ACADEMIE DE PARIS
UNIVERSITE RENE DESCARTES (PARIS V)
FACULTE DE CHIRURGIE DENTAIRE
Année 1991
Thèse nO: 43.55.91.
THESE
Pour le DIPLOME DE DOCTEUR DE 3ème CYCLE
DE SCIENCES ODONTOLOGIQUES
Présentée et soutenue publiquement le: 25 septembre 1991.
par
BITTY Marie-Josèphe Affia
Recherche de caractères particuliers concernant l'Esthétique
faciale chez des sujets de Race Noire issus de Côte d'Ivoire.
M.
Le Professeur
M. GASPARD.
Président
Melle
Le Professeur
E. BATAREC,
Assesseur
M.
Le Professeur
P. BUCHARD,
Assesseur
M.
Le Professeur
J. - M. RIGNON - BREL
Assesseur

UNIVERSITE RENE DESCARTES
FACULTE DE CHIRURGIE DENTAIRE
AFFECT ATION
SECT10N
Sous-sECTlON
PROFESSEURS
PROFESSEURS
MAlTRES DE
cfUNIVERsrrE
1... GRADE
CONFERENCES
56.01
M.FORTER
M. AlDfol
PEDODONTIE
M. GUILlAIN
Mme KlAPlSZ·WOllKOW
M.NEJAR
MlalANORU
M.OEMOGE
M.BENOIT
M.OECKER
DEVELOPPEMENT
56.02
Mie KlINGlEA
M.CHARAON
MmeotUAEAUX~
ORTHOPEDIE DENTO-fOAClALE
M.SKINAZI
MIaFIu.EUL
1
CROISSANCE
M.GUGNY
56.02
M. BERENHOlC C.
M. DETRUIT
Mill FOlLIGUET
PREVENTION
PREVENTlOH
M. NOSSINTCHOUK
EPIDEMIOlOGIE
M. TREVOUX
ECONOMIE DE LA SANTE
ODONTOLOGIE LEGALE
MIaBRlON
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M.BIGOT
57.01
M.OARGENT
M. OETIENVll1..E
PAROOONTOLOGIE
M.ME'tERJ.
M.SAFFAR .
57.02
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M.MAMAN
SCIENCES
CHIRURGIE BUCCAlE
M.GRENIER
MmaPOIDATZ
PATHOLOGIE" THERAPElITlOUE
M.lHlBAULT
BIOLOGIQUES
ANESTHESiOlOGIE ..
REANIMATION
MEDECINE ET
57.03
M.GOlOBERG
M. SERENHOLCS.
MmaBERDAL
SCIENCES BIOlOGIOUES
M. 1<A0UELER
Mme DECOMBAS
CHIRURGIE
(BIOCHIMIE, IMMUNOLOGIE,
M. Pt::UEAIN C.
M. Pt::LlAT
HISTOLOGIE, EMBRYOLOGIE,
M.PHAM
ANATOMIE PATHOLOGIQUE,
GENETIQUE, BACTERiOlOGIE,
PHARMACOLOGIE)
Mme ffiu..EA
M.AMANS
Mme COHEN-CHEMlA
M. BATAREC
l.4.lASFARGUES
56.01
MmaGRAS
M. LEVY G.
ODONTOLOGIE CONSERVATRICE
M.HAYAT
ENDODONTIE
t.\\meMELCER
M.NITLIŒl
M.SANTORO
SCIENCES
M.lEILIG
M. VALENTIN
Mie BATAREC
M.BEGIN
PHYSIQUES
MmaBUŒl
M. BONIFAY
M.BUCHARO
M. GIROT
ET
M. CHOURAOUI
M. PIERRISNARD
58.02
M.NAVARAO
PHYSIOLOGIQUES
PROTHESES
M. RIGNON-8AET
M. SIMONPAOU
ENDODONTIQUES
PROTHETIQUES
58.03
M. BURDAIRON
M. KNEu.ESEN
M.DEGRANGE
SCIENœS ANATOMIQUES
M.GASPARD
M.MELŒR
M.GAUDY
PHYSIOLOGIQUES
M.LIMOGE
M.LAISON
OCCLUSOOOHTIOUES
M.LAUffiOU
BIOMATERIAUX
M. PEUERIN Y.
BIOPHYSIQUE, RADIOLOGIE
l.4.SAOOUN

A mon Père,
Dans l'espoir de n'avoir pas déçu ses ambitions.
In Memoriam.
A ma Mère,
En témoignage d'affection et de reconnaissance.
A ma fille,
Avec toute ma tendresse.
A mes amis,
A tous les miens.

A Monsieur Marcel GASPARD
Docteur en Chirurgie Dentaire
Docteur en Sciences Odontologiques
Professeur des Universités
Docteur d'Etat Es-Sciences et Biologie Humaine
Attaché au Muséum
Docteur en Sciences Economiques (Economie Politique de la Santé)
Lauréat de l'Académie National de Médecine

Qu'il trouve ici le témoignage de notre reconnaissance pour
les précieux conseils prodigués, la qualité constante et
humaine de son accueil.
Qu'il nous permettent de lui affirmer notre profonde
admiration pour son oeuvre en faveur de la
recherche et de l'enseignement.
Il nous fait l'honneur d'accepter la présidence
de notre jury de thèse.

A Mademoiselle Evelyne BATAREC
Docteur en Chirurgie Dentaire
Docteur en Sciences Odontologiques
Professeur à la Faculté de Chirurgie Dentaire de
l'Université René
- Descartes Paris V.
Chef de Service de Prothèse Adjointe Partielle.

Qui a initié en nous le goût de la prothèse adjointe partielle.
Qu'elle trouve ici l'expression de notre sincère gratitude et de nos
remerciements pour avoir si gentiment accepté de participer au
Jury de cette thèse.

A Monsieur Pierre BUCHARD
Docteur en Chirurgie Dentaire

Docteur en Sciences Odontologiques
Professeur à la faculté de Chirurgie Dentaire.
Chef de Service de Prothèse Complète à la Faculté de chirurgie Dentaire
de l'Université René - Descartes Paris V.
Membre de l'Académie Dentaire
Chevalier dans l'ordre National du mérite
Officier des Palmes Académiques

Qui nous a accueilli dans son service et qui s'est constamment
préoccupé du bon déroulement de notre travail.
Qu'il trouve ici le témoignage de notre sincère reconnaissance
pour l'Enseignement qu'il nous a dispensé.

A Monsieur Jean Marie RIGNON-BRET
Docteur en Chirurgie Dentaire
Docteur en Sciences Odontologiques

Docteur d'Etat en Odontologie
Professeur à la Faculté de Chirurgie Dentaire de
l'Université René - Descartes Paris V.
Qui a suscité en nous le goût de la prothèse adjointe complète,
par sa constante disponibilité et ses précieux conseils.
Qu'il trouve ici le témoignage de notre reconnaissance et
l'expression de nos remerciements pour avoir bien voulu
participer au Jury de cette thèse.

Nous tenons à remercier également
Les élèves et la Direction de l'Ecole paramilitaire
d'Abidjan pour leur entière disponibilité,
Tous ceux qui de près ou de loin nous en soutenu tout au long
de ce travail.
Qu'ils trouvent ici l'expression de notre profonde gratitude.

Recherche de caractères particuliers concernant
l'Esthétique faciaJe chez
des sujets de Race Noire
issus de Côte d'Ivoire.

1
Recherche de caractères particuliers concernant
l'Esthétique faciale chez
des sujets de Race Noire
issus de Côte d'Ivoire.

2
PLAN
VOLUME 1
INTRODUCTION
1 - Evolution du concept esthétique noir-africain
1.1. L'Afrique Noire et ses caractéristiques raciales
1.1.1. Les races noires.
1.1.2. L'Afrique Noire.
1.1.3. Les Mélano-Africains
1.2. La conscience esthétique noire-africaine
1.3. Les caractéristiques ethnologiques de l'esthétique noire-africaine
II - Le massif crânio-facial
II.1. Rappel embryologique du crâne et de la face
II.2. Anatomie comparée du crâne et de la face
II.3. Anatomie et physiologie du crâne et de la face
II.3.1. L'ostéologie
11.3.2. La myologie
11.3.2.1. La musculature profonde
11.3.2.2. Les muscles peauciers
11.3.2.2.1. muscles peauciers du crâne: muscle occipito-frontal
11.3.2.2.2. muscles peauciers annexés au pavillon de l'oreille
11.3.2.2.3. muscles peauciers du nez
11.3.2.2.4. muscles des paupières et des sourcils
11.3.2.2.5. muscles annexés à l'orifice buccal
11.3.3. Morphologie régionale de la face
II.3.3.1. La ré~on nasale
II.3.3.2. Les lèvres

11.3.3.3. La joue
,
.
11.3.3.4. Le menton
! ),;J
11.3.3.5. L'oeil et les paupières
,
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11.3.3.6. La peau et les phanères
".
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11.3.4. Quelques définitions des points
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crânio-faciaux utilisés

3
III - Le concept esthétique en odontologie
lII.l. En orthopédie dento-faciale
1II.2. En prothèse adjointe
111.2.1. La typologie
111.2.2. La dimension verticale et le rapport intermaxillaire
111.2.3. Le choix et le montage des dents prothétiques antérieures
111.2.3.1. La forme des dents prothétiques
111.2.3.2. La taille des dents prothétiques
111.2.3.3. La teinte
111.2.3.4. Le montage esthétique
111.2.3.5. L'extrados des prothèses
IV - Analyse des sujets
IV.l. La Côte d'Ivoire. Sa population
IV.2. Méthodologie
IV.2.1. Choix de la population
IV.2.2. Matériel et méthode
IV.2.3. Présentation de la fiche d'étude
N.3. Présentation de deux sujets
IV.4. Résultats
V-Discussion
CONCLUSION
BIBUGRAPHIE
VOLUME II
ANNEXES

4
INTRODUCTION

5
L'Homme a cherché à représenter les traits de son espèce par des images,
les plus harmonieuses possibles.
Le prothésiste clinicien, face à un édentement partiel ou total chez un
patient ayant perdu l'intégrité de ses capacités fonctionnelles, esthétiques et
psychologiques, doit pouvoir lui redonner une meilleure apparence, une
envie de renouer complètement avec son monde extérieur.
Il est utile de jeter un regard sur l'esthétique en général, celle du visage
en particulier.
La décision thérapeutique est fonction du goût, de la culture et de
l'expérience du praticien. Celui-ci, afin de minimiser l'aspect subjectif de sa
décision, doit affiner son sens artistique. La culture ne comportant pas de
frontière, aucun mur ne doit séparer art et science.
L'analyse détaillée des visages éduque le sens artistique, et de nombreux
artistes ont établi des "canons", des lois de proportions du corps ou du visage
qui leur paraissaient les plus harmonieuses.
Dès la préhistoire, "la Vénus de Brassempouy", tête sculptée dans
l'ivoire, représentait des volumes ordonnés.
Al'Antiquité, les statues égyptiennes au front incliné, à l'ensellure
nasale peu marquée et aux lèvres ourlées de Néfertiti dégageaient une
impression de majesté; c'était un modèle de beauté.
En Grèce, Polyclète, à la même époque, établit les règles d'or: la tête du
canon grec s'inscrit dans un carré parfait divisé en quatre étages égaux.
A Rome, Vitruve, architecte, créa des types d'hommes idéalisés, ayant
des formes proches de la perfection. Il les immortalisa dans des statues.
A la Renaissance apparaissent plusieurs études sur la perfection du
visage humain. Ainsi, Léonard de Vinci décrit, dans ses dessins anatomiques,
toutes les parties du corps humain (Fig. 1).

6
DÜrer, dans le "Traité des proportions", affirme que l'harmonie dento-
faciale est fonction des proportions dont les lignes forment des réseaux. Sur
une "face normale", ils sont réguliers et se déforment avec les malformations
morphologiques (Fig. 2).
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haut: face normale.
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Droite face.
Faéc rode, & vouréc ou cintrée. Face cllfoncêc,ou camhré
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7
Ces canons ont été décrits pour le type européen. Qu'en est-il pour des
races noires ?
Le sens de l'esthétique varie en fonction des civilisations et des cultures.
Nous connaissons les déformations imposées par certaines populations noires:
les femmes "plateau", la femme-girafe, les gencives bleutées, les dents taillées
en pointe... Serait-ce des critères de beauté, ou des caractéristiques
ethnologiques?
Le concept de beauté relève de la culture, du contexte ethnique, de
l'environnement, du psychisme.
Sa définition apparait donc comme une entreprise difficile.
Le "Dictionnaire de notre temps" 1991, chez Hachette, dit:
- Beau: ce qui suscite un plaisir esthétique, un sentiment d'admiration.
- La beauté : qualité de ce qui suscite un sentiment d'admiration, un
plaisir esthétique.
Beau et esthétique sont donc liés.
Le même ouvrage définit :
- L'esthétique: science, théorie du Beau.
- Esthétique: relatif au sentiment du Beau, conforme au sens du Beau.
Pour Evelyne Batarec (1) :
- ilL 'esthétique: sentiment de beau.
- L'esthétique dentaire : proposée pour dentogénique. Essentiellement
subjectif, le sens de l'esthétique varie d'un individu à un autre, d'un pays à
l'autre. Il en va de même pour l'esthétique dentaire."
(1) Lexique des termes de prothèse dentaire

8
Pour Lejoyeux (2):
- "L'esthétique est à la fois la théorie du Beau et la philosophie de l'art.
L'Esthétique apparait comme le résultat de tout ce qui peut concourir à un
équilibre harmonieux entre tous les vecteurs capables d'éveiller en nous une
émotion particulière appelée sentiment de beau."
Nous rejoindrons la définition de Camper qui, en 1780, disait: "Tout ce
que nous qualifions de Beau dans la forme des hommes et des animaux
dépend uniquement d'une convenance mutuelle et d'un consentement établi
sur l'autorité d'un petit nombre". Il ajoutait: "Ce que nous trouvons beau
n'est que présentation de ce à quoi nous sommes particulièrement habitués."
Pourtant, un beau visage est celui dont les proportions harmonieuses
s'écartent de la moyenne par quelques variations perçues comme expressives
et dont la surface est dépourvue d'irrégularités.
Que penser des moyennes ? Il semble difficile de définir un type moyen,
car par définition il ne serait que le portrait-robot d'une population
particulière. Un visage normal avec un équilibre harmonieux peut avoir des
mesures qui correspondent à son type, sans pour cela être dans la moyenne.
La beauté est souvent associée à la fonction, et un bon fonctionnement
est par définition incompatible avec une forme anormale. Le visage humain se
développe harmonieusement si son équilibre fonctionnel est bon. Il vieillit
bien s'il garde cet équilibre.
Nous dirons qu'un beau visage est le résultat de l'harmonie de forme,
de couleur, de la symétrie, de la précision, le tout enrobé dans un halo qui
émeut notre sensibilité et suscite en nous du plaisir.
(2) Esthétique dento-labiale. Les cahiers de prothèse.

9
Un visage est esthétique lorsque l'harmonie qui en émane s'intègre
dans le milieu social, culturel et racial. Il ne choque pas. Il rentre dans
l'habituel, la normalité.
En odonto-stomatologie, un malentendu semble exister concernant
l'esthétique, car il n'est souvent pas tenu compte des multiples aspects
psychologiques.
Au sein des motivations inexprimées de l'édenté, il en est une plus
précise vers l'accession à une expression physique agréable ou améliorée. Cet
espoir existe à n'en pas douter chez bon nombre de nos patients, car l'individu
porte en lui l'admiration, le désir, la recherche de la beauté. Ces espoirs sont
fondés, justifiés et possibles à satisfaire dans certains cas, pour autant que le
praticien soit doté d'un sens esthétique réel. La restauration prothétique doit
toujours s'insérer dans le type, l'expression, les volumes, sans jamais détoner
ou apporter quoi que ce soit qui s'inscrive en contradiction dans les différentes
expressions ou avec les éléments composant le visage.
L'amélioration du sourire dento-Iabial comme sa création devront se
réaliser dans le cadre des impératifs esthétiques qui se dégageront des résultats
des recherches et des statistiques, en harmonie avec les caractéristiques propres
au patient.
Pour le Professeur Devin, l'analyse du visage "pour en découvrir les
traits les plus marquants permettra les expressions dentaires les plus aptes à les
exprimer. "
C'est dire qu'à côté des connaissances, des pratiques et des techniques de
prothèse adjointe, la connaissance des individus est nécessaire à la bonne
résolution des problèmes posés. Le regard quotidien sur nos patients dentés,
sur les gens que nous rencontrons, sur ceux que nous découvrons au travers
d'une image souvent révélatrice et indiscrète sur les écrans de télévision, nous

1 0
conforte dans l'opinion que l'observation des sujets dentés contribue à la
connaissance et au traitement de l'édentement, en particulier lorsqu'il y a
absence complète d'éléments préextractionnels.
De nombreux auteurs insistent sur la nécessité de conservation des
documents préextractionnels de façon à pouvoir reproduire par la restauration
prothétique, au-delà du cadre fonctionnel et esthétique traditionnel, une vérité
qui s'intègre à nos patients.
Il est vrai que l'avantage d'appréhender nos patients dès le moment où
est posé le diagnostic ou le pronostic de prothèse, nous permet, avec la
possibilité d'assumer et d'assurer le passage sans heurt et cohérent de
l'édentation partielle à l'édentation totale, de recueillir un nombre important
d'informations, d'indications qui nous seront utiles pour notre construction
prothétique.
Ces éléments nous serviront ensuite dans le traitement de l'édentement
total, pour le choix et le montage des dents artificielles, et nous nous
efforcerons, tout en respectant les impératifs mécaniques et fonctionnels, de
cerner au plus près notre restauration, afin qu'elle restitue sur le plan de
l'esthétique et encore de la phonation, mais aussi de la mastication,
vraisemblance et efficacité.
Certes, l'usage et la connaissance nous permettent de résoudre avec plus
ou moins de bonheur les solutions qui se présentent à nous et, encore assez
souvent, notre arbitrage, qui repose au départ sur notre ~cquis de connaissance,
cède aussi à l'intuition.
fi::· (,
Dans les cabinets dentaires et dans les centres dks6ins, des patients de
toutes origines viennent consulter et notre intuition est souvent sollicitée:
i
; ~ '? '
~,
- Sur quels critères de base réaliser une restauration prothétique
chez un sujet noir-africain ?

1 1
- Notre connaissance professionnelle, basée sur des sujets de type
européen, s'adapte-t-elle à ce type de patient?
- Une réalisation esthétique pour moi le sera-t-elle pour lui?
C'est la raison pour laquelle nous avons entrepris cette recherche.
Recueillir des indications statistiques sur des valeurs concernant des
sujets dentés, afin de vérifier certaines notions classiquement reconnues,
donner et préciser quelques indications, de manière facile, pour être utilisées
par les étudiants et en pratique courante, mais encore, en y ajoutant d'autres
paramètres, sans toujours savoir si leur enregistrement déboucherait sur
quelques conclusions, archiver toutes sortes d'indications : tel était le but
premier de notre enquête. Ensuite, à partir des résultats obtenus, nous nous
proposions de voir et de rechercher s'il existait certains rapports entre les
mesures et les résultats de ce travail.
Nous avons donc établi un questionnaire d'identification dans lequel
étaient inclus tous les éléments que nous allions relever chez les sujets dentés
observés. Parallèlement, nous avons établi un code qui nous permettait de
remplir le questionnaire. Ce dernier devait être traité ensuite pour permettre
son passage sur ordinateur.
Les sujets masculins observés sont issus de la région sud de Côte
d'Ivoire, pays d'Afrique Noire. Ils constituent deux groupes ethniques purs: le
groupe AKAN et le groupe KRüU.
Afin de situer le problème, la première partie est relative à l'évolution
du concept esthétique Noir Africain. Cette approche culturelle et artistique
voudrait préciser l'idée du Beau chez les populations de race noire.
L'harmonie cranio-faciale est l'expression, la partie visible du complexe
anatomo-fonctionnel sous-jacent. La deuxième partie se consacre à un rappel
embryologique, puis anatomo physiologique de la tête.

12
L'esthétique est la préoccupation d'hommes et de femmes de tous âges
et de tous milieux. Le prothésiste-clinicien, souvent en relation avec toutes les
chirurgies faciales est amené à recréer le naturel sur son patient, à le faire
oublier son handicap. La troisième partie, l'Esthétique en odontologie relate la
conception en orthopédie-dento-faciale, puis au cours des différentes étapes de
réalisation prothétique adjointe.
La quatrième partie présente l'analyse du sujet ivoirien. Les deux
groupes ethniques se localisent au Sud de la Côte d'Ivoire et pour cela une
situation géographique du pays est réalisée, avant la présentation des résultats
et la conclusion.

1 3
1- EVOLUTION DU CONCEPT ESTHETIQUE NOIR AFRICAIN


15
1.1. L'Afrique Noire et ses caractéristiques raciales.
1.1.1. Les races noires.
On range dans le groupe noir un certain nombre de races qui, tout en
présentant chacune une individualité propre, possèdent en commun, à des
degrés divers, des caractères généraux: couleur de la peau, dolichocéphalie,
platyrhinie, gouttière nasale et prognathisme, caractères que nous étudierons
chez le Mélano-Africain qui peut être considéré comme le Noir-type. Nous
trouvons des Noirs en Afrique, en Asie et en Océanie.
1.1.2. L'Afrique Noire.
Elle débute au sud du Sahara et se poursuit jusqu'au Cap, en englobant
une partie de Madagascar. Nous y rencontrons l'élément le plus représentatif
du groupe : la race
mélano-africaine, appelée encore race noire ou race
négroïde, ces deux derniers termes étant à proscrire, puisqu'ils désignent le bloc
noir dans son ensemble, aussi bien les négroïdes d'Asie et d'Océanie que ceux
d'Afrique. Puis, dans la zone de contact entre Noirs et Blancs, nous nous
trouvons en présence d'une race mixte: la race éthiopienne.
L'Afrique Noire est également habitée par deux races très primitives, qui
sont actuellement considérées comme indépendantes du groupe noir, mais qui
trouvent leur place ici en raison de leur localisation géographique: les
Négrilles de la Forêt équatoriale et les Khoïsan réfugiés dans les zones
désertiques de l'Afrique du Sud.
1.1.3. Les Mélano-Africains .
.
Les Mélano-Africains ont une peau foncée qui varie du brun clair au
noir franc, coloration dûe à l'augmentation des granulations pigmentaires de
mélanine dans la couche de Malpighi.

16
Leur pilosité reste peu développée, corps presque glabre, cheveux courts
et crépus.
La tête est le plus souvent dolichocéphale, avec quelques mésocéphalies.
La face est plus ou moins prognathe avec un nez large, aux narines dilatées,
avec des lèvres épaisses et éversées.
La taille est généralement grande, mais on peut rencontrer des
moyennes et petites tailles.
Pendant longtemps, l'anthropologie du Noir d'Afrique a été basée sur
une
distinction
linguistique
qui,
pensait-on,
correspondait
à
une
différenciation raciale.
Il y avait les Soudanais au nord de la Forêt équatoriale, et les Bantous au
sud. Cette division trop simple masquait la complexité raciale de l'Afrique
Noire.
D'après les types physiques, on a pu distinguer cinq sous-races:
- la sous-race soudanaise,
- la sous-race guinéenne,
- la sous-race congolaise,
- la sous-race nilotique,
- la sous-race sud-africaine ou zambézienne.
.. La sous-race soudanaise.
Elle s'étend du Sénégal au Soudan anglo-égyptien, dans la zone des
prairies et savanes, en bordure sud du Sahara.
Elle comprend les Wolof, les Malinké, les Bambara, les Haoussa, les
Sara, les Boudouma, les Kanembou et les Boulala. Ils auraient une grande
taille, une peau très noire, une platyrhinie modérée et un prognathisme fort.
.. La sous-race guinéenne.
Elle regroupe les Noirs des forêts qui vivent le long de la côte atlantique,
de la Guinée au Cameroun, en passant par la Côte d'Ivoire.

17
Cette sous-race semble caractérisée par une taille moyenne (1,64 à 1,68
mètres) et un corps plutôt trapu. La pilosité serait plus fournie que celle de la
sous-race précédente, la tête moins allongée, avec un prognathisme plus faible,
semblerait-il. Le nez serait plus large. Les Kissi, les Toma, les Krou, les Akan,
les Ashanki, les Yorouba pour ne citer que ceux-ci, appartiennent à ce sous-
groupe.
If La sous-race congolaise, correspondant aux Bantous.
De taille inférieure - 1,63 à 1,66 mètres -, elle s'étend du Cameroun, au
Congo, au Gabon et à l'Angola. Elle comprend les Pahouins, les Batéké, les
Kamba, les Ba-Louba, les Ba-Kongo.
If La sous-race nilotique.
Elle est de très grande taille, avec une chevelure noire et crépue, une
peau aussi foncée que les Wolof.
Ces peuples pasteurs, dispersés dans la vallée du Haut-Nil, ont un
profil mince et élancé, tels des échassiers. Leur crâne présenterait un
allongement maximum.
If La sous-race sud-africaine ou zambézienne.
Elle regroupe les peuples bantous qui vivent dans les territoires compris
entre le Zambèze et la ville du Cap. Ce sont les Swahili, Zoulou, Basouto,
Betchouana, fortement mélangés entre eux et ayant reçu des influences
étrangères, arabes ou éthiopiennes.
Le peuple de Madagascar a subi de fortes influences océaniennes, mais a
des attaches raciales avec le continent africain.

18
1.2. La conscience esthétique noire-africaine
IrOn ne saisirait pas l'essence de la littérature et de l'art africains en
s'imaginant qu'ils sont seulement utilitaires et que le négro-africain n'a pas le
sens de la beauté. Certains ethnologues et critiques d'art sont allés jusqu'à
prétendre que les mots beauté et beau sont absents des langues négro-africaines.
C'est tout le contraire."
L.S. Senghor
L'ethnologie occidentale a élaboré une théorie visant à définir l'objet
d'art africain par sa fonction religieuse ou sa signification sociale. Cette thèse
fait état du caractère utilitaire de cet art qui n'atteint à la beauté que par
surcroît. Donc, de ce point de vue, les objets relevant de "l'art nègre" sont
considérés comme une production spontanée et naïve d'une personne ou
d'un groupe qui ne se prenaient pas pour des artistes. Ces objets perdaient
toute signification dès qu'ils ne répondaient plus à leur usage initial, ou quand
les valeurs religieuses et les coutumes sociales cédaient à la pression
d'influences extérieures. L'art africain ne serait qu'une création artificielle des
Européens, et l'on allait jusqu'à se demander s'il existait une notion africaine
du beau.
Ces idées communément reçues ont été réexaminées à la lumière
d'esthétismes récents, nés de la méditation des arts non-occidentaux et tenant
compte des sentiments qui ne peuvent plus être exprimés par des concepts liés
à l'idée traditionnelle de beauté.
Nous voudrions montrer qu'il existe une esthétique négro-africaine
dont les problèmes méritent d'être analysés avec le même sérieux que pour les
arts occidentaux. Analyser l'art nègre d'un point de vue africain ne signifie pas
qu'il faille subordonner a priori et complètement les faits proprement
artistiques aux faits sociaux et religieux.

1 9
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20
Ce qu'on appelle "art nègre" est si complexe et protéiforme que sa
connaissance requiert plusieurs types de recherches qui doivent se conjuguer.
A l'investigation historique et sociologique, il faut adjoindre l'effort de
détermination de la fonction esthétique proprement dite.
Car s'il y a rencontre entre l'art nègre et l'art occidental et influence
réciproque, on ne peut les situer et les comprendre qu'au niveau de la
conscience esthétique. Mettre en évidence cette conscience, c'est donner, en
même temps qu'une communauté de préoccupations, une convergence
d'idées, visant non plus la simple défense et illustration de l'art nègre, mais sa
promotion.
Cette brève communication se propose de s'attacher à cet aspect qui a été,
semble-t-il, assez généralement négligé.
Sans doute les principes de la religion et les règles de la vie sociale
fournissent-ils à l'art négro-africain sa thématique. Mais il n'en reste pas
moins qu'il subsiste un problème spécifique de l'art et de l'artiste négro-
africains.
Depuis que ces perspectives ont été ouvertes, les analyses effectuées sur
les modalités du processus créateur chez divers peuples d'Afrique ont révélé
que, loin d'être entièrement subordonné aux autres éléments de la culture,
l'art est, en Afrique Noire, l'un des éléments actuels et constitutifs de cette
culture, un de ses traits les plus significatifs. Ni la commande sociale, ni la
ferveur religieuse ne suffisent à masquer l'empreinte d'une nécessité
intérieure, d'une vocation éprouvée comme telle par l'artiste qui possède son
style personnel et a conscience de ce qui l'oppose à l'artisan.
Ainsi un sculpteur dan, interrogé par Fischer sur son inspiration,
{~.",:,'
"
déclare que le premier masque lui a été rJ.vél~ 'Par ,un être immatériel qui lui
prescrivit de tailler un objet à son image et de le porter. Un autre artiste, à qui

21
on avait présenté un masque qu'il n'avait pas taillé, dit : "ma main ne voit pas
ainsi", manifestant par là que le beau se dévoile à chaque sculpteur particulier.
Il est vrai que, par son utilité, l'objet prend sa place dans la vie sociale; et
les objets même usuels témoignent de la vision du monde et de la vie sociale
des Négro-Africains. Le poids ashanti n'est pas un prétexte à une invention
artistique. Il sert réellement à peser l'or.
L'enquêteur qui invitait un Baoulé à expliquer son goût pour les
oeuvres d'art de son peuple, reçut la réponse suivante: "On le sort les jours de
fête et on est content."
Le développement de la conscience esthétique négro-africaine consistera
à essayer de déterminer la spécificité de la fonction esthétique, à chercher par-
delà les significations utilitaires, sociales ou religieuses, ce qui fait que l'objet
est beau en lui-même, ce qui fait que le Négro-Africain a une conscience de ce
beau en dehors de l'idéologie ou de la théorie de son ethnie. Resterait à
déterminer ce beau. Peut-on le définir? La tradition africaine ne s'est guère
préoccupée de déterminer les normes de la beauté pure, d'un beau idéal, d'un
beau en soi. Mais elle a institué une critériologie extrêmement précise
permettant de reconnaître la facture, la finition et tout ce qui rend l'objet
plaisant à voir, "bon à regarder", même si l'intention des créateurs vise moins
à produire une oeuvre d'art qu'à évoquer la présence des forces invisibles qui
enserrent l'homme et le cosmos. Cette critériologie permet de repérer les styles
qui peuvent dominer dans telle ou telle ethnie, mais en vérité, et quels que
soient les critères utilisés, l'oeuvre d'art, lorsqu'elle est vraiment réussie, est
sentie d'emblée comme telle. Elle est parfaite d'un seul coup et atteint
immédiatement l'absolu. Elle est à elle-même sa propre marque, son propre
critère.
Le sentiment du beau procure une satisfaction désintéressée, car
contrairement à l'agréable et au bien, le beau ne contraint ni n'oblige.

22
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23
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24
Autrement dit, c'est en toute liberté que le sujet esthétique accorde ses
faveurs aux objets qui lui plaisent.
Cette liberté, qui est le fruit du désintéressement, Hegel en a marqué
l'importance au point d'en faire l'essence de l'expérience esthétique.
Aussi peut-il paraître vain de chercher à déterminer un critère absolu de
l'oeuvre d'art. Sans doute pourrait-on se référer à des théories? Il existe, dans
l'histoire de la philosophie de l'art, beaucoup de doctrines visant à définir les
canons et les normes de la science du beau; Aucune n'a réussi à les constituer
de façon décisive.
Retenons simplement qu'il existe une conscience du beau qui peut être
variable selon les personnes, les tempéraments, etc.
La tradition occidentale a tendance à prendre comme modèle les canons
esthétiques grecs. Mais il est une autre chose de beauté qui n'est pas seulement
l'harmonie ou simplement la mesure.
Si l'on veut comprendre vraiment le problème de la création et de
l'esthétique africaines, il faut les situer dans le milieu où elles se posent
effectivement et non dans une perspective occidentale.
S'agissant d'art en général et surtout d'art nègre, le mot beauté est un
terme trop étroit. Une des caractéristiques les plus fondamentales de l'oeuvre
d'art, ce n'est pas seulement le plaisir que j'éprouve à la regarder. C'est aussi et
surtout le message qui a valeur universelle.
Le sentiment esthétique ou l'émotion esthétique est très difficile à
définir. Analogue au plaisir, à l'agrément, à la joie, il ne se confond avec aucun
état et garde sa spécificité. Il ne se réduit pas seulement à une attitude
instinctive ou affective, il comporte l'intervention de l'intelligence, donc du
jugement. C'est là son paradoxe, selon Kant.
Baudelaire disait: "Le beau est toujours bizarre. Je ne veux pas dire qu'il
soit volontairement, froidement bizarre, car dans ce cas, il serait monstre sorti

25
des rails de la vie. Je dis qu'il contient toujours un peu de bizarrerie qui le fait
être particulièrement beau."
L'attitude esthétique doit être envisagée dans son originalité. Elle a pu
être mêlée à d'autres attitudes avant de conquérir son autonomie, mais cela ne
prouve pas du tout qu'elle en soit dérivée.
Cela dit, rien ne nous empêche de continuer à accorder à l'art africain un
caractère social et religieux, alors même qu'il se désacralise. Mais ce n'est pas
une affaire d'origine, c'est une question de signification latente, de portée
métaphysique.
Le critique d'art africain se donne, entre autres tâches, de montrer que la
perception esthétique, la pure délectation en face da la beauté des choses et des
êtres existe bel et bien. Il en montrera les nuances qui manifestent les
différences de perception entre les individus et entre les peuples.
Le refus d'accorder à l'artiste africain la conscience de l'autonomie de la
dimension artistique est tellement ancré dans les esprits que les spécialistes
préfèrent attribuer certains chefs-d'oeuvre à une influence grecque, introduite
par les Européens, notamment les Portugais. On ne trouvera pas d'autre
explication devant la perfection, la finition et le classicisme des têtes en terre
cuite découvertes à Ifé, en 1910, par Léo Frobénius.
Force fut d'abandonner cette conception lorsque Bernard Fagg découvrit
en 1943 dans les mines d'étain de Jos, au Nigéria, des têtes en terre cuite que les
procédés de datation au carbone 14 firent remonter à mille ans avant Jésus-
Christ.
La similitude de style avec les sculptures des peuples plus récents de la
même région, et notamment des Yoroubas, les caractères négroïdes des têtes,
militent en faveur de la thèse d'une origine authentiquement africaine et de la
continuité d'une tradition culturelle profondément enracinée dans le
continent.

26
L'enquête entreprise par Robert Thompson, du Département d'Histoire
de l'Université de Yale, a mis en évidence chez les Yoroubas l'existence d'une
véritable tradition de critique d'art. Selon Thompson, les critiques d'art
contemporains sont sévères et extraordinairement précis dans leur jugement;
ils possèdent un vocabulaire spécial pour leur fonction. A la suite de
l'interview de soixante-dix-sept Yoroubas, Thompson a pu déterminer dix-
neuf critères distincts pour l'estimation d'une sculpture. Les Yoroubas
admirent par exemple l'adresse à inciser un tracé linéaire et l'art de façonner
des masses plus importantes, la netteté et la répartition du tracé et des
volumes, la rectilignité et la symétrie, le poli et la luminosité des surfaces,
l'équilibre de la composition. Ils considèrent comme indésirable une imitation
trop servile de la nature, mais l'abstraction trop poussée est également
condamnée.
Thompson met ainsi en lumière une remarquable parenté avec les
canons esthétiques de la Grèce classique et découvre un ensemble artistique
complexe et cohérent qui comporte de nombreux parallèles avec les idéaux
d'Occident.
Des traditions d'une critique artistique consciente et bien charpentée ont
été découvertes au Bénin, en Côte d'Ivoire, au Libéria et ailleurs en Afrique,
mais des recherches pour établir une image plus complète de l'esthétique
traditionnelle sont en cours.
Memel Fote, de l'Université d'Abidjan, dans la communication qu'il a
présentée au Premier Festival Mondial des Arts Nègres, rend compte de
l'enquête linguistique à laquelle il s'est livré en Côte-d'Ivoire, chez les trois
grands groupes culturels Akan, Krou et Mandé, et révèle que ces peuples
entretiennent le concept d'un beau en soi.

_7
ZOUAN-HOUNIEN:
Masque Yacouba
Masque Yacouba.
\\la~que Y~col\\b~
\\!asque Y"êùIJha

28
"Klama, klima, kréma, écrit-il, sont les appellations du beau, selon les
Agni, les N'Zemma, les Baoulé. En langue adioukrou, le terme qui le désigne
est Sakpl, en bété, c'est Guinanô, le Bambara dit Tiêgna. Corrélativement la
laideur porte les noms que voici: êté, étané, tê, sûw, (tie) djuguya. D'autres
mots d'ailleurs désignent les nuances de la beauté. En adioukrou, ma n n
signifie excellent, sobo, splendide, êtu, parfait.
Selon le Président Senghor, pour le wolof du Sénégal, les mots târ et
rafet, beauté et beau, s'appliquent de préférence aux humains. S'agissant des
oeuvres d'art, le wolof emploiera les qualifications dyêk, yem, mat que je
traduirais par "qui convient", "qui est à la mesure de", "qui est parfait".
Pour W. Fagg, la religion africaine cherche à travers la sculpture, la
musique et la danse à s'assurer "un accroissement de force vitale".
Toujours selon lui, l'artiste négro-africain exprime la philosophie
d'énergie immanente aux choses et aux êtres par divers procédés. La courbe
exponentielle apparait incorporée dans la sculpture africaine non par quelque
connaissance des mathématiques, mais plutôt par une appréciation intuitive à
la fois de sa beauté inhérente et de son affinité avec les idées d'accroissement et
de force vitale.
Elle se présente dans la nature, dans les cornes de l'antilope ou du buffle,
dans les défenses de l'éléphant.
L'art nègre représente le mouvement rarement en tant que tel.
Cependant il irradie la force vitale décrite par cette courbe de croissance,
contrairement à l'aspect figé qui caractérise l'art de certaines civilisations, celle
de l'Egypte pharaonnique par exemple.
Cette courbe n'est pas seulement reproduite telle qu'elle se présente
dans la nature, elle s'inclut dans la composition et dans le rythme visuel de
toutes les autres courbes, déterminant ainsi la forme de la tête, du cou, des
yeux, des oreilles, etc.

29
Les antilopes Bambara sont un exemple particulièrement éloquent de la
façon dont cette courbe imprègne la sculpture entière, lui donnant son rythme,
son unité et sa vie.
Un autre procédé fréquemment utilisé est l'accentuation délibérée de
certaines parties du corps, porteuses d'une signification plus vitale, plus
essentielle. La tête humaine est mise en valeur, par exemple, parce que, selon
les croyances tribales, elle est le siège du caractère et de la destinée; les seins, les
organes génitaux, parce qu'investis de la puissance créatrice; le nombril parce
qu'il est un symbole de la puissance de la vie. Les cornes d'animaux et les
défenses sont amplifiées parce qu'elles représentent la virilité et la fécondité.
Ainsi le sculpteur africain ne se sent nullement tenu de respecter les
"proportions naturelles". Au contraire, il se sent porté par une nécessité
intérieure à accentuer les choses importantes du point de vue conceptuel, en
refusant les contraintes de l'imitation pure.
On découvre ainsi un procédé d'abstration qui consiste en un processus
de réduction des formes à ce qui est essentiel.
Sous cet aspect, la sculpture est avant tout un art abstrait et, quand on la
considère ainsi, elle peut servir à rendre l'art occidental contemporain mieux
perceptible pour le non-initié. Comme l'artiste occidental, le sculpteur africain
"abstrait" les caractéristiques qui lui paraissent essentielles.
En effet, si, conformément à la définition de Hegel, "l'art est ce qui
révèle à la conscience la vérité sous une forme sensible", la prise en
considération du contenu doit nécessairement intervenir. Mais qu'on nous
entende bien. Il ne s'agit pas de laisser tomber le contenu dans l'explication
ethnologique ou anthropologique. L'oeuvre d'art signifie quelque chose parce
qu'elle manifeste ce "quelque chose" dans un organisme sensible. Pour qu'il y
ait art, il est nécessaire que le contenu spirituel soit pris dans le sensible. C'est
pourquoi, du point de vue hegélien, il n'y a pas de différence entre contenu et

rn Figure de reliquaire kola: Gabon. Musée
des Arts africains et océaniens. Paris (Dagli
Dm\\.
l1l Effigie funéraire agni, art achanti ; Ghâna.
Musée des Arts africains el océaniens (Dagli
Orli).
[J] Sommet de masque baga ; Guinée. Musée
des Arts africains el océaniens (Dagli Orti)
~ Statuene de fertilité baoulé Idétaill ; Côte·
d'Ivoire. Musée des Arts africains el océa-
niens IDagli Drti).
lIDTêle royale; bronze du Bénin. XVIII' s.
Musée des Arts africain s et océaniens lDagli
OrtiL
[[] Insigne de Shango. dieu du Tonnerre
Dahomey. Musée des Arls africains el océa·
nlens (Dagli Ortil
l1J Masque bamiléké; Cameroun (Hoa-Qui).
[ID Volet de grenier dagon ; Soudan (Lauras- [2J
Giraudan)

30
forme. Du point de vue de l'Art Nègre non plus, on ne rencontre jamais une
forme vide.
La forme n'est pas seulement la parure sensible du contenu. Elle est ce
contenu rendu concret.
Une conception qui insisterait trop sur les valeurs de connaissance, sur
le système d'idées, aboutirait à une scission entre forme et contenu, fatale aussi
bien à la création artistique qu'à la transmission de la connaissance et à la
fonction pédagogique proprement dite.
Aussi bien l'Art Nègre ne tombe-t-il jamais dans les abstractions issues
des recherches de l'Occident contemporain. Il puise toujours dans le monde
extérieur les motifs, feuilles et fleurs, poissons et oiseaux, corps humain, etc.
A cet effet, il déforme ce qu'il reproduit ou, pour signifier davantage, il
use de symboles.
Jamais l'artiste nègre ne réduit l'objet à être un simple reflet imitatif de
la réalité. Même les formes les plus allégoriques renvoient toujours à l'univers
réel. En outre, l'Art Nègre repose sur cette certitude que l'image est une
présence.
L'esprit existe vivant dans la statue et y demeure. La statue est la
personne même, la partie la plus pure de la personne, sa quintessence. C'est
l'être, transfiguré dans la plus grande généralité de lui-même, épuré, clarifié,
dépouillé de ses accidents, parvenu en quelque sorte à une plus grande
conscience de ce qui, en lui, est essentiel.
L'effort du sculpteur africain, c'est d'abord de trouver dans un être ce
qu'il y a d'assez fort, d'assez fondamental pour durer et de refuser ce qui est
fugitif, étrange et particulier. Son but n'est pas de reproduire servilement les
apparences mais de partir de l'expérience vécue des forces invisibles "pour
créer les équivalents plastiques capables de les exprimer" (Roger Garaudy).

31
En l'absence de littérature écrite, la "lecture" du langage plastique de la
sculpture africaine a permis une compréhension plus profonde du patrimoine
créateur des peuples d'Afrique.
Mais attention. Quand on arrive à cela, on n'a pas copié. La Renaissance
européenne a été bonne parce qu'elle a été fécondée par l'art gréco-romain,
mais ne l'a pas copié. Et si l'art gréco-boudhiste après la conquête grecque au
Proche et au Moyen-Orient a été un vrai art, c'est parce que l'on ne copiait pas
l'art grec. li y avait quelque chose de grec et quelque chose de boudhiste. C'est-à-
dire que pour vous, en généralisant et en vous voyant comme un cas
particulier d'une évolution générale, vous avez trois possibilités et la première
est à rejeter.
Première possibilité: copier l'art de l'Europe et de l'Amérique. Vous ne
seriez plus vous. Et si vous renoncez à être vous en art, vous renoncez à être
vous dans tous les autres ordres de la vie, parce que tout est lié.
Seconde et troisième possibilité: la deuxième, c'est de croire vraiment.
Et si vous croyez vraiment, vous pourrez donc voir votre vrai art et les
masques auront le droit au sens pour vous. Mais on ne commande pas sa
croyance. Quand les Européens ont cessé de croire vraiment, ils n'ont plus fait
de l'art gothique, ils n'ont plus fait une grande peinture religieuse et ils ont fait
un art différent. Vous ne pouvez pas choisir votre voie. La plupart d'entre
vous ont dû changer de religion. Continuer la tradition sans la changer est
impossible. Même si cela est possible dans quelques pays africains.
On peut transposer les vertus de la religion à laquelle on croit et, en
plus, garder quelque chose qui ne serait plus religieux, mais je pourrais dire
métaphysique: quelques frissons devant la sculpture traditionnelle, c'est-à-dire
sauver tout ce qu'on peut sauver dans la tradition africaine et utiliser, si on les
trouve plus parfaites, les techniques de l'Occident.

32
M, s ue B<l dé
i\\'lasqlJe Baoulé

33
Et, pour tous ceux qui disaient qu'ils ne peuvent plus vivre les masques,
je leur rappellerai une chose; il Y a trois façons de vivre une oeuvre d'art:
Première façon: en tant qu'objet religieux, on oublie que c'est de l'art et
la sensation artistique vient après.
Deuxième façon: en tant qu'objet non-religieux, mais qui appartient à
notre monde héréditaire, personnel.
Troisième façon: vision esthétique pour les intellectuels et pour les
érudits.
1.3. Les caractéristiques ethnologiques de l'esthétique noire africaine.
Il fut
une
époque où questionner sur le beau se
ramenait
automatiquement et exclusivement à questionner sur un absolu, un absolu sis
dans l'olympe des idées éternelles, hors des cultures concrètes et de l'humanité
vivante ; époque de l'esthétique spéculative, du rationalisme innéiste et
dogmatique, de l'anthropologie théorique et de l'universalisme abstrait. Cette
époque, celle du platonisme, n'est plus la nôtre. Déjà, vers 1823 en Allemagne,
Hegel, à l'esthétique comme science pure du beau substituait, dans ses leçons,
une philosophie des beaux-arts, étape protohistorique de l'anthropologie
esthétique contemporaine.
Depuis, l'anthropologie culturelle comme science positive est née.
Il fut une époque où interroger sur la vision du beau dans la culture
négro-africaine, mieux qu'illégitime et insensé, eût été frappé d'interdit,
attendu que l'univers vivait dans une division en deux clans: d'un côté, au
septentrion, celui des peuples, des sociétés historiques et cultivées, et de l'autre
côté, au midi, celui des peuplades, autrement dit des sociétés anhistoriques,
plutôt préhistoriques et sans culture, et que les Nègres, prototypes du dernier
clan, n'avaient prétendait-on, ni culture, ni histoire, ni beaux-arts.

34
Révolue, cette époque-là aussi.
L'anthropologie a apporté à notre temps une vérité fondamentale. C'est
que la notion de culture qui définit l'effort collectif des hommes pour dominer
et pour enrichir matériellement et spirituellement la nature en donnant
toujours aux individus plus de personnalité et de satisfactions est une notion
totalitaire, qu'elle englobe l'universalité des activités humaines, qu'en dehors
de la culture, il n'est rien d'humain et que par conséquent l'art est un élément
de structure de tout ensemble culturel donné. A cette loi, les cultures négro-
africaines n'échappent pas. Or, qui dit art parle implicitement de beauté.
L'activité artistique réside en effet dans deux choses ontologiquement
solidaires : en un acte et une réalisation, une méthode et une issue, une
technique et un résultat, un travail et un bilan. Cette réalisation quand elle est
réussie, cette issue quand elle est heureuse et quand ce résultat est parfait et ce
bilan positif, c'est une oeuvre d'art, c'est une oeuvre de beauté, une oeuvre ou
utile ou de luxe.
Transposons en termes psychologiques cet axiome d'anthropologie. Il
revient à affirmer que tous les hommes portent sinon une aptitude à l'art, du
moins une sensibilité esthétique, parce que tous sont doués d'une affectivité et
d'organes perceptifs auxquels des arts spécialisés correspondent, ainsi qu'en fait
foi la classification structurale des beaux-arts selon Lalo, par exemple à l'ouïe la
musique, à la vue la peinture, et au langage, la poésie.
En fait:
Que l'on cherche le beau dans un art désintéressé, ou bien qu'on
l'envisage comme l'émanation d'un art de service, il est toujours et partout
possible d'y trouver une voie d'accès à l'esthétique africaine. Est-il besoin
d'une voix d'autorité pour s'en convaincre? "En Afrique Noire comme
ailleurs il existe un art libre à côté d'un art religieux ",
témoigne
un
ethnologue, comme pas un attentif au fondement religieux des institutions

35
nègres: Marcel Griaule. A côté de la statuaire, art sacré, il y a ainsi, arts
profanes, la littérature des contes, la décoration, une variété de musique.
A la question préjudicielle: "L'idée du beau a-t-elle un fondement réel
dans la culture négro-africaine ?", l'ethnologie apporte une réponse
affirmative.
Il est des peuples pour qui le beau n'existe ni de façon abstraite ni de
manière autonome, liée qu'elle est toujours au bien. "Les linguistes constatent,
observe Claude Roy, que la plupart des langues africaines n'ont pas de mot
pour dire beau et beauté : c'est le cas du swahili, du baya, du batéké, du boulou,
etc. Les Noirs sont en ceci logés à la même enseigne que les Grecs anciens : si
les dialectes africains n'ont, la plupart, qu'un adjectif pour signifier beau et
bon, n'importe quel lexique grec nous rappelle qu'aghatos signifiait tout
ensemble: beau, bon, brave à la guerre. Assimiler la beauté et la bonté n'est pas
mer la première".
D'autres peuples au contraire entretiennent le concept d'un beau en soi
et d'un laid en soi. Voici quelques exemples relevés en Côte-d'Ivoire dans les
trois grands groupes culturels akan, krou, et mandé. Klamâ, Klinmâ, Krêmâ
sont les appellations respectives du beau selon les Agni, les N'Zema, les
Baoulé. En langue adioukrou, le terme qui le désigne est Sakpl ; en bété, c'est
Guinanô; le Bambara dit Tiêgnâ. Corrélativement, la laideur porte les noms
que voici: êté, êtanê, tê sûw, (tiè) djuguya. D'autres mots d'ailleurs désignent
les nuances de la beauté. En adioukrou: mamn, excellent, sobo, splendide,
êtru, parfait.
Mais le beau est ici davantage qu'un signe,il a une signification
davantage qu'un mot, il a une réalité.
Le beau, pensent les Africains, est un je-ne-sais-quoi qui habite toutes les
régions de l'univers, en tout cas une catégorie applicable et appliquée à toutes
les espèces de choses, à tous les genres d'êtres au monde.

36

37
Il ya une beauté innée des choses et des êtres, la beauté naturelle. Et il Y a
une beauté des actes et des réalisations de l'homme, la beauté artistique.
Comme on parle de la beauté d'une pierre, d'une feuille, d'un oiseau, et d'une
bête domestique et d'une femme, ainsi on dira la beauté d'une maison, d'un
pagne, d'une coiffure, d'un chant, d'une danse. Ecoutons les contes et légendes
et observons la vie, dépositaires de l'esthétique. Belle entre les pierres, la pierre
d'aigris. Beaux, parmi les arbres, le samba, l'acajou, l'ébène. Beaux aussi
l'écureuil, l'antilope, la pintade sauvage, le coq, le taureau.
Dans l'histoire légendaire ou authentique des hommes, il est également
des beautés mémorables et proverbiales. Les contes et légendes du Sénégal
célèbrent celle de Fanta. Il y a au Congo, Wadikumi : "la plus belle fille qu'on
eût jamais vue". Au Tchad, l'archétype de la beauté, c'est la fille d'Am-Sitep,
femme d'Abakar, "la plus belle de la terre, cachée sous une peau d'anesse". En
Côte-d'Ivoire, Ahoua est la reine des étoiles.
Tout cosmique qu'il se présente, le beau est, sous le rapport de la
compréhension, marqué d'un premier caractère: la relativité.
Deux
contes
philosophiques
bété
élucident
pour
nous
cette
détermination: le conte du Chimpanzé et de l'Antilope et le conte du Crapaud.
Dans le parc d'un village, deux hôtes captifs des hommes se lamentent
sur leur mauvaise fortune, puis en viennent à contestation. L'antilope, un
mâle, soupire après les amantes qui, là-bas, dans la forêt, pleurent son absence.
Et voici que de son côté, le chimpanzé, nostalgique, regrette aussi ses amantes,
et quelles amantes !
- Et quoi? dit l'antilope, tu as donc aussi des amoureuses qui t'adorent à
te regretter ?
- Et pourquoi ? interrogea le chimpanzé, perplexe.
- Votre réputation de...
- De laideur, n'est-ce pas, insinua le chimpanzé.

38
- Oui, de laideur est si proverbiale de mémoire d'animaux, que ton
histoire à l'air d'une plaisanterie ou d'un mensonge, acheva l'antilope.
- Oui, je te comprends, reprit le chimpanzé. Retiens simplement qu'il
n'y a de laideur absolue de chimpanzé qu'au village et dans l'esprit des
antilopes et autres animaux.
Dans le conte du Crapaud, thème identique. Le philosophe se défend, à
l'appel du tam-tam parleur, d'être le plus laid des animaux et remontre que
même les superbes de la nature trouvent agréable l'eau des mares où il a pris
son bain.
Transposez ces fictions de la zoologie à l'ethnologie, du monde animal à
la société des hommes qui recèle leur signification. On retrouve l'idée
justifiant notre thèse que les conceptions du beau et du laid sont relatives,
qu'elles ne valent et ne signifient quelque chose vraiment qu'au sein de la
culture et par rapport à la culture d'un peuple, qu'elles ne valent et ne
signifient quelque chose vraiment qu'au sein de la civilisation et par rapport à
la civilisation d'une communauté de peuples.
Mais cette relativité n'est pas si absolue qu'elle se rende incompatible
avec la conception même de l'universalité du beau, et qu'elle rende inopérante
toute comparaison.
S'agit-il de l'esthétique du sensible? C'est sous la forme de critériologies
que des cultures noires offrent ce qu'on a appelé ailleurs des canons de beauté.
Dans "Moeurs et Coutumes des Bantou", Junod, à partir de l'expérience
thonga, suggère la conception des Sud-Africains.
"Mais quelle est leur notion de la beauté ? Leur idéal est une taille
élevée, des membres vigoureux et des seins bien développés. Un proverbe dit :
"Nsati wa mabele ou nga nabele loko ou nge na boukosi" - "Ne convoite pas
une femme à la poitrine opulente si tu n'as pas d'argent ... " Ceci ne veut pas
dire qu'elle coûtera plus cher mais que son père, sachant qu'elle ne manquera

39

40
pas de prétendants, ne consentira à la donner que si le lobolo ("la dot ") est
immédiatement payé en entier. D'autre part, une jeune fille au visage allongé
est plus admirée qu'une autre au visage trop rond. De la première on dit : "Elle
est jolie, elle ressemble à une antilope" (a kota mhala) ; et de la deuxième :
"Elle est joufflue, elle est comme une truie". Un teint clair est préféré à un
teint très foncé... "
Henri Labouret, dans "Les Tribus du Rameau Lobi", analyse la
critériologie de ces peuples : "Le sentiment que les gens du Lobi ont de la
beauté physique est singulièrement proche du nôtre... A Sampolà vivait il y a
quelques années une femme Popia (pour poro pla, c'est-à-dire femme blanche,
la blanche) remarquable par la couleur claire de sa peau, ses seins fermes, sa
taille fine, ses membres bien proportionnés; elle était considérée, non sans
raison, comme la plus belle personne de la région. N'usant que trop du
pouvoir de ses charmes, elle divorçait plusieurs fois par an.
"Les audiences du tribunal du premier degré permettent également de
contrôler les idées des indigènes sur la beauté physique. Tel homme mûr y
expose les désillusions qu'il doit à une compagne trop jeune pour lui, et celle-
ci ne dissimule pas son dégoût pour un mari dont la barbe et les cheveux sont
parsemés de fils blancs, les membres flasques et les côtes saillantes. Pour peu
qu'on insiste avec habileté, elle vous exposera non sans complaisance les
qualités qu'elle découvre à l'amant qui l'a séduite; il danse bien, joue du
xylophone, chasse et tire à l'arc mieux que personne, il a de plus grands yeux
bordés de longs cils, une petite bouche et toutes ses dents, ses bras sont durs
comme sa poitrine, et s'attachent bien aux épaules. C'est un bel homme tandis
que l'autre...
"Les Lobi, Birifor, et Teguessié des deux sexes aiment en outre à
s'appliquer sur le torse et les membres de 1'hématite pulvérisée, ce qui leur
donne une coloration rouge très appréciée. De plus les hommes qui assistent à

42

43
ANONa:
OABAKALA:
Toilette d'une lèle de génération
Une dallseuse
,
LE FAKOUÈ
1\\ KOUPÉ:
L'hommé M'Batto au sommer de sa richesse.,
Un guerrier ft son éclaireur

4
l" AwOllJaha de Bonollil
Le- ch3nnt' d'llne ~l\\'olllab,1

45
- Du groupe Lobi. Yeux: cernés; bouche : petite; poitrine
ferme;
membres: proportionnés au corps; taille: fine; teint clair.
De ce tableau, il ressort qu'en marge de particularités évidentes,
singulières à chaque ethnie et qu'il faudrait expliquer, il y a des éléments
constitutifs d'une critériologie africaine de la beauté. Objectifs, ces éléments
sont des réalités psycho-physiques ou psycho-physiologiques. C'est d'abord la
masse ou le volume matériel, qu'on l'appelle abondance de cheveux,
plénitude des mollets, rondeur des fesses; c'est ensuite la couleur; ou celle,
claire, du teint, ou celle, noire, des cheveux et des gencives; c'est la ligne aussi,
ligne de la taille et des doigts, ligne parallèle des jambes et des pieds; c'est la
force enfin et le timbre et le rythme.
A chacun de ces éléments il faudrait de droit consacrer une étude
spéciale.
Retenons pourtant quelques remarques essentielles les concernant. La
première remarque, c'est que le beau formel repose sur une structure physico-
mathématique: une mesure, un rapport, une proportion. La beauté comme
dualité semble émerger à partir d'un certain seuil quantitatif. Voyez: mesure
dans la dimension, celle de la taille d'un homme par exemple. Ni girafe ni
pygmée, dit l'Africain. Mesure dans la forme, par exemple celle n'un nez ou
d'une bouche, etc. Le rapport immanent à cette mesure déterminable
objectivement pourrait faire l'objet d'étude de la part de psycho-physiciens.
Mais indéterminée dans le cas de la beauté naturelle, cette structure a été
partiellement étudiée dans les beaux-arts. Depuis les merveilles artistiques du
Bénin et de Nok, l'originalité du canon africain se trouve reconnue pour la
statuaire. Alors qu'en effet, le rapport entre la tête et le corps est estimé dans
l'art grec à un sixième ou à un septième, il s'avère être d'un tiers ou d'un quart
dans la sculpture africaine. Reportons-nous à la récente exposition d'art
africain ou à l'anthologie de M. William Fagg intitulée: "Afrique, cent tribus,

46
cent chefs-d'oeuvre". La plupart des réalisations confirment la généralité de ce
rapport : celles des Afo, des Ewondo, des Batéké, des Bari, des Makonde, des
Bakouba, pour ne citer que celles-là.
Cette structure mathématisable n'est pas la seule constante que l'on
puisse relever dans les divers ingrédients de la beauté sensible. Il en est une
autre. Loin d'être des éléments purement objectifs, des éléments de nature
purement physique ou physiologique, ces ingrédients comportent comme une
dimension de leur être un sens socio-culturel. Considérés du point de vue de
leur dynamisme interne, ils sont pour le Noir l'expression, la manifestation
d'une nature profonde. Vus au contraire de l'extérieur, ils apparaissent comme
des sYmboles de l'invisible.
La masse, le volume, c'est la manifestation et le sYmbole de la force ou
de la fécondité. Pour le Bété, la couleur rouge des yeux symbolise la cruauté
comme la blancheur exprime et symbolise la morbidité. Lorsque l'artiste noir
accentue, pousse en relief, hypertrophie, dirait-on, telle ou telle partie de son
oeuvre plastique, littéraire ou musicale, c'est pour précisément révéler la
signification de cet aspect-là et l'imposer. L'inégalité des significations explique
et justifie la disproportion caractéristique et notoire des oeuvres d'art
africaines.
En d'autres termes, le beau n'a pas seulement une dimension sensible, il
a aussi une dimension éthique.
Que le beau est apparenté au bien dans la culture négro-africaine, c'est là
un lieu commun dont la plupart des auteurs se font l'écho. Un tableau
comparatif des catégories esthétiques et des catégories morales dans quelques
groupes culturels confirme le caractère général du fait.

47

48
Ethnies
Catégories esthétiques
Catégories morales
Beau
Laid
Bon
Mauvais
Agni
Klâmâ
êtê
Kpa
êtê
N'Zima
Klinmâ
êtanê
Kpalè
êtanê
Adioukrou
Akpl
ûw
Akpl
(ûw
(Lugnn
Bété
Mamn
lugnn
Gnignâ
(Daloa)
Nane
Nanigba
(Gagnoa)
(0) nêni (ku)
(omri) nêni
Bambara
Kagni
Djugu
Konogni
Djugu
Attié
Leudjâ
Gnignâ
Leu
Gnignâ
Mais dans l'ensemble les auteurs ne semblent pas être allés plus loin que
le niveau de la simple constatation.
Or, la relation du beau à l'ordre du bon, au sens le plus immédiat, le
plus concret et le plus large, se présente déjà sous l'espèce du pragmatique.
C'est un lieu commun que l'art nègre est un art intégré à la vie, un art social,
un art de service. Plus l'objet est beau, mieux il réalise l'effet affectivement
souhaité, imaginativement rêvé, techniquement voulu. Dans la statuaire,
l'image de l'ancêtre, waguen dogon ou mma agni, doit paraître aussi belle que
possible pour séduire et piéger l'esprit du défunt. Ainsi le beau joue et agit
dans l'activité religieuse, politique ou économique.
Mais faisons un pas et pénétrons le coeur et le ventre, ces officines où
s'élaborent avec la vie le bien et le mal. Quand il y voit émaner le bien, le Noir
attribue à ces sources la propriété de blancheur, couleur du kaolin, lui-même
symbole de la pureté et de l'innocence. S'ils viennent à inventer le mal ils
seront traités de ventre ou de coeur noir, couleur du charbon, qui symbolise

49
l'impureté et la méchanceté, couleur aussi de la nuit qui protège les entreprises
des sorciers. Voilà donc le bien lié à la clarté du jour, à la blancheur, et voilà le
mal à la noirceur attaché.
La parenté du bien et du beau éclate dans le fait que ce symbolisme
éthique se retrouve dans la vision esthétique des Africains. Toute
représentation majeure de la beauté s'offre en effet ici en termes de clarté
stellaire, végétale ou animale. Voici Adjoua et Fanta comparées à l'étoile, être
et source de lumière. Voici la fille d'Am 5iep ; elle est tantôt aurore, éclosion
blanchoyante du jour, tantôt nénuphar, touffe végétale de lumière sur
l'épiderme verdâtre des eaux. Et voici que les poètes modernes exaltent pour
l'éclat et la chaleur, le soleil de la beauté des femmes noires. Dans un concours
de beauté entre des femmes également noires et belles, en pays noir, les
suffrages du jury iront à la femme dont la noirceur paraît brillante, que l'une
des candidates soit d'un noir brillant et l'autre de teint clair, la plus applaudie
sera la dernière. La belle voix même comportera entre autres qualités: la clarté.
Ces faits attestent que pour ce peuple le teint idéal de beauté se trouve
dans le sens opposé à la couleur du type anthropologique dominant. Ils
montrent aussi le primat de la lumière dans la conception des valeurs
philosophiques, et surtout le privilège de l'oeil dans la perception esthétique.
Pour le Bété, le beau -guignano de gui, l'oeil - c'est une magnificence visuelle.
Même la belle musique est qualifiée par les yeux comme si le beau ne pouvait
se concevoir que réinterprété et traduit en termes visuels.
Mais le beau n'a pas seulement deux dimensions, une dimension
physico-mathématique et une dimension éthique, il a une troisième
dimension, la dimension ontologique. Forme colorée et rythmée, bonté, il est
aussi force.

50

51
Une force est sensible dans le monde au moins par trois capacités: par sa
vitalité, par son activité, par son efficacité. Le beau semble impérissablement lié
à l'existence et au devenir du monde. Dans la nature, avec la mort et le
renouvellement des minéraux, des plantes, des animaux, des hommes, meurt
et ressuscite la beauté. Elle est agissante. Elle émeut le monde autour d'elle. Et
alors que l'effet de la laideur est répulsif et négatif, il est attirant et positif dans
le cas du beau. C'est d'abord un effet moral. La beauté confère à celui qui l'a
personnalité et indépendance.
Un essai sur une vision du beau, en l'espèce sur la vision négro-
africaine, ne serait pas complet s'il s'arrêtait à la simple analyse descriptive des
données ethnologiques. Il y aurait lieu d'en rechercher l'explication.
Un essai sur une vision du beau, en l'espèce sur la vision négro-
africaine, quand même son programme de description et d'explication serait
rempli, présente un autre intérêt que l'intérêt d'une connaissance de l'objet en
soi et pour soi, il peut être une introduction à une anthropologie esthétique.
Un essai sur la vision négro-africaine du beau n'a pas qu'un intérêt
théorique, il a un éminent intérêt pratique. C'est qu'il n'est pas une pure et
simple spéculation. Ici le beau n'a pas le caractère transcendant que nous
connaissons à la beauté d'après les Grecs anciens et selon Platon. Il est plutôt
immanent, très concret, adhérent à la chose, à la nature, à l'activité ou à
l'oeuvre. Et sa vision que les Africains vivent, loin d'être une contemplation,
est pour la culture négro-africaine une vision active. C'est qu'elle ouvre
théoriquement à une philosophie de l'action. Il y a en elle une conception
religieuse, il y a en elle une éthique, et elle implique aussi une politique
touchant l'art. Mais, mieux que cela, la vision du beau engage pratiquement à
l'action, elle est libératrice.
C'est en tout cas une preuve d'aujourd'hui à donner que la vision du
beau comme le veut la culture négro-africaine, plus qu'une perception et une
passion, est une option, une détermination, une action en faveur de la liberté,
de la justice, de la fraternité universelle et de la joie.


53
II - LE MASSIF CRANIO-FAOAL

54
11.1. Rappel embryologique du crâne et de la face.
La face s'édifie à partir de cinq bourgeons faciaux mésoblastiques .
Le tube neural de l'embryon s'est dilaté à son extrémité céphalique pour
donner les vésicules cérébrales <Fig. 3 et 4).
Lors de cette phase, la flexion céphalique se fait; l'embryon "fait le gros
dos" et la tête penche en avant. C'est alors que se forme un renfoncement du
feuillet externe épiblastique : le stomodeum, ébauche de toute la cavité buccale.
La paroi épiblastique tapisse tout le fond du stomodeum.
L'extrémité antérieure céphalique prend le nom de bourgeon naso-
frontal. Sa partie médiane deviendra le bourgeon nasal interne, ses parties
externes les bourgeons nasaux externes.
En dehors et en-dessous se dégagent les bourgeons maxillaires
supérieurs, dérivant du premier arc branchial. En-dessous du stomodeum, on
distingue alors l'arc mandibulaire (partie inférieure du premier arc branchial) <Fig. 5 et 6).
* Le front est issu du bourgeon naso-frontal.
* Le nez est dû à la réunion des bourgeons nasaux externes et des
bourgeons maxillaires supérieurs. Le bourgeon nasal interne s'unit aux
bourgeons maxillaires supérieurs pour former le palais primaire. Les
bourgeons incisifs antérieurs se soudent et forment le tubercule labial médian.
* Après formation du sillon gingival et de la lame dentaire, il y a
invagination du vestibule supérieur et donc apparaît la lèvre supérieure,
dérivée du bourgeon médian.
* La lèvre inférieure.
Les bourgeons mandibulaires périphériques participent à l'édification de
la mandibule et d'une partie du plancher buccal. Ils s'accolent sur la partie
médiane. Le bord supérieur de la partie antérieure de l'arc mandibulaire
constitue la lèvre inférieure primitive.

55
L'arc gingival apparaît en saillie entre le sillon gingivo-lingual en-
dedans et le sillon gingivo-jugal en-dehors.
Le vestibule est dû à la vacuolisation du mur plongeant dans le
conjonctif.
Ainsi est délimitée la lèvre inférieure définitive.
Fig. 4
Fig. 3
4
,~
Fig. 3,4 & 5:
L'embryon
La flexion de la tête et les différents bourgeons faciaux
V.O.:
Vésicule Optique
V.A. :
Vésicule Auditive
Fig. 5
B.M.:
Bourgeon Maxillaire
B.M.5. : Bourgeon Maxillaire Supérieur
B.N.F. : Bourgeon N aso-frontal
fig 5:
Bourgeon Mandibulaire
1
Siomodéum
2
Fossettes Olfactives
3
Bourgeon Nasal interne
4
Bourgeon Maxillaire
5
Arc Mandibulaire
6&9
Bourgeon Nasal externe
7
Région Frontale
8
Pavillon de l'oreille
10
Conduit Auditif Externe
11
Oeil
12
1

56
ŒIL
BOUIlGEO'/
ROV'lGEON
MAllLLAlllE
...... tll_L·II~E
\\
....
t BOVf'!GEOII
+-
BOUIlGEON
M"'/O IBUL AIII E
MANDIBULAIRE
Fig. 6: La confluence des bourgeons faciaux
B.N.I. : Bourgeon Nasal Interne
B.N.E.: Bourgeon Nasal Externe
Fig. 7:
La mésodermisation terminée.

57
DERIVES ECfODERMIQUES DE L'APPAREIL BRANCHIAL
1er arc branchial
L'épiblaste donne naissance à :
· l'épiderme des lèvres, des joues
· aux gencives
· aux vestibules.
DERIVES ENDODERMIQUES DU PREMIER ARC
Le revêtement endodermique de l'arc est à l'origine de l'épithélium de
la bouche.
DERIVES MESODERMIQUES
1er ARC
2ème ARC
En proviennent les muscles masticateurs
En proviennent les peauciers recouvrant:
-le crâne
- la face
-le cou
Les muscles dérivent du mésenchyme local.
Les muscles superficiels sous-jacents au revêtement cutané, sont responsables
de la mimique.
- Dans le premier arc prennent naissance les muscles masticateurs et le
mylohyoïdien.
- Dans le deuxième arc (hyoïdien) naît une masse prémusculaire qui
s'étendra dans la région cervicale en deux couches:
· superficielle
· profonde.
La couche profonde forme les muscles mimiques profonds. La couche
superficielle donne naissance aux muscles superficiels de la bouche et de la face
(peauciers).

58
II.2. Anatomie comparée du crâne et de la face.
L'homme actuel est l'aboutissement d'une lignée de primates qui s'est
progressivement transformée. Le profil facial des premiers hominidés rappelle
celui des anthropoïdes (Fig. 8).
L'évolution de la tête humaine est caractérisée par le recul progressif de
l'architecture dento-maxillo-faciale et le développement de l'encéphale,
transformation qui s'étend sur plus d'un million d'années (Fig. 9).
La tête est avant toute chose une "mâchoire portée", servie par les
organes des sens, et qui assure la maintien de la vie à l'individu par la
recherche de la nourriture.
La rotation ontogénique des points crâniens, qu'elle soit négative ou
positive, entraîne un certain nombre de conséquences morphogéniques : au
niveau de la base du crâne, l'angle "se brise" au niveau de la selle turcique, et
sa valeur diminue chez l'homme, tandis qu'elle augmente chez les primates,
l'essentiel de ce mouvement étant dû au clivus. Le trou occipital tend vers
l'horizontale chez l'homme et se relève au contraire vers l'arrière chez tous
les autres animaux (Fig. 10).
Les mammifères quadrupèdes possèdent un ensemble de caractères
communs: leur trou occipital regarde plus ou moins nettement vers l'arrière,
leur crâne rétro-vestibulaire est peu développé par rapport au crâne
prévestibulaire, leur base du crâne est rectiligne et oblique en bas et en avant,
leur selle turcique est sous l'horizontale et leur plan masticateur à 30° de cette
horizontale.

59
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Fig. 8
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Fig. 9
Fig. 8 & 9:
L'évolution de la tête humaine.
Le recul de l'architecture dento-maxilo-faciale.


60
H
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Fig. 10
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occ:p,taf
est Indiquée
par
~ne flèche

61
Dès que chez le primate la colonne vertébrale commence à se redresser,
l'arrière-crâne se développe, le trou occipital bascule <Fig. 11 el 12).
... La morphologie des maxillaires, et particulièrement de la mandibule,
s'adapte progressivement à ces transformations <Fig. 13 et 14).
... Les arcades dentaires et les dents obéissent aussi à cette régression en
diminuant de volume, à l'image des maxillaires qui les portent <Fig. 15).
L'évolution de l'arcade se manifeste nettement sur le plan horizontal.
L'arcade des anthropoïdes a une forme en V, les côtés sur lesquels sont rangées
prémolaires et molaires sont parallèles, l'arcade est puissamment charpentée,
les canines ont un aspect en croc et il y a un important diastème entre elles et
les incisives supérieures, afin de ménager une place que vient occuper la
canine inférieure au moment de l'occlusion.
L'arcade de l'homme fossile rappelle celle des grands anthropoïdes. La
forme reste carrée, la canine rentre dans le rang, la courbe s'adoucit, prend son
aspect elliptique à la suite de l'élargissement de la base du crâne et du recul
concomitant du massif facial.
Dans le cadre de la réduction du système dentaire, le franchissement du
seuil de l'hominisation se matérialise, entre autres, au niveau de l'arcade par
le raccourcissement plus rapide de la canine par rapport à la réduction des
autres dents. Alors que c'est une arme de défense chez l'anthropoïde, dans la
bouche des premiers hominidés, elle ne dépasse plus que de très peu le niveau
des dents voisines.
Par ailleurs, le dysmorphisme sexuel, en fonction duquel les canines du
mâle sont plus volumineuses que celles de la femelle, persiste chez
l'australopithèque et disparait avec lui. Le pithécanthrope possède encore des
dents légèrement plus fortes que celles d'aujourd'hui. Certains travaux
précisent que les dimensions dentaires actuelles ont diminué légèrement
depuis le paléolithique.

62
b
Fig. 11 Slng.. c:a1attIinl-.. .1 La m.ln est adaI'tee • 1. preh-.ion. h_ '''''''CG <At
"ppo.abl ....... autres doigta _ . 1. p.u.... . . . - Itdaptabl. • 1. loco.-l1on; bl L·.....,
diapo•• d.. po.ru..... v..... . . - 1• •_on quadnlpede .t 1. otatlon . . .1... La colo_
v,"",bral.
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Fig. 12
-
Homme• •) La main a aubl un
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bnll., fbt,. p....a..aous .. 1. colonne v.~
brai•• L.. muad_ du cou tr....III.nt moln•
.. " ' - m r e l'app.rell d.m.lre qu·. ~ul.
IIbrer 1.. cent.....

63
cc = 1400~ 1500 cC
ougnlentnllon
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,_ _---==---_ _e...-
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Fig. 14
1
i
L..... -
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.
2HJ
1
.ptatlOn progressive des maxillaires.
1
:3
4
n
5
- -
Fig. 15
CornpiHiltSOn ',;nrre les dents d'un chimpanze (a gauche) el les dents !lUl1lilll'~'
',il
(lrollel
CanUle supérieure
prémolaire
supérieure

64
II.3. Anatomie et physiologie du crâne et de la face
Avant d'aborder la morphologie crânio-faciale, qui est l'étude de ses
formes externes, il nous a paru utile de rappeler par quelques schémas ce qu'il
est indispensable de savoir sur l'anatomie de la charpente osseuse et de son
appareil musculaire.
11.3.1. L'ostéologie.
J;'I
Sa présentation très schématique nous révèle les structures osseuses du
crâne sec, de face et de profil/puis les images téléradiographiques (Fig. 16 à 20).
Fig. 16
Vue frontale: F
Vue sagittale: S
Fig. 17
Vues horizontales: H

65
Fig. 18
Le crâne et la face
MAXILLAIRE
SUPERIEUR
MALAIRE
crète
la térale
OS PROPRE
FRONTAl
du frontlll
OU NEl
bosses.
f ronl .. les
bos.se
nasale
lasse
tempor!lle
apophyse
montante .........
/
fosse
échancrure
canine
nasale
trou sous
orbitaire
épi ne
n a sai e '.-~:".'.::?'.
trou
mentonnier
~mÎnence
condyl"
me'ntonnière
angle
(gonion)
BRANCHE
MAXILLAIRE
ligne oblique
MONTANTE
externe
INnRIEUR
è c hancru re
sigmoïde
BRANCHE
IMANOIBULE 1
HORIZONTALE
apophyse
coronoïde
rebord
basilaire
Vue frontale
Vue sagittale

66
- - - - - face endocrâlllcnne du Iront81
su: ure
sillon
sphèf10
~P!lque
ethmoldale
...
apophyse clin?ïde
.
1
antcrleure
.
,
m ... ',-,elle
p!anu
..
" lurcique
apophyse

' j
"" clinoïde
1
postê'rieure
. sut ure 5oPh~no
.~Oc:c'pil;"e
o(
Vue sagittale de l'image radiographique
arcade
1
"p~;! /1 A~ 11
1
1
" l/l/U 1
1
Fig,20
-TJ
1
Vue frontale de l'image radiographique
1
menron 1
------'!

67
II.3.2. Myologie.
II.3.2.1. La musculature profonde.
La mandibule, seul os mobile du massif crânio-facial, est mûe par:
... les muscles abaisseurs de la mandibule, divisés en trois groupes:
· muscles sus-hyoïdiens le géniohyoïdien
le mylohyoïdien
le digastrique
le stylohyoïdien
· muscles sous-hyoïdiens le sterno-thyroïdien le thyro-hyoïdien
le sterno-cléïdo-hyoïdien
l' omo-hyoïdien
· muscle sterno-cléïdo-mastoïdien
... les muscles masticateurs élévateurs de la mandibule
· le temporal
· le masséter
· le ptérygoïdien interne
· le ptérygoïdien externe.
II.3.2.2. Les muscles peauciers (3)
Ce sont de petits muscles aplatis, plus ou moins développés suivant les
sujets. Ils sont minces et mal délimités.
Ils ont en commun trois caractères principaux:
- Leur insertion est cutanée mobile et fixe, soit sur le squelette, soit sur
un ligament, le cartilage ou une aponévrose.
- Leur innervation se fait toute par le nerf facial VII.
(3) L'exposé et les schémas sont inspirés du cours de CES de Biologie buccale de M. GASPARD.

68
- 1
TempoJta1.
- Z
PtéJr..tjgoZcLi..e.n e..x.tVU1e.
3
Ma..6-6Uvr.
- 4
PtéJr..tjgo.z.cüe.n .0U:eJtne.
- 5
Mtj{ohtjo~e.n6
5 SOUh-htjo.z.cüe.~
Fig. 21
ci' a.pJtè.-6 M. NAVARRO.

69
Fig. 22
: Sujet sain en normocclusion.
En haut: Rapports interdentaires (N) et articu-
laires (A).
En bas: Coupe 'ertico-frontale du masséter
droit passant par le sommet coronoïdien (C).
Remarquer les rapports de l'armature aponé-
'Cotique IiKe insérée sur l'arcade zygomatique
(Z)
el de l'armature aponé,rotique mobile
N
ancrée sur la branche montante (B).
De dehors en dedans et de haut en bas, les
laisceauK charnus sont les suivants:
1 - Masseter superficialis, lamina prima.
2 - Masseter superlicialis, lamina secunda.
3 - Masseter intermedius.
4 - Masseter prolundus, pars posterior (la pars
anterior n'est pas située dans le plan de la
coupe).
5- Maxillo-mandibularis (faisceau de transition
entre le masséter et le temporal; le Zygomati-
co-mandibularis n'est pas dans le plan de la
coupe).
Les lames aponé,rotiques (représentées en
traits noirs épais) se distribuent de dehors en
dedans et alternati,ement de haut en bas
comme suit:
- aponé",ose massétérine superficielle (inser-
tion zygomatique).
N
- aponé,rose moyenne inférieure (insertion
mandibulaire).
- aponé",ose moyenne supérieure (insertion
zygomatique).
- aponé,rose profonde inférieure (insertion
mandibulaire).
- aponé",ose profonde supérieure (insertion
zygomatique).
- aponévrose interne (inconstante et d'inser-
tIOn variable).

70
- La plupart d'entre eux sont disposés autour des orifices naturels de la
face. Ils sont constricteurs ou dilatateurs. Leur contraction provoque des
déplacements de la peau. Les plis ou creux formés constituent la base de
l'expression parlante du visage.
Leur situation permet de les classer en cinq groupes.
Il.3.2.2.1. Muscles peauciers du crâne: muscle occipito-frontal. (Fig. 23 et 24)
C'est un muscle digastrique, aplati, impair, médian. Il s'étend d'avant en
arrière des téguments de la région frontale et sourcillière, à la ligne courte
occipitale, en suivant la convexité du crâne.
Il a une fixation lâche sur le périoste sous-jacent, mais est fortement
adhérent au cuir chevelu.
Il est dissocié en trois parties:
- le ventre postérieur: muscle occipital;
- le ventre antérieur :muscle frontal;
- une portion intermédiaire: l'aponévrose épicrânienne.
Il.3.2.2.2. Les muscles peauciers annexés au pavillon de l'oreille.
Il existe trois muscles auriculaires ou extrinsèques du pavillon de
l'oreille <Fig. 25) :
- l'auriculaire antérieur;
- l'auriculaire supérieur;
- l'auriculaire postérieur.
Ils se fixent au pavillon de l'oreille d'une part, et au squelette et aux
aponévroses voisines d'autre part.
Les muscles intrinsèques du pavillon sont des muscles peauciers, très
atrophiques chez l'homme.

7 1
Fig. 23
Muscle occipito-frontal : pars frontalïs
1 Aponévrose épicrânienneou Galéa
2 Limite antérieure de la Galéa
3 Muscle occipito-frontal : pars frontalis
4 ProloY',gement antérieur de la Galéa
5 Insertions dermiques du frontal
(~f---l-\\,.------- -
- -
1
f
1
1n\\ :
~--...',
\\
Muscle occipito-frontal : pars occipitalis
1 Galéa
2 Prolongement postérieur de la Galéa
3 Muscle "occipital"
4 Insertions ocdpitales du muscle occipito-frontaJ

72
Fig.24
(.2...
, )
(~j
Muscle occipito-f.rontal
1 Cuir chevelu
2 Aponévrose épicrânienne
3 Muscle occipito-frontal (venter frontalis)
~ Muscle sourcilier
5 Coussinet adipeux de Chany
6 Muscle occipito-frontal (venter occipitalis)
Coupe du cuir chevelu
l Panicule adi peux
2 Petits troncs vasculo-nerveux
3 Travées fibreuses (issues du fascia superficialis)
4 Aponévrose épicrânienne
5 Fascia superficialis
6 Gros troncs vasculo-nerveux

73
i
Pavillon de l'oreille· vue externe
Pavillon - vue postérieure et muscle auriculaire postérieur.!
- ----.(:)
--CD
8-
Helix
Gouttière de l'heli
Fossette naviculaire
~minence scophoïde
-4---F--------\\fl)
Racine de l'helix
---l-+---d)
:Onque
'onticulus (conque)
1----6
- - - - 1 - - -
::ondùit auditif externe
@
'ragus
\\.ntitragus
:;outtière inter-tragienne
Lobule
Antélix
Muscle auriculaire postérieur
, .....
- "
--'
Muscles annexés au pavillon de l'oreille
1 Muscle auriculaire supérieur
2 Muscle auriculaire antérieur
~. Muscle temporal superficiel
3 Muscle auriculaire postérieur
Fig. 25

74
De par leur position en demi-cercle autour de l'oreille, ils tirent sur le
pavillon:
-l'auriculaire antérieur avec le temporal superficiel est protacteur (en
avant et en haut) ;
- l'auriculaire postérieur est rétracteur;
- l'auriculaire supérieur est élévateur direct.
Ils sont tous dilatateurs du conduit auditif externe. Il n'y a pas de
constricteur.
II.3.2.2.3. Les muscles peauciers du nez (Fig. 26)
Le nez possède quatre muscles propres:
- le pyramidal,
- le transverse du nez,
- le dilatateur de la narine,
- le myrtiforme,
et deux muscles ayant une action accessoire sur le nez:
- les releveurs superficiel et profond de la lèvre supérieure et de
l'aile du nez,
- le faisceau nasal du triangulaire des lèvres.
Le pyramidal est abaisseur de la peau du front et de la tête du sourcil. Il.
agit sur les paupières. C'est un muscle défensif de l'oeil et un muscle de la
mimique permettant d'exprimer une émotion douloureuse ou une attitude de
menace.
Le transverse du nez est dilatateur de l'orifice narinaire car sa
contraction attire l'aile du nez en haut et en avant.
Le dilatateur de la narine permet d'écarter l'aile du nez de la ligne
médiane et il agrandit la courbe de la valve externe des narines.

75
Fig. 26
LE NEZ
Cartilages du nez et muscle pyramidal
(8
---- -CD
'---c
" ~ .~ -
\\ . .:.
1 Mmuscle pyramidal
l'Insertions fixes du pyramidal
2
Çartilage triangulaire
3
Cartilage sésamoïde
4 Cartilage alaire
4' crus latéral
4" dôme
4'" crus médial
\\
5 Septum nasal
Transverse du nez
a) Dilatateur de lanarine
b) Myrtiforme

76
Le myrtiforme ou dépresseur de l'aile du nez tire l'aile du nez en bas et
en arrière. Il aplatit le diamètre transversal des narines. Il accompagne les
expressions de sévérité, de timidité, les expressions tristes et la douleur
physique.
II.3.2.2.4. Les muscles des paupières et des sourcils. (Fig. 27 et 28)
Ils cornprennent :
- l'orbiculaire des paupières;
- le muscle de Horner ;
- le sourcilier ;
- le muscle abaisseur du sourcil.
L'orbiculaire des paupières. Muscle mince, aplati et elliptique, il se
divise en deux parties:
. la portion marginale palpébrale divisée en quatre. Elle a une
structure de soutien, le tarse des paupières;
. la portion périphérique orbitaire avec ses insertions internes.
La portion palpébrale ferme l'oeil en rapprochant les paupières
supérieures et inférieures (sommeil, clignement de l'oeil). Elle agit en
antagonisme avec le releveur des paupières.
La portion orbitaire se contracte dans l'occlusion avec effort (vive
lumière, danger de l'oeil).
Le muscle de Horner ou lacrymal postérieur: il est antagoniste de
l'orbiculaire. Sa contraction permet de vider le sac lacrymal et les canalicules
lacrymaux (Fig. 28).
Le muscle sourcilier. Situé sous l'arcade sourcilière, il forme, avec
l'orbiculaire et le pyramidal, les muscles protecteurs de l'oeil. Il semblerait que
son existence soit caractéristique de l'homo sapiens.

77
Le muscle abaisseur du sourcil. Triangulaire à sommet inférieur, il
abaisse la moitié interne du sourcil, la rapprochant du nez et de l'angle interne
de l'oeil.
Fig. 27
Muscle orbiculaire des paupières
abaisseur du sourcil
sourcilier
PorHon palpébrale a) p. marginale ( préciliaire
( rétrociliaire
b) p. prétarsale
c) p. préseptale
Portion orbitaire 1.2
Muscle de Homer
S
: muscle sourcilier
A.5. : muscle abaisseur du sourcil
F
: muscle frontal
Fig. 28

78
II.3.2.2.5. Les muscles annexés à l'orifice buccal:
(les lèvres, les joues, et le menton)
J
Ils sont nombreux <Fig. 29 à 39):
le buccinateur,
le grand et petit zygomatique,
l'orbiculaire des lèvres,
le compresseur des lèvres, muscle de Klein,
l'élévateur commun de la lèvre supérieure et de l'aile du nez,
l'élévateur propre de la ligne supérieure,
le canin,
le carré du menton,
le triangulaire des lèvres,
la houppe du menton,
les risorius de Santorini,
les muscles incisifs supérieurs et inférieurs.
Ils sont pairs et symétriques, sauf l'orbiculaire des lèvres.
II.3.2.2.5.1. Les muscles constricteurs.
- L'orbiculaire des lèvres. Il est situé dans l'épaisseur des lèvres, avec
une disposition elliptique à grand axe transversal. Il est constitué de deux
parties:
. une concentrique interne: l'orbiculaire interne;
. une concentrique externe: l'orbiculaire externe.
L'orbiculaire interne. Chaque lèvre a ses fibres propres. L'ensemble
forme un anneau compact qui occupe le bord marginal des lèvres.

79
L'orbiculaire externe. Ses fibres sont formées par différents muscles:
. la lèvre supérieure :
triangulaire des lèvres
le faisceau antérieur du buccinateur
l'incisif supérieur
le releveur superficiel de la lèvre supérieure et de l'aile du nez
le releveur propre de la lèvre supérieure
. la lèvre inférieure :
le canin
le faisceau supérieur du buccinateur
l'incisif inférieur
le carré du menton.
L'orbiculaire des lèvres a une action sur l'occlusion des lèvres, la
succion, la préhension des aliments, la mastication, la prononciation du "0" et
du "U".
- Le compresseur des lèvres ou muscle de Klein. Il favorise la succion, et
permet d'amincir et de durcir les lèvres, intervenant ainsi dans la phonation.
- Les muscles associés: adducteurs des lèvres.
L'incisif supérieur
L'incisif inférieur
Ils permettent la protraction des lèvres en synergie avec l'orbiculaire
interne lors de la succion.
Il.3.2.2.5.2. Les muscles dilatateurs.
Il yen a neuf, inégalement répartis dans les deux lèvres.
- L'élévateur commun de la lèvre supérieure et de l'aile du nez.

80
Fig. 29
Orbiculaire interne
fibres de la lèvre inférieure
fibres de la lèvre supérieure
Fig. 30
Musculature des lèvres
Coupe sagittale des lèvres
orbiculaire interne
compresseur des lèvres
Fig. 31
orbiculaire externe

81
- L'élévateur propre de la lèvre supérieure.
Ces muscles agissant sans doute en synergie permettent une élévation
de la lèvre supérieure et de l'aile du nez, découvrant les incisives et les
canines.
En prothèse complète, ils n'ont pas d'action sur le vestibule labial. Ils se
contentent de relever la lèvre supérieure.
- Le petit zygomatique. il élève en haut et en dehors la partie externe de
la lèvre supérieure, soulève la commissure labiale et agit sur la profondeur du
vestibule labial mandibulaire dans la région prémolaire et canine.
- Le grand zygomatique. Sa contraction provoque l'élévation en haut et
en arrière de la commissure labiale. Il est dilatateur de la bouche pour la
préhension. C'est le muscle de la grimace lorsqu'il est seul, mais avec les
releveurs de la lèvre supérieure et l'orbiculaire, c'est le muscle dela joie.
- Le canin. Il occupe la fosse canine. Normalement, il est oblique en bas
et en dehors, mais il devient vertical dans les bouches étroites. Il tire la
commissure en haut et en dedans et la lèvre inférieure en haut, en la plaquant
contre le rempart alvéolaire.
En prothèse adjointe, l'action du canin provoque un raccourcissement
du vestibule incisivo-canin- mandibulaire dans le sens transversal et dans le
sens vertical.
- Le triangulaire des lèvres. C'est un muscle aplati triangulaire dont la
base s'étend de la mandibule à la commissure des lèvres et à la lèvre
supérieure. Il tire en bas et en dehors la commissure des lèvres, tire la lèvre
supérieure vers le bas en la plaquant contre le rempart alvéolaire maxillaire, ce
qui réduit, lors des empreintes en prothèse adjointe, le vestibule incisivo-
canin-maxillaire dans le sens vertical et transversal.

82
zygomatique
supérieure et de l'aile du nez
. L
petit zygomatique .w'
releveur superficiel de la lèvre c=;
releveur propre de la lèvre supérieure
1"
Fig. 32
canin
carré
Fig. 33
Fig. 34
Triangulaire
petit et grand zygomatique
muscle canin
Orbiculaire externe
lèvre inférieure
risorius
muscle carré
carré

83
- Le buccinateur et son aponévrose. Ce muscle large, quadrilatère, occupe
la partie profonde de la joue. Sa contraction attire la commissure des lèvres en
arrière et en dehors, en antagonisme avec l'orbiculaire des lèvres. Il a un rôle
dans la mastication, permet de siffler et de souffler. Il intervient sur la
profondeur des vestibules jugaux maxillaire et mandibulaire.
- Le risorius de Santorini. C'est un petit muscle situé à la partie
moyenne de la joue. Très superficiel, ce muscle triangulaire à base postérieure
est en contact direct avec la face profonde de la peau. Sa contraction entraîne la
formation d'une fossette sur la joue.
- Le carré du menton. Ce muscle mince occupe la partie latérale du
menton et de la lèvre inférieure. Il est sous-jacent au triangulaire des lèvres et
abaisse la lèvre inférieure en éversant son bord libre en dehors. Il n'a aucune
action sur les vestibules maxillaire ou mandibulaire.
- La houppe du menton. Il occupe la région mentonnière. Il est puissant,
paramédian et de forme conoïde. Il relève la peau du menton et
secondairement abaisse la lèvre inférieure.

ncisif supérieur
incisif inférieur
Houppe du menton
Fig. 35
Fig. 36
Muscle orbiculaire externe
Muscles incisifs et houppe du menton
Muscle canin et triangulaire
Fig. 37

\\ \\.
Fig. 38
:/
Fig. 39
Planmuscula·Ire profond

85
II.3.3. Morphologie régionale de la face. <Fig. 40)
II.3.3.1. La région nasale. Elle comporte: <Fig. 41 et 42)
.. L'arête nasale ou dorsum, qui sépare les deux faces latérales. Elle
comprend trois étages (dans les rapports approximatifs de grandeur 2-2-1) :
- supérieur: osseux, légèrement élargi;
- moyen : il correspond à l'union du cartilage septal et des cartilages
triangulaires, sauf en bas où il est représenté uniquement par le cartilage septal
qui répond aux téguments, jusqu'au lobule;
- inférieur ou lobule du nez.
.. La racine du nez.
.. Les deux orifices narinaires.
.. La columelle ou sous-cloison .
.. Les ailes du nez.
II.3.3.2. Les lèvres. <Fig. 42)
La région labiale comporte deux lèvres, séparées par la fente buccale. La
lèvre supérieure s'étend de la sous-cloison nasale sous les narines, jusqu'aux
commissures, jonction latérale des deux lèvres. Elle est séparée de la joue par le
sillon naso-Iabial. L'inférieure s'étend des commissures à la partie supérieure
du menton dont elle est séparée par le sillon mento-Iabial. Ses limites avec les
joues sont beaucoup plus imprécises, sauf en cas de sillon commissural
marqué.
Chaque lèvre comprend deux parties: l'une cutanée, l'autre muqueuse.
La jonction de ces deux parties forme le liseré labial, ligne ondulée, blanche.
Dans l'ensemble, les lèvres sont obliques en avant, l'une par rapport à l'autre,
la lèvre supérieure surplombant l'inférieure. La jonction de leurs bords libres,
éversée, constitue l'orifice vestibulaire, ou fente labiale, ou fente buccale.

86
~----------
l
i
t1
frontal
Iron\\
,.
ETE
liane
Olpu;Jd:;l'fC
- - - - - - - - { > - - - -
visage
1
nasal
1
1
face
supérieu
fJ
ligne
SOUI- nasJ!e
totale
1
L~.~~
lign~
CJmmissurale
buccal
menton
"'_0f":;"'1!.&..._ ~~~':"::':4---.L----f~---ligne mentonniè:-e
Fig. 40
Topographie du visage
Fig. 41
Le nez de profil
\\
_______ ' Aile du nez
/
----
r
Narine
.
-~_~'--"'~\\
Aile du nez
_.
:
._ .._.
..
Narine
SOUS.CIOison
-_.
- - -~--~
'-..S-'- -.-='
___ SOUS.CIOisonJ
Eminence de la sous.cloison
'GP
Eminence de la ;OUS_cIOison'=-__.'.
.' ~\\ ~
~
.
Columelles
GP
,
_ Fossette philtrale
______ .. Liseré labial
:t',,":'---
P
\\' .~-=~.
C o l u m e l l e s - - - . - -
I~\\
[
Fossette philtrale
_.. _.~_ _
l".,..-"
.
~
Liseré labial
.~-
"
Commissure
.
-
~-_~.
~- Tuberculelabialmédian
Tubercule
',__
'_ _._--.
.___
. ]
(-.~~
---.
Commissure
Fossette commissurale
.
. '
G.P. gouttière phil traIe.
Fig. 42
Topographie schématique des lèvres de face et de profil

87
II.3.3.3. La joue.
Le malaire et l'arcade zygomatique forment avec le maxillaire supérieur,
le relief osseux de la partie supérieure de la joue. La dépression postérieure de
l'arcade zygomatique lui donne son arrondi transversal. La mandibule forme
l'appui squelettique inférieur et latéral. Les muscles élévateurs : masséter,
temporal, ainsi que les glandes parotides, lui donnent son relief principal. Tous
les autres muscles superficiels de la mimique contribuent à créer son modelé.
La peau est mobile; assez épaisse dans la région antérieure, elle s'affine vers la
région massétérine.
Le modelé de tout ce vaste plan cutané est très variable, suivant trois
facteurs:
· le développement des tissus graisseux, entre autres la boule de
Bichat, située en avant du masséter;
· l'importance de la parotide;
· l'intégrité des arcades alvéolo-dentaires.
II.3.3.4. Le menton.
L'éminence mentonnière osseuse et le tissu graisseux sous-cutané
déterminent la morphologie externe du menton, dans le plan frontal. Une
dépression médiane verticale le marque parfois, soulignant la dépression
centrale du triangle mentonnier : c'est la fossette mentonnière. Sa limite
inférieure, ou pli sous-mentonnier, est constante, en dépit de la maigreur ou
de l'embonpoint. Les bases du triangle mentonnier osseux portent des
tubercules mentonniers latéraux bien marqués, formant alors une sorte de
crête latérale. La lente résorption de la crête alvéolaire de l'édenté (l'os
alvéolaire naît, croît et disparaît avec la dent) conduit à une saillie
mentonnière inévitable.

88
Il.3.3.5. L'oeil et les paupières. (Rg. 43 d 44)
Paupière
Partie orbitaire
supérieure
Partie
tarsale
..
.__ Sillon palpébral supérieur
Caroncule lacrymale
Paupière
Partie tarsale
Sillon palpébral inférieur
inférieure
Sillon malaire
Partie orbitaire
Sillon nasal
Fig. 43
Topographie palpébrale schématique
oeil oblique
bride mongolique
repli palpébral
bride épicanthique
supérieur
médiale
oeil mongol typique
Fig. 44
Caractères descriptifs de l'oeil

89
L'oeil comprend les formations anatomiques suivantes : le globe
oculaire, avec la sclérotique, la rétine et la pupille, et des annexes : les
paupières, leurs commissures, les cils, la caroncule lacrymale (canthus), enfin
les sillons palpébraux et orbito-palpébraux. L'observation distingue des aspects
infantile, sénile, mongolique, et pathologique.
11.3.3.6. La peau et les phanères.
... Forme des cheveux. On distingue cinq formes principales : droite,
ondulée,bouclée, frisée et crépue. Une faute commune consiste à confondre la
forme frisée (comportant plusieurs boucles d'au moins un centimètre de
diamètre) avec la forme crépue, à spires plus serrées de moins d'un centimètre.
Chacune se subdivise en sous-catégories (droit raide et droit souple, etc.). Ces
formes sont en rapport avec la section des cheveux, dont la coupe est arrondie
pour les cheveux droits, elliptique lorsque le cheveu est frisé. La forme des
cheveux peut varier avec l'âge (ondulation de l'adolescence).
... Couleur des cheveux. Il s'agit de la couleur moyenne, sur des cheveux
non teintés. Il existe des échelles formées d'échantillons de cheveux de
couleurs différentes.
... Couleur de la peau. La peau présente deux sortes de pigmentation :
l'une climatique (le hâle), l'autre raciale et héréditaire. C'est cette dernière qui
compte et pour cela il faut observer la couleur de la peau à la face interne du
bras, car c'est une région peu insolée. La pigmentation climatique a une
infl uence variable.
- Chez les races de couleur, elle fonce le sujet. Le corps est plus
pâle que la face.
- Chez les races blanches :
. les clairs rougissent sous l'effet du soleil ;
. les basanés brunissent au soleil ;

90
. les mats n'ont jamais une peau très hâlée par le soleil.
La couleur de l'enfant est plus claire que celle de l'adulte.
11.3.4. Quelques définitions des points crânio-faciaux utilisés. <Fig. 45 et (6)
- La voûte et la base du crâne
"" La glabelle ou le point glabellaire : le point médian le plus saillant situé
entre les deux sourcils, approximativement sur une ligne tangente aux bords
supérieurs des orbites.
"" Le vertex: sommet de la tête, celle-ci étant orientée suivant un plan de
Francfort horizontal.
"" L'opisto-crânion : point le plus postérieur du crâne, le plus éloigné de
la glabelle, sur l'axe sagittal médian.
"" le trichion : point le plus antérieur de la racine des cheveux, situé sur
l'axe sagittal médian.
"" 5 : centre de l'image radiographique de la selle turcique.
- La face
"" Le nasion ou point nasal: point le plus antérieur de la suture nasio-
frontale. Il est impair et médian. Il est osseux et cutané en regard.
"" Le sellion : point le plus déclive de l'ensellure nasale. Il est situé sous
le nasion, à deux millimètres environ.
"" Le pronasal : sommet, point le plus antérieur de la convexité de la
pointe du nez.
"" Le point sous-nasal
situé à l'union de la lèvre supérieure et de la
sous-cloison nasale.
"" Le point labial supérieur
point le plus antérieur du liseré labial
supérieur.

91
* Le stomion : point médian de la fente interlabiale.
* Le pogonion : point le plus antérieur de la symphyse mentonnière.
* Le gnathion : le point le plus inférieur du mention.
* L'ophryion : point impair médian situé à l'intersection du plan sagittal
médian et de la ligne ophryaque, qui joint les sommets des sourcils.
* Le point sous-orbitaire: point le plus inférieur du rebord orbitaire.
* Le tragion : point pair symétrique, situé à l'insertion supérieure du
tragus.
* Le tragus : saillie cartilagineuse triangulaire, située en avant et en
dehors du conduit auditif externe.
* Le gonion : point du contour de l'angle mandibulaire situé à égale
distance des points les plus inférieurs et les plus postérieurs de l'angle.
* Le point A (de Downs) : point le plus déclive de la concavité alvéolaire
supérieure.
* Le point B (de Downs) : point le plus déclive de la concavité alvéolaire
inférieure.
* E.N.A. : épine nasale antérieure, extrémité de l'épine nasale antérieure
visible sur l'image radiographique.
* E.N.P. : épine nasale postérieure, extrémité de l'épine nasale
postérieure.
- Le plan de Francfort; plan horizontal quand le sujet regarde à l'infini,
passant par les points sous-orbitaires et les tragions.
- Le plan mandibulaire; passant par le rebord inférieur de la branche
horizontale mandibulaire.

92
1
_ _ _ _
S
-)
1
~)
r~-_
_ _ _ _
i~
9
~f'l
,~-
'..'
,~ - - - - - - - - -
Fig. 45
1 - glabelle
13 - gnathion
2 - vertex
14 - ophryon
3- opistho-cranion
15 - point sous-orbitaire
4 - trichion
16 - tragus
5-5
17 - gonion
6 - nasion
18 - Point A
7 - sellion
19 - Point B
8 - pronasal
20 - ENA
9 - point sous nasal
21- ENP
10 - point labial sup.
22 - plan de Francfort
11 - stomion
23 - plan mandibilaire
12 - pogonion

93
Fig. 46

94
III - LE CONCEPT ESTHEflQUE EN ODONTOLOGIE

95
L'Esthétique est la "science du Beau", elle est la philosophie de l'art.
La beauté de la nature, d'un objet, d'une forme, d'une personne est très
subjective.
Elle éveille un plaisir mêlé d'admiration. Elle évoque un ensemble
harmonieux de formes, de couleurs, séduisant par la perfection de ses qualités,
la noblesse de ses proportions.
Il est très difficile de trouver des normes à la beauté, mais actuellement,
elle répond à des critères d'harmonie, c'est-à-dire de justesse des rapports entre
divers éléments : forme, couleurs, proportions.
L'élément esthétique est facilement accessible à tous. Chaque être y est
sensible, à des degrés variables. Toute personne, même dépourvue d'éducation
artistique, est capable de dire si tel objet, telle forme, telle couleur lui plaît ou
non. Le plaisir esthétique est oui ou non ressenti. Il s'agit d'une relation
émotionnelle.
L'odonto-stomatologiste, en réalisant une oeuvre esthétique, fait la
preuve non seulement de sa compétence, mais aussi de sa bienveillance vis-à-
vis du patient. Il doit être capable, pour cela, de juger la beauté générale, la
beauté faciale.
Le praticien a subi les mêmes influences que les individus qui viennent
à lui, mais de plus son jugement a été modelé par les concepts appris durant sa
formation professionnelle.
Son évaluation esthétique subit des influences raciales, sociales,
familiales et personnelles. Elle varie avec l'âge, le sexe, la culture. Le praticien
est en proie à un dilemme permanent entre ce qu'il croit être la restauration la
plus adéquate au biotype, à la morphologie et à la personnalité du patient, et la
recherche d'un quelque chose ou d'un quelqu'un se rapprochant des
stéréotypes de la beauté.

96
Les canons esthétiques actuels traduisent une standardisation qu'on
peut qualifier d'occidentale.
La recherche de la beauté s'appuie techniquement sur des critères
d'équilibre facial. L'examen clinique du patient renseigne le praticien sur le
siège des "anomalies" et éventuellement la façon de les corriger. Cette
observation se fait dans les trois plans de l'espace.
L'expression de visage est observée au repos, au cours de la mimique,
ainsi que la denture, le parodonte et les organes périphériques.
111.1. En orthopédie dento-faciale.
Les canons de l'Antiquité étaient généralement basés sur le choix d'une
partie du corps ou "module" comme commune mesure pour les autres parties,
afin d'aider à sa représentation.
Le module des Egyptiens était la longueur du médius, celui de Polyclète
(Grèce, Vè siècle avant Jésus-Christ) était la "palme" (largeur de la main à la
base des doigts). La statuaire grecque fut très remarquable par ses belles formes,
elle est pour tous un modèle, un idéal.
La hauteur de la tête a toujours été le module le plus employé, car très
constant et peu variable. Pour Polyclète, la tête représente le huitième du corps,
la longueur de la face le dixième.
Le plus souvent, les artistes ont adopté pour la taille sept fois ou sept fois
et demie la tête.
Plus tard, deux grands noms de l'histoire de l'Art sont liés aux "canons":
Léonard de Vinci (1452-1519) et Albrecht DÜrer (1441-1528) <Fig.47et48).

97
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Fig. 48

98
Plus près de nous, d'autres auteurs se sont intéressés au même
problème:
- Richer (1933) a basé son canon sur des statistiques anthropométriques.
Pour lui, la taille vaut sept têtes et demie. Une horizontale divisant en deux la
hauteur de la tête (vertex-menton) passe par les pupilles.
- Angle (1907), le premier orthodontiste à avoir exprimé ses idées sur
l'esthétique faciale, prenait pour modèle de profil idéal l'Apollon du Belvédère
(oeuvre du sculpteur grec Leochares).
Comme pour Léonard de Vinci, la droite tangente à la glabelle et au
menton coupe en deux la base inférieure du nez: c'est la loi d'harmonie
d'Angle.
L'orthodontiste est capable d'agir sur le visage des patients, et porte un
grand intérêt aux problèmes de l'esthétique faciale. Son jugement est basé sur
ses sens humains mais aussi sur tout ce qu'il a appris sur la croissance faciale,
les visages et les profils en particulier.
Les orthodontistes semblent s'entendre sur le fait que dans une société
donnée, à une époque donnée, il y a une convergence des goûts esthétiques
tout en laissant une marge d'appréciation personnelle.
En ce qui concerne les normes esthétiques, deux écoles apparaissent
nettement:
- Pour certains, un "canon" détermine l'harmonie des formes belles et
parfaites, d'un type humain idéal subjectivement imaginé, par exemple, par la
conception personnelle des artistes. Beaucoup d'artistes utilisent le nombre
d'or pour obtenir les proportions les plus heureuses.
- Pour d'autres, comme Quetelet (1835), les proportions idéales seraient
celles représentées par les moyennes calculées d'après des statistiques
anthropométriques (ainsi, le canon de Richer).

99
Il semblerait donc, d'après cette idée, que la beauté serait la conjonction
des caractères les plus fréquemment rencontrés et considérés alors comme
"normaux" dans la population étudiée. L'homme beau serait l'homme
moyen. L'excessif exprimerait une "dysharmonie".
Les normes des orthodontistes répondent généralement à cette opinion,
car elles sont le plus souvent déterminées par l'étude d'un grand nombre de
sujets "à l'esthétique satisfaisante" et appelés normaux.
A l'appui de cette hypothèse, Salmon, dans sa thèse, a décrit les profils
"moyens" d'un groupe d'enfants et d'un groupe d'adultes jeunes, en
considérant les différences liées au sexe. Pour tous les sujets, sept points du
profil cutané ont leurs coordonnées mesurées en orientation vestibulaire (4).
Les profils "moyens" sont construits avec les moyennes obtenues pour chaque
point chez les filles et chez les garçons <Fig. 49).
La tête masculine est toujours plus grande que la féminine. L'épaisseur
du revêtement cutané est plus importante chez l'adulte masculin. La tête de la
femme reste morphologiquement plus "infantile" que celle de l'homme.
L'orthodontiste peut agir sur les proportions de la face.
De face. L'appréciation des proportions doit se faire cliniquement, car il
n'y a pas toujours correspondance entre les points osseux utilisés et les points
cutanés.
(4)
L'examen radiographique en
"orientation vestibulaire", méthode faisant appel à la
morphologie des canaux semi-circulaires de l'oreille interne.

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Les profils moyens en orientation vestibulaire
pour un groupe d'enfants (en haut)
et d'adultes (en bas).

101
De profil: les proportions ou disproportions verticales se répercutent.
A un moment, les orthodontistes ont tenté de résoudre ce problème,
après une analyse céphalométrique. Leur objectif était un angle ANB moyen.
Fallait-il, devant un profil trop concave, reculer la mandibule, avancer le
maxillaire? Et face à un profil convexe?
- Les trois types de profil décrits par Izard sont universellement connus,
et considérés par lui comme limites de la normalité:
- type transfrontal : limite antérieure,
- type cisfrontal : limite postérieure,
-le type orthofrontal correspondant au type moyen ou "habituel".
Rappelons que les plans servant de référence pour ces conclusions sont:
- le plan de Francfort horizontal (Tragion-Point sous-orbitaire) ;
- le plan d'Izard, vertical (perpendiculaire au précédent, tangent à la
Glabelle) ;
- le plan de Simon, vertical (idem, passant par le point sous-orbitaire).
L'intérêt des conclusions d'Izard réside dans le fait qu'il admet une
certaine marge de variabilité dans le normal.
Plus récemment, les travaux menés sur la croissance des enfants
amènent les orthodontistes à un certain nombre de conclusions.
- Broadbent (1931) et Brodie (1938) indiquent que la croissance faciale de
profil suit une direction générale oblique en bas et en avant par rapport à la
base du crâne.
- Bjork (1947), dont les travaux sont très connus en Europe, confirme
l'opinion des précédents en ce qui concerne la croissance antéro-postérieure.
Mais il estime que le schéma de croissance n'est pas le même pour tous les
sujets.
Toutes les variations sont possibles entre une direction à tendance
horizontale et une direction plus verticale.

102
Pour une direction moyenne, la face présente un type de "rotation
mandibulaire moyenne".
Pour une direction à tendance plus horizontale, c'est le type de "rotation
mandibulaire antérieure" ; l'étage inférieur est diminué, la mandibule carrée,
le plan mandibulaire horizontal.
Avec une direction de croissance plus verticale, c'est le type de "rotation
mandibulaire
postérieure". L'étage inférieur est augmenté, le profil "en
éventail". La mandibule présente un angle obtu.
Toute la variabilité des profils humains est comprise entre les types
extrêmes, mais il est très difficile de dire où cesse le normal et où commence
l'anomalie.
De même, il est impossible de parler de morphologie "pathologique". La
déformation n'est pas une maladie en soi.
- Tweed (1944) était arrivé aux même conclusions en étudiant les
variations de l'angle FMA (moyenne 28°).
Pour cet auteur américain, le traitement orthodontique se présente avec:
- un bon pronostic lorsque FMA est compris entre 16 et 28° ;
- un pronostic réservé lorsque FMA vaut de 28 à 35° ;
- un pronostic mauvais quand FMA est supérieur à 40°.
D'après lui, 15% des patients (type A) ont un angle ANB qui ne varie pas
au cours de leur croissance. 10% de ceux-ci montrent une augmentation de cet
angle (type B, angle ANB souvent important -6 à 12°-), et pour 75%, au
contraire, l'angle ANB diminue.
- Mme H. Muller (1960), en France, s'attache à décrire comme Bjôrk les
variations verticales du type de croissance; ses types extrêmes s'appellent:
- insuffisance verticale antérieure
- excès vertical antérieur.

103
Elle rejoint les types de Corman (contractés et dilatés) en classant les
sujets, selon leur comportement neuro musculaire,
- en excentriques
- et concentriques.
- Pour les auteurs italiens Muzj, Maj et Lucchese, les mêmes idées
président à leur choix des types faciaux d'après l'angle fronto-facial. Ils
distinguent: <Fig. SQ)
- l'orthognathique,
- le mésognathique,
- le prognathique.
Chaque type de profil correspond à un type fondamental constitutionnel
de l'Ecole Italienne:
- l'orthognathique correspond au brachytype,
- le mésognathique correspond au normotype,
- le prognathique correspond au longiligne Oongitype).

104
- Sassouni (1960) s'inspire des études de Bj6rk et publie son tableau des
types de croissance à partir des mêmes concepts. Il y décrit des types faciaux "de
base" verticaux et horizontaux qui peuvent se combiner entre eux.
- Le type à étage inférieur diminué est le Deep-Bite.
- Le type à étage inférieur augmenté est l'Open-Bite.
Ces appellations correspondent, en France au type hypodivergent et au
type hyperdivergent décrits par Chateau et Sassouni en examinant les
variations normales de l'angle de divergence (moyenne 25°) (Fig. 60).
Horizontalement, Sassouni définit: (Fig.61)
- le type Classe II (avancée du maxillaire supérieur par rapport à la
mandibule) ;
- le type Classe III (avancée de la mandibule par rapport au maxillaire).
- Des idées convergentes sont exposées par Ricketts (1960). Pour lui, les
types faciaux verticaux sont:
- le Brachyfacial (face brève) ;
- le Mésofacial ;
- le Dolichofacial (face longue).
Cet orthodontiste américain a beaucoup étudié les rapports de
l'esthétique faciale et du fonctionnement musculaire correspondant. Suivant
la morphologie des lèvres, des joues, du menton et les contractures anormales
des muscles, il a classé les anomalies en dix types, dont nous ne citerons que les
profils. Les lignes de référence utilisées sont la ligne esthétique E et le plan C
des joues.
Ces types sont décrits par la (Fig. 62)

105
plan bispinal
Fig. 60
Angle de divergence de Chateau et Sassouni

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Fig. 61

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Fig. 62
Ricketts: dix types de profils anorma ux

108
Nous rappellerons ici les normes définies par Ricketts pour la position
de la lèvre inférieure :
- 2 à 3 mm en arrière de la ligne esthétique chez les adolescents (12 à 14 ans).
Chez l'adulte, les lèvres sont plus rétrusives : - 4 mm. La marge de variation
normale admise va de 1 à 7 mm.
- Pour Jean-François
Tulasne, il faut examiner la longueur sous-
mentonnière. Elle doit être en harmonie avec la profondeur de la face (distance
menton-cou / distance oreille-base du nez).
Une longueur sous-mentonnière insuffisante aggrave la convexité et le
déséquilibre de la face.
Les profils convexes semblent plus fréquents que les profils concaves
bien que, avec la croissance mandibulaire qui se poursuit plus longtemps que
la maxillaire, cette concavité ait tendance à s'accentuer au cours de
l'adolescence.
Autre élémf'nt de beauté du profil, c'est son modelé.
Un profil où saillies et dépressions s'équilibrent, où les courbes et
contre-courbes s'enchaînent harmonieusement, est un beau profil.
Le nez "ne doit pas être disproportionné". Pour ne pas accentuer ce
défaut, il faut éviter de reculer la lèvre supérieure.
L'angle naso-Iabial ne doit pas être aigu.
La lèvre supérieure est plus jolie lorsqu'elle n'est pas tendue, avec un
profil doucement incurvé.
Les lèvres faisant saillie, projetées en avant parce que tendues sur les
dents, doivent être réglées en fonction du modelé facial.
L'inverse aussi est jugé disgracieux: la lèvre supérieure, inclinée en
arrière, fait disparaître l'angle naso-Iabial.

109
Les lèvres courtes, épaisses, ourlées, suivent difficilement les
déplacements incisifs, tandis qu'une lèvre longue se modèle facilement sur la
denture.
Pour les orthodontistes, il peut être indiqué que la lèvre inférieure soit
un peu plus épanouie chez la femme.
L'absence de sillon labio-mentonnier est préjudiciable à l'équilibre du
profil, et un menton effacé par la tension de la lèvre inférieure peut
réapparaître par le traitement orthodontique.
La denture doit être belle, avec une couronne dentaire de forme
régulière, et une surface lisse.
Lors des traitements orthodontiques, le praticien aura tendance à mettre
en avant les jolies dents, tandis que les autres seront en léger retrait. Dans le
sens vertical, le niveau de la lèvre supérieure lors du sourire fixe la position
des incisives.
Dans le sens antéro-postérieur, les orthodontistes se baseront sur
l'influence qu'ils souhaitent qu'elles aient sur le profil et sur la morphologie
labiale, pour déterminer leurs positions.
L'orientation des incisives sera le résultat d'un compromis, car la face
vestibulaire devra être parallèle au plan facial (front - pommettes - menton), et
la face palatine doit assurer le guidage incisif.
Il ressort en général que l'orthodontiste européen préfère les profils d'où
se dégage une impression d'équilibre.
Les lèvres rétrusives sont plus acceptées que les lèvres trop
proéminentes. A un profil sans relief, ou rectiligne comme le souhaite l'école
américaine, l'üDF préfère un type facial plus protrusif que les standards
céphalométriques (H. et S. Peck).

110
Les travaux de Cox, Van Der Linden, Weissman et Sassouni semblent
montrer qu'une unanime appréciation se dégage en ce qui concerne les profils
les plus beaux et les plus laids. Les lèvres protrusives, trop longues, sont
rejetées par tous.
La jeunesse va avec la plénitude des tissus mous et des lèvres.
La féminité s'accompagne aussi de plus de plénitude que le sujet
masculin.
Autrement dit, les lèvres plus pleines, l'harmonie, la beauté vont à la
jeunesse et à la féminité; les profils plats, sans relief ou rétrusifs vont au sexe
masculin et aux personnes plus âgées. Mais l'homme idéalement beau serait
"l'homme moyen", d'après la théorie de Quetelet.
Le caractère beau correspondrait à celui rencontré avec la plus grande
fréquence et considéré pour cela comme normal. Il nous plairait, à nous
praticiens comme au patients, car nous serions habitués à le voir aussi.
Le jugement de l'orthodontiste sera un jugement humain, social; il lui
permettra de fixer le but esthétique qui lui semble le meilleur pour le patient.

111
111.2. En prothèse adjointe.
II.l.I. La typologie.
Etant donné que les hommes ont toujours rapproché les formes belles
de dessins géométriques, ils ont cherché à décrire les variations individuelles
comme des déformations déviant de ceux-ci.
En exemple, nous citerons les caricatures de Dürer. Cet artiste se plut à
dessiner des visages irréguliers, plus ou moins laids : en déformant les
proportions idéales de son réseau, il obtenait des individus différents. Il
poursuivit cette étude jusqu'à la caricature de ses semblables. Le résultat de ses
observations mettait ainsi en lumière des types de visages ainsi que des types
de formes humaines.
Avant d'exposer ce qui concerne le profil facial, nous reverrons les
principaux auteurs qui s'intéressèrent au "types humains".
En effet, sans qu'il soit question d'anomalie, beaucoup ont essayé de
classer les variations "normales" les plus fréquemment rencontrées dans la
morphologie des êtres humains.
Un courant de pensée né au XVlè siècle créa la zoomorphie, c'est-à-dire
l'analogie de forme entre l'homme et les animaux.
- Della Porta 0541-1615) affirma que les hommes qui ont des
ressemblances physiques avec les animaux en ont aussi les traits de caractère. li
a donc posé les fondements de la théorie selon laquelle l'expression et la forme
du visage sont le reflet de la personnalité. Plus tard, Le Brun 0619-1690) reprit
ses travaux et, en peintre, étudia la laideur, et les anomalies faciales. li évoqua
par ses dessins l'homme à faciès de porc, d'ours, de boeuf, de fouine, de loup,
etc.

112
- Lavater (1741-1801) continua les interprétations morphopsychologiques
de ses deux prédécesseurs, mais aboutit parfois à un finalisme discutable. On
peut imaginer qu'il existe un lien entre les différences des formes humaines et
les différences de traits de caractères des individus.
L'expérience
commune
constate
empiriquement
"que
certaines
structures corporelles semblent liées à des prédispositions ou des aptitudes
déterminées". Ainsi ont pris naissance les notions de contitution et de
tempérament (Vandervael).
- Les savants de l'Ecole d'Hippocrate distinguaient déjà un type
phtysique long et maigre, un type apoplectique gros et court, ainsi que les types
bilieux, nerveux, sanguin, et lymphatique. Ils pensaient qu'un lien existait
entre personnalité et morphologie.
- A l'instar des précédents, depuis le début du XXè siècle, de très
nombreux auteurs ont essayé de dégager des "types humains".
La typologie est l'étude des traits caractéristiques, dans un ensemble de
données, afin d'y déterminer les types de systèmes. Pour Buchard, "c'est un
essai de classification en considérant les formes."
Cette analyse descriptive des visages, des corps humains, doit être faite
dès la première rencontre du praticien avec son patient. Elle permet d'établir
un rapport basé sur la compréhension mutuelle, dans le but de réaliser une
restauration prothétique physiologiquement et esthétiquement intégrée. Elle
limite les possibilités de refus psychologique des prothèses.
De très nombreuses classifications typologiques ont été décrites.
Certaines nous intéressent en raison de la morphologie du visage qui en
dépend.

113
Sigaud (1894, Lyon), et avec lui Mac-Auliffe, (1923-1926) distingue: <Fig. 63)
- le musculaire,
- le digestif,
- le respiratoire,
- le cérébral.
Il établit un parallèle entre le développement des appareils locomoteur,
digestif, respiratoire et cérébral, et l'importance d'un étage facial sur les deux
autres.
- Cette classification a été reprise par Williams (1910), qui a établi les "lois
de l'harmonie". La forme du visage doit s'harmoniser avec la forme des dents
antérieures. Pour lui, la forme de contour du visage représente la forme
inversée de l'incisive centrale <Fig. 64).
A partir de milliers de squelettes, il montra que des crânes semblables
présentaient souvent des dents de formes différentes. Il cita quatre types :
- carré,
- triangulaire,
- carré-triangulaire ou triangulaire allongé,
- ovoïde.
Cette classification est à l'origine du "Trubyte Bioform System", et du
"Trubyte Tooth Indicator", systèmes commercialisés pour permettre le choix
des dents prothétiques en fonction de la forme de la face.
La théorie de Williams est très controversée car il semble impossible de
trouver des visages carrés, ou triangulaires, au sens strict de ces termes (Fig. 65).
Les deux raisons principales évoquées sont:
- la nature a toujours tendance à adoucir les contours osseux du crâne et
de la face, en arrondissant les angles du visage réel;
- les artifices esthétiques (barbe, coiffure, maquillage...) transforment le
visage réel en visage apparent.

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Fig. 64
Les quatre types de contours faciaux correspondent, selon Léon Williams, à
quatre formes de dents.

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Fig. 65
Quelques exemples de visages typiques humains

116
Pourtant, en l'absence de documents préextractionnels, le seul guide de
choix de la forme des dents artificielles reste le rapport des proportions
existantes entre la face et les dents, rapport harmonieux perçu subjectivement
par l'oeil du praticien.
Puis une classification a été établie, basée sur la relation entre la forme
du corps humain et les sels minéraux prépondérants dans le squelette.
Vannier décrit trois types constitutionnels:
- le carbonique ;
le phosphorique
- le fluorique.
On y adjoint les tempéraments endoblastique, ectoblastique, et
mésoblastique intermédiaire,
d'après
la
prédominance d'un
feuillet
embryonnaire.
Bernard a rattaché le mésoblastique à la constitution sulfurique, située
entre le carbonique et le fluorique.
De Nevrèze a repris la classification de Vannier et affirme que la théorie
des formes dentaires géométriques ne doit pas être prise en compte seule. Cinq
facteurs entrent en jeu dans la caractérisation de l'appareil manducateur :
- la forme;
- la teinte;
- l'articulation alvéolo-dentaire ;
- la forme de l'arcade;
- l'occlusion.
Sheldon et Martiny, à partir de la classification de Vannier, distinguent
des composantes secondaires et des variables tempéramentales :
- la viscérotonie
.le viscérotone ;
- la somatotonie
.le somatotone;
- la cérébrotonie
.le cérébrotone.

117
Viard et Corman voient le problème de la typologie sous l'angle de la
morpho-psychologie. Ils pensent qu'il existe toujours un rapport étroit entre
l'état physique d'un patient et son état moral. Corman tient compte aussi de
l'environnement social et familial. Il décrit :
- le type dilaté chez qui les forces d'épanouissement
travaillent en largeur;
- le dilaté latéral ;
- le rétracté de front ;
- le rétracté extrême asthénique.
Pour Corman :
- un visage ovale marque la sensibilité,
- un visage rond marque la naïveté ;
- un visage carré est celui d'un sujet matérialiste;
- un visage rectangulaire est accessible aux idées générales.
Viola s'est inspiré de Quetelet pour aboutir à sa classification. Sur un
groupe de quatre-cents individus vénitiens, il calcule l'homme moyen et
obtient un sujet d'une extraordinaire beauté. Puis il compare ces normes avec
celles des statues grecques, tel l'Apollon du Belvédère. Il trouve une
concordance.
L'examen de ces sujets lui permet de déterminer trois types
constitutionnels, à partir d'un rapport entre la taille, le poids et le périmètre
thoracique :
- le bréviligne mégalosplanchnique ;
- le mésoligne, normotype, moyen ;
- le longiligne microsplanchnique.
Buchard a établi une classification morphopsychologique. Elle fait une
relation entre la psychologie du patient et son approche clinique.

118
- Le timide optimiste: il est difficile à soigner, il ne formule pas de
doléances. Il pense toujours que les choses vont s'arranger. Il faut aller au
devant de ses pensées.
- Le timide anxieux
son anxiété n'étant pas exprimée, il faut la
deviner.
- L'anxieux agressif: il est exigeant, émet beaucoup de doléances et
souhaite un résultat immédiat.
- L'agressif optimiste: c'est un type plutôt rare.
Le traitement d'un édentement total ou partiel a pour but de restaurer la
fonction masticatrice, la phonation, mais aussi de recréer l'esthétique du
visage. Cet élément étranger doit s'intégrer au sein de toutes les structures
anatomo-physiologiques de la cavité buccale.
Le rétablissement de l'esthétique dentaire, de l'harmonie des différents
étages de la face, aussi bien de face que de profil, implique une connaissance de
tous les éléments morphologiques, physiologiques et psychiques. Elle permet
de mieux résoudre le problème de l'intégration des prothèses, dans la cavité
buccale, mais aussi dans l'harmonie du visage.
Pour Lejoyeux, "l'esthétique apparaît comme le résultat de tout ce qui
peut concourir à un équilibre harmonieux entre tous les vecteurs capables
d'éveiller en nous une émotion particulière appelée le sentiment du beau ... Le
visage, et
plus encore la
sphère dento-Iabiale,
se révèlent
comme la
quintessence exprimée des racines occultes de l'esthétique."
Toutes les étapes de la reconstitution prothétique interviennent dans la
restauration de l'esthétique:
- l'observation clinique;
- les empreintes;

119
- la détermination de la dimension verticale d'occlusion et du
rapport intermaxillaire ;
- le choix et le montage des dents;
- la réalisation de la gencive artificielle.
Au cours de l'examen clinique, l'approche typologique du sujet permet
d'établir des rapports praticien-patient basés sur la compréhension mutuelle.
Le praticien prothésiste connaît mieux son patient et il peut en confiance
aborder les autres étapes de la reconstruction prothétique, limitant ainsi les
sources d'échec de son traitement.
Ainsi, lors des prises d'empreintes, l'objectif esthétique ne doit pas être
négligé. Le contour harmonieux des lèvres doit être restauré, sinon on ne
l'obtiendra pas à la pose.
III.2.2. La dimension verticale et le rapport intermaxil1aire.
La détermination du rapport intermaxillaire chez l'édenté doit être
précise.
La position mandibulaire est définie par trois paramètres:
- deux paramètres horizontaux, qui sont la position antéro-
postérieure et le calage latéral de la mandibule;
- un paramètre vertical qui est la dimension verticale d'occlusion.
Le patient doit, pour cette détermination, porter une base d'occlusion
supérieure. Sa base préfigure celle de la future prothèse. Son bourrelet doit
assurer un soutien naturel des lèvres. Sa longueur est telle qu'à la
prononciation des phonèmes FE et VE, la lèvre inférieure affleure le bord
inférieur du bourrelet. Il sera réglé parallèlement au plan de Camper (point
sous-nasal-tragion) et à la ligne bipupillaire <Fig. 66 et 67)

120
Il Y a plusieurs méthodes permettant de déterminer la dimension
verticale d'occlusion. Nous n'en retiendrons que quelques-unes utilisant les
documents préextractionnels, les appréciations esthétiques et les données
moyennes de morphologie faciale.
li- Wright
utilise les photographies de face et de profil du patient,
antérieurement à son édentation. Il les compare à celles du patient édenté,
mais il ne tient pas compte du vieillissement des tissus mous.
li- D'autres utilisent les téléradiographies.
li- Swenson prend une empreinte de l'étage buccal avant édentation, à
partir de laquelle il réalise un masque.
li- La technique de choix faisant appel aux documents préextractionnels
semble être celle utilisant les maquettes réglées à la dimension verticale
d'occlusion, chez le sujet en Classe 1 de Kennedy. Après l'édentation
antérieure, la maquette réglée est replacée en bouche (Fig. 68).
li- Lejoyeux
cite que "l'apparence esthétique du
visage reste l'unique
guide valable pour fixer la position de la mandibule ". A une restitution de
l'esthétique du patient correspond une dimension verticale correcte.
Ainsi, Saïzar utilise une base d'occlusion supérieure correctement
réglée,
opposée
à
une
base
d'occlusion
mandibulaire
surélevée.
Progressivement, par réchauffement de la base mandibulaire, le patient passe
d'un visage figé à un visage détendu, au fur et à mesure que la hauteur du
bourrelet mandibulaire devient correcte. Il faut ramollir le bourrelet jusqu'à
un contact serré des lèvres. "C'est probablement la D.V.O.", d'après Saïzar.
D'autres techniques de détermination de la dimension verticale
d'occlusion (D.V.O.) utilisent les données moyennes de morphologie faciale.
Nous citerons la technique d'Appenrodt, qui utilise "le compas d'or"
d'Amoédo pour déterminer le nombre d'or (Fig. 69).

121
La technique de Willis, à l'aide d'un compas à coulisse ou d'un compas
à pointe sèche, définit deux distances égales : la distance bord inférieur de la
pupille - rima oris, et celle du point sous-nasal - gnathion.
Pour Landa, la distance sommet du crâne - plan de Francfort, et plan de
Francfort - gnathion sont égales lorsque la mandibule est en position
d'occlusion.
Boyanov
dit que chez un patient en occlusion, la largeur
bicommissurale est égale à la distance point labial supérieur - gnathion (Fig. 71).
Mac Gee prend trois mesures :
- la distance centre de la pupille - rima oris,
-la distance glabelle - point sous-nasal,
- la distance intercommissurale, lèvres au repos.
Pour lui, au moins deux de ces trois mesures sont égales et constantes et lui
permettent d'obtenir une bonne D.V.O.
Pour Begin, toutes ces méthodes basées sur des données moyennes de
morphologie
faciale
ne
tiennent
pas
compte
des
comportements
physiologiques et donc des variations individuelles.
Nous nous sommes attardées sur ces méthodes parce qu'elles utilisent
des données morphologiques, typologiques.
Mais, comme Begin, nous estimons que ces techniques ne tiennent pas
compte du comportement physiologique. La D. V.O. est évaluée par des
moyennes, sans tenir compte des variations individuelles.

122
i
/
\\
Fig. 66 . Plan de Camper
Fig. 67 . Ligne bipupillaire
...""
'----- .
Fig. 68 . Documents pré-
extractionnels .

123
Fig. 69

1.
Technique
cl Appcnrodt.
\\
~-~
/
(~-"
~
~
-,
,
'\\
/
. ~ )
» \\
'
1
.
.'
1
1
1
Fig. 70 . Technique de Willis
Fig. 71 -
Technique de Boyanov
1
1
1
1
1
, { - A __~
r
1
E3---T
A
.1

124
Parmi les techniques physiologiques, il faut citer celles de Jankelson, de
Timmer et de Shanahan. Ces deux dernières semblent être les plus fiables et la
méthode de Shanahan est très employée en prothèse adjointe. Elle permet une
évaluation de la D.V.O. ou un contrôle:
Lors de l'évaluation, deux boulettes de cire molle sont placées au niveau
des premières prémolaires mandibulaires, sur le bourrelet d'occlusion. Au
cours du contrôle, la cire est mise sur les surfaces occlusales des premières
prémolaires artificielles.
Le patient, en position confortable, est invité à déglutir. La D.V.O. est
estimée correcte lorsqu'il ne reste qu'un fin film de cire sur la surface
mandibulaire.
Ce
contrôle
pourra
se
faire
après
une
D.V.O.
déterminée
phonétiquement par la Dimension Verticale de Repos Physiologique
(D.V.RP.), à laquelle on soustrait l'Espace Libre d'Inocclusion en position de
Repos Physiologique (E.L.LRP.). L'émission correcte des sifflantes guide la
manipulation.
La détermination d'une Dimension Verticale précise et d'un bon
rapport intermaxillaire est indispensable pour le confort du patient. Le respect
de la fonction et de l'esthétique assure une meilleure intégration des prothèses.
Une mauvaise appréciation de la D.V. et du RLM. a des conséquences
inestimables du point de vue fonctionnel, mais aussi au niveau esthétique.
Une mauvaise inclinaison du bourrelet supérieur, sa hauteur, ont une
incidence directe sur le profil du patient et sur son sourire.
Le malade ne peut rire, manger, converser de façon détendue, même si
l'étape du choix et du montage des dents a été réalisée avec rigueur.

125
II.2.3. Le choix et le montage des dents prothétiques antérieures.
L'objectif de toute prothèse est de donner l'illusion du réel. Elle doit
pour cela satisfaire aux impératifs fonctionnels, phonétiques et esthétiques.
Les règles présidant au choix et au montage des dents antérieures
doivent être connues du praticien sans être trop rigides, impératives. Elles
serviront de guide, mais seul le sens artistique du praticien permettra
d'apprécier l'esthétique de la réalisation.
Concernant le choix des dents prothétiques, plusieurs auteurs ont
montré
l'importance
des
facteurs
sexe,
âge,
personnalité
et
type
constitutionnel. Le choix de la forme, de la taille et de la teinte des dents
prothétiques tient compte de ces facteurs.
La forme, la taille et la teinte sont des éléments interdépendants.
111.2.3.1. La fonne.
Pour plusieurs auteurs, la forme de l'incisive centrale semble liée:
- à l'architecture faciale osseuse,
- aux contours des parties molles.
Wawrin et Dalbey, à la fin du XIXè siècle, remarquent la correspondance
architecturale qui existe entre les structures osseuses de la face et la forme de
l'incisive centrale supérieure. A l'aide de la règle de Wawrin, dont les tiges
enserrent le cadre facial, on peut lire automatiquement la forme du visage et le
type de dent correspondant <Fig. 'TlJ.
De même, le "Trubyte Tooth Indicator", par sa grille, permet d'apprécier
la structure faciale <Fig. 73).
- Nelson établit une triade mettant en correspondance la forme du
visage, la forme de l'arcade dentaire supérieure, et celle de l'incisive centrale
supérieure (Fig. 74).

126
- Pour Williams, dans le plan frontal, la forme des dents et en particulier
celle de l'incisive centrale supérieure correspond à la forme du visage inversé.
Dans le plan sagittal, le profil du patient correspond à la vue proximale de la
den t (Fig. 75).
- Profil curviligne
dent bombée
- Profil plat
dent plate
- De N evrezé a fait un parallèle entre le type des dents et le type
constitutionnel du sujet. A partir de la classification homéopathique de
Bernard, il conclut:
- Les sulfuriques ont des dents carrées, parfois légèrement ovoïdes.
- Les carboniques ont des dents carrées, peu abrasées.
- Les fluoriques ont des dents triangulaires et petites.
- Pour Gerber, l'angle formé par les bords proximaux de la dent vue de
face doit être équivalent à celui formé par les ailes du nez. Plus l'indice nasal -
(longueur /hauteur) x 100 - est grand, plus la dent est triangulaire (Fig. 76).
Ces différentes analyses guident le choix de l'incisive centrale. C'est la
partie concrète de la personnalité, la partie abstraite réside dans la forme de
l'incisive latérale. Pour Lejoyeux, plus le patient est vigoureux, fruste, plus la
latérale ressemble à la centrale et est dominée par celle-ci. Plus le patient est
évolué, féminisé, plus la forme de la latérale est agréable et efface un peu la
présence de la centrale (Fig. 77).
L'idéal, pour choisir la forme d'une dent prothétique, est de se référer
aux documents préextractionnels : photos, moulages, anciennes prothèses. De
plus, le praticien observera la denture des ascendants ou descendants. S'il en a
la possibilité, cela établiera un contact, une complicité, permettant une
meilleure intégration des prothèses.

127
Type carré . . .
j il \\
il1
Ti" ..-......
fr
~
'1
..
. . . .

,
1
.r::::\\ \\ 0.
Type triangulaire.
H
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\\~y
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f
~" \\~i;r~.;
,-
.. ,
11
.
f'.
Type ovoïde. ..
Fig. 72

128
1 -
~
'r
Fig. 73
Utilisation du trubyte tooth indicator

129
Type ovoïde
Type triangulaire
Type carré
~ig. 74
Triade de Nelson
""-
:~ ,
~
i
)....../
1
1
~/
Fig. 75
Incidence du profil du patient sur celui de l'incisive centrale

130
Fig. 77
Les
formes
masculines
sont rigides et robustes.
. les
formes
féminines
sont douces et arrondies.
Fig. 76
Similitude entre la forme du nez
et celle des incisives centrales


131
11.2.3.2. La taille des dents prothétiques.
Wawrin et Dalbey, en plus des relations de forme entre le visage et
l'incisive centrale, ont déterminé un rapport entre la largeur du visage et celle
de l'incisive centrale supérieure, la hauteur de la face et celle de l'incisive.
_ _~la~r~g~e:..:::u~r....::d::..:e::.....:...;l'I:::..:..C=.:.....~su:::::,p",""e:::.:'r:..::.i.:::..eu=r:..:e==---_ = 1/16
largeur du visage
_ _----=.:h=a:.=u=te=..:u=r:.......=d=e....:;I....:;'I.:...:.C=.c...:s::...::u=.lp::...::é=r=ie::...::u=r-=e_ _ = 1/20
hauteur de la face
- Wawrin a rationnalisé ces valeurs statistiques sur sa règle. La largeur et
la hauteur se lisent directement.
- Pour Lee, la largeur de l'incisive centrale est égale au quart de la largeur
nasale. Cette même largeur correspond à la largeur de l'incisive latérale plus la
moi tié de celle de la canine <Fig. 79).
Largeur I.e. = 1/4 largeur nasale = largeur LL. + 1/2 largeur canine.
- Gerber rappelle que l'os alvéolaire incisif, le philtrum, le nez, le front
ont une même origine embryologique. Donc à un nez étroit correspondent des
incisives étroites et à un nez large, des incisives larges.
Il remarque aussi un parallèle entre l'incurvation de la base du nez et la
courbure générale donnée par les bords incisifs supérieurs.
- Williams utilise la largeur bizygomatique.
Largeur de l'I.e. = 1/16 de la largeur bizygomatique
- Pour Sears, 1/3 de la largeur bizygomatique équivaut à la somme des
largeurs mésiodistales des six dents antéro-supérieures.
- Pour Berry, la hauteur de l'incisive centrale supérieure est égale au
1/20 de la distance ophrion-menton. Celle de l'incisive latérale est égale à 1/22
de la largeur bizygomatique, alors que la largeur canine équivaut au 1/19.

132
:
1
t:)
r1.:
ij i
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! '1
.,·1
La hauteur de l'incisive centrale se lit
La largeur de lïncisive centrale est indi-
dlfectement sur la règle verticale du Wavrin.
quée sur la règle horizontale du Wavrin.
Fig. 78
)
(
\\..
( "
%1%
Fig. 79
Indices de Lee,

133
- Lejoyeux rappelle que la hauteur de l'incisive centrale est fonction de
quatre éléments:
- la restauration des contours des lèvres;
- le rétablissement d'une dimension verticale correcte;
- la position du bord libre qui varie avec le "type" du patient, le degré
d'usure qu'il faut donner à la dent, et avec la mobilité de la lèvre;
-le rapport final: hauteur, largeur de l'incisive centrale.
Il souligne: "Sans la restauration des contours de la lèvre supérieure, on
ne peut déterminer la hauteur exacte de l'incisive centrale supérieure. En
l'absence de cette précaution elle sera trop courte, si le bourrelet soutenant la
lèvre est insuffisant, ou trop longue s'il est anormalement épais au moment
du choix".
La hauteur de l'incisive centrale supérieure est également fonction de la
visibilité de son bord libre, très apparent chez les sujets jeunes, les femmes et
les personnes fluoriques. Elle est moyennement marquée (l à 2 mm) chez les
personnes fluoriques et chez les personnes d'âge moyen, et est complètement
masquée chez le type carbonique et les personnes âgées.
- Pour Buchard, il faut d'abord établir une bonne dimension verticale. Le
malade, dans une posture musculaire détendue, le bourrelet maxillaire ayant
été réglé avec le plan de Fox permet un bon soutien de la lèvre supérieure,
avec une visibilité du bord libre de 1 à 2 mm.
La largeur des quatre dents antéro-supérieures est égale à la largeur du
nez. Pour Buchard, les dents antéro-inférieures n'ont qu'un rôle esthétique
secondaire, mais dans certaines conditions biomorphologiques (le rire,
l'émotion...), elles prennent une importance non négligeable.
Leur hauteur est déterminée par la hauteur des dents supérieures. Leur
largeur est, pour :
- l'incisive centrale: 1/29è de la largeur bizygomatique
- l'incisive latérale inférieure: 1/26è de la largeur bizygomatique
- la canine inférieure: 1/21è de la largeur bizygomatique

134
111.2.3.3. La teinte.
Selon Devin, la teinte est le complément naturel de la forme et de la
dimension.
Pour Lejoyeux, c'est le facteur le plus important intervenant dans le
choix des dents antérieures. Cette étape ne doit pas déclencher d'antagonisme
entre le patient et son praticien, mais au contraire renforcer un climat de
confiance : "et si l'on peut recommander au praticien d'essayer la résistance
(faite d'explications) au moins dans un premier temps, il n'en demeure pas
moins vrai que dans ce domaine, comme dans celui des dimensions, il faut
savoir céder pour obtenir cet accord précieux entre le patient et sa prothèse"
(Sanguiolo) .
La teinte est dominée par quatre éléments fondamentaux:
- La couleur de base: c'est le jaune. Il peut être modifié par du bleu, du
gris ou du rouge.
- La brillance ou luminosité: elle permet l'effet de contraste et dépend de
la proportion de noir et de blanc.
- Le degré de saturation : c'est la quantité de couleur de base qui entre
dans la constitution de la teinte. Il est plus élevé au collet.
- La translucidité: c'est la qualité de ce qui laisse passer la lumière, sans
toutefois permettre de voir à travers son épaisseur.
Le choix de la teinte.
Il existe une harmonie de couleurs pour un même individu entre la
peau, les yeux, les cheveux et les dents. Dans le cas contraire, l'observateur est
choqué par un effet disgracieux, sans pouvoir en expliquer l'origine. Il est donc
souhaitable de se baser sur les paramètres faciaux du patient. Le patient sera
accompagné d'un proche pour l'aider dans le choix et pour servir
d'observateur témoin.

135
Le choix se fera en fonction de trois grands types de facteurs :
- Facteurs dûs au cadre: entrent en jeu la vue du praticien, l'éclairage, et
le revêtement mural du cabinet.
- Facteurs dûs au patient :
· l'âge: plus le patient est âgé, plus la teinte devra être saturée ;
· le sexe: la translucidité des bords proximaux permet une féminisation
des dents prothétiques;
· le type constitutionnel: pour De N evrezé, le carbocalcique par exemple
a des dents claires, sans grande translucidité, le fluocalcique a des dents grises;
· le caractère racial : les occidentaux ont des dents plus claires que les
orientaux, les Africains un émail translucide et bleuté.
Pour Buchard, une personne brune au teint mat et aux yeux foncés
devra avoir des dents prothétiques dont la couleur de base sera le jaune. Une
personne blonde au teint rose et aux yeux clairs devra porter des dents
prothétiques grises.
- Facteurs dûs au groupe de dent.
L'étude des dentures naturelles nous a prouvé que sur une même
arcade, de nombreuses teintes sont représentées. Ce principe, appliqué à nos
montages, éviterait la monotonie et donnerait la sensation de naturel.
Ainsi, l'incisive centrale supérieure est la première choisie: elle attire le
regard, et sera la plus avancée.
L'incisive latérale est plus claire, plus brillante, moins saturée.
La canine aura toujours une couleur de base plus jaune, avec un degré
de saturation plus grand que la centrale.
La première prémolaire, souvent visible lors du sourire, aura la même
teinte que l'incisive centrale.
Les incisives mandibulaires ont des teintes légèrement plus claires que
les supérieures.

136
Le contrôle du choix des dents se fera lors de l'essayage esthétique, après
le montage du groupe incisivo-canin supérieur et de la prémolaire. Une autre
vérification pourra se faire lorsque toutes les dents seront montées.
La prothèse adjointe partielle obéit aux mêmes règles mais elle a
l'avantage de se baser aussi sur les dents restantes.
Quoi qu'il en soit, aucun critère ne sera absolu pour le choix des dents
antérieures, mais seulement un guide.
111.2.3.4. Le montage esthétique.
Buchard différencie le montage des dents antérieures supérieures,
auxquelles il ajoute les premières prémolaires, c'est le montage esthétique, du
montage des autres dents prothétiques réalisant le montage fonctionnel.
Le montage esthétique se réalise en deux grandes étapes: l'une au
laboratoire, c'est le montage esthétique conventionnel, l'autre au cabinet, le
montage personnalisé (Fig. BO).
- Le montage esthétique conventionnel.
Il se fera sur un articulateur et s'analysera dans les trois plans de
l'espace.
Dans le plan horizontal: le bord libre des dents prothétiques suivra
exactement la courbure obtenue lors du réglage esthétique de la maquette
d'occlusion supérieure.
Dans le plan frontal: l'incisive centrale a une inclinaison de 3 à 5° par
rapport à l'axe sagittal médian. Elle est en contact avec le plan prothétique. La
latérale inclinée de 5 à 12° est au-dessus du plan prothétique de 1 à 2 mm. La
canine: de aà 3°. Sa pointe touchera le plan prothétique.
Dans le plan sagittal: en normoclusion. L'incisive centrale est inclinée
de 5°, la latérale de 10°, la canine est droite. La 1ère prémolaire sera positionnée
en fonction de ses rapports avec la joue.

137
l'axe des dents trian-
gulaires
est plus
incliné
que
celui des dents carrées ou ovoï-
des.
Fig. 80
Inclinaison
des
dents
supérieures
dans le plan sagittal.
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,
,
,
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,
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,
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,
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,
/
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---------
"
Fig. 81
Ligne générale des bords libres.
A: chez un patient jeune au féminin
B: chez un sujet masculin

138
"Ces règles doivent être connues du prothésiste clinicien autant que du
prothésiste de laboratoire qui doit comprendre les motivations esthétiques du
praticien à travers les particularités de chaque cas, afin de réussir au mieux les
compromis quelquefois nécessaires entre l'esthétique et le fonctionnel, sur le
plan prothétique" (Rignon Bret) (5).
Le montage réalisé au laboratoire est impersonnel. L'animation
définitive s'effectue au cabinet. C'est le montage personnalisé.
- Le montage personnalisé.
Pour cette séance, le patient sera assis, détendu et souriant.
L'examen des documents préextractionnels peut nous fournir de
précieuses indications. Mais l'imitation du bloc antérieur se fera avec
prudence, car il faut éviter de reproduire les malpositions pathologiques. Il
peut être préférable de se référer à l'implantation des dents d'un parent
ressemblant.
L'appréciation de l'allure générale de la partie visible s'effectue lèvre au
repos puis en mouvement:
- le carbonique a un bord libre longtemps masqué,
- le sulfurique laisse apparaître légèrement son bord libre,
- le phosphorique a un bord libre plus visible,
- le fluorique laisse apparaître les dents et la gencive.
Frush et Fisher, vers 1952, ont défini la "dentogénique". Ils se sont basés
sur le terme "photogénique" qui signifie apte à rendre esthétique par la
photographie, pour créer la "dentogénique" : apte à rendre esthétique par les
dents. La denture artificielle doit être spécifique du patient. Elle lui rend
charme, caractère, beauté.
(5) L'Esthétique en Odontologie
S.N.P.M.D. Paris.

139
La dentogénique qualifie aussi la pratique et les techniques utilisées pour
atteindre ce but esthétique.
Frush et Fisher, après Zech, déterminent trois facteurs liés à l'esthétique:
- le sexe,
- la personnalité,
- l'âge.
A la forme sphérique est liée la féminité. Le bord libre des incisives aura
une ligne courbe.
A la forme angulaire correspond la masculinité, avec des angles droits
au niveau du bord libre des quatre incisives (Fig. 81).
Le caractère féminin ou masculin sera accentué par une action sur les
incisives ou canines supérieures (Fig. 82 et 83).
L'incisive centrale: son déplacement en bloc vers l'avant donne une
impression de vigueur. Si son angle distal est décalé vers l'avant, c'est le
caractère obstiné qui est mis en valeur. Par contre, l'angle mésial en avant
signifie audace.
L'incisive latérale: son angle mésial vestibulé, chevauchant ou non la
centrale, donnera douceur et coquetterie au sourire. Par contre, tourné en
dedans, plus ou moins caché par la face distale de la centrale, elle durcit
l'expression.
Afin d'éviter l'aspect inerte des formes trop aplaties, des dents
antérieures préfabriquées, un meulage peut se faire, seulement aux dépens de
la face mésiale des incisives centrales. Un faible meulage accentuera la féminité
des dents.
La teinte d'une dent est jugée dans son milieu buccal et de préférence
avec ses collatérales. Pour une femme d'une forte personnalité, on choisira des
dents très pigmentées, de même que chez un sujet masculin.

140
L'adoucissement des incisives centrales.
Fig. 82
'.
Le meulage atténue l'aspect inerte des formes aplaties des dents préfabriquées.
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----~--
:::~---m--m.~~~~
nh* __ D
L'incisive latérale.
Le déplacement d'une inCIsive centrale:
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donne un effet additionnel de force.
Fig. 83

141
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1
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j
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!I
Fig. 84
Mobilisation modérée des axes des dents.
Fig. 85
La ligne gingivale sera une ligne brisée.

142
L'âge est un facteur à considérer avec beaucoup de tact. Le praticien doit
reproduire une esthétique vivante, mais ne pas donner l'impression de
négligence de l'état dentaire.
L'usure des bords libres, incisifs et canins, estompera la translucidité. A
un âge avancé, les prémolaires doivent être adoucies. L'usure des points de
contact les transforme en surface de contact.
La caractérisation peut être augmentée en simulant un encombrement
au niveau incisif mandibulaire.
111.2.3.5. L'extrados des prothèses participe grandement à l'esthétique du
patient. La forme des surfaces polies stabilisatrices et la face vestibulaire des
dents antérieures entretiennent des rapports étroits avec la lèvre supérieure.
Ces rapports concourent au respect d'un support esthétique de la lèvre
supérieure, et au ménagement de l'aspect biomorphologique de l'étage
inférieur de la face.
La fausse gencive doit avoir un aspect en accord avec l'âge et la
personnalité du patient. On pourra simuler une rétraction gingivale avec une
ligne des collets plus apicale, la teinte pourra être légèrement plus pâle que
chez le jeune, qui aura une teinte rosée soutenue, la papille interdentaire
pointue entre les dents, et finement granitée.
Ces qualités demandées à la fausse gencive sont indispensables. Les
travaux d'Aboucaya montrent que pour certains sujets, le sourire découvre
non seulement la totalité des dents antéro-postérieures, mais aussi la gencive
artificielle.
Pour Frush et Fisher, la ligne gingivale s'établit légèrement en-dessous
de la ligne haute du sourire. Cette ligne brisée est plus ou moins haute suivant
la dent: au niveau de la latérale, elle sera plus basse que pour la centrale. La

143
canine sera la plus haute, la ligne sera décroissante en allant vers la première
prémolaire, et variable entre la deuxième prémolaire et la molaire (Fig. 85).
En plus de son rôle sur le sourire, la fausse gencive permet de
compenser les pertes de substance osseuse et musculaire occasionnées par la
perte des dents. Elle favorise un positionnement plus physiologique des
muscles de la mimique sur ses surfaces polies stabilisatrices. Pour Buchard, il
faut une intime application des muscles de la mimique sur l'extrados des
prothèses, car la stabilité des prothèses peut être compromise par l'action de la
langue, de l'orbiculaire des lèvres, du buccinateur.
Pour cela, au niveau maxillaire, la région incisive marquera une zone
concave pour l'orbiculaire des lèvres, la région canine une dépression suivie
de la bosse canine. Cette zone concave permet l'installation du buccinateur, et
la région postérieure convexe permettra la déflexion du bol alimentaire, tout
en répondant à l'anatomie de la zone ampulaire d'Eisenring. La fausse gencive
de la prothèse mandibulaire sera concave antérieure et convexe postérieure
aussi. Dans la région linguale, elle sera concave dans tous les sens, de sorte que
la langue puisse s'y appliquer, au lieu de la soulever.
Ces règles doivent être connues du prothésiste clinicien et du prothésiste
de laboratoire. Mais les motivations du patient doivent être prises en compte
afin que chaque cas puisse être une réussite technologique s'intégrant
parfaitement dans son contexte psychique, fonctionnel et esthétique. Les règles
de la dentogénique permettent de cerner l'esthétique du patient, mais peuvent
induire une apparence artificielle. Le sujet peut paraître "bizarre", "anormal",
pour ses proches et pour le milieu social et culturel dans lequel il vit.

144
"L'analyse des sujets dentés peut montrer à quel point la nature peut réussir
une esthétique dentaire séduisante, qui ne soit pas intégralement corroborée
par les règles classiques de la dentogénique" (Rignon Bret) (6).
(6) L'Esthétique en Odontologie
S.N.P.M.D. Paris.

145
IV - ANALYSE DES SUJETS DENTES

146
Les résultats présentent l'analyse de 47 sujets AKAN et de 30 sujets
KROU, tous dentés. Les AKAN et KROU représentent deux groupes ethniques
de Côte d'Ivoire.
Pour situer l'expérimentation, le premier chapitre est consacré à la
présentation géographique de la Côte d'Ivoire, et à sa répartition ethnique. Le
second chapitre concerne la méthodologie adoptée. Le dernier présente les
résultats des deux types d'échantillons.
IV.l.l. La Côte d'Ivoire. Sa population.
Ce pays de 322 000 km2 s'inscrit à peu près dans un carré de 600
kilomètres de côté. Bordé au sud par le Golfe de Guinée, il est situé en zone
intertropicale, entre le 5è et le 10è parallèle de latitude Nord. De climat chaud, il
a l'avantage d'être en zône de savane et en zône de forêt.
Comme d'autres pays d'Afrique Occidentale, la Côte d'Ivoire a un relief
monotone.
Nous pourrons y distinguer trois formes:
- les plaines au sud du pays;
-les plateaux qui prolongent la plaine vers le nord. Ils sont étagés
et atteignent une altitude maximum de 400 mètres;
- les massifs montagneux: localisés à l'ouest, ils font partie d'un
ensemble appelé la dorsale guinéenne. Le plus haut sommet est celui du Mont
Nimba: 1750 mètres.
Des collines isolées, vers le centre, forment une chaîne, la Chaîne
Baoulé, ainsi que des buttes visibles dans le nord et le centre.

147
IV.l.2. Le climat.
De par sa situation en latitude, la Côte d'Ivoire est un pays chaud. Les
moyennes journalières sur l'ensemble de l'année varient entre 25 et 27°.
La proximité de l'équateur empêche les très fortes chaleurs observées en
zone tropicale, et son relief modéré ne fait pas obstacle aux influences
maritimes et continentales.
Quatre grands types de climat sont distingués:
- Le climat attié en ou éburnéen.
C'est un climat équatorial de transition. Il est localisé à la zone forestière.
Quatre saisons le caractérisent:
· de décembre à mars-avril: grande saison sèche
· de mars-avril à juillet: grande saison des pluies
· en août-septembre: petite saison sèche
· en octobre-novembre: petite saison des pluies.
- Le climat baouléen.
Localisé au centre de la Côte d'Ivoire, il est de type équatorial de
transition à affinités tropicales. Le mois de septembre est le plus arrosé.
La saison sèche dure quatre à cinq mois et l'harmattan, vent desséchant,
souffle de décembre à février.
- Le climat soudano-guinéen.
Il règne sur le nord et le nord-ouest où il est divisé en deux saisons :
· la saison des pluies est longue : d'avril à octobre, d'où le nom
d'hivernage ;
· le reste de l'année correspond à la saison sèche, avec l'harmattan.
- Le climat de montagne s'observe à l'ouest, dans la région de
Man. Septembre est le mois le plus arrosé. La saison sèche est courte, trois
mois, mais bien marquée.

148
IV.l.3. Les sols.
Les sols de Côte d'Ivoire sont assez pauvres. La chaleur et les pluies
abondantes lessivent les sols et entraînent en profondeur les éléments
fertilisants. Ce phénomène est moindre en forêt.
Nous distinguerons deux grands types de sol:
· les sols ferrallitiques, au sud, sont argileux;
· les sols ferrugineux, au nord, constituent des carapaces.
Dans les bas-fonds et les vallées, on trouve des sols noirs qui sont très
fertiles.
Des sols et des différents climats découle une végétation diversifiée,
ayant des caractéristiques non identiques à celles des pays tropicaux d'Afrique
tels que le Sénégal.
IV.l.4. La végétation. (Fig. 86)
Le pays est partagé en deux grands types de végétation:
- la forêt dense au sud;
-la savane, qui se divise en deux parties mal délimitées:
· la savane arborée et la forêt galerie : ce sont de vastes étendues
parsemées d'arbres. La forêt peut réapparaître le long des fleuves ou à des
endroits humides. La savane arborée et la forêt galerie correspondent au climat
baouléen;
· la savane herbeuse et la forêt claire : elles sont constituées de petits
arbres et surtout d'herbes et correspondent au climat soudano-guinéen.
IV.l.5. La population.
La connaissance de la population ivoirienne est délicate tant par la
multiplicité des ethnies que par leur répartition géographique. On est obligé de
considérer une région plus vaste que le territoire national actuel.

149
GOLFE
DE
GUINÉEE
~ Savane herbeuse, forêt claire
't' Barage
[[[0 Savane arborée, forêt galerie
c:=J Forêt dense
Fig. 86
LA
VÉGÉTATION
DE LA CÔTE D'IvOIRE
LES PRINCIPAUX COURS D'EAU

150
La mise en place du peuple ivoirien n'est pas très bien connue car son
histoire a été contée de générations en générations par les anciens et les griots.
Cette tradition orale nous permet cependant de dire que le peuple actuel s'est
constitué par plusieurs migrations, jusqu'au XIIIè siècle (Fig. ff7 el 88).
Plusieurs groupes ethniques se sont ainsi constitués. Ils seraient une
soixantaine.
Pour rendre moins pesante la description du peuplement, nous
retiendrons quatre grands ensembles ethniques qui se partagent l'espace
ivoirien actuel sur quatre quarts inégaux.
- Dans le sud-est, les peuples de la grande famille Akan venus en
plusieurs migrations du Ghana :
· les Baoulé parvenus au coeur de la Côte d'Ivoire, précédés à l'est et au
sud-est par les Abron et les Agni;
· les petits peuples qu'on appelle lagunaires ou Akans méridionaux, de
part et d'autre d'Abidjan, qui sont d'origines diverses mais en majorité venus
eux aussi de l'est.
- Dans le quart sud-ouest, débordant sur le Libéria et la Guinée, le
groupe Krou, composé des Krou proprement dits, des Bakwé, des Godié, des
Guéré et Wobé, des Bété et des Dida.
- Dans le nord-ouest et le centre nord, se sont installés les
Madinka/Malinké et les Mandé méridionaux: Dan, Toura, Gban et Kouémi.
- Dans le dernier quart, tout autour d'enclaves Malinké, les
ethnies du groupe dit voltaïque:
· les Sénoufo débordent sur le Mali et le Bourkina Fasso ;
· les Koulango venus de l'est;
· et les Lobi, groupe archaïque longtemps marginalisé.

15 1
. ,
1''v1AU
-:-!\\--~ .'.~<:.
NIGER
~J
1
_______J
Fig. 57
LES PEUPLES IVOIRIENS DE L'OUEST AFRICAIN.

152
HAUTE
VOLTA
GUINÉE
GHANA
LIBÉRIA
GOLFE DE GUINÉE
(1 )
Groupe Mandé
(5)
Groupe M2.linké
(2)
Groupe voltaique ancien
(6)
Groupe Akan
(3)
Groupe voltaique récent
(7)
Groupe Lagunaire
(4)
Groupe Krou
~ Migration des ~euples
Fig. gs
LA MISE EN PLACE DU PEUPLEMENT ET
DES PRINCIPAUX GROUPES ETHNIQUES
DE CÔTE D'IvOIRE

MALI
BURKINA FASO
N
1
LlBÉRlr\\
. ... .." ....
.
.
.
..
.... .
1'JO km
Golfe de Guinée
=
. _ - _ . _ - - - - - - -
- - - - _ . _ - - - _..- - _ . - - - - - - -
GROUPE KR OU
GROUPE AKAN
GROUPES MANDE
GROUPES vOLTAlaUES
[ZJ
":":'"
.. ...
.. ..""
o
.... "'"
O'
Mandé dll Nord
Sénouto
ou Mandlng .
. " ..
.. .. ....
.. .. .. .. ..
.. .. .. .. .. .. ..
Mande du Sud
E[]
..............
.. .. .. .. .. .. ..
.. .. .. .. .. .. ..
.
Lobi-Birifor
Fig.89
REPARTITION DES GROUPES ETHNIQUES IVOIRIENS.

153
Actuellement, la population comprend environ dix millions d'habitants
et compte beaucoup d'étrangers venus des pays africains voisins, d'Europe et
du Moyen-Orient.
Bien que la tendance soit de se regrouper dans les agglomérations
cosmopolites, à Abidjan en particulier, cette populations, d'origines diverses, a
pour la plupart conservé ses coutumes ancestrales et ses croyances.
La recherche d'une approche de la morphologie crânio-faciale de
l'Ivoirien est motivée par la nécessité de connaître la "normalité" esthétique
de cette population pour une orientation thérapeutique aussi bien
orthodontique, chirurgicale, que prothétique appropriée.
Les diversités ethniques et morphologiques du peuplement de la Côte
d'Ivoire nous obligent à procéder à une étude fine et individuelle de chacun
des groupes ethniques qui la composent, afin d'appréhender la morphologie
crânio-faciale qui sera peut être régionale.
IV.2. Méthodologie.
IV.Z.I. Choix de la population.
Elle a été choisie en Côte d'Ivoire, à Abidjan, au sein d'un établissement
de formation paramilitaire. Les élèves y proviennent de toutes les provinces
du pays, pour suivre leur formation pendant plusieurs années. Durant la
semaine, ils suivent des cours théoriques et pratiques.
Leur activité physique, intense, est identique pour tous.
Leurs repas se prenant sur place, ils ont tous le même régime
alimentaire.

154
Du point de vue présentation, l'uniforme est exigé, les cheveux coupés à
ras, pas de barbe. Ni le maquillage, ni les bijoux ne sont acceptés pendant leur
séjour.
Durant
l'expérimentation,
les
sujets
étaient
dans
un
même
environnement, avaient un même mode de vie, une alimentation identique
et se présentaient sous une forme naturelle.
Notre choix s'est porté sur les individus que nous avons jugés
esthétiquement satisfaisants, présentant une harmonie crânio-faciale. Nous
nous sommes simplement posées une question: "est-ce que la morphologie
crânio-faciale de cette personne est satisfaisante pour une analyse permettant
de déterminer des normalités esthétiques noires-africaines ?"
La réponse affirmative permet d'aborder le deuxième critère de sélection
les individus doivent être d'origine raciale et ethnique pure. Le choix s'est
porté sur ceux dont l'origine ethnique était pure depuis au moins trois
générations, le croisement pouvant modifier les résultats, que nous souhaitons
caractéristiques de l'ethnie.
124 sujets de plusieurs origines ethniques ont été ainsi choisis. (cf. Annexes)
Les groupes ethniques AKAN et KROU ont seuls fait l'objet de notre
propos. Ils rassemblent chacun plusieurs ethnies.
L'échantillon AKAN analysé a pour origine les ethnies suivantes:
Abbey, Abidji, Abron, Adioukrou, Agni, Attié, Avikam, Baoulé, Ebrie, soit 47
sujets
L'échantillon KROU se compose d'individus dont les origines ethniques
sont les suivantes: Bete, Dida, Gagou, Guere, Niaboua, Wobé, soit 30 sujets.
Les AKAN et les KROU sont issus des forêts tropicales, contrairement
aux Sénoufo par exemple qui proviennent d'une région de savane, mais ces
deux groupes sont historiquement différents, par leur origine migratoire.

155
Nous avons choisi de les analyser séparément.
Les femmes observées sur les 124 sujets ne font pas l'objet de notre
analyse. Leurs caractéristiques crânio-faciales risquant d'être différentes de
celles des hommes, nous avons préféré ne pas les inclure dans les échantillons
AKAN ou KROU analysés.
L'expérimentation porte donc sur un échantillon masculin, AKAN et
KROU, issu de Côte d'Ivoire.
Echantillon AKAN : ils sont 47 sujets dentés, leur âge variant entre 23
ans et 38 ans, avec une moyenne de 29 ans.
Echantillon KROU : 30 sujets dentés, de la même tranche d'âge.

156
Sujets AKAN analysés:
effectif de l'échatillonage : 47
Identité:
Colonne A
: année de naissance
Colonne B
: âge
Colonne C
: sexe
Colonne 0
: origine ethnique
A
B l e
1
0
1 1
1964
2 7 !
M
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1 2
1 964
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M
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1 967
2 4
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M
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1 4
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1 7
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18
1964
27
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M
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1 9
1960
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M
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2 0
·······1""g(3"s······· ··········2·ïf·······T····ij"·····TAVïKAM·············
2 1
1 964
2 7
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M
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2 2
·······"(9(3"6······· ··········2·S········-r·····M······]ABBEy···············
4 2
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L ~ l~~!:_É
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4 3
1 9 6 4
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M
~AGNI
4 4
1 96 1
3 0
~
M
~ABBEY
4 5
""""1"9(3T""" ·········j()········-r····M······jAGNï··················
46
1962
2 9 .
M
~BAOULE
4 7
·······1··9!5"i3"······· ·········à"3·········T····ij"·..·-TBA6iJi:.t············
4 8
~~~~
~
L.~~~~...L. ~~.~.~!.~ .
49
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29.43~!
5 0
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.
51
+ arand
38.00!
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Ecart type
3.72:
j
5 3
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5 4
Akan
Akan
iAkan
~Akan

157
AKAN:
Ethnie
Effectif
âge
effectif
1
ABBEY
3. ooi
2
AsïiJjl"········· ················2·:ï)Oi
23
1.:..9.Q.
··········24············
3
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1.00
4
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5
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2 6
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6
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··········2·]"······0
~.:.9.'O':
7
AffiË·············· ················"(..·0·01
........O·~i"à··········
~.:.9..9.!
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4. 00'
8
Avii<ÀM·········· ················(·001
9
BAOUiE········· ········2·f:()0:
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..3""(......
4.00:
1 0
ËËl"R"iE"·······O..OO ················1""..·0·01
.."3".2 0 00
.:. :
2 00
1 1
1 2
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35
5·..·0·0:
~ ~
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36
:
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37
1.00'
1 5
~Q..!.'~
j
0 • • • • • • • • • • •
1 6
ABBEY
6.381
...ooooo.}o.?.ooo
1..:g.9.\\
17
ABIDJI
4.26!
1 8
ftBRëj\\j
0.0.0
0 00.0-ëf.."3"tr
1 9
ADIOUKROU
6.3 8!
2 0
A(jjj""°"o",o,o,o", o.....o·····"2":3":"4"oj
21
APPŒ..O
2.13;
2 2
AffiË·
"1""31
o
0..0.0
• • • • • • • • • • • • • •
2
Répartition ethnique: (a) et (b)
23
AVIKAM
2.13;
2 4
BAôiJi:E······oooo
0.0.000·4·;L68~
2 5
ËàRiE"···········
2 1"" 1
3
25.00 - - : : : r - - - - - - - - - - - - - - - - -
.. ABBEY

ABIDJI
20.00 - t - - - - - - - - - - - - - -
El A8FO'J
I11III ADIOUKROU
15.00
III AGNI
1 0.00 - - + - - - - - - - -
ml APPCl..O
III ATIIE
5.00 - t - - - - - - - -

AVIKAM
0.00

BAOULE
Il EBRIE

ABBEY
m AntY'oIO
~ f""Irn...JL:

ABID.II
I1IATTlE
1Cm.::::::
ADn,"",1
l1j r4:X""lU'"
.. AVIKAM
I11III ADIOlJKROU

BAOULE
Il AGNI
l1li EBRIE
1 0 --=r---r---,---,-------.---,-------r---~--
Répartition par âgel
8--:t-----j---t-ft-+--+--+---+--~l....-~
6 T-----j'--+J~~-___t--+----+---i-­
4-=t-----i,--l~+I_--+~~---+-----!..~WL-----J
2 --+----+1--
o Trrl-ri-rrTTt-r-rr-r-t-rTTrt-Tïïrrl-rr""""+-'T""T""".--i-.--.-r..,....j
22
24
26
28
30
32
34
36
38

158
Suje~KROU analysés:
effectif de l'échantillonage : 30
Identité:
Colonne A
: année de naissance
Colonne B
: âge
Colonne C
: sexe
Colonne 0
: origine ethnique
A
1
B l e
1
0
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J.~..?.~
,
~.~
, M l~!Aê.QY.!.\\
.
f--~2-----{ J.~..?~ .l
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1 9 5 6
:
3 5
:
M
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4
·······ÙïS3······T·······-3··a-·········r····M·······[sm···················
f---.:!.5-----1·.·.·.·.·.·.·T§.$.·.~.·.·.·.·.·.·.·L·.·.·.·.·.·.·.·.·. ~·.·~·.·.·.·.·.·.·.·.·:r.·.·J~f.·.·.·.·.1êHJ.!i.·.·~~~
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L ~.9.
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.
7
1 9 57
:
3 4
:
M
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f---~-"-:~-----1~:iflt_:rmU:]i-lI/:/:1
12
1963
1
28
:
M
1DIDA
1 3·.·.·.·.·.·.·T.·~.·.~·~.·.··.·.·.·.T.····.·.·.·.··?f.··.·.·.·.·.·.·.·r·.··.~"M.·.··.·.·.T~.~.·.·.··.·.·.·
.
1 4
1 9 64
:
2 7
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1 5
1 9 6 5
1
2 6
:
M
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1 6
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.
1 7
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.
18
1965:
26
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1 9
1 9 64
1
2 7
:
M
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2 0
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1 963
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2 2
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.
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2 5
1 964
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1 963
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3
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~.~.:..Q.QL..
L
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34
+ grand
~
38.00~
~
3 5
g:~~~jy.p.~::C:::::::::::~:;:~:~r.::::::=::::::L::::::::::::::::::::::::::::
36
cumul
:
899.00~
:
f--3~7--+ï<i·ë)ü················kr·(jïJ··············:Kï:ou····rï<i·(j·ü···················

159
KROU:
Ethnie
Effectif
âge
effectif
1---.!..1_I.::::B=:,ETE,:.=.-_
1 4.00:
23.00:
2.00]
f---,=-2__+DIDA
3 .001
3
00:ï]'
···············("001
············~·?:··o.·g;················?·:·g·9.1
26.00:
2.00
27.00:
4.00 1
.....................................................1
28.00:
4.00
f--~~---+~;
?:.9..o.j
30.00~
6.00
·....·....·j.Loët..·..·..·....2.:.oë5
8
Total
30.00~
34.00i
2.00
f--~9---1
"[
········..j·S·:()0["··············2·:·ëïo
1 0
············~..?:·.o.gt·············.J.·:·g·9.~
1 1
38.00:
3.00
1
1 2
1
en%
.
sm············.. ············4ïfsT
1 3
1 4
~:::::::.:::: :::::::::::I~:~:~~j
1 5
~
·····..·····:ùi:·o·o
1 6
NI~BoiJA· ..·· ···············3·:·3"3"
1 7
1 8
~g::::::::::::: ::::::::::3IIt
Répartition ethnique
(a)
et
(b)

BETE
. • DIDA
-_.~ El GtGJJ
5.00
11IIII GLERE
1
11IIII NIABOUA
' _ 0 ' 0 0- - - - - , - - - - , . . . - -
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( ù )

BETE

DIDA
lE] GtGJJ
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Il NIABOUA
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n~m",~ B· Répartitionparâge
20.00
25.00
30.00
35.00
40.00

\\.hJ:ù,...

160
IV.2.2. Matériel et méthode.
IV.2.2.1. Matériel
* Des porte-empreintes de série ont été utilisés. Une modification à la
cire au niveau vestibulaire et postérieur a été nécessaire pour chaque prise
d'empreinte.
* Un pied à coulisse.
* Des compas anthropométriques:
- Le compas d'épaisseur avec olive (photos 1 et 2)
- Le compas anthropométrique à réglette sagittale et à olives
auriculaires (photo 3).
* Le cornpas de Willis modifié <Photos 4 etS).
Il se compose de deux équerres d'égales largeurs l'une est graduée l'autre
non mais coulissante sur la première. Sa position peut être bloquée par une
vis.
Cette
dernière
a
été
raccourcie
pour
permettre
un
meilleur
positionnement sur la zone à mesurer. Là est la modification.
* Un compas à pointe sèche
* Un mètre ruban
IV.2.2.2 Méthode.
L'analyse est basée sur cinq éléments, afin d'essayer d'appréhender la
morphologie crânio-faciale de nos sujets :
- l'observation clinique,
- les photographies,
- les moulages,
- les mensurations crânio-faciales sur le vivant,
- les radiographies.

161
* L'observation clinique, examen souvent négligé, doit faire partie
intégrante de toute analyse préthérapeutique. Ont pu être observés l'allure
générale du sujet, sa morphologie faciale, son teint. L'expérimentation a été
réalisée non pas dans un cabinet dentaire mais dans une salle dont la source
lumineuse était celle du jour et celle d'un néon. A l'aide d'un miroir,
l'examen de la cavité buccale a été réalisé.
* Les photographies: elles complètent l'examen clinique et chaque sujet
a été photographié:
- de profil gauche,
- de profil droit,
- de face, les lèvres au repos,
- de face, les lèvres écartées permettant de voir les maxillaires en
occlusion habituelle.
Des caractéristiques descriptives déjà relevées lors de l'observation
clinique ont été confirmées: la forme du visage, celle des différents éléments
morphologiques du visage, la symétrie, les proportions des différents étages
faciaux.
* Les empreintes bimaxillaires prises à l'alginate ont été réalisées après
une modification à la cire des porte-empreintes de série, au niveau vestibulaire
antérieure et au niveau postérieur. Les modèles maxillaires et mandibulaires
obtenus pour chacun des sujets ont permis de noter les formes, les dimensions
des arcades et des dents.
* Les mensurations crânio-faciaies. L'anthropométrie s'attache à
mesurer toutes les parties du corps humain. L'analyse s'est limitée à certains
éléments crânio-faciaux tels que le nez, la bouche, les yeux, les étages de la face,
le crâne. Différents instruments de mesure, en particulier des compas, ont
servi à déterminer les hauteurs, largeurs et indices des éléments choisis.

162
Photo 1
Photo 2

163
Photo 3
Photo 4
Photo 5

164
... Les radiographies. Pour certains sujets, les téléradiographies de profil,
de face et en incidence de Bouvet ont été réalisées. La téléradiographie de profil
prise avec un filtre permet l'analyse des tissus mous et du squelette. Les sujets
sont en occlusion habituelle, les lèvres au repos à quatre mètres de distance du
foyer.
IV.2.3. Présentation de la fiche d'étude.
.
Plus de 70 données ont été recueillies sur la fiche individuelle.
... Chaque sujet est identifié par trois numéros:
- Sujet nO : c'est le principal. Il correspond au numéro général de
l'individu, au cours de l'expérimentation globale. Il y a 124 sujets.
- N° : à gauche est le numéro d'ordre en fonction de son groupe
ethnique.
- Radio nO : tous les sujets n'ayant pu être radiographiés, seuls 60
radiographies tridimensionnelles ont été répertoriées, dont 30 chez les sujets
AKAN et 17 chez les KRüU.
... Un code est attribué à chaque caractéristique.
.. Pour faciliter
le
traitement informatique,
les
caractéristiques
descriptives sont indexées des chiffres l, 2, 3,4,5 et même 6 suivant les cas.
Les caractéristiques métriques sont exprimées en millimètres, les angles
en degré.
Identification
Code 1 :
les nom et prénom du sujet. Seules seront notés les deux
premières lettres.
Code 2 :
année de naissance.
Code 3:
âge, déduit du code précédent.
lieu de naissance.

165
Code 4 :
le sexe. Masculin : M. Féminin: F.
Code 5:
origine ethnique. Elle est définie à partir de trois générations.
C'est le critère majeur de sélection. Seuls les sujets d'origine
ethnique constante ont été retenus.
Le crâne et la face :
caractéris tiques descriptives
Elles ont été relevées au cours de l'examen du sujet et de ses
photographies.
Code 6:
classification de Williams. Chaque type facial
est indexé d'un chiffre caractéristique:
carré (4)
triangulaire (2)
ovalaire (1)
Code 7 :
autre classification.
Code 8 :
Evaluation des étages faciaux.
· étage 1 :
étage supérieur: étage frontal: de la ligne des cheveux, le
trichion, au sommet des sourcils.
· étage 2:
étage moyen: étage nasal
de la ligne passant par le
sommet des sourcils au point sous-nasal.
· étage 3 : étage inférieur: étage buccal: du point sous-nasal au gnathion.
(1) étage 1 =étage 2 =étage 3
(2) étage 1 le plus petit, les 2 et 3 égaux
(3) étage 3 le plus grand, puis le 2 et ensuite le 1
(4) étage 2 le plus grand, puis le 3 et ensuite le 1
Code 9:
la symétrie du visage. Le tracé de l'axe sagittal médian délimite
deux faces gauche et droite:
identiques: symétrie
(1)
différentes: assymétrie
(2)
Code 10 :
couleur de la peau. Des échelles colorimétriques plus ou moins
fiables ont été réalisées pour les sujets de race blanche. Chez le noir,

166
l'observation est aussi subjective, mais à partir de régions peu insolées, nous
avons retenu trois teintes (Planche 1) :
Marron foncé
(1)
Marron clair
(2)
Noire
(3)
Code 11:
la largeur bipupillaire comparée à la largeur bicommissurale.
ces deux largeurs sont égales
(1)
la largeur bipullaire est plus importante
(2)
la largeur bicommissurale est plus grande
(3)
Code 12 :
le dos du nez est (Planche 2 et 3) :
concave
(1)
droit
(2)
convexe
(3)
busqué
(4)
sinueux
(5)
Code 13:
la ligne esthétique (Planche 4 et 5). Elle est définie par Ricketts. Le tracé
effectué sur les photographies de profil est tangent à la pointe nez et au
pogonion cutané. La position des lèvres supérieure et inférieure est analysée
par rapport à cette ligne. D'arrière en avant, on trouve (Planche 4 et 5) :
(1)
la ligne esthétique, puis la lèvre supérieure, puis la lèvre
inférieure.
L.E. 1.s. Li.
(2)
la ligne esthétique est tangente à la lèvre supérieure et la lèvre
inférieure est proéminente.
L.E. = 1.s. Li.
(3)
la lèvre supérieure et la lèvre inférieure sont tangentes à la ligne.
Aucune n'est en avant.
L.E. =1.s. = Li.

167
Planche 1
Photo 6
Photo 7
> •
Photo 8

168
Planche 2
Photo 9
Photo 10
Photo 11

Planche 3
Photo 12
Photo 13

170
(4)
la lèvre supérieure est en arrière de la ligne esthétique tandis que
la lèvre inférieure est en avant.
l.s. L.E. Li.
(5)
les deux lèvres sont en retrait par rapport à la ligne, mais la
supérieure l'est plus que l'inférieure.
l.s. Li. L.I.
(6)
les deux lèvres sont proéminentes, mais la lèvre supérieure l'est plus
L.E. Li. l.s.
Code 14:
la forme des lèvres, de profil.
(1)
les lèvres sont épaisses (Photo 19).
(2)
elles sont éversées (Photo 14).
(3)
la lèvre supérieure est épaisse et l'inférieure est éversée (Photo 17).
(4)
les lèvres sont minces (Photo 16).
Code 15 :
le sillon naso-Iabial. Son profil est:
(1)
convexe (Photo 15).
(2)
droit (Photo 19).
(3)
concave (Photo 17).
Code 16:
le philtrum. Il est:
(1)
très marqué.
(2)
marqué.
(3)
peu marqué.

171
Planche 4
Photo 14
Photo 15
Photo 16

172
Planche 5
Photo 17
Photo 18
Photo 19

173
Code 17:
les diastèmes interdentaires antérieurs. L'expérimentation a
permis de remarquer quatre situations <Planches 6 et 7) :
(1)
le ou les diastèmes sont supérieurs uniquement.
(2)
le ou les diastèmes sont inférieurs uniquement.
(3)
les diastèmes sont maxillaires et mandibulaires.
(4)
il n'y a aucun diastème antérieur.
Code 18 :
la coïncidence des points inter-incisifs :
(1)
oui, ils coïncident.
(2)
non, ils ne coïncident pas.
Code 19 :
la situation du sommet de la papille rétro-incisive par rapport à
un axe joignant les pointes canines. Examen fait sur les moulages (Planche 8) :
(1)
le sommet est en avant de l'axe
(2)
le sommet passe par l'axe
(3)
il est en arrière de l'axe.
Code 20:
sur les moulages on retrouve trois formes d'arcade maxillaire:
(4)
carrée.
(2)
triangulaire.
(1)
ovalaire.
Code 21 :
la forme de l'incisive centrale supérieure:
(4)
carrée.
(2)
triangulaire.
(1)
ovalaire.
Code 21 bis:
la teinte de l'incisive centrale. Elle est déterminée à la
lumière du jour, à l'aide d'un teintier du commerce.

1 75
Planche 7
Photo 22
Photo 23

1 75
Planche 7
Photo 22
Photo 23

176
Planche 8
Photo 24
Photo 25
Photo 26

177
Les caractéristiques métriques.
Elles sont exprimées en millimètres.
Code 22 :
la largeur de l'incisive centrale supérieure. Elle est mesurée à
l'aide d'un compas à pointe sèche, du bombé mésial au bombé distal.
Code 23 :
la largeur de l'incisive latérale supérieure.
Code 24:
la largeur de la canine supérieure.
Code 25:
la largeur de l'incisive centrale inférieure.
Code 26:
la largeur de l'incisive latérale inférieure.
Code 27:
la distance entre les pointes canines supérieures, mesurée au
compas à pointe sèche.
Code 28 :
la distance entre la face distale de la 12 et la face distale de la 22,
mesurée au compas.
Code 29:
la hauteur de l'incisive centrale supérieure.
Les mensurations anthropométriques.
Code 30:
la hauteur de la face. C'est la distance nasion-gnathion, la bouche
fermée naturellement, les arcades dentaires en contact.
Code 31:
la hauteur pointe sous-nasale - gnathion correspond à l'étage
buccal de la face <Photo Tl).
Code 32:
la largeur bizygomatique. C'est la distance horizontale maximum
entre les deux arcades zygomatiques. On l'obtient en faisant glisser les olives
du céphalomètre d'avant en arrière, sans déprimer la peau <Photo 28).
Code 33 :
l'indice facial. Il est égal à :
_ _-=h=au=t=e=u~r--,=d=e:....:l=a,-"f=a~ce=---
x 100
=
code 30 x 100
largeur bizygomatique
code 32
il traduit la largeur ou l'étroitesse de la face.

178
Photo 27
Photo 28
Photo 29
Planche 9

179
Code 34:
la largeur bigoniaque. C'est la largeur maximum entre les deux
angles mandibulaires, sans déprimer la peau. Ces gonions sont difficiles à
situer exactement car il y a souvent un arrondi à ce niveau (Photo 29).
Code 35 :
indice zygo-mandibulaire. C'est:
_ _.........:.:la=-l=a=rQ.ge:::.;u=r:.....gQ.0=n:..::i=a"'l.q=u=e
x 100 = Code 34 x 100
la larguer bizygomatique
Code 32
Il traduit la largeur des maxillaires par rapport à la face.
Code 36:
la largeur bipalpébrale interne, interorbitaire ou bi-oculaire
interne. Elle se mesure de l'angle interne d'un oeil à celui de l'autre oeil
(d'une commissure interne à l'autre), le sujet regardant droit devant lui.
Code 37:
la largeur bipalpébrale externe. C'est la distance entre l'angle
externe d'un oeil à celui de l'autre oeil (Photo 30).
La largeur oculaire s'obtient en soustrayant la largeur bipalpébrale
interne (36) de la largeur bipalpébrale externe (37) et en divisant par deux.
L'indice =
largeur oculaire
x 100
largeur bizygomatique
traduit le degré d'ouverture de l'oeil.
Code 38:
la largeur du nez (Photo 31). C'est l'écartement maximum entre les
ailes du nez, sans les déprimer. Il existe une corrélation entre cette
largeur et celle de la face.
Code 39:
la hauteur du nez. C'est la distance entre le nasion et le point
sous-nasal.
Code 40 :
l'indice nasal. Il équivaut à :
la largeur du nez x 100 =
code 38 x 100
la hauteur du nez
code 39
Il détermine la largeur ou l'étroitesse du nez et peut être en corrélation
avec l'indice facial.

180
Code 41 :
la saillie nasale. Elle représente la distance entre le sommet de la
pointe du nez (point pronasal) et le point le plus postérieur de l'insertion de
l'aile du nez sur la joue. Cette mesure est prise non pas obliquement, mais en
projection.
Code 42 :
l'indice de saillie nasale est égal à
_ _......:.::la:..;s=a=il=h=·e:....;d=u=..:.;n=e=z__ x 100 =
code 41 x 100
la largeur du nez
code 38
Code 43:
la hauteur des lèvres. La bouche normalement fermée, sans
contracture de la musculature faciale, on mesure la partie éversée de la
muqueuse partant de la tangente aux deux courbes labiales supérieures, au
point le plus inférieur de la lèvre mandibulaire (Photo 33).
Code 44:
la largeur de la bouche. C'est la distance d'une commissure à
l'autre, là où la muqueuse rejoint la peau, la bouche étant normalement
fermée, sans être pincée.
Code 45:
indice buccal. C'est le rapport
hauteur des lèvres
x 100 =
code 43 x 100
largeur de la bouche
code 44
Il objective l'épaisseur relative des lèvres.
Code 46:
la longueur maximale de la tête. Elle représente la distance du
point opistho-crânion à la glabelle. C'est une distance antéro-postérieure qui se
mesure à l'aide d'un céphalomètre placé sur la ligne médiane. Elle est en
moyenne supérieure de 9 mm à la mesure sur l'os.
Code 47 :
la hauteur faciale supérieure. Elle va du point nasal: nasion, à la
fente buccale.
Code 48:
le périmètre céphalique. C'est le périmètre horizontal pris avec
un ruban métrique au niveau de la longueur maximum.

181
Planche
Photo 31

182
Code 49:
la distance conduit auditif externe - vertex. La tête est orientée
suivant le plan de Francfort, les olives du compas sont introduites dans le
conduit auditif externe. Cette mesure indique la hauteur de la tête.
Les codes suivants permettent d'évaluer la saillie faciale, à partir du
conduit auditif externe (CA.E.) (Planche 11).
Code 50:
CA.E. - nasion.
Code 51 :
CA.E. - pointe sous-nasal.
Code 52 :
CA.E. - stomion.
Code 53:
CA.E. - pogonion.
Autres mensurations.
Code 54:
la dimension verticale de repos physiologique: D.V.R.P. Elle est
déterminée au compas à pointe sèche, lorsque le patient retrouve sa position
maxillo-mandibulaire après la prononciation de certains phonèmes: "me, ma,
mi, mississipi". Cette méthode phonétique est appliquée sur un sujet assis,
décontracté, après toutes les mesures.
Code 55:
la Dimension Verticale d'Occlusion: D.V.O. Le patient a la bouche
fermée, les dents en occlusion habituelle. La distance est prise entre le pronasal
et le pogonion.
Code 56:
la taille. Elle est exprimée en mètre et représente la hauteur totale
du sujet debout.
Code 57 :
le poids, exprimé en kilogrammes.
Code 58:
le quotient de la distance pointe canine à pointe canine supérieure
sur la largeur du nez:
code 27
C'est l'indice de LEE.
code 38


184
Code 59:
le quotient de la distance de la face distale de la 12 à la face distale
de 22, sur la largeur du nez:
code 28
code 38
C'est un rapport préconisé par Buchard pour le choix et le montage des dents
an téro-s upérieures.
Code 60:
l'espace libre d'inocclusion physiologique. C'est une mesure
obtenue en soustrayant la dimension verticale d'occlusion à la dimension
verticale d'occlusion physiologique: code 54 - code 55.
Les caractéristiques suivantes ont été recueillies sur les téléradiographies
de profil et à incidence basale de Bouvet.
Code 61 :
l'angle F.M.A. C'est l'angle formé par le plan de Francfort et le
plan mandibulaire.
Code 62:
l'angle F.M.I.A. Il est formé par le plan de Francfort et l'axe incisif
mandibulaire.
Code 63:
l'angle LM.P.A. formé par l'axe incisif mandibulaire et le plan
mandibulaire.
Les codes 61, 62 et 63 représentent le triangle de Tweed, utilisé pour
évaluer l'esthétique.
Code 64:
ligne esthétique. Elle est définie par Ricketts (pointe du nez -
pointe du menton). Elle évalue la position des lèvres, sur le profil
radiologique.
(1)
lorsque les deux lèvres sont en avant de la ligne
(2)
lorsque la lèvre inférieure est en avant de la ligne.
Code 65:
ligne nasion-gnathion.
Code 66:
la hauteur nasion - épine nasale antérieure.
Code 67:
la hauteur E.N.A. - gnathion.
Les codes 65, 66 et 67 permettent une analyse verticale de la face.

185
Les codes 66 et 67 sont exprimés en millimètres, puis en pourcentage.
Code 68:
la longueur du crâne.
Code 69:
la largeur du crâne.
Code 70:
l'indice céphalique. C'est le rapport:
longueur du crâne x 100
largeur du crâne
IV.3. Présentation de deux suiets
.
Son objectif n'est pas de montrer des sujets idéaux. Elle souhaite, dans
l'impossibilité de présenter tous les sujets observés, permettre aux lecteurs de
visualiser la méthode de recueil des différentes caractéristiques issues de
l'observation clinique, des photographies, des moulages et des radiographies.
1 : Monsieur Ka. BR.
Sujet nO 51- Groupe ethnique AKAN -origine ethnique Baoulé (Planches 12 et 13)
2 : Monsieur Ka. GA.
Sujet nO : 109 - Groupe ethnique KRaU - origine ethnique Wobé.

186
Ne- :
Sujei
NU: SA
Groupe ethnique:
Sexe:
'\\1
1
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Identification
..
1) Nom
:
\\:S.a.
Prénoms
:
~R
.
2) Année de naissance : ~.6..4 3) Age: ..2.lT
Lieu de naissance
...................~ Ft.(\\}...D FI
4)Sexe:
M
F
5) Origine Ethnique: I~A
~..1 L <.:-
Père = .~.8.0.l,).J......ë
Mère = .i?,)fl..o.L1.L--..è
.
n. n!'
n ,\\"'"
1
"-
Grand-père:t)ffi, ..Grand -mère: .J3.fl..0v L è
Grand-pere: !.JJ~.u.,.Grand-mère:.I.~b.U
..~1 L (:-
Le crâne et la face;
Caractéristiaues deserioa ves
(observation clin igue el oholos)
6) Classification de Wi lliams :
Carré
Ttian gu laire
Ovalairc
cD
2
1
7)Autrc classification:
8) de face: égalité des étages:
[=2=3
1 <2 = 3
1 < 2 <3
1 < 3 <2
1
(1)
2
3
4
5
9) De face: symétrie du visage:
Symétrie
Assymélrie
Q)
2
10) Cou leur de la peau:
Marron foncée
Marron claire
Noire
1
(I~
3
11) L1rgeur bipupillairc 1largeur bicommissuralc :
Identique
+ Gr,mde
+ Petite
?-,
<
\\3.-'
3
12) Profil: dos du nez:
Concave
Droit
Convexe
Busqué
sinueux
1
cr·;
3
4
5
13) Ligne esthétique =L.E : d'arrière en avant
LE ----> I.s. ----> l.i.
LE = l.s. ----> I.i
LE = I.s. = I.i.
eD
2
3
ls ----> LE ----> li
ls ----> li ----> LE
LE ----> Ji --_.> ls
4
5
6
14) Lèvres:
Epaisses
Eversées (sup. et inf.)
Epaisse sup éversée inf
Minces
CD
2
3
4
,
15) Sillon naso labial:
Convexe
Droit
Concave
1
CD
3
16) Philtrum:
Marqué
Peu marqué
2
3
(Moulages maxillaire et mandibulaire)
17) Diastèmes interdentaires antérieurs :
Sup
Inf
Sup et inf
Pas de diastème
1
CD
3
4
18) Coïncidence des points interincisifs:
Oui
Non
CD
2
19) Situation du sommet de la papille rétroincisive 1axe pointes canines
En AV

...
en AR.
2
20) Forme des arcades:
triangulaire
ovalaire
2
1

187
Planche 12
Photo 38
Photo 39

188
Planche 13

189

l / ' V
J~;rollpcCllllllLjllc: k (~OU
N'-':
(")
........... ,~
Sexe:
III
1dC(llifica{jon
:
1) Nom
:
,.,.,J~.O.."
""
".. Prénom~
:
G.A
"..
2) Année de naissance :~6..:) 3) Age : :5!./~
Lieu de naissance
... " ..... ,,~.O l,.l.l.. B.l.. ..y ..
4)Sexe:
~
F
5) Origine Etlmique: \\.A...:O~~C:
Père = .'_-"';. Cl. .~?:..è...
Mère = ..u,-'-"::,.("1c, ...
Grand-père:L\\...';LI~ë.Grand-rnère: ..t.0.0.~~z...
Grand-père:WO.&:..Grand-rnère:.UJO.r...:,L.
Le crâne el la face:
Caractéristiques deserivt; ves

(observation
clinique et vhotos)
6) Classification de Williams:
Carré
Triangulaire
0Ci)
4
2
7)Autre classification:
8) de face: égalité des étages:
1=2=3
1 <2 = 3
1 < 2 <3
1 < 3 <2
1
CD
2
3
4
5
9) De face: symétrie du visage:
Syrnélrie
1
10) Couleur de la peau:
Marron claire
Noire
2
3
II) Largeur bipupillaire / largeur bicommissuraJe:
Identique
+ Grande
+ Petite
>
<
Ci)
2
3
12) Profù : dos du nez:
Concave
Droit
Convexe
Busqué
sinueux
1
'2'."-
\\...:'".....
:1
4
5
13) Ligne esthétique = L.E: d'arrière en avant
LE ----> l.s. ----> l.i.
LE = I.s. ----> l.i
LE = 1.5. = 1.1.
CD
2
3
Is ----> LE ----> li
Is ----> li ----> LE
LE ----> li ----> Is
4
5
6
14) Lèvres :
EP(DS
Eversées (sup. et inf.)
Epaisse sup éversée inf
Minces
2
3
4
15) Sillon naso labial:
Convexe
Concave
1
3
16) Philtrum:
Tres marqué
Marqué
Peu~ué
1
2
CD
(Moulages ma"Üllaire et mandibulaire)
17) Diastèmes interdentaires antérieurs :
Sup
W
Sup et inf
Pas de diastème
1
2
3
o
18) Coïncidence des points interincisifs:
Oui
Non
1
Ci)
19) Situation du sommet de la papille rétroincisive / axe pointes canines
En A V . . . ! . .
+-
--
en AR.
1
~
0 3
20) Forme des arcades:
carré
triangulaire
ovalaire
4
CD
1

191
Planche 14
Photo 4.2
Photo 43

192
Planche 15
Photo 45
Photo 46


194
IVAA. Résultats
Ils sont exprimés en pourcentage pour les caractéristiques discriptives.
Les moyennes et écarts types des caractéristiques métriques sont exprimées en
millimètre.
Code 6.
Classification de Williams.
%
avalaire
triangulaire
carré
A
29,79
29,79
40,43
K
40
6,67
53,33
Code 7.
Autre classification.
Elle est représentée par la planche de la page suivante:
Code 8.
Egalité des étages de la face.
%
1=2=3
123
123
132
A
42,55
42,55
10,64
4,26
K
46,67
40
13,33
o
Code 9.
Symétrie.
%
symétrique
asymétrique
A
59,57
40,43
K
63,33
36,67

li
1

196
Code 10.
Couleur de la peau.
%
marron foncé
marron clair
noire
A
70,21
17,02
12,77
K
66,67
20
13,33
Code 11.
Largeur bipupillaire/largeur bicommissurale.
%
Identique
Larg. bip. > largo bic
A
80,60
19,40
K
82,10
17,90
Code 12.
Dos du nez
%
concave
droit
convexe
busqué
sinueux
A
12,77
65,96
8,51
10,64
2,13
K
o
86,67
10
3,33
o
Code 13.
Ligne esthétique (photo)
%
LE Is li
LE=ls li
LE=ls=li
Is LE li
Is li LE
LE li Is
A
74,47
19,15
o
6,38
o
o
L
73,33
10
6,67
6,67
o
3,33
Code 14.
Lèvres.
%
épaisses
éversées sup et inf
épaisses sup et inf minces
A
63,83
2,13
29,79
4,26
K
50
6,67
40
3,33

197
Code 15.
Sillon naso-Iabial.
%
convexe
droit
concave
A
57,45
31,91
10,64
K
56,67
36,67
6,67
Code 16.
Philtrum.
%
très marqué
marqué
peu marqué
A
10,64
48,94
40,43
K
10
30
60
Code 17.
Diastèmes interdentaires antérieurs.
%
sup.
inf.
sup. et inf.
pas de diastème
A
29,79
29,79
o
40,43
K
43,33
6,67
16,67
33,33
Code 18.
Coïncidence des points interincisifs.
%
oui
non
A
44,68
55,32
K
63,33
36,67
Code 19. Situation du sommet de la papille rétroincisive.
%
A
38,30
31,91
29,79
K
46,67
23,33
26,67

198
Code 20.
Forme des arcades.
%
ûvalaire
triangulaire
carré
A
31,91
40,43
27,66
K
23,33
23,33
50,00
Code 21.
Forme de l'incisive centrale.
%
ûvalaire
triangulaire
carré
A
29,79
42,55
27,66
K
26,67
16,67
53,33
Code 22.
Largeur de l'I.e. supérieure.
mûy.
écart-type
A
9,17
0,65
K
9,28
0,69
Code 23.
Largeur de l'I.L. supérieure.
mûy.
écart-type
A
7,23
0,68
K
7,43
0,86
Code 24.
Largeur de la canine supérieure.
mûy.
écart-type
A
8,33
0,48
K
8,52
0,62

199
Code 25.
Largeur de l'I.e. inférieure.
moy.
écart-type
A
5,72
0,58
K
5,76
0,42
Code 26.
Largeur de l'LL. inférieure.
moy.
écart-type
A
6,43
0,51
K
6,61
0,58
Code 27.
Distance pointe canine-canine.
moy.
écart-type
A
38,13
3,23
K
38,07
3,12
Code 28. Distance face D de 12 - face D de 22.
moy.
écart-type
A
30,58
5,63
K
31
3,48
Code 58 : 27/38.
moy.
écart-type
A
0,81
0,19
K
0,79
0,17

200
Code 59 : 28/38.
mûy.
écart-type
A
0,62
0,23
K
0,62
0,19
Code 29.
Hauteur I.e. supérieure.
mûy.
écart-type
A
9,89
0,96
K
9,79
0,87
Code 30.
Hauteur de la face.
mûy.
écart-type
A
117,68
5,75
K
117,47
6,31
Code 31.
Hauteur point sous-nasal - gnathion.
mûy.
écart-type
A
74,03
4,63
K
73,98
5,52
Code 32.
Largeur bizygomatique.
mûy.
écart-type
A
143,81
5,62
K
144,07
4,70

201
Code 33.
Indice facial.
rooy.
A
82
Code 34.
Largeur bigoniaque.
rooy.
écart-type
A
125,71
5,98
K
124
5,59
Code 35.
Indice zygo-mandibulaire.
rooy
A
87
K
83
Code 36.
Largeur bipalpébrale interne.
rooy.
écart-type
A
35,52
3,61
K
35,52
2,97
Code 37.
Larguer bipalpébrale externe.
rooy.
écart-type
A
102,73
4,26
K
103,65
5,21

202
Code 38.
Largeur du nez.
moy.
écart-type
A
45,40
3,46
K
46,58
3,13
Code 39.
Hauteur du nez
moy.
écart-type
A
44,14
3,34
K
43,95
3,22
Code 40.
Indice nasal.
moy.
A
103
K
107
Code 41.
Saillie nasale.
moy.
écart-type
A
21,67
3,20
K
22,36
3,06
Code 42.
Indice de saillie nasale. 41/38.
moy.
A
47
K
47
Code 43.
Hauteur des lèvres.
moy.
écart-type
A
28,57
3,49
K
27,73
4

203
Code 44.
Largeur buccale.
moy.
écart-type
A
55,96
3,97
K
56,84
4,11
Code 45.
Indice buccal.
moy.
A
51
K
49
Code 46.
Longueur maximale de la tête.
moy
écart-type
A
191,93
6,85
K
196,90
6,93
Code 47.
Hauteur faciale supérieure.
moy.
écart-type
A
70,85
5,09
K
70,43
3,71
Code 48.
Périmètre céphalique.
moy.
écart-type
A
566,64
15,34
K
569,93
14,97

204
Code 49. C.A.E. Vertex
mûy.
écart-type
A
136,04
10,92
K
136,47
11,5
Code 50.
C.A.E. Nasion.
mûy·
écart-type
A
96,94
8,78
K
97,8
9,02
Code 51.
C.A.E. Point sous-nasal.
mûy.
écart-type
A
116,02
9,33
K
118,35
14,22
Code 52.
C.A.E. Stomion.
mûy·
écart-type
A
102,68
9,45
K
102,70
9,79
Code 53.
C.A.E. Pogonion.
mûy.
écart-type
A
113,96
9,55
K
116,17
10,42

205
Code 54.
D.V.R.P.
moy.
A
77,72
K
77,51
Code 55.
D.V.O.
moy.
A
74,91
K
75,45
Code 60.
E.L.I.P.
moy.
A
2,00
K
2,11
Code 56.
Taille.
moy.
écart-type
A
1,74
D,OS
K
1,73
D,OS
Code 57.
Poids.
moy.
écart-type
A
67,19
6,45
K
69,18
6,94

206
Code 61.
F.M.A.
mûy.
écart-type
A
22,52
3,99
K
23,41
5,60
Code 62.
F.M.I.A.
mûy.
écart-type
A
58,03
6,45
K
55,59
6,61
Code 63.
I.M.P.A.
mûy.
écart-type
A
98,87
6,42
K
103,44
14,02
Code 64.
Ligne esthétique.
%
1,00
2,00
A
1,19
0,40
K
1,12
0,33
Code 65.
Nasion - gnathion
mûy.
écart-type
A
127,90
7,80
K
129,65
6,30

207
Code 66.
Nasion - E.N.A.
mûy.
écart-type
%
A
52,94
3,86
41,24
K
52,18
5,19
40,08
Code 67.
E.N.A. - gnathion.
mûy.
écart-type
%
A
75,47
5,59
58,76
K
77,82
4,24
59,92
Code 68.
Longueur du crâne.
mûy.
écart-type
A
193,35
7,5
K
189,44
25,45
Code 69.
Largeur du crâne.
mûy.
écart-type
A
143,84
5,19
K
137,56
15,24
Code 70.
Indice céphalique.
mûy.
A
74,39
K
72,61

209
v - Discussion

210
Il existe certaines règles qualitatives et quantitatives qui régissent la
beauté des sujets.
Plusieurs éléments du crâne et de la face, aussi bien de face que de profil,
sont liés entre eux lorsqu'il s'agit d'un sujet reconnu esthétiquement
acceptable.
Les résultats montrent qu'on retrouve chez ces races sud-ivoiriennes des
visages carrés en majorité.
Chez les AKAN on trouve 40% de visages carrés, mais les types
ovalaires et triangulaires sont également répartis.
Chez les KROU, il y a très peu de visages triangulaires, pour 53,5% et
40% de carrés et ovalaires.
Chez les AKAN, la triade de Nelson se vérifie: à une face ovalaire
correspond une arcade ovalaire et une incisive centrale supérieure de forme
ovoïde. Il en est de même pour les formes carrée ou triangulaire.
Chez les KROU, il semblerait qu'à la forme ovalaire du visage s'associe
plutôt une arcade et des dents carrées.
La forme du visage était tout à fait visible étant donné la présentation
des sujets, mais cette classification de Williams demeure difficile à définir chez
ces deux échantillons ethniques, le visage étant en fait large chez tous ces
sujets.

211
Visage ovalaire
Visage triangulaire
Visage carré
AKAN KROU
AKAN KROU
AKAN KROU
papille en av.
6
5
5
2
7
7
papille sur axe
3
2
5
0
7
5
papille en ar.
5
4
4
0
5
4
Visage ovalaire
Visage triangulaire
Visage carré
AKAN KROU
AKAN KROU
AKAN KROU
arcade oval
9
3
3
0
4
4
arcade triang.
1
2
11
2
6
2
arcade carrée
4
6
0
0
9
10
Visage ovalaire
Visage triangulaire
Visage carré
AKAN KROU
AKAN KROU
AKAN KROU
14
11
14
2
19
16
lC ovoïde
9
3
2
1
3
4
lC triangulaire
2
2
1
1
7
2
lC carrée
3
6
1
a
9
10
Les trois étages de la face, cérébral, nasal et buccal sont équilibrés (42%
chez les AKAN et 46% chez les KROU), ou, dans des proportions très voisines,
(42% - 40%) l'étage supérieur est légèrement plus petit.
Les AKAN et les KROU ont un type musculaire. Le type respiratoire est
rare, et quelques digestifs ont été remarqués (10% à 13%).

212
Les deux populations examinées sont de grande taille (1,73 - 1,74 m.) en
moyenne, ce qui laisse à penser qu'il y a évolution. Ils sont de la sous-race
guinéenne, or cette zone avait été caractérisée par une taille moyenne.
La peau est marron foncé (70% chez les AKAN et 67% chez les KROU).
Malgré une classification difficile, l'oeil observateur peut constater, dans ces
régions intertropicales, que les sujets purs, non croisés avec d'autres races, ne
sont en général pas noirs comme l'indique la couleur. Mais, comme dans
certaines régions sud-sahariennes telles que le Sénégal, le Mali, il y a tout de
même en Côte d'Ivoire des ethnies qui comptent des sujets très foncés, voire
noirs. Chez les Agni (ethnie du groupe AKAN), cela se rencontre
fréquemment.
A cette teinte marron foncé correspondent des cheveux marron très
foncés ou plus rarement noir.
La teinte des dents (I.e.) qui sert à établir un parallèle pour le choix des
dents prothétiques est blanc bleuté, et varie peu. Elle est limite, sinon
introuvable sur les teintiers de commerce. Le 1/3 occlusal est souvent plus clair
que les 2/3 cervicaux plutôt jaunis. Pour cette raison, une étude particulière
concernant la teinte des dents serait à réaliser.
De même, la gencive présente une teinte variable <Planche 16). Elle est très
pigmentée et rarement entièrement rose. Des plages violacées ou marron sont
asymétriquement réparties sur les arcades. Elles ne dépassent pas la ligne
mucco-gingivale. Leur disposition est arciforme autour du collet des dents, ou
en ilots isolés.
Chez les filles, que nous n'avons pas analysées ici, la répartition semble
souvent symétrique. Pour faire ressortir la blancheur des dents, ou pour une
meilleure santé parodontale, les tatouages gingivaux sont fréquents. La gencive
apparait alors uniformément et symétriquement violacée.

213
Planche 16
Photo 47
Photo 48
Photo 49

214
L'examen de face montre que:
- Chez les AKAN comme chez les KROU (code 9), les visages sont
symétriques: 60% chez les uns et 64% chez les autres.
- La largeur bipupillaire (code 11) est la même que la bicommissurale
chez les deux ethnies (80% et 82%). A défaut d'être identique, la largeur buccale
apparaît plus petite (20% et 18%) et jamais plus grande que la distance
bipupillaire.
De profil, ce qui domine c'est la proéminence des lèvres par rapport à la
ligne esthétique (code 13) : 74,47 % des hommes AKAN et 73,33% des hommes
KROU. Dans aucun cas observé les deux lèvres ne sont situées en retrait. Les
cas limites rencontrés sont ceux où la lèvre supérieure seule (19% et 10%) est
tangente à l'axe, tandis que l'inférieure est en avant. La lèvre supérieure est
seule en retrait, tandis que l'inférieure est en avant (6,38% AKAN et 6,67%
KROU).
Ces caractéristiques descriptives ne nous semblent pas dysharmonieuses.
Elles sont habituelles chez les Noirs africains, alors qu'elles sont jugées
inesthétiques chez les Européens ou les Américains.
Les lèvres sont épaisses au maxillaire et à la mandibule (63,8% AKAN -
50% KROU). On rencontre quelques hommes aux lèvres relativement minces
(4% - 3%), mais ce qui demeure caractéristique, c'est l'épaisseur des lèvres,
accompagnée ou non d'une éversion de l'inférieure (40% KROU - 30%
AKAN), ou des deux lèvres (code 14).
L'épaisseur relative des lèvres est confirmée par l'indice buccal (code 45).
li est de 51 chez les AKAN et 49 chez les KROU. Les anthropologues indiquent
un indice inférieure ou égal à 34,9 pour les lèvres minces; il est compris entre
35 et 44,9 pour les lèvres moyennes, et supérieure ou égal à 45 lorsqu'elles sont
épaisses.

215
La population étudiée révèle une largeur buccale égale au double de la
hauteur.
Le nez a une racine large dont la dépression, visible de profil, est peu
profonde. Son dos est droit (66% AKAN - 87% KROU), mais chez ces Noirs
africains il existe quelques variations: dos concave, dos convexe. Des nez
busqués ou sinueux se rencontrent, mais ils surprennent (code 12).
La pointe du nez est arrondie et le philtrum peu marqué (code 16). La
jonction de la base du nez avec la lèvre supérieure se fait toujours par un angle
aigu ou droit, jamais par un angle obtus, et le sillon naso-Iabial a une forme
légèrement convexe (57,45% AKAN - 56,67% KROU).
De face, sa largeur équivaut à sa hauteur et, comme le montre l'indice
nasal, les AKAN (l03) et les KROU ont le nez très large (code 40).
Pour les anthropologues, les ul traleptorhiniens (nez extrêmement
étroits) ont un indice inférieur ou égal à 39,9, les hyperloptorhiniens (nez très
étroits) un indice compris entre 40 et 54,9 ; chez les leptorhiniens (nez étroit),
l'indice se situe entre 55 et 69,9 ; chez les mésorhiniens (nez moyen) entre 70 et
84,9; chez les platyrhiniens (nez large), entre 85 et 99,9 ; chez les
hyperplatyrhiniens (nez très large), entre 100 et 114,9 ; enfin, chez les
ultraplatyrhiniens (nez extrêmement large), l'indice sera supérieur ou égal à
115.
Mais l'indice nasal ne différencie pas les sujets à nez long et large, de
ceux à nez petit, étroit et court.
L'indice de saillie nasale (code 42) objective la saillie et la largeur. il est
de 47 dans les deux populations sud-ivoiriennes étudiées, ce qui correspond à
un nez peu saillant.

216
L'oeil est droit chez les deux populations observées, la largeur oculaire
(largeur bipalpébrale externe - largeur bipalpébrale interne divisée par deux) est
de 33,60 mm chez les AKAN et de 34 mm chez les KROU.
Les caractéristiques métriques de la bouche, du nez et des yeux,
rapportées à celles de la face, permettent d'analyser les proportions et de mettre
en évidence les corrélations.
En effet, comme l'indique l'observation clinique de la face, l'indice facial
(code 33) révèle une face large chez les AKAN et chez les KROU (82).
Classiquement, les faces très larges hypereuryprosopes ont un indice facial
inférieur ou égal à 78,9 ; les faces larges euryprosopes ont un indice compris
entre 79 et 83,9 ; les faces moyennes, mésoprosopes, entre 84 et 87,9 ; les faces
étroites,
leptoprosopes,
entre 88
et 92,9
;
les
faces
très
étroites,
hyperleptoprosopes, au-delà de 93.
L'indice est d'autant plus faible que la face est large.
Dans un but thérapeutique, des rapports ont été établis entre la bouche,
le nez, les yeux et la hauteur et la largeur bizygomatique (code 32), et la distance
bigoniaque (code 34) :
La bouche
- Hauteur lèvres / hauteur de la face
Sujets AKAN :
0,24
Sujets KROU :
0,23
Hauteur des lèvres
=0,24 . hauteur faciale
= 1/5 hauteur de la face.
- Largeur buccale / largeur bizygomatique
Sujets AKAN :
0,38
Sujets KROU :
0,39

217
Largeur buccale
= 0,38 . largeur bizygomatique
= 2/5 . largeur bizygomatique
- Largeur buccale / largeur bigoniaque
Sujets AKAN :
0,44
Sujets KROU :
0,45
Largeur buccale
=0,44 . largeur bigoniaque
=4/9. largeur bigoniaque
Le nez
- Hauteur nez / hauteur de la face
Sujets AKAN :
0,37
Sujets KROU :
0,39
Hauteur du nez
= 0,39 . hauteur de la face
=2/5 hauteur de la face
- Largeur du nez / largeur bizygomatique
Sujets AKAN :
0,31
Sujets KROU :
0,32
Largeur du nez = 1/3 largeur bizygomatique
- Largeur du nez / largeur bigoniaque
Sujets AKAN :
0,36
Sujets KROU :
0,37
Largeur du nez
=0,36 . largeur bigoniaque
=1/3 largeur bigoniaque.
Largeur buccale / largeur nasale:
(Sujets AKAN )
Largeur buccale == 1,2 largeur nasale
(Sujets KROU )

218
Les yeux
- 100 x largeur oculaire / largeur bizygomatique
En anthropométrie, c'est un indice qui traduit le degré d'ouverture de l'oeil.
Sujets AKAN :
23,3
Sujets KROU :
23,6
Chez ces ethnies, l'oeil a une grande ouverture.
- Largeur bipalpébrale externe / largeur bizygomatique
Sujets AKAN :
0,71
Sujets KROU :
0,71
Largeur externe = 7/10 largeur bizygomatique.
- 100 x largeur bipalpébrale interne/largeur bizygomatique
Sujets AKAN :
24,69
Sujets KROU :
24,64
Classiquement, cet indice a été conçu pour montrer l'écartement relatif
des orbites, car certains groupes ont des yeux plus ou moins rapprochés.
L'indice facial et celui-ci augmentent ensemble. Les sujets observés ont une
face large et des yeux écartés. (Les asiatiques : indice 23 ; les européens :
indice 23,6).
- Indice zygo-mandibulaire (code 35)
Sujets AKAN :
87
Sujets KROU :
83
Cet indice, supérieure à 78, indique que la population choisie a des
maxillaires très larges. Il traduit l'aspect carré du maxillaire et l'étroitesse du
visage, car les deux éléments de l'indice peuvent varier: aux maxillaires étroits
correspond un indice inférieur ou égal à 73,9 ; les maxillaires de taille moyenne
varient entre 76 et 77,9. Les arcades larges ont un indice supérieur à 78, ce qui
montre la très grande largeur observée chez ces sujets issus du sud de la Côte

- - - - - - -
-
219
d'Ivoire. Au cours de la prise d'empreinte pour l'expérimentation, tous les
porte-empreintes ont dû être modifiés en largeur et en longueur.
- Sur ces arcades dentées, de nombreux diastèmes antérieurs ont été observés
(code 17), Les espaces antéro-supérieurs sont très fréquents:
Sujets AKAN : 30%
Sujets KROU : 43%
Chez les AKAN, le même pourcentage a été noté chez les sujets n'ayant
qu'une brèche inférieure (30%).
Chez 40% d'AKAN et 33% de KROU, il n'y a aucun diastème antérieur.
Les patients recevant une reconstitution prothétique cherchent à conserver
leur espace ou à le recréer, dans la mesure où il n'est pas supérieur à 1 mm.
Chez ces sujets dentés, la mesure de la largeur des différentes dents
antérieures permet de se rapporter à la largeur bizygomatique, aux largeurs
nasale et buccale.
- L'incisive centrale supérieure
largeur
/1. bizygo
/1. nez
/1. buccale
A
9,17
0,063
0,20
0,16
K
9,28
0,064
0,19
0,16
- L'incisive latérale supérieure
A
7,23
0,05
0,15
0,12
K
7,43
0,05
0,15
0,13
- La canine supérieure
A
8,33
0,057
0,18
0,14
K
8,52
0,059
0,18
0,14
- La canine inférieure
A
5,72
0,039
0,12
0,1
K
5,76
0,039
0,12
0,1
- La latérale inférieure
A
6,43
0,044
0,14
0,11
K
6,61
0,045
0,14
0,11

220
Comme précédemment, en vue de déterminer la taille des dents
antérieures, nous avons souhaité vérifier les indices de Lee (code 58), puis celui
défini par Buchard (code 59). Les rapports ne semblent pas se vérifier dans
un cas comme dans l'autre chez ces sujets de sous-race guinéenne issus de
Côte d'Ivoire.
distance pointe canine - canine / largeur du nez
A
0,81
K
0,79
distance 12-22 / largeur du nez
A
0,62
K
0,62
Distance pointe canine - canine = 8/10 . largeur du nez
Distance 12-22 = 6/10 . largeur du nez.
- Les dimensions verticales (code 54 - 55 - 60).
Chez les AKAN, la D.V.R.P. est de 77,72 pour un D.V.O. de 74,91 mm.
Chez les KROU, la D.V.R.P. est de 77,51 et la D.V.O. de 75,45 mm.
Chez les deux groupes l'espace libre d'inocclusion physiologique est
d'environ 2 mm.
- Les distances suivantes, prises à partir des conduits auditifs externes, ont pour
objectif de mesurer le prognathisme facial (codes 49 - 50 - 51 - 52 - 53).
R
\\

221
Les sujets observés ont un bloc maxillo-mandibulaire très en avant du
point nasal. Ces données seraient à comparer à celles de sujets européens ou
asiatiques.
- Les angles F.M.A., F.M.I.A., I.M.P.A. (codes 61 - 62 - 63) montrent des
variations par rapport aux valeurs normales de l'analyse de Tweed.
F.M.A.
F.M.I.A.
I.M.P.A.
AKAN
22,520
58,030
98,870
KROU
23,41 0
55,590
103,440
NIe de Tweed
25,000
68,000
87,000
Tweed avait comme objectif esthétique le profil rectiligne. Ici, les
incisives présentent une inclinaison vestibulaire importante.
- Sur les radiographies (codes 66 - 67), les pourcentages montrent que l'étage
buccal est plus important que l'étage nasal dans les proportions d'environ 60%
étage buccal, et 40% étage nasal. Ces proportions sont voisines des normales
européennes: 55% et 45%.
Chez les AKAN:
étage buccal =
1,42 x étage nasal
Chez les KROU :
étage buccal =
1,42 x étage nasal
Nous avons noté une différence de 1 cm entre les mesures radiographiques ( à
4 m) et les mensurations sur le vivant.
- De même, les mesures du crâne sur radiographies et sur le vivant se
différencient d'environ 1 cm.
L'analyse radiographique montre que les sujets sud-ivoiriens observés
(AKAN et KROU) ont un type dolichocéphale (74 et 73).

222
Classiquement, les Noirs sont considérés comme dolichocéphales, mais
cet indice ne nous semble pas majeur pour une classification raciale. Il existe
des Noirs brachycéphales.
L'arcade
dentaire
subit
l'influence
du
facteur
crânien
: les
dolichocéphales ont une arcade dentaire allongée dans le sens antéro-
postérieur, les
brachycéphales une arcade raccourcie
et plus
large
transversalement.
L'analyse n'a pu être réalisée concernant les sujets féminins observés,
car elles sont statistiquement insuffisantes.
A titre indicatif, les femmes des deux groupes ethniques semblent avoir
une tête plus arrondie, être plus brachycéphales que les hommes. Chez les
femmes, les formes du visage sont plus adoucies, plus réduites (Planche 17).
Des différences aussi ont été notées sur les sujets issus du Nord-Côte
d'Ivoire, tels que les Malinkés ou les Sénoufo (Planche 17)•• La forme du visage
apparaît plus triangulaire ou ovalaire. Le nez est souvent différent. Ces
caractéristiques données ici à titre indicatif pourraient faire l'objet d'une étude
comparative avec les populations du Sud-Côte d'Ivoire, avec les femmes, avec
les autres races.
La confrontation de ces différents éléments permettrait de trouver une
orientation chirurgicale ou prothétique adaptée à chaque patient. Les nouvelles
techniques d'imagerie médicale semblent faciliter l'examen de la position des
tissus mous par rapport au massif crânio-facial osseux. l'examen d'un sujet au
scanner, présenté ici, peut laisser dire qu'un scannogramme compléterait
efficacement les méthodes d'analyse traditionnelle et pourrait guider les
restaurations esthétiques chirurgicales et prothétiques (Planche 18).

223



224


225
Planche 18
Photo 58
Photo 59
; Photo 60

226
CONCLUSION

227
L'homme subit différents changements, par l'influence du climat, de
l'alimentation, du mode de vie, et aussi par le mélange varié d'individus plus
ou moins ressemblants.
Le milieu géographique change complètement les idéaux. L'esthétique
n'est pas la même chez des populations différentes, sur des continents
différents, dans des régions différentes. Les caractères esthétiques créent des
types humains moyens et idéaux correspondant aux zones géographiques
raciales, qui sont dissemblables.
Le respect de l'originalité n'a rien à perdre à s'éloigner des obsédantes
règles de la beauté normative, souvent basée sur des critères européens. C'est
une recherche subtile.
Le praticien doit alors définir la frontière entre le geste utile pour lui, et
les besoins réels du patient. Il doit déterminer les motivations précises du
malade et savoir avec précision ce qu'il voudrait qu'on lui corrige.
Il l'aidera à retrouver son image, à accepter son nouveau visage. Tout au
long des entretiens préthérapeutiques, l'écoute sera patiente et attentive. De cet
échange naîtra la confiance, la compréhension, indispensable pour la réussite
post-prothétique ou post-chirurgicale du traitement.
Le bonheur du malade fera celui du praticien qui, par sa bienveillance,
sa compétence technique et artistique, réussira à faire oublier la prothèse.
La beauté noire africaine continue de promouvoir les lèvres épaisses,
souples, sensuelles, les yeux d'antilope...
Le Chirurgien dentiste et le prothésiste de laboratoire doivent respecter
les impératifs techniques de réalisation des prothèses. Ils restitueront la
fonction mais aussi l'esthétique. La formation dentaire est plutôt orientée sur
des types européens. Face à des patients Noirs-Africains le sens artistique du
clinicien se doit d'être plus critique.

228
Le travail réalisé a pour espoir d'éveiller cette qualité chez les praticiens
de l'Esthétique.
Une analyse morphologique comparative d'hommes et de femmes, de
jeunes et de vieux, dentés et édentés, entre toutes les races, contribuerait à
illuminer les sourires, les visages de tous ceux et celles dont les besoins
esthétiques sont jusque-là inassouvis.
Une réalisation réussie doit son intégration psychologique tout autant à
sa profonde adaptation physiologique, qu'à son apparence naturelle.

229

230
BIBLIOGRAPHIE
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- Cours du C.E.S. de prothèse adjointe partielle.
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23 - BVCHARD (Pierre)
- Cours du C.E.5. de prothèse adjointe complète.
V.E.R. d'Odontologie, Paris V, 1990.
24 - GASPARD (Marcel)
- Cours du C.ES. de Biologie buccale.
V.E.R. d'Odontologie, Paris V, 1990.
25 - NAVARRO (Maurice)
- Préservation de l'esthétique par la prothèse immédiate.
2è Colloque Européen sur le traitement des édentations totales.
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26 - RIGNON-BRET (Jean Marie) - Restauration de l'esthétique par la prothèse immédiate.
2è Colloque Européen sur le traitement des édentations totales.
Marseille, 1983.

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27 - BATAREC (Evelyne)
- Lexique des termes de prothèse dentaire. 2ème édition.
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28 - BAUD (C.A.)
- Harmonie du visage.
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29 - BENOIST (M.)
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30 - BENOIST (M.)
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- Paris: Masson, 1988.
31 - CRETOT (Maurice)
- L'architecture dento-faciale humaine.
- Paris: J. Prélat, 1975.
32 - GASPARD (MarceI)
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- Paris: Maloine, 1972. 290 p.
33 - HEGEL (Georges)
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37 - LEROI-GOURHAN (André) - L'Homme, race et moeurs.
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38 - MARIANI (Paul)
- Les édentations totales bimaxilaires. Formes cliniques,
thérapeutiques prothétiques par P. Mariani, R. Sanguilo.
J. - F. Michel, M. Sanchez.
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40 - OLIVIER (Georges)
- Pratique anthropologique.
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41 - PAUL - BONCOUR (G.)
- Anthropologie anatomique. Crane, face, tête sur le vivant.
- Paris: DOIN, 1902. 396 p.
42 - ROUVIERE (H.)
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43 - SAIZAR (Pédro)
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49 - BENZAQUI (Laure)
- La Typologie illustrée par la caricature.
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50 - BONNOT - DELARUE (M.) - Le jugement esthétique de l'orthodentiste.
- Thèse: 3è cycle: Sei. OdontoI. : Paris.
51 - BUCHARD (Pierre)
- Causes traumatiques et manifestations de la résorption chez
les porteurs de dentiers complets. Traitement préventif.
- Thèse: 3è cycle: Sei. Odontol. : Paris: 1972.
52 - DJAHA (Konan)
- Contribution à la détermination de la Normalité dans
l'ésthétique des populations Ivoiriennes.
- Thèse: Chir. Dent. : Clermont - Ferrand: 1981.
53 - KARIM (Diaki té)
- Approche de la morphologie cranio-faciale sagittale
moyenne de l'ivoirien par l'analyse factorielle des proximités.
- Thèse: Chir. Dent. : Lille: 1989.
54 - MARTIN (Jean-Pierre)
- Connaissance morphologique de l'individu denté: Contribution à
la connaissance et au traitement de l'édenté total.
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55 - POMPIGNOLI (Michel)
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58 - RIGNON-BRET (Jean Marie)- Analyse de la cinématique mandibulaire de l'édenté total:
moyens de reproduction et conception d'un type d'articulateur.
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59 - SOLNICA (Alexandre)
- Morphologie dento-maxilo-faciale et ésthétique.
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60 - TROKAy (Béatrice)
- Contribution à l'éllaboration d'un sourire dento-labial harmonieux
- Thèse: Chir. Dent. : Paris V: 1982.
61 - VALETTE (Christian)
- Rapports morphologiques entre les dimensions des organes
dentaires, les arcades dentaires et les repères anatomiques
intrabuccaux : Etude statistique.
- Thèse 3è cycle: Sei. OdontoI. : Montpellier 1 : 1986.

Vu, le Président du Jury
Vu, le Doyen de la Faculté de chirurgie Dentaire
l'mIe"""' CrlifTk-/.'J:>
(
de l'Université René Descartes
/)~
Professeur Gérald BURDAIRON.
'i
(.-/ ' #
/, '(;,'L~,,--·----·
') , 1&- Iv'J-- L- 0:~-----
1
c.>'-- /
.
Vu, le Président de l'Université René Descartes
de PARIS
Professeur Georges CREMER
Pour le Président et par délégation
Le Doyen G. BURDAIRON

BITrY (Marie-Josèphe Affia). - Recherche de caractères
particuliers concernant l'Esthétique faciale chez des sujets
de Race Noire issus de Côte d'Ivoire / par Marie Josèphe Affia BllTY
... - [S.l.) : [S.n.), 1991. -
f : ill. ; 30 cm. -
(fhèse: 3è Cycle Sei. odontol : Paris: 1991 ;
N° : 43.55.91.
Rubrique de classement ::
1Pr::j.tJ',5e Adjointa
Mots clefs:
Prothèse adjointe.
43.55.91.
Esthét:que
Morphologie cranio-faciale
Anthropométrie
Noir Africain
Denté
Masculin
BlITY (Marie-Josèphe Affia). - Recherche de caractères particuliers concernant
l'Esthétique faciale chez des sujets de Race Noire issus de Côte d'Ivoire.
(Thèse: 3è Cycle Sei. odontol : Paris: 1991)
nO : 43.55.91.
Le prothésiste-clinicien, face à un édenté partiel ou total, doit pouvoir
rétablir sa fonction et son esthétique. Devant un patient d'origine Noire Africaine, sa
décision thérapeutique sera fonction de ses capacités professionnelles mais surtout
de son sens critique, car une restauration esthétique de la morphologie cranio-faciale
et maxillo-mandibulaire connait des variations culturelles et raciales.
La Typologie noire africaine est différente de l'européenne et de l'asiatique.
La première partie de cette étude se consacre à l'évolution du concept
esthétique noir-africain.
La deuxième partie propose un rappel succint et schématique de
l'embryologie et de l'aratomie cranio taciil1e, ainsi que les fonctions qui se rattachent
à leurs muscles peauciers.
La troisième partie développe le concept esthétique en odontologie et
particulièrement en orthopédie-dento-faciale et en prothèse adjointe. Nous y voyons
l'incidence de l'esthétique sur les différentes étapes de réalisation prothétique.
La quatrième présente les sujets ivoiriens analysés: ces sujets masculins,
dentés, sont issus du Sud de la Côte d'Ivoire. Leur origine ethnique est pure et cette
étude porte sur deux groupes: AKAN (47) et KROU (30). Les mensurations cranio-
faciales, l'examen des photographies, des moulages et des radiographies ont permis
de relever plus de 60 caractéristiques mophologiques et indices.
Les résultats permettent outre la constatation statistique, quelques
conclusions thérapeutiques telles que l'appréciation du choix des dents prothétiques
antérieures chez des sujets de race Noire-Africaines.
MeSH:
Artificial teeth
Anthropometry
Aesthetics
African Black People
Facial morphology
Dental men
Président
: M. le ProLJs~l.r M. Gaspard
Assesseurs
: Melle le Professeur E. Batarec
M. le Professeur P. Buchard
M. le Professeur J. - M. Rignon - Bret.
Adresse de l'auteur:
M. - J. B1lTY,
08 BP 1101 Abidjan 08 Côte d'Ivoire.
436 H Avenue de la Division Leclerc 92290 Chatenay Malabry.