UNIVERSITE Dl r:ICF.
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DES SCIENCES DU LANGAGE

fÀPRESSIO~ GU T~PS ET DE L'ASPECT DANS LA C~UNICATION
LINGUISTIQUE
."'
ANAL YSE DE QUElQUES ËNONCËS DU EK~J'lt;AJ5
(LANGUE D!TE A "TEMPS'"
ET DU \\wtOJ
(LANGUE DITE A "ASPECTS") DANS LE CADRE DE LA THEoRIE
GENERALE DE L'ENONCIATION .




THtSE POUR LE DOCTORAT DE 3E CYCLE
r1
PRESENTËE ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT PAR
MOMAR CISSE
sous LA DIRECTION DE
. MONSIEUR LE PROFESSEUR GAB~ EL MANESSY
- JUIN 1987 -

____..cm.~--....
_
......-
-
1-
REMERCIEMEm-S
8-< ~tt qu '(1 poftle Itot'L~ modute cache.t., nOM devc~ à la. vé-oU..U
de d-üe qt;.c ce ttrava.i.1 M . .:.a.u/titU coltltai.t.Jte Ult tel. abvu.t.ÙHmeltt
~ittUJ te COltCO!..l.ltl. ou de c~'tta.üt~ ~p~uawt.u de~ lar.glJ~.6 ou de.
cVtlAilt.h in6o'UMt.ëU'll. a.vi.6~6. ConcoUlll. qtU ut, d no~ yeux, ta.
"'u'me ~cl.a.ta.llte que t' a.c.tivU~ ~uenti6·Ù([le ut. bien ur.e. ac..tA..vi.a
~()('.{a.f.e.. Cl'f.e.tte. GlLedj Il' ava.U:- e.lte. pa..ô traJ~ O/'l de. d-<Jt.ë. que
"L'(f~uL"" ('~r Li t.CUj, 6lt<tc ,.'~'t (OU.6, li 1-'C'l.60IltH' ('.t d teuj: el' m('~I-
dt." (Al1Illtie~ de e' U'I.I.L'e/'t.6~a de. N-ù'.e. : Hommage d P.ü't'tl:' Glü.'taud,
p. 219). Et c'e.~t .id, r-vt,6on.!l-nou!l, t.Oll~t.C -!la ncbteMe..
Qu'on nu(.(,.~ r)c'lme..t.te, a..-<.n!l(., d~ 6a.wi)t t'ocCll~Ù'1l pell"
,'t;,m('.'tc..(t~'l
t'lè b 6Ùl d'.H'J7l~n.t MOM.tetL-'t ir P'lO 6e66 (1 (t,'t Gab-'u.ct'. MM.J[ SS y /-'(ltt'l (a bu' 11-
ved'lLlnce. al.'('c t.Llqt((lf,Ü -<..{ (l ~/(.(I.'.t te. dév('ù'l-'r.:emcllt d~ l'eUe .t.it.'H.
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CU'I.~ta.IlJc d.(..~pOfttb.di..té, .H..6!luggc.H~<.L'ID e:' ·'l\\;M('HC".,~ iQu( unt
rJ.f.UJ
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d'un app(','tt conhdé~(lbte.
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n('U-~ devL'1l6 1106 pJte.17Ùe,'t,6 pa..6 dan.'! ta. i.<Hgtl.(~ÜqlU' dLte "Lcn-
i ..'lo..ôt;..'e.". PtUJ6e.n.t, a.u-delà de lM, q:tIlf .tOtl.-6 1l0,~ m~tt,'to
et. du
D~plt'tt~J!1<'.nt de Le-U/t('6 ,\\/odcLl1eJ et: du Vér-a.t.tl'.m~ltJ. d" L<.nglLü tzq{H' dc
f'Uit.{.\\,('tSt,té Je Va.r.a,,'t, t'touvc..'ttC,t, .te. tém(:.(.gnage. de Ill~.t.'te p':vnol1dc
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-
2 -
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V{)tultt.Le't.~ a.ccepté. Ilo.t.,'te m,{Ae en pO~0ttCn de .Hag\\', pClL'! f.a rJ!rl2pc:.-
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P.'tC' 6eH eu.'L.~ ) UNKOVI C Zvv lt{ftU.Jl lU CRE 155 EL5 Vetu:.~ d' (!.VCH, ''! bÙ'.11 l'CU.tu
acce,ote.'! dr. 6ùge't d no.tJte. }rUtIj de. thè6e.
MomtL't CISS[
NICE, le 20 mtLt 1987.

-
3 -


-
4 -
INTRODUCTION GËNËRALE
ENQUETE ET PRINCIPES METHODOLOGIQUES

Pi

. ._ _
.

-
5 ..
Qu'est-ce que communiquer linguistiquement?
La définition qui vient aussitôt à l'esprit
(et
qui serait par voie d,~ fait
la conception la plus banale)
consisterait à considérer la communication linguistique
(dans sa
forme
la plus simple)
comme un moye~, pour un
locuteur donné,
de mettre en possession de so~ interlo-
cuteur
(~ar la mise en fonctionnement du code linguisti-
que)
des connaissances dont ce dernier ne disposait peut-
être pas auparavant.
Cela réduit,
de toute évidence,
la communication
verbale à
la simple fonction de transmission d'informa-
tion.
Comme il n'y a transmission d'informatior'. qUe: dans
Ip. cadre d'une relation entre un locuteur A (qui peut
êt'c allocutaire)
et un allocutaire Blqui peut,
aussi,à
l'occnsion être locuteur),
il Y a
lieu de se poser un
ccrtâin nombre de questions dont
:
1.
Ces protagonistes doivent-ils être tenus en
dehors du processus communicationncl
?

-
6 -
Depuis Jakobson et Benvenist.t.:
('-iu~ l t un pourrait
prendre pour les pères-fond.::ltèurs de la théorie lillguis-
tique de la "subjectivité 'a~gagièrQ") les linguistes
semblent trouver un solide consensus pour dlre que les
prQ~agonistes d~ discours con~unicationnel doivent être
considérés comme des participants ~oncrets ou virtu~ls
à l'acte énonciatif.
2.
L'échange d'information peut-il ~tre indifférent
à la situation de communication ?
A ce propos,
i l paraît que la fonction ~énota-
tive de la conception communicationnelle de R.
,;jkobson
qui semble privilégier le côté informationnel de
l'échan-
ge verb~l, donne peu
(ou pas du tout)
de place à la situJ-
tion d'énonciation qui pourtant supporte cerlit échange.
C'est sans doute une interprétation possible de cet
aspect du schéma communicationnel
jakobsonien qui,
selon
C.
Fuchs et Le Go~fic, a l'inconvénient d'isoler les
termes de la communication "les uns des autres,
comme si
le message était par exemple une réallté quasi matérielle,
qui passerait ainsi de main en main,
sans être altérée
dans l'opération.
Aux deux bouts n'interviendraient que
des opérations d'encodage et de décodage,
purement méca-
niques".
(1)
1.
Cf.
FUCHS
(C.),
&
LE GOFFIC
(P.),
Bibliog.
S,
1985,
p.
122.

-
7 -
Nous n'hésiterons pas à taxer une telle conception
de fondamentalement r~ductrj:e parce que ne visant pas la
néces ;aire articulation entre les productions langagières,
leurs producteurs et la situation de communication
(dont
font partie les producteurs). Comme on peut,
facilement,
s'en
endre compte,
notre cr~tique ne tend nulleme~t
à mettr~
fondamentalement en cause le modèle commun ica-
tionnel proposé par Jakobson.
Il ne s'agit ni plus ni
moins que d'une invitation à
intégrer dans
la compétence
linguistique les déterminations énonciatives
(énoncia-
teur(s),
moment d'énonciation, . . . ) qui non seulement sont
susceptibles, dans bien des cas, de s'inScrire dans le
message informationnel,
mais doivent aussi étr~ considé-
j
j
f
rées,
selon le voeu de Culioli,
comme des concep,s théo-
riques.
Nous conviendrons,
par exemple, qu'il est parfois Gif-
ficile,
pOUl
l'analyse de la structure temporQile d'un
énoncé,
de passer outre les conditions concrètes de com-
munication.
Il est presque une évidence que si l'énoncé
(avec ses différentes composantes linguistiques)
consti-
tue un pr~alable du point de vue de la signification
â toute analyse,
i l d~meure que son interprétation ne
pe~~ se faire en dehors de toute référence et à son 10-
cuteur et au moment de son énonciation.
La critique
a(;ressée par Bourdieu au "formalisme" chomskycn fait

-
8 -
mieux état de cette nécessité d'intégrer par exemple Id
situation d'énonciat'on dans la d~scription du TI ~~'sar)-..:
L.n-
guistique
(donc comme un paramètre d'analyse)
"En excluant toute relation entre les
fonctions
des eXFressions linguistiques et leurs proprié-
tés structurales, en privilégiant les proprié-
tés formelles de la grammaire au détriment des
contraintes fonctionnelles,
la structure par
rapport à l'usage,
la cohérence interne du dis-
cours,
considéré ccmme recevable aussi longtemps
qu'il n'est pas absurde, c'est-à-dire dans cette
logique purement formaliste "non grammatical",
au détriment de l'adaptation à la situation, qui,
lorsqu'elle fait défaut,
peut je~er dans l'ab-
surde les discours les plus cohérents,
Chomsky
succombe à l'illusion éternelle du gramm&irien
qui oublie que . . la langue est faite pour être
parlée, gu'il n'y a de discours gue pnur quelqu'
un et dans une situation
:
il ne connait et ne
reconnatt(au moins implicitement)
que le discours
sans fin et à toutes fins,
et la comp6tence iné-
puisable qui suffit à le rendre possible, dis-
cours qui est bon pour toutes les situ3tions
:Jarce yue réellement adapté à aucune ... "
(1)
(~'est nous qui soulignons).
Cette intégration Je
la situation de communication dans le
processus communicationnel engendré par l'acte d'énoncla-
tian interdit.
"toute assimilation de l'énoncia~ion â une théo-
rie de l'information et s'oppose à
une concep-
tion instrumentale de la langue comme code
neutre ... "
(2)
La question que l'on pourrait s~ poser,
à ce niveau de
1.
Cf.
BOURDIEU (F'.)~1975,p.23)
-.:ité par KERBRAT-O.(C.) ,Bi-
bliog.
60,1980,
p.
9.
2.
Cf.
FUCHS
(C.)
&
LE COFFIC(P.),Bibliog.
5 ;
1985,
p.12R.

-
9 -
l'dnalYbe,
est peut-êtr~ ld suivante
Ces déterminations énonciativ~s dont on prône tant
l'appartenance au àiscours communicaticnnel,
sont-elles
proprement linguistiques ?
Nous ne diss1mulons point qu'elles relèvent de l'ex-
tralinguistique.
Mais il y a plus. Cet e~~ralinguistique se
manifeste dans le fonctionnement de la langue même,
f2~o-
risant,
par ce biaj~, toute explication du linguistique
(qui se limite aux signes et à leur organisation).
C'est
d'ailleuŒà ce titre qu'il fait partie intégrante du dis-
cours communicationnel.
Comment se fait,
alors,
la mise en relatio~ du lin-
guist~que avec l'extralin~uistique ?
Notre analyse montr8ra qu'elle se fera
la plupart du
temps grâce aux déictiques.
(1)
C'est,
en gros, dans ce sens qu'il faudrait compren-
dre le terme de "communication linguistique" dont
la for-
mulation de notre sujet fait état.
Il va de soi qu'une telle vision situ~e à la charnière
du linguistique et de l'extralinguistique incruste notre
analyse au coeur même des préoccupations des théoriciens
de l'énonciation.
1.
Définition en sera donnée à une étape ultérieure
~u
texte.

-
10 -
hNos temps du français expriment le moment
oü une action S'est accomplie,
s'accomplit
ou s'accomplira;
ils ne tiennent pas compte
de la durée dr
l'accompliGs~ment." (1)
Cet~e con~tatatiun d~ Vendryès garde, aUJourd'hui,
toute son actualité non pas en ce qu'elle constitue tlne
"vérité" attestée pùr les faits de langue observdhl('s,
mais par l'attrait qu'elle a eu ct qu'elle continue d'avoir
sur bon nombre d,' linguistes,
régentant ainsi
leurs analy-
ses du français
:
pouvoir d' attraction qu'elle t i r{o croycns-
nous de sa simrLicité
(nalve).
Elle aura,
en tout
C1S,
co~juit â
l'appellation "langue â
temps" dont s0mble
s'accommoder le français contemporain au vu de certaines
étud~s dont celle de Meillet qui prétend que:
" . . . les langues romaines ont laissé tomber
tout ce qui avait valeur d'aspect et elles
n'ont gardé que la valeur temporell e".
(2)
Illusion peut-être.
Mais elle sera si bien ontretenue
qu'elle aura présidé â la création d'une dichotomie dans
l'univers des langues naturelles.
A c6t6 des "langues à
temps",
il Y a <lussi
(selon beaucoup de linguistes dont
G.:llicheU,
des
"langues à aspects" qui,
contrairement aux
"langu2s â
temps" de Vendryès s'intéresspnt â
la durée de
1. C:.
VF.NDPYES
(J.),
Dibli0g.
20,
1921,
p.
117.
2. Cf.
MEILLET
(A.),
Bibliog.
13,
1958,pp.
185-186.

1. .~~-• • •IlI"-~!.IIIlt.~'Ii.71'.'.7••7.7I111m.r.n__.II"Il'.SlliIi.5__m.sn...-.·...'--·-----
1
-
11 -
l ac~omplissement d'une action.
"L'indo-curop6en était beaucoup ~~ins préoccupé
de marquer le tempa que la dur6e. Cc qui l'in-
téressait dans une action, ce n'était pas d'in-
diquer A quel momellt (passé, présent ou futur)
s'accomplissait l'action, mais de marquer si
on l'envisageait dans sa continuité ou à un
point seulement de son développement ... " (1)
Idée remise en cause par Creissels qui affirme :
" ... il semblerait plutÔt que dans aucune lan-
gue, le temps
(au sens strict d'une distinC"
tion présent/passé/futur, figurable comme axe
orienté pourvu d'une origine représentant l'ins-
tant de l'énonciation) n'intervient directement
et de manière privilégiée au niveau des signi-
fiés des morphemes de conjugalson. Ce qui veut
dire que, aussi bien en français que dans les
fameuses "langues à aspects", la valeur tem-
porelle que nous attribuons néanmoins de ma-
nière évidente aux énoncés résulte p~utÔt
d'un calcul faisant intervenir tout 00 jeu de
compatibilités sémantiques ou, si l'o~ veut,
de sélection mutuelle entre les 9igni[iés des
morphèmes de conjugaison, des éléments de sens
présents dans le contexte et des données situa-
tionnelles •.. la notion de temps ne se ~ùnif~ste
clairement qu'au niveau de certains circonstants
(hier, aujourd'hui, demain ... ) pas au niveau
de la conjugaison".
(2)
Illustrant ses propos sans pour autant viser à une sys-
tématisation comme il le dit lui-même, Creissels d'ajouter
" ... En fait,
on peut tout d'abord mettre en
cause la conception de l'opposition entre
présent et imparfait comme fondamentalement
de nature temporelle : sans nier le fait
évi1ent que l'emploi que nous faisons de l'im-
parfait implique la plupart du temps la réfé-
rence à un événement passé, il faut bien tenir
compte d'emplois de l'imparfait qui ne sau-
raient se comprendre Sl cette forme avait un
1.
Cf.
GALICHET
(G.),
Hibliog.
12,
1968,
p.
91.
2. Cf. CREISSELS (O.), Bibliog. 4,
19-:;9
?~.184- 185.

ia.utr
mm en 7 7
; Z!t
--
-
12 -
signifié fondamentalement temporel et qui
impostnt donc une red6finition du signifié
de l'imparfait: on pourrait caractériser
ce signifié comme la marqu~ de l'"inactuel h ,
la valeur d'l p,'lssé n'étant qu'une application
particuliére de ce sens général. La difficulté
ici (et nous r.etombons en fait toujours sur le
même probl~me)
est que, hç~s contexte, une
proposition avec le verbe à l'imparfait sera
spontanément interprétée com~e rpnvoyant à un
fait passé. Mais pensons à àes emplois comme
(entre autres)
l'emploi de l'imparfait avec
valeur de condition non r~alisée, la référence
temporelle par contre étant clairement au pré-
sent \\6' Il faisait be~~, j'irais me promener) ."(1)
Relisons ces remarques de Creissels. La première chose
q1li
frappe est que ces dernières ~e semblent pas donner
une importance à la dist~n;~ion guillaumécnne devpnue
classique, valeur en langue/valeur cn digcours. Avant de
revenir sur cette distinction fondamentale, ouvrons une
petite parenthèse sur une constatation de Creissels qui
dit ne pas itre en mesure de nier " ... le fait évident que
l'emploi que nous faisons de l'imparfait implique la plu-
part du temps la référence à un événement passé ... ". Il
semble ainsi aùmettre que, statistiquement,
le passé est
la valeur de l'imparfait qui prédomine sur les autres va-
leurs. Et c'est ce que révè le le dépoui llemellt que nous
avons effectué sur de nombreux textes français.
En effet,
plus de 80~ des emplois de l'imparfait font référence au
pRssé,
ç'est-à-dire, à une période antérieure à l'instant
1.
Cf. CREISSELS W.l, Bibliog.
4,
1979,
p.
185.

-
13 .-
d'énonciation pris comme repère à partir duquel est
envisagé le procès à l'imparfait.
C'est ainsi que si nous
nous basions sur ce simple fait de statistique,
nous pour-
rions avancer que la valeur temporelle de passé est la
valeur fondamentale de l'imparfait.
Position que vien-
dront corroborer des faits de morphologie.
Prenons par exemple le verbe demander conjugué à la
deuxième personne du pluriel,
à l'indicatif, au
présent,
à
l'imparfait et au futur.
L'analyse morphologique nous donne ceci
demand-/~/-ons
ILacL{c.ai veJt bal
...-J
4 tllaILque/.> de. pe)l~OWle
PRESENT
demand-/i/-ons
- - - -
<>::--1
L maILqu,e.6 de pefL,:,uilne
IMPARFAH
demand-/er/-ons
....--1
~ tTlaJLque,5 de pe,lL,::lol'1l'1e
FUTUR
Nous avons ainsi une tripartition du temps verbal qui,
reposant sur le principe aristotélicien du temps physique,
reconnaît trois époques du temps
(époque présente, époque
passée, époque future
données immédiates de la conscience
au sens bergsonien du terme),
perlnettant ainsi de conférer
à chacune des formes morphologiques qui la composent une

- 14 -
valeur temporelle. C'est ainsi qu' a'l présent
(donnée pu-
rement morphologique)
caractérisé par l'absence de marque,
est ~ttachée la valeur temporelle de présent, c'est-A-dire
que quand la forme verbale au présent est actualisée
(nous
voulons dire ancrée dans des conJitions énonciatives telles
qu'elle soit apte à véhiculer un message), elle permet de
constater que le déroulement du procès ou l'événement dont
il s'agit coIncide avec le présent d'énonciation ou pré-
sent existentiel du locuteur pour reprendre les termes de
Annett~
vaesant; ce présent existentiel étant l'origine
de toute énonciation.
"Pour être ce qu'il est,
tout énoncé implique
nécessairement l'activité créatrice de celui
qui le produit".
(1)
Sur ce point précis, Annette Vassant admet avec nous que
les valeurs temporelles de futur et de passé doivent être
attachées respectivement aux suffixes LeE7 et L1_7. Il
reste qu'elle refuse au L~_7du présent la valeur de pré-
sent temporel.
Selon elle,
l'absence de marque du présent
accuse un vide sémantique. Ce qui fait que le présent " ...
est parfaitement non-temporel
il est donc apte à figurer
sans contradiction ni métaphore dans des énoncés que cer-
taines informations réfèrent au passé ou au futur.
En
l'absence de telles informations,
l'énoncé au présent -
et non le verbe seul - est rapporté aux coordonnées de
1. Cf.
VASSANT
(A.),
Bibliog.
125,
1981,
p.
16.
(,

- 15 -
(
.
toute énonciation, et notamment au maintenant du locuteur"(l)
Remarquons que, si l'on pense comme Annette Vassant
que si une forme verbale peut figurer dans u~ ccntexte
sans aucune atteinte au sens du message que cet énoncé
est ccn~~ véhiculer, c'est parce qu'elle est non-temporel-
le, comment pourrions-nous expliquer que des formes ver-
baIes co~e l'imparfait dont elle ne met aucunement en
cause la valeur temporelle de passé, puissent être em-
ployées dans des situations dont la contemporanéité avec
l'époque présente signifiée par le cir~onst~nt temporel
"maintenant" ne fait aucun doute ?
Que dire par exemple de la phrase de M. Duras dans
"L'ombre du hêtre recouvrait maintenar.~ l'ëm-
placement de la
terrasse future".
(2)
On retombe sur le même problème.
La vérité est qu'il y a des valeurs rattachées aux
formes verbales (par un jeu entre forme morphologique et
signifiés conceptuels) et des valeur! que la forme verbale
peut exceptionnellement contracter dans le discours avec
l'aide d'un certain contexte: il s'agit comme on le devine,
de la distinction'3leur en langue (qui est fonJamentale)
1.
Cf. VA:..SANT (A.), Bibliog. 125, 1981, p. ':'9.
2. Cf. citée par NEF (F.), Bibliog. 110, 1980, p.
147.

-
16 -
et valeur en discours
(métaphorique)
de Gustave Guillaume.
A cet égard nous pensons que le terme "ni métaphore" de
Annette Vassant est mal à propos.
Revenons ainsi à Guillaume et à sa distinction fon-
damentale pour tenter d'expliquer l'opposition imparfait/
présent,
au-delà des simples faits de statistique qui,
à
notre avis,
ne peuvent fonder à eux-seuls une analyse lin-
guistique, même si les travaux de Pierre Guiraud ont mis
en évidence leur grande importance.
Nous les confinons
au simple rôle d'auxiliaire pour l'analyse linguistique.
Il est évident que l'exposé de Creissels met au même
plan deux valeurs de l'imparfait que nous pourrions no~ner
valeur d'imparfait-temps et valeur d'imparfait-mode.
Comme
pour les deux conditionnels de la gra~aire traditionnelle
qui proviennent en langue d'un futur,
toutes les valeurs en
discours de l'imparfait proviennent d'une seule image du
temps qui est celle d'un temps décadent
(1)
(celui-ci don-
.
nant donc à l'événement ou au procès une vision sécante
(2)
c'est-à-dire, ayant déjà co~encé et devant encore conti-
nuer).
Cette image dénote un intervalle arbitraire du
1. Un temps décadent est un temps qui a effectivement
existé.
Il s'oppose selon Guillaume au temps virtuel
ou incident.
2.
Selon Guillaume,
il y a vision sécante quand l'image
verbale est "une image qui,
d'instant en instant opère
sa réalisation, de sorte que,
en quelque point de son
déroulement qu'on la considère, elle se divise en deux
parties,
l'une déjà accomplie qui figure dans la pers-
pective réalité et l'autre inaccomplie qui figure dans
la persepctive devenir", Guillaume
(G.),
Bibliog.90,
1965,
p.
61.

-
17 -
procès. C'est pourquoi on a tendance A la considérer comme
étant extérieure au temps. Mais il n'en est rien: l'1n-
tervl11e arbitraire du processus verbal que décrit l'im-
i-'drLI i t peut ou non inclure le point final
(c' est-A-dire
~e terme)
du procès.
Par exemple dans "j'allais au Sénégal", l'imparfait décrit
un intervalle arbitraire du processus de la marche vers le
Sénégal ; mais rien ne dit si ~et intervalle inclut ou non
le point final
(entendons l'arrivée à Dakar).
Les deux cas
de solution étant possibles. Selon le choix qu'on fait
de ces deux manières d'envisager le procès, nous avons une
certaine interp~étation de la forme verbale. C'est ainsi-
que l'imparfait peut être appliqué à des événements appar-
tenant au présent ou même au futur.
e66u de 6e.rL6 1 (PASSE)
_ _~)e66e-t de. U.rL6 2 (PRESENT)
e66u de HrL6 3 (FUTURl
"-----
"""
;
-6-t~ge dM ,6-tgM6-té-6 eol'Ltedu.w
La forme verbale à l'imparfait est ainsi doublement
orient~e : en amont sur les concepts et en aval sur les
en,ploi s en discours. Nous en concluons que la conceptua-
lisation permet de découvrir la valeur en langve qui est
pour l'imparfait le passé. Cela ne concerne pas uniquement

- 18 -
l'imparfait mais toutes les formes verbales de l'indicatif
français.
Il est vrai qu'en discours les forme~ verbales
du français, à l'indicatif, peuvent être amenées à ex~rimer
un processus verbal si tué darls un'! é?oque différente de
r.elle à laquelle est attachée leur valeur temporelle fon-
damentale. Mais, comme le remarquait A. Vassant, cela ne
se fait qu'à la faveur d'un contexte plus large que celui
de la forme "nue". Dans ce cas, nous ne sommes plus au ni-
veau du 3ignifié en langue de la forme verbale, mais au
niveau de sa valeur en discours ; cette dernière pouvant
varie~ d'un contexte à l'autre.
Remarquolls, d'ailleurs, que la valeur d'''iné'\\ctuel'' que
Creissels donne à l'imparfait, si elle n'es~ pas contes-
table, est du moins ambiguë.
Qu'est-ce que l'"inactuel" ?
Il nous semble que c'est l'opposé sémantique de l'
"actuel" qui couvre le champ sémantique du présent linguis-
tique. De ce point de vue, il n'y a pa~ que le passé qui
puisse être opposé à l'
"actuel". Il Y a aussi le virtuel.
po-ten.û.e1. (vmue-i 1
______'-
----1'-
-----~~I~~----------------
-
~--
. =---
act.ue-i
-<-nac.tuel
Le potentiel dénotant un procès qui porte en soi
toutes les conditions essentielles à sa réalisation (ce

-
19 -
qui ne veut pas dire que celle-ci est amorcée), nous
voyons mal comment le passé
(état acquis ou en passe de
l'être)
pourrait lui être rapproché sous le même signifié
dit-oo "fondamentalement tempor~l".
Nous pensons que, comme le prétendent les grammaires
usuelles que Creissels tente de critiquer, l'opposition entre
présent et imparfait est d'abord fondam~ntalem~nt de nature
temporelle:
l'imparfait pouvant se définir comme antérieur
au présent du point d~ vue de sa valeur en langue.
111.'I1111l-
Du point de vue aspectuel,
ils relèvent to~s deux
de l'inaccompli comme le re~arque même Creissel~
:
"L'énumération traditionnelle des "temps"
du français masque ce fait important ~'or­
ganisation Ge la langue qui est le par~llélis­
me parfait entre une série de formes simples
et une série de formes composées signif~ant
l'opposition entre deux modes de représenta-
tion du procès :
inaccompli
accompli
il mange
il a mar.gé
il mangeait
il avait mangp
il mangera
~l aura ITIdngé
etc.
etc."
(1)
Que faut-il,
maintenant,
penser de l'affirmation
"le temFs ne se manifeste clairement qu'au niveau de
certains circonstants
(hier,
aujourd'hui, demain),
f
1. Cf. .c~EISSELS (D.), Bibliog.
4,
1979, p.
187.
)
1
f

~ 20 -
pas au niveau de la conjugaison" ?
NC'us y appor ':erons d"- .lX réflexions 1 lesquelles
réflexions se bâtiront autour de deux questions ~
1. Le temps se manifeste-t-il clairement dans ces
circonstnnts ?
2. Le temp5 ne se manifesterait-il pas au niveau
de la conju~aison ?
Concernant la première question, nous dirons avec
Creissels que Je temps se manifeste bien dans ces cir-
constants. Cett~ manifestation du temps est-elle pour autant
toujours "claire" c(\\rnrne le souligne Creissels? Examinons
les énoncés suivants :
a) On est aujourd'hui dimanche. Demain lundi
j'irai à Dakar.
bl
Préparons-nous, chers compatriotes, à relever
demain ce défi qui nous est lanc~.
Il est presque év~~ent que le circonstant temporel "demain"
n'a pas la marne valeur &émantique dans ces deux énoncés.
Dans le premier, il falt référence au jour succédant irnrné-
diatemen~ à celui de l'énonciation. Dans le second énoncé,
il fait référence très vaguement ~ tous les lendemains
possiblas composant l'avenir. Que faut-il, ainsi, penser
de la manifestation du temps dans ce circ~nstant ? Clarté,
peut-être. Précision, certainement non.

-
21 -
Dans les deux cas,
"demain" n'a de valeur précise
que dans l'exercice du langage tenu par l'~metteur et
form~lisé par "je".
Cette analyse ne remet-elle pas en cause la distinc-
tion guillaum~enne ? Quelle serait, par exemple, la
valeur en langue de "demain" ?
Comme "demain" ne peut se cnmprendrt! qu'A l'intérieur
de la relation discursive avec "aujourd'hui a ,
nous p~nsons
que c'est du rapport avec la situation d'énonciation qu'il
tir~ to~te sa valeur en langue
( qui s'av~re donc ~txe le
futur) .Cette valeur en langue fait de lui une unité lin-
guistiqu~ du code de la langu~. Qu'est-ce qui le différen-
c.ierait dO:1C des autres unités du code t~lles le rr.'Ot "fu-
sil" :-
La différence est que le substantif "fusil" réfère à un
contenu objectif
(=concept dénotatif)
en dehors d~ la situa-
tion d'énonciation.
Alors que le circon5tant temporel est,
lui,
lié à ladite situation d'énonciation.
I l en est de même des formes verbales de l'indicatif
de la conjugaison dont Creissels r~cuse l'éventuel signifié
temporel.
Elles aussi,
peuvent assumer " ... dans le dis-
cours le rôle d'indice privilé9ié en conférant à tout énoncé
ses valpurs d'énonciation". (1)
Par exemple devant un énoncé
tel "j'irai à Dakar", on peut sans rjsque d'erreur dire que
la réùll~ation du procès est pour l'avenir. Et ceci grâce
1.
Cf.
ADAM (J.-M.),
Bibliog.
49,1976,
p.:::03.

bru'; 1
Al
- mt ..... • Ol
- 22
.
à la morphologie d~ la forme verbale. Quel jour de l'avenir?
C'est tout autre chose. Il est donc évident que nous ne
partage0ns pas certaines des vues de Creissels.
C~pendant, reconnaissons, tout de même (et cela nous
semble le plus important pour notre analyse) que Creissels
a su bien poser le ~roblème : pour la détermination de la
valeur temporelle d'un énoncé, il faut savoir utiliser tous
les éléments de sens présents non seulement dans le contex-
te verbal mais aussi dans la situation d'énonciatlon. Au-
trament dit, la valeur temporelle d'un énoncé résulte du
rapport que ce dernier nntretient nécessairement bvec le
c0ntexte verbal et la situation d'énonciation.
voilà, très sommairenlcr.t esquiasé,
le point de départ
de notre réflexion fondée sur une syntaxe que l'on pourrait
quali~ier de "dynamique" c'est-A-dire intégrant le contexte-
situati0n (1) qui l~i donne vie parce que permettant de l'ex-
~liquer. Nous ne pens~ns pas flire ainsi re-surgir le vieux
débat sur les limites de la syntaxe
(au sens saussurien du
terme) et de la sémantique:
il est, aujourd'hui, scmble-
1. "Le contexte et la situation - souvent difficiles à dis-
socier nettement - orientent l'interprétation du message
dont le véhicule linguistique peut comporter plus ou
moins d'ambiguité". La double constatation de J.
Perrot
1
ainsi faite dans "langue française" 21,
1974, p.
6 :
- contexte et situation sont souvent difficiles à dis-
1
socier,
f
- contexte et situation orient~nt l'interprétation d~
mes~age ...
f
justifie notre alliance de termes: conteXte - situation.
1
î
f•~1

-
23 -
t-il,derri~re nous. A cet égard, notons avec Creissels
que la sémantique " ••• est une problématique qui concerne
l'ensemble des disciplines linguistiques"
(1).
Au vu de toutes les remarques que nous venons de for-
muler, une série de qu~stions se posent à nous :
1. Sur quoi la dichotomie "langue à temps" /
"langue
à aspects"repose-t-elle ?
2.
L'absence
(ou la présence)
de morphèmes marqueurs
de temps ou marqueurs d'aspect peut-elle permettre
de soutenir une telle dichotomie ?
3.
Quel sens faudrait-il donner à cette dichotolille au
cas où son exist~nce s'avêrerait justifiée ?etc.
Comme pour répondre par anticipation à ces différentes
questions,
nous po~ons un certain nombre d'hypothèses
(limit~ par souci de clarté) qui, comme le veut André
Martinet,
sont inspirées par une connaissance empirique
que nous avons de ces
faits de langue.
1.
La dichotomie "langue â temp5~/"langue â aspects"
repose sur une analyse interprétative trop res-
trictive ies données aspectuelle et temporelle.
2.
A chaque énoncé d'une langue donnée sont attachées
une valeur aspectuelle et une valeur temporelle
1. CREISSELS
(D.),
Bibliog.
4,
1979,
p.
39.
1
J

- 24 -
définies à partir d'un repère donn~. Une langue donn~e peut
ne pas avoir de morphèmes marqueurs de temps ou de morphèmes
marqueurs d'aspects mais cela n'emp8che pas qu'elle utilise
d'autres moyens pour exprimer ces notions. C'est le cas
pensons-nous du français et du wolof.
c'est dire qu'aspect et temps sont sur un pl~n général
(ou conceptuel)
des catégories sémantiques pouvant être
grammaticalisées ou non dans une langue donnée.
Il arrive
même qu'on ait la grammaticalisation et la non-grammatica-
lisation
(bien sOr à des niveaux d'analyse différents)
pour
une môme langue.
Mais qu'est-ce qu'une catégorie gramrnaticalis~p. dans
cette acception? Une catégorie est qualifiée de "grammati-
cale" si elle fait intervenir des paradigmes réguliers d~
formes morphologiques qui s'opposent entre eux.
Une constatation est que la non-grammaticalisation est
souvent qualifiée de secondaire par les linguistes. Coseriu
(1)
et Maurice Houis en sont un bel exemple
"Le terme français de "temps" est équivoque.
Nous prenons donc position sur le fait que
les langues négro-afr.i=aines retiendraient
comme principe de l'organisation systémati-
que de la conjugaison,
l'aspectualité et non
la temporalité.
Ceci n'implique pas que la
tempora1it~ ne soi~ pas signifiée; elle l'est
secondairement pnr les implications des aspects
eux-~ê~es ; elle l'est lexicalement dan~ l~
contexte voire par des particu1es.«
(2)
1. COSERIU
(E.),
Bib1iGg.
70,
1980,
p.14.
2. Cf.
H~UIS (M.), Bibliog. 28, 1977, pp. 45-46.

- 25 -
Ces propos de Houis semblent bien dire que la tempo-
ralité est une catégorie sémantique pouvant être exprimée
par des moyens grammatic~ux ou extra-grammaticaux. Nous
le pensons aussi. Reste que le terme "secondairement"
nous paraIt un peu gênant.Au nom de quel critère certains
linguistes évacuent-ils les phénomènes aspectuels non
exprimés grammaticalement au second plan sous la dénomi-
nation de "modes d'action" ? Les guillauméens sont même
allés jusqu'à leur refuser le terme ù'aspect bien qu'en aucun
moment il~ n'eussent douté de leur aspectualit6. Nous vou-
lons bien savoir qu'il n'y a pas encore de consensus
(heu-
reusement) quant à l'attitude du linguiste devant les phé-
nomènes linguistiques, mais nous pensons qu'avoir une
telle attitude discriminatoire en face des faits de langue
est, aujourd'hui, rester prisonnier d'une conception tra-
ditionnelle scolastique de la grammaire. L'opposition gram-
maire/lexique n'est pas, à notre avis, pertinente sur le
plan
purement aspectuel. Exprimés ou non par deb moyens
grammaticaux, les phénomènes aspectuels décrits sont
avant tout des indicateurs d'aspect. Nous montrerona
que la différence se trouve ailleurs.
Res~e que ces hypothèses soient confirmées par les
faits observables,
ici, les énoncés
(de chacune de nos
deux langues : wolof et français)
exprimant la même valeur as-

. . . .'.n••'III••(:.l'...n• •'II?n.ll.ss.r.::.e.'.7.:•..'••' .
...:.:
,_·,__
- 26 -
pectuo-temporelle
(1). Enoncés qui, croyons-nous, sont les
données primaires de toute analyse. Cette validité dépend
du principe d'empirisme impliquant, à notre aviS, deux
exigences majeures
l'adéquation et la non-contradiction.
Car,
par principe,
à la &uite de Bondy,
"nous ne donnerons
à une théorie,
si lumineuse paraisse-t-elle,
la valeur
de certitude que lorsqu'elle ne contredit pas les faits
d'observation ou qu'elle n'est pas contredite pdr ces
faits ... "
(2).
Une telle étude, à notre sens,
ne peut avoir de signi-
fication gue si l'on prend le choix de travailler sur des
langues se ~aytageant selon les deux lermes de l'opposition
"langue à temps"l"langue à aspects".Dès lors, quoi de plus
normal que nous soyons aiguillé vers le franç~is (langue
dite à temps)
et le wolof
(langue dite à aspects).
1. La description aura montré que aspect F~ temps sont deux
réalités distinctes du m@me procès. Celui-ci permettant
la localisation du procès sur la ligne du temps,
celui-
là aidant à le saisir à différents points de son dévelop-
pement. Mais il ejt à remarquer que distinguer n'est pas
séparer. En effet, aspect et temps vont de pair dans
l'élaboration des messages. Et c'est cette solidarité
qu'il faudrait déceler derrière l'alliance de termes
"aspectuo-temporel~.
2.
BONDi'
(L.), Bibliog.
3,
1959, p.
175.
,

-
27 -
Ainsi se pose d'emblée le problème de notre corpus:
comment comparer deux langues dont l'une connaît déjà des
centaines d'années d'écriture et dont l'autre vient A peine
d'entrer dans ce monde de l'artificiel? La réponse est
cldire.
Il serait erroné de vouloir comparer le français
et le wolof s~ns tenir compte de cette différence fondamen-
tale. Nous avons,
à cet ég~rd, pensé qu'il serait judicieux
de comparer non pas les langues écrites mais les parlers.
Nous devons donc nous tourner vers le wolof parlé et le
français parlé.
Le parler étant plus spontané, donc plus
près de la réalité.
Paraphrasant Gide nous pourrions ajouter
que le parler perdrait sa fleur de spontanéité sincèr~ à
être couché sur papier.
R. Queneau de remarquer, à ce
propos, que
"les philologues et les linguistes n'ignorent
pas que la langue françatse écrite
(celle que
l'on "défend" en général)
n'a plus que dps
rapports assez lointains avec la langue fran-
çaise véritable,
la langue parlée '~.ï. L'exem-
ple le plus célèbre de cette évolution du fran-
çais est la disparition de l'imparfait du sub-
jonctif tiré par le ridicule et l'almanach
Vermot".
(Il
Cet éloignement des rapports de la langue écrite
avec la langue parlée, en français,
dont Queneau fait ainsi
état s'explique par le fait que le premier est le résultat
1.
Cf. QUENEAU
(R.),
(1965,
pp.
61-62 et 71)
cité par
FUCHS
(C.)
& LEONARD
(A.M.), Bibliog.
87,
1979, p.
63.
f
f
J
1
i!

- 2e -
d'une exigeante élaboration normative
(sous forme de
règles, de mécanismes ••• ) qui ne trouve presque pas de
place
(ou du moins pas avec la même rigueur)
dans le second.
M~i6 le problème est que l'écrit s'avère un passage
obligé : nous Rerons toujours
amené à en user pour élaborer
ne serait-ce qu'un domaine d'observation. Alors, nous
serons tenu, dans le cadre du travail qui nous préoccupe
de toujours tenter de "re-construire"
la situation d'énon-
ciation directe disparue avec l'écriture, pour saisir plei-
nement le sens d'un énoncé.
En outre, du point de vue d'une
analyse aspectuo-temporelle stricte,
le choix d~ français
parlé impose de faire peu de ca~ du passé simple, du passé
antérieur, de même que du plus-que-parfait surcomposé
qu'on trouve le plus souvent dans la langue écrite.
1.2. Réflexions sur le corpus
1.2.1. Situation du wolof dans l'univers
linguistique sénégaLais
Le wolof occupe avec d'autres langues
( sereer,pulaar,
joola, mandingue,
soni~ke) le statut de
langues nationales au Sénégal. Cependant,
langue du commer-
ce,
le wolof a eu un~ certaine prépondérance sur les autres
t
t
~f~i,!~1

1
1 .
-
29 -
1
1
langues
:
il est, en effet,
parlé par près de 80% ~es
1
habitants du Sénégal. Grâce à ce facteur,
il a même connu
i
une ascension certaine, dépassant ainsi les limites des
1
frontières géographiques du Sénégal.
Il est aussi parlé
en dehors des pays frontaliers
(Gambie, Mauritanie, Mali,
les deux Guinée), dans beauco~p de pays d'Afrique noire
(Côte d'Ivoire,
Gabon, Niger, Burkina Faso •.• ).
Malgré la dispersion de ses locuteurs,
le parler
wolof est relativement homogène.
Pourquoi
? Peut-être par
le fait qu'il n'est parlé que pal des Sénégalais émigrés.
Nous n'en savons pas trop.
1.2.2. Situation du françai8 dans l'univers
linguistique sénégalais
En-dehors de quelques expérimenta-
tions en wolof,
sereer et pu1aar qui n'ont d'aille\\\\rs
pas été concluantes,
le français reste, depuis la période
coloniale,
la seule langue d'enseignement au Sénégal. Ce
qui lui confère en outre et par voie de conséquence le
statut de langue officielle :
les langues nationales ne
jouant aucun rÔle actif dans la vie administrative.
Mais il Y a lieu de souligner que, malgré tout,
le
français n'est parlé que par une infime minorité de la
population:
les lettrés.
Cela s'exp1iq~~, croyons-nous,

-
30 -
d'une part par le taux encore faible de la scolarisation
ct d'autre part par les nécessit~sd'une vie économico-cultu-
relle qui gagne à avoi~, sur le sol national, une langue
véritablement véhiculaire.
1.2.3.
Implications de ces différentes situa-
tions 1inguisb~et sur le choix de
notre corpus et sur notre comportement
de linguiste-analyste.
Ces constats faits sur la situation
du wolof et du françùis dans l'environnement linguistique
sénégalais nous amènent à deux réflexions
:
1.
Le français parlé au Sénégal,
hors de l'école,
est-il un parler populaire ?
Comme il ~'est parlé, en général, que par des lettrés
(quel que soi~ leur niveau d'instruction), cela signifie
1 .
qu'il n'est qu'une variante orale de la variété enseignée
1
à l'école.
Ce qui fait
la grande différence d'avec le
wolof parlé au Sénégal.
Celui-ci n'est la variante d'aucune
autre variété.
Comment pourrait-on donc confronter ces deux parlers?
Cela pose problème.
D'autant que l'un est populaire pendant
que l'autre ne l'est vraiment pas.
~
Nous avons essayé de surmonter cette contradiction
f
r,

-
31 -
(y sommes-nous parvenu 1)
en choisissant de travailler sur
le wolof populaire et le français enseigné à l'école mais
débarrassé de certaines unités linguistiques
qui,
à en
croire certains linguistes,
n'existeraient plus qu'à
l'écrit. C'est ainsi que nous excluons le passé simple,
le
passé antérieur,
le plus-que-parfait des formes verbales
que nous étudierons.
2. En tant qu'analyste de deux langues qui se présen-
tent à nous,
l'une comme langue maternelle,
l'autre
comme langue seconde, nous nous devons d'observer une
certaine vigilance.
En fait,
le risque est grand,
pour nous, de plaquer
artificiellement les notions du françdis dont la grammaire
nous est devenue familière sur le wolof.
Bealcoup d'études
comparatives ont malheureusement souffert de cela.
De même
que des descriptions du wolof sont parfois faites en fonc-
tion de la connaissance et du sentiment qu'on a du français.
Respecter la spécificité
(nous voulons dire l'identité)
de chacune des langues à étudier devient ainsi le maître-
mot parce que se posant en nécessité pour une bonrlc com-
préhension du mécanisme de fonctionnemept des langues en
présence et partant puur une bonne description.
Nous essaierons,
autant que possible, d'avoir,
présente à

1
- 32 -
l'esprit, cette mise ~n garde durant tout le travail de
peur de nous engager dans une impasse.
1.3. Domaine d'observation
l'énoncé
;.;;..,..~..;:;:......:;.,;~;:.:..::.~
1.3.1. De la phrase à l'énoncé
Comme les théoriciens de l'énoncia-
tion, nous prenons le soin de distinguer entre un objet
d'étude abstrait parce qu~ décontextualisé et un objet
d'étude contextua1isé c'est-à-dire inséré dans sa situa-
tian de communication.
Pour commodité de présentation,
le
premier est appelé phrase,
le second énoncé
(objet d'étude
des théoriciens de l'énonciation). Cette distinction est
nette sous la plume de O. Ducrot :
"J'entendrai par phrase ... , une entité linguisti-
que abstraite, purement théorique,
en l'occurren-
ce un ensemble de mots combinés selon les règles
de la syntaxe, ensemble pris hors de toute situa-
tion de discours; ce que produit un locuteur,
ce qu'entend un auditeur, ce n'est èonc pas
une phrase, mais un énoncé particulier d'une
phrase"
( l ) .
Ce qui rejoint la définition donnée par A.
Culioli
"La phrase est définie par les règles de bonne
formation qui régissent essentiellement la
relation prédicative ; un énoncé est une rela-
tion prédicative repérée par rapport à un sys-
tème de coordonnées énonciatives".
(2)
1. (DUCROT et al.,
1980 :ï)cité par FRANCKEL
(J.J.)
&
FISHER
(S.),
Bibliog.
56,
1983,
p.
13
(notes).
2. CULIOLI
(A.),
Bibliog.
54,
1980, p.
182.

-
33 -
Mais nous sommes tenté de nous poser la question
de savoir si,
au-delà des coordonnées énonciatives dont
il faut nécessairement tenir compte pour le cas de l'énon-
cé,
i l y a une différence entre phrase et énoncé.
La réponse serait non.
L'énoncé est une phrase contextua-
lisée.
énoncé
phrase + situation de communication
phrase
énoncé -
situation de communication.
Cela nous permet de prendre conscience du fait qu'il
serait aberrant de vouloir étudier l'énoncé sans passer
par l'étude de la phrase c'est-à-dire les différents rap-
ports entre éléments qui composent la phrase.
Même s ' i l faut
la dépasser par une référence aux coordonnées énonciatives
qui font que la phrase est.
1.3.2.
Sources des énoncés
Ces énoncés connaîtront trois
sources principales :
soit
des textes élaborés par nous-même avec l'aide
d'informateurs
(c'est le cas trop souvent du wolof)
-
soit les différentes grammaires qui nous ont précédé
i l est vrai que les exemples puisés dans les livres de
grammaire sont par définition hors situation et privés
de toute authenticité énonciative mais i l faut savoir que

-
34 -
la situation d'énonciation est le plus souvent pour le
linguiste à re-constituer. Ce qui pose problème. Nous ne
le dissimulons point.
-
soit, enfin,notre intuition linguistique étant entendu
que, dans ce cas précis,
nous nous devons d'être un peu
plus "objectif" bien que nous soyons influencé par un
présupposé théorique réel.
1.4. Orthographe des mots du wolof
Pour l'orthographe et la séparation des mots
en wolof,
nous avons essayé,
autant que possible, de nous
conformer aux décrets suivants :
1.
Décret 71-566 du 21 mai 1971 relatif à l~ trans-
cription des langues nationales du Sénégal.
2.
Décret 75-1026 du 10 octobre 1975 relatif à l'or-
thographe et à la séparation des mots en wolof.
3. Décret 85-1232 du 20 novembre 1985 re'atif à
l'ortnographe et à Id séparation des mots en wolof.
Les tahleaux suivants indiquent les éléments graphiques
dont,
à l'occa~ion, nous pourrons faire usage.
1.4.1. Al
Eléments vocaliques
1
l•l~

-
35 -
1.4.1.1.
Voyelles brèves
i
-
(U'LtVU.~WteA
ce.rttlta.l~
pOli té./t...i.eU/l e1J
6eJlmé.~
l
'.1
mi.- 6eJUné.~
é
ë
0
m.é.-ouvVtte~
e
0
ouvVttu
a
maUma.!. ell
à
1.4.1.2.
Voyelles longues
-
a.1"Lté. ti eU!Le1J
C~l'LtJtalU
~c"~'JU'UIl.]
6cJtmée..6
i i
uu
m.t - 6vunée1J
éé
ëë
06
m.<. -ouvVl-tu
ee
00
1
ouvVLtu
aa
1

-;)6 -
1.4.2. Eléments consonantiques simples
1
Lab.<.a..trA
Ven.ta.f.eh Pala.ta..leb
VU.a.br. rA Uvula--iAe
f>oUlldrA
P
t
c
k
q
Oc. c..l.M.i.v rA
~onOllrA
b
d
j
g
Co ~.tJU.c.û vrA
f
s
x
/f>oUlldrA )
La..t.é.!l.atrA
l
V'<'bJlan.t~
r
(Mn01lrA
NMale.-6
m
n
n
1~ (' HOIlU )
Seml.-VOlJe...U.~
y
w
(-6 onolle..\\ )
1
1.4.3. Eléments consonantiques complexes
1.4.3.1.
Consonnes prénasalisées
La.b.<.a..te..\\
Ve.nta.le..\\
Pa1.a..ta..t~ VUaj./le..\\ KIvul.lUJte..
mp
nt
nc
nk
nq
mb
nd
nj
ng
1
1
._-
nx
1
1.4.3.2.
Consonnes géminées

-
37 -
LabWu Ven.ta.tu Pa1.a.ta1u VUa..<AU
pp
t t
cc
kk
Oc.c1lL6'<'vu
bb
dd
j j
gg
-
.,.,
Nct6a..tu
mm
nn
nn
La.t:Vlalu
11
Se.m<.-v0 yeU.u
yy
ww
II.
-
PRINCIPES METHODOLOGIQUES
Comme nous l'annonçions dans les lignes prér:-édE'lltes,
nous considérons la langue commp- un "processus dyna.mique"
pour reprendre les termes de A.
Klum,
o~ tous les éléments
constitutifs sont plus ou moins solidaires dans l'exp~cs-
sion du sens. Comment en effet, pourrions-nous ét~dler
l'expression du temps et de l'aspect dans un~ langue
donnée sans pOUL autant nous intéresser par exemple à la
corrélation de certains éléments présents dans l'énoncé.
Comme exemple de corrélation on peut noter celle de cir-
constant temporel-circonstant verbal
(ou verbe) '"
Nous touchons ainsi à l'une des préoccupations fon-
damentales des écoles structurales.
S'il est bien évident
qu'elles diffèrent sur bien des points,il demeure,
néan-
moins, qu'elles ont des domaines de convergenc~. De ces

-
38 -
points communs on peut citer l'étude synchronique des phé-
nomènes linguistiques qui selon Robert Martin permet "de
saisir la langue dans sa vérité, dans son originalité pro-
pre"
(1)
el l'acceptation comme hypothèse de travail qu'une
langue est toujours logiquement structurée.
t.·
r
Ces deux points communs,
la présente étude entend les
partager avec les diffé~entes tendances du structuralisme.
Ce qui nous amèner.,
pour l'élaboration de certaines struc-
turations,
à prendre pour référence le structuralisme de
type traditio~nel et strict.
Cette prise pour référence
porter~ sur Jn de ses aspects qui voudrait que l'i'terdé-
pendance ù~s éléments composant les énoncés soit détermi-
nante pour toute analyse syntaxique.
Option que nous tente-
rons de dépasser,
ensuite, quand elle prétend exclure le
r,ujet de l ' énonc iation et la situation de communication,
par une ouverture sur ces-dits éléments d'énonciation.
Il
s'agit donc,
d'~ne certaine manière, d'un dépassement de
la limite de la phrase qui faisait de la linguistique saus-
surienne un champ clos parce que pur système de signes.
Il est donc vrai que l'étude aura par endroits des
allures d'une analyse formelle
(entendons purement struc-
turelle).
Mais force sera de constater qu'elle est essen-
tiellement syntaxico-sémantique.
Pas de jeu de mots.
Il ne
1
s'a~it ni plus ni moins que d'une ré-introduction de la
1. MARTIN
(R.),
Bibliog.
100,
1969,
p.
4.
1
J

-
39 -
J
lj
problématique sémantique. Cette problématique s~mantique
1
j
a ~té diversement étudiée par les différents courants
linguistiques. Longtemps négligée par la linguistique dis-
1
tributionnelle, elle n'a pas été sérieusement traitée par
1
la grammaire traditionnelle. Celle-ci a toujours tu la
1
l
dimension énonciative qui devrait y figurer sous forme d'un
nécessaire rapport dialectique entre structures syntaxiques
(y compris le sens s'organisant au regard de ladite struc-
!
1
turationl
et modalités énonciatives qui relèvent d'une cer-
f
1
,
taine conceptualisation. C'est le voeu le plus cher de
f,i
Denis Creissels pour qui,
d'ailleurs:
1
" ... on ne saurait faire sérieusement de la
linguistique générale en dehors d'une réflexion
approfondie sur les mécanismes concep~uels
sous-tendant les notions grammaticales et leur
fonctionnement".
(1 l
On ne saurait,
pas plus, faire de la syntaxe ~ans
faire référence à une certaine sémantique relevant de l'énon-
cé conçu comme "unité communicative" ou si. l'on veut comme
"unité fonctionne~le d'énonciation".
Par exemple,
i l est impossible d'interpréter l'énoncé
wolof :
ndax dinga dem suba ?
"Est-ce que tu parti.ras demain ?"
sans savoir à quel moment l'énoncé a été prononcé,
ni la
1.
CRFtSSELS
(O.),
Bibliog.
4,
1979,
p.7.

-
40 -
référence exacte de "suba"
(demain). S'agit-il d'une
vague allusion à l'avenir ou du jour succédant à celui
de l'énonciation? Donc pour l'interprétation,
il faut
avoir connaissance des éléments du contexte-situation
dans lequel l'énoncé est prononcé. c'est en quelque
sorte une non-marginalisation de ces faits non-linguisti-
ques. La formule de D.
Pottier exprime assez nettement
cette conception des choses :
"commutÛcaLiol1
mu~ag~". (1)
On peut y lire que le message est nécessairement
lié au contexte-situation pour devenir opjet de co~~uni­
cation.
Dès lors que l'examen du sens s'impose,
par la force
des choses,
à l'étude,
trois théories se présentent à
nous:
la psycho-mécanique dont l'inspirateur est Gustave
Guillaume,
la gra~maire générative et la théorie générale
de l'énonciation.
Disons d'emblée qu'après examen ~pprofondi et en
rapport avec un principe qui voudrait que syntaxe et sé-
mantique
(siège certes du contenu et des référents mais
aussi
de tout ce qui permet de cerner l'acte de langage
1. POTTIER (B.),
Bibliog.
16,
1974, p.25.


• t.
",.,~.
, 1
"
• ,"
'
.
'



"

1
l
'.

• .
.'
.
.
.
. .
~,
- 41 -
et les processus de signification dans une situation
donnée) coexistent dans l'analyse d'un énoncé, nous avons
jeté notre dévolu sur la théorie générale de l'énonciation
pour donner à notre réflexion un fil conducteur, une cer-
taine cohérence voire une unité.Il est vr~i que nous ne
nous limiterons pas à la manière de Hjelmslev à une simple
cohérence. Il faut que celle-ci s'adapte à la réalité
des faits que nous observerons. Voilà donc que nous visons
un certain "réalisme".
Suite à ce choix,
il y a lieu de faire :emarquer que
nous ne rejetons pas en bloc la théorie d'inspiration
guillauméenne, ni celle connue sous le nom de grammaire
générative, ni même les acquis indéniables du distribution-
nalisme "en tant que procédure de mise en évidence de la
structuration morpho-syntaxique"
(1).
NOt's pourrons faire usage de quelques uns de leurs critères
d'analyse pourvu que ces derniers s'adaptent à notre
étude,
Par exemple, de Gustave Guillaume, nous retiendrons
l~ distinction langue/discours qui nous permettra de
ratta~her les signes linguistiques à étudier, à un niveau
~upérieôlr de conceptualisation. Guillaume explique ainsi
1. CREISSELS
(D.),
Bibliog, 4, 1979, p.
6.

-
42 -
la nécessité d'une telle distinction:
"Atteindre la réalité linguistique, c'est
référer les actes d'expression dont le
discours e~t l'opérateur aux actes de re-
présent~tion auxquels la langue ~oit son
institution dans l'esprit. La linguisti-
que est une science d'amont lorsque son
explication du réel remonte des effets de
sens innombrables produits en discours,
les-
quels sont de l'ordre de la conséquence,
aux conditions structurales de langue,
en nombre petit et fini,
qui permettent
les-dits effets de sens et les condition-
nent .•• et d'aval seulement,
lorsque son
explication ne conna!t,
ne veut connaître,
que les seuls effets de sens produits en
discours, peràant de vue qu'ils tiennent
leur possibilité des représentations que la
langue sans condition de moment, met à la
disposition du sujet parlant."
(1)
Cette distinction ne sera pas exempte de critiques
telles celle de J.M. Zemb
(2)
qui a eu à mettre en doute
son efficacité comme solution d'un problème linguistique.
Mais y-a-t-il solution définitive en linguistiqu~ (serdit-
on tenté de nous demander)
? En tout cas,
l'histoire de
la science linguistique a montré que des idées nouvelles
viennent toujours au fil des ans bousculer d'autres qui
2araissaient bien établies.
Pourquoi cette découverte
saussurienne valorisée par Gustave Guillaume ne subirait-
elle pas le même sort? Ce qui e~aujourd'hui vrai, c'est
qu'à notre connaissance,
l'état actuel des recherches ne peut
pas encore permettre un tel dépassement.
1.
GUILLAUME
(G.),
Bibliog.
7,
1964,
p.lOS.
2.
ZEMB
(J.M.)
lors d'une discussion dans DAVID
(J.)
& MARTIN
(R.),
Bib1iog.
75,
1980,
p.
180.

-
43 -
La question que l'on pourrait, néanmoin~, se poser
est de savoir s ' i l est possible d'articuler deux théories
qu'apparemment beaucoup de choses distinguent:
théorie
guillau~éenne et théorie de l'énonciation.
Au-delà de relents
(connotations) que beaucoup de
linguistes taxent de métaphysiques,
la théorie guillaumé-
enne reconnaît explicitement l'importance des problèmes de
signification et surtout la reconnaissance du sujet comme
élément moteur de l'activité langagière; Deux points qui,
cl nos yeux,
peuvent déjà permettre la jonction entre ces
deux théories.
Les générativistes, quant à eux, nous apprendront à
mettre l'accent sur les insuffisances du distributionna-
lisme
(cf.
les p~rases ambiguës) en tant que critère d'ana-
lyse
linguistique renonçant à intéqrer tout sens.
De ce point de vue,
la pensée de Robert Martin pour
qui,
"l'idéal serait une méthode à la fois diversifiée
dans la technique et une dans la conception"
(1)
éclaire
et conforte nos propos.
D'autres pourront avoir un choix différent. C'est la
1. Cf.
MARTIN
(R.),
Bibliog.
100,
1969, p.
4.

-
44 -
loi du jeu scientifique. Nous ne donnons pas
(saurions-
nous le. faire 1)
à la th~orie de l'~nonciation, ni à
notre conception sur le langage une puissance interpréta-
tive absolue des énonc~s de la communication linguistique.
Comme le remarque,
fort heureusement, R. Martin :
nconsid~rer une théorie comme intangible
serait encourir le risque mortel de la
figer en doctrine et s'~carter dangereu-
sement du domaine de la science : la con-
ception linguistique n'est donnée à aucun
moment comme une certitude mais comme
l'explication possible d'un grand nombre
de faits."
(1)
Force est, d'ailleurs, de constater que cette th~orie
de l'énonciation n'a pas toujours connu un accueil ~haleureux
et enthousiaste de la part des linguistes.
Peut-êtr~ à
cause du foisonnement des études parfois très opposées
qui s'en réclament. Ce foisonnement,
Jean-Jacque~ Franckel
et Sophie Fisher l'ont d~noncé en ces termes:
" ... l'énonciation s~ trouve abord~e sous dLS
angles très différents qui confèrent à ce
terme comme à d'autres qui lui sont cl3ssique-
ment associés ... , des acceptions disparates,
qui n'ont de statut que strictement limité
à leur c~dre théorique d'adoption."
(2)
Ainsi, serait-il nécessaire que nous disions ce que
nous entendons par ce terme et, surtout p0urquoi nous le
choisissons comme facteur d'unité de notre réflexion sur
l'~xprp.ssion du temps et de l'aspect.
1.
Cf. MARTIN
(R.), Bibliog.
100,
1969,
p.4
2.
FRANCKEL
(J.J.)
&
FISHER (S.),
Bibliog.
~6, 1983, p.
5.

+r
- 45 -
D'abord, qu'est-ce que l'énonciation?
c'est certainement à Emile Benveniste que la théorie
linguistique doit la première approche du terme d'énon-
ciation qu'il définit comme
" ... cette mise en fonctionnement de la langue
par un acte individuel d'utilisation"
(1)
Définition qui mérite qu'on s'y arrête un moment
pour découvrir d'abord que pour sa bonne compréhension,
il f)udrait peut-être remonter à ~n article de 1966
("la nature des pronoms")
dans lequel Benveniste distin-
guait entre " . . . la langue comme répertoire de signes et
système de leurs combina isons d'une part"
(déf in;;' ti. ,n que
l'on doit à Sauss\\,'re)
"et, de l'autre la langue r;Offintt:! ac-
tivité manifestée dans des
insta"c~s de d1scours".
(2)
En fait,
c'est la deuxième définition qui a influencé sa
r_onception de l' énonc ia tion.
I l s ' en accommodera pour
ainsi refuser d'identifier à la manière du structura~isme
saussurien,
les délimitatio~s du domaine de la langue
à
la frontière entre langue et parole.
Ensuit~, au-delà
de cet~e distinction de principe, cette concertion ben-
venistienne de l'énonciation nous fait relever un décalage
entre énoncé et énonciation.
L'énoncé étant pour B~nvenis-
te,
de même que pour Jakobson,
le résultat de l'acte
d'énonciation.
1.
BENVENISTE
(E.),
Bibliog.
50,
1970, p.
12.
2.
Id.,
Bibliog.
1,
1966,
p.
257.

- 46 -
Corr~lativement, Benveniste nous apprend que tout,
dans l'énonciation,
relève de l'individuel. Ce qui pose
problème pour l'utilisation àe l'énonciation comme objet
d'étude linguistique. En effet, comme le remarque Todorov,
l'énonciation se pr~sente ainsi comme "l'archétype même
de l'inconnaissable"
(1)
dans la mesure où comme en témoi-
gnent Ducrot et Anscombre, elle " ••• ne se reproduit jamais
deux fois identique à elle-même".
(2)
En ce sens,
ce qui devrait faire objet d'étude,
c'est
l'énonc~ ~t non l'énonc~ation. Ce qui, dans un sens, cons-
tituerait un certain retour au scructuralisme.
En fait
dans cette théorie,
" •.. on considérait qu'a priori l'énon-
cidtion devait relever de l'indl\\1iduel, des situations de
communication particulières, et que seul, donc,
l'énoncé
pouvait constituer un objet pour la linguistique,
un ensem-
ble de données stables descriptibl~s en termes de système"jl)
Face à ce ~roblème, les travaux linguistiques des
annéps 60 consacrés au procès d'énonciation mettent l'accent
sur uTie autre distinction,
celle-ci capitale parce que
permettant de sortir la linguistique de l'énonciation de
l'abîme dans laquelle eJ.le semblait à
jamais condamnée.
--------
1. TODOROV
(T.),
1970, p.
3 cité par K~RBRAT-O (C.),
Bibliog.
60,
1980, p.29.
2. DUCROT
(O.),
& AN5COMBRE,
1976, p.
18,cité par KERBRAT-O.
<C.), Bibliog.
60,
1980, pp ... 28-29.
-
3.
MAINGUENEAU
(D.),
Bibliog.
99,
1981,
p.22.

-
47 -
Il s'agit de la distinction entre " •.• chaque inonciation
individue11e et le phénomène .•• "
(1) L'énonciation indivi-
duelle étant une particularité de l'énonciation-phénomène
qui la rend possible. De ce point de vue, l'énonciation-
phénomène pourrait se définir comme "le schéma général de
l'pnonciation, de la mise en exercice de la la~gue, schéma
invariant à travers la multiplicité des actes d'énonciat:on" (2)
Dès lors, est-ce qu'il s~ra possible _ une étude de
l'énonciation comme phénomène d'embrasser directement l'acte
de production? Certainement non, Mais on pourra, semble-
t-il, l'atteindre inJirectement par l'identific3tiün, la
description et la structuration des unités linguistiques
qui fonctionnent comme indices de l'inscription au sein
de l'énoncé des "relations qui se tissent entre l'énoncé
et l~s différents éléments con~~itutifs du cadre énoncia-
tif, à savoir:
les protagonist-:o àu discours
(émetteur et d· :stina-
taire (sl
- la situation de communication:
circonstances spatio-temporelles
conditions générales de la production/réception
du message: nature du canal, contexte socio-historique,
contraintes de l'univers du discours, etc."
(1)
1.
MAINGUENEAU (D.l, 8ibliog.
61, 1981,p.6.
2.
Id., Bibliog. 99,1981, p.
22.
3. KERBRA1:-0.
(C.l, Bibliog. 60,
19~(), pp.
30-31.
__
...
..- --"-------'"':"'----------
... _ 4


- 48 -
Nou~ sommes ainsi dans le champ d'investigation de
ce que Kerbrat-Orecchioni appelle "linguistique de l'6non-
ciation étenùue"
(1)
avec la restriction que nous limite-
rons la situation de communication aux seules circonstances
spatio-temporelles.
Il 2st vrai quc~ comme le montrent
les mots de Kerblat-Orecchioni,
la situation de comm~nica-
tion inclut éç~lement
tout un environnement socio-culturel.
Mais c'est un ensemble qui n'influe pas tellement,
à notre
sens, dans la déL~ mination aspectuo-temporelle d'un énon-
cé.
La définitioII du phénomène de 11 énonciation intégr-ant
l'ensemble des circonstances déterminant ~n acte d'énoncia-
tian,
r?coupe en partie celle donnée à la pragm~tique
linguistique. Cell€-ci
étant plus étendue que celle-là
l '
,
parce que s'intéressant à tous les actes de langdge,
f~i-
sant ainsi de son objet d'étude "la structure et les formes
de la communication linguistique"
(2). Nous avons choisi
de nous en tenir au terme d'énonciati n parce q~e notre
étude s'intéresse à une dimension particulière de la co~-
munication
(et donc, du champ de la pragmatique)
: ~odd-
lités d'énonciation et ensembles des référ.ences spatio-tem-
pore1les
(connues sous le nom de deixis)
dont se réclame,
ent~e autres, la théorie de l'énonciation qui, par la plume
de Frédéric Nef
(3),
fait la part entre déixis temporelle
1.
KERBRAT-O.
(C.),
Bibliog.
60,
1980, p.
30.
2.
LEROT
(J.),
Bib1iog.
10,
1983,
p.
16.
3.
NEF
(F.l,
Biblioq.
110,
1980, p.
163.

-
49 -
1
1
1
et déixis discursive. La pre~ière se définissant autour
1
du moment de la parole pendant que la seconde porte sur
1
certains aspec~s du discours en cours de réalisation.
1
Remarquons lue du point de vue du temps ct de l'aspect,
1
cette distinction n'en est pas une t
la déixis discursi-
ve et id d6ixis temporelle utilisant les mêmes élémen~s
de définition.
Pouéquoi l'énon~iation pour une étude du temps et de
l'aspect?
La raison est toute simple. C'e3t parc~ que la linguis-
tique de l'é~onciaLion est, à notre avis, la seule apte
â
réfdrer, pour une explication des faits linguistiques,
aux coordonnées énoncidtives c'est-à-dire aux 6nonciateurs
et au ici-mai~te~ant de la production de l'acte d'énoncia-
tion. Cps deux donn(es référentielles intégrant et expli-
quant les opérations aspectuo-temporplles sur lesqucl~.es
Ii0US
aurons à nous pencher. Contrairement donc â Cl' que
l'on pour-rait penser,
le locuteur n'est -lUCUnerdellt privi-
légié.
Il occupa cert~s une position Centrale dans l'ana-
lyse mais cela, à côté par exemple, du moment de l'énünci.J-
tian, autre élément de la situation métalingui~tique. Ce
q.\\i nous permettra, peut-être, d'être à l'abri des cri.ti-
ques adressées par KU9ntz
(1)
â
la linguistique de t'éncn-
----------
1.
J<UFNTZ
(P.),
Bibllog.
9,
1972,
p.
27.

-
50 -
ciatlon qui,
selon lui,
poursuit l'op~ration de sauve-
tage du sUjet parlant. Soulignons tout de même
(et ce
sera une des limites de la th~orie) que si l'aspect comme
catégorie sémantique univp.rselle est à verser dans ce
que l'on pourrait Appeler "la subjectivité langagiÔre",
il reste qu'il ne 8aur~it relever (directement ou indi-
rectementl
de la déixis. Nous y reviendronR très largement.
Ces vues gén~rale9, posant les princ~pes généraux
qui gouvernent notre démarche,
imposent à ce travail l'or-
ganlsation suivante :
Dans une premi~re partie intitulée : "D~finition du
'~a(h(' de l'analyse", nous tenterons, dans un prer'liet' cha-
pitre, de décrire les tiroirs
(II de conjugaison du wolof
afin de préparer le lecteur aux structures verbùl~s du
wolof ; celles du français étant bien plus connues.
1. Au terme "mod~le" de A.
DIALLO nous préférons celui
de "tiroir".
Et cela en ce que le terme de "modèle"
est déjà utlli~é en linguistique pour désigner la
notion de "th~orie". Il occupe d'ailleurs une place
importante en grammaire gén6ratlve notamment dans
cella liée aux noms de Chomsky et Harris.
Le terme
de "tiroir" est,
lui,
emprunté à J.
Damourette et
E.
Pichon qui
le définissent ainsi
: "sous le nom de
tiroir verbal ... , nous entendons dorénavant:
I
2 •• ,
J . En l'latl!'>;e de
faetif verbal,
l'ensemble constitu"':
t'H'
les [ormes ne différant que par la personne 011
Id
figure quantitudinale.
Ex : saiS,
sais,
sait,
savons, savez,
savent font un tiroir.
Sache,
sachons,
s, ::hez font un tiroir".
(Des mots à la pensée,
p.
806)

-
51 -
Ensuite, nous nous intéresserons aux notions de
temps et d'aspect dans deux chapitres différents. Il
s'agira de voir, dans une perspective de confrontativn,
comment chacune des deux langues (wolof et français)
exploite et son lexique
(étant entendu que nous nous
en tiendrons aux circonstants temporels et aspectuels
plus connus 30US le nom d'adverbes) et son système ver-
bal (entendons affixes verbaux, morphèmes de temps ou
d'aspect) pour l'~xpression de ces deux notions. La pré-
sentation d.
"es éléments linguistiques offrira à notre
~econde partie un cadre en ce sens que les éléments
dont elle aura besoin pour prendre forme seront déjà
analysés.
Cette deuxième partie, sous l'intitulé "structure
syntaxique et déterminations énonciatives",
tâchera d'ex-
poser la manière dont le locuteur de chacune des deux
langues use des éléments linguistiques déjà décrits pour
l'expression du temps et de l'aspect au niveau de l'éla-
boration d'un message. Elle aura, ainsi, pour fins,
de mettre l'accent sur la nécessaire articulation entre
éléments linguistiques (dont les relations sur l'axe
syntagmatique constituent l'ossature de l'énoncé)
et
relations
référentielles
(extra-linguistiques donc)
à l'intérieur desquelles on fait fonctionner ce-dit
énoncé.

-
52 -
Pour ce faire, nous choisirons, pour chacune des deux
langues, nos énoncés dans le cadre d'u~e même époque tem-
porelle. C'est ainsi que nous bâtirona cette seconde et
dernière partie autour des moyens d'évocation de faits
relevant d'abord de l'époque présente, ensuite de l'époque
passée et enfin de l'époque future.
A chacune de ces époques correspondra un chapitre.
La fin de l'étude tentera un essai d'évaluation des
résultats de nos analyses.

-
53 -
PREMIËRE PARTIE
DLFINITION DU CADRE DE L'ANALYSE
(ANALYSE DE QUELQUES MOYENS LINGUISTIQUES SPËCIALISËS
DANS LA DËTERMINATION DE VALEURS ASPECTUO-TEMPORELLES
FRANCAIS/WOLOF) .


- 54 -
CHAPITRE l

DESCRIPTION DES TIROIRS DE CONJUGAISON DU WOLOF
Il existe en wolof deux modes
(1)
:
l'indicatif et
l'injonctif. Chacun de ces deux modes comprend différents
paradigmes.
Pour l'indicatif,
une distinction basée sur la
mise en relief
(ou emphase)
ou la non-mise en relief
(ou
non-emphase)
nous fait retenir deux groupes de tiroirs de
conjugaison :
les tiroirs dits emphatiques
(du fait de
leur emploi pour la mise en relief de certains éléments de
l'énoncé), et les tiroirs dits non-emphatiques.
1. Nous retiendrons en gros,
s ' i l nous est permis de schéma-
tiser, deux conceptions pour la définition linguistique
de la notion de mode.
Dans la première,
le mode apparaît
comme élément distinctif de formes verbales corre~pondant
à des modalités telles le désir,
l'affirmation,
le doute,
l'ordre,
le souhait,
l'hypothèse, etc. C'est la conception
la plus ancienne.
Dans la seconde inspirée surtout par
Condillac,
le mode est,
par contre, conçu comme une manière
d'exprimer le temps.
Il devient ainsi, comme c'est le
cas chez G. Guillaume,
une question d'actualisation.
Nous nous rapprocherons le plus de cette seconde
conception pour distinguer en wolof deux modes :
-
l'indicatif dont les formes peuvent être interprétées
comme se rapportant à des temps différents et clairement
définis du point de vue sémantique
(passé, présent,
futur).
-
l'injonctif dont les tiroirs
(obligatif et impératif)
réfèrent à une époque du temps indivis
(présent-futur).

-
55 -
Nous constaterons qu'il est possible, dans un
énoncé wolof, de mettre en relief so~t le verbe,
soit le
sujet syntaxique du verbe, soit le complément du verbe,
soit même l'action qui doit être entreprise par l'acteur
du procès décrit dans ledit énoncé. C'est ainsi que nous
avons les tiroirs suivants:
l'emphatique du verbe,
l'em-
phatique du sujet,
l'emphatique du complément et le pré-
sentatif. Pour le non-emphatique,
nous avons comme tiroirs
de conjugaison,
le narratif et l'énonciatif.
L'injonctif, quant à lui, possède l'obligatif et
l'impératif.
Dans ce chapit~qui, rappelons-le,
n'aura pour fi-
nalité que d'aider les lecteurs non-initiés à se familia-
riser avec les tiroirs de conjugaison du wolof,
nous
essaierons de décrire tous ces tiroirs.
Notre démarche largement inspirée par quelques études
antérieures telles celles de A.
Diallo et E.
Church
(du fait uniquement de leur commodité de présentation),
respectera deux objectifs :
- dégager la marque distinctive de chaque tiroir
- poser, dans le cadre de l'énoncé,
la structure syn-
tùxique et des ' .éments pronominaux et de la marque dis-
tinctive du tiroir par rapport au verbal.

- 56 -
1. -
L'INDICATIF
1.1. Les tiroirs du non-emphatique
1.1.1. Le narratif
1.1.1.1. Présentation de l'élément
distinctif.
Quand le sujet syntaxique est un substantif,
l'examen
des paradigmes n'aboutit à aucune remarque pertinente.
Chacun des paradigmes se présente ain~i sur là chaine : sub-
stantif sujet + ve·bal.
- Quand, au l~~
d'un substantif,
le sujet est un
pronom, nous pouvons remarquer,
à la suite de E. Church,
d'une part la nasalité initiale m -
n, d'autre part la
prédominance des vocalismes
(a,u)
ainsi que la ressemblance
entre les deuxièmes personnes du 5ingulier et du pluriel
qui ont toutes deux un groupe consonantique initial
(ng).
Rien de plus qui puisse poser l'existence de marque dis-
tinctive.
Singulier
Pluriel
l.
ma
nu
2.
nga
ngeen
. J
3.
mu
nu

-
57 -
1.1.1.2. Structure syntaxique
Soulignons au pr~alable que la forme verbale au
narratif ne peut se concevoir qu'à l'int~rieur d'un
contexte pr~cis. Autrement, elle devient. suspensive.
Par exemple, quand un locuteur ~nonce ma ne "je dis",
cet ~noncé laisse l'interlocuteur sur sa faim car le
message ne donne aucune information pr~cise i ma ne
ne fait qu'introduire ce que le locuteur a l'intention de
dire.
Le narratif se pr~sente ainsi sur la chatne :
Exemples
maa ne
"je dis"
Faatu n~
"Fatou dit"
S (pronominal ou nominal)
+ Verbal
1.1.2. L'~nonciatif
1.1.2.1. Présentation de l'élément
distinctif.
Nous notons une ressemblance
-
avec l'emphatique du verbe aux premières et
troisi~mes perscnnes. Mais au lieu de da,
le signifiant
na est antéposé aux ~l~ments pronominaux.
-
avec l'obligatif sauf aux deuxièmes personnes.

-
58 ~.
Le signifiant ~ s'opposant au da de l'emphatique du
verbe et apparaissant antéposé à nga et ngeen de l'ob1i-
gatif,
semlle être la marque distinctive du tiroir.
Singulier
Pluriel
1.
naa
nanu
2.
nga
ngeen
J.
na
nanu
1.1.2.2. Structure syntaxique
Soulignons qu'en dehors de la première personne
qui implique le locuteur dans l'acte de parole,
la men-
tion de celui dont on parl~ (c'est-à-dire la référence
du morème pronominal)
est nécessaire dans le contexte.
Exemples
Mor dem na
"Mor,
i l est parti"
dem naa
"je suis parti"
A l'énonciatif,
la structure syntaxique de l'énoncé se
présente ainsi
:
[5. (non pronominal)7 + Verbal + na et (monème
-
proncminal sujet)
(pour les 1ères et Je personnes)
V + 0 et monème pronominal sujet
(pour les 2e personnes)

-
59 -
1.2. Les tiroirs de l'emphatique
1.2.1. Le pr~sentatif
1.2.1.1. Pr~sentation de l'~lément
distinctif
Il Y a une certaine similarité entre les tiroirs de l'em-
phatique du sujet et ceux du pr~sentatif. Les sp.ules diffé-
rences étant u~e l~gère modification aux première personne
du ~luriel (nu pour le présentatif/noo pour l'emphatique
~u sujet) et troisièmes personnes (mu (singulier) rt ~u
(pluriel)
pour le présentatif et moo
(singulier)
et noo
(pluriel)
pour l'emphatique du sujet).
On note aussi pour le pr~sentatif, :'apparition du
signifiant -ng- toujours accompagné ou du locatif -i ou
du locatif -a. C'est ainsi que tout laisse suppo. ~r que le
signifinnt -ng- est la marque distinctive du présentatif.
Singulier
Pluriel
1-
maa
~ (i)
nu ~(i)
2.
yaa
!!.9: ( i )
yeena
.r29. ( i )
..,
3.
mu
El9.(i)
nu
!!.9: ( il
1.2.1.2. Structure syntaxique
La similarité aver les formes de l'emphatique du sujet

',,,l'••:lIr•••••7.71.".'••:.'.
7.7__S
m_.s
_
-
60 -
précitée,
nous fait penser que quand le présentatif est
employé, c'est pour mettre l'accent non seulement sur le
sujet acteur du procès
(la présence de -a dans certains
des paradigmes
semble le prouver) mais a:~si et surtout
sur l'action exprimée par le verbe. E': c' E ;t, croyons-
nous, ce qui le différencie de l'emphatiqu~ et du verbe
et du sujet.
L'énoncé au présentatif se présente ainsi
Ex.: maa ngi dp.m
"je suis sur le point de partir"
~("Itioo ngi dem
"Modou est sur Je point de partir"
M(.'odoo ngay dem
"Modou est là-~as en train de
partir"
i_S (pronominal ou nominal) + ng- etI~ + verbal 1
Remarl~ : Il est relevé l'emp1oide ng- (la marque
distinctive du présentatif)
avec un prédicat nominal.
Exemples
maa ngi
"me voici"
ma nga
"le voilà là-bas"
Dans ces énoncés,
l'accent n'est plus mis sur une
quelconque action exprimée par un verbe.
Il s'agit, plutôt,
d'une simple actualisation du sujet. Mais une actualisa-
tion doublée d'une localisation spatio-temporelle glâce
à -i ou -a.
...

-
-
61 -
1.2.2. L'emphatique du verbe
1.2.2.1. Présentûtion de l'élément
distinctif
La troisième personne du singulier mise à part, nous
reconnaissons les formes du narratif avec la seule dif-
férence qu'on y trouve affixé un signifiant da
qui sem-
ble être la marque distinctive. Remarquons qu'à cette
marque da sont affixés les monèmes pronominaux.
Singulier
Pluriel
1.
dama
danu
2.
9,-'nga
dangeen
3.
da fa
ddnu
1.2.2.2. Structure syntaxiq~e
Exemples :
1.
Faatu dafa dem
"Fatcu, elle est partie"
2.
Demay dem, man
"je pars, moi"
(-y est une variante de di)
Dans chacun de ces exemples, l'emphase permet de
savoir qu'il s'agit de l'action de partir et non d'une
autre.
L'énoncé se présente ainsi
,

-
62 -
1 S + da et monèmes pronominaux + verbal
Notons que si le sujet
(S)
est un pronom personnel plein,
il peut apparattre après le verbal. C'est le cas de
l'énoncé 2 :
1.2.3. L'emphatique du sujet
1.2.3.1.
Présentation de l'élément
distinctif
La voyelle -a postposée au sUJet de l'énoncé et qui
n'a~parait que pour l'emphatique du sujet et le présenta-
tif est à considérer comme la marque distinctive de ce
tiroir
singulier
ph: ... iel
l.
ma
maa
nu
noo
2.
ya
+-a>
yaa
yeen
+-a>
yeena
3.
mu
moo
'"
nu
""
noo
Notons que u + a
~ 00 sera aussi rencontré dans
les propositions subordonnées temporelles
boo demee ...
500
demee ...
04 a
$ .
( Je
au
A .1
sa p, 4' "

-
63 - .
1.2.3.2. Struct~re syntaxique
Exemple : maay dem
"C'est moi qui pars".
Soulignons que cette forme peut être précédée
de la mention de l'acteur du procès dans le contexte
pour mieux attirer l'attention sur le fait qu'il s'agit
de celui-là et non d'un autre.
Exemple
man, maay dem
"moi, c'est moi qui par3"
La structure syntaxique se présente ainsi
(5)
+ monème pronominal et -a
+ Verbal
1.2.4. L'emphatique du complément
1.2.~.1. Pr~sentation de l'élément
distinctif
Une ressemblance formelle est à noter avec l'énon-
ciatif. La seule différen~e est que, à la place du
signifiant na de l'énonciatif, on a le signifiant ~.
Dp la même manière que nous considérions le signifiant
na comme marque distinctive de l'énonciatif, nous pourrion3
peut-être prendre le signifiant la pour marque distinc-
tive de l'emphatique du complément. Cette marque ~
1

- 64 -
dispara!t aux deuxièmes personnes
(peut-être à cause
du groupe consonantique -ng) •
Singulier
Pluriel
l .
laa
lanu
2.
nga
ngeen
3.
la
lanu
1.2.4.2. Structure syntaxigue
Soulignons d'emblée que cette forme n'est conceva-
ble que dars un contexte où le complément est rendu
explicite.
Exemple s
fofa,
laay dem
"Là-bas, c'est là-bas où
je vaic:;"
Koka,
laay wax
"L'homme en question,
c'est
lui dont je parle".
L'emphase, dans chacun des empl~is, permet de savoir qu'il
s'agit du complément indiqué et non d'un autre.
La structure syntaxique est la suivante :
Complément + la
et monème pronominal T verbal
Remilrgue
Le signifiant la est relevé aussi avec une prédica-

-
65 -
tion nominale. Dans ce cas préci~, elle permet l'iden-
tification du "nominal" noyau de la prédication.
Exemples
man la
"C'est moi"
tey la
"C'est aujourd'hui".
Ce
~ignifiant la est-il le même qu~ la marque distinc-
tive de l'emphatique du complément?
La question peut certes,
être posée si l'on sait
que l'emphase ne porte plus sur un quelconque complément
(qui n'existe plus d'ailleurs)
mais plutôt sur tout un pré-
dicat nominal à fonction d'identification.
Mais force est de constater que pour passe~ de l~ prédi-
cation nominaie à la prédication verbale,
il suffit tout
simplement d'ajouter le verbal.
Exemple
:
man la "C'est moi"-.man 1.3. wax "C'est de moi dont il parle"
Ce passage n'affecte aucunement la valeur sémantique
d'emphase qui peut être attribuée à la. C'est ainsi que
nous croyons qu'il s'agit bien du mê~e signifiant.
II. - L'INJONCTIF
2.1. L'obligatif
2.1.1.
Présentation de l'élément distinctif
4a marque distinctive de ce tiroir semble bien être na.

-
66 -
Il r~~semble à l'énonciatif sauf à la deuxième personne
(singulier et pluriel).
Pour ces deuxièmes personnes,
nous avons nga
(singulier),
ngeen
(pluriel)
pour l'énon-
ciatif et nanga
(singulier),
nangeen (pluriel)
pour
l'obligatif.
Singulier
Pluriel
l.
naa
nanu
2.
nanga
nangeen
3.
na
nanu
2.1.2.
Structure syntaxigue
Contrairement à l'énonciatif,
la marque
distinctive na préposée au monème pronominal es': toujours
antéposée au verbal.
Exemples
naa dem
"que je part.e"
na xale bi dem
"que l'~nfant parte"
1: na et monème pronominal sujet + verbal
ou
[ na + S (substantif J + Verbal

-
67 -
Notons qu'il peut y avoir insertion d'un compl~ment entre
na et le verbal ou na et le sujet s ' i l est un substantif.
Exemple
na fa dem
"qu'il y va"
na et 0 + compl~ment de lieu + verbal
Exemple
na faxale bi dem
"Que l'enfant y va"
na et ~ + complément de lieu + S. + verbal 1
2.2.
L'Impératif
2.2.1.
Présentation de l'élément di~tinctif
L'impératif n'a que les deuxièmes personnes. Sa
marque distinctive est de toute évidence -a1,...,-1
(après
une finale en -u ou en -i)
pour le singulier, -leen
pour
le pluriel.
Singulier
Pluriel
2e personne:
-al.-..J-l
-
leen
2.2.2.
Structure syntaxique
La marque distinctive est suffixée directement au verbal.

-
68 -
1. Comme l'a remarqué S.
Sauvageot
(1),
lorsque le verbal
est suivi d'un personnel en fonction objectale.
i l y a
disparition de -alrv-l à l'impératif.
Exemple
jox ko ndox mi
"Donne-lui l'eau"
2. Dans tous les contextes où le verbal n'est pi,S suivi
d'un personnel à fonction objectale,
la présence du si-
gnifiant -al IV -1 directement suffixé au verbal même,
s'impose.
Cependant,
tous les signifiants -alrv-l directement
suffixés au verbal ne sont pas marques distinctives de
l'impératif.
Par exemple, dans les énoncés suivants
Exemple 1 :
jiwal na la geerte
"j'ai semé pour toi de l'arachide"
Dans cet énoncé,
l'action exprimée par le verbe va au
bénéfice d'une personne autre que l'acteur du procès.
C'est cet aspect bénéfactif qui explique l'emploi du
1. Cf.
SAUVAGFOT
(S.), Bibliog.
32,
1965, p.
113.

-
69 -
signifiant -al. C'est la raison pour laquelle des linguis-
tes tels A. Diallo l'appellent suffixe "bénéfactif".
Il n'exprim~ aucun ordre.
Exemple 2.
baxal na ndox
"j'ai fait bouillir de l'eau"
Cet énoncé 2, par contre, montre que l'acteur ~u procès
(c'est-à-dire le sujet) commande le cours du processus
entrepris sans agir lui-même. Le signifiant -al permet
l'expression de cette nuance. C'est pourquoi il est dit
suffixe factitif.
C'est dire que suffixe bénéfactif (-al rv -J..), suffixe·
facti tif (-al"" -1) et marque disti;'lctive de l' i:npéra.tif
(-alfV'-l) sont des morphèmes homophones. Ils sont donc
bien distincts. Le signifiant -al",,-l
de l'impératif se
caractérise par la formulation d'un ordre.
Exemple
nëwal
"viens l"
Comment le reconna1tre ?
Seul le contexte peut y aider.
Remargues générales sur la description des tiroirs de con-
jugaison du wolof.
Force est de constater que puur ~~oler les éléments
distinctifs des tiroirs, nous partions parfois des cas

, t
rt

-
70 -
de ressemblance entre tiroirs. Cependant, nous consta-
terons que ces ressemblances de paradigmes souvent not1es
ne facilitent pas la compréhension des messages.
Par exemple, en dehors de la deuxième pe~sonne, qu'est-
ce qui permet de distinguer énonciatjf et obligatif dans
le discours? Qu'est-cc qui distingue les deuxièmes
personnes du narratif, de l'énonciatif et de l'emphatique
du complément ?
A première vue,
il n'est pas facile de répondre à
ces questions.
Essayons, cependant,de le faire.
al
Distinction énonciatif/obligatif dans le discours
Nous pensons que la différence entre ces deux ti-
roirs est d'abord d'ordre modal.
L'énonciatif est lié au
mOGP de l'énonciation donc de la réalité alors que l'obli-
gatif est lié à celui du commandement.
Il s'agit dQnc
de deux attitudes différentes en face du proc~s. Pour les
distinguer,
la structure syntaxique peut être un~ aide.
A l'obligatif,
le complexe
(na + monèmes pronominaux)
est
préposé au verbal alors qu'il est postposé dans le cas
de l ' énonc ia ti f.
Exemples
naa dem
"que je parte"
_ _"> obligatif
dem naa
"je suis parti" ~ énonciat.if
ii1
Mais sur la base de cette comparaison, que pourrait-
i:
1
!
f
1
i:,

-
71 -
on dire de dinaa dem "je partirai" ? Est-ce la forme di
+ marque de l'obligatif et monème pronominal + Verbal?
Ou est-ce la forme de l'énonciatif à l'inaccompli comme
le laisse~t entendre A. Oiallo et E.Church ?
A. Oiallo et E. Church en disant que dinaa dem
"je partirai" est la forme inaccomplie de l'énonciatif
dem naa "je suis parti" se fondent uniquement, croyons-
nous, sur Id notion d'"énonciatif" conçue comme l'~non-
ciatiol. simple d'un fait positif.
En fait,
dinaa dem
comme dem naa SOh~ employés pour l'expression sans ten-
sion affective d'un f a i t :
celui de partir.
Le premier
l'énonçant comme devant se produire irrémédiablement
dans une époque postérieure au moment de l'énonciation
i
;
1
le second le posant sinon comme ~ccornpli du moins comme
déjà amorcé.
Mais force est de constater que, vu sous
cet angle,
l'entrée de di ne sera pas sans provoquer dans l'énoncé
un véritable bouleversement syntaxique.
En fait, le complexe
(na + monème pronominal)
qui doit
être postposé au verbal à l'énonciatif est devenu anté-
posé à ce verbal.
Prenant en compte ce fait de syntaxe pour le moins
curieux,
nous disons, quant à nous,
qu'il s'agit non pas
~-
de di + énonciatif mais bien di + obligatif
(ce que confirme

-
72 -
la 5'mt axe). Ce qui nous fera dire que di permet le
Flssage du domaine de l'intention
(donc de la non-réalité)
;lU
domaine du certain.
En réalité, ce qui n'était qu'hy-
pothèse avec naa dem devient certitude
(bien que dans une
époque future)
avec dinaa dem.
Mais alors, ce di est-il le même que le di que nous
nommons prédicatif et que A.
Oiallo et E.
Church appellent
marque de l'inaccompli? Ou est-ce qu'il s'agit de deux
signifiants homophones?
Si l'on ~onsidère di comme marque de l'inaccompli,
il serait difficile de soutenir qu'il s'agit du même di
car ici,
le signifiant di n'introduit dans l'én0ncé aucune
valeur d'inaccompli, mais plutôt une valeur mod31e.
C'est
ainsi que nous croyons qu'il s'agit bien du même prédica-
tif
(di)
mais qui, dans ce cas précis, confère au procès
une valeur modale alors qu'~l peut avoir valeur d'inaccompli
dans d'autres contextes.
Notons,
en outre, que di peut ê~re retrouvé
(dans sa
forme -ï)
directement postposé au complexe
(marque dis-
tinctive na + monème pronominal). Ce qui confère au procès
un
a3Fe~t de répétition et non plus de déroulement effec-
ti f.
naay dem
~
naa di dem
"je pars souvent"

-
73 -
c'est d'ailleurs le même aspect que no~s avons avec
dinaay.
Sur un plan strictement formel,
l'incompatibilité ou
la non-incomratibilité avec la marque -oon peut être facteur
de distinction. En fait l'obligatif
(comme l'impératif)
est incompatible avec la marque de passé -oon.
bl
Distinction entre deuxième personne du narratif,
deuxième personne de l'énonciatif et deuxième
personne de l'emphatique du complément
.~
!j.
j1 .
La distinction est d'abord une question d0 style. Si
1
l ,
~;
le contexte précise qu'il s'agit d'une mise en relief,
,
j
$
nous avons l'emphatique du complément;
s ' i l n'y a pas
d'emphase,
nous avons soit l'énonriatif soit ~e narratif.
Et d'ailleurs à chaque fois qu'il y a emphase,
~ga
est préposé au verbal~ alors qu'il est postposé dans
le cas de l'énonciatif. Mais seulement,
il est aus3i
préposé au verbal à la forme narrative. Dans ce cas,
pour
distinguer le narratif de l'emphatique du complémenf,
il faut mettre en avant le critère de la mise en relief ou
non.
yemples
1.
deT"'l nga
"tu es parti"
~
énonc i.:lt if
2.
su ka deffe nga dem "Ceci étant,
tu pars":
l'absen~e d'emphase nous fait dire qu'il s'agit
\\
du narratif.
,

- 74 -
3. ca biir dëkk ha nga dem
"C'est à l'int~rieur du pays que tu es parti"
Il y a bien une mise en relief du complément circonstan-
ciel de lieu. Ce qui fait dire qu'il s'agit de l'empha-
tique du complément.
Tout ceci pour dire que les ressemblances de para-
digmes ne facilitent pas toujours la compréhension du
message.

-
75 -
CHAPITRE II.
/
NOTION DE TEMPS VERBAL :
ANALYSE DE QUELQUES MOYENS LINGUISTIQUES DE
REFERENC~ TEMPORELLE
(Français - Wolof)
" ... qui le pourra définir? Et pourquvi l'en-
treprendre, puisque tous les hommes ~onçoivent
ce qu'on veut dire en parlant de temps,
sans
qu'on le désigne davan~age?"
(1)
Cette belle citation de P~~cal mérite, à nos yeux,
deux réflexions.
,
La première est que la raison de l'évi1ence que
semble évoquer Pascal pour justifier tout éventuel renon-
cement à une étude du "ten~s", ne sera certainement pas
suivie par la théorie linguistique dans sa volonté de
vouloir cerner de la manière la plus satisfaisante possi-
ble,
la réalité de cette notion.
1. cité par VAN
HOUT (G.),
livre III,
Bibliog.
46,
1974,
p.
30.

- 76 -
La deuxième est qu'il faudrait convenir avec Pascal
de la difficulté de la tâche.
Difficulté sans doute liée,
en francais,
à l'ambigulté même du mot "temps". En fait,
la parfaite précision terminologique de l'anglais pour
distinguer time
(réalité chronologique)
et tense
(réalité
grammaticale)
est absente en francais 1 le seu)
terme de
"temps" désigne ces deux réalités. Ce qui n'est pas sans
créer une certaine confusion.
Confusion que toute étude
portant sur la notion de "temps verba1~ se doit de lever
au risque d'ajouter à l'imbroglio terminologique.
Le ris-
que est d'autant plus grand qu'il y a une sorte de décalque
plus ou moins exact du temps linguistique sur le temps
chronologique.
Nous pensons
pouvoir dire que toutes les études ~é­
rieuses sur la question sont d'accord pour situer la dif-
férence essentielle entre temps chronologique et temps
linguistique,
au niveau de la définition de leur pOint
de repère respectif.
L'un est extra-linguistique parce
que s'ordonnant par rapport à un inlervalle de temps pris
en dehors de toutr énonciation.
L'autre est linguistique
parce que étroitement liée à l'activité d'énonciation.
1.
Le temps verbal
A regardeT de près les études de gramrn3iriens tra-

- 77 -
ditionnels, on se rend compte qu'une large plac~ cl ét&
faite A l'étude du ~emps verbal. Pftr exemple, de Jespersen
,\\ la Vet en paSRant
pelr Imbs et Robert Martin, nous avons
eu droit A des dp!lcriptioJls du système temporel de la
langue française
: 1eR unes plus complètes que les autres
parce que cernant de plus près la nature sémantique de la
catégorie du temps.
Que recouvre s~mantiquement la catégorie du temps?
La catégorie d'! tempa
indiqun, du point de vue s~man-
tique,
les relations d'un ~vénement quelcon1ue par rapport
à un point de
repère.
D'ordin~irem~nt, on dlstingue le
présent,
le passd et l'avenir pour la situation d'un phé-
nom~nc ou d'un événement dans la dur6e. Ce qUI est parti-
culièrement insuffisant dr1ns la mesure où le repère pt'ut
soit ptre confondu avec le moment de la parole .
,
- soit ôtre un point ou un ~v~nement différent tilt. l S
construit à partir de l'instant d'~nonciation
- 50 i t êtra un point ou ~vénement différent de
l'insLant d'~nonciation et constrult de façon auto-
r~férentielle sur des d~coupages culturels du temps
fond~s s~r les calendrierc par exemple.
Ce
point de rep~re autre que l'instant d'énonciation
être situé rl~ns le pa1s~ ou d~ns le futur
(1),
1.
Le
futur fai~il pendant au
pdSS~ ? Rien n'est m')ins évi-
dent si l'on salt que l'.ln est imaginé,
l',Jutre -:écu.
Mais il reste qu'il y il des emplois de l'imp,lrfalt qui.
font
pendant au futur simple en français,
Nous y l'eViendrons
pp. 82-83-84.

• • '$1
- 78 -
nous avons donc l'existence de troil .oul-syst~me8 pour
le temp~ verbal en gên~ral. A partir d'une figuration
linéaire dll temps, on pourrait reprdlentcr ces troia sous-
systèmes de la mani~rc suivante 1
10'''',9:::d~emp61
4;'/
/
~
4-----------+,----~------
.. (l)
~
lmoment de l'It'lot'l-

l1Vl1n.t l"
UtLUot'l1
arJt~6 t~. mum"'1.t
mom~ltt d"
d~ t'~r1Ot1c.,{aJù"l
( , ~ Il lm (.( a..( ÙJP1
~ R'
I( Rl
~
'~
V
f
( 2 )
IJt~6~Jtet'lce dan6 le
L1vl1n.t Ü
pa46~ )
apJt~ 6 le. mt'm~ Pl t
momen.t de
d~ Jt~ 6~'lvta
R'
Jt~6~Jtvtce R'
Rtl
1> RJ
.~~.
r-
J
~
------- -~i'-----------
())
(Jté~éJtcnce dl1n~ le
l1van.t le
~!dUll :
apJtê~ (e r'loml'.I1t
moment de
de ,'té 6~ ~cna R"
Jt~6~Jl;:nr.e Rtl
Comme tente de le montrer le schéma
(1),
l'é','t?nement
peut ~tre rapport~ directement à la situation d'~noncla-
tion portant l'instant d'énonciatlon. C'est le süus-syst~me

- 79 -
que nous appelons déictique. Par exemple dans
Excmole : Demttn j'ir~i chez moi
edcmain'comme l'affixe "futur" du verbe ne sont interpr~-
tables que par rapport A l'instant d'énonciation qui a
vu nattre l'énoncé dont il s'agit. C'est pourquoi nous
disons qu'ils sont des déictiques.
Les deux autres points de repère des sous-systèmes (2)
et (J) ne pouvant être rapportés qu'à des repères contextuels
construits oU non à partir du moment de l'énonciation, nous
donnons aux sous-systèmes
(2) et (3)
le nom des non-déic-
tiques.
~xemf?le
La veille de mon mariage je suis allé ~ Dakar.
Dans cet exemple,-la veille-est située dans le temps
grâce au repère "mariage". C'est dire qu'il n'est pas à
rapporter directement à la situation d'énonciation.
Et en
cela il est un non-déictique.
Il est tout de même intéressant et même nécessaire
de souligner que sous-système déictique et sous-systèmes non
déictiques appartiennent à la même ligne infinie du temps
d'univers pour reprendre la terminologie guillauméenne.
Lig~e qu'Annette Vassant représente ainsi:
~<--------
1.
Cf.
VASSANT (J\\.), Bibliog. 124, 1980, p.
12.

-
80 -
A noter que les espaces vides repr~sentent des
coupures théoriques déterminant les ~poques.
Cette analyse qui fait intervenir le concept de situa-
t ion d'énonciation montre Q'le conformément â ce que soute-
naient néjA Damourette et Pichon :
"le langage est naturellement centré sur le moi
ici-maintenant, c'est-A-dire sur la personne
qui parle s'envisageant au moment où elle par-
le ... "
(1)
Dès lors,
il devient impérieux pour toute analyse
temporelle d'un énoncé, de prendre en considération cette
nature déictique de la catégorie temporelle.
En effet,
l'interprétation d'un 6noncé donné est pl~s ou moins rela-
tive aux circonstances de l'énonciation c'est-A-dire à l'ins-
tant d'énonciation et au temps d'événément postérieur ou
antérieur à cet instant d'énonciation.
c'est dire que le
moment de la parole doit
jouer un rôle important dans la
structure temporelle et sémantique de l'énoncé.
Pour l'expression du temps verbal,
la langue,
en gé-
néral,
offre à l'énonciateur divers moyens qui relèvent
de différents niveaux d'organisation linguiEt\\qu~ :
- morphologique
(affixes verbaux : terminaisons des
tiroirs de conjugaison pour le français,
morphèmes
1. Cf.
DAMOURETTE
(J.)
& PICHON
(E.),
Bibliog.
74,
1911-36,
p.
1604.

-
Rl -
de temps pour le wolof)
:
- lexico-syntaxique lcirconstants temporels).
Analysons successivement ces deux niveaux d'organi-
sation pour le français et le wolof.
2. Etude de quelques moyens spécialisés dans l'indi-
cation de la temporalité linguistique
2.1. L'Information temporelle dans la forme verbale
en français
2.1.1. Informationsdu verbe
Le temps linguistique de par sa fonction déictique qui
lui permet de s'ordonner par rapport à l'activité d'énon-
ciation, distrib4e les différentes formes verbales
en
présent, passé, futur.
Les formes verbales qui ne réfèrent pas directement à la
1
1
rft~
.
.
'
"
.
.
.
"
. .:
,
'
.

-
82 -
situation d'énonciation sont situées dans telle ou telle
époque supportant leur point de repère-origine.
2.1.2.
Relation entre les temps en français
Un parcours de beaucoup d'analyses fai-
tes sur l'emploi des formes verbales du français,
permet
d'observer qu'il n'est pas toujours fait cas de la dimen-
sion déictique du temps. Ce qui explique, croyons-nous,
la perspective unidimensionnelle de la représentation
du temps chez Jespersen :



l pll.~.6ent l
r
a.va.nt pa..6 .6 ~
avant 6u.tuJt
Paul Imbs y fait référence en parlant d'origine
des temps mais n'en tire pas profit pour sa représentation
du temps français.
(P.Q. P, r.A .• P.S.C.)
( l )
P.l.Mé(P.C., P.S., Imp.)
"\\(F.S.)
(c.ond. )
uLtVueWt \\r.s. ?)
du 6utuA
' "
1.
repris par caVET, Bibliog.
71,
1980, p.
19.

- 83 -
En effet, son schéma ne semble pas caractériser les
autres
sous-systèmes cemporels qui ont pour origine un
point du futur ou un point du passé :
les lignes obliques
marquent plutôt des différences aspectuelles. Si Imbs
marque ses distances par rapport A Jespersen c'est en
grande partie dû, croyons-nous, à sa reconnaissance d'un
deuxième système qui intègre les périphrases verbales et
des constructions o~ le locuteur use du présent de l'indi-
catif accompagné d'un circonstant temporel.
---------_.-----------;~
- p~é~e~ + ~~co~.t~­
- ~~~ent + ciAconJt. tem-
pMd pa,6~~
po,ut. 6utwL
(.u. ~ 0,'t.t J. .t' .Ùt6tant 1
(ex : ~ ~ de~r.i
-\\je va..iA
je do,u,
L'analyse faite par Robert Martin marque, pensons-
nous,
un net progrès par rapport à celle d'Imbs.
Il recon-
naît explicitement l'existence de deux sous-systèmes tem-
porels ayant respectivement le présent et l'imparfait pour
origines.
P.e. (a,{ 6a.d1
(11
, , /
p~~(; .::umpo~é
[a\\.'~ eu 6wl
conditionnd 16~1
P.Q.P.
/
lava..iA ~ll
~
c.o nCü.ü.o nnd antVu.euJt
P. Q.. P. C.
(avcU.6 eu
1atlJl.a.W 6ait )
6aitJ
1. cf.
tableau repris par co VET, Bibliog. 71,
1980, p.
23.

,
'''.'• •'1'.77
• •
1
7• •:••_._%......,.,...,_
..5_.S.S.'
_
• • • •
-
84 -
Mais il semble mettre sur un même plan, sinon sur
des plans parallèles, présent et imparfait. A notre avis,
le schéma devrait faire ressortir le fait que l'imparfait
comme repère-centre du second système est antérieur au
présent.
En outre, son schéma, par ses traits obliques, semble
poser comme Gustave Guillaume la notion d'aspect bi-exten-
sif pour opposer formes composées et formes surcomposées.
t ce propos, nous pensons que c'est plutôt la notion d'an-
tériorité (donc temporelle) qui les oppose : forme~ compo-
sées et formes surcomposées relèvent toutes de l'accompli.
De ce point de vue, s'inspirant de Robert Martin,
CO VET aura mieux rendu compte des deux sous-systèmes en
présentant dans son schéma l'antériorité de l'imparfait par
rapport au présent :
~
Illj
2
IL!!
IL!!
IL X.
IL!!
ILy
,
1
1
1
1
,Z
1
l
1
1
("
"
1
PSC
PC
PREC
PR
F. PRO
F.A.
FUT
/
1
/
/
,
IL!!
ILy
IL X.
ILtj
ILCj

1
l
1
1
l
l
PQPS
P(P
P.REC
Imp.
F. PRO F.AP
FUT. P
1.
Cf. CO VET, Bibliog.
71,l980,p.
35.

- 85 -
Ce qui semble se dégager des analyses de Robert
Martin, CO Vet et dans une certaine mesure de celles de
Imbs, c'e~t que l'analyse morpho-syntaxique vise à montrer
que le réseau de relations temporelles ne représente pas
un système unique et absolu mais provient d'une structu-
ration sémantique qui unifie à la fois plusieurs sous-sys-
tèmes qui correspondent à des plans d'énonciation.
Mais,combien de sous-systèmes?
Si les uns et les autres sont d'accord sur le nombre
de deux,
reste qu'ils s'opposent sur ce qui doit être
sous-système temporel.
Pour Imbs,
il y a un système prin-
cipal qui s'ordonne autour du présent
(son point-origine)
et un système secondaire qui rapproche, autour du présent,
les périphrases verbales.
Pour Martin et CO VET,
il y a
deux sous-systèmes centrés respectivement autour du présent
et de l'imparfait. CO VET prenant soin d'intégrer les péri-
phrases verbales dans l'un et l'autre des deux sous-systè-
mes.
Que faut-il penser de tout cela ?
Peut-être que la recherche de symétrie des formes
verbales autour d'un point-rep~re-origine a poussé les
analystes à ne reconnaître que deux sous-systèmes tempo-
rels pour le français.
NouS pensons, quant à nous, que
tout porte à croire qu'il existe un troisième sous-système
don~ le point-repère-origine est situé dans le futur.

-
86 -
Même si celui-ci ne respecte pas la symétrie des autres
sous-systèmes :
R
'fo~-----------::/~',~------------')
- P. C.
/"pJl.~Hn.t
6tLtu.Jl. ~..i..mp.te.
- ~paJl6a...Lt
/"
.............
- rxu~~ ~..i..mp.l} /'
..........
/"
........
/ '
..........
,/'
........
....... R"
~(- - - - - - - -.....------"7
Fu,tu;;
?
P. Q. P.
FtLtu.Jl.
du pM~é lc.ond. l
an.t~/vte.uJt
La constatation faite par CO VET à la suite d'une
étude sur les temps du passé et du futur français nous
conforte dans notre position
"J'ai coristaté qu'il existe des temps qui ont
besoin d'un antécédent temporel et qu'on peut
pour cette raison, appeler des temps anapho-
riques
(bien qu'il soit plus correct de parler
d'emplois anaphoriques de ces temps).
Il s:agit
du présent qui prend son antécédent dans la
situation d'énonciation, et de l'imparfait et
du futur simple dont l'antécédent se trouve
dans le contexte".
(1)
Le futur se montre ainsi pendant à l'imparfait. C~s
1
1
rarissime certes, mais constaté,
tout de même, dans un
t
au ~oins des emplois du futur.
1
1
Cependant, on peut se poser la question de savoir si
1
1.CO VET,
Bibliog.
73,
1985,
p.
56.

-
87 -
le futur peut r~ellement inférer à la situation d'énon-
ciation comme ce peut être le cas avec l'imparfait?
Considérant les deux énoncés suivants
:
(1)
Tu sais que tu vas vivre deux mois au Candda avec
Alain,
que tu v seras très libre. (1)
(2)
Lui,
ça le vexait que je rie,
alors i l s'en allait
dormir ailleurs.
A chaque fois je me disai~
"Demain
je ne rigolerai pas" mais je ne pcuvais pas m
~
empêcher.
(2)
( 0
Vet de constater que les futurs respectivement
employés dans ces deux énoncés,
sont mis en relatio~ avec
la situation d'énonciation. Mais il s'empresse de préciser
aussit8t "que dans ce cas la relation s'établit toujours par
l'intermédiaire du Fpro ou d'un complément adverbial de
nature déictique"
(3).
C'est pourquoi, dit-il,
i l n'est pas "entièrement
de l'avis de M. Wilmet
(1970
160)
quand il dit que le
FUT sert à évoquer une réalité future,
détnchée de l'ac-
tualité"
(4).
Le futur se présente ainsi sous un double visage
àéictique et non déictique.
Plutôt que de renvoyer dé-
finitivement ce temps,
à la manière de Franckel,
au placard
1. Exemple donné par CO VET,
Bibliog.
73,
1985, p.
46.
2. Cf.
ibidem,
p.
48.
3. Cf.
jbidem,
p.
57.
4.
Ibidem.

-
88 -
des repérages dit aoristiques
(1),
nous pensons qu'il
faut tenir compte de cette dualité.
Voyons,
à présent, comment fonctionne le système
temporel du wolof dans le cadre de ces trois sous-systèmes
tL'mporels.
2.2.
L'information temporelle dans la forme verbale en
wolof
2.2.1 Information temporelle dans le sous-système
des temps déictiques
Contrairement au français qui oppose
passé/présent/futur,
le wolof fait état dans ce sous-sys-
tème,de l'opposition passé/non passé.
Le passé s'exprimant
par un ou des morphèmes
(-oon,
-aan)
ou leurs variantes
dit-on dans les anciennes grammaires.
Que faut-il en penser ?
pa.J6é
~
111/1/111111-
-
oon
-
aan ?
1.
FRANCKEL
(J.J.),
Bibliog.
83,
1983, p.
116.
$2 ESdi
..

-
89 -
Ce schéma qui ne fait pas explicitement cas du pré-
sent linguistique peut nous amener à nous interroger sur
le caractère déictique des morphèmes de conjugaison
(-oon,
-aan).
Est-ce qu'ils sont fixés par rapport ~u mo-
ment de l'énonciation?
Constatons que l'interprétation de -oon nous oblige
souvent à prendre en compte la situation d'énonciation con-
tenant la personne du locuteur.
M~me si ce "je" n'est pas
représenté par un affixe verbal dans la langue,
i l reste
qu'il l'est par des périphrases verbales
telles celle ob-
tenue par an jonction de la marque di au tiroir
présentatif.
Ce présent linguistique permet de définir au sein mime
.u
nQn-pass~, un futur et un présent respectivement repr~sen­
tés par des périphrases verbales.
Ce qui,semble-t-il,n'est
pas le cas pour -aan.
Examinons la morphologie et les contextes d'apparition
de -oon et -aan dans l'énoncé en vue de
faire quelques mises
au point.
2.2.1.1.
Le signifiant -oon et ses variantes
morphologie et contextes d'apparition
dans l'énoncé
2.2.1.1.1.
Morphologie

-
90 -
En examinant les exemples suivants
-
j~loon na sama waal
"j'avais pris m~ part"
-
Faatu seetaniwoon na sabar ba
"Fatou a été voir la danse"
- mu ngi doon duy
"il était en train de puiser"
Nous remarquo~s que
- oon suit une consonne en position finale
;
- woon suit un verbal
(ou tout autre élément à finale
vocalique) .
- dans un contexte où di
(1)
est employé, c'est tou-
Jours à ce signifiant di qu'est suffixé lrél~ment
-oon et non au verbe
(voir exemple précité).
Il
en résulte le signifiant composé doon qui est placé
directement devant le verbe au cas où il n'y a~ra:t
pas l'intervention soit de la marque de
L'~nonciatif,
soit du pronom objet
du narratiL
2.2.1.1.2.
Contextes d'apparition
dans l'énoncé
En l'absence de di,
le signifiant -oon est post?osé
au vèrbal à
toutes les
formes de l'indicatif;
il pst
s~ffixé au verbal même à toutes les formes de l'affirmatif.
Exemple: demoon n~ndar
"j'étais parti à St Louis".
1.
dl sera caractérlsé dans
Le Je chapitre.

-
91
-
-
Dans un énoncé non verbal,
la marque de passé -oon est
postposée à
l'énoncé.
EXto:mple
Sama carnin lawoon
"c'était mon frère"
-
Lorsque cet énoncé est élargi au moyen d'un verbal in-
troduit par un connectif,
la marque de passé est soit
suffixée au verbal soit postposée à l'énoncé.
Exemples
Sam~ maam buur bu mùagoon ba
"mon grand-père ce grand
roi d'antan".
Sama maam buur bu maag ba woon
"mon grand-père ce grand roi d'antan".
2.2.1.2.
Le signifiant -aan e~ ses
variantes
:
morpho~~ie e~
contextes d'apparition da~~
l'énoncé.
Le signiflant -aan n'est relevé que dans des pr'opo-
sitions sUD0rècnnées
-
hypothétiques
introduisant une nuance d'habitude
~xe:'~~:
S~ maSSdan dem tool ...
"A chaque
fois qu'il ~llalt aux champs ... "
Su
fowiwa~n ba nëw . . .
nA chaque
fOlS qu'il
revenait du
Jeu . . . "

- 92 -
-
temporelles introduites par ·laat-~daat-" (avant que)
Exemple
bi bu mUY!laataan dem •••
daataan dem •.•
"avant qu'il ne parte ••• "
Remarquons, à la lumière des exemples pr~cités, que
-
aan suit une consonne finale
- waan suit tout él~ment à finale vocalique
- quand ~ est employ~ avec la marque di,
le signi-
fiant daan qui en résulte peut, contrairement à ~ (qui
ne s'emploie que dans des propostiions subordonnées)
s'employer aussi bien dans des proposi~ions subo=dor.nées
que dans des principales ou indépendantes.
Exemples
Faatu moo daan duyi
"C'est Fatou qui avait l'habitude d'aller puiser"
su daan bëgg dem tool dafa nu da an yee
"A chaque fois qu'il s'apprêtait à aller aux
champs,
il nous r~veillait".
2.2.1.2.2. Contextes d'apparition
dans l'énoncé
Le signifiant -oon est en général postposé soit à
un co-verbe
(si le verbe est introduit par un co-verbe)
soit au verbe même. Les deux exe~nles précédemment cités
l'illustrent. A la différence de ~,
le morphème -aan

-
93 -
n'apparaît jamais dans un énoncé non verbal.
2.2.1.3.
Remarques générales sur -oon et
-san
- Au plan de la description morphologique, constatons que
-aan est toujours considéré comme variante morphologique
de -oon. Qu'en est-il réellement?
Nous constatons que dans des contextes semblables,
ils
apportent des sens différents à l'énoncé.
Exemples
su massaan dem too1 ...
"A chaque fois qu'il allait aux champs . . . "
Su massoon dem too1 . . .
S'il était allé,
une fois,
aux champs . . . "
Constatation qui nous conduit à soutenir qu'ils sont deux
monèmes distincts.
- Au niveau sémantique,
remarquons qu'au-delà de la diffé-
rence souvent évoquée et située A leur degré d'éloignement
dans le temps,
leur fonctionnement sémantique révèle que
* ~ peut
marquer la prédication de situation
(c'est-A-dire que le prédicat représente une situation
temporelle ou spatiale)
au niveau temporel
(cas de la
prédication verbale)
ou au niveau spatio-temporel
(cas de
la prédication nominale).

-
94 -
Exemple
ma ngi do on dem ekool
"j'étais en train de partir à l'école"
Ici,la prédication marque uniquement la position dans le
temps de l'événement
(-oon).
Par contre dans la prédication nominale,
Exemple
ma nga fa woon
"j'étais là-bas"
on a une position dans l'espace déterminée et par la vision
anaphorique et par "fa"
(là-bas).
En plus,
une position dans
le temps,
signifiée par -oon.
Le morphème -aan,lui,
ne marque que la prédication de
temps.
-oon et -aan appartiendraient-ils au même niveau
d'analyse par rapport à la délxis ? Il est bien évident
que non.
-oon dans son emploi fait toujours directement réfé-
rence à la "ituation d'énonciation
(exception faite à son
emploi dans une proposition dite subordonnée).
C'est ainsi qu'il est, pour nous,
un déictique qui, dans une
proposition subordonnée,peut remplir une fonction anaphorique
(donc non déictique).
-aan,
ne s'employant que dans des propositionssubor-
données,
ne peut faire référence dans ses emplois directe-
ment à la situation d'énonciation. C'est un non-déictique.

-
95 -
2.2.2.
Information temporelle dans le sous-système
des temps non-déictiques
Ce sous-système présente en français comme en wolof
deux plans d'énonciation. La seule différence est que les
deux plans du wolof comprennent chacun une simple opposi-
tion binaire pendant que le français présente pour l'un
une opposition tripartite et pour l'autre,
la même idée
de tripartition mais avec seulement deux formes verbales.
Ce sous-système non-déictique du wolof peut se défi-
nir comme l'introduction d'une subordonnée dite temporelle
pour la localisation temporelle d'un événement en se réfé-
rant à une autre proposition. Cette insertion se fait sous
divers avatars comme le montrera la suite du texte.
<Il(
1/111///11/111_
~~-+I+I+I+I+/+/1+'1+'Ih',h',;...,'1'-1/~.-----_·~
6u.tWt
2.2.2.1.
L'antérieur du possé
Dans le passé,
l'antérieur est
employé dans une proposition temporelle.
Cette proposition
est caractérisée par la présence :
al
d'un fonctionnel ~ auquel est suffixé un monème

-
96 -
de détermination
(-i, -a)
introduisant la proposition
subordonnée ;
b)
de la marque -ee suffixée directement au verbe.
Lorsque cette marque -ee est suffixée à un verbe
à finale vocalique, i l y a chevauchement de signifiants.
Ainsi on a
bi mu wuyu + -ee
bi mu wuyoo
"quand il eut répondu".
-
ba + ee -
2.2.2.2. L'antérieur du futur
(1)
Morphologiquement,
nous retrouvons l'antérieur du
1. Notons qu'"antérieur du passé" et "antérieur du futur"
qui composent notre sous-système non-déictique sont
rangés dans un mode dit sùbordinatif par A.
Diallo ;
le
mode subordinatif s'opposant et au mode injonctif et au
mode indicatif. Cette classification nous s~mble reposer
sur des arguments logico-psychologiques pour l'injonctif
et l'indicatif et sur des lois syntaxiques pour le subor-
dinatif. Ce qui ne nous paraît pas très correct grammati-
calementt
"Le mode subordinatif comprend des modèles, qui constituent
des propositions subordonnées et qui présentent les marques
formelles suivantes:
bi,
ba, bu,
sU ... -ee.
Le mode injonc-
tif comprend les modèles qui servent à donner des ordres
ou des directives.
Quant au mode indicatif,
il c~mprend
tous les autres modèles,
lesquels constituent,
en quelque
sorte, diverses variantes de l'expression déclarative."
(c'est nous qui soulignons), cf.
DIALLO
(A.),
Bibliog.34,
1981, p.
18.

'm m
ç
R
te
ste
r t
-
97 -
passé, à la seule différence que, au lieu des monèmes
de détermination
(-i, -a) nous avons le monème dit de
non-détermination (-u)
qui, d'ailleurs, dans ce cas précis
de proposition subordonnée, est un locatif au même titre
que
(-i, -a). La seule différ~nce est que ces derniers
localisent dans le passé
(proche ou lointain),
lui, dans
le futur mais tous par r'pport au moment de la parole •
• -i -->
marque la proximité d'avec l'instant d'énon-
ciation mais sur une période antérieure à ce même
instant de parole •
• -a ~
marque l'éloignement d'avec l'in~tant d'énon-
ciation sur une période toujours antérieure à cet
instant d'énonciation.
e-u -
marque la période postérieure à l'instant
~'énonciation dans son emploi avec ~ pour l'expression
de l'antériorité.
:, 1-in4ta.n.t
l
"
/
",
1
"- ,
/
/
1
bu + -ee
ba + -e.e
6U + -ee.
1

-
98 -
De surcrolt,
le fonctionnel peut être soit ~ soit s
(explication en sera donnée dans la deuxième partie du
travail) .
bu
(su)
dem~e xaritam n~w
"quand il sera parti son ami viendra"
Ce qui semble se dégager, après cette exploitation
des moyens morphologiques de référence temporelle en
wolof et en français,
c'est que le français semble plus
soucieux de marquer morphologiquement les différences
sémantiques liées aux relations entre les temps.
Peut-être
est-ce la raison qui a présidé à la dichotomie langue à
temps/langue à aspects.
Mais i l Y a que les deux langues,
par delà les formes
verbales, disposent d'autres moyens pour référer au temps.
De ces moyens,
figure l'emploi des circonstants temporels.
On remarquera que ces circonstants temporels respectent
aussi la classification: [lan d'énonciation déictique/
plan d'énonciation non-déictique des formes verbales. C'est
ainsi qu'on a
les corrélations suivantes
maintenant
/
alors
aujourd'hui /
le jour même
hier
/
la veille
demain
/
le l~ndemain etc.

-
99 -
maintenant, aujourd'hui, demain ••.
ré~rent directement A
la situation d'énonciation
(donc au -je- énonciateur)
tan-
dis que, alors,
le jour même,
la veille,
le lendemain etc.
réfèrent à une situation ne contenant pas -je- mais liée
indirectement A la situation du -je-. C'est dire que,
lA
aussi, on retrouve le locuteul au centre de l'expression
du temps.
NOUA
verrons qu'il sera de même pour le wolof.
2.3.
Les circonstants porteurs d'information
temporelle
(1)
2.3.1. Circonstants temporels ou adverbes
temporels ?
problème de terminologie.
Dans un article intitulé "EsquissE d'une
classification syntaxique des adverbes francais",
J.-Ph.
Dalbera
(2), après avoir suffisamment marqué ses distances
par rapport à une classification traditionnelle de type sé-
mantique, en vient à une proposition de classification de
type syntaxiqu~ des adverbes français.
Cette classification fo~dée uniquement sur l~ syntaxe
l'amène à reconsidérer le terme devenu classique d'"adverbes
1.
L'étude des circonstants temporels du français est lar-
gement inspirée par PINCHON
(J.),
Bibliog.
113,
19ï4.
2.
DALBERA
(J.-Ph.),
Bibliog.
39,
1980.

-
100 -
de temps·.
Il remarque tout d'abord que ces ·adverbes de
temps· ·pourraient constituer une classe fortement indivi-
dualisée·
(1). Cette classe pouvant être caractérisée selon
lui par deux propriétés :
"-être susceptible de permuter, c'est-à-dire
d'occuper plusieurs positions différentes nans
la phrase
(sans que ses éléments perdent leur
sens spécifique).
-
ne pouvoir entrer dans aucune chaîne adver-
biale.
I ... /cette classe pourrait s'appeler Adverbes
circonstanciels à condition que le choix de ce
terme n'entraîne pas de méprise : circonsta~­
ciel serait l'indication non pas que ces adver-
bes"expriment une cir~onstance" (ce serait là
une définition sémantique de la classe et ce
n'est pas ainsi que nous l'avons établie)
mais que le comportement syntaxique de cptte
classe est analogue à celui de certaines phrases
subordonnées, permutables, que l'on a~pelle
habituellement des "circonstancielles ... ""(2)
(c'est nous qui soulignons).
Il nous semble que les réserves prises pour être à
l'abri de toute méprise que pourrait créer l'emploi du
terme "circonstanciel" devraient pousser Dalbéra A s'inter-
roger sur l'emploi du terme "adverbe".
Ne pourrions-nous pas nous interroger sur l'apparte-
llance ou la non-appartenance de ces morphèmes de temps
à la classe dite des adverbes,
si nous nous inspirons des
constatations
suivantes de DaJbéra.
1.
Cf. DALBERA (,T.-Ph.),
Bibliog.
39,1980, p.
50.
2.
Ibidem, p.
51.

-
101 -
a) Ces "adverbes de temps· ·pourraient constituer
une classe fortement individualisée".
b) L'analyse syntaxique montre qu'ils ne peuv~nt
"entrer dans aucune chaIne adverbiale"?
Le problème est semble-t-il posé.
Il n'est pas de
notre propos
(ou du moins dans le cadre de ce travail) d'y
réfléchir. Néanmoins,
pour f~ire cohérence ou plus exacte-
ment par commodilé d'expression,
nous avons pris le parti
de nous débarrasser
(provisoirement) d'une certaine termi-
nologie pour le moil ~ confuse au plan grammatical. C'est
ainsi que nous les appellerons: circonstants temporels.
Circonstants en ce qu'il~ permettent de circonscrire ou
si l'on veut de limiter l'événement ou le procès sur une
aire donnée.
Ici.
la ligne du temps, d'où le terme "tempo-
rel".
Le même raisonnement nous conduira à substituer le
terme de "circonstants aspectuels" au terme d'"adverbes
détachables"
(1)
de Dalbéra
pour désigner toujours, encore •••
qui délimitent eux aussi le procès quant A ses différentes
occurrences. Seulement, par rapport à la délimitation-
locdl:sation
(c'est-à-dire délimitation qui permet la 10-
calisat~on du procès dans un espace temporel) du circonstant
temporel.
nous avons pour le circonstant aspectuel,
une
1. Cf.
DALBERA
(J.-Ph.),
Bibliog.
39,
1980,
p.
53.

-
102 -
"délimitation-qualification"
(c'est-A-dire une délimita-
tion qui a pour fin de qualifier le procès).
2.3.2.
Fonctionnement des circonstants temporels
déictiques
Disons d'emblée que le principe d'orga-
nisation de ces unités linguistiques est le mêm~ dans
les deux langues. Ces unités linguistiques "organisent
les relations spati~les et temporelles autour du "sujet"
pris comme repère"
(1).
En fait,
dans ce plan d'énonciation déictique,
les deux
langues
(français et wolof)
disposent de ci~cons~ants tem-
porels pour l'expression du présent, du passé o~ du futur
proche.
Le point référentiel
(T)
autour duquel s!organisent
ces unités peut :
- coincider avec le moment de la parole
(MP)
: MP = T.
Il se présente dans ce cas sous différent~s formes
aujourd'hui, maintenant, en ce moment etc.
pour le français
tey "aujourd'hui",
léégi "maintenant" etc. pour le wolof.
- T ~ MP mais antérieur à MP on a
: hier
(et ses
composés),
autrefois,
le mois dernier etc.
pour le français
demb
(et ses composés), bujëkk "autrefois", wer wi nu genn
"le mois d'où nous sortons", etc.
1. Cf.
BENVENISTE
(E.),
Bibliog.
2,
1974,
p.
262.

-
103 -
-
T
~ MP mais postérieur à MP on a : demain,
après-demain,
le jour prochain etc. pour le français
suba "demain", ganaw suba "derrière demain",
"le Juur
qui suit demain" etc. pour le wolof.
Ce qui nous conduit au schéma suivant
1
,
1
c.iltcoM tan.t6 do tLt
c.iltcOn6tant6 dont le
1 c.iltcOM.tan.t6 dont le.
le po~nt ~é6é~entiel
~ po~n.t ll.é6~JtenUel.
~po~n.t Jté6é~enUel
T f MP
1
T • MP
T 1 MP
T7lCLi.6
< MP
1
T7lCLi.6 >MP
1
va1eU/t tempOlte.Ue
1
valeuA tempo~elle

pa..6l, é
1
• p1l.é6ent
1
1
Notons,
toutefois, que le point référentiel coIncidanc
avec le moment de la parole ne constitue pas toujours un
point du temps mais au contraire toute une période cons-
tituée par les 24 heures d'une journée. Ce qui fait que
la valeur temporelle de présent donnée dans le schéma
est relative au contexte d'emploi du circonstant temporel.
Par exemple,
"aujourd'hui" de m~me que "tey" peuvent,
du fait de l'intervalle qu'ils occupent sur la ligne du
temps,
s'employer dans tout contexte
(passp.,
présent,
futur) .
Exemples :_Aujourd,hui je suis en train d'aller à
Dakar.
(T = MP)
-Aujourd'hui j'étais à Dakar.
(T f.
MP)
et
(T '-. MP)

-
104 -
- Aujourd'h~i j'irai A Dakar.
CT ~ MP et T) HP)
Il en e~t de même en wolof :
- tey maa ngi ni di àem Dakaar
"Aujourd'hui, me voici en train d'aller A Dakar".
T CI MP
- tey maa nga woon Dak .. ar
"Aujourd'hui j'~tais à Dakar".
T ~ ~p e t
T <. HP
- tey dinaa dem Dakaar
"aujourd'hui j'irai à Dakar
T ~ HP
et
T> MP
Même si le contextp. est très explicite quant à lù valeur
temporelle de l'énoncé, dans nos exemples,
iJ dem~ure qu'il
l'est teaucoup moins dans d'autres. C'est le cas de
"Aujoud'hui je vais à Dakar" qui peut prêter J deux
interprétations différentes : soit le locuteur est en
cr-emin, soit il s'apprête à le faire.
C'est cl-~ainement pour ~viter cette confusion que,
comme le constate Pinchon,
la langue française semble
spécialiser "maintenant" pour les cas où le procès serait
en cours. On pourrait dire de même pour le wolof qui,
~n lieu et place de tey "aujourd'hui" semble préf~rer
mp.ttre
des locutions telles
fi mu nekk
"là où on ést",
pour l'expression d'u~ procès en cours de réalisation.
La notion d'intervalle explique aussi le fait que les
ci=constants temporels tels hier, dem«in etc.
sont souven~
acccmpagnés d'une indication du m~ment de la journée.

-
105
Exemple
hier matin, demain soir, etc.
Mais i l est à constater que pour "aujourd'hui" la langue
française ne trouve pas cela nécessaire.
Le wolof,
lui,
l'admet. exemple:
tey ci suba "aujourd'hui ce matin".
Est-ce,parce que l'idée d'intervalle large est remise en
question,
en français,
pour le cas de "aujourd'hui" ?
Nous ne le pensons pas. Car la langue française utilise
le substantif prédéterminé par le démonstratif.
Exemple:
ce matin,
ce soir ...
-
substantif prédéterminé dont fait aussi usage le wolof
pour rendre facultatif l'emploi de "tey".
ci suba
"ce matin"
(tey)
ci suba
"(aujourd'hui)ce matin".
Notons qu'il existe de part et d'autre des deux
langues divers autres moyens pour l'expression du temps.
Parmi ceux-là on peut citer la datation par rapport à un
jour de la semaine,
à la semaine même,
au mois,
à
l'année,
etc.
2.3.3.
Fonctionnement des circonstants temporels
non-déictiques
A la différence des circonstants temporels déictiques
qui sont fixés grâce au moi -ièi- maintenant du locuteur,
les circonstants temporels non-déictiques réfèrent à des

-
106 -
repères présents dans l'énoncé. N'empêche que le point-
repère T,
qu'on peut qualifier de "point imaginaire" du
fait de son absence du cadre de l'énoncé,
entre en jeu dans
le calcul de la valeur temporelle des circonstants tempo-
rels non-déictiques.
Nous avons donc,
en résumé,
trois variables pour l'in-
terprétation de la valeur temporelle d'un circonstant tem-
porel non-déictique :
MP
(le moment de la parole qui sert de repère au point
origine)
-
R (le point de repère-origine)
-
T (le point-repère imaginaire qui sert de visée).
Posons d'emblée que R i
MP.
C'est d'ailleurs ce qui
explique le caractère non-déictique. Mais on peut avoir
soit :
- T i
MP mais T = R.
Dans ce cas précis,
chacune
des deux langues
(wolof et français)
dispose d'unités lexi-
cales spécifiques:
alors,
ce jour-là, à ce moment-là ...
pour le français
i
boba "alors",
lolu "cela", ... pour le
wolof.
-
T i MP mais antérieur à R. On a
: la veille,
le
Jour d'avant,
un jour plus tôt ...
pour le français
i
bala lolu
"avant cela",
la ko jitu "avant ce dont on parle" ...
pour le wolof.

-
107 -
- T ~ MP mail postérieur A R. On a dans ce cas t
le lendemain, plu8 tard, un jour après, le jour d'après, etc.
pour le français, ba lolu jaale "quand cela fut pas8~",
ba lolu wi~e "quand cela fut dépasB~", ca Buba ca "le
lendemain etc. pour le wolof.
Notons en remarque g~n~rale que dans chacun de ces
cas, le moment de la journée peut ~tre précisé.
Exemple
bes ba ko jitu ca ngoon
"le jour d'avant au soir"
Le français pourrait dire plus simplement "la veille au
SOir". Le wolof n'a pas de terme prpcis pour traàuire
la ve i lle.
Notons aURsi qu'en français on a une constr~ction
indirecte pour les circonstants temporel~ exprimrlnt le
passé,
Exemple : la veille au soir
et la construction directe pour les circonstants temporels
exprjmant le futur.
Rl!.p~'le-otig.(l1e
du
dOI.UJ-dlJdt~",t
't
T , M~
j
(
R
ce jou~-td
le lel1d~mail1
1

-
108 -
On peut ainsi remarquer que les circonstants tempo-
rels non-déictiques assument le plus souvent la fonction
d'anaphore dans l'énoncé.

-
109 -
CHAPITRE III.
NOTION D'ASPECT VERBAL
ANALYSE DE QUELQLES MOYENS LINGUISTIQUES POUR
L'EXPRESSION DE L'ASPECT
(Wolof -
Français)
"La notion d'aF~ect verbal est une de
celles qui a suscité le plus de débats,
aussi bien dans les travaux de prilolo-
gie classique qu'au sein de la
linguis-
tique contemporaine
;
la d~finltion même
de la notion,
son expression comme clas5e
grammaticale,
se~ rapports avec le temps
sont autant de sujets de controverses
traditionnels". (1)
Les acteurs du colloque organisé à Metz en 1978 sur
l'aspect,
comme ceux qui s'y sont interessés de loin,
ne
diront certainem8nt pas le contraire.
En effet,
ce colloque
a été le théâtre d'un tumulte scientifique à 11 fois décon-
1. Cf.
MELLET
(S.),
Bibliog.
106,
1981,
p.
6.

-
110 -
certant et porteur d'espoir:
- déconcer~ant en ce qu'il pourrait dérouter voire
décourager le chercheur impatient;
-
porteur d'espoir en ce qu'il pourrait aider le cher-
cheur dans sa soif de conna1tre. Ceci par l'ouverture
éventuelle
de nouvelles pistes de recherches dans un
domaine pour le moins confus. Sur ce, Jakobson a eu
raison de dire que " . . . le recours au vote et au véto est
étranger aux débats scientifiques, où le désaccord se
révèle en général plus productif que l'accord. Le désaccord
dévoile des antinomies et des tensions A l'intérieur du
r.hamp étudié ; il est le prétexte A de nouvelles exp1ora-
tions".
(1)
VoilA qui devrait donner confiance et courage A ceux
qui
voudraient voir plus clair dans le domaine de l'expres-
sion de l'aspect.
Reste qu'on aurait pu légitimement se poser la question
de savoir si l'aspect était devenu l'objet le plus insai-
sissab1e de la grammaire.
Te11emen~ les linguistes sem-
b1aient se livrer A ~ véritable polémique pour ne pas dire
à un dialogue de sourds.
On ne s'entendait ni sur la défi-
nit~on de la notion, ni sur ses moyens d'expression. En
guise d'illustration de ce chaos à la fois terminologique
et descriptif qui dépasse même le cadre de ce colloque,
1. Cf. JAKOBSON
(R.),~Linguistique
et poétique~, Essais de 11n-
guistigue générale l,
Paris, Ed. de Minuit,
1963,
p.
209-
248,( p.
209.).

-
I I I -
examinons brièvement certains points de vue.
Partant des langues slaves où la catégorie grammati-
cale de l'aspect est manifestement une classe d'équivalen-
ce de formes repérables, Buyssensmet en cause l'existence
d'aspect dans les langues autres que slaves
"Des erreurs ont été commises par certains de
~eux qui ont parlé d'aspect dans les autres
langues que slaves. L'une de ces erreurs con-
siste â ne pas tenir compte du fait que l~s
oppositions aspectuelles constituent une
catégorie grammaticale, qu'elles font partie
du système grammatical."
(1)
On note ainsi une nette tendance à universaliser
la structure des aspects slaves au point d'enferme~ dans
un système de marques morphologiques,
les moyens d'expres-
sion de l'aspect.
La même tendance animera d'ailleurs
d'lutres linguistes tels Iv3nescu :
" ...
De toutes ces catégories de faits,
seule
celle que nous désignons du nom d'aspect
verbal entre dans le domaine de la grammaire,
car elle seule a une expr~ssion verbale
;
les autres appartiennent au domaine de la
lexicologie,
n'ayant qu'une expression lexicale .. ~
( 2 )
On est ainsi amené à faire une distinction entre
moyens grammaticaux et moyens non-grammaticaux de l'aspect
Wagner et Pinchon iront m~me plus loin en donnant à chacune
1. Cf.
BUYSSENS E.,
Bibliog.
68,
1968,
p.
64.
2. Cf.
IVÂNESCU
(G.),
Bibliog.
93,1957,
p.
29.

;

nt
. "
- 112 -
de ces expressions une fonction : les moyens grammaticaux
permettent l'expression du procès en cours et du procès
accompli pendant que les moyens non-grammaticaux se limi-
tent à apporter des nuances supplémentaires aux-dits pro-
cès :
"La morphologie du verbe, en français,
ne permet
de traduire grammaticalement que l'opposition
du procès en cours et du procès accompli.
Lorsqu'
il est nécessaire de détailler et de nuancer
cette description, on a recours à des moyens
lexicaux. Ceux-ci con~istent en périphrases ..• "(l)
Ainsi,
tous ces linguistes cités, de même que tant
d'autres semblent faire montre d'une même conception de
l'aspect:
l'aspect est un système grammatical d'opposition
"sémantique" dont le support est le verbe et seu1e~ent le
verbe.
Une conception que ne manquera pas de critiquer Bernard
Pottier en soulignant qu,non a trop tendance à voir dans
le verbe le support presque nécessaire de l'aspect"
(2).
Et cela lui semble une erreur d'appréciation.
Il semble que cette conception soit héritée de la 1in-
gui5tique slave.
Elle a constitué, en tout cas, une vérita-
b1e emprise pour les linguistes qui ont travaillé sur les
languer. dutres que slaves.
Même
Gustave Guillaume qui,
pourtant, au départ de ses réflexions avait,
selon n0'15,
une
1.
Cf WAGNER
(R.L.)
& PINCHON
(J.),
Bib1iog.
47,
1962,
p.
298.
2.
Cf. POTTIER (B.),
Bibliog.
116,
1980,
p.
239.

- 113 -
vision claire des phénomènes aspectuels, n'y échappera pas.
En fait, en distinguant, au plan conceptuel ou si l'on veut
"notionnel"
(pour utiliser sa terminologie), temps expliqué
et temps impliqué, il semblait être, selon nous, très
proche de la réalité du langage. Dars la description guil-
lauméenne, le temps expliqué est du temps chronologique si-
tuant les procès les uns par rapport aux autres ou par rap-
port à un repère
il est véhiculé par le verbe. Le temps
impliqué, lui, est un temps inhérent au verbe c'est-à-dire
un temps nécessaire à l'existence même du procès. Cette dis-
tinction coIncide avec celle du temps et de l'aspect; le
procès pouvant, dès lors, être envisagé de deux manières
- par rapport à la place qui lui revient dans la
chronologie (temps)
- par rapport aussi à son déroulement interne (aspect).
Mais,
influencé, peut-être, par l'aspect des verbes
russe~, il a dû abandonner cette définition conceptuelle
pour choisir la définition grammati~ale qui, par souci de
systématisation, limite l'aspect au seul verbe.
Est-il possible de donner une explication à cet "aban-
don" ? Partant de la constat~tion que la diffé~ence entre
définition grammaticale et définition conceptuelle n'est
pas de nature ma1S plutôt une qu~stion de limite, on peut
se permettre de dire qu'il s'est agi d'une simple démarche

-
114 -
théorique. Cette démarche consisterait, à partir d'un
concept élaboré pour une langue donnée,
ici les langu'~s
slaves
(problème de l'influence ?), d'essayer de voir si
ce concept est exprimé dans d'autres langues. Ce qui peut
exposer au danger du placage si on ne prend pas en compte
que les langues peuvent avoi~ des moyens différents
(et
c'est assez souvent le cas)
pour organiser une même matière
conceptuelle.
Bref, on a du mal à se défaire du champ du verbe pour
regarder ailleurs.
Bernard Pottier en disant que:
" ... le
lieu d'incidence de l'aspect est plutôt le prédicat que le
verbe.
Dan~ "Pierre a étrit trois lettres ce matin", l'ac-
compli
(a écrit)
achevé
(ou perfectif grâce à trois lettres)
intéresse toute la prédication"
(1),
attire l'attention sur
un élargissement nécessaire du champ de l'aspect: de la for-
me verbale nue, on doit 9asser A la prédication. Faudrait-il
s'arrêter à la prédication pour expliquer tous les phénomè-
nes aspectuels ? Des linguistes tels Arne Klum (2)
en mon-
trant l'influence que peuvent exercer sujet ~yntaxique et
objet syntaxique sur la détermination aspectuelle d'un énon-
cé, nous diraient certainement non.
Pour illustrer ce phé-
nom~ne d'influence, A. Klum donne les exemples suivants:
1. Cf.
POTTIER (B.),
Bibliog.
116,
1980,
p.
239.
2. Cf.
KLUM (A.),
Bibliog.
96,
1961,
p.
111.

-
115 -
"la neige tombe",
"faire des sauts", qui sont des imper-
fectifs et "l'enfant tombe" "faire un saut" qui sont des
perfectifs.
Ce qui, pour nous, doit inciter à tenir compte de tous
les éléments présents dans l'énoncé: sujet syntaxique,
objet syntaxique et prédication que nous appellerons res-
pectivement àla suite d~ Cu1ioli et C. Fuchs: notion -
sour-
ce,
notion-but et notion-prédicative. C'est ainsi que nous
avons choisi comme objet d'étude,
l'énon=é en tant que sup-
port d'un message interprétatif en termes d'aspect et de
t~mps. Ce qui nous amène à tenir compte, dans nos analyses,
...
-
du contexte verbal comme y invitait déjà Sabrsu1a
"nous nous sommes rendu compte, également qu'il Ile suffit
pas de soumettre à l'examen les formes isolées.
Il faut
avoir égard au contexte. On met en relief surtout les ad-
verbes environnan~s... la signification lexicale des v~rbes
3imp1es ou des locutions verbales ... "
(1)
Remarquons qu'aucune définition n'est encore donnée à
l'aspect. Nous nous sommes plutôt livré à un examen de ce
qui pourrait
(011
devrait)
être ses moyens d'expression.
Des grammairiens s'y sont essayé. Parmi les différentes
définitions,
nous en choisissons celle de Imbs dont la dis-
cussion pourra semb1e-t-i1 mieux éclairer la question.
1. Cf. SABRSULA
(J.),
Bibliog.
121,
1963,
p.
167.

,.0.'.2.'__II.S
1k ::12_.
_ _..._ _'111'_......
,
- 116 -
"Lorsque au lieu de la place qu'il occupe par
rapport au repère temporel choisi, on considère
le procès sous l'angle de son déroulement inter-
ne, on est en présence d~ la catégorie de l'as-
pect. L'aspect est une des qualit6s inhérentes
au procès.
Il est étroitement lié à la catégo-
rie du temps sans pour autant se confondre avec
lui : se situant sur la m~me ligne progressive
que les divisions du temps verbal,
il n'inclut
pourtant pas la notion de repère essentiel à
celles-ci.
Il s'exprime souvent par les mêmes
morphèmes que le temps quoiqu'il ait aussi ses
morphèmes propres. Du fait de son cumul dans
le même morphème,
avec la catégorie du temps,
i l manque assez souvent de netteté en français,
du fait qu'il s'exprime aussi par des périphrases
suffisamment intégrées au système grammatical
du verbe, on peut se demander s ' i l n'est pas
plutôt une catégorie sémantique."
(1)
La relecture de ce texte de Imbs nous amène à deux
constatations fondamentales
l'aspect consiste en la prise en compte du déroule-
ment du procès.
l'aspect ne s'exprime pas uniquement au moyen du
verbe.
La première constatation nous in~ite à nous interroger
sur le contenu du mot "déroulement".
Peut-il être défini
comme l'espace d'une progression entre un début et une
fin comme pourrait nous le faire croire notre intuition
linguistique? 5i tel est le cas,
peut-il être appliqué
à t0US les types de procès? La réponse est ici non.
Les
procès de type état n'impliquent aucun déroulement.
Il
faudrait ainsi donner au mot "déroulement" une acception
1. Cf.
IMB5
(P.l,
nibliog.
92,
1960,
p.
15.

#br,
?
- . ,
-
117 -
plus large de telle manière qu'il puisse englober les
procès de type état. Cet élargissement de sens posé,
nous adhérons entièrement au contenu du premier constat.
D'ailleurs ce premierconst~t définissant l'aspect comme
la manière d'envisager le "déroulement" du procès, a
certainement permis à Imbs de voir
(2e constat) que l'as-
pect pouvait aussi, à
juste titre,
s'exprimer par d'autres
moyens.
Nous pensons que,
bien qu'on n'y fasse pas toujours
attention, c'est la définition qui revient sans cesse dans
les écrits des lingusites. Elle a même été,
semble-t-il,
à l'origine aussi bien de la distinction guillauméenne
temps expliqué/temps impliqué que~celle posée par C. Fuchs
A la suite de Culioli "chronologie interne du procès"
(1)
"temporalité intrinsèque"
(2)
: J.esquelles distinctions
disant les mêmes choses,
croyons-nous,
sous des costumes
différents.
c'est pourquoi nous pensons qu'il serait méthodique
de donner à cette définition de l'aspect
(la manière d'en-
visager le déroulement du procès)
un statut de caractéris-
tique générale
(ne serait~e que provisoirement)
pour une
étude de tous les phénomènes connus sous le nom d'aspect
ou possédant une certaine aspectualité. c'est à notre avis
la meilleure façon de procéder pour viser à un déplacement
~ouhaité par beaucoup de linguistes, du champ habituel
1.
Cf.
FUCHS
(C.I,
Bibliog.
86,
1978, p.
6.
2.
Ibldem,
p.
23.

-
118 -
d'investigation de l'aspect. Que faut-il penser par exem-
ple de Duchâëek qui, après avoir soigneusement distingué
aspect et mode d'dction
(1), donne les définitions sui-
vantes pour étayer son raisonnement
a)
L'aspect est • ••. la manière d'exprimer l'action
soit dans son développement
(aspect imperfecti~
il a cherché),
soit dans son achèvement
(aspect
perfectif:
i l a trouvé)·
(2)
b)
Le mode d'action est défini comme " .•. la manière
dont se déroulent l'action et l'expression de ses
phases, de son intensité etc."
()
No~s devons à la vérité de dire que ces modes de
définition nous laissent un peu perplexe SUltout quand
l'auteur affirme un peu plus loin que "l'aspect et le
carac~ère de l'action verbale caractérisent le d~veloppe-
me nt deI' a c t ion e t e n i nd i que ~ t
1 a ph as e".
( 4 )
On utilise les mêmes critères pour définir ces deux
notion~. Ne spécifient-elles pas toutes, un déroulement
de procès? C'est si évident que certains linguistes ont
préféré utillser la terminologie:
aspect subjectif,
aspe~t
objectif,
pour décrire ces deux notions appréhendées,
semble-t-il,
à des niveaux d'analyse différents.
Seulement,
1. Nous ne mettons pas en doute le principe même ~e la
distinction mais plutôt le niveau d'analyse auquel on se
situe pour la poser.
2. Cf.
DUCHAëEK
(O.),
Bibliog.
80,
196fi,
p.
162.
3.
Ibidem,
p.
162.
4.
Ibidem,
p.
182.

-
11 ~ -
l'opposition subjectif/objectif ne nous paraIt pas
opérante en matière d'analyse aspectuelle. Car,
selon nous,
l'aspect comme catégorie conceptuelle est par nature
subjectif
(que son expression soit grammaticale ou pas)
parce que lié d'une manière ou d'une autre au sUJet énon-
ciateur A qui revient, au moment de toute énonciation, de
choisir tel ou tel mode de déroulement pour le procès
(même
si ce choix porte en cas de grammaticalisation de l'aspect
sur des éléments précis du code d~ la langue). Nous y re-
viendrons.
Le mérite,
à notre sens,
de cette opposition est
qU'el~e ~ermet,d'une certaine mani~re,de répondre à la ques-
tion de Larochette :
"Appellera-t-on "aspect" des oppositions expri-
mées par des moyens lexicaux •.• ou par des com-
binaisons syntaxiques ... ou encore réservera-
t-on le nom d'aspect A des oppositions marquées
par des moyens grammaticaux ?"
(1)
En fait,
on peut comprendre, par cette opposition, que tous
les procédés énumérés par Larochette ne sont que la réali-
s~tion de l'aspect sémantique conceptuel mais à des plans
différents: grammatical,
non-grammatical
(lexical,
synta-
xique) .
l.Ct.
LAROCHETTE (J.I,
Bibliog.
97,
1980,
p.
2'3.

-
120 -
pa~ deA moyenJ g~~cau~
l~o~ de conjuga~o~,
m('~ph~me~ eupec.t.uc1.~ ... 1
leuco.1..
~~lrrl<1Jtt.<-6me. du
v~be If comp1l..iA
\\~'il aun con-
tenu M pec.t.uel J
6 ytt.tauque
L....----------.,Io--
_
"
.-/
~é~a.tion de la ~è~e conceptueLle
Faudrait-il maintenant réduire le concept d'~spect
à l'unique plan de sa réalisation grammaticale?
Il nous
semble qu'à partir du moment où il n'est pas donnp. une
définition restrictive et conventionnelle de cette notion
d'aspect, cela s'avère impossible. Ainsi donc,
quel que
soit le moyen d'expression,
si le phénomène à analyser
spécifie le dé.-oulement d'un proc~s, c'est un aspect
(du
moins au niveau conceptuel).
Cet aspect défini conceptuel-
lement est une catégorie sémantique qui est,
selon-nous,
universelle.
Ce que ne sauraient être ses moyens d'expres-
sion. Chaque langue organise à sa manière cette même
matière conceptuelle.
D'où donc la prise en compte,
par
exemple, de certains éléments tels les périphrases verbales
comme r~levant de l'aspect.
Imbs semble y apporter d~s

- 121 -
réserves en disant que c'est parce qu'elles sont suffi-
samment intégrées au système grammatical du verbe que les
périphrases sont à considérer comme des aspects.
Il s'agit
d'une réduction de l'aspect conceptuel à sa simple réali-
sation grammaticale.
Mais à partir de quel moment peut-on dire qu'une pé-
riphrase verbale est intégrée à un système verbal ? Ces
limites peuvent-elles être posées sans équivoque ( Des
questions auxquelles il n'est pas toujours facile de répon-
dre.
Il nous semble qu'en préférant ces réserves,
Imbs
hésite entre les deux positions les plus extrêmes
:
limiter
l'aspect au système d'oppositions que sous-tend la morpho-
logie verbale, ou étendre l'aspect à tout ce qu~ décrit
un d~~oulement de procès.
La question qu'il laisse en sus-
pens à propos de l'aspect:
" •.. on peut se demander s ' i l
n'est pas plutôt une catégorie sémantique", semble j~sti­
fier une telle interprétation.
La deuxième position,
il est vrai,
intègre tous les
moyens d'expression de l'aspect conceptuel
(grammaticaux,
le~icaux, ~yntaxiques). Notre choix porte évidemment sur
cette position seconde.
Il est cependant intéressant de remarquer que si
notre caractéristique générale permet d'embrasser tout phé·
nomê~e aspectuel,
il demeure qu'elle soit incapable de

-
122 -
dire pourquoi il y a une distinction possible entre "as-
pect" et "mode d'action" au-delà du fait qu'ils concernent
tous
(de manière ~ertes différente)
des déroulements de
procès.
Il faudrait peut-être aller chercher la réponse
anleurs. A ce propos,
interrogeons d'abord la théorie de
l'énonciation.
La notion de "déixis" 0e la ~héorie générale de l'énon-
ciation peut-elle y apporter réponse? En d'autres termes,
ces phénomènes aspectuels ont-ils un lien direct avec la
situ~tion d'énonciation?
Force est de constater que nous ne pouvons pas dire
que l'aspect comme le temps, est lié à la notion de déixis.
Car, comme le remarquait, déjà,
Hockett,
le fonct10nnement
sémantico-référentiel de l'aspect n'implique pas une prise
en considération de la situation spatio-temporelle du 10-
cuteur :
"L'aspect, contrairement au temps,
n'est pas
une catégorie déictique:
elle n'a pas trait
au moment de l'énonciation".
(1)
Cela n'empêche pas, malgré tout, que le locuteur soit
au centre du processus aspectuel. C'est certainement cette
position centrale du locuteur qui faisait dire à Catherine
Fuchs,
après tant d'autres, que "l'aspect reflète ... les
différentes façons dont l'énonciateur présente le dérouie-
ment du procès"
(2)
(c'est nous qui soulignons).
1. Cité par LYONS et repris par BAYLON
(C.)
& FABRE
(P.l,
bibliog.
38, p.
89.
2.
Cf. FUCHS
(C.),
Bibliog.
86,
1978, p.6.

- 123 -
Mais cette présence subjective du locuteur a-t-elle
un impact déterminant sur le fonctionnement aspectuel du
procès verbal ? Autrement dit, peut-elle sous-tendre
une opposition aspectuelle basée sur une relation du
procès avec la déixis ? La réponse parait claire sous la
plume de Kerbral-Orecchioni
" ••• à l'intérieur de chacune des sphères de
présent/passé/futur,
le choix se fait selon
différents axes aspectuels qui,
F'ns relever
de la déixis au sens strict
(car ce choix
n'est pas automatiquement détermi~a:rles données
concrètes de la situation d'énonciation).
sont à
verser au compte de ce que plus largement nous
appelons la subjectivité langagière, car ils
mettent en jeu la façon
(toute subjective)
dont
le locuteur envisage le procès ... "
(1)
(c'est nous qui soulignons).
De ce point de vue,
la distinction aspect déictique/
aspect non-déictique que l'on retrouve chez CO VET
(2)
ne
nous paraît plus soutenable.
Ce qu'il y a lieu,
par contre, de reconnaître
(avec la
grammaire traditionnelle), c'est que,
comme nous le disions,
déjà,
précédemment,
l'aspect comme catégorie sémantique
conceptuelle,
peut, dans son expression, être gr~mmatica-
lisé ou pas selon les langues.
Mais il y a plus.
Selon qu'il
l'est ou non,
il renvoie soit à la nature du procès soit
à celle de
l'intervalle qu'on peut associer au-dit procès.
1. Cf.
KERBRAT-ORECCHIONI
(C.),
Bibliog.
60,
1980,
p.
46.
2. Cf.
CO VET,
Bibliog.
71,
1980,
p.
45.
1

- 124 -
En effet,
le mode de réalisation grammaticale de
l'aspect qui fait référence au code de la languf'
(donc
à
une réalité immuable qui existe en dehors de toute
situation)
permet la saisie du procès en tant qu'entité
globale. Cette saisie définit les valeurs aspectuelles
d'accompli ou d'inaccompli.
Le mode de réalisation non-grammaticale
(connu chez
Maingueneau
(2)
sous la dénomination de "phénomènes
aspectuels")
renvoie, quant à lui, à la nature de l'inter-
valle qu'on peut associer au procès.
Il n'appartient pas
au code de la lang~e. C'est en fait,
le "mode d'action"
des anciennes analyses recouvrant tous les moyens d'expres-
sion associés à la détermination du mode de dérc,llement
du procès. Cela fait qu'on peut considérer un p~ocès dans
ses différentes phases
(début, en cours,
fin,
etc.).
Le
concept mathématique d'intervalle emprunté selon Catherine
Fuchs
(2)
à la typologie nous paraît le mieux approprié
pour faire état de toutes ces phases.
A(
j[
B
débu~ du p~oc~~
6~" du p~OCè6.
1. Cf.
MAINGUENEAU
(D.l,
Bibliog. 61,
1981, p.
45.
(On y trouve exposée la distinction aspect/phénomènes
aspectuelsl.
2.
Cf.
FUCHS
(C.),
Bibliog.
86,
1978, p.
23.

-
125 -
D'ailleurs, cette forme d'évaluation du processus
aspectuel, à en croire Rohrer, a d~jà ét~ employée par
Holger Sten en 1952 pour distinguer pass~ simple ~t
imparfait français :
"La figure du P.S., c'est
1. Celle de
l'imparfait(~) _
(~). La phase m~diane,
qui",pour ainsi dire, n'existe pas si on regarde
l'action sous l'aspect du P.S., est la seule
qui compte pour celui qui se sert d'un imparfait
on voit l'~ction en train de se d~rouler." (1)
Distinctionqui correspond en terme de logique temporelle
à l'opposition intervalle fel~~/intervalle ouvert.
Essayons, à présent, de voir la manifestation d~
ces deux modes de réalisation de l'aspect en wolof et
en français.
1. L'aspect grammaticalisé
Commençons par dire que les furmes morphologiques
d'expression de cet aspect constituent une "classe g~amma-
ticale" au sens d'inventaires limités de formes faisant
l'objet d'un choix obligatoire pour le locuteur. Ces formes
fonctionnant sous forme d'oppositions binaires régulières
ont to~jours retenu l'attention des linguistes qui voyaient
cn plIes l'e.<pression unique sinon privil~giée de l'aspect
1. Cf. STEN
(H.),
1952,
p.
12:;' cité par ROHRER
(C.),
BibJiog.
119,
1981, p.
30.

- 126 -
appréhendé au niveau conceptuel. Cette conception de
"classe grammatjca1e" fait que cet aspect ne peut ~tre
saisi qu'au niveau de la forme verbale. Ce qui pose
l'importance, entre autres, du verbe dans la détermination
aspectuelle.
Cet a~pect grammatical est représenté en français par
l'opposition formes simples/formes composées
(1). Cette
opposition correspond, en termes d'aspect,
à
J'opposition
inaccompli/accompli. En fait,
avec les formes simples,
l'énonciaL~ur peut présenter le procès de tel~e sOlte que
le point de vue qu'il s'est défini coIncide avec u~ point
quelconque situé entre les bornes délimitant l'intervalle
du procès. Dans ce cas précis,
le procôs ne s'est pas dé-
roulé dans son entier du fait que la borne finale de l'in-
te~valle n'est pas atteinte et dépassée. C'est ce type de
procès que l'on nomme "inaccompli".
Si par contre,
le point d'observation ne coincide avec
aucun point du déroulement
J
procès, on a l'accompli.
Ce q~i signifie que le procès, vu depuis le point d'obser-
vation, a dépassé la borne finale de l'~ntervalle.
L.
Cette opposition fonctionne en français en dehors du P.S.
Notre choix du français parlé nous a fait exclure ce
ti~oir de l'analyse. Cela recoupe parfaitement la strati-
fication aspectuelle dégagée par Gustave GUlllaume sous
les te~mes tensif/extensif.
Zf p'l.o.n
l 60Jlmu comPQ~ée..'J
(lUpect ('~c.~.(61
J
_ _ _ _ _ ..l
_
le'! 'pl.o.n
1
(a.,pec-t t;v\\J'<'6 1
J 60JUnu t..unplf6
1

127 -
Ou'en est-il du wolof pourrions-nous nous demander?
L'aspect conceptuel a-t-il une expression grammaticale en
wolof ?
Si oui, quelles sont les formes co,stitutives de cette
catégorie grammaticale ?
A ce propos,
il est intéressant de noter que toutes
les études antérieures confondues,
~ quelques variantes
près, tendent à accréditer l'idée que l'opposition inaccompli/
accompli traduite par l'existence ou l'absence de la marque
di transcende tout l~ "système- aspectuel wolof.
Avant de nous interroger sur '
:ontenu de certaines
positions à ce sujet, posons le tonctionnement m)rpho-syntaxi-
que de cette marque di.
Elle est de la
forme:
-y, lorsqu'il apparait après une voyelle fir.ùle
la forme di pouvant être facultativement de mise.
Exemples
IMoom Moodu mooy nëw
ou
Moom Moodu moo di ~ëw
"C'est lui Modou qui vient(viendra)"
-di, après une consonne finale et facultativement
apr~s une voyelle finale.
lu-tax ngeen di nëw 7
"Pourquoi êtes-vous en trair. de venir 7"
lu-tax
tngay nëw ?
nga di nëw ?
"Pourquoi viens-tu ?"

-
128 -
-a,
A l'emphatique du verbe. Cette forme,
d'ailleurs,
n'est employée que da~s le parler de S~int-Louis et plus
particulièrement des pêcheurs de G~t-Ndar.
Exemple
~4maa ligqééy
"je suis en train de travailler·.
La
fo~me correspondante dans les autres dial~ctes étant -y.
-da,
A l'énonciatif
-du,
pour le négatif
Cette marque di peut,
dans
la chaine syntagmatique,
prendre
les posltions suivantes
:
- A l'énonciatif et à
l'impératif de l'affirmatif,
di
précède le ~omplp.xe (élément d ... stinctif du mOt-::t"le + monème
pronomir.a:l.
Exemple
dinaa sonn
"Je serai
fatigu~".
-
quand di est répété,
il se met avant
le verbe.
Exemple
dinaa koy def
"je le fais
souvent'
-
dl peut être aUSSi
facultativ~ment préposé d
un obJet pronominal.
mu di ko d60r
• . . . il le frappe"
mu koy door
"
-
di précède le verbe dans tout autre co"texte.
Exemple
damay bey
"Je cultive"

- 129 -
Remarque: Au narratif
(et dans l'expression d'un procès
à l'inaccompli)
on peut se passer de la marque di.
Revenons,
à présent,
sur des contenus attribués à l'oppo-
sition absence/présence de la marque di.
A ce propos, exami-
nons les affirmations suivantes de A.
Diallo
-
la marque di " ... indique soit le fait pur et simple
d'être/exister,
soit diverses modalités ou ~spects de l'exis-
tence
(tels que
: accompli-imperfectif-statique ~ inaccompli-
imperfectif -
dynamiquL, duratif,
fréquentatif,
habituel,
permanence, progressif,
prospectif, etc."
(1)
"l~ 2erfectif n'est pas marqué, en général, alors que
l'imperfectif l'est ordinairement par la particule existentielle
(durative)
di/-y qUl exprime,
selon les cas,
l'inachèvement,
la durée,
la progression,
l'habitude,
la constance,etc."
(21.
Une série de questions se posent déjà à nous
:
1. Tout d'abord,
la marque di est-elle une particule
existentielle? Autremer" dit,
peut-elle faire office de
verbe d'existence?
2.
La marque di peut-elle exprimer autre chose ~u'un
inaccompli ?
3.
Y d-t-il de~ expresslons de l'inaccompli sans la
marque dl?
"1.
Cf.
DIALLO
(A.),
Blbllog.
34,
1981,
p.S.
2.
Cf.
DIALLO
(A.),
BibUoo
"22,
1983,
p.
61.

- 130 -
4. Est-il possible pour une même forme morphologique
d'assuroer différentes fonctions telles le duratif,
le fré-
quentatif,
l'habituel,
la permanence,
le progressif,
le
prospectif/etc. ?
L'examen de la première question nous amène à consta-
ter que
:
- di
joue, en gros/deux rôles.
Il peut faire office
de verbe d' existE::;1ce dans des contextes où il permet de
saisir l'identité ou un rôle
joué par quelqu'un.
Exemples:
moo doon
njiit ma
moo nekkoon njiit ma
"C'est lui qui était le chef".
D'ailleurs la substitution possible à di de nekk
qui pose l'existence de quelqu'un ou quelque chos~,permet
d'accréditer cette thèse.
Par contre, dans des contextes autres,
il introduit
ou du moins fait partie d'une prédication mais à deux
niveaux
:
- au niveau nominal,
en tant que copule
(ce qui répond
à la ~econde question);
- au niveau verbal avec une valeur aspectuelle d'inac-
compli que lui confère le contexte.
Nous avons ainsi au-
tant de nuances aspectuelles que nous avons r.e contextes
~""'------'-

- 131 -
d'emploi de di
(réponse A la quatrième question) .
Pour répondre A la troisième question, remarquons que
di n'est pas employé avec la forme v~rbale au narratif
d'une proposition principale dont la subordonnée est A
l'hypothétique.
Exemples
su n~wee ma wax la ko
* su nëwee rnay wax la ko
"S'il vient,
je te le dis".
Tout ceci nous amène A dire que di n'est pas une
marque aspectuelle.
C'est un prédic~tif qui,
d~ns une
prédication verbale,
peut conférer une '/aleur dsp~ctuelle
qu'il tirG de son ~ontact avec certains tiroirs de conju-
gaison.
Fort
de ces drgur
nts,
nous pourrons môme ~vancer
que l'aspect déictique -.:ornrne "classe r;rarnrnaticale" dont
les formes
sont "prises 1ans des
jeux d'oppositions
bianires regulières induisant ainsi dps modificatlons
sémantiques contrôlables.
et
faisant
l'objet d'un choix
obligatoire . . . "
(1)
n'est pas exprimé en wolof.
Voilà
qui pourrait surprendre pour une langue dite à aspec~.
Cependant, même s ' i l est vrai qu'il est difficile de
poser
les limites permettant de dire qu'une périphrase
:.
Cf.
FUCHS (C.l,
Bibliog.
86,
1978,
p.
3.

, ,-, -~.• '- '--. ~-- --._ ••."~.'-. ~- _.',.,..... "'..- ...., ....~:.. ,,*'.....','. f
-
132 -
verbale est intégrée ou non au système verbal d'une langue,
il reste que les périphrases en di du wolof peuvent être
considérées comme suffisamment intégrées au système verbal
du wolof.
En fait,
le choix qu'en fait le locuteur au
moment de l'énonciation est plutôt dicté par la langue.
2.
L'aspect non-grammatical
Retenons d'abord deux caractéristiques fondamen-
tales, pour l'aspect non-grammatical.
a)
Il ne se présente pas comme un système limité
de formes morphologiques.
Il constitue un ensem-
ble ouvert.
Raison pour laquelle i l ne saurait
pouvoir constituer une "classe grammaticale" au
sens précédemment défini.
b)
Il ne s'intéresse pas à la position que le procès
pourrait occuper par rapport au moment de l'énon-
ciation.
Il se borne ou à caractériser les dif-
férentes phases du processus verbal ou à quan-
tifier le procès dans ses différentes occurrences.
Comme on peut le deviner,
les moyens d'expression de cet
aspect sont très variés. Allant des dérivations lexicales
aux procédés périphrastiques,
ils constituent autant de
nuances de l'opposition inaccompli/accompli, prise en
1
/'
dehors du locuteur.
Examinons-en quelques uns
:
li
f
2.1.
Les dérivations lexicales
Elles peuvent marquer

-
133 -
2.1.1.
L'entrée dans un état de manière progres-
sive par exemple comme avec le verbe français
(jaunir)
c'est le processus connu sous le nom d'inchoatif.
Cette entrée dans un état est aussi exprimée en wolof
par adjonction au verbal même des suffixes de dérivation
"s" et "i" dans l'ordre s -
i.
xonqsi
"devenir progressivement rouge"
Le suffixe de dérivation "s" semble avoir deux fonc-
tions selon qu'il est employé avec un verbe d'état ou de
mouvement.
En fait,
avec le verbe d'état,
il est seulement
constaté l'entrée progressive dans un état second alors
qu'avec un verbe de mouvement,
il semble marquer en même
temps,
la direction du mouvement entrepris par le processus
d'un point-repère éloigné du locuteur,
le processus verbal
suit lentement mais sûrement son
cours
vers un point-
repère proche du locuteur.
En gros,
nous avons une direction
inverse à celle que confère le suffixe "i"
(1)
au processus
verbal.
xonqi
"devenir rouge
(dans le futurr
xonqsi
"devenir de plus en plus rouge"
(verbe d'état)
dawsi
"accourir vers
(le locuteur)"
,
(verbe de mouvement)
.. \\
1.1
";
1. -i est un suffixe de dérivation employé pour donner
au procès une direction allant de l'environnement immé-
diat du locuteur vers un point distant de ce même en-
vironnement.

-
134 -
Au-delà de la direction donnée au mouvement du
processus verbal,
nous notons une autre différence d'emploi
de "i" et de "s + i".
Dans le cas de "s + i" le processus verbal
est en
cours progressivement.
Par contre avec "i",
le processus
verbal n'est pas encore amorcé.
Mais plus que supposition,
on pose qu'il le sera. Mais comment? Peut-être progres-
sivement.
En tout cas,
rlen dans l'énoncé ne permet de
le soutenir.
Par contre si nous ajoutons au verbal déjà
suffixé de "i",
le suffixe "j + i",
l'idée de progression
réapparaît explicitement
xonqi
"devenir rouge" (dans l ' aven ir)
xonqiji "devenir progressivement rouge"
(dans l'avenir)
Remarquons qu'en outre,
l'adjonction de "j + i" direc-
tement au verbal s'impose après une finale vocalique en "u".
Peut-être le "i" a-t-il disparu sous l'effet de causes
non encore décelées.
Exemples
:
on a:xonqi ou xonqiji
(xonq + i
+ ji)
mais
wuyuji
< wuyu + i ? + ji
2.1.2.
La sortie de l'état
Le français l'exprime souvent par le pré-

-
135 -
f1xe -dd--
s nouer 1 d~nouer.
En wolof aus8i, on l'exprime souvent avec l'aide du
suffixe inversif --i- s ub
1 ubbi .
2.1.3. L'itdration
L~ nombre d'occurrences peut êtr~
- déterminé:
le français l'exprime le plus souvent
par le préfixe -rc'-:
slluter/reRauter
(re + sauter).
~n wolof on a l'adjonction du suffixe itératif -aat
au verbal même
tëb
"sauter" 1 t~baat "resauter"
1 - waat 1 après finale vocalique).
Mais ceci, quand il y a une seule occurrenc~. Ouand
le nombre s'élève à deux, on a le suffixe -ati
dit de
réitération.
Têbati
"sauter pour une deuxi~me fois"
Le suffixe -ati devipnt -eeti après une finale vocaliqufO,
mais -ooti après la semi-voyelle palatale sonore y.
indeeti
indi + - ati
"amener une seconde fois"
....uyoot i
.c::: ....uyu
+
-
a t i
"répondre une deuxlème fuis".
- indéterminé : pour l~ français on ù par exemple sauter 1
sautiller (le nombre de sauts n'est pas déterminé).
1
~1,
1
1
i1l
......_-_._-_._-----_.........-----..__..----------_._..~----.....

-
136 -
En wolof, cela l'exprime au moyen d'une réduplication
(du verbe) et d'une luffixation (celle de -e).
tiib-ti!be
"sauter n-fois"
wuyu - wuye
"répondre n-fois"
indi - inde
"apporter n-foia".
Remarquons que l'adjonction du -e A une finale vocalique
fait disparaître la voyelle finale.
2.2. Les périphrases verbales
Elles ont, à peu pr~s, toutes,
la même struc-
ture en français
Verbe de la périphrase (~ conjuguer)
+
(préposition)
+
Verbe principal à l'infinitif.
Elles spécifient les di fféT.(':1ts moments du ùéroule-
ment du procès. Elles peuvent ainsi marquer
a)
La mise ~n place pour amorcer le processus. C'est
concrètement en dehors de l'intervalle associé au procès.
Mais on peut l'y rapprocher àu fait de l'imminence du
départ du processu8.
Le français le rend par des expressions telles être
sur le point de.
En wolo~,
nous avons l'emploi du présentatif sans di + verbal

-
137 -
Exemple
"je viens tout de suite"
On peut aussi employer le di mais en prenant soin
d'intercaler entre le di et le verbal un verbe-auxiliaire
du type bëgg
"vouloir", waj "être Bur le point".
Exemples
maa ngiy bëgg nëw
maa ngiy waj nëw
"je suis sur le point de venir"
bl
Le début du proc~8suS qui marque le franchissement
de la borne de départ d~ l'intervalle et partant de l'entrée
dans un état second.
En français on a : commencer A, se mettre A•••
En wolof on emploie les verbaux door "commencer",
komaase "commencer" avec le plus sou\\'''.?nt le tiroir
du
présen~c1tif.
Exemples:
maa ngiy komaase sama lir;g6éy
maa ngiy door
sama liggééy
"je commence mon travail".
cl
Le prolongement du processus. Ce qui sous-entend
la non-atteinte de la borne finale et le dépa~sement de la
borne de départ: c'est en un mot la non-sortie de l'état
<;econJ.
E~ français on a : être en train de, continuer à .•.
En wolof: présentatif + di + v.

- 138 -
On peut y ajouter facultativement
ba tey "jusqu'A
présent·pour mieux attirer l'attention sur la nor-sortie de
l'intervdlle associ~ au procès.
Exemples
maa ngiy lekk
"je suis en train de manger"
maa ngiy lekk ba tey "je mange jusqu'A présent".
~I La fin du processus verbal marquée par l'atteinte
de la borne finale de l'intervalle associé au procès.
En français on a
:
finir de,
terminer de ...
En wolof, on emploie des
verbaux tels pare "finir",
nopi
"t~rminer" mais avec l'énonciatif.
Exemples
nopi na sama l~ééY
"J'ai termin~ mGn travail"
pare na sama l~ééY
h
el
Le dépassement récent de la borne final~ de l'inter-
valle .
En français on a
: venir de + V
En wolof:
présentatif + di + sog
(1)
+ verbal
Exemple
maa ngiy sog nëw
"je viens d'arriver".
Notons que les circonstants aspectuels
(encore,
tou-
jours,
souvent ... ) peuvent,
à l'occasion,
renforcer la
valeur aspectuelle du procès.
1.
"sog" est un membre d'une périphrase aspectuelle
sog + v.
lIsera su f fisamment caractér i sé à la page 195 .

-
139 -
Oans la première partie du travail que nous vanons
ainsi de terminer,
nous nous sommes, dans une certaine
mesure,born~ à dresser un inventaire classé (suivant des
principes liés à la théorie de l'énonciation)
des monèmes
de temps et d'aspect dont les locuteurs wolophones ou
français peuvent faire usage dans la communication verbale.
Reste à savoir si l'analyse de j'énonciation peut se li-
miter à un tel travail et de repérag~ mécanique de mar-
ques formelles et de classement de ces-dites marques.
Nous ne le pensons pas.
Au contraire nous sommes p~rsuadé
qu'au-delà des monèmes énumérés,
les traces de l'énoncia-
tion portent sur l'ensemble de l'énoncé.
L'énoncé tie
montre en fait comme le lieu privilégié où les différentes
variables
(entrant dans l'expression du temps et de
l'as-
pectl
entrent en combinaison pour produire telle ou telle
valeur.
f
1 •
~
La deuxième partie du travail fera ainsi, donc,
de
j
"
l'énoncé son objet d'étude.

1:
1
;
! •

-
140-
DEUXlËME PARTlE
L' E NON CE:
STRUCTURE SYNTAXIQUE ET DETERMINATIONS ENONCIATIVES
(ANALYSE DE QUELQUES VALEURS ASPECTUO-TEMPORELLES),


-
141 -
CHAPITRE 1.
DE L'ANALYSE DES VALEURS ASPECTUO-TEMPORELLES LIEES A
QUELQUES MOYENS D'EVOCATION DE FAITS RELEVANT DU PRESENT.
(WOLOF IFRANÇAIS)
Le présent linguistique est souvent défini comme
la coincidence entre
le moment de
l'énonciation et celui
du procès.
llne telle définition
(au-delà du fait qu'elle
ne corresponde qu'à un des emplols du prpsent morphologique
du
françals
par exemple)
semble poser problème.
En elfet,
il est difflcile,
voire
impossible d'asslgner des
limites
à cettp. actualité du ?résent.
Doit-on considérer ce~te
colncidence comme
limitte à
un certaln point du tem;'s
?
Nous ne le pensons pas.
Les notions de cnronotype ~et
chronotype w de
la théorie guillauméenne ont suffisamment
montré que le présent comporte une parcelle èe passé et
U.lC'
parcelle du futur.
La parce:'le de temps p.Jssé p.st
appelé chronotype \\-let la parcelle àe temps
futur chrono-
type ~ .
Ce qui aboutit au schéma SUlvant
t
L~'
Ù
c.J.
~ ,
<
»
PM~"
c aupu.,'te
r'té~ent
ccu~'u't;'
~ u..t:..L-~
théo't~C{Uf
théouque

-
142 -
De là découle l'allure t~ntaculaire de la notion de pré-
sent inclusif, c'est-A-dire un présent considéré comme
étant une continuité logique ou psychologique du passé
ou du futur.
Mais reconnaissons,
tout de même, que cela est loin
de satisfaire ,
~otre curiosité de voir les "limites
réelles" du présent.
A partir de quel point du passé, le
présent prend-il son départ? A quel point du futur,
le
présent arrête-t-il son incursion dans le futur
? Ces
questions restent posées.
Malgré tout,
les grammairiens,
forts,
semble-t-ll,
de la conception guillaurnéenne du temçs présent,
ont élargi
considérablement les
limites de l'actualité je cette énon-
ciation au point de considérer les tout dernlers moments
d'avant P.t d'après le déroulement effectif du procès
comme étant du domaine,
devenu élastique,
du rrésent.
L'avant et l'après du processus verbal plus connus sous
les noms de futur
immédiat
(ou proche)
et passé immédiat
(ou récent)
sont alnsi contemporains du moment d'énoncia-
tion.
Il est vrai qu'ils ne sont pas localisés précisément
dans le temps et que l'emploi,
en français,
du présent
morphologique les rapprcche du locuteur. Cependant, ~~m~
s'.i ~s sont
psychologiquement du domaine du présent,
il
reste qu'ils sont avant tout événement passé ou à venir
par rapport à l'instant de communication.
Ils seront con-

-
143 -
sidérés comme tels dans notre analyse.
ex.
:
je le quitte à l'instant.
Faudrait-il,
pou~ l'interprétation de cet énoncé,
dire que le présent morphologique "quitte" réfère à un
moment passé fût-il immédiat? Nous pensons qu'il serait
plus juste de dlre que le présent morphologique "quitte"
est impliqué
(inséré)
dans un
jeu de relations dont la fina-
lit.' est l'expression d'un passé immédiat.
En réalité,
c'est
le circonstant "à l'instant" qui confère à l'énoncé sa va-
leur d'instantanéité:
le présent est seulement compatible
avec cette valeur.
Le locuteur s'en sert pour des
fins st y-
listiques.
Il semblerait que son emploi tendrait à
"réduire
à zéro"la distance chronologique entre l'instant de l'énon-
ciation et la da",e de réalisation du procès".
(1)
Mais qu'
est-ce ~~i pourrait dans la forme verbale même ccndulre à
soutenlr une telle vue
?
Nous pen~,ons à
la morphologie du
verbe conJu~ué au présent de l'indicatif.
Con~e le remarque
G.
Serbat
(2),
la forme verbale au présent se caractérise
par l'absence de morphème qui sprait le support d'un signi-
flé "actuel".
Le présent serait ainsi disposé,
par sa nature
même,
à entrer dans des contextes exprimant le passé ou le
futur.
Le wolof aussi peut se permettre de tels effets psycho-
logiques par l'emplol du narratif.
Comme le présent,
le
nôrratif se caractérise par l'absence de marque distinctive.
Ce qui
fait,
peut-être, qu'il est compatible avec tous les
1:""""' Cf. POU TOT ( R. ) ,
Bibliog.
l~7, 1981, p.
47.
2.
Cf.
5ERBAT
(G.)"
BlbllOg. 122.
1980,
p.
38.

-
144 -
contextes pourvu qu'ils soient explicites. Allons un peu plus
loin du cadre de notre analyse pour mieux car2~tériser le
narratif wolof.
Les anciennes g~ammaires du wolof ont suggéré, chacune
à sa manière, que le narratif dépendait du contexte pour sa
valeur aspectuelle. Pour elles,
tout se passe comme si le
narraL f,
au moment d'arriver dans l'énonsé,
rec(Wait du
contexte dudit énon~é un indice aspectuel ; lequel indice
fonctionnant en dehors
du cadre de l'opposition inaccompli/
accompli traduite par la présence ou l'absence de la marque
di.
Récemment,
Church tentera de montrer ce caractère satel-
lite du narratif en soutenant que
" ... dans la phrase:
bu wowee nga goob ko"
lorsqu'
il est sec, vous le récoltez",
il serait impos-
sible de dire à l'énonciatif: 'bu wowee, goob
nga ko.
On est obligé d'employ~r l'énonciatif
accompagné de la marque de l'aspect inaccompli di,
car sous cette marque,
l'énonciatif exprimerait
u~ fait accompli:
bu wowee, dinga ko goob.
Cependant, nous avons vu que lè minimal expri-
~e lamême idée, sans qu'il soit nécessaire d'em-
ployer la marque de l'inaccompli;
le minimal
semble donc avoir une valeur aspectuelle zéro.
Néanmoins,
tel n'est pas forcément le cas ... "
(1)
Commençons d'ab~rd par nous interroger sur le contenu
aspectuel de la marque di.
Church semble dire que le locu-
teur peut,
selon les contextes,
dans l'expression de l'inac-
compli,
faire usage ou non de la marque di.
Les lignes précé-
dentes ont montré que nous avions fait le même constat.
1.
Cf. CHURCH
(S.l,
Bibliog.
33,
1983, pp.
158-159.

-
145 -
Constat qui,
d'ailleurs, nous avait amené à dire que di
n'étalt pas marque aspectuelle mais plutôt un prédicatif
qui pouvait avoir valeur aspectuelle dans certains contex-
tes.
Mais,
réfléchissons un peu sur le contenu aspectuo-
temporel des énoncés de Church. Si nous comprenons bien,
Church semble mettre au même niveau sémantique les deux
énoncés
1.
bu wowee ng3 goob ko
"Il faudra
le récoltrr quand
il sera sec".
2.
bu wowee dinga ko goob "Tu le récolteras qùand il sera
sec".
Nous sommes d'avis,
avec Church,
que dans l'un et
l'autre des cas,
le procès goob "réçolter" est du èomaine
de l'inaccompli par rapport au procès-état wow "~tre sec"
qui lui sert de ~epère. Et
il ï
a lieu de s'~tonner, comme
lui, qu'il n'y ait pas la marque di dans
le prem1er exemple
pour exprim~r cet inaccompli.
Cependant,
on pourrait nous rétorquer que
les deux
énoncés diffèrent du point de vue du message 11nguistique.
Car Sl le premier ~eut avoir des allures d'ordre donné,
il
en est dutrement du second.
Notons que les traductions don-
oées peuvent contribuer à entretenir une certa1ne confusion.
E;l
f~lt,le futur employé dans le second exemple peut ~tre
interprété comme exprimant le mode du commandement qui,
dans
le premier exemple est presque explicite.
En réalité,

-
146 -
la structure syntaxique de ce dernier
(nga + goob)
semble
renseigner sur la vraie nature d'impératif même si la cons-
truction paratactique a permis de l'atténuer.
De surc:oît,
le temps du procès s'inscrit dans un temps indivis présent-
futur.
Cette parenté avec l'impératif peut expliquer,
dans
un sens,
l'absence de la marque di.
Il en est autrement du
second exemple.
Sa traduction correcte serait d'ailleurs
"(je sais que)
tu le récolteras quand i l sera sec".
Ce qui
montre que du point de vue temporel,
il s'inscrit dans le
futur et non dans un présent-futur indivis.
Tout ceci pour
dire qu'il serait souhaitable de prendre des exemples se
situant sur un nlême niveau sémantique pour étaye:- h.s pro-
pos de Church.
Ce qui n'enlève rien à
la véracité dE ses
propos.
L'examen des emplois du narratif nous amène à constater
que
-
pour l'expression de l'inaccompli dans un énoncé inter-
rogatif introduit par lu-tax
(monème interrogatif),
l~ for-
me verbale au narratif doit être accompagnée de 9i .
exemple s:
lu-ta x muy dem ? "Pourquoi est-il en train
de partir ?"
ou
"Pourquoi va-t-il partir
?"
lu-tax mu
(0)
dem ? "Pourquoi est-il parti?"
- dans d'autres contextes,
la marque di
peut être
omise.
exemples:
-..
su newee ma wax la ko"s'il vient Je te le dis"
(narratif)

-
147 -
su nëwee dinaa la ko wax ws'il vient je te le
dirai"
(énonciatif)
Dans ce cas,
la forme verbale au narratif dépend d'une
autre forme verbale pour ses valeurs temporelle
et aspec-
tuelle.
Elle se comporte ainsi en véritable forme satellite
c'est-A-dire dépendante.
Et toutes les valeurs temporelles
peuvent lui ~tre attribuées en rapport avec le contexte.
Revenons à notre exposé pour constater,
qu'en wolof,
tout le poids de l'information temporelle revient au cir-
constant temporel.
C'est à
lui que revient le plus souv~nt
la détermination temporelle.
exemple
: maa ngi
faay demll~égi
"j'y vaislto,:t de suite"
n1
conune ça.
Mais si le circonstant temporel est absent du contexte
(ou s ' i l ~st ambigu),
l'aspect peut,
dans une certaine
mesure,
aider à
la localisation du procès.
Convenons que
l'absence de temps
(au plan morphologique)
n'est pas une
propriété sémantique.
Les énoncés wolof où le morphème de
temps serait absent ont bien une sémantique temporelle.
Et
c'est celle-là que peut livrer de manière imprécise l'aspect.
Dans cet usage de l'aspect,
retenons qu'en dehors de toute
indication contraire,
l'accompli est interprété comme faisant
référence à un procès antérieur au moment de l'énonciation
l'inaccompli,
dans le même ordre d'idées,
prenant pour son
compte,
les procès ou en déroulement effectif ou en instance
de déroulement.
Ainsi
l'évocation des faits présents est-

-
148 -
elle rendue possible, en wolof, grâce A l'inaccompli.
Par exemple dans
l'énoncé
précité:
"maa ngi faay dem
léégi" où le prédicatif di accompagné de la marque du ti-
roir du présentatif
(-ng)
exprime la valeur de l'inaccompli,
nous pouvons dire que l'énoncé est à l'ouvert
(:inaccompli).
Qu'est-ce à dire? Sinon que le procès de l'énoncé est ou
bien en voie de réalisation ou bien en train de se réaliser
au moment de la parole. Mais entre ces deux Modes ùe présen-
tation du procès,
l'aspect ne permet pas de choisir.
Il fau-
drait,
sans doute,
se tourner du côté du circonstant tempo-
rel "léégi". Mais il se trouve qu'il est ambigu. C'est ainsi
que les déterminations énonciatives
(sujet énonciateur,
lieu de l'énonciation, moment de l'énonciation)
se posent
en nécessité pour donner une valeur temporelle précise A
l'énoncé.
La question qui peut se poser, alors,
est peut-être
celle-ci:
n'est-ce pas sortir de la grammaire pour s'enga-
ger dans les sentiers de la logique et de la psychologie ?
Paraphrasant Paul Imbs,
nous pouvons dire que, quand
nous parviendrons A découvrir ces valeurs attachées à l'énon-
cé A l'inaccompli A partir du contexte-situation qui fait
que la forme verbale à l'inaccompli est procès actualisant
c'est-à-dire agissant,
nous saurons répondre par la négative.
Car, en fait,
nous aurons exploité non la syntaxe du mot
(ent·?ndons relations à l'intérieur du mot entre radical et
affixes), mais celle de l'énoncé,
c'est-A-dire à la fois

-
149 -
les différentes relations que la forme verbale peut avoir
avec les autres membres de l'é~oncé et l'ancrage de l'énoncé
dans la situation ~étalinguistique qui le supporte.
Toutes les valeurs du présent précédemment énoncées
correspondent à une valeur déictique. Nous verrons qu'elles
renvoient toutes, dans leur interprétation, directement à la
situation d'énonciation.
Notons toutefois, qu'à côté de cette valeur déictique,
notre conception du présent englobe une autre valeur
(celle-
là non-déictique). Elle peut être attribuée à tout procès
qui, dans son parcours,
peut rencontrer le mome~t de l'énon-
ciation sans pour autant dépendre de lui pour S~ vdleur de
vérité. Nous posons,
ainsi,
les énoncés exprlmant l'habituel
et/ou l'intemporel comme pouvant relever de l'époque du
présent.
En fait,
nous considérons que les procès qu'ils dénotent
peuvent êt~valables pour le présent strict, c'est-à-dire coin-
cider avec le moment de la parole.
Oans ces contextes d'habi-
tuel ou d'int~mporel, peu importe le temps de 1) forme verba-
le qui supporte l'énoncé.
L'essentiel est la valeur aspec-
tuelle de durée qui peut être exprimée par un circonsta~t
aspe~tuel tel "toujours" ou par la situation d'énonciation.
exemple
L'homme est un loup pour l'homme
L'homme ~ toujours un loup pour l'homme
Nous ne sommes pas aussi sans savoir que le présent

-
150 -
n'est pas seulement ce qui reste du temps quand on a retran-
ché le pass~ et l'avenir; qu'il indique aussi une présence
actuelle,
brutale,
incontestable ~our reprendre les termes
de Paul Imbs.
El. wolof,
cette existence actuelle est rendue
par le présentatif pur,
c'est-A-dire réduit à l'unique fonc-
tion de présentation.
L'absence de verbe qui la caractérise
montre qu'il ne s'agit d'aucune action et que par conséquent
la forme n'est susceptible d'aucune temporalité.
Exemple
maa ngi "me voici"
(-i est un locatifl
(actual i sa teur)
maa ~ nem "je m'en vais"
(modalité verbale).
c'est ainsi que cette-dite forme
(où la marque nq- est un
simple actualisateurl
comme celle où la
(l)
(la lnarque
de l'emphatique du complément)
aussi n'est plus lllodalité
verbale,
ne rentrent pas dans notre analyse.
Comment les deux langues
(wolof et français)
expriment-
elles les différentes vale~rs attribuées au présent ?
C'est une des questions auxquelles la suite du texte
tentera de répondre.
1.
-
ACTIF
1.1. Valeur d'action en cours
1.1.1.
Emploi du présent de l'indicatif
(pour le français)
et du tiroir
de l'emphatique du verbe à
l'inaccompli
(pour le wolof).
ConsidéronL l'exemple SUlv~nt :
je vais à
l'écolL.
l."la"
la marque de l'emphatique du complément !eut aussi fonc-
tionnercomme un simple actualisateur ex:moom la "c'est lui"
(actualisateur)/moom laay wax "c'est de lui q'Je
je parle"
(modalité verbale).
"
4

- 151 -
Un tel ex~mple peut, en franç~is, prêter A deux lectures
différentes
-
soit le processus e-t déclenché et on est
en plein dans la valeur d'action en cours
o
.~s .•',"','.',"'~.
-
soit le processus, bien que non déclenché, est en
voie de l'être.
o.
_
,
Dans les deux cas,
nous avons T (moment associé au
procès et repéré par rapport à 0)
confondu avec a (moment
de l'énonciation),
D'où T = O. Du point de vue aspectuel,
on est du domaine de l'in~ccompli (ou de l'ùuvert pour
parler en terme d'intervalle),
L' ambigui té qui vient de C~ choix du rrode de déroulement
du procès peut être levée de deux manières :
-
soit introduire dans l'énoncé un circonstant temporel
compatible avec la valeur d'ouvert ou plus exactement d'ac-
tion en cours.
-
soit tenter de reconstruire la situation d'énonciation
de l'énoncé
(je + lieu + moment).
D'ailleurs les deux procédés semblent se recouper
dans la mesure où les circonstants temporels compatibles
avec cette valeur sont repérés par rapport à
la situation
d'énonciation. C'est dire que pour cet exemple,
seuls les
éléments situationnels peuvent déterminer le cadre tem~orel

n
I I lP
"
- 152 -
de l'énoncé.La forme verbale A elle·seule n'a aucune in-
cidence sur cette détermination. C'est sans doute dû à
l'ab-
sence de marque morphologique précise pour le présent.
Nous
avons vu que c'est l'une des raisons
(sinon la raison essen-
tielle'
pour lesquelles le prése~t (en tant que forme morpho-
logique)
peut se combiner avec des ancrages temporels de
pass~ ou
de futur.
Il en va de même pour le ~olof. Prenons l'exemple
damay dem ndar
"je vais à St-Louis".
Certes l'emploi du prédicatif di avec l'emphatique du verbe
marque l'ina~compli du procès exprimé par le verbal mais il
reste que l'énoncé est susceptible de deux lectures dans ce
même cadre de l'inaccompli:
-
Le contexte peut référer au futur comme d,ns
les
cas suivants
:
lu-tax ngay dajale say bagaas ?
"Pourquoi prépares-tu tes bagages?"
damay dem ndar
"je vais à St-Louis".
exemple
Looy def suba ? damay dem ndar
"Que fais-tu demain?
je vais à St-Louis"
-
Le contexte peut r~férer au présent et à la valrur
d'ùction en cours
exemple
foo
jëm l.i
? damay dem ndar
"Où vas-tu comme çc\\ ? Je vais à St-Loui~".

. . . . . . ."....z• • • • •'.r••n
••77111.....n
••••_ _..rn
. . . .
- , -
- 153 -
(Notons qu'ici
le verb~ doit être n~cessairement un verbe
d'action.
Avec le verbe d' ~tat nous avon$ l'expression sa:lS
équivuyu~ àu futur: exemple,damay sonn "je serai fatigu~·).
Là aussi nous avons l'ouvert.
Ce qui est privilégi~, c'est
l~ marche: donc actant + action de l'actant.
Comme en français,
i l y a aussi deux maniéres de d~­
sambiguiser l'énoncé~
-
soit par l'emploi d'un circonstant temporp.l ou
d'une expression ayant valeur de présentatif
p.xemple
: èamay dem ndar ni/fi nu nekk.
Dans cet exempl~, les expressions ni
"comme ç~",
fi
nu nekk "là o~ on est" qui
Jouent le rOle de pr~sentatif,
montrent qu'il s'agit bien d'une action en cour:-.
;
-
soit on essai~ de reconstruire la sltuation d'6non-
ciation qui
s~pporte l'énoncé. Dans ce cas, on p.ssaic d'avoir
des informations sur le sujet de
l'énonc~, le lie~ et l~
moment de l'énonciation.
1.1.2.
Emploi de la périphrase verbale
"être en train de"
(pour le
français)
et
du tiroir présentatif + di
(wolof)
Examinons
l'énoncé:
Je suis en train d'aller à
l'ecole.
La périphrase montre que le prC'cessus est en cours
donc
déclench~ et non encore à terme. Expression ~ans équlvoque
de l'action en cours:
le ~ énonciateur effectue réellement
lû marche vers l'école à chacun des
instants pendar.t lesquels

]
m
n
im
"sr
-
154 -
il eEt en tr~in de marcher. Mais il est impossible de
déterminer les limites de l'intervalle a&soci~ au procès.
C'est pourquoi nous ne pouvons pas dire que les bornes
de l'intervalle appartiennent au .noment de l'énonciation.
Ce que l'on peut,
par contre, affirmer c'est que le procès
remplit toute la situation d'énonciation.
On est du domaine
de l'ouvert:
o
----t""..,.f''''',.~H...~.,,[-----
A la pla~e, le wolof utilise le présentatif accompagné
du prédicatif di.
Et il est vrai que dans l'exemple suivant
maa ngiy dem ekool "je vais
(je suis en train d'aller)
à
l'école",
le couple
(présentatif + di)
renseigne I",on seu-
lement sur l'ouvert du procès mais aussi sur le développement
réel de celui-ci.
Peut-être à cause ~u fait que, contraire-
ment A l'emphatique du verbe étudié précédemment,
le présen-
tatif est plus apte à présenter,
comme le remarquait S.
Grelier,
le procès dans sa forme dynamique.
L'impurtant,
ici,
c'est que cette fonction généralement
confiée au verbal même ou au prédicatif di
(appelé à tort
marque aspectuelle)
est assurée par un tiroir de conjugaisvn
i~séré dans un contexte exprimant l'inaccompli.
Remarquons
que, du coup,
le couple
(préscntatif + di)
nous fait passer
sans transition de la valeur dspectuelle à la valeur
tempo-
relle du procès, au fait de la coïncidence du procès avec
le moment de l'énonciation.

---------_.........................._------,
- 155 -
1.3. Valeur de fait intemporel
Pour l'expression de cette valeur,
le français em-
ploie le plus souvent la forme verbale au présent de l'indi-
catif.
Mais dans ce cas,
le présent perd toute autonomie du
point de vue valeur temporelle.
Il devient un intemporel.
La référence n'est plus le moment de la parole mais celui
de "l'humanité" comme disent Baylon et Fabre.
Exemple :
le lion est un carnivore.
o
4~-----11l////1/~111------~) (Il w ù « ~ortt lu LÙn.itu
w
Cl
th~oJU.quu du ,P'll!Hn.t.
4~~.~~,~~... ,~I~I'I"llt~~J~~'I
..
,
1 p
d
~:_:~
Fr;
r r i r Fr, r y r r 1 r I ; Ji' Fr; TIFv
~ Z
a...6
e <.A..JflA..A.~.lJ.
Le wolof,
pour l'e~primer, se sert de l'emphatique du complé-
ment ôuquel on adjoint le prédicatif di.
Exemple
Senegaal nit nu bare wolof la nuy wax.
"Au Sénégal beaucoup parlent wolof".
Comme pour le cas de l'action en cours,
le couple
(emphatique
du verbe + di)
a
valeur d'inaccompli.
Mais s ' i l est vrai qu'un[
qualité durable est accordée au fait dans lES deux exemples,
il demeure que les deux procès rliffèrent sur le plan de la
compréhension linguistique.
En effet,
l'action en cours con-
naîtra,
à coup sOr,
un terme pendant que le fait intemporel
se caractérise par sa permanence.
Par exemple, de notre
énoncé,nous pouvons tirer que le wolof était parlé par ces
gens-là et qu'il le sera encore:
il n'y a pas de terme
prévisible. Cette permanence fait que les lirr.ites du présent

-
156 -

-
157 -
inclut nécessairement qu'on pourrait y aller ce matin.
Entre
les deux i l y a nuance. Le deuxième postulat n'a 1u'une valeur
d'éventualit~. Et c'est cette éventualit~ incontournable
qui confère au procèE une valeur de présent.
En outrr,
le pr~-
sent il.temporel est une ligne continue.
Il n'admet pas de cou-
pure dans le déroulement des faits alors que le présent
d'haLitude connait des coupures.
Dans ce dernier,
l'action
n'a lieu que de temps en temps.
Il s'agit lA d'ur.e distinc-
tion purement aspectur.lle.
o.
1ha b.<..t.udc )
III
A"
t}
...W1
f~~tempctfl : l'o~g~n~
" '''id. plu,,) 0 l
Lp wolof dispose aussi d'un autre moyen pour l'expression
de l'habitude.
Il s'agit du doubl~:n;ent je la marq"c 91.
à
l'énonciatif in~ccom~li.
Exemple:
dinaay tux "je fume
(j'ai
l'habltude de
fumer)"
Il s'agit
d'une
forme d'lnsistance qUl parait !leCOndalrc
à cause de son état de dépendance.
C'est une valeur qUl
dépend en général d'une valeur ~remière A laquelle elle ôte
le plus souvent toute ambi~utté.
P~r exem?le dans notre énoncé, en d~hors au doublement de
la mdr~ue du prédicatif, on sait que "le fait de fumer"
",1
est envisagé d'une ~anleTe résolue.
Mais rien est dit sur
son ca ractère.
C'est cet te nu,~ ace supplément.:ll re qu' appor te

-
158 -
le doublement de la t.arque . il ne s'agit plus d'une action
fermement envisagée mais bien d'un fait d'habitude.
II. LE PASSIF
Contrairement au français,
il n'y a pas de forme pas-
sive en wolof. Le wolof a plutÔt une dérivation "neutro-
passive" selon le terme de R. Santos.
D'abord qu'est-ce qui caractérise le passif français
(1)
De maniére schématique on a :
- permutation des actants de l'énoncé actif (SN
)
l + V +SN 2
- modification du verbe à l'actif avec l'apparition d'un
auxiliaire
(être)
-
l'introduction de la marqu'! "par" connu sous le nom
d'introducteur du complément d'agent.
Ce qui aboutit à
SNI
+ V + SN 2
~ SN 2
+ V" (,w e c
.ï u x i l i air e )
+
/ pa r 1 + SNi
~-=~::::::::=--------~
En wolof,
le premier obstacle est que SN
(l'aqent) de l'actif
2
ne peut pas être sujet syntaxique dU passif. On ne peut avoir
que
5N
+ V avec un tiroir autre que
+ U
(monème de
2
dérivation)
l'énonciatif qui a valeur de fermé
pour un intervalle ouvert
1. Nous nous en tenons au modéle le plus classique. Notons
toute foi s qu' il ex i s " e d'autres moyens pour rendre le
passif.

- 159 -
Ce qui correspond A SN
+ V + SN
avec effacement du
2
2
second SN • Une forme qui exist~ d'ailleurs en français
2
sous le nom traditionnel ,de voix pronominale.
Exemple~:
Faatoo nqiy sang Samba "Fatou lave (sens de
baigner) Samba"
Samla ngiy sang~
"Samba se lave"
(d6rivation
passive du wolof) .
Fatou lave Samba
(actif)
Samba est lavé
par Fatou (passif français).
Il existe cependant une manière de simuler le passjf
français. Nous l'appellerons "pseudo-passif". Par exemple
à cÔté de l'actif: Faatoo ngiy sang Samba "Fatou lave Samba",
on peut avoir le pseudo-passtf
,
Samba, Faatu moo kay sang HSamba, c'est Fatou qui le lave".
Ce qui n'est, tout de m~me, pas la même chose que "Samba pst
lavé par Fatou" ou du moins dans une de 6es deux lectures
possibles. En fait, deux interprétations sont püssibles pour
cet énoncé
Fatou es~ en train de laver Samba (c'est la lecture qui
se rapprocherait du passif français)
- Fatou se chargera de laver Samba (ce qui est différent du
processus déjà enclenché dans le passif lrançais).
Il est vrai que dans l'une et l'autre interp~étation, l'accent
est mis sur le p~ssif "Samba" mais aussi SUI l'ouvert de 1'in-
tervalle qui peut êt. ! associé au procès.

-
160 -
-:' est la premi~re lecture q',.: nous a110ns retenir pour la
confronter avuc le passif français.
Nous posons donc que les condit!~~8 d'~nonciatiun de
,
l'énoncé -Samba, Faatu m~o kfty sang- sont telles qu'il y a
un déroulement effectif du proc~s. Ce qui rapproche cet énon-
cé du passif français -Samba est lavé par Fatou·. N~anmoin8,
ila diffèrent sur le plan de la structure syntaxique. Oan5
le passif français,
l'actant (complément d'objet) passif est
devenu sujet syntaxique alors qU'll reste complément d'ubjet
en wolof.
Seulem~nt,tout tourne autour de lui. D'où p~ut-
être sa mise en relief.
En cela,
il y a,
8~mble-t-1.1, 6':-
del! de la réallt~ syntaxique, une certaln~ r~csemblanc~ dPA
d~ux langues. Considér~nt l'énoncé comme s'inscrivant d~ns
une certa:.ne lilnite orientee de la notion-source
lau suj.:t
syntaxique)
vers la natlon-but
(ou comp~ément d'objet),
noua
pouvons dirr-, aveC Baylon et Fabre,qu'en français,
·dan~; la
voix active,
le temps qui sous-tend dynamiquement le vprbe
et do~t la tension se détend au fur et A mesure du procès,
trouve la limite de cette tension dans l'objet."
(lI
Cependant,
"dans la voix passive,
la tension v~rbale trouve dans le
sujet sa limite ... "
(21.
C'est dlre qu'en dernière anal]'sc tC'lt t'Jurne autour
du S~
(objet) de l'actit qui devient SNI
(sujetl du lJ<lssif
francals et élément mis en r~~ief dans le "p~eudo-passlf" wo-
lof.
1. Cf.
BAYLON
IC.),
'FABRE
(P.),
BiblicJ.
38,
l'lB,
p.
95.
2. Cf.
Ibidem, p.
95.

-
1b 1 -
Notons,tnutefolS,
qu~ ce ·pseudo-paIILf- n'cst POB81-
b1~ qu'~v~c 1.3 verbes de mouvement, D'o~ l'importance du
."na du vt"rbf! dana
i' lnt~rprétaU.o" du d~rolllement d'un
pr&c~. A l'inaccompll -pleudo-pasBLf-,
Cp
qUI
sembllil
lmp<'rt.lnt du point de Vur "8pcctuel,
c'~~t 1~ falt que l'ouvert de l'intervalle associé au procèH
~rmet d~ mettre l'accent lur les couple.
- a c tan t
«pa S • t f )

Ven t r a n ç 4i8
-
4Ct"~t actif + V ~n wolo!.
L~s llqnes préc~donte8 n{".Js ont ~Iermif, de Ct)1lstater
qU"'n dt>horR (lu pn·serotc1tlf
1... autres tiroirs de cunjugai-
é(~Ul·:()qUP.S pour lt'ur
l~terpr(>tatlon.
En effet,
le procéR qu'ils perm~ttent de d~flnlr a
un c~ract~rp d~ tension pour reprendre
le :erme de Gustave
Guillawn.~. C'el:4l (hr~ qu'il est pr~9(!nté (JIMIP actunl
ou
pot~:ltlel. Pour d~Cldp.r de ce8 deux manl.'r n !, d'envisë\\4er le
prOC~!i, lf' L"'ncour<; :h contex r-"Jituatior deVient n~('(~!lSalre,
Tout C~CI pour <.llr(~ q\\H' pnur détermlnt'r
id
valeur d'un
c~ en teint (~ue Atruc:turc syntaxique mais aussi :<1 Hit"1ation
l· ..:llonc~.
Ce
(~\\ll V<lut, dan~. bien dP.5 CelS, pour 1'.:' françdls.

.. 162 ..
CHAlJITRE II.
DE L'ANALYSE DES VAL!URn ASPECTUO.. TEMPORlLLr.S LIEES A
QUELQUES MOVF.NS D'EVOCATION DE FAITS ~ELEVANT OU fUTUR.
(WOLOF 1FRANÇAIS)
Il n'eRt. Bouvent
f ... H. ~t"t., cJllns
la d,\\flnltlon du
futur,
quI" dl.' sa fonctlon d~lctiqu'.!, 11 p.st rep~r~ par t"PI'or!-
au moment de l'~nonciatiun.
Exempl~ 1 Demain j'iral ,
Pftrl8.
Dans cet exemple,
le Circonstant temporel d,slctl'lUQ "dOmaIn-
donna A l'lnstant d'~nonci"'ti()n une fonction dp t/·f,"l'I·n'~p
pour l'llnalYlle temporell(",
M"lA nOUA "onflta'oflfl 'tu",
p"tdL~­
lement,
lp. futur peut rtr .. r"'f.Jf)l;rt~ nun paf; /tu m')ITIP"t
,t'~n()n­
ciatlon mllis !H)i.t A un autrl! pOint
<Jp r~f"'rl!rlC(,
Rlllt
A un~
Rituation pC~cllilblem~nt ~voqu~(" Ifone' l' n Ml,'phnCl'lU"),
~)(empl~ : le 1.!nd .. m,Ün J'HIli. A Paris.
LI.' circonstant
temporel non-d'lctlque -1 .. lendemain" p.nlt~~
au moment d'énonr:'iatlon Bell fonctions do p'lint de r(>f~rp.nc...
Remarquonll que, dans
l'un et
l'ftutre dp8 ~"ux C~~,
le Jeu
de~ foncti.ons Ile fait en .],."")19 de la forme V,.tb.l1,' rn;'mp.

-
163 -
Il Y a, aUlli bien en trançaiN qu'en wolof, beaucoup
de moyans d'oxpreillon du futur. Lei uni l'exprimant sans
~qu1voque pOlllble par la forme verbale , lei autres devant
~tre accompaqn~1 d'un eircon.tant temporel pour levur
toute ambi9u1.t~.
Consid'rant l'~none~
Homllar dlna dem Oakaar
-Momar lra ,
Dakar-
qui expri.me sans ~quivoque le futur, noui sommes comme fortl-
fié dans notre idée que l'inaccompli pourrait pareoiA servir
A situer le procôR dans une période postérieure au moment
d'~noneiation. Dans cette conception,
le futur est connu
comme la tranche de trmps qui est devant nous. Mais saurait-
il s'en tenir A cela 7 Comme Paul Imbs, nOUR pensons qu'il
est aUF~i l'inconnu qui vient, que l'on attend ou que l'on
r~doute. Car comme Ip- remarquait Maingueneau,pour
le futur,
"l'essentiel, c'est la ten810n qui s'ét3blit entre l'actua-
lité de l'énonciateur et la r~ali8ation dp. l'~v~nemen~
que
son énonc~ supporte".
(1)
C'pst à ce titrr que notre analyse du wolof fera une
large pl~ce â l'inJonctif. On pourra constater aVre nous
que l'impératif et l'obligatif qui composent l'injonctif
s~nt utilir6s pour inci~er celui â qui l'on s'adresse, à une
cprtainr action. Cette action imminente (cas de l'impératif)
ou qUi1si-imminente (cas de l'obligatif> est du c8t~ du futur
~n c~ld qu'elle n'a pas encore connu de début dp réalisation.
En outre, suivant en cela la linguistique contemporaine,
nous rattachons le conditionnel français au futur. Ce qui per-
l.cLMAINGUENEAU
(D,), Hibl.log. 61,1981 , p.
76.

- 164 -
mettra de l'oppo.er au p~~sent et au futur 1 ~tant attendu
que noua n'i9norons pas que le conditionnel peut bien expri-
mer des valeur. modales.
~Q!!~!!_~!_gy!!gy!!_tn2Qç~!·
AI L'indicatif.
1. Acti f.
1.1. Consid~ron. les ~nonc~s suivant. :
a. Momar va aller (demain) A iakar
b. Momar ira
(demain)
A Dakar.
Pour chacun de ces cas,
le futur est expr1m~ 8an6 ~quivoque.
Si bien que le circonstant temporel peut disparattre sans
qu'il
y ait une quelconque ambigult~ quant à la valeur
temporelle de l'énoncé: il n'existe qu~ pour apporter deB
précisions supplémentaires Bur l'époque. C'est Olre que la
forme v01bale prend enti~rem0nt en charge la valeur temporelle
de l'énoncé.
En Wolof aUBsi,
il arrive que l'énoncé n'ait pas ue80in
de circonstant temporel pour 8a valeur temporelle de futur.
C'est en gros avec l'emploi de : di + marque de l'énonciatif
+ V.
En fait,
le prédicatif di préfixé A la marque de l'énon-
ci~tif projette toujours le procès dans l'avenir
(que la
réalisation de celui-ci soit certaine ou non). Comme le fait
remarqü~r C.A. Diop, -il donne à l'action projetée un carac-
t~re ferme soit qu'il s'agisse d'un ordre donné en vue d'accom-
plir cette occ .sion soit qu'il s'agisse d'une ferme dé ision

- 165 -
effectivement prise en vue d'une action".
(1)
Exemple: dinaa dem ndar
(suba) ."je parLirai A St-Louis(demain)'
Le ~ ~nonciateur y affirme A l'ensenlble des lendemains
possibles qu'un lendemain r~el et unique verra son proJet
de d~part réalis~. Il y a certes une part d'incertitude
mais rien de co~parable avec le mode: la probabilité de l'hy-
pothèsc ~voisine la certitude.
Par contre, s'il y a en plus de la forme "di + marque
de l'tinoclliatlf", 1(' monême de dérivation -i suffiYé direc-
tement au verbe, nOUB avons non seulement un rense~gnement
Bur l'époque future mais aussi, et surtout, sur le caractère
de la r~ali8ation imminente du procès dans l'av~nir. Le
degré dl' certitude est tel que toute éventu.alité semble
~cart~e.
dina ami xalis "il dura
(tat ou tard) de l'argent"
Si la réalisation certaine du procês est envisagée dans sa
progreFsion,nous avons l'insertion, entre le verbal et le
mon~me de d~r i va t ion "l, l'indice modal~. En pl us, au lieu
de "di + marque de l'énonciatif", le présentatif est de
mise (parce que, peut-être, marquant le mieux la progression
du procès).
Exemple
mu ngiy amsi xalis "il
a progressivement de

l'argent,
"11 devient proqresfii"~ment
rlche".
1. Cf.
L'IOP
(C.A.),
Aibliog.
23,
1965,
p.
203.

. _
•.1··.·'. . .
..._ .....
•__'...
:.
. _ . _.... '
- 166 -
L'action d'avoir
(c'est-A-dire la possession) n'est
pas entièrement r~alis~e. Une partie de ses conditions de
réalisation est ddjA pos~e. Le mouvement vers la fin est
enclenchée. Tout semble porter A croire que la réalisation
entière est imminente. On eSL tenté de parler de certitude
absolue.
1.2. Considérons à pr~senl l'énoncé: Momar
va demain A Dakar. Nous constatons qu'il reçoit sa valeur
temporelle du contexte verbal et plus pr~cis~ment du circons-
tant temporel "demain". Le verbe "va" n'a ici aucune valeur
temporelle:
il est atemporel. Dans ces cas,il est souvent
accompagné d'un circonstant temporel déictique.
C'est le cas aussi en wolof comme en témoigne l'énoncé
précédemment examiné: damay dem ndar "Je pars à St-Louis".
Nous soulevions, dans cet examen,
le probl~me de l'ambigu!té
rattachée au développement du procès. S'agit-il, disions
nous
(compte-tenu de la valeur d'inaccompli d~ l'~noncél
d'un procès en cours ou d'un procès en voie de réalisation?
En l'absence d'un circonstant temporel, la question reste
pOGée : le contexte n'est pas parlant.
Il faudrait dans ~e
cas avoir recours ~ux coordonnées énonciatives. Par exemple,
si l'énoncé en question est la réponse à la question suivante
fooy Jem ni "Où vas-tu comme ca 7", le déroulement effec-
tif ne ieralt pas de doute.
De même, si les coordonnée~ énonciatlves font état d'un

te,
.
- 167 -
déplacement
(si léger soit-il)
du moment du procès par rapport
au moment de l'énonciation,
la valeur du futur serait de
mise.
Il en sera de même de l'existence, dans le contexte,
d'un circonstant temporel déictique A valeur de futur.
Exemple : damay dem ndar suba "je pars A St-Louis demain"
A propos de circonstant temporel, il serait, tout de
même,
intéressant de rappeler l'ambigulté de certains cir-
constants tels léégi "maintenant /
tout de suite".
Ces mots peuvent prêter à deux interprétations, communes
du point de vue de la localisation temporelle mais différen-
tes du point de vue aspectuel.
-
le procès est en cours : nous sommes du cou~J dans le
présent strict.
-
le procès n'est pas en cours mais ne devra plus tarder
à
l'être.
Peut-être qu'avec l'élargissement du domaine
du pré~ent dont il était question en début de chapitre,
nous
4
sommes toujours dans les sphères du présent. Mais l'essentiel
est que l'action de partir, dans cette lecture,
n'est qu'à
l'état de projet.
Il est vrai que la distance entre le projet
et la réalisation peut être presque insignifiante.
A ce ni-
veau,
le wolophone a,semble-t-il,senti le besoin d'une pré-
cision temporelle. C'est ainsi que cette forme est très ra-
rement employée. Le wolophone lui préférant:
-
pour le cas d'un déroulement effectif,
un circonstant
temporel apte à marquer la coincidence du temps du procès
avec le moment d'énonciation.

-
168 -
- pour le futur,
l'emploi d'un verbe-auxiliaire tel
bëgg RvouloirR introduisant le verbe principal.
Exemple: damay b~gg dem "je suis sur le point de partir"
~aa ngiy bëgg dem
Le français fa i t
usage, dans ces cas préc is, de périphrases
telles: être sur le point de,
s'apprêter à ...
1.3. Emploi de la périphrase "war + V" du
wolof
(et de la périphrase·devoir + v·
du français.
L'énoncé du français~Momar doit aller
demain à Dakar, comme celui du wolof:
Momaar war na dem
.
suba Dakaar
(qui se traduit par l'énoncé français)
renvoient
certes au futur
(le premier par l'effet conjugué du verbe-
auxiliaire devoir et du verbe principal,
le second par war
"devoir R + na
(marque de l'énonciatif)
+ VI
mais il reste
qu'ils sont liés à des valeurs modales qui sont le plus
souvent celles de la nécessité et de la probabilité. Mais i l
est à remarquer, après R.
Martin,que le futur est lié d'une
manière ou d'u~e autre à des valeurs modales telles le cer-
tain,
le virtuel.
R. Martin en vient, d'ailleurs, à poser
l'hypothèse suivante fondée sur la notion de "cinétisme"
'Juillauméen
"On en vient ainsi à formuler
l'hypothèse que le
futur,
quoique lié par nature au possible,
au
virtuel,
à
l'incertain, est sous-tendu d'un mou-
vement de pensée qui.
prenant son départ au pos-
sible,
s'achemine vers la certitude.
Les saisies

-
169 -
précoces sur ce mouvement fournissent les
emplois "modaux"
; les saisies tardives,
les
emplois "temporels". Le futur oriente vers la
certitude ; son cinétisme va de m, ensemble
des mondes possibles, à mo, monde de ce qui
est."
(1)
Ce qui le conduit à la représentation suivante
(2)
m
mo
emplC'ih
emplc-iA
"modau.~"
".t.empo/tcü"
La question qu'on pourrait se poser,
à ce stade de
l'analyse, est la suivante:
"devoir + infinitif du V" est-
il auxiliaire de
temps ?
Remarquons d'abord que le v~r~e devoir peut fonctionner
comme prédicat à part entière ou comme auxiliaire en français.
Et que dans son errploi comme auxiliaire,
il se décharge du
sémantique qu'il épouse en tant que prédicat autonome et situe
d3ns le futur
(même modalisé)
le procès qu'il introduit. C'est
ai~si que nous croyons comme R.
Poutot
(3)
qu'il est auxi-
l~aire de temps futur.
Il en est de même de la périphrase
"aller + infinitif" même si la modalisation dans ce dernier
cas est beaucoup moins amoindrie
.
1.
Cf. MARTIN
(R.),
Bibliog.102,
1981, p.
83.
2. Cf.
Ibidem,
p.
84.
3.
Cf.
POUTOT
(R.), Bibliog.
117,1981, p.
49.

-
170 •
Qu'en est-il de "war + verbal- du wolof?
war -devoir" peut aussi s'employer comme prédicat A part
entière.
Exemple
li nga def dafa war
"Ce que tu as fait se devait/se doit"
et comme auxiliaire introduisant un verbal principal. Comme
le verbe devoir du français,
sa fonctior. première, dans ce
cas précis, est de projeter le procès qu'il introduit dans
le futur.
Nous le considérons ainsi comme auxiliair~ du futur
(modalisé) .
1.4. Emploi de l'introducteur
xala "être
obligé de".
Comme le circonstant temporel,
l'introduc-
tion de xala "être obligé de" dans un énoncé peut permettre
de lever une ambiguïté quant au proces~us verbal.
D'aucuns
l'appellent co-verbe
(èn cela,
peut-être, qu'il accompagne
toujours un verbe), d'autres,
auxiliaire
(à cause,
peut-être,
de sa position fixe préverbale). Peu importe l'une ou l'autre
appellation. L'essentiel est qu'il projette le déroulement
du procès dans l'avenir.
Exemple: damay xala dem "je suis obligé de partir".
L'action de partir de cet énoncé
n'est pas encore amorcée
mais elle est posée comme une nécessité devant se produire
da~s un futur immédiat. Mais il est à noter l'existence d'une
forte valeur modale liée à ce futur.
En fait,
nou~ remarquons
~ùc l'emploi de "xala" découle d'une certaine insatisfac-
tion. Au début,
l'entreprise de l'action semblait être sans

-
171 -
condition. On pourrait même dire que le locuteur semblait
ne pas vouloir partir. Maintenant que la condition dispa-
raIt, le certain semble ôter tout préalable. Les chances
de réalisation du projet sont considérées comme l'emportant
sur les chances de la pure hypothèse. C'est à ce propos que
nous souscrivons à la remarque de R.
Martin~"même les "sai-
sies modales" ont en commun d'orienter le regard du côté de
la certitude".
(1)
Il n'en va certainement pas autrement pour le français
quant à l'orientation du côté du certain. Mais même si nous
pouvons dlre qu'il y a la même valeur modale dans l'emploi
de la périphrase "être obligé de",
il semble bien que son
emploi ne place pas automatiquement le procès sous l'angle
du futur
:
-
je suis obligé de manger
(c'est pourquoi
je suis en
train de manger),
je suis obligé de manger
(c'est pourquoi
je vais bien-
tôt l:langer).
"Etre obligé de" est-il auxiliaire du futur? Les exemples
précités nous amènent à dire non pour le français.
En wolof
aussi,
"xala" ne pouvant s'employer que comme auxiliaire et
ce, dans U~ contexte à modalisation très affirmée,
nous
crcyons qu'il est bien un modalisateur.
1.5. Emploi du présentatif wolof sans le pré-
dicatif di.
1.
Cf.
MARTIN
(R.), Bibliog.102
,
1981,
p.
84.

-
172 -
L'emploi du pr~sentatif sans di
projettt: toujours le
procès dans l'avenir.
Exemple
maa
ngi dem "je pars
( je suis sur le point
de partir)"
Ou fait que la distance,
entre l'état dont i l est question
dans l'énoncé et un point de d~part ~ventuel du processus
verbal,
peut être n~91igeable, d'aucuns diront qu'il s'agit
d'un pr~sent. L'essentiel est que, pour nous,
i l n'y a pas
encore de d~roulement effectif d'un procès bien que tout
tende vers cela.
Il est à noter l'importance du tiroir
présentatif pour la localisation du procès wolof.
Si l'action
est présentée dans sa dynamique,
le présentatif s'allie à la
marque di pour l'évocation de faits p~ésents. Sr.ns la marque
di,
le présentatif est la forme choisi~ de l'énoncidtion
de faits relevant du futur.
Voilà qui devrait poser problème
aux grammair~ens pour qui,
l'opposition aspectuelle,
en
wolof,
fonctionnait sur la base d'une présenc '/ absence de
di.
En effet,
dans cc cas précis,
ladite opposItion ne fonc-
tionne plus.
En fait,
pourquoi l'absence de la marque di
alors que le procès n'a rien d'accompli? Difficile d'y
répondre si on se refuse à mettre en cause la ~grammaticali-
t~h de l'opposition aspectuelle en wolcf.
Domnage que la
langue tende
(dans son usage a-:tuell
à faire disparaitre l'opposition absence/présence de la mar-
que èu prédicatif di au présentatif.
En effet,
l'usage actuel
confond les deux emplois dans la seule forme se caractérisant
par la présence de di.
Ce qui n'est pas toujours de nature à

-
173 -
contribuer à la bonne compréhension du message linguistique
wolof.
En français,
quel que soit le point de référence à
partir duquel est repéré le procès introduit par la périphra-
se "être sur l~ point de", cette-dite périphrase décrit
toujours un procès devant se produire dans l'espace du futur.
1.6. Emploi du prédicatif di dans une proposi-
tion subordonnée introduite par les fonc-
tionnels b ou s.
En wolof,
l'emploi de di
dans une subor-
donnée introduite par ~ ou ~
n'est possible que quand les
procès décrlts sont dans une relation de simultanéité.
Ce qui nous fait dlre que n
b ~ u + di" a pour tâche de
marquer cette simultanéité.
Exemple
buy/suy dem la xaritam di nëw
"c'est au moment où il partira que son ami
viendra".
La localisation du procès est une tâche qui revient au monè-
me d'indétermination -u
suffixé à b ou s
-u p:ace d'emblée
le procès dans l'époque du futur.
Notons q~e du point de vue du repérage aspectuel, cha-
cune des deux propositions est à la fcis repère et repérée :

ce qui fait qu'elles ront toutes des inaccomplis par rapport
à un repère commun fictif marquant les départs.
o
R
,

mom~nt de t'énon-
wtion

-
174 -
1.7. Emploi de l'antérieur
Avec l'an~érieur, la fonction d'origine
du cadre temporel est confiée t un autre élément que l'ins-
tant d'énonciation.
Exemple
bu/su demee xaritam nëw
"quand il partira,
son ami viendra"
Oans cette expression,
le locuteur a le choix entre le fonc-
tionnel b et le fonctionnel s
. L'un et l'autre, dans ce
cont~xte, remplissent la même fonction, alors que, para!t-
il, originairement ~ avait valeur de "quand" et s valeur
de "si". Mais ici,
le -u avec sa fonction de projeter le
procès dans le futur,
neutralise la fonction de l'indice
modal ~ (exprimant la manière d'être). C'~st-à-dire que le
-u
fait que l'indice modal s ne
joue plus sa fonction mo-
dale.
Et devient ainsi un fonctionnel de temps.
L'hypothèse,
fait "imaginaire" est posée comme probable
sa réalisation est en attente. C'est le "potentiel" de Mar-
tinet.
En effet,le contexte indique que l'hypothèse porte
sur l'avenir.
Mais i l y a plus.
La proposition introduite par
"b + ee" marque le point de vue par rapport auquel est cal-
culée la valeur aspectuelle du procès de la principale. En
fait,
l'action de venir dépend de celle de partir: celle-
là ne se fera qu'après l'accomplissement de celle-ci.
En
d'autres termes,
le futur de l'action de partir sert à la
fois d'ar.~érieur au futur de l'action de venir et de référence
par rapport à quoi le procès de venir se
forme.
Et en cela,
......._----~
....._-...._--_...--......-....

-
175 -
il est considéré comme un accompli du futur.
C'est dire qu~
nous ne sommes plus dans l'ouvert mais plutôt dans le fermé.
Le wolof exprime cet accompli du futur de la manière
suivante :
b
ou
-u
+
V
- ee
+ proposition "principale"
s
Cependant',
la proposition principale peut avoir comme tiroir
de conjugaison :
-
soit le narratif. Comme c'est le cas de notre énoncé
bu demee xaritam nëw.
-
Le narratif,
comme nous le disions,
pouvant rentrer
dans n'importe quelle situation pourvu que les coorùonnées
énonciatives de celle-ci soient bien fixées.
-
soit l'emphatique du complément pour mieux attlrer l'atten-
tion sur l'antériorité
Exemple
su demee la xaritam di ~~w
"c'est quand il
partira que son ami viendra".
En français,
on peut concurremment employer soit le
futur simple,
soit le futur antérieul
pour marquer
l'accompli
du futur.
Exemple
Quand iljpartira s~n ami viendra
tsera partl
Dans l'un et l'autre cas,
la conjonction dite de subordina-
tion "quand",
à la manière du complexe b/s ... ee du wolof,
met en relation deux propositions
(principale et subordonnée)
de telle sorte que la subordonnée soit le repère de la princi-

-
176 -
pale. Ce repérage inter-propositions a amené C.
Fuchs à mettre
en question le terme de "subordination".
Pour elle,
la pro-
position subordonnée n'est subordonnée à rien puisqu'elle
est repère et non repérée.
Bien qu'adhérant à la position de
Fuchs,
nous maintiendrons l'appellation traditionnelle au
sens qu'elle est assez commode pour montrer qu'au plan stric-
tement syntaxique,la proposition-repère de Fuchs dépend du
repéré pour prendre forme.
II.
LE PASSIF
Nous avions vu danS le chapitre précédent que le
procès "pseudo-passif" employé avec le prédicatif di avait
une valeur d'action en cours
et ceci uniquement avec les
verbes de mouvement.
Notons,
à
présent, qu'avec
les verbes
de non-mouvement,
la réalisation du procès est envisagée
dans le futur.
Exemole
jën .... i
benn napkaat rrco
ay
jaap
- - - ' - - -
"Ce poisson sera pris par un p~cheur".
Ainsi
l'énoncé dans sa vale~r d'inaccompli rejoint ~e procès
français du passif exprimé par le
futur.
E/ L' Injonctif.
Le mode inJonctif wolof comprend l'impératif et
l'obligatif qui ont en commun le pouvoir de dénoter des
procès ayant
une valeur de
futur volitif.
C'est-il-dire que,
dans l'un et l'autre,
l'initiative du procès ne vient pas du

-
177 -
sujet agent du procès mais du locuteur.
Exemple': nëwal "viens"
(impératif)
na nga nëw "il faudra venir"
(obligatif).
Nous pourrions en dire autant de l'impératif français.
Comme
l'injonctif wolof,
i l implique un certain rapport hiérarchique
entre les protagonistes du discours. C'est ainsi qu'ils
tiennent beaucoup
plus à l'énonciation
(donc à l'acte)
qu'à
l'énoncé
(donc au contenu de l'acte).
Il serait intéressant de voir qu'en wolof,
l' ilnpératif
s'emploie quand il s'agit de localiser le procès dalis l'espace
de temps
du "présent-futur indivis" c'est-à-dire quand la
distance séparant l'ordre et la réalisation de l'ordre est
presque insignifiante. C'est pourquoi il ne serait pas très
jU6te de parler de futur strict à propos de l'imperat1!.
Mais
comme la réalisation peut ne pas être instantanée du fait
du bon vouloir de celui à qui est destiné l'ordre,
nous pou-
vons admettre l'époque de futur mais en tenant compte de cette
nuance.
D'ailleurs à propos de "présent-futur indivis", il
est à constater qu'à proprement parler,
le présent est celui
de la communication
(donc référence à la sittli.ltion de commu-
nication actuelle),
le futur,
celui de la réalisation solli-
citéE.
Présent et futur associés en un temps indivis font
de l'i.!Ijonctif un mode de la virtualité.
Constatons aussi qu'il est loisible de distinguer,
dans cette m~me catégorie de temps unique
(présent-futur)

\\. 178 -
le rapprochement ou l'éloignement avec le moment présent
par des moyens lexicaux
Exemple l
: nëwal léégi
ftviens tout de suite".
na nga nëw léégi "Il faut que tu viennes tout de
suite"
"Il faudra venir tout de suite"
Exemple 2 :
na nga nëw suba "Il faudra venir ~emain"
na nga nëw ganaaw-suba
"Il faudra venir après-demain"
Remarquons que dans l'énoncé 1, celui qui donne l'ordre
s'attend à une réaction presque instantanée du destinataire
de l'ordre. C'est le propre de l'impératif qui,
en général,
ne s'emploie pas avec des moyens lexicaux pr0pres A marquer
une certaine distance temporelle par rapport au présent .
•\\
~('oJ-J
Cependant,
Ra
ntJOi ~w suba "viens demain" est bien
possible en wolof mais force est de constater que,
de par
l'intonation même,
on atténue la force de l'ordre.
C'est en
quelque sorte une simulation de l'obligatif par l'intonation.
C'est d'ailleurs un cas rarissime.
Pour situer l'action que
l'on désire voir accomplie au futur distinct du présent
(ex
suba "demain")
on emploie l'obligatif au lieu de l'impératif.
L'obligatif peut, malgré tout,s'employer avec léégi
"tout de suite".
Mais seulement, dons ce cas,
ne serait-ce que
psychologiquement,
une certaine distance
(quelque peu impor-
tantel
est consommée:
la réalisation de l'action sollicitée
sort du cadre de l'instantané. Ce qui est sans doute lié à la
sémantique même du circonstant temporel léégi qui peut bien

-
179 -
signifier "tout de suite" comme vaguement "dans quelques
instants".
A travers les commentaires faits sur l'obligatif,
nous
constatons que nous ne sommes pas très
loin du subjonctif
présent français.
Mode de la virtualité comme l'obliqatif,
il peut suppléer aux personnes manquantes de l'impératif.
Pareil phénomène est remarqué en wolof où l'obligatif peut
avoir ces mêmes rapports avec l'impératif.
Notons en dernière analyse que le procès dont il est
fait état
l'injonctif wolof est du domaine de l'i~accompli.
Nous sommes loin du français où l'achèvement peut être m~rgué
à
l'lmpératif grâce â la forme dite "impératif F~ssé".
Pourguoi donc
(pourrait-on se demander)
l'absence de di
(s'il est
la m~rque aspectuelle de l'inaccompli)
7 On pourrait
Olen objecter gue l'impératif présent est par nature inaccom-
pli.
Et ce faisant,
qu'apporterait une marque de l'inaccompli
à
un tel procès ?
Mais dans ce cas,
que faudrait-il en dire pour l'obliga-
t i f ? Ce que nous savons,
c'est que di n'est
jamais employé
avec l'impératif et pourtant i l peut l'être avec l'obligatif.
L'impératif et l'obligatif wolofs n'ont-ils pas même valeur
aspectuelle ?
DOailleurs di ,dans son emploi avec l'obligatif,
apporte
des éléments de significa' ton
autres que
le diroulement ou
le non-déroulement du procès.

-
180 -
1. na nga ne .....
"il faudra venir".
2.
na nga di nëw
"il faudra souvent venir".
La présence de di dans le second exemple permet de distin-
guer les deux procès.
Le second procès se distingue du pre-
mier en ce que la marque di parait lui apporter une informa-
tion portant sur le caractère répété Je l'action.
La répétition
peut certes être une valeur aspectuelle d'inaccompli mais
il faut savoir que les oppositions accompli/inaccompli et
action répétée/action non-répétée,
ne relèvent pas du même
niveau d'analyse.
Remarquons en passant que na nga di nëw "il faudra souvent
ve~ir" peut être aussi exprimé en wolof par :
- dil nëw
"il faudra venir"
- deel në .....
"il faudra venir" ,
avec l' antéposi t ion au verbe ::les marques dil et dee 1 q'ü
seraient peut-êtr r
des formes contractées, de
di + al
-
(Rien ne le jûstifie pour l'instant).
y
~
(prédicatif)
(marque de l'impératif).

rt
-
181 -
CHAPITRE I I I
DE L'ANALYSE DES VALEURS ASPECTUO-TEMPORELLES LIEES A
1
QUELQUES MOYENS D'EVOCATION DE FAITS RELEVANT DU PASSE.
1
(WOLOF/FRANÇAIS)
{
Le passé pourrait être défini comme la période antérieure
au moment de l'énonciation.
Pour l'évocation des faits rele-
vant de cette époque,
il est constaté en wolof l'existence
d'un morphème de temps - oon relevant du sous-système des
temps déictiques.
C'est-à-dire qu'il est repéré par rapport
au moment de l'énonciation.
Il est à noter aussi,
à côté du morphème-oon relevant
du pasé déictique,
-
le morphème-aan qui est plutôt un non-déictique dans ce
sens qu'il n'apparaît que dans des constructions paratacti-
ques où l'une des propositions sert toujours de repère à
l'autre.
Notons,
toutefois,
qu'employé avec le prédicatif
di,la forme daan qui en résulte peut avoir un emploi
déictique.
-
la combinaison b
(ou s) . . . ee confirmée dans l'évocation de

-
182 -
faits passés certes,mais surtout à c0nnotation d'antérieur.
En effet,
partout où elle est employ~e, on notera l'anté-
riorité d'un procès par rapport à un autre situé soit dans
le passé soit dans le futur.
L'~xistence d'autres moyens d'évocation du passé est
aussi constatée:
par exemple,
l'emploi de l'accompli par
opposition à celui de l'inaccompli
(qui pouvait servir à
l'évocation de faits
relevant du présent ou du futur).
A ce propos,
nous posons que l'accompli peut parfois se
définir par l'antériorité par rapport au moment de l'énon-
ciation. Ce qui semble le placer dans le domaine du passé
(espace de temps antérieur au marnent de l'énonciation).
Notre analyse s'intéressera à tous ces moyens d'évoca-
tion en tentant d'établir la comparaison d'avec les moyens
du français
(plus connus)
chaque fois que le besoin se fera
sentir.
3.1.
Emploi de -oon
3.1.1.
La margue -oon dans l'évocation de
faits
relevant du sous-système déictigue.
Sauvageot remarquera que la marque -oon
"suffixée au verbal indique l'antériorité du procès".
(l)
Dans le mArne ordre d'idées,
pensons-nous, Church renchérit
en affirmant que cette marque -oon "indique qu'une action
1.
Cf.
SAUVAGEOT
(S.), Bibliog.
32,
1965,
p.
125.

-
183 -
a été accomplie ou qu'un état a existé à un niveau temporel
antérieur au niveau actuel"
(1). Le niveau actuel étant
confondu avec le moment de l'énonciation, on peut dire
que -oon est repéré comme antérieur à ce moment de la com-
munication
(et non par rapport à un autre procès).
Exemple:
demoon na ndar "j'étais parti à St-Louis".
Dans cet énoncé,
l'accent est mis sur l'élément temporel.
Il s'agit d'une action passée qui n'a plus d'effet dans le
présent :
il était parti mais il en est revenu.
Le fil
de l'action est rompu.
Le passé semble se détacher nettement
sur le présent avec lequel il opère une cert~ine rupture.
Cette rupture entre les deux situations temporelles peut
être rendue plus perceptible avec l'insertion d'un circons-
tant temporel
(à valeur déictique)
dans l'énonc~.
Exemple
demoon na ndar ci suba "j'étais parti à
St-Louis =e matin"
Force nous sera de constater q~~ cette valeur d'antérieur
peut paraître secondaire dans certains énoncés.
Par exemple
dans
gis na niit ka woon
"j'ai vu l'homme dont il était question"
En fait,
-oon,
semblt avoir i~i, une valeur anaphorique.
C'est d'ailleurs la valeur que lui assigne Pathé D1agne.
Mais
il est à constater que -oon, dans ce cas précis,
s'accompa-
gne toujours d'un déterminatif à valeur anaphorique.
Et
1. Cf. CHURCH
(E.),
Bibliog.
33,
1983,
pp.
lYY-LUU.

- 184 ...
c'est cette valeur que semble revêtir le -oon.
C'est dire
que,
pour nous,
-onn n'a pas en lui-même une valeur ana-
phorique.
D'ailleurs, même si cela paratt implicite,
la valeur
d'antérieur est toujours présente dans l'énoncé précité:
la situation qui a permis de rassembler les deux locuteurs
sur la personne du sujet évoqué par l'énoncé est antérieure
au moment de la parole.
L'important,
à notre sens,
sera de const~ter que ces
emplois de -oon font que le procès est repéré comme "trans-
laté"
(c'est-à-dire antérieur)
par rapport au mo~ent de
l'énonciation
(le repère initial).
Il en est de même pour l'emploi d~s formes sImples du
passé en :rançais.
Exemple~:
1. hter
j'étais à la maison
2.
Fatou se mit au travail.
Dans chacun de ces deux énoncés,
le procès est conçu dans
un univers non-actuel vu depuis le présent d'énonciation.
r---------pft
_______
0
,-
-----....•
p<U~é n'l.i'tnc(1.(~
- .unp.Vt 6(1.-t t
- /XWJé 6unp(C

li;
r 7 't°nn 7
mau'
ms• •
nr
,....-
-
18 5 ~
3.1.2.
La ma~que -oon dans l'~xpre5s10n de l'irréel
du passé.
Il s'agit toujours d'une rupture m~lS cette
fOlS-ci entre l'intention et la réalisation. NOIJS essayons
d'exploiter pour ainsi dire les valeurs modale5 rattachées
à
la marque -oon.
al
rntent' -,n non réalisée
Exemple:
Xale Yl ~u waroona andal "lc3 en! 'nts dvec
~ui il devait partir".
Il devait aller avp.c les enfants. Mais le dtlpart.,
bien
qu'envisagé au pr~alable n'a pas eu lieu.
L'cmolol de -oon
permet de mettre l'accent sur le fait que le départ devait
avoir lieu avant le moment de la parole.
La val~ur d'irré~l
ne ressort à vrai dire que du contexte et par c ntr.::.!'te ~
un autre procès.
Le même phénomène se retrouve en français avec l'p.mploi
de la périphrase devoir + inficitif au passé.
Exemple :
je devais aller. ..
La valeur d'irréel n'est pas, à vrai dire.
l1ée ni au suffi-
xe temporel "-ais" ni au s(mantisme du verbe devoir
mal
plutôt de leurs effets conjugués.
bl
Si le fait d'expérience évoqué durait dû
être réalisé à une période révolue et qu'tl ~e l'a pas 0té
du fait de conditions posées mais non réunles,
on emploie

tnl:
m
7
dei"
ne
7 '" '2
-
-
18'; -
-oon, mais
II sera accompagné de
la particule W~N qui s'avère
être un Indice modal expr
. 'nt l'irréalité.
EXf~mple
Su ma amoon xalis demkoon na ndar
WSi
j'avais de l'argent
je serl\\is
(déjA)
allé
Lp premier em~loi de -oon (amoonl
nous montre que l'hypothèse
est
po::;éc
comme contrai.re A la réaLité.
En tout cas,
sa
~~aI15dtlo~ probable n'est pas posée. Même si la porte
n'est pas non plus fermée A toute réallsatlon future. Nous
sonunes loin -lu futur où l'hypothèse sur l'dvenlr se ....~streint
au fur et A mesure qu'on avance dans
le temps.
Ddns le second t~;nploi (demknonl
NK"
(monl'-r.:e ,\\ .ndice
- - ,
modal
"irréel"1
permet dt"' donner au verbal une cp.rtaine
aptltude à orlenter la pensé~ vers l'avenlr
(l'Inscrivant
du coup dans une lnfinité d0 posslbilltés),
ensult~ vers
le
passé
(avec -oon).
Ce qUl
fait penser au condlti0nnel
fr~n-
çalS dans Sel corréla~ion aVL'C lE' "si" hypothétique.
Là aussi
nous avons l'expression,
à
partir du p~ssé, J'un av~nir A
la fois
largement ouvert et chargé d'inc~rtitudes.
3.1.3.
La marque -oon dans l'expresslon de
l'atténuation polie.
dama bëggoon nga në ..... fi "je voudrais qu'~ tu
viennes ici".
Dans cet énoncé,
-oon perd de sa valeur.
Il n'est plus employé

-
le 7 -
pour l'évocation d'un fait
pb8sé mais s'in8ére plutôt
dans un contexte discursif propre à atténueL
la demande
du locute"r.
En nous situant dans le domain~ du perlocu-
toire,
n<lUS pouvons employer le terme de politesse pour
qualifier cette forme d'atténuation.
L'action sol.ic:tée
s'inscrit,
comme c'était le cas pour l'injonctif,
dans
un temps unique présent-futur indivis.
D'aill~urs la deman-
de n'est en fait qu'un ordre att'~nué. Selon A.M.
Diller,
tŒIS les deux " . . . répondent aux m8mes conditions Je félici-
té ... ".
(1)
Conditions de félicité dont elle fait état de
la manière suivante,
en se situant dans
le cadre de
la théo-
rie des actes de langage
:
"
condition de contenu proposition~el
"cte
futur
du destir.ataire
-
conditions pl 'J iminaires
1.
Le locuteur pen~e gue le destinataire e~t en mesure
d'efr.ectuer l ' a c t e ;
2.
Il
n'est pas certain 4ue le desti~a~aire serait
conduit de tou~e façon à effecteur l'dcte de
~ui-
même.
-
conditio~ d~ sincérité :
le
locuteur désire gue le
destinataire effectue l ' a c t e ;
condition essentielle
revient
à ess~yer d'amener
le destinataire à
faire
l'actf'."
(2)
l ..~ f.
[' r i...i., ~ R ( A . - M. ),
B i b l i 0 g. 7 8,
1 li 77,
p .
9.
2.
Cf.
Ibidem,
p.
la.

-
188 -
L'emploi de -oon est à considérer comme une transposition
d'ordre purement stylistique.
Il s'agirait de suggérer
par la marque du passé,
une évasion fictive hors du réel
actuellement vécu.
On pourrait dire autant de l'emploi du conditionnel
français pour exprimer une demande ou formuler une prière.
Exemple:
je voudrais parler à votre ami.
3.1.4.
Emploi de la marque -oon avec le pré-
dicatif di.
a)
L'emploi de la marque di avec une
forme verbale au passé
(exprimé par -oon)
indique la durée
dans le passé comme le ferait l'imparfait français.
Exemple:
moom moo doon wax "lui, c'est lui qui parlait".
Il est
aisé
de constater que l'action de parler a
déjà eu lieu,
en cela qu'elle est antérieure et détachée du
moment de la parole. Ceci grâce à la marque de -oon.
Cependant,du point de vue aspectuel,
le morphème doon
(qui résulte de la conjugaison du prédicatif di et de la
marque du passé -oon)
semble montrer que cette action a
duré dans le passé. Comme dirait Gustave Guillaume, on
"prend l'événement en marche" sans en préciser ni le début
ni la fin
"l'image verbale est vue à la fois accomplie et en
accomplissement"
(1).
1. Cf. GUILLAUME
(G.),
Bibliog.90,
1965, p.61.

-
189 -
b)
La forme doon peut aussi figurer
dans une prédication nominale.
Dans ce cas/l'idée de
durée qui prévaut avec la prédication verbale disparaît.
1
1
La forme doon se réduit à un simple actualisateur d'un
1
état qui a eu lieu dans le passé.
Exemple
: Maalik doon udee
"Malick était
cordonnier"
En français,
l'imparfait du verbe
être sert à exprimer
la même idée.
Exemple
Malick était tisserand
~
i l ne l'est plus
expression d'un état ancien.
3.2.
Emploi de -aan
3.2.1. La marque -aan dans l'expression de l'impré-
cision temporelle
Le monème de passé -aan n'apparaît qu'en
rapport avec le monème -u dans une proposition subordonnée
-
temporelle introduite par laat- AJ
daat-
"avant que"
Exemple :
bi mu laataan dem . . .
"avant qu'il ne parte . . . "
La traduction monure,
qu'en français,
c'est plutôt le
subjonctif qui semble le plus apte à exprimer l'imprécision
temporelle dans les subordonnées de temps.
-
hypothétique
Éxemple
:
bu/su
sedd 'dikkaan
lmasaan dikk
"A chaque fois que le froid
'venait
lvient"
,,r :
~r .

-
190 -
Remarquons que le monème -aan peut être préfixé direc-
tement au verbal
ou être introduit par "mas". La traduc-
tion française,
quant à elle, montre que le français peut
user ou du présent ou du passé pour l'expression de cette
valeur d'habitude liée à ce qu'on pourrait appeler "impré-
cision temporelle".
Mais i l semble qu'avec l'emploi
- du présent,
l'habitude est non rompue.
Le présent de
pa~ole peut être un point de son espace temporel.
- du passé,
l'habitude est rompue.
Le dernier point de
repère semble éloigné du présent de parole qui se trouve
par là-même écarté du champ temporel de cette habitude.
Remarque :
Dans l'un et l'autre cas d'emploi,
le monème
-aan projette le procès de la proposition subordonnée dans
le passé.
Il est vrai de manière imprécise. Mais l'antério-
rité du procès décrit par rapport non pas au moment de la
parole mais à un autre repère du passé est explicite. C'est
ainsi que du point de vue du repérage aspectuel,
la propo-
sition subordonnée
(temporelle ou hypothétique)
contenant
-aan sert de repère à la proposition dite "principale".
3.2.2. La marque -aan dans l'expression des
autres
1
1
valeurs.
1
1
;
Dans tous les autres emplois,
-aan s'accompa-
gne de la marque de prédication di
(di +-aan> daan)
pour ex-
primer la valeur d'habitude qui peut être spécifiée en
itération/non-itération, par le contexte.
1
1
~

-
191 -
Exemple
bujëkk mbaam la nu daan tuke
"Autrefois on voyageait à dos d'âne".
f
1
Le contexte de l'énoncé renvoie à un éloignement dans
1
la période dite "passée" du temps.
Il s'agit comme disait
1
Sauvageot d'une "antériorité éloignée,
reculée dans le temps,
du procès".
(1)
Mais cette fonction d'éloignement dans le temps est-
elle assumée par la marque -aan comme le pense Sauvageot ? Les
contextes d'apparition de -aan précités nous amène à penser
que non.
Le monème -aan ne s'emploie à l'état "isolé" que
dans des propositions subordonnées hypothétique ou tempo-
relle.
C'est dire que dans ce contexte précis de notre énon-
cé,
i l ne peut être séparé de la marque di.
La fonction
d'éloignement dans le temps est assumée par daan pourrait-
on penser,
à
la rigueur,
croyons-nous.
Il n'en est rien.
Force est,
au contraire,
de constater que l'éloignement
dans le temps est marqué,
dans notre énoncé,
par le circons-
tant temporel bujêkk "autrefois".
Daan a croyons-nous une
valeur d'habitude.
Il est vrai que l'idée d'habitude n'est
pas exempte du circonstant temporel "bujëkk" mais elle est
toujours à
l'état latent:
daan lui donne toute sa dynamique.
La présence de -aan qui se trouve amalgamé à di peut sans
doute s'expliquer par le fait que l'habitude a son point
de départ dans le passé.
En français aussi,
on remarque que la valeur d'habitude
exprimée par un énoncé ne relève pas d'une forme verbale
1. Cf.
SAUVAGEOT
(S.), Bibliog.
32,
1965,
p.
1~7.

-
192 -
donnée.
C'est une valeur qui vient toujours du contexte.
Exemple
Chaque jour j'allais en ville.
La valeur d'habitude de l'énoncé n'est pas donnée par la
1
forme morphologique "-ais" mais plut8t par le circonstant
1
"chaque jour".
Il est à noter en passant que :
- daan ne s'emploie qu'avec une forme verbale:
i l ne ren-
tre jamais dans des prédications nominales comme c'était
le cas avec doon.
- qu'il existe une forme
(dawoon)
très peu usitée dans le
wolof contemporain,
offrant les mêmes précisions
(fréquen-
tatif et passé)
que daan.
Il est à considérer,
semble-t-il,
comme une variante de daan.
3.3.
Expression de l'antériorité dans le passé.
Notre analyse se fera autour de deux axes
la contemporanéité et l'antériorité des actions dans le
passé.
3.3.1. La contemporanéité.
Exemple~: 1.bimuy dem la xaritam di agsi
"C'est quand i l partait que son ami arrivait"
2.
ba muy dem la xaritam di agsi
"C'est quand il partait que son aml arrivait".

- 193 -
Chacun des deux énoncés est composé de deux proposi-
tions décrivant des actions contemporaines
les actions
de partir et de venir se font en même temps.
C'est ainsi
que chacune d'elles est à la fois repère et repérée.
Par
contre,
les deux énoncés sont,quant
à eux,
repérés par
rapport au moment de l'énonciation.
Mais ce repérage ne se
fait pas de la même manière.
L'énoncé
(1)
a des effets qui
retentissent encore dans l'actuel de l'énonciation.
Cependant
que l'énoncé
(2)
se détache résolument de l'actuel de la
communication.
Il est bien évident que dans l'un et l'autre
des cas,
les actions se sont déjà accomplies.
Seulement,la
distance séparant la réalisation effective des actions et
le moment de référence
(qui se trouve être celui de la paro-
le)
est plus importante dans le second.
Il y a lieu de sou-
ligner que cette nuance est apportée non pas par les formes
verbales mais par les monèmes de détermination
(-i,
-a).
Ils permettent ainsi la localisation des procès dans le
temps selon leur degré de rapprochement de l'instant d'énon-
ciation.
La présence du prédicatif di semble renseigner sur
la concomitance dans la durée des actions.
Le français se sert de l'imparfait de l'indicatif pour
l'expression de cette concomitance dans la durée,
comme
en témoigne la traduction de nos énoncés du wolof.
3.3.2. L'antériorité dans le passé
Exemple';):
1. bi mu demee la xaritam agsi
"C'est quand i l fut parti que son ami arriva"

-
194 -
2.
ba mu dcmee la xaritam agsi
-C'est quand il fut
parti que son ami arriva-.
Ddns chacun des deux ~noncés, les proLès décrits ne sont
plus dêlns un rapport de contemporc1n~ité mais plutl;t dans
celul d'antériorité.
Dans chacun des exemples,
l'action de partir est antérieure
A celle de venir.
Par là même,
nous constatons que du
polnt de vue du repérage aspcctuel,
l'une des propositions
contenant
le procès partlr sert de repère à l'autre.
La notion d'antériorité est assumée par la conJugaison
des él~ments b/s ... ce qUl rÂf~re l'éno~c~ à un point de
n'pl\\P! t'xtérluur malS syml.'tflque au moment d(' l'0:10ncldtion.
La seule différence entre les deux énonc~s se sltue da~s
le r ..lpprochcmcnt ou l'éloignf?ment par r"lIJl,_ft cl l'actuel du
locuteur.
Le premier énoncé, grâce au mon~me de détermination
- t
donne lieu ~ l'expr~ssior. d'une ant6riorit6 d~ns le passé
proche.
LI.!
second, d'une dnt~rlorité Jans le ~.JaSSI~ élnigné :
fonction assur~e par Ip nomène -do
Dans If?5 deux cas,
la proposit1on 6ubordon~ée pst à
l'dccompli.
D'alileurs la notion d'antér1e\\1r JérlvP directemf?nt
d~ l'accompli.
Seulement ici,
la notio:1 d'accompli semble
per(~rl! d" son rellef,
et c'est la not ... ,.)n d'antérieur qU1 passe
.1\\1 tJfeTT'U~f
plan de l'évocation.
Nuus constatons ainS1 qu'aussl oien les monèml.'s -a,
-1
qu"
le complexe h/s .•• ee participent de manière non négllgea-

- 195 -
ble A la localisation du procès sur la
ligne du temps en
wolof. C'est ainsi que nous pensons que, contrairement à cer-
taines affirmations,
la référence au temps peut bien être
explicite en wolof.
Cependant elle peut bien être implicite
en l'absence des monèmes sus-cités.
Dans ce cas,
l'analyse
temporelle de l'énoncé se fait en fonction du degré de réa-
lisation du procès par rapport au moment de l'énonciation
pris comme référence.
Si la réalisation est achevée dans cne
période antérieure au moment de la parole, on peut avoir
le passé.
D'ailleurs les monèmes de détermination
(-i,
-a)
ne font qu'expliciter ces nuances temporelles.
Le r81e
joué par le complexe b/s •.. ee du wolof est
joué
en français
par la conjonction nquand".
C'est Cttte conjonc-
tion dite de subordination qui est au centre du rapport entre
les deux propositions.
3.4. ~mploi des éléments introducteurs sog
"venir de" et door
"commencer".
L'élément sog "venir de"
introduisant
touJours le verbe sert à
l'expression de deux ~uances tem-
porelles suivant qu'il est employé ou non avec le morphéme
de temps -oon :
1. naa ngiy sog ne....
"je viens d'arrlver"
2.
t-Ioodoo ngiy sog dem tool
"Modou vient d'aller aux champs".

-
196 -
Les deux ~ctions décrites sont, certes révolues
(ex.1)
ou
pris en
cours sans qu'on ait envisagé le terme
(ex.
2)
mais
elles résonnent toutes encore dans l'actuel de la co~uni-
cation.
1. maa ng i
doon sog ne ....
"jP. venais d'arriver"
2.
mu ngi doon 50g dem
"il venait de partir"
Les deux actions décrites sont ici,
à coup sûr,
révolues
mais de surcroît la présence du monème -oon permet de
faire
la rupture entre les deux plans temporels.
La référence de
ces énoncés étant d'ailleurs un élément du passé distinct
mais repéré par rapport au orésent .
..
.,;
Exemple
{boba)maa ng1 doon sog ne ....
"(Ce
jour-là)
je venais d'arr iver".
Remarque.
En lieu et place de "sog",le locuteur wolophone
peut utiliser door
"commencer" qUl,
ddns ce cas précls,
perd
toute autonomle sémantlco-syntaxique pour n'~tre plus qu'un
membre
d'une périphrase verbale:
door + verbe.
temporelles ou aspectuelles
7
Comment pourrait-on traduire
chacune de ces p(,:'lphrases ?
Peut-être comme suit.
:
-
j
~n moment légèrement antérieur à l'instant d'énonci~tl0n,
le processus était en ,ours.
-
dura~t un certain espace de temps immédiatement postérleur,
il ne
l'est plus.

-
197 -
o
-tl
C'est dire que
chaque périphrase peut être traduite en ternes
aspectuels
:
nous les considérons ainsi comme périphrases
aspectuelle5au même
titre que "venir de + V" du
français.
3.5.
Impact des tiroirs de conJugaison dans
l'évocation des
faits
relevant du passé.
3.5.1.
Emploi d'une forme verbale à
l'e~phatlque
du verbe.
S.
Grelier
faisait
remarquer que la
forme verbale à
l'empha-
tique du verbe avait deux valeurs
:
al
Une valeur explicative
i1ëwnl tey dafa dem ndar
"Il n'est pas venu aujourd'hui,
il est allé à St-Louis".
bl
Une valeur de constatation
:
ddfù dem nèar
"li est allé à St Louis".
Da~5 l'un et l'au~re cas,
l'action de partlr a déJà connu
un début de
réùlisation.
Peut-être même qu'ell~ est achevée.
Aucune préclsion n'est donn~e à cet égard.
Le seul constat
qu'on peut
faire est qu'il y a absence au moment de
la parole.

55
;
2
b r t
tom'
M
-
198 -
Par exemple dans le premier exemple,
même s ' i l s'agit d'une
explication,
celle-ci découle de la constatation faite du
départ pour ne pas dire de
l'absence.
L'un et l'autre des
exemples
font état d'un processus
(peut-être à
terme)
repéré
cJmmeantérieur au moment de
l'énonciation.
Le pas~é ne 5e
définissant pas seulement par cette tranche de temps qui
est derrière nous.
Il est aussi quelque chose d'acquis.
C'est du reste,
l'effet présent d'une action passée que
~ous trouvions dans les langues classiques sous la dénoml-
nation de "parfait".
La question que
l'on doit se poser,
à présent,
est de
savoir si cette valeur est assumée par la
forme verbale
comme o~ semble le dire.
Nous pensons,
à ce propos, qu'elle découle du contexté.
Rien dans
la
forme verbale "dafa dem"
ne permet de dire
qu'il y a constatation ou explication.
Ce qu'il est vrai de
dire c'est que la
forme verbale à
l'emphatique peut être
insérée dans des contextes exprimant de telles valeurs.
3.5.2.
Emploi d'une
forme verbale à
l'énonciatif
Exemple
:
~em na ndar "Il est allé à St-Louis".
Comme dans
le cas de la
forme verbale employée avec
l'empha-
tique èu verbe,
notre énoncé veut dire que celui dont on
parle
(il)
est allé à St-Louis.
Est-il arrivé à St-Louis?
Nous ne
savons pAS.
Mais ce que
l'on sait par contre c'est

.,."
-
199 -
qu'il n'erl est ?as encore revenu.
A ce nivca~ de l'analyse,
aucune différence entre les deux tiroirs
(mis à
part le phé-
nomène d'emphase).
La ressemblance des deux tiroirs de conju-
gaison va même
jusqu'au mode de représentation du procès
par rapport à l'actuel de
l'énonciateur.
Chaque fois qu'un
rapprochement est possible avec le présent du locuteur,
on
n'emploie pas -oon
.
On l'emploie,
par contre,
s ' i l y a
une certaine rupture avec ce présent du
locuteur.
C'est ainsi
qu'il y a une différence entre:
dem na ndar "il est allé à St-Louis"
"1- demoon na ndar "il était allé à St-Louis"
et
dafa dem ndar
"il est allé à St-Louis"
:;. dafa demoon ndar "il était all~ â St-Louis"
Dans l'un et l'autre des
tiroirs de conJugaison,
il y a
la
constatatlun d'un état.
Cet état,
est-il
un état résultant
ou pas
7 L'emploi de ~es deux tiroirs avec un verbe d'action
ne donne aucune
information
là-dessus.
P~r contre, avec un
verbe d'~tdt, on VOlt nettement la différence
-
dafa
fchar
"il est malade"
i l s'agit d'une si~ple cons-
tatation
;
-
fehar
na
"il est
(tombé)
malade"
:
renseignement est
donné sur le processus d'entrée dans l'état.
Cet état est acquis brusquement.
En français,
cette nuance s'exprime dans
le choix entre le
verbe "être" et le verbe
"devenir'.

-
200
-
-
il est malade
simple constatation de l'état.
-
il est devenu malade
cela lalss n
supposer qU'lI ne
l'était pas.
c'est dire qu'il y a eu un processus qui
a abouti à cet état.
3.6.
Le pseudo-passif .
.
h
Exemple
Jcn Wl been napkaat
mou ka
jap.
"Ce poisson/lest pris par un p~cheur".
a été
L'observation immédiate de l'énoncé tait remarquer
l'absence
de la marque du prédicatif d~ qui
faisait du proc~s pseudo-
passif un procès inaccompli et devant,
du
point de vue
temporel,
se réaliser dans une époque do temps ant6rieure
.:lU
moment de l't:'.nonciation.
Cette abst'r;ce ~;emble slCJnifH~r
que l'actIon de prendr 0
a déjà CIl lieu.
C'est dire qu'au mo-
mt..'nt de
la Darol(',
un terme est déjà donné au proct'Ssus
verbal.
Nous sommes donc du domaine de
l'accompli.
Et
comme l'accompli peut se comprendre comme antérieur au
moment d'0.nonciation,
nous sommes du mêr;.e coup dans
la
tL:1n-
che de temps dite "passée"
(même si
celle-ci peut nI' pdS
ê·tru coupée dl: présent).
La traduction montre que le français
peut
fdire
usage,
po url 'c x l' n' s s .i. 0 n de cel te
val eu r,
cl u P é1 S s i f s 1 mpl c
( (' s t
rt-;s)
ou
du
rassif-composé
(exemple
a
ét(~ p::is)
1,]
forrnt'
sillp~e du passif permett;.lnl de dir'~ 'lU' 11
s'a(Jit du tJ0lnt de vue .'lspectuf~l d'un lnaccompll.

,lo~
t
-
201 -
-
la forme composée du passif mettant l'accent, quant
à elle,
sur l'aspect accompli du processus verbal.
Le wolof ne connaissant pas cette forme d'expression de la
nuance aspectuelle.

-
202 -
AP PEN DIe E
UN ASPECT DU COMMENTAIRE GRAMMATICAL
(DE QUELQUES MOYENS DE RËFËRENCE TEMPORELLE
DANS UN TEXTE WOLOF)

-
203 -
1.
Texte
Samba ak Kumba
(1)
1.
Samba ak K:..unba daiioo dr.Holl U bà.nnHx ak HVt naa!U. ~!'Vt ca
2.
~~enum ~ééw. Cey ! benn b~~, yalla ~ daAa t~ul, bo~oom nepp,
3.
Upp ar. 6épp, :l:an teen Hen «XljuJt y!3, une.c le.en nu ne kWtU.m noom
4 .
't.eH. ca bùJt ~t ;too xam l'le, full/'! c.a bëggaf.u leer. tu baa x.
5.
Samba dalcü. gaLU~u xam l'le, ü.. Û.en «-U!t, mO()lj dctt' ~abab, g~Hrt
6.
dë.H b~ hgéénam b~, ab taaJtaJn jégg.i. ~ da.ljo, ba .tax 'ta Ru
7.
IH!l<.k danga
ho
doon «-ut.
Koon Uég.{ kenll du deliu g~nllaLUv
8.
cA. tu 6a(Ù ~amba, ngü jH Kumba.. Samba koon JOgli cA. G()1t..A.. teell.
10.
I1g-<. nUl! yoM .taat. Vëkk bépp ang.{ l'lW! të,'lU, d-<. ia xrtmmcn.
Il.
Nanu ie('.11 HÜ., l1a,w 'lëbbuy.i. ca àll ba,
6cc6~ ci:'iiii ftl ~wwg mucc
12.
rtekk.
13.
C~ I1goon g~, b~ .6uu6 Hdd.:e, nu daldz 6abu, ne liCU, kcnn
14. g.wu {eel1. Nuy dox., dz do\\ tu yèlgg, .ôega ag.6-<. U
taatu glUj 9<1 mag,
1.
Cf.
DIOP A.,
DIA O.,
GALDIN J.C.,Biblio.24, 1975,
p.
8I.
Si nous
avons
repris
le texte tel qu'il a été
r~digé
par
les auteurs,
la
traduction,
elle,
a
été
refondue.
En effet,
nous
l'avions
Jugée trop éloignée de
J~ syn-
t~xe du texte;
trop poétique,
elle
ne
rendait que
l'idée
générale du texte.
En
la reconstruisant donc,
nous avons
voulu qu'elle reflétât
le mieux
la
structure
syntaxique
des phrases.

••
IIIl·. .
•_ _ ...""'_i,_
..
_
~
'~'
-
204 -
15. gu am Hm mu ya.a.. Guy g~ lHn 6a..t. Kumba. dda.Jt c.~ cügg lëm
16. ma. ~één dëRk~~a.Ij, bale, 6omp, da.jale ~eeni y~6· Booba. Samba.,
17. 't~bbub d~n.na. b~, 1'11001'11, mu 1~('Jj de6a.Jt xa..ta.am a.h 6e.t.ta.m·
18 .
~ muy la.a..ta. dem mu ne Kumba : lUg.<. dama.a. lOOJUl dem !tëbb'<'.
19.
Bu ta genn ridoga.1 cü.kHlee ~ama ginna.a.x, 6a..tlikul wcy w.i...<.., te
20. l'le : Samba. /Wlt nja....1} , gUlf lew, leJtu, ma. ng.<. lHn cü ~l'.en, gUI}
J
~,
21. te.Jl.U, l'lU l'Ig.<tj cü.kk gUIj leltU, l~.!I.LL, bu nu. cü.kkee lfobbu ma. Fépp
22.
6u ma. l1ën d'< nekk, dA.na.a. dégg 6a ba.a.,t te cüna.a. na..w6a..ta..a.n,
2 3. Mlll.uÛ. la..
24.
BMX na Samba,
d.<.na.a. ka 6a.U.<.RU .te ï1a.al1 nga. d~.f":'lUJ'<' cA..
.,
25.
jc.mm.
26.
NUL'Ha. Ihl/; Samba. dem, Ku.mba du mucm l1e.kk ca ~ee.11 ~anc bu
27. ljHma.alf b~. C~ d.<gg njololt, beel1 na.M bà.YIj.( RUO ca. a.k xééxa...tam.
28. Ma I1g~l! appa.a..t, mtl!t ba ml'l lU. RUY 6U/wJta.a.,t •••
~. Traduction
deux pa~('nt0 d'HW ie.u.'l pa"~. Hé{(l1, ! Wl jou,'l, O{,('U à QLU !uen

-
205 -
Samba t~~6 vit~ com~ que, ce qu'~ doive~ 6a~~~.,
c'eJt de 6u.Vt .t~ dangc't., 60't.t{~ du \\.!.<..Un.ge. Sa 60eu't. Uai.-f. d'une
be~é 6an.6 pa.~eil.l..e., à .t.eUe ~n.6Û9n~ qu~ -tOu'6 lu gen.6 l.o. convoi-
~en-t. ft ~ntenant, p~onne. n'hé6~t~~ d 6a~~6ie't. Samba
po~ pa66~de~ Coumba.
Samba, donc, lléôotu-t de le.J qu.(-t-f.e't..
Ii d.L~ : pc.t{te ,h'CU'l, la mo·H nalLô a pW noJ pa,'l{',t~~ et
.te mal.heu'l n(IUt, guette. déjà. TU(Lt.te v.û1.age. 'lOU6 ép.{e., ..te co/tvo<'..te.
fla'<'gnonfJ-.tc'M d'eux., e.achrm-nou~ dartt> la. 6o,'té~, e.'eôt noL'lc.
utl-<que c hane e. de. oa1u.t..
Le M'ilt même., au m{,i,ù'u dl'. ta I1lL{.t, '<''ù ~e mi't.ent ÇI1~OlLte,
pa. U.<. 'lCnt (H.'ee. prLécal.Ûtùn, pl.' 'L~~"tltc. ne. teJ \\J~. It~ m'1.·~cit0'!.rllt,
ma.'t dll' .'tellt, te ngtc.mpô peu/[ (' 1: 6(,1 ,tJl.'L< veA au d d' (1 '! 9'l(ll1d iJac bab
<{lH ava..J {Ul g'ttlnJ .t'wne.. C'eôt Ü' b(l,o~'ab ql<.{ .leu'!. dé·'lct R'lw6P.t-
tafcU. Ccu.mba 1''lépa'la aa m<f<cu du t/r.cnc. .t('(J.~ t.L'gü, cite balaya,
"A6U~a,'!.angea eeuu a6éù.<.'U'~. Penda.'l,( e.e. .tempo Samba, ~ut dta~<le~,
{u<",
app·'têtù..-i...t ~on lL'le et ôc-'> 6eèch,,~.
Ava"t de pG.-'ltA't, a t:UJ à Crumba : ma..{,n.tenan.t, J,' dO{A (lUe'!.
à ta cll,l~je. Au ea.~ cù LUI maf.heu't. t'a-'t/IA.VeÂlLU Li men Ul~LL,'tappc.Ue­
tO-t
cc..t a.L't. e.t dd : "Samba r..c't ,'Jd..ta~(e, g()U~(e thuu., JC te~
ap('/'lçL'''-'~ 1 fjouye .ié,Wll, féltcu, .{.t~ v.{cnl1ell~, gcuye. Ùi'r.cu, té "LCU,
4lLL1lld{L~ V{,eIld.'lOl.J., .<l.1 m' (/tt.èv~'t('n.t". Pa.:ùcJut ('0. .Io!..H","u,
J' en.te nd,'UU .ta voù et j l' t'c.tew à te n 6 cc. ou/'.--6 .

,
-
206 -
OLU- Samba, je m'en MuviendILcU... et je pfLieJLcU... pOu.!L que tu
ILevienn~ en bonne ~anté.
Ai~i donc., Samba paJLtit et Coumba IL~ta ~eu.le da~ ieu.!L
iog~ mod~te. Au milieu. du jOu.!L, un Mau.!Le en vint en haletant.
Ii haletait de ~oi6 c.omme un mou!Lant ...
3.
Commentaire grammatical du texte.
Certes le texte ainsi choisi n'est pas assez représen-
tatif de tous les problèmes que nous aimerions poser. Mais
il aura,
néanmoins,
le mérite de révéler un certain nombre
de termes,
d'expressions
(utilisés pour l'évocation de
certains faits)
qui nous ont préoccupé tout au long de notre
analyse et qui nous occupent ici dans la perspective de
leur fonctionnement dans ce que Benveniste appelle discours.
Ainsi la raison d'être de ce commentaire grammatical est
certainement à voir dans la différence entre énoncé et dis-
cours.
Si nous avions axé tout le travail sur l'énoncé, il
serait, maintenant,
intéressant et même souhaitable de
voir ce qu'il en est du côté du discours conçu comme un
ensemble d'énoncés certes, mais un ensemble bien organisé.
Nous sommes en présence d'un type de texte appelé récit.
C'est dire que nous avons en jeu un narrateur évoquant
des faits passés
(donc assez loin de son univers du moment) .

-
207 -
c'est ainsi que les marques temporelles de passé y foison-
nent.
Nous en citerons la marque -oon employée aux lignes
1 (d~kkoon),
6 (jéggi woon),7
(doon wut)
pour marquer
(par-delà la simple localisation dans le passé)
la rup-
ture entre le plan temporel du récit et celui du narrateur,
campant ainsi le récit dans un passé coupé du présent;
i l s'agit en effet de l'évocation de faits coupés du pré-
sent du narrateur.
A côté de la marque -oon,
le monème de détermination
-a permet aussi de placer le récit dans un passé révolu.
Nous le relevons aux lignes 1-2(ca seenum rééw),
4 (ca biir),
4 (keen ca),
6 (d~kk bal
etc. Pour mieux faciliter leur
repérage dans le texte nous les avons à chaque fois sou-
lignés.
Notons que ce monème -a est, dans chacun de ces
cas,
employé
(au lieu de -il
pour non seulement localiser
des faits
(comme l'aurait fait également -il
mais pour
marquer l'éloignement de ces derniers par rapport à l'ins-
tant de parole.
Le monème -a rejoint ainsi la marque -oon
dans sa fonction de placer,
dans le récit,
les faits hors
de la personne d'un narrateur.
En d'autres termes,
et pour
emprunter
(comme il se plaît,
souvent,
à le souligner)
à la psychanalyse lacanienne un formule qui touche de
• près à la théorie de l'énonciation, J.M.
Adam dirait que -oon
et -a permettent à l'événement
(ou au fait)
de parler,
de se raconter,
de se laisser écouter,
de se lire.

-
208 -
Et c'est une des valeurs de -oon dite valeur "prétérite"
déjà,présente dans la grammaire de O.P. Gambie.
!
1
1
Au-delà de sa fonction déterminative, ce monème -a
!
suffixé au fonctionnel b et employé en même temps que le
sginifiant -ee suffixé directement au verbe,
donne un
renseignement sur la chronologie des actions entre elles.
En fait,
i l permet d'exprimer l'antériorité d'une action
par rapport à une autre et par voie de conséquence de
renvoyer à un événement antérieur au moment en question
L 13
(ba suuf seddee "au milieu de la nuit"
: le départ
a bien lieu après la tombée de la nuit).
La tâche de localiser des événements dans le passé
revient aussi aux substantifs temporels
: L 2 (benn bés),
L 13
(ca ngoon ga),
L 26
(noona nakk) ... , qui par delà ce
rôle premier servent à lier dans le discours les différents
paragraphes i
ils permettent ainsi d'insérer les diffé-
rents épisodes du texte dans une sorte de logique "succes-
sionnelle".
C'est ainsi que l'indice temporel ca ngoon
ga "le soir même" aidant à la localisation dans le passé,
permet aussi de constater que la prise de la décision
pour la fuite et sa mise en pratique ne relèvent pas de
. la même époque
l'une a eu lieu un matin,
l'autre le soir
du même jour. De même benn bés "un jour" annonce déjà,
et avant la lettre,
les différentes transformations qui

-
109 -
Et~nt donn~ qu'il R'aqit d'un r 6 clt,
il
ftrrivp
p~r­
roi!ll quP
Ip
n~rraleur .,... rlp d~!; r"ilPl Cflmmp 8'ilf' "p
d~roulaip-nt ROUI Reg yeux. CP. qui impliqur un inCPRRant
v,,-pt-vient du narrat~ur Bur la
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Cnrr~l~tiveMp.n., 1~ pr~~pnt qui
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a1n5i qut'
1... man~mp
de déterr-dnatian -a 0\\1
1('5
subsf"lntif5
temporels
sont
utllisé!'! après ces
présents
pour-
replacf'r
Ir récit d~n5 le passé.
Par exernt-le,
L IJ
~ca ~uoon ga- permet au lecteur de revenir! la
r~allté
du
rrelL
Cette ~ossibilité de présenter
les actIons
dilns
leur vlvacité gr~,e au présent m~taphor1que p~rm~t
du ~~~e coup au
10cuteur de
se repr~~enter d~~ faits
à

-
210 -
v~nir. C'@8t C(I qui perl'lW!t d.,. notf't 1... futurR
0.22
dln~~ d~qq ·1'(lntendr~1·, dlna3 n~avf~lA3n v811upl
lA
~j~ volprAl A ton Recours· ••• ).
[n d~hor8 de ceB rar~5 C3~ d'~mplnt d~
l'in~ccumrlt
pour
l'évocation d~ ralls
"pré~('ntf;" 011 "rutur,.;",
l'i\\(~cumpli
est
touJours de mise d~n8 Ip texte.
Rj~n ~'~tonnant 81
l'on s"U
qu~ touteA le8 actlonR sont ., cun81d~rpr comme
comrl~trmnnt r~volues par
rapport
au rr~8ent du narr~tpur.
Ce
br~r cnmm~ntaire de texte
(bi('n qUE" superflciel)
~'(~urr"it,dans une certaine mesure,nous amener .JU;: cunclu-
~lnns !'uivantes
l'~nonc~ E"~t
la donnée primalr n
de tOlltl' ,)n.llyse
11nUulstiqu~ du "temps".
le discours en est la donnée spconde.
Oonr~e
~ec"r)(ip qui sert de compl~rnent à la donn~e pr lm" 1re parce
quI"
j'lnsérant dans une riynamique et un contf"'xt"
h~aucoup
plus
linges.
;'lnSl,
le dlSC:JtHS
(comprIS cGrmnp un ~r.~e!T.~~;'e ·,1 .... 5
structur'~ d'énoncés)
peut ~t dnlt f'tre
conslrJl'rf? C'Jmme un
('bJet d'étude
llngusitique.
IIp.ureus~ment que les
linquls-
~e5 en ont prls conscience.
Eli tout
c(')s,
les nOMbreuses
études qUI
s'y consacrent
se~blenl, ;Ju~ourd'hui. l,! rrouvf~r.

-
21 1 -
CON C LUS ION
(ESSAI D'ËVAlUAT10N DES RËSUlTATS DE l'ANALYSE)


-
212 -
Conclure? Il serait,
à notre avis,
difficile voire
impossible de tirer une conclusion définitive pour une
étude qui,
à bien des égards,
reste largement ouverte
parce que limitée sur bien des points.
La première des limites est sans doute liée à la
nature même du sujet que nous avons,
à volonté,
réduit
à l'examen,
uniquement,
de "quelques" énoncés.
Limite
toute subjective donc,parce que voulue par nous.
La seconde,
par contre,
est liée à la théorie même
(qui nous a servi de fil conducteur)
par ses insuffisances
quant à l'explication de certains des phénomènes que nous
avions à observer.
Ces limites liées à la théorie se
situent,
à notre sens,
à deux niveaux
:
-
La première difficulté de l'analyse
(elle n'est
pas croyons-nous de taille)
se situe au niveau de la
re-constitution de la situation d'énonciation authentique
qui a supporté le discours.
En fait,
comme toute re-
constitution, celle-ci se caractérise par une sorte de
filtrage
(d'où l'idée de sélection)
plus ou moins subjec-
tif des paramètres susceptibles d'expliquer/comprendre
l
'
,t"-'h-·... tG)
comment les untiés significatives d'un énoncé donné sont

-
213 -
rattachées au contexte linguistique et situationnel qui
supporte cedit
énoncé.
J.J.
Franckel et Sophie Fisher
exposent clairement ce problème de la manière suivante
"Même lorsqu'il s'efforce de reconstituer
fictivement une partie des conditions de
production de cet énoncé,
cette reconsti-
tution passe par une série d'abstractions,
de neutralisations ... et se trouve donc fil-
trée par une prise de position théorique et
réductrice,
que cette réduction soit explicitée
ou non.
En ce sens on voit immédiatement que
pour le linguiste la notion de situation d'énon-
ciation est bien une construction théorique et
non le décalque d'une situation effective
et concrète de production langagière."
(1)
-
Ensuite
(et cela nous paraît fondamental),
l'énon-
ciation comme modèle d'interprétation d'un énoncé envi-
sagé du point de vue du sujet énonciateur
(élément d'une
situation métalinguistique)
se montre presque impuissante
dans sa volonté de vouloir cerner tous les phénomènes as-
pectuels. S'il est vrai que l'aspect par sa nature même
relève de ce que Kerbrat-Orecchioni appelle la "subjec-
tivité langagière",
il demeure qu'il n'a pas de rapport
évident avec la situation d'énonciation. c'est ainsi que
la représentation de l'aspect ne peut se faire que sur
les rapports entre un mode de réalisation grammaticale
et un mode de réalisation non-grammaticale.
Ces deux modes
de réalisation étant, pour nous,
ceux d'un même aspect
,
mais saisi à un niveau supérieur de conceptualisation
1. Cf.
FRANCKEL J.J.
& FISHER S.,
Bibliog.
56,
1983, p.9.

-
214 -
c'es~à-dire non encore lexicalisé et catégorisé du point
de vue morpho-syntaxique.
Et c'est,
semble-t-il, d'une
certaine manière, un retour à une distinction fondamen-
tale de l'ancienne grammaire: aspect grammatical/aspect
non grammatical. Une des limites, donc, des recherches
récentes sur l'aspect centrées autour de l'ego.
Il est vrai que la représentation du temps,
elle,
ne connaît pas cette limite. En effet,
la théorie de
l'énonciation nous a permis de montrer de manière expli-
cite que le temps verbal
est fondamentalement déictique
sa
représentation se fait en rapport avec l'instance
d'énonciation.
Pour toutes ces raisons,
il serait valn de vouloir
clore définitivement le sujet. Et même si nous n'étions
pas limité et par la théorie et par le cadre contraignant
donné à l'étude, pourrions-nous prétendre que nos résul-
tats puissent être valables mutatis mutandis pour les
autres langues même à structure verbale identique ou
semblable? Rien n'est moins évident.
Cependant, nous sommes en mesure de tenter une certaine
, évaluation des résultats de nos analyses. Mais avant de
nous y livrer, rappelons brièvement cesdits résultats:

-
215 -
(1)
Il est devenu éVldent que les deux
langues
(wolof et
français)
reposent sur un même principe
d'organisation du temps linguistique,
A savoir que
-
les distinctlons temporelles sont
souvent marquées
par
le temps du verbe
(cf.
l'emploi et des
formes
tem-
porell~s du français et des monêmes de temps A valence
passé
(-oon,
-aan)
du wolof qui
rappelons-le sor.t deux
monémes dlstincts et non des variantes comme on le dit
souventl.
Mais notons que d'autres moyens s'y prôtent
aUSSl
l'emplol des circonsta~ts tempG~els GU des expr~s-
S lai'. 5
d f' ct Ll t t'.
[; n
9 r 0 s,
no u Sil': 0 n 5 pOL: ~ 1are i' r (' 5 C n t d t Ion
du te~ps ve~bdl t~ mouvement de pens~e SUlvdnt
:
m.:>dc dc't~.tf LI a.t ,·cr. g'~LtmrM (U:..1 tl.'
.-------
.
;l~ pc{nt d'{nCAdcnc~ ~t le v~~~,
; ----------
J
1 (i'~p.~ "''','tb<tl 1
-
~
L'-_---~
- - - -____
'-- veltbe.J
~(~g~ d~j cc"cept~
~'<"~ge d~~ mad\\l.~ d..~ ·ll:\\l.i(~Io1.~{L·'l
(ÙlglL{ ~ (( (~lH' ~
d~ tOl'!ct'.~,tj LùtgLL~.{<'~U"j
Ces ~fférentes unités
(temps verbal,
circonst~nts

-
216 -
temporels,
expressions de dates)
permettent d'indiquer
ou la localisation déictique ou la localistion non-déic-
tique du procès. Ce qui veut dire que la référence tempo-
relie peut s'établir de façon directe ou indirecte par
rapport au lien que ces-dites unités de discours contrac-
tent.avec la situation d'énonciation.
Un des mérites de
la théorie est de le montrer suffisamment.
-
Le temps du verbe
n'exprime pas toujours la tempo-
ralité
(cf.
l'emploi et de -oon et de l'imparfait de l'in-
dicatif français pour l'expression de l'atténuation polie)
Cela a pour conséquence de poser de manière on ne peut
plus explicite la nécessité d'intégrer la dimension énon-
ciative dans l'analyse de la valeur temporelle d'un énoncé.
En fait,
dans un contexte linguistique où la forme verbale
a perdu ses fonctions référentielles,
les coordonnées énon-
ciatives
(contexte verbal et situation métalinguistique)
deviennent, croyons-nous,
le seul recours pour donner
à l'énoncé toute sa valeur temporelle.
-
L'analyse du wolof a permis aussi de constater que
la référence temporelle peut se faire,
en l'absence d'un
morphème de temps,
avec l'aide de la forme aspectuelle.
'Dans ce cas précis,
l'aspect se laisse interpréter en
fonction des rapports entre le déroulement du procès et
le moment d'énonciation.
C'est ainsi que nous définissions

-
217 -
l'accompli comme antérieur au moment de l'énonciation
et l'inaccompli comme postérieur ou coincidant avec ce
même instant d'énonciation.
Et cela nous semble non seu-
lement une façon de poser l'étroitesse de la relation
asp~ct-temps mais aussi une manière de s'appuyer sur le
repère qu'est le moment de l'énonciation pour la repré-
sentation du processus aspectuel.
Ce qui nous amène à
dire que la situation linguistique
(dont le moment d'énon-
ciation est une des composantes)
chassée de fait par la
grande porte,
revient par la fenêtre dans cette représen-
tation du processus aspectuel.
Et c'est,
semble-t-il,
toute une ambiguïté.
Ambiguïté que les recherches actuel-
les ne sont pas prêtes à lever
(du moins dans leur repré-
sentation du cadre théorique d'analyse de l'aspect).
(2)
L'analyse aura aussi montré qu'aussi bien en
wolof qu'en français,
le système verbal ne saurait être le
seul point d'incidence de l'aspect.
A ce propos,
nous
avons pour la représentation de ce dernier,
un mouvement
de pensée analogue à celui précédemment décrit pour le
temps verbal.
JtéaWCLÜV1. gJtammCLÜcale
_ _ _ _ _ _ _ ~.te poin;t d'iV1.udeV1.c.e e/.J:t .te veJtbe
1 M peu veJtbal 1
néa~CLÜOV1. V1.oV1.-gJtammCLÜcale
'------.......----------/ ---- (.te POiflt d'iV1.udeV1.ce V1.'e/.J:t
peu, .te veJtbe)
'---~-----~-----------./
.6~ege de/.J conc.ep:t.6
.6.·tege de/.J mode/.J de néaWCLÜon
Ung r..U-.6 ti qU. e/.J
de/.J co nc.ep:t.6 Un9 r..U-.6 ti qU. e/.J

-
218 -
,-
Nous avons, en outre, constaté que la réalité conceptu-
elle de l'aspect n'a pas de réalisation grammaticale en
wolof.
La marque de prédication di
(longtemps tenue pour
indice aspectuel)
ne peut, en effet,
pour des raisons
évoquées dans l'analyse, être considérée que comme membre
de périphrases aspectuelles même si ces dernières paraissent
très bien intégrées au système verbal de la langue.
Mais en quoi ces résultats peuvent-ils confirmer ou
infirmer les
hypothèses que nous avions posées lors de
l'examen de notre problématique?
Ces hypothèses sont d'ailleurs magistralement ramassées
dans les mots suivants :
"Contrairement à la thèse trop répandue selon
laquelle i l y aurait des langues à aspect
(comme le russe)
et des langues sans - ou
presque sans -
aspect
(comme le français),
la
catégorie de l'aspect est fondamentale pour
toute langue,
et son existence n'est pas moins
manifeste en français et en anglais qu'en
russe.
Une théorie générale de l'aspect est donc
possible et nécessaire ... "
(1)
Il est clair qu'en arrière-plan, ces mots font état
de l'affrontement de deux conceptions linguistiques:
-
la première prétend qu'il y a des langues à temps
et des langues à aspects. Ce qui interdirait toute consi-
dération ou de l'aspect ou du temps comme catégories
,
de linguistique générale fondamentales pour toute langue.
1
i'.j
1. Ces mots,
on peut les lire sur le dos de la couverture
du livre de C.
FUCHS et A.-M.
LEONARD,
Bibliog.
87,
1979.

-
219 -
-
la seconde, quant à elle,
les considère comme
fondamentales pour toute langue.
Mais il nous semble que ces deux considérations ne
se situent pas au même niveau d'analyse ou,
si l'on
veut, elles n'impliquent pas la même conception du
terme général d'aspect.
La première position se situe
sur le plan de ce que nous avons appelé mode de réali-
sation grammaticale du concept général d'aspect cepen-
dant que la seconde, elle,
fait référence à l'aspect en
tant que réalité conceptuelle. Difficile voire impossi-
ble, donc, de juger de deux positions qui ne parlent pas
de la même chose. Mais essayons d'aller plus loin.
Nous situant dans la perspective des tenants de la
première conception,
nous pensons pouvoir donner un sens
à l'opposition langue à temps/langue à aspects. Cela
voudrait tout simplement dire que dans la langue à temps,
l'aspect n'est pas réalisé grammaticalement cependant que
le temps verbal l'est. Dans le même ordre d'idées,
la
langue à aspec~se définirait comme une langue où le temps
verbal n'a pas de mode de réalisation grammaticale.
Mais dans ce cas, pourrions-nous dire que le wolof par
exemple est une langue à aspects? La réponse devrait
être de toute évidence,
non,
si l'on sait que l'aspect
n'est pas grammaticalisé en wolof.
Mais force est de

1
1.
11
'11'
_*11
=
1
711
1
• •
' - _ ' . r _ . ·
i
1
1
1
i
1
1
-
220 -
1.
i.
1
1
r
constater que
l'expression de
l'aspect parait po~rtant
nécessaire en wolof.
Le sujet énonciateur est obligé,
dans
la proJuction d'un énonc~ wolof, d'effectuer un choix
parmi un ensemble de périphrases
(à valeur aspectuelle)
qui p~raissent suffi3amment intégrées au système verbal
de
la
langue.
Choix qui se présente sous
la forme d'une
articulation entre pldn de réalisation
(grammaticale,
lexicale,
syntaxique)
et nature du phénomène aspectuel à
Ce Ch01X obligatoire peut-lI exister pour une
langue
dite à temps comme le françals
? Nous
pe~sons que OU1.
Pour la
présentation d'u~ procés,
en
françals camme en
wolof,
on est obllgé de passer par une articulation entre
un plan de r~alisation de
la cat~gorle co~ceptu~lle et
la nature d'accompli/inaccompli du processus asp~ctuQl.
Le plan de réallsation est Spéclfique à c~aque langue
cependant que
la détermination en accompli/inaccompll du
processus aspectuel a
une portée sinon univer~ellé du
moins générale.
Ce qu'il
y a,
c'est que chacune des deux
langues l~tabJ.lt à sa maniére cette nécessaire articulation.
En résumé,
disons qu~ la d~stinction entre langues à
temps et
langues à aspects n'a de sens que par
référence
au mode d'expression du temps et de
l'aspect.
Temps et
aspect ~tdnt des catégorles conceptuelles universelles sous-
jacentes ~ toute
langue.

.. 221 -
B l B LlO G R A PHI E


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d"'tlo""uttrth dt lA UnSCLÜUqut .lD'. fUt ,,' Cl peu U
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l'ClC(Oapti, l'üptet' , l'üptd duMU' u l'üp(â
dull4.ti , -ClCCOmpU J•
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- 228 •
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ftOCAvdtU 4equ.Ut.6 6~ 14 ÛIl,ut I(~. dubtlp.t{oJl
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.iJIIpoWAtu 4Wl tA l4ngut, 1'lll.i4, hU..44, dt IIldlt.i.ht
d.i4p4Jt4.tt
; peut-Uu qut t' WtllÜ.Cl1 p~da.gog.tqU(
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ou l' abu"ct dt ~ e..t "0" di , -i UAnt poull l' autWJl lA
IIllUqut t.t1fI'PO~eUt du pJlluntl.
III. ETUDES (OUVRAGES, ARTICLES, DISCUSSIONS ••• ) SUR LE FRANÇAIS
ET/OU LES LANGUES EUROPEENNES
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C.1.R.L., 1980, p. 139-149.
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._--_ _------
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....
ca
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:ca
MS: . . 25
tC44tw4«W

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i';.
~
,...
rr:."Il'iIlIIIp.'.....__
, ....n
••_._._.__ .....
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116. POTTIER B., "Essai Je synthèse sur l'aspect",
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octobre 1981, p. 45-52.

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119. ROHRER C., "Quelques remarques 6ur l'analyse de la
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120. RUIPEREZ H.S.,
"Quelques vues fonctionnalistes sur
l'a3pect
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1980, p. 27-29.
121. SÂBR~ULA J., "La signification des verbes français et
les problèmes d'aspect.
Etude comparative:
Langue française et langues slaves",
Bétr.
rom.
philol.,
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2,
1963,
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122.' SERBAT G.,
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le système des temps",
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123. STAHL G.,
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Recherches linguistiques 5, Metz,
1980,
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124. VASSANT A.,
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - _ - - - -
4"'""111I2
~

·~·i43 -
125. VASSANT A.,
"Ambigultés et mésaventures d'une théorie
linquistique :
les rela~ions 6e temps dans
le verbe français d'Emile Benveniste",
L'Information grammaticale,

9/
Paris,
1981,
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13-19.
126. VLACH F.,
"La s~mantique Ju temps et de l'aspect en
anglais",
Langages 64,
Paris, décembre 1981,
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127. WEINRICH H., Le Temps:
le récit et le commentaire,
Paris, Seuil,
1973, 333 p.
128. WILMET M.,
"Aspect grammatical, aspect sé~antique,
aspect lexical:
un problème de limites",
Recherches linguistiques S,Metz,
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129. ZEMB J.-M.,
"L'aspe~t, le mode et le temps", Recherches
Linguistiques 5, Metz,
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---- --------------- -
.......

I~1
1
-
244 -
1
TABLE DES MATIERES
Introduction g~n~rale : Enquête et principes
m~thC'tjologiques . . . . • . • . . • • . . . . . . • • . • . • . . .
4
1
1
l.
L'enquête
.
10
1.1. Projet et choix du corpus . . . . . . . . . • . . . . • . .
10
1.2. R6!lexions sur le corpus • . . . • • . . . . . • . . • • . .
28
1
1.2.1. Situation du wolof. dans l'univers linguis-
t~que sénégalais..... .•.•.••....•.......
~8
~.2.2. Situation du français dans l'univers Iln-
guistique sénégalais....................
29
1.2.3.
Implica~ions de ces différentes si~uations
linguistiques et sur le choix de r.otre ccr-
pus et sur notre concportement de 1ingu1ste-
analyste...... . . . . . . . . . . • . . . . . . . .
30
1.3. Do .•ktine d'oosel'lation
:
l'énoncé . . . . • . . " . . .
32
1.3.1.
re la phrase à l·énoncé ........•..•..... '.
32
1.3.2. Sources des énonc6s.......................
33
1.4. nrthograF
' des mots du wolof...............
34
1 • 4 . 1.
El é me n t 5 V 0 cal i (u es. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3 4
1.4.1.1. Voyelles b r è v e s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
35
1. 4.1. 1. Voyelles l ong.le s. . . .. . .. .. .. . .. . . . .. .. ..
35
1.4.2.
El~ments Lonsonan'.iques simples..........
36
1.4.3.
Eléments con~onantiques complexes.........
36
1.4.3.1. Consonnes Drénasalis~es.................
36
1.4.3.2. Consonnns géminées...........
36
-----.'---.~..."'~._"""--'.....,..,-~J44,;....,.4#'=.~.~,i.:sq;$; 5Sl\\i!$hal.J.4StJdii4i;:;;:4ii1l/l.saua ( 2 I;A4U,..

-
245 -
. .,
II.
Pn.. >cipes méthodclogiques
.
. ' 1
DéfInition du cadre de l'analyse
(Analyse de quelques moyens spécialisés èans la
détermination de valeurs aspectuo-temporelles
franç 3 i5 /wolof) . . . . . . . . . • . . . • . • . . . • • . • • . . • . • .
53
Chapitre l
Description des ~iro;r~ de conju-
gaisan du wolof
54
1.
r.'indicatif
. • . . . . . . . . .
SS
1.1. Les tiroIrs non-emphatiques..................
56
1.2.
Les tir0irs de l'·~mphatique..................
59
II.
i . ' i n ] O n c t l f . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6S
2.1.
L ' o b l i g a t i f . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
65
2.2.
L ' i m p é r a t i f . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
67
Notion Je temps vprhd1
: Analyse
de ~ue1ques movens
lingui~~:4UCS
de référence temporelle
(françdi~1
wa 1 0 f) . • . • • • . • • • . • . • • . • • • • • • • • • •
7 :>
1.
Le t:emps v e r b a l . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
~16
2.
Etude de ~uelques moyens spécialisé~ dans 1'in-
die a t ion deI a
t e mpc r a 1 i t é
1 i n gui s t i que. . . . . . . . .
8 1
~.1. ~'Information temporel;e dans la forme verbale
en français
, . . . . . . . . . . . . . . . . . .
81
~.l.l. Informations du verbe.......................
81
62l .&E; !Ji
i :.ua ussau Ud
il
& lU

-
246,-
2.1.2.
Relation entre les temps en français.......
82
2.2. L'information temporelle dans la forme
verbale en w o l o f . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
88
2.2.1.
Information temporelle dans le sous-système
des temps déictiques....
88
2.2.1.1. Le signifiant -oon et ses variantes......
89
2.2.1.1.1. Morphologie
.
89
2.2.1.1.2.
Contextes d'apparition dans l'énoncé ...
90
2.2.1.2. Le signifiant -aan et ses variantes
.
91
2.2.1.2.1. Morphologie
.
91
2.2.1.2.2. Contextes d'apparition dans l'énoncé . . .
92
2.2.1.3.
Remarques générales sur -oon et -aan . . . . .
93
2.2.2.
~nformation temporelle dans le sous-système
des temps non-déictiques
.
95
2.2.2.1. L'antérieur du passé
.
95
2.2.2.2. L'antérieur du futur
.
96
2.3. Les circonstants porteurs d'information tem-
porelle
.
99
2.3.1. Circonstants temporels ou adverbes temporels?
problème de terminologie
.
99
2.3.2. Fonctionnementdes circonstants temporels
déictiques
.
102
2.3.3. Fonctionnement des circonstants temporels
non-déictique s
.
lOS
Chapitre III
Notion d'aspect verbal
Analyse

urE
-
247 -
de quelques moyens linguistiques pour l'ex-
pression de l'aspect
(français/wolof) ... ...
109
1. L'aspect grammaticalisé....
125
2. L'aspect non-grammaticalisé...................
132
2.1. Les dérivations lexicales.
132
2.1.1. L'entrée dans un état...
133
2.1.2. La sortie de l'état....
134
2.1.3. L ' i t é r a t i o n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
135
2.2.
Les périphrases verbales.
136
2ème partie
Structure syntaxique et déterminations
énonciatives
(Analyse de quelques
valeurs aspectuo-temporelles)
140
• Chapitre l
De l'analyse des valeurs aspectuo-
temporelles liées à quelques mo-
yens d'évocation de faits rele-
vant du présent
(français/wolof)
141
l. A c t i f . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
150
1.1. Valeur d'action en cours..
150
1.1.1. Emploi du présent de l'indicatif
(pour le
français)
et du tiroir de l'emphatique
du verbe à l'inaccompli
(pour le wolof)
150
1.1.2. Emploi de la périphrase verbale "être en
train de"
(pour le français)
et du tiroir
présentatif + di
(pour le wolof)
.
153

-
248 -
1.3. Valeur de fait
intemporel...... . . • . . . . . • . . . . .
155
1. 4.
Valeur d' habitude. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . .
156
II.
Le PilfiSif
. . . . . . • . . . . . . . • . . • • • • • • . • • . •
158
Chapitre II
De l'analyse des valeurs aspec-
tuo-temporelles liées à quelques
moyens d'évocation de faits
relevant du futur
(wolof/français)
162
1\\ /
L 'In d i ca tif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1 6 4
1.
A c t i f . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
164
1.1.
Analyse d ' é n o n c é s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
164
1.2. Analyse d'énoncés(suite)......................
166
1.3.
E~oloi de la périphras~ "war + V" du wo1uf et
de
la périphrase "devoit' + V" du français.....
168
1.4. Emploi de l'introducteur xa1a "atre oblig~ de"
170
1.5.
Emplol du préscntatif wolo!
sans le prédicatif
d i . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
171
1.6.
Emploi du prédicatif dl dans une proposition
subordonnée introduite par les
fon~tionnels b
ou S..........................................
173
1.7.
Emploi de l ' a n t é r i e u r . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
174
l 1.
Le pa 5 s 1 f . . • . . . • . . . • . • . . . . • . . . . . . . . . . . .
1 76
B/ L ' I n j o n c t i f . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
176
Chagitre III
De l'analyse des valeurs aspectuo-

-
249 -
temporelles
liées à quelques moyens d'évoca-
tion de
faits
relevant du passé
(wolof/fran-
çais) . . . . . . .. .. . . . .. . . . . . .. . . . . • • . . . . . . . . ..
1B1
J.1.
Emploi de - o o n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1B2
J . l . l .
La marque -oon dans
l'évocation de faits
rele-
vant du sous-système d é i c t i q u e . . . . . . . . . . . . . . .
IB2
J.1.2.
La marque -oon dans
l'expression de l'irréel
du p a s s é . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1B5
3.1.J.
La marque -uon dans
l'expre3sion de
l'atténua-
tior. p o l l e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
lB6
3.1.4.
Emploi de
la marque -oon avec le prédicatif èl
188
3.2.
Emploi de - a a n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
189
3.2.1.
La marque -aan dans
l'expression de
l'impr6-
cision t e m p o r e l l e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
189
3.2.2.
La marque -aan dans
l'expressl·.m d •.:!s autres
v a l e u r s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
190
3.3.
Expression de l'antériorité dans
le passé. . . . .
192
3.3.1.
La contemporanéité..........................
192
3.3.2.
L'.:wtériorité dans
le p a s s é . . . . . . . . . . . . . . . . .
193
3.4.
Emploi des éléments introducteurs sog
"venir
de"
ct door "commencer".......................
195
3.5.
Impact des
tiroirs de conJugalson dans
l'évocation de
faits
relevant du passé........
197
3.5.1.
Emploi d'une
fJrme verbale à
l'emphatique du
v e r b e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
:97
3.5.2.
Emploi d'une
forme verbale à
l'énonciaLf...
196

Â1
. . . . . . . . .-
.......- - - . - - - - . -.." . .
-
250 -
200
3.6.
Le pseudo-passif.
· · · · · · · · · · · · · ·
Un aspect du
APPENDICE
commentaire grammatical
(De quelques moyens de référence tem-
pore Ile dans un texte wolo f) . . . . .
202
1.
Texte.......
. . . . . . . . • . .
203
2.
Traduction
·
204
3.
Commentaire grammatical du texte
206
CONCLUSION GENERALE:
Essai d'évaluation des ré-
211
sultats de l'analyse
· . · · · · ·
..
41
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
..
221
..
..
..
..
..
..

..
..
..
..
B
..
1
..
B
. . .
LI
.
OG RA PHI E :
- I/Llnguistique générale
222
. . . . . . . . . . . . • . .......
II/Etudes sur le wolof et/ou les langues
224
ç .
.
a .. rlca1nes
· . · · · · · · · · · · · · · · ········ .
III/Etudes sur le français et/ou les langues
européennes
229
.
..
TABLE
.. .. .. .. .. .. ..
244
DES
.. .. .. .. .. ..
~\\TIERES
.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..


*