,
Im~t~ "la personnes" ., I~:;:,-'.ttl "quelqu'un ;an7r~lation" ( Itrog::)+l!l
-+/personne+privatif/ -- !büill tal "la idées" ;w: !b8klliW "un irréfiechi"
2 Il ne faut pas confondre ce dérivatif ;ec AS ~I "le reste" unité lexicale qui est apte 8
déterminer un lexème nominal; il est postposé tandis que le œrivatif est suffixé. Exemple de
~uence comportent It~~ 1 "le re:!te/: !kfnfl51 "le relief de riz· (!kfnf+l~1 -+ Iriz
préparé+ restel

38
3.2.2.5 - Le dérivatif I-ka/:
Il se suffixe à un toponyme et permet d'obtenir un nominal qui
exprime l'appartenance ou l'origine géographique d'un individu.
Exemples:
" "
, , /
Ibobokàl "le bobo1ais", "l'originaire de BOBO"</OObO+ka/-+ IBOBO+ Originel
, , .\\ , ,..
, , , , /
Iwagadugtikal "le oUl'}3lais·. "l'origin6ire de Ou~ugou" < Iwagadugu+kal
-+ 10uagadougou+ori gi nel.
3.2.2.6 - Les dérivatifs I-bâgâl et I-lal :
Ces deux dérivatifs se suffixent à des bases verbales - qui peuvent
fonctionner par ailleurs comme des nominaux - pour donner des bases
nominales. Ils assument la même fonction: ils marquent ragent:
, .... ,/
" . \\ /
Ise:ne:ke:lal
"le cultivateur"
< lae:ne:ke:+lal
Icultiver+agentl
, .... k'" ~ ,
, ~k·'" b' ,
Ise:ne: e: uo.gal "le cultiv6teur" < lse:nf: e:+ agal -+ Icultiver+ëlgentl
19èsèdàlal
"le tisserand"
< Igésèd~lïfl
-+
Itisser+agentl
" ,,""\\ /
è ... " / /
Igesed~bagal "le tisserand"
< Ig sèd ~+baga -+
Itisser+agentl
3.2.2.7 - Le dérivatif I-batfl :
Il se suffixe à une base verbale ou verbo-nominale pour donner un
nominal. Ce dérivatif marque une absence, une privation.
Exemples:
,,-
'1'-
,,..
1 /
/malobalil "quelqu'un sans pudeur" < /mmo+balll -+ lavoir honte+privatif1
Itààsi balï/ "un irrénéchi" <Ità~si+baul -+ Iréfléchir+privatif/réflexionl
3.2.2.8 - Le dérivatif l-li~1 :
....
Il se suffixe à une base verbale ou verbo-nominale pour donner un
nominal. C'est un instrumental.
Exemples:
\\
~ /
,~
/
ISlgt 1~1 "instrument qui sert à s'asseoir" <ISlgt +l~ -+
lasseoir, le fait
de s'asseoir+instrument.
~
, 1-
.
.
/
/
/
1
1
munun~
"instrument qui sert a remuer la sauce "la mouvette" < Imunu+lal
....
-+ Itourner+ instrument!.

39
3.2.2.9 - Le dérivatif 1-1~1 :
Il se suffixe à une base verbale ou verbo-nominale pour donner un
nominal. Il exprime un état accompli, un état acquis.
Exemples:
Itobil~
1
!
/
1
"ce qui est cuisiné"
<
Itobl+1~/ ~
Ipréparer+Etati
...
A
...
,
A
Isusul el
"ce qui est pilé"
,...
< Isusu+lW ~
Ipiler+Etati
Ijàl~1
"ce qui est sec"
< Ijà+1~1
- 1sécher+EtatI
\\ ,
"ce qui est séché"
Ito1ilêl
"ce qui est pourri"
<
Ito1j+1~1 ~
Ipourrir+Etati.
,...
3.2.2.10 - Le dérivatif 1-111 :
Il se suffixe aux radicaux des lexèmes verbaux et verbo-nominaux
pour exprimer un fait.
Exemples:
IfuéIfI
"le feit de regarder"
< Ifué+lfl
1regarder+ fa i tI
Itobilîl
"le fait de préparer"
< Itobf+lfl
Ipréparer+faitl
"préparation"
3.2.2.11 - Le dérivatif I-t'al .
Il se suffixe à une base verbale ou verbo-nominale pour donner
un nominal. Il exprime la destination de ce dont il est Question.
Exemples:
Itobit'âl
"ce qui est œstiné il la préparation" < Itobf+t~1 ~ Ipréparer+Etati
f "
A
f~' , t/
1 eere+t al "ce qui est destiné il la vente"
< 1 eere+ al ~ lvendre+Etati
Id/ t/ ... 1
. ,
d/ t' \\1
u au
"ceux qui sont destines !ll!l
<1 U+ a+u ~
Imanger+Etat
,...
,..,
consommation"
+ pluriel!.
3.3 - Les bases nominales complexes.
Il s'agit de l'association de deux bases nominales. Cette association
permet d'obtenir des groupes nominaux
aptes à assumer les fonctions
sujet, objet, circonstant. Là nous distinguerons noms composés et syntag-
mes complétifs et ce, pour la simple raison Que les seconds permettent
d'appréhender les premiers.

40
3.3.1 - Les syntagmes complétifs:
Comme les définit B. Coulibaly l, il s'agit "de tout syntagme
caractérisé par deux constitutants nominaux unis par une relation
syntaxique telle que l'un complète l'autre. L'un est complétant, l'autre est
complété. L'ordre est toujours impérativement : complétant-complété."
Parmi les critères énumérés par M. Houis et choisis par B. Coulibaly afin de
repérer les syntagmes complétifs, rappelons ces deux:
- "le critère morphologique" :
En jula les syntagmes complétifs ont deux constructions possibles:
une construction immédiate où le complétant et le complété sont
simplement juxtaposés et une construction médiate qui fait appel à un
/
connectif qui est Ikal. Ainsi il existe une construction sans le connectif
Ikal et une construction avec le connectif Iktll. La première construction
marque une relation naturelle telle que celle existant entre une mère et
son enfant, tandis que la seconde marque une relation contractuelle entre
les référents du complétant et du complété; toutefois il est à noter que
cette interprétation ethno-linguistique est parfois discutable.
Exemples de séquences sans le connectif 1 kal
Iwaraba dé 1
A
-+
1l ion+enfantl
"le petit du lion"
'\\,.
lion
enfant
CA
CE
"la femme ce la hyène"
"
/
" / ...
ICe: ka be:~u 1 --+ Ihomme+connectif+animauxl "les enimaux de l'homme"
homme conn.
InimlUlC
CA
CE
1 COULIBALY (B). Le jula véhiculaire de Haute-Volta: phonologie. morohologie. syntagme et
rècles ce transcriotion octhoocaohjoue. Vol. l, Il et III, Thèse ce Doctorat d'Etat.

-41
- "Le critère de l'autonomie" :
Il met en relief l'absence de compacité tonale entre les deux consti-
tuants de syntagme: chaque constituant est apte à porter la marque du
défini.
Le critère de l'autonomie permet de distinguer les syntagmes
complétifs des composés.
3.3.2- Les composés:
En jula, les composés sont formés à partir d'éléments lexicaux qui,
exceptés quelques cas douteux synchroniquement, jouissent par ailleurs
d'une autonomie syntaxique et sémantique.
L'ordre suivi dans les composés est: déterminant - déterminé. Il
existe une compacité tonale entre les constituants; ce qui est traduit,
d'une part par l'absence de pause entre le déterminant et le déterminé, et
d'autre part par le fait que seul le déterminé porte la marque du défini.
Pour mieux faire ressortir la différence entre syntagme complétif
et nom composé nous proposons les exemples ci-après:
Exemples de syntagmes complétifs:
Iyfrî b~ lôl
~
larbre+brasl
"la branche cE l'arbre"
..adlI:1 ..!lw.
CA
CE
\\....
/
/1
Imlsl se: 1
~
Iboeuf+piedl
·la patte du boeuf'
boeuf
-
l!i![
CA
CE
Isàgâ kt~ 1
Imouton+têtel
"la tête Clu mouton"
moulon
l.ê~
CA
CE
f '
!"
\\
...
1 amna muscl
~
Ichef+femmel
"la femme du ctlef'
Exemples de composés:
Iyfrf b~lôl
<
Iyfr(+ b~l~]1 ~ larbre+brasl
"la branche cE l'arbre"
DA
DE

42
\\
\\
1\\
"
,
ImlSl
se 1
< ImlSl +se 1 ~ Iboeuf+piedl
"la patte œbœuf"
DA
DE:
""
, "
, ' " "
A.
I~
"
kUI <
Isàgaiku / ~
Imouton+têtel
"la tête œmouton"
DA
DE
'"
Ifàamà musô </fa'"amà+mùsô/ ~ Ichef+femmel "la femme du chef"
DA
DE
Signalons que dans les exemples du syntagme complétif chacun des deux
constituants peut prendre la marque du pluriel.
.r!'\\
//'"
Exemple:
IYlrlU bololJ/
--t larbres +brasl
"les branches œs arbres"
arbr!-pl. bras-pl.
Dans les composés la marque du pluriel est portée par l'ensemble des
constituants:
1 J" J" b/ol/ou"l
Exemple: YtrI
larbre-brasl
"les branches d'arbre"
arbre brll5+plu.
Les analyses ainsi faites, quoique nullement exhaustives, ont permis
non seulement de catégoriser les bases nominales mais aussi d'avoir des
aperçus sur d'autres unités linguistiques. Elles permettront plus loin de
mieux appréhender les bases verbales.
Déduire que telle unité est un radical ou une expansion ou un nom
composé c'est déjà attribuer un sens. Cela justifie le rôle de tremplin que
joue le niveau morpho-syntaxique dans l'analyse du contenu des lexèmes.
Ainsi à la présentation des schémas de valences, de la détermination des
bases nominales, du système de dérivation et de composition, succédera
l'analyse des définitions recueillies auprès des locuteurs jula. Cela se
passera et au niveau sémantique et au niveau pragmatique.
4 - LE CONTENU SEMANTIQUE DES BASES NOMINALES:
D'une manière générale, les définitions recueillies auprès des
locuteurs Jula ont la structure suivante:
Iwoeronvme de la base nominale i- prédicatIf nominal i- lIne Oll o!lIsiellrs
soécifictiés de l'/w[)eronvme.

43
1
i
1
t
La ou les spécificités de l'hyperonyme constituent le sens de la base
nominale définie. Elle est donnée en une ou plusieurs propositons. Quelques
1
t
exemples de métadiscours permettront de comprendre les composants de
la structure des définitions:
1
, "
l
,
Exemple 1 : !k:;ln:;l!
1
,
,
,
,
"-
1
m~
t' "
a:
dS
1Q
a

à j'lE tÉ
a

"-
personne
partie
certain
préd.nom. elle
local
son
oeil
postp :chez. elle
..
,
, ,
,

dlsî
kSrS kà
bl1à
b' ....
a
a
na
a
a
ara
1
préd.Vb. Je prendre
sa
poilrine prop.sous
conj venir le
mellre
son
nombril
, , ,
kSr':;l d'
, A
wnunl mara Y:;ln 10
prop.sous
nourrilure
garder
lieu
pr~.vb.
Traduction littéraire:
"le ventre, c'est une partie du corps humain; il se trouve dans sa
partie avant, commence sous la poitrine et se termine sous le
nombril. C"est le lieu où la nourriture est conservée".
Dans ce méta discours définissant la base nominale IkSnS! l'!Jyperonyme
est le syntagme complétif I~:) f~~1 "la partie du corps humain". C"est un
syntagme nominal qui assume la fonction prédicative grâce au prédicatif
nominall101.
,...
L'hyperonyme Im~ tà ~ 1 est spécifié par les Quatre propositions
suivantes:
"
,
,
'),.
- I?J. be a .Tl E
tE 1
"il se trouve dans sa partie avant"
- là
à tà à dls1 kSrS 1
"il commence sous la poitrine"
, "
~"
'A
"
- 1 kana a bila a bara k:;lI':;l l
"et se termine sous le nombril"
d" A "
~:""
- 1 wnunl mara y:::>n 12 1
·c'est le lieu où la nourriture est conservé" .
Nous choisissons le deuxième exemple parmi le vocabulaire du corps
humain afin de pouvoir le comparer au premIer exemple; cela permettra
d'avoir une idée du cheminement du métadiscours Quand il porte sur des
bases nominales d'un même champ sémantique:
Exemple 2 : ! jÙ~ / "le postérieur"
,
,
/m:.g5
.', /0
t
L
' f \\
d'
a:
:;l
1Q
a

" "
Slgl
ml
ka
JU:'
penonne
parlÎé certain
prid.nomin. il
préd.vb,
s'asseoir
rel.
"'"
prop. sur
postérieur

44

m~ kS
fe:
à nf
k6nâ

bSl~
19-
local personne
des
prop.: chez il
el
récipienl bois
p.mr.
ressembler
préd.nom.
'à lè
/ /
k:)S;2

à wéIé
j'ùkUnâ 1
cela pmr.
prép.à cause
ils
préd.vb.
le appeler
poslérieur-récipeinl
Traduction littéraire:
NIe postérieur, c'est une partie du corps humain sur laquelle
l'Homme s'assied, il se trouve dans sa partie arrière et
ressemble à un récipient appelé ·kuna..•.
Dans ce méta-discours l'hyperonyme est le même que dans celui sur
/kSn51 "le ventre" : il s'agit de : /m~~ fà~ / ·10 partie du corps humoin". Le
.
,..
fait d'avoir le même hyperonyme fait de ces deux bases nominales des co-
hyperonymes. A travers les définitions de II6N~1 ·le ventre· et le Ijù:I
Nl e postérieur", ce sont tous les lexèmes du corps humain qui entretiennent
d'une part une relation
de co-hyponymie entre eux, et d'autre part une
\\
~
" " , -
relation d'hyperonymie entre eux et /m~J f~ : /.
Les lexèmes en relation de co-hyponymie se distinguent dans leurs
définitions au niveau des spécificités, ce Qui montre l'importance de ces
dernières; c'est ainsi que Ijù: 1 se distingue de IkSml grâce aux
propositions suivantes qui donnent ses spécificités:
- / à bé s igl mf kal
"sur lllQUelle l'Homme s'assied".
- /jù ~ bé m~5 kS fe:1
"le postérieur se trouve à la partie arrière
de l'Homme·,
- / à ni kUnâ lè bSl~ 1~/
·c'est au Kuna QU'il ressemble-.
Exemples: /kUnâ / . la lèpre·
, ,...
lb' ' ' '
l'
,
ana
0
a
b~
m~
bé16bnldél
tlgè

maladie
prédj,~m. elle
préd.vb.
personne
doigts de la nÎ8in
couper
conj.
sèlôrildéù t1ge: nf à damma lè
1Q.
i

à
fS
doilg du pied;;"
couper
si
son
commencer
pmr
préd.nomln. nous
préd.vb.
le
dire
,
\\
a ma
kUnâ bé kàri la
.1
"
nt
a
bolô
" "
tlge: ra

le postp. de
lèpre
local.
un leI
postp.: à
si
sa
main
couper-acc.
conj.
,
/ /
ba
à
b~ fS à
ma
k
t~
una -
l'à
l..J
...
1
lerminer
il
préd.vb.
le
postp, : de
lèpre
dériv.
prj'd.nom.

45
Traduction littéraire:
"la lèpre, c'est une maladie qui coupe les doigts des mains et des
pieds. A son début, nous disons qu'un tel a la maladie de la lèpre,
une fois les doigts coupés, on rappelle lépreux".
La base nominale IkUn~ 1 "la lèpre" se différencie de IjÙ? 1 "le
postérieur" et de IkSnS 1 "le ventre" déjà au niveau des hyperonymes; son
hyperonyme étant: Ibànâl "la maladie",
A travers les différents hyperonymes et leurs hyponymes c'est une
bonne partie de la logique des classes propre aux locuteurs jula que les
méta-discours nous livrent. Nous présenterons quelques-unes de ces
classes.
Outre les hyperonymes et leurs traits spécificatoires (c'est-à-dire
la structure des définitions indiquée plus haut), les définitions recueillies
contiennent un sémème, un praxème et, selon les circonstances, un
virtuème, Il est nécessaire que nous rappelions maintenant la définition de
ces termes.
Selon B. Pottier 1 le sémène est "le contenu sémique d'un lexème [il 1
est J'ensemble des sèmes. Le sème est le trait distinctif minimal de
signification, et se revèle par opposition dans un ensemble lexical Cl.
sémème = ensemble des sèmes spécifiques ou sémantème+ensemble de
sèmes génériques ou classème + ensemble de sèmes connotatifs
ou virtuème:
Pour illustrer la définition du sémène rappelons J'exemple donné par cet
auteur sur la série des sièges: "le sémème de siège comporte les sèmes
51,52. 53, 54 ("avec dossiers", "sur pieds", "pour une seule personne", "pour
s'asseoir") ; on remarque que l'adjOnction d'un sème 55 ("avec bras") réalise
le sémène fauteui r.
Allant dans le même sens, toutefois sans s'"astreindre systé-
matiquement à la terminologie proposée par Pottier [Je groupe J.L "dans
Rhétorique générale (éd. Points, cf. p. 94)] considère le mot, ou plus
exactement le lexème (unité minimale du discours) comme une collection
1 POTTIER (A). Pr~tlltion de III linqui,tigue, Fondement, d'une théorie, Peris, Ed.
Klinclcsieck, 1967.

46
de sèmes (unités minimales de sens), dont les uns sont nucléaires, les
autres contextuels, le tout produisant un effet de sens ou sémème",
Partant de ces définitions et dans le cadre de sa méthodologie dont
nous nous inspirons, A. Delplanque apporte une définition nouvelle au mot
sémème; dans son article 1 "Néologie et polysémie", 11 écrit que c'est le
sémème "qui désigne la nature intrinsèque de l'objet ou de l'action
référée." Selon ses travaux [dont nous avons eu connaissance] il existe
dans la définition d'un mot un prédicat qui explique la nature d'un objet
(s'il s'agit d'un nom) ou d'une action (s'il s'agit d'un verbe).
Le praxème est un terme utilisé par R. Laffont :1 pour désigner les
mots en tant que "outils de praxis linguistique ..:. Comparativement au
sémème et selon A Delplanque, le praxème "désigne la fonction de l'objet
ou de l'action: /maison/ • lieu d'habitation, /marteau/ • instrument pour
frapper...... Ainsi, le mot est considéré comme "quelque chose qui agit"; le
praxème est l'US21ge ou l'origine d'un objet et les effets ou la cause d'une
action.
La définition que B. Pottier donne du sémème contient grosso-modo
la
définition
du
virtuème;
relevons
surtout
la
nature
variable,
circonstancielle des sèmes qui constituent le virtuème. Celui-ci n'est pas
obtenu systématiquement, il n'apparaît pas dans toutes les définitions
recuei 11 ies. Au cours de nos enquêtes, nous sommes arrivé au même
constat que A. Delplanque, à savoir que l'expression du virtuème est
"parfois spontanée chez les adultes, plus rarement chez les jeunes".
Avec le sémème, le praxème et le virtuème ainsi définis, ajoutés
aux composants de la structure des définitions recueillies (cf, p.42),
constituent quelques outils fondamentaux qui nous permettent de joindre à
la présentation morpho-syntaxique l'analyse aux niveaux sémantique et
pragmatique.
L'analyse du contenu sémantique des bases nominales s'effectuera
aux niveaux du sémème et du praxème, c'est-à-dire au niveau des deux
composants stables et permanents des définitions recueillies.
Cela
reviendra à suivre le cadre suivant dressé par A Delplanque 3 :
1 article paru dans VI" TABLE RONDE DES CENTRES DE LINGUISTIQUE APPLIQUEE, AUPELF,
Cotonou, Mers 1984.
2 R. Laffont : 1ntroouction à l'analyse textuelle, Larousse, Paris, 1976.
3 DELPLANQUE (A). Langue dimra Essais œsémiolooie lingyistigye, p. 659.

47
1
1
t
Noms
Plan sémiotique
Plan sémantique
1
Sémème
Hyperonymes
Propriétés
Praxème
Valeur: t,i,l,
oriaine 1 usage
1
!
1
Comme on peut le constater, ce cadre ne permet pas de classer les
composants aléatoires et circonstanciels que sont les connotations ou
virtuèmes. Contrairement au sémème et au praxème, le virtuème n'est pas
1
1
prévisible; il sera analysé au niveau du contenu pragmatique des bases
nominales.
Que ce soit au niveau du sémène et du praxème ou au niveau du
virtuème, nous établirons des comparaisons avec la langue dagara à chaque
fois que les travaux de A. Delplanque nous en donneront la possibilité. Cela
pourra contribuer à dégager les spécificités propres à chaque langue, à
chaque culture.
4. 1 - Au niveau du sémème :
Comme il est indiqué dans le cadre dessiné plus haut, c'est le niveau
des hyperonymes et des ·propriétés· .
4.1.1 - Les hyperonymes des bases nominales:
De l'examen des méta-discours recueillis se dégagent trois super-
hyperonymes correspondant à trois grandes classes : la classe des
humains, la classe des animaux et la classe des végétaux. Ces classes sont
contenues dans le méta-discours sur le lexème nominal Id3fÉ/ .
..... ...
l ' / '
/
/

IdatE 1 <Ida+fEI
~ Icreer+chosel ·la créature"
."' ,....
......
'"
cela nous amène à examiner la définition de ce lexème nominal.
4.1.1.1 - La définition de IdarE:I "la créature" :
,
/m~
J
nf bégf
~
nl yfrî
~ ~
/
nl 1 ye
a
mE
ko
Ô
"-
personne
et
animal
et
végétal
se tu préd.vb. le
percevoir
- chose
dist.
,
,


fSm
~
1
mma kà
bllà
1
/
"
~
walima nt a

a
chose
préd.vb. wnVair attraper
conj.
laisser
ou bien
si
elle
préd.vb. son
,
,
, ,
,
~
A I ' l '
~
slya wolo
nl a bé
bùpe
kà tUa
"
/
ka
sa
0
le
t~
race
Iccoucher
si
elle préd.vb. grandir conj.
finir
conj.
mourir cela
pmr
nom

48
yé d~~ fuâ ka d~f 1
préd.nom
créature
Dieu conn.
créature.
Traduction littéraire:
"l'homme, l'animal, le végétal, toute chose qui inspire et expire
l'air, qui se reproduit grandit et meurt constitue la créature, la
créature de Dieu".
Les lexèmes nominaux désiqnant les trois grandes classes contenues
, ,...
" .....
dans ce méta-discours sont : Im~:>1 pour la classe des humains, IbEgEl
pour la classe des animaux et lytrÎl pour la classe des végétaux. Les
locuteurs donnent de ces lexèmes les définitions suivantes:
4.1.1.1.1 - La définition de 1 m~~ 1 :
f
f
'"
L
",...
( 1
1
(
f '
, / 1
lm 1 ye
a m~
m~:>
adama de
10
1 na
f j
e
si
lu préd.vb. le percevoir
Homme
Adam
enfant préd;om. lu préd.v. dire
loi
, " , , ! - , ....
,"
ani nne sef i la ani
"
A
'"
,
"
" "
, , , " , ' "
bolo fila
a be b~ge m~:> le raI
'"
et
moi
pieds-deux
el
mains
deux
il
préd.v. accoucher homme
pmr
postp.
Traduction 11ttéraire:
"Par Homme il faut entendre le fils d'Adam tout comme toi et
moi; il a deux jambes, deux bras....... il donne naissance à un
Homme:
Plusieurs bases nominales sont définies par les locuteurs comme
.
, ,...
etant des hyponymes de Im:>g:> 1.
Exemple:
,
'- "
It'u'ba'bu" 1
ICE
l "l'homme" ,/mUSOI
"la femme",
"l'européen", "le blanc",
f' -' /.'
'b" "
1 araIlI "le noir", 1 g:> ilE 1 "l'abinos".
.'"
r-
4.1.1.1.2 - La définition de IbÉge:1 :
En plus du lexème IbÉgÊI les locuteurs jula désignent la classe des
animaux par le lexème ldaabâ.1 ; cela ressort dans la définition suivante:
,
f
f
lm 1
"
1
ye a
mE
bÉgÊ wauma dââbâ. J ,
âla
ka
d~t
.""
si
tu préd.Vb. le percevoir animal
ou bien
animal
Dieu
conn.
créature
,
dS
lQ.
f
"
ka
"
dStl

/
a Slya
ca
1)llnllffia
certain
préd.nom sa
race
préd.adj. nombreux
certailt"'S
préd.vb.
ramper

49
1
/
,
'
A
dSù
'

at'
dSu

\\
duguma
p~
S E
bo11
" -
il terre
certain-s préd.vtl. sauter
ciel postp.
certain-s
préd.vtl.
courir
", ...
/
/
"
/ '
/
/
/ /
kQgô
k:ln:l
cbu

dugu k:ln:l
'"a bé
b~ge 1
brousse
posl.p.ldans
certain-s
préd.vtl.
ville
posl.p.
il
post.vtl.
procréer.
Traduction littéraire:
"L'animal, c'est une créature de Dieu, il en existe de plusieurs
sortes: ceux qui rampent, ceux qui volent, ceux qui sont en
brousse et ceux qui sont en ville..... il se reproduit:
Là également plusieurs lexèmes sont définis comme étant des
hyponymes de Ibégf/; exemples:
Ik:,n5'1 "l'oiseau", 1 s6gô/ "animal sauvage"
4.1.1.1.3 - La définition de Iyfrl 1
Iyfrî
jàa ü fu~ ka dN~ CI

à

(a1~
arbre
préd.vtl.
compter
Dieu conn.
créllture-s
postp.chez
il
préd.vtl.
pousser
l ,
,
dÙgÙkôlô jÙ kSr:{ kà
taga S~fE a bé
fUtabUtû ni
sol
postp/sous
conj.
aller
ciel'1)ost
il
post.vtl.
feuille
et
... .....
bÔloo
bS
'" bé (eer~ kà
k~ dé
,(
A
a
S:lrJ
YtrI
"-
main/branches sortir il préd.vtl. fleurir
con;.
obtenir
conj.
enfanter
arbre
;
1
"
suguya
ka
/
ca
dSu

d~
d:5ù té
d~ ...../
type
préd.adj.
nombreux
certain~ préd.vtl.
fleurir
certains pNd. vtl.
Traduction littéraire:
"Le végétal est compté parmi les créatures de Dieu. A partir du
sous-sol il pousse vers le ciel. Il pousse des feuilles et des
branches, il donne des fruits après avoir fleuri; il existe
plusieurs types de végétaux, certains donnent des
fruits,
d'autres non:
Le lexème Iyfrî 1 est un phytonyme générique qui a plusieurs hyponymes
selon les méta-discours; exemples d'hyponymes:
Ij8J.â 1
-le cai1œlrat"
Ibànâ 1
"le i(apolcier"
\\c
Isirâl
"le baobab"

50
lA
Il faut signaler que les espèces herbacées sont désignées par Ibü/ .
• ~4
L'examen des méta-discours nous a permis d'ajouter aux trois hypero-
,~
b / I ' .
L "
"
nymes Im~:; l "l'humain", 1 E~I ''1'ammal et 1 Y1r11 "le vegetal'"le
lexème Ifél. Celui-ci désigne d'une part la classe des objets; d'autre part
on peut c~sidérer Ifél comme un "super-hyperonyme dans la mesure où 11
r-
..J!..~
est utilisé dans le lexème nominal loaIE 1 .
r- .-
Les méta-discours sur les hyperonymes que nous venons de dégager
permettent de savoir le mode spécifique de découpage du système de re-
production. Ce découpage se fonde sur Idel "l'enfant", "le petit". La classe
des humains et la classe des animaux se caractérisent par la base verbale
Iw6l61 "accoucher", "naître", "mettre bas" ; une exception cependant est
celle des ovipares pour lesquels le ju1a emploie ItStS/ "éclore".
Quant à 1a classe des végétaux, e11 e se caractéri se par Iffuél
' . i \\
/""
"pousser", "germer". Elle a en commun avec Im::lg::J 1 "J'humain" et IbE~
1 le végétal" la caractéristique d'avoir 1 dé~/. Cette caractéristique est
,..
absente dans la classe des objets.
Remarquons que la classe des objets fait partie des inanimés que la
langue ju1a désigne par :
L
/
L
/
1
1nlüUEI < 1ni +ta + fE 1 -+
Ivie/âme+sans+chosel .
-
.""""~"-
"'-
.......
vie/âme priv. chose
Celui-ci relève de Id~f l "la créature" tout comme Im:)g:)1 "J'humain",
Ibég€ l "J'animal" et 1 yfr.... (
"~ ..
""-
\\ . ( > ~
~.
~~
Nous proposons
l chématisation
. tte classification opérée à
partir de 1d~: 1 . NO:': t'îl i'S'é~ènS>~e mét
guage suivant : [+d~) pour
représenter les classe
s gen'irturs et [-d.' .~ ur représenter les classes
des non-géniteurs; le '1 emi~~és '!tonf'è 1
qui se caractérisent par
Idf 1 tandis que les se
s sont cel.,.. i ne peuvent pas se caracté-
riser par Idé:" 1.
" rel J ,,~I\\'
"
'"
La classe [+déJ se subdivise en deux sous-classes qui sont:
.-
- la sous-classe [+d~] dont le mode de reproduction est désigné par le
verbo-nominal 1 w6l61 "naître";
- la sous-classe [+d~ dont le mode de reproduction est désigné par la
base verbale If2il~ "pousser", "germer".

51
- Géniteur
+ Géniteur
h~]
[+œ]
~aitre
Pousser
[fâl~]
[wala]
[nft'afe;]
[y1H]
[bti]
[m~]
INANIME
VEGETAL
ANIMAL
HUMAIN
4.1.2 - Les "propriétés" du sémème:
Il sera question de la spécification des hyperonymes dégagés ci-
dessus. Selon A. Delplanque "les hyperonymes et les classes sémiotiques
L...] impliquent au plan sémantique des catégorèmes qui les spécifient
davantage: 1. Les lexèmes désignant les différentes classes ont une valeur
générique qui se subdivise en plusieurs valeurs spécifiques; les hypero-
nymes se subdivisent en plusieurs hyponymes.
4. 1.2.1.- Chez les humains:
Plusieurs spécifications s'y opèrent; les plus remarquables sont:
- la spécification selon le sexe:
Il s'agit de l'opposition mâle/femelle exprimée en Jula par /cè/ /
/mÙs'à / pour la plupart des cas et par une base nominale simple pour
quelques cas (cf.3.1. le marquage lexical sexué/non-sexué),
- la spécification selon la classe d'~ge:
L'hyperonyme /m':>g'J/
"humain" se subdivise en /démfsÈ/ /
/m':>g'Jk:)n~/ 2; cela équivaut grosso-modo à l'opposition je~nes/~eux.
1 DELPLANQUE. A.. Langue dagara Essais lE sémiologie linguistique. p. 661.
2 /d~)s ~ </di 1
+ /m1s~/
enfant
mince/petit.

52
Comme nous essayons de le montrer à travers le schéma ci-après, la
/ 1 , /
"
....... /
subdivision Id~IsV
Im:>g:Jkjnba 1 s'effectue au niveau de chaque
élément de l'opposition ICÈI / ImÙsÔ l,
HUMAIN
[m~:'l
Mâl
[dl
JUNE,
AGE
JEUNE
[d~mlsèl
.-
[m:.s:>kSï-)bal
[d~mlsè 1
.....
"..
....
4. 1.2.2 - Chez les animaux.
Plusieurs types de spécification sont attestés chez les animaux:
.1
"
/
1\\
- les locuteurs opposent Ikugok:)fi:>be:~1 "animal de la brousse" à
ldùguk:>n:>bégêl "animal de la ville"; il s';git là de l'opposition "animal
sauvage"1 "animal domestique", Cette opposition qui apparaît souvent dans

\\
/
A
/
JI
,..,:,u:::.
les contes est aussi marquee par ldugubrosogol
Ikugobn:>~/.
"
' . 1 \\
- les locuteurs opposent également loogùmàfel "chose à terre" et
~
,
"
of"'\\".
I~Ef~1 "chose du cie!", il s'agit là de l'opposition "animal
rampant"ranimal volant",
En plus de ces deux types de spécifications qui s'opèrent au niveau
des hyperonymes lbé~1 et I~/, il existe des spécifications au sein de
1"-
chaque "espèce animale"; elles se font en général par l'association de la
base nominale désignant la classe générique et d'un déterminant, ou par
l'association de la même base nominale et d'une autre base nominale. Nous
illustrons ce type de passage du génériqUe au spécifique par le lexique de
la basse-cour, notamment la dénomination de la poule.
1 Dans l'opposition "animal rampant"ranimal volant" les hyperonymes rŒriJ et /~~ qui
~ignent 111 cl~ ~ !If1imllux &Jl1t remplœ pu Ife! "chœe" qui e5t un super
hyperonyme.
""

53
Le terme générique pour désigner la poule en jula est IS)SE/; il est
défini par les locuteurs comme suit:
[bé~ 1Q. ~ bé
à màrà kWuk.Wû k6n6 1f{
/ /
1
k::m:L...
animal prad.nom nous
pred.vb. le
garder
poulailler
pos41.
maison
pos41·
Traduct ion) i ttêraire :
"la poule, c'est un animal qu'on élève à la maison, dans un
poulailler:
Selon ce méta-discours la base nominale Ishi/
est un hyponyme de
Ibé~/ "animal". Elle reçoit à son tour plusieurs spécifications, dont:
"
...
- IS)sÈ d~J "le poussin"
et ISlSE musol
IpouJe-feme llel
" ' "
.1
-
"
"
ISlSEfii
"la poule noire-
< ISlSE -fIl
Ipoule-noirl
...
r '
'"
.,
"
1\\
1
- ISlSEgwEl "la poule blanche"
< ISlSE - gwE/
Ipoule-blancl
" I I
I l
"
r Il
- IS 1SEwule/ "la poule rouge •
< ISlSE -wu1e/
1
,...
poule-rougel
"...
"
,
l
~
,~
~ '"
- 1sagaS1SEI "la poule qui aœ
< lsaga -SISEI
--+ Imouton-poulel
longues pattes"
" \\
1 ~
,
,..
"
Il
- ldugàSiSEI "lapouleoont le 1
<lduga-SlSEI --+
Ivautour-poulel
cou est œpourvu
vautour poule
œplume"
" . / / \\
"
"1
",..
- Iko1oSI SE 1 "lapouleoont le
<Iko1QkiSE -SISEI
~/cauris poule"
....,
plumage est tâcheté
caurî5-greine poule
œblanc"
/
/
f
,.
/1
-/fEf€bSiSEI "la poule sans
Ivétements-
plumage"
vél.emenl-dériv. poules
privatif-poulel
I I -
/ 1 '
1 / /
"A
- Iktinab siSEI "la poule oont les < lkunat) -SISEI
--+ Ilépreux-poulel
pattes sont rongées
nature11ement"
, , \\
'/11
, , ' \\
" .....
- lOOSUSlImaSlSE /"la pouleoont le <ldùsu+suma-SlSE /--+/coeur-frais
pfumage œ la
coeur
frais
poule
pOU 1el
poitrine est
blanc et qu'impor-
te le reste"
,
.... -t,I'
" , 1 '
/
1/~ 1':E,/ est aussi appelé / k~ulanil < /k!t-t
wûlé -t nil /cou-técorché-tœrif./ "le
cou ébréché".
cou
écorché

54
, \\ " , / ,
' \\ . ' ' ' '
""
- lbugurigwe;siSE 1 "la poule au <lbùgurigwE+S1SEI ~ Icendre+poulel
pluma}l couleur
couleur
poule
cendre"
1
I l !
l'
1 ' , , 1
" " ,
- l~abàs1SE 1
"la poule au
<lsa+kaba +S1SE 1 -t Inuage-poulel
plumage couleur
~I nUllge poule
des nuages
( grise)
...\\ . , \\ .
1 / 1
, \\ . J . .
" "
- /wbàbU SiSEI "la poule des blancs
<ltubàbiI +S1SEI ~ Itoubab-poulel
toubllb
poule
" ,
l f \\
........... ~
...
A
- Jfarafi SiSE 1
-
"la poule locale" <Ifaraf!+S1SEI
~/noir - poulel
noir
poule
Le fait que tous ces nominaux aient comme hyperonyme ISlsÊl "la
poule" établit entre eux une relation de co-hyponymie. Celle-ci s'organise
sur un plan horizontal tandis que la relation d'hyperonymie s'organise sur
un plan vertical; ainsi la spécification d'un hyperonyme comme Ish21
peut être représentée de la manière suivante:
,
IS1SEI
1 1 1 . 1
,..
, , 1 , . .
I l ' 1 \\
"
,,<
ikunat:>siSE 1 ldUgasiSE 1 Iko19siSEI
ISagaSiSEI
CO -
HYPONYMIE
Le niveau d'organisation de la relation de co-hyponymie sera aussi large
quï 1y aura de termes spécifiques.
Enfin, la spécification de l'hypéronyme est régie par deux opérations
sémantiques: la métaphore et la métonymie.
- Métaphore parce que fondée sur une similarité entre le référent de
l'hyperonyme - exemple Ish[1 - et celui des termes qui entrent en
composition avec lui; les locuteurs décèlent par là un point commun entre

55
les deux référents; c'est ainsi que dans ldÙgàsfsÊ 1 "la poule dont le cou
est dépourvu de plume" par exemple, une similarité est établie entre le cou
de la poule référée et celui du vautour.
- Métonymie parce que fondée sur une contiguïté; les locuteurs se servent
de la dénomination d'un trait particulier pour en faire la dénomination de
l'ensemble, c'est le cas par exemple de:
'\\.~<""
'\\..'"
....' "
ISISE tùrt.ikEmE 1 1a poule à la crête épaisse· </SISE -turu -kEmE 1 -+/poule-
poule
crète
cent
crète-cent!
4. 1.2.3 - Chez les végétaux:
Les locuteurs jula divisent les végétaux en deux catégories: les her-
bacées désignées par Ibf : 1 et les arbres désignés par Iyirl 1. Ainsi on a :
</br
! "
1 • herbacé"
IYln /.
Iyirî l "arbre"
remarque: il existe ainsi une ambiguïté au niveau de Iyirl 1 qui désigne à
la fois l'hyperonyme et l'un des deux hyponymes. Elle est résolue par la
présence en jula du nominal If81efEI
< If81é + fÉI -+ Ipousser, germer +
chosel "la chose qui germe", c'est à dire le végétal, lequel est composé de
Ibü/ "J'herbacée" et IYinl l'arbre" ; il sert donc d'hyperonyme aux
végétaux.
4.1.2.4 - Chez les inanimés:
Là également, le passage du générique au spécifique se fait en
général par l'association de la base nominale désignant la classe générique
et d'un déterminant ou d'une autre base nominale.
Exemples:
ldàbà bâl
<',
Idàbâl 'ladaba'
, e
ldabadenil
-

55
4.2 - Au niveau du praxème :
L'examen des définitions recueillies auprès des locuteurs jula
confirme cette affirmation d'A. Delplanque : "Au plan sémiotique, chaque
nom est caractérisé par une valeur: transitaire pour les agents et les
instruments, item pour les produits ou les résultats, locatif pour les
contenants.•
Sur le plan sémantique, ces valeurs sont repérées par rapport à une
lexis qui les spécifie: "agent de quelle action, lieu de quel procès, produit
de quel catégorème: 1 Cette affirmation déterminera l'analyse des bases
nominales au niveau de praxème. C'est ainsi que nous présenterons d'abord
les valeurs: transitaire, item et locatif, et ensuite nous montrerons
comment chacune d'elles s'actualise.
4.2.1 - Les valeurs transitaire, item, locatif:
Tout comme A. Delplanque, nous représentons ces trois valeurs
respectivement par t, i, 1. Quelques exemples permettront de les cerner.
Le lexique des parties du corps constitue un domaine remarquable de
réalisation du locatif et de l'item. Là, nous choisirons nos exemples parmi
les bases nominales désignant les substances, les segments et les entités
du corps humain. Ce choix permettra par ailleurs de savoir Que les valeurs
indiquées ci-dessus entretiennent souvent des relations entre elles; nous
déterminerons la nature de ces relations.
Les substances sont des matières permanentes dans le corps humain.
Il y a des substances Qui sont molles, voire liquides, et des substances qui
sont dures.
- les substances liquides ont comme hyperonyme la base nominale /p tI
qui désigne par ailleurs "l'eau·. Les substances liquides du corps humain
sont:
/ ...
d/
d
.L
. /
ajl/
"la salive"
< / a + Jl/ -t
/ bouche i" eau /
bouche ellu
elle est définie par les informateurs de la manière suivante:
Ijiî 12
mi bé m~ daâ dajî hé b6 k:m 1è raI
eeu préd.nom. spécir. exisl. persoMe
bouche
slllive
préd,vb. sorti ventre
pmr. posI.p.
1 A. DELPLANQUE, Langue daœra Essais li! sémiolooie linguistiQue,p. 669.

57
Traduction littéraire:
"la salive est un liquide qui se trouve dans la bouche, elle
provient du ventre".
'.A
1
!
· InllJl1 "la morve" < ln,! + ji 1
-.
Inez + eau 1
nez
eau
définition:
/.A
/
.f
/
f
b/e
/
,,..
/
.'1.
"
/ . \\ "
InlJJl
ye
JI
ye
ml
bJ
k!J~ na ka na n!!: fE /
nez-eau préd.nom. eau
postp. spécir. préd.vb. sortir tête
postp. conj. venir nez postp.
Traduction 1ittéraire :
-la morve est un liquide qui vient de la tête au nez".
Contrairement à Idajîl "la salive" InWî 1 "la morve" est une substance
,,..
liquide qui provient de Ik!J:I "la tête",
/
. A
/
. '
· IPEJl1 "la larme"
< IpE + JI 1
-.
loell + eaul
oeil
eau
Définition:
/
,~
/
~
,,~
,-
/pÉjî
bé b6
f
f
bé k ,~ "
ye
JI
ye
m!
nt
1
aStra
waIuna
larme préd.nom. eau post;!. spécif.
préd.vb. sortir
si
lu
préd.vb.
pleurer
ou bien
f
f
J"
-.
1 l'
"
1
;

b6 k,'A
\\
/
nI
1
YEIEra kojugu
pEji
u: le
ra
/
si
tu
rire-aac.
beaucoup
larme
préd.vb.
sortir
lête
pmr postp.
Traduction littéraire:
"La larme est un 1iquide qui coule quand on pleure ou quand on a
ri très fort; elle provient de la tête."
IpÉjîl "la larme" et In~jîl "la morve" ont ainsi la même origine selon
les locuteurs jula.
"
A
· Ilawal "le sperme"
Selon les locuteurs, il en existe deux sortes: le sperme de l'homme
et le "sperme" de la femme; la différence entre les deux réside au niveau
de leurs origines comme en témoignent leurs définitions:
\\
A
, , " ' ' '
...
/
"
"
/ . ' 1 .
,
,,1
J
"A
\\~ / "
/CE: lawa be a kyg010 le ra katu@.1 muso là: be
a
sore
homme sperme 10cIII 511
tête
pmr -p~t;!. lmldis que
femme
pst loclIl.
511
partie bnse
wdos

58
1
lè ra
làwâ


kE
d~ yé 1
pour-postp. sperme
pmr
pred.Yb.
faire
enfant poslp.
Traduction littéraire:
"le sperme de l'homme provient de la tête tandis que celui de la
femme provient de la partie basse du dos; c'est le sperme qui
devient l"'enfant".
. Iw~sijî l "la sueur" < IW~si + jî 1 -+
1 sueur + eaul
suer
eau
définition:
IW~Sj.jî bé m?>g5 fàriffià sî
/
/
'
/
/
lè ri.
sî bé Y'Jr'J 0
Y'Jr'J
sueur
local personne
poil du corps pll1rposlp. poil
local
endroiL disLrib.
endroiL
/
, , ! ,
l/a
m:>g'J
W~l jî bé
ye 1
personne
poslp.
sueur
local
là.
Traduction 1ittéraire :
"La sueur se trouve partout où il y a les poils sur le corps
humain."
/
/
Jo.
. 1 flEgEm; l "J'ur'ine"
L'urine est aussi désignée par le terme ISUglmÊ/. Elle provient du
bas-ventre selon le méta-discours suivant:
/
/,...
/
/
IflEgEnE
be
b6
bàr'à br,)lâ lè
ra
1
urine
préd.Yb.
sortir
nombril -
sous
pmr
postp.
Traduction littéraire:
"J'urine provient du bas-ventre:
./ 1"
./ 1" k/ 1/ k/
.1 JO li-le sang" et 1 JO l
'J 'J 'J l "la synovie".
Selon les locuteurs, ce sont là deux substances liquides du corps humain
Qui se ressemblent. 1 jolîl est la substance Qui se trouve dans 1
jolîsiratll "les vaisseaux sanguins" « 1 jolî + sira 1 -+ Isang+ route).
Ijolî k616k6 l "la synovie" est définie de la manière suivante:
Ijl
19
~
ml.

~
1
/
/
kolotugudaù
nt J1~'J
CE 1
elIU
préd.nom.
5pécif.
loclIl.
IIrlicullllions
el
mimll
poslp.

59
Traduction littéraire:
"c'est un liquide qui se trouve entre les articulations",
Ainsi 1dajîl "la salive", In~jÎl "la morve", IwSsijîl "la sueur", IflÉjÎl
/ / "
' A
. / A
"la larme", IflegenEl "l'urine", Ilawal "le sperme", 1)0111 "le sang" et
Ijolî kSlSkSI -la synovie" sont les substances liquides du corps humain
selon le méta-discours.
Chaque substance 1i qu ide est 1oca 1i sée par rapport à une part i e du
corps humain; cette partie qui sert de local constitue le "segment", c'est-
à-dire une partie de l'unité:
1dajîl "la salive" a comme segment IkSrDI "le ventre",
In,~jîl "la morve et IflÉjîl "la larme" ont comme segment Ik~i'; "la tête".
IwSsijîl "la sueur" a comme segment 1 fàrlmàsî 1 "les poils du corps",
/ / 1 '
'
. . . . . .
A
IflegenEI "l'urine" a comme segment 1bàràbï.)1a1 " le bas-ventre".
,
/
1
A
Ilawâl "le sperme" a deux segments: Ikygolol "la tête" quand il s'agit
d'un homme, et Isorô I"la partie basse du dos" quand il s'agit d'une femme,
Ijolî 1 "sang" a comme segment 1 IjOlîsï!-~1 "les vaisseaux sanguins",
Ijolî kSlSkS 1 "la synovie" a comme segment IkOlotUgUdâù 1 "les
articulations.
Au niveau du praxème, les nominaux désignant les substances 1iqui-
des du corps humain sont caractérisés par la valeur item (0 tandis que
ceux désignant les segments sont caractérisés par la valeur: locatif (1),
Les segments à leur tour sont localisés par un élément plus
globalisant qui est l'entité. Les substances liquides et leurs segments ont
pour entité Im~ f~:1 "la partie du corps humain". Ce syntagme nominal
est caractérisé par la valeur: locatif; c'est un locatif à un niveau
supérieur, il est représenté par la lettre L.
Il existe une relation de localisation entre les lexèmes désignant les
substances, les segments et l'entité. Cette relation, présente également en
dagara, est représentée par A. Delplanque de la manière suivante:

60
i E 1 E L 1
Cette représentation signifie que la substance i se trouve en 1. c'est-à-
dire un segment ou une partie; il se trouve en l l'entité qui est le corps
humain dans le cas des exemples choisis plus haut.
La schématisation suivante permet de saisir mieux la relation entre
l'item, le locatif et le super-locatif:
1
L
,..
/
~
, ' ~
Exemple: /daji /"la salive"
/k:>n:>/ "le ventre"
/m::>g:>f~ ·la partie du ventre
humain.
Selon les définitions données par les locuteurs on peut remarquer la
relation suivante:
i E 1 E (E L
bOl
/
A
'1..(
"
/
"-
Exemple: /5:>01/ ·l'ong1e· € /
lOE....ln!/ ..leooigtœ la main· € /holo/ "la main" €
i
1
l'
, ' ...
/mwfa / "partie du corps humain·
L
.-
Quoique n'étant pas les seuls, les nominaux désignant les parties du
corps humain illustrent bien l'existence du locatif et l'item en jula.
En plus de ces deux valeurs, plusieurs bases nominales se caractéri-
sent par la valeur transitaire; elles sont définies comme étant des agents
ou des instruments. Les bases nominales que nous citons en exemple
n'appart iennent pas au lexique du corps humain; ce sont:
/klmâ/ ''la lèpre·
et /j~ê / "la hache·
La première est définie comme étant une maladie qui coupe les doigts des
mains et des pieds, ce qui fait d'elle un agent. Quant à la base nominale
/j~ê / ·la hache·, elle est définie de la manière suivante:
. / , f
/
,
/
lru 1 ye
a m~
j~ê
1Sg:d/1!
lQ.
Ù. hé
à
st
tu préd.vb. le percevoir
hache
bois-fendre~ériv. préd.nom. ils
préd.vb.
la

kà yfrî (ana
tlgÈ 1
faire conj.
arbre
aussi
couper
1 e est l'opérateur Qui met en relation deux éléments; il est appelé epsilon et signifie
-appartenir à .; son inverse est :3 le dual Qui signifie ·contenir".

61
Traduction littéraire:
·par hache, il faut entendre l'instrument qui sert à fendre du
bois et à couper les arbres".
La base nominale Ij~ 1 "la hache" est définie ainsi comme étant
un instrument.
Ainsi les bases nominales sont caractérisées par les trois valeurs:
le locat if pour le contenant, l'espace et le temps, l'item pour les produits
ou résultats et le transitaire pour les instruments et les agents. Nous
cernerons davantage ces trois valeurs plus loin.
4.2.2 - L'''actualisation" des valeurs du praxème:
Le transitaire, l'item et le locatif s'actualisent dans les méta-
discours. Comme en dagara l, les définitions recueil1 ies auprès des locu-
teurs jula -fournissent un deuxième type de renseignements en relation
avec la praxis: les effets, l'usage ou l'origine". Comme nous le montre-
rons, chaque valeur s'actualise dans toutes les classes dégagées.
4.2.2.1 - L'actualisation du transitaire:
Chez les humains, la valeur transitaire apparaît surtout dans les
définitions des lexèmes désignant soit des individus qui exercent un
métier ou une profession, soit des individus qui appartiennent à une ethnie
ou à une classe sociale; exemples:
. IkÙ1ê l "le nom d'une caste"
méta-discours: JSfyâ
lQ
Ù

ffI~
k~ Ù

race/espèce
préd.nom.
ils préd.vb.
calebasse
coudre
ils
préd.vd.
b?>
màli
kSnS ._.1
sortir
Mali
poslp.
Traduction littéraire:
"C'est une caste dont les membres raccommodent les calebasses
et viennent du Mali."
.,
,.,
. Inumu 1 "le forgeron"
1 A. DELPLANQUE. Lanoue dagare Essais lÉ sémiolooje lingujstioue. p. 668.

62
1
...
/
1
1\\
/
. ,
l
""
"
méta-discours: /nf
ye
a
m~ numu
nEge - œarala
si
tu
préd.vb.
le
percevoir forgeron
fer
travai11er-dériv.
1Q
è1U rè

nÈgf. b3:anl d5ù hé sânG fàgà ebù
préd.nom. eux
pmr
préd.vb.
métal
trllVailler certains préd.vb. or
tuer
certains
/
,
,
"."
"
1
bé nÈgèdâga dil~ d:Xi
bé dabâ ni j~ê ni bipEU di1~ .../
préd.vb. métal pot
fabriquer
certains préd.vb.
houe
et
hache
et
nèches
fabriquer.
Traduction littéraire:
"Le forgeron, c'est celui qui travaille le métal. Parmi les
forgerons il y a ceux qui travaillent l'or, ceux qui fabriquent les
marmites et aussi ceux qui fabriquent la houe, la hache, les
flèches ... "
Les bases nominales /kÙ1ê / et /nùmû / sont ainsi définies comme étant
des agents d'une activité professionnelle, d'où le transitaire.
La valeur transitaire est attestée aussi dans la définition de
certains nominaux désignant des parties du corps humain; celles-ci sont
définies comme étant des instruments; c'est le cas par exemple de /bolô/
"la main/le bras" définie comme étant l'organe de préhension; c'est aussi
le cas de /nU1 "le nez" et /tÙ1ô/ "l'oreille" définis comme étant des
""
organes de perception; ils sont tous les deux marqués par le lexème verbal
1
/ffiÉ / -percevoir-.
,..
Remarquons que la valeur transitaire est souvent marquée à l'aide
des dérivatifs /- bagal, /- .lai
et /- tfgf / pour ragent et par la
locution postpositionnelle /ni~
yé / pour l'instrument.
La valeur transitaire apparaît dans la définition de certains
zoonymes dont:
/
A

.ISE~.! "l'epervier".
, \\ ,
'"
k'
f\\
...
'a b/e ~' fE'
méta-discours: /:::>m
12,
~
à bé
sis E déni
oiseau
préd.nom.
il
local. ciel
postp.
il
préd.vb. poule enfant.:dériv.
,
ta/
prendre.

63
Traduction littéraire:
"c'est un oiseau vivant en l'air; il attrape les poussins."
/
,..
Itetf.: 1 "la tique" .
.
/
/
["
12
'"

/
....
"
L
meta-discours: 1 flEnama
~
a
n:>ï.)
m1S 1 n1
vivanl
chose prédJlOm.
elle préd.vb.
coller
boeuf
el
" ,..
L
wU1uÙ
la kà tà kà / jà1î
....
so:
n1
u
m l l
cheval
el
chien-s
postp. - conj. laisser
conj. leur
s8/l(j
boire.
Traduction littéraire:
"c'est un être vivant Qui se colle à la peau des boeufs. des
chevaux. des chiens. tout en aspirant leur sang:'
lsÉ~ 1 "l'épervier" et Ithê 1 "la tique" sont ainsi définis comme étant
des agents.
Certains animaux dénommés par leur cri ou selon une activité qui
leur est propre attestent la valeur transitaire dans leur définition.
Exemples:
./kfoklô 1 -le dindon-. Il est au niveau du praxème agent de la base verbale
"'"
Imaga 1 .
"emettre un son".
,"'....
,..
-'
" ' ,
~
/
/bOkOlQkOlQ... musal "le bousier" <Ibo
- kOlQ.kolQ.. - musai
excrément
rouler
Moussa
{ "'~
"~
......
,,
b01akolQkolQ.I
< bo + la
k01Q.k01Q. 1
excrément dériv.
rouler.
Le bousier est ainsi défini (partiellement) au niveau du praxème comme
étant l'animal Qui roule les excréments.
Tout comme en dagara. certaines parties du corps animal sont
définies en jula comme étant des instruments, donc des transitaires.
Exemples:
..
,..
/."
\\
!'
1"
. lsamanu:1 "latrompeœl'éléphant" ( < lsama nlJ:I ~ léléphant-nez/)
t'-
éléphant
nez

64
définie comme étant un organe de préhension.
. Igamâl "l'épaule", "l'aile" •définie comme une partie qui permet aux oiseaux
de voler.
Chez les végétaux,
la valeur transitaire est particulièrement
présente dans la définition des lexèmes qui désignent les plantes utilisées
dans la médecine traditionnelle. Ces lexèmes sont définis comme agents de
IfùràkÉ l "soigner" < lfÙrà - kÉI -+ (médicament-fairel; cela est par
exemple le cas de ISUm~ya y~î! "la li~e· « IS~~y~ + y~! 1 -+
Ipaludisme-arbre/) et llimu YtrI 1 "la 11me" ( < llimu
+ YtrI 1 -+
Ilime+arbrel qui est défini comme étant la plante qui soigne le paludisme.
La valeur transitaire chez les végétaux est également présente dans la
définition des nominaux qui désignent les plantes utilisées dans la cuisine
ou dans robtention de certains produits; exemples Itàm.attl -la tomate-
/
...
"qui sert à rougir la sauce", Igwaa 1 "le gombo" qui rend la sauce gluante,
"
" -
1
Ik;);)rîl "le coton" qui sert à faire du fil à tisser, IP.fmikatâl "la canne à
sucre « /pfmi - kâlâl -+ Imâcher-tige 1) qui sert à faire du sucre selon
les locuteurs jula.
La valeur transitaire est enfin attestée dans la définition de
certains nominaux désignant des objets; marqués souvent par le dérivatif
1-13./, ils sont définis comme étant des instruments.
Exemples:
.'\\. "
Ip: 1" le filet"
définition IjÉgÉ - rrililana
lQl
poisson
altraper-dériv. préd .....
Traduction littéraire: "il sert à pêcher les poissons".
Idàbâ l "la houe"
'
....
f
/ " " "
/
définition 1 U
be mi
kE ka SEne
kE 1
ils préd.vb. spécir.
faire coog culture faire
Traduction littéraire: ce qui est utilisé pour cultiver".
/gàiàmâl "la louche" : selon les locuteurs, elle sert à manger la bouillie
ou à puiser la sauce ou un autre liquide.

65
/bQbolî 1 "la batte dame" : c'est l'instrument qui sert à damer le sol et
les terrasses disent les locuteurs.
4.2.2.2 - L'actualisation du locatif.
La valeur locative apparaît dans la définition de certains nominaux
désignant les parties du corps humain, le cas des segments présentés
antéri eurement en est une i Il ustration.
A quelques nuances près, les mêmes segments se retrouvent chez les
animaux. Aux segments en question s'ajoute le cas des animaux pourvus
" " k ' t €
~ ...t,M
A-
d'une carapace Ifaral tels que 1:::>
1" l'escargot" et IStr~:::>mal "la
tortue"; leur carapace désignée par Ifàrâ.1 est définie comme étant la
partie dans laquelle se 'cachent" l'escargot et la tortue.
Au stade actuel de nos recherches, nous n'avons pas relevé de cas de
locatif dans la définition des phytonymes; à ce propos, nous signalons que
nous avons écarté tout cas semblable à celui des végétaux définis en
dagara comme des lieux spécifiques; en effet, selon A Delplanque ces
végétaux sont: "/kakata 1 venne, gros arbre touffu à l'ombre duquel se
tiennent les marchés et les réunions et, également Itengandl autel des
sacrifices, dans la mesure où il s'agit d'un arbre" (cf.Thèse d'Etat, p. 672).
Il est exact et vérifié en jula aussi que les locuteurs définissent tel ou tel
végétal comme étant le lieu d'un acte donné; cet acte est supposé être
connu d'un grollpe d'Individus dont l'enquêteur fait le plus souvent partie:
ce peut être par exemple l'arbre à palabre, ou l'arbre sous lequel est
installé un réparateur de cycles et cyclomoteurs, ou encore un bois ou un
bosquet où se déroulent les cérémonies religieuses. Nous ne prenons pas en
compte ce type de traits définitoires car ceux-ci ne sont pas inhérents à
une espèce végétale fixe: l'arbre à palabre peut être un caïlcédrat Ijatâ/,
b' ...
"
A-
un baobab ISlral ou un kapokier 1 anal; cela est de même pour un arbre
sous lequel sont exercés certains métiers. Ces traits définitoires sont
circonstanciels dans la mesure où ils constituent une opportunité que
l'informateur saisit pour définir le mot.
Contrairement à la classe des végétaux, la classe représentée par
[-d~ comprend plusieurs bases nominales définies comme étant des
locatifs au niveau du praxème; exemples:
, "
" "
.Ib:::>t.:::>1 ou 1b:::>r:::>1 "1 e sac"

66
' / ' / '
,
/
/
...
" , /
/
définition: Ib:>D sugu
ka
ca
n:> - b:>D be
ye
k~:>-
sac
espèce préd..adj. nombreux mil
sac
local là-b;S
sel
~....
,
rotS bé y~ mfuô - rotS bé Yi.
fe: 10
a
sac
local là-bas
riz
sac
local.
là-bas
ch~se p-;éd.nom. n;'s

sùm~ù dQ m{ k6n6 kàd da kfu~ kà taga
préd.vb. céréale-s entrer spédf. prosp.
conj. bouche coudre conj. aller
à f~ wàllma ka' à mml
le vendre
ou bien
conj. le
garder.
Traduction littéraire:
"il Y a plusieurs sortes de sac: le sac pour le mil, le sac pour le
sel, le sac pour le riz; c'est quelque chose dans lequel on met les
céréales pour aller les vendre ou pour les garder après avoir
cousu son ouverture.-
,
A
La base nominale Ib:>bl est ainsi définie au niveau du praxème comme
étant un contenant .
. Iko1Q/"le mortier"
définition 1 ko1ô

ft yé n:,~ bé sùsù mt k6nS li
morlier préd.nom. chose postp. mil
préd.vb. filer
spédf. postp.
ils

à tige yfrî le la
na - sùsù - ko1ô bé
..",.
préd.vb. le couper lIrbre
pmI'
postp. condiments - piler -
morlier
loclIl.
/
'..........
....
'"
ye
]1:> -susu- k01Q
fana bé y~/
là-bas mil -
piler -
morlier
ainsi
local là-bas.
Traduct ion 1i ttérai re :
"le mortier, c'est la chose dans laquelle on pile le mil; on le
taille dans du bois; il existe un mortier pour piler
les
condiments et un mortier pour piler le mil:'
A travers cette définition, Iko1ôl "le mortier" est l'instrument dans
<-
lequel se déroule l'action de piler.
. Ik{Igô1 "la brousse"
'"
' A
.'
/
f
.....
, J \\ .
Définition: Idugu k:> fe
la
19.
sene b/
k/
/ /1
"
e
e
y:>r:> mi'
vi Ile
des
postp. postp. préd.nom. cullure
préd.vb. fllire
lieu
spédf.
/
k/'
" /\\
b/e
/ /'
L
/
~ b/
fA
L
na
ygo - sogo
Y:>ïJ mL na i
e
b,.;
nI 1
post.
brousse viande local. lieu
specif. postp. tu préd.vb. herbe et

67
. / "
/
/ "
/
IYll"l caama S:Jr,) Y~ 1
arbre beaucoup obtenir là-bas.
Traduction littéraire:
"C'est l'extérieur de la ville/du village; c'est l'endroit où se
déroulent les cultures et où on trouve les animaux sauvages et
beaucoup d'herbes".
. Ik~1 est ainsi défini comme un local, un endroit, cela est de même
pour /so l "la maison".
D'une maniére générale, la valeur locative est révélée par la
présence de l'huperonyme /ySrjl "le lieu", l'endroit", et les postpositions
/kSnSI et /18.1; les contenus sémantiques de celles-ci sont analysés plus
loin.
4.2.2,3 - L'actualisation de l'item:
Chez les humains, l'item est attesté surtout dans la définition du
lexique du corps humain.
A
part
l'opposition
domestique/sauvage
traduite
par
, , '
,
1
I f
ldùgubmœ~/ -animal de la ville", I~gokjmœ~/ "animal de la
brousse", nous n'avons relevé aucun cas véritable d'item chez les animaux.
De même A Delplanque n'a mentionné aucun cas de manifestation d'item
chez les animaux.
Chez les végétaux non plus, nous n'avons relevé aucun cas véritable
de manifestation d'item. Cela traduit un malaise au niveau de la définition
et de l'application des concepts; à cet effet signalons que les trois
valeurs "t, i. r reviendraient à deux selon une communication personnelle
d'A Delplanque. En attendant de montrer plus loin des cas problématiques
au niveau des valeurs, nous illustrerons l'actualisation de l'item par des
cas d'inanimé mis en relation avec un animé; ce dernier peut être un animal
ou un végétal:
- avec les animaux:
Il s'agit de nominaux qui désignent des produits dérivés d'animaux
tels que: /nSn:Jkumûl "le lait caillé", /nààrêl "la crème de vache"
/dfbîl "la viande grillée".

68
- avec les végétaux:
Il s'agit là de nominaux désignant essentiellement des produits
comestibles issus de la transformation d'une partie ou de plusieurs parties
d'un végétal; exemples:
· Ikfnî/"le riz préparé"
définition: Inl 1 yé
à
m~
kfnî
màlo - Lobl· If
101
si tu prêd.vb. le percevoir
riz préparé
riz
préparer dériv. prêd;;om.
Traduction littéraire: "par "Kin!" il faut entendre du riz préparé".
· Ip:::/~jl ·une nourri ture à base de f eui11 es"

,r,r
/ ,
,
,
.....
/ A
1'0_
/u
b/el
Definition: Int 1
ye a m~
p:x>g:> pugu_
si tu prêd.vb. le percevoir
"épinard" prêd.nom ils prêd.vb.
bàrabaral
le
bouillir.
,
!'
Traduction littéraire: "fl:>:Jg:>", c'est de l'-épinard" qu'on fait bouillir..:
* Is~batal "le soumbala" : pour cette base nominale nous nous fions au
dicton jula selon lequel:
/
II-
/ A
/
,
/
IswYàla baa
Ye nEre Ye 1
soumbala mère prêd.vb. néré
postp.
Traduction littéraire: "la mère du soumbala est le néré".
Sur un plan définitionnel, ce dicton signifie que le soumbala est
produit à partir du néré.
A la suite de la transformation qui octroie ainsi la valeur d'item aux
exemples donnés, s'établit une relation entre la classe [+dé] et la classe
[- d~1; il s'agit plus exactement d'un transfert de la premi'ère classe vers
la seconde.
La classe des inanimés connaît d'autres bases nominales ayant la
valeur d'item; ce sont, en général, des bases nominales qui désignent des
objets qui sont des produits de la transformation d'une matière donnée.
Exemples:
· Ibaramâ/"la marmite en métar

69
Définition: Inl 1 vé
à m~ baramâ
nÈge: d8.gâ
lQI
si
tu préd.vb. le percevoir marmite en métal fer
pot préd.nom.
'"
/
Iwàl1ma
fÙ~
19.
ù bé à yÈlEma
kàl
ou bien
aluminium préd.nom. ils préd.vb. le
transformer conj.
1à kÉ
baramâ
yé /
le faire marmite en métal postp.
Traduction littéraire:
"La marmite en métal, c'est du fer ou de l'aluminium qu'on
transforme en marmite·.
/baramâl est ainsi le produit ou le résultat de la transformation
""
.
/
)
(>/yelemal transformer" du fer ou de l'aluminium, ce qui justifie sa
valeur Iii .
. Ib~/ "l'amulette"
"
,.
/
définition: Ikararrog::)-set{
lQ
Ù
bé à

kà cl
marabout
papier préd.nom.
ils préd.vb.
le enveÏopper conj.
/s1r1
cÉlâ
wàlima kà à dQ.
bélé
la 1
attocher taï lie post.
oublier
conj.
le entrer main/bras postp.
Traduction littéraire:
"l'amulette est un talisman qu'on enveloppe de cuir pour
l'attacher autour des reins ou du bras.
D'une façon générale, sont définis comme étant des items les
nominaux désignant des objets en métal, en bois, en cuir.
A travers l'actualisation des trois valeurs li, t,lion se rend réel-
lement compte de l'importance de certaines propriétés formelles des
constructions linguistiques - pensons par exemple au rôle joué par
certains dérivatifs - au niveau de la détermination du sens; il existe ainsi
une complémentarité entre le niveau morpho-syntaxique et le niveau
sémantique.
Mais pour déterminer le sens de certains lexèmes et le message
véhiculé par certains discours, ces deux niveaux, ne suffisent plus; il faut
prendre en compte d'un troisième niveau, en l'occurrence le niveau prag-
matique.

70
5 - CONTENU PRAGMATIQUE DES ~ NOMINALES.
Selon le Dictionnaire de linguistique (Larousse, 1981) "l'aspect
pragmatique du langage concerne les caractéristiques de son utilisation
(motivations psychologiques des interlocuteurs,
types socialisés du
discours, objet du discours, etc,), par opposition à l'aspect syntaxique
(propriétés formelles des constructions linguistiques) et sémantique
(relation entre les entités linguistiques et le monder. Contrairement à
cette définition et comme il est signalé plus haut, nous percevons plutôt
une complémentarité qu'une opposition entre les aspects syntaxique,
sémantique et pragmatique; nous écrivions au début de ce travail que pour
cerner le sens de certains lexèmes ou groupes de lexèmes on a besoin non
seulement du contexte linguistique mais aussi du contexte situationnel.
Les périphrases
définissant
les bases nominales, contiennent
souvent des éléments lexicaux qui signalent explicitement les aspects
connotatifs; cela est valable aussi bien en jula qu'en dagara puisqu' A.
Delplanque écrit:
"un troisième prédicat, parfois spontané chez les adultes, plus
rarement chez les jeunes, fait intervenir des connotations
idéologiques exprlmées le plus souvent à l'alde de verbes modaux
... ou de verbes appréciatifs·. t
Souvent il faut procéder par paraphrases pour qu'apparaissent dans les
définitions les verbes modaux; c'est ainsi qu'en dagara, toujours selon les
études d'A.Delplanque, les virtuèmes sont exprimés à raide des verbes
pouvoir, devoir et vouloir. Au stade actuel de nos recherches, faute de
n'avoir pas pu recueillir suffisamment de paraphrases, nous nous conten-
terons de commenter quelques cas de nominaux qui contiennent des sèmes
connotat ifs.
Nous nous intéresserons particulièrement aux injures verbales, aux
euphémismes et au lexique de la volaille.
5.1 - Les injures verbales:
Les injures verbales en jula proviennent surtout du lexique du corps
humain et des zoonymes. Des groupes de mots tels que certains composés
1 A. DEL PLANQUE 1 ·Structure sémantique du voccbulaire œgera", Cahiers du L.U.T.O., n" 3,
Juin 1982, U.O. cf. p. 96

71
avec Idéél "l'enfant" font partie également des injures verbales; cela est
..
par exemple le cas des composés suivants:
/
/ , .
!'
/
/
A
1
- 15ubala de 1
....
..
<
15ubala + de 1 -t
....
lsoumbele+enfent!
""
/
/'
- Igamugu d~/
<
Ig"amugu + d~ -t
Ipoudre tE I})mbo+enfent!
/
/
1
d/
/ . dAI
- 1 umuru ~
<
Idumuni + deI
-t
Inourriture+enfant!
"
-
"
l]1am~:> "
d~1 <
"
1
l]1am~:> +d~/ -t l''relation hors mariege"+enfant!
/
1
- Ibatara dél
,..
<
Ibatara + d~/
-t I"QUi ne vaut rien" + enfant!
Dans les trois premiers exemples, chaque composant peut Jouir d'une
autonomie syntaxique et sémantique, mais il existe entre eux une incom-
/b/ A
patibilité sémantique; celle-ci est due au fait que 15~ alal "le soumbala",
Igamugûl "la poudre de gombo" et IdUmunîl "la nourriture"
appartiennent à la classe des inanimés, c'est-à-dire la classe caractérisée
par [- d~J Ainsi la combinaison de ces bases nominales avec Id~1
"l'enfant" n'a de sens que dans une situation particulière de communica-
tion telle que la profération d'injures; à ce niveau, la culture et la
psychologie des individus qui profèrent ou reçoivent les Injures jouent un
rôle déterminant dans le décodage du sens des injures. C'est ainsi que des
/ /
dl\\.
/
/ / ..Jit'

injures verbales telles que 15l;Jbala ~/, Igamugu-ue.J fondees sur une
certaine
activité professionnelle des parents',
connotent l'état de
pauvreté d'un enfant qui veut cependant imiter les personnes riches. Ces
injures verbales arrivent à irriter considérablement quelqu'un dans la
mesure où, dans la société jula, d'une part on doit respecter et faire res-
pecter ses parents, sous peine de s'exposer à des malédictions; et d'autre
part, signifier à quelqu'un sa pawreté, c'est le blesser dans son amour
propre et dans sa dignité.
.
b/ /
dA
"
"
Avec les injures verbales 1 atara
~I "le vaurien" et l]1am:>gJ
d~/ "le bâtard - surtout cette dernière - on comprendra certainement
mieux la dimension pragmatique du langage. Ibatâra d~/ et Ipàm~
d~/ sont fortement connotées surtout quand elles sortent de la bouche de
grandes personnes et pire, de grandes personnes imprégnées de la culture
jula. Selon nos informateurs l]1àm~ d~1 signifie soit un enfant d'un
père inconnu, soit un enfant issu d'un concubinage. Dans la société jula,
1 Il :;;'~it du commerce des condiments: soumbela, I})mbo, poivre, laurier, beurre de !carité,
piment, tomate, feuilles pour la sauce etc.etc. ce petit commerce est tr~itionnelJement tenu
par les femmes; fiMnCièrement il rapporte très peu d'argent (du moins sous se forme tra-
ditionnelle 1).

72
aujourd'hui fortement islamisée, l'adultère est interdit; la famille dont
une fille a eu des rapports sexuels et contracté une grossesse avant le
mariage se sent très humiliée. Selon la même source, /J1àmJg:>-d~/
s'applique également au cas d'un enfant venu au monde à la suite d'un
rapport sexuel qui n'aurait pas dû avoir lieu entre une femme et son mari
polygame parce que le jour du rapport le mari devrait plutôt se trouver
avec son autre épouse.
Compte tenu de ces significations /J1àm~-d~/ est une injure qui
blesse l'amour propre et la dignité de toute la famille, elle donne lieu à un
affront qui est intolérable sauf dans certains cas, par exemple:
- quand elle est proférée par un étranger qui n'est pas censé être imprégné
de la culture jula.
- quand elle est proférée dans le cadre d'une relation de plaisanterie.
- quand elle est proférée par un enfant.
Hormis ces cas, il faut signaler que /J1àm?>g:> d~/ se vide petit à petit de
son sens, sans doute à cause de l'indifférence grandissante vis-à-vis de
l'adultère et du nombre croissant des enfants nés en dehors du mariage. Il
est courant aujourd'hui d'entendre une mère ou un père injurier son enfant
/J1àm~·d~/ ou d'entendre des jeunes s'interpeler /J1àm?>g~·d~/ lors
des salutations. Pour marquer l'emploi abusif de cette injure verbal, un
informateur a dit ceci:
" "
/ ' . /
1
/
.
1 "
1
/
/
/
1\\
/
/J1am~~·d~ kera d~ffilS§U ka dara - gese
ye/
bâtard
préf.vb. enfant-s
conn. bouche-dév.cure-dents postp.
Traduction littéraire:
"le mot bâtard est devenu le cure-dents des enfants·
""
-'"
L'injure verbale /J1am~~-d~/ illustre ainsi la mise en rapport de la
langue. de l'homme et de la culture; c'est de cette même mise en rapport
qu'il s'agira avec les injures verbales qui portent sur les animaux.
Les zoonymes qui font partie des injures verbales sont exprimés sur
un rapport métaphorique : on "dé-personnifie"
l'être humain en
le
comparant à tel ou tel animal. Les connotations exprimées par les zoo-
nymes utilisés comme injures verbales sont fondées sur la conception que
les locuteurs jula ont de chaque animal concerné; cette conception est très
souvent influencée par le personnage qu'incarnent les animaux dans les

73
mythes, les légendes, les contes et les devinettes du terroir jula. Les
exemples qui vont suivre sont non seulement utilisés dans les injures
verbales mais aussi dans les ra111eries:
.IsUrukûl "la hyène" : il connote la cupidité, la gloutonnerie et voire la
sottise; ce sont là quelques attributs du caractère de la hyène dans les
contes jula. 1
.Is)sêl "la poule" comme injure, c'est l'équivalent de /hiliitâl "un
.....
irréfléchi; il s'applique à une personne qui a la mémoire courte.
/sàgâl "le mouton": il connote l'inintelligence, l'étourderie et le suivisme.
/mi~i/ "le boeuf, la vache" : même connotation que /sàgâl "le mouton".
/warâl "le fauve" : il désigne généralement quelqu'un qui aime les
bagarres.
/tSrî1 "1 e crapaud" : son sens connoté est donné à travers 1e méta-
discours suivant:
/d~t mi
bé j1ÉgÉnÊ kÉ kOjùgu à bé fS à lèl
enfant specif. préd.vb.
urine
faire
beaucoup il
préd.vb. dire œla pmr.
/
" ....
ma t~rl1
postp. crapaud.
Traduction littéraire:
·on traite de crapaud, l'enfant qui urine trop".
5.2 - Les euphémismes:
En fonction du moment, de l'objet du discours, de l'émetteur et du
récepteur se créent des cas d'e~phémisme en jula, c'est-à-dire "toute
manière atténuée ou adoucie d'exprimer certains faits ou certaines idées
dont la crudité peut blesser..: 2. Les cas d'euphémisme, tout comme les
injures, signalent certaines spécificités culturelles.
L'euphémisme en fonction du temps trouve son illustration avec le
nominal /k3g~ 1 "le sel" défini de la manière suivante:
1 ce propos trouve son iI1u:strlltion dans: n:siirin ! ... nsirin !...• INAFA, BP 1179, WAeADUOO,
p.44.
2 cf. Dictionnaire de linguistiQUe, Larousse 1981.

74
l
,
1
b/
"d'
/1'
/
" b /
/"
If~
19,
i
e
a
9. na: na
a
e
n~
chose préd.nomin. tu préd.vb. le entrer sauœ postp. elle préd.vb. sauce
dfyal
rendre l'I;lréab le.
Traduction littéraire: "c'est une chose qui rend délicieuse la sauce".
Le lexème Ik'JgS 1 ne doit être employé que pendant le jour. Pendant
la nuit il est remplacé par une forme réduite de la périphrase qui le définit
ainsi:
In~- dfyanâ
/
1
-d~ /
A
00
Ida lyanal
sauce rendre l'I;lréable-dériv.
bouche rendre l'I;lréab le-œriv.
Traduction littéraire:
"ce qui rend délicieuse la sauce" ou "ce qui donne des délices à la
bouche".
Nous admettons que Ik~5 l "le sel" a une connotation; le stade actuel de
nos recherches ne nous permet pas de dire en quoi consiste cette connota-
tion, les informateurs se bornant tout simplement à signaler le caractère
tabou de ce nominal pendant la nuit. Un fait qui mérite certainement d'être
souligné est que le tabou ou l'interdiction porte ici sur le nominal et non
sur son référent. Parmi les euphémismes en fonction de l'émetteur et du
recepteur, nous signalons une liste de nominaux dont la découverte nous a
particulièrement surpris; ce sont des lexèmes qui ne sont connus que de
quelques personnes âgées, et par conséquent qui sont en voie de dispari-
tion totale. Il s'agit de nominaux qui désignent uniquement les parties du
corps d'une personne âgée; ce sont:
1
- Isarâl
"la tête"
- Iko1ogâl
"l'oeil", le visage"
-/karâl
"la bouche"
- Ikara go1ô1
"la lèvre"
- Ik:'JDI
"le bras, "la main"
/
1\\
- Ideœl
..,
"Je vendre"
- IkàyiIDâl
.-
"le dos"

75
,..
- Idùbiril
-le postérieur"
,
A
- Itonal
"le pied", "la jambe"
- Ikara kolôl
"la dent"
,"
- I~E: l
"l'oreille"
Ces nominaux dont l'existence antérieure doit être confirmée par des
enquêtes plus poussées, connotent le respect pour les personnes âgées: il
était strictement interdit à un locuteur jeune de désigner l'une de ces
parties du corps par des nominaux comme: Ikù~1 "la tête", ITlÉ:I -l'oeil,
! '
/
A
.....
"le visage-, Ida:1 -la bouche-, Ibolol ·le bras", "la main" etc... par
exemple, il ne devait pas dire:
,
A d / A
lCEk;)nnl
a:1 "la bouche du vieil homme"
homme-âge-dériv. bouche
' k.....
~\\'\\..-
lm uso ;)r:lnl t wo l "l'oreille de la vieille femme"
femme-âge-dériv.
oreille
"
~
,,, /"
~
~
ICEDr:lru
k~: be a dUnll "le vieil homme!lm!llè\\!Itête".
homme-âgé-dévir. lêls
préd.vb. le
faire mal.
En même temps que les nominaux en question connotent le respect, ils
chargent, dans une même situation, les autres nominaux de connotations;
de leur existence naît une censure des lexèmes Ik({1 "la tête" ; ITlf'1
"l'oeW, "le visage", Ida ~ l "la bouche", Ibolôl"le b~~s", la main" etc... Le
parallélisme qui existe ainsi au sein des nominaux désignant le corps
humain montre rimpact du récepteur ou de celui dont on parle sur le
contenu sémantique; ces deux éléments ont ainsi leur importance au niveau
pragmatique. C'est à ce même niveau que peuvent être cernées pleinement
les différentes dénominations des poules.
En effet, les lexèmes désignant les poules évoquent des pratiques
traditionnelles telles que des offrandes, des sacrifices, des aumônes. Ces
pratiques et leurs fonctions apparaissent souvent à travers les définitions
,~
,.
A
données par les informateurs ; par exemple lsakaba~ sisE 1 est défini
""
comme étant "la poule au plumage couleur des nuages qui est "sortie en
offrande" pour implorer Dieu afin qu'il y ait de la pluie".
D'une manière générale, les bases nominales désignant un animal, un
objet ou une chose utilisée dans le cadre des pratiques traditionnelles
mentionnées plus haut ont un sens virtuel qui ne s'actual1se qu'en fonction

76
du locuteur, du récepteur et de l'objet du discours; par exemple, rares sont
les informateurs jeunes qui mentionnent dans les définitions les traits
cérémoniels propres aux référents des lexèmes définis.
Le niveau pragmatique montre ainsi l'importance du contexte situa-
tlonne1 dans l'étude du contenu sémantIque des bases nominales. Cette
importance, tout comme celle du contexte linguistique apparaîtra égale-
ment dans l'étude des bases verbales en jula qui va suivre.

77
II
LES BASES VERBALES ET
LEUR SEMANTISME

78
1 - RAPPEL MORPHO-SYNTAXIQUE.
Une base verbale en jula se caractérise par son aptitude à sélec-
tionner la modalité verbale IRa/ell (c'est à dire perfectiflimperfectiO
ainsi que les prédicat1fs verbaux l, exemples:
bé: la marque de l'inaccompli, forme affirmative.
{ té: la marque de l'inaccompli, forme négative.
yé : la marque de l'accompli des verbes transitifs, forme affirmative.
{ ma :la marque de l'accompli, forme négative.
Le constituant ainsi formé est apte à assumer la fonction prédica-
tive verbale (F.P.V.l.
Exemples:
...
A
Imuso
bé taga / "la femme part"
femme
p.v.
partir
F.P.V.
,A
IeEE

kàsl / "l'homme ne pleure pas·
homme
p.v. pleurer
F.P.V.
1déê
é too d~/ "l'enfant a mangé le tô"
.v_ Y
._
enfant p.V.
tô manger
F.P.V.
En jula la grande majorité des bases verbales peut sélectionner une
modalité nominale, exemple la marque du défini, afin d'assumer les fonc-
tions d'un nom.
1 Une description plus exhaustive des opérateurs verbaux en jula est faite par B. COUlIBAly
dans SB thèse d'Etal, pp. 884-886.

Exemples:
Itagâ
sérâl "le départ est arrivé"
oartir.df. arrjver p.f.
S
P
ISlgî té m~; s:5 l''le fait de s'asseoir n'offre rien à personne"
asseoir-deI. p.V. personne
offrir
S
P
Avant de construire des schémas de valences reprenant cette des-
cription morpho-syntaxique, rappelons les structures syllabiques les plus
courantes des bases verbales:
- la structure monosyllabique (CV.> :
Au niveau supra-segmental les bases verbales monosyllabes portent
un ton haut ou un ton bas, exemples:
"manger"
Ikèl
"laver", "développer un film...•
....
Im!1
"boire". "fumer"
1'-
!bal
"finir", "mourir", "terminer"
."-
"refuser"
- la structure dissyllabique (ev.ev.) :
Au niveau supra-segmental les bases verbales dissyllabes portent
des tons uniformément hauts ou bas, exemples:
IdÛlôl
"s' agri pper", "suspendre"
.'-
!bûsôl
"dépecer", "sortir quelque chose de son orbitre"
, ,
IpEtEI
"aplatir"
, ....
InEnll
"insulter", injurier".
- la structure trisyllabique (ev.ev.ev.>:
Les bases verbales trisyllabes portent des tons uniformément hauts
ou bas, exemples:

80
IpùrÙtll
"arracher brusquement"
/
/
/
Igolobal
"accélérer", "précipiter"
"survei 11er"
/
/
/
IT)unuma1
"marcher à quatre pattes".
Exceptée la partie supra-segmentale, il n'y a pas de différence entre les
structures syllabiques des bases verbales et celles des bases nominales.
Les schémas de valences.
i l
1 n
dfl
r Ra el 1
Pn




--
FnP
FPN
FPV
2 - L'ELABORATION DE NOUVELLES BASES VERBALES.
A l'instar des bases nominales, l'élaboration de nouvelles bases
verbales passe par le biais de la dérivation et de la composition. Elle donne
des bases verbales dérivées et des bases verbales composées.
Avant de présenter la dérivation et la composition verbales, il est
utile, pour la suite, de signaler que le jula atteste:

81
- des lexèmes purement verbaux: ce sont des lexèmes qui ne s'associent
Qu'à des opérateurs verbaux, exemples:
Idw
-manger"
Itobfl
"préparer", "cuire"
, / /
Iy ErEkE l "éparp i 11 er"
- des lexèmes verbaux-nominaux: nous reprenons à notre compte cette dé-
finition de M. Houis 1 : "les lexèmes verbo-nominaux sont aptes à s'associer
indifféremment à des prédicatifs verbaux et à des nominatifs [exemples de
nominatifs = la marque du défini et la marque du pluriel], donnant ainsi
respectivement des verbes et des noms"; exemples:
IfUrul "épouser", "marier"
Ifurul
"le mariage"
/
/ ..... 1
/kUmal "parler
/kumau
"les paroles"
Ijàlàk1 l "donner tort"
1)''à1'àk,"11
"le tort"
Les lexèmes verbo-nominaux se différencient des lexèmes purement
verbaux, lesquels ne peuvent assumer par exemple la fonction sujet Qu'en
s'associant à un dérivatif nominal.
- des lexèmes adjectivaux: en jula comme en bambara, ces lexèmes se
reconnaissent en partie par leur aptitude à se combiner avec /kal et
Imal qui sont des prédicatifs adjectivaux marquant respectivement "Je
positif" et "le négatif" comme c'est par exemple le cas dans les phrases
suivantes:
Is~.: t~'10" k/a
J"~\\1 --->.
._
UJ.
._
- " 7
"les oreilles du lièvre sont longues"
lièvre
oreille préd.adj. grand.
.1
/
/
/ ~
Istrak:)g:>ma
ma
telV"'" "18 tortue n'est pes repiœ"
tortue
préd.adj. rapiœ
Remarquons que les lexèmes adjectivaux sont considérés par certains
auteurs dont D. Creissels 2 comme étant des lexèmes verbaux "statifs" ce
/
/
qui fait considérer /kal et Imal comme des prédicatifs verbaux.
1 HOUIS (M), Plan œ description systématiQue. AfriQue et langa;je 1977 (cf. p. 20)
2 cf. CREISSELS, Denis, "Réflexions sur le système prédiC!ltif bambara", in Mandenltan n° 6,
Paris, 1984, pp. 21- 36.

82
2.1 - La dérivation verbale:
Le jula, comme la langue bambara, atteste des dérivatifs préfixés et
des dérivatifs suffixés:
2.1.1 - Les dérivatifs verbaux préfixés.
Nous en avons répertoriés deux: 118-/ et /mà-/ tandis Qu'en
bambara D. Koné 1 signale la présence d'un troisième dérivatif verbal
préfixé: /s?J1.
/
Le dérivatif verbal Ila-/ exprime le factitif. Il modifie rarement le
sens du lexème verbal auquel 11 est préfixé, exemples:
1l8m~/
"faire durer"
<
1dériv. +durerl
/
,
"faire mûrir",élever" < lla+mJ/ ~ Idériv.+murir,éleverl
' -
A
~
/ '
,:,....
. . ; 0 .
/A
/
,
....
/
Imuso nI
ye a stn~ d~: lamJ a yel
femme
celle p.v. sa co-épouse
enfanl
élever elle postp.
"cette femme a élevé l'enfant œsa co-épouse pour elle".
/ "
.
Ilateme l "falre passer"
<
lla+tÈmÈ/ ~ Idériv.+passerl
IfSpS yé s~jî latÈmè 1
venl
p.v.
pluie
faire passer
"le vent a fait passer la pluie".
Il/as'lg'l /
"faire asseoir"
<
1l8+S1g1/ ~ Idériv.+asseoir+poserl
-faire poser"
C /
/
1"
/
'\\
,,~,,;;:t,nN"""'a'"f~ u'
/
I~ ye d.emi~U las19ï ~ ~ 11U..J
ye /
nous p.v.
enfants
faire asseoir conj.
IV8rlissemenl dire eux postp.
"nous avons fait asseoir les enfants pour leur oonner cEs avertissements".
Le dérivatif verbal
"
Ima-I exprime le "réfléchi", c'est-à-dire que
l'action exprimée par Je lexème verbal auquel Imà; est adjoint est
accomplie par le sujet sur lui-même; dans certains cas. cette action
s'appl ique sur une personne ou sur une chose autre Que le sujet; exemples:
Imà bSI "s'éloigner", "écarter" <Imà+bSI ~ Idériv.+sortir, ôterl
-quelqu'un ou quelque chose-
, KONE, (0.), "Le verbe bambara, essai sur les propriétés syntaxiques et sémantiques, Thèse de
3" cycle, Grenoble, Octobre 1984.

83
'd" /
, +d./ / l
' .
Ima tyal "se faire aimer", "estimer" <Ima
tya -+ IderlV.+rendre
agréable
Imàgw~;"poursuivre quelqu'un" <Imà+gw~1 ..., Idériv+chasserl
Imàk':>n':>l "attendre quelqu'un" <Imà+k~n~1 -+ Idériv.+attendrel
Imàkàs)1 "implorer"
<Imà+kàs); -+ Idériv.+p1eurerl
'.'10 'loI
. ' .'10 'loI
'
ImaJ tg! "se soumettre", s'abalsser" <Ima+J tg!
-+ 1 deriv.+descendrel
,
Le dérivatif verbal IS':rl répertorié en bambara apparaît en ju1a,
mals seulement dans deux lexèmes verbaux: Is':>bSI "s'éloigner", "écarter
quelqu'un ou quelque chose" et Is?xiQI "approcher de" ; cela ne nous semble
,
pas suffisant pour compter Is';)-I parmi les dérivatifs verbaux en jula.
Nous n'y comptons pas non plus Idal qui est répertorié par C.Bailleul 1
comme étant un dérivatif préfixé en bambara. Idal est plutôt un lexème
nominal qui signifie "bouche" dans le lexique du corps humain; et comme
nous le verrons ultérieurement, Idal a par ailleurs une constellation de
sens dont: "le bout", "la bordure", "le début" ou "le commencement"; ces
sens se retrouvent dans les composés tels que:
Idad~1 "mettre le bout" < Ida+dQj..., Ibout+entrerl
attiser"
/
...",
Idab)lal "cesser"
<Ida+bilal -+ Ibout, commencement+ laisserl
/
/
""
IdaminEI "débuter"
<Ida+minEI -+ Ibout, commencement+attraperl
"commencer"
Dans les exemples ci-après, donnés par cet auteur, il s'agit ainsi de bases
verbales composées et non de bases verbales dérivées:
"tasuma dadQn"
"attiser le feu"
1! ye sira daoo"
"ils ont refait la route"
"U y'a dabila"
=
"ils ont cessé de le faire"
"~ dam!n~na"
=
"c'est commencé"
1 BAILLEUL (C). Cou~ pratique Bambllra III : typ~ de phr~, Imprimerie de III SavllOe,
Bobo-Dioulasso, 1977.

84
2.1.2 - Les dérivatifs verbaux suffixés:
lya.1 est le seul dérivatif verbal suffixé que nous avons répertorié
en jula.
- le dérivatif lya.1 : c'est un inchoatif en ce sens qu'il exprime le début
d'une action qui va progresser. Il se suffixe aux lexèmes adjectivaux
(verbes d'état ou verbes statifs selon certains auteurs) pour obtenir des
verbes; exemples:
,
\\.
'>-~
/
avec Igon1l "chaudion a
Igoniyal "chauffer"
,
/ . l A
,~"
'1.
/
"
,
Imuso be jll gomya
ka d~ ka 1
femme p.v. eau chaud.dériv. conj. enfant laver.
"la femme chauffe l'eau pour laver l'enfant".
/
avec Ical
"nombreux
/
'
on a Icayal "rendre nombreux"
, , /
avec Imàgà/
"mou"
on a
Imagaya/ "rendre mou". "amollir" ,"ramollir"
Ir.
"
" /
Itile ye a magaya 1
soleil p.V.
le
mou-dérivé.
"le soleil l'a ramolli".
L'adjonction du dérivatif I-yal entraîne dans certains cas des
transformations phOnétiques; exemples:
,
avec IbQ/ "gros"
on a
Ib"ùpèl "grossir"
,
"\\
avec 1 p1l "bien", "bon" on a
IJlEI
"rendre bien", "rendre bon"
.,
., ,
avec IJ~I "grand"
on a
IJE:P€I
"grandir".
/
Signalons que le dérivatif I-yal se suffixe parfois à des lexèmes
verbaux ou verbo-nominaux; exemples:
avec Ib8.uku1 "le majeur", "devenir majeur" on a
Ib8llkuyal
"devenir majeur"
avec ImàIol "avoir honte", "humilier" on a Imàloyâ> "avoir honte",
"humilier"

85
Après les dérivatifs préfixés et les dérivatifs suffixés, nous pré-
senterons brièvement la reduplication comme procédé de dérivation verba-
le et examinerons les problèmes du schème tonal au niveau de la dériva-
tion.
. 2.1.3 - La reduplication.
Elle touche un grand nombre de lexèmes verbaux et exprime le plus
souvent l'intensité et la répétition; exemples:
/
/
/
avec Ip~1
" sauter"
on a Ip~p~ "sautiller", "sauter plusieurs fois".
avec Ib'à1i1
"courir", "conduire" on a Ib'àlib'àlil "courir plusieurs fois"
/
/
/
avec Imunui "tourner"
on a 1 munumunui
"tournoyer".
2.1.4 - Le problème du schème tonal:
Pour terminer la présentation des bases verbales dérivées, signalons
Que selon plusieurs linguistes, la dérivation tonale est attestée en jula. A
ce propos, B. Coul ibaly écrit:
"le changement de ton affecte certains nominaux qui
passent de la catégorie des nominaux à celle des
verbaux. Il s'agit donc d'une dérivation de type exocen-
trique. Nous appellerons dénominaux, les verbaux obte-
nus par dérivation d'un nominal"
et il donne les exemples suivants:
.... "
~:
"querelle"
et
~:
"quere 11er"
kàsî
"pleurs"
et
kàsl :
"pleurer"
,
1\\.
....
....
~
"fatigue"
et
seg~ :
"fatiguer"
k/
A
uma:
"parole"
et
kUma:
"parler"
L
A
f
f
ffil:fl :
"pensée"
et
ffil:fl :
"penser"
....
....
"
............
Stn:?g:> :
"sommeil"
et
Stn~Q:
"dormir"
Considérant qu'en jula la marque du défini se réalise par une modifi-
cation du ton de la syllabe finale et considérant la réécriture suivante des
nomi-naux ci-haut cités:

86
kÈl~
<
kÈIÈ
+
défini
kàsî
<
kàsl
+
défini
,
, ,
,..
SEŒ
<
SEg~
+
défini
k/
'"
k'
/
l.IDla :
<
uma
+
défini
L
'"
~
~
ml:rt :
<
ml:rt
+
défini
... , "
... , ,
Sln::>g:- :
<
Sln:>gJ
+
défini
Nous réfutons la thèse du changement tonal pour les cas cités; i1
s'agit manifestement des mêmes tons dans les deux valences lexicales.
Employés comme verbes, ces lexèmes ne changent pas de schème tonal et
employés comme noms, ils reçoivent les marques nominales, dont celle du
défini. Il n'y a donc pas de dérivat ion; ce sont des lexèmes qui sont
bivalents: selon leur fonction syntaxique ils prennent soit les marques
nominales, soit les marques verbales.
2.2 - La composition verbale:
Elle comprend deux ou trois lexèmes, très rarement quatre lexèmes
et plus; très souvent l'un des composants est élargi d'un dérivatif.
La structure la plus fréquente des bases verbales composées est:
lexème nominal+ (dérivatIf) + lexème verbal Exemples:
Itlnomàj::)l "écouter", "faire attention"</tlno+mà+j:>1 -+ loreille+dériv.+
arrêter/
lJ')ânarol "régler une affaire" <IJ')é+lll+bSI -+ loeil+dériv.+sortirl
IkSDbl ·critiquer", traduire" <IkSD+fSI -+ Idessous+raconter Idire.!
-donner la signification-
Remarque: la plupart des lexèmes nominaux entrant dans la composition
verbale relève du lexique du corps humain; nous en donnons la liste en
annexe n° 1; signalons tout de suite que cette 1iste n'est sans doute pas
exhaustive.
Une autre structure des bases verbales composées est:
composé nominal + lexème verbal; la particularité de cette structure est
la nature -énonciative- de la base verbale composée en question; il s'agit
d'énoncés qui sont devenus des verbes; les phrases ci-après en donnent
des exemples:

87
.1
/
(
"
"-
" - ,
- Il
ye
n
m::lg:> - kolQ.-bu]lEI
tu pred.vb. moi personne
gâté-honorer
"tu m'as'honoré comme une personne non respectable"
/
./,,,
/ "
...... "
........:'"
- Id~ffi1~U
ye a bàsa - kili-al
enfants pred.vb.
le' margouillat oeuf casser
"les enfants l'ont cassé comme un oeuf de margouillat"
" ,..
" "
.....
.....
dans ces deux phrases ImJg:>kolQOO]lEI et lbàsakilidl sont des bases
verbales composées; les éléments qui les composent sont indissociables,
on peut dire par exemple:
ln m~:>kolQ.bu]lEna> "j'ai été honoré comme une personne "non
,,,
/
respectable" ou la bàsaki1iciral "il a été cassé comme un oeuf de mar-
gouillat-.
Après le rappel morpho-syntaxique (schéma des valences) et l'éla-
boration de nouvelles bases. l'étude du sémantlsme des bases verbales
gagnerait davantage en tremplin et en intérêt par une observation de la
transitivité.
3 - LA TRANSITI VITE. 1
Les bases verbales en ju1a se répartissent en bases verbales transi-
tives et en bases verbales intransitives.
3.1 - Les bases verbales transitives.
Elles impliquent une base nominale complément qui désigne ce qui
est visé par l'action. Au niveau de la "syntaxe phrastique" elles permettent
la transformation d'une phrase active en une phrase passive.
La transformation passive en jula exige d'une part la modalité
verbale 1-11i1 (Qui marque la perfection ou l'accompli et Qui se réalise
aussi l-r1i1 et In1i1 selon les contextes), et d'autre part la postposition
IfÈI qui marque l'agent sur lequel est mis l'accent dans la transformation
passive.
1 La transitivité en jula est ce Qui serait la traduction du passif et de J'actif.

88
Pour une phrase active possédant la structure syntaxique:
SNI +
préd.vb. + SN2
+
,.f V
S
1
0
r
P
la structure de la phrase passive sera:
SN2 + .;V + acc. + SNI + postp.
Exemptes: 1 - Ictf
b8gâ mlrrenfant a mangé la bouillie".
enfant préd.vb. bouillie boire.
2- !bàgâ mlna d~ fÈ/ "la bouillie a été mangée par
bouillie boire ECC. enfant postp.
l'enfant"
Signalons que cette transformation n'est pas très productive.
3.2 - Les bases verbales intransitives:
Elles impliquent J'absence de base nominale complément et de la
présence ou non de la postposition IfÈ/; exemples:
·IkSrSt51 "s'impatienter", "se hâter"
Imùsô kSrStSra à tagaral "la femme s'est impatientée et est
femme s'impatienter-ECC. elle partir ECC.
partie",
· If)lll "se tromper"
, ,. ""
/
\\ \\
Im~ béE be fili
l "tout être humain se trompe".
personne toute
pv. se tromper.
· Ikfuél "cri er" :
Id/ee" b/e k/W/er/al "J'enfant est en train de crier".
,. -
./sàbàt11 "être stable"
Is~gUrû n) sàbàt1ra
s)sal
"cette jeune-fille est stable
jeune-fille cette être stable-ace. maintenant
maintenant".
En pluS des bases verbales transitives et des bases verbales intran-
sitives, il existe en jula des bases verbales Qui régissent une construction

89
réfléchie: Je référent du nominal sujet est identique à celui du nominal
objet; exemples:
. IdàtikEI "raconter"
~
,/
/
l
,
ln
ye n d~tikEl "j'ai raconté le motif de ma venue",
je préd,vb. moi raconter.
.lkàl11 "jurer"
/
/
,.
'"
ln
ye
n kà111 "j'ai juré",
je préd.vb, moi jurer.
. IcÈ/"renier sa parole"
,
,
/
/
la ye
1
CE
1
"il a renié sa parole",
il préd.vb. se renier sa parole.
. Imàkù.1 "se taire"
....
,II'
/
/
'\\
'"
Id~t ye
1 màk.l!, 1 "l'enfant s'est tu",
enfant pred.vb. se taire,
La
répartition
bases
verbales
transitives,
bases
verbales
intransitives et bases verbales réfléchies permet ainsi de réunir des
données qui serviront de jalons pour la présentation des valences sémio-
syntaxiques des bases verbales en jula.
3,3 - Valences sémio-syntaxiques des bases verbales:
La présentation des valences sémio-syntaxiques des bases verbales
consiste essentiellement en un examen de la voix et de la diathèse, c'est-
à-dire des propriétés syntaxiques des bases verbales à accepter ou pas un
complément.
S'agissant de la voix et de la diathèse, A. Delplanque distingue deux
types de verbes transitifs en dagara 1 : les verbes transitifs pouvant se
1 DELPLANQUE (A.) Structure sémantique du vocabulaire dagara, pp. 102-103.
-Exemples: en dagara de:
, verbes transitifs pouvant se mettre à la diathèse passive:
"la bie ar - a a fJT1annl l'enfant a ébréché la calebasse-
et
la fJT1ann ar - al "la calebasse est ébréchée- ~
. Verbes transitifs ne pouvant pas se mettre à la diathèse passive;

90
1
1
mettre à la diathèse passive et les verbes transitifs ne pouvant pas se
i•
mettre il la diathèse passive. Cette distinction, dont la pertinence au
niveau des valences est manifeste, s'impose également en jula.
1
En effet plusieurs bases verbales transitives se soumettent à la
r
diathèse passive, ce sont celles concernées par la structure syntaxique de
1'-
la transformation passive présentée plus haut; exemple:
./yÉrÉkÉI "éparpi 11er"
.... t-
/
\\,..
/
/k/ "1
1

'11' 1
1
IStSE ye
Jl~:
YErE El a pou e a eparpl e e mi ",
poule pred.vb. mil
éparpiller.
IP.;~ yÉrÉkÉra s1st' fÈI "le mil a été éparpillé par la poule".
mil éparpiller-ace. poule postp.
, ....
. Itanu/ "louer"
, } .
,
/ / / ,
....
'"''
.
Im~~ beE ye a tenu k~EbEI "tout le monde l'a bien loue".
personne tous pred.yb. le
louer
bier!.
tàruma k':JsÉbE m~j bÉÉ fÈI "il a été bien loué par tout le
il louer-ace.
bien
personne tous postp.
monde".
Quant à la diathèse non passive, elle touche un nombre relativement peu
élevé de bases verbales transitives, c'est par exemple le cas des bases
verbales transitives suivantes:
IsÈgÈI "fatiguer, épuiser".
....
/ A
/
/
....
A
"
Iwolo
caama
ye
muso
SEg~ "plusieurs enfantements ont
enfantement nombreux pred.vb. femme
épuiser
fatigué la femme".
*/mùsô sÈ~na [wotô caama fÈ]1 "la femme a été fatiguée par plu-
sieurs enfantements".
Icftmf! "faire souffrir", "faire mal"
"A
....
/
,
,(,(.
Ikuma
nt ye
a dtmll' cette parole lui a fait du mal".
perole
cette pred.vb. le faire mal.
" la bie j ir a a fJTlannl "l'enfant a regardé la calebasse"
et
/a fJTlann j ir a / "la calebasse est regardée""

91
,
f
f
à
*/a
dunID
Ikfunâ ni fÈli"il a été blessé par cette parole".
il faire mal-ace.
[parole cette p05tpl.
!kIl "mordre".
:-
\\
A
. /
. / "
f
IwU1u ye
d~:
kV "le chien a mordu l'enfant".
chien préd.vb. enfant mordre.
*/dt\\{pa wÙ1û fÈI "l'enfant a été mordu par le chien".
Ib':>sll "retirer-.
Imùsô yé mÙI'û tnsl d~~ nal "la femme a retiré le couteau à
femme
préd.vb. couteeu retirer enfant postp.
l'enfant".
l
'-
b' " ./ d'/"'./
'-
f'
A
A
1 "1
' "
..
* muru :>slra
~: na musa
E e couteau a ete retIre a
couteau
retirer-ace. enfant P05tp. femme postp.
l'enfant par la femme".
Après la diathèse passive et la diathèse non passive, signalons
l'existence de quelques bases verbales transitives dont la transformation
passive est incertaine; tous les informateurs se sont montrés indécis,
dubi tat ifs.
Exemples:
, ,
IS'Jr'JI
"obtenir", "recevoir",
Idîgfl
"pousser", "presser",
Ibùrùl
"Perdre", "tomber amoureux",
Id!1
"donner"
fbàràjl1
"récompenser" (parlant de Dieu)
./
Iyel
"voir"
L'attitude des informateurs face à ces bases verbales transitives
invite à réfléchir - ultérieurement - sur le statut normatif de la diathèse
en jula.
Mais en attendant des travaux ultérieurs, nous proposons un début
d'explication à l'attitude en question; il concerne le sémantisme de la
postposition IfÉ/. En effet IfÉ/, marque de l'agent, sert par ailleurs à
marquer le lieu où se déroule le procès exprimé par la base verbale, cela
fait d'elle un locatif. Ce sémantisme entraîne alors une ambiguïté qui
pourrait être à l'origine du comportement dubitatif des informateurs; cela
est par exemple le cas de la phrase suivante:

92
* 1 -la malle a été obtenue par lUI.
/wàgàd~ s:,r:,ra à fÈI
malle
obtenir-ace. lui postp.
"la malle a été obtenue chez lui".
Ainsi au niveau sémiotique, les lexèmes verbaux en jula se répartis-
sent de la manière suivante:
1
- les bases verbales intransitives,
lt
- les bases verbales transitives: elles se subdivisent en bases verbales
i
transitives passivabJes et en bases verbales transitives non passivables,
i
- les bases verbales réfléchies.
t
Cette répartition des bases verbales ne constitue pas le sens de ces
verbes, mais une classification qu'A. DelplanQue, à la suite de B. Pottier
note ainsi: "la propriété transitive des verbes est un classème et non pas
un sémème" (Thèse d'Etat, p. 630). L'étude du contenu sémantique des
bases verbales, comme celle des bases nominales, se fondera sur le méta-
discours.
4 - LE CONTENU SEMANTIQUE DES BASES VERBALES.
L'étude consistera essentiellement en l'analyse des structures des
définitions recueillies auprès des locuteurs jula. Celle-ci permettra de
dégager certains hyperonymes verbaux ainsi que certains synonymes. Nous
avons répertorié trois structures définitionnelles:
- pour définir certaines bases verbales, les informateurs procèdent par le
biais de la négation; cela est le cas des bases verbales dont le procès est
l'absence ou le contraire ou l'inverse du procès de la base verbale utilisée
pour les définir; exemples:
- Igàlàl
définition: Inff mà
S~ bagâ S~:, f ka féere f~nâ
si
tu nég. acheter deriv. obtenir ton conn. vendre chose-postp.
,.
"'
,(
...
,
, ..... , "-
wàlima ni muso ma
ce: S':JîJ/
ou bien si
femme
nég. homme obtenir.
1l'astérisque signale la traduction au sujet de IB:juelle les locuteurs sont dubitatifs.

93
Traduction littéraire:
"si tu n'obtiens pas d'acheteur pour ta marchandise ou
si une femme ne trouve pas de mari."
-
"
Ibal
""
Définition: Ikanâ S'>:JI
"ne pas accePter"
Traduct i on 1i ttéra ire : "ne pas accepter".
."
- IJ~I
,
J.'
/
f ~
~ ~ ~
" " " "
).10.......
"
definition : Illi 1 ye
.~ pml
1 ma a S::lr::l WGW.lUa nl
si tu pred.vb, chose chercher tu nég. le obtenir
ou bien
si
~
/
fI' b/ ~
'"
""
1
ye
f
Q 1
ma a S::lr::ll
tu pred.vb. chose viser tu
nég. le obtenir,
Traduction littéraire:
"demander quelque chose et ne pas l'avoir, ou bien tirer
sur quelque chose et ne pas l'atteindre."
~
/
/ "
/
définition:
Il ma la a
lai
tu nég. poser le postp.
Traduction littéraire: -ne pas se fier à quelqu'un".
" "
" . "
~ /
Ainsi Igà1a/, Ib~/, IJ~ et ISlgal signifient respectivement "ne
pas obtenir un acheteur ou un marr, -ne pas accepter", -ne pas atteindre
une cible" et "ne pas se fier à..,"
Dans cette première structure des définitions, la négation est
marquée explicitement par un opérateur verbal.
La deuxième structure des définitions est : base verbale = ~
verbale; elle exprime un rapport de synonymie. Les informateurs signa-
lent ce rapport de synonymie par des phrases telles que
d/"
b/
"f"
' d '
1 ;)lI
e
a
::lI "certams lsent..:
certain-s pred.vb. le dire.
et

94
, //
/
/ /
/
la bEE
ye
kel~ ye l "ils sont identiques".
il tous préd.nom. un
postp.
Les exemp les suivants illustrent cette deuxième structure-:
- Ibo1okoi "circoncire"
définition: IdSù
bé à tS kà à d~
séti-jf
la wàuma
certain-s préd.vb. le dire conj. le entrer prière eau postp. oublier
,,'
\\
,,"
!ka a sigi nEgE bn à béÉ

è kUmâ
conj. le 655e0ir fer
postp.
il
tous préd.nom. cette parole
/ r ,
/
Ikel~ le ye/.
un
pmr post
Traduction littéraire:
"certains disent "le faire entrer dans l'eau de la prière"
ou "rasseoir-sous-le fer" pour exprimer la même
chose".
- Ibal "mourir"
définition:
1 dS'ù
bé à tS kà à
sàral
certBin-s préd.vb. le dire conj. il mourir-ea:.
Traduction littéraire:
"certains disent quï 1est mort:
/ , (
/
- Ibatunal
,
,.-"\\., ....
définition:
Ika m~:::> jamUI
personne
louer.
Traduction littéraire: "louer quelqu'un".
A travers ces méta-discours sont considérés comme synonymes:
/ / /
,/'~I
...
, - ,
, , , -
- Iboloko/, Id~ setiji1al et lsigi'nEge:-br:::>1
- Ibal et Isàl
/ , (
/
., '-
- Ibatunal et IJatnU/.
Signalons d'une part que pour certaines bases verbales, la structure
base verbale =base verbale
est élargie par plusieurs propositions qui

95
attestent les utilisations contextuelles de la base verbale à définir; et
d'autre part qu'il existe dans la définition des bases verbales dont le
procès est complexe, une série de bases verbales reliées entre elles par
"
Ika/; exemples:
"
/ f ' ' ' ' '
" /
1"
/
Ibaool =Idee ta ka a ~ k 'JJ lai ·prendre un enfant et le mettre au
f'-
....
1
2
dos
/
, , /
/ " , , "
/ " " " "
, "
/ , 1
.,
'"
Iparatal = Ikori-kolô bJ ka a sine ka meleke jene fitini ni ka fi
1
2
3
" , , , , , . . .
/ '
YEIEma jEnE ba lai "égrainer le coton, le carder, l'enrouler
autour de la petite quenouille, le dévider avec la grande
quenoui 1Je:
La troisième structure qui se dégage de l'ensemble des définitions
recueillies est la suivante:
base verbale =(base nominale)+ /wperonvme verbale+base verbale ou
syntagme oostpositionnel Sf)écificateur.
Cette structure nécessite quelques commentaires:
- la présence d'une base nominale précédant l'hyperonyme verbal est
fonction de l'aptitude de ce dernier à accepter ou pas un complément
d'objet
- L'hyperonyme verbal est celui dont le procès contient le procès de la
base verbale qui est définie; il existe de ce fait une relation d'inclusion
entre les deux: le procès de la base verbale définie est inclus dans celui
de l'hyperonyme verbal. Ce procès de l'hyperonyme verbal est spéCifié -
pour le ramener au procès de la base verbale définie - soit par un syntag-
me postpositionnel accomplissant la fonction circonstant, soit par une
,
base verbale ou une série de bases verbales reliées entre elles par lkà/.
Les exemp les qui illustreront cette troisième structure montrent le
rôle important joué par le syntagme postpositionnel et par le complément
d'objet au niveau du contenu sémantique de certaines bases verbales.
Exemp1e1 : selon les méta-discours les bases verbales Ipa.l ·sauter· et
Is'ègl! "retourner", "revenir", ont un hyperonyme commun q~i est Itagal
"aller"; mais ils se différencient au niveau du syntagme postpositionne1

96
/
'
qui spécifie l'hyperonyme : dans la définition du premier, It ag al est
/
'
spécifié par le syntagme postpositionnel
IS~ - fEI "au ciel", "en haut"
ciel
postp.
tandis que dans le second il est spécifié par le syntagme postpositionnel
IkJ
fÈI "derrière", "en arrière". Ainsi "sauter", c'est "aller en haut" et
oos postjJ.
retourner" c'est "aller en arrière".
Exemple 2 : de la définition des bases verbales Ibùgubùgul "laver" et
IsànakOI "rincer" se dégage une même association: IkOI "laver" + IbJI
"sortir", "ôter", "enlever" -
Ikol étant l'hyperonyme et IbJI le lexème
verbal spécificateur - sans pour autant que les deux bases verbales
définies ne soient des synonymes; la différence sémantique réside au
niveau des compléments d'objet requis par IkÔI et IbJI 1 dans la défini-
t i on de chacune des deux bases verba1es.
Dans la définition de IbùguOOgu/, l'hyperonyme verbal Ikol
requiert comme complément les lexèmes suivants : IJ1:X>1 "le mil",
ImàlôI ·le riz·, IfOnÎl ·le fonio·, 1i::ts51 "le niébé"; le lexème verbal
spécificateur IbJI requiert comme complément : IkabaklirÛI "les
cailloux· et IC~C~I "le sable".
Dans la définition de IsànakOI, l'hyperonyme verbal Ikol requiert
.....'
comme compl~~ent
généralement les lexèmes: Iminê-lll "les vaissel-
les", et Ifàniul "les vêtements"; le lexème verbal spécificateur IbJI
requiert comme complément Ik~ga- jÎl"l'eau savonneuse".
savon- eau
Ainsi Ibùguoogul signifie "laver des céréales pour leur ôter les
cailloux et le sable", tandis que Isànakol signifie "laver la vaisselle ou le
linge pour lui ôter le savon" ce qui correspond à "rincer". L'exemple de ces
deux bases verbales montre l'importance de la nature du complément dans
la détermination du sens d'une base verbale transitive; et cela est d'autant
plus pertinent qu'il existe en jula une quantité non négligable de bases
verbales qui ne fonctionnent qu'avec un complément bien stable; exemples:
1(01
"laver les cadavres"
Ipâratal
"filer le coton·
1 Ilcèl et Ib6t ~nt de:s verbes tronsitifs. CependllOt œns certairns ~ 1b6t ~ un verbe
intransitif: c'est quand il signifie par exemple: "sortir", "ressembler".

97
"-
It-::JI
"ballonner de gaz le ~"
"",
Im-::JI
"pêcher les poissons"
""
/dburu/
"troubler un liquide".
Les structures qui viennent d'être dégagées montrent comment sont
définies les bases verbales. Les hyperonymes accompagnés de leurs traits
spécificateurs et les synonymes donnés constituent la partie stable dans
le contenu des bases verbales. En plus de cette partie stable, il existe pour
certaines bases verbales une partie variable; l'existence de celle-ci est
fonction du temps, du locuteur et de l'auditeur et de la référence des bases
verbales.
5 - LE CONTENU PRAGMATIQUE DES BASES VERBALES:
La partie variable du contenu des lexèmes correspond au virtuème.
Selon A Delplanque [ le virtuème dont l'utilisation remonte à B. Pottier
"fait intervenir des connotations idéologiques exprimées le plus souvent à
l'aide des verbes modaux: pouvoir, devoir, vouloir, de verbes appréciatifs".
Dans les définitions recueillies en jula, les verbes modaux ou les
verbes appréciatifs n'apparaissent pas systématiquement. Il faut procéder
par paraphrases, et là, le verbe devoir est le plus prédominant 2 des trois.
Il marque, selon les circonstances, des contraintes sociales en interdisant
ou en rendant incommode l'utilisation de certaines bases verbales.
Le verbe modal "devoir" indique des tabous linguistiques, c'est-à-
dire des tabous portant sur l'usage des bases verbales. Au cours de nos
enquêtes, nous avons remarqué que les tabous linguistiques relèvent sur-
tout du domaine de la sexualité et du domaine de la mort. En plus de ces
deux domaines qui constituent chacun un champ sémantique facile à cerner,
nous avons répertorié quelques cas épars de tabous linguistiques.
A la place des bases verbales dont l'utilisation est incommode, les
locuteurs jula utilisent des bases verbales simples ou des bases verbales
complexes euphémiques.
1 DELPlANQUE (A), Structure sémant1Que dU vocabulaire cIlçIra
2 LI! préOOmimmœ du verbe devoir est due œrtainement llU lilmlline enquêté lilminant qui est
celui de la religiosité.

98
Signalons que très souvent nous n'avons pu recueillir les tabous
linguistiques qu'à partir de l'euphémisme. Les cas d'euphémismes et de
tabous linguistiques répertoriés se présentent dans les domaines ci-après.
5.1 - Le domaine de la sexualité:
Nous regroupons dans ce domaine les expressions de l'action de
circoncire, du coït, de la menstruation et de la fécondité.
5. l, 1 - L'expression de la circoncision:
L'action de circoncire est exprimée de deux manières:
- la manière incommode, grossière, par:
/f6r5 ÜgÈ/ -+ /couper le pénis/
péni~
couper
- la manière euphémique par plusieurs bases verbales complexes, dont:
\\ . \\ . "
' ; ' 0 . .
/Slgl nE gE- k~rJ/ -+ /asseoir sous/prés le fer/
asseoir
fer
sous
"
l " "
/
IdQ
seliji
lai ~ /mettre/introduire dans l'eau de la prière/
mettre prière eau postp.
/bOloko/
~
/laver la main/.
5.1.2 - L'expression du coït:
Là également il existe deux manières:
- la manière incommode, grossière, exprimée par:
/j'ùkè:/
Ifaire le sexe/
postérieur faire
- la manière euphémique; exemples:
\\
" ,." /
Ikl1!USi b:)/
-+
/Oter la culottel
cu lotte
ôter
.,
\\ . ,
"
/J~
ni
a
ye/
/s'unir avec il/elle/
s'unir avec il/elle postp.
"
.r"
"
1 la
nI
a
yel
-+
Ise coucher avec il/elle/
se coucher avec il/elle postp.

99
f
Jo.
'"
Idihl tigE 1
Icouper la nattel
"-
natte couper
1 1\\
"-
ldila dol
lintroduire la nattel
....
"'
natte mettre
Remarques: l'expression Ikurusi b:ll est ambigüe; dans un énoncé te 1que
/1'
/
: 1 . , A
/
Id~: ye
kurUSl
b:ll 4
1 l'enfant a enlevé la culottel
enfant préd.vb.
culotte
ôter
le sens du coït est exclu, ce qui ne serait pas le cas si on remplaçait le
nominal-sujet Id~ 1 par Icè l "l'homme"; un énoncé tel que
,A
1 ' "
A
/
lœ:
ye kurUSl b:ll 4 IJ'homme a enlevé la culottel
homme préd.vb.
culotte
sortir
peut signifier soit "l'homme a enlevé sa culotte", soit "l'homme a fait
J'amour-; c'est le contexte situationnel qui détermine le sens.
- il existe plusieurs expressions du coït qui relèvent de l'argot,
c'est-à-dire du vocabulaire propre à un groupe socio-professionnel.
- enfin les différentes manières d'exprimer le coït n'ont pas la même
valeur.
5.1.3 - L'expression de la menstruation et la fécondité:
5.1.3.1. - L'expression de la menstruation:
Nous avons répertorié deux expressions qui signifient "avoir ses
menstrues", ce sont:
.... Ab/k.... A
/
- Imuso
e
0011
lai 4
lia femme est dans ses menstruesl
femme
exist menstrues postp.
....
A
/
k / A
/
- Imuso ye
alo ye/4 1 la femme a vu la lunel
femme
préd.vb. lune voir.
Le sens de ces expressions est lié au contexte situationnel, par
exemple la seconde expression signifie littéralement "la femme a vu la
lune-; et c'est certainement par un rapport de métonymie et un rapport de
métaphore que la même expression signifie "la femme a vu ses menstrues";
le cycle de la femme et le cycle de la June ont presque la même durée.
Quand le cycle de la lune finit la lune apparaît et quand le cycle de la

100
1
femme finit c'est le sang qui apparaît; les menstrues interviennent à la fin
1
du cycle.
~
5.1.3.2 - L'expression de la fécondité:
1
!
Pour exprimer la fécondité, la langue jula utilise d'une part l'asso-
~
/
1\\
ciation du lexème nominal Ik:::>m 1 "le ventre", "la grossesse" avec un
autre élément linguistique, soit une base verbale dérivée, exemples:
1
,,~
"-
Ik:::>n:J
tal
-+
1 prendre le ventre, la grossessel
ventre prendre
1
IkSnSmal
- t
1 ventre+dérivatif+état/ "engrosser"
1
ventre - dériv.
1
'1,
1 laSiri
1
-+
Idériv.+1îerl "engrosser"
œrivlltif-lier.
1
"t
D'autre part, la langue jula utilise soit la forme négative de l'expression
!l
de la menstruation mentionnée, soit d'autres expressions imagées, telles
que:
1
ImÙSô bôlô bé jîfral -+ lIa main de la femme se trouve dans l'eaul
5.2 - Le domaine de la mort:
L'annonce verbale de la mort d'un individu dépend de la classe d'âge
et de la situation matrimoniale du défunt; nous avons répertorié par
exemple:
,~
1
/
- ISegl
i k:::>1 -+ Iretourner dans ton dosl qui signifie "mourir".
retournerton 005.
quand il s'agit d'un bébé:
- Ib~1 -terminer", "mourir" quand il s'agit d'un adulte sans enfant; selon
les informateurs le lexème verbal Ibal
,..
s'applique à des hommes et à des
femmes cél ibataires qui ne peuvent pas se perpétuer à travers une
descendance directe.
-
"
Isel "éteindre", "mourir" pour une personne qui a une descendance
directe.
Signalons que ces deux derniers lexèmes verbaux sont de plus en plus
utilisés de façon neutre.

101
k' 'f....
,
- 1 àh a mInai
Ireprendre la chose confiéel
f//t/I
.
"
- 1 aa li.! "mourIr", "deceder".
Ces deux expressions connotent l'islam: la vie est considérée comme une
chose que Dieu confie à chaque individu, et en être déchargé équivaut à
mourir.
Tout comme l'expression du coït, là également, il existe une multitude
d'expressions signifiant "mourir" qui relèvent de l'argot.
5.3 - Le domaine des divers:
Il s'agit des cas d'euphémismes et de tabous linguistiques isolés,
c'est-à-dire Qui sont considérés hors d'un champ sémantique. Ces cas
d'euphémismes et de tabous linguistiques sont souvent liés au temps, à
'l'espace et au sexe; ils sont attestés dans plusieurs langues Négro-afri-
caines, dont le dagara; exemples:
- lfile
ffyél "siffler" est interdit aux filles et aux femmes et interdit
sifnet soumet
de nuit.
- IdSkilî lai "chanter" est interdit dans les toilettes et les douches.
chanson poser
- lZiri lai "conter" est interdit de nuit.
- Ikanfl "réclamer une dette" est interdit de nuit.
- IkÛffial "parler" est interdit dans les toilettes et les douches et
interdit le matin au réveil quand on ne s'est pas lavé le visage et la bouche.
Ces exemples nous amènent à faire la distinction entre le tabou lin-
guistique et le tabou culturel, il s'agit là de distinguer le direet le t'aire
Le premier tabou concerne tout ce qu'on ne doit pas dire tandis que le
second tout ce qu'on ne doit pas faire par exemple ·siffler", ·chanter",
"conter" ... Les exemples suivants sont des euphémismes:
- Itaga-·bânâ -lOI ~ la11er derrière le kapokierl "déféquer"
aller kapokier dos
/
'
/ fo
/
- Itaga bil - nal
~ laller dans l'herbel "déféquer"
aller herbe postp.
't
1\\ k'/
'f'
(
1
b " )
- 1$:)1.)
El
"de equer" pour es ebes.

102
1
f
~
ils siginifient "déféquer" et sont quelques formes euphémiques de IbOô
kÉI ~
Ifaire l'excrémentl, expression jugée incommode, grossière et
1
relevant des tabous linguistiques.
1
!1
Il est à noter que, si les locuteurs définissent sans difficulté ces cas
d'euphémismes et de tabous linguistiques, ils n'arrivent pas toujours à dire
~
pourquoi ce sont des euphémismes et des tabous linguistiques. Pour pallier
cette incapacité ou méconnaissance, il est nécessaire de recourir à des
disciplines telles que la psycho-linguistique, l'ethnologie et l'ethno-
1inguistique.
1
L'étude qui vient d'être faite a permis d'appréhender le sémantisme
des bases verbales aux différents niveaux d'analyse présentés dans la
1
partie introductive de ce travail.
r!
Ce sémantisme tout comme celui des bases nominales subit parfois
des modifications au contact d'autres unités de la langue telles que des
prépositions et des postpositions.
1
L'étude de celles-ci permettra non seulement de mieux cerner le séman-
tisme des bases nominales et des bases verbales, mais aussi de mettre
davant(lge à l'épreuve des outils de description tel que le locatif, le
transitaire et l'item.
1
!!

103
III
LE SEMANTISME DES PREPOSITIONS
ET DES POSTPOSITIONS

104
1
1
(
1
1
,
1 - LE SEMANTISME DES PREPOSITIONS:
1
Les prépositions répertoriées en jula sont au nombre de deux
,
L
,
/
/
/
Ikabll (qui a une variante qui est Ikabirul) et Ib/.
1
Faute de pouvoir dresser l'inventaire des catégories de bases
verbales qui acceptent ces deux prépositions, nous partirons de quelques
exemp1es de phrases dans 1esque 11 es elles sont util isées pour dégager 1eur
sémantisme; ces exemples sont:
avec Ikàbfl ou Ikàbfnfl
- là tagara kàbi kùnùI "il est parti depuis hier".
il
aller -~ prép.
hier
'bL L / /
/
.
....
A
/
/
- Imuso klIlera ka Inl kEnEmal "la femme a crie depuis dehors".
femme
crier-ace.
prép.
dehors.
,
/
'
....
k' b' l' 1\\
/
.

.
- la ye
a mUJlu
a 1 :Jg:l rai "111'a supporte depuis le marche".
il préd.vb. le supporter prép. marché postp.
avec 161
\\
\\
\\.
"
"
"
\\.
\\.
.1'"
/
\\.
.:\\
\\.
\\.
1-
- IbanabagàD sun~-ra b 0 dugusegEl"le malade a dormi juS-
malade
oormir-occ.
prép. ce
lenœmaln.
qu'au lendemain".
" I /
/
- " ' :
- la tagara b
farastl "il est parti jusqu'en France",
il aller - ace prép. France.
,
/
"
....
'
~
/ A
- la ye a mUJlu 1:::> Sool "il ra supporté jusqu'à la maison",
il préd. vb, le supporter prép, moisan.
La préposition Ikàbfl ou Ikàbfnfl marque soit le temps, soit le
lieu de départ de l'action exprimée par la base verbale, tandis que la pré-
position IfSI marque la limite, la fin d'une action.

Sans rien changer à ce sémantlsme, Ikàbfl et IfSI peuvent être
préposées à des propositions et à des syntagmes postpositionnels;
exemples.
,~~,
,.,
/ ' / " . /
Ikabml a nana
bEE sumanal "depuis qu'il est venu tout le monde
prép.
il venir-ace. tous
calmer-ace.
s'est calmé."
/
/
1
/
,
/
' /
.... /\\
l ' .
la bena a d:J
f:J ka a see kanl
"nous allons danser JUSQU'à
_
,."
"'"
. r-
l'v
nous préd.vb. nous danser prép.toj nos jambe casser
nous casser la jambe."
'b~ '" k/
k/ ./
.
A
Ika ml
QgO
:.n:JI "depuIs la brousse:
prép.
brousse
postp.
IfS
d~gùtigî
fél" jusque chez le chef du village:
prép. villa}!-propriétaire postp.
k'b~ /
fI'
. l' b
1 a 1 y~
E 1 "depUIS a- as:
prép . là- bas pospt.
Afin de marquer une insistance sur le rapport de lieu ou de temps expri-
mé par Ikàbf/, Ikàbfnfl ou IfS/, les locuteurs jula allongent la voyelle
finale de ces prépositions, ce qui donne:
- k
1 ' b~'
a u ...../ /
k'
1
b~~' 1
a mu.....
- IfS::> .....1
Ces formes d'insistance apparaissent souvent en fin de propositions, le
nominal auquel elles sont préposées étant sous-entendu; exemples:
tagara kàbu....../ ''il est allé depuis.... pour dire qu''j] est allé depuis
il aller-ace.
prép.
longtemps.
tagara tS:J ...../ »il est allé jusQu·au..... pour dire qu'il est allé loin.
Remarque: ces formes d'insistance sont attestées en français populaire
ivorien; on dira par exemple: "il est parti depuiiis..:, "il est parti
jusau'ààà".
2 - LE SEMANTISME DES POSTPOSITIONS.
A l'instar de plusieurs langues du groupe Mandé dont le bambara et le
"dioula de Côte-d'Ivoire", le jula possède deux types de postposition: les

106
t
1
postpositions dites pures et les postpositions dites noms fonctionnalisés.
f
Elles ont fait l'objet de quelques descriptions 1. Nous les décrirons comme
l
nous avons décrit les bases nominales et les bases verbales, c'est-à-dire
[
en dégageant différents niveaux d'analyse et en opérant avec des outils
1
!
tels que le locatif, le transitaire, l'item.
1
Les postpositions dites pures sont celles qui n'ont apparemment
aucun lien sémantique avec une base nominale ou verbale de la langue. Par
1
les critères des lois de la phonétique générale et de la phonétique particu-
lière aux langues du groupe Mandé, (C,) Ba1lleul fait des propositions sur
les éventuelles origines des postpositions dites pures. Cela nous amène,
dans le présent travail, à faire quelques remarques.
Quant aux postpositions dites noms fonctionnalisés - appellation de
Maurice Houis -, elles désignent généralement les parties du corps humain.
Avant de présenter les postpositions, signalons d'une part, que
celles-ci ont une distribution plus restreinte que les prépositions Ikàbf/,
,
L
L
/
.
Ikabmll et If::)1; d'autre part, certams clrconstants de temps et certains
circonstants de lieu sont dépourvus de postposition. Nous dressons
l'inventaire en annexe n" 2. Le fait que ces circonstants ne prennent pas de
postposition 2, pourrait s'expliquer par les notions locative et tempo-relle
qui sont intrinsèques à leur nature.
2.1 - Les postpositions dites pures:
.
1/
f'
' k /
,
Elles sont au nombre de cmq : 1 al, 1 El, Iye/, 1 ~ et Ima/. A la
suite de l'article de (c.) Bailleul, nous ferons une proposition qui réduirait
le nombre de ces postpositions à quatre. Pour dégager le sémantisme de
ces postpositions, nous procèderons comme nous l'avons fait avec les
prépositions, c'est-à-dire, partir de quelques exemples de phrases illus-
trant au mieux tous les emplois des postpositions en question.
1 Il s'e.;jit des articles et de parties de thèse et de mémoire suivants:
- BAILLEUL (C.), "sens originel des postpositions en Bambara", Mandenk.an..... printemps
1986, n" 11, pp. 71-74.
- KONE (D'), "La combinatoire Verbes-Postpositions en Bambara", Mandenk.an... , printemps
J984, n" 7, pp. 1- 14.
- Coulibaly (B.), Thèse d'Etat. pp. 542-547.
- KEITA (A.), Préalable pour une étude ethno-linquistique des parties du corps humain en
jula. 1984.
2 Ace propos. notons que dans: Le francais correct de Grevisse (M.), il est signalé le choix à
préposer ou il ne pas préposer un mot fonctionnel aux noms des jours de la semaine, exemples
oonnés: "On était au samedi" (Flaubert)." "Nous étions mardi' (J.Girauooux)", cf. p. 321.

107
/
2.1. 1- Des exemp les avec lIaI:
dl' A
/
t" A
il
/ A I ' "
1 ~ ye
00 su
n.~ nal "l'enfant a trempé le tè dans la sauce
enfant prédvtl. lo
tremper sauce
pospl.
' t / / / k/
/1"
.
"
A
la
agara
ggo la
il est alle en brousse
il aller-acc. brousse
poslp.
/
;.
/
/ ! - / .
ISUgarO be
baga lai le sucre est dans la bouillie"
sucre
exist. bou11lie postp.
tagara môbrn 113./ "il est allé en voiture"
il aller-ace. voilure
poslp.
\\
A \\
'
/
,,...
~ d~~IIA
/
Imuso tlg€ra CEE nI GU a..r..a nal "la femme ne se fie plus à la parole de cet
femme couper-tlcc. homme cel parole '"p05lp.
homme"
,
A I "
/
la mùso
sera a laI "sa femme est arrivée à bout de lui".
sa femme
arriver-acc. lui
post.
2.1.2 - Des exemples avec IfÈI :
l'A
/
1
l '
,
"
,
Id~ tagara a faœ fEI ''l'enfant est allé vers/chez son père".
enfanl aller-tlcc. son père
poslp.
/
A I "
,
Iwarl te
n fEI "je n'ai pas d'arç.ent".
argent
exist. moi
poslp.
/ A / ! r
" , , '
Imato tobtra muso fEI "le riz a été préparé par la femme".
riz
préparer-acc. femme
postp.
" / J I I
......
'
lU YElera nne fel "ils ont ri avec moi".
ils rire-~ moi
pospt.
Id~n~1
b/
' f ' ~ f'
1('~
2Jra
a
au; El "cet enfant ressemble àson père".
enfanl cel ressembler-ecc. son père
poslp.
,1' !, "A l"
/
/
IeEE nt a muso b:>ra
p.:>g:> fEI "cet homme et sa femme sont sortis ensemble".
homme el sa femme
sortir-ace. ensemble post.
' ' ' ' /
I l
.. t / A
,
le~C§ tagara )IWOYO
fel "le seble a été emporté par le ruissellement de l'eau".
sable
aller-acc. ruissellemenl poslp.
/ / Ab/' f'
Is~guru
e a
el "la jeune fille se trouve chez lui" - "la jeune fille l'Ilime".
jeune-fille exisl. lui poslp.
ln
,
.t
,
béna môbilî
sa 1 fel "j'~tleterai une voiture chez toi".
je
préd.vb. voilure
echet;,. toi poslp.

108
/
2.1.3 - Des exemples avec Iyel :
,
/
/
~A
,
~
/
ln bena. mobi11 s~ 1 yel "j'ocheterai une voiture pour toi".
je
préd.vb. voiture acheter toi postp.
,
/
" A
/
,l'''''''
/
A/
/
la ye d~du b
kl;tgo sogou
yel "li a joué du tam-tam aux animaux œ
il préd.Yb. tam-tam jouer brousse animaux postp.
la brousse".
, /
'5f/ /fLU/ /1"
"
1a ye
wor
Er~
a ye
il a fendu la cola en deux .
1
il préd .vb. cola
fendre deux poslp.
l
/ / b/
t
L
,,...
/1
.
.
1
1
aga
;)
1 mXê
ye
"va rendre visite a ton grand-pere".
~
aller sortir len grand père poslp.
!
i
/(
'"
A "
/ 1 1
....
~L/
Ik loklo sama s~ kel~ ka
b2 n1 1 yel "dindon: une patte d'éléphant est plus
1
dindon
éléphant palle un
préd .adj. grosse
toi post.
grosse que toi".
, , " /
,,-
,,,
/
la {aœ ye
karam~ yel "son père est un marabout"
1
son père
local.
marabout
poslp.
1
ln
!

s~ô ÜgÈ ni' mhrû yél "jecoupe la viande avec le couteau".
1
je préd.vb. viande couper dN couleau
poslil.
2.1.4- Des exemples avec Ikal :
lmùsô bé
{ànî f~sè nège: -JÙTÛ kal "la femme étend le linge sur le fil de
femme
préd-vb. linge
étaler
fil
corde
poslP.
fer".
hé kfIrû kal "il se trouve sur l'escabeau".
il
exisl. escabe;(, posLP.
d/A
/
d'~ k/
1 ~ be
E:""'i:,
~I 'Tenfanl se lrouve sur la natte".
enfant exist. nalle
pospt.
l ,
b/ L k/
b/
k/I
A
a
e
1
a
aara
~ "ilestsurtontravail"(c-à-d.i1estentrainœfaire
il exist. ton conn.
trlVail
poslp.
ton travail).
, /
,"
/
la be
SE~
k~1 "il se trouve sur la souffrance" = "illilmine la souffrance
il exist. souffrance poslp.
" , . . .
,l"
/
ISE~
he
a k~1 "la souffrance se trouve sur lui" = "il souffre".
souffrance exist. lui poslp.
,
/
L
A
/
la be
Y1r1 k~/"il se trouve dans l'arbre".
il
exisl. arbre
poslil.
,
2.1.5- Des exemples avec lmal :
,
/
II:
\\ . ,
....
A
,
1a ye wan d 1 a muse mal "il a donné l'argent à sa femme".
il préd.vb. argenl donner sa femme
poslll.

109
,
/
/
, A
,
10
ma
se ke:1e: mal "cela ne nécessite pas la bagarre".
cela préd.vtl. arriver bagarre postp.
, , ,
/ , f
"
'dl'" k/k/
k â '
Imuso ye 1 ta
a ~ a uma- ...... mal "la femme s'est fondée sur la
femme préd.vtl. se prendre son enfanL conn. parole-voix
poslp.
parole de son enfant".
, , ,
/
,
,
/
1
/
t'
,
ISosa be
mme: a tulofara mal "le lapin s'attrape par les oreilles",
laPin -préd.vtl. attraper son
oreille
postp.
/
/
1
,fI'
r
/
l"
\\
la
ye n file: n s~k~ le mal litt. "regardez-moi par le bruit de mes pas"
vous préd.vtl. moi regarder mon pied voir pmr poslp.
• "Reconnaissez moi aux bruits de mes
pas".
'l"
,,,
"
.
la ko a musa ma tel "il adita58femmeainsi".
,"'-
il dire sa femme
postp. ainsi.
, /
/ 1 / "
'. •'
{
,
la ye
kabakuru fUi n mal "il a lancé le caillou sur moi".
il préd.vb.
caillou
lancer moi postp.
En plus de ces exemples, la présentation des noms fonctlonnalisés
contribuera à dégager le sémantisme des postpositions pures, et partant,
des noms fonctionnalisés eux-mêmes.
2.2 - Les noms fonctionnalisés:
Ce sont des nominaux qui se sont spécialisés dans l'expression des
relations casuelles et spatio-temporelles. Ils sont au nombre de sept en
k' ·
/
.
,
k/
b/ 1/
jula, ce sont: 1 ~/ "tete", I)îEI "oel1", "vlsage", l '::JI "dos·, 1 001 "bras",
"main", IkSnSI "le ventre", lcÉl "taille", IkSrSI "sens", ·signification",
Signalons qu'en bambara, il existe un huitième nom fonctionnalisé qui
est Ibaral "maison"; en tant que postposition Ibaral signifie "chez", son
existence en bambara est signalée par Charles Bailleul et par Dramane
Koné dans leurs articles respectifs cités plus haut. Le nom fonctionnalisé
Ibaral n'est pas attesté en jula; il n'apparait pas non plus dans la pré-
sentation des circonstants marqués en dioula de Côte-d'Ivoire 1. Nous ne
tiendrons donc pas compte de lui dans le présent travail.
Une des caractéristiques de la fonction des noms fonctionnalisés est
qu'i ls portent tous des tons uniformément hauts ou bas et qu'ils ne
prennent ni la marque du pluriel, ni la marque du défini. Les phrases
,
/
1Cf. DUMESTRE (G.) et RETORD (G.L.A.), Ikocil ? 1 Cours de diaule, Université d'Abidjan, pp.
154 à 157.

110
suivantes illustrent les différentes utilisations des noms fonctionnalisés
répertoriés en jula :
2.2.1 - Des exemples avec IkùI nom fonctionnalisé :
"'"
Ij1î kÉ à kù 1
"verse-lui de l'eau".
eau faire lui nJ:-
Iwârf bé à k~I
"l'argent se trouve sur lui".
argenl
exisllui nJ.
IWyi
a k~1
"il n'a rien sur lui".
rien existlvég. lui nJ.
'àk/ A
k'
/
~
' A
Il
le yera s2Q
W"on a retrouvé la clé sur le voleur".
clé
voir-ace. voleur n.f.
2.2.2 - Des exemples avec IflÉI : nom fonctionnalisé :
,
, ( /
1
/
/
la tilara n pEI
"il a fini avant moi".
il
finir-acc. moi nJ.
, / 1 ( /
/
la tagara n pEI
"i 1est allé tlVant moi".
il aller-acc. moi nJ.
bé mùsô pÉI
"il est tlVant la femme".
il exisL femme
nJ.
/ A \\ ' ' "
'"
/
1
A
/
Id~ b llara a bamuso pE l "l'enfant s'est mis devant sa mère",
enfanl meUre-acc. sa
mère
nJ.
"l'enfant a devancé sa mère".
/
2.2.3 - Des exemples avec Ik~1 : nom fonctionnai isé :
,
,., J I ,
/
ln tilara a k~1
"j'ai fini après lui".
je
finir-ace. lui n.f.
, / : '/ /
la tagara n k~1
"il est allé après moi".
il aller-ace. moi n.f.
/ A
\\ , '
/ ,
/
i
A
/
Id~ bllara a bamuso k~1 ''l'enfant s'est mis après sa mère".
enfanl meUre-acc. sa
mère
n.f.
"l'enfant a suivi sa mère".
bé mùsô kSI
"il est œrrière la femme".
il exisl. femme
n.f.
"il est après la femme".
2.2.4 - Des exemples avec Ibolo/ : nom fonctlonnalisé :
Iwarfbé mùsô bolol
"J'argent se trouve avec la femme",
lII"genl
eKil.
femme
n.f.
"la femme a l'argent".

111
If ka kOô bé ) bélél
"ton affaire se trouve avec toi".
lon conn. affaire exit. loi
nJ.
"ton affaire te concerne".
bé nbélél
"il se trouve avec moi".
il exist. moi
n.f.
Iku'go" c:~'r b/e
"
"b/l/ 1
" W V ô ' W \\ o L
slî~ya 0 0
"les animaux de la brousse sont sous l'emprise
brousse animaux exist.
peur
nJ.
de la peur".
lâla nf latogoyâ bélél
locut :"sous l'effet de l'idiotie".
Allah el
idiotie
nJ.
"sous l'emprise de l'idiotie".
"il cause de l'idiotie".
Id~_béllrâ S~?yâ bélél "l'enfant acouru sous l'emprisede la peur".
enfanl courir-acc.
peur
nJ.
2.2.5 - Des exemples avec IkSnSI : nom fonctionnalisé :
lt..a,Jb";t..uru
' " b/e b~~ t..~n~1
::.
aIl.
"'0.... ::.....
....
"le cai l10u est dans la boui11 ie".
caillou
exisl bouillie
nJ.
,
/ 1 1 / , , / /
la tagara kggo k:ln:ll
"il est allé en brousse".
il
aller-ace.
brousse
nJ.
lmùsô dgna mébilî kSnSI "la femme est entrée dans la voiture".
femme
entrer-ace. voilure
nJ.
'Ab/ I
/ "
k/ /
IWulu :>ra SOO
:>n:>1
"le chien est sorti de la maison".
chien
sortir-acc. maison
nJ.
d/A
/
I l
/ "
k/ /
1 ~ wolola soo
:>n:>1
"l'enfant est né dans la maison".
enfanl naître-ace. maison nJ.
, /
l '
...
, , / /
la tagara dugu k:>n:>1
"il est allé en ville" (au centre de la ville).
il aller-ace.
ville
nJ.
/
2.2.6 - Des exemples avec ICf,1 : nom fonctionnalisé:
' 1 /
/
, /
"
....
/ /
Iboromo be waga 01 bobo CE l "Boromo est située entre Ouaga et Bobo".
Boromo
exist. Ouall8
el
Bobo
nJ.
donà d~nf kj~cÉI
"il s'est hissé entre le cadet et rainé".
il enlrer-acc. cadel el aîné
nJ.
, /
/ "
( '
/
/
la ye wan til~
~ CEl
"il a parta;jll l'argent entre nous".
il préd.Yb. argenl partager nous n.f.
'ak"'"
" b / e / /
1 sin
uya
Mo
a CE /"les relations de plaisanteries existent entre
parenté de plaisanterie-i:lériv. jeu exist. ,;'Qus nJ.
nous".

112
2.2.7 - Des exemples avec IkJrJI : nom fonctionnalisé :
,
....
~/
f A I I
la s1gll'a Yll'1 kJrJI
"il s'est BSSis sous l'arbre".
il asseoir,lCc. arbre
nJ.
,
1 ' ' /
1
A i l
la
tara gata kJrJI
"il s'est couché sous le hangar".
il couclter-acc. hengllr nJ.
Id~ hé à hamusô kJrJI "l'enfant se trouve près de sa mère".
enfanl exisl. sa
mère
nJ.
,."......
1
/
1
A i l
Isagau
dfna
kogo kJrJI "les moutons se sont mis à l'affût près du mur',
moulons se meltre à l'affûl acc,
mur
nJ.
Remarques: en plus des postpositions pures et des noms fonctionnalisés
que nous venons de présenter, il existe en jula comme en bambara et en
"dioula de Côte-d'Ivoire" deux unités qui ont la structure lexicale mais qui
,
l
,
l '
fonctionnent comme des locallsateurs, ce sont: IkJSJI et Ikama/. Les
-
.~
phrases ci-après illustrent leur utilisation et donnent une idée de leurs
sémantismes respectifs.
f f
l '
l
'\\
.;
l
,
" k l
,
In11 ma a dablia n he na 1 am~ "si tu ne cesses pas je viendrai contre
si
tu préd.vb. le cesser je préd.vb. venir loi
pospl.
toi".
/
l '
1
l '
, 1 , 1 1
k / '
ln be a kg ala n1 kll'a
amal "Je le fais il œU5e de Dieu et de son
je préd.vb. le faire
Dieu el prophèle poslp.
prophète·.
là. yé mà.rifâ tà.
SQQ kam~ "il a pris le fusil contre le voleur·,
il préd,vb.
fusil
prendre voleur
poslp.
(c'esl-ti-dire il a pris le fusil dans l'inlenlion de
l'utiliser contre le voleur).
,
l
,
1
1....
l
,
la ye
a kg ala kJS~1
"il l'a fait à cause de Dieu".
il préd.vb. le faire Dieu pospl.
1à. nà.na f kSs~1
"il est venu à cause de toi ".
il venir-Icc. loi
posl.
- il est attesté en jula plusieurs cas de combinaisons entre postpositions
pures et noms fonctionnalisés d'une part, et entre postpositions pures et
bases nominales d'autre part, ces bases nominales ne pouvant pas à elles-
seules traduire une relation spatio-temporelle. Les cas de combinaisons
qUi sont des locutions postpositionnelles sont également attestés en
bambara et en "dioula de Côte-d·lvoire".
Les postpositions pures utilisées dans les combinaisons sont par
ordre de fréquence: IfÈI et lIai:

113
lIai: elle se combine avec les noms fonctionnalisés suivants: IkÙ + lai
se réalise Ik'tlna/; exemples:
.--
/ A
/
i
(
/
A
, /
Id~ YElEna s~gaso
k~al "l'enfant est monté au sommet de l'étage".
enfanl monler-acc maison à étage
loc. poslp.
'1.
b/
.(. .... k'
la
e mooill
l,Jflal "ilsetrouveausommetdelavoiture","ilsetrouvesurle
il exisl. voilure
loc.poslp.
toit de la voilure"
Signalons que ces phrases peuvent poser un problème de structure
syntaxi~ue car le syntagme postpositionnel que forment par exemple
Imobtli/, IkÙI et lIai répond à deux interprétations possibles:
,...,
- un syntagme complétif + postposition pure, ce qui donne le schéma:
Imôbill k~
lai -+ "au devant de la voiture"
1
-1
Syntagme complétif
Syntagme postpositionnel
- une base nominale + locution postpositionnelle, ce qui donne le schéma:
,
/
/\\
"
Imobill
k~a 1
- t
"sur la voiture"
1
1
Syntagme postpositionnel
C'est la seconde interprétation qui s'impose dans le cas des combi-
naisons en question pour des raisons de compacité tonale entre IkÙI et
lIai, et le port de marque de défini et de la marque du nombre uniquement.
par le lexème Imobllfl d'une part et pour une raison sémantique tenant au
fait Que le syntagme complétif Imoblli kÛ 1 désigne "la partie avant" du
.....
véhicule, d'autre part; exemple:
/ . t , f \\
i /
Imobill ku~
b:Jral "la partie avant de la voiture est apparue-.
voilure
tête
sorlir-8CC.
/
/
/
J
- IJ1E + laI se réalise IJ1Ena/; exemples:
' A / I I '
/
(
Imuso tagara n pEnal "la femme est allée en ma présence-.
femme
aller-acc.
moi
loc.poslp.
ià mà kÉ f pÉnâl -cela ne s'est pas déroulé en ta présence".
il préd.vd. faire loi
loc, postp.

114
1tl
- ICÉ + la 1 se réa1ise très souvent lcÉra/; exemp1es :
tl
f
;
''''''''
/
"
4 '
/
/
Ibaa be sagau cefal "la chèvre se trouve parmi les moutons".
chèvre exisl. moulons
loc.poslp.
"
'"
"
,..
/
\\
/
'"
\\
... \\
/
1
Ikaram~ be a ka ka1~d~ ceral "le maître se trouve parmi ses élèves-.
1
maître
préd.vb. ses conn. élude-enfanls
loc.poslp.
i
1
:
La locution postpositionnelle lœlal ne doit pas être confondue avec
.
.
1
.
.
/ "
/ "
une autre locutIon postposltlOnnelle qUI est ICEma 1 < lce+ma/:
!
''''''''
!
/
" ........... /
,
Ibaa be sagau CEmal "la chèvre se trouve au milieu des moutons".
!
,
chèvre exi t. moulons loc.post.
[
"'"
..
1
" " .
/ "
/
\\
/\\.,
/ "
Ikaram~)be a ka ka1~d~u CEmal "le maître se trouve au milieu
1
maître
exisl. ses conn. éludes-enfanls loc.poslp.
de ses élèves-.
!,
La différence de sens entre les deux locutions postpositionnelles est
"
/
manifestement liée il la substitution de lmal il lIai, ce qui contribuera à
définir (différentiellement) le contenu sémantique de ces deux postposi-
tions pures.
/
"
En plus de ICEma/, signalons le cas de cette locution postposition-
nelle IfùràcÉlal que nous avons du mal à classer. A première vue, elle se
décompose en Ifùr~cÉI " distance" et lIai ·postposition pure. En consi-
dérant l'état actuel du juta, nous ne pouvons pas décomposer le nominal
IfùracÉI en Ifùra + CÉ/; il existe en juta une base verbale Ifùral qui
signifie "balayer", m~is il est difficile d'établir une relation entre Ifbral
\\.,
/
"balB'y'er" et IfuracEI "distance". En plus de cette différence sémantique, il
, -
n'existe pas en jula de cas de locution postpositionnelle obtenue il partir
d'une base verbale et d'une postposition pure ou d'un nom fonctionnalisé; la
suite de la présentation des locutions postpositionnelles le prouvera.
Ceci étant, la phrase suivante illustre l'utilisation de IfùràcÉla/:
Ikûnù nf
bl
fùr~cÉlaà yé dûmfnî kÉ Sl]1t t~
hier
et aujourd'hui
loc.poslp.
il préd.vb. manger faire fois
dix.
"dans l'intervalle d'hier et d'aujourd'hui il a mangé dix fois".
/
La postposition pure lIai se combine également avec la base nomi-
nale Idal "bouche", "ouverture", ·bordure.....: Ida + lai se réalise très sou-
vent Idaral à cause de la variation 1ibre qui existe en jula entre III et
Ir/.

115
Soulignons qu'on ne doit pas confondre, et par conséquent analyser de
la même façon, les deux structures suivantes:
- lexème nominal+ da
+
1
- lexème nominal
+
1
1
2
des exemples pour illustrer la première structure:
Ik~dinil < 1 k~ +da +
lai "sur la rive". "au bord du maril}lt".
rive.bordure du marigot postp.
/ 1 1
IbOOàral <
Ibô + da
+ lai
"au bord de la maison", "sur la devanture
:e
bord de la maison
postp.
de la maison".
,:
/
/
d/
/
IflEdàral
IDE +
a + lai
"au visage". "sur le visage".
visage
postp.
des exemples pour illustrer la seconde structure:
, /
/ 1 ' 0
,~,
/
" " / /
la ye
daga Slgl a bamusodaral "il a imposé des importunités à sa mère".
il préd.vb. importunité asseoir sa
mère
loc.postp.
/ J
\\
/ 1 / '
Itaga. ka b:l n daral "va et laisse-moi en paix".
aller
conj. sortir moi
loc.postp.
Dans les exemples de la première structure, la relation spatio-
temporelle est marquée par la postposition Ilal (c'est le cas des exemples
/
avec Ilal cf. 2.1.1.)
Dans les exemples de la seconde structure, la relation spatio-
temporelle est marquée par la locution postpositionnelle Idâral.
Un argument qui justifie les segmentations faites est la place
réservée par exemple à la marque du pluriel dans les deux structures:
,
/
/
"
l '
/
- 1a be taga k:xlllli rai
"il va sur les rives".
il préd.vb. aller
RIVE-S
postp.
"
/
/ . '
\\. ~
"
/
/
l '
/
1
- lU ye
daga
S Igl
Il baml1SOU daral "ils ont imposé des importu-
il préd.vb. importunités asseoir leurs MERE-S
loc.postp.
nités à leurs mères".
IfÉI : elle se combine avec les noms fonctionnalisés IflÉI et IkS/.

116
avec IflÉI : IflÉ+fÉI se réalise IflÉfÈ/; exemples:
,
l' \\
/ bill't
/ f'
..
la
Jra
ma
pE El
il s'est arrêté devant la voiture",
il
arrêler-acc. voilure
loc.postp.
/ 1 1 '
/
' \\ ' \\
/ / ' 0 / '
IsafErE
be Sigi mabill pEfEI -le chauffeur s'assoit à ravant de la voiture".
chsuffeur préd.vb. asseoir voilure
loc.postp.
,
/ '
LA
/ ,
la sera
Ylrl pEfEI .... il est arrivé devant l'arbre".
il arriver-acc. arbre
loc.poslp.
/
/ ,
. .
/ ,
avec IkJI : IkJ + fEI se reallse IkJfE/; exemples:
' -
A
' -
1
/
-:t:
/ ,
lm usa dQna mabill kJf El "la femme est entrée à l'arrière de la voiture".
femme
enver-acc. voilure
loc.postp.
/ ! '
/
/ A
/ ,
IJ1EgE
be soo kJf El "les toilettes se trouvent derrière la maison".
loilettes exisl. maison
loc.jloslp.
En plus de ces deux noms fonctionnalisés, IfÉl se combine avec les bases
nominales ci-après:
- Idal "bouche", "ouverture", "bordure".
Ida + fÉI se réalise IdatÈ/; exemples:
, /
/ A
/ ,
la be kugo datEI "il se trouve à la lisière de la brousse".
il exist. brOusse loc.postp.
, / 1
.lA
/ ,
la tara
Sira datEI "il est resté en bordure de la route".
il resler-acc. roule loc.postp.
d/ ""
/
1
b' ""
'\\ d~Ç'
1 ee tara
ana nI
<:llEI ''l'enfant est resté au bord de cette maladie".
en~~ resler-acc. maladie celle loc.poslp. c.à.d. "l'enfant est mort de cette maladie".
,
- InJI .. trace", "empreinte"
' f '
. .
'f'
In)2 + El se reallse In2 El ; exemples:
f' /
/
A
/
f
1
1
l '
"
Id~ tagara a b,ê.gebagau n;2fEI "l'enfant est allé à la suite de ses parents".
enfllnl IIl1er-lIcc. ses
parllllts
loc.postp.
"~~,,
/
'/""
IpolisiŒ be SflŒ n;2fEI -le policler est à la poursuite du voleur-.
policier
exisl. voleur loc.postp.
-/gèril "flanc", "côté"

117
IgÈre + fEI se réalise IgÈrÈfÈ/; exemples:
, " . I I
" ' \\ A , , ,
1a Slgtra
bànabagat:> gErEfEl "il s'est assis àcôté du malade",
il asseoir-ace.
malooe
loc.postp.
IW"ili' ka'
b~oJ
'a "
gErEf'El "lève-toi et quitte son environnement".
lever conj
ôter. sortir lui
loc.posl.p.
,
/
1
/
').f'
A
la
sera
soo gErt.: El "il est arrivé à proximité de la maison".
il arriver-ace. maison 1 oc.posl.p.
/
.
- Isal "Cle 1"
,...
,
/ ,
..
/
IS~ + fel se real1se ISW"eI; exemples:
, , /
/ ! , . .
/ ,
1a be mobi1l S.~ El "il se trouve en haut cie la voiture", "i 1se trouve sur le toit cie la
il exist.
voiture
loc.posl.p.
voiture"
,
, ' ' ' " , , , ,
, f A " "
la YEIEna foo Ylrl S~EI "il est monté jusqu'à Jacime cie l'arbre".
il monter-ace. prêp. arbre loc.postp.
,
/
' " ' '
,f,.. / ,
la ye
Jl:;l:;l fESS bill S~EI 11a étalé le mil sur le toit"
il prêd.vb. mil
Haler toit loc.post.
La postposition IfÈI se combine avec Iy~ et ly'A! qui signifient
respectivement "là-bas" et "ici", "là"".
Iyè + fÈI se réalise lyèfÈI ; exemples:
, , . . , f l , ,
Imuso filE
yf;.fEI "regarde la femme par là-bas".
femme regarder loc.poslp. "voici la femme par là-b65".
t8.gara y~ÈI ''il est allé par là-b65".
il
aller-ace. loc.poslp.
Iyà + fÈI se réalise lyàfÈ/; exemples:
"" ... ,
"
.
Iwill ka na y~EI "leve-toi et viens par ici".
lever conj. venir
loc.poslp.
tÈmÈna y~ÈI "il est passé par ici".
il
passer-acc. loc.posl.p.
Nous récapitulons ces cas de combinaisons par les tableaux suivants:

118
Noms fonctionnaI isês
Postpositions
k~

k6
b010
k6n6

k6r6
pures
la
+
+
-
-
-
+
-

-
+
+
-
-
-
+
Le tableau suivant donne grosso-modo les éventuelles nuances de sens
des combinaisons présentées dans le tableau précédent; il ne reprend que
,
f'
les noms fonctionna1isés qui se combinent avec Ilal ou 1 El.
k~
/
/
IlE
kS
CE
"tête"
"oeil"
"dos"
"taille"
-
AVEC
AVANT
1
ENTRE
l~
SUR
EN PRESENCE
1
PARMI •...
-
1
DEVANT
"A LA SUITE"
1

1
DEVANT
DERRIERE
1
Postpositions
lexèmes nominaux "adverbiaux"
Dures
j;lèrÈ
n~
da
sa
Yi
Yi

-
-
+
-
-
-

+
+
+
+
+
+
Notes: - le signe [+] marque la possibilité de combinaison.
- le signe [-] marque la non-possibilité de combinaison.
- la liste des lexèmes nominaux aptes à se combiner avec une post-
position pure pour marquer une relation spatio-temporelle est
ouverte.
Tous les exemples que nous venons de fournir pour illustrer
J'utilisation des postpositions dites pures et des postpositions dites noms
fonctlonnallsés, et toutes les remarques suscitées par la présentation de

119
ces postpositions serviront à analyser le contenu sémantique et le contenu
pragmatique de celles-ci.
Pour analyser le contenu sémantique des postpositions pures et des
noms fonctionnalisés nous opérerons, là également, avec des outils tels
Que le locatif, l'item et le transitaire auxquels nous ajouterons le
catégorème. Celui-ci est un terme Que nous empruntons également à Alain
Delplanque qui le définit comme étant "l'idée du prédicat (verbal ou non)" l,
il est représenté par [ k ].
2.3 - Analyse du contenu sémantique des postpositions:
2.3.1 - Valeurs abstraites des postpositions:
Les postpositions peuvent contribuer à marquer toutes les valeurs
associées à une lexie ou à une méta-proposition; il s'agit du locatif, de
l'item, du transitaire et du catégorème.
Une valeur pouvant en cacher une autre, nous veillerons à signaler
tous les cas de valeurs apparentes et de valeurs profondes.
2.3.1.1 - Le locatif.
C'est la première valeur exprimable par les postpositions; celles-ci
traduisent la relation existant entre deux variables; pour le besoin de
l'analyse, nous désignons ces deux variables X et Y, la première étant
située par rapport à la seconde.
Signalons que Ibél et Itél que nous appelons "existentiels", situent
un sujet X par rapport à un locatif Y ; ils servent dans ce cas à la localisa-
tion spatiale et temporelle. Les exemples ci-après illustrent la valeur
locative exprimée à l'aide de postpositions différentes:
''''b/
/ " ' /
- Imuso
e sugu lai "la femme se trouve au marché-.
femme
exi5t. marché postp.
X
...:J...
cil.
/ ' "
/
1
f ,
' A
,
- Id~ tagara a faCE fEI "l'enfant est alléchez son père-.
enfant aller-acc. son père postp.
X
y
cil.
1 DELPLANQUE CA), "Structure sémantique du vocabulaire dagara".

120
1
t,t
Sous le locatif peuvent se cacher les trois autres valeurs, à savoir, le ca-
tégorème, le transitaire et l'item.
f
2.3. 1.2 - Le catégorème (K) :
1
1
En jula, il existe plusieurs circonstants qui n'ont de valeur locative
qu'en surface; en profondeur ce sont des catégorèmes. Cela est surtout le
1
cas des bases verbales et des bases verbo-nominales auxquelles on a
adjoint un dérivatif pour assumer la fonction sujet, objet ou circonstant.
Dans un syntagme postpositionnel, le catégorème (c'est-à-dire le prédicat
mais en tant que valeur) est l'idée qui se dégage de ces bases verbales et
bases verbo-nominales devenues des nominaux à la suite d'une dérivation.
Nous donnons ci-après des exemples de catégorème caché sous un locatif.
/
r /
/.....
/
f i
...
/
/
Ikugo-sogou be SIr~ya bolol "les animaux ce la brousse sont sous l'emprise
brousse animaux
exisl.
peur
postp.
ce la peur" = les animaux ce la brousse ont peur".
X
y
cil
K
Icèê
d~kf1f1â
lai
"l'homme se trouve dans l'action de chanter" =
homme exil. dllnse-aDpel:ooser postp.
"l'homme est en train de chanter",
X
y
cil.
K
bé nfmiSâ lai
"il se trouve dans le regret" =
il exisl. regret
postp.
"il est en train ce regretter".
X
Y
cil.
K
.....
b/ d/
/
1
A
U
e
llIIlunl
k~1
"ils se trouvent sur 111 nourriture" =
~ exisl.
nourrilure
postp.
"ils sonl en lnrin de manger",
X
y
cil.
K
lmÙsô bolô bé jfî la/
"la main ce la femme se trouve dans l'eau" =
femme
main
exil. eau postp.
"la femme à ses menstrues"
X
.:t.
cil.
K

121
/
/
A \\ . /
/
f(n,...,";
/
Isuguru nI sera
UI.U......
yel "cette jeune fille est arrivée au mariage" =
jeune-fille
celle arriver-acc. mariage
pos~. "cette jeune fille lllltteint l'âge du mllriage".
x
y
cil.
IC'EE"
b/e m'usa" n\\.l
f'El "l'homme aime cette femme"
homme exit. femme
celle poslp.
X
y
cil.
K
2.3.1.3 - Le transitaire (t) :
Le transitaire en tant que "circonstant instrumental" peut être
marqué en jula par deux morphèmes: In!1 et Iyé/. le premier est anté-
posé au circonstant tandis que le second lui est postposé. Cette valeur
transitaire est exprimée en surface et non cachée sous un locatif; la post-
position qui l'exprime n'a pas une valeur locative; exemples:
" \\ "
\\ . \\ / . , f
,
....
/
ISogo t 19Era nt muru yel "la villnœ Il été coupée pllr le couteau".
viande
couper-acc.
couleau
pos~.
x
y
cl i = t
,
/
' A
'-
'"
.,f
' -
1
A
/
la ye
pJJ susu nt kOIQkala yel "elle a pilé le mil avec le pilon",
iLpréd.vb. mil
piler
.QÜQ!l...
pos~.
X
y
cli = t
Signalons que nL. yé peut exprimer aussi l'accompagnement selon la
nature du contexte verba 1.
Le circonstant instrumental peut être marqué aussi par la postposi-
tion lIai, le transitaire qui en découle n'est pas caché sous un locatif;
exemples:
"
"
/
"
A
/
la nana tE!1; na/
"il est venu en trllin".
.iL venir-acc. train
pos~.
X
y
c/i= t

122
,
/
b/ A
k/
\\.
A
/
la ye
aa tigE
urv nal 'ïl atraversé le fleuve en pirf)J\\Je-.
il préd.vb. neuve coupe ..Illi:29l!.Lpostjl.
X
y
1
c/i = t
l
En plus de la valeur transitaire présentée ci-dessus, il en existe une autre
qui, elle, est sous-jacente en "structure profonde"; elle est cachée sous un
locatif. C'est le cas où le transitaire est défini comme étant l'objet dans
une tournure passive. La postposition qui exprime cette valeur est IfÈ/.
Pour mieux illustrer l'existence de la valeur en question, nous donnerons
en exemples et la construction active et la construction passive:
(- Construction active:
1
Imùsô yé tM tobfl "la femme a préparé le to".
1
femme
préd.vb. ta
préparer.
1- Construction passive:
1 Itoo tobïI-â
mùsô fÈ l "le to aété préparé par la femme'.
1
!Q.
préperer-scc. femme postp.
1
X
Y
1
1
cil
\\
t
(- Construction active:
Id~ yé J1~ b~
1
l
"l'enfant a versé le mil".
1
enfant
préd.vb. mil
verser
1 - Construction passive:
1 IJ'1:i) b2na d~ fÈ l "le mil aété versé par l'enfant·.
1
!!lli... verser-scc. enfent postp.
1
X
Y
1
1
cil.
\\
t
Le fait que le transitaire soit parfois caché sous le locatif pose une fois
de plus le problème de la parenté abstraite entre ces deux valeurs.
2.3.1.4 - L'item (i) :
L'item en tant qu'objet d'un verbe transitif peut être marqué en ju1a
par plusieurs postpositions dont: lIaI, Ima/, IfÈ/; exemples:

12.3
,
/
. , \\
/
A.
"
'ai'A. /
la ye Jell musa fana
ta e lai "il a fait cadeau à la femme-griot d"un pagne"
il préd.vtl. griot-femme faire cadeau pagne
postp.
X li
P/K::f...
0/1

/
,
' ' : - ' ' . '
/
J
~ /
ye a tenœ J§ dumuru nal "il fl privé son ami de nourriture".
il
préd.vtl. son
ami
priver nourriture
postp.
x
't
o/i
,
"
,~
"~0
,
la
ma a
bàli
nEruru
mal -cela ne ra pas protégé des injures-.
cela préd.vtl. lui empêcher injurier-dériv. poslp.
X
'!..
O/i
p,Ê: b~râ mùsô fE: l "il est tombé amoureux de la femme"
iL.....QM sorlir-ace femme postp
X
y
O/i
,
/
, /
/
/
I~ ffiJna DJèP fEI "nous avons grandi ensemble".
nous grandir-ace. ensemble postp.
X
::f...
c/i
"
A.
./
1
1
/
A.
/
.l, /A.
/
lmusa tagara sugu la ru a d~ yel "la femme est allée au marché avec son
femme
aller-acc. marché-oosto. - son enfant pospl.
enfant".
X
1.
r...
cil
c/i
Signalons que dans ce dernier exemple, J'item est marqué par le morphème
discontinu déjà rencontré dans
le 2.3.1.3. Les paraphrases ci-après
permettent de saisir la valeur dont il est question dans ce dernier exemple
"
A.
.( .....
/A.
/
/
J
/
A. /
Imuso nI a dee tagara sugülal "la femme et son enfant sont allés au marché".
.x
C ' "
'i
i
cil
' A . . / / / / A . / ' d / A . f / / / / / / A . / ' / / /
" ' ' ' ' '
Imuso tagara sugüla a e..Y. ana tagara sugüla u tagarajUg:::> tEl
L
Y
L
:t.
j
en
j
en
"la femme est allée au marché, son enfant aussi. ils y sont allés ensemble".
11 existe, par ailleurs, quelques cas où l'item est caché sous un locatif;
exemple:

124
/
/,. b/' ,.,. /
ln tl.I1o
e araJo lai j'écoute la ra:lio·,
mon oreille exist.
radio
posLp.
X
y.
cIl
i
Tous les exemples que nous venons de donner montrent ainsi que les
postpositions aident à marquer non seulement la valeur locative, mais
aussi le catégorème, le transitaire et l'item. Et le fait que ces trois
dernières valeurs soient parfois cachées sous le locatif pose d'une part le
problème de la relation abstraite entre les valeurs en question, et d'autre
part, indique que les postpositions sont parfois génératrices d'ambiguités,
Le locatif, le catégorème, le transitaire et l'item constituent ainsi
un aspect définitionnel des postpositions; cet aspect contribuera à cerner
le contenu sémantique et le contenu pragmatique des postpositions,
2.3.2 - Le contenu sémantique des postpositions:
Il s'agit
là de
donner les signifiés des postpositions. Nous
procèderons postposition par postposition, ce qui ne nous empêchera pas
d'opposer
deux
postpositions
pour
définir
différentiellement
leurs
contenus sémantiques quand la pertinence d'une telle démarche s'imposera.
2.3.2.1 - La postposition lIaI.
Elle a deux signifiés principaux: la marque de la localisation et la
marque de l'instrument.
Pour mieux cerner le premier signifié de lIai, il convient d'opposer
cette postposition au nom fonctionnalisé IkSnSI. Quoique ces deux post-
positions aient généralement la même fonction spatiale, à savoir qu'une
variable X est localisée par rapport à une variable Y, elles se différencient
de la manière suivante:
/
- la postposition lIai s'applique, dans certains cas, aux objets compacts
ou denses, c'est-à-dire dont les éléments constitutifs sont très serrés,
très cohérents. Son emploi indique une relation associative, une relation
étroite entre l'élement localisé et son local, tandis que l'emploi du nom
fonctionnalisé IkSnSI marque deux entités qui ne font pas corps; avec
Ik6n61 l'élément localisé peut être extirpé de son local. Les deux

125
exemples suivants permettent de mieux percevoir la nuance qui existe
entre Irai et IkSn61 :
/
'Ab/b/ A /
- Isugaro e aga lai
"le sucre est dans le bouill ie"
/ / / A / / A k / /
- Ikabakuru be baga ;:,n;:,1 "le caillou est dans la bouillie",
Dans le premier exemple, le sucre fait corps avec la bouillie, il se trouve
partout dans la bouillie, il y est dissout.
Le second exemple implique qu'après avoir localisé le caillou dans la
bouillie, on peut l'en retirer,
Dans d'autres cas, remploi de Ik6n61 entraîne une précision quelque
peu perceptible, en plus de la localisation: il y a implication sur le procès
/
du verbe, sur l'activité, tandis que l'emploi de lIai se limite à la
localisation, il n'implique pas l'activité; exemples:
bé f~rô lai
.. ils se trouvent eu cham p",
il
exisl. champ poslp.
bé forô k6n61
"ils se trouvent il l'intérieur du champ",
ils exisl. champ
poslp.
Imùsô bé l~ lai
"la femme se trouve au marché",
femme
exist. marché poslp.
Imùsô bé l~ k6n61
"la femme se trouve àJ'intérieur du marché".
femme exil. marché poslp,
/
/
Dans les deux exemples avec Ik;:,nJI non seulement le local est bien
précisé, mais aussi, selon tous nos informateurs, on fait allusion à l'acti-
vité que la variable X a menée, mène ou mènera.
Dans leur fonction spatiale, la postposition lIai se traduira en
français par j+ Article (à la, au, aux); et le nom fonctionnalisé Ik6n61
par "en;- "dans: "j l'Intérieur de:
/
Le second signifié de lIai, à savoir la marque de l'instrument, est
présent surtout dans les circonstants qui
traduisent
le moyen
de
déplacement. En français on aura par exemple ..... en bateau", •.. en train", ....
en voiture", .... en avion", ..... à cheval", ..... à pied·; exemples:
"il est allé en voiture·.
, , ""
/
,.
la nana a s~nal
"il est venu il pied-.

126
2.3.2.2 - La postposition IfÈI :
La réalisation au niveau sémantique de la valeur locative exprimée
par la postposition IfÈI peut avoir divers signifiés. Selon le sens de la
base verbale, IfÈI fonctionne comme un ablatif ou un allatif; et il s'agit là
des verbes de mouvements. En fonctionnant comme un ablatif IfÈI exprime
l'origine et l'éloignement d'un lieu; cela est par exemple le cas avec la
base verbale IbSI ·sortir·, ·enlever-, 'ôter- :
/ ' "
f
/
J,
,
., ,
Idee
,,..nt b:>ra a face fEl
"cet enfant vient de chez son père".
N.B.
Signalons qu'avec la base verbale IbSI et la postposition IfÈI
s'installe une ambiguïté en ce sens que l'exemple ci-dessus peut signifier
aussi ·cet enfant ressemble à son père" (cf. 2.1.2'>. Mais au moment du
discours, les locuteurs lèvent cette ambiguïté en employant IY~ "là-bas"
après la postposition IfÈ/; cela marque la localisation plutôt que la
comparaison entre les deux variables X et Y ; ainsi dans l'expression de
/"'b/
J'f' "f' ,
l'origine. on aura Id~
::Jra a aœ E YfXI; signalons que dans ce cas la
réalisation de IY~I est faiblement perceptible. Pour lever l'ambiguïté, les
locuteurs procèdent aussi par substitution: la substitution de la postpo-
sition Imàl à IfÈI exprime la comparaison dont il est question dans le
lexème verbal IbSI et la postposition IfÈ/.
,
En fonctionnant comme allatif, la postposition If El exprime la
destination, la direction vers laquelle tend le procès exprimé par la base
verbale; exemples:
/ ' "
/
1
J,
,
"
,
Id~ tagara a face fEI
"l'enfant est allé vers/chez son père".
,
,
/
,~
la be na n tEl
"il vient vers/chez moi".
Signalons que dans l'expression de l'allatif, la postposition IfÈ/est
souvent précédée de If~W "le côté", "la direction" et suivie de IY'~ "là-
bas·.
La postposition IfÈI qui atteste la valeur transitaire fonctionne
comme un agentif ou un instrumental.
C'est un agent if lorsque le référent de la variable Y appartient à la
sous-classe [+dÇj dont le mode de reproduction est désigné par [WOlO]
"naître" (cf. la classification populaire p. 51).

127
C'est un instrumental lorsque le référent de la variable Y n'appar-
tient pas à la sous-classe en question. Exemple:
' ' ' / / /
.. l / A
,
IC~~ tagara JIWOYO
fE/"le sable aété emporté par le ruissellement tE l'eau",
sable
aller-acc. eau-ruissellement postp,
Remarquons que la dichotomie agentiflinstrumental recouvre grosso-modo
les référents de la dichotomie animé/inanimé en français. Le catégorème
,
marqué par la postposition If El au niveau des valeurs (cf. 2. J.2- l'exemple
ISUglirû bé à fÈI "la jeune-fille l'aime") est un désidératif au niveau
sémantique, c'est-à-dire une expression de l'idée de désir et d'amour. Le
fait que ce catégorème soit caché sous un locatif est une source d'arnbi-
/
guïté. Celle-ci trouve sa solution dans l'apport de Iy~ "là-bas" qui a pour
objectif de renforcer le locatif et d'exclure le désidératif.
Le désidératif est, dans certains cas, la réalisation de l'item au
niveau sémantique. Cela est le cas de l'exemple:
, /
I l
....
A
'
laJ1E b:)ra musc fEI
"il est tombé amoureux tE la femme" (cf. 2.3. , .4).
Par ailleurs, l'item introduit par la postposition IfÈI est un comitatif,
c'est-à-dire l'expression de l'accompagnement au niveau sémantique. Cela
est le cas de l'exemple:
"
,
/
/
l ,
I~ m::ma J1~ fel "nous avons grandi ensemble", (cf. 2.3.1.4).
Ainsi au niveau sémantique, la postposition IfÈI exprime l'ablatif, l'alla-
tif, l'agentif, l'instrumental, le désidératif et le comitatif.
2,3.2.3 - La postposition
"
Iyel :
Elle atteste plusieurs signifiés dont nous ne présentons que les plus
courants:
- Iyél marque le bénéficiaire ou le destinataire, c'est-à-dire celui au
bénéfice de qui se fait l'action indiquée par la base verbale; cela est la
réalisation au niveau sémantique de la valeur locative; exemple:
" b"
lb flA ,.{ "
ln ena mOl 1 S~ 1 yel "j'a::heterai une voiture pour toi". (cf. 2.1.3).
- Iyél marque l'indentification, c'est-à-dire qu'elle exprime une identité
entre le référent de la variable X et celui de la variable Y; exemple:

128
, ' A / '
,
/
la ~ ye karam:2g:) yel "son père est un marabout", (cf.2. 1.3).
X
Y
/
Remarque: dans ce type de phrase, le second Iyel n'est
pas considéré
comme une postposition par plusieurs auteurs. Charles Bailleul l, par
exemple, avance comme première analyse possible du Iyél la thèse d'un
"double prédicatif (certains disent prédicatif discontinu) ayant pour rôle
de marquer l'égalité ou l'inégalité du sujet et du prédicat..:. Selon cette
analyse, ce que nous pensons être une postposition, n'est que le second
élément du "double prédicatif":
("yé
yé- : la marque de l'égalité,
,"té
yé" : la marque de l'inégal ité.
Cette thèse ne semble pas convaincre Charles Bailleul, car celui-ci
propose par ailleurs une seconde analyse qui est proche de la nôtre. Nous
/
trouvons que le premier et le second Iyel sont respectivement un prédi-
catif et une postposition. Mais contrairement à Charles Bailleul, nous ne
/
traduisons en français ni le premier Iyel par "existe", ni le second par
"comme", car nous n'avons trouvé en jula aucun contexte où Iyél puisse se
traduire ainsi. En jula, "existe" serait plutôt la traduction de Ibél qui est
un existentiel, un localisateur. En faveur du statut postpositionne1 du
second Iyé/ , signalons l'existence en ju1a des phrases de type:
,
/
l
, \\
~A
/
- la
ke:ra
dugutigi
yel "il est œvenu chef du village".
il faire-acc. lerroir:oropriétaire poslp.
X
y
" / \\
/ / '
, " /
- 1a face: ke:ra karam~) yel "son père est devenu un maitre".
son
père
faire-acc.
maître
postp.
x
y
Dans ces phrases, il est question d'une identification des deux variables,
l'une par rapport à l'autre, et pourtant "le prédicatif discontinu" a disparu;
à la place de Iyél ou de Itél (premier terme du "prédicatif discontinu"),
se trouve un lexème verbal. La variable Y forme un syntagme postposition-
ne!. Celui-ci peut, en sélectionnant un prédicatif, assumer la fonction
prédicative, comme c'est le cas dans les phrases avec ·'Iyé......yér ou
Ité....yél".
1 BAILLEUL (c.) 1 Cours pratique-Bambara III - Types de phrases. (cf. p. 15).

129
Signalons enfin que notre analyse s'apparente à celle faite par
Gabriel Manessy [ qui trouve que le premier et le second Ilel sont deux
homophones étant respectivement un prédicatif et une postposition.
- Iyél marque le comitatif, il s'agit là d'un item réalisé au niveau séman-
tique; cela est le cas dans l'exemple suivant:
'"
"
/
1
1
/
/ 1\\
l ,
/ "
/
Imuso tagara sugula ni a d~ yel "la femme est allée au marché avec son enfant".
(cf. 2.3.1.4).
Le comitatif se confond souvent avec l'instrumental qui est un autre
"
usage de la postposition Iye/; cela arrive surtout lorsque la variable [Y]
relève d'une autre classe que celle des humains (cf. la classification po-
pulaire p.51). Les exemples suivants illustrent l'expression de rinstru-
mental:
/ "
\\.
. ( " " /
b
1 aga mma ni gâlama yel "la bouillie a été mangée avec une louche-.
bouillie boire-ace. -
louche
postp.
X
y
/
/
\\ " . ( 1 :
' , , /
ln be sogo tIge ru muru yel "je coupe la viance avec le couteau".
jll préd.vb. villndll couper -
COUlllllU pOstp.
X
y
, ,
'" "
Dans ces deux exemples Igâlamal et Imurul attestent la valeur
transitaire; ce sont des instruments.
"
.
- Iyel marque la comparaIson, par exemple le cas dans l'exemple:
/
/ , , '
/ "
,
/
1
/
/
/ . (
/
Ik 10k 10 sama - s~ ke1~ ka
bQ ru I yel
dindon
éléphanl
pied.
un
préd.adj.
gros
-
loi poslp.
"dinoon: une patte de l'éléphant est plus grosse Que toi" (cf. 2.1.3).
La postposition
"
Iyel atteste d'autres signifiés auxquels, il nous est diffi-
cile d'attribuer une étiquette à cause de leur nombre peu élevé. Mais selon
Bakary Coulibaly 2, la postposition Iyél assure les fonctions suivantes:
-"la fonction privative dans l'exemple:
1àmà bS f yél "ça ne te regarœ pas"
il nég. sortir loi pospt. "
1 Il s'agit d'une communication faite lors (fun des enseignements ce Gabriel Manessy à l'Univer-
sité de Nice..
2 COULiBALY (B.), Thèse d'Etal

130
-"la fonction app1icative dans l'exemple:
'b/~ /1
"
1a
e 1 ye
"ça te regllrde".
-"la fonction ablative dans l'exemple:
,
/
f f
/
la be ni 1 yel "il te parle".
--la fonction déictique" dans l'exemple:
ià fué nl yél "regarœ-le ,,-
Ces fonctions suscitent les réflexions suivantes: nous pensons que
s'il y a une fonction privative, elle serait plutôt assurée par le prédicatif
verbal Imal qui est la marque de l'accompli à la forme négative; et la
phrase qui sert d'exemple à la fonction privative devrait contenir un
,
comp lément d'objet, en l'occurrence lai, ce qui donnerait :
,
/ ,
/
f
/
la ma a b:) 1 yel "ça ne te regarde pas".
ça préd.vb. le sortir toi poslp.
,
Ainsi l'exemple donné par B. Cou1iba1y est incomplet, à moins que lmal ne
,
,
soit la contraction de Ima + al tout comme c'est le cas dans la phrâse :
,
1 / /
/
1
la ya b:J n yel "ça me regarde" ou Iyal est le produit de la contraction
/
,
de Iye + al.
La présence du complément d'objet est très pertinente d'autant plus
que son absence entraîne un changement de sens; ainsi la phrase
,
,
/
~
/
la ma
b:J 1 yel se traduit par "il ne t'a pas rendu visite"
il
préd.vb. sorlir loi poslp.
,
,
,
/
f
/
Ceci etant, dans l'exemple la ma b:J 1 yel le syntagme postpositionnel
est un item tout comme c'est le cas dans les phrases qui ont servi
d'exemple à "la fonction applicative" et à "la fonction ablative".
S'agissant du sémantisme de la postposition 1 yél à travers les
exemples donnés par l'auteur en question, nous ne trouvons aucune diffé-
rence entre "la fonction privative" et "la fonction applicative". Il serait
alors mieux de regrouper ces deux fonctions sous une même étiquette. On
peut retenir pour cela le terme "applicatif"; la raison en est que l'infor-
mation contenue dans la variable X s'applique ou ne s'applique pas à la
variable Y.

131
Compte tenu du fait que "dans diverses langues, on donne le nom
d'ablatif à un cas de la déclinaison qui assume la fonction de plusieurs cas;
ainsi, l'ablatif latin est à la fois un ablatif, un instrumental, un comitatif,
un agentif et souvent un locatif" l, nous pouvons retenir comme étiquette
-la fonction ablative- en ce qui concerne l'exemple donné par B. Couliba!y;
en effet, dans la phrase bé ni i yél "il te parle", la postposition Iyel
marque précisément la destination.
2.3.2.4 - La "postposition" IkW:
Au plan sémantique, cette postposition marque le contact entre les
deux variables X et Y, l'une se trouvant en haut de l'autre, c'est-à-dire l'un
au-dessus de l'autre; c'est donc un adessif; cela est par exemple le cas des
deux premiers exemples donnés en 2.1.4, cf. p.l 08 . La postposition Ik~1
sert également il exprimer l'idée de "par-dessus", "au-delà de"; exemples:
,
,,)
'u1~"" " .... k"l"
1a PWla 'fi U SUU
~
il est passé par-œssus le cadavre du chien".
il sauler-acc. chien cadavre poslp.
"~,l,
/ 1 / " 1 / 1 ' /
la temena a ba~ baga ka kuma kW "il est allé au-œlà œla parole œses
il p8sser-acc. ses
parents
conn.paroles
postp.
parents".
Elle exprime enfin d'autres signifiés que nous examinerons au niveau prag-
matique.
2.3.2.5 - La postposition Imàl
Elle exprime la destination, l'application; cela est le cas dans les
exemples suivants:
, /
/ ':' '"
'A
,
1a ye wan dl a muso mal "il altlnné l'argent àsa femme"
làko à mÙsô mà tw
"il a dit à sa femme ainsi".
Comme le dit si bien Dramane Koné 2 "l'idée de cette postposition est l'idée
de limite il atteindre ou à franchir..."; il donne l'exemple suivant:
/
" , "
.'
L
"
"Ii k;)1.) la nt mal
"tu es âgé pour cela""
lu
âge- ace. cela postp.
1 DUBOIS (J) et Alli, Dictionnaire œ linguistlgue, Larousse.
2 Koné Dramane, "La combinatoire verbes-postpositions en Bambara" dans Mandenkan n" 7,
1984, pp. 1- 14.

132
La postposition Imàl exprime, par ailleurs, la localisation spatiale et
temporelle; cela est notamment le cas de certaines expressions qui
tendent à se figer; exemples:
., "
\\
Idùgùmàl "à terre", par terre"
<
ldugu+mal
tsrre.sol posq..
'" '" "
"'!
"
Ismunal "demain"
<
IStnl + mal
demain
posq..
,<';
/
l
'
'" .",1
"
IsfnilŒnEmal "après demain"
<
IsînikEnE + mal
demain nOlNealJ
pos4J.
IkÉnÉmàl "dehors"
<
IkÉnÉ +màl
espace
posq..
En plus des valeurs mentionnées ci-dessus, la postposition Imàl a une
valeur instrumentale qui est illustrée par l'exemple:
'\\.
A
"
"
"
,1
1
1
, . . ' -
Isosa be mmE a tulofara mal "le lapin s'attrape par les oreilles" (cf.2. 1.5).
2.3.2.6 - Le nom fonctionnalisé Iklv
En tant que nom fonctionnalisé Ik,\\v exprime d'une part l'attributif;
cela est le cas de l'exemple:
Ijfî kÉ à k't.!l
"verse-lui de l'eau" (cf. 2.2.1).
1:- '"
'\\.
Iwan be a kUI "l'argent est sur lui". "il est riche".
, . "
argenlloca. lui
nJ.
et d'autre part une localisation spatiale ponctuelle qui est différente de la
localisation exprimée par IkSnS/; exemples:
"" """"
la dQna SOfErE k~1
"il est entré dans le véhicule du chauffeur".
2.3.2.7 - Les noms fonctionnalisés: I)1É/et IkS/:
Ce sont deux noms fonctionnalisés qui expriment des valeurs locati-
ves opposées: I)1ÉI désigne les positions "devant" et "avant" tandis que
IkSI désigne les positions "derrière" et "arrière". Ils expriment deux types
de relation:
- une relation spatiale,
- une relation temporelle.

133
Pour exprimer le premier type de relation, la langue jula peut procé-
der par les combinaisons: IpÉ + fÈI et IkS+ fÈI - cf. p. 116.
2.3.2.8 - Le nom fonctionnalisé: IbOlOI :
En tant que nom fonctionnalisé IbolOI possède deux valeurs: d'une
part la valeur associative qui est rendue en français par "avec", et d'autre
part 1a va 1eur de dépendance:
Nous récapitulons ces deux valeurs de la manière suivante:
7'f association: "avec"
IbOlÔ/<
sous 1a dépendance de
(sous l'empr1se de).
Les exemples donnés au 2.2.4 illustrent ces deux valeurs.
2.3.2.9 - Le nom fonctionnalisé IkSnSI :
La question du sémantisme de ce nom fonct1onnalisé a été étud1ée au
2.3.2.1, p. 124, si bien que nous n'y revenons pas.
2.3.2.10 - Le nom fonctionna1 isé lcÉl :
De l'examen des exemples donnés au 2.2.6, p.lll, il ressort que le
/
nom fonctionnalisé ICf.1 désigne l'espace qui sépare deux variables X et Y.
Ce sémantisme change légèrement quand lcÉl se combine avec la
postposition lIai, en effet, les deux exemples:
Ibàâ bé sàgâù cÉral
"Ill chèvre se trouve pllrm i les moutons·
,
....
" ' 1 ' / ,
/
/ 1 / ....
/ 1
IkaranDg:) be a ka kat~d~u ceral "le maître se trouve parmi ses élèves"
il ressort Que la locution postpositionnelle IcÉl~1 a une valeur locative:
la variable X se trouve parmi la variable Y, cette dernière étant toujours
au pluriel ou étant un collectif.
Au niveau sémantique, la nuance qui existe entre IcÉlal et IcÉmal
est la précision locative supplémentaire qui est contenue dans lcÉmà/;
cette locution postpositionnelle se traduit en français par "au milieu de".

134
/
1
Ainsi: Icelal
"parmi"
/
\\
lcemal
"au milieu"
Quant à la locution postpositionnelle ;{ùràcÉla/, elle exprime l'espace
"-
intermédiaire séparant deux variables.
2.3.2.11 - Le nom fonctionnalisé /k6r6/:
Des exemples illustrant les emplois de ce nom fonctionnalisé
(cf.2.2.7) il ressort le sémantisme suivant:
. / ·sous", "au-dessous"
/k6rS//
~·àcôté", "auprèsde"
Signalons que dans certains contextes, il y a une ambiguïté autour du
/
/
sémantisme de /kJrJ/ : de ses deux signifiés on ne sait pas lequel
s'impose.
La locution postpositionnelle /j~/ permet de désambiguïser
l'énoncé car elle permet de mettre en évidence la fonction adessive de
1k6r6/, c'est à dire le siginfié "sous", "au-dessous".
Les graphiques suivants traduisent la conception de l'espace exprimée à
1
l
" . , ' "
travers les emplois de Ibn/ et /jlJkjn/:

NB:
le regard permettant de visuallser et de situer Xet Vest celui de
QuelQlfun Qui se trouve en face des deux variables..

136
2.3.2.12 - Les postpositions /kamàl et /kSsJI
..... :
Il ressort des exemples qui illustrent leur emploi en jula (cf. p.112)
que /kamàl et IkSs~1 ont le même sémantisme dans certains contextes:
elles signifient "à cause de".
/kSs'21"'> "ôcausede"
/kamàl/
,
/
Dans d'autres contextes Ikamal signifie "contre", ce qui n'est pas le cas
de /kSs~1.
Nous venons ainsi de présenter le sémantisme des postpositions
répertoriées en jula. Toutefois, le sémantisme de certains emplois de ces
postpositions relève plutôt de la mise en relation des locuteurs, des ré-
cepteurs, de la culture et de la langue; ce sont ces emplois qui seront
examinés au niveau pragmatique.
2.3.3 - Au niveau pragmatique:
Nous avons effectivement noté quelques emplois de postpositions
qui ne peuvent être cernés qu'au niveau pragmatique. En général ce sont des
emplois métaphoriques. Ceux-ci véhiculent certaines visions du monde
propres à la société ju1a, voire à la société mandingue.
Au rang de ces emplois nous signalons les cas suivants:
- avec la "postposition" /k~/:
Un cas répertorié est celui de l'exemple:
,
....
/
/ , .
/
/ , .
/
, / 1
/
ICEE be lQQ k~ lQQ. be CEE k~1 "l'homme est sur le jour, le jour est sur
homme local . jour pospl
jour local. homme pospl.
l'homme"
Le caractère métaphorique de cet exemple provient de la nature des deux
variables X et Y; celles-ci ne sont pas de la même nature: l'une relève du
domaine du concret, du palpable, c'est IcÈê/ "l'homme", tandis que l'autre
relève du domaine de l'abstrait, c'est /lQQ/ "le jour". Or la "postposition"
/kil marque l'adessif ce qui implique habituellement deux variables
concrètes en contact. Dans cet emploi, la postposition /ka/ exprime une
r-

137
idée de dom inati on. La traduct i on "l'homme est sur le jour, le jour est sur l'homme"
peut être considérée comme le sens dénoté de l'exemple en question; son
sens connoté, le vrai sens de ce message est quï 1 existe des moments, des
périodes où l'Homme domine les difficultés de la vie, parvient à résoudre
les différents problèmes qui se posent à lui, tout comme il existe des
moments, des périodes où il n'arrive pas à maîtriser les difficultés, à la
merci desquelles il se trouve.
Il est question du même emploi métaphorique dans les exemples
suivants:
, /
, / '
/
la be
SE~ k~1
"il se trouve sur la souffrance",
il local. souffrance pospl.
IsÈ~ b~ à k~1
"la souffrance se trouve sur lui",
souffranca local. lui pos~.
Le message du premier exemple est que la variable X ne connaît
aucune difficulté, elle n'a pas de problème ce qui est le contraire dans le
second exemple; dans celui-ci, c'est la souffrance qui est maîtresse; la
variable Y se trouve dans des difficultés.
. !b/t/
- avec le nom fonctionnalise
001 :
Plusieurs cas ont été répertoriés parmi lesquels l'adage suivant:
/ 1
' / / ' /
/ ' / f /
l A / /
ikEIE-ke-y:)f':) la bEE be 1 bamuso balai "sur le champ de bataillecha:un
balaille faire lieu
postp tous local. sa
mère
nJ.
est avec sa mère".
Le sens connoté de cet exemple échappera à au moins deux catégories de
locuteurs: les tout-petits enfants et les locuteurs non imprégnés de la
culture jula. Par contre, il sera accessible à ceux qui savent que la mère
constitue un facteur déterminant dans la réussite d'un enfant. L'impor-
tance de la mère ressort par exemple à travers l'adage suivant:
f
f I "
A
/
. '
/
1 .
,.",
/
~'
/"0.
~
Int 1 bamuso ye
1 d.~ga 1
~~ te:
SISE- f~ Cli
si
ta
mèra préd.vb. te maudire ton pied prèd.vb. poule oeuf casser
"si ta mère te maudit ton pied ne casse pas l'oeuf de la poule" = si ta mère te maudit tu n'auras
pas la force nécessaire pour casser un oeuf de poule". !! "marcher sur des oeufs·
Le nom fonctionnalisé !bOtOI aide à exprimer la source de la
"baraka" d'un individu. "Se Ion que tu as la bénédiction de ta mère ou pas, tu
te tireras plus facilement d'embarras· tel est grosso-modo le sens de
/
l'énoncé de départ.

138
- avec la postposition Ikffinàl :
Signifiant "contre", cette postposition est utilisée dans le "synthè-
.me- suivant:
"
"
, , /
.....
'"
/
Ina a kamal < Ina + a + kamal
-+
"venir contre lui"
venir
lui
postp.
Ce synthème est utilisé pour désigner les personnes qui se distinguent par
leur caractère et leur comportement exceptionne ls. Ce sont des personnes
contre qui "les mauvais sorts" ne pewent absolument rien. Pour mieux
comprendre le sens de ce synthème obtenu à partir de la postposition
Ikamà/, il faut être au courant de l'existence des pratiques magiques 1
dans la société jula.
A travers ces quelques cas, nous avons voulu montrer la nécessité
d'aller au-delà des signifiés dégagés au niveau sémantique. La multiplicité
de ces signifiés plus les emplois qui viennent d'être signalés posent la
question de la polysémie au niveau des postpositions.
2.4 - Postpositions et polysémie:
Le fait qu'une postposition ait plusieurs signifiés constItue un
facteur d'ambiguïté. Cette ambiguïté trouve sa solution soit dans le
contexte linguistique, comme c'est le cas par exemple de IfÈI (cf. 2.3.2.2),
soit dans le contexte situationnel, comme c'est le cas par exemple de
/balai ou de 1k~1 (cf. 2.3.3). En revanche, les postpositions permettent de
déterminer le sens de certaines bases verbales. Selon Charles Bailleul 2
"certains verbes changent de sens suivant la postposition de leur circons-
tant". Pour beaucoup de bases verbales, il s'agit plus d'une précision du
procès concerné que d'un changement de sens; exemples:
" "
IYEIE + f'El
signifie
"sourire à quelqu'un"
/
/
/
IYEIE + lai
signifie
" se moquer de quelqu'un"
/
/
La base verbale IYE:IE:I sans aucune postposition est définie par les locu-
teurs Jula de la manière suivante:
ln! ! n~~ ka
dl W àùmà niù yé f légélége ï' bé yÉIÉ1
si ton humeur préd.adj. agréabla ou bien
si il! préd. vil. le chllouiller lu préd. vil. rire
1Cas pratiques magiques sont l'oeuvre de marabouts, de féticheurs et de sorciers.
2 BAI LLEUL (C.), Cours pratique - Bambara III, cf. leçon 39, p. 106.

139
Traduct ion littéraire : "si tu es de bonne humeur ou si on te fait des
chatoui 11 es, tu ris..:
La base verbale lyE:lE:1 signifie "rire"; son sens dépend donc pour certains
emplois de la postposition.
Des exemples avec la base verbale IbSI "sortir"
Ib~ + l'al
°
°fo
.J
slgnl le
"sortir de"
lbS + yél
"rendre visite"
lbS + fÈI
"ressemb1er"
lbS + bolol
"échapper"
des exemples avec la base verbale ItUal "diviser"
.~
It'/il~ + l'al
f
~
signi ie
"s'échapper"
ItU~ + lai
,l,
,
"terminer"
Itil~ + yel
,l,
,
"diviser"
ltil~ + CEl
"partager"
des exemples avec la base verbale Isél "arriver"
,
"
Ise+mal
,
,
signifie
"arriver" (locatif)
Ise + yel
"être à point"
r
,
Ise + yel
, ,
exprime la comparaison
Ise + lai
signifie
"arriver à bout", vaincre"
Isé + kSrSI
"vaincre"
des exemples avec la base verbale
'" '"
Iburui "tomber", "choir"
,...
Ibùry + lai
signifie
"tomber amoureux de quelqu'un"
'" '"
Ibur'l.+ ,
k:)1
"perdre quelque chose"
des exemples avec la base verbale IS~I "accepter"
"
,
Is;). + lai
signifie
"accepter quelque chose"
...
...
Is~+mal
"être d'accord"
"
,
Is;). + yel
"être dévoué pour quelqu'un"
des exemples avec la base verbale IkÉI "faire"
IkÉ + lai
signifie
"mettre quelque chose dans ..:
IkÉ + lai
"faire quelque chose à quelqu'un"
1kE: + yél
"devenir", "transformer en"

140
Il faut signaler que la détermination du sens d'une base verbale polysé-
mique par une postposition n'écarte pas l'ambiguïté dans certains énoncés.
Là également c'est soit le contexte linguistique, soit le contexte situa-
tionnel qui contribuera à désambiguïser l'énoncé. Nous donnons deux
exemples de ces énoncés:
- avec lbS + yél
mâ à bS f yél
"cela ne te concerne pas"
il préd.vb le sorlir toi poslp.
C'est le contexte linguistique, notamment la présence d'un complément
d'objet qui détermine le sens de lbS+yél dans cet énoncé.
Le second exemp 1e porte sur
"
Isa + "
mal "vendre quelque chose il quelqu'un"
......
s~ rinê màl 1ittéralement cet énoncé signifie: Ivends-le à moi!"
le vendre moi
poslp.
Mais dans une situation où il n'y a pas de marchandise à vendre ou à acheter
et où il est question par exemple d'un débat conflictuel,
"
Is~ +
"
mal
signifie "épargner quelqu'un de quelque chose", on aura par exemple
1
l
" ,
....
"
,
li ka maloba1iyâ s~ nnê mal
"épargne-mol ton impuœur"
lon conn.
impudeur
acheler moi
post.
Soulignons que certaines bases verbales se combinent particulièrement
avec telle ou telle postposition et non pas avec telle ou telle autre. Cette
combinaison est décrite par Dramane Koné l, mais, uniquement, pour ce qui
est du cas du bambara. Cet auteur utilise les étiquettes "circonstant
fortement régi" et "circonstant faiblement régi" pour désigner respective-
ment le cas où la postposition est indissociable sémantiquement de la base
verbale et le cas où la postposition est dissociable. Il existe une si forte
ressemblance entre le bambara et le jula que, la plupart des exemples que
nous donnerons pour illustrer "la rection forte" et la "rection faible" en
jula se trouvent également en bambara. Nous donnerons quelques exemples
du cas où verbe et postposition sont indissociables sémantiquement:
Idfmfl
!kSrSI
,
"se fâcher" et
"
Irunal
"oublier"
et
!kSI
/
ISlkol
"rêver"
et
/lai
1 KONE (D.), "'a combinatoire verb~-pœtpœitiOml en Bambllf'a", Mandenkan, printemps 8"1,
n° 7. pp. \\- 1"1.

141
,
lbà111
"empêcher" et
Imal
IhmÉI
/
"avoir pitié" et
/lai
Imfirll
"penser"
et
/lai
"La rection faible" équivaut au cas de bases verbales polysémiques
dont un sens est mis en relief par une postposition; par conséquent, les
exemples qui ont servi à illustrer le cas de ces bases verbales polysémi-
ques servent à illustrer le cas de "la rection forte".
Ceci étant, nous pensons que l'analyse des valeurs abstraites des
postpositions et la description des contenus sémantique et pragmatique
des postpositions a plus de pertinence dans l'étude du sémantisme des
postpositions que la distinction entre "rection forte" et "rection faible-;
une telle distinction est plutôt pertinente dans une taxinomie des bases
verbales.
Nous ne saurions terminer cette étude sans aborder la question de
l'origine sémantique des postpositions.
2.5 - A propos de l'origine sémantique des postpositions:
Le sens originel des postpositions, si on arrive à le déterminer;
permettra non seulement de mieux saisir les Signifiés actuels des postpo-
sitions, mais aussi de bien dissocier les postpositions dites pures des
postpositions dites noms fonctionnalisés.
Nous traiterons la question de l'origine sémantique des postposi-
tions sous forme d'un examen critique de l'article 1 de Charles Bailleul
paru dans le numéro 11 de la revue Mandenkan.
Tout d'abord nous faisons une proposition concernant le sens originel
de !k~/, l'une des deux postpositions pour lesquelles C. Bailleul n'a pas
fait de proposition.
Nous faisons un rapprochement entre /kal postposition et
,...
/kal
.-
partie du corps humain, en l'occurrence" le cou-. Les raisons de ce rappro-
chement sont les suivantes:
-!kW postposition et /k~1 partie du corps humain possèdent une forme
phonétique et un ton de base identiques.
1 BAILLEUL (C.), "sens originel !Es postpositions en Bambara". ManŒnkan. n" 11, pp. 71-74.

142
- /k~/ postposition a la même distribution que les autres postpositions
qui désignent originellement une partie du corps humain. Les exemples ci-
après donnent une idée de la distribution en question:
- avec /ka/
r-..
1
/\\
1
~~
'
/k~tigi/
''l'Homme œ parole" </k~+tlgll ~ Icou!Voix+propriétairel
/ 1
'
1 / \\
/
I l
' "
/k~l':lm:>g:::>/"un lIfjoint"
</ka+k:::>r.:)+m:::>g:::>/ ~ lcou+postp.+personnel
/ 1 1 1 , 1 \\
/
I l
.....
"-
/kwl':lfaama/ "le sous-chef" < /ka+k:::>r.:)+faama/
lcou+post+chefl
,..,
1, dauphin"
- avec /kù/ "partie du corps" et "postposition"
l'V
.....
/1'
"
~~
/k!!tigi/
"le chef"
< /k~+tlgll
-+
Itête+propriétairel
- avec Ijù/ ·partie du corps humain"
" ............ "
.'
""
/ /
Ijùk:::>l':lffi:::>g:)/ "personne œ ( IJu+br:::>+m:::>g:::/ ~ Ipostérieur+postposition+
basse CI6SSe
personnel
1
- avec /k.:)/ "partie du corps humain" et "postposition"
1
"
,"
/k.:)fEm:::>g:J/
"personne qui se trouve œrrière"
t
1
, ' ' '
/k:::>m:::>g:::>/
"ancêtre"
- avec IpÉ/ "partie du corps humain" et "postposition"
1
- "
" " ,
Ipe:m:::>g:::>/ "dirigeant"
< Ipe:+fe:+m:::>g:::>/ ~ loeil,viSfl}!+postp.+persopnnel
"personne Qui se trouve œvant"
- avec Ida/ "partie du corps humain"
""......
" " ,
Idate:m::>g:::>/ "riverain"
<Ida+fe:+m:::>g:::>/ ~ Ibouche+postposition+personnel
"personne d'à côté",
Ces
exemples
qui
relèvent
des
bases
nominales
composées
nécessitent quelques commentaires qui élucideront le rapprochement fait
entre /k~/ postposItion et /k~/ partie du corps humain: d'une part, les
premiers termes de ces composés désignent tous, tout comme /k~/, une
partie du corps humain; d'autre part, ils interviennent tous, et là égale-
ment comme /kil, dans l'expression d'une relation spatio-temporelle; en
plus de cela, il est à remarquer que parmi les premiers termes concernés,
ne figure et ne peut figurer aucune postposition dite pure. Ainsi nous

143
/k'
/kl
Id/
1/
/k/
' .
concluons que
~/,
':JI,
al, nEI et
Stl appartiennent a un meme
paradigme; de ce fait, la postposition /kil possède, d'une part, un sens
originel qui est une partie du corps humain, et d'autre part, elle est à
classer plutôt parmi les noms fonctionnalisés.
- Une autre raison du rapprochement de /k~1 postposition et de /kÂ/
partie du corps humain est la relation que les locuteurs )ula établissent
par exemple entre /k'\\!tfgîl ou Ifaamâl "le chef" et /k~':Jr:> faâmâl "le
sous-chef"; selon eux, le cou est à la tête ce que le sous-chef est au chef;
ce qui veut dire que /kal "le cou" sert de support à /kÙI "la tête" tout
~
~
comme le sous-chef sert de support au chef. La fonction adessive de la
postposition /kal peut se comprendre à partir de cette explication tirée
""
du méta-discours.
- Une dernière raison du rapprochement de /kif postposition et de /k~1
partie du corps humain est le postulat selon lequel un lexème a un sens
générique qui se spécifie dans le discours. En fonction du contexte et de la
situation linguistiques, un lexème revêtira telle ou telle valeur sémanti-
que. Partant de ce postulat, le lexème /k~1 aurait un sens plus large qui se
spécifierait dans le discours pour désigner soit la partie du corps humain
soit la relation spatio-temporelle.
Après cette proposition et afin de mieux cerner les postpositions en
jula, faisons quelques critiques des propositions de C. Bailleul. Excepté le
cas de la postposition /k~/, la question du sens originel des autres post-
positions dites pures ne se pose pas synchroniquement en jula. Nous ne
penchons pas du côté des explications données par C. Bailleul pour les
raisons suivantes:
- Les lois phonétiques qui seraient à l'origine des différentes troncations
ne sont pas généralisables à l'ensemble de la langue. Et même, admettons,
à la suite de la proposition de l'auteur en question, que la et rS (qui sont
des postpositions pures) proviennent respectivement de "wÛla" (dont les
variantes seraient ·yila!fJ.â" et de "ySr S" cela relèverait de deux pro-
cessus de changement phonétique attestés en jula : l'amuissement et
l'aphérèse.
- à la suite du processus d'amuissement on aurait dû avoir:
>
>

144
- à la suite du processus d'aphérèse on aurait dû avoir:
>
)
tirS"
Mais malheureusement cela ne se passe pas ainsi dans la réal ité. D'une part
"wwâ" et "y':::>rS", deux lexèmes qui existent en jula, ne subissent pas le
phénomène d'amuissement; et, les lexèmes qui subissent ce phénomène en
jula ne subissent pas par la suite le phénomène d'aphérèse; cela est par
exemple le cas des lexèmes suivants:
IfUél
.....,
"calebasse"
)
Id~l~1
'\\
"bière de mil"
>
*11:::>1
-l'alcool"
"1
'
ltilel
"so lei 1",- jour"
)
It'lèl
D'autre part, urS postposition courante au Bélédougou· devrait être l'éqUi-
valente de Irâl en jula, Si toutefois cela s'avère, on soutiendra très diffi-
cilement que la postposition en question provient de ly'{rSI car en jula
Irâl et Ilâ/étant deux variantes contextuelles d'une même proposition
devraient avoir la même origine lexicale.
Si les lois phonétiques supposées être à la base de ces postpositions
étaient généralisables, on devrait avoir, dans l'état actuel du ju1a, des
homophones issus par exemple des lexèmes suivants:
MU1âl
·soir"
>
*Ilâl
/
/
Iwaral
/
"fauve"
>
*/ral
/
/
1y:::>r:::>1
"couler doucement
>
*/rSI
Enfin, au niveau sémantique, on établirait très difficilement un lien entre
certains sémantismes des postpositions et le sens des lexèmes nominaux
dits de base; cela est par exemple le cas entre:
- la fonction d'identification de la postposition Iyél et" "pÉ" : oeil-,
- la fonction d'instrumental de la postposition Iyél et
"pi" :oeil-
ft

145
/
Excepté le cas de la postposition /k.!!!. il s'avère ainsi très difficile
d'établir une relation sémantique entre les postpositions dites pures et
certaines bases nominales. Au-delà de cette difficulté, c'est le problème
de la perspective diachronique dans l'étude des langues mandé en général,
et du jula en particulier, qui est posé. l'1ême si on admet que les morphè-
mes sont probablement tous d'origine lexématique, on ne peut le démontrer
dans la plupart des cas, faute de documents sur l'état antérieur de la
langue.
Après l'étude des bases nominales, des bases verbales et des post-
positions, nous traiterons dans le chapitre suivant, des onomatopées et des
idéophones; nous tenterons de montrer les différences qui existent entre
ces unités léxicales et celles (les bases nominales et les bases verbales)
qui ont dé jà été trai tées.

146
IV
LE SEMANTISME DES ONOMATOPEES
ET DES IDEOPHONES

147
Avant de décrire les particularités syntaxiques et sémantiques des
onomatopées et des idéophones, il convient de définir ces unités lexicales
et de justifier la dénomination que nous leur attribuons ici, à savoir les
lexèmes motivés.
L'onomatopée est une unité lexicale créée par imitation d'un bruit de
la nature; elle tient sa caractéristique principale de ce bruit.
P. Guiraud 1 dégage trois types d'onomatopées:
- l'onomatopée acoustique: elle constitue l'image d'un son et ne peut donc
exprimer qu'un bruit. D'une façon plus précise, l'onomatopée acoustique est
le bruit perçu à travers le système phonologique et évoqué par référence à
celui-ci; ce peut-être le bruit produit par un objet de la nature, ou le cri
émis par un animal, ou encore certaines sonorités émises par l'Homme.
-
l'onomatopée cinétique : c'est "là où l'articulation reproduit
un
mouvement ... l'image reposerait sur les mouvements de la langue à l'inté-
rieur de la bouche...".
- l'onomatopée visuelle : contrairement à l'onomatopée cinétique qui
repose sur les mouvements de la langue, l'onomatopée visuelle, selon P.
Guiraud, repose sur l'apparence du visage (lèvres. joues) qui est modifiée
particul ièrement lors de la locution.
De ces trois types d'onomatopées. celle qui nous intéresse le plus
est l'onomatopée acoustique. Elle est la plus évidente et la plus facile à
repérer à cause de son aspect imitatif. lequel lui vaut. pour certains
1 cf. Structures etymo]oojaues du lexjoye francais, Larousse.

148
linguistes dont P. Guiraud, l'existence d' "une analogie entre les sons
signifiés et les sons signifiants",
Quant à lïdéophone, c'est une unité lexicale qui représente une idée,
une notion. En jula, il est généralement la représentation d'une couleur
éclatante, d'un sentiment fortement ou faiblement ressenti ou d'une préci-
sion spatio-temporelle.
L'aspect imitatif d'un bruit de la nature constitue un critère
pertinent de différenciation entre l'onomatopée acoustique et l'idéophone.
Parmi les unités lexicales onomatopéiques et idéophoniques, il y a des
nominaux, des verbaux, des adjectivaux et les "adverbiaux". Nous appelle-
rons lexèmes motivés l'ensemble de ces unités lexicales. Cette appellation
se fonde d'une part sur la relation qui existe entre la plupart des signes
linguistiques concernés et leurs référents, et d'autre part sur la thèse de
l'arbitraire du signe reconnue aux lexèmes ordinaires décrits dans les
chapitres précédents.
Notons que contrairement aux lexèmes ordinaires de la langue jula,
les onomatopées et les idèophones attestent la forme canonique fermée,
c'est-à-dire les lexèmes à syllabe fermée; cela est par exemple le cas de
/
IptlSI "tout blanc" dans:
là gwÉrâ
pâsl "il est devenu tout blanc"
il blanchir-acc. loul blanc
/
et de lœml "expression de mépris" dans:
là ka cÉm/"il a exprimé du mépris"
il dire mépris
En revanche, il existe une ressemblance morphologique entre une
bOnne partie des lexèmes motivés et certains lexèmes ordinaires. Cette
ressemblance se situe au niveau de la structure répétitive. Un nombre très
élevé d'onomatopées et d'idéophones se caractérise par la répétition d'une
ou de deux syllabes, cette répétition touche parfois trois, voire quatre
syllabes.
L'importance numérique de la structure répétitive aussi bien au sein
des lexèmes ordinaires qu'au sein des lexèmes motivés nous amène à
étudier, à la suite de l'étude des lexèmes motivés, le sémantisme des
lexèmes à structure répétitive.

149
1 - ETUDE DES LEXEMES NOMINAUX MOTIVES:
Elle se scindera en deux parties
- l'étude morpho-syntaxique,
- l'étude du contenu sémantique.
1.1 - L'étude morpho-syntaxique:
Rappelons que le jula est une langue dont les bases nominales sont à
syllabes ouvertes. Les formes canoniques les plus courantes sont:
- C.V.
exemples 1 sa l "maison"
1 tél "front"
/ ' -
" . '\\
- CVCV.
exemples 1 mUSOI "femme"
1 kàmil
"pintade"
- CVCVCV. exemples 1 kÙrÙsîl"culotte"
,
'\\
; '
1 jaktimal "chat"
A la suite de l'amuissement d'une voyelle, quelques lexèmes peuvent
admettre à l'initiale un groupe de consonnes et ainsi attester la forme
canonique CCV; cela est par exemple le cas de :
/
1 kri l
"appel"
1 f1~1
"calebasse"
Ce rappel permet seulement de dégager une particularité morphologique
des bases nominales motivées :
- La répétition des formes canoniques les plus courantes, ce qui donne des
bases nominales motivées attestant des structures telles que:
/ /k/
. CVCV.CVCV
exemples
k
A
1 010 010 1 "le dindon"
'"
'\\
/\\
1 ~:>I "la toux"
. CVCVCV.CVCVCV exemples 1 kùrutuk.Urutû l "la débrouillardise"
"
/
1"
1 yuruguyurugu 1 "trafiC","déloyauté"

150
Hormis quelques exceptions dont nous donnerons des exemples, les bases
nominales motivées ont la même faculté que les bases nominales
ordinaires: elles peuvent sélectionner la marque du défini et la modalité
du nombre; les exceptions portent sur cette dernière, en ce sens que
certaines bases nominales motivées ne prennent pas [- Ù. 1pour marquer le
pluriel; exemples:
/
/
'"
/ wawa / "baillementCs)"
- "*/ wawau /
/
'"
/ wowo /
/
/
"aboiement(s)"
- "* / wowou /
,
" " "
. /
/\\
/ SJg~J/ "toux"
- "* / SJg~Jll /
, ' -
". A
,
. /
/ pJbpJb / "boue(s)"
- "* / JnbpJblI /
Anticipons sur l'étude de la répétition en signalant que la structure
répétitive de ces unités lexicales suffit à marquer le pluriel.
A l'instar des lexèmes nominaux ordinaires et comme le montrent
les exemples donnés plus bas, les nominaux motivés sont d'une part aptes à
assumer les fonctions non-prédicatives, (exemple sujet), et d'autre part
peuvent, en sélectionnant un prédicatif nominal (pn), assumer une fonction
prédicative nominale (FPN). Ainsi, ils ont le même schèma de valences que
les nominaux ordinaires.
Exemples:
' "
1 1 ' 1 1
/ kùrutùkrùtiI bana / "la débrouillardise est terminée"
débrouillardise
fi~r-llcc.
l!..
..1..
s
p
....
1\\
/
!
1
/ kàka be srra/
"l'oiseau (qui fait kaka) a peur"
, . .
A..
-
oise/lu
pv. //VOir peur
Ji
':L
s
p
.....
4'
f\\
'-
/~lQ/
"c'est la toux"
Loux
ident.
li
Q!l
S
FPN
En plus des particularités morpho-syntaxiques existant au niveau de la
structure syllabique et au niveau de la modalité de nombre, les bases no-

151
minales motivées présentent une légère différence par rapport aux bases
nominales ordinaires, et ce, au niveau de
la
dérivation et de
la
composition.
- Au niveau de la dérivation:
. ne prennent pas la marque du pluriel; [-ù] tous les lexèmes
nominaux issus de la suffixation du dérivatif 1 li 1 (cf. 3.2.2.10, p. 39) aux
verbaux ou verbo-nominaux motivés; exemples:
"* 1 vuguvugulïu III VUguvugulil "le fait de lancer Quelque chose avec force en
proouisent un bruit" < 1 vuguvugu+li/--t Ilancer Quelque chose avec force et en
proouisant bruit + œrivatifl
"* 1 ku01kuClniUI/1 kua.Ikua.Ili1 "le fait de se rincer la bouche" <lku01kUaI+lil
~ Ise rincer la bouche +œrivatifl
"* 1 miniminiliul/lminiminilll "le fait de tournoyer" < lminimini+lil ~
Itournoyer+ œrivatifl
. il existe plusieurs lexèmes nominaux motivés, en l'occurrence ceux qui
sont réduplicatifs, auxquels se suffixe le dérivatif 1 nf 1 (cf. 3.2.2.2. p. 36)
Ce Qui fait ici la particularité de cette dérivation, c'est son statut
,
thématique : 1 ni 1
est nécessairement présent dans les lexèmes
concernés; exemples:
/
1
/ '
1 ~x:>g:Jni 1
"un instrument de musique genre castagnette"
/
l
"-
1 naganagani 1
"hirondelle"
1
1
l'
1 virivirini 1
"papillon"
"
....
"-
1 bg:Jbg:Jni 1
"dysenterie"
,
'
l'
1 f~f~ni 1
"vipère"
...
...
"-
1 dogodogoni 1
"jeu de cache-cache"
Au niveau de la composition, et plus précisément de la structure
basenomina/e oi-basenomina/e, les unités lexicales motivées se particu-
larisent par la fréquence très peu élevée des syntagmes dont les deux
composants sont des unités lexicales motivées.
Après cette présentation, nous devons reconnaître que malgré les
Quelques particularités Qui ont été signalées, il n'existe pas une différence

152
fondamentale entre les nominaux motivés et les nominaux ordinaires au
plan morpho-syntaxique; en sera-t-il de même au plan des contenus
sémantiques? Signalons que l'étude du contenu sémantique des nominaux
motivés d'une part, et celle des autres lexèmes motivés (c'est-à-dire les
verbaux et les adverbaux) permettront de dégager deux catégories
référentielles 1 : la catégorie référentielle inconditionnelle et la catégorie
référentielle conditionnelle.
1.2 - L'étude du contenu sémantique des nominaux motivés:
L'aptitude des nominaux motivés à être indépendants syntaxiquement
les classe dans la catégorie référentielle inconditionnelle. En situation
formelle de définition, les locuteurs ont la capacité de donner leurs réfé-
rences. La transparence référentielle qui est une des conditions du fonc-
tionnement de la langue, ne nécessite ici ni le support d'un autre lexème, ni
celui d'une phrase; elle est due à la relation 2 qui existe entre les lexèmes
concernés et les réalités extra-linguistiques qU'ils désignent. Ces réalités
se recoupent avec la classification populaire. Cela nous amène dans un
premier temps à présenter la désignation des humains, des animaux, des
végétaux et des objets ou des choses à travers les bases nominales
motivées, et dans un second temps à cerner la règle qui régit une telle
désignation.
1.2.1. -
Les différentes désignations par les bases nominales
motivées.
1.2.1.1.- La désignation des humains:
Les bases nominales motivées utilisées pour désigner les êtres
humains sont relativement peu nombreuses. Ce sont généralement des
pseudonymes qui visent à marquer une plaisanterie ou une affection.
Remarquons que les bases nominales marquant une affection S'appliquent
surtout aux femmes; elles se terminent généralement par une voyelle
allongée; exemples:
1 Comme nous le montrerons plus loin, ces deux catérogies référentielles ont un contenu
légèrement différent de celui des catélpries référentielles présentées par Georges Kleiber
dans son ouvrage intitulé: Problèmes de référence: descriotions définies et noms proores,
Klinclcsieck. Paris.
2 Remorquons que 10 mojorité des lexèmes nominoux motivés sont des onomatopées; et de ce (oit
il s'agit là d'une relation très étroite.

153
................
/ '
/ dudurudiru/ "la grosse"
/ bélébe1ééé' / "la grosse, la grande"
.....
" ...
, / , /
/ g:xbg:xbJ / "pseuoonyme d'une petite fille qui n'articule pas bien ses mots"
1.2.1.2. - La désignation des animaux:
Les bases nominales motivées utilisées pour désigner les animaux
sont surtout des onomatopées. Elles se répartissent en deux groupes
différents que nous désignons par: les zoonymes unitaires onomatopéiques
et les zoonymes parallèles onomatopéïques.
1.2.1.2.1 - Les zoonymes unitaires onomatopéiques:
Ce sont des bases nominales onomatopéiques qui sont les seules
employées dans la langue pour désigner des animaux.
Ces zoonymes se fondent sur un bruit émis par l'animal; exemples:
/ k/iok/lô /
"le dinci:ln".
/k~/
"oiseau non ident. il est noir avec une encolure blanche".
f' 'f ' A
/ cgo .ego / "c'est un prédateur qui vole en battant des ailes et en proouisant les
mêmes sons que les soufflets de la forge ou les poumons" d'après un
informateur.
~
. ~ . ....
/ VlnVmlU /
"papillon"
...
...
1.2.1.2.2 - Les zoonymes parallèles onomatopéiques:
Ce sont des termes qui, parallèlement aux dénominations standards,
sont employées pour désigner des animaux. Ils peuvent être considérés
comme des pseudonymes d'animaux. On les rencontre dans les contes et
dans le langage des enfants; soulignons que les adultes les utilisent pour
faire peur aux tout-petits enfants.
Nous en donnons des exemples suivis de leurs correspondants au
niveau des lexèmes ordinaires:
I I I
{/~E: /
"le mouton"
/ saga. /
"le mouton"

154
/ /
A
Imuuu 1
"le boeuf"
{
1 m)sî 1
"le boeuf"
l hutrû 1
"la hyène"
{
' -
' -
A
ISusùku 1
"la hyène"
!
J 1 1
I rruahuuu 1
,
"le chat"
{
"'/
1 Jàkumâ 1
"le chat"
/J,A
/ I A
Signalons que les zoonymes : lœEEI "le mouton", Iml.R1UI "le boeuf",
Ihutrû l " la hyène", 1 m(~UUû l "le chat" ne prennent pas la marque du
,
pluriel [-uJ contrairement à leurs correspondants ordinaires. En revanche
ils peuvent assumer d'une part, les fonctions non-prédicatives (exemple le
sujet) et d'autre part, une fonction prédicative nominale après avoir
sélectionner un prédicatif nominal; exemples:
f f
' f
/ A.'
/
/
/ / /'-
/ /
, /
lm 1ma 1daa J~ n be bEEE wele SlS~ l "si tu ne te tais pas,
si tu nég. ta bouche taire je préd .Yb.mouton appeler maintenant j'appelle tout de suite le
mouton".
h// A
" "
• •
1
uuu na a mma 1 "la hyene vIent l'attraper",
hyène venir le attraper
/
/
A
'
1
/
,.
,
...........
1 muuu lQ n ben.a a bug:) l "c'est le boeuf, je vais le frapper"
boeuf préd.N. je préd.Yb. le frapper
Au niveau sémantique, ces zoonymes parallèles sont régis par une
relation de métonymie; les animaux étant désignés par les cris qu'ils
émettent.
Les zoonymes parallèles marquent par ailleurs la perception qu'ont
les locuteurs jula des cris des animaux. Ce fait permet d'effectuer des
comparaisons entre plusieurs langues; un exemp le: pour le chant du coq, le
jula perçoit 1 kokorikoo... 1 tandis que le néerlandais et l'anglais perçoi-
vent respect ivement 1 kuk1uku 1 et 1 kikiriki Il
Parmi les zoonymes parallèles il existe certaines formes qui ne
relèvent certainement pas des onomatopées et qu'on retrouve dans
plusieurs langues; cela est par exemple le cas de: 1 musss 1 "le chat" en
jula, qu'on retrouve dans des langues comme:
1Les différentes perœption~ du chant du ClXl ont été recueillie:! auprè5 des c:amart1de5 étudiants
néerlandais et anglais et aussi dans la littérature.

155
- le moore :
1 mLDlS 1
- le français:
1 puss 1/ lpussil
- l'anglais:
1 pUSSi 1
1.2.1.3 - La désignation des végétaux:
Les phytonymes mot ivés que nous avons pu recuei 11 ir ne sont pas
nombreux. Ils sont en relation directe soit avec la forme du végétal solt
avec une de ses propriétés; exemples:
1 nJg:m'Sg:{'1 : c'est un arbuste qui a une écorce visqueuse dont on se
sert pour faire des 1iens; c'est sur cette propriété que se fonde la déno-
mination du végétal en question. Comme l'indiquent les phrases illustra-
, , 1 " .
.
tives suivantes, le terme 1 n~:::m~:::> 1 designe par aIlleurs dans la
langue "un état visqueux, gl issant, gluant"
I I '
>b/
" / / k ' . / /
. .
1 y:::>r:::> ru
e
n:::>g:::>n:::>g:::> OJugul "cet endroit est tres g11ssant:
lieu
cet préd.vb.
glisser
très
(
1
/ 1 ' / ,
/ 1 ' . /
1 gwa-n:::>g:::>n:::>g:::> be a bolo ra 1 "le gluant du gombo colle à sa main"
gombo'"
gluant
8xisl. 511 main poslp.
1 b'àoroboorb 1 ·c'est une plante touffue et rampante. La motivation de ce
\\
t'
A
phytonyme qui n'est pas aussi évidente que celle de 1 ~:::>n:::>g:::> 1 provient
... '
...
de son aspect touffu; en jula il existe le lexème verbal 1 bOOro 1 qui
signifie "être dru, épais" en parlant de la végétation.
1.2.1.4 - La désignation des objets et des choses:
Les bases nominales motivées qui désignent des objets et des choses
comprennent à la fois des onomatopées et des idéophones. Elles ont des
référents palpables et des référents non palpables; exemples:
...
J
/
- 1 p:::>bp:::>bl
"la boue" 1
- 1 dùdÛ 1
"le tambour"
"" ~
(
t'
/ \\
1 c:::>g:::>e:::>g:::>ni 1 : ·c'est un instrument de musique fabriqué soit avec des
morceaux de calebasses et une branchette en forme de crochet, soit avec
1Signalons que ce lexème est très répandu en Afrique per exemple on le retrouve à Abidjan où
c'est le nom d'un quartier, ou dans la littérature eDng31aise.

156
des petits cailloux qu'on introduit dans un boîtier fabriqué avec des
feui Iles de rônier".
L'acte référentiel du premier exemple dérive de celui de /
" "
p:>t:> /
"devenir pâteux", tandis que celui des deux derniers exemples est fondé sur
les sons obtenus à partir des instruments dénommés.
Les référents de ces trois exemples sont palpables ce qui n'est pas
le cas des référents des exemples suivants:
,
,.
Il
- / S~Jg:) /
"la toux"
- / sfgisfgî /
,
,
"le bégaiement"
,.
- / t~:)t~:)n1 /
"la dysenterie"
1.2.2 - La régIe de désignation par les bases nominales motivées:
L'examen des périphrases servant de définitions aux bases nominales
motivées permet de constater que pour tout référent ayant une dénomina-
tion onomatopéïque ou idéophonique, cette dénomination correspond à un
des traits dominants de ce référent.
La dénomination par les bases nominales motivées est une opération
logique dont la base est l'identification des caractères dominants des
caractères non-dominants au niveau des réalités extra-linguistiques. Cela
se justifie par le fait que les informateurs déclinent, au cours des séances
de définition, les traits dominants du référé. Ils identifient une réalité
extra-linguistique en tenant compte de toutes ses caractéristiques et en
la comparant très souvent à une autre réalité extra-linguistique; et l1s la
désignent seulement par l'un de ses traits dominants et distinctifs.
Le cas du "dindon" illustre ces propos: il est défini par nos informa-
teurs de la manière suivante:
" 1 , ,
,
l
"
, , / "
l
, , 1
1 " ' "
\\
" "
/ ni i ye
a m~ k 10k 10 sok:>n:> ~ œ~ 19 ~ 4t
be a
si
tu préd.vb. le percevoir dindon
maison-intérieur animal préd.nom nous préd.vb. le
wélé tùbàbù kàmfà ki hO ànià nU-juru ka jà à b~
IIppeler
loubllb
pinlfldé
il préd.lIdj. g~s et son ne""z corde préd.lIdj. I~~g il préd.vb .
...........
,
A~ \\
/ ,
....
, /
'\\
/ 1
\\
maga kloklo ole k~ u be a wele t~ .... /
émettre
k.lok.1o celll
aclluse ils préd.vb. le IIppeler lIinsi

157
Traduction littéraire: "le dindon est un animal domestique; on l'appelait la
pintade des européens; il est gros et a un long "nez".
C'est à cause du cri qu'il émet qu'on l'appelle
k'lok'lo".
Nos informateurs désignent ainsi le dindon par un de ses traits
distinctifs, en l'occurrence le bruit qu'il émet. Par ailleurs, ils l'identi-
fient par rapport à une autre réalité extra-linguistique à savoir la pintade
"" ....
,.
""'"
puisque la dénomination première du dindon est ltubàbu·kamil "la pintade
des européens".
A travers la plupart des périphrases servant de définitions aux bases
nominales motivées, il apparaît clairement un rapport métonymique entre
la caractéristique utilisée pour désigner et la réalité extra-linguistique
désignée. Il ya un transfert de dénomination qui se fonde sur une conti-
guité "spatiale, temporelle, spatiale" 1 entre le référent désigné et carac-
térisé (par exemple l'être humain, l'animal, le végétal...) et le référent
caractérisant (par exemple un bruit, un cri, une apparence particulière..J.
Cela est non seulement le cas de Ik/ lok/ 1bl "le dindon", mais aussi de
-
l '
11/0.
/1/1
1dl!dtJ! "le tam-tam", de 1 huuu l "la hyène", de 1 bÉEE 1 "le mouton".
2 - ETUDE DES LEXEMES VERBAUX MOTI VES:
Elle se scindera, elle aussi, en deux parties:
- l'étude morpho-syntaxique,
- l'étude du contenu sémantique.
2.1 - L'étude morpho-syntaxique:
Au niveau morpho-syntaxique, les bases verbales motivées présen-
tent les mêmes aptitudes que les bases verbales ordinaires, c'est-à-dire
que:
- elles peuvent sélectlonner les opérateurs verbaux et assumer la fonction
prédicative verbale; exemples:
1 cf. Rhétorique générale Groupe \\1.

158
/ A
/
...
,
1
1 d~ be k:lh~k:lh~na 1 l "l'enfant est en trair, de tousser"
enfant préd.bd.
tousser-acc.
,~
/ 1 1
1 WU1u wowora 1
"le chien a aboyé"
chien
aboyer-acc.
- une grande partie de ces bases verbales motivées peut sélectionner une
modalité nominale afin d'assumer les fonctions d'un nom; exemples:
avec la marque du défini:
- 1 k?>h;)k5h5 bé
,..
à ra l "il a la toux"
/""
toux
exist. le postp.
5
I f '
/
/
~"
1
/1.
/
- 1 d~"" be
s1r~ ~mEgEmEgE.fl.E l "l'enfant a peur de l'éclair"
enfant préd.vb. avoir peur ciel éclair
postp.
o
Elles se comportent également de la même façon que les bases
verbales ordinaires au niveau de la dérivation et des propriétés des bases
verbales à accepter ou pas un complément; exemples:
1 à yé the vùgtIVÙgÙI "il a lancé le bâton avec force en produi-
il préd.vb. bâton
lancer.
sant un brui t.
, / '
1
, 1
......
1 WU1u wowora 1
"le chien a aboyé"
chien
aboyer"1lCc.
~
...
~
/
1\\n1~1 est un verbe toujours transitif tandis que IWOWOI est un
verbe intrans i tif.
Les bases verbales motivées se comportent par contre différemment
en raison du nombre très peu élevé de verbaux composés de structure:
base nominale + (dérivatif) base verbale motivée.
Ainsi les bases verbales motivées ont le même schéma de valences que les
bases verbales ordina1res (cf. p. 80).
2.2 - L'étude du contenu sémantique.
Les informateurs définissent différemment les bases verbales
ordinaires (cf. p. 92) et les bases verbales motivées; pour ces dernières ils
1 Signalons que / ~ / et / s2:1Q~ / sont œux synonymes.

159
procèdent d'abord et surtout par la mlmlque, et ensuite
décrivent
verbalement, dans la mesure du possible, le procès ou l'action exprimée par
la base verbale concernée. Avant d'étayer ces propos par des exemples,
signalons que le recours à la mimique n'est possible qu'avec les bases
verbales dont le procès ou l'action le permet; exemples:
/
1
- pour définir la base verbale 1 kllœkllQl 1 nos informateurs gonflent et
1
1
remuent les joues en disant que c'est cela 1 kllœkllQl 1. En plus de ce
procédé et après que nous ayons insisté pour obtenir une périphrase, ils
/
;
disent que 1 klla.IkUQl 1 c'est:
,LA
~III
,
......
/ ,
...
/ ' "
/
/ A '
1 ka j li dg i dà ra
ka a lamaga lamaga a be m~ b:J
conj. ellu entrer ta bouche-post;l.conj. III
remuer-remuer
elle préd.vb. bruit sortir
à bé t:f Ô lè mil kà kuo.Ikli'QII
on préd.vb. dire cela pmr. postp. conj.
rincar
Traduction littéraire: "c'est mettre de l'eau dans la bouche et la remuer
plusieurs fois en produisant du bruit".
,
,
- pour définir une base verbale telle que 1 lJIDl.I1Jlflll l, "murmurer", les
informateurs
murmurent
quelque
chose
et
disent
que
c'est
cela
IJ')lInl.Ir)lInU 1; cette même base verbale est définie par ailleurs en ces
termes:
......
/'
/ "
J/\\
1
y...
/ '
......
/
/
/'
t""
/
1 ka kuma i ~: bn:J 0
be a $;)1,) ko
kf:ra i la
conj. parlar ta gorge postp.
cala préd.vb.le trower affaira faira-acc. loi postp.
/
l
,
1
1
/
ko mi ma
di
i
ye.... 1
affaire raI. préd.adj. agréable loi post;l.
Traduction littéraire: "c'est parler du fond de la gorge quand on n'est pas
content de que 1que chose..:
Que ce so i t par 1es mi mi ques ou par 1es péri phrases, 1es bases
verbales motivées sont définies sans recours ni à un autre lexème, ni à une
phrase; cela les classe dans la catégorie référentielle inconditionnelle.
Quand les bases verbales motivées sont définies par le biais des
périphrases, elles attestent une structure qui se rapproche de la troisième
structure de définition des bases verbales ordinaires, laquelle est,
rappe 1ons-l e :
base verbale = (base nominale) + hyperonyme verbal + base verbale ou
syntagme postpositionnel spécificateur.

!60
Les bases verbales à valeur d'hyperonymes présentent souvent une
l ,
/ ,
structure répétitive; cela est par exemple le cas de Ilamaga lamagal
, . , .
"remuer plusieurs fois" et de l~gosJ.I "frapper plusieurs fois" respecti-
f
i
l
1
vement hyperonymes de IkUa.IkUOlI "r'incer la bouche..... et IkQkQI "se-
couer, épousseter", cette dernière base verbale motivée étant définie de la
manière suivante:
\\
' A
,
...
,
/ I / Â
, ' , ' "
, , " ,
/
It
" "
Ika dEb~ wallma birifani gosi gosi walisa ka gw~gw~walima
conj, nalle
ou bien
couverlure frapper frapper pour que conj. poussière
ou bien
' A
/
\\.
/
nJg:l b:l a ra.......!
salelé sorlir le poslp.
Traduction littéraire: "c'est frapper plusieurs fois une natte ou une cou-
verture afin de lui ôter la poussière ou la saleté..:
Comme on peut s'y attendre - vu la fréquence élevée de la structure
répétitive de leurs hyperonymes - les bases verbales motivées marquent la
répétition dans divers domaines, dont celui des sonorités, celui des
mouvements, celui du temps. Nous examinerons en détai ls tous ces
domaines au cours de la présentation des lexèmes répétitifs.
3 - ETUDE DES LEXEMES "ADVERBIAUX" ET "ADJECTIVAUX" MOTIVES:
3.1 - L'étude morpho-syntaxique:
Au niveau morphologique les lexèmes 9dverbiaux et adjectivaux
motivés attestent:
- la structure syllabique ouverte et la structure syllabique fermée;
exemples:
l
,
f I l
Ikak/ .. tout sec", .. tout raide" dans la kEra kaki "ça produit un bruit..
il faire-acc loul sec tout sec"1i l est deve-
nu tout sec·
/
à
1
1
/
Ip8S/-tout blanc" dans 1
gwEra
pasl "il est devenu tout blanc·
il blanchir-acc. loul blanc
, 1
, , , , , , " '
, , 1 / /
lCOril "tout rouge" dans Iffi,ê-goro ni WU1~a coril "cette mangue est
mangue
celte r-ougir--acc. tout l'ouge devenue toute
rouge-.

16 ,
- Une répétition prolongée de la syllabe, la voyelle ou la consonne finale 1;
exemples:
,
lyEretetete .../ "marque un affaiblissement progressif", exemple dans:
"/'/~
, ....
Ijakllffia ye a ke: ye:retetetel "le chat a agi tout doucement"
chat
préd.vb. le faire loul doucement.
/
lporolololo.../ "marque une longueur démesurée"; cela est par exemple
le cas dans la phrase:
IffiÙSÔ ni kâ
ji pOrotololO.../ "cette femme est démesurément
femme cellepréd.adj. grand longueur démesurée.
grande"
,
Ibbb.../ "marque une température très basse"; cela est par exemple le
.... ~...,
cas dans la phrase:
,
, , . .
1
Iji- suma
~~~I
-de l'eau très glacée
eau frais
lempérature très basse.
IfUrutututu ..../ "marque une action continue et persistante"; cela est
par exemple le cas dans la phrase:
IfUrutututu.. lé kà taga à m1nal "la hyène a filé continuellement
continuellemenl
jusque conj. aller la attraper
la chèvre jusqu'à aller l'attra-
per.
Au niveau syntaxique, les lexèmes adverbiaux et adjectivaux sont
hautement qualifiés dans la fonction adverbiale (pour les adverbiaux) et
dans la fonction qualitative (pour les adjectivaux); ils assument très
rarement d'autres fonctions.
Dans un syntagme comme dans une phrase ils occupent toujours la
position finale; exemples:
' "
1 "
l'
Ifani-gwe:ma pasl "l'habit tout blanc"
habit
blanc
tout blanc
OE
OA
1 Il s'lJJit de la même répétition attestée dans les prépositions qui ont été présentées (cf. p. 104);
nous \\a marquons par des points de suspension et un trait sous la partie répétée.
Signalons que l'ém ission des lexèmes conœrnês s'oo:omPlJJne très nlvent d'une gestuelle ou
d'une mim ique très accentuées (cela n'est pas transcriptible).

162
' "
/
/
Ifima krikril
"tout noir"
noir
tout noir
QE
QA
.....
..-
là tÈmena sweyil "il a filé <il l'anglaise"
Ji
oasser-acc.
"adverbe"
S
p
C
, , /
, , ' ; -
la wi1i1a ka boli biribiribiril "il s'est levé et a couru à toute
.li lever-acc. con i . courir "adverbe"
a11 ure"
s
p
c
Soulignons que contrairement à une des particularités des idéo-
phones dégagés par Gérard Dumestre 1, les lexèmes adverbiaux
et
adjectivaux (qui sont presque tous des idéophones) en jula apparaissent
aussi bien dans les énoncés affirmatifs que dans les énoncés négatifs;
exemples:
" , .
"'
/
0/
/
Ifani ma gwe paspaSI "l'habit n'est pas tout blanc"
habit préd.adj. blanc
loul blanc.
, , 0 /
" \\
0/

la te
Wlilx COytl
"i 1ne devient pas tout rouge"
il
préd.vil. rourir toul rouge.
Après cette présentation des caractéristiques morpho-syntaxiques,
examinons le contenu sémantique des lexèmes "adverbiaux" et "adjec-
tivaux" motivés.
3.2 - Le contenu sémantique des lexèmes "adverbiaux et "adjectivaux"
motivés.
Nous étudierons ce contenu à travers la présentation de la catégorie
référent ieIle "condit ionne Ile",
Nos informateurs n'arrivent pas à déterminer les référents des
lexèmes "adverbi aux" et "adj ect ivaux· sans recourir à un contexte autre
que celui du méta-langage. Contrairement aux lexèmes qui composent la
catégorie référentielle inconditionnelle (c'est-à-dire les bases nominales
et les bases verbales motivées), les lexèmes "adverbiaux' et "adjectivaux"
motivés nécessitent un environnement linguistique pour être véritable-
1Cf. ~n llrticle "Remllrqu~ 0 propœ de l'u~ de:! edverbe:! expressifs en bllfTlbllrll" , œns
AfriQUe et Langage, n" 17, 1er semestre 1982.

163
ment référentiables. Ils relèvent de la catégorie référentielle "condition-
nelle" :
3.2. J - La catégorie référentielle "conditionnelle" :
Les lexèmes motivés qui composent cette catégorie référentielle ont
besoin de la juxtaposition d'une base nominale ou d'une base verbale pour
référer; ainsi l'environnement linguistique fndlspensable est soit un syn-
tagme nominal, soit un syntagme verbal; il peut être aussi une phrase.
Les lexèmes motivés relevant de la catégorie référentielle "condi-
tionnelle" jouent un rôle de déterminant ou de spécificateur dans la langue.
Examinons-les dans les environnements linguistiques qui sont indispen-
sables à leur acte référentiel.
3.2.1.1 - Le syntagme nominal comme condition référentielle:
Dans ce contexte, les lexèmes motivés concernés réfèrent soit à une
couleur, soit à une température, soit à une forme:
- Référence à une couleur:
Signalons que la langue jula dispose de trois couleurs fondamenta-
les; ce sont les seuls concepts de couleur qui aient un signifiant original 1
(nous voulons dire par là un signifiant qui ne désigne au départ qu'une
couleur); il s'agit de Igwimal "blanc", If!ffial "noir" et lWÙ1emal
"rouge". Les couleurs fondamentales sont surtout celles qui servent de
support aux lexèmes motivés suivants:
..
..
,/
lpasl ou
lpaS pas...! pour la couleur blanche
..
J
J
( 1kt)1 ou
lm ml
" , "
~ lUI ou IUtitü...!
pour la couleur noire.
,-
,
1
"
leoo/ou
leooeool
pour la couleur rouge.
1Les lIutres concepts de couleur sont exprimés linguistiquement en recourllnt à des métllphores,
exemples:
IwèrO-J{1 -+ Ijus de collll : exprime 111 couleur orange;
cola eau
1 b(- ttr'€1
-+ 1 herbe frllÎchel : exprime III couleur verte;
herbe frais
Iriri-mUsU; -+ Ifarine de nérél : exprime III couleur jllune ;
nèré farine
,
1bJtami/ ( Iblm + ma; -+ Ibleu + dériv.l ; exprime la couleur bleue.
bleu
œriv.

164
Ils relèvent tous de la catégorie référentielle "conditionnelle". Ils
aident à marquer la teneur forte dans les couleurs fondamentales et c'est
ainsi qu'on obtient les actes référentiels suivants:
r
/
IgwEma paSpaSI
"blanc immaculé" ou "tout blanc"
..........
/"
/
Ifima krikri.1
-
"noir foncé" ou "tout noir"
/
1
1
1
1
lwu1ema coril
"rouge vif" ou "tout rouge"
1'-
- Référence il une température:
Les concepts de chaud et de froid sont spécifiés par les lexèmes
motivés suivants:
1
1
1
1
/
1
lpa/, lpapal ou lpapapal : pour 1e chaud.
1
1
1
1
,
I~...I, I~~I ou 1~l.2~... 1 : pour le froid.
1
lpal et ses variantes marquent une chaleur très ardente tandis que
1
I~I et les siennes marquent un froid très glacial; mais les uns et les
autres n'accomplissent leur acte référentiel
que dans un syntagme;
exemples:
1
I l
1 / 1 1 1
Iji-k~ "eau chaude" et{/ji-ka1~papal
"eau très chaude, très
eau chaud
brûlante"
1
~,
1
1
1
1ji-ka1~ papapa... 1
I I I
/ 1 1 1 1
Iji-sumal "eau fraîche et {Ij.~~a,t:2~1
"eau très glacée"
eau -frais
\\/J1-suma ~I
- Référence il une forme:
Il s'agit là de la spécification de l'état ou de la forme de certaines
substances par des lexèmes motivés. Servira d'exemple le cas des lexèmes
motivés lsàlasàlal et IkulukUtuI qui, eux non plus, n'accomplissent d'acte
référentiel que dans un syntagme,
Isàlasàlal s'applique il des liquides pour marquer une certaine "non-
consistance·, c'est-à-dire un état ·très liquide·, tel que c'est le cas dans:
Ingjï' sâlâs8lâ1 "sauce très liquide", il s'agit d'une sauce qui accuse un
mauvais dosage d'eau: il y a trop d'eau et peu d'ingrédients ...

165
"
,
A
IkU1tlkutul s'applique à lnEgEl "acier, fer, or, argent" pour marquer
1.
1
1
/\\
un état massif. C'est ainsi que InEgE kti1ukutUl réfère, selon le contexte,
à l'acier massif, à l'or massif, ou à l'argent massif. Signalons que
IkU1uklitul peut s'appl iquer à un être humain pour exprimer la nudité
totale; exemple:
/
/
1"
Id~ kutukuwI "l'enfant tout nu"
Ainsi se présente le syntagme nominal comme condition référentiel-
le à certains lexèmes motivés qui ne jouissent pas d'autonomie syntaxique
et référentielle; soulignons qu'il s'agit là surtout d'adjectivaux.
3.2.1.2 - Le syntagme verbal comme condition référentielle:
Dans ce contexte linguistique, les lexèmes motivés apportent une
information sur le déroulement de l'action ou du procès dont il est question
dans l'énoncé. Toutes proport ions gardées, les lexèmes motivés concernés
ressemblent aux adverbes en français: invariabilité et modification du
sens du lexème verbal; exemples:
- avec IbÔlll "courir" : Iboll bïribïribiril "courir tres rapidement et
précipitamment.
/
/
1
/
/ . /
- avec Itagal "partir", aller" ltàga S'WEYlI "filer à l'anglaise"
"
, / . : '
~
/
1
/
__
.
- avec Ibll "tomber' : lsaJI bma
warawarawaral "la pluIe est tom-
~
...-..,-
,
pluie tomber-acc
en averse
bee e.n averse.
1
l
,
...
"
l
,/1.
1
1
/
- avec IdX~1 "filer quelqu'un" : lsurùku ye
baa ~~ furulututu..!
hyène
préd.vb. chèvre filer
continuellement
"la hyène a filé continuellement la chèvre".
"
/
Les
"adverbiaux"
motivés
lbiribiribiri/,
Isweyi/,
"
/
Iwarawarawaral et Ifurutututul sont des "référentiatifs", c'est-à-dire
des lexèmes qui aident à établir une référence; tout comme les lexèmes
adjectivaux qui ont été présentés plus haut, ils ne jouissent pas d'autono-
mie syntaxique et référent ie Ile.
3.2.1.3 - La phrase comme condition référentielle:
Les lexèmes motivés qui ont besoin d'une phrase pour référer appa-
raissent toujours en fin de phrase. L'information qu'ils fournissent porte
sur le lexème nominal ou sur le lexème verbal; exemples:

166
"
/
/ / '
1
l
"
-la ye daa tugu yeretetetel "il â fermé la porte tout doucement"
il prêd.vb. porte fermer
tout doucement
f.C.
" / ' " , , ,
/
- la ye a jEJlE porolololOI
"il l'a agrandi démesurément"
il prêd.vb. le agrandir dêmesurêment
F.C.
I f
.....
,
l '
k..;.t., 1
- lyir i ni jara
o.JU
"cet arbre est devenu tout sec"
arbre cet sêcher-acc. tout sec
f.c..
"
1 "
....
-la kEra zuguzagal
"il est devenu sans forme (difforme)"
il faire-acc. difforme
F.C.
1 /
1
A
travers
ces
phrases,
lyerEtetetel,
lporolololol, Ikakil
et
"
"
IZUguzagal sont des lexèmes adverbiaux motivés; ils assument la
fonction circonstant. Ils exigent la phrase tout entière pour référer.
Notons, pour terminer la présentation de l'acte référentiel des
lexèmes adverbiaux et adjectivaux motivés, que si la catégorie référen-
tielle "inconditionnelle" 1 a de fortes ressemblances avec les "substantifs
catégorématiques" de Georges Kleiber; la catégorie référentielle "condi-
tionnelle" en revanche diffère des substantifs syncatégorématiqueS" du
même auteur; celà à plusieurs égards:
- les lexèmes motivés qui composent la catégorie référentielle condi-
tionnelle ne sont pas des substantifs; ils ne sont pas non plus substanti-
vables; sur le plan fonctionnel, ils ressemblent à ce qui correspond aux
adverbes en français. La différence avec les adverbes en français se situe
au niveau des modes de créatIon: les lexèmes motivés en question ont une
morphologie originale tandis que les adverbes en français sont obtenus -en
ce qui concerne la majeure partie- à partir de la forme féminine d'un
adjectif, à laquelle on ajoute [-ment].
- Ces mêmes lexèmes motivés accusent, au niveau des contenus sémanti-
ques, une certaine stabilité qui fait que par exemple les lexèmes motivés
"
/
."
1",..
"
lsà1asà1a/,/kàki/, IpaspaSI et lporolololol ne peuvent aller, respecti-
vement, qu'avec un liquide, un solide, la couleur blanche et la longueur ou
la hauteur. Cette stabilité constitue un point de ressemblance avec les
1 Rappelons qu'elle est composée de bases nominales motivées et de bases verbales motivées.

167
"substantifs catégorématiques" et aussi avec les lexèmes composant la
catégorie référentielle inconditionnelle.
- Enfin, rappelons que les lexèmes qui composent la catégorie référentielle
conditionnelle sont soit des onomatopées, soit des idéophones tandis que
les "syncatégorématiques" relèvent des lexèmes ordinaires.
- Pour terminer la présentation du contenu sémantique des lexèmes
"adverbiaux" et "adjectivaux" motivés, signalons un constat que nous avons
pu faire au cours de nos enquêtes:
la morphologie des lexèmes motivès qui correspondent grosso-modo aux
adverbes français change d'un locuteur à un autre; exemples:
1
, 1
.'
1
1
1
1
-/COyi/, Icoil, ICori/, ICOriCori/, ICOI t "marque une couleur tout rouge"
1
/
- Ifurutututul et Ife:retetetel "marque une action très prolongée"
- Iléwul et Ilél "marque une interruption toute nette"
- Ipéwul et Ipél "tout à fait", "entiérement"
1
1
- lye:rete:te:te:1 et lyurutututul "marque une évolution in crescendo·
"
,
- Iwabawul et Iwabakui "v'lan"
Cependant les locuteurs reconnaissent, et même, utilisent souvent
les morphologies différentes d'un même lexème motivé. Le changement de
morphologie n'empêche pas l'accès au sens des lexèmes en question. Ceux-
ci prennent leur "sens" dans l'interaction du contexte linguistique et de la
situation linguistique. Remarquons qu'en bambara les lexèmes motivés
présentent presque la même caractéristique; en effet G. Dumestre 2 écrit:
•... une approche rapide montre que nombre de ces éléments
(i] s'agit des adverbes expressifs] sont reconnus par les lo-
cuteurs, mais non pas connus et utilisés. En contexte, il est
facile pour un Bambara de restituer à un adverbe expressif,
associé à un support verbal ou adjectival, le sens que le
locuteur a voulu transmettre LJ Les adverbes expressifs
forment un stock lexical flottant, soumis à de fortes va-
riations dialectales et individuelles."
1Cette œrnière forme n'est pas il confondre avec loI qui est une interjection.
2 Cf. Dumestre (G.). "Remarques il propos de l'usege des adverbes expressifs en btlmbcrll· in
AfriQye et lanoooe. n° 17.

168
Le "sens" de la plupart des lexémes motivés dépend ainsi de la mise
en relation de l'Homme, de la langue et de la culture; cela ne saurait être
autrement, compte tenu de l'existence de la catégorie référentielle condi-
tionnelle d'une part et de la définition de l'onomatopée d'autre part.
Les lexèmes motivés sont certes moins nombreux que les lexèmes
ordinaires, mais ils ne sont pas en inventaire fermé. Nous avons constaté
qU'un conteur, un narrateur ou une berceuse crée des onomatopées et des
idéophones selon, par exemple, le thème du conte ou de la narration, et
aussi selon l'attitude de l'auditeur.
La majeure partie des lexèmes motivés adverbiaux, adjectivaux,
verbaux ou nominaux atteste une structure répétitive; celle-ci, comme on
peut le constater à travers l'annexe n" 3, est également présente au sein
des lexèmes ordinaires. Son importance numérique est telle que nous
sommes amené à esquisser l'étude suivante sur son sémantisme.
4 - LE SEMANTISME DE LA STRUCTURE REPETITIVE:
L'opération grammaticale que constitue la répétition nécessite, pour
des spécialistes, une distinction entre le redoublement et la réduplicatlon.
Le redoublement est selon A Meillet 1 un "procédé grammatical
employé soit pour renforcer le sens, soit pour marquer la répétition ou la
durée de l'action, soit enfin pour en indiquer l'achèvement complet". Cette
définition ne met en évidence que quelques fonctions du redoublement;
celui-ci est d'abord une répétition totale ou partielle d'une syllabe qui ne
jouit d'aucune autonomie, une syllabe qui n'a pas un statut de lexème. Le
redoublement est une opération grammaticale qui consiste, en fait, à
répéter un ou plusieurs éléments d'une unité lexicale.
Quand c'est l'unité tout entiére qui est répétée une ou deux fois, il
s'agit de la réduplication.
Pour mieux déterminer le sémantisme de la structure répétitive en
jula, nous procéderons autrement que par la distinction redouble-
1 MEILLET (A), Introduction è l'étude comparative des langues lnàl-Européennes.

169
ment/réduplication : nous distinguerons au sein de chaque catégorie
lexicale deux types de répétitIon:
- la répétition du type: CVT CV avec '*CV
- la répétition à valeur synaptique ou syntagmatique.
4.1 - La répétition nominale:
Elle sera étudiée sur les plans morpho-syntaxique et sémantique
4.1.1.- Sur le plan morpho-syntaxique:
Nous présenterons les principaux types de répétition que connais-
sent les nominaux motivés et ordinaires:
4.1.1.1. - La répétition nominale de type CV+CV avec '*CV:
Il s'agit de la répétition d'une forme monosyllabique qui n'est pas
attestée dans la langue; l'unité lexicale obtenue à l'issue de cette répéti-
tion pouvant sélectionner la modalité de nombre et la marque du défini
puis assumer les fonctions non-prédicatives; cela donne la structure
syllabique suivante: CV ~ CVCV(n) avec '* .f CV 1
" .....\\
\\
\\
Exemples: Imgtul "les hiboux" <Igl+ gi + ul avec '* .fgL
" ,....
"
'"
100001 "le tambour" <100 + dul avec'*.f du
'"
-
""'-
........
"""
~
,.
' "
'"
la
ye dQdQ. !:lI
"nous avons joué du tambour"
nous préd.'Ib. tambour jour
t:!o
Ik~âl "des oiseaux ..... <lkâ + kal avec '*.f ka
,..
_
rw
""
.v
"
fo,
IŒŒI "le sable"
,.. ....
<IŒ +œl avec '*.fer.
.......
~
, , , . .
/ 1 1
'
J
,4.
,
I~~ tagara jiwoyo
tel
"le sable a été emporté par le
sllbla
Dllrlir-llcc. allu-ruisselamant postp.
ruisselement de l'eau"
tf
Y..
S
p
Ila notation -ITN signifie que la forme lexicale de structure CV n'est pas le radical du nominal
répétitif.

170
/
/ \\
"
,.
'1.
ltitiU/ "les pentes" < lti + ti + u/ avec *.J'ti
.'\\. """
"'"
""'"
/Ir'
"' .... '\\.
,
\\ ,
IflEjlEU/ "les brisures de céréales" <IflE + jlE + u/ avec *.J'fIE
La répétition nominale du type CV ~
CVCV (n) avec * .J'CV touche
également les formes dissyllabiques, ce qui donne la structure suivante:
CVCV ~ CVCV.CVCV(n) avec '* .J'CVCV
exemples:
1
1 / \\
/
J
Ikele:kele/ "le piment" <lkEle + kele/ avec"" .J'kElE
/
I I ' - .
1 /
f f '
lbagabagaU/ "les termites" <lbaga+baga+u/ avec '* .J'baga
/
1
/ \\
/
...
,.
...
,(
/
lbagabagau ye a ka de~Jlimi/ "les termites ont rongé sa natte"
termites
préd.vb. sa CDnn. nille
manger
li
S
, '" " ... '
\\
-'
\\
'"
\\
If.Jgjf)g'Ju/ "les poumons" <IfJg) + fJgJ + U/ avec"" .J'f::Jg:J
Remarque:
Parmi les formes monosyllabiques et dissyllabiques qui n'ont pas été
indentifiées comme étant les parties radicales des lexèmes répétitifs,
certaines sont néanmoins attestées dans la langue mais avec une diffé-
rence fondamentale au niveau des sens et parfois, au niveau des catégories
lexicales; cela est par exemple le cas de 100/ reconnu dans 10000/ "le
.....
"
....,..
'" """
tambour" : I~/ qui n'est pas le radical de l~dW "le tambour", est
attesté dans la langue mais en tant Qu'adjectif et signifie "profond".
4. 1.1.2 - La répétition nominale à valeur synaptique ou syn-
tagmat i que:
Il s'agit de la répétition d'une unité lexicale qui est attestée dans la
langue et Qui possède des sèmes communs avec le nominal répétitif; celui-
ci peut sélectionner la modalité de nombre et la marque du défini puis
assumer les fonctions non-prédicatives, et ce, même si l'unité lexicale
répétée appartient à une autre catégorie lexicale que celle des nominaux.
Ainsi il n'y a pas de problème d'identification du radical dans le type de
répétition concerné; exemples:

171
ImUgumUguI "copeau" < .fmugu, "la farine", "la poudre"
IflmufunÛI "le tourbillon < .ff~nu, "gonfler", "enfler"
,.
I ! '
f
f
Ifunufunu wiliral
"le tourbillon s'est levé"
tourbillon
lever-lICe.
li
5
IkùrukUrû/"les pustules", "les boutons" < .fkùru, -boule", -plier",
"courber"
Ikakakâl "produit aphrodisiaque" < .fki: "adv.exprimant l'idée de dureté et
"
,.,..
,..
, . "
de fermeté-.
.... " . . . .
/'
1
1
lœ: sogoni wilira kW -le sexe de l'homme est en pleine érection"
homme sexe
lever-acc. lIdv.
....
~,
/
1 1 f t
,
....
' /
\\.,,~,
Idepü a
ye
k~~ tà a ma se ka sigi tu@l.J
depuis
il préd.vb.
produit
prendre il nég. powoir conJ. llsseoir encore
aphrodisiaque
"depuis qu'il a pris le k~k~k~ il n'a pu s'asseoir encore"
Remarques:
- La répétition nominale à valeur synaptique ou syntagmatique touche non
seulement les substantifs. mais aussi les lexèmes numéraux; exemp les:
Ikél~kél~
1
1
"1 franc chaque"
<.fkel~~
"un"
Ifllafllal "2francs chaque"
<.ffÙ8
"deux"
1
1
1
1
IlŒmelŒme / " 100 francs chaque" < .fkEmE
"cent"
l
"
,
.....
/
'"
Iwolowilawolowilal "sept francs chaque" <.fwolowt1.8 "sept"
. . -
""'"
."'10
Notons qu'en jula, après les onze premiers chiffres (c'est-à-dire de
o à 10) qui sont exprimés par des lexèmes simples, on a une structure
composée pour les neuf chiffres qui suivent (c'est-à-dire de Il à 19). La
structure composée réapparaît après chaque dizaine. Les chiffres vingt
(20), trente (30), quarante (40), cinquante (50), soixante (60), soixante-dix
(70), quatre-vingt (80). quatre-vingt-dix (90) et cent (100) sont exprimés,
pour certains} soit par des lexèmes simples, soit par des lexèmes
composés.

172
Quand la répétition touche un chiffre issu de la structure composée,
seul le dernier chiffre subit le redoublement; exemples:
1
1
I l
' ! I
1
ltanïkeleke1el "1 1 francs chaque" <ltanïkelel -t Idix et uni "onze"
"'"
1'\\..
" ' "
_
,""
dix el un
,
( ' ; , " / '
,
! ' ' ' ' '
Imug~mQk:Jn:Jt~/"29 francs chaque" < Imu~:Jn:J~ -t Ivingt
et neufl "vingt neuf"
vingl
el
neuf
1 / / 1 1
I I I /
lkêmenitatal "110 francs chaque" <Ikemenital -t Icent et dixl "cent
... "'"
....
cenl
el
dix
di x"
Enfin la répétition nominale à valeur synaptique ou syntagmatique se
caractérise par une compacité lexicale: le radical (c'est-à-dire la forme
radicale qui est répétée) ne peut pas subir une expansion avant d'être
répété; on ne peut pas avoir par exemple:
/
1
Ifunu + Expansion + funul
Avant de procéder à l'analyse du contenu sémantique de la répétition
nominale notons d'une part, quelques cas de répétition nominale de type:
cv, + c~ où Cv, =X et .*C~;
il s'agit de cas de composition probable Que nous illustrons par le nomi-
,
l ,
;1\\
,
'"
"
'"
na1
: Ikoorokaaral "la tortue" < Ikoorol "(se)trainer" et */kàara/;
d'autre part, rappelons la répétition nominale de type: NI + /01 + NI;
exemple:
II'
1
/ "
Id~~ 0 d.~1 "tout enfant"
eoflIol disl. eofIlot
4.1.2 - Sur le plan sémantique:
Le signifié de la plupart des substantifs répétitifs a un caractère
unique, c'est-à-dire qu'il n'est pas la multiplication du signifié du radical.
Selon que les nominaux répétitifs relèvent ou pas
du groupe des
onomatopées et des idéophones il y a une différence au niveau de la
fonction référentielle; lorsqu'il s'agit des onomatopées, exemple l~iJ
"un oiseau identifié par son cri", il existe une relation ·conventionnelle"
(c'est-à-dire non arbitraire) entre la structure répétitive des signes et les
réalités extra-linguistiques, ce qui n'est pas le cas lorsqu'il s'agit d'un
substantif répétitif ordinaire.

173
La répétition nominale qui touche les lexèmes numéraux exprime le
distributif; elle intervient lors de la fixation des prix des marchandises
exposées par tas. Par ailleurs, elle peut exprimer l'intensif; ce qui est le
cas:
1
1
1
- avec IfLiful "zéro, zéro", "rien" <.f fu, "zéro", "rien"
1
" ,
1
1
1
1a 5::)f":)ra fUfu
rai
"il a été obtenu à un vil prix"
1
il oblenir-acc. zéro-zéro IlOSt,o.
avec Iké1~ke1~l"un, un" < .fkél~ "un"
1
Im'uso/' ru'- k~lekè11 e 1'01
.
1..

t:a....
""
""
"c'est smgu lerement cette femme'
femme celle unun
idenl.
"c'est bel et bien cette femme"
Rappelons que la répétition nominale marquée par l'insertion du phonème
1
lOi (cf. 2.6, p. 30) exprime le distributif.
4.2- La répétition verbale:
Elle sera examinée sur les plans morpho-syntaxique et sémantique.
4.2.1 - Sur le plan morpho-syntaxique:
Les verbaux répétitifs attestent les deux types de répétition
présentés plus haut.
4.2.1.1. - La répétition du type CV + CV avec *CV :
Il s'agit de la répétition d'une forme monosyllabique qui n'est pas
attestée dans la tangue; l'unité lexicale obtenue à l'issue de cette répéti-
1
tion peut, à l'inverse des nominaux répétitifs du même type, sélectionner
la modalité verbale 1. Ra/el! ainsi que les prédicatifs verbaux, puis
assumer la fonction prédicative verbale; cela donne la structure suivante:
1
CV -+
CVCV Œa/0) avec *.fCV: exemples:
/
/
/
1
- Ihehel"haleter" <Ihe + he 1 avec '* .fhÉ
lWÙ1Û bé hÉhÉral "le chien est en train de haleter"
chien préd.vb. hllieler-acc.
/
/
/
/
1
- Iwawal "bailler" <Iwa + wal avec *' .fW8

174
" .....
,....
/
~
""',,,' '\\
/
/
/
lsun:>g:> ye
~ mina foc ~ be wawal "nous avions tellement
sommeil préd.vb. nous prendre jusque nous préd.vb. bailler sommei 1 que nous bai 11 ions"
- Ikakal ·caQueter·· <Ika + kal avec ~.fk4
...
, , /
/ 1 1 , , 1 1 ' 1
IsiS€:
be
kaka f.?~·la - wagati lai "la poule caquette au moment de la
poule préd.vb. caqueter oeur poser temps
pospt.
ponte".
/ /
/
/
"
- It!2tY"tamiser" <It~ + t§.1 avec ..,.t~
.'
'\\
fi.
/
,/C
'-
'-
/
'1.
1
1
ln! muso ye Il:>:> b~te a
be a ~~ .../ "après avoir pilé le mil
si remme préd.vb. mil
piler elle préd.vb. le tamiser
pour obtenir ta farine, la
femme le passe au tamis"
/ /
/
/
~-
- IfQft,V "asperger" <If!! + f!JI avec *.fl};!
"
/
II'
1
l
,.....
1
Il be jü f!P!J
fani
kW "tu asperges le vêtement d'eau"
tu préd.vb. eau asperger vêtement poslp.
La syllabe *CV peut se répéter trois, voire quatre fois au sein du même
lexème verbal; cela donne par exemple:
IhÉhÉhÉI "haleter", Iwâwawâl "bailler", Ikakak8kal ·caqueter",
/
( -( - /
f/lIf/lIf/ /
It~t.f~~1 "tamiser", 1 .... _ !JfJJI "asperger".
Remarquons là également, que la répétition du type CV + CV avec *CV ne
concerne pas seulement les monosyllabes, elle s'applique aussi à des
dissyllabes, ce qui donne la structure:
CVCV + CVCV avec *CVCV; exemples
\\
\\
' . "
1f)ll!llI1)lIDUI "murmurer" <If)unll + f)IDUI avec * .frpnu
/
1
.'
1
.-
ISEgESEgEl "vérifier", "bien interroger" <lSEgE + SEgEl avec ~ .fs€~
/
1
/
/
r
Iwarawaral "tomber en averse" <Iwara + waral avec *lwtJrt).
4.2.1.2 - La répétition verbale à valeur synaptique ou syntag-
matique:
Contrairement au type de répétition verbale précédent, là l'unité
lexicale repétée est attestée dans la langue. L'unité lexicale obtenue à
l'lssue de la répétltlon assume la fonctlon prédlcatlve verbale.

175
La répétition verbale à valeur synaptique ou syntagmatique touche
presque toutes les bases verbales; exemples:
,
l
" ,
/
- 1p?~1 "sautiller", "sauter plusieurs fois" <I~ + ~I avec .f~ "sauter"
- IkarrrtkaIrul "cligner plusieurs fois" <Ikarru + kaIrul avec .fkaln!
clignoter"
"cligner"
- lbOlibOlil "courir" <lbOli + oolii avec .fooll "courir"
- Itobitébil "mijoter" <Itébi + tobil avec .ftébi "préparer", "cuire"
,
/
/ " ,
- lka1~!y "coudre en plusieurs endroits" <Ika1~ + ka1~ avec .fk~
-barioler"
"coudre"
Dans la répétition verbale à valeur synaptique ou syntagmatique tout
comme dans la répétition nominale du même type, le radical ne peut pas
subir une expansion avant d'être répété.
Pour terminer notons l'existence en jula d'une forme de répétition
qui consiste à employer plusieurs fols une base verbale et la conjonction
,
Ika/; exemples:
1
1
/
1\\
,
/
"
"
' ' \\
Ik,lIgo-sogou bOlira ka boli kà boli ka bèli... 1
brousse animaux courir-acc. conj.courir conj. courir conj. courir
"Les animaux de la brousse ont couru, couru, couru"
,
/
/\\
l
' \\
/
' "
, 1
"
\\
\\
la k:mJ fununa ka funu ka funu kà funu foc ka dl
son ventre enf1er-acc. conj. enf1er conj. enf1er conj. enf1er pr~p. conj. ~c1aler
"son ventre a enflé, enflé, enflé, enflé jusqu'à éclater", "son ventre a
tellement enflé qu'il a éclaté".
4.2.2 - Sur le plan sémantique:
Nous y examinerons le sémantisme de chaque type de répétition
verbale:
4.2.2.1 - Le sémantisme de la répétition verbale du type
CV + CV avec *CV.
D'une part, les verbaux répétitifs dont le radical ne jouit d'aucune
autonomie syntaxique et sémantique expriment, tout comme en grec

176
ancien', plusieurs sonorités: des sons, des cris, des chants, des bruits les
plus divers produits par l'Homme, l'animal, la nature ou les objets; ce sont
alors des onomatopées acoustiques. Nous énumérons Quelques sonorités
exprimées par les verbaux en question:
- au niveau de l'Homme: les verbaux répétitifs marquent des productions
sonores émanant des cavités buccale et laryngale; exemples:
f . f .
ISlglSlgtl
"bégayer"
.1
\\
If) unU1)unui
"murmurer"
Ikua.rkUQlI
"( se) gargari ser"
"tousser"
- au niveau des animaux: il s'agit de l'expression des cris et des chants.
Avant de donner quelques exemples, rappelons la correspondance qui existe
parfois entre l'expression des cris et la dénomination des animaux:
"caqueter"
/h/
Ihe el
"haleter" (chiens)
- au niveau des objets et de la nature: les sonorités exprimées par des
verbaux répétitifs sont très diverses; elles vont du toc-toc sur une porte
au grondement du tonnerre en passant par les bruits produits par une
tornade Qui tombe sur une surface dure et un éclair Qui scintille; exem-
pIes:
"
1
Ikokol
"secouer", "épousseter"
""
"'"
"toquer"
,
,
Igudugudul
"tonner", "gronder (tonnerret
"
"
Iffiègeffiegel
"scintiller (éclair)", il ne faut pas confondre ce
,
"
dernier verbal répétitif avec Iffieneffienel Qui signifie également
"scintiller"; le premier est une onomatopée tandis que le second est
un lexème ordinaire.
J cette comparaison a été possible grâ:e Èl l'ouvrllJE! de : Françoise SKOOA : Le reooublement
expressif. Un universel linguistigue. Analyse du procédé en grec ancien et en d'autres
~éd. SELAF, 15, numéro spécial, 1982.

177
D'autre part, les lexèmes verbaux répétitifs dont le radical ne jouit
d'aucune autonomie syntaxique et sémantique expriment la répétition de
certains mouvements du corps humain, du corps animal, des végétaux et
des objets. Contrairement à ce que nous présenterons plus loin, il s"agit là
de mouvements répétés absolus, c'est-à-dire des mouvements qui sont
répétitifs de nature, qui ne sont pas issus d'un mouvement singulier;
exemples:
,
1
lyErEYErEl "trembler" : ce lexème verbal répétitif S'applique aussi bien à
l'Homme qu'à l'animal pour exprimer les actions de frissonner, d'avoir des
convulsions et de trembler; on dira par exemple:
/ A
,
1\\
/
/
. ,
.
Id~~ '0610 be YErEYErE...1 "la mam de l'enfant tremble"
enfanl main préd.vb. trembler
\\ " /
/
/ /
ISiSf be
YEreYEral
"la poule est en train de trembler"
poul e préd.vb.
trembler
1
/
Ifir1firll "agiter", "battre des ailes"
/
/
lyuguyugul "secouer"
Iko10ko101
"(se) rouler par terre"
.....
""
4.2.2.2 - Le sémantisme de la répétition verbale à valeur
synaptique ou syntagmatique:
La répétition verbale à valeur synaptique ou syntagmatique exprime
d'une part des mouvements répétés relatifs et d'autre part le pluriel. Les
mouvements répétés relatifs, par rapport aux mouvements répétés absolus,
sont ceux qui sont issus d'un mouvement singulier; celui exprimé à l'aide
du signifiant qui subit la réduplication. Le procédé grammatical qui
exprime les mouvements répétés relatifs touche tous les lexèmes verbaux
simples exprimant un mouvement ou une mobilité; exemples:
1
,
/
I~~I "sautiller" < I~I "sauter", "enjamber"
IfllEf.ÙEI "examiner de près, "scruter" <Ifllel "regarder"
1
,
1.~'
lkamikâmil "faire des clins d'oeil", "clignoter" <llU1IIlil "cligner de
l'oeir

178
/ " / "
' \\
Ilamagalamagal "remuer plusieurs fois" <Ilamagal "bouger", "remuer
une fois"
/
/
;
/
lpoyipoyi 1 "jaillir de partout" <lpoyil "jaillir"
Remarque : dans l'expression des mouvements répétés, la langue jula
présente
des
ressemblances
avec
le
grec
ancien.
La
subdivision
mouvements répétés abso 1us et mouvements répétés re 1at ifs se recoupe
avec les trois sortes de mouvements exprimés â travers le redoublement;
selon Françoise Skoda 1 ces trois sortes de mouvements sont : "les
mouvements de va-et-vient périodique", ils comportent les secousses et
les balancements, "les mouvements irréguliers et imprévisibles [qui
comportent] la mobilité du regard, les jeux de physionomie, les bonds en
tous sens", et "les tremblements qui constituent une catégorie particulière
qui tantôt participe du mouvement périodique (tremblements convulsifs)".
Quant au pluriel marqué par la répétition verbale synaptique ou syntagma-
tique, il est la multiplication de l'action ou du procès exprimé â l'aide du
signifiant qui subit la réduplication; exemples:
Itlgetige:1 "couper en plusieurs morceaux· <Itlgel "couper"
ISÙSUSÙSUI "piler plusieurs fois" <ISÙSUI ·piler"
Ikartkar'i/ "casser plusieurs fois· <Ikanl "casser".
Avant de présenter la répétition adverbiale, signalons la continuité
et la progression exprimées par la répétition verbale qui consiste â
reprendre plusieurs fois et successivement la conjonction Ikàl et le
lexème verbal.
4.3 - La répétition adverbiale et adjectivale:
4.3.1 -la répétition adverbiale:
4.3.1.1. Sur le plan morpho-syntaxique:
Il existe deux types de répétition adverbiale: la répétition de la
syllabe finale et la répétition du type synaptique ou syntagmatique.
1 QQ.....lli., p. , 66.

179
- Le premier type de répétition consiste à répéter deux, trois, voire quatre
fois la syllabe finale du lexème adverbial; il s'applique généralement sur
des lexèmes abverbiaux qui ont plus de deux consonnes différentes;
exemples:
lpOrolololol "exprime une longueur ou une hauteur très démesurée"
1
Ifurututututul "marque une action continue et persistante"
1
IfErEtEtEtEl
"marque un affaiblissement progressif"
- Quant à la répétition du type synaptique ou syntagmatique, son principe
étant décrit plus haut, nous ne donnerons que des exemples:
,
1
1
1
Ihalehalel "très loin" <Ihalel "loin"
:
1
1
1
Ikàkik8ki.1 "extrêmement sec" <Ik8ki.1 "tout sec"
,
'
\\
,
lsisasisal "tout de suite", "très récemment" <lsisal "maintenant"
- -
~
,
1
IjOnajOnal "très vite" <Ijonal "vite", "rapidement"
La répétition de la syllabe finale et la répétition du lexème entier ne
modifient rien au niveau de la fonction syntaxique des adverbes répétitifs;
en sera-t-il de même sur le plan sémantique?
4.3.1.2 - Sur le plan sémantique:
La répétition de la syllabe et la répétition adverbiale du type
synaptique ou syntagmatique modifient le sémantisme des adverbes. En
plus de l'idée de la répétition, elles expriment une forte intensité;
exemples:
là tagara jôna jo'nal "il est allé très rapidement"
il aller-acc.
vite
vite
/
Il'-
,
l '
,
Imobill tEmEna ~ siSW "le véhicule vient tout juste de passer"1
véhicule passer-acc. maintenant mainlanant "le véhicule est passé très récemment"
,
/
1 " \\
l'
fo'
11~"""" k~""""1
li
be
i faœ
cw;:,c.uc
..-.x.UC
"tu remercies ton père très
lu prid.vb. len père remercier
bien
bien
bien"

180
Signalons qu'il s'agit pour la plupart des cas d'une forte intensité du temps
ou de la durée d'accomplissement d'une action.
4.3.2 - La répétition adjectivale:
4.3.2.1 - Sur le plan morpho-syntaxique:
La répétition adjectivale dépend de la présence ou non du prédicatif
adjectival 1 Ukal pour l'affirmatif ou Imil pour le négatif). Quand celui-
ci est présent, l'adjectif peut être intégralement répété; cela est le cas
dans:
\\
1
\\
"
lU ka
djg:xbg:>1 "ils sont petits-petits"
ils préd.adj. pelil
pelil
,
,
1
/
1\\
l
'-
'-
ltu k:>n:> m:>g:xI ka sUfl! sun~/ "les forestiers sont courts courts"
forêl pospL personnes préd.adj. courl
courl
("Les forestiers sont très petits")
Quand le prédicatif adjectival est absent, la répétition n'est possible que
si l'adjectif est élargi d'un dérivatif; cela est le cas dans:
' "./ /

WU1\\ 1\\./
1
/ . /
/
/
,
- IW WUJugui "chien mechant" 1
UJuguma Jugumal "chien tres
chien
méchanl
méchant"
'\\
" . /
./
* IWIllu JuguJUgul
'"
"
....
'
.........
"
- Iko n:>g:>1 "chose facile" Iko n:>g:> ma n:>g:>mal "chose facile facile"
chose facile
chose facile dériv. facile-dériv.
....
"
....
"
...
" Iko n:>g:> n:>g:>1
I~
' 1
1
1
1
1
1
1
/
- Iji:ka1~1 "eau chaude" Iji ka1~a ka1~al "eau chaude chaude"
eau chaud
eau chaude dériv. chaud dériv.
"eau bien chaude"
, ' . .
1
* Ijika1~W
Compte tenu de la répétition totale de l'adjectif dans les deux cas et
de l'autonomie syntaxique et sémantique des formes répétées, la répéti-
tion adjectivale est du type synaptique ou syntagmatique que nous allons
examiner sur le plan sémantique.
1La présence ou non d'un prédicatif adjectival corr.stitue un critère œns la distinction de ce qui
correspond en français à l'adjectif épithète et à l'adjectif attribut du nom.

181
4.3.2.2 - Sur le plan sémantique
La répétition adjectivale joue le rôle de distributif quand le
prédicatif adjectival est présent: elle indique la Qualité des objets ou des
êtres, pris chacun en particulier; à cet effet, signalons Que le nominal Qui
est Qualifié est toujours au pluriel; ainsi dans l'exemple Itllk:::>n:::>m~:Sù
ka s'ùnIsùrul "les forestiers sont courts-courts" il s'agit de chacun des
,.
.....
forestiers qui est "court", c'est-à-dire petit.
La répétition adjectivale joue le rôle d'intensif quand l'adjectif
élargi d'un dérivatif est apposé au nominal qualifié.
Pour conclure le présent chapitre. signalons que l'étude de la struc-
ture
répétitive sur le plan pragmatique revient à l'étude des lexèmes
ordinaires et des lexèmes motivés sur le plan pragmatique; c'est donc pour
éviter une redondance que nous ne l'avons pas envisagée.
En revanche. pour apporter quelques éléments supplémentaires il
l'étude du sémantisme des lexèmes ordinaires et des lexèmes motivés l,
nous allons essayer de cerner la polysémie lexicale dans le chapitre
suivant.
1 Il sera essentiellement question cEs bases nom inales et cEs bases verbales.

182
v
TRAITEMENT DE LA POLYSEMIE
LEXICALE

183
Traitement de 10 polysémie:
Le jula, langue de type économique atteste beaucoup de lexèmes
pOlysémiques: c'est-à-dire des lexèmes Qui ont plusieurs sens.
Parlant de polysémie et en rapport avec l'analyse Que nous allons
proposer, notons Que selon B. Pottier 1 "on peut parler de polysémie lorsque
l'intersection des deux sémèmes considérés est positive."
Comme explication à la polysémie, nous ne pouvons pas seulement
nous contenter, encore moins nous fier, au seul fait Que le jula soit une
langue de type économique, c'est-à-dire, une langue Qui se caractérise par
la morphologie très simple et la fréquence de ses lexèmes.
Pour appréhender la polysémie, on a souvent recours à l'analyse
componentielle ou sémique; or ne faut-il pas émettre des réserves
concernant le pouvoir explicatif de ce type d'analyse?
Pour mettre
en évidence
les
éventuelles
limites du pouvoir
exp 1icat i f de l'ana lyse component i elle, nous 1a testerons sur 1e champ
sémique couvert par des lexèmes désignant des parties du corps humain.
Comme nous l'avons montré ailleurs 2 les lexèmes désignant les
parties du corps humain se caractérisent par leur propriété à avoir
plusieurs sens. Nous reproduisons à la page suivante le tableau récapi-
tulatif du champ sémantique des lexèmes en Question.
1 POTTIER (B.), présentation œ la linguistique-Fonœments d'une théorie, Paris Editions
Klincksieclc, 1967. p. 65.
2 ALOU, Kéït!l, "An!llyse Ethno-sém!lntique cEs termes œsign!lnt les parties du corps hum!lin en
jula" Mémoire -DEA, Université œ Nice
.

TABLEAU RECAPITULATIF
Homme
Animal
VécftlaJ
OBJETS
ESPACE
PSYCHOLOOIE
t1armlte
ooone
véhicule
vi1lêlC13
case
Postposition
cime
-
dessus
to1l
attributif
siègeœ
k~
tête
tête
bout
ouest
connaissance
-~
sommet
devant
sommet
"sur"
savoir
chance
palte-
resscciatif
préhension:
mainl
avant
"f;NOC"
1
( avarice
boiO
bras
branche
-
longueur
-
-
-
1sous l'empr ise
looresse
't œ
gueule
entrée
entrée
- parole
da
bouche
groin
du
ouverture
-
portière
entrée
panneau
-
-élocution
bec
trou
de porte
-qualités
( dans
virtuelles
kon:'
ventre
ventre
trou
intérieur
surface
intérieur
intérieur intérieur
-inquiétude
au
-embarras
arrière
relation spatiale
ko
00s
00s
-
extérieur
-
extérieur extérieur
( œrrière
-
dessus
(oorsaJ)
aorès
piedl
- patte
\\
~
jambe
- patte-
-
support
le pan
le pneu
-
-
-
-
arrière
fond.
partie,
.,
lU
postérieur postérieur
tronc
vers
arrière
est
-
-
-
fondement l'arrière
..
-envers
r-relation spa-
- apparence
nE:
œil
œil
-
-
-endroit
phare
devant
f~
tiale "devant"
- nostalgie
-appa-
I-relation tempo
- humeur
rence
i relie "avant"
- envie &sir

185
1 - POUVOIR EXPLICATIF DE L'ANALYSE COMPONENTIELLE OU SEMIQUE:
Tout d'abord notons que selon Kerbrat O.c. ., l'analyse componen-
tielle
"consiste à analyser le contenu des mots de la langue de
manière à mettre en lumière leur organisation systémati-
que. Pour ce faire, elle "factorise" les signifiés, c'est-à-
dire Qu'elle les décompose en éléments constitutifs mini-
maux [sèmes] .... (qui) permettent de dégager entre les
contenus des lexèmes des relations précises d'identité et
de différence, ce qui est impossible si on les considère
comme des totalités indécomposables."
Notre exemple portera sur les termes suivants:
/S~:I"le pied/la jambe", /jÙ~ "le postérieur", /kSn5/ "le ventre",
k/ ....
/ /\\
.
b/1'"
.
k' A

/ ';):/ "le dos", /J1E:/ "l'oel1", / 0 0/ "le bras/la main" et / ',t:/ "la tete",
Pour diminuer la part de l'arbitraire, nous nous fondons sur les
méta-discours définissant les lexèmes concernés pour dégager les traits
distinctifs suivants:
- supérieur: il caractérise ce Qui est situé au-dessus (par opposition à
inférieur).
- inférieur: ce trait caractérise ce Qui est placé plus bas, c'est-à-dire en-
dessous.
- antérieur: il caractérise ce qui est situé en-avant ou ce Qui est avant.
- postérieur: à ne pas confondre avec le postérieur, c'est à dire IjÙJ; ce
trait caractérise une partie Qui est placée derrière, qui vient
après.
- latéral: il caractérise ce Qui se trouve sur le côté ou aux côtés
.
• KERBRAT, (O,C.), De l115émllntigue lexiCllle è III sémlllltigue de l'énoncilltion, Thèse de Doctorllt
d'Etal

186
Les traits distinctifs ainsi dégagés servent à construire le tableau
suivant:
Partie du corps
humain
\\f\\
., "
/
A
k/ .A
/1'
bôlô
k'" l'
s~:
JU:
k::m:::>
:::>:
PE:
U:
.....
Traits sém joues
Supérieur
-
-
-
-
+
-
+
Inférieur
+
+
EB
EB
-
-
-
Antérieur
-
-
+
-
+
-
-
Postérieur
-
+
-
+
-
-
-
Latéral
-
-
-
-
-
+
-
Remarques:
- pour le trait sémique inférieur: c'est le tronc du corps humain qui
est pris comme référence, ce qui
explique notre difficulté à nous
déterminer clairement au niveau des axes d'Intersection de ce tralt et des
lexèmes /kSnJ/ ·Ie ventre" et /kS~/ "le dos·, ce qui signifie la notation EB.
- le signe [-] n'implique pas le contraire.
Après ces deux remarques et il partir de ce tableau, les lexèmes
concernés présentent les sémèmes (que l'on notera Sm) suivants:
Sm de /S~:'; = (non supérieur), (inférieur), (non antérieur), (non postérieur)
(non latéral).
Sm de /fù:> .. (non supérieur), (inférieur), (non antérieur), (postérieur),
(non 1atéra 1).
Sm de /kSnJ'; = (non supérieur), (EBinférieur), (antérieur), (non postérieur)
(non 1atéra 1).
Sm de /kS:> = (non supérieur), (EBinférieur), (non antérieur), (postérieur),
(non 1atéran.
Sm de /flé:> • (supérieur), (non inférieur), (antérieur), (non postérieur),
(non 1atéra 1).

187
Sm de /bolô/ = (non supérieur), (non inférieur), (non antérieur), (non
postérieur), (latéral).
Sm de /kù9 = (supérieur), (non inférieur), (non antérieur), (non postérieur),
.--
(non latéral).
Nous venons d'établir ainsi une équation sémique de chaque lexème
concerné. Entre les lexèmes existe déjà une non-identité formelle et sé-
mantique. Et grâce aux traits pertinents que nous avons choisis, définis et
appliqués, nous pouvons vérifier l'identité paradigmatique des sept termes
qui ont fait rObjet de ranalyse sémique. Cette vérification peut se faire à
l'aide de la commutation. Si celle-ci est une opération qui s'inscrit dans le
cadre de l'analyse componentielle, elle ne s'impose pas par contre dans la
démarche générale de notre travai 1; par conséquent nous ne donnerons que
quelques exemples de commutation:
- les sémèmes /bolô/ "la main/le bras" et /Ü{'/ "la tête" sont en opposi-
"-
tion dans les axes sémantiques (supérieur) et (latéral).
- les sémèmes de /sè~/ "le piedlla jambe" et de /jù:} "le postérieur" ne
"-
diffèrent Que sur raxe sémantique (postérieur); ces deux sémèmes sont
ainsi en opposition minimale.
1
A partir de réquation semIque de chaque léxème, pouvons-nous
vérifier la thèse, dans ranalyse sémique, selon laquelle le sens d'un
léxème est et n'est que l'ensemble de ses sèmes? En d'autre termes, si
nous prenons run des sept lexèmes disséqués dans le sens que celui-ci
prend dans le domaine animal, végétal, objectal ou spatial, pourrions-nous
retrouver les mêmes traits dégagés plus haut?
Pour répondre à cette question, nous prendrons le sémème de Chaque
lexème et essayerons de savoir s'il ne varie pas quand le lexème est utilisé
dans les autres colonnes. Signalons au préalable que là également nous
nous fonderons sur le méta-discours.
Dans la colonne réservée à l'animal:
Nous constatons que: - /kù~/ "la tête de ranimaI" a presque le même
""
.-
sémème que /ku:/ "la tête de l'homme"; en effet, son sémème est :
"-
(supérieur), (non inférieur), (antérieur), (non postérieur), (non latéral). La
différence qui peut intervenir ici est inhérente aux types d'animaux; par

188
exemple le trait sémique (supérieur) est négatif pour des animaux tels que
les serpents, les caïmans, les lézards et bien d'autres encore.
- Ibo1ôl "le braslla main" désigne "patte-avant" chez certains animaux,
exemple: les singes. Chez ceux-ci, le lexème Ibo1ôl a deux types de
sémèmes selon la position prise par l'animal; nous ne considérerons que la
/ ..
position de marche prise par l'animal, ce qui donne à b
1 0101 le sémème
suivant: (non supérieur), (inférieur), (non antérieur), (non postérieur), (non
latéral).
- pour le lexème IkJnJI désignant le ventre des animaux, on a le sémème
suivant: (non supérieur), (inférieur), (non antérieur), (non postérieur), (non
latéral); pour ce dernier trait sémique, il est à signaler que pour les
locuteurs jula, un reptile comme le margouillat a le trait (latéral) : cela
est attesté par exemple dans le méta-discours suivant:
..
/
//\\/,'~
(
Ibasa k:m::> be a ge:~ nal "le ventre du marl}Juillat se trouve dans ses nancs".
margouillat ventre loclll son côté
posq,.
- pour le lexème IS~':; désignant "les pattes", le sémème est: (non supé-
rieur), (inférieur), non antérieur), (non postérieur), (non latéral); là aussi il
est à noter que pour les locuteurs jula, le tralt (latéral) est positif, par
exemple chez les caïmans.
- le sémème de IkS: rIe dos· est (supérieur), (non inférieur), (non
antérieur), (non postérieur), (non latéral).
/ t '
- le sémème de Ipe::1 "roei r est le même chez les animaux et chez les
humains.
. .... A
- pour le sémème de I)U:I "le postérieur", chez les animaux II contient les
traits suivants: (non supérieur), (inférieur), (non antérieur), (postérieur),
(non 1atéra l).
Ainsi nous pouvons soutenir que malgré l'existence de quelques
traits différentiels, il existe une ressemblance entre les sémèmes des
lexèmes désignant les parties du corps humain et ceux des mêmes lexèmes
appliqués au corps animal.
Dans la colonne réservée au végétal:
Vu le récapitulatif (cf. p.184) les lexèmes concernés sont: Ikù:Î,
/..
k/"
.....
b
1\\
---
1 010/, 1 ::ID::> l, et /) U:I :

189
....
-
"
/lr~:I "la cime, le sommet" : excepté chez les plantes rampantes où on a
le trait sémique (antérieur) - toujours selon la logique des informateurs !-
le sémème de /k~:) "la cime, le sommet" est le même que celui de /k~)
"la tête" ; il est donc: (supérieur), (non inférieur), (non antérieur), (non
postérieur) et (non latéral).
-/b61ô/ "la branche" : son sémème diffère de celui de /b61ô/ "la main/le
bras· au niveau de deux traits sémiques: le trait (supérieur) et le trait
(latéral) : (supérieur), (non inférieur), (non antérieur), (non postérieur),
(non latéral).
-/jÙ~ "le tronc" : son sémème diffère de celui de /jÙ:> "le postérieur" au
niveau d'un seul sème, celui du (postérieur); il se présente ainsi: (non
supérieur), (inférieur), (non antérieur), (non postérieur), (non latéral),
Nous ne donnons pas le sémème du lexème /kSn:)' / dans son utilisa-
tion chez le végétal pour la simple raison que la présence de son référent
est accidentelle.
Ainsi, nous remarquons une ressemblance entre les traits sémiques
des lexèmes désignant à la fois des parties du corps humain et des parties
du "corps" végétal, et ce, malgré quelques différences.
Dans 1es co 1onnes réservées aux ob jets:
Ici tous les sept lexèmes sont concernés. Nous chercherons à savoir
si ces lexèmes ont les mêmes traits sémiques aussi bien dans leur appli-
cation aux trois objets que nous avons choisis 1 que dans leur désignation
des parties du corps humain. Cela nous amène tout simplement à décliner
l'identité sémique de chaque lexème désignant une partie d'un objet, et ce,
à partir des
traits
sémiques
(supérieur),
(inférieur),
(antérieur),
(postérieur) et (latéral):
.... /\\
- le sémème de /k~:/ "le bout du pagne" = (supérieur), (non antérieur), (non
postérieur), (non inférieur), (non latéral).
1 Il s'lIJit lE: - Ib8ram41 "la marmite"
- ltaèfll "le pa;jne"
- lmabîlîl "le véhicu le.

lYU
- le sémème de IkÙ:> "le dessus et le devant d'un véhicule" = (supérieur).
"-
(non
inférieur).
(antérieur),
(non
postérieur),
(non
latéral).
Remarque: le trait d'antériorité est surtout dû au sens "devant" qui est le
plus stable.
- le sémème de Ibolôl "la longueur du pagne" = (non supérieur), (non infé-
rieur), (non antérieur), (non postérieur), (latéral). Il
existe là une ipséité avec la désignation du corps humain.
- le sémème de IkSn5 1 "la surface du pagne" et le sémème de IkSnS 1
"l'intérieur de la marmite" ou "l'intérieur d'un véhicule" :
pour ces différentes significations du lexème IkSm'" l,
les traits sémiques que nous avons choisis ne sont pas
pertinents, car on obtient: (non supérieur), (non infé-
rieur), (non antérieur), (non postérieur), (non latéral); ce
fait constitue rune des raisons de chercher d'autres
explications à la pluralité du sens.
,
.
'A
- le sememe de IS~:I "le support de la marmite", "le pan du pagne", et "le
pneu du véhicule" = (non supérieur), (inférieur), (non
antérieur), (non postérieur), (non latéral).
- le sémème de IjÙ:I "le fondement de la marmite" = (non supérieur),
(inférieur), (non antérieur), (postérieur), (non latéral).
Le sémème de IjÙ; "la partie du pagne qui se trouve à l'arrière
quand une femme l'attache"; par le fait d'une métonymie, est le même que
celui de IjÙ:I "le postérieur".
- le sémème de IkS~1 "l'arrière d'un véhicule" = (non supérieur), (non
inférieur), (non antérieur), (postérieur), (non latéral).
Ainsi, dans les colonnes réservées aux objets, nous constatons qu'il
n'existe pas toujours une correspondance sémique avec le tableau sémique
de départ: ce qui est (supérieur) dans le sémème de IJ1.é:i partie du corps
humain devient (non supérieur) dans le sémème du même lexème, mais
appliqué cette fois-ci à une partie d'un objet; et toujours avec le même
lexème, ce qui est (inférieur) dans le sémème de l'objet est (non inférieur)
dans celui de l'Homme.

191
Dans la dénomination de l'espace et dans l'expression des sentiments
et des caractères, les archisèmes que nous avons dégagés se révèlent très
peu explicatifs, mis à part toutefois le cas du toit.
Le fait que les traits (supérieur), (inférieur), (antérieur), (posté-
rieur) et (latéral) ne soient pas opérationnels s'explique, certainement, par
le caractère plus ou moins abstrait (cela est par rapport aux objets et
végétaux) du domaine des sentiments, des caractères et de la localisation
spatiale.
Avec ces derniers domaines utilisateurs des lexèmes désignant le
corps humain, nous constatons que l'analyse componentielle, telle qu'elle a
été menée, ne possède pas un grand pouvoir explicatif sur la pluralité du
sens; elle ne tient compte ni du contexte linguistique, ni du contexte
situationnel; elle est figée en ce sens qu'elle ne rend pas compte de
l'aspect dynamique du sens:. ",; en lieu et place de nos archisèmes, on
pourrait choisir d'autres traits pour rendre compte des mêmes faits.
Nous pouvons conclure que la différence de l'équation sémique n'est
certainement pas à la base de la polysémie.
Compte tenu du pouvoir explicatif limité de l'analyse componen-
tie Ile, nous avons proposé dans notre mémoire de D.E.A quelques hypo-
thèses dans le but d'élucider certains cas de polysémie. Nous rappelons ici
la deuxième hypothèse non seulement à cause de la relation étroite qu'elle
a avec certains de nos outils d'analyse tels que le transitaire, le locatif,
l'item et le catégorème, mais aussi à cause de son pouvoir explicatif
simple et pratique.
2-LE POUVOIR EXPLICATIF DE L'HYPOTHE5E: LEt10T=RELAT/ONA85TRA/TE
L'hypothèse en question part du fait que nous considérons le mot
comme une relation abstraite, laquelle relation transcende l'opposition
sens premier/sens dérivé (c'est-à-dire la première de nos hypothèses) et
permet de calculer ou de prédire les acceptions nouvelles d'un lexème. Nous
nous inspirons là, des travaux 1 de A. Delplanque.
1 Cf. l'orticle : Néologie et Polysémie VI" Teble Ronde des Centres de Linguistique Aopliquée,
AUPELF 1 Cotonou, Mars 1984.

\\92
2.1 - Le mot = relation abstraite entre le sémème et le praxème :
Certains cas de polysémie des lexèmes désignant les parties du
corps humain sont dus soit il une adjOnction de sémème, soit à une adjOnC-
tion de praxème.
2.1.1 - Adjonction de sémème ou "sémémisation" :
C'est le fait de faire des rapprochements sur la base d'un praxème
commun pour créer un nouveau sémème. Parmi les cas d'adjonction de
sémème, nous avons par exemple:
- Imobllî sè:1
-+
Ipied de la voiturel "la roue de la voiture".
'\\0
voilure- pied
,
,
...
,ft
- Inegeso S~:I
-+
Ipied de la bicyclettel "la roue de la bicyclette".
bicyclette pied
Selon le méta-discours, le praxème de Isè~1 est: "la partie ou lïnstru-
"-
ment qui sert ase déplacer: a courir et a s'arrêter; qu'il s'agisse de
l'Homme, de la voiture ou de la bicyclette. ce praxème reste stable. Ce Qui
explique alors le glissement de sens, c'est la création d'un nouveau
sémème qui se perçoit à travers les définitions suivantes données de la
roue par nos informateurs:
/b"''''
/
b'"
' ' ' ' k / '
/
,
,
'II'
/ / /
Imo il1 be
011 a s~: le ~
a
be
1:>
a s~: le k~ fanal
voilure prêd.vb. courir sa jambe pmr poslp. elle prêd.vb. arrêter sa jambe pmr poslp aussi.
Traduction littéraire: "la voiture roule sur ses roues, elle s'arrête aussi
sur ses roues".
"'
/
... ,,,
/
\\ . ,
... ~./
\\.
/
.A
/
\\.
\\.
/
" . \\
Imobil1 f~: d:)
1Q. a
konru
1Q.
bfl:> be
dQ
0 Y:>D le
voilure
partie cerlain c'esl elle encercler4lêriv. c'esl
air
préd.vb. entrer ce
endroil pmr
ta à bé mobllî jtlbn yà f~ fÈI
pos41. elle local. voilure
au-dessus
parlie pos41.
Traduction littéraire: "c'est une partie de la voiture, elle est ronde et
c'est là que l'on met l'air; elle se trouve en-dessous de la
vOiture-.
Toute cette deuxième définition partielle constitue le sémème de la roue.
Et c'est ce sémème Qui confère à IS~':'; son nouveau sens,
- 1 fîi~
jÙ~1 -+ Ile postérieur de la calebassel "le fondement de la
calebasse-poslérteur
ca1ebasse",

19.3
., "
Le lexème IJU:I est défini par les informateurs de la manière suivante:
,
,..
, "
/
"
/
\\. \\.
, , /
. , , , /
, / 1 .
- Im~;) f56: d;) 1Q a be
Slgl
ml. k~
JU:
be
m~;)
personne partie certain c'est elle prêd.vb. s'asseoir laquelle poslp. postérieur local.
personne
k/f"
J
"k/
E a nI
"1'
una e
bS-1é
16 6 1ê kJs:) ù bé à
dos posql. il
et
récipient pmr
ressembl';r-dériv. c~~st ce pmr
ca~e ils prédv. le
wélé
jÙktmâl
appeler postêrieur-rêcipient.
Traduction 1i ttéra i re : "1 e postéri eur est une part i e du corps huma in sur
laquelle l'Homme s'assied; le postérieur se trouve en arrière
et ressemble à un récipient appelé "kuna", d'où son appella-
tion •jukuna·...
Selon ce méta-discours, le praxème de Ijù.) ·partie du corps humain· est:
"sert à s'asseoir",
Le praxème de ce même lexème Quand il désigne le -fondement de la
calebasse" est:
fA
/
\\ . \\ . ,
f'A
"k/
1 fi1~ be
Slgl a
~: ml
.w-+ ·c'est la partie sur laquelle on
calebasse préd.vb. s'asseoir sa partie laquelle poslp.
pose la calebasse",
•,
Jo.
. , f\\
Ainsi, dans le fond I)U:I "partie du corps humain et IJU:I partie de la
calebasse ont le même praxème,
Le changement de sens s'effectue donc sur la base d'un praxème
stable. Ici, la création d'un nouveau sémème consiste à un passage de l'être
humain à un objet, à la différence qui existe entre la nature intrinsèque de
l'être humain et celle de la calebasse,
Après ces deux cas d'adjonction de sèmème, présentons en quoi
consiste l'adjonction de praxème.
2.1.2 - Adjonction de praxème ou ·praxèmisation",
L'adjonction de praxème est une opération qui consiste à faire des
rapprochements sur la base d'un sémème commun afin de créer une
nouvelle fonction dans la langue. Certains lexèmes désignant les parties du
corps humain sont polysémiques à la suite de cette opération d'adjonction
de praxème; nous en proposons quelques exemples:

194
'1'
- Inu:I "le nez" ; c'est un lexème qui ne figure pas dans le tableau récapi-
.....
tulatif (cf. p, 184) mais qui offre un bel exemple d'adjonction de praxème,
InU:I est défini par les informateurs de la manière suivante:
'"
j\\
'" l'
/
'"
'"
/
/ "
'"
/
/ l'
'"
,,\\
/
Im~:> f~: d:> lQ. a be fledâ le ra mI: 1:>
le
be
personne partie certain c'est elle local. visage pmr pos41. nez
être debout dériv. -
/ ! '
! /" /
/ f \\ \\
/
/ "
/
, " "
\\
/
/
1\\
'"
'"
t~: ru da: CE n~: le be kasa
m~
à1e le be
f:>fl:> sama
rront et bouche postp. nez
préd.vb. odeur percevoir
lui
préd.vb, vent/air tirer
'"
ka
'" '"
b1lal
conj.
laisser
Traduction littéraire: "le nez est une partie du corps humain qui se trouve
sur le visage entre le front et la bouche; c'est lui qui perçoit
les odeurs, et c'est lui qui inspire et expire l'air".
Le sémème est: ..... partie qui se trouve sur le visage entre le front et la
bouche".
Dans la langue jula, le lexème Inu~1 désigne aussi la trompe de
"-
l'éléphant:
'"
"
/ l'
Isama n!!:1 ~
Ile nez de l'éléphant! "la trompe"
éléphant nez
C'est là que s'est produite l'opération d'adjonction de praxème; elle se voit
à travers le méta-discours suivant définissant la trompe de l'éléphant:
àm" '" ,. d/
'"
).
/ '"
/.rl~
/
).
/
'"
/ /\\
f ) .
/
"
IS
a f~:
:>
lQ.
~ be a fleua la ~ be a t~: nI ~ da:
éléphant partie cerl2lin c'est aile local. son visage postp. elle local. son rront et
sa bouche
/
1
. '
/
/
/
/
'"
~
/
/
1\\
'
l
' "
/
"
CE
'"
a
ka
J~ poro 101010 samâ be te:
tà ni
a
nu:
postp. elle préd.adj. long
très-très
éléphant préd.vb. ~OS8 pr8ndr8 avec son
-;;'8Z
\\
/
'"
/
f "
'"
'"
J , " "
. ,
/
'" '"
" ' "
/
"
/
le ye a
be br tIge nI à1e le ye ka a. d~ a da: rai
pmr postp. il
préd,vb. herbe couper avec lui pmr pos41.è.''d' la 8ntrer sa bouch8 postp.
Traduction littéraire: "la trompe de l'éléphant est la partie qui se trouve
sur son visage, entre le front et la bouche; elle est très très
longue et c'est avec elle que l'éléphant prend les choses,
coupe l'herbe pour la porter à sa bouche".

195
,
/1'
Dans Isama'n~:1 il Y a ainsi un nouveau praxème qui est: l'organe
de la préhension. Le sémème Inu:I est resté stable permettant d'obtenir
un cas d'adjonction de praxème.
r1
En partant toujours du méta-discours, nous remarquons qu'avec le
,
A
lexème Igama/, il y a adjonction de praxème ou "praxémisation". Ce
lexème désigne
l'avant-bras de
l'Homme et l'aile de l'oiseau. Nous
t
associons le praxème de Igàmâl "ravant-bras" à celui de Ibolôl "la
main/le bras", pour la simple raison que le locuteur jula ne fait pas la
distinction entre le bras et ravant-bras. Le praxème de IbolÔ/, donc de
,
A
,
..
..
Igama/, est: "sert a prendre, a manger et a montrer".
"
A
Le praxème de Igamal "raile de l'oiseau" =
àlA '
/
,
/
,
, .
/
/
1 .,.
e le be
a kE k:lfD be
p~/ ~ "c'est grâce à elle que l'oiseau
elle pmr préd.vb. le faire oiseau préd.vb. voler
vo 1e".
Si nous partons de la définition de "l'avant-bras", il y aura adjonc-
tion d'un nouveau praxème, car on sera passé de "sert à prendre, à manger
et à montrer" à "sert à voler". Cela se sera fait sur la base d'un sémème
commun, stable, dans la mesure où dans les deux significations on a comme
sémème " la partie Qui débute à l'épaule et se termine au coude".
Contrairement aux cas de polysémie qui viennent d'être présentés, il
existe plusieurs cas de pluralité de sens qui ne peuvent pas être expliqués
par les opérations: adjonction de sémème et adjonction de praxème. Le
fonctionnement de ces cas s'explique par la "polyvalence" dont nous
donnons un aperçu.
2.2 - "Polyvalence" ou transfert:
Nous souscrivons à l'hypothèse selon laquelle un mot isolé peut avoir
un sens latent, c'est-à-dire une "valeur sémiotique". En parlant de valeur,
nous nous
situons
à un niveau essentiellement abstrait. Selon A.
Delplanque l qui renvoie à "A. Culioli 1976",
"La polysémie ... est inhérente au sens du mot. Chaque mot
est associé à deux "lexis" [qu'il appelle le sémème et le
praxème] et dans chacune des deux lexis associées, le mot
peut désigner une valeur quelconque ......
1 cf. son article "Néologie et Pol~mie" communication Èll6 Vlème T6ble Ronœ des Centres œ
linguistique App IiQuée, AUPELF, Cotonou, Mars 1984.

196
On pose donc qU'un mot est associé à une lexis ou méta-proposition,
définie par les valeurs suivantes: le transitaire, le locatif, l'item et le
catégorème.
Ainsi, le mot sur le plan sémiotique = le.'t.'/s = t./lk Et pour une
lexis donnée, le mot peut désigner virtuellement toutes les valeurs.
C'est dans le cadre général de cette hypothèse que nous éluciderons
le cas de certaines polysémies, et ce, toujours au niveau des lexèmes
désignant les parties du corps humain.
Nous ne pourrons pas recenser tous les cas concernés, mais seule-
ment que 1ques-uns à titre d' exemp 1es.
/
.....
Ainsi nous avons le lexème Ik:m;)1 qui désigne et le "ventre" partie
du corps, et la grossesse. Nous expliquons cette pluralité de sens par la
relation I_~ i l : c'est-à-dire que le ventre est le lieu où se dérolJle la
grossesse. Cela se schématise de la manière suivante:
l'
.....
/
A
,
Ik:m:>1 'le ventre
Ik:>n:>1 'la grossesse"
1
l'
1
)
C'est cette même relation I_~ /qui explique le glissement de sens entre
Ik,\\{1 "le tête" et Ik~j "la raison"; pour les locuteurs de la langue jula. la
tête est le siège de la raison,
IkÙ':'1
.-
"la tête"
.
k' 1\\
1 U:! "la raison"
1
"'f'
)
Dans la langue jula, le lexème qui désigne la gorge est le même qui désigne
la voix, c'est là un cas de polysémie qui S'explique par la relation t
/; la
gorge étant considérée comme agent de la voix, ce qui est représenté à
travers le schéma ci-après, et d'autre part comme étant le lieu de la voix,
1 ) est un opérateur appelé duel, il est égal à "contenir", Son inverse est e , Qui lui est appelé
épsilon et est égal à "appartenir",

197
1
c'est-à-dire un élément important de la résonnance. Cela établit une autre
relation entre Ik~:1 "la gorge" et Ikfl "la voix"; c'est la relation hi.
1
/1'
Ika~1 "la gorge"
Ika:1 "la voix"
,... 1
""t
'------------------
1
E
C'est une relation téiqui explique sémiotiquement la polysémie de Ida)
,,1'
"la bouche" et Ida:! "la parole".
/~
/1'
Ida:1 "la bouche"
Ida:! "la parole"
:..../
1'
t
E
La polysémie du lexème /bolô/ "la main/le bras" et /bolôl "la manche"
s'expllque par la relat10n té!
Ibolô/ "la main/le bras
/bolôl "la manche"
:..../
1
t
E
/bOlÔ/ "la manche" est l'endroit par lequel la main/le bras sort. Enfin
/bOlÔ/, un transitaire, glisse de sens et de valeur pour devenir un catégo-
rème; nous avons ainsi t......" k Cela est le cas où le lexème Ibolô/ est
utilisé pour désigner un acte qui peut ëtre bon ou mauvais, fort ou banal,
et cela se passe surtout dans le domaine de l'exploit manuel; exemple:
bolô kà
df/~ Isa main est agréable/ "11 est adroit, habl1e"
sa main préd.adj. agréable
Nous représentons cette relation de la manière suivante:
t~ k
ACTE
~
mauvais
bon
banal
fort (exploit)

198
Nous limitons là nos exemples. Ainsi, après l'analyse componen-
tielle, et à la suite d'A. Delplanque, nous pouvons conclure que la
polysémie de certains mots peut s'expliquer soit par l'adjonction d'un'
sémème ou d'un praxème, soit par la "polyvalence", qui, comme nous l'avons
vu, se situe à un niveau abstrait avec un langage métalinguistique.
L'hypothèse selon laquelle un mot est:
t
k
1 - sémème et! ou praxème
t
t
t
t
J
2 - polyvalence: mot
! . - - - - /
-
-
.
n'est malheureusement pas vérifiable dans tous les cas de polysémie,
surtout quand on essaie de l'appliquer à l'ensemble des lexèmes de la
langue. Est-ce un signe de faiblesse de la théorie ou une incapacité de
notre part à appliquer celle-ci judicieusement?
En attendant de pouvoir répondre à cette question - dans nos travaux
ultérieurs - nous ne pouvons ne pas mentionner l'importance de la prise en
compte de l'homonymie dans le traitement de la polysémie.
3 - LA PRISE EN COMPTE DE L'HOMONYMIE:
Notre intention dans cette partie n'est point de proposer un traite-
ment rigoureux de J'homonymie, mais d'en indiquer quelques critères
distinctifs, en d'autres termes, comment savoir si certains lexèmes,
considérés sur le plan paradigmatique, sont homonymiques plutôt que
polysémiques?
Les lexèmes qui sont identiques phonétiquement et graphiquement
mais différents sémantiquement s'expliquent par les critères suivants:
3.1 - Le critère "étymologique" :
Il ne s'agit pas là de recourir à la diachronie pour lever j'ambiguïté
entre deux lexèmes homonymes, mais de faire appel à certains procédés

199
linguistiques tels Que la dérivation et la composition, cela revient ainsi à
fournir une explication morpho-syntaxique.
3.1.1 - Le recours à la dérivation.
Ce la se passera de deux manières:
- la première consiste à décomposer, si possible, les présumés homonymes
en lexe.me+ dérivatIf". Cette manière permet de distinguer, nous semble-
t-il, les lexèmes:
( IkE:f&1 "empêcher", "ne pas arriver"
\\/kE:flE:I "ajuster", "égaliser", "comparer"..
Le second IkE:flE:I se décompose en : Ik~1 "égal" + I-yal "dérivatif".
Sianalons que ce lexème subit presque le même phénomène phonétique que
~
"
IbYflEI "grossir", qui se décompose en Ibol "gros" + I-yal "dérivatif".
Nous pensons Que le premier IkE:flE:I n'est décomposable, ni apparemment
ni en structure sous-jacente.
- la seconde manière consiste à soumettre les lexèmes présumés homony-
mes aux processus de dérivation. Là, on se rend vite compte qu'il s'agit de
lexèmes différents, cela est le cas par exemple des lexèmes suivants:
(lgÈIÊI "l'incisive démesurément longue"
\\ IgÈIÊI "le rat palmiste"
(1 b~1 "le nom d'un poisson"
\\! bat~1 "le xylophone" (balafon).
Pour lever l'ambiguïté au niveau de ces exemples, la langue jula suffixe le
dérivatif I-nil à IgÈIÊI "le rat palmiste" et à Ibatâl "le xylophone".
,
/
A
,....
Ainsi à côté de IgEl~/ l'incisive" et de Ib81~/ "le nom d'un poisson", nous
" "
b / / "
obtenons, respectivement, IgEIEnl/ "le rat palmiste" et 1 atanl/ "le
....
xylophone".
3.1.2 - Le recours à la composition.
La composition permet de distinguer sémantiquement un certain
nombre de lexèmes homophoniquesimposant par là un traitement homony-
mique plutôt qu'un
traitement polysémique.
Nous donnons quelques
exemples de lexèmes concernés par le traitement en question, mais aupa-
ravant signalons que la composition peut ne pas toucher tous les lexèmes
concernés:

200
(Ikabâl "le maïs"
\\ Ikabâl "le nuage"
1 /
Le second lexème se compose avec InJgJI qui signifie apparemment
"saleté", ainsi on a Ikaba nSgSI "le nuage".
rIbââl "la mère"
\\ Iba2.1 "le fleuve"
On peut constater à travers ces deux 1èxèmes une ressemblance
entre le jula et le français 1.
Pour éviter la confusion sémantique entre les deux lexèmes, la
langue procède aux compositions suivantes 2 :
Ibaâl "la mère" + Imùsôl "la femme" ~ IbamùsôI "la mère"
Ibaâl"le fleuve"+ Ijfîl
"l'eau"
~ Ibâjîl "le fleuve"
( Ikol§1
"cauris"
I/kolQI
"le mortier"
VkOI9/
"débris"
Pour marquer l'absence de tout rapport sémantique entre ces trois lexèmes
' /
homophoniques, seul le premier subit la composition; on a:
Ikolol -le
cauris" + IkfsÉI "graine" ~ Ikàr9kfsEi "le cauris". Les deux lexème; sont
eux aussi composables; exemples:
, '"
/
...
IJ1J susu kolQ/
"le mortier qui sert à piler le mil"
mil
piler mortier
Ikolo d~nÎl
"le petit mortier"
mortier pelît
1
,
Ife kolol
....
..,
"une chose sans valeur"
chose débris
,
1
....
1 file - koloi
"débris de calebasse"
cllleb;sse débris'"
1 Nous faisons allusion à l'identité phonique Qui existe en français entre les lexèmes "mère" et
"mer". nous meintenons le compereison même si le jule distingue verbelemen~ le fleuve de le
mer, celle-ci étant désignée par Ik:;gojÎ1 -+ 1kÔgo +j1/-+ "eau salée-
sel
eau.
2 Ale suite ce ces compositions, on peut remerQuer ce qui peut être consiœré, en stylistique,
comme étant un pléonasme.

201
Ces composés, contrairement à IkOIOkfsÊI -le cauris-, à Ibajîl -le
fleuve", à Ibâmusôl "la mère ou à Ikàbàn6g:5'1 "le nuage", ne marquent
pas une monosèmie de Ikolôl "le mortier" et de Ikôlôl "débris", mais une
~
~
spécification de leurs signifiés respectifs.
Pour lever l'ambiguïté par le biais de la composition remarquons que
la langue jula recourt essentiellement à des hyperonymes 1; exemples:
...
IffiUSOI
"femme. femelle"
Idél
" enfant. petit"
~
.~
IJ1/
"liquide-
IkfsÉI
"graine"
Ik8.lal
"tige. bâton".
Ainsi. la dérivation et la composition permettent d'établir des
frontières entre les lexèmes homophoniques qui relèvent de la polysémie
et ceux qui relèvent de l'homonymie. Rappelons-le, les premiers sont ceux
dont l'intersection des différents sémèmes n'est pas vide. tandis que les
seconds sont ceux dont l'intersection en question est partout vide.
Dans un dictionnaire monolingue. les frontières établies grâce à la
dérivation et à la composition seront matérialisées par une seule entrée
pour le cas de la polysémie et par autant d'entrées que de sens pour celui
de l'homonymie.
3.2 - Le critère de l'emprunt:
Certains lexèmes empruntés au français ou à l'arabe rencontrent
dans la langue des homophones. N'ayant aucun rapport sémantique, ces
homophones sont des homonymes et non des polysèmes; exemples:
(ISUgûl
"le marché"
< "souk" mot arabe.
VSÛgûI
"l'espèce"
(/lfîl
"le lit"
< "lit" mot français.
Vlif~
"miel"
1 Le recourt il l'hypéronyme pour spécifier l'hyponyme pourrllit constituer l'esquisse d'une
explication sémiotique, celle-ci se situant BU niveau œs valeurs.

202
(Iwàlâl
"le volant"
< "volant" mot français.
Vwàlâl
"jeune marié"
(Ib~asîl
"la bâche"
< "bâche" mot français.
Vbâasîl
"le mal"
"
/
(lffiJm;1
"la monnaie, "petites pièces"
< "monnaie" mot français.
VmSn€1
"l'humi 1iation"
A l'instar des emprunts, sont utilisés en jula quelques lexèmes
bambara qui attestent une identité morpho-syntaxique avec certains
lexèmes jula, mais qui sont différents d'eux sur le plan sémique.
Comme nous le signalerons dans les exemples, les lexèmes bambara
en question sont utilisés parallèlement à des lexèmes jula dont ils ne
diffèrent qu'au niveau phonétique; afin de mieux comprendre cela, on peut
parler d'une -prononciation bambara· d'un côté et d'une ·prononciation jLlla"
de l'autre; exemples:
(ld!1 "oonner quelque chose à quelqu'un" (prononciat ion bambara et jula).
Vd!1 -raser les poils· (prononciation bambara dont l'équivalente jula est
11fl)
(ldSg~'; -le bois de chauffe- (prononciation bambara dont l'équivalent en jula
1
est lSg5)
/
/'
Vd~JI
"le cadet"
(Id~ "connaître", "savoir" (prononciation bambara dont l'équivalent jula
1
/
est 112/)
VdJI "danser"
,..
Remarques - tous les cas d'homonymie évoqués jusque-là relèvent des
lexèmes ordinaires.
- Parmi les lexèmes motivés on note également des cas d'homonymie.
Ceux-ci se distinguent de la polysémie par la motivation différente qui
soutend leur création; parmi les lexèmes homophonlques visés, certains
sont des onomatopées tandis que d'autres sont des idéophones ou de
simples réduplicatifs.

203
Exemples:
(lkôlokélOI
"sonner une cloche"
"onomatopée.
Vkôlok6101
"se faufiler"
"idéophone.
(IYÉ.gEv&.gél "gratter avec la patte", "éparpiller": rédupl icatif.
"
/
f
1
VY'cgEYEgel "scintiller". "faire des éclairs"
: onomatopée.
Par ailleurs, il existe des lexèmes homophoniques qui ne présentent
entre eux aucun rapport sémique perceptible; par conséquent ils ne peuvent
pas subir un traitement polysémique. Nous dressons un inventaire non
exhaustif de ces lexèmes:
(/bagâl
"la bouillie de mil"
Vbagâl
"le bleu clair"
(/banâl
"la maladie"
Vbanâl
"le fruit du kapokier"
(/basîl
"le sang"
I/basîl
"le médicament"
Vbasîl
"arbrisseau donnant une teinture brune"
(ld~1
"semer une semence"
f/d~1
"s'arrêter à", "limiter à..:
VdW
"dépasser que 1qu'un, "battre"
(Id)b)1
"devenir obscur, opaque"
Vdlbll
"rôtir de la viande"
(/bàrâl
"la gourde"
Vbàrâl
"le nombril"
(ld8.â1
"la bouche, l'orifice"
Vdââl
"le prix, le nombre"
(If:'1
"dire, raconter", "jouer un instrument"
V61
"aller chez quelq'un et ne pas l'y trouver", "manquer"
(lf~1
"la forge"
Vf~âj
"l'oeuf"
(Ijàâl
"l'ombre", "''image'', "le cinéma", "la silhouette"
\\Jjàâl
"la sècheresse"

204
(Ij'lli-û1
"la corde"
VfùrûI
"la dette"
(ljUfâl
"la poche d'uri vêtement"
VjUtâl
"la viande kascher"
/
,.
(lkJnJI
"le ventre"
VkSn51
"la perle"
(Ikàlil
"jurer", "faire un serment"
Vkàul
"faire un saut périlleux"
(Ik'èl
"(se) laver"
VkÔI
"faire nuit" "tomber" (la nuit)
(/1Sg51
"le marché"
VlSg51
"le bois de chauffe"
(Irn~1
"percevoir" (entendre, sentir)
Vrnt/
"durer, "rester longtemps"
(Irn~1
"mettre en boule"
Vrn~1
"tiens i"
(Irnàrâl
''l'onchocerchOse''
Vrnàrâl
"la région"
(/n~1
"ma 1trai ter", "endommager"
VrDgJsil
"salir"
(/n'tIgùl
"rendre lisse", "polir"
Vn'tIgùl
"bourgeonner"
(/sfîl
"le poil"
I/Sfîl
"la semence"
Vsfîl
"la race"
(ISf.;
"(se) diriger sur", "orienter vers"
VS!!
"moudre", "écraser"
(Isôlîl
"la circoncision"
I/sOlîl
"la dent"
Vsèlîl
"la longue pioche"

205
CONCLUSION
i
1

206
Tout au long de ce travail, nous avons transcrit et analysé des méta-
discours recueillis essentiellement auprès de nos informateurs. Ces méta-
discours se sont révélés un outil heuristique fiable. Leur recueil et leur
transcription ont non seulement indiqué les différentes manières de
définir
une
unité
lexicale,
mais
également
permis
d'établir
une
classification populaire qui définit et subdivise la "créature" en trois
grandes classes: celle des humains, celle des animaux et celle des
végétaux. Les méta-discours sur ces classes auxquelles s'ajoute la classe
des inanimés [nftatÊl ont permis de savoir et de représenter sous forme
,. "-
d'un arbre le mode spécifique de découpage du système de reproduction;
celui-ci
s'est
fondé
sur
l'aptitude
des
différentes
classes
à se
caractériser par [+ d~l ou par [- d~l qui sont deux méta-langues
représentant respectivement les classes des géniteurs et les classes des
non-gén i teurs.
De l'examen des méta-discours se sont dégagés trois super-hypero-
nymes: [ffiJg:)'l"l'être humain"; [bÉ~l "l'animal" et [yfrîl "le végétal"; ils
correspondent aux dénominations des trois grandes classes. A travers
quelques exemples, nous avons montré qu'un hyperonyme peut se subdiviser
en plusieurs hyponymes appelés des co-hyponymes. La relation entre un
hyperonyme et ses hyponymes s'organise sur un plan vertical, tandis que la
relation entre les co-hyponymes s'organise sur un plan horizontal. La
spécification de l'hyperonyme est régie par deux opérations sémantiques:
la métaphore et la métonymie.
Le recueil et la transcription des méta-discours - qui permettent de
construire une étymologie populaire - et la taxinomie des hyperonymes et
des hyponymes constituent un matériau fondamental pour la lexicographie
en général, et pour la confection de dictionnaires monolingues
en
particulier; une telle confection en jula gagnerait en intérêt si on

207
multipliait et approfondissait des taxinomies similaires à celles du
vocabulaire de la basse-cours et des nominaux désignant unIquement les
parties du corps d'une personne âgée.
Le modèle de description suivi dans ce travail nécess1te une
attention particulière. Il a consisté à analyser le sémantisme de chaque
catégorie lexicale
sur
les plans
morpho-syntaxique,
sémantique
et
pragmatique. Si sur le plan
morpho syntaxique, c'est-à- dire celui de la
définition taxinomIque et fonctionnelle des catégories lexicales, nous
avons l'impression de n'avoir pas fait progresser l'état des recherches, sur
les autres plans il en est probab 1ement autrement.
Contrairement à A. Delplanque à qui nous devons le modèle concerné,
nous avons eu du mal à concevoir séparément le plan sémiotique et le plan
sémantique; ce que nous aurions dû, à l'instar de A Delplanque, classer sur
le plan sémiotique ne traite pas de valeurs abstraites pures, mais plutôt
de signifiants et de lexicalisations, ce qui, à notre avis, relève du plan
sémantique; ainsi nous n'avons retenu que ce dernier, lequel peut être
considéré comme le plan de la fonction dénotative ou cognitive. Nous y
avons examiné les relations entre les signifiants et les signifiés tout en
opérant avec des notions comme le sème, le sémème et le praxème.
L'utilisation de certaines notions a révélé quelques malaises; cela a
surtout été
le cas de l'actualisation de la trilogie: item, transitaire,
locatif. Au niveau de la classification populaire, nous n'avons relevé aucun
cas véritable d'item ni dans la classe des animaux, ni dans celle des
végétaux; seule la classe des humains a attesté les trois valeurs à la fois.
Au niveau du sémantisme des postpositions, nous nous sommes rendu
compte qu'une valeur pouvait en cacher une autre; il y a eu alors des
valeurs exprimées en surface et des valeurs sous-jacentes en structure
profonde; cela a souvent engendré des ambiguïtés et nécessité davantage
de recours aux paraphrases.
Les malaises ainsi ressentis au plan sémantique posent des problè-
mes méthodologiques et terminologiques. Face à ces problèmes et au stade
actue 1 de nos réflexions, nous préconisons la recherche d'opérat ions et de
méta-langues plus abstraites et plus singulières que celles utilisées dans
le présent travail; cela pourrait non seulement rétablir
le niveau
sémiotique, mais également éviter les ambigUïtés dues au fait que la

208
méta-langue utilisée appartient à la langue commune, donc sujette à des
ut1l1sations po lysém lques.
Comparativement au plan sémantique, le plan pragmatique a été
celui des connotations. Nous avons essayé de cerner la relation entre les
unités lexicales et la culture, la vision du monde des locuteurs. Il s'est
révélé pertinent à ce niveau de distinguer les connotations idéologiques
inhérentes aux unités lexicales et celles inhérentes à leurs référents; cela
a été par exemple le cas de certains tabous qui portent sur le nominal qui
les exprime et non sur son référent; il faut donc faire la distinction entre
le tabou 1inguistique et le tabou culturel. Il s'est révélé également que
dans une même situation, des unités lexicales chargées de connotations
peuvent par leur simple existence attribuer des connotations à d'autres
unités lexicales; cela a été le cas des lexémes désignant les différentes
parties du corps d'une personne âgée. Il s'est révélé par la même occasion
et par ailleurs que le contenu pragmatique d'une unité lexicale dépend
parfois non seulement de l'émetteur, mais aussi de l'auditeur et du
destinataire. Sur le plan pragmatique comme sur le plan sémantique le
recueil d'une quantité considérable de paraphrases permettra de mieux
cerner les contenus des lexèmes.
Après l'aspect méthodologique, notons que cinq
chapitres
ont
const i tué 1a charpente du présent trava j 1.
Le premier chapitre a été consacré à l'étude des bases nominales et
leur sémantisme, et ce, sur les plans morpho-syntaxique, sémantique et
pragmatique. Sur le plan morphO-syntaxique, nous avons non seulement
construit le schéma de valences des bases nominales, mais également
examiné la détermination des bases nominales et l'élaboration de nouveaux
signifiants. Sur le plan sémantique, après avoir dégagé la structure des
définItions, nous avons essayé de cerner certains de ses composants,
notamment l'hyperonyme et ses spécificités. La classification populaire
évoquée plus haut a permis de dégager et d'analyser des hyperonymes ainsi
que plusieurs de leurs hyponymes. Sur le plan pragmatique, faute de
suffisamment de périphrases, nous nous sommes contenté de commenter
quelques cas de bases nominales qui contiennent des sèmes connotatifs.
Le deuxième chapitre a été consacré à l'étude des bases verbales et
leur sémantisme. Tout comme dans le premier chapitre, nous avons
construit les schémas de valences et examiné l'élaboration de nouvelles

209
bases verbales. Une analyse des valences sémio-syntaxiques a permis
d'effectuer la répartition suivante:
- les bases verbales intransitives,
- les bases verbales transitives passivables et les bases verbales
transitives non passivables,
- les bases verbales réfléchies.
L'étude du contenu sémantique des bases verbales a consisté à
répertorier les structures définitionnelles, à dégager et analyser certains
hyperonymes ainsi que certains synonymes. Sur le plan pragmatique, nous
avons surtout commenté quelques connotations idéOlogiques exprimées à
l'aide des bases verbales.
Après l'étude des bases nominales et des bases verbales, nous avons
présenté les prépositions et les postpositions et analysé leur sémantisme
dans le troisième chapitre. Nous avons rappelé dans un premier temps
l'existence des deux prépositions Ikàbfl ou Ikàbfnfl et IfS/; la voyelle
finale de ces deux prépositions peut être allongée dans le but d'insister sur
le rapport de 1ieu ou de temps exprimé par les prépositions. Nous avons
rappelé dans un second temps l'existence des postpositions pures, des
postpositions dites noms fonctionnalisés et des locutions postposition-
nelles. La présentation de leurs emplois et l'analyse de leur contenu
sémantique ont révélé leur caractère polysémique, Par ailleurs, il s'est
avéré très difficile d'établir une relation sémantique entre les postposi-
tions dites pures et certaines bases nominales, exception faite du cas de
la postposition Ik~/.
Dans l'avant dernier chapitre nous avons étudié d'une part les carac-
téristiques morpho-syntaxiques et le contenu sémantique des bases
nominales motivées, des bases verbales motivées, des lexèmes adverbiaux
et adjectivaux motivés; cette étude a permis de dégager et de présenter
une catégorie référentielle conditionnelle et une catégorie référentielle
inconditionnelle. Nous avons étudié d'autre part, le sémantisme de la
structure répétitive; cela a révélé l'existence en jula de trois types de
répétition: la répétition du type CV'" CV avec * CV, la répétition à valeur
synaptique ou syntagmatique, la répétition du type CVI ... CV2 où CVI .. x et
""CV2.

210
Enfin, le dernier chapitre a été consacré au traitement de la
polysémie. Après avoir montré Que la différence d'une équation sémique
n'est certainement pas à la base de la polysémie, nous avons tenté de
cerner la polysémie lexicale en recourant non seulement à des opérations
comme la praxémisation, la sémémisation et la polyvalence, mais aussi en
examinant l'homonymie; là il s'est avéré Que la prise en compte du critère
étymologique et du critère de l'emprunt peut déterminer si certains
lexèmes sont homonymiques plutôt Que pOlysémiques.
Vu le nombre peu élevé des catégories lexicales examinées dans ce
présent travail, il va sans dire Qu'on doit, LJ1térieurement, prendre en
compte
d'autres
catégories
lexicales
et
d'autres
composants
des
catégori es que nous venons de trai ter; nous pensons par exemp l eaux
pronominaux et plus particulièrement aux pronoms personnels. En jula il
existe des pronoms personnels simples et des
pronoms
personnels
emphatiques; leur étude pourrait présenter un intérêt considérable surtout
sur le plan pragmatique. Par ailleurs, nous n'avons effectué dans cette
thèse que quelques comparaisons sporadiques et peu approfondies avec
d'autres langues;
il va sans dire là également Que la
perspective
comparative que nous trouvons fondamentale dans la recherche des
spécificités doit être accentuée et étendue à plusieurs langues.

211
ANNEXE N- 1
Les bases verbales composées d'une base nominale relevant du lexique du
corps humain + (dérivatif) + base verbale.
Avec IbolÔI "le bras", "la main", "la branche"
"
,
Ib010b:::>1
b'
b'
"écarter quelqu'un œ", <1 010 + :::>1 ~
bras... + sortir, ôter
"faire reposer quelqu'un-
enlever...!
IbolOdatal "compléter l'avoir de Ibo10 + datai ~ /bras.... + compléter/
quelqu'un"
,
"
, ,
, , , '
Ib010madEmEI "aiœr financièrement ou
<Ib010 + ma + œmEI ~
matériellement quelqu'un
/bras..... + dériv.... aiœr/
(lors d'une cérémonie)
b
1 ' 'k'
010 01 "circoncire", "exciser" < b'
1 010 + k'
A
01
~
Ibras..... + laver /
Avec ItUtôl "l'oreille", "l'ouïe"
t 'lll
' .,
t ' l l l ',
1
ornaJ:::>1 "écouter", "être attentif" <1
0 + ma + J:::>I ~ loreille... + dériv.
arrêter, tenir debout!
,
,
,
Itlllomalai "écouter. "être attentif" ( Itlllo + ma + lai ~ loreille ... + dériv. +
poserl
ItÛlolong~1 "assourdir" <ItÛlo + tOn + gàl ~ /oreille.... + SOUS + chauffer.
réchauffer /
/
1
l
"
/
/
)"'l
,.
ItlllogE1Eyai "faire le sourd" <Itlllo + gElEyal ~ loreille... + rendre dur. diffi-
"faire l'entêté"
cile, cher /

212
/
,..
Avec Idaal "la boucne", l'ouverture", "la bordure" ...
/
'"
/
'"
Idabl1al "cesser". "abandonner" <Ida +bl1al .... Ibouche ... + laisser. poserl
/ /
/
b/
Idab:)1 "sevrer". "commencer" <Ida + :)1.... /bouche... + sortir, ôter, enlever/
"débutet""
/
L L
/
L L
IdablI'lI "couvrir, retourner l'ouverture <Ida+ blI'lI .... Ibouche... + renverserl
d'un récipient face au sol·
"
/
/
"
IdamInEI "commencer", "débuter" (Ida + mInEI .... Ibouche.... + attrapper.
"se taire"
prendrel
Id~Ç{~Jl1
d/
&.f./
Wu
"renverser" <1 a + l1!11 .... Ibouche ..... + renverser1
~ç'
d/
f'
Idwal "compléter" <1 a + al -+ Ibouche ... + emplir. remplirl
IdatlgEl "cesser de parler à quelqu'un" <Ida + tigEI -+ Ibouche ... + couperl
"commencer une 1K:tion"
Idati!glI/ "fermer". "enfermer" <Ida + ti!glI/ -+ Ibouche ... +fermerl
Idadfyal "fliguiser", "vendreè <Ida + dfyal -+ Ibouche ... + rendreegréablel
bon prix", faira la
fi ne bouche".
/
'-
/
'-
Idadol "se mêler d'une conversation" <Ida + dOl -+ Ibouche ... + entrer, mettrel
"attiser le feu en poussant les
-
~
bûches vers le centre du foyer"
IdâsIrll "empêcher Quelqu'un de
( Ida + sIrli -+
/bouche... + nouer. fltt~herl
parler par le maraboutage·
/ / "
d"
,
b"
Idarab:)1 "provoquer". "tllQuiner" <1 a + ra + :)1-+ Ibouche... + dériv. + sor-
tir. ôter. enleverl
IdârâmInÈ l "répondre", reprendre < Idâra + mInÈ1 -+ Ibouche ... + dériv. +
plus haut la parole de
attraper,prendrel
quelqu'un"
/ / ·
d/
/ . '
d
1 araJEI "rassembler", "réunir" <1 a + ra + JEI -+ /bouche... + dériv.+ réunirl
~
~

213
/ / f f
/
/
f
Idaraplnl! "provlXluer quelqu'un < Ida + ra + pmil -t Ibouche... + clériv. +
ou un 6flimal"
chercher1
/
f
/
f
Idacl! "casser la gueule" <Ida + Cli -t Ibouche .... + casserl
/·f
d/
d
. f
1 aJ1I "dilapider de l'argent"
<1 a + J1I -t
Ibouche ... + liquéfierl
"vendre à vil prix quelque
chose"
/ /
d/
d
J
1 aj~1 "se taire", "cesser de pleurer" <1 a + J~ -t Ibouche... + setairel
, ,
/
"
/
IdaYE1EI "ouvrir", "parler" < Ida + YE1EI -t Ibouche... + ouvrirl
/
/
/
/
/
/
IdakEpEI "ajuster", "niveler" <Ida + kEpEI -t Ibouche... + ajuster, égaliserl
/ / / /
/
/ / /
IdakJrJbJI "tester quelqu'un" <Ida + kJrJbJI -t Ibouche... + sonder1
/
/
/
/
Idagui "soudoyer quelqu'un" <Ida + gUI -t Ibouche ... + joindrel
....
....
/ \\ , . \\ .
/
\\,.\\.
Idagosll "empêcher de parler" < Ida + gosll -t Ibouche... + battrel
"A
.
.
Avec Iseel "le pIed", "la Jambe"
,
,
/
/
IS~bJI "cesser ses fréquentations avec" <IS~ + bJI -t Ipied... + sortir, ôter, enleverl
Isètal "aller rapidement (à pied)" < Isè + tal -t Ipied... + emplir + remplirl
,..
~
IsèdôI "fréquenter quelqu'un" <Isè + dÔI -t Ipied... + entrer, pénétrer1
- ""
-se mêler de ... •
1'10..
" "
' / f
"
/ f
Isenafonl! "marcher pour se
<Ise + na + fonl! -t Ipied... + dériv. + dénouer,
dég)urdir les jambes
-
~
détecherl
,
, / /
'
/ /
Is~ayaa1al "se promener à pied" <IS~+ na + yaaJ.al -t Ipied... + dériv. +
"faire les cent pas"
promenerl

214
Avec Ic'é'él "la taille", "le milieu"
/
..... ,
/
.... ,
ICe:t1ge:1
"couper en deux"
<ICe: + ttge:1 -+ Itaille..... + couperl
"traverser un endroit"
/
.... ....
/
........
ICe:Strtl "se ceindre" "tenir bon" <ICe: + Str1l -+ Itaille... + nouer, attacherl
/
\\.
/
....
IC€CII
"casser en deux" <ICE + CIl -+ Itaille.... + casserl
/ . /
/
/
/
. /
/
/
ICe:Juguyal "devenir laid" <ICe: + Juguyal -+ Itaille.... + rendre méchant!
"rendre laid"
,
,
/
/
Ice:pal "embellir" <ICe: +pal -+ Itaille... + faire bienl
......
Avec Ij UUI "Je postérieur", "le fond"
.'- b/
.'-
b/
IJU ')1 "commencer", "poser les bases" <IJU + ')1 -+ Ipostérieur... +sortir, ôter
enleverl
.'-
....
,
.'-
....
,
IJumInEI "commercer", "débuter" <IJU + mInEI -+ Ipostérieur... + attraper,
prendrel
Ijùtàl "prendre le fond" <IjÙ + tàl -+ Ipostérieur... + prendrel
"s'en aller"
.'- d'-
.'-
d'-
IJU 9/ "rapprocher" <IJU + QI -+ Ipostérieur ... + entrer, mettrel
.'- d'd'
IJU ~ ~I "aider quelqU'un à grimper <IjÙ + d~dV -+ Ipostérieur..... + aider à
sur un arbre ou sur un
marcher1
mur en lui soutenant le
postérieur"
.'- ....
1''- + ....1
.
IJUCtl "frapper quelqu'un" < JU
Cl
-+
Iposterieur... + casserl
.'- / / ,
.'-
k/ / ,
IJùk')r')tal "soulever le fond" <IJU + ')r')tal -+ Ipostérieur... + lever, souleverl

215
/ /
/ A
.
Avec IDEEL ou Ipaal ''l'Del!'', "visage"
/
'"
/
'"
IJlEbilal "préparer l'arrivée" < IJlE + bilai ~ lO8i1... + laisser, mettrel
IJlÊ:bSI "aimer, envier" < IJlÊ: + bSI
-+
loeil ... + sortir, ôter, enleverl
/
/ , , /
/ "
IJlEmatip.EI "détourner", < IJlE + ma + tiP.EI -+ loei1.... + dériv. + gâter,
"empëcher n
abimer1
/
/ /
/
/
/
/
/
IJlEmatunul "perdre de vue" . <IJlE + ma + tunUI -+ loei1... + dériv. + perdre,
disparaitre des regards
égarerl
/ / / /
/
/
/ /
IJlEman~:::>1 "maltraiter" <IJlE + ma + n:::>g:::>1 -+ loei1... + dériv. + salir
tOCherl
/
/ / / "
/
/
/ / . f
IJlEman:::>g:::>Sll "maltraiter" <IJlE + ma + n:::>g:::>s11 ~ loei1... + dériv. mal-
traiterl
/
/ /
/
/
/
IJlEmatal "chercher du regard" <IJlE + ma + lai ~ loei1... + dériv. + poser1
"
"
/
/
IJlEmWOI "avoir honte" < IJlE + mâtol -+ loei1... + avoir hontel
/
/.'
/
/ . '
IJlEmapl "être prudent" <IJlE + ma + pl ~ loei1... + dériv. + arrêterl
"faire attention"
/
/
/
/
/
/
IJlEmunul "détourner les yeux" < IJlE + munui ~ lO8i1... + tournerl
"se détourner de Quel-
que chose"
IJlÊ:fâl "satisfaire" < IJlÊ: + fâl -+ 1 oei1... + remplirl
IJlÊ:61 "expliquer" < IJlÊ: +61 -+ lO8il ... + direl
/ ' "
/
'"
IJlEtlgEI "couper la route à QueIQu'un, < IJlE + tigEI -+ loei1... + couperl
lui barrer le p8558ge"
,
,
/
/
IJlEduurul "renfrllJT1er le regard" <IJlE + d Uurul -+ loeil.... + troubler1
,
,
/
/
(IJlEdQ/ "manquer de respect" < IJlE + d~ ~ lO8i1.... + entrer 1 mettrel
VJladQI

216
/
/
/
/
/
/
(I)1Enab:l1 "régler une affaire" <I)1E + na + b:ll -t loei1... + œriv. + sortir,
VflanabSI
ôter, enleverl
""
""
/ /
/
/
(I)1EnammII "avoir des vertiges" <IflE na mmI/.-, loei!...+ dériv. T tournerl
1 / /
" "
\\/)1anamm1l
/
/ "
/
"
/
I)1EnatIgEi "atteindre l'âge de raison" < I)1E + na + tIgEI -t
loei/... + dériv. +
couper1
/
,
,
/
/
/
I)1Enatal "choisir" <I)1E + na + tal -t loei/... + dériv. + prendrel
/
/ ,
,
/
,
/
/
(I)1Enat:lffi:l1 "choisir" <IflE + na + t:lm:ll -t lO8i1... T œriv. + ramasser.
/ /, ,
lIIlanat:lffi:l1
trierl
(I)1ÉnajÉI "s'amuser" < I)1É + na + jÉI -t loei/... T dériv. + blanchirl
V)1ânajÉI
/ / "
/
/
/ /
I)1Enak.:lr:l1 "attrister" <I)1E +na + k:lr:ll -t loei/... + dériv. + vieillirl
/ "
/
"
I)1ES1S11 "s'attrister" < I)1E + S1S1I -t loei!... + brûler, cramerl
, ,
/
/
"
I)1ES1g1l "préparer l'arrivée de quelqu'un < I)1E + SIg1l -t loei!... + asseoirl
"
/
/
I)1ES11 "faire face à"
< I)1E + "
S1I
- t
loei!... + orienter versl
"orienter vers"
/
/
/
/
l)1asumal "prospérer", "délivrer lÈS soucis" < I)1E + sumal -t lO8i1... + calmer1
/
/
1)1as:lI':l1 "trouver la solution" <I)1E + S:lI':l1 -t
loei!... + obtenir, trouverl
/
/ .
/
l)1al;21 "connaltre le sens" < I)1E + ~I
- t
loei!... + connaîtrel
/"
"
/
I)1ECOrOI "braquer le regard sur" <IIlE + corol -t
loei!... + écarquillerl
"écarQuiller les yeux"
.,
/
.,
I)1EJal
"être effronté"
<I)1E + Jal
- t
loei!... + sécherl
"refuser quelque chose à quelqu'un"

217
/
.
/
.
Iflejuguyal "envier quelque chose, <Ifle + juguyal -+ /œll... + rendre méchant!
"ovoir des vues sur.....
"être cupide"
l ' . '
/
. ,
Ifle:pl "rester les yeux ouverts" <Ifle: + P/ -+ /08i1....
1
+ arrêter /
(manquer de sommeil)
1
(lflÉpinil "jeter un sort"
<IflÉ +.flinil -+ /oeil.... + chercher, demander/
Vflapinil
"chercher une solution"
1
IflE:yiràl "enseigner", "expliquer", <IflE: + yiràl -+ /œil ... + montrer/
" ,
,
/
Ifle:gal "souffrir" < IflE: + gal
- t
/oei1... + chauffer, rechauffer/
,...
'"
Avec Ik\\)Û'''la tête, "le chef", "la cime.....
,
,
.....
Ikube:1 "rencontrer", aller à la rencontre <Iku + bel -+ /tête... + rencontrer/
1
.... ,...
03", "occueillir"
Ik~àrol "délivrer" <Ikù +mà +roi -+ /tête... + dértv. + sortir, ôter,
1
en lever/
,
,
1
, /
, /
1
lk-umà1al "traiter quelqU'un
< Iku + ma + lai -+ /tête... + dérlv. + poser/
~
d'ingrat", "rappeler les
services rendus à Quelqu'un"
Ik\\;tû~ "se diriger vers" < Ik'tt + tÛ~1 -+ /tête... + être droit, mettre droit!
, , ,
,
"
Ikutugui "Joindre" <Iku + tugui -+ /tête... + mettre bout à bout!
"'-
.....
~. __ ~
.1
,
' e / . . 1
IkunalOnll "informer", expliquer" < Iku + na + lOnll-+ /tête... + dériv. +
r-
...
dénouer/
,
l ' l ' "
/ /
Ikunawolol "faire honneur" <Ik U+ na + wolOI -+ / tête... + dériv. + naître,
---
"être honoré"
engendrer1
" . 1 /
,
' . 1 /
Ik'Wlatlpel "détourner quelque < Ik~ + na + tlpe:1 -+ /tête... + dériv. + gâter,
chose de Quelqu'un
abîmerl
, / \\
k'
"'
.
IkunatlgE:I "délivrer", "libérer" <1 U+na + l1ge:1 -+ /tête... + dérlv. + couper/
~
~

218
, / "
Ik.unaslrll "angolsser" < '
Ik./J "
+ na + "
SIrli --. /tête... + dériv. + attacher. nouer/
""
""
\\,
. / /
\\,
"
. / /
Ik~adlyal "être chanceux" <Ik~ +na +dl yal --. /tête... + dériv. + rendre
agréable/
\\,
1
\\,
./
IkUSl!
"s'orienter vers"
<Iku +sil --.
/tête... diriger + orienter vers/
"se diriger vers"
""
"lever la tête" <Ikù + k:>f':)tal --. /tête... + élever. soulever/
"rendre fier Quelqu'un"
Avec IkSÔI "le dos", .. l'extérieur......
/
/
b
1k.:>b:>1 "castrer" <Ik:> + :>1 --. /dos... + sortir. ôter. enlaver/
IkSdol ..tourner le ms à .... <Ik~ + dol --. /dos... + entrer. pénétrer/
/k.~sèg)1 "retourner", "revenir", "mourir" <Ik~ +ség)1 --. /005... retourner/
/
1\\
Ayec Ik;:m;)/ "le ventre", "la grossesse", 'T1ntér1eur.....
/
/
'-....
/
/
'- ....
Ik:>n:>bo111 "avoir la diarrhée" <Ik.:>n:> + bo111 --. /ventre... + courir/
Ik~n:>na.fllil "embarrasser". <1k.6n:> + na +fl111 --. /ventre... + dérlv. + Jeter.
"inquiéter"
se tromper/
/ / / ' -
k//
/
'-
Ik.:>n:>nadol "inciter à" <1 :>n:> + na + dOl --. /ventre... + dériv, + entrer.
-
-
pénétrer/
/ / / /
/ /
/
/
Ik.:>n:>nasui "pousser". "monter <Ik.:>n:> + na + SUI --. /ventre... + dériv,
quelqu'un contre.....
inciter/
/ / / / / /
/ /
/
/ / /
1k.:>n:>nasurltk.uI "pousser" <Ik.:>n:> + na +Surltk.UI --. /ventre... + dérlv.
sonderl
,
,
/
/
/
1k.:ln:>g~1 "ennuyer", "angoisser" <Ik.:ln:> + g~1 --. !ventre... + chauffer.
"être emborrossé"
réchouffer/
/
/
/ , (
k/
k/'
1 :>n:> artl "avoir la diarrhée"
<
Ik:ln:l + karl! --.
/ventre + casser /

219
ANNEXE N° 2
Les circonstants de temps qui ne prennent pas de postposition:
,
M
/b/
b'
- Ibll "aujourd'hu1 • exemple:
I~ e
11 Mnoussommesà aujourd'hul M
nous exit. aujourd'hui
""
/
-/Smll "demaIn", exemple: I~ be
""
/
smll "nous sommes àœmaln"
nous exist. demain
" '" / /
-/smikenel
"après-demain"
- IkUnùI
"hier"
- IkUnàsfn11
"avant-hier"
" ,
- ISlSal
,..
"maintenant"
, / /
- ISaWErE;1
''l'an prochaIn"
/
.....
- Isalol
1
''l'an dernier"
~
i
/.....
, " .
- Isal~nasmll
"Il y a deux ans"
.....
"-
- ItenEI
"lundi"
- Itàlàtâl
"mardI"
..... '00.
- lara
1
"mercredI"
, "A
- Ilarmsal
"jeUdI"
l
1

220
. /
A
- 1]lll11al
"vendredi"
fobf A
- ISI trl1
"samedi"
d'
/ A
- 1 ImaSll
"dimanche"
Les circonstants de lieu qui ne prennent pas de postposition sont les
noms de pays, de villes, de villages, de quartiers. A notre connaissance,
aucun nom de pays ne se combine avec une postposition sauf celui de la
République du Mali pour lequel on dira par exemple:
/
ln

tâgâ
fàr~sfl
"je vais en France"
je
prédvb.
aller
France

/
/
sera
KQgôI
"il est arrivé au Congo"
il
arriver-ace.
Conlp
,
,
..
1
S' , / f
la
wolora
enega111 "i 1est né au 5énéga 1"
il
naître-ace.
Sénégal
/
ft
~

wolora
màlîii/
et non
*wolola malil
il
naître-ace
Mali
,
/
1
f
la
tagara
màlîial
et non
* tagara malil
il
aller-ace.
Mali postp.
Remarques:
- il Y a une contraction au sein des circonstants de temps Ikûnàsfni /
.
/ ,
,
f '
.
.
.
"avant-hIer" et IsalQnasml/ "lI Y a deux ans"; ceUX-Cl provlennent res-
pectivement de:
Ikûnù nf à
sfnf/ "hier et son lendemain"
hier
et son lenœmain
/ ,
f '
et de
f
.... / . ,

Isalo
nt a
sml
1an passe et son lendemain"
"an Passé et son lendemain
- nous pensons que le fait que le circonstant de lieu Imàlf/ prenne la
postposition lIa/est un acte régulateur de la langue pour éviter une ambi-
guïté qui puisse éventuellement exister entre le toponyme IMa1i1
,
f
"République du Mali" et le zoonyme Imàl1/ "l'hippopotame",

221
ANNEXE N° 3
lex. motivés
nominal
verbal
adv/adj
sens
et lex.redup 1.
p
l
,
pina
+
bien-même!
....................
piripiri
+
agiter (ailes)
....
....
piripara
+
de valeur nulle
...
piripara
+
éparpiller, disperser
piripara
+
déchirer, user
1
piritiparata
+
marcher rapidement et
en désordre
/
/
/
peu, pewu, pe
+
tout à fait, entière-
ment, complètement
pélékupéléku
+
marcher rapidement et
en désordre
,
/
perepere
+
définir.
,
,
"
pEpE,pE
+
taper dans la terre à
l'aide d'un bâton au
cours du jeu gwejigi
,
1
1
l
,
pdS, pdsi, PftSpdS
+
marque une blancheur
immaculée

222
lex. motivés
nominal
verbal
adv/adj
sens
et lex.redup l.
1
.
paal1
-
-
+
exclamation
1
papa
-
+
-
effrayer quelqu'un
plus petit
l
"
\\
1
paparapa
+
-
+
catégori quement,
refus catégorique
"
....
panipani
+
-
-
c'est une espèce de
hautes herbes
"
/
palapala
+
+
-
vagabondage.
,..
"-
vagabonder
/
para
-
-
+
idéoph.: carrément
,
1
poropara
-
+
-
attraper, saisir
/
1
poroporo
-
+
-
griller qqch à moitié
sur le feu, crépiter
sur le feu
,
,
poroporo
-
+
-
effrayer
/
porolololo..
-
-
+
marque une longueur
ou une hauteur déme-
surée
,
"
p:::>bp:::>b
+
+
-
boue très liquide,
devenir boueux, mou,
flasque
....
"
p:::>s;?p:::>s;?
-
+
-
flétrir

223
lex. motivés
nominal
verbal
adv/adj
sens
et lex.redupl.
b
bélebélé
+
-
+
gros, fort, la forte
1
1
œe:re:œe:rc
-
+
-
cajoler
bÈbÈt€
+
-
-
machination
~ - -
/
1
balabala,
-
+
-
cuire quelque chose
ba'rab8ra
dans l'eau
,
/
bagibagi
-
-
+
marque une plénitude
ex/jiwilira bagibagil
-+ l'eau bout complète-
ment
bàgabâga
- ,
+
-
effrayer que1qu'un, lui
faire peur
taga~
+
-
-
termite
1
bùrabUra
+
-
-
une plante
bÙrllbUru
+
+
-
matière trouble dans
un liquide, troubler
(liquide)
"
.
/
burulmbùruku
-
+
-
bùgubugu
-
+
-
agiter dans un liquide
bébé
+
-
-
sourd-muet

224
Ilex. motivés
nominal
verbal
adv/adj
sens
let 1ex.redup1.
1
\\
\\
boroboro
+
-
-
une plante rampante
~b3g:J
-
-
+
marque un écrasement
tota1(complètement
pulvérisé, écrasé)
m
+
+
détour, tournoyer
+
former des nuages
1
menemene
+
briller, brûler
1
menemene
+
écla1r
/
"
/
menemeneni
+
petite fourmi
1
/
megemege
+
brfller, sc1nt'iller
/
1
manamana
+
briller, scintiller
....
....
manamana
+
fut1\\fté
" /
, ~
malomalo
+
une espèce de saute-
relle
"
/
munumene:
+
faIre doucement,
faire doucement des
va-et-vient
/
'
munumunu
+
+
détour, faire des
détours

225
lex. motivés
nominal
verbal
adv/adj
sens
et 1ex.redup 1.
1
1
musumusu
-
+
-
bruiner
....
/.
mulukwnalaka
+
+
-
ramper (serpent).
marcher nonchalam-
ment
1
....
....
"
murumuru
+
-
-
partie infime d'une
1
chOse
,
"
murumuruni
+
-
-
tout-petit
"
/
mUjukumajaka
-
+
-
remuer le corps
il'
1
mugumugu
+
+
-
poudre. réduire en
poudre
,/
mugumugu
-
+
-
sourire
,
m~m~
-
+
-
caresser
,/
m~ni
-
-
+
marque la noirceur
totale
1
....
....
m~sim:)SÎ
-
-
+
..."à la dérobée"
\\
,
,
1
m~J1~m~J1~
-
+
-
pulvériser. écraser,
casser en petits
morceaux
f
flsifàsa
-
+
-
être en désordre
fllifàla
-
+
-
se balancer. remuer
(feuilles)

226
lex. motivés
nominal
verbal
adv/adj
sens
et lex.redupl.
,
1\\
fifi
+
-
-
charbon de bols
,..~
, , /
'" '"
firifiri
+
-
-
papillon
""
...
ffrif'1!'i
-
+
-
se débattre, agiter
... "-
(ailes) secouer
t~g1fâga
-
+
-
se dandIner
~
""
féwu
-
-
+
nullement
/
"-
tefe
+
-
-
poivre
,
,
fese:fese:
-
+
-
contrôler
1
fÉrefEre
-
+
-
secouer avec force
fâasi
-
-
+
absolument
fàtakafatakâ
+
-
-
mauvaise v1ande
fW~
-
+
-
asperger, saupoudrer
- ,...
1
f
1
funufunu
+
+
-
1
tourbi lion,
tourb i 11 onner
1
fusufusu
+
+
-
bruine, bruiner
.....
'"
fùrufuru
-
+
-
se brûler avec un
liquide
fùrufuru"
+
-
-
sorte de ga1ette

227
lex. motivés
nominal
verbal
adv/adj
sens
et 1ex.redup1.
fùrufÙru
-
+
-
produire des boursou-
flures à la suite d'une
brûlure
fUrutututu
-
-
+
marque une action
firëtete
très pro longée
fUgubafuguba
-
+
-
aspirer
fugusafugusa
fofo
-
+
-
ramper, traîner par
terre
fèlokofala.ka.
-
+
-
agIter
fèrà
-
+
-
aspirer en produisant
....,
un bruit strident au
niveau des lèvres
/
,
fJOfJlJ
+
-
+
autrefoIs, auparavant,
tout début
f~f3gJ
+
-
-
poumon
w
w'èrëwÈrë
+
+
-
légèreté, caprice,
1
être capricieux
wabawu
-
-
+
onom., v'lan, bruit d'un
1
waba.ku
objet lourd tombant
dans un gouffre

228
lex. motivés
nominal
verbal
adv/adj
sens
et 1eX.redup1.
/
.-
wawa
+
bailler
/
1
w8.1awala
+
dérouler, bien
"-
"""
expliquer
/
f
w8.1awala
-
+
développer
"'-
'" , ... .....
walakata
+
déborder
1
J
warawara
+
+
roc, tomber en averse
/
woo..
+
rai Ilerie
1
1
wowo
+
aboyer
/
1
wolowolo
+
glisser, flotter,
(vëtement)
WOlokoto
+
+
fossé, tomber en se
/Y'
détachant
+
tiédir
t
1
1'-
ti,titi
+
tout noir, dense
'\\
"
tlS0
+
éternuer
+
parfaitement, original
exactement

229
1ex. motivés
nominal
verbal
adv/adj
sens
et lex.redup1
1,..
titi
+
-
-
petite élévation de
-
~
terre, surélévation
, 1
titi
-
+
-
lntrodulre par force,
---"-
enfoncer
tlgit~ga
-
+
-
tituber
, '
teete
-
+
-
apprendre à un enfant à
faire ses premiers pas,
faire ses tout-premiers
pas
thÉ
-
+
-
tamiser
"" ......
ta'àbataaba
+
+
-
va-et-vient, aller en
tout sens
tanakitanaki
-
-
+
tàlotalo
,...
-
+
-
tituber, marcher dans
'"
tous les sens
t:>~Gg::>nl
+
-
-
dysenter1e
, , , , 1
~~, ~t;?l;Q
-
-
+
marque une tempéra-
ture ou une attitude
très froIde, glacée
d
1
,
,
d1g1d1g1
-
+
-
masser

230
lex. motivés
nominal
verbal
adv/adj
sens
et leX.redup1.
dÈmedeme
+
+
-
"débroui llardise",
aider à marcher,
marcher péniblement
dùdÙrÙdù
+
-
+
marque un corps
compact, tout gros
1
....
1\\
d\\tdl,l
+
-
-
tam-tam
,
,
"
dogodogont
+
-
-
jeu de cache-cache
n
....
...
/
/
ne:me:ne:me:
-
-
+
tout doucement
.....
/
nemeneme:
-
+
-
ménager
/
nege:nege:
-
+
-
goûter
'
,
naganaga
+
-
-
futilité
1
1
'If
r
,..
1
naganagani
+
-
-
hirondelle
, r f'
oo~n~:)
+
-
-
c'est un arbuste dont
l'écorce visqueuse
sert à faire des 1iens
,
, ,
n~n::>s:)
+
+
-
qqch de glissant,
glisser
S
.t
"
sf~siQi
+
+
-
béaaiement béqayer

231
lex. motivés
nominal
verbal
adv/adj
sens
et lex.redupl.
.f /
SlS1
-
+
-
écraser, pulvériser
1\\. .v
/
1
se:gesege:
-
+
-
lnterroger, vér1f1er,
bien frotter (linge),
examiner
/
1
+
f11
s~s~
-
-
trer, tam1 ser
, "-
Se:SE
-
+
-
avancer doucement
r - . " ,
sàlasata
-
-
+
marque une certaine
non-consl stance,
qqch tout en liquide
/
} "
sagasaga
+
-
-
échelle
1
1
"
SUU..
-
-
+
tout calmement
1
,
1
1
suhe: yi.... SWE yi
-
-
+
1
"
sumusumu
-
+
-
sentir, flairer
sUsU
-
+
-
p11 er, écraser,
tatouer les lèvres ou
les gencives
s~
-
+
-
s'entasser dans un
local
1
/
S.!JSQ
-
+
-
sucer, aspirer le jus
,
"
,
'
~:>.1:>:>1:>
-
+
-
égoutter, f'I1trer,
suinter

232
lex. motivés
nominal
verbal
adv/adj
sens
et lex.redupl.
/
'"
SJS:l
-
+
-
charger, bourrer
s~g~s~g~
+
+
-
toux, tousser
/
1
s~g~5:l~p
-
-
+
complètement
1
/
s:)g~
-
+
-
charger, bourrer,
engorger
z
"
"
zuguzaga
-
-
+
marque un état
difforme, sans forme
1
/
/
lewu,le
-
-
+
marque une interrup-
1
1
tion toute nette
/ / / g'É
legele e
-
+
-
chatoui 11 er
" "
logi
-
-
+
marque un coup
Instantané
10g110gi
-
+
-
masser légèrement
1
l
"
log010go
+
-
-
coin, recoin
10g010g0
-
+
-
produire des ampoules

233
lex. motivés
nominal
verbal
adv/adj
sens
et 1ex.redup 1.
e
,
1 .
coyi, con,
-
-
+
marque une couleur
/
/
concon .
tout rouge,un rouge
vif
1
côgocégo
-
+
-
remuer qqch dans
l'eau pour le rIncer
"-
/
,
~
+
+
-
onom.pluie du mois
d'Août
/
1
og:)Og:)
-
+
-
onom. faire résonner
1
/
"
ogX)g::>n1
+
-
-
une sorte de casta-
gnette : instrument de 1
musique
,
cern
-
-
+
expr1me le méprls
1
j
1
"-
/ / '
jigijigi
+
-
-
descente
\\
'. .. '
Jlg1Jaga
-
+
-
se dandiner
"" ...
''UJU
J... ,..
-
+
-
secouer
j~roj~ro
+
-
-
étamIne
,
1
1
jpJ~
-
-
+
marque une insistance 1
sur l'ipséité: "Iui-mê- 1
me"
1

234
Ilex, motivés
nominal
verbal
adv/adj
sens
et lex,redupl.
Tl
"
"'
l'lagasa]1agasa
-
-
+
marque un état tout
touffu
y
....
"
y1r1yara
-
-
+
marque qqch qui
déborde de partout
,(
,(
+
avolr peur, hésiter
Ylr~Yl~
-
-
' I
1
,
yikikiki...
-
-
+
marque une cont1nuité
1
yfgiyigi
-
+
-
secouer en tous sens
(ex. branches d'un
arbre)
'\\
/
Ylgiyaga
-
+
-
balancer
/
yeu
-
-
+
marque une netteté
,
ye;retEtE ...
-
-
+
marque une évo1ution
1
yurututu...
indescrendo
1
1
/
YErEYE!'E
+
+
-
tremblement, frisson
palp1ter, trembler
,
1
yegEye:ge:
-
+
-
gratter avec la patte
(ex. la poule)
,.
l'
yese: ye:ge:
-
+
-
scinti11er (éclairs)

235
lex. motivés
nominal
verbal
adv/adj
sens
et 1eX.redup 1.
'-
/
yuruguyurLlgLl
+
+
-
trafic malhonnête,
escroquerie, escroquer
/ 1
1
yLlguyugu
+
+
-
rl-lper1e, secouer,
tamiser
Y~1i01i
+
+
-
marcher à pet1ts-pas,
se dandiner
1
,
...
y~:))':)g:)
-
+
-
bouger, chercher à
déraciner (dent)
k
klsïkasa
-
+
-
marcher en titubant
1
1
1
1
kiri, kri, kirikiri
-
-
+
marque la couleur
"noir" : noir vH, tout
noir
klribikaraba
+
+
-
bagatelle, s'amuser
" ...
kirikiri
-
+
-
s'agiter
klrikara
-
+
-
faillir, mourir
kÈe:SEkÉe:SE
-
+
-
se déplacer pénible-
ment, se déplacer à
petit pas
/
.1
ke:ru:ke:ne:
+
+
-
excision, exciser,
circoncire

236
lex. mot1vés
nominal
verbal
adv/adj
sens
et 1ex,reduD 1.
kÉle:ke:le:
-
-
+
marque une action
accomplie correcte-
ment
kÉle:ke:le:
+
-
- piment
kÉre:ke:re:
-
+
-
épargner soigneuse-
ment
kàalakaa1a
-
+
-
ilaner (yeux)
....
/ '
kaakaa
,..
+
-
- oiseau (1dentlfié par
ro-
son crD
kamikami
-
+
-
cligner des yeux
karatata....
-
-
+
marque un bruit a1gü
contlnu
1
1
kalakala
-
+
-
barioler
k~1,k~
1
-
-
1
+
très sec
1
kaka
-
+
-
caqueter
, "
kaka
+
-
-
scle
"
" l -
kunakuna
+
-
-
"bile"
I
kùrut.ukUrutu
+
+
-
débroul11ardl se,
1
fraude, se débrou111er

237
lex. motivés
nominal
verbal
adv/adj
sens
et lex.redupl.
kùrUkUru
+
+
-
pustules, produire
des pustules
kU1ukutu
-
-
+
marque une nudité
totale (corps)
kltlukÛtÛ
+
-
-
sphère
kltluku1u
+
+
-
poulailler, s'engouf-
frer (en nombre)
"
/
kuOlkllœ
-
+
-
se rincer la bouche
kusukuSll
,
"-
kuku
+
-
-
balle de (mil)
1
"-
......
1
" /...
"-
koorokaara
+
-
-
tortue
1
k'èlobokâlaba
+
+
-
négligeant, être
négligeant
kÔlokoto
-
+
-
complètement, tout-
à-fait
/
....
kolokolo
+
-
-
poulie
l'
1
kolokolo
-
+
-
mettre en boule
/
1
kolokolo
-
+
-
sonner (cloche)
k/1ok/1o
+
-
-
dindon
,
...
kolOkolo
-
+
-
rouler (à terre)

238
lex. motivés
nomlnal
verbal
adv/adJ
sens
et 1ex.redupl.
"
...
A
kolokolo
+
-
-
une espèce de fourmi
.....
b
1
koko
-
+
-
secouer pour
"" "-
épousseter, frapper
de pet i ts coups
k~k~
+
+
-
castagnette, secouer
pour produire du bruit
...
....
kJki
-
-
+
marque un état tout
sec, tout dur, parfai-
tement sec
1
}
kJkJ
-
+
-
toquer
.......
.... ...
..
bkJfJkJ
-
-
+
tout à fait, tout sec
"
"
bhJbhJ
+
+
-
toux, tousser
.-
,...
(raillerie)
g
" ........
girLdi
-
+
-
roter, éructer
" "
gm~
+
-
-
hibou
gÈdegede
-
+
-
gronder (tonnerre)
/
"
gefEgefE
+
-
-
malheur inattendu
gàlaœgàlaba
-
+
-
faire rapidement,
prédipitamment,
chevaucher

239
lex. motivés
nominal
verbal
adv/adj
sens
et 1eX.redup 1.
,. "
~
+
poussière
gÙdugÙdu
+
gronder (tonnerre)
gÔlobogâlaba
+
+
cohue, aller dans tous
les sens
" .... ....
g~
+
....
ronfler (sommeil)
l)
,
/
f)EnEffiEf)Entmé
-
+
-
bouger, être agité
/
J')aMffill!)amunu
+
+
-
tromperie, tromper
quelqu'un
T)anamllT)81laki
-
+
-
être sans gêne
,
T)una
+
+
-
fontanelle, gémir,
respirer avec peine,
bruyamment
\\.
"
f)unll!)linU
+
+
-
murmures, murmurer
h
/
1
hehe
-
+
-
haleter
/
haa10
-
+
-
bailler
hàll
-
-
+
très
~~
-
+
-
bailler

240
Jex. motivés
nominal
verbal
adv/adj
sens
et JeX.redup 1.
v
/ fr
vill
+
onom.faire de la
vitesse
1
l
"
virivirini
+
papillon
r Il
vp.~~
+
onom. voler (mouche,
avion...>
vÙguvugu
+
onom. lancer QQch
avec force en produi-
sant un bruit

241
ANNEXE N° 4
Les pronoms personnels:
ils présentent une forme simple et une forme emphatique; la deuxième
personne du singulier et la troisième personne du pluriel présentent,
chacune, deux formes qui sont employées indifféremment.
Forme Simple
Pers.
Sinqulier
Pluriel
,
1"
"n
a
2"
élf
a
3"
"a
o/ù
Forme Emphatique
Pers.
Sinqulier
Pluriel
1"
/
"
nne
âù
,,'
2"
élélflê
au
3"
Olù

242
BIBLIOGRAPHIE
1

243
1. - OUVRAGES ET REVUES GENERAUX
APRESJAN (Ju.D), "Analyse distributionnelle des significations et champs
sémantiques structurés, in Langages- n"l, (traduit du russe), mars
1966, pp. 44-74.
AUSTIN (J.U, Ouanddire, c'est faire, Editions du Seuil, Paris, 1970.
BACHMANN (C.), L1NDENFELD (J.) et SIMONIN (J.), Langage et communications
sociales- L.A.L., CREDIF, Hatier, 1981.
BATESON (G.) et aIL, La nouvelle communication, Paris, Seuil, 1981.
BAYLON (c.) et FABRE (P.), La sémantIque, Nathan, 1978.
BENVENISTE CEmile), ·Renouvellement lexical
et dérivation en greC,
Bulletin sociolinguistIque, 59, 1964, p. 30-33.
BENVENISTE (Emile), Problèmes de linguistique générale, 1, Paris, Editions
Gallimard, 6 septembre 1976.
BENVENISTE CEmi le), Problèmes de linguistique générale, 2, Paris, Editions
Gall imard, 8 février 1980.
BREAL (Michel), Essai de sémantique, Hachette, Paris, 1924, (7e édition).
BREKLE (Hubert E.), Sémantique, Armand Col in, Paris, 1974.
BRESSON (F'), "La signification", in Problème de psycholinguistIque, P.UF,
Paris- pp. 9-45.
CAMINADE (Pierre), Image et métaphore, Bordas, Paris, 1970.
COYAUD (Maurice), "Quelques problèmes de construction d'un
langage
formalisé sémantique", in La Traduction AutomatIque, 4e année, n"2,
juin 1963, pp. 51-55.
COYAUD
(Maurice),
"Transformations
linguistiques
et
classification
lexicale", in Cal7/ers de lexicologie, n"6, 1965-1, pp. 25-34.

244
COYAUD (11aurice), "Théorie et description sémantique", in Kristeva (J.),
Rey Debove (J.) et Umiker (D.J.), Essais de sémiotiqu~ Mouton, La
Haye, Paris, 1971, pp. 139-149.
CULIOLI (A) et DE5CLES (J.P.), "Systèmes de représentations 1inguistiques
et métalinguistiques, les catégories grammaticales et le problème de
la description de langues peu étudiées", UNE.s.C.O., ED:5CM, 1981,
Référence: ED/8l IW5/96.
CULIOLI (A), "Valeurs aspectuelles et opérations énonciatives" in Fischer
et Frankel, Linguistique, énonciation, aspects et détermination, ed. de
l'Ecole des HESS, Paris 1983.
DUBOl5 (Jean), "Les notions d'unité sémantique complexe et les neutra-
lisations dans le lexique", in Cal7iers de lexicologie, n"2, 1960, pp.
62-66.
DUBOIS (Jean), "Distr'ibution, ensemble et marque dans le lexique", in
Cahiers de lexicologi~ n" 4, 1964-1, pp. 5-16.
DUBOIS (Jean), "Représentation de systèmes paradigmatiques formalisés
dans un dictionnaire structura]", in Cal7iers de lexicologie, nOS, 1964-
2, pp. 3-15.
DUBOIS (Jean), La phrase et ses transformations- 1969.
DUBOIS (Jean), La "résolution des polysémies dans les textes écrits et
structuration de l'énoncé", in Cal7iers de lexicologl'e- n"9, 1966-2, pp.
103-117.
DUBOIS (Jean), "Enoncé et énonciation", in Languages- n" 13, mars 1969, pp,
100-110.
DUBOIS (Jean), "Lexciologie et analyse de l'énoncé", in Cal7iers de lexi-
cologl'e- n" 15, 1969-2, pp. 115-126,
DUBOIS (J.) et al L, Dictiomaire de Linguistiqu~ Larousse, 1973.
DUCHACCK (Otto), "Différents types de synonymes", in Orbis Litterarum,
X111-1. 1964, pp. 35-49.
DUCHACCK (Otto), "Sur quelques problèmes de l'antonymie", in Cal7iers de
/exicologie, n"5, 1965-1, pp. 55-56.

245
DUCROT (0,), Dire et ne pas dire, Savoir, Hermann, 1972.
1
DUCROT (0,), La preuve et le dire., Paris, Mame, 1973.
DUCROT (0.)1 TODOROV (T,), Dictionnaire encyclopédique des sciences du
langage, Points.
1
FRIEOBERG (C,), "Classifications rituelles, classifications profanes: les
exemples australiens, à propos des classifications dualistes d'A
1
Testart", Journal d'Agriculture et de Botanique A,Opliquée., XXVI- 21,
1949a, pp. 147-159.
FUCHS (CATHERINE) ŒDJ, L amlJiguité et la phrase., opérations linguis-
tiques., pror.,'ë'SSUS cognitIfs.,
traitements automatisés., Centre de
publications de l'Université de CAEN, 1987.
GARY-PRIEUR (M.N.), "La notion de connotation", in Littérature., n"4, déc.
1971,.pp.96-107.
GENTILHOMME
(Yves),
Etude
structurale
d'une
terminologie.
Essai
méthodologique, Thèse de 3e cycle, Ecole Pratique des Hautes-Etudes,
Paris, 1967.
GRAMMONT (M.), "Onomatopées et mots expressifs", revue Langage., rom.44,
190 l , pp. 97-158.
GREENBERG (J.H,),
Language.,
culture and communication. Essais
by
Greenberg, J.H., Stanford Univ. Press, Stanford, Calif.
GREIMAS (AJ,), La sémantique structurale - Recherche de méthode.,
Larousse.
GREIMAS (AJJ, Du sens. Essais sémiotiques., Le Seuil.
GREIMAS (AJ,), "Sémantique, sémiotique et sémiologie", in GREIMAS (AJ,),
JAKOBSON (R.) et al. sign. Language-culture. Mouton, La Haye, Paris,
1960, pp. 41 -6 1.
GROUPE jJ., Rhétorique générale., Editions du Seuil, 1982.
GUIRAUD (P,), Structures étymologiques du lexique français., Larousse.
GUILLAUME (G,), Langage et sciences du langage., P.U. de Laval 1969.

246
GUMPERZ (J.J.) et Hyr1ES (0.), "The ethnography of communication", special
publication,
American Ant!Jropologis!- 66 (6),
part.2,
American
Anthropological Association, Washington, D.C.
GUI1PERZ (J.), Engager la conver::.-ation. Introduction a la sociolinguistique
interactionnell~ les Editions de Minuit.
HOllYMAN (K.I.) Nomenclature scientIfique et lexique populaire.
HOllYMAN (K.U, T!Je sources and development of flora vocaôulary in New
Caledonian French.
HYMES (OH), Vers la compétence de communicatio!7- CREDIF, Hatier, Paris,
(984.
JAKOBSON (R), Essais de Linguistique générale 1. Les fondations du
langage, (traduit de l'anglais par N. Ruwet), ed. de Minuit, 1963.
JAKOBSON (R), E,s'sais de Linguistique générale 2 Rap,oorts internes et
externes du langag~ ed. de Minuit, 1973.
JAKOBSON (R), 5ix leçons sur le son et le sens, Ed. de Minuit, 1976.
KERBRAT (C.O.), De la sémantique lexicale ala sémantique de l'énonciation,
Thèse de Doctorat d'Etat.
KERBRAT (C.O.), Laconnotatlo!7- Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1977.
KIEFER (F.), Essais de sémantique générale, Paris, Marne, 1974.
KlEIBER (G.),
Problèmes de rélérence: Descri,otlons définies et noms
propres, Recherches
linguistiques VI. En dépôt
à la
librairie
KI incksieck, Paris, 1981.
LAFONT (R) et GARDE5-MADRAY (F.), IntroductIon a l'ani[/yse textuell~
Larousse, Paris, 1976.
LARREYA (P.), Enoncés ,oerformatifs - PrésuppositIons - éléments de
sémantique et de ,oragmatiqu~ Fernand Nathan.
LAROCHETTE (J.), La signification, extrait de Linguistica Antverpiensia,
n'l, 1967, pp. 127-169.

247
LAWLER (J.), "Quelques problèmes de référence", dans Langages- vol. 48,
1977, pp. 100-119.
LE BIHAN (l''U, Le nom propre. Etude de grammaire et de rnétorique- Thèse
de 3e cycle, Université de Rennes, 1974.
LE GERN (M,), Sémantique de la métapnore et de la métonymie, Larousse,
Paris, 1973.
LEE WHORF (5,), Linguistique et antnropologie.. Denoël, Paris, 1969 (1 ère
éd.).
LINSKY (L.), Le problème de la référence- Seuil, Paris, 1974.
LOUNSBURY (Floyd G'), "Analyse structurale des termes de parenté", dans
Langages- n01, mars 1966, pp. 75-99.
LYONS (J,), La linguistique générale, Larousse, Paris, 1970.
LYONS (J,), "Deîxis as the source of reference", dans Formai S&mantics of
Natural Language- ed. by E. Keenan, Londres et New York, Cambridge
University Press, 1975, pp. 61-83.
LYONS (J,), Déments de sémantique- Larousse, Paris, 1978.
MANESSY (G.) et WALD (P.), Le français en Afrique Noir~ L'Harmattan,
Paris, 1984.
MARTIN (R), Inférenc&, antonymie et paraphrasé'. Déments pour une tnéorie
sémantiqu~ Kl incksieck, Paris, 1976.
MARTINET (A), Eléments de linguistique générale, Colin, 1960.
MATES (B,), "Descriptions and reference", dans Foundations of Language,
vol.10, 1973, pp. 409-418.
MILNER (J.c.), "Réflexions sur la référence", dans Langue français~ vo1.30,
1976, pp. 63-73.
MILNER <J.C,),
De la syntaxe a l'interprétation (Ouantités-
insultes-
exclamationsJ- Seui l, Paris, 1978.
MORRIS (Ch,), 5igns- Language and Behavior. An original important contri-
bution to semantics- Braziller.

248
MORRIS (Ch.), Foundations of t!Je tl7eory of signs( 1938).
MOUNIN (G.), Les problemes théoriques de la traductio~ Gallimard, Paris,
1963.
r10UNIN (G.), Introduction ala sémiologi~ Ed. de Minuit, Paris, 1970.
PARRET (H.), "La pragmatique des modalités", Langages- n" 43, 1976, pp.
47-63.
PICOCHE (J.), Structures sémantiques du Lexique Français- ed. Fernand
Nathan, 1986, p. 143.
POTTIER (6.), "Vers une sémantique moderne", Travaux de linguistique et de
littératur~ Strasbourg, n' 2 (1), 1964, pp. 107-137.
POTTIER (6.), Linguistique généra/~ théorie et description, Klincksieck,
Paris, 1975.
POTTIER (5.), Sémantique et Logiqu~ éditeur Jean-Pierre Delarge, Paris,
1975.
PRIETO (L.J.), Etudes de linguistique et de sémiologie générales- Droz
(articles publiés entre 1954et 1975 avec postface).
RECANATI (F.), La Transparence et l'Enonciation, pour introduire a la
pragmatiqu~LeSeuil, 1979.
RECANATI (F'), "Le développement de la pragmatique", dans Langue fran-
çais~ n' 42, 1979, pp. 6-20.
RECANATI (U, Les Enoncés performatifS, Contribution a la pragmatiqu~
Ed. de Minuit, 1981.
REY (A), La lexicologie, Lecture:,,,,- Klincksieck, Paris, 1970.
RICOEUR (P'), La t1étaphore vive, Le Seuil, Paris, 1975.
RUSSELL (6.), "De la dénotation", traduction ·On referring" dans L'Age de la
Science,vol. III, n'3, 1970, pp. 171-185.
RUSSELL (6.), SignificatiM et vérité- traduit par B. Devaux, Flammarion,
Paris.

249
RYLE (G.), "The Theory of Meaning", dans Readings in 5emant/cs- ed. by F.
Zabeeh,
E.D. Klemke,
A. Jacobson, Urbana, Chicago et Londres,
University of Illinois Press, 1974, pp. 219-244.
SAUSSURE (FJ de, Cours de linguistique général&- ed. Tull io de Mauro,
Payot, Paris, 1972.
SEARLE (J.RJ, 5ens et Expression. Etudes de théorie des actes du langag&-
tr. et préface J. Proust, (Expression and Meaning, New York, 1979), Ed.
de Minuit, Paris, 1982.
sTRAWsON (P.FJ, Etudes de logique et de Linguistiqu&- Seuil, Paris, 1977.
TARSKI (A.), "La conception sémantique de la vérité et les fondements de la
sémantique", traduction française dans Logique- sémantique- méta-
mathématique, t.Il, XXI, Armand Colin, 1974, pp. 267-305.
ULLMAN (5.), Précis de sémantique rrança/~""e, A. Francke, Berne, 4e édition,
1969.
WALD (PJ, "Ethnosémantique et stratégies d'énonciation",
lOf? Congres
tfondial de 50ciologie- Mexico,
1972
(Résumé
in
sociological
abstraits, supp1. 116-176).
WATZLAWICK (P.) et a1., Une logique de la communication, Seuil, Paris,
1972.
WATZLAWICK (P.) et aL, La réalité de la réalité, Seuil, Paris, 1978.
II. - OUVRAGES ET REVUES SUR LES LANGUES NEGRO-
ARICAINES EN GENERAL ET SUR LES LANGUES DU
GROUPE MANDE EN PARTICULIER
BAILLEUL (CJ, Lexique Bambara-Français syllabique et tonal- Falaje, Mali,
fin juin 1973.
BAILLEUL (CJ, Cours pratique Bambara 1 et Il: 1 sons. Il tons. Imprimerie de
la Savane, Bobo-Dioulasso, 1977.
1

250
BAILLEUL (C,), Courspratique8ambara III" types depIJrases-lmprimerie de
la Savane, Bobo-Dioulasso, 1977.
BAILLEUL (C,),
Petit dictionnaire 8ambara-Français- Français-8ambara-
Avebury Publishing Company, England, 1981.
BAILLEUL (C.), ':Sens originel des postpositions en Bambara", /1andenkan,
Bulletin Semestriel d'Etudes Linguistiques Mande, Printemps 1986, n°
t 1, pp. 71-74.
BALENGHIEN (U, "A propos de la syntaxe du Bambara", /1andenkan, Bulletin
Semestriel d'Etudes Linguistiques Mande, Printemps 1984, n07, pp.
45-62.
, "
BARI (A), "Noronnaw -ma, -man, -lama bamanankan na", !1andenkan-
Bulletin Semestriel d'Etudes Linguistiques, Mande, Printemps 1985,
n° 10, pp. 47-48.
BAZIN (H.), Dictionnaire 8ambara-Français précédé d'un abrégé de gram-
maire8ambara-lmprimerie Nationale, Paris, 1906, xxv.
BIRD (C.5.), Détermination in Bambara", Journal of West Afncan Languages-
1966, III, 1, pp. 5-1 1.
BIRD (e.S.), Aspects of 8ambara ~vntax. University of California, Los
Angeles, 1966, microfilm.
BIRD (e.S.), "The development of Mandenkan (Manding): a study of the role of
extra-linguistic factors in linguistic change", Language and IJistory in
Afnca- in David Dalby ed., 1970, pp. 146-159.
SIRO (C.5.), "The Syntax and 5emantics of Possession in Bambara", Commu-
nication au Congrès d'Etudes !1andin9- Londres, 1972.
BONVINI (E.), Traits oppositionnels et traits contrastlfs en Kasim Thèse
de doctorat de 3e cycle, Paris, 1974.
BOUQUIAUX (Luc et Jacquel ine 1'1.e. THOMAS), Enquête et description des
langues à Tradition Orale, SELAF, Paris, t.I et III, t 976.
BRACONNIER (e.) et DIABY (5.), Dioula tfOdienné (,oarler de 5amatiguilaJ
matériel lexical- Université d'Abidjan, ILA-ACCT, n0 96, 1982.

251
CALVET (L.J.), "Arbitraire du signe et langues en contact: les systèmes de
numérotation en Bambara, Dioula et Makinké", La linguistique- n06,
1970, pp. 119-223.
CAPRILE (J.P.). La dénomination des couleurs chez les /"!bay de /"!olssala
(une ethnie sara du sud du Tchad) Préface par Bernard Pottier, SELAF,
KI incksieck, dépositaire Paris, 1971.
CAPRILE (J.P'>, (ed.), Contacts de langues et contacts de cultures. La
cré3tion lexicale spontanée en Afrique centrale par emprunt au
français. SELAF, 1979.
COULIBALY (B'>, Etude phonologique des emprunts du /"!andé (/1anding de
Houndé- Haute-Volta) Thèse de 3e cycle sous la direction de M. André
Martinet, EPHE, section IV, 1964.
COULIBALY (6.), "Pour une transcription des tons du Manding", Communi-
cation au XIe Congrès de la 5L.A.O Yaoundé, 1974.
COULI BALY (B.), Le jula véNculaire de Haute- Volta: PhOnologie, morphO-
logie- syntaxe et règles de transcription orthographique- vo 1.1, Il et
Ill, Thèse de Doctorat d'Etat, sous la direction de Mme le Prof. Denise
François, 1984.
CREISSELS (D.), Elriments de grammaire dé' la langué' t1andink~ publ ications
de l'Université des Langues et Lettres de Grenoble, 1983.
CREISSELS (D.), "L'étymologie des prédicatifs d'identification des parlers
Bambara et Jula: yé, d'O. d'O-10, t1andenkan, n" 1, Printemps 1981, pp. 3-
la.
CREISSELS (D.), "Les verbes statifs dans les parlers Manding" t1andenkan.
1
nOl 0, Automne 1985, pp. 1-32.
CREISSELS (D.) et SIDIA (J.), "La composition verbale en Mandinkan" dans
t1andé'nkan, n"2, Automne 1982, pp. 31-48.
CREISSELS Denis, SIDIA Jatta, KALIFA Jobarteh, "Lexique Mandinkan-
Français", t1andenkan, n"3, Printemps 1982.
D.A.F.S. (Direction de l'Alphabétisation Fonctionnelle et Sélective), Lexique
de Base Jula, 1979.

252
DELAFOSSE (M.), La langue mandingU& et ses dialectes (!1alinké- Bambara.,
Dioula~ Imprimerie Nationale et Librairie Paul Geuthner, Paris, tome
l, 1929; tome Il: Dictionnaire Mandingue-Français, Bibliothèque de
l'Ecole Nationale des Langues Orientales Vivantes, 1955, XXII.
DELPLANQUE (A), "Structure sémantique du vocabulaire dagara", dans
Cahiers de L.u. ro, Université de Ouagadougou, n·3, juin 1982, pp. 95-
114.
DELPLANQUE (A), "Néologie et polysémie: Vie table ronde des centres de
Linguistique AlJpliquée - AUPELF: Cotonou, mars 1984.
DELPLANQUE (A), Langue Dagara. Essai de Sémiologie Linguistiqu~ 4 par-
ties, Thèse de Doctorat d'Etat.
DELPLANQUE (A), "La poule et l'oeuf: problèmes posés par la prédication
nominale" in Revue Le françaismodeme, 1989,
DERIVE (M.J.), "Variations dialectales de certaines marques prédicatives
des parlers Manding Ivoiriens", dans t1andenka!7- n·1, 1981, pp. 59-78.
D.N.A.F.L.A.(Direction Nationale de l"Alphabétisation Fonctionnelle et de la
Linguistique Appliquée), Lexique Bambarâ- Ministère de l'Education
Nationale, Education de Base, 1968.
DUMESTRE (G.), ·Catégories grammaticales en dioula de Côte d'Ivoire, nom,
verbe, adjectif", Annales de IVniversité d'Abldja!7- série H(Linguis-
tique), IV, 1, 197/, pp. 51-59.
DUMESTRE
(G.),
"Syntagmes
complétif,
qualificatif
et
attributif
en
Bambara", Communication au Congrès d'Etudes t1anding, Londres, 1972.
DUMESTRE (G.), "Remarques à propos de l'usage des adverbes expressifs en
Bambara", dans Afrique et Langage, n· 17, 1er semestre 1982, pp. 5-
11.
DUMESTRE (G.), "Idéophones et adverbes expressifs en Bambara", dans
Afrique etLangage, n· 15, 1er semestre 1981, pp. 20-31.
DUMESTRE (G.), "Les constructions qualificatives en Bamabra" dans Bulletin
des études africanistes de IïNALCO- vol.lI, n·S, 1983, pp. 85-116.

253
1
DUME5TRE CG.). "La morphologie verbale en Bambara", dans l1andenkan, n·2,
Automne 198 1, ppp. 49-68.
DUMESTRE CG'), Dictionnaire Bambara-Français- fasc.\\, ab, 1981.
DUMESTRE CG'), Dictionnaire Bambara-Français- fasc. 2d, INALCO, 1983.
DUMESTRE CG.), "L'Argot Bambara: Une première Approche", dans l1andenkan..
n° 1a, Automne 1985, pp. 49-62.
DUMESTRE CG'), "Contribution à l'Etude des tons du Bambara", dans
l1andenkan.. n07, Printemps 1984, pp. 63-74.
DUMESTRE CG.), "Les syntagmes à formants permutables du Bambara",
ttandenkan, n° 11, Printemps 1986.
DUMESTRE CG.) et RETORD CG.), /<..'odi? cours de dloula., Abidjan, Université,
1974.
DIEPKILE (M.) et DOUGOURE (B.), La créativité lexicale en Bambara- mémoire
de fin d'études, Ecole Normale Supérieure de Bamako, année 1977-
1978.
FEDRY (J'>, "L'expérience du corps comme structure du langage. Essai sur la
langue Sar (Tchad)", article publié dans la revue L 'Homme- Paris, XVI
(1), janv.-fév. 1976, pp. 65-107.
GALTI ER CG'> et KANTE CS'), "Le vocabulaire grammatical en Bambara" dans
Communications aux journées d'étudesl1andin9- ERA 246, vo 1. 2, 1978,
pp. 75-94.
GANAY (P.), "Graphie Bambara des nombres·, dans Journal de la société des
alricanistes- tome XX, 1950, pp. 225-305.
GOUFFE (C.), "Redoublement et réduplication en haoussa:
formes
et
fonctions", Bull. Soc. Ling, 70, 1975, pp. 235-319.
GREENBERG CJ.H.), ·Classification des langues d'Afrique", dans Histoire
générale de IAfrique, Jeune Afrique/Stock/U.N.E.S.C.O., 1 méthodo-
logie et préhistoire africaine sous la direction de J. Ky-Zerbo, 1979,
pp. 289-338.
HOUIS (M.), "Réflexions sur l'énoncé en situation", dans Woret vol. 23, l, .
\\967, pp. 321-334.

254
HOUIS (M.l, "Les catégories de noms dérivés dans un parler rnanding", dans
La classifk--ation nominale dans les langues négro-africaines- C.N.R.S.,
Paris, 1967, pp. 99-1 16.
HOUIS (M'), "Problèmes de lexicographie en Bambara", dans Bulletin de la
Sociétd de Linguistique de Paris- Librairie C. Klincksieck, fasc. l, t.
65, 1970.
HOUIS (M.), "Documents lexicaux en Bambara", Afrique et Langage, Docu-
ments 1inguistiques, Lyon, 6 fasc., 1969.
HOUIS (M.), "La description des langues négra-africaines: la description
d'une langue", dans Afrique et Langag~ n° 1, 1er septembre
1974, pp.
11-20
HOUIS (M.l, "La description des langues négro-africianes: une problématique
grammaticale", dans Afrique etLangag~ n"2, 1974, pp. 5-59.
HOUIS
(MJ,
"Plan
de
description
systématique
des
langues
négro-
africaines", Afrique et Langage, n"7, 1977, p. 5-65.
HOUIS (M'), "Les schèmes d'énoncés en Bambara", dans !1andenkan, n° l,
Printemps 1981, pp. 17-24.
I.N.A.F.A., B.P. 1179, Wagadugu, NsiirinL.. nsiirin...
KEITA (A.), Analyse etlmo-sémantique des termes désignant la partie du
corps IJumain en Jula- Mémoire de D.E.A., année 1984-85.
KONE
(O.),
"La combinatoire
verbes-postpositions
en Bambara"
dans
!1andenkan, n"7, 1984, pp. 1-14.
KONE (0.), "Fondements syntaxico-sémantiques des verbes d'Acquisition et
de Transmission du Jula" dans !1andenkan, n° 'l, Printemps 1986, pp.
27-42.
KONE (O.,
Ü' verbe bambara-
essai sur les propriétés syntaxiques et
sémantiques- Thèse de 3e cycle, Grenoble, Octobre 1984.
LACROIX (P.F.), Expression du Temps dans quelques langues de l'Ouest
Afrlcail7- SELAF V, 29, 1972.
. MANE55Y (G.), "Nom et Verbe dans les langues mandé", Journal of African
Languages-S, 1965, pp. 113-120.

255
PROST (A.), "Des pluriels exclusifs et inclusifs "nous" dans les langues
Mandé", dans t1andenka~ n° 4, Autromne 1982, pp. 41-48.
ROULON (P.), Le verbe en (jbaya. Etude syntaxique et sémantique (République
Centrafricaine~ SELAF, 1975.
SPEARS (R.), '"A typology of locative structures in Manding Languages·,
Communication au Congrès d'Etudes t1andin9- Londres, 1972.
TERA (K.), Innovation lexicale in Bambara- Thèse de doctorat de 3e cycle,
1978.
TERA (K.), "Contribution à l'étude du futur en Bambara et en Jula TagbusÎ,
dans t1andenkan, n07, printemps 1984, pp. 27-44.
lAHAN (O.), La dialectique du verbe cIJez les Bambara- Mouton, Paris, 1963.

256
III. - NOMS, PRENOMS, SEXE. AGE ESTIMATIF ET
PROFESSION DE NOS INFORMATEURS PERMANENTS.
NOM ET PRENOMS
SEXE
AGE
PROFESSIONS
CAMARA NANTENIN
F
36
ménagère-griote
COULI BALy Mamadou
M
65
transporteur-Chef de
quartier
DIANE Sory
M
32
tailleur
DJENEPO Ibrahima
M
59
imam
FOFANA "Patron"
1'1
52
tailleur
KOUYATE Founey
F
50
ménagère-griote
KOUYATE Fousseyn i
M
75
griot
OUATTARA Mama
M
60
guérisseur
OUATTARA Moussocoura
F
38
commerçante
TOURE Sanata
F
40
ménagère
TRAORE Batogomra
F
60
ménagère
TRAORE Sita
F
28
ménagère
TRAORE Baba
M
33
tailleur

257
INDEX DES LEXEMES DONT LES DEFINITIONS ONT ETE
TRANSCRITES DANS CE TRAVAIL 1
p
Pages
Ipar~t8.1 "filer (coton)"
95
b
IbÉg~1 "l'animal"
48
Ibolok'èl "circoncire"
94
" ,..
, "
IbJbl ou IbJrJl "le sac"
66
Ibal "mourir", "terminer"
94
1'-
IbW "ne pas accepter", "refuser"
93
IbàbÙI "porter à cal ifourchon"
95
"-
Ibaumal "louanger", "louer"
94
/
1
ft
_
Ibaramal "la marmite en meta1
69
Ibàgê,j "l'amulette"
69
ID
IffiOb'ru sèP "la roue de voiture"
192
IffiJg:)1 "la personne"
48
f
L" Il
... /1.
Ifll~ jl1ï "le fondement de la calebasse:
193
w
" ~.!' ,
,
IWJS1Jl1 'la sueur'
58
t
ltÉ.til "la tique"
63
, ,.
Ibril "le crapaud"
73
1Le chiffre indique la page où le lexème se trouve défini.

258
d
"
,...
100.001 "1 a houe"
64
,lAÇ"
.
lwuEI "la creature
47
""1 -
tI
IcIajll "la salive"
56
n
In~gJn6g::>1 "arbuste à écorce visqueuse:
155
,
,...
Inumui "le forgeron" •
62
,. JI
Iny:r "le nez"
194
'.t:-
In!.!JlI "la morve"
57
s
, '"
lSÎSEI "la poule"
53
" /
ISlgal "douter de", "ne pas se fier à :
93
,
1-
lSE:~1 "l'épervier"
62
r r "
/suOOlal "Je soumbala"
68
'"" , ~
lSOgorul "le sexe masculin"
13
"
"
1 .'
ISama-mI; "la trompe de l'éléphant" :
194
,.".
1
"
A
Ilawal "Je sperme"
57
j
"édl 10
IJ~ el "la hache"
60
...
Ij~1 "ne pas atteindre son objectif:
93
IjÙ ~I "le postérieur"
193
Ij61ikJIJbl "la synovie"
58
Ij2J1 "le filet"
64

259
Tl
I]1Ejil "la larme"
57
I]1EgEnEI "l'urine"
58
1]1~~g~1 "nourriture à base de feuilles" :
68
l]1am~~ dei "Je bâtard"
72
1
.
y
lytrÎl "le végéta!", "l'arbre"
49
1
k
lkinil "le riz préparé"
68
Iku1el "Je nom d'une caste"
61
Iklrnal "la lèpre"
44
IkucukuClIl "se rincer la bouche"
159
Ikugol "la brousse"
66
Ik lok/lol "le dindon"
156
Ikolo/"le mortier"
66
Ikokol "secouer"
160
IkSn~ l "le ventre"
43
Ibg~1 "le sel"
74
g
19amal "l'aile de l'oiseau"
195
, ,
Igà1al "ne pas obtenir un acheteur ou un mari" :
92
J)
/
/
"
1f)lIDU1)linUI "murmurer
159

260
TABLE DES MA TIERES
Liste des abréviations
2
1NTRODUCT JON
4
1 - LES PHONEMES CONSONANTIQUES
16
2 - LES PHONEMES VOCALIQUES
17
3 - TRAITS SUPRA-SEGMENTAUX
19
CHAPITRE 1 - LES BASES NOMINALES ET LEUR 5EMANTI5ME
20
1 - RAPPEL MORPHO-SYNTp.:x 1QUE
21
2 - DETERMINATION DE LA BASE NOMINALE
24
2.1- Les quantificateurs
25
2.1.1 - IbÉEI 1 lSi/:
25
2.1.2 - Les numéraux
25
/
2. 1.3 - Icaarnal
26
2.2- Les dicta-nominaux
26
2.2.1 - IdSI
26
/
/
2.2.2 - IWErEI
27
/
"
2.2.3 - IYErEI
27
2.2.4 - Ifânal
28
.
.
"li
.,
/
2.3- Les lnterrogatlfs IJO 1 et IJumEI
28
2.4- Le spécificateur Im)1
29
2.5- Le démonstratif Inti
29
2.6- La détermination par /01
_~
2.7- L d't
.
t'
1
d'
t'f
a e ermlna 10n par es a Jec 1 s
,..~·\\l·~3'r~
r-·~e/>
3 - ELABORATION DE NOUVEAUX SIGNIFIANTS
-::,~~'? ~.:.6',t;, 31 lo/-:.~~
.
,
.
'"
/ .
(,},..,.
.,.
3.1- Le marquage lexlcal sexuel non-sexue
~
:-::'
.'·i
3i
:-
3.1.1 - Marquage lexical du sexe féminin
5
~~"'J
32'
?
'9
3.1.2 - Marquage lexical du sexe masculin
~
"
3'r
ji ,"J.
\\..;'"
/~
~<
3.1.3 - Les cas où le parallélisme formel lm
'"
ICEI 0"
se brise
"'!.(Jf
3.2- Les bases nominales simples
~-. ....;...",~
3.2.1 - La marque du nombre
36
3.2.2 - Les dérivatifs nominaux
36
3.2.2.1- Le dérivatif I-yal
36
3.2.2.2- Les dérivatifs I-nll et I-bal
36

261
3.2.2.3- Le dérivatif I-ta/"...................................
37
3.2.2.4- Le dérivatif 1- "
tJI
37
3.2.2.5- Le dérivatif I-kal
38
3.2.2.6- Les dérivatifs I-bagal et lIai
38
3.2.2.7- Le dérivatif I-bfufl
38
3.2.2.8- Le dérivatif I-lâl
38
3.2.2.9- Le dérivatif Ilél
39
3.2.2.10.- Le dérivatif 1111
39
3.2.2.11- Le dérivat if Ital.........................................
39
3.3- Les bases nominales complexes
39
3.3.1- Les syntagmes complétifs
40
3.3.2- Les composés
41
4 - LE CONTENU SEMANTIQUE DES BASES NOMI~IALES
42
4. 1- Au niveau du sémème
47
4.1.1- Les hyperonymes des bases nominales
47
4.1.1.1- La définition de IdatÉI "la créature"
47
4.1.11.1- La définition de IffiJgJI
48
4.1.1.12- La définition de IbÉgEI
48
4.1.1.1.3- La définition de Iyfrîl
49
4.1.2- Les "propriétés" du sémème
51
4.1.2.1- Chez les humains
51
4.1.2.2- Chez les animaux
52
4.2.2.3- Chez les végétaux
55
4.2- Au niveau du praxème
56
4.2.1- Les valeurs transitaire, item, locatif
56
4.2.2- L"'actual isation" des valeurs du praxème
61
4.2.2.1- L'actualisation du transitaire
61
4.2.2.2- L'actualisation du locatif
65
4.2.2.3- L'actualisation de l'item
67
5 - CONTENU PRAGMATIQUE DES BASES NOMINALES
70
5.1- Les injures verbales
70
5.2- Les euphémismes
73
CHAPITRE \\1 - LES BASES VERBALES ET LEUR SEMANTISME
77
1- RAPPEL MORPHO-SYNTAXIQUE
78
2- L'ELABORATION DE NOUVELLES BASES VERBALES
80
2.1- La dérivation verbale
82
2.1.1- Les dérivat ifs verbaux préfixés
82
2.1.2- Les dérivatifs verbaux suffixés
84
2.1.3- La reduplication
85
2.1.4- Le problème du schème tonal.....................................
85
2.2- La composition verbale
86

262
1
1,
3- LA TRANSITIVITE
87
3.1- Les bases verbales transitives
87
3.2- Les bases verbales intransitives
88
3.3- Valences sémio-syntaxiques des bases verbales
89
4- LE CONTENU SEMANT lOUE DES BASES VERBALES
92
5- LE CONTENU PRAGMATIQUE DES BASES VERBALES
97
5.1- Le domaine de la sexualité
98
5.1.1- L'expression de la circoncision
98
5.1.2- L'expression du coït
98
5.1.3- L'expression de la menstruation et de la fécondité 98
5.1.3.1- L'expression de la menstruation
99
5.1.3.2- L'expression de la fécondité
100
5.2- Le domaine de la mort
..
5.3- Le domaine des divers
..
CHAPITRE III - LE SEMANTISME DES PREPOSITIONS ET
DES POSTPOTISIONS
103
1- LE SEMANTISME DES PREPOSITIONS
104
2- LE SEMANTIS~1E DES POSTPOSITIONS
105
2.1- Les postpositions dites pures
106
/
2.1.1- Des exemples avec lIai
107
2.1.2- Des exemples avec IfÈI
107
/
2.1.3- Des exemples avec Iyel
108
2.1.4- Des exemples avec Ikal
108
,
2.1.5- Des exemp les avec Imal
108
2.2- Les noms fonctionnaI isés
109
2.2.1- Des exemples avec IkùI nom fonctionnalisé
110
/
2.2.2- Des exemples avec IJ1E1 nom fonctionnalisé....
110
2.2.3- Des exemples avec Ik:'1 nom fonctionnalisé .....
110
2.2.4- Des exemples avec Ib010I nom fonctionnalisé
110
/ /
.
2.2.5- Des exemp 1es avec k
1 ;)n;)1 nom f onct i onna 1i se
11 1
2.2.6- Des exemples avec ICÉI nom fonctionnalisé
111
2.2.7- Des exemples avec Ik:'r:'1 nom fonctionnalisé
112
2.3- Analyse du contenu sémantique des postpositions
119
2.3.1- Valeurs abstraites des postpositions
119
2.3.1.1- Le locatif
119
2.3.1.2- Le catégorème (K)
120
2.3.1.3- Le transi taire (t)
121
2.3.1.4- L'item (i)
122

263
2.3.2- Le contenu sémantique des postpositions
124
2.3.2.1- La postposition 11~l!
124
2.3.2.2- La postposition IfÈI
126
2.3.2.3- La postposition Iyél
127
/
2.3.2.4- La "postposition" IkW
131
,
2.3.2.5- La postposition Imal
131
2.3.2.6- Le nom fonctionnalisé Ik'ttl
132
2.3.2.7- Les noms fonctionnalisés lJîtl et Ik61 132
2.3.2.8- Le nom fonctionnalisé 100101
133
2.3.2.9- Le fonctionnalisé Ik6n61
133
2.3.2.10- Le nom fonctionna1 isé lcÉl
133
2.3.2.11- Le nom fonctionnalisé IkSrSI
134
2.3.2.12- Les postpositions Ikamàl et Ik6s~ 136
2.3.3- Au niveau pragmatique
136
2.4- Postpositions et polysémie
138
2.5- A propos de l'origine sémantique des postpositions
141
CHAPITRE IV - LE SEMANTISME DES ONOMATOPEES ET DES
1DEOPHONES
146
1- ETUDES DES LEXEI'1ES NOMINAUX MOTIVES
149
1.1- L'étude morpho-syntaxique
149
1.2- L'étude du contenu sémantique des nominaux motivés ..
152
1.2.1- Les différentes désignations par les bases
nominales motivées
152
1.2.1.1- La désignation des humains
152
1.2.1.2- La désignation des animaux
153
1.2.1.2.1- Les zoonymes unitaires
onomatopéïques
153
1.2.1.2.2- Les zoonymes parallèles
onomatopéïques
153
1.2.1.3- La désignation des végétaux
155
1.2.1.4- La désignation des objets et des choses 155
1.2.2- La règle de désignation par les bases nominales
motivées
156
2- ETUDE DES LEXEMES VERBAUX MOTI VES
157
2.1- L'étude-morpho syntaxique
157
2.2- L'étude du contenu sémantique
158
3- ETUDE DES LEXEMES "ADVERBIAUX" ET "ADJECTIVAUX" MOTIVES 160
3.1- L'étude morpho-syntaxique
160
3.2- Le contenu sémantique des lexèmes "adverbiaux et
"adjectivaux"
162
3.2.1- La catégorie référentielle "conditionnelle"
163

264
3.2.1.1- Le syntagme nominal comme condition
référentielle
163
3.2.1.2- Le syntagme verbal comme condition
référentielle
165
3.2.1.3- La phrase comme condition référentielle 165
4- LE 5EMANTISME DE LA STRUCTURE REPETITIVE
168
4.1- La répétition nominale
169
4.1.1- Sur le plan morpho-syntaxique
169
4.1.1.1- La répétition nominale de type
CV + CV avec *CV
'69
4. 1.1.2- La répétition nominale à valeur
synaptique ou syntagmatique
170
4.1.2- Sur le plan sémantique
172
4.2- La répétition verbale
173
4.2.1- Sur le plan morpho-syntaxique
173
4.2.1.1- La répétition du type CV + CV avec * CV 173
4.2.1.2- La répétition verbale à valeur
synaptique ou syntagmatique
174
4.2.2- Sur le plan sémantique
175
4.2.2.1- Le sémantisme de la répétition ver-
yale du type CV + CV avec * CV
175
4.2.2.2- Le sémantisme de la répétition ver-
bale à valeur synaptique ou syn-
tagmatique
177
4.3- La répétition adverbiale et adjectivale
178
4.3.1- La répétition adverbiale
178
4.3.1.1- Sur le plan morpho-syntaxique
178
4.3.1.2- Sur le plan sémantique
179
4.3.2- La répétition adjectivale
180
4.3.2.1- Sur le plan morpho-syntaxique
180
4.3.2.2- Sur le plan sémantique
181
CHAPITRE V - TRAITEMENT DE LA POLYSEMIE LEXICALE
182
1- POUVOIR EXPLICATIF DE L'ANALYSE COMPONENTIELLE OU
SEMIQUE
f 85
2- LE POUVOIR EXPLICATIF DE L'HYPOTHESE: LEmT =RfLATlON
ABSTRAITE...............................................................................................
191
2.1- Le mot: relation abstraite entre le sémème et le
praxème
192
2.1.1- Adjonction du sémème ou "sèmémisation"
192
2.1.2- Adjonction du praxème ou ·praxémisation·........
193
2.2- "Polyvalence" ou transfert
195
3- LA PRISE EN COMPTE DE L'HOMONYMIE
198

265
3.1- Le critère "étymologique"
198
3.1.1- Le recours à la dérivation
199
3.1.2- Le recours à la composition
199
3.2- Le critère de l'emprunt
20 l
CONCLUSION
205
ANNEXE N- 1
211
ANNEXE N- 2
219
ANNEXE N- 3
221
ANNEXE N- 4
241
BIBLIOGRAPHIE
242
INDEX
257
TABLE DES MATIERES
260