REPUBLIQUE DE GUINEE
Travail-Justice-Solidarité
••• ******
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
*****••********.*******
UNIVERSITE GAMAL ABDEL NASSER DE
CONAKRY
FACULTE DE MEDECINE
ANNEE UNIVERSITAIRE:
1981-1982
PROMOTION:
SERIGNE CHEICK AMADOU BAMBA
THE5E POUR L-OBTENTION DU GRADE DE ODCTDRA T
O-ETAT EN MEDECINE
THEllE:
·CONTRIBUTION A eETUDE DE LA MORTALITE
MATERNELLE EN ZONE URBAINE DE CONAKRY"
APPROCHE DE SOLUTIONS DANS L-OPTIQUE
SANTE POUR TOUS D-ICI eAN 2_000·
DIRECTEURS DE THESE
Dr.M.Saljou
DIALLO
Dr.M.Souanou
BERETE
Présenté et Soutenu Publiquement le 05 Octobre 1982
Par Fatoumata Bïnta DIALLO Doramodou_

REPUBLIQUE DE GUINEE
Travail-Justice-Solidarité
•••••••••
MINISTERE DE L-ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA
RECHERCHE SCIENTIFIOUE
•••••••••••
UNIVERSITE GAMAL ABDEL NASSER DE
CONAKRY
FACULTE DE MEDECINE
ANNE UNIVERSITAIRE: 1981-1982
THESE POUR L-OBTENTION DU GRADE DE DOCTORAT
D-ETAT EN MEDECINE
THEllE:
·CONTRIBUTION A L-ETUDE DE LA MORTALITE
MATERNELLE EN ZONE URBAINE DE CONAKRY.
APPROCHE DE SOLUTIONS DANS L-OPTIOUE
SANTE POUR TOUS D-ICI L-AN 2_000·
Candidate
Doyen de Faculté
Fatoumata Binta DIALLO
Pr.BAH M.KABA
.
DIRECTEURS DE THESE
-
/
Recteur de "universittf;
DLM.Saliou
DIALLO
Dr.M.Souanou
BERETE
E
Chef de Chaire de Gynécoloqis'
Dr.M.Saliou DIALLO
" l.
PROMOTION:
SERIGNE CHEICK AMADOU BAMBA
Année de Soutenance 1982
2

DEDICACE
A mon très regretté époux Feu ,JEAN Doramodou Prématurément araché à mon
affection pour le soutien matériel et moral qu'il m'a toujours réservé, pour les multiples
conseils qu'il m'a prodigués sur le chemin difficile (encore que passionnant) de mes
Etudes Universitaires, pour sa tendresse et sa profonde compréhension.
Je dédie cette Thèse.
3

REMERCIEMENTS
A mes Maîtres de l'Ecole Primaire,
A mes Maîtres du Lycée Technique de Conakry
A mes Maîtres de la Faculté et des Hôpitaux.
Pour l'Enseignement prépondérant qu'ils m'ont donné
En témoignage de ma très haute reconnaissance.
A tous les miens, faible compensation de tout ce que je leur dois.
4

SERMENT OIHYPOCRATE
En présence des maîtres de cette école, de mes chers condisciples, je promets et je
jure d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité dans l'exercice de la médecine.
Je donnerai mes soins gratuits à l'indigent et n'exigerait jamais un salaire au-dessus
de mon travail.
Admise à l'intérieur des maisons, mes yeux ne verront pas ce qui s'y passe, ma langue
taira les secrets qui me seront confiés et mon état ne servira pas à corrompre les
moeurs, ni à favoriser le crime.
Respectueuse et reconnaissante envers mes maîtres,
Je rendrai à leurs enfants, l'instruction que j'ai reçue de leurs pères.
Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je
sois couverte et méprisée de mes confrères si j'y manque.
Je jure,
Je jure,
Je jure.
5

SIGLES
ALAKS
=
Vieux Véhicule, Car rapide Assurant le Taxis.
PMI
=
Protection Maternelle et Infantile
SMI
=
Santé Maternelle et Infantile.
CHU
=
Centre Hospitalier et Universitaire.
JSC
=
Jean Suret Canal.
NV
=
Naissance Vivante
HRP
=
Hématome Retro-Placentaire
PP
=
Placenta Prévia.
RU
=
Rupture Utérine.
Hbts
=
Habitants.
GEU
=
Grossesse Extra-Utérine.
CPN
=
Consultation Prénatale.
6

7

Grossesse et Accouchement ont, depuis l'origine du temps fait courir à la femme un
risque mortel (28). Ce risque n'échappe pas aux accoucheurs. Les fem mes
enceintes et les enfants constituent des collectivités vulnérables. La mère et
l'enfant représentent les 2/3 de la population en Afrique où la maternité est toujours
souhaitée. (2)
En Guinée "Autant que Jadis, écrit Jean Suret Canale, le désir d'avoir une
nombreuse descendance est au coeur de chaque guinéen. La stérilité est ressentie
comme une malédiction" (13).
Certes, le risque foetal, de plus en plus, a pris le pas sur celui maternel. Le danger
encouru par la mère pendant la Gravido-puerpéralité ne doit pas être cependant
ignoré.
La mortalité maternelle est encore un problème préoccupant en obstétrique. En
Suède, on enregistre un taux de 0,11 pour 1.000 Naissances Vivantes, au Canada
0,34 pour 1.000 Naissances Vivantes et dans nos pays en voie de développement
atteint une moyenne de 6,6 pour 1.000 Naissances Vivantes.
Les causes habituelles de cette mortalité maternelle chez
nous
sont
les
hémorragies, les toxémies les infections. En outre, le mariage précoce, le
surmenage physique pendant la grossesse, un régime alimentaire pauvre, les
grossesses rapprochées, le manque de surveillance prénatale, sont autant de
facteurs qui hypothèquent lourdement "issue de la grossesse.
L'insuffisance en personnel qualifié, nos formations sanitaires sous équipés,
constituent également des facteurs aggravant.
Nous nous proposons dans cette étude de dégager les causes de décès maternels
à la maternité du CHU de Donka, afin de promouvoir un programme d'actions pour
minimiser le taux de mortalité maternelle dans notre pays. Il faut avouer que ce
travail n'est pas dénué de difficultés. Il récèie des lacunes. La mauvaise tenue du
Secrétariat médical, la difficulté de suivre nos accouchés après leur sortie de la
maternité, sont autant d'obstacles à nos investigations. Pour réaliser ce travail nous
avons adopté le plan ci-dessous :
CHAPITRE 1
GENERALITES
1-1-
DEFINITION
1-2-
HISTORIQUE
CHAPITRE 11-
METHODOLOGIE DE TRAVAIL
CHAPITRE 111-
RESULTATS DE NOS ENQUETES
CHAPITRE IV-
ANALYSE DE NOS RESULTATS
CHAPITRE V-
APPROCHE DE SOLUTIONS
CONCLUSION
8

GENERALITES
9

1-1-
DEFI NITION
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit les décès maternels comme
ceux dûs aux :
· Infections au cours de la grossesse, de l'accouchement et des suites de couches
· Toxémie au cours de la grossesse et des suites de couches
· Hémorragies au cours de la grossesse et de l'accouchement
· Avortement sans notion d'infection, ni de toxémie
· Avortement avec infection
· Autres complications de la grossesse, de l'accouchement et des suites de
couches.
Ainsi, nous inclurons dans notre étude l'ensemble de la période Gravido-
puerpérale s'étendant de la conception
au 60 ème jour du post-partum,
arbitrairement fixé comme limite de l'état gravi do-puerpéral au congrès de Lyon en
1959.
1-2-
HISTORIOUE
Selon Martial DUMONT et Pierre MOREL "les sépultures néolitiques permettent
d'établir des statistiques valables de la mortalité maternelle. En effet, A. Le Roi
Gourhan, dans sa publication de l'hypogée Il des Moumouards (2.000 ans avant
J.C) a montré une mortalité particulièrement importante chez les femmes entre 14
et 18 ans.
Il est vraissemblablement que l'importance des décès des jeunes femmes devait
correspondre aux premières maternités. En tout cas on ne constate pas cette
fréquence pour le sexe masculin.
Aussi, loin que l'on puisse remonter, on est frappé par l'effort fournit pour soustraire
la femme à la mort à l'enfantement, aux dangers de l'accouchement et à ses
difficultés, soit par des pratiques magiques soit des techniques manuelles ou
instrumentales.
Dans l'ancienne Egypte, les parturientes récitent
des
formules
magiques
adressées au Dieu Bès à qui elles demandent assistance dans leur épreuve.
HYPOCRATE (460 à 370 ans avant J.C) conseille lorsqu'une dystocie survient
d'attacher la femme à son lit que l'on secoue verticalement, si "enfant a la tête en
bas, ou horizontalement, s'il s'agit d'un siège ou d'une présentation transversale
(c'est la succussion). Si l'enfant meurt et si la version podalique parait impossible, il
faut pratiquer une embryotomie au moyen d'un couteau, d'un crochet ou d'un
compresseur afin de vider l'utérus et sauver la mère.
Dans l'infection puerpérale des fumigations et des ovules sont prescrits. Pine
l'ancien ; à Rome (23 à 79 ans après J.C) nous rapporte certaines croyances
"Bailler pendant l'accouchement peut entraîner la mort. Eternuer pendant le coït
provoque l'avortement".
10

SORANUS D'EPHESE (98 à 177 ans avant J.C) contrairement à HYPOCRATE, les
dystocies par la traction podalique alors que "enfant est vivant. Il publie un ouvrage
intitulé "DE MORBIS MULIERUM" où il décrit entre autre, la sub-involution utérine
du
post-partum,
l'infection
amniotique,
la
physiométrie,
il
préconise
le
tamponnement intra-utérin, à l'aide d'un spéculum dans les hémorragies.
Dans la médecine Arabe (7.010 à 1.200 après J.C) avec RHAZEZ, ALI BEU ABBAS
et AVICENNE, nous voyons la pratique de la version par manoeuvre interne dans
les présentations de l'épaule et du siège et celle de la révision utérine et des
embryotomies afin de sauver la mère.
A partir de la renaissance on voit progressivement s'élaborer une obstétrique
capable d'aider plus efficacement les femmes en difficultés et de préserver leur vie.
Les CHAMBERLAIN, inventant la force au XVII ème siècle étaient persuadés qu'ils
pouvaient faire tous les accouchements "sans dommage pour la mère et l'enfant,
ce qui ne pouvait faire personne à l'époque".
PHI LIPPE Peu (1623 à 1707 après J.C) conseille lors de l'accouchement, la
"Douceur plus que la violence", et insiste sur la vacuité de l'utérus afin d'éviter les
suites fébriles et hémorragiques.
NICOLAS PUZOS (16.583 - 1.753 après J.C) préconise la rupture des membranes
et leur dilacération dans les hémorragies provoquées par le Placenta praevia et
souligne le danger consistant à hâter la délivrance sans raison péremtoire.
CHARLES WHITE (1.726 à 1.813 après J.C) de l'école anglaise, est un pionnier de
l'aseptie obstétricale, il conseille la propreté de salles d'accouchement et des
chambres et préconise l'isolement des femmes infectées.
ALEXANDRE GORDON (1.752 à 1.799) décrit la fièvre puerpérale épidémique et
contagieuse.
Au début du XIX ème siècle en Angleterre, SIMPSON (1.811 à 1.870) auteur de
l'Anesthésie "A la Reine' et père de la ventouse obstétricale écrit: "une intervention
chirurgicale expose à des risques mortels plus nombreux que ceux encourus par
un soldat sur le champ de bataille" (1).
HOMES (1809 à 1894) aux USA affirme que l'infection puerpérale est contagieuse,
il écrit "elle est fréquemment transmise d'une malade à une autre par les médecins
ou par les infirmières" et adjure les médecins de s'abstenir de donner les soins à
des accouchées lorsqu'ils s'occupent déjà d'une malade infectée.
En 1848 le Hongrois IGNACE DEEN SEMMELWEIS, constate que 31,3 % des
femmes traitées par les étudiants en Médecine qui font des dissections meurent
d'une infection puerpérale foudroyante alors que les femmes réservées aux élèves
sages-femmes avaient une morbidité moindre. Il impose alors des ablutions aux
moyens du chlorure de chaux : "quiconque, dit-il, examine une femme enceinte
sans lavage des mains est un criminel". Il publie son ouvrage capital "Etiologie de
la fièvre puerpérale et sa prophylaxie". Par sa méthode, il fait tomber la mOrtalité
puerpérale à 0,83 % dans son service, il découvre ainsi l'aseptie. (1)
1 1

C'est grâce à Pasteur (1.822 à 1.895) qui met en évidence le streptocoque dans les
lochies des femmes enceintes atteintes d'infection puerpérale et à Joseph LISTER
(1.827 à 1.912) qui utilise l'acide carbonique pour détruire les germes infectueux
que l'antisepsie est lentement réalisée.
TARNIER à Paris (1828 à 1897) constate que la fièvre puerpérale est dix (10) fois
forte à l'Hôpital qu'en ville. Il préconise la séparation des femmes infectées et des
femmes indemnes d'infection puerpérale. En 1870, cette séparation est réalisée et
la mortalité tombe alors de 9,3 % à 2,3 %.
Après l'adoption des théories de LISTER,
lors
des
accouchements,
des
compresses sont imbibées d'une solution phénique et appliquées sur les parties
génitales externes et la mortalité tombe à 0,31 %. Ces résultats sont exposés dans
la thèse de DOLERI S (1852 à 1938) ; en 1880 c'est le début des infections
vaginales et des instillations intra-utérines de sublimé puis de biodure de mercure.
Entre 1939 à 1944, la découverte des sulfamides et de la pénicilline permettra aux
obstétriciens de faire un grand barrage à l'infection puerpérale.
C'est également à la fin du XIX ème siècle et au début du XX ème siècle que nous
assistons à une lutte acharnée contre les autres causes de la mort maternelle.
Ainsi, TARNIER préconisera le régime lacté pour prévenir l'éclampsie. VICTOR LE
Lorier (1875 à 1961) insiste sur la prise systématique de la tension artérielle au
cours de la grossesse. STROGANOFF rapporte en 1899, les premiers résultats qu'il
a obtenu en appliquant le traitement médical de l'éclampsie (morphine, chloral,
chloroforme, oxygénothérapie et plus tard le sulfate de magnésie).
En Hollande DE SNOO insiste le premier sur le régime désodé, base essentielle
de la prophylaxie de l'éclampsie. (1)
PINARD (1844 à 1934) impose le repos aux femmes enceintes, car il constate des
accidents gravidiques, notamment des accouchements prématurés chez les
ouvrières d'usine, cette protection de la femme enceinte, implique pour PINARD la
déclaration obligatoire de la grossesse et nécessite un effort budgétaire de l'Etat
pour la prise en charge de ces femmes.
KEHRER (mort en 1954) et SANGER, codifient la technique de suture de l'incision
utérine.
La Césarienne conservatrice, alors réalisable s'est perfectionnée par les travaux
de FRANK, COUVELAIR, SCHICKELE et BRINDEAU (1867 à 1955) qui vulgarisent
l'incision segmentaire de l'utérus et la répéritonisation de la cicatrice grâce au
péritoine décollable du segment inférieur.
En 1959, le Congrès de Lyon, groupant des obstétriciens de plusieurs pays du
monde, fait le point des techniques et des méthodes permettant de diminuer le taux
de mortalité maternelle.
12

Ainsi, à travers l'histoire, nous constatons que l'obstétrique moderne est la somme
d'une multiple de recherches et de travaux qui critiquant
sévèrement
les
techniques et les théories ont permis l'amélioration du pronostic Vital de la mère et
de l'enfant.
La mortalité maternelle en Afrique est semblable dans ses aspects à celle
retrouvée à travers l'histoire, partout prédomine cet acharnement contre la dystocie,
l'hémorragie, l'infection. Attachés aux valeurs africaines, les noirs africains ont su,
au contact des civilisations, discerner et adopter les moyens propres à donner la
vie.
Dans certaines régions de la Guinée (Foutah) pour décoller le Placenta en cas de
rétention, on aligne des titeurs à l'issue de la femme qui accouche et on les fait tirer
tous à la fois, cela déclenche des contractions et le Placenta est aussitôt expulsé.
En Guinée, d'énormes progrès sont réalisés depuis la création de l'école de sage-
femme en 1960, l'ouverture d'une faculté de médecine en 1968, l'érrection d'une
Ecole Nationale de la Santé en 1963, les activités d'un Institut National de
Prévention et d'Hygiène, l'Institution d'une Inspection Médicale des écoles, des
services de PMI, d'une Direction de planning familial, la programmation des
émissions audio-visuelles, nul besoin de dissimuler les gigantesques tâches qui
restent à accomplir.
13

METHODOLOGIE
DE TRAVAIL
14

11-1- CADRE DE TRAVAil
Notre étude s'est réalisée à la maternité du CHU de DONKA qui est située dans la
presqu'île du Kaloum dans la Capitale Conakry.
C'est un service qui a une capacité de 92 lits; il comprend:
- un bloc obstétrical avec deux (2) salles d'accouchement de 6 tables et 2
salles d'attente
- deux blocs opératoires
- un pavillon de gynécologie
- un pavillon d'obstétrique
- une unité de consultation prénatale.
S'agissant de l'équipement, notre cadre de travail est très modeste avec une
infrastructure insuffisante. La maternité de Donka est un centre de référence, elle
présente en effet le pôle d'attraction de toutes les urgences et évacuations des
maternités périphériques et des régions environnantes
11-2- METHODOLOGIE
Notre étude s'étend sur une période de trois (3) ans du 1er Juin 1979 au 31 Mai
1982. Nous avons procédé à une enquête retrospective statistique sur 2 ans du 1er
Juin 1979 au 31 Mai 1981 ; cette enquête porte sur les maternités et SMI de la ville
de Conakry
Nous nous sommes intéressés aux accouchements, aux CPN, aux vaccinations et
aux décès maternels.
Il s'agit de données recueillies à partir des registres :
- d'accouchement
- de décès maternels
- de protocole du service d'anatomo-pathologie
- de la morgue.
Ces données retrospectives sont appuyées par une enquête dynamique sous
forme d'observations personnelles de décès maternels à la maternité de Donka qui
est le centre privilégié de notre enquête sur une période d'un an du 1er Juin au 31
Mai 1982.
Dans cette étude, avouons que la collecte des données dans nos services est des
plus ardues. Il faut regretter la mauvaise tenue des dossiers, l'inexistence de
dossiers dans certains centres, la négligence du personnel soignant.
Bon nombre de services ne possèdent pas de registres de décès. Les bulletins
d'évacuation sur la maternité de Donka sont vagues et ne portent souvent aucun
diagnostic; quelques fois au maximum le nom de la femme est porté.
15

NOS
RESULTATS
16

Nous avons
colligé 184 cas de
décès
maternels
dont
42
observations
personnelles. Du 1er Juin au 31 Mai 1982, nous avons colligé 184 cas de décès
maternels pour 27.583 Naissances Vivantes soit une fréquence globale de 660
pour 100.000 Naissances Vivantes et une fréquence relative de 910 pour 100.000
Naissances Vivantes pour la maternité de Donka au cours de l'étude prospective.
Ces chiffres concernent les maternités du CHU de Donka (124 cas) et du CHU
d'Ignace Deen (56 cas). Les décès maternels des autres maternités de la Capitale
ne sont pas disponibles. Parce que ces formations sanitaires évacuent tous les cas
difficiles sur celle du CHU de Donka. Ainsi, les décès maternels selon les
paramètres y sont rares sinon nuls. Nous avons analysé les décès maternels selon
les paramètres épidémiologiques et facteurs de risques suivants : l'âge, la
gestation, la parité, la provenance des femmes décédées le séjour dans le service
avant l'exitus, les causes de décès maternels.
TABLEAU N-1: INFRASTRUCTURE ET PERSONNEL DES MATERNITES DE
CONAKRY POUR L'ANNEE 1982.
DESIGNATION
DONKA LDEEN MATAM
MADINA ~BESSIA RATOMA TOTAL
PERSONNEL
1
0
1
29
Médecins
10
1 4
3
1
1
2
17
Diplometifs
7
4
2
19
9
17
120
Sages-femmes
32
25
18
0
0
0
1 4
Anesthésistes
9
5
0
0
1
0
8
Infirmiers et Aides
2
1
4
18
10
20
98
Matrones
17
13
20
0
0
0
10
Ats
0
3
0
0
0
0
0
Laborantine
2
0
0
0
0
0
2
INFRASTRUCTURE
Salle d'attente
2
1
1
1
1
1
7
Salle d'accouchement
2
1
1
1
1
1
7
Salle de curettage
1
1
0
0
0
0
2
Bloc Opératoire
2
2
0
1
0
0
4
Tables d'accouchemen
6
4
3
2
2
3
39
Crèche
1
1
0
0
0
0
2
Lits d'Hospitalisation
92
56
1 4
13
10
17
202
Salle de consultation
1
1
0
0
0
0
2
Soins Gynécologiques
1
1
0
0
0
0
2
Laboratoires lntécrés
1
0
0
0
0
0
1
Il ressort de l'analyse du Tableau suivant: la ville de Conakry dispose:
- de moins de 1 médecin pour 100.000 habitants ;
- de 0,29 lits pour 1.000 habitants, alors que la norme admise par l'O. M.S.
est de 8 lits pour 1.000 habitants;
- d'un seul laboratoire intégré à l'ensemble de l'Hôpital ;
- de deux (2) crèches seulement pour toute la ville exceptées les maternités
du CHU de Donka et du CHU d'Ignace Deen, les autres maternités de Conakry ne
disposent pas de bloc opératoire, même la maternité de Matam qui à elle seule
totalise l'ensemble des accouchements du CHU Ignace Deen et Donka.
17

REPARTITION DES ACCOUCHEMENTS DANS LES
MATERNITES DE CONAKRY
Cette étude concerne 6 maternités ou les données ont été disponibles.
ANNEES
DONKA
I-DEEN
MATAM
GBESSIA
MADINA
RATOMA
1979-1980
4.512
4.113
8.600
760
1.800
1.660
1980-1981
6.332
4.733
10.400
695
2.000
1.590
1981-1982
4.826
4.017
8.500
825
1.900
1.730
4.615 NV
La maternité de Matam totalise à elle seule l'ensemble des accouchements du
CHU de Donka et du CHU Ignace Deen ; elle ne dispose pas de bloc opératoire.
TABLEAU N-3: CONSULTATION PRENATALE ET VACCINATION
SMI
ANNEES
Consul
Tétanos
Tétanos
Tétanos
Total des
Prénatal
1è dose
2è dose
3è dose
Fem.vac_
MATAM
1980-1981
21.771
8.760
2.542
1.701
13.003
1981-1982
21.520
6.968
3.648
SPA
10.616
MADINA
1980-1981
4.400
602
423
236
1.261
1981-1982
4.180
670
486
261
1.417
DIXINN
1980-1981
8.309
1.448
1.070
.....
2.518
1981-1982
6.319
2.987
1.998
.....
4.985
DONKA
1980-1981
10.750
2.470
2.004
1.870
6.344
1981-1982
10.780
2.786
2.160
1.782
6.728
PORT
1980-1981
2.800
392
318
295
995
1981-1982
2.785
372
305
288
965
GBESSIA
1980-1981
1.380
414
348
163
925
1981-1982
1.388
455
401
182
1.038
Il est manifesté que les vaccinations ne sont pas bien suivies par les gestantes de
la 1ère vaccination à la 3ème vaccination, le nombre de consultante
va
brutalement décroissant. Les causes d'une telle situation doivent être décélées afin
d'apporter les solutions adéquates.
18

TABLEAU N-4 :
4-a
REPARTITION DE LA MORTALITE MATERNELLE EN
FONCTION DES NAISSANCES VIVANTES
Nombr-e
Nombr-e
Nombr-e de Nombr-e de Taux
d e
ANNEES
d"Adm.en
d"Accouche Naissance
Décès
Décès pour-
Obatëtriq,
Vivante
Mater-nel
100000 nv
1979-1980
10.479
8.625
8.453
53
620/0000 NV
1980-1981
12.869
11.065
10.730
73
680/0000 NV
1981-1982
9.970
8.843
8.430
58
680/0000 NV
Il serait souhaitable de s'enquérir du taux de mortalité maternelle en fonction des
admissions en obstétrique. En effet des décès maternels sont connus sans
Naissances Vivantes (avortement, grossesse extra-utérine par exemple).
TABLEAU N-4 :
4-b
REPARTITION DE LA MORTALITE EN FONCTION DES ADMISSIONS
ANNEES
Nombr-e
Nombr-e
Nombr-e de
Nombr-e de Taux
d e
d"Adm_en
d"Accouche Naissance
Décès
Décès pour-
Obstétriq.
Vivante
Mater-nel
1.000 N_V
1979-1980
10.479
8.625
8.453
53
5,05
1980-1981
12.869
11.065
10.730
73
5,67
1981-1982
9.970
8.843
8.430
58
5,81
19

TABLEAU "-5:
DISTRIBUTIONS DES DECES MATERNELS SELON
LES TRANCHES D'AGE A LA MATERNITE DE DONKA.
ANNEES
cie 19
20-24
25-29
30-34
35-39
40-44
45-50
Age
Total
ans
ans
ans
ans
ans
ans
ans
Indél_
1979-1980
5
4
2
8
10
7
1
0
37
1980-1981
6
3
4
7
13
8
3
1
45
1981-1982
4
2
3
11
8
10
3
1
42
Ce Tableau indique une fréquence élevée des décès dans la tranche d'âge de 30
ans à 44 ans. Ceci relève à notre sens sans plutôt de la multiparité (habituelle à cet
âge) que de l'âge réel des femmes.
Les mères âgées de moins de 19 ans encourent également de sérieux risques.
DISTRIBUTION ANNUELLE DES DECES SELON LA
GESTATION
ANNEES
1 el'" Geste
2è et 3è

et

>
6 ème TOTAL
Gestes
Gestes
Geste
1979-1980
10
2
3
22
37
1980-1981
13
4
5
23
45
1981-1982
14
3
7
1 8
42
TOTAL
37
9
1 5
63
124
POURCENT.
29,8
7,2
12,2
50,8
100
20

TABLEAU N-7
DISTRIBUTION ANNUELLE DES DECES SELON LA PARITE A
LA MATERNITE DE DONKA
ANNEES
PRINCIPE
PAUCIPARES
MULTIPARES
TOTAL
1979-1980
9
3
25
37
1980-1981
11
4
30
45
1981-1982
12
4
26
42
TOTAL
32
11
81
124
POURCENT.
25,8 %
8,8 %
65,4 %
100 ~
%
Il ressort de l'analyse des deux (2) précédents tableaux que les multigestes et les
multipares ont une mortalité plus élevée avec respectivement 63 et 65 %.
Les primi occupent, la seconde place avec 29 et 25 %.
TABLEAU N-S: DISTRIBUTION DES DECES MATERNELS SELON LA CAUSE
A LA MATERNITE DE DONKA
N"O
CAUSES/ANNEES
1979-1980
1980-1981
~ 981-1982
IrOTAL PAR
~AUSES
1
HRP
8
7
7
22
2
Hérnorraoie de la Délivrance
5
7
5
19
3
Eclampsie
5
6
5
16
4
Rupture Utérine
5
6
4
15
5
Avortement provoquée
4
5
4
13
6
Infection Puerpérale
3
5
4
12
7
P.P.
3
2
3
8
8
Déchirure du Col
3
2
2
7
9
Grossesse Extra-Utérine
1
1
1
3
10
Grossesse + Intoxication
-
1
2
3
médicamenteuse
11
Anémie
-
1
1
2
1 2
Tétanos
-
1
1
2
1 3
Grossesse + Occlusion
-
-
1
1
TOTAL DES DECES
37
45
42
124
Ce Tableau ressort les causes de la mortalité maternelle tel que vecues dans le
service, il ne s'agit pas de distribution classique des causes de décès maternels.
21

TABLEAU N-9
REPARTITION SELON LA PROVENANCE DES FEMMES
DECEDEES A LA MATERNITE DE DONKA A PROPOS
DE 30 OBSERVATIONS
Ce paramètre n'a été étudié que pour 30 observations des femmes évacuées dans
notre service au cours de l'étude prospective.
PROVENANCE
NOMBRE
POURCENTAGE
Femmes venues
d'elles-mêmes
après complication intervenue à
7
23,33 %
domicile
Evacuées
d'une
maternité
10
33,33 %
périphérique
Forécariah
6
20 %
Dubréka
2
2,66 %
Coyah
5
16,66 %
La plupart des femmes décédées sont des évacuées, 70,14 % des décès. Sur 42
décès maternels enregistrés dans nos observations personnelles 30 sont des
patientes évacuées. certaines viennent de F orécariah, de Dubréka, de Coyah,
dans des conditions précaires de transport. Il s'agit des femmes évacuées des
maternités périphériques ou venues d'elles-mêmes, pour un accouchement
laborieux à obtenir à domicile ou pour une autre complication difficile à maîtriser.
Elles viennent surtout de la Maternité de Matam qui enregistre un chiffre élevé
d'accouchement 8.600 à 10.400 accouchements par an, soit le total de ceux des
maternités de Donka et Ignace Deen (voir tableau Il sur les accouchements).
22

DUREE DE SEJOUR DANS LE SERVICE AVANT LE
DECES DES FEMMES EVACUEES A LA MATERNITE
DE DONKA A PROPOS DE 30 OBSERVATIONS.
Temps Oh-1h
1h-6h
7h-
13h-
25h-
37h-
72h
4 Jo...s 5 JOUl"S
12h
24h
36h
48h
el +
Nombre
12
3
7
3
2
0
0
1
2
Pourc ..
5
0
23,33
10
6,66
-
-
3,33
6,66
%
Si l'obstétrique revêt surtout un caractère d'urgence, le fait que les femmes arrivent
souvent trop tard en milieu hospitalier, donne encore à notre service un aspect
particu lier.
50 % des patientes évacuées meurent avant les six (6) premières heures de leur
admission dont 80 % arrivent pour mourir avant la première heure, 83 % des
évacuées meurent dans les 24 premières heures.
Il faut incriminer avant tout la précarité des moyens de transport, le retard à la
consommation, les moyens de réanimation insuffisants. En outre, nos futures mères
n'hésitent pas à se confier à une voisine, à un marabout du quartier avant de se
rendre à l'Hôpital. Très souvent d'ailleurs,
elles
minimisent les
premières
contractions utérines. Des pathologies comme le paludisme ou l'ictère sont, à coup
d'infusions et de d'écoctions, traitées en médecine traditionnelle. L'on entrevoit ici
tous les risques d'intoxication.
Nous constatons sur le tableau ci-dessus que 50 % de nos fem mes meurent avant
les six (6) premières heures après leur admission dans le service.
23

~[R1~[lW~~ [Q)~
[R1@~
[R]~~(W[l~~~~
24

Nous avons pu dans ce travail faire une approche insuffisante certes, de 1a
mortalité maternelle dans notre Capitale.
Le taux de mortalité maternelle s'établit à 660 pour 100.000 naissances vivantes
dans notre expérience.
A la réflexion et par rapport au tableau N'B, les causes de mortalité maternelle se
résument dans notre étude en : les hémorragies, les infections, les toxémies, qui
sont les principales causes des décès maternels. En dehors de ces pathologies,
plusieurs facteurs allourdissent le taux de mortalité maternelle.
Il s'agit de "infrastructure sanitaire, de l'âge, de la gestation et de la parité des
difficultés d'évacuation.
1')- De l'Infrastructure Sanitaire et de la Répartition du Personnel:
Conakry, Ville Industrielle et Universitaire, en expansion démographique compte
700.000 habitants dont 364.000 femmes (soit 52 % de la population totale. (20)
Conakry ne dispose que de 9 SMI et de 6 Maternités.
2')- De l'Age. du Nombre de Gestation et de la Parité:
Si l'âge de mariage est légalement fixé dans notre pays à 17 ans, il n'est pas rare
de rencontrer des jeunes de 13 à 14 ans mariées et des femmes de plus de 40 ans
multipares encore exposées à la grossesse.
En dessous de 17 ans, les dystocies foeto-pelviennes sont fréquentes et imposent
souvent une césarienne si la mère ne décède pas. Les grossesses multiples et
rapprochées, l'âge avancé, sont autant de facteurs
d'affaiblissement
de
l'organisme et du muscle utérin, constituant des facteurs de risques potentiels.
3°)_ Des Consultations Prénatales et des Vaccinations:
Mal suivies eu égard à l'insuffisance de moyens matériels pour décéler toutes les
grossesses à risque, à l'insuffisance non négligeable de motivation.
La mauvaise organisation des consultations, la modestie de l'infrastructure
d'accueil, la pénurie de médicaments et de vaccins, s'expliquant parfois par
l'absence d'une chaîne de froid dans certaines SMI constituent des motifs de
découragement de gestantes. Les équipements modernes et la réorganisation de
nos SMI pour une meilleure surveillance de la grossesse permettrait de conjuguer
tant de situations douloureuses.
4')- De la Difficulté des Evacuations:
Les autres maternités de la Capitale, ainsi que celle des régions avoisinantes, aux
ressources thérapeutiques réduites, évacuent bon nombre de gestantes sur la
maternité du CHU de Donka. Le transport, quand il est possible s'effectue dans les
conditions les plus précaires.
25

Bien plus, il n'existe pas de communications téléphoniques entre les formations
sanitaires.
50 % des patientes meurent avant la sixième heure de leur admission dans le
service et 83 % dans les 24 premières heures.
Il faut incriminer avant tout la précarité des moyens de transport, le retard à la
consultation, en effet, nos futures mères n'hésitent pas à se confier à une voisine
ou un marabout du quartier avant de se rendre à l'Hôpital, elles minimisent souvent
les premières contractions utérines.
A la Précarité des moyens de transport et au retard à la consultation, il faut ajouter,
le retard à la prise de décision d'évacuation. Les patientes sont souvent réferées
tard et lorsqu'elles arrivent, les moyens de réanimation insuffisants ne permettent
pas d'éviter le drame.
5°)- De Certaines Habitudes et Traditions:
Des femmes éprouvent une certaine gêne à se faire consulter à l'Hôpital. En outre,
dans un pays où la médecine moderne, avec des moyens maigres à du mal à
s'imposer la médecine traditionnelle connait une clientèle nombreuse. Des
pathologies comme
le paludisme ou l'ictère sont traitées en
médecine
traditionnelle à coup d'infusions et de décoctions avec tous les ri s q u es
d'intoxication (cause de trois (3) décès maternels dans notre serie).
Les interdits alimentaires chez les gestantes et chez les femmes allaitantes réjoint
les causes d'anémie.
Le niveau socio-économique et le niveau d'instruction sont des facteurs non
négligeables dans l'appréciation de la mortalité maternelle.
6°)- Des Causes de Décès Maternels:
- L'Hématome Retro-Placentaire:
En raison de la gravité du choc qu'il peut entraîner, le pronostic vital de la mère est
sévère. Son incidence sur la mortalité maternelle dans notre étude ne fait aucun
doute, d'autant plus que sa fréquence ne paraît nullement diminuer d'une année à
l'autre.
Les multipares payent un lourd tribut à cette affection. Dans notre serie elle est à
l'origine de 22 décès.
- L'Hémorragie de la Délivrance:
Nous avons colligé 17 cas. Il s'agissait notamment d'un long travail à domicile ou
dans une maternité périphérique,
d'un
accouchement naturel (16 cas) ou
d'application de forceps (1 cas). L'Hémorragie de la délivrance présente un
caractère spécial, la majorité des femmes étant déjà animées en raison de
parasitoses de la malnutrition et de la grossesse. Ainsi, la délivrance nécessite
.bien souvent une transfusion sanguine difficile à obtenir.
26

- La Rupture Utérine:
La mortalité par rupture utérine augmente avec la parité, les 8 ème et 7 ème pares
viennent en tête, suivies des 6 ème pare. Chez ces femmes, la rupture est souvent
dûe soit à une présentation vicieuse, soit à une disproportion
foeto-pelvienne.
Nous avons observé des ruptures spontanées en cours de travail.
- L'Eclampsie:
Elle occupe la troisième place dans les causes de décès. Son étude nous amène à
faire les observations suivantes:
- il Y a une poussée d'éclampsie pendant l'hivernage (à cause de l'humidité);
- les primipares sont les principales victimes de l'éclampsie.
Nous avons enregistré 11 cas avant l'expulsion. 2 à l'expulsion, 3 dans les suites
de couches.
- Les Infections Puerpérales:
Causes 'fréquentes de décès maternels, indépendamment de l'âge, de la gestation
avec une prédominante chez les primi.
A l'origine, on note souvent une rupture prématurée des membranes depuis plus
de 48 heures sans antibiothérapie, un avortement provoqué ou un accouchement à
domicile.
- Le Placenta Proevia :
8 Femmes (dont 5 multipares) sont décédées des suites de Placenta proevia. Dans
cette hémorragie du dernier trimestre, il faut savoir faire une transfusion sanguine à
temps pour assurer la répletion vasculaire et l'hémostase, or des difficultés
énormes sont liées à l'acquisition de sang dans notre cadre du travail l'insuffisance
de donneurs dûe à un frein culturel, l'insuffisance de conservation du sang dûe aux
multiples interruptions de la chaîne de froid.
- L'Anémie:
Elle est
presque constante,
aggravée par les
influences saisonnières,
la
malnutrition, les interdits alimentaires, les parasitoses et la multiparité. L'anémie
exprime dans bien des cas une situation socio-économique peu satisfaisante.
- Les Avortements Provoqués:
Ils sont la 5 ème cause de décès de notre étude. Il est à craindre qu'ils prennent
d'énormes proportions d'un véritable fléau. En effet, ils sont fréquemment pratiqués
et font courir beaucoup de risques à la femme : mort subite, infirmité définitive,
complications hémorragiques, infections, perforation nécessitant souvent une
hystérectomie totale, stérilité définitive, sont le triste résultat de ce défi lancé à la
vie.
27

L'Avortement provoqué, s'il est élevé à la hauteur d'une institution sociale de
certains pays, il est reprimé par la Loi Guinéenne et désapprouvé par nos
traditions, de sorte qu'il est réalisé clandestinement, en catimini, par des personnes
incompétentes (garçons de salle, infirmiers, aides de santé, guérisseurs).
Avec tout ce que cela comporte comme risque, les méthodes employées sont des
plus rudimentaires depuis les aiguilles à tricoter jusqu'aux sondes vésicales et
autres tubulaires laissées à demeure pendant 24H à 48H.
- Le Tétanos:
Le Tétanos puerpéral est en régression dans nos formations sanitaires. Nous
n'avons enregistrés que deux (2) cas conséquence heureuse de la surveillance
prénatale, de la vaccination systématique des gestantes, l'enseignement des
règles d'hygiène de l'accouchement et de la période post-partu m. Cette infection
rédoutable serait définitivement conjurée si ces pratiques étaient largement
propagées et rigoureusement suivies.
28

~[F) [F)[g} @e [}{] ~ [Q) ~
~@[b(WiJa@~~
29

La Mortalité Maternelle à Conakry est encore importante. Il convient donc, dans
l'optique "Santé pour Tous en l'An 2000" de promouvoir des solutions afin
d'améliorer l'exercice (bien sûr aussi l'enseignement) de la gynécologie et de
l'obstétrique dans notre pays.
L'éducation de la population, le relèvement du niveau socio-éconornique sont à
notre sens des impératifs.
Comme amorces de solutions, la direction des soins doit équiper les Hôpitaux, les
doter de moyens de communication rapide (Téléphone périphérique, ambulance).
Il faudrait créer des centres d'accueil appropriés pour les urgences, avec moyens
de réanimation adéquats. cela réduirait la mortalité maternelle dûe le plus souvent
a un retard d'évacuation et d'intervention.
Les directions médicales des régions doivent avoir toute l'infrastructure nécessaire
(différentes spécialités dont la médecine préventive, les moyens matériels et
logistiques). Elles doivent pouvoir s'occuper de toutes les urgences venant des
Préfectures. A cette fin, elles doivent avoir un Hôpital moderne.
A côté de ces directions médicales, il doit exister un dépôt Pharmaceutique et une
direction de prévention doter d'une chaîne de froid pour la conservation des
vaccins.
Les Directions médicales, des Préfectures et des Sous-Préfectures doivent
bénéficier des mêmes attentions s'agissant surtout des SMI que Conakry.
L'Education pour la Santé:
Est une sérieuse nécessité. Elle vise à modifier les conceptions et habitudes des
populations pour permettre à celles-ci de mieux cerner les problèmes de santé en
s'appuyant avant tout sur les ressources du terroir.
Cette éducation concerne au premier Chef, le personnel soignant (médecins,
infirmiers, matrones, garçons de salles). Pour méner à bien une telle éducation, on
mettra à profit l'enseignement dans les établissements scolaires et universitaires,
dans les quartiers et les entreprises, l'utilisation de toutes les ressources des
masses média (radio, télévision, exposition d'images et d'objets réels). C'est ici
qu'il faut encourager la diversification des émissions de radio-télévision par
exemple : "le rendez-vous du médecin traitant".
Une surveillance correcte de la grossesse et de l'accouchement est indispensable:
- De bien suivre l'état de la grossesse de chaque femme dans les quartiers ;
- D'orienter la fem me enceinte dans les SMI, de définir son régime
alimentaire qui doit être varié;
- Faire un examen prénatal périodique pour un dépistage des grossesses à
risques, qui doivent être suivies jusqu'à l'accouchement, pour pouvoir déceler
toutes les anomalies liées à la grossesse ;
30

- Expliquer aux femmes en activité génitale les risques liés à la grossesse
avant 17 ans et après 40 ans.
Leur expliquer également la nécessité des consultations prénatales et l'intérêt
d'accoucher dans un centre médical ;
- Examiner les urines de la femme enceinte, et en cas d'une proteinurie
importante, prescrire un régime hyposodé et éventuellement des diurétiques en
cas d'oedèmes.
- Exempter la femme enceinte de tout travail pénible;
- A chaque accouchement la sage-femme doit enregistrer le nom, l'âge, le
nombre de grossesses et d'accouchements.
Elle doit noter sur la feuille
d'observation les raisons d'évacuation de la femme (si c'est une évacuée). Les
examens prénataux, la tention artérielle, l'albuminurie s'il y en a, la phase de
travail,
le
mode d'accouchement,
si celui-ci a été laborieux ou non, les
phénomènes anormaux observés chez la mère, l'état et le poids du nouveau-né;
- Il faut absolument assurer une immunisation anti-tétanique de toutes les
gestantes. C'est le rôle de SM!. Malgré la gratuité des vaccinations, il faut regretter
la faible taux de femmes vaccinées correctement.
Il va s'en dire que cet état de fait doit être corrigé aux différents niveaux. Le
personnel de santé aura à améliorer ses performances, et la collectivité sera
informée par diffusion simple, claire et précise de ce qu'il lui faut.
Avant les séances de vaccination, fournir aux femmes, les informations et leur
rappeler les dates des prochaines visites et séances qui les intéressent. La
pratique correcte de ces vaccinations permettrait à coup sûr d'éviter les tétanos;
- Promouvoir les centres de SMI ;
- Créer une équipe mobile de soins pour pratiquer des visites à domicile.
Cette équipe devra comprendre un personnel de SMI ;
- Mise en route de deux (2) ambulances équipées en parfait état de marche
faisant la jonction entre les différentes maternités ;
- Créer au moins deux (2) centres modernes de réanimation.
Ces points précités avec une bonne politique sanitaire contribueront à baisser la
mortalité maternelle dans notre pays.
QUELLE EST CETTE POLITIQUE SANITAIRE?
La ligne directrice de notre médecine d'aujourd'hui est la prévention, dont la
protection de la mère et de l'enfant. Pour réaliser un tel objectif une organisation
solide, ayant des objectifs définis dans un temps limite doit être mise en place. Cet
objectif pour nous est de réaliser "La santé pour Tous en l'An 2000".
31

Donner ce bien précieux qui est la santé à tous les citoyens du monde à l'an 2000,
c'est aussi bien la préoccupation des pays industrialisés que des pays en voie de
développement à des niveaux divers compte tenu de :
- la culture
- l'infrastructure
- et des habitudes.
Cela sur le triple plan :
- primaire
- secondaire
- tertiaire.
Pour cela, il faut prévaloir la primauté du préventif sur le curatif, et des moyens
prophylactiques sur les méthodes curatives.
Notre pays s'y est déjà engagé en privilégeant la protection de la mère et de
l'enfant, l'éducation sanitaire, les vaccinations de masse, les dépistages des
grandes endémies.
Dans ce cadre, la protection de la mère est au premier plan pour tout ce qu'elle
représente de sacré, d'émotion pour l'humanité.
Il se trouve précisément que c'est l'une des franges de la population les plus
vulnérables parce que les plus exposées à tous les facteurs susceptibles de
véhiculer le pathogène, la morbidité.
Nous tiendrons compte dans cette protection des habitudes alimentaires, des
moeurs, des conditions d'hygiènes:
- les habitudes alimentaires qui sont à l'origine de plusieurs
carences
(protidiques, lipidiques, glucidiques, fer et oligo-éléments) ;
- les moeurs : le mariage précoce chez les jeunes filles ignorant tout, du
cycle menstruel à l'allaitement en passant par la grossesse ;
-du manque d'hygiène: imputable pour une bonne part à l'ignorance.
Nous tiendrons compte aussi de la femme livrée à elle-même subissant maternité
sur maternité sans contraception.
Ceci nous amène à retenir que la notion principale à cultiver pour que toute
politique de santé puisse avoir une chance de suivie c'est l'EDUCATION
SANITAIRE.
- L'Education sanitaire à tous les niveaux : villages,
Sous-Préfectures,
Préfectures, Ecoles.
Education Sanitaire de Toutes les Masses: Enfants, parturiantes, accouchées,
personnels de santé, enseignants et encadreurs, par les émissions audio-visuelles,
les conférences, les expositions etc.
32

Pour cela, les cadres de la santé ont un gand rôle à jouer, ils doivent prendre
conscience face aux responsabilités qui sont les leurs dans l'éducation des
populations.
On doit pouvoir aider les populations à enrichir leur savoir traditionnel, les aider à
éviter les maladies à compter sur leurs propres efforts pour se soigner, s'épanouir,
à valoriser leurs ressources propres (Pharmacopées traditionnelles).
LA SANTE POUR TOUS EN "L'AN 2000" EST-CE UNE ILLUSION OU UNE
CERTITUDE?
L'espoir c'est d'abord la volonté politique des pouvoirs publics de mettre en oeuvre
des programmes de santé primaire, c'est aussi la motivation des populations
concernées, c'est également le soutien apporté à la communauté internationale,
c'est enfin, la participation de chacun de nous, et aussi les résultats encourageants
déjà obtenus au niveau des soins de santé primaire. Ici plus qu'ailleurs, l'échec est
à éviter à tout prix.
/1 est donc du devoir de tous d'apporter leur contribution pour garantir le succès des
progammes de santé primaire.
La santé n'est l'affaire ni des seuls pouvoirs publics, ni des seules populations, ni
des seuls agents de santé, mais l'affaire de tout un chacun.
LES GENS DE MAUVAISE VOLONTE PARLERONT DE "MANQUE DE MOYENS"
CEPENDANT LE MANQUE DE MOYENS EST DEJA UN MOYEN.
L'Histoire nous enseigne que le développement à travers le monde a été le plus
souvent impulsée par quelques personnes sans nécessairement avoir des moyens
suffisants ; au départ, mais à force de volonté et d'imagination, ont réalisé de
grandes oeuvres.
Cela, il faut l'avoir à l'esprit si l'on veut atteindre l'objectif.
Avec la santé pour tous en l'An 2000, un autre visage de la santé parait se
dessiner. Celui d'une santé pour tous et non celui d'une santé réservée à une
minorité géographique ou sociale de privilégiés. Il faudrait que comme n ou s
l'avons dit plus haut, que les personnes défavorisées qui présentent 80 % de la
population et qui n'ont pas accès aux services de santé, puissent avoir maintenant
leur part de soins médicaux-sanitaires. Cela grâce aux soins de santé primaire qui
sont des soins de santé simple, premier soin, accessibles désormais non plus à
une minorité mais bien au contraire à tous y compris les populations rurales trop
souvent éloignées des services de santé.
Les soins de santé primaire apparaissent comme le remède aux vices dont est
affecté le système de santé actuel, un système de santé paralysé qui donnant
priorité aux Hôpitaux, marche sur la tête. Les soins de santé primaire donc
permettront de remettre sur pied l'ensemble du système de santé. /ls remédieront
au caractère inadapté des services de santé en décidant et en répondant aux
véritables besoins des populations.
33

Ces soins de santé primaire simple et précoce distribués au plus grand nombre
permettront de décongestionner les dispensaires et les hôpitaux, d'alléger le travail
des médecins et de rendre les services de santé publique des hôpitaux à leur
vocation initiale et véritable, assurer des soins spécialisés pour les cas gaves.
Les soins de santé primaire constituent une révolution dans la santé. Cependant,
ces soins de santé de base ont besoin pour fonctionner, du soutien des services
publics de santé dont ils sont destinés à constituer le soubassement.
Cette réussite suppose la participation effective des malades du corps médical
dans son ensemble et du pouvoir public.
a)- A l'adresse de nos Malades:
Nous savons que la femme gestante ou parturiante, principale et même unique
victime avec son enfant de ce drame qui est la mort; pêche bien souvent, surtout
chez nous par son ignorance ou sa négligence.
Cette situation parfaitement connue sont à la base de bien de dystocies et
d'accidents graves de la gravido-puerpéralité, qu'il s'agisse de certaines pratiques
traditionnelles dangereuses, du refus de fréquenter les consultations prénatales
dans les SMI, dès fois ces consultations, même suivies ne sont pas régulières.
D'autrefois, c'est le refus de se rendre assez tôt dans une maternité ou un centre
hospitalier équipé, devant une anomalie. C'est aussi la recrudescence des
accouchements à domicile.
Face à cette situation, il est indéniable qu'une politique médico-sociale adaptée à
nos populations soit menée et intensifiée aussi bien dans le sens d'une information
ou d'une éducation sanitaire, que dans le sens d'une élévation du niveau de vie.
C'est finalement la clé de tous nos maux. Nos malades parviendraient ainsi à
prendre conscience du risque relatif et permanent de la gravido-puerpéralité et par
conséquent à modifier leur comportement.
b)- A l'adresse du corps médical dans son ensemble:
Dans un pays comme le nôtre où le fatalisme résigné des malades et de leur
entourage met tragiquement le médecin et le personnel des soins à l'abri de
poursuites pénales au regard de la juridiction sur la responsabilité médicale, des
négligences coupables parfois fatales aux malades sont fréquentes. C'est dire la
part importante que prend le corps médical dans la mortalité maternelle, c'est ainsi
qu'il ressort de l'examen des consultations prénatales ; que le plus souvent la
tension artérielle n'est pas prise ; la recherche de l'albumine dans les urines n'est
pas faite; les goupes sanguins et facteurs Rhésus ne figurent pas sur les carnets,
la prise de poids n'est presque jamais faite, la taille jamais prise. Tout cela
contribue à compromettre le pronostic de l'évolution de la gossesse et aboutit de
temps en temps à des accidents graves.
34

A l'adresse de ce corps médical, on ne saurait donc assez insister sur la rigueur
technique et morale qui doit être la règle d'or de notre profession. Nous devons
faire appel à notre conscience professionnelle qui est à la base de notre vocation ,
qui est une somme de qualité qui ne peut être imposée par la force et dont
HAMBURGER disait avec raison "quelle est pour nous ce que le Decor est pour
l'acteur au théâtre, elle limite le champ de l'action, mais elle ne peut souffler les
répliques" .
c)- A "Adresse du Pouvoir Public :
La liste serait longue, si l'on devait faire une énumération de toutes les
insuffisances et les défauts des moyens sanitaires de notre pays.
- Insuffisance des moyens thérapeutiques (médicaments, sang etc ...)
- Insuffisance ou misère des structures d'accueil (lits, tables d'accouchement,
matériels divers, salles et équipements de réanimation)
- Parfois insuffisance ou manque de personnel qualifié (réanimateurs par
exemple ).
Bref, le lot habituel des conséquences du sous-développement que connaissent
tous les pays déshérités comme le nôtre.
Dans notre pays, l'Etat doit être au centre de l'action préventive à mener pour
réduire notre mortalité en générale et la gravido-puerpéralité en particulier ; sans
doute, nos moyens sont limités face à la dimension de la tâche où surgit de toute
part des "priorités" presque toute "prioritaires".
C'est précisément pour cette raison qu'il faudra répenser peut être à j'utilisation de
notre Capital national et en faire une distribution plus rationnelle et juste dans les
différents secteurs économiques et sociaux.
La santé pourrait enfin bénéficier d'une promotion réelle dans l'intérêt majeur de
nos populations
1°)_ Il serait temps d'orienter nos efforts vers une augmentation de nombre
de maternité avec blocs opératoires. Dans un premier temps, la maternité de
Matam qui a elle seule totalise les accouchements de Donka et Ignace Deen.
- créer des centres de réanimation adéquats au niveau des 2 CHU.
2°)_ Nos établissements de soin dont l'équipement se dégrade de plus en
plus, auraient droit à un rajeunissement et à une modernisation
qu'exige la
médecine d'aujourd'hui.
3°)_ La qualification, la conscience et la rigueur professionnelle du corps
médical et des soignants devraient être rapidement revalorisées, à la fois par des
mesures de redressement et des encouragements ne serait-ce que moraux.
35

4°)- Enfin, songer à créer des services de réanimation et à former des
réanimateurs. Car nous recevons des femmes en état de choc grave par suite
d'hémorragie le plus souvent et pour lesquelles nous ne pouvons rien à cause du
manque de moyen de réanimation jusqu'au sang à transfuser. Alors que la plus
part de ces femmes si toutes les conditions étaient réunies, auraient pu être
sauvées.
La réanimation doit donc être notre soucis constant. Cette réanimation doit avoir le
pas sur les techniques obstétricales même les plus simples.
Il serait salutaire que nous ayons un service d'accueil adéquat doté de moyens de
réanimation efficace et que nos médecins et anesthésistes puissent faire des
stages de réanimation.
Toutes ces mesures aboutiraient sans aucun doute non seulement à améliorer la
"santé" de la population mais à une meilleure condition au développement
économique et social du pays, mais également à alléger à long terme, certaines
charges sociales très lourdes représentées par le lôt des
handicapés,
des
orphélins issus du drame de l'obstétrique.
Lorsqu'on songe que sur 124 décès maternels à la maternité 53 enfants ont
survécu (parmi lesquels un certain nombre auront des séquelles psychomotrices.
Cette dernière remarque prend toute sa signification.
36

CONCLUSION
Au cours de cette étude, nous avons cherché à cerner les causes de la mortalité
maternelle pendant la gravido-puerpéralité et à formuler des approches de
solutions dans l'optique "SANTE POUR TOUS D'ICI L'AN DEUX MILLE".
De tous les temps, la mortalité maternelle a été rigoureusement combattue par les
obstétriciens.
Les multipares âgées et les primipares courrent le maximum de risque. Les taux de
décès maternels varient suivant les pays, intimement liées au développement
socio-économique : 2 pour 100.000 Naissances Vivantes en Suède 820 pour
100.000 Naissances Vivantes à Dakar.
S'agissant de notre pays, cette étude est la première en matière de mortalité
maternelle. Le taux de mortalité maternelle s'élève à 660 pour 100.000 Naissances
Vivantes. Ce taux doit être considéré avec réserve. En effet, le suivi de nos
accouchées est sinon impossible, du moins difficile, clandestins, les avortements
provoqués échappe à toute information véritable. A tout prendre, la mortalité
maternelle est liée aux conditions socio-éconorniques, à l'infrastructure sanitaire du
pays, au nombre de grossesses, à la parité, aux soins prénataux et à la
surveillance post-pattu m.
Il est évident que la parade thérapeutique des causes de décès maternels, et la
prévention de la mortalité maternelle, sont fonction des ressources matérielles et
humaines.
L'équipement de nos SMI et des deux (2) maternités des CHU de Donka et
d'Ignace Deen, pour une meilleure surveillance prénatale en vue de dépister à
temps les grossesses à risque, et pour une meilleure prise en charge des
parturiantes s'avère être une impérieuse nécessité. La création de deux centres
modernes de réanimation en obstétrique, la mise en circulation d'au moins deux
(2) ambulances équipées pour assurer la jonction entre les différentes maternités
de la Capitale, la création d'un bloc opératoire à Matam ; l'organisation de visites à
domicile des femmes enceintes, seraient d'un bon secours.
La formation et le récyclage périodique du personnel de santé nous parait
primordial.
Il est difficile de soigner une population à son insue. L'assistance sanitaire requiert
pour être efficace, la participation active des populations elles-mêmes. A cette fin,
on insistera jamais assez sur l'éducation pour la santé en mettant à profit tous les
moyens pédagogiques.
Enfin, seule l'amélioration du niveau de vie par la mystique de l'effort pour
l'édification d'une nation saine et prospère, permettra de réduire la mortalité et la
morbidité d'une manière générale et bien sûr le taux de décès maternels dans
notre pays.
La lutte pour la sauvegarde de la vie de la mère et de l'enfant exige pour son
succès le concours de chacun et de tous.
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