1
1
UNIVERSITE DE CLERMONT 1
UN!TE D' ENSEIGNEM ENT ET DE RECHERCHE D'ODONTOLOGIE
1
,
,
ANNEE1982
THÈSE N
1
,
1
THESE
POUR LE DIPLÔME
D'ETAT
1
DE DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE de CÔTE D'IVOIRE
1
pn!sE:ntee et soutenue publiquement le vendredi 26 Mars 1982
1
p a r . fi0
0\\~fK;=~;;;"',~;,,\\
/§:~"'/\\
,f..
l,
BITTY
Mar ie - Josèphe
i
C'
,
"
"1~
1
1
ETUDE DE QUELQUES PLA~TES
IUTILISEES COMME BÂTONNET FROTTE-DENT
EN CÔTE D'IVOIRE
JURY:
President:
Madame
ROUSSENQUE, Professeur
Assesseurs:
Monsieur
DELOU P,
Professeur
Monsieur
POURRAT, Professeur
Monsieur
LARPENT, Professeur

---

UNIVERSITE DE CLERMONT l
FACULTE DE CHIRURGIE DENTAIRE
63005 CLERMONT-FERRAND Cédex
Président de l'Université de CLERMONT l
Monsieur JOYON
Vice-Présidents
Monsieur CLUZEL
Monsieur ROUHETTE
Madame BOISSONNADE
Secrétaire général: Monsieur ORTOLI
DOYEN DE LA FACULTE DE CHIRURGIE DENTAIRE : Monsieur le Professeur BOREL
Assesseurs
Monsieur le Professeur CLAVEL
Monsieur le Professeur DEGUILLAUME
LISTE DES PROFESSEURS
Professeurs des Universités-odontologistes
Monsieur WODA - Odontologie conservatrice
1er Grade
Monsieur BACHELERIE - Biologie et Matières Fondamentales
Madame BIEHLER
- Orthopédie dento-faciale
Monsieur BOREL
- Prothèse
Madame ROUSSENQUE
- Pathologie et Thérapeutique dentaires
2ème Grade
Monsieur BOURDEAu
Odontologie conservatrice
Monsieur CHAMARD
- Pathologie et Thérapeutique dentaires
Madame CHOUVET
- Orthopédie dento-faciale
Monsieur CLAVEL
- Odontologie conservatrice
Monsieur DEGUILLAUME - Parodontologie
Monsieur DELOUP
- Pédodontie Prévention
Monsieur LAVERGNE
- Biologie et Matières Fondamentales
Monsieur GISCLARD
Doyen honoraire de la Faculté
Monsieur PRADELLE
- Professeur honoraire
Monsieur ROUEL
- Professeur honoraire

---

A mes parents
A mes amis,
A tous les m~ens.

---

A Madame le Professeur ROUSSENQUE
Professeur de 1er grade de Pathologie et Thérapeutique
dentaires
Chef de Service de consultations et de traitements dentaires
Médecin Stomatologiste
Docteur en Sciences Odontologiques
qui nous a fait l'honneur d'accepter la présidence du
jury de cette thèse.
Nous
la
prions de trouver ~c~ l'expression de nos
respectueux remerciements.

---

A Monsieur le Professeur
DELOUP
Professeur de 2e grade de Pédodontie-Prévention
Docteur en Sciences Odontologiques
pour nous avoir suivi et dirigé dans la réalisation
de ce travail. Le soutien permanent apporté nous a
vivement encouragé à mener à bien notre tâche, et
à poursuivre nos efforts.
Qu'il nous soit permis de lui
témoigner ~c~ notre
profonde gratitude.

---

A Monsieur le Professeur POURRAT
Professeur de Matière Médicale et Chimie des
fermentations à la Faculté de Pharmacie de
Clermont-Ferrand
qui nous a fait l'honneur de nous éclairer tout au long
de ce travai l.
Nous
le
prions d'accepter nos respecteux et sincères
remerciements.

---

A Monsieur le Professeur LARPENT
Professeur de Microbiologie à la Faculté de
Sciences de Clermont-Ferrand
qui n'a cessé de nous encourager à poursuivre ce
travail, nous le prions d'accepter nos remerciements
pour avoir bien voulu juger notre thèse.

---

Nous tenons à remercier également
Monsieur AKÈ ASSI,
Directeur du Centre National de floristique de
Côte d'Ivoire, pour nous avoir permis de recon-
naître les différentes plantes.
Les guérisseurs que nous avons pu rencontrer.
Toutes les personnes qui de loin ou de près nous
ont permis d'effectuer ce travail.
Qu'ils trouvent ~c~ l'expression de notre profonde
gratitude.

---

ETUDE DE QUELQUES PLANTES UTILISEES COMME
BÂTONNET FROTTE-DENT EN CÔTE D' IVOI RE

---

SOMMAIRE
PAGES
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE
GÉNÉRALITÉS
3
CHAPITRE
1:
LA CÔTE D'IVOIRE
4
1. LE CLIMAT
4
2. LES SOLS
5
3. LA VEGETATION
6
4. LA POPULATION
6
5. LA SITUATION SANITAIRE
9
CHAPITRE II : LES THÉRAPEUTIQUES TRADITIONNELLES
AFRICAINES
12
1. GENERALITES SUR LES THERAPEUTIQUES
TRADITIONNELLES AFRICAINES
12
2. LES THERAPEUTIQUES TRADITIONNELLES
ODONTOSTOMATOLOGIQUES
13
DEUXIÈME
PARTIE:
ETUDE DES BÂTONNETS FROTTE-DENTS
CHAPITRE
1 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE
DU BÂTONN~~~~R.OTTE-DENT
16
1. DEFINITION
16
o '
2. ORIGINE
,"
, ,
_.....
16
,-
J; K
3. MOTIVATIONS
./ _',:~.J
20
. ''1
-
4. DESCRIPTION
>. .
.,
20
;;:
5. ACTIONS
"' .:.....c."""_......;'
22
6. AVANTAGES ET INCONVENIENTS
23

---

PAGES
CHAP iTRE
II
ÉTUDE DE QUELQUES PLANTES UTILISÉES
26
COMME BÂTONNET FROTTE-DENT EN
CÔTE DI IVOIRE
1. Famille des Anacardiacées
27
- Mangiféra indica
27
2. Famille des Caesalpinacées'
30
- Daniella oliveri
30
3. Famille des Caricacées
31
- Carica papaya
31
4. Famille des Combrétacées
34
- Terminalia glaucescens
34
5. Famille des Composés
36
- Vernonia colora ta
36
6. Famille des Ebenacées
38
- Diospyros mespiliformis
38
- Diospyros soubréana
40
7. Famille des Euphorbiacées
40
- Microdesmis puberula
40
- Erythrococca anomala
43
- Phyllantus muellerianus
45
- Mallotus oppositofolius
46
- Bridelia ferruginéa
47
8. Famille des Guttifères
50
- ,Garcinia afzelii
50
9. Famille des Loganiacées
50
- Strychnos splendens
50
10. Famille des Méliacées
51
- Azadirachta indica
51
Il. Famille des Ménispermacées
55
- Triclisia patens
55
12. Famille des Moracées
56
- Ficus aspérifolia
56

---

PAGES
13. Fami lle des Ochnacées
57
- Lophira lancéolata
57
14. Famille des Polygalacées
60
- Carpolobia lutéa
60
15. Famille des Rosacées
62
- Parinari curatellifolia
62
16. Famille des Rubiacées
64
- Gardenia aqualla
64
- Naucléa latifolia
65
17. Famille des Rutacées
68
- Fagara zanthoxyloides
68
- Técléa verdoorniana
70
18. Famille des Sapindacées
71
- Paullinia pinnata
71
- Lecaniodiscus cupanoides
74
CONCLUSION
75
BI BU OGRAPH 1E
82
••

---

l NT R0 DUC T ION
En se promenant dans les quartiers des villes africaines,
dans les marchés, en rendant visite à des familles, les étrangers, en
particulier les non africains, remarquent souvent, avec l'oeil du touriste,
un bâtonnet au coin des lèvres des autochtones.
c'est un
"cure-dent", dit-on.
Ce bâtonnet n'est autre chose qu'une tige appelée à tort cure-
dent, car une fois mâchée, elle sert à
frotter les dents pour les nettoyer.
Ce bâtonnet frotte-dent
(Kerharo)
est l'instrument majeur de
l'hygiène dentaire de l'africain qui a la réputation d'avoir de belles
dents.
Plusieurs auteurs se sont intéressés à cet objet, à sa descrip-
tion, à ses effets, en particulier mécaniques, sur les dents des afri-
cains.
Cet objet,aujourd'hui usuel en Afrique,est issu de différentes
plantes sélectionnées depuis plusieurs centaines d'années.
Notre
travail consistera à montrer que leur choix, guidé par
le hasard mais aussi par l'instinct, est scientifiquement confirmé par les
propriétés biologiques et chimiques de ces plantes, mais aussi pour cer-
taines d'entre elles, par leurs actions pharmacologiques.
Notre enquête menée
dans différentes régions de la Côte d'Ivoire,
a permis de répertorier différentes plantes utilisées comme bâtonnet frotte-
dent.
A partir des noms ethniques, nous avons essayé de retrouver
leurs appellations scientifiques, et de les classer par familles afin de
les étudier. L'enquête, ainsi que des études effectuées par
AKKE
ASSI,
KERHARO , BOUQUET, ADAM, DEBRAY, GRAPPIN, nous ont permis de connaî-
tre les indications, le mode d'utilisation de ces plantes aussi bien en
odontologie que dans d'autres domaines médicaux.

---

2
Notre étude essa~era de mettre en évidence la nature chimique,
les principes actifs et les actions pharmacologiques de ces végétaux.
Avant de les présenter, nous avons jugé utile de situer la Côte
d'Ivoire afin de montrer le contexte géographique dans lequel se développent
ces plantes utilisées comme bâtonnet frotte-dent .
Après avoir présenté les thérapeutiques traditionnelles africai-
nes et surtout celles concernant l'odontologie, nous étudierons, dans une
deuxième partie, le bâtonnet frotte-dent, objet usuel de l'africain. Le
dernier chapitre sera consacré à l'étude des différentes plantes recueillies.

---

3
PREMIERE PARTIE
GENERALITES
Deux points essentiels y seront abordés. Ils seront traités
en deux chapitres :
Le premier présentera la Côte d'Ivoire
Quant au second chapitre, il sera consacré aux thérapeutiques
traditionnelles africaines.

---

4
CHAPITRE
1
LA
CÔTE n'IVOIRE
Nous tenterons de résumer dans ce chapitre, la géographie
de la Côte d'Ivoire, ainsi que sa situation sanitaire odontologique.
Ce pays de 322 000 km2 s'inscrit à peu près dans un carré de
600 kilomètres de côté. Bordé au sud par le Golfe de Guinée, il est situé
en zone intertropicale, entre le 5ème et le \\Oème parallèle de latitude
Nord. De climat chaud, il a l'avantage d'être en zône de savane et en zône
de forêt.
Comme d'autres pays d'Afrique Occidentale, la Côte d'Ivoire a
un relief monotone.
Nous pourrons y distinguer trois formes
- les plaines au sud du pays
- les plateaux qui prolongent la plaine vers le nord.
Ils sont étagés et atteignent une altitude maximum de 400 mètres.
- les massifs montagneux: localisés à l'ouest, ils font
partie d'un ensemble appelé la dorsale guinéenne. Le plus haut sommet
est celui du Mont Nimba
: 1 750 m.
Des collines isolées, vers le centre, forment une chaîne': La
Chaîne Baoulé, ainsi que des buttes visibles dans le Nord et le Centre.
1. LE CLIMAT
De par sa situation en latitude, la Côte d'Ivoire est un pays
chaud. Les moyennes journalières, sur l'ensemble de l'année varient entre
25 et 27 0
La proximité de l'équateur empêche les très fortes chaleurs
observées en zone tropicale, et son relief modéré ne fait pas obstacle
aux influences
maritimes et continentales.
Quatre
grands types de climat sont distingués
- Le climat attiéen
ou
éburnéen
C'est un climat équatorial de transition. Il est localisé à la

---

5
zone forestière.
Quatre saisons le caractérisent
De décembre à mars - avril : grande sa~son sèche
De mars-avril à juillet : grande saison des pluies
En août-septembre : petite saison sèche
En octobre - novembre : petite saison des pluies
- Le climat baouléen :
Localisé au centre de la Côte d'Ivoire, il est de type équa-
rorial de transition à affinités tropicales. Le mois de septembre est le
plus arrosé.
La saison sèche dure 4 à 5 mois, et l'harmattan, vent desséchant,
souffle de décembre à février.
- Le climat soudano guinéen
Il règne sur le nord et le nord ouest où il est divisé en deux
saisons
. la saison des pluies est longue
d'avril
à
octobre,
d'où le nom d'hivernage,
• le reste de l'année correspond à la sa~son sèche,
avec l'harmattan.
- Le climat de montagne s'observe à l'ouest, dans la région de Man.
Septem-
bre est le mois le plus
arrosé. La saison sèche est courte, trois mois,
mais bien marquée.
2.
LES SOLS :
Les sols de Côte d'Ivoire sont assez pauvres. La chaleur et
les pluies abondantes
lessivent les sols et entraînent en profondeur les
éléments fertilisants. Ce phénomène est moindre en forêt.
Nous distinguerons deux grands types de sol :
- les sols ferrallitiques au Sud, sont argileux,
- les sols ferrugineux au Nord, constituent des carapaces.
Dans les bas fonds et les vallées, on trouve des sols noirs
qui sont très fertiles.

---

6
Des sols et des différents climats, découle une végétation
diversifiée, ayant des caractéristiques non identiques à celles des pays
tropicaux d'Afrique
tels que le Sénégal.
3. LA VEGETATION
Le pays est partagé en deux grands types de végétation
La forêt dense au Sud
La Savane qui se divise en deux parties mal délimitées
La savane arborée et la forêt galerie:
ce sont des
vastes étendues parsemées d'arbres.
La forêt peut réapparaître le long des fleuves ou à des
endroits humides.
Elles correspondent au climat baouléen.
La savane herbeuse et la forêt claire
elles sont cons-
tituées de petits arbres et surtout d'herbes et correspondent
au climat soudano guinéen.
4. LA POPULATION
La mise en place du peuple ivoirien n'est pas très bien connue
car son histoire a été contée de générations en générations par les an-
ciens et les griots. Cette tradition orale nous permet cependant de dire
que le peuple actuel s'est constitué par plusieurs migrations, jusqu'au
XIIIe siècle.
Plusieurs groupes ethniques se sont ainsi constitués. Ils se-
raient une soixantaine.
Actuellement, la population comprend environ 7,5 millions
d'habitants et compte beaucoup d'étrangers venus des pays africains V01-
sins, et d'Europe.
Bien que la tendance soit de se regrouper dans les aggloméra-
tions cosmopolites, à Abidjan en particulier,
cette population, d'ori-
gines diverses, a pour la plupart, conservé ses coocumes ancestrales et
ses croyances.

---

7
LA
VÉGÉTATION
DE LA CÔTE D'IvOIRE
LES PRINCIPAUX COURS D'EAU
GOLFE
DE
GUINÉEE
~ Savane herbeuse , forêt claire
't- Barage
[[[il Savane arborée,
forêt galerie
c==J Forêt dense

---

8
LA MISE EN PLACE DU PEUPLEMENT ET
DES PRINCIPAUX GROUPES ETHNIQUES
DE CCTE D'IvOIRE
HAUTE
VOLTA
GUINËE
GHANA
IBÉRIA
GOLFE DE GUINÉE
( 1)
Groupe Mandé
(5)
Groupe Malinké
(2)
Groupe voltaïque anc~en
(6)
Groupe Akan
(3)
Groupe voltaïque récent
(7)
Groupe Lagunaire
(4)
Groupe Krou
. . . . . Migration des peuples

---

9
c'est dans cette population, aux origines et religions diverses
qu'évoluent les tradipraticiens avec leurs différentes thérapeutiques,
aux côtés des médecins modernes.
5. LA SITUATION SANITAIRE
En 1960, lorsque la Côte d'Ivoire acquit son indépendance,
l'économie était fragile et Qe type colonial, basée
essentiellement sur
i' exportation des produits agricoles et du bois.
Depuis 1960, le pays essaie d'obtenir son indépendance écono-
mique. L'industrie se développe et Abidjan, la capitale, monopolise
la plupart des créations industrielles. L'agriculture reste cependant
le secteur le plus important de l'économie. Elle occupe les 4/5e de la
population
active. Le gouvernement s'efforce d'intégrer ce monde rural
agricole dans le circuit économique moderne afin de fixer les jeunes
dans les provinces.
Il crée des activités complémentaires de l'indus-
trie telles que l'artisanat et le commerce.
Malgré cela, les différences entre les grandes villes et les
campagnes se font sentir aussi bien économiquement que socialement. Les
infrastructures sanitaires demeurent insuffisantes par rapport. aux besoins
de la population. Gratuits, les établissements publics, bien qu'insuf-
fisants, sont plus nombreux que les hôpitaux privés.
Le monde rural dont le pouvoir d'achat n'est guère élevé, consti-
tue 68 % de la population totale,
mais dispose de très peu de centres
de santé. Les malades ont tendance à aller chez les guérisseurs plutôt
qu'à l'hôpital, souvent éloigné. Les remèdes prescrits par les tradipra-
ticiens sont à base de plantes ou d'autres produits naturels.
La situation est la même concernant les thérapeutiques odonto-
stomatologiques. Les praticiens diplômés sont peu nombreux. Des données
statistiques publiées en 1980 par le ministère de la santé publique nous
montrent qu'ils sont au nombre total de 55 :

---

10
N'EXERCANT PAS en CABI-
CHIRURGIENS-
EXERCANT en CABINET
NET mais dans un
TOTAL
DENTISTES
ETABLISSEMENT
PUBLIC
"
"
.
"
-------------- ------------------------- ------------------------- ---------
à ABIDJAN
7
à ABIDJAN
8
IVOIRIENS " - - - - - - - -
8
13
21
à L'INTERIEUR
à L'INTERIEUR
7
NON
à ABIDJAN
Il
à ABIDJAN
10
Il
23
IVOIRIENS:
34
à L'INTERIEUR 0
à L'INTERIEUR 13
Ce nombre restreint de praticiens diplômés, laisse une grande
place aux tradipraticiens confirmés mais aussi aux charlatans qui se mul-
tiplient.
Néanmoins, il serait intéressant de retenir certains remèdes
reconnus unanimement par tous, comme étant efficaces contre les affec-
tions odonto-stomatologiques.

---

1 1
LA CÔTE D'IvOIRE:
. SES PRINCIPALES VILLES
. SES GRANDES RÉGIONS
HAUTE - VOLTA
v<lA
.
NORD
,
1<:c.'"'''<\\0 "'j
\\,)
•
bi'U,",Ot 1\\\\...;
•
Kofl.h"j ()
GUINËE
•"
•
,
,
.,.~ - ,
,
,
llf\\~l'\\""RLR
•
,
\\
• ..,
,
\\(' Cl •
\\:"',, \\ "
• EST
1
.'
\\ ,. -"'" ,.
• aO\\.\\~i'i~I,
-,
....
, '
,,
t\\RN
,
GHANA
Ofl ",p Nt
•
,~ CENTRE
• \\ ~fll-<:)~ ,
•
1
,
YflnO\\.llo"'''LlIt' fl"
1
,
1
. . . ., _
OUEST
1 CENTRE
,
~
,
,-
~(,.N"fl
•
1
-_4Il' ' .... ., <II'"",
LIBÉRIA
• OUEST,.'
___
.
•
DI"".
\\
~
' " .
-n.....s...t~
~i?:>i~
~ f\\~s.f' II/DIlI!
püIlO
'S.,plV-
GOLFE DE GU l NÉE

---

1 2
CHAPITRE
11
LES THÉRAPEUTIQUES TRADITIONNELLES
AFRICAINES
1. GENERALITES SUR LES THERAPEUTIQUES TRADITIONNELLES
AFRICAINES.
Les plantes qui feront l'objet de notre étude dans les chapi-
tres qui suivront sont utilisées, depuis des centaines d'années, mécani-
quement en bâtonnet frotte-dent pour l'hygiène bucco-dentaire, mais aussi
sous d'autres formes, dans un but thérapeutique.
Il importe de situer le contexte socio-culturel dans lequel
elles sont employées.
La médecine traditionnelle est envisagée sous deux aspects :
l'aspect magico-religieux et l'aspect
à prédominance plus rationnelle.
L'art médical est né de l'inquiétude de l'homme devant la
maladie et la mort. Les pratiques médicales sont liées à la religion de
l'individu, à ses croyances, à sa conception de la vie, de la mort, de
la maladie, de l'empoisonnement, de l'envoûtement. L'art médical est ré-
servé à des personnes douées de pouvoirs mystiques, mais connaissant aussi
par leu~ancêtres et leur expérience personnelle, l'usage des plantes. Ils
sont appelés guérisseurs, féticheurs, devins, marabouts, mais aussi char-
latans quand leurs actions ne sont pas convaincantes.
Leurs diagnostics, leurs choix, les préparations et l'adminis-
tration des drogues, sont guidés à la fois par la richesse des croyances,
et par les connaissances pratiques du tradipraticien de son malade, de
sa maladie.
Le guérisseur jouit d'une confiance totale de son malade et
bien qu'il ait quelquefois des échecs, il obtient très souvent des résul-
tats surprenants pour ceux qui ne connaissent que la médecine moderne.
Les végétaux sont les éléments essentiels des remèdes utilisés
de manière empirique, selon des règles coutumières.
D'une manière générale, les extraits actifs des plantes sont
obtenus par trituration, macération, décoction, digestion,torréfaction,

---

13
carbonisation, ou dissolution.
Les médicaments sont absorbés sous forme de tisanes, de pou-
dres, d'émulsions, de lotions, de pommades, d'électuaires.
La posologie est à l'appréciation du tradipraticien en fonction
de la gravité de la maladie, et de la toxicité du produit.
Les voies d'administration sont
. soit externes: bains, bains de vapeur, lavages, instil-
lations nasales ou occulaires, inhalations, fumigations, onctions, fric-
tions, applications sur le derme mis à nu ;
• soit internes:
lavages ou ingestion du produit.
Les guérisseurs ne font pratiquement pas d'actes chirurgicaux
à l'exception des actes rituels tels que les scarifications.
2.
LES THERAPEUTIQUES TRADITIONNELLES
ODONTOSTOMATOLOGIQUES
Deux types de thérapeutiques seront abordées :
- la chirurgie
- les thérapeutiques médicales.
- La CHIRURGIE :
Certains guérisseurs pratiquent des extractions dentaires.
Ils font aussi des freinectomies linguales et des luettectomies.
Ils drainent les abcès quand la collection purulente a évolué
superficiellement vers la peau.
- Les THERAPEUTIQUES MEDICALES:
En Afrique, les traitements sont plus symptomatiques qu'étio-
logiques. Les lésions souvent d'origines différentes sont traitées de la
même façon.
Néanmoins certains désordres tels que les troubles hémostati-
ques et post-opératoires sont traités de manière spécifique.
En odontostomatologie africaine traditionnelle, la décoction
des plantes est la forme la plus
utilisée. Nous noterons que l'emploi
de l'infusion est inexistant.

---

i
14
1
1
Le décocté est utilisé en bain de bouche ou en gargarisme
dans le cas d'affections buccodentaires. Contre les abcès, les fistules,
1
les plaies, la forme émulsion, ou le liniment, sont souvent présents.
Certaines plantes sont utilisées fraîches, peut-être parce que
1
les anciens avaient remarqué que la chaleur détruisait des principes actifs,
efficaces contre certaines maladies. L'emploi se fait après macération,
r
trituration
ou simplement, en masticatoire, en bâtonnet frotte-dent.
Les produits sont en contact direct avec les lésions sur les-
1
quelles ils exercent une action chimique et quelquefois mécanique, tel
est le cas du bâtonnet frotte-dent.

---

15
.
DEUX lEME PARTI E
ETUDE DES BATONNETS FROTTE-DENTS

---

16
CHAP ITRE
1
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU BÂTONNET
FROTTE-DENT
Ce chapitre réservé à la présentation du bâtonnet frotte-dent
permettra de le définir, de le décrire, d'en connaître l'origine, les
motivations et le mode d'emploi.
Son action se situe à deux niveaux
- une action mécanique
- une action chimique.
Le but de cette étude sera de présenter les avantages et les
inconvéniens de l'utilisation de cet objet.
1.
DEFINITION
Ce terme de
"frotte-dent" n'est employé que depuis quelques
années. Il a été utilisé en 1969 par les Professeurs KERHARO et GRAPPIN,
en remplacement de
"cure-dent", employé par les africains francophones.
Ce terme a été bien choisi car c'est une tige ou une rac~ne de plante,
qui sert, en milieu
africain, à se frotter les dents.
C'est la brosse à dent traditionnelle africaine.
2.
ORIGINE
L'histoire du bâtonnet frotte-dent, ainsi que celle de la brosse
à dent est aussi vieille que celle de la médecine traditionnelle africaine.
Son histoire remonte aux temps où l'homme cherchait à remédier à ses dou-
leurs dentaires
ou buccales.
Déjà, vers l'an 1 600 avant J.C.
, on nous révélait l'usage
de bâtonnets à mâcher chez les chinois.

---

17
Chez l'Africain, nous pensons que cet usage ancestral a deux
origines
l'origine arabe, islamique: cette pratique, dans un souc~
de purification, fait partie des prescriptions hygiéniques du Coran, avant
tout acte religieux. Le bâtonnet frotte-dent est utilisé avant chacune des
cinq prières quotidiennes.
Cette théorie n'est valable que pour les populations africaines
islamisées et nous pensons que pour le reste de l'Afrique, l'origine est
différente. Elle serait authentiquement africaine, créée par un simple
besoin hygiénique ou cosmétique.
Pour montrer l'étendue et la diversité d'emploi de ce bâtonnet
nous avons essayé de récapituler, par ethnies, les différentes appellations
de cet
objet aussi bien en Côte d'Ivoire que dans d'autres pays d'Afrique.
Ces répartitions figurent dans les deux tableaux des pages
suivantes.

---

18
Tableau
Récapitulation des différentes appellations du
du bâtonnet frotte-dent en fonction des ethnies de
Côte d' Ivoi re
ETHNIE
'SITUATION
GEOGRAPHIQUE:
NOM
ETHNIQUE DU
BATONNET
'SENOUFO
Nord
------------------------------------------------
:TAGOUANA
Nord
------------------------ -----------------------
Gbéssé
'DJIMINI
Nord
------------------------ -----------------------
'MALINKE
Nord-Ouest
------------------------ -----------------------
:LOBI
Nord-Est
: GOURO
Centre-Ouest
------------------------ -----------------------
:YAOUE
Centre
Souhou
------------------------ -----------------------
:OUAN
Centre
------------------------ -----------------------
: MOUNAN
Centre
: GUE RE
Ouest
------------------------ -----------------------
Céhan
:OUOBE
Ouest
------------------------ -----------------------
Centre-Ouest
.NIABOUA
·
.
·
.
------------------------ ------------------------------------------------
:GODIE
Centre-Ouest
Gbémin
·
.
·
------------------------------------------------ .------------------------
. BETE
·
Centre-Ouest
.
·
.
Gbahi
------------------------ ----------------------- ------------------------
'NEO
Sud-Ouest
Gbamin
·
.
·
.
------------------------ ----------------------- ------------------------
:DIDA
Sud
Gbamé
·
.
.
·
.
.
------------------------ ----------------------- -------------------------
·
.
"AGNI
Sud-Est
.
Djidjé
.
·
.
.
·
.
.
------------------------ ----------------------- -------------------------
·
.
: BAOULE
·
Centre
:
Idjé
:
·
.
.
------------------------ ----------------------- -------------------------
·
.
.
: GODE
:
Centre
:
Idjé
:
·
.
.
------------------------ ----------------------- -------------------------
·
.
: APPOLONIE\\'l
:
Sud
;
Edjédjé
.
------------------------ ----------------------- ------------------------
·
.
:
Est
:
Soukpo
·
.
------------------------ ----------------------- ------------------------
·
.
: KOULANGO
:
Est
:
Soukpo
.
·
.
.
------------------------ ----------------------- -------------------------
. ABBE
"
.
.
·
Sud
.
Aworié
.
------------------------"----------------------- ------------------------
·
.
: ATTrE
Sud-Est
]{peu
------------------------:----------------------- ------------------------
: ADlOUKROU
Sud
Lipkékn'

---

19
Tableau n° 2
Récapitulation des différentes appellations
ethniques du bâtonnet frotte-dent dans
quelques pays
d'Afrique
.
NOM ETHNIQUE DU
SITUATION GEOGRAPHIQUE:
ETH NIE
'BATONNET
FROTTE-DENT
TOGO
Mina
Alo
Cotocoli
Soulé
Cabrai
Sinaou
Ewé
Adufoti
:-------------------------:-----------------------:-----------------------:
MALI
Bambara
Gésé
:-------------------------:-----------------------:-----------------------:
SENEGAL
Ouolof
Sotiou
Sérère
Okoud
Toucouleur
Chocholgal
Peulh
Chocholgal
·
.
·
.
------------------------- ----------------------- -----------------------
TCHAD
Arabe
Moussouak
Ouaddai
Moussouak
Baguirmi
"
Bournou
"
Boulala
Tar-Guélé
·
.
·
.
------------------------ ----------------------- -----------------------
NIGER et
Haoussa
Magogui ou
NIGERIA
Makarkari
:-------------------------:-----------------------:-----------------------:
GUINEE
Malinka
Gbésé
Sous sou
-----------------------:-----------------------:-----------------------:
GABON et
Fang
Eulon, Kwekwa
CAMEROUN
·
.
·
.
------------------------- ----------------------- -----------------------
AFRIQUE
Swahili
Msuaki ,mi swaki
ORIENTALE

---

20
3. LES MOTIVATIONS
L'utilisation du bâtonnet var~e en fonction de l'âge, du sexe,
du rang social et de la race.
Les motivations sont auss~
très variables
- Esthétique
Avoir de belles dents ! Ce sont surtout les femmes qui
souhaitent avoir des dents blanches qui font autant partie qu'une belle
parure,
des exigences esthétiques de la civilisation africaine.
- Hygiène
Ils sont utilisés pour le nettoyage de la bouche matin, midi,
et soir.
L'action mécanique sera uniquement recherchée et n'importe quelle
plante, non toxique, pourra alors être employée.
Thérapeutique :
En fonction de l'état de la cavité buccale, le médecin tradi-
tionnel prescrira l'un ou l'autre frotte-dent dont les propriétés sont
curatives ou prophylactives.
- Tradition et croyances :
Certains groupes ethniques emploient préférentiellement un
bâtonnet plutôt qu'un autre. Ceci parce que leurs ascendants le faisaient.
En ville, le choix est auss~ guidé par l'habitude d'utilisation
d'une plante existant dans le pays natal.
Certains marabouts prescrivent des bâtonnets frotte-dents par-
ticul iers, en disant qu'ils portent bonheur.
:
f,
Dans plusieurs ethnies, on dit aussi\\ qu'il ne faut jamais uti-
liser de frotte-dent la nuit car cela porte malheur.
i
=-"
- La convenance personnelle :
Le goût de la plante varie et l'utilisateur peut préférer
l'amer, le sucré, l'insipide ou le caractère moussant d'un bâtonnet.
4. DESCRIPTION
A l'origine, le bâtonnet frotte-dent est simplement une tige

---

21
issue de plante fraîche. Il est a1nS1 vendu sur le marché, ou cueilli par
l'utilisateur.
La forme fonctionnelle est obtenue lorsque l'une des extrémités
du bâtonnet est débarrassœde l'écorce puis mâchée jusqu'à ce qu'on obtienne
un pinceau de fibres. Il présente alors deux parties, une tite et un manche
dans le prolongement l'un de l'autre.
La plante doit posséder certaines propriétés pour une utilisa-
tion convenable. Il faut que les fibres soient assez dures pour ne pas se
briser au cours de la mastication, et assez tendres pour ne pas traumatiser
la gencive au cours du frottement.
a - la tite :
Elle est représentée par la partie mâchée de la tige. Elle cons-
titue la partie travaillante du bâtonnet frotte-dent. Elle est généralement
longue de 1,5 à 2,5 cm. Le pinceau obtenu se façonnera au cours du frottement
à la surface de la dent.
b - Le manche :
Il prolonge la tite. Le plus souvent il est droit, ou légèrement
courbe.
Sa longueur moyenne est de 10 à 30 cm et son diamètre de 0,5
à 2 cm.
Au cours de l'utilisation, le diamètre ne var1e pas, ma1S la
longueur diminue lorsque les fibres de la tite se cassent ou sont devenues
trop molles. L'utilisateur reforme alors un nouveau pinceau au dépend du
manche .
Certains utilisateurs préfèrent un manche court pour permettre
un accès plus facile aux faces linguales et palatines des dents antérieures.
Le manche se tient à pleine ma1n
ou entre le pouce, l'index
et le majeur, suivant l'utilisateur. Ce dernier imprime alors un mouvement
de va et vient vertical, du collet au bord incisif et vice versa. Cette
action
peut itre horizontale d'une face proximale à l'autre des molaires,
ainsi que sur les faces occlusales.
Cet exercice crée l'envie de cracher. Ceci permet ainsi d'éliminer
les débris végétaux de la cavité buccale et en particulier des espaces inter-
dentaires et du vestibule.

---

22
En zone rurale, l'utilisation du bâtonnet frotte-dent
est de durée variable: suivant les occupations journalières de l'usager,
elle peut durer 5 à 10 minutes, 1 heure ou même toute la matinée. Chaque
période de loisir est employée à la friction et on dit "que le bâtonnet
frotte-dent donne à l'Africain une image caricaturale semblable à l'Amé-
ricain et son chewing-gum"
(LALDJIM).
Il existe certaines particularités quant à l'utilisation du
bâtonnet frotte-dent en milieu africain.
L'usage est interdit chez l'enfant n'ayant pas encore de dents
définitives. Il commence donc à 7 ans. Pour les plus jeunes enfants, la
mère procède à des bains de bouche.
Chez les gouros (Djé bi Irié) , l'usage du frotte-dent en plein
midi provoquerait la mort d'un parent.
"Il est interdit d'adresser la parole à toute personne le
matin tant qu'on n'a pas frotté ses dents. On risque d'attirer le malheur.
Le frotte dent doit être le premier acte le matin au réveil".
5. ACTIONS DES FROTTE-DENTS
a - Action mécanique :
Elle est exercée par l'écrasement des fibres contre la surface
à nettoyer. En même temps s'effectue le frottement.
Pour obtenir un meilleur nettoyage, certains usagers ajoutent
un produit abrasif tel que la poudre de charbon ou du sable. Il serait
intéressant d'étudier les effets tant bénéfiques que nuisibles de ces
substances sur l'appareil bucco-dentaire.
b - Action chimique
Elle est très importante et est fonction des principes actifs
contenus dans la plante utilisée.
Le bâtonnnet frotte-dent étant l'un des instruments d'hygiène
bucco-dentaire le plus employé en Afrique, la mise en évidence de
ses
principes actifs serait enrichissante et utile. Elle nous permettrait
peut-être de vulgariser certaines plantes et de les introduire dans la
pharmacopée internationale.

---

23
Le chapitre qui suivra essaiera de résumer les principales
propriétés pharmacologiques et la composition chimique de ces plantes,
bases de la pharmacopée odontologique traditionnelle.
6.
AVANTAGES
ET
INCONVENIENTS
a - Les inconvénients :
Ils sont dus à la septicité du bâtonnet
à sa configuration
à son mode d'utilisation.
-La septicité du bâtonnet frotte-dent est due aux conditions de
récolte et de vente sur les marchés
L'étalage se fait à même le sol ou sur les grandes nattes.
Les bâtonnets présentés sous forme de mini fagots, sont exposés
à l'air, à la poussière du marché.
En zone rurale, les usagers emploient généralement un bâtonnet
qu'ils ont coupé eux-mêmes dans leur jardin ou dans leur plantation.
Cette septicité, exacerbée par la septicité buccale, serait,
par l'intermédiaire d'une effraction mécanique de la gencive, à l'origine
de parodontopathies.
_ Une amélioration de la configuration du bâtonnet frotte-dent le
rendrait plus favorable à une meilleure hygiène dentaire. En effet, le
manque de souplesse des fibres et l'absence de courbure du manche, le
rendent inefficace sur certaines faces de la dent
- les faces linguales et palatines
- la région cervicale
- l'espace interdentaire
S'accumulent à ces différents niveaux et surtout aux molaires,
du tartre ou de la plaque bactérienne. Ils provoquent des lésions gingi-
vales, point de départ des parodontopathies.
_Nous pensons que la mauvaise utilisation du bâtonnet frotte-
dent constitue l'un des facteurs locaux les plus importants dans les affec-
tions bucco-dentaires :
l'utilisateur exerce une forte pression sur le bâtonnet en

---

24
faisant des mouvements de va et vient verticaux. Cette action répétée,
lorsqu'elle est excessive, au lieu d'être bénéfique, provoque des micro-
traumatismes.
On assiste à une dénudation du collet, pu~s de la racine des
dents, due au refoulement continuel de la gencive marginale libre et de la
gencive interdentaire. Le collet est abrasé, suivi de caries, mylolyses
et lésions parodontales.
L'usage du bâtonnet frotte-dent se transforme même en habitude
vicieuse chez certains qui gardent la tige entre leurs dents, à la manière
d'un tuyau de pipe.
Ce facteur local de traumatisme occlusal provoque une usure
des dents, et des troubles au niveau de l'articulation temporo-mandibulaire.
Nous remarquerons que certains frotte-dents, comme le Burkéa
africana provoque une coloration jaune des dents.
Un autre, le Cola acuminata suscite chez l'usager
une accélé-
ration du rythme cardiaque.
b - Les avantages
Ils sont de 3 ordres : - le prix
- l'effet hygiénique
- l'effet thérapeutique
- Le prix
Sur les marchés, les bâtonnets frotte-den~sont vendus en petits
tas coûtant entre 5 et 25 F CFA, soit 10 à 50 centimes en France.
En dehors des marchés, l'usager peut s'en procurer gratuitement
en coupant une branche d'une plante connue.
Ce moyen d'hygiène est tout à fait abordable pour les popula-
tions dont le pouvoir d'achat n'est pas élevé.
Le coût de la
brosse à dent à renouveler, et du dentifrice,
est trop élevé pour la majorité de la population.
Le bâtonnet frotte-dent représente en effet, sans compter ses
propriétés médicamenteuses, à la fois la brosse à dent et le dentifrice.
- L'effet hygiénique
La bouche de l'utilisateur de frotte-dent est plus saine que

---

25
celle de celui qui n'effectue aucun so~n d'hygiène.
Il assure un bon nettoyage des faces vestibulaires, en parti-
culier celles des dents antérieures.
Les mouvements verticaux effectués correspondent bien aux mé-
thodes de brossage modernes, avec la brosse à dents. Ils assurent une
élimination même partielle des débris alimentaires.
- L'effet thérapeutique:
Les vertus médicamenteuses de certaines plantes utilisées depuis
des millénaires par nos ancêtres sont certaines. Grâce à la transmission
orale et à leurs expériences personnelles nos médecins traditionnels ont
pu classer les plantes suivant les effets désirés. Des effets spécifiques
sont obtenus en fonction du principe actif mis en jeu.
Les travaux de Messieurs KERHARO et ADAM ont mis en évidence
les principes actifs de certaines plantes du Sénégal.
Il semblerait que la composition d'une même plante varie d'un
pays à l'autre, d'une région à l'autre, peut-être en fonction de la com-
position des sols et du climat.
Au cours de notre étude de quelques plantes ivoiriennes, nous
essaierons de montrer l'analogie de leur composition chimique et de leurs
propriétés pharmacologiques avec celle des plantes provenant du Sénégal,
du Nigéria, ou d'autres pays d'Afrique intertropicale.
Le bâtonnet frotte-dent, brosse à dent traditionnelle africaine,
est à plusieurs titres d'un grand intérêt pour l'hygiène et la thérapeuti-
que bucco-dentaire. Cette pratique pourrait être améliorée puis généralisée
grâce à une utilisation optimale. L'usage de bâtonnets courts, sur une pé-
riode limitée serait souhaitable.
Elle serait suivie chaque fois d'un rinçage qui permettrait l'éli-
mination des débris végétaux.
Une campagne faite par des hygiénistes et des chirurgiens-
dentistes devrait être engagée pour apprendre aux populations à se frotter
les dents correctement à l'aide du bâtonnet frotte-dent. Elles doivent éviter
les habitudes vicieuses et les micro traumatismes de l'appareil bucco-dentaire.

---

26
CHAPITRE II
ETUDE DE QUELQUES PLANTES UTILISËES
COMME BÂTONNET FROTTE-DENT EN
CÔTE D'IvOIRE
Pour cette étude, les bâtonnets frotte-dents ont été recueil-
lis sur les marchés de la capitale, et en province, l'enquête a été réalisée
auprès de guérisseurs de deux régions de la Côte d'Ivoire.
- Au Nord, dans la région de Dabakala, auprès d'un guérisseur
Djimini, il a été possible de connaître quelques plantes utilisées en
région de savane, pour l'hygiène bucco-dentaire.
- Au Sud, région de forêt, l'enquête a été limitée à la région
de Tiassalé. Les plantes utilisées sont celles des guérisseurs Agni et Abbé.
Malgré les difficultés rencontrées pour percer les secrets
des guérisseurs, un répertoire de 40 plantes utilisées en Côte d'Ivoire,
en odontologie traditionnelle, est ici présenté.
26 espèces ont pu être
scientifiquement identifiées et regroupées en 18 familles.
Une étude de KERHARO, ADAM, BOUQUET et d'autres auteurs a permis
de donner la composition chimique et les propriétés pharmacologiques de
quelques-unes de ces plantes.

---

27
1. FAMILLE DES ANACARDIACEES
Mangifera indica
Différente appellation
Français
Manguier.
Description de la plante
Arbre originaire des Indes, il est fréquent dans tous les pays
tropicaux. On le rencontre aussi bien en zone forestière qu'en savane.
Cultivé comme arbre fruitier, son feuillage dense donne de l'ombrage tou-
te l'année.
Ses feuilles lancéolées, largement pétiolées, sont longues de
20 à 30 cm et larges de 3 à 6 cm.
Le fruit, de dimension et de poids variables suivant les varié-
tés, est une drupe ovoïde.
Utilisation
En odontologie
La tige est surtout utilisée dans un but mécanique. C'est un
simple bâtonnet frotte-dent.
Mais, il est indiqué par nos guérisseurs pour des traitements
de maladies générales.
Autres domaines
Chez les Malinkés, contre la migraine, le malade se lave alors
la tête avec la décoction de l'écorce de tige.
Comme antidiarrhéique et antidy~ntérique , certains tradipra-
ticiens utilisent différentes préparations astringentes de l'écorce et

---

28
des feuilles. Ils conseillent la macération de l'écorce de tige en lave-
ment pour guérir les diarrhées.
Chez les
Attiés, la décoction de feuilles avec d'autres plan-
tes combat les vertiges.
Comme fébrifuge sudorifique, la matière gommorésineuse qui
exsude du tronc et des tiges est quelquefois employée, en association
à d'autres produits. Les tiges sont aussi prescrites, en boisson, contre
la toux.
Chimie
Les feuilles, les tiges, les écorces et les graines sont riches
en tanins: 10 - 20 % dans l'écorce; 8 - 9 % dans les graines.
Les travaux de Jacquemain sur les feuilles d'espèces ivoiriennes
nous révèlent une richesse en divers composés polyphénoliques
Anthocyanes, flavanols 3, flavane diols 3,4, xanthones, tanins
galliques et catéchiques.
On a pu mettre en évidence de la mangiferine et des pigments
anthocyaniques.
Les feuilles contiennent aussi une huille essentielle, l'écorce
des terpènes, et les tiges et le tronc une gomme résine qui exsude.
Pharmacologie
FENG
et ses collaborateurs ont provoqué une hypotension chez
le chien et le lapin par injection respectivement d'un extrait aqueux ou
d'un extrait alcoolique de feuilles et tiges de manguier.
Des résultats contradictoires ont été obtenus en cherchant à
mettre en évidence le pouvoir antibiotique et l'action antipaludéenne des
feuilles.
Expérimentalement, l'écorce de tige se révèle efficace sur les
tumeurs cancéreuses transplantables.

---

29
Mangifera indica

---

30
2.
FAMILLE DES CAESALPINACEES
Daniella oliveri
Différentes appellations
Malinké
Sanan
Djimini
Sana
Description de la plante
c'est un arbre de 10 à 20 m de hauteur, très répandu en région
de savane, caractérisé par son port conique et ses branches qui sont sen-
siblement à la même hauteur. Les feuilles sont composées de 4 à Il paires
de folioles ovales, dissymétriques.
L'abondance de cet arbre fait qu'il est très connu dans les ré-
gions soudanéo-guinéennes, et souvent employé en médecine populaire.
Utilisations
En odontologie
Les Djiminis l'utilisent en bâtonnet frotte-dent lorsque les
dents sont mobiles ou atteintes de parodontopathies.
Autres domaines
Chez les Malinkés, la principale indication thérapeutique est
la migraine. Le décocté de feuilles, avec du savon noir indigène, sert
à laver la tête.
Contre la migraine, les céphalées, les courbatures fébriles,
certains guérisseurs font bouillir l'écorce et les bourgeons. Avec le
liquide chaud, le malade fait des bains de vapeur et des fumigations.
Le liquide refroidi peut être bu par le malade qui peut aussi s'en fric-
tionner les points douloureux.

---

31
Les écorces sont utilisées dans les troubles de menstruation,
contre les morsures de serpent et dans le traitement de la lèpre.
Aux dires des Manding, les grandes stipules auraient un grand
pouvoir aphrodisiaque.
Chimie
Ces vertus thérapeutiques paraissent justifiées par la teneur
en oléosine du Daniella oliverio
Cette résine est particulièrement riche en hui~
essentielle.
Dans une espèce ghanéenne, on a mis en évidence un mélange de
sesquiterpènes volatils et un nouveau terpène, l'acide daniellique
CZO HZ8 °3'
Dans l'écorce de l'espèce nigérianne, des auteurs ont décelé
des tanins, mais ni saponosides, ni flavonoides.
3.
FAMILLE DES CARICACEES
Carica papaya
Différentes appellations
Français
Papayer
Baoulé
Offlè
Abbè
Oloko
Attié
M'Bomou
Description de la plante
C'est une espèce tropicale sauvage ou cultivée pour ses fruits.
Il atteint parfois 10 m de haut et ses feuilles, palmatiséquées.
alternes, sont groupées au sommet du tronc.

---

32
Fleur mâle
Carica
papaya

---

33
Leur pétiole
est très long et le tronc porte la cicatrice
des feuilles mortes. Il a deux types de fleurs mâles et femelles, qui
sont portés par des pieds différents. Le fruit est une grosse baie pou-
vant atteindre 40 cm de long.
Utilisations
En odontologie
Les racines, dans certaines régions, sont utilisées comme
frotte-dents.
Pour soigner les caries dentaires, les Gbins font des bains
de bouche avec l'eau de macération des racines.
Autres domaines
Contre les maux du bas ventre, les racines triturées puis
délayées dans l'eau servent à faire des lavements.
Les racines sont aussi employées contre la blennoragie.
Leur décocté est bu ou injecté sous forme de lavement.
Pour soigner les hémorroïdes, les feuilles pulvérisées sont
soufflées dans l'anus du malade avec le pétiole qui a une forme de
tuyau.
Chez les Attiés, pour guérir les panaris, sont appliquées
les racines pilées puis cuites à l'étouffée dans d'autres feuilles.
Chimie
Le fruit du Carica papaya
est consommé sous différentes
formes. Il contient des vitamines C, B, B2 , PP et A.
Comme toutes les parties de la plante, il renferme un latex
blanchâtre dans lequel
VAUQUELIN a signalé la présence de principes
azotés.
WITTMACK, en 1868, décela un ferment protéolytique appelé

---

34
papayotine puis papaine.
Les feuilles, les fruits et leurs graines renferment un alca-
loïde, la carpaïne et dans différents organes, GUIGNARD a montré la présence
de cellules à myrosine, et d'autres renferment du myronate de K ou un
hétéroside sulfuré.
Pharmacologie :
L'activité protéolytique de la papaïne est remarquable. C'est
une diastase hydrolysante qui dédouble rapidement les protéines pour donner
des albumoses et acides aminés.
Avec la papaïne, à des températures comprises entre 50° et 80°,
la fluidification des protéines est rapide.
Cette propriété a été utilisée, de longue date, dans les pays
tropicaux, pour attendrir la viande.
4. FAMILLE DES COMBRETACEES
Terminalia glaucescens
Différentes appellations
Djimini
Koman
Baoulé
Koma
Bambara
Wolo
Malinké
Koma Kiémi

---

35
Description de la plante
c'est un arbre de 8 m de haut ayant une écorce gris-noire pro-
fondément fissurée. Les feuilles ont une forme plus ou moins elliptique
et ont des nervures pubescentes à leur face inférieure. C'est une très
vieille espèce dont la présence est signalée dans les savanes anc~ennes
de la Moyenne Côte d'Ivoire. On la retrouve dans la région de Toumodi
et elle est très fréquente dans la région de Katiola.
Utilisations
En odontologie
Chez les Djiminis, il est utilisé comme frotte-dent pour l'hy-
giène dentaire et contre la toux.
Contre les maux de dents, la rac~ne ou la tige sont recomman-
dées en friction sur les gencives.
Autres domaines
Chez les Malinkés, en cas de hernie étranglée, le malade avale
avec un peu d'eau, un mélange d'extrait d'écorce de racine pilée, de pi-
ment, de poivre de Guinée et de miel.
Contre les ictères, les Baoulés boivent ou se font des lavements
avec le décocté des écorces de racines. Le même traitement est employé
pour les diarrhées dysentériformes.
En application locale, dans le traitement des plaies et ulcères,
certains utilisent la poudre de racine.

---

36
s.
FAMILLE DES COMPOSES
Vernonia colorata
Différentes appellations
Abbè
Abooui
Djimini
Kpo
Attié
Ianvi
Description de la plante
Répandue du Sénégal au Cameroun et dans toute l'Afrique Cen-
trale, Vernonia colorata est un arbuste des savanes qu'on retrouve éga-
lement en zone forestière de Côte d'Ivoire. C'est un petit arbre de
3 à 4 m de haut. Son bois est tendre, blanc, ses branches à moelle dé-
veloppée et à rameaux d'une pubescence rouille. Les feuilles, obovales,
pétiolées, ont un limbe plus large vers le milieu.
Utilisations
En odontologie
Notre enquête en pays Abbè nous a révélé que les feuilles auss~
bien que l'écorce sont utilisées
Pour le traitement des douleurs dentaires, des bains de bouche
sont effectuées avec l'eau d'ébullition des feuilles.
L'écorce est aussi employée; elle est écrasée pu~s mélangée
avec une espèce de poivre appelée "Sa" chez les Abbès,
p..1is cette pâte
est placée dans la dent atteinte de carie. Elle calme la douleur et per-
met un dégonflement de la joue en cas d'abcès. Cet acte est répété plu-
sieurs fois jusqu'à l'arrêt de l'inflammation.
Autres domaines
Le Vernonia colorata est utilisé pour guérir l'ictère

---

37
appelé "Djékouadjo" en Cote d'Ivoire. Les Oubis, Malinkés, Baoulés,
Attiés et Abbès boivent la décoction des feuilles qui est très amère.
L'eau d'ébullition est aussi utilisée pour se baigner.
L'amertume prononcée de cette drogue le fait passer pour fé-
brifuge, antigastralgique, diurétique, purgatif, vomitif. Chez les
Sérers, au Sénégal, les personnes sujettes à syncopes et crises épilep-
tiques sont soumises à des inhalations de décocté de feuilles et d'in-
florescences.
Chez les Peul-Toucouleurs,les préparations à base d'écorce
de tige , racine et tronc avec souvent des épis de maïs rouge, sont ef-
ficaces en cas de bilharziose, stérilité, frigidité.
Chimie
Dans les rac~nes d'une espèce sénégalaise, Githens a signalé
la présence d'un alcaloïde. Haerdi a confirmé la présence d'alcaloïde
et de saponoside.
En 1945-46, Paris après une étude sur l'espèce ivoirienne
indique qu'elle ne renferme pas d'alcaloïde mais des principes amers.
Toubiana a extrait en 1969 deux composés cristallisés
l'hydroxyvernolide
C
H
Os et le vernoI ide
C
H
07·
19
22
I9
22
Pharmacologie
Par vo~e sous-cutanée, la dose 100 % mortelle de cette drogue
est de 10 g/kg chez la souris. Mais il semble que la toxicité du prin-
cipe amer isolé soit moindre.
L'extrait est hypotenseur chez le chien par vo~e intraveineuse.
Patel et Rowson ont trouvé une action tonicardiaque de l'ex-
trait de feuilles, racines et tiges,sur le coeur de crapaud.

---

38
6.
FAMILLE DES EBENACEES
1.
Diospyros mespiliformis
Différentes appellations
Diospyros sénégalensis
Djimini
Sounzoun
Bambara,
Sénoufo
Sounzoun
Baoulé
Tiémi, Blaguigolé, Blabligoualé
Français
Ebénier de l'Ouest africain
Description de la plante
Arbre de 20 m de haut, il se rencontre en Côte d'Ivoire dans
les zones de savanes, dans les boqueteaux et sur les termitières. Il se
remarque par son fût noirâtre, à surface hérissée de tubercules. Les
feuilles de 15 cm de longueur sur 5,5 cm de largeur sont glabres, oblon-
gues, avec un pétiole de 6 à 10 mm.
Les fleurs sont blanches, et les fruits sphériques avec des
poils apprimés et une pulpe sucrée.
Utilisations
En odontologie
L'enquête auprès des Djiminis a révélé l'utilisation de la
branche de cette plante, comme frotte-dent.
Autres domaines
Diospyros mespiliformis est considéré comme un excellent médi-
cament chez les guérisseurs africains.
Les racines torréfiées puis pulvérisées, auxquelles on ajoute
du sel et de l'huile de palme, sont utilisées pour soigner l'ictère.
3 à 4 fois par jour, l'ingestion de ce mélange provoque vomissements et

---

39
diarrhées, signes qui montrent, pour le tradipraticien, l'efficacité
du produit. Le décocté des racines souvent associées à celles de Fagara
zanthoxyloides est prescrit comme anthelminthique et pour favoriser les
accouchements.
Pour guérir la lèpre, certains se lavent et boivent le décoc-
té des écorces du tronc et des tiges.
La décoction des tiges feuillées est aUSS1 prescrite sous for-
me de boisson, comme contre-poison.
En usage interne, l'écorce du tronc et des racines, a1nS1 que
les feuilles sont données contre la pneunomie, la syphilis, certains
états pyrétiques infectieux.
En usage externe, les feuilles et plus rarement l'écorce, sont
conseillées en cas de pian, dermatoses, céphalées, douleurs articulaires.
Leur action hémostatique, cicatrisante et antiseptique en fait un produit
à usage courant pour les soins des otites.
Chimie
Une analyse pratiquée par PARIS, et MOYSE- MIGNON sur des échan-
tillons de Côte d'Ivoire a révélé la présence de plombagine (ou plumbagol
ou hydroxy-méthyl naphtoquinone) dans l'écorce du tronc (0,90 %). Les
feuilles n'en ayant qu'à l'état de trace. Ils ont m1S en évidence un sapo-
noside et une substance qui semble être du scopolétol.
Pharmacologie
Les travaux de PARIS et MOYSE-MIGNON
permettent de dire que
Diospyros mespiliformis inhibe la croissance du staphylocoque. La mé-
thode de Heatley a montré que le pouvoir antimicrobien d'un infusé à
100 % d'écorces de tiges est comparable
à celui de 1 U l de pénicilline.
Ce Diospyros s'est révélé toxique pour la souris dont la dose
maxima tolérée est 2,5 g/kg. Il est aussi toxique pour les paramécies.
Sa teneur en Plumbagol rend cette drogue très active, grâce à
ses propriétés antibiotiques, antifongiques et vitaminiques.

---

40
2.
Diospyros soubreana
Différentes appellations
Agni
Blablèn' Golè
Abbè
Eiya
Utilisations
En odontologie
Son emploi semble limité au frotte-dent chez les Abbès. La
tige est employée dans ce cas.
Autres domaines
D'après les guérisseurs Agni et Abbè, Diospyros soubreana est
auss~ employé chez les malades sujets à des crises d'épilepsie et à des
vertiges. L'écorce de l'arbre est écrasée, on y ajoute de 11'aIcien-cien"
(en Abbè). Cette pâte est placée dans les narines.
Il est aussi employé comme hémostatique : les Krous et les
Guérés utilisent les feuilles pour soigner les graves coupures.
7.
FAMILLE DES EUPHORBIACEES
1. Microdesmis puberula
Différentes appellations
Microdesmis zenkeri
Abbè
Froua
Attié
Kpeunzun
Bété
Iela
Adioukrou
Kpekpel

---

41
Description de la plante
Espèce des forêts, elle est abondamment représentée de la
Guinée à l'Angola. En Côte d'Ivoire, elle se retrouve dans les sous-
bois de la zone forestière.
C'est un arbuste de la m de haut environ. L'écorce est fon-
cée et les feuilles oblongues, dissymétriques à la base, ont 15 cm de
long sur 5 cm de large.
Il a de petites fleurs jaunes et des fruits sphériques, de
couleur verte puis rouge à maturité.
Uti! isations
En odontologie
L'interrogatoire d'un guérisseur Abbè a permis de connaître
deux modes d'utilisation:
L'usage quotidien de la tige sous forme de bâtonnet frotte-
dent permet le nettoyage des dents.
Pour calmer la douleur dentaire, les feuilles sont utilisées.
Leur décoction sert pour des bains de bouche répétés plusieurs fois
par jour jusqu'à ce que la douleur cesse.
Autres domaines
En Casamance au Sénégal, un guérisseur a révélé l'utilisation
des racines et des rameaux feuillés contre les morsures de serpent. Ces
parties de la plante sont pilées avec un peu d'eau et placées dans la
peau incisée à l'endroit de la morsure de serpent.
Ce pouvoir antivénimeux a été confirmé dans la région de Man
en Côte d'Ivoire.
Pour les Krous, Attiés et Yacoubas, les vertus aphrodisiaques
des nouvelles pousses croquées sont certaines. Le même effet est obtenu
avec les écorces de tiges et de racines macérées dans de l'eau. Le li-
quide recueilli est injecté sous forme de lavement.

---

42
-
.
uberula
Microdesm~s p

---

43
Contre les céphalées, les Guérés préparent des inhalations
ou des bains de vapeur avec le dé40cté des tiges feuillées.
Pour purger les enfants les Bétés choisissent de faire des
lavements avec le jus des feuilles de Microdesmis puberula.
Le suc des feuilles est aussi employé sous deux formes
Comme hémostatique et en instillations nasales dans les
cas d'épilepsie et de convulsions.
Enfin la friction avec la pulpe des feuilles est un défati-
gant. Il calme les maux de reins, de poitrine et les courbatures fé-
briles.
Chez les Attiés, la colique est traitée avec les feuilles
pilées auxquelles on ajoute du piment. Le tout est délayé dans de
l'eau tiède et administré sous forme de lavement. Aux femmes enceintes
qui sont souvent malades, ils font des injections vaginales de décoc-
té de feuilles de Microdesmis puberula, de Setaria chevalieri et de
Napoliona lionensis.
Contre les douleurs rhumastismales, le décocté de feuilles
est employé pour se laver et faire des bains de vapeur.
Chimie
Des traces d'alcaloides difficilement extractibles par les
méthodes usuelles ont été mises en évidence dans les tiges et racines
de l'espèce ivoirienne.
2. Erythrococca anomala
Différentes appellations
Adelia anomala
Erythrococca aculeata
Agni
Eoumien gnagnan
Attié
Pa - N'dédé
Gouro
Goreiri

---

44
Description de la plante
Cette espèce est commune de la Guinée au Cameroun, et dans
les formations secondaires de la zone forestière de la Côte d'Ivoire.
Cet arbuste épineux de 60 cm à 2 m de haut possède à la
base de chaque feuille une paire d'épines stipulaires. Les feuilles
ovales ont 2 paires de nervures latérales et mesurent 4 à 5 cm de
long sur 2 à 3 cm de large.
Utilisations
En odontologie
L'enquête chez les Agnis de Tiassalé a permis de décou-
vrir deux usages de Erythrococca anomala. La tige nettoyée est utili-
sée comme bâtonnet frotte-dent.
Pour désinfecter les gencives des sujets atteints deparodon-
topathies, les Agnis emploient les feuilles bouillies avec un peu
d'eau, de la peau de banane séchée et du sel. Le liquide obtenu sert à
badigeonner les gencives et les muqueuses buccales.
La pâte obtenue en écrasant les feuilles avec du sel est éga-
lement passée sur les dents afin de les désinfecter.
Autres domaines
Chez les Attiés, en cas de paludisme, les feuilles sont tri-
turées avec de l'eau puis servent à frictionner le corps. Contre les
méningites, ils se badigeonnent le cou avec un mélange constitué de
feuilles pilées avec du Céphaëlis péduncularis, du kaolin et un peu
d'eau.
Le décocté des tiges feuillées est administré comme purgatif,
ou sert à laver les plaies causées par les ulcères, ou les abcès piani-
ques.
Des instillations auriculaires, nasales ou ophtalmiques de

---

45
suc de feuilles sont faites pour guérir les sinusites, rhumes, ophtal-
mies et otites externes.
Certains se massent avec la pulpe des feuilles quand ils sont
atteints de douleurs intercostales, rhumatismales, et de maux de reins.
Enfin, grâce aux propriétés analgésiques et antiseptiques de
Erythrococca anomala, différentes peuplades de l'Ouest du Bandama l'em-
ploient pour traiter les sujets souffrant fréquemment de céphalées.
Ils administrent alors, en prises nasales, de la poudre de feuilles et
de maniguettes.
Chimie
0,1 % d'alcaloides totaux ont été extraits des tiges et des
feuilles.
3.
Phyllantus muellerianus
Différentes appellations
Diasperus muellerianus
Phyllantus floribundus
Abbè
Atchonan
Attié
Awotchin
Malinké
Gnoro Dagba
Guéré
Gbarouho
Description de la plante
Répandue de la Guinée au Cameroun, cette espèce est présente
en Côte d'Ivoire dans les zones forestières.
Elle se présente sous forme d'arbuste, de liane et quelque-
fois d'arbre, souvent épineux. Ses feuilles ovales ou elliptiques me-
surent en moyenne 2 à 7 cm de long et 1,5 à 4 cm de large.

---

46
Utilisations
En odontologie
Chez les Abbèsun guérisseur a révélé l'emploi de la tige
comme frotte-dent. Il permet, en cas de synalgie dentaire, de nettoyer
l'appareil bucco-dentaire avant de calmer la douleur par un badigeon-
nage des dents avec le jus du fruit.
Comme antalgique et aussi pour faire mûrir les abcès d'ori-
gine dentaire, le décocté des feuilles est utilisé en bain de bouche.
Autres domaines
Pour traiter la conjonctivite a~gue, les Malinkés se lavent
le visage avec la décoction des feuilles. Dans le même cas, les Guérés
froissent les feuilles dans un récipient contenant de l'eau et s'en
lavent les yeux et le visage.
Phyllantus muellerianus est aussi très employé par les méde-
c~ns traditionnels de Moyenne et Basse Côte d'Ivoire pour soigner les
maladies vénériennes, les ophtalmies, les affections broncho pulmonai-
res, les états fébriles, les anémies et les maux de ventre.
4. Mallotus oppositofolius
Différentes appellations
Agni
Tominda
Bété
Koraizi
Koulango
Sigué
Guéré
Nioukra
Description de la plante
C'est un arbuste connu dans toutes les brousses de la Basse
Côte d'Ivoire. Il est reconnaissable par ses grandes feuilles couvertes
de poils étoilés.

---

47
Utilisations
En odontologie
Outre l'utilisation comme bâtonnet frotte-dent, l'écorce des
branches du Mallotus oppositofolius est employée, d'après
l'enquête
chez les Abbè, contre les maux de dents et les ma~x de tête qui en sont
la conséquence. A cet effet, l'écorce écrasée avec de "l'aicien cien"
et mise dans les narines, calme les douleurs.
Autres domaines
Mallotus oppositofolius serait employé à cause de ses proprié-
tés hémostatiques.
Il entre également dans la composition de mélanges aphrodi-
siaques.
La poudre des feuilles, mélangée à du beurre de karité, est
appliquée comme une pommade sur les plaies et les ulcères.
Comme vermifuge, certains boivent le décocté des feuilles
pilées. Il est aussi utilisé pour soigner la
dysenterie, certaines
maladies vénériennes et les céphalées. Pour cela, le jus des feuilles
est administré en instillations nasales.
Contre les courbatures, anémies et fatigues généralisées, on
boit le décocté de racines et de feuilles.
5.
Bridelia ferruginea
Différentes appellations
Djimini
Baboni
Malinké
Sagba
Dioula
Babouni Saba
Baoulé
Koukwé

---

48
Description de la plante
Cette espèce typique des savanes est representée de la Guinée
au Cameroun. En Côte d'Ivoire, elle fait son apparition dans la région
de Tiassalé et devient de plus en plus abondante au fur et à mesure
qu'on remonte vers le Nord.
C'est un petit arbre de 4 m de haut, ayant une écorce gris-
brune. Ses rameaux sont pubescents ainsi que les feuilles qui ont une
forme oblongue. Acuminées ,elles ont 3 à la cm de long et 1,8 à 7 cm de
large.
Utilisations
En odontologie
A Dabakala, le Bridelia ferruginéa est utilisé en frotte-dent,
façonné à partir d'une branche.
La décoction de l'écorce en bains de bouche est utilisée
pour traiter les cellulites d'origine dentaire et les car~es.
En bain de bouche, le décocté de
racines est aussi prescrit
contre le muguet chez les enfants.
Pour faire disparaître un oedème, on peut aussi faire une ap-
plication locale, deux à trois fois par jour du décocté de feuilles_
Autres domaines
Outre sa réputation de drogue purgative, diurétique et aphro-
disiaque, Bridelia ferruginéa est indiqué pour les algies telles que
les céphalées, courbatures fébriles, douleurs rhumatismales.
Le macéré ou le décocté de tiges feuillées ou d'écorce sont
alors employés sous forme de boisson, de bains et de bains de vapeur.
En cas de blennoragie, certains se soignent avec le décocté
de rac~ne en boisson, ce qui produirait une diurèse abondante.

---

49
Chez les Malinkés, Bridelia ferruginéa est aussi employé
contre la varicelle, la dysenterie
et les fièvres.
Chimie
La poudre de rac~ne contient 3,5 % de tanins et de sucres
réducteurs, mais pas d'alcaloïdes.
Les écorces de tiges, d'après les travaux de Paris, sont
riches en tanins. L'infusé au 1/200e mousse abondamment et est fai-
blement hémolytique.
Pharmacologie
A la dose de 10 g d'écorce de tige par kilogramme, on obtient
la mort de 20 % des souris.
L'infusé de racine au 1/200e tue les paramécies en 30 minutes.

---

50
8.
FAMILLE DES GUTTIFERES
Garcinia afzelii
Cette espèce pourtant très répandue dans la zone forestière
de Côte d'Ivoire n'a pas fait l'objet d'études approfondies.
Il est très recherché pour son action bucco-dentaire.
Les Agnis et les Abidjis l'utilisent pour les soins de ca-
ries dentaires et les soins de gencives.
Il est d'ailleurs vendu sur tous les marchés et ses racines,
utilisées comme frotte-dent, fortifieraient les gencives et prévien-
draient les caries.
Des tests ont m~s en évidence un fort pourcentage de compo-
sés flavoniques.
9.
FAMILLE DES LOGANIACEES
Strychnos splendens
Différentes appellations
Agni
Tomgba.
Cette espèce pourtant abondante en zone forestière n'a pas
fait l'objet de beaucoup de travaux.
C'est une très grande liane dont un guérisseur a révélé l'u-
tilisation en bâtonnet frotte-dent, pour l'hygiène dentaire.
Dans les feuilles et les écorces, ont été trouvés 0,6 % d'al-
caloides.

---

5 \\
10.
FAMILLE DES MELIACEES
Azadirachta indica
Différentes appellations
Mélia azadirachta
Mélia indica
Anglais
Neem
Indes
Nim
Côte d'Ivoire: Arbre à Djékouadjo
Description de la plante
Cette plante originaire des Indes, est largement répandue
en Afrique Occidentale. En Côte d'Ivoire, elle se rencontre dans la
région forestière, mais aussi dans les savanes. C'est un arbre qui
est utilisé pour border les avenues, mais aussi pour ses vertus théra-
peutiques.
Il est toujours verdoyant et mesure \\0 m de haut. Son fût
est droit ou légèrement contourné, l'écorce profondément striée. Ses
feuilles alternes sont paripennées avec environ 7 paires de folioles
lancéolés
dentés
glabres, de 10 cm de long sur 3 cm de large. Leur
sommet est légèrement acuminé.
Utilisations
En odontologie
La seule utilisation est le bâtonnet frotte-dent.
Autres domaines
En Côte d'Ivoire, il est généralement employé pour soigner
le paludisme, l'ictère (ou Djékouakjo) et la fatigue générale. Pour cela

---

52
le malade boit la décoction de feuilles très amère. Des bains sont
aussi effectués ou des bains de vapeur après addition de poudre de
naphtaline.
Le décùcté de feuilles est aussi recommandé pour traiter
les oedèmes, les rhumatismes, et les écorces pour le diabète.
Chimie
Les graines fournissent une huile contenant un acide
acide margosique dont les sels sont extrêmement amers.
Au Nigéria, Ekong et ses collaborateurs ont isolé de l'é-
corce, deux méliacines,
: la déacétylnimbine et une lactone : la
nimbolide.
Du bois du tronc ont été extraits deux composés nouveaux :
les nimbolides A et B qui sont des cinnamates de méliacine,et de la
fraxinellose ainsi que la gédunine.
El Said a mis en évidence ces principes amers qui sont des
tétra
nortriterpénoides
il s'agit de la nimbine et du nimbidol. Il
a également trouvé de la résine et du tanin, ainsi qu'un alcaloIde
ayant toutes les actions physiologiques de la quinine .
Pharmacologie
De l'huile de Azadirachta indica, utilisée lors d'expérimen-
tations cliniques comme
anthelmintique, a créé chez des sujets traités
avec une dose de 25 g environ, des diarrhées, des nausées et des ma-
laises généraux.
Les propriétés antiparasitaires des sels de l'acide margosi-
que sont reconnues.
Real et ses collaborateurs ont trouvé un léger pouvoir ~nsec­
ticide aux feuilles et aux rameaux feuillés.
Dans le traitement de la syphilis, CHATTERJEE a expérimenté
contre le spirochète, le margosate de sodium. Les résultats sont moins

---

53
satisfaisants que ceux obtenus avec les arsénicaux, les bismutiques
et les iodures.
Cependant, il a pu constater que dans la syphilis primaire
et secondaire, les lésions initiales et les manifestations secondaires
disparaissent plus rapidement que chez un sujet non traité.
Des résultats plus satisfaisants ont été obtenus contre le
cancer. Les extraits aqueux de racines et ceux de feuilles, réduisent
les tumeurs transplantées chez l'animal, par exemple le sarcome 180.
Sur le chien cet extrait provoque une augmentation puis une
diminution prolongée de la pression sanguine, avec une accélération
de la respiration.

---

Azadirachta indica
-

---

55
Il.
FAMILLE DES MENISPERMACEES
Triclisia patens
Différentes appellations
Abbè
Sampè
Description de la plante :
C'est une liane qu'on trouve abondamment en Basse Côte
d'Ivoire. Elle est rampante ou buissonnante.
Utilisations :
En odontologie
Après section d'une tige, les Abbès et les Agnis s'en servent
pour l'hygiène de la bouche et l'entretien des dents.
Autres domaines :
Il serait excitant et pourrait meme provoquer chez les femmes
enceintes un avortement. Il est utilisé contre la lèpre, les chancres
syphilitiques, les oedèmes, les anémies, les crises d'épilepsie, les
douleurs articulaires.
Il aurait la propriété de calmer la toux et aurait une action
sédative sur le coeur.
Chimie :
Cette plante très amère contient 28 % d'alcaloldes dans les
tiges et 3,8 % dans les racines. On a pu y découvrir quatre
bases
dont une identifiée à la phaeanthine ou 1 tetrandine.
Pharmacologie :
Ses propriétés ne semblent pas très marquées
ses sels quater-
naires ont des propriétés curarisantes.

---

56
12.
FAMILLE DES
MORACEES
Ficus
aspérifolia
Différentes appellations
Agni
Lopoalliè
Description de la plante
Elle est souvent confondue par les indigènes avec le Ficus
exasperrata. C'est un arbre de 20 m de haut, à feuilles ovales ou el-
liptiques, très scabres, rappelant le papier de verre.
Utilisations
En odontologie
Il est utilisé che~ les Agni, pour l'hygiène bucco-dentaire.
La tige est alors employée comme frotte-dent.
Autres domaines
Le Ficus aspérifolia est indiqué comme diurétique. Il est
recommandé aussi pour soigner les maux de ventre et surtout pour son
action antitussive.
Dans le traitement des plaies le suc des feuilles est employé
pour son pouvoir cicatrisant et hémostatique.

---

57
13.
FAMILLE DES OCHNACEES
Lophira Lancéolata
Différentes appellations
Lophira spatula
Lophira alata
Lophira africana
Djimini
Maran
Koulango
Biligo
Présentation de la plante
Cette espèce de savane est répandue du Cameroun au Sénégal.
En Côte d'Ivoire, elle existe dans toutes les savanes depuis le pays
Baoulé.
C'est un arbre de 6 m de haut ayant un tronc noueux. L'é-
corce de couleur brun-rougeâtre se desquame par petites plaques.
Les feuilles, situées à l'extrémité du rameau, sont caracté-
ristiques. Elles sont oblongues ou oblancéolées et 4 à 7 fois plus lon-
gues que larges. Leurs nervures latérales sont fines et nombreuses.
Utilisations
En odontologie
Dans la région de Dabakala, les Djimini utilisent la tige du
Lophira lancéolata pour leur hygiène bucco-dentaire.
L'utilisation de ce bâtonnet frotte-dent leur assure des dents
blanches. Les tiges sont aussi employées pour faire des gargarismes en
cas de gingivites et de maux de dents.

---

58
Autres domaines
Pour provoquer les règles, les femmes Malinké boivent la dé-
coction de l'écorce de tige.
Pour soigner la variole et la gale, ils se lavent aussi avec
une eau dans laquelle ils ont délayé de la poudre d'écorce de tige.
Au Sénégal, Lophira lancéolata est utilisé pour traiter les
maux de ventre, la toux et les maladies pulmonaires.
Pour les dermatoses rebelles, les plaies, les ictères, les
conjonctivites et les oedèmes, l'écorce de racines est recommandée en
application par voie externe.
Chimie
Une étude sur l'écorce de racine de l'espèce nigérianne a mis
en évidence des tanins, des stérols insaturés, des flavonoïdes et alca-
loides dont on a isolé un composé : la benzamide.
Pharmacologie
Sur les souris, un effet dépresseur de l'extrait éthanolique
d'écorce, a été constaté.
Cette action dépressive est également donnée par la benzamide.

---

59
fruits
\\
Rameau avec feuilles
Inflorescence
Lophira lancéolata

---

60
14.
FAMILLE DES POLYGALACEES
Carpolobia lutéa
Différentes appellations
Carpolobia caudata
Abbè
Kplélé
Attié
N'gbéni
Adioukrou
Morompié
Guéré
: Plintiè
Présentation de la plante
Cette espèce se rencontre dans les sous-bois des forêts
de Cote d'Ivoire. Elle est répandue de la Sierra Leone au Cameroun.
C'est un petit arbre de 3 m de haut. Ses feuilles ont une
forme et une taille variable : ovales, lancéolées, vésiculaires, acu-
minées.
Utilisations
Chez les Agnis et Abbès ,c' est "un des grands médicaments" de
l'Afrique noire.
En odontologie
La tige est utilisée comme frotte-dent, ma~s en cas de douleur
dentaire, il est recommandé aussi d'employer l'écorce de tige. Elle est
écrasée et la pâte obtenue est placée sur les dents atteintes. Cet acte
est répété plusieurs fois jusqu'à ce que la douleur s'arrête totalement.
La dent ne fait alors plus mal et elle devient cassante, se fracture,
s'émiette. L'extrait de cette plante a provoqué une mortification pul-
paire de la dent.

---

61
Autres domaines
Contre l'ictère ou djékouadjo, certains utilisent le décocté
de rac~nes en bains ou bains de vapeur.
Les Attiés, Guérés, Agnis et Abbès, attribuent à la jeune
tige des ~ropriétés aphrodisiaques.
Pour combattre les céphalées et les troubles du sommeil, la
poudre d'écorce est recommandée en instillation nasale. Elle provoque
des éternuements et des larmes.
Les enfants fièvreux, les malades mentaux, se lavent ou se
frictionnent, dans certaines régions, avec le décocté de tige.
La mousse abondante qui est obtenue en battant les racines
et les tiges est responsable d'une utilisation médico-rnagique du
Carpolobia lutéa : la mousse, pour certains, va laver les souillures
des hommes et chasser les mauvais esprits.
Le décocté de racine est donné comme vermifuge et taénifuge,
et aussi pour faciliter chez les femmes l'accouchement et combattre
leur stérilité.
Chimie
Les racines contiennent un composé tri terpénique.

---

62
15.
FAMILLE DES ROSACEES
Parinari curatellifolia
Différentes appellations
Djimini
Toutou
Malinké
Toutou
Lobi
Mlo-Mlo
Présentation de la plante
C'est un arbre de 5 m de haut, présent en Côte d'Ivnir o
dans toute la savane. Il est répandu du Sénégal au Cameroun. Son
écorce noirâtre est fissurée. Les feuilles sont oblongues, ellipti-
ques, alternes, arrondies à l'apex.
Utilisations
En odontologie
Chez les Djiminis, il remplace la brosse à dent.
Autres domaines
Les Malinkés boivent le Parinari curatellilolia pour se pro-
téger des mauvais esprits.
Ils utilisent aussi le décocté de feuilles pour le traitement
de l'asthme. Les jeunes feuilles séchées avec celles de Piliostigma
thonningü, puis pulvérisées, leur servent de poudre de chasse.
Contre la toux, les Oubis mâchent les feuilles et en ava-
lent l'extrait.
Le décocté d'écorce est employé contre le coryza et les bron-
chopathies.

---

63
Un emplâtre de feuilles pilées est confectionné puis appli-
qué sur les plaies pour qu'elles cicatrisent.
De même, lors de la fracture d'un membre, avant la pose des
atelles, le membre est lavé avec le décocté d'écorce, puis massé avec
un mélange contenant la pulpe d'écorce et des graines de maniguettes
pulvérisées.
Le décocté de feuilles est prescrit en boisson et bain comme
fébrifuge.
Pharmacologie
Des expériences bactériologiques sur les
gram +
ont montré
une certaine activité des extraits aqueux d'écorce.

---

64
16.
FAMILLE DES RUBIACEES
1. Gardenia aqualla
Différentes appellations
Djimini
Blè
Malinké
Blèn'Kièni
Présentation de la plante
Cet arbuste odorant de 3 m de haut, commun dans les savanes
de Côte d'Ivoire, est aussi répandu du Sénégal au Nigéria. Ses feuilles
de 2 à 6 cm de long sur 1 à 2 cm de large ont une forme oblancéolée ou
obovale ; elles sont pubescentes sur les deux faces et à la face infé-
r1eure, la nervure est très saillante.
Utilisations
En odontologie
Il est utilisé pour le nettoyage quotidien des dents. Chez
les Djiminis, ce sont surtout les hommes qui l'utilisent, à cause de
ses propriétés aphrodisiaques.
Autres domaines
Une boisson amaigrissante est préparée à base de poudre de
rac1nes séchées, délayée dans du lait frais.
Pour guérir l'abcès du foie, les Malinkés pilent l'écorce
de racine avec un peu d'eau. L'extrait est filtré puis avalé.

---

6S
2.
Naucléa latifolia
Différentes appellations
Sarcocephalus esculentus
Sarcocephalus sambucinus
Naucléa esculenta
Sarcocephalus sassandrae
Français
Pêcher africain
Attié
Monleuh
Adioukrou
Edjik
Djimini
Bati
Malinké
Bati
Description de la plante
Cette espèce est largement répandue dans les savanes de
Côte d'Ivoire. On en retrouve quelquefois en région forestière, le
long des routes. Elle est abondante dans toute l'Afrique intertropi-
cale.
C'est un arbuste à branches flexibles entremêlées, retomban-
tes,de 2 m de haut. L'écorce du tronc, crevassée, laisse apparaître une
couleur rougeâtre.
Les feuilles, elliptiques ou arrondies, ovales, courtement
acuminées peuvent atteindre 21 cm de long sur 12 de large.
Utilisations
En odontologie
Chez les Djiminis, deux utilisations de Naucléa latifolia
sont possibles. Pour l'hygiène dentaire quotidienne, la tige est em-
ployée comme frotte-dent. Pour traiter les parodontopathies, ils font
aussi des bains de bouche avec le décocté de tiges feuillées.

---

66
Pour faire mürir les abcès, on applique localement une pâte
chaude faite de poudre d'écorce de tige et d'un peu d'eau.
Autres domaines
Cette espèce de savane est renommée dans la pharmacopée
locale
Les Malinkés, en instillations oculaires, utilisent l'extrait
des feuilles ramollies puis froissées dans leurs mains, ou le décocté
de feuilles, pour traiter les conjonctivites et les maux d'yeux dûs au
crachat du naja.
On lui suppose une action hypothermisante, diurétique et as-
tringente car il est employé seul ou en association pour traiter les
états fébriles, les courbatures,
le paludisme. Les Attiés, contre l'ic-
tère, boivent le décocté de feuilles et se massent avec ces feuilles
ramollies. Le décocté aqueux d'écorce de tronc est prescrit comme fébri-
fuge ; il sert aussi à régulariser les fonctions intestinales: c'est
un antientéralgique vermifuge, diurétique, laxatif, antidysenterique.
Il est aussi antihémorroïdaire, antiherniaire, antiblennora-
g~que, antisyphilitique, antilépreux.
Sur les plaies de circoncis, l'écorce de tige est appliquée
comme hémostatique. Les feuilles, façonnées en cataplasme, font régres-
ser les oedèmes.
Feuilles et rac~nes sont utilisées contre les aménorrhées et
la stérilité.
Chimie
Des travaux anc~ens ont mis en évidence, à partir des écorces,
des racines et des bois, une alcaloïde appelée dundakine, et un principe
amer, de la résine et des tanins. En 1963, Almeida Silva et ses collabo-
rateurs ont précisé que l'alcaloïde issu des racines est de nature indo-
lique.

---

67
Ils ont aussi isolé de la 7 hydrocoumarine, ainsi que des
stéroIdes et du S sistostérol des extraits lipidiques.
Dans l'espèce congolaise, Bouquet note la présence de sapono-
sides, particulièrement dans les racines.
Pharmacologie
L'extrait
aqueux de feuilles et d'écorces de l'espèce nigé-
rianne révèle un pouvoir hypothermisant. L'injection de 6 g/ Kg de
drogue chez le cobaye provoque une baisse de température de 2°.

---

68
17. FAMILLE DES RUTACEES
1. Fagara zanthoxyloïdes
Différentes appellations :
Zanthoxylum sénégalensis
Fagara sénégalensis
Zanthoxylum polygamum
Djimini
Ouoh
Sénoufo
Diégama
Malinké
~
Baoulé
Tiendé
Wolof
Dnendigek
Gouro
Kohané
iri
Description de la plante :
Cette espèce très répandue du Sénégal au Nigéria se retrouve
en Côte d'Ivoire
en savane mais aussi sur le littoral. Il va de la for-
me arbuste de 8 m de hauteur en terrain sec, en savane, à la forme liane
épineuse en forêt. Les rameaux et les rachis des feuilles sont garnis
d'épines crochues et robustes. Son feuillage et son écorce sont parfumés
et ont bon goût. Les folioles, de forme oblongues ou oblancéolés sont
rigides et légèrement acuminées. Ils ont 5 à 10 cm de long sur 2 à 4 cm
de large.
Utilisations
En odontologie
Les indications thérapeutiques ressortent des propriétés anti-
septiques et analgésiques de cette plante. Les noirs africains le connais-
sent bien et l'utilisent contre les maux de dents
et les gingivorragies
comme frotte-dent. Pour cela, sont utilisées les racines et les tiges
qui sont mâchées, ou leurs extraits, pour en faire des gargarismes. Les
feuilles ont aussi une action antiodontalgique. Le décocté de feuilles,
3 fois par jour est utilisé pour faire des gargarismes ou des fumigations.
Elles s'emploient aussi pour traiter les stomatites et les gingivites. En
cas d'oedème, certains conseillent de faire des frictions plusieurs fois
par jour, avec la pulpe obtenue en écrasant les écorces.

---

69
Autres domaines
Les malinkés, en Côte d'Ivoire, boivent l'eau de macération
de l'écorce de tige avec du jus du citron, pour traiter les blennorragies.
En lavement, le décocté aqueux de feuilles et de
racines est
prescrit pour traiter les entérites, les dysenteries, les diarrhées pro-
fuses, les vers intestinaux, les urétrites. Au Sénégal, il est également
employé comme parasiticide.
Pour le traitement des ulcères, du pian, des plaies suppurantes
et des morsures de serpent, la poudre de racine est appliquée après lavage
de la plaie avec le décocté de feuilles.
En instillations
oculaires et en bains oculaires, la pâte
d'écorce délayée dans de l'eau est indiquée contre les conjonctivites
purulentes.
Chimie :
Des racines, PARIS et MOYSE-MIGNON ont isolé différents alca-
loIdes
la skiammianine ou fagarol
la chélérythrine
une substance cristallisée qui semble être de l'artarine
du fagarol et du pseudo fagarol.
Les tiges, elles, contiennent des tanins, un saponoside, des
alcaloIdes, de la skiarnmianine et de l'angoline, ainsi qu'un peu d'un
principe piquant.
Ce principe a été isolé d'une huile essentielle renfermant
un constituant provoquant un picotement intense, puis une anesthésie des
muqueuses. Il a été identifié au Nisobutyl déca trans 2, trans 4 diénamide.
Les feuilles contiennent une essence, des alcaloIdes et un
hétéroside flavonique.

---

70
2
Técléa verdoorniana
Différentes appellations
= Técléa grandifolia
Abbé : Céssé
Description de la plante :
Cet arbre est présent dans les forêts humides de Côte d'Ivoire.
Il est petit_de taille.
Utilisations :
En odontologie
Les Abbès l'utilisent
pour leur hygiène bucco-dentaire quoti-
dienne, en bâtonnet frotte-dent.
Autres domaines :
Peu d'indications sur l'utilisation thérapeutique de cette
plante ont été données. Notons cependant que l'écorce de racine est
utilisée comme taenicide.
Chimie :
Une étude de PARIS et STAMBOULI a montré que des échantillons
de Côte d'Ivoire contenaient de l'évoxanthine et plusieurs autres alca-
loïdes.

---

71
18. FAMILLE DES SAPINDACEES
(1) Paullinia pinnata
Différentes appellations
Malinké
Mlan nomon
Attié
Ahé biébun
Djimini
Korononfon
Agni
Tron'di
Bété
Bissag'bibro
Description de la plante
Le Paullinia pinnata
se rencontre du Sénégal au Cameroun. En
Côte d'Ivoire, on ne le voit jamais dans les zones très sèches; il existe
dans les régions forestières secondaires et le longdes cours d'eau dans
les savanes.
C'est une liane à feuilles composées. Elles sont constituées
de c~nq folioles, dentées et possédant une touffe de poils à l'aisselle
des nervures.
Les tiges sont souples et traînantes.
Utilisations:
En odontologie
Il est utilisé quotidiennement, en bâtonnet frotte-dent. Les
Djiminis disent qu'il blanchit les dents. L'écorce, façonnée en emplâtre,
est placée sur la dent douloureuse. Pour son action antiodontalgique, il
est aussi utilisé en bain de bouche. Certains pour traiter les oedèmes,
font des fumigations.
Autres domaines :
Paullinia pinnata
est extrêmement réputé pour ses nombreuses
actions.
En Côte d'Ivoire, pour arrêter les vomissements chez les nouris-
sons, les Malinkés utilisent le décocté de feuilles en lavement.
L'écorce de tige est recherchée pour son action aphrodisiaque.

---

72
Les feuilles sont aussi employées chez les Bétés, contre le
choléra et les diarrhées amibiennes.
Paullinia pinnata est surtout recommandé pour son action revi-
gorante : contre l'asthénie, certains prennent des
bains avec l'eau de
trempage des feuilles, d'autres contre les migraines, utilisent l'écorce
de tige et la racine écrasées, en instillations nasales.
Cette plante est aussi recommandée comme antidiarrhéique, anti-
blennoragique, hémostatique et cicatrisant sur les coupures, les plaies
et les ulcères.
Pour certains, il a aussl une action sur le coeur, il est pres-
crit contre les palpitations et les tachycardies.
Il a une action analgésique et dans certaines régions pour faci-
liter l'accouchement dès que les douleurs commencent, la femme boit la
pulpe de bourgeons, de fruits et de racines à laquelle on ajoute du citron.
Dans d'autres régions, il est surtout connu comme poison
pour
la pêche.
Chimie :
L'espèce ivoirienne ne contient pas d'alcaloïdes, mals un sapo-
noside, une substance amère appelée timboineet le timbol qui est un corps
huileux.
Dans les feuilles, il a été mlS en évidence un tanin très con-
densé
du flavotanin.
Pharmacologie
Le saponoside se montre très toxique pour les paramécies. Le
tanin, avec l'acide tanique, a une activité cardiotonique sur le coeur
de la grenouille. Chez les mammifères il stimule le tonus diastolique
et le flux coronaire.

---

73
..
Paullinia pinnata

---

74
(2)
Lecaniodiscus
cupanoides
Différentes appellations
Agni
Kéké
Abbè
Kéké
Attié
Boué
Description de la plante :
Cet arbre des forêts, fréquent en Côte d'Ivoire, n'a été signalé
que chez les Abbès.
Il semble peu employé par les guérisseurs indigènes.
En odontologie :
Son emploi se limite chez les Abbès et les Agnis au bâtonnet
frotte-dent.
Autres domaines :
Les Abbès l'emploient pour traiter l'asthme en ingérant un mélange
d'écorce, de suie et d'huile de palme.
Les
Gouroussis, en Haute-Volta, l'utilisent pour soigner les
brûlures.

---

75
CON C LUS ION

---

76
L'analyse des compositions chimiques étudiées précédem-
ment, montre qu'il entre dans la structure de ces bâtonnets frotte-dents
des substances actives pouvant agir sur les muqueuses buccales et sur
les dents. Certaines d'entre elles sont encore méconnues ou non identi-
fiées, mais huit principes actifs seront essentiellement retenus :
( 1)
Les tanins
(2)
Les gommes - résines
(3)
Les triterpénoïdes
(4)
Les flavonoïdes
(5)
Les anesthésiques
(6)
Les saponosides
(7)
Les sels de potassium
(8)
Les alcaloïdes
(1) Les tanins et les tanoïdes
Ils ont des propriétés astringentes et laisse une impression
de sècheresse, de constriction.
Ils ont une action hémostatique faible sur les capillaires.
Ils agissent préventivement contre les fermentations microbien-
nes, en précipitant les protéïnes de la plaque bactérienne.
Ils sont aussi efficaces sur la dentine cariée : on remarque
qu'ils bloquent le processus carieux chez les mangeurs de Cola
(Cola
nitida ) : leurs dents ont une teinte brun-noire et la carie est stoppée.
- En solution glycérinée, ils sont momifiants pulpaires
- En bains de bouche astringents, ils s'emploient contre les
gingivo-stomatites.
- Mélangés dans des pâtes à d'autres produits tels que le phénol
et l'eugénol, ils sont astringents
et analgésiques pulpaires.
(2) Les gommes résines
Ce sont des topiques émolients ayant des propriétés mucilagi-
neuses.
Ils protègent les muqueuses par leur action lubrifiante.

---

77
En Europe, ils entrent dans la composition de matériaux
à empreinte.
(3)
Les triterpénoïdes
Leur action sur la muqueuse buccale est due à leurs propriétés
tensio-actives. Ils jouent un rôle antiphlogistique et analgésique.
(4)
Les flavonoides
Ils possèdent des propriétés vitaminiques
P
au niveau des
capillaires qu'ils renforcent; Ils permettent de diminuer la fréquence
des hémorragies mineures.
(5)
Les anesthésiques
Seul le
Fagara zanthoxyloides
possède cette action. La suc-
cion
de la branche laisse localement une sensation d'anesthésie.
(6)
Les saponosides
Ils sont tensio-actifs, et cette propriété leur permet d'être
fluidifiants des sécrétions, émulsionnants et détergents. Ils donnent
aussi une mousse abondante en solution
aqueuse. Ces caractéristiques
servent à la publicité de certains dentifrices.
(7)
Les sels de potassium
Ils ont une action tonique sur les capillaires et joueraient
un rôle dans les hémorragies mineures.
(8)
Les alcaloïdes
Ils ne semblent pas avoir une action directe sur la muqueuse
buccale. Ils sont cependant inclus dans la composition de bains de bouche
et de dentifrices.
Les tableaux suivants rassemblent les espèces étudiées en in-
diquant l'organe utilisé en odontologie, les indications thérapeutiques,
le mode d'emploi et différents types de principes actifs contenus dans
ces plantes.
Les tradipraticiens africains, malgré les échecs qu'ils ont
quelquefois obtenus, réussissent parfois à traiter certaines affections.

---

78
Il semble
que quelques végétaux soient réellement efficaces sur l'appa-
reil bucco-dentaire. Les indications et la composition chimique du
Fagara zanthoxyloides et du Lophira lancéolata , permettent de proposer
une étude particulière de ces deux plantes. Après extraction
de leurs
principes actifs, il serait intéressant de tester ces extraits sur les
bactéries responsables de pathologies bucco-dentaires. Puis sur un ani-
mal de laboratoire, l'évolution de lésions buccales provoquées antérieu-
rement, sera observée, après un traitement à base d'extraits de plantes.
Des résultats positifs permettraient peut-être d'envisager l'in-
corporation d'un composé de ces plantes dans un bain de bouche ou dans
un dentifrice.

---

Tableaux récapitulatifs des différentes espèces étudiées
Nom de la famille:
Nom de la Plante' Organes utilisés:
Indications
Mode
d'Emploi
Types de prin-
-cipes
actifs
Mangifera indica
tige
hygiène
bâtonnet frotte-dent
ANACARDIACEES
gingivorragies
bain de bouche
(1)
-
(2) -
(3)
feuille
odontalgie
bain de bouche
(4)
gargarisme
-----------------_..._-----------------_. ----------------_. -----------------_. ----------------------_.
·
.
.
.
.
:CAESALPINIACEES
Daniella oliveri
tige
hygiène
parodontopathie
:
bâtonnet frotte-dent
(1) -
(2) -
(3)
mobilité dentaire:
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ e
*
e
e
•
·
.
.
.
.
:CARICACEES
:
Carica papaya
:
racine
: hygiène
:
bâtonnet frotte-dent :
:
:
:
:_~~~~~~1gi~
:__~~i~_~~_~~~~~~
:
Terminal·ia
:
tige
: hygiène
:
bâtonnet frotte-dent:
:COMBRETACEES
------------------_:_-~=~~~~~~~~~------;---~~~~~~--------;-~~~~=~=~~~-------;--~~~~=~~~-~~=-~~~~~~~~;
Vernonia colorata
tige
hygiène
bâtonnet frotte-dent :
'COMPOSES
feuilles
: odontalgie
bain de bouche
'
(8)
écorce
, abcès dentaire
obturation de la dent'
·
.
.
.
·
.
.
.
------------------- ------------------- ----------------- ------------------ -----------------------
Diospyros
tige
: hygiène
bâtonnet frotte-dent :
(6)
mespiliformis
,
.
'
:EBENAGEES
------------------_._---------------_._----------------_._----------------------
Diospyros
tige
hygiène
bâtonnet frotte-dent
soubréana
"
\\0

---

Types de prin-
Nom de la famille: Nom de la plante
:Organes utilisés
Indications
Mode
d'emploi
-cipes
actifs
EUPHORBIACEES
: Microdesmis
: tige
: hygiène
:bâtonnet frotte-dent
(8)
puberula
: feuilles
: odontalgie
: bain de bouche
Erythrococca
: tige
: hygiène
:bâtonnet frotte-dent
(8)
anomola
: feuilles
: parodontopathie
:bain de bouche
:lotion désinfectante
Phyllantus
tige
: hygiène
:bâtonnet frotte-dent
:
muellerianus
feuilles
odontalgie
:bain de bouche
:lotion
Mal lotus
: tige branche
: hygiène
:bâtonnet frotte-dent
oppositofolius
: écorce
: odontalgie
:instillations nasales
:
:
:
Bridelia
: branche
: hygiène
:bâtonnet frotte-dent
( 1)
ferruginéa
: écorce
: odontalgie
:bain de bouche
feuilles
: cellulites
:applications locales
muguet
•
e
e
e
e
e
.
.
.
.
.
.
GUTTIFERES
Garcinia
: tige
: odontalgie
: afzelü
:
: gingivites
:bâtonnet frotte-dent
(4)
: ___________________ :
:
: h
_
_
_
_
L
V
~
_
_
D
_
_
_
_
i
_
è
_
_
n
_
_
_ e
_
_
:
:
Strychnos
: .
: h
"
:bA
f
d
t~ge
yg~ene
atonnet
rotte- ent
(8)
LOGANIACEES
: sp 1ende n s :
:
:
.
.
.
.
.
------------------- ------------------- ----------------- ------------------ ----------------------
MELIACEES
: Azadirachta Indica: tige
: hygiène
:bâtonnet frotte-dent
Cl)- (2) - (3)
:-------------------:-------------------:-----------------:------------------:----------------------:
MENISPERMACEES
Tréclisia patens
tige
hygiène
:bâtonnet frotte-dent
(8)
co
o

---

;
Types de prin-
Nom de la famille
Nom
de
la plante;Organes utilisés;
Indications
Mode
d'emploi
:
:
-cipes
actifs
:
:
MORACEES
Ficus aspérifolia : tige
· hygiène
:bâtonnet frotte-dent
·
------------------:-------------------:----------------:-------------------:----------------------:
Lophira lancéolata: tige
hygiène
OCHNACEES
:bâtonnet frotte-dent
gingivites
(1) -
(4) -
(8)
: gargarisme
odontalgies
:bain de bouche
·
-------------------:-ëarpolobIa--------:--~-------------:-----~~------------:b-:--------------------
· t~ge
.
hyg~ene
. atonnet frotte-dent
.
(4)
POLYGALACEES
: lutéa
: écorce
:
odontalgie
:obturation de la dent :
.
.
------------------- ------------------- ---------------- ------------------- ----------------------
·
.
·
.
.
: Parinari
ROSACEES
: tige
hygiène
:bâtonnet frotte-dent
: curatéllifolia
-------------------.----------------.------------------_._---------------------
· Naucléa
: tige
:
hygiène
:bâtonnet frotte-dent
: latifolia
: tiges feuillées:
parodontopathies :bain de bouche
(1)- (2)_ (8)_ (6)
: écorce
.
abcès
:applications chaudes
------------------- ------------------- ---------------- ------------------- ----------------------
·
.
.
· Fagara
: tiges
.
hygiène
:bâtonnet frotte-dent
zanthoxyloïdes
: racine
odontalgie
: gargarisme
~ feuilles
gingivorragies
: fumigations
RUTACEES
( 1) - (4) - (5)- (8) :
stomatites
écorce
gingivites
:friction
abcès
Técléa
tige
hygiène
:bâtonnet frotte-dent
(8)
verdoorniana
:-------------------:-------------------:----------------:-------------------:----------------------:
Paullinia
tige
hygiène
:bâtonnet frotte-dent
SAPINDACEES
pinnata
écorce
odontalgie
:obturation
abcès
: bain de bouche
: fumigation
Lecaniodiscus
cupanoïdes
tige
hygiène
:bâtonnet frotte-dent
ex>

---

82
B 1 B LlO GRAPHI E

---

83
1. ADJANOHOUN E.
et
AKE ASSI L.-
Contribution au recensement des plantes médicinales
de Côte d'Ivoire
Centre National de floristique.
2. AKE ASSI L., ABAYE J., GUINKO S., GIGUET R., BANGAVOU
Y.-
Contribution à l'identification et au recensement des
plantes utilisées dans la médecine traditionnelle et la
pharmacopée en Empire Centrafricain
D'après le rapport présenté par à l'A. C. C. T.
3. AKPLOGAN DOSSOU G.-
Les "frotte-dents" brosses à dents traditionnelles en Afrique
Thèse de chirurgie dentaire - Bordeaux,
1974,
81.
4. BARNAUD J.-
Alimentation et car~e - une plante tropicale "cario-protectrice"
Le Taro
Revue odonto-stomatologique - 1975
Vol. 4, n° 2, 169-173.
5. BOUM B. -
Contribution à l'étude pharmacologique et clinique des
écorces du Carica papaya
Thèse de
Doctorat d'Etat en Pharmacie - Paris,
1979.
6. BOUQUET A.-
Plantes médicinales du Congo-Brazzaville
O.R.S.T.O.M.
- Paris,
1972.
7. BOUQUET A.,
KERHARO J.-
Les
plantes médicinales et toxiques de la Côte d'Ivoire
et de la Haute-Volta
Paris,
1950.
8. BOUQUET A., DEBRAY M. -
Plantes médicinales de la Côte d'Ivoire
Travaux et documents de l'O.R.S.T.O.M.

---

84
9. BROWN J.M.
et
JACOBS J.W. -
Etude de l'activité
antibactérienne de bâtonnets frotte-dents
vis-à-vis de streptocoques buccaux
Odonto - Stomatologie Tropicale
1979,
II, 5, 25.
10. CHEIKH T. Thiam.-
La prévention de la car~e
Famille et développement -
1978, Janvier, nO 13,
60-61.
Il. CHAABOUNI N.-
Plantes médicinales, pratique dentaire, Tunisie
Thèse de chirurgie dentaire,
Bordeaux,
1978 -
10.
12. Di PASQUALE Ch.'~
Soins de santé primaires et odontologie traditionnelle
au Sénégal
Odonto Stomatologie Tropicale
1979,
II,
6, 7.
13. Di PASQUALE Ch., GRAPPIN G.-
Odontologie et intégration
Afrique Médicale
1971,
92,
613 - 616.
14. DJEBI Irié. -
Etude de l'effet du bâtonnet frotte-dent sur les tissus
parodontaux d'une population de Côte d'Ivoire
Thèse de chirurgie dentaire - Clermont-Fd,
1981.
15. FAUCONNIER P.-
Quelques remèdes végétaux d'hier et aujourd'hui utilisés
en odonto-stomatologie
Thèse de chirurgie dentaire
Rennes,
1978.
16. FRANKLIN
E.R.-
Les maladies parodontales, grave problème socio-économique
en Afrique Noire
Odonto Stomatologie Tropicale
1978, l, 1, 17.

---

85
17. GORACCI G.-
Méthodes traditionnelles d'hygiène dentaire en Afrique.
Aspects positifs et négatifs
Odonto Stomatologie Tropicale -
1980,
III, 4,
159-160.
18. GRAPPIN G. et KERHARO J.-
Notes sur les sotious
(frotte-dents) vendus sur les marchés de
Dakar
Médecine d'Afrique Noire
1969,
819 -
657 - 660.
19. GRAPPIN G., Di PASQUALE Ch., VOVOR M., THIAM C.T.-
A propos d'une enquête réalisée au Sénégal sur le
Sotiou,
brosse à dents traditionnelle en Afrique
Revue S.E.S.D.A. -
1974,
nO 7,
10-14.
20. GROFFIER R.L., CLEMENT J.-
Géographie 3e - La Côte d'Ivoire
Edition Hatier
21. GUILLOT C.-
Sur les plantes et produits employés pour l'hygiène de la
bouche et des dents dans les pays extra européens
Bulletin des Sciences Pharmacologiques - 1962, Tome 19,
298.
22. HARDINS T.W.-
Thérapeutique traditionnelle
Chronique de l'O.M.S.,
1977, nO 31,
473.
23. HOUEMAWO S.
Contribution à l'étude des hémorragies en odonto-stomatologie .
Leurs traitements au Sénégal
Thèse de chirurgie dentaire - Dakar,
1979.
24. KERHARO J.-
Les plantes africaines d'intérêt thérapeutique.
Médecine d'Afrique Noire
1971,
18,
855 - 867.

---

86
25. KERHARO J.-
La pharmacopée traditionnelle
Thèse de médecine -
Dakar,
1971.
26. KERHARO J. et ADAM J .G.-
La pharmacopée sénégalaise traditionnelle
Plantes médicinales et toxiques
Paris,
Vigot frères,
1974.
27. KERHARO J., ATTISO M. , SYLLA 0.-
Les problèmes de la recherche sur les plantes médicinales
africaines
Médecine d'Afrique Noire
numéro spécial,
1969, Juillet, 251-252.
28. KULASEKARA B.-
Comparative efficacy of Oral hygiène procedures practised
in Sri Lanka
Odonto Stomatologie Tropicale
1981, IV,
l,
35.
29. LALDJIM N.-
Pratiques traditionnelles
Thèse chirurgie dentaire - Lyon,
1976,
10.
30.
MAWUPE -VOVOR
K.-
Contribution comparative de l'action sur le parodonte du bâton-
net frotte-dents (en usage dans les milieux africains) et de
la brosse à dents,
Thèse chirurgie dentaire - Lyon,
1973,
10.
31. MUNE J.O.-
Un médecin traditionnel nous
parle
Santé du Monde - Magazine de l'O.M.S.,
1976, Octobre, 8-10.
32. NDIAYE R.-
Parodontopathie, enquête épidémiologique dans la région de
Dakar
Thèse de chirurgie dentaire - Paris VII,
1978.

---

87
33. OUATTARA A.-
L'information des médecins en Côte d'Ivoire
Thèse de Sciences économiques - Clermont-Ferrand,
1980, octobre.
34. PAMBO AMANGOUA E.N.-
Thérapeutique des affections bucco-dentaires en Côte d'Ivoire
Thèse de chirurgie dentaire - Clermont- Ferrand,
1981.
35. PAULIAN de FELICE
Guide pour l'étude de quelques plantes tropicales.
36. ROWSON J.M-
Drogues et plantes médicinales de l'ouest africain
Annales pharmaceutiques française
1969, 27,
439-448.
37. TOURE L.
Hygiène dentaire traditionnelle en Côte d'Ivoire
IVe journée
médicale
d'Abidjan,
1976, nO 76.
38. TOURE TURQUIN A.-
Utilisation du bâtonnet frotte-dents dans les sociétés tradi-
tionnelles d'Afrique Noire
Thèse de chirurgie dentaire - Paris VII,
1979, n° II.
39. VENOT B.-
Phytothérapie et thérapeutique bucco-dentaire. Applications
au traitement par voie externe des gingivo-stomatites
Thèse de chirurgie dentaire - Paris V,
1978.

---