UNIVERSITE D'AIX MARSEILLE II
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES
FINANCEMENT EXTÉRIEUR ET INDUS-
TRIALISA 110N : l'exemple ivoirien
THÈSE
pour le
f'
'~.,.//
DOCTORAT D'ETAT ES SCIENCES ECONOMIQUES
Présentée et soutenue publiquement par
BELLO TOYIDI
L.,
J
c
' - ' .
Jury de la thèse
Président:
M. Jean-Pierre DALOZ, Professeur à l'Université d'Aix-MARSEILLE II
Suffragants:
. )
_J

L'Université n'enLend donner aucune approbation ou improbation
aux opinions émises dans cette thèse. Ces opinions doivent être
considérées comme propres à leur auteul .f.

Je dédie ce modeste travail à tous les Fratres et
Sorores du Monde entier qui ,de près ou de loin,
m'ont assisté dans l'élaboration de cette thèse.
Que cette thèse (fût-elle limitée) soit pour
eux un motif supplémentaire de force,
et perséverance dans leur
la Vérit! et de la
Lumière.
1

REMERCIEMENTS
Cette thèse n'aurait pu voir le jour sans la constau"e
disponibilité de Monsieur et Madame Jean-Pierre DALOZ. Je voudrais leur
exprimerœa profonde gratitude pour les conseils qu'ils m'ont donnés et les
encouragements qu'ils m'ont prodigués. Si ce travail a été mené sous la
direction du Professeur Jean-Pierre DALOZ, loin de moi l'idée de vouloir me
couvrir de son autorité pour justifier les erreurs et les lacunes que l'on
ne manquera pas de déceler ça et là. Je reste seul responsable de ces erreurs.
Je voudrais aussi remercier tous les fratres et sorores
de l'Ordre Rosicrucien A.M.O.R.C., notamment Monsieur Joseph N'GUESSAN BONGO,
Grand Conseiller de l'Ordre Rosicrucien en Côte d'Ivoire pour l'assistance
multiple et multiforme dont j'ai bénéficié tout au long de la rédaction de
cette thèse.
Mes remerciements s'adressent ésalement au Centre Ivoirien
de Recherche Economique et Sociale, notamment à son Directeur Monsieur ATSAIN
ACHI et son Directeur-Adjoint Monsieur KOUADIO GATOU Maurice sans lesquels
le travail matériel de finition aurait été impossible.
Ma femme Moutiatou YENOUSSA a bien voulu assurer la première
frappe. Je voudrais lui manifester mon profond amour.
Monsieur Alfred BONGO,
étudiant à l'Université d'Abidjan a accepté spontanément de corriger les
fautes de frappe, contribuant ainsi à l'amélioration de la forme de ce travail.
Qu'il en soit ici remercié.
Enfin, ce travail n'a pu ~tre mené à bien que grâce à la
comprehension de mes chers petits CAMAROU, NASSlRATH et MIKHAEL et surtout
grâce au cadre stimulant et propice que m'a offert l'Université Nationale de
Côte d'Ivoire. Je voudrais ici, en mon nom personnel et au nom de ma famille
remercier Monsieur Charles Valy DIARRASSOUBA, et à travers lui, les Autorités
ivoiriennes, pour leur contribution on ne peut plus décisive à la construction
d'une Afrique de l'Ouest sans frontières, ni rivages.
1

CÔTE D'IVOIRE
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INTRODUCTI ON
t-:;ENERALE
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Tl ri"est pas néce3aaiI'e d'être éc:onomù;te POUt'
savoir que Ze monde est composé de pays "développés"
et de pays l'sous-développés Ifs de pays 'industrialisés
et de pays sous-industY'iaZisés ; pas plus qu Vil
n'est besoin d'une analyse pou8sée pOUY' se rendre
ccmpte que les uns souffy·ent d fun "excès r/ d /épargne
et les «litr'es d? un "dé fieit r/ d f épay'gne. (~)
Le transfert d'épargne des pays à "t:xcedent" vers
les pays à "déficit" et la mobilisation de cette épargne extérieure en vue
de l'accéleration du rythme de l'industrialisation, constituent l'objet
essentiel de cette thèse.
Pourquoi lIE'inancement extérieur et Industrialisation"
et non comme le veut la tradition "Aide extérieure et Développement" ?
Dépuis la Seconde Guerre Mondiale~ une immense litté-
rature s'est spécialisée dans l'analyse du développement et du sous-dévelop-
pement et il n' y a pas un jour qui passe sans que ne soit publié un article
sur ce thème; si nous avons préféré le terme "Industrialisation" cVest pour
éviter d'entrer dans les "méandres" du débat accadémique qui oppose les
.~
tenants de la "croissance sans développement" et ceux du "développement -
croissance"
c'est surtout parce qu'après un quart de siècle de débat, la
littérature économique n' a pas réussi à donner un contenu précis aux con-
cepts de développement et de sous-développement, En effet comme le note le
Professeur LEBRET, "deux conceptions du développement sont de fait en jeu.
(x)
Ce schéma s'est quelque peu modifié dépuis la gue~re de Kippour
d'Octobre 1973. Certains pays du Tiers-Monde disposent à l'heure
actuelle d'énormes surplus pétroliers qui sont recyclés dans les
grandes institutions financières euro-américaines,

2
Le développement est pour les uns "mécaniste ii ~ pOûr les aut:res "organique" ;
pour les uns, question de productions additionnées, pour les autres~ question
diélevation humaine dans toutes les couches de population", Ce qui est vrai
pour le développement l'est davantage encore pour le sous-développement.
Les Economistes "marxistes" et: "progressist.es" refusent de réduire le sous-
développement à la pauvreté; le sous-développement disent-ils, n'est qu'u~
sous-produi t de la HRévolution industrielle", de ill' Explo:i:'tation impérialiste l !
et toute politique économique qui ne tient pas compte de cette réalité conduit
inévitablement à une "croissance sans développement" ou mieux encore à un "dévelop-
pement du sous-développement'l, (x)
Les Economistes libéraux, contrairement à la thèse précédente estiment que la
situation présente des pays "sous-développés ll ressemble étrangement aux étapes
antérieures des Etats actuellement avancés sur le plan technologique ; ces
Sociétés devront franchir différentes étapes avant qu'elles ne parviennent selon
le mot de Tibor MENDE (MX) au llnirvâna économique représenté par une consommation
par tête élévée de voiturel_ automobiles
de machines à laver et autres bienfaits
j
de la société de consormnat~on". Le terme "Industrialisationll qui, à la suite de
François PERROUX, se définit comme "la structuration de tout un ensemble écono-
mique par l'emploi de système de ma~hines dans le dessein et avec l'effet
d'augmenter cumulativement à un coût décroissant en effort individuel le pouvoir
qu'a un groupe humain d'obtenir les objets qui lui sont bénéfiques li (WWM), nous
permet de circonscrire le champ de notre analyse et nous épargne surtout la
nécessité de prendre part a un débat stérile.
(II)
Cette expression est de André Gunder FRANCK
"Le développement
du sous-développement"
Tibor MENDE: HDe l'Aide a la Reco:1onisation" Edit:ion du Seuil
(xxx)
François PERROUX; "L'Economie des Jeunes Nations" P,U.F. 1962
page 21
... / " ..
1

3
Le choix du terme "f'inancement extérieur" répond au même
souci de précision ; en effetJ les mots comme "Aide extérieure"J
'~ssistance au développement" ont des connotations charitables
et humanitaires qui masquent leur philosophie véritable et
ne per,mettent pas de rendre compte de leur logique interne. (~)
Le ter,me "financement extérieur" per,met mieux que n f importe
quel autre tel'l7le de rendre compte de la dynamique de l'épargne
extérieure dans la mesure où nous la considerons à la suite
de H. B. CHENERY et A. M. STROUT comme un "facteur de pl·oduction
distinct". (~~)
Vers les années 1950, un consensus général s'est instauré;
il est admis que pour briser les "cercles vicieux" de la pauvreté et entrer dans
les "cercles vertueux" de la croissance et du développement les pays sous-dévelop-
pés doivent recourir au fin$ncement extérieur sous toutes ses formes. La plupart
des travaux empiriques élaborés mettent en évidence le rôle stratégîque que joue
le "financement extérieur" dans le processus du développement économique ; dans
une 1ère phase le financement extérieur est censé permettre une croissance soute-
nue en réduisant (ou en comblant) le déficit entre la capacité d'investir et
la capacité d'épargne. Dans une deuxième phase le financement extérieur permet
de combler le déficit dominant, c'est-à-dire le solde entre les recettes et
dépenses en devises, et de maintenir le taux de croissance de l'économîe au
niveau jugé satisfaisant par les Autorités Politiques. Aucun de ces modèles
n'étudie concrètement les relations entre le financement extérieur et l'industria-
lisation. Or une étude approfondie des structures industrielles des pays
"développés" et "sous-développés" revèle trois types de distorsions : ("xx)
- Distorsion en faveur des activités exportatrices
- Distorsion en faveur du secteur tertiaire
- Distorsion en faveur des branches legères de l'économie
"Prêter de l'argent n'est jamais une opération innocente et le
verbe investira plus qu'un sens financier": G. N'GANGO, les inves-
tissements d'origine extérieure en Afrique Noire francophone,Présence Afr
caine Paris, 1973
H.B. CHENERY et A.M. STROUT : "Foreign assistance and economic developmen
The American Economie Review, septembre 1966
P 679
1
'l'
Sarnir AMIN: "L'accumulation à l'echelle mondiale". Editions
Anthropos IFAN
DAKAR 1974

4
Le thème financement extérieur et industrialisation se propose
d'analyser de façon approfondie ce troisième type de distorsion. En effet,
comme dans tous les pays d'Afrique, le surplus économique effectivement dis-
ponible en Côte d'Ivoire pour l'investissement demeure tragiquement inférieur
au minimum nécesaaire au développement progressif des activités économiques.
L'objectif ambitieux de la Côte d'Ivoire (être le Japon de l'Afrique en l'an
2 000) est irréalisable si à l'épargne locale ne s'ajoute pas une "épargne exté-
rieure" et si les deux réunies ne sont pas canalisées et mobilisées en vue d'un
développement harmonieux. Or les motivations et les stratégies économiques des
apporteurs de capitaux (qu'il s'agisse de pays tels que les Etats-Unis, la
France, le Royaume-Uni et l'Allemagne fédérale ou des Institutions internatio-
nales telles que la Banque Mondiale, l'Agence internationale pour le développe-
ment etc) sont spécifiques ; le désir de rentabilité ou de récupération des fonds
prêtés les poussent à orienter les capitaux vers les industries dites "légères".
Dès lors la question que l'on est en droit de se poser est la suivante: les
industries "légères" qui bénéficient d'apports massifs de capitaux extérieurs son
elles de natures à promouvoir une industrialisation rapide de manière à faire
de la Côte d'Ivoire non plus un puissant demandeur de capitaux, mais un "prêteur
jeune" ? Cette 1èr e question appelle d'autres séries de questions fondamentales:
- Existe-t-i1 un taux d'endettement optimal favorable à l'accélération du rythme
d'accumulation? Si oui, ce taux peut-il être déterminé à priori?
- Quels sont les mécanismes qui, en économie de marché, orientent le financement
extérieur vers telle ou telle industrie et quels sont les effets de cette orien-
tation sur le rythme de croissance de l'Economie?
- Peut-on établir en dehors du marché un ordre de priorité pour les investisse-
ments extérieurs ?
Nous sommes conscient en entreprenant cette étude de la complexité
de la tâche et surtout de son impact car si généralement le politique et l'écono-
mique sont intimement liés et imbriqués l'un dans l'autre, cette imbrication
(pour ne pas dire "confusion") prend en Afrique une coloration particulière
aussi avons-nous hésité pendant longtemps avant d'entreprendre ce travail.
Du reste, nous ne faisons que "soulever la jarre sur nos genoux espérant
vivement qu'on nous aidera à la porter sur la tête",

6
CHAPITRE l
LA NOTION DE FINANCEMENT EXTERIEUR
"L'incertitude née de la crise contemporaine de la pensée
économique rend particulièrement nécessaire un nouvel examen des notions
héritées des classiques ou élaborées par les théoriciens rlus proches de nous
pour en préciser le (ou les) sen~ actuel (s)et ecourter certaines de ces
querelles qui paraitraient vaines s~ (purement) elles n'avaient pour résultat
utile de préciser les divers aspects d'une notion".
Maurice FLAMA~(")
Parler de financement extérieur évoque irresistiblement la fameuse phrase
de Paul VALERY :
"Tel mot qu~ est parfaitement clair quand vous l'entendez
ou l'employez dans le langage courant et qui ne donne lieu à aucune difficulté
quand il est engagé dans le train rapide d'une phrase ordinaire, devient
magiquement embarrassant, déjoue tous les efforts dé définition quand vous
le retirez de la circulation et que vous lui cherchez un sens après l'avoir
soustrait à sa fonction momentanée".
En effet définir le financement extérieur n'est pas chose aisée. Dans la litté-
rature économique, le financement extérieur a d'abord été analysé en associa-
tion avec les théories des "désequilibres" et des tentatives de résorption de
ces "désequilibres". Tout flux financier additionnel suscite un désequilibre
de la balance des comptes ; le problème qui se posait aux théoriciens était
de savoir si ce dés~quilibre se résorbait spontanément de lui-même, ou s'il
tendait à être durable, voire amplifié. Cette analyse connue sous le nom
de "problème des transferts" a toujours défrayé la chronique chaque fois
qu'un transfert s'est opéré largement et brusquement.
(x)
Maurice FLAMANT
:" Théorie économique et politiques anti-
inflationnistes" PUF
Page 15
. .
"
/ " " .

7
En réalité la pratique du "financement extérieur" existait bien
avant le problème des réparations allemandes ; elle est aussi vieille que
le Monde; mais la notion n'a acquis droit de cité que vers 1880 lorsque
l'exportation de capitaux en provenance de l'Europe atteint une ampleur jamais
inégaleé (M). Aujourd'hui, dans la panoplie des mots obscurs et sans beauté
elle dispute la première place à certains concepts voisins tels que "Aide exté-
rieure", Revenu "extérieur" et "Investissement "extérieur" •
."Financement extérieur" et "Aide extérieure" sont-ils synonymes ?
Quels rapports y-a-t-il entre "Financement extérieur" et "Investissement exté-
rieur" ? Ce sont - là autant de propositions qu'il faille clarifier avant
d'examiner le problème de l'évaluation
comptable du "financement extérieur".
1. - "FINANCEMENT EXTERIEUR" ET "AIDE EXTERIEURE"
Etymologiquement (si l'on en croit le Petit Robert), Aide vient
de Aiudha qui signifie "Action d'intervenir en faveur d'une personne en joi-
gnant ses efforts aux siens". Une telle définition suppose:
- l'existence d'au moins deux partenaires: le bénéficiaire qui évalue ses
besoins en apports externes en fonction des besoins et des objectifs qu'il
s'est librement fixé.,
.. le prestataire d'''Aide'' qui offre ses services en fonction de ses disponibilités
mais dans le seul souci d'aider le bénéficiaire à surmonter ses difficultés que
celles-ci soient passagères ou durables.
(II)
Samir AMIN signale que les exportations de capitaux de la Grande-Bretagne
passèrent de 100 millions de livres (période 1825-1830) à 1 300 millions
de livres en 1880 tandis que celles de la France et de l'Allemagne passèrent
respectivement de 12-14 milliards de francs (1870) à 45 milliards (1914)
et de Marks (1883) à 22-25 milliards (1914).
5l\\
In : "l'accumulation à l'échelle mondiale"
éditions Anthropos
IFAN
DAKAR 1974
1
... / ...
J

1
8 -
- que ] e prestataire d' "aide" renonc.e à faire de "l'aide" un instrument
de domination et qu'il ne transpose pas dans le pays assisté ses propres
modèles culturels. (M)
Or, de plus en plus, l'opinion courante tend à con-
sidérer comme "aide" un ensemble de solutions financières et commerciales
susceptibles de susciter dans les pays en développement des mesures propres
à faciliter le décollage économique. Ces solutions vont des dons "intégraux"
aux pr~ts à court terme contractés parfois à des conditions lourdes en pas-
sant par des subventions déguisées à l'exportation. si la plupart des trans-
ferts unilatéraux gouvernementaux répondent aux critères précedemment énumerés
et de ce fait~ peuvent ~tre considérés comme "Aide" (au sens éthymologique du
terme), les autres apports extérieurs publics et privés doivent en être exclus.
Le comité d'Aide au développement conscient de l'ambiguité de la notion d'''Aide''
regroupe l' e.nsemble de ces apports extérieurs sous la rubrique "Concours finan-
ciers mis à la disposition des pays du Tiers-Monde". Il est en effet très dif-
ficile de discerner dans la panoplie des transferts entre pays industrialisés
et pays en développement l'aide "stricto sensu" d'une sorte de "New-Deal" à la
Roosevelt. Au total le concept d'aide reste flou et le vocabulaire utilisé à
ce sujet dans les instances internationales reste héteroclite. C'est cette
imprécision qui nous interdit une utilisation abusive de ce terme et fait
penche.r notre préférence pour le concept de "financement extérieur".
Il, - "FINANCEMENT EXTERIEUR" ET "REVENU EXTERIEUR"
Pour mesurer la contribution de l'extérieur dans le processus
de développement de,s pays du Tiers-Monde, certains Economistes (1I1i) se placent
dans une optique territoriale ; ils définissent un indicateur de financement
extérieur égal à la somme des revenus extérieurs perçus c'est-à-dire l'ensemble
(II)
Comme le note Albert TEVOEDJRE "Les conditions préalables à toute coopé-
ration véritable, à la conception et à l'exécution de tout contrat de
solidarité nous sont connues. Elles se résument en ceci: respect du
partenaire, de sa personne, de son opinion, de sa culture"
Alhert TEVOEDJRE in "La pauvreté, richesse des peuples" Editions Economie
et haumanisme page 153
(IIX)
Boris MALDANT et Maxime HAUBERT
"Croissance et Conjoncture dans l'Ouest
africain" PUF 1973 Page 118
... / ...
1

9
des transferts reçus de l'extérieur par les Agents économiques et venant
augmenter leurs ressources disponibles pour la consommation et l'épargne.
D'un point de vue comptable, cet indicateur de financement extérieur est
égal à la somme du produit des exportations, des transferts unilatéraux
(privés et publics) et de l'ensemble des capitaux reçus(à court, moyen et
long terme)
Re = X + Rf + Ts + Tu + Kr
Re = Revenu extér~eur reçu
X = Produit des exportations
Ts = Transfert des salaires par les émigrés (reçus par le pays)
Tu = Autres transferts unilatéraux (privés et publics) reçus
K
= Ensemble des capitaux reçus
Rf = Revenu des facteurs de production locaux pour leur participation à
l'activité d'agents extérieurs (revenus de capital, revenus de la
propriété intellectuelle, revenus du travail)
L'Lndicateur de Revenu extérieur ainsi élaboré présente l'inconvénient
d/être peu opérationnel. Une étude dont la finalité est de dégager la cor-
rélation qui existe entre les structures industrielles des pays importateurs
nets de capitaux et le capital extérieur ne peut s'accommoder d'un tel
indicateur qui prend en compte à la fois les recettes gagnées par les Agents
intérieurs du fait de leur participation aux différentes activités (sur le
terrltoHe ou ailleurs) et les emprunts extérieurs qui ne sont ni réguliers,
ni automatiques et qui dépendent des centres de décision extérieurs au terri-
toire.
Le concept de "Revenu extérieur" élaboré par Boris MALDANT et Maxime
HAUBERT pour mesurer la sensibilité de l'économie Ouest africaine à la con-
joncture mondiale présente un caractère extensif. C'est la raison pour laquelle
nous ne le retiendrons pas. Nous ne retiendrons pas non plus la définition
restrictive qui apparait dans la plupart des théories de la croissance et du
développement et qui assimile le "financement extérieur" au besoin de finan-
cement de l'économie.
... / ...

10
III - "FINANCEMENT EXTERIEUR" ET BESOIN DE FINANCEMENT DE L'ECONOMIE.
La comptabilité nationale a coutume de distinguer six secteurs
institutionnels (intérieurs) et un secteur particulier appelé "Reste du Monde".
Sous ce vocable, la comptabilité nationale regroupe l'ensemble des opérations
effectuées par les résidents d'un pays avec l'Ext:érieur, opérations que l'on
subdivise en opérations financières et en opérations non financières. Les opé-
rations non financières se soldent généralement par un "résidu" qui, lorsqu'il
est positif est appelé capacité de financement du Reste du Monde ou besoin de
financement de l'économie.
Ce résidu représente l'apport net de ressources réelles à un pays
sans contrepartie dans la période. D'un point de vue économique, le besoin de
financement ainsi calculé représente l'excédent de la dépense sur le produit
intérieur, autrement dit un déficit de ressource~",'tU~~f1:~e.:-~!S a dû combler en
faisant appel à un apport extérieur. Sur le pl,.aÎ1 compt:ab-lè1::t s'obtient en
.
"
faisant la différence soit entre l'Investissement,et; l'épatgne (1 - S : déficit
.,
...... ' . ;-: I:,'i ,1":
d'épargne) soit entre les importations et les: exportat±-G.ns de:biens et services
(M - X : dé fi ci t en dévises). Ces deux méthodés d' évaluatj:&ll;-;:~u "financement
, ........ __ --",....." ·,·<'.l.'·:
extérieur" utilisées dans la plupart des théoriés de 1~, c~'.P'tssance et du dévelop-
.~'
pement (w) ne permettent pas de saisir l'importance et le rôle joué par l'Exté-
rieur dans le financement de l'industrialisation.
(w)
Pour l'utilisation d'un concept de financement extérieur de ce type
voir
FEI et PAAUW:
-"Foreign assistance and self help"
Review of econom~cs and
statistics Août ]965
CHENERY et STROUT : -"Foreign assistance and economic development" American
economic review
Septembre ]966
... / ...
!
J

11
Tout se passe comme si un pays dans ses relations avec le Reste du Monde se
contente de constater un "réliquat" sur lequel il n'a pas d'emprise. Son
endettement extérieur s'accumulerait alors par inertie. Le "financement
extérieur" relève d'une volonté délioérée. d'un choix
plutôt que de le
considérer comme un résidu. il est plus logique de le considérer comme la
somme des moyens mis à la disposition du pays demandeur par l'Extérieur
à des fins d'investissement, de renouvellement du capital ou de remboursement de
la dette antérieure.
IV - DEFINITION ET EVALUATION DU "FINANCEMENT EXTERIEUR"
Bien que familière la notion de "financement extérieur" mérite
d'être précisée. Nous définissons le IIfinancement extérieur" comme une masse
de pouvoir d'achat transférée généralement d'un pays industrialisé à un pays
en voie de développement en vue d'accélérer dans ce dernier le rythme d'accu-
mulation du capital. Cette notion ne se confond pas avec le concept d'Aide ex-
térieure
dans la mesure où elle ne prend pas en compte un certain nombre
de transferts unilatéraux privés et publics destinés à "financer soit des dépense
courantes des administrations (subventions d'équilibre budgétaire) soit des
dépenses militaires ou des projets de secours à des régions inondées ou dévastées
par la famine ll • (x)
Elle doit être distinguée du concept de "Revenu extérieur".
En effet ne sont comptabilisés dans le "financement extérieur" ni le produit
des exportations, ni les revenus des facteurs de production, encore moins
les transferts des économies des travailleurs nationaux résidant à l'Extérieur.
(x)
Patrick GUILLAUMONT. - "L'aide internationale au développement"
Revue économique, Novembre 1968, Volume XIX N°6
P.P. 974 - 1003
J

12
Du poînt de vue comptable, le "financement extérieur" reçu par un
pays s'obtient en totalisant:
- les transferts unilatéraux sans contrepartie (x)
- les capitaux pu6lics reçus (prêts bilatéraux et mu1tîlatéraux)
- les capitaux privés reçus (investissements directs et investis-
sements de portefeuille, prêts financiers et crédits commerciaux).
L'énumération de ces différents postes mérite quelques précisions
- tout d'abord la durée n'intervient pas dans le calcul du "financement
extérieur". S'agissant de capitaux reçus, le "financement extérieur" regroupe aussi
bien les capitaux à moyen et long terme que les capitaux à court terme du secteur
non monétaire.
- Les bénéfices non distribués aux actionnaires étrangers sont comptabili
sés dans les apports privés de capitaux et sont pris en compte dans l'évaluation
du "financement extérieur"
Il s'agit enfin d'un "financement extérieur" brut en ce sens que ne sont
déduits les versements en sens inverse à savoir : les remboursements de prêt, les
1
revenus d'investissements directs et de portefeuille, les paiements d'intérêt, les
expatriements de capitaux par les Résidents nationaux, les rappatriements de capi-
taux par les Résidents non nationaux.
Co' est l'ensemble des versements faits par le Reste du Monde à un pays au cours d'une
année. Versements que l'on ne doit pas confondre avec la notion d'engagements.
(M)
En Côte d'Ivoire les transferts unilatéraux privés sont surtout constitués
de pensions militaires payées par la france aux Anciens Combattants et des
bourses étrangères accordées aux Etudiants ivoiriens. A celà s'ajoutent
les économies transférées par les Nationaux résidant à l'extérieur. Nous
ne les prenons pas en compte dans le calcul du "financement extérieur".
Leur montant est d'ailleurs négligeable.
·.. / ...

13
Le tableau N°A élaboré à partir des balances des paiements
successives de la Côte d'Ivoire retrace l'évolution du "financement exté-
rieur" reçu de 1963 à 1979.
D'un montant de 10.392,9 millions de francs CFA en 1963, le
"financement extérieur" reçu par la Côte d'Ivoire passe à 262.513,7 millions
de francs CFA en 1977. Sans entrer dans les détails, on peut déjà voir à
travers cette évolution fulgurante du "financement extérieur" la crédibilité
dont jouit la Côte d'Ivoire auprès des Investisseurs et financiers interna-
tionaux. En quinze années le niveau du "financement extérieur" a été multiplié
par 25. Cette évolution accélerée es.t due notamment à l'accroissement des capi-
taux publics reçus qui passent de 2.282 millions de francs CFA en 1963 à
107.037,4 millions de francs CFA en 1977 ce qui correspond à une multiplication
par 46,9 en 15 ans.
Les capitaux privés ont enrégistré' une évolution moins marquée
pu~sque le niveau de 1977 (118.954 millions de francs CFA) fait environ 24
fois celui de 1963 (4.997,8 millions de francs CFA).
Quant aux transferts unilatéraux publics, ils passent de
3.113,1 millions de francs CFA en 1963 à 36.522,3 millions de francs CFA en 1977
ce qui équivaut à une multiplication par environ 12.
L'évolution du "financement extérieur reçu par la Côte d'Ivoire est
encore plus remarquable lorsqu'on examine les taux moyens d'accroissement annuel
des différents postes.
Le taux moyen d'accroissement annuel le plus spectaculaire a été
enrégistré par le poste capitaux publics : 29 % contre 23,5 %.pour les capitaux
privés et 18 % pour les transferts unilatéraux publics. Quant au "financement ex-.
térieur" global il enrégistre un taux moyen de croissance annuel de 24 %.
si cette évolution du "financement extérieur" témoigne d'abord
de la volonté des autorités ivoiriennes de recourir à l'Extérieur pour financer
~ .. / ...

14
une partie importante
des
investissements, elle n'en reflète pas moins la
marque de confiance dont bénéficie la Côte d'Ivoire auprès des milieux
financiers internationaux. Cette image de marque est à mettre au crédit de la
Caisse Autonome d'Amortissement, institution créée par le décret N°59-209
du 21 Octobre 1959, complèté par le décret N°59-245 du 26 Décembre 1959 et
à laquelle furent confiés successivment : la gestion de l'ensemble de la
dette de l'Etat) le recensement statistique de la dette de Sociétés et Orga-
nismes publics, la mobilisation et la collecte de l'épargne intérieure et
enfin la gestion des fonds nationaux. Cette Caisse qui apparait aujourd'hui
comme l'interlocuteur privilégié auprès des bailleurs de fonds assume une
véritable tâche d'intermédiaire financier. Ses ressources sont constituées
d'éléments divers dont les plus importants sont: les recettes fiscales
affectées,les emprunts intérieurs et extérieurs et les transferts du Budget
spécial d'investissement et d'équipement (B.S.I.E.).
Quant à ses emplois, ils comprenn~nt le service de la dette, les
dépenses d'investissement, les prêts correspondant aux opérations consolidées
ou repercutées (Kf etc.
Les performances réalisées par la Caisse Autonome d'Amortissement
en matière de mobilisation de l'épargne extérieure transparaissent à travers
les chiffres ci-dessous :
"Pour l'ensemble de la période allant de 1960 à 1978, 332 em-
prunts ont été signés pour un total de 755,6 milliards de francs CFA.
(s)
Les opérations repercutées constituent des interventions où
la Caisse s'interpose entre Agents à capacité de financement
et les Sociétés d'Etat et Organismes publics.
Quant aux opérations consolidées, elles consistent à reprêter
à des conditions de faveur aux Entreprises publiques les fonds
que s'est procurés la C.A.A.
... / ...
,f

15
Les prêts bancaires privés représentent près de la moitié de ce total,
49,2 % et les crédits fournisseurs 21 % . Les prêts bilatéraux de gouver-
nement et d'organismes publics étrangers ont assuré 15,8 % du financement,
la France venant en premîer avec 6,2 % et les Etats-Unis en deuxième place
avec 4,2 %.
" La part des organismes internationaux n' a été pour l'ensemble
de la période que de 14 % en moyenne" (x).
Les performances de la C.A.A. en matière de mobilisation de
l'épargne extérieure n'épuisent pourtant pas la totalité du "financement
extérieur" reçu par la Côte d'Ivoire. L'importance et le rôle joué par le
"financement extérieur" en Côte d'Ivoire sont mieux perçus lorsqu'on
examine les tableaux nO B et C.
Le tableau B retrace l'évolution des flux en retour versés par
la Côte d'Ivoire à l'Extérieur au titre des revenus d'investissement et de
l'amortissement du capital. La différence entre le "financement extérieur"
brut et le total des flux en retour donne ce qu'il est convenu d'appeler à
la suite de Patrick GUILLAUMONT le "financement extérieur" "absolument net"(xlI)
De 1963 à 1977 les revenus d'investissement versés par la Côte
d'Ivoire à l'Extérieur ont vu leur montant multiplié par 12. De 4.361,5 millions
de francs CFA en 1963 le montant des revenus versés est passé à 53.917,9 mil-
lions de francs CFA 15 plus tard, progressant ainsi à un rythme moyen annuel
de IR %
(x)
Sources
C.A.A. vingt ans au service du développement de la Côte d'Ivoire
1959-1979
Mînistère de l'Economie et des Finances
(xx)
Patrick GUILLAUMONT : "L'aide internationale au développement"
article ci té.

16
Par revenus d'investissement versés il faut entendre ~
- les oénéfices réalisés pour le compte des non résidents au titre
d'învestissements directs (succursales et filiales étrangères exerçant en Côte
d'Ivoire) ou de portefeuille.
- les cnarges financières de la dette extérieure de l'Etat, des
entreprîses publîques et para-publîques.
Quant à l'amortissement du capital, il regroupe essentiellement
les remboursements au titre de prêts à court~ moyen et long terme privés et
publics.
D'un montant de 830,7 millions de francs CFA en 1963~ l'amortisse-
ment du capital atteind 54.513 millions de francs CFA en 1977. En 15 ans les
versements de prêts privés et publics ont été multipliés par 65,6 . En termes
d'accroissement, l'amortissement du capîtal progresse à un rythme fulgurant
le taux d'accroissement moyen annuel est de l'ordre de 32 % ; il dépasse
largement celui des revenus d'investissement.
Au total, de 1963 à 1977, le "financement extérieur" brut cumulé
mis à la disposition de la Côte d'Ivoire s'est élevé à 985.790,3 millions de
francs CFA soit une moyenne annuelle de 65.719 3 millions de francs CFA.
9
Dans la même période les flux en retour versés par la Côte d'Ivoire
au titre de remboursement de prêts et de revenus d'investissement se sont élevés
à 518.807,7 millions de francs CFA soit une moyenne annuelle de 34.587)2 mil-
lions de francs CFA.
Le montant cumulé du Itfinancement extérieur" "absolument net peut
donc être chiffré pendant la période à 466.982,6 millions de francs CFA soit
une moyenne de 31.132,2 millions de francs CFA par an.
1
4
1

17
Le tableau N° C retf.dc2 1\\ évolution du "financement extérieur"
1
"absolument net" cumulé.
Il ressort de l'examen des tableaux N°S A, B et C
un fait
1
saillant; le "financement extérieur" reçu par la Côte d'Ivoire n' a pas
suivi une évolution regulière, Deux sous-périodes se détachent nettement
la sous période 1963-1972 pendant laquelle la Côte d'Ivoire enrégistre un
1
1
"financement extérieur" modérement croissant. Le "financement extérieur'~
1
brut passe de 10.392,9 millions de francs CFA à 46.990,2 millions de
!
francs CFA enrégîstrant un taux d'accroissement moyen annuel de 16 %. Dans
1
la même sous période le "financement extérieur" "absolument net" progresse
i
à un rythme moyen annuel de Il %. D'un montant de 5200,7 millions de francs
1
CFA en 1963 il passe à 14.946,9 millions de francs CFA en 1972.
La sous-période 1973-1977 est caractérisée par un rythme de
progression rapide. Le "financement extérieur" brut passe de 78.891,8 mil-
lions de francs CFA à 262.513 millions de francs CFA progressant à un
rythme moyen annuel de 27 %.
Quant au "financement extérieur" "absolument net" il progresse
au cours de la sous-période à un rythme moyen annuel de 31 %.
L'année 1973 constitue pour la Côte d'Ivoire (comme pour l'ensemble
des pays en développement non producteurs de pétrole) une date "charnière" en
matière d'endettement extérieur. La Guerre de Kippour d'Octobre 1973 et le
"choc pétrolier" qui s'en est suivi ont entrainé une"exp1osion" de l'endettement
extérieur. Si l'on ne considère que la seule dette publique (gerée et non gerée
par la C.A.A.) l'encours est passé de 13,1 milliards de francs CFA en 1963 à
73,5 milliards de francs CFA en 1972, soit un taux de progression moyen annuel
de 19 %. A partir de 1973 le rythme de progression de l'encours de la dette
extérieure s'acce1ère. De 81,3 milliards en 1973, l'encours atteind un montant
de 435 milliards de francs CFA en 1977 ; il enrégistre au cours de la période
un rythme de progression moyen annuel de 40 %. si l'on inclut les engagements
le total passe de 119 milliards de francs CFA en 1973 à 927 milliards de francs
en 1977(x), ce qui correspond à un taux d'accroissement moyen annuel de 51 %
(x)
Sources
Rapports annuels de la C.A.A. 1963-1977
Ministère de l'Economie et des Finances
o • • /
• • •
) J

18
L'accéleration de l'encours de la dette extérieure de la Côte
d'Ivoire ne constitue pas le seul évènement marquant de la sous-période 1973-
1977. Une profonde modification de la structure du "financement extérieur"
s'est opérée au cours de cette sous-période.
En effet, si l'on s'intéresse à l'ensemble du "financement extérieur"
le tableau N°A revèle que les transferts unilatéraux publics représentaient
"
environ 30 % du "financement extérieur" brut cU:ll\\ûl.é de 1963 à J972. Les
capitaux d'origine privée et publique représentaient respectivement 38 % et 32 %
en moyenne pendant cette sous-période.
Au cours de la sous-période 1973-1977 les parts perspectives des différente
composantes du "financement extérieur" brut s'élèvent à 19 A pour les transferts
unilatéraux publics, 46 A pour les capitaux d'origine privée et 35 % pour les
capitaux d'origine publique. La raison d'une telle modification structurelle
est fort simple. Avec un produit national brut par tête de 770 dollars U.S.
en 1977, la Côte d'Ivoire apparaît de plus en plus aux yeux des milieux finan-
ciers internationaux comme un pays relativement "riche". Classée parmi les
pays à revenu moyen intermédiaire, la Côte d'Ivoire se trouve exclue de l'assis-
tance de certaines organisations i-nternationales dispensatrices "d'aide". La
rançon de la réussite s'est alors traduite en Côte d'Ivoire par une diminution
en valeur relative des transferts unilatéraux au profit des prêts privés contrac-
tés à des conditions de plus en plus lourdes.
En effet, plutôt que d'accepter une réduction du taux de croissance de
l'économie résultant d'une diminution de l'aide publique au développement, la
Côte d'Ivoire a préféré recourir massivement aux emprunts d'origine privée sous
toutes les formes. Le problème qui se pose alors est de savoir si une telle
modification de la structure du "financement extérieur" et l'alourdissement des
charges financières qui l'accompagne ne sont pas de nature à entraver les
perspectives à long terme de l'économie. Le deuxième chapitre de cette thèse
examine les différents aspects de cet épineux problème.
·.. / ...

-
19
-
TABLEAU N° A. - LE FINANCEMENT EXTERIEUR RECU PAR LA
COTE D'IVOIRE ET SES PRINCIPALES COMPOSANTES
UNITE :
MILLION DE FRANCS CFA
-----------------------
1
1
!
!
Transferts uni-
Capi'taux
Années
Capitaux
Financement
1
!
latéraux publtcs; .
privés
publics
extérieur
!
1963
3.113,1
!
4.997,8
2.282
!
10.392,9
!
!
!
!
1964
3.285,4
7.355,5
1.715,1
12.356
!
!
!
!
1
1965
6.697,5
7.337,5
7.954,4
21.989,4
!
!
!
!
!
1966
!
7.578,7
6.885,6
6.224,9
20.689,2
!
!
!
!
!
!
!
!
!
1967
!
6.874,9
8.149,1
4.550,5
19.574,5
!
!
!
!
!
!
!
1
1968
7.852
9.203,2
10.777,2
27.833,1
!
!
!
!
!
!
!
1969
9.904,3
11.035,7
12.072,8
33.012,8
!
!
!
!
!
!
!
!
1970
13.268,5
20.453
16.490,2
50.21 1, 7
!
!
!
!
!
!
!
!
!
1971
13.942,3
15.455
24.374,8
53.772,1
i
!
!
!
!
!
!
!
!
!
1
1
1972
16.106,6
21 .021,4
9.862,2
46.990,2
1
!
!
!
1
1
i
1
!
!
1973
17.903,7
37. 130, 1
23.858
78.891,8
l
!
!
!
1
!
1974
20.797,5
48.429,1
28.510,2
97.736,8
!
!
1
!
1975
25.772,2
45.648,3
32.888,5
104.309
1
!
!
!
!
1976
27.665,3
68.436,3
49.414,5
145.516,5
!
!
!
j
!
!
!
!
1977
36.522,3
118.954
107.037,4
262.513,7
!
!
!
!
!
!
!
!
1978
'1
~
!
!
!
!
1
.
Sources
Balances des paiements successives de la Côte d'Ivoire B.C.E.A.O.
f
i
1
l
J
l
... / ...
1
-'

20
TABLEAUX N° B. - FLUX EN RETOUR ET FINANCEMENT EXTERIEUR NET
UNITE : MILLION DE FRANCS CFA
Revenus d'in-
Total des flux
Financement
Années
Amortîssement
vestissements
du
capîtal
en
retour
extérieur net
1963
4.36],5
830,7
5.192,2
5.200,7
1964
6.375,2
3.284,8
9.660,0
2.696,0
1965
6.539,8
6.348,6
12.888,4
9.101,0
1966
8.872,2
9.7]4,6
18.586,8
2.102,4
1967
9. 148, ~
9.206, 1
18.354,9
1.219,6
1968
9.204,8
]1.915,9
21.120,7
6.712,4
1969
10.567,8
10.863,8
21 .431 ,6
11.581,2
1970
12.300,3
13.154,3
25.454,6
24.757,1
1971
16.223,0
12.568,7
28.791,7
24.980,4
. ';!
1972
16.323,6
15.716,7
! __ ··32',043,3
14.946,9
1
!
1973
25. 174,0
14.072,5
39.645,3
i1.1
1974
27.823,2
49.721,7
1
)
1975
24.485
44.878,4
]976
41 .080,9
75.356,7
!
1
1977
53.917,9
54.513,0
!
108.430,9
154.082,8
1978

-
21
-
TABLEAU N° C. - EVOLUTION DU RAPPORT FINANCEMENT EXTERiEUR
ARSOLUMENT NET / FINANCEMENT EXTERiEUR BRUT DE 1963 A 1977
UNiTE .- MiLLiON DE FRANCS CFA
~
------------------------------
!
!
!
!
1
1
Financement €x-
Financement ex-
Financement ex-
F~nancement ex-
!
!
!
v
1
1
Années
téü",ur brut
térieurabsolu-i térieur net/fi-
térieur brut
!
!
!
l
!
ment net
nancement brut
cumulé
1
!
!
!
1
!
!
!
!
!
!
!
1963
10.392,9
5.200,7
50 %
10.392,9
!
!
1
!
!
!
1
!
1
1
1
1
1964
12.356,0
2.696
22 %
22.748,9
1
!
1
!
1
1
1
1
!
!
!
1965
9.101,0
t
21.989,4
41 %
44.738,3
1
1
1
1
,
1
1
1
!
1966
20.689,2
2.103,4
10 %
65.427,5
!
!
!
!
,
!
1
!
1967
19.574,5
1.219,6
6 %
85.002,0
1
i
!
!
1
1968
27.833,1
6.626,1
24 %
112 .835, 1
1
1
!
!
1969
33.012,8
11.581,2
35 %
145.847,9
!
!
!
!
1
!
1
1970
50.21 l ,7
24.757,1
49 %
196.059,6
!
1
1
!
!
!
!
1
1971
53.772,1
24.980
46 %
249.831,7
1
!
!
1
1
1
!
1
1
1972
46.990,2
14.946,9
32 %
296.821,9
!
!
!
!
1
1
!
1
1973
78.891,8
39.645,3
50 %
375.713,7
1
!
1
!
,
!
!
!
!
1974
97.736,8
49.721,7
51 %
473.450,5
!
!
!
1
!
1
1
!
1975
104.309,0
44.878,4
43 %
577.759,5
!
!
!
1
1
1
1
!
!
1976
145.516,5
75.356,7
52 %
723.276,6
!
!
1
!
1
1
!
1
!
!
1977
262.513,7
154.082,8
59 %
985.790,5
1
1
!
!
1
1
1
1
1
!
1
1
1978
1
1
!
!
1
!
tf
t
t
1
f
rt

22
CHAPITRE II
LES FONDEMENTS THEORIQUES DU RECOURS AU
"FINANCEMENT
EXTERIEUR"
L'origine de l'élaboration et de la propagation de la conception
d'une industrialisation basée sur le "financement extérieur" peut-être
recherchée dans le grand débat historique entre "financement extérieur"
"enrichissant" et "appauvrissant".
1. -
LE DEBAT HISTORIQUE ENTRE "FINANCEMENT EXTERIEUR~' "ENRICHISSANT"
ET "APPAUVRISSANT"
Maurice BYE fait remonter l'origine des controverses sur 1e"prob1ème
des transferts" à la suspension de la convertibilité des billets de la Banque
d'Angleterre en 1799 et à l'établissement du Cours forcé par la "Bank Restriction
Act". (x)
j
Dans la réalité, l'amorce d'une théorie du "financement extérieur"
et de ses effets avait été esquissée depuis l'Antiquité par certains auteurs (zz)
1
Il . - La théorie du "financement extérieur" "enrichissant"
1
Elle a surtout été dominée par trois grands auteurs : Xénophon,
Adam SMITH et David RICARDO. Ces trois auteurs se sont intéressés aux effets
du "financement extérieur" sur l'économie réceptriCe.
(x)
Maurice BYE. - Relations économiques internationales 3è édition DALLOZ Paris
j
(xx) Xénophon. -
"Les Revenus" Chapitre II Cité par Jacques WOLFF dans les
1
Grandes Oeuvres économiques Tome l PP 27 - 46,édition
j
~
Cujas
Paris 1973
i
~1
1
!
!
... / ...
1,

23
Il . -
Le point de vue de Xénophon
J
Analysant les principaux éléments qui conditionnent la prospérité d'un
pays, Xénophon attribue une place de choix au "financement extérieur". Outre
le climat, les ressources minières, la localisation, l'investissement privé
direct joue, selon Xénophon, un rôle considérable dans le maintien et
l'accroissement de la richesse de la "Cité".
"Nous ferons mieux, déclare-t-il, de nous intéresser aux Métèques
car nous avons en eux, je crois, une de nos meilleures sources de revenu,
puisque se nourrissant eux-mêmes et ne recevant aucun salaire de l'Etat, ils
payent encore une taxe de résidence. (%)
Pour attirer l'investissement étranger, Xénophon élabore une série de
mesures que l'on peut considérer aujourd'hui comme l'ancêtre des codes d'inves-
tissement. "Il faut, disait-il, favoriser certaines catégories d'individus •.•
d'abord les Metèques en supprimant toutes mesures qui, sans rien apporter à
l'Etat, semblent être des marques de mépris ••• De cette manière, il est
vraisemblable que tous les gens sans Patrie désiréraient s'établir dans notre
Ville dont ils augmenteraient les revenus". (x~)
Au total, le "financement extérieur" apparait pour Xénophon, comme
un instrument privilégié de promotion de la croissance économique. Mais il
en est réduit à sa plus s~mple expression, à sa partie la plus visible :
l'investissement privé direct.
Certes, on peut reprocher â Xénophon d'avoir passé sous silence le
phénomène de reflux qui accompagne tout mouvement de capital. Ce phénomène
existait sans doute à cette époque, mais il était d'une importance infime.
(%) -
Xénophon. - Les"Revenus"
op' cit.
1

24
En effet au Vè siècle avant Jesus-Christ, le rayonnement d'Athènes était
tel qulil exerçail: sur le Monde Méditerranéen et sur l'ensemble de la Grèce
un attrait irrésistible. Al:hènes était à cette époque, un marché international
doté d'un régime démocratique; sa monnaie, la drachme attique servait d'ins-
trument de paiement international et avait cours dans l'ensemble du Monde
Méditerranéen. Athènes offrait aux Metèques à la fois sécurité et rentabilité,
les c.lefs de tout investissement international. Il en résulte qu'il n' y avait
pour les étrangers, aucun motif de rappatriement des capitaux. Il ne faut donc
pas s'étonner que Xénophon est sous-estimé le reflux de capital et les transferts
de revenus vers les pays exportateurs de capitaux. De plus, l'auteur du
"Traité sur l'Equitation" ne se préoccupait guère des effets du "financement
extérieur" sur le pays exportateur de capital. Le problème fondamental qu'il
c.herchait à résoudre était de savoir comment Athènes, "Cité autrefois riche
et disposant d'énormes possibilités, pouvait retrouver sa splendeur passée".
Il a fallu attendre l'avènement de la Ré\\olution industrielle
pour que les effets du lIfinancement extérieur" soient analysés tant du point
de vue du pays bénéficiaire que de celui de l'exportateur de capital, d'abord
par Adam SMITH et ensuite par David RICARDO.
112 . - Le point de vue d'Adam Smith
S'inspirant du modèle de développement du "Nouveau Monde",
Adam SMITH prétend dégager une loi de développement universelle. Il élabore
â la manière de Rostow une théorie de la croissance économique que l'on peut
schêmatiser de la façon suivante: les capitaux se forment d'abord dans
l'agriculture et s'investissent dans l'agriculture; la diminution de la renta-
bilité dans ce secteur oblige les capil:aux à s'investir dans l'industrie jusqu'au
moment où la part des profits obtenus dans ce secteur est si faible qu'il
ni y a plus aucun motif d' y investir; à ce moment, l'exportation des capitaux
devient nécessaire ; elle apparait comme un palliatif temporaire destiné à
retarder la venue de "l'état stationnaire" (a)
(%7
"Quand la masse des capil:aux d'un pays est parvenue à un tel degré
d'accroissement qu'elle ne peut être toute employée à fournir à la
consommation de ce pays et à faire valoir son travail productif,
alors le superflu de cette masse se dégage naturellement dans le com-
merce avec l'Extérieur et la Navigation".
Adam SMITH. - "Recherche sur la Nature et sur les causes de la richesse des
Nations". 1776 Livre IV, chapitre VII; traduction française. Paris
GUILLAUMIN 1843

25
Pour la plupart des classiques anglais,' le rigime capitaliste ivolue
inéluctablement vers un liétat sl:ationnaire", itat dans lequel la sociiti atteint
la "mesure complète des richesses dont elle est susceptible". Cet itat station-
naire est caractérisé par l~arrêt complet des investissements rien ne se perd,
rien ne se crée; le point d'arrivée est identique au point de depart ; il
y a involution et non évolution. L'exportation des capitaux vers les pays
relativement jeunes constitue pour le pays dispensateur du "financement extirieu
un palliatif temporaire lui permettant de valoriser une partie de son capital.
Quant
au pays bénéficiaire du "financement extérieur" il en tire
un profit dans la mesure où le "financement extirieur" s'accompagne toujours
selon Adam SMITH d'un transfert de technologie. Mais les progrès enrigistrés
varient en foncti.on du niveau de peuplement du pays binificiaire du "financement
extirieur". Dans les pays relativement peuplés où les terres deviennent rares,
les effets bénéfiques du "financement extérieur" sont plus lents que dans les
pays vides ou sous-peuplis qui possèdent encore beaucoup de terre fertiles et
où la productivité est plus grande.
Au total, pour Adam SMITH, le lIfinancement extérieur" est doublement"
enrichissant~en tant que véhicule des connaissances et de la technologie, il
permet au pays sous-développé d'amorcer son décollage économique.
En tant qu'instrament de "valorisation" d'une partie du capital ac-
cumuli, il permet, s'il intervient dans la dernière phase du développement,
au pays industrialisé de reculer l'échéance de "l'état stationnaire".
f
j
!
Cet aspect d'un "financement extérieur" doublement "enrichissant"
1
a éti contesté par David RICARDO.
1
1
J
I} , - Le point de vue de David RICARDO
!
3
David RICARDO est certes d'accord avec Adam SMITH pour considérer
1
que le régime capitaliste évolue vers un "état stationnaire". Mais il prend
1
1
l
nettement position contre son prédécesseur en ce qui concerne les effets du
,
"financ'ement extérieur".
f11j
1
t
t,
t
f

26
Selon RICARDO, le système capitaliste fonctionne selon une
dynamique interne que l'on peut schématiser de la façon suivante
Sur le graphique N° II que!i~untons à Nicolas KALDOR,
portons en abscisse le volume total de la
~agrico1e et en ordonnée
les produits moyen
et marginal
obtenus dans le secteur agricole. Supposons
au depart que le volume total de la population soit égal à O.A. et la droite
des salaires S.R. (compte tenu du minimum sociologique).
La production agricole to~a1e est représentée par la surface
A.E.F.O,. Cette production totale se répartit en trois parts, la rente, le
salaire et le profit, correspondant aux trois facteurs de production retenus
par RICARDO: la terre, le travail et le capital.
La part du produit qui revient aux propriétaires fonciers sous
forme de rente dépend de la différenciation des conditions de la production
agricole selon la fer ti l i té des sols ; plus les sols de moins en moins fertiles
seront mises en culture, plus la rente sera élevée ; sur le graphique cette part
est représentée par la surface C.F.E.B •.
La part des salaires est déterminée par le minimum de subsistance;
1
ce minimum pouvant varier dans un même pays ; cette part sur le graphique est
1
représentée par la surface o.A.K.S ..
Supposons que sous l'impulsion d'un facteur exogène quelconque,
la population augmente et passe à O.G.
Le produit total créé sera égal à J.I.G.O., le taux de salaire
O.S. et le taux de rente foncière S.J .. Le taux de profit est nul et à ce
moment toute incitation à investir disparait. On entre dans "l'état stationnaire"
1
et dès lors il ni y a d'autre solution à l'épargne accumulée que le chemin de
1
l'exil.
1
L'exportation des capitaux devient, pour reprendre l'expression
r
de RICARDO "la repugnante nécessité" (z). Au total, l'exportation des capitaux
i
est nuisible pour l'économie, son effet étant une diminution du volume d'emploi
(z)
David RICARDO (1772-1823) •.. "Des principes de l'économie politique et de
l'imp6t ; Londres 1817
chapitre 21 traduction française: oeuvres complètes
Paris GUILLAUMIN 1847 Page 264 à 271
... / ...
1

-
27
-
REPARTITION DU PRODUIT ENTRE LES PARTENAIRES SOCIAUX
F
J
c - - - - . - - - -
1
Sr---------+-~---~-------..4
1:~
1
1
A
G
PM = Produit moyen
Pm = Produit marginal

-
28 -
à l'intérieur du pays. Elle ne se justifie que dans l'ère de "l'état stationnaire".
RICARDO aurait dû voir dans le transfert d'épargne des pays
capitalistes "mûrs" vers les pays capitalistes "jeunes" soit la recherche d'une
rémunération plus forte, soit un des modes d'absorption du surplus; mais
écrivant vers 1817 et fortement influencé par la loi des débouchés de Jean-
Baptiste SAY, il estime "qu'il n' y a point de capital, quelque considérable
qu'il soit,~ui ne puisse être employé dans un pays, parce que la demande des
produits n'est bornée que par la production".
Au total, le "financement extérieur" n'est profitable, selon
RICARDO qu'au seul pays bénéficiaire qui enrégistre à la suite de cet apport
externe, un accroissement de la production, de la productivité et du volume
de l'emploi. Contrairement à Adam SMITH qui estime que le développement des
colonies a eu un effet prodigieux sur l'industrie manufacturière anglaise,
David RICARDO denie au "financement extérieur" tout effet enrichissant sur
l'économie exportatrice de capital.
Un point de vue contraire a été développé par Richard CANTILLON
et la plupart des auteurs marxistes.
1 , - La théorie du "financement extérieur" "appauvrissant"
2
La thèse du "financement extérieur" "appauvrissant" a été
soutenue par divers auteurs sont les plus en vue 40nt Richard CANTILLON, Karl
MARX, BARAN et SWEEZY.
1 , - Le point de vue de Richard CANTILLON
21
"On dit que l'un ne perd jamais que l'autre n'y gagne. Celà
est vrai et se connait mieux en matière de trafic qu'en toute autre chose".(z)
(x)
Antoine de MONTCHRESTIEN
Traité de l'économie politique dédié en
1615 au Roy et à la Reine mère du Roy.
Paris, édition de la Rivière P 161.
1

29
Une lecture hative des écrits des mercantilistes pourrait conduire
à affirmer que dans les thèses mercantilistes il n'y a, à proprement parler, aucun
référence implicite ou explicite au "financement extérieur" ; on peut soutenir
en effet que le seul transfert monétaire auxque1' faisaient allusion les mercan-
tilistes est la contrepartie financière née du mouvement des marchandises ou plus
précisement du solde excédentaire de la balance commerciale. Soutenir cette thèse
c'est réduire le mercantilisme à sa plus simple expression, la forme chrysohédo-
niste qui assigne à la politique économique l'acquisition et l'augmentation d'un
stock de métaux précieux aussi important que possible. On oublie trop souvent
ce qu'on appelle mercantilisme n'est pas une doctrine cohérente, mais un ensemble
de croyances, théories et pratiques qui s'est constitué et développé entre 1453
(prise de Byzance-fin du Monde médieva1) et 1756 (1 er ouvrage de Quesnay) en
Europe. Il existe en effet, à côté de la forme "primitive" un mercantilisme
plus élaboré qui se présente (sous la plume des auteurs semi-1ibéraux W. PETTY,
R. CANTILLON) comme une théorie embrassant les phénomènes économiques dans leur
ensemble.
Thomas MUN, le premier, aborda, à travers la détermination de la
balance des comptes et la manière de la rendre excédentaire, la notion de "finan-
cement extérieur". Dans le "Discours du Commerce" paru en 1621, il abandonna la
notion restrictive de "balance commerciale" qui était largement en usage à cette
époque <II)
(~)
Le terme de balance des comptes n'est pas explicitement utilisé; toutefoi
les éléments pris en compte dans le calcul dépassent la simple notion
de balance commerciale.
1
\\~
·.. / ...
1
!

30
Richard CANTILLON, le second, élabore une théorie du "finan-
cement extérieur" "appauvrissant". Il examine trois hypothèses:
la premîère est une augmentation de'la production de métal;
la seconde un solde excédentaire de la balance commerciale et la troisième
un accroissement d'une des composantes du financement extérieur.
Chacune de ces hypothèses induit une entrée de métaux pré-
cieux au sein de l'économie; le problème est alors de savoir quels sont
les effets de cet accroissement de métaux précieux sur l'économie et le
budget de l'Etat.
De ces trois hypothèses seule la troisième nous paraît
intéressante du point de vue de la conclusion qu'en tire Richard CANTILLON.
Un accroissement du "financement extérieur" (ou de l'une de ses composantes)
conduît inéluctablement à un déficit de la balance commerciale, une sortie
de métal et un appauvrissement de l'Etat bénéficiaire du "financement exté-
rieur".
Le mécanisme est le suivant: l'accroissement du "financement
extérieur" entraine une entrée de métaux précieux ; cette quantité addition-
nelle de métaux précieux provoque une augmentation de la demande globale
(dépenses d'investissement et de consommation) ; l'accroissement de la
demande globale se traduit par une augmentation des prix des facteurs de
production (travail et terre) et des Diens de consommation.
!
,
Les prix nationaux étant plus élevés que les prix étrangers,
1
1
il s'ensuit un accroissement des importations, un déficit de la balance
1
commerciale une sortie de métal et un appauvrissement de l'Etat (.)
:1
La thèse du "financement extérieur" "appauvrissant" ainsi
élaborée est sans doute discutaDle ; elle a eu moins le mérite de montrer
... / ...

31
que le financement extérieur n' a pas que des vertus; s'il est
consommé ou mal investi, il peut freiner à long terme le taux de croissance
de l'économie en a1terant gravement la composition de l'investissement du
pays bénéficiaire du "financement extérieur".
Au total le "financement extérieur" constitue l'une des pièces
maîtresses du système mercantiliste ; mais il a souvent été perçu comme
devant s'opérer à sens unique sous forme d'entrée de numéraire ou de métaux
précieux. Il a surtout été assimilé au "revenu extérieur li dont on devrait
s'efforcer de "maximiser" le montant au détriment des Nations concurrentes.
Il fallu attendre le XIXè siècle pour qu'à cette conception agressive des
relations économiques internationales se substitue une théorie beaucoup
plus fine du "financement extérieur" "appauvrissant".
12 • - Le poînt de vue marxîste "orthodoxe"
2
L'analyse marxiste du "financement extérieur" est relativement
recente. Elle remonte à l'analyse de l'impérialisme faite par J. A, HOBSON
dans un ouvrage paru en 1902 (x). Reprise par les économistes autrichiens
BAUER et HILFERDING (xx) ,elle a été approfondie par LENINE en 1917 (.xz),
Le point de depart de la chèse marxiste est la loi de la baisse tendancielle
du taux de profit analysée par KARL MARX dans son ouvrage ce1èbre le
capital (IUGCX).
J.A. HOBSON. - Impéria1im, a study.
Allen et Unwin, Londres 3è édition 1954 P. 205
(~)
OTTO BAUER. -
Die Nationa1itMtenfrage Und die Sozia1demokratie,
2è édition Vienne 1924
(ZIa) V.l. LENINE. - L'impérialisme, stade suprême du capitalisme, Oeuvres
choisies, édition en langues étrangères, Moscou 1948
Tome l
pp
769 - 883
(~) C'est la raison pour laquelle nous ratt achons la thèse marxiste au
debat historique, bien qu'elle soit relativement récente.
f
f

32
Pour MARX le système capitaliste évolue vers son auto-destruction ;
il disparaîtra sous l'effet de ses contradictions internes. En effet, le progrès
technique inhérent au système capitaliste tend à éléver la composition organique
du capital ; cette élévation de la composition organique du capital, à taux de
plus-value constant, fait baisser le taux de profit (w). Cette baisse tendan-
cielle du taux de profit oblige les "capitalistes" à exporter une partie du
capital vers les pays jeunes où la rémunération du capital est plus forte (xx).
Cette exportation de capitaux constitue pour le système capitaliste une sorte
"d'élixir de survie" dont la fonction est de contrecarrer la loi de la baisse
tendancielle du taux de profit et de faire échec aux mécanismes économiques qui
poussent le système capitaliste vers son auto-destruction.
En effet si l'on désigne par
K : le capital total engagé
Pl : la plus-value totale réalisée
C
le capital constant
f
V
le capital variable
C
1
x =- : la composition organique du capital
V
J
Pl : le taux de plus-value (supposé constant par hypothèse)
V
Pl
JI --
le taux de profit (par unité de capital engagé)
K
Pl
pl
On a : JI = -
=
K
C+V
En remplançant C par sa valeur V.X, le taux de profit devient
1
Pl
Pl
Pl
JI
=
=
x
V.X+V - V(J+X)
1
-V
I+X
)
C
Si X = _
augmente sous l'effet du progrès technique et si le taux de plus-value
V
Pl
1
Pl
_
est constant, le taux de profit
JI = --- X
baisse nécessairement.
1
V
V
I+X
!
(xw)
"Si on exporte les capitaux, ce n'est pas qu'on ne puisse absolument les
faire travailler dans le pays c'est qu'on peut les faire travailler à
l'étranger à un taux de profit plus élévé." KARL MARX. - Le capital
livre III tome 1 page 268
li

33
En résumé, le "financement extérieur" ne profite qu'au pays
exportateur de capital. Selon les marxistes, ce pays y trouve une source de
"valorisation" d'une grande partie du capital accumulé. Comme le note
P. BOCCARA, "les capitaux exportés ne rec1ament plus une part de "lus-value
produite dans la Métropole où ils ne sont plus valorisés, mais ils trouvent
une plus-value nouvelle à l'extérieur" (x).
Quant au pays bénéficiaire du "financement extérieur" il
subit deux sortes d'effets dont la conjugaison bloque les mécanismes du
développement : un effet dépressif sur la balance des paiements et un effet
de "ponction" du "pouvoir d'achat national." (xx) Le transfert de ressources
réelles vers l'extérieur auquel il doit faire face tend à dépasser le flux
de capitaux reçus, à telle enseigne que le "financement extérieur" devient
pour lui une source d'appauvrissement, voire de "paupérisation". Par exemple,
l'ensemble des transferts versés par la Côte d'Ivoire à l'extérieur au titre
de revenus d'investissement et d'amortissement de capital représentait 50 %
du "financement extérieur" brut reçu en 1963, 94 % en 1967 et 41 % en 1977.
Rapportés au produit intérieur brut ces transferts représentaient 5,4 % en
1965 et 6,8 % en 1977.
Au total, la plupart des auteurs marxistes "orthodoxes" se
rallient à la thèse du "financement extérieur" "anf',~uvrissant" pour le pays
récepteur. Ils estiment que l'exportation du capital n' a d'autre but que
"de river le pays bénéficiaire au pays exportateur beaucoup plus solidement
que les coins du Vulcain ne rivaient Promethée à son rocher".
Bien que partant d'une analyse légèrement différente les
"marxistes dissidents" aboutissent à une conclusion similaire.
(x)
P. BOCCARA. -
Etudes sur le capitalisme IlliJllOpo1iste d'Etat, sa crise,
son issue ; éditions sociales
~'lcis 1973
(••)
Ces deux effets seront analysés en détail dans le chapitre N° IV.
1

34
12 . - Les thèses de BA~N et 5WEEZY
3
Le point de départ de l'analyse de BARAN et SWEEZY est le rejet
de la loi de la baisse tendancielle du taux de profit. Selon eux, la loi de
la baisse tendancielle du taux de profit valable à l'époque du capitalisme
concurrentiel dont la Grande-Bretagne constituait le type achévé au XIXè siècle
perd son pouvoir d'explication ave~ l'avénement du capitalisme monopoliste.
Ce qui caractérise le capitalisme monopoliste, affirment-ils, c'est la tendance
à la hausse du surplus (x). Deux facteurs concourent à cette hausse tendancielle
du surplus : la pratique du prix de monopole et la lutte pour la baisse des coûts
de production. L'absorption du surplus se fait de trois manières: la consommatio
le gaspillage et l'investissement (interne et externe), Dans la mesure où la
consommation et l'investissement interne ne suffisent pas à absorber la totalité
du "surplus", la fraction restante se trouve investie à l'extérieur. Mais con-
trairement à la thèse "orthodoxe", BARAN et SWEEZY estiment que "le financement
extérieur" ne peut résoudre (même temporairement) le problème du capitalisme
au "Centre". L'exportation des capitaux s'accompagne toujours d'un reflux de
capital et celui-ci tend à dépasser le flux de capital exporté. Il en résulte
qu'un flux croissant de ressources se trouve transferé d'année en année des
pays capitalistes jeunes vers les pays capitalistes "mûrs".
Ce flux de capital vient s'ajouter aux capitaux déjà abondants
dans les pays industrialisés et aiguise davantage les contradictions du
capitalisme(~x).
(x)
"Le surplus est défini par eux comme l'excédent de la valeur de la
production sur les coûts entraînés par cette production." Il est
formé de trois éléments principaux : le revenu de la propriété et de
l'entreprise, les énormes frais de publicité et d'emballage et les
dépenses gouvernementales.
Ce phénomène de flux et de reflux sera analysé plus tard par Samir
AMIN dans un ouvrage au titre évocateur: l'accumulation à l'échelle
mondiale, éditions anthropos
IFAN - DAKAR
1970
(
1
1

35
Le débat historique que nous venons d'évoquer n'épuise en aucun
cas l'ensemble des controverses sur le problème des transferts. Notre
intention, en l'évoquant, est de montrer la toile de tond sur laquelle
se sont greffées la plupart des analyses qui alimentent le débat actuel sur
les effets du "financement extérieur".
II. - LE DEBAT ACTUEL SUR LES EFFETS DU "FINANCEMENT EXTERIEUl\\ if.
Après la ~~econde Guerre Mondiale, l'analyse du "f~nancement extérieur"
a connu un regain d'actualité. Des ouvrages et articles consacrés au problème
de l'aide au développement se multiplièrent. L'engouement pour ce thème s~expli­
quait avant tout par la volonté commune de combattre le sous-développement et
de forger les instruments d'une gestion rationnelle de l'épargne extérieure
mise ci id disposition des pays nouvellement indépendants. Si l'on classe cette
littérature par centres d'intérêt croissants, on trouve i au premier stade,
la thèse de la croissance entrainée d'inspiration néoclassique. Les auteurs
de cette thèse estiment que le différentiel du taux de rendement oriente les
capitaux vers les pays sous-développés auxquels ils fournissent les "meilleures
chances" de développement. Il résulte de ce mouvement de capitaux une réparti-
tion "optimale" du capital dans le monde,
- A un second stade, on trouve toutes les thèses d'inspiration keyne-
sienne de "l'amplificateur" des investissements extérieurs qui tentent d'appli-
quer au "financement extérieur" le mécanisme du multiplicateur k;:.ynesien.
- Enfin, au dernier stade, au raisonnement marginaliste traditionnel
va se substituer un tdisonnement en termes de risque et d'incertitude:
"le financement extérieur" est analysé comme un instrument de diversification
du portefeuille des agents économiques au niveau mondial.
II]. - La théorie de la "croissance entrainée" d'insp~ration néoclassique
La thèse de la "croissance transmise" est un sous-ensemble de l'ana-
lyse néoclassique de la spécialisation internationale. Elle repose sur un
concept, le sous-développement défini comme un simple retard et sur le postulat
néoclassique selon lequel il existe une succession de phases par lesquelles tout,
1

36
pays (ou tout peuple) devra passer dans son mouvement et dans son progrès.
Comparant la sîtuation actuelle des pays sous-développés à la situation des
pays européens à la veille de la "Révolution industrielle" la plupart des tenants
de cette thèse se sont efforcés de démontrer que le "financement extérieur il
exerce sur les économîes réceptrices un "effet d'entrainement", Selon eux~ les
pays sous-développés qui s'ouvrent à l'échange international et qui reçoivent
des capitaux étrangers doivent passer par quatre phases caractérisées chacune
par une structure particulière de la balance des paiements.
Le tableau N° D que nous empruntons à Maurice BYE et auxquels nous
devons les commentaires qui vont suivre, récapitule les différentes phases
néoclassiques de la "croissance transmise",
- La première phase (pays nouvellement emprunteur) est caractérisée
par une balance connnerciaie "lato sensu" négative, une balance des transferts
négative, et une balance des capitaux positive. Cette phase correspond à la
situation actuelle de la Côte d'Ivoire,
- La deuxième phase est caractérisée par un solde connnerciai "lato
sensu" positif, un solde des transferts (revenus d'investissement et transfert
des économies) négatif, un solde des capitaux positif et un excédent de l'épargne
domestique sur l'investissement intérieur,
- La troisième phase (pays nouvellement prêteur) est caractérisée par
une balance connnerciaie "lato sensu" positive, un solde des transferts négatif
dans un premier temps, puis positif par la suite, une sortie nette de capitaux,
et un excédent de l'épargne domestique sur l'investissement intérieur,
(
,
1

37
TABLEAU N° D. - PHASES NEOCLASSIQUES DE LA "CROISSANCE TRANSMISE li
1
~
- - - - - - - - - - - - 1
Différentes
Solde cormner-
Seide des
Solde des
Balanct: in-
phases
cial "lato
transferts
capitaux
terne
sensu"
( S - l )
Phase A : Em-!
+
prunteur jeu-!
ne
!
Phase B : Em-!
+
+
+
prunteur évo-!
lué
!
!
Phase C
!
+
+
prêteur jeune!
puis
!
+
Phase D
+
Prêteur évo-
lué
Sources
Maurice BYE • - Relations économiques internationles
Dalloz
4è édition
1977
Paris. P 240
f
1
fi
(
j
1

38
Dans la dernière phase qui est la phase ultime, le pays devient
"rentier" et vit surtout des revenus de ses anciens placements. Sa balance des
paiements présente alors la structure suivante :
- Un solde commercial "lato sensu" négatïf
Un solde des transferts positif
- Un solde des capitaux négatif
- Un déficit d'épargne (en ce sens qu'une partie des investissements
est financée par une fraction des rémunérations de capitaux .. eçues
de l'extérieur)c
La théorie de la "croissance I:ransmise" que nous venons d'évoquer nou
parait quelque peu discutable.
Tout en saluant l'effort théorique qui consiste à placer le processus
de la croissance et du développement dans une perspective historique, on peut
s'interroger sur la portée véritable d'un schema aussi linéaire qui repose sur un
seul critère d'appréciation: l'état de la balanc.e des paiements.
Outre les erreurs et imprécisions qui peuvent entacher l'élaboration
de ce document (la marge d'erreur peut aller jusqu'à 10 %), force nous est de
constater que l'histoire regorge de pays dont l'évolution économique n'a nullement
respecté les séquences néoclassiques de développemenL L' australie, le Canada, la
Nouvelle-Zélande sont toujours importateurs nets de capitaux; les pays du Tiers-
Monde accèdent tout au plus au stade "d'emprunteur évolué" et s'y maintiennent.
La Côte d'Ivoire dont les relations avec les pays européen~ sont anciennes n'a
jamais franchi le stade "d'emprunteur jeune". La :eaison de ce blocage est fort
simple: "l'identité de passé et d'avenir" que postulent les Néoclassiques pour
toutes les Nations est une simplification abusive de la réalité. La CSte d'Ivoire
è
n'est pas la France du début du XIXè siècle encore moins l'Angleterre du VXIII
siècle; l'étude du "financement extérieur" reçu par ce pays ne saurait être
dissociée de l'analyse plus générale de la Société ivoiriE.nne à la manière d'un
1
chimiste décomposant l'eau en ses composantes principales: l'hydrogène et
1
fi
l'oxygène.
f
. .. 1...

39
La théorie de la "croîssance transmiseli fait abstraction d'un
fait important: la structure particulière des pays sous-développés. Comme le
note Samir AMIN, "les pays sous-développés font partie d'un système mondial~
ils ont une histoire, celle de leur intégration à ce système qui a forgé leur
structure particulière~ qui n' a rien à voir avec celle des époques antérieures
à leur intégration au monde moderne".
(~) La prise en considération de cette
réalité conduit au rejet d'une conception linéaire des séquences du développement
IIZ' - Les théories d'inspiration keynesienne
l'amplificateur des investissements
publics extérieurs
.~
f
La théorie de "l'amplificateur" des investissements publics extérieurs
j
j
a été élaborée par la Direction des affaires économiques et du plan du Ministère
de la France d'Outre-Mer (F.O.M.) pour mettre en lumière le rôle du "financement
extérieur" dans le processus de croissance des anciennes colonies. Elle a été
1
reprise et affinée par Maxime HAUBERT et Boris MALDANT (MK) ,Il s'agit d'une tenta-
1
tive d'extension du mécanisme de multiplication mis au point par Keynes au
1
"financement extérieur". Partant des séries statistiques relatives à l'Afrique
~ii
de l'Ouest et couvrant la période 1946-1966. Boris MALDANT et Maxime HAUBERT
!
,~
,
tentent de montrer que le "financement extérieur" joue un rôle stratégique dans
j
le processus d'accumulation et dans la croissance économique des Etats de
l'Afrique de l'Ouest. Les résultats économétriques auxquels ils sont parvenus
montrent que la formation brute de capital fixe et le produit intérieur brut
du bloc Ouest-africain se comportent comme de simples multiples des investisse-
1
ments publics extérieurs.
i
1
l
(x), - Samir AMIN. - L'accumulation à l'échelle mondiale
1
éditions anthropos
IFAN - DAKAR
1970 P, 17
1
1
,i
(xx). - Boris MALDANT et Maxime HAUBERT. - Croissance et Conjoncture
dans l'Ouest-africain
P.U.F,
Paris 1973
i
,
, ~
1
l
1

40
Deux séries de regressions ont été testées : la première
série porte sur des données statistiques annuelles, la seconde sur les
données cumulées. Les résultats de ces différentes regressions sont les
suivants :
- Données Annuelles
=
+
] 9, 9
(1)
R
=
0,
822d
=
2, 87 FU]
+
15, 5
(2)
R
=
0,
6811
~Kt
Formation brute de capîtal fixe de l'année
Ft
Investissements publics extérieurs de l'année
R
Coefficient de correlation
/
1

41
~ Données cumulées
t
L
6K
=
3, 47
r F
165, 1
(3)
1'147
1946
R =
0, 9952
t
t+1
L:
6K
=
L:
F
288, 5
(4)
1947
1946
R =
0, 9940
t
L:
!1K
Formation brute de capital fixe cumulée de l'année ]947 à
1947
l'année t
t
L:
F
Investissements publics extérieurs cumulés de 1946 à l'année t
1946
Commentaires statistiques:
Les regressions sur données cumulées apparaissent
comme étant plus significatives que les regressions sur données annuelles, Elles
donnent un coefficient d'induction de 3, 47 (équation 3) ou de 3, 39 (équation 4)
En termes clairs, la formation brute de capital fixe réalisée au cours
de la période 1946 - 1966 est égale à 3, 5 fois le montant des investissements
publics réalisés au cours de la même période, (%)
(x)
Nos propres estimations donnent pour la Côte d'Ivoire un coefficient
l,
d'induction de 2,08, Le "financement extérieur" induit en moyenne
une formation brute de capital fixe de 2, 1

42
Commentaire économîque:
Selon Boris MALDANI et Maxime HAUBE~r, ce phénomène
d'amplification s'explique par la propension de tout investissement public à
"créer ou réveler de nouvelles virtualités".
A la suite d'un investissement d'intérêt général telle que
la construction d'une route ou d'un port, apparaissent souvent de nouvelles
opportunités qui, si elles se concrétisent, nécessitent des dépenses d'inves-
tissement. Les supplémencs de pouvoir d'achat ainsi generés vont être consacrés
à des dépenses de consemmation, entraînant une expansion des activités indubtri-
elles
et un accroissement de la production. Ainsi, l'investissement public
extérieur non seulement amplifie la formation brute de capital fixe, mais Il
exerce également un effet expansionniste sur le produit intérieur brut de
la Nation. (x)
Mais comme toutes les théories qui préconisent le recours
au "financement extérieur" sur la base des mécanismes d'amplification ou de
multiplication, la thèse de l'amplificateur des investissements extérieurs
passe sous silence les effets de blocage que le "fl.nancement extérieur" tend
à secréter.
113' - Les thèses de FEI et PAAUW
Deux Economistes Américains JOHN Ch, FEI et DOUGLAS Paauw
ont été les premiers à approfondir les conditions dans lesquelles le "financement
extérieur" exerce un effet maximal sur une économie en développement.
(x)
La liaison entre le P.I.B. et l'investissement public extérieur a été
étudiée statistiquement par les deux auteurs" Les résultats obtenus
sont les suivants :
t
377, 1
(1)
R =:;
O. 9933
~ AAC-u\\- P. I. B.t
=
0, 774 r F
+
C'u...vv~
1946
t+l
P.I.B· t
'':::
0, 766 L
F +
345,5
(2)
R
O.
Cl'J13
1946
r
.1

43
Dans un article paru en 1965 (z) ces deux Economistes ont attiré l'attention
des dispensateurs d'ilaide" et des pays du Tiers-Monde sur le fait que le
"financement extérieur" ne constitue pas la panacée au problème de l'accession
à une croissance économique auto-entretenue, Le iifinancement extérieur" ne
peut servir de levier à la mobilisation de l'êpargne interne et au processus
de croissance autonome que si certaines conditions sont remplies; faute de
quoi le pays bénéficiaire risque de sombrer dans un "cercle" encore plus
"vicieux" que celui de la pauvreté ~ le "cercle" de la "croissance sans déve-
loppement".
L'instrument dUanalyse utilisé par JOHN Fei et DOUGLAS Paauwest
un modèle macroéconomique dynamique de type Harrod-Domar dans lequel la fonc-
tion d'épargne proportionnelle a été remplacée par une fonction d'épargne de
type particulier: le "le p~r ~apita Marginal Savings Ratio" noté P.M.S.R ••
1I3}' - Le modèle du P,M,S.R, et l'Age d'Or; le cas de l'économie fermée
\\A)
Les hypothèses dl.. modèle
Elles sont identiques à cellE:s du modèle Harrod-Domar à l'exclu-
olon de celles relatives au comportement dUépargne de la société
1 - Les montants de capital et de travail nécessaires pour produire
une unité de produit sont donnés et invariables. La fonction de production est
donc à facteurs complémentaires.
y = K/V
(a)
K = Stock de capital
't = Produit national brut
V
Coefficient de capital supposé fixfc
(lIC)
JOHN C ij. FEI et D,S. PAAUW: "Foreign assistance and self helps ; a
reappraisal of development financ.e"
Review of Economies and c: tatistics
Août 1965 .
... / .~ .

44
2 - La force de travail croît dans le temps à un taux constant n
déterminé par des forces extra-économiques
=
n
(b)
=
Pupulation active au temps t
Population active à 1 Vinstant initial
3 - Il existe dans la littérature économique de nombreuses hypothèses
relatives à la fonction d'épargne qui pourrait faire du taux
dVépargne une varîab1e dans le processus de croissance, mais il
y en a une qui a retenu l'attention de JOHN Fei et DOUGLAS Paauw
c~est le P.M.S.R. qui postule que l~accroissement de l'épargne
par tête est une fraction constante u de l~accroissement du
revenu par tête ; autrement dit lorsque le revenu par tête
croît de 1 % par unité de temps, l'épargne par tête croît de
u % par unité de temps.
dS/N
u d yiN
(c)
dt
dt
S = Epargne gloEa1e
N = Population
y = Produit National brut = revenu national
En posant
Sil = SiN
épargne par tête
y=
yiN
revenu par tête
On oEtient. d SM
u. d
(d)
=
dt
dt
Il en rë;:;111 te que toute amélioration du niveau de vie se traduit non
seulement par une augmentation de la consommat:uil par tête mais aussi par un
accroissement de l'épargne par tête,
1

45
(B)
La condition de réalisation de l'Age d'Or
Pour R,.L KAHN, l'économie atteint un véritable Age d'Or (JI)
lorsque cette double égalité se trouve réalisée : g - s/v = n
Le taux de croissance de l'économie doit garantir l'équilibre entre l'investis-
sement et l'épargne d'une part, l'offre et la demande de travail d'autre part
tout au long du processus de croissance.
En effet dans une économie fermée l'équilibre est atteint lorsque
ce que les Agents économiques épargnent est égal aux investissements désirés :
l
S
l
6.K,:; S
En divisant les deux membres de l'équation par Y, on obtient
l
l.\\K
S
Y
y
Y
Or la fonction de production retenue implique
6.K "" v l.\\y
Ce qui entraine :
l
6.K
v~ S
s
-
y
Y
Y
Y
Posons
I1Y
g
Y
Nous obtenons
g = s/v
De plus, puisque les quantités de travail nécessaires par unité de produit
sont données, il est impossible au Produit National brut Y de croître de
manière permanente à un taux constant supérieur au taux de croissance de
l'offre de travail n
(JI)
R.F. KAHN
"Exercices in the ana1ysis of growth"
Oxford economic Papers volume II Juin 1959
1

46
Il en résulte g = 6/V ~ n ; c'est la condition de réalisation
d'un "Age d'or B~tard". Le véritable Age d'or est atteint lorsqu'on formule
l'hypothèse supplémentaire selon laquelle il ne saurait y avoir au sein de
l'économie un sous-emploi croissant de telle manière que g soit égal à
s/'v et égal à n
si au lieu d'une fonction globale d'épargne de type Keynesien
(qui postule la constance de la propension marginale à épargner) nous adoptons
l'hypothèse d'une épargne par tête croissante avec le revenu par tête, la
condition de réalisation de l'Age d'Or devient:
n = g =
v
u taux de croissance de l'épargne par tête
So = taux d'épargne à l'instant initial
y~ = Produit national brut f tête à l'instant initial
Y(t)
Produit national brut / ttL~ à l'instant t
avec
0
<
So
<
u
(1)
Sur la base de l'inégalité (!) i l est possible d'envisager deux taux de Crois-
sance :
le taux de croissance à long terme du P.N.B.I tête noté gu = u/v
le taux de croissance initialement réalisé noté go = solv
La comparaison de gu et de go avec n (taux de croissance de la popu-
lation active) permet à JOHN Fei et DOUGLAS Paauw de classer les économi2s
en trois catégories :
n
RI
go
R2
gu
R3
Sur l'axe de la population représentons les points A et B respectivement égaux
à g et gu' Les Points A et B divisent l'axe de la population en trois regions
o
la region R] comprise entre 0 et A ; la region R2 comprise entre A et B et la
region R3 à droite du point B
(lJ
Si
u = so,on obtient n = g = So ; c'est le cas Harrod-DOMAR
... / ...
1
1

47
er
1
cas
Le taux de croissance de la population active est inférieur
au taux de croissance de l'économie (taux de croissance réalisé). Tout
est pour le mieux dans le meilleur des Mondes possibles ~ l'économie con-
sidérée n' a nullement besoin d'un "financement extérieur". Elle est déjà
engagée dans la voie d1une croissance auto-entretenue et elle est exportatrice
potentielle de capital. La Region RI peut donc être considérée comme le cas
favorable auquel aspire toute Nation en développement.
2è cas:
Le taux de croissance de la population active n 2 est compris entre
le taux de croissance réalisé go et le taux de croissance potentiel gu.
Ce cas est défini par JOHN Fei et DOUGLAS Paauw comme un cas intermédiaire.
Nous appellerons cette Region R2 "l'Enfer",
3è cas
La poussée démographique est telle que le taux de croissance de
la population active est supérieur au taux de croissance potentiel de l'éco-
nomie ; ce cas est appelé cas défavorable. La Region R3 auquel correspond ce
cas sera baptisée "Le Super-Enfer",
si nous désignons par gu' go et n respectivement le taux de cro~S­
sance potentiel du PNB, le taux de croissance réalisé du PNB et le taux de
croissance de la population active, nous obtenons les égalités suivantes
hu = gu - n = taux de croissance potentiel du PNB par tête
ho
go - n = taux de croissance réalisé du PNB par tête
Les Régions RI, R2 et R3 peuvent maintenant être répérée à l'aide d'un
indicateur m égal au rapport des taux de croissance potentiel et réalisé
du PNB par tête
m
=
h
-...!!
=
Dans la Région R], région que nous baptisons "Paradis" m est
supérieur à 1, ce qui implique que le produit National brut par tête,
l'épargne par tête, la r..onsommation par tête et le stock de capital aug-
mentent de façon monotone tout au long du processus de la croissance.
1

48
Dans la Région RZ que nous oaptîsons "l'Enfer" m = hu/ho est
négatif , Dans la Région R3 le "Super-Enfer" m = hu/ho est positif mais
inférieur à 1. Dans ces deux régions ("l'Enfer" et le "Super-Enfer") le
produit national brut par t€te,
la consommation par tête, l'épargne par
tête diminuent de façon monotone tout au! long du processus. Il arrivera
,,/le.
un moment où lê stock de capital du fait
desinvestissements deviendra
négatif.
A la lumière des développements précedents le rôle du "financement
extérieur"apparait clairement : dans une économie où la poussée démographique
est telle qu'elle annhile tous les efforts d'austérité des autorités poli-
tiques, le "financement extérieur" joue alors le rôle de "levier"
1132' - Le modèle du P.M,S,R. appliqué à une économie ouverte (x)
En économie ouverte, la condition d'équilibre
l
S est remplacée par l'égalité l = S + F ~
l
= Investissement désiré
S = Epargne domestique (interne)
F = Financement extérieur investi
Supposons que l'économie se donne comme objectif la réalisation d'un
taux de croissance du Produit National brut par tête h. Si le taux de
croissance de la population active est constant et égal à n, l'investissement
au temps t peut s'écrire
=
v dY
=
(h + n)
dt
En effet le taux de croissance du Produit National brut est égal
à h + n • La condition d'équiliore en économie ouverte s'écrit l = S + F
(a)
vY (h+n) = S + F
(b)
V
(h+ n)
S + F/Y
(c)
y
(z)
Si nous avons fait un large résumé de l'article FEI et PAAUW, c'est
parce que cet article situe mieux que n'importe quel autre article
les limites du "financement extérieur" et les conditions d'une évo-
lution vers une croissance auto-entretenue,
1

l
49
1l1
Si nous désignons par 6 ~ ~
le taux d'~pargne et par Fly = f
ï.
le taux de nfine:ti~.ement extérieur" nous pouvons réecrire la
condîtton d'équilibre
v (htn) ~ 3 + f
(c')
Pou'c un taux de croissance constant du Produit National brut par tête h,
le taux d'épargne s dans te modèle de FEI et PAAUW s'écrit
s = S
u -
yX
o
y
y~
t
s = S
u -
y
s = S
-
u -
-
s~o 1._.-
~
br.
y
s = :::i
=
u -
t
"
-e:~J
La condition d'équilibre (c') devient
v
( h + n)
-
u
(c")
De l'égalité (CH) ncus pouvons tirer la valeur de f
f = F
v
(h + n)
(d)
~~/oJ
Y
t - e -
v
le coefficient de capital constant
Ii
le taux de croIssance désiré du PNB par tête constant
n
le taux de croissance de la population active constant
u
le P.M,S.R. constant
sa : le taux d'épargne â la période unitia1e
L'évolution dans le temps du
'financement: extérieur" peut être
représentée par une fonction du type
ft
~ (t)
avec
0
<
t
<
+
00
Les limités de f.
sont les suivantes
r:
lim ft = v (h + n) - u
t
-+
00
1
1

50
1im ft = v
(h + n) - So
t
-+
'0
FEI et PAAUW distinguent alors plusieurs cas ~
1e r
---,__c_a_s:
v (h + n) < So ' L'économie considérée n' a nullement besoin de
recourir au "financement extérieur", Au taux de croissance h fixé, i l dis-
pose d'un surplus exportable.
L'économie considérée a atteint le Véritable Age d'Or dans
lequel l'épargne par tête, la consoannation par tête, le revenu par tête
augmentent de façon régulière au taux de croissance constant
v ( h + n ) > u
L'économie considérée a atteint le "Super-Enfer" car la poussée
démographique est telle qu'elle ne pourra jamais se passer du "financement
extérieur" à moins qu'elle ne se livre à une politique malthusienne en
matière de population ou qu'elle n'accepte un taux de croissance par tête
moins ambi tieux.
So
<
v (h + n) < u : c'est le cas le plus intéressant.
L'économie considérée évolue irrémédiablement vers une croissance
autonome. A une date finie T que l'on peut déterminer, l'économie considérée
réalisera l'objectif du taux de croissance h du Produit National brut par tête
sans recourir à de nouveau capitaux extérieurs. Au taux de crois$ance h du
revenu par tête le pays considéré dégage un surp1u~ de capitaux exportable,
surplus qui sera consacré à la liquidation de sa dette extérieure. Ce cas
intermédiaire peut-être batptisé "Age d'or Bâtard"
A la lumière des développements précédents, il apparait que, si
l'on se donne comme objectif un taux de croissance du Produit National brut,
l'évolution du "financement extérieur" d'une part et la date d'auto-dévelop-
pement d'autre part dépendent des pararnètres structurels de l'économie à
savoir: le taux d'épargne à la période initiale so' le coefficient de
capital (fixé par la technologie), le taux de croissance de la population n
1

5J
et enfin le Per - capita Marginal Savings Ra[la u, Pour certaines valeur';,;
de ces paramètres~ lion ne peut se passer du liiinancement extér.i.eurl! ,
le cycle du "financement extérieur" ne se IIfennE" pas selon 1 i 2xpresslûn
consacrée. C'est le cas (selon JOHN :Fei et DOuGLAS Paauw) de IVArgentine.
du Brésil, du Chili. de Costa-Rica~ de l'EquateurJdu Ghana? du Guatemala,
du Honduras, de lilnde
de l'Indonesie~ de l'Egypte. de la Turqui€~ diIsra~1
j
et du Nigeria (z),
Le modèle de FEI et PAAUW constitue un vëritab1E: progrês par
rapport à la littérature volumineuse qF
siévertuait à analyser dans t.oute
leur complexité les procédures d'octroi de crédit et à suggérer quiun
certain nombre de mesures soient prises pour mieux maîtriser Leur voluITle et
orienter leur répartition. La plus représentative de cette littè 'ature est
l'étude faite par Gilles PELTIER en Janvier 1977,
Partant d'une version simplifiée d'un modèle de croissance de.
type Harrod-Domar. il démontre que l i endettement extérieur r;QappüTte une
contribution positive à la croissance economique qu'à la seule condition
que le taux de progression de l'encours de la dette soit supérieur au taux
d'intérêt moyen des prêts, Son équation fondamèntale est la suivdnte
(.z)
g
::;
S
+
(u -
1)
Si
v
v
g
=
taux de croissanee de l'économie
s
""
le taux di~pargne
v
= le coefficient de capital
u
""
le taux de progression annuel de l wencüul's de la dette exté-
rieure
(w)
JOHN Ch. FEI et DOUGLAS S
PAAUW
0
l n
American econornic rE ,'-i ew P
262 ~
article ci té
(JlM)
En réalité i l s'agit d'une réformlllj:tion de la loi DOMAR
(xxx) Gilles PELTIER ; lil a crise économique mondiale et ltspoli tiques cl 1 ende:t-
temenc extérieur des pays en voie de développement"
Cours
de D,EoA. seminaire théorique
Abidjan 1977-1978
1

52
~
=
le taux moyen d'intérêt
d (t - 1) l'encours de la dette en (t - 1)
Yt = le Produit National brut en t
s' = le coefficient d'allocation des ressources nettes extérieures
à l'investissement
Bien que rompant radicalement avec ce courant de pensée, le modèle
de FEI et PAAUW n'en présente pas moins quelques faiblesses; ces insuffi-
sances ont été à juste titre relévées par Gerard MAAREK(x)
- Tout d'abord la définition que les deux auteurs donnent du concept
d'autodéveloppement ou d'autocroissance (ou de croissance autoentretenue)
est partielle. En effet LI ne suffit pas que cesse le flux net de capitaux
extérieurs pour que l'économie entre en autodéveloppement. Comme le note
Gerard MAAREK,"le concept d'autodéveloppement évoque celui d'indépendance poli-
tique et économique et celle-ci ne saurait être définitivement considérée comme
acquise, tant que la Nation reste endettée vis-à-vis de l'Extérieur. De plus~
sur un plan plus strictement technique, l'extinction du seul flux net ne démon-
tre pas que l'économie aura la capacité d'épargne suffisante pour rembourser
toute la dette accumulée" .
La définition du concept d'autodéveloppement retenue par Gerard MAAREK
parait plus complète : croissance régulière sans apports extérieurs, ce qu~
suppose une balance commerciale équilibrée, un déficit d'épargne nul (1 - S = 0),
flux bruts et flux nets de capitaux identiquement nuls et enfin dette extérieure
nulle.
- Sur le plan méthodologique, FEI et PAAUW font du taux de croissance
de l'économie la variable "objectif"; le "financement extérieur" est alors
subi comme la conséquence de l'objectif de croissance retenu; leur modèle apparai
de ce point de vue comme une simple illustration de la manière dont pourrait
se comporter une économie dans certaines hypothèses.
(:)
Gerard MAARr.I<::
"Politique rationnelle d'endettement vis-à-vis de
l'extérieur: le cas de la Tunisie" Annales de l'INSEE nO 10 1972

53
Sans dénigrer le gain appréciable réalisé à l'aide du modèle de
FEI et PAAUW dans la compréhension du phénomène du "financement extérieur",
force nous est de constater que des rendements décroissants ont été atteints
dans la construction des modèles d'équilibre ou de croissance à taux constant.
Le "financement extérieur" n'est ni régulier, ni automatique; au cormnencement
du "fînancement extérieur" étaient les stratégies. Il importe donc d'étudier
connne le fait Gerard MAAREK une"stratégie" d'endettement susceptible de conduire
les pays sous-déveluppes vers une situation d'autodéveloppement plutôt que de
supposer que l'évolution de la dette extérieure est conditionnée par l'objectif
de croissance retenu. "Le financement extérieur" relève à notre avis de la
théorie des jeux ; les acteurs de ce jeu peuvent être regroupés en trois catégo-
r1es :
- Le "magma" formé par les pays industrialisés situés pour la
plupart dans l'hémisphère Nord
Le "magma" formé par les pays en voie de développement non
producteurs de pétrole
- Les pays exportateurs de pétrole
Les "stratégies ll de ces trois catégories d'agents sont diffé-
rentes parce que la complexité et l'évolution des rélations économiques inter-
nationales fait qu'une catégorie se trouve dans une position relativement pré-
ferable à celle de l'autre. Et c'est justement parce qu'il se trouve dans une
situation "défavorable" que le "magma" bénéficiaire du "financement extérieur"
doit se fixer connne objectif une date "d'autodéveloppement" en fonction de la-
quelle un taux d'investissement, un taux d'épargne et un taux d'accroîssement
naturel doivent être recherchés.
Différentes dates l'd' autodéveloppement Bâtard" (x)ont été calculées
sur la base de l'année 1977. Partant des statistiques relatives à la Côte
d'Ivoire Jean-Paul SINSOU, dans un article à paraître dans les annales de la
Faculté d'Abidjan, a calculé les différentes dates d'autodéveloppement (xx)
sur la base des hypothèses de FEI et PAAUW. Les résultats obtenus sont regroupés
dans le tableau ci-dessous
(x)
Bâtard parce qu'il s'agit d'une définition partielle du concept
(xz)
Jean-Paul SINSOU : "Croissance autonome et Aide étrangère : le cas de
la Côte d'Ivoire" ; article
paru
dans les annales de la Faculté
d'Abidjan, série K, Tome III, 1980
1

54
Taux de croissance
Fin de l'aide étran-
Date où l'aide obtenue
du produi t par
gère
sera maximale
tête (h)
( ] 977 + T )
(
] 977 + tM)
3 %
]996
] 977
4 %
1999
] 977
5 %
2005
]983
6 %
2017
1997
6,5 %
2046
2027
Pour un taux de cro~ssance modéré (3 %t du revenu par tête,
la Côte d'Ivoire (sur la base des estimations de Jean-Paul SINSOU) doit attendre
environ 16 ans pour se passer du "financement extérieur". Le modèle de FEI et
PAAUW et la plupart des modèles macroéconomiques (x) de type quantitatif élaborés
dans les années soixante éludent l'essentiel: le caractère assymétrique des
relations économiques et financières internationales. De ce point de vue, ils
ne permettent ni de comprendre, ni d'expliquer les stratégies qui sont à la base
des transferts de capitaux des pays industrialisés vers les pays en développement
Ces stratégies sont mieux perçues lorsqu'on fait référence à
la théorie des choix de portefeuille.
II4' - La théorie des choix de portefeuille appliquée au "financement extérieur"
L'application de la théorie du choix de portefeuille au "finance
ment extérieur" a été tentée par H. GRUBEL (wx)et JOHN. E. FLOYD (KKX)
(x)
H.B. CHENERY et A.M. STROUT, "Foreign Assistance and Economic Development",
American economic Review, 1966
Volume 56
J.H. FEI et G. RANIS, "Foreign Assistance and Economic Development
comment"
A.E.R.
Volume 58, 1968
(xx)
H.G. GRUBEL
: "Internationally Diversified Portfolios" American economic
Review
Decembre 1968 Page 1299
(Xll{x) JOHN. E. FLOYD: "Portfolio Equilibrium and the the ory of capital movements"
)
Columbia University Press
NEW-YORK
1972

55
Pour HERBERT G. GRUBEL les facteurs qui influencent le "finan-
cement extérieur" sont au nombre de cinq ~
- la taille aosolue des montants d'actifs globaux détenus dans
chaque pays au début de la période. Plus est grande la taille des actif~
globaux, plus les flux de capitaux entre les deux sont importants
- le différentiel du taux d'intérêt; plus il est élévé, plus
les flux de capitaux sont importants (toutes choses étant égales par ailleurs)
- le différentiel du risque ; plus il est élévé, moins est im-
portant le transfert de capital
- les goûts du public (la préférence du public pour le présent)
qui déterminent le partage du revenu entre la consommation et l'épargne.
- la proportion des actifs globaux que chaque pays détient à
l'étranger.
L'intérêt du modèle de GRUBEL est de montrer que le"financement
extérieur" n'obéit pas uniquement au différentiel du taux d'intérêt; i l peut
y avoir transfert de capitaux d'un pays A vers un pays B même si le taux
d'intérêt escompté dans le pays B est inférieur au taux d'intérêt obtenu dans
le pays A.
Inversement il peut exister un écart positif entre les taux d'in-
térêt dans les pays sans pour autant qu'il y ait transfert de capital.
Bien que constituant un progrès indéniable par rapport à la
théorie traditionnelle du "financement extérieur", le modèle de HERBERT
GRUBEL à notre avis "pêche par excès de globalisme". Nous souscrivons en-
tièrement à la critique faite par Joël METAIS (M):
(z)
Joël METAIS. - La multinationalisation des banques commerciales,
thèse, Paris - Dauphine, Juin 1978
• e • /
• • •
,f

1
l
!
56
"l'insuffîsante attention accordée aux divers types d'actifs financiers et
aux diverses catégories d'agents susceptibles de les détermir ••.
est jusqu'à un certain point, en contradiction avec la volonté de raisonner
en termes d'équilibres et d'ajustements de portefeuille. En théorie, un tel
raisonnement ne produit tous ses effets que si on ,Fonnait tous les agents écono-
miques concernés et tous les titres entrant dans leur portefeuille". En
dehors de cet "excès de globalîsme" le modèle de Herbert GRUBEL se prête mieux
à une analyse des mouvements de capitaux entre pays "développés" notannnent
entre les Etats-Unis et l'Europe; il permet surtout d'analyser l'impact des
mesures de politique économique sur la balance des paiements. Le modèle de
FLpYD n'échappe pas à la même critique.
Le modèle que nous présentons dans la 1ère section est d'ins-
piration "Grubelienne" ; mais il prend en compte les relations assymétriques
qui'~aractérisent les transferts de capitaux entre le "Centre" et la
"Périphérie".
114 • - Les hypothèses du modèle
1
1°) Le Monde est composé de deux zones d'importance inégale
le "Nord", zone industrialisée, riche à économie diversifiée noté N ;
le "Sud", zone pauvre, sous industrialisée, à économie très peu diversifiée
noté S
2°) Le Surplus PL disponible en N (potentiel ou effectif) peut
1l
être détenu sous forme de deux actifs "composites" notés AN pour le Nord et
{
j
As pour le Sùd (x)
1,{
3") Les actifs "composites" AN et As émis respectivement par
!
1
le Nord et le Sud peuvent se présenter sous trois modalités
1
!
,
1
monétaire
AN ,M et As,M
- financière
AN ,F et As ,F
réelle
AN ,R et As,R
4°) Chaque actif "composite" quelle que soit la modalité sous
laquelle il se présente, est caractérisé par deux paramètres fondamentaux :
- l'espérance de rendement notée
E CA)
le risque
noté
R CA)
1
(x)
Nous définissons le surplus connne l'excédent d'épargne sur les inves-
tissements intérieurs
1
... / ...
j
1
1

57
Plus l'espérance de rendement d'un actif composite est élévée,
plus il est demandé (toutes choses étant égales par ailleurs)
Inversement plus le risque attaché à la détention d'un actif
"composite" est élévé moins i l est désiré (toutes choses étant égales par ail-
leurs)
5°) Le "surplus total PL peut être détenu soit sous la forme
exclusive d'actifs nationaux AN, soit exclusivement sous forme d'actifs
étrangers
= PL
( 1)
Plusieurs cas sont à distinguer
1er cas :
si quelle que soit la modalité les inégalités suivantes sont
vérifiées
E (AN) <
E (As)
et R (AN) > R (As)
Le "surplus" total "disponible" sera détenu sous forme d'actif
composite As. L'offre de "financement extérieur" sera maximale
1
Pl =
(1)
~
1
cas ~
si quelle que soit la modalité, les inégalités suivantes sont
1
t
vérifiées
1
E (AN) > E (As)
l
et R (AN) < R (As)
~~
tout le "surplus" "disponible" PL sera détenu exclusivement sous forme d'actif
1
!
composite AN. L'offre de "financement extérieur" sera nulle
ltj
PL = Z
.1
1
et Z
_
As = 0
l
1
.'i
1
... / ...
1
1

58
Si les inégalités suivantes sont vérifiées quelle que soit la
modalité
E (AN) > E (As)
et R (AN) ) R (As)
Nous aurons
PL
)
Z- As
et Z AN ~ 0
Une telle hypothèse n'est possible qu'en période "révolutionnaire" ou de
crise grave dans le "Nord".
Dès lors le "financement extérieur" apparaîtra pour la zone Nord
comme "une valeur refuge" et il tendra à être maximal. Nous supposons que
le Nord en tant que centre de décision à capacité de financement est rationnel
et éprouve une certaine aversion pour le risque.
Si les inégalités ci-dessous sont vérifiées quelle que soit la
modalité
E (AN) < E (As)
R (AN) < R (As)
l'offre de "financement extérieur" est indéterminée; elle dépend du dégré
d'aversion pour le risque du Nord et de son "comportement de portefeuille".
Ce "comportement de portefeuille" sera sans doute différent selon que l'on
a à r cd.re dans le Nord à des centres publics de décisions ou à des centres
privés de décision.
1142. - Essai de formalisation d'une fonction d'offre de "financement extérieur"
Dès l'instant où l'on rejette une vue purement mécanique des transferts
de capitaux vers le Tiers-Monde, il est indispensable de prendre en considératio
les différents types de transfert et d'étudier les "comportements de porte-
feuille" des Agents économiques qui les effectuent.

0

/
• • •
}

59
Les deux composantes majeures des transferts actuels de capitaux
vers le Tiers-Monde sont maintenant connues, Il s'agit
- des transferts publics qui s'effectuent soit sous forme de dons,
soit sous forme de prêts,
- des transferts privés qui prennent la forme d'investissements
directs et d'investissements de portefeuille.
A ces composantes principales du "financement extérieur" correspon-
dent deux types d'agents économiques ayant des fonctions d'offre distinctes.
1142 • - La fonction d'offre des Centres publics de décision
1
Les Centres publics de décision offreurs sont principalement les
gouvernements des pays riches. Cette offre prend généralement la forme d'un
don ou d'un prêt; elle peut être directe (transferts bilatéraux) ; elle peut
transiter par le canal de grandes institutions financières internationales ou
régionales telles que la B.I.R.D., le F.E.D., la B.E.I., la B.A.D. etc. Pour
cette catégorie d'agents, les notions d'espérance de rendement et de risque
méritent d'être précisées.
Le rendement est ici à la fois économique, politique ou diplomatique,
éthique ou humanitaire.
- S'agissant de dons (transferts unilatéraux sans
contrepartie)
l'espérance de rendement sera mesurée par les avantages politiques, stratégiques,
diplomatiques et militaires escomptés par le donateur. Toutes choses égales
par ailleurs, on peut supposer que plus le pays bénéficiaire occupe sur l'Echi-
quier Mondial une position stratégique réelle ou supposée telle, plus l'offre
de don qui lui est adressée est importante,
- S'agissant de prêts, l'espérance de rendement inclut, outre les
revenus de capital escomptés, les autres avantages économiques et politiques
induits dont le donateur pourrait tirer profit; (dans le cas d'un prêt-lié,
ces avantages économiques sont indiscutables dans la mesure où ce genre de
prêt n'est qu'une subvention déguisée à l'exportation).
0 0 . /
• • •
1

60
La notion de risque doit être également prise dans un sens large
c'est la variable aléatoire "catastrophe" ; elle englobe l'ensemble des
pertes possibles en capital. Dans certains cas, il peut s'agir d'une perte
de change due à la dépréciation monétaire. Dans d'autres cas, il peut s'agir
d'une expropriation ou d'une nationalisation à la suite d'un changement politique
ou d'une crise; il peut s'agir également d'un cas d'insolvabilité du débiteur.
L'offre de "financement extérieur" des centres publics de décision sera
donc le résultat d'un calcul de répartition d'une partie du "Surplus" "disponible"
selon un processus permanent d'arbitrage entre les Actifs nationaux AN et les
Actifs étrangers As' Elle dépend de trois
facteurs fondamentaux :
- le montant du "~urplus" des centres put lies de décision ou. Nord.
Toutes choses étant égales par ailleurs, plus ce montant est élevé,
,
plus l'offre de "financement extérieur" est importante ..
- les écarts espérés des rendements des Actifs As et AN' Si cet écart
est positif, plus i l est élevé, plus l'offre de "financement ext~­
rieur" est importante (ceteris paribus).
- le différentiel de risque c'est-à-dire l'écart positif escompté
entre le risque attaché à la détention d'actifs étrangers et le
risque attaché à la détention d'actifs nationaux.
Au total, la fonction d'offre de "financement ext~rieur" peut se
présenter sous la forme suivante :
= y 1Pl l' ~ (A), ~ (Ai]
(l)
= offre de "financement extérieur" des centres publics de
décision.
PL l
= "Surplus" "disponible" des centres publics de décision
"E (A) = différentiel des rendements
~ (A) = différentiel de risque
Compte tenu des développements précédents, nous pouvons écrire
~Fe
_ 1
Ù
!'J
(2)
aPL 1
,~
èF
(3)
1
~l
.,. 0
... / ...
ëlÊ (A)
1

61
()Fe1
""*
<
0
(4)
~R(A)
La fonction d'offre de "financement extérieur" ainsi formalisée
nous renseigne déjà sur les véritables motifs du transfert de capitaux
Le "financement extérieur" constitue pour les centres publics de
décision~ un puissant "réducteur d'incertitude", En effet: la théorie des
choix risqués élaborée par TOBIN et surtout MARKOWITZ démontre que le
risque d'un portefeuille diversifié est fonction des variances des résultats
des titres qui composent ce portefeuille et de la corrélation des résultats
entre ces titres, Moins ces titres sont corré1és~ plus le risque est réduit.
Or au niveau mondia1~ on peut supposer que la corrélation des résultats entr
les actifs "nordistes" AN et " sudistesll As est nulle ou très faible, en
raison d'une part de l'importance inégale des zones "Nord et Sud et d'autre
part du degré de développement atteint par les deux zones, Cette hypothèse
a dVailleurs été confirmée par une étude de LEVY et SARNAT portant sur
un échantillon de 28 pays et sur des actions ordinaires. Les résultats
du m0dèle de LEVY et SARNAT sont consignés dans le tableau N~ E,
Selon LEVY et SARNAT~ un portefeuille composé des valeurs mobi-
lières librement choisies dans 1 véchanti11on des 28 pays donne un taux de
rendement moyen de 12 % et un écart-type de 8 %,
Par contre un portefeuille efficace composé uniquement de valeurs
américaines donne au plus un taux de rendement de 12,1 % et un écart-type
de 12 ~ 1 %. Le taux de rendement le plus élevé est donné par le portefeuille
composé exclusivement qe valeurs du Marché Commun ; mais le risque qui lui
est attaché est également très élevé (taux de rendement ~ 15,5 % ; écart-
type: 25 %). L'aspect le plus intéressant du modèle de LEVY et SARNAT
est qu'il montre que l'addition des valeurs des pays en voie de dévelop-
pement au portefeuille composé de valeurs des pays industrialisés fait
baisser le taux de rendement moyen de 1 % et l'écart-type de 4,5 %' (x)
(x)
Haim LEVY et MARSHALL Sarnat, "International Diversification of
investment Portfolios"~ American Economie Review~ Septembre 1970
P. 673.
1
1

62
TABLEAU N° E. - TAUX DE RENDEMENT ET ECART STANDARD MOYEN DE
PORTEFEUILLE OPTIMAL POUR UN TAUX D'INTERET
DE 5 %
Taux de rendement
Ecart - type
moyen
en %
en %
Pays en voîe de dévelop-
5, 0
26, 5
pement
Marché Commun
15, 5
25, 0
!
Europe Occidentale
23, 5
!
+
Pays à revenu élevé
13, a
12, 5
Tous pays
12, a
8 ~ a
Source
Haim LEVY et MARSHALL ba. .. uàt, " International Diversificatîon
of Investment Portfolios", American Economie Review, Septembre
1970
P. 673
i
/
1

63
Plutôt que de détenir tout le "surplus" réalisé sous forme d'actif "nordiste"
AN, les Centres puf>lics de décision de la zone "Nord" préfèrent diversifier
leur "portefeuille" à l'échelle internationale en y incorporant des actifs
"sudistes" As' I l en est de même des Centres de décision privés de la zone
"Nord".
L'offre de "financement extérieur" des Centres privés de décision
Les centres privés de décision offreurs de capitaux sont prin-
cipalement les grandes institutions financières (de droit plLvé) généralement
..
groupées en consortiums et les grandes entreprises multinationales.
L'offre de financement extérieur de cette cateGorie d'Agent prend
deux formes
- souscription à des titres émis par les Agents économiques de la
"zone Sud" ; ces investissements de portefeuille sont en net
recul depuis 1965. Par exemple, l'O.C.D.E. estime qu'en 1965 les
investissements de portefeuille (bilatéraux uniquement) s'éle-
vaient à 625,6 m~llions de dollars contre 2.535 millions aux
investissements directs (z)
- implantation directe de liliales des entreprises multinationales
ces investissements bénéficient de plus en plus de la faveur
des Centres privés de décision offreurs de "financement extérieur".
Les raisons de cette préférence ont écé analysées par Marcel
RUDLOFF .
1°) Par les investissements directs, les Centres privés de
décision obtiennent le contrôle de secteurs et de ressources qui auraient
pu leur échapper.
2°) La filiale implantée dans la"zone Sud" reste dans la mouvance
de l'entreprise-mère qui lui dicte sa politique en fonction des impératifs
d'une stratégie globale.
(w)
Chiffres cîtés par Marcel RUDLOFF in "Economie monétaire inter-
nationale" Tome III
Editions Cujas, Paris
1

64
3°)
L'approvisionnement en ressourCéS rares (la plupart
du temps non réproductiEles)se trouve assuré du fait de cette implantation
4°)
Les investissements directs ouvrent aux Agents économiques
de la "zone Nordll des débouchés nouveaux pour leurs exportations
5°)
Enfin ces investissements directs constituent un puissant
,
moyen de fixation des prix des matières premières non réproductibles.
i
1
De quoi dépend l'offre de "financement extérieur" des centres
J
privés de décision ?'Une étude faite par Jean CHEVASSU et Alain VALETTE
,1
1
pour le compte de lUO.R,S.T,O.M. en Mars 1975 permet d'apporter des éléments
li
de réponse ~ cette question.
Dans la hiérarchie générale des réponses des Industriels étrangers
interrogés~ trois facteurs arrivent largement en tête : la croissance du marché,
la stabilité politique et le libéralisme économique. Viennent ensuite certains
autres facteurs parmi lesquels on peut citer : la situation stratégique qu'oc"
..::upe la Côte d'Ivoire dans le marché Ouest-africain, les avantages liés à
l'existence d'un pôle urbain industriel (Abidjan) et le code des investissements.
En dépit des reproches qui sont généralement faits à l'encontre de ce gehLe
d'enquête, en dépit du biais qui peut être introduit par la méthode de pondé-
ration utilisée (x), cette étude est intéressante à plus diun titre. Elle
révèle que les Centres privés de décision sont influencés dans leur "comporte-
ment de portefeuille" par deux paramètres fondamentaux g les garanties politiques
et les potentialités du marché
Le modèle esperance vari.ance peut donc être appliqué également à
l'offre de "financement extérieur" des Centres privés de décision,
La fonction dioffre de "financement extérieur" des Centres privés
de décision peut être formalisée de ,'1 manière suivante :
Fe 2 -
f
~2' ~ (A), l (A~
(Kt
Jean CHEVASSU et Alain VALETTE: Les industriels de la Côte diIvoire,
qui et pourquoi? Cahiers de l'O.R.S,T ~oM"~ sciences humaines, ]975
série études industrielles~ N° 13
pp 40 - 56,
l
.o./.~.
)

65
Fez
offre de "financement extérieur" des centres privés de
décision
PL
= "Surplus" "disponible" des centres privés de décision
Z
E (A)
= différentiel des rendements escomptés
R(A)
= différentiel du risque
> 0
>
o et
<
o
La fonction d'offre de "financement extérieur" des centres privés de décision
dépend des mêmes variables explicatives que la fonction d'offre des centres
publics de décision ; il reste que dans le cas des centres privés de décision
les notions de rendement et de risque méritent d'être reprécisées.
S'agissant de prêts, le rendement espéré peut être mesuré par le
flux escompté de revenus au titre d'intérêt des prêts.
S'agissant d'investissement direct, le rendement espéré se réduit
à la part des profits rapatriés chaque année
- Quant aux investissements de portefeuille, le rendement espéré peut
être mesuré par les revenus de capital perçus sous forme de dividende ou d'intérêt
- S'agissant du risque, il importe de faire la distinction entre le
risque économique, le risque financier et le risque politique.
- Le risque économique est la portion de la variabilité des rendements
causée par les facteurs économiques ;
Ces facteurs affectent les rendements des actifs dans leur ensemble
ce sont
les variations du taux d'intérêt, l'inflation et la conjoncture éco-
nomique mondiale.
a) Les variations du taux d'intérêt affectent les rendements des actif
dans la mesure où le taux d'intérêt intervient comme élément d'actualisation dans
1
le calcul de la valeur intresèque des actifs. S'agissant d'une action, la valeur
)
intresèque est donnée par la formule suivante
V. l
1
(1 +i) t
... / ...
1

66
VI
=
valeur intr~3êque de l'action
i
=
taux d'intérêt
=
dividende reçu à l'époque t
n
nombre de période5considérées
S'agissant de l'obligation, la formule de la valeur intreséque
se modifie de manière d tenir compte du remboursement de l'obligation en fin
de période
n
VI
=
E
Rt
+
t=l
Rt
= revenu annuel fixe à l'époque t
i'n
=
le montant nomiùa1 de l'obligation
b) l'inflation exerce un effet dépressif sur le pouvoir
d'achat des rendements des actifs. En effet, pour un taux de rendement nominal
r donné, le rendement réel diminue lorsque le niveau général des prix augmente
;2'
r
+ r _ 1
+ p.
rit
taux de rendement réel
~'
0.1\\ __\\11\\1.. fl.,AA. 0/
=
. .,
r
= taux
de rendement nominal
p'
= taux d'inflation
c) La conjoncture économique mondiale affecte inévitablement
les rendements des investissements privés. Un marasme économique entrainant
une baisse du mouvement des affaires, affectera à coup sûr le chiffre d'af-
faires des entreprises et par suite le taux de profit.
- le risque financier est celui causé par le non respect des
engagements financiers par le pays dont on a acquis les titres en raison soit
d'un endettement excessif, soit d'une variabilité des ventes et du coût de
production.
- Quant au risque politique, il a trait à l'expropriation
pure et simple, à la nationalisation en raison d'un changement de régime
politique ou d'une crise grave.
1

67
114
• - La fon~tion d'bffre glbbale de "financement extérieur"
23
A la lumière des développements précédents, l'offre globale
de "financement extérieur" peut être considéré-. connue égale à la demande
totale d'actifs étrangers acquis par les centres publics et privés de
décision de la zone "Nord". L'offre globale de "financement extérieur" de-
pend de trois paramètres fondamentaux :
- le montant du "surplus total" détenu dans "l'hémisphère Nord"
PL
- le "différentiel" du rendement "E (A) = E (As) - E (AN)
- le "différentielll du risque ~ (A) = R (As) - R (AN)
La fonction d'offre globale peut s'écrire ~
°
Â
Fe
= f
E(A),
Fe o =
"financement extérieur" offert
PL
=
"surplus" total
"E(A)= différentiel de rendement
"R(A)= différentiel de risque
Les dérivées partielles par rapport à ces différentes variables explicatives
peuvent s'écrire g
o
(1 )
Plus le "c;urplus" total détenu dans l'hémisphère Nord est élévé plus important
sera le "financement ext~r1 eur" offert (ceteris paribus)
(2)
~r(:» 0
Plus le rendement espéré de la détention d'un actif étranger est élevé
(relativement à la détention d'un actif llnational") plus important sera
le "financement extérieur" offert (toutes choses étant égales par ailleurs)
o
(3)
d"'Fe
<
0
êr~(A)
Plus l'actif étranger sera jugé relativement risqué, moins il sera demandé
en conséquence plus le "financement extérieur" offert sera réduit (ceteris
paribus)
~
(
1
1

Le "financement extér':eur" offert dépend du degré d'aversion
pour le risque des Agents détenthit El du VY~>UTplus"" POUT un niveau donné
de ce "surplus" le comportement c.e portefeuille peut être résumé dans un
tableau synoptique,
Dans le tableau ci-dessous nous définissons~
\\
(A)
= E (As)
E (AN)
~ différence entre le l'endement des actifs
"étrangers" et des actifs "nationaux"
"
R (A)
Jifférence antre le risque attaché à la
d~tent.cn d'actifs étrangers et celui attache
à la dê::ention d'dctifs naD, '''"c.;'
1

69
Différentie! de
Différentiel de
rendement
"-
"Financement extérieur Ul offert
rl.sque
si "
E CA)
>
0
et
~ CA) > 0
Le fifinancement extérieur" offert dé-
pendra du degré d'aversion de "l"hé-
misphère Nord" pour le risque. Si la
sensibilité par rapport au rendement
est supérieure à l'aversion pour le ri8+
que, le fifinancement extérieurll offert
sera positif mais non maximal"
Dans le cas contraire~ le "financement
extérieur ii offert tendra vers zero.
,..
..
si E CA)
>
0
et
R CA)
<.
0
Le"
lnancement extih'ieur" offert sera
maximal ; à la limite i l sera egal au
1
montant du "surplus" total ud:i'.sponible"!
".
.
si
E CA) <
o
el:
R (A)
>
0
Le "financement extêrieur" est nul , il!
nVy aura aucun transfert de capital
(même sous forme de don) si lYhypothèse!
de rationalité est admise
Ce eas est 1 7 inve'rse du cas précédent.
si
'"r.: CA) <
o
et
~ ('\\
1:\\.1
<
0
Ce cas est l'inverse du cas n"l, Le
l'financement extérieurli offt!rt dépen'-
j"
du degré d'aversion pour le risque,!,
siil est élevé et supérieur â la sensi-;
bilité au rendement le "financement ex-"
térieur if offert tendra à être maximal
!
/
à la limite
Fe" '" PL
(
Dans le cas contraire, une partie du
'Isurplusii total sera détenue sous forme!
d'actifs ifnationaux"

70
II est possible de représenter graphiquement dans le plan
Espérance-variance les rêsultats de ce tableau
;..
E (A)
+
Zone d vindétermination
"Financement extérieur cffer ma-
ximal
o < Feo < PL
o
1\\
R (A)
Zone ultra
défavorable
Zone d'indétermination
"Financement extêrieur offert"
nul ou quasi-nul
<
PL
o
Ce graphique montra que pour un niveau donné de "surplus" détenu
dans lihémisphère Nord r le comportement de portefeuille des centres publics
et privés de décision se trouve déterminé uniquement par deux paramètres ,
le différentiel du rendement (mesuré en ordonné) et le différentiel de ris'iue
(mesuré en abscisse). Ce graphique délimite quatre quadl'ans :
- le quadran Nord-Ouest caractérisé par un différentiel de ren-
dement positif 0 (A)
> ~ et un différentiel de risque négatif
~ (A) < ~ est la zone la plus favorable aux pays du Tiers-Monde deman-
deurs de "financement extérieur", La concurrence acharnée que se livrent ces
pays au niveau des codes d'investissement d'une part et des garanties politiques
dtfertes d'autre part se comprend aisement ; il faut non seulement se situer
dans ce quadran, mais encore y rester dans la mesure où tout pays qui se situe
en dehors de cette zone voit sa part de "financement extérieur" réduite progres-
sivt:'ment.

71
- le quadran Sud-Est caractérisé par un différentiel de rendement
négatif
~ (A) < 0 et un différentiel de risque positif ~ (A) > 0
est la zone la plus défavoraBle aux pays du Tiers-MOnde. Tout pays qui se situe
dans cette zone est boudé par les Agents à capacité de financement de l'hamisphère
Nord.
- Les deux autres quadrans Nord-Est et Sud-Ouest constituent des
zones d'indétermination ou plus précisement des zones "intermédiaires" en ce
sens que le "financement extérieur" offert n'est ni maximal, ni nul.
Dans le quadran Nord-Est (caractérisé par un différentiel de
rendement positif et un différentiel de risque positif) on peut supposer dans
une première étape que les agents à capacité de financement de"l'hémisphère
Nord" investiront dans des actifs étrangers (As) à haut risque et à rendement
élevé. Ils choisissent un portefeuille parmi l'ensemble des portefeuilles qu'il
est possible de constituer; ils opèrent une pré-sélection qui consiste à réjéter
tous les portefeuilles pour lesquels ils peuvent trouver soit un portefeuille
de même différentiel de risque mais de différentiel de rendement supérieur, soit
un portefeuille de même différentiel de rendement mais de différentiel de risque
inférieur. Une fois qu'une telle pré-sélection est opérée entre les Actifs étran-
gers (As ,M'
AIj
)
i l reste un ensemble de portefeuille As nommés "portefeuilles
efficaces" parmlFlesquels les agents à capacité de financement de "l'hémisphère
Nord" choisissent en fonction de leur degré d'aversion pour le risque et de leur
sensibilité au rendement.
]Jans une deuxième ~tape, ces agents investissent dans des actifs
nationaux (AN M
~
et
~
), Le llsurplus total sera donc partagé entre les
,
,
'R
~F
Actifs étrangers As et les Actifs nationaux dans des proportions qui peuvent
varier selon le degré d'aversion pour le risque.
Par contre dans le quadran Sud-Ouest (caractérisé par un différentiel
de rendement négatif et un différentiel de risque négatif) on peut penser que
les Agents à capacité de financemertt de "l'hémisphère Nord" effectueront une
démarche inverse ; dans une 1ère étape ils investiront dans les actifs nationaux ~
selon la méthode de la sélect10n des "portefeuilles efficaces; ce n'est que
dans une deuxième étape qu'ils investiront dans les actifs étrangers As'
!
·.. / ...

1
Ji
72
Cette analyse de l'offre globale de financement extérieur aide
mieux à comprendre pourquoi au stade actuel des relations internationales
l'objectif du 1 % ou du 0,7 % du P,N,B, fixé par les Nations-Unies reste
un voeu pieux, Tant que la grande majorité des pays du Tiers-Monde n'ém~ttra
des actifs "attrayants" qui les placent dans le quadran Nord-Ouest, le "finan-
cement extérieur" quî leur sera offert restera modeste par rapport à leurs
besoins immenses de capitaux extérieurs. A partir de cette analyse du "finance-
ment extérieur" on comprend mieux pourquoi l'Inde et le Bangladesh dont les
revenus par tête s~nt en 1977 respectivement 9~ ~
et 150 S/US n'ont reçu
au titre de ressources extérieures (en provenance des pays'du C.A.D. et des
organismes multIlatéraux) respectivement que 7,23 ~ US et 1,44 ~ US par habi-
tant. En 1976, les ressources extérieures par habitant reçues (en provenance
des pays membres du C.A.D. et des organismes multilatéraux)étaient de 6,57 ~
US pour le Bangladesh et de 0,11 ~ US pour l'Inde.
Pendant ce temps le Pakistan (dont le P.N.B. / tête était de
190 ~ US en 1977) le Libéria (avec un P.N.B. / t2te de 430 ~ US en 1977),
les Philippines (avec un P,N.B. / tête de 450 ~ US en 1977) et la République
de Corée (dont le P.N.B, / tête était de 810 ~ US en 1977) récevaient respec-
tivement 7,6 ~ US, 418 ~ US, 15,94 ~ US et 36,44 ~ US en 1977.
En 1976 les ressources extérieures en provenance des pays membres
du C.A.D. et des organismes multilatéraux reçues par ces différents pays sont
respectivement 7,65 ~ US, 2]7,99 ~ US, 24,75 ~ US et 34,82 ~ US.
Si l'on se réfère au total des montants nets reçus par tête d'ha-
bitant par ces différents pays (ressources de toutes provenances) on obtient
en 1977 pour le Bangladesh, l'Inde, le Pakistan, le Libéria, les Philippines
et la République de Corée respectivement: 9,22 ~ US, 1,69 ~ US, 8,40 ~ US,
418,23 ~ US, 15,94 ~ US et 37,78 ~ US.
Malgré un P.N,B. / tête de 710 ~ US en 1977 la Côte d'Ivoire
reçoit un montant net (ressources de toutes provenances) de 77,79 ~ US par
tête d'habitant et se classe ainsi devant les pays démunis tels que le Mali
(PNB/tête 1977 = 110 ~ US), la Haute Volta (PNB/ tête 1977 = 110 ~ US)
1

73
et le Rwanda (PNB! t~te 1977 = ]30 ~ US) dont les montants nets de ressour-
ces extérieures par haBitant reçus en 1977 sont respectivement ]8,9 ~ US,
]7,84 $ US et 22,16 $ US (z).
Nous pouvons donc affirmer que du point de vue du "financement
extérieur" la Côte d'Ivoire apparait comme 1l1'enfant chéri" des Agents à
capacité de financement de l'hémisphère Nord. Le "finaflcement extérieur ll est
devenu dans ce pays le moteur de l'industrialisation. C'est cette émergence
du "financement extérieurll que nous analysons dans le chapitre suivant.
(.)
Tous ces cli.i:ffres sont tirés de l'O.C.D.E. : "Coop'ration pour
le développement économique 1978-]979". Le montant par t~te
d'habitant a été calculé par nous.
(
.../ ...
1
1
1
,

74
CHAPITRE III. -
L'EMERGENCE DU "FINANCEMENT EXTERIEUR" COMME
MOTEUR DE L'INDUSTRIALISATION EN COTE D'IVOIRE
La volonté de faire appel aux capitaux extérieurs sous
toutes ses formes a été très tôt affirmée par les autorités ivoiriennes. La
politique d'industrialisation choisie nécessitant des mises de fonds
importantes, les autorités ivoirietlnes ont été contraintes de recourir au
"financement extérieur" en raison de la faiblesse de l'épargne intérieure
ou de son utilisation à des fins improductives.
A l'heure actuelle, comme la plupàrt des pays en développement
non producteurs de pétrole, la Côte d'Ivoire est un puissant demandeur de
capitaux. Nous nous proposons dans la 1ère section de ce chapitre d'élaborer
une fonction de demande susceptible de décrire le comportement de la Côte
d'Ivoire en tant qu'agent à besoin de financement. La deuxième section étudiera
l'importance du "financement extérieur" dans le développement industriel
ivoirien.
I. - LA DEMANDE DE "FINANCEMENT EXTERIEUR"
La description de l'économi~, sous-développée à l'aide des équa-
tions ou des relations de comportement a souvent fait l'objet de critiques
parfois acerbes, La plupart des Economistes d'obedience marxiste y voient
soit le prix d'un certain é, .. ",ctisme soit la marque d'une" ccltaI.tW idéologie (JI)
1
Nous pensons que toute économie, pourvu que soient précisés
au depart les axiomes de base et les hypothèses de travail, peut être étudiée
à l'aide d'une analyse quantitative dès l'instant où
les données sont disponible
c'est le cas du "financement extérieur" reçu par la Côte d'Ivoire que l'on peut
consulter soit dans les rapports annuels de la C.A.A., soit dans les différentes
balances des paiements, soit dans les rapports annuels de la Banque Mondiale .
.../ ...
!

1
1
1j
75
j
i
J
La fonction de demande de "financement extérieur" que nous
élaborons répose sur une hypothèse cruciale :
La Côte d'Ivoire est assimilée à un Agent à besoin de finance-
ment, rationnel, qui évalue ses besoins en capitaux extérieurs (en l'absence
de toute contrainte) et qui, en conséquence, émet des titres (généralement à
long terme) en direction des Agents à capacité de financement c'est-à-dire
le "magma" formé par les pays industrialisés situés pour la plupart dans l'hé-
misphère Nord". Pour la clarté de l'analyse, cette fonction de demande sera
éclatée en deux
la demande des centres publics de décision et la demande des
centres privés de décision.
1). - La demande de "financement extérieur" des centres publics de décision
D'une manière générale les centres publics de décision em-
prunteurs sont principalement les Etats et accessoirement les collectivités
publiques (Départements et Municipalités) et les grandes entreprises publiques.
Les collectivités publiques et les entreprises publiques
(autonomes) émettent des titres "à haut risque" (ou jugés tels par les Agents
à capacité de financement) titres qui ne sont généralement achetés par les
centres de décision prêteurs que s'ils sont revêtus du "cachet" de l'Etat
(aval) de telle sorte qu'en dernier ressort l'offre de titres des collectivités
et entreprises publiques est une offre indirecte des Etats. Le cas de la Côte
d'Ivoire est assez significatif à cet égard. La dette avalisée par l'Etat
1
ivoirien (dette consolidée et dette répercutée) représente une part croissante
du total de l'encours (ft).
1
Dans la mesure où l'Etat ivoirien est automatiquement rédevable
!
du montant de cette dette en cas de défaillance des débiteurs initiaux, nous avon
1
dans notre analyse réduit la demande de "financement extérieur" des centres
'1
i
publics de décision à la seule demande de l'Etat.
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Voir Tableau N° F

..' "<"<~'"'"">"_'''''M~'' lK:dt:f!i1têl " :t'f '
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Unité:
Milliards de F. CFA
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·
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1
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·
·
·
·
·
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·
·
·
·
1971
. 68,1 · 23,6 : 91,7 : 26'
·
·
32,3
:
12,4
·
· 44,7
·
· 28 %
·
· 100,4
·
·
36,0
:
136,4
:
26 "
·
-
- .





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il
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..
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1972
60,6
30,7
100,3
31 %
38,7
30,1
68,8
44 %
100,3
60,8
161 , 1
38 "
1973
76,0
58,9
134,9
44 %
37,3
37,9
75,2
50 %
113,3
96,8
210,1
46 "
1974
89,5
78,8
168,3
47 !
48,2
49,0
97,2
50 %
137,7
127,8
265,5
48 %
1975
112,2
102,8
215,0
48 %
72,7
39,1
111 ,8
35 %
184,9
141,9
326,8
43 %
1976
154,4
127,5
281,9
45 %
j~;.2
109,4
236,6
46 %
281,6
236,9
518,5
46 %
-~
.
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.
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1977
: 241,3
:
193,7
:
435,0
;
44 %
:
322,2:
170,0
• 492,2
:
34 %
:
563,5
:
363,7
:
927,2
:
39 %
. .
.
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Sources: - Bulletin d'Afrique Noire N° spécial, 8e édition, Juin 1979.
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76
Quels sont les facteurs qui d6terminent la demande de "finance-
ment extérieur" de l'Etat ivoirien?
Dans la 1ittérature~conomiqueles facteurs qui 80nt gén6ra1ement
pris en considération et qui servent de base A des projections ou A des études
de planification sont :
- le taux de croissance désir6 du produit national brut par
t@te lequel détermine un programme d'investissement
- le "déficit d'épargne" c'est-A-dire la diffArence entre
l'investissement requis et l'6pargne intérieure.
- le "detlcit de dévises" lorsque celui-ci apparatt C01lllle étant
la "contrainte dominante"
- le besoin d' intermédiat1.v1> financiire par le R.este du Monde
Nous nous proposons dans cette étude, A 1,t"'aide des donn6es
couvrant la période 1966 à 1976 d'élaborer une fonction de demande afin de
vérifier l'impact des différents facteurs que l'on peut intuitivement déceler.
Evidemment il ne s'agit nullement de prendre en compte dans la fonction,
l'ensemble des facteurs susceptibles d'influencer la demande de "financement
extérieur" dans la mesure où nous n'avons pas la prétention de proposer une
explication totale du comportement de l'Etat ivoirien en . .tiire d'endettement
extérieur. Une telle explication nécessiterait sans doute la prise en compte
des facteurs extra-économiques (notamment politiques) qui ne sont que rarement
du ressort de l'économiste. La fonction retenue n'intigrera au plus que trois
ou quatre variables. La variable dépendante (la dema~de de "financement exté-
rieur" sera rapprochée des variables explicatives dans des corrélations liné-
aires de forme simple ou de forme logarithmique.
La fonction de demande des centres publics de décision peut se met-
tre sous la forme suivante
FI (t)
= al Il (t)
+ a2 C (t)
+a3 A (t)
+ K
FI (t)
= Financement extérieur (en valeurs réelles de l'année
t reçu par les centres publics de décision.
.../ ...

-
78
-
Les résultats économétriques
Sur le plan économétrique', la liaison entre demande des centre
publics de décision et le financement extérieur a été appréciée à l'aide de
deux types de régression ~ une régression de forme simple
Ft = a I(t) + b A(t) + c D(t)+ K et une régression de forme
logarithmique Log F(t)
= a' Log I(t) + b' Log A(t)t c ' Log D(t) + K'.
Les séries correspondantes aux différentes variables ~pécifiées
se trouvent consignées dans le tableau de la page suivante. Le traitement info
matique par la méthode T.SP. donne les résultats suivants :
a) Régression sur les variables logarithmiques
!
!
!
Log FI (t)
=
1, 59 Log l 1(t) + 0,83 Log A(t) + 0,08 Log C(t) - 5,71 !
!
!
T de Student
(4,868)
(2,382)
(0,307)
(- 2,423)
R2 = °,7982
(Coefficient de détermination)
D-W = 2,1799
!
!
!
!
!
FI (t) en mil-
(t) en mil-
!
Années
!
! Il
!
A(t) en
%
!
C(t) en
%
!
!
!
liard de F CFA ! liard de F CFA
!
!
!
,
!
!
!
!
1966
25,0
23,7
79,6
23
!
!
!
!
!
!
!
!
1967
19,3
27,5
49,7
20,6
!
!
!
!
,
!
!
!
1968
,
34,2
29,0
63,8
21
!
!
,
!
1969
37,9
32,8
68,3
18
!
,
1970
30,6
37,9
51,9
22
1971
46,4
43,0
51,4
18
1972
31,2
31,4
74,8
17
!
1973
43,8
39,0
63,1
23
!
!
!
!
!
1974
39,5
33,4
65,5
34
!
!
!
,
!
!
1975
!
40,4
36,6
52,4
17,6
!
!
!
1
!
!
!
1976
-
-
-
-
!
!
!
!
SOURCES
- Balances des paiements de la Côte d'Ivoire
- Comptes de la Nation =
- Rapports annuels de la C.A.A.
... / ...
'

79
b) Régression de forme logarithmique
Log FI (t) = 1,591 Log Il (t) + 0,835 Log A(t) + 0,076 Log C(t) - 5,711
T de Student
(4,868)
(2,382)
(0,307)
(- 2,423)
2
R
= 0,7982 (Coefficient de détermination)
D-W = 2,1799
L'estimation économétrique revèle que la demande de financement
extérieur des centres publics de décision n'est nullement influencée par le
"coût" du financement extérieur. Le T de Student du coefficient relatif à la
variable "coût" est très faible (0,481) pour la régression de forme arithmétique
et (0,307) pour la régression de forme logarithmique. Mais la suppression de la
variable "coût" ne semble pas améliorer l'estimation économétrique.
T de Student (4,731)
(1,973)
(-1,947)
2
R
= 0,7669 (Coefficient de détermination)
D-W = 1,9962 (Durbin - Watson)
Log FI (t)
=
1,585 Log Il (t)
+
0,847 Log A(t)
5,504
(b' )
T de Student
(5,207)
(2,602)
(- 2,612)
2
R
= 0,7951 (coefficient de détermination)
D-W = 2,1184 (Durbin - Watson)
1

80
Si d'une manière générale, notre modèle est globalement satis-
faisant, force nous est de reconnaître que l'équation logarithmique (b')
est de loin celle qui donne les résultats les plus significatifs (tant du
point de vue du coefficient de corrélation
que du T de Student des coefficients
estimés).
Cependant cette équation revèle que la demande de financement
extérieur évolue dans le même sens que la capacité d'autofinancement. Toute
augmentation ou amélioration de la capacité d'auto~'nancement des centres
publics de décision de 1 % se traduit nar une augmentation de la demande de
financement extérieur de 0,847 %.
Cette liaison positive est contraire à notre hypothèse ; elle
s'explique par ce qu'on peut appeler une sorte d'effet d'anticipation: le
financement extérieur est une "denrée" rare recherchée par la plupart des
pays en voie de développement. Les centres publics de décision profitent des
performances réalisées en matière de capacité d'autofinancement pour accroî-
tre leur demande de financement extérieur. En effet la capaci,tê d'autofinan-
cement dépend de manière cruciale des recettes d'exportations et des recettes
fiscales, et de ce point de vue elle fluctue d'une année sur l'autre. Or
l'amélioration ou la dét~cioration de cette capacité d'autofinancement rend
les titres émis par les centres publics de décision attrayants ou risqués aux
yeux des Agents à capacité de financement. Anticipant une déterioration de
la cap2 0 ité d'autofinancement dans le futur, les Centres publics de décision
dont la "qualité des titres" s'est améliorée accroissent leur demande de -finan-
cement extérieur".
1 , - La demande de "financement extérieur" des Centres privés de décision
2
A côté des centres publics de décision, il existe en Côte d'Ivoire
des centres privés de décision demandeurs de capitaux extérieurs. Mais compte
tenu de la structure particulière du marché financier international, seules
les institutions de grande dimension y ont ~rcès. La demande des Centres privés
de décision se réduit en Côte d'Ivoire à la demande des filiales des entreprises
multinationales (ou des grandes exploitations européennes) qui s'adressent soit
1
1
... / ...
.1
1

iL
. 0

par
tln~n-:..et.. l
l.nt2:tuati.:JnaJ..
' d
lisLe de..> r;;.ctst,;-:::'2éiJ;
('~lirrr1l3.ndt?nt la demdl1di::: de "!.iL~ancë'·
Tfl2tH '='j:Leri~u!·'ii d~s::e;::r[~5
pr'ivés li2- Jé>. i,,,'Lm selùn Id l i ttérat.ür2 éCLHiÛIrlltp.10
- Les inV'23ti8&ements :cé",: i~é:::;, : l,
les fonds a Ifl{.'biliser ::;ont énormes~ Cé. qui interdit à la filiale tcut.:', pù8!>lbi-
li té cl i emprunt sur plac,- \\ ldnt (L:.n~lé<~ 1 i dcs\\.".nç·t: ou li étY01 tcsse du marché f :'nanci",!'
10.:a1), Plus le coût des invesds8E.lTI6i1l6 ",'dt êléve~ plus impûttante e.st la
dema.nde de ïiucm,c.ement exterieur (tout2<i choses étant éiSales pdl. ail h~U1S) ,
.- 'Vautofinancement souhaIter le<Iud dépend cl",s peafi ts réalisés
eL sû,tLout de la structure finan~ière dédrè"" pat' J.a maisûn-mere (ou cL>mmandé·c
par le secteur duç~el dp~artiEnt lYexpl)itdrion), Plus est flev~ l'autofinaricement
SJl.i>li té>
f-lu8 es t rédui tê la demand'2 de. fi rlanc.ement extécieur 1\\ "
- Le diffêcentiel du
taux d'intê~~t ; la filia.IE est également
sen,:;ible à l'écart qui peut exist.El' a. un m0ment donné entre le taux cl ~ intér~t
du marché .financier :i.nt2t!ldtiondl e'L le L..tux d'int.érêt du marché LKaJ."
si le.
différent.iel du taux cl i iGtél'êt (dû t2.Ù)( cl,; ch.:mge près) est trüf' élevê~ la
filia1.'è p:rêfér~:::Ta empruncsr sur place ou J2iILdnJEr'd à la mal.son-mè:re de financ'2t
•.•
·un2/5: .... i"'bJe
str:u~tün:ns 5
r.:'"
;;1 ,'l'.
1 "~nsemblE de la politique
:;.<,,:pdnsLmr:isL2 (à lÜli~ t.~~ii":') de lf",nL1.ëlJ(L~t::' lTlult.Lnatioildle à l'êchellt: mundiale,
En elit,,!. 1e,8 e;,.tltèpris2t: mu.l[j.c.:id.uüdl~3 ,se IhrCént la pluparc du tEmps à des
"3
l,,':-q~lels '211e intervient .on fonction de la
conjoncture, des facilit~s qui lui sont acc0ld~es ici 00 r2fus~es ailleurs.
1
1
1

82
Au total la demande d", financement extérieur des centres privés
de dëcision peut être appréciée à l'aide des deux types de régression ci-
a)
.....,
1.' '_1
~ ,r

~ t)
> 0
o
" 0
(}-"F 2 (t)
> 0
a-
<
S (t)
Log F2 (t) - al Log 1 Ct) + b' Log A(t) c' Log Ret) + dl Log
2
SCt) + KI
dvec
al :> 0 ; b i < 0 ; Ci (0
et
di < 0
>
F
Ct) = Demande de financement extérieur des centres privés
2
de décision
1
(tt -
Investissements privés
2
A(t)
- Autofinancement souhaité
....R(t)
- Différentiel de taux d'intérêt au taux de cbange près
S(t)
;: Variable structurelle résumant l'ensemble des autres
facteurs
K et KI sont des constantes
..
,.,
/ .. "
r-
I
1

83
I • -LâdêTilartde globàle de "financement extédeur ll en Côte d
3
v Ivoire
1) La fonction de demande
Au te'Mllê des dé-.,eloppements préc.edents~ la demar.de globale de
"fl:l1anceme.nt: extérieur" appa!'aît comme la somme de deux composantes: la demande
FIdes ct:!ntres puplics de décision et la demande F
des centres privés dE'
2
décision. Elle pourrait s'écrire:
E2t) ,
c(;)] ..
~(t)' sJ
F(t) • FI
AI(t)'
F2 @2(t)' A' (t)'
Toutet> l.es variables explicatives t~i-dessus énumérées ne seront pas
prises en compte dans la fonction de demande en raison de la colinéarité entre
certaines variables explicatives, d'autre part en raison de l'absencE ou de la
non fiabilité des statistiques relatives à certaines donn~as.
2) La spécification des variables r.EtE:nlh~S
a) Le concept de "financement extérieur" retenu est un conc.ept
qui s'apparente à celui de "v~rsements" retenu par Patrik GUILLAUMONT. Il est
égal à l'ensemble des capitaux reçus par la Côte d'Ivoire (sous f0rme de
transferts unilatéraux et sous forme de prêts bilatéraux, muIt ilatêtaux t publics
et privés). C'est un concept extrêmement large qui fait abstraction de l'usage
que les rhidents ivoiriens font des capitaux reçus .'
b) La capacité d'autofinancement
c'est un ratio qui est estimé en pourcentage ; il est égal au
rapport de l'épargne intérieure (totale) et la formation brute de capital
fixe de l'année considérée.Ce ratio donne une indication grossière de la
"participation potentielle" de la Côte d'Ivoire à l'accumulation du capital.
c) Le coat du "financement extérieur"
Cette variable devrait prendre en considération à la fois le tâux
d'Lntérêt des prêts, la durée moyenne des prêts et le delai de grâce. En effet
le coût <:lffectivement pratiqué varie selon la nature du 'ifinancement extéd.eur il
l'
(Don ou Prêt), selon l'origine du "financ, rrl<'::nt extérieur" (prêts d' ori',Îne
1
1
publi'tue ou privée) et parfois selon la qualité du pays demandeur. iiqualité
,1
.".j.,.
l
1

-----~"
84
1
qui peut elle-même varier selon que le pays approche ou non son "quota d'ende
tement international",
Nous-avons estimé le coût du "financement extérieur" par un
indicateur grossier, le taux moyen des prêts différent de celui retenu par la
Banque Mondiale. Il est égal au rapport du service de la dette à la période
courante et de l'encours de la dette à la période précédente:
Service de la dette à la période t
X 100
Ecours de la dette en t - 1
Les valeurs prises par les différentes variables ci-dessous
specifiées sont rétracées dans le tableau suivant.
,
,
,
! !
,
! Années' Financement extérieur Formation brute de
j Capacité d'auj Coût du finan-
en milliards de F
capital fixe en mi1-, tofinancement! cement exté-
C.F.A. x
1iads de F C.F.A.xz j
en %
f rieur en %
! 1966
31,80
77 ,00
78,00
23,00
!
f! 1967
76,50
76,00
20,60
1968
45,80
78,60
108,00
21,00
f 1969
44,20
81,30
1Il ,00
18,00
!
1970
45,40
102,70
97,00
22,00
1971
56,80
108,70
82,00
18,00
: 1972
44,50
108,10
86,00
17,00
1973
82,50
122,00
83,00
23,00
1974
78,40
115,00
98,00
34,00
1975
73,10
126,00
66,00
17,60
Le financement extérieur est estimé en volume ; autrement dit les diffé
rentes'va1eurs ont été déf1atées par un indice des prix des biens d'équ;
pement importés calculé par la B.I.R.D.
La F.BCF a été déf1atée par l'indice des prix des biens d'équipement
calculé par la Banque Mondiale
1
1
1
... / ...
/
1
1
1
1
i

85
Les résultats économétriques
Comme pour la fonction de demande des centres publics de décision
deux types de régr~ssion ont été testés ~ une régression sur les variables
simples et une régression de forme logarithmique.
Par ailleurs nous avons introduit un décalage d'un an au
niveau des variables explicatives "capacité d'autofinancement" et "coût du finan-
cement extérieur".
Ce décalage se justifie par le fait qu~ la décision d'émettre
des titres en direction des Agents à capacité de financement de l'hémisphère Nord
se trouve en partie commandée par les anticipations de la Côte d'Ivoire relatives
à sa capacité d'autofinancement et au coût du financement extérieur dans le futur.
On peut donc s'attendre à ce que F (t) soit fonction de A(t+l) et de C(t+l).
Mais l'introduction de ce décalage d'une année ne semble pas donner des résultats
satisfaisants. Les résultats obtenus sont les suivants:
Régression simple
données sans décalage
F(t) =
0,873 I(t) + 0,224 A(t) + 0,874 C(t) - 72,415
T de Student(5,073)
(0,957)
(1,353)
(-2,370)
2
R
= 0,8460 (coefficient de détermination)
D-W = 2,6068
(Durbin - Watson)
Régression Logarithmique
données sans décalage
!Log F(t)=1,68 Log I(t)+0,52 Log A(t)+0,24 Log C(t)-6,86
T de Student (5,266)
(1,306)
(0,815)
(-2,67)
2
1
R
= 0,8372
(coefficient de détermination)
1
D-W = 2,4503
(Durbin-Watson)
... / ...
1

86
C)Ddnrtéés·avéc décalage
.... Régréssîon simple
F (t) =0,665 r (t +]) + 0,008 A(t~') + 0~952 C(t+f, - 37~944
! .
T de Student (],849)
(0,0]8)
(0,832)
(-0,604)
2
R
= 0,5960
D-W '"" 2,3852
- Régression Logarithmique
Log F(t) = - 3,7]5+]~42 Log I(t+I)+O,11 Log A(t+I)+0~18 Log ~(t+IJ
T de Student
(- 0,749) (2,270)
(0, ]50)
2
R
=
0,6]04
D- W = 2,6004
4) Interprétation des t'ésul tats économétriques
- Les régressions sur données annuelles (sans décalage)
donnent les résultats les plus intéressants. En d~finitive .la. fouet i on d.c
demande retenue est de
la forme suivante: F(c)
= À I~)
A~t) "ct)
aVèC 1 Ct)
= "Financement extérieur" total reçu (déflaté)
l (t) = Formation brute de capital fixe (déflaté)
A (t) = Capacité d'autofinancement en %
C (t) = Coût du "financement extérieur" en %
c{,),« mésurent respectivement les élasticités de la demande globale de "finan-
cement extérieur" par rapport à la formadon brute de capital fixe, la capacité
d'autofinancement l'.: le coût du"financement extérieur".
,
1
... / .. ~
1

87
L'estimation économétriquE:' de la fonction de demandE, global(;
revèle l'existence d'une liaison pObitive d'une part entre le "financement
extêrieur B et la capacîté d' autofinanCe!lLent~ di autre part entre l~ financement
extérieur ec Bon coût. En effet la fonetion de dealande globa1er'etenul-'
s'écrit ~
Log F (t) • 1,68 Log l (t) + 0,52 Log A (t) + 0,24 Log C(t) - 6,86
L'amélioration de la capacité d'autofinanc~ment de la Côte
d'Ivoire de
% se traduit par 'Une demande de financement extérieur accrue
de 0,52 %. De même toute augmentation du coût de "financement extérieur"
de
% induit une augmentation de la demande de financement extérieur de
0,24 %
Ces deux liaisons positives peuvent être interpretées de plu-
sieurs manièreb
a) La liaison entre le "financement extérieur" et la capacité
d'autofinancement peut être expliquée par un effet d'antic.ipation, effet que
nous avions déjà rêtrouvé dans l'estimation économétrique de la fonction de
demande des centres publics de décision ; les arguments préalablement avancés
restent donc valables. Cependant faisons remarquer que les centres publics
de décision sont beaucoup plus sensibles à cet eff~t que l'ensemble de la
Côte d'Ivoire.
b) L'interprétation de la liaison positive entre le "finance-
ment extérieur" et son coût est plus complexe
- la première interprétation (la plus plausible) est que le
"iinancement extérieur" est pour la Côte d'Ivoire (au stade actuel de son
développement) un libien vital", un "produit de première nécessité" indispen-
sable à la croissan.ce économique. Plutôt que de renoncer à un "financement
extérieur" dont le coût augmente et de conlJ) omettre dangereusement la pour-
suite de la croissance économique (avec les risques aocia-po1itiques
"
III

/
"
• •

88
qu'entraînel'ait une telle re(;ession). la Côte cl! IvoÎ'r.'e préfère acc.roîL2. la
demande de lifinancement e'xté'r:i:eurii pour faire face d ~une part à 1 valourdisse-
ment du service de la dette r d'autre pal't pour maintenir un rythme de crois-
saIlce relativement élevé. Cette pol:i:tique semble avoir porté ses fruits puis-
que le produit interieur orut par tête en valeurs réelleslindice des prix
1975 - 100) passe de 102 milliards en 1966 à 124 milliards en 1975 soit un
taux moyen de croissance annuel de 2 % environ.
En termes nominaux le produit intérieur brut par têt~
passe de 38 180 francs CFA en 1960 à 209,795 francs CFA en 1977 soit un taux
d'accroissement annuel moyen de 10 % pendant la période,
- La deuxième interprétation s'appuie sur la notion d'op-
timum économique telle qu'elle a été élaborée r:'! les auteurs libéraux; la
réalisation de l'optimum suppose d'une part que les consommô.teurs égalisent
les utilités marginales des différents biens qu'ils absorbent, et d'autre
part que les producteurs ajustent à la marge leurs coûts et leurs recettes
c'est cette loi d'égalisation du coût marginal et de la productivité marginale
qui s'exprime à travers les notions impliciLes d'efficacité marginale du
capital ou de taux de rental;ilité interne des projets. Or certaines réalisa-
tions sociales et industrielles financées par l'Extérieur relèvent à première
vue d'un désir de prestige: les unités sucrières de Ferké l et Il de Katiola-
~~rabadiassa~ de Borotou-Koro qui ont fait l'objet de contrat d'ingénierie
et d'installations clef en main avec les firmes européennes et canadiennes
produisent à des coûts qui sont hors de proportion avec les cours modiaux (x).
Les projets de. .rénéralisation de l'enseignement télévisuel, de couverture
complète du territoire par la Radio-Télévision en couleur, le fameux projet
d'une itvoie Triompl.alei' échappent à tout critère de rationalité économique.
Le "financement extéri.~uril apparaîtrait alors de (~ point de vue comme un
bien de luxe 3 une consommation de prestige dont la demande sans cesse crois-
sante s'expliquerait par un effet de "snobisme" ou de "démonstration".
Cette dernière interprétai ion parait quelque peu discutable. car elle ne rend
pas compte du refus sans cesse affirmé par les autorités ivoiriennes d'un
,/\\
"développement au rabais" et de c.e que François PERROUX appelle les "paris sur
;
structures neuves".
(x)
La Sode sucre a dû subventionner la production à raison de 15 mil-
liards de trancs CFA en 1979

89
Les macro-décisions des unités économiques complexes ne
peuvent ~tre analysées à l'aide des outils marginalistes car si le calcul
à la marge est encore possible quand l'agent économique agit à l'intérieur
des structures, il se revèle inadapté pour rendre compte des transformations
structurelles". C01IDDe le note François PERROUX (.) "ni psychologiquement,
ni sociologiquement, ni historiquement. les paris sur structures neuves ne
sont réductibles à des auscultations successives du marché et à des tâton-
nements à objet infime".
- La troisième interprétation repose sur la théorie des
jeux
la liaison positive entre le·"financement extérieur" et son coût est
perçue connue l'expression d'un "pari optimiste" sur l'avenir. Le comportement
des autorités ivoiriennes en matière d'endettement international s'apparente-
rait à celui d'un entrepreneur audacieux attiré uniquement par l'éventualité
d'un gain maximal quels que soient les inconvénients éventuels liés à ce
choîx. Une telle stratégie est basée sur un critère bien connu en théorie des
jeux : le crîtère du maximBx (maximum des maxima) qui consiste pour le joueur
à annoncer la "mise maximale P tout en espérant que du point de vue politico-
social toutes choF~s seront égales par ailleurs. (RK)
(X7
François PERROUX in"Les macro-décisions"
Economie du XXè siècle
P.U.F. ]96] P
246-247
(xx)
Le Président HOUPHOUET Boigny l'a clairement affirmé dans le discours
à la Nation du 6 décembre 1979 :
"Les résultats de ce jeu doivent être assumés dans leur globalité,
erreurs comprises, jusqu'à ce que la patience et la compétence les
aîent transformés en demi-succès, puis en victoires, ou au contraire
jusqu'à ce que leur abandon constitue un pari nouveau tenu hors de
tout dogmatisme". Cette liaison positive peut être aussi l'expression
d'un pari pessimiste. Craignant un tarissement de la source ou une
fermeture du robinet les autorités préfèrent emprunter le maximum
aujourd'hui.
... / ...

90
1
1
i
IL "'" IMPORTANCEUU "FINANCEMENT EXTERIEURli DANS LE DEVELOPPEMENT
INDUSTRIEL IVOIRIEN
En eôte d'Ivoire le "financement extérieur!' est à la fois un
facteur d'accurrrulation du capital et un facteur de croissance économique
IT1 e - LE: Yifînancément extérieure!! ~ facteur di accumulation interne
Le rôle joué par le "i~nancement extérieur" dans le processus
di accumulation intt.'Ol'ne peut être apprécié à l! aide d'une régression très
simple r'eliant la formation brute de capital fixe exprimée en termes réels
et le "financement extérieur" réel (=). Cette régression qui porte à la
fois sur le;;; données annuelles et sur les données cumulées confirme
l'existence en Côte cl' TllOire de "1 i amplificateur de MALDANT et HAUBERT".
Les résultats des différentes régressions sont les suivants
d) Régression portant sur données annuelles
F BeF
(1)
t
T de Student
(5)058)
2
R
- 0,7465
(Coefficient de détermination)
D -W =: 1,5899 ( Durbî.n - Watson)
b) Régression portant sur données cumulées
t
t
~ F .8 C F
2. 08 }~ F
+
1966
l'1bb
T de Studem:
(0,339)
2
R
= 0,9147
D - W :::. 1)7003
1
1

'F BeF
Fonaation bruLe de capital fixe de l'année t
t
F
"Financement extérieu.r" brut de l'année t
t
t
r F B~: '17
l'fontant cumulé de la formation brute
de cap:'tal
1966
fixe de ]966 à l'année t
t
L: 'F
Montant cumulé du "financement extérieur" de
1966
1966 à l'année t
Seule la régression sur donué2s cumulées donne les ré,:;ultat3
les plus intéressants tant du point de vue du coefficient de détermination,
du T de Studcnt Gu€Je
la valeur de ill i amplificateur" , 'L'équation (2) montre
que le processus à'accumulation interne en Côte d'Ivoire est fortement trïbu-
taire du montant du "financement extérieur" reçu" En moyenne, our la période
consiriérée~ la formation brute de capital fixe est égale à 2,08 fois le
montant du "financement extérieur" reçu au cours de la période. La valeur
du coefficient d'induct~on est plus élevée lorsqu'on se refère au "financement
extérieur H "absolument: net", La régression sur données cumulées donne un coef-
f!-:-nt d'induction égal i
2,42.
t
t
Llo' B CF
2. 42
2: F
+
1966
196~
T de Student
(47~816)
2
R
= 0~9965
D - W ""' 1,394
t
L: FN
IiFinancement extérieur" llabsolument net" cumulé de
]966
1966 à l'époque t
La forte dépendance du processus d'accumulation en Côte d'Ivoire
à l'égard du "financement extérieur" est encore plus aveuglante lorsqu'on
examine l'équation (4) ci-des'us ~
." " / ...

t
t
Ljg (rF B CF)
Ot94 Log CL F)
+
1,08
]966
1966
T de Student
(2û.739)
2
R
_
0 9817
~
D - W' = ],5701
L~équation (4) montre qu'en moyenne~ au cours de la période
considérée, une diminution du "financement extérieur,,'cumulé de la % se tradui-
sait par une diminution de la formation brute de capital fixe presque d'un pour-
centage équîvle.nt (w). Ce coefficient d'élasticité proche de 1 expl èque et
justifie le souci constant dps 8utori tés ivoiriennes d ' éviter d'ébranler! ri
confiance des milieux financ.iers internationaux. Ce "'~Hci est d'autant plus
légitime que le "financement extérieur" est également un facteur de croissance
économique
11 , - Le lifinancement extérieur", facteur de croissance
2
Au niveau macroéconomique, le rôle du "financement extérieur"
peut être mis en exergue à l'aide d'une régression reliant directement le produit
intérieur brut au IIfinancement extérieur" cumulé, Lorsqu'on examine le tableau
N° G, on constate que le produit intérieur brut évalué en termes réels évolue
dans le même sens que le "financement extérieur" réel ; une accéleration du
rythme de croissance du "financement: extérieur" s'accompagne d'une accéleration
du taux de croissance de l'économie à l'exception des années 1974 et 1975 où
1er rythmes de croîssance sont divergents.
Corrune pour l'amplificateur du "financement extérieur" deux types
de coefficients ont été calcul~s : le premier que nous baptisons à la suite de
Boris
MALDANI' et Naxime HAUBERT "éfficacité marginale du "financement extérieur"
(x)
La régression sur données annuelles donne un coefficient d'élasticité
nettement .lllférieur ,
48 • 5 %

92 bis -
TABLEAU N° G - EVOLUTION DU PRODUIT INTERIEUR
BRUT R',EL ET DU «
FINANCEMENT EXTERIEUR»
CUMULE
(
)
,
(
Financement
Taux de
Taux de crois-
)
(
P, LB en
)
Années
extérieur cu-
croissance du
sance du finan-
\\
(
)
termes réels
.~
;
(
mulé réel
cement extérieur)
l
(
)
1
(
)
(
)
1966
1
(
455,8
31,8
)
j
(
)
1
(
)
1
i
(
)
1967
473,9
61,0
4
-8
i
(
)
j
(
)
J
(
..
)
j
..
(
)
1968
533,8
106,8
13
57
(
)
1
1
(
)
!l
(
)
1
(
)
i
1969
570,5
151,0
7
3,5
j
(
)
j
"
(
)
1
(
)
j
(
)
'11
1970
595,3
196,4
4
3
A
(
)
j
(
)
l
(
)
i
(
)
1971
641,1
253,2
8
25
(
)
J
(
)
1
(
)
(
)
1
1972
685,7
297,7
7
-22
(
)
1
,
( -
)
!1
(
.j
)
'J
(
1973
740,1
380,2
8
85
1
)
1
(
)
l!
«
)
(
1974
823,8
458,6
11
- 5
)
(
)
(
)
(
1975
834,5
531,7
7
)
(
)
(
#
) 1
Unités
P.I.B. en Milliards de F. CFA
t
1
,
Financement extérieur en Milliards de F. CFA
l
,f'
Taux de croissance en %
;
Sources
- Comptes
.
de la Nation , Ministère du Plan
t
- Balances des paiements, B.C.E.A,O.
t
- Banque Mondiale. « Ivory Coast, The Challenges of sucees»
l
... 1. 0 •
J

1
93
i
1
J
1
mesure l'influence du lIfînancement extérieur" sur le niveau de l'activité
1
économîque matérîalisé par le produit intérieur brut.
1
if
Le second) qui s'apparente à un coefficient d'élasticité
j
est oEtenu en régressant le logaristhme du produit intérieur brut en termes
1
1
réels (s) sur le logarithme du "financement extérieur" réel cumulé, Les
résultats suivants ont été obtenus.
t
= 0,79
L F
+
440
(1)
1966
(27,317)
(5 1~ 683) (11%)
2
R
= 0~9894
D - W = 2,0843
t
Log P.LB'
=
0,23
.Jg L F
+
5, 25
(2)
t
1966
(ll~241)
(4~
179)
D - W = 0~7641
Les deux coefficients que nous venons d'estimer démontrent l'im-
portance du "financement extérieur" dans le développement économique ivoirien.
L'équation (1) révèle qu'une baisse du "financement extérieur" de 100 mil-
lions de francs CFA se traduirait par un fléchissement du niveau de l'activité
économique de 79 millions de francs CFA au cours de la période considérée.
(:li:)
Le P.I,Bo en termes réels est obtenu en déflatant le P.I.B. nominal
par l'indice des prix à la consommation,base 100 en 1975
"...
t
(XJ;)
..
1
Les chiffres entre paranthèses indiquent le T de Student des coefhc~ents!
'"
,/
.. ,
i:
'.'
,
estimés.

fJ

/
• • •
1~l~f(
t

94
Quant à lVéquation (2) elle nous renseigne sur le dégré de sensibilité
de l'économie ivoirienne aux fluctuations du "financement extérieur". Une
oaisse de 100 % du "financement extérieur" induit au cours de la période un
fléchissement d" 23 % du niveau de l'activité économique.
Si le "financement extérieur" tend à devenir selon le mot de CHENERY
"un facteur de production distinct, il n'en demeure pas moins vrai que l'indus-
trialisation qu'il promeut atteint rapidement ses limites. Le chapitre IV
analyse les limites de l'industrialisation basée sur le "financement extérieur"
... / ...

95
CHAPITRE IV. -
LES LIMITES DE L'INDUSTRIALISATION BASEE SUR
LE "FINANCEMENT EXTERIEUR"
Il n' y a point de développement économique et social véritable
sans industrialisation
cette constatation a été faite par l'organisation des
Nations-Unies depuis ]961. Dans le rapport sur l'économie mondiale il était
stipulé qu'il est impossible de préconiser la spécialisation des pays "sous-
développés" dans la production des produits primaires en vue d'élever le
niveau des revenus individuels ; il faut au contraire, disait le rapport,
"permettre à ces pays de construire des économies industrielles aussi diversi-
fiées que celles des pays avancés d'aujourd'hui". L'industrialisation apparait
donc comme une nécessité vitale pour les pays qui désirent sortir des "cercles
vicieux" de la pauvreté pour entrer dans les "cercles vertueux du développement
gouter au "nirvâna" économique de la Société de consommation.
Mais si à l'heure actuelle l'unanimité s'est faite sur la néces-
sité de l'industrialisation, les divergences fondamentales apparaissent quand
il s'agit de définir cette notion. Il importe donc de préciser au préalable le
sens du terme industrialisation avant d'analyser les limites de l'industrialisa-
tion ivoirienne.
l
. - NOTION D'INDUSTRIALISATION
Etymologiquement industrialiser dérive du latin "indus tria"
qui signifie 'activité ou ensemble des opérations qui concourent à la produc-
tion et à la circulation des richesses par la mise en oeuvre des matières
premières. (1)
L'industrialisation est donc l'art d'extraire ou de produire
les matières premières, de les travailler, de les façonner et de les mettre
à la disposition des hommes en vue de la satisfaction de leurs besoins;
(x)
Dictionnaire
Le Petit Larousse édition 1976 page 540
f/j
• •
/
• • •
1

96
autrement dit, industiraliser, c'est selon l'étymologie, implanter une
1
gamme d'activités rélevant du secteur secondaire., Une telle définition
1
1
de l'industrialisation présente l'incua~enient d'être partielle et surtout
1
statique ; elle ne permet pas de rendre compte de la dimension humaine du
1
1
phénomène. En effet selon cette optique, sera dit industrialisé ou en voîe
1
d'industrialisation tout pays qui aura réussi l'exploit d'attirer sur son
!1
sol (soit par le biais des exemptions fi~cales et des garanties politiques,
]
1
soit par le biais d'un code d'investissement extrêmement laxiste) le maximum
J.~
d'a~tivités rélevant du secteur secondaire tel que le définit la Comptabilité
1
Nationale, D'un point de vue quantitatif les performances industrielles et le
1
1
degré d'industrialisation seront mesurés par un indicateur unique ~ la part
1
:~
,
des biens et services produits par le secteur secondaire dans le P.I.B.
j
!
(en pourcentage). Plus ce ratio est élevé, plus on y voit la marque de succès
de la politique d'industrialisation.
Nous ne retiendrons nullement cette définition du terme
industrialisation qui privilégie la dimension technico-économique au détriment
de la dimension humaine. Nous nous rallierons dans cette analyse à la définition
donn.:·. è',:a FI'a.u<.,.,,: ... , L'ERROUX; "l' industriali sation est la structuration de tout
un ensemble économique par l'emploi de système de machines dans le dessein et
avec l'effet d'augmenter cumulativement et à un coût décroissant en effort
individuel le pouvoir qu'a un groupe humain d'obtenir leti objets qui lui sont
bénéfiques" C) 0
L'industrialisation est donc avant tout un phénomène social,
un processus qualitatif dont le progrès ne sautait être mesuré par la part
du secteur secondaire dans le produit intérieur brut.
(II)
François PERROUX
l'Economie des Jeunes Nations Editions P.U.F.
1962
Page 21
o
• • /
• • •
1

97
L'industrialisation est un phénomène autoentretenu et le seul
fait d'implanter ça et là des usines (fussent elles nombreuses) ne suffit
pas à l~ déclencher. Comme le souligne à juste titre Jacques FERRANDI, "mêmes
nombreuses ces usines ne parviendront pas à industrialiser le milieu si elles
se présentent comme des ilôts coupés de communication avec l'économie et la
Société. Elles seront incapables dans ce cas d'accélerer et d'entretenir le
changement recherché des structures et des comportements" (x).
Après avoir clairement défini ce que nous entendons par indus-
trialisation, il nous reste à étudier les effets du "financement extérieur sur
l'industrialisation ivoirienne.
II. - LES EFFETS DU "FINANCEMENT EXTERIEUR SUR L'INDUSTRIE
IVOIRIENNE
La Côte d'Ivoire est en Afrique de l'Ouest, sans aucun doute le
pays qui a le mieux tiré parti du "financement extérieur". Le charisme du
Président de la République, le libéralisme affirmé, la stabilité politique et
la ligne définie par le P.D.C.I. R.D.A. depuis 1950 ont été les facteurs détermi-
nants de
l'àffluence du "financement extérieur" à Abidjan. Cet afflux s'est
traduit sur le plan industriel par des performances quantitatives spectaculaires.
III' - Les effets quantitatifs
En 1960 le secteur second[.l "'~e (à l'exclusion des bâtiments et
1ra'aux Publics) produisait des biens et services évalués à 13,1 milliards de
francs CFA.
(x)-
Jacques FERRANDI. -
Intervention au Colloque international sur le dé-
veloppement industriel africain,DAKAR 20-25
Novembre 1972
... / ...
1

Le produit de ce secteur atteint 125,9 milliard de francs CFA en
1975 et 185,4 milliards de francs CFA en 1977 ; autrement dit en 15 ans la
production de ce secteur a été multipliée par 9,6 et en 17 ans par 14,1.
En termes de variation, de 1960 à 1975 le taux d'accroissement moyen par
an est de 15 %. Ce taux passe à 16 i. par an l8~squ'on considère la période
1960-1971.
Si l'on inclut les Bâtiments et Travaux Publics, la part du secteur
secondaire dans lé. P.I.B. n'était que de 5 % en 1960. En 1975 cette part est
passée à 21,7 % et en 1977 elle représente 19,1 % du produit intérieur brut.
Le secteur primaire qui fournissait à lui tout seul 43,~' % du P.I.B. en 1960
n'en représente en 1975 que 28,8 % et en 1977 24,6 %. En dépit donc d'un
rythme de croissance extrêmement rapide, les acti;\\Î'ités industrielles n'ont
pas réussi encore à supplanter le secteur pI'imaire 'dont 'la ,contribution était
en 197) 24,6 % du P.I.B. et 36 % de la Valeur Ajoutée aux coûts des facteurs.
Le tableau ci-dessous retrace l'évolution de la participation des
trois secteurs à la Valeur ajoutée aux coûts des facteurs de 1975 à 1977
,
!
Secteurs
1975
1976
1977
!
!
Secteur primaire
34 i.
33 %
36 %
!
!
. !
Secteur secondaire
21 7.
22 i.
22,5 %
!
dont-l'industrie manufacturières
12 i.
13 %
12 i.
Bâtiments et T.P.
7 i.
8 %
9 i.
Industries extractives
0,2 i.
0, 1 i.
0,2 i.
Secteur tertiaire
45 i.
41,5 %
Sources
Les Comptes de la Nation
Ministère des Finances de
de l'Economie et du Plan 1977
,
f
... / ...
j

- 99
LA PRODUCTION INTERIEUR BRUTE
REPARTITION ET EVOLUTION PAR SECTEURS
,-...
S
~
-<IlH
'r-l
Cl!
'tl
l:l
0
CJ
<Il
fil
H
~
<Il
~
CJ
<Il
tr.l
A
p ' - - -_ _
-
---4
30,:T
Secteur primaire (%)
S
<Il
H
'r-l
Cl!
tr.l
'tl
ID
l:l
()
o
n-
CJ
ID
~nnée
<Il
ç::
fil
P1
1970
j
;~j,
A
P
T
------_--L..
~
Legende
S
Secteur secon-
x
x
daire prépon-
<Il
tr.l
xx x
H
ID
x
x
.r-l
()
derant
x x
Cl!
n-
'tl
ID
l:l
l:l
o
P1
-
CJ
<Il
n-
fil
ID
P1
1975
,-... n-
0 Secteur primaire
-: : -_- préponderant
-
- -
~I-"
- I l l
1-'-
P1
m
Secteur
tertiaire
P ' - - - - - - - _ - . L
~ T
o préponderant
(%)
i
Secteur primaîre
1
!
l
1

100
Le graphique ct-joint indique la contribution de chaque secteur
à la production intérteure lirute en 1960, 1970 et ]975. Le Point H indique
une situation dans laquelle chaque secteur contribuerait à part égale à la
production intérieure brute. Ce point divise le triangle en trois zones
la zone Nord (remplie de crorx) indique une préponderance du secteur secon-
daire dans la production intérieure brute ; la zone sud-ouest (remplie de
traits noirs) indique une contribution préponderante du secteur primaire
à la P.TB •• Quant à la zone sud-est (non hachurée) elle indique la prépon-
derance du secteur tertîaire.
Le point A se déplace sur le graphique de la zone sud-ouest
(préponderance du secteur primaire)
vers la zone sud-est (préponderance
du secteur tertiaire) sans jamais atteindre la zone Nord. Néanmoins il
est à remarquer qu'en 1975 le point A se rapproche du point H ce qui
indique une contribution de plus en plus importante du secteur secondaire
dans la production intérieure brute.
,

101
- Les i:nvestissements oruts cumulés recensés (investissements
industriels) sont passés de 52 milliards en 1968 à 330 milliards de francs
CFA en octobre 1978 soit une multiplication par 6,3 en 11 ans conune le montre
le tableau ci-dessous :
l i - - - - - - - - - - " T I - .---",--'"'""1""'--....,.,----.,r----r-,--......---,---,1'"--...--,---"
Montant en mil-
;1968 i1169:-;1910;J971;1912 i1973
1974
1975 i1976
1977
1978 i
liards de Francs
,
CfA
.:" 52"
57.
72
84.~· .92.
106
145
186
250
293
330 i
,----------i-,-----i--~;---.;.....--..;,----;;_--.;.....--7_--_i_--_i_--__i--
--:
Taux de croissan- '11
10
26
17! 10
15
37
28
15
17
13'
! ,
,
ce annuel en %
Source
Bulletin de l'Afrique "'~oire 8è édition 1979
Il est évident que ces performances quantitatives auraient été
impossibles sans cet afflux de "financement extérieur". L'effet de ce "finan-
cement eXLérieur" sur l'industrie f:p".ltêtre étudié à l'aide de deux coeffi-
cients que l'on peut baptiser respectivement "amplificateur des investissements
industriels" et "effet industrialisant marginal". Le premier coefficient est
obtenu en rapprochant le "financement extérieur" cumulé déflaté par l'indice
des prix des biens d'équipement des investissements industriels cumulés déflatés
également par le même indice.
"L'effet industrialisant marginal" est obtenu en rapprochant la
production du secteur secondaire (avec ou sans les Bâtiments et Travaux publics)
évaluée en valeurs réelles (autrement dit déflatée par l'indice des prix à la
consommation) du "financement extérîeur" cumulé déflaté par l'indice des prix
des biens d'équipement. Le choîx des déflateurs n'est ni le fait du hasard,
ni le fait de l'arbitraire. Quelque intéressante qu'elle soit, l'optique
monétaire ne suffit pas à rendre pleinement compte des relations entre variables
industrielles et "financement extérieur". Une régression entre flux unique _
ment monétaires aurait introduit un biais qu'il faudrait par la suite éliminer.
La prise en considératîon des "flux réels" permet directement d'éliminer
les distorsions qui peuvent être dues à l'inflation.
... / ...

lU
Le c1loix de l'indice des prix des biens d' équipemen: p v ex-
plique paf' deux raisons- :
- le "r î'rranr.:E..>nlent exteT:l8Ur" est consac'ré soi t â des fins
d' investi:ssf'me:nts nouveau.x.~ soît à des fins de remboursement des capitaux
empruntés,
~. le "financement extérieur" est à 80 i. lié en ce qu'il est
consac-t'ê à des acliats de E-îens d'investissement dans les pays donateurs.
Pour
"<t8
deux raisons i l est donc normal pour passer de l'optique des flu::
nominaux à l'optique des "purs volumes" de déflater le "financement extérieur"
- o::çû par l'ÎndÎt,:-;e de:> prix des biens d' êquipeme.nt importés indice. calculé
par la B.I.R.D. pour la période 1960-1975
Les résultats suivants ont été obtenus
t
t
a)
r l
=
1,09 r F
+
89,75
1966
1966
T de Student
(9,985)
(2,910)
2
R
.':: 0,9344
t
b)
Y
'"
0)14 r F
+
66,03
Set)
1966
'l' de Student
(9,489)
CI 5 ,686)
2
R
=:
0,9279
t
L l
Investissements industriels cumulés de 1966 à l'année t
1966
t
l' F
Financement extérieur
cumulé de 1966 â l'année t
1966
y i
Pr;)duction du secteur secondaire pendant l'année t
"( t)

-
103
Les deux coefficients calculés au niveau sectoriel sont nettement inférieurs
aux coefficients globaux. L'amplificateur du -financement extérieur" est de
l'ordre de 1,1 au cours de la période 1966-1975 ; autretI,,,,nt dit, la formation
brute de capital fixe réalisée dans le secteur secondaire correspond en moyenne
à 1,1 fois le financement extérieur reçu pendant la période (x).
L'équation (b) indique un "effet industrialisant marginal"
du "financement extérieur" de l'ordre de 14 % en moyenne au cours de la perl.odc::.
1
Toute augmentation (ou diminution) du financement extérieur de 1 milliard 0e francsl
CFA induit une augmentation ,ou diminution) de la production industrielle c~
1
140 millions (xx)
l!1!
Les effets quantitatifs du "financement extérieur" sur l'in-
1
dustrie apparaissent également à travers l'évolution du chiffre d'affaires, de
l'emploi et de la masse salariale.
1f.
En progression constante depuis 1960, le chiffre d'affaires
réalisé par les industries ivoiriennes passe de 61 milliards de francs CFA en
1967 à 549,9 milliards de francs CFA en 1977-1978 soit une multiplication par
9 en 12 ans.
Dans la même période le nombre d'entreprises industrielles est
passé de 284 en 1967 à 553 en 1977-1978 soit une multiplication par 1,9 en
12
ans i l
en résulte que le chiffre d'affaires moyen est non seulement en crois-
sance régulière, mais att~i;· 994 millions de francs ~tA en 1977-1978.
S'agissant de l'emploi et de la masse salariale ils passent
respectivement de 29.147 en 1968 à 64.007 et de 9,3 milliards de francs CFA à
63 milliards de francs CFA.
(X7
Le coefficient d'induction au niveau global est de 2,08 pendant la
même période.
(xx)
La régression sur données logarithmiques donne un coefficient d1élas-
ticité de 25 %
... / ...
1

104
-
Le tableau ci- contre retrace l'évolution de différentes
variables :
TABLEAU N°
H
EVOLUTION DES PRINCIPALES VARIABLES INDUSTRIELLES
Chiffre d'af-
Chiffre d'af-
Masse salarial
Nombre
Nombre
faires
d'entreprises
faires moyen
d'emplois
(en milliard
en milliards
en millions de
industrielles
crées
de
de F. CFA
F. CFA
F. CFA
~ 1967
61
284
215
'1,1 1968
72
309
234
29 147
9,3
i
1969
83
31 877
13,3
1
f 1970
100
,
375
267
36 311
15,2
!
!
!
!
1971
115
408
lin
39 057
16,9
!
!
!
!
1
!
!
!
1972
135
4]4
!
397
40 948
19
~-
!
!
!
!
!
!
1
!
t 1973
]64
-
-
43 789
2] ,7
!
!
!
--
!
!
!
11974
!
254
442
o:.,F
,
46 270
27,3
!
!
!
!
1
!
1975
303
458
661
52 762
33,3
!
!
]976
!
!
350
486
720
57 915
40,7
!
!
!
~
!
1977
!
!
459
513
894
63 005
50,2
!
!
!
!
.
!
1
!
1978
550
553
994
64 007
63
!
!
!
1
!
Sources : Bulletin de l'Afrique Ne J Le N° spécial sur
l'Economie ivoirienne 8è édition 1979
1
,.
fi

/
• • •
1

105
Aussi intéressante que soit elle la croissance des variables
industrielles ne suffît pas pour apprécier les effets du "financement ex-

~Oll~
térieur" sur l'industrîe.Auss1 analyserons(dans un second paragraphe les effets
qualitatifs du "financement extérieur"
rIZ' - Les effets qualitatifs
Nous €tudierons
successivement
- La préponderance des industries legères
- La secrétion des effets de blocage
II
. - La préponderance des industries légères
Z1
Tout
d'abord qu'entend-on par industries legères
- Notion d'industries légères
Le concept d'industries légères mérite quelques précisions,
Dans la littérature économique, on a souvent
opposé industries "légères"
et industries "lourdes" ;les premières sont généralement définies comme étant
des industries utilisant très peu de capital et beaucoup de main-d'oeuvre;
les dernières comme étant celles qU1 utilisent relativement très peu de main-
d'oeuvre et beaucoup de capital. Partant des premisses selon lesquelles les
pays sous-développés auraient beaucoup de main-d'oeuvre et très peu de capital,
la plupart des Economistes y recommandent l'implantat;on des industries légères.
Un '-el choix leur permettrait à la fois de prcduire à moindre coût et de maxi-
m1ser l'emploi. Une telle recommandation de l'affectation des ressources appel-
le de notre part un certain nombre de remarques.
a) La notion d'abondance ou de rareté de capital retenue par
les Néoc1assiques est une notion qui ne conduit nulle part. En effet elle
pêche par "excès de glooalisme". Comme le fait remarquer à juste titre Gerard
DESTANNE
de Bernis "à force de répéter à cor et à cri que les pays" sous-
dévp·loppés" ont beaucoup de main d'oeuvre et peu de capital, on finit par
oublier que ces pays manquent dramatiquement non seulement d'une main-d'oeuvre
qualifiée, mais encore d'une main-d'oeuvre acquise aux disciplines du travail
industriel, les seuls éléments de la population active qui intéressent
l'industrie" (z:)
;
1
1
(z)
Gerard
DESTANNE de Bernis 1n "Industries industrialisantes et poli tiquL
1
d'intégration ... " Revue Tiers-Monde
1
Economie appliquée, N°s
3 - 4
Juillet-Décembre 1966
J
1

l1j
-
lOt'
j
1
b) L'affectation des ressources selon la "loi de proportion
des facteurs" n'est valable qu'en statique
pour une structure donnée.
Encore conviendrait-il de préciser que même ~n statique, la loi
n'a
qu'une portée limitée (x)
Reclamer à cor et à cri l'implantation d'industries légères
à partir des dotations de facteurs actuelles, c'est prêcher pour le statu-
quo; c'est postuler IL maintien des structures existantes; autrement dit
ciesl renoncer à :~ute politique de développement.
c) L'assimilation des industries légères aux industries
"labor using" et des industries lourdes aUA luJllstries "capital
évacue le problème de l'affectation sectorielle des capitaux.
Comme le fait remarquer Jean-Louis LACROIX, "si le capital est
rare, il convient de réduire le rapport du capital au produit et non du capital
au travail." Or à l'aide d'un rUbtion mathématique très simple, J.L. LACROIX
démontre que le recours à des techniques "labor using" ne réduira les dépenses
en capital par unité produite que si la productivité du travail reste constante.
En effet on peut écrire
K = KIL
Y y/L
K = Quantité de capital
L = Quantité de travail
y = Produit
Désignons par d (KIL) et d «y/L) respectivement les taux
dt
dt
d'accroissement de l'intensité capitalistique et de la productivité du
travail par unité de temps.
Si d{y/l) est supérieur à d (KIL) le taux
dt
dt
d'accroissement du capital par unité produite ~ ~l sera constamment négatif
malgré le recours à des techniques à forte intens~t~ capitalistique (w)
Comme l'a montré Higgins, le choix en faveur des techniques "labor
using" est lié à la dotation en ressources du pays et au niveau
de production que l'on se propose d'atteindre. Des études faites
par l'Institut économique des pays-Bas à partir d'un cas précis où
SI)Td-
·-hiffrées
les différences de taux de salaire et de taux
d'iucérêt entre un pays sous-développé et un pays développé dans
un domaine de production déterminé ont montré que les pays sous-
déve loppés
.. •1. ..
1

- 107 -
Le concept d'industries légères appelle une définition
nouvelle.
Nous appellerons industries" 1egères" des industries
de biens de consommation dont la caractéristique essentielle est de
tranferer les effets multiplicatifs vers l'extérieur ; e11e~ sont non
Ilindustrialisantes" c'est-à-dire qu' el1eR n' entrainent pas
dans leur
; j
environnement localisé et daté
un
noircissement systématique ou une
modification structurelle de la matrice inter-industrielle et des
transformations des fonctions de production
zrâce à la mise à la
j
disposition de l'enlhLT 1conomie d'ensemble., nouveaux de machines qui
accroissent la producthité de l'un des factùur • 'lU la productivité globale et,
en tout cas, un accroissement de la maîtrise de l'homme sur sa production
et son produit" (3)
En côte d'Ivoire les industies légères et les industries lourdes ci-dessus
définies regroupent les branches suivant,,'i, (4)
(A) Industries agro-alimentaires
- branches 06
Travail des grains et farines
"
07
Conserv,ation et preparations alimentaires
"
08
Boissons et glace alimentaire
"
09
Corps gras alimentaires
"
10
Autres industries alimentaires + Tabac
(B) Industries des textiles et de l'habillement
- branches Il
Produits
textiles
"
12
Produits en cuir et articles chaussants
Suites (1) ont intérêt à utiliser les techniques "labor-using" pour des
niveaux de production supérieurs à ceux où les techniques
analogues sont rentables dans les pays étudiés.
Higgins in "Economie
développement" PP 671-672
(2) Jean-Louis Lacroix in : "Industrialisation au Congo" édition
Mouton 1963
(3) Gerard
DESTANNE de Bernis
article cité •••
(4) CF "trois comparaisons internationales de productivité"
collections de l'I.N.S.E.E.
E. 22
... / ...

- 108
(C) Industries du bois
- branche
13 Produits des industri~s du bois
(D) ~futériaux de construction
- branche
17 Matériaux de construction et verre
(E) Industries diverses
- branche
21 Produit des industries diverses (papeterie-imprimerie)
Industries Lourdes
(A) Chimie et Assimilées
- branche
14 Produits pétroliers
"
15 Produits chimiques
"
16 Produits des industries du caoutchouc
(B) Travail des Metaux
- branche
18 Metaux bruts
(C) Industries mécaniques et e1ectriques
- branche
19 Matériel de transport
- branche
20 Produits mécaniques et électriques non classés ailleurs
(D) - branche 22 Energie électrique, gaz et eau
- branche 05 Extraction de minerais et de mineraux
II 212 .- La part des industries 1egères dans le capital social
Selon la chambre d'industrie de Côte d'Ivoire, le capital
social industriel était, au 1er Octobre 1977, de 87, 44,J'lod.lllnnls '.le F. CFA
dont 47,962 mi11iaruti ~our l'Etranger et 39,479 milliards pour l'Etat et les
ménages Ivoiriens ; autrement dit la part du capital social détenue par
l'Etranger était en 1977 de 55 % contre 45 % pour les Ivoiriens.
l{ais si l'on considère uniquement les entreprises industrielles recensées
par la Centrale des Bilans, le capital social industriel s'e1èvait à 97,214 mil-
liards de P. CFA en 1977 contre 136,474 milliards de F. CFA P~1 1978. La
repartition du capital social industriel entre les Ivoitieng et les Non
Ivoiriens est retracée dans le tableau ci··dessous (II)
(x)
CF
Tableau
Page 109
1

.. 109
~fontant
milliard de F. CFA (x)
)
(
Ivoiriens
Etranger
)
( ,
TOTAL
)
(
Années
en T'li lliard de F. CFA
(
)
(
Hontant
0/..
/
Montant
?
)
'\\
(
(
-)
1977
97,214
54, (,I,r'
55
43,17 /e
l~5
,
(
1
.......
-- )
(
1
(
1978
136,474
78,524
57
57,95
4':'.'
-.
1
--
La n~1Ja;rtition par secteur cl! activité de la part du cB::it,,::.
.
~ .,~
social détenue );12.1: 1; Etranger relV'è1e une ccrlcd.ne assymetd.e. En e:.'/e::
....
'
~ ..
un ca?ital industriel "étranger" de 43, 17l~ milliards de Il. C'iA les
industries légères ci~dessus énumerées
absorbent à elles seules 29,571 mi1-
liards en 1977 soit 68 % contre 13,603 milliards représentant 32 % pour les
industries loudes.En 1978, les industries 1eg,=,res absorbent 33,79 mi1.l:i.ards
de F. CFA soit 50 % contre 42 % pour les industries lourdes. Ces pourcen·-
tages e1evés montrent s'il en était encore besoin que le iifinancement extérieu
a tendance à orienter l'appareil productif vers les secteurs peu entraînants.
Il 22 - L'Orientation de l'appareil productif vers les secteurs T'0.U
entraînants
La serie d'études realisée depll~.EJ 1966 au Cent"re. ~:~; ·~;1,'2".. b"")""'" ~~
Regionale de l'Université d'Aix Marseille sous la direction du ?ra1:es82ur
Jean-Claude Perrin (dont le but est de mettre en evidence les capaciti~s
potentielles de croissance et de développement de l'appareil productif)
a ouvert la voie à certains chercheurs et spécialistes de l'économie Ivoi-
rienne. On a pris maintenant l'l"<lbitude, depuis les travaux effectués
par Jean Chevassu et Alain Valette sur l'économie Ivoiriennne
("")
de
classer les industries ivoiriennes
selon trois critères fondamentaux
l i
le critère des stades de production repose sur la place que joue
l'utilisation des matières premières dans le processus de production.
(x) Source
Centrale des Bilans 1977, 1975
1
Ministère de l'Economie et des Finances
l
4
(xx) Jean Chevassu et Alain Valette: "Les caractéristiques structurelles
de la croissance industrielle de la Côte d'Ivoire" O.R.S.T.O.M.
novembre 1976.
... / ...
1

110
- Le critère de l'origine des matières prem1eres met l'accent sur
la nationalité des inputs entrant dans la fabrication des outputs
- Le critère de la fonction économique met l'accent sur la destination
des outputs (demande finale, demande intermédiaire, formation de capital)." (z)
Bien que ces différents critères donnent des résultats intéressants, nous avons
préféré, dans cette étude, classer les industries ivoiriennes selon le critère
du "degré d'intégration" tel qu'il a été défini par Henri AUJAC: (",,)
"Une industrie est d'autant plus intégrée que le pourcentage de sa production
destinée à la consommation intermédiaire est plus fort et donc que le pour-
centage destiné à satisfaire la demande finale est plus faible". Le choix de
critère n'est nullement arbitraire, mais repose sur trois postulats qu~ nous
avec les tenants du développement économique par investissements moteurs
"En raison de la faiblesse de l'épargne locale, il est
impossible à un pays "sous-développé" de "commencer partout à la fois" comme
le suggèrent Ragnar NURKSE et les partisans des investissements équilibrés.
- Toute activité économique manufacturière détermine toujours des
efforts pour produire les inputs qui lui sont nécessaires localement
- Toute activité économique dont la fonction première n'est pas
la satisfaction exclusive de la demande finale suscitera une pression si forte
qu'elle rendra nécessaire la création d'industries nouvelles utilisant ses
outputs comme inputs.-
Le classement des industries selon le degré d'intégration permet
donc de mettre en évidence les: industries sur lesquelles doit porter en priorité
toute politique de développement.
Disposant du tableau d'échanges interindustriels de l'année 1977,
nous avons classé les entreprises relevant du secteur secondaire par degré décroi-
sant d'intégration. Il s'agit des entreprises de la branche 05 (extraction de
minérais et minéraux) à la branche 22 (Energie électrique, gaz et eau).
Nous avons découpé le tableau d'échanges interindustriel de manière
à obtenir une matrice carrée de dimension 18 X 18 permettant d'étudier les
interrelations entre les 18 branches concernées.
Henri AUJAC
"La hiérarchie des industries dans un tableau des échanges
interindustriels" Revue Economique N° 2 Mars 1960
(~)
Jean CHEVAS SU et Alain VALETTE:
"Les caracteristiques structurelles de
la croissance industrielle de la Côte d'Ivoire"
O.R.S.T.O.M. 1976.
... / ...
!

, l 1 -
Les résultats de ce classement sont consignés dans le tableau
ci-dessous
TABLEAU N° l
CLASSEMENT DES INDUSTRIES PAR DEGRE DECROISSANT D'INTEGRATION
ANNEE 1977
Degré d'intégra-
Branches
Rang
., (II) tion en %
05
Extraction de minérais et minéraux
85
1er
21
Industries diverses papier, imprimérie
74

22
Energie, gaz et eau
68

18
Travail des métaux
46

15
Produits chimiques
42

17
Matériaux de construction et verre
39

14
Produits dérivés du pétrole
28

1
19
Matériel de transport
26

09
Corps gras alimentaires
26

16
Produits du caoutchouc
24
10è
13
Industries du bois
24
10è
II
Produits des industries textiles
23
12è
20
Produits mécaniques et électriques
22
13è
06
Travail des grains et farines
20
14è
10
Autres produits alimentaires + Tabac
12
15è
08
Boissons et glace alimentaire
5
16 è
07
Conserves et préparations alimentaires
4
17è
12
Cuirs et articles chaussants
3
18è
La première conclusion que l'on peut tirer de l'observation de ce tableau est
le faible degré d'intégration des industries ivoiriennes. Sur les 18 branches
qui constituent le tissu industriel ivoirien, 67 % ont un degré d'intégration
inférieur à 30 % , 17 % un degré d'intégration supérieur à 50 %.
(.)
Pourcentage de la demande intermédiaire dans le montant de la production
... / ...

-
112
La deuxième conclusion est que la ~resque totalité des industries
legères ci-dessus
énumerées a un degré d'integration inférieur à 30 h. En
effet 8 branches sur 10 S01t 80 % des industries legères livrent plu; 00
70 % de leur production à la demande f..;..ale ;. 90 % de ce,") 5.nc1ustries livrent
un p~u plus de 60 % de leur production à la demande finale.
La troisième remarque que l'on peut faire ici est la propension très élevée
des capitaux exterieurs à s'orienter vers les secteurs d'activité les moins
"entrainants!!
(
)
(
.
)
Degré d'integration
Effectif des branches
Part du capital
(
)
en %
.
1 en %'
Effecuf tota
Social étranger en %
(
)
(
)
(
)
Di
30 %
66 %
84 %
(
)
(
)
(
30 %
Di
50 %
17 %
10 %
)
(
)
(
Di
50 M1.
17 %
6 %
e ,'-'---
i
Il ressort de ce tableau que 84 % du capital social ind~st~iel appartenant à
l'Etrange& est détenu dans les branches à faible integration et 6 % seulement
est orienté vers les branches à forte integration.
Cette repartition assymétrique du capital ind.!striel êtkanger au profit des
industries à faible integration est de nature à susciter bien des inquiétudes.
En effet depuis les travaux effectués par H.B. Chenery portant sur 51 pays on
sait que les industries n'ont pas les mêmes capacités potentielles de croi&-
sance (x) ; les industries à forte integration se sont revelées être celles dont
i1
,
, 'effet sur la croissance est le plus elevé.
1,
i
Cependant bien que donnant des resultats intessants le critère proposé par
t-~
Henr: AUJAC présente l' inconvl:nient maj eur de privilégier "l'effet aval" au
j
detrimellt de "l'effet amont". Or du point de vue du développement industriel
en général et de l'allocation sectorielle des capitaux en particulier la
f
l '
l
prise en considération des deux effets est necessaire. Le classement des
l
industries suivant la somme de ces deux effets diffère sensiblement du
j
classement précédent comme le revèle le tableau ci-dessous. (xx)
1
J
(x)
H.B. Chenery
"Patterns of industrial a,rowth",
American Economie
Review
Septembre 1960
(x~)
CF
page 113
... / ...
1

113 -
TABLEAU Ne J
EFFETS IIAMONT" ET "AVALII DES INDUSTRIES IVOIRIENNES
(2)
(1)
(--
)
Sonnne
(
)
Effet
Effet
Part du capital
(
des deux
)
(
N°g des
Branches d'activité
aval
Amont
Social étranger
)
effets
~
)
branches
en %
en %
en %
en %
)
)
(:---_..:...-_---------+-_---:..._--=------=---------)
(
)
~
05
. Extra:tion je mineraux
85
{I.'i
! "}ü
~
~
21
Industries diverses
74
47
121
~
(
)
( 1 8
Travail des Metaux
46
71
117
16 %
)
(
)
17
Matériaux de constructO
39
69
108
)
)
15
Produits chimiques
42
65
107
(
)
(
)
22
Energie électrique, gaz,
68
36
104
(
)
eau
(
_ _ _---:
--i)
(
)
14
Produits pétroliers
28
63
91
(
)
(
)
19
Matériel de transport
26
59
85
(
)
(
)
20
Produits mec. et élect.
22
58
80
(
)
(
- - - - - 1 ! - - - - - - - - - )
(
Il
Produits textiles
23
47
70
)
(
)
(
09
Corps gras alimentaires
26
38
64
)
(
.
)
(
12
Cuirs et articles chaus~:
3
58
61
)
(
s a n t s '
)
( 1 3
Industries du Bois
24
34
58
)
(
69 %
)
( 0 6
Travail des grains et fa~
20
36
~~
)
(
r i n e '
)
( 0 8
Boissons et glace alimen-:
5
48
53
)
(
t a i r e '
)
( 1 6
Produits du caoutchouc
24
23
47
)
(
)
( l a
Autres produits al. Tab.
12
26
38
)
(
)
( 0 7
Conserves et Prep. al.
4
16
20
)
(,----+------------:.-----=---------------,)
Sources
Comptes de la Nation
T.E.I. de l'année 1977, Ministère du Plan
- Centrale des Bilans 1977 Ministère de l'Economie et des Finances
(1) Rapport des achats intersectoriels à la production totale
(2) Rapport des ventes intersectorielles à la demande totale
Les effets aval et amont ont été calculés par nous
e ~ • / • • •
1

-
114
La prise en considération des effets aval et amont revèle encore
le faible degré d'intégration des industries Ivoiriennes. Six industries
seulement totalisent un coefficient suérieur à 100 %: i l s'agit de la
branche 05 ( extraction de minerais et mineraux), la branche 21
(industries diverses - papier imprimerie) la branche 18 (travail des ~wtaux),
la branche 17 (matériaux de construction et verre) la branche 15 (Produits
chimiques) et la branche 22 (Energie électrique, gaz et eau). Les autres
totalisent un coefficient inférieur à 100 %. Ce qui est remarquable et qui
semble se dessiner à travers les deux tableaux c'est la correlation entre la
faiblesse du degré d'intégration des industries et la nationalité du capital.
En effet les neuf industries ayant le de~ré d'intép,ration le plus faible
absorbent à elles seules environ 70 % des capitaux sociaux appartenant à
l'Etranger; les industries dont la somme des effets aval et amont est égale
011
supérieure
D. 30 % n'absorbent en 1977 que 30 % du capital social
industriel detenu par l'Etranger. Mais les conclusions que l'on peut tirer
à ce niveau de l'analyse doivent être nuancées dans la mesure où l'indica-
teur retenu pour evaluer le degré d'intégration reste un indicateur
partiel. La transposition des techniques mises au point par les Sociologues
pour étudier les sociétés humaines à des sociétés d'industries présente
l'inconvenient de
négli~er les effets induits. En effet seules les
repercussions directes sont prises en compte lorsqu'on calcule le rapport
des achats d'une industrie à la valeur totale de sa production ou le
rapport de ses ventes à la demande totale. Pour pallier
cet inconvenient, nous
avons calculé e~ a,$;"oci( à chaque branche industrielle comme le propose R.
LL\\.NTNK": (x) un coefficient ki appelé multiplicateur d'activité ou "puissance
J
l
de dispersion"
{~~
!1
j
j
!
('1:)
-le LANTNER
«
L'analyse de la dominance économique" Revue d'économie
politique, mars-avril 1972
!
(x x) Selon la terminologie d'un auteur Oanois P.t~. l{amussen : "Studies 1n
1
,:.:1":.. (:,
Sectoral Relation", Copenhague~ Einar Harcks 1956 P. 141
Cité par A.O. Hirschman op cit .••
1,~~
... / ...
1

- 115
Le principe est le suivant : à la suite d'une augmentation de
la demande du produit i, les autres industries enregistent des variations
t:.X 1
~x2
tlX3'"
i1X de leurs productions.
l1
Appelons
h.X
~ h.Xi la somme de toutes les variations de production enregistrées
après action de tous les effets directs et indirects. Le multiplicateur
d'activité kj de la branche j sera défini par la relation suivante:
kj
=
h.x
=
7" t:..,<i
h.Yi
/1
..~ v. '~
Disposant d'un tableau d'échanges
interindustriels, il est possible
de calculer les différents multiplicateu~d'activité.
Pour une branche
i
donnée, le multiplicateur d'activité ki est égal à
la Somme des termes de la ième colonne de la matrice ( l - A ) - 1 (x)
Le classement des industries ivoiriennes selon les multiplicateurs
d'activité ( multiplicateurs obtenus à l'aide de l'inversion de la
matrice ( l
A )de l'année 1977) donne les resultats suivants.
Le tableau NCK appelle un certain nombre de précisions. Le
tableau d'échanges
interindustriels que nous avons inversé n'est plus
de dimension ( 18 x
'F~ 1 mais de dimension ( 20 x 20 ). Il inclut
en effet la branche 23 (Bâtiments et Travaux publics) et la branche 24
( Transports et telecommunications). Ces deux branches arrivent en
tête avec des multiplicateurs de 3,803 et 2,230. Si nous excluons ces deux
branches du secteur secondaire, c'est la branche 14 (produits pétroliers)
qui a le multiplicateur d'activité le plus elevé (2,010). A l'exclusion
de la branche 09 (corps gras alimentaires) dont le multiplicateur
d'activité est voisin de 1,50, la plupart des industries legères
appraissent comme des activités peu entrainantes. Même en tenant compte
des effets induits, leur "puissance de dispersion" oscille entre 1,026 et 1,369.
(x)
CF méthode de calcul en annexe
... / ...

1
1

-
116 -
TABLEAU
N°K
MULTIPLICATEURS D'ACTIVITE
ET REPARTITION DU CAPITAL
SOCIAL INDUSTRIEL ETRANGER PAR tECTEUR D'ACTIVITE
Branches industrielles
Multiplicateurs
Capital social
en %
23
Batiments et Travaux Publics
3, 803
l, 5 ~ki
24
Transports et télécommunications
2,230
14
Produits pétroliers
2,010
Il %
09
Corps gras alimentaires
1,464
Il
Produits textiles
1,369
15
Produits chimiques
1,362
1,3 <ki
1,5
19
Matériel de transport
1,330
17
Matériaux de const. et verre
1,306
44 %
13
Produits des industries du Bois
1,300
06
Travail des gra1ns et farines
1,280
22
Energie électrique gaz et eau
l, 183
07
Conserves et preparat O al.
l, .180
..
..
08
Boissons et glace alimentaire
1, 170
ki ( 1,3
21
Industries diverses
l, 154
la Autres produits alimentaires+Tabac:
l , 1 15
20
Produits mécaniques et électriques:
l, 093
45 %
18 Travail des metaux
l, 076
12
Cuirs et articles chaussants
1,054
05
Extraction de minerais
l, 041
16
Produits du ca~tchouc
l, 026

- 117
Comme pour la somme des effets de liaison, nous avons tenté
de regrouper l'ensemble des industries en trois grandes catégories:
- celles dont le multiplicateur d'activité est inférieur à 1,3
1
- celles dont le multiplicateur est compris entre 1,3 et 1,5
~
i
- et enfin celles dont le multiplicateur est supérieur ou égal
i
1
,
à 1,5.
l
En 1977 les branches relevant de la première catégorie absorbent
1
i
45 % du capital social industriel étranger contre 44 % pour les industriés
l
de la deuxième catégorie et Il % seulement pour les branches industrielles
j
de la 3e catégorie. Or si l'on sait que les branches d'activité qui
appartiennent à la 1ère et à la 2e catégorie sont principalement les
1
industries legères, ...... 4axistence d'une correlation entre le contrôle du
1
capital social et le dep,ré d'intégration ne fait plus aucun doute. La
li
Recherche de cette correlation fait l'objet du paragraphe suivant:
j
J
Contrôle du capital social et degré d'intégration
1
Il est de plus en plus reconnu que le contrôle d'une partie
fondamentale des secteurs d'activité par des centres de decision étrangers
est un fait lourd de consequences tant pour le système productif que pour
le processus de l'industrialisation. Marx le premier, avait déjà souligné
dans le processus de production capitaliste ce qu'il est maintenant convenu
d'appeler le "diktat"du capital: c'est l'appropriation privée des moyens
de production qui autorise le capitaliste à extorquer à la masse des
travailleurs demunis une masse de plus en plus importante de plus value.
Recemment Samir Amin, suivi par la plupart des Economistes
"marxistes" ou "marxisants" trouvait dans le contrôle du capital par les
centres de decision étrangers la raison fondamentale du "blocage de
l'Afrique de l'Ouest". La localisation hors des frontières du pays
concerné des centres moteurs de la croissance ne peut conduire qu'à deux
crises (la crise des finances publiques et celle des finances extérieures)
dont la conjonction entrainerait à long terme un blocage fatal de la
croissance.
Sans aller jusqu'à parler de "blocage" de la croissance, d'évo-
lution vers un "état stationnaire" ou de développement du sous-dévelop-
1
1
pement" (x) nous nous proposons dans ce paragraphe de vérifier l'hypothèses d'une
correlation entre
le faible degré d'intçgration des industries Ivoiriennes
(que nous avons décelé dans le paragraphe précédent) et le degré elevé du
contrôle du capital social par les centres de décision extérieurs.
(II)
Selon la terminologie d'André GUNDER Franclt, op cit.
1

118
La variable dépendante, le contrôle du carita1 social sera
rapprochée des variables explicatives dans des· correlations portant sur
données simples ou sur données logarithmiques
(1)
Les variables retenues
a)
Le contrôle du capital social
Le concept de contrôle du capital est une no~ion ambigue qui
varie selon les pays, selon les industries. Dans certaines industries il
suffit de detenir 20 à 25 % des actions d'une exploitation pour en avoir
le contrôle. Génér~lement on admet que les industries dont le capital
social est à plus de 50 % étranger sont considérées comme étant contrôlées
par l'Etranger. Nous supposerons donc que le contrôle du capital social
par l'Etranger implique la détention de plus de 50 % des actions de
l'industrie par les Non Ivoiriens. Sur la base de ce critère, environ
78 % des industries Ivoiriennes sont en 1974 contrôlées par les centres
extérieurs de décision. Ce pourcentage passe en 1975 à 67 % 1976 à 61 %
et en 1977 à 67 %.
Si l'on s'intéresse au degré de conttale du capital social des
deux catégories d'industries, on obtient des resu1tats encore plus impres-
sionnants. En 1974 les industries f11egères" sont à 100 % sous contrôle
étranger. En 1975, 1976 et 1977 la part des industries 1égère;~ sous
contrôle étranger reste encore e1evée : 100 % en 1975 et 80 % pour les
années 1976 et 1977.
Quant aux industries "lourdes " la proportion contrôlée
par l'extérieur bien qu'importante, reste relativement faible par rapport
à la proportion des industries 1egères sous cont,rô1e étranger. En 1977
cette proportion n'est que de 50 %. Elle passe à 37 % en 1976 et
remonte à 50 % en 1975 et en 1974 (x).
~,
\\
(~)
Le contrôle financier de la branche 18 (Metaux bruts) n'est
eva1ué que pour l'année 1975. La part du capital social detenue
par l'Etranger éta:~t alors de 23 %.
Sources:
Centrales des Bilans, 1974,1975,1976 et 1977 •
.../ ...

- 119
b) Le degré d'intégration
L'indicateur du degré d'intégration retenu est celui utilisé
par Ho11is B Chenery et Watanabe pour évaluer le degré moyen d'interdépen-
dance des diverses industries à partir des tableaux d'input-output des
Etats-Unis, du Japon et de l'Italie. Ce coefflcie;t qui ~st égal à la
somme des "effets
amont" et
"aval" de chaque secteur d'activité
constitue à notre avis un excellent indicateur du degré d'intégration des
industries même s'il néglige les repercussions indirectes et ne prend en
compte que les seuls effets directs.
c) Le taux de rentabilité
"".,
La litterature économique accorde une plac~ de choix au taux
de rentabilité dans l'explication de l'orientation des flux de capitaux.
Dans une éconOIl1"1.e de marché les capitaux se dirigent le plus naturellement
du monde vers les branches ou les secteurs où la remuneration est la plus
e1evée ; et le processus continuera tant que subsistera le phenom~ne qui
lui a donné naissance,à savoir le différentiel du taux de profit.Ainsi
grâce à la "main Invisible" du marché. se trouve assurée l'allocation
optimale des capitaux tant du point de vue sectoriel que du point de vue
regiona1 ou m~me international.
La 1itterature économique retient plusieurs indicateurs du taux
de rentabilité. Certains auteurs évaluent le taux de rentabilité en rapportant
la capacité d'autofinancement (ou cash Flow) sur le chiffre d'affaires hors
taxe des inèustries.
D'autres,par contre,représentent le taux de rentabilité par le
rapport capacité
d'autofinancement capitaux engagés ou le rapportcapacité
d'autofinancement / Fonds propres nets. Nous retiendrons pour notre part
COIIl11)e ,indicateur du taux de rentabilité le ra
ort resu1tats nets capitaux engag
,1
En 1978, l'ensemble des industries "legères" recensées par
l
la centrale des Bilans't.Q~Rlise un résultat net de - 223 MilU'onr: cL(a F. CFA
'3
pour un capital total engagé dE; tl~y.• 455 millions de F. CFA ce qui donne! un
..
taux de rentabilité moyen de - 0, 17 %.
... / ...

-
120
Dans la même année, les industries lourdes recensées totalisent
un resultat net de 3 240 millions de F. CFA pour un capital engagé de 76 830
millions de F. CFA ce qui donne un taux de rentabilité moyen de 4,22 %.
En 1977 le taux de rentabilité moyen des industries légères
recensées passe à - 7,82 % tandis que celui des industries lourdes
passe à 7,30 %.
~~is ces résultats modestes ne doivent pourtant pas faire
oublier les différences de situation d'un secteur d'activité à un autre.
Ainsi par exemple, l'industrie des cuirs et artlcles chaussants (branche 12)
contrôlée à 99 % par l'Etranger en 1977 enregi;tre un taux de rentabilité
de 8,8 % tandis que la branche 10 (Autres produits alimentaires et Tabac)
contrôlée à 97 % par les Ivoiriens enregistre un taux de rentabilité de-17%.
Les mêmes disparités se retrouvent dans la catégorie des
industries lourdes. En 1977 la branche 19 (Matériel de transport) sous
contrôle étraneer à ~<~ ~ et la branche 15 (Produits chimiques) sous
contrôle étranger à 82 % enreeistrent respectivemen.t des taux de renta-'
bilité de 16,47 % et de 13,43 % • Par contre la branche n
(E,nP-l':iei;;",lectri-
que 8az et eau) sous contrôle Ivoirien à 67 % et la branche 05 (Extraction
de minerais et mineraux) contrôlée par les Ivoiriens à 81 % enregistrent des
taux de rentabilité respectifs de 10,47 % et de -
1,44 % (x)
d) La part du marché
Les perspectives d'une croissance de leur part du marché ont été
souvent retenues par Ta litter']ture économique comme étant le facteur dé-
terminant de 1.:1 !1tl1t:i,;\\,\\tiot,'lisation des Entreprises. La création et
1 i imib1antation de.'> filiales s'inscrirait non pas dans la perspective d'un
profit immédiat mais dans la logique d'une strategie globale tendant à
accroître la puissance au ni.veau mondial et à étendre la sphère d'influence
du groupe auquel appartient la filiale. Les enquêtes faites en Côte d'Ivoire
sous l'égide de l'O.R.S.T.o.M.par Jean CHEVASSUet Alain Valette seP-'lblent
confirmer le rôle joué par les perspectives de croissance du marché
1
Ivoirien dans le choix d'Abidjan par les industriels étrangers.
1
(x)
Sources :
Centrale des Bilans, 1974 , 1975 , 1976 et 1977.
Ministère des Finances, d~ l'Economie et du plan
G
• •
/
• • •
1

-
121 -
~:;) i',,~i.s.:.:,qnt d! une eX:1 loii:2.tion, on l"etient f,ên2rp..lenent le nl.Fport
chiifre d:a~faires realis~ ~ar l'ex~loitation / chiffre d'affaires total
realis~: d2è1B L,: bl:"fmche t. laquelle elle appartient ex) conrle indic".tem: è.8
la part du n~rch2. Par analoçie nous aurions pu, pour évaluer la part du
march2 de chaque branche, rap110rter le chiffre d'affaires realisé dans la
branche au chiffre d'affaires total realisé dans le secteur secondaire.
Mais un tel indicateur comporterait necessairement un biais dans la mesure
où les branches sont du noint de vue du nombre d'entreprises d'importance
inegale.
Certaines branches n'englobent que trois ou cinq entreprises
c'est le cas de la branche 22 (Energie électrique, gaz et eau) de la branche
14 (Produits du pétrole) et de la branche 09 (Corps gras alimentaires. En,
1978 par exemple le nombre d'entreprises recensées par la Centrale des
Bilans et qui concernent la branche 13 (Industries du Bois) s'elève à 60.
Il est évident qu'un chiffre d'affaires realisé par une telle branche n'est
pas de nature à renseigner sur le caractère dynamique ou sur les performances
réelles de la branche. Aussi avons--nous estimé la variable part du marché
par un autre indicateur: c'est le rapport du chiffre d'affaires moyen
realisé dans chaque branche au chiffre d'affaires moyen realisé dans le
secteur secondaire.
Le chiffre d'affaires moyen de la branche est obtenu en divisant
le chiffre d'affaires total de la branche par le nombre d'entreprises
appartenant à cette branche.
De la meme manière, le chiffre cl' e.ffaires moyen du secteur
secondaire est obtenu en divisant le chiffre d'affaire total obtenu dans
l'Industrie par le nombre d'entreprises industrielles recensées.
Cet indicateur peut être ir,férieur:, ér-a1 ou supérieur fi
l'unité.
Les branches dont l'indicateur est super~eur à l'unité seront
c8nsidZSr~es C0lJ:1J.1,e étant relativement les plus dynamiques
--------------------_.._.._ -_.•._- .._--
(x)
J.H. Pegatienan : "L'unité de production dans l'industrie
manufacturière Ivoirienne" Cahiers du CIRES
Juillet 1979 Document
de travail nO 30
... / ...
1

122 -
Inversement les branches dont l'indicateur est inférieur à
l'unité seront considérées comme étant relativement les moins "dynamiques".
Celles dont l'indicateur est égal à l'unité seront appelées les
"branches moyennes".
Au total, si nous désignons par:
KS
le degré de contrôle du capital social d'une branche indus-
trielle
DI
le degré d'intégration de la branche au sein de la "société
des industries"
TR
le taux de rentabilité obtenu dans la branche
PM
l'indicateur mesurant la part du marché de la branche
La relation testée peut se présenter sous les deux formes suivantes
1)
KS = al
DI
+
TR
PM
(M)
al ' a
et a
étant alors les dérivées partielles de la variable
2
3
expliquée par rapport aux différentes variables explicatives ; économiquement
ils peuvent être interprèter comme étant respectivement les propensions
marginales des industriels Etrangers à s'orienter dans les branches les moins
intégrées, les plus rentables et les plus dynamiques. En effet, compte tenu de
nos développements précédents, nous attendions à ce que les inégalités suivantes
soient vérifiées.
al
<
0
a
0
2
>
a
0
3
>
La relation peut également se présenter sous forme logarithmique ;
dans ce cas al' a
et a
désignent non plus de propensions mais les élasticités
2
3
par rapport aux différentes variables explicatives
2)
Log ks = a Log DI + b Log TR + c Log PM + d
... / ...
, 1
1

123
TABLEAU N° L
CONTROLE DE CAPITAL SOCIAL ET DECRE D'INTEGRATION 1976
Branches
KS en %
DI en %
TR en %
PM en %
Extraction de minerais et
28
160
2
6
mineraux
Travail des grains et
77
113
3,5
106
farines
Conserves et prepart. al.
70
90
9
210
Boissons et glace al.
89
52
17
191
Corps gras alimentaires
76
99
8
544
Produit al. et tabac
23
65
6
221
Produits textiles
70
79
9
155
Cuirs et articles
100
64
0,8
10,5
chaussants
Industries du Bois
78
117
4
47
Produits pétroliers
18
132
7
983
Produits chimiques
79
123
19
83
Produits du caoutchouc
49
151
10,5
62
Matériaux de construct.
72
161
9
181
et verre
Matériel de transport
90
106
8
30
Produits mécaniques et
1
élec!
87
104
2
92
f'
j
!
Industries diverses
25
139
4
19
!
Energie électrique gaz et
!
33
96
10
792
eau
!
Sources
- Centrale des Bilans 1976
- Comptes de la Nation 1976
Ministère des Finances, de l'Economie et du Plan
... / ...


- 125 -
2°)
Les résultats économetriques
Eu egard à l'indicateur retenu très peu de branches se sont
averées dynamiques àans le tissu industriel Ivoirien. En effet sur les
17 branches retenues, 7 seulement ont un coefficient supérieur à l'unit~
soit une proportion de 41 % : il s'agit (pour l'année 1977) de la branche
14 (Produits pétroliers), de la branches 22 (Energie électrique, gaz et eau),
de la branche (Corps gras alimentaires), de la branche 10 (Autres produits
alimentaires + tabac), de la branche 07 Conserves et préparation alimentaires),
de la branche 08 (Boissons et glace alimentaire) et enfin de la branche Il
(Produits textiles).
En 1976 les branches dynamiques représentaient 53 % du tissu
industriel Ivoirien. Mais ce qu'il faut souligner, c'est que sur les 9
branches les plus dynamiques en 1976 les branches legères occupent une place
preponderante. En effet en 1976, 78 % des branches industrielles
dynamiques sont des industries "legères" ; en 1977 cette proportion fléchit
et atteind 71 %.
Les deux types de regression que nous avons testés n'ont pas
donné d'excellents resultats.
a) Regression sur données simples
KS
=
-
0,327 DI - 0,21 TR - 0,04 PM + 109
T de Student
(-1,786)
(-237)
(-2,054)
(4,862)
R2
=
0,3520
D-
W = 2,1007
b) Regression sur données logarithmiques
Log KS = -0,56 Log DI - 0,03 Log TR - 0,08 PM + 7023
T de Student (-1,252)
(-0,204)
(-0,704)
(3,164)
i
2
1
R
= 0,1333
.1
D-
W = 2,1896
... / ...

-
126 -
L'estimation économétrique (la moins mauvaise) donne des
resultats qui sont E
contradictior avec ceTtainp~ rlp nos hypothèses de
départ.
La regression sur données simples revèle en effet des
correlations nêgatives entre le degré de contrôle du capital social le taux
de rentabilité et la part du marché PM ; autrement dit plus le taux de
rentabilité et la part du marché d'une branche industrielle sont elevés plus
le degré de contrôle du capital social par l'Etranger est faible.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ces correlations négatives;
la première est que les branches et exploitations étrangères sont également celles
dans lesquelles on note la presence d'un grand nombre d'expatriés. Or le
personnel expdL1ié exerce sur la branche deux effets de sens contraire
un effet positif découlant d'une gestion relativement rationnelle et
efficace
un effet depressif qui découle des charges salariales
imposées à la branche par le personnel expatrié. Il est donc possible
qu'en 1976 l'effet positif du personnel expatrié n'ait pas réussi à
contre-balancer l'effet dépressif. De plus il n'est pas impossible que
certaines branches industrielles par des pratiques illicites arrivent
à l'tronquer" les profits realisés pour échapper au "fisc", (x)
(x) A ce propos, AKA EBAH écrit : Uurenavant le profit
comptable parce que trop apparent et exposé au fisc cède la place à
d'autres méthodes de gestion des intérêts de la firme qui sont: la
recherche de l'excédent organisationnel d'une part et la maximisation
du cash Flow"
AKA ebah ~
"Croissance industrielle et politiques
d'intégration plurinationale entre pays en développement: cas des Etats
de l'Afrique de l'ouest"
Thèse de Doctorat d'Etat en sciences économiques Université de
Clermont-ferrand 1979 Page 326
.,.j .•.
1

-·127 -
la deuxième raison résid(: dans les indicateurs retenus pour mesurer
le "dynamisme" des branches et leur taux de rentabilité.
Au total, ce qu'il faut souligner, c'est la propens1on elevée du
capital étranger à s'orienter vers les branches dont le degré d'intégration
est le plus faible; cette propension marginale atteint en 1976 une valeur
de - 33 %
Les résultats similaires avaient déjà été obtenus par les
chercheurs de l'ORSTOM. En 1975 dans une étude sur les relations
intermediaires dans le secteur industriel Ivoirien Jean Chevassu et Alain
Valette ont montré la correlation qui existe entre la nationalité du
capital, l'appartenance à un groupe et le degré d'integration. La part des
inputs importés dans les inputs totaux était en 1971 de 50,8 % pour les
Français de France, 35,8 pour les Français de Côte d'Ivoire, de 31,1 % pour
les Ivoiriens et de 70,8 pour les autres Etrangers.
Quant aux produits intermediaires importés, leur part dans le
total des produits intermediaires étaient en 1971 de 55,4 % pour les Français de
France, 42,3 % pour les Français de Côte d'Ivoire, 35,3 % pour les Ivoiriens
et enfin 77,2 % pour les autres Etrangers. (x)
Les mêmes disparités apparaissent lorsqu'on tente de classer
les industries Ivoiriennes en fonction du critère d'appartenance à un
groupe étranger ou national.
La même étude montre que le taux d'importation des achats
d'imputs est de 57,6 % pour les industries appartenant à un groupe étranger,
35,1 % pour celles qui appartiennent à un groupe national et 37 %
pour les industries sans aucune appartenance. S'agissant du taux d'importation
des produits intermediaires, il est de 62,8 % pour les industries appartenant
à un groupe étranger, 41,1 % pour celles qui appartiennent à un groupe national
(x) Chevassu (J), Valette (A).- Les relations intermediaires dans
le secteur industriel Ivoirien, O.R.S.T.O.M.
".'
1975 ABIDJAN
"J'~j
• • • /
0
0
u
1
1

-
128
et 4! ~ 4 /~ pour les industries qui n vappartiennent à aucun groupe (x).
Cette nextravesion des relations intermediaires" pour reprendre la
terminologie des deux auteurs s'explique par le fait suivant: comme
toute oeuvre humaine, le "financement ellterieur" est à la fois porteur
de progris et générateur d'effets de blocage; ces effets de blocage frei-
nent les mécanismes de diffusion et provoquent ce que l'on peut baptiser
à la suite de A.O. Hirschman les "fuites de 'développement".
I1 2,
La Secretion des effets de blocage et le freinage des mécanismes
3
De diffusion
Dans la plupart des pays du Tiers-Monde en général et en
Côte cl v T'.fOire en particulier, le "financement extérieur" n'a pu promouvoir
que deux types d'industries: les industries d'import-substitution et
les industries de valorisation des matières agricoles locales pour 1 Yex-
r'~;ltàtioLi et la consommation interne. Bien qu'il soit arbitraire dVassocier
une date ou Ime période précise à l'implantation en Côte d'Ivoire de ces
deux types d'industries, on peut grossomodo affirmer que l'import-substitution
recouvre: la decennif' 1960-1970 tandis que la valorisation pour l'exportation s'es
surtout accentuée dans la période 1970-1980 (x x)
le premier type d'industrie (l'import-substitution) s'efforce
delisatisfaire une grande partie de la demande interieure par la production des
bi~Q8 de
consommation en utilisant sur place les matières premières
dans le out d'économiser des devises et de reduire la domination des
pays industrialisés ( x x x).
1
(x)
Jean Chevassu et Alain Valette in : "les relations intermediaires
f
dans le secteur industriel Ivoirien" cahiers de l'O.R.S.T.O.M. 1975
serie sciences humaines.
1
(x x) En réalité sa mise en place a debuté pendant la période coloniale
t
(~ 'X x) Rene Gendarme i~
Problèmes économique nO 1377 du 19 Juin 1974
... / ...

-
129 -
- Le second type d'industrie essaie de produire, en combinant
ressorc~s locales et produits împortés, des biens destinés à titre principal
au. marcbé extérieur. Les articulations de ces deux types d'industries
peuvent être schématisées de la façon suivante(x).
Dans le cas de l'import-substitution le rôle moteur est joué
par la demande emanant de la population urbaine ; toute augmentation de la
demande de biens de consommation de la population urbaine se repercute
dans un premier temps sur les industries d'import-substitution implantées
en Côte d'Ivoire. Mais l'absence de couplage entre ces industries d'import-
substitution et les industries productrices de biens intermediaires et de
biens d'équipement empêche les mécanisme de multiplication de fonctionner
sur le plan internê. Le supplement de recettes qui resulte de l'accrois-
sement de la demande de la population urbaine se traduit par une
augmentation des importations (Illi~ Les effets multiplicatifs que l'on
est en droit de s'attenar~ se trouvent transferés à l'extérieur
faute Ild 'un milieu ideal de transmission (XlIX)
S"agissant des industries de valorisation des produits
locaux pour l'exportation, leur niveau d'activité se trouve commandé par
le niveau de la demande externe. En effet c'est l'augmentation de la
demande effective externe qui, en stimulant la production industrielle
dans les pays développés, provoque une demande additionnelle de produits
agrîcoles et mineraux de première transformation.
(11)-
CF
diagrammes N°s 1 et 2 pages 131, et 132
?
"'1) Les importatiuns induites entraînent parfois une hemorragie de
devise$ qui tend à dépasser le gain en devises ~etiré de l'implan-
tation de ces industries.
(~x) Les obstacles à la propagation des effets multiplicatifs dans
un pays en voie de développement ont été analysés pal:' Perroux.
François PERROUX ~ «Le mu1riplicateur d'investissement dans
les pays sous-développés»
Tiers-monde.
1

- 13ü -
Pour faire face à cette demande additionnelle de produits
de premi.ère transformation~ les industries de valorisation pour l'ex-
portation achètent des matières premières, embauchent une main-d'oeuvre
supplementaire. Ainsi se trouvent distribués de nouveaux revenus qui
vont à leur tour se transformer en dépenses.
En revanche~ toute baisse de la demande effective externe
se repercute sur le niveau d'activité des industries de valorisation
pour l'exportation.
Tout se passe donc comme si ces deux types d'industries
n'étaient que de simples cordons ombilicaux reliant la Côte d'Ivoire
aux pays industrialisés.
Les effets de blocage qui résultent du faible degré d'in-
tégration des industries implantées en Côte d'Ivoire ont été étudiés
par la plupart des spécialistes de l'Economie du développement (x)
Il n'est donc pas nécessaire de s'y attarder. En revanche les effets
de blocage dus au mode de financement de l'industrialisation Ivoirienne
meritent une attention particulière.
Notamment
- Ali TRADRE, Cours roneotypé sur les structures des
économies africaines Faculté des sciences économiques
d'Abidjan.
- Chevassu (J) et Valette (A).- Caractéristiques
structurelles de la croissance industrielle de la
Côte d'Ivoire. Abidjan O.R.S.T.O.M. 1976
1

-
131
DIAGRAMME N°l
Industries productrices de
produits intermediaires et de
biens dVéquipement
11\\
CIl
l=l
(1)
'ri
.0
.l-J
(1)
.
CIl
al
'"'
f/l
.....
(1)
III
.l-J
.....
!Il
III
'"'0
'"'
0
(1)
H
~,,.{
@'
.....
III
~(1)
.l-J
.l-J
.j.J
al
~
~
~
.....
al
0
S
13
III
(1)
~
.l-J
P-
.....
.....
;::l
;::l
r i
'"'0
t7'
~
a
\\(1)
~
0>
'"'0
"If
Monnnaie
1...
Demande de biens cie
""-
H
Industries d'import-
o
consommation par la
>
substitution
population urbaine
H
L
Biens de
"-
Consonunation '
o
u
ARTICULATION
PRINCIPALE
DE
LVIMPORT_
SUBSTITUTION
1

-
132 -
DIAGRAMME N° 2
Monnaie
Consommation de
Ensemble des Unités
"
l'ensemble de la
industrielles
population
Biens de consom-
- mat10n
l'
/
tIl
\\(1)
/
tIl
\\(1)
~
~
l-l
1-1
0
0
VJ
P.
P.
III
1
~
\\0
~
1-1
III
Qi
III
.-\\
1
~
ro
tIl
'-\\
tIl
+J
.,-1
111
r-l
III
1 c::
~.,
(1)
c::
.,.1
~)
-,.1
0
~
~
l-l
a
0
~
tIl
t5
tIl
/
9
~
~
:;j
1 .,-1
1
M
'ïj
r-l
~
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"""'
.,-1
0
~
l-l
/
0
l=l<
l-l
bO
III
CIl
1 /
+J
.,-1
~
'ïj
0
1-1
l=l<
,,~
\\ /
1
J,
/
H
Industries de valorisation
des ressources locales
H
pour l'exportation
Cl
1
1
J .
f~
ARTICULATION PRINCIPALE DES INDUSTRIES DE VALORISATION POUR
L'EXPORTATION
1
t

-
133 -
Le recours au "financement extérieur ii induit en Côte
d'Ivoire deux sortes d'effets dont la conjugaison bloque les mécanismes
du développement : un effet depressif sur le pouvoir d'achat et un effet
::legatif sur la balance des paiements,
II23
-L j Efff': t dE,i'ponctian du pouvoir d'achat ilnational ll
1
L'effet deiiponction du pouvoir d'achat national"peut être apprecié
â travers la repartition de la valeur ajoutée entre les différents partenaires
qui participent a l'activité productive" On sait qu'une matière de comptabilité
Nationale, la valeur d,Joutée d'une exploitation ou d'une branche s'obtient en
faisant la différence entre la valeur de la production globale et la valeur
des différents intrarlts ayant servi à la production de l'output. Sur le
plan purement comptable la valeur ajoutée peut être considérée comme la
somme des renumerations des divers facteurs de production ~ grosso-modo si
1 'Jft n~ttcnc comnk'
fw,t""
de production 1'0. travail, le capital et
la capaciti organisationnelle de l'Etat r on peut icrire.
VA'"
W+P+T
(1)
VA
Vahmr ajoutee
W
::;;
Salaires (y compris les charges salariales)
T
;:::
Impôts et Taxes
P
-
Résultats avan~ impôt
A un niveau plus fin et. si lion tient compte de la nationalité des
différents partenaires l'égalitê (1) devient
VA
+
T
(2)
Les indices N et E indiquent respectivement les Nationaux et
les Etrange.rs"
LVêquation (3) indique que la valeur ajoutée est égale à
la sormne des renumerations versies aux Menages nationaux, à l'Etat et
aux agents étrangers.
)

- 134 .-
Unt! première mesure grossière de l'effet de "ponctionll du
pouvou: d'achat "national" peut. être indiquée par la part de la valeur
ajoutée versée aux Etrangers.
x
100
(4)
La part de la valeur ajoutée restant dans les circuits de
l'économie nationale est alors égale au complément à 100 de l'effet de
ponction,
G~
100
(5)
A première vue un tel indicateur de l'effet de "ponction"
du pouvoir d'achat "national" peut paraître contestable. En effet i l
suppose implicitement que l' intégrali té des revenus versés aux non
Nationaux se trouve retirée de la circulation et transferée en
totalité à l'Exté~ieur ; en réalité une partie de ces revenus est
affectée à des dépenses de consommation de produits locaux ou de
serVices domestiques; il en résulte qu'une légère correction doit
être apportée à l'égalité (4).
Si nous designons par' eY la propension marginale des
Etrangers à dépenser localement leurs revenus, l'effet de ponction du
pouvoir d'achat "national" s'écrit.
(1 - ~) ( W + P )
(6)
E
E
VoA
Dans la réalité, en Cate d'Ivoire l'égalité (6) n'est pas
tellement différente de l'équation (4)
En effet une étude très attentive de la composition de la
main-d'oeuvre étrangère opérant en Cate d'Ivoire et une analyse détaillée
de la st.ructure de leurs dépenses montrerait que le coefficient2Y'tenn.
vers zero.
)
1

-
135 -
Grosso-modo les travailleurs étrangers operant en Côte
d'Ivoire peuvent être classés en trois catégories distinctes
- Les travai lIeurs afri.cains imigrés occupent une place
préponderante dans l'agriculture (les Mossis de Haute-Volta), dans
les services domestiques (Togolais, Voltaïques et Beninois) et tout
recemment dans l'Enseignement (cadres Guinéens, Sénegalais et
surtout Beninois),
Ayant pour la plupart laissé leur famille dans leur pays
d'origine, ils ont la lourde responsabilité de subvenir à leurs besoins
ce qui au demeurant se traduit par le ~ransfert massif de leurs économies
hors de Côte d'Ivoire,
Le personnel d'encadrement européen solidement implanté
dans les hautes sphêres de l'Administration, des services, à la
direction des grandes entreprises industrielles et commerciales participe
également à cet exode massif des ressources et des surplus realisés en
Côte d'Ivoire.
Les revenus des Cadres européens sont soit consommés, soit
épargnés. Consommés, ils sont affectés à des achats de biens importés,
Epargnés ils sont placés dans les grandes institutions financières
européennes de telle manière qu'il ne reste qu'une infime partie destinée
à remunerer le personnel domestique qui est à 90 % étranger .
(x)
Enfin une forte colonie libanaise à la ma1n mise sur la
quas1 totalité du commerce intérieur et sur une bonne partie du commerce
import-export. Ici encore les profits substantiels réalisés en Côte-
d'Ivoire désertent les circuits de l'économie Ivoirienne pour aller s'in-
vestir à l'extérieur.
(x)
L'inexistence de titres suffisamment sûrs et attrayants et
la volonté des autorités Ivoiriennes d'ivoiriser le capital
expliquent en partie ce transfert massif des revenus des
expatriés.
. .. 1, ..
1

db -
L'une des conséquences de la présence de cette main-d'oeuvre
étrangère est le transfert hors des frontïères de l'Etat Ivoirien d'une
grande partie des ressources réalisées en Côte d'Ivoire ce qui se traduit
par un effet de "ponction" du pouvoir d'achat "national" extrêmement
elevé. Nous ne disposons pas malheureusement des données relatives à la
masse salariale versée au Personnel non Ivoirien. Ces données ne sont
pas encore publiées dans la Centrale des Bilans. Néanmoins i l nous
a été possible de calculer un coefficient mesurant l'effet de
ponction du pouvoir d'achat "national" en divisant le montant annuel
des transferts par la valeur ajoutée.
Les transferts à titre d'économies qui atteignaient en 1968
un montant de 12 milliards de F. CFA, s'élèvent à 88 milliards de F. CFA
en 1977 , enregistrant ainsi un taux de crOIssance moyen annuel de 22 %.
Quant aux revenus d'investissement, ils sont passés de
9 milliards de F. CFA en 1968 à 54 milliards de F. CFA en 1977 soit
un taux d'accroissement annuel moyen de 19,6 %.
si l'on considère l'ensemble des transferts (x) i l est à noter
qu'ils sont passés de 21 milliards de F. CFA en 1968 à 142 milliards de
F. CFA en 1977 ; de ce fait, ils enregistrent un taux d'accroissement annuel
moyen de 21 % .
(x)
Nous excluons du calcul les tranferts gouvermentaux sous
contrepartie. Seuls sont inclus dans ce montant les revenus
d'investissement et les transferts privés d'économies et les
impots hors Côte d'Ivoire.
Source
B.e.E.A.O. données non rendues publiques.
... / ...
1

- 137 -
L'évolution du coefficient de "ponction" du nouvoir d'achat flnational ll est
retracée dans le tableau ci-après
TABLEAU N° MI
EVOLUTION DU COEFFICIENT DE "POliCTION" de 1970 à 1977
Unité
MiL..Lard de F. CFA
~
)
Valeur ajoutée
)
(
)
Coefficient de
(
(
Années
Transferts vers
aux coûts des
1- Er )
)
(
ponction
)
" exterieur
facteurs
(
)
(
)
(
)
(
1970
28,1
289,8
10 i.
90 "1
)
l.
(
)
(
)
(
1971
35,1
315,7
Il %
89.%
)
(
)
(
)
(
)
(
)
(
1972
39,2
341,4
Il i.
89 %
)
(
)
(
)
(
1973
53,3
399,7
13 %
87 %
)
(
)
(
)
(
)
(
)
(
1974
62,1
460,8
13 %
87 %
)
(
)
(
)
~
1975
75,0
684,8
Il %
89 i.
~
(
)
(
)
(
1976
110,6
814,1
13 %
87 i.
)
(
),
(
- ),
(
-
1977
142,4
1037,8
,
ll;. '"
~,
(
"
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
Sources
- Comptes de la Nation
1
/
- B.C.E.A.O.
- Coef.ficients de "ponction~l calculés 'Par nous
... 1..•
r
J

-
138 -
L'observation du tableau N°M
fait ressortir un fait
saillant: la tendance à la hausse du coefficient de "ponction". De
10 % en 1970 ce coefficient atteint en 1977 le niveau de 14 %
autrement dit sur une valeur ajoutée de 1 milliards de F. CFA relasée
en Côte d'Ivoire en 1977, 140 millions desertent les circuits de
l'économie Ivoirienne. Cette"ponction" de ressources nationales exerce
un effet dépressif sur la demande et sur le niveau de l'activité
économique en Côte d'Ivoire.
Elle est surtout de nature à bloquer la propagation des
effets à l'intérieur du système dans la mesure où elle peut être considérée
comme une "fuite".
L'effet de ponction du pouvoir d'achat "national" peut également
être analysé à l'aide d'un coefficient qui s'apparente au multiplicateur
keynesien ; le processus est le suivant :
Tout financement extérieur reçu par la Côte d'Ivoire induit
au cours des années suivantes un volume donné de transferts de pouvoir
d'achat "national". Il est donc possible de rechercher au moyen d'une
regression simple une correlation entre les transferts de pouvoir d'achat
"national" de l'année courante et le "financement extérieur" des années
précédentes. Les deux types de regression testés sur la période 1968 -
1976 donne les résultats suivants
Regression sur données simples
T (t)
=
1,13
F(t - 2)
2,142
(7)
R2
=
0,9575
avec decalage d'une année
=
0,845F(,
+ 1,769
(8)
1)
0,9619
• • •
/
• •
f>
1

Regression sur données logarithmiques
- avec un deca1age d'une année
Log T(t)
= 0,901 Log F(t _ 1)
+
0,253
(9)
2
R
""
0,9412
- avec un deca1age de deux ans
Log T(t)
= 1,379 Log F(t _ 2)
1, 12
(10)
R2
0,8192
l'équation (8) donne les meilleurs résultats. Elle
indique que le "financement extérieur" reçu par la Côte d'Ivoire à une
propension marginale à "génerer" des transferts de pouvoir d'achat
national de 0,845; autrement dit un"financement extériem" de 1 milliard
de francs CFA reçu par la Côt~ d'Ivoire se traduit l'année suivante
par un transfert de fonds à l'extérieur de 845 millions de francs
CFA et par une "dépense inL:rieure" de l'ordre de 155 millions de
francs CFA ; On peut donc supposer par hypothèse que la "capacité de
réponse" de l'économie Ivoirienne à un pouvoir d'achat supplémentaire
de 1 franc est de 0, 155 (~).
Tout financement extérieur de 1 milliard de francs CFA
va donner naissance en Côte d'Ivoir~ à une distribution de revenus
de 155 millions. Les bénéficiaires de ces revenus locaux vont ensuite
les dépenser selon la règle commune c'est-à-dire raison de 24 millions
~n achat de produits locaux et de 131 millions sous forme transfert
de pouvoir d'achat. Le total des revenus locaux créés en Côte d'Ivoire
sera égal à 1 + 0,155 + (0,55)2
+ (0,155)2
+ .•.
(0,155)n.
Il s'agit - là d'une suite géométrique de raison égale à 0,155 et dont
la somme est donnée par la formule
a. --;-----q
=
=
1,183
=
k
1 -
0,155
0,845
Cette hypothèse suppose implicitement que si les fonds sont
transferés à l'extérieur, c'est en raison de la faib1e"capacité
de réponse" de l'économie d'accueil.
... / ...
1

~ 140 -
k est le multiplicateur marginal du "financement extérieur" et il est
égal à l'inverse de la propension marginale à generer les transferts
de pouvoir d'achat "national".
Au total un "financement estérieur" additionnel de 1 mil-
lidrd de F. CFA se traduit par un accroissement du produit intérieur
brut de 1,183 milliard de F. CFA. Mais ce pouvoir d'achat supplémen-
taire va être reparti à raison de (1,183 x 0,845) soit 1 milliard
de F. CFA sous forme de transferts à l'extérieur et 183 millions
sous forme de revenus intérieurs. Il est évident qu'une telle ponction
de ressources nationales constitue ce que A.O. Hirschman a appelé
«
fuite de développement».
(x)
Pour reduire l'effet de "ponction" que secrète le «finan-
cement extérieur»
on peut imaginer l'institution d'une double taxe; -
une taxe sur les profits étrangers qui frapperait les bénéfices après
impôt réalisés par les entreprises étrangères.
- Une taxe sur les salaires des expatriés (xx)
s'agissant de la taxe sur les salaires, le mécanisme sera le suivant
Des taux d'imposition différents seront appliqués aux
différents niveaux de salaire net. Par exemple tous les non Ivoiriens dont
le salaire net mensuel est compris entre 150.000 F CFA et 200.000 F. CFA
se voient frappés d'un taux d'impositiono{ 1 ; ceux dont le salaire net
mensuel est compris entre 200.000 F CFA et 300.000 F. CFA sont astreints
à un taux supérieurt:!..2
suivant l'exemple ci-après.
(x)
Trancher de revenu
Taux d'imposition
{
SNM
150.000 F.
Exoneré
..
150.000
f
J...
SNM
200. 000
~I
%
-
200.000 < SN
(300. 000
).2
%
M
300.000
-
SN
400.000
d-3
%
1
lM
\\
1•
500.000
(S~M <1. 000. 000 et plus
d5 %
)
/
( x)
A.O. Hirschman
- Stratégie pour le développement économique op cit.-
(xx)
Le terme expatriés est employé au sens large ; il englobe non seulement
les expatriés au sens strict (coopérants,Assistants Techniques européens)
mais aussi les cadres Africains disposant d'un certain niveau de revenu.
Les tranches de salaire
net et les taux d'imposition à retenir feront
l'objet d'une étude préalable.
" .. / ...

- 141 -
S'agissant de la taxe sur les profits étrangers, le mécanisme
sera plus simple : il sera demandé une retention de 50 % (ou moins) des
bénéfices après impot realisés par les entreprises étrangères exerçant
en côte d'Ivoire.
En comptrepartie de cette double taxe, les contribuables
(Entreprises et Ménages) recevront des obligations d'Etat d'une
durée de 10 ans au minimum emise par la caisse Autonome d'Amortissement
au taux d'intérêt au plus égal au taux d'intérêt moyen de la dette extérieue
publique. Il sera prévu une clause de remboursement anticipé selon un
processus aléatoire ou de rachat au prix d'émission par les Ivoiriens.
Deux sortes de critiques sont souvent formulées à l'encontre
de l'institution d'un tel mécanisme.
- La première estime que la retention et le réinvestis-
sement d'une partie des revenus des Non Ivoiriens accentue le degré de
pénetration du capital étranger et par la même occasion, la perte
d'indépendance de l'économie locale.
- La seconde critique met l'accent sur l'effet du prelève-
ment fiscal sur la décision des expatriés d'offrir ou non leur force
de travail sur le marché Ivoirien.
En ce qui concerne la première objection, la clause de rachat
ou de remboursement par anticipation des obligations d'Etat incluse dans
le contrat devrait limiter la perte de sonneraineté ou d'indépendance de
l'économie Ivoirienne. De plus la détention d'une obligation ne confère
nullement à l'obligatoire ni un droit de regard, ni un contrôle sur
l'économie. L'obligataire (fût-il expatrié) n'est qu'un créancier qui
touche un revenu fixe annuel et qui recouvre sa créance à la fin de
l'échéance.
En revanche, l'Etat Ivoirien dispose ainsi d'un moyen qu~
lui permettrait de s'assurer des ressources financières nouvelles à un
j
moindre coût, sans liaison et sans affectation.
1
1/
... / ...
iill

-
142 -
L'allocation de ces ressources nouvelles aux différents secteurs de
l'économie relève de la seule compétence de l'Etat Ivoirien (x).
La seconde objection merite plus d'attention. En effet
tout "Expatrié" peut être considéré connne un agent économique rationnel
qui cherche à maximiser sa satisfaction personnelle en offrant sa force
de travail et, par conséquent, en s'accordant un temps plus ou moins
long de loisir. Il considère donc le taux de salaire comme le gain
monetai~e résultant de la substitution d'une unité de loisir à une unité
de travail. Le graphique suivant que nous empruntons à l'analyse néoclassi-
que permet d'illustrer cet arbitrage entre le travail et le loisir.
(x) c'est là un avantage consiérable sur le réinvestissement privé des
bénéfices ; celui-ci a tendance à se diriger vers les secteurs jugés
1
rentables par l'entreprise privée. Evidennnent les obligatior_:" émises
î
seront garanties par un consortium Bancaire de manière à rassurer
1
les souscripteurs eventuels.
)
,
j
f
. . . .
/

"1

,1
~
1

- 143 -
Revenu monétaire
ARBITRAGE ENTRE LE TRAVAIL ET LE LOISIR
R
B
Loisir
c
-----------~-----~--~
c
v
L
1

- 144 -
Les préférences de l'''Expatrié'' offreur de travail vis-à-vis du
revenu monétaire et du loisir (le taux de salaire étant donné) sont exprimées
par les différentes courbes d'indifférence I
II et III. Il existe deux situations
t
extrêmes : Au point L le loisir est maximum et le salaire nul. Au point Rt le
travail est maximal et le loisir nul. Il est évident qu'aucune des deux situations
n'est tolérable pour l'Expatrié
s'il devait rester au point L, on explique mal
les raisons de son expatriation à moins que son deplacement en Côte d'Ivoire
n'obéisse qu'à des motifs touristiques. Le point R est également inadmissible
s'il est encore concevable d'imaginer un Expatrié totalement désoeuvré et vivant
en Côte d'Ivoire sur ses rentes (point L) il est impensable de trouver un seul
Expatrié qui travaillerait comme un "forçat" ne se ménageant aucune heure de
loisir. La position d'équilibre entre revenu monétaire et loisir se trouve donc
nécessairement entre R et L. Elle sera déterminée par le point de tangence entre
la droite R. L et une courbe d'indifférence de l'Expatrié". Soit A ce point de
tangence; le temps de loisir est égal à OC, la durée de travail à CL, ce qui
compte tenu du taux de salaire lui procure un revenu monétaire OB.
Il est évident que l'imposition du salaire de l'Expatrié va remettre
en cause l'arbitrage entre le loisir et le travail.
L'imposition du salaire mensuel de l'Expatrié (le taux de salaire étant
constant) se traduit sur le graphique par une deplacement parallèle vers la
gauche de la droite R L en X Y. La nouvelle position est obtenue au point de
tangence de la droite X Y avec une nouvelle courbe d'indifférence 1.
Soit D le nouveau point de tangence ; à ce point le temps de loisir
n'est plus que OF, la durée de travail FY et le salaire net de l'Expatrié OE.
L'imposition s'est donc traduite par une réduction du temps de loisir, une aug-
mentation de la durée de travail et une augmentation du revenu monétaire. La
conséquence ultime du prelèvement fiscal dépend de la forme et de l'allure des
courbes d'indifférence de l'Expatrié.
1

Au point de tangence G de la droite XY et de la courbe d'indifférence,
on enregist.re une reduction du temps de loisir pour un revenu monétaire
identique. De même, au point H de tangence avec la courbe d'indifférence
il y a reduction du revenu monetaire pour un temps de loisir ide~tique.
Le point de tangence D détermine une situation dans laquelle l'Expatrié
substitue du travail au loisir pour sauvegarder son revenu; l'effet
revenu est à ce point prédominant.
Au point H en revanche, l'Expatrié accepte une réduction de so
revenu-monctaire pour sauvegarder son temps de loisir; ici c'est l'effet
de substitution qui est pré~ominant.
Le modèle ci-dessus d'inspiration néoclassique joint à l'étude
du marché du travail nous permet d'affirmer que le prelèvement fiscal a
toutes les chances de se traduire par une augmentation de l'offre globale
de travail "expatrié". En effet la fonction d'offre de travail peut être
représentée par un graphique (CF papier millimétré).
La fonction d'offre de travail se divise en trois parties
distinctes
la zone AB (la seule qui nous intéresse ici) correspond aux revenus
J
(donc aux salaires) les plus elevés. Toute diminution du revenu
J
monetaire (par suite d'un prelèvement fiscal) se traduit par une
augmentation de l'offre de travail du contribuable pour garantir le
standing de vie déjà atteint.
(x)
(x)
Les Expatriés peuvent faire des heures supplémentaires ou chercher
à
"décrocher"des contrats parallèles.
i
1
1

- 146 -
FONCTION
D'OFFRE
DE
TRAVAtt
Revenu monetaire Cà taux de salaire constant)
A
Zone
Concernant
les Expatriés
Zone concernant
les cadres
moyens
C
Zone concernant
les
"S.M.I.G.A.R.D.S.
o
D
E
F
1

-
!~I -
La diminution du revenu monetaire de Rj â R2 entraine une
augmentation de la durée de travail qui passe de DE à OF.
L.1 zone Be correspond à une situation normale : toute
diminution du. revenu monetaire se traduit par une reduc:tion de la quantité
de travail orferte.
Quant à la zone CD, elle correspond à la situation inverse de
la première
les individus sirués dans cette zone perçoivent un revenu
monetaire tout juste suffisant pour leur assurer le minimtun vital ; il
est donc évident que toute diminution de ce revenu les pousse à offrir
davantage de travail pour sauvegarder le revenu de subsistance.
Au terme de cette analyse nous pouvons donc affirmer que
l'imposition des salaires des "Expatriés" n'aura aucune incidence depres-
si ve sur "l'offre de travail expatrié". Bien au contrair'e ; tout laisse
croire que sur le plan global, cette imposition se traduirait par une
offre de travail plus importante (x).
En resumé, l'utilisad.on conjointe par l'Etat Ivoirien du
"facteur de blocage des profits" et "facteur de retention des économies"
devrait lui permettre de limiter la déperdition des ressources engendrée
par l'effet de ponction du pouvoir d'achat national. Mais le "finance-
ment extérieur" ne secrète pas que "l'effet de ponction du pouvoir d'achat",
il exerce également un effet negatif sur les comptes extérieurs de l'Etat
Ivoirien.
(x)
Ce tte augmenration de l' ofrre globale de "t:ravail expatrié n'est
pas Ï11c,)mpatible avec quelque abandon de post:e au niveau indivi-
duel ; certains expatriés peuvent renoncer à leur travail et
preferer regagner leur pays ou offrir leur force de travail ailleurs
)
qu'en Côte d'IvoirE.leur nombre sera infime car â tout moment l'Expa-
,
1
trié compare 1", ü1.1.1erentiel de revenu entre la Côte d'Ivoire et les
1
1
autres pays er également ce que nous appelons le "différentiel de
milieu"; ce terme englobe à la rois l'envirunnement, l'infrastruc-
1
ture d'accueil, la securitê physique et psychique etc •.
1
!

- ]48 -
L'effet sur la balance des paiements
T _dlt que l' ac.tivité éc.onomique se déroulait dans le cadre d'un
manoir feodal, d'une tribu, les hommes ne trouvaient aucun intérêt majeur
3 com:I\\",rcer avec le reste du Monde. En effet chaqué. Nation trouvait réunis
sur son territoire les produits, les idées et les hommes dont elle a besoin
pour pourvoir à ses besoins essentiels. Mais dès l'instant où le manoir
feodal a fait place à une region et la region à un pays, les relations.
extérieures devinrent une imperieuse nécessité. Les Nations doivent chercher
à l'extérieur de leurs frontières les produits, les idées et les hommes qui
leur font de faut. r..' acquisition de ces ressources donne lieu à des déplace-
ments matériels et à des opérations de paiement qu'il faut comptabiliser et
enregistrer,
La balance des paiements a été élaborée pour répündre à cet
objectif. C'est un document comptable qui enregistre li ensemble des transac-
tions économiques et financières effectuées pendant une période (l'année
subdivisée en trimestres pour la France) entre les residents d'un pays et
les Non-Residents. Un examen attentif de la structure de ce document et
de l'évolution de ses différents postes est de nature à donner des ren-
seignements intéressants sur la situation
financiè:re du pays consideré,
situation qui conditionne la croissance ulterieure des différents agrégats.(~)
Le cas de la Côte
d'Ivoire est particulièrement édifiant; le
tableau ci-dessous illustre clairement l'évolution des postes les plus
significatifs de la balance des paiements.
(x)
Le modèle Harrod-Domar appliqué à une économie ouverte permet d'écrire
l
=
S
+
M X ;
en divisant les 2 membres par Y
l
S
+
M
X
Y
y
y
Designons
S par s et M-X par b
y
-y
l
s
+
b
:>
~K
=
s
+
b
v
t,y
s
+
b
y
y
y
D'où
Sy
g
=
s
+
b
y
v
v

-
14'J
TABLEAU
ND Mil
EVOLUTION DES POSTES SIGNIFICATIFS DE LA BALANCE DES PAIEMENTS DE 1968
1
i
1978 EN MILLIARDS DE F. CFA
1
(
)
(
)
1
Solde com-
Solde des
Solde des
:Solde des trans-
(
)
1
Années
1
(
mercial
mouvements
Services
ferts
)
(
de cali taux
(3)
(4)
)
1
(1)
(
p
)
(
)
1
(
1968
+ 34,2
+ 6,7
- 28
;
6
- 6,5
,
)
(
)
(
1969
+ 37,2
+ 8,9
31,5
5,7
)
1
(
)
]
(
)
1
(
1970
+ 33,8
+19,6
- 38,8
- 5,5
)
(
)
(
1971
+ 26,4
+22,3
- 48,2
- 7,5
)
(
)
(
)
(
1972
+ 34,2
+ 9,2
- 51,4
- 12,5
)
(
)
(
)
15,4
(
1973
+ 35,8
+ 45,1
69,2
)
(
)
(
1974
+ 86,2
+ 40,6
78,.5
22,3
(
~
)
(
1975
+ 48,6
+ 44,0
- 100,5
- 30,3
)
(
)
(
)
(
1976
+ 137,2
+ 65,1
- 134,8
- 61,9
)
(
)
(
1977
+ 203,8
+ 94,)
171,6
81,3
)
(
)
(
)
(
1978
+ 142,8
+ 164,4
- 200,0
- 87,0
)
(
Sources
B.C.E.A.O.
données non encore rendues publiques.
l
1
/
l
1
••• 1.. ~'
1

La balance des paiements Ivoirienne présente une certaine
~~lL~Lu~~Lité ; elle présente de 1968 à 1978 un solde excedentaire au
niveau des marchandises et des capitaux et un solde deficitaire au
niveau des services et des transferts (x).
Ainsi l'excedent commercial et des mouvements de capitaux
est passé de + 40,9 milliards de F. CFA en 1968 à + 307,2 milliards de
F. CFA en 1978 ce qui équivaut à une multiplication par 7,5 en Il ans
quant au déficit des postes "Services" et "Transferts" il est passé
de - 35,1 milliards de F. CFA ~ - 287 milliards de F. CFA ce qui
correspond à une multiplication par 8,2 en Il ans. En termes de variations,
le solde commercial et des mouvements de capitaux enrt:,)stre au cours de la
période 1968-1978 un taux d'accroissement annuel moyen de 20 %. Dans la
même période le taux d'accroissement annuel moyen du déficit des postes
"services" et transferts" est de 21 %,legèrement supérieur au taux d'ac-
croissement du solde des postes "marchandises" et "mouvements de capitaux".
Or si l'on sait que les excedents au titre des marchandises et des capitaux
évoluent en dents de scie notamment en fonction des aléas climatiques, de
l'instabilité des cours des matières premières et du niveau
de confiance
des milieux financiers et investisseurs étrangers, il est à craindre que la
Côte d'Ivoire, dans un avenir plus ou moins long ne soit confrontée à une
crise des "finances extérieures" comme le prévoyaient les partisans du
"self help". Cette appréhension est d'autant plus justifiée que les
forces sous-jacentes qui determinent l'équilibre de la balance des paiements
Ivoirienne sont susceptibles de varier fortement et soudainement.
En effet, de manière schematique, toute balance des paiements
peut se présenter sous la forme de trois sous-balances :
- la balance commerciale (lato sensu) qui enregistre l'ensemble des
opérations portant sur les exportations et les importations de biens et services.
- la balance ct",,::; capitaux qui enregistre l'ensemble des mouvements de capitaux
(à court, moyen et long terme).
- la balance des transferts qui enregistre l'ensemble des opérations de
)
r
transferts (privés ou publics).
)
1
(x)
Sous la rubrique transferts, on regroupe les transferts privés
à titre d'économie, les transferts gouvermentaux et les revenus
d'investissement.
... / ...

- hl -
Balance Commerciale
Balance des capitaux
Balance des Transfert
(lato sensu)
Credit
Debit
Credit
Debit
Credit
Debit
Exportations
Importations Capitaux pri-
Capitaux pd
Transferts
Transfert
de biens et
de biens et
vés et publics
vés et pu-
privés et
privés et
services
services
reç"'"
blies versés
publics
publics
.--
a l'exter.leur
reçus
versés
Si nous designons respectivement par
X
: exportations de biens et services
M
:
importations de biens et services
~ : Capitaux privés et publics reçus
~:
Capitaux privés et publics versés
TR : "Transferts reçus de l'extérieur
TV:
"Transferts versés à l'extérieur
Et si nous regroupons dans un seul compte schematique l'ensemble des
"recettes" et des "dépenses"
1
nous pouvons écrire :
j
~j
J
Credit
Debit
,~
l1
- Exportations
- Importations
j
- Capitaux reçus
- Capitaux versés
- "Transferts reçus"
- "Transferts versés"
• •
0
/
• • •

152
A l'équilibre, nous obtenons:
x +
+
= M +
+
( 1)
(X - M) + (KR - Ky)
(Tv -
T~)
(2)
Si nous designons par
(X - M)
= Sc
= surplus ou excedent commercial
(KR - Kv) = importation nette de capitaux = Sk
(Tv - Tr )
= Deficit du poste "transferts"
= ST
nous obtenons
(3)
Le sent,pr d'équilibre de la balance des paiements peut s'écrire
=
+
(4)
Le solde des mouvements de capitaux dépend du degré de confiance des
investisseurs étrangers et des milieux financiers internationaux.
Approximativement on peut supposer qu'il est proportionnel aux Inves-
tissements totaux réalisés. L'équation (4) peut alors s'écrire
+
(5)
ST (t)
= Sc (t)
avec
Sk
coefficient d'importation nette de capitaux
ft)
l\\,. = l (t)
I(t)
= investissements totaux réalisés en l'année t
Si nous introduisons dans l'équation (5) la fonction de production
(x) , nous obtenons
=
+
(6)
Divisons les membres de l'équation (6) par Y(t)
(x)
La fonction de production que nous retenons est celle de
Harrod-Domar ; elle nous parait plus realiste pour les pays en
/
/
développement.

"

/

fi

1

-
153
v Y(t) => LiK
=
=
=
=
• l'equation du sentier d'equilibre devient
Sc (t)
+
sk.v LiY
(7)
Et S1 nous designons respectivement
= part des transferts nets dans le produit
intérieur brut
~4t
'i (tj
~ (t) =
=
part de l'excedent commercial dans P.I.B.
Y(t)
=
coefficient marginal du capital
=
+
nous obtenons
(8)
Designons par g le taux de croissance de l'économie
LiY.
y
L'équation (8) s'écrit
(9)
d'où l'on tire:
g
=
g =
v
(l0)
... / ...
1

- 154
L'équation CI 0) indique que toutes choses égales par ailleurs,
le taux de croissance du P. 1. B. requis pour assurer l'équilibre de la
balance des paiements depend de la part des transferts nets dans le produit
intérieur' brut ; plus cette part est elevée, plus important est le taux
de croissance requis.
De façon plus générale, le coefficient marginal du capital
étant donné, le taux de croissance de l'économie compatible avec l'équilibre
de la balance des paiements dépend
de trois paramètres fondamentaux :
- la part des Transferts nets dans le P.I.B. : sT
- 1a part de l' excedent commet'c ial (~) dans le P. 1. B. s c
1
- le coefficient d'importation net de capitaux
L'évolution de ces différents paramètres dans le temps permet de
déterminer le taux de croissance compatible avec l'équilibre de la balance
des paiements. L'estimation des paramètres sT et Sc ne soulève aucune
difficulté ; mais celle de v soulève le problème de l'evaluation du stock
de capital. Une première solution consiste à estimer le taux de croissance
requis g par application d'un coefficient moyen de capital "officiel"
tel qu'il est retenu par les services du Minist~re du Plan de la Côte-
d'Ivoire. Or l'équation (l6) relie le taux de croissanee requis au
coefficient marginal du capital (ou plus precisement à son inverse) et
non au coefficient moyen.I.!. importe donc de recalculer les différentes
valeurs du taux de croissance requis en modifiant quelque peu notre équation
fondamentale.
Une regression simple reliant le solde des mouvements de capitaux
à l'acc.roissement annuel du P.I,B. donne les résultats suivants
0,249
AY(t)
+
14,1
(lI
R2
0,6694
(x)
Il s'agit du solde de la balance des biens et: services, autrement
1
dit la balance commerciale au sens large.
l
1
1
1

-
155
avec Sk(t)
= Solde des mouvements de capitaux pendant l'année t (~)
tJY (t)
-
'variation du P. I. B. au cours de l'année t
Si nous introduisons l'équation (11)dans l'équation du schema d'equilibre
de la balance des paiements, nous obtenons
0,249 tJY(t) + 14,1
ST(t)
- Sc (t);
(12)
Divisions les deux membres de l'égalité par Y(t)
0,249
~(t)
= ST (t) - Sc (t) -
14,1
(I3)
Y(t)
y (t)
tendant constamment vers zero, quand Yt tend vers 00 nous pouvons réecrire
( l'équation : (13) de la façon suivante :
0,249
tJY(t)
ST(t)
Y(t)
y (t)
Posons
ST - sT
part des transferts nets dans le P.I.B.
y
Sc
= s
part du solde commercial (lato sensu) "
"
"
c
y
6Y
= g
= taux de croissance requis
y
En définitive l'équation (13) paut s'écrire
g
= tJY
(14)
Y
Les différentes valeurs du taux de croissance requis obtenues à l'aide
de l'équation (14) sont retracées dans le tableau N° J et K
(x)
Sk
dépen~ du volume des investissements realisés lt .
Or I t depend de l'accroissement du produit intérieur brut désiré.
On peut donc supposer qu'il existe une correlation entre Sk et
l'accroissement du P. 1. B. !:J y

-
156
TABLEAU N° Mil'
CALCUL DU TAUX DE CROISSANCE REQUIS
(
)
(
)
SK
AYen
g = AY
h • APIB(x)
)
(
PIB
(
Années
en milliards
milliards
sT - Sc
y
)
(
de F• CFA
de F. C F A :
)
(-----------:--------------:--------------:----------:----------:-------------------)
~ 1968
.
6,7
.
50
.
0,003
.
1,2 %.
18 %
~
(-----------~--------------~--------------~----------~----------~-------------------)
(
1969
:
8,9
:
40
:
0,00
:
0,0 %:
12 %
)
(----------_._------------_._------------_._--------_.---------_._------------------)
(
.
.
.
. .
)
~---::~~----
:::~
::
l __~:~~~
l __:~
=__l
::_=
--~
(
1971
:
22,3
:
25
:
0,066
:
26,4 %:
6 %
)
(----------_._------------_._------------_._---------
.
.
.
._--------_._------------------)
.
.
(
.
.
.
. .
)
(
1972
;
9,2
;
32
;
0,062
;
24,8 % ;
7 %
)
(---------------------------------------------------------------:-----------
)
(
1973
:
45,1
:
93
:
0,086
:
34,4 %:
20 %
)
(----------_._------------_._------------_._---------
.
.
.
._--------_._------------------)
.
.
(
.
.
.
. .
)
(
1974
;
40,6
;
174
;
0,~2
;
8,0 %;
31_=
)
(-------------------------------------------------------------------------
)
(
1975
:
44,0
:
96
:
0,098
:
39,2 %:
13 %
)
(-----------~--------------~--------------~----------~----------~-------------------)
(
)
(
1976
:
65,1
:
279
:
0,54
:
21,6%:
33=
)
(-----------~--------------~--------------~----------~----------~----------
)
(
1977
;
94,1
;
425
; '0,032
;
12,8 %;
38_=
)
(-------------------------------------------------------------------------
)
~ 1978t.,.')~ 164,4
201
0,83
33,2 %
13 %
~
(x) h ~ taux de croissance effectif de l'~conomie
(x x)
Comptes provisoires
... / ...
/
{

11
Jj
1
.~
Î
-
157
1
TABLEAU

Mil"
COMPARAISON DU TAUX DE CROISSANCE REQUIS ET DU
TAUX DE CROISSANCE EFFECTIF
(
)
(
Taux de croissance
Taux de crois-
Solde des paiements
)
(
Années
requis g en %
sance effectif
(e~ ante) en milliards
)
(
h en %
)
( .
. .
2
(------------~----------------------~-----------------~----------------------------)
( 1 9 6 8
1,2
18
+
5,8
)
(------------~----------------------~-----------------~._---------------------------,
(
)
(
1 9 6 9 :
0,0
:
12
:
+
8,9
)
(------------:----------------------------------------:----------------------------)
( 1 9 7 0
10,0
13
+
9,1
)
(----'--------~----------------------~-----------------~----------------------------,
·1
(
1 9 7 1 :
26 4
:
6
:
-
7 0
)
(
:
' :
:
'
2
(----------------------------------------------------------------------------------)
( 1 9 7 2
24,8
7
- 20,5
)
(------------~----------------------~-----------------~----------------------------)
(
)
(
1 9 7 3 :
34,4
:
20
:
-
3,7
)
(------------:---------------------------------------------------------------------)
( 1 9 7 4
8,0
31
+ 26
)
(------------~----------------------~-----------------~----------------------------,
( 1 9 7 5
39,2
13
- 38,2
)
( :
:
:
)
(------------:----------------------:------------------'----------------------------)
( 1 9 7 6
21,6
33
+
5,6
t
(------------~----------------------~-----------------~----------------------------t
~
1977
12,8
38
+ 45
~
... / ...
)

- 158 -
Une rapide observation du tableau M"" retraçant l'évolution du
taux de croissance requis g et du taux de croissance effectif h revèle que
le taux g fluctue autour du taux de croissance effectif.
En 1968, 1969, 1970, 1974, 1976 et 1978, le taux de croissance
requis compatible avec l'équilibre de la balance des paiements est inférieur
au taux de croissance effectif h. En revanche en 1971, 1972, 1973, et 1975,
le taux de croissance g est supérieur au taux de croissance effectif.
Par ailleurs, l'observation du même tableau revèle que lorsque le
taux de croissance g requis est inférieur au taux effectif h, le solde de la
balance des paiements (solde ex-ante) est positif ; autrement dit la balance
des paiements est "favorable". (xx)
1
Par contre, lorsque le taux requis g est supérieur au taux effectif
!
h le solde de la balance des paiements est négatif (M).
En conclusion, le "financement extérieur" induit certes une crois-
sance effective des grandes variables industrielles (production industrielle,
emplois industriels, investissements industriels) ; mais il secrète également
des effets de "blocage" qui freinent l'industrialisation au sens où nous l'avons
définie plus haut.
La lutte contre ces effets de "blocage" devient pour tout candidat à
l'industrialisation et singulièrement pour la Côte d'Ivoire une imperieuse
nécessité. La deuxième partie de cette thèse est consacrée à la recherche des
salutions adequates à cet épineux problème.
(M)
Si l'on
exclut l'année 1978 où nous ne disposons que des données
provisoires
(xx)
CF Tableau M""
... / ...
1
t
1
t
1

DEUXIEME
PARTIE
LES CONDITIONS D'UNE INDUSTRIALISATION
BASEE SUR LE FINANCEMENT EXTERIEUR
.~l
;
J
!
1
j
1
i~:11l
1

159
PARTIE II
LES CONDITIONS D'UNE INDUSTRIALISATION BASEE SUR
LE "FINANCEMENT EXTERIEUR"
Tout le monde s'accorde aujourd'hui à reconnaître la
nécessité pour les pays en développement désireux d'accelerer leur industriali-
sation de recourir au "financement extérieur" sous toutes ses formes. Mais cet
appel aux capitaux extérieurs peut être perçu de plusieurs manières :
- pour certains, pourvu que le rapport service de la dette se
exportations
stabilise à un niveau raisonnable inférieur à l'unité et que l'encours de la dette
rapporté au Produit National brut ne s'enfle pas demésurement, le recours au finan-
cement extérieur doit se poursuivre. Pour d'autres
le "financement extérieur" n'est
J
acceptable que s'il prévoit sa propre fin; autrement dit le recours "'Yfieni à
l'endettement extêrieur doit être conçu selon une stratégie susceptible de conduire
les pays en voie de développement vers une situation de croissance-auto-entretenue ;
c'est à cette dernière position que nous nous rallions et c'est d'ailleurs l'objec-
tif souvent visé par la plupart des dispensateurs d'aide (x). Mais cet objectif
ne peut réellement être atteint que si le "financement extérieur" est intégré
dans une "stratégie globale" du dêveloppement économique dont les trois aspects
fondamentaux seront
- la politique volontariste en matière de "financement exté-
rieur"
- la mobilisation de l'épargne nationale
- la régionalisation du financement des "industries indus-
trialisantes".
,
(JI)
Du moins dans leurs déclarations
peut-être que dans les faits,
tout se passe autrement.
\\
f
j
1

CHAPITRE l
LA RECHERCHE DVUN "FINANCEMENT EXTERIEURII OPTIMAL
Désireux d'accélerer sa croissance économique, la Côte
d'Ivoire (comme la plupart des pays en développement non producteurs de
petrole) fait largement appel aux capitaux extérieurs lesquels se présentent
généralement sous forme de dons ou de prêts, d'investissements directs et de
portefeuille. Cet appel aux capitaux extérieurs n'est pas gratuit; il entraîne
un "coût social important" dont le transfert net de ressources et le contrôle
d'une grande partie du système productif par les Non Nationaux ne constituent
que les aspects les plus apparents.
La question qui se pose est de savoir s'il existe un;;euil au~
delà duquel le "financement extérîeur" devient appauvrissant, en ce sens que le
gain que l'on y retire excède le coût social supporté.
Dans une conjoncture internationale difficile pour les pays en
voie de développement où les contraintes de financement se sont brusquement
resserrées et où le coût du "financement extérieur" s'est alourdi, il est nor-
mal de s'interroger sur les ve,-tus et les limites du "financement extérieur".
Cette préoccupation n'est d'ailleurs pas nouvelle. Elle était
déjà présente dans la plupart des analyses théoriques relatives au "financement
extérieur" notanunent celles présentées par FEI et PAAUW (x) et Gerard t1A..AREK(fIOI).
Pour les premiers, il s'agissait de déterminer la date à partir
de laquelle l'économie pouvait se passer duflfinancement extérieur"
compte
1
tenu d'un certain nombre de paramètres structurels tels que le coefficient de
;
i
capital v, le taux d'§pargne s, le taux de croissance h retenu conune objectif.
2
1
(~)
FEI et PAAU1'1. - t1Foreign assistance and self help" Review of Economies
and Statistics
Août 1965
(xx)
Gerard MAAREK.- "Politique rationnelle d'endettement vis-à-vis de lVextérieur
le cas de la Tunisie". Annales de l'INSEE 1972
j
f
1
!
1
1

161
Quant à Gerard t'fAAREK, il supposait que les Responsables politiques
étaient en mesure de se fixer un delai au bout duquel l'économie allait entrer en
situation d'autodéveloppement. Cette date d'autodéveloppement étant fixée, i l
s'agissait de déterminer le programme optimal d'investissement compatible avec les
conditions structurelles de l'économie.
Mais toutes ces analyses ont été entreprises dans un contexte macro-
économique
elles se heurtent de ce point de vue au problème insurmontable de
la construction d'une fonction de bien-être collectif.
Nous nous proposons dans ce chapitre, en nous plaçant dans un con-
texte microéconomique, de déterminer le "financement extérieur" optimal.
Après avoir rappelé dans la première section le cadre analytique, nous
préciserons dans une deuxième section les hypothèses de travail sur lesquelles
repose notre analyse.
Dans la troisième et dernière section nous tenterons de chiffrer
le montant du "financement extérieur" optimal.
I. - LE CADRE ANALYTIQUE
Le modèle que nous appliquons à la détermination du "financement
extérieur" optimal est d'inspiration néoclassique. LJ Côte d'Ivoire est assimilée
à une vaste entreprise dont la fonction principale est de fournir à chaque habitant
un panier de biens et services marchands et non marchands ; pour assumer cette
fonction, elle utilise un facteur unique de production qu'elle se procure sur un
marché unique, l'extérieur. Le prix auquel elle achète le facteur de production
s'impose à elle comme une donnée sur laquelle elle n'a aucune emprise.
Le problème ainsi posé s'apparente à celui de l'équilibre du
producteur. Nous savons qu'en concurrence pure et parfaite le producteur nlaximise
son profit en rémunerant chaque facteur de production à sa productivité marginale.
En d'autres termes il utilise chaque facteur de producti.on jusqu'au point où la
dernière unité utilisée fournit une productivité juste égale à son prix ; a ce
po.:_nt le profit est maximal et la quanti té d' imput utilisée est optimale .
.../ ...

162
Le même raisonnement sera appliqué à la Côte d'Ivoire. En tant
qu'entreprise, elle produit une quantité donnée de biens et services qu'elle
met à la disposition de tous les habitants ; elle utilise à cet effet une quan-
tité donnée de "financement extérieur". De cette activité productive il se
dégage un résultat d'exploitation que nous baptisons "bénéfice social" et que
nous définissons comme étant la différence entre la valeur des biens et services
produits et le coût social résultant du "financement extérieur".
Le "financement extérieur" optimal sera celui qui maximise le "béné-
fice social" par unité de financement extérieur, ou plus précisément le "!,énéfice
social" moyen par tête d'habitant. Mais avant<1e le determiner, il convient
d'abord de préciser et d'examiner les différentes hypothèses sur lesquelles repose
notre analyse.
II. - LES HYPOTHESES RETENUES
Elles sont relatives d'une part à la nature de l' "Entreprise-Etat"
et d'autre part à sa finalité.
III' - La Nature de l'Entreprise-Etat
Nous adoptons dans cette analyse le point de vue des tenants de
l'échange volontaire. L'Etat est conçu comme le point focal où convergent les
désirs des individus. Il n'est rien d'autre que la somme des individus qui déci-
dent d'agir collectivement. Il n'a donc pas d'existence propre en dehors de la
volonté des habitants qui lui transmettent toutes les informations relatives
d'une part à la quantité et à la qualité des biens et services marchands et non
marchands qu'ils désirent, d'autre part aux charges sociales maximales qu'ils
entendent supporter. L'ensemble de ces informations détermine le comportement
de producteur de l'Entreprise-Etat c'est-à-dire à la fois sa fonction de pro-
duction et sa fonction de coût. En effet la population s'adresse à l'Entreprise-
Etat pour obtenir l'ensemble des biens et services qu'elle désire •



/
fj
• •
1

163
Mais comme toute entreprise, "l'Entreprise-Etat" est limitée par
la rareté du "financement extérieur" qu'elle se procure à un prix fixé par l'exté-
rieur. Mais comme l'Entreprise-Etat n'est rien d'autre que la population focalisée,
c'est en dernière analyse la population elle-même qui supporte le coût du "finan-
cement extérieur". C'est donc en fonction du coût social que la population est
prète à supporter que l'Entreprise-Etat va se procurer une certaine quantité de
"financement extérieur" et offrir un certain quantum de biens et services.
La deuxième hypothèse sur laquelle repose notre analyse concerne la
fonction-objectif, autrement dit la finalité de l' acl'lvi té économique.
1I ' - La fonction objectif
Z
Généralement on dit que la consommation est censée réprésenter la fin
ultime de l'activité économique; la maximisation de la consommation par tête
d'habitant est donc souvent considérée comme l'objectif à atteindre. Cette fonction
objectif se présente sous forme mathématique suivante :
co
!
~I
U
!.
c
-{':~P)t ~(t) J
t=O
U = Utilité globale
P = Taux d'actualisation
C(t) = Consommation à la période t
pet) = Population à la période t
Tout au long de cette analyse nous supposerons que l'objectif
ultime à atteindre est la maximisation du "bénéfice social" moyen
par tête d'habitant. La fonction-objectif se présente sous la forme
suivante
Max
avec
B
= Bénéfice social moyen par tête
t
F
= "Financement extérieur" par tête reçu à la période t
t
... / ...
1

Je.
Le choix de cet indicateur s'explique par le fait que~rythme d'accu-
mulation dont dépend. la croissance ultérieure de l'économie est en grande partie
lié à la part du Produit intérieur brut reinvestie au sein de l'économie. Or
cette part est d'autant plus grande que le "bénéfice social" moyen par tête
d'habitant est plus élevé et la part réservée à l'extérieur sous forme de
revenus d'investissement et d'amortisse~ent du capital est plus faible (x).
L'objectif de maximisation du "bénéfice social" moyen par tête d'habi-
tant assigné à la Côte d'Ivoire peut prêter le flanc à de violentes critiques.
En effet dans une conjoncture internationale de plus en plus difficile, l'on
pouvait s'attendre à ce que l'objectif retenu soit la minimisation du recours
au financement extérieur pour un quantum donné de biens et services produits
et offerts ou la maximisation du quantum de biens et services produits pour un
"financement extérieur" donné. En d'autres termes, dans un "Monde"
de plus en
plus "fermé", l'objectif premier de la Côte d'Ivoire devrait être la recherche
d'une certaine indépendance à l'égard du "financement extérieur" ; ce qui signi-
fierait que le pays désire se dispenser d'une partie du "financement extérieur"
qu'il pourrait obtenir en sacrifiant une partie des investissements à l'indé-
pendance économique. Un tel objectif n'est nullement incompatible avec l'objectif
de maximisation du "bénéfice social moyen" nar tête d'habitant. Il est évident
que plus le bénéfice social moyen par tête s'élève, plus le pays dégagera des
ressources internes suffisamment importantes et plus rapidement il atteindra
une situation de croissance-auto-entretenue.
(II)
En réalité cette affirmation doit être nuancée. En effet partant
de l'analyse néoc1assique de la croissance, STflLERU démontre qu'il
existe un taux d'épargne optimal pour lequel l'économie atteint
l'Age d'Or: ce taux est appelé taux de la Règle d'Or
... / ...
1
('~
1
1

165
La deuxième objection que l'on peut adresser à la fonction-objectif
retenue réside dans le fait que le "bénéfice social moyen" par tête évacue le
problème de la répartition des revenus. En effet l'indicateur retenu n'est
qu'une moyenne qui ne prend pas en compte les inégalités parfois criardes qui
peuvent exister entre les coucnes sociales situées au sommet de la hiérarchie
bi \\!l''\\
et celles qui sont moins~situées. Il est plus réaliste de considérer non pas
le bénéfice social moyen par tête d'habitant mais la part de ce bénéfice social
moyen allant à chacun des groupes sociaux de la Nation. La fonction-objectif
serait alors la maximisation dans le temps de la part du bénéfice social moyen
allant au groupe des Pauvres (K).
A une telle objection on peut répliquer que ce problème de répar-
tition est en partie résolu par la fiscalité. On peut supposer que l'Etat,
par une fiscalité progressive, fait peser davantage sur les groupes aisés
le coût social résultant du "financement extérieur et subventionne (par l'in-
termédiaire des canaux divers) la consommation par tête des groupes soc~aux
les plus pauvres. Par ailleurs on peut retol~quer que l'existence au sein d'une
économie des groupes socio-économiques qui diffèrent selon la propriété ou
l'accès qu'ils ont aux actifs productifs, physiques et humains n'implique pas
forcement la partition de l'économie; ceci est encore plus vrai en Afrique où,
à côté d'une répartition verticale des revenus, existe une répartition horizontale
imposée par le système des valeurs. Il en résulte que la part du "bénéfice social"
moyen perçue par le groupe le plus riche va en partie aux autres groupes sociaux
soit sous fonne de legs ou de dons soit sous fonne "d'impôt de solidarité". (xx)
(x)
On peut supposer que le "bénéfice social" par unité de financement
extérieur se répartit entre trois groupes
B
pour les Riches, B
pour les Médians et B
pour les Pauvres
l
2
3
B = B + B + B
l
2
3
(xx)
En Afrique, l'individu en tant que tel n'est rien
il n'existe que
par et pour la communauté
... / ...
1
1

166
Au total, la maximisation du "bénéfice social moyen" par tête
d'habitant paraît être à notre avis, l'objectif le plus approprié aux réalités
actuelles de la Côte d'Ivoire (x).
Après avoir précisé le modèle de référence et justifié les hypothèses
retenues il importe de déterminer dans une dernière section le montant du
"financement extérieur" optimal.
III. - LA DETERMINATION DU "FINANCEMENT EXTERIEUR" OPTIMAL
Le "financement extérieur" optimal est, aux termes des développements
précédents, celui qui maximise le "bénéfice socia~ moyen" par tête, ce dernier
étant défini comme étant le bénéfice social par tête et par francs CFA reçu
de l'Extérieur. La détermination du "financement extérieur" optimal nécessite
que soit spécifiée au préalable la fonction objectif de l'entreprise-Etat.
III}. - La spécification de la fonction-objectif
La fonction-objectif de l'Entreprise-Etat peut se mettre sous la
forme suivante
B
= B(F )
t
c
avec B
Bénéfice Social par tête et par francs CFA reçu de l'extérieur
t
F
"Financement extérieur" cumulé par tête
c
t
F
1, F
c
1963
L'allure et la forme de la fonction-objectif dépendent à la fois de
la fonction de production et de la fonction de coût de l'Entreprise-Etat.
(x)
C'est ce que le Président HOUPHOIP-:T BOIGNY voulai t signifier lorsqu'il
disait: "Ce que veut l'Ivoirien, c'est le partage de la richesse
et non celui de la misère'.
... / ...

167
III) • - La fonction de production
)
Elle est matérîalisée par la relation qui unit le Produit inté-
rieur brut par tête réalisé à une époque donnée et le financement extérieur
cumulé par tête reçu par la Côte d'Ivoire de ]963 à cette époque. Elle se présente
sous la forme
Y(F )
c
avec Yt = Produit intérieur brut par tête à la période t
F
= "Financement extérieur" cumulé par tête reçu par la Côte d'Ivoire
c
de 1963 à la période t
On peut admettre à titre d'hypothèse que cette fonction obéit à la loi des
rendements décroissants ; autrement dit la dérivée seconde de la fonction Yt
par rapport à F
est négative. Cette hypothèse de rendements d€croissants
peut
c
se justifier par le fait qu'au fur et à mesure que le "financement extérieur"
s'accroit se pose un problème de capacité d'absorption. Il est en effet difficile
de soutenir, dans un pays en voie de développement où les goulots d'étrangle-
ment sont nombreux, l"hypothèse d'une constance (et à fortiori) d'une croissance
à long terme de la productivité marginale du "financement extérieur".
Nous supposons donc que la fonction de production est de la forme
avec S I t
- - - . ; > 0
~F c
< 0
III) . - La fonction de coût
2
Par coût social nous entendons la somme totale versée à l'exté-
rieur au titre du remboursement du capîtal et des revenus d'investissement. Le
coût social englobe :
... / ...
1

168
- le transfert des bénéfices au titre de revenus d'investissements
directs ou d'investissements de portefeuille
- les charges financières de la dette extérieure des secteurs
privés, parapublic et d'Etat
- les sommes versées à l'Extérieur au titre d'amortissement de
la dette publique gérée et non gérée par la Caisse Autonome
d' Amortissement el: le la dette privée.
La fonction de coût sera donc matérialisée par une relation
fonctionnelle reliant le coût social par tête au financement extérieur cumulé
par tête. Il est plus réaliste de supposer que le coût social obéit à la loi
des coûts croissants ; autrement dit plus le "financement extérieur" augmente,
plus les conditions de crédit faites à la Côte d'Ivoire s'alourdissent. Cette
hypothèse se justifie par le fait que dans un premier temps, la Côte d'Ivoire
s'adresse aux organisations internationales et aux gouvernements dont elle a
besoin à un taux que nous pouvons qualifier de "preférentiel". Dans un second
temps, au fur et à mesure que s'accroissent ses besoins en capitaux extérieurs,
elle s'adresse à des organismes privés à des taux de plus en plus élevés.
A titre d'hypothèse simplificatrice nous supposerons que la Côte
d'Ivoire obtient tout le "financement extérieur" qui lui est nécessaire à un
taux moyen constant. La fonction de coût s'écrira:
c'
=
t
=
a
>0
.i'Fc
é
coût social par tête
t
F = "financement extérieur" par tête cumulé
c
L'évolution prise par les différentes variables ci-dessus spécifiées est con-
signée dans le tableau •
... / ...

169
(B)
Les résultats économétriques
Sur le plan économétrîque, le bénéfice social par tête et par franc
CFA reçu de l'Extérieur peut être réli:é soit au ufinancement extérieur" par tête
de l'année, soit au financement extérieur par tête cumulé.
De plus on peut supposer que le V1financement extérieur" par tête
n'exerce son inflt'ence sur le bénéfice social par tête qu'avec un certain retard
en raison de la période de mûrissement des projets financés.
Plusieurs types de régression ont donc été testés ~ les régressions
sur données annueilles et sur données cumulées, les régressions avec ou sans
décalage. Les résultats de ces régressions se trouvent en annexe" Les différents
agrégats, (le bénéfice social par tête, le "financement extérieur" par tête) ont
été évalués à prix constants.
- Le bénéfice social par tête est évalué à prix constants (base 100
en 1975). Il est obtenu en divisant le bénéfice social par tête nominal par
l'indice des prix à la consommation africaine calculé par le Fonds Monétaire In-
ternational.
- Le "Financement extérieur" cumulé par tête est évalué à prix cons-
tants (1973 ::: ]00). Il est obtenu en divisant le "financement extérieur" cumulé
coutrant par l'indice des prix des biens d'équipement importés, indice calculé
par la Banque Mondiale. Les raisons du choix de ce déflateur ont été indiquées
dans la première partie de cette thèse.
Le traitement informatique des variables ci-dessus spécifiées a con-
duit à l'équation fondamentale sl1ivante
1 977
B
=
]2 221,
t
2 Log
L:
Ft
9 198, 3
(1)
~ t=1963
t
,
T de Student
(23, 24)
(-2,65)
2
1
R
= 9 765
Durbin - Watson
= 2,7573
.. / .,. .
()
1

170
=
Bénéfice social par tête à prix constants
1977
L ~t = "Financement extérîeur" cumulé par tête à prix constants
1963
De l'équation (l) nous déduisons l'pquation d'ajustement du bénéfice
social par tête et par franc CFA reçu
Nous obtenons
=
- - =
12 221,2 Log F
9 198,3
c
F c
F
F
c
c
B = Bénéfice social par tête et par franc CFA reçu
t
,
F
= "Financement extérieur" cumulé par tête
c
,
1977'
F
= 2:
F
C
1963
t
L'équation (2) indique que le bénéfice social moyen par tête (x)
est une fonction logarithmique du "financement extérieur" cumulé par tête. La dérivée
première de cette fonction par rapport au "financement extérieur li cumulé par tête
donne l'équation suivante:
,
B'
=
12 221,2 Log F
+
21 419,5
t
c
i'
>
0
Pour F
<
5,77
t
c
B'
=
0
Pour F
=
5,77
t
c
B'
0
Pour F
>
5,77
t
c
t1
\\
(x)
Nous entendons par bénéfice social moyen par tête le bénéfice social pal: tête
j
et par franc CFA reçu de l'Extérieur; tout au long de l'analyse cette expres-
sion doit être comprise dans ce sens
1

171
TABLEAU N°M""
EVALUATION DU BENEFICE SOCIAL MOYEN
PAR TETE
Produit intérieur
Coût social
Bénéfice Social
Financement ex-
Années
brut par tête
par ·tête
par tête
térieur par tête
1963
48 842
282, 0
47 560, 0
2 566,
1964
57 545
2 319, 3
55 225, 7
2 966, 6
1965
55 718
2 997, 3
52 720, 7
5 113, 8
1966
58 234
4 195, 7
54 038, 3
4 670, 2
1967
60 456
4 025, 2
56 430, 8
4 292, 6
1968
68 514
4 432, 5
64 081, 5
5 841,
!
1969
74 002
4 338, 4
69 663, 6
6 737~ 3
!
'---"---1
1970
81 138
4 976, 5
76 130, 5
9 8tS, _.'
1971
83 600
5 469, 5
78 130, 5
10 215,
1972
79 275
5 376, 4
73 898, 6
7 884, 3
1973
91 172
6 330,
84 841, 9
12 724, 5
1974
114 344
7 432, 7
106 911, 3
15 129, 5
1975
121 088
8 843,8
112 244, 2
15 522, 2
1976
159 524
10 ()47, 2
149 476, 8
20 838, 7
1977
211 816
14 921, 0
196 895
36 124,
Sources
Balances des paiements successives de la Côte d'Ivoire, B.C.E.A.O.
- Comptes de la Nation, Ministère du Plan

- ] 72 -
I I I I I
TABLEAU N° M
LE BENEFICE SOCIAL MOYEN PAR
TETE EN TERMES REELS
Bénéfice Social par
Financement exté-
Financement extérieur
Années
tête dé fla té (x)
rieur par tête
cumulé par tête
déflaté (II)
déflaté (xx)
1963
90 418, 2
5 081, 4
5 081, 4
1964
104 396, 4
5 705, 0
10 503, 6
1965
98 359, 5
9 558, 5
19 447,
1966
95 474, 0
8 066, 0
25 508,
1967
97 462, 5
7 154, 3
31 068~ 0
1968
105 224,
8 502, 3
34 468, 7
1969
109 362, 0
8 864, 9
38 847, 2
1970
109 270, 4
12 015, 3
46 915, 9
1971
113 892, 9
12 017, 8
55 835, 6
1972
107 410, 8
9 041, 6
57 112 ~ 6
1973
110 904, 4
12 724, 5
60 598, 9
1974
119 187, 6
12 103, 6
58 631 , 5
1975
112 244, 2
10 638, 9
58 928, 0
1976
133 342, 4
13 646, 8
67 830,
ti
137 881, 6
22 340, 2
83 891, 6
',1l
1977
~11'1~~~
(%)
déflateur: indice des prix à la consommation calculé par le F.M,I
1975 = 100
(n:)
Déflateur: indice des prix des biens d'équipement importés calculé
par la Banque Mondiale; 1973 = 100
t1
1
/
1

-
173
-
~
Zone du Financement ap-
pauvrissant
~
Zone des gains croissants
(V
Zone des gains décroissants
2 118
2
t
2 000
1
1 500
1
1
1
OOO~~
~~
~ ~!~<
1
_ _
__~_~~~~
1
1
500
1
1 St 77
Or-----T~----.------L,---,------.....--~~
-
00

- 174 -
A partir de l'équation (3) nous pouvons tirer un certain nombre d'enseignements.
III . - Interpretation des résultats
2
L'étude de l'évolution du bénéfice social moyen par tête retiré
du financement extérieur nous apporte des enseignements fort intéressants.
- Le premier enseignement est qu'il existe dans chaque pays un
"financement extérieur" par tête minimal au dessous duquel le gain retiré des
capitaux extérieurs est négatif: c'est la zone du "financement extérieur ap-
pauvrissant"
- Le deuxième enseignement est qu'au-délà de cette zone, le gain
retiré du financement extérieur est toujours positif quel que soit le montant
t
de ce financement extérieur. E~ effet la courbe représentative du bénéfice social
1
moyen par tête t~nd vers 0+ lorsque le financement extérieur cumulé tend vers
:
+ <Xl (JI)
l
- Le troisième enseignement est qu'il existe une seule et unique
valeur du financement extérieur cumulé par tête qui maximise le gain social
retiré de l'appel aux capitaux extérieurs. Pendant la période 1963-1977 le
"financement extérieur" cumulé par tête "optimal" s'est élevé à 5,77 le bénéfice
social moye~ par tête décroit et tend vers 0+
Nous sommes partis de la théorie néoclassique de l'équilibre du
producteur pour déterminer le financement extérieur optimal. Cette application
de la théorie microéconomique du producteur au cas ivoirien nous a permis de
démontrer la justesse de l'option prise dans le dernier plan quinquennal par
les Responsables politiques à savoir le maintien de l'ouverture sur l'Extérieu~,
ouverture qui "devra être à la fois selective et s'accompagner d'une recherche
active de toutes les possibilités d'un recours accru aux moteurs internes de
la croissance".
(II)
Tous les calculs gmt faits en annexe
... / ...

-
175 -
La représentation graphique du "bénéfice social moyen h par tête indique en
effet que le "financement extérieur peut être appauvrissant ou procurer des
gains croissants ou décroîssants. Mais les résultats de notre analyse ne
doivent pas être interpretés de façon rigide ; nous entendons seulement montrer
qu'à partir d'un certain seuil le recours à l'extérieur peut être appauvrissant,
en ce sens que la recette marginale qu'on y retire excède le coût marginal. La
valeur optimale de 5, 77 obtenue est· fortement tributaire de la fonction-objectif
retenue et des hypothèses relatives à la fonction-objectif. Nous avons supposé
par exemple que le Produit intérieur brut par tête était uniquemen~ fonction du
financement extérieur cumulé par tête; il s'agit là d'une hypothèse audacieuse
il est plus rêa1iste d'intégrer dans la fonction de production de l'entreprise-
Etat à la fois le capital externe et interne et d'autres facteurs tels que le
travail et la "capacité organisationnelle" de l'Etat.
Par ailleurs, nous avons attribué à l'Etat (défini comme la popu-
lation focalisée en une vaste Entreprise) un comportement rationnel qui se
vérifie difficilement dans la réalité. En effet conme le note François PERROUX
1
"les paris sur structures nouvelles qui caractérisent la politique économique
de tout Etat traduisent un mercantilisme iné1iminab1e sans doctrine et sans
rationna1ité .•.
1
1
Les décisions économiques les plus étendues en portée et les
plus graves en conséquence sont précisement celles dont la rationalité éco-
nomique est insaisissable" (x)
Au total, la seule interprétation que l'on peut tirer de notre
1
modèle est la suivante: il existe en Côte d'Ivoire un seuil au-dessous duquel
r
le recours aux capitaux extérieurs est "appauvrissant" et un autre seuil au-
f
1
delà duquel le gain retiré du financement extérieur décroit constamment.
1
S'efforcer de déceler ces deux seuils afin d'asseoir une politique
1
rationnelle d'endettement vis-à-vis de l'extérieur, est de nos jours un impératif
catégorique. Cette politique rationnelle doit viser non seulement la connaissance
parfaite du niveau du financement extérieur optimal mais aussi sa répartition op-
timale entre les différents secteurs et les différentes branches de l'économie.
1
t
Le chapitre suivant aborde le problème de répartition optimale du financement
1
extérieur.
j
1
1
1
1
1
(x)
François PERROUX: l'Economie du XXè siècle
!
Paris
PUF
1961
P. 275
1
o . . . /
• • •
t
1
1

176
CHAPITRE II. - L'ALLOCATION EFFICIENTE DU "FINANCEMENT EXTERIEURn
La littérature économique s'est pendant longtemps complue dans
l'énoncé d'alternatives et de dilemmes (x). Elle a souvent opposé le dévelop-
pement libéral au développement planifié~ le développement par l'agriculture
au développement par l'industrie, les investissements équilibrés aux investis-
sements par pôles moteurs~ l'infrastructure économique et sociale (I.E.S.) aux
f
activités directement productives (A.D.P.). Parmi ces dilemmes qui, comme le
note Gerard D'ESTANNE de BERNIS, "se retrouvent souvent au coeur de slogans
faciles" celui entre l'I.E.S. et les A.D.P. mérite une attention particulière.
1
!
I. - LE DEBAT ENTRE I.E.S. et A.D.P.
1
1
Dans l'analyse des critères d'investissement et du choix des
t!
secteurs~ on a de plus en plus tendance à apposer les activités directement
f
productives (A.D.P.) et l'infrastructure économique et sociale (I.E.S.),
L
L'I.E.S. est généralement définie comme i\\l'ensemble des
services de soutien à l'économie le plus souvent assurés gratuitement (ou
à des tarifs fixés par l'Etat) par des organismes
publics ou par des organismes
privés contrôlés par les pouvoirs publics~ services sans lesquels les branches
industrielles ne peuvent fonctionner correctement" (xx). L'r.E.S. (selon
cette définition) englobe à la fois tous les services publics, les transports,
l'hydraulique
villageoise, l'éducation~ la santé, l'énergie, la construction
et l'urbanisme etc~ autrement dit l'ensemble des secteurs dont les effets ~ ~
l'économie se font sentiT de manière diffuse et très lente (xxx).
(x)
G. DAYRE : Les faux dilemmes
(xx)
A. O.HIRSCHMAN
Stratégie pour le développement économique
Paris 1974
Les Editions ouvrières
La Banque Mondiale montre dans ses projets de financement
une préférence marquée pour ces secteurs
... / ...
1
t,

177
Pour la clarté de lY~nalyse nous avons regroupé au sein de l'I.E.S.
l'ensemble des projets relatifs aux transports (constructions des routes,
ehemins de fer et ports), à l'Energie, à l'Eau, à l'Infrastructure adminis-
trative, à la Santé, à l'Education. à la Construction et à l'Habitat.
- Les A.D.P. sont définies comme "l'ensemble des branches
d'activité des secteurs primaire. secondaire et tertiair~ qui concourent
directement à l'obstention du Produit intérieur brut". (x) Dans cette caté-
gorie, nous avons regroupé l'ensemble des projets relatifs au développement
agricole, à la Pêche et aux forêts, à l'Industrie et aux Mines, au Tourisme
etc.
1
Le groupe de la Banque Mondiale et la plupart des milieux finan-
i
f
1
ciers internationaux mettent en avant le caractère essentiel et le rôle
1
stratégique que joue l'I.E.S. dans le processus du développement économique
~
et social. Ils recommandent aux pays en voie de développement de consacrer une
part importante de leurs ressources financières à l'I.E.S. et de laisser la
1
promotion et l'implantation des A.D.P. à l'initiative privée (qu'elle soit
i
étrangère ou locale). Comme pour corroborer cette thèse, une grande partie
1
du "financement extérieur" reçu par les pays en développement se trouve
orientée vers les services de base de Transport, de Santé, d'Energie et de
lrEducation. Le cas de la Côte d'Ivoire est assez éloquent. Le tableau N
retrace l'évolution de la répartition du "financement extérieur" reçu (prêts
et conventions signés) entre l'r.E.S. et les A.D.P ..
En 1973, les prêts et conventions signés investis dans les
A.D.P. s'élevaient à 9,6 milliards de francs CFA; en 1977, ils atteignirent
un montant de 24,05 milliards de francs CFA, soit environ 2,5 fois le montant
de 1973.
En 1973, les A.D.P. absorbaient à eux seuls 38 % des prêts et
conventions signés; en 1977 la proportion n'était plus que de 8 %.
Quant à l'I.E.S., elle absorbait 62 % des prêts et conventions
signés en 1973 ; en 1977 la proportion de l'I.E.S. dans les prêts et conven-
tions signés atteint 92 % et son montant plus de 17 fois celui de 1973 (xx)
A. O. H~C~N : Stratégie du développement of cit
Ces différents chiffres et pourcentages incluent le crédit de 48,7
milliards de francs CFA octroyé par l'Espagne et non encore utilisé
Sources. - Rapports de la C.A.A. 1973-1977 Ministère des Finances,
de l'Economie et du Plan.
1
1

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4 .... ·t1,
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...~ - ~ ~
TABLEAU N° N
REPARTITION DU "FINANCEMENT EXTERIEUR" RECU ENTRE LES DIFFERENTS PROJETS D'INVESTISSEMENT
DE 1973 A 1976 (UNIQUEMENT LES PRETS ET CONVENTIONS SIGNES)
1973
1974
·
1975
. 1976
·
1977
::>
!
!
·
,
,
,
1
PROJETS
1
~
: Montant;
%
; Montant t % : Montant :
%
: Montant :
%
: Montant :
%
..(} '(..~.)
!
Développement agricole
!
9,1
! 36
!
2,26
!
5
!
] 9,7
! 33
!
13,4
! ] 2
!
]5,8
!
5
,
,
,
,
,
,
,
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,
,
00
1
1
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Pêche et Forêts
-
, 0,70
·
,
2
,
-
,
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,
·,
0,9
, 0,3'
!
!
!
-
,
,
!
.


-
,
-
,
,
,
,
,
!
!
·
,
Industrie et Mines
-
3,05
; _3
0,65
!
,
,
!
.
.
0,5
' 2
·, 14,70 ; 34 ·
.
Equipement
divers
,
3,4
,
6
,
-
, -
,
3, ]
+
!
!
!
!
!
Tourisme
-
· -
·
2,2
, 3 ,
-
, -
·,
3,6
, 1,5
!
!
!
1
!
!
,
,
,
,
,
: 42

Ensemble des A.D.P.
9,6
' 38
i 17,66
' 41
25,3
, 16,45
; ]5
, 24,05
8
!
!
!
!
!
,
,
,
!
!
t
,
Transports
9,0
' 36
15,10
' 35
-
, - , 19,5
, 18 , 77 ,3
.
26
!
!
!
!
!
!
,
,
,
!
!
t
,
Energie - Eau
1,.4
5
1,90
4
16, 1
• 27
46,5
; 43
, 43,6
15
!
!
!
!
!
!
!
!
!
d ••
. '
!
!
~40
! J5
!
],66
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3
!
0,7
!
2
!
2,0
Infrastructure a m~n~strat~ve .
-
-
!
!
!
!
t
!
,
,
!
!
t
!
!
14,70
! 24
!
23,7
! 22
!
97,8 Q
,
33
Construction et haEitat
5,2
21
2,00
5
!
!
!
1
!
!
!
!
!
!
Divers
!
-
! -
!
-
!
!
2,50
!
4
!
! -
!
48,7 (x)!
17
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
Ensemble de l'I.E.S.
!
15,6
!
62
! 25,40
! 59
!
34,96
! 58
!
90,4
! 65
!
269, 4(JO&
92
!
!
!
!
l-
!
!
!
!
!
!
,
,
!
!
!
r
60,26
! ] 00
!
106,85
! 100
!
293,45
!
100 !
TOTAL
25,2
' 100
43,06
' 100
·
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
..() Montant en milliards de francs CFA
Sources : Rapports annuels de la C.A.A.
(. .) Pourcentage par rapport au-total
(x)
Ouverture d'une ligne de crédit par l'Espagne (crédit non encore utilisé)
(xx) y compris la ligne de crédit non uttli~ée
·~~'!"',=-""''''''=~_\\l.
W:~I(",'\\'.,~~,""~_,~V)l·.>";~!,,,,t~:""~~
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1
i
179
1l~
Les raisons de cette "côte d'amour" pour l'LE.S. ont été analysées
par HIRSCHMAN :(x)
a) Il est évident qu'une région dont l'accès n'est assuré n1 par
mer, ni par route ou par voie ferrée ne saurait être un prétendant sérieux à
l'industrialisation; certaines dépenses d'r.E.S. sont indispensables et cons-
tituent un des préalables "rostowiens" à tout processus de développement ; les
unités de production ne peuvent en effet fonctionner sans un minimum de ser-
vices de base de transport, de distribution d'eau et d'énergie etc.
b) La création et la gestion d'une unité de production nécessitent
un certain nombre d'informations dont l'accès n'est jamais gratuit, Dans
la mesure où le marché est susceptible de fournir ces informations à des coûts
inférieurs, il est normal et conforme au principe de l'allocation optimale
des ressources rares de demander à l'Etat de restreindre son domaine d'acti-
vité aux services traditionnels de la "Sécurité", de la "Gendarmerie", de
la "Défense" et de "l'Administration" territoriale. Ces arguments eu eux-
mêmes ne sont pas contestables : mais l'objection que l'on peut faire à cette
thèse est qu'elle ne fait nullement allusion au seuil à ne pas franchir dans
la poursuite du développement de l'infrastructure économique et sociale. En
effet une question se pose: n'existe-il pas une limite finie au-delà de
laquelle la poursuite des investissements dans l'r.E.S. au détriment des
A.D.P. induit une capacité excédentaire d'I.E.S. nuisible? (xx)
Nous touchons là au coeur du débat entre l'I.E.S. et les A.D.P ..
ce problème de rapports entre l'r.E.S. et les A.D.P. a été étudié par
HIRSCHMAN.
(K)
Les arguments avancés par les bailleurs de fonds tournent autour
des deux points ci-dessus invoqués.
(xx)
Dans la mesure où les charges afférentes dépassent les avantages
que la Collectivité y retire.
... / ...

180
II. -
L'ANALYSE DE HIRSCHMAN
Le point de départ de l'analyse de HIRSCHMAN réside dans le
rejet de la thèse des investissements équilibrés. Etant donnée la rarété des
ressources financières aucun pays du Tiers-Monde ne peut développer à la fois
et au même moment l'I.E.S. et les A.D.P .. Il devra choisir entre induire le
développement par un excès de capacité d'I.E.S. ou par une insuffisance d'I.E.S.
Pour illustrer ce problème de rapport entre I.E.S. et A.D.P., HIRSCHMAN cons-
truit un graphique à deux dimensions sur lequel il porte en abscisse le coût
et le volume total de l'I.E.S. et en ordonnée l~ coût total des A.D.P. pour une
production donnée (%)
... / ...
1

-
180 bis -
CROISSANCE EQUILIBREE ET NON EQUILIBREE DES A.D.P. ET DE L'I.E.S.
total des A.D.P.
V
une production donnée
1
1
IV
1
~
III
II
H

181
Les courbes l, II, III, IV et V représentent les coûts totaux des A.D.P.
(en fonction du volume de l'I.E.S.) pour des productions de plus en plus élevées
résultant d'investissements de plus en plus importants dans les A.D.P ..
Pour une production totale donnée, le coût des A.D.P. sera d'autant plus élevé
que le volume de l'I.E.S. sera insuffisant et inversement. La bissectrice OZ
représentE le lieu géométrique de tous les points qui assurent l'harmonie entre
le développement de l'I.E.S. et celui des A.D.P .. L'idéal, affirme HIRSCHMAN,
serait d'évoluer le long de cette droite qui représente la solutiqn "économiqueO
c'est-à-dire celle dans laquelle il n'y a ni excès, ni insuffisance d'I.E.S ..
Mais une telle situation est rarement atteinte au cours du processus du dévelop-
pement. Les situations les plus fréquentes sont celles matérialisées respective-
ment par les lignes brisées A.B.C.D.E.F.G.H. et A.J.C.K.E.L.G.M •. La premi~re
ligne brisée représente une situation dans laquelle le développement est induit
par un excès de capacité d'I.E.S .. La seconde ligne brisée représente le cas
exactement inverse.
II). ~ Le développement par excès de capacité d'I.E.S.
L'excès de capacité d'I.E.S. exerce, selon HIRSCHMAN un effet
d'entrainement qui s'apparente à celui des "stimulants fiscaux de droit
commun". Le méc~pisme est le suivant : l'~xcès de capacité d'I.E.S. en
abaissant les coûts de production par la fourniture aux investisseurs étrangers
et locaux des services de base indispensables au bon fonctionnement des unités
de production, suscite des investissements additionnels dans les A.D.P .. En
effet la baisse des coQts de production résultant de l'excès de capacité d'I,E.S.
entraine une hausse des profits industriels pousse les entrepreneurs à faire
de nouveaux investissements dans les A.D.P ..
On passe du point B au point C du graphique N° 4. Au point C, un
nouveau développement de l'I.E.S. rend le coût de production des A~D.P. exis-
tantes pius faible (point D) ; il en résulte une nouvelle hausse des profits
industriels qui suscite de nouveaux investissements dans les A.D.P ..
,
l
... / ...
J
Il:1'.
1
'1:
,{
1

182
U
' - Le développémentpar insuffisartce d'I.E.S.
Z
Contrairement à la séquence précédente, l'insuffisance d'I.E.S.
rend le coût de production des A.D.P. très élevé; il en résulte une baisse
des profits industrîels. Les entrepreneurs réagissent à cette chute soudaine
de leurs profits en faîsant pression sur les pouvoirs publics pour les amener
à développer l'infrastructure économique et sociale ou en intervenant directe-
ment auprès des milieux financiers internationa~x pour les amener à financer
en priorité les projets relatifs à l'I.E.S. (w) On passe ainsi du point J au
point C. Au point C, un nouveau développement des A.D.P. sans développement
concomitant de l'I.E.S. (point K) élève le coût de production des A.D.P .•
Cette élévation du coût de production fait baisser les profits et suscite
.j
j
de nouvelles pressions pour un développement de l'I.E.S •.
1
l
Au total, les deux séquences exercent des effets d'entrainement
1
dont l'efficacité dépend du dégré de sensibilité des entrepreneurs à un
i<j
excès ou une insuffisance d'I.E.S .. Le choix de la séquence la plus efficace
parait donc à priori difficile.
11 , - Le choix de la séquence la plus efficace
3
Chacune des séquences analysées par HIRSCHMAN possède des mérites
propres et de nombreux arguments militent en faveur de l'adoption de l'une
ou de l'autre séquence dans le processus du développement. Nous examinerons
l'efficacité et les mérites de chacune des séquences en nous référant à la fois
au principe de rationalité, à la théorie des graphes et au verdict de
l'histoire.
(x)
A ce stade, HIRSCHMAN ~stime que les décisions relatives à l'I.E.S.
sont faciles à prendre puisque l'insuffisance d'I.E.S.est ressentie
par tous comme un goulot d'étranglement.
... / ...
!

183
11
. - La référence au principe de rationalité
3 1
Le principe de rationalité implique le rejet d'une double affec-
tation des ressources rareS et limitées au même projet ou à un même objectif
de développement. C'est la recherche permanente d'une efficience dans l'al-
location des ressources. Le principe de rationalité peut être appliqué au
choix de la séquence la plus efficace en matière de critèr~s d'investissement.
L'excès de capacité d'I.E.S. a pour but de faciliter et d'ouvrir
la voie aux investissements privés notamment étrangers. Il s'agit, en rendant
le pays aisément accessible et attrayant d'inciter les investisseurs étrangers
à s'y installer.
Mais là où le bât blesse c'est qu'il a été crée et Tuis en place
en Côte d'Ivoire un ensemble d'instruments juridiques économiques et finan-
ciers destinés à inciter les investisseurs étrangers. L'ensemble de ces dis-
positions peut être regroupé en deux grandes catégories :
- le Code des investissements
- Les stimulants fiscaux de droit commun (w)
Le code des investissements mis en vigueur à partir de l'indépendance, est
le principal instrument juridique utilisé pour attirer les capitaux privés
étrangers. Il prévoit deux types de régime
- les entreprises prioritaires
- la convention d'établissement.
Toutes les entreprises égréées comme prioritaires bénéficient de mesures
très importantes d'exonérations fiscales. Des avantages additionnels sont
en plQS octroyés à certaines entreprises prioritaires qui font l'objet d'un
convention spéciale d'établissement, notamment la fixation d'un régime
fiscal de longue durée.
Gaspard Kouadio GBAKA : le rôle de la fiscalité dans les pays
du Tiers-Monde ; Thèse de Doctorat d'Etat Université de Clermont l
1978
... / ...

- 184
Tous ces stimulants fiscaux qu'ils soient de type contractuel ou de droit
connnun ont une seule raison d~être : attirer les lnvestissements privés
d'une importance appréciable susceptibles de concourir à l'exécution des
plans de développement de l'Etat ivoirien"
Ils entrent de ce point de vue en concurrence avec lWexcès de
capacité d'I.E.S. N'est-il pas plus rationnel de déterminer entre ces deux
types de stimulants (stimulants fiscaux et excès de capacité d'r.EoS.) lequel
a la force d'induction la plus élevée. De façon grossière~ cette force d'induc-
tion peut être appréciée au moyen des coefficients d'élasticité des investis-
sements privés par rapport aux exonérations fiscales d'une part et par rapport
aux dépenses d'infrastructure économique et sociale,
On pourrait alors concentrer les effor.ts sur l'instr.ument dont
le coefficient d'élasticité est le plus élevé de manière à le rendre plus
efficace et plus opérationnel.
Le choix de la "séquence la plus efficace" peut également Sé
faire en s'inspirant de la théorie des graphes et des relations binaires.
11
. - L'appel à la théorie des graphes
32
Le problème étudié par la théorie des graphes est celui de la
réalisation progressive d'un projet comportant un ensemble de tâches élémentaires
à effectuer soumises à diverses contraintes. Au fur et à mesure de la réalisa-
tion de ces différentes tâches le projet évolue.
Il est possible moyennant certaines hypothèses d'adapter la théorie
des graphes à l'étude du choix de la "séquence la plus efficace". Supposons
que la Côte d'Ivoire se propose de réaliser un projet ambitieux: l'industriali-
sation complète du pays.
- l'implantation d'un secteur de production de machines et de
biens d'équipement, tâche notée A
- l'implantation d'un secteur de production des biens semis finis
et produits intermédiaires, tâche notée B .
1

185
- l'implantation cl 'un secteur de produc.don et d'exportation
de matières premières (agricole~ ou minerales), tâche C
- l'implantation d'un secteur de production des biens de consom-
mation, tâche notée D
- la formation d'un personnel qualifié, tâche notée Pq
- l'implantation d'une infrastructure de transport, tâche T
- l'implantation d'une infrastructure sanitaire, tâche S
- l'implantation d'un secteur de fourniture, d'eau et d'energie,
tâche notée E
Nous supposons que l'industrialisation n'est effective et
complète que si l'ensemble de ces tâches élémentaires est réalisé. Ces
tâches élémentaires peuvent être classées en deux catégories :
- l'infrastructure économique et sociale (I.E.S.) qui englobe
les tâches T, S, E, et Pq
- les activités directement productives (A.D.P.) qui comprennent
les tâches A, B, C, et D
Ces hypothèses étant admises, il nous reste maintenant à déterminer
d'une part la durée prévisionnelle d'exécution de chaque tâche, d'autre part
les contraintes d'antériorité liant les tâches deux à deux. Pour réaliser
le vaste projet d'industrialisation, l'Etat ivoirien a le choix entre deux
séquences :
- l'excès de capacité d'I.E.S., matérialisé (par exemple) par
S
~
T~C
~
S~D~E~B~P
~A
g
q
et qui suppose implicitement que dans le processus d'industrialisation, une
tâche d'infrastructure économique et sociale précède toujours une activité
directement productive. De manière plus précise, ce chemin suppose que l'I.E,S.
induit des pressions et des stimulants pour la création d'une A.D.P. pendant
la période suivante.
- l'insuffisance d'I.E.S. symbolisé (par exemple) par le chemin
S
~C~T~D~S~B~E~A~P
g
q
qui suppose que l'A.D.P. précède et induit l'I.E.S.
dans le premier cas,
... / .,. .
1

-
186 -
les contraintes d' antériori té peuvent se mettt:'e sous 1.'3. forme suivante
S
< T < C <
S
< D < E < B < P
< A
g
q
Dans le second, cas, on a
S
<
C < T < D < S < B < E < A <
P
g
q
Si nous attribuons à chaque tâche élémentaire une durée prévisionnelle
d'e~écution en supposant implicitement qu'elle est fonction de la tâche qU1
précède, nous pouvons construire les tableaux suivants :
er
1
cas:Excès de capacité d'I.E.S.
T
!
Ordre d'excution
Tâches exécutées
Durée prévision-
!
des tâches
nelle
!,
1er
S
o li de temps
,
g
!

T
2 li
de temps
!
!

C
li
de temps
!
!'

S
2 li
de temps
!
!

D
0,5 li de temps
!

E
4 li
de temps

B
5 li
de temps

P
10 li
de temps
q

A
8 li
de temps
.... / ......

187
Zè cas
Insuffisance d'I.E.S.
Ordre d'exécution
Tâches à exécuter
Durée prévisionnelle
des tâches
1er
S
o U de te~s
g

C
U de temps

T
U de temps

D
0,5 U de temps

5
Z U de te~s

B
3 U de temps

E
2 U
de temps

A
4 U de temps

P
5 U de temps
q
Ces tableaux ont été construits à l'aide d'une hypothèse implicite
t
la pression exercée par une A.D.P. est si forte que l'exécution de la tâche
{
suivante d'I.E.S. intervient dans un temps relativement court. Inversement l'I.E.S. ~
induit une pression si faible que les investisseurs n'éprouvent pas le besoin
d'implanter dans un de1ai immédiat une A.D.P. ; l'exécution de la tâche suivante
intervient après une durée plus longue. Cette hypothèse n'est pas forcement
irréaliste. Dans la mesure où les travaux d'I.E.S. relèvent de l'Etat, il est
plus facile aux investisseurs étrangers de faire pression pour obtenir des
pouvoirs publics le désenclavement d'une région, la mise sur pied d'une hydrau-
lique villageoise, la formation d'un personnel qualifié etc. Cette pression
a toutes les chances d'aboutir rapidement dans la mesure où l'insuffisance
d'I.E.S. sera ressentie aussi bien par l'Etat, les parlementaires, l'ensemble
de la collectivité comme un goulot d'étranglement.
Par contre, l'Etat ne dispose d'aucun élément de pression, pour
contraindre les investisseurs étrangers à s'implanter même s'il leur offre
;
un cadre d'implantation idéal; il s'agit tout au plus d'une simple incitation
!
qui peut ne pas être suivie d'effet.
(

-
188
Disposant maintenant des deux tableaux et rL:! l'ensemble des contrain-
tes d'antériorité, il est possible de déterminer la séquence qui minimise
le temps de réalisation de l'industrialisation. Nous utiliserons à cet effet
la "méthode des Potentiels Metra" (M.P.M.).
Nous supposons qu'au départ le pays a hérité d'un minimum de ser-
vices administratifs S
(x)
g
La méthode des potentiels Metra consiste, une fois que l'on a procédé
à l'ordonnancement des tâches, à tracer le diagramme sagittal où les sommets
représentent les tâches et les arcs les contraintes d'antériorité.
On procède ensuite à une valorisation du diagramme sagittal en
portant sur chaque arc la durée prévisionnelle de la tâche origine de l'arc (xx).
L'application de la méthode à l'exemple ci-dessus donne les résultats
suivants
1er cas
Excès de capacité d'I.E.S.
~u
,
!
1
!
!
!
'
!
0
0
2
5,5
9,5
!
~
~
1
3
2 !-=-. 11-'2!
!1
5 j14,5 11 0
24,5;8
+
+
-+-
-+-
.+
! Si
r-
C
S
! D
!
!
E
!
B
!-,rg!
A
!
Le choix de cette séquence implique que l'Etat ne peut réaliser
son projet d'industrialisation complète qu'en une durée minimum de 32,5 unités
de temps. De plus il ne pourra commencer la mise en place d'un secteur de
production des biens de consommation (tâche D) au plus tôt avant 5 unités de
temps. En effet les chiffres qui figurent en haut de chaque rectangle repré-
sentent les dates au plus tôt du début d'exécution de la tâche.
(x)
C'est le cas de la plupart des pays africains colonisés. La
tâche S
est donc déjà réalisée.
g
C F la théorie générale des graphes
1
1
•.. 1••.
1
~

- 189 -
,
,
l
,
o . 0
.
1
.' 2
.] t2
2
,
'3'
'2'
'4'
'5
-+
,_ _, 4-
2,5
1_ _ '
;~; -+ ;~;
• C

+
-+
-+
;~;+ ;13,5 ./+
T
• D
.
. B ·
. E '
. A
.
. p
,
!
!
S
!
!
! !
! !
!
q
Cette séquence apparait la plus efficace ou la plus contraignante.
En effet le projet d'industrialisation complète peut être réalisé en une durée
minimum de 18,5 unité de temps.
De plus, le pays se trouve dôté de toute la gamme d'industries (à
l'exclusion des industries de biens d'équipement et de machines) en 7,5 unités
de temps.
Les contraintes d'antériorité relatives aux activités directement
productives n'obéissent nullement (dans notre exemple) à des normes imposées PfiT
la technique (le fait qu'une route soit d'abord tracée avant d'être bittrmée)
elles respectent purement et simplement le processus d'industrialisation choisi
par la plupart des pays du Tiers-Monde à économie de marché.
Dans la plupart des cas, l'industrialisation de ces pays commence
par la m~se en place d'une industrie d'exportation des matières premières
agricoles et minérales (cas des pays africains colonisés) suivie de l'implantation
d'une ou de plusieurs industries d'impor-substitution destinées à satisfaire la
demande intérieure de la population urbaine.
1
~.
L'industrialisation se poursuit ensuite par l'implantation de
t
fr·
quelques unités de production des biens semi-finis et produits utilisés comme
t
imputs par le secteur de production des biens de consommation. Dans quelques
1
rares cas (Argentine, Brésil et Mexique) la diversification des activités productives i
se poursuit jusqu'à l'implantation des industries "lourdes" et à la création d'un
1
1
secteur de production de machines et de biens d'équipement.
Mais l'on peut également imaginer un processus d'industrialisation
1
~t
plus volontariste qui commencerait par l'implantation des industries "amont"
i.i
i
lesquelles susciteraient en "aval" des industries de biens semi-finis puis des
industries de biens de consommation. Dans ce cas les contraintes d'antériorité
1
changent; et l'on aura en reprenant le même exemple
~!F
A < B < C < D
t
t~l1
!l

190
Etant entendu que par hypothèse, la durée prévisionnelle
d'ex&cution
d'une tâche dépend de la pression exercée par les différentes
tâches situées en liamontli~ il est évident que la durée minimale d'exécution
du projet d'industrialisation complète sera forcement différente.
En effet supposons que les durées prévisionnelles d'exécution
de ces tâches soient les suivantes :
Ordre
Tâches
Durees prévisionnelles d'exécution
d'exécution
à exécuter
des tâches
1er
S
° unité de temps
g

A
6
unités de temps

T
0,5 unité de temps

B
4
unités de temps

S
unité de temps
1

C
unité de temps
1
1

E
Z
unités de temps
1
!

D
0,5 unité
de temps

p
4
unités de temps
q
Si nous appliquons la méthode des potentiels Metra, nous
obtenons la durée minimale d'exécutîon du projet qui est dans ce cas de 19
unités de temps.
,-, , , , , ,
4 '
,
1
"
,
,
,
,
,
"0
"0
"
,
6
_ _ "1/Z"65
o
, °
- - " 6
, -+ 1
,
1--'-+
, -+
-+ ; 10,5; l
;.!.!..L2.; l ;.!l2.; l ;J.i2; l1Z;..l.L; i
B
j-
. A "
Sg i
o
T
0

.
S'
.
C'
' E "
' D '
O p '
!
!
!
!
!
- - -
!
!
q !
Dans la réalité, pour chaque type de séquence (excès ou
insuffisace d'r.E.S.) les contraintes dYantériorité peuvent être ordonnées
de plusieurs manières.

• •
/
<il
• •
1

191 -
Raisonnons par exemple sur le cas d'un e:u:ès de capacité d'I.E.S.
L'excès de capacité d'I.E.S. implique que dans le processus d'industrialisation,
une tâche d'infrastructure économique et sociale précède l'implantation d'une
activité directement productiye ; autrement dit, dans l'exemple ci-dessus, l'Etat'
a le choix entre 4 tâches d'I.E.S .. Il peut commencer par la tâche T, S, E ou Pq •
De même les investisseurs ont le choix entre 4 tâches A.D.P. ; ils peuvent
commencer par l'implantation de la tâche A, B, C ou D.
r
- Dans un 2è temps, une tâche d'r.E.S. ayant été effectuée, l'Etat
n'a plus que 3 possibilités; il en est de même des investisseurs après implan-
tation d'une tâche A.D.P •.
- Dans une troisième période, les possibilités qui s'offrent à
l'Etat et aux investisseurs ne sont plus que de deux; et ainsi de suite.
1
f
En termes d'analyse combinatoire, le nombre de "chemins de dévelop-
pement" possible sera égal à :
1[.
4 X 4 X 3 X 3 X 2 X 2 X 1 X 1
Ce qui donne (4 X 3 X 2 X 1) (4X 3 X 2 X 1) = (4!)2
Chaque type de séquence donne lieu à 576 "chemins" possibles.
On déterminera à l'aide des durées prévisionnelles des différentes tâches,
le "chemin" qui minimise le temps de réalisation de l'industrialisation
complète dans chaque type de séquence. Seule sera choisie la séquence com-
portant le "chemin" de développement le plus court.
En termes clairs, supposons que dans les 576 "chemins" déterminés
par l'excès de capacité d'I.E.S., le "chemin" le plus court soit de 20 unités
de temps.
Si la séquence alternative (l'insuffisance d'I.E.S.) comporte un
"chemin" minimal de la unités de temps, seule sera choisie la voie du dévelop-
pement par insuffisance d'r.E.S. ; et les tâches seront exécutées dans l'ordre
indiqué par le "chemin minimal".
... / ...

- 192 -
Les durées prévisionnelles que nous avons _;ttribuées à l'exécution
des différentes tâches sont purement fictives. Mais notre modèle n'en pré-
sente pas moins un intérêt certain. Il montre que l'ordre dans lequel s'effec-
tuent les différents projets de développement exerce une incidence sur le
rythme d'industrialisation d'un pays. Plus la séquence de développement
suivie est "contraignante" plus le rythme d'industrialisation est élevé. La
référence à la théorie des graphes milite donc en faveur du développement
par insuffisance d'I.E.S .. Mais qu'en
est-il si l'on se refère à l'histoire?
11
• - La référence à l'histoire
33
Le développement fondé sur l'excès de capacité d'I.E.S. a le mérite
d'être conforme à l'histoire et au "schéma étapiste" de développement cher à
W. ROSToW.
- Il est conforme à l'histoire en ce sens que la plupart des
Nations industrialisées ont consacré une part importante des investissements
globaux à l'édification de l'infrastructure économique et sociale pendant
la période de démarrage. ROSTOW cite l'exemple du canal du lac Erié entiè-
rement construit par le gouvernement de l'Etat de New-York et celui des
grands reseaux continentaux américains largement subventionné par l'Etat
fédéral. De nombreuses études notamment celle de A.K. CAIRNCROSS (x) relative
aux investissements canadiens et celle de E. LINDHAL relative aux investis-
sements Suédois font état de la nécessité d'un développement par excès de
capacité d'I.E.S. pendant la période de démarrage. Dans son important ouvrage
intitulé "Economic Development in Asian Perspective, SHIGERU ISHKAWA insiste
sur la contribution de l'I.E.S. aux succès de la politique économique du
Japon.
- Il est également conforme à la logique du développement par
étapes. En effet pour que la Société puisse entrer dans l'ère industrielle
certaines conditions économiques et extra économiques doivent être remplies
il faut comme le note W ROSTOW "qu'il se trouve dans la société quelques
individus capables d'utiliser et d'appliquer la science moderne et les inven-
tions utiles qui permettent d'abaisser les coûts de production .•• Il faut que
la population tout entière soit disposée à accepter d'être formée en vue de
~x)
A.K. CAIRNCROSS
"Home and Foreign investment, ]870-]9]3".Camb'ddge
] 953
- E. LINDAHL:
"National income of Sweden, ]86]-]930" Stockholm'
]937

1
-
193 -

1
t,
1
faire fonctionner un système économique dont les mêthu.ies se modifieront
constamment, qui emprisonnera de plus en plus étroitement l'individu dans
1
de grandes organisations disciplinées et qui lui attribuera des tâches
très spécialisées et peu variées".
1
r
Mais la faiblesse du développement par excès de capadté dYLE.S.
réside dans le fait "qu'il invite plus qu'il n'oblige". Or, comme le note
t
HIRSCHMAN, "la foi dans les vertus propitiatoires de l'infrastructure écono-
1
mique et sociale ne devrait pas constituer le fondement d'une politique de
1
développement (z) . L'examen de la séquence de développement suivie par la
Côte d'Ivoire de 1960 à 1980 permet de mieux cerner ce problème.
1
1
III. - L'EXPERlRENCE IVOIRIENNE: 1960 - 1980
1
Il ne fait de doute à personne que la Côte d'Ivoire en deux
!
decennies a accompli un immense effort en matière d'infrastructure économique
et sociale. Ce développement prodigieux de l' I.E. S. peut être appréci é à
travers les statistiques suivantes tirées du rapport du Président de la
République au Vllè congrès du P.D.C.I. -R.D.A.
tl_
infrastructures routières : plus de 3 000 kms de routes
revêtues et plus de 40 000 kms de routes en terre en 1980
vingt ans aupa-
ravant, seuls les axes Abidjan-Bouaké, Abidjan-Aboisso et Abidjan-Abengourou
étaient bitumés.
Trafic aérien de l'aéroport d'Abidjan: 71 000 passagers et
3 000 tonnes de frêt en 1960 ; 760 000 passagers et 25 000 tonnes de frêt
en 1980.
Trafic aérien intérieur (Air Ivoire) 7 000 passagers en 1960,
160 000 dans les 8 premiers mois de 1980.
- Transports urbains : 43 autobus et 184 agents de la SOTRA en
1960, plus de 1 000 autobus et 5 900 agents en 1980.
- Trafic du Port; 1 765 000 tonnes en 1960, 6 millions de tonnes
en 1976 ; ouverture d'un second port à San Pedro en 1~71 dont le tonnage devrait
dépasser
800 000 en 1980.
(JI)
A. O. HIRSCHMAN op cit .••
• e : /
• • •

-i94 -
••. En ]960 nous produisions 67 000 000 de Kwatts heures, en
j980~ plus dVun milliard de kilowatts heures.
- En 1960, nous avions seulement sept villes pourvues de 1\\ éi:;lairage
public. En 1980 l'Energie Electrique de Côte d'Ivoire (E.E.C.I.) assure l'éclai-
rage public de 500 villes et villages. Nous avons construit 5 barrages hydro-
électriques. D'autres sont à l'étude .•.
- De 1960 à 1980, le nombre d'abonnés au téléphone est passé de
2 500 à plus de 33 000. Un vaste programme d'hydraulique humaine ~ réalisation
d'~dduction d'eau dans tous les chefs lieux de départements, dans plusieurs
sous-préfectures. Un programme de JO 000 puits dont 6 000 étaient achévés en
1979 a été lancé; ont été construits, à l'initiativ~ du Gouvernement 64 000
logements urbains et 40 000 logements ruraux." (x)
Les raisons de ce gigantesque effort de développement de l'I.E.S.
ont été soulignées par le Président de la République en ces termes
"La mise en valeur des richesses du sol et du sous-sol, le dévelop-
pement des activités industrielles ne sont économiquement rentables et con-
cevables sur le plan humain qu'accompagnés d'une politique méthodique d'équi-
pements et d'infrastructures de transports, d'énergie, de communications, dVur-
1
1
banisme, d'hydraulique humaine, tout ce qui permet de valoriser le travail
1
humain et de donner, au moins matériellement, à ceux qui l'effectuent, un cadre
d',existence satisfaisant, tâche immense à la mesure des besoins toujours
f
croissants et jamais entièrement satisfaits" (xx)
En d'autres termes, on espérait que "l'excès de capacité d'I.E.S."
1
!
engendrerait des pressions pour la création et l'implantation d'activités direc-
tement productives qans les secteurs des biens de consommations, d'équipements
et de produits intermédiaires.
(x)
VIIè Congrès du P.D.C.I. - R.D.A. tenu à Abidjan les 29, 30
septembre et 1er octobre 1980 ; rapport du Président HOUPHOUET
BOIGNY
(JDC)
VIIè Congrès
rapport op cit .•.
.,.~/&.v

- 195 -
Quelles conclusions peut-on tirer de cette expérience de développeml:'nt ?
L'excès de capacité d'I.E.S. a certes, induit l'impL•.ttation d'industries
agro-alimentaires et industries d'import substitution concentrées pour la
plupart dans le secteur de transformation des produits agricoles et du bois.
Dans sa thèse de Doctorat d'Etat, Gaspard Kouadio GBAKA signale que les
branches agro-alimentaires (06 à 10) ont reçu à elles seules plus d~ 28 i, des
investissements en 1974 et 1975. La conséquence en est une "industrialisation
selective ll (x) caractérisée par une absence de couplage entre les industries
de biens de consommation lIava l" et les industries de biens d'équipement "amont".
Cette absence de couplage et le blocage des mécanismes de diffusion qui en
résulte ont été longuement analysés dans le chapitre IV de la première partie.
Au total, l'expérience des deux decennies de développement écoulées
démontre que si l'excès de capacité, d'LE.S. induit l'implantation de cer-
taines activités directement productives, il n'engendre pas fot'cement Ull';;;
structure d'investissements compatible avec l'accélération de l'industriali-
sation.
En Côte d'Ivoire, en dépit de l'innnense effort de p('omot~on de
l'I.E.S. accompli, on est frappé- par l'inexistence quasi totale d'un secteur
de production de biens d'équipement dont la plupart des théoriciens reconnais-
sent l'indispensable nécessité dans l'accélération du processus d'accumul~tion.
~o6
Le dilennne du "Thésard" pennet de mieux illustrer geIl propos. Uh
Etudiant désireux de préparer une thèse de Doctorat d'Etat en sciences écono-
miques part d'un niveau donné d'enthousiasme et ignore généralement les dif-
ficultés qui l'attendent sur le parcours. Plus il avancera, plus il reduira
ces difficultés ; mais la rédaction de chaque chapitre exige une dose de
travail (un nombre d'heures de travail par jour) au-delà de laquelle le travail
devient pénible, en sorte que si cette dose est atteinte ou depassée, le
temps de travail sera reduit le lendemain. Deux possibilités s'offrent à
notre "Thésard".
- Il peut adopter au départ un rythme de travail qui lui paraît
pénible
dans ce cas, peut-être abandonnera-t-il la rédaction de sa thèse
(x)
AKA EBAH Op; ci t

- 196 -
à mi-chemin ; ou au contraire) peut-être fera-t-il au début des progrès
si spectaculaires qu'il atteîndra un seuil où le gain retiré compensera la
peine en sorte que son travail lui paraîtra agréable. A partir de ce seuil, il
avancera plus vite et terminera sûrement la rédaction de sa thèse.
- Il peut aussi connnencer à travailler à petites doses, évitant
au début les chapitres déliéats, les difficultés les plus tenaces ; dans ce
cas, peut-être le travail lui paraitra-t-il plaisant, agréable d'un bout â l'autre
de telle manière qu'arrivé à un certain stade il augmentera la dose jusqu'à ce
qu'il achève la rédaction de sa thèse; ou au contraire peut-être que ce travail
finira par devenir lassant si après un certain temps il ne voit pas toujours
"le bout du tunnel".
La Côte d'Ivoire a choisi cette deuxi.ème voie. Elle a jusqu'à
présent travaillé à petites doses, êvitant les grosses difficultés, les c0ûtS
sociaux énormes attachés à l'implantation des industries industda1isantes,
Elle a, pour reprendre la parabole de A. O. HIRSCHMAN, "Connnencé à ajuster le
puzzle en encadrant d'abord les piè'ces d'une difficulté intr.sèque il1féd.elltE-
à la moyenne".
Pendant les deux decennies écoulées la st~atégie du développement
choisie lui a paru agréable, plaisante; mais elle risque de devenlr "lassante"
si une orientation volontariste des investissements susceptible de hâter I vindus-
tria~isation n'intervient pas dans la decennie 1980-1990. Cette orientation
implique la réduction de la "préférence pour l'I.E.S." d'une part et le choix
des A.D.P. exerçant un effet industrialisant maximal. Un tel choix est non
seulement dicté par l'expérience (connne nous venons de le voir) mais également
par la rationalité. Ce choix implique un renforcement du rôle économique de
l'Etat.
... / .. ~

-
197 -
CHAPITRE III. - LE RENFORCEMENT DU ROtE DE L'ETAT DANS LE PROCESSUS
n'INDUSTRIALISATION
Deux poînts essentiels seront traités dans ce chapitre
- Les théories de l'Etat
- Le rôle de l'Etat dans le processus d'industrialisation
en Côte d'Ivoire
1. - LES THEORIES DE L'ETAT
Dans la littérature économique deux conceptions de l'Etat
sont en Jeu
- La premïère définit l'Etat connue un personnage etheré assis
sur une montagne d'où i l perçoit l'intérêt général
il se trouve de ce fait
au-dessus de la mêlée des ïntérêts particuliers.
- La seconde définit l'Etat comme étant l'émanation de la
classe au pouvoir ; son rôle serait de soumettre à la classe dominante la
classe non possédante.
Nous étudierons successivement :
- l'Etat,représentant de l'Intérêt Général
- l'Etat,représentant de la classe au Pouvoir
I l ' - L'Etat, Représentant de l'Intérêt Général
Nous distinguerons le courant de l'Echange volontaire
le
t
courant de la Contrainte et la théorie de l'Etat-Arbitre.
I l
. - Le courant de l'Echange Volontaire
1
La théorie de l'Echange Volontaire fut l'oeuvre de BAUMOL~
SAMUELSON et surtout MUSGRAVE (w). Cette théorie assimile l'Etat à un agent
économique qui offre des biens et services collecti:f;s désirés et exprimés par
les individus.
(x)
P. A. SAMUELSON, The pure Theory of Public Expenditures Review
of Economies and Statistics, novembre 1956
J
1
1
R.A. MUSGRAVE,
The Theory of Public Finance, New-York, Mc Graw-
j
i
Hill J 959
!

198
Ces derniers s'adressent d'abord au marché pour la satisfaction de leurs
besoins individuels.
Au-delà de,s possibilités offertes par le marché, les individus
consommateurs s'adressent à l'Etat pour la satisfaction de leurs besoins de
sécurité, de défense, de gendarmerie, de services d'infrastructure économique
et sociale dont le caractère indivisible et diffus ell1pêche sa fourniture par
l'initiative privée. Pour le courant de l'Echange Volontaire, l'Etat n'a pas
de vie propre en dehors des projets des individus. Il doit se conformer stric-
tement au désir des citoyens; il n'est rien d'autre que la somme des individus
qui tentent d'agir de manière collective pour la satisfaction d'un certain nombre
de besoins. Son raIe se réduit à garantir la séeurit~ des citoyens à d~fendre
le droit de propiété et à sauvegarder le respect des contrats librement signés.
Le courant de l'Echange Volontaire écarte toute idée de contrainte que pourrait.
introduire l'Etat dans les mécanismes économiques. De ce point de vue, i l s'oppose
au courant de la "Contrâinte" qui fait de l'Etat un sujet souverain ayant un
domaine et une vie propre: l'économie publique.
Il
. - Le Courant de la "Contrainte"
2
Le point de départ de la théorie de l'Etat monopol~ur de la con-
trainte est le rejet du postulat "néoclassiquell selon lequel l'intérêt collectif
est égal à la somme des intérêts particuliers. Dans un corps social démocratique
comprenant plusieurs agents, les partisans de l'Etat-monopoleur de la contrainte
estiment que les intérêts des agents ne convergent généralement pas vers un objec~
tif unique; le paradoxe de Condorcet démontre en effet que l'objectif social à
atteindre ne peut pas se réduire à la simple sommation des intérêts individuels
le fameux théorème d'impossibilité énoL~ê par KENNETH J. ARROW permet d'illustrer
ce problème :
"Soit une Collectivité constituée de trois électeurs qui ait à
choisir entre trois propositions mutuellement exclusives c la guerre, la guerre
froide, le désarmement ... "
Soient A, B, C les trois possibilités ci-dessus énuméréF!s et
1, II, III les trois individus de la collectivité. Supposons que les prétérences
individuelles sont les suivantes
A
>
B
Pour l'individu l
{et
B > C

199
Pour IV individu
J'
B
>,
C
I I
l
et C >
A
l~individu
t C '> A
Pour
III
et A >
B
Par application du principe de rationa1itê~ l~individu 1 doit
prêférer A à C, l'individu II
B à A et l'individu III~ C à B,
Il ressort de cet exemple quiune majorité (1 et III) préfère A à B, une majorité
(1 et II) préfère B à C ; on peut donc conclure que la collectivité préfère A à B
et B à c. Si cette collectivité est rationnelle, elle prefèrera A à C ; ce qui
en fait n'est pas le cas puisquiune autre majorité (individus II et III) préfère
C à A~ Au total le Courant de la "Contrainte" définit l!Etat corrane une Entité
distincte des groupes sociaux, placée "au sommet de la montagne ll d'où e112
appr~cie l'int~r~t g~n~ral~ En tant qu~interpr~te de la volonté du groupe, il
détermine l' optimu'ffi collectif et dispose à cet effet cl ~un mOyen de c{}e~~t;:{ c,iorl
qui est le monopole de la "Contraintell •
Il existe une troisième variante de la théorie de l'Etat-Intérêt
général
ciest celle représentée par François PERROUX et GUNNAR Myrdal.
1] . - La théorie de l'Etat-Arbitre
3
Ce courant de pensée est une synthèse des deux courants précédents ;
les théoriciens de liEtat-Arbitre s'êlèvent à la fois contre la conception trop
individualiste de l'Echange Volontaire et la conception trop interventionniste
de liEtat-Monopoleur de la "Contrainte".
Pour François PERROUX liEtat use à la fois du dialogue et de la
Contrainte. Il amène les diverses parties à choisir un point d'êquilibre parmi
d'autres. Il n'intervient pas à partir d'à-prioris~ mais introduit des normes
de discussion dans les conflits, les infléchit
en dialogue ; ainsi se dégage
un compromis dynamique entre l'''Echange Volontaire" et la "Contrainte", entre
la coopération et la domination.

200
En résumé, l'Etat est conçu comme une institution conciliatrice
et pacificatrice qui travaille sans cesse à aplanir les conflits et à préserver
l~narmonie sociale,
Cette idée de conciliation des intérêts antagonistes par nature
est contestée par les théoriciens de l'Etat - Représentant d'une classe.
(B)
L'Etat: Représentant de la classe dominante.
Cette théorie est l'oeuvre des auteurs marxisteso
Le p6int~te départ est le suivant ~ la Société civile est une
société de classes ; elle est divisée en deux grandes classes dont les
intérêts sont antagonistes: - la "Bourgeoisie" qui detient l'ensemble des
moyens de production et qui de ce fait s'approprie sous forme de plus-value,
une partie du travail réalisé par les ouvrierso
- La classe ouvrière ou prolétariat qui vend sa force de travail
en échange d'un revenu 'monétaire.
Selon la théorie marxiste, les intérêts de ces deux classes sont irreconci-
liables : l'intérêt de la Bourgeoisie est de réaliser le maximum de profit;
ce qui suppose l'extorsion d'une masse de "plus-value" de plus en plus impor-
tante, autrement dit un degré d'exploitation de plus en plus féroce de la
classe ouvrière.
L'intérêt du prolétariat est d'obtenir une amélioration de leur
niveau de vie, ce qui suppose un relèvement du niveau de salaire et de ce fait
une baisse de plus-value extorquée.
Il en résulte qu'il ne peut y avoir un Etat extérieur à la Société,
pacificateur et conciliateur. Le rôle de l'Etat (et sa fonction essentielle)
est la conservation, la consolidation, l'extension de l'exploitation par le
pouvoir d'une minorité détentrice des moyens de production. Il n'est, cml~e
le dit LENlNE "autre chose qu'une machine d'oppression d'une classe par une
autre", Organiquement lié à la Bourgeoisie, il maintient par tous les moyens
la dictature de cette classe.

201
Dans quelle mesure ce "corpus" de théorir :Jeut-il servir de
modèle de référence pour l'interprétation de la réalité ivoirienne?
II. - LE ROtE DE L'ETAT DANS LE PROCESSUS D'INDUSTRIALISATION EN COTE D'IVOIRE
Dans la plupart des pays industrialisés, le processus du développement
s'est accompagné d'une polarisation de la structure sociale en deux grandes
classes : la Bourgeoisie et le Prolétariat qui englobe la masse des travailleurs
et des ouvriers.
Sous l'égide du capitalisme "triomphant" l'ancienne stratification
du système social en propriétaires fonciers, artisans, marchands, a volé en
éclat et a fait place à une nouvelle stratification qui se situe dans le cadre
[
de cette bipolarisation.
1
Le rôle de l'Etat pouvait dès lors être conçu comme étant celui
f
d'un personnage etheré, extérieur, pacificateur et conciliateur des intérêts
~
de classe (le courant de l'Etat-Intérêt Général) ; il pouvait aussi être
f
perçu comme servant exclusivement les intérêts d'une classe (en l'occurence la
Bourgeoisie) au détriment de l'autre (le prolétariat).
Dans la plupart des pays africains, bien que la monétarisation de
l'économie et l'introduction du numéraire ait alteré quelque peu les valeurs
traditionnelles et introduit une nouvelle différenciation, il serait erroné
de parler de l'existence de classes (au sens marxiste du terme) c'est-à-dire
des groupes d'hommes ayant pris conscience du rôle qu'ils jouent dans la pro-
duction, des rapports sociaux qui les caractérisent, et qui témoignent d'une
mentalité spécifique.
Conquis à la fin du XIXè siècle, la plupart de ces pays ont subi
une colonisation directe et brutale qui n'a pas permis que se constitue parmi
ses populations l'équivalent des grands capitalistes latifundiaires et de la
"Bourgeoisie compradore" latino-américains. L'analyse du cas ivoirien faite par
Moises IKONICOFF et S. SIGAL est assez significative (x)
(x)
Moises IKONICOFF et Silvia SIGkL : L'Etat Relais, un modèle de dévelop-
pement des soct€tês
pêriphêriques ; le cas de la Côte d'Ivoîre Revue
Tiers-Monde tome XIX N° 76 octobre - Décembre 1978.
. .. 1•••
1

202
Dans le secteur rural~ l'agriculture d'exportation était surtout
le fait des grandes plantations européennes qui grâce à l'instauration du
"travail forcé" utilisaient une main-d'oeuvre servile et gratuite.
Les revenus perçus par les producteurs locaux sont maitrisés et
dilués dans le cadre des communautés villageoises dont les systèmes de
valeurs et les comportements constituaient un obstacle au processus de
différenciation sociale.
- La colonisation française en Côte d'Ivoire est caractérisée par
l'absence de villes importantes et par la fourniture directe des cadres
jusqu'à un niveau assez bas de la hiérarchie à l'appareil administratif
colonial.
Deux conséquences résultent de ce fait :
- le processus de différenciation sociale et le processus d'indus-
trialisation ont été simultanés en Côte d'Ivoire.
L'industrialisation n'a été le fait d'une classe, mais celui d'un
Etat Agent économique associé à un "Agent Extérieur" ; c.e àernier a joué à la
fois le rôle d'acheteur des produits agricoles d'exportation, d'apporteur de
capitaux et de fournisseur de main-d'oeuvre et de cadres qualifiés. Quant
à l'Etat, il s'est surtout substitué aux mécanismes du marché en tant qu'-
Agent privilégié de diffusion des modèles de consommation ; il entend jouer
également le rôle d'une "instance relais" devant transmettre ses fonctions
d'entrepreneur à une classe sociale à créer. Nous étudierons successivement
- la diffusion des modèles de consommation
- l'Etat: "instance-relais" ou entrepreneur schumpeterien ?
II • - L'élargissement du marché et la diffusion des modèles de consommation
t
Parmi les principaux facteurs qui conditionnent la rentabilité de
l'investissement, la taille du marché occupe une place de choix. En effet,
il est généralement admis que la production à grande échelle permet, en abais-
sant les coûts de production par unité, d'accroître la masse des profits de
l'2ntr0prise (x).
---_._-------------
(x)
De plus certaines productions sont techniquement impossibles à
petite échelle.

- 203 -
Or la plupart des Etats africains hérités de la cQlonisation
'"
sont, du point de vue de la taille, de dimensiàn modeste (à l'exclusion de
quelques Géants tels que l'Egypte, l'Ethiopie, le Nigeria). De plus la demande
solvable, la seule qui intéresse réellement les industries, émane la plupart
du temps d'une minorité urbaine dont les revenus sont fortement dépendants soit
des grandes firmes étrangères, soit de l'Etat et de ses institutions, soit des
activités agricoles et d'import-export.
La population ivoirienne est estimée en ]978 à 7 563 000 ha-
bitants ; si l'on exclut de ce chiffre les libano-syriens et les Expatriés,
le nombre de personnes disposant d'un pouvoir d'achat effectif et pouvant être
visée par l'industrialisation par import-substitution se trouve fortement réduit.
Dans ces conditions, l'élargissement du marché par la diffusion des modèles de
consommation devient la condition fondamentale de la poursuite de l'industria-
lisation. L'Etat ivoirien, va se,sqbstituer très tôt aux mécanismes du marché
'b-Uh ."'> 'lM\\\\t.Mh
dans la diffusion des modèles.utilisés diffèrent légèrement selon que l'on se
situe dans le secteur urbain Ju dans le secteur rural.
II] • - Dans le secteur urbain
]
La diffusion des modèles de consommation dans ce secteur se fait
au moyen de trois canaux :
a) la créa~ion d'emplois dans le secteur public
En 1977 le nombre de sociétés d'Etat et Etablissements publics
recensés dans la centrale des bilans s'élève à 41 ; en septembre 1977 les effec-
tifs employés par ces sociétés et établissements publics étaient de 50 108 sala-
riés dont 34 979 ivoiriens, 14 342 africains non ivoiriens et 787 étrangers non
africains. Les revenus distribués pendant l'exercice 1977 se repartissent de la
manière suivante
- Rémuneration du travail: 34,797 milliards de francs CFA
soit ]5,5 % de la rémuneration du travail versée par les 2 039 entreprises
recensées dans la centrale des bilans.


Q
/
"
• •
1

- 204 -
- Rémuneration du capital : ]6,474 milliards de francs CFA
soit 29,6 % de la somme totale versée par les 2 039 entreprises recensées
au titre de la rémuneration du capital
Rémuneration de l'Etat: 3,363 milliards de francs CFA
soit environ 3 % de la rémuneration totale de l'Etat (x)
Cette distribution directe de revenus par l'Etat concourt
à l'élargissement du marché et à une div.ersification du panier de consommation
des Menages (xx)
b) L'octroi par les banques publiques de crédits à la consommation
Par l'intermédiaire de certains organismes bancaires l'Etat
subventionne indirectement l'acquisition de certains biens de consommation.
Ainsi le crédit de la Côte d'Ivoire consent des prêts à la consommation et
au petit équipement familial de même qu'à l'immobilier et à l'automobile.
c) La construction des logements de type économique
La mise à la disposition des Menages des logements largement
accessibles aux "économiquement faibles" constitue le troisième volet de la
politique de diffusion des modèles de consommation entreprise par l'Etat
ivoirien.
Toutes ces mesures permettent aux citadins non favorisés par
la distribution de revenus primaires de diversifier leur panier de consommation;
des produits nouveaux entrent peu à peu dans la consommation alimentaire de ces
couches sociales. D'autre part, certains biens de consommation durables
(véhicules, appareils électromenagers) naguère inacessibles à certaines couches
de la population urbaine prennent maintenant place dans un panier de consom-
mation plus riche et plus diversifié. Mais c'est surtout en milieu rural que
l'élargissement du marché par la diffusion des modèles de consommation est le
plus net.
(x)
Tous ces chiffres sont tirés du bulletin d'Afrique Noire 1979
1
nO Spécial 8è édition
(101)
Au cours du Conseil National du 12 juin 1980, 7 sociétés d'Etat
ont été dissoutes.
... / ...

-
205 -
II]
. - Dans le secteur rural
2
Trois principaux canaux ont été utilisés par l'Etat ivoirien
pour transformer les habitudes de consommation en milieu rural :
- La réalisation d'équipements socio-communautaires
- le conditionnement psychologique des populations
- l'habitat rural
a) La réalisation d'équipements socia-communautaires
L'Etat ivoirien s'est attaché à la réalisation d'équipements
susceptibles d'améliorer les conditions de vie dans les campagnes. Il s'agis-
sait, en faisant parvenir le "progrès" jusqu'à la campagne de donner au paysan
le goût de vivre dans son terroir et de susciter en lui des besoins nouveaux.
L'instrument privilégié
de cette réalisation est le F.R.A.R.
(Fopds Régional d'Aménagement Rural) crée en 1973. Ces fonds sont alimentés
par le produit des collectes faites auprès des populations et les contributions
de l'Etat. La répartition entre l'aide de l'Etat et la contribution des popu-
lations varie selon les zones; elle va d'une aide de 85 % dans la région de
savane à une contribution de l'Etat de 15 % dans la région du Sud (à l'ex-
clusion du département de Sassandra). (w)
Ces fonds servent à financer des équipements collectifs d'in-
térêt local tels que l'hydraulique villageoise, l'édilité, l'électrification,
l'infrastructure administrative et sanitaire. Ces investissements rélisés par
l'Etat à travers les F.R.A.R., en suscitant des besoins nouveaux modifient
les habitudes de consommation dans les villages. Par exemple le programme
d'électrification de tous les villages de 1 000 habitants prévu par l'E.E.C.!.
(Energie Electrique de Côte d'Ivoire) permettrait, s'il était r~alisé, l'intro-
duction dans ces villages de biens nouveaux tels que récepteurs, magnétophones,
postes-radio et autres appareils électro-menagers.
(x)
L'interventionnisme comme fonderrent de l'industrialisation ivoirienne
a été bien analysé par Jacqueline DUTHEIL de la ROCHERE: - l'Etat
et le développement économique de la Côte d'Ivoire
Edition Pedone
Paris
1976
li;
• •
/
• • •

Z06
1
1
b)
Le cqnditionnement psychologique des populations ~~ la politique
1
d'amélioration de l'habitat rural
1
"La diffusion auprès des populations des modèles de consommations
en harmonie à la fois avec les nouvelles formes de vie collective et l'environ-
nement extérieur" se fait, dans le secteur rural, à travers la politique de
l'habitat et d'animation rurale. Crée par une loi du Z6 Juillet 1973,
l'office national de promotion rurale (O.N.P.R.) a pour but de promouvoir, par
l'éducation et l'animation, une amélioration des conditions de vie des paysans
de manière à les enraciner à leur terroir et éviter ainsi un exode de plus
en plus massif vers les villes. Mais par la même occasion, il suscite de nouveaux
besoins, de nouvelles attentes qui font des ruraux des demandeurs potentie·j t .,
1
1
La volonté politique, maintes fois affirmée par l'Etat, d'offrir
1...•
aux paysans un "habitat confortable et moderne alliant les exigences de l'esthétique f
et la préservation de l'originalité des différents terroirs" conduit au même
i
r~sultat.
l
Au total, l'Etat à travers les différents canaux ci-dessus énumerés,
1
opère une diffusion des modèles de consommation à l'ensemble de la population.
l
Par ces différents canaux, de nouveaux besoins se trouvent suscités, voire crées,
1
1
ce qui se traduit par une augmentation sensible de la demande (effective ou
i
potentielle) de produits industriels.
1.
1
A côté de cet élargissement du marché de produits industriels,
~
~
l'Etat assume également une fonction d'entrepreneur qui mérite d'être
examinée.
f
t
~
II ' - De l'Etat "instance-relais" à l'Etat "entrepreneur schumpeterie~" (!t)
1
l,
Z
[
L'absence, à la veille de l'indépendance, d'une "Bourgeoisie
nationale" réellement organisée, capable de jouer le rôle de la bourgeoisie
conquerante d'Occident, a conduit très tôt l'Etat ivoirien à intervenir de manière
intense et diverse au sein de l'économie,
(x)
L'expression "instance-relais" est. de Moise
IKONICOFF et Silvia SIGAL:
"l'Etat-Relais, un modèle de développement des sociétés périphériques 1"
Revue Tiers-Monde tome XIX N° 76
Octobre-Décembre 1978
... / ...

- 207 -
Pour réaliser à la fois une croissance économique rapide et une
modernisation fondamentale des structures, l'Etat ivoirien, en dépit de
lYoption libérale choisie, assume une fonction d'entrepreneur dont le but
était de pallier les carences de l'initiative privée ou d'orienter l'initiative
privée vers les objectifs conformes à l'intérêt génétàl.
Les structures mises en place à cet effet vont des sociétés d'Etat
(largement implantées dans le secteur primaire) aux sociétés d'économie mixte
dans les secteurs secondaire et tertiaire. Mais ces différentes sociétés, qu'-
elles soient d'Etat ou d'économie mixte, ne constituent, dans le projet poli-
tique, que des "relais" destinés à assurer "le lancement innnédiat d'actions
indispensables à l'obstention d'une croissance économique régulière mais qui
ne peuvent être entreprises par le secteur privé, soit parce qu'elles exigent
des moyens financiers trop importants, soit parce qu'elles ne sont pas gérléra-
trices d'une rentabilité économique directe suffisante". (x) Elles ont donc
un caractère temporaire. Le plan quinquennal 1976-1980 affirme d'ailleurs
"qu'après une première phase de décollage où l'Etat a joué un rôle primordial,
il convient de revenir à la logique du modèle de croissance adopté ... et
redistribuer progressivement la maîtrise du processus de développement entre
les entreprises, les menages et chacun des agents économiques et sociaux
de la Nation" (xx).
Le problème qui se pose est de savo~r S1, au stade actue1~ un tel
désengagement de l'Etat au profit de l'initiative privée est souhaitable.
Une rapide analyse des couches sociales pouvant prendre le relais de l'Etat
permet d'apporter une première serie de réponses à cette interrogation.
(x)
Revue économique et financière ivoirienne nO 8
septembre 1979
Ministère de l'Economie, des Finances et du Plan
(xx)
Plan quinquennal de développement économique, social et culturel
1976-1980
Ministère de Plan
En 1980
un processus de désengagement de l'Etat s'est effectivement
operé ; les cauSes de ce désengagement sont analysées dans les pages
suivantes.
1

- 208 -
Les détenteurs de hauts revenus peuvent êt';'e classés en trois
grandes catégories sociales : la première est liée aux grandes firmes
étrangères, la seconde à l'Etat et à l'Administration, la troisième aux
activités agricoles et d'import-export.
J) La catégorie sociale liée aux grandes firmes étrangères
Cette catégorie comprend principalement les cadres ivoiriens
ayant accedé par leur culture et leur savoir-faire aux postes de direction
des entreprises étrangères. Le nombre de ces cadres va s'accroître avec
l'application effective des mesures prévues par la politique d'ivoirisation
l savoir :
- Mise en place des structures de perft·<li nnnement des jeunes cadres
d'Entreprises
- Octroi de facilités pour le passage des cadres de la Fonction
Publique au secteur privé
- Reforme du droit des sociétés de manière à separer la détention
du capital, et les fonctions de direction des entreprises qui
seront a terme reservées aux Nationaux.
Ces cadres constituent avec les Expatriés le groupe des "tech-
nocrates" selon l'expression de Moustapha DIABATE (a)
A ces cadres de direction s'ajoutent les ivoiriens actionnaires
des Entreprises étrangères pour lesquels l'Etat a pris un certain nombre
de mesures incitatives :
- détaxation à l'intérieur de certaines limites de placements
industriels et commerciaux ayant fait l'objet d'un agrément
- garantie par l'Etat d'un revenu minimum de ces placements
pendant une première période.
1
DtABATE MOustapha : le mod~le ivoirien de développement
thèse
/
pour le Doctorat d'Etat en etheo-sociologie,
Université René DES CARTES
Paris V
1973

- 209 -
2) La catégorie sociale liée à l'Etat et à l'Administration
Dans cette catégorie figurent :
les hommes politiques qui dêtiènnent "le pouvoir, le prestige
et la richesse en raison d'un militantisme jugé sans faille
et d'une fidelité aux ideaux du Parti" (JI).
les hauts-fonctionnaires de l'Etat et les Présidents-Directeurs
Généraux des entreprises publiques et para-puoliques. Ils
constituent à coup sûr l'ossature de la "bourgeoisie nationale"
en voie d'émergence.
3) Catégorie sociale liée aux activités agricoles et d'import-export
Cette troisième catêgorie se compose principalement de planteurs
de café et de cacao qui disposent d'une épargne importante et de libano-'syriens
solidement implantés dans le commerce de gros et l'import-export.
Le désengagement de l'Etat n'est souhaitable que si les trois
catégories sociales ci-dessus énumérêes détentrices de hauts revenus~ pren-
nent effectivement le "relais" et assument en tant qu'entrepreneurs (au
sens schumpeterien du terme) la maîtrise du processus du développement.
Or la nature même de ces catégories sociales et leur "comportement
de portefeuille" sémblent constituer un obstacle à la réalisation d'un tel
projet. En effet, s'agissant des planteurs, le comportement de portefeuille se
réduit à un simple arbitrage entre l'actif monétaire et les actifs réels à
caractère spéculatif . Toute augmentation du rendement des actifs réels spécu-
latifs accroît le coût d'oportunité de la détention de la monnaie.
S'agissant des hommes politiques et Hauts-fonctionnaires, le
degré élevé d'aversion pour le risque les pousse à préferer les actifs
"étrangers" aux actifs nationaux. En effet dans un continent où les coups
d'Etat sont la règle et où les changements de régime sont fréquents, le com-
portement de portefeuille de la catégorie sociale liée aux institutions pu-
bliques se reduit à un arbitrage permanent entre des actifs étrangers jugés
.1
plus "sûr~' et les actifs nationaux jugés plus "risqués". Paradoxalement les
(II)
DIABATE Moustapha : op cit ...
1
j
1
1
.1l
)
j
1

-
210 -
placements à lVextérieur sont perçus de ce point de vue comme étant dea
"placements de père de famille", les investissements intérieurs étant
considérés connne activités "hautement spéculatives". Ainsi les transferts
à titre d'économies des résidents ivoiriens s'accroissent régulièrement
d'année en année.
Sur un total de 87,6 milliards de f~anca CFA transferés à titre
d'économies vers l'extérieur, la part des résidents ivoiriens s'élève à 5,5
milliards, soit environ 6,3 % de l'ensemble des économies transferées contre
38,8 % pour les Expatriés, 27,4 % pour les membres des professions libérales,
9,8 % pour les Assistants techniques et 17,7 % pour les Africains sa1ariés(x)
Bien que représentant une faible proportion des sommes transférées vers l'ex-
térieur (6,3 % en 1977) les transferts des résidents ivoiriens ont enrégistré
au cours de la période 1972-1977 un taux de croissance moyen annuel de 24,2 %.
Certes, on peut nous objecter que dans un continent "malade d'instabilité et
de coups d'Etat" la Côte d'Ivoire, par sa stabilité politique, constitue une
brillante exception; soit mais il n'en demeure pas moins vrai qu'un risque
persiste ; et ce risque vient de ce qui a été pendant longtemps le principal
avantage de la Côte d'Ivoire: l'identification absolue qe l'Etat à la person-
nalité charismatique du Président Felix HOUPHOUET BOIGNY. L'incertitude quant
à la capacité d'un successeur éventuel de maîtriser l'ensemble des données du
problème ivoirien rend plus audacieuse et plus risquée la détention des actifs
nationaux par les hommes politiques et Haut-fonctionnaires de l'Etat.
Quant aux Ivoiriens qui accèdent aux postes de direction des grandes
firmes étrangères (par leur travail et leur sérieux) leur nombre dépend de
manière cruciale de la politique d'emploi de ces firmes multinationales ; or
cette politique d'emploi, dans la plupart du temps, est définie à l'échelle
internationale en fonction d'une stratégie globale qui n'a rien à voir avec la
politique d'emploi des Etats ou des pays hôtes. (KR)
(x)
Sources : B.C.E.A.O. : données non publiées
Ces données ne concernent que les transferts enrégistrés
~I
(xx)
Ceci est aussi vrai pour les firmes étrangères de petite dimension
,.,f~
.
i
,. ./ . , .
j
1
j
1

- 211 -
Au total, on peut donc âffirmer qu'un désengagement de l'Etat
au profit de l'initiative privée a toutes les chances de se traduire: - au
niveau macroéconomique soit par un désinvestissement et un accroissement du
chômage, soit par une "désivoirisation" ou une "ivoirisation tronquée'· du
capital
- au niveau sectoriel, par une réallocation des ressources
productives au profit des branches et des secteurs relativement peu -indus-
trialisants".
a) Au niveau macroéconomique
En septembre 1977, le nombre de sociétés d'Etpt et établissements
publics recensés par la Centrale des bilans s'élevait à 41 (z), La valeur
ajoutée par ces 41 sociétés d'Etat et établissements publics s'élevait en sep-
tembre 1977 à 50,66 milliards soit 10,23 % de la valeur ajoutée par les 2 039
entreprises recensées.
- Leur chiffre d'affaires est passé de 28,012 milliards de
francs CFA en 1974 à 120,183 milliards de francs CFA en 1977 et leur capital-
dotation s'élevait la même année il 9 r, 167 milliards de francs CFA soit 33,27 %
du capital-dotation des entreprises recensées.
En septembre 1977 les 41 sociétés d'Etat et établissements pu-
blies re~ensés ont versé
- au titre de la rémunération du travail 34,797 milliards de
francs CFA ~oit 15,5 % de l'ensemble des salaires et traitements versés par
les 2 039 entreprises recensées
- au titre de la rémunération du capital 16,474 milliards de
francs CFA soit 29,9 % de la rémunération totale du capital
(~)
Le Conseil National du 12 juin 1980 a décidé la dissolution de
certaînes sociétés d'Etat et la transformation du statut des
autres sociétés d'Etat.
... / ...

- 212 -
- au titre de la rémunération de l'Etat 3~,363 milliards de francs
CFA. Toutes ces données (JI:) montrent le rôle stratégique joué par liEtat en
tant qu'entrepreneur, tant en matière d'ivoirisation du capital, de création
d'emploi et de promotion de l'égalité sociale et régionale. Or si l'on
examiae l'évolution de la capacité de financement des menages ivoiriens on
s'aperçoit que l'investissement public reste et restera pendant longtemps
encore l'instrument - clé de la croissance économique ivoirienne. En effet
l'épargne des menages est décevante en Côte d'Ivoire. Conune le note Jean-
Pierre DALOZ, "après avoir réalisé leurs propres investissements, les menages
ne laissent apparaître qu'une épargne disponible reduite et en progression incer-
taine"(:a) •
Le tableau ci:"dessous fait apparaître la faiblesse de la capacité
de financement des menages par rapport au besoin defin.ancemeoht du SéeU 'Ir
productif et aux investissements des sociétés d'Etat et établissements publics
(xxx)
i
,
En milliards de francs CFA
1974
1975
1976
1977
,
j
,
1
,-
1 Besoin de financelllent du secteur
- 50,2
43,8
- 95,9
- 20 1~ 9
,
productif (1)
1
,
i
Investissements réalisés par les
25,02
!
34,92
41,49
110,19
Sociétés d'Etat (2)
!
!
,
!,
Capacité de financement des menages
+ 12,6
!+ 10,2
+ 14,7
+
21,8
,
,
(3)
,
,
,
,
(3) / (2) en %
,
,
50,3 %
29,2 %
35,4 %
19,8 %
!
!
(3) / (1) en %
25,1 % !
23,3 %
15,3 %
!
10,8 %
,
!
(x)
Sources: Bulletin de l'Afrique Noire, N° Spécial sur l'économie ivoirienne,
Sè édition~ 1979
(z)
Jean-pierre DALOZ in : "Le secteur public et l'extérieur dans le financement des
investissements en Côte d'Ivoire
Revue Banque N° spécial
décembre 1980
~xxz)sources Jean-pierre DALOZ op cit .•• et Centrale des Bilans 1977
... / ...
1
i

- 213 -
La capacité de financement dégagée par les menages ne couvre que
25,1 % des besoins de financement exprimés par le Secteur productif (Entreprises
privées et publiques). Ce taux de couverture n'a cessé de décroître pour attein-
dre en 1977 un faible pourcentage de 10,8. Rapportée aux investissements réalisés
par les sociétés d'Etat et étaolissements publics la capacité de financement des
menages représentait en 1974, 50,3 %.
En 1977 elle ne représente plus que 19,8 % des investissements de
ces sociétés d'Etat.
Par ailleurs, en 1977 les capitaux privés ivoiriens n'intervenaient
que pour 18,185 milliards de francs CFA, ce qui représentait environ 6,64 % du
total des capitaux socia~x et 20 % du capital-dotation des 41 sociétés et établis-
sements publics recensés par la Centrale des bilans.
- Cette faible propension des menages ivoiriens à l'épargne jointe
à la faiblesse numérique des catégories sociales susceptibles de constituer la
"Bourgeoisie Nationale" et à leur comportement de portefeuille milite en
faveur d'une dynamisation de la fonction d'entrepreneur assumée par l'Etat. Cette
dynamisation apparait même aux yeux de certains auteurs comme un moyen d'augmenter
le profit dans le secteur privé. En effet selon P. BOCCARA la qévalorisation du
capital permet de contrecarrer la loi de la baisse tendancielle du taux de profit
qui caractérise le capitalisme même parvenu au stade monopoliste. La modalité
nouvelle de cette dévalorisation est le financement public de la production
qui peut revêtir diverses formes
- financement des dépenses d'infrastructure ou des projets de
soutien au développement
- développement d'un secteur public et nationalisé dans les branches
où la composition organique du capital est élevée
- subventions accordées aux entreprises dites "prioritaires"
Quelles que soient les formes revêtues par la dévalorisation elle permet selon
P. BOCCAR4 d'accroître la masse totale de profit, accroissement que se partagent
\\
tout naturellement les monopoles du secteur privé (dans la mesure où le capitai
1
!l
public ne recherche pas le profit). A 1ère vue, les données ivoiriennes semblent
corroborer cette assertion.
fi
• •
/
• • •
1

- 214 -
Ainsi en ] 977 t les 4J sociétés d'Etat et établissemeü_3 p~iblics recensés ont
enrégistré une perte globale de 7,744 milliards de francs CFA. Toutefois,
lorsqu'on examine les choses de plus près, on s'aperçoit que dans le cas
ivoirien se pose beaucoup plus un problème de saine gestion plutôt que de
dévalorisation du capital public (~)
Quoiqu'il en soit, la dynamisation du rôle d'entrepreneur joué
par l'Etat ivoirien est une nécessité. Cette nécessité s'impose non seulement
au niveau macroéconomique (où l'Etat pallie les insuffisances en matière
d'investissement et de création d'emploi du secteur privé) mais également au
niveau sectoriel où l'Etat est appelé i contrebalancer la '~référence de l'Ex-
térieur" pour les branches légères et i faible degré d'intégration
- Au niveau sectoriel
La caractéristique fondamentale et la cause première de l' en'ouf-
flement de l'industrialisation ivoirienne réside dans l'absence de couplage
entre les industries de biens de consonnnation ~ aval et les industries de biens
d'équipement en amont. Cette absence de couplage qui est due en grande partie
~ la "préférence élevée de l'Extérieur" pour ,les pranches légères de l'économie
a été analysée dans la première partie de cette thèse.
A cette préférence élevée pour les branches peu "industrialisantes il
qui caractérise l'Extérieur en tant qu'entrepreneur vient s'ajouter un autre
phénomène qui présente beaucoup de similitude avec la préférence pour la liqui-
dité et qui caractérise les entrepreneurs nationaux. Les tableaux ci-dessous
élaborés i partir des données de la Centrale de bilans sont assez significatifs
à cet égard
(:li:)
Cette constatation est à l'origine de la décision prise par le
Conseil Natîonal du 12 juin 1980 de supprimer ou de réduire au
strict minimum le nombre de Sociétés d'Etat.
. .. 1...
1

- 215 -
TABLEAU

0
SECTEURS D'ACTIVITE AYANT LE PLUS DE CAPITAUX PRIVES l i/OI'RIENS EN 1977
Montant
RANG
Secteurs
d'activité
en milliards
!
1er
!
(27-11) Exportation de café et cacao
2,1002
!
!

!
(34-20) Sociétés immobilières
1,139
! .

!
(24-50) Auxiliaire~ de transport
1,067
!
!

!
(07-00) Conserves et préparations alimen-
1,021
!
taires
!
!

!
(26-12)
Rotels
0,948
!
.. ~ / ...

-
216 ...
TABLEAU
P
SECTEURS D'ACTIVITE AYANT LA PLUS' FORTE PARTICIPATION RELATIVE DE
CAPITAUX PRIVES IVOIRIENS
Part des capitaux privés
Rang
N°s
et secteurs
d'activité (x)
ivoiriens dans le capital
dotation
26-57
Professions médicales
100 %
32-22
Enseignement privé confessionnel
100 %
26-52
Cliniques
26-..59
Autres services de santé
73,22 %
26-13
Restaurants
62,3
%
05-50
Carrières
61,82 %
27-39
Pharmacîés ètUaborat6ires
55,69 %
26-81
Blanchisseries et teintureries
48,70 %
27-11
Exportation de café-cacao
48,10 %
lOè
26-33
Architecture et bureaux
47,81 %
d'études
13-20
Menuiserie
46,27 %
06-20
Boulangeries - Patisseiies
45,20 %
23-36
Canalisations et Plomberies
44,21 %
1\\
32-21
Enseignement privé laie
41,48 %
(x)
Ce sont les numéros attribués selon la nomenclature des activit~s
économiques CF. Centrale des bilans op cit.
. . .1...
1

-
217 -
TABLEAU N° Q
CALCUL DU DELAI DE RECUPERATION DES CAPITAUX ENGAGES T'AR SECTEUR
,
CapitaU'x
Amortisse-
T=(1)(2);
. Secteur
d'activité
engagés (1)
ments (2)
... / ...
,1
1
J

-
218 -
L'observation des deux tableaux ci-dessus _dit immédiatement
a-pparaître un fait saillant : la propension élevée des Nationaux à investir
dans les secteurs de prestation de services, accentuant par la même occasion
la faiblesse du degré d'intégration du tissu industriel ivoirien. En effet
sur les 7 secteurs ayant plus de 50 % de participation privée ivoirienne,
s~x son~ des secteurs de prestation de services.
Par ailleurs lorsqu'on rapporte le montant total des capitaux enga-
gés dans chaque secteur au montant total des amortissements réalis~ dans
ce secteur:on's"aperçoit:qùe:lês secteurs d' activi té ayant une forte parti-
cipation privée ivoirienne relative ont un
ra~io inférieur à celui de lW~n­
semble des entreprises recensées par la Centrale des bilans. Le ratio T cal-
culé pour l'ensemble des entreprises recensées cl 'llne. part et pou,r '1.ê:3 !t 1. socié-
tés d'Etat établissements publics s'élève à
Ensemble des entreprises
7,]
Sociétés d'Etat
]0,6
Si nous désignons (à titre de simplification) le ratio T conrrne
étant le delai de récupération des capitaux engagés, on se rend compte que
les Entrepreneurs ivoiriens ont une préférence marquée pour les secteurs
dans lesquels le delai de récupération des capitaux est inférieur au delai
de récupération moyen. Un tel comportement s'explique aisement lorsqu'on
élargit le concept de préférence pour la liquidité étudié par KEYNES. L'inter-
prétation est alors la suivante: étant donnée l'inexistence ou l'imparfaite
organisation des marchés de capitaux, les Ivoiriens préfèrent conserver leur
épargne sous forme
iliiquide ou la placent temporairement sous forme d'actifs
facilement réalisables (devises, immobilier etc).
s'ils décident d'investir, ils préfèrent alors les secteurs où le
delai de récupération des capitaux engagés est court.
Le rôle de l'Etat en tant qu'entrepreneur est de faire contrepoids
à cette "préférence sectorielle" des menages ivoiriens en cherchant systema-
1
; 1
tiquement à investir dans les industries productrices de biens d'equipement
et de machines.
... / ...
1

- 219 -
V Etat est en effet le seul capable au stade actuel 'le promouvoir les industries
industrîalisantes en raison d'une part de l'importance des capitaux requis,
et d'autre part en raison du risque élevé attaché à l'implantation de telles
industries. Au lieu de poursuivre des dépenses excessives d'infrastructure
économique et sociale, l'Etat ivoirien a intérêt à orienter l'épargne publique
vers les industries "industrialisantes" (x). Mais cette dynamisation du
râle de l'Etat que nous venons d'examiner n'est possible sans une mobilisation
de l'épargne nationale et une politique d'intégration régionale.
J
f
t
i
1
1
1
1
1"
1
1
!
(x)
A cet effet l'intégration régionale peut constituer un élêment
de réduction du risque. La CIMAO qui vient d'être inaugurée
et qui regroupe le Ghana, le Togo et la Côte d'Ivoire constitue
un bel exemple.
a
a
.. /
• • •

220
CHAPITRE 1\\7.- LA MOBILISATION ACCRUE DE l.'EPARGNE INTERIEURE
1
«Si un ne fait pas l'effort d'épargner,
soit parce qu'on ne désire pas faire de
l'épargne, soit parce que les contumes ou
les institutions ne favorisent pas cette
pratique, il est inutile d'es~erer une
croissance de l'économie »
1
(The Theory of Economie growth, 1957)
Tout le Monde s'accorde aujourd'hui à reconnaître l'impossibilité
pour les pays en développement de fonder leur industrialisation sur le
recours quas~ exclusif au "financement extérieur". Le "financement extérieur"
en tant que moteur du développement doit être conçu comme une source de
financement complémentaire, l'essentiel du financement devant être fourni
par la mobilisation des ressources internes.
Cette mobilisation des ressources internes peut être analysée
selon deux approches: l'approche "institutionnaliste" et l'approche -
"Marketing".
La première approche met l'accent sur les institutions de
collecte de l'épargne et sur l~ur inadequation aux structures économiques
des pays en développement. A la suite de Goldsmith (x) la plupart des
auteurs appartenant à cette Ecole analysent les superstructures finan-
cières d'un pays, mettent en evidence la faiblesse des ratios d'inter-
relations financières et l'inaptitude des intermediaires financiers bancaires et
non bancaiJ;'es à mobiliser
et orienter l'épargne vers les secteurs
névralgiques de l'économieo
(x)
R.W. Goldsmith :« Facteurs déterminants de la structure financière»)
Publications du Centre de développement de l'O.C.D.E.
1966 .
.../ ...
1

221
1
1
,
L'approche Marketing quant à elle, met l'accent sur les
1
mobiles de l'épargnant. Definissant l'épargne comme un "servi
1
'2
que l'on
1
~iffre" les tenants de l'approche Marketing analysent les besoins et les
,~
J
!
motïvations des individus, élaborent les "produits d'épargne" dont les
1
caractéristiques sont en adequation avec les besoins des épargnants.
!!
l
Bien que ces deux approches soient complément~ires, nous nous inspirerons
de l'approche - Marketing. Celle-ci nous parait plus feconde et plus riche
sur le plan théorique et beaucoup plus utile en definitive pour les respon-
sables politiques des pays en voie de développement et pour les institutions
financières elles-mêmes.
De plus, elle constitue le prolongement de l'analyse de la
demande de "financement extérieur", que nous avons faite dans la première
partie de cette thèse.
Notre analyse sera scindée en deux parties : une premi~re
section traitera de la définition et de l'évaluation de l'épargne.
La deuxième section apportera des élements de réponse à
cette triple interrogation :
(1) Quels sont les Agents ou groupes d'agents qui épargnent?
(2) Quel est le comportement patrimonial de ces agents et groupes d'agents?
(3) Les "Produits d'épargne" existants sont-ils en adequation avec ce
comportement patrimonial.
I. - Définition et évaluation de l'épargne
L'épargne est aussi vieille que le monde; certains auteurs
la consid~rent "comme étant la mère de tout progrès et de tOl,lte civilisation
et la condition du passage de la vie vegetative à une vie proprement économique".
La notion d'épargne apparait si familière qu'elle ne semble pas difficile à
cerner. Et pourtant lorsqu'on essaie de la définir et de l'évaluer on se heurte
à d'importantesdifficultés non seulement sur le plan théorique, mais aussi sur
le plan comptable.
Le concept d'épargne designe à la fois une mentalité (celle de la
four~) un acte ou le resultat concret de cet acte •
.../ ...

-
222 -
Sur le plan comptable. la principale difficulté provient
de la multiplicité des affectations de l'épargne. Doit-oil comptabiliser
dans l'épargne la constitution d'une reserve de biens que l'on achète
(cheptel. greniers à mil. tissus et bijoux etc) au même titre que
l'achat de titres ou de biens instrumentaux destinés à améliorer la
production? Ce sont là autant de points qu'il importe d'abord de
clarifier avant d'aborder le problème de la mobilisation de l'épargne.
Dans cette section nous traiterons successivement :
- du concept d'épargne
- de l'évaluation comptable de l'épargne
Ii - Le Concept d'épargne
Etymologiquement (si l'on se refère au petit Larousse) épargner
viendrait de l'allemand "sparanjan" qUl. signifierait amasser par
écopomie~ m~ttre en reserve, éviter de dépenser. Selon l'étymologie
l'épargne serait donc synonyme d'économie, de non-consommation. Ou peut
la définir comme étant la mise en reserve à des fins, soit d'accumulation,
soit de consommation future d'une partie de ce qu'on dispose; cette mise
en reserve peut revêtir une diversité de formes :
- En égard à sa nature, l'épargne peut être monetaire ou non
monétaire. L'épargne non monétaire caractérise surtout les pays en voie
de développement qui disposent encore d'un vaste secteur d'autoconsom-
mation. Elle comprend l'épargne d'approvisionnement et l'épargne - travail.
La première est la forme d'épargne en nature la plus repandue
en milieu rural où l'on constitue des stocks de biens de consommation
pour la morte-saison et les mauvais jours.
La seconde peut être appreCl.ee par le temps considerable
dont disposent les travailleurs sous-employés; il s'agit d'une épargne
potentielle dont la mobilisation à des fins d'accumulation n'entraine
aucune restriction de la consommation globale .
.../ ...
1

-
223 -
L'épargne monétaire quant à elle, caractér-i o,e toutes les
sociétés modernes. Elle peut recevoir de multiples affectations:
"- Thesaurisation réelle" : l'épargne monétaire est alors
affectée à l'achat de cheptel, de terrains, de tissus et ·objets precieux
et à des dépenses ostentatoires destinées à marquer la distinction sociale.
- Thésaurisation monétaire: l'épargne est conservée sous
forme liquide dans des marmites, sous des matelas ou des banques sous
~orme de depots à vue.
- Financement de l'accumulation du capital: l'épargne monétaire
est alors affectée à ll ac hat de titres et actifs financiers.
r..·
Si l'on se ref~re aux voies d'accumulation, la mise en reserve
I•
peut revêtir un caract~re volontaire ou contraignant ; dans le premier cas,
on parle d'épargne spontanée ou volontaire, dans le second cas d'épargne
"forcée" ou "contraignante".
- L'épargne est dite "volontaire" lorsque la décision
de mlse en reserve provient du calcul économique de l'épargnant, autrement
dit de la plus-value escomptée de la consommation future sur la consommation
présente. Sur le plan macroéconomique l'épargne volontaire suppose une
diminution des ressources affectées aux biens de consommation à revenu
national constant.
- L'épargne est dite forcée lorsque la décision de mlse en
reserve ne proc~de plus du calcul économique de l'épargnant conformement
à ses intérêts mais relève d'une contrainte imposée soit par l'Etat soit
par des groupes specifiques.
Enfin si l'on se refère à la personnalité juridique de
1
l'épargnant, on distingue l'épargne privée et l'épargne publique.
1
- L'épargne publique relève des Entreprises publiques
Î
ou para-publiques et de l'Etat.
1
... 1 ...
1

224
Au total, que l'on aborde le problème du point de vue de la moti-
vation de l'acte d'épargne ou de celui de sa nature économique, on se heurte
à "l'impossibilité de définir le phénomène en lui-même. On est alors contraint
soit à le caractériser négativement par rapport à d'autres phénomènes (épargne •
résidu = fraction du revenu non consommée dans la période courante) ou à l'assi-
miler à l'un d'entre eux (épargne = investissement)".
En ce qui nous concerne, nous définissons l'épargne comme étant
le "revenu discretionnaire" qui se dégage une fois satisfaits les besoins
fondamentaux (x) de l'individu.
Ce "revenu discrétionnaire" ne doit pas être confondu avec le
"résidu" Keynesien; c'est un revenu qui peut recevoir de multiples affectations
et dont le montant augmente avec le niveau de développement.
Selon l'Hudson Institute (cité par E.A. Lisle) ce "revenu discré-
tionnaire" se dégage lorsque le revenu par tête d'habitant atteint 1 500 Dollards
U.S. (chiffre que l'on peut modifier ou discuter selon les pays).
Ce revenu discrétionnaire peut selon les cas être
investi de
manière productive (achat de titres financiers) ou improductive(achat de biens
d'agrément, dépenses ostentatoires telles que voyages et vacances dans les
stations balnéaires) ou thesaurisé (depôts à vue dans les banques, achat de
devises etc.)
1
Cette définition de l'épargne souléve néanmoins un certain nombre
1
1
de difficultés :
J
(1) Tout d'abord elle prend le contrepied du point de vue orthodoxe
1
1
l
selon lequel l'épargne est rare dans les pays sous-développés compte tenu de
~
l'existence d'un "cercle vicieux de la pauvreté"; le problème crucial des pays
1
j
en développement n'est pas tant celui de la rareté de l'épargne interne, que
1
'1
celui de son affectation à des fins improductives ou anti-productives.
(x)
Les besoins fondamentaux sont entendus au sens où les organisations
1
internationales les définissent. Nous nous rallions ainsi au point
1
de vue adopté par E.A. LISLE. - L'épargne et l'épargnant, éditions
1
Dunod Paris 1967.
1
Ragnar Nurkse : "Problèms of Capital formation in under-déveloped
countries" Oxford, 1953
G. Myrdal, Economic Theory and under-déveloped regions, Londres
1957.
... / ...
1

- 22') -
En effet l'argument du "cercle vicieux de ];1 pauvreté" s' il
est valable pour les couches situées au bas de la hiérarchie, ne saurait en
aucun cas concerner la minorité privilegiée de planteurs, de Cadres supé-
rieurs de l'Armée, des cadres de direction de l'Administration et des grandes
Sociétés privées ou publiques, minorité qui dispose des revenus extrêmement
elevés. Nous n'avons
pas pu malheureusement disposer des revenus distribués
par catégorie socio-professionnelle en Côte d'Ivoire pour'~1s années recentes.
Mais une étude faite par l'O.R.S.T.O.M. eJ;l. 1971 donne une\\a~roximative de
...
l'inegalité qui prevaut en ce domaine. En 1971 " la fourchette maximum des
revenus va de 1 à 29 entre le salaire moyen d'un manoeuvre non rvoirien
et le traitement d'un directeur expatrié. A titre de comparaison, en
France, l'écart entre le salaire brut moyen du groupe P.D.G. et celui
des manoeuvres est de 1 à 25 tous secteurs compris" (~).
Si l'on ne considêre que les seuls Ivoiriens, la m0me ~Ludp
revêle que le salaire moyen annuel d'un Directeur est 2,510 millions ct
celui d'un manoeuvre Ivoirien de 160.000 Frcs CFA, soit un écart de
1 à 16 (~~).
Cette minorité dégage un "revenu discrétionnaire" assez
important qui se trouve orienté non pas vers la formation interne de
capital, mais vers l'acquisition d'actifs liquides ou semi-liquides et
d'actifs réels speculatifs ou de biens et services d'agrément. Les
raisons d'un tel comportement de portefeuille seront examinées dans la
deuxiême section.
(2) La deuxiême difficulté que soulève le concept de
"revenu discrétionnaire" reside dans le fait qu'il se refère à la notion
de "besoins fondamentaux" ou de "besoins essentiels!'. Or cette notion est
nécessairement dynamique et particulière à chaque pays. En effet comme le
souligne à juste titre Amadou Mahtar M'BOW, "comment définir les besoins
essentiels dans des domaines comme l'éducation, la culture et même la
science et la technologie ? Dans la situation actuelle des pays en dévelop-
pEment,tous les besoins sont apparpmment essentiels qu'il s'agisse de nourrir·
l'ensemble des habitante ,de les loger, d'assurer leur santé, de leur procurer
du travail, de les instruire, ou qu'il s'agisse de construire des écoles primaire,
(~)
Chevassu et Valette : Les Revenus distribués par les activités industrielles
en ca te d'Ivoire" üRsrOM Scien~es Humaines, Serie' études industrielles,
N° ]!+ 1975.
(xx) Chevassu et Valette
Les revenus ... op ci t.
... / ...
1

-
226 -
des Universités, des laboratoires de recherche ou encore de développer les
infrastructures de communication (~). En dépit du carac~,re flou de la
notion de besoins fondamentaux ou essentiels, nous estimons que toute
personne qui, après avoir satisfait les besoins de nourriture, d'habil-
lement, de logement, de soins médicaux et d'instruction, dispose encore
d'un excédent, dégage un "revenu discrétionnaire", autrement dit, detient
une épargne potentielle que l'on peut canaliser vers les activités
productives. Cette épargne "'potentielle" dépend non seulement du niveau
du revenu courant, mais surtout de la catégorie socio-professionnelle à
laquelle appartient le menage. A revenu égal en effet, un
ménage urbain
dG!gagera un "revenu discrétionnaire l1 beauçoup moins important qu'un
menage implanté dans le secteur rural du fait de leur différente sensibilité
aux effets de démonstration et d'imitation.
Ces effets font varier considerablement le contenu des besoins
essentiels d'un secteur à un autre et d'une catégorie socio-professionnelle
11 une autre.
Comme le note Daniel Cissé, "en Afrique Noire, i l n'y a pas un,
mais de multiples effets de démonstration. Les Cadres supérieurs de formation
Universitaire imitent l'extérieur (Europe). Les autres catégories imitent
les cadres supérieurs - les services d'ordre (gendarmes, militaires) consti-
tuent la clef de voûte. Les masses paysannes viv2nt en regime quasi autar-
cique y sont très peut intéressées. (~)
Les differents aspects du concept de "revenu discrétionnaire l1
étant cernés, il nous reste, avant d'examiner dans la deuxième secLion le
comportement de portefeuille des groupes d'épargnants, à discuter de
l'évaluation ou de la mesure de l'épargne; c'est l'objet du paragraphe
suivant.
(~)
Amadou Mahtar M'BOW : Allocution prononcée à la soixante-troisième
session du Conseil Economique et Social des Nations-Unies,
Geneve, 8 Juillet 1977
(~)
Daniel Cissé : "Problèmes de la formation de l'épargne interne
en Afrique Occidentalel1 Editions Presence Africaine Paris 1969 P.118 .
.../ ...
1
"

22Î -
12 . - La mesure de l'épargne
Du point de vue comptable deux méthodes d'estimation sont
souvent utilisées pour évaluer l'épargne globale au sein de l'économie
la méthode dite "residuelle" et la méthode de la double sommation.
(A)
La méthode residuelle
L'épargne est considérée comme une différence, un residu
elle est estimée à partir du compte d'utilisation du revenu de chaque
agent économique. L'épargne d'Un agent économique est égale au solde du
compte d'utilisation du revenu compte qui enregistre en ressources le
revenu disponible brut et en emplois les dépenses de consommation courante (~~).
Ainsi en 1978 l'épargne des différents secteurs institutionnels
estimée à partir du compte d'utilisation du revenu se présente de la façon
suivante :
(~~)
Pour les Agents qui ne possèdent pas un compte "d'utilisation
du revenu", on prend le solde du compte "Revenu",
... / ...
1

-
228
-
SOCIETES ET QUASI - SOCIETES NON FINANCIERES
COMPTE DE REVENU
Emplois
Ressources
Int~rêts et dividendes 109 547
Excédent brut d'exploitation 195 883
Revenus prélevés par les entre-
Intérêts et dividendes
13 064
preneurs des quasi
Indemnités d'Assurance-dommage 4 694
Sociétés
10 000
Primes nettes d'assurance -
dommage
9 233
Impôts courants sur le
revenu et la patrimoine 22 944
Prestations sociales
directes des employeurs -
Transferts courants
nda 5 192
(X7
Revenu disponible brut
56 725
=======
TOT A L
213 641
TOT A L
213 641
INSTITUTIONS DE CREDIT
COMPTE DE REVENU
Emplois
Ressources
Intérêts et dividendes
49 226
Excédent brut d'exploitation -26 768
Revenus prélevés par les
Intérêts et dividendes
91 771
Entrepreneurs des Q-S
4 692
Transfers courants n.d.a.
396
Primes nettes d'assurances -
dommages
180
Impôts courants sur le
revenu et le patrimoine
2 720
(x)
Revenu disponible
brut
8 581
=====
TOT A L
65 399
TOT A L
65 399
Dans le cas des S Q S non financières, des institutions de crédit et
des entreprises d'assurances, le revenu disponible brut se confond
avec l'épargne.
1
il
J
... / ...
1

1
1
229
ENTREPRISES
D'ASSURANCE
COMPTE DE REVENU
Emplois
Ressources
Intérêts et dividendes
223
Exédent brut d'exploitation -
2 988
Indemnités d'assurance -
Intérêts et dividendes
1961
dommages
18 775
Primes nettes d'assurance -
Impôts courants sur le
dommages
18 775
revenu et le patrimoine
60
Transferts courants n.d.a.
2 177
(~)
Revenu disponible brut
867
==;=
TOT A L
19 925
TOT A L
19 925
ADMINISTRATIONS PUBLIQUES
COMPTE D'UTILISATION DU REVENU
Emplois
Ressources
i
Communication finale
177 217
Revenu disponible brut
500 512
Epargne brute
153 817
,
TOT A L
500 512
TOT A L
500 512
ADMINISTRATIONS PRIVEES
COMPTE
D'UTILISATION
DU REVENU
Emplois
Ressources
Consommation finale
3 203
Revenu disponible brut
3 383
Epargne brute
180
===
TOT A L
3 383
TOT A L
3 383
(~)
Le reve~u disponible brut se confond avec l'épargne brute .
.../ ...

230
MENAGES
("It
COMPTE D'UTILISATION DU REVENU
Emplois
Ressources
Consommation finale
1 000 091
Revenu disponible
1 071 847
Epargne brute
ZLZ~~
TOT A L
1 071 847
TOT A L
1 071 847
("1)
Y compris les entrepreneurs individuels
... / ...

231 -
Au niveau global l'épargne intérieure sera considerée
comme étant la somme algebrique des
épargnes positives,.,ul1es ou négatives
des Agents économiques intérieurs.
Cette méthode,d' estimation outre les erreurs de mesure
considérables qu'elle accumule, présente une logique économique discutable.
Comme le fait remarquer E.A. Lisle "l'épargne appréhendée comme le solde
du revenu et de la dépense, repose sur l'hypothèse
que les épargnants sont
des agents économiques actifs en tant que consommateurs, peut être même
aussi en tant que producteu~, mais qu'ils se contentent, après avoir perçu
un revenu ~t additionné des dépenses, de constater un reliquat- leur
épargne - dont l'accumulation se ferait en quelque sorte par inertie".
(~).
L'épargne n'est un residu que pour une certaine frange de la
population, celle pour laquelle la contrainte budgetaire est si forte qu'elle
ne permet que la formation d'une épargne residuelle parfois suivie d'une
"desepargne" pendant la période suivante.
Cette catégDrie de la population ( les cadres moyens
commence d'abord par effectuer les dépenses courantes d'alimentation, de
logement, d'habillement et de santé, et ce n'est qu'ex - post qu'un residu
se degage. Il n'en est pas de même des autres catégories de la population,
notamment les cadres supérieurs de direction des grandes sociétés multina-
tionales et les planteurs pour lesquelles la décision d'épargner est prise
ex - ante et non pas ex-post soit pour se premunir contre des risques liés
~l l' incerti tllrl,-
soit pour des raisons d'investissement, soit même pour
accroître leur liberté d'action dans le futur. Il parait donc plus logique
de considérer l'épargne de ces agents non pas comme un solde mais comme
la somme de plusieurs composantes.
(x)
E.A. LISLE
"L'épargne et l'épargnant" Editions DUNOD Paris 1967.
... / ...

(R)
La méthode additive
Il s'agit d'une tentative de reconstitution de l'épargne
des particuliers à partir de ses différentes composantes. Au niveau
individuel l'épargne est c~nsidée comme la somme des éléments positifs,
négatifs qui modifient le patrimoine de l'individu. Ainsi pour un
individu donné i l'épargne Si s'écrit:
m
Si =
I e ..
(~)
. I 1J
J=
Au niveau de l'ensemble des menages, l'épargne globale sera
égale à la somme ~lgébrique des épargnes positive, négative ou nulle des
menages
individuels. Elle s'écrit
n
m
=
= E
E ei'
(~)
i=1 j=1 J
Cette méthode est beaucoup plus opérationnelle
en mati~r0
d'analyse du comportement d'épargne des menages dans la mesure où elle
permet de mettre directement l'accent sur les mobiles de l'€pargnant
et d'é-
laborer en conséquence les "produits d' épaq~ne" qui sont en adequation avec
ces mobiles. Mais la méthode additive présente un inconvenenient majeur.
Elle est bas~e
sur l'utilisation des sondages et des enquêtes statisti-
ques, ce qui au demeurant, la rend inutilisable par les pays en dévelop-
pement dont l'appareil statistique est assez médiocre. En Côte d'Ivoire,
bien que des progrès considerables aient été accomplis dans ce domaine
les résultats des enquêtes restent encore sujets à caution du fait de
la dimension restreinte des échantillons utilisés et même de la repré-
sentativité de l'échantillon et surtout de la méfiance des populations
(relativement peu informées) à l'égard des enquêtes.
.
Par ailleurs les informations relatives aux revenus indivi-
duels sont en Côte d'Ivoire frappées.du sceau de "secret d'Etat" (~) ..
."
(~)
E.A. LISLE. - L'épargne et l'épargnant, éditions DUNOD, Paris· 1967
PP. 127-142.
Tous nos efforts pour obtenir de la Direction de la statistique les
informations préliminaires sur les résultats de l'enquête - Budget-
consommation ont été vains.
... / .,. .

-
233
-
Pour toutes ces raisons, nous avons utilisé, pour évaluer
l'épargne intérieure la méthode résiduelle. Le tableau pO S retrace
l'évolution de l'épargne intérieure brute par secteur institutionnel de
1971 à 1978. Eva1uée selon la méthode residuel1e, l'épargne intérieure
brute réalisée en Côte d'Ivoire passe de 78 657 millions de F. CFA en
1971 à 390 041 millions de F.CFA en 1977 soit un taux d'accroissement
moyen annuel de 25,7 %.
En 1978, l'épargne intérieure brute enregistre une 1egère
baisse due à une baiss~ de l'épargne .des adtniriistrations pubiques
celle-ci passe en effet de 336793 millions de F. CFA en 1977 à 213 306
millions de F. CFA en 1978 : cette baisse a été compensée en partie par
l'épargne des Menages et celle des Sociétés et quasi sociétés non
financières, épargnes qui passent respectivement de 30 907 million à
71 756 millions de F. CFA et de Il 092 millions de F. CFA à 56 725 millions
de F. CFA de 1977 à 1978.
Si nous rapportons l'épargne intérieure brute au produit
intérieur brut nous obtenons au cours des huit années les résultats suivants:
Montant en milliards de F. CFA
Tableau N° ~
:
:
·
·
:
:
:
:
:
'
·
·'
: 1971
: 1972
:
1973
· 1974 : 1975 : 1976 : 1977 : 1978 :Total
·
:
:
:
:
:
:
:
:
:
-
Epargne inté:
:
:
:
:
:
:
:
:
rieure brute:78,657 :83,602 : 108,429
:159,429 :119,753 :221,249 :390,041 :351,415 : 1512404
(1)
:
:
:
:
:
:
:
:
:
·
·
·
.
.
.
Produit in- :
:
:
:
:
:
:
:
:
térieur brut:439,78 ~471,84 :566,19
:739,02
:834,54
:1113,96 :1539,26 :1783,01 :7487,6
(2)
·
:
:
:
·
·
:
:
:
:
..
-~_
:
:
:
:
:
:
:
:
:
~aux d'épar-:
:
:
:
:
:
:
:
:
t gne (1)/(2) : 17,9 : 17,7 : 19,1 : 21 ,6 : 14,3 : 19,9 : 25,3 : 19,7 : 20,2
.
en %
:
·
·
·
.
.
.
1
,,
... / ...

TABLEAU
N° S
Secteurs institutionnels
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
MeI,':)ges ........••..•...•
21 332
22 877
:-
25 300
38 579
40 649
46 738
30 907
71 756
.
.
.
.-
--.
.
.
Administration publiques
20 560
24 878
44 853
78 875
39 188
153 817
336 793
213 306
(~)
(x)
(~)
(~)
(~)
Entreprises d'assurances
- 655
683
867
..;t
Institutions de crédit
4 654
5 411
4 227
3 585
4 911
2 628
10 399
8 581
C"'l
N
(x~)
(xx)
(~~)
(~~)
(~~)
Administrations privées
- 58
1 67
180
Sociétés et quasi sociétés: 3
III
'
.,
.
2
30 436
33 878
38 390
35 005
18 779
56 725
non f 1nanc1eres ••.•.•.. :
Il 092
Epargne intérieure brute •. : 78 657
83 602
108 258
159 429
119 753
221 249
390 041
351 415
Unité: Millions de F. CFA
(~)
Ces chiffres concernent l'ensemble des Administrations (Privées et pubiliques}
(xx} Ces chiffres concernent l'ensemble des institutions financières (Entreprises d'assurances et
Institutions de crédit)
Sources: Compte de la Nation 1971-1978
Ministère du Plan, de l'Economie et des Finances
... / ...

235
Sur l'ensemble de la période étudiée le taux d'épargne est de
l'ordre de 20,2 %. Ce taux enregistre des fluctuations d'~ne année sur l'autre,
le pourcentage le plus bas ayant été atteint en ~74 (14,3 %) et le pourcen-
tage le plus élevé ayant été obtenu en 1977 (25,3 %). Ce taux d'épargne
relativement satisfaisant pose néanmoins un certain nombre de problèmes du
fait de l'inegale contribution des secteurs institutionnels à l'épargne
globale et surtout de "l'effet de domination exercé par l'épargne des
administrations". En effet l'épargne publique dèpend fortement des recettes
d'exportations et les fluctuations de celles-ci se repercutent directement
1
,
sur le montant de l'épargne globale. Ainsi de 1977 à 1978, la diminution
d'environ 37 % de l'épargne publique s'est traduite par une diminution de
l'épargne globale d'environ la % et une diminution du taux d'épargne qui passe
de 25,3 %à 20,2% Il en est de même de la période 1974 - 1975 où la
diminution de l'épargne publique de 50 % a entrainé une baisse de l'épargne
globale d'environ 25 % et un fléchissement du taux d'épargne qui passe de
21,6 % à 14,3 %.
Cet "effet de domination" apparait encore plus inquiiétant
1
lorsqu'on considère non plus l'épargne des secteurs in~titutionnels, mais
leurs capacités et besoins de financement. C'est l'objet de la deuxième
section.
II. -
Le "comportement patrimonial" des différents secteurs institutionnels
et la mobilisation de l'épargne
Généralement le patrimoine est defini comme l'ensemble des
biens droits et charges d'un agent.
Il peut être detenu sous plusieurs formes - actif réel~
biens de production et biens de consommation durables.
-actifs financiers: valeurs mobilières (actions et obligations),
créances hypothécaires, portefeuille effet et créances diverses non
négociables.
- actifs liquides et semi-liquides (monnaie et quasi-monnaie)
- actifs Humains: capacité productive de l'agent dont le rendement
est mesuré par le revenu du travail .
.../ ...

236
Nous entendons par "comportement patrimonial" d'un secteur insti....
tutionnel la recherche de la composition optimale du Patrimoine du secteur
institutionnel selon un processus d'arbitrage permanent entre les actifs à haut
risque et à rendement élevé et les actifs à risque faible ou nul et à rendement
faible ou nul de manière à retirer de ce patrimoine une sat'isfaction maximale.
Cette recherche d'un Patrimoine "optimal" suppose que l'on puisse disting)ler
parmi les secteurs institutionnels les agents à capacité de financement et les
agents à besoin de financement de manière à déceler les agents ou groupes
d'agents disposant d'une épargne mobilisable.
Nous traiterons successivement dans cette section :
- Les secteurs institutionnels à capacité de financement et leur
comportement patrimonial
1
t
- Les"produits d'épargne" et la mobilisation de l'épargnE:
disponible
III. - Le comportement patrimonial des secteurs institutionnels à capacité
de financement
Le tableau N~élaboré à partir des comptes de capital retrace
l'évolution des capacités et des besoins de financement des principaux secteurs
institutionnels de la Côte d'Ivoire de 1970 à 1978. L'observation de ce
tableau fait apparaître un certain nombre de faits saillants.
r
.... / ...
1

1
~,;:~\\...."-"";""_...;'.,'i'"••;,,.';2Moo,,,~.~•.,. "·"i...,._..,...: ,,-.., - '''''''''''';''''''---'"""·\\,i!4-",'"""",;".j~,,,,,,,',<i,>3,,,,,,~,b··,,,,,,":,",:w~_-:~;.,..~"";",",,,,~""~~"" ~·.,~i.j""'''':hl,.""", ......i"·~w..-...;""""~""",~"__~~",,.-,:~,,,,,,,_~"_oW''''''·''·'Wi;o/'
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:4*riW4!S-a ,*'."., i'lW~\\"i
- 237 -
TABLEAU
N° T
EVOLUTION DES CAPACITES ET BESOINS DE FINANCEMENT DES SECTEURS
INSTITUTIONNELS EN MILLIARDS DE Fo CFA
Ensemble des Secteurs
2,95
:-T7,35
13,77
21,46
3,38 :- 67,87
- 31,81 :- 28,6
:-178,45
-365,64
0 -
0 -
0 -
Institutionnels
Capacité de Financément (+)
Besoins de Financement (-)
o
° / °
0
0
0

238
(1)
Au cours de la p~riode 1970 - 1978 la Côte d'Ivoire est
apparue v~s à vis de l'ex):.~cieur comme un agent à besoin dp. financement.
Ce besoin de financement s'est ~lev~ au cours de la p~riode à .- 365,64
milliards de F. CFA avec des pointes en 1975 (-67,87 milliards de F. CFA)
et en 1978 (-178,45 milliards de F. CFA).
(~).
(2) Sur l'ensemble de la p~riode 1970 - 1978 les soci~t~s et
quasi-soci~t~s non financières sont apparues comme le principal centre
g~n~rateur du besoin de financement. A elles seules, elles totalisent un
besoin de financement de (- 667,56 millards de F. CFA) soit plus du
double (2,21) de la capacit~ de financement g~n~r~e par les autres secteurs
institutionnels au cours de la p~riode.
(3) Les secteurs institutionnels à capacit~ de financement
sont principalement les Administrations et les Menages et accessoirement
les institutions financières. En effet au cours de la période 1970-1978,
.
les administrations d~gagent une capacit~ de financement de 174,90
milliards de F. CFA soit 58 % environ du total. Quant aux Menages,lenr
contribution est de l'ordre de 32 % au cours de la période considerée.
Les institutions financières n'interviennent que pour
10 % du total de la capacit~ d~ financement.
En simplifiant quelque peu, nous pouvons affirmer que
deux secteurs institutionnels contribuent à la r~alisation d'une certaine
capaci.t~ de financement en Côte d'Ivoire: les Administrations et les
Menages qui réalisent à eux seuls 90 % de la capacité de financement
degagée pendant la p~riode 1970 - 1978.
Il importe donc d'~tudier le comportement patrimonial de
ces oeux secteurs institutionnels de manière à élaborer des "produits
d'épargne" qui sont en adequation avec ce comportement patrimonial.
(~)
Le niveau elev~ du besoin de financement en 1978 est surtout
dû à la baisse des prix du cacao et du caf~ qui constituent
les deux grands produits d'exportation de la Côte d'Ivoire
... / ...
1

- 239
(A)
Comportement patrimonial des administrations en situation
d'incer:titude
Sous le vocable"administ'l:1 L j ['l' .• publiqLles" la comptabilité
nationale Ivoirienne regroupe l'ensemble des unités institutionnels dont
la fonction principale est de "produire des services non marchands destinés à
la collettivité et d'effectuer des
opérnrions de redistribution du revenu
et des rechesses nationales". Leurs ressources principales sont constituées
par les versements obligatoires effectués par les autres agents économiques.
Elles comportent d'une part les administrations publiques centrales (Etat
consolidé, instituts de recherche ,autres organismes publics) et d'autre
part les communes, les organismes de securité sociale. Une analyse du
compte financier des administrations publiques au cours de la période
1976-1978 permet de ·mettre ('11 relief la structure de placement et la structllrC
d'endettement de ce secteur institutionnel.
Le tableau nO
fait apparaître un fait saillant : les adminis-
trations publiques detiennent de preférence leurs créances sous forme d'actifs
liquides et à court terme.En effet en 1976, les actifs monetaires quasi
monetaires et les credits à court terme représentent 64 % des flux nets de cré-
ances des administrations contre 41 % pour les titres (8 %) et les crédits à
moyen et long terme (33 %).
(x)
En 1977 les flux nets de créances à court terme et liquides
représentent à eux seuls 66 % du total des créances des administrations
publiques. Les actifs risqués (crédits à moyen et long terme, titres et
participations) représentent environ 25 % du total des créances. Les devises
(moyens de paiement internationaux) n'interviennent que pour 8 % du total.
L'année 1978 constitue une année particulière en ce sens que
les administrations publiques ont dû refinancer les entreprises publiques
pour plus de 126 milliards de F. CFA ce qui a eu pour conséquence d'augmenter
la part des créances détenues sous forme d'actifs risqués; les crédits à
moyen et long terme représentaient à eux seuls 96 % du total des créances.
(x)
Les moyens de paiements internation:;.ux interviennent de façon
négative (~ 5 %).
. .. / ...
1

240 -
La variation d'endettement des administrations publiques
présente une structure caractéristique. Pendant les trois années successives,
l'endettement à moyen et long terme représente la part PLUS importante de
l'endettement total: 64 % en 1976, 88 % en 1977 et 89 % en 1978.
Tout se passe donc comme si les administrations publiques
épr0l,lvaient au niveau de leurs placements une aversion pour le risque, mais
manifestent une préférence marquée pour l'endettement à long terme. Ce
comportement patrimonial assez caractéristique a d'ailleurs été mis en
lumière par Jean - Pierre Daloz.
Analysant le compte financier du reste du Monde, il s'aperçoit
que les fonds disponibles de la Caisse de stabilisation étaient employés à
court terme sur le~ marchés financiers extérieurs qui en retour, les reprètent
à la Côte d'Ivoire sous forme de crédits à moyen et long terme (~)
Cette repugnance des Administrations publiques pour tes placements
à long terme se trquve doublée d'une forte préférence pour les actifs monetaires
. (monnaie et quasi monnaie) au détriment des actifs finapciers (crédits à court
terme ~t surtout obligations) . En effet les actifs monetaires (monnaie et
quasi monnaie) interviennent pour 40 % du total des créances en 1976, 51 %
en 1977 et 2 ï. en 1978. Quant aux crédits à court terme, ils interviennent
pour 24 % en 1876, 15 % en 1977 et - 5 % en 1978. Les obligations représentent
une pqrt négligeable des créances des administrations publiques
moins de 1 %
en 1976 Au total, on peut affirmer, sans trahir la réalité pour l'essentiel,
que (les administrations publiques Ivoiriennes ont un comportement patrimonial
qui s'apparente à celui des pr~teurs que Charles~ Albert Michalet appelle
"placeurs"
(~).
(~)
Jean-Pierre
Daloz : "Le secteur public et l'extérieur dans le
financement des investissements en Côte d'Ivoire 1974 - 1978"
Revue Banque N° Spécial Décembre 1980.
(~~)
Charles Albert Michalet : JtDemande de monnaie, demanda d'actifs et
comportement patrimonial en incertitude". Revue d'économie politique
Juillet - 'Août 1968 N° 4 P. 621.
. .. 1...

241
Le faible niveau de connaissance des mécanismes de marchés
monétaires et financiers et de l'éventail d'actifs disponibles sur ces marchés,
l'étroitesse des marchés financiers locaux, la volatilité de leurs ressources
(l'épargne des administrations dépend de manière très forte des recettes d'ex-
portations qui enrégistrent souvent des fluctuations d'énorme amplitude)
poussent les administrations publiques ivoiriennes à rechercher de façon prio-
ritaire "la sauvegarde de la liquidité" de leurs créances, autrement dit à choisir
des "actifs dont la conversion dans n'importe quel autre actif est aisée, rapide
et peu onereuse". En effet, tout se passe comme si les administrations publiques
recherchaient avant tout des opérations de placement offrant la plus grande
simplicité et la plus grande sécurité.
Ce "comportement patrimonial" des administrations publiques ivoi-
riennes que l'on retrouve chez certaines catégories de ménages a été analysé
1
par la théorie de la "Sécurité d'abord" (M) .
(
Selon cette théorie l'objectif de cette catégorie d'agents éco-
1
nomiques est d'éviter un désastre, ce désastre pouvant consister en une perLe
de la liquidité des créances, une moins value en capital ou même une perte
du capital placé. La stratégie de ces agents économiques est selon A. D. ROY
de minimiser la probabilité de réalisation de ce désastre. Utilisant le théorème
de Bienaymé - Tchebycheff, ROY démùntre que tout le problème consiste à adopter
une stratégie qui minimise la valeur
6
p = - - - -
m - d
d = valeur critique du résultat ou du rendement (niveau au-dessus duquel doit
être maintenu le résultat pour que le désastre soit évité)
A ce niveau de l'analyse nous pouvons déjà dégager une première
conclusion en ce qui concerne les "produits d'épargne".
(x)
D. ROY "Safety first and the holding of assets" econometrica
20 Juillet 1952
P. 432
(xx)
Le théorème de Bienaymé - Tchebycheff donne la probabilité pour que
le résultat soit ~
à la valeur critique de
2
6
P
=
... / ...

242
Ceux-ci doivent être élaborés de mani':::re â sauvegarder la
liquidité des créances et à conserver la valeur réelle du capital ou de la
fortune. L'élaboration de ces "produits" soulève un certain nombre de diffi-
cultés
juridiques et institutionnelles sur lesquelles nous reviendrons plus
loin.
Mais nous pouvons déjà tenter une formalisation de la demande
d'actifs financiers par les administrations publiques.
si nous désignons par pz le degré de sécurité minimal exigé
par les administrations publiques, R, le revenu disponible brut, r les diffé-
rentiels de rendement entre les autres formes d'actif et les actifs financiers,
A6 les différentiels de liquidité entre les actifs financiers et les autres
formes d'actifs (y compris la monnaie) nous pouvons écrire:
A
D
f
(R, r, 6, PK)
AF
et
Cl DAF
>
0
Cl R
Cl DAF
>
0
Cl
r
Cl DAF
> 0
Cl
(;
pllC étant supposé constant (mais pouvant se modifier au cours d'une période de
crise)
D
demande d'actif financiers par les administrations publiques
AF
R
Revenu disponible brut (solde du compte de revenu des administrations)
r
différentiel de rendement; différence entre le rendement r
d'un aelif
f
financier et les rendements des autres actifs r nf
{
A
"
6
~ différentiel de liquidité entre la liquidité 6
d'un actif financier
1
f
j
et la liquidité 6 f de n'importe quel actif non financier (y compris la
n
Î
monnaie)
i
A
6
p. : degrée de sêcurité minima exigé par les administrations publiques .
La fonction de demande d'actifs financiers ainsi spécifiée mérite un certain
nombre de précisions:
... / ...

243
(1) les différentiels de rendement et de liquidité peuvent être
positifs ou négatifs. En effet la demande d'un actif financier peut être inter-
pretée comme une préférence pour le différentiel de liquidité de cet actif par
rapport aux autres formes d'actifs. Comparé à l'actif monétaire, le différentiel
de liquidité d'un actif financier est négatif. Par contre, il devient positif
lorsqu'on le compare à un actif réel ou humain.
(2)
Aucun actif non monétaire n'est désiré si sa détention ne
garantit un minimum de sécurité et cela quel que soit son rendement. En deçà
d'un degré de sécurité pli les administrations publiques détiennent leur "richesse"
sous forme monétaire,. (x)
(3)
Seul le revenu disponible après paiement des dépenses courantes
des administrations est pris en considération. Une partie importante de ce revenu
disponible peut être soit èonsommée, soit investie en actifs financiers, monétaires,
réels ou humains.
lj1i
Au total lorsque la condition du taux de sécurité minima est
remplie, la demande d'actifs financiers par les administrations publiques dépend
1
du montant de leur revenu disponible, des différentiels de rendement des actifs
f
financiers, et des différentiels de liquidité de ces actifs financiérs avec les
1
!
autres formes d'actifs. Ce "comportement patrimonial" s'apparente à peu de chose
près à celui des ménages.
B) Comportement patrimonial des ménages en situation d'incertitude
La Comptabilité Nationale définit comme ménages l'ensemble des
cellules dont la fonction économique est la consommation et dont les ressources sont
t~ituées principalement des revenus du travail. Sont considérées comme ménages
une ou plusieurs personnes généralement liées par le sang ou le mariage, mettant
leurs ressources en commun et vivant habituellement sous le même toit.
Entrent aussicdanilL'la ,c.agég6riè'des 'ménages, les entrepreneurs individuels, les
populations des institutions, les soldats d'une caserne, les aliénés des asiles,
les vieillards des hospices, les détenus des prisons, les membres des communautés
réligieuses. L'analyse du compte financier des ménages de 1976 à 1978 nous a
permis de mettre en relief le "comportement patrimonial" des ménages. Le tableau
N° U fait apparaître un certain nombre de points saillants :
(x)
La monnaie est considérée comme l'actif le plus liquide
par excellence)
... / ...

244
TABLEAU N° U
EMPLOIS DE L'EPARGNE DES MENAGES
~
t
'l
1
!
1976
1977
1978
Epargne brute
;~~
Epargne brute
46.738
30 907
71 756
1
l
1
F B C F
32 000
36 000
47 000
1
1
dont Logement s
16 000
18 000
23 500
1
t
j
Hors-Logements
16 000
18 000
23 500
1
l
1
Variations de stocks:
1
1
Monnaie
21 056 ./
32 666 ~
29 587
1
l
Quasi-monnaie
6 245 ....
10 891 "
12 165
l
Titres
4 200
""
3 720 ...
5 033
Endettement (~)
30 170
- 47 300
- 29 194
Reserves Techniques
5 346 -
----
5 624 ~
3 792
d'assurances
---
G1 0 1i
(~).
Endettement
Crédits à court terme
+ crédits à moyen et long
terme des menages auprès des intermediaires
financiers.
... / ...

245
(1) La monnaie occupe une place importante dans les placements des Menages.
La part des actifs monétaires dans le total des créances des menages
était de 57 % en 1976, 62 % en 1977 et 58 % en 1978.
(2) La quasi-monnaie occupe le deuxiême rang dans les placements des menages.
Leurs part représentait 17 % en 1976,20% ell
1°77 Et 24 % en 1978.
(3) Quant aux titres et participations (les seuls actifs qui interessent au
premier chef les secteurs institutionnels à besoin de financement) ils
ne représentent qu'un faible pourcentage des créances des menages : Il %
en 1976, 7 % en 1977 et la % en 1978.
(4) Les cré4its à court terme représentent la part la plus importante de
l'endettement des menages
82 % en 1976; 78 % en 1977 ; en 1978 cette
part a baissé au profit des crédits à moyen et long terme et est passé à
49 % en 1978. Au total dans leur comportement de portefeuille, les menages
éprouvent une preférence marquée pour les actifs monétaires, senii ~-1 5.quides et
à court terme. Les actifs monétaires et quasi monetaires représentent en
moyenne 80 % du total des placements des menages (74 % en 1976, 82 % en 1977
et 82 % en 1978).
Il en est de même de l'endettement à court terme qU1, à l'exclusion de
l'année 1978, représente en moyenne 80 % du total des dettes des menages.
Le caractêre trop global des données de la comptabilité
Nationale ne permet pas de faire une analyse détaillée de l' éparglk
li
tune;: ion
des catégories socio-professionnelles. L'élaboration de nouveaux produits
d'épargne ou l'amelioration des produits existants nécessite un éclatement des
menages en 3 ou 4 segments :
les planteurs de café et de cacao qui constituent ce que
nous appelons «Bourgeoisie rurale »
- les menages lié~ aux institutions publiques
- les menages liés aux grandes fermes privées notamment étrangêres
a) Baignant pour la plupart dans un univers villageois, les planteurs sont (dans
(
leur majorité) sevrés d'information. Ils ignorent l'eventail d'actifs
1
disponibles sur le marché Ivoirien. Cette ignorance des mécanismes monetaires
et financiers les pousse à steriliser leur épargne (thesaurisation bancaire
et non bancaire) ou à la depenser en achat d'actifs réels qui leur confêrent
l1n
veritable prestige social dans leur milieu. La demande d'actifs financiers
catégorie de menages est très faible, sinon nulle .
.../ ...

246
Il en resulte qu'une augmentation de l'~pargne des planteurs
ne se traduit pas forcement par une augmentation
des capitaux d'investis-
sernent
- Les rnenages liés aux institutions publiques ont un"comportement patrimonial"
qui s'apparente à celui des administrations publiques.
Cette catégorie de menages regroupe les hommes politiques,
les hauts-Fonctionnaires de l'Etat et les Présidents-Directeurs Généraux des
entreprises publiques et para-publiques. La nature même de cette catégorie de
menages confère une certaine rigidité à leur structure de placements Recher-
chant la securité à tout prix, ces menages detiennent une part importante de
leur épargne sous forme d'actifs étrangers.Etant donné le caractère instable
des institutions en pays sous-développés, les actifs nationaux sont jugés très
risqués par cette catégorie de menages. La demande d'actifs financiers
nationaux de cette catégorie de menagespeut se mèttre sous la f(lrmesuivante
f
(R, P, A6,r )
aDAF
> 0
a R
a DAF
> 0
a A6
> 0
a r
D
=
AF
demande d'actifs financiers nationaux par les menages liés aux
institutions publiques
R = " revenu disponible " des menages
A6= différentiel de liquidité
r = différentiel de rendement
p= = taux de securité minima exigé par cette catégorie de menages.La
fonction de demande d'actifs financiers de cette catégorie de menages
depend des mêmes variables explicatives que celle des administrations
publiques. Mais un certain nombre de précisions s'impose:
P= concernant dans ce cas précis la protection contre l'expropriation et
l'insolvabilité plutôt que la protection contre l'il1iquidité •

f

/
• • •

247
R designe le revenu disponible une fois satisfaits les besoins fondamentaux
de ces menages. Quant à A6 et ~, ils mesurent respectivement les é~arts
positifs, nuls ou ~égatifs entre les degrés de liquidité et les rendements
des actifs financiers nationaux et les autres formes d'actifs (aussi bien
nationaux qu'étrangers).
Au total, pour un taux de securité minima donné, la demande
d'actifs financiers (ou l'offre d'épargne mobilisable à des fins d'inves-
tissement) des menages liés aux institutions publiques varie en fonction
des différentiels de rendement, des différentiels de liquidité et du "revenu
disponible". Ici encore, le rôle des intermediaires financiers sera déterminant
dans la mobilisation et l'orientation de cette épargne. Le dernier segment,
les menages liés aux grandes firmes étrangères présente un certain nombre de
de traits caractéristiques qui confèrent à la structure de leur patrimoine
une relative souplesse.
a) Ils sont relativement mieux informés que les planteurs sur l'éventail
des actifs disponibles sur les différents marchés.
b) Ils sont moins obnubilés par la hantise d'une expropriation, ayant pour
la plupart gagné leur fortune "à la sueur de leur front". Ils ne sont donc
pas portés, contrairement aux menages liés aux institutions publiques,
à une expatriation systématique des capitaux.
Cette catégorie de menages est, du point de vue de la mobilisation
de l'épargne, le segment le plus interessant.
La detention d'actifs de cette catégorie de ménages va dependre
de leur "revenu disponible", des différentiels de rendement, des différentiels
de liquidité, et d'une variable g matérialisant les goûts de ces menages.
DA
f
(R,~ , A", g)
Pour un "revenu discrétionnaire" donné, les différentiels de rendement et
de liquidité donnés, la part relative des différentes formes d'actifs va
dependre de la variable g.
En resumé la detention d'un actif qUè1conque par les agents à capacité de
financement peut être formalisée de la façon suivante :
DA
=
f
(R, P=; r,
6, g)
demande d'un actif quelconque
revenu disponible (ou revenu discr6t-ionné-,JIC:\\
degré de :séëuritêminima
diffé~'entie1 de rendement
difi2rentiel de liquidité
g
goût de l'agent à capacité de financement

248
Si l'on suppose que les goûts varient très peu, la fonction de demande
devIent"
DA
f
(R, P=,
f, ~6)
a DA
:.> 0
a R
a DA
> 0
a r
a 6
P=
consideré comme constant
Présentée sous cette forme la fonction de demande sera difficile à tester
aussi avons-nous preféré la présentation adoptée par C.A.E. GOODHART (~).
La demande d'un actif quelconque DAi par un agent à capacité
de financement depend de plusieurs paramètres :
- le rendement ri de l'actif Ai
- les rendements rj de tous les placements alternatifs (actifs nationaux et
étrangers)
- le degré de liquidité 6i de l'actif Ai
- les degrés de liquidité 6j de tous les actifs qui cônstituentp6ur l'agent
à capacité de financement des placements alternatifs
- le revenu disponible R de l'agent à capacité de financement
=
f
(R,

rj,
6i,
6j)
1.
avec:
a DAi
>0
\\il.
a ri
a DAi
< 0
~ j
a rj
Cl DAi
a
> 0
R
a DAi
> 0
V 1.
a 6'1.
a DA
< 0
VJ
Cl
6j

- 249 -
1 et j repr~sentent les diff~rentes formes (monetaires,
quasi-monetaires, financières, r~elles) sous lesquelles peuvent se présenter
l'actif A
Par rendement ri et rj nous entendons uniquement les
rendements pecuniaires. Les rendements non monetaires (rendements d'usage non
quantifiables) ne sont pas pris en consideration de manière explicite (x).
Plus le rendement ri d'un actif Ai est elev~ plus cet actif
est d~strê.De m~me, plus le degr~ de liquidit~ 6i d'un actif Ai est grand
plus sa demande augmente.
En revanche la demande d'un actif Ai d~croit lorsque les
rendements et les degr~s de liquidité des actifs constituant des placement
alternatifs augmentent.
D'autre part plus le revenu disponible d'un agont
capacité
de financement augmente plus la demande DAi
s'ac~roît
En resumé, il ressort de l'analyse du "comportement patrimonial"
des agents à capacité de financement la necessité d'une v~ritable intermediation
financière. En effet le succès ou l'échec d'une politique de mobilisation de
l'épargne en pays sous-dév~loppé depend de façon cruciale du rôle jou~ par les
intermediaires financiers bancaires et non bancaires tant en matière de
transformation des risques qu'en matière d' ~laboration des "produit.:;
ad(~quiJt~, ". La section suivante aborde ce problème
II
- Comportement de pcrtefeuille des intermédiaires financiers et
2.
-
mobilisation de l'épargne
Une étude comparée de la structure de placement des agents à
capacité de financement
et de la structure d'endettement des soci~tés
et
quasi sociétés non financières permet de mieux illustrer le rôle primordial.
(x)
On peut dire que ces rendements d'usage apparaissent de manière
implicite dans le paramètre 6i et 6j mesurant le degré de liquidit~
des actifs.
... / ...

.."'.
- 250
STRUCTURE DE PLACEMENT DES ADMINISTRATIONS ET DES MENAGES
( Montant en milliards de F. CFA)
1
.
~Montant
: Montant
~Montant
%
.
Monnaie
50,36
31
158,50
48
34,02
19

....
.
- :
Placements-
liquidés et
à court-
terme .••
50,95
31,95
i

92,17
28
3,35
2
:
: - - -
:
Placements-
sur le mar-
ché financier ••..••
14,02
9
17,26
5
14,54
8
Crédits ~ moyen
et long terme
41,05
25
56,43
17
~ 125,77
69
Divers .....
5,35
3,5
5,62
2
3,79
2
TOTAL ••••••
161,73
100
329,98
100
:181,47
100
j
Sources
Les comptes de la Nation 1978
,j
j
Ministère des Finances, de l'Economie et du Plan
... / ...
1

251
TABLEAU N° W
STRUCTURE D'ENDETTEMENT DES SOCIETES ET QUASI SOCIETES
NON FINANCIERES
(Montant en milliards de F. CFA)
Montant
%
Montant
%
Montant
%
Monnaie
.
Emplois à cou-
rt terme •....
73,54
43
156,54
48
0,08
0,5
Emission de
titreso .....
23,86
14
24,62
7,5
20
9,5
Emplois à moyen
et long
72 ,54
43
145,56
44,5
190,38
90
terme ......
Divers .... 8 ••
' - - -
TOTAL
169,94
100
326,72
100
210,46
100
Sources :
Les comptes de la Nation. 1978
1/ Ministère des Finances, de l'Economie et du Plan.
.../ ...

252
qUl revient à l' intermediaire finaricier dans le
processus de mobilisation de l'~pargne interieure.
L'analyse de la structure de placement des agents à capacit~
de financement fait ressortir une nette pref~rence pour la liquidit~.
Les administrations et les menages detiennent une part impor-
tante de leur portefeuille sous forme d'actifs monetaires et de placements
liquides et court terme: 62,5 % en 1976, -76 % en 1977 et 21 % en 1978. Le
flechissement spectaculaire de la pref~rence pour la liquidit~ enregistr~
en 1978 est imputable aUx administrations publiques qui ont dû refinancer les
entreprises publiques pour un montant de plus de 125 milliards de Francs CFA
environ 96 % de leurs placements en 1978. Par contre, une simple observation
de la structure d'endettement du principal agent à deficit de ressources
revèle une nette preference pour les actifs longs et risqu~s. En effet
l'~mission de titres (obligations actions et titres de participation)
et les emprunts à moyen et long terme repr~sentent une part importante
de l'endettement des soci~t~s et quasi-soci~t~s : 57 % en 1976, 52 % en 1977,
et 99,5 % en 1978. L'adaptation de ces désirs d'emprunt et de prêts contra-
dictoires est g~n~ralement assur~e par les intermediaires financiers
qui transferment les capitaux à court terme prêtables des menages en capitaux
longs. La question que l'on se pose est de savoir comment se realise cette
transformation des risques en Côte d'Ivoire. Nous traiterons successivement
- la prudence exceSSlve des interm~diaires financiers Ivoiriens
- La reconsid~ration des stratégies du système bancaire
11
. - La prudence excessive des intermediaires financiers en Côte d'Ivoire
21
Le rôle des interrriediaires financiers dans le finaTlc·.l
rL,
l'~conomie a ~té analysé par Gurley et Shaw (~). Cette théorie l'st
maintenant bien connue pour qu'il soit n~cessaire de la rappeler ici .
..-
..- - - - - - - -
(~)
J'.G. Gurley and E. Shaw: "Money in a the ory of fi.,~;·,;·tr
The Brookings
Institution, Washington D.C .
.../ ...

- 253 -
Faisons seulement remarquer que selon J.G. et Shaw la raison d'être
des intermédiaires est surtout justifiée par le fait que les agents à
capacité de financement disposant de fonds prêtab1es ne veulent point des
titres que leur offrent les agents à capacité de financement (parce que
ces titres ne possèdent genera1ement ni la securité, ni la liquidité
recherchées par les menages).
Les intermediaires financiers (qu'ils soient bancaires ou
non) en raison de leur accès à un large marché, de leur grande capacité
d'admirlistration et de savoir-faire en matière de négociation, comptabilisa-
tion et collecté d'actifs financiers, en raison également de la caution que
les pouvoirs publics leur accordent de facto, absorbent les titres. primaires
emis par les agents à besoin de financement; ils élaborent des titres plus
conformes aux désirs des agents à capacité de financement. Ils contribuent
de ce fait à élever le niveau des investissements au sein de l'économie.
Or en Côte d'Ivoire le rôle d'intermediaire joué par les institutions
financières est relativement modeste. Celles-ci semblent se cantonner
dans la monetisation des actifs à court terme laissant l'essentiel de la
transformation des capitaux au secteur extérieur.
Le tableau N° X qui retrace la structure de placement
des institutions financières (institutions de crédit + entreprises
d'assurances) et la structure d'endettement des entreprise permet de mieux
illustrer ce phenomène.
... / ...

~~ .....
TABLEAU N° X
STRUCTURE DES PRETS INSTITUTIONS FINANCIERES ET DES EMPRUNTS DES ENTREPRISES
MONTANT EN MILLIARDS DE F. CFA
17,31
le,53
24,30
51,26
84,78
47,25
: 149,50
: 289,49
158,71
financières
~------------------------:---------~----------~----------~----------~----------~----------~----------~----------~--~-'-~----~----~-
Crédits à court terme
9,51
12,59
13,27
38,90
63,84
25,05
: 116,77
: 240,84
96, 14
: 616,9
·
.
.
.
.
.
.
.
.
.
·
.
.
.
.
.
.
.
.
.
. _-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
·
.
.
.
.
.
.
"
·
.
.
.
.
.
.
.
Crédits à moyen et
long terme
6,40
6,17
10,08
10,94
18,08
19,48
28,43
44, lB
".
56,19
199,9
-----------------------~---------~----------~----------~----------~----------~----------~----------~----------~----------~------
Titres
;
1,40;
0,77;
0,95;
1,42;
2,86;
2,72;
4,30
;
4,47
;
6,38
~ 25,27
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
·
·
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
Emprunts des entrepri_ :
ses
:
33,89
34,29
36,74
73,71
102,92
79,16
169,94
326,70
210,46
:]067,8
~
-~----------------------~---------~----------~----------~----------~----------~----------~----------~----------~----------~------
l i )
Emprunts à court terme:
12,76
14,52
Il,26
32,18
56,39
28,56
73,54
: 156,54
0,08
: 385,8
N
-----------------------7---------.----------7----------
~----------7----------.----------~----------~----------~----------~------
Emprunts à moyen terme;
3,00;
3,69;
5,78;
3,42;
12,08
;
9,69;
72,54
; 145,54
;
190,38
; 573,3
_____________________________________________________________________________________________
:
:
l~l
l~l
l~l
~_
:
:
:
:
:
:
:
:
:
:
Emprunts à long terme
13,00
10,27
12,99
31,84
26~42
:
32,66
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------,
·
.
.
.
.
.
.
.
.
.
Titres
:
5,13;
5,81;
6,71;
6,27;
8,03
;
8,25;
23,86
;
24,62
;
20,00
; 108,6
Prêts des I.F. en %
Emprunts des SQS
51 %
66 %
69 %
82 %
60 %
88 %
89 %
75 %
75 %
"79 %
(x)
Emprunts à moyen et long "terme
Sources
Comptes de la Nation, Ministère du Plan~ republique de Côte d'Ivoire.
... / ...
....."'"'".,,...."~''''~"'..... ,..,=, .~. ·•...,·~"";"''''il'y'':r::..i'9~/·'.'_,-'~·~~\\~'~~?1

1
1
255
Sur la période 1970-1978, les emprunts des Sociétés et quasi
sociétés non financières se sont élévés à 1 067,81 milliards de francs CFA
ces emprunts n'ont été couverts qu'en moyenne à 79 % par les prêts des insti-
tutions financières. Les prêts àccourt terme représentent. un montant de 616,91
milliards de francs CFA sur toute la période soit 73 % du total des prêts oc-
troyés par les institutions financières. Les titres et prises de participation
des institutions financières ne représentent qu'un faible pourcentage des prêts,
3 % sur l'ensemble de la période. Quant aux prêts à moyen et long terme ils
n'ont représenté que 24 % de l'ensemble des prêts octroyés sur la période
1970-1978. Sur le plan structurel la faiblesse du rôle joué par les intermédiaires
financiers est encore plus nette. En effet alors que les crédits à court terme
des institutions financières représentent environ 160 % des prêts à court terme
des entreprises, les valeurs mobilières (actions et obligations) acquises au cours
de la période ne représentent que 23 % des valeurs mobilières émises. Quant aux
prêts à moyen et long terme, ils ne couvrent que 35 % des besoins des entreprises
en matière de capitaux à moyen e~~long terme.
Plusieurs series de raisons peuvent expliquer cette prudence ex-
cessive des intermédiaires financiers
A-sur le plan théorique
- l'insuffisance et la trop grande liquidité des ressources d'épar-
gne collectées.
Cette insuffisance des ressources d'épargne collectées est elle-
même liée à ce que PELTIER et DERREUMAUX appellent "le cloisonnement rigide
entre, d'une part, un système bancaire urbain organisé pour répondre au finan-
cement des secteurs modernes, et, d'autre part, des systèmes de crédit informels
largement implantés auprès des populations rurales" (~)
(x)
Paul DERREUMAUX et Gilles PELTIER : "Monnaie, intelt"médiation financière
et développement économique" Revue Banque N° 382 Mars 1979
1
... / ...

256
A une"rura1isation" des institutions financières nécessaire pour
la collecte de l'épargne potentielle de la "bourgeoisie rurale" on a préferé
une "urbanisation" excessive répondant au financement des secteurs modernes
et dont les modes de gestion sont empruntés aux institutions financières
opérant dans les pays développés. tH)
- Le "cruel marchandage" entre l'objectif de développement qui implique
le financement des projets à haut risque et la rigueur de la profession bancaire
qui pousse à choisir les projets à rentabilité élevée, mais dont la contribution
au processus du développement peut être faible, parfois douteuse. La faiblesse
des ressources propres des institutions financières les pousse à minimiser
les risques en choisissant dans leur politique de crédit les activités à renta-
bilité élevée et à risque relativement faible; en d'autres termes, les insti-
tutions financières renoncent pour une large part" 1 il~surer 1e~r rale"d'inter~édiaire
financière.
- La politique monétaire de la B.C.E.A.O. pendant une période assez
longue les autorités monétaires des pays de l'Union monétaire Ouest africaine
ont été fortement marquées par le keynesianisme. Appliquant à la lettre les
recettes Keynesiennes selon lesquelles l'épargne dépend du revenu et l'investisse-
ment du taux d'intérêt, elles ont maintenu à un niveau extrêmement bas le taux
d'intérêt. (xx)
Les résultats de cette politique de bas taux d'intérêt ont été le détour-
nement de l'épargne intérieure vers les pays industrialisés :(la France en parti-
culier) et la thés<lllrisation ou l'orientation de l'épargne potentielle vers
l'achat des biens et services spéculatifs et d'agrément.
A cette politique de bas taux d'intérêt s'est greffée pendant une longue
période une sorte de préférence de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de
l'Ouest à refinancer les effets à court terme. Comme le note Joël BOURDIN,
"l'essentiel des interventions de la B.C.E.A.O.sc: cantonne au domaine des crédits
à court terme représentés pour 45 % en moyenne par les crédits de campagne".
("XMf
;
(x)
L'instauration des caisses rurales d'épargne et de prêts (CREP) constitue
un progrès dans la voie de cette rura1isation
(xx+
Un changement de doctrine s'est opéré et les taux d'intérêt ont été
relevés; les depôts à terme (à partir de l an) sont rémunerés à 7,25 %
et 10 % selon le montant
(xxx)
Joël BOURDIN : "La politique monétaire de la Banque Centrale des Etats
J
de l'Afrique de l'Ouest" Revue Banque N° Spécial décembre 1980
!
..
i
... / ...
1

257
En septembre 1978, sur un total de 239 milliards de francs CFA de
éoncours aux Banques, les crédits à court terme s'élevaient à 192,18 milliards
de francs CFA soit 80 % du total des créances de la B.C.E.A.O. sur les Banques.
Les crédits à moyen terme représentaient 19,5 % du total des concours de la Banque
Centrale et les crédits à long terme environ 0,5 %.
En septembre 1979 le total des concours aux Banques s,'"élevait à
288,67 milliards de francs CFA dont 235,17 milliards de crédits à court
terme (81 %) et 53,50 milliards de francs CFA de crédits à moyen terme (18,5 %).
Les crédits à long terme intervenaient pour un chiffre négligeable (R).
Il résulte de la politique monétaire de la B.C.E.A.O. un certain
nombre de conséquences :
a) une modicité du taux d'épargne au niveau global. En Côte d'Ivoire
par exemple, le taux d'épargne s'élève sur la période 1971-1978 en moyenne
à 20,2 % (xx). Si l'on exclut l'épargne des administrations et si l'on rapporte
l'épargne des menages à leur revenu disponible, on enrégistre pour la période
1972-1978 un taux d'épargne moyen de 6,3 %.
(R)
SOURCES: B.C.E.A.O., Situation de la B.C.E.A.O. notes d'information
)
N° 287 Octobre 1980
l
1
épargne intérieure totale
(MW)
Taux d'épargne =
Produit intérieur brut
... / ....

~
TABLEAU N° Y
TAUX D'EPARGNE DES MENAGES ET DES ADMINISTRATIONS
PUBLIQUES DE 1971 A 1978
UNITE : MILLIARD· DE FRANC CFA
!
'
Ménages
Administrations
Années
!
Epargne brute
Revenu disp.
Taux d'épar.
Epargne brute! Revenu disp. !
Taux d'ép.
SOURCES : Les comptes de la Nation 1970 - 1978
Ministère de 1 '~4onomie, des l".l.nances et du Plan
1...
• •
fj
'~:"'-P:,'0Pi':'''':;:,!''O:i'f:''~:'>'"'''~~-

259
b) Un comportement de portefeuille des institutions financières défavo-
rable au processus du développement. Les Banques de second rang en effet sont
beaucoup plus actives dans le domaine du court terme et abandonnent les opéra-
tions de long terme à l'extérieur. Cette intermédiation financière assurée par
l'Extérieur a été analysée par Jean-Pierre DALOZ sous le terme "d'endettement
d'intermédiation". (II)
(B)
Sur le plan économétrique deux series de modèles permettent de
rendre compte de ce comportement de portefeuille des intermédiaires financiers.
- La première serie met l'accent sur la rentabilité et fait de l'offre
de crédit une fonction directe du taux de rentabilité. Le modèle le plus
représentatif de cette serie est celui de COUTIERB (xx) :
Désignant par P le Profit bancaire
C
les crédits bancaires accordés
b
l
le taux appliqué aux découverts
0
Id = le taux créditeur moyen
1.
le taux d'intervention de la Banque Centrale
~
D
= la quasi monnaie
Rf = le refinancement
COUTtERE pose l'équation suivante
P
= 1 - (Id. D
+
Ii·
Rf)
0
C
C
C
b
b
b
Les études statistiques effectU~es en France à partir de ce modèle
revèlent :
(x)
Jean-Pierre DALOZ : "Le secteur public et l'extérieur dans le
financement des investissements en Côte d'Ivoire"
Revue Banque N° Spécial Afrique Décembre 1980
(••)
A. COU1'IERE : "Un modèle du système monétaire et financ.ier
français"
D.Q.F. Octobre 1973
... / ...

260
Qu'un accroissement de 1 % du taux de rentabilité accroit
l'offre de crédits de 3 % en moyenne
- Que la réaction de l'offre de crédits au taux de rentabilité se
réalise avec un décalage de deux à trois trimestres
- Que les banques essaient d'adapter les emplois aux ressources
en renonçant partiellement à leur rôle d'intermédiation afin
d'éviter des pertes sur le refinancement.
La deuxième serie de modèles met l'accent sur le rendement et le
risque. Partant du bilan simplifié d'un intermédiaire financier, la plupart
de ces auteurs démontrent que l'offre de prêt par un intermédiaire financier
est le résultat de la repartition de ses ressources entre divers emplois alter-
natifs selon un processus d'arbitrage permanent entre le rendement et le risque.
Le modèle le plus représentatif de cette "Ecole" est celui de
DEVOLUY (JI) s'inspirant de la présentation de C.A.E. GOODHART (7l~). DEVOLUY
montre que le comportement de portefeuille d'un intermédiaire financier peut
se présenter sous forme matricielle
B
a
r
f
~b
abt
bp
~d
abk
b
Tf
a
a
a
a
a
r
tb
tt
td
tk
t
-
tp
-
P
a
a
a
a
a
r
f
pb
pt
pp
pd
pk
P
Df
Kf
B
= billets et pièces détenus par l'intermédiaire f.
f
;,;
~
Tf
créances sur le Tresor public
H
ii];
P
créances sur l'économie
f
4
'fJ
D
les dépôts inscrits au passif
1
f
.11
K
=
les fonds propres de l'intermédiaire
f
financier
Rb
le rendement des billets et pièces
r
le rendement des créances sur le Tresor
t
r
le rendement des créances sur l'économie
p
(M)
Michel DEVOLUY
"Essai sur la monnaie et la financement dans une économie
monétaire" Thèse de Doctorat d'Etat Strasbourg 1978
(HM)
C.A.E. GOODHART : "Money, information and incertainty"
Op cit.
.,.f ...

261
La rêsolution de ce syst~me dt§quations dObne le montant des
actifs (B, T, P) détenu en fonction des rendements de ces actifs d'une part
et d'autre part en fonction des ressources de l'intermédiaire finaneier
Au total, on peut donc affirmer sans trop de risque que le
succès de toute politique de mobilisation de l'épargne en Côte d'Ivoire passe
par la reconsidération de la politique monétaire de la B.C.E.A.O. d'une part
et par la reconsidération des stratégies des banques et établissements financiers.
C'est l'objet du paragraphe suivant.
11
• - La reconsidération des stratégies du système bancaire
22
Cette reconsidération des stratégies doit porter sur deux aspects
essentiels: la révision des conditions de rémuneration de l'épargne et l'éla-
boration de nouveaux produits d'épargne
(A) La révision des conditions de rémuneration de l'épargne en
Côte d'Ivoire et au sein de l'U.M.O.A.
Pour la commodité de l'analyse, nous avons supposé dans la premi~re
section que le patrimoine des agents se composait de quatre types d'a~tifs :
- les actifs monétaires
: AM
- les actifs quasi monétaire
Q.M.
- les actifs financiers : A F (obligations + actions)
- les actifs réels: A R (biens de consommation durables, biens
de production, services d'agrément).
Nous avions montré, en analysant le comportement de portefeuille
des secteurs institutionnels à capacité de financement que la demande d'un
actif quelconque pouvait se mettre sous la forme suivante :
f
(R, r., r., 6., 6.)
1
J
1
J
demande de l'actif i
revenu disponible de l'agent
eCII./o,Ie.
1
,

262
r"
=
rendement de l'actif ,.L
1.
r.
=
rendement de tous les autres actifs subst~tuables
J
6.
=
degré de liquidité de l'actif i
1.
6.
=
degré de liquidité des autres actifs substituables.
J
Etant donné que les dérivées premières de la fonction de demande
sont positives par rapport à r. et 6. et négatives par rapport à r. et 6.~
1.
1.
J
J
il apparait que les autorités monétaires peuvent influencer l'épargne des
agents à capacité de financement soit en agissant directement sur les taux
de rendement r. ou sur les degrés de liquidité 6 ..
1.
1.
L'action sur les taux de rendement passe par une refonnulation de
la politique des taux au sein de l'U.M.O.A ••
Eu effet~ comme le note à juste titre un rapport du comité du finan-
cement du vrrè plan français~ " le maintien d'un taux élevé d'épargne des menages
est la clef de voûte d'un financement équilibré et non inflationniste de la
croissance de l'économie •.. La condition essentielle du succès en ce domaine
est l'établissement et le maintien d'une rémuneration positive~ en termes réels
de l'épargne la plus st:able~ dans le cadre d'une hiérarchie cohérente des taux
d'intérêt en fonction de la durée des placements".
(x)
Or l'un des maillons les plus faibles de la politique monétaire et
financière de l'Union monétaire Ouest africaine réside dans la politique des
taux; pendant une période de Il ans (1962-1973) le taux d'escompte est resté
à un niveau anormalement bas (3~5 %). Quant aux taux d'intérêt créditeurs versés
par les banques secondaires aux menages, ils sont restés pendant longtemps in-
férieurs aux taux pratiqués en France. Les tableaux N°Z et 1 retracent l'ensemble
des taux en vigueur en Côte d'Ivoire et dans l'U.M.O.A. depuis le 14 avril 1980.
L'un des paradoxes de cette politique des taux réside d'abord dans le fait
que l'on observe aucune correlation positive entre le degré de rareté du capital
et les taux d'intérêt. Dans des pays qui "souffrent d'un désequilibre structurel
en matière de capital"~ l'on s'attendait à observer des taux d'intérêt assez
élevés susceptibles d'attirer l'épargne. Le deuxième paradoxe réside dans le
maintien d'un taux inférieur à celui pratiqué en France.
(x)
Rapport du Comité du financement du VII è Plan
la Documentation française~ 1976 PP 39-41
. " " / • •
0
!
t

- 263 -
La libre transférabilité des capitaux étant l'unE: des pièces
maîtresses de la zone franc
tout différentiel du taux d'intérêt au
profit des actifs français entraine ipso facto un détournement de l'épargne
des menages (et parfois même des administrations) vers la France. si à 'icf
effet du différentiel du taux d'intérêt, on ajoute l'effet sécurité offer;_ P8L
les actifs français et étrangers on comprend alors la répugnance des agents
ivoiriens à se porter acquereurs des actifs financiers émis par la Côte d'Ivoire (ft)
(~)
Certaines autorités ivoiriennes justifient cette politique de bas
taux par le raisonnement suivant: "ce qui compte pour l'Etat en
définitive, ce n'est pas tant qu'il amasse de l'argent, mais c'est de
cultiver et de favoriser l'esprit d'épatgne de telle manière non pas à
transferer des sommes des institutions privées vers les caisses de
l'Etat, mais à rogner la part thésaurisée des revenus afin de les
remettre dans le circuit productif". Monsieur N'GOLO Coulibaly,
Directeur de la Dette Publique
1. D.
N° 1 142 du 13 Mars 1981
... / ...
iJ

-
264 -
TABLEAU N° Z
TAUX DES INTERETS CREDITEURS A VUE ET A TERME - DEPOTS PRIVES
Montant des comptes ou des bons ( en Francs CFA)
TERME
Jusqu'à
! de 200 001
de 500 001 !
de 2 M
!
de 10 M
!
de 50 M
! Au-delà
200 000
! à
500 000
à
2 M
!
à 10 M
!
à 50 M
!
à 200 M
!
de 2
!
!
!
!
!
,
,
!
!
!
DEPOT A VUE
sans int.
3,50 %
4,00 %
4,75 %
,
5,00 %
5,75 %
6,0
1
1
1
taux fixe
Taux fixe
DEPOT A TERME
1
1
1
1
!
1
. Moins de 6 mois ••••...... !
5,25 %
!
5,75 %
!
6,25 %
!
6,75 %
!
7,25 %
!
8,00 %
!
8,0
Taux fixe
! Taux fixe
! Taux fixe
- _..
_.
-
.
---~.,
~
.-.--,
~."~-
-~.-.
de 6 mois à moins de
!
!
!
!
t
6,25 %
6,75 %
7,5-0 %
7,75 %
8,00 %
8,50 %
9,0
!
!
!
1
1
1
1
an
Taux fixe
! Taux fixe
! Taux fixe
!
!
!
. à partir de 1 an ••.
!
7,25 %
!
8,00 %
!
8,50 %
!
8,75 %
!
9,00 % !
9,50 %
!
10,0
!
!
!
!
!
!
! BONS DE CAISSE
!. de 6 mois à moins
!
6,25 %
6,75 %
!
7,50 % !
7,75 %
!
8,00
!
8,50 %
!
9,0
!
de l: an.
! Taux fixe
Taux fixe
! Taux fixe
,
,
1
!
!
!
!
;. à partir de 1 an •••••
7,25 %
8,00 %
8,50 %
8,75 %
9,00 %
9,50 %
10,0
!
!
!
!
!
!
,
,
1
1
1
1
1
;COMPTES D'EPARGNE
7,50
(dans les
i limites du i montant
; maximum de ;5 000 000 dei francs CFA
!
a)
Des avances sur depôts à terme peuvent être consenties à un taux correspondant au taux d'intérêt vers ces depôts plus 1 %
b)
DEPOTS PUBLICS OU ASSIMILES : Taux librement fixés par convention entre les parties par depôts publics ou assimilés il
convient d'entendre les depôts :
- du Tresor 'National, de l'Administration des Postes et autres fonds d'Etats Nationaux
des Organismes Publics, para-publics ou privés (sociétés d'assurance par exemple) dont les depôts à Banque concernée
résulteraient d'une obligation réglementaire.
14 Avril 1980
... / ...
~

.._,;,~~,·"·.~ ....;-c;..,;;;;>;.;',\\,;.""iA"",,-'&i;#"'~"~""',.c<C;;";'~."".~,."",,,:;,.=,"~,,,,~-<i!":"'';';;'',,..;._,,",,,.,,,,,~.'~,,,:;,~,,,,-,,,-.~,,,~,,;;.,,,,,~,,,,,.,",,,,,,,,.;ii><~"~~'.'."."'''~'''
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....;.&,.,~~'.j;WJi,'slif!-
t"t
» ''1
- 265 -
TABLEAU N°l
- EXEMPLES DE TAUX D'INTERET DEBITEURS RELATIFS A DES CREDITS AUX ENTREPRISES
(EN VIGUEUR EN JUILLET 1980)
(En %)
CREDITS A COURT TERME
CREDITS A MOYEN TERME
Découvert
Crédits de campagne
1
i Commission sur le
Commission sur
Commission
Catégories de clientèle
Taux
plus fort
Taux
le plus fort
1
Taux
1
d'engagement
,découvert du mois
découvert du mois
!
!
!
12.
9,5
1/24
12.0
° !
1/48
!
1
2
12.25!
1/48
9,5
1/24
12.25
iSociétés conventionnées
!
3
12.5 !
1/48
9,5
1/24
12.5
!
!
4
12.75!
1/48
9,5
1/24
12.5
!
-
A
13.0 !
1/48
9,5
1/24
11. 75
0,50 %
B
13.5 !
1/48
9,5
1/24
12.25 ! si durée crédits
Autres clientèles
inférieur à 7 ans
C
14.0 !
1/24
9,75
1/12
12.75
D spécial
14.5 !
1/12
10,0
1/12
13.25
0,75 % si durée
!
de 7 à 10 ans
D
15,5 !
1/12
10,0
!
1/12
14.25
REMARQUE:
Les coefficients l, 2, 3, 4 pour les sociétés conventionnées, A, B, C, D, pour les autres entreprises dési-
gnent des tailles décroissantes d'entreprises, la taille d'une entreprise étant ici mesurée par le niveau du
chiffre d'affaires et le montant des fonds propres.
SOURCE : APB
cité par ELKE KREUZWIEZER
CIRES, document de travail
" ~

266
La comparaison des taux de rendement réel des dep6ts à terme
1
j
dans 4 pays de l'Afrique de l'Ouest avec ceux de deux pays asiatiques montre
jusqu'à quel point une révision s'impose en matière de t.aux (ft).
1
Au total, une révision à la hausse des taux de rendement des actifs
1
quasi monétaires et financiers de mànière à faire apparaitre un différentiel de
1
rendement (au profit des actifs ivoiriens) susceptible de contrebalancer l'effet
sécurité offert par les actifs étrangers, rendra plus attrayante la détention
1
,~
diactifs quasi-monétaires et financiers ivoiriens et augmentera par la même
'~
l
occasion le coOt d'opportunité de la détention des actifs alternatifs (nationaux
l
1
et étrangers). Il résultera au niveau global un accroissement de l'épargne
1
j
intérieure, une "intervention plus dense et plus efficiente des intermédiaires
1
1
financiers", une propension à épargner plus élevée. Ce sera comme le note à
j
i
juste titre PELTIER et DERREUMAUX, "l'entrée dans un cercle vertueux du dévelop-
pement" qui sera provoqué par cette révision de la politique des taux de la
B. C. E. A. O.
(xx).
Mais cette politique des taux à elle seule demeure insuffisante
pour être èfficace elle doit être secondée par une politique d'élaboration
de nouveaux produits d'épargne.
(B) L'élaboration de nouveaux produits d,' épargne
L'amélioration des "produits d'épargne" existants ou la création
de nouveaux produits constitue le second volet de la politique de mobilisation
de l'épargne. Ces produits doivent être conçus selon un régime juridique et
financier mieux adapté aux motivations des trois catégories de menages que nous
avons décrites dans la section précédente.
(x)
Voir à ce propos les tableaux N°s
tirés du symposium
de DAKAR
(IIX)
Paul DERREUMAUX et Gilles PELTIER : "Monnaie, intermédiation
financière et développement économique"
Revue Banque N° 382
mars 1979
.... / ...

- 267 -
TABLEAU N° Z
RENDEMENT DES DEPOTS A TERME DANS QUATRE PAYS DE L'AFRIQUE DE L'OUEST
TAUX DE RENDEMENT EN % APPLIQUE A DES DEPOTS D'UNE DUREE DE 12 MOIS OU PLUS
.
.
NIGERIA
GHANA
SENEGAL
COTE
- D'IVOIRE
Années
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
Rendement
!
Rendement
!
Rendement
! Rendement
! Rendement
!
Rendement !
Rendement
!
Rendement
,
nominal
!
réel
!
nominal
réel
! nominal
!
réel
!
nominal
!
réel
,
!
!,
t
1965
4,5
- 3,4
2,5
- 12,1
2,5
0,0
2,5
!
!
!
!
~
,
!
!
1966
4,0
- 5,0
5,0
5,1
2,5
- 0,3
2,5
!
!
!
.:...l..! 9
!
!
!
1967
4,0
8,0
4,0
-
0,7
2,5
3,5
2,5
0,2
!
!
1
,
!
.
1968
3,5
3,9
3,5
-112,3
,
2,5
1,6
1
2,5
1
- 2,6
!
1
1969
3,5
- 5,9
!
3,5
-
4,5
2,5
- 1,1
2,5
!
.:...l..!0
!
1970
!
3,75
- 8,9
3,5
, - 1,6
2,5
- 0,2
2,5
- 6,3
!
!
!
1971
!
4,0
-10,4
6,0
!
2,3
2,5
,
0,0
2,5
~
,
1972
4,0
- 9,9
6,0
-
5,9
2,5
- 8,2
2,5
- 0,8
1973
4,0
- 1,6
5,0
- 17,0
4,5
- 2,8
4,5
- 6,0
!
1974
!
4,0
- 7,6
5,0
- 17,0
4,5
-10,5
4,5
-10,9
!
1
1975
!
4,0
-22,2
8,0
- 13,5
7,25
-17,8
7,25
- 3,8
!
1
1
j
1976
4,0
,
-14,8
!
5,6
; - 21,6
1
1
7,0
1
4,2
1
7,0
1
- 4,6
j.
1977
4,0
,
-14,4
5,6
; - 37,5
7,0
- 3,1
1
1
1
1
7,0
1
-16,0
!
j
!978
-
,
-
8,1
1
1
-
.
1
7,0
1
3,3
1
7,0
1
- 5,5
!-
SOURCE :
Symposium sur la théorie et la politique monétaire en Afrique 21-24 Janvier 1980
DAKAR-SENEGAL
'~

- 268 -
TABLEAU N° 3
RENDEMENT DES DEPOTS A TERME DANS 2 PAYS ASIATIQUES
1963
15 ,0
- 4 ,6
12 ,00
5 73
!
!
!
!
- ' -
!
!
!
!
!
!
1964
15,0
- 14,6
10,80
8,10
~
!
!
!
!
!
.
!
!
!
!
!
1965
18,8
+
8,1
10,80
16,24
.
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
1966
30,0
+ 19,4
10,80
!
!
!
!
!
~~
!
!
!
!
!
!
!
1967
30,0
+ 22,1
9,72
7,13
!
!
!
!
!
!
1
!
!
!
!
_.
!
1968
27,6
- + 1.s,1
--·9,72
.._,
~.
-- 7,60
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
1969
24,0
+ 16,2
9,72
10,04
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
1970
22,8
+ 12,6
9,72
6,72
!
!
!
!
!
!
SOURCE :
R. 1. MCKINNON. - "Money and Capital in Economie Development"
the Brookings Institutions, Washinton D C 1973
cité par J.H.
FRIMPONG
ANSAH, symposium sur la théorie et la politique monéta ires
en Afrique
21-24 Janvier 1980
DAKAR - SENEGAL
li
1


269
1
a) La mobilisation de l'épargne rurale
La plupart des "Produits d'épargne" disponibles en Côte d'Ivoire
et dans les pays africains ne paraissent pas répondre aux motivations de la
"Bourgeoisie rurale" . Les motifs pour lesquels cette "Bourgeoisie rurale" se
détourne de ces "produits d'épargne" peuvent être classés en plusieurs catégories
- Manque d'information: la plupart de ces produits sont conçus
à l'attention d'un public cultivé ce qui contribue à faire des opérations
financières et bancaires un domaine reservé soit aux spécialistes (actions
et obligations) soit à des personnes disposant d'une certaine instruction
(depôts à terme, bons de caisse et comptes sur livrets).
- Rendement réel immédiat faible : A tout moment la "Bourgeoisie
rurale" compare l'utilité retirée de la thésaurisation ou de l'acquisition
de biens de prestige et le taux de rendement nominal des différents actifs,
notamment celui perçu sur les actifs monétaires et quasi monétaires. La fai-
blesse du niveau du taux d'intérêt incite la "Bourgeoisie rurale" à se détourner
de ces actifs et à se porter acquereur des objets, vêtements, parures, biens
durables de transport, immobilier, qui, selon le mot de Paul Louis FABER(x)
"attirent l'attention ou les regards d'autrui et confèrent à leur possesseur
un crédit, une influence spéciale faite d'admiration et d'envi".
La mobilisation de l'épargne rurale passe par la récuperation par
les institutions financières publiques de ce besoin de prestige, ce désir de
paraître exprimé par la "Bourgeoisie rurale". Cette récuperation peut se faire
à l'aide de ce que Paul FABER appelle "Catalyse" de l'épargne. Il s'agit de
eréer ses Stimulants psychologiques à l'épargne en milieu rural.
Paul Louis FABER : "Virtualité et Réalité
: éléments pour l'étude
de la consommation dans les pays africains" Annales de l'Université
d'Abidjan 1980
serie K Sciences économiques
Tome III
... / ...

1
!
270
L'Etat ivoirien peut mettre sur pied une "Coupe Nationale du
Meilleur épargnant en milieu rural", coupe qui sera dotée de nombreux
prix. Le gagnant de cette "Coupe" sera présenté par les mass médias comme
un "heros national. Il lui sera décerné un titre honorifique susceptible de
le distinguer auprès de ses collègues et lui conferer dans le village ou la
1
région un véritable prestige social. Il sera associé à toutes les céremonies
1
officielles locales ou départementales. Les avantages matériels ou psycholo-
1
j
giques qui lui seront ainsi accordés l'inciteront à réduire sa consommation
de biens de prestige et à dégager une bonne partie de son revenu à l'achat
1
1
j
des actifs quasi monétaires ou des actifs financiers convertibles en monnaie
après un delai minimal de un an. Ces avantages exerceront également sur le
1
1
milieu environnant une sorte "d'attraction relative". On entrera ainsi dans
~
"le cercle vertueux" de la dethésaurisation et de l'épargne en milieu rural.
1
Cette expérience se fait de façon timide par la B.I.C.I.C.I. (x) qui met en
!
jeu une coupe de l'épargne villageoise d'une valeur totale de 5 millions de f
l
;1
francs CFA.
- 4 prix régionaux sont décernés aux 4 villages qui, chacun dans
leur région, auront la plus forte épargne
- 4 prix régionaux sont décernés aux 4 villages qui, chacun dans leur
région, possèderont le plus grand nombre de comptes par habitant.
1
1 prix national est décerné au village qui, parmi les 4 prix
régionaux, aura la plus forte épargne
1
1
1 prix national est enfin décerné au village qui, parmi les 4
1
prix régionaux, possèdera le plus grand nombre de comptes par habitant. Mais
cette incitation à l'épargne en milieu rural amorcée par la B.l.C.I.C.I.est
1
l
encore insuffisante pour canaliser toute l'épargne rurale potentielle.
'~
1
1
(!~
Banque internationale pour le Commerce et l'Industrie de Côte d'Ivoire
1
filiale de la B.N.P.

• • /

"
fi
[

271
Pour être efficace t elle doit s'accompagner d'une interveùtion plus dense et
plus efficiente des banques en milieu rural et de la créat:ion des "produits
d'épargne" satisfaisant le besoin de prestige de la "Bourgeoisie rurale".
(xt
b) La mobilisation de l'épargne des deux autres catégories de
menages
L'analyse approfondie du comportement de portefeuille des menages
liés aux institutions publiques et aux grandes firmes étrangères conduit à proposer
des produits d'épargne qui rempliront les conditions de securité et de rendement
requises.
Le taux de rendement devra être fixé de manière à dégager par
rapport aux actifs européens (français notamment) un différentiel positif.
Ce différentiel de rendement incitera les menages fonctionnaires et ceux qui
sont à la tête des firmes étrangères à se porter acquereurs des actifs nationaux
lesquels doivent être conçus de manière à être rapidemer:t et facilement mobili-
sables. S'agissant d'actifs financiers à long terme le taux de rendement peut
être indexé sur le coût de la vie de manière à proteger l'épargnant contre
l'érosion monétaire.
- L'exigence de sécurité sera plus difficile à satisfaire car
elle suppose un système de protection non seulement contre les risques d'al-
liquidité mais surtout contre les risques d'expropriation et de perte du capital.
Ces risques de perte du capital sont particulièrement redoutés par les menages
liés aux institutions publiques quit recherchant la "sécurité à tout prix" se
détournent des placements ivoiriens quel qu'en soit le rendement. Mais l'on
peut se demander si la mise en place d'un mecanisme de protection garanti soit
par un syndicat financier soit par un consortium bancaire international n'est
pas de nature à répondre au désir de sécurité exprimé par cette catégorie, de
menages. Le syndicat financier ou le consortium bancaire recueillera les fonds
épargnés par ces menages dans le plus strict anon~nat selon un langage codé
inaccessible à toùte personne morale ou physique étrangère au syndicat ou au
consortium. Les depôts ét placements faits par les épargnants ne peuvent être
(x)
Les produits d'épargne offerts~par~le~~yst~mebancaire en Côte d'Ivoire
ne sont pas nombreux ; on distingue les comptes à vue, les comptes
d'épargne, les comptes à terme (depôts à terme et bons de caisse) .
.../ ...

272
inférieurs à un montant minimal fixé par le Consûrt:ium (l mi 1.1 ion de francs
CFA par exemple) et ils ne sont exigibles qu'après un delai minimal (5 ans par
exemple) ces deux conditions (montant minimal et delai mini.mal) seront étudiées
de mabi~re à éloigner les petits épargnants et les menages d'un certain niveau
de revenu.
Les fonds ainsi collectés serviront soit à l'achat d'actifs financiers
ivoiriens (obligations C.A.A., actions et titres de participation etc) soit à
des opérations de prêts à moyen et long terme à l'Etat ivoirien et aux entre-
prises privées. Ce consortium bancaire devrait avoir une surface financi~re
suffisamment importante de manière à dissuader les gouvernements (~)
de toute
action de nationalisation ou de non remboursement des capitaux empruntés.
Le Consortium bancaire peut, au demeurant, souscrire une police
d'assurance aupr~s d'autres institutions financières internationales.
Un tel syst~me présente à notre avis plusieurs avantages
- Il permet de canaliser une épargne importante qui sans doute aurait
~té transferée à l'Extérieur en offrant ft certaines catégories d'êpargnants une
garantie contre toute indiscrétion d'une part et contre tout risque d'expropria-
tion d'autre part.
- Il permet à l'Etat de trouver sur place uue bonne partie des
fonds dont il a
besoin pour ces opérations d'investissement, ce qui du coup,
allège son endettement extérieur.
- Les épargnants qui sont surtout des épargnants "passifs" en
ce sens qu'ils recherchent une formule de placement sûr pour leur épargne,
et n'ont ni le temps, ni les moyens de gérer eux-mêmes cette épargne, peuvent
par ce système, confier leur épargne a des spécialistes susceptibles de la gerer
de mani~re efficiente. Ils se trouvent ainsi debarrassés du fardeau de la géstion
d'un portefeuille.
L'inconvénient de ce syst~me réside dans le coût qu'il implique pour
l'entreprise emprunteuse ou l'Etat debiteur. En effet les taux d'intérêt debiteurs
élevés qu'implique un tel syst~me ne sont ils pas de nature à constituer un obstacle
au devéloppement de l'investissement? Un tel risque n'est pourtant pas évident.
Les gouvernements à venir notamment
... / ...

273
On pourrait penser que ce système conduira a une meilleure allo-
cation des capitaux en évitant tout risque de gaspillage et en dirigeant les
capitaux vers les secteurs les plus performants ..
De plus ce système peut obliger certaines entreprises à effectuer
un réel arbitrage entre les techniques capital - using et labor-using (x)
En résumé la mobilisation de l'épargne intérieure en Côte d'Ivoire
paSSe par une reconsidération des conditions de rémuneration de l'épargne d'une
part et la création des "prodûits d'épargne" nouveaux garantissant à la fois
un rendement élevé et une sécurité suffisante d'autre part.
Cette mobilisation nécessite également une intégration de la fonc-
tion bancaire au processus de développement de manière à abaisser les coûts
d'exploitation des intermédiaires financiers et par la même occasion à diminuer
le risque d'insolvabilité des debiteurs.
Une telle "libéralisation financière" (JlM) permettra à la Côte d'Ivoire
de dégager une épargne intérieure suffisante destinée au financement d'une grande
partie des investissements. Le financement extérieur n'assurera alors que le rôle
d'appoint qui devrait être le sien.
Mais quel que soit le volume d'épargne intérieure dégagé la Côte
d'Ivoire ne peut à elle seule se lancer dans l'implantation de certaines indus-
tries dont les coûts d'exploitation, la dimension technique minima requise
exigent un vaste marché et des ressources à la fois financières et humaines
énormes. Ces "industries industrialisantes" ne peuvent être implantées que dans
un cadre régional oU plurinational.
Le dernier chapitre de notre thèse analyse les possibilités d'in-
tégration des pays du Conseil de l'Entente et l'effet de cette intégration
sur l'industrialisation ivoirienne.
(x)
L'équipe du C.I.R.E.S. dirigée par Jacques H. PEGATIENAN revèle que le
coût artificiellement bas du capital en Côte d'tvoire incite les entre-
prises à utiliser des techniques intensives en capital.
(xx)
Paul DERREUMAUX et Gilles PELTIER article cité
... / ...

n
"? f
L.
.
1.
CHAPITRE V. - L'IMPLANTATIüNDES INDUSTRIES INDUSTRIALISANTES
LE NECESSAIRE CADRE REGIONA:
Dans la première partie de cette thèse, nous avons montré que
la caractéristique fondamentale et la cause première de l'essouf1ement de
1 v industria1isation ivoirienne réside dans l'absence de couplage entre les
industries productrices de machines-outils et dE Diens d' éqtiipementen· amont
et les industries productri~es de biens de consomTIlation en aval. Cette absence
de couplage est due à deux phénomènes fondamentaux ~
- la repugnance de l'Extérieur à investir dans des secteurs moteurs
et dans 1es"industries industrialisantes".
- la préférence marquée des entrepreneurs nationaux pour les
secteurs spéculatifs et les industries de services.
La conjugaison de ces deux phénomènes empêche une véritable densi-
fication du tissu industriel ivoirien et la propagation des effets d'entraîne-
ment au sein de l'économie. Il en résulte qu'une industrialisation réelle ne
sera réalisée en Côte d'Ivoire que si la Puissance Publique renonce à son
projet de désengagement et prend directement en charge le financement et
l'implantation de certaines industries qui ne sont peut-être pas génératrices
d'une rentabilité immédiate suffisante mais qui, par leurs effets d'entraînement,
sont d'une importance capitale pour l'industrialisation d'un pays: c'est
le cas des centres d'énergîe qui sont un puissant facteur d'intégration. LVexemp1e
du groupe Pemex-Monterrey au Mexique, et le cas de Renault qui a été, en
France, à l'origine de la création des industries de machines-outils sont assez
édifiants.
Comme le note Gerard DESTANNE DE BERNiS "le recours à de telles
industries s'impose pour accroître l'indépendance économique du pays, redonner
des possibilités d'expansion aux industries de biens de consommation et leur
permettre par leurs effets amont d'exercer les effets d'entraînement dont elles
sont emettrices à 1 Vintérieur du pays, sans compter ltimportance que revêtirait
du point de vue de l'intérêt général et, en particulier, d~ rééquilibre progres-
sif de sa balance et de son rééquilibre régional~ la valorisation des immenses
ressources naturelles dont il se trouve doté" (x).
(x)
Gerard DESTANNE DE BERNIS : "Industries industdalisantes et contenu
d'une politique d'intégration régionale" Economie appliquée
Jui11et- Décembre 1966
... / ...
l

275
Mais la mise en place de telles unités de production suppose non seulement des
moyens financiers énormes mais surtout l'existence d'ûn vaste marché. conditions
qùe la Côte d q Ivoire ne peut remplir au stade actuel de son développement"
L'implantation de ces unités de production doit donc être envisagée dans un
cadre régional. Fort neureusement, la Côte d'Ivoire dispose à cet égard
d'immense atouts: la politique de dialogue et la recherche de la paix avec
les pays voisins, la personnalité charismatique du Président de la République,
le dynamisme économique font de la Côte d'Ivoire le partenaire privilégié dans
,,,),
la création des unions économiques en Afrique de l'Ouest. Mais cette union,
peut être efficace doit se faire en tenant compte des réalités géo-économiques.
Nous étudierons donc dans une première section les facteurs objectifs justifiant
l'intégration de la Côte d'Ivoire avec les pays du Conseil de l'Entente élargi
au Ghana et au Nigeria et dans une deuxième section les effects de l'intégration
sur l'industrialisation ivoirienne.
On connait maintenant l'argument selon lequel le retard et la
sous-industrialisation en Afrique seraient en grande partie dus à la balkanisation
du Continent, au découpage de l'Afrique institué par le traité de Berlin au profit
des deux puissances colonisatrices: l'Angleterre et la France. Il est maintenant
admis
que la mise en place d'une structure industrielle cohérente ne peut SE-: con-
cevoir à l'échelle des Etats africains isolés dès lors que certaines industries
à promouvoir nécessitent pour des raisons de sécurité économique un marché
interne suffisamment important. De nombreux travaux, notamment ceux de CHENERY~
ont montré qu'il existe une correlation positive entre le processus d'industria-
lisation d'un pays et la dimension du marché intérieur. Ces travaux sont suffi-
samment connus pour qu'il soit nécessaire de les examiner en détail (w)o Nous
nous bornerons simplement à rappeler l'équation fondamentale qui relie le nivcaü
de l'activité manufacturière aux deux indicateurs de dimension retenus ~ le
Produit national brut per capita et le volume de la population.
(x)
H. B. CHENERY et Moises SYRQUIN
"Patterns of development, 1950-1970"
Oxford University Press 1975

-
276 _.
L'équation se présente sous forme logôrithmique et porte sur un
échantillon de 35 pays sous-développés.
1
j
1
Log VA =
0,27 ~
1,44
Log Y +
0,20
Log P
1
1
~
1
VA
Valeur ajoutée per capita par l'industrie manufacturière (en
!.
dollars
D.S.)
y
Produit national brut per capita (en dizaine de dollars D.S.)
1
1
'1
P
Volume de la population (en millions d'habitants)
l
Les travaux de CHENERY ont donné lieu à plusieurs s~ries de conclusions
dont les plus intéressantes sont l~s suivantes
1
j
ll
- La dimension du marché exerce une influence positive sur la
1
l
taille de l'industrie manufacturière. En effet l'éq~ation fondamentale montre
qu~ toute augmentation de 1 % du niveau du revenu par tête entraîne un accrois-
sement de 1,44 % de la valeur ajoutée per capita par l'industrie manufacturière.
De même un doublement de la population se traduirait par un accroissement de
l'activité manufacturi~re d'environ 20 %.
- La deuxième conclusion que l'on peut tirer des travaux de CHENERY est
que l'intégration est d'autant plus bénéfique pour chacun des Etats membres que
les structures de leur marché sont similaires ; autrement dit une union économique
entre Etats à structures économiques fortem~nt dissemblables peut se traduire
par des effets négatifs pour chacun des partenaires.
Cette dernière conclusion prend une importance toute particulière
en Afrique où les réalités géo-économiques (importance des distances, insuffi-
sante articulation des reseaux de transport, coût des transports) peuvent poser
des problèmes qui rendent vaine et illusoire toute volonté d'intégration. Le
problème qui se pose alors est de savoir, parmi toutes les combinaisons d'unions
possibles, quelle est celle qui procure à la Côte d'Ivoire le taux de rentabilité
i
maximal ?
Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte dans le choix de l'espace à intégrer .
.../ .. ,
1
1
1
1

.lJ.7
Il. - Les facteurs géographiques et humains
A première vue, le choix d'une union économique de la Côte
d'Ivoire avec les autres Etats du Conseil de l'Entente, le Nigeria et le Ghana
peut paraître relever de l'arbitraire. Et pourtant à y regarder de près, on
s'aperçoit qu'elle participe d'une certaine logique tant du point de vue
géographique qu'humain.
- Tout d'abord, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Togo, le Benin,
le Nigeria, la Haute-Volta et le Niger possèdent des frontières communes, ce qui
constitue un puissant facteur d'intégration.
- On retrouve de part et d'autre de leurs frontières les mêmes
ethnies, les mêmes coutumes et le même fonds culturel. Les Agnis, les Baoulés,
et les Abrons de Côte d'Ivoire seraient des purs descendants du peuple Ashanti
du Ghana.
Les Lobis se retrouvent à la fois en Côte d'Ivoire et en Haute-
Volta tandis que le groupe Haoussa se trouve disseminé à travers le Nord du Benin,
le Niger et le Nigeria. Il en est de même des Evé que l'on retrouve de part et
d'autre de la frontière entre le Togo et Ghana.
Toutes ces populations aux
quelles les vicissitudes de l'histoire ont conféré des nationalités différentes,
circulent de jour et de nuit entre les Etats, au mépris des barrières douanières et des
frontières nationales. Comme le note SOUROU Migan APITY (ex-Président du Benin),
"Ces populations se considèrent dans l'un ou l'autre des Etats comme étant chez
elles ... Toute restriction à leur liberté de mouvement dans cette région consi-
dérée par elles comme leur champ d'action est absurde et vouée à l'échec"(x) •
A ces facteurs géographiques qui constituent de sérieux atouts
en matière d'intégration s'ajoutent des facteurs économiques qui justifient le
choix de l'espace Entente - Ghana - Nigeria.
SOUROU Migan APITY : "Face au Impasses" cité par ADEKOUNTE Lassissi in
"Les possibilités d'intégration du Conseil de l'Entente" Memoire de DES
Paris
1972
Page 72
• •
II<
/
• • •
J

- 278 -
1 , - Les facteurs économiques
2
1
,1
- Pris ensemble les sept pays du Conseil de l'Entente élargi
i
forment une population de 113 millions d 'habi tants en 1977 , Le produit national
ita
j
brut s'élève à 54 milliards de dollars U, S. et le produit national brut per cap
à 469 dollars.
11,l
1
Les sept pays couvrent une superficie de 3,195 mi Ilions de km2
1
,l
soit une densité de 36 habitants au km2 • Il est évident qu·un marché d'une tell e
1
,
i
dimension rend possible l'implé:.ntation des industries de grande taille dont la
fj
mise en oeuvre était inconcevable à l'échelle des Etats isolés.
1
TA.BLEAU NI) LI
COMPARAISON DES INDICATEURS DE DIMENSION DE QUELQUES SOUS-REGIONS
1
!
!
1
!
!
!
1 Pays ou
Superficie
Population enj
Densité
PNB en mil-
PNB per ca-
!
!
!
!
l
, 1
!
sous-t'é-
en milliers
millions d'-
au
lions de dol-
pita en dol-'
, !
!
!
!
1
!
!
gion
de km2
habitants
km2
lars U.S.
lars U.S.
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
! Benin
!
113
!
3,2
!
28
672
!
210
!
!
!
!
!
!
!
Côte d'Iv.
322
7,5
23
5 775
770
!
!
!
!
!
1
1
!
!
!
!
!
Haute-Volta
274
5,5
20
770
140
1
!
!
!
!
!
1
!
!
!
!
!
!
!
Niger
1 267
4,9
4
931
190
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
Togo
56
2,3
41
644
280
!
!
!
!
!
!
!
1
!
!
!
!
!
!
!
Conseil de
2 032
23,4
10
8 792
375,7
!
!
!
!
!
!
!
! l'Entente
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
Nigeria
924
79,0
85
40 290
510
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
Ghana
!
239
10,6
44
3 922
370
!
!
!
!
!
!
!
! Conseil de
!
!
!
!
!
!
! l'Entente + !
!
!
!
!
!
3 195
113
36
53 004
469,1
! Nigèria et
!
1
!
-
!
!
!
! Ghana
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
C.E.A.O.
4 330
!
30,7
!
7
10
!
589
344,9
!
!
!
!
!
,
!
!
\\.,
SOURCE
WORLD TABLES
1980
BANQUE MONDIALE
J
j
... / ...
~1
l
f
1

-
279
Le tableau N° 4
construit à partir des données de la Banque Mon-
diale donne une première idée de la supériorité relativE du Conseil de l'En-
tente élargi sur les autres unions telles que la C.E.A.O. ou le Conseil de
l'~ntente restreint. Dne simple observation du tableau précédent fait ressortir
un fait i~portant : les deux indicateurs de dimension retenus par CHENERY, à
savoir le P.N.B. per capita et le volume de la population, sont plus élevés
dans l'espace constitué par le Conseil de l'Entente élargi que dans celui
formé par la Communauté des Etats d~ l'Afrique de l'Ouest (C.E.A.O.). En effet
alors que le P.N.B. per capita et le volume de la population sont respectivement
de 469,1 dollars D.S. et de 113 millions d'habitants en 1977 dans le Conseil
de l'Entente élargi, ces mêmes indicateurs ne sont que de 344,9 dollars D.S.
et 30.7 millions d'habitants en 1977 dans l'espace formé par la C.E.A.O.
En dehors des indicateurs de dimension, pour lesquels le Conseil de
l'Entente élargi dispose d'un avantage comparatif indiscutable, d'autres facteùrs
économiques militent en faveur de cette intégration.
-Les échanges intenses aux,quels se livraient les populatîons de la
sous-région bien avant les indépendances avaient déjà imposé une articulation
suffisante des réseaux de transport. D'importantes infrastructures routières
reliaient déjà le Nigeria au Togo en passant par le Benin. Il existe entre le
Benin et le Niger un projet de construction d'une voie ferrée qui relierait
Niamey à Cotonou et permettrait au Niger d'évacuer ses marchandises par le port
de Cotonou.
De même un projet de construction d'une route cotière reliant directe-
ment la Côte d'Ivoire~ le Ghana et le Togo est en cours de réalisation.
- Les ressources minières et énergetiques constituent également des
pôles autour desquels cette intégration peut être articulée. Le Nigeria, le
Benin, le Ghana et la Côte d'Ivoire sont dotés d'immenses reserves de pétrole
susceptibles de couvrir l'ensemble des besoins énergetiques de la sous-région et
de servir de base à une implantation de centres d'énergie qui sont un puissant
facteur d'intégration. Le calcaire d' Onogbolo (au Benin) et celui de Tabligbo
(au Togo) peuvent servir de sources d'approvisionnement à l'implantation d'une
cimenterie susceptible de couvrir les besoins en ciment de toute la région (x)
~j
1
j
- Sur le plan agricole, une politique d'utilisation efficiente des
cours d'eau qui arrosent la sous-région permettra aux Etats membres du Conseil
1
1
1
Le Projet ClMAO ne regroupe à l'heure actuelle que trois Etats de la sous-
région: le Togo, le Ghana et la Côte d'Ivoire il senicle que le Benin et
le Nigeria s'orientent de leur côté vers la créa~ion d'une cimenterie indé-
pendante de la C!MAO, ce qui est regrettable.
1

2bO
de l'Entente élargi d'atteindTe l'auto-suffisance alimentaire et même dtexporter
le surplus vers les autres Etats de la C.E.D.E.A.O •. En effet lorsqu'on examine
la configuration des cours d'eau en Afrique de l'Ouest, on est tenté de dire
"le Conseil de l'Entente élargi est un don de la Nature", Jamais sous-région
n'a été aussi abondamment arrosée; la Volta qui arrose le Ghana et la Côte
d'Ivoire apporte à ces deux pays les alluvions nécessaires à l'agriculture.
- Le Mono et le Meou qui sillonnent à la fois le Togo et le Benin,
peuvent, si leur cours se trouve régularisé, stimuler la production agro-pastora1e
'de ces deux Etats Comme le revè1e l'étude faite par LEKE MARIN dans sa thèse de
doctorat de 3è cycle (%)
- L'Ouemé qui baigne le Benin et le Nigeria, le fleuve Niger qui
arrose le Niger, le Benin et le Nigeria, constituent autant de sources d'énergie,
de bassins à amenager, pour stimuler l'activité industrielle de la sous-région.
Au total si les réalités géo-économiques commandent l'intégration
de la Côte d'Ivoire avec les Etats du Conseil de l'Entente élargi, il n'en
demeure pas moins vrai que certains obstacles socio-po1itiques subsistent
qui rendent difficile toute évaluation correcte des effets de l'intégration
en Afrique de l'Ouest (KR)
(x)
LEKE MARIN: "Le financement des projets d'intégration en Afrique.
Essai sur le rôle des institutions financières multilatérales"
Université de Paris l
1978 ~ 1979.
(WK)
Daniel A. CISSE: "Obstacles socio-politiques à l'intégration écono-
mique régionale". Annales de l'Université d'Abidjan ]980
Serie K Tome III
Sciences économiques.
... / ....
1

-
281 -
Il; - LES EFFETS DE L'INTEGRATION ECONOMIQUE SUR LI ACTIVITE tliANlfFACTURIERE:
ANALYSE QUANTITATIVE
j
Tout d'abord, q~'entend-on par intégration économique?
1
i
"Dans la hiérarchie des mots obscurs et sans beauté
1
dont les discussions économiques encombrent notre
1
langue, le tenne d'intégration occupe un bon rang."
1
1
François PERROUX (w)
1
1
En matière d'intégration, il existe à l'heure actuelle toute une
1
"inflation" de définitions qui rendent difficile, et parfois illusoire toute tenta-
i
1
tive d'évaluation des effets globaux de l'intégration économique. Pour désigner
1
1
le même phénomène d'intégration, on utilise à la fois des expressions aussi variées
1
telles que "Union douanière", marché commun, "Corrnnunauté économique" •• , etc.
1
1
La citation de François PERROUX que nous avons mise en exergue
i
illustre bien les difficultés de parvenir à un consensus général en matière de
définition du phénomène d'intégration. Ces difficultés proviennent, selon Dahiel
1
CISSE (xx) de l'ambiguité même du terme intégration, terme "aussi bien définis-
~
1
sable connne "un processus" ou comme un "Etat de chose", Mais, si comme Daniel
1
l
CISSE, on définit l'intégration économique "comme un processus d'unification
!,!
interne de plusieurs économies nationales d'une part et comme une différenciation
1
1
de ces économies vis-à-vis de l'extérieur d'autre part", force est alors de
J
~
reconnaître que ses effets dépassent le simple cadre de l'activité manufacturière.
1
Une évaluation correcte des effets de l'intégration doit prendre
l
en compte non seulement les effets purement économiques, mais encore et surtout
1
les effets socio-politiques. Une telle évaluation relève à coup sûr de la multi-
1
1
disciplinarité puisqu'elle fait intervenir à la fois psychologie, l'Economie
1
'1
politique, l'Ethnologie, la physique et même la Biologie. Il est évident qu'une
l,
(x)
Franç:ois PERROUX: "L'Europe sans rivages" P. 419 PUE Paris 1954
Daniel CISSE: "Obstacles socio-politiques à l'intégration économique
régionale". Annales de l'Université d'Abidjan, serie K (Sciences écono-
miques) Tome III 1980
P. 131.
".Il/."'.

-
282 -
telle évaluation dépasserait le cadre de cette thèse. Sans sous-estimer la
nécessité d'une prise en compte des effets sociaux, ni mInorer les obstEcles
politiques à l'intégration, nous nous préoccuperons uniquement des effets de
l'intégration économique sur l'activité manufacturière. Pour ce faire, nous
nous inspirerons du modèle de Corne1isse. Dans un premier paragraphe, nous
présenterons brièvement le modèle de référence, et, nous exposerons les diffé-
rents résultats économétriques auxquels nous sommes parvenus. Dans le deuxième
et dernier paragraphe nous interpreterons et discuterons les résu1tgts obtenus
de manière à tirer quelques observations générales.
III Le modèle de référence et les résultats économétrigues
Pour mesurer les effets de l'intégration économique sur l'industrie manu-
facturière le modèle généralement utilisé est celui mis au point par R.B. CRENERY
en 1960 et repris en 1963 par l'Organisation des Nations Unies. L'application
de ce modèle à l'industrie manufacturière en Afrique a été faite par PETER - A.
CORNELISSE (x)
III . - Le modèle de PEt~R CORNELISSE
1
Partant des series statistiques relatives à un échantillon de 22 pays
africains, PETER A. CORNELISSE démontre que la valeur ajoutée per capita par
l'industrie manufacturière peut êtré reliée aux indicateurs de dimension par une
fonction de forme mathématiqué suivante :
VA
=
0,152 yl,533

pO,216
(1)
(x)
PETER A. CORNELISSE : "Les effets de l'intégration économique sur
l'activité manufacturière en Afrique •.. "LD.E.P.
DAKAR
1

_
283_
avec VA
Valeur ajoutée par 11 industrie manufacturière per capita
y
Produit national brut per capita
P
Volume de la population
Sous forme linéaire, cette fonction se présente de la façon
suivante
Log VA = Log 0,152 + ],533 Log Y + 0,2]6 Log P
(2)
A partir de l'équation (]) PETER CORNELISSE recherche comment les
avantages relatifs de l'intégration varient selon les combinaisons de pays
de différents types. Pour ce faire, il considère deux pays (]) et (2) dont les
productions manufacturières se présentent sous les formes suivantes :
pour les pays (])
ë(l
=
d.oYs.
P 1
pour les pays (2)
(lI
=
aOY2
P2
0<,0, ~l
cJ..2
sont des paramètres ; y] et Y
représentent respectivement le
2
P.N.B. par habitant du pays (]) et le P.N.B. par habitant du pays (2)
Quant à p] et P
ils représentent respectivement le volume de la
2
population du pays (1) et celui du pays (2).
Avant intégration, la production, manufacturière moyenne des deux pays
est égale à
~

• • /
t
"
..-
1

- 284-
En supposant une intégration totale de ces deux pays) la production
manufacturière après intégration s'écrit:
VAX
=
+
Le bénéfice relatif retiré de l'intégration de ces deux pays est
alors égal à :
=
VA
Yl~ Pl a:2+1 + Y2 aJ P2 ~+]
L'application de la relation précédente (3) permet à PETER CORNELISSE
d'estimer les effets de l'intégration économique sous régionale en Afrique en
1967.
Les résultats obtenus sont consignés dans le tableau suivant
!
!
Sous-
Production manufac-
Production manufac-
Avantage relatif de
!
!
turière moyenne
turière après inté-
l'intégration en
Région
!
!
avant intégration en
gration en dollars
%
!
dollars
!
!
Afrique du
24,56
33,31
35,63
Norli
Afrique de l'
]0,22
14,34
40,31
Ouest
Afrique de l'
OUest sans le
]2,01
17,80
48,2]
Nigeria
Afrique Cen-
7,66
10,49
36,95
traIe
Afrique de l'
7,18
]0,71
49,16
Est
L'observation de ce tableau fait apparaîtreunpbint fondamental. L'intégration semble
se traduire par un accroissement potentiel d'environ 40 % de la production manufacturière
le taux de rentabilité ou l'avantage relatif le plus élevé ayant été obtenu dans le cas
de l'Afri~ue de l'Est, 49,]6 % contre 48,21 % pour l'Afrique de l'Ouest sans le
Nigeria. (x)
SOURCE: PETER A. CORNELISSE
article cité •..
J

1
r
Mais
l
Sl
le modèle de PETER CORNELISSE pennet di éval1,ler 1 Uavantage
t
relatif retiré par. une sous-région du fait de 19intégrdtioIi~ il ne nous rensei-
gne pas sur l'avantage retiré par un pays pris isolément, De p1us~ le modèle
compare la production moyenne avant intégration et la production per capita
après réalisation de 1 i intégration ; or ce qui intéresse un pays, ce n'est
pas de savoir que lVintégration a entraîné une
btimulation de la production
manufacturière de la sous-région ; tout pays a plutôt tendance à comparer le
niveau de sa production manufacturière avant intégration au nive,au atteint
après intégration. CWest uniquement sur cette base qu'il accepte ou non diàdhérer
à l'Union. Il est évident que si la C.E.E. devait entrainer une baisse de l'ac-
tivité industrielle en France, la France n'aurait aucun intér@t à y adhérer même
si globalement le Marché Commun stimule la production industrielle européenne.
Pour cette raison, nous avons jugé utile de refaire les m@mes
calculs sur la base des données recentes tout en modifiant quelque peu le
modèle de référence.
III
. - Les résultats de notre analyse
2
Pour tester la correlation existant entre la dimension du marché
et la taille de l'industrie manufacturière, une analyse en "coupe instantanée"
portant sur trois series d'échantillons a été essayée. Pour chaque échantillon
un programme de regression multiple reliant tant que variable expliquée aux deux
indicateurs de dimension retenus par CHENERY et CORNELISSE) à savoir le Produit
national brut par tête et le volume de la population.
III
. - La spécification des variables
2 1
- La valeur ajoutée per capita a été tirée de "World tables" Zè
édition 1980. Elle a été obtenue en divisant la valeur ajoutée par l'industrie
manufacturière en 1977 par le volume de la population. Mais les chiffres relatifs
à la valeur ajoutée publiés par la Banque Mondiale, étant exprimés en monnaie na-
tionale, un premier travail consistait à ramener tous ces chiffres en une même
unité, le dollar américain. Cette conversion en dollars nous permet de disposer
des chiffres homogènes pour toutes les series. La conversion d été fâite sur la
base du taux de change prévalant en 1977.
. " "1. ,. .
1

286 -
- Les indicateurs de dimension retenus privilègi'::üt Je cuncept
de "dimensions économiques" au détriment des "dimensions gêographiques". Le
critère socio-géographique qui combine à la fois la superficie et le volume de
la population est à notre avis insuffisant pour rendre compte de l'effet de
l'intégration sur le secteur manufacturier. Si les Etats-Unis d'Amérique,
l'Union Soviétique, le Marché Commun constituent des espaces aux vastes dimen-
sions géographiques il n'en demeure pas moins vrai qu'il existe d'autres
espaces intégrés de dimensions géographique modeste ayant atteint un haut n~veau
d'industrialisation. C'est la raison pour laquelle, au critère socio-géographique.
nous avons préferé le Produit national brut par tête et le volume de la population
(x)
.
- Le produit national brut par tête est exprimé en dollar U.S. 1977.
Il exprime le niveau de "bien-être matériel" atteint par chaque pays. Il est
évident que plus le niveau de "bien-être matériel" des individus est élevé, plus
leurs achats de produits manufacturés sont importants et plus la production manu-
facturière se trouve stimulée.
(II)
Ces indicateurs de dimension sont consignés dans les tableaux N°s
.. "/ ...

- 287 -
î,)
TABLEAU N° 5
INDICATEURS DE DIMENSION
ANNEE 1977
,~
~f1
1
~I
.....:-------;;--V-a-l-e-u-r-a-jo-u-t-é-e-p-e-r--""'-p-,-.N-.B-.-p-e-r-(CfJ.::-e~nr:-"'"tt1i
Volume de la popula-
Pays
capi ta par l' indus-
dollars
tion en millions
il
l,
trie manufacturière
U. S. 1977
d Vhabitants
f'
en U. S. 1977
1977
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
Benin
15,6
210
3,2
!
!
!
!
!
,
!
!
!
!
Cate d'Ivoire
99,5
770
7,5
1
!
!
!
!
!
!
!
Ghana
127,7
370
10,6
!
!
!
!
!
!
!
!
Guinée
7,6
200
5,0
!
!
!
!
!
!
!
!
Haute-Volta
14,8
140
5,5
!
!
!
!
!
!
!
Liberia
23,0
410
1,7
!
!
!
!
!
!
Mali
13,8
120
6?1
!
!
!
!
!
!
Mauritanie
43,0
270
1,5
!
!
!
!
!
!
Niger
19,8
190
4,9
!
!
!
!
!
!
Nigeria
42,5
510
79,0
!
!
!
!
!
!
Senega1
44,7
380
5,2
!
!
!
!
!
!
Sierra-Leone
9,6
200
3,2
!
!
!
!
!
!
!
!
!
Togo
22,5
280
2,3
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
Afrique (N)
417,64
135,7
,
!
!
!
!
!
Occidentale
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
SOURCES ': "'WORLD TABLE~ 2è édition 1980
Banque Mondiale
(x)
I l n'existe pas de données pour 3 pays de l'Afrique Occidentale , la
Guinée-Bissau, le Cap-Vert et la Gambie.
1

-
288
-
TABLEAU N° 6
INDICATEURS DE DIMENSION
PAYS INDUSTRIAlISES
Valeur ajoutée per
P.N.B. per capita
Volume de la popu-
capita en dollars
en dollars
lation en millions
Pays
U.S.
U.S.
d'habitants
] 977
1977
1977
Italie (x)
025,7
3 050,0
56,1
Suède
2 280,0
9 340,0
8,3
Royaume-Uni (x)
985,5
4 020,0
55,9
Japon
(x)
1 485)6
4 910,0
112,4
Autriche
903,9
6 450,0
7,5
Finlande
744,7
6 190,0
4,7
Afrique du Sud (z)
284,3
340,0
26,2
!
France
974,7
7 500,0
53,0
!
,
Allemagne Féderalej
3 156,3
8 620,0
61,4
Canada
578,8
8 350,0
23,3
Etats-Unis
2 095,1
8 750,0
216,7
Norvège
736,3
8 570
4,0
Belgique
2 154.1
8 280
9,8
SOURCES ~ "WORLD TABLES" : Banque Mondiale 1980
(x)
Les chiffres concernent l'année 1976

289
Le volume de la population est également dn? de "World Tables".
Tl est exprimé en millions cl YùaDi tants" Plus le volume de la pCiiJulation est
élevé~ plus le nombre de consotmllateurs est important,
III
. - La Spécification des échantillons
22
Trois series d'échantillons portant sur des pays à revenus diffé-
rents ont été constituées.
- Le premier échantillon regroupe ] 3 pays de li Afrique Oeel dentale
le Benin, la Côte d'Ivoire, le Ghana, la Guinée, la Haute Volta, le Libéria,
le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Senegal, la Sierra-Léone et
le Togo. L'ensemble des données relatives à cet échantillon se trouvent consignées
dans le tableau N°5
Trois équations ont été estimées pour cet êchanti 1101:;
- La première équation relie la valeur ajoutée per capita par
l'industrie manufacturière aux deux indicateurs de dimension par une fonction
linéaire de la forme :
VA
- 6,34
+
0,148 PNB
0,236 POP
(1)
T de Student ( 0,379)
(2,941)
(-0,543)
2
R
= 0,4 727
D-W = 1,9765
- La deuxième équation est semi-logarithmique
VA :::
- 215,42 + 43,67 Log PNB + 4,75 Log POP
(2)
T de Student (-2,357) (2,592)
(0,534)
2
R
= 0,4656
D-W = 1,5382
J

290
-
La troisième équation se présente sous ïa forme matbématique
suivante :
Log VA
3,52
+
]~19 Log PNB
+
0,075 Log POP
(3)
(- 1,89)
(3,45)
(0,534)
2
R := 0~5899
D-W:= ],6223
- Le deuxième échantillon regroupe 13 pays industrialisés pour
lesquels il existe des données portant à la rois sur la valeur ajoutée, le
Produit national brut et le volume de la population. Ces données sont consignées
dans le tableau N°6.
Trois équations ont été êgalement estimées pour cet êci:ldntîlluTl
les
résultats sont les suivants :
VA
=
]34,]6
+
0,24 PNB
+
0,63
POP
(4)
(0,406)
(5,189)
2
R = 0,73]2
D""'W := 2,0849
VA
- 7 980,7
+
1 096,9 Log PNB + 56,84 Log POP!
(5)
(5,300)
(0,622)
2
R
= 0 , 7 383
D-W -= 2,3 862
... / ...
.~:~
1
1
j

-
;:9[-
.,.
Log VA
= - 1~65 + ] ~02 Log PNB + 0,0/1 Log POP
(6)
(-1,708) (9,547)
(0,889)
2
R
= 0,9 018
b-W = 1,4 880
Dans le troisième échantillon, nous avons regroupé les 13 pays
de l'Afrique Occidentale et les 13 pays industrialisés. Liaccroissement de la
taille de l'échantillon s'est traduit par une amélioration considérable des ré-
sultats :
".
VA
= .l. 29,61
+
0,26 PNB
+
0,69 POP
(7)
T de Student(-0,39)
(16,15)
(0,565)
2
R
= 0,9 317
D-W = 2,1 283
..
VA
= - 3 096
+
5~5~23 Log PNB - 25,31 Log POP
(8)
T de Student (-8,82)
(9,901)
2
R
= 0,8 573
D-W "" 2,2 71 °
1.
,..
Log VA = - 3,94 + 1,26 Log PNB + 0,08 Log POP
(9)
T de Student
(-10,17) (20,06)
(t ,073)
2
R
= 0,9647
D-W = 1,9936
Nous avons regroupé dans un seul tableau les résultats relatifs
à ces trois échantillons. (x)
... / ., .

292
TABLEAU N° 7
RESULTATS DES TESTS STATISTIQUES
,
,
T,
'Coefficient;Coefficient
'
t
relatif au
relatif à
Cons ante PNB par
la popula-
tête
tion
,
,
;Nombre de
,Type de

;pays compo- ,
.
eX
8
R2
D - W
F
; sant 1'~ h
.regress1on
ec an,
tillon
!
T-'
!
linéaire
- 6,34
0,148
- 0,236
0,4727
1,9765
4,48
!
simple
(- 0,379)
(2,941)
(- 0,543)
!
!13 pays de
!
Semi-Ioga-
-215,42
43,67
4,75
0,4656
1,5382
4,36
!l'Afrique de rithmique
(-
2,357
(2,592)
(
0,534)
!
!
l'Ouest
!
Log-liné-
3,52
1 , 19
0,075
0,5899
1 ,6223
7,19
1
aire
(
1,89)
(3, 45)
(
0,416)
!
!
1
, linéaire
134,16
0,24
0,63
0,7312
2,0849
13,60
!13 pays 10- ! simple
(
0,406)
(5,189)
(0,324) !
1
1
!dustrialisésl
!
!
!Semi-loga-
-7980,7
1096,9
56,84
!
0,7383
2,3862
14,10
Irithmique
(4,256)
(5,300)
(0,622) 1
1
1
1
1
!
!
1
1
,
!Log-liné-
- 1,65
1,02
0,04
1
0,9018
1,4880 1
45,94
1
1
1
1
T----'---
!
!
1
! linéaire
-29,61
0,26
0,69
1
0,9317
2,1283 1 156,92
!
simple
(- 0,39)
(16,15)
(0,565) 1
!
,
~:: 6 PdYS dé- !
1
+-
1
!V.é' Loppês
et
!
!
lSemi-loga-
- 3096
565,23
- 25,31
0,8573
2,2710 1
69,09
!sous-déve-
Irithmique
(-8,82)
(9,901
(- 0,371)
1
1
1
1
!
!
!
! loppés
!Log-liné-
- 3,94
1 , 26
0,08
0,9647
1,9936 1 314,56
!
!
aire
(-10,17)
(20,06)
( 1,073)
1
1
!
!
Les T de Student des coefficients estimés se trouvent entre parenthèses et
soulignés.
... / ...

L93
IL. - Interprétation des réault:ats et application au CeS ivoir:L12Tl
L
......•,..-.-_._.-,... -
rIZ . - Résultats économétriques
l
Il ressort de l'examen du tableau préc.édent que les regressions
Log-Linéaires donnent les résultats les plus satisfaisants. En effet~ seules
les équations du type Log VA = cl' +
S Log Y + ~Log P donnent les valeurs lEs
2
plus élevées pour le coefficient de détermination R
et celà quel que soit
l'échantillon choisi. Nous pouvons tirer, à partir de cette constation la con-
clusion suivante ~ la valeur ajoutée per capita par llindustrie manufacturiè:ce est
une fonction puissance du produit national brut par tête et du volume de la popu-
lation.
Log VA = r::J... +
S La g Y + ~ Lag P
(1)
ou
~
VA =
e
yS P 6'
(l')
La deuxième conclusion que nous pouvons tirer de l'observation du
tableau N° lrest la suivante: le coefficient relatif au volume de la popu-
lation n'est pas significatif M:Héren1! -èe IHH',"" En effet les T de ~tudent.
des coefficients relatifs à la population sont inférieurs à 2 et dans la presque
totalitê des cas, inférieur à /1/
TI
' - Interprétation économique
22
Quel l.ue soit l'échantillon choisi, l'élasticité de la production
manufacturière par rapport au produit national brut par tête est plus élevée
que celle relative au volume de la population. On peut donc conclure que la
taille de l'activité manufacturière dépend beaucoup plus du pouvoir d'achat
de la sous-région matérialisé par le P.N.B. par tête que de la dimension démo-
graphique. Cette conclusion est fondamentale, car elle suppose implicitement que
l'effet exercé sur l'activité manufacturière par une union dépendra de la com-
binaison des pays formant l'union; autrement dit~ une Union formée de pays A~
B et C n'aura pas les mêmes effets sur la production manufacturière qu'une
Union formée de pays K, L et M. Cette conclusion renforce les arguments que nous
avancions en ce qui concerne le choix de l'espace à intégrer"

-- 294 _.
Le probU'me qui se pose est celui dE saVOJr s'il existe une cümbînaîson optimale
de pays susceptible d'exercer le maximum dVeffets positifs sur le niveau de
l'activité manufacturière.
11
. - Quantification des effets de l'intégration sur l'activité
23
f
.~.. •
manu actur1ere 1V01T1enne
Les avantages retirés d'une intégration par un pays peuvent être appreciés
au moyen d'un indicateur que nous baptisons taux de rendement de lVintégration.
Par rendement de l'intégration, nous entendons la différence entre la valeur
ajoutée per capita generée par l'industrie manufacturière après réalisation totale
de l'intégration et la valeur ajoutée per capita avant intégration. Ce rendement
peut être positif si l'intégration s'est traduîte par un accroissement de la valeur
ajoutée per capita ou négatif dans le cas contraire. Le taux de rendement de
l'intégration est alors égal au rapport de la variation de la valeur ajoutée per
capita après intégration et de la valeur ajoutée per capita avant intégration.
Ce taux de rendement peut être calculé pour un pays pris isolement ou pour une
région; dans ce dernier cas, on comparera la valeur ajoutée per capita après
intégration et la valeur ajoutée moyenne peT capita de la région avant intégration
Pour évaluer les effets de l'intégration nous disposons de trois series de
relations :
(1)
Log VA = _. 3,52 + ],]9 Log Y + 0,075 Log P
(relation africaine)
(2)
Log VA = -
],65 + ],02 Log Y + 0,04 Log
P
(relation "Nordiste") (~)
(3)
Log VA = - 3,94 + 1,26 Log Y + 0,08 Log
P
(relation globale)
Les trois équations ci-dessus spécifiées sont relatives aux trois échan-
tillons retenus. Mais nous n'utiliserons que la relation (3) pour les raisons
tenant à la taille de l'échantillon (26 pays) et à la situation particulière
des pays Ouest africains. Ces pays sont pour la plupart non seulement intégrés
au système capitaliste mondial, mais ils sont également associés aux pays indus-
trialisés par des accords spécifiques (CEE - ACP). La re lation (3) nous parai t
donc plus représentative que les relations (]) et (2).
(JI)
La relation "Nordiste" concerne l'échantillon des pays industrialisés
n
...
, . / "
. . .

295
De la relation (3) nous pouvons tirer la valeUr ajout~e per capita
par l'industrie manufacturière ~
3,94 y],26 p O,08
(4)
VA = e
A titre d'hypothèse simplificatrice, nous supposerons que la Côte
d'Ivoire a la possibilité de choisir les pays ou les partenaires avec lesquels
il entend former une intégration ~conomique ; en termes clairs, celà signifie
que la Côte d'Ivoire a le choix entre les options suivantes:
- former une intégration économique avec les pays du Conseil de
l'Entente (Togo, Benin,Niger et Haute-Volta)
- former une intégration économique avec le Conseil de l'Entente élargi
au Ghana et Nigeria.
- former l'Union avec les pays membres de la C.E.A.O. (Mali, Senegal,
Mauritanie, Niger, Haute-Volta)
- former l'Union économique avec les ]5 autres pays de la C.E.D.E.A.O,
Nous supposons également que ;
- avant intégration, les situations se présentent de la façon suivante
un payS, la Côte d'Ivoire dont le revenu per capita est Y
et le
cI
volrune de la population Pel
- une sous-région R dont le revenu moyen per capita est Y
et le volume
R
de la population PR
- après intégration, l'Union fdrmée par la Côte d'Ivoire et la
sous-région R constitue une seule Nation dont le revenu per capita est Y
et
u
le volume de la population P . En termes clairs, nous faisons abstraction
u
des barrières politiques, linguistiques et et même géographiques. Par conséquent
y
=
(5)
u
YcI·Pci + YRoPR
Pei + pR
... / ...

296
P
+
(6)
u
Si nous appliquons la relation (4) nous obtenons les valeurs
ajoutées per capita de la Côte d'Ivoire, de la sous-région R et de l'Union
avant et après intégration.
Avant intégration
+
e~ • y8 ... p~ .
c~
c~
(7)
(8)
e~ • yS ,po
(9)
u u
VA, y, et P désignant respectivement les valeurs ajoutées per capita,
les revenus per capita et les volumes de la population de la Côte d'Ivoire, de
la sous-région et de l'Union
U. Si noùs désignons par A(cI)' l'avantage
relatif que la Côte d'Ivoire retire de l'Union, nous pouvons écrire:
Pour que l'intégration économique soit viable il faut que
A(CI) soif positif
>
o =~ (~
)~
,pu
j
\\Y(CI))
p
(
. >
... 1...
'\\- (cI)
[
J

297
Nous obtenons
A
>
o
(cI)
==~
~Log K + ~ Log L > 0
CI 1)
"!
SLog K
+
Log L
>
0
==~ SLog K '> - aLog L
ou Log K
>
lf· Log L
S
d'où
- O/S
K
>
e
• L
(12)
En remplaçant dans l' équatio,n (12) K et L par valeur. nous
obtenons la condition nécessaite pour que l'intégration économique soit
viable.
Yu
Pu
(12) ,
- (f/S
Y
>
e
(cl)
P(cl)
Si un pays fonde son appartenance à une Union économique sur
le critère de l'accroissement potentiel de la production industrielle,
il a intérêt à choisir ses partenaires de telle manière que le
rapport des revenus per capita de l'Urtion formée et du pays soit
supérieur au rapport des volumes de la population de l'Union et
du pays multiplié par une constante.
Si nous appliquons la relation (12) aux différentes possibilités
d'intégration éconcmique qui s'offrent à la Côte d'Ivoire, nous obtenons les
résultats suivants consignés dans le tableau N°8
Calculons l'avantage relatif découlant dé chaque intégration
en appliquant la relation (4)
.. " / ...

- 298
-
- 3,94
-y 1,26 po,oa
VA
= e
R
R
0
R
Apt~s intégration totale de la eSte d'Ivoire avec la sous-r€gion
R
VA__
=
- 3,94 yl,26 pO,08
--u
e
.
U
U
0
Si nous posons
Y. 10 P.
+
Y
P
YU
.c
C1
R
R
P
+ P
cI
R
Nous obtenorls
- 3 94
v~
e
'
~CI'PCI.+ YRPR 126 tcl +pT,oB
R
P
+ P~
cl
- 3,94
) 1 ,26
VAU
=
e
( Ycr Pel + YR
( P cl + P
) - 1, 18
R
e- 3,94 (Y
P
+ Y
P )1,26 (Pel + P )- 1,18
el
R
R
R
R
V~ - VA(cI) = -~------------------- - .1
VA(cI)
e
~ 394 Y~f26 p~t08
... / ...
1
,

-
299 -
TABLEAU N°a
CALCUL DE L'AVANTAGE RELATIF RETIRE PAR LA
COTE D'IVOIRE
§
Pu en mi1-
Avantage
.~
YU
YU
Pu
'1
mi11ions
!
relatif
".~
en
US
Y
P
1
d'habitants!
cl
cl
'1
1977
l
1
1977
!
1
,
1
T
1
! Conseil de
!
357,7
23,4
0,46
3,12
Négatif
1
l'Entente res-
1
tant (5 pays)
t
!
i Conseil de
!
469,1
113
0,61
15,10
Négatif
l'Entente é1ar-
!
l)~
gi (7 pays)
!
[
~1~
C.E.A.O.
178,7
30,7
0,23
4,09
Négatif
~
(6 pays)
1~11 C.E.D.E.A.O.
'-l
417,6
135,7
0,54
18,09
Négatif
(13 pays)
1
1
1
,1
~
! France x Côte
1
,
! d'Ivoire
6 66.5,70
60,5
8,67
8,07
Positif
i
! (2 pays)
1
!
,
J!j
i
;
1
l.~
(.)
Nous avons exclu la Gambie, la Guinée-Bissau et le Cap-Vert
.. \\, / ...
1

_.
3CO
AVANTAGE RELATIF

11
- 301 -
:i
;~
Le tableau N°g
, .. retrace les diff~rertts avantages relatifs
attendus par la eate d'Ivoire de l'intêgration ~conbmique en fonction des dif-
férentes combinaisons possibles.
De tels résultats "pervers" étaient prévisibles pour des raisons
tenant d'une part aux hypothèses retenu~s et d'autre part au mode de calcul de
l'avantage relatif.
- Le modèle repose sur un certain nombre d'hypothèses audacieuses
qU1 sont difficilement réalisables dans la réalité :
- La première concerne la sous-région·R avec laquelle la Côte
d'Ivoire entend former une union économique. Cette sous-région composée de n
pays à structure de marèhé différente est traitée comme un pays unique ayant
un revenu par tête d'habitant Y égal à une moyenne ponderée des revenus par tête
R
des pays composant la sous-région et un volume de population ~gal à la somme des
populations des n pays.
n
L: Y. P.
i=11
1
n
l: P.
• 11
].=
Il est évident qu'une Union forrn~e avec une telle sous-r~gion
ne peut procurer un avantage relatif positif à la eate d'Ivoire que si au départ
Y était à Y
'
R
cI
En effet de l'équation (12) on peut tirer
> e
(14)
_ci./ s
/ P(cI) étartt largement super1eur à 1 et e
~tant proche
Pu
l
de 1 la condition de viabilit~ est sati~faite dès que YU
= 1
i
Y
)
cI
!
... / ...

302
Yu
/ Pu
YU
=1 ==~
~U
=
Y
P
Y
~
cI
cl
cl
cI
Pu
étant > 1
==j> YU > 1
==? y
> y
U
cl
P
Y
cl
cl
Le produit national brut par tête YU ne peut être supérieur à
Y
aue si au départ Y
> Y
cI
R
cI
Il n'est donc pas étonnant que les seules Unions économiques
intéressantes pour la Côte d'Ivoire soient celles formées avec les pays dont
1
les revenus par habitant étaient au départ largement supérieurs à celui de la
1
Côte d'Ivoire.
l•.
- La déuxième hypothèse audacieuse concerne l'intégration économique
elle-même. Elle est conçue comme étant Une fusion totale des Etats en une seule
Nation. Une telle hypothèse est en contradiction avec la méthode de calcul de
l'avantage relatif que nous avons utilisée. Après intégration, le seul avantage
relatif susceptible d'être évalué est celui de la région intégrée. En effet il
n'y a plus ni Côte d'Ivoire, ni sous-région R distinctes; il n'y a qu'une
région li caractérisée par 'un revenu par tête d'habitant. YU' un volume de popu-
lation Pu et une production manufacturière par tête VAU. La manière dont cette
production manufacturière se repartit sur le territoire de l'Union relève main-
tenant d'un problème d'aménagement du territoire ou de croissance harmonieuse.
11 importe donc de modifier quelque peu le mode de calcul de l'avantage relatif.
VAu - VA
=
VA
Avantage relatif de l'Union économique
Valeur ajoutée per capita par l'industrie manufacturière
après intégration totale
VA
'!'
Valeur ajoutée moyenne per capita par l'industrie manufactu-
rière avant intégration.
En appliquant la relation Ouest-africaine, nous obtenons
- Avant intégration :
- 3,94 Y 1,26
pO,08
= e
.
cl
(pour la Côte d'Ivoire)
cI
= e- 3,94 yl,26
pO,08
(pour la sous-régiont
R
R
e-3,94 (y1,26pl,08 + yl,26p l,08)
cl
cl
R
R
VA
=----~-------------
... / ...
!

~ 303' -
- Après intégration totale
VA
= e- 3,94. (Y P
+ Y P )1,26 (P
+ P )- 1,18
OlT
ct cl
R R
cI
R
V~
~ = - -
VA
+ Y
(Y
J?) 1 ,26 (P
+p)-1,18
(P
+
cI Pcl
PR)
R R
~I
R

cl
~ =
- 1
y l ,26 p l ,08 +
yl,26 p l ,08
cl
cl
R
R
(YcI Pcl + Y P )1,26 (P
+ P )-0,18
R R
cl
R
~ =
- 1
yl,26 p1,08 + y1,26 p 1,08
cl
cl
R
R
En appliquant cette nouvelle formule aux différentes possibilités
d'intégration, nous obtenons~les résultats ci-après:
!
!
Région parte-
!
!
naire
ycI,PcI
YR,P
P
R
cr+PR
A(R)
Observations
!
!
!
!
!
!
!
!
!
Conseil de l'En-
5 775
3 017
23,4
0,12 %
Avantage relatif
1
!
!
tente restreint
pas très différent
!
!
!
(4 pays)
de
!
!
°
!
!
!
!
!
Conseil de l'En-
!
5 775
47 229
113
2,62 %
Avantage relatif
1
1
tente élargi
!
positif mais faible !
!
(6 pays)
!
1
!
!
!
,
!
!
C.E.A.O.
5 775
54 814
30,7
1,02 %
Avantage relatif po-;
1
(5 ) pays)
sitif mais très fai-'
1
.
1
ble
!
!
!
-,
!
!
!
C.E.D.E.A.O.
!
5 775
! 50 899
135,7
2,36 %
Avantage faible
!
(12 pays)
!
!
,p
!
!
!
!
!
!
!
,-
,
Avantage relatif
1
!
!
France seule
5 775
'397 500
60,5
!415,95 %
extrêmement impor-
!
!
!
f
tant Union économi-
!
!
!
!
que intérèssante
!
!
f
i :
f
!
1
!
t
Guinée seule
5 775
31 000
12,5
-0,23 %
Avantage négatif
~
1 !
!
!
g
!
t
~
1
~,
!
!
!
!
Avantage relâtif le
!
1
, ! Ghana seul
!
5 775
3 922
!
1
18,1
!
4,23 %
plus élevé pour la
!
!
!
!
!
sous-région Ouest-
1
i
-._-. f
î
. ""ï
---r"
.'T'-
Africaine
!
~
!
!
1
Avantagé relatif
!
j France + Allemagne ! 5 775 !926 768 ! 121 ,9 1153,51 % important
... / ...
1

-
304
-
L'observation du tableau précédent fait ressortir plusieurs faits
saillants.
a) Toutes les Unions économiques à l'exclusion de celle formée
par la Côte d'Ivoire et la Guinée, offrent une possibilité d'expansion de
l'activité manufacturière en Afrique de l'Ouest. A cet égard la sous-région la
plus intéressante en matière d'intégration économique est celle constituée par
le Conseil de l'Entente élargi au Ghana et au Nigeria. Elle procure l'avantage
relatif le plus élevé 2,62 % contre 2,36 % pour la C.E.D.E.A.O. 1,02 % pour
la C.E.A.O. et 0,12 % pour le Conseil de l'Entente restreint.
b) Une union économique formée d'un nombre relativement restreint
de pays judicieusement choisis peut, du point de vue de l'avantage relatif,
être extrêmement intéressante. Par exemple, une union économique formée par la
Côte d'Ivoire et le Ghana offre une possibilité d'expansion de l'activité
manufacturière legèrement supérieure à toutes les possibilités d'expansion
offertes par les autres Unions Ouest-Africaines: 4,23 %.
De la même manière, une Union économique hypothétique qui serait
formée de la Côte d'Ivoire et de la France, est du point de vue de l'avantage
relatif plus intéressante qu'une Union formée de trois pays
la Côte d'Ivoire,
la France et l'Allemagne Féderale (415,95 % contre 153,51 %).
c) S'agissant de l'Uniort de deux pays, l'avantage relatif retiré
de l'intégration varie suivant les différentes combinaisons de pays formant
l'Union. Les calculs donnent un avantage relatif de - 0,23 % pour Guinée -
Côte d'Ivoire, 0,14 %pour Benin - Côte d'Ivoire et environ 2 % pour Liberia -
Côte d'Ivoire.
1
f
d) Quelle que soit la méthode de calcul utilisée pour l'évaluation
f!
àe l'avantage relatif, une constante demeure: dès l'instant où le rapport
des populations est différent de 1 (PR/P cl) ~ 1 la Côte',d' Ivoire'tire un avantage
1
plus élevé d'une Union économ~que avec un pays développé qu'avec un pays Ouest-
..
Africain (M)
J
(
!l
(x)
si les populations sont de même ordre de grandeur, il peut arriver
1

'j,
que l'avantage relatif de l'intégration soit négatif.

1
l
si le niveau du revenu per capita du pays développé est très grand
t
!,
!
par rapport à celui du pays sous-développé (PETER A. CORNELISSE) op cit .
..
j
.. / ...
J
l

-
305
On pourrait itre tenc§ de conclure, à partir des rêsultats de
notre analyse que les efforts d'êtablissement des Unions êconomiques en
Afrique de l'Ouest ne sont guère justifiês. Les maigres résultats obtenus.en
matière d'accroissement potentiel de l'activité manufacturière ne compensent
nullement en effet les coûts socio-politiques que pourraient engendrer de telles
intêgrations êconomiques. Il parait donc prêfêrable, soit de prêserver la situa-
tion actuelle, héritêe de la colonisation et caractêrisêe par des liens intra-
africains extrêmem~nt lâches, soit d'oeuvrer pour le renforcement de celle-ci
en rivant davantage les pays Ouest africains aux pays ihdustrialisês "beaucoup
plus profondément que les coins du Vulcain ne rivaient promethée à son rocher".
La réalitê est beaucoup plus complexe. Nos résultats doivent être interpretés
avec la plus grartde prudence car ils passent sous silence un certain nombre de
faits que les théoriciens rangent génêralement dans la clause "ceteris paribus".
Parmi ces faits, les effets d'entrainement et les effets de domination méritent
d'être signalês. Il est êvident que l'intêgration économique, en êlargissant le
marchê, rend possibles certaines implantations industrielles et fait apparaître
des opportunités nouvelles. De telles opportunités bénéficient d'abord aux pays
les mieux avancés de l'Union, ceux où il existe déjà une infrastructure êco-
nomique et sociale assez dense.
Il est évident, abstraction faite des dotations naturelles telles que
le climat e.t les ressources minières pour lesquelles les pays sous-d~véloppés
disposent
d'un avantage comparatif absolu, les nouvelles unités industrielles
auront tendance à s'implanter de préférence dans les pays développés ne serait
ce que pour bénêficier des "êconomies externes". Comme le note François PERROUX,
"les investissements additionnels s'accumulent souvent aux points où une cons-
tellation d'investissement antécêdents leur donne un rendement élevé". Cet effet
d'attraction entraine une polarisation des industries dans le pays développé au
détriment des pays sous-développés membres de l'Union. Il pourrait s'ensuivre
un effet de domination susceptible de contrebalancer à moyen terme les effets
positifs que l'intégration êconomique exerce sur les partenaires les moins
puissants. La crainte d'un renforcement, au sein de l'Union, de la domination du
l
partenaire le plus puissant, milit~ en faveur d'une intégration économique de pays
l1
à niveau de revenu par tête similaire.
Dans le cas précis de la Côte d'Ivoire, la sous-région la plus intéres-
sante en matière d'intégration êconomique est celle constituée par le Conseil de
l'Entente élargi. Une telle intêgration économique, si elle est réalisée, per-
mettra à la Côte d'Ivoire de briser le "cercle vi-c:ieux" de la sous-industriali-
sation et de l'endettement extérieur pour entrer dans le "cercle vertueux" de
l'ind.ust.,.·7 a lisation et de l'autofinancement.

CONCLUSION
GENERALE
i
J
l
1

"Dans ce Monde, chacun a quelque chose
à
nous
apprendre.
Et dans
ce
sens
tout
Homme
est
un
maître,
un Gourou"
MA
ANANDA
MOYI
(II)
(!t)
Cité par le "MONDE INCONNU", N° 20,
Juillet-Août 1981
l

306
Depuis l'échec de la première décennie du développement,
le "financement extérieur" est devenu la cible principale aussi bien des
théoriciens que des hommes politiques des pays sous-développés et des pays
en voie de développement.
Pour certains, le "financement extérieur" n'est rien d'autre
que la"manifestation du néo-impérialisme du monde capitaliste qui exploite les
pays en développement et les maintient en état de perpétuelle dépendance". Plutôt
que de parler de "financement extérieur" ou de transfert de ressources, la plu-
part de ces auteurs estiment qu'il vaudrait mieux parler de "restitution de
ressources et de compensation" ("7
Pour d'autres, le "financement extérieur" ne peut être que ruisible
au développement dans la mesure où il affaiblit la tendance à l'épargne des
Nations bénéficiaires et développe chez elles une propension élevée à la
"mendicité" et à "l'assistance". La plupart de ces auteurs font une distinction
entre l'investissement privé étranger qui, selon eux facilite la croissance
économique, et l'aide étrangère qui serait un facteur de "paupérisation" et
d'asservissement. Mais tous établissent une relation statistique négative
entre apports financiers externes et épargne.
Notre objectif, en abordant ce thème, n'est pas de raviver la
vieille querelle ent~e les partisans du financement de la croissance par l'épar-
gne extérieure et ceux du financement sur ressources internes. Ndus entendons
seulement, à partir du cas ivoirien (qui est un cas assez représentatif) étudier
les rapports qui peuvent exister entre le llfinancement extérieur" et l'indus-
trialisation de manière à montrer qu'un apport financier externe bien orienté
et judicieusement combiné avec une dose de ressources internes peut permettre
à un pays de briser le cercle "vicieux de la pauvreté" et d'entrer dans le
"cercle vertueux de la croissance et de l'accumulation.
(x)
Teresa HAYTER : "Aid as Imperialism" LO!1dres Penguin, ]971
Albert TEVOEDJRE : Conférence sur le Dialogue Nord-Sud
Abidjan
22 - 23 Avril 1981

307
Nous avons été amené à discuter des motifs qui poussent à in-
vestir à l'étranger. Contrairement à la thèse néoclassique qui affirmait
que le transfert de ressources obéissait au différentiel du taux d'intérêt
et à la thèse marxiste qui faisait du différentiel du taux de profit le motif
principal de l'expatriation des capitaux, nous avons montré en nous plaçant
dans le cadre général de la théorie des choix du portefeuille élaborée par
TOBIN et MARKOWITZ, que le transfert de ressources relève d'une véritable
stratégie. Il apparait pour les Agents à capacité de financement de "l'hémis-
phère Nord" comme un instrument de diversification de leur portefeuille au
niveau mondial de manière à minimiser le risque et à maximiser l'utilité glo-
bale de leur patrimoine.
Nous avons également montré que les motifs qU1 commandent le
transfert de ressources sont ceux-là même qui en limitent l'efficacité.
En effet l'aversion pour le risque et l'attraction pour les rendements
élevés orientent le "financement extérieur" vers les branches légères de
l'économie c'est-à-dire celles dont le degré d'intégration est le plus faible
et l'effet inducteur quasi nul. Il en résulte une sous-industrialisation due
à t'absence de couplage entre les industries amont productrices de machines
et de biens d'équipement et les industries aval productrices de biens de
consonnnation.
Ce caractère sous-industrialisant du "financement extérieur" joint
aux effets de "ponction du pouvoir d'achat national" milite en faveur d'une
politique volontariste en matière de financement de l'industrialisation. CeJle-
ci comporte à notre avis trois volets :
- Le premier volet a trait à la détermination d'un "financement
!
extérieur" optimal et à son orientation vers les activités directement pro-
ductives et les industries à fort degré d'intégration. Dans la mesure où le
, 1
transfert des ressources permet la réalisation d'un certain taux de croissance
(
mais implique un certain coût, il importe de déterminer le volume d'apports
1
financiers externes qui maximise le "tJ~néfice social" de la collectivité.
...
1
/ ....
&
1
!l
1

308
Le choix n'est pas entre un "financement extérieur" "zero"
et
un "financement extérieur" "tous azimuts'; mais entre le "laissez-faire" et le
"faire-aller" en matière de "financement extérieur".
A un "financement extérieur" laissé à lui-même et dont la finalité
~ociale avouée "est d'être une affaire froidement calculée, un achat de sécurité,
d'influences et de clientèles à terme dans des conditions souvent indirectes"(K)
nous opposons un "financement extérieur" canalisé et orienté de manière à fournir
aux pays récepteurs les meilleures chances d'industrialisation.
- Le deuxième volet de la politique volontariste en matière de
financement de l'industrialisation a trait à la mobilisation des ressources
internes. L'épargne intérieure est la clef de toute industrialisation véritable.
Les analyses en termes de "cercle vicieux" de la pauvreté qui concluent à une
insuffisance de l'épargne intérieure dans les pays en développement, éludent
l'essentiel: à savoir l'inégalt;;; répartition des fortünes en milieu sous-déve-
loppé et le transfert d'une partie importante des fonds à l'extérieur.
La mobilisation de cette épargne potentielle passe par la m~se
en oeuvre d'une politique adéquate de rémunération de l'épargne et l'élaboration
des "produits d'épargne" en accord avec les motivations des couches socio-profes-
sionnelles à capacité de financement. Le troisième et dernier volet concerne
l'implantation des industries "industrialisantes" sans lesquelles il ne saurait
y avoir de véritable industrialisation.
En effet, comme le faisait remarquer Jacques FERRANDI au colloque
sur le développement industriel tenu à Dakar en 1972, "un véritable développement
industriel ne consiste pas à èréer artificiellement et à tout prix des unités
âAJ
industrielles, mais~contraire à rechercher les créations ayant le plus grand
pouvoir inducteur de réalisations secondaires, puis à concentrer sur elles la
majorité des efforts et des moyens disponibles".
'.
i
j
(x)
François PERROUX
l'Economie du XXè siècle, P.U.F. 1ère édition
~
1961
P 323
f1j
.•. 1...
1
J

309
Mais l'inplantation de telles industries ne pouvant se faire
dans le cadre de l'Etat-Nation, il importe donc de déterminer entre les
différentes combinaisons d'Unions économiques possibles, celle qui ~rocure
à la Côte d'Ivoire l'avantage relatif le plus élevé. Les calculs auxquels
nous nous sommes livré, donnent une supériorité relative au Conseil de
l'Entente élargi au Ghana et au Nigéria sur les autres possibilités d'unions
économiques telles que la communauté économique des Etats de l'Afrique de
l'Ouest (C.E.D.E.A.O.) et la communauté économique de l'Afrique de l'Ouest
(C.E.A.O.) .
Evidennnent, cette implantation des "industries industrialisantes" dans un
cadre plurinational suppose que soient créés les conditions préalables à
l'intégration économique à savoir:
- la conviction que l'intégration économique est un puissant
moteur du développement industriel
le développement ou le renforcement auprès des populations con-
cernées de l'esprit communautaire. Cet esprit communautaîre
existe virtuellement en tout africain; il appartient à l'édu-
cation politique d'en tirer le maximum
l'abandon par les gouvernements de l'attitude égocentrique qui
consiste à se polariser sur les opinions et intérêts à court
terme, réels ou imaginaires au profit d'une attitude allocentri-
que qui consiste à s'attacher aux buts fondamentaux qu'ils par-
tagent tous à savoir le développement industriel et la lutte
contre la faim et la misère.
En effet, comme le souligne à juste titre LEKE Marin, "on ne
saurait trop répeter ou démontrer que les pays africains ne peuveht que gagner
à témoigner de la volonté politique et d'une certaine détermination dans le
processus d'intégration. Tout comme il existe un "cercle vicieux" tendant vers
ia déterioratîon économique, il peut avoir un "cercle bénéfique" tendant vers
la prospérité et l'intégration économique peut contribuer à engendre ce cercle
bénéfique (:li:)
(x)
LEKE Marin
"Financement des projets d'intégration en Afrique; essai
sur le rôle des institutions financières multilatérales"
thèse de Doctorat de 3è cycle
]978 - ]979 ,Paris l
~

~,
"
..
CIo

310
Au total, nous nous apercevons, au terme de cette étude que
le thème "financement extérieur et industrialisation" a une odeur de souffre.
Nous nous sormnes efforcé tout au long de cette analyse de le debarrasser de
l'aura douteuse qui l'entoure; mais nombreux seront encore ceux qui ne manque-
ront pas de trouver dans les arguments que nous avons avancés et dans les outils
d'analyse que nous avons utilisés, soit un véritable exemple de réflexion en
tour d'ivoire, soit un plaidoyer en faveur de l'asservissement et de la paupe-
risation continus du Tiers-Monde.
c'est en pensant à ceux-là que nous réproduisons cette citation
de Jacques FERRANDI :
"Je songe tout à coup, aux doctrines, aux idées, aux conceptions
défendues avec bonne foi et conviction par des esprits éminents
et qui se sont révelées, par la suite, non seulement fausses,
mais ridicules".
Je pense à THIERS qui prétendait que le chemin de fer tuerait
l'agriculture (à cause de la fumée) ; à FAIDHERBE qui prétendait que Dakar
ne pourrait jamais être le port du Sénégal, (Saint-Louis étant beaucoup mieux
situé) ; à cet hormne d'Etat français qui déclarait, en 1936, que les congés payés
ruineraient l'économie française; à ce Ministre
qui écrivait, en 1958, que le
marché connnun sonnerait le glas de l'agriculture française; à cet autre Ministre
qu~ affi~mait en 1960, que la perte de l'Algérie mettrait un ouvrier français
sur deux au chômage, etc ...
J'arrête-là ma litanie et je m'interroge: quelle est la politique,
quelles sont les solutions, les idées que nous défendons (et proposons) aujourd'-
hui sur l'industrialisation et qui feront sourire de dérision et de condescen-
dance nos enfants ?
l
"Une telle réflexion doit nous rendre assurément modestes. Mais
la modestie n'enfante pas nécessairement l'impuissance. Elle peut être mère
1
de la lucidi té ". (~)
(x)
Jacques FERRANDI
"L'industrialisation des pays associés: indus-
trialiser, oui. Mais Pourquoi, où, cormnent ? "
Colloque international sur le développement indus-
triel africain
Dakar, 20 - 25 novembre 1972
~.
1
f
l,

A
N
N
E
X
E
J
"
f

A N N E
X E l :
LES
REGRESSIONS
1
1

- 3 j ]-
Regress~on nO 1 • -
La demande df: financement extérieur déS (;,,:ntres publics
de décision
MOINDRES CARREES SIMPLES
Variables
demande des Centres publics de décision au temps t
Investissements réalisés par les Centres publics de déc.ision au temps t
Capacité d'autofinancement au temps t
Coût du "financement extérieur" au temps t
Variables indépendantes
Coe.fficïents estimés
T de Student
Log Il
l,59
4, 868
Ct)
Log
0,83
2,382
A(t)
Log
0,076
0, 307
C(t)
Constante
- 5,71
- 2, 423
2
Coefficient de détermination R
0,7982
Durbin - Watson
2,1799

-
312 -
N°s
observations
Valeurs observées
Valeurs calculées
Résidus
0,32189 E + 01
0,32208 E l' 01
- 0,1919 E -02
2
0,29601 E + 01
0,30556 E + 01
- 0,9552 E -01
3
0,35322 E + 01
0,33502 E + 01
0,1820 E +00
0,36350 E + 01
0,35914 E + 01
0,4351 E -01
5
0,34210 E + 01
0,36073 E + 01
- 0,1863 E +00
6
0,38373 E + 01
0,37849 E + 01
0,5243 E -01
7
0,34404 E + 01
0,35936 E + 01
- 0,1532 E +00
8
0,37796 E + 01
0,38194 E + 01
- 0,3977 E -01
9
0,36763 E + 01
0,36336 E + 01
0,4274 E -01
10
0,36988 E + 01
0,35428 E + 01
0,1560 E +00
Regression N° 2
Demande globale de "financement extérieur"
Equation 1
MOINDRES CARREES SIMPLES
Variables
Ft
Financement extérieur de ll année t
I
Investissements réalisés pendant ll année t
t
At
Capacité d'autofinancement
Ct
Coût du "financement extérieur-"
... / ...

- 313 -
Variables indépendantes
Coefficients estim~s
T de Student
l
0,87
5,073
t
0,22
0,957
0,87
1,353
Constante
- 72,41
- 2,310
2
Coefficient de détermination
k
= 0,8460
Durbin - Watson
D-W
2,6068
N°s
Valeurs vraies
Valeurs calculées
Résidus
0,31000 E + 02
0,32396 E + 02
- O~ 1396 E + 01
2
0,29200 E + 02
0,29414 E + 02
- 0,211+1 E + 00
3
0,45800 E + 02
0,38780 E + 02
0,7020 E + 01
4
0,44200 E + 02
0,39189 E + 02
0,501 1 E + 01
5
0,45400 E + 02
0,58219 E + 02
- 0,1282 E + 02
6
0,56800 E + 02
0,56594 E + 02
0,2057 E + 00
7
0,44500 E + 02
0,56095 E + 02
-0,1159 E + 02
8
0,82500 E + 02
0,72796 E + 02
0,9704 E + 01
9
0,78400 E + 02
0,79664 E + 02
- 0,1264 E + 01
10
0,73100 E + 02
0,67753 E + 02
0,5347 E + 01

fi}

/
• • •

- 314 -
Regression nO 3
Demande globale de financement extérieur
équation 2
MOINDRES CARREES SIMPLES
Variables
Ft
financement extérieur de l'année t
I
investissements réalisés pendant l'année t
t
At
capacité d'autofinancement
Ct
coût du "financement extérieur"
Variables indépendantes
Coefficients estimés
T de Student
Log I
1,68
5,266
t
Log A
0,52
1,306
t
Log Ct
0,24
0,815
Constante
- 6,86
- 2,670
2
Coefficient de détermination
R
0,8372
Durbin - Watson
D-W
2,4503
N°s
Valeurs vraies
Valeurs calculées
Résidus
0,34340 E + 01
0,34754 E + 01
- 0,4145 E - 01
2
0,33742 E + 01
0,34235 E + 01
- 0,4935 E - 01
3
0,38243 E + 01
0,36567 E + 01
0,1675 E + 00
4
0,37887 E + 01
0,36893 E + 01
0,9946 E - 01
5
0,38155 E + 01
0,40611 E + 01
- 0,2456 E + 00
6
0,40395 E + 01
0,40189 E + 01
0,2060 E - 01
7
0,37955 E + 01
0,40202 E + 01
- 0,2247 E + 00
8
0,44128 E + 01
0,42800 E + 01
0,1328 E + 00
9
0,43618 E + 01
0,43648 E + 01
.. 0,2954 E .- 02
10
0,42918 E + 01
0,41481 E + 01
U,1437 E + 00
..
1 ..

f
- 315 -
!,
Regression nO 4
ContrSle de capital social et degre d'int6grstion
[
MOINDRES CARREES SIMPLES
!
Variables
K S
capital social en %
D l 1 degré d'intégration en %
T R
taux de rentabilité en %
P M
part du marché
Variables indépendantes
Coefficients estimés
T de Student
D l
- 0,33
- I 786
t
T R
- 0,21
P M
- 0,04
- 2,054
Constante
109 ,13
Coefficient de détermination
2
R
0,3520
Durbin - Watson
D - W
=
2,1007
1
1
1
1
1
...
1
/ ...
rl
1

-
316
-
N°s
Valeurs vraies
Valeurs calculêes
Résidus
0,28000 E + 02
0,56078E -+ 02
- 0,2808 E + 02
2
0,77000 E + 02
0,66760 E + 02
0,1024 E + 02
3
0,70000 E + 02
0,68571 E + 02
0,1429 E + 01
4
0,89000 E + 02
0,80157 E + 02
0,8843 E + 01
5
0,76000 E + 02
0,54559 E + 02
0,2144 E + 02
6
0,23000 E + 02
0,76902 E + 02
- 0,5390 E + 02
7
0,70000 E + 02
0,74582 E + 02
- 0,4582 E + 01
8
0,10000 E + 02
0,87888 E + 02
0,1211 E + 02
9
0,78000 E + 02
0,69616 E + 02
- 0,8384 E + bl
10
0,18000 E + 02
0,21357 E + 02
- 0,3357 E + 01
\\
Il
0,79000 E + 02
0,61234 E + 02
0,1777 E + 02
12
0,49000 E + 02
0,54779 E + 02
- 0,5779 E + 01
13
0,72000 E + 02
0,46605 E + 02
0,2539 E + 02
14
0,90000 E + 02
0,71436 E + 02
0,1856 E + 02
15
0,87000 E + 02
0,70635 E + 02
0,1637 E + 02
16
0,25000 E + 02
0,61960 E + 02
- 0,3696 E + 02
17
0,33000 E + 02
0,40881 E + 02
- 0,7881 E + 01
... / ...

- 317 -
Regression nO 5
Analyse quantitative des effets de l'intêgration
êchantillon africain
MOINDRES CARREES SIMPLES
Variables
V A
Valeur ajoutée per capita par l'industrie manufacturière
y
Produit national brut per capita
P
Volume de la population
Variables indêpendantes
Coefficients estimês
T de Sttldent
Log Y
1,187
3, 452
Log P
0,075
0,416
Constante
- 3,522
- 1,889
2
Coefficient de dêtermination
R
0,5899
Durbin - Watson
D - W
1,6223
Valeurs vraies
Valeurs calculêes
Résidus
0,27473 E + 01
0,29128 E + 01
- 0,1655 E + 00
2
0,46002 E + 01
0,45195 E + 01
0,8065 E - 01
3
0,48497 E + 01
0,36756 E + 01
0,1174 E + 01
4
0,26946 E + 01
0,24724 E + 01
0,2222 E + 00
5
0,31355 E + 01
0,36593 E + 01
- 0,5238 E + 00
6
0,26247 E + 01
0,22972 E + 01
0,3274 E + 00
7
0,37612 E + 01
0,31539 E + 01
0,6073 E + 00
8
0,29857 E + 01
0,28262 E + 01
0,1595 E + 00
9
0,37495 E + 01
0,42083 E + 01
0,4588 E + 00
10
0,38000 E + 01
0,36535 E + 01
0,1465 E + 00
Il
0,22618 E + 01
0,28549 E + 01
- 0,5931 E + 00
12
0,31135 E + 01
0,32294 E + 01
- 0,1159 E + 00
13
0,20281 E + 01
0,28886 E + 01
- 0,8605 E + 00
OQo!",Q.
~l

- 318 -
Regression nO 6
Analyse quantitative des effets de l'intégration
échantillon relatif aux pays industrialisés
MOINDRES CARREES SIMPLES
Variables
V A
valeur ajoutée per capita
y
produit national brut per capita
P
vCl1ume de la population
Variables indépendantes
Coefficients estimés
T de Student
Log Y
1,019
9,547
Log P
0,042
0,889
Constante
- 1,653
- 1,v08
2
Coefficient de détermination
R
0,9018
Durbin - Watson
D - W
1,4880
Valeurs vraies
Valeurs calculées
Résidus
0,69331 E + 01
0,66961 E + 01
0,2370 E + 00
2
0,77319 E + 01
0,77570 E + 01
- 0,2510 E - 01
3
0,68931 E + 01
0,69775 E + 01
- 0,8434 E - 01
4
0,73036 E + 01
0,72107 E + 01
0,9289 E - 01
5
0,75517 E + 01
0,73753 E + 01
0,1763 E + 00
6
0,74643 E + 01
0,73138 E + 01
0,1506 E + 00
7
0,75882 E + 01
0,76111 E + 01
- 0,2291 E - 01
8
0,76751 E + 01
0,76412 E + 01
0,3395 E - 01
9
0,80572 E + 01
0,77592 E + 01
0,2980 E - 00
t
10
0,73644 E + 01
0,76861 E + 01
- 0,3217 E + 00
Il
0,76474 E + 01
0,78273 E + 01
- 0,1799 E + 00
12
0,ï4595 E + 01
0,76387 E + 01
0,1792 E + 00
13
0,56500 E + 01
0,58256 E + 01
- 0,1756 E + 00
al • ••
I!I

1

- 319 -

0
7
Regressl.on n
Analyse quantitative des effets de l'integration
echantillon mixte
MOINDRES CARREES SIMPLES
Variables
V A
Valeur ajoutee per capita
y
Produit national brut per capita
P
Volume de la population
Variables indépendantes
Coefficients estimés
T de Student
Log Y
1,26
20,062
Log P
0,08
1,073
Constante
- 3,94
- 10,168
2
Coefficient de détermination
R
0,9647
Durbin - Watson
D - W
=
1,9936
... / .. .
1

N°s
Valeurs vraies
Valeurs calcul€es
Résidus
0,27473 E + 01
0,29184 E + 01
- 0,1711 E + 00
2
0,46002 E + 01
0,46318 E + 01
- 0,3166 E - 01
3
0,48497 E + 01
0,37322 E + 01
0,1118 E + 01
4
0,26946 E + 01
0,24490 E + 01
0,2456 E + 00
5
0,31355 E + 01
0,37140 E + 01
- 0,5785 E + 00
6
0,26247 E + 01
0,22622 E + 01
0,3624 E + 00
7
0,37612 E + 01
0,31752 E + 01
0,5860 E + 00
8
0,29857 E + 01
0,28262 E + 01
0,1595 E + 00
9
0,37495 E + 01
0,43009 E + 01
- 0,5514 E + 00
10
0,38000 E + 01
0,37083 E + 01
0,9167 E - 01
l 1
0,22618 E + 01
0,28566 E + 01
- 0,5948 E + 00
12
0,31135 E + 01
0,32558 E + 01
- 0,1423 E + 00
13
0,20281 E + 01
0,28927 E + 01
- 0,8646 E + 00
14
0,69331 E + 01
0,65369 E + 01
0,3962 E + 00
15
0,77319 E + 01
0,77988 E + 01
- 0,6692 E - 01
16
0,68931 E + 01
0,68861 E + 01
0,7024 E - 02
17
0,73036 E + 01
0,71958 E + 01
0,1078 E + 00
18
0,75517 E + 01
0,73220 E + 01
0,2296 E + 00
I!
19
0,74643 E + 01
0,72322 E + 01
0,2322 E + 00
20
0,75882 E + 01
0,76711 E + 01
- 0,8298 E - 01
21
0,76751 E + 01
0,76598 E + 01
0,1531 E - 01
22
0,80572 E + 01
0,78592 E + 01
0,1979 E + 00
23
0,73644 E + 01
0,77405 t + 01
- 0,3761 E + 00
24
0,76474 E + 01
0,79802 E + Cl
1,.
- 0,3328 E + 00
1

Tableaux synoptiques représentant:
-
les principales dispositions de la fiscalité en vigueur en République de Côte d'Ivoire, visEnt l'investis-
sement ou le réinvestissement des revenus. en vue de favoriser:
-l'équipement, l'extension, le renouvelfement ou la modernisation de l'appareil économique
-l'industrialisation, la politique sociale d'habitat et de l'emploi, le développement touristique.

Ils se présentent selon les 3 groupes suivants: 1. Code général des impôts. - Il. Code des investissements
privés. -III. Code des Investissements privés à caractère touristique.
1 • CODE GÉNÉRAL DES IMPÔTS
Régime dit de l'usine Douvelle
art. 4-60 CGl
Les usines nouvelles bénéficient des dispositions prévues à
l'article 4-60 du CGL
11 satisfait à cette définition tout établissement industriel
considéré comme tel au regard de la Contribution fon-
à!c de la mise en marche effective
cière des Propriétés Bâties (abattement 50GO sur valeur
de l'usine
locative au lieu de ~OC;c)
-
Prélèvement FNI exclus
21 exclusion: rétablissement qui se borne à renouveler,
-
distribut ion de bénéfices: IR VM
moderniser, augmenter son outillage (même avec modi-
B.I.e.
à 18% au lieu de 12% (art. 925
fication ou agrandissement des bâtiments existants).
CGI)
Dans cette hypothèse, possibilité de bénéficier des dis-
exo. 5 ans
(1) Exo. Patente: 5 ans
positions art. 84 CGI.
-
à/c de l'année du commence-
31 tenue d'une comptabilité régulière et probante faîsant
ment de l'activité
apparaître distinctement les résultats afférents à l'usine
-
si activité exo. par art. 192 CGI.
nouvelle
éclaration à souscrire à la DGI:
-
nature des activités envisagées
-
inventaire chiffré des investissements
-
planning des travau.x de mise en place
-
date de mise en marche effective
-
incidence sur le marché de remploi
-
intention clairement exprimée du bénéfice des exoné-
rations sollicitées (1)
\\ ~ 'ka
EVUE ECOSO~IQl!E q FI:-;A:-;CIERE IVOIRIE~~E . :-;0 S
,
\\-\\.t:\\J.A
""\\. Ji. \\ ~
31

.
\\
Exploitation d'un gisement de substances minéra!es
art. 4_7 0 CGI
L'exploitation d'un gisement de substances minérales con-
à/c de
la 1t"'
réalisation ou
cessibles en Côte d'Ivoire par une entreprise déja établie ou
exportation
du
produit
(sauf
par une entreprise nouvelle bénéficie des dispositions pré-
B.I.e.
lots des! inés à des es.<;ais )
vues à l'art. 4-7 0 CGl.
Prélèvement FNI exclus
exo. 5 ans
distribution de bénéfices:
11 titre d'exploitation régulièrement attribué
IRVM à 18% au lieu de 12%
2/0bligation de tenue de comptabilité régulière et pro-
(art. 925 CGI)
bante faisant apparaitre clairement les résultats affé-
Exo. Patente (art. 192 CGI)
rents à l'exploitation du gisement
Amortissements spéciaux
art. 6-III-B et C/CGI
Matériels et outillages neufs:
-
utilisés exclusivement pour opérations industrielles
le montant de la première annuité,
de fabrication, de manutention, de transport ou d'ex-
calculée sur durée normale d'uti-
ploitation agricole
AMORTISSEMEN
lisation, pourra être doublé
-
normalement utilisables + 5 ans
ACCÉLÉRÉ
Immeubles affectés au logement du personnel des entre-
amort. accéléré 40% PR à la clô-
prises industrielles et commerciales
ture l tr exercice suivant la date
-
immeubles construits en dur, satisfaisant aux condi-
d'achèvement
tions de salubrité et de confort fixées par les règle-
-
la valeur résiduelle sera amor-
ments d'hygiène
AMORTISSEMEN.
tie dans les conditions ordinai-
-
valeur d'immobilisatIOn correspondant à un loge-
ACCÉLÉRÉ
res sur la durée normale d'utili-
ment de 3 pièces habitables + cuisine, douche et WC
sation
+ (dans les localités où elles existent) installations
-
en cas d'une autre affectation,
d'eau et d'éclairage électrique - PR max. 3 Millions
réajustement
des
amortisse-
FCFA.
ments et réintégration dans les
résultats des amorl.
excéden-
taires.
Plus-Value sur cession d'actif immobilisé en cours d'exploitation
"
art. 8 CGI
Les contribuables (professions commerciales, industrielles.
-
réinvestissement
à
effectuer
artisanales -
exploitations forestières ou agricoles -
dans les 3 ans à!c clôture de
en'treprises minières) qui réalisent une plus-vaiue lors de
l'exercice
au cours duquel la
la cession d'un élément d'actif immobilisé, en cours
plus-value a été réalisée
d'exploitation, bénéficient des dispositions de l'article 8
-
remploi
dans
une
entreprise
CGI, dè~ lors qu'ils s'engagent à en effectuer le remploi.
BIC, BA
située en Côte d'Ivoire
-
réinvestissement
en
immobili-
Conditions:
Plus-value déduct ible
sations (même de nature diffé-
-
cession en cours d'exploitation
u bénéfice imposabl
rente)
-
vente, échange, apport
(J)
Inclues:
acqulSltlOns
actions!
-
élément de l'actif immobilisé:
parts/
apports
en
nature,
Terrains, bâtiments, fonds de commerce, droit au bail,
assurant au moins 30 C;C du capi-
mobilier et matériel amortissables.
tal de la tierce ent reprise
Valeurs en portefeuille (actions, parts, obligations, etc.)
-
réinvestissement au moins égal
acquises depuis au moins 5 ans
à:
-
engagement de réinvestir
Prix de vente + amortissement
Demande d'engagement de remploi par lettre à la DGI,
jointe au bilan faisant apparaître la plus-value réalisée.
(1) Remise en cause: remploi non effectué dans les délais (la plus-value exonérée est rapportée au bénéfice
de l'exercice au cours duquel le délai a expiré - sans pénalités)
Observation: le remploi ne bénéficie pas d'une véritable exonération mais d'un report d'imposition dans le
temps.
32

Réduction d'impôt dans le C35 de bénéfices invest:!J
art. 84 CGI
-
r--
Les contribuables qui investissent tout ou partie de leur
CASGÉ~RAL
bénéfices (BIC. BA ou BNC), dans le cadre du plan d'in-
-
déduction de 50% des sommes
vestissements économiques, peuvent obtenir une réduction
invesùes
de la base taxable de leur impôt cédulaire:
-
imputation plafonnée à 50% des
-
constructions!extensions d'immeubles bâtis
bénéfices taxables
-
création/développement d'établissements ou d'instal-
lations industrielles, minières. agricoles ou forestières
CAS PARTICULIERS
inclus: matériel de mécanisation routier, fluvial, aérien,
11 souscription actions! obligations
maritime, portuaire - matériel de manutention
émises par sociétés immobilières
et de travaux publics
d'économie mi.xte/offices l5ubücs
exclus: véhicules, avions et bâteaux de plaisance
d'habitations économiques:
-
souscription de parts de sociétés ci'tiJes immobilières
-
déduction de 50% des som·
dont l'objet est la construction d'immeubles en copro-
mes investies
priété
-
imputations pouvant attein-
.Réduction
les parts souscrites doivent donner droit à l'attribution
dre
100%
des
bénéfices
de la base
d'une fraction déterminée de l'immeuble
taxables
taxable à
la société doit être dissoute dès le partage
2/ constructions
d'immeubles
à
("impôt
-
acquisition de terrains à bâtir destinés aux constructions
usage d'habitation destinés exlu-
cédulaire
ci-dessus/terrains précédemment en friche destinés à
sivement
au
logement
du
BIC, BA
leur mise en valeur
personnel
de
l'entreprise
ouBNC
-
souscription d'actions/obligations émises par les sociétés
(PPJlogement: max. 3 !'Y1illions)
Pre!. FNI
immobilières d'économie mixte/offices publics d'habi-
-
déduction de 100% des som·
exclus
tations économiques installés en Côte d'Ivoire
f - -
t -
mes investies
sur une
-
imputation plafonnée à 50%
période de
Il investissement neuf d'une valeur minimum de 500.000 F
des bénéfices taxables
4 années
CfA (TIC si TVA non récupérable)
31 investissements réalisés par lea-
commençant
21 investissement impérativement mis en place au 31.12 de
sing
par ("exercice
la 30 année suivant celle de la présentation du program-
-
autorisation préalable de la
au cours
me
DGI lors du transfert de pro-
duquel le
priété à la fin du contrat de
programme a
31 investissements exclus:
crédit-bail
été approuvé.
-
remploi plus-value de cession exo. art. 8 CGI
-
prise en compte de la seule
-
investissement bénéficiant du régime de l'usine nou-
valeur résiduelle de cession
velle (art. 4-60 CGI)/rnise en exploitation d'un gise-
stipulée au contrat
ment minier (art. 4-70 CG1)
-
déduction de 50 % de la va-
-
investissement agréé au titre du FNI (obtention rem·
le ur ci -dessus
boursement des certificats obtenus ou à acquérir)
-
imputation plafonnée à 50%
des bénéfices taxables
Présentation. à toute époque de l'année, sous pli recom-
mandé, d'un dossier à la DGI (exceptionnellement: dans le
Option possible pour la constitu-
mois suivant 10 opération du programme):
tion, pendant chacun des exercices
-
demande d'agrément
de la période et dans les limites ci-
-
factures pro-forma, devis, mémoires
dessus fixées, d'une provision desti-
-
plans de construction
née à couvrir la quotité déductible
-
permis de construire
des paiements qui seront effectués
Après avis des services techniques concernés: décision du
au cours de l'exercice suivant.
Ministre Economie, Finances et Plan
(si dépassement excède 1/4 de la
-
sans recoun
déduction autorisée: taxation +
-
le défaut de réponse dans les 3 mois vaut admission
pénalité).
-
' - -
Remise eo cause de b réduction :

non réalisation dans les délais légau.~ (taution + pénalités)

revente avant amortissement complet
Possibilité de transfert do bénéfice de la riduction:

apports par voie de fusion/apports partiels d'actifs (art. 32 CG!).
REVUE ECONOMIQL:E ET FI:-;A:-;CIERE IVOlRIE:-.i~E . ~o 5
33

(t'A\\\\t.1-" . ;
TABLEAUX SYNOPTIQUES DE LA FISCALITE SUR LES INVESTISSEMENTS
fi • CODE DES INVESTISSEMENTS PRIVÉS -
LOI N° 59-134 DU 3-09-59
(1.0 n° 58 àu 10.09.59)
m. atériel étranger pour création de J'entre-
Dt douane
Uprise mat. prem. étrang. entrant dans prod.
fabriqués
matériel ttes origines pour création de l'en-
trep.
mat. prem. ttes origines entrant prod. fabri-
Allègements fiscaux
Droits
qués
d'entrée
Dt fiscal
+ pour cultures industrielles: rembourse-
ENTREPRISES PRIORITAIRES
ment majoration Dt fiscal et T. annexes
AGRÉt:ES
exo. 10 ans
sur gaz-oil nécessaire préparation et amé-
nagement des plantations.
-
entreprises immobilières
- cultures industrielles (oléagi-
TVA import. -
comme en matière de Droit fiscal.
neux, hévéas, canoe à sucre,
etc.)
- industries
transform.
prod.
végétales et animales (café,
cacao,
oléagineux,
hévéa,
[~~~:52~sanspour les entreprises immobi.
lières s'agissant d'immeubles à
B.I.C.
canoe à sucre, bois, coton,
usage d'habitation construits par
etc.)
elle et donnés en location
- fabrication ou montage arti-
exo. 5 ans des immeubles affectés au fonc-
cles
grande
consommation
Fisc.
nement
(textile, mécanique, chimie,
Intérieure
exo. 25 ans pour les entreprises immobi-
pharmacie,
plastique,
etc.)
lières s'agissant d'immeubies à
-
industries minières, recher-
exo. 5 ans
Foncier Bâti
usage d'habitation construits par
ches pétrolières
saûf
elles et donnés en location
-
production énergie
exceptions
certaines communes accordent l'exonération
concourant à la réalisation
de la Taxe sur le Revenu Net des Propriétés
des plans de développement
Bâties (taxe additionnelle)
écon. et sociaux, et eff~l:uant
T.B. Main-
des investissements particu-
morte
-
comme en matière de Foncier Bât.
liè)"ement importants
exo. 5 ans sauf entreprises immobilières
Agrément accordé par décret. Pos-
Patente
certaines communes accordent l'exonération
sibilité agrément régime fiscal de
de la Taxe sur la Valeur Locative des Loca.u
longue durée par Convention d'éta-
[ Professionnels (taxe additionnelle)
blissement (stabilité des charges
pendant 25 ans max + 5 ans délais
T. extraet
d'instal): Loi.
mat. construc. exo. 5 ans sauf entreprises immobilières
Droits
de sortie
réduction 50% (sauf certains produits)
exo. 10 ans
.34

•t> . "
li.V.\\M:i. \\t
Q.
TABLEAUX SYNOPTIQUES DE LA FISCALITE SUR LES ~V'ESTISSEME~ï'S
m. CODE DES INVESTISSEMENTS PRIVÉS
A CARACfERE TOURISTIQUE
(J.O. nO 41 du 13.09.73)
(Loi nO 73-368 du 26 JWllet 1973)
AIDE A
L1MPLAN-
TATION
.....-
OU
Droits d'entrée
- materiaux
AL'EXTEN-
- matériels mais préférenœ don-
SION
née au.,; biens fabric. ivoirienne
D. Douane
(exo T.V.A.)
- (investisse-
ments con-
o. D. Fiscal
- équipements
- ex
courant à la
TVAimp.
- reuoQveUemeut exclus
politique de
demande détaillée à fournir
Allègements fisua
dévelop-
pour période 3 mois.
pement tou-
Avis Commission douanière.
Entreprises privées effectuant des
ristique du
Décision Ministre EFP ( 1)
investissements à caractère touris·
"'"-
Gouverne-
tique, concourant à la politique du
ment)
Gouvernement.
---
Demande d'agrément au Ministre du
décret
Plan + dossier en 15 exemplaires:
..-
Droits d'entrée
-
comme ci-dessus
- importance du projet et con-
cordance avec politique touris-
tique du Gt.
-
dossier technique, programme
de gestion et de commerciali-
E!,;TRE·
Foncier Bâti et T. annexes
sation
PRISES
T. Rev. Net Prop. Bâties
- garanties rentabilité
AGRÉÉES
exclue
-
montant des investissements et
PRIORI-
scalité inté-
TlB. Mainmorte
nature du financement
- Fi
1 -
TA IRES
rieure
-
emplois créés, avantages pour
(investisse-
Patente et T. annexes
économie ivoirienne
ments revê-
ex0.7 ans max.
Licence et T. annexes
-
programme formation profes-
tant une
Prélèv. F.N.!.
T.S/1ocau.,,: loués en garni
sionnelle ivoirienne (cadres et
importance
excl us
B.I.e.
employés)
particulière)
Contr. patronale IS
T.P.S
-
Dossier soumis à Commission
décret
des agréments prioritaires.
---
-
Avis recueilli Mïnist. EFP et
Tourisme.
-
Présentation Conseil des Minis-
tres.
COl'tVEN-
(1)
TIONS
D'ETABLIS-
.--
SEMENT
réservées aux entreprises agréées prioritaires:
(investisse-
1-- stabilité de tout ou partie des charges fiscales pendant 25
mentsd'une
ans max. (+ 5 ans délais d'instal.)
importance
L..--
' - -
exception-
neUe)
- - -
Loi
(1) Décret n° 73-401 du 22 Aoùt 1973 J.O n° 43 du 20.09. "'3)
REVUE ECONOMIQUE ET F1~ANClERE 1VOffiIE:"NE . ~." 5
35
..

~
ANNEXE 5
:
MATRICE
~_ ~1 ET MULTIPLICATEURS D'ACTIVITE
MATRICE INVERSE
5
6
7
8
9
10
Il
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
!
!
!
!
5 !1.006!0.016!0.005!0.004!0.096!0.005!0.014!0.000!0.022!0.863!0.017!0.001!0.007!0.000!0.006!0.003!0.002!0.054!0.256!0.231Y
!
!
!
!
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!
!
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!
!
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!
!
!
!
6 !0.000!1.163!0.000!0.002!0.000!0.000!0.000!0.000!0.000!O.OOO!O.OOO!O.OOO!O.OOO!O.OOO!O.OOO!O.OOO!O.OOO!O.OOO!O.OOO!O.OOO!
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1
7 ;0.000;0.000;1.031;0.000;0.000;0.000;0.000;0.002;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000,
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8 10.000!0.000!0.000!1.031!0.000!0.000!0.000!0.000!0.000LO.OOO!O.OOO!O.OOO!O.OOO!O.OOO!O.OOO!O.OOO!O.OOO!O.OOO!O.OOO!O.OOO!
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1
9 ;0.001;0.003;0.008;0.001;1.178;0.001;0.001;0.001;0.002;0.002;0.099;0.000;0.000;0.000;0.001 ;0.001;0.001;0.001;0.012;0.001;
10 ;0.000;0.013;0.027;0.035;0.000;1.031;0.000;0.000;0.000;0.000;0.001;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;
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Il !0.000!0.00410.000!0.000!0.009!0.000!1.205!0.001!0.001!0.000!0.002!0.000!0.000!0.000!0.000!0.001!0.000!0.001!0.001!0.001!
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12 ;0.000,0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;1.020;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;0.000;
..
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..
13 !0.000!0.001!0.014!0.007!0.000!0.000!0.001!0.000!1.137!0.000!0.003!0.000!0.000!0.000!0.007!0.004!0.001!0.000!0.372!0.002!
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14 ;0,007;0.018;0.006;0.005;0.110;0.006;0.017;0.001;0.026;1.027;0.016;0.002;0.004;0.000;0.007;0.003;0.002;0.064;0.139;0.274;
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15 !0.007!0.002!0.003!0.009!0.014!0.004!0.007!0.014!0.019!0.025!1.139!0.001!0.003!0.000!0.014!0.016!0.016!0.007!0.132!0.013!
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16 ;0.007;0.004;0.002;0.005;0.015;0.005;0.007;0.007;0.024;0.066;0.006;1.010;0.001;0.000;0.053;0.001;0.001;0.006;0.119;0.331;
..
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17 !0.000!0.003!0.001!0.031!0.004!0.001!0.003!0.001!0.007!0.001!0.009!0.001 !1.235!0.000!0.001 !0.001 !0.000!0.003!0.850!0.008!
N
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C"1
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18 !0.000!0.001!0.002!0.001!0.001!0.001!0.002!0.000!0.001!0.001!0.002!0.000!0.013!1.075!0.050!0.034!0.023!0.001!0.345!0.009!
!
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19 !0.001 !0.003!0.001!0.002!0.007!0.004!0.002!0.000!0.008!0.001!0.002!0.000!0.001!0.000!1.150!0.001!0.000!0.002!0.059!0.113!
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20 ;0.004;0.006;0.023;0.004;0.007;0.003;0.013;0.001;0.010;0.011;0.009;0.001;0.003;0.000;0.005;1.010;0.002;0.008;0.180;0.018;
21 !0.006!0.013!0.036!0.019!0.008!0.047!0.027!0.003!0.014!0.006!0.030!0.002!0.026!0.000!0.014!0.006!1.099!0.011!0.093!0.053!
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22 ;0.001;0.025;0.017;0.012;0.014;0.005:0.063;0.003;0.025;0.005;0.024~0.008;0.026iO.OOI;0.021;0.010iO.006;1.021;0.081;0.084i
23 !0.000!0.002!0.000!0.000!0.000!0.000!0.001 !0.000!0.000!0.000!0.001!0.000!0.000!0.000!0.000!0.000!0.000!0.001!1.124!0.004!
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24 ;0.00IiO.003;0.004;0.002;0.001;0.00IiO.006;0.000;0.004;0.002;0.002;0.000;0.001;0.000;0.001;0.002;0.001;0.003;0.040;1.088;
ID
! 1,041 11~2801 1,18011,17°,1 ,464! 1; 115! 1,369! 1,054! l,300! 2,010! 1,362! 1,026! 1,306! 1,076! l,330! 1,093! 1,15411,18313 ,803! 2,230 1
k ,
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..

- 322 -
ANNEXE 5 : COMMENTAIRE
Disposant de la matrice des coefficients techniques, il est
possible de déterminer la matrice de planification P = ~- ~ -1
et de calculer
l'effet d'entraînement exercé par une branche dont la demande en produits se
modifie ; cet effet est mesuré par un coefficient m
appelé puissance de disper-
k
sion ou multiplicateur d'activité.
Le classement des industries ivoiriennes selon le multiplicatéur
d'activité donne le diagramme suivant
23 ~ 24 ~ 14 ~ 09 ~ Il ~ 15 ~ 19 ~ 17 ~ 13 ~ 06 ~ 22 ~ 07 ~ 08 ~ 21 ~ 10 ~ 20
~
18 ~ 12 ~ 05 ~ 16
Ces mêmes industries classées selon le critère du meilleur client (critère AUJAC)
donnè le diagramme suivant
08 + 06 ~ 12 ~ 07 + 10 ~ 09 ~ 23 ~ 13 ~ Il ~ 17 ~ 05 ~ 22 + 14 ~ 24 ~ 16 ~ 19
~
21 ~ 15 ~ 18 ~ 20

323 -
ANNEXE
6
D'termin.ti~n du "Hn~meomcmt @xUrhul' optimal"
si noua d'signons par :
B
le bin.tice Boeial moyen par tate
t
X
le bAn'fics aocial moyen par
t
titI et par franc reçu
Fe
financement extlrieur par tate cumula
Nous obtenona :
Dt
X • -----. 12 221,2 Log Fe
-
9198,3
t
F
e
Fe
La dlrivle premilre X~ s'Gcrit
u'v - v'u


12 221,2 - 12221,2 Log Pc
+ 9198,3
X't
v2
p2c
A l'optimum x~
O ••,
12221,2 Log Pc • 21419,5
Log F
• 21419,5
e
12221,2

5,77
Si nous ~tudions le signe de la fonction X , nous obtenona
t
F
o
2,123
5,77
+ 00
c
,
x'
+
+
o
t
.../ ...

- 324 -
ANNEXE
N° 7
Méthode de calcul des multiplicateurs d'activité
Si nous désignons par :
A
la matrice des coefficients techniques
X
le vecteur production
y
le vecteur demande finale,
nous pouvons représenter les équations du système de Leontieff sous forme
matricielle.
Nous obtenons
A X
+ Y
=
X
(1)
Ou encore
Y
=
f-~ X (2)
De l'équation (2) nous pouvons tirer
X
~_ j -
==
1 Y
.
(3)
d'où
6X
=
E-~- 6Y (4)
- 1
Si nous désignons la matrice
l
- A
par P, l'équation (4) devient
6X
P 6Y
(5)
Tout accroissement 6Y
de la demande finale de k exerce sur la
k
branche J une variation de production donnée par :
b.X·
(6)
J
Pjkb.Yk
n
n
D'où L (b.X) = ~ b.X· = L Pjkb.Y
(7)
J=l J
k
j=l
Nous avons donc
=
(8)
Le multiplicateur d'activité de la branche k notée mk est égal
à la somme des
termes de la k ième colonne de la matrice de planification
P= [_~-1
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des Finances et du Plan, Abidjan, Juin 1978
4 - Banque De France
- PLIHON (D) • - "Les mouvements de capitaux à long terme entre la
France et l'Extérieur", Cahiers économiques et monétaires,
N° 10, 1980
- DAVID (J.H.) . - "Le comportement du système bancaire et l'évolution
de la masse monétaire", Cahiers économiques et
monétaires N°l,1976
- DAVID (J.H.). - "Moyens de réglement et épargne liquide des ménages"
Cahiers économiques et monétaires, nO 1, 1976
- "L'Utilisation des tableaux d'opérations financières dans la conduite
de la politique monétaire" Actes du séminaire des Banques Centrales
et des Institutions internationales, Paris Avril 1977. Cahiers économiques
et monétaires, N° 7, 1978
5 -
Liaisons entre rapports internationaux et structures industrielles.
Congrès International des Economistes de Langue française, Louvain-La-Neuve,
20-22 Mai 1980
6 -
ROY (D) . - Algèbre moderne et théorie des graphes, Tome II, éditions DUNOD,
1
Paris, 1970
}
7 -
SOLNIK (B). - Gestion financière, éditions Fernand NATHAN, Paris 1980
f~
8 -
SANDRETTO (R). - Cours polycopié de Statistique, Université de Lyon,
2è année de Licence ès sciences économiques, fascicules
l à V, 1975-1976
- DUMONT (R) et MOTTIN (M.F.). - L'Afrique étranglée, édi_ticns du
Seuil, Paris 1980

- 337 -
LISTE
DES
TABLEAUX
TABLEAU A . - Le "financement extérieur" reçu par la Côte d'Ivoire et
ses principales composantes .••....•..............•••.•••.
19
TABLEAU B . - Flux en retour et "financement extérieur" net ..••.••••.•.
20
TABLEAU C. -
Evolution du rapport "financement extérieur" absolument
netl financement extérieur brut de 1963 à 1977 ••...••.••.
21
TABLEAU D. -
Phases néoc1assiques de la "croissance transmise" .• ;.....
37
TABLEAU E. -
Taux de rendement et écart standard moyen de portefeuille
optimal pour un taux d'intérêt de 5 % .............•......
62
TABLEAU F. -
Ventilation de la dette publique globale de la
Côte cl' Ivoi re
-Ii
..
75 bis
TABLEAU G. -
Evolution du produit intérieur brut réel et du "finan-
cemen
92 bis
1
t extérieur" cumulé
..
TABLEAU H. -
Evolution des principales variables industrielles
104
TABLEAU I. -
Classement des industries par degré decroissant
d'intégration
111
TABLEAU J. -
Effet 'I amont" et "aval" des industries ivoiriennes .•.••.•• 113
TABLEAU K. -
Multiplicateurs d'activité et répartition du capital social 116
TABLEAU L. -
Contrôle de capital social et degré d'intégration 1976
123
TABLEAU M. -
Contrôle de capital social et degré d'intégration 1977
124
TABLEAU M'. - Evolution du coefficient de "ponction" de 1970 à 1977
137
TABLEAU Mil. - Evolution des postes significatifs de la balance des paie-
ments
149
... / ...

- 338 -,
TABLEAU M"'. - Calcul du taux de croissance "requis"..................
156
TABLEAU M"".
Comparaison des taux de croissance "requis et effectif
157
TABLEAU M""'. - Evolution du "bénéfice social moyen par tête
171
TABLEAU M""". - Evolution du bénéfice social moyent par tête en
termes réels ... o ••• " ••••
172
ct
• • • • • • • • •
II
• • • • •
0 . 1 P
• • • • • •
"
• • •
TABLEAU N. -
Répartition du "financement extérieur" reçu entre les
différents projets d'investissement ••••.•.•••...•..•.•
178
TABLEAU O. -
Secteurs d'activité ayant le plus de capitaux ivoiriens
215
TABLEAU P. -
Secteurs d'activité à forte participation relative de
capitaux ivoiriens
216
lit
• • • • • • • • • • • •
TABLEAU Q. -
Calcul du delai de recupération des capitaux engagés .•
217
TABLEAU R. -
Evolution du taux d'épargne .•••.•.••.•...........•.•..
233
TABLEAU S. -
Epargne des secteurs institutionnels ..•..........•••••
234
TABLEAU T. -
Evolution des capacités et besoins de financement des
secteurs institutionnels .... 0.........................
237
TABLEAU U. -
Emplois de l'épargne brute des ménages •...••.....•••••
244
TABLEAU V. -
Structure de placement des administrations et des menages 250
TABLEAU W. -
Structure d'endettement des sociétés et quasi sociétés
non financières
251
T1\\BLEAU X. -
Structure des prêts des institutions financières et
t
emprunts des entreprises •••.•..•....•.•........•.•.••••• 254
TABLEAU Y. -
Taux d'épargne des ménages et des administrations
r
pub! iques ".',
258
Cl
• • • •
"
• •
9
Il
Il
Il
"
Il

ct

Il
1
If
J 1

- 339 -
TABLEAU Z. -
Taux des intérêts créditeurs à vue et à terme •.•.•.......
264
TABLEAU 1. -
Exemples de taux d'intérêt
débiteurs relatifs à des
crédits aux entreprises ••...••...•..•....•••••.•...•.•...
265
TABLEAU 2. - Rendement des depôts à terme dans quelques pays de
l'Afrique de l'Ouest
267
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
fi
• • • • • • • •
TABLEAU 3. - Rendement des depôts à terme dans 2 pays asiatiques ....... 268
TABLEAU 4. -
Comparaison des indicateurs de dimension de quelques
sous-régions
278
fi
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
TABLEAU 5. -
Indicateurs de dimension, 1977 ,.•...•......•.•.••.•.....••. 287
TABLEAU 6. -
Indicateurs de dimension ; pays industrialisés
288
TABLEAU 7. -
Résultats des tests statistiques .........................
292
1
TABLEAU 8. - Calcul de l'avantage relatif retiré par la Côte d'Ivoire .
299
TABLEAU 9. -
Calcul de l'avantage relatif •••••••••• ., a •••••••••••••••••
300
TABLEAU 10. - Calcul de l'avantage relatif .............................
303

- 340 -
TABLE
DES
MATIERES
Pages
REMERCIEMENTS
.-
00
0
..
Il
Il
'Il
..




INTRODUCTION GENERALE ............ Il
~
"
..
PREMIERE
PARTIE
La dynamique du "financement extérieur" et ses limites en tant
qu'élément moteur de l'industrialisation et du développement
CHAPITRE 1. - La notion de "financement extérieur"
6
1. - "Financement extérieur" et Aide extérieur
7
II. - "Financement extérieur" et Revenu extérieur .................•.
8
III. - "Financement extérieur" et besoin de financement de l'économie
10
IV. - Définition et évaluation du "financement extérieur" .........•..
Il
CHAPITRE II. - Les fondements théoriques du recours au "financement
extérieur"
22.
1. - Le débat historique entre "financement extérieur" "enrichissant"· et
appauvrissant
..
22
h ~
.
d
"f'
~.
" "
. h'
"
Il' - La t eor1e
u
1nancement exter1eur
enr1C 1ssant
•••.•.....••
22
Il . - Le point de vue de Xenophon .•......••..••..••........•••.•.•.••
23
1
Il • - Le point de vue d'Adam SMITH •.••..•••••.•••••...•••..••....••••
24
2
Il • - Le point de vue de David RICARDO •.•••••••.•••....••.•........••
25
3
La théorie du "financement extérieur" "appauvrissant" ....................
28
.. .. .. / ......

- 341 -
1
• - Le point de vue de Richard CANTILLON .•...••....... ,
.
28
21
1
. - Le point de vue marxiste "orthodoxe" ..•...............•...
31
22
1
. - Les thèses de BARAN et SWEEZY ........•..•..•..............
34
23
II. -
Le débat actuel sur les effets du "financement extérieur" ..
35
Ill' - La théorie de la croissance entraînée d'inspiration
néoclassique ....................................................................................... ..
~
35
11 , - Les théories d'inspiration keynesienne : l'amplificateur
2
des investissements publics extérieurs
39
II . - Les thèses de FEI et PMUW
3
11
• - Le modèle du P.M.S.R. et l'Age d'Or: le cas de l'économie
3 1
fermée
..
43
II
. - Le modèle du P.M.S.R. appliqué à une économie ouverte ....
48
32
Il • -
La théorie des choix de portefeuille appliquée au "finance-
4
ment extérieur"
54
0

..
..
..
..
..

..
..

..
..
..
..
..
..
..
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..
..
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..
..
..
..
..
..
..
..
..
..

11
. - Les hypothèses du modèle ....•.•..•.••.••••••.••.•.•.•....
56
4 1
11
. - Essai de formalisation d'une fonction d'offre de "financement
42
extérieur"
..
58
11
- La fonction d'offre des Centres publics de décision ..•..
59
421
11
- L'offre de "financement extérieur" des Centres privés de
4
J
2 2
décis ion
..
63
II . - La fonction d'offre globale de "financement extérieur ..••.
4
67
23
... / ...

-
342 -
CHAPITRE III. - L'émergence du "financement extérieur" comme
moteur de l'industrialisation en Ca te ctfIvoire
74
1. - La demande de "financement extérieur" ........•..•.•.•..••••••.•...
74
II' - La demande des Centres publics de décision ......•....••.••.......
75
1 , - La demande des Centres privés de décision .•...........•.•...•....
80
2
1 , - La demande globale de "financement extérieur" ...........•••.••...
83
3
II. - Importance du "financement extérieur" dans le développement
industriel ivoirien
90
Il
Il
!)
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
Ill' - Le "financement extérieur" facteur d'accumulation interne •.••...
90
11 , - Le "financement extérieur" facteur de croissance économique
92
2
CHAPITRE III. - Les limites de l'industrialisation basée sur le "finan-
cement extérieur"
95
1. - Notion d'industrialisation .••••..••.••.•.••.... , ......••.••.•.•...
95
II. - Les effets du "financement extérieur" sur l'industrie ivoirienne •
97
Ill' - Les effets quantitatifs •.•.•••.•••..•........•.•...•••..••••..•.
97
11
Les effets qualitatifs . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . .
&
-
105
2
H
. - La préponderance des industries légères •..........•.•••.••••..•.
105
2l
11 , - Notion d'industries légères ...••..•...•.•.....•......••••.......
105
2l l
11 , - La part des industries légères dans le capital social ..•••.••...
2
108
12
1
t
L'orientation de l'appareil productif vers les secteurs peu
J
entraînants .. ~
Il
..
109
1
11
. - Contrôle du capital social et degré d'intégration ..••.••••••..•
2
117
i
22
f
~,
La secrétion des effets de blocage et le freinage des mécanismes
1
de diffusion .•..........••...........•. " ..... , ..•.........••....
128
II 2 • - ~ 'f
e fet d
e "
. "
ponct10n
du
.
pouvo1r d' achat "
.
nat10na1" •••••••.•..•
133
3 1
J

- 343 -
DEUXIEME
PARTIE
LES CONDITIONS D'UNE INDUSTRIALISATION BASEE SUR LE
1
FINANCEMENT EXTERIEUR.
i
CHAPITRE L
- La recherche d'un "financement extérieur" optimal
160
11
1
1. - Le cadre analytique
1
1l
II. - Les hypothèses retenues ..........•.•..•.•••........•.......•.•.••
162
l~j
Ill' - La nature de l'Entreprise-Etat
" . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
162
t:11i
11 , - La fonction-objectif
2
~l
III. - La détermination du "financement extérieur" optimal.............
166
1
i,,~
1
111 , - La spécification de la fonction - objectif ................•....
166
j
1
t
~
111 , - La fonction de production ......•••.....•........•..•.........••
167
1
1
1
111 , - La fonction de coût .....•.......•......•.........•....•....•.••
167
12
1
CHAPITRE II. - L'allocation efficiente du "financement extérieur" ....••
176
1
1. - Le débat entre I.E.S. et A.D.P. ...•.....•..•........•.....•.•.•.••
176
l
II. - L'analyse de Hirschman
1
Ill' - Le développement par excès de capacité d'I.E.S. •...........••..•
181
1
J
Il • - Le développement par insuffisance d'I.E.S.
182
2
1
1
;
11 , - Le choix de la séquence la plus efficace ••..•........•.......•••
182
3
11 , - La référence au principe de rationalité .....•.•.................
183
3 1
.~.I .. f1,

- 344 -
II
. - L'appel à la théorie des graphes .••.•........... ",.......
184
32
11
. - La réfirence à l'histoire ......•.•........•.........•....
192
33
III . - L'expérience ivoirienne
1960 - 1980 ...•. " ..........••.
193
CHAPITRE III. - Le renforcement du rôle de l'Etat dans le procéssus
d'industrialisation ••••••.........•........•...••
197
1. - Les théories de l'Etat ........••••..........•..•........•...
197
Il' - L'Etat, Représentant de l'Intérêt Général ......•...•..••.•.
197
If' - Le courant de l'échange volontaire ••........•..........••••
197
1
- Le courant de la contrainte .••.••.•.••..•.......•....••.••.
198
- La théorie de l'Etat-Arbitre ..•...••...........•.....•.••..
199
II. - Le Rôle de l'Etat dans le processus d'industrialisation
. ..
1 V 01 r 1 en
201
e
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0
s
41
..
1)
..
Cl
..
0
e
Cl
~
<li
..
Ill' - L'élargissement du marché et la diffusion des modèles de
consommation
202
II}. - Dans le secteur urbain .....•••••..•.........•........••..
203
}
Ill' - Dans le secteur rural .........•.••..•.....•..........•••.
205
2
11 , - De l'Etat "instance - relais" à l'Etat-entrepreneur
2
scht1Il1peterien
e
206
CI
.,.
..
..
..
..
..
CHAPITRE IV. - La mobilisation accrue de l'épargne intérieure ••..
220
1. - Définition et évaluation de l'épargne •..................•....
221
Il' - Le concept d'épargne
1 , - La mesure de l'épargne
2
... / ...

- 345 -
II. - Le comportement patrimonial des différents secteurs
institutionnels
235




..
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III
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tI • - Le comportement patrimonial des secteurs à capacité
I
de financement . . . . .
236
III
• • •
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. . . . . .
III
III
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• • • •
0
• •
.,
• •
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0
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'('

Il
. . .








11 . - Comportement de portefeuille des intermédiaires financiers
2
et mobilisation de l'épargne
249
11 • - La prudence excessive des intermédiaires financiers en
21
Côte cl' Ivoire
e
252
0
"
.,
• • • • • • • •
III
• • • •
11
• - La reconsidération des stratégies du système bancaire ...•••••
261
22
CHAPITRE V. - L'implantation des industries industrialisantes :
le nécessaire cadre regronal •••............•....•••.•••
274
I~ - Les facteurs justifiant le choix du Conseil de l'Entente
élargie au Ghana ~t au Nigeria
275
Il - Les facteurs géographiques et humains •.••.•.•..........•••.•..•.
277
1 • - Les facteurs économiques •..•••••.•••••....•...........•..•.•••.
278
2
II. - Les effets de llintégration économique sur l'activité manufac-
turière. Analyse quantitative ..................................
281
lIt - Le modèle de référence et les résultats économétriques .••••••••
282
III' - Le modèle de Peter CORNELISSE •••••••••••••...•....•...•.•.••••
282
1
II • - Les résultats de notre analyse ••••••••.••...••....•......••••.
285
t 2
II • - La spécif icat ion de s variab les ••••••••••.......•.....••••••.••
285
121
Ill' - La spécification des échantillons ••••..•..•............•••..•.
289
22
11 . - Interprétation des résultats et application au cas ivoirien
293
2
11 , - Résultats économétriques .••..••.••.••..•••.•...•....•..••••.•••
293
21
... / ...

- 346 -
11 , - Interprétation économique ......•••..•.•.....................
293
22
11 , - Quantification des effets de l'intégration sur l'activité
23
manufacturière ivoirienne
294
CONCLUSION
305 bis
(o
• • • • • • • • •
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• • • • • •
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• • • • •
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• • • •
ANNE XE a
310 bis
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8












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BIBLIOGRAPHIE
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'ii.
325











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LISTE DES TABLEAUX ••••••••••••••.••
337

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• • • • • • • • • • • • •
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• • •
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• • • • • • • • • • •
"