UNIVERSITE DE LA SORBONNE NOUVELLE
PARIS III

,
\\
\\t
UNlVERSAUX SYNTAXIQUES
I
ET
STRUCTURE DU PULAAR
THESE
pour le doctorat d'Etat
I
PRESENTEE PAR
Yero SYLLA
\\
\\,
SOUS LA DIRECTION DE M. LE PROFEssET'JR
Claude HAGEGE
1988

I
I
A mon onc13 Boubou Sall
Memoire familiale de nos premiers pas
Je dedie cette these terminale
I!I
\\
)
l\\
i

1i
-2-
,
i
lf
AVANT-PROPOS ET REM£RCIEMENTS
11 Y a un peu plus de dix ans, alors etudiant a
l'Universite de Californie a Los Angeles (U.C.L.A.)
,
no us avions pris contact avec le Professeur Claude Hagage
pour lui demander de bien vouloir accepter de diriger
notre these d'Etat,apres l'obtention du dipl~me de Ph D
que nous preparions. 11 nous avait chaleureusement encou-
rage a le faire, tout en nous signalant divers travaux re-
cents consacres a la langue peUle, notamment ceux de R.
Labatut, et en nous mettant en garde contre un certain
pluralisme theorique, a moins, disait-il, de tirer de
chaque theorie "ce qu'il y a de meilleur pour la partie
de la,12lngue a laquelle il convient".
En nous referant tout au long de la redaction de
cette these a divers courants (la grammaire generative
transformationnelle, la grammaire relationnelle, la theo-
rie des trois points de vue, etc.
), nous pouvons dire
que nous avons essays de garder presentes a l'esprit ces
remarques.
Ce ne rut guare chose facile, car chacune de ces
theories a des preoccupations specifiques. Nous avons

t1
I
-3-
essaye d'y puiser des elements 3usceptibles d'eclairer
les donnees du pUlaar, et dans la perspective des univer-
saux.
y avons-nous reussi ?
Aux termes de la redaction de cette these, nous te-
nons donc a manifester toute notre gratitude au Profes-
seur Claude Hagege pour nous avoir encourage et suivi de-
puis cette epoque-la, malgre les nombreuses sollicitations
dont il est l'objet.
Le Professeur Hagege a pris le temps
de lire chaque chapitre de cette these et de nous en don-
ner des commentaires qui ant beaucoup contribue a en fai-
re ce qu'elle est.
Au Professeur Jean Perrot, nous voudrions aussi ex-
primer tous nos remerciements pour la disponibilite dont
il a fait preuve a notre egard et pour l'inter~t tout par-
ticulier qu'il a pmrte a nos travaux. Nous avons amplement
profite de sa vaste culture et ses commentaires auront
beaucoup apporte a la clarification theorique de certains
,
concepts et notions abordes notamment dans le chapitre 4.
Son experience administrative aussi nous aura evite bien
des ecueils.
\\
Nos remerciements vont egalement a notre epouse et
collegue Jeanne Lopis pour llaffection dont elle nous a
entoure durant la redaction de cette these dont la forme
definitive doit beaucoup a sa formation classique et a son
sens critique.
Au Ministere de l'Enseignement Superieur, au Recteur
de l'Universite Cheikh Anta Diop, au Directeur de l'Insti-
tut Fondamental d'Afrique Noire-Cheikh Anta Diop, a la Fon-
dation Ford et a la Fondation Leopold Sedar Senghor, nous
sommes reconnaissant pour leur soutien materiel et moral
sans lequel ce travail aurait difficilement vu le jour.
Enfin, a Melle Codou Gueye, qui a assure la dactylo-
graphie de cette these,
j'exprime toute ma gratitude.

-4-
SIGNES ET ABREVIATIONS
*
Agrammatical (place devant un enonce DU un mat)
?
Non
usite(devant un enonce ou un mot)
{ }
Termes interchangeables
A
Actif (voix)
AA
Anaphore anterieure
ABL
Abla tif
AC
Anaphore-c:opie
Actant- m.use
Ace
Accusatif
AE
Actant-effet
AGT
Agent
AN
Anaphore-neutre
ANT
Anteriorite
AP
Anaphore-posterieure
ASP
Aspect
ASs
Associatif
AUX
Auxiliaire
BEN
Ben8facti f
CAUS
Causatif
Clo
Cli Uque obj et
Cls
Cli tique suj et

-5-
COMP
Complement
COP
Copule
DAT
Datif
DElC
DBictique
DET
Determinant
DI R
Directif
EMP
Emphase
EXH
Exhaustif
fOe
focus
HORT
Hortatif
IMP
Imperfectif
IND
I ndicati f
INF
I nfini tif
INST
Instrumental
INV
Inversif
LOC
Locatif
M
Moyen (voix)
MAN
Maniere
MVT
Mouvement
N
Nom
NEG
Negatif
OBL
Oblique
DD
Objet direct
01
Objet indirect
P
Passif (voix) ; Perfectif; Phrase
PASS
Passif (enonce)
PC
Phase-cause
PE
Phase- e'ffet
POSS
Possessif
POST
Postposi tion
POT
Potentiel
PREP
Preposi tion
PRET
Preterit
PRO
Pronom
Q
Question

,!
-6-
REC
Reciprocif
REFL
Reflexif
REL
Relatif
REV
Reversif
SA
Syntagme adjectival
SIM
Simulatif
SN
Syntagme nominal
SP
Syntagme prepositionnel
SUJ
Sujet
SV
Syntagme verbal
TEMP
Temporelle
TOP
Topique

~
-7-
Ii,
INTRODUCTION GENERA LE
La recherche sur les universaux du langage consti-
tue une des preoccupations majeures de la linguistique
mod erne.
Deux evenements ont joue un r~le determinant dans
son developpement a l'epoque cantemQoraine: la conferen-
ce de Dobbs Ferry, en 1961
et celle d' Austin,
en 1967,
qui sont considerees comne des manifestes de deux cou-
rants bien distincts de la discipline.
La premiere, dominee p,,:r la personnalita de J.
Gre~m­
berg et d'orientation empirique, s'appuiera sur la ty-
pologie pour definir les caracteristiques et tendances
partagees par toutes les langues du monde. La deuxieme,
dominae par celle de N. Chomsky et d'orientation abs-
traite et deductive,
en assumant l'unicita des langues,
cherchera d resoudre les problemes qui concernent les
universaux relatifs a la forme et a la substance, l'u-
niversalite du passage de la structure profonde a la
structure de surface,
et l'existence
d'une base univer-

-8-
selle.
Cos deux cQurants se sont developpes ensemble
partout dans le monde,
plus particuli~rement aux Etats-
Unis et en Europe,
et ont suscite des pistes de recher-
che inestimables dans des domaines linguistiques aus-
si varies
que la phonologie, la syntaxe, la semanti-
que et la pragmatique, degageant des hypoth~S8S Sllr
les universaux o
Le but de la presente th~se est d'evaluer a tra-
vers la structure du pulaar, p~rler peul du Fuuta Too-
ro (Nord-Senegal),
un certain nombre de ces hypotheses
ayant trait aux huit domaines suivants
les fonctions
syntaxiques ; lee probl~~Bb
lies ~ la focalisation,
a l'emphatisation et ~ la thematisation ; los processus
anaphoriques ; les clitiquos pronominaux ; les construc-
tions causatives ; la passivation ; le traitement de la
transitivite ; la negation. Mais avant de proceder a
l'examen de llorganisation de ces chapitres,il nous pa-
rmtt important de degager d'abord, dans cette introduc-
tion generale, la place de l'etude le? langues parti-
culi~res dans la recherche des universaux,
d'esquisser
la methodologie adoptee et de clarifier la cadre theori-
que qui sous-tend notre th~se.
0.1.
Place des langues particuli~res dans la recherche
des universaux
Quel que soit le point de vue DD lIon se place,
nous pouvons dire que l'objet de la grammaire univorsel-
le est le m~me. 11 s'aQit de rendre conpte des principes
selon lesquels toutes les langues sont baties ; et etant
donne qu'on a affaire a des langues particulieres, dont

-9-
la diff~rence est ~gaJement admise par tous les cou-
rants,
il revient ~ la grammaire universelle de ren-
dre compte aussi de cette diversit~. Le courant inn~is­
te, notamment dans sa forme modulaire,
essaiera de r~­
soudre les particularites lingu~stiques en incluant une
composante parametrique dans son
schema, qui,
selon le
sens dans lequel elle est fixee,
permet de eerner les
differences (voir i~~r9). Le courant typologiste, moins
preoccupe des problemes d'elaboration de modeles theo-
riques, fait usage des exceptions dans la formulation
des universaux.
Dans ce contexte, les descriptions de langues par-
ticulieres contribueront ~ l'elaboration de la grammai-
re universelle de deux manieres : soit que dans sa for-
me descriptive initiale et structurale,
la langue par-
ticuliere alimente
la recherche comparee indispensa-
ble, selon nous, ~ la formulation des universaux suivant
une demarche du type empiriqo-inductif, soit qu'elle
serve ~ tester les principes universalistes postules
suivant une d~marche
hypoth6tico-deductive. Dans tous
les cas, noWs
pouvonsadmettre que la confirmation d'un
1
Universa1
u par les donne8s d'une langue particulie-
re n'ayant pas servi ~ la postulation de
U,
renforce
la th~orie T dont U fait partie integrants,
tandis que
l'infirmation de U par les m~mes donnees peut soulever
des questions dont les reponses serviront ~ ameliorer
cette theorie.
1.
terme introduit dans Hagege (1978)

-10-
Tout en s'appliquant ~ tous les courants universalis-
tes,
ces obsservations, par les connotations
empiri-
ques qu'elles degagent,
nJus rapprochent davantage du
courant typologiste que du courant inneiste,
0.2. Methodologie
Tout au long de la redaction de cette th~se nous
avons ete mO par le souci de l'explication des phenom~­
nes observes; par l'explication interne d'abord,
en
essayant de comprendre certaines proprietes de l'inte-
rieur ,
c'est-~-dire en examinant com~ent une proprie-
te grammaticale donnee peut ~tre expliquee par une au-
tre propriete de la m~me langue ; par l'explication ex-
terne ensuite ,
en replaQant les resultats de la des-
cription dans le contexts de la linguistique generale
et des hypoth~ses avancees dans le cadre des courants
des universau~ du lang~g8.
Parce que toute discussion theorique valable doit
s'appuyer sur la description adequate,
nous a\\/ons pri-
vilegie la selection des probl~mes au lieu de partir
de la selection d'une approche theorique
~ priori. C'est
cela qui justifie l'organisation adoptee ~ l'interieur
de chaQue chapitre, notamment:
a)
definition generale et neutre du processus ou des
notions/concepts indispensables ~ la cIJmprehension des
discussions ulterieures de chaque challitra ;
b) description systematiqU8 et interne du ph6nom~ne
El examiner,
ce qui permet de degager les points 5ail-
lants El expliquer ;

-11 -
c)
tentativ8s d'explication de ees points par des don-
nees cross-linguistiques et par
les universaux.
Nos donnees
sont tirees non seulement de l'intros-
pection, puisque le peul est notre langue maternelle,
mais aussi d'informateurs, chaque fois que besoin en
etait. Les etudes anterieures consacrees a la langue
peule ont ele consultees dans une perspective critique
pour ne pas commettre l'erreur d'insister dans notre
description sur des points suffisamment elucides dans
la litterature. Toutefois, a Ifexception de Labatut
(1976/1982),
et de Sylla (1979),
tres peu rI' auteurs ant
consacre a la syntaxe une part importante. C' est Ilotamment
le cas de Arnott (1972)
;
ragerberg (1982)
; ~c Instosh
(1984)
et Ka
(1985).
0.3.
Cadre (s)
theorique(s)
0.3.1.
Cadre general
Les analyses presentees dans cette etude sont en
general neutres par rapport aux differentes theories
linguistiques contemporaines : neanmoins, l'argumenta-
tion et la terminologie grammaticale adoptee
reuetent
notre familiarite avec la grammaire generative.
Les ques-
tions soulevees par la description des phenomenes obser-
'ves en pulaar sont replacees dans le contexte theorique
de l'hypothese universaliste appropriee ; cependant,
nous pensons que beaueoup de phenom~nes syntaxiqlJes
trouvent une explication dans la semantique et la prag-
matique, adoptant ainsi une analyse linguistique tfJta-
le (Perrot, 1967, 1974, et 1778) et exploitan~ au maxi-
mum IfinteractiDn Jes trois points de vue developpes
dans Hagege (1978, 1979-1980 ,1982,1984 et 1985).

-12-
Dans cette perspective, notre these admet
les
composantes de la grammaire qui suivent : lexique,
(morpho)syntaxe, semantique et pragmatique. Sans en-
trer dans les details de la forme de chacune de ces com-
posantes, degageons les aspects de ces dernieres qui
sont pertinents a notre etude.
Le lexique est compose
d'items appartenant a des categories lexicales, et cha-
que entree lexicale reflete les proprietes phonologi-
que,
semantique et syntaxique de sa categorie ; le le-
xique contient en outre des regles de formation des mots
(derivation morphologique) qui delimitent la classe des
items lexicaux ainsi que leurs
relations
(regIes de
redondance).
Les notions syntaxiques centrales a notre
description sont les fonctions syntaxiques ou relations
grammaticales
'predicat de'
,
'sujet de'
,
'objet direct
de'
,'objet indirect de'. Ces relations ne sont pas
ad-
mie8s
de fa90n pretheorique oU primitive
comme en Gram-
maire Relationnelle,
mais leur existence en puIaar est
justifiee de fa90n independante.
La composante semantique
assure l'interpretation semantique de l'enonce et les
syntagmes nominaux sont associes aux rCles semantiques
suivants:
'agent',
'patient',
'beneficiaire' ou'benefac-
tif','instrumental',
'causatif',
'locatif' etc.
La prag-
matique prendra en compte la structure informationnelle
de l'enonce et les proprietes du discours; dans cette
perspective, la notion centrale de cette composante sera
ici celle de presupposition, definie formellement comme
une proposition qui reste constante sous la negation ou
l'interrogation.
D'autre part,
les rCles pragmatiques de'focus'
(rheme) et de 'topique'
(theme),
contrairement aux rtl-
les semantiques qui sont inherents aux syntagmes norni-
naux, peuvent affecter un SN
,un SV
ou aIors tout

-13-
un enonce.
Sui vant Comrie (1981), les r~les de topi-
que et de focus peuvent ~tre per9us comme des proprie-
tes pragmatiques relationnelles souvent associees aux
traits ldefini i
et
'ind8fini' qui, eux, sont per9us
comme proprietes pragmatiqu2s inherentes aux syntagmes
nominaux.
0.3.2.
Cadres
specifiques
Bien qu1elle soit nou~re par rapport aux diffe-
rentes theories contemporaines, cette these n1en reste
pasrnoins tributaire de trois modeles linguistiques dont
nous no us proposons de presenter ici les organisations
generales et les notions fondamentales qui les sous-tendent
et qui sont utiles all suivi des discussions ulterieares.
11 slagit de la Grammaire Generative Transforrnationnel-
le
(modeles Standard
(Etendu) et du Gouvernement et
Liage)
, de la crammaire Relationnelle, et de la Theo-
rie des Tr8is
Points de Vue.
0.3.2.1. La
Grammaire Generative Transformationnelle
(GGT)
0.3.2.1.1.
Le Modele
Standard
(Etendu)
11 est de nos jours commUnern8nt admis que la pu-
bE ca tion ;J a r Cho[tI", k j' d e !l~~CT s ....Q.!:-.th 8 rh e or y Q[2.Yll t ax
(1965), donna sa vraie place ~ la syntaxe dans les etu-
des linguistiques.
Cet ouvra~2 ;=-c,ut ~tr8 consideI'!J cC':-'
~ le modele standard chomskyen.
La Grammaire Cenerative Jl uno 13ngue Lest l'ensem-
ble des regles necessalres ~ la production des phrases
correctes de L, a l'exclusion dos phrasos incorrectes.

-14-
Une telle grammaire
devra refleter la competence 2 lin-
guistique des locuteurs de L.
Le modele standard (generatif et transformationel)
de Chomsky est organise suivant les composantes de la
figure 1
2. Competence et performance sont doux
notions import~n­
tes chez Chomsky et designent chez le locuteur d'une lan-
gue L, la premiere, le systeme de regles interiorisees
qui determiment la forme et le contenu des phrases, la
seconde, l'utilisation effective de
ce SY3teme de regles
par le locuteur de L. Ces notions ont souvent ete mises
en parallele, respectivement
avec la notion saussurien-
ne de langue
(produit social de la faculte de langage)
et parole (exercice de cette faculte).

\\
-15-
i!I
- - - - - - -
[
-
~
structures
_syn tagma ti qU8~:
Iit
____________~[r ~p rest ~n tat i onl
s",man lque
I
regles d'in-
I
regles d'inter-
sertion
pretation se-
lexicale
I
manti que
I,
regles
i
transformationelles
v
structures
superficiel12s:
regles
phonologiques
,
'(
~-----_._.
representation
phonetique
---.--._._.-._------
Fig
(1)

-16-
1
Cette figure devra ~tre interpretee de la mani8re sui-
vante
la partie syntaxique comporte
a)- un8 composante de base formee par les r8g1es syn-
tagmatiques et le lexique, qui engendre les structures
profondes ;
b)- une composante transformationelle dont les r8g1es
(transformationnelles) appliquees aux "structures pro-
fondes"
transforment celles-ci en "structures super-
ficielles".
Dans ce modele standard, les structures profon-
des contiennent toutes les informations necessaires a
l'interpretation semantique, et qui sont donnees par
trois autres types de r8g1es fondamentales :
- les r8g1es syntagmatiques (DU de reecriture) qui de-
finissent les categories syntaxiques que sont, par exem-
pIe, les Syntagmes Nominaux (SN), les Syntagmes Verbaux
(SV), les Noms
(N), les Verbes
(V). De telle sorte qu'u-
ne phrase P:
(2) l'enfant a mange le fruit dans la cuisine
pe ut ~tre derivee par les regles syntagmatiques en (3),
et apres insertion lexicale
(voir infra), donner l'in-
dicateur syntagmatique
(4)
:
(3) a.
P~ SN
Aux
SV
b.
SN - - " Det
N
C.
SV--7 V
(SN)(SP)(Sp)
d.
SP ------7 P
SN

-17-
Det
N
P
SN
I
I
(\\
I
Det
N
I,
I
I
,
,
1 e
enfant
a
man-
le
fruit
da"ns
la
cui-
ge
sine
-les regles do sous-categorisation, notamment celles
qui sont sensibles au contexte, indiquent las contextes
dans lesquels apparaissent les verbes (regles de sous-
categorisation stricte), de sorte que, par exemple, le
verbe manger est sous-categorise
[V: __ (SN)] signifiant
qu'il admet un SN complement, qui peut ne pas appara1-
tre en surface ; 10s regles de sous-categorisation in-
diquent egalement les traits associes aces contextes
(regles de selection), de telle sorte que le verbe ~­
~
admettrait un complement associe aux traits [-humain;
-animeJ
,dans notre exemp12 ;
c) -onfin, les regles d'insertion lexicale permettent
l'insertion d'items lexicaux aux contextes appropries.
Les regles transformationnelles (deuxieme composan-

-18-
te syntaxique) convertissent un indicateur syntagma-
tique en un autre indicateur syntagmatique, etablis-
sant ainsi les connexions entre enonces.
Ainsi une
transformation passive peut ~tre appliquee a (4), con-
sideree alors comms la structure profonde , pour ob-
tenir l'indicateur syntagmatique (5) correspondant a
la phrase passive le fruit a ete mange par l'enfant
clans la cuisine :
p
SN
Aux
/\\
Oet
N
I
I
I
I
I
I
I
,
,
,
.
,
I
le
frui t a ete
mange par
1 '
en-
dans
la
J
CUl.-
fant
sine

-19 -
La partie syntaxique du modele standard comporte donc
une composante de base qui genere les structures pro-
fond-s
~ne composante transformationnelle qui projet-
te les structures profondes sur les structures de surfa-
ce
• D'autre part, toute struqture profonde de phrase
fait l'objet d'une interpretation semantique
a travers
la composante semantique, et sa structure de surface,
l'objet d'une interpretation phonetique a travers la
composante phonologique.
Le modele standard etendu "a ete suggere pour cette
modification de la theorie standard qui postule que la
representation semantique est determinee par la structu-
re profonde et la structure superficielle"
(Chomsky, 1977b:
35 ).
En effet, il faut dire qu'avant Remarks on nominali-
zation
(Chomsky, 1970), le modele standard avait fait
l'objet d'attaques de la part des tenants de la Semanti-
que Generative.
Ce courant, qui remettait en question
l'idse de structure profonde telle qu'elle apparaissait
dans Aspects, assimilait celle-la a une
representation
abstraite qui devait contenir l'ensemble de l'informa-
tion semantique.
L'ouvrage de Katz & Postal
(1964)
deve-
loppera cette tendance associee a l'hypothese de Katz
& Postal. Chomsky et ses defenseurs poursuivirent donc
la theorie standard et endue inauguree avec l'hypothese
3
lexicaliste
,
dans Chomsky (1970),
et a la semantique
generative, ils opposerent la semantiquo interpretative
selon laquelle les r8g1es d'interpretation semantique
s'appliqueraient a la fois aux structures profondes et
aux structures superficielles.
3.
L'hypothese lexicaliste prevoyait de rendre compte
des irregularites lexicAles par le truchement de r8g1es
lexicales, ce qui inaugura touto une tradition lexicalis-
te qui, en fait,
donna naissance a des modeles autonomes
dont la plUs influents de nos jours est la "Grammaire
Fonctionnelle et Lexicale"
(Lexical-Functional Grammar)
developpee par Joan Bresnan et Ron Kaplan
(cf. Kaplan &
Bresnan, 1982);

-20-
0.3.2.1.2.
Le modele du Gouvernement et du Liage
Ce qui marqua les annees 1970
jusqu'a nos jours,
c'est le developpement de contraintes et de conditions
sur les transformations, qui ont pour role de rf~strein­
dre le pouvoir descriptif du modele transformationnel.
Des revisions successives du modele Standard Etendu ont
conduit graduellement a la mise au point de la theorie
du "Gouvernement et du Liage"
(Govern[;lent and Binding)
GL dont on se propose maintenant d'esquisser l'organi-
sation et de clarifier les notions de base. Nous le fe-
rons en nous appuyant essentiellement sur les schemas
qui se degagent de Chomsky (1981
j
1982a/1987), Sells
(1985) et Rouveret (1987). Le changement est tel qu'il
est etabli par l'usage, de plUs en plus,
que l'appella-
tion Grammaire Generative Transformationnelle est em-
ployee pour designer les modeles anterieures de Chomsky,
tandis que Gouvernement et Liage designera le models ac-
tuel.
La difference fondamentale entre GGT et CL reside
dans la remise en question du recours aux transformations
specifiques et le remplacement de celles-ci par une trans-
formation unique denommee "Deplac8r <x"
(~1ove 0<), et par
un systeme de princip83 et de contraintes dont le rele
est de limiter la classe des grammaires possibles. D'au-
tre part, aux deux niveaux de representation de la Gram-
maire Generative Transformationnelle que sont la structu-
re profonde et la structure de surface
(auxquelles sont
substituees les expressions similaires D-structure et
S-structure ),
s'ajouteront deux niveaux supplementaires:
la "Forme Logique" et la "Forme Phonetique".
GL est donc
organise en un systeme de regles
(6) et un systeme de
principes (7), qu'on va maintenant commenter suivant
Chomsky (1981):

-21-
(6)
(i)
Lexique
(ii) Syntaxe
a) Composante Categorielle
b) Composant8 Transformationnelle
(iii)Forme Logique
(FL)
:iv) Forme Phonetique(FP)
(7)
(i)
Theorie des Barrieres (Bounding Theory)
(ii) Theorie du Gouver~8ment(Government Theory)
(iii) Ll - Theorie( e-theory)
(iv) Theorie du Liage (Binding Theory)
(v)
Theorie des Cas (Case Theory)
(vi) Theorie du Contr~le (Control Theory)
Considerons, tout dlabord, le fonctionnemsnt
du
systeme en (6).
Le lexique (6i) specifie la structure
de chaque item lexical (clest-a-dire, ses traits synta-
xique, categoriel
et contextuel).
Les rogles de la com-
posante categorielle sont contraintes par la theoric
4
X- barre •
4.
La theorie X-barre ou theorie des categories syntaxi-
ques traduit llanalogie structurelle entre les groupes
majeurs de la phrase que sont, fJ,
SI~, SV, SA (syntagme
adjectival) et SP, en utilisant la notation X-barre,
en remplacement des regles syntagmatiques individuelles
du type (3). Dans ce schema, les regles auront donc
la forme
a.
Xl 1---7 0"
Xl
b.
Xl ---70"
X
OU X est une variable valant pour les categories N,V,P,
et A ; Xl pour les syntagmes correspondants (SN,SP,SA)
etXll,pourP.

-22-
Le lexique et le systeme en 6iia forment la composante
de base dont les regles vont generer les D-structures
apres l'insertion des items lexicaux aux structures
produites par la composante c~tegorielle (ii)a. La com-
posante transformationnelle "Deplacer d "
transforme-
ra les D-structures en S-structures~laissant des tra~'
ces co-4.ndexees a leurs antecedents, la regIe "Deplacero.!."
peut egalement slappliquer a la Forme Logique et a la
Forme Phonetique. Donc, en resume, la syntaxe de (6)
genere des S-structures auxquelles les composantes FL
et FP assigneront des representations phonetiques et
logiques, ce que Chomsky traduit par le
schema
simpli-
fie suivant :
Syntaxe
I
S-structure
FP~FL
5
Quant aux differentes theories ( ou modules ) du
systeme en (7),e11e8 ont chacune une portee specifique
dont on va faire une presentation
sommaire. La Theorie
des Barrieres contraint les regles du domaine de la
composante transformationnelle "Deplacer eX",
5. DI OD l'idee que GL est une theorie modulaire , defi-
nie comme "une theorie qui est scindee en plusieurs sous-
systemes autonomes et coherents,
dotes chacun de princi-
pes et de lois de fonctionnement propres dont la portee
est generale dans le domaine de pertinence de ce sous-
systeme" (Rouveret, 1987 : 61).

-23-
suivant la condition de sous-Jacence 6 • La theorie du
gouvernement definit les relations de dependance struc-
turale ; le Gouvernement correspond a la notion tradi-
tionnelle de rection, qui avait deja ete reprise for-
mellement dans Aspects, sous l'appellation de sous-ca-
tegorisation. Le principe fondamental du module e-theo-
rie est celui de e -cri ter e
selon lequel tout argument
doi t assumer un
B-rl'ile (c' est-a-dire, une fonction se-
mantique - Agent,
But etc •• -) et un s8ul , et recipro-
quement,
~-r~le est assigne a un argument et a un seul.
La theorie du Liage est concernee par les problemes lies
aux processus anaphoriques, a la relation anaphore-ante-
cedent. La theorie des Cas est fondee sur la conception
traditionnelle des cas et, tout simplement, stipule que
chaque SN devra recevoir un cas abstrait.
Enfin, la theo-
rie du ContrOle regle l'interpretation de l'element nul
PRO?
11 convient
de preciser que les principes et regles de-
finis par ces deux systemes constituent la "grammaire
noyau"
(core-grammar) qui est donc "l'ensemble des prin-
cipes, des contraintes et des mecanismes repartis dans
les divers modules et les differentes composantes et qui
ne se congoivent bion que si on les pose comme des uni-
versaux "(Rouveret, ~ci~. , P. 61).
6. Condition de sous-Jacence
Aucune regle ne peut mettre en cause~et~dans la con-
figuration:
••••• cl... . . ..
['6.. ..
[d.... .. f3 ....] ... .J ... o(..si
"6 et e5 sont des noeuds
Barrieres.
7. PRO: La categorie PRO
forme la trace issue de l'ap-
plication de la reglehansformationnelle "Deplacer 01..",
des categories vides (voir discussion,
chapitre 5).

-24-
Enfin, pour terminer les commentaires sur le mo-
dele chomskien , il est important de montrer comment
une telle grammaire con90it 18s variations linguisti-
ques attestees dans les langues du monde.
Pour Chomsky,
la grammaire universelle doit remplir deux conditions:
elle doit d'une part,
~tre compatible avec les grammai-
res (specifiques) existantes et, en m~me temps, ~tre
suf-
fisamment contraignantepour restreindre la forme de
ces grammaires,
et d'autre part, contenir des parametres
qui doivent ~tre fixes par l'experience. Les langues par-
ticulieres sont ainsi determinees par la fixation des
valeurs de ces parametres.
Considerons pour cela , suivant Sells (1985:26),
la regle
"Deplaceroi- ". Cette regle permet de deplacer
des syntagmes nominaux dans certaines positions mais pas
dans d'autres, en fonction des langues.
Supposons q~'.une
langue L
permetto le mouvement a partir de X
,mais
1
1
pas a partir de X
et qu'unc langue L
presente la si-
2
2
tuation inverse. La grammaire universelle aura a poser
une contrainte generale du type:
"on ne peut pas depla-
cer un constituant a partir d'une position X"
dans
laquelle X est une variable dans le domaine [X
, •••• ,X ].
1
n
Alors> lorsque l'individu qui apprend L
rencontre
1
un Gxempl e de mouvement a partir de X
'
il saura que
1
cette langue conti2nt egal[:ment X
comme valeur de ce
2
parametre (~~, le mouvement est possible a partir de
X
'
mais impossible a partir de X
). Le raisonnement
1
2
inverse tiendra pour cclui qui apprend L

2
En permettant ainsi de reconnaftre qu'il est possi-
ble de
systematiser les variations cross-linguisti-
ques, la notion de parametre en grammaire generative a

I
l'!
-25-
contribu~, dans une certaine mesure, ~ rapprocher les
generativistes des typologistes (Comrie: 1987).
Q.3.2.2.
La Grammaire Relationnelle
D~veloppse dans los annses 1970 par Perlmutter et
Postal, la Grammaire Relationnelle se fixe pour objectif
de degager les proprietes universelles qui caracterisent
les langues humaines. L'hypothese fondamentale
de ce
modele est que les relations grammaticales "sujet de"
"objet direct de"
,
"objet indirect de"
jouent un r~le
central dans la description syntaxique, c'est-a-dire,
dans la formulation des regles grammaticales et des prin-
cipes universels qui gouvernent le fonctionnement des
langues naturellee. Ces relations sont posses comme pri-
S
mitives
et hierarchisees suivant (S)
, qui tient compte
de leur comportement par rapport aux processus synta~i­
ques :
(S)
1 > 2 » 3 "7 (':Iblique
Dans cette hierarchie, les relations 1 (=sujet de),
2(=objet direct d~et 3(=objet indirect de) sont appelees
"pures" ou "termes",
tandis que l'oblique est une rela-
tion "impure" ou "non-terme".
Les relations obliques ont
cette particularite universelle qu'elles ont des connota-
tions semantiques independantes.
S.
ceci contraste avec la Grammaire Generative Trans-
formationnelle standard qui definit ces relations en
termes lineaires et configurationnels.

-26-
II
Selon Perlmutter
, au moins trois choses devront
~tre indiquees dans une representation syntaxique de la
\\
phrase
(i)- les elements qui entretiennent entre eux des
relations grammaticales,
(ii)- la nature de ces relations,
(iii)- le niveau (ou strate)a partir duquel ces ele-
ments entretiennent entre eux des relations.
L'ensemble des informations est donne dans un sche-
ma comme (9), appele arc. Les notations en A et B sont
equi valentes:
(9 )
A-
[ GR
(a,b)
x
< C. )
1
]
b
B-
G~x
r
1 C.1
Cl
Ce schema est a interpreter comme suit: l'element
linguistique primitif a entretient avec l'element linguis-
tique b la relation grammaticale GR
au niveau C.. Suppo-
I
-
X
1.
~,
sons, par exemple, que GR
soit un £ (c'est-a-dire, un
x
objet direct, et C , f.
(c'est-a-dire, le r,iveau 1), nous
i
1
\\I
aurons alors le schema (10), correspondant aces donnses:
(10)
1
A-
[ 2 ( a, b
)
<C '> J
1
I
b
I
B-
2
1 C1
\\
(
a
1
r
L'arc en (10) indique que l'element
f
linguistique a
entretient avec l'slsment linguistique b la relation
d'objet direct au nive~u C
de £ .
1
~ est appels "t~te"(head) et £ "queue" (tail).

fl!,
-27-
Comment, par exemple, representer une phrase pas-
sive commtl lefruit a ete mange par l'enfant
, dans ce
schema ? Cette phrase aura deux niveaux de representa-
tion ou "strates" dans lesqu"ls le Predicat P demeure
constant tandis que changent les relations d'un niveau
3. l'autre,
comme on le voit dans (11):
( 11 )
b
'. f\\
"-
\\~
.-\\
1 = 1-chomeur
(voir, infra)
\\
manger
enfant
(11)
devra ~tre interprete de
la maniere suivante:
fruit
entretient avec b la relation £ au premier ni-
veau et la relation 1 au dtluxieme niveau,
tandis que
enfant entretient avec b la relation 1 au premier ni-
veau et 1-chomeur au deuxieme niveau.
La notion primitive de chemeur 9 (terme emprunte
au fran9ais) a joue un rele important dans le modele
(standard) de la grammaire relationnelle.
9.
nous
verrons au chapitre 0 "passivation" comment
cette notion a evolue pour conduire 3. sa remise en ques-
tion.

-29-
0.3.2.3.
La theorie des Trois Points de Vue
Developpee par C. Hagege, la Theorie des Trois
Points de Vue
(TPV) a ete mlse en forme dans la struc-
ture des Langues
(Hagege, 1982).
EHe a ete amorcee dans
son article "Du theme au theme en passant par le sujet"
(Hagege, 1978) et recemment integre8 dans la perspecti-
10
ve d'une "Linguistique Socio-operative
(hagege,1984).
0.3.2.3.1. Domaine
La
Theorie des Trois Points de Vue est avant tout
un modele de synthese
entre C8 qui,
dans la linguisti-
que contemporaine, apparaft comlno deux orientations paral-
~81es de l'etude du langage, a savoir, la linguistique
de la parole et la linguistique de la langue:
langue et
parole sont etroitement solidaires et ne sauraient don-
ner lieu a deux lingllistiques
distinctes"(Hagege, 1984:1).
Par cette demarche.
C.Hagege se demarque de plu-
sieurs theories:
des structuralistes classiques, heri-
tiers de SaussuN (pour lui
la linguistique proprement
dite est celle de la langue);
des courants pr~chant l'au-
toncmie de la syntaxe (Grammaire Generative);
enfin, des
10.
"La conception socio-operative de la linguistique
se propose de refleter la dialectique de contrainte et
de liberte qui relie la langue et l'enonceur.
Le concept
de socio-operatif implique qu'on ne peut retenir le se~l
operatif a l'exclusion du social, ni inversement"(Hage-
ge; 1984:37)

I
-28-
\\
Tout elemont linguistique se trouvant en t~te de cette
~elation (ici, enfant) est deconnecte et voit son com-
portement syntaxique devenir nul.
En general, suivant qu'un nominal avance ou recule
dans la hierarchie etablie en (8), on assistera a des
phenomenes de Promotion
(encore appele avancement ) et
de Demotion
dans cette hierarchie. Ainsi par exemple,
le schema (11) indique les processus suivants:
~
(12)a.
1
1 (lin: le sujet initial est demis a
la relation de "
1 "ch6meur")
2----71
(l'objet direct initial est promu-
ou avance- a la relation de sujet)
Les phenomenes de promotion peuvent se fa ire directement
ou comporter des stapes intermediaires comme nous le ver-
rons dans les chapitres ulterieurs.
L'une des fonctions fondamentales de la relation
"ch6meur" est d'assurer la non duplication des relations
8n cas d'avancement , ceci conformement a la "Loi de
l'Unicite Stratale"
(Stratal Uniqueness Law), selon la-
quelle chaque argument,
dans une phrase donnee,
ne peut
entretenir qu'une relation "terme" et une seule, a un
niveau donne.
Enfin, parmi les regles d'avancement (DU p~omotion­
nelles),
figurent cell~ de "Montee", "Mouvement du datif",
"passif" etc.
, qui relevent ainsi des regles pouvant
cre8r un changement rolationnol.
Le fonctionnem8ot
des entites ainsi definies sera ex-
plicite dans les chapitres concernes.

[
I
-30 -
f
theories contemporaines de l'enonciation et de la prag-
matique 11 q,Ji
ne SI! soucient pClS necossairement des lan-
gues comme
systemes traverses par l'histoire et posse-
dant des traits universuls en m~me temps que des proprie-
tes variables Ilu'etudie la typologie"
(Hagege,QIJ_.
ci_t.
P.
2).
TPV appara.tt donc dinsi comme un modele globali-
sant et integre, comme nous le verrons dans son organi-
sation.
0.3.2.3.2. Organisation
0.3.2.3.2.1.
Organisation generale
TPV est heritiere de la trilogie de F. Danes selon
laquelle l'analyse de l'enonce comme unite de discours ,
comporte trois niveaux:
uno structure grammaticale (5 V
0),
une structure semantique (agent-action- objectif de
l'action)
et une organisation thematique et contextuel-
le (topique-commentairo).
Tout en s' inspirant de ce sche-
ma, le modele de Hagege s' en degage par le fait que "la
trilogie de Danes est en termes de niveaux,
ce qui sup -
pose un mecanisme de derivation reciproque au sein d'une
hierarchie, alors que dans la Theorie des Trois Points
de Vue (non des trois nivoaux), il y a trois eclairages
d'egale importance,
et non parcours de trois etapes ope-
ratoires du plus au moins profond "(Hagege,()E' ciL
P.18).
En quoi donc consiste ces eclairages DU points de vue?
Le premier point de vue,
mOfphosyntaxiyue , definit
1a f el Cl t ion e ri1r e l ' en 0 n c e et 1 e s y s t e me del an gu e et
couvre les fonctions syntaxiqucs
(-syntaxique) et leurs
marques (morpho-).
Le deuxieme point de vue, semantico-
refefentiel
, definit la relation entre l'enonce et ce
dont il parle,
et couvre lce traitement du sens,
en general.

-31-
Enfin, le troisieme qui e&l~nonciatif-hisrarchigue,
dsfinit la relation entre l'snoncs et ce que l'auteur
appelle l'snonceur (c'est-a-dire, locuteur+auditeu~;
c'est le point de vue OU s'stablissent les hierarchies
informationnelles thematiques et rhematiques.
On peut dire que ces points de vue gardent, chacun,
une certaine autonomie,
du fait m~me de la specificite
de l'eclairage qU'ilsapport~ta l'snonce, tout en restant
etroitement lies les uns aux autres, tant il est vrai
qu'il "faut sa voir
quelle est la relation des signes
entre eux et des signes aux chases pour envisager la re-
lation des signes aux interpr~tes" (Armengaud, 1985:36-37)
0.3.2.3.2.2.
Notions fondamentales
La figure de la page suivante, que nous reprodui-
sons telle qu'elle apparalt dans Hag8ge(1982:28), indi-
que.ll~rganisationde l'enonce dans le modele TPV, en de-
gage les notions fondamentales et,par des fleches,
eta-
blit les liens entre les differents points de vue.
COMMENTAIRES
1) Le point de vue 1
morphosyntaxique
La notion centrale du point de vue 1 est celle de
Predicat, defini a partir de l'enonce minima~(c'est-a­
dire, a deux termes), d'une part, comme la relation qui
confere a l'enonce une realite dans le discours, d'autre
part, comme le centre de la determination, parce que
determine (ou determinable) par rapport au non-pr~dicat
(determinant).
Etant donne un enonce minimal, l'identi-
fication du sujet decoulera done de celle du predicat.

·"
-- -.." ........ -- _. - ._-...._..._-_.----_...... --_....~--_...._---_._--_.- --_.-._.._... -...~ '-" .... .... ..., -_..... -_ .._--~." ..~.-
,.,.,.".,.,._.....,_..•_....• ,_.-.,,,.,
,-. ,~~.-,,~.. "",. " ... ,."
~-~.
"..~<.~" ......"
_.-....~-~~-~..........,'''-'-<
• . ~-.•
- -•• _--~,_••'~.~._"._~,-.-... ,-¥
1
2
3
Point de vue
Point de vue
Point de VUE
MORPHOSYNTAXIQUE
SEMANTICO-REFERENTIEL
ENONCIATIF-
HI ERARCHIQUE
-i
r-
. _-- ~.
.-
PARTI~1PAN T
SUJET
PR E01 CAT( 2)
'<
(agent
PROCES
-c
de
de
ou patient)
THEME
RHEt~E
CD
....
ou
,..,
CIRCONSTANT
z
-"------'-'
0
z
.
n
COMPL Er1ENT
,..,
PARTICI PANT
de
ou
3:
H
(0 BLI GA TO IRE)
CIRCONSTANT r~
THEME
RH Er-1E
z
H
direct
indirect
(PARTICIPANT)
PROCES
3:-i
·
J:>'<
(SUJET
PRED1CAT
BE.ErrCIATR1~
r"C
~
(~~
de)
de
CD
(s~quentie~ relateu~
N
---->
.: 2e COMPLEMENT
'-"'
!\\
OBLI GATOI RE
/
1\\
/
~
~
).
. _ - - 1-.
-.
I'-JO UVt.fl U
COMPLEMENT
PARTICIPANT "C
,..,
THEME
RHEME
de
(patient
;0
H
(FACUL TATIF)
ou agent)
"C
:I:
et/ou
,..,
direct
PARTICIPANT
PROCES
CIRCONSTANT ;0
H
U
,..,
ro.z
\\
(V (agent
.0
c:
'1
,..,
SUJET
PflED1CAT
ou patient)
I D
de
de
(s~quentieD relateu~
U1
(/)
Z
III
n
eT,..,
c'1ro.
1. Dans les langues ~ sujet obligatoire, ce type d'~nonc~ est irrdductible, mais non minimal,
puisqu'on peut avoir des pr~dicats sans compl~ment.
2.
La s~quence est ici arbitraire, dtant donnd les variations d'une langue a l'autre.

-33-
En outre, Itenonce peut comport er deux types de comple-
ments (facultatifs ou obligatoires): le complement di-
~ ou seguentiel (marque par sa position par rapport
au predicat), et le complement indirect (marque par un
relateur).
Par rapport a ce point de vue, Hagege degagera trois re-
lations syntaxiques uhiverselles: la Predication, la De-
termination (subordination et complementation) et la
Coordination (ou juxtaposition, selon les langues).
2) Le point de vue 2 : semantico-referentiel
Au complement , defini du point de vue 1 , corres-
pond, du point de vue 2, soit un participant oU actant
(agent ou patient),soit un circonstant "cadre spatial,
temporel ou conceptuel dans lequel les actants partici-
pent au proc~s111'. La typologie dffi enonces minimaux sera
etablie par rapport a ce niveau et non par rapport a la
relation predicative qui est consideree comme "une pro-
priete fondamentale et uniforme de tout enonce " (P.46).
Les enonces minimaux seront alors divises en deux gran-
des categories semantiques: non-actif et actif, confor-
mement a la figure ci-dessous qui indique que Itenonce
a toujours un participant et un proc~s:
11. le terme "proc~s"recouvre, chez Hag~ge, la totali-
te des situations.

-34-
Types semantiques
participant
Non actifs
1 • Equatif
Defini par le proces
2. Att~ibutif
Qualifie par le proces
3. Situatif
Identifie par la si-
tuation
4. Existentiel
Pose comme existant
5. Description
Coni,;u comme theatre
du proces
Actif
6.
Ayant un contr6le du
proces
3) Le point de vue 3: enonciatif-hierarchique
Ce point de vue est binaire, contrairement aux deux
premiers, et oppose toujours la partie de l'enonce
la
plus informative (le rheme ) a la moins informative(le
theme ) • La marque privilegiee du point de vue 3 demeu-
re llintonation, consideree comme un universal.
4) Liens entre les trois points de vue:
Les fleches dans la figure 1, indiquent bien que
"chaque couple n1est, pour un point de vue donne, que
le correspondant de ce qu1est un autre couple pour un
autre point de vue "(Hagege, 1984, p. 18). C'est ainsi
que dans l'enonce minimal a deux unites, au couple su-
jet/predicat correspond participant-agent ou patient/
proces (point de vue 2) et theme/rheme (point de uue 3),
etant bien entendu que l'enonceur garde toujours la la-
titude de diversifier les strategies, en faisant cor-

-35-
respondre, par exemple, theme a predicat et rheme a
sujet.
0.4. Organisation
des chapitres
Le chapitre 1 fait le point des recherches sur "les
universaux linguistiques" en replaQant les principaux
courants dans le contexte de la theorie scientifique en
general et de la theorie grammaticale en particulier.
Le chapitre 2 degage des "aspects de la morphosyn-
taxe du pUlaar 'l necessaires a la comprehension des cha-
pitres ulterieurs;
et l'accent y est mis sur les systemes
nominal et verbal.
Le chapitre 3 est consacre aux IIfonctions syntaxi-
ques"
: a la fonction de 'sujet' dont les proprietes
specifiques seront replacees
dans le contexte de la de-
finition universelle du sujet; des criteres independants
nous permettent ensuite d'etablir pour le pulaar une dis-
tinction entre 'l'objet direct'
et 'l'objet indirect;
enfin, l'examen de la categorie 'oblique' ou 'circons-
tant' nous permettra d'etudier notamment le comportement
des locatifs.
Les notions de 'focus', d'emphase'
et de
'theme'
sont abordees au chapitre 4 • Pour chacune de ces no-
tions, nous proposons une definition et une typologie
qui tiennent compte a
la fois du comportement synta-
xique et de la valeur informationnelle.
L'accent sera
particulierementmis sur cinq constructions emphatiques
(clivee, pseudo-clivee, relative, interrogative et tempo-
relle) que nous essayerons de rattacher a une source
relative commune, tandis que l'examen
de cas de thema-

-36-
tisation (multiples) aideront a confirmer l'interac-
tion entre la pragmatique et les phenomenes lies a la
topicali tee
Le chapitre 5 examine "la pronominalisation ana-
phorique". La egalement, apr~s avoir defini le pheno-
mene de l'anaphore au sens large, une typologie des ana-
phoriques du pulaar est proposee, suivie de l'etude des
contraintes qui regissent leur interation.
Les "clitiques pronominaux"
font l'objet du chapi-
tre 6.
de
Apres avoir defini
la notion/clitique dans une premi~-
re section, no us suggerons l'existence en pulaar d'un
continuum d'enclise qui va de zero a l'enclise maximale,
les differents types de pronoms du pulaar representant
chacun un point dans ce continuum. Des regles de place-
ment lineaire des clitiques pulaar sont proposees, qui
remettent en question certaines propositons universalis-
tes.
Le chapitre 7 aborde des aspects controverses des
"constructions causatives". La productivite de deux stra-
tegies (morphologi~ue et periphrastique) est definie a
la lumiere de criteres semantiques gravitant aut our de
la notion de "contrOle" et de criteres morphosyntaxi-
ques; les relations objectales sont slucidees a travers
la problematique de la montee du sajet et des rapports
de val ence.
Le chapitre Best consacre a la "passivation", pro- .
cessus qUi, mieux que tout autre, a contribue au develop-
pement de la grammaire generative, en particulier. La no-

-37-
tion de passif est abordee dans une premiere section
par rapport a celle de voix; enfin, des donnees empi-
riques specifiques a la langue serviront a evaluer dif-
ferentes
hypotheses emises en grammaire relationnel-
le,
en grammaire transformationnelle et en pragmatique.
Le chapitre 9 replace la plupart des analyses fai-
tes dans les chapitres precedents
dans le contexte ge-
neral du traitement de la transitivite dont les carac-
terisques
en pulaar constituent un support addition-
nel a la pertinence du discours et de la pragmatique
pour l'etude de la langue peule.
Enfin, dans le chapitre final reletif a la "Nega-
tion", nous illustrons une dimension diachronique dans
le traitement des universaux. Le caractere presupposi-
tionnel et conservateur de la polarite negative servi-
ra a elucider le phenomene de la neutralisation des for-
mes aspecto-temporelles de la langue.

-38-
1.
UNIVERSAUX LINGUISTIQUES
Le monde compte aujourd'hui entre quatre mille
et six mille langues selon diverses sources
(Comrie, 1981;
Hagege, 1985). Cette richesse a longtemps preoccupe les
linguistes heritiers de Saussure
(le Cercle de Prague)
ou de Bloomfield (l'[cole Americaine), qui se sont d'abord
atteles
a rendre compte de la diversite des langues en
dotant la discipline linguistique de soli des techniques
de collecte et d'analyse. Cette periode correspond au de-
veloppement de la tradition taxonomique et inductive ~ui
reste encore de nos jours la demarche la plUs connue et
le prealable a toute autre approchc, et meme le modele
chomskien, qui cherche a atteindre l'essence des langues,
l'explication des caracteri~tiques et des proprietes
inherentes aces dernieres, ne peut que s'appuyer sur
les resultats de descriptions appropriees.
Cependant,
le souci de depasser
la simple des-
cription
taxonomique a donne
naissanCE a une
recher-
che de plus en
plus sophistiquee
oD
coexistent la
typologie,
preoccupee
par les differences, et la qu~-

-39-
te des universaux linguistiques, preoccupee par les
similitudes entre les langues du monde. Ce sont les
problemes lies a cette derniero qUi retiendront no-
tre attention dans ce chapitre.
Nous essaierons,
d'abord,
do replacer la problematique des universaux
dons le contexte general de la theorie linguistique
dont
on
definira les objectifs
fondamentaux et
18s limites scientifiques ; nous ferons ensuite un
bref historique des deux tendances dominantes de la
recherche dans ce domaine en mettant l'accent
sur
les formes et l'importance des universaux pour la com-
prehension des langues du monde.
1.1.
Objectifs de la theorie linguistique.
1.1.1. Objectifs generaux.
Comme science du langage articule,
la linguis-
tique a pour objectif principal de
rendre compte de
la grammaire des langues, ensemble des regles de for-
mation,
d'interpretation et de prononciation de la
phrase.
par dela la simple description de langues i-
solees, la linguistique moderne devra egalement cer-
ner de fa90n systematique les propristss relevant a
la fois de la similitude et de la diversite entre les
langues.
1.1.2.
Theorie et modele theorique
Toute theorie se reclamant des sciences diteG om-
piriques doit comporter un ensemble de lois dont la
forme et le contenu revetent un caractere universel.
Dans ce sens, leG lois scientifiyues n'admettent pas
l'exception et 8xpliquent les phsnomenes.
La linguis-

-40-
tique, qui se veut une science ampiriqu8, est, dans
une certaine mesure,contreinte par cette
definition
generale ; la theorie linguistique doit donc tendre
vers l'elaboration de plus en plus rigoureuse d'hy-
potheses explicatives et coherentes a partir de l'en-
semble des phenomenes de son objet, la langue.
Mais,
ce qui frappe l'observateur
c'est, pour paraphraser
M.
Gross, la disproportion enorme qui existe entre les
possibilites theoriques et les faits linguistiques,
dont l'une des consequences est la tendance des lin-
gUistes a operer des choix souvent arbitraires entre
les solutions possibles. Aussi, dans le domaine de la
syntaxe, assiste-t-on a une plethore de theories, La re-
vue americaine
Syntax and Semantics, dans son edition
13 (1980) fait etat de quatorze theories syntaxiques
courantes et pratiquees aux Etats-Unis,et Mc Cawley
(1983),
dans une ironie suggestive, intitule son li-
vre Thirty million theories of grammar (trente millions
de theories grammaticales).
Parce que toutes ces theories syntaxiques sont
des revisions,
des enrichis3ements, et parfois des de-
viations du modele standard de la grammaire generati-
ve de Chomsky (1965), l'etude de l'evolution de celle-
ci no us permettra d'illustrer un cas d'elaboration de
modele theorique grammatical essentiellement preoccu-
pe par la dimension explicative de la science.
La theorie de la Grammaire Cenerative Transforma-
tionnelle a connu trois etapes que nous appellerons :
Pre-Standard, Standard et Standard
Etendu,
et qui cou-
vrent approximativement la periode 1957-1988.
Le modele pre-standard(Chomsky, 1957,1959) coin-
cide avec l'epoque post-bloomfieldienne qui etait preoc-
cupee de methodologie et de taxonomie.
C'est dans ce
contexte que Chomsky entame l'elaboration de la grammaire

-41 -
transformationnelle en insistant sur la notion de trans-
formation qUi,
selon lui, devrait mieux rend re compte
du caractere infini des langues.
L'accent etait mis
e-
galement sur la necessite de doter les grammaires d'un
appareil mathematique et logique de plus en plus sophis-
tique devant permettre une formulation rigoureuse et
explicite des regles grammaticales. 11 faut dire que
c'est une periode qui n'a pas apporte de changement con-
ceptuel fondamental, et Chomsky (1982b, page 40) en
est conscient, qui fait remarquer quia l'epoque ou la
gramrnaire transformationnelle commengai t a gagner une
certainepopularite, tout a fait au debut des annees
60, ce n'etait en realite qu'une simple alternative
grammaticale dont les techniques oescriptives basses
sur les constituants immediats etaient plUs formelles,
pratiques et explicites.
Le modele standard correspond a l'inclusion d'une
composante semantique dans la grammaire generative (Choms-
ky, 1965).
Les transformations y jouent un rlile central
de liaison entre son et sens et les problemes psycholo-
giques lies a l'acquisition du langage deviennent le
pivot d'une theorie qUi,
en contraignant davantage le
pouvoir des transformations,
s'orientait de plUS en
plus vers l'elaboration de la grammaire universellc.
Ce souci de contraindre la composante transforma-
tionnelle a conduit au modele standard etendu.
Con-
trairement aux etapes dont on a dit qu'elles ne pou-
vaient depasser deux des trois objcctifs que la gram-
maire generative s'etait fixes (i.e. l'adequation ob-
3erva tionnelle, l'adequation descriptive et l'adequa-
tion explicative), le modele 3tandar::J etendu, lUi,
est es-

-42-
sBntiellement p ~occup~ par l'obj~ctiF ultime de l'ad~­
quation explicac,ive,
inaugur~ dans l'article "conditions
on transformations"
(Chornsky, 1973), qui r8pr~sente,
selon l'avis de l'auteuI',
le premie?
travail qui ait pu
conduire a uno veritable ;'evolution conceptu_lle (Choms-
ky, 1982b:41). Nous pouvons dire qu,
c'est c8tte r~vo­
lution conceptuelle qui s'est devGloppee pour
donnef
naissance a la theor ie rnodulaL'e actuelle du "Couv8rne-
rnent et du Liage"
(Chornsky, 1981) dans laquellc' la com-
posanh transFormationn211e est [edui tee a une reqle "Mo-
' r
C{ "
e t 0 U Ch 0 rn sky d e v =1 0 0 C e 2 t
a f fin
1 e s pr in c i pes
d~ la grarnmai:s
universcll=.
1.1.3.
Lirnites de la th6o~i2 g~ammaLicale
1.3.1J.Revisions th~oriques 3t dema~che scientifiquc
Les rnecanismes qui aboutianr au modele I'eduit et
lirnite a un ~ns_mble de rbgles st de principes univsr-
saux comportent des I'~visions substantielles.
par eX8n-
,
..
11
t ' L
t
d b
ple, la theO'le X-ba~ con raln0 la composan e
e a s e ,
18s transformations individu~118s sont annulees et I'em-
place s par
la regIe
ur,iqu=
"Mo'}
d..
"
etc.
Cette d~rnaI'­
ch
qui consist_ a sautcf de mod~lG ~ mod~18 a fait l'ob-
j2t de beaueoup de
c~itiqucs:
on a pafois par1e de 1'e-
ehec de la gramrnaL-e g~ne~'ativcc (C~'oss, 1979) et nie son
ea,'aetere 3eienc.ifiqu8:" la g,'arnr;',ai~e gene~ative n'est
pas malgLe 1'apparence,
un?
theorie au sens rnath~matiqu8,
c'2st-~-Jirc au s~ns strict d'un_
construction hypothe-
tieo-deductivG.
C81a 8st dO,
8nt~'L auL'es choses,
au fait
qu'ell
a souvnt ~~vis~ s s Ilypoth~ses, ce qui n'arriv?
jcaS en math~matiquc" (Hagog'~, 1976: 61).
Chonlsky lui-m~-

-43-
me confie1'a,
tout en slen d~fondanL, que beaucoup ont
abandonn~ le modele g~n~1'atir a cause do 8eS nomb1'eux
changements:
"il n'y a pas 'en linC)uistique une la1'g8
comp1'~hension de ce qui est consid~r~ comlne tout a fait
normal dans les sciences dites natu~~lles, notamment
qu'une theorie devra chango
Sl
lle V-Jut i'ester saine"
( Ch 0 rn sky, 1 982 b : 47,
Tr ad. Y. S. )
1.1.3.2'.Souplesse
de la th~oc- ie
Quelle place accordsr ~ uno th~orie linguistique
fluctuante
comme la grammairo
g~nerative dans une con-
ce~tion g~n~rale de
la theo~ie 3cientiFique ?
En d'au-
Lees termes,
doit-on abandonne"
una
cheorie qui se dit
scientifiquo,
parce que cotte
theotie est sUjette a
troo de revisions?
Dans une conception rigido
de la theori2 scientifi-
que en tant qu'ensemble dr lois immuables,
les revisions
succassives nlont certainarnent ~as lour place.
Cspendant,
pour Suppe(1974), les theories scientiFiques n
compor-
tent pas que des lois.
L'evaluation d'une th~o ie doit
tenir compte de beaucoup de facteuIS tels les lois For-
nUlees,
l'appa1'eil mathematiqU8 8lnploye,
la contribu-
tion conceptuelle etc.
Tout cela i'~uni
formera ce que
Put nam(1974) appellc un "pa:-acJigrncc".
Le paradigme est
defini comme etant la theorie sciantifique ~er se, au-
qual s'ajoutent un certain nomb_o ds ses applications
i r',:= " e s s ion nant e s qui s t i mu 12 n t l~' s h0 mme s des c i e n c" 8 ,
las encouragent ~ cherchsr d'autGs =xplications et a
,'Cl i ~ ,c
d I aut res p :' e di c t ion s s u~' 1: III hi:, co mod e 1 8 .
Ains i ,
pa~ 2xEmple,
pour
Putn~m, la theo:ie do la gravitation
univs~selle, la de~ivation j2S lois d2 KGp181' et la pLe-

-44-
diction juste dB deux orbitos plan~tair8S Fornront un
paradigme.
Solon cos aut2urs,
une theorie scientifique pout
~trG sauveE en modiFant co-taines de ses composantes.
Dans cc s~ns, ce qui peut arriver ~ un paradigmL,
c'est
non pas d'~tre FalsiFie do Inani~re definitive mais ds
p ,r d
son s tat ut de
L'
- '
:J a r ad i gm e;
c' Cl s t - ~ - d i r A q U 8 10 I' s-
que quolque chose ne VB pas,
on ne rejette pas une theo-
:'ie en disant qu'cll
est [auss,c, on commence plutot pa~'
doutec'
de son efficacite c)t)t'Ft~rcher d'autres altrna-
tives.
C'est, ~ notre avis,
la demarch c; qui devra !'ltre
appliquee ~ la th~orie grammaticale.
En r~sume,
nOUB
camp rnons parfaitement qu'uno theo-
rie
gcammaticale puiss~ chang8~ par affinement successiF
dJ
son appareil form 1 ~t/ou conceptUBl, ou parce que
d2 nouv~lles
donnees empi~iquss l'y
obligent.
Dans la
::'Dch2;'ch;J"cor~ai'l~ p.-oblCcrr,,~s p3uvent ~tre formules
clai-
rement dans un cadre d1idees raisonnabl,ment clair et
bien co~pris, ce~tain2s solutions partiolles peuvent ~~r8
avanc~es, on peu~ decouvri= una s6::i2
Jexemples dans
lesquels ces solutions ne "marchent"pas
,
csci laissant
pour l'instant ouve~t= la question de savoir s'il faut
une elaboration et un afFinement plus grands DU au con-
t::aL~
une approche ::adicalement differente."
(Chomsky,
1968:83).
1.2.
Les universaux
1.2.1.
B_~uF historiqu8
Dans la section pcecedente nous avons essaye de

-45-
"'on ti:e r
a travel's le rnodelu chornskir,n, les lirnites de
la th~orie grammaticale.
L'objectif de cello-ci,
conlrne
de toute th~orie scientifique,
c'est rl'~xpliquer les
ph~nom~nEs de son objet.
11
faut
~8connattre que l'ob-
jet de la th~oriE gramma~ical , pal
son ca~act~re co-
gnitif,
n'est pas tr~s favo~abl~
a l'explication
sans
faille au sens dn l'explicatioll des ph~nom~nes naturels
par la physiqUf
,par exemple.
C'est dans ce contexte im-
parfait que S'
Doursuivent les .'echerch_s sur les uni-
versaux,
car,
comme le dit Hag~g~, "la facult~ de lan-
gaQe est une et les languus qui la manifestent pr~sen­
tent necessairement qU81que unit~(. •• ) les appeler tou-
tas des langues c'est poser des traits universels sous-
jacents a leur immense dive,'sit~" (1985:46). Ce
sont jus-
tement ces tlaits univcrsels qui p;~occupent les tenants
des universaux
du langage qui,
par dela les universaux
definitionnels cherchent d'autfes traits sous-jacents.
L'histoile nous montr~ que la quate des universaux
a toujours pr~occup~ philosoph2s et grammairiens.
Leibniz
~hcE'chait une langue universelle (Rivar'll, 1784, cit~
pal Hag~ge, 1985: 46).
D~ja, au 13 si~cle, Roger Bacon
declarai t que" grammar is one and the same in all lan g-
uages in substance,
though it r:lay vary in accidents"
(Fe:guson; 1966:7).
Mais c~ sont les philosophes gram-
e
mail'iens du 17
s.
"le si~cle de (Jenie" (Chomsky,
1968) qui se sont le plus evertue a ~laborer une "gral;1-
mai _'e g~nerale
" qui expr imuI'a C8 qu 1 il
y a
do commun
a to us les hommes. La "gra":',mair= ~aisonn8e" do Port-
Royal
(1660) inaugurera la t~adition du la grammaire
philosophique qui,
depassant la taxonomio,
essaiela
d'expliquer les faits conformemenL ~ la tradition cart~­
sienne.

-46-
du langagc" est CiPWCl: U
en 194b,
3~0C l'artic1l
0:
Burt
t
Ethel Aginsky
publi~ dans Wo.d
sous l'
titre
d_
" :rh '
imp 0 r tan C('
0 r
1 an q u a r, C
lJ n i 'J e
sal s ";
cc p Co n d Cl 'I t ,
Cl-
joutu Ma:- tine t,
c' est 21 la
suit
du livre
df
J.
bGcg
(1966b)
Languaw]
Univ'],'sClls
que;
la
plupar t
dros 1in-
guistes se
sont
Familia;is~s aVHC CBttB expression.
1.2.2.
Deux approches
di;-~e_ ~nLJs
Tout If;
r:londe
s'aceo;' ~_
a '.cccnn2J1tre qu'il Exis-
-..2,
dE; nos
8 ~,- l C
dl'lline
et
tY,·olugiqu _.
ElL
Cholcsk y,
pJ' "'fl d 1
con'cr e -:;icd
de
G~' eel'. b " r 9 p a ISO rl 0
i
e,
c '
I'll i: Cc i: i c"
Cl b s era i 0
,,1.,
vis"
a
die:
d'une langu2,
c;n l'cccu",ncl'
l'anglais.
ne
a chacune de ces t_ndancBs auant d'en faire la eri-
tiqu~ a la lumie'
dGc; _~sulc2ts
1.2.2.1.
L I Ecole
de
[:lOi~sky
Nous avons
[2rnaL~qUe a la SEction 1 comment l ' eVfl-
lution du mod81rc
de;
Ciloc;:sky 3
abouti a un schema 8X-
~.~l'l.~[n-IBnc. reduit.Jc abs'~·ait. [C13
decou18
d'uns
CcH~-
tains
preoccupatiof"l
uni\\/~~ __ 's81ist,~-
uJc
cognitivB") selUfl
1 a q u El 11 e 1 a
the o~' i
'J :' a ,,I":;:J. ;,:. i ca 1 _ d C? \\./ l' a
c x p 1 i q u
~. co mme-t
l'enfant acquiert
sa
lClnguc matornol1e a partir de donnees ~

-47-
1 ' [] x p eL' i e rl c [,I
non
o~' cJ 0 n [lE]'~ S
le i In ') a I I~ a i t e s . L' a r 9 u I;: f; n t
de:
Chomsky est,
lL
sui'Jan,~: l'c'nianL p8Ut apprendmn'irTl-
po~t8 quelle lanlJuc: 3'J C la In~fI'
aiCiancl'
c
en
un
~emps
~eduit, en tiranL du co pU5 dispacato fuu~ni pal les Cl-
duI tos
un
systems logiquG
,c cohe""lnt.
Chomsky (expli-
quo
cette
faculte,
qui
n'rJst oi'j';.:'tc
qu'a l'os08ce hu-
mainG,pal
l'exist8nc~ d'un etat initial, d'unc faculte
d'acquisition du langagE
inne~ appa.aissant sous la fo.:-
m2
de
condi tions et
de
cont.:'aint s
limi tant la
fo, me
dos
grammaires,
partage
oa:'
toutG
la
condition humaine,
et
constituant la
grammaine
unive~sGl18:
"Le' grammain, univ l's'-,ll;: est unc ca.:actecisation de
l ' e t a t initial
et
p e-linguistiqu3
de l'enfant"Chomsky,
1981 :7). Cet etat initial est pen;:u par le m~me auteur
c anm e :
'I un
systeme
de
[];'incip:?s,
dE
conditions et
de
regles
qui
Ciont des
el~ments DU dgs p~opriete de toutes les lan-
gues
hurnaines,
non pa,.
pu~' Clccident, mais par necessite"
(Chomsky,
1975: 29).
La consequence
logique
qu' on peut
deduire
de
cette
iJyoothese
l~St la sui'Jante: puisque
cet-
te
?acult~ inn~E est plesenL8 dans chaque individu,
i l
doit ~tre possible
de
~et,ouve~ ces p~incipes, ces
con-
t~aintes et ces
r~gles en examinanL de mani~re
appro-
,'ondie n'impo;'t(J
qUEll"
langLJ~ pa;:-Liculiec'e:
"a
gc'oat
dQal
can
be! learnerl about universal
gramrnai'
from
the
stl,1dy of a
single languago"
(Chomsky,
1981 :6).
La
version la plus
elabocee
dE
cetts
theori:
est
dev210PP~2
dans le modele
standard
etondu dont la
ve~sion modu-
laL'8
contenuD
dans Chor;1sky
(1981),
est
un
systeme
d~
p~incipes fondamentaux qui ont pou.
~018 d.
I'estreindr2
la
classe
deCi
g~amrnai~cs
n contraignant le8
Formes
pos-
sibl
s
Le
sC:lema
pc'evoi'C
egal :r:IJnt des
pa:'ametres qui,
fixes
d'une
c8l'tainc
manic:c,
detd~minent la forme
des

-48-
1 .2. 2. 2.
L' Ecol'
de G,' E e n b ~'g
pour cett
dBuxi~m8 tQndBnc2, la ~eche'che des u-
ni'J8l'Saux doit s'apiCuyclr su'
la
typologic,
ce qui neces-
si~e l'examon de plusi,~urs langues ; il s'agit d'url"~
der"arche plus inductive 2t :',.ipiiique que celle,
fO~T;21­
1:. at deductive,
de la
tcndancc d,:, Chomsk'j.
Pou:
Gr~::'rl­
b:"i'g,
Osgood et ]erlkins
(1966), 18s unive:"saux
du lan-
gage doivent contribu2r ~ uns n3ill~ur
cOr.',o,eh-nsion
d~s ~:incip8s psychologiquos qui sous-t:.ndent l~ compor-
::~~~nt humain cn m~me
temps qulils offrent une
Forme
~'iJilegiee d'apprehonsicn d
la cultu.~ hUGlainc en ge-
ne.'a1.
11 ,ost important de noter qu~ c~ n 'est pas la
un~ hypoth~se de
travail mais un objec~if que la reche:-
cne des univ~rsaux pout attoindre en etablissant C8 que
l ' s auteUL s app llent" tn,.
Illost gen ral laus of a sci-
:.n,C2
Oi~ linguistics".
L 'article de G:-eenbcrq qui au,a
1= plus ma~que la litteratUc2 su: lES universaux est
c::?lui intitule" Some univ8rsals of grammar with pa~ti­
cula:
~'eferenc'c to
th::: ordel
of m'Eaningful 81cments"
(1966a).
La,
Greenb,rg,
s'appuyant sur un8 liste de
~r?nte langues,1formule quarante-cinq universaux(ou
generalisations)
sur l'ordre des mots.
1.
Cont~2ir"ment a Cho.~sky pour qui l'etudc de langu~s
gen~tiquemsnt a~~a~ente:s ,:s~ detacminante dans l'o~­
po~tuniLe
qu'Blle offre aux chBrchBurs

-49-
Ensuite,
dans une
lififc de "speculativ2" ,~t "cl' i'iCCCc tainc",
Gr2enb'Clrges-
sai:c a d2 prOpOSl<'
d8S "pT j nci;~ s"
r~ene,-'aux El parti:
d::squels les quarante-cinq univ,;"s21UX pour 'ai nt tetre
decJui ts.
Donc,
pou~' Gi'"enb,;, CJ ega18rr.;n t,
l ' ideal est
d
reduire a una lists minirnal
12 rnombi8 des univr-
saux.
1.2.2.3.
Evaluation
Apr8S avoir montre la demarchc et la logique in-
te,ne de chacune de ces tendances,
nous nous prcpo-
sons de Faire dans cett
sEction une
evaluation synthe-
tique et illustrative des succ~s et des limites de cha-
cune d'el18s, spres avoiL
defini les types,
la natur2
2t les formes ,des univC:Jl'BUX.
1.2.2.3.1. Forme des univ::rsaux
Par leur nature,
les universaux du langage sont
pres8ntes sous Forme d'enonce synthetique portant sur
l~s caracteristiques general'-s
,-t les tendances que par-
tagcnt les langucs.
Ces 8nonCeS a~paraissent sous dif-
ferantes denominations,
scIon les theories et le degre
de generalite que l'on V8Ut 0tteindre.
"d'identifier"et de " c larifi8i'" 18s parametres de la
g~ammaire univcrselle qui ~erm2ttent d'obtenir
una
vac iete de pr incipes,
la rGchcc' ehc: des univl __' SClUX de
la
tendance empirique s'appuicra sur tout sur d8S lan-
gUDS sans parente gen~tique DU geographique;
d'oG se
posc,a le probleme de l'echantillonnage.
Les QroupRs
de langues doivent ~tre suFfisaonent varies:
le grou-
;;2
etant d~fini comme un ensenbla de languos s~par~cs
de l'anc~tre commun par 3500 ans ; et selon ce crite-
re ~ titre indicatif, l'indo-europ~8n cornportc:ait 12
gr~upes selon Comrie (1981).

-50-
Les t8lrnc~; leG plus (ar,lili:;~'s sont:
regle, loi,
gefl8ralisation,
hypothese,
cont:'ainte, pI'ineipe, hie-
~'a'chie, ptc.
Chez beaueou~ d'aut'~u,'s, ces teI'm()s sont
confus et substitues les uns aux aut;:,cs,8t souvent sans
oxplication.
Chez d'autr8s,
cep ,ndant, la diFfer fl-
r;c est assez claire.
Pendant longtemps, la notion de regIe u dOllrine la
theorie gramma'cicale
(regle" syntagmatiquc,
I'eglp tl'ans-
forma tionnelle,
etc.).
Ce fai t a parfois ete conside-
re comme un obstacle ~ l'afrirmation de la theorie lin-
guistique,
notamment la theo:ie generative,
comme sci-
ence empirique;
caL',
dit-on, la notion d'explication
ne peut existeI' sans cslla de loi qui,
pa~ deFinition,
est inviolable
(Hagege, 1976;
D 2tske? 1974;
Mounin,
1972).
C'est peut-~tre , CB qui explic,u
la predil8c-
tion de certains coui'ants universalistes,
c DlImeJ la g:'a m-
~air8 Is1aticnnelle,
~
mctt;a l'accent sur la no-
tion de loi tout en Faisant l'inventaire des princifJa-
les regles que, lion trouvs dans les
lCflgueS.
Pour Greenberg,
no us l'avons dit,
un universal
tout silllplement un
gene;:,alisation cmpi:,iqu8 et
plusiaurs generalisations pcuvent etce synthetise8s
en un nombre reduit de pcincipes generaux qui le8 sous-
tendent.
C'est ainsi qu'" les 45 universaux enonces
d(ins
G~eenberg (1966a) sont reduits en un nombre restreint
de principes generaux dans une section syntheti-
qUE.
Chez Chomsky,
il S811lble que les notions de condi-
tions,
de regles et da principes sont plus ~mployeEs
dans la definition de la grammaire universellc.
Celle-
ci est "un systeme de conditions po_-tcnt sur' les glafT,-
maires",
"une ossaturc d'une structure de regles que
touL
languc
doit conteni:,II,
"des conditions

-51-
qu
doivent 1 clllplil
les
gJ'am~lai~' S", DU alors" des pri n-
cipes qui d~tBrminent Commdnt 0llGS (1 Os grammaires,
V.S) sont interpr~t~es" (ChOr;1sky, 1968).
Tt~s souvent, et cela Gst courant dans les trav2ux
~ orientation pragmatiqu
DU
rolationnclle
(Keenan
&Comric, Porlmutter, Thol',Json,
Hyman,
etc.),l'acc~s
aux processus grammaticaux ~st repr~sent~ sous la For-
me de hi~rarchie ~ 'Jalsu~ d'univel'sal : A ";7 B > C••
ou
'7
se l i t : " a
unc acc2ssibilite superieure a".
Signalons,
enfin, qUe
tous ces labels apparais_
sent sDi t
sous la FOI'me d' ~nonc~s in l~orII181s, s0i t comme
oxpr~ssions formelles em~cunte~s ~ la logique ou ~ la
math~matique.
1.2.2.3.2.
Universaux de substance et universaux
de forme
La division des universaux 2n universaux de subs-
tance et en universaux de for~e est une entrsprise de
la grammaire
g~n~rative transfo,mationnelle (Chomsky,
1965).
Les premiers d~finissent la mati~re m~me des
langu e s et constituent des concepts techniques fixes
que l'~tude des langues permet d'isoler; ainsi sont
consid~res comme universaux de substance: les traits
distinctifs, les voyel1es, les consonnes etc.
pOUl la
phonologie,
ou alors ce que traditionnellement on ap-
pelle les diff~rentes parties du discours: noms, vel-
bes, SN ,SV,
pi'l~positions, otc. LC3s langues opBrent un
choix parmi ces el~ments qui couvrent tous les aspects
phon~tiques et gramrnaticaux. Les univec'saux de f'orme
specifient,
d'une pa~t, I'D yanisdtion des gr Bmm a i r8 s
la n~cessite pour celles-ci d'avoi:
un= composante syn-

-52-
taXiqUB,
phonologique etc.?ou de
conporter des r0g1es
transformationnelles;
d 'aut~c par t, les f or ITIF, S des gra m-
maires:
par exemple, les cont"aintes de Ross et la
th~­
o=ie X-Bar
rel~veraient des univcrsaux de
rormes,
Plus
que les univC!r'saux de subc;tancl,Cc! sont lc:s universaux
de forme qui ant le plus contribue au d~velopp8ment de
la grammaire universells;
ca~', c'eSe leu'
approfondis-
sement qui a conduit au mod~le Inodulairs de Chomsky
(1981 ).
Le sun i ve r sa u x de " 0,' me son t ,
pour 1 c s 9 ~ n ~­
c'ativistes,
les ~l~ments Bssenticls et biologiquir18nt
n~cessaires a 1 'acquisitioll du langage.
Mais cette distinction a fait l ' o b j t de o8aucou~
de controverses a l'int~rieur m~r~e du cou~anc generati-
\\fiste.
Par exemple, les
trsvaux de Hale
(1979) SUI
le
wslb±ri s'ttestsnt l'inexistencl
dans cette lsngue de
rior)l'~s syntagmatiqu8s COlTlllle celles que 1 'on trouve en
anglais;
le walbiri ne donne pas prise aux transforma-
tions.
Des lors,
selon roley etal(1984), puisque pnu;,
le ~albiri, les ~egles syntagmatiques et transfo~ma­
tionnelles ne sont pas des univefsaux formels,
il doit
en ~tre de m~me des contrain:es du ty~e decrit ~ar Ross.
~es exemples et beaucoup d'autc8s conduisirent a
l'abandon pure et simple de la distinction entre unl-
versaux de substance et univsrsaux de fo~me pou~ met-
b:e 1 'accent sur lES univei'saux ca:'act6ristiques de ChOI'i-
sky
(1981), systeme de rE'incipes cc l d" rarametrss que
l ' exp BI'ience doi t
fixe:.
11 se
ti'oU'j ~ qu
m"lTI-
a ce ni-
voau,
le mod~le de Chonsky flste enco=e vuln~rablc com-
~8 beaucoup d'autC!urs l'ont fait
_~lacqu8r (Hag~g
1982, 1986;
Mc Cawloy, 1983:
Co", ire, 1981;
]F,nkins,
1979 ) .

-5"'-
Cette vuln~rBbilit~ ~st dueau fait que de nom-
breuses donn~es cross~inguistiques infirment certains
principes fondamentaux ~nonc~s ,)ac
Chomsky.
Illustrons
par deux de ces hypothesEs.
La premiere Conceine la
'condition dc la d~perlda n-
ce structurelle'
(structure-de~Rndence condition) qui
clarifie les m~canismes de"l'o,:gane mental".
Pour ex-
pliquer cette condition,
Chomsky a 3ssay~ de ddmontrer
corr:ment,
par exempl~, l'cmfant aflglophons procede p::Jur
acqu~rir des phrases inter:ogatives du type (b) ~ par-
tL' des phrases affirmati'JcG en
(a):
(1) a.
The man is
Lall
b.
Is thE man tall?
(2) a.
The book is on the table
b.
Is the book on the table ?
La premiere hypothese
corlsisterait,
,JOur 1 'enfant,
~
proceder de la maniers suivante:
li"e l'~nonc~ de gau-
che ~ droite jusqu'~ attcindre le prsmier ~ et pr~po­
ser celui-ci.
Cett~ ddmarche,
qui donn'] beaucoup de;
bans resultats,
"end compte du co~pus pr~c~dent mais
est d~mentie par
(3)
et (4):
(3 )
a.
The man who is tall i <'~, in
the room
b.
*Is the man 'CJ n Ci tall is in the rOOiT' ?
(4 )
3.
Thf= man
who
is
tall is i[1. the 'room
b.
Is the man lJ he is tall
in
tlH2
i'oom ?

-54-
COS uXI]rnples qui cOfltredisent la :.11 ~mie~c,
hypo these ,
en suggerent uno dcuxiema s~lon laqu2110 l'enfant pro-
cede pal
unEci
demarch r,
beaucQuP
clus corqJlexe et qui co n-
siste' a analyser l'ef1once
on syntagm8S abstruits,
a
identiFier ensuitl
1
visndrait spres cc syntagr~e nominal et a preposer ce
is
(8i11 DU Aux).
La ~r8mierG
hypo the so est una ope~ation qui assu-
mS
l'indep:cndanco structu, dl
(DU
autonomie)
des mots,
aloI's que la d8uxiem~ aSSU~G la depencance structural-
le qui consiste DOur l'anfant a c~ocedo- par uno ana-
lyse abstraite en mots DU en syntagras.
Pou
Chnrlsk y,
cc: mecanisme est inne Ch8Z l'en:'an[,:
il nS ila oas a;;-
o~is; crest un univ8~sal absolu qui Fait partiL inle-
g::arltc; de l'heritage genetiqu_.
, /de
Presentee
cette manie:=-8, la condition de la depen-
dance structurell~ devient un~ loi qui no sourfrs pas
d ' 2 X cep tio n
En I'ealite,
tsl n'~s~ pas ~cujours l~
cas.
Par ax~nl=le, en serbo~roat~, la regIs de placem nt
des clitiques identifie l~ c;r2fcic:' ",ot de la ohrase et
place le clitiquc dBvant cc: "ioL.
Nous
faisons mention
d'urle .egle analogue poui' 12 tr::hequc: au cha:Jit:;> 6.
C'esc
dire
done
qus memo C~tt2
conoi~ion
qui clst vitale
au lTiodelc: CJe"eratif ne >=,c'Ul: ~ t:'c
enonCB"
sous la form:::
d'un universal absolu.
La d2uxiern8 hypothes
s
relative a la Fameuse
regIe X ~ SPEC
X
qui reunit en une seulc formwlc
x
plusieurs regles syntagmatiqu8f
de la composanLc de
base, notammenL cellas r.13~ivDs ~ le dBtsrminaLion
(SN ~ Det
N),
a la mocii~ica,iorl QdvsrLJiillu (AP_»
DEGRE Ad)
etc.
La dimensio" ;:J2lrar,lecrique de la regIe

-55-
permet de placer SPEC x aV311C UlI apr~s X sans porter
tort ~ la
th~orie, mais cc
(~US la r~gle ne pr~voit
pas et qui a fait l'objut de beaucoup de critiques,
ce sont les possibilit~~ qui
r'offrent ~ l'int~rieur
r"~me des langues.
La r~CJl['
i~re'Joit
deux al ternative;;;:
X ,--";> SPEC x
X cL
X-->;> X
SPEC.
En r~ali1E l'exa_
x
mon des langues naturellus montre ~ue l'organisation
des syntagmes est bRaucOup ~lus complexe.
Car
il exis-
te des langues DU les d~terminants or~c8dent le5 noms
et DU les auxiliaires suivent le
l1erbe principal
(ja-
;:onais,
turc, etc.);
d'autJ8S DU les d~terminants sui-
vent le nom alors que les au::iliaires pr~c~dent le ver-
be
(pulaar,swahili
etc.).
Tous ce:" contre-exemples
montrent que ce principe ne ')But ~tr8 accept~ comme
universal absolu.
Sien que la logique
inneiste soit consequente avec
l'approfondissement d'unc langus unique,
car tous ces
~rincipes ont ~te ~tablis sur la base
de la seule lan-
gue anglaise,
leur validation necessite,
~ notre sens,
une approche cross-linguistique qui ne pa~t pas jus-
qu'~ pr~sent ~tre la voie privil~gi~e par les genera-
tivistes.
En resume,
la grarrlmaire generative s'est essen-
tiellement devGloppee en apQrofondi~sant les univer-
saux
formels.
Le plus gr3nd reprocha qu'on peut for-
wulcr contre la grammairc D~nerative est que,
pendant
longtemps,
ces universaux on.
~t~ ~tablis
comma nrin-
cipes absolus sur la base de la soule langue anglaise.
11
semble main tenant qu'
on
8xploit2nt la dimension pa-
fdmetrique
d~ sYEl~me moduldiru cnomskien,
on puis-
se formuler d8S princi~8s done la fix3cion est lais-
s~e ~ l'expericnce,
c'esL-a-diru, dUX langues parti-
culi~res.

-56-
1.2.2.3.3.
Universaux absolus,
univ~rsaux impliea-
tionnels et
cendanees universellos
Un universal est dit absolu lorsqu'il est pre-
sente comme une loi.
Exprime sous la forme "toutes
les la~gues ont la forme X",
il n'admet pas d'excep-
cion. Nous avons vu que C8 type d'universal earacte-
rise la d6marche generative,
une consequence de l'hy-
pothese ilinneiste.
L'universal implicationnel est moins ambitieux
et se presente suivant la forme"etant donne
l~ presen-
ce
de x dans une langue particuliers, nous y trouve-
rons
j'oi'C8ment la propriete y;
en d'autres termes x------;.y,
l'inverse n'etant pas vrai.
Cet universal caracterise
la theorie typologiste.
Les tendances universelles sont comme leur no~ l'indi-
que,une certaine tendance des larlgues El
avoir une pro-
priete donnee.
11
faut
dire que de
'cous ees types
les universaux
absolus sont les seuls El ne pas admettre d'exceptions.
Etant donne 1 'importance
des universaux :i;mplica-
tionnels dans l'riotoire des universaux,
il nous pa-
rait important de leur consacrer un peu plus de
temps
dans cette s8c~ion, d'autant que pour la plupart,
il
n'y a
d'universaux
viables qu'implicationnels
(Mc
CaWley, 1'37'7 ).
Pour Comrie(1981),
11 y a un
inter-relation en-
tre ces 3 types;
aussi,
pouvons-nous parler:

-57-
-
d'ufliversaux ahsoluc; non-implicaoionn8ls,
comme tJar
eX8mp18,
l'univ8rsal
suivant lequ81
toutes les langues
ont des conoonnes(cE qui releve de la definition m~-
m8 L1[j~ languEs);
-d'ullivcrsaux absolus implicationnels : nous pouvons
choisir unp illustration chez Greenberg en disant que
lorsqu'une langue est de predominance VSO,
elle aura
des prepositions;
-des
tcndances non-implicationnelles:
par exemple, 1 'as-
scrtion
que
presque tout~s leo langues ont dES nasa-
les,
releve des
tendances non-i~plicationnelles;
-cnfin,
de
terldancas imi-llicationnel18s:
si une langue
est principalement SOV,
il Y d
dES
~hances pour qu'el-
le soit egalement
~ postposi:io~s.
L'importance que Greenberg dccorde aux universaux
implicationnel S
decoule dE la
oemarche
typologique
adoptee par cette ecole.
L'avantage de l'approche
ty-
pologique,
scIon
greenbs::-g,
ccst qu'elle permet
des ge-
neralisations linguistiquos la 00 loo differences sont
limitees,
pt les rapports encre
cypologie et univer-
saux deviennent evidents lorsqu'on examine una a~ser­
tion
cypologiquC! et l'ulliv8rsal implicationnel corres-
pondant.
Nous illustrerons ~ar deux exemples tires de
Greenb8rg
(1978).
par exemple,
dire qu'il n1y a ~as oe langue qui ait
1 'ordre dOlllinant OSV dan:: lc;~ ph:'3ses principales de-
claracives revient ~ dire d8
rago"
imclicationnelle
que dans une langus,
chaque fois
que l'obJ
prclced
le verbe dans
l~, pll a:;~
jec,la
:3
,
1
uj c:'
p =' cS-
'. ' 0 b j c
--:,',
_mp 1
85 L
i
e rJ '] 1:.:1 c;equ n c,' d
con-
,
)onn8C~:
di.;
,
J
qu 'c , peJU
cJU
1
1anrju
-
1
<is tence
C,:::
SGquf)flCO'
con:30nan tiqu:-
i ' l l ' irli
lal': doc.;
mots

-513 -
irnp1iqu"
l'CAi:~ti;[lcU de
:equc:ncc
medianes,
equi-
vau~ ~ di:u qu~ 'Ynologiqu~msnt i1 n'y a pas de 1an-
gU8~ de
type
pos~edan~ de~
sequences
consonantiques
~l'iniLia.l
ds
sequences mediancs,
c
qui pc: r me'e
~ Gr:,~ rilJ l', CJ d e
r~ ~ a c:
_ypu~
solon
CE
trait:
015
d
5
equcnce3
iniliale
d
equollc85
mediall EG
(l'anglai c. )
q U .. 11
de:equccnc
ini ~iQ -:
( .. d,.l·;,
c) celles qui n'on: ni l'un8
,'li
l'autre
(hawdiAn
d)
nl'in,
celles qui"Jn t
des
sequoncos
initial:,s,
a
l'exclusion
de
sequences median~s (aucuns).
La typologie
nOUD
app:end
bsaucoup
sur
.l~~-, lanr~uGs,"a th80rctical
anal/sis
0
basic
utD-
gical
conc pts
helps
us~o b~oad2n oUL conception 0;
ci'o3o-linguistic: gen',:'aliza:~ion" (G,e2nberg,
19B7,P.
58
.
r~ais .I' approche
,.ypo1ogiquec n 'es t
pas
"'8:c;teo san~i
,aille
ega.lement.
Bi::n
que I
piobl~m
de
l'echantillonnage
soit
considero par
cer tailr.;
comr;l~ un pI'obl~c:12 mineu~ (5a-
po:ta diI'a~'
la confersnc
d~ Dobbs Ferry Du'il s'a-
gi,
moins
d'un
probl~m8 li'lcluis,iqu
qu
d' un
proble-
d ..
incuctiv~
devra
~' e~; u 1 t a ., :
i' i a b 1
~a~~
camp
E
de not~=
nEk
air
cl
U 11.
O'aui_lw',
~e ,~on
008
'u
13
\\Ja..liJice
rIlc~-
.~. yp 0 log i
Ai:l:ii,
pour

-59 -
Com,ic(19tJ1
air'-,
dE']a
LY~-lologi' necessitc l'e-
tabli:~:~em'.:-'nt, dr
parameLcc3:0 El parti] dcsqu81s lE'
chercheur
doi~ o,Jen:r;
et
toute typologie impliqu8 des assom ptions
prealables
et
de nature universelle.
Par exemple,
selGI1
Comrie, l'articlc de Greenberg(1966a) qui classB 198 lan-
gues selon l'ordre des mots predominant fonds sur les ca-
tegories S,O,et V assume que:
a)
toutes leB langues
ont des ordres de mots de base,
ce
qui n'est pas toujours vrai, particulierement pour le6 lan-
gues a marques casuelles nominal>::;
;8t
bj
dans la structure syntaxique de chaque langue,
les ca-
tegories S, 0 et V sont pertinentes(cf.
discussion chapi-
tre 3).
Sanders(1975)
va jusqu'a contester le pouvoir cx-
plicatif d'une theorie universalisLe qUi s'appuie sur des
hypothe:-:3cs"probables",
sur
"des tenoance.s statistiques tl ,
arguant que c'est l~ une demarche depourvue de pou~oir ex-
plicatif ;selon lui,
dire par exemple que 94% de toutes
les langues du type SOV sont postpositionnelles peut El la
limite expliquer pourquoi dans un
8chantionnage de 100 lan-
gues 94% sont postpositionnelles mais ne peut expliquer
pourquoi une langue particulie18 comme le japonais est
postpositionnelle.
Il s'agit la,
bien sur de position extremiste et or tho -
doxe
qui n'admet guere ~'explication sans theorie cohe-
rente,
et pas de theorie coherentc sans lois(inviolables).
Une tellc attitude ne pourrait cspendant pas ~tre toleree,
pa~ticuli~~ement dans une discipline
comme la science
linguistique o~ on est oblige d'etablir des r~gles gene-
rales qui,
dans beaucoup de cas,
~euvcnt comporter des ex-
ceptions.

-60-
2.
ASPECTS DE LA MORPHOSYNTAXE DU PULAAR
Cs
chapitre
faiu
l'8col,oi~i
0
nO~~8 manuel gram-
,,,ail'\\.:; modeine du pulaar
(Sylla,
1982),
2t a pour ob-
jectif de presenter de manieimple et descriptive,
le
aspects de la morphosyntaxe du pulaar
dont la com-
prehension est necessaire a un"
bonne lecture dos
cha-
pitre~ subsequents.
Il
comporte deux ~2ctions. La premiere aborde la
classification du pulaar et
de la langue peule,
en ge-
neral;
la seconde 32ction en fait
une esquisse gram-
maticale en mettant l'accent
su=
l'orthographe et
sur
les systemes nominal
et
verbal
d
la
langu8.
1
2.1
Classification
1.
La lecteur trouvera uno
euud~ plus detaillee de la
classification
du poul
dan:= Laba"cut(1982\\.
Line esquis-
S2
ethnologique Est pr8s~ntee
dans Labatut(op.
cit.),
Mc Intosh
(1984;
et
sociologique,
dans Fager-
berg(1982).
Pou~ le3 dialect8~:; par::-es au Senegal, on
pouI'rait se I'Gporter a l'etude recente de notI'e col-
legue F.
KA
(1983 :1.
Un2
I'efJa~:tition numerique par pays
e B t
eta b 1 i e da n s urn 5 C0
( 1 9 8 5 )

-61 -
La langue peu12 appartient au groupe OUBst-at-
lantique,
de la branche du Niger-Congo,
suivant la
classification dB
Grsenberg
(1970).
Elle comporte
plusieurs dialectes s'etendant du Senegal au Tchad.
11 est difficile d'estimer la population peule ~ cau-
se de cette diaspora
cependant,
Person(1977)
evalu-
ait le nombre de locuteurs ~ 6 millions environ, eA-
tre 1940 et 1950.
De nos
jours,
on
l'estime entre 12
et 15 millions de locuteurs (UNESCO, op.cit.
)
Pour des raisons d'ordre pratique,
on peut deli-
miter les six aires dialectales principales suivantes
(Arnott,
1970):
1 • le FoClta Toro
(Senegal)
2.
le FoClta Djallon (Guinee;
3.
le Massina
( neli )
4.
Sokoto et
l'Duest
du I\\liger
5.
Le Nord-Nigeria et l'E2t-Niger
6.
L ' A:lamawa
Nombre de
dialectB~ p8u13
ont (ait l'objet d 1 etudes,
comme on s'en rendra compte dans la discussion
des cha-
pitre3 ulterieurs.
L'objet de notr~ etude ~~t 1
dialecte pulaar,
parler peul du FoClta T6:o(l\\Jol'd Se!legal
et dont nouci
30mme
un locuteur natif.
2.2.
Esquisse grammaticale
2.2.1.
Orthographe
L'orthographe employee ici e~t conforme ~ celle

-62-
adoptee par la Republique DU Senegal et qui est inspi-
ree de celle proposee par la conference de Bamako orga-
nisee par l'UNESCO en 1966. Les tableaux suivants presen-
tent le systeme orthographique base sur la phonologie
de la langue.
Tableau 1
Consonnes simples
bilabiale
labio-dentale
alveolaire palatale velaire glottale
Nasale
~
m
n
n
Occlusive
p
b
t
d
c
j
k
9
Implosive
b
er
'/
Fricative
f
s
h
Vibrante
r
Laterale
1
Glissee
y
w

-63-
Tableau 2: Consonnes gaminees et prenasales
~s gaminees:
mm
nn
nn
f)f]
bb
dd
jj
gg
pp
tt
cc
kk
bb
de!
If
11
yy
Les p rena §.~§.§.:
mb
nd
nj
ng
Tableau 3: Voyelles
courte:
V
longue:
VV
anterieure
centrale
posterieure
haute
i/ii
u/uu'
mediane
e/ee
0/00
bas2e
a/aa

-64-
2.2.2.
Classes nominales
8t
alternances consonan-
t iq ue s
2.2.2.1
Classes nominales
Le peul
est
une langue dite a classes dont le nom-
bre
varie
selon le dialecte.
Le pulaar en
compte 21
dont
deux
bivalentes,
essentiellement reparties en
in-
dice=
de classe
des humains et des non-humains,
et dont
la liste est la suivante:
Classe
des humains
Sing:
o (neddo
0
"la per:conne"j gorko 0
"1 'homme")
Pl: be
(Yimbe h
1Iles personnLs";
worbe be" les hommes")
Classe
des non-humains
Sing:
nde
(hoore nde
"la ttjte"·
loonde
nde
"la cale-
basse")
ndi
(ngaari ndi"
le
taureau":
njawdi
ndi
"le
mouton")
ndu
(rawaandu ndu" le
chien"
sawru ndu
"le
baton")
ng
(naangc ng"L::"oleil"'
nagge nge
"la va-
ch e" )
ngo
(junngo ngo"
la main"
waraango ngo
"le
courant")

-65-
ngu
( p u c c u n 9 u" 1 ie;
ch 13 'cl cd "
liingu ngu
"le pois-
son ll )
n gal
( d a ma 1 n gal
"1' a n I: _ El e "
; baafal ngal
"la iJor-
te")
n901
(laawol ngol
"le chemin"
loocol
ngol
"la per-
che ll )
ba
(mbabba ba "l'i1ne"
r.gelooba "le dromadai-
re" )
ka
(laana
ka "la pirogue";
paaka ka "le couteau")
ki
(labi
ki
"le couteau";
1 a a c i
k i
"1 a que U8 " )
ko
(maaro ko "le riz"
h u do k 0
"1' her be" )
r
dam
(lamdam dam
"le sel";
ndeelam
d~ "le liquide ll )
erum ( bale j um dum "1 a ch 0 s e n 0 ire ". da n e j um clum
la chose -blanche ll )
E..b.:de
(daagoojG
de" les nattes";
laade de
" les pi-
geons")
(lidch
di
"les poissons"
ga'i
ch "les tau-
reaux ll )
Classe des diminutifs
Sin g:
ngel
( dam81 ngel"
la pGtite entree";
dew81
ngel"la petite femme")

-66-
(
k
"
t •
kal
.kenal kal"la brise"laccal
al
la pe~l-
to quantite de couscous")
El.:kon
(cukalon "los enFants". noddon kon"les petitos
,
Classe des augmentatifs
ngal(dewal ngal"la grosse femme";
gital ngal "le
gros ooil")
,'" r
ndi
(baafiri
ndi"la grande porte"; neddiri ndi" la
grosse personne")
Enfin,
ces classes sont repartias en genr~ singu-
lier/pluriel:
o/be, nde/de, ngo/de,
ka/de,
ki/de,
ngal/de,
dum/de, ngal/de,
ndi/di , ndu/di,
nge/~,
ngu/di,
ba/di,
ko/di, ngel/kon, kal/on.
Un radical donne peut admettre un maximum de cinq
a six indices de classe:
exemplesavec le radical yit!git!ngit
yitera nde "l'oeil"
gi te
de
"les ycux"
gitel ngel "le petit oeil"
ngiton kon
"les petits yeux"
gital ngal
"le gros oeil"
yitiri ndi
"10 gros oeil"

-67-
2.2.2.2.
Alternances consonantiques
Les consonnes initiales des radicaux en pulaar
peuv8nt apparaitre sous deux ou trois formes selon la
nature du suffixe,
tandis que les initiales des suf-
fixes connaissent trois ou quatre variations selon le
2
radical auquel il est sUffixe •
a) L'alternance consonantique a l'initiale de radical
(i)- Certains radicaux connaissent une alternance Com-
plete a trois degres: degre 1(continu);degre 2(occl us i-
ve);
degre 3(prenasale)
. eX 2 mples:
-alternance y/g/ng
yitere
"oeil"
gi tel
"peti t oeil"
ngiton
"petits yeux"
2.
11 appa~tra que le phenomene de l'alternance con-
sonantique en pulaar est essentiellement morphologique.
Pour une discussion detaillee de ce processus en peul,
et dans le groupe Atlantique en general, le lecteur
peut se reporter a Anderson(1976) oG l'auteur signale
des cas de conditionnement lexical et phonologigue
attestes dans le groupe.
Voir egalemenl:.,
Skousen(1972),
Arnott(1972),
et Mc 1ntosh(1985), pour le peul en ge-
n er al.

-68-
-alternance r/d/nd
rawaandu "chien"
dawaadi
"chiens"
ndawakon "petits chiens"
(ii) -d'autres radicaux connaissent une alternance par-
tielle a deux degres, auquel cas il y a neutralisa-
tion des degres 2 et 3 au profit de 2 (autrement dit,
la prenasale disparait):
exemples:
-alternance
s/c/c
sawru
"b~ ton"
cawel
"petit baton"
cawon
"petits batons"
-al ternance
f/p/p
faabru
"grenouille ll
paabel
"petits grenouille
paabon
"p8tites grenouilles"
D'une maniere generale, donc, le tableau suivant
resume l'alternance consonantique en pulaar:

-69-
Tableau 4:
degre
1
f
s
h
r
w
I
y
j
I
I
I
I
I"'" \\/1
degre
2
p
c
k
d
b
9
j
I
I
I
I
I
1
\\
\\
i
degre
3
p
c
k
nd
mb
ng
nj
L'alternance affecte la plupart des consonnes a lie¥.-
ception de 9 dlentre elles,
notamment:
r; , cf , y,
t,m,n,n,~,l.
exemples:
- banndu
"corps"
balli
"corps(Pl)
balel
"petit corps"(Sg)
-
teppere
IItalon"
teppel
II pe tit talon"
teppon
"petits t~lons"
b) L'alternance consonantique a l'initiale des suffi-
xes
Les suffixes de classe partagent avec les radi-
caux les trois degres precites du tableau 4, auquel
il
raut ajouter le degre
0
(zero),
qui leur est
sp Bci fique.

-70-
exemples:
classe ngel
laac
-el
" pe tite queue"
mooroo
-wel
" pe tite tresseuse"
tumu
-gel
" pe tite calebasse"
bam
-ngel
11 pet i t
~n e 11
classe ngol
lef
-01
"bande de tissu"
dere
-wol
"feuille de papier"
jah
- gol
"depa"Lt"
jay
-ngol
"feu"
A partir de ces exemples, il est possible d'isoler les
quatre degres d'alternance:
degre zero
-el/-ol
degre
1
-wel/-wol
degre
2
-gel/-gol
degre
3
-ngel/-ngol

-71 -
11 resort de cette section que lIon peut divi-
ser les radicaux en pulaar suivant le type de suffi-
xe qu'ils peuvent admettre.
Ainsi, nous aurons, par
exemple,
-des radicaux comme laac-
"queue" et lef- "bande",
qui n'admettront que des suffixes d
degr~ z~ro;
-des radi.cal~X comme .!:D.9.QE.- "tresser" et dere-"feuil-
le", qui n'admettent que des suffixes de degr~ 1 ;
-des radicaux comme tumu-
" ca l e basse" et
jah- " par _
tir" qui n'admettent que des suffixes de degr~ 2 ;
-en?in,
des radicau:l<: comme bam- "tine",
et ~- "feu"
qui n'admettent que des suffixes de degr~ 3.
2.2.2.3.
Systeme d'accord
Les classes nominales gouvernent un riche syste-
me d'accord qui implique notamment les articles,
les
qualificatifs,
les pOSS23Sifs,
l~s d~monstratifs, les
d~ictiques et les pronoms.
a) Les articles
Les exemples qui ant illustr~ les classes nomi-
nalss d- la section 2.2.2.1.
moncrent que l'article,
qui se place deY,ant le nom qu' il d~tsrmine, prend la
,arms de l'indice de la ~lasse ~ laqu311e appartient
C~. nom.
Ainsi,
le5 nominaux mbaroodi
"lion",
lekki
" a r b re" , et 1 e 11 a
11 ant i lop '" 11 ,
a pp a l-~ 2 nant res p e c t i -
V Gm:::; n t.
a ux cl ass e s n di
,,!s.i_
8 C.
ba
~
se ran t
d ~ t e r mi -
n~s par
CGS
form s:

-72-
mbaroodi
n di
(lion
Det
"1·, lion"
lokki
ki
(arbre Det
"I 'a I' LJ rl~ "
lella
ba
(antilop2 08[/
"1'an[~ilop8"
b) les qualificatifs
En pulaar,
lss rapports
d
qualification sont ~­
tablis de deux manieres rondamentales.
La premiere,
8pi~h8tique, consists a juxtapose!'
des constituants
(nomirlaUX) qui entrcnt dans la description;
et la
d~uxieme, attributiv8,emploie una
construction copu-
lativ :
exemples:
( 1 ;
a.
gorko
mo/fo
hOrlme
bon
11
"un homme
bon
b.
rawaandu
moyyuru
chien
bon
"un bon
chien"
(2 )
a.
gorko
0
ko
moffo
homme
OET
CCI P
bon
"l'homme est bon"
b.
rawaan du
n du
ko
moyyuru
chien
OET
CCI P
bon
"le chi8n est bon"

-73-
Comme le montrent ces 8P<'8mples,
tous les quali-
riants s'accordent avec le nom qU'ils qualifient.
Les qualifiants peuvent appartenir generalement
aux categories participiale, adjcctivale et nominale:
-qualifiant participial
(3)
a.
kosam
larnmudam
lammu- de "etre
aigre")
lait
aigre
"du lait aigre(ou caille)
b.
ndiyam
ngul dam
(wul-de
"~tre chaud":
eau
chaud
"de l'eau chaud2"
c.
lahal teddungal
( te ddu- de
"~tre lourd")
calebassc: lourd
"une calebasscc lourde"
- gualifiant adjectival
11 exist~ un nombre restreint d'adjectifs,
cons-
truits sur des racines typiquement adjectivales,qui
ont la propriete de pouvoir donner naissance ~ des
verbes par un systeme de derivation utilisant les ver-
balisateurs d , W , et n
,selon le radical:

(4) a.
neddo
dOkko
(dokk -id
-de
"d~;veniI' bor-
gne"
peI'sonne bOI'gn
"unc personn;
borgne"
b.
nale
tokosere
( tokos-id -
de "deveniI'
petit")
genisse
petite
"une genisse pe ti te"
(5) a.
hoore
raneere
(ran
-wu -
de
"blanchir")
t~te
blanche
"une tt3te blanche"
b.
rawaandu
baleeru
(bal -wu
-de "noircir")
chien
noir
"un chien noir"
(6)
gorko mawdo
(maw
-nu -
de "grandir")
homme
grand
" un h0 mm e 9 ran d"
En plus de la proprietede pouvoir donner naissan-
ce ~ des verbes par derivation,
les radicaux essentiel-
lement adjectivaux se distinguent des radicaux essen-
tiellement nominaux par le rait que les premiers admet-
tent tous les suffixes de class8
(puisqu'ils s'accor-
dent avec leurs antecedents) aloI's que les radicaux
essentiellement no~inaux n'en admettent que 6,
comme
nous 1 'avons indique a la section 2.2.2.1.
Illustrons
le paradigme adjectival avec dokk- "borgne"

-75-
do k k 0
o
personne
bo:cgne
DET
"la personne borgne"
b.
cukalel
dokkel
n gel
en fan t
borgne
DET
"1 'enfant borgne"
c.
dewal
dokkal
ngal
grosse femme
borgne
DET
"1 a grosse femme
borgne"
d.
mbaalu
Jokku
ngu
mouton
borgne
OET
"le mouton borgne 11
e.
ngelooba
dokka
ba
dromadaire
borgne
DET
" le dromadaire borgn e"
f •
liddi
dOkki
di
poisson
borgne
DET
"1 e s poissons borgnes"
g.
nale
dokk e
nge
genisse
borgne
DET
"1 a genisse borgne"
h.
huun de
dOkkere
nde
chose
borgne
DET
"la chose borgne"
et c ...

-76-
Enrin, il est important de fai:", la distinction
entre les constructions qualificatives et les cons-
tructions dites relatives dont la similarite structu-
r~118 peut preter a confusion. Considerons pour cela,
183 deux rapports de qualification suivants:
(8) a.
nagg e
raneewe
"une vache blanche"
b.
nagge
ranUlunge
nunc vache qui a blan-
ch i "
ranaewe
(exempla a
) est un adjectif construit sur une
racine adjectivale ran-
"bla ne ",suivi8 de la voyelle
de liaison -ee-
et du suffixe de classe .::.~;
tandis
que ranwun~ (ex.~. ) 8st forme d'un radical verbal
qualificatif ran~::
"deveniT:' blanc"
(decD,'llposable en
ran-
"blanc", plw; le verbalisateur
-w-
),
suivi du
suffixe de class2 ~.
La forme en 8b est donc un8 for-
me participiale dans laqu811e le suffixe
joue, en rea-
lite,
lA rOlo de pronom relatif~
-qualifiant-EQ~ose
Certains qualifiants appa~aissent sous la Porme
composee:
(9 ) a.
'< Cl 10
jo.ll-barke
hiJte
POSS- benedi eti on
"un hiJte rich2"
b.
kodo
jOin-
banndu
h~te
POSS
-corps
"un gros he,te"
Ces qualirian~s ont, rour la plupart des equiva-
lents simples adjectivaux.

-77-
(10)a.
kodo
butto
hote
graC3
"un gras
h6te"
b.
kodo
galo
hote
riche
"un riche hote"
Pour terminer cette section,
faisons quelques remar-
ques sur le type a~tributif. Comme naus le remarquons
dans l'exemple (2), les constituants du type attribu-
tif ne sont pas juxtaposes mais relies par la copule
kg,.
Comme paur le type epithstique
, le qualifiant at-
tributif est sait un adjectif,
sait un ~articipe, sait
un nom.
Cependant,
la construction attributive a cette
particularite que son qualifie doit ~tr8 determine ou
gen er ique~
(11)a.
n di yam
* (dam)
ko
nguldam
(partici-
pe)
eau
DET
cOP
chaud
"l'eau est chaude"
b.
sonndu
*(ndu)
ko
letturu
(adjectif)
oiseau
DET
cOP
borgne
"l'oiseau est borgne"
c.
kOdo
*(0 )
ko
jom-
banndu
(compo-
se)
hote
DET
cOP
POSS-
corps
"1'hote est gros"
La qualification attributive a egalement cette au-
tre particularite que le qualifie peut ~tre un pronoffi,
auquel cas celui-ci S8 place apres la copule:

-78-
( 1 2)
a.
ko
0
[k J:]
dOkko
COP
il
borgne
"il est borgne"
b.
ko
a
(ka: J
dOkko
CO p
tu
borgne
"tu es
borgn e "
c.
ko
en
LkC.nJ
sUkaabe
COP
nous
enfants
"nous sommes de 5 enfants"
d.
ko
mi
jaambaaro
COP
je
brave
"je suis brave"
c; Les possessifs
En pulaar,
les rapports de 8ossession sont expri-
m~s par la juxtaposition du terme poss~d~ au terme pos-
sesseur, et dans l'ordre poss~d~-possesseur. Chacun
des termes peut apparaitre sous forme nominale ou pro-
nominale.
Illustrons cs ph~nomene par les exemples
(13) et (14):
( 13 ) a.
wibjo
fo on du
aile
pigeon
"1 I ai 1 e du pi geon 11
b. ngo
foondu
elle
pigeon
"celle du pigeon"

-79-
c.
wi bjo
mayru
ails
POSS
"son ails"
d.
ngo
mayru
elle
poss
"1 a sienne"
(14) a.
laaci
ngooroondi
queue
serpent
"la queue du serpent"
b.
ki
ngooroondi
elle
serpent
"celle du serpent"
c.
laaci
mayri
queue
poss
"sa queue"
d.
ki
mayri
el1e
poss
"la sienne"
-
Les possessifs non personnels
Le
tableau suivant donne la liste des possessifs
non parsonnels selon la classe nominale
.

-80-
( 1 5 )
Classes nominales
Poss8ssifs
ndi
mayri
ndu
:nayru
nge
magge
ngo
maggo
ngu
maggu
ngal
maggal
ngol
maggol
ba
mabba
ka
makka
ki
makki
ko
makko
darn
majjam
Jum
majjum
de
majje
di
majji
ngel
maagel
ka.l
mskkal
kon
makkon
-
Les ..Qossessifs personnels
Seuls les possessifs de la troisieme personne
seront concern~s par l'accord.
Toutefois,
nous donns-
rons le tableau g~n~ral des poss~ssifs personnels
( 16 )
singulier
1-
am
2-
masera
maa
3-
makko

-81-
Pluriel
1-inclusif
mee dEln
men
1-exclusif
amen
2
moodon
mon
3
mabbe
I\\btons
que 18s formes de la ·2e personne du sing.,
de la 1ere personne inclusive,
et de la 2e personnG
du pluriel sont 30uvent r~ali3~es contract~es. 11
s'agit la de variantes libres :
( 17 )
sehil
am
"mon ami"
sehil
maa
"ton ami"
sehil
makko
"son ami"
sehil
men
"notre ami(toi compris)"
sehil
amen
"notrG ami(toi non compris. "
sehil
mo:',
"votre ami"
sehil ma6be
"leur ami"
-Les suffixes Bossessifs
Des suffixes posscssirs pcuvent 2tre em~oyes ~ la

-82-
place dos p00ses~ifs pleins du tableau (16
lors-
que les rapports de possession sont assez
etroi~s com-
me c'est le cas des liens dB parent~.
Ainsi,
dan::; l'exemple
(18,
suivant,
il n'ost pas possiblE) de
substituer au suffixe posse3sif de la 2e personns du
singulier ~
son ~quivalent plein maa:
( 1 8 )
a.
es
-8
(*8S-
maa)
"con beau-parent"
b.
rnawn - e
(* maUJn-
maa
" ton frere
a.tne"
c.
ta6n
- 8
(*taan -
mad
"ton grand-parent"
D'autres suffixes possossifs sont illustr~s dans
les exemplas suivants avec le radical es-
"beau-pa-
rent"
( 1 9 ;
8S
-iiko
Ilson beau-parent"
os
-on
"notre beau-p;<tl'ent"(inclusif
es
-on
" Vo t r 2
b eau fJ are n t "
es
- i i ~
"leur beau-parsnt'l
d
Los d~monstratifs et 183 deictiquGS
-Les demonstratifs
Ls:::; demonstratil;
sonL
"OJ'rI!Uci
de l'iildice de
cla::-
se
(ordinaire ou modi~i~), auqucl p~ut s'adjoindre un3
pa~ticulE locative.

-83-
LQS demonstratifs viennent avant ou apres le nom
qufils modifient:
exmples:
(20)
sans particule locative
00
debbo
"cette femme"
(debbo
00)
ndii
ngaari
"ce taureau"
(ngaari ndii)
n guu
puccu
lice cheval"
(puccu
ngu )
(21)
avec uns particule~cativc de p~oximite
oodo
de b b 0
" c e_ t 8
f 2 mm: - c i"
(d ebb 0 00 cl0 )
ndiido
ngaa:Li
"ce taureau-ci"(ngaari ndi-
ido)
nguudo
puccu
"c e che val-ci"( p uc c u nguudo)
(22)
avec une particule locative dfeloignement
o oS:.2,
dcbbo
"cette femme-la"
(debbo
ooto
n dii to
ngaari " c:: taureau-la"
(ngaari ndiito)
nguu12
puccu "ce che val-la"
(puccu nguuto)
Let ab le a u sui van t p 1:' e s e n t e le spa r tic ule s 1 0 c a -
tives les plus freQuentes avec des degres d'eloigne-
ment fixes de 1(moins eloigne) a 4(plus eloigne):

-84-
(23 ..
Proximite
Eloignemen t
1
2
3
4
do(proche du locuteur)
da
to
too
toya
gaay(proche du locuteurj
cfaayen
toon
tooye.-rte
doon(proche de l'auditeur
-lls deictigues
Comme pour les demonstratifs,
les deictiqu~ com-
portent des deictiques de proximite et des deictiques
d'eloignement et peuvent ~'adjoindre les particul~ 10-
catives qui figurent dans
(23
exemples:
(24) proximite par rapport au locuteur
o
"celle-ci"
(referent:
debbo"femme")
ndi
"celui-ci"
(:Leferent:
ngaari"taureau",
ngal
"celle-ci"
(:Leferent:
damal "entree"
(25) avec particule locative et proximite par
Lapport au locuteur
oOdo
"celle-ci"
ndiido
"celui-cL"
nguudo
"celui-ci"
ngallJ
"celle-ci"

-85-
(26)
~imite par rapport a l'-auditeur
ondoon
"celle-la" (pres de toi)
ndiidoon
II ce l u i-la"
(pres de toi)
nguudoon
"celui-la" (pres de toi)
ngaldoon
"celle-la" (pres de toi)
(27)
deictigulJs ~eloignefl)ent .a~~~lasse des
h urn ain s
ooda
"celle-la"
ooto
"
ootoon
"
ootooyen
"
etc.
2.2.3
Le systeme verbal
Le pUlaar est une langue a predominance aspec-
tuelle, et il est comnunement admis qu'elle compor-
te deux aspects fondamentaux:
le Perfectif (p) et
l'Imperfectif(IMP).
La forme de ces derniers va:i:'ie
ess2ntiellement en fonction de la voix,
ou role du
sujot dans le deroulement du proces.

-86-
2.2.3.1.
La voi x
11 existe trois voix en pUlaar:
la voix acti-
ve(A), moyenne
(M) et paSSiVFJ (p).
Illustrons C8s
d8rnieres avec l'infini:'i'O' du verbe
suud- "cacher":
(28)a.
suud
de
"cach er 11
cacher- A
11\\1 F
b.
suud -aa
-de
"S8 cacher"
each er-M
-IN F
c.
suud -ee
-de
"~tre cache"
cacher:.p
- IN F
Devant un radical se terminant par deux conson-
nas,
une voyelle g
est inseree ~ la place de la mar-
que active
,comma crest le cas de jagg~de
"attra-
pei''' et holl.!:!.de
"montrc.,:'.
La morphosyntaxe et la valeur des voix seront
amplement abordecsdans lee chapitres ulterieurs.
2.2.3.2. Le Perfectif
Les series du Perfectif (P1
) sont les
sui 'J3ntes:
(29)
A
p
{/u
i
a

-87-
i
i i
aa
i i
iima
aama
La forme de ces series peut Gtre affectee par
deux regles fondamentQles
(R
et R
) :
1
2
R
La voyelle i
de
P2
tombs devant des 818-
1
ments suffixes :
exemples:
A.
loot -(
i -':> 15
- mi
laver-
(P2
)
-je
"je lavCli"
M.
loot
-ii
mi
laver
-P2
je
"je me lavai"
P.
loot
-da -
mi
laver
-p-
je
"je fus laV3"
R2
:
les voyelles lonyues de P2
et P3 au moyen et
au passif deviennent breves devant un suffixe accentu8
I
(30)
avec
P2
moyen
loot - (i i -~ i) - den
laver-
P2
-nous
" nous nous lav03.mes"
I
loot -(ii->i
-daa
P2
tu
"tu te lavas"

-88-
lOlOLt
-ii -
mi
laver -P2
je
"je me lavdi"
/
(3t) avec P
passif
1 Dot - ( a
den
2
<3 -";> a)
laver-
P2
nous
"nous fOmes la\\/8s"
I
1 0 0 t
-
(a Cl -> a) - era a
laver-
tu
"tu fus la\\/8"
mais
loot
-aa
- mi
laver -P 2
jFJ
"je fus
lave"
(32 ) avec P
moyen et passif
3
3
0
lout -(ii ->i
)- noD
- ma
il
lavgr-
P3
-Pret - fJ 3
"
il s'etait lave
"
o
loot -(aa-> Q)- noD -ma
il
Laver-
P
-Pret -
P
3
3
"il avait ete 13ve"
3 •
p 0 u r
1 e p r 8 t 8 r i t -ll.9!n 0 LJ ,
V 0 i r
in f r 3 (:3 e c t i 0 --;
2.2.3.4.)

-89-
Les emplois les plus fequents du Perfectif sont
12~ suivants:
P1
est l'aspect emphatique employe
dans les reponses ~ux questions portant sur l'acti~~
d'un enonce:
(32)
Question:
ko
Oemmba
wad
-i
?
Q
Oemba
f ai I' e - Asp
"qu'a fait Oemba ?"
Repon se:'
Oemmba
dog
-lit
courir
-p 1
"Demba_
s'est enfui"
P2
est souvant employe dans la narration gt c'est
pour cela qu'on l'appelle, dans la litterature, le
passe narratifj
il est aussi l'aspect de la mise en
reli8f(cf.
chapitre 4).
Tandis que
P1
et P2 sont des aspects lies au
contexte, P3 est une serie frequente dans les propo-
sitions independant8s:
(33)a.
Sammba daw
-ii
gose
partir de bonne
heure
-P3
champ
"Samba est all e au ch amP de bonne heure"
b.
ngaari
n di
diw
-iima
galle
taureau
OET
sau~.er
P3
enclos
"le taureau Cl sau l, e l ' en cl 0 S 11

-90-
:::twf
-aama
pi:cogue
DET
pc.gayer -
P3
lit.
"la pirogue a ete pagayee"
~bn a fai~ avancer
. 1\\)
la ~irogue a 1 a pagale
Les series du perfectif sont niees par la for-
me unique:
(34)
A
M
p
aaki
aaka
Nous verrons plus loin, au chapltre 10, que ces
formes ne sont pas compactes mais
composees de la
marque negativG ~ ,
de consonn8S a valeur epen-
thetique
1nl
et
Ik/, et d'elemsnts vocaliques a
valeur aspectualle, -i
et.=.§. .
2.2.3.3.
L'Imperfectif
Les series de l'imperfectif (I MP,
, 1MP2 , et
1IVlP3
) sont les sui1JQntes:
(35)
A
M
P
I MP,
0
e
1MP2
a
00
88
IVlP
oto
ete
cl
3
~.
1MP4
ata
otoo
et Cle

-91-
Des formes en
(35),
sBules H1P3 et IMP4 peu-
v~nt varier suivant le contexte phonologique.
Cet-
te variation se tradui~ par:
a)
une chute de la voyelle pr~c~dant la consonne t
dans ces formes,
devant una syllabe de structure VC:
(36) ~.lli3
A.
mi
suud
-oy
-tu
( /at/ --> l tu] )
je
cacher
-~WT
-I MP 3
"je vais cacher"
M.
mi
suud
-oy
- to
/otoo/ --~<too~ )
je
cact!er
-~WT
- 1MP 3
"je rvais me cach er"
P.
mi
suud
-oy
-te
/ e t e / _< t e ] )
je
cacher
-~1VT
-I MP 3
"je vais pour t'ltre cach~"
(37 ) avec IMP4
A.
ko
miin
suud
-oy -
ta (/ata/-'>ltal )
EMP
moi
cacher-
MVT
1MP4
"C'est moi qui. v21is cacher"
M.
ko
miin
GUlld
-o~!
- tuo (/0 t 0 0/-) [t 00] )
EMP
moi
cacher
-MVT - IMP 4
"C'est moi qui vais me cacher"

-92-
P.
ko
miin
suud
-ay
..,.tee (jeteej -;,. lt~eJ )
EMP
moi
cacher
-MVT -IMP 4
"C'est moi qui vais ~tre cach e"
b) l'effet des regles R
et R
enonceas a la sec-
1
2
tion precedente, sur IMP4 qui est le seul aspect de
l'imperfectif qui admet des clitiques
forts.
Sui-
vant le type de suffixe,IMP4
peut apparaltre sous
l'une des formes de ce tableau:
(38 )
1
2
3
4
A.
ata
ta
Qt.
M.
otoo ~
too
oto -- to
P.
etee
_
tee
ete --- te
Ces formes apparaissent dans les contextes suivants:
1.
formes de base:
(39)a.
oon
suucfa ta
goonga
DEIC cach er-A
verite
"c' est celui-Hl qui cache
la veri tell
b.
Don
sUUJOtOD
DEL C
M
"c'est celui-la qui se cache"
c.
oon
suuJet ee
DEI C
P
"c'est celui-Hi qu'on cact1e"

-93-
2.
en presence d'un derivatif de structur8 VC
(40) a.
oon
suul
-oy
ta
DEIC
cacher-MVT
A
"c'ast celu5..-1a qui "la cacher"
b.
oon
suud
-oy
- too
DEIC
cacher -MV T
f"I
"C'est celui-la qui va se cacher"
c.
oon
suucf
-oy
-tee
DEIC
cacha
-MVT
-p
"c'est celui-la qui va ~tre cache"
3.
de van t suff ixe s accen tu ss
(41 ) a.
cuud
-at
-on
ko
goonga
cacher
- A
-vous EMP
verite
"c'est lIa verite que vous tJtes en train de
cacher"
b.
cuucf
-oto
-moo - mi ko
law
cacher-
M
- lui -je EMP
t6t
"je me cacharai de lui tot"
c.
cuucl
-ete
-den
ko
j ann go
cacher -P
-nous
EfVlP
demain
"C'est demain qu'on \\.fa ~tre cache"
4.
dans les contextes 2 e~ 3 cOl1bi:-H~S
(42)a.
cuud
-oy
-t
-
on
ko
goo~ga
cacher -MVT -A
-vous EMP verite
"c'est 13. 'c'erite qU8 vous allez cacher"

-94-
b.
cuud
-oy
-to
-moo
-mi
:':0
18s le8so
cacher-MVT -M
-lui
-ja
EMP
sous
lit
"c' ast sous le li~ que je vai:3 me cacher de
lui"
c.
cuud
-oy
-te
-den
ko
les leeso
cacher-MVT -M
~nous
EMP
sous
lit
"c'est sous le lit que nous allons tltre caches"
Du point de vue fonctionnel, les qU3t~e
series
de l'impsrfectif expriment toutes,des actions ina c -
complias • Chacune d'elles pr~s8nte une- particulari-
te dont voiei l'essentiel :
IMP
s'emploie pour exprimer l'imperatif, l'horta-
1
tif ou le souhait, C8 qui represents uns m~me enti-
te semantique:
(43) a.
haal
"parle
"
b.
yoo
na:.:::m
" qui i 1
man 9 8 !
"
c.
yoo
Alla
su u:c
mo :
"qu
Dieu le garde"
Dieu
proteg:~r
lui
1MP2 s'emploi. generalsment dans d2U>( contextes:
dans la mise en relief de l'action d'un enonce(r6-
le qu'il partage a'Jec 1MP3 ,3l, P1
(cf.44 ) tot dans la
na~ra~ion, comme as~ec~
des evenements en sequence
(r61c:
partag ~ avec P1
(cf. 45

-95-
(44 a.
ko
Au1 i
JJad
-ata
?
Q
fai:~ L
-ASP
"Que
fai t
A1i 7"
b.
omo
naarn
-Cl.
11
>i13ng c r
- lllP_2
"i1 est en train de manger"
(4S;a.
0
naat
-<1
gaJ.18
, gawlo
wulJ_
-a
i1
entr.::r -IMP
mai ,30n
gri::Jt
crier-H/\\P2
2
"il entre
dan s la maison
Ft
le
griot
chante"
( a
b.
o
naai.:
-at
CJa w10
wull -
I*at
l
.
il
entre
g.f' i 0 L
crier-
(II'IIP
I
2
\\
.
I* IMP3 f
"des qu'il
entrE,
l::c
griot
chante
"
IJVIP
s'emploie
dan:3 la mise
En
I'elief de 1 'action
3
d'un enonce a l'inscar de P1
(cf.
46b)
, a l'impe-
rat i f
d' ha b i tu de
(c f.
47'
s t d an s le s
v er i t es 9 en e-
r a1 e s
(c f.
4 8 ) :
(46)a.
ko
Aali
wad
-ata
nder
suudu
7
Q
faire
-ASP
dans
case
"Que
fait Ali dans la casE 7"
b.
Aali
yii1
-oto
i'aak3
cheI'cher -IMP
couteau
3
"Ali
chGrche
un
cout-eau"
(47 a.
Baab3
wiy
yo
m:'
udd
-at
damal
oerE:
dit
Hort
je
fp~mer -I~P3
porte
"papa a
di t
qU8
je
prenne l'nabitude
de
fermer
la CJort
"

-96-
b.loot
-oto
laver
-IMP3
" p r end s I ' h a bit u dE:!
d L
t I", 1 a v e' r !
"
(48)a.
boobo
naam
-at
en fan t
manger
-II"IP3
"un enfant doit manger"
b.
de bbo
pullo
-a~
na'i
femme
peUl8
trail's -IMP3
vaches
"une peule doit trail's les vaches"
La s~ri~ 1MP4
s'emploiB pour mettre en rElief
1
constituant non verbal
d'un ~nonc~, rOle qu'slle
pa:=-tage avec P2
(49"a.
ko
baanoowo
0
ridd
-ata
ngil'ja
EMP
chasseur
D~t
poursu~vr8-IMP4 phacochem
ba
DET
"Cl est
le chasseur qui poursui t
le phacochere"
b.
ko
:lgirja
ba
baari'ooLUo 0
ridd .
-ata
EMP
phaco- DEI
chasseur DET poursuivre-IMP 4
chere
" c 'est le phacachere que le chasseur POU~
sUit ..
La N~gation suffixale de l'Impsrfectif est:
A
I"]
P
-otaako
-etaake
Neg =3a
Asp ,J C t s : at
0 t. . 0; et .., e
consonn2
ep8nth~tique k.

-97-
2.2.3.4
Le pr~t~rit
Le pr~t~rit
Bst une cat~gorie essentiellement
temporell
qui marque l'ant~riorit~ an pulaar, et
dont la forme est /no/ ,souv8nt
r~alis~8 inoo1 s8-
_.
~
Ion l'aspect qu'il modifie.
Le paradigme suivant pr~­
sente la compatibilice du morphellle DU pr~t~rit
<3.vec
18s diff~rentes s~ries aspectuelles:
A.
Aali
suud- 525 -.Q.£
sawru
ndu
cacher-A -PRET baton
DET
"Ali avait cach~ le baton"
M.
Aali
suucf
- i
- no
cacher-M
PRET
"Ali s'ecais cach~"
P.
Aali
suud
-a
-no
cache:L -P
-PRET
" Ali avait 8t~ cach~"
A •
ko
Aal.i
suucf- e5 -noo sawru
ndu
E[VIP
cacher-A -r:R ET baton
DET
"c'est Ali qui avait cache 18 baton"
IV! •
ko
Aali suud
-i
- noo
EMP
cachsr-M
-PRET
"c I est. AI i qui s' etai t c a c he"
P •
ko
,0. ali
suud
-a
-noo
EMP
cache:L -P
-pRET
"C'est Ali qu'on avait cache"

-98-
P3
A.
AaJi
:3uud
-11
=DQ
sa\\H'U
ndu
ca cher -A
-pR ET
" Ali
avait cache 18 bl:l.to:l"
M.
Aali
suud
-i
-D.Q.Q.
ma
cacher -11Il
-PERT
M
"A 1 i
3'etait cache"
P.
Aali
suud
-a
-noo
-ma
cacher
-P
-PRET -M
"Ali avait ete cach e"
(incompatible avec le preterit)
(incompatible avec le preterit)
IMP
: A. Aali
suud
ndu
3
-at
-no
sawru
cacher
A
-PRET
baton
DET
"A li
avait cache le baton"
M.
Aali
suud
-oto
-no
cacher -M
-fJRET
.' Ali se cachai-':."
P.
ALlli
suuc:f
-ete
- no
cacher- P
- PRET
"On cachai t Ali"
Nous pouvons remarquer que P1
et 1MP3
prennent
toujours la forme breve du preterit;
c'est le cas
8galem e nt du P
actif.
Les autres series.(i.e.
P2 et
3
P3
moyens et passifs, et 1MP4) prenncnt la Forme
allonyee DQ2.
On remarque, ensuiL;, qu'il y a incor.l-
patibilite entre la marque du preterit et les series

:..99 -
de l'mperfectif IMP1
et IfV\\P2'
c
qui p8ut
s'expli-
quer par le fait que ces Formes Rxpriment
g~n~ra­
lement des actions potentielle::: alnrs que le prete-
rit est essentiellement une ca~~goriE de l'anterio-
rite.
2.2.3.5.
Les derivati['s
Les derivatifs verbaux ou Gxtensions verbales
sont direct5ment attaches au radical et ont la pro-
priece d'etendrs la champ :::emantiquB de celui-ci.
a) Inventaire
Les derivatifs seront donn~s dans leur forme
de base;
cependant, ils pauvent avoir plusieurs fonc-
tions et cet inventaire n'epuiss ni les formes ni
les fonctions du riche systeme du pulaar.
/r/
ajoute ~ un radical, il a valeu~
de
-instrumental:
(51)a.
mi tal
-ii
teew
ngu
j [" couper -A SP vi an de DET
"j'ai coup e la viande"
b. mi tay - r - ii teew ngu paaka
je couper"'INST_A viande DET CoU-
teau
" j I a i
co U p e 1 Cl. v i and e a \\) G C un
co u -':; f? aLl'

-100-
-maniere:
( 52) a.
mi
yah
- i i
wuro
je
alleI'-ASP
vill~e
"ju vai:;
en
viI. e"
b.
mi
yah
- I'
- ii
seese
je alleI' -INST - ASP
viiI. [3
" j e v a i '3 1 e n t Gm e n t e n vi 1: e "
-locatif ablatif:
(53)21.
Aali
jiw
-iima
:,;, aut G r -A S P
"Ali
,'1.
.3aute"
b.
Aali
eJiw
-
I'
-l:ma
dow
saut8I' -
II\\lST
haut
"Ali '3. 3aute depuis le haut 11
It/: ajoutl~ a un radical, il a valeur de
-inversi f:
( 54 ) a.
mi
sow
- i i
com.ci
di
J ...
pL_eI'-Asp
v~tements
DET
"j'ai ;Jlie les
vt:ltGments"
b •
mi
sow
-
t
-
i i
comci
je
plieI'-INV -ASP
vt:ltements DET
"j'ai ceplie les
vt:ltements"

-101-
-rep e ti~i. f
(55)a.
mi
ha<.:ll
- i i
j 8
par 1 e r
-A 5 P
" j 'ai par le 11
b.
mi
haul
~ t
-
ii
'je
par1lH
-REP
-ASP
"j'ai ~ar1e a nDuveau"
-reflexif
( 56 ) a·
UJ ar
nuu/i
li
tu
fourmis
DET
"tUB 1:.:::s fourmis!"
b.
war
t
-
0
tuer -
REF
-ASP
"tue-toi!
"
/n/:
ajout~ a un radical, il a valaur de:
-ractitif
(ou causatif):
( 57) a.
o,ali
dog
- i i
couri:-
-ASP
"Ali
court"
b.
mi
dog
-n
- i i
!{ali
ju
courir-CAUS -ASP
" j , ai
fait
co u l' i ' A1 i "
/oy/:
ajou::o '." un radical,
5.1
a
v;;Jleur
je:

-102-
-mouv;3mcnt:
(58)a.
0
add
- i i
lahal
i l
apport8r
-ASP
caleba:3se
"il a 3.pporte uno calebasse"
b.
n add
-.£i.
- i i
lahal
i l
J~port~r-MVT
-ASP
calRbasse
"il
est alle chercher(lit.apporterj une
calebasse"
/an/:
ajout~ ~ un radical, i1 a valeur de
-benefactif:
(59)a.
Raamata
law{
- i i barme
0
Ramata
laver -ASP marmite
DET
"Raf"lata a lava la marmite"
b.
Radrnata
lauy -an
-ii
Raki barme
o
laver
-BEN
-ASP
marmi te
DET
"Rarnata a lava la I:larmite pour
Raki"
-locatif directif:
(60Ja
mi
ckg
- i i
je
courir
-ASP
"je
cours"
b.
mi
do IJ
-an
- i i
wuro
je
courie ~DIR -ASP
ville
" j e cours
VG J~ S
la \\Jil1e"

-103-
/kin/:
ajouti-: a. Ui: ,:,adical, il a valeUi
de:
-simulati f:
r v '
(61 )a.
O:TI C
ni
n2.:1m
-a
i l
ASP
manger
ASP
"il est en
train de
manger"
,..,.
b.
omo
ni
naam
-kin.
-00
il
ASP manger -
SIM
-A SP
"il fai t
se mbl an t
de manger"
/d/:
ajoute a un radical, il a valeUT de:
-associatif
(62)21.
Aali
yah
-ii
partir
-ASP
\\' A1 i
Bst parti"
b.
be
njah
id
- ii
ils
par Li r -
ASS -
ASP
"ils sont paTtis ensemble"
-::)(haustif:
( 63) a.
na'i
am
ngaT
-ii
vaches
mes
aT:Liver
-ASP
"mes 1J3ches sont arT ive.es"
b.
na'i
am
ngaT
-
8
-ii
v3ches
mes
aTriveT-EXH -ASP
"mes vaches sont toutes arri'Jees "

-104-
/ondir/:
ajout~ ~ un radical, i1 a valeur de:
. -reciprocif
o
buuc
-iima
mo
il
GmbraS::::2r
-ASP
lui
"11 1 'a embrasse"
b.
be
bULJC
-on di r
-ii
embrasser
-REC
-ASP
"ils se sont embrasses"
D'autres aspects des dsrivatifs seront abordes
ulterieurement,notamment
dans le cadre de l'etude
de la transitivite.
b~ formes
Deux phenomenes peuvent affecter la forme des
derivatifs . Le premier est dO ~ l'insertion d'ele-
ments vocaliques avant ou apres les extensions,
et
concerne essentiellement les derivatifs consonanti-
ques ou ~ initiale consonantique(cf.
(65)
)le deu-
xieme est intrinsequ8 et lie au changement de
for-
me des extensions elles-m~mes, dO ~ l'environnement
phonique(cf. (66)
(65)
: -insertion de i
a.
be
kabb
-ir
-ii mQ bog90l
ils attachEc
-INST -ASP 1ui
cords
"ils l'ont att3.che avec la corde"

-105-
b.
0
udd
-it
-ii
damal
ngal
il ouvI'iI'
-REV
-ASP
porte
DEI
"il a OUIle rt la porte"
I '
c.
be
peyl
-id
- ii
lekki
ki
il s
coupeI'
-ASS
-ASP
arbI'e
DET
"ils ont coupe ensemble l'arbre"
: -insertion
de u
d.
wad
-nu
mo
dum
faire
-CALlS
1 ui
"fais-le lui faiI'e!
"
e.
ar
-tu
de
venir
-REP
-IN F
"revenir"
les complexes
*11'
et *1'1' ne sont pas permis
a.
haal
-du
seese
(* haal.E.u
seese
parler
-MArJ
douc6ment
"par le doucemen ti"
b.
ar
-du
-de
S82S'2
(* arrude
see se
venir -IIIJAN
- 11\\1 F
doucement
"venir lentement"
2.2.4.
Le systeme pronominal
Les tableaux suivants Lesument les formes pro-
nominales du pulaar.
Une
etud~:
~lus detaillee dc; cel-
les-ci sera faite aux chapitres 4 et 5,
en rapport

-106-
avec les processus d'anaphorisationet d'enclise.
2.2.4.1.
Les personnels
Pronoms sujets
pronom
su j 8 t c3
Pronoms
pronoms
courts
longs
objets
independants
Sing
1
mi
mi do
kam/mi
miin
2
-a..J-aa rv -daa
ada
rna r- maa
aan
3
0
0110
mo ~ moo
kanko
Plur.
1 2 x.
min
amin
min
minen
1 i:l .
--:n .......... ~n
e~n
men/en
enen
2
on
don
.r-J
odon
mon/on
onon
3
be
abe
be
kambe

-107-
2.2.4.2.
Les pronoms non porsonnels
Les pronoms non J8rsonnsls sont des indices DU
des reflexes de classes~
Classes
pronoms sujets
Pronoms 8ujets
pronoms
pronoms
courts
longs
objets
in d Bp end an t s
nde
nde
ande
n de
kayre
ndi
n di
andi
ndi
kay ri
ndu
ndu
andu
ndu
kayru
nge
nge
ange
nge
kannge
ngu
ngu
angu
ngu
kanngu
ngaJ.
ngal
angal
ngal
kanngal
ngol
ngol
angol
ngol
k ann gol
----_.__._---~-
4.
Cette presentation est
volontairement rendue non
Bcono-
mi que ( cf.
id en tit 13 des for m'3 s des colon n 8 s 1, 2 e t 4,) ma i s
a l'avantage de mettre l'acccnt sur la difference
fonction~
nellG.

-108-
ngo
ngo
ango
ngo
kanngo
ba
ba
aba
ba
karnba
ka
ka
aka
ka
kanka
ki
ki
aki
l< .i
kanki
ko
ko
aka
ko
kanko
dum
dum
adum
dum
kannjum
dam
dam
adam
darn
kannjam
n gel
ngel
angel
!ltjel
kanngel
kal
kal
akal
kal
kanngal
dG
de
ade
dE
kann je
cfi
di
ach
di
kannji
kon
kon
akon
kon
kankon

-109-
3- FONCTIONS SYNTAXIQUES
Dans ce chapitre, nous nous proposons
d'etudier
le comportement des syntagmes nominaux afin de deter-
miner les fonct~ons syntaxiques en pulaar.
En effet,
les notions de sujot,
d'objet etc.
sont fondamentales
dans une description syntaxique de cette langue.
Apres avoir defini le sujet et replace cette fonc-
tion dans le cadre des caracteristiques dites univer-
selles du sujet, nous consacrerons le reste du cha-
pltre a l'objet et au circonstant. Nous essaierons
notamment de demontrer l'existence,
en pUlaar,
de
sous-categories objectales(objet direct et objet in-
direct).
La derniere partie cu chap~tre cernera la
notion de circonstant(ou oblique) en mettant l'accent
sur le traitement des
locatifs.
3.1. Le sujet
La notion de sujet a fait l'objet de plusieurs

-110-
controverses
dans la linguistiqu8 moderne.
Pour Keenan (1975), il s'agit la d'une entite
multidimensionnelle pUisqu'apres avoir fait l'inven-
taire des proprietes du sujet dans plusieurs langues,
il aboutit a la conclusion que dans une phrase de ba-
se, le sujet est ce nominal qui possede un plus grand
nombre de ces proprietes.
Pour d'autres tenants de la grammaire relation-
nelle (Perlmutter et Postal,
1974,1977;
Jdhnson,1976),
les relations grammaticales 'sujet de',
'objet direct
de',
'objet indirect
de'
sont des notions primitives
non definies mais dont l'existence est necessai~e a
l'explication des phenomenes syntaxiques.
Une tendance plus critique a remis en question
l'universalite du sujet sur la base de specificites
linguistiques(Schachter, 1976:
FOley &
Van Valin Jr.,
1977
Hagege, 1978).
Dans cette section, notre dema~che consiste a
presenter, dVabord,
les proprietes du sujet en pulaar
telles qu'elles se degagent de diverses descriptions
de cette langue
, a examiner, ensuite, la pertinence
de ces proprietes par rapport a un certain nombre d'~­
niversaux caracteristiques de cette fonction.
3.1.1. Le sujet en pulaar
Dans les descri~tions du peul qui existent, le
'sujet' est une categorie simplement admise a la ma-
niere traditionnelle.
11 est defini par sa position

-111 -
par rapport au verbe et par son accord avec celui-ci
(Gaden, 1931;
Labouret, 1952; Arnott, 1972, Anderson,
1976; Ka,
1977).
- Anteposition
Dans un enonce verbal declaratif non emphatique,
le sujet est ce syntagme nominal qui precede le ver-
be. Cela est apparent dans las etudes typologiqu8s
dans lesquelles le peul figure parmi les langues du
type SVO et dans la structure
2..\\L
p
que Labatut (1982) donn • . pour llenonce verbal o Cette an-
teposition est attestee dans le dialecte qui fait l'ob-
jet de notre etude:
( 1 ) a.
cukalel
ngel
dog-
ii
enfant
DET
courir-
ASP
"l'enfant COl:J:!:'t"
b.
gorko
0
sood-
ii
puccu
homme
DET
acheter - ASP
cheval
tll'homme a achete un che val"
c.
mi
naam - ii
je
mange - ASP
"j'ai mange"
d.
micro
ar
- a
je
venir - ASP
tlj'arrive"

-112~
Nous verrons dans les sections suivantes que l'ant~­
position n1est pas toujours presente dans les ~nonces
p eUls •
- Accord avec le verbe
L'accordentre le verbe et son S~j8t, qui se fait
~ travers l'alternance consonantique, est conditionne
par deux facteurs:
pour 18s radicaux verbaux ~ conson-
ne initiale alternante le sujet au pluriel entraine
systematiquement l'apparition du degre 3 d'alternance.
Ainsi les deux premiers enonces de l'exemple(1) don-
nent au pluriel:
(2) a.
sUkaabe
be
ndog-
ii
enfants
DET
courir-
ASP
"les enfants courent"
b.
wor6e
6e
co od -
ii
puccu
homme
DET
acheter-ASP
cheval
"les hommes ont achete un cheval"
La position postverbale du pronom entraine ega-
lement l'apparition du degre 3 d'alternance
(3) a.
ngar
-mi
venir
-je
"je vins "
b.
ndog
-daa
courir
-tu
"tu courus"

-113-
3.1.2. Le sujet universel
Examinons les faits qui precedent, ainsi que d'au-
tr:s comportements du nominal sujet traditionnel dans
la perspective du sujet universel tel quail apparalt
notamment chez Hagege (1978) et Keenan(1975).
Chez Hagege, les langues oiientees vers le sujet
(par opposition aux langues orientees vers le topiqu e )
sont celles qui manifestent une servitude subjectale,
c'est-a-dire, dans lesquelles "il y a co'incidence en-
tre, d'une part,
le phenomene formel d'acco~d et le
caractere indispensable, seuls traits exclusivement
propres au sujet et, d'autre part,
l'anteposition que
le sujet partage
le plus souvent avec le theme quand
celui-ci est en t~te"( p.
15)
Trois proprietes apparaissent dans cette citation:
l'accord, le
caractere indispensable et l'anteposi-
tion, les deux premieres etant considerees comme plUS
propres au sujet.
Comm~e~t le sujet du pUlaar se si tue-t-il par rapport
aces proprietes ?
Nous avons montre , dans les sections precedentes,
quail existe un phenomene d'acco~d formel entre le su-
jet et le verbe en pulaar. Cependant, celui-ci n'est
pas toujours transparent a cause de l'existence de con-
sonnes non alternantes
~ ainsi dans (4) ci-dessous, le
nombre et la place du pronom n'ont pas d'effet appa-
rent sur la forme verbale:


-114-
(4) a.
ullundu
fJ abb
-ii
dow
lekki
chat
mon ter -A SP
sur
arbre
"un chat est monte sur l'arbre"
b.
ullu di
fJabb
-ii
dow
lekki
chats
monter-ASP
sur
arbre
"des chats sont montes sur l'arbre"
c.
mi
1 el
-iima
je
coucher -ASP
"je me suis couche"
d.
lel
-ii
-mi
-A SP
-je
"je me co uch ai "
Quant au caract~re indispensable,
disons que le
sujet pUlaar n'apparait pas avec les verbes du type me-
teorologique,
d'ou son caract~re facultatif dans la
formule de Labatut(cf.3.1.1.):
(5) a.
tob
-ii
pleuvoir
-ASP
"il a' pl u"
b.
il
-ii
inonder
-ASP
"il y a
inondation"
c.
west
-ii
faire jour
-ASP
" .il fait jour"

-115-
d.
hiir
-ii
faire nuit
-ASP
"il fait nuit"
e.
jenng
-ii
se faire
tard-ASP
"il se fait tard"
L'anteposition du sujet n'est pas toujours evi-
dente er
pUlaarj
car le pronom sujet peut ~tre post-
pose.
Il l'est m~me obligatoirement dans les enonces
au P2 et a l'IMP3 contenant des pronoms sujets courts:
(6) a.
cuud
-den
comci
cri
cacher/P2
-nous
vetements
DET
"Nous cach~mes les vetements"
b.
ko
janngo
njah
-at
-mi
Foc.
demaine
partir -IMP3
-je
"Clest demain qEfe je pars"
En resume, nous dirons que le nominal tradition-
nellement considere comme sujet en pulaar ne denote
pas une servitude subjectale systematique en surface,
a cause des cas de non transparence de l'accord, du
caractere non indispensable et des possibilites de post-
position.
Dans son article "cowac-:-ds a universal definition
of subject"
(Keenan, 1975), l'auteur
a
enumere un
ensemble de proprietes prop~es au sujet et qui ont fait
l'objet de tes~s dans plusieurs travaux (Schachter,
1976; Hagege, 1978;
Cssll, 1979).

-116-
-le d8stina~airl; dc, l' irl,jcJfiction
En p u1 a a r, 1 c d8 S l~ i ~1 21 I> cl i r [; d C~ l' i n j 0 n c t ion 8 s t
un sujtJt:
(7)21.
yah
"pars"
njah
-en
pa::'tir
-nOU3
" partons"
b.
cood
-
en
gawri
acheter -nous
mil
" ac hetons du mil"
-la reflexivisation
En pulaar,
seul le sujut controle la reflexivisa-
tion et celle -ci se manifeste sous forme d'accord
dans le
~as des sujets pronominau)<:
(8) a.
baanoowo
o
fell
-ii
hoore
mum
chasseu;:
DET fusiller
-ASP
t~te
PO SS
"le chasseur s'est tire u,. cou:: de fusil"
b.
lel1a
:Ja
gaar1
-ii
hoore
mum
antilope
DET
b.1 13 s s e r -A S P
t~te
PO SS
"l'antilope s'est fait mal"
(9) a.
0
fell
-ii
hoore
makko
il
fusiller
-ASP
t~t
POSS
b.
ba
9 aar1
-ii
hoorc
mabb3
elle
bless81
-ASP
L"tc
Pass
"el18 s'est fait mal"

-117-
N0 U ,3 P0 u Vo n s
Bst n8utre lorsquB l'ant~c~d8nt Bst un substantif.
11
~efl~te la clas~e de l'ant~c~dBn~ lorsque celui-ci
est u~ pronom comma dans (9).
- ~~ff~ent soUo cor~f~renc~
Definitoire du sujat dans des langues comm8 le
T~ai(Gs811, 1979), l'effacement du sujat sous core-
f ~ r e nC e n ' est 0 b1 i gat 0 i r 8 cm p u1 a a r q u 8 d ails de u ;<
'=-yp2S d'enonces:
(i)- dans les subordonneas infi~itives
(10)a.
omo
yid
-i
0.
-de
l
il
U 0 u~; 0 i r -A S p
-INF
"il a lC?nvie de rire"
b.
o.
sal
-iima 0; jo {-aa- de
l
il
refuser
-A SP
asseoir-M- INF
"il refuse de s'asseoir"
(ii)- dans les p~opositions en
?uccession lorsqu~
dans sa premi~re apparition le sujat est un substan-
ti f:
( 11) Aal i
yah
-i
wuro,
0
jagg
-ii
i
Ali
aller -ASP villa
at trap 8 r
-A S p
guj j 0 .
,
naw
0 i
-i
0
gal18
laamtooro
J
j
voleur
emm8ner
-ASP
maison
chef
0;
art
-i
r8\\Jenir -A SP
"Ali va en
villf?,
att_'3pl:
un
volc'ur,
l'emm~nc; chez
le chef et rl:vient"

-118-
Dans les deux cas il
s'agit de l'omission sous
forme d'anaphorique
~
d'un ~ujGt exprim~ dans la pre-
miere proposition.
11 faut cependant signaler que l'effacement sous
cor~f~rence ne caract~rise pas que
le sujet. 11 s'ap-
plique aussi aux '"Ion sujets.
Ainsi dans l'exemple pre-
cedent l ' anaphGriqu8
0' . a pou!' coref~rent l'objet
J
.9J:L.ii£
"voleur".
D'autre part,
on ne peut effacer le
sujet lorsque son ant~cedent est un pronom:
crest ainsi
qU'2n
pronominalisant
Aali
dans
(11) le pronom ob-
tenu est repris dans les propositions suivantes comme
on le voit dans cet exemple:
( 12)
0
yah
-i
wuro,
0
jagg
-i
gujjo
il
aller
-ASP ville i1 at trap e I' -A S P
voleur
0
naw
- l
(Jalle
laamtooro
0
<1rt
-i
il emmener
-ASP maison
chef
il revenir -ASP
"il va en ville, attrape un voleur, l'emmene
chez le chef et revient"
De l'analyse qui precede il ressort que seules
trois proprietes (des six retenues ) sont e~clusives
du 8ujet:
l'accord, le contrlHe de
la reflexivi-
sation, et le destinataire de l'injonction.
La non
transparence de l'accord dans les radicaux
non alter-
1
nants, qui trouve une explication historique
, n'ex-
clut pas le fait que ce phenomene soit uniquement con-
trole par le sujot.
1-Dans son article, Anderson montre que les langues du
grou~e ouest-atlantique offrent trois conditionnements
de l'alternance:
phonologique, morphologique,
lexical.
Le pUlaar, qui appartient au deuxieme cas,
est a un
stade intermediare.
Le ph~nomene est en voie de dispa-
rition dans cette langue,
ce qui explique l'existence
de 9 consonnes non alternantes.

-119-
D'autre part, il est possible de trouver une ex-
plication pragmatique a l'inversion du sujet, qui,
a
priori, constibue un contre-exemple a l'anteposi-
tion. Car,
dans les constructions qui presentent ce
phenomene, nous admettrons avec Labatut(1982) que le
"commentaire lui.:-m~me est en quelque sorte devenu
le topique du discours".
Nous savons egalement que le
topique(outh~me) partage l'anteposition avec le su-
jet(Hagege, 1978;
voir egalement le chapitre 4).
Le caractere indispensable du sujet peut ~tre
retenu comme defini toire
du sujet en pulaar a l' exce p-
tion des cas de presence de verbes meteorologiques.
Quant a l'effacemant sous coreference, il n'est
pas pertinent puisqu'il s'applique egalement aux non
sujets.
3.2.
l'O,bjet
Dans les etudes cons~crees au pulaar, la notion
d'objet est abordee soit pour rechercher des cri teres
discriminatoires entre expansions circonstancielles
ou "circonstants" et expansions non circonstancielles
ou "objet" (Ka, 1977'
Labatut, 1982), soit a travel's
la typologie des verbes pour lesquels Labatut distin-
guera l'intransitif(a zero objet), le transitif(a un
objet\\, le transitif double(a deux objets),
et le tran-
sitif triple
(a trois objets).
Aucune de ces appro-
ches ne pose le probleme de l'existence ou non de
sous-categories objectales en pulaar, et le criters
de position qUi a permis, par exemple, a Ka(1985)
de classifier les objets en:
objet 1, objet 2 et

-120-
objet 3, nous semble insufFisant et peu explicatiF.
Pour notre part, nous voudrions pousser cette
distinction un peu plus loin,
de maniere a obtenir
une division interne dans la categorie " o bjet" qui
ti2nne compte non seulement du critere de position
mais de l'interaction de plusieurs autres facteurs
syntaxiques)semantiques et pragmatiques.
En effet lorsqu'on tient compte du comportement
des objets par rapport aces diFfefents facteurs,
il
est possible de donner la preuvo de l'existence de
sou:}-categorie " o bjet direct" et " o bjet indirect"
en pulaar.
3.2.1. l'objet direct et l'objet indirect
Les notions d'objet direct et d'objet indirect,
qui sont devenues de plus en plUS operationnelles dans
la linguistique moderne, notamment dans les courants
univefsalistes comme la grammaire
relationnelle,
sont des
-subdivisions de l'obj9t.
En grammaire tradi-
tionnelle, elles correspondenL respectivement aux no-
tions syntaxiques de complement direct(ou complement
d'objet)
(le second actant chez Tesniere),
et au com-
pleme~t indirect ou d'attribution (le tiers actant chez
Tesniere) .
11 s'agira pour nous,
dan~ las sections qui vont
suivre,
de voir dans quelle mGsurc CBS notions sont
op~fationnelles dans une description syntaxique du pu~
laar.

-121-
3. 2. 1 . 1.
P J 0 iJ r i 8 t 8:::;
9 en f~ r a 1 ,s d ~
l ' 0 b j f t
d i I> C t
Nous comm8ncLrons ~ar d~gag r
IdS
propri~tes fon-
damn~a16s dL l'OD
n ~ulaar.
Pour cGla, nous choisi-
_ 0 IY';
1, S
cas 1 c" s p 1 U S3 i m:J 1 '3,
C'
c, t - El. - di r 8,
d 'c, s
~ n on c e s
prototypes El. un objet.
R a l o n s qu
dans c~tt
lan-
gu,
un ~nonc8 v2rbal simpl
transitif,
declaratif,
n 011
~npr:atiqu~
st d
structur
SUO
t 3~_· presente.
co mm
3uit:
( 13
alkaati
0
jagg
-il
gujjo
0
polici
r
DET at i.; ~ap
~'-A S p
vol
ur
DET
"L~
polici I
a attrai.;e le vfclc-ur"
Dans cet ~xempl
la v rb
n'
st pas un derive.
A.:
lons OD d~ base(ou protty_a, voir chaoitr
8
tout nominal objet d'un
phras~ pulaar du ~ype (13
st degageons-en 183 propriets morphosyntaxiqu8s fon-
dam2ntales:
position:
le nominal OCCUp6 unE position contigue
au
verb? •
~9.~: il n'est relie au verbu par aucune adposition
comport~~t~~taxigu8: le nominal psut ~tr8:
-lemplace par un prenom d
classa:
( 14 )
alkaati
c
jagg
-11
mo
polici',H
DET
a '.; trap
-A SP
lui.

-122-
-remplac~ par un nominal r~fl~chi:
(15') alkaati
o
toon
-ii
ho 0 r ';
mum
policier DET
avoir
-ASP
t~t~
POSS
tort
"Le; policier s'pst fait
du tort"
-avanc~ par extraction
( 16 ) gujjo
ni
wel
-i
jaggu
-de
voleur
cela
agr~able
-ASP
aJs trap e r
-lI\\JF
"11 est agreablc d'attrap8I' un
voleur"
-sujet d'une phrase' passive
gujjo
o
jagg
-aama
voleur
DET
attraper
-ASp
"Le vmleur a ece attrape"
va~8ur s~mantiqu~:
l'objet dans
(13) 8st un pati~nt,
c'ast-a-dirs,
un argument affecte,
dans una certaine
m,surs, par l'action du v~rbc.
Cas proprietes ne sont pas ~xhaustives et seront
progrsssivement completeas,
au fil
de notr~ discussion.
Deux remarques s'imposent avant de poursuivre:
la pre miere est quo,
pour lss t~nants de la grammair
~-lationnel18, la possibilite d'~tr~ prom~ sujet de
la phrase passive
est un
caracteristiquB 2ssentiel-
le
d.s OD.
La deuxi~ma conc~rna la valeur semantique
de f-: at ic~ n t qui,
s 2} 0 n Gi v0 n ( 1 979 ),
KcL n an ( MS ) , f-I 0 pp 8 r
at Thompson(1980 et 1982), est un~ caracteristique
dominante des OD a travers lus langu2s du monde.

-123-
En pulaar,
il oxisLc d,
~nonc~s ~ verbas d~ri­
V~D, dL la meme ~t[ucturL qU~(13
dans lesquels 1~5
objuts,
bien qu'ils n~ soi~nt pas dUB patients ty-
piqU5S,
conservent
cependant toutes 18s propri~­
t~s morphosyntaxiqu8s pr~c~d~mm8nt ~nonc~es.
(18) a.
mi
dog
-r
-ii
p:ade
j
cO~Jr i r
-INST -ASP
chaussu:-es
"j I ai couru rivec des chaussur,~s"
b.
naalanke
o
am
-·an
-ii
yeeboob.:
artiste
DET danser-BEN -ASP spectateurs
"llar.tiste a danse pou::, 12s spectateurs"
c.
cukalel
ngel
diw
-n
-ii
colli
di
en fan t
DET
volar -CA US
-ASP oiseaux
DET
"Llenfant a fait
s'erivoler 12s oiseaux"
d.
remoobe
be
ndal!J
-an
-ii
gesB
cultivateurs DET
pa~tir
d2-DIR
-ASP
champs
bonn~heure
"Les cultivateurs son: allas au champde bon-
ne heure"
Notons que contrairement ~ llOD de (13) les objets
dt:
(13)
sont resp~;ctivrJment instrumental (18a),
ban~­
factif
(18b),
causatif(18c) I,,"t:, dirdctif(18d).
Certaines approch:Js relationn:?ll's tC'lndent a clas-
s~r c s derniers nominaux dans la categorie des obli-
quos.
Pour nous,
at
n pulaar,
c
sont l~ des DD
par
cornportement •

-124-
3.2.1.2.
Proprietes general,:; d"
l '
bjrL indirt::ct
11 est genera18m8nt admis qu r:; 1:':'5 enonces con-
tenant des verbes de transmission de la zone de
'don-
nl:::r',
'recevoir'
'e:tc.
ant d2S obj.:ts indirL'lcts (or).
En pUlaar,
i1
faut distingu3I' d ux typ~s d'enonces ~
01 que nous pouvons i11ustr~r dans 18S 3eries ci-des-
sou s:
serie .~,~ ordre fixe
mi rokk
-ii
ho~6~
maaro/*maaro ho6~a
j:-
offrir
-ASP hot
riz
"J'ai off3rt du riz aux hoL:s"
b.
mi
holl
-ii
gumdo
1aawol/*laawol gumdo
je indiquer
-ASP
aveug12
chemin
llJ'ai indique un chemin a 1'av8ug1,"
c.
mi
haal
-an
- i i
Aa 1 i
nul a.t / *n u1 a 1 Aa 1 i
je
dire
-BEN
-ASP
A1i
commission
"J'ai fait una co mmi ss ion ~ A1 i "
d.
mi
tott
-ii
puccu
huJo/*hudo
puccu
je donner
-ASP
ch2val herbs
"J'ai donne de 1'herb2 au cheval"
Structure du syntagme verbal dans(19L.:
V SN
SN
1
2
sarie B ~ ordre non fixe

-125-
(20)21. mi
sood
-ii
jula /8
jula
de fte I'
j8 acheter
-ASP
li VI'
PREP commergant
"J'ai achete un livrc a u, commergant"
b.
Sira
faw
-ii
tumudl;
2
taabal/e
taabal
tumude
Sira poser -ASP calEbass2 PREP table
"Sira a pose un'
cal'-cbass,
sur une table"
c.
b_
piil
-ii
hoore laamdo/s
h 00 r 2 1 aamcf:~ le fal
ils entourer
-ASP
band
PREP
t~te
chef
"lls ont mis un
ban dag:= autou.r d
1 a UH 8
du
chef"
d.
mi
takk
-ii
fenaand~
e
Aali/ e Aali
fen aan de
je coller
-ASP mC'nsong o
PREP Ali
"j'accus
Ali de mensongc;"
Structure du syntagmc; verbal
dans
(20):
V SN1
e
SN2
Notons que dans la seri2 A,il n'est pas possible
d'intarvertir l'ordre d~s objts(cf. 1- grou~e de mots
a 'J c~ cas t e r i s que ),
31 0 r s q u
da n s 1 a s e r i 2
B, 1 I 0 r d r 8
d " 3
mots est plus soupla.
Cap~ndant, le caract~r8 fixe
de
l'ordre des mots dans
(19)
st
rcp~
aux enonces a
objets indetermines.
L2
cas d s obj_ts det~rmines SB-
ra etudie ulteriaurem nt.
Lorsqu8 nous afJpliquon::; 1:::, L ::it3 generaux enume-
r e,3 d a n s 1 a s 8 c t ion p r El C 8 d n L
Cl. U X
c b j
t s
(1 9
L L

-126-
( 2 0 ),
n 0 use 0 n s t a -::, n n s qUE:: S l? U 1 sI,; sob j l t s SN1 0 n t I e
co mfJ 0 r t, m[3 n t m0 f Ph 0 s yn t a xi q U :J d ' OD, i. [~ , position
contigun au v8fbe, absHncc dG r2latuur,
et synta-
xiqu~mGnt pouvant
~tf8:
-r3mplac~s par un pronom de class8:
(21 )a.
mi
rokk
-ii
be
maaro
je
offre
-ASP
ils
riz
"je leur offrC? du riz"
b.
mi
sood
-ii
jula
je
achetef -ASP
PREP
commerr;:ant
"je l'ai achete a un commerr;:ant"
-r~mplaces par un
nominal
reflechi:
(22) a.
mi
rokk
-ii
hoors
am
maaro
ko
je offre
-ASP t8tS
POSS
riz
Det
I1je me sui s offert Cc riz l1
-avance par extraction:
(23) a.
hobbe
ni
mb 1
-i
rokku
-de
maaro
h6t8S
ASP
agreablc
-ASP offrir -INF
riz
11 11
est agreablc d'offrir du :,iz aux h6tes l1
b.
deftere
ni
w2:Jb
-i
sood
-de
e
jUla
1 i VI'S
ASP !:'acils
-ASp achctsr -INF PREP com-
mc?fr;:ant
" I 1 c' s t
f a c i 1::'
d' a ch t
run 1 i vr
a un co f:l mer -
r;:ant l1

-127-
- s u j 8 t s del a ph r a s !=~J ass i v
(24)
a.
hobbt::
ndokk-
aama
maaro
hates
offrir-
pASS
riz
"On a offert du riz au>< h6tccs"
b.
defter~
sood
-aama
~
jula
livre
acheter-PASS
PREP commer~ant
" 0 n a a e het e
un 1 i vI' cC" a un e c' mme I' ~ ant "
Ayant isole 18s DD de eBS enonees, il nous Feste
a presenter les 01, dont voiei les proprietes generales:
Position:
les 01 n
30nt pas eontigus au verbe
margu8:
le mot qui separ2 lcs 01
du verbe peut ~tre
un relat8ur ou simplsmcnt un nominal.
eomportement syntaxiguG:
-18s or ne p8uvent pas ~tr2 sujets de la phrase
passive:
(25)a. * maaro
rokk
-aama
riz
off I' i I' -
PA SS
hates
"le riz a ete offert aux hates"
b. *
taabal
faw
-aama
tumude
e
table"
pose:':' -PASS
calebasse
PREP
liOn a pose uns calebass8 sur la :;able"
c. * taabal
faw
-aa[';13
tumude
e
maqgal
table
poser -PASS
ealebassc PREP
elle
"id."

-128-
L'anomalie d~s Bxem~l~
( 2 5 b
,; t ( 2 5 c) s i 9 n i f i.
que l ' 0 b j [; t
del a p rep 0 sit i l: n n c,; e u ten a uc un e ma-
ni~r~ ~tro avanc~ en position sujet,meme en laissant
una trace pronominale eommc dans 25c. Le passif n'est
possible iei qu'en supprimant le relateur e
(25) d.
taabal
faw
-aama
tumude
table
poser
-PASS
calebasse
"On a pose une calebasse sur la table"
Cet ~nonc~ ne oeut cependant~as ~L· consid~re comme
2
l'equivalent passif direct d2 2ot :
-par rapport a la pronominalisation, les 01 de la
seria A se comportent dans una certaine mesure comme
des OD,
c'est-a-dire qu'il est possible de les rempla-
cer par un pronom de class8,
mais a condition de prono-
minaliser SN t26b) DU do les ramener en position iGter-
3
ne
(27):
2.
En terme rdationnel
(25d ..
-!3j~ l'equivalent passif
d'un
enonce actif dans l.:;quCcl taabal
'table'
est a-
vance en OD. (cf.
chap.8)
3. Ce phenom~ne aff~ctG 126 clitiqu8s en gen~ral, qui
n'admettent ri2n dntr
laur pl~dicat ~t eux-m~m8s, com-
rn'
nous le verrons au chapitr~ (6)

-129-
(26)a. * mi
rokk
-ii
hobbc
ko
je
offrir
-A SP
hrSt8S
PRO
"je l'offre aux hates ll
mais b.
mi
rokk
-ii
be
ko
je
offrir
-AsP
il s
PRO
"je le
leur ai . o ff<:.o:;:-t "
(27)a.
mi
rokk
-ii
ko
hobb_
je
offrir -ASP
PRO
hotels
lIje l'ai offert aux hates"
b.
mi
holl
-ii
ngol
gumdo
je
indiquer-ASP
PRO
av",uglc;
"je l'ai indique a l'aveugle"
c.
mi
tott
-ii
ko
puccu
je
donne
-ASP
PRO
cha val
"je l'ai donne au eheval"
D'un autre cote, las or de la serie 8 ne sont pas
r:mplagables par un pronom de elasse mais par un posses-
sif, propriete qu'ils partagent avec les obliques:
(28)a.
5ira
faw
-ii
tumudc;
e
maggal/ * ngal
S.
poser -ASP calebass2 PREP PRO
Sira a pose una calebasse sur 8118"
b.
mi
sood
-ii
deftere
(3
makko/ *mo
jE.:
a c het e r -A S P
li vr8
PREP
PRO
"je 1 ui ai achete U;l livI'2"
C'c;;st dir· done qu
par rap'Jort El. la pronomina-
lisation les or sont soumis a des contraintes qui n'af-

-130-
fBct~nt pas les DD
-~n CB qui conc~rn~ la r~flBxivisation, tous les
OI pGuvont en ~tr
la cible:
(29)a.
mi
'loll
-ii
Aali
hoore
am
je
montrer -ASP Ali
t~ to
POSS PREP photu
"je
m1-': suis montre El Ali SUI' une photo"
b.
Sira
faw
-ii
tumudb
e
hoorf? mum
po se r -A S P
calebass8 PREP tet~
POSS
"Sira slest POS8 un:c
cal]basse su:: la tt!t;~"
-les OI n
peuvent ~a8 ~tr~ avanc~s par Extraction:
(30 ) a.
maaro
ni
wsl
-i
rokku
-de
hobb,"
ri z
ASP agr~ab12
-ASP donner -INF
hates
"il est agreablc
de donner du riz aux hlJtes"
b. *taabal
ni
wesb
-i
faw
-de
tumude
table
ASP facile -ASP poser-INF calebassF PREP
(maggal)
(elle)
"il est facile
de poser une calebasse sur
un3 table" •
En subdivisant les objets 2n ~ulaar de cette ma-
ni~r8, c'est-~-dire en class_nt 13s nominaux SN
dans
2
la sous-cat~gorie des OI,
3ussi bien dans les enonces
de la S8rie A que dans ceux de la serie B, no us nous
eca~tons d'un certain nombrs de d~finitions univcrsa-
listes qulil convient d'examiner ~ )r~sent.

-131-
3.2.1. 3.
1nsuffisanc'~;
d' un
cJefini tio-n semantiquc
Oans son
artic13 liOn Indirect Objects in Uni-
versal Syntax"
(Faltz, 1978), l'autsur affirme que la
seule definition univcI's:;ll
valabl
de; 1'01 est
c~lle d'ordre semantiqua.
Pour lui 1'01 universel
est un attributif " a r
cipient NP", c'es-a.-dire,
un SN general.ment humain,
et ~n tout cas tr~s sou-
vent anime, qui rcgoit un obj
t en rapport avec l'ac-
tion d'un verbe de la zone d~ 'donner',
'recevoir',
'envoyer',
comme c'est le cas de John et Jean dans 185
8x e mples suivants:
a.
I gave the book to John
b.
Je donne le livre a. Jean
Pour L.
Faltz, la primaute du ctitere semanti-
qu~
est due au fait que les criteres definitoires de
1'01 d'ordre morphosyntaxiqus varient selon Ip-s lan-
gucs.
Aussi distingu -t-il les 01 du type datif,
com-
me en latin,
frangais(pour 18s 0ronoms de la 3e per-
sonne), les 01 du
ty~a OD, comme c'est Is cas dit-il,
du paul, du haoussa,
de l'anglais(~x. John, dans 1
gave H John the book)
enfin les 01 du type oblique,
c'est-a.-dire circonstanciel,
intoduits par un relateu~
(John et Jean).roursuivant son argumentation, Faltz
en vient a la conclusion nuances que
les 01
du 2e ty-
pe ne sont pas a. distinguer des OD,
et ceux du 3e ty-
pe des obliques.
Car,
pour lui,les langues qui posse-
dent des 01 du type DD ou oblique n'ont pas de cate-
gorie~syntaxique 01, mais
~mploi~nt 1'01 semantique
dans des positions propres a l'OD ou a. l'oblique.

-132-
Oans notre these d
PhD (Sylla, 1979), nous nous
et ion s con ten t e d[) m0 n t re r q U'G n PU1 a a r
, i 1 i~ xis t e des
Old c t Ypes ODe t 0 b1 i que , : n a dmc9 t tan t,
co mme Fa 1 t z ,
(et peut ~tre de fa~on h~tiv ), la pGrtinenc
exclusi-
ve du trait semantiqu3 attributif
dans la defini-
tion des 01.
Le premier tY02 p8Ut Gtrs illustre par
les exemples tires de
(19),
repetes en (31),
et le
d~uxi~me par les objets 8n ~(32):
(31)a.
mi
rokk
-ii
hobbc maaro
je
offrir -ASP
hoL"s riz
"j'ai offert du riz aux h6tes
b.
mi
tott
-ii
puccu
hudo
je
donner -ASp
cheval
h=:rbe
"j'ai donne de l'herba au che val"
(32)a.
Sira
faw
-ii
tumude
e
t aabal
poser
-ASP calebasse PREP
table
"Sira a pose la calebasse sur la table"
b.
mi
winnd
-ii
1 e e te r
Aamadu
je
ecrire
-ASp lettre
PREP Amadou
"j'ai eerit une lsttre a Amadou"
11 s'agit, iei,
d'a=~rofondir notre premiere ana-
lyse en montrant que contrairemsnt au~ previsions fai-
tos par Faltz dans la eitati n orecedente, le pulaar
a effectivement unc categori
01.
Le fait pour un nomindl d'SLr
un attributiF n'im-
p1 iq ue
pas t 0 u j 0 u r s son a ~: par L: na n c..: a 1 a cat ego r i e
01,
ds mi"'m
le patient n'
st pas toujou::s un OD.
Ca~~
les notions dlOD et d'Ol
sont avant tout des notions

-133-
syntaxiques.
PuisquQ no us avons montre dans les sec-
tions pI'ecedentes que les nominaux Commc ho~~e 'h6tes'
et puccu
'cheval'
(soulignes dans(31)
),
contigus
au verbc,
ont tout's llJs pI'oprietes d'OO,
nous en de-
duirons simplement que CB sont la des DD.
O'autres
languBs pI'esentent une situation analogue.
K8enan
Fait remarquer a ce sujet qu'en anglais,
lorsqu8 le
complement d'attribution subit un changement d'etat,
il appara1t souvent comme un DD en surface(Keenan,
1977, roneotype).
RappHlons que la fonction d'oD peu~ atI'e assumee
;Jar des SN de valeu::,s ssnantiqu:::s divers s(cf.
3.2.1.).
Ayant ainsi isole lc:s DD de
(31),
les autre~3 ob-
4
jets ne peuvent atre que les 01
dans la me~~r?
ou
ils ont un comportement diffeI~nt
_t qu'en
fait
dans
d
t211Es constructions cu 1
:redicat
st un verbr
d _ tran smi ssi on,
il
--'s t
cs i~r;lune :.-~n t admis au ssi bi en
_n grammaiI'e traditionn 11
qu'.n linguistique moder-
n~ qU'il Y a un DD st un 01.
C8 1 a r,·, 0 n t r 8
bi e n q LJ3
1 '" sOl n 2 son t
pas un i v i:? r -
3
112msnt et 8xclusiv~m-n~ dss attributifs,
ct que l~
2ulaar a un~ categori_ DJ bi~n
distinct e .
Concernant 19s o b j n ~ d~ (32) q~i illus-
t:-nt Cf' qU::J Fal tz ap_ :lle le3 01
du
ty,:J2 obliqu2,
ncus dirons pour notI''"' [Ja t
que
Cl
sont la des or
par lcur comuortBment.
Nous y ~
vi~ndrons dans la
'" c~ion
:3uivant,:.
4.
Sicn que onur c.:::rtain
" lanrju's il ait ete sugge-
~'e d
traiter
cc.:-s nOf,linau::
co,:',X
uns sou3-categoI:itc
d'OO(pour le !3antou,
cf.
GaL)!
-t K-:'lman,
1977),
dans
'-'on ai'ticlt:: "Indil' et ob i ctc; in Kinyarwanda
L'8visi·-
ted", O1'Y"'I:'(1983,' rlont~'
qU
1:'
categuril:~ DD tct 01
U
~ont b 1 ~t bi~n distinct s
n Kinyar~anda.

-134-
3.2.1.4.
rnsuffisancB d'unE
definition formcll ';
La definition que Faltz donn
de 1 'or du tyP!'
oblique est purcment fOlll('llC].
S Ion lui,
la marqUt;
d
l'Or
!st notammcmt controlec pal
quslque trait du
SN
; il Ci~8 I 18xe~ple du frangais qui marque l'Or
non pronominal comme oblique mais l'Or
(de la 3e
pers.) pronominal comme un datif,
comme c'est le Cas
dans l'homme donne le livre a la femme
et l'homme
lui donne le livre •
Bien que pour beaucoup
de langues la m~me ma~­
que soit utilise2 pou~ l'Or et pour les cas obliques,
ces deux fonctions doivJnt ~tre 3eparees sur la bas-
de leut comport~ment.
L'exemple du frangais et de l'anglais est assez
5
significatif:
la latitude de mouvement
de l'Or pt de
l'oblique n'est pas l~ m~me (cf. Hag~ge, 1980 et
Faltz, 1978),
comme montrent les exemples suivants:
(33)a.
l'homme donne le livre a la femme
b.*a la femme,
l'homme donne le livre
(34)a.
je me suis promene a la clair
fontaine
b.
a la claire fontaine
je me suis promene
(35)a. John played tennis with Mary,
on Friday at UCLA
on friday,
at UCLA, with Mary
5- nous observons un comportement inverse en pUlaar.
c'est-a-dire que dans cette langu8 la latitude de mou-
vem2nt des obliques est plus limites(cf.
section 3.3.
2. )

-135-
b.
John gave gift to Mary on Friday at UCLA
* at UCLA to
Mary on Friday
* on Friday at UCLA to Mary
Pour en revenir au pulaar, nous dirons que les
objets en
e , bien que prepositionnels comme
les o-
bliques et ayant parfois une connotation semantique
de location comme les obliques,
sont syntaxiquement
de s or .
Une demarche non mains formelle apparalt 8ga18-
ment dans le rapport de
Hagege pour l'Annuaire de
l'EPHE, 4e section, 1979-1980, qU2 l'auteur a bisn
voulu mettIG a. notr'
dispooi tion (voir aussi. .ljPHJ I3gS,
1982 ..
Nous y lisons:
6
"1
fai t ;Jour un corn.~l er,;.n t d' stre direct ou indirect
~st formel, relevc du point de vue 1 (entendons le
point de vue morphosyntaxiqus,
Y.S.)
strict~m8nt, et
n'a pas d'in~iden,co~ sur 18s&~qui releve du point de
vue:; 2 (c'est-a.-dir? semantico-referentiel,
Y.S.)"
L'auteur considec~ l'enonce ~n anglais he gavs
me the book comm
ayant d~uK complements directs,
st
h8 gave the bock to m2
comma ayant un complement
eL
un complemc:nt indirect~.
6- l'auteur emploia parfois l~ tsrmc objct pour com-
plement mais jamais 125 tsrm2S objot direct et ob-
j '. t i n di r act.

-136-
Da n sce t le, p Cc; r s pc; c t: i \\1~:;,
S ' u1 s
nos en 0 n c e s d le: 1 a
;erirj B ('::x"3rn rJlr
20)
contil:}ndrai~}nL dE'S comple-
mLnts indir cts(ou pour
utiliser notr
terminolo-
gi
, des objets indirLcts);
C3UX
qui sont comple-
m~nts de la pre~osition ~
t
1 3
enonces de la
s er i [2 A con tie n dr a i [~ n t
se u1 'j mf~ n t
d 8 sob jet sdi r fe: c t s .
1\\1 0 t Ne
a n a 1 yS 8
des 0 I
d ~ l' )(, r:l ph
(2 0 j
cor n cid e
avec la definition du Hageg~.
Cepsndant, nous pen-
sons que la s8ule manieL'
d
fendr3 compte de la d~f_
fer'jnce
de compo::'t8mcnt diS obj[,lts de: l'exemplo
(19;
est de l~s m=ttr: dans d.s categorios differ_n-
t s.
C' Cc s t
c 8 q U lcC n 0 usa v 0 n [3
f' a it.
Dans notre schema,
s~uls 1 s objets contigus au
v.rb", sont des OD.
En 1 ..
faisant,
nous ne nous eear--
tons pas du point d
vu'
1 mor~ho-syntaxiqus
, nous
l'epuisons en ajoutant ~ la morphologia et au sequ n-
ti21,
l~ comportement
syntaxiquB.
Nous nous plagons,dans unc certaine mesure dans
la ;J .rspsctiv8 de Tesnie::-:c qui deplorait"les spolia-
t ion s s u C C 8 ss i v 8 S qui 0 n t
p =- i vel a s y n taxe de to ut e
L3rminologie au proFit d", la r;lOrphologie"
(Tesniers,
1976~p. 108,'.
Et Tesniere,
crecisant sa p~nsec, ajoute ~ jus~
:: a is 0 n" l c; s t e r m8 s de co Cl P1 e r,C' n t
d i r 2 c t ( ex p rim e par
l'accusatif latin) 'clt d.::
complement indirect
(ex;J}~i­
~e ~ar IG datif latin)
designaicnt des notions syn-
taxiques parfaitement clairs. On En a fait des no-
t ion '0 ITl 0 r Cl h 0 log i q u C? s cJ n a ;= p,: 1 an t
di I' lCl C t
t 0 u t
corn p1 e-
~Jnt ne cornportant ~aG d
preposition
~t indirEct
tout complemr:nt comportant un=
pre~osition"(P. 108.

-137-
3.2.1.5.
MOUV ic!rn9nt du datif
de:, " rni n a Lion
L'expression"mouv2rn,_nt du datif" ilSt urnployelc;
ici dans son sens largL de purrnutation datifjaccu-
satil~ qui aboutit a unc:; position de
1'01 contiCjuC
au v~rbe. CA procGssuS aura d s im~lications sur
la definition de CBS categoriLs.
11 exists en pulaar,
avcc le8 V3rb2s de trans-
rnission,
un comportemertdes objets sirnilaire a cs
qu'on appelle commun~rn~nt mouvsm2nt du datif et qui
est sensible aux
traits sernantiqu2s d3 +defini pt
.!. anime.
Considerons,
d'abord,
leg enonces du type B,
groupes selon les traits ci-d2ssus:
SN
:-anime , SN
:+anirne
1
2
Lorsque SN
est inanime et SN
anime,
tous les
1
2
ordr s
d'apparition sont parmis,
co~rn8 on le voit
dans 135 exemples (36) et
(37;.
Dans ce cas le trait
defini
n'est pas pertinent.
(36)a.
mi
faw
-ii
taabal
(ngal;
2
0001'0
je
pose
-ASP
tab12
DET
PREP 0001'0
" j , a i
po s e 1 a tab 12 sur Do r 0 "
b.
mi
faw
- i i
Doo1'o
taabal
( n gal )
je
poser -ASP PREP Doro
tabl
DET
"i d;'

-138-
(37)a.
mi
faw
-ii
lekki
(k i /
8
rnbaroodi
(n di )
je
pOS8r
-ASP arbr--,
oET PREP
1 i 011
OET
"j'ai pose (It) arbre sur (le) lion
b.
min faw
-ii
c
mbal' 00 di
(n di i
lekki (ki,
je
poser -ASP PREP lion
oET
arbre oET
"id. "
oans tous 18s cas, il y a une restriction qui
affecte l'ordre SN
-SN
,lie8 au trait+defini.
2
1
En effet,
il n'est Das possib16 d'obtenir cet
ordre lorsqu
SN
est defini et SN
indefini(cf.*38b, *39b
1
2
*40d,
*41d):
SN
:
+ anime
1
SN
:
-
anime
2
(38)a.
mi
faw
-ii
0001'0
taabal
(ngal.
je
poser -ASP 001'0
PREP
table
oET
"j'ai =.Jose 001'0 sur
(la) table"
b.*mi
faw
-ii
e
-::'3a.bal 0001'0
je
pos~r -ASP PREP
table
001'0
"j'ai pose 001'0 sur une table"
c.
mi
faw
-ii
taabal
ngal 0001'0
ja
pas I' -ASP PREP
table
oET
ouro
"j'ai pose 001'0 sur la table"
(39)a.
mi
faw
-ii
mbaroodi
(ndi)
l,kki
j-
poser -ASP lion
DET
PREP lion
(ki)
oET
"j'ai poc;e (11'
lion sur
(1 1 arbrr=

-139-
b.* mi faw
-ii
:?
1·, k k i
mbaroodi
n di
je posfn-Asp PREP arbr
lion
DET
"j'ai pose lf
lion
-iUI'
un arbr
<-
c.
mi
faw
-ii
p
lekki mbaroodi (ndi)
je pose I' -ASp PREP
arbre lion
DET
1\\ j , ai
pose (l : ) lion sur l'arbre"
d.
ml
faw
-ii
l'9kki
mbaroodi
je poser-ASP PREP arbr r
lion
lIj'ai pos~ un lion sur un arbre"
SN : -anime
1
SN : -anim~
2
(40 )a.
Aali
sal'
-ii
gawri
(ndi) e
ngesa
sparpiller -ASp
mil
DET
PREP champ
(b a)
DET
"AI i
a eparpille (1=) mil sur (le) champ"
b. Aali
sar
- i i
,-~
ng2sa
gaw ri
Ali
~parpill-r-ASP PREP champ
mil
"A li a epafPi lIe du mil sur un champ"
c. Aali
sal'
-il
nQBsa
ba
gawri
(ndil
Ali
eparpiller-ASP PREP champ
DET mil
DET
Ali a ~parpill~ (le:, nil SUi 1:::' champ"
d.* Aali
sa I'
- i i
,~
Qawri
(ndi)
eparpi11~r-ASP PREP champ
mil
DET
lIAli a eparpille '(1
) rnil ,3U~ un champ"

-
-
-
- - - - - - - - - - -
-140-
SN
+anime
1
SN
+anime
2
(41 )a.
mi dun
-ii
cukalGl
(ngrd) e
jB pouss~r -ASP enFant
DET
PREP
k odo
'( 0)
h5te
DET
"j'ai pousse(l') enfant vers(l')hote"
b.
mi dun
-ii
8
kodo
cukalel
je pousser-ASP PREP hate
enfant
"j'ai pousse un enfant vers un hate"
c.
mi dun
-ii
e
kodo cukalel
(ngel)
je pousser-ASP PREP hote enfant
DET
"j'ai pousse(1')3nfant sur l'hElte"
d.* mi dunii
(-j
kolo cukalel ngel
En resume,
le mouvement du datif dans les enonces
de la serie Best une operation d'interversion du
typ2
(42)
V SN
e SN
=> V
1
2
<,OD)
<:01)
soumise a la contrainte:
* SN
SN
2
1
(_defini)
(+defini>
dispa~aissant lorsque 01 est anime ~t DD inanime.
Dans 12s enonces d2 la serie A, 12 mouvement des
objets se fait
egalcment selon l'operation (42), mais
a con di t ion que S1\\1 2
so i t d e fin i.
Ce t t e se r i en' 8 s t
pas sensible au trait anime.

-141 -
Les exemples die'
(43) a (48) illustrent la lati-
tude des differents mouvements.
(43) a.
mi
rokk
-ii
hobbe
(be)
maaro
(ko)
je
offrir-ASP hates
DET
riz
DET
"j'ai offert
(18)
riz
(aux) hCltes"
b.
mi
rokk
-ii
maaro
ko
hobbe
( be)
je
don ne r -A SP
riz
DET hates
DET
"j'ai offert 18 riz
(aux) htltes"
c.*
mi
rokk
-ii
maaro
hObbe
(be)
je
donne~-ASP
riz
hates
DET
"j'ai offert du riz
(aux) hates"
(44) a. mi
haal
-an
-ii
gorko
( 0 )
nul al
( " 9al )
je
dire
-BEN -ASP homme
DET commission DET
"j'ai fai t
(1 a) commission a (ll)homme"
b.
mi
haal
-an
- l l
nulal
ngal gorko
( 0 )
je
dire
-BEN -ASP commission DET
homme DET
"j'ai fait la commission a (1 I ) homme 11
c.* mi
haal
-an
-ii
nulal
gorko
( 0 )
je
dire
-BEN -ASP commission homme DET
"j'ai fait une onmmission a (ll)homme"
SN : -anime
SN
: -anime
1
2
(45)a.
Takko wost
-iima
gawri
(n di )
njuumri
(ndi)
Tako echanger
-AsP
mil
DET
miel
DET
"Tako a ech an 9 13 (le) mil contre (l e) miel"

-142-
b.
Takko wost
-iima
njuumri
ndi
gawri (n di )
Tako echanger
-ASP
miEil
DET
nil
DET
"Tako a echange (le) mil contr .'- (le) miel"
c.* Takko wost
-iima
njuumri
gawri
(n di )
Tako echanger
-ASP
miel
mil
DET
"Tako a echange (le) mil contrE du mi81"
(46)21.
0
yeyn
-ir
-iima
suudu (n du) hud~ (ko)
il
eclairer
-INST -ASP
case
DET
herbe DET
"il a eclaire (1 a) cas
a vac (1 ' ) herbe"
b . 0
yeyn
-ir
-iima
hudo
ko
suudu (ndu)
il
eclaireI' -IN ST
-A SP
herbe DET case
DET
"il a eclaire (1 a) cas~ avec l'herbe"
C. *0
yeyn
-ir
-iima hudo
suudu
(ndu)
il
eclairer -IN ST
-ASP
herbe
case
DET
"il a eclaire (la) case a'Jec de l'herbe"
+anime
(47)21.
mi
holl
-ii
baanoowo
(0;
ngirja
(ba)
je
montrer -ASP chasseu~ DET
phacochere
DET
"j'ai montre (au) chasspur (12) phacochere"
b.
mi
holl
-ii
ngi::.'ja
ba
baanoowo ( 0 )
je
montrer -A SP phacochere DET chasseur DET
"j'ai montre(au) chas"eur le phacochere"
c. 'lifni
hall
-ii
ngi.:' ja
baanoowo
(0)
je . :nontr8I' -ASP phacoche::.'o chasseur
DET
"j'ai montre (au)
chass8u~ un phacocheL?"

-143-
(48) a.
Sira yeey
-ii
capaato (0)
njawdi
(ndi)
Sira vendre -ASP
maure
DET mouton
DET
"Sira a vendu (le) mouton (au) maure"
b.
Sira yeey
-ii
njawdi
ndi
capaato
(0)
Sira vendre-ASP moutoll
OET
maure
OET
"Sira a vendu le mouton (au) maure"
c.*Sira yeey
-ii
njawdi
capaato (0 )
Sira vendre-ASP mouton
maure
OET
Sira a vendu un mouton (au) maure"
Avant de proposer une explication pragmatique
a l'ordre d'apparition des objets, il semble important
de r~soudre le probl~me que pose le mouvemen£ du datif
par rapport au crit~re de contiguite au verbe, defi-
nitoire de 1'00.
Quel est le statut des objets dans les ~nonces
issus du mouvement du datif ? Pour r~pondre a cette
question, considerons les deux series l'une apres
llautre.
Oans l~s ~nonc~s de la serie B
Il n'y a pas d'alteration majeure des relations
grammaticales; c ' est-a-dire, par exemple, que dans
40b/c et 41b/c les objets en e
demeurent des OI.
Oans ces m~mes snonces, nous poserons comme hy-
poth~se que les autres objets sont des OD partiellement
demis de leur fonction du fait de leur non contiguite
au verbe, dans la mesure oD il n ' y a aucull autre chan-
gement dans leur comportement syntaXique.

-144-
Dans les enonces de la serie A
Nous considerons que dans les enonces b des
exemples allant de 43 a 48, l' or defini est partiel-
lement promu a la fonction de DD du fait de sa con-
tigui te au verbe ; car, si par e xemple nous appli-
quons le test du passif aux objets 47a/b nous obte-
nons:
Pass. de 47a
baanoowo (0)
hall
-aama ngirja
chasseur DET
montrer-PASS phacochere
(ba)
DET
"On a montre au chasseur le phacochere"
Pass.
de 47b
? ngir ja
ba . hall
-aama baanaawa
ph acoch er e DET man tre r _r:A SS chasseur
(0 )
DET
"id."
Ces deux exemples montrent que defini ou pas,
1'00 reussit toujours au test du passif(cf.
Pass. 47a)
alars que meme defini, l'Or pose un probleme
(cf.
Pass
47b),
tandis que l'Or indefini echoue totalement au
test du passif.
Pass. or indefini:
ngirja
hall
-aama
baanaawo
phacachere mnntrer-PASS
chasseur
o
DET
"un, phacachere a ete montre au
chasseur"
(i.e.
quelqu'un a montre un phaco-
chere au chasseur.)

-145-
R~sumons cette section en disant qu'en pulaar:
1- les OD, definis en structure profonde, peu-
vent ~tre partiellement demis de l:ur fonction a-
pres l'operation de mouvement du datif,
du fait de
leur non contiguit~ au verbe;
2- les 01,
egalement definis en structure pro-
fonde,
peuvent ~tre partiellemsnt promus a la hie-
ra~chie superieure du fait d2 leu~ contiguite au ver-
be.
Dans un8 esquisse hierarchique des objets, cela
donnera le schema suivant, qUi tient compte de l'ac-
c2ssihilite des objets aux differ.Jnts processus de-
nitoires de 1'00:
(49 )
DD
)
DD
"7
01
"7
01
( base)
(derive; <,derive) {base"
defini
Autrement dit, les DD de base ont plus de pro-
prietes DD que les OD derives, qui ont plUS de pro prie-
tes
DD que les 01 derives definis, lesquels ont
I
plus de proprietcs DD que les or de base.
Jusqu'ici nous n'avons fait
qu'admettre l'exis-
tence d'objets en structure profonde et d'objets de-
rives,
sans le d~montrer. Cependant, il est possible
de donner des arguments en faveur de cette analyse.
Arguments en faveur des enonces I
et .111 comme struc-
tures profondes

-146-
Considerons,
tout d'abord, les enonces d~ la se-
rie B en comparanL les enonces issus de l'expansion
de 4021 (econces I) aux enonces correspondants issus
du mouvement du datif (enonces 11).
Expansion de 40 a
1 a. Aali
sal'
-ii
gawri
e
ngesa
Ali
sparpiller-ASP
mil
PREP
champ
"Ali a eparpills du mil sur un champ"
b.
Aali
sal'
-ii
gawri
ndi
e
ngesa
Ali
eparp~ller..,.ASP
mil
DET PREP
champ
"A 1 i
a eparpille le mil sur un champ"
c. Aali
sal'
-ii
gawri
e
ngesa
ba
Ali
eparpiller-ASP
mil
PREP
champ
DET
"A 1 i
a eparpille du mil sur le champ"
d. Aali
!Jar
-ii
gawr i
ndi
e
ngesa ba
Ali
ep a I' pi lle I' -A SP
mil
DET PREP
champ DET
"Ali a eparpille le mil sur le champ"
-1"10 uvemen t
du datif correspondant
11 Q.Aali
sal'
-ii
e
ngesa
gawri
Ali
eparpiller-ASP PREP champ
mil
"A 1 i
a sparpille du mil sur un champ"
*
b. Aal i
sal'
-ii
e
ngesa
gawr i
ndi
Ali
eparpiller-ASP PREP champ
mil
DET
c. A211 i
sal'
-ii
e
ngesa
ba
gawri
Ali
eparpiller-ASP PREP champ
DET
mU
"Al i
a eparpille le mil sur le ch amp"
d.
Aali saL'
-ii
e
ngesa
ba
gawri ndi
Ali
eparpiller -A SP
PREP
champ
DET mil
DET
"Ali a eparpille le mil sur le
champ"

-147-
L'argument en faveur dss enonces I
comme strLC_
£ures
profondes est le suivanL:
si nous prenons les
enonces 11 comme bases, la derivation de Ib serait
artificielle dans la mesure ou la structure profon-
de correspondante lIb est agrammaticale.
Par contre,
si nous considerons 183 enonces I comme bases, il
est possible d t en deriver tous les enonces gramma-
ticaux de 11 sans recourir a un artifice. Le pheno-
mene se passe comme suit:
Ia~IIa
Ic ~IIc
Id ~IId
Nous adopterons le meme raisonnement pour les
enonces du type A.
Expansion de 43a
111 a. mi
rokk
-ii
hobbe
maaro
je
offrir
-ASP h~tes
riz
"jlai offert du riz a des h6tes"
b. mi
rokk
-ii
hobbe
be.
maaro
je
offrir
-ASP h~tes
DET
riz
"jlai offert du riz aux h6tes"
c.
mi
rokk
-ii
hobbe
maaro
ko
je
offrir
-ASP h6tes
riz
DET
"jlai offert le riz a des hotes"
d •
mi
rokk
-ii
hobbe
be
maaro
ko
ue offrir -ASP htlte3 DET riz
DET
"jlai offert le riz aux hates"

-148-
Mouvement du datif correspondant
I V a. * mi
rokk
-ii
maaro
hobbe
je
off r i r -A SP
r i z
htJtes
"j'ai offert du riz a des h6tes ll
b. * mi
rokk
-ii
maaro
hobbe
be
je
offrir -ASP
riz
htJtes
DET
11 j I ai
offert du :ciz aux htJtes"
c.
mi
rokk
-ii
maaro
ko
bobbe
je
off r i r -A S P
r i z
DET ht'ltes
"j l ai offert le riz Et des hctes"
d.
mi
rokk
-ii
maaro
ko
ho6be
be
je
offrir -ASP
riz
DET hLltes
DET
"j ' ai offert le riz aux hdtes"
Ici egalement, la seule maniere d'obtenir tous
les enonces grammaticaux sans recourir a un artifice,
est de considerer que les enonces en III constituent
les structures profondes, ce qui donne :
IIIc~IVc
IIId -7IVd
-Pragmatique des traits defini et anime
explication
.Le trait defini
L'operation de mouvement du datif, dans les deux
series d'enonces se caracterise e3sentiellement par
la tenda'nce des objets definis a se rapprocher du ver-
be, et des objets indefinis a s'en eloigner.

-149-
Cette tendance generale trouve une explication
lorsque,
depassant le cadre de la syntaxe, nous pro-
cedons a ce que Perrot appelle "l'analyse linguisti que
totale"
(Perrot, 1978).
Pour Perrot, l'analy~e linguistique est totale
lorsque l'analyse syntaxique est completee par celle
du "message en tant qulunite de communication struc-
turant l'apport d'information".
Repranons,
par exemple,l'enonce (43) a la lumie-
re de la notion d'apport d'information.
Nous le repro-
duirons en
(50) par commodite.
(50:a.
mi
rokk
-ii
hobb~
(be
maaro
(ko)
je
offrir -ASP
hotes
DET
riz
DET
"j l ai offert (le
riz(aux) hotes"
b.
mi
rokk
-ii
maaro ko hObbe
(be)
je
offrir -ASP
riz
DET hotes
DET
"jlai offert le riz (aux
hotes"
c.* mi
rokk
-ii
maaro
hObbe
(bce)
je
offrir -ASP
riz
hotes
DET
"j'ai of fe r t
du riz
(aux) hotes"
Bien que 18s enonces
50a et 50b se traduisent
de la meme maniere en fran9ais,clest-a-dire,
"j'offre
12 riz aux hotes", il y a
,
dans llespri t
du locuteur
psul,
une certaine nuance 2nt~e ces deux enonces, liee
a l'apport dlinformation.
Car
, a la question
ko
mbad-daa maaro ko ?
(q
faire-tu riz DET "qulas-tu fait du riz 7"),1810-

-150 -
cuteur peul repondra plus spontanement par
50b, que
par 50a; alors qu'a la question ko mbad-an-daa h066e
h '( (Q. faire- BEN tu hl'Hes DET) "qu'as-tu fait
pour les hBtes 7), la reponse sera 50a au lieu de
50b.
On peut donc dire qu'en pulaar et dans plusieurs
langues du monde,
ce qui est connu a la fois du 10-
cuteur et de l'auditeur,
c'est-a-dire ce qui est pres-
suppose,
vieux parce que ntapportant aucune informa-
tion,
se place avant ce qui est nouveau , et consti-
tue un rapport d'information (cf.
chapitre 4)
C'est cela qui explique la tendance des objets
definis a se placer avant les objets indefinis.
La litterature linguistique degage un certain nom-
bre de contraintes liees a cette tendance.
Dans son
article "Definiteness, animacy and NP
ordering", E.N.
Ransom (1977) a enonce la contrainte
suivante:
DSH :" lorsque
le SN avance est plus bas dans la hie.".
rarchie du defini-specifique que 12 SN qu'il remplace,
la phrase sera moins acceptable"
(trad.
V.S.)7
7.
0 SH:
i.
defini-specifiqu8
ii.
indef~ni-specifique
iii.
indefini-non specifique

-151-
Cette contraintc, qui ~xpliqu8 l'agrammati-
calite des enonces 43c, 44c, 45c,
2t 46c,
est veri-
fie
dans des langues aussi eloignees l'une de l'au-
tc~ qUf3 l'anglais, le chinois (Li '?t Thompson, 1975)
et l~ turc 8 •
La contrainte montrs ega18me~t que nous n'a-
vions pas eu tort de poser comm
structures profon-
des les structures I
at Ill,
car, la plupart des cas
d'agrammaticalite correspondent ~ des enonces o~ le
SN avance est indefini alo~s que cclui qu'il r2mpla-
CB
est defini
(cf.
par3xe"lplc~ Ib 2t lIb).
Le trait anime
La pragmatique du trait anime
peut ~tre abor-
des ~ la lumi~r~ d'una aut~~ contrainte enonce2 dans
l'article de E.N.
Ransom cowns suit:
HAH:
"lorsQu8 12 SN avance
:st, plus bas dans la hie-
ra~chie de l'humain-anime que 18 SN qu'il r mplac e ,
'.9
la phrase sera moins acceptab12"
(trad.
Y.
S.)
8.
En . urc,
una langu:c: du~y~a
SOV, lorsque le sujet
2st indefini,
il sa placo obligatoir m nt apr~s un
DD defini,
9. HAH:
i- humain anime
ii- non humain anime
iii- non humain anirne

-152-
Dans cette perspective, il est inte~essant de
constater que tous le8 cas d'agrammaticalite, a l'ex-
ception d'un,
coIncident avec des enonces DD le SN a-
v3nc~ est inferieur dans la hierarchie hunain-anime
au SN qu'il remplace.
par exemple dans * 43c et *44c, il s'agit de la
promotion de non-humain inanime rempla9ant un humain
anime, tandis que dans *47c et*48c, il s'agit de la
promotion de non-humain anime, rempla9ant un humain
ani me.
Dans les cas *41 d, .*45c, et*46c, les deux objets
appartiennent a la m~me categorie de non-humain, non-
anime,
et la contrainte ne s'appliquc pas.
Dans les exemples (36)
et
(37) oD toutes les com-
binaisons sont possibles, les objets avances, notamment
les objets en ~ , sont superieurs dans la hierarchie
humain-anime aux objets qu'ils remplacent.
-Determination et eronominalisation :
une cEitigue de Ka
(1985)
Dans l'introduction a cette section, nous avions
fait reference a l'articls de KA (1985) "syntaxe de
l'expansion objectale en pulaa:;;" dans lequel nous de-
plorions l'absence d'explication des phenomenes observes.
Nous nous proposons d'evaluer, ici l'approche de
l'objet en pulaar,
dans son interaction avec les pheno-
manes de la determination et de la pronominalisation,
telle qu'elle apparalt dans cette etude.
11
est particulierement interessant de constater
qu'avec son etude des enonces a trois objets, les faits
observes par Ka constituent un support complementaire
a notre analyse.

-153-
.1 a demar ch ',0
Determ~~ation: La demarchs d8 KA constitu?, ~ par-
tir d'un enonce ~ objets indetermines de structure
V
01
02

), ~ voir l'sffet d8 la d3termina-
3
nation de chaque objet,
pris individuellement
, sur
la determination des autres,
chaqu8 phenom8n~ obser-
ve etant assorti d'une regle.
KA
traits d'abord
das enonces a deux,puis des
enonces ~ trois objets(representes 01
, 02 ,° 3
S8-
,
lon lour ordre d'ap~arition) et constate
ua pheno-
men- de reactio~?n chainB.
Pour 1 s enonces ~ deux Obj2ts il ecriL:
"la determination de l'um ou l'autr
des objets
ou des deux ~ la fois n'a aucun
incidence syntaxi-
qUf3 sur l'ordre et le comportement d~s constituants"
(P.
129)..
Appalons cett
premiere regle,
regle d'implica-
tion O(RI
)'
Illustration tirs€
de KA
(son numerota-
O
ge est en fin
d'enonce):
(51) a.
Samma
add
-an ~ii
puccu
goo Ve
(33)
apporter -BEN-ASP cheval
foin
"S amm ba a ap::JOrte du foin au cheval"
b.
Sammba add
-an -ii
puccu
~
qoo{e(33a/
apporter -BEN-ASP cheval DET
foin
"Sammba a ap o:-te du foin(indetermine) au
chuval(Oet.

-154-
c. Sammba add
-an - i i
puccu
D.9J:!. gooye de (33b.
apporter
-BEN-AsP ch:!val DET foin
DET
"Sammba a aprJorte 1:
I'oin au chc;val"
d.
Sammba add
-an
-ii
,uccu
goo/8 de (33c)
apporter-
-ASP chsval foin
DET
"Sammba a apporte 12 foin au cheval(indetermine)"
Pour les enonces El trois objets roursuit KA "la
determination des trois ~ubstantifs n'a pas d'inci-
dence syntaxique" (RI 1
Illustration:
(52)a.
kurko
o
wead
-an
- i i
kodo
puccu
goo{e(34,'
enfant DET donner-BEN -ASP hote
chGval foin
"l'enfant a donne du foin au cheval pour un h13te"
b.
kurko
0
we' cf
-an
-ii
kodo 0
puccu
~
enfant DET donner-BEN -ASP hote DET cheval DET
qoo{e
de
foin
DET
"l'enfant a donne le foin au cheval pour l'h6te"
11 en va de m~me lorsqu~ seuls
01
et 02
sont
det2rmines.
(RI
)
2
Illustration:
( 53 ) kurko
0
weed
-an -ii
kodo 0
puccu.~
2nfant DET donner -BEN -A SP hots DET cheval DET
goo/e (34 a)
fain
"1'enfant a donne du foin au cheval pour l'h6te"

-155-
Cependant, la determination du (',~ ul
impli-
°1
que necessairem:::nt cells de
(RI
) .
°2
3
IJJ u s t ~ a t ion
( 54 ) a .* k u:' k 0
wee er
-an -ii
koJo
0
puccu
go o{:~" (35 )
enfant donner
-BEN -A SP hate Det cheval
fain
b.
kurko
weed
-an
-ii
koeI~ .Q. puccu
mum
enfant Gonner -BEN -ASP h~te Dat Jch'val
!=OSS
gaaye
(de)
(34 b)
foin
DET
"l'enfant a danne , pour l'hcte,
du fain El. son
cheval"
(i.e.
l'enfant a donne du fain au cheval pour
l'hate)
Inversement a RI
'
la det2rmination du
seul 02'
3
implique necessairement celle de 01(RI
).
4
Illustration
(55)a.*kurko
weed
-an
-ii
kada
puccu
.!l9;;!. goofe
en fan t
danoer -BEN -ASP hCte
cheval DET foin
(36 )
b.
kurko
weed
-an
-ii
,kodo 0
puccu
llilU gOO{2
enfant donne r-BEN -ASP ha te DET cheval DET
foin
(34c)
"l'enfant a donne du foin au cheval
pour l'hate"

-156-
c.
kurko
we:~d
. -an -ii
kodo puccum
goo/e (34d)
enfant apporter -BEN-ASP hot
cheval
foin
"id."
KA termine la section sur la determination en
disant que "la seule variation syntaxique qui s'ope-
re av~c la d~terminiation ( t, c ci, au niveau de la
position des constituants) apparalt avec la determi-
nation du s8ul 03
. Dans ce cas, il passe en deu ...
xieme posi tion et implique la determination de °1 11
(RI
) (P.
130).
5
Illustration
(56 )a.* kurko
weed
-an
.,..ii
kock
puccu goo{e ~. (37)
enfant donner-BEN -ASP h~te cheval foin DET
"1'enfant a donne le foin a un cheval pour
un h5te l1
b.
kurko
weed
-an -ii
kodo 0
gooye de
puccu
enfant don ne r - BEN - ASP h~t= DET fain DET
ch eval
(342)
111'enfant a donne le foin au cheval
pour 1'8-
tranger"
Pronominalisation:
Dans les enonces a deux objets, KA con state que
la pronominalisation du s8ul 01
ou des deux objets
3St possible sans bouleversement dans l'ordre des
objcts (RI
):
6

-157-
Illustration:
(57;a.
mi weed
-ii
Sammba
d2fter
(nde)
(38)
je donner -ASP Samba
livre
OET
"j'ai donne (l:'!
livr
a Samba"
b.
mi we',d
-ii
dum
deftere
(ndQ) (38a)
je donner -ASP PRO/3e
"je lui ai donne-le-livre"
c.
mi weed
-ii
dum
nde (38b)
je donner -ASP PRO
PRO
11 j e
lui ai donne"
tandis que la pronominalisation du seul O
deftere
2
"liVI'e"
implique necessairement sa promotion El. pro-
xi mi t e d u ve r be ( RI 7 ):
(58) mi weed
-ii
nde
Sammba
(38c)
je donner-ASP PRO
Samba
11 je
l' ai donne a Sambar~
Oans les enonces a trois objets, la pronomina-
lisation du seul. 0
'
ou de 0
et O
, O
1
1
2 DU de 0 1
2 '
0
'
successivement, n· bou12verse pas l'ordre des
3
constituants comme dans (59)
(RIB ),
mi weed
-an
Sammba
puccu ( n 9 u) n di yam ( da m)
je donner -BEN Samba
cheval OET
eau
OET
(dum)
(ngu,
( dam)
(39)
"J'ai donne de l'eau au cheval pour Samba"
tandis que la pronominalisation du seul 02 donne
(60)
dans l2quel O
est ramene:n pr8mi~re position(RI ):
2
9

-158-
(60) mi weed
-an -ii
ngu
Sammba ndiyam (39a)
je donner ~8EN:'ASP P\\;O
Samba
eau
"je lui (pour:cheval) ai donne de It eau pour
"Samba"
Lorsque Iton pronominalise le seul 0
'
on ne peut
3
avoir que deux possibilites: pronominalisation, ou
determination de 02 (RI
):
10
(61 )a.
mi weed
-an -ii
darn
ngu
Sammba
(39 b)
je donner -BEN-ASP PRO
PRO
Samba
"je la' (pour:~ ) lui (pour: cheval) ai donne
pour Samba"
b. mi weed
-C1n -ii
dam
puccu
ngu
Sammba (39c)
je donner-BEN-ASP PRO
cheval DET
Samba
"je l'ai donnee au cheval pour Samba"
La conclusion de KA sur la syntaxe de Itobjet est
la sui vante:
"dans l'ensemble des c;as etudies jusque-la, la
syntaxe de l'objet est essentiellement une syntaxe de
position, fait caracteristique du pUlaar" (p. 132)
A notre sans, cette approche pourrait gagner en
rigueur, et en pouvoir explicatif
-en rigueur:
La demarche de KA pourrait gagner en rigueur
parcequ'apres avoir enumere un certain nombre de regles
implicationnelles isolees, il n'est pas alle plus loin
pour etudier l'interaction de ces r~gles dans les e-
nonces a trois objets, ce qui aurait permis de rendEe
le systeme plus coherent.

-159-
En effet,
CB
qui est determinant dans les reac-
tions en chatn~ (qui sont una realite du puJaar),
c'sst moins le semantisms d~s objets 10
que
leur po-
sition.
11 est r8gre~blli que l'importance de cella-
ci n'ait pas fait l'objet de demonstration.
Par example,
ce nlest pas le fait d'~tre
03
(lI o bjet ll dans la terminologie de KA) en 2e position
qui entrafne la determination de 01
dans 56b ; clest
le fait dlatre defini et en 28 position qui offre les
conditions dlapplication, non pas ~~ R1
(comme on
5
en a llimprsssion) mais de RI
. Le processus est donc
4
beaucoup plus complexe.
Ainsi la derivation de 56b serait comme suit:
(62) a.
kurko
weed
-an
- i i
kodo
puccu
goo/e
enfant donner -BEN -ASP h5te
che val
foin
(enonce bas
"1 1 enfant a donne du
foin a un cheval pour un
etranger 11
Detarmination~e 03
b • * k u r k 0 we 8 Jani i
k 0 cl 0 p u c c u .9.00 i 8
de
°3
Passage en 28 position
c. * k ur k 0
lU S 8 Jani i
k 0 J0
900 \\f::~
erEO Pu c c u
10- Le semantisme explique l'o~'d:;:,,' definitif des ob-
jets apt~s applica~ion des r~g12s implicationnelles.

-160-
Application de R1 4
d.
(56b).
kurko
weedanii kodo 0 gooy8 de puccu
11 est important de
souligner qu'au stade £
d2 cette derivation,
90o{~ J~ "le foin " cesse de
se comporter comme 03 .
Parce qu'il est defini et en deuxieme posit~on
03 acquiert toutes les proprietes de 02 ; mieux, 03
devient tou~ simplsment ° , d'ou l'application de
2
RI
au stade d
Final.
4
Ce n'est que par ce processus qu'on peut rendre
compte ds l'interaction des regles implicationnelles,
met~nt ainsi plus en valeur l'impo:rtance de la posi-
ti on.
-le poVJoi r
explicatif
Des
phenomenes observes dans l'enonce rigide
a objets indefinis suivant:
(63) kurko
o
. weed
-an
-ii
kodo
puccu goo/2(34)
enfant DET donner-BEN -ASP hate
cheval foin
"l'enfant a donne du foin au cheval pour 1'13-
tranger"
KA 2st arrive a la generalisation sur la position du
benefactif:
"le fait qu'il soit appels par le benefactif
-an- lui confere la premiere place (au plan syntaxi-
que:) apres le verbe".

-161 -
Cette g~n~ralisation no us 3cmble faire peu de
cas des ~nonc~s 55, 60, 61a, st 61b, qu'il donne
at dans lesquels le b~n~factif n'est pas contigu
au verbe.
D'autre part, quand le b~nefaetif est eombi-
n~ au cau8atif, les deux objets se disputant
la
premi~re position. Et le8 ~nonc~s suiva~ts sont par-
faitem2nt grammaticaux:
(64)a. Aamadu
diw
-n
-an -ii
Demmba eolli·
Amadou
voler-CAUS-BEN-ASP
Demba
oiseaux DET
"Amadou a fait s'envoler les oiseaux pour Demba"
b. Aamadu
diw
"-n
.:.an
-ii.colli
Demba
Amadou
voler -CAU5~BEN-ASP oiseau DET Demba
"id."
(65)a.
mi dill
-in
-an -ii
Sammb~ njamndi· ri di
je bouger -CAUS-BEN-ASP
Samba
ri1~tal
DET
"j'ai fait bouger le m~tal pour Samba"
b.
mi di 11
-in-an -ii
njamndi ndi
Sammba
je bouger -CAUS-BEN-ASP m~tal
DET
Samba
"id."
Nous avons montre pourquoi cela est possible en
privilegiant le semantisme intrins~que des nominaux
(exemple : les traits d~fini et anime).
L'erreur de KA r~side
done dans le fait qU'il
ait privilegie l'incidenc8 s~mantique des morph~mes
de derivation, mettant ainsi l'aee~nt sur le8 seman-
tismes imposes par le verbc.

-162-
Ceci nous am~n8 ~ dire quo, bi3n que nous so-
yons d'accord aV2C la conclusion
de KA sur l'impor-
tance de la position dans la syntaxe de l'objet en
pUlaar, nous pensons Qu'elle ne peut ~trG expliqu8e
qu'en tenant compte des facteurs de communication,
de l'apport d'information,
comme nous l'avons fait
dans les sections precedentes.
Ces facteurs permettent non seulement j'expli-
quer les faits decrits par KA,
mais egalement la si-
militude de comportement entre les substantifs defi-
nis et les pronoms anaphoriques.
Par 8xemp18, l'ordre des objets dans les enonces
~ trois objets 52,53,
54b,
55b,
56 est parfaiternent
predit par DSH
(note 7) et nOU3 pouvons rendre com-
ete de
55c , qui est una exception a la contraint2
DSH, par la contrainte HAH (note 9).
Enfin,
taus C2S faits montrent un2 certaine r2s-
s2mblance dans la ~ragmatiqu8 des pronoms et des subs-
tantifs definis.
Et si le5 pronoms ont tendance a
~tre
plus contigus au verbc,
cela 2st dO au fait
qu'ils ont un degre de topicalite et de pressupposi-
tion plus e19ve
que les substantif2 definis(cf.
cha-
pitrs 4 ).
3.3.
La catego,:ie Obligu8
Traditionnellement,
sont consideres comme des o-
bliques les nominaux qui assum nt la fonction dB cir-
constant, c'est-a-dirs qui n
sont ni SUj8ts, ni ob-
j::ots.

-163-
Les obliques entretiGnncnt generalement une re-
lation semantique diracte aVEC 10 verbe. Aussi, les
differents types de locatifs, le beneficiaire et
l'instrumental sont-iIs consideres cmmme appart~­
nant a cette categorie.
Cependant, de recentcs etudes ont montre que
du point de vue syntaxiqu8, CGs nominaux
pouvaient
presenter des caracteristiques qui permettent plu-
tat de les ranger dans la categoris des objpts ; ce-
la est particulierement vrai des langues bantoues
comme l'ont si bien montre das autsurs comme Da1-
guish (1976), Trithart (1977)
, Stucky(1967),
mais
egal ment du pulaar.
Dans cette section, nous nous proposons de mon-
trer qu'en pulaar,
seul un czrtain type de locatif
:J [] ut
tl t re
t r a i t e c 0 mr~ 8 0 b1 i q u::; .
Elle s'articule en trois points. Les deux premiers
traiteront
des locatifs et le troisieme qui abordera
le problems des ho~onymies casuelles, no us permettra
de mieux apprehsnder la categorie oblique en pulaar.
3.3.1. Le traitment des locatif r
En terme de semantique il
faut distinguer deux
types de locatif en pulaar:
le "directif", qu'on
retrouv
dans les enonces impliquant un deplacement
vers un but
et "l'ablatif", qui indiqu e un deplace-
msnt a partir d'une source, C ttu typologi e notion-
naIls peut ~tre illustr88 dans lCG examples ~ et b
suivants:

-164-
(66) a. Aali
dog
-an
-ii
wur-o
Ali
courir-DIR -ASP
ville
"A 1 i
court vel'S la ville"
b • Aali
dog
- I '
-ii
wuro
Ali
courir-ABL
-ASP
ville
"Ali court a partir de la ville"
De ces deux types de locatifs c'est le premier
qui presente le plus de diversit8smorpho-syntaxi-
qU8S,
car,
morphologiquement il comport
differen-
tes marques qui, a leur tour,
determinent la natu-
r~
dE la relation grammaticale que le locatiF doit
~ntr tenir aVBC le
vsrb2.
Le directif pBUt atr2 cod~ de quatre mani~rss
differentes illustr~es comma suit:
(67)a.
mi
tiin d
-iima
to
hiirde
to
je se diriger
-ASP
PREP snir~e
POST
"je me dirige ve rs la soiree"
b.
mi
tiind
-iima
to
l"1uttaar
(to)
je
se diriger
-ASP
PREP Mou !.:,ar
POST
" j '=' me di ri ge vel'S l"1outar"
(68)a.
mi
naat
-ii
( 2 )
nder
suudu
je
entrer
-ASP
PREP PREP
case
"j1entre dans la case"
b.
mi
181
-iima
(,
dow
leeso
"
je
c 0 u c her -A S P
PREP
PREP lit
" jiG me suis
couch ~ sur le 1 it"

-165-
(69)a.
mi
yabb
-an
-ii
j uma a.
j10
' >
marcher
-D1R -ASP
mosquee
"je
marche vel'S la mosquee"
b.
mi
dog
-an
-ii
galle
Aamadu
je courir
-D1R -ASP
maison
Amadou
"je cours vel'S la maison de Amadou"
(70) a.
Sali
dog
-ii
fay
-i
wuro
Sali
courir-ASP diriger-ASP
ville
" Sal i
c 0 U I' t
vel' Sc' 1 a vi 11 e "
b.
Sali
nel
-ii
Sasa
fay
-de
e
Sali
envoyer -ASP Sasa
diriger-1f\\lF PREP
Ndey
:,Ndeye
"Sali a envoye Sasa
auprs:;; de Nde y e"
11 ressort de ces exemp185 que le directif est
marque soit par une adposition (67 et 68),
soit par
un nom preposi tionnel (68),
soi t
par un· deri vati f
vel' bal (69),
soi t enfin par un verbe ent.rant dans
une construction en serie(70).
Nous degagEOnS
la structure interne de chacun
de ces directifs ainsi que leur comportement synta-
XiqU F3.
3.3.1.1. Structure interne
3.3 1.1.1. Le directif adpositif
Le directif adpositif est marque,
soit par lQ

-166-
sous forme
de circur'lpositioll comme dans(67) ou de
simple ~reposition comme dans 67b, soit par la par-
ticule prepositive e.
-
Comme marque locatiV8
, la particUle e
est plu-
tot marginale et nlest obligatoire que dans deux
cas:
- avec les directifs concr2ts non locationnels:
(71 ) a.
huccit
8
mba~oodi/
Dooro
faire
face-IMP
PREP
lion
/
Doro
"fais face au lion /
El Doro
b.
fay
a
mbaroodi/
Dooro
aller-IlvlP
PREP
lion
Doro
"va:
vers le lion /
Doro
avp,c les directifs pronominaux
(72)a.
huccit
e
ill2yre
faire
face
PREP lui
(rererent: !unnaange
"Est")
"fais-lui face"
b.
h Q\\CCU
ma j j (~
aller..:.IMP
PREP
eux
(referent cehe "cime-
tiere")
"va vers lui"
Contrairemeent El la particule ~ , trois arguments
montrent que 1£
est la marque du directif par excel-
12nce:

-167-
( i ) -l 0 n' est pa :" " III plo y e dan:.:, le: s en on c e s n
co m-
portant
pas de
fa90n
svidonte un deplacement
vel'3 un but;
crest le cas des verbes de la zons
drc; "poser sur",
"stendre",
"jeteI''',
"eparpilll:?~''':
(73) a.* mi
faw
-ii
to
taabal
to
mbUlU
je
poser
-ASP
PREP table
POST pain
"jVai pose le pain sur lacabls"
b.* mi
Sal'
-ii
to
ngesa
ba
to
gawl'i
j8 eparpiller -ASP PREP champ
DET POST mil
"j'ai eparpill~
du mil sur le champ"
c.*mi
we'dd
-iima
to
mbaroodi
to
haayre
je
jeter
ASP
PREP
lion
POST pierI'
"j'ai
jate la pierre au lion"
Ces enonces sont tous grammaticaux avec la parti-
culc2
(74)a.
mi fawii
8
taabal ngal mburu (73a:
b.
mi
s a I' i i
8
n 9 e sa bag a wri
(73 b )
c.
mi weddiima 8 mbaroodi ndi haayre
(73c)
(ii)- lorsqutune question porte sur un dircctif, la
s2uls marque interrogative admis2 est to
cela,
quelle que
soit la marque de CB directif.
(75)a.
Sammba huce
-ii
to
suud u
ndu
to
Samba
diriger -ASP P8EP
case
DET
POST
"Samba s~ dirigp.
Vt~rs la ca",c"
b.
Sammba hucc
-ii
8
suudu
ndu
Samba
diriger -ASP PREP
case
DET
"id. "

-168-
(76) a.
(hol)
to
Sammba
hucc
-i
?
Q.
Q •
Samba
diriger
-A SP
"ou se di rig e Samba ?
e
Sammba
hucci ?
L'enonce 76a est l'equiva)nlinterrogatif a la
rois de 75a ou le directif est marque par l£ , et
ds 75b ou le directif
-st marquB par
e. Notens
l'agrammaticalite de 76b ou ~ 8st employe.
(iii)-enfin, nous disons qu'il est souvent possible
de degager la valour semantiqu8 d'un oblique a par-
tir du type d'adposition qui l'accompagne.
C'est bien
le cas des SN en to
. car ce moneme a un semantis-
- '
me intrinseque que l'on
note dans les 8xpressions
adverbiales et les deictiques.
(77)a.
hol
to
pah
-daa
?
"Du t' en vas-t u ?
reponses
b.
to
"la-bas"
c.
toon"la-bas
(pres de toi")
(78 a.
ooto "celui-la"
b.
ootoya "celui-la , lil-bas"
3.3.1.1.2.
Les noms pre;ositionn-ls
Nous appelons nOG1S ,~_'e;cosi tionn81~;
les prepo-
sitions b'-llles que ndc..'I' "dans",
dow "au-descsus",
caggal
" de r r i El re"
qui P 2 u vs n t
tl t r s
a f f 8 C t 838 d' un

-169-
indice de classe
nder 0
nqal
"1 'arriare",
Ces marques,
frequentes dans les langues afri-
cainas (d.
Givon, 1969 pour 19 8antou
Marchesa,
1979 pour le Kru
Abraham, 1959 pour le tchadique;,
ant la propri~t~ d'entr~t2nir avac las nominaux qui
les suivent un rapport ds POSs33sion du typ2 A de
B
dans laquel A, le possede , 2st un nom preposi-
tionnel et 8, le POSS8ss~.ur.
11
faut cepndant disting~8r cas noms preposition-
nels de 1 'adposition!.9.
bic n quI ils soient tous auto-
nomes et aient une certain2 connotation locative,
Par exemple,
seuls les noms prepositionnels peu-
vent ~tre precedes de la particule prepositive ~:
(79)a.
~i
naat
-ii
( 8 )
nder
suudu
je
entrer
-ASP PREP
PREP
case
"j'entre dans la caSe"
b.
mi
yan
-ii
(s
dow
joowTe pataas
je
tomber -ASP PREP
PREP
tas
patates
"je suis tombe sur un
tas de patates"
(80) a. *fli
rew
-ii
-no
to
galla
ma
je
passer -ASP
PRE
PREP PREP
maison
POSS
to
PREP
" j e sui ~3 pas sec h 8 Z t 0 i "
b.-II( rni
yah
-ii
e
to
wuro
to
aller -ASP PREP PREP
ville
POST
J '
"j8 suis alle en ville"

-170-
Cs phen0l11ene SI~X liquc
,
en realite,_ par le
fait que le3 SN dans ~9) entr ticnnent un rapport
ds poss ssion qu~ fait qulils
se comportent comme une
uni te.
3.3.1.1.3.
Les derivatifs di~8ctif et ablatif
L'ablatif presLnte tres pBU dlinter~t
pour nOU3.
L
d~rivatif di~ctif a la particularite d'etre
la s8ul
marquB ayant un equivalsnt adpositionnel.
C'est ainsi que csrtains v~rb_s directionnels admet-
tant ~ la fois d2S complemsnts marques ~ar la cir-
cumpositiJon
to ... to
et le deri'Jati.:- jircctii" -iJ.:::
(81 :: d. mi-
yah
- i i
to
wu._·o
to
j e'
3.112I'
-A SP
PREP vi 1. 1 (3
POST
"j
vaisn vi}
-,11
b.
mi
yah
-e:.tn
-·i i
JJU~~O
j'-!
aller
-DIR
-ASP vi2.113
11 id. 11
(82121.
rni
ti' nd
-iima
t ~,L.'
luur 0
to
je
dirir,Fi'-ASP
PREP vi 11 ,~
POST
llje me dirig
vc, " ~
~~O
la vL~ ~_ >3"
b.
mi
ti:nd
-an
-iima
w!Jro
je
dirigt-.;r
DI R
-A S P
i '.le
"i d."

-171-
Il 8xistc::,
c p ndant,
e 6 V rb::!s qui n'admet-
tsnt que le d~rivatif an
~ l'8xlusion de son
~quiva­
lent adpositionnel:
(83:,a. Aali
dog
-an
- i i
wuro
Ali
courir -DIR
-ASP ville
"Ali court vel'S la villcc "
b.* Aali
dog
-ii
to
wuro
to
Ali
courir -ASP PREP villa
POST
(84)a. Aali
y.abb
-an
-ii
wuro
Ali
marcher
-DIR
ASP
ville
"A 1 i
march-=: VGrs la villa"
b. * Aali
yabb
-ii
to
wuro
to
Un classement plus ~labor~ d"s v:~rb3s de m :Jtion et
ds leur compatibilite avsc l~ d~I'ivatif -an- sera
~tabli au chapitre 8 (Passivation).
3.3.1.1.4.
La construction ~n seric
Sien que 1
pulaar soit un~ langue ou les adpo-
sitions pr~dominant, il y a deux tY~8S drdnoncds qui
permettent de dire qu
c tt~ langue Qresente un d~­
but de s~rialisation] mais alJant d,
donner des argu-
cjnts en faveur
d~
c tt
ana}ys
, degagcons tout d'a-
bord la structur r
d
d u;;
': y
s d'~nonc~s que
nous r ~ronons en (85
e: t
(86

-172-
(85)
Aali
dog
-ii
ray
-i
wuro
Ali
courir-Asp alLr
-Asp
ville
"Ali court vel's la villc:"
(86)
Aali
winnd
- i i
1
ctSI'
fay
-de
e
Ali
ecrirs
-ASp
119 t t l' 8
al12r -II\\IF PREP
Takko
Tacko
"A 1 i
a e cri t
un e 1 t t r: a Ta c k 0 //
Ces deux enonces ont une structure differente:
( 8 5)
Co mp 0 r t e d s ux v,; r b~ s con jug u e s
(V 1 et
V2
qui sont des verbss
dE mouv~mRnt
ayant le mOme su-
j~t (SN .• Sa structurG ~st la suivante:
].
(87
SN
V
V
SN .
et
V
appar-
i
1
2
dans laqu211e
,
V
J
1
2
ti::::nne nt a de s series difreLcnL:s (V
:Serie I
1
V
:
Serie II
2
Exc mol rcs
Seri e I
SerL II
dog- "Courir
fay- "se diriger, al-
filOOyt- "marcher:a ,=,as
ler"
de lOup"
tiind- "se diriger"
yah- "aller"
hucc- "se diriger"
moyl- "se dep~cher"
yah- "aller"
yabb- "marcher"
Comme nous pouvons 1
~ marqu2r dans la traduc-
tion,
les verbes da la seri~ 11 impliquent plus de
dir~ctionnalite qu
CGux d
la seri~ I.
..

-173-
Pour un locuteur p8ul,roduir~ unn construc-
tion en s~rie du type
( B7 "
.
L
) con S 1 S I> I' a combiner n'im-
port8 qual
verba de la s~ri
I av~c n'importL 12-
qu=l de la s~riB 11.
Ainsi tout ~nonc~ extrait d
(B8)
serait gramma-
tical:
SERIE I
SERIE II
(88 ;Aali
dogii
fayi
wur 0
mootii
tiin dii
wuro
daagii
hucci
moylii
D'un autre c6t~, le typ.
(86)
comports un var-
be conjugu8 V
et un verba a l'infinitif V
qui
1
2
ant des sujets diff~rents SN.
, SN.
. Sa structure
1
J
cost la suivante:
Dans
cette structur ,V
~2Ut etre occupe oar
1
un certain nombre
de v~rb s d:
transmission tels
qus winnd-
"ecrire",
n:;l-
"bnvoy r '1 .::tc ... ,
tandis
que.: V
peut l'~tre_!par n'import
qUel
vc'rbe
dC': la
2
S Bc:' i l l .
Apr~s avoir d~gage la stc:'uctUI'c
d s d~ux ty~_~
de constructionn S~=-i3, il im:'oc:'tcc mainLnant d."'!
don n e r des a r 9 u me n t s G n f a v' u :"
d
n 0 -:, ;:' re; h y pot h El 5 co .
Nous commenceron~ )ar un crit~r
d~finitoirc d~
la construction en s~rie.: ~ Ion 1~qu21 un d2S verbas

-174-
,';st toujours interprete comrn8
marqu
casu811;,
et
traduisible
par
unc ad;osition dans les
langues,
comrn~ le fran9ais ou l'anglais, qui n'ont pas une
telle
construction(cf.
LOl'd,
1973
Thompson,
1974
C21a ,est
evidemrnent
vrai
d
nos
enonces.
Le second argum nt
st de naturr
semantique
~t a rap ort aV2C l'hypothese que:
" i n s " r i a l e 0 n s t,' u C'C ion s
' h 'cc
v~.;:c b n G C S S a ,1:' i 1 Y
f81's to
subparts or as
.:cts of a singl!'.:' OV2[cll'
~'JI3nt"
(Lord,
1973:
259)·
En 8ffet,
le'!
fal:: ·~,r
(87)
fct(89
8x~.irim8nt un
E§I.,en ment unil'lu:'
c,st
8Y31
:nent
clair dans la
trad'..Jc-
tlon dJs
enonc~3 illustratifs.
Cett2
traduction mon-
~st toujc~rs affec-
tee ~ V,
tandis qu
V
~st ~ur2m~nt dir ctif.
2
se:cie
::,ont d·:;
ara"hr,)::>s
d r,
constructiOiJ'
simple.
c 0 mp 0 I' t Q. , \\'
u' "
;im:::lc.
C tto
!Jos:;iijj~
15.. :.3 c,J,~~i,rme
l'~ caracterl~
unique
d2 l'even2rnent:
cf.
90b et 91b.
(90 ) a.
Aali
d:Jq
-ii
" ay
-1.
wuro
Ali
cDurir -ASP
di:-iger -ASP
viI
f~
"AI i
COULt
\\11.'O:r S
la 'JU
,,11
b.
Aali
dOQ
-an
- i i
wu~o
A.l i
cou~ir-DIR
-ASP
villc
"i d. "

-175-
(91
a.
mi
winnd
- i i
.1
i! t i~ r
Fay
-de
e
j
eccire
ASP
1
t c~>;
a1113f' -IN F PREP
Ami
Ami
11 j I a i
e c.; I' i t
un,: 1 2~ t r-J El. Ami"
winnd
- i i
Ami
leet I'
je
ecrire
-ASP
Ami
lettr::"
"id."
I\\JOt:"'8 dernic~r
argu:ri~nt
'J'J.
-:::onsistcr El. Gcarter
un=' :,ypothese qui fc::rai L dC's structui.' 'S
(87
et
(89
d2S constructions consecutives coordonnees,
en pre-
n3nt le contr2-pied d'une demarch2 adopte
par diffe-
rents auteurs et pour d'autr
s
lan~u8s africaines.
La ressemblanca ent~s les constructions consecu-
tiv~s et en serie a fai~ llobjet d1una etuje dans
Hyrn3.n(1971).
Prenant,
ll:
cont~s-pied de celui-ci dG.ns
3 a 11
cl I' tic 1 '"
sur l ' an] i,
un [3 1 an 9 u ,-: a k 3,1 := a r 1 e2 8 n
c6tG d'Ivoire,
V.
Leyseel~ (1978) a montre que les
03UX types de construction~ doivsnt ~tr8 distin]uees.
Pour cala,
l'auteUD a utiJise le test de la ne-
gation.
Van Leyseelc a mon~re qu'~n anyi,
il est pos-
sible ds nier ou bien chacun des deux verbes de
la
construction
cOll':;ecuti'J,e:;,
au l",s dc.3uX El. la fois
aIors que dans la construction en serie les dHUX vef-
b~s doiJant l'etre obliuatoirem8nt.
En pulaOlT':
;2
pas
qu=i-·,u' egaleme;nt. discrLllinacoi~'\\:- des
dc:;ux tyP€S
de
c 0 ~ s t I' U c t i O'~ ,,;


-176-
Le test de la nt31Jc:.t,i,n nous pc:rmet de lr~'JI:or
l'arnblguic-,~ j'un 8rHll)Ce comin,
(85) repris en
(92):
(92)a. AaJ. i
dog
-ii
fay
- ,
wuro
Ali
courir -ASP
aLLl:or
-ASP
villa
"A 1 i
a
couru J,=,f s la \\Ji 1 '::I If
( i n tar P I' eta t i lJ ,:
en serie,
"Ali a couru et est a11e 'JIOJrs la 'Jil' ::0 1• (in-
t 8 I' PI' eta ti 0 n cons 8 cut i 'en) ,
Nous co~statons que pour obtanir la forme nega-
ti'l'] de l'inc<?rpretat.ic:~~:Jnsecuti\\!i:: de
(92),
il est
necessaire de nier le5 deux verbes ~ la fols:
(93
Aali
-3an
- l
fay
.- at"
- l
Ali
courir -Nag
-ASP
al er
Nag
i-ASP
w u:- CJ
vilie
"A li n 'a pas cou:r:u Elt n'
st pas al, e J,:;rs la \\/il-
le"
tandis que pour obtenir l'int8rprata~i
on ne peut nisI' que la p~8mi8r:
(94) Aali
dog
-aan
-1.
fay
-...
wuro
"A1. i n ' a pas co u r u \\.' ;0; I' S 1 a vi 1 L" "
Pour conclura cettG section,
nous ferons remar-
q ".I:: I' que bi 2 n q u 8 1 8 Pu1 a ~lr Ll j '::, LI n r i ch 8 s Ys t <3 :TH
d'adpositions, il emploie dans ce~tains cas des cons-
tructi~ns en saris.
Bien que ce phenomene ne soit li-
mite qu'aux deux cas dacrits plus haut, il faut cO-
mettre que synchroni.quement. les strategies adposi-

-177-
tionnelles et en serie coexistent.
Set t e con s to. tati OiJ,"st cl-:rte~3 en con [Ladi ction
3V2C un principe universel enonce par Givon et dont
l'auteur
dit s'ap;JliqurH au peUl;
"a language may add prepositions through its
nominal systems,
in which ca3~ it need not develop
seriali~3atioil. Thi~3 seL'Oms to have happened in rula"
(Givon, 1975: note 27)
3.3.1.2.
Discrimina~ion ~yntaxique des locatlfs
11 y a ~~e diFfersnce de
co~portement entre les
locatifs ~ar rapport aux phenom~nes de subjectivation,
p::,onoillinalisatio:l, et :celati'Jisation.
Ces processus
syntaxiques nous permet~8nt de distinguer les locatifs
qui sont de vrais obliqu2s des l08atifs qui ne le
sont. ~as.
3.3.1.2.1.
Subjactivation
Nous savons qu'en pulaar, le verbe s'accorde aVBC
son sujet au ~oyen
dH l'alternanc8 consonantique.
Les exem~les suivant~ contiennent des locatifs
promus sUjets par passivation
(95)0..*
wuro
ngo
yah
-aameL
to
to
\\.Iille DET
alleL -PASS
PREP POST
b •*
t f)
~ U 1:' I]
'I 9 0
yah
-aama
to
PREP
ville
DET
aller
-PASS
POST

-178-
c. * IJJ i.Jro
ngo
yah
viI: !3
DET
alleI'
-PA SS
"* la vill e a ete allee'I
(on est alle en ville)
(96)a.
wuro
ngo
yah
-an
-aama
ville
DET
alIeI'
-DIR
-PASS
" *la vill e a ete alle2" (on est alle en ville"
b. maayo
ngo
dog
-an
-aama
f18UV8
DET
courir
-DIR
-PASS
" *le fleuv8 a
ete couru vers"
(on a couru vers le
fleuve)
c.
wuro
I1go
i'JJ
- f
-aama
bannge
viII e
DET
venir -AaL
-PASS
cat e
hirnaange
oU8st
" On est venu du cote Ouest de la ville"
(98: a. * Aminata
winnd
-aama
lester
fay
- de
ecrire
PASS
lettre
aller-INF
e
PREP
"*
Aminata a
ete Berite une lettre"(On a
e-
crit une lettre a Aminata)
b.
Aminata
winnd
-aama
leeter
eerirs
PASS
lettre
"On a
eerit une lettre a Aminata"
(99. a. * wuro
dog
-aama
(fay-
. ')
1 /
ville eourir-PASS
all er
ASP
"On est al18 en ville"

-179-
b. wuro
ngo
dog
-an
-aama
ville
OET
cour ir
-01 R
-PASS
"On a cauru vers la ville "
Les
xemples (95
montrent qu'avec DU sans la
circumpositian 19....:-:....:..J:..9.
le locatif marque par ce
relateur ne peut pas ~tr8 promu sujet
ce qui n'est
pas le
cas des locatifs marques par une extension
(cf. 96 a et b pour le diractif,
et 96c pour l'abla-
ti f) .
11 s'agit bien de sujet car Gn mettant les no-
minaux promus sujets au pluricl on obs2rV8 un chan-
gemsnt de grade,
signe d'un accord sujet-verbe:
(100) a.
gure
-an
-aama
villes DET
aller
-DIR
-PASS
b.
maaje
de
ndog
-an
-aama
rivieres DET
cou:;:-ir -D1R
-PASS
c.
gure
. ..!l9.i w
-r
-aama
bannge hirnaange
villes quitter-ABL
-PASS
ce>te
Est
(97)mantre que la s ule fagan d'obtenir un
loca-
tiP marque par un nom prepositionnel en position su-
jet
est de deplacer tout le syntagm~, phenomene qui
s'explique egalement
par la structu:;:-e intHrne de ce
locatif. La m~m8 structure 2xplique l'accord des ele-
ments
A(au lieu de B) avec le verbe:
(101 )a.
dow
firt
-aama
au-dessus
cases
DET
defait
-PA SS
liOn a defait le dessus des cas:":s"

-180-
cuuc!i
pirt
-aama
Dans (98) et (99) les locatifs de V
(dans le3
2
deux types de constructions en serie) montrent que
la subjectivation n'e~ possible
qu'en se debarra S -
sant du complexe V2 +
8 ,
et dans le cas de 99,
~ar deux operations simultanees:
chute de V
et suf-
2
fixation du directif
-an-
au verbe.
Cette doubl~ operation est frequente dans les
langues du monde.
En efret, lorsqu'une langue a deux
strategies pou~ marquer la m~me fonction(i.e.
par
adposition et par derivation) comme c'est le cas du
directif pUlaar, la promotion d'un SN ainsi marque
p8ut
entrafner l'elimination d'une adposition et la
suffixation
au verbe du derivatif.
3.3.1.2.2.
Pronominalisation
La pronominalisation permet egalement de diffe-
rencier les locatifs:
(102)a.
Aali
yah
-ii
to
wuro
to
Ali
aller
-ASP
PR EP vi 11 e
PO ST
"Ali est alle en ville"
b. Aali
yah
-ii
to
maggo/ *ngo
to
"A 1 i
Y est all e11
(103)a. mi
dog
-an
-ii
dental
ngal
je
cou::ir -DIR
-ASP
as se mbl ee
DET
"je cours vers l'assemblee"

-181 -
b.
ml
dog
-an
-ii
ngal / * maggal
je
courir -DIR
-ASP
DET
"je cours ver s elle"
/
4 \\
,10
)a.
Dooro
naat
-ii
nder
suudu
ndu
Doro
entrer
-ASP
PREP
case
DET
"Doro est entre
dans la case"
b.
Dooro
naat
-ii
nder
mayru/ *ndu
"Doro y est entre"
(105)a.
mi winnd
-ii
lester
fay
-de
e
je ecrire
-ASP
lettre
aller
-II\\lF
PREP
Ami
Amy
"j'ecris une lettre a Amy"
b.
mi winnd
-ii
leeter
fay
-de
e
je ecrire
-ASP
lettre
aller INF
PREP
makko/
~o
POSS
"je lui ai ecrit una lettre"
( 10 6 ) a. Aal i
dog
-ii
fay
-i
wuro
Ali
courir~-ASP aller -ASP ville
"Ali court vers la ville"
b. Aali dog
-ii
fay
-i
e
maggo/
-l({l go J
Ali
cOll!:'ir -A SP all er -A SP PREP POSS
PRO
"Ali court ver s olle"
Dans
(102) ... (106), lcs eXGmples a sont des enon-
ces de base et dans le3 enonces ~ , 12s differents

-182-
locatifs sont rempl~c~3 ~ar des ~ronoms. 11 est re-
marquable que seul l'exemp18 103b contient un pro-
nom de classe.
LE::, aut_~:::.;
contionn8nt des possessifs.
3.3.1.2.3.
Relativisation
Le processus de relativisation distingu8 les
locatifs objets d'une preposition des locatifs
non
objets de preposition. Les pr~miers laissent una tra-
ce sous form~
de possessif nsutre mum
(3e person-
ne),
tandis que les seconds,
8ssentiellement cons-
titU8s des directifs d~rivatifs, n'en laissent aucu-
ne.
(107)a.
? wuro
ngo
njah
-noo
-mi
to
mum
to
ville REL
aller
-PRET
je
PREP
POSS POST
"la ville DU j'~tais
alle"
b.
?
dental
ngal
njah
-;\\00
-mi
to
assemblee
REL
all er
-PRET
je
PREP
mum
to
POSS
POST
"1' as sembl ee
ou
j'etais all e"
(108)a. wuro
ngo
Aali
dog
-an
-i
ngo
ville REL
Ali
courir -01R
-ASP
OET
"1 a
ville vel'S laquelle Ali court"
b.
hiird2
nde
Oemmba
yah
-an
-i
nde
soiree
REL
Oemba
all:r
-01 R
-ASP OET
"la soiree a laquelle 0811lba est alle"

-183-
(109)a.
? Aminata
mo
mbinndu
-mi
leli:.ter
fay
Aminata
REL
ecrire
-je
lettre
aller
-de
e
mum
-II'J F
PREP
POSS
HA mina ta a qui j'ai ecrit une lettre"
b.
?wuro
ngo
Aali
dog
-i
fay
ville REL
Ali
courir
-ASP
aller
-i
e
mum
ngo
-ASP
PREP POSS
DET
"La ville vers laquelle Ali court"
(115) suudu
ndu
Takko
naat
-i
e
nder
mum
case
REL
Tacko
entrar
-ASP PREP PREP
POSS
ndu
DET
"La case dans laquelle Tacko est entree"
Ces exemples montrent que malgre la trace prono-
minale, les locatifs objets d'uns preposition se sou-
mettent difficilement au processus de la relativisa-
tion
a la strategie qui laisse une trace, le 10-
cuteur peul preferera cells qui n'en laisse pas.
crest ainsi que les enonces mis en question de-
viennent tous grammaticaux lorsqu'ils sont debarra-
ses de leur trace pronominale:
(111)a.
wuro
ngo njahnoo-mi
(cf.
?107a)
b.
dental ngal njahnoo-mi (cf. ?107b'
c. Aminata mo mbinndunoo-mi leeter
(cf.
?109a)
d. wuro ngo Aali dogani ngo
(cf.
?109b)

-184-
3.3.2.
Pour mieux cerner la categoric oblique
3.3.2.1.
L l importanc8 de l'adposition:
11 ressoN de l'analyse precedente qulen pulaar,
l'adposition est la marque caracteristique de la ca-
tegorie oblique, qu'elle soit superficielle ou 30US-
jacente.
Plusieurs faits le montrent.
L'adposition sous-jacente apparalt avec certains
enonces ~ substantifs
obliques non marqu~s. Soumis
au test de la pronominalisation ,
CGS
enonc~s font
ap~araltre une adposition.
(112)a.
mi
yah
- i i
wuro
je
alLer -ASP ville
"je mIen vais en vill:::"
b.
mi
yah
- i i
to
maggo
to
je
aller -ASP PREP elle
POST
"jly vai s"
(113)a.
mi
yar
-ay
- i i
welc:.ndu
je
boire
~VT
-ASP
lac
"je vais boir8 au lac"
b.
mi
yar
-oy
-ii
to
mayru
19.
j El
boir8 MVT
-ASP
PREP
PRO
POST
"je vais y boirc-,"
11 y a un lien stroit entre la promotion des

-185-
obliques et la perte d'adpositions.
Celle-ci peut
atre definitive,
comme C'8st le cas de la promotion
des obliques objets db v2rbes dans les
construc-
tions en serie,
DU
recupereL sout forme de derivatif
verbal,
comme crest le cas pour lus autres directifs.
3/3.2.2.
Locatifs obliques et locatifs objets
Du point de vue du com~ortement syntaxique, il
y a des locatifs obliques et des locatifs objets.
Les locatifs objets)sous-categorie des objets,
sont composes des locatifs marques par une extension
v8rbale(notam~ent le directif
~t l'ablatif )et les
locatifs de structure A de B.
11 faut cependant
remarquGr que par rapport a
la syntaxe de position, les locatifs objets diffe-
rent de la categorie des objets decrits dans la sec-
tion 2.
11 suffit,
pour le montrer de compareI' certains
enonces presentant des cas d.',homonyl1lie casuelle.
3.3.2.2.1.
L'ablatif et l'instrumental
A la section 2 de cs chapltre, nous avions mon-
tre l'importance de l'ap~ort d'information dans l'or-
drc d'apparition des obj:::ts, notarnmen:.l.e role du
trait defini . Cs trait permGt aux 01 non locatifs
definis d'occuper una
pos~tion
contigu~ au verbe,
mais pas aux 01 locatifs.

-186-
L'inst:
(114)a.
mi
diw
-r
-ii
boggol
ju
saut~I -INST-ASP corde
"j'ai saute aV8C une corde"
b.
mi
diw
-n
-ir
-ii Aali
je
sauter -CAUS -INST
Ali
boggol
cor de
"j'ai fait sauter Aali avec une cor-
de"
cel(- mi
diwnirii
boggol
Aali
"comm'-
dans 114a"
d.
mi
diwnirii
boggol ngol
Aali
"j' ai fai t
saster Aali avec la corde"
L ' ab 1 a t if: (11 5 ) a.
mi
di w
-r
-ii
banng e
jg
sauter
-A BL -ASP
cl] t e
funnaange
Est
"j'ai saute du cl]te Est"
b.
mi
diw
-n
-ir
-ii
Aali
je
sauter-CAUS -ABL
-ASP
Ali
bannge
funnaang e
cl3te
Est
"jWai fait sauVn Ali du cl]te Est"
c: mi
diwnirii
bannge
funnaange Aali
d: mi
diwnirii
bannge funnaange nge
Aali

-187-
3.3.2.2.2.
Le benefactif let le Directif
Benefactif:
(116)21. Aali add
-an
-ii
Ali
apporter
-BEN
-ASP
Demmba
ndiyam
Demba
eau
"Ali a '1pporte de l'eau a Demb21 ll
b. A21li
add
-an -ii
ndiyam
Ali
a:JLJorter- ..
-ASP
eau
dam
D2mmba
DET
Demb21
IIAli a fi.Jporte. ~ 1 'eau a Demb21"
Di.r2cti.f.:
(117)21. A21li yabb
-an
-ii
wuro
Ali
maLchGr -DIR
-ASp ville
w2nndoogo
21ube
IIAli
a marche vers la ville a
l'auge"
b.* A ali
yabb21nii wenndoogo ~~ wuro
3.3.2.2.3.
le datif et le DirGctif
Datif:
(118;21.
mi winnd
-ii
leeter
e
je ecrir2
-ASP
lettre
PREP
Aam21du
"j'ai ec.rit uno lettre a Amadou ll
b. mi winndii 8 A21m21du leoter
lIid. 1I

-188-
Direc.tif:
(119)a.
mi
winnd
-ii
lseter
fay
je
ecrire
-ASP lettre
aller
-de
Aamadu
~
I I\\l F:.
PREP
Amadou
" j , ai ecr i t une lettre a Amadou"
b.
* mi winndii fayde e Aamadu
18eter
Cet
ordre fixe des obliques par rapport au pre-
dicat est assez rare,
et en contradiction avec le
=rincipe selon lequel les obliques peuvent occuper di-
V3rses positions dans l'enonce.
Donnons,
pour termi-
ner, l'exemple aV8C un verba de mouvament
transi.tif.
(120 ) a.
mi
n aw
-ii
Demmba to
wuro
jo
amen8r
-ASP Demba
PREP ville
to
POST
llj'amene Demba en ville"
b. *
mi
nalJJii to wuro
to Demmba

- - - - - - - - - - - - - - - - -
-
-
-189-
4.
FOCALISATION -
EMPHATISATION -
THEMATISATION
Dans les etudes consacrees au pulaar et a la
langue peule en general, les notions de focus,
diempha-
se et de theme sont diversement apprehendees.
Pour ne citer que les plus recentes, Mc Intosh
(MS) se sert de la notion de 'focus'
pour rendre comp-
te, notamment,
de la variation dans l'ordre des mots
de certains enonces,
de la distribution du paradigme
des pronoms definis et de celle des verbes auxiliaires
en peul.
Fagerberg
(1982) met l'accent
sur la dimen-
sion pragmatique de ces notions en pUlaar,
en donne
1
une typologie
et etudie leurs conditions d'occurren-
ce dans le discours en s'appuyant sur des textes nar-
ratifs.
L'emphase a fait l'objet d'un chapitre dans
la these de Labatut(1982)2.
1.
Cette typologie nous semble
en realite non fon-
dee.
(cf.
section 4.2.3.1.)
2. Signalons que ce que Labatut appelle emphase est
traite ici sous la rubrique thematisation.

-190-
Et nous-m~mes, dans SYLLA (1979), avions fait men-
tion de toutes ces notions en differents endroits de
notre these de PhD, notamment dans leurs relations
avec un certain nombre de processus syntaxiques com-
ma la relativisation. Signalons enfin que, dans beau-
coup d'etudes, thematisation, emphatisation et foca-
lisation sont des termes confus, souvent employes
l'un a la place de l'autre, le glissement
se faisant
tout naturellement a cause de certain~ similitudes
qui existent entre eux.
Dans la pr_miere section de ca chapitre, nous
mattrons l'accent sur la necessite de distinguer d&
maniere claire la categorie de focus de celle d'em-
phase pour mieux cerner ces phenomenes en pulaar. La
deuxieme section concerne le traitement de differentes
manifestations de l'6mphase • Enfin, dans la dernie-
re section, le processus de la thematisation sera etu-
die
sous le rapport de la pragmatique.
4.1. Focus et emphase
4.1.1. Definition
Dans son sens large, le focus represente cette
partie de l'enonce qui ap~orte u~
nouvelle informa-
tion.
Illustrons ce phenomenc par des examples tires
du somali, langue de la famille afro-asiatique, OU
C8
phenomene est marque. Notons que la forme de la
marq~
varie selon le constituant en focus.

-191-
(1; a. nin
moos
- bu\\.J
C{unay
homme
banane
-FOC
mange
"l'homme a mange une banane"
b. nin
-baa
moos
<{ unay
homme
-FOC
banane
mange
"l'homme a mange une banane"
c. nin
moos
waa
~.unay
homme
banane
FOC
-mange
"l'homme a mange una banana"
Ces exemples tires de Hyman(1979; sont etudies a la
lumiere des notions de focus neutre
et de focus con-
trastif. Comme focus neutre, l'exemple (1) contient
des reponses aux questions posees dans (2):
(2) a. Qu'est-c6 -que l'homme a mange? (reponse=1a)
b. Qui a mange une banane ? (reponse = 1b)
c. Qu'a fait l'homme d'une banane ? (reponse = 1c)
Et comme focus contrastif, les items soulignes dans
(1) contrastent respectivement, par exemple, avec
pomme , femme , a pris
qui auraient pu etre a leur
place comme dans (3):
(3) a.l'homm.
a mange une pomme
b.
la femme a mange une banane
c.
l'homme a. pris une banane

-192-
Le focus,
defini ainsi, est une ~tion univer-
selle et les langues ne diff~rent que par la mani~-
re dont alles expriment le phenom~ne. Pour Hyman, les
langues a "focus predominant,,3 sont celles, comme le
somalit.~ui marquent le focus. C'est le cas, dit-il,
de deux grandes familIes de langues africaines, no-
tamment, l'Afro-asiatique et le Niger-Congo. Dans cet-
te perspective, le frangais,
par exemple, n'est pas
une langue a focus predominant pUis~ue contrairement
au somali, les reponses aux questions (2), bien qu'el-
les apportent une nouvelle information, sont dans cet-
te langue des enonces simples, declaratifs, sans mar-
que specifique de la focalisation.
Il est par ailleurs
commun~ment admis que le gallicisme "c'est •. que" est
une marque d'emphase, c'est-a-dire, de "soulignement"
(Hag~ge, 1979-1980), ou pour employer une expression
neutre , de "mise en relief".
En reprenant donc la traduction d'un des enonces
de (1) en (4) ci-dessous, nous pouvons en faire l'ana-
lyse suivante:
(4) l'homme a mange une banane
L'exemple (4)
est la reponse a la question(5):
(5) Qu'est-ce-que l'homme a mange?
3. La not;i.on de' "focus predominant" est ici employee ,
P'8.'I" -analogiB' avec les' notions de langues a "sujet pr'e-
dominant" 'et .de langu8s.,a ,'!topique predo'rilinant:' telles
qu'el~es se deaage~t ~e la typq~ogie de Li & Thompson.

-193-
Comme reponse , l'enonce (4) contient le focus neu-
tre banane, qui peut s'opposer a tout autre element
de l'enonce. Dans ce sens nous dirons avec Hag~ge,
que la focalisation est un phenom~ne syntagmatique.
Si , au contraire, nous voulons mettre banane en re-
lief, nous emploierons la tournure periphrastique
(6) c'est une banane que l'homme a mange
qui est une emphase mettant banane
en contraste a-
vec tout element qui aurait pu apparaitre a sa pla-
ce. L'emphase est par ce fait un phenomene paradig-
matique.
La distinction ainsi faite entre l'emphase et le
focus tient egalement au fait qu'une phrase contient
plus naturellement plus d'un focus, alors que l'empha-
se est, en general, unique dans l'enonce.
Par exemple,
la reponse a une question comme nqui a fait quoi et
quand"? n apportera quatre informations nouvelles:
le sujet, l'action, l'objet et le moment du proces.
Le fran9ais n'admet pas p18s d'un element emphati-
que dans un enonce, avec la tournure "c'est .. que".
Ces precisions terminologiqu8s faites
,Doas pour-
rons mieux cerner les phenomenes en pulaar.
Considerons l'enonce simple, declaratif suivant:
(7) Demmba
sood
-ii
puccu
Demba
ach~ter
-ASP
cheval
"D8mba a
achete U;l cheval"
et la question suivante portent
sur l'objet de l'a-
chat:

-194-
(8) hol
ko
Demmba
sood-
-i
Q.
Q.
Demba
acheter
-ASP
"qu'a achet~ Demba ? "
A cette question
(8 ) , il est possible de donner
deux r~ponses (9a & 9 b):
(9 ) a.
0
sood
-i
ko
puccu
il
acheter
-ASP
FOC
cheval
"C'est un cheval qu'il a achete"
b.
0
sood
- i i
puccu
il
acheter
-ASP
che val
"il a achete un cheval"
Notons que le locuteur peul emJoiera plus spontane-
ment 9a que 9b. D'autre part, 9a implique necessaire-
ment que Demba a achete un cheval a l'exclusion de
tout autre animal, ce qui n'est pas le cas de 9b.
CettH implication peut ~tre rendu
explicite
en fai-
sant suivre ces enonces du complexe
contrastif ~~~~
~ (~tre-NEG
x) "ce n'est pas X":
(10) a.
0
sood
-i
ko
puccu
won
-aa
il
actleter
-ASP FOC
cheval
~tre
-NEG
ngaari
taureau
"crest un cheval qu'il a achete , ce n'est pas
un taureau"
b. *'0
sood
-ii
puccu ,won-aa
ngaari
(cf.
9b)

-195-
11 decoule de cette obs~rvation que le focus,
en tant qu'info1'mation nouvelle, est exp1'ime en pu-
laa1', sait par une forme clivee du type 9a, qui est
essentiellement contrastive parce qu'admettant le
complexe contrastif,
sus-indique, soit par une for-
me neut1'e du type 9b, qui n'admet pas ce complexe.
D'autre part, nous pouvons 1'emarquer que c'est parce
qu'il est marque que l'element nouveau (c'est-a-dire
l'apport d'information) est mis en relief. Ce qui dis-
tingue donc 9a de 9b, d'un point de vue pragmatique,
c'ast moins le trait + FOCUS que l'on peut attribuer
a tous les deux enonces, que le trait +EMPHASE qUi,
lUi, ne convient qu'a l'enonce 9a.
De tout ce qui precede, il ressort donc que, pris
dans ce sens large de nouvelle inf8rmation
(pour le
focus) et de mise en reli8f (pour l'emphase), il est
exact de considerer la construction clivee pulaar du
type 9a comme essentiellement emphatique, et la par-
ticule ko
comme une marque d'emphase 4 .
(4) 11 est interessant de noter qu'en pulaar, la"m~me
fo1'm2 ~ est employee comm2 marque d'emphas~ et comme
copule ; les deux se compo1'tent de la m~me maniere par
rapport a la negation, comme l'indiquent les exemples
suivants:
a) ko
0001'0
yar
-i
kosam
~m
FOC
001'0
boire
-ASP
lai t
DET
"C'est 001'0 qUi a bu le lait"
won
-aa
0001'0
yar
-i
kosam
cfc"m
~tre
-NEG
001'0
boire -ASP lait
DET
"Ce n'est pas 001'0 qui a bu le lait"
b) 00
gorko
ko
baanoo'do
DET
homme
COP
chasseu1'
"Cet homme est un chasseu1'''
00
gorko
won
-3a
ba<:tnooaJu
DET
homme
~tre
-NEG
chasseu1'
"C et homme n'est pas un chasseur"

-196-
4.1.2. Du focus a l'emphase
L'importance de l'interrogation dans la deter-
. ·~nhl;fcin;.cde l'information nouvell e ou focus est uni-
versellement admise. Le pulaar, comme la plupart des
langues, permet a plus d'un constituant d'~tre l'objet
d'une interrogation. Cependant, on peut etablir une
certaine hierarchie entre les elements qui apparais+
sent ainsi en fonction de focus. Cette hierarchie
peut Stre determinee par la capacite d'acces de ces
elementsau phenomene de l'emphase.
Considerons, par exemple, l'enonce interrogatif
11a et ses differentes reponses possibles:
(11 )a. hol jaggudo
huunde
raddo ?
Q. attraper/REL chose
chaSSB
"Qui a attrape quoi a la partie de chasse 7"
b. Aali
jagg
-ii
wojere
Ali
attraper
-ASP
lievre
"Ali
a attrape un lievre"
Cette similitude qui appara!t dans plusieurs lan-
gues africaines (yoruba, vai haousa, etc •• ) suggere
que le ko
pulaar a dO suivre l'evolution suivante:
veroe locatif) copule
>
emphase.
En effet des ves-
ti:geside ko
locattf
existent dans d'autres lan-
gU8s du Niger-Congo, telles que les langues Kru.

-197-
c. ko
Aa!!
jagg
-i
woj ere
EMP
Ali
attraper
-ASP lievre
"C'est Ali qui a attrap~ un lievre"
d. *ko
wojere Aali jaggi
L'~nonce 11a contient une double focalisation
(l'agent et ltobjet de l'action). parce qu'il appor-
te deux informations, l'~nonc~ 11b comporte deux cons-
tituants en focus neutre ~
et wojere
"lievre".
Ltexamen des ~nonc~s 11c et 11d indique que seul le
premier est porteur d'emphase c'est-a-dire celui qui,
dans l'~nonc~ interrogatif, est sugg~r~ par la par-
ticule interrogative.
4.2. Les constructions emphatiques
4.2.1. Types
En pUlaar, les cinq constructions suivantes peu-
vent ~tre cons~d~r~es comme emphatique: les clivees,
les p~eudo-cliv~es, les interrogatives, les relatives
et les temporelles. Leur ressemblance trouve un fonde-
ment a la fois sp~cifique au pulaar tout en relevant
de tendances universelles, car elle a ete ~tablie pour
certaines langues du monde. Les propri~tes sp~cifiques
au pulaar seront tout d'abord d~gag~es; nous traiterons
ensuite.de .. l'aspect";~universel
de ces constructions.

-198-
4.2.1.1. Les clivdes
Le type de construction clivee discutee dans la
section precddente permet d.' mettre en relief un cons-
tituant non verbal. Prdsentde comme tell e ,afJ t t e opd-
ration ne fait pas
rdfdrence aux r21ations grammati-
calBs contrairement
~ l'analys
qu'en fa~t fagerberg
sur laquelle nous reviendrons ulterieurema,t.
. ,L e cl i va gee s t s imp 1 em e n t urt3 r ~ gl'ij d' ins er t ion de
la particule emphatique ko
devant le constituant ~
mettre en relief. Cette operation, qui est tr~s connue
dans les langues du monde(Creissels, 1978), donns en
pulaar une structure
du type
ko
X••• dans la-
quelle le complexe '~'Etnphatique.!s.9..-X
a un'.. lati tude de
mouvement unique et qui le distingue des autres for-
mes dlemphas~. Ainsi, les enonces suivants, dans les-
quels i1 y a mise en relief de l'adverbe hannde
"au-
jourdlhui, se traduisent tous ds la m~me fa90n.
(12) a.
Aali
sood
-i
puccu
ngu
ko
hannde
Ali
acheter
-ASP cheval DET
[MP aujourd'hui
"C'est aujourd'hui qulAli a achete le cheval"
b.
Aali
ko
hannde
sood
-i
,puccu
Ali
EMP aujourd'hui
acheter -ASP cheval
ngu
DET
"idem"

-199-
c. kohannde
.Aali sood
-i.
puccu
ngu
EMP aujourd'hui
Ali acheter-ASP cheval DET
"idem"
4.2.1.2.
Les pseudo-clivees
Dans SYLLA(1982) nous avi6ns etabli une distinc-
tion entre les clivees que nous appelions "focus direct"
et les pseudo-clivees que
nous appelions "focus in-
direct". Cette terminriJlogie se justifiait en ceei:
tandis que les clivees portent sur une entite linguis-
tiquement identifiee et precis8nt l'objet de llempha-
se, les pseudo-elivees, 811es, mettent en
relief une
entite non specifi4s quoique pouvant faire l'objet de
predication. Reprenons nos exemples en guis~ d'illus~'
tration de ce phenomene:
(13)a. ko
njiy
-mi
ko
ko
fowru
PRO
voir
je DET
EMP
hyene
"Ce que je vois, e1est une hyene"
(14)b. ko
dog
-ata
ko
dad-
at
-aa
PRO courir
-ASP
DET echapper -ASP
-NEG
"Ce qui court ne sera pas sauf"
(1 5)
Sira
yid
"-'
ko
-i
ko
dan
-at
-aa
PRO
vouloir -ASP e'ET avoir -ASP
-NEG
dum
t;;:a
"Ce que. Sira ve ut, elle ne l'aura pas"

-200-
Dans (13), la predication precise le domaine du
pseudo-clivage tandis que dans (14) on ignore, lin-
guistiquemsnt, ce qui court et dans (15), on ne sait
pas ce que Sira veut.
Dans tous ces enonces, le ko ini tial est un,
pro-
nom qui renvoie a l'entite non specifiee et le second
ko est ~n ~eterminant specifique.
Bien qu'ayant la m~me
forme, ces deux particules kg,
sont differentes de ita
particu~ d1emphase des clivees.
L'espace compris en-
tre le ko
pronominal et le kQ
determinatif peut ~­
tre
ioccupe par un verbe conjugue et m~me par un enon-
cs verbal complete
Et l'ensemble fonctionne comma un
nominal pouvant lui-m~me faire l'objet de mise en re-
lief
par clivage comme c'est le cas dans l'exemple
(16 )
(16)a. nj id
- mi
ko
ko
Aali
yid
-i
ko
aimer
je
EMP
PRO
Ali
aimer
-ASP
DET
"J'aime ce qu'aime Ali"
b. ko
ko
Sira
def
-ata
ko
kirt
-eta
EMP PRO Sira
fairs. la -ASP
DET diner
-ASP
cuisine
-den
-nous
"C'est ce que Sira prepare que nous prendrons
au diner"
L'ordre des mots dans les constructions clivees
est relativement fixe.
Toutefois, lorsque la pseudo-
clivee comporte un sujet comme dans (15), celui-ci

-201-
peut etre extrait de l'environnemen~ PRO •.• DET.
..
par ce processus, l'enonce (15) pe ut etre paraphra-
~~'
.
s ~ dan s (1 7) :
(17 ) Sira
ko
yid
-i
ko
danat
-aa
cfum
Sira
EMP
vouloir -ASP DET
avoir
-NEG
PRO
"Sira, ce qu'elle veut elle ne l'aura pas"
4.2.1.3. Les interrogatives
Les marques de l'interrogation varient en pulaar,
suivant le type de constituant sur lequel parte la
question:
Dans les enonces verbaux, l'element sur lequel
parte la question est remplace par un pronom interro-
gatif dont la forme change
aV8C la fonction. Lorsque
la question parte sur le sujet, la structure de l'e-
nonce interrogatif est:
(earticule interrogative hol)
+ PRO +Verbe +Suite de l'enonce.
Exemples:
(18)a.
(hol) mo
wujj
-i
jawo
pennda ?
Q.
Q.
voler
-ASP bracelet penda
"Qui a vole le bracelet de Penda ?

-202-
, J
b. (hal) ma
hacc
-i
naayre
nde
Q.
Q •
ramasser
-ASP perle
DET
IIQ ui a rama,sse
la perle ?II
c.
(hal) ma tanng
-i
ngellaba
ba
Q •
Q • attacher
-ASP
dramadaire
DET
IIQ ui a attache le dramadaire ?"
Dans
taus ces enonces, la particule hal
est
facultative. Cependant, il existe des variantes sty-
listiques de (18) pour lesquelles hal
n'est pas fa-
cUltatif, crest larsqu'an utilise un suffixe anapha-
r ique de classe:
(19)a. hal gujju
-do
jawa
pennda
Q .
valer
REL
bracelet
Penda
" camme dans 18a ll
....
b. hal kaccu
-do
naayre
nde
Q •
ramasser
-REL
perle
DET
IIcamme dans 18b ll
c. hal tanngu
-do
ngelaaba
ba
Q
attacher
-REL
dramadair e
DET
IIcamme dans 18c"
La forme du pranom interragatif est ~
larsque
le sujet n'est pas specifie:

-203-
(20) a.
(hol)
ko
yandin
.-i
tumude
nde
Q.
Q.
faire tomber
-ASP calebasse
DET
"qu'est ce qui a fait tomber la calebasse7"
b.
(hol)
ko
w··
.
-i
-noo
7
frJ~,
Q.
Q.
disparattre -ASP -PRET
"qu'est ce qui avait disparu 7
Lorsque la question porte sur un element autre
que le sujet, la structure de l'enonce interrogatif
est:
(21):
(hol) + PRO + Verbe +
Suite de l ' enonce. Dans
ce cas le pronom varie selon que la question porte sur
l'action, l'objet de l'action, le lieu, la maniere
etc •••• Lorsque la question porte sur l'action, on
emploie le pronom non specifte
kQ:
(22)a.
(hol) ko
nayeejo
0
wad
-i 7
Q.
Q.
vieillard DET faire
ASP
"qu'a fait le vieillard 7"
b.
(ho)
ko
mbiy
-daa
Q.
Q.
dire-
tu
"qu'est ce que tu dis 7"
Lorsque la question porte sur l'objet, on em-
ploiera ko
pour l'objet non specifie et les autres
varieront avec la classe de l'objet:

-204-
(23)a(hol) mo Demmba riddu
-noo·
hanki 7
Q.
Q. Demba
pourchasser-PRET
hier
"Qui Demba avait-il pourchasse hier 7"
b.
(hol)
ko
Takko
def
-i
Q.
Q.
Tacko
prepareI' -ASP
"Q uta
prepare Tacko ?"
c.
(hol)
be baaba
wiy
yoo
ngar
Q.
Q.
papa
dire HORT venir
IIQ ui papa a-t-il dit qu I i lS viennent ?"
Lorsque la question parte sur le lieu, on emploie les
locatifs 19 et do:
(24 )a.
(hol)
to kawru
-Jaa
e
makko
Q.
Q. rencontrer -tu
avec
lui
" 0U llas-tu rencontre ?"
b.
(hol)
do
Sali-
ruf
-i
kosam
dam
Q.
Q.
Sali
verser-ASP
lait
DET
"ou Sali a-t-elle verse le lait 7"
Enfin, lorsque la question parte sur la maniere, on
emploie .!J.9. :
(25)8.,
(hol)
no
way
-i
Q.
Q.
ressembler -ASP
"Comment clest 7"

-205-
b.
(hol)
no
nedJo
miijor
-too
dum
Q.
Q.
personne
penser
-ASP
cela
"comment peut-on penser a cela 7"
4.2.1.4. Les relatives
11 existe deux strategies de formation de la
relative en pulaar: la
strategie-sujet et la strate-
gie-non sujet.
Strategie-su,jet
La strategie-sujet est employee essentiellement
dans les phrases affirmatives.
Elle utilise un cliti-
que verbal comme marque relative, qui s'accorde en
classe avec l'antecedent de la proposition relative.
Exemples:
(26)a. suka
jah
-noo
-do
0
en fant
aller
-PRET
-REL
DET
Dodel
art
-ii
Dodel
revenir
-ASP
"l'enfant qui etait al1e a Dodel est
ren.tra"
b.
lella
njar
-noo
-ba
e
antilope boire
-PRET
-REL
dans
weendu
ndu
tonng
-aama
ma r igot
DET
attacher
-ASP
"l'antilope qui avait bu dans le mari-
got a ete attache8"

-206-
c. worbe
jippii
-be
ma
be
ko
naalankoobe
hommes descendre -REl
toi DET
EMP
artistes
"les
hommes qui sont descendus chez toi sont des
artistes "
strategie-non sujet
La- strategre- employee en pulaar pour relativiser
des nominaux non sUjets consiste a mettre en position
initiale l'antecedent-de la relative, immediatement
suivi d'une marque ou pronom relatif s'accordant en
classe avec cet antecedent.
Cette marque est faculta-
tive dans les enonces affirmatifs.
Exemples:
(27) fado
(ngo) sakke
0
nat
chaussure (REl) cordonnier DET fabriquer
-i
ngo
ni
yood
-i
-ASP DET
Beau
-ASP
"la ehaussure que le eordonnier a fa-
briquee est belle"
b. rewbe
(be)
taw
-mi
do
be
ko
femme
(REl) trouver -je
iei
DET
COP
hobbE
hrltes
rILes femmes que j'ai trouvees ici sont
des hates"
lorsque le eonstituant non sUjet relativise vient
apres une preposition ou lorsque e'est un possessif,
il laissera une trace pronomina13 neutre muudurn/mum:

-207-
(28)a. Pennda faw
-at
mburu
e",
dow
taabal
poser
-ASP
pain
PREW
PREP table
"Penda va poser le pain sur la table"
b.
~taabal
(n gal)
pennda faw-
ata
mburu
table
(REL )
poser-ASP
pain
e
dow
mum
PREP
PREP
elle
"La table sur laquelle Penda va poser le pain. "
4.2.1.5. Les temporelles en nde
Elles sont de structure nde
S
(nde)
da8s la-
quelle le premier nde
est la marque temporelle, tra-
duisible par "quand, lorsque", et le second un deter-
minatif a valeur de defini.
Exemples:
(29)a. nde
ngullu
-Jaa
nde
min
paay
TEMP
crier
-tu
DET
nous ~tre
inquiet
-ii
-ASP
"quand tu crias, nous fClmes inquiets"
b. nde
0
yett
-ii
nde
sUkaabe
TEMP il arriver -ASP
DET
enfants
mbelt
-iima
~tre contents
-ASP
"Lorsqu'il est arrive, les enfants fu-
rent contents"

-208-
c. ka
nde
ngar
-daa
baaba yalt
-i
EMP
TEM
arriver
-tu
papa
sartir -ASP
"C'estlorsque tu es arrive que papa est sorti"
4.2.2.
Similitude
4.2.2.1'.,
Aspect et clitique
Les cinq enances decrits precedemment ant des
traits cammuns: d'une part, llemploi exclusif du P2
au Perfectif et de l'IMP4 a l'imperfectif, a l'exclu-
sion de tout autre aspect(ex. 30);
d1autre
part,
l'emploi exclusif de clitiques pronominaux postposes
et sujets, a la 1ere et a la 2e personne, phenomene
qui est un corollaire du precedent(ex. 31):
sood
-i
}
(30 )a. CLl VEES
ko
Aali
sood
-ata
puccu
ngu
i*autre
EMP
Ali
acheter -P2
)
OET
acheter -IMP4
cheval
f*autre
"C'est Ali qui a achete le cheval"
b. PSEUOO-CLIV£6
ko
Aali
sood- ~~ta
(
ko
ko
puccu
l*autre\\
PRO
Ali
OET EMP
cheval
ache te 1-P2
1
IMP4
*autre
"Ce que Ali a achete, clest un cheval"

-209-
c. IN TERRO G8Tl VES
hol
ko
baaba
jagg
i"
j
ata
1*autre
q.
i
Q.
papa
a t t rap e r -. f p2
IMP4
*autre
"Qu'est ce que papa a attrap~ ?"
d.
RELATIVES
sawru
ndu
cukaiel
ngel
~1 Ft~' \\ ndu
*autre
baton
REL
enfant
DET
casserr \\
IMP4
*auw e
"le baton que i'enfant a casse •••• "
e. TEMPORELLES
nde
Aaii
yett
tfuan
-{ ii
)nde
~oo
oto
t
*autre
TEM
Ali
arriver
P2
lDET
je
dormir-ASP
IMP4
f
1*autre
"lorsqu'Ali est arriv~ je dormais"

-210-
(31 )a.BLIVEES
ko
puccu
cood
-mi
EMP
chevai
acheter-je
"clest un cheval que j1ai achete"
b. PSEUDO-CLIVEES
ko
cood
-mi
ko
ko
puccu
PRO acheter
-je
DET
EMP
cheval
"ce que j1ai achete, clest
un cheval"
c. INTERROGATIVES
hol
mo
njaggu
-~a
7
Q.
Q.
attraper
-tu
"Qui as-tu attrape 7"
d.
RELATIVES
sawru
ndu
kel
-mi
ndu
baton
BEL
casser -je
DET
"le baton que j lai casse" ..•
8.
TEMPORELLES
nde
njett
-ii
-mi
ada daan.
-00
lfursque arrivar
-ASP
-je
tu
dormir -ASP
"lorsque je suis arrive tu dormais"
..
Toutes ces contraintes indiquent que les cinq
constructions sont apparentees.

-211-
D'autre par~ a l'exception de la clivee, toutes
les constructions emphatiques ont la structure super-
ficielle de la relative.
4.2.2.2. Les pseudo-clivees comportent une relative
Les exemples de la section 4.2.1.2 indiqu.ent que
r . .
les pseudo-clivees sont des formes de propositions
relatives r~duites~ En effet, nous analysions le pre-
mier ~l~ment-kQ
des ~nonc~s 13, 14 et 15 comme un
pronom renvoyant a une entite non specifiee. Le fait
que la forme de ce pronom varie en fonction de la clas-
se de cette entite
DU antecedent non
specifie est
preuve de son caractere relatif.
Exemples:
(32)a.
mo
mbirt
- i i
-mi
0
ko
gujjo
PRO
depasser -ASP -je
DET
EMP
voleur
"celui que je viens de d~passer est un
voleur"
b. ngal
cood
-mi
ngal
ko
manngal
PRO
acheter
-je
DET
EMP
grande
"cella que j'ai achetee est grande"
Dans ces exemples, il ne manque que l'antecedent pour
avoir une relative complete. Les pronoms ~
et ngal
renvoient a des constituants de classe '0'
et 'ngal'
precedemment mentionnee dans un discours et pouvant
apparaltre comme antecedents de propositions relatives
completes equivalentes:

-212-
(33)a. neJdo
(mo)
mbirt
-ii
-mi
0
per-sonne
(REL)
depasser
-ASP
-je
DET
ko
gujjo
EMP
vol e ur
ilIa per son ne que j e vieoe de depasse I' es t un
vole ur"
b.
taabal
(ngal)
cood
-mi
ngal
ko
manngal
table
(REL)
acheter
-je
DET
EMP
grande
"la table que j'ai achetee est grande"
les elements soulignes dans 32 et 33 sont des
pronoms relatifs (facultatifs dans 33).
Comme pour les relatives, les pseudo-clivees
ont egalement deux strategies: la strategie non-suoet
qui apparatt dans (33) et la strategie -sujet qui
emploie un suffixe de classe comme dans 34:
(34)a.
kaal
-ngel
goonga
ngel
ko
jaambarel
dire
-REL
verite
DET
EMP
brave
"celui qui a dit la verite est un
brave"
b. naa t
-do
nder
galle
0
:won
-aa
capaato
entrer -REL
dans
maison DET ~tre -NEG
maure
" ce l ui qui est entre dans la maison n'est pas
un Maure"
4.2.2.3. L'interrogative est une relative
Les
exemples (18) et (23) font appara1tre la
structure d'une relative reduite avec une strategie

-213-
analogue a. celle du non-sujet lorsquela particule
b£1 est omise, alors que (19) comporte les relati-
ves avec antecedent et une strategie sujet.
4.2.2.4. La temporelle est une relative
I ·
-'
'.
Bierl',clue ,1:a marque temporelle nde
soi t figee, la
temporelle a la structure d'une relative. Ceci est
d'autant plus vrai que le locuteur peul emploie sou-
vent un antecedent a. connotation temporelle comme
nande "epoque" , et saanga
"epoque". C'est ce qui
appara1t dans les enonces nande
nde
ngullu -laa nde.
(periode TEMP crier - tu
DET)"lorsque
tu as crie •• ";
et saanga
nde
ilam
sar
-ii (periode
TEMP
inontlation etendre -ASP)"lorsque l'inondation s'est e-
tendue"
4.2.3. Du traitement
des clivees
Nous venons de voir que des cinq constructions
emphatiques du pulaar decrites, quatre ont una struc-
ture de relative, caracterisees par une syntaxe rigi-
de, c'est-a.-dire, que les constituants emphatiques ne
sont pas deplagables.
Le clivage lui, qui est une regle d'insertion de-
vant le constituant non verbal a emphatiser~l
de la
particule emphatique(aboutit a une structure dans 1a-
quells l'ordre des mots est relativement librs.

-214-
4.2.3.1. Le clivage chez Fagerberg
Dans son
traitement du clivage en pUlaar, Fa-
gerberg (1982) a deux preoccupations.
La premiere,
typologique, lui fait distinguer l'enonce 35a de 35b:
(3 5a )a;
ko
kanko
mballu
-daa
EMP lui
aider
tu
"clest lui que tu as aide ll
b.
mba11u
-daa
ko
kanko
aider-
tu
EMP
lui
"idem"
Pour Fagerberg, 35a contient une clivee (a. cleft),
et 35b, une pseudo-clivee (a pseudo-cleft).
La deuxieme preoccupation de Fagerberg est de
trouver une explication pragmatique a deux phenomenes
celui de la chute de la particule emphatique a llini-
tiale (facUltative),
d'une part, et celui de la distri-
bution des deux types d'enonces 35a et 35b dans le
discours, dlautre part.
En ce qui concerne la chute de la particUle em-
phatique t£ , Fagerberg constate, dans une etude de
texte , que trois constructions sur huit attestent
une absence de particule, ce qutelle essaie de traduire
an faisant remarquer que,
du point de vue pragmati-
que, les trois phrases. qui permettent une chute de
ko
sont dire'etement precedees de phrases DU le su-
jet en focus est marque en ko

-215-
En cs qui concerne les traits p~agmatiques qui,
pour .~~ Fagsrbsrg, gouvernent le choix entre 35a et
35b, l'hypothese avance8 est la suivante:
'"enpulaar, le SN asserte Bst en position initiale
lorsqu'il est en connexion
avec quelque chose qui
precede dans le discours, alors que l'element asser-
te est postpose lorsqu'il est relie a quelque chose
qui va suivre.
"(po 192, trad.
V.S.).
Notre traiternent du clivage mettra l'accent sur /
les limites d'une telle approche.
4.2.3.2. L'ordre des mots
Nous disions precedemment , que la distinction
que Fagerberg a eta·bli entre les enonces 35a et 35b
ne se justifiait pas. En effet, le fait pour un cons-
tituant emphatise d'etre en position finale ne suffit
pas a f~ite d'un enonce un pseudo-clive. A notre avis,
il s'agit la de deux variantes
clivees qui n'epui-
sent d'ailleurs pas les possibilites de la langue
quant a la latitude de mouvement du constituant en
question; c'est dire, qu'en limitant son analyse a
ces deux ordres d'enonces, Fagerberg passe a.~ote de
toutes les potentialites syntaxiques inherentes au cli-
vage, comme nous allons le montrer dans la section
suivante ".
4.2.3.3. Regles de clivage
Syntaxiquament, le clivage est une regle d1in-
sertion de la particule ko
devant le constituant a

-216-
mettre en relief. C'est le fait d~tre marque qui
canf~re ~ un tel constituant une grande latitude de
mouvement
l?rsque c'est un non-sujet.
Soit, par exemple, l'enonce non emphatique(36):
(36) fowru
ndu
jagg
-ii
gertogal
ngal
jamma
hY~ne
DET attraper
-ASP
poule,
DET
nuit
"1'hyene:· a attrape la poule la nuit"
Pour mettre le constituant jamma
en relief, il suf-
fit d'inserer ~
devant ce nominal comme dans (37)
en changeant la marqueaspectuelle du verbe en P2:
(37)a.
fowru
ndu
jagg
-i
: gertogal ngal ko
hyene
DET
attraper -ASP poule
DET
EMP
jamma
nuit
"Cest de nuit que l'hyene a attrape la poule"
Une fois que ce constituant est ainsi mis
en relief,
il a , alors, la latitude d'occuper n'im~orte quelle
position dans l'enance, dant le sens demeurera le me-
me:
I:J
fowru
ndu
jagg
-i
ko
,jamma
gertogal ngal
hy~ne
DET
attraper -ASP EMP nuit
poule
DET
"comme dans 37a"
c.
fowru
ndu
Ko
jamma
jagg
-i
gertogal ngal
hyene
DET
EMP
nuit
attraper -ASP poule
DET
"idem"

-2~ 7-
d. (ko)
jamma
fowru
ndu
jagg
-I:
gertogal ngal
,','
,,"-:,
EMP
nuit
hybne
DET
attraper-A~P'poule
DET
"idem"
Au total, a rpartir de (36), il a ete possible
de tirer quatre enonces. Cette latitude de mouvement
n'est pas attribuable au fait que jamma
soit un
circonstant, car la mise en relief d'un
'objet en:tra1-
ne un comportement analogue du constituant emphatise;
(38 )a.
fowru
ndu
jagg
-i
ko
gertogal ngal
hybne
DET
attraper
-ASP EMP poule
nui
jamma
nuit
"C'est la poule que l'hyene a attrapee de nuit"
b.
fowru
ndu
jagg
-i
j~mma~ ~ci gertogal ngal
hyene
DET
attraper -ASP r1ui\\ .E.MP- ·..poul e
DET
"comme dans a"
c.
fowru
ndu
ko
gertogal
ngal
jagg
-i
hyene
DET
EMP poule
DET
attraper
-ASP
jamma
nuit
"comme dans a"
d.
(ko) gertogal
ngal
fowru
ndu
jagg
-i
EMP
poule
DET
hyene
DET
attraper
-ASP
jamma
nui t
"comme dans a"
11 faut signaler cependant que la latitude de
mouvement est plus limitee pour les nominaux en fonc-
tion de sUjet:

-218-
(39 )a.
(ko) fowru
ndu
jagg
-i
gertogal ngal
EMP
hyene
DET
attraper -ASP poule
DET
"clest' Ilhyene qui a attrape la poule"
b. * jagg
-i
ko fowru
nu gertogal ngal jamma
"idem"
c.
jagg
-i
gertogal
ngal
ko fowru ndu jamma
"idem"
d.
jagg
-i
gertogal ngal
jamma
ko
fowru
attraper-ASP poule
DET
nuit
EMP hyene
ndu
DET
I'~'I
Ces
phenomenesdu clivage n'apparaissent pas
dans l~Bnalyse de Fagerberg.
A ce point de notre analyse, il convient main-
tenant de poser deux questions que llauteuc n1a pas
abordees~ On pourrait se demander pourquoi cette la-
titude de mouvement du constituant mis en relief par
le truchement du clivage,;d'une part? D1autre part,
comment expliquer la chute de k£
a l'initiale ?
Pour nous, la latitude de mouvement du consti-
tuant clive est due a son caractere marque, trait
qui permet a 1 1 audi teur de' l'identifier dans n' im-

-219-
porte quelle position de l'enone , a l'instar des
noms marques dans les langues a cas. L'argument f,on-
damental en faveur de cette analyse decoule du fait
que lorsque le constituaAtimis en relief est non mar-
que, l'enonce est fixe.
C'est ainsi que la chute de
ko
dans les enonces 37d, 38d, 39a, entraine un or-
dre des
mots fixe:
dans ces enonces.
Pour le deuxieme point, le caractere facultatif
de la particule emphatique a l'initiale est dO au fait
qu'en pulaar la position initiale est la position de
predilection de la mise en relief, qui rend redondant
(ou en' tout cas non indispensable) la presence d'une
particule d'identification de l'emphase. Cette expli-
cation positionnelle nous para1t plus juste qu~ l'ex-
plication de Fagerberg, qui lie cette omission a la
presence, dans le discours, d'une phrase precedente
dans laquelle la particule n'est pas om~e.
4.2.3.4. Les clivees et les relatives
Nous avons dit precedemment que la similitude en-
tre pseudo-clivees, ~nterrogatives, relatives et tem-
porelles est evida~te
puisque ces constructions ad-
mettent les m~mes contraintes morphosyntaxiques(aspects
~t cliticisatian) et ant, en fait, la meme structure
relative.
Quant aux clivees, elles n'ont de similitude avec
les autres constructions que les contraintes morpho-
syntaxiques; Du mains, crest ce qui ressart de l'ana-
lyse precedente.
Cependant, l'etude des clivees avec
focus initial revele d'autres affinites syntaxiques

- - - - - - - - - - - ---- -- -
-220-
entre les clivees et les autres. par exemple, la mar-
que emphatique ko
est cmmmune aux clivees, pseudo-
clivees et interrogatives.
Exemple:
Dans les pseudo-clivees:
I
.. ,~~ .. '.
·:{4o)\\a. ko
Demmba haal
-i
ko
ko
goonga
PRO
dire
-ASP DET EMP
verite
lice que Demba a dit est vrai"
b. ko
njiy
-noo
-mi
ko
wirn
-iima
PRO voir
-PRET
-je
DET disparaltre-ASP
lice que j'avais vu a disparu"
Dans (40) , la partie presupposee est delimitee
par deux ko
mais seul celui qui precise le focus (le
3e de l'enonce ) est copule. Nous savons que les mar-
ques d'emphase et de copule sont historiquement iden-
tiques ; notons que synchroniquement, toutes les deux
sont niees par l'auxiliaire negatif won-aa (etre-NEG)
"c en' est pas" (c f.
not e 4)
Dans les interrogatives
(41) a.
(hol) ko
yah
-ata
ta
1
Q.
Q.
aller -ASP
la-bas
"Q-'est-ce qui s'en va la-bas ?"
b.
(hal)
ka
Aali
way
-ata
Q.
Q.
Ali
pleurer-ASP
"pourquoi Ali pleure-t-il 1"
(42 )a. mo·
ar
-a ta
janngo
1
Q.
venir
-ASP
demain.
~
,
. ','q.!.!..;i.. est-ce-qui: ~L'rive demain 1

b.
(hal)
mo
njaggu
-daa
Q.
Q.
attraper
-tu
"Qui as-tu i attrape ?"
(43)a. ar
-ata
janngo
ko
hol
oon
aI~nir-ASP
demain
Q.
Q.
DEIC
"qui viendra demain"
bid. njaggu
-daa
ko
hol
oon
attraper
-tu
Q.
Q.
DEIC
"qui as-tu attrape ?"
Les enonces (41) font appara1tre la marque k£. Les
enonces 42a et 42b ne la font pas appara1tre
mais sont
paraphrases respectivement par 43a et 43b qui, eux,
contiennent cette,·
marque. 11 s'agit bien de marque
interrogative en (43.)et en (41), dans la mesure OU,
dans ces enonces, ko
se comporte de la meme maniere
par rapport B la negation.
En effet, alors que le lQ
des clivees est nie par wonaa, il n'est pas possible
de ni~~la marque interrogative.
L'argument crucial
en faveur de la similitude en-
tre clivees et relatives reside dans le fait que cer-
taines constructions ant une lecture ambigue, hesitant
entre ces deux types. Reprenons
en (44) pour illus-
trer ce phenomene, les clivees (37) et(3S)
(44)a.
jamma
fowru
ndu
jagg
-i
gertagal
nuit
hyene
DET
attraper -ASP poule
ngal
DET
11·
C'est pendant la nuit que 1 'hyene a attrape
la poule
"La nuit OU l'hyene a attrape la poule"

-222-
b. gertogal ngal
fowru
ndu
jagg
-i
jamma
pou·le
DET
hyene
DET
attraper -ASP nuit
"C'est la poule que l'hyene a ~~rape de nuit"
"La poule que l'hyene a attrape pendant la nuit"
Ces deux enonces sont bien ambigus,qui permet-
tent la lecture d'une clivee et d'une relative a la
fois , comme l'indique la double traduction.
Considere du point de vue de la formation de la
proposition relative en pUlaar, nous pouvons dire que
t44) contient une relativation de lrobjet utilisant la
strategie 08J1
dans laquelle la marque relative" est
facultative
, ce qui explique son absence dans 44a.
11 ressort de tout CB qui pr~cede que les cinq
constructions emphatiques en pulaar ont plusieurs pro-
prietes communes:
structurellement, elles ont la for-
me d'une proposition relative;
morphosyntaxiquement,
elles exigent les mames restrictions aspectuelles et
la m~me inversion pronominale. Cependant, les biivees
se distinguent des autres constructions par leur struB-
ture et surtout par le caractere flexible de lrordre
des mots.
4.2.4. Structure informationnelle et diachronie
Dans cette section, nous confronterons certains
resultats obtenu6
dans notre precedente discussion
avec des hypotheses universalistes emises apropos
des constructions emphatiques en general, des clivees
et des interrogatives en particulier.
Pour Harries-Delisle(1978), la structure profonde de

-223-
toute construction clivee contient un sujet et un pre-
dicat. Le sujet est forme d'un antecedent neutre et
d'une proposition relative restrictive. Ainsi defini,
le sujet
contient l'information connue tandis que le
predicat contiendrait le focus,c'est-a-dire l'infor-
mation nouvelle.
C'est cette structure qui se degage,
par exemple, les enonces en frangais
(45) et en anglais
(46) :
(45) celui qui entre, c'est mon ami
(46) THe one who came was John
Selon le schema de Harries-Delisle, chacun de
ces enonces comporte
,un sujet compose d'un antece-
dent neutre(celui,
the one)
et d'une relative res-
trictive (qui entre, Who came).
Le sujet est presuppo-
se connu(quelqu'un entre, quelqu'un stait venu) et
les predicats contiennent l'information nouvelle.
Pour nous, mais aussi pour l'auteur (45) et
(46) contiennent toutes deux des pseudo-clivses. Po-
ser donc comme un universal que la structure profon-
de des clivees ressemble a celle des enonces (45) et
(46), c'est assumerque les clivees derivent des pseu-
do-clivses.
Cette hypothe~ est d'autant plus interes-
sante qu'il semble que les pseudo-clivses sont plus
universelles.
Creissels ecrit a ce sujet:
"autant une construction comme 'celui qui a man-
ge de la viande, c'est Pierre' a toutes les chances
d'~tre universelle,
autant une construction comme
'c'est Pierre qui a mange de la Viande' est specifiqu e

-224-
du systeme morphosyntaxique du fran9ais,
bien que
se rattachant a un type tres general de structures
emphatiques caracterisees par l'utilisation du pre-
dicatif nominal d'identification"(Creissels, 1978:
120) •
Qu'en est-il du pulaar ?
Nous avons remarque qu'il y a une ressemblance
notoire entre les clivees et les pseudo-clivees du
pulaar. Supposon8~ maintenant que les premieres de-
rivent des seconPrs et examinons cette hypothese en
essayant de faire deriver les clivees en (47) de la
pseudo-clivee en (48):
(47)a.
(ko)
mbabba
ba
labbo
0
sood
-i
EMP
ane
DET
bOcheron
DET acheter
-ASP
"clest l'ane que le bClcheron a achete"
b. labbo
0
sood
-i
ko , mbabba
ba
bOcheron
DET
acheter
-ASP EMP ane
DET
"idem"
(48) ko
labbo
0
sood
-i
ko
ko
mbabba ba
PRO bOcheron
DET acheter
DET EMP ane
DET
" ce que le bOcheron a achete,
c'est l'ane"
Rappelons tout d'abord que les pseudo-clivees
n'ont pas d'antecedent en pulaar, et que ce sont des
relatives reduites.
11 apparalt que 47b pe ut deriver de (48) par deux
processus simples:

-225-
-dlabord, par chute des.!s.9.
dEtiimitant le sujet de
(48)
-ensuite, par extraposition du focus a gauche.
Llapplication de ces deux r~gles donne:
ko
labbo
0
soodi
ko
ko
mbabba
ba
1
2
3 4
5 6 7
8
CH ~ITE:
2
3
4
6
7
8
EX f.SA PO SI TI 0 I\\J : 6
7
8
2
3
4
Ces deux applications aboutissent a l'enonce:
ko mbabba labbo 0 soodi (Le.
«47))
ExaminOns main tenant le m~me processus dans les
clivees a focus en derivant celles de (49) de la pseu-
do-clivee(50):
(49)a.
(ko)
labbo
o
sood
-i
mbabba ba
EMP
bOcheron
DEl acheter
-ASP ane
DEl
"clest le bOcheron qui a achete lrane"
b. sood
-i
mbabba
ba
ko
. labbo ..
0
acheter -ASP tine
DEl EMP
bOcheron
DET
"idem"
(50 ) ma
saad
-i
mbabba ba
ko
labbo
0
PRO acheter-ASP ane
DET EMP
bOcheron DET
"celui qui a achete l'~ne, crest le bOcheron"

-226-
Le processus apparatt encore beaucoup plus sim-
ple:
L'enonce 49b peut etre derive de (50) par simple
chOte de mg
et de 49a par extraposition en rameAant
le sujet de la clivee obtenue par la chute de ~ a
sa position naturelle a l'initiale. Cela donne:
mo
soodi
mbabba
ba
ko
labbo
0
1
2
3
4 5 6
7
chute:
11
11
11
"
"
" (49b)
extraposi tion:
5
6
7
2
3
4
(49a)
Le pulaar confirme donc parfaitement l'hypothe-
se de Harries-Delisle, dans la mesure oD les operations
sont simples.
11 est surtout interessant de constater que des
differentes phrases clivees, ce sont toujours les phra-
ses en £ (47b et 49b) qui sont directement derivees
des pseudo-clivees, alors que les phrases en ~. (47a et
49a) sont derivees dans une etape suivante a partir des
clivees obtenues de la premiere derivation . Cela pa-
ralt
plUS naturel puisque les cliv8es en 47b et 49b
ont la
meme structure informationnelle que la pseudo-
clivee.
En effet, dans ces enonces, l'information connue
(c'est-a-dire,
presupposee)
vient avant la nouvelle
information (c'est-a-dire, le focus), confirmant ainsi
l'ordre pragmatique universsl
[PRESUPPOSITION -FOCUS],

-227-
tel qu'il apparalt dans les analyses de Givon(1979)
, pour qui "le pr incipe pragma tique general qui gou-
verne l'ordre des mots est que les elements plus the-
matiques precedent les elements de l'assertion"
(p.217;trad.
Y.
5.).
11 existe, cependant, des types d'enonces dans
lesquels
cet ordre pragmatique universel nlest pas
respecte. Clest le cas de certaines clivees comme 47a
et 49a, mais egalement des enonces interrogatifs~ clest-
~-dire. dans deux cas des cinq types de constructions
emphatiques que nous avons envisages.
Considerons ~ nouveau 49a, repris en 51b, ainsi
que l'enonce interrogatif correspondant, 51a :
(51 ) a.
mo
sood
-i
mbabba
ba
?
Q.
acheter
-ASP ane
DET
"Q ui a achete l'ane ?"
b. ko
labbo
0
sood
-i
mbabba ba
EMP
bOcheron
DET acheter
-ASP ane
DET
"Clest le bOcheron qui a,
achete
l'ane"
51a et 51b ant la m~me structure presuppositionnelle.
Tous deux impliquent que guelqu'un a achete l'ane.
Avant d'entamer notre discussion du phenom~ne pu-
laar, livrons tout dlabord l'analyse de Givon a pro-
pos de l'anglais, en prssentant son hypoth~se de l'a_
venement, dans cette langu8, de la clivs8 (52) et de
llinterrogative
(53):

-228-
(52) It's John
who
left
FOCUS
PRESUPPOSITION
(53) who
left
?
FOCUS
PRESUPPO SI TION
Comment expliquer l'ordre des mots dans ces e-
nonces?
Pour ~ivon:
"le caractere naturel de cette regle de mouvement a
gauche dans les clivees et les interrogatives ne peut
etre compris que dans le contexte du processus diachro-
nique de syntactisation dont elles sont issues, mais
egalement dens la construction paratact~que
qui a ser-
vi de point de depart a ce changement diachronique"
( Gi vo n , 0 p. c i t.
p.
246, t r ad.
Y. S.).
Givon explique le processus de cet avenement com-
me suit: il n'est pas necessaire de prononcer entie-
rement (52) et
(53) dans une conversation informelle.
Deux interlocuteurs auront plOt6t tendance a adopter
le schema (54) pour les clivees et (55) pour les inter-
rogatives:
(54)a.
Mary
did it
b.
No, it was
John
(55)a.
Mary
did
it
b.
,?
On obtient alors les enonces (52) et (53) en ajou-

-229-
tant la portion presupposee sous forme de relative
non restrictive comme une sorts "d'afterthought".
Ce qui donne:
(56) it was John,
(the one) who did it
:origine de
52
(57) who (was it),
(the one) who did it ? :origine de
21.
pour resumer ce processus, la similarite de la
structure presupossitionnelle des clivees et des inter-
rogatives decoule du fait que les deux constructions
proviennent d'un m~me developpement diachronique. La
premiere etape de ce developpement comprendrait le
constituant focus seu.].
(54b et 55b), la deuxieme,
l'addition comme "afterthought" et sous forme de rela-
tive;non restrictive, de la phrase contenant l'informa-
tion presupposee (56 et 57):
enfin, la construction
se grammaticalise en se debarrassant des items mis
entre parentheses dans (56) et (57)
, pour donner la
structure (52) pour les clivees et (53) pour les in-
terrogatives.
pour Givon,
cette explication diachronique sem-
ble ~tre operationnelle dans la plupart des langues.
Supposons que ce fut le meme scenario en pulaar
et voyens
les mecanismes qui pourraient conduire aux
enonces 51 a et 51 b.
Dans une conversation informelle, on peut envi-
sager ce qui suit:

-230-
(58) a.
baylo
sood
-ii
mbabba
forgeron
acheter-ASP
~ne
"un forgeron a achete un ~ne"
b.
Alaa,
ko
labbo
non, EMP
bClcheron
"non, c'est un bOcheron"
(59) a.
baylo
·socid
-ii
mbabba
forgeron acheter-ASP
ane
"comme dans 58a"
b.
oon
?
DElC
"Qui
?"
Le s for me s 51 a ' e t
51 b pe u ve n t a l 0 r s ~ t reo bten ue s
respectivement ~;partir de 58b et 58a en ajoutant ~
ces dernieres des pcrtions presuppositionnelles, par
"afterthought" et sous la forme de relative non res-
trictive; ce qui produira (60)
et (61) respectivement
structures profondes de 51a et 51b:
,
(60 )
(hol) oon) , mo
sood
-i
mbabba
Q.
DElC
REL
acheter -ASP
~ne
"Q ui c'est,
qui a achete un ane ?"
(61 ) ko
labbo,
(mo)
sood
-i
mbabba
EI"1P
bOcheron
REL
acheter -ASP
ane
"C'est un bOcheron , celui qui a achete un ane"
Les relatives non restrictives ci-dessus se grammati-
calisent ensuite en se debarrassant des items mis en-

-231-
tre parentheses pour donner 51a et 51b.
Cependant, pour un locuteur pulaar, ce schema pa-
raft trap artificiel parce que, d'abord, il n'existe' pas
pas de relative non restrictive dans cette langue;
ensuite, il nly a pas de correspondance formelle en-
tre la marque interrogative independante hol oon
de
59b et le pronom inerrogatif lie ~
de l'enonce in-
terrogatif 51a. Olautre
part, comme relatives,
(60)
et (61) violent la strategie cmmmune pour sujets des
enonces affirmatifs qui exigent un pronom .' clitique.
Autrement dit, mAme slil existait
une relative non
restictive en pulaar, il y aurait de fortes chances
pour que la m~rque
relative sujet de cette derniere
apparaisse comme suffixe verbal, et au lieu de (60)
et (61) on pourrait avoir (62) et (63):
(62) hol oon
, cood
-do
mbabba
Q.
OElC
acheter
-REL
ane
"Qui Cl est, celui
'qui a achete llane"
(63) ko
le.bbo,
cood
-do
mbabba
EMP bOcheron
acheter
-REL
ane
"clest un bOcheron , celui qui a achete l'ane"
De ces enonces seul (63) donne une phrase interrogative
acceptable (hol
cood -do
mbabba? cf. discussion de
(19)
). En revanche, il nlest pas possible d'obtenir
une clivee a partir de (63).
Pour resumer cette section, nous avons voulu tes-
ter deux universaux relatifs , d'une part,.a la struc-
ture profonde des phrases cmivees, d'autre part, a la
similarite presuppositionnelle entre les clivees et
les interrogatives, decoulant du fait que toutes deux

-232-
violent l'ordre pragmatique universel. Nous avons pu
montrer que les clivees a focus a l'initiale, pou-
vaient deriver de pseudo-clivees par une simple chu-
te de certains items. Nous avons egalement indique que
cette derivation etait d'autant plus naturelle que les
clivees avec focus a l'initiale et les pseudo-clivees
ont la m~me structure presuppositionnelle~
Quant au deuxieme universal, nous n'avons pas
etabli sa pertinence
pour le pulaar, puisque toute
tentative qui consisterait a montrer que les phrases
interrogatives et les phrases clivees simples se sont
developpees a partir de structures complexes du type
(60) et (61) serait artificielle et sans fondement
synchronique.
4.3. La thematisation
Dans les sections precedentes, nous avons essa-
ye de decrire et d'expliquer le caractere emphatique
des phrases clivees, pseudo-clivees, interrogatives,
relatives et temporelles, en mettant l'accent sur leur
similitude morphosyntaxique et, dans uneicertaine me-
sure, pour certaines d'entre elles, sur leur structure
informationnel~a,c'est-a-direla relation entre l'in-
formation connue (ou presupposee) et l'information nou-
velle (ou focus).
Dans cette section, nous allons aborder les pro-
cessus de la thematisation, un autre procede d'organi-
sation contrastive de l'enonce en pulaar.

-233-
4.3.1. structure thematique: thematisation faible
et thematisat~on forte
11 a ete suffisamment etabli que dans les lan-
gues du type S V 0 , a ordre fixe et a sujet predo-
minant, une phrase simple, declarative, non emphati-
que a la structure informative (64):
(64 )
S
Theme
Rheme
dans laquelle le sUjet S co!ncide avec ce dont
on par-
le, communement appele theme
(ou topigue, ou support)
et le predicat VD, avec ce qu'on dit du sujet, commu-
nement appele rheme
(ou commentaire, ou apport) . Un
decoupage du type (64) est une thematisation faible
(Hagege, 1979; 1982 ) parce que la structure theme-
rheme co!ncide avec le decoupage syntaxique sujet-
predicate
Une thematisation faible est, de ce point de
vue, non marquee et trouve une illustration -' dans l'e_
nonce
en pulaar suivant:
(65) sUkaabe
(6e) /
mbar
-ii
ngooroondi
enfants
DET
tuer
-ASP
serpent
"les enfants ant tue un serpent"
La thematisation faible s'oppose a la thematisation
forte qui, elle, est generalement marquee. Ainsi nous
pouvons proceder a une thematisation forte de (65), en
classant ses constiouants selon leur importance in-
formationnelle. On abient, par exemple,

-234-
(66 ) sUkaabe
be
, be
mbar
-ii
ngooroondi
enfants
DET
ils
DUel'
-ASP
serpent
tIles enfants , ils ont tue un serpent"
(67 ) ngooroondi
ndi , sUkaabe
be
mbar -ii
ndi
serpent
DET
enfants~
DET
tuer -ASP
PRO
"le serpent , les enfants l'ont tue"
Dans (66), le sujet a ete thematise, et dans (67)
c'est l'objet. Dans les deux cas,il y a eu une dis-
location a gauche, une prejection, selon Tesniere, et
les syntagmes
sUkaabe
be
(les enfants) et ngooro-
ondi
ndi
(le serpent) n'ont de statut que dans le
cadre du message. lIs sont, en quelque sorte, desynta-
xises(Perrot, 1978). Tous deux sont separ8s du theme
par une pause materialisee par une virgule et repre-
sentee dans I' enonce par un" anaphorique-copie5 (~e
"lui"dans (66);
ndi
"lui" dans (67)
').
5. L'an~phQrique-copie reflete l'indice de ~ classe de
son antecedent (voir details au chapitI'e 5).

-235-
En regIe generale, la thematisation forte en
pulaar consiste 8 mettre le constituant thematique
en t~te de phrase en le separant du reste de l'enonce
par une pause. Le theme ainsi disloque peut laisser
une trace pronominale anaphorique comme dans nos
exemples. Cette r~gle generale a ete bien etablie dans
les descriptions anterieures de la langue peule
( Sylla, 1979, Labatut, 1982; Fagerberg, 1982). A
cettersgle obligatoire 6 , certains auteurs
ajoutent
l'insertion facultative, apr~s le th~me de particu-
les dites 'marqueurs thematiques'
(Fagerberg, op.cit.)
ou 'operateurs d'emphase'
(Labatut, Ope cit.): ce
sont des elements comme ~ (en verite), ~ (aussi),
~ (encore), de(?) • Ainsi, la plupart des exemples
de topicalisation livres par Fagerberg et que nous re-
produisons de (68) 8(71), apparaissent avec ce type
de marqueurs:
(68) kanko ne,
0
boder
-i
kine rnuudun (F. nO 296)
lui
Qt
il pincer
-ASP nez
POSS
"1 ui aussi, il se pinga le nez"
(69) miin kay
mi haan
-aan
-i
fennde
moi
en verite je dois
-NEG
-ASP mentir
"en verite, moi, je ne dois pas mentir"
6. La dislocation peut se faire sous la forme de re-
jection(l.e. 8 droite, ), phenomene assez rare en pu-
laar et ~ :propos duquel on a ecrit: "the rule of S-
initial posttion is optional. However, the text
shows only one exemple of non-initial topic out of
34 exemples of topicalization" (Fagerberg, Ope cit •••
p.
205)

-236-
(70) oon
ne
kadi
kulol
jagg
'-i
dum
lui
Qt.
aussi
peur
attraper-ASP lui
"1 ui aussi , il eut peur"
(71 ) oon
ne
kadi,
0
food
-i
baafal
lui
Qt. .Qt '
il tirer
-ASP
porte
"1 ui aussi tira la porte"
Pour ce dialecte, qui fait l'objet de notre etu-
de, ees particules
ne sont pas des marqueurs de la
thematisation.
4.3.2. Les particules dites thematiques
Dans son etude, Fagerberg fait l'analyse des e-
nonces (68) a (71) et en deduit que les paTticules ~,
~ et ~
sont des marqueurs thematiques. Cependant,
une etude de leur comportement syntaxique indique qu'il
n'en est rien.
Tous les auteurs sont d'accord pour dire que la
thematisation, proprement dite, au sens de la themati-
sation forte,
est une operation de dislocation, telle
que nous l'avons decrite dans la section precedente.
Labatut et Fagerberg decrivent l'insertion des parti-
cules comme une operation posterieure a cette disloca-
tion. Selon le premier, l'emphatisation (qui corres-
pond chez nous a la thematisation) comporte "une ope-
ration facultative d'addition qui consiste a ajouter
apres le syntagme emphatique un operateur d'emphase"
(p. 298-299); et pour le second auteur, "an optional
topic marker may follow the topic of the sentence".

-237-
En r~alit~,
l'insertion de ces particules exis-
ts dans des types d'~nonc~s qui ne sont pas forc~msnt
thematiques. Nous allons le montrer pour les parti-
cules ns (kadi)
et ~ , qui semblent ~tre les
plus frequentss.
ne (kadi)
Ces particules ont les sens suivants;
~ rraussi"
~ "encore". Kadi est facUltatif
apresVne, mais peut aussi appara.ttre sans D.§..
Selon nous, la valeur de ces particules ne va
pas plws loin que leur connotation s~mantique, telle
qu'elle se d~gage de leur traduction.
Consid~rons pour cela les ~nonc~s suivants:
(72)a. kodo
o
f od'd
-ii
baaf,al
hate
OET tirer
-ASP
parte
"l'hate a tir~ la porte"
b. kolo'
0
, 0
food
-ii
baafal
hOte
OET
il tirer
-ASP
porte
"l'hate, il a tir~ la port~"
c. * kolo,
0
food
-ii
baafal
hOte
i l
tirer
-ASP
porte
"l'hOte , il a tir~ la par te"
(73)a. kodo
(0 : )
ne
food
- i i
baafal
hOte
OET
aussi tirer -ASP
parte
"l'hOte aussi a tir~ la porte"

-238-
b. ? kodo
0
ne,
0
food
-ii
baafal
hOte
DET aussi il
tirer
-ASP
porte
"1'h8te aussi, il a tir~ la porte"
c. * kodo
ne, 0 food
-ii baafal
L'exemple (72) comporte des ~nonc~s sans ~;
72a est un ~nonc~ simple; d~claratif, non emphatique;
72b comporte une th-ematisation forte du sujet. L'ano-
malie de 72c est due au fait que son theme est ind~fi­
ni. Dans (73) nous auons
in~~r~ ne et nous consta-
tons que l'~nonc~ simple, d~claratif, non emphatique
73a est grammatical, qUell~Ue soit la d~termination
du sujet; lorsque no us inserons la particule ~ a
72b, la grammaticalite de l'enonce obtenu est mise en
question(c'est 73b ), tandis que 73c est agrammatical
comma 72c. Alors, si la particule ~ ~tait un mar-
queur th~matique facUltatif, on n'aurait pas eu l'inac-
ceptabilit~ de 73b auquel le locuteur pulaar pref~­
rera 72b.
11 est possible egalement d'ins~rer la particule
~
dans des ~nonc~s qui n'admettent pas de disloca-
tion, c'est-a-dire dans des structures non thematiques.
Exemples:
(74) a. bayri
Aali ar
-ii ••••
puisque
Ali
vanir -ASP
"Puisqu'Ali est arriv~"
b. bayri
Aali
ne
ar
-ii •••••
puisque
Ali
aussi
venir-ASP
"Puisqu'Ali
aussi est arriv~"

-239-
(75)a.
* bayri
Aali, 0
ar
-ii •...
puisque
Ali
il venir -ASP
"puisqu'Ali, i l est venu"
b.
* bayri
Aali
ne
, 0
ar
-ii •••
puisque
Ali
aussi
i l venir-ASP
"puisqu'Ali aussi, i l est arriv~"
(74a)
comports une subord6nnee, dans laquelle
on a ins~r~ ~ pour obtenir 74b • L' exemple (75) mon-
tre l'impossibilite de thematiser le sujet Ali;
si,
comme le disent les auteuDs pr~cit~s, ~
~tait un
marqueur th~matique, nous ne l'aurions pas eu dans
l'~nonc~ 74b qui n'est pas une th~matisation.
Nous pouvons y ajouter d'autres arguments qui d~­
coulent de 91'insertion de la particule ~
apres les
objets:
(76)a. haal
-an
dum
Demmba
ne
dire
-BEN cela
Demba
aussi
"Dites cela ~ Demba ~galement"
b. 0
wirt
-ii
Sire, 0
wirt
-ii
Aali
i l d~passer
-ASP
Cir~, il depasser -ASP Ali
ne
aussi
"il d~passa Cir~, il d~passa Ali aussi"
Enfin, la particule ~
apparaft parfois comme
une marque d'interrogation.
Ainsi dans les ~nonc~s
du type (77): .

-240-
(77)a. sUkaabe
be
ne ?
enfants
DET
aussi
"qu'en est-i1 des enfants?"
b. Takko
ne
Tacko
aussi
"qu'en est-i1 de Tacko?u
-a
ne
?
Tu
venir -ASP
aussi
"Est-ce que tu viens ?"
Employee seu1e, la particu1e ~ "encore" est un
adverbe qui modifie principa1ement l'action de l'e-
nonce:
(78)a. Aa1i
ar
-ii
kadi
A1i
venir
-ASP
encore
"A1i est encore venu"
b.
? Aali
kadi
ar
-ii
"i d em"
(79)a. Aa1i,
0
ar
-ii
kadi
A1i
i1 venir -ASP
encore
"A1i est encore venu"
b. * Aa1i
kadi,
0
ar
- i i
"idem"

-241-
L'exemple (78) comporte un enonce simple. 78a
montre que la particule kadi
est grammaticale lors-
qu'elle modifie le verbe.
7Sb est seulement acceptable parce que ~
vient
apres le sujet. L'exemple le plus interessant appa-
ratt dans l'enonce 79b qui montre clairement que,
lorsque le sujet est thematise par le truchement de
la dislocation classique, il ntest pas possible d'in-
serer la particule ~. Cela est une preuve que
~
n'est pas un marqueur thematique.
Le m~me phenomene s'observe avec la thematisa-
tion des objets:
(so)a. {ettu
comci
di
kadi
prends
v~tements
OET
encora
"Prends les v~tements encore"
b. yoettu
kadi
comci
"idem"
(S1 )a. comci
di,
fettu
di
kadi
v~tements
OET
prends eux
encore
"les v~tements, prends-les encore"
b. * comci
Ji
kadi, yettu
di
"idem"
L'exemp1e (SO) indique que la particu1e kadi
est gram-
I
matica1e dans 1es enonces non thematiques, tandis que

-242-
81b indique
que cette particule n'est pas grammati-
cale apr~s un th~me objectal.
La particule ~
est compatible avec les th~­
mes objets (ex.
(82), mais est seulement acceptable
avec les th~mes sUjets (ex. 83b):
{82 )a. Sira
kay
Demmba
yid
-aa
dUm
Sira
Qt
aimer
-NEG elle
llSira ,
Demba ne l'aime pas ll
..v
b. naayre
kay
boombi
cuud
-ii
Jeunes
perle
Qt
Dacher
-ASP
fi'l'les
llla perle,
les jeunes filles l'ont cach~ell
(83)a. Demmba
kay
yid
-aa
Demba
Qt~
aimer
-NEG
"Demba n'aime pas ll
b.
? Demmba
kay ,
0
yid
-aa
Demba
Qt
i l aimer
-NEG
"D e mba, il n'aime pas"
En r~sum~, d'apr~s leur comportement, on peut
dire des particules ~, ~ et ~ , qu'elles ne sont
pas des marquears th~matiques, mais des sortes de
quantificateurs tres productifs dans le discours nar-
ratif.
Done,
le fait pour ces marqueurs d1apparaftre
apres la plupart des th~mes relev~s par Fagerberg dans
ses contes,
est une coIncidence qui d~coule de la na-
ture m~me de son corpus.
L'~tude du comportement,

-243-
syntaxique de ces particules a prouve que la regIe
d'insertion facultative de ces particules apres les
themes est a abandonner.
4.3.3. Themes multiples et trace anaphorique
Nous avons vu dans la discussion precedente que
le SN thematise laissait une trace a la position
grammaticale qu'il occupait dans l'enonce de base.
Cette trace peut prendre la forme d'un anaphorique-
copie(c'est-a-dire, refleter la classe du theme), d'un
anaphorique-neutre (qui est toujours dum), d'un ana-
phorique-zero (~ ) ou d'un simple possessif. Pour une
discussion detaillee de ces formes, nous nous repor-
terons au chapttre 5.
Il est interessant de constater que l'interaction
de ces formes anaphoriques est dependante de la fonc-
tion syntaXique de base SN a thematiser.
par exemple, les themes sUjets n'admettent que
les anaphoriques-copies:
... ...,
(84)a. niiwab<;l.,
monn-
-ii
tul de
nde
elephant DET
ecraser -ASP colline DET
"I' elephant, il a pUlverise la colline"

-244-
b. neddo
0
1: :umj ~an -iima
elle
personne DET,
elle
dormir
-ASP
{: elle (
"la personne, elle s'est endormie"
ki
c.la.6i
ki! ,
majj
- i i
couteau
DET,
il J
* .il
p erdr e
-ASP
{ * ~l
"le couteau, il est perdu"
Les themes issus de la position d'objet ad-
mettent les anaphoriques-copies et les anaphori-
ques-neutres, mais n'admettent pas d'anaphori-
que-zero:
ndu
(85)a. rawaandu ndu,
Aali jagg
- i i
dum
*~
3.Jui
chien
DET
Ali
attraper
-ASP
lui
*lui
"le chien, Ali l'a attrape"

-245-
b. col el
ngel, baanoowo
o
fell
-ii
oiseau
DET
chasseur
DET fusilIer _ASP{lUi l
*lui ~
"Ltoiseau, le chasseur lui a tire dessus"
1
ngol
c.
laawol
ngol,
mi
fitt
-ii
dum
1* ,p'
lui
chemin
DET
je
balayer
-ASP
lui
*lui
"le chemin, je Itai balaye "
L'anaphorique possessif, lui, est obtenu lors
de la thematisation de syntagmes possessifs DU pre-
positionnels, respectivement illustres dans (86) et
(87) :
(86)a. nagge
nge, gaynaako
o
tal'
-ii
laaci
vache
DET
berger
DET coupeI'. -ASP
queue
mum
pass
"la vache, le berger lui a coupe la queue"

-246-
b. Sira, gujjo
0
tal'
-ii
cakka
mum
Sira
voleur
DET coup er
-ASP
collier
POSS
"Sira, le voleur lui a coupe son collier"
c. kanko
ceede
makko
ngujj
-aama
lui
argent
POSS
voler
-ASP
"lui, on lui a vole son argent"
(87)a. leeso
ngo,
mi lel
-iima e
dow
lit
DET
je coucher
-ASP
PREP
PREP
mum
POSS
"le lit,
je mly suis couche"
b. Alfa , Sira takk
-iima e
mum
Atpha
Sira slappuyer
-ASP
PREP
POSS
"Alpha, Sira slest appuye sur 1 ui"
c. kayru
mi naat
- i i
e
mayru
elle(Ref:case)
je entrer
-ASP
PREP poss
lit." elle, ~Iy suis entre"
Theoriquement, il nly a pas de limites au nom-
bre de themes que peut avoir une phrase. L'interac-
tion des differents anaphoriques connaft
des con-
traintes dans le cas des themes mUltiples; a titre
dlillustration, considerons l'exemple (88) qui con-
tient un SN a fonction sUjet, un benefactif et un
patient, et les combinaisons correspondantes de
themes:

-247-
(S8) sUkaabe
be
mbar
-an
-ii
mawdo
o
enfants
DET
tuer
-BEN
-ASP doyen
DET
njawdi
mouton
"les enfants ant immole un mouton pour le doyen"
Double thematisation de (SS): thematisation de
sujet + benefactif
(e:9)a~ sUkaabe be, mawdo
i*~~m\\
-an
o •
mbar
enfants DET
doyen
DET
ilS 1
*ils tuer
-BEN
{*ils
-ii
njawdi
-ASP
mouton
"les enfants, le doyen , ils lui ant immo-
le un mouton"
be
b. mawdo
0,
sUkaabe
be
* dum
mbar
ilS!
doyen
DET
enfants
DET
* ils
tuer
1*i18
-an
-ii
17 ~m
njawdi
}
-BEN
-ASP
~~i
?
}
mouton
1 *lui
"le doyen· , les enfants, ils 1ui ant immole un
mouton"

-248-
Alors que la contrainte d-'anaphorisation des
SN ~ fonction sujet
demaure
la m~me(ils~exigent
un anaphorique-copie~celle de l'anaphorique du b~­
n~ficiaire varie en fonction de sa relative topi-
calit~(c'est-~-dire sa position par rapport au su-
jet). Ainsi, dans 89a ou le b~n~factif topicalis~
est plus proche du sujet, seul l'anaphorique-z~ro
est incorreet, alors que dans
89b ou le b~n~factif
topicalis~ est ~loign~ du sujet, l'anaphorique-z~ro
s'avere incorrect et l'anaphorique-neutre accepta-
ble; seul l'anaphorique-copie ne pose aucun proble-
me.
Le ph~nomene analogue est observ~ avec la th~­
matisation a la fois du sujet et du patient:
(90)a. sUkaabe
be, njawdi
ndi,
be
mbar
-an
enfants
DET mouton
DET
ils
tuer
-BEN
-ii
rdidum mawdo 0
}
Ji
-ASP
tu~1UJ. I doyen DET
lui
"1 es enfant.s , le mouton, ils l'ont immol~
pour le doyen"

-249-
b. njawdi ndi,
sUkaabe
be,
be
mhar
-an
mouton DET
enfants
DET
ils
tuer
-BEN
1ndi}
-ii
mawdo
:;um.
0
1Ui
-ASP
*lui
doyen
DET
1*lui I
"l e mouton, les enfants, ils l'ont immole pour
le doyen"
Nous pouvons constater que les trois 'anaphori-
ques sont admis dans 90a, alors que dans 90b s8ul
l'anaphorique-copie est, correct.
Triple thematisati"on
(cf. 91 )
(91 )a. sUkaabe
be, mawdo
0,
njawdi
ndi,
be
enfants
DET doyen
DET mouton
DET
ils
mbar
-an
l:~:m dum
-ii
J rdi\\i 1
f lui J f 1ui (mouton)
tuer
-BEN
-ASP *lui
lui
*lui
lui
lit. "l es enfants, le doyen, le mouton, ils le lui
ant immole"

-250-
b. mawdo
0,
sUkaabe
be , n .iawdi . ndi
be
mbar
doyent DET enfants
DET mouton
DET
ils tuer
-an
- i i
1:::m J 1"di
?:um ~.
lui
lui
i
-BEN
-ASP * lui
* lui
lui
"lit. "le doyen, les enfants, le mouton, ils le
1 ui ont immole"
c. sUkaabe be,
njawdi ndi,
mawdo
0,
be
mbar
enfants DET
mou~on DET
doyen
DET ils
tuer
-an
-ii
*dum
?dum
f mu ··I fndi"}
*¥1
*¥1 .
lui
-BEN -ASP
lUi!
*lui
?lui
*lui
~·lui
fIles enfants, le mouton, le doyen, ils le lui ont
immole"

-251-
d. njawdi
ndi ,
mawdO
0,
sUkaabe
be,
6e
mouton
DET
doyen
DET
enfants
DET
ils
mbar
-an
-ii
l*~~m \\ ndif
} ::um
flui } lui
tuer
-BEN
-ASP
*lui
*lui
*lui
*lui
lit."le mouton, le doyen, les enfants, ils le lui
ont immole"
Les anaphoriques du beneficiaire etant constants
dans tous les enonces en (91), etudions l'interac-
tion des anaphoriques du patient njallJdi "mouton" dont
nous avons fait varier la topicalite par rapport au
suJat b.¥ "il s"
(mi s pour en fants).
Nous pouvon s
constat er que plus le theme est a l'exterieur de
l'enonce, plus grande est la contrainte anaphorique,
qui va de la possibilite d'admettre trois anaphori-
ques(91a et 91b), a deux anaphoriques (91c), an fin
a un anaphorique(91d). Notons egalement que lorsqu'il
y a un seul anaphorique, crest toujours l'anapho-
rique-copie, c'est-a-dire l'anaphorique le plUS
marque parce que refletant la blasse de son antece-
dent par l'accord avec celui-ci.
Comment toutes ces contraintes peuvent~ell'es
~tre expliquees?
Nous definissions, avec
Perrot, la thematisa-
tion forte cam me une sorte de
.desyntaxisation d'un
argument. Plus cet argument est eloigne de la position

-25~-
de sujet, plus forte sera sa desyntaxisation, et
plus marquee l'anaphorisation va ~tre ; cela, pour
permettre une plus facile interpretation de la
phrase. Ainsi, dans 91a et 91b, le theme est contigu
au sujet, et peut ne point ~tre repris sous forme
anaphorique, tout en permettant une interpretation
facile de la phrase. Dans l'exemple 91d, qui repre-
sente l'autre extr~me, le theme est completement
desyntaxise, et donc, pour l'interpreter dans la
structure de base, on a besoin de marquer son ana-
phorique.
4.3.4.
Pragmatique de la topicalite
4.3:4.1. Thematisation et emphase
Dans la premiere partie de ce chapitre, l'em-
phase a ete definie comme une mise en relief, un
soulignement. Done, d'un point de vue semantique, la
thematisation peut apparattre comme une forme d'em-
phase; c'est c~ qui peut expliquer que dans son. cha-
pltre 18 intitule "transformation d'emphase", Labatut
(1982) traite de ce que nous appelons "thematisation".
Car, dans les constructions dites emphatiques,
tout comme dans la thematisation forte,
une certaine
proeminence est donne8 ~ un constituant de l'enonce;
dans les clivees et les pseudo-clivees, il s'agit du
constituant en focus, alors que dans les relatives,
les interrogatives et les temporelles,il s'agit
tout simplement de l'antecedent, que celui-ci soit

-253-
apparent ~ou. en~structure profonde. Dans la th~­
matisation, la pro~minence est accord~e au theme
de l'~nonc~. Dans tous les cas il y a un ph~nomene
que Schachter (1979) a appel~ foreqrounding, i.e.
"this division of a sentence into a head and an
attribute, like the division of a sentence into a
focus and a presupposition, is an instance of what
I have called foregrounding"
(p. 44)
11 y a aussi que, lorsqu'ils sont pronominaux,
les constituants emphatis~s et les constituants
th~matis~s sont soumis aux m~mes contraintes: ils
doivent apparaftre sous la forme de pronoms ind~­
pendants(i.e. pouvant apparaftre seuls). Clest ainsi
que, des trois formes de pronoms personnels pouvant
~tre sujets, seul le pronom emphatique est admis
dans ces constructions. Comme pronom ind~pendant,
il y a ~galement le d~ictique. Illustrons tout cela
avec aes exemples de relatives (92), de cliv~es(93),
de th~matisation(94) et de d~ictiques(95·:97):
Takko
yid
-i
o
waaw
-i
(92)laan ]mo
*acfa
*a
toi } REL Tacko
aimer-ASP DET tu
pouvoir-ASP
*tu
f*tu
yettaade
arriver
"toi que Tacko aime, tu peux arriver"

-2~4-
(93) ko
Takko
yid
-i
Tacko
aimer -ASP
*::iJ
EMP)
{*tu
"c'est toi que Tacko aime"
ini
(94)l aan
Takko
yiJ
ma
)
*ada
*a
Tacko elle
aim er
toi
i*::ij
*tu
"toi, Tacko t'aime"
Avec les deictigues:
(95) oon
jim
-at
-noo
-~
DElC
chanter-ASP
-PRET
-REL
"celui Hl
qui chantait"
(96 ) ko
oon
jim
-at
-noo
-do
EMP
DElC chanter-ASP
-PRET
-REL
"C'est celui-la m~me qui chantait"
(97) oon,
o
yim
-at
-no
celui-la,
il
chanter -ASP
-PRET
"cel ui-la, il chantait"
Enfin, nous pouvons
m~me suggerer que la the-
matisation est une forme d'emphase maximale,

-255-
c'est-a-dire saturee, pUisqu'il est possi~le de the-
matiser ,un constituant emphatique, mais qu'il n'est
p~s possible d'emphatiser le th~me d'un enonce.com-
me le montrent ces exemples de clivage et de thema-
tisation:
Thematisation d'une emphase
(98) a.ko
Aali
ar-
-i .
EMP
Ali
venir
-ASP
"c'est Ali qui est arrive"
b.
Aali,
ko
kanum
ar
-i
Ali
EMP
lui
arri ver
-ASP
"Ali, c'est lui qui est arrive"
(99) a. be
njabb
-ii
ko
hobbe
be
ils
accueillir
-ASP EMP
h~tes
DET
lice sont les h~tes qu 1 ils ont accueillis ll
b. hobbe
be,
ko
kambe
be.
njabb
-ii
hates
DET
EMP
eux
ils
accueillir
-ASP
Ill es h~tes, ce sont eux qu 1 ils ont accueillis"
(les h~tes, cesont ceux-la qu'ils ont accueillis)
EmphatisatiJon d'un th~me:
(100)a. Aali,
0
ar
-ii
Ali
il
venir
-ASP
IlAli, il est venu"
b.* ko
Aali, 0
ar
-ii
EMP
Ali
il
venir-ASP
" c 'est Ali, il est venu"

-256-
(101 )a. hobbe
be,
be
njabb
-iima
be
hates
DET
ils accueillir
-ASP
eux
"1 es hates, ils les ont accueillis"
b.* ko
hob be
be,
be
njabb
-iima
be
EMP
hOtes
DET
ils accueillir-ASP
eux
"ce sont les hates, ils les ont accueillis"
Les cinq constructions emphatiques dscrites a la
section 2 ont ete distinguees de la thematisation sur
la base de cri teres essentiellement morphosyntaxiques;
les constructions emphatiques ont la m~me structure
(relative) et sont soumises aux m~mes contraintes as-
pectuelles. Alors que dans ces constructions seuls
le P2
(perfectif' 2) et l'1MP4
Cimperfectif 4) s- .
~aient permis, dans la thsmatisation, toutes les mar-
ques sont admises comme l'indiquent les enonces de
l'exemple (102):
(102)a. miin , mi
yah
-ii
wuro
moi
je
partir
-ASP
ville
II mo i,
je vais en viII e"
b. miin , njah-
13 -mi
wuro
moi
partir- P2- je
ville
"moi, je suis illl s . en viII e •••
c. miin ,
mi
yah
-13
wuro
moi
je
partir- P1
ville
"moi, je suis aIls en ville ll
11 existe une autre difference; le theme pulaar
est soit un constituant defini, soit un gsnsriquej
mais le constituant emphatise n'est pas soumis a cette

-257-
contrainte.
Enfin, les deux types d'enonces different dans
la nature du constituant souligne ou mis en relief.
Ainsi, alors que dans les clivees et les pseudo-
clivees, la mise en relief affecte le focus de l'e-
nonce, OU l'information nouvelle, dans la thematisa-
tion, la mise en relief est sur l'information ancien-
ne, tant il est vrai que le rheme est, par defini-
tion, "le terme le plus informatif"
(Hagege,1979-1980).
4.3.4.2. Thematisation et relative topicalite
Dans notre discussion de la structure informa-
tionnelle de l'enonce, l'ordre pragmatique universel
PRESUPPOSITION-
FOCUS
a ete admis. Dans ce sens,
la tfhematisation est un des processus les plus marques
et les plus aptes a refleter cette articulation de
l'information. Car, du fait m~me de son caractere de-
fini ou generique, le theme pulaar est forcement pre-
suppose et est con forme a la tendance universelle des
themes a etre interpretes comme tels (Human et Zimmer,
1976°.
Dans la discussion consacree aux themes mUltiples
(section4.3.3.
), il a ete suggers que l'interaction
des anaphoriques de themes soit fonction de la posi-
tion de ceux-ci par rapport au sujet (les themes plus
proches du sujet etant mains aesyntaxises que ceux qui
en sont eloignes). Une autre fa90n de traduire cette
hienarchie est de dire que les themes du pulaar ant
une topicalite relative; ce qui signifie que le phe-

-258-
nomene de la thematisation doit ~tre replace dans
le cadre pragmatique general ~bauche des le chapr-
tre 3. La, en effet, il avait ete reI eve la tendan-
ce des objets a ~tre differencies sur la base de
leur relative topicalite. Le fait que les objets
animes et def~nis aient tendance a ~tre proches du
verbe, plus aptes a la passivation, au mouvement du
dati~ a l'extraction, reflete bien l'echelle ~hemati­
que naturelle de_yman et Zimmer ( Ope cit. ). C'est
cette tendance generale des langues que Givon (1979)
exprime en ces termes: "there are grounds for belie-
ving that all languages, at the discourse level, dif-
ferentia~
between objects-when more than one appears
per
sentence- as to which is more'focus' of new
information and which is more topical"
(p. 14).

-259-
5.
,LA PRONOMINALISATION ANAPHORIQUE
L'anaphore , comme tout phenomene de redondance,
est importante dans le fonctionnement des langues na-
turelles,
car elle etablit dans le discours, des rela-
tions a distance qui jouent un r~le significatif dans
la communication.
Les relations anaphoriques sont egalement impor-
tantes dans la linguistique moderne, leur etude etant
centrale a certaines orientations recentes de la gram-
maire generative, par exemple.
Nous envisageons
dans ce chapitre, d'etudier le
phenomene de la pronominalisation anaphorique en pulaar.
La forme des pronom8 de la troisieme personne variant
avec la classe du substantif auquel elle renvoie, le
pulaar presente potentiellement autant de referents
anaphoriques qu'il y a d'indices de classe. Cependant,
une etude attentive permet d'arriver a une generalisa-
tion reduisant a quatre le8 types d1anaphoriques de la
langue.

-260-
Le chapitre est organise en quatre parties.
La premiere clarifie les notions d'anaphore et d'a-
naphorique ; ensuite, une typologie argumentee des
anaphoriQues peuls nous permet de cerner les qua-
tre formes principales ; la troisieme partie etudie
les contraintes syntaxiques et semantiques qui gou-
vernent le phenomene ; enfin, les specificites ·du pu-
laar seront examinees a la lumiere d'un certain nom-
bre de principes universaux qui permettront d'expli-
quer les constantes de la pronominalisation anapho-
rique.
5.1. Definition generale
5.1.1. Anaphore et anaphorique
11 est important, pour la clarte de la discus-
sion dans ce chapitre , de faire une distinction net-
te entre les notions fondamentales qui sous-tendent
les processus anaphoriques: l'anaphore et l'anaphori-
que.
L'anaphore est une relation alors que l'anaphori-
que est un element de cette relation. Pour Milner
(1982), "il Y a une relation d'anaphore entre deux
unites A et·B quand l'interpretation de B depend cru-
cialement de l'existence de A, au point qu'on peut di-
re que l'unite B n'est interpretable que dans la me-
sure ou elle reprend entierement oU potentiellement A".
11 s'agit donc avant tout de relation semantique ,
de
"connexion semantique a laQaslle
ne correspond au-
cune connexion structurale"(Tesniere, 1975:85).

--------~.
-261-
Dans cette relation, nous appellerons A, l'antece-
dent
(ou source semantique1
) defini comme le mot
"auquel aboutissent les deux connexions de l'ana-
phore" (Tesniere, ibid.), et 8 l'anaphorique. Ainsi
dans l'enonce de Tesniere
(1) j'ai vu Alfred; il allait bien
l'anaphorique il
etablit une connexion semantique
entre deux phrases qui ne sont pas unies par une con-
nexion syntaxique dans la mesure OU 11
est sujet et
etablit une connexion avec Alfred, objet de la phra-
se precedente.
Ces definitions sont generalement admises dans
les differents traitements des processus anaphoriques
(cf. Maillard, 1974; Ronat, 1984; Lust, 1986;
etc.).
L'anaphorique n'est pas toujours pronominal.
Par exempl e, dan s I ' enonce
(2)"sayal.
est un erudit; le Tene.
de Doungel
~
~
chantera ce soir~nous etablissons une relation ana-
phorique materialisee par un indice
souscrit identi-
que (i) entre l'antecedent 8ayal, le nom d'un cele-
bre chanteur du FuutaTooro et l'anaphorique Tene de
Doungel(chef de village de Doungel), pseudonyme de
8ayal.
1. Tesniere prefere cette expression, pour eviter
l'idee d'anteriorite de l'antecedent sur l'anaphoriqu8,
qui n'est pas toujours fOnrle8.
La connexion semanti-
que est egalement implici te chez Milner (1984): "la
relation anaphorique ressortit au discours dans la
mesure ou elle peut s'~tabir entre deux phrases et
ne met pas forcement en jeu une regle syntaxique; au
contraire, la relation entre une anaphore (liee) et
son antecedent est obligatoire et limitee a un domai-
ne qu'il s'agit de definir avec precision" (P.
65).

-262-
L'anaphorique est ici une expression referentielle.
11 existe egalement des expressions nominales qui
sont intrinsequement des anaphoriques, par exemple
lesreflexifs et les pronoms reciproques.
Les processus anaphoriques sont per9Js diffe-
remment selon qu'ils concernent la phrase ou le dis-
cours. Ainsi, la plupart des etudes d'orientation
generative ont mis l'accent sur la phrase (Kuno,
1975; Chomsky, 1969 et 1982a; Hasegawa, 1l:l83; Lust,
1986 etc). Cependant, des etudes paralleles(Carden,
1982; Pica, 1984) montrent que dans de nombreux cas,
la reference au discours est indispensable a la com-
prehension de certains phenomenes.
5.1.2. Anaphorique lexical et anaphorique vide(ou zero)
Les elements anaphoriques
sont soit lexicalises
(ou ouverts), soit des categories vides (ou non ou-
vertes). Dans les exemples (1) et (2) les elements
il
et Tene de Doungel
sont lexicaux. 11 n'en est
pas de m~me des anaphoriques des exemples en fran-
9ais, anglais et pulaar sUivants, qui comportent des
categories vides:
(3) Alfred.
m'a dit de~.
venir
l
l
(4 ) the child.
jumped and ~. failed
l
l
(5 ) Aali.
fot
-ii
~. janngu
-de
ndiyam
l
l
devoir
-"ASP
apprendre -1NF
eau
"Ali doit apprendre a nager"
(6) John was hit
~

-263-
Dans ces enonces , l'element anaphorique ~ est
une categorie vide DU nulle, c'est-a-dire depourvue
de sens lexical.
Il est obtenu par deux effets prin-
cipaux; soit par la chute de la deuxieme occurrence
d'un SN, comme c1est le
cas dans les exemples (3),
(4) et (5); soit par extraction a la suite de l'ap_
plication d'une regle dCJ type passif (cL
(6)
).
Dans les deux cas, l'anaphorique nul est une trace
pouvant ~tre representee par l
.
Ces deux types d'anaphorique sont, soit argu-
,
mentaux, lorsqu'ils occupent une position argumen~
tale
(sujet DU objet), soit non-argumentaux
lors-
qu'ils occupent d'autres positions.
L'on sait par ail-
leurs que la faiblesse de la theorie chomskienne du
liage (Chomsky, 1981) est due au fait qu'elle s'ap-
plique essentiellement aux elements en position argu-
mentale.
5.1.3. Le potentiel
cross-linguistique
La position de l'antecedent par rapport a l'ana-
phorique a suscite beaucoup de debats theoriques.
Dans to us nos exemples precedents, l'anaphorique
(1 exi cal 0 u nul) est place apre s son:, an teced ent. Cet-
te position est la plus courante dans les
langues du
monde et la misux etudiee. Elle a suscite beaucoup
d'hypotheses dont la plus repandue est celle
selon
laquelle llordre antecedent-anaphorique constitue-
rait l'unique possibilite offerte par les langues;
c'est la theorie du "Forward-only-Hypothesis"(l'hypo-
these de la posteriorite:Kuno, 1975), encore denommee

-264-
"Directionali ty constraint" (contrainte directionnel-
: 1)11: Lust, 1980) ou"precedence constraint" (contrainte
de la "precedence": Lust, 1986).
L'examen de langues diverses montre cependant,
que bien
que cette strategie soit la plus repandue,
elle ne constitue pas la seule disponible. D'ailleurs
dans de nombreuses langues ou la contrainte de la pre-
cedence de l'antecedent avait ete etablie(chinois,
ja-
ponais,
tamil, malayalam etc.), des recherches poste-
rieures ont pu demontrer aue l'antecedent pouvait ~tre
2
subsequent a son
anaphorique •
Considerons les exemples suivants tires du fran-
t;:ais, de l'anglais et du pulaar.
(7)a. quand Rene.
apprendra la nouvelle, il. se-
~
~
ra det;:u
b. quand
il. apprendr a la nouvelle,
Rene.
se-
~
~
ra det;:u
(8) a.
John.
returned home late after he. worked
~
~
at his office
b. after he. worked at his office, John.
retur-
~
~
ned home late
2. Dans ce sens la terminologie adoptee par Maillard
(1974) est peut-~tre plUS explicite. Pour celui-ci,
un segment enonciatif est "aphorique"s'il est parfai-
tement clo's sur lui-m~me et n'impliql.Bpas le texte;
il est "anaphorique" s'il suppose l'enonce antece-
dent,
et "cataphorique", s'il suppose l'enonce subse-
quent.
Et tous ces processus entrent dans le terme ge-
neral de processus "diaphoriques".

-265-
won
sUkaabe.
yid
-be
yeewt
-id
-de
l.
~tre enfants
vouloir
-REL
causer
-ASS - INF
8
maa
so
be.
ngar
-ii
l.
avec
toi
si
ils
arri vel' -ASP
"il y a des jeunes qui aimeraient causer avec
toi srils arrivent"
b. so
be.
ngar
- i i
won
e
sUkaabe.
be
l.
~
si
ils
arriver
-ASP
~tre
enfants
DET
yid
-be
yeewt
-id
-de
e
maa
vouloir-REL
causer
-ASS
-INF
avec toi
"srils arrivent, il y a des jeunes qui aimeraient
causer avec toi"
Les exemples en (a) contiennent des realisations
de ce que nous appellerons lrAnaphore Posterieure(AP),
et les exemples en (b) des realisations de lrAnaphore
Anterieure (AA). Dans le premier cas, lranaphorique est
place apres lrantecedent,
tandis que dans le second,
l'anaphorique est place avant l'antecedent.
5.2. Lranaphore en pulaar
Le pulaar est une langue riche en anaphores puis-
que tous les cas decrits precedemment sont attestes
dans cette langue. Dans cette section nous ferons une
typologie des anaphoriques en mettant lraccent sur
leurs manifestations pronominales oU nUlles, qui sont
des cas specifiques de l'anaphore ayant suscite le
plus d'inter~t drun point de vue theorique.

-266-
5.2.1. Forme des anaphoriques
5.2.1.1. L'anaphorique-copie
~'expression anaphorique-copie est employee
ici lorsque le pronom anaphorique est morphologique-
ment identique a l'indice de classe de son antecedent.
A cause du riche systeme d'accords qui existe en pu-
laar, AC
peut prendre la forme de tous les indices
de classe inventories au chapitre 2. L'anaphorique-
copie n'est rien d'autre que l'ensemble des pronoms de
la troisie~ personne en pulaar. Illustrons avec les
indices ~ , ~, ~ et ~ , dans diverses construc-
tions:
(10)a. laana
ka
,ma
mi
sood
ka
pi rogue
DET
AUX je
acheter AC
"la pirogue,
je l' acheterai"
b. laana
ka
sagg
-i
ka
sagg
-it
pi rogue
DET coincer
-ASP
AC
coincer
-REV
-aa
-ASP
ilIa pirogue se coinga et fut decoincee"
(11 )a. nde
gawoowo
jagg
-i
liingu
ngu,
lorsqu8
p~cheur
attraper
-ASP
poisson
DET
..!J.9.Y.
~occit
-ii
AC
echapper
-ASP
"lorsque le p~cheur a attrape le poisson, il
s'est echappe"
b. def
liingu
ngu
hade
.D.£.!:!
nol
-de
prepare poisson DET
avant AC
pourrir
-If\\IF
"prepare le poisson avant qu'il ne pourrisse"

-267-
(12)a.
nagge
nge
majj
-i
aynaabe
fof
vache
DET
perdre -ASP bergers
tous
ndonk
-i
anndude to
.!J.9.§!.
suud
ne pas arri ver a -ASP savon
ou
AC
cacher
-ii
J.ASP
"la vache slest egaree et aucun berger nlar-
rive a savoir ou elle se ~ cache"
b. kala
nde
naange
mut
-i,
chaque fois lorsque
sol eil
coucher
-ASP
wuybe
nduloto
illoto
.!J.9.§!.
dar
-t
voleurs
prier-ASP NEG
AC
se lever -REP
-0
-ASP
" chaque fois que le soleil se couche, les voleurs
prient pour qu'il ne se leve pas a nouveau"
(13)a. le11a
ba
barmin
-aama
kono
antilope
DET
blesser
-ASP
mais
ba
jogar
-aan
-i
yan
-de
AC
risquer -NEG
-ASP
tomb er
-INF
"l'antilope a ete bless8emais ne risque pas
de tomber"
b. labbo
o
jagg
-i
mbabba
ba
ko
bOcheron DET attraper -ASP ane
DET
EMP
nde
ba
deb
-i
yaltu
-de
illuro
10rsQue
AC
faillir -INF sortir
-INF ville
"1 e bOcheron a attrape l'ane quand il etait sur
le point de sortir du village"
Notons que, dans to us ces exemples, l'anaphorique
qui occupe diverses positions grammaticales reflete la

-268-
forme de llarticle de son antecedent.
5.2.1.1. L'anaphorique reflexif-possessif
Comme son nom llindiQue, llanaphorique reflexif-
possessif est celui qui se manifeste dans les enonces
reflexif et possessif • En pUlaar, il slagit la d'une
forme dont le sens varie avec la construction. L1ana-
phorique reflexif-possessif appara!t , soit sous la
forme invariable muudum, realisee~
dans la plupart
des cas, soit sous la forme liee, staccordant avec
llindice de classe de son antecedent. Illustrons ce
phenomene:
avec
le possessif:
mum
\\
(14)a. Aali.
yiit
-ii
feggere
~
{ *makko) i
) POSS
l
retrouver
-ASP bague
1*poss ~
"Ali a retrouve sa bague"
\\makkO} .
b. O.
yii t
-ii
feggere
1.
{*mum
~
il
retrouver
-ASP
bague
(PO ss
}
(*POSS
"il a retrouv8 sa bague"

-269-
(15)a. nagge.
nge
seek
-ii
nguru rum
~
*makko l
{poss
vache
DET
dechirer
-ASP
peau
J
*POSS
e
foobre
lekki
sur tronc
arbre
"la vache s'est dechire la peau sur un tronc
d'arbre"
!mayre J
b. nge.
seek
-ii
nguru
e
1.
*mum
i
elle
dechirer
-ASP
peau
toss
sur
*POSSl
foobre
1 ekki
tronc
arbre
"elle s'est dechire la peau sur un tronc d'ar-
bre"
rmakkO J
(16)a. mbaroodi.
ndi
sol
-ii
niire
1
mum
lion
DET
arracher
-ASP
dent
{'PDSS j
POSS
e
teew
sur viande
"1 e lion s'est arrache la dent (en mordant)
dans la viande"
,., ..
lmayrif
b. ndi
sol
-ii
n1.~re
e
teew
*mum
il
arracher
-ASP
dent
toss I sur viande
*POSS
"il s I est arrache la dent sur la viande"

-270-
La fDmme invariable du possessif ~_
dans les
enonces (a) et l'accord du possessif avec son ante-
cedent dans les enonces (b) sont les m~mes phenome-
nes que l'on observe dans la reflexivisation. Cela
est dO a la structure
m~me du syntagme nominal re-
flechi, qui est forme d'un radical nominal hoor-
3
"t~te" (a valeur de reflechi), suivi d'un possessif.
Illustrons avec le verbe gaan-
"blesser":
gaan
1mUm }
(17)a. Aali.
""
-ii
hoore
~
*makko
i
blesser
-ASP
t~te
{ pass 1
*poss
" Ali s'est blesse lui-m~me"
b. o. gaan
-ii
hoore
~
turn 1
makko
i
il blesser
-ASP
t~te
{*POSS J
POSS
i
"il s' est blesse lui-m!me"
3. Le radical hoor-i-koy
"t~te" est un lexeme inde-
pendant qui peut apparaltre seul (16'a), et le nomi-
nal reflechi se comporte comme un
simple genitif
(16'b):
.
(16')a. koye
men
kell
-ii
t~tes
nos
casser
-ASP
"nos t~tes sont cassees"
b.
en
toon
-ii
koye
men
nous faire tort -ASP
t~tes
nos
"nous nous sommes fai t tort nous-m~m8s "

-271-
(18)a. nagge.
nge
gaan
-ii
1.
j POSS t
vache
DET
blesser
-ASP
t~te
(*po ss j
"la vache s'est blessee elle-m~me"
#'J
b. ng e.
gaan
-ii
hoore
1.
J magge}i
l*mum
elle
blesser -ASP t~te
POSS J
f*PDSS
".el1e s'est blessee elle-m~me"
(19) a. mbaroodi.
ndi
gaan
-ii
hoore
1.
1
1
mum
*mayri
i
lion
DET
blesser
-ASP
t~te
l POSS \\
*POSS
"le lion s'est blesse lui-m~me"
b. ndi.
gaan
- i i
hoore
1.
l
[ mayri
'*mum
i
il
blesser
-ASP
t~te
IPOSS J
*POSS
"il s'est blesse lui-m~mell
Tous les exemples ci-dessus font ressortir que
les contextes d'occurrence des deux formes sont en
distribution complementaire. La forme invariable appa-
raft avec les antecedents substantifs et la forme liee
avec les antecedents pronominaux.
Le reflexif possessif apparaft egalement lorsque

-272-
le compldment d'une prdposition a dtd pronominal i-
sd dans le cadre d'une anaphore prdpositionnelle:
(19')a. mi
naat
-ii
e
nder
suudu.
,
~
je
entrer
-ASP
dans intdrieur case
mbaal
-mi
e
maYI'ui
dormir
-je
dans elle
"je suis entrd dans la case, j'y ai passd la
nuit"
b. Aali
neld
-i
debbo.
0
comci,
~
envoyer
-ASP
femme
DET v~tements
wad
-i
kadi
leeteer
fay
-de
e
faire
-ASP encore
lettre
aller
-INF
PREP
1ffiakkol i
mum
f:~~~ j
"/Hi envoya des v~tements El. la femme et lui
envoya une lettre dgalement"
c. mi
faw
-ii
e
taabal
lampa
je
poser
-ASP
PREP table
lampe
paw
-mi
e
maggal
sonndel
poser
-je
PREP
elle
bougie
"j'ai pose une lampe
sur la table, et j'y ai
place une bougie"
Tout indique que les complements entrent en rap-
p 0 r t d e p 0 s s e s s ion a veel e s p rep 0 sit ion s ( cf. di s c us-
si on chap. 3).

-273-
Cependant, il existe des cas oD la forme liee
est exigee apres une preposition; c'est le cas du
resomptif laisse par la relativisation de l'objet de
la preposition:
I
e
*mayru~
(19")a. suudu. ndu
naat
-mi
ndu
1.
muudum.1.
case
DET
entrer
-ASP PREP elle
DET
ini
y a a j - i
elle
large
-ASP
" 1 a cas e da n s 1 a q u ell e j e s ui s en t r e est
larg e"
En regle generale, la forme invariable apparaft
lorsque l'antecedent est un substantif ou un deicti-
que;
et la forme liee lorsque l'antecedent est un pro-
nom court, long ou independant. Nous avons donne une
illustration
avec les'
substantifs
et les pronoms
courts. Voici des exemples avec des deictiques(20),
des pronoms longs(21) et des pronoms independants(22):
(20)a. oon.
gaan
- i
hoore ~
1.
mum
Z
(*makko J
celui-la
blesser
-ASp
t~te
PO ss ~
1*poss )
"celui-la s'est blesse lui-m~me"
b. ngeen.
gaan
-i
hoore
1
1.
mum
}
l*magge
i
celle-la
blesser -ASP t~te
POSS
"celle-la s'est blessee elle-m~me"

-274-
....
c. ndiin
gaan
-i
hoore
~ mum
~
l*mayri J
celle-la
blesser -ASP
t~te {POSS t
*POSS )
"celle-la s'est blessee elle-m~me"
...,
(21)a. kanko.
gaan
- i
hoore
~ makkoli
J.
l*mum J
elle/EMP
blesser -ASP t~te
IPOSS }
lui
*POSS
"c'est elle
qui s'est blessee (lui-m~me) 11
(elle-m~me)
b. kange.
""
gaan
-i
hoore j mayreJ
J.
~*mum
i
elle/EMP
blesser-ASP t~te
) POSS 1
l*po SS J
"c'est elle qui s'est blessee (elle-m~me)"
; v
c. kayri.
gaan
-i
hoore
1.
blesser
-ASP t~te
f POSS ~
*POSS }
"c'est lui(taureau) qui s'est blesse (lui-
m~me)"
(22)a. omo.
gaan
-i
hoore
1.
il
blesser -ASP
t~te
POSS \\
{ *PO ss J
"il s'ast blesse (lui-m~me)"

-275-
,.,
b.
angei
gaan
-i
hoore { mayreJ
*mum
.
I
I
e11e
b1esser-ASP t~te J POSS
{*PO SS
e11e (la.vache) stest b1essee (e11e-m~me)
" e11e s'est b1essee e11e-m~me "
c.
andi.
gaan
-i
hoore { mayrij
~
*mum
;
i1
b1esser-ASP t~te
POSS
*POSS
"i1 (le taureau) s'est b1esse 1ui-m~me"
5.2.1.3.
L'anaphorique neutre
Nous appe10ns anaphorique -neutre l'an a phori-
que coreferentie1 d'un antecedent dont la c1asse est ~if­
ferente de la c1asse neutre dum; autrement dit, no us
exc1uonsJtette categorie tout:: 1es realisations ana-
phoriques en dum:
Exemp1es:
(23) balejum
dum
feen
-ii
chose noire
DET
appara!tre
-ASP
"1 a ch os e noi re est apparue"

-276-
(24) balejum
dum
wirn
-iima.
'Dum
chose noire DET
dispara!tre -ASP.
elle
ar
- t
-ii.
venir
-REP
-ASP.
"la chose noire dispara!t. Elle reappara!t"
(25) a. 0
rokk
-i
kola.
0
kosam
1
il
donner
-ASP
hOte
DET
lait
0
rokk
-i
um
{ [
1· ;kaalis
mo
1
il
argent
donner
-ASP1:~]
"il donne a IlhOte du riz et il lui donne
de l'argsnt"
L'exemple (23) contient le nominal balejum , de
la classe dum (c'est-a-dire qu1il est determine en dum).
Dans (24), le m~me nominal apparalt dans une anaphore
ou il est l'anuecedent d'un anaphorique dum, refle-
tant son indice de classe;
cette derniere realisation
n1est pas un anaphorique neutre
mais un ana-
phorique-copie, conformement a notre definition don-
nee a la section 5.2.1.1. Dl un autre cote, dans l25a),
ou kolo "etranger" appartenant a la classe des hu-
mains 0
et repris anaphoriquement en lum , nous
avons une realisation typique de l'anaphorique neu-
tre • Voici d'autres realisations de AN avec des an-
tecedents de differentes classes:

-277-
(25)b. be
ngadd
-an
-i
njawdi
ndi
gawri
ils apporter
-BEN
-ASP mouton
DET
mil
6e
ngadd
-an
-i
! 1 ndiyam
ndi
dum
i
ils apporter
-BEN
eau
"ils apport~rent du mil au mouton et ils lui
apport~rent de l'eau"
c. yumma
bewn
-i
kurka.
haa
watt
1
mere
gater
-ASP enfant
jusqu'a faire
-i
tdum
hul
-de
mo
Ji
avoir peur
-INF
"La mere gata l'enfant au point d'en avoir
peur"
Dans (24) la realisation dum
est a traiter comme
anaphorique-copie tandis que dans (25), il s'agit d'un
anaphorique-neutre.
Les occurrences de l'anaphorique-neutre tel que
defini ici, doivent egalement ~tre distinguees de la
plupart des occurrences de dum 4 dans le dialecte de
l'Adamawa decrit par Labatut (1982) OU cette forme
sert entre autre chose, a pronominaliser:
(exemples tires de Labatut , 1982)
4. Labatut emploie l'expression pronom neutre pour
dum
et ses deux realisations complexes maajum et muuJum.

-278-
-les racines adjectivales ou ve~ales:
(26) mabbitirdum
majj
-i
dabbi ti t
-It
cle
~tre perdre
-ASP
chercher
-ASP
dum
PRO
"la cle est perdue; cherche-la tt
-plusieurs noms appartenant a des classes differentes:
(27) cuufu
bee
yaare
ngaar
-i
sey
dum
moustique auec scorpion venir
-ASP
alors AN
yedd
-ootir
-i
contredire
-REC
-ASP
"le moustique et le scorpion vinrent; alors, ils
se contredirent"
-un enonce entier:
(28) 0
naat
-i
suudu ;
o
wujj
-i
ceede;
il entrer -ASP maison
il voler
-ASP argent
baawo
muuJum
0
dill
.-i
puis
AN
il s'enfuir -ASP
"il entra dans la maison ; vola de l'argent; puis
s'enfuit"
Pour Labatut, "le pronom neutre dum /maa jum
prono-
minalise soit un element qui n'appartient a aucune
classe,nominale (proforme, e~prunt,'nonc~), soit
plusieurs noms :de classes differentes: dans les deux
cas, il echappe a la classification rsguliere, puis-
qu'il represente plusieurs classes ou aucune" (P. 254).

-279-
Pour nous, la realisation dans llexemple (26) est
analogue a celle
que nous avons signalee pour le
dialecte pulaar dans (24).
5.2.1.4.
L'anaphorique zero
L'expression zero est employee par nous pour de-
signer les cas d'anaphorique vide d~crits
a la sec-
tion 5.1.2. et signales par Labatut comme exemples de
cas dleffacement total. En effet, dans son chapitre
13, Labatut fixe les deux conditions de l'effacement
(anaphoriquezero) en peul. La prami~re
(qui s'ap-
plique aussi a ce qu'il appelle effacement partiel ob-
tenu par pronominalisation) concerne les structures
dans lesquelles ce phenomene SIOpere: "chaque fois que
lion a, dans deux OU plusieurs phrases d'une m~me sui-
te de phrases,
un syntagme nominal totalement ou par-
tiellement identique" (P.232).
La deuxi~me condition
impose que les syntagmes nominaux identiques assument
la m~me fonction grammaticale;
Ces deux conditions sont illustrees par les
exemples suivants du dialeste de l'Adamawa (Labatut,
1982) :
(28 I) mi
yi'i
gujjo. ;
mi
tapp
-ii
~.
l.
l.
je
vois
voleur
je
frapper
-ASP
AZ
"j'ai vu le voleur
je l'ai frappe"
(29 ) waandu.
naast
-i
waaw
~.
-i
fowru
J.
J.
singe
entrer
-ASP
AZ
charger-ASP hyene
~.
wurtin
-i
l.
sortir
-ASP
"le singe entra, chargea l'hyene et la fit sor-
ti r"

-280-
(30 ) Yimbe.
laamdo
njamm
-i
yiite; bikkon
1
gens
chef
allumer
-ASP
feu
enfants
.
laamdo
don
ngook
-a
"wayum
min
maay
chef
ASP
crier
-ASP
helas
nous mourir
.
-1 "
l6
mbi' :
"hannde
kam
a
bu
i
-ASP
AZ
dire
aujourd'hui QT
tu chier
-an
-ASP
"les gens du chef allum~rent le feu;
les enfants
du chef criaient:
"h~las! nous mourons." Les
gens du chef dirent: "aujourd'hui, tu chieras".
L'exemple (28') comporte AZ, de a l'effacement
d'un objet sous coreference;
(29) comporte l'effacement
d'un sujet, et (30) celui d'un sujet dans les phrases
non consecutives.
Le dialecte pulaar presente une plus grande diver-
site, aussi bien dans la nature des enonces suscepti-
bles de contenir des anaphoriques zero que dans les
conditions grammaticales m~me de l'effaceme~t. En ef-
fet,
nous trouvons l'effacement sous coreference par
chute, et l'effacement par extraction.
L'effacement par chute comporte des cas DU ce-
te chute est obligatoire, et des cas DU celle-ci est
facul tative.
L'effacement est facultatif
dans les cas ana-
logues a ceux signales par Labatut.

-281-
Exemples:
(31)a.
? Hammadi
jagg
-i
wojere
attraper
-ASP lievre
nde
0
naw
-i
nde
DET
il
emporter -ASP lui
"Hammadi attrapa le lievre et l'emporta"
b. Hammadi jagg
-i
wojere,
It naw
attraper
-ASP lievre
emporter
-i
jeere
-ASP
marche
"Hamadi attrapa le lievre et l'empDrta au
march e"
(32)a.
0
toon
-i
cukalel
ngel, 0
il taq uiner
-ASP l'enfant
DET
il
fiy
ngel
frapper
lui
"il taquina l'enfant et le frappa"
b. 0
to on
- i i
cukalel.
ngel;
o
1
il
taquiner -ASP
enfant
DET
il
fiy
-i
~.1
frapper
-ASP
"il taquina l'enfant et le frappa"
(33)a. Demmba. hUlbin
-i
fowru,
~.
ridd
1
1
effrayer
-ASP hyene
poursui-
vre
-i
ndu
-ASP
elle
"D emba effraya l'hyene et la poursuivi t"

-282-
b. Demmba.
hUlbin
- i
fowru,
rt. ridd
1.
1.
effrayer
-ASP
hyene
poursuivre
-i
It .J
-ASP
"Demba effraya l'hyene et la poursuivit"
Les enonces (a) contiennent des anaphoriques-copies
qui, parce qu'ils sont facUltatifs,
ant disparu des e-
nonces (b), faisant place a l'anaphorique zero. (31b)
presente le cas d'un enonce o~ a la fois un sujet et
un obj et ont ete effaces;
(32b) et (33b) contiennent
des anaphoriques objets. Notons cependant que, dans
le cadre du discours,
(31b) est plus accepte que (31a).
Nous trouvons des cas
d'effacement par chute 0-
bligatoire dans les enonces du type Equi:
,....
(34) a. Takko.
yiJ
-ii
1.
It·
naam
-de
1.
vouloir
-ASP
manger
-INF
"Tacko veut man§sr"
b.
o.
sokl
-ii
It· diw
-kin
1.
1.
avoir envie
promener
-SIM
-aa -de
-M
-II~ F
"il a envie de se promener"
c.
ta/oollio.
fellit
-ii
It. tuub
-ae
1.
1.
gangster
decider
-ASP
abandonner
-INF
le gangster a decide d' ab.andonner"

-283-
d.
ada. suus
-ii
ra.
yim
-de
7
J.
J.
tu
oser
-ASP
chanter
-INF
"tu oses chanter ?"
Lorsqu'on compare la nature de la chute du sUjet
dans les exemples 31/32/33, d'une part, et dans 34
d'autre part, on constate que quel que
soit le su-
jet (substantif ou pronom)la r~gle
d'£qui peut s'ap-
pliquer, alors que dans les enonces consecutifs 31/
32/33, la ch~te du sujet a lieu seulement lorsque la
premiere occurrence est un substantif. En outre, la
chute dans les phrases consecutives n'affecte que la
troi~eme personne, tandis que la regle d'Equi affecte
toutes les personnes. 5
Les cas d 'anaphorique zero obtenus par extraction
peuvent ~tre illustrespar le passif (35), et la stra-
tegie OBJ
de la relative (36):
1
(35)a. kodo.
0
jabb
-aam a t.
J.
-J.
h~te
DET accueillir -ASP
"l~h~te
a ete accueilli"
b. worbe.
be
kUlbin
-aama
t.
J.
-J.
hommes
DET effrayer
-ASP
"les hommes ont ete effrayes"
5. A cause de cette grande capacite de la regle d'Equi,
certains auteurs suggerent que le ~ provoque par l'Equi
soit distingue du ~ provoque par d'autres processus
anaphoriques comme ceux des consecutives ( Schuh,
1972) •

-284-
c.laafa.
ka
wost
-ondir
-aam~
t.
wutte
.
~
1
bonnet
DET echanger
-REC
-ASP
boubou
"le bonnet a ete echang~ contre un boubou"
(36)a. liingu.
naam
-daa
t.
hanki
ngu
1
1
poisson
manger
- t u . b i e r
DET
"le poisson que tu as mange hier"
b. laana.
Aali
seh
-i
t. ka
maa
1
1
pirogue
fabriquer
-ASP
DET
AUX
nafoy
-It
utile
-ASP
"la pirogue qu':Ali a fabriquee sera utile"
Dans tous ces exemples, les traces i
representent
des cas d'anaphorique zero, CB qui suppose evidemment
que le passif et la relative en pulaar sont des regles
de mouvement (voir chap. 8, pour le passif).
Cette section nous a revele des faits importants
sur les processus anaphoriques en pulaar. Ainsi; les
quatre types morphologiques ne sont pas en distribution
complementaire dans la langue; a llexception de llana-
phore . reflexif possessif, qui appara!t exclusivement
en contexte reflexif ou possessif, tous les autres
anaphoriques sont interchangeables, propTiete qui
obeit a differentes contraintes syntaxiques et seman-
tiques qui feront l'objet de la section suivante.

-285-
5.3. Contraintes
5.3.1. Interaction dans l'anaphore posterieure
Les contraintes d'interaction des anaphoriques
dans l'anaphore posterieure sont . d'ordre syntaxique
et semantique. Il est interessant de constater que les
premieres , qui affectent surtout les anaphoriques
sujets, em~~chent toute forme d'interaction, tandis
que les secondes, qui affectent les anaphoriques objets,
permettent , dans certaines circonstances, la cooc-
currence des trois
formes.
5.3.1.1. Les cas OU l'interaction est possible
Ces cas sont determines soit par la fonction,
soit par la categorie grammaticale.
5.3.1.1:1.
La r~flexivisation
Le domaine de la refle~ivisation
est essentiel-
lement limit~ a la proposition. Ainsi, dans l'enonc~
(37) Demmba.
ini
sikk
-i
maa
Aali.
1
J
ASP
croire
-ASP
AUX
add
-an
hoore mum
kosam dam
j
apporter -BEN
t~te
sa
lai t
DET
"Demba.
pense qu'Alij apportera le lait pour lui-
1
m~me. 11
J
le nominal reflechi ne peut ~tre cor~f~rentiel que de
l'ant~c~dent Ali qui partage le m~me verbe avec le

-286-
r~fl~chi. Aussi, lorsque nous pronominalisons (37)
en(38), est-ce toujours le r~flGxif
invariable que
lion obtient:
(38 ) omo.
sikk
-i
maa
Aali.
add
-an
~
J
il
pense
-ASP AUX
apporter
-BEN
hoore
f mum 1
kosam
dam
t~te
*makko j
lait
DET
"il pense que Ali apportera le lait pour lui-m~me"
En effet, si le sujet de sikk-
"penser~pouvait ser-
vir d'antec~dent a ltanaphorique r~flexif , on aurait
obtenu la forme liee de celui-ci, ce qui n'est pas le
cas puisque makko
est agrammatical.
La reflexivisation est donc une construction qui
n'admet pas d'interaction; seul l'anaphorique r~fle­
xif possessif y est permis.
5.3.1.1.2. La thematisation subject~le
Dans la thematisation subject~lef :seul l'anapho-
rique-copie est a~mis:
Exemples:
~ 0
\\
daan
(39)a. neJJo
-iima
i
0, I:;um J
personne
DET AC/*AN/*AZ
dormir
-ASP
"la personne, elle s'est endormie"
.... -
b. niiwa.
monn
ba'i::~m
-ii
~
}i
elephant DET
AC/ *AN/*AZ ecraser
-ASP

-287-
tulde
nde
ciJlline
DET
"I' ~lephant
il
a ~crase la colline"
majj
ki, 1*~tm}
-ii
* li
couteau DET iAC/*AN/*AZ}
perdre -ASP
"le couteau, il est perdu"
Notons que, dans ces exemples, les anaphoriques
AN et AZ sont agrammaticaux.
5.3.1.1.3. Passivation, montee ("raising") et rela.
ti visation
passivation(40), montee (41) et relativisation
(42), constituent des cas DU seul l'anahorique zero
est permis:
(40)a. Aali
jagg
-aama
[~Jum}
*be
attraper
-ASP
f AZ/*AN/*AC }
"Ali a ete pris"
b.
fijirde
nde
udd
-it
-aama
ceremonie
DET
ouvrir
-REV
-PASS
~ AZ/*AN/*AC 1
"la ceremonie a ete ouverte"

-288-
c. calli
ngadd
-an
gawri
_aamaf:t~mJ
oiseaux
DET
apporter
-BEN
-PASS {AZ/*AN*AClmil
,
liOn a apporte du mil aux oiseaux"
(41)a. Demmba ini
weeb
-i
fuuntu
... de
ASP
facile
-ASP
tromper
-INF
f*:~f
*AC
"il est facile de tromper Demba"
b. sUkaabe
be
ini
cad
-i
horsin
-de
enfants
DET
ASP
difficile -ASP aimer
-INF
[*L]
*be
!AZ*AN*AC J
"il est difficile dtaimer ces enfants"

-289-
c. naalanke
o
ini
haan
-i
teddin
-de
artiste
DET ASP
normal
-ASP honorer
-INF
"il est normal d'honorer cet artiste"
(42 ) 1 ewl ewal
jogor
*dum I
-cfaaf Ji
ngal
clair-de-lune
DET
ri sq uer
*ngal
-aani
feeA'
-de
-NEG
apparaftre
-INF
f*:~ }
( *AC
"le clair de lune que tu aimes ne risque pas
d'apparaftre"
5.3.1.1.4. Equi,
consecutives et independantes
L'Equi (43), les consecutives (44) et les inde-
pendantes(45) a anaphoriques sujets ne permettent pas
d'interaction. Cependant, comme nous l'avons vu , se-
Ion que l'antecedent est un pronom ou un substantif
dans les consecutifs, on aura un anaphorique nul dans
le cas du substantif et un anaphorique lexical dans
le cas de l'antecedent pronominal.
Equi exige l'ana-
phorique nUl, et les independantes l'anaphorique lexi-

-290-
eal.
(43) •
cf. exemple (34)
(44) •
cf. exemples 31 b,
(32) et (33)
(45) Demmba jagg
-i
mbaalu.
attraper
-ASP mouton
{AC/*AN/*AZJ
naw
-i
galle.
0
fergit
emporter
-ASP
maison
il se eogner le pied
-ii
e
haayre
-ASP
sur pierre
"Demba attrape un mouton~ 11 llemporte a la
maison. 11 se cogne le pied contre une pierre"
5.3.1.2. Cas OU l'interaction est possible
L'interaction est possible dans les cas qui en-
globent generalement des anaphores objectales et ils
sont pour la plupart, sensibles aux traits defini et
anime.
5.3.1.2.1. La thematisation objectale
Dans la thematisation de l'objet d'un enonce, il
est possible d'interchanger deux anaphoriqu8s: l'ana-
phorique-copie et l'anaphorique neutre.
La grammatica-
lite de l'anaphorique-zero est fonction de la valen-
ce du verbe:

-291-
(46) a. rawaandu. ndu
Aali jagg
-ii
1.
chien
DET
Ali
attraper
-ASP
1dum
ndu 1
?• ri
.1.
i AN/AC/ ?AZ }
"le chien, Ali l'a attrape"
b. sonndu.
ndu ,
baanoQwo fell
-ii
1.
oiseau
DET
chasseur fusiller -ASP
idumndu?ri1i
f AN/AC/ ?AZ }
"l'oiseau, le chasseur l'a abattu"
dum }
c. laawol.
ngo 1, mi
fi tt
-ii
1.
{n;ol
le chemin
DET
je
balayer
-A SP {A N/ AC/ AZ }
"le chemin,
je l'ai balaye"
(47)a. nedJo.
0,
mi
add
-an
-ii
1.
Personn e
DET
je
apporter
-BEN
-ASP
l~~m]
ndiyam
*ri
i
eau
{AN/AC/ *AZ}
"la personne, je lui ai apporte de l'eau ll

-292-
,..,
b.dero.
0,
Takko
namm
-in
-ii
1
1~~m }
* ~
i
bebe
DET
Tacko
manger
-CAUS
-ASP {AN/AC/*AZ J
ruy
bouillie
"le bebe, Tacko l'a nourri avec del a b0 ui 11 i e"
c. haayre.
nde , mi
tott
-ii
1
i dum
nde J
Aali
~
i
pierre
DET
je
donner
-ASP
AN/AC/AZ
Ali
"la pierre,
je l'ai donnee a Ali"
,
..-11
1
I
d. lewru.
ndu
mi
holl
dUm]
Aali
ndu
~
i
lune
DET
je
montrer
-ASP~AN/AC/AZJ Ali
"la lune,
je l'ai montree a Ali"
e. tesw.
ngu,
mi
tal
-ir
-ii
1
tmngu}
?r.3
.
.1
viande
DET
je
couper -INST
-ASP
AN/AC/?AZ
paak a
couteau
"la viande,
je l'ai coupee avec un couteau"
Notons, d'apres ces exemples, que dans les anon-
cas tra~sitifs, l!~naphoriqua nul est sujet a question.
Dans les anon cas bitransitifs, nous remarquons une
situation complexe:(i ) agrammaticalite de AZ dans 47a

-293-
et b;
(ii) acceptabilite de AZ dans47d et e ; enfin
(iii) grammaticalite de AZ dans 47c. Tous les enonces
a anaphorique lexical sont grammaticaux.
5.3.1.2.2. Les consecutives
Considerons les exemples suivants contenant des
propositions consecutives, classees selon les traits
defini et anime :
antecedents noms propres
(donc definis et animes)
(4s)a. 0
jagg
-i
Aamad/JUi
o
naw
- i i
i l attraper
-ASP Amadou
il amener
-ASP
galle
j:;m J
{AN/AC/AZ 1
maison
"il attrapa Amadou et l'amena a la maison"
b.
o
weed
-i
Demmba.
ndiyam,
o
~
i l presenter -ASP D.
eau
i l
sarbet
weed
-i) :~m1
(*Ii i
presenter
-ASP tAN/AC/*AZ J serviette
"il presenta
de l'eau
a Demba et lui pre-
santa une serviette"

-294-
c. 0
sopp
-in
-i
Aali.
l.edle, 0
sopp
1
il couper
-CAUS
-ASP Ali
bois
il couper
-in
-i
f ~~m}
godJ'um
-CAUS
-AspiAN/AC/AZJ autre
chose
~il fit couper du bois ~ Ali et lui fit couper
autre chose"
antecedents definis et animes
(49 ) a. 0
jagg
-i
mbaalu.
ngu, 0 naw
-i
1
il attraper -ASP mouton
DET
amen er -ASP
llum1 galle
ngu J
It
i
~AN/AC/AZI maison
"il attrapa le mouton et l'amena ~ la maison"
b. 0
weed
-i
mbabba
ba
ndi yam, 0
il presenter
DET
eau
il
weed
-i
goc:fJum
pres~ntet ~ASP.{AN/AC/*AZJautre chose
"il presenta de l'eau ~ l'ene et lui presenta
autre chose"

-295-
c. 0
diw
-n
-i
cukalel
ngel
galle,
il sauter -CAUS
-ASP
enfant
DET
anclos
0
diw
-n
-i
fdUm}
gocfcfum
:;el
il
sauter -CAUS -ASPtAN/AC/*AZ} autre chose
"il fit sauter l'enclos par l'enfant et lui fit
sauter autre chose"
ant~c~dents ind~finis et anim~s
.
(49'): m~mes contraintes que dans (49)
ant~cedents definis et inanimes
(50)a. 0
fergit
-ii
e
haayre
nde
0
il
se cogner
-ASP
sur pierre
DET
il
hocc
-i
1dum}
nde
It
ramasser
-ASP [AN
AC }
AZ
il heurta une pierre et la ramassa"
b. 0
sood
-i
jawo
ngo
0
rokk
il acheter
-ASP bracelet
DET,
il donner
-i tdUm} gawlo
ngo
It
-ASP1:~ I griot
"il acheta un bracelet et le donna El un griot"

-296-
c. 0
tal'
-ir
-i
paak a
ka
hUdo ,
il couper -INST
-ASP
couteau
DET
herbe
0
taf
-ir
-i
f~m] lefol
il couper
-INST
-ASP {AN/AC/AZlbande
"il coupa l'herbe avec un
couteau et tailla
une bande
avec ll
anteced~nts indefinis et inanimes
(50'):
les contraintes sont les m~mes que dans (50)
Dans les exemples ci-dessus, no us avons choisi
des verbes de valence differente.
Les exemples (a)
comportent des verbes transitifs, les exemples (b)
des verbes transitifs simples (c'est-a-dire non deri-
ves), et les exemples (c) des transitifs derives.
Nous pouvons constater que les contraintes sont iden-
tiques dans l'anaphore a antecedent nom propre(48),
a antecedents definis et animes(49) et a antecedent
indefini et anime(49'); c'est-a-dire que dans toutes
ces anaphores, les trois types d'anaphoriques sont
permis dans les enonces (a), alors que dans les enon-
ces (b) et (c) , seuls les anaphoriques lexicaux le
sont. D'autre part, les exemples (50) et (50') mon-
trent que les~.anaphores a antecedents definis et ina-
nimes (50), et indefinis inanimes (50') sont soumis
aux m~mes contraintes , c'est-a-dire que l'interac-
tion des trois anaphoriques est totale.

-297-
Les traits qui semblent ~eterminants dans las
consecutives sont les traits anime et transitif; les
anaphoriques ~ antecedents animes n'ad~ette~t pas l'a-
haphorezaro dans un contexte transitif.
5.3.1.2.3. Les subordonnees
Considerens les enonces suivants:
antecedents noms propres
(51 ) a. suud
-0
Demmba.
so a
yiy
l
1:~m}.
?It l
cache
-ASP
Demba
si tu voir {AN/AC/?A Z ]
"cache-toi de Demba si tu levois!"
b. 0
hebtin
-i
Aamadu.
nde
o
l
il
reconna.ttre -A SP Amadou
1 orsq ue
il
sooyn
-ii
apercevoir
{~n
-ASP f:~ (
{ ?AZ \\
"il reconnut Amadou lorsqu'il l' apeq;:ut"

-298-
c. 0
hebtin
-ii
Aamadu.
nde
o
J.
il recanna1tre
-ASP
Amadau
larsque
il
hall
laawal
1~;m
- i
f
mantrer
chemin
-ASP f:~ f
*AZ
"il recannut Amadau larsqu'il lui mantra le
chemin"
d. 0
hebtin
-i
Aamadu
nde
o
add
il recanna1tre-ASP
Amadau
larsque
il
apparter
-an
f~;m}
ndiyam
-i
-BEN
-ASP) AN/AC/*AZ } eau
"il recannut Amadau larsqu'il apporta de lr eau "
antecedents definis et animes
(52)a. suud
-0
rawaandu.
ndu
so
a
yiy
J.
cacher -ASP chien
DET
si
tu voir
fdum]
ndu
'7~

.
J.
{ AN/AC/?AZ }
"cache-toi du chien si tu le vais"

-2~9-
,.., . .
b. 0
hebtin
-i
nJ.J.wa
ba
nde
0
il
reconnattre -ASP
elephant
DET
lorsque il
sooyn
-ii
f:~m }
?It
.
.J.
apercevoir
-ASP {AN/AC/?AZ}
"il reconnut l'elephant lorsqu'il 1 ' aper<;: ut "
c.
0
hebtin
-i
mbaalu.
ngu
nde
o
J.
il
reconnattre -ASP mouton
DET
lorsque
il
weed
-i
ndiyam
dum 1
ngu
1*13' i
presenter
-ASP {AN/Ac/?AZl eau
"il reconnut le mouton lorsqu'il lui presenta
de l'eau"
d. 0
hebtin
-i
nagge
nge
nde
0
il reconnattre -ASP
vache
DET
lorsque
il
add
-an
-i
1dum l
ndiyam
nge
*13'
apporter
~BEN -ASP {AN/AC/*AZleau
"il reconnut la vache
lorsqu'il lui apporta
de l'eau"
antecedents indefinis et animes

-300-
(53)a. suud
-0
rawaandu
so
a - yiy
~?dUm 1
ngo
~
cacher -ASP chien
si
tu voir {?AN/AC/AZ)
lit. "cache-toi d'un chien si tu en vois un"
b. 0
hebtin
-i
niiwa
nde
o
il reconna!tre
-ASP
elephant
quand
il
sooyn
-i
Idum I
*ba
*It
apercevoir
-ASP
{AN/*AC/AZ}
"il reconnut un elephant lorsqu'il en aper9ut
un"
c. 0
hebtin
-i
mbaalu.
nde
0
weed
~
il reconna!tre -ASP mouton
quand
il tend re
-i
1
ndiyam
dum }
:;9U
-ASP
{AN/*AC/*AZ J eau
"il reconnut un mouton lorsqu'il lui tendit
l'eau"
d.
0
hebtin
-i
nagge
nde
o
add
i
il reconna!tre -ASP
vache
quand
il
apporter
-an
- i
ndiyam
Jum }
*nge
*It
-BEN
-ASP {AW*AC/*AZ) eau
"il reconnut une vache
lorsqu'il lui apporta
del' ea U"

-301-
anG~caaents definis et inanimes
(54) a.
sood
jawo.
ngo
so
a
yiy
-i
~
acheter bracelet
DET
si
tu
voir
-ASP
rdumngo1
~
i
j? AN/AC/AZ }
"achete le bracelet si tu en vois un"
b. 0
roond
-i
lahal
nde
o· 'add
il
porter sur
calebasse quand i l apporter
la t~te
-an
-ta
I Raki
? lumi
ng a
~
i
-BEN
-ASP
f:~ }Raki
" i l avait la calebasse sur la tete lorsqu'il
l'apportait a Raki"
c. 0
dar
-i
e
hakkunde
laawol.~
i l
etre debout
-ASP
sur
milieu
chemin
ngol
nde
0
h:Jll
-ata )? dum J
ngaJ.
*~
Dt':T
quand
i l
montrer
-ASP
{?AN/AC"AZ }
9 umdo
o
aveugle
DET
" i l
se mit au milieu du chemin quand il l'in-
diquait a l'aveugle"

-302-
antecedents indefinis inanimes
(55)a.
sood
jawo.
so
a
yiy
-i
1
acheter
bra celet
si
tu voir
-ASP
1dum }
;ngo
i
fAN/*AC/Al
1
"achete un bracelet
si tu en vois un"
b.
o
roond
-i
lahal.
nde
0
1
il porter sur la -ASP oalebasse
quand
il
t~te
add
-an
-ta
Raki
~ dum J
( *ng.$-l
apporter
-BEN
-ASP
i AN/*AC/AZl Raki
"il avait une calebasse sur la t~te lorsqu'il
l' apportai t a Raki "

c.
0
dar
-i
e
hakkunde
lawol
nde
il
debout
-ASP sur milieu
chemin
quand
0
holl
-ata
gumdo
o
) dum
*ngol 1
*13
il
montrer
-ASP
{AN/*AC/*AZ J aveugH3L DET
"il se mit au milieu de la route quand il
l'indiquait a l'aveugle"
Les exemples precedents indiquent que nous retrou-
vons les
m~mes formes dans les subordonnees,
dans
l'anaphore a antecedent
nom
propre
et dans celle
a antecedents definis et animes; autrement dit, seuls
les anaphoriques lexicaux y sont permis.
La situation est plus complexe avec les autres ana-

-303-
phores: les anaphores a antecedents indefinis et
animes (53) admettent l'anaphorique neutre a l'exclu-
sion des deux autres; dans les anaphores a antecedents
definis et inanimes, l'anaphorique-copie est parfai-
tement grammatical, l'anaphorique neutre est mis en
question, tandis que l'anaphorique zero est grammati-
cal dans deux enonces (54a et 54b), mais rejete dans
54c; les anaphores a antecedents indefinis et inani-
mes permettent, en general, l'interaction de AN et
de AZ (notez, cependant *AZ de 55c),
a l'exclusion
de AC.
5.3.1.3. De la productivite des anaphoriques
Recapitulons la frequence des types d'anaphori-
ques dans les constructions que nous venons d'etudier:
antecedents noms propresl et definis et animes
consecutives:
@/AC
AZ
subordonnees:
AZ
antecedants indefinis et animes
consecutives:
~/AC
AZ
subordonnees:
@
AC /AZ

-304-
antecedents definis et inanimes
consecutives:
@)/AC
IAZ
(mAme frequence)
subordonnees:
AC
AZ
I AN
antecedents indefinis et inanimes
consecutives:
§ lAC I AZ (mAme frequence)
subordonnees:
@
Azl AC
Il est a remarquer que l'anapho£ique neutre est le
6
plus productif
dans taus ces enonces. Cela n'est pas
surprenant, car la maniere la plus naturelle de repren-
dre un nominal (non sujeD dans le discours peul, est
celle par l'anaphorique neutre, qui est le plus fre-
quent dans les textes narratifs comme le montre ce
texte de M. Niang:
(56) mi
{eew
- l l
laamuuji
fof , mi
taw
-ii
je
observer -ASP
regnes
tous
je
trouver-ASP
ko
diido
tati
bur
-i
haamnaa
EMP
DUC
trois surpasser -ASP Atre penible
-de
-INF
6. cf: la valeur de AN dans les dialectes peuls du
jenngelle et de l'Adamawa.
(Ka, 1977 et Tatou, en
preparation).

-305-
laamu
gundo.
laamu
foomuura .
e
laamu
~
J
regne
varan
regne
pingre
et
regne
ngesa
waalo.
Gundo.
haamn
I-or
-ii, KO
~
champ
walo
varan
etre penible ~INST ,,;;ASP EMP
so
a
ard
-iima
dum.
, wiy
-a
a
~
si
tu devancer-ASP
~
dire
-ASP tu
diw
-n
-ii
tenke
naam
-at
-noo
fof
sauter -CAUS
-ASP
criquets manger
-ASP
-PRET tout
haa
l a a b - i
so
a
heed
-i
caggal,
jusqu'a
finir
-ASP
si
tu se mettre -ASP
derriere
wiy
-a
a
Yabb
-ii
dorlol
mum; so
a
dire
-ASP tu marcher
-ASP
queue
sa
si
tu
sawnd
-iima
dum.
,wiy
-a
a
foodt
-ii
-~
cotoyer
-ASP
AN
dire
-ASP tu brandir
-ASP
binngu
- baabaagu.
Foomuura.
kanum
yid
-aa
J
filiation
paternite
pingre
lui
aimer
-NEG
yett
-ee
-de
, yid
-aa
yenn
-ee
-de.
louer
-P
-INF
aimer -NEG
insulter-P
-INF
so
a
yett
-ii
foomuura, wiy
-a
ada
heew
si
tu
louer
-ASP
ping re
dire
-ASP tu
remplir
-ii
haala ; so
a
a
Yett
-aan
-i
dum.
- J
-ASP
parole
si
tu louer
-NEG
-ASP AN
tu
yett
-ii
molyo , wiy
-a
a
yenn
- i i
louer
-ASP
bon
dire
-ASP tu
insulter
-ASP
dum.
..........
J
AN
"J l ai observe tous les regnes et je trouve que
ces trois-ci sont les plus penibles: le regne du va-
ran, le regne du pingre, et celui du champ du Waalo.
Ce qui est penible chez le varan.
, C l est
que si tu
~
marches devant lui.
, il dira que tu es en train de
~
faire
voler tous les criquets qu l il mangeait; si tu
te mets derriere lui, il dira que tu pietines sa queue;
si tu marches El. cOte de lui.
, il dira que tu es un
~

-306-
rival. Le pingre.
lui, n'aime pas qu'on le loue,
J
n'aime pas qu'on l'insulte. Si tu loues le pingre,
il dira que tu es tres bavard; si tu ne le. loues
J
pas pour en louer un autre, il dira que tu l'insultes".
Bien que les nominaux gundo
"varan" et foomuura"
pingre" appartiennent tous deux ~ la classe 2 dont l'a-
naphorique objet ID£
serait parfaitement grammatical
dans ce contexte , l'auteur pr~fere employer l'anapho-
rique neutre dum • Cela est une preuve que AN est le
plus productif dans le discours. Le m~me ph~nomene
s'observe dans un autre texte de A. S. Kane:
(56!)Saada
fuuy
-i.
Faatu. wirt
-ii
mo
1-
Sada
~tre ,naIf -ASP
Fatou
passeI' -ASP PRO
tan,
0
werl
-ii
dum.
haayre
haa
1-
seulement il jeter -ASP
AN
pierre
jusqu'~
wutte
mum
seek
-ii.
Jom - galle
boubou
POSS
d~chirer
-ASP
mari.
Faatu
tin
-i
dum.
dog
-i
_ J
Fatou
apprendre -ASP AN
courir
-ASP
ar
-i
foomn
- i i
saada
fukk
k
venir
-ASP soul ever
-ASP
Sada
jeter
-i
Jum
e
leydi
k
-ASP AN
sur
terre
"Sada est vraiment naIf. Fatou.
n'a fait que pas-
1-
ser a c~te de lui; il lui. jette une pierre au point
1-
de dechirer son boubou. Le mari de Fatou apprend cela. ,
J
court et vient soul ever Saada
pour le
jeter par
k
k
terre".
Dans (57), les antecedents de Jum
et dum
sont
i
k
des noms propres appartenant a la classe des humains £.

-307-
L'anaphorique dum.
renvoie a l'evenement mentionne
- J
dans la premiere phrase.
5.3.2.
Anaphore posterieure et anaphore anterieure
Dans notre discussion precedente, nous avons
montre que llanaphore posterieure etait possible sous
reserve des ~restrictions signalees aussi bien dans
les types de phrases qui ne permettent qulun anaphori-
que, que dans ceux qui, comme les consecutives et les
subordonnees, permettent l'interaction des anaphori-
ques au niveau des positions objectales. La
frequence
de l'anaphorique neutre slest averee superieure a
celle de tous les autres.
Dans cette section, nous etudierons les possibi-
lites de la pronominalisation anaphorique a~terieure
offertes par le pulaar en examinant le comportement
des trois anaphoriques par rapport a ce processus.
Selon le type de contructions
, i l est possible
dlobtenir chacun de ces anaphoriques, bien que AC
soit l'anapharique qui
pose le moins de problemes.
Etudions successivement les realisations de AZ et AN,
puis celles de AC.
5.3.2.1.
Llanaphorique-zero et llanaphorique neutre
Ces deux anaphoriques ant une propriete commune:
on ne les trouve dans l'anaphore anterieure que lars-
qu'ils sont les seuls permis dans llanaphore poste-
rieure correspondante.

-308-
AZ (57 et 58 ) appara!t, notamment dans les
enonces Equi, AN (59) dans la predication nominale
et la pronominalisation de phrase. Dans la plupart
des cas cependant, l'anaphore anterieure necessite,
outre l'inversion
normale, le support Q'un phenoM
mene syntaxique secondaire en rapport avec l'empha-
se:
Exemples avec AZ
:
*Juml
(57)a. Mammadu. ini
yid
- i
yah
~
*0
.~
·li
1*AN/*AC /AZ}
Mamadou
ASP
vouloir
-ASP
partir
-de
-INF
"Mamadou veut partir"
b. li·
yah
-de,
Mammadu. ini
yid
-i
~
~
partir
-INF
Mamadou
ASP
vouloir -ASP
dum
AN
" par tir, Mamadou aime 98."
(58)a. debbo.
ini
had
-ee
~
FtmL' diwkinaa
femme
ASP
interdire
-ASP
se pro-
rAN
*AC f
mener
*AZ
-de
e
mbeddaaji
jamma
-INF
dans
rues
nui t
"On interdit a la femme de se promener dans
les rues la nuit"

-309-
b. It·
diwkinaa
-de
e
mbeddaaji
jamm a
~
se promener
-INF
dans rues
nuit
debbo.
ini
had
-ee
dum
~
femme
ASP
interdire -ASP
AN
"se promener dans les rues la nuit, on l'inter-
dit a la femme"
Notons que pour avoir l'anaphore anterieure dans
les enonces (b), nous avons eu recours a la themati-
sation, et que seul AZ est permis dans llanaphore
posterieure correspondante.
Exerneles avec AN
(59)
... debbo ini haJ
-ee
dum.~
femme
ASP
interdire -ASP
AN
diwkinaa
-de
jamma
e
mbeddaaji
se promener
-INF
nui t
dans rues
"On interdit a la femme de se promener dans
les rues la nuit"
(60) a. kala
mo
yiJ
-i
won
-de
baanoowo.~
celui
REL
vouloir
-ASP
~tre
-INF
chasseur
maa
W:Jn
dum.~
AUX
~tre
AN
"cel ui qui veut devenir chasseur le deviendra"
(59) est llanaphore anterieure correspondante a
58a. Notons que cet enonce (59) necessite , en plus de
la thematisation, la reference a un discours anterieur
materialise par les potntilles. Llexemple (60) com-
? '
porte une predication nominale, et l'antecedent y
est un generique.

-310-
Taus ces exemples montrent le ca~actere res-.
treint du domaine de l'anaphore anterieure par le
truchement de AZ et AN.
5.3.2.2. L'anaphore-copie
AC semble Gtre l'anaphorique qui pose le moins
de problemes dans llanaphore anterieure, car son em-
ploi ne necessite pas d'effet secondaire, comme ce
fut le cas avec les autres anaphoriques. D1autre part,
la oD llanaphore posterieure permet l'interaction
de
plusieurs anaphoriques, c'est toujours AC qui appara!t
dans l'anaphore anterieure correspondante. Ce pheno-
mene est surtout frequent dans les subordonnees:
(61 ) a. yoo
dewal.
ngal
teddin
-e
so
1
ElORT
femme
DET
.honorer
-ASP
si
{;gal}
yett
-iima
fAC/ AZl
arriver
-ASP
"il faut
hono rer la femme q uand ell e arri vera"
b. so
{ngal(
yett
-iima
yoo
dewal.
*li Ji
1
si
{AC/*AZ1 arriver
-ASP
HaRT
femme
ngal
teddin
-e
DET
honorer
-ASP
"quand elle arrivera, il faut honorer la femme"

-311-
(62)a.
fooyre. nde
gayn
-a t
-aa
h alk u
~
lueur
DET
finir
-ASPNEG
fatiguer
-de
yimbe
so
won
-aa
(;de) i '1liF
-INF
personnes si
~tre
-NEG iAC/AZ)eteindre
"la lueur ne cessera d'importaner les hommes
que 10rsqu1elle sera eteinte"
b. so
won
-aa
tde .....
}
nif
,
foyre.
nde
*li
i
~
si
~tre
-NEG
AC/*AZ
eteindre
lueur
DET
gayn
-at
-aa
halku
-de
Yimbe
finir
-ASP
-NEG
fatiguer
-INF
hommes
"idem"
(63)a. laana
ka
tacc
-in
-aama
nde
pi rogue
DET
traverser -CAUS
-PASS
lorsque
~;a
yor
-i
nde
}
{AC/AZ~
secher
-ASP
DET
"On fi t traverser la pi rogue lorsqu'elle fut se-
che"
b. nde
I"
yor
-i
!
nde ,
laana
k*: }
lorsque
{AC/*AZ} secher
-ASP
DET
pirogue
ka
tacc
-in
-aama
DET
traverser -CAUS
-PASS
"quand elle fut sBche, on fit traverser la piro-
gue"

-312-
(64) a. suud
-0
rawaandu ndu
so
a
yiy
cache
-ASP
chien
DET
si
tu
voir
rdUj
dum
?rt
{AC/AN/?AZ]
"cache-toi du chien si tu le vois"
b. so
a
yiy
suuJ
-0
rawaandu
f::~mJ
si
tu
voir {~C/*AN*AZ) cacher
-ASP chien
ndu
DET
"si tu le vois, cache-toi du chien"
Dans les anaphores posterieures 61a 62a et 63a,
nous retrouvons AC et AZ; cependant, dans las anaphores
anterieures correspondantes , seul AC est permis.
Cette superiorite de AC est encore plus apparente dans
(64) ou nous avons les trois formes dans l'anaphore
posterieure • La, seul AC est permis dans llanapho-
re anterieure correspondante.
La superiorite de AC decoule de son caractere mar-
que et explique egalement pourquoi les
subordonnees
incompatibles avec AC n'admettent pas l'anaphore an-
terieure:

-313-
(65) a. sUka.
fof
yoo
yah
maayo
so
1
enfant tout
HORT
aller
fleuve
si
):;um}
fin
-i
{*AN/*AC/A Z 1
reveiller
-ASP
"que chaque enfant aille au fleuve quand il
se reveille"
b. * so fin
-i
suka
fof
yoo
yah
maayo
(66)a. nde
tayoowo.
0
jagg
-aa
nde
1
quand
gangs&vr
DET
attraper
-ASP
DET
r;~um
-in
- i i
AlIa
}
{*AC/*Ai'J/AZ }
nommer
-ASP
Dieu
" quand on l'a pris, le gangster a crie le nom
de Dieu"
b. * inn
- i i
AlIa
nde
tayoowo
0
jagg
-aa
nde
(67)a. 0
. wad
-i
Sira.
heydu
-de
haa
1
il faire
-ASP
avoir faim -11\\1 F
jusqu'a
Takko
---namm
-in
-i
teew
) *mo J
*Jum
13
i
T.
manger
-CAUS
-ASP{*AC/*AN/AZ]viande
"
il affama Sira au point que Tacko Iui
donna a manger"

-314-
IV
b. * haa Takko
namm
-in
- i
dum
teew,
o
wad
-i
Sira
heydu
-de
On peut noter egalement que la dislocation a
droite, une forme d'anaphore anterieure, n'est per-
mise qu'avec A~ aussi bien avec les th~mes sujets
qu'objets. Les dislocations correspondantes a 39a et
47b sont respectivement les suivantes:
(68 )
daan
-iima ,
neddo
0
[::um }
f AC/*AN *AZ )
dormir -ASP
personne
DET
(cf. 39a)
"elle s'est endormi e, la personne"
(69 ) mi
tott
-ii
rde Aali ,haayre nde
:;um 1
je
donner -ASP fAC/*AI'J/*AZJ Ali
pierre
DET
"je l'ai remise a Ali, 1
a ·
pJ.erre "
Signalons, enfin, que l'anaphore anterieure re-
flexive offre a la fois un argument en faveur et con-
tre notre ana~ys~, quoique ce dernier cas trouve son
explication dans la logique m~me de cette analyse.
Constderons les enonces suivants:

-315-
(70)a. Mammadu
fuunt
-ii
hoore
I:~:kkO }
Mamadou
tromper
-ASP
t~te
sa
"Mamadou slest trompe lui-m~me"
b. ko
hoore
makko
Mammadu
fuunt
-i
EMP
t~te
sa
Mamadou
tromper
-ASP
"Mamadou slest trompe lui-m~me"
c. *ko
hoore
~
Mammadu
fuunt
-i
"comme en 70b"
Nous avions fait remarquer plus haut que l'ana-
phorique reflexif possessif invariable apparaissait
toujours avec les antecedents substantifs ou deicti-
ques (cf. 70a). Pourtant, lorsque par le truchement
de la focalication, nous obtsnons une anaphore ante-
rieure,
clest l'anaphore liee qui fait surface(cf.70b),
tansclis que l'anaphorique neutre est agrammatical.
Ce phenomene paratt contredire l'analyse selon
laquelle chaque fois qulun anaphorique se manifeste
dans llanaphore anterieure clest que le m~me anapho-
rique apparatt egalement dans llanaphore posterieure
correspondante; cela est vrai des trois anaphoriques.
Cependant, les faits de (70) pourraient s'expliquer
si on considere que l'anaphorique reflexif lie est
plUs proche par sa forme de l'anaphorique-copie,
donc est plus marque que llanaphorique reflexif in-
variable.

-316-
5.4. L'anaphore peule et les universaux
Dans cette section, il s'agira de replacer les
faits saillants de l'anaphore peule dans le contexte
du debat theorique relatif a ce phenomene dont l'im-
portance dans les langues naturelles et en grammai-
re universelle est nettement soulignee par Lust: "du-
ring the last decade~of research, anaphora has emer-
ged as central to natural languages , and to the
formulation of universal grammar" (Lust, 1986:10).
Nous examinerons, notamment deux points relatifs
aux universaux: la problematique de la "marque", et
celle de la "contrainte de la precedence".
5.4.1. La problematique de la marque
Dans la section 5.3.2.2. , nous avions etabli la
superiorite
anaphorique de l'anaphorique-copie, que
nous expliquions par le caractere
marque de celui-ci.
Cela semble constituer un argument important en
fa-
veur de l'hypothese de Cole(1974)7 et qui se resume dans
cette citation:
7. L'auteur approfondit, en fait, les travaux ante-
rieurs de Lakoff, 1968 et
Postal, 1970.

-317-
(71) "Because backward reference is more marked than
fDrward reference, backward reference involves NP
types of greater inherent anaphoricity "(P.669).
Dans cette citation, Cole met ['accent
sur deux
aspects de l'anaphore anterieure:
a) le caractere marque de l'anaphore anterieure
b) Is fait que
l'anaphore anterieure englobe des
types de syntagmes de tres grande capacite anapho-
rique.
Considerons d'abord le point a) par rapport aux
faits du pUlaar, notamment la productivite de AC.
Dans le domaine de la morphosyntaxe, un element
est dit marque lorsqu'il l'est morphologiquement et/
ou
lorsqu'il est moins frequent dans le discours
(cf. Friedrich, 1974). Comment cette definition s'ap-
plique-t-elle
aux anaphoriques-copies du pulaar ?
Nous avons deja montre que dans les constructions
ou les trois anaphoriques sont interchangeables, le
locuteur peul a tendance a utiliser les anaphoriques
zero et neutre,
ce dernier etant le plus frequemment
employe. Donc, par rapport au crltere de frequence,
nous pou~ons dire que l'anaphorique-copie est plus
marque. Quant
au critere morpholo9ique, il a deja
~te
etabli que, par definition, les anaphoriques-copies
sont le reflet des indices de classe de leurs antece-
dents. Nous pouvons donc en deduire que la relation
anaphorique-antecedent est morphologiquement plus mar-
quee lorsqu'elle comporte AC, que lorsqu'elle com-
porte AZ oU AN.

-318-
Consid~rons , par example, les ~nonc~s suivants:
(72) a. nde
ka
werl
-aa
nde,
paaka
quand
elle
lancer
-ASP
DET
couteau
ka
yan
-ii
e
lakki
DET
tomber-ASP sur
arbre
"lorsqu'on l'a lanc~,le couteau est tomb~
sur un arbre"
b. nde
ki
yoor
-i
nde,
l~kki
ki
s amm
q uand il
s~cher-ASP
DET
arbre
DET p. e rdre
ses feuilles
-iima
-ASP
"quand il s'est dess~ch~, llarbre a perdu ses
feuilles"
c. nde
ngol
yabb
-aa
nde
laawol
quand
il
pi~tiner
-ASP
DET
chemtm,
ngol
Jaat
-ii
DET
mou
-ASP
"q uand il a ~t~ pi~tin~, le chemin est devenu
praticable"
d.
nde
Takko
fitt
-i
ndi
nde, mbalndi
quand Tacko
balayer
-ASP elle
DET
couchette
ndi
laab
-ii
DET
propre
-ASP
"quand Tacko l'a balay.~e, la couchette est de-
venue propre"

-1'19 -
e. nde
be
njett
-ii
nde,
Yimbe
be
quand
ils
arriver
-ASP
DET
gens
DET
teddin
-aama
honorer
-ASP
"quand ils sont arrives, les gens ant ete honores"
Nous pouvons remarquer que ces enonces consti-
tuent . des cas oD AC est morphologiquement identigue
(non plus un simple reflet)~u suffixe de classe de son
,.
antecedent; cette identite est isolable comme suit:
(73J Anaphorigues
Antecedents
I<e, ;.
•••• paaka
ki
..
·.. lekki
ndi ••••
·.. mbal.!J.!:li.
be .....
·.. yimbe
Ce type de correspondanceca une valeur communi-
cative certaine~ car.comme le dit Maillard (op.cit.),
lorsqu'un
refere est porteur de marques specifiques,
"il peut sembler evident que plus le referent corres-
pondant est
marque, plus il representera avec fideli-
te son antecedent, et mains le danger d'equivoque
referentielle sera grand •••
•••• la communaute de marques entre referent et refere
semble ~tre la meilleure garantie d'une transmission
exacte de l'information a travers la substitution
anaphorique." (P. 58)

-320-
11 n'est
done pas surprenant que le pulaar
utilise l'anaphorique-copie(le plus marqUe) dans la
reference anterieure, qui est elle-m~me un proces-
a
sus marq ue

Considerons maintenant le point b) de l'hypo-
th~se de Cole , a savoir que "la reference anterieu-
re englobe des syntagmes nominaux de tr~s grande capa-
cite anaphorique".
En effet, il est possible de mon-
trer pour le pulaar, que AC a une plus grande capaci-
te anaphorique que les deux autres. Par exemple, l'in-
dice de classe dum, parce quail est neutre , est le
moins specifique des indices de classe de la langue;
crest ainsi que l'on trouve des pronoms neutres dans
les questions relatives aux enevements non specifiques:
(74) a. ko
dum
won
-i
?
Q.
cela
~tre
-ASP
"qu'est ce que c' est"?"
b. hol
dum 7
Q.
cela
"q uoi 7"
S.Cette conclusion semble ~tre en contradiction avec
l'hypoth~se de Greenberg(1966) selon laquelle on ne
doit pas s'attendre a trouver des categories marquees
dans des categories(ici, des situations) marquees.
D'un autre c~te, il est possible egalement que dans
l'anaphore anterieure, en tout cas, AC ne sait pas
marque par rapport au critere de frequence, puisque
crest le seul qu'on trouve dans ce processus; cela
serait bien conforme. au principe Jakobsonien de "mar-
que a rebours"(markedness reversal) qui stipule qu'a
l'interieur d'une categorie marquee, une categarie
autrement marquee peut devenir non marquee.

-321-
les autres indices ne sont employes dans de
pareils contextes que lorsque le locuteur a une cer-
taine idee de l'objet de la question. Ainsi, par
exemple, le locuteur qui pose les questions dans (75)
(75 ) a. ko
ng81
won
-i
?
q 0
il
~tre
-ASP
" q u ' est '> c e qu'il est ?"
b. hol
ngel
?
q.
il
"lequel ?"
a deja une idee de l'objet de sa question:
un objet
de la classe ~ (qui exclut toutes les autres c~as­
ses de la langue)o C'est pour toutes ces raisons que
nous disons que les anaphoriques-copies comportent plus
de presupposition que les autres anaphoriques, et
ont donc plus de capacite anaphorique.
5.4.2. la problematique de la precedence
Dans la premiere partie de ce chapitre, nous
avons fait mention de l'hypothese universaliste gene-
rativiste selon laquelle la reference anterieure etait
bannie des processus anaphoriques. Une formulation
recente de cette hypothese se trouve dans Lust (1986):
(76) "within a sentence, a precedi n 9 pronoun
cannot be coindexed wi th a following I\\lP"
(Po 27) 9
0
9. Cette citation est tiree d'une section OU l'auteur
fait l'historique de l'hypothese dont il montre egale-
ment les limites o

-322-
11 est certain que les faits obsErves en pUlaar
et dans bien d'autres langues prouvent que cette h¥po-
these est a abandonner.
Quelle signification donner a (76)? • 11 faut
d'abord faire remarquer que les recherches qui ont
permis de poser(76) se sont essentiellement limitees
a la phrase. Or, il est evident que "la relation
anaphorique ressortit au discours dans la mesure oD
elle peut s'etablir entre deux phrases ••••• " (Milner,
1984:65).
Lorsqur 'on limite l'anaphore au domaine de la
phrase, on contraint la grammaire a une veritable gym-
nastique de l'abstraction qui a ete
bien evaluee dans
l'article de Carden(1982), qui critique notamment
Kuno (1975), un des tenants de l'hypothese de la pre-
cedence. Selon Kuno10 , toutes les instances de l'a-
naphore anterieure dans une phrase presupposent l'exis-
tencs d'un antecedent reel dans le discours precedent,
selon la structure:
(77)
••• Antecedent reei •••
G... proforme••• Ante-
dent apparent J
Cependant, en s'appuyant sur des faits de la m~me
que
langue/Kuno (c'est-a-dire l'anglais) Carden a montre
que (77) est erronne. Les faits du pulaar infirment
(77) egalement.
10. Pour d'autres, la reference posterieure serait m~­
me un phenomene stylistique ou issu d'un lapsus
( Carden, 1982).

-J23-
Devant toutesces·difficUlt~s de la thdorie
de la pr~c~dence,on sent une certaine tendance des
g~n~rativistes ~s'~n d~gager de plus en plus, en
adoptant une explication plus souple et qui apparatt
chez Lust (1986):
11
"la frequence des pronoms posterieurs
aussi
bien en anglais que dans d'autres langues et l'inexis-
tence suppos~e de langues ayant seulement des pro-
noms anterieurs pourraient refleter des faits uni-
versels caract~ristiques de la pronominalisation"
(p. 31,
trad.
Y.
S.)
11. Dans l'acquisition du langage,
les enfants accEp-
tent mieux llanaphore posterieure
(Lust, 1980 et
1986 ; Chomsky, 1969).

-324-
6.
LES CLITIQUES PRONOMHJAUX
Le phenomene d'enclise est un processus courant
dans la structure des langues naturelles;
il peut af-
fecter diverses categories grammaticales. Cette der-
niere decennie
a vu une proliferation d'etudes cons a-
crees a ce phenomene dans diverses langues, et le pro,-
bleme qui revient inevitablement dans la quasi-totali-
te de ces etudes concerne celui de la sequence des cli-
tiques pronominaux.
Les langues romanes constituent un terrain d'in-
vestigation privilegie,
qui continuent encore a atti-
rer les specialistes (cf. Wanner, 1987).
Dans ce chapitre, nous nous proposons
d'etudier
les clitiques pronominaux en pulaar.
En, effet, le ri-
che systeme
pronominal de la langue (cf.
chapitre 2)
nous permet de degager un axe des clitiqu3s sur la base
du degre d'enclise du pronom par rapport a son h6te
predicatif. Apres avoir defini la notion de clitique,
en general, et l'ax8 des clitiques peuls, en particu-

-325-
lier,
nous nous attacherons a examiner les contrain-
tes dans le placement lineaire des clitiques,
que
l'on replacera dans le cadre des debats generaux qur
ce theme et dans la perspective des universaux.
6.1. Notion de clitique
En fran9ais,
i l est communement admis qu'aux
formes pronominales toniques moi,
toi,
lui, ~,
~, ~, ~, et elles, correspondent des series
de
formes atones:
la serie des objets directs ~, ~,
g, ~, .!J.Q.!:!..§., ~, ~; etcelle
des objets indirects,
~, t~ lui, ~, ~, leur • Seules les formes ato-
1
nas occupent la position de
clitiques auxquels on attri-
2
bue les proprietes sUivantes
-
les clitiques occupent une position fixe par rap-
port aux autres elements de l'enonce
,
et parfois
les uns par rapport aux autres;
-leur caracteristique definitoire fondamentale est
l'impossibilite de
se comporter
en categorie indepen-
dante comme le sont les formes
toniques correspondantes
(George, 1980).
1. Cette notion de position est importan~ dans le trai-
tement des clitiques pronominaux en fran9ais~dans la
mesure ou les elements clitiques n'apparaissent pas
a la m~me position que leurs equivalents toniques.
2. Ces proprietes s'appliquent egalement a d'autres
groupes de clitiques,
notamment les auxiliaires,
qui
ne feront pas l'objet d'une etude dans ce chapitre.

-326-
Le frangais et les langues romanes,
en gene-
ral, attachent les clitiques pronominaux aux verbes
(cf. Kayne, 1975; Emmonds, 1978; Iordanskaja, 1982;
Hertzon,1977 etc.).
En tcheque, tous les clitiques
doivent suivre le premier element de l'enonce, donc
occuper la deuxieme position (George, op.cit.
). Il
semble que ce soit la les deux tendances generales
qui s'offrent aux langues naturelles:
"ttous posons comme hypothese que les langues
ont universellement deux options dans la maniere de
placer les clitiques : soit les placer en seconde
position dans l'enonce, soit les attacher a une ca-
tegorie lexicale donnee qui correspond en general au
verbe "(George, op.cit.
, p. 235, trad.
Y.S).
Pour Anderson(1985), les formes clitiques consti-
tuent un veritable probleme a la definition m~me de
la notion de mot;
car elles forment une unite morpho-
3
nologique avec leur hote , tout en gardant une cer-
taine autonomie s6mantique
et aussi syntaxique qui
fai t que, par exempl e, ella3p euvent ~tre expr ime e spar
des elements tels que des pronoms, des auxiliaires,
des conjonctions etc, si bien qu'on peut voir un cer-
tain conti~uum
entre le mot plein et independant,
les clitiques et les affixes:
"since there are many ways in which cliticization may
manifest, there is a resulting continuum between full-
fledged independant words, reduced clitics and affixes"
(p.165).
3. Cette notion d'hote(nost)nous paraft ~tre une ex~
pression qui rend bien compte de la relation entre le
clitique et
le
constituant auquel il
est rattache.

-327-
6.2.
Les clitiqu8s pronominaux en pulaar.
La complexite
de la notion de clitique est
telle que,
pour la m~me langue, les divers auteurs
presentent des traitements differents.
La langue
peule nly echappe guere. Ainsi ,
dans sa description
du dialecte k acceccere et analysant les enonces
(2)
et (3), Mc Intosh (1984) arrive a un schema analo-
gue a celui dl"Anderson:
(2 )a.
mi
-janng
-in
-ii
-ma
(Mc I. nO 235)
je
apprendre
-CAUS-ASP
-toi
"je tlai fait la classe"
b.
mi
janng
-in
-t
- 8
je
apprendre
-CAUS-ASP -toi
"je te ferai la classe"
(3)a.
mi
janng
-in
-do
~
(Mc I. nO 236)
je
apprendre
-CAUS-REL
toi
"je suis celui qui tla fait la classe"
b. mi
janng
-in
-ay
-do
~
je
apprendre
-CAUS-ASP
-REL
toi
"je suis celui qui te fera la classe"
c.
* mi
janng
-in
-do
e
je
apprendre -CAUS -REL toi
et conclut:
(3 1 )
"We have here, a three-way distinction
between pronouns as
words
(~ in 236a and c), as·

-328-
cl,itics (-~
in 235a) and as suffix(-e in 235b"(P.164)4.
Donc, pour Mc Intosh, la distinction entre cli-
tique et suffixe dans le systeme pronominal peul est
importante a cause de l'interaction morphonologi-
que entre les suffixes pronominaux et les marques
aspectuelles:
(3") "suffix pronouns interact morphonologioal-
ly with the VAp5-suffix of the verbal complex, whereas
clitic pronouns do not".
Mais dans nos travaux, nous sommes arrive a une
conclusion tout a fait opposee (Sylla, 1979; 1982),
comme nous le verrons dans les sections ulterieures.
Pour Labatut (1982), les clitiques pronominaux
peuls sont 'consti tues des formes pronominales simples
(atones) qui, "par suite d'un phenomene d'enclise,
forment avec le verbe une seule unite accentuelle"
(p. 250). Nous adherons parfaitement a cette dernie-
re definition parce qu'elle constitue un cadre defi-
nitoire standard, et surtout parce que
cette unite
accentuelle est capitals dans la determination des
clitiques en pulaar.
4.
Nous maintenons sa transcription en signalant, toute-
fois,
que ce sont les m~mes formes pronominales qu'on
retrouve dans notre dialecte;
no tons cependant que son
pronom mi correspondrait dans ce contexte au miin "pro-
nom 1 e pers. independant" du pulaar.
5. Verb-Aspect-polarity

-329-
Toutefois, une ~tude argumentee et systematique du
systeme pronominal d'une langue est importan~pour la d~ter­
mination d'autres cri teres sp~cifiques, corollaire du cri-
tere fondamental
d'unite accentuelle. C'est ce que nous
essayerons de fairs dans le reste de ce chapitre.
6.2.1. Qu'est ce qu'un clitique pronominal en pulaar ?
11 est important de rappeler partiellement le tableau
des pronoms pulaar donne au chapitre 2, et que nous repro-
dui sons en (4), par commodite:
(4 )
A) Les pronoms personnels
Pronoms sujets
Pronoms sujets
Pronoms
Pro noms
courts
longs
objets
independants
Sing.
1 •
mi
mido
kam/mi
miin
2.
a~aa.....daa
ada
ma"-maa/ e
aan
3.
0
omo
mo..... moo
kanko
Plur.
1. excL
min
amin
min
minen
1 incl.
enl"den
eden
men/en
enen
2
on"'don
odon
mon/on
onon
3
be
abe
be
kambe

-330-
B) Les pro noms non perso~nels
Les formes et les fonctions pronominales de la
3e personne de ~ etant assez representativffi de 8, ega-
lement donne au chapitre 2, nous ne le reproduirons
pas ici.
Pour nous, mis a part
les pronoms independants,
appeles aussi emphatiques, qui echappent au critere
fondamental de dependance au verbe, tous les pronoms
qui figurent dans ce tableau sont des clitiques, mais
a des degres divers. Nous distinguerons donc deux sor-
tes de clitiques: les clitiques faibles et les cliti-
ques forts,
selon que le pronom satisfait partiellement
OU entierement au critere definitoire du clitique et
a ses corrollaires, specifiques a la langue, qui sont:
(4 1 )
(i)-le clitique depend etroitement du verbe
(qui est son h~te) de telle sorte qu'aucun
element, sinon un autre clitique, ne peut
s'inserer entre eUXj
(ii)-le clitique peut occuper une position qui
exclut un non-clitique ou un substantif;
(iii)-le clitique en pulaar reduitles marques
aspecto-temporIDlles du verbe;
(iv)- le clitique en pulaar n'est compatible

-331-
qu'avec une seule serie du perfectif(P2 ) et une
seule serie de l'imperfectif (IMP4 ).
6.2.1.1.
Cas de pronoms
suje.~s
6.2.1.101. En position preverbale
6
En position preverbale, les pronoms sujets
sont
etroitement lies au verbe : c'est le critere (i).
Nous illustrerons ce phenomene en comparant le compor-
tement des pronoms sujets courts avec celui des subs-
tantifs ordinaires, par rapport a l'auxiliaire du fu-
tur ma/maa
,
(ex. 5 et 6" a l'hortatif yo/voo (ex.7
et B) et a la copule ~ (ex.9 et 10).
Tandis que le substantif se place indifferemment
avant ou apres l'auxiliaire du futur, les pronoms
eux, doivent obligatoirement se placer apres:
(5)a. Mammadu
maa
yah
Mamadou
AUX
partir
"Mamadou partira"
b. maa
Mammadu
yah
AUX
Mamadou
partir
11 i d 11.
6. sont concernees dans cette section, les formes pro-
fondes du pronom sujet court: mi, a, 0, min, en, on,
5e; et toutes les formes du pronom
sujet long: mido ••
a6e
etc.

-332-
(6) a.
yah
AUX je/il partir
Itjel/il p~ttirai/ partira"
b.
ma/ma a
yah
tlid. tI
Notons llagrammaticalite de 6b, due au fait que
les pronoms courts sont eloignes de leur h8te.
I1 en est de m~me de Ilhortatif (cf. *Sb, ci-des-
sous) :
(7) a.
Mammadu
yoo
yah
I
Mamadou
HORT
partir
"que Mamadou parte ! "
b. yoo
Mammadu
yah
HORT Mamadou
partir
tlid. tI
(S ) a.
yo
I ~i( yah
HORT
partir
"que je/il
parte ! 11
b. * mi/o
yo
yah
llid. 11
Le substantif et le.pronom sont en disb±bution
complementaire par rapport a la copule kQ • Le premier
vient avant le
verbe,
tandis que le second vient

-333-
apres ee1ui-ei:
(9) a. Mammadu
ko
jaambaaro
Mamadou
COP
brave
"Mamadou est un brave"
b.*ko
Mammadu
jaambaaro
"id."
(10)a. ko
mi/o
jaa:mbaaro
COP
je/il
brave
"je/il sUis/est un brave"
b.* mi /0
ko
jaa.mbaaro
"id."
Paree qu'i1s ne peuvent pas a eux seu1s former
un enonee eomp1et, 1es pronoms courts se distinguent
a la fois des substantifs et des pronoms independants:
(11)a. Mammadu
"Mamadou" (interpellation)
b. miin
"moi !"
e.*mi/a/o
je/tu/il"
Dans ee sens, nous pouvons dire qu'il y a 8gale-

-334-
ment une diff~rence entre les pronoms courts et les
pronoms longs, car ces derniers peuvent
' .. apparat-
tre avec les particules locatives ill. "proximit~" et
na
"eloignement" sans verbe d3
support, ce qui n'est
pas le cas des pronoms sujets courts :
(12)a.
*mido
b.
*ada
(13)a.
milo
ni
"me voici"
b.
ala
na
"te voila"
(14)a.
*mi
ni
b.
*a
ni
D'autre part, il existe des cas oD au moins deux
~l~ments apparaissent entre le pronom sujet long et son
hOte verbal: ce sont ni!na "proximit~!~loignement"
et toLdo " d~ictique d'eloignement"!"proximite", com-
me dans l'exemple (15), avec ni :
(15) omo
ni
do
yah
-a
il
LOC
DEIC
aller
-ASP
"le voici qui s' en va !"
sOL!vent prononce
[::>m:m
cl'J'
jahaJ
,ce qui
prouve que
le LOC est lie au pronom precedent.
(1 5)
donne la structure (15' ):

-335-
(15')
CLs
LOC .
v
nJ.
Nous disions,cependant, au debut de ce chapi-
tre que rien ne
pouvait s'inserer
entre un cli-
tique et son h~te ; (15) semble donc consti tuer
un probl~me pour cette analyse, d'autant plus que,
contrairement a ni/na
"proximite/eloignement", to
"la-bas" est un mot independant. Mais, si nous mon-
trons que ni/na
est egalement un clitique, nous au-
rons explique la situation qui pravaut dans (15).
En effet, la particule locative.Di
"proximite",
atone dans (15), est bel et bien un clitique et ne
peut apparaltre seul que quand elle est accentuee
comme dans 16 b
(16)a. * ni
I
b.
ni
"exactement!"
Le caractere clitique de ni -atone
explique qulil puis-
se
~tre reduit a son element vocalique lorsque le
pronom se termine par une consonne (cf.egalement la
prononciation de (15)
):
(17)a. mido
ni
yah
-a
[mid)n'
jaha]
"je
mien vais "
b.
ada
ni
yah
-a
[adan
jaha]
"tu ten vas"
c. angel
ni
yah
-a
[angeli
jaha]
"il slen va"

-336-
d. angal
ni
yah
-a
{angali .
jaha ]
11 i 1
s' en va"
Etant donne ces faits, les relations structu-
relles internes (clitique-hOte) dans (15') pour-
raient ~tre affinees comme suit:
~
(18) &1:8·
LOC .
LOCcfo
v
n~
Cela signifie que lOC
est un clitique de CLs , et
ni
Cls un clitique de V ; donc, puisque le complexe
~
Cls
lOC.
n'est pas un clitique (cf. 13), on comprend
n~
aisement que LOC
' qui n'en est pas un, puisse
do
s'inserer entre ce complexe la et le verbe.
6.2.1.1.2 En position postverbale
Les pronoms sujets courts peuvent occuper la
p08~ion postverbale, contrairement a tous les autres
pronoms sujets et aux substantifs:
(19)a. ngar
-mi
, daan
- i i
-mi
\\Jsnir -je
dormir
-ASP
-je
"je vins et m'endormis ll
b. ngar
-daa
,daan
-i
-daa
venir
-tu
dormir -ASP
-tu
"tu vins et t'endormis"
(20)a. Mammadu
ar
-i
,daan
- i i
Mamadou
venir
-ASP
dormir
-ASP
"Mamadou vint et s'endormit"

-337-
b. * ar Mammadu
, daan
-ii
"id."
Cette postposition affecte a la fois la forme
des marques
aspectuelles et celles des pronoms eux-
m~mes, comme nous le verrons dans la section suivan-
te.
6.2.1.1.2.1. Contextes de la postposition
La postposition des pronoms sujets est obliga-
toire dans un certain nombre de types d1enonces qui ont
ete analyses
au chapitre 4; CB sont les propositions
comme (19) et tous les enonces emphatiques;
ces der-
nieres sont: les relatives (21), les interrogatives
(22) , les clivees (23), les pseudo-clivees (24) et
les temporelles en nde
(25):
(21)a.fijirde
cooyn
-ii
.::.!!Ji
nde •••••
spectacle
apercevoir
-ASP
-je
DET
"le spectacle que jlaper90is
"
b. nagge
cood
-daa
nge
vache
acheter
-tu
DET
"la vache que tu as achetee "
(22) a.
(hol)
ko
mbiy
-daa
?
Q.
Q.
aire
-tu
"qu'sst-ce que tu dis ?

-338-
b.
(hol) mo
njiy
=.ID1.
naamn
J
-i
-daa ?
-
Q.
Q.
voir
-je
demander
-ASP tu
"tu demandes qui jlai vu
?"
(23) a. ko
Aamadu
cuud
-ii
-mi
EMP
Amadou
cacher -ASP -je
"je me cache dlAmadou"
b. ko
suka
0
kawru
-no
-daa
hanki
EMP
enfant
DET rencontrer -PRET-tu
hier
"Cl est cet enfant que tu as rencontre hier"
(24) a. ko
njiy
-Jen
ko
ini
haawn
-ii
EMP
voir
-nous
DET
ASP
etonner
-ASP
"ce que no us avons vu est etonnant"
b. mo
kawru
-don
0
ko
cuballo
REL rencontrer -vous DET cOP
p~cheur
"cel ui que vous avez rencontre est un p~cheur"
(25)a. nde
- i
-daa
nde
a
dan
-ii
-
lorsque voyager -ASP -tu
DET
tu
avoir -ASP
kodo
hOte
"lorsque tu es alle en voyage, tu as eu un
hOte (chez toi)"
b. nde
kacit
-i
-den
nde
reedu
lorsque
dejeuner
-ASP -nous
DET
ventre
maa
muus
-i
ton
mal
-ASP
"lorsqu'on a pris le petit dejeuner, tu as eu
mal au ventre"

-339-
Dans tous cas anoncas , l'ordre CLs-V n'est pas
permis.
6.2.1.1.2.2.
Effets morphonologiques
La postpos1tion des Cls produit deux effetsim-
portants: la raductiondes
formes aspectuelles du
verbe et le
changement dans la forme des clitiques
eux-m~mes.
En ce qui
' concerne le premier , Cls postposa
agit sur les marques aspectuelles conform~ment aux re-
gles R
et R
enoncees au chap!tre 2, entratnant
1
Z
ainsi la chute de Pz
actif (26) et la reduction des
voyelles longues de P2
moyen
et passif (27), que
no us illustrons comme suit:
(Z6 ) A. loot-
[i ->~] -mi
laver-
Pz
-je
"je lavais"
M. loot
-ii
-mi
-P ...
-je
L
"je me lavai"
P. loot
-aa
-mi
-P2
-je
"je fus lava"
(Z7) M. loot
- [ii-?il -den
-P z
-nous
" nous nous lavames"
P. loot -
[aa->aJ
-den
-Pz
-nous
"nous fClmes laves"

-340--
Comme nous l'avons indique aux chap! tres 2 et 4, P2
est la seule forme du p erf ecti f compatibl e avec Cls post-
pose. 11 en est de m~me du 1MP4·
(28) A. loot
-at
-mi
ko
janngo
laver
- IMP 4
-je
EMP
demain
"c'est demain que je laverai"
M. loot
-oto
-~n ko
janngo
laver
-IMP 4 -1::)0 us EMP
demain
"nous serons laves demain"
P. loot
-ete
-den
ko
janngo
laver -IMP
-nous
EMP
demain
4
"nous serons laves demain"
Notons la chute de la voyelle ~ precedant CLs dans 28A,
et la reduction des marques moyenne et passive dans 28M et
28P.
Po~r-lB sectind effet, c'est-~-dire le changement de la
forme des pronoms, nous pouvons remarquer deux processus:
une insertimde l avec le perfectif et un allongement voca-
lique. L 'insertion est visible dans les exemples 26A,27 ,
28M et 28~. crest elle qui justifie les variantes donnees au
chapltre 2, la variante a""aa apparaissant avec l'imperfectif,
comme dans (29)
(29) loot
-at
-aa
ko
janngo
laver
-IMP4
-tu
EMP
demain
"c'est demain que tu laveras"
Enfin, seuls des suffixes
flexionnels
et derivation-
nels peuvent ~tre inseres entre le radical verbal et les Cls
postposes.

-341-
En resume, no us pouvons dire que le degre d'en-
elise des pronoms sujets varie suivant la position de
eeux-ei par rapport au verbe. Le degre d'enelise de
CLs postpose est beaueoup plus marque que eelui des
CLs preposes qui, eux, n'agissent pas sur les formes
verbales. par rapport a nos quatre eriteres defini-
toires enumeres en (4') , nous pouvons done dire que
CLs prepose satisfait a deux d'entre eux, las criteres
(i) et(ii), tandis que CLs postpose satisfait entie-
rement aux quatre.
6.2.1.2. Cas des pronoms objets
6.2.1.2.1. Position
Les pronoms objets apparaissent toujours en po-
sition postverbale, tout en eonservant une certaine
latitude de mouvement par rapport aux substantifs
objets , les uns par rapport aux autres, et par rap-
port aux CLs postposes.
Avee les substantifs objets, les CLo ont toujours
tendanee a se
rapproeher du verbe. Considerons
les enonces suivants:
(30) a. 0
add
-an
-ii
Demmba
ndiyam
il apporter -BEN
-ASP Demba
eau
"il a apporte de l'eau a Demba"
b.* 0
add
-an
-ii
ndiyam
Demmba
il app or ter-BEN
-ASP
eau
Demba
"id."

-342-
(31 )a. 0
rokk
-ii
hobbe
be
maaro
ko
il offrir
-ASP
h~tes
DET
riz
DET
"il a offert aux h~tes du riz"
b. 0
rokk
-ii
maaro
ko
hobbe
be
il
offrill-ASP
riz
DET h~te
DET
"id."
Du fait du earaetere indefini du deuxieme objet dans
(30), l'ordre des objets reste fixe (cf. *30b), alors que
:dans(31) l'ordre est flexible paree que tous les deux
objets sont definis. Nous pouvons observer le eompor-
tement des pronoms par rapport aux substantifs ,en pro-
nominalisant les differents SN de ees enonees eomme
dans la suite des exemples ei-dessous:
(30) e. 0
add
-an
-ii
.!!!Q
ndiyam
il apporter
-BEN-ASP
CLO
eau
"il lui a apporte de l'eau"
d. * 0
add
-an
-ii
nd~yam'~
e. 0
add
';'an '-ii
.!!!Q
dam
il apporter
-BEN -ASP CLO
CLO
"il la lui a apportee"
f. * 0 add
-an
-ii
~m ~
"id."
(31 ) e. 0
rokk
-ii
be
maaro
ko
il
o ffrir -ASP CLO
riz
DET
"il leur a offert le riz'"

-343-
d.
*
0
rokk
- i i
maaro
ko
be
-
"id."
e. *0
rokk
- i i
ko
be
il
offrir -ASP CLO
CLo
"il le leur a offert··
Ces enonces revelent que lorsque le substantif coe-
xiste avec un Clo, ce dernier
reste toujours proche
dC}ns
du verbe, mame/le cas OU l'ordre des objets est fle-
xible (31 a-b-c-d). D'autre
part, l'ordre des objets
est sensible au trait anime , les objets animes ayant
tendance a se rapprocher du verbe (cf. 30e-f et 31
e-f).
Les Clo ont un comportement different
par rap-
port aux Cls postposes. A l'exception de la 2e et de
la 3e personne du singulier , to us les objets viennent
apres Cls postpose.
6.2.1.2.2. Morphosyntaxe de la 3e personne(mo~moo)
Nous considerons que la forme de base du pronom
personnel objet de la 3e personne est fig
et que sa
variante longue
apparalt toujours dans le contex-
.!!l.Q.Q.
te ou le pronom de la 1 ere personne mi "je" est postpo-
se:
(32)a. mi
suud
-ii
haa
weet
- i
je
cacher -ASP
CLO
jusqu'a
faire jour -ASP
"je l'ai
Cache <jusqu'au lendemain"

-344-
b. cuud
-mi
.!!l9.
haa
weet
-i
cacher -je
CLO
jusqu'a
faire jour
-ASP
"je le
cachai jusqu'au lendemain"
c. cuud
-.!!l9.Q.
mi
haa
west
-i
cacher -CLO
je
jusqu'a faire jour
-ASP
"je le cachai jusqu'au lendemain"
(33)a.
cuud
-daa
haa
weet
-i
cacher-tu;
CLO
jusqu'a
faire jour-ASP
"tu le cachas jusqul'laulendemain"
b. cuu[
-don
.!!l9.
haa
weet
-i
cacher -vous CLO
jusqu'a faive jour -ASP
"vous le cach~tes jusqu'au lendemain"
c. cuud
-den
.!!l9.
haa
weet
-i
cacher -nous CLO
jusqu'a faire jour -ASP
"nous le cach~mes jusqu'au lendemain"
(33')a. * cuud
-!!!.Q.Q.
-.daa haa
weet
-i
cacher
-CLO
tu
jusqu'a
faire jour
-ASP
"comme dans 33a"
b. * cuud
-.!!!..Q.Q.
-don
haa
weet
-i
cacher -CLO
-vous
jusqu'a faire jour -ASP
"comme dans 33b "
c. * cuud
-moo
-den
cacher -CLO
-nous
"comme dans 33 c"

-;45-
Les exemples (32) et (33') montrent que, d'une
part, la forme longue de la 3e personne mgg est C08-
ditionnee par la postposition du CLs de la 1e per-
sonne illi (cf. 32)7
et seulement mi (cf.33') ; d'au-
tre part, qu'apres cette postposition, le locuteur
a le choix entre la conservation de la forme de ba-
se illQ (cf.32b) ou de sa forme derivee longue ~
(cf.32c), auquel cas celle-ci est ramenee en posi-
tion contigu8 au verbe, position qui ne peut guere
~tre occupee par un substantif:
(34)a. mi
jagg
-ii
gujjo
je
attraper
-ASP
voleur
"j'ai attrape un voleur"
b. njaggu
-mi
gujjo
attraper
-je
voleur
j'attrapai un voleur"
c. * njaggu
-gujjo
mi
attraper -voleur
je
"comme dans b"
7. cette regIe ne s'applique pas a l'infinitif, qui
admet la postposition du sUjet mi:
i
(33 )a.
jaggu
-de
mi
Aali sad
-aan
attraper
-INF
je
Ali
difficile -NEG
-i
-ASP
"pour moi, attraper Ali n'est pas difficile"
b.
jaggu
-de
mi
illQ
sad
-aan -i
attraper -INF
je
CLO difficile -NEG -ASP
11
pour moi, l'attraper n'est pas difficile"
c. * jaggu -~
-mi
sad -aan-i
Cependant, cette position subjectale n'admet aucune
autre forme de pronom sujet;
33i
paraft
done supple-
ti f:

-346-
Cet exemple confirme a nouveau le critere fondamental
~e l' enclise.
6.2.1.2.3. Morphosyntaxe de la 2e personne ma~maa
Contrairement a la 3e personne ~_illQ£ , l'appa-
rition de la forme longue ~
de la 2e personne du
singulier est conditionnee par plusieurs facteurs.
Les deux pronoms ant un trait commun cependant, car
la postposition du sujet mi
"je", entrafne egale-
ment l'apparition de~. En effet, les locuteurs
peuls preferent 35b a 35a:
(35)a. ? calmin
-mi
.!!@
saluer
-je
CLO
"je te saluai"
b. calmin
-~
-mi
saluer
-CLO
-je
"id. "
Toutefois
, ce n'est pas la l'unique contexte d'ap-
parition de la deuxieme personne~.
Considerons,pour
cela, les enonces au perfectif suivants;
jaggu
-de
mol *0
Aali sad
attraper
-INF
lui
*il
Ali
difficile
-aan
-i
-NEG
-ASP
"pour lui attraper Ali nrest pas difficile"
b.
jaggu
-de
mal
*al"-aa'"'-d3.a
Ali sad
attraper -INF
toi
Ali difficile
"-aan
-i
-NEG
-ASP
"pour toi, attraper Ali n'est pas difficile"

-347-
(36)a. 0
sa1min
-ii
ma 1/~ mo {
1*maaJ I *moo1
il saluer
-P3
te
le
"il te/le salue"
b. omo
salmin
i~/
a 1/
\\*m
~/mo/ ~
(maa
(*moo J
il
saluer
-P2
te
le
"il te/le salue"
c. kanko
salmin
-Ji
rma l/ rO! J
/ i /
maa
*moo
lui
sal uer
-P2
te
le
"e' est lui qui te/le salue"
d. 0
salmin
-Ji
~ ma ~ /1 mo 1
( *maa )
*moo ~
il saluer
-P1
te
le
" i 1 t' a /1 'a sal u e "
Bien qu'il n'y ait pas de sujet postpose dans
(36), nous constatons que, contrairement a~, on peut
obtenir ~ , mais seulement avec Pz . Quant a mgg,
la condition si~?_q~~_~on
de son apparition (postpo-
sition de mi
) n'est pas remplie dans (36). A ce
point, nous pouvons faire deux observations.
La premiere observation est que ~
a exacte-
ment le m~me comportement que les sujets postposes
(qui exigent egalement P2 ), puisqu1ils apparaissent
Gans le8 m~mes contextes emphatiques: relatives, ques-
tions, clivees, pseudo-clivees, temporelles en nde,

-348-
et dans 1es enonces en sequence.
I11ustrons
par ces derniers :
(37) 0
wo pp
-i
Aa1i
jaggu
~
il 1aisser -ASP A1i
attraper/P2
toi
'haa
weet
';'i ' ya1t
-in
-Ii
~
jusqu'a faire jour- P2 sortir -CAUS -P 2 toi
"i1 laissa Ali te garder jusqu'au lendemain
pour te faire sortir"
Notons cependant quIa l'impe~ecti~~ est com-
patible a la fois avec 1MP4 (38) et 1MP2 (39), alors
que mgg
ne l'est qu'avec le premier:
(38) a. 0
suud
-at
i maal
ko
j.f!nngo
{*ma
il cacher -IMP4
toi/*toi EMP demain:
"C'est demain qu'il te cachera"
b. 0
suud
-oto
~maa (
ko
janngo
il cacher -IMP
{*ma ~
EMP
demain
4
"c'est demain qu'il se cachera de toi"
(39) a.
omo
suod
-Ii
~ maa l
l*ma
j
il
cacher
CLO
- IMP 2
"il te cache"
b. omo
suud
- 0
{ *~:a }
il
cacher -IMP2
CLO
"il se cache de toi"
Dans toLS ces examples, ~
entrafne la reduction
vocalique des marques aspectuelles suivant les regles

-349-
anoncBs.s (R
et R
1
2 ), de la m~me maniere que n'im-
parte quel suffixe accentua.
La deuxieme observation concerne le suffixe de
la deuxieme personne ~B , dont l'emploi est beaucoup
plus restreint. 11 est rarement employe avec le per-
fectif; par exemple, on nele trouve jamais dans
des anonces comme:
(40 )a. 0
suud
-Ii
il ca cher- P1
toi
"il tea cache"
b. kanko suud
( - i -> It)
\\maaJ
1."ma
*e
lui
cacheI'
-P2
toi
"c'est lui qui t'a cache"
c. 0
suud
-ii
ma/*maa/*e
il cacheI'
-P3
toi
"il tea cache"
Le suffixe ~ est employe avec l'imperfectif, en com-
patibilite avec IMP1
et IMP3 :
B. Rappelons que ce suffixe appara!t egalement comme
possessif en distribution complementaire avec le pos-
sessif ~
de la 2e personne:
(39') a.
gorgol
maa / *-e
"ta tante"
b. es -e
/*maa
"ton parent par alliance"

-350-
(41 ) 1MP1 · yoo
Demmba suud
*maa/ma/ -e
· HORT Demba cacher
CLO
"q ue Demba te cache
! "
1MP2 : omo
ni
suud
maa/ *ma/*-e
il
ASP cacher
CLO
"il est en train de te cacher"
1MP3 · Aali
suuJ
-at
ma/*ma a /_e9
· Ali cadher -ASP CLO
"Ali te ca ch e"
kanko
suud
-at
maa/*ma/-e
1MP4
il
cacher -ASP
CLO
"c'est lui qui te cache"
Comment tout cela se situe-t-il par rapport au
schema de Mc Intosh tel qu'il apparalt d'une part dans
la citation (3') ou l'auteur propose une typologie
des formes pronominales, qui VB du mot libre au suffi-
xe, en passant par la forme intermediaire de cliti-
que, et en (3 "), d'autre
part, DU les
formes pro-
nominales agissant sur les marques aspecto-temporelles
sont considerees comme des suffixes et non des cliti-
ques ?
Nous pensons que notre precedente analyse
montre
qu'il n'en est rien. Car pour nous, les formes visees
9. 11 existe au mains une expr13ssion qu'aucu-n
enfant
du Fuuta n'oublie
: "mi
fiy
-at
-e (je frap-
pe
6 -IMP
-tai "js vais te frapper ll ). Cette expression,
qUi revien! sou vent sur les levres des parents, n'est
jamais employee avec ma/maa.

-351-
sont des clitiques ayant une valence DU un degre
d'~nclise diff~rent. En r~alit~, les formes que Mc
Intosh isole comme ~tant des non~elitiques , en l'oc-
eurrenee ~
'!!l9..9- et
.§., sont pour nous des cli ti-
ques forts pare~u'elles satisfont a nos quatre cri-
teres enonces au d~but de ce chapitre;
L'axe des elitiques en pUlaar pourrait done se
pr~senter eomme suit:
Enelise zero
Enclise maximale
(42)
0......
~') 1
A. pronoms
B. pronoms sujets
E. CLs postposes
independants
longs
C. Pronoms sujets
F. ~
couxts preverbaux
G. ill.Q.Q.
D. PDonoms objets
H. -e
courts
Toutes ces formes sont illustr~es par les exemples
recapitulatifs suivants;
(43)
A. ~
, yah
"toi
, vas-y ! "
B. ada
ni
yah
-a
"tu tlen vas"
C.
a
yah
-ii
"tu es parti"

-352-
D. mi
jagg
-ii
maLngel
je
attraper
-ASP
toi/lui
"je t'ei/l'ai attrape"
E. njah
-daa
"tu partis"
F. cuud
-~
-mi
cacher
-toi
-je
"je te cachai"
G. cuud
-!!lQ.Q.
-mi
cacher -lui
-je
"je le cachai"
H. mi
fiy
-at
-e
-
je
battre -ASP -je
"je vais te battre"
6.3. Le placement des clitiques
placement
L'etude de leur/Lineaire constitu8 la problema-
tique fondamentale dans le traitement des clitiques,
et
l'article de Perlmutter (1969)"
Les pronoms objets
en espagnol", de m~me que son
texte de 1970, a beau-
coup contribue a l'approfondissement de cette proble-
matique dans les travaux posterieurs.
Le probl~me est
de savoir comment rendre compte de maniere adequate,
de l'ordre d'apparition des clitiQues lorsque plu-
sieurs d'entre eux apparaissent dans le m~me enonce.
Cette section sera consacree a l'examen du place-
ment lineaire des clitiques etudies
a la lumiere des

-353-
differentes propositions universalistes qui se dega-
gent de la litterature. Mais auparavant, une des-
criptionsystematique de llordre d1apparition des
clitiques en pulaar s'impose.
6.3.1. Ordre de deux objets
Nous savons que les objets sont toujours post-
verbaux et que les objets humains precedent les objets
non humains.
.
Examples
(44 )a.
Aali suud
-i
~
.!!!.Q.
ALi
cacher-ASP_toi
lui
"Ali te le
cacha"
b.
0
suud
-i
mi
.!!!.Q.
il cacher
-ASP
je
llJi
"il me le
cacha"
(45)a. 0
suud
-i
.!!!.Q.
ngel/ngal
il cach er -ASP lui
lui/lui
"il le lui cacha tl
b. *0 suud
-i
ngel /ngal .!!lQ.
tlcomme dans a"
(44) illustre l'ordre naturel de deux clitiques:
llattributif precede le patient. Dans (45), la lectu-
re est ambigu8 a cause de l'agrammaticalite de 45b;
elle correspondrait, par exemple,aux deux traductions
en anglais "he hid it from him" et tlhe hid him from it".

-354-
6.3.2. Ordre de CLs postpose et d'un Clo
Les examples suivants illustrent cet ordre:
(46)a. cuud
-daa
kam
cacher
-tu
moi
"tu me cacha s"
b. cuud
-den
mo
r'
cacher
-nous
lui
"nous le cachames"
c. cuud
-den
be
cacher
-nous
eux
"nous les cacha.mes
(47)a.
cuud
-mi
mo
cacher
-je
lui
"je le cachai"
b.
cuud
-moo
-mi
cacher
-lui
-je
"i d. "
(48)a. cuud
-maa
-mi
cacher -toi
-je
"je te cachai"
b. *cuud
-mi
ma
cacher -je
toi
Dans (46) , des
CLs di ff erents de la premiere
personne sont postposes, l'ordre y est fixe. Dans (47),
ou la troisieme personne du singulier illQ
coexiste

-355-
avec la premiere personne ~ , l'ordre est reversi-
ble • Dans (48), l'ordre est fixe.
6.3.3. Ordre de Cls
postpose et de deux Clo
La restriction dans le placement lineaire de ces
clitiques est similaire a celle qu'on a deja observee
dans les sections precedentes. Illustrons de fagon
systematiq ue:
(49)a. cuud
-laa
kam
.ill.Q.
caher
-tu
moi
lui
"tu·me le cachas"
b. cuud
-mi
!!lQ.
.!!LQ.
cacher -je
lui
lui
"je le lui cachai"
c. cuud
-~
-mi
.!!LQ.
cacher -lui
-je
lui
"comme dans b"
e. * cuul
-mi
ma
.!!L9.
"comme dans c"
Dans tous ces exemples, les pronoms sujets sont places
avent les objets, a l'exception des cas des objets longs
(49c-d). Ces contraintes peuvent se resumer comme suit:
(50)
(i) les sujets precedent les objets;
(ii)
(50 i) connaft une exception lorsque les
objets sont longs, auquel cas ces derniers precedent les
sujets;
(ii) les CLo humains precedent les CLo non humains

-356-
Comme on le constate, ces contraintes manquent d'uni-
formite puisqu'elles font reference a differents ni-
veaux, syntaxique, morphologique et semantiquej mais
cela est necessaire pour rendre compte des faits reels
de la langue.
6.3.4. Clitiques peuls et universaux
L'approche du placement lineaire des clitiques
varie en fonction des auteurs et des langues. On peut
dire que, mis a part les travaux de pionnier
de
Perlmutter (1969 et 1970), il y a eu peu de tehtatives
universalistes dans les travaux recents (Farkas, 1980
Burston, 1983 ; Rivas, 1977 ; Iordanskasa, 1982 ;
George, 1980 ; Fiengo, 1978 etc.). Signalons, toute-
fois, que dans son
article sur la langue roumaine,
Farkas (1980) tente d'expliquer les phenom~nes d'en-
clise par des hierarchies (thematiques) considerees com-
me universalistes:
a.
Ethique > But(i.e goal) /
Th~me
b.
I pers.? 11 pers. /' III pers.
et suivant lesquelles s'organisent le placement des
clitiques. D'autre part, Fiengo
(1978),prenant le
contrepied de Perlmutte~ pose l'hypoth~se qu'aucune
grammaire ne soit contenir de r~gle portant sur l'or-
dre d'apparition des clitiques
(p. 116), et propose
une condition universelle pour rendre compte de la dis-
tribution des clitiques en Pran9ais. Cette condition,
libellee"A -before-A condition", par analogie avec
le principe "A-aver-A" de Chomsky, doit, selon l'auteur,

-
- - - - - - -
-357';'
reduire l'ambiguite dans l'application des regles de
placement des clitiques de telle sorte que, lorsque
la structure d'un arbre syntagmatique est ambigu8
entre des noeuds A
et A
,DD A
precede A
' la
j
k
j
k
condition exige que A.
soit selectionne.
J
Ainsi dans les exemples :
a. /il presente moi a lui/
b. il me pEsente a lui
c. * il lui presente a moi
seul £
pourrait ~tre selectionne suivant cette
condition.
Dans cette section, nous no us appuierons plutOt
sur les travaux de Perlmutter (1970) et de Hertzon
(1977) ; tous les deux suggerent des contraintes de
surface.
Les hypothesesfondamentales de Perlmutter sont
resumees dans le schema suivant:
(51)
[trade
Y. SJ
a. Dans toutes les langues
DD il y a mouvement
de clitique vers une position particuliere dans l'enon-
ce, il existe des contraintes de surface sur l'ordre
relatif des clitiques(p. 217)
b. Les contraintes de surface sur l'ordre rela-
tif des clitiques doivent ~tre specifiees suivant la
notation en (86) dont l'interpretation doit ~tre va-
lable pour toutes les langues naturelles.
(p. 215)

- - - - - - - - - - - -
-
-
-358-
c. (= 86) CONDITION SUR L'ORDRE LINEAIRE DES
CLITIQUES :
11
I
III
(p.213)
Les hypotheses dans (51) ont fait l'objet de
beaucoup de controverses dans la litterature (cf.
Schachter, 1974 ; Kayne, 1975
QUicoli, 1976 ;
Hertzon, 1977
Emonds, 1978 ).
Comment les faits observes en pula2r se situent-
ils par rapport a (51) ?
Tout d1abord, il faut dire que le pulaar confir-
me ce qui est pose dans 51a, puisque le mouvement des
clitiques est un phenomene atteste dans cette langue:
les clitiques sujets peuvent ~tre postposes, dans
certaines conditions;
en plus, les clitiques objets
de la deuxieme
et de la troisieme personne du singu-
lier personnels peuvent ~tre ramenes a une position en-
tre le verbe
et
le clitique sujet de la premiere
personne mi
"je". De ce fait, il est normal de se de-
mander dans quelle mesure les autres assertions (51b
et 51c ) sont egalement valables
pour
le pulaar.
La condition 51c doit ~tre interpretee comme
suit: lorsque plusieurs clitiques suivent le verbe
le clitique de la deuxieme personne occupera la pre-
miere position, suivi de la premiere p~rsonne, pUis
10. Se, reflexif
personnel, entre aut res choses, est
9
specifique
a l'espagnol mais le
reste de la condi-
tion est propose comme un universal. Nous ne serons donc
pas concerne par cet element, dans la suite de notre
discussion.

-
-
-
--------~
-359-
de la troisieme personne; et pour l'espagnol, ~
doit se .placer avant les trois pnsmiers. Il est ega-
lement important de preciser qu'il est question ici
de la categorie "personne" et
non de" fonction gram-
maticale".
6.3.4.1. De l'ordre II-I
Les exemples suivants montrent que cet ordre est
confirme en pulaar:
(52) a. cuud
-don
min
cacher
-II
I
" VOuS nous cacha t e,s"
b. *cuud
min
don
cacher
I
II
"id."
(53)a. cuud
-maa
-mi
cacher -II
-I
"je ts cachai"
b. *cuud
-mi
ma
cacher -I
II
"id. "
Nous pouvons remarquer que II precede I
(cf. *52b et
*53b). Cette contrainte pourrait donc expliquer pour-
quoi, bien que ~
(II) et.£1lQ.Q. (III)' aient tous deux
des variantes longues, seule illQQ
(III) est flexible
dans son
ordre d'apparition. L'universal predit donc

-360-
bien l'ordre dans
(53).
6.3.4.2. L'ordre I
-
III
En pUlaar,
I
et III n'apparaissent dans cet
or-
dre et de maniere fixe que si l'un d'eux est au pluriel:
(54) a.
cuud
-mi
be
cacher
-I
III
"je le8 cachai"
b. *cuud
be
mi
cacheI' III
I
(55)a.
cuud
-den
mo/be
cacheI' -I
III
"nous~e/les cachames"
b.
*cuud
6e/mo
~n
cacheI'
III
I
"id."
L'ordre fixe des exemples
(54)
et(55) s'explique
par l'enclise maximale des Cls postposes, qui fait que
cas d~~niers;doivent rester le plus
proche
du verbe
possible. Cependant,
nous savons que l'ordre Isg. CLs -
IIIsg.
CLo n'est pas rigide (cf.
cuud
-mi
mo
(ca-
cher -je
lui
"je le cachai"
; cuud
-moo
-mi cacheI'
-lui
je
"je le cachai")
; cela,
bien qu'exception-
nel,
constitue un probleme pour la
condition ci-des-
sus enoncee. Nous reprendrons c~ point dans une autre
section.

-361-
6.3.4.3.
L'ordre 11-111
Considerons les exemples suivants:
(56)a.
cuud
-~
-mi
!!l9.
cacher
11
-je
I I I
"je te le cachai"
b.
cuud
-.ill.9.Q
-mi
~
cacher
-Ill
-je
11
"je te le cachai"
c.
cuud
-mi
.!I!Q
~
cacher -je
111
11
"je te le cachai"
Ces exemples montrent que le pulaar atteste les
deux ordres 11-111 et 111-11.
L'universalite de 51c est
donc infirmee par ces faits.
D'autres donnees remettent egalement en question
cet universal, puisqu'il ne prevoit pas
la. cooccurren-
ce d'objets identiques.
Par example, le pu1 8 ar , ainsi
que d'autres langues du ~onde (Hertzon, op.cit), per-
met des occurrences du type 111-111:
(57)a.
cuud
-mi
ill.Q.
!!l9.
cacher
-je
I I I
111
"je le lui cachai"
b.
cuud
- .!I!.Q.Q.
-mi
.!!LQ.
cacher -I I I
-je
111
"id."

-362-
Comment peut-on rendre compte de (57), comme des
phenomenes analogues dans les autres langues ?
Hertzon propose une explication interessante.
Pour lUi, lorsque la necessite d'employer deux elements
identiques mais cacophoniques s'impose , les langues
ont ten dance a recourir a d'autres alternatives: l'un
des elements n'est pas cliticise OU est tout simplement
elide (chute), ou alors la langue procede a une dissi-
milation.
Il est interessant de constater que le pulaar em-
ploie certains de ces procedes, car les exemples (57)
illustrent a la fois des cas de dissimilation et de va-
riation dans le degre d'enclise. En effet, bien que le
processus ne soit pas obligatoire, il y a bien dissimi-
lation de IIIsg
CLo IDQ
dans (57) DU la forme longue
ill££- est consideree comme enclise maximale, donc supe-
rieure a ill£ • Il faut cependant dire que ce procede n'est
pas productif en pulaar; il ne se limite qu'au cas d'es-
pece signale en (57).
En resume, nous pouvons dire que, tout en predisant
assez bien le comportement des IIsg CLo, les hypotheses
de Perlmutter ne peuvent cependant pas expliquer le fait
que:
(58)
(i) deux CLo de la 3e personne puissent coexister
(ii0 il existe des cas DU l'ordre des clitiques
est flexible
(iii) les clitiques du pulaar soient sensibles au
trait humain
(qui fonde l'existence ~~me
dans cette langue d'un riche systeme de clas-
ses nominales.)

-363-
Alternatives
Les limites de la condition enoncee en 51c ont
ete signalees par d1autres auteurs. Ainsi, en ce qui
concerne llespagnol, Dinnsen (1972) suggere une con-
trainte fonctionnelle (et grammaticale ) additionnel-
le de la forme :
(59)
Reflexif' -Benefactif - Datif- Accusatif
qui servirait de filtre apres llapplication de 51c et
eliminerait les sequences non grammaticales que 51c ne
pourrait emp~cher.
Cependant, parce que (59) ne peut rendre compte
des cas OU llordre est flexible, cette contrainte a ete
rejetee par Hertzon.
Il Y a , dans la litterature qae nous connaissons
deux p~opositions
pour decr±~e llordre flexible des
cli tiques.
Dans son etude des pronoms clitiques en tagalog,
Schachter (1974) suggere une notation de la forme:
,..-"'-\\
(60 )
A
B
et
A
B
'--v'""-"
qui signifie qU8 les ordres entre A et B sont reversi-
bles.
Quant a Hertzon, il propose une notation "allowing
bifurcation or an islan'cl ", pour d ecr ire l ' ordre d' ap pa-
rition des marques casuelles en somali, qui S8 presen-
te comme suit:

-364-
(61 )
B-C
/
A
""D
"'C-B/
et qui offre~la possibilite de choisir llordre B - C
ou C -8. Notons que Hertzon, lui-m~me, n1a pas exploi-
te completement ce schema dans son traitement des mar-
ques casuelles du Somali, car apres avoir presente l'or-
dre superficiel des marques casuelles dans cette langue
sous la forme
(61),
(cf.62a), il a opte en definitive
pour un ordre fonctionnel de la forme (62b):
(62)a.
Ordre superficiel
des marques casuelles en
somali
soit :
ku
u / " l a
\\.
/
ka-ka
oU(i) un k non initial~s
(ii) 3 occurrences permises, au
maximum
soit :
gu
u / '
" l a
" /
ga-9 a
ou (i)
ginitial~k
(ii) m~me contrainte que a(ii)
b. ordre fonctionnel
(i) au maximum 3 occurrences permises
(ii) celles qui sont marquees 2 peuvent
appara!tre deux fois.

-365-
ceci est suivi d'une r~gle morphonologique (u-
non initial-4'ku , KV + KV ~ kaka
, k-non initial-+g).
Pour n~us, le schema (62) semble approprie pour
traduire la sequence des cli~iques en pulaar, car cet-
te langue a besoin d'un schema qui pUisse decrire ~la
fois l'ordre flexible (qui ne semble pas exister en so-
mali ) et les repetitions potentielles de clitiques.
Pour cela nous proposons un schema qui n'est ni fonc-
tionnel,ni
moIPhonologique:
(63)
CLs
CLo
/
V
~(CLo)
;\\
/
CLo
CLs
condition: CLo humain prec~de Clo non humain.
Notons que ce schema est uniforme et
fait reference aux relations grammaticales. D'autre
part, il predit les sequences admissibles et seulement
cell es-Hi.
Voici, pour illustrer (63), des examples recapi-
tuIatifs:
Partie superieure de l'hexagone:
v - CLs - CLo
kaal -an
-mi
!!lQ.
"je le lui dis"
dire -BEN -CIs Clo
V - CLs
- CLo -CLo
tottu
-daa
!!lQ.
ngel
donner -Cls
Clo
Cla
"tu le Iui dannas

-366-
Partie
inferieure de l'hexagone:
v - CLo
CLs
c uu cl
-!!!f!.Q.
-.!!!i,
"je le cachai"
cacher-Clo
-Cls
v - CLo -CLs -CLo
: cuud
-~ -.!!!.i.!!!.Q. "je te le ca-
chai"
cacher-Clo -Cls Clo
La contrainte est illustree par la discussion anterieu-
re relative aux exemples (30) et(31) •

-367-
7. LES CONSTRUCTIONS CAUSATIVES
Lletude du phenomene causatif est interessante pour
nous a deux points de vue. D'une part, elle offre une
illustration parfaite de llinteraction entre la synta-
xe, la semantique et la mopphologie (Comrie, 1985);
d'autre part, la discussion de ce phenomene en pulaar
est d'autant plus pertinente que cette langue presente,
a la fois, les trois types de constructions causatives
attestees dans le monde.
Apres avoir defini,
dans une premiere sectiOQ, les
types de causatif
universellement etablis, nous con-
sacrerons le rests de ce chapitre , d'abord a la seman-
tique des causatifs, en mettant l'accent sur le r~ls
que jouent les actants, dans une situation causative
ensuite, nous examinerons la difference fondamentale
qU'il y a entre les types les plus representatifs;
en-
fin, nous ferons un bilan critique des approches de ce
phenomene' dans certaines theories de linguistique moder-
ne.:

-368-
7.1.
Typologie des causatifs
7.1.1.
Types
de causatifs
L'etude du phenom~ne du causatif a travers les
langues a revele l'existence de trois types de cons-
tructions. Le type analytique, qui utilise un proce-
de syntaxique regulier consistant a former une phra-
se complexe a partir de phrases simples,sans fondre
les predicats de ces derni~res ; ce type dit periphrae-
tique peut ~tre illustre par les exemples en pulaar
(1), en anglais (2) et en italien (3) suivants
(1) he made the child run
"il a fait courir l ' enfant"
(2 ) Sammba
wad
-ii
Demmba
haal
-de
fenaande
Samba
faire-ASP
Demba
dire
-INF mensong e
"Samba a fait dire un mensonge a Demba"
(3) Maria
fa
si
che
Gianni
scri va
Marie
faire
que
Jean
ecrire
"Mar±e fait ecrire Jean"
Le deuxieme, le type synthetique (ou morphologi-
que) utilise un procede de derivation de verbes causa-
tifs a partir de verbes simples non causatifs. Illus-
trons par des exemples tires du pulaar (4) du japonais
(5), et du turc (6)/
(4) Sammba haal
-n
-ii
Demmba
fenaande
samba
dire
-CA US-ASP
Demba
mensonge
'iComme dans (2) "

-369-
(5) Tarao
ga
liroo
0
ik
-ase
-ta
Taro
SU
liro
00
partir-CAUS.
-passe
"Taro fait partir liro"
(6 ) Hasan
ben
-i
a91 a
-t
- t i
Assane
moi
-ACC pleurer -CAUS -passe
"Assane
me fit pleurer"
Oans ces derniers exemples, les radicaux simples
en pulaar ~ 'dire'. en japonais i!s.- "partir" et en
turc a91a
"pleurer", ont subi des processus de deriva-
tion, respectivement avec les morphemes causatifs ~,
-aee-
et~,
donnant ainsi des verbes causatifs.
Le troisieme, le type lexical, peut ~tre conside-
re comme une forme
suppletive du causatif morphologi-
que (Comrie, 1985). Ainsi, par exemple, ~ (faire
mourir, laisser mourir) et montrer (faire voir, laisser
voir) ont, pour ainsi dir~, une connotation causative
lexicale, dans la plupart des langues.
Syntaxiquement, le causatif analytique est en ge-
neral considere comme etant sntierement productif; le
degre de productivite du causatif morphologique varie
selon les langues, alors que le type lexical suppletif
est, par definition, non productif.
Oans notre discussion du phenomene en pUlaar, l'ac-
cent sera mis sur la discrimination morphosyntaxique
et semantique
entre le type analytique et le type
synthetique.
7.1.2. Definition et terminolagie
Les enonces (1) a (6) presentent taus une situa-

-3 70 -
tion causative comportant deux "entites: la cause et
son effet. Pour plus de clarte dans llexpose, consi-
derons ~ nouveau un enonce en frangais:
(6') Pierre fait chanter llhymne ~ paul
Cet enonce decrit une situation comportant:
-une phase-cause (PC) qui correspond ~
l'acte de Pierre,
-une phase-effet (PE
qui correspond ~ la
chanson de l'hymne par PaUl.
Nous appellerons actant-cause (AC) l'entite (une
personne, une chose ou une force abstraite) qui cree
la situation causative (ici Pierre) et actant-effet(AE)
l'entite faisant l'action de la phase-effet (ici Paul).
D'autres parametres semantiques interviennent dans cet-
te situation, et qui concernent le degre de participa-
tion(implication ou mediation) de l'actant-cause a l'a-
venement de l'effet en question.
En d'autres termes,
en provoquant la situation, AC peut faire appel a la
volonte de AE ou alors manipUler physiquement celui-ci:
dans le premier cas, il s'agit d'une "causation direc-
tive", et dans le deuxieme, dlune "causation manipUla-
tive". Cette manipUlation peut se faire par la force
( "causation coercitive") oU par l'absence de violence
( "causation non
coercitive")
• Dans certaines situa-
tions, AC n'agit pas directement sur AE mais peut adop-
ter une attitude,ou effectuer un acte qui peut indirec-
tement entralner un changement dans l'etat de AE
clest la "causation indirecte".

-371-
7.2. Le traitement du causatif en pulaar
Comme nous le disions au d~but, le pulaar est una
langue
dans laquelle les trois types de causatif
sont
attest~s. Las exemples (2) et (4) illustrent les types
analytique
et synth~tique , ce qui va dans le sens des
pr~dictions de Wachowicz (1976), selon lesquelles les
langues qui ont un causatif morphologique ont souvent
un correspondant analytique.
En pUlaar, le type analytique (2) est forme par
la juxtaposition de deux oU plusieurs el~ments verbaux
de la forme waJ: ••• V.
f (faire ••• Verbe infinitif)
-
~n
alors que le type synthetique (4) s'obtient par une
simple derivation du
type V~V-n.ou Vest un ver-
be a signifie X et V-n son derive a signifie
CAUSE X •
f
7.2.1. Semantique des constructions causatives
Les enonces en pulaar (2) et (4) n'impliquent pas,
malgre leur traduction idantique, que l'analytique ex-
prime exactement
le meme sens que le synth~tique.
En effet, no us
pouvons d~gager une premiere nuan-
ce a partir de l'examen de la notion de "manipulation
coercitive"
illustr~e dans les exemples suivants:
(7)a.
dun
Aamadu njalt
-in
-aa
C£m
pousse
Amadou sortir
-CAUS. -ASP
lui
"pousse Amadou pour le faire sortir"

-372-
b.
* dun
Aamadu mbad
-aa
dum
yaltu
-de
pousse Amadou faire
-ASP
lui
sortir
-INF
"id."
(B)a. fiy
mo
kaal -n
-aa
mb
goonga
frapper lui dire
-CAUS-ASP lui verite
"frappe-le pour lui faire dire la verite"
b.* fiy
mo
mbad -aa
mo
haal
-de
frapper lui faire -ASP
1 ui
dire
-INF
"id."
Les clauses qui sont ici associees aux differentes pha-
ses-causes
ont toutes une connotation(linguistiquement
explicite) a la fois manipulative et coercitive.L'anoma-
lie dans les enonces 7b et Bb indique, cependant, que
lorsque l'actant-cause cree une situation causative de
maniere coercitive, c'est-a-dire lorsque c'est l'acte
coercitif de AC qui est la cause directe1 de PE, on ne
peut pas employer le causatif analytique.
Cependant, il existe des situations OU AC est phy-
siquement implique mais d'une maniere qui n'implique
pas de la coercition. Considerons, par exemple (9) et
(10) :
(9) Aali umm
-in
-ii
Sira
Ali
lever -CAUS -ASP
Sira
"Ali a fait lever Sira"
1. Car l'acte coercitif peut ~tre une cause indirecte
de PE; par exemple dans les cas preCis OU cet acte pro-
voque le mecontentement de AE, et lorsque c'est ce me-
contentement qui est a l'origine de PE. Dans ce sens,

-373-
(10) Demmba find
-in
-ii
sammba law
Demba
reveiller -CAUS -ASP Samba
tot
"Demba a reveille S8/!lba de bpnne heure"
Dans ces exemples, les AC ~
et Demmba
nlont pas
besoin de coercition pour creer les differentes situa-
tions. Ali peut simplement tenir Sira par le bras pour
llaider a se lever,
et Demba toucher Samba a l'epaule
pour le reveiller. Dans les deux cas, il s'agit de ma-
nipulation non coercitive qui ne peut ~tre exprimee
sans ambiguite que par le causatif synthetique. Les cau-
satifs analytiques (11) et (12) correspondants ne sont
pas manipulatifs:
(11 ) Aali
wad
-ii
Sira
umm
-aa
-de
Ali
faire
-ASP
Sira
lever -M
-INF
"Ali a fait se lever Sira"
(12) Demmba wad
-ii
Sammba
fin
-de
law
Demba
faire -ASP Samba
se lever -INF
tot
"0 emba a fait
(en sorte) que
Samba se lave
tot"
Contrairement a ce qui se passe dans (9) et (10), les
AC ne sont pas physiquement impliques dans
(11) et
(12) • 11
s~agit la de "causation directive", car Ali
et Demba peuvent simplement suggerer aux differents AE
d'executer les phases-effets en faisant appel a leur
volonte •
Cette discrimination est encore mieux illustree
evidemment, les exemples 7b et Bb seraient parfaite-
m8r.L grammaticaux.
par exemple, 7b est semantiquement
correct dans les contextes OU Amadou sortirait parce
qulil est mecontent dlavoir ete pousse, et non sous
l'effet
de la violence.

-374-
lorsque AE ast inanim~, cQmme c'est le
cas dans les
examples suivants:
(13 )a. mi
dir
-n
-ii
taabal
ngal
je
d~placar
-CAUS-ASP
table
OET
"j1ai d~plac~ la table"
b. *mi
wad
-ii
taabal
ngal
dir
-de
je
faire -INF
table
OET
d~placer -INF
"id."
(14)a. mi
rutt
-in
-ii
deftere
nde
je
retourner -CAUS -ASP
livre
OET
"j'ai rapporte 1 e livre"
b. * mi
wad
-ii
deftere
nde
rutt
je
faire
-ASP livre
DET
retourner
-aa
-de
-M
-INF
"id."
C'est parce qu'il est directif que le causatif analy-
tique ne peut ~tre employ~ dans ces contextes (cf. ex.
b ). L'explication en est que, dans une causation direc-
tive, les AE doivent ~tre capables d'agir par eux-m~­
mes; ce qui n1est pas le cas des actants
inanimes.
Les actants-effets inanimes apparaissent avec le
type analytique seulement dans les rares cas DU celui-
ci renferme une id~e de causation indirecte. Clest le
cas dans les exemples allant de (15) a (18) DU toutes
les deux strategies sont permises.

-375-
(15) a. mi dill
-in
-ii
njamndi
ndi
je bouger
-CAUS -ASP
metal
DET
'j'ai fait bouger le metal"
b. mi wad
-ii
njamndi
ndi
dillu
-de
je faire -ASP
metal
DET
bouger
-INF
"id."
(16)21. mi
yand
-in
-ii
tumude
nde
je
tomber
-CAUS -ASP
calebasse
DET
"j1ai fait tomber la calebasse"
b. mi
wad
-ii
tumude
nde
yan
-de
je
faire
-ASP
cal ebasse DET
tomber -INF
"id. "
(17)21 • mi
yoor
-n
-ii
beremlefi
di
je
secher -CAUS-ASP
feuilles
DET
"j'ai fait sEicheI' les feuilles"
b. mi
wad
-ii
beremlefi
cfi
yoor
-de
j8
faire -ASP
feuilles
DET
sEich er
-INF
lIid."
(18)21.
mi
samm
-in
-ii
bi6be
lecfle
je
tomber
-CA US -ASP
Peti ts
arbres
"j1ai fait tomber les frui ts"
b. mi
wad
-ii
bibbe
lelle
le
saam
je
faire
-ASP
petits
arbres DET tomber
-de
-1 NF
"j'ai fait tomber les fruits

-376-
Tandis que l'idee de manipulation est impliquee
dans la lecture des enonces en ~ dans ces exemples,
les enonces b correspondants ne peuvent ~tre interpre-
tds que comme des cas de causation indirecte,puisque
les AE ne peuvent pas agir par eux-m~mes. Voici quel-
ques contextes d'utilisation de ces enonces:
tous les
enonces en ~ necessitent, Comme on le sait, que les
AC soient physiquement ou directement
impliqu~s; par
exemple, en touchant (intentionnellement) le metal, le
faisant ainsi bouger(15a), en faisant tomber la cale-
basse(16a), en mettant(intentionnellement) les feuilles
au soleil pour les faire secher(17a), ou alors en lan-
ES
9ant (intentionnellement) des pierres sur/fruits pour
les faire tomber
(18a). Dans les enonces Q,par contre,
les AC sont indirectement responsables des situations
decrites. Ainsi, AC peut involontairement cesser de sur-
veiller le metal ou la calebasse et, a cause de cette
negligence, une
tierce personne peut faire bouger le
metal
(15b) ou toucher la calebasse pour la faire tom-
ber(16b); AC peut aussi avoir oublie de proteger les
feuilles,
ce qui permet au soleil de les secher, ou a-
lors manquer de proteger les fruits, ce qui permet au
vent de les faire tomber (18b). Dans tous ces cas, l'ac-
tion de AC est indirecte et involontaire.
La figure 1 resume le semantisme lie aux deux types
de construction:

-377-
. C.analytique
C.
synth~tique
C. manipulative(coercitive )
+
C.
manipulative(nm coerc.)
+
Causation directive
Causation
indirecte
+
Fig 1
Elle montre que tandis que le type synthetique sert
a exprimer une causation manipulative(coercitive ou non),
le type analytique, lui, sert a exprimer les causations
indirecte et directive.
7.2.2. Productivite des constructions causatives
Nous disions au d~but de ce chapitre que la produc-
tivite du causatif analytique etait universellement admi-
se
et que le degre de productivit~ du type synthetique
variait selon la langue.
La diversite des exemples precedents
donne pour-
tant l'impression qu'en pUlaar, il est toujours possi-
ble d'ajouter un suffixe
-ni-in a une racine verbale
et faire passer le sens de cette racine de "X"
a "fait
X", d'autant que, phenomene rare dans les langues du
monde, le pulaar permet m~me la double derivation cau-
sative: diw -de (s'envoler-INF
" s 'envoler") diw-nu-de
( s'envoler- CAUS-INF
"faire s'envoler") et diw-n-in-de
(s'envoler-CAUS_CAUS_INF
"faire
faire s'envoler").

-378-
Une impression analogue se d~gage ~galement lors-
qu'on examine l'interaction entre les constructions
causatives et le domaine d'interpr~tation des adverbes
qui les modifient.
En effet,
dans Shibatani(1975), l'au-
teur montre que dans une construction utilisant le
causatif productif, les adverbes peuvent modifier, soit
l'~venement li~ a la phase-cause, soit celui lie a la
pha~e-effet, entratnant ainsi une interpr~tation ambi-
gUe. Ce ph~nomene a ~te abord~ par rapport a la con-
vention de Keyser ( Keyser, 1968), selon laquelle les
adverbes ne peuvent ~tre deplaces quia l'int~rieur de
leur propre clause. Illustrons par des exemples emprun-
tes a Shibatani:
(18')a. John made Mary Come into the room silently
b. John made Mary stop suddenly
Dans cet exemple (qui contient le type productif
anglais), l'enonce ~ signifie soit que "John etait si-
lencieux en faisant entrer Mary", soit que "John fit
en sorte que Mary entrat silencieusement dans la salle".
Cette ambiguite ne se lit pas dans le causatif lexical
correspondant:
(18")a. John brought Mary into tbe room silently
b. John stopped ,t(1ary suddenly
oD par exemple, ~ ne peut pas signifier que "Mary etait
silencieuse lorsqu'elle entrait dans la salle,au con-
traire de John".
L'ambiguite de l'exemple (18') disparalt, cependant,
lorsque les adverbes sont topicalises, ceci, conforme-
ment a la convention de Keyser. Ainsi dans :

-379-
(18 )a. silently, John made Mary come into the
i
room
b. Suddenly, John made Mary stop
les adverbes ne modifient que l'~v~nement li~ aux pha-
ses-causes dont le verbe principal
est ~
"faire".
En pUlaar, nous constatoos que les adverbes se
comportent de la mame fagon par rapport aux deux types
de causatif et que, par exemple, l'interpr~tation de
l'adverbe de maniere n'est ambigCe qu'avec le causatif
synthetique. Examinons ce probleme avec differents ty-
pes d'adverbes.
Avec un adverbe de lieu (1S .. ) et un adverbe de
~~
temp s (1 S ... ) :
~~~
(18
)a. Aali
waJ
-ii
Demmba
yah
-de
toon
ii
Ali
faire -ASP
Demba
partir -INF 180-
bas
"Ali a fait partir Demba la-bas"
b. Aali yah
-n
-ii
Demmba
taan
Ali
partir-CAUS -ASP
Damba
la-bas
"id."
(1s ... )a. Aali
wad
-ii
Demmba
daw
-de
~~~
All
faire -ASP
Demba
quitter -INF
de banne
heur'e
law
tot
"Ali a fait partir Demba de banne heure"

-380-
b. Aali daw
-n
- i i
Demmba
law
Ali quitter,
CA US -ASP
Demba
tot
de ',bonne"
h'eu're
".
"id."
Dans ces exemples, to us les enonces sont ambigus.
Ainsi, (18 .. )a et b signifient tous deux que "Ali fit
~~ -
-
K
en sorte que Demba . iallat·:
la-bas ou que "c' est de
la-bas qu'Ali fit partir Demba". Les enonces (18 ... ) a
~~~
-
et b signifient egalement que "Ali fit en sorte que
Demba part!ttot"
ou que "clest tr~s tot que Demba prit
la decision de falre partir Ali".
Avec l'adverbe de maniere seese
"doucement", ce-
pendant, seul le causatif synthetique demeure ambigU
(18iv)a. Aali wad
-ii
Demmba
naat
-ir
Ali
faire -ASP
Demba
entrer
-INST
-de
seese
-INF
doucement
"Ali fit entrer Demba doucement"
b. Aali
naat
-n
-ir
- i i
Demmba
Ali
entrer -CAUS--INST
-ASP Demba
seese
doucement
"id. "
c. * Aali wad
-ii
Demmba naat
-de
Ali
faire
-ASP
Demba
entrer -INF
seese
soliJcement
"comme dans a"

-
-
-----------------~
-381-
d. * Aa1i
naat
-n
-ii
Demmba
seese
entrer-CAUS-ASP
D.
doucement
L'agrammatica1ite des enonces *c et *d tient au
-
-
fait que l'adverbe de maniere doit ob1igatoirement ~tre
code dans le verbe qu'il modifie. La premiere conse-
quence qui en decoule est que l'enonce a
ne peut ~tre
-
afubLgu
puisque seese "doucement" ne peut modifier que
l'evenement de la phase-effet dont seul le predicat est
code. La seconde consequence est que seul b , qui com-
2
porte le type synthetique est ambigu • Mie~x, lorsque
nous mettons l'adverbe en relief, seul le causatif syn-
thetique restera grammatical:
(18)a. *ko
seese
Aali waJ
-i
Demmba
EMP
doucement
Ali
faire -ASP Demba
naat
-ir
-de
entrer
-INST -INF.
"C'est doucement qu'Ali fit entrer Demba"
mais
b.
ko
seese
Aali
naat
-n
-ir
-i
EMP
doucement Ali
entrer -CAUS-INST -ASP
Demmba
Demba
"id."
Cependant, malgre sa productivite apparente, le
type synthetique
en pulaar do it ~tre analyse Comme un
causatif lexical. Cela decoule de plusieurs autres fac-
teurs a la fois semantiques, morphologiques et syntaxi-
ques.
2. le fait que le causatif synthetique soit ambigu ,
ici, fait de cette strategie un processus productif,
selon evidemment les previsions precedentes.

-3B2-
D'un point de vue s~mantigue, la non-productivit~
du causatif synth~tique confirmerait l'universal ~non­
c~ dans Shibatani (1975:53) et selon lequel
(19)~1'une des diff~rences s~mantiques majeures
entre les causatifs productif et lexical est que le
premier implique une causation directive, tandis que
le second implique une causation manipulative".
Morphologiquement, la d~rivation de verbes causa-
tifs ~ partir de racines verbales simples n'est pas
un ph~nom~ne r~gulier.
11 s'accompagne souvent de pro-
cessus impr~visibles, comme le montrent les exemples sui-
van ts:
(20)a. hUl
-de
avoir
-1NF
"avoir peur"
b. * hul
-nu
-de
-CAUS
-1NF
"faire peur"
mais
c.
-in
-de
-CAUS -INF
"effrayer"
(21 )a.
naam
-de
manger
-INF
"manger"

-383-
,...,
b. * naam
-nu
-de
-CAUS
-INF
"faire manger"
mais c.
'"
nam.m
-in
-de
manger
-CA US -INF
"nourrir"
(22)a.
waal
-de
passer
l~ nuit
-INF
"passer la nuit"
b. waal
-nu
-de
passer la nuit -CAUS
-INF
"faire pass er la nuit"
c. wall
-in
-de
pass er la nuit -CAUS
-INF
"laisser pass er la nuit,r
(23)a. haal
-de
parl er
-INF
"parler"
b. haal
-nu
-de
parler
-CA US
-INF
"faire
parler
c. * haal
-in
-de
parler
-CAUS
-INF
"laisser parler"
(24)a. yan
-de
tomber -INF
"tomber"

-384-
b.
* yan
-n
-de
tomber -CAUS -1NF
"Faire tomb er"
mais c.
yang
-in
-de
tomb er
-CAUS -1NF
"Faire tomber"
Nous pouvons
obser~er plusieurs processus dans
les d~rivations prec~dentes: ~penthese
de l'implosive
~ et de l'alveolaire d, respectivement dans 2Dc et
24c ;
r~duction vocalique et compensation conson-
tique dans 21c et 22c.
L'impr~dictibilite de cas pheno-
menes est encore plus apparente lorsqu'on compare les
exemples 22b/22c et 23b/23c ;
dans ces Couples d'inFini-
tiFs,les radicaux waal-
"passer la nuit" et haal- " par-
ler"
ont la m~me structure syllabique; pourtant,
tandis
qu'il est possible de deriver deux formes causatives a
partir du premier, i l est impossible d'en Faire autent
a partir du second. Tous ces comporte~ents idiosyncra-
tiques sont caracteristiques de phenomenes lexicaux.
Syntaxiquement,
enFin, l'interaction des construc-
tions causatives avec le' systeme
de la voix et des
extensions verbales contribue
a conFirmer notre ana-
lyse:
A.
Voix et causativisation
Les verbes en pulaar peuvent ~tre classes selon
qu'ils comportent trois,
deux ou une voix
(cF.
Chap.2).
11 est interessant de constater que le phenomene du
causatiF est sensible a cette distinction; car, alors

-385-
que les radicaux actifs et passifs sont compatibles avec
les types de causatif , les radicaux moyens eux, n'ad-
mettent que le causatif analytique • Nous avons d~ja
donn~ les exemples de causativisation de radicaux ac-
tifs dans les sections pr~c~dentes. Les s~ries e'exem-
pIes qui sui vent sont des cas de d~rivation causative
passive (25 a 26), et de d~rivation causative moyenne
(27 et28):
(25)a. Aali haang
-aama
(~nonc~ de base)
devenir fou -P
"Ali est devenu fou"
b. mi
wad
-ii
Aali
haang
-ee -de
je
faire -ASP
Ali
devenir fou -P
-INF
"j'ai fait Ali devenir fou"
c. mi
haangd
-in
- i i
Aali
je
devenir fou -CAUS -ASP
Ali
"comme dans b"
d. Aali haangd
-in
-aama
Ali
~tre fou
-CAUS
-P
"0 n a fait Ali devenir fou "
(26)a.
Aali
hoof
-aama
Ali
avoir faim
-P
"Ali a faim"
b.
mi
wad
- i i
Aali
hoof
-ee
-de
je
faire
-ASP
Ali
avoir faim -P
-INF
"j'ai fait quI
Ali
ait faim"

-386-
c.
mi
hoo!
-n
- i i
Aali
je
avoir faim -CAUS -ASP
Ali
"j'ai fait qu'Ali ait faim"
d.
Aali
hooy
-n
-aama
Ali
avoir faim-CAUS -P
"on a affam~ Ali"
(on a fait qu'Ali ait faim)
(27)a.
Aali wedd
-iima sawru ndu
(~nonc~ de base)
Ali
jeter
-M
baton DET
"Ali a jet~ le baton"
b.
mi wad
- i i
Aali
wedd
-aa
-de
sawru ndu
je faire
-ASP
Ali
jeter -M
-IN F baton DET
"j'ai fait
jeter le baton par Ali"
c.
mi wedd
-in
- i i
Aali
sawru
ndu
je jeter
-CAUS -ASP Ali
baton
DET
" comme dans b"
d.* mi
wedd
-in
-iima Aali
sawru
ndu
je
jeter
-CAUS -M
Ali
baton
DET
"id. "
(28 )a.
0
dar
-iima
i l arr~ter
-M
"il s'est arr~t~11
b.
mi
wad
- i i
mo
dar
-aa
-de
je
faire
-ASP
lui arr~ter
-M
-INF
"je l'ai fait s'arr~ter"

-38 7-
c. mi
dar
-n
- i i
mo
je
arreter
-CA US-ASP
lui
"comme dans b
d.* mi
dar
-n
-iima
mo
je
arret er
-CA US-M
lui
"id."
Dans ces exemples, le causatif analytique est en-
tierement productif, le synthetique l'est aussi, a
l'exception des enonces 27d et28d qui constituent des
cas de derivation causative moyenne. Cette situation de
blocage ne peut evidemment etre evitee que dans le lexi-
que du pulaar. Ainsi par exemple, le radical wedd- Ilje_
ter" serait
[-causatifJ " ce qui signifie que taus les
radicaux moyens seront sous-categorises [-causatif J •
B. Extensions et causativisation
La causativisation des verbes derives presentent
egalement des cas de blocage. Examinons les contraintes
qui limitent la cooccurrence entre le morpheme
du cau-
satif et d'autres formes d'extensions verbales:
a) avec le benefactif
Nous savons maintenant qu'en pulaar, le morpheme
du benefactif ~-
doit etre suffixe au verbe chaque
fois qu'un nominal benefactif est present dans l'enonce:
exempl e:
(29)a. Demmba add
-an
- i i
Aali
ndiyam
Demba
apporter
-BEN
-ASP
Ali
eau
"Demba a apporte de l'eau a Ali"

-388-
b. Takko
am
-an
-ii
laamcfu
o
Tacko
danser -BEN
-ASP
chef
DET
"Tacko a dans~ pour le chef"
En int~grant ces ~nonc~s dans un contexte causa-
tif, seule la strat~gie synth~tique reste grammaticale:
(30)a. mi
wad
-ii
Demmba
add
-an
-de
je
faire
-ASP
Dlilmba
apporter -CAUS-INF
Aali
ndiyam
Ali
eau
"j'ai fait apporter
de l'eau ~ Ali par
Demba"
b. mi
wad
- i i
Takko
am
-an
-de
je
faire
-ASP Tacko
danser -CAUS
-INF
laamdo
chef
"j' ai fait danser Tacko pour le chef"
(31 )a. * mi
add
-in
-an
-ii
Demmba
je
apporter
-CAUS -BEN
-ASP
Demba
Aali
ndiyam
Ali
eau
"comme dans 30a"
b. ? mi
am
-n
-an
-ii
Takko
laamcfa
-CAUS -BEN
-ASP Tacko
chef
0
DET
" comme dans 30b"
L'incompatibilit~ entre le morpheme du b~n~factif
et celui du causatif s'explique
par le fait qu'en pu-

-389-
laar les objets b~n~fat::Jifs doiven.t
toujours se pla-
cer imm~diatement apr~s le verbe portant la marque du
b~n~factif,
et le nominal objet de CAUSE, imm~diatement
apr~s le verbe de la phase-cause. Ces deux conditions
sont ici en conflit direct, ce qui pourrait expliquer
les anomalies en (31).
Cette explication est d'autant plus plausible que,
lorsqu'il n'y a pas de conflit de position entre deux
nominaux, comme c'est le cas avec l'instrumental, on
obtient des phrases parfaitement grammaticales, comme
en (32):
(32)a. Aali dog
-n
-ir
-ii
gujjo
pade
Ali
courir -CAUS-INST -ASP
voleur
chaussu-
res
"Ali a fait courir le voleur avec des chaus-
sures"
b. 0
am
-ir
- i i
Takko
pack
il danser -CAUS
-INST
-ASP
Tacko
chaus-
sures
"il a fait danser Tacko avec des chaussures"
puisque le nominal instrumental ind~fini n'apparalt en
position postverbale imm~diate(33a) que lorsqu'il ne
coexiste pas avec un autre nominal:
(33)a.
be
ndog
-r
- i i
pale
ils
courir
-INST
-ASP
chaussures
"ils ont couru
avec des chaussures "

-390-
b.
be
camm
-in
-ii
~ibbe
leJle
ils
tomber
-CAUS
-ASP petits
arbres
"il s ont fait tomber les fruits"
c.
~e
camm
-in
-ir
-ii
bibbe
led!e
ils
tomber
-CAUS -INST -ASP
petits
arbres
kaaye
pierres
"ils ont fait tomber les fruits avec des pierres"
camm
-in
-ir
-ii
kaa{e bibbe
ledJe
"comme dans CIf
L'argument de l'incompatibilite pourrait,cependant,
~tre affaibli par les cas de
double causativisation
evoques au debut de cette section.
En effet,
on pourrait
se demander comment deux actants-effets qui, selon notre
analyse, devraient se disputer
la position postverba-
le immediate, peuvent
coexister dans le m~me enonce.
11 existe une explication qui tient ~ la fois de la se-
mantique et de contraintes syntaxiques. Considerons,
pour cela, l'exemple (34) dans lequel les traits seman-
tiques, associes aux differents actants sont indiques:
(34) mi
diw
-n
-in
- i i
baanoowo
colli
je
voler
-CAUS-CAUS
-ASP
chasseur
oiseaux
r+patientj
+ a g e n t } - f
i / + a g e n t J
[ + AC
+AC
l+AE
+AE
"j'ai fait faire voler les oiseaux par le
chasseur"

-391-
Comme l'indiquent les fleches, il y a dans cet ~nonc~,
deux actants cod~s par un morpheme de causatif; il s'a-
git de mi "je" et baanoowo
"chasseur", qui sont taus
les deux des actants-causes(AC). Le second compl~ment
calli "oiseaux"
est un "patient"
et un AE. D'autre part,
nous sa vans d~j~ , ~ partir de notre discussion dans le
chapitre 3 que, comme l'instrumental,
le nominal in-
d~fini patient n'apparait en position postverbale imm~­
diate que lorsqu'il n'y a pas dfautre compl~ment. Nous
sugg~rons donc que laeuoccurrence de deux actants-effets
dans les doubles causatives s'explique par le fait que
l'un des AE est un 'patient.
b) avec le simulatif
Une des propri~t~s fondamentales du simulatif est que,
lorsqu'il est rajout~ ~ un radical, le d~riv~ obtenu
n'admet
ni la voix active, ni la voix passive. Par exem-
pIe, le radical naam -"manger" est ~ deux voix: active
(naam- It
-de
"manger") et passive(naam
-ee -de
"~tre mang~" ; il n'admet pas de voix moyenne (* naam
-aa
-de). Cependant, lorsqu'on lui adjoint le si-
mUlatif, seule la voix moyenne reste admise:
(35)a. naam
-kin
-aa
-de
manger
-SIM
-M
-INF
"faire semblant de manger"
-kin
-de
(forme active)
,..
c.* namm
-kin
-ee -de (forme passive
manger -SIM
-p
-INF

-392-
Des lors, on comprend pourquai. la derivation causatiJe
synthetique ci-dessous est agrammaticale; puisque, nous
1 I a vo ns vu (c f.
di se uss ion ex.
( 27 ) e t
(28) ), c e t t e
strategie est incompatible avec la voix moyenne:
(36 )a. mi
wad
-ii
ma
naam
-kin
-aa
je
faire -ASP
toi
manger -SIM
-M
-de
-INF
"jlai fait en sorte que tu fasses semblant
de manger"
-
b.* mi
naam
-kin
-in
-iima
ma
je
manger -SIM
-CAUS -M
toi
"id."
Dans cette section ,no us avons essaye de differen-
cier les deux strategies de causation que lIon trouve
en pulaar. Nous avons montre que, tandis que le type
synthetique sert a exprimer une causation manipulative,
qui peut ~tre coercitive ou non coercitive, le causatif
analytique,lui, exprime les causations indirecte et di-
rective. Les deux strategies se distinguent egalement par
rapport a la notion de productivite, car, tandis que le
type analytique est entierement productif, la productivi-
te du type synthetique est soumise a de nombreuses con-
traintes, a la fois morphosyntaxiques et semantiques.
7.2.3.
Relations objectales dans les constructions
causatives
7.2.3.1. La problematique
Dans le traitement du causatif, llun des phehOmeneS

-393-
qui ont le plus attire llattention des syntacticiens
pendant cette derniere decennie,
concerne la valence
liee aux causatives synthetiques (Aissen, 1974b;
Wachowicz, 1976;
Perlmutter et Postal ,1974; Comrie,
1976,1981 et1985;
Sylla,1979,:'3tc.). Il est universel-
lement etabli que l'enonOScausatif a toujours un argu-
ment de plus que son equivalent non causatif. Crest la
un universal syntaxique confirme par les donnees du
pulaar.
Toutefois,
pour plus de clarte dans l'elucida-
tion du probleme,
considerons les
enonces non causa-
tifs a un argument (37) et a deux arguments (38) sui-
vants:
(37) mbir
o
dog
-ii
champion
DET courir
-ASP
"le champion
slest enfui"
(38)
baanoowo
o
fell
-ii
norwa
ba
chasseur
DET fusilIer
-ASP crocodile DET
"le chasseur a tire sUr le crocodile"
La causativisation de ces enonces necessite un ac-
tant additionnel(l'actant-cause)
dont l'action consis-
tera a creer les dits evenements. Cet AC est Ali
dans
le premier exemple (39)
et Demba,
dans le deuxieme (40):
(39) Aali
dog
-n
-ii
mbir
o
courir
-CAUS -ASP
champion
DET
"Ali a fait courir le champion"

-394-
(40) Oammba fall
-in
-ii
baanoowo
fusillar
-CAUS
-ASP
chasseur
o
norwa
ba
OET
crocodile
OET
Clest ~galement un universal que dans ce processus, le
nmuvel actant apparaisse
toujours comme le sujet du
verbe causatif, obligeant, par ce fait, l'actant-effet
~ changer de position, et Comrie(1985) ~crit ~ ce propos:
(41) "~a trait commun aux langues ~ causatives
morphologiquas est que clest toujours l'actant-effet
qui change de relation syntaxique pour sladapter ~ l'aug-
mentation de valence du verbe causatif. L'actant-effet
est sujet du verbe de base, mais ne peut pas rester sujet du
,:,,~~e 'ipa,usaj;if, : cette posi tion ~tant d~sormais
occup~e
par l'actant-cause"(P. 34, trad.
V.S.)
Nous pouvons dire que
le pulaar est conforme ~ cet
universal. La question soulev~e par (41) est la suivan-
te: quel type de relation l'actant-effet entretient-il
avec le verbe causatif ? Avant d'y r~pondre, il est
important d'~voquer, ici, une
hypothese relative ~ la
structure
syntaxique du causatif synth~tique, en g~­
n~ral.
En effet, il est ~tabli que les constructions cau-
satives comme (39) et (40)deriventchacune dlune source
~ deux propositions enchass~es, dont la structure est
la suivante:
(42)= source de (39)
(43)= ,source de (40):

-395-
(42)
p
sAs.
fAC]
v
SN
I
[CAUSE J
p
A
SN
SV
[ AE J
(43)
p
sAs.
[AC]
~
v /
~SN
[CAUSE]
Ip
~
SN
SV
[AEJ
~
V
SN
1
et que dans les processus de derivation, chacune
des structures (42) et (43) est reduite a une phrase
a proposition unique, par llUNION
de ses deux proposi-

-396-
tions, prenant les formes de surface suivantes:
(44)=
r~duction de (42) ; (45)= r~duction de (43):
(44)
P
SN~SV
lAC]
A
v/
~sv
[AEJ
(45)
P
SN ~ SV
LAC]
~
V
SN
SN
[CAUSE+V 1 [AE]
1
Notons bien que cette UNION s'effectue par la Mon-
t~e du Pr~dicat (MP) enchass~. En outre, il se pose
aussi la question de savoir quelles relations les dif-
f~rents
arguments des propositions enchassees entretien-
nent avec les pr~dicats des structures issues du proces-
sus de l'UNION.
Il se d~gage deux points de vue dans la lingLlisti-
que moderne, pour r~pondre a cette question. Pour le
premier point de vue, ce probleme ob~it a des principes
syntaxiques predits par le paradigme casuel suivant
(Comrie, 1976):

-397-
(41') [trad. Y. s.l
i. le redoub1ement des positions syntaxiques 8U-
jet, objet direct
et objet indirect est interdit.
ii. lorsque 1es restrictions sur ce redoub1ement
exigent qu'un
constituant soit dep1ace, c'est toujours
le sujet enchasse qui sera affecte, en etant soit omis,
soit demis(a une position inferieure dans la hierarchie)
iii. lorsque le sujet enchasse est demis a une po-
sition inferieure de la hierarchie, crest toujours vers
3
la position suivante la plus e1evee dans la hierarchie
et qui n'est pas encore occupee.
sont
L es relations de valence enonc8esdans (41' )iii/systema-
~isees ai11eurs, dans Comrie (1985:
Enonce de base
Enonce causatif
SUJET~__
SUJET
- - - - - - - - - - - - - - OD
SUJET
SUJET
=======00
DD
----------
or
Fig 2.
3. Rappe1o~~
que la hierarchie re1ationne11e est de la
forme SU >00;> or '7 oBL •

-398-
Pour le second point de vue, la distribution des ter-
,
mes dans une phrase est d~termin~e par des principes
s~mantiques et non syntaxiques (Cole, 1983; Delancy,
1985).
Et Cole ~crit a ce propos:
(42') "En structure superficielle, la fonction
grammaticale de sujet enchass~
est d~termin~e par son
rOle s~mantique dans la proposition enchass~e. La pro-
pri~t~ s~mantique cruciale refl~t~e par la fonction
syntaxique du sujet enchass~ est celle d'agentivit~.d
(page 116, trad.
Y.
S.)
Apres avoir clarifi~ un certain nombre de proble-
mes additionnels dans les sections qui vont suivre,
nous nous attacherons a examiner ces deux points de vue
par rapport aux donn~es du pulaar.
De la mont~e du pr~dicat
L'une des propri~t~s essentielles de la regle di-
te de Mont~e du Pr~dicat, que nous venons de voir, est
de pouvoir transformer une structure complexe (le type
analytique) en une structure simple
(le type synth~­
tique).
Puisqu'en pulaar les deux types de causati%
sont attest~s, il paralt normal de proc~der d'abord a
la d~termination de leurs structures exactes. Cette
pr~occupation d~coule, en fait,
de deux constatations:
-d'abord, le caractere simple
du causatif syntheti-
que est consid~re comme un universal, et Aissen(1974),
en appliquant les tests de la passivation
et de la
reflexivisation dans les ~nonces turcs suivants:

-399-
(43')a. Hasan
ben
-i
agla
-t
-ti
Hassan
me
-ACC pleurer -CAUS
-pass~
"Hassan mla fait pleurer"
b. Hasan
kasab
-a
et
-i
kes
Hassan
boucher
-OAT viande -ACC
coup er
-tir
-di
-CAUS
-pass~
"Hassan fit couper la viande par le boucher"
en arrive ~ une conclusion qui elle consid~re valable
pour toutes les langues et selon laquelle rien n'indi-
que qu'une partie quelconque de la propositon exprimant
l'action-effet est superficiellement subordonn~e au
verbe causatif;
-ensuite, il existe des langues comme le fran~ais ou
des structures apparemment complex~scomme
(44 1 )a. le mattre a fait dessiner une fus~e par
des enfants
b. le gendarme laissera partir le voleur
4~
sont, en realite, analysees comme simples
parce qu'el-
les se comportent comme telles dans de nombreux contex-
tes (Kayne, 1975; Fauconnier, MS; Comrie, 1985).
7.2.3.2.1. Le causatif synthetique
est simple
Comme en turc, le caractere simple
du causatif
4. Ces enonces different des cas analytiques de causa-
tion permissive Comme "Pierre laisse son jardinier ar-
roser", qui sont des phrases complexes.

-400-
synth~tique en pulaar peut ~tre d~termin~ par les tests
de la passilftt.ion
et de la r~flexivisation. Consid~­
rons le premier test. Nous savons que la r~gle du pas-
sif en pulaar place les nominaux en position postverba-
le imm~diate
en position de sujet, laissant le sujet
de la phrase active non sp~cifi~i (ef. chap. suivant,
pour plus de d~tails). Les exemples suivants montrent
que les causatives synth~tiques se eomportent de la m~­
me mani~re que les phrases simples par rapport au pas-
sif:
(45' )a. Takko.
jabb
-aama
t.
~
~
Tacko
aecueillir
-PASS
"Tacko a ~t~
accueillie"
b. hobbe.
ndokk
-aama
t.
maaro
~
~
hOtes
offrir
-PASS
riz
"On a offert du riz aux hOtes"
(46 )a.
Takko.
dog
-n
-aama
t.
~
~
Tacko
courrir -CAUS
-PASS
"On a fait courrir Tacko"
b.
ullungel
yar
-n
-aama
t.
kosam
~
chcHon
boire
-CA US -PA SS
lait
"on a fait
iboire du lait au chaton"
La r~gle de la rdflexivisation s'appliq~ dgalement de
la m~me fa90n
aux phrases simples qu'aux causatives
synth~tiques:

-401-
(47)a. mi
toon
-ii
hoore
am
je
faire tort -ASP
t~te
ma
"je me suis fait tort" (moi-m~me)
b. Aali
holl
-ii
Demmba
hoore
mum
montrer
-ASP D.
t~te
sa
e
daarorgal
sur
miroir
"Ali s'est montr~ a Demba dans un
miroir"
(48)a. mi
yar
-n
-ii
hoore
am
je
boire
-CAUS-ASP
t~te
ma
"j'ai bu moi-m~me"
b. Aali
IJucc
-in
-ii
Demmba
hoore mum
pincer
-CAUS -ASP
D.
t~te
sa
"Ali fit que Demba se pirl;at lui-m~me"
7.2.3.2.2. Le causatif analytique est complexe
Le caractere complexe du causatif analytique en
pulaar est ~vident en surface 5 ; c'est
pour cela que
nous nous contenterons de pr~senter l'unique test de
la
rdflexivisation. Les ~nonc~s suivants montrent
que par rapport a ce processus
le causatif analytique
(50) a le m~me comportement qu'une phrase complexe or-
dinaire (49):
5. Ce n'est pas
toujours le cas pour certaines langues
(voir note 4, pour le frangais).

-402-
(49)a. Aali .
wopp
- i i
Demmba.
hud
~
J
Ali
laisser -ASP
Demba
maudire
-i
hoore
mum.J
-ASP
tlHe
sa
"Ali a laiss~ Demba se maudire"
b. Sammba.
wiy
maa
Takko.
jal
-oy
~
J
Samba
dire
AUX
Tacko
rire
-MVT
hoore
mum j
t~te
sa
"Samba
a dit
que Tacko finira par rire
d'elle-m~me"
(50 ) Aamadu.
wad
-ii
Sali .
')uccu
-de
~
J
Amadou
faire -ASP
?'3.l i
pincer
-INF
hoore
mum.J
t~te
sa
"Amadou a fait de telle sorte que Sali se
pince elle-m~me"
Done, si nous nous en tenons a l'unique critere
de la realisation superficielle, nous sommes tent~ de
conclure qu'en pUlaar, le causatif synth~tique consti-
tue un cas de Montee du Predicat. Cependant, cette con-
clusion est prematuree pUisque,dans les sections sui-
vantes, nous verrons
qU'il existe d'autres pr~dictions
associees a la Montee du Predicat, et qui posent proble-
me en pulaar.
7.2.3.3. Les relations de valence
Dans cette section, il s'agira d'examiner, enfin,
les predictions faites par Comrie (cf.
(41') ) et
Cole (cf.
(42') ), par rapport aux donnees du pulaar.

-403-
Pour cela, il est n~cessafre de rappeler les notions
(fondamentales dans cette perspective) d'objet direct
et d'objet indirect, en pulaar, telles que nous les a-
vons definies au chapitre 3.
7.2.3.3.1. Rappel de llobjet en pulaar
Nous avons vu"
au chapi tre 3, que I' objet est une
cat~gorie complexe en pUlaar, qui est d~finie par sa
position (critere casuel morphologique) et par sa pos-
sibilit~ d'acces a diff~rents processus syntaxiques
(critere syntaxique). Dlautre part, et par rapport a
ces criteres morphosyntaxiques, l'objet peut semantique-
ment apparaltre comme un patient, un instrumental, un
causatif, un directif, etc. Ces criteres nous ont per-
mis de degager les sous-cat~gories d'objet direct (DD)
et d'objet indirect (or).
L'objet est consid~re Comme direct lorsqu'il oc-
cupe une position contigOe au verbe(en l'absence de
tout relateur), et quand il peut et re remplace par un
pronom de classe(Pronominalisation), par un nominal re-
flechi(R~flexivisation), lorsqu1il peut devenir sujet
de la phrase passive (passivation
et subir la regIe
dite "d'extraction". En outre, et par rapport
au mou-
vement du datif, les sous-categories pulaar DD et or
sont sensibles aux traits anime et defini.
Toutes ces considerations nous avaient permis de
degager pour la langue,
une hierarchie objectale d'ac-
cessibilite qui prend la forme de:
(51)
DD
> DD =: or >
or
base
deriv~= contigu
base

..404-
7.2.3.3.2.
Causativisation dB verbes
intransitifs
Consid~rons les axemples suivants avec des radi-
caux transitifs:
(52)a.A a li
am
-11
danser-ASP
"All a dans~"
b. Aamadu
am
-n
-11
Aali
danser-CAUS-ASP
All
"Amadou
a falt danser Ali"
(53)a. Takko
dog
- i i
courrir-ASP
"Tacko a couru ,If
b. rawaadu
ndu
dog
-n
-ii
Takko
chlen
DET
courrir -CAUS -ASP
Tacko
"le chlen a fait slenfuir Tacko"
Dans ces exemples, les enonces ~ sont des phrases
intransitives enchassees sous
CAUSE dans les enonces
~. Les sujets originels ~
et Takko
sont des ob jets
dans les enonces ~ puisqulils occupant la position post-
verbale immediate et sont pronominalises en ~
(refle-
xe de leur classe nominale): Aamadu am -n -ii
mo
(Amadou danser-CAUS-ASP lui "Amadou lla fait danser U );
rawaandu
ndu
dog -n -ii
mo (chien courir-CAUS-ASP
lui "1 e chien lla fait courit").
Nous pouvons dire que cette premiere constatation
confirme la prediction de Comrie enoncee en (41 I), car

-405-
il n'y a pas
eu redoublBmBnt syntaxiquB (41' i) et les
sujets enchass~s
Takko et ~
ont ~t~ rejBt~s a la
position
la plus ~lBV~ 'qui ne soit pasoccup~e
(ici, celle d'oD) conformement a (41'iii).
7.2.3.3.3.
Causativisation de verbes transitifs
Consid~rons, maintBnant, des exemples contenant
des verbes transitifs:
(54)a. Aali
hocc
-ii
paaka
ramasser
-ASP
couteau
"Ali a ramass~ un couteau"
b. Aamadu
hocc
-in
-ii
Aali
paaka
Amadou
ramasser -CAUS -ASP
Ali
couteau
"Amadou a fait ramasser
un couteau a Ali"
(55)a. ullungel
ngel
yar
-ii
kosam
cram
chaton
DET
boire -ASP
lait
DET
"1 e chaton a bu le lait"
b. Takko
yar
-n
-ii
ullungel
ngel
Tacko
boire -CAUS -ASP
chaton
DET
kosam
dam
lait
DET
"Tacko a fait boire le lait au chaton"
Etent donn~ l'importance du trait d~fini dans la d~fini­
tion des objets en pUlaar, nous avons choisi un DD de
base indefini en 54a et un objet DD de base defini dans
55a. Nous pouvons constater qu'apr~s le processus d'UNIoN,
les sujets originels Ali (54a) et ullungel
"chaton" (55a)

-406-
sont devenus des objets directs,
tandis que
les ob-
jets directs originels sont renvoy~s ~ la position
dlobj~ indirect
,
ce qui constitue ~ la fois un ar-
gument en faveur et contre les pr~dictions de Comrie.
En effet,
ces faits confirment (41' i) puisqu'il
nly a pas eu redoublement syntaxique des cat~gories
Sujet,
DD et 01, tout en ~tant en port9-~-faux avec
ces pr~dictions puisque les sujets (enchass~s avant
l'UNION), au lieu d'occuper des positions vides,
comme
le pr~voit (41' iii) -:-ici, la positon de OI- ont reje-
t~ les DD de base dans cette position pour devenir des
6
objets directs •
7.2.3.3.4. Causativisation des verbes bitransitifs
Consid~rons les trois ~noncas bitransitifs suivants
dont les arguments diff~~ent en latitude.de mouve-
ment:
(56)Aali holl
- i i
Oemmba
natal
Ali
montrer -ASP
Demba
photo
"Ali a montr~ ~ Oemba la photo"
(57) Sammba
winnd
-ii
Hammadi
bataake
Samba
~crire
-ASP
Hamadi
lettre
"Samba a ~crit une lettre ~ Hamadi"
6.
Ce processus est rigide pour l'exemple 54b OU l'ob-
jet paaka
"couteau", parce qu'ind~fini, ne peut en
aucune fa90n et re un OD;
par contre,
du fait que les ob-
jets de 55b
sont d~finis, la regIe de mouvement du da-
tif permet l'ordre inverse des objets, auquel cas la
pr~diction de Comrie est sauve. Signalons, toutefois,que
l'ordre donn~ dans 55b est le plus accept~ par les locu-
teurs.

-407-
(58 ) Sira
takk
- i i
fenaande
e
Pennda
Sira
accuser
-ASP mensonge
sur Penda
"Sira accusePenda de mensonge"
Ces trmis ~nonc~s sont diff~rents, en ce sens que
(56) a une structure rigide, tandis que les deux autres
ant des structures souples
et
peuvent se paraph ra-
ser respectivement par (59) et (60):
(59 ) Sammba winnd
-ii
bataake fay
-de
e
Samba
~crire
-ASP
lettre
aller
-INF ~
Hamadi
"comme dans (57)"
(60 ) Sir:a takk
- i i
e
Pennda fenaande
Sira accuser
-ASP
sur Penda
mensonge
"comme dans 58)"
Etudions la causativisation des enonces allant de
(59) ~ 60):
Causativisation de (56)
(61) a. mi
holl
-in
-ii
Aali
Demmba
je
montrer -CAUS -ASP
Ali
Demba
natal
photo
"j1ai fait montrer une photo ~ Demba
par Ali"

-408-
b. * mi
hall
-in
- i i
Demmba
Aali natal
je
montrer -CAUS -ASP
D.
A.
photo
"id."
c.*
mi
hall
-in
-ii
natal (ngal) Demmba
Aali
"id."
Causativisation de (57)
(62)a. mi
winnd
-in
-ii
Sammba Hammadi
je
~crire
-CAUS -ASP
S.
H.
bataake
lettre
"j'ai fait ~crire une lettre ~ Hamadi
par
Samba"
b. *tout autre ordre des ob jets
Causativisation de (59)
(63)a. mi winnd
-in
- i i
Sammba bataake
je ~crire
-CAUS -ASP
S.
lettre
fay
-de
e
Hamadi
aller
-INF
~
H.
"comme dans (62a)"
b.* tout autre ordre des objets

-409-
Causativisation de (58)
(64)a. mi
takk
-in
-ii
Sira fenaande
e
je
accuser
-CAUS -ASP Sira mensonge
sur
Pennda
Penda
"j'ai fait accuser Penda
de mensonge par
Sira"
b. * tout autre ordre des objets
Causativisation de (60)
(65)a.
(comme 64a)
b.* (comme 64b)
La prediction de Comrie dans
(41' iii), schematisee ~
la figure 2 de la page 31, prevoit que lorsque l'enonce
de base compDrte un 9ujet, un Objet Direct et un Objet
Indirect, ces deux ob jets doivent conserver leur position
initiale dans l'enonce causatif correspondant, tandis
que le sujet originel est rejete a la position d'obli-
que. Qu'en est-il exactement ?
En realite, les exemples (61) •••
(65) montrent que
le su~et
de la phrase bitransitive n'est jamais ren-
voye a la position d'oblique, mais occupe toujours la
position privilegiee d'objet
direct, c'est-a-dire,
contigUe au verbe ; les deux autres objets sont decales
tout en maintenant le m~me ordre d'apparition l'un par
rapport a l'autre.
Pour nous, done, ces deux objets
sont des cas de redoublement syntaxique puisqu'en pulaar
ils ont le m~me comportement syntaxique, qui est celui
des objets indirects tels que definis au chapitre 3.

-410-
Les pr~dietions de Comrie reneontrent done des
diffieult~s avee le pulaar. Par exemple, (41' iii)
pr~dit Que les objets doivent conserver leurs positions
respectives,
tandis Que le sujet est accueilli ~ une
position vide. Ce sch~ma n'est v~rifi~
en pulaar Que
pour les phrases intransitives; dans les autres types
de phrases, nous assistons au ph~nomene inverse.
peut-on, des lors, dire de fa90n absolue, Que les
causatives -morphologiques en pulaar sont issues de la
Mont~e du Sujet ? Dans les sections pr~c~dentes, nous
avons examin~ deux aspects associ~s aux causatives is-
sues de MP.
Le premier, ~voqu~ par Aissen, dit tout sim-
plement que les causatives issues de la mont~e du pr~di­
cat sont simplexes.
Nous avons testa cette hypothese et
trouve que les causatives synthetiques du pulaar etaient
simple s
, e t qu'6n pourrait donc en deduire qu'elles
derivent d'un processus de montee du sujet. Cependant
des pr~dictions associees ~ MP, et enoneees par Comrie,
se sont aver~es fausses, d'une maniere g~n~rale.
Etant donne ces imperfections, les causatives syn-
thetiques du pulaar devront, selon nous,
~tre traitees
dans une composante lexicale de la grammaire de la lan-
gue; et il y a au moins trois arguments qui militent
en faveur de cette analyse.
Le premier, et le plUS eVident, est que ce sont
des cas lexicaux non productifs,
etant donn~ toutes les
idiosyncrasies rencontrees ~ la section 7.2.2.
Deuxie-
mement,
un des arguments les plus importants pour l'ana-
lyse en MP des causatives synthetiques devraient resider,
selon nous,
dans la relation entre celles-ci et le cau-
satif analytique , puisque toutes deux sont synchroni-
quement attestees.
Nous allons introduire ce point par

-411-
les donm!ies de llitalien, tidi~s de Coleet Shridhar
(1976).
(66)a. Maria
fa
si
che Gianni (SUJ) scriva
fait
que
Jean
ecrire
MP ~
b. Maria
fa
scrivere
Gianni (OD)
fait
ecrire
Jean
"Maria fait ecrire Jean"
(67)a. Maria
fa
si
che
Gianni (SUJ)
fait
que
Jean
scriva
la
lettera (OD)
ecrire
la
lettre
MP ====)~. b. Maria fa
scrivere
la lettere(OD)
fai t
ecrire
la lettre
a
Gianni
a Jean
"Maria fait ecrire la lettre par Jean"
Cole 'E!t Shridar montrent, dans cet article, q\\Je les pre-
dictions de Comrie enoncees en (41 I), sont verifiables
pour llitalien, comme le prouvent les exemples ci-des-
sus. Mais ce qui nous interesse ici le plus, c'est que
les formes phonetiques du mot pour CAUSE f~_ est la m~­
me, avant et apres la Montee du Predicate On peut donc
dire que synchroniquement la forme attestee pour
les
deux constructions est identique.
En ce qui concerne le pUlaar, nous ne voyons pas
de ressemblance entre la forme du causatif analytique
~1- et celle du causatif synthetique =D=-. 11 serait
peut-atre possible de supposer que la forme ~ est une

-412-
r~miniscence d1un verbe CAUSE qui aurait disparu syn-
chroniquement, car une pareille explication a ~t~ pro-
pos~e par Vromen (1976), pour certaines causatives la-
tines ~ propos desquelles llauteur ~crit: 11
~s formes
p~riphrastiques engendrent des formes bi-morph~miques
et ces dernieres peuvent perdre en surface toute tra-
ce morphologique de ces origines biphrastiques ,en con-
servant les proprietffi syntaxiques et semantiques liees
aces origines" (P. 134, trad. Y. S.). Cependant,
un
tel argument nous para1t sp~culatif pour le pulaar.
Le troisieme et dernier argument, non moins perti-
nent, est fourni par les cas de blocage remarques ~ la
section 7.2.2.car, contrairement ~ ce qui se passe en
turc, par exemple,
OU tout verbe peut subir une deriva-
tion causative (Aissen, 1974; Comrie, 1985), en pulaar,
il existe de nombreux cas de blocage du causatif synthe-
tique, notamment l'incompatibilite entre le morpheme du
causatif et ceux du benefactif et de la voix moyenne.
Toutes ces irregularites militent en faveur d'un traite-
ment lexicaliste du type synthetique en pulaar.
7.2.3.3.5.
De la pertinence du rOle semantique de
1 1actant-effet
Les predictions de Comrie sont infirmees dans d'au-
tres langues. Dans un article recent,
Cole(1983), assu-
mant l'universalite de la theorie de la Montee du Predi-
cat pour les causatives morphologiques, soutient, cepen-
dant, la these enoncee en (42') et selon laquelle le
facteur universel qui determine la fonction syntaxique
de l'actant-effet(le sujet enchasse), apres l'operation
de la Montee du Predicat, serait son rOle 68mantique

-413-
dans la proposition enchass~e so~CAUSE. Cole fournit,
pour caia,de nombreux exemples tir~s de diff~rentes
f
langues non apparent~es, dont le qu~chua de Bolivie,
le kanada(langue dravidienne), l'h~breu moderne, le
hongrois et le japonais. lllustrons son argumentation
par des exemples tir~s du qu~chua et du japonais.
En qu~chua,
quand le verbe enchass~ est transitif,
son compl~ment peut ~tre suivi, soit de la postposition
accusative, - t a , soil; de l'instrumental
~, soit
du datif ~. Ce choix n'est pas arbitraire, mais 0-
b~it au degr~ d'agence7 de l'actant-effet, c'est-~-dire,
du sujet de la phrase enchass~ sous CAUSE, comme le mon-
trent les exemples suivants:
(68 ) nuqa
Fan
-ta
rlllmi
-ta
apa
je
Jean
-ACC
roche
ACC
transporter
-rH
-ni
-CAUS
-1 sg.
"j'ai fait transporter la roche par Jean"
(69 ) nuqa
Fan -wan
rumi
-ta
apa
je
Jean-1NST
roche
-ACC
transporter
v.
- C l
-ni
-CAUS
-1 sg
"j'ai fait transporter la roche par Jean"
(1 had Jean carry the rock)
(70)a. nuqa
runa
. kh
v .
r l
u
- C l
~
-ni
je
homme
-DAT
voir
-CAUS
-1 sg.
"je l'ai montre ~ l'homme"
7. Cole propose
la hierarchie d'agence suivante:
agent ~ experiencer7 patient

-414-
b. nuqa
wawa
-man
yaca
-6i
-ni
je
enfant -OAT
connaltre -CAUS
-1 sg.
"je l'ai ens eigne a l'enfant"
c.
nuqa
warmi
h
v.
~
°k
ml
u
-Cl
-ni
je
femme
-OAT
manger
-CAUS -1 sg.
"je nourris la femme avec"
d. nuqa
kurandero
v .
=..!!@.!l
yuya
-Cl
-ni
je
guerisseur
-OAT
rappeler -CAUS
-1sg
"je l'ai rappel e au guerisseur"
La postposition accusative (68) est employee pour expri-
mer la causation directe, coercitive;
llinstrumental
(69), pour exprimer la causation indirecte, non coerci-
tive;
enfin, la postposition dative (70) est employee
avec les verbes d'experience specifiques au Quechua (i-
ci, ~, connaltre , manger, et rappeler).
En japonais, l'accusatif (71a) est employe lorsque
llactant-effet agit sans son consentement (sujet non
agentif), et le datif(71b), lorsque llactant-effet exer-
ce une certaine volonte (sujet agentif):
(71 )a. Taroo
ga
Ziroo
-0
ik
-ase
-ta
Taro
NOM
Ziro
-ACC
partir-CAUS
-ASP
"Taro fait partir Ziro"
b.
Taro
ga
Ziroo-ni
ik
-ase
-ta
Taro
NOM
Ziro -OAT
partir -CAUS
-ASP
" Taro fait partir Ziro"
En pulaar, langue qui ne marque pas ses valeurs
casuelles de cette maniere et ou le rOle grammatical
(syntaxique) d1un nominal n1est determine que par sa

-415-
position dans l'enonce et son comportement effectif
par rapport a certains processus syntaxiques, il est
difficile d'adopter ce schema; car, nous avons vu que
quel que soit le degre d'agence du
sujet enchasse,
sa fonction grammaticale est toujours celle d'objet
direct, a cause de sa Positionprivilegiee dans l'enon-
ce. Cela est aussi vrai des verbes d'experience com-
me
janng -in -de(apprendll"l-CAUS-INF "enseigner "), namm
-in
-de(manger-CAUS-INF "nourrir " ) et sift -in -de
se souvenir- CAUS- INF "rappeler") qui, comme on le
constate, sont fondamentalement des causatifs lexicaux.
7.2.3.4. La generation du causatif synthetique
Dans sa discussion du
turc, en faveur du traite-
ment du causatif morphologique comme cas de MP, Aissen
(1974) exclut la generation de ce dernier par une regIe
syntagmatique de la forme :
(72)a.
S__ SN
SV
b.
SV~ (SN)
(SN)
(SN)
v
car, pour elle, lorsqu'on developpe les syntagmes nomi-
naux de 72b seuls les verbes causatifs pourraient oCcu-
per le noeud V;
cette regIe serait donc ad hoc pour le
turc.
En consequence, Aissen rejette 72b, en faveur de:
(73)
SV_~~(SN)
(SN)
V
comme structure du syntagme verbal en turc, renvoyant
le traitement du causatif a la composante transforma-
tionnelle.

-416-
Une telle argumentation ne peut ~tre adopt~e pour
le pUlaa~, car, bien que dans cette langue, les uerbes
causatifs aimt, toujours un argument de plus que leurs
~quivalents non causatifs, ce trait nraffecte, en au-
cune maniere, la structure du syntagme verbal dans cet-
te langue qui admet trois compl~ments et se presente
comme (74):
(74) SV __ V
(SN)
(SN)
(SN) •••
ceci, en l'absence m~me de toute forme de d~rivation
causative. Comparons les exemples suivants:
(75)a. mi
yim
-ii
leele
je
chanter-ASP
lele
" j , a i
ch ant e 1 e 1 e 1 e"
b. mi
\\Herl
-iima
boy
le99 al
je
jeter
-ASP
renard bois
"j'ai jete le bois au renard"
(76)a. Aali
dog
"'n
. -ii
Takko
Ali
courir '-CA US-ASP Tacko
"Ali a fait courir
Tacko"
b. Aali
dog
-an
-ii
Takko
Ali
courir -BEN
-ASP
Tacko
"A li a co urLi
pour Ta cko"
c. Demmba
dog
-r
-ii
koyde
mehe
Demba
courir
-INST
-ASP
pieds
nus
"Demba a couru
les pieds nus"

-417-
(77)a. 0
jagg
-in
-ii
Baaba
gujjo
il
attraper
-CAUS -ASP
Baba
voleur
" il a fait attraper le voleur par Baba"
b. 0
jagg
-an
-ii
Baaba
gujjo
il
attraper -BEN
-ASP
Baba
voleur
" il a fait attraper le voleur pour Baba"
(78)a.
kurka
weed
-in
-11
ko~
0
goole
enfant donner -CAUS
-ASP
hOte
DET herbes,
de
puccu
DET
cheval
"l'enfant a fait donner l'herbe au cheval
par l'hOte"
b.
kurka
weed
-an
-ii
kodo
0
goole
enfant donner -BEN
-ASP
hote
DET herbes
de
puccu
DET
cheval
"l'enfant a donn~ l'herbe au cheval pour
l ' hOte"
[)3 sontla
des enonc~s dont la valence varie de 1 a 3
complements.
Et donc une regIe comme (74) ne serait pas
ad hoc,
en pulaar.
Not~ egaIement que ce n'est pas le
seul morpheme du causatif qui a
la fonction d'augmen-
ter la valence d'un verbe,
car la plupart des extensions
verbales ont cette fonction(cf.
chap. 2).
En outre,
dans
ces ~nonc~s, les nominaux soulign~s, qu'ils soient pa-
tients,
benefactifs, instrumentaux, oU causatifs,
tous,
ont le comportement d'objet direct.
En conclusion, nous pouvons dire que la regIe
(74)

-418-
peut ganarer ;)~s syntagmes verbaux aussi bien de
phra-
ses causatives que de phrases non causatives. Si done,
nous adoptons une telle r~gle dans une grammaire du
pUlaar, il ne reste plus quia introduire tous les ver-
bes pulaar(causatifs et non causatifs) dens le lexique.
La relation entre un radical non causatif et son cor-
respondant causatif pourrait alors ~tre atablie par
une r~gle lexicale, qui peut prendre des formes diver-
ses, dont la suivante:
(79)
V~V-n

-419-
8.
LA PASSIVATION
Le passif est considere comme un theme classique
dans les etudes de linguistique moderne.
Pour Beedham
(1986:105), i l a ete determinant en grammaire generati-
ve:
"a construction which has contributed more than any
other to the development of generative grammar";
et
Shibatani(19B5:B46)
considere que le passif est l'une
des preoccupations majeures des linguistes, aUjourd'hui.
La langue peule a une regIe du passif tres simple
et qui consiste a faire du syntagme nominal en position
postv~rbale immediate dans la phrase active, le sujet
de la phrase passive correspondante,
et a laisser l'a-
1
gent de l'action non exprime •
1. Certains parlers, dont celui des dageeja(Labatut,
1982)
et le jenngelle(Ka,1979),
peuvent facultativement
exprimer l'agent;
ce phenomene n1est pas possible dans
le dialecte pUlaar,
qui nou~ concerne ici.

-420-
Cette regle a ete correctement etablie dans les etudes
anterieures et notamment, pour ne citer que les plus
recentes, dans Labatut(19B2), Mc Intosh(19B4) et Sylla
(1979, 19B2). Cependant, lorsque les faits du pulaar
sont replaces dans la perspective theorique des univer-
saux syntaXiques, la description du phenomene devient
beaucoup plus complexe.
Apres avoir defini la notion du passif(section 1),
et le passif en pUlaar(section 2 et 3), nous nous pro-
posons, dans ce chapltre, de confronter plusieurs ap-
proches de la passivation. D'abord, les limites d'une
definition relationnelle seront etablies; ensuite,nous
montrerons que l'acces au passif de divers types de
syntagmes nominaux milite, dans une certaine mesure, en
faveur d'une formulation transformationnelle;
enfin, nous
mettrons en evidence l'importance des parametres semanti-
ques et pragmatiques dans l'explication generale du phe-
nomene.
B.1. La notion de passif
Traditionnellement, le passif est per9u comme un
processus par lequel un syntagme nominal non sujet de-
vient sujet par derivation. Ainsi l'enonce (1) est ana-
lyse comme le passif de (2):
(1)
Le Sahel a ete envahi par les criquets
(2)
les criquets ont envahi le Sahel
Lorsque le processus opere a partir d'une phrase tran-
sitive comme (2), de structure Sujet-Verbe- Dbjet direct,

-421-
il est aussi traditionnellement admis que c1est l'OD
qui est promu sujet de la phrase passive, tandis que
le sujet initial devient, soit un syntagme pr~posi­
tionnel
comme dans (1), ou tout simplement omis
dans
ll~nonce passif comme dans
(3) le Sahel a ete envahi
Le processus n1est pas universel
cependant,
car
il existe des langues qui n10nt pas de passif. C1est
le cas des langues de la Nouvelle Guinee, du tchadique
(Keenan, 1985)
et du tamang(sino~tibetain, Mazaudon,
1976). Pour traduire le passif, le baoule a recours a
une tournure qui est une combinaison de thematisation
forte et de clivage (Creissels et Kouadio, 1977).
Dans les langues OU le processus existe, le passif
est soit periphrastique comme dans (1) et dans ll~ndo­
rfturopeen
en g~n~ral,parce qu1il utilise une copule,
soit morphologique comme dans (4b),
(5b) et (6b).
(4) diola
a. Aali
da
-sen
-e
emaano
Takko
Ali
i l
donner -ASP riz
Tacko
"91i a donne du riz ~ Tacko"
b. emaanaai
e
-sen
- i ?
Takko
riz
il -donner -PASS
Tacko
"le riz a ~te donne a Tacko"

-422-
(5)
swahili
(Trithart, 1979)
a.
ye yote
a
-si
-vut
-a
sigara
personne
il -NEG
-fumer -ASP cigare
"personne ne doit fumer dea cigares"
b. sigara
zi
-si
-vut
-w
-13
cigare
ils
-NEG
-fumer -PASS-ASP
(na
ye
yote)
(par
personne)
"les cigares ne doivent ~tre fum~s
par
personne"
(6) pulaar
a. mi
rokk
- i i
ho~be
maaro
je
offrir -ASP
hOtes
riz
"j'ai offertdu riz aux hOtes"
b. hObbe
ndokk
-aama
maaro
hOtes
o ffr ir
-PASS
riz
"on a o ffert du riz aux .hO te-s"
Dans cas examples, le morpheme du passif est, soit in-
variable parce que faisant partie int~grante du systeme
de d~rivation
(diola, swahili), soit variable
parce
que par tie int~grante du systeme aspectuel (pUlaar).
La forme la plus r~pandue du passif demeure , pour
plusieurs langues, le passif sans compl~ment d'agent;
pour cette raison, ce passif-la est consid~r~ comme le
passif de base
ou passif prototype( Shibatani , op.cit.)
dont ont peut dire que la fr~quence peut ressortir des
deux generalisations (implicationnelles)suivantes (Kee-
nan op. cit., P.241):

-423-
G1.
Some languages have no passive.
G2.
If a1a\\nguage has any passives i t has ones
characterized as basic;
moreover,
i t may
have only basic passives.
En effet,
il a
ete demontre que m~me les langues qui
ont la strategie avec agent
preferent les construc-
tions sans agent.
Shibatani signals,
pour cela,
les tra-
vaux de Jesperson(1924)~lonlesquels70 a 94 % des
enonces passifs chez les ecrivains anglais sont expri-
mes sans agent;
et ceux de Yamamoto(1984)
pour qui 70
a 80 %des enonces passifs dans les journaux en anglais
et en
japonais manquent d'agent,
etc.
Definissant la notion de pass if prototype,
Shibata-
ni fait appel au caractere total du langage
dans ses
differentes dimensions pragm3tique ,
semantique,
synta-
xique
et morphologique.
Selon lui,
la fonction pragm3-
tique primaire du pass if prototype est celle de la defo-
2
calisation de l'agent
Semantiquement,
le passif im-
plique un agent et un patient,
et le sujet
y est affec-
te d'une maniere totale. Du point de vue syntaxique,
l'agent n'est pas exprime,
et le patient assume la fonc-
tion de sujet,
tandis que la valence du verbe passe de
~ (dans la phrase active) a n-1 (dans la phrase passi-
ve correspondante).
Morphologiquement,
enfin,
si la phra-
se
active est P,
la passive correspondante sera P
~;f
+pas~

2.
L'auteur prend cici le contrepied de Givon(1979);
voir discussion plUS base

-424-
8.2. Le passif en pulaar
Taus les specialistes de la langue peule s'accor-
dent pour dire que le passif prototype(sans expression
de l'agent) est celui qui est atteste en pUlaar, le par-
ler de notre etude , comme le montrent les exemples
suivants;
(7)a. Demmba hocc
-ii
sawru
ndu
Demba
ramasser
-ASP
baton
DET
"Demba a ramasse le baton"
b. sawru
ndu
hocc
-aama
baton
DET
ramasser
-PASS
"le baton a ete ramasse"
c.* sawru
ndu
hocc
-aama (Prep) Demmba
"le baton a ete ramasse par Demba"
(7')a. nagge
nge
hel
-ii
galle
men
vache
DET
detruire
-PASS clOture
notre
"la vache a detruit notre clOture"
b. galle
men
hel
-aama
clOture notre detruire -PASS
"notre clOture a ete detrui te"
c.* galle
men
hel
-aama
(PREP) nagge
"notre clOture a ete detrui te par la vache"
Les enonces ~ contiennent des phrases actives et
les enonces g , des phrases passives prototypes; l'a-
grammaticalite des enonces c est due a la retention de
l' agent.

-425-
Comme le phenomene du passif est avant tout une
operation sur le syntagme verbel,et que le verbe pu-
laar conna1t trois voi~ morphologiques, il nous pa-
ra1t
important d'examiner le phenomene du passif par
rapport a ce systeme.
8.2.1.
Voix moyenne
et voix passive
11 est bien evident que, du point de vue structu-
reI, il n'y a pas de difference fondamentale entre les
enonces passifs et les enonces moyens,
comme on peut le
voir dans ces exemples au perfectif:
(8)a. mi
suud
-ii
Aali
je
cacher
-A
Ali
"j'ai cache
Ali"
b. Aali
suud
-aama
Ali
cacher
-E.
"Ali a ete ca ch e"
c. Aali
suud
-iima
Ali
cacher
-J:1
"Ali s'est cache"
(9) a. mi
moor
-ii
Aali
je
tresser
-A
Ali
"j'ai tresse ··les chevaux d'Ali"
b. Aali
moor
-aama
Ali
tresser-e,
"Ali a ete tresse"

-426-
c. Aali
moor
-iima
Ali
tresser-~
"Ali slest tresse
les cheveux"
(10)21. mi
loot
-ii
Aali
je
laver
-A
Ali
"j l ai lave Ali"
b. Aali
loot
-aama
Ali
laver
-p
" Ali a ete lave"
c. i.ali . loot
-iima.
Ali
laver
.. M.
"A li slest lave"
(11 )21. mJ.
sulm
- i i
Aali
je
debarbouiller -A
Ali
"jlai debarbouille Ali"
b. Aali
sulm
-aama
Ali
debarbouill er-P
"Ali a ete debarbouill e"
c. Aali
sulm
-iima
Ali
debarbouiller
-M
"A 1 i slest debarbouill e"
Les exemples ~ contiennent des enonces transitifs
actifsj dans les enonces £, nous avons procede ~ une
transformation passive de ~ et dans £ , a une deriva-
.tion moyenne de ~ .
structurellement, nous pouvons constater que llob-

-427-
jet Aali
des enonces actifs est devenu sujet dans
les enonces passifs et moyens. Cependant, alors que
llinterpretation passive est sans equivoque
dans les
enonces E. (ou i l s'agit d'actions acc~mpli.es sur des
objets par un agent non specifie), l'interpretation
des enonces moyens est ambigue entre une interpretation
reflexive et une inherpretation passive.
L1interpretation reflexive
decoule du fait que,
pour lever l'ambiguite,
les enonces E sont paraphra-
ses en enonces
reflexifs:
(12)a. Aali
suuJ
-ii
hoore mum
(Sc)
Ali
cacher-ASP tete
sa
Ali s'est
cache"(lui-meme)
b.
Aali moor
-11
hoore
mum
(9c)
Ali
tress er
-ASP
tete
sa
"Ali slest tresse les cheveux"(lui-meme)
c.
Aali
loot
-ii
hoore
mum
(10c)
Ali
laver
-ASP
tete
sa
"Ali slest lave "
(lui-meme)
d.
Aali
sulm
-ii
hooremum(11c)
Ali
debarbouiller -ASP tete
sa
"Ali s'est debarbouiUd"
(lui-meme)
Dans cette interpretation,
le sUjet est a la fois
sUjet et objet de l'action, a la voix moyenne.
L'interpretation passive de la voix moyenne decou-
le du fait que les actions accomplies peuvent l'etre
par des agents autres que le sujet lui-meme.

-428-
11 faut noter dans toutes ces
interpretations,
la
permanence du theme semantique de l'agent,
que celui-ci
sait identique au sujet,
ou different de celui-ci;
d'autre part,
le rapprochement entre les deux voix re-
v~t un caractere universel.
La correlation passif-mo-
yen -reflexif est attestee dans de no~breuses langues,
parfois non appareQt,~es. Examinons-en un
certain no~bre.
Contrairement au pUlaar(qui ne retient dans ce pa-
rallelisme que la dimension semantique, puisque les mar-
ques sont differentes)3,
il n'y a pas de distinction
formelle dans de nombreuses langues.
Ainsi,
en Proto-
Indo-europeen,
la voix moyenne incluait dans ses fonc-
tions,
l'expression du passif;
car, selon Meillet(1958 )
et Babier(1975),
la distinction fondamentale en PIE
etait entre les voix active et moyenne,
cette derniere
incluant ce qui correspondrait a la voix passive;
d'au-
tre par~,en grec homerique, la seule distinction formel-
le entre les voix oassive et moyenne se trouve dans
l'aoriste,
et en grec classique,
il n'y a pas de distinc-
tion formelle du passif en dehors
de l'aoriste et du
futuro
Le sanskrit conna1t egalement une situation
analogue mais la,
la distinction se fait au present.
Le fran~ais utilise les m~mes formes pour exprimer
le reFlexif et le passif: ~enfant s~st...£le~§., l~rt~
s'est ouverte.
La m~me mwrphologie est utilisee en rus-
se pour exprimer le reflexif, le moyen et le passif
forme
3.
le reflexif a
une/~ronominale specifique(cf. chap.
2 et 4) et le derivatif reflexif t e s t toujours appli-
que a
des verbes moyens(ex.
,.ieew
-t
-aa
-de(re-
~arder-REFL -M-INF) "se mirer" ; mem
-t
-aa
-de
(toucher-REFL-M-IIIJF)" se toucher"-etc. -,-cf~hapZ:-

-429-
(Keenan, 1985; Timberlake, 1976). Enfin,
Shibatani
signale la corr~lation r~flexif-passif-reciprocif dans
plusieurs langues dont l'espagnol, le quechua, le yavff~
pai et
le turc., ,
8.2.2. De l'interpretation passive de l'enonce
Dans notre discussion prec~dente, le phenomene du
pass if a ete decrit, du point de vue semantique, en
termes d'implication non ambigue de l'agent. En outre,
dans les exemples choisis, toutes les derivations
sont faites de l'actif au passif.
En realite, l'enonce
passif pe~ egalement etre derive d'un enonce moyen, puis-
qu'il existe des verbes
qui n'ont pas de forme active
de base;
tel est le cas, par exemple, des radicaux eer-
"interl'lsller" et ~~=
"appeler":
(13)a. eer
-aa
-de
(Moyen)
interp ell er -M
-INF
"interpeller"
b. eer
-ee
-de
(Passif)
interpeller -p
-INF
"etre interpelle~
c.*eer
-~
-de
(Actif)
interpeller -A
-INF
(14)a.
eewn
-aa
-de (Moyen)
appeler
-M
-INF
"appeler"
b. eewn
-ee
-de (p)
app el er
-p
-INF
"etre app el e"

-430-
Toutes ces formes,
bienqu'elles n'aient pas de
forme active correspondante, admettent cependant une
.f1exion', passive, de telle sorte que:
(1 5) a. mi
eer
-iima
je
interpeller
-M
ami
"j'interpelle l'ami"
b. gidel
eer
-aama
ami
interpeller-P
"l'ami a ete interpelle"
et
(16)a.
mi
eewn
-iima gidel
je
appeler
-M
ami
"j'ai appele"
b. gidel
eeilln
-aama
ami
appeler
-p
"l'ami a ete appele"
sont tous des enonces ou un agent (non exprime) accom-
plit une action sur des objets (patients) qui assument
la fonction de sujet dans les structures Q . 11 s'agit
donc bel et bien de passif prototype, dans ces enonces.
Aussi n'est-il pas superflu de dire qu'en pUlaar,
un enonce a une interpretation passive
lorsque les deux
conditions morphologiques sont remplies:
(i)- que le verbe ait une flexion passive
(ii)- que ce m~me verbe puisse admettre la voix
active et/ou la voix moyenne
et le parametre de l'agent decoulera forcement de la
conformite d'un enonce a ces deux conditions.

-431 -
Ainsi, nous avons en pulaar,
des enonces passifs
dont les verbes admettent, soit la voix active,(17),
soit la voix moyenne(18), en plus du passif, ou alors
les deux a la fois (19 et 20), en plus du passif:
(17)a. naamde(A); naameede(P); *naamaade(M)
, v
b. Aali
naam
- i i
teew
Ali
manger
-A
viande
"Ali a mange de la viande"
c.
teew
~
naam
-aama
viande
manger
-p
"la viande a ete mangee"
(18) cf.
(13),
(14),
(15), et (16)
(19) cf.
(8),
(10),
(11),
(12)
Les verbes qui n'admetent qu'une seule voix ne
peuvent pas ~tre les predicats d'enonces passifs " m~me
si cette voix unique est la voix passive. ~onsiderons,
pour illustrer ce phenomene,les infinitifs a une voix
suivants:
(20) Actif seulement
a. holde (A) "manquer de vetements"; *holaa-
de (M), *holeede(P)
b. hoyde (A) "etre leger"; *hoyaade(M); *ho-
yeede(P)
a. mooytaade(M)"; *mooytude(A); *mooyteede(P)
"marcher El pas de loup"

-432-
b.
Jaanaade(M) "dormir"; *daande(A); *daanee-
deep)
(22) passif seulement
a. haangeede (P')'ll~tre. fou;" *haangaade (M);
*haangde (A)
b. hoo/eede (p) "avoir faim";
*hooyaade(M);
hoo/de (~)
Le fait de ne pas admettre de voix passive exclut les
radicaux (20) et (21) des enonces a interpretation pas-
sive. Qu1en est~il de (22) ?
En depi t
de la flexion passive des radicaux dans
(22), ils ont quelque chose de commun avec ceux de (20)
et (21), ce qui se degage clairement de leur semantis-
me intrinseque. 0 1 une
part, ce sont tous des radicaux
statifs
qui n'impliquent pas l'existence d'un agent;
d'autre part, la seule fa90n d'obtenir des enonces pas-
sifs a partir de tels radicaux est de les causativiser.
,
Cette deri va tion leur conf~re une voix addi tionnelle,
leur permettant de remplir la condition (ii) definitoi-
re de l'enonce pass if en pulaar.
Exemples:
(23 )a. hol
-n
-u
-M! (A)
manquer
de vetements-CAUS -A
~INF
"faire manquer de vetements"
b.
hal
-n
-ee
- de (p)
manquer
-CAUS
-p
-INF
de vetements
"etre amene a manquer de vetements"

-433-
(24 )a. mooyt
-in
-de
(A)
marcher a
-CAUS
-INF
pas de loup
"faire marcher a pas de loup"
b.
mooyt
-in
-ee
-de
(p)
marcher' a
-CAUS
-p
-INF
pas de loup
"etre amene a marcher a pas de loup
(25 )a. haangJ
-in
-de (A)
etre fou
-CAUS
-Ir\\IF
"faire devenir fou" ,"rendre fou"
b. haangd
-in
-ee
-de
(p)
etre fou
-CAUS
-p
-INF
"etre rendu fou"
8.3. Les donnees empiriques
Les sections precedentes nous ont permis de cer-
ner la notion de pass if et les proprietes fondamentales
du pass if prototype '. en pulaar. Dans cette section, il
s'agit de nous procurer le maximum de donnees empiriques,
en inventioriant systematiquement les types d'enonces
susceptibles de servir de base a la passivation;
notam-
ment, les enonces a un,a deux et a trois objets. Pour
les besoins de l'argumentation ulterieure, no us en don-
nerons, d'abord,
une description traditionnelle sans
tenir compte des conclusions sur l'objet auxquelles
nous sommes arrive
au chapitre
3.

.,.434-
8.3.1.
Oans les ~nonc~s transitifs
Les ~nonc~s t~ansitifs pouvant nourrir la passi-
vation
en pulaar, comportent des objets de diff~rentes
valeurs s~mantiques.
8.3.1.1. L'objet est un patient
(26)a.
0
hel
- i i
sawru
ndu
i l casser
-ASp
baton
OET
"il a cass~ le baton"
b.
sawru
ndu
hel
-aama
baton
OET
casser
-PASS
"1 e baton a ~t~ cass~"
(27)a. 0
sood
- i i
teew
i l acheter
-ASP
viande
"il a achet~ de la uiande"
b.
teew
sood
-aama
viande
acheter
-PASS
"la viande a ~t~ achet~e"
8.3.1.2.
L~objet est un b~n~factif
(28)a.
0
am
-an
- i i
laamJo
il
danser
-BEN
-ASP
chef
"il a danse pour le chef"

-435-
b. laamJo
am
-an
-aa.ma
chef
danser -BEN
-PASS
"on a danse pour le chef"
(29)a. 0
moos
-an
-ii
kola
i l
sourire
-BEN
-ASP
heJte
"il a souri a. l'heJte"
b. kola
moos
-an
-aama
heJte
sour ire -BEN
-PASS
"on a souri a. l'heJte"
8.3.1.3. L'objet est un causatif
,..
(30)a. Takko namm
-in
-ii
cukalel
ngel
Tacko manger
-CAUS -ASP
enfant
DET
"Tacko a fait manger l'enfant"
b. cukalel
ngel
namm
-in
-aama
enfant
DET
manger
-CAUS
-PASS
"on a fait manger l'enfant"
(31 ) a. 0
dog
-n
-ii
gujjo
0
il
courir
-CAUS -ASP
voleur
DET
"il a fait courir le voleur"
b.
gujjo
0
dog
-n
-aama
voleur
DET courir -CAUS
-PASS
"on a fait courir le voleur"

-436-
8.3.1.4. l'objet est un .instrumental
(32)a. Aali
dog
-r
-ii
pale
Ali
courir
-INST
-ASP
chaussures
"Ali a couru avec des chaussures"
b. pade
ndog
-r
-aama
chaussures courir
-INST
-PASS
"on a couru avec des chaussures"
(33)a. mi
law!
-ir
- i i
saabunnde hesere
je
laver
-INST
savon
neuf
"j'ai lave avec un savon nsuf"
b. saabunnde
hesere
law{
-ir
-aama
savon
neuf
laver
-INST
-PASS
"on a lave avec un savon neuf"
8.3.1.5. L'objet est un directif
(34)a. mi
yah
-an
-ii
wuro
je
aller
-DIR
-ASP ville
"je suis alle en ville"
b. wuro
yah
-an
-aama
ville
aller
-DIR
-pASS
"on est alle en ville"
(35)a. Demmba yabb
-an
- i i
jamaa
Demba
marcher
-DIR
-ASP
mosquee
"D emba a marche vers la mosquee"

-437-
b.
jamaa
ya66
-an
-aama
mosquee
marcher
-DIR
-PASS
"on a marche vers la mosquee"
Dans les enonces transitifs de toute cette sec-
tion 8.3.1., la passivation apparalt comme un proces-
sus simple: le nominal ob jet devient sujet de la phra-
se passive.
en laissant l'agent(ou sUjet originel)
non
specifie. Mais ce qui.
ici
est interessEflt
pour la
discussion a venir, c'est la diversite des nominaux pas-
sivables. Notons egalement que seuls les exemples
(26)
et (27) presentent un passif prototype, oD l'objet di-
rect prototype et tradiuonnel (le patient) est devenu
le sujet du passif correspondant.
8.3.2.
Dans les enonces bitransitifs
Pour definir les categories d'OD et d'OI en pulaar,
au chapitre 3, nous avons eu recours,
entre autres
tests, a la passivation, processus que nous avions trou-
ve inseparable du mouvement du datif et du caractere
defini des objets.
Notre argumentation avait tenu comp-
te de de~ types d'enonces qu'il convient de reexami-
ner.
8.3.2.1.
Les enonces sans complement de preposition
(36)a.
mi
rokk
-ii
ho6be
(be)
maaro
je
offJ:ir
-A SP
hOtes
(D ET)
riz
"j'ai offert du riz aux hOtes"

-438-
b. * mi
rokk
-ii
maaro
ho66e
(be)
c. ho66e
(be)
ndokk
-aama
maaro
hOtes
(DET) offrir
-PASS
riz
"on a donne du riz aux hOtes"
c. * maaro
rokk
-aama
(ho66e
6e)
(37)a. mi
rokk
-ii
ho6be
(6e)
maaro ko
je
offrir
-ASP
hOtes
(DET) riz
DET
"j'ai offert du riz aux hOtes"
b. mi
rokk
-ii
maaro
ko
hobbe (be)
je
offrir -ASP
riz
DET
hOtes (DET)
"id."
c. hob6e
(be)
ndokk
-aama
maaro (ko)
hOtes
DET
offrir
-PASS
I:iz
(DET)
"id."
maaro
ko
rokk
-aama
(be)
riz
DET offrir
-PASS
hOtes
(DET)
-------
4. 11 arrive que la grammaticalite d'un tel enonce soit
remise en question;
c'est le cas, par exemple, de l'e-
nonce 47b, du chapitre 4, repris ici, par commodite:
(37')a~ mi
holl-ii
baanoowo 0 ngirja ba
b. mi
holl -ii ngirja ba baanoowo 0
c. baanoowo
0
holl-aama ngirja
ba
d. ? ngirja ba
holl -aama
baanoowo 0

-439-
Les exemples ci-dessus, dont les predicats sont
de la zone de
'donner', comportent des enonces bitran-
sitifs prototypes parce qulils cohtiennent un patient,
( maaro
_____
11. "Zll)
rl
,
et un attributif (hobbe
_
IhOtes")
_ _ ,
no-
minaux qui,
dans les langues a cas
(par exemple le la-
tin), prennent respectivement l'accusatif et le datif.
Nous pouvons constater que dans
(36),
OU l'ordre d'ap-
parition des objets est fixe
(cf.
*36b), la passiva-
tion affecte l'attributif, ou or traditionnel
(cf.36c)
et non le patient, c'est-a-dire, 1'00 traditionnel
(cf.
*36d). C'est dire
donc qu'en pulaar 1100 prototype est
bloque la OU 1'01 prototype ne llest pas. On observe
un phenomene similaire avec le benefactif (38) et le
causa tif
(39):
( 3 8 ) a • mi
add
-an
- i i
Oemmba
ndiyam
je
apporter
-BEN
-ASP
Demba
eau
"j'ai apporte de l'eau a Oemba"
b.
*mi add
-an
-ii
ndiyam
De~mba
"comme dans a
c. Oemmba
add
-an
-aama
ndiyam
Demba
apporter
-BEN
-PASS
EJau
lion a apporte de l'eau 8. Oemba"
d.
*ndiyam
add
-an
-aama
Demmba
eau
apporter
-BEN
-PASS
Oemba
"1'eau a ete apportee a Demba"
mi
jagg
-in
- i i
Aali
ngori
je
attraper
-CAUS -ASP
Ali
coq
"j'ai fait attraper un coq par Ali"

-440-
b. * mi
jagg
-in
.-ii
ngori
Aali
je
attraper
-CAUS -ASP coq
Ali
"comme dans a "
c. Aali
jagg
-in
-aama
ngori
Ali
attraper
-CAUS - PASS
coq
"on a fait attraper un coq par Ali"
d. * ngori
jagg
-in
-aama
Aali
coq
attraper
-CAUS -PASS
Ali
"Passif de 39b"
En d'autres termes, le nominal patient n'est pas-
siuable que lorsqu'il apparatt cornme le seul complement
dans l'enonce, DU alors avec un instrumental, comme dans
(40) :
....
(40)a. mi
naam
-r
- i i
maaro
kuddo
je
manger
-INST-ASP
riz
cui11ere
11 j' ai
mange du riz avec une cuillere"
-
b. * mi
naam
-r
- i i
kuddu
maaro
je
manger
-INST-ASP
cuillere
riz
"comme dans a"
c. maaro
naam
-r
-aama
kluddu
riz
manger
-INST -PASS
cuillere
" Led:,: ,aattL:lll~hge ala cuH18J:e"
D'un autre c~te, la DU l'ordre d'apparition des
objets est flexible,
comme dans (37), les deux nominaux
auront acces a la passivation.

-441-
8.3.2.2. Les enonces ~ complement de preposition
(41)a. Aali
sar
- i i
gawri
e
Ali
eparpiller
-ASP
mil
sur
ngesa
champ
"Ali a eparpille du mil sur un champ"
b.
Aali
sar
-ii
e
ngesa
gawri
Ali
eparpiller-ASP
sur champ
mil
"id."
c. gawri
sar
-aama
e
ngesa
mil
epar~iller-PASS
sur
champ
"on a eparpille
du mil sur un champ"
d.
ngesa
sar
-aama
gawri
champ
eparpiller-PASS
mil
(* e ngesa
saraama
gawri)
"comme dans c"
(42)a.
Aali sar
- i i
gawri
ndi e
ngas8
Ali
eparpiller
-ASP
mil
DET sur champ
"Ali a eparpille le mil sur un champ"
b.
il"Aali sar
- i i
e ngesa
gawri
ndi
"id."
c.
gawri
ndi
sar
-aama
e
ngesa
mil
DET
eparpiller -PASS
sur
champ
"le mil a ete dparpille
sur un champ"

-442-
d.
* ngesa
sar
-aama
gawri
ndi
"passif
de b"
Dans ces enonces a complement
preposi tionnel,
egalement, lorsque l'ordre des mots est flexible,
tous
les objets ont acces a la passivation;
lorsque l'ordre
des objets est fixe,
comme dans
(42),
seul le nominal
postverbal a acces au processus. Notons que dans le pro-
cessus de passivation, l'objet de la prepositon nges~
"champ" perd sa marque casuelle(cf. 41d ).
8.3.3. Dans les enonces tritransitifs
On a souvent dit qU'il n'y a pas de langues ~ou
alors,
i l yen a tres peu-
qui aient des predicats typi-
ques a quatre arguments(Comrie, 1985). Cependant, a
cause de son riche systeme de derivation,
de tels pre-
dicats existent en pUlaar, lorsque les derivatifs cau-
satif et benefactif sont appliques
a des racines tri-
transitives.
8.3.3.1. Avec le causatif
(43)a.
mi
holl
-in
- i i
Aali
Demmba natal
je
montrer
-CAUS -ASP Ali
Demba
photo
"j'ai fait montrer une photo a Demba par Ali"
b. Aali
holl
-in
-aama
Demmba natal
Ali
montrer
-CAUS -PASS
Demba
photo
"on a fait montrer une photo a Demba par
Ali"

-443-
c.
* tout aUt'aordre des ob jets a l'actif
d.
* toute autre passivation differente de celle
de l'actant-effet
(44)a.
mi
winnd
-in
-ii
Sammba
Hammadi
je
ecrire
-CAUS -ASP Samba
Hamadi
bataake
lettre
"j'ai fait ecrire a Samba une lettre a
Hamsdi"
(destinee a Hamadi)
b. Sammba
winnd
-in
-aama
Hammadi
Samba
ecrire
-CAUS -PASS
Hamadi
6ataake
lettre
"on a fait ecrire a Samba une lettre a
Hamadi
c. * tout autre ordre des objets a l'actif
d.
* toute autEe passivation differente de
celle de l'actant-effet
8.3.3.2. Avec le benefactif
°1
(45 )a. kurka
weed
-an
- i i
kocfo
enfant
donner
-BEN
-ASP
hote(BEN)
°2
03
puccu
900/e
chaval(ATT)herbe(PAT)
"l'enfant a donne de l'herbe au cheval pour
l'hOte"

-444-
b. kolo
weed
-an
-aama
pLtccu
goo/e
hOte
donner
-BEN
-PASS
cheval herbe
"on a donn~ au cheval de l'herbe pour l'hOte"
5
c. * tout autreordre des"abjets ~ l'actif
d. * toute autre passivatian diff~rente de cel-
le du b~nMactif
(46)21. Takko
yar
-.~ -an-ii
debba
0
Tacko
boire-CAUS~QEN~ASP femme
DET
cukalel
ngel
kasam
enfant
DET
lait
"Tacko a fait boire du lait ~ l'enfant
pour la femme"
b. debbo
0
yar
-n
-an
-aama
femme
DET
baire
-CAUS -BEN
-PASS
,
cukalel
mum
~.psam.
enfant
pots
lai t
"an a fait baire du lait ~ Itenfant pour
la femme"
c. * tout autre ardre des abjets ~ Itactif
d. * toute passivatian autre que celle du be-
bMactif
5. mame avec la possibilite offert~ par la determina-
tion des abjets camme dans
.
(45') kurka
weed
-an
- · i i · · kOda
'0-
gooye
enfant
danner -BEN
-ASP
hOte
DET herbe
de
puccu
DET
cheval
"l'enfant a danne d~~herbe au cheval pour
l'hOte"
au goa./e
"herbe" pe ut
c u I
d
. >.
• t·
_
~
0
C per
a
eux~~me
POSl ~on,
45d reste correct.

-445-
Notons que dans les enonces tritransitifs ci-des-
sus, la passivation est beaucoup plus difficile puis-
que seuls lesnominaux benefactif et causatif y ont
acces ; aussi bien
le patient que l'attributif sont
bloques dans ces constructions.
8.3.4. La regIe du passif
Que peut-on dire de la regIe dite de passivation,
a la lumiere de toutes ces donnees7\\Dans une perspecti-
ve purement descriptive,
elle paralt simple et requiert
les etapes
(non ordonnees)suivantes:
(47)a.
s'assurer que le radical du verbe d'un enon-
ce E admet deux voix au moins,
dont la voix
passive,
b.
mettre en position sujet le nominal qui se
trouve place immediatement apres le verbe,
c.
donner au verbe une flexion passive,
d.
laisser l'agent de l'action non specifie.
Ces etapes (non ordonnees ) peuvent se resumer tout
simplement comme suit:
"Passiver le nominal qui se trou-
ve immediatement apres le verbe
dans une phrase qui admet le
processus".
Toutefois, replace dans le contexte des universaux,
le schema (47) devient plus complexe.
8.4.
Le traitement du passif

-446-
8.4.1.
Le traitement relationnel
8.4.1.1. La problematique universaliste
De toutes les theories contemporaines, la grammai-
re relationnelle est celle
qui se sera le plus acha~~e
~ caracteriser la passivation en termes universels. Dans
llarticle de Perlmutter et Postal(1977),
et plus r~cem­
ment dans
perlmutter(1983), les auteurs proposent deux
proprietes universelles du passif:
(48)a. L'objet direct de la phrase active est le
sujet
(superficiel) de la phrase passive
"correspondante";
b.
Le sujet de la phrase active n'est ni le
sujet(superficiel) ni llobjet direct(super-
ficiel)
de la phrase passive"correspondante"#
Pour ces auteurs, la grammaire transformationnel-
le est incapable de caract~riser universellement le pas-
sif parce qu'elle ne peut pas faire r~f~rence, dans sa
formalis~tion, aux notions relationnelles de "sujet"
et dl"objet",
dans la me sure OU, pour ce modele, la
passivation est un probleme de r~organisation lin~aire
~r~position et postposition de syntagmes nominaux).
En outre, la regIe formul~e en (48) est soumise a
deux lois fondamentales du modele relationnel: la Loi
de llUnicit~ Stratale (49) et celle de l'Annihilation
6
Relationnelle (50), qui disent en substance ceci :
6.
Les deux lois,
respectivement appelees par les au-
teurs Stratal Uniqueness Law(4~) et ChOmeur Law(50),
sont formalis~es comme suit:

-447-
(49)-aucun stratum ne pe ut comporter plus d'un s~­
jet, d'un objet direct, ou d'un objet indi-
rect.
(50)-dans les conditions qui, autrement, violent
(49), les nominaux concernes deviennent des
chOaneurs.
Toutes ces hypotheses ont fait l'objet de beaucoup
de tests, ces quinze dernieres annees, et l' etude du pas-
sif dans de nombreuses langues non apparentees les a,
dans une certaine mesure, confirmees.
Par exemple, en chichewa(Trithart, 1977), l'objet
indirect ne ~eut ~tre passive
que lorsqu'il est promu
dans la hierarchie d'objet direct par une etape interme-
diaire d'avancement;
et en bahasa indonesien(Chung,1976),
les syntagmes nominaux datifs ne sont passivables que lors-
qu'ils sont egalement promus ob jets directs. Dans ces
deux langues, l'avancement intermediaire des 01, ou mou-
vement du datif, consiste, pour les nominaux, a se debar-
rasser de leurs marques prepositionnelles et·
a changer
de position pour occuper celle immediatement apres le
verbe; le m~me processus existe aussi en anglais.
stratal U. Law: let 'teIlTI x 'be a variable over the class
of term R-signs, that is, '1'
, '2'
, or '3'.
Then: If arcs A and B are both members
of C
stratum (b) and A and B are both term
arcs, then
k
x
A=B.
ChOmeur, Law: If RN contains arcs of the form [Term (a,b)
(C
C
C)]
and
[Term
(c,b) <C
+ 1C>],
then i t ~on-
k
k
tlhns an lIrc of the fOr~[ChO (a,b) (C
~ 1C )].
k
w

- - - - - - - - - - - - -
-
-448-
Donnons les faits dans ces langues.
(51)Chichewa
(Trithart,op.cit.)
a. John
a
-na
-pats
-a
nthochi
John. il. -passe-donne
-IND
banane
1.
1.
kwa
mai
acha
~
mere
sa
" 3'0111i a donne les bananes ~ sa mere"
b. Mouvement du datif
John
a
-na
-a
. pats
-a
mai
John
i l -Passe
-elle donne -IND mere
ache
nthochi
sa
bananes
"J oh n a donne les bananes ~ sa mere"
c. Passivation
mai
ache
a
John
a
-na
-pats
mere
sa
de John
elle-passe-donne
idw
-a
nthochi
marque du
-IND bananes
sUjet avance
• "sa mere a ete donnee les bananes par John"
(his mother was given the bananas by John).
Dans l'enonce de base (51)a, l'DI mai "mere"
ne peut
etre passive
qu'apres le mouvement du datif en 51b, OU
le nominal perd sa marque prepositionnelle kwa "~" et
occupe la position postverbale immediate; c 1 est ~ cette
etape que la regle du passif peut s'appliquer pour don-
ner 51 c.

-449-
Nous avons le m~me processus, pour l'anglais, avec
les linonces:
(52)a. 30hn gave the bananas to his mother
b. his mother was given
the bananas by John
b. John gave her mother the bananas
d. *" to his mother was given the bananas
e. *" his
mother was given the bananas to
L'agrammaticalitli de 52 g et ~ montre qu'on ne peut
passiver mGther "m~re" ~ partir de sa position dans 52a.
Le cas du bahasa indonesien
est encore beaucoup
plus interessant pour notre argumentation ulterieure.
En effet, dans cette langue, le mouvement du datif se
traduit par une perte d'adposition et la recuperation de
celle-ci
sous forme d'extension verbale, comme oM le
verra en pUlaar, pour certaines formes verbales:
(53 )a. Hasan
mem
-beli
badju
untuk
Hassane
ACT
-achete
vetements
pour
wnita
itu
femme
la
"Hassane a achete des v~tements pour la
femme"
b. Mouvement du datif
Hasan
mem
-beli
-kan
wanita itu
Hasan
ACT
-ach~te
-BEN
femme
les
badju
vetements
"Hassane
a achete des v~tements pour la
femme"

-450-
c.
Passif de l'accusatif
badju
itu
di-
beli
untuk
----
v~tements
les
PASS
acheter
wanita
itu
(oleh Hasan)
femme
la
(par Hassane)
"les v~tements ont ~t~ achetds pour la fem-
me(par Hassane")
d.
Passif du b~nefactif apres mouvement
wanita
itu
di
-beli
"'kan
badju
femme
la
PASS
acheter
-BEN
v~tements
(oleh Hasan)
(par Hassane)
."la femme a dte achetee pour des v~tements
(par Hassane)"
e.
Passif du benefactif avant mouvement
• wanita
itu
di
-beli .
badju
(untuk)
femme
la
PASS -acheter
v~tements pour
(oleh
Hasan)
(par Hassane)
(54)a. Hasan
meng
-irim
-kan
seputjuk
Hassance ACT
-ecrire
-BEN
une
sura t
kepata
wanita
itu
lettre
a
femme
la
IIHassane a dcrit
une lettre a sa femme"

-451 -
b. Mouvement du datif
Hasan
meng
-irim
-i
wanita
itu
Hassance ACT
-ecrire
-DAT femme
la
seputjuk
surat
une
lettre
"Hassane a ecri t a la femme une 1 ettre"
c. passif de l'accusatif
surat
itu
di
-irim
-kan
kepada
lettre
la
PASS
ecrire
-BEN
a
wanita
itu
femme
la
"la lettre a ete adressee a la femme"
d. Passif du datif apres mouvement
wanita
itu
di
-irim
- i
septjuk
surat
femme
la
PASS -ecrire
-DAT une
lettre
"on a ecrit une lettre a la femme"
e. Passif du datif avant mouvement
* wanita
itu
di
-irim
(-kan)
seputjuk
femme
la
PASS -ecrire
(-BEN)
une
surat
lettre
Notons qu'aussi bien dans (53) que dans (54), la
passivation du benefactif et du datif n'est possible
qu'apres mouvement et codification verbale des syntag-
mes nominaux avances (cf. 53d/53e et (54d!54e).

-452-
Quelle signification definitive donner BU compor-
tement de ces langues dans le cadre des hypotheses un i-
verselles
(48), (49) et (50), avancees en grammaire
relationnelle ?
Les donnees de ces langues confirment (48), puis-
que dans to us les exemples, la passivation d'un syntag-
me nominal s'opere ~ partir
de la position d'objet di-
rect; 1'00 est sujet de la phrase passive, tandis que
le sujet de la phrase active n'est ni le sujet, ni l'ob-
jet direct de la phrase passive correspondante.
Elles confirment egalement (49), pUis~u' il n'y
a pas eu redoublement de fonctions"termes". O'autre part,
en indonesien
, par exemple,
une fois les SN benefactif
et datif avances dans la hierarchie, les SN accusatifs
perdent la plupart de leurs proprietes objectales,
ce
qui
est le signe du comportement d'un "chOmeur"(Chung,
1976), confirmant ainsi l'hypothese (50).
Le pulaar offre un cadre approprie pour tester cet-
te theorie, puisque dans cette langue, les syntagmes no-
minaux y sont marques de plusieurs manieres, par des
prepositions, des
postpositions,
des extensions, par ~~
etc.
8.4.1.2.
Les
donnees du pulaar et l'hypothese relation-
nelle
Cettains faits du pulaar confirment le schema re-
lationnel du passif. 11 s'agit des enonces bitransitifs
dans lesquels l'ordre
d'apparition des objets est fle-
xibl e.

-453-
Par exemple, le fait que les compl~ments
de pr~­
position ne puissent pas ~tre passives·
avec leurs
marques(cf.41d), suggere l'existence d'un processus
analogue a celui de l'anglais. Ainsi,la passivation
de ngesa "champ"
(or) dans 41c et 41d peut s'expliquer
par le fait que ce nominal a eu acces au passif apres
le mouvement du datif, et suivant le sch~ma (55):
mouvement du
Passif
( 55) 41 a . da t i f
~
41 b
~41 d
Le fait que ce nominal perde sa preposition est indica-
tif d'un mouvement du datif.
rl subsiste un point obscur, cependant;
car, comme
le disent Gary et Keenan(1976), "la motivation fondamen-
tale pour une telle regIe
en anglais (ou dans toute
autre langue dans laquelle il est postul~ une regIe de
mouvement du datif) est que la langue pr~sente des pai-
res de phrases comme John gave Mary the book et John
gave the book to Mari
dans lesquelles les SN
eorres-
pondants ont les m~mes relations semantiques par rap-
port au verbe,et dans lesquelles sont exhib~es des res-
trictions de selection et de distribution similaires"
(p. 107, trad. Y. S.) • Or, avec (41), un membre de cet-
te paire est absent (cf. *56b):
(56) a. Aali
sar
- i i
e
ngesa
maaro
Ali
~parpiller
-ASP
sur champ
riz
"Ali a ~parpille du riz sur un champ"
b.* Aali sar -ii
ngesa maaro
"idem."
Dans le cadre de la theorie relationnelle, cette
absence signifie que la regIe du passif, qui a conduit

-454-
a 41d, a dO operer sur une structure non attestee du
type (*55b).
Mais, parce qu'il y a eu passivation, on
paut postuler l'existence d'un mouvement du datif d'au-
tant plus Qu'il est atteste ailleurs dans la langue.
En affet, la regle est attestee en
pUlaar dans
certains enonces bitransitifs prototypes,
et qui ne
posent aucun probleme. C'est le cas de l'exemple (37)
dont voici le scenario:
mouvement
Passif du da tif
Passif du datif
du datif
apres mouvement
avant mouvement
(57) 37b
.37a
_ 3 7 c - - - - . . . ! : ! ;
I
11
111
Ca scenario indique que le datif n'est pas passivable
avant le mouvement.
Comparons les exemples (36) et
(37). Dans
(36),
seul l'attributif(c'est-a-dire
1'01 prototype) a acces
a la passivation, alors que l'oD prototype est bloque.
Dans
(37), OU la passivation des deux objets est possi-
ble, le schema relationnel correspond,
comme nous le
disions
, a
(57). Que suggerent ces exemples?
Si le passif est bien une regle du type oD~SUJ,
et si la passivation d'un nominal ~ different de DD ne
peut se faire que par le truchement d'une promotion du
type X__~oD , alors nous dirons que dans l'exemple
(36), la regle d'avancement 01
~oD est obligatoire
(cf.
*36b).
Une telle regle est effectivement mention-

-455-
nee dans les travaux des tenants de la grammaire rela-
tionnelle.
En effet, Aissen(1983) atteste l'existence
d'une regIe obligatoire d'avancement des OI en tzotsil
(une langue maya
).
Cependant,
contrairement au tzotsil,
il est difficile d'envisager de fagon generalisee,
un
avancement obligatoire de !7 ,
en pUlaar, a cause du
mouvement facultatif
en (37).
Le pulaar offre une situation beaucoup plus com-
plexe encore avec le directif(cf.section 8.3.1.5.)
qui,
comme
V indonesien, presente un cas de recuperation ca-
suelle.
Considerons,
pour cela, l'exemple (34),
repris
en (58) pour les besoins de lfargumentation:
(58)a.
mi
yah
-an
- i i
wuro
je
aller -DIR
-ASP
ville
"je pars pour la ville"
b. wuro
yah
-an
-aama
ville
aller
-DI R
-PASS
"0 n a ete en ville"
Ce qui est interessant pour le schema relationnel
dans cet exemple,
clest que l'enonce 58a a un equivalent
periphrastique adpositionnel de la forme:
(58) c. mi
yah
- i i
to
wuro
to
je
aller -ASP
PREP ville
POST
"comme dans 58a"
7. La passivation du causatif (43 et 44) et du benefactif
(45 et 46) est un cas dlavancement obligatoire X__ +oD
analogue,
puisque llordre est egalement fixe dans ces
enonces.

-456-
dans lequel le directif n'a pas acces a la passiva-
tion, quel que soit le sort reserve a l'adposition
to ••• to :
(58)d.
* wuro
yah
-an
- aa ma (
(t;o ) ••• ( to)
)
comme dans 58b"
Des lors,
le schema relationnel de la passivation
du directif
(qui est un 1 oblique), pe ut ~tre presente
comme suit:
(59) avancement du-&~tif
avancement du
passivation apres/passivation
directif
avancement
avant avancement
58c
~58a
58b
*58d
----~7
.------~
- - - - -...
(59) est parfait a cause de la transparence de l'a-
vancement :
le directif perd ses adpositions,
qui sont
recuperees sous forme d'extensions verbales;
ensuite,
la passivation a lieu. Il s'agit la d'un schema d'au-
tant plUS plausible qu'il peut ~tre appuye par l'exis-
tence d'une autre construction directionnelle,
OU le di-
rectif n'est pas passivable, situation dont l'explica-
tion relationnelle paralt allechante:
(60)a.
Aali
fay
- i i
wuro
Ali se diriger
-ASP ville
"Ali s'est dirige vers la ville"
b.
*Aali
fay
-an
- i i
wuro
Ali
se diriger-DIR -ASP
ville
"id."

-457-
c.*wuro
fay
-aama
ville se diriger
-PASS
"on s'est dirig~ vers la ville"
d. *wuro
fay
-an
-aama
ville se diriger
-DIR
-PASS
comme dans c"
Les tenants de la grammaire relationnelle expliqueront
l'agrammaticalit~ des ~nonc~s passifs *9 et *d par le
blocage de l'~tape *b , ce qui est dans la logique du
modele.
A ce stade de
llanalyse, une regIe facultative_
dlavancement (X
)00) peut ~tre proposee par les tenants
de la grammaire relationnelle; mais , le pulaar a egale-
ment le paradigme suivant, du verbe tiind
"se diriger
vers", qui implique plus de diractionnalit~, et qui mon-
tre qulil y a des directifs qui nlont pas besoin d'e~ten­
sion pour ~tre passives:
(61 ) a.
Aali tiind
-iima wuro
Ali
se diriger
-ASP
ville
"Ali slest dirig~ vers la ville"
b. Aali
tiind
-iima
to
lIluro
to
Ali
se diriger
-ASP
PREP ville
POST
"Ali slest dirige vers la
ville"
c. Aali
tiind
-an
-iima
UJuro
Ali
se diriger
-OI R
-ASP
ville
" comme dans b"

-458-
Cet exemple montre que tiind
-
"se diriger vers",
peut etre suivi d'un directif non marque (61a) ou mar-
que par une adposition (61b), comme son synonyme yah-
"all er" ; cependant, tiind
"se diriger vers , qui ne
peut pas admettre le derivatif directif, peut etre pas-
siv~
(cf.62a):
62)a. wuro
tiind
-aama
ville
se diriger vers
-PASS
"on s'est dirige vers la ville"
b. * wuro
tiind
-an
-aama
"id."
Nous avons le meme phenom~ne avec le radical hucc-
"aller":
(63)a. Aali
hucc
-ii
to
maayo
to
Ali
aller
-ASP
PREP
fleuve
POST
"Ali est alle vers le fleuve"
b. Aali
hucc
-ii
maayo
Ali
all er
-ASP
fleuve
"id. "
c. maayo
hucc
-aama
fleuve
aller
-PASS
"on est alle vers le fleuve"
d. ? Aali hucc
-an
-ii
maayo
Ali
all er
-vers -DIR
fleuve
"comme dans a"
e. * maayo
hucc -an
-aama
-DIR
-PASS
"comme dans c"

- - - - - - -
-459-
COMaE" ItE ADDI TIONNELLE
.
.......
.
-Examinons d'autres verbes -de mouvement:i, notamment,J -
ceux qui sont compatibles avec lesconstructions ens~­
rie, et les verbes de mouvement transitifs.
-les. coHstructions en s~rie:
Comme nous l'avons montr~ au chapitre 3, il exis-
te en pulaar des verbes de mouvement(ou verbes direc-
tionnels) qui exigent des constructions en s~rie . et des
d~rivatifs. CI est le cas, par exemple, des verbes dO!i-
"courir" eb moyl-
"se.d~pacher":
(6fl- la. * Aali
dog
-ii
wuro
Ali
. courir -ASP
ville
"Ali court vers la ville"
b.
Aali dog
-ii to Wuro
to
"idem."
c.
. Aali
dog
-ii
fay
-i
wuro
Ali
courir-ASP
se diriger vers-ASP ville
"comme dans a"
d.
Aali
dog
-an
- i i
wuro
Ali
courir -DIR
-ASP
ville
"comme dans c"
(65)a.*
Aali
moyl
-ii
wuro
Ali
se d~pecher -ASP
ville
·11 A1 i
s'est d~pach~ vers la ville"

-460-
b. * Aali
moyl
-ii
to
Wuro
to
Ali
se d~p~cher-ffiJPREP
ville
POST
"idem."
c. Aali
mo)'l
-ii
fay
-i
wuro
Ali
se d~p~cher
-ASP diriger
-ASP
ville
"comme dans a"
d. Aali
moyl
-an
- i i
wuro
Ali
se dep~cher -DIR
-ASP
ville
" comme dans c"
Dans ce type dlenonces, seuls les enonc~s en d
sont passiuables, comme dans (66):
(66)a. wuro
dog
-an
-aama
(passif de 64d)
ville
courir
-DIR
-PASS
"on a couru vers la ville"
b. wuro
moyl
-an
-aama
(passif de 65d)
ville
se dep~cher-DIR
-PASS
"on slest d~p~ch~ vers la ville"
le scenario promotionnel donnera (57):
avancement du directif
passif du
avec recup~ration casuelle
directif
(67):64c/65c
~,64d/65d------~~6.6a/b
Sans ~tre en contradiction avec llanalyse promotion-
nelle elle-m~me ,
ces exemples indiquent,
cependant, une
deuxieme source des constructions a d~ri~atif directif:
la construction en serie.

-:-461 -
verbas de mouvement transitifs:
Les verbes de mouvement transitifs comme ~­
"amenerll , ~- "envoyer" et yahd-
"aller ensemble",
montrent ~galement que la marque to ••• ~ des directifs
n'est pas toujours r~cup~rable.
(68)a. mi
naw
-ii
Demmba
wuro
je
emmener
-ASP
Demba
ville
"j'ai emmen~ Demba en ville"
b. mi
naw
-ii
Demmba
to
wuro
to
je
emmener
-ASP Demmba
PREP ville POST
"idem."
c.
i\\" mi
naw
-an
-ii
Demmba
wuro
je
emmener
-D1 R
-ASP
Demba
ville
"comme dans a & b"
d. * mi naw
-an
-ii
wuro
Demmba
"comme dans c "
e. * wuro
n<:lW
-(an)
-aama
Demmba
ville Bmmener -D1R
-PASS
Demba
"Pass. de d"
Demmba naw
-aama
(to)
wuro
(to)
Demba
emmener -PASS
PREP
ville
POST
"Demba a dtd emmend en ville"
(69)a.
mi nel
-ii
Aali
wuro
je envoyer
-ASP Ali
ville
"j'ai envoyd Ali en ville"

-462-
b. mi
nel
-ii
Aali to
wuro
to
je
envoyer
-ASP
Ali
PREP
ville
POST
"idem."
c. * mi
nel
-an
-ii
Aali
wuro
je
envoy er -DIR
-ASP
Ali
ville
"comme dans a & b "
d. * mi nel
-an
-ii
wuro
Aali
je envoyer
-DIR
-ASP
ville
Ali
"comme dans c n
e. * wuro
nel
-(an) -aama
Demmba
ville envoyer -DrR
-PASS
Demba
"passif de d"
f.
Demmba
nel
-aama
(to)
Wuro
(to)
Demba
envoyer
-PASS
PREP
ville
POST
"D e:nba a ete envoye en ville"
(70) a. Aali
yah
-d
-ii
e
Demmba
wuro
Ali
aller
-ASS -ASP
PREP De:nba
ville
"Ali est alle avec Demba en ville"
b. Aali
yah
-de
-ii
e
Demmba
to
Ali
aller -ASS
-ASP PREP Demba
PREP
wuro
to
ville
POST
" comme dans a"
c. *Aali
yah
-d
-an
- i i
wuro
e
Demmba
Ali
aller -ASS -Dr R
-ASP
ville PREP Demba
" comme dens a"

-
-
-
-
- - - - - - - - - -
-463-
d.
* Aali
yah
-d
-an
- i i
e
Demmba
Ali
aller -ASS -DIR
-ASP PREP
Demba
wuro
ville
"Comme dans c n
e. * Wuro
yah
-d
-(an)
-aama
(e)
Demmba
"passif de c"
f.
DemmBa yah
-d
-aama
wuro
Demba
aller -ASS -PASS
ville
"on a eta en ville avec Demba"
Ces exemples montrent que,
lorsqu'il y a un SN en-
tre le directif et le predicat, le directif ne peut pas
etre code par le verbe en -an- ;
dans ce cas-la, seul le
SN contigu au verbe peut etre passive.
D~s lors, si nous postulons une regle d'avancement facul-
tative pour les directifs,
nous serons oblige d'ajouter
une condition de la forme suivante:
tout SN situe a gau-
che d'un directif blogue l'acces au passif de ce directif.
En oonsequence,
l'analyse relationnelle fait face a des
idiosyncrasies et a des contraintes ad hoc, qui ebscur-
cissent toute tentative de generalisation.
En
ce qui concerne les verbes de mouvement,
nous
avons mis l'accent
sur l'habilite deces derniers a:
(i)- permettre l'adjonction du derivatif directif ~,
(ii)- etre passives
avec DU sans ce derivatif)
(iii)- permettre une construction en serie,
(iv)- admettre un complement prepositionnel.

-464-
Ces verbes peuvent donc atre class6s en 6 cat~gories:
(71) 'illEGORIES
Transitif +an
+Pass
+Pass
+s6rie +comp.pr6p.
,,..
+~
7"a-n,
r,
1 yah-
+
+
+
+
f1 a ll er "
2 fay-
+
"aller"
3 tiind-
+
+
"se diriger-
vers"
4 hucc-
?
+
+
"se diriger
ve rs"
5 dog-
+
+
+
" courir"
6 naw-
+
+
+
" amener"
nel-
"envoyer"
yahd-
"aller ensemble"
8.4.1.3. Le pulaar et la remise en question de la loi
du chOmeur
11 ressort de la section precedente que l'analyse
promotionnelle du passif proposee par la grammaire re-
lationnelle connalt des problemes lies a la difficulte
de dscrire les processus d1avancement de fa90n cohsren-
tee En effet,
pour atre conforme a la regle du passif
enoncee en (48a), i l a fallu envisager pour le pulaar

-465-
une ~tape interm~diaire d'avancement du type X~OO,
qui ne peut pas etre ~tabUB'de maniere uniforme: cette
~tape serait facultative avec certaines constructions
et obligatoire
avec d·autres.
Oans cette section,
ces donn~es seront replac~es
dans le cadre des lois fondamentales dites du "chOmeur"
et de l'Unicit~ Stratale". Nous ~tudierons comment les
faiblesses de la "Loi du ChOmeur" ont conduit ~ son
abandCin r • et en quoi sela peut affecter notre analyse.
Pourquoi l'abandon de la "Loi du ChOmeur" ?
L'abandon de cette loi a ~t~ surtout de ~ la d~cou­
verte du comportement des objets en kinyarwanda.
En ef-
fet,
dans Gary et Keenan(1977), il a ~t~ d~montr~ que
la diff~rence minime qui existe entre 1'00 et l'Dr en
kinyarwanda, ne peut pas
justifier leur s~paration en
deux cat~goties distinctes. Leur argumentation s'appuie
sur l'analyse des faits suivants:
ibaruwa Maria
(72)a. Yohani
-y
-oher
-er
-eje lettre
Mafia
John
il
-envoyer
?
-ASP Maria ibaruwa
Marie lettre
"J oh n a
envoy~ une lettre ~ Marie"
b.
ibaruwa y
-~
-oher
-er
-ej
lettre
elle-pass~ -envoyer
-?
-ASP
-w
-e
Maria
na
Yohani
-PASS -ASP
Marie
par
John
"La lettre a ~t~ envoy~e ~ Marie par John"

- - - - - - - - - - - - - - - - -
-
-
-466-
c. Maria -y
-~
.-oher
-er
-ej
-w
-e
Marie elle-Passe-envoyer
- ?
-ASP
-PASS-ASP
ibaruwa
na
Yohani
lettre
par John
,'. ~arie a ete envoyee la lettre par John"
L'argument des auteurs est le suivant: les objets
ibaruwa "lettre" et M~ "Marie" se comportent exacte-
ment de la mame maniere par rapport aux pro~~tes prou-
vees specifiques aux ob jets directs dans cette langue,
notamment
l'acces ~ la passivation, ~ la reflexivisa-
tion, ~ la relativisation, etc. Par consequent, il n'y
a aucune raison d'en faire des categories distinctes:
ce sont tous deux des objets
directs.
En le faisant,
ils remettaient ainsi en question la "Loi de l'Unicite
Stratale", puisque le kinyarwanda aurait des enonces ~
deux objets directs;
et ce, d1autant plus que meme une
regIe d'avancement intermediaire du type 3~2 n'est pas
envisageable, puisque l'ancien 2 continue de se compor-
ter effectivement comme 2 et non, conformement ~ la
1\\
"Loi du ChOmeur", comme un 2 (c'est-~-dire 2-ch~meur).
crest pour essayer de sortir de cette impasse que
Perlmutter (1983) a suggere l'abandon de la "Loi du
ChOmeur"
pour sauver celle de "ltUnicite
Stratale"
qutil
considere essentielle au modele relationnel et
aux langues, en general: "ainsi nous continuons ~ sou-
tenir que l'unicite stratale est une propriete inheren-
te aux structures des propositions dans les langues du
monde . Cependant, pour maintenir ce point de vue, il
devient necessaire d'abandonner la loi du chOmeur. Cela
est conforme aux resultats d'autres travaux recents qui
ont abouti ~ la conclusion que cette contrainte etait
trop restrictive"
(p. 108, trad. Y. S.).

-467-
En le faisant, Perlmutter
sugg~re que les nomi-
naux puissent avancer directement suivant une r~gle
X
)1
(exemples DD
)SUJ; OI_+SUJ). Il s'en-
suit la typologie ci-apres: il y aurait,d'une part,
des langues comme le kinyarwanda, avec une r~gle du
type 3_~1 , et ou I1ancien 2 continuerait a se com-
porter comme tel;
i1 y aurait
d'autre part, des
langues comme l'indonesien ou I' avancement 3
)1 ne-
cessiterait une etape intermediaire 3~2. crest dans
ce dernier type de langues Qu'on pourrait parI er d'un
2 initial qui perdrait ses propriets originelles du
fait de l!occupation de sa position par un 3: on pour-
rait alors parI er ici d'un 2-chOmeur.
Comment situer les faits du pulaar par rapport a
cette revision ?
Le pulaar a une situation complexe. D'un cot"
no us avons une situation parfaitement identique a celle
de l'exemple kinyarwanda (72), il s'agit de l'exemple
pulaar(37); de l'autre , il y a des exemples comme (36)
qui posent des problemes differents.
Examinons, d'abord,
llexemple (37).
En tenant compte de la possibilite offerte par la
revision du mod~le ci-dessus, il est possible d'envisa-
ger pour 37, un avancement direct 3~1 , a l'instar
de llenonce en kinyarwanda.
En ce qui concerne (36), ou un nominal que la gram-
maire relationnelle considererait comme un DD prototype
(c1est-a-dire un patient), n'a pas acces au passif, alors
que l'Dr prototype y a acces, on peut parI er d'un avan-
cement 3~1, avec le 2 originel perdant ses proprie-

-468-
t~s.'sp~ciftques • Evidemment,ceci entraine un troisi~­
me type de langues que Perlmutter n'a pas envisag~:
ce sont celles, comme le pulaar oD le comportement des
objets est mitig~, a savoir des langues ayant a la
fois des objets pouvant avancer directement selon la
r~gle
3_.-..,.1
(exemple(37) ),
tandis
que le 2 originel
contiAue a se comporter comme tel, et des objets·qtii
avanceraient 3__~1, alors que le 2 originel perd ses
propri~tesde 2. Souvenons-nous que pour Perlmutter,
ce dernier cas n'est a envisager que pour les langues,
comme'lfindon~sien, attestant une ~tape interm~diaire
d 1 avancement 3--.2. 11 se trouve que cette ~tape n'est
pas transparente, lorsqu'il s 1 agit des ~nonces analo-
gues a (36) (cf. la discussion a la section 8.4.1.2.).
8.4.2. Alternatives
Dans cette section, i l s 1 agit de rendre compte de
la
passivation en pUlaar, en rapport avec la specifi-
cite de l'objet telle que no us l'avons decrite au cha-
pi'tre 3, et conformement a la r~gle du passif ~noncee
ici,
en (47), dans la section 8.3.4. Cet objectif de-
vra etre atteint sur le double plan de la description
pure et de l'explication des faits qui decoulent de
l'interactiondu passif et d'autres phenom~nes syntaxi-
ques, s~mantiques, et pragmatiques.
8.4.2.1. La transformation -passive

-469-
8.4.2.1.1. De la simplicit~ de la r~gle transforma-
tionnelle
UAe des hypoth~ses fondamentales de la Theorie
Standard (Etendue) est que les operations syntaxiques
peuvent etre exprimees en termes categoriels(SN, SV,
p~ etc.), en relation de dominance et d'ordre lineaire.
Les irregularites observees dans les sections pr~ceden­
tes milisent bien en faveur
d'une r~gle transformation-
nelle car, ce qui avait motive une telle r~gle, entre
autres choses,
c'~tait l'existence de relations struc-
turales systematiques entre l'actif et le passif, ou
le sujet de la phrase passive correspond a diverses
fonctions
(00,01, etc.) dans la phrase active(cf.Ander-
son, 1977:365 , pour une discussion detaillee de ce
point). Cette situation est claire dans tous les exem-
pIes discutes dans ce chapitre, puisqu'en pUlaar,
nous
pouvons passiv~des OD, des 01, des b~nefactifs, etc.
D'autre part, le fait
que ce soit toujours le nominal
occu~~nt une position fixe dans l'enonce qui peut etre
passive, rend simple la formulation d'une r~gle trans-
formationnelle,
qui pourrait se presenter
comme suit:
(73)
X
(SN)
V
SN
y
1
2
3
4
5===~
1
4
3+pass
5
La r~gle (73) s'applique, par exemple, aux nomi-
naux soulignes en (74),
pour donner les phrases pass i-
ves en (75):
(74)a. rokk
- i i
hobbe
maaro
offrir
-A
h6tes
riz

-470-
b. winnd
-ii . leeter
fay
-de
e
Takko
~crire
-A
lettre
all er -INF
~
Tacko
c. add
-an
-ii
Demmba
ndiyam
apporter-BEN
-A
Demba
eau
d. weed
-an
-ii
kodo
pucou
ndiyam
donner
-BEN
-ASP
hOte
cheval
eau
(75)a. hobbe
ndokk
-aama
maaro
hOtes
offrir
-PASS
riz
"on a donn~ du riz aux hOtes"
b. leeter
winnd
-aama
fay
-de
e
Takko
,
lettre
ecrire
-PASS
aller -INF
a
Tacko
"on a ecrit une lettre ~ Tacko"
c. Demmba
add
-an
-aama
ndiyam
Demba
apporter
-BEN
-PASS
eau
"on a apporte de l'eau a Demba"
d. kodo
weed
-an
-aama
puccu
mum
goo/e
hl'lte
donner
-BEN
-PASS
cheval poss
herbe
"on a apporte de l'herbe au cheval pour l'hl'lte"
8.4.2.1.2. Discussion et explication complementaire
Etant donne une regIe passive comme (73), il s'a-
git de voir comment empecher la passivation d'un cer-
tain nombre de nominaux en principe non passivables,

-471-
mais dont la position dans llsnoncs satisfait aux con-
ditions dlapplication de la regle du passif. On trouve
ces nominaux dans certains snoncss ~ directifs, ~ prs-
dicats nominaux, et dans des structures issues de llap_
plication dlautres types de regles de mouvement, tel-
les Que larelativisation et le clivage.
8.4.2.1.2.1. Avec le directif
Considsrons les enonces suivants contenant
des directifs.
(76)a. Aali
yah
-ii
wuro
Ali
aller -ASP ville
"Ali est alls en ville"
b. Aali
yah
-ii
to
wuro
to
Ali
aller
-ASP PREP ville POST
"idem"
c. * wuro
yah
-aama
ville
aller -pASS
"Passif de b"
(77)a. Aali
fay
- i i
wuro
Ali
se diriger -ASP
ville
"Ali slest dirige vers la ville"
b. Aali
fay
- i i
to
wuro
to
Ali
aller
-ASP PREP
ville
POST
" comme dans a"
c. *wuro
fay
-aama
ville
aller -PASS
"Passif de a"

-472-
d. * to
wuro
to
fay
-aama
PREP
ville
POST
aller
-PASS
"Passif de b"
Telle que nous l'avons formul~e, il n'y a rien
qui s'oppose a l'application de (73) aux structures
pr~c~dentes, plus
particulierement a 76a et 77a. Pour-
tant les ~nonc~s *76 cid et *77 cid indiquent le con-
traire. Comment, dans le cadre du modele propos~, r~­
soudre ce probleme ?
Il est possible de proposer comme structures pro-
fondes de 76a et 77a, respectivement 76b et 77b, et de
proposer une regIe de chute qui, facultativement, fait
tomber l'adposition t~to. Les diff~rents verbes se-
ront sou8-cat~goris~s avec des pp, comme dans (78):
(78)a. yah"- ,.Y
[to - SN -
to]
,.,p
fay - , V
[to - SN - to]
sP
et la d~rivation pourrait etre envisag~e de la maniere
suivante:
- la composante pe ut g~n~rer l'arbre syntagmatiQue
(79 )
P
SN~SV
I
,
v
SP
/\\~
P
SN
P
I
I
,
,
,
I
I
,
I
I
,
I
I
A
}.
h-
I:.
~

-473-
-las reglas d'insertion slappliqueront
pour ins~rer,
par exemple,~-
"aller"
et.!!!.!dE.Q. "ville", condui-
sant a:
(80 )
p
SN ~ SV
~
v
SP
\\~
:
~
SN
P
I
I
I
I
I
:
~
yah
to
wuro
to
_nous tenterons d'explis~er la regle du passif (73) a,\\8D),
mais les conditions de son application n'etant pas rem-
plies, elle ne fonctionnera pas;
-nous procederons, ensuite, a la chute de to ••• ~ pour
obtenir
(8 1 )
p
SN~ SV
~
V
SN
I
I
I
I
t
t
I
I
I
,
I
t
A
yah
wuro
(81) satisfait aux conditions d1application de
la regie du passif mais puisque celle-ci a deja ete
appliquee, on ne l'appliquera pas
une seoonde fois.
eela presuppose evidemment qu'une regle transformation-

-474-
nelle ne s'app1.1qLB qu'une fois.
8.4.2.1.2.2.
Les Pr~dicats nominaux
Des enonces a predicats nominaux sont illustres
par Yes exemples suivants:
(82)a. omo
nannd
-ii
e
gujjo
i l
ressemb1er
-ASP a ',vuleur
"i1 ressemble a un voleur"
b.
*gujjo
nannd
-aama
"passif de a"
(83)a. Demmba
Won
-ii
baanoowo
atre -ASP chasseur
"Demba est devenu chasseur"
b.
* baanoowo
won
-aama
chasseur
atre -PASS
"passif de a"
(84) a. Aali
wont
- i i
mbaroodi
Ali
devenir
-ASP lion
"Ali est devenu lion"
b.
*mbaroodi wont
-aama
lion
devenir
-PASS
"passif de a"

-475-
(85 )a. dum
jar
-ii
teemaiere mbuudu
cela
valoir -ASP cent
francs
"cela vaut cent francs"
b. * teemede!:e
mbuudu jar
-aama
cent
francs valoir -PASS
"passif de a"
-
Ces ~nonc~s comportent un certain nombre de verbes
non passivables. Ce phenomene est courant dans les lan-
gues du monde, pour ce type de verbes. Pour empecher
l'application du passif aces verbes, il a ete suggere
que leur entree lexicale soit assortie du trait -Passif,
ce qui, a notre avis, n'explique pas grand chose.
8.4.2.1.2.3. Interaction entre le passif et d'autres
regles
Nous savans que le clivage et la relativisation
ant la propriete de deplacer un nominal en tete d'enan-
ca. Larsque ces regles sont appliqu~es au premier objet
d'un enonce bitransitif, par exemple, nous nous retrau-
vons
avec un nominal postverbal remplisssant les con-
ditions d'application de la regIe du passif. Cependant,
le passif est bloque:
.avec le
clivage:
(86)a. sUkaabe be
copp
-an
-ii
Sira ledle
enfants DET couper -BEN
-ASP Sira bois
"les enfants ant coup~ du bois pour Sira"

-476-
b. ko
Sira
sUkaabe be
copp
-an
-ii
ledle
EMP
Sira
enfants DET
couper -BEN -ASP bois
"c'est pour Sira que las enfants ont coup~
le bois"
c. *ko
Sira
ledde
copp
-an
-aa
(MP
Sira
bois
couper -BEN
-PASS
"Passif de b"
(87)a. Kummba
def
-an
-ii
Aamadu
teew
Coumba
pr~parer -BEN -ASP Amadou
viande
"Coumba a pr~par~ de la viande pour Amadou"
b. ko
Aamadu
Kummba
def
-an
-i
teew
EMP
Amadou
Coumba
pr~parer-BEN
-ASP viands
"~cIest pour Amadou que Coumba a pr~par~ de
la viande"
c. * ko
Aamadu
teew
def
-an
-aa
EMP
Amadou
viande pr~parer -BEN
-PASS
"passif de b"
Naus savons que les types de constructions ci-des-
sus.
ont un ordre des mots fixe. D'autre part, du fait
de leur position, les nominaux ledle "bois" et J&~
"viande"
n'ont pas acc~s b la passivation. Cependant,
apres le clivage des ~nonces £ , ces nominaux occupent
une position qui satisfait
auxconditions d'application
du passif. Les exemples ~ montrent que le passif est
bloqu~•
• il en est de meme avec la relativisation:

-477-
(88)a. Sira
mo
slJkaa6e
be
copp
-an
-i
Sira
AEL
enfants
DET
couper -BEN
-ASP
lelle
bois
"Sira pour qui les enfants ant coupe du bois"
b.* Sira
mo
ladle copp
-an
-aa
Sira
AEL
bois
couper -BEN
-PASS
"passif da a"
(89)a. Aamadu
mo
Kummba
def
-an
-i
teew
Amadou
REL Coumba
preparer -BEN -ASP viande
"Amadou pour qui Coumba a prepare de la viande"
b. * Aamadu
mo
teew
..def
-an
-aa
Amadou
REL
viande preparer-BEN -PASS
"passif de l!"
Le fait que ces memes nominaux ne puis sent pas etre
passives trouve une explication dans le modele Standard
Etendu, lorsqulon fait appel a la notion de marque. Se-
lon cette theorie, tout nominal qui se deplace, par sui-
te de llapplication d'une regle de mouvement, laisse
une trace qui se comporte par rapport aux regles ulte-
rieures comme si le nominal 'tait encore present:"the
position vacated remains in the abstract representation
and influences subsequent rules as an NP with lexical
item does"
(Chomsky, 1977b: 15). Comment cette theorie
stapplique-t-elle a (86) ••• (89)? Comme nous llavons de-
ja indique au debut, en pulaar, le clivage et la rela-
tivisation sont des regles de mouvement; de telle sorte
que, lorsque ces regles sont appliquees a une structu-
re comme (90) pour depiacer SN
'
ce dernier laisse une
2
trace 1 comme dans (91) , pour le clivage, et (92),
pour la relativisation:

-478-
(90) X
v
v
t
Suivant les predictions de la theorie de la trace,
SN
dans (91) et (92) n'occupe pas la position conti-
3
gas au verbe,
puisque celle-ci est encore occupee (par
la trace t
).
Nous voyons donc que ces discussions et explica-
tions complementaires, bien qu'elles soient coherentes
dans la logique de la Grammaire Transformationnelle
(Standard Etendu),
n'en demeure pas moins fonci~rement
abstraites, et on a souvent reproche ~ une telle demar-
che de se preoccuper plus de la coherence du syst~me
que des faits eux-memes. Il s'agit l~ d'une critique
generale,
valable pour les mod~les generatifs(chomskiens
et derives).
8.4.2.2.
L'explication semantique et pragmatique
8.4.2.2.1. Generalisation
Les difficultes que rencontrent la Grammaire Re-
lationnelle et,
dans une certaine mesure, la Grammaire
Transformationnelle, pour expliquer les phenom~nes du
pUlaar, peuvent etre surmontees en adoptant une demar-
che simple, s'appuyant sur des param~tres semantiques
et pragmatiques.

-479-
Nous avons suffisamment montr~ , dans les chapii
tres pr~c~dents, l'importance de ces param~tres dans
le traitement syntaxique • Cette d~marche est encore
plus pertinente dans le traitement du passif, dont le
caract~re th~matique, topical,n'est plus a d~montrer.
Ce caract~re . est si:;V~~i que des langues, comme le
kimbundu (langue parl~e en Zambie), ont
innov~ un mo-
d~le du passif a partir de la topicalisation, comme on
le voit dans ces exempies tir~s de Givon(1979):
(94) ·Topicalisation
a. aana
a
-mono
Nzua
enfants ils
-ont vu
Jean
"les enfants ont vu Jean"
b. Nzua,
aana
..6
-mU
-mono
Jean
enfants ils -lui -ont vu
";Jean,les enfants~l~ont vu"
c. Nzua t ngi
-mu
-mono
Jean
je
-lui
-ai vu
"Jean, je llai vu"
Pas si va tion
d. Nzua
a
-mu
-mono
kwa
meme
Jean
ils -lui -voir
par
mol
"Jean a ~t~ vu par mol"
e. meme a
-!lgi
-mono
kwa
f\\!zua
je
Us -me
-voir
par
Jean
"jlai ~t~ vu par Jean"

-480-
On peut remarquer dans ces exemples que le pronom
sujet de la 3epersonne du pluriel ~ "ils" est devenu
la~arque invariable dupassif sur le verbe, et que
le pronom objet, qui 6tait obligatoire dans la topica-
lisation est devenu la marque du sujet passif.
'Hl,:fai~s d~;:~'~ti~~i.l';;~~aTei1t Mija ~t~ signaUs
dans Hag~ge(1978:19) oD l'auteur ~voque 6galement le
cas similaire d'une langue micron6sienne, le truk,"qui
fige elle aussi le pronom de troisi~me personne du plu-
rielen moyen d'expression
associ6 au pr~dicat d6cri-
vant CB qui arrive au patient(~quivalent du passif fran-
qais)" (p. 20), qui est trait6 comme un th~me autono-
Exemple tir~ de Hag~ge(op.cit.):
(94')
wa:n
re - li:la
re:
- i
Jean
11 s-tuer
par
-moi
"Jean a 6t6 tu6 par moi"
En termes pragmatiques, done, la passivation peut
etre perque comme "the process by Which a ~non agent
is promoted into the role of main topic of the senten-
ce" (Givon,op. cit., P. 18~) ou alors, en prenant le
contre-pied de Givon, tout en restant dans le cadre de
la pragmatique, on peut dire que les passifs gravitent
autour des agents et que leur fonction essentielle est
li6e a la d~focalisation des agents: "passives center
around agents,and their fundamental function has to do
8
with the defocusing 0f agents"(Shibatani, 1985:831).
8. Cett;e expressio(hest a Bl;lmprendre au sens de Meillet,
que llauteur cite: "le vrai rOle du passif est d'expri-
mer le proc~s la oD llagent nlest pas bonsid~r~I'(Meillet,
1948 : 196)

-481-
Qu'en est-il du pulaar?
Nous avons bien vu, dans les chapi~res pr~c~dents,
que les sujets de la phrase1Jassive en pulaar avaient
tendance ~ atre d~f~nis. Ceei d~eoule, ~videmment, de
la r~gle de mouvement du datif, dont l'une des carac-
t~ristiques est de ramener un objet d~fini en position
cont~gd§ au verbe, ~ partir de laquelle cet objet pou-
vait atre passiv.~.:·.;.i;!> On en d~duit donc que. la pr~sen­
ce du trait d~fini
, qui est une propri~t~ des th~mes,
peut d~terminer l'acc~s d'un objet au passif,en pulaar.
11 reste aussi vrai que la passi~ation,en pUlaar,
est sensible ~ la hi~rarchie s~mantique:
:1 attributif 1
b~n~factif r
> patient > instrumental
causatif(c-a-d. actant-effet)
ceei, dans la mesure oD, dans les structures a ordre
des mats fixe, la passivation du patient est bloqu~e
en faveur de l'attributif, du ben~factif,
et/ou du
causatif. D'autre part, dans ces ~nonc~s, le patient
peut avoir acces au passif l~ oD l'instrumental est blo-
qu~.
En quoi, tout ceci peut-il expliquer certains des
ph~nom~nes rencontr~s dans le traitement du passif en
pulaar.!? .
9.
11 est int~ressant de constater qu'en bantou dgale-
ment, le passif est sensible, entre autres hi~rarchies,
~ celle-ci:
~ attributif l
>
I b~nefactif
patient
'/
instrumental
j

-482-
8.4.2.2.2. Pr~dicatsnominaux
Le
,non acc~s au passif des pr~dicats nominaux
peut s'expliquer ais~ment, si on fait appel ~ la notion
de th~me car, les ob jets qui sont contigus aux verbes
du type
ressembler_,
~qaler, atre , coQter, sont des
propri~t~s, des identit~s, des qualit~s assign~es au
sujet; celui-ci demeure le vrai theme dans ces construc-
tions, et son identit~ ne peut pas atre supprim~e par
un processus Comme le passif oD, pour reprendre l'ex-
pression de Meillet, "l'agent n'est pas consid~r~I'(Meil­
let, op. it.).Cette explication peut etre renforc~e par
la d~finition morphosyntaxique que nous avons donn~e
de l'interpr~tation passive
d'un ~nonc~ en pulaar, ~
savoir qU'il faut que le verbe soit compatible avec deux
voix, dont la voix passive;
nous pouvons remarquer que
tel n'est pas le cas des verbes employ~s dans les e~em­
pIes (82) ••• (85), qui sont tous des verbes ~ voix uni-
que.
8.4.2.2.3. Les directifs
En ce qui concerne la passivation des locatifs,
en g~n~ral, que certaLns, tel Riddle(1977), consid~rent
comme une 'pseudo-passivation',
nous pensons comme cet
auteur que,
ces types de nominal fonctionnent comme des
DD
seulement lorsqu'ils sont cruciaux ~ la description
complete de llactivit~ exprim~e par le verbe, au lieu
d'indiquer tout simplement le temps ou l'endroit OU cet-
te activi t~
a lieu
'. C' est exactement ce qui se pas-
se en pUlaar,
car le caractere crucial des directifs
est syntaxiquement prouvables. Consid~rons ces exemples:

-483-
(95 )a. mi
yah
-ii
( to)
wuro
to
je
aller
-ASP
PREP
ville
POST
"je mren vais (en ville)"
b. mi
yah
- i i
(wuro)
"idem"
(96 )a. mi yah
-an
- i i
wuro
je all er-DI R -ASP
ville
"comme dans (95)"
b. * mi
yah
-an
- i i
je
aller -DIR -ASP
"je mren vais"
Dans ces ~nonces, le directif est crucial a la
completion de lraction dans (96), du fait qu'on ne peut
pas srendebarrasser(cf. *96b), alODs que dans 95a et
95b, lE direrltif peut ~tre omis. Semantiquement donc,
.!!!.Y£.Q. "ville", dans (96) peut fonctionner comme objet
direct et avoir acc~s a la passivation, ce qui nrest
pas le cas dans (95).
8.4.2.2.4. Passivation d'enonces emphatiques
Enfin, la non passivation des enonces ayant deja
subi le clivage et la relativisation , decoule du fait
que ces enonces sont emphatiques par definition(cf.
discussion, cha~ 4). On peut cliver(97) ou relativiser
(97c) un enonce passif, mais l'inverse nrest pas possi-
bie(cf. 86 •• 89):
(97)a. sonndu
fell
-aama hanki
oiseau
abattre -PASS hier
"un oiseau a ete abattu hier"

-
-
-
- -
- - - - - - -
-484-
b. ko
sonndu
fell
aa
hanki
EMP
oiseau
abattre
PASS hier
"clest un oiseau qui a ~t~ abattu hier
c. sonndu
fell
-aa
-ridu
hanki
oiseau
abattre -PASS -REL
hier
"lloiseau qui a ~t~ abattu hier"

-485-
9. DU TRAITEMENT DE LA TRANSITIVITE
La transitivite est llune des notions les plus
controversees dans la theorie linguistique. Est-elle
une notion syntaxique ou semantique? Releve -t-elle
plutOt de la pragmatique? Plus que tout autre theme,
le traitement de la transitivite en pulaar montre la
complexite des phenomenes linguistiques, qui ne peuvent
~tre elucides que par une approche totale.
Apres avoir defini la notion de transivite dans
une premiere section, le reste de ce chapitre sera con-
saere a l'etude des differents facteurs qui intervien-
nent dans son traitement en pulaar. Nous mettrons par-
tieulierement l~accent, d'une part,. sur l'interaction
entre la
transitivite et les systemes de la voix et
de la derivation,
d'autre part, sur la pertinence de
certains universaux relevant du discours, a la compre-
hension du phenomene transitif.
9.1.
Notion de transitivite
Traditionnellement, les deux enonces ci-dessous

-486-
sont analyses, l'un comme un enonce transitif(1),
l'autre, comme
intransitif (2):
(1) le pare frappe l'enfant
(2) le vieillard. dort
Dans (1) , "1'action transite "(resniare, 1975:239)
du pare sur l'enfant et implique la presence d'un ob-
jet(direct), ici, "1'enfant". Cette relation est absen-
te dans (2). Dans cette perspective, la transitivite
est une propriete de l'enonce, et"d'abord une notion
semantique"(Hagage, 1982:49). Le verbe etant le noyau
central de l'enonce, on en est arrive a faire de la
transitivite une propriete du verbe. Pour
Lyons(1977),
ce qu'on appelle traditionnellement le verbe transitif
est un verbe qui a une valence 2 et gouverne un objet
direct. De meme, chez Jespersen(1964), un verbe est tran-
sitif lorsqu'il est employe avec un objet, et intransi-
tif ailleurs.
La transitivite est aussi pergue comme une voix,
puisque selon Tesniare, "la voix du verbe depend essen-
tiellement du nombre des actants qu'il est susceptible
de comporter"; on parlera, alors, de voix transi1ilie et
de quatre sous-voix, DU diatheses, pour adopter la ter-
minologie des grammairiens grecs, et qui sont: l'actif,
le passif, le reflechi et/!~ciproque.
11 faut dire que la vision traditionnelle Bst repri-
se par la linguistique moderne, et pour Chomsky(1965),
la presence d'une sous-categorisation r
SNJ indique
que le verbe est transitif et la transitivite relev~
des regles d'insertion lexicale dans son modele standard.

-487-
Enfin, une certaine approche theorique recente
offre une definition s'appuyant sur la notion de tran-
sitivite prototype ou cardinale. En effet, selon Hopper
et Thompson(1980),H et T , un enonce comme (1), qui
comporte le transfert d'une action d'un agent a un pa-
tient, est un enonce transitif prototype(cf.
chapitre
8, pour une ebauche de discussion de ce concept). La
transitivite apparaltra alors comme un continuum qui
trouve son fondement dans le discours. Selon H et T,
plus un enonce comporte de traits semantiques eleves
dans l'echelle de la colonne 3A-J, plus proche de la
transitivite cardinale il sera. Nous retrouvons ces
traits presents, egalement, chez
Hagege(1982):
ELEVE
BAS
(3) A. PARTICIPANTS
2 oU plus (A +0)
1 participant
B. KIN ESI S
Action
non-Action
E. ASPECT
Telique
Atalique
D. PON CTUA LI TE
Ponctuel
non-Ponctuel
E. VOLITION
Volitif
non-Voli tif
F. AFFI RMA TION
Affirmati f
Negatif
G. MODE
Reel
Jrreel
H.
AGENTIVITE
potence elevee
Potence faib~e
I • AFFECTATION DE 0
Totalement affecte
Pas affecte
J. INDIVIDUATION DE 0
Hautement individua- non-individua
lise.
lise.
[Trad.
Y. S.]
Ces traits seront amplement discutes dans la derniere partie
dece chapi tree

-488-
9.2.
La transitivite dans les et~des peules
L' approche de la transi ti vi te en peul est,
en ge-
neral,
fidele a la tradition. Deux traits morphosynta-
xiques rendent particulierement interessante l'etude
de ce phenomene en peul:
l'existence de trois voix
(active, moyenne et passive)
et d'un riche systeme de-
rivationnel,
dont l'une des proprietes essentielles est
d'agir sur la valence verbale.
C'est l'etude de ces
traits qui semble predominante dans les etudes peules.
Pour ne citer que les plus recentes et les plus
representatives, Labatut(1982)
est preoctupe,
comme
nous le disions au chapitre 3,
par la typologie des
verbes
eu egard a la transitivits;
ceux-ci sont,
en
effet,
classes en verbes intransitifs(non sui vis d'ob-
jet ),
transitUs simples(suivis d'un objet ° ), transi-
1
tUs doubles(suivis de deux objets 01
' ° ), et transi-
2
tifs triples (01
' 02 et 03). KA(1985) se situe
egale-
ment dans la m~me lignee(cf. discussion chapitre 3).
L'un et l'autre etudient,
donc, la derivation des ba-
ses verbales dans ses relations avec la valence,
ce que
Labatut(op.cit)
resume en ces termes:"
Les bases ver-
bales intransitives peuvent devenir transitives simples
ou transitifs doufules et reciproquement,
de m~me que
des bases transitives simples deviennent transitives
doubles et des bases transitives doubles deviennent
transitives triples"(P.158).
Ce constat est aussi si-
gnale par d'autres
(Arnott,
1972;
Sylla, 1979 et 1982;
Mc Intosh, 1984).
Signalons,
toutefois,
la place faite a la voix
dans le traitement assez sommaire(et parfois discuta-
ble)
de la transitivite par Mc Intosh.
Pour cet auteur,

-489-
en effet, la relation Actif/Moyen est, pour certains
verbes, dans une correlation transitif/intransitif
(l'actif etant associe au transitif et le moyen a
l'intransitif); pour d'autres, cette relation serait
ergative: "in other words, the object of en active
complex(e.g., ceede maaje in 152a below) is the sub-
ject of the equivalent middle complex (as in ceede
maa je, in 1 52b)"
(4)
(152), pour Mc Intosh
a.
E -min
-don
-beYd
-a
ceede maaje
nous
augmenter-ASP
monnaie leur
"nous augmentons leur prix"
b.
ceede maaje le
Jon
-beYd
-ee
monnaie leur
elle
augmenter
-ASP(M)
"leur prix augmente"
c.
ceede maaje
le
don
-beYd
-ee
monnaie leur
eHe
augmenter -ASP
"leur prix est en train dletre augmente"
Nous aurons a faire la critique de cette approche
de la voix dans la discussion qui va suivre.
A notre connaissance, aucun des auteum ci-dessus
enumeres, n1a examine de fagon systematique les aspects
multiformes de la transitivite en peul, notamment dans
ses rapports avec les parametres hierarchises de la
grammaire et du discours, avec les voix, au sens large;
clest ce que nous allons donc essayer de faire dans les
sections suivantes.

-490-
9.3. le traitement de la transitivite en pulaar
Le point de depart de notre reflexion dans cette
section, sera les resultats de notre analyse dans les
chapitres 3 "Fonctions syntaxiques", 7 "Constructions
causatives" et 8 "Passivation", et qui ant rapport
avec la transitivite; ensuite, l'accent sera mis sur
les traits morphosyntaxiques definitoires de la tran-
sitivite, que sont la voix et la derivation verbale.
9.3.1. Valence
9.3.1.1. Transitivite et fonction
9.3.1.1.1. La fonction partitive
Nous avons montre, au chapitre 3, l'interet qu'il
y a ~ distinguer, en pUlaar, la categorie d'objet direct
de celle d'objet indirect, en nous appuyant sur deux
types d'enonces bitransitifs. Le premier(5) comporte
deux ob jets non marques, et le second(6) des objets
marques en e
(5) mi
rokk
-ii
hobbe
maaro
je
offrir -ASP
hOtes
riz
"j'ai offert du riz aux etrangers"
(6) mi
sood
- i i
deftere
e
jula
je
acheter
-ASP
livre
PREP
commergant
"j'ai achete un livre a un commergant"
Pour faire la discrimination entre les objets dans
(5) et (6), nous avions fonde notre argumentation, no-
tamment , sur les marques, les transformations et des

-491-
hierarchies syntaxiques et semantiques. Il est possi-
ble de montrer, en no us appuyant ct-avantage sur ces
elements, qu'en pUlaar
un enonce du type (5) a une
transitivite plus grande qu'un enonce du type (6).
Le premier argument reside dans le fait q~e les
syntagmes nominaux en ~ peuvent ~tre omis; ainsi,
I ' enonce
(7) mi
sood
-ii
deft ere
(cf.(6) )
je
acheter -ASP
livre
"j'ai achete un livre"
est parfaitement grammatical, alors que les enonces de
la zone de.E..Q.!5.t.-
"donner" a'ont strictement bitransitifs:
(8) * mi
rokk
-ii
maaro
(cf.15)
je
offrir
-ASP
riz
"j'ai offert du riz"
En effet,
pour obtenir un enonce grammatical a
partir de (8), nous
sommes obliges d'avoir recours
a la derivation:
(9) mi
rokk
-ir
-ii
maaro
je
offrir -INST
-ASP
riz
"j'ai offert du riz" ( I gave away rice)
C'est
dire
donc que les deux objets dans (5)
sont cruciaux a la description complete de l'activite
exprimee par le verbe.
Le second argument reside dans le fait que le
syntagme nominal en ~ peut etre associe a une valeur

-492-
partitive, ce qui se ddgage lorsque, par exemple,
dans (5) -qui n'a pas de connotation partitive-,
nous faisons prdcdder l'objet de ~. Comparons, pour
cela, les ~noncds suivants:
(10 )a. * mi
rokk
-11
ho66e
e
maaro
je
offrir
-ASP
hOtes PREP
riz
( seeda)
(un peu)
"j'ai offert un peu du riz aux hOtes"
b.
mi
rokk
-11
hobbe
e
maaro
ko
je
offrir -ASP hOtes
PREP
riz
DET
(seeda)
(un peu)
"j'ai offert aux dtrangers un peu du riz"
(11 )
mi
rokk
-11
hobbe
maaro
seeda
je
offrir -ASP hOtes
riz
un peu
"j'ai offert un peu du riz aux hOtes"
Le test de la partitivitd de e SN
, dans ces exem-
pIes, est indiqud par l'adverbe se:~ "un peu". Dans
ces dnoncds, seul 1Gb a une lecture partitive. En outre,
l'agrammaticalitd de *10a montre que le partitif doit
etre en meme temps ddfini. L'dnoncd (11) n'a pas une
lecture partitive a cause de l'absence de ~, et cela,
malgrd la prdsence du mot-test seeda
"un peu": la
portion de riz dont il s'agit dans (11) peut bien etre
tout ce dont je dispose (c'est-a-dire, au sens de 'pe-
tite quantitd de riz'); en revanche, dans 1Gb, la lec-
ture ne peut etre que partitive:
je dispose d'une quan-
titd de riz dont je prdleve une portion pour donner aux
hOtes.

-493-
eela se confirme par le fait que la position de
seeda "un peu", est fixe dans 10b (cL *12b), alors
qu'il peut suivre ou preceder l'objet dans l'enonce
non partitif (cf.11/13):
(12) * mi
rokk
-ii
hobbe
e
see~
maaro
je
o ffr ir
-ASP
hOtes
PREP
un peu
riz
(13 )
mi
rokk
-ii
hobbe
seeda
maaro
je
offrir -ASP hotes
un pcu.
1'iz
"j'ai offert un peu de riz aux hOtes"
Enfin, dernier argument, i l est possible dans (11),
de substituer fof "tout" a seeda
"un peu" (cf. 15), ce
qui n'est pas le cas dans 10b (cf. *14):
(14) * mi
rokk
-ii
e
maaro
ko
je
offrir-ASP
hOtes
PREP riz
DET
fof
tout
"j'ai offert tout le riz aux h~tes"
(15) mi
rokk
-ii
maaro
ko
fof
je
offrir -ASP
hOtes
riz
DET
tout
"j'ai offerttout le riz aux hOtes"
Notons que dans ce cas,
(15), l'objet doit ~tre de-
termine.
En resume, le fait que ~ puisse ~tre associe au par-
titif, indique que les enonces du type B sont moins
transitifs que ceux du type A, d'autant que le trait
partitif semble ~tre universellement associe a une
transitivite reduite, comme cela ressort de l'article
de H et T : l'En general, les objets partitifs sont u-
niversBllement associes aux verbes transitifs, ou au
moins a une certaine indication de transitivite redui-

-494-
te. 11 en decoule que,
pratiquem~t·
toute indica-
tion de basse transitivite peut etre utilisee pour
suggerer la partitivite".
(p. 283,
trad.
Y.
S.)
Considerons, pour terminer ,
une illustration
plus transparente encore,
d'emploi du partitif avec le
verbe naam-,
modifie par les adverbes tests ~ "adver-
be partitif(rokk- am
~ "donne -mIen), seeJa "un
peu"
et fof
"tout":
(16 )a~
~
0
naam
- i i
teew
ngu
rseela f
fof
i l manger
-ASP viande DET
run peuj
tout
"il a mange toute la viande"
....
b.
0
naam
- i i f e
teew
ngut
heen
fseecfa }
*fof
"il a mange un peu de la viande"
Nous constatons,
ici, que lorsque l'objet teew
'~iande'l est precede de la particule £
(cf. 16b), il
peut etre determine par seeda "un peu", ou remplace
par ~
"adverbe partitif" ; alors que dans 16a,
ou l'objet n'est pas precede de ~, seul fof "tout" est
permis.
9.3.1.1.2.
Traits semantiques
L'etude de la relation objectale a montre qu'il
y a des processus syntaxiques qui sont associes a la
transitivite.
Le premier
et le plus universellement

-495-
admis
est la passivation, qui est une operation sur
le syntagme verbal et dont l'application en pulaar
est particuli~rement sensible au trait transitif.
En effet, l'application de la passivation est bloquee,
en pUlaar, pour les objets des verbes a une voix, qui
peuvent etre associes au trait [-transitif]
,(cf.
chapitre 8).
Par consequent, les hierarchies semanti-
ques de
(17) peuvent :.~tre considerees comme associees
a la transitivite, en pulaar:
(17)a.
humain )
non humain
b.
anime
')
non anime
c.
d8fini ') ind8fini
En support a 17a et 17b, nous savons que la pro-
nominalisation des objets dans (18) et (19)
,rev~le la
tendance des objets humains et des objets animes a e-
tre contigus au verbe:
(18)a.
0
tott
-ii
mbaalu
ngu
ndiyam
il donner -ASP mouton
DET
eau
"il a donne de l'eau au mouton"
b.
0
tott
- i i
Jam
mbaalu
ngu
il donner -ASP elle
mouton
DET
"il l'a donnee au mouton"
c.?
0
tott
-ii
dam
ngu
i l donner
-ASP
elle
lui
"il la lui a donnea"
d.
0
tott
- i i
ngu
dam
i l donner
-ASP
lui
elle
"comme dans c"

-496-
En pronominalisant ndiyam
"eau", dans 18a,
les contraintes de la cliticisation exigent que le
pro nom dam
soit ramene
en position interne contigu8
au verbe, qui est son hote(cf. 18b). Cependant, la
pronominalisation de l'objet anime, ram~ne ce dernier
pronom a l'interieur, dans une position contigu8 au
verbe(cf. 18c, compare a 18d).
La m~me chose s'observe avec les traits humain
et non humain,
comme on peut le voir dans l'exemple
(19), ei-dessous:
(19 )a. 0
weed
-ii
Demmba
sonndu
ndu
il donner -ASP
Demba
oiseau
DET
"il a donne l'oiseau a Demba"
b. 0
weed
-ii
ndu
Demmba
il donner -ASP
lui
Demba
nil l'a donne a Demba"
c.?? d
weed'
-ii
ndu
mo
i l donner
-ASP lui
lui
nil le lui a donne"
d.
0
weed
-ii
mo
ndu
i l
donner
-ASP
lui
lui
" eomme dans e"
Quant a la hierarchie liee au degre de definitude
de l'objet (17e), nous en avons amplement diseute aux
ehapitres (3) "Fonetions syntaxiques"
et (8) "Passiva-
tion", notamment.

-
- - - - - -
-497-
9.3.1.2.
Transitivite et voix
9.3.1.2.1.
Le probleme de l'ergativite
Nous disions a la section 9.2. que Mc Intosh (1982)
associait la relation actif/moyen a la relation transi-
tif/intransitif, pour certains verbes, et pour d'autres,
a l'ergativite(cf. (4) ). Tout en reconnaissant l'impor-
tance de la voix dans le traitement de la transitivite
en pUlaar, nous pensons que le schema relationnel est plus
complexe qu'il n'appara!t dans les declarations de Mc
Intosh, car,
en plus de la premiere relation qu'elle men-
tionne et qui est attestee, par exemple, dans
(20~ et (21),
ci-dessous .:
,
(20)a. Aali suud
-ii
cukalel
Ali
cacher
-ASP(A)
enfant
"Ali a cache un enfant"
b.
cukalel
suud
-iima
enfant
cacher
-ASP(M)
"l'enfant s'est cache"
(21 )a. 0
loot
-ii
cukalel
i l laver
-ASP(A)
enfant
"il a lave
un enfant"
b.
cukalel
loot
-~~ma
enfant
laver -ASP(M)
"l'enfant s'est lave"
chacune des deux voix moyenne et active, peut ~tre asso-
ciee a la fois au transitif et a l'intransitif.
Exempl es:
(22)a.
ja6b
-aa
-de
accueillir
-M
-INF
"accueillir"

- - - - - - - - - - - - - - -
-
-
-498-
b. * jabb
-u
- de
accueillir
-A
-INF
c.
o
jabb
-iima
kola
il accueillir
-M-
hote
"il a accueilli l'hOte "
d.
ka~ jabb
-aama
hOte
accueillir
-p
"llhOte
a dtd accueilli"
(23)a.
soayn
-aa
- de
apercevair
-M-
-INF
"apercevoir"
b.
*Saayn
-u
- de
apercevair
-A
-INF
c.
0
saoyn
-iima
puccu
il apercevair
-M
cheval
"un cheval a dtd aper~u"
Dans taus ces exemples, des verbes qUi n'admettent
pas la voix acti~e( *22b/*23b) morphalogiquement, n1en
demeurent pas mains des verbes transitifs (22c/23c),
et donc passivables (22d/23d). Quant a la relation erga-
1
tive , no us n1en vayons pas entre 4a et 4b, car si
1. Le pulaar est une langue accusative totale(et non
partielle). Gdndralement, l'ergativite est spdcifique
aux langues ou l'abjet de la phrase transitive a la m~­
me marque que le sujet de la phrase intransitive(par
exemple,l'absolutif), et le sujet de la phrase transi ti-
ve est marqud autrement( Ergatif).

-499-
cela ~tait le cas, no us en aurions trouve entre 4a
et 4c ou llobjet de llactif est egalement sujet du
passif.
Nous nlinsisterons pas sur la critique de cette
analyse de Mc Intosh, mais etudierons plut~t dlaut~es
types de rapports entre la transitivite et la voix.
9.3.1.2.2. La detransitivation
9.3.1.2.2.1. Detransitivation passive
Dans de nombreuses langues, le passif est
un processus qui parmet de d~river des formes intransi-
tives a partir de formes transitivesj clest le cas du
qechua et du ainu(Shibatani, 1985). Cependant, en fai-
sant la distinction entre la transitivite semantique et
la transitivite syntaxique, comme lla fait Shibatani,
il est possible de montrer qulen pulaar la situation
est complexe. En effet, du point de vue semantique, les
vrais passifs sont transitifs, dans la me sure ou ils
impliquent a la fois un agent et un patient, m~me si
celui-la nlest pas exprime en pUlaar.
Sur le plan syn-
taxique, la situation est beau coup plus mitigee, com-
me on peut le
voir dans les enonces au passif suivants:
(24 )a. Aali
jagg
-aama
Ali
attraper
-p
"Ali a ete attrape"
b. nali
tott
-aama
taadere
vaches
donner
-p
herbe
"on a donne aux vaches de Ilherbe"

-500-
c.
kodo
weed
-an
-aama puccu
mum
hOte
donner
-BEN
-p
cheval son
ndiyam
eau
"on a donn~ de l'eau au cheval de l'hOte"
Oans ces exemples,
seul 24a atteste un enonce
intransitif, syntaxiquement parlant,
par l'absence de
complement. En revanche,
on ne peut pas en dire autant
de 24b et 24c, qui comportent respectivement un et
deux objets, quoique pour chacun de ces enonc~s le
nombre d'actants ait diminu~ de 1.
9.3.1.2.2.2. Oetransitivation moyenne
En ce qui concerne la voix moyenne,
nous pouvons
signaler l'existence ,
en pUlaar,
d'un type de d~riva­
tion moyenne intransitive, a valeur de potentiel. Ce
type de derivation opere essentiellement a partir de
bases non moyennes.
Consid~rons, pour cela, les exemples suivants:
(25)a.
def
-de
(A)
; *defaa-de (M)
b.
0
def
-ii
teew
ngu
il pr~parer
-A
viande
OET
nil a pr~pare la viande"
c.
teew
ngu
ini
def
-00
viande OET
elle
pr~parer
-M
"la viande se laisse pr~parer"

-501-
(26)a. naamde (A)
*naamaade (M)
~
b. 0
naam
-ii
teew
ngu
il manger
-ASP
viande OET
"il a mang~ la viande"
~
c. teew
ngu
ini
naam
-00
viande OET
elle
manger
-M
"la viande se laisse manger"
(27)a. wonde
(A)
*wonaade(M)
b. 0
won
-ii
e
suudu
ndu
i l ~tre
-ASP
dans case
DET
"il est rest~ dans la case"
c. nder
suudu
ndu
ini
won
-00
dans
case
OET
i l
~tre
-M
"cette case se laisse occuper"
Les infinitifs (M) en a indiquent que les bases
verbales n'admettent pas la voix moyenne. En Q nous a-
vons des ~nonc~s a un argument (transitif en 25b et
26b, et intransitif en 27b). En £ la transformation
moyanne diminue de 1 le nombre des arguments: cas ~­
nonc~s ont valeur de potential
et sont toujours a
l ' imperfectif.
9.3.1.2.2.3. L'anti-causativation
Las operations de detransitivation passive et
moyenne ressemblent a d'autres formes d1alternance qui

-502-
apparaissent avec les verbes
admettant des patients
en fonction sujet.
exemples:
(2~)a. Aali
hel
-1.1.
sawru
Ali
casser -ASP baton
"Ali a cass~ un baton"
b. sawru
hel
. ,..ii
baton
casser -ASP
"le baton slest cass~"
(29 )a.
0
taf
- i i
boggol
ngol
il casser-ASP
corde
DET
"il a cass~ la corde"
b.
boggol
ngol
tal'
-ii
corde
DET
casser
-ASP
"1 a
corde slest cass~e"
(30)a.
0
ruf
- i i
ndiyam
dam
i l vider
-ASP
eau
DET
" il a vi d~
lleau"
b.
ndiyam
Jam
ruf
-ii
eau
DET
-ASP
"lleau slest
vid~ .,.
(31)a.
0
udd
-ii
damal
ngal
il fermer
-ASP
porte
DET
"il a ferm~ la porte"

-503-
b.
damal
ngal
udd
-iima
parte
DET
fermer -ASP
"la parte s'est ferm~e"
(32)a.
0
udd
- i t
- i i
damal
ngal
i l
ouvrir
-REV
-ASP
parte
DET
"il aouvert la parte"
b.
damal
ngal
udd
- i t
-iima
parte
DET
ouvrir -REV
-ASP
"la porte s'est ouverte"
(33)a.
mi
sok
- i i
kannaar
0
je
fermer
-ASP
cadenas
DET
"j'ai ferm~ le cadenas"
b.
kannaar
0
sok
-iima
cadenas
DET
fermer
-ASP
"le cadenas s'est ferm~"
Selon que l'on privil~gie l'absence de l'agent DU
la valeur
modele,
les ~nonc~s en ~ serontassoci~s,
sait a l'anticausativation(Comrie, 1985), soit a l'in-
choatif
(Guerssel et al, 1985). Ces types de construc-
tions sont universels
,mais le pulaar a cette sp~ci­
ficit~ qU'il les lie a la voix, car, lorsque le verbe
admet la voix moyenne,
c'est elle qui apparalt a l'an-
ti-causatif. C'est ce qui nous permet d'associer ce
type de d~transitivation a la voix moyenne.
9.3.1. 3.
Transitivit~, voix
et d~rivation
Nous savons, a partir de la discussion pr~c~den­
te, que les voix passive et moyenne ont la propri~t~

-504-
de diminuer la valence d'un verbe.
Le meme phenome-
ne s'observe avec certains derivatifs,
tel que le
simulatif kin-
et le rMlexif - t - ,
comme,
le mon-
trent ces exemples:
(34)a.
yim
-~
-
de
"chanter"
chanter
-A
-INF
b.
yim
-ee
-
de
"etre chant~ "
chanter .E...
-INF
c.
* yim
-aa
-
de
chanter- M
-INF
d.
y im
=.!5lD.
-aa
-
de(*yim-kin-~-de ;
chanter
-SIM
-M
-INF
*yim-kin-ee-de)
"faire semblant de chanter"
mais
(34' )a.
mi
yim
-ii
laare
am
je
chanter -ASP
ami
man
"j'ai chante man ami"
b.
mi
yim
-kin
-iima
(*x)
je
chanter -SIM
-M
(*x)
"j'ai fait semblant de chanter"
(35) a.
/eew
-~
- de
"regarder"
regarder
-A
- INF
b.
{eew
-ee
-de
"etre regarde"
regarder
-P
-INF

-505-
c.
* /eew
-aa
de
regarder
-J::1.
INF
d.
{eew
- t
-aa
- de (*yeewtude (A);
-REF-M
-INF (*yeewteede(P)
)
"se regarder"
mais
(35' )a.
mi
/eew
-11
kaari
je
regarder
-ASP
Untel
"j'ai regarde Untel"
b.*mi
{eew
-t
-
iima
Kaari
-REF-M
---
A l'inverse de ces deux derivatifs,
il en existe
d'au-
tres qui augmentent la valence du verbe;
c'est notamment
le cas du causatif,
du benefactif,
et de l'instrumen-
tal, qui sont les plus representatifs de ce type de de-
rivatif • Le causatif ayant fait l'objet de tout le cha-
pitre 7, nous
illustrerons par le benefactif(36) et
l'instrumental
(37)
notre propos
(36 )a.
Sira add
- i i
horde
Sira apporter
-ASP
calebasse
"Sira a apporte une calebasse"
b.
Sira add
-an
- i i
Aali
horde
Sira apporter
-BEN
-ASP
Ali
calebasse"
"Sira a apporte une calebasse pour Ali"
(37)a.
0
dog
- i i
i l courir
-ASP
"il a couru"

-506-
b.
0
dog
-r
-ii
pade
i l
courir
-INST -ASP
chaussures
"il a couru avec des chaussures"
L'inter~t de ce systeme, c'est qu'il permet d'ob-
tenir
jusqu'a trois objets,
phenomene rare dans les
langues du monde et qui a ete suffisamment discute au
chapitre 8,
relatif a la passivation.
Toutefois, il faut dire que,
bien que le causatif,
le benefactif et l'instrumental augmentent to us la va-
lence du verbe,
le pouvoir transitif du causatif est
nettement superieur a celui des deux autres. La raison
fondamentale reside dans l'incompatibilite du morpheme
causatif avec la voix moyenne et les derivatifs associes
a cette voix, comme le simulatif et le reflexif, ce qui
n'est pas le cas du benefactif et de l'instrumental.
Par exemple,
les verbes
ja6Gaade
"accueillir"
et
cfa.anaade
"dormir" sont des verbes moyens;
nous pouvons
leur appliquer un derivatif instrumental
(38),
et bene-
factif(39)
mais pas causatif(* 40):
(38 )a.
0
jabb
-ir
-iima
mboomri
il accueillir
-INST
-M
jeune fille
ndi
mooso
DET
sour ire
"il a accueilli la jeune fille avec un sou-
rire"
b.
0
[a an
-ir
-iima
fi tina
il
dormir
-INST
-M
agitation
"il a passe une nuit agitee"

-507-
(39)
0
jabb
-an
-iima
mo
mboomri
i l accueillir
-BEN
-ASP
lui jeune fille
ndi
DET
"il a accueilli la jeune fille pour 1 ui"
(40 ) a. 0
jabb
-in
-ii
mo
kodo
0
i l accueillir
-CAUS
-ASP
lui hOte
DET
"il lui a fait accueillir l'hOte"
b.
* 0
jabb
-in
-iima
mo
il accueillir-CAUS
-ASP
lui
hOte
(Jj)
Enfin, nous savons egalement que dans l'echelle
semantique, le benefactif et le causatif sont plus ele-
ves que le patient et l'instrumental:
(40' )
AttribU'tifj
>
Benefactif
>Patient
Instrumental
1Causatif
C'est dire que du point de vue strictement descrip-
tif, la question de la transitivite, en pulaar, doit
etre apprehendee
en rapport avec differents parametres
morphosyntaxiques et semantiques (fonctions, voix et
derivation). 11 s'agit maintenant d'examiner cette si-
tuation a la lumiere de l'echelle de la transitivite
proposee pal' H et T, en (3).
9.3.2. De la transitivite cardinale

-508-
9.3.2.1. Definition des parametres semantiques
Les parametres inventories en (3 A-J) devront
~tre interpretes comme suit:
A. PARTICIPANTS: il n'y a pas de transfert d'ac-
tion sans qu'il y ait au moins deux participants au
discours;
B. KINESIS: contrairement aux etats, les actions
peuvent ~tre transferees d'un participant ~ un autre;
C~ ASPECT: une action envisagee du point de vue
de son caractere acheve (action telique), comme dans
"jlai bu le lait", est orientee vers un patient de fa-
gon plus effective qu'une action inachevee(atelique),
comme dans 11 je suis en train de boire le lai t";
D. PONCTUALITE: les actions ponctuelles(lIje casse")
ant plus d'effet sur le patient que les actions non
ponctuelles(lIje transporte")
E. VOLITION: l'effet
sur un patient est plus
apparent lorsque l'agent agit intentiannellement (voli-
tif),
comme dans "j'ai rapporte le livre", qulautrement
(non volitif), comme dans "j'ai oublie de rapparter le
livre".
F. AFFIRMATION: oppositon affirmation/negation
G. MODE: il s'agit, ici, de la distinction entre
une action qui a lieu dans un monde reel, correspondant
~ un evenement reel(realis)
et une action irreelle,
qui nla pas eu lieu dans un monde irreel(irrealis);

-509-
H.AGENTIVITE:
les partieipants eleves dans 1'13-
chelle de l'agentivite transferent une action de fagon
plus effective qu'un participant moins eleve dans cet-
te echell e;
I. AFFECTATION.DE 0: le degre de transfert d'une
action a un patient est fonction du degre de l'effet
de cette action sur ce patient; par exemple, le fran-
gais oppose 'mordre' et 'mordiller', ou 'lire son tex-
ta' et 'lire dans son texte'(Hagege, Ope cit.);
J.
INDIVIDUATION: les participants dont les proprie-
tes reI event de la colonne de gauche dans (41), ci-des-
sous, sont plus eleves dans l'individuation que ceux de
la colonne de droite.
Ces parametres ne sont pas compacts: l'individua-
tion(41) et son sous-parametre referentialite(41 I),
ainsi que l'agentivite(42), peuvent ~tre eclatees de
la maniere suivante (cf.H et T):
(objet)
(objet)
(41) individualise
non-individualise
a. propre
commun
b. h umain, anime
non anime
c. concret
abstrait
d. singulier
pludel
e. denombrable
masse
f.
referentiel
non-referentiel
[tradUC~ion : Y. s.]

-510-
(41')'individuation de l'obl~t(code: 2 a 0)2
a.
rdfdrentiel et ddfini
(2)
b.
rdfdrentiel et inddfini
(1)
c.
non rdfdrentiel et inddfini
(0)
(42)
Givon: 1984
a. humanite: humain)animd) inanimd)abstrait
b.
causation: cause directe)cause indirecte)absence de cause
c.
volonte: intention forte)intention faible)absence de volontd
d.
contrOle: puissant contrOle)faible controle)absence de
controle
e. p'roeminence:
tres dVident/saillant)moins dvident/sail-
(saliency)
lant)non dvident/non saillant
(trad.
Y.
s. J
L'dchelle (3)A-J se retrouve dgalement sous forme
synthdtique,
chez Hagege(1982) pour qui,
selon les lan-
gues,
s'opposent(i)-"les degrds de volontd de l'agent",
(ii)-"les degrds d'affectation du sujet",
(iii)- "les de-
gres d'achevement du proces",
et (iv)-"les degrds de dd-
finitude du p.tient", et "ces oppositions sont solidai-
res.
La faible affectation du patient, son sens inddfi-
ni ,
et l'inachevement du proces sont trois faces d'un m~me
phdnomene"
(P.
51).
2. ces codes seront utilises dans la discussion de la
section 9.3.2.3.

-511-
9.3.2.2.
Pertinence des parametres semantiques
pour le pulaar
Les resultats de notre investigation, dans les
sections precedentes, confirment la plupart des traits
associes a la transitivite, enumeres dans (3).
9.3.2.2.1. Individuation et affec~tion
Selon ces parametres, le nominal situe a gauche
de (41), ci-dessus, presente un degre d'individuation
plus eleve que celui situe a droite. Cette dichotomie
aurait une incidence sur la transitivite d'un enonce.
Les faits du pulaar indiquent
que ~es traits enumeres
en (41), seuls £ (humain, anime) et f(referentiel) sont
pertinents pour la langue. Car,
(41b) est un eorollai-
re de la hierarchie en (40'): l'attributif, le benefac-
tif et le causatif
ont tendance a etre humains, donc
animes; ce sont les objets qui occupent la position
postverbale immediate, dans
les enonces a transitivi-
te elevee.
Le trait lie a (41)f
est plus mitige en pUlaar,
car il confirme et infirme, a la fois, les predictions
de H et T. Il les confirme
dans la me sure ou le trait
defini
intervient dans l'operation du mouvement du da-
tif qui nourrit la passivation; en d'autres termes, la
presence d'un objet defini
dans un enonce est un signe
de transitivite elevee, pUisqu'il permet a eet objet
d'avoir acces au passif. D'un autre cote, nous avons
egalement vu que le
partitif, dont la presence
dans un enonce devrait etre associee a une faible tran-
sitivite, doit pourtant etre defini en pulaar(cf. dis-

-512-
cussion exemples
(10) a (16)
). Cependant, par rap-
port a l'affectation, il decoule de notre analyse
que
le partitif, partiellement affecte, conferait a un
enonce un degre de transitivite moins eleve
(cf.(16)
a~b ) •
9.3.2.2.2. Aspect et Mode
Le parametre aspectuel predit qu'une action teli-
que( vue du point de vue de sa finalite,
de son accom-
plissement) est mieux transferee au patient qu'une ac-
tion atelique(vue du point de vue de son inachevement),
tandis que le mode predit que les actions reelles sont
plUS affectives(c'est-a-dire affectent mieux) que les
actions irreelles. Ces deux parametres peuvent se re~
trouver ensemble,
dans l'expression, en pUlaar, du po-
tentiel, avec la voix moyenne(cf. discussion des exem-
pIes (25),
(26) et (27)
). La, no us avions vu; Que le
potentiel, non seulement relevait de l'irreel du point
de vue modal et qu'il est exprime par l'imperfectif,
mais qu'il est associe a une transformation intransi-
tive, donc basse sur le continuum de la transitivie.
9.3.2.2.3. Agentivite
Ce parametre, que nous avons eclate en (42), a
ete suffisamment discute dans ce chapitre et les pre-
cedents, Par exemple,
(42)a trouve une illustration
dans notre traitement de l'individuation, et 42b-c-d,
dans le chapitre 7 , relatif aux constructions causati-
ves.

-513-
9.3.2.2. Transitivite et discours
9.3.2.3.1. Les deux predictions fondamentales de
l'echelle cardinale
Il Y a deux predictions associees a (3 A-J), qui
meritent une attention toute particuliere:
Qrediction N° 1
(43)"lorsque deux propositions(a) et (b) diffe-
rent par le fait que (a) a une transitivite plus ele-
vee suivant l'un des traits A-J, alors , si une diffe-
rence semantique ou grammaticale concomitante appara1t
ailleurs dans cette proposition, cette difference devra
egalement indiquer que (a) a une transitivite plus ele-
vee"
(p. 255, trad.
Y. s.)
En illustration de (43), reprenons l'exemple de
H et T • (43) predit, par exemple, que si un verbe V
est telique( donc eleve dans la hierarchie de la tran-
sitivite pour le parametre de l'aspect), alors tout
signal morphosyntaxique ou semantique associe a l'objet
o de V, indiquera que 0 est egalement eleve dans la
hierarchie de la transiti~ite relative aux parametres
objectaux, notamment, l'individuation • Ainsi, etant
donne les structures
A
V
0
[teliq ue]
[x]
A
V
0
[ateliqu~
[yJ
si
25. et ::L doivent etre marques
pour la referentialite,

-514-
par exemple, alors x sera
~referentie!J , et y
Er~ferentielJ.
pr~diction N° 2
11 est un fait etabli que dans tout recit narra-
tif ou une conversation 'ordinaire, certaines parties
sont plus importantes que d'autres, du point de vue du
narrateur. Appelons arriere-plan(background),
toute
partie du discours qui ne contribue pas de fagon crucia-
le 8 faire avancer le r~cit. Par exemple, releV8rai~_ _
de l'arriere-plan, les commentaires sur le fil conduc-
teur, "ce qui assiste"
ou "amplifie". A cote, il y a
cette partie du discours qui en constitue la trame et
qui sous-tend les points saillants, essentiels par
l'importance de leur contenu et necessaires 8 la com-
pr~hension du recite Appelons cette derniere partie
premier-plan (foreground).
La pr~diction N° 2 de H et Test alors la suivan-
te: le choix par un narrateur, de faire d'une clause
un
~ldment de premier-plan coIncide avec celui d'at-
tribuer
8 cette clause un plus grand nombre de traits
s~mantiques li~s a la transitivite cardinale, telle
qu'elle appara1t dans (3).
Des etudes effectuees sur differentes langues
ont montre, dans une certaine mesure, la pertinence de
ces hypotheses. Ainsi, par exemple, Kalmar(1982), exa-
minant un recit folklorique tcheque, en est arrive
8 la conclusion que, de ce qU'il considere comme etant
les deux traits d~finitoires du "foregrounding"
(8 sa-
voir le contenu et la sequence temporelle des ev~nements),
seul le second est
pertinent pour sa langue-cible.
D'autre part, l'etude de r~ci~en anglais, par H et T,

-515-
indique que 78 %des traits semantiques associes a
une transitivite 'levee dans (3) se trouvent dans des
clauses en "foreground".
Qu'en est-il du discours en pulaar ?
9.3.2.3.2. Test:
deux recits peuls
Dans cette section, nous nous proposons d'evaluer
les deux predictions ci-dessus, a travers le discours
peul. Nous examinerons, pour cela, deux extraits choi-
sis au hasard et tires,
le premier de Kane(1983) et le
second 'de Labouret(1952).
Texte 1?
a. waandu meed
-ii won
-de
mawdo
konu.
singe
ge6ter
-p
~tre -INF
chef
armee
1.' konu
a
waal
-i
e
nokku
armee
DET dormir
-p
sur endroit
2. subaka
1all
konu
daw
-i
matin
tot
armee
partir
-p
b. mawJo mum, waandu
, ina ard
-ii
dum
chef
son
singe
i l
devancer
-p
ell e
c. konu
fokkit
-i
arm'e demarrer
-p
d. won
-aan
-i
hay
waktu
etre -NEG
-p
m~me-pas
heure
3. extrait de ngoowka ko dabare
"1'habitude est une
seconde nature"
(Kane, 1983: 35).

-516-
3. tan
haa
jeeynoowo
yeeyn
-i
aussitot quand
crieur
cri er
-p
publique
4. won
-de
yoo
dabiiji
ndar
- 0
l'Hre -INF
HORT soldats
arr~ter
-IMP
e. yoo
kanndagal
dar
-0
soldats lateraux arr~ter
-IMP
f.
yoo
moni-fof
yeed
do
dar
-i
-noo
HORT chacun
se tenir
la
arr~ter -p
-PRET
tranquille
5. ngam
hed
-aa
-de
yamiroore laamdo gardiido
pour
ecouter
-M
-INF
ordre
chef
t~te
konu
0
waandu
armee
DET
singe
g. ndeen
yamiroore
ko
cette
ordre
c'est
6. yoo
konu
nallin
HORT
armee
passer-la-journee
7. ~m
haaw
-i
Yimbe
kala
cela etonner
-p
personnes DET
toutes
h. moni-fof ko
ngol
do' konngol
dog
-i
e
chacun
EMP
cette
la
parole
courir -p
dans
bernde
mum:
coeur
son

-517-
/ '
i. Yimbe
ndaw
..it hey
natt
-aan
personnes quitter -p meme pas
finir
-NEG
-i sooynaa
-de
lo mbaal
nOo
-p apercevoir
-INF la
dormir
-PRET
k. mbiy -ee
yoo
nallin
dire -IMP
HORT
passeI' la juurnee
1. Ee
nd..
ko
haawn
-ii
Excl. EMP
etonner
-p
m. 'Bee
ina
mbiy
-a
yoo
taw
1 aamdo
ceux-la
ils
dire
-IMP
HORT
trouver
chef
0
ina
sell
-i
DET
il
sain
-p
o. beya
ina
naamn
-ondir
-a:
kori
ko
ceux-la
ils
demander
-REC
-IMP
Q
Q
jam?
kori
ko
jam ?
paix
Q
Q
paix
...
4
Traduction :
~. Le singe, un jour, fut chef de l'armee. 1. L'ar-
mee passa la nuit quelque part. ~. L'armee par-
tit de tres bonne heure,g. ~on chef, le singe,
a sa t~te.£. L'armee partit, £. au bout d'une
heure a peine, 1.. le crieur publiQIJ3 cria,
4.et demanda que les soldats s'arretent;~. que
les
colonnes laterales s'arretellt, r. que chacun
se tienne tranquille la OU il se trouve, 2. pour
scouter l'ordre du chef, tete de l'armse, le singe.
4.
traduit par nous-meme.

-518-
g. Cet ordre, crest: ~. que l'armee passe la journee
la. 1. cela etonna tout le monde. h. et chacun
se dit: i. les gens sont partis de bonne heure,
j. et avant meme de s'etre eloignes de leur domici-
le, 1. on leur dit de s'arreter pour passer la
journe e • l~ que crest etonnant ! m. ceux-ci di-
sent : n. "5ouhaitons que le chef soit en bonne
sante. Q.
ceux-la demandent: "Est-ce I.ban signe?
Est ce bon signe ?
a. kumandaw
wiy:
commandant de cercle dit:
b. mi haal
-an
-a
on
ko
wad
-1
so
wiy
-a
je dire
-BEN-IMP vous ce que cause-~
si
dire
-IMP
1. gooto
res
-a
maaro
chacun reserver
-IMP riz
2.
fa
naft
-or
-00
ko
war
-ata
pour utiliser -IN5T
-IMP
ce que
arriver
-IMP
3. odoll and
-ike won
duubi
di
mo/V
-ir
vous savoir-p
etre
saisons REL
bon
-IN 5T
-t
-aake
-N EG
5.
extrait de "Greniers de reserves"
(Labouret, 1952:
148), non titre en peul
(dialecte Massina).

-519-
r-
c.
Jiin
duubi
. ,naalldu
t i i !
ces
saisons nourriture
difficile
-an
ley
hitaande
-IMP
dans
annee
4. nden
gooto
fu
bamt
-an
ko
resu
-no
alors
chacun
prendre -IMP ce que reserver
-PRET
d.
wan
-aa
kumandaw
etre
-NEG
Commandant de cercle
e. wen
-aa
jom
-saare
etre
-NEG
chef village
f.
wan
-aa
amiri
daanugol
etre
-NEG
chef
superieur
g.
jey
maaro
moftodon
ngol
appartenir
riz
garder-vous
DET
h.
onon
e
koye
mon
ni
vous-memes
pour
tetes
vos
seulement
jey
appartenir
TraQuction
(par Labouret)
a.
(Le) Commandant
(de Cercle)
dit:
b:
(que)
je vous explique ce qui fait
(qu1il)
est dit 1.
(a) cha-
cun de mettre du riz 2.
en reserve pour l'utiliser plus
tard (pour ce qui
vient).
3.
Vous savez
(qu'il
y a )
(des)
saisons qui ne sont pas bonnes,
c.
du fait de ces
saisons,
la nourriture est rare au cours de toute l'an-
nee.
4.
Alors chacun reprendra ce qu'il
y avait mis en

-520-
r~serve. d. Ce n'est pas (au) Commandant (de cercle),
e.
ce
n'est pas (au) Chef de village,
f.
ce n'est
pas
(au) Chef (sup~rieur) g.
(qu~) appartient l' abon-
dance
(du) riz (que)
vous avez dissimul~ h.
(a) vous
et (a)
vous-m~mes (pour vos
t~tes) il appartient seu-
lement.
PoUr tester la validit~ des deux pr~dictions, les
conventions s~ivantesont ~t~ adopt~es: un plus(+)
repr~sentera un degr~ de transitivit~ ~lev~ pour les
parametres kin~sis, aspect, ponctualit~, etc.,et un
moins(-),
un degr~ moins ~lev~ pour les m~mes parame-
tres.
Le nombre de participants varie de z~ro (0) a
deux (2). Suivant H et T, les agents
pronominaux de
la troisieme personne seront cod~s (4), les noms pro-
pres(3), les noms anim~s(2) et les noms inanim~s(O).
Pour le parametre de l'individuation (cf.(41')
).
Les d~coupages des deux textes donnent, aJors., les
tableaux suivants:

XC81:
~art~c~pant : Kinesis:Aspect:Ponctualite :
Volition:Affirmation : Mode:Agentivite:Affectation:Individuati
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-523-
Commentaire sur le texte 1
-par rapport ~ la prediction nO 2
Ce texte comporte, selon notre decoupage, sept e-
nonces de premier pla~, numerotes de 1.~ 1 ; et quin-
ze enonces d'arriere-plan, numerotes de ~ ~ Q. Ces
derniers enonces
ont ete marginalises parce qu'ils
constituent, soit des precisions, soit des commentaires
sur les premiers enonces. Ainsi :
a= introduction du reci t,
b= precision sur 2
c= commentaire sur 2
d= cgmmentaire sur c
e= commentaire sur 4
f= commentaire sur 4
g= commentaire sur 5
h= commentaire sur 7
i ... 0= commentaires sur 7
Suivant la prediction n0 2, donc, on devrait s'at-
tendre ~ ce que les enonces (1 ••• 7) denotent une plus
grande superiorite dans l'echelle de la transitivite
cardinale, par rapport aux enonces (a •••• o); cependant,
notre tableau n'indique rien de particulierement signi-
ficatif, qui meriterait un commentaire, car meme le
parametre affirmation, ou les enonces de premier plan
sont tous positifs,n'est pas determinant, puisque le
fait qu'il y ait un se~ enonce sur quinze, avec une
mention negatiu8
dans les enonces d' arriere-plan, peut
w
simplement relever de la probabilite(plus il y a d'e-
nonces, plus il y a de chance de diversite dans les
valeurs a attribuer aux enonces).

-524-
le m~me raisonnement peut ~tre applique aux
autres parametres. D'autre part,
no us pouvons remar-
quer le carectere peu significatf des parametres de
l'affectation et de l'individuation.
-par rapport ~ la prediction n01
Nous pouvons dire que cette prediction est con-
firmee,
dans l'ensemble.Comparons
les paires d'enon-
ces-echantillons:
7/6
, c / d , n/o
, k / l .
Par exemple,
pour le parametre participants,
l'enonce 7 est plus transitif que l'enonce 6. Seion
cette prediction n01, cette superiorite transitive de-
vra se refleter au ni·veau des autres parametres qui in-
quent une difference,
ce qui est le cas
~ l'exception
du parametre volition:
Part.
Kin.
Aspect
Ponct.
Mode
Agent.
Affec.
Ind.
7. ••
2
+
+
+
+
4
+
2
6. •• 1
2
Des rapports similaires s'observent avec les pai-
res d'enonces cid ,
n/o , k/l, etc.
Notons, cependant le caractere mitige de la paire
1/m.
Commentaire sur le texte 2

-525-
-par rapport ~ la pr~dictio~ nO 2
Ce texte comporte, suivant notre d~coupage, 4
~nonces de premier plan et 8 ~nonc~s dtarriere-plan,
et selon les criteres analogues ~ ceux du texte pr~c~­
dent :
a et b introduisent le r~cit
£ est un commentaire sur 3
~-,~.,!-,3-,h, des commentaires sur lt~nonc~ 4
Par rapport ~ la pr~diction n0 2, done, le tableau
r~v8le que seuls trois parametres sont pertinents:
P~~tibimants, volition. et affirmation,
comme on pect
le remarquer dans la recapitulation suivante:
Parcicipants
Volition
Affirmation
2
1
o
+
+
4 ~nonc~s cantraux 3
o
1
3
1
4
o
8 ~nonc~s margi-
2
6
o
3
5
4
4
naux
lire:
dans 4 ~nonc~s centraux, 3 compor-
tent 2 participants ,
aucun ne comporte 1 participant,
et un seul ~nonc~ comporte 0 participant. D'autre part,
dans 8 ~nonc~s marginaux, 2 comportent 2 participants,
6 en comportent 1, et aucun ~nonc~ ne comporte 0 par-
ticipant.
Lecture analogue pour les 2 autres parametres.
-par rapport ~ la pr~diction n01:
Le tableau g~neral n1est pas significatif par rap-
port ~ cette prediction, comme ltindiquent, par exemple,

-526-
les paires d'enonces suivants: 3 confirmations/3 in-
firmations:
1/2
(predictions confirmees)
1/3
(predictions non confirmees)
1/4
(pas de difference pertinente)
2/3
(predictions confirmees)
2/4
(predictions confirmees)
3/4
(predictions non confirmees)
9.3.2.3.3.
Synthese et relevance pour le pulaar
Il est difficile d'arriver a une conclusion signi-
ficative quant a la pertinence des deux predictions de
H et T,
pour le pulaar.
L'etude des deux textes revelent
des resultats contradictoires, puisque la prediction
n01,
confirmee par le
texte 1, demeure non significa-
tive pour le texte 2,
tandis que la prediction n02,
par-
tiellement confirmee par le texte 2,
est non significa-
tive pour le texte 1.
Notre discussion de
(3) aura donc conduit a deux
formes d'evaluation.
La premiere, qui a examine la per-
tinence des parametres semantiques(section 9.3.2.2.),
slest revelee pertinente pour le pulaar et a montre que
malgre la diversite des parametres definitoires de la
transitivite,
ce phenomene devra ~tre apprehendee d'u-
ne maniere totale.
La seconde est que, les predictions
universalistes qui decoulent de cette echelle (3),
se
sont reveM~ moins operationnelles, du fait du carac-
tere mitige des conclusions auquelles notre analyse a
abouti.

-527-
10. LA NEGATION
Nous avons vu, au chapltre 2,
que le pulaar pre-
sente un cas de neutralisation,
puisque le nombre des
formes aspectuelles affirmatives est superieur a celui
des formes negatives.
Replace dans le contexte histori-
que et celui du discours, ce phenomene, frequent dans
les langues du monde, peut s'expliquer,
d'une part, par
la tendance conservatrice de la negation, qui decoule de
son caractere essentiellement presuppositionnel, d'au-
tre part, par le pouvoir innovateur de l'affirmation
qui, plus que la negation, est souvent porteuse de nou-
velle information.
En partant de ces hypotheses, il doit donc ~tre pos-
sible de proposer, pour le pulaar, un processus qui per-
mette de deriver chacune des deux series aspectuelles
de la negation a partir de la serie affirmative corres-
pondante. Pour ce faire, il nous semble necessaire de
depasser la maniere traditionnelle et compacte de pre-
senter le paradigme negatif du pulaar.
Ce chapitre sera organise en trois sections.
La

-528-
premi~re ddgagera de mani~re argumentde, toutes les
composantes du paradigme ndgatif du pUlaar, ce qui per-
mettra d'isoler ainsi les indices aspectuels du ndgatif
ainsi que les diffdrentes expressions de la ndgationj
ensuite, le caract~re prdsuppositionnel de la ndgation
sera dtabli a partir de la syntaxe de la languej enfin,
dans la troisieme section, nous proposerons , sous for-
me d'hypothese, un processus de ddrivation des indices
ndgatifs a partir des formes positives.
10.1.L'expression de la ndgation
Tradi tionnellement, les p aredigrnQs de la ndga tion
sont prdsentds de la maniere suivante, pour le perfectif
(1) et pour llimperfectif(2):
(1) Ndgation du Perfectif
A
M
p
PN eg
-aani"- -aa
-aaki
-aaka
(2 ) Ndgation de l'Imoerfectif
A
M
p
-ataa
-otaako
-etaake
Au chapltre 2, nous nous dtions contentd d'isoler
le morpheme de la ndgation ~~ , a partir de ces para-
1
digmes,
en llabsence de toute argumentation •
1. il reste bien entendu que ce qui est important dans
ce chapltre, clest moins la marque ndgative elle-m~me, qui
est
dvidente a partir du tableau,que les marques aspec-
tuelles ndgatives qUi, elles, n'ont dtd aborddes dans la
littdrature que de fagon marginale.

-529-
Pourtant, celle-ci paralt necessaire, dans la mesure
o~ les descriptions anterieures sesont contentees, soit
d'inventorier les paradigmes negatifs dans leurs for-
mes compactES (1) et (2)
, sans isoler -le morphene,
soit de signaler celui-ci sans demonstration. Dans ce
dernier cas, Labatut (1982) dit
"qui'il semble qu'on
puisse identifier un operateur negatif ~" (P. 263 ,).
Nous nous proposons donc, d'isoler le morpheme ne-
gatif, ce qui nous permettra d'aborder l'origine des
marques aspectuelles de la negation. En effet, l'examen
de (1) et {2) permet d'identifier trois entites: le mor-
phene du negatif~, des consonnes que nous considerons
synchroniquement comme epenthetiques D (pour le perfec-
tif actif) et k (pour les voix moyenne et passive du
perfectif et de l'imperfectif);
enfin, des marques aspec-
tuelles i
, i, et ~ , respectivement pour l'actif, le mo-
yen, et le passif du perfectif;
et ~,
oJ:;. •• o , et ••• e,
respectivement pour les voix active, moyenne et passive
de l'imperfectif.
Au moins
pour le perfectif, Labatut est conscient de
ce decoupage en aa
(Negatif) et i
(modalite temporelle).
C'est ainsi que, analysant les enonces en (3):
(3)a. mi
nan
- i
habaru
je
entendre
-ASP nouvelle
"j' ai entendu la nouvelle"
b. naa
mi
nan
-i
habaru
NEG
je
entendre
-ASP nouvelle
"il n'est pas vrai que j'ai entendu la nouvel-
1 e"

-530-
c. mi nan
-aay
habaru
je entendre
-NEG
nouvelle
"je n'ai pas entendu la nouvelle"
il en arrive a la conclusion:"nous pouvons donc operer
a l'operation
d'addition de l'operateur negatif aa
qUi, amalgams avec la modalite de l'accompli i, donne
le mophene aay " (Labatut, OPe
ci t., 264)
Notre argument s!appuiera donc sur le caractere
epenthetique des consonnes !l et k.
Supposons que ces dernieres ne soient pas inserees,
mais qu'elles fassent partie integrante de la marque
negative. Les paradigmes en (1) et en (2) montreraient
alors trois formes de la negation: ~U, aak et ~, ce
qui n'est evidemment pas exact, eu egard a la distribu-
tion complete de ces formes.
En effet, certains verbes comme annd- "connaltre,
savoir" .Y.iJ- aimer", s~ "oser", waaw- "pouvoir",
apparaissent toujours avec la forme ~, la DU les au-
tres verbes apparaissent en ~:
(4)a. mi
annd- { aa .1
*aanl (
je
savoir-NEG
"je ne sais pas"
b. mi
yid
{*::ni}
mo
je
aimer -NEG
lui
"je ne l'aime pas"

-531-
c. mi
suus
-} aa
1
*aani
bone
\\
je
os er
NEG
problemes
"j'ai peur des problemes"
d.
mi
waaw
-j aa \\
ndiyam
~aani
je
pouvoir
-NEG
eau
"je ne sais pas nag er"
Donc, pour traiter de la negation en pUlaar, il
est possible de faire une distinction binaire dans le
lexique de la langue selon les traits ~ti[, statif,
et perfectif, associes aux verbes. Cette division,
resu-
mee en (8), fait appara1tre la distribution complete
des consonnes n et k
(8 )
-statif
+statif
+perfectif
-perfectif
+actif
aan
aa
aa
-actif
aak
11 para1t donc evident que ~ est bien le morphe-
me de la negation.
En fait, n et t
peuvent ~tre analy-
ses de fagon independante. Par exemple, ~ peut en ~tre
separe par le morphene du preterit (9)
, ou m~me dispa-
ra1tre devant celui-ci:
(9)a.
mi
naamn
-aa
-k
-i
je
demander
-NEG
-ASP
"je nlai pas demande"

-532-
b.
mi
naamn
-a
- noo
-k
-i
je
demander
-NEG- PRET
~ASP
"je n'avais pas demande"
(10)i:i. mi
jagg
-aa
-n
-i
mo
je
attraper
-NEG
-ASP lui
"je
ne l'avais pas attrape"
b.
mi
jagg
-aa
-no
mo
je
attraper -NEG PRET
lui
"je
ne l ' av,Hs pas attrap e"
Synchroniquement done, D et ~ peuvent ~tre analy-
sees eomme des cas d'epenthese obeissant aux regles
suivantes:
(11)
~_ _-+k/
+p erf eeti fJ
(12 )
NEG (noo) _ _
[ +actif
Enfin certaines formes figees,
qui sont negatives
et sans equivalents
positifs, n'apparaissent qu'avec
aa
(13 )a.
Demmba
alaa
kaalis
Demba
n'a pas
argent
"Demba n'a pas d'argent"
2
b o
Demmba
alaa
do
Demba
n' est-pas
la
"D81mba n'est pas la"
2.
l'expression alaa
signifie "non!",
en pulaar.

-533-
(13a) et (13b) sont respectivement des enonces
n~gatifs de (14a) et (14b), de fa90n suppletive:
(14) a.
Demmba ini
jog
-ii
kaalis
Demba
i l
posseder
-ASP
argent
"Demba a de l'argent"
b.
Demmba
ini
do
Demba
i l
la
"Demba est la"
La forme suwaa
"pas encore" n'a pas d'~quivalent
posi tif:
(15) mi
suwaa
haal
-de
je
pas-encore
parler
-INF
Ilje n'ai pas encore parle"
Nous pouvons considerer
cette negation suffixale
comme etant la negation standard du pUlaar, definie avec
Payne
(1985) et Givon(1984),
comme la negation qui af-
fecte l'enonce minimal declaratif,
c'es-a-dire compor-
tant un seul predicat et un nombre limite d'argumeAts
et d'adverbes,
comme c'est le cas des expressions metearo-
logiques(tob -aa- n - i
" i l n'a pas plU")
11 existe, par ailleurs,d'autres expressions de
la negation utilisant la strategie standard ou autre,
et qui sont associees a certains modes ou constructions
syntaXiques~

-534-
auec la particuIe woto
Certaines series de l'imperfectif connaissent
une forme canstruite auec la particule negatiue~ato,
employee auec Ilimperatif:
(16)a. haal
"parle!"
b. woto
haal
NEG
parle
"ne parle pas"
(17 )a. ~
naam
"mange! "
b. wota
~
naam
NEG
mange
"ne mange pas"
(18)a. yaa
Aali
yah
jeere
HDRT
Ali
aller marche
"qui Ali aille au marche"
b. wata
Aali
yah
jeere
NEG
Ali
aller marche
"qui AIi n l aille pas au marche"
(H )a
ya
be
ndaw
o
HDRT ils
quitter de bonne heure
"qulils quittent de banne heure !"
.,

-535-
b o woto
be
ndaw
NEG
ils
quitter de bonne heure
"quI ils ne qui ttent pas de bonne heure"
,..
(20)a. naam
-at !
manger
-IMP3
"prends llhabitude de manger!"
b. woto
naam
-at
liingu
nolngu
NEG
manger -IMP3 poisson
pourri
" ne prends pas llhabitude de manger du pois-
son pourri"
waas-
est un radical de signifid "manquer de, per-
dre If, sa valeur intrinseque, et peut apparaltre de fa-
90n inddpendante
a llaffirmatif et au ndgatif:
(21)a. Aali
waas
-ii
yam{amo
Ali a perdre -ASP
fiancde
"Ali a perdu une fiancde"
b. Aali
waas
-aan
-i
. {am/amo
Ali
manquer
-NEG
-ASP fiancee
"Ali n1a pas perdu de fiancde"
11 est employe comme verbe de support a valeur ndga-
tive dans des constructions qui n1admettent pas la nd-
gation standard, comme clest le cas avec les constructions
infinitives, avec les consdcutives et les emphatiques.
Rappelons que ces deux dernieres constructions ne sont
compatibles qulavec un certain nombre de sdries aspec-
tuelles, dont le perfectif narratif P2 :

-536-
• l'infinitif
(22)a. ummaa
-de
law
ko
fotde
gorko
se 1 eper
-INF
tot
COP
devoir
homme
"se level' tot est un devoir pour l'homme"
b. waas
-de
ummaa
-de
law ...
manquer
-INF
se lever
-INF
tot
"ne pas se le vel' tOt ..."
a' • dog
-de
mbaroodi
ni
moyt -i
courir -INF
lion
est ban
-ASP
"fuir un lion , c'est ban"
b'. waas
-de
dog
-de
mbaroodi •••
manquer
-INF
courir
-INF
lion •••
"ne pas fuir un lion .•
."
.le5 cons~cutives
consid~rons
l'exemple suivant avec des consecuti-
vas:
(23 )
0
war
-i
sonndu,
0
ar
-t
-~
il
tuer
-ASP
'oiseau
i l
venir -REP -ASP
0
daan
-ii
i l
dart
-ASP
"il tue un oiseau, i l revient, et s'endort"
La s~quence temporelle des ~vevements , dans cet
~nonc~, ne peut ~tre conserv~e au n~gatif Qu'avec l'em-
ploi du support negatif waas- :

-537-
(24 ) 0
waas
-i
war
-de
sonndu
ndu,
i l manquer -ASP tuer
-INF
oiseau
DET
0
waas
-i
ar
-tu
-de
0
waas
il manquer-ASP venir-REP -INF i l
manquer
-1
daanaa
-de
-ASP dormir
-INF
"il n'a pas tue l' oi s ea U; i l n'est pas reve-
nu; il ne s'est pas endormi"
car, la negation en (25) des verbes de l'enonce (23)
contenant la negation standard, correspondrait plutOt
a celle de (26):
(25) 0
war
-aan
-i
sonndu
ndu
0
ar
i l tuer
-NEG
-ASP
oiseau
DET
i l
venir
-t
-aan
-i
0
daan
-aak
-i
-REP -NEG
-ASP i l
dormir
-NEG
-ASP
"il n'a pas tue l' oiseau; i l n'est pas revenu
il n',est pas endormi"
(26 ) 0
war
- i i
sonndu
ndu
0
ar
-t
i l tuer
-ASP
oiseau
DET
i l venir-REP
- i i
;
0
daan
- i i
-ASP
il
dormir-ASP
"il a tue l' oi s eau; i l est revenu; i l s'~st
endormi"
• ies emphati9ue~
La reponse a une question portant sur l'action d'un
u
proces, par exemple, ne peut ~tre niee /plia lle verbe de
support waas- :

-538-
(27)a. Demmba
wull
-ii
jamma
Demba
crier
-ASP nuit
"Demba a crie la nuit"
Question:b. hol
ko
Demmba
wad
-i
?
Q.
Q.
Demba
"qu' a fai t Demba"'? It
Re~onse:c.
Demmba
wull
-u
jamma
Demba
crier
-P1
nuit
"Demba a crie la nuit 'l
L'enonce en E est nie par d.
d. Demmha waas
wullu
-de
jamma
Demba
manquer
crier
-INF
nui t
" Demba n'a pas crie la nuit"
(il n'a pas erie, Ali, la nuit)
et non par e.Demmba
wull
-aan
-i
jamma
Demba
crier
-NEG
-ASP nui t
"0 emba
n'a pas crie la nui t"
En effet,
e serait plutot la negation de ~.
avec 'won.l.'
Nous avons deja eu El traiter de won-
"~tre" au
chapitre 4. Nous savons qu'il s'agit d'un verbal auto-
nome, comme on peut le voir dans les exemples suivants:
(28)a. Demmba
Won
- i i
Doktoor
Demba
~tre
-ASP
medecin
"Demba est devenu medecin"

-539-
b. Demmba
won
-aan
-i
doktoor
Demba
~tre
-NEG
-ASP medecin
"Demba n'est pas devenu medecin"
(29 )21.
won
-de
doktoor
~tre
-INF
medecin
"~tre medecin"
b. waas
-de
won
-de
doktoor
manquer
-INF
~tre
-INF
medecin
"ne pas ~tre medecin"
La forme W8naa
(~tre-pas
"n'est pas") est exclu-
sivement employee pour la negation des
contructions
emphatiques et attributives, qui toutes deux ant la par-
ticularite d'employer la particule 1Q
a l'affirmatif:
(30 )21.
ko
Demmba
daan
- i i
EMP
Demba
dormir
-ASP
"c' est Demba qui dort"
b. won
-2121
Demmba
Jaan
- i i
~tre
-NEG
Demba
dormir
-ASP
"ce n'est pas Demba qui dort"
(31 )21. Aali
ko
jaambaaro
Ali
COP
brave
"Ali est brave"
b. Aali
won
-2121
jaamb a a ro
Ali
~tre -NEG
brave
"Ali n'est pas un brave"

-540-
(32)a. ko
goong a
EMP
verite
"clest vrai"
b. won
-aa
goonga
~tre
-NEG
verite
"ce nlest pas vrai"
10.2. Negation et presupposition
Nous nous proposons, dans cette section, d'exami-
ner plus en detail les contraintes syntaxiques liees
a la negatio~.~otamment dans les constructions emphati-
ques. Nous nous efforcerons de montrer que la negation,
dans ces types d'enonces, est soumise a des contrain-
tes qui trouvent leur explication dans sa valeur pre-
suppositionnelle. L'accent sera mis sur les relatives,
185 constructions clivees et les phenomenes de clitici-
sation;
10.2.1. Negation et relativisation
Comme nous avons eu a le mentionner souvent dans
les chapLtres precedents, la relativisation en pulaar
utilise deux strategies fondamantales: la strategie
des antecedents -sujets, qui consiste a suffixer le
pronom relatif sujet (33), et celle de l'antecedent -
objet qui sonsiste a faire suivre l'antecedent par le
pronom relatif (34):

-541 -
(33 )a.
cuka1e1
jah
-no
-nge1
1adde
nge1
enfant
all er
-PRET -REL
brousse DET
majj
-ii
perdre
-ASP
1'1'enfant qui dtait a11d en brousse est
perdu"
b. gorko
Jaan
-ii
-do
0
dann
-oto
homme
dormir -ASP -REL
DET voyager -ASP
janngo
demain
""l'homme qui dort voyage
demain"
c.
sonndu
siik
-ddu
ndu
ko
na_a1a1
oiseau
crier
JlEL,
DET
COP
aigrette
"l'oiseau qui vient de crier est une aigret-
t e"
(34)a.
cuka1e1
(ng e1 )
njaggu
-daa
~
enfant
REL
attraper
::.C1s
DET
ko
saaysaay
COP
bandit
"l'enfant que tu as attrapd est un bandit"
b.
sonndu
(ndu) cood
-mi
ndu
ko
oiseau
REL
acheter
-C1s
DET
COP
naa1a1
aigrette
"l'oiseau que J'ai achete est une aigrette"
Co
gorko
(!!!.Q)
njiy
-no
-den
hanki
homme
REL
voir
-PRET
-C1s
hier
0
dog
-ii
i l
courir
-ASP
"l'homme que nous avions vu hier s'est enfui"

-542-
11 se produit deux phenomene? lorsque ees enon-
ces sont nies: les deux strategies se neutralisent,
et le earaetere facUltatif des pronoms relatifs dans
(34) disparath:
(35)negation de (33)
a. eukalel ~
yah
_aa
-no
ladde ngel •••
*jah
-aa -no-~81
enfant
REL
aller -NEG
-PRET
*aller-NEG-PRET-REL
"l'enfant qui n'etait pas alle •••• o "
b. sonndu ndu
sirk
-aan
-i
ndu
*sirk
-aan
-i
-ndu
" - -
oiseau REL
erier
-N EG
-ASP
DET
*erier -NEG
..,.ASP-B.Sb..
"l'oiseau qui n'a pas erie ••• "
e. gorko
mo
daan
-aak
-i
o •••
*daan
-aak
-i
-do
homme
REL
dormir -NEG
-ASP
DET
*dormir -NEG
-ASP-.B.Ib..
"l'homme qui ne s'endort pas ••• "
(36) Negation de (34)
a. eukal el
ngel
a
jagg
-aan
- i
enfant
REL
t.l:!.. i:lttraper
-NEG
-ASP
ngel ••
DET
"negation de 34a"

-543-
a' • *cuka1 e1
[
a
jagg
-aan
-i
n@el..
enfant
REL tu attraper
-N EG
-ASP DET
"idem."
b. sonndu
ndu
mi
sood
-aan
-i
ridu ••
oiseau
REL
£
acheter
-NEG
-ASP DET
"l'oiseau que je n'ai pas ach ete (nega tion de
34 b ) "
b'. * sonndu
[
mi
sood
-aan
-i
ndu •••
oiseau
REL J~
acheter -NEG
-ASP
DET
"idem."
c. gorko
.!!!Q.
~
njiy
-aa
-no
0
...
homme
B.EL no us voir
-NEG
-PRET
DET
"l'homme que nous n'avions pas vu (Negation de
34c)".
;
c'.*gorko
[
en
njiy
-aa
-no
o
homme
REL ~ voir
-NEG
-PRET
DET
"idem."
Nous devons noter l'impossibi1ite d'obtenir des
suffixes re1atifs sujets dans (35), ce qui nous 1aisse
simp1ement la strategie objecta1e3 •
3. 11 existe une construction relative en pulaar OU les
deux strategies
coexistent dans une relativisation sub-
jectale, c'est dans les relatives reduites.
Exemples:
(35~)a•.!!!Q. naat
-i
do
hannde
REL entrer
-ASP ici
aujourd'hui
yalt
-at
-aa
sortir
-ASP
-NEG
"celui qui entre ici aujourd'hui n'en
sortira pas"
b.
naa t
-do
do
hannde
yal t
entre
RE~ ici
aujourd'hui sortir
-at
-aa
-ASP
-NEG
"idem."

-544-
Ce phenomene, lie a la cliticisation en general, s'e-
tend a to us les enonces emphatiques, Comme nous le ver-
rons plus tarde
10.2.2. Negation et clivage
La
fr~ibilite de l'ordre des mots dans les cons-
tructions clivees avait ete etablie au chapftre 4, de
telle sorte que tous le5 enonces sont synomymes a l'in-
terieur de chacun des exemples suivants, dans lesquels
differents nominaux de l'enonce (37) §lLa faw -ii twmude
.o.de.dQw
taabal-(Sira posa'-ASP calebasse DET PREP
table "Sira a pose la calebasse sur la table")
nnt ete
cltves:
(38) Clivage subjectal
a.
ko
Sira
faw
-i
tumude
nde
dow
EMP
Sira
poser -ASP calebasse DET
PREP
taabal
tabl e
"cRest Sira ql!Ji a pose la calebasse sur la
table"
b.
faw
-i
tumude
nde
dow
taabal
poser -ASP calebasse
DET
PREP
tabl e
ko
Sira
EMP
Sira
"idem."
La , egaiement, no us retrouvons le m~me phenomene de
neutralisation.

-545-
(39) Clivage objectal
a. ko
tumude
nde
Sira faw
-i
dow
EMP
calebasse DET
Sira poser -ASP PREP
taabal
tabl e
"c' est la calebasse que Sira a posse sur
la table"
b. Sira
:1(0
tumude
nde
faw
- l
dow
Sira
EMP calebasse
DET
poser -ASP PREP
taabal
tabl e
"idem~'
c. Sira faw
-i
dow
taabal
ko
tumude
Sira poser -ASP PREP
table
EMP
calebasse
nde
DET
" idem!'
(40) Clivage adverbial
a. ko
dow taabal
Sira
faw
- i
tumude
EMP
PREP table
Sira
poser -ASP calebasse
nde
DET
"c'est sur la table que Sira a pose la cale-
basse"
b. Sira ko
dow
taabal. faw
-i
tumude
Sira EMP
PREP table
poser -ASP celbasse
nde
DET
" idem."

-546-
c. Sira faw
-i
tumude
nde
ko
dow taabal
Sira poser -ASP calebasse DET
EMP
PREP table
"idem"
Cette latitude de mouvement de l'~l~ment . e~pha­
tique disparart avec la n~gation de ces 8nonc~s.
(41) 1\\I~gation de (38)
a. won
-aa
Sira
faw
-i
tumude
nde
~tre -NEG Sira
poser-ASP calebasse
DET
dow
taabal
PREP
table
"ce n'est pas Sira qui a pose la calebas-
se
sur la table"
(NEG de 38a)
b.* faw
- i
tumude
nde
dow taabal won -aa
~
(N~gation de 38b)
(41 I )N~gation de (39)
a. won -aa
tumude
nde
Sira faw
-i
~tre-NEG calebasse
DET
Sira poser -ASP
dow
taabal
PREP
table
"ce n'est pas la calebasse que Sira a posee
sur la table"
(N~gation ue 39a)
b. Sira won -aa tumude nde faw -i dow taabal
(N~gation de 39b)

-547-
c.* Sira faw
-i
dow
taabal
won
,-aa
Sira poser -ASP PREP
table
~tre NEG
tumude
nde
calebasse DET
~Neg. de 39c)
(42 ) Negation de (40 )
a. won
-aa
dolll
taabal
Sira
faw
-i
~tre -NEG PREP
table
Sira
poser -ASP
tumude
nde
calebasse
DH
"Ce n'est pas sur la table que Sira a pose
la calebasse"
(Negation de 40a)
b. Sira Won
-aa
do III
taabal
falll
-i
tumude
nde
Sira etre -NEG PREP table
poser-ASP calebasse OET
"idem" (Negation de 40b)
c.* Sira falll -i dow
taabal lIIon -aa tumude
"idem"
11 se degage de ces enonces que le nominal empha-
tique clive ne peut pas etre nie en position finale,
mais en position toujours contigu8 au sujet (c'est-a-
dire soit en position initiale, soit immediatement a-
1
pres le sUjet).
10.2.3.
Negation et Cliticisation
De l'exemple (35), il s'etait degage que les pro-
noms clitiques relatifs postposes sont incompatibles
avec le suffixe de la negation. 11 en est de mame, com-

-548-
me nous le disions,
de tous les clitiques dits forts
(cf.
chap.
5). Ainsi, la postposition des clitiques
sujets, obligatoire dans llexemple
(43) ci-dessous,
devient agrammaticale dans son equivalent negatif
(44) :
(43 )a.
temporel~
nde
ngar
-mi
o
dog
-ii
quand venir
-Cls
i l
courir -ASP
"quand je suis arrive, il slest enfui"
b. pseudo-clivee
ko
cuud
-Ja~ ko
a
jey
-aa
EMP
cacher -tu
DET
tu
posseder-NEG
"ce que tu caches ne t'appartient pas"
c. Interrogative
hol
ko
njiy
-daa ?
Q.
Q.
voir
-tu
qu'est ce que tu as vu ?"
d.
clivee
ko
wutte
0
njid
-mi
EMP
boubou
DET vouloir
-je
"c'est le boubou que j'aime"
(44)a. Negation de 43a
nde
.!!!i
ar
-aan
-i
0
dog
- i i
quand
je
venir-NEG
-ASP i l
courir -ASP
"quand je ne suis pas arrive, i l s'est
enfui"

-549-
a'. * nde
ngar
-aan
-i
-ill! .......
b. Negation de 43b
ko
a
suud
-aan
-i
ko., ••..•
EMP
tu cacher -NEG
-ASP DET
"ce que tu ne cachespas ••• "
b'.* ko
cuud -aan
-i
-daa
ko ••••.
c. Neqa tion de 43c
hol
ko
a
yiy
-aan
-i
7
Q.
Q.
tu voir
-NEG
-ASP
"qu Ilest ce que tu n'as pas vu 7"
d. Nega tion de 43d
ko
wutte
0
mbaas
-mi
yiy
-de
HIP
boubou
DET manquer
-CLs
voir
-INF
"c'est le boubou que je n'ai pas vu"
d'.* ko
wutte 0 mi
yiy
-aan
-i
d". * ko
wutte
0
njiy
-aan
-i
-mi
Nous pouvons remarquer, dans ces exemples, que les
pseudo-clivees, les temporelles, et les interrogatives,
qui admettent la negation standard(cf. ~ , £ et £),
sont incompatibles avec celle-ci lorsque les clitiques
sont postposes (cf. *~,
~*b'et *c'), tandis que les
clivees, qui n1admettent pas la negation standard(~',
~), utilisent le verbe de support waas- "manquer de"
et du fait que ce dernier apparalt ici dans sa forme
positive, il peut admettre un clitique fort (cf.~).

-550-
10.2.4.
Signification
Les faits que nous avons observes dans les sec-
tions precedentes revelent des aspects importants sur
le caractere essentiellememt presuppositionnel de la
negation.
Car,
i l est un fait etabli que l'acte de pa-
role dans la negation est plus marque du point de vue
presuppositionnel que celui dans l'affirmation;
et pour
Givon(1979),
lorsqu'un locuteur prononce une phrase dans
un discours
il
suppose que son interlocuteur en connalt
beaucoup plus,
que s ' i l avait prononce une phrase affir-
mative. Cela doit nous permettre d'expliquer un certain
nombre de faits observes dans les sections precedentes.
Le pulaar est une langue fondamentalement du type
SUO, et les rares instances DU cet ordre est boulever-
se,
correspondent a celles ou les clitiques sujets sont
postposes.
Labatut expliquait cet ordre des mots en di-
sant que ce sont la des instances DU le commentaire lui-
meme est devenu le topique du discours(cf.
discussion
chapltre 3,
section3.1.).
Nous pouvons donc dire queen
ramenant les ~litiques sujets a leur position preverbale
dans les constructions
emphatiques, la negation retablit
en m~me temps l'ordre dominant SUO du pulaar et l'ordre
pragmatique privilegie de la langue,
dans le discours,
en general.
Examinons de plus pres ce qui 00 passe pour expliquer
le caractere obligatoire du pronom relatif dans les cons-
tructions negatives,
d'une part,
et la tendance des cons-
tituants clives des enonces negatifs a occuper une posi-
tion contigUe au sUjet,
d'autre part.

-551-
Comme nous l'avons montre au chapltre 5, la mar-
que relative est avant tout un anaphorique-copie. Le
syntagme nominal antecedent non-sujet peut, dans les
relatives, ~tre repris,.c(est-a-dire , marque'· par 1 'a-
naphorique-copie refIetant son indice de classe, ou
alors par l'anaphorique-zero (du fait du caractere
facUltatif de l'anaphorique-copie, dans les relatives
positives objectales"
par exemple). Que ce soit l'a-
naphorique-copie qui soit exige dans la negation des
relatives, peut ~tre explique par le fait que c'est
l'anaphoriques qui transporte le plus d'informations
referentielles, et qui est le plus marque. La negation
etant plus marquee que l'affirmation,il n'est done pas
etocnant,
que cette construction exige un anaphorique
marque(cf. discussion au chapitre 4).
En ce qui concerne le clivage, nous pouvons sim-
plement dire que le caractere topical
de la position
du sujet (ou de la position initiale, en general), ex-
pl~que la tendance des constituants dans le domaine de
la negation a cccuper cette position, ce qui n'est d'ail-
leurs pas
specifique a la langue peule. Car ce pheno-
mene est constate dans des langues aussi eloignees que
le bikol (phillipines), le Yute (uto-azteque) et le bem-
ba (bantou), tel que nous le rapporte Givon(1984). 11-
lustrons par des exemples tires des deux premieres lan-
gues:
bikol
,
affirmation:
(45)a. nag
-gadan 'ang
-lalake
ning
AGT
-tuer
TOP
-homme
ACC
-kandin 9
-chevre
"1'homme a tue
une chevre"

-552-
negation neutre:
b.
da'i nag-gadan
ang -lalake
NEG
AGT-tuer
TOP -homme
ning
-kanding
ACC
-chevre
"l'homme n'a pas tue de chevre"
,
,
sujet clive:
(46)a. baku
tang -lalake
tang -nag-gadan
,
NEG
TOP -homme
TOP -AGT-tuer
,
ning - kanding
ACC
- chevre
"ce n'est pas l'homme qui a tU8
une chevre"
I
objet clive:
b. baku
'ang-kanding tang -g
-in
,
NEG
TOP-chevre
TOP -ACC -tuer
-ad~n
J
kang-lalake
AGT -homme
"ce n'est pas la chevre que l'hom-
me a tuee"
.
~
affirmation:
(47)a.
ta'wa
-ci
sivaatu
, ,
-ci
pax a
homme
-SUJ
chevre
-OBJ tuer
-qa
-AilJT
"1 'homme a tue la chevre"
,
,. ,
Negation neutre:b.
ta'wa
-ci
sivaatu
-ci
ka
-paxa
J
I
homme
-SUJ
chevre
-0 BJ NEG -tuer
-na
-ANT/NEG
"l'homme n'a pas tU8 la chevre"

-553-
pour reduire le domaine de la negation a un cons-
tituant particulier de l'enonce, le prefixe negatif
(augmente d'une particule emphatique) est ramene au
debut de l'enonce, sui vi directement par ce constituant:
on obtisnt alors une clivee avec le verbe ayant une
forme relative~
Negation~~jet:(4B)a. kac -ura ta'wa-ci sivaatu-ci
, ,
NEG
-IHre homme -
SUJ chevre
-OBJ
~ I
paxa-qa
-lu
tuer-ANT -REL
"ce 'n'est pas 1 'homme qui a tue
la chevre"
,
,
Negation de l'objet:a. kac
'
-ura
sivaatu
, ,
-ci
ta'wa
NEG
-~tre chevre
-oBJ homme
~
-ci
paxa -qa
-na,
-GEN tuer -ANT
-REL
"ce n'est pas la chevre que
Ithomme a tuee"
10.3. L'origine des indices aspectuels du negatif
Nous pensons avoir suffisamment confirme, a tra-
vers le semantisme et le comportement syntaxique de
la negation en pUlaar, l'universal lie a son caracte-
re essentiellement presuppositionnel;
a partir de la,
notre demarche sera plutOt'.hwJothetico-deductive. L 'argu-
ment est donc le suivant: les constructions affirmati-
ves sont celles qui apportent le plus d'informations
nouvelles; on devra donc s'attendre a ce que les chan-
gements historiques soient plus aptes a se produire a
ce niveau-la. Des lors, les constructions negatives
qui,
elles, sont plus presuppositionnelles et renfer-

-554-
ment moins de nouvelles informations, auront tendance
a ~tre plus conservatrices par rapport aux changements
diachroniques, et notamment en ce qui concerne l'ordre
des mots et les systemes aspecto-temporels (Givon,1984).
Nous avons deja eu a donner l'illustration de ce conser-
vatisme pour l'ordre des mots(cf. 10.2.2.et 10.2.3.).
Dans cette section, nous voudrions nous pencher sur le
systeme aspecto-temporel du pUlaar, pour essayer de de-
terminer, a partir de ces hypotheses, l'origine des in-
dices negatifs du perfectif negatif(i , 1 , et ~ )
ainsi que ceux de l'imperfectif negatif (at, ot ••• o
et ••• e). Mais, auparavant donnons quelques autres faits
crosslinguistiques.
Nous disions, au debut de ce chapltre, que le phe-
nomene de la neutralisation aspectuelle n'etait pas spe-
cifique au pulaar.
En effet, dans son article typologi-
que, payne(1985) constate:
"neutralization of tense dis-
tinction in negatives is a not infrequent phenomenon.
It
presumably arises out of the failure of negative para-
digmsto catch up with the developments, in positive pa-
radigm"
(P.230).
11 est effectivement un fait tres cou-
rant, constate de m~me Givon(1975) (voir egalement
Welmers, 1973) que le nombre d'aspects est presque tou-
jours plus petit, mais jamais plus grand, au negatif quia
l'affirmatif, et que c'est tres lentement que les inno-
vations qui ant eu lieu dans le paradigme affirmatif
atteignent le paradigme negatif.
par exemple, en bemba, une division recente dans
le futur affirmatif a conduit a elaborer une forme -ka-
"apres-demain" (ton haut) a partir de ka "demain"(ton
bas) :

.555-
(49)a.
n
- ka
-boomba
"je travaillerai demain"
I
b •. n
- ka -boomba
"je travaillerai apr~s-demain"
Dans les enonces negatifs correpondants, cette
distinction n'a pas encore ete introduite, et la vieil-
,
le forme du futur -ka- est la seule a apparaftre dans
ces enonces:
(50)a.
nshi
-ka
- boomba
NEG
"je ne travaillerai pas demain et apr~s­
demain"
I
b.*nshi
-ka
-boomba
4
En chana
, langue ethiopienne,il existe trois
formes affirmatives: pour le present, y-i-sab';'r
"il cas-
se" ; pour le futur defini, y';'sab-i-rte
"il cassera
sans aucun doute";
et pour le futur indefini y';'sb-i-rsa
"il pourrait casser".
Toutes ces trois formes sont niees
par la seule forme esab';'r , et comme le fait observer
Hertzon, les formes du futur
sont des innovations et
la forme negative commune etait, a l'origine, la nega-
tion de la forme du present y+sab';'r • De semblables
phenom~nes sont constates dans la plupart des langues
d'Ethiopie, dont l'amharic.
4.
corpus que Givon(1984) dit tenir de Hertzon, par
communication personnelle.

-556-
Nous suggerons, pour le pUlaar, un processus si-
milaire, c'est-~-dire que le nombre eleve des series
aspectuelles affirmatives du pulaar decoule d'une in-
novation interne, a partir de formes initiales dont
les reflexes se trouveraient Conserves dans les series
negatives.
Examinons, maintenant, co~ment
cela a pu
se produire.
Des exemples d'innovation cross~inguistiques men-
tionnes ci-dessus, il decoule que formellement celle-
ci se fait toujours sur la base des formes existantes.
par ailleurs, on ne peut pas aborder un point de dia-
chronie relatif au systeme verbal du peul sans tenir
compte de
la richesse dialectale de cette langue.
En
outre, il est une regIe universelle et diachronique
admise, c'est que les systemes linguistiques ant ten-
dance a se simplifier, et le systemes verbal peul n'e-
chappe pas ~ cette tendance universelle. Ainsi lorsque
nous passons, par exemple, d'un des dialectes les plus
occidentaux (le pUlaar) aux dialectes les plus orien-
taux, nous assistons ~ une sorte de simplification du
systeme verbal, dans son ensemble; par exemple, les
trois series du perfectif et les quatres series
de
l'imperfectif du pUlaar, se reduisent respectivement
~ deux et ~ trois dans les parlers orientaux de l'Ada-
mawa (Nord Cameroun). Le parler du Liptako(Surkina)
dans lequel, par exemple, le P2 du pulaar releverait
"des formes verbales plus rares"
(Sidaud, 1982:128),
serait dans une etape de transition.
Autant cette derniere situation est facile a ex-
pliquer
historiquement, autant,
replacee
dans le
contexte de notre
hypothese de l'innovation, elle de-
vient plutat difficile.
Examinons, maintenant, d'abord

-557-
l'Imperfectif(qui pose moins de problemes), ensuite,
le Perfectif.
10.3.1. De l'origine des indices de l'imperfectif
nega tif
Du point de vue strictement formel, on peut cons-
tater une ressemb~ance flagrante entre les indices
de l'Imperfectif negatif, et ceux de la series IMP3 de
l'affirmatif. Notre propos sera donc d'apporter un cer-
tain nombre de preuves que cette serie serait la forme
la plus ancienne et celle conservee encore dans la ne-
gation.
Considerons, pour cela, les differents paradigmes
pulaar de la negation(51) et de l'affirmation(52), que
nous commenterons parallelement a ceux du parler dagee-
ja (53) et (54), tires de Labatut(1975).
pulaar
(51) Negation
A.
at
M.
ot ••• 0
P.
et ••• e
(52) Affirmation
I IVJP 4
A.
a
at
ata
M.
o
00
oto
otoo
P.
e
ee
ete
etee

-558-
dageeia
(53) Negation
A.
at
M.
at ••• o
P.
at ••• e
(54) Affirmation
(organisee selon notre termi-
nologie)
I MP1
et
IMP2
IMP3
IMP4
A.
a
ay5
ata
M.
0
oto
oto
P.
e
ete
ete
D'ores et deja,
en regardant les formes en
(51)
et
(52), nous pouvons operer le rapprochement entre le
paradigme negatif et les series IMP3 et IMP4'
qui sont
les seules a contenir la consonne 1 qui est constante
a l'imperfectif. Syntaxiquement, cependant, seule IMP1
(56)
reste incompatible avec la negation suffixale
(car
cette serie est niee en woto), alors que les series
II'1P. 2 (57) , IMP3(58) et IMP4 (59), sont ni8es avec la
negation suffixale:
5. Commentant la forme ay,
Labatut(1982)
ecrit en note
1,
des pages 136-7:
(55)" an se trouve dans l ' Ad3mawa,
en Haute Volta, au Mali,

-559-
(56 ) 1MP1
a.
suud
- k1'~.-'
"cache!"
b.
suud
- 0
"cache-toi" !
c.
yo a suud -
e
! "que tu sois cache" !
a I . ~ suud - k1 "ne cache pas ! "
b I •
woto
suud -0
"ne te cache pas ! "
Cl. woto
a suud -.le "que tu ne sois pas
cacFie"
(57) 1MP2
a.
rawaandu
ndu
ina
dog
-a
chien .
OET
i l
courir -IMP:z
"1 e chren-cQurra"
b.
dum
ini
naam
-00
ga
i l
manger-1MP2
"g21 se laisse manger"
al.
rawaandu
ndu
dog
-at
-aa
chien
DET
courir-ASP
-NEG
"le chien ne courra pas"
(NEG de ~)
et en Guinee. ~ au Niger, au Nigeria et chez les Wo-
daabe,
tandis que at
est limite au Senegal.
A Maroua
o~ cet inaccompli determine est en an, on trouve ce-
pendant at quand le verbe est suivi~'un pronom person-
nel complement de la premiere personne du singulier:
a Weern -at -am (tu loger-ASP-moi "tu me logeras");
cela laisse penser que la forme en at est premiere et
s I est maintenue
intacte au Senegal,
tandis qu I ailleurs
on nla at que dans certains contextes, mais dans dlau-
tres le 1
est passe a II
(nasalisation), ou a y (pala-
talisation) •

-560-
......
b' • Jum
naam - ot
-aa
-k
-0
9 8
manger-ASP
-NEG -
-ASP
"9 8 ne se laisse pas manger" NEG de b)
(58) IMP3
a. rawaandu
ndu
dog
-at
chien
DET
courir-IMP3
"le chien courra"
b. rawaindu!
ndu
dog
-at
_aa
,.;
chien
DET
courir
-ASP -NEG
"le chien ne courra pas" (NEG de a)
a. sonndu
ndu
Demmba fell
-ata
janngo
oiseau
DET
Demba
fusi 11 er-I MP4 demain
"l'oiseau que Demba abattra demain"
b. sonndu
ndu
Demmba fell
-at
-aa
oiseau
DET
Demba
fusiller -ASP -NEG
janngo
demain
"l'oiseau que Demba n 'abattra pas demain"
(NEG de 01)
Sur la base de ces premieres observations nous
pouvons d'ores et deja ecarter IMP1
et IMPZ comme can-
didats possibles du fait que ces series ne contiennent
pas la consonne 1, recurrente dans les indices de l'im-
perfectiF negatiF en (51); plus speciFiquement pour IMP1 f
le fait que cette forme soit niee par woto, et non par
le suffixe negatif, renforce davantage l'hypothese ci-
dessus.

-561-
L'exclusion, ensemble, des formes IMP1et IMP2' concor-
de bien avec le fait que ces deux ~ormes
ont de nom-
breux points communs:
-ce sont les deux formes incompatibles avec le
morpheme du preterit no/noo (cf. chap1tre 2);
-ce sont egalement ces deux formes qui s'amal-
gament historiquement en une seule, dans le systeme du
dageeja en (54), de telle sorte que la ou ce parler
emploie une forme unique, comme en (60), le pUlaar,
lui, emploie deux formes correspondant
a IMP1 (61 a) et
IMP2 (61b):
(60)a.
to
mo
war
-a
NEG il
venir -ASP
"qu'il ne vienne pas"
b. alIa
fu
mo yah
-a
mo
hEr
jour
chaque i l aller -ASP i l
courtiser
-an
-a
debbo
-BEN
-ASP femme
"chaque jour i l va courtiser une femme"
(61 ) a
woto
0
0
ar
-~
NEG
i l
venir - IMP1
"quJil ne vienne pas" ( comme dans 60a)
b. nande
fof
0
yah
-a
0
hEr
jour
chaque i l
aller - IMP 2
courtiser
-an
-a
debbm
-BEN - IMP 2
femme
"comme dans 60 b "
Considerons main tenant les series restantes IMP3 et

-562-
1MP4. Notons tout d'abord que, formellement, IMP3
est identique a la serie negative, ce qui est un cri-
tere important dans notre demarche; et lorsqu'on com-
pare le systeme du pulaar en (52) a celui du dageeja
en (54), on s'apergoit que les voyelles longues de IMP4
en pulaar disparaissent dans le systeme du dageeja, ce
que Labat~ (1975) a tenu a bien preciser dans cette
6
citation: "Arnott
oppose les formes en -otooet -etee
(relative future/habit(j'al) a des formes -bto et ~
(future/habitu.al): nous n'avons rien de tel en dageeja
o~ la voyelle finale de ces suffixes est toujours breve"
(section 10.13). Enfin, du point de vue fonctionnel,
de
ces deux formes, IMP3 est la plus neutre et la plus em-
ployee dans des contextes differents(mise en relief,
imperatif d'habitude, verites generales etc.) alors que
1MP4 est essentiellement une serie marquee et speciali-
see, emphatique,
employee surtout pour la mise en relief
du constituant non verbal d'un enonce.
10.3.1. De l'origine des indices du Perfectif negatif
Considerons maintenant les differents paradigmes
pulaar du perfectif negatif(62) et affirmatif(63), que
nous comlnenterons egalement, parallelement a ceux des
series affirmatives et negatives du dageeja en (64) et
(65):
6. les formes du dialecte gombe,
decrit par Arnott,sont
quasi-identiques a celles du pulaar.

-563-
pulaar
(62) Negation
A.
. i
M.
i
P.
a
(63) Affirmation
P
P
P
1
2
3
A.
~
i
i i
M.
i
i i
iima
P.
a
aa
aama
dagee ja
(64) Negation
A.
i
(realise y)7
M.
i
P.
a
7. Comme nous le disions a la section 10.1, Labatut(1982),
analysant la forme negative compacte ~ du perfectif
actif du dageeja,
en arrive au decoupage suivant:" nous
pouvons donc operer a ltoperation dtaddition de l'ope-
rateur negatif aa, qui amalgame avec la modalite de
l'accompli i, donne le morpheme ~y" (P.264)

-564-
(65) Affirmation8
P2 et
P1
P3
A.
(u)
i
M.
i
ake
P.
a
aama
Le perfectif nous posera plus de problemes puis-
qu'il n'y a pas de correspondance bi-univoque parfaite
entre les indices negatifs du perfectif en (62),
et
ceux des series affirmatives. Cependant, il est possible
de proposer des hypotheses plausibles sur la base d'au-
tres criteres. Nous nous proposons donc de montrer que
c'est la serie P3 qui est refletee au perfectif negatif.
Et pour ce faire,
no us procederons de la m~me maniere
qu'avec l'imperfectif, en ecartant d'abord les series
non choisies P1' puis P2 •
Nous commencerons par noter que, quel que soit le
contexte dans lequel elle est empoyee, la serie P1
n'est
pas compatible avec la negation standard(suffixale), et
elle est generalement em~loyee , comme nous le disions
au chap!tre 2,
dans les reponses aux questions portant
sur l'action d'un enonce. Ainsi, a la question:
8. Commehtant le systeme affirmatif du dageeja, Labatut
evoque, par comparaison, le systeme pose par Arnott,
pour le gombe(65') et dont nous disions en note 6, qu'il
etait proche de celui du pulaar, et conclut:

-565-
(66) Qu~est ee que tu as fait?
la reponse en pulaar sera au P1' avec une ~ertaine nuan-
ce "d'emphase (Bidaud, 1982), comme en (67), par exem-
pI e:
(67) mi
~at
-~
mo
je
mordre
-P1
1 u i
"je l'ai mordu" (insistance sur l'action)
et pour conserver
cette nuance d'emphase dans l'enon-
ce negatif correspondant, on ne peut employer qu'un ver-
be de support waas- Comme en (68a):
(68)a.
mi
waas
mo
lJa t
-de
je
manquer
lui
mordre
-INF
"jene l'ai pas mordu"
puisqu'un enonce
negatif comme
b.
mi
~at
-aa
n
-i
mo
je
mordre -NEG
-ASP
lui
"je ne l'ai pas mordu"
ne saurait constituer une reponse correcte a la quesiion
(66), mais serait plutot la negation d'un enonce neutre,
independant, done au P3
' et du type:
(69 ) mi
fJat
- i i
mo
je
mordre --P3
lui
"je l'ai mordu"
"il n'existe plus, dans la prononciation actuelle des
Dageeja, d'opposition caracterisee entre un i
bref et
un ii long. Nous n'aurons donc plus, sur
le plan formel,
qu'"iJi1e seule opposition par voix" (section 10.9, B):
(65')
P1
P2
P3
A.
(u)
i
i i
M.
i
i i
ake
P.
a
aa
aama

-566-
En outre, c'est la seule serie du perfectif(la serie
P1) qui, a travers les dialectes peuls(Fuuta Toro,
Liptako, Gombe, Diamare etc.), est marquee de manisre
constante par zero(~) a l'actif; donc, le choix P1
expliquerait difficilement le i
de l'actif negatif
(egalement recurrent dans les dialectes peuls).
En ce qui concerne PZ' nous commencerons par evo-
quer un certain nombre d'analogies.
11 se trouve que
dans son emploi, cette serie est parallele a toutes les
series de l'imperfectif qui avaient ete ecartees dans
notre argumentation de la section precedente, c'est-a-
dir~ les series 1MP1' 1MPZ et 1MP4 • Et c'est
la seu-
le serie du perfectif qui a ce comportement. Examinons
ces parallelismes.
Comme la serie 1MP1' la serie Pz peut etre niee
par la particule negative ~to:
(70)a. woto
mo
ar
-i
NEG
i l
venir -PZ
"que personne ne vienne!"
b. woto
neJdo
naat
-~
lo
NEG
p ersonne
entrer - 1MP1 ici
"que personne n'entre ici".
Comme 1MPZ' la serie Pz est compatible avec le du-
ratif et Labatut decrit ce phenomene en ces termes;
"L'entrecroisement du trait duratif avec le trait accom-
pli aboutit a un aspect permansif qui implique que le
procss est presente statiquement comme termine et se
maintenant a titre d'etat dans ses consequences ou ses
resultats"(1975:105). Ce duratif, marque par une forme

-567-
invariable don ,en dageeja (Q don __ jood__-i
' i l OUR
s'asseoir-P2
"il est assis" se traduit variablement
avec les pronoms sujets longs,
en pulaar:
(71 ) a.
omo
jood
-i
s'asseoir
i l
-P2
"il est assis"
b.
omp
jood
-00
i l
s'asseoir - IMP 2
"il s'assied/il s'assiera"
Tous deux se retrouvent egalement dans des sequen-
ces de propositions qui,
elles,
sont niees par waas-:
(72)a.
0
ar
-i
0
jo od
-ii
i l venir- P2
i l
s'asseoir -P2
"il
vint, i l s'assit"
a' . 0
wai!ls
-i
ar
-de
, 0
waas
i l manquer
-P2 venir -INF
i l
manquer
-i
jood
-aa
-de
-P2
s'asseoir -M
-INF
" il ne vint pas, il ne s'assit pas"
b.
0
ar
-a
o
jooJ
-00
il venir
-IMP2
il s'asseoir-IMP2
"il vient,
i l s'assied"
b'.
0
waas
-a
ar
-de
o
waas
il
manquer
-IMP2
venir -INF
il
manquer
-a
jood
-aa
-de
-IMP2 s'asseoir
-M
-IMF
"il ne vient pas,
i l ne s'assied pas"

-568-
Enfin, comme IMP , P
4
z est la serie du Perfectif
que lIon retrouve dans les relatives (73), les tempo-
relles(74), les pseudo-clivees(75)
, les clivees(76),
et donc sont tous deux des aspects compatibles avec
les clitiques forts(77):
(73)a. sawru
ndu
Demmba
hel
- i
(ndu) •••
baton
DET
Demba
casser -P
DET
Z
"le baton que Demba a casse"
b. sawru
ndu
Demmba hel
-ata
ndu ••.
baton
DET
Demba
casser -IMP4
DET
"le baton que Demba cassera"
(74)a. nde
Oemmba hel
-i
ndu
(nde) ••
quand
Oemba
casser
-P
lui
DET
Z
"quand Demba 1 I a. 'casse
"
b. nde
Oemmba hel
-ata
ndu (nde) ••
quand
Oemba
cass er
-IMP
OET
4
"quand Oemba le cassait ..."
(75)a. ko
Aali naam
-i
ko
ni wel
EMP
Ali
manger
-P
OET
clest agreable
Z
-i
-PZ
l1 ee que Ali a mange est agreable"
b. ko
Aali
naam
-ata
ko
ni
wel
Et'IP
Ali
manger
-IMP
DET c'est agreable
4
-i
-P Z

-569-
(76)a. ko
kanko
ar
-1
EMP
lui
venir -P2
"c'est lui qui est venu"
b. ko
kanko
'"naam
-ata
EMP
lui
manger
-IMP4
"c'est lui qui mange"
(77)a. cuud
- i i
-mi
ko
Aali
cacher -P2
-Cls EMP
Ali
"c'est d' Ali que je me cache"
b.
ngar
-daa
ko
hanki
arriver -Cls
EMP
hier
"c'est hier que tu es
arrive"
Ces exemples necessitent quelques commentaires.
Nous avions deja vu que les verbes, dans les enonces du
type (77), ne pouvaient pas ~tre nies en maintenant ces
clitiques dans cette position, par la negation standard,
mais plutot avec waas-. Quant aux exemples a structures
emphatiques (relatives, pseudo-clivees et temporelles),
ce sont tous des enonces marques, quoique pouvant ~tre
nies par la negation suffixale(cf.
(59) pour l'_illustra-
tion avec 1MP4 ),
tandis que les clivees
ne peuvent
~tre niees que par Wonaa (cf. discussion des exemples
(41) et (42)).
Des lors, il ne reste plus que la serie
P3.
En
depit de sa complexite au niveau formel,
P3 demeure la
forme la plus neutre du perfectif, devenant ainsi paral-
lele a la forme que no us avons choisie pour l'imperfec-
tif. Ce fait est mentionne par de nombreux auteurs. par
exemple, Arnott les caracterise par des expressions si-

-570-
milaires:
'general past' pour P3 et 'general future'
pour IMP3 '
tandis que Labatut (1982)
en fait deux
formes
'determinees' et indiqL.l3
que "l'action est
situse pal' rapport aux interlocuteurs et ancrse dans
leur vscu'" (P. 130). Ces formes sont donc les plus
indspenda~tes, les plus gsnerales, pour exprimer le
temp s:
(78)a.
tob
-ii
pleuvoir
-P3
"il a plu"
b. Ali
sood
-ii
simis
Ali
acheter
-P3
chemise
"AI i a achete une chemise
(79) a.
tob
-at
pleuvoir - IMP4
"il pleuvra"
b. Aali sood
-at
simis
Ali
acheter
-IMP
chemise
4
"Ali achetera une chemise"
Pour cQ.!l£lure cette discussion
Ayant etabli que la ssrie aspectuelle du Perfectif
nsgatif (i , i
, a ) est le rsflexe de P ' nous sommes
3
confronts
maintenant a un probleme de directionnali te
du changement, qui se pose avec beacoup plus d'acuits
que pour l'Imperfectif.
En effet, pour ce dernier,
la
correspondance est parfaite:

-571-
(so)
IMP3
NEG
A.
at
a·taa
M.
oto
g!aakQ
P.
ete
eteeke
-
-
et nous pouvons dire que les indices negatifs a droite
de (SO) sont les feflexes de IMP3 •
Pour le Perfectif, la logique de notre argument
nous conduit au schema:
(s1)
P3
NEG
A.
ii
aani
M.
iima
aaki
P.
aama
aaka
La question se pose donc de savoir comment, apres avoir
etabli pour le perfectif le systeme en (S1 ) , expliquer
d'une part, les voyelles longues et l'element ma
de P3'
par rapport aux voyelles breves de NEG;
d'autre part,
l!element
moyen ke (voir note 65 I)
que lIon retrouve
dans les autres dialectes. Au stade actuel de la recher-
che, il est difficile d1y apporter une reponse.
Toute-
fois,
nous pouvons noter que ~
peut ~tre separe des
voyelles par le morpheme du preterit no/noD, et que
ce processus a la prop~iete de reduire les voyelles de
P3

-572-
(a2 ) M. 0
suud
-i
- noD
-ma
i l cacher -P3
-PRET
-P 3
"il s'etait cache"
P. 0
suuJ
-a
-noD
-ma
i l cach er -P 3 -PRET
-P 3
"il avai t ete cache"
Un autre point merite notre attention. S'il est
vrai que le systeme verbal originel du pulaar se pre-
sente d'une maniere aussi reduite que nous le proposons
en (aD) et (a1), comment concilier le systeme complexe
actuel des dialectes occidentaux avec la ten dance a la
simplification caraterisant les dialectes orientaux,
et quelle en serait la consequence historique ?
La logique de notre argumentation conduit force-
ment a l'hypothese diachronique suivante, et qui com-
porterait trois etapes:
(a2) •
etape 1: systeme rudimentaire en (aD) et (a1), qui pour-
rait caracteriser la proto-langue peule;
etape 2: periode d'innovation a l'interieur du paradigme
affirmatif du proto-peul, conduisant au sys-
teme encore vivant des dialectes occidentaux
actuels;
etape 3: simplification du systeme de lletape 2, condui-
sant au systeme actuel des dialectes orientaux, le par-
ler du Liptako representant une periode de transition.

-573-
Ce sont la simplement des hypotheses que des
recherahes comparatives et dialectologiques sur la
langue peule, le groupe atlantique et le Niger Congo,
en general, pourraient confirmer (ou infirmer). Quoi
qu'il en soit, il sera important et revelateur d'eta-
blir l'origine des elements consonantiques/syllabiques
l , D~ et ma/~ recurrents dans le systeme verbal de
la langue. D'ores et deja, pour ma, Labatut(1975) si-
gnale l'existence d'une particule ~, rare selon lui,
qui a valeur de potentiel et qui vient apres les for-
mes verbales d'imperatifs en -u/-a , et impliquant un
proces possible:
(S4)
a
waal
-a
ma
tu
coucher
-ASP
POT
"tu pourrais te coucher I"

-574-
CONCLUSION
Nous avons examine differents aspects de la syntaxe
du pulaar pour etudier dans quelle mesure des hypoth~ses
universalistes emises par diverses theories peuvent aider
ales expliquer. Notre hypoth~se majeure
reposant sur
l'approche linguistique totale, nous avons
tenu,
dans la
plupart des cas,a faire une description la plus detaillee
possible des faits linguistiques avant d'en replacer les
points saillants dans la perspective des universaux. Cela
a permis de coller d'abord aux faits,
pour eux-m~mes, et
non, comme c'est souvent le cas dans certaines tendances
formalistes en linguistique moderne,
de justifier une po-
sition theorique, celle-ci
n'etant evoquee que lorsque
les phenom~nes elucides de fa~on independante le suscitent.
Nous nous proposons main tenant de cerner, en guise
de conclusion, les traits linguistiques les plus pertinents
dans une description du pUlaar, et de degager les perspec-
tives de la qu~te des universaux.
Cette these nous a conduit a constater qu'en pulaar
les phenomenes morphosyntaxiques ne peuvent ~tre decrits
et expliques de fa~on adequate qu'a travers l'eclairage

-575-
j'elements non morphosyntaxiques;
dans ce sens, nous pou-
vons dire que des hypoth~ses universalistes testees, celles
qui font reference a des traits conceptuels semantiques et
pragmatiques ("anime", "agent", "presuppose" etc.) ont ete
plus determinantes que celles qui relevent de principes
syntaxiques formels et abstraits( '.'montee", "chdmeur" etc.).
Les traits universels recurrents et operationnels pour
le pulaar peuvent, pour la plupart,~tre apprehendes sous
la forms de hierarchies syntaxiques, semantiques et pragma-
tiques.
L'etUde des differents phenomenes fait clairement appa-
raitre
l'importance des relations grammaticales "sujet de",
"ob jet direct de", "objet indirect de",dont le comportement
general dans la langue permet d'etablir une hierarchie du
type
(1) Su 100) 01
Ou point de vue semantique, nous distinguerons,
d'une
part, des hierarchies de semantique inherente aux differents
actants et qui apparaissent comme dans
(2) a.
humain) non humain
b.
anime 7 non anime
c.
defini)' ind8fini
d1autre part, une hierarchie de semantique relationnelle
ou les actants du proces sont definis par rapport au predicat:

-576-
(3)
Attributif
BenMactif
>Patient) Instrumental.
Causatif
Enfin, le rOle joue par les facteurs extra-linguisti-
ques permet d'etablir
la hierarchie de pragmatique infor-
mationnelle suivante :
(4) Presuppose 7 Focus.
Toutefois, d'une maniere generale, nous pouvons dire
qu'en pulaar ce sont les traits non syntaxiques qui,
dans
leur interaction avec les processus syntaxiques majeurs
de la langue, determinent le comportement des syntagmes no-
minaux et la definition des fonctions syntaxiques.
Devant les limites apparentes auxquelles le chercheur
se heurte dans la qu~te des universaux, quelles perspectives
peut-on degager pour la linguistique moderne ?
L'examen de la logique inneiste des generativistes a
montre combien leurs hypotheses absolutistes etaient vulne-
rabIes lorsque soumises aux faits de langue. L'etUde de la
demarche empirique, inductive et concrete des typologistes,
quoique moins ambitieuse, connalt egalement des limites et
fait l'objet de nombreuses critiques, parfois tres pertinen-
tes.
C'est dire qu'aucune des tendances n'est parfaite,
et Martinet (1966) resumera ces limites en refutant les in-
neistes : "l'hypothese d'un moule linguistique inherent b
la nature humaine est parfaitement denuee de toute signifi-
cation",
tout en doutant de ce qu'il appelle les "quasi-uni-
versaux de Greenberg".

-577-
Dans ce contexte, faut-il continuer la recherche sur
les universaux et dans quelles directions poursuivre cette
recherche ?
Nous savons que l'objectif fondamental de la recher-
che sur les universaux est d'essayer d'apporter une expli-
cation aux phenomenes que la description linguistique a iden-
tifies. La qu~te de l'explication est inherente a la nature
humaine et il n'est pas evioent qu'une hypothese donnee ou
une theorie donnee puisse
offrir une explication definiti-
ve, car la reponse a une question peut en ..scwlever. une a"-ltFe;
cela est vrai de la linguistique comme de tout autre domai-
ne de la connaissance.
En general, lorsqu'un universal Q n'est pas vrai pour
une langue L il est possible de trouver plusieurs explica-
- ,
tions. Soit que U est incorrect et, en le reformulant, il
pourrait rendre compte non seulement des phenomenes ante-
rieurs mais egalement des aspects de L qui semblent poser
probleme; ou bien alors l'analyse de L peut ~tre fausse,
ce qui arrive tres souvent ; ou dans le pire des cas U n'est
pas un universal absolU,
et la on peut en faire une tendan-
ce universelle. Dans tous les cas, on ne peut pas rejeter
unegBne~ali5ation significative sous pretexte qu'elle
connalt des exoeptions. L'universal de Greenberg selon le-
quel S precede 0 dans l'ordre des mots de base en donne
une illustration.
En effet, il est maintenant etabli que
certaines languffiinfirment cet universal;
crest le cas du
malgache (VOS) et, du hixkaryana (OSV). Comrie(1981) sign a -
le que l'ecart qui existe entre les langues qui ne 9uivent
pas cette tendance (moins de 1 %) et celles qui la confir-
ment est trop important pour qu'on le rejette.

-578-
D'autre part, la linguistique nous donne l'impression
d'avoir ete victime de sa propre terminologie, puisque,de
plus en plus,le terme "universaux" est evite par de nombreux
auteurs. CUlioli parlera des "invariants langagiers"pour
marquer
sa
distance par rapport aux universaux linguis-
tiques; Bach (1974) trouve que,
dans une certaine mesure,
la grammaire universelle est tout simplement une sorte de
theorie de linguistique generale.
Greenberg lui-m~me a pen-
se, a une certaine epoque, que le terme "universaux" pour-
rait ~tre abandonne en faveur de l'expression "generalisa-
tions cross-linguistiques":"it might be advisable to ab~n­
don the current term 'universal' as being misleading and
substitute
for it some such expressions as
'crosslinguis-
tic generalizations" (1978:43).
Clest ~But-~tre a eela qu'il faudra revenir. Dans tous
les cas, pour ~tre viables, ces generalisations devront s'en
tenir aux tendances, que celles-ci soient implicationnelles
ou non implicationnelles.
Et pour cela , "on suivra concur-
remment deux voies,hypothe.tic~eductiveet empirico-induc-
tive:
l'une enchaine hypotheses et deductions, l'autre
en
verifie la validite dans les faits,
et crest leur feconda-
tion reciproque qui peut fonder une saine methode "(Hagege,
1982:10). Et puisQue le but ultime de la;theorie grammati-
cale est d'atteindre l'explication, on fera appel a une ana-
lyse linguistique totale qui, elle-m~me, fera appel a la
pragmatique la ou celle~ci est pertinente;
crest seulement
de cette maniere que l'on sortira des explications formel-
les oU internes (expliquer les phenomenes syntaxiques par
e~x-memes) pour s'orienter vers l'explication externe qui
rend compte de la syntaxe par la semantique et la pragma-
tique.

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TABLES DES MATIERES
AVANT-PROPOS •••••••••••••••••••••••••••••••••••.•.•..••• 2
SIGNES ET ABREVIATIONS .••••••••••••••••••••••••.•••.•••• 4
INTRODUCTION GENERALE
0.1 •
Place des langues particulieres dans
la recherche des universaux...................
8
0.2.
M~thodologie .•••••••••••••••••••••••••••••.••• jO
0.3.
Cadre(s)
th~or{que(s)••••••••••••••••••••••••• ,11
0.3.1. Cadre general ••••••••••••••••••.•••••••••••.• 11
0.3.2.
Cadres specifiques ••••••••••.•••••••••••••.•. 13
0.3.2.1.
La Grammaire G~n~rative
Transforma tionnell e •••••••••••••••••••••••• 13
0.3.2.1.1.
Le Modele Standard(Etendu) ••••••••••••••• 13
0.3.2.1.2.
Le Modele du Gouvernement et
du Liage •••••••••••••••••••••••••••••••••
20
0.3.2.2.
La Grammaire Relationnelle • • • . • • . • . • . . • . . . • ,25
0.3.2.3.
La Th~orie des Trois Points de
Vue .••.• '"
•••••••••••••••••.•••••••.•• ' .••
29
0.3.2.3.1.
Domaine •••••••••••••••••••.•••.•••.••..••. 29
0.3.2.3.2.
organisation •••••••••••••.•.•••..•..••.•.
30
0.3.2.3.2.1.
Organisation generale ••••••••••••••.•••
30
0.3.2.3.2.2.
Notions fondamentales ••.•••••••••••••••
31

-605-
0.4.
Organisation des chapitres •••••••••••••••••••• 35
CHAPITRE I
UNIVERSAUX LINGUISTIQUES
1.1. Objectifs de la theorie linguistique •••••••••••• 39
Objectifs generaux ••••••••••••••••••••••
39
1.1.2. Theorie et modele theorique ••••••••••••••••••• 39
1.1.3. Limites de la theorie grammaticale •••••••••••• 42
1.1.3.1. Revisions theoriques et demarche
scientifique ••••••••••••••••••••
42
o o . o • • o o o o • •
1.1.3.2. Souplesse de la theorie ••••••••••••••••••••• 43
1.2.
Les universaux •.•••••••••••••••• o •••• oooo •• ooo.
44
1.2.1.
Bref historique •.•••••.•••.••••• o • o • o •••••••••
44
1.2.2. Deux approches differentes •••••.••••••.•••••••
46
1.2.2.1. L~Ecole de Chomsky •••••••••••• •••••••••••••• 46
1.2.2.2. L'Ecole de Greenberg •••••••••••••••••••••••• 48
1.2.2.3.
Evaluation ••••••••••••••••••••••• o ••••••••••
49
1.2.2.3.1. forme des universaux •••••••••••••••••••••• 49
1.2.2.3.2. Universaux de substance et
universaux de forme ••••••••••••••• o •• o ••••
51
1.2.2.3.3.
Universaux absolUs, universaux
implicationnels et tendances
universelles •• o ••••••••• o ••• ooo •• oooo ••••• 56
CHAPITRE IT
ASPECTS DE· LA MORPHOSYNTAXE DU PULAAR
2.1.
Classification . . . oo •••••••••••••••••••••••••••• 60
2.2. Esquisse grammaticale ••••••••••••••••..••••.••• 61
2.2.1.
Drthographeo ••• oooo ••••••••••••• o •••• oo •• o •••
61
2.2.2. Classes nominales et alternances
consonantiques ..• o ••••••••••• o.o .•• ooo.ooo •• oo 64
2.2.2.1.
Classes nominales .••••••••••• o.o.o •• o •• oooo·64

-606-
2.2.2.2.
Al ternances consonantiques •••
67
·
.
2.2.2.3.
Systeme d'accord ••••••••••••• ·.....
...
71
2.2.3.
Systeme verbal ••••••••••••••••••
......
85
2.2.3.1.
Voix . . . . ............................
86
2.2.3.2.
Le perfectif ••••••••••
86
......... . ·.
2.2.3.3.
L'imperfectif ••••••••• • ••••••••• ..
90
·..
2.2.3.4.
Le preterit •••••••••••••••
97
·
.·..
2.2.3.5.
Les derivatifs •••••••••••••••••• ..
99
·..
2.2.4.
Le systeme pronominal •••••
105
·.....
2.2.4.1.
Pronoms personnels •••••••• ·
. 106
2.2 •.4.2.
Pronoms non personnels ••••.•••••..•.
107
·.....
CHAPITRE III
FONCTlONS SYNTAXlQUES
3.1-
Le sujet • . . • . . . . • • . • • . • • • • • • • • • • . • . . . . . . . . . . . • 109
3.1.1.
Le sujet en pulaar •••••••• ................... 110
3.1.2. Le sujet universal •••••••• ................... 113
3.2.
L'objet . . • . . . • . . . • . • • . • • • • • . • • • . . . . • . . . . . . . . . . 119
3.2.1.
L'objet direct et l'objet indirect •••••••••.
120
3.2.1.1. Proprietes generales de l'objet
direct .....•.••••••••••••••••.•••..•.•..... 121
3.2.1.2.
Proprietes generales de l'objet
indirect ••••••••••••••••••••••••••••••••••• 124
lnsuffisance d'une definition
semantique ••• ................... • • • • • • • • • •• 1 31
3.2.1.4.
lnsuffisance
formelle ••
.d'une definition
.
.134
3.2.1.5.
Mouvement du datif et determination ••••
137
3.3.
Le cas oblique ..•••.•.••••••.•••. ·.... ·...
162
3.3.1.
Le traitement des locatifs •••••• ·....
163
3.3.1.1. structure interne ••••••••
·
.
... 165
3.3.1.1.1. Le directif adpositif ••••
..
·. .
1 65
3.3.1.1.2. Les noms prepositionnels.
.......
168
3.3.1.1.3. Les derivatifs directif et
ablatif . . • . • • . . . • • • . • • • . • . . ·
. 170

-607-
3.3.1.1.4. La construction en serie •••••••••••••••••. ,171
3.3.1.2.
Discrimination syntaxique
des l o c a t i f s . . . . . . . . . . . . . .
.
,!177
3.3.1.2.1.
Subjectivation ••••••••• ·
. 177
3.3.1.2.2.
Pronominalisation ••••••
1 80

• • • • • • • • • • • • • • • • •
0 "
3.3.1.2.3.
Relati visa tion ••••••••• • ••••••••••••••••• ;, 1 82
3.3.2. Pour rnieux cerner la categorie
oblique
. "184
CHAPITRE IV: ·FOCALISATION -EMPHATISATION
ET THEMATIsATION
4.1.
Focus et emphase ••••••••••••••.••••••.••.
190
4.1.1. D~finition••••••••••••••••
••••••••••••
190
4.1.2
Du focus aI' emphase .••••••••••••.•••.•• ...
196
197
4.2.
Les constructions emphatiques. ................
4.2.1-
Types •••••••••••••••••••••••••••••••
197
4.2.1.1-
Les clivees ••••••••••••••••••••••••••••••••
198
4.2.1.2.
Les pseudo-clivees •.••••••••••••••.....•.••
199
4.2.1.3.
Les interroga ti ves.
• . . . . • . . . . . . . • . . . .
201
4.2.1.4.
Les relatives ••••••••••••••••••••••••••••••
205
4.2.1.5.
Les temporell Bs en nde ••.••••••.••••...•.•.
207
4.2.2.
Similitudes . • . . . • • • • • • • • • • . . . • . • • . . . . • .
·208
4.2.2.1- Aspect et clitique ...••..•.••••••....••
208
4.2.2.2. Les pseudo-clivees comportent
une relative .••.•.•.••••••.•••••..•..•.
211
4.2.2.3.
L'interrogative est une relative •••••••••••
212
4.2.2.4.
La temporelle est une relative ••••••••
... 213
4.2.3.
Du traitement des clivees • . . . . . . . . . . . .
213
4.2.3.1.
Le clivage chez Fagerberg.
• ••••
214
4.2.3.2.
L' ordre des mats ••••••
215
4.2.3.3.
RegIe du clivage •••••••••••••
... 215
4.2.3.4.
Les clivees et les relatives.
......
219
4.2.4.
structure informationnelle et
diach rani e . . . . • . . . . • . . . • • . •
............. 222

-608-
La th~matisation•••••••••••••••• t. ••••••••••••• .232
structure thematique :
thematisation
forte et faible •••••••••••••••••••••••••••••• ;1;,233
4.3.2.
Les particules dites thematiques ••••••••••••• ,236
4.3.3.
Themes multiples et trace anaphorique •••••••• , 243
4.3.4.
Pragmatique de
la topicalite ••••••••••••••••
252
4.3.4.1.
Thema tisa tion et empha tisa tion ••••••••••••• ,252
4.3.4.2.
Thematisation et relative topicalite •••••••
257
CHAPITRE V
LA PRONOMINALISATION ANAPHORIQUE
5.1.
Definition generale ••••••••••••••••••••••••••••
260
5.1.1.
Anaphore et anaphorique ••••••••••••••••••••••
260
5.1.2.
Anaphorique lexical et anaphorique
vi de •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••..262
5.1.3.
Le potentiel cross-linguistique ••••••••••••••
263
5.2.
L'anaphore en pul a ar ••••••••••••••••••••••••••. ·265
5.2.1.
Les formes
d'anaphoriques ••••••••••••••••••••
266
5.2.1.1.
L ',anaphorique
rnpl.e ••••••••••••••••••••••••
266
5.2.1.2.
L' anaphorique
re fIe x i f -p 0 s s e s s if •••••••••••
268
5.2.1.3.
L' anaphorique
n8utre ••••••••••••••••••••••• 275
5.2.1.4.
L 'anaphorique
Z8 ro ••••••••••••••••••••••••• :279
5.3.
Contraintes ••••••••••••••••••••••
285
.
.
5.3.1.
Interaction:
dans l'anaphore
posterieure •••••••••••••••••••••••••••••••• 285
5.3.1.1.
Cas OU l'interaction est impossible •••••••• ·285
5.3.1.1.1.
La reflexivisation ••••••••••••••••••••••• 285
5.3.1.1.2.
La thematisation subjectale •••••••••••••• 286
5.3.1.1.3.
Passivation,
mantee et
relativisation ••••••••••••••••••••••••••• 287
5.3.1.1.4.
Equi, Consecutives et
Independa ntes •••••••••••••••••••••••••••• 289
5.3.1.2.
Cas ou l ' intora ctim est possible ••••••••• 290
5.3.1.2.1.
La thematisation objectale
290

-609-
5.3.1.2.2.
Les cansecutives ••••••••.•••••••••••••••••• 193
5.3.1.2.3.
Les subordonnees........................
297
5.3.1.3.
De la productivite des
anaphoriques •••••••••••••••••••••••••••••• 303
Anaphore p osterieure et
anaphore anterieure ••••••••••••••••••••••• 307
5.3.2.1.
L'anaphorique zero et l'anaphorique
neutre •••••••••••••••••••••••••••••••••••• 307
5.3.2.2.
L l anap horique-copie ••••••••••••••••••••••• 310
5.4.
L'anaphore peule et les universaux ••••••••
316
5.4.1.
La p rob 1 ema tiq ue de la marque ••••••••••••• 316
5.4.2.
La problematique de la precedence ••••••••• 321
CHAPITRE VI
LES CLITIQUES PRONOMINAUX
6.1.
Notion de cli tique ••••••••••••••••••••••••••••
325
327
6.2.
Les clitiques pronominaux en pulaar •••••••••••
6.2.1. Qu'est-ce qu'un clitique pronominal en
pulaar?
•••••••••••••••••••••••••••••• g •••••
329
6.2.1.1.
Cas de pronoms sujets •••••••••••••••••••••••
331
6.2.1.1.1.
En
position preverbale •••••••••••••••••••
331
6.2.1.1.2.
En position postverbale ••••••••••••••••••• 336
6.2.1.1.2.1.
Contextes
de la postposition
..
337
6.2.1.1.2.2.
Effets morphonologiques ••••••••••••••••• 339
6.2.1.2.
Cas des pronoms objets ••••••••••••••••••••••
341
6.2.1.2.1.
Posi tion ••••••••••••••••• " ••••• .........
341
6.2.1.2.2.
Morphosyntaxe de la 3e
personne(mo-moo) •••••••••••••••••••••••••• 343
6.2.1.2.3.
Morphosyntaxe de la 2e
personne(ma-m aa ) ••••••••••••••••••••••••••
346
352
6.3.
Le pI acemen t
des cl i tiq ues ••••••••••••••••
353
6.3.1.
Ordre de deux objets ••••••••••••••••••••••
6.3.2.
Ordre de Cls postpose et
d'un Clo •••••••••••••••••••••
• • • • •• 354
6.3.3.
Ordre de Cls postpose et deux
CIa ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 355

-610-
6.3.4.
Clitiques peuls et universaux ••••••••••••••• ,,356
6.3.4.1. De l'ordre 11
-
I •••••••••••••••••••••••••• ~.·,359
6.3.4.2. De 1 'ordre I
-
111 •••••••••••••••••••••••••. 360
6.3.4.3.
De l'ordre 11 -Ill •••••••••••••••••••••••••
361
6.3.4.4.
Al ternativ8s •••••.••.•••.•••••.•••...•.••.. , .363
CHAPITRE VII
LES CONSTRUCTIONS CAUSATIVES'
7.1.
Typologie des causa.ti fs ••.••••••••••••••••••••• 368
7.1.1.
Types de causatifs•••••••••••••••••••••••••••. 368
7.1.2.
Definition et terminologie ••••••••••••••••••• 369
7.2.
Le traitement du causatif en pula a r •••••••••••• ,371
7.2.1.
Semantique
des constructions
causatives ••••••••••••••••••••••••••••••••••• 371
7.2.2.
Productivite des constructions
causatives ••••••••••••••••••••••••••••••••••• 377
7.2.3.
Relations objectales dans les
constructions causatives •.••••.•••...•.....•. 392
7.2.3.1.
La problema tique •••••••••••••••••••••••••••
392
7.2.3.2.
De la Montee du Predicat ••••••••••••••••••• 398
7.2.3.2.1.
Le causatifsyntheti,que
est simple •••.•••••••••••••••••••••••••••• 399
7.2.3.2.2.
Le causatif
analytique
est complexe...........................
401
7.2.3.3.
Les relations de
valence ••••••••••••••••••• 402
7.2.3.3.1.
Rappel
de l'objet en pulaar •••••••••••••• 403
7.2.3.3.2.
Causativisation de
verbes
intransitifs •••••••••••••••••••••••••• ••• 404
7.2.3.3.3.
Causativisation de
verbes
transitifs ••••••••••••••••••••••••••••••• 405
7.2.3.3.4.
Causativisation de
verbes
bitransitifs •••••••••••••••• ••••••••••••• 406
7.2.3.3.5.
De la pertinence du r6le semantique
de l ' actant-effet •••••••••••••••••••••••• 412

,
-611-
7.2.3.4.
La g8ne~ation du causatif
synthetique .•..•.••••••••.•••.••....••..•.. .415
CHA PITRE VI II
LA PASSIVATIDN
8.1.
La notion de passif •.•••••••••••••.•••.......• .i420
8.2.
Le passif en pulaar •.••••.••••••••••••......•• .'424
8.2.1.
Voix moyenne et voix passive ••••••••••••••••• ,425
8.2.2. De llinte~p~etation passive de
l'enonc8 .•...•.•.•.•••••••••••••••••••••••••. 429
8.3.
Les donnees empiriques •••••••••••••••••••••••• 433
8.3.1. Dans 1 es enonces t~ansi ti fs •••••••••••••••••• 434
8.3.1.1.
L I objet est un patient ••••••••••••••••••••• 434
8.3.1.2.
L'objet est un benefactif ••• •••••••••••••••
434
8.3.1.3.
L'objet est un causatif ••••••••••••••••• •••
435
8.3.1.4.
L'objet est un inst~umental••••••••••••••••. 436
8.3.1.5. L'objet est un di~ectif••••••••••••••••••••
436
8.3.2.
Dans les enonces bit~ansitifs••••••••••••
437
8.3.2.1.
Les enonces sans complement de
preposition ••••••••••••••••••••••••••••••••
437
8.3.2.2.
Les enonces a complement de
preposition •••••••••••••••••••••• o......
441
8.3.3.
Dans les enonces bit~ansitifs••••••••••••••• 442
8.3,3.1.
Avec le c8usatif . • . • • . • • . . • . . • . . • . . . . . . . . . .
442
8.3.3.2.
Avec le benefactif •••••••••••••••••••••••••
443
8.3.4.
La ~egle du Passif ••••••••••••••••••••••••••
445
8.4.
Le t~ai tement du passif •••••••••••••••••••••••
445
8.4.1.
Le t~aitement ~elationnel••••••••••••••••••••
446
B.4.1.1.
La p~oblematique unive~saliste ••••••••••••• 446
8.4.1.2.
Les donnees du pulaa~ et
l ' hypothese ~ela tionnell e ••••••••••••••••••
452
8.4.1.3.
Le pulaa~ et la ~emise en question
de la loi du chi"Jmeu~•••••••••••••••
464
8.4.2.
Alternativ8s ••.•••••••••••••••••• 0 ••••••••••. 4

\\
-612-
8.4.2.1. La transformation passive •••••••••••••••• 468
8.4.2.1.1. De la simplicite de la
regIe transformationnelle •••••••••••••• 469
\\
8.4.2.1.2. Discussion et explication
complementa ire ••••••••••••••••••••••••• 470
\\
8.4.2.1.2.1. Avec le directif ••••••••••••••••••••• 471
8.4.2.1.2.2. Les predicats nominaux ••••••••••••••• 474
8.4.2.1.2.3. Interaction entre le passif
et d'autres 1'egles••••••••••••••••••• 475
8.4.2.2. L'explication semantique et
pragmatique •••••••••••••• 0 ••••• 0 ••••••••• 478
8.4.2.2.1. Generalisation ••••••••••••••••••••••••• 478
8.4.2.2.2. Les predicats nominaux ••••••••••••••••• 482
8.4.2.2.3. Les directifs •••••••••••••••••••••••• oo 482
8.4.2.2.4. passivation d'enonces emphatiques •••••• 483
CHAPITRE IX : DU TRAITEMENT DE LA TRANSITIVITE
9.1. Notion de transitivite ••••••••••••••••••••••• 485
9.2. La transitivite dans les etudes
peules ...•••.•••••••••••••••••••••••••••••.•• 488
Le traitement de la transitivite
en pulaar •••••••••••••••••••••• o ••••••••••••• 490
Valenc8 ••••••••••••••••••••••••••• o •• oooo •• 490
9.3.1.1. T1'ansitivite et fonction ••••••••••••••••• 490
9.3.1.1.1. La fonction parti ti ve •••••••••••••••••• ,,49.0
9.3.1.1.2. Traits semantiques ••••••••••••••••••••• 494
9.3.1.2. Transitivite et voix ••••••••••••••••••••• 497
9.3.1.2.1. Le probleme de l'ergativite•••••••••••• 497
9.3.1.2.2. La Det1'ansitivation ••••••••••••••••• ••• 499
9.3.1.2.2.1. Detransitivation passive ••••••••••••• 499
9.3.1.2.2.2. Detransi ti va tion moyenne ••••••••••••• 500
9.3.1.2.2.3. L'anti-causativation••••••••••••••••• 501
503
9 3 1 3
T
"t;vite
voix et derivation •••••••••
• • • •
rans~ ~
~
,
9.3.2. De la transitivite ca1'dinale ••••••••••••••• 507

,
-611-
7.2. 3.4.
La generation du causatif
synthetique ••.•••••••••••••••••• ." ... " " .... 415
CHAPITRE VI II
LA PASSI VA nON
8.1.
La notion de passif." •••••••••••••• "."" •• """ .• 1420
8.2.
Le passif en pulaar ••••••••••• "•••••• " •• "" ••.• ,'424
8.2.1.
Voix moyenne et voix passive •••.•••••.•...•.. ,425
8.2.2. De l'interpretation passive de
l'~nonc~•.••••••••••••••••••••••••••••••••••• 429
8.3.
Les donnees empiriques •••••••••••••••••••••••• 433
8.3.1. Dans les enonces transitifs ••••••••••••••••••
434
L' objet as t
un patient ..• " . . . • . . • "" . . . . • . . .
434
L 'objet est un benefactif ••••..••..•••..•.. 434
L 'objet est un causatif • . . • • • . . • • . • . . . . • . . .
435
8.3.1.4.
L'objet est un instrumental ••••••••••••••••. 436
8.3.1.5.
L'objet est un directif ••••••••••••••••••••
436
8.3.2.
Dans les enonces bitransitifs •••••• "
. 437
8.3.2.1.
Les enonces sans complement de
preposition •.••••••••••••••••••••.••..•...•
437
8.3.2.2.
Les enonces a complement de
preposition ••••••••••••••••••••••
441
Q • • • • • • • • •
8.3.3.
Dans les enonces bitransitifs •••••••••••••••
442
8.3.3.1.
Avec le causatif . . . . . . . . • . • . . . . . • . . . . . . . . . . ·442
8.3.3.2.
Avec le benefactif •••••••••••••••••••••••••
443
8.3.4.
La regIe du Passi f ••• " •• " •• "." ••••• " .••.•...
445
8.4.
Le trai tement du passif . . . . • . • . . . . • . • • • . . . . . . .
445
8.4.1. Le trai tement rela tionnel ••••••••••••••••••••
446
8.4.1.1.
La problematique universaliste •••••••••••••. 446
8.4.1.2.
Les donnees du pulaar et
l'hypothese relationnelle .•••• ............. 452
8.4.1.3.
Le pulaar et la remise en question
de la loi du chOmeur •••••••••••••••
464
8.4.2.
Al ternati ves . . . . . . . . • . • • • • . . • . • . . Q ••••••••••
468

-----------------------------.,
-612-
8.4.2.1. La transformation passive •••••••••••••••• 468
8.4.2.1.1. De la simplicite de la
regle transformationnelle •••••••••••••• 469
8.4.2.1.2. Discussion et explication
complementaire ••••••••••••••••••••••••• 470
Avec le directif ••••••••••••••••••••• 471
8.4.2.1.2.2. Les predicats nominaux ••••••••••••••• 474
8.4.2.1.2.3. Interaction entre le passif
et d'autres regles ••••••••••••••••••• 475
8.4.2.2. L'explication semantique et
pragmatique •••••••••••••• e ••••••••••••••• 478
8.4.2.2.1. Generalisation ••••••••••••••••••••••••• 478
8.4.2.2.2. Les predicats nominaux ••••••••••••••••• 482
8.4.2.2.3.
Les directifs •••••••••••••••••••••••• oo 482
8.4.2.2.4.passivation d'enonces emphatiques •••••• 483
CHAPITRE I X
DU TRAITEMENT DE LA TRANSITIVITE
9.1. Notion de transitivi te ...•.•....•............ 485
9.2. La transitivite dans les etudes
peules ..••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 486
9.3. Le traitement de la transitiuite
en pulaar •• o ••••••••••••••••••• o ••••••••••••• 490
9.3.1.
Valence ..••••••••••••••••••••••••• 0 ••• 0 •••• 490
9.3.1.1. Transitivite et fonction ••••••••••••••••• 490
9.3.1.1.1. La fonction partiti ve ••••••••••••••••• •<,49.0
9.3.1.1.2. Traits semantiques ••••••••••••••••••••• 494
9.3.1.2. Transitivite et voix ••••••••••••••••••••• 497
9.3.~.2.1. Le probleme de l'ergativite•••••••••••• 497
9.3.1.2.2. La Detransitivation •••••••••••••••••••
499
o
9.3.1.2.2.1. Detransitivation passive ••••••••••••• 499
9.3.1.2.2.2. Detransitivation moyenne ••••••••••••• 500
9.3.1.2.2.3. L'anti-causativation ••••••••••••••••• 501
9.3.~.3. Transitivite, voix et derivation ••••••••• 503
9.3.2. De la transitivite cardinale ••••••••••••••• 507

-613,.-
9.3.2.1. Definition des parametres
semantiques .•••••••••••••..•••• o ••••• o •••
5Cle
9.3.2.2. Pertinence des parametres semantiques
pour le ,pulaar •••••••••••••••••••• oooo •••
511
9.3.2.2.1. Individuation et affecmtiof\\ ••••••••••• 511
9.3.2.2.2. Aspect et mode ••••••••••••••••••••••••• 512
9.3.2.2.3.
Agentivite ••••••••• o •••• oo •••••••••••• o
512
9.3.2.3. Transitivite et discours ••••••••••••••••• 513
9.3.2.3.1. Les deux predictions fondamentales de
l'echelle cardinale •••••••••••••••••••• 513
9.3.2.3.2. Tests: deux recits peuls ••••••••••••••• 515
9.3.2.3.3. Synthase et relevance pour
le paul ••••••• o ••••••••••••••••••••••••
526
CHAPITRE X
LA NEGATION
10.1. L' expression de la negation ••••••••••••••••• 528
10.2. Negation et presupposition •••••••••••••••••• 540
10.2.1. Negation et Relativisation •••••••••••••••• 540
10.2.2. Negation et Clivage ••••••••••••••••••••••• 544
10.2.3. Negation et Cliticisation ••••••••••••••••• 547
10.2.4.
Signification •.••••••••••.••••••••••••••••
550
10.3. L'origine des indices aspectuels
du negatif ••••••••••••••••••••••••••• oo •• oo •
553
10.3.1. De l'origine des indices de l'imperfectif
negatif ••••• ooo ••••••••••••••• oo.oooo •• o ••
557
10.3.2. De l'origine des indices du perfectif
negatif •••••••••••••••••••••• oo.oo.oooo •••
562
·CONCLUSION •••••••••••••••••••••••.••••••.•••••••.••••• 574
81 BLIOGRAPHI E•••• 0 ••• 0 ••••••••••••••••••• 0 •••• 0 <» •••••• 579