UNIVERSITE PARIS vm SAINT DENIS
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE
IMPL~cTS SOCIo-EcONOMIQUES
ET CAUSES D'EcHEC DES PROJETS
DE DEVELOPPEMENT EN MILIEU RURAL
ETUDE DE CAS: LE PROJET D,INSTALLATION
DES JEUNES AGRICULTEURS AU TOGO
THESE Complémentaire pour l'obtention du Doctorat
.
Présentée et Soutenue par:
AMOUZOU Essè Aziagbédé
Directeur d'Etudes: Monsieur Pierre Philippe REY
Année 1990 - 1991

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DEDICACE
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Mon frère et ami victor WOMITSO-MAWULAWOE
Sans toi,
ce travail n'aurait pas vu le jour
Trouves-ici l'expression de ma gratitude

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RE'IERCIE'IE:\\TS
Qu'il nous soit pennis ici d'exprimer notre profonde gratitude à
- 1\\1. PielTe Philippe REY qui n'a ménagé aucun effort dans la direction de ce
tra-vail de recherche.
- "Nlessieurs les membres du Jury pour a\\Olr accepté de paIiiciper a la
soutenance de cette thèse malgré leurs multiples occupations.

INTRODUCTION
Le développement rural est devenu une expreSSIOn à la mode dans les
pays du tiers-monde et pratiquement tous les gouvernements en Afrique le
placent très haut dans leurs priorité s.
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que J'on peut faire sur le teITain c'est que les hommes et les fernmes yj\\ent
dans la même pau\\Teté avec u~e agriculhlre de subsistance essentiel1ement
basée sur les méthodes n1dimentaires de travail. La conséquence en est que la
production agricole s'est toujours soldée par des rendements de misère avec un
revenu qui ne pennet pas d'améliorer les conditions de la vie quotidienne.
Devant cette sihlation, les forces vives, les jeunes surtout émigrent vers
les villes pour tenter d'échapper à ce sort misérable. Cette répulsion ou refus
du mode
de vie traditionnelle
est surtout
lié à cette agriculture
peu
performante, d'un niveau technique archaïque et donc peu digne d'intérêt. Au
caractère difficile et rude des conditions de production engendré es par le sous-
équipement rural vient se greffer, ces dernières années, le problème de la
saturation des différents secteurs d'activité s non agricoles et la réduction des
offres d'emploi étatiques ou privées. Le diplome, même universitaire, n'est
plus auj ourd"hui llne garantie d'emploi. Ce sont là les maux qui frappent en
premIer lieu les jeunes scolarisés qui ont tendance à rechercher plutôt des
emplois salarié s avec des revenus réguliers.
Il Y a donc inadéquation entre l'image du travail de la tene (pénibilité,
faible
réussite
sociale,
manque
d'autonomie
socio-économique)
et
les
aspirations qu'apporte le statut de "scolarisé".
2

Au Togo, depuis quelques années, une dynampique s'amorce. Le projet
PSTP initié par le Programme des Nations-Unies a install é sur tout le tenitoire
national de jeunes volontaires à des postes de production agricole. Cette
politique dont les objectifs ont été évoqué s plus loin, contribue non seulement
à réduire le taux de chômage par la création d'emplois pour la jeunesse mais
aussi à dynamiser les milieux ruraux par l'introduction de nouvelles techniques
culturaks (semis en ligne, culture attelée notamment) et de nouvelles variétés
de semence sélectionné es.
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p.lais,après six ans d'exécution, ce projet se heurte aujourd'hui a un
certain nombre d'obstacles susceptibles de compromettre sa réussik.
La présente étude est une contribution à la recherche des difficult és
rencontr~ es par l'installation des jeunes agriculteurs. Elle a donc pour but une
meilleure connaissance des facteurs bloquant la réussite du projet.
Les résultats de nos travaux de recherche mené s sur tous les sites de
jeun~s dans les cinq régions économiques du Togo pennettent de mettre en
évidence les principaux facteurs d'échec:
Le choix des sites dont toutes les conditions ne semblent pas être
f2\\"orables
à l'agriculture
maUVaIse
aptitude
agricole
des
sols,
environnement
humain
et
sauvage
non
favorable,
absence
ci Infrastructures socio-sanitaires sur certains sites ou dans les villages
avoisinants des sites: eau potable, école, dispensaire ... etc.
Le manque de prêts de campagne.
Les difficulté s rencontré es au niveau de la commercialisation par les
jeunes.

Toutes ces contradictions ont été recensées comme les facteurs auxquels
se heurte encore l'installation des jeunes agriculteurs.
Alors qu'au Togo la population active vieillit, l'exode rural des jeunes
s'accentue. Les jeunes quittent les villages au profit de la ville qui se remplit
de chômeurs au fil du temps. La production agricok a tendance à baisser.
Un moyen d'arrêter l'exode rural. résorber le chôma2e et aUQ:menter la
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production aglicole s'impose. Dans cette optique. concevoir des stratégies
susceptibles de ralentir l'exode rural, de réduire le chômage, de renover les
exploitations agricoles afin d'am éliorer quantitativement et qualitativement la
production agricole devient la pliOlité du Gouvernement.
La stratégie estimée plus utile et plus profitable est l'insertion des jeunes
déscolarisé s, ouverts aux innovations,
dans le secteur agricole
afin de
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l' amculture.
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Pour ce faire, de jeunes candidats ont été recmtés ; plusieurs d'entre eux
ont été formés dans le domaine agricole.
Il s'agit que les jeunes agriculteurs, grâce à la fOlmation agricole reçue,
deviennent de véritables agents de développement des milieux mraux à travers
l'adoption de nouvelles mesures d'accroissement des rendements agricoles et
la pratique
de nouvelles techniques culturales modernes.
Cette nouvelle stratégie, adoptée en mars 1985. dont les objectifs sont
l'auto-suffisance alimentaire et le mieux- être des masses rurales constitue un
appui essentiel qui doit déclencher, accélérer le processus de transformation de
l'agri~Ldture traditionnelle en produisant un effet d'entrainement auprès des
paysans en milieu rural.
4

Force est de reconnaître aujourd'hui que l'on enregistre des abandons de
poste ici et là. La situation peut facilement s'aggraver à r avenir si aucun
rem ède n'est apporté pour relever le défi.
En effet, l'échec des projets de développement n'est pas seulement
imputable à la résistance du milieu, c'est-à-dire au conservatisme des
développés. il est aussi souv'ent le résultat d'un manque de sens d'organisation
des responsables de projet ou simplement la négligence de la prise en compte
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du
facteur
humain
dans
l'élaboration
de
certains
programmes
de
développement.
Dans le cas de ce projet. objet de la présenle étude, les responsables
n'ont pas su mettre en place les infrastructures de base nécessaires à la vie des
jeunes agriculteurs install és. C'est ici que ~1ichael Cerna (1) intervient pour
dire que "les projets échouent parce qu'ils sont sociologiquement mal infonnés
et mal conçus".
La sociologie peut beaucoup apponer aux projets de développement s'il
faut prendre en considé ration la rencontre des deux facteurs "projets-milieu".
L'intervention du sociologue au début, en cours et en fin de projet doit être
\\'ivement recommand ée aux développeurs pour la raison que la dimention
humaine est l'élément moteur du jeu et de lui d~pend en partie le succès ou
l'échec de cette entreprise. Ainsi la pertinence de rapport de la sociologie aux
projets est réelle.
Le chercheur doit s'interroger sur les causes profondes de l'échec de
certaines intef\\entions en matière de développel11nt rural et identifier les
facteurs responsables qui retardent l'évolution des populations rurales et
(1)
J\\[ichael CER."\\iA, Putting People, First, Sociological V2ria.bles in Rural Development.
5

soumettre des propositions conséquentes. De leur côté, les développeurs
doivent saisir la nécessité d'inté grer les sciences sociales dans leur programme
de développement.
Le présent travail tente aussi de faire ressortir les contradictions
fondamentales qui existent entre "développeurs-dé veloppé s". Car évaluer une
opération de déyeloppement revient à analyser la confontation entre un projet
et un milieu. D'une mani ère schématique:' toute opévo..~·"" de développemnt rural
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concret appelé à lui servir de support" (1).
En effet. la démarche consiste à mettre en éyidence les réalités sociales
et comme le font remarquer J. P. DOZON et G. PONTIE
dans leur
ouvrage (2), en matière de développement rural africain ... les projets, depuis
les indépendances, n'ont pas dans l'ensemble, tenu leurs promesses. Les échecs
sont nombreux, les réussites rares. Quand on exan1ine cette situation de très
près, on constate que la mise sur pied de tous ces projets n'a toujours pas
accordé une place importante aux analyses sociologiques préalables du milieu
à développer.
Or, les sociétés africaines comme toutes les sociétés humaines sont
capables de changement et d'adaptation. Les études p01iant sur la sociologie
des mutations l'ont bien montré.
0)
Pa.vsans. Ecperts et Chercheurs en Afrique ,Voire.' Sciences sociales et dcveloppement rural.
Sous la Direction de P. BOIRA.L, J. F. LANTERJ, J. P OLIVIER De SARDAN, Editions.
CIFACE et KA.RTIlA.LA, Paris, 1985, p. 83.
(2)
J.P. DOZON et G. PONTIE, Développement, Sciences sociales et logiques paysa...'1I1es en
Afrique Noire, in Paysans. Experts et Chercheurs en Afrique Noire, op cité
6

D'autre part, c'est une erreur incontestable des responsables de projets
de négliger de faire participer les ruraux à la réalisation et à la conception des
plans de développement. Généralement les populations rurales ne sont ni
concerté es, ni associ ées à l' élaboration des programmes qui concernent leur
propre développement sous pretexte qu'elles ne peuvent pas toujours bien
distinguer leurs "vrais intérêts". Or, un plan de développement rural a très peu
de chance de réussir s'il n'y a pas une participation des masses concernées à
la base.
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De toute évidence, pour que le plan soit accepté par les masses rurales,
il faut bien qu'il illustre les aspirations et les besoins de cette couche sociale
qui doit pouvoir les exprimer. Ceci pourrait pennettre une défense des droits
et des intérêts des collectivité s rurales et une meilleure chance de réalisation
des projets. la concertation pourrait se faire par le biais des coopératives ou des
associations de paysans. Un dialogue peut être établi entre les responsables
politiques, les planificateurs et les représentants des mraux.
Ce dialogue permettra d'ajuster les préoccupations de chacune des
parties, et sera pris en compte dans l'élaboration du plan.
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PREj\\IIERE PARTIE
8

CHAPITRE 1 :
CADRES CONCEPTUELS
A. SÉLECTION DU PROJET DE RECHERCHE
Nous avons considéré ce travail de recherche comme étant l'évaluation
de l'impact socio-économique
du projet PSTP sur 13 population
mrale
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Le point de d~p31t de ce tra\\'ail est un d~b3t th~ ùrlque portant sur les
conditions de succès des projets de développement.
En effet, pour quun projet de développement amve à répondre aux
besoins esprim és par les bénéficiaires, il est important de ne jamais perdre de
vue son évaluation qui doit être considérée ici comme étant une opération qui
vise à détenniner de tàç on systématique et objective la pertinence. l' efficacit é,
l'effet et l'impact des activités au regard de leurs objectifs. C'est un processus
qui vise à améliorer les activités en cours et à aider la direction des projets
dans ses futures actions de planification et de prise de décisions en matière de
développement. Par ailleurs, l'estimation et l'évaluation de J'impact de chaque
projet sur la population directement intéressée et les communauté s voisines
sont un élément intrins èque des programmes de développement mral. Les
bénéficiaires des projets doivent donc participer à ce travail d'estimation et
d'évaluation.
De ce fait, il serait possible de rectifier la démarche des projets a\\"ec bien
entendu
le concours
des intéressés, alors
que
ces projets
sont encore
opérationnels de façon à pem1ettre de meilleurs résultats. On recueillera
également de la sorte des infonnations, des opinions utilisables lors de la
conception des projets futurs.
9

Pour cela, les projets devraient nécessiter une expertise sociale à tous les
niveaux, notamment de leur programmation jusqu'à leur mise en oeuvre et
même au-delà. D'autre part, il a été constaté que le projets de développement
n'attachent pas d'importance aux variables fondamentales que sont r évaluation
et la participation des bénéficiaires dans l'exécution des programmes d'action.
Ce sont là les raisons qui ont guidé notre souci, celui de nous intéresser
AT éVé!I.l;l~ti(~m. d~ !,i~paç~ .s9cio:-~.CÇ).n9rpiqllt; dU.,projet,.PSTP sur.lasit:u~tiDH·. >. : '
socio-professionnelle des jeunes install és et sur la vie des populations procb;;;s
des si tes des jeunes. Mais pourquoi le choix de ce projet plutôt qu'un ,autre ?
Il faut d'abord soulisrner que le Programme des Nations-Cnies et la
Direction du Développement Rural au Togo ont retenu ma candidature dans le
cadre de l'attribution d'un poste de socio-économiste du projet en vue de
l'encadrement des jeunes instail és sur les sites de production, Les responsab!;;;s
du projet n'ont songé à associer un sociologue à ce dernier que six mois
seulement m/ant la fin du projet qui a pratiquement été financé pour six ans.
Cette occasion nous a pennis de relever contradictions et incohérences qui sont
ou qui constitueront indubitablement quelques unes des causes d'échec de ce
vaste programme d'action.
D'autre part, ce choix se justifie aussi par le fait que, compte tenu de ma
formation professionnelle, il s'agit justement et avant tout d'un projet de
développement ntral intégré d'autant plus que nous avons toujours été sensibles
aux
questions
relatives
au développement
ntral
au Togo
à cause de
l'importance de l'agriculture dans l'économie des jeunes nations africaines en
général et du Togo en particulier.
10

Il est donc important que nos recherches soient orientées vers le domaine
de développement rural en raison de l'état défavorisé des populations rurales
et de l'importance de l'intervention des projets de développement qui cherchent
à améliorer les conditions de production du monde rural.
De
fait,
plusieurs
orgamsmes
internationaux
panm
lesquels
l'Organisation des Nations-Unies pour le Dé\\'eloppement se tiennent facilement
~.".~ ...... ~.....~!.~.P.~s.~!i:?~l ._ 'pour.?id~r.les ~opulati~~.?...J2a<·sa.n!les>. ~~.~çe C, à des.. m9.q~~. • • 00 • ••
d'inten·ention. L'objectif visé par les projets est ayant tout le développement
économique où la sociologie détient une place importante et non négligeable.
l\\OUS
reviendrons plus loin sur cet aspect de la question maIS pour
l'instant on peut retenir que la sociologie cherche à connaître la vie des
sociétés et s'intéresse
à l'étude de leurs structures internes. Elle tente de
proposer des solutions et des remèdes aux différents problèmes socio-
éCOnO[ll~'-lUè::; et dont SOllt victimes les populations et essaie en se basant sur
des éhldes
de cas ou de contraintes
identifi ées de déterminer
et de
recommander concrètement des mesures en \\ue de l'amélioration d'une
sihration donnée ou des conditions de vie d'un groupe social.
NIais aujourd'hui, comme on la lui reproche, la sociologie doit être plus
efficace devant les responsabilité s d'améliorer les conditions d'existence
humaines.
En
d'autres
tennes,
"les
sociologues
doivent
envisager
de
nombreuses issues autres que celles qu'ils emploient jusqulci et qui consistent
en l'élaboration de modéles spécifiques d'organisation sociale.
Il

B. ENONCE DU PROBLEl\\lE
L'histoire de l'humanité, comme l'écrit bien Josué De Castro, est, depuis
la nuit des temps, le probl ème de sa lutte pour son pain quotidien. Il paraît
donc difficile d'expliquer, et plus difficile encore de comprendre ce fait
étrange, à savoir que l'homme "cet animal prétendu supérieur, si souvent
victorieux des forces de la nahlre qu'il a fini par s'en proclamer le maître et
. s~igueur" -p '.aït. encore obtenu .aucun triomphe ··décisif dans··cette; h{tte'p~ur ·sa-
sllbsistanc~. Il suffit de se rappeler que, au bout de cette longue p~riode de
plusieurs centaines de milliers d'années de combat l'observation scientifique
constate aujourd'hui qu'au moins deux tiers de la population du monde vivent
dans un état pennanent de faim, que deux milliards d'êtres humains ne
disposent pas des moyens d'échapper aux griffes de la plus terrible de toutes
les calamité s sociales" (1). Le fait que près de 80 % de la population mrale des
pays en développement vive dans un état de dénuement ou relative pau\\Teté
indique bien l'ampleur des obligations à satisfaire. De plus, cette population,
qui augmente à un rythme effrené, exercera des pressions encore plus fortes à
l'avenir sur les ressources alimentaires, la santé et l'emploi.
Devant cette sihlation déjà alarmante, l'exode mral vient pnver
les
communaut és paysannes d'une fraction considérable de ia population active et
désorganise les activités productives et le système agraire.
En conséquence, si des plans d'action ne sont pas mis sur pied pour
relever le detï, le délicat problème du sous-développement en milieu nmü ne
peut aller qu'en s'aggravant.
(1)
Josué De Castro, Geo politique de lafaim, ed. Economie et Humanisme - Paris, année 1973,
page 31.
Kwadjo ADABRA Anani, Evaluation dufacteur humain dans les projets de deve!oppement:
le cas du projet AFRl -Aménagement forestier et Reboisement industriel à AvEDJE-
Mémoire de maîtrise de sociologie, UB, 1988, page 28.
12

C'est devant ces cas problèmes et la situation d'une jeunesse rurale en
quête d'emploi que le Gouvernement Togolais a préféré orienter l'aide du BIT
en faveur
de l'emploi
vers la jeunesse descolans ée d'une
part et le
développement mral par l'augmentation
de la population
agricole pour
l'autosuffisance alimentaire d'autre part.
Alors que jusqu'à un temps récent l'attention des autOlités politiques
s'est surtout focalisé e sur l'Education et la Foonation professionnelle des
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jeunes. on reconna ît aujourd'hui qu'il faut aborder. dans une perspective
beaucoup plus large, la question du développement rural intégré et d' enrà 1er
activement
les
populations
rurales
dans
leur
propre
processus
de
développement. C'est donc dans le souci de répondre, dans le même champ
d'action, aux préoccupations actuelles des pouvoirs publics et aux besoins de
plus en plus pressants des jeunes chômeurs togolais que le Programme des
Nations-Unies a bien accepté d'aider les responsables politiques du Togo en
finan çant le projet d'installation des jeunes à des postes de production agricole
en milieu mral.
En effet, l'exécution de ce projet devrait, entre autres, pennettre la
création de cel1aines infrastnlctures de base tels que les puits ou forages, les
magasins de stockage de produits de récolte, les retenus d"eau, etc. Par la
même occasion, l'installation des jeunes agriculteurs comporte l'introduction
dans les zones rurales de nouvelles méthodes en agriculture comme la traction
animale, l'emploi ou l'utilisation d'engrais et l'adoption de nouvelles \\-miétés
de semenses sélectionné es.
L'action du Gouvemement togolais et du Programme des Nations-Unies
comme on peut le penser raisonnablement
est Olientée vers les jeunes
deshérités. Son but est de favoriser aussi tout naturellement, auprè s des paysans
13

les conditions d'accè s à un processus de développement. Car l'adoption des
nouvelles techniques culturales doit pennettre aux jeunes de se démarquer vis-
à-vis du paysannat traditionnel. Selon les objectifs du projet, ces jeunes
deviendraient dans les zones rurales des vecteurs d'entrainement des noyaux
de développement en pennettant aux paysans de passer de la culture à la houe
de petites superficies à ta culture attelée de surfaces plus importantes avec des
meilleurs rendements.
" 'rfconvient cie" s'oliiigrier que' l~s fal~ines, l'a s~èherësse: '1; exà'cië' ~~aL -la
pression démographique assez forte que connaissent les milieux africains en
général et togolais en particulier indiquent bien que le dén~loppement
du
secteur rural est un levier important pour aider les populations à sortir de
l' im passe.
Pour revel1lr au sujet de notre étude, il faut rappeler qu'il s'agira de
mesurer
l'impact
socio-é conomique
du
projet
PSTP
dans
les
zones
d'intervention en seconde position, on recherchera la mani ~re dont les jeunes
installé s eux-mêmes et les paysans avoisinants les sites des jeunes conçoivent
les effets du projet et comment ils entendent contribuer à l' amé 1ioration de leur
propre condition d'existence.
Pour ce faire, nous tenterons de nous livrer à des investigations
théoriques portant sur les facteurs humains et procéder à une analyse
sociologique en vue de faire une évaluation quantitative et qualitative du projet
grâce à une enquête de sondage d'opinions menée auprès des bénéficiaires (l)
du projet.
(1)
Les jeunes installés par le projet sont les bénéficiaires directs du Projet PSTP et les paysans
qui habitent les villages voisins des sites des jeunes en ont bénéficié indirectement pour la
raison qu'ils profitent des infrastructures de base (forages, puits, retenus d' eau, etc,) et
s'initient aux nouvelles techniques culturales pratiqué es par les jeunes,
14

C. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
Le présent travail vise un double objectif:
Il s'agit notamment d'une finalité d'ordre pratique et d'une finalité à
caract ère heuristique.
a) Final ité d'ordre pratique
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Dans cette perspective, il y a lieu de vérifier tout d'abord si les objectifs
déclarés du projet sont atteints ou sont susceptibles d'être réalisés (objectifs
immédiats et objectifs du dé\\Oeloppement).
b) Objectifs du développement
Confonne ment à la volonté du Gouvernement d'orienter les jeunes vers
les métiers mraux susceptibles d~ les employer, les objectifs de développement
du projet PSTP/jeunes sont donc les suivants :
Emploi des jeunes en milieu mral en luttant ainsi contre le chômage et
le sous-emploi de cette catégorie de la population.
Freiner l'exode mral qui détmit les possibilité s réelles de développement
mral en privant les milieux paysans de ses éléments dynamiques.
Augmentation de la production agricole avec pour but de garantir
l'autosuffisance alimentaire.
Création
d'un
secteur
agricole
moderne
autorisant
de
meilleurs
rendements, une augmentation rationnelle et hannonieuse des surfaces
cultivé es.
15

Pour y parvenir le projet a surtout utilisé les moyens suivants
La création d'emplois temporaires pour la réalisation d'infrastructures et
aménagements de base et de postes de travail productifs constituant des
emplois de moyenne ou longue durée.
Redistribution des revenus au profit des couches les plus défavorisé es de
la population en milieu rural, grâce à la vente des produits d'élevage et
des plantat(o~s: "
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Amélioration des conditions de vie en milieu rural notamment pour les
femmes grâce aux infrastmctures de base réalisées, aux emplois induits
créés (commerce,
emploi de journaliers
agricoles pour les jeunes
installés, artisans pour la fabrication d'outils ... ).
c) Objectifs immédiats
Réalisation d'infrastmctures essentielles (eaux, liaisons, protection des
sols ...) et d'am énagements (défrichement, essouchage) en utilisant les
techniques à Haute Intensité de r.lain d'Oeuvre, création d'un nombre
maximal d'emplois temporaires pour de jeunes chômeurs en vue de la
création de nouveaux espaces agricoles, sylvicoles ou pastoraux.
Etablissement d'infrastmctures de conservation et de commercialisation
des produits agricoles.
Promotion de la participation populaire et de l'auto-assistance dans la
constmction. l'entretien et l'utilisation des nom elles infrastmctures.
Fonnation des jeunes tant à l'exécution de trayaux d'infrastmcture et
d'aménagement qu'en matière de production agricole, de conservation
et de commercialisation des produits.
Effet d'entrafnement auprès des paysans traditionnels et d'autres jeunes
de la zone également sous employé s pour le développement
de
16

meilleures techniques agricoles et surtout de la culture attelée, étape
intenné diaire indispensable entre la houe et le tracteur, mieux adaptée
que
la
mécanique
aux
possibilités locales
et nécessitant
moins
d'investissement individuel.
Etablissement et mise au point d'une méthode simple d'installation de
jeunes à des postes de production agricole par le PSTP afin de
transfonner ces jeunes en véritables agriculteurs modernes contribuant
für1ement à l'essor du milieu rural traditionnel.
En application de cette méthode et de l'expérience acquise grace au
projet, il y a possibilité pour le Gouvernement togolais de mettre en oeU"Te
d'autres projets similaires même sans assistance technique extérieure.
D. FI~.-\\.LITÉ HEURISTIQCE
Dans cette
seconde nrbrique,nous voulons détenniner comment les
paysans (1) voisins des sites des jeunes et ces derniers eux-m êmes participent,
à travers la philosophie d'action du projet, au processus d'am élioration de leurs
conditions de vie. On cherchera à savoir si le projet a déjà suscité des
transfonnations sociales au sein de la population d'acueil. Enfin, les résultats
obtenus par le projet PSTP suffisent-ils à entraîner le développement rural. Ce
sont là quelques objectifs et hypothè ses que nous chercherons à vérifier dans
ce travail de recherche. l\\1ais avant cela nous voulons par ce travail apporter
notre contribution
à la question du facteur humain dans les projets de
développement.
(1)
Il S· agit des vi llageois proches des sites d' installation des jeunes qui ont été recruté s en t311t
que manoeuvres agricoles dans le cadre dèS différents travaux agricoles nécessité s par
1ïnstallation des jeunes. Ces paysans ont eu l'occasion de copier chez les jeunes agriculteurs
modernes les différentes techniques culturales introduites par le PSTP dans les milieux
ruraux togolais.
17

E. REVUE DE LA LITTÉRATURE
La littérature sur le facteur humain dans les projets de développement est
très récente. On peut dire qu'elle ne date en réalité que des années 1975. Mais
cette littérature qui devient déjà abondante n'est pas souvent prise en compte
dans les programmes de développement et lorsqu'elle l'est, ses enseignements
ne sont utilisés que de façon insuffisante.
Cependant, certains organIsmes
de développement
et des instituts
d'études de développement invitent au travers de nombreuses études de cas à
tenir suffisamment compte des traditions et des fonnes locales d'action pendant
l'initiation des projets. Cette invitation à prendre en considération les variables
sociologiques se fait de manière saccadée. Mais aux yeux de fv1ichael Cemea,
il s'agit de tout un projet qu'il présente de façon systématique. Nous
présentons à notre tour dans les lignes qui suivent les cinq points dudit projet.
A cette contribution de Cernea nous ajouterons, pour le compte de cette revue
de la litterature, une analyse fort pertinente réalisée sur le facteur humain par
1'histOlien américain Elting rvlorison.
a)
Connaissance sociolo~ique et projets de développement
Les sociologues
du développement,
au cours des deux dernières
décennies se sont engagés davantage dans les projets de développement. Et en
dépit de nombreuses difficulté s ils ont appris progressivement
comment
apporter des contributions pratiques à l'occasion de cette nouvelle approche du
développement que sont les projets de développement.
Nombre de ces
socioloques ont découvert que lorsque le projets sont planifié s de façon
adéquate, il s'om,Te de multiples points pour des contributions sociologiques
substantielles. En effet les projets de développement offrent un si vaste champ
18

pour l'application de la connaissance sociologique que la sociologie n'arrive
pas à le couvrir. En un mot les sociolollues doivent envisager de nombreuses
~
~
issues autres que celles qu'ils emploient jusqu'ici et qui consistent en
l'élaboration
de modèles spécifiques
d'organisation
sociale.
Parmi
ces
nouvelles issues on peut envisager
les projets de développement comme
champ d'exercice de la sociologie
les projets de développement comme
points d'entrée pour la connaissance sociologique dans la planification du
développement : des méthodologies pour . l'action sociale et le rôle de
r expertise
sociale
de
nom'elles
perspectives
de
recherche
l'institutionnalisation de la sociologie du développement.
a.1
Les projets de développement comme champ d'exercice du
sociololZue.
Les spécialistes des sciences sociales se doivent de saisir les potentialité s
et les exigences des projets de développement pour une utilisation maximale
des opportunité s en vue d'une action sociologique efficace. Ces opportunit és
ne doivent pas être simplement regardé es comme r occasion pour des apports
sociologiques individuels à un projet ou à un autre. Ces apports unitaires
doivent être l'occasion, primo de développer des corps systématiques de savoir-
faire sociologique adapté à des interventions ponctuelles, secundo d'ananger
une
interaction
interdisciplinaire
spécifique
panm
les
praticiens
en
développement
et tertio d'élaborer des stratégies et des méthodologies
sociologiques pour l'action du dév'eloppement.
Les
projets
de
dévelopement
étaient
ouverts
suffisamment
aux
contributions
sociologiques
dès lors qu'il
était question d'apporter des
améliorations de sihlation à travers le développement des communaut és rurales.
Et c'est à ce moment que s'est fait sentir le besoin d'identifier les bénéficiaires
et les victimes du développement, de comprendre la stratification et les
19

modèles de distribution des revenus et des biens en milieu rural, et d'expliquer
les systèmes d'agriculture et le comportement économique des paysans.
Et au début de cette nouvelle perspective il y avait peu de connaissance
sociologique applicable aux projets. Aujourd'hui c'est-à-dire quelques années
plus tard, il y en a plus mais toujours pas de façon suffisante : il y a comme
une triste insuffisance des modè les sociologiques.
des paradigmes et des
'rrîethodorogie's ·actudiement· dispenibles.~· ',. .
.' . '., .
".
.~.
. 0"
' .
"• • • •
On sait que les projets de développement sont des moyens par lesquels
on introduit la croissance et le changement. Et tr~s souvent les ressources
financières sont le seul apport massif injecté dans un milieu pour accélérer le
développement. 1\\1ais cet apport subit et massif de ressources extérieures à la
communaut é rurale renverse les processus naturels par lesques les ressources
du développement sont intérieurement créées et progressivement accumulé es
confonn ément à la capacité de la stmcture socio-é conomique de grenier,
d'absorber et d'utiliser le surplus. Les effets négatifs immédiats de ces apports
subits de capitaux sont souvent cachés et ignoré s.
Il est vrai que la nécessité des ressources financi ères est indiscutable,
malS il faut reconna ître que des programmes d'agriculture les ont souvent
piétiné non pas par un manque d'apport financier mais parce que les
communaut és n'ont pas été capables d'absorber effectivement cet apport et
aussi parce que les planificateurs manquent d'habileté à identifier une stratégie
efficiente du développement. L'argent n'est pas tout, et dans bien des cas
l'argent est la moindre contribution pour changer l'ordre des choses, Les
leviers financiers du développement ne sauraient ètre substitué s aux leviers
non-financiers. Fréquemment, les variables qui sont négligées sont d'ordre
social, structurel et institutionnel.
20

Et la connaissance sociologique se doit de comger ces erreurs. Le
sociologue souvent doit refonnuler totalement les problèmes pratiques comme
l'a suggéré Merton, en introduisant les variables couramment négligées par les
planificateurs,
les
administrateurs
par
exemple,
le
sociologue
du
développement peut poser des questions sociologiques cruciales comme : les
stmctures sociales existantes peuvent-elles suivTe le rythme du changement que
va apporter un large influx financier ? Quels sont les ajustements shlchLrels
nécessaires en regard des autres éléments nouveaux ? En un mot toute la
. : ... ,:.
'. -;, -...
..
' .
~...
' . ....
,....... . . . ....
....: ..... ' '"
pratique sociologique doit être re\\"isée. telle est la condition fondamentale pour
l'incorporation de la connaissance sociologique dans l'identification et la mise
en oeuvre des projets de développement
car a toutes
ces questions
le
sociologue doit apporter des réponses efficientes. Il doit expérimenter. il doit
apprendre.
a.2
Les points d'entré e de la connaissance socioloeique dans les
projets de développement.
Quels sont les points effectifs les plus impol1ants de l'entrée de la
connaissance sociologique dans le processus de planification du développement
communautaire
?
Les erreurs du passé et celles toujours colport ées ont rendu difficile la
réponse à apporter à cette question. Le point de vue qui est soutenu ici est que
les points d'entrée traditionnels utilisés par les sociologues - la ex-post -
évaluation et l'évaluation de 11l11p3ct - n'ont pas été des plus effectifs. Ces
points d'entrée conventionnels sont insuffisants et doivent être étendus jusqu'à
l'inclusion de toutes les jonctions de la planification et de l'exécution des
projets ou programmes. Et ceci devra être la contribution la plus importante
des sciences sociales dans l'identification de l'action sociale.
21

L'apport des sociologues et des anthropologues doit être présent à tous
les stades du cycle de réalisation des projets qui va de l'identification du
programme ou du projet à son évaluation finale en passant respectivement par
la préparation, l'estimation et la mise en oeuvre. Chaque stade requiert une
contribution substantielle différente (information,
analyse, prévision) des
sociologues. Mais on a constaté que le contrôle de tout le cycle de déroulement
est
généralement
aux
mams
des
politiques,
des
planificateurs,
des
administrateurs et autres managers qui décident de l'appel du sociologue de
. :
' "
• • :
a
' , . .
) . "
,
, "
r . .
.',


• • • '
. '
même que du moment de cet appel s'il doit avoir lieu. Un regard sur des
expériences révelera plusieurs erreurs et d'importantes leçons.
Historiquement. la premi ère interyention des sciences sociales dans les
projets
fut
l'évaluation
finale
c'est-à-dire
la
mesure
de
l'impact.
Malheureusement
ce stade est le dernier du cycle et le sociologue ou
l'anthropologue vient trop tard pour détenniner le processus de transformation ;
en d'autres termes les sciences sociales venaient trop tard pour contlibuer aux
transfonnations désirées. Le sociologue ne doit pas se contenter d'être un
évaluateur même excellent car ce faisant il se limite à un seul stade du cycle
des projets. Il arrive donc quand tous les autres experts ont fini d'apporter leur
contribution. Médecin après la mort, le sociologue est ainsi celui-l à qui vient
se plaindre de ce que les autres ont accompli.
Un second rôle joué par les spécialistes des SCIences sociales est
l'évaluation préalable à la mise en oeuvre du projet : une évaluation
prévisionnelle. Dans ce role le sociologue est appelé, après que les autres
experts ont fini d'élaborer le projet, à prévoir les possibles effets sociaux
négatifs. Une fois encore le sociologue est dans l'impossiblit é de, participer de
façon constructive à l'identification des projets.
22

Une intervention somme toute plus positive de la sociologie dans les
projets est la recherche appliqu ée qui apporte l'infonnation sociologique de
base aux projets, à certains du moins. Cette participation apparaît plus utile.
Cependant le sociologue n'a presque aucune influence sur ce qu'on fait des
infonnations qu'il moissonne. Ses infonnations peuvent être mal utilisées:
elles peuvent aussi ne pas être utilisé es du tout.
Il devient évident qu'aucune des interventions de la socioloŒie ci-:dessus . .
~~"' . . ".""':
".;
,
~ ..:
',,-
·~·.···' .. ···.· .. · ..·:·· .. ~ .. ····.·i
~.
'/'
signal ées ne pennet à la sociologie d'appoIier ses potenti21it és à un mode1J.:2e
interdisciplinaire
des
projets
de
développement.
Contrairement
à cette
incorporation segment ée et fragmenté e. la connaissance sociologique doit
intervenir à tous les stades des projets comme un continuum. En définitive le
sociologue se doit de se dépasser comme conseiller et comme évaluateur pour
devenir plus opérationnellement utile, pour devenir plus pragmatique, pour ètre
plus à même d'apporter plusieurs
contributions
dans l'identification
et
l'exécution des projets de développement.
a.3
l'v1éthodoloŒies d'action sociale
Comment rendre effecive cette contribution continue et multiple de la
sociologie dans les projets? Cela se peut à travers une intégration organique
dans la tâche du développement de modèles, de procédures de savoir-faire
sociologiques élaborés à partir d'expériences actuelles.
La communaut é des sociologues professionnels est limitée dans sa
participation aux projets de développement par au moms quatre facteurs.
Primo, les sociologues et les anthropologues ont peu de familiarité avec les
méthodes de planification et avec les procédures administratives, politiques,
bureaucratiques qui président aux prises de décision et à l'allocation des

ressources. Ils ont des difficulté s à intégrer leurs activités dans un tel corps.
Secundo, les sciences sociales à la recherche d'une identité(l) vis-à-vis des
sciences économiques tendent souvent à ignorer les facteurs économiques.
Tertio, aussi curieux que cela puisse paraître la sociologie rurale a négligé
l'étude à fond des processus de production agricole. Quarto, la sociologie et
l'anthropologie se sont primordialement attach ées à expliquer et à décrire les
structures sociales passées ou existantes bien plutôt que de regarder l'avenir et
.,.. '..
. projeter, le·-changemenLC~ .fai sant . il& ·.ont- peu ·de ·chance .d'élaborer ··de6··~"'· ' ,
instruments conceptuels et méthodolut:iques devant senlr dans les projets de
développement.
Les sociologues doi\\'ent inventer des outils et des méthodes pour traduire
en réalité les projets au lieu de discuter éternellement ce que ces projets
doivent être et ceci doit être regard é comme une obligation. Les sociologues
doivent
faire
face
aux
problè mes
effectifs
que
pose
la pratique
du
développement pour ne pas rester au stade du simple discours. Par exemple,
le sociologue devra trouver les moyens de faire pal1iciper effectivement aux
projets leurs bénéficiaires.
Il s'agira de donner plus d'opportunit é aux
communaut és visées par les projets à mobiliser leur propre capacité. Elles sont
sujets du développement: il s'agit alors d'abandonner l'attitude paternaliste qui
fait des communaut és rurales des objets de développement. Et ici le sociologue
doit savoir que les déclarations des politiques, des administrateurs et des
planificateurs
sur
la
participacition
des
communaut és
a
leur
propre
développement, ne sont suivies d'aucune action concrète. Il lui appartienî de
traduire ce mythe en réalit~. Pour ce faire le sociologue doit avoir en vue les
questions suivantes, lesquelles questions sont fondamentales : les sciences
sociales en prescrivant la participation sont-elles en mesure d' offir une
méthodologie
plus
ou
moms
systématique
pour
l'organisation
de
la
(1) - Une identité peut être insaisissable.
24

participation en différents contextes SOCiaux ? Les sociologues ont-ils des
méthodes et des procédés qui pourraient être transmis aux politiques, aux
planificateurs et aux managers ? Comment envisager la participation des
communaut és lors de la conception des projets? Que doit-il en être lors de la
mise en oeuvre ?
Des réponses systématiques et culturellement ajustables sont requises. Et
ces réponses doivent être traduites en savoir-faire
sociologique
pour la
""." ". cônsÙ-uctÏo'n' ""de "rnodèles" d'ac'tion lc;~"a~x.·~ 6~ ." d~vajt p~~~"ôi~"' tr~'~lv~';' 'de"s ..
manières d'influencer les activité s et les interactions humaines de même que
Jes relations des hommes avec leur environnement physique ""et social. Les
praticiens du dé\\"eloppement attendent des sociologues th~oriciens de la
p311icipation qu'ils transfonnent leur plaidoirie somme toute générale en
expertise sociale.
Autrement dit, la participation sans une "technologie" demeurera une
idéologie.
Les sociologues et autres spécialistes des sciences sociales et humaines
doivent très sérieusement revoir également la possibilit éd' établissement
d'institutions
et d'organisations
de
base devant
soutenir
l'action
de
développement. A voir le degré d'organisation fonnelle du monde ruraL il
traîne loin derri ère celui des milieux urbains. Ceci est une caractàistique
fondamentale
du
sous-développement
des
sociétés
rurales
laquelle
caractéristique explique largement la faiblesse et la vulnérabilité de ces
communaut és.
il
va sans
dire
que
des
questions
d'ordre
épistémologiques
et
méthodologiques complexes et subtiles vont se poser aux sociologues sur la

voie de cette nouvelle approche du rôle des sciences sociales dans les projets
de développement. Ces questions ne sont pas cependant insunnontables. La
sociologie appliqué e doit sortir de son sous-développement.
a.4
Les nouvelles perspectives de recherche
Pour generer de nouveaux
produits intellectuels
et assumer
leur
.. ', "J':,sponsabili.té .dan~ la misee,n. 4Ppljçation ..des pTograD1m~S ,d~ déyeJoppem.ent, .. .;...
les sciences sociales non-économiques doivent travailler sérieusèment il leur
propre toilette .. Deux
asp~cts sont à signaler brièvement : l' extention de la
recherche et les fondements interdisciplinaires des sciences sociales.
Les sciences sociales non-é conomiques, pour remplir leur nouvelle tâche
doivent étendre la recherche fondamentale et la recherche app1 iqu ée. Cette
nouvelle fonction doit également être sous-tendue par des changements dans
la mise au point des analyses et éclairée par de nouvelles orientations
concephlelles. De nom'eaux domaines et de nouvelles orientations de recherche
encourageants émergent aussi bien en sociologie et en anthropologie que dans
leurs sciences satellites : anthropologie du développement, sociologie de
l' agricu1 ture, études de la paysannerie, sociologie des récoltes, études des
systèmes d'agriculture et autres. Des recherches cOl1sidé l'ables ont été menées
durant les deux ou trois décennies passées selon les deux thèmes dominants de
la sociologie mrale ; le continuum milieu urbain - milieu mral et la diffusion
des innovations. Ces recherches ont apporté des contributions empiriques et
conceptuelles. Mais leur critique et leur déclin soudain sont riches de leçons.
Ces
deux
orientations
ont
porté
leur
attention
ailleurs
que
sur
les
caractéristiques des stmctures sociales agraires. La plupart des recherches
avaient une coloration plutôt psychologique et ce faisant elles négligèrent les
variabl es soci o-stmcturell es.
26

La recherche aujourd'hui
se revitalise et on assiste à l'émergence
graduelle d'une sociologie
critique
de l'agriculture.
De très nombreux
changements s'opèrent aujourd'hui dans le monde mral et la sociologie doit
aider à comprendre ces mécanismes, à en faire ressortir les avantages et en
prévoir les effets négatifs.
a.5
L'institutionnalisation de la sociolo~ie du dév~ement
. "
La métaphore des points d'intervention de la sociologie dans les projets
de développement devrait logiquement être étendue aux institutions elles-
mêmes ;où la pratique et renseignement de la sociologie et de l'anthropologie
du développement ont lieu. Trois items sont d'une importance cnlciale : primo,
la position des sociologues devra être institutionnalise" e dans les stnlctures
organisationnelles des agences techniques, des agences économiques et des
agences administratives ; secundo, de profonds changements devront être
opérés dans la fonnation des sociologues et anthropologues du développement,
tertio, il doit en être de même dans le cursus universitaire des techniciens et
économistes fonné s au développement.
Aussi longtemps que les sociologues professionnels resteront hors des
agences techniques et administrati\\'es, frappant avec beaucoup de difficulté s à
leur porte pour apporter leurs productions intellectuelles, l'utilisation actuelle
de la connaissance sociologique dans les projets de développement rencontrera
beaucoup plus d'obstacles que si les sociologues étaient panni les autres
experts à l'intérieur de ces agences, L'ethnocentrisme doit êtrè cornbathl et au
niveau des agences de développement et au niveau de la sociologie, Il est \\lTai
que certaines agences techniques ont commencé à institutionnaliser le savoir-
faire sociologique, mais pour l'heure ces cas sont peu nombreux. et ils piétinent
encore.
27

L'entré e des sociologues dans les projets de développement résoudra au
mieux tous les problèmes sociaux. Mais en leur absence plusieurs programmes
restent socialement mal identifié s et enregistrent un fort coefficient d'échec
économique, technique et socio-politique.
La fonnation des sociologues eux-m êmes devra être profond ément
restmcturé e, leur responsabilité dans les projets le commande. On a déjà
beaucoup écrit sur cet état de chose mais il est regrettable que l'establishment
"""acadéiniqtÎe ;"de's" s"de'ncës "'s'üdales'"eile's-Ïnê"mes réagisse'" sr lentèmérif ace! ..
impératif.
Et en dernier point mais non des moindres, c'est] e fait que plusieurs
expel1s techniquement fom1 és manquent d'infonnation sociologique et ne
comprennent pas ce que les sciences sociales dans leur expertise peuvent
ajouter à leurs propres efforts. Le poids de cet obstacle à une échelle globale
est sous-estimé.
La correction d'une telle situation est une affaire non pas d'une ou deux
années mais d'au moins une génération. Et sans cette correction l'engagement
~
~
~
des sociologues dans les projets de développement ne saurait être efficace.
b) La résistance au changement
Lorsque Richard Arkwright inventa le métier à filer en 1769, les ouvriers
pl eins d'hostilité tentè rent de détruire les méti ers aussi vi te qu'il les fabriquait.
Il existe
des milliers
d'exemples
semblables
: chaque
innovation
est
accompagn ée d'un même esprit d'opposition. Les oU\\1iers métallurgistes de
Wyandotte
incendiè rent le premier
laboratoire
industriel
construit
aux
Etats-Unis d'Am érique ; les hommes qui faisaient la chaîne dans les puits des
28

mines de charbon d'Angleterre en se passant les seaux pour évacuer l'eau des
galeries détruisirent les machines Newcomen actionnant 'les nouvelles pompes
à eau ; il existe d'autres exemples encore. rvlême lorsque les nouveaux
appareils peuvent soulager ceux qui travaillent dans des conditions pénibles
comme dans ces puits de mine, la persistance et l'ampleur de l'opposition au
changement demeurent aussi grandes (1).
ivlais un autre problè me apparaft quand r adaptation devient générale et
'Înterv:lent s'ans ·he·urts· âllx ~'o~diti~ns c~éées 'p~r i'apparitio'~"d:'l~~~' l~ou\\:~lI~·
machine : les hommes tendent à conserv"er dans les nouvelles situations
souvent très différentes, les habitudes qu'ils avaient contracté es dans les
anciennes. Qu'on se rappelle de l'histoire du chaneli.:r qui a\\"ait passé la plus
grande partie de sa vie avec ses chevaux et qui les garda en continuant à
prendre soin d'eux bien après qu'un tracteur les eut remplac és définitivement.
Quand les chevaux moururent, il continua de réparer leurs hamais, consacrant
son temps à des bêtes qui n'existaient plus (2). On peut citer aussi ce
mécanicien-fraiseur qui fut maintenu à son poste aprè s que sa machine eut été
rendue automatique par un système de bandes perforées ; on fut toutefois
obligé de la remplacer au bout d'un certain temps car il ne pouvait s'empêcher
d'alTêter sa fraiseuse chaque fois qu'il s'absentait même pour un court instant.
Les êtres humains ont une tendance apparemment involontaire mais
immé diatement à se défendre contre le choc caus é par un changement, en
procédant dans une nouvelle situation comme à raccoutumé e, c'est-à-dire en
suivant les habitudes famili ères du passé, même si celles-ci deviennent
mcongrues.
(1)
On se r;lppelle les luddites : ouvriers qui. entre 1S11 et 1816 parcouraient en bandes
r Angleterre pour détruire les machines.
Les éléments du présent sous-chapitre sont tirés de rounage déjà cité d'E. Morison,
(2)
Cette histoire s'est passée aux Etats-Unis d'Amérique.
29

~lais s'ils sont foncièrement attachés à ce qu'ils connaissent, au monde
des choses telles qu'elles leur sont famili ères, ils sont aussi et c'est regrettable
pour leur tranquillité d'esprit, constamment attirés par l'inconnu et par les
choses telles quelles pourraient être.
Le processus d'adaptation au changement dépasse-t-il les possibilité s
humaines ? C'est une constatation peu encourageante, mais si l'on s'en
rapporte à l'histoire, on peut trouver maintes raisons de se découraf!er. Les

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sociétés n'ont, jusqu'ici. pas réussi à se réfonner ou à s'accommoder des
changements sans douleurs ni sans luttes.
L'une des principales causes de conflit et de tension que l'on pUlsse
observer dans les cas étudiés paraît se résumer dans le mot si souvent employé
à savoir 1"'identification". Certains hommes s'identifient à une manière de
vi\\Te avec quelques modifications mineures et trouvent leur satisfaction à
préserver de tout changement cette manière de vivre; d'autres s'identifient à
leur création et la satisfaction qu'elle leur donne les empêche de réfléchir plus
avant à son utilité ou à ses défauts; enfin d'autres encore s'identifient à un
esprit de rébellion, à une attitude révolutionnaire et trouvent leur satisfaction
dans la révolte elle-m ème.
Bien que l'homme soit un être rationnel, c'est aussi une créature
émotive, régie par des fonctions biologiques, guidé à la fois par sa raison et
son instinct, par son intuition et par ses sentiments. Bien que sociable et porté
vers la vie en groupe, il agit non seulement en fonction de son esprit mais de
son instinct, de son inhlition et de ses sentiments.ll a besoin, des inqui études
et des désirs personnels et on doit compter avec son égoïsme tout en aimant
l'ordre et la sécurité, il est attiré également par la contradiction, le dérèglement
et même l'aventure, source de tant d'oeuYTes originales et créatrices.
30

Il faut noter aussi qu'en entrant dans le cadre rigide et sévère de
l'institution qui l'applique, un projet perd de la fraîcheur, de sa vitalité; ceux
qui y travaillent s'engagent dans des conflits d'autorité et de préséance et
peuvent aller jusqu'à oublier le vrai motif de leur présence dans l'organisme
chargé du projet. Les fonctionnaires en an-ivent à avoir l'état d'esprit du
secrétaire à la rVlarine(l) qui, au 1ge siècle se plaignait, dit-on, parce qu'une
guerre éclata et détruisit la belle harmonie de ses services, juste au moment où
" ,il les ,avait enfin crganisés.à -la perfection. " . .
, ..
Il faut suggérer que lorsqu'il s'agit d'admettre une innovation on doit
éhldier, plus soigneusement, la possibilité suivante : chaque groupe impliqu é
dans l'affaire - la famille, l'usine, l'institution organique - commence par
définir son principal objectif et veille à ce que cet objectif essentiel soit bien
expliqué à chacun des membres du groupe. Ainsi déterminé et largement
exposé, il peut servir à unifier et à bâtir une communauté d'esprit qui
agglutinerait plus facilement les éléments minoritaires et instables présents dans
toute société. il contribuera de même à mieux faire accepter tout changement
qui permettrait d'atteindre plus aisément l'objectif poursuivi.
Il faut entendre par "adaptation" l'aptitude à profiter pleinement de toutes
les occasions qui s'offrent à nous, autrement dit: la capacité à faire un choix
judicieux entre tout ce que fournissent le passé et le présent pour aboutir à une
nouvelle combinaison. Nous employons aussi le mot "adaptation" pour désigner
l'espèce de souplesse permettant d'accepter pleinement
et aisément les
meilleurs promesses de changement de circonstances sans pour autant perdre
le sens d'une certaine continuit é ou céder de notre inté grité.
(1)
Marine des Etats-Unis d'Amérique.
31

Chaque solution
doit donc pour être pertinente,
tenir compte non
seulement des faits concrets à partir desquels on peut tirer des conclusions
logiques, mais aussi de ce qu'on peut savoir des réactions humaines, très
souvent illogiques, et qui se développent du fait même que les hommes
existent, qu'ils ont besoins et qu'ils pensent de manières diverses. C'est
pOurquOI le romancier anglais E. M. Forster prétend que la seule véritable
histoire est celle de l'affectivité humaine.
Toutes les autres, rencherit-il
inutilement, même l'histoire économique sont dépourvues de sens.
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Les sciences sociales qui intègrent cette valeur répond dans une certaine
mesure à la question du développement.
F. SCIENCES SOCIALES ET DÉVELOPPEl\\IENT
Par sciences sociales, nous entendons l'ensemble" ethnologie-sociologie",
c' est- à-dire l'étude multidimensionnelle des groupes sociaux de toute nature,
de leurs pratiques et de leurs représentations.
Les sciences sociales doivent être sollicitées pour apporter leur modeste
contribution aux projets de développement. Elles sont en mesure de déterminer
les
conditions
de
succès
ou
d'échec
des
opérations
en
matière
de
développement. A ce propos, on peut s "interroger sur la place des sociologues
au sein des projets de développement eux-m êmes.
En effet, comment circonscrire efficacement le champ d'intervention du
sociologue dans les projets de développement ? Et comment définir son
intervention elIe-m ème dans les projets? En un mot quel serait rapport de la
sociologie aux projets de développement ?

La sociologie doit-on répondre peu beaucoup apporter aux projets de
développement. Elle a en effet à y faire valoir ses acquis. Et elle saura le faire
d'autant plus que son objet, l'homme se trouve être la cible du développement.
Mais il faut souligner déjà que dire de l'homme
qu'il est la cible du
développement, ce n'est pas bien rendre compte de la réalité et la correction
de ce langage apparaft comme le point de départ de J'apport sociologique car
cette erreur dans le discours est la traduction d'une réelle méconnaissance de
... 1a".plac~ de.l~hOT11.m~ .dao.sles proç,ess.!Js de ..traqsfon:n3tion wciale.:.Et .cette... :... .,...
méconnaissance donc de la position \\'~;itable d;: l'bc'mme dans le processus de
développement est à l'origine de l'échec de nombre de programme de
déve1oppement.
L'homme en effet jusqu'à une période très récente et même jusqu'à ce
JOur
pour
certaines
personnes
encore,
est
considé ré
comme
cible
du
développement c'est-à-dire comme objet du développement. tvlais il faut dire
que l'homme n'est pas seulement objet du développement, il en est aussi et
surtout sujet. L'homme est donc au centre de la question du développement.
li est le premier moteur du développement et le difticile combat que mène à
l'heure actuelle la sociologie en faveur de cette nouvelle OIientation est avant
tout une ferme im'itation aux planificateurs à accorder au facteur humain dans
la programmation et la réalisation des projets de développement toute son
importance : primauté et priorit é.
Et pour faire avancer cette nouvelle orientation
nous dit tv1ichael
Cemea (l), les sciences sociales non-é conomiques qui s'intéressent à l'homme,
aux cultures et aux sociétés deviennent indispensables. li faut noter avec
(1)
Michael Ceme:l.. Putting People First, Sociologic::u variables in Rural Development. Oxford
University Press, First Printing, 1985.
33

Cemea encore que plusieurs disciplines scientifiques président aux processus
de planification des projets de développement. Et jusqu'à une période très
récente la sociologie et l'anthropologie n'ont pas été appelées pour y servir de
façon extensive elles autres. Cette attitude remarque-t-on cependant change
graduellement
quoique de façon trop lente. Les premiers signes de ce
changement d'attihlde viennent de la reconnaissance que les échecs répétés de
nombreu:\\ projets sont dus au fait qu "ils sont souvent "socjologiquement mal
..' :... " " . .... .
... ....~. _, '.,..... .. '.. .. . . '"' - o·.' ." ~.' .;. "'~ 1. ....•,;. -..' ~ •• ' .. • ...... ".
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' . . . .
infonn és et mal con çus" (1).
Les éhldes sont de plus en plus nombreuses à rendre compte de cet état
de chose. Dans son ouvrage, Cernea a passé en revue l'évaluation de soixante-
huit projets assistés par la Banque Nfondiale à travers le Tires-rvfonde dans les
années 1960 et au début des années 1970.
Que ce soit donc au niveau de la Banque Mondiale ou au niveau d'autres
organismes de développement. des organes d'infonnation font état du peu
d'attention que les projets accordent aux variables sociologiques. La revue
"Idées et Action"
publié e par la FAO (2) par exemple ressort souvent
d'infonnations allant dans ce sens. Nous voulons rendre compte ici de deux
articles panlS dans les colonnes de cette renIe.
En 1982, (3) ~fanzi Bakuramutsa un fonctiOlmaire de la FAO écrivait un
article intitul é "Afrique: pourquoi l'échec de nos coopérations ?" où tout en
reconnaissant
que
les
coopératives
sont
des
instruments
efficaces
de
(1)
Michael Cem~a, op. cil.. page 3.
(2)
fAO : Organisation Mondiale pour L.\\griculture et l'Alimentation.
(3)
Idées et Action n° ].;16/1982
""4
-..,

développement rural il analysait les causes de leurs fréquents échecs. Il trouva
que l'une d'entre elles est l'origine étrangère du mouvement coopératif qui ne
tient pas compte assez des traditions et des fonnes locales d'action.
En 1985 (1), un volontaire italien travaillant en Equateur faisait entendre
le même son de cloche ; l'article était intitulé : La crise dl!s coopé ratf·...es
rurales en Equateur .. à la recherche dt! solutions nOll1;elles,
Trad/rion
'cu!turelfe ' et lv!odèies '·êtrdizgers .. Cef ai.it'eu('a·nal):s'ait 'sp'édarem~nt 'l~ c~; ~Ù:-"
Tres Postes, un vïllage en Equateur où dans le cadre de son programme de
réfonne agraire, le Gouvernement a encouragé la création de coopératives
mrales. Dix ans après le début de cette action gouvernementale. le "bulletin de
santé" de ces organisations est désastreux: les effets négatifs étaient multiples :
affaiblissement des liens communautaires et familiaux traditionnels sous l'effet
d'une montée de l'individualisme et de l'émergence de nouveaux conflits entre
familles, groupements voire coopératives; méfiance des paysans à r égard des
organismes et structures étatiques ; marginalisation des secteurs les plus
démunis de la population paysanne parfois contrainte à emlgrer vers les
banlieues urbaines ; corruption des anciens dirigeants et bureaucratie. Et cette
faillite des coopératives tient selon l'auteur à plusieurs causes : la formule
coopérative est étrangère à la réalité socio-culturelle du monde rural et a été
totalement imposé e à l'extérieur, les paysans ne l'ont acceptée que parce
qu'elle leur oUvTait l'accès à la terre, au crédit et à l'assistance technique:
absence de rationalité économique chez les paysans (analpl1ab ètes pour la
plupaIi et peu habitué s à manier de grosses sommes d'argent) : dans Cc monde
mral

prévaut
l'économie
de subsistance
et où l'on
produit
pour
approvisionner la famille plutôt que pour le profit, on ne fait pas de distinction
(l)
Idées et Action nO /985/5,
35

nette entre groupe familial et entreprise. Les paysans contrairement aux
capitalistes ne cherchent pas à réaliser le maximum de bénéfice: produire un
excédent de leurs besoins ne les intéresse pas; ce décalage entre la coopérative
qui, en principe, fonctionne selon les lois de l'entreprise et ses membres qui
par définition ne sont pas des entrepreneurs, explique en partie pourquoi
lesdites coopératives ont été graduellement submergé es de dette( 1). Les crédits
agricoles n'ont pas toujours été affecté s aux fins pour lesquelles on les avait
.. '..... " . demandé s'" :ùné partie" dés prêts 'a" é't'e ~"Iüii~ée" po'ur o~i~~is'e~' d~~"'f~~ti~:it'é ~ .."...
religieuses ou traditionnelles, pour célébrer des événements familiaux, pour
acheter des biens de prestige ou pour riourrir la famille entre deux récoltes. La'
politique de crédit a, sans conteste, été entach ée el1e-mê me de nombreuses
erreurs
d'importants investissements dans toutes les coopératives tant en
espece qu'en machines agricoles et en engrais ont été faits mais aucune
instihltion publique n'a fourni de fonnation technique ou administrative à leurs
membres ; de nombreux autres facteurs négatifs aggravés par une longue
période de sécheresse ont fait obstacle aux remboursements des dettes :
mauvaIse gestion et incomp étence des cadres ; répaI1ition des fonds sans
définition préalable de critères économiques précis. Finalement la B~TF(2) se
trouve dans l'impossibilit é de recouvrer des a'vances de fonds datant de plus
de dix ans: la seule solution était donc peut-être de les passer par profits et
pertes ou bien de saisir les terres et les vendre aux ench ères, ce qui signifierait
leur retour
aux mains
des précédents
pl'opli étaires
ou
évenhlellement
d'entreprises
agro-industrielles.
En
un
mot
conclut
l'article,
en
tant
qu'instrlllnent d'intégration. sociale et en tC/il! qZl 'en/reprise économique, il es/
(1)
Elles s'élev;licnt au début des mnécs 1980 (Je projet a démarré quelques dix années plus tôt)
il plusieurs millions de sucres. Un million de sucres équiv:tlcnt approxim,l1i\\'ement à 9000
$ US.
(2)
Banca Nacional de Fomento
36

indéniable que le modèle coopératif a fait faillite dans ces régions. Beaucoup
d'autres raisons expliquent les heurts entre l'idéologie sous-jacente au modèle
adopté el les parlicularills économiques. cuill/relles. écologiques des régions
en cause. D'autres critères de représentation doivent s'appliquer.
Cette reconnaissance patente de l'importance très grande du facteur
humain
entraîne
un
intérêt accm
dans
l'identification
et
la
prise
en
.
,
"
. ~
. considé r.ation.qes .variables"sociologjqu~.s. dalls~es projets; lV!ais.encore··.\\'ient·· .'
nüt;s a\\e11ir C~mea. 3\\':1nt de se jouir de ce changement d'attitude les
sociologues et les anthropologues
doivent définir les paradigmes de leur
contribution à la planification des projets de développement. Il doi\\'ent le faire
en constmisant et en proposant des modèles, en identifiant les variables
culturelles, en dessinant des stratégies d'action sociale, en travaillant avec
labeur pour affiner les outils de l'analyse sociologique.
Les investigations que nous faisons en milieu mral, où s'implante un
projete 1), s'inscrit dans cette nouvelle orientation de la sociologie. Avant de
dire en quoi notre investigation consiste. il faut dire qu'au Togo aussi les
orgamsmes
de
développement
aUSSl
bien
goU\\'emementaux
que
non-
gouvernementaux intervenant dans les milieux ruraux reconnaissent, du moins
pour certains d'entre eux, la nécessité d'identifier les variables sociologiques
des projets. Mais devons-nous dire, le tout n'est pas que de reconnaître cette
importance du facteur humain, la partie la plus ardue du travail reste la mise
en application des enseignements tirés de l'analyse de projets qui ont échoué
pour 11' avoir accord é aucune importance à l'homme en tant que sujet du
développement. Et sur ce point, au Togo comme partout ailleurs beaucoup
reste à faire.
(1)
Le projet AFRl-Amé nagement Forestier et Reboisement Industriel.
37

Pour en venir à notre intervention, il faut dire qu'il s'agit pour nous de
saisir l'impact actuel du projet PSTP dans les cinq régions.
a) Rôle des sciences sociales au sein des projets de développement
La recherche dite fondamentale des sciences sociales peut-elle prendre
comme champ d'investigation les faits de développement et ce qui se joue
. '... ··autour·d·tux·'? La réponse en-est que non seulemem'cenaines inslimtio'n'S"de '.. ,'.' .
dé\\eloppement auraient tout à gagner des sciences sociales exerçant de plein
droit leur rôle de recherche en ce domaine, mais encore. il en est de l'intérêt
même des recherches "pures" : on sait depuis longtemps que les ditTàentes
réactions d'une société à une intervention "extérieure" constituent l'un des
meilleurs indicateurs de la dynamique de ses structures propres, un analyseur
privilé gié des comportements sociaux.
On assiste à un retour à la fonction "compré hensi\\'e" des SCIences
sociales qui ont pour tâche de rendre intelligibles des comportements ou de
pratiques soit apparemment inintelligibles, soit interprétés de façon biaisée en
fonction des préjugés, d'idéologies ou d'intérêts particuliers. L'analyse des
pratiques sociales affectives à l'oeuvre dans un projet de développement (par
exemple, méthode d'encadrement du côté des développeurs, adoption sélecti\\'e
du côté des développé s... ) met l'accent dans chacune des études qui sont
présenkes, sur le décalage (inévitable) entre les "intérêts" et les "rationalité"
qui réagissent les opérations de développement et les "rationalistes" et les
"intérêts" qui règlent les réactions paysannes.
A ce nivealL deux impératifs méthodologiques sïmposent
38

L~intervention "projet-milieu" s'opère dans un contexte (écologique,
économique, institutionnel, politique) qui influe très largement sur les,
effets de cette interaction. Outre les développeurs et les développ és, il
y a d'autres facteurs qui ne sont pas négligeables : aléas climatiques,
systèmes
des
pnx,
structure
d'approvisionnement
et
de
com mercialisation.
.......... 1.es 'réac'üôri's: paysalmés'sont'largem'êrit"inJluenééès' pârce's' faCieiirs·· ..
extérieurs, que toute analyse sociologique doit prendre en compte. De ylus,
tout projet intervient aujourd'hui dans un milieu qui a déjà subi de nombreuses
inkn.:entions et qui en garde de ce fait le souvenir.
b)
Les 10Q:iques des projets
La structure institutionnelle d'un projet, son fonctionnement, rel ève
d'une logique d'organisation qui semble avoir un rôle très important. Tous les
auteurs et chercheurs estimeraient indispensable de mieux l'étudier.
En effet, il ressort que la pyramide hiérarchique du projet, la collecte et
la circulation des informations, les capacités d'adaptation des bénéficiaires,
constituent pour ainsi dire des param ètres de grande importance.
C'est
pourql1oi,
tout porte à croire que le projet conçu comme un système
d'organisation socio-é conomique qui vise de ce fait. à répondre aux besoins
des
communaut ès humaines,
et des
acteurs
sociaux
qui y travaiIJent,
contribuent inévitablement à biaiser de diverses manières le projet tel qu'il est
conç u sur papier et tel qu'il se présente sur le tenain.
39

c
Les logiques pavsannes
On le reconnaît, toutefois que le projet est mis en ouvre sur "le terrain",
sa "cohérence" programmatique est déjà sérieusement mise à mal. Car, les
réactions des diverses catégories de producteurs ne vont pas alTanger les
choses.
NÏ ''je rej"ët totaL"' n'i r' adoption toüIle"'n~' 'sont la"j-èglè':' 'Le' ' p-i:ücessus ' .... '"
habituel est celui de l'adoption sélective. Certains thèmes "marchent" d"autres
ne "marchent" pas. La cohérence teclmique est donc quasi systématiquement
dèsarticulée, ce qui entraîne évenhlellement un certain nombre "d'effets
pervers" qui neutralisent r efficacité des améliorJtions proposé es ou sont In ème
franchement négatifs.
Alors que pour le développement le paysan apparart souvent comme
illogique, et le système social comme improductif sinon incoh érent, le
chercheur en sciences sociales propose une vision différente : il parle de
logique paysanne, tente d'établir la rationalité sociale de compoliements
apparemment irrationnels. Logiques internes, rôles et place des sciences
sociales au sein des projets de développement rural sont des expressions-cl és
des approches de notre travail. Nous reverrons cet aspect du problè me plus
loin.
t\\1ais, auparavant il nous paraît utile d'aborder plus exactement la
question de la place des sciences sociales en l' occunence la sociologie oans
les projets de développement de mani ère spécifique : en effet, depuis quand y
occupent-elles
une quelconque position ? Quelle est la nature de leur
expertise? Ces questions en appellent d'autres.
40

cl - La première question qui en découle directement c'est comment
associer sciences sociales à développement ? En effet, "associer sciences
sociales à développement sonne "moderne" et chacun a le sentiment que cette
place des sciences sociales dans les projets est récente. En fait, les chapitres
rédigés par 1. P. CHAVEAU et J. F. LANTERl montrent qu'il s'agit là d'une
illusion d'optique (1). Ce qui donne une impression de nouveauté, c'est le
vocabulaire.
Il y a aujourd'hui
un style "développementiste"(2)
qui fait
.contraste· avec .des formulations élncielIDes ·dutant· de· ~a· pén0de e{)KJniale .. -I\\1ais;···
l'exam-:n historique des rappol1s entrè les deux laisse apparaître non pas
. l'émergence récente d'unenouveIJe expertise, mais au contraire, l'évolution de
celle-ci sur près d\\10 siècle, avec des réaménagements, certes, mais sans que
l'on puisse prétendre qu'il y ait eu rupture absolue entre l'idéologie de la "mise
en valeur" et celle du "développement".
c2 - Enfin, la demi ère question qui en découle et que nous estimons
nécessaire d'aborder conceme en fait celle de la fonction concrète de
l'expertise "sciences sociales" dans les projets de développement. En fait, les
contributions qui suivent ounent un débat tout à fait capital sur ce point: A
quelles logiques renvoie rappel aux sciences sociales? Quels sont les rapports
achlels de cette expertise dans les pratiques développementistes ? etc. Ce sont
là quelques-unes des multiples questions que l'on peut se poser sur ce thème
et à propos desquelles nous ferons quelques remarques. En effet, pour que ce
genre d'expertise ait lieu, il faut qu'il y ait demande de la part des acteurs qui
détiennent un pouvoir de décision dans les projets. Faire appel aux sciences
sociales signifie que l'on cherche à comprendre le réel autrement que par les
seul es rationalité s techniques, par les logiques "moralo-mé taphysiques" ou
encore par la combinaison des deux.
(l)
Source: Pa,vsans. experts et cherchi::urs en Afrique noire (Ounage déjà cité)
(2)
Même ouvrage (déjà cité)
41

En guise de conclusion à cette partie, il faut se mettre à l'évidence que
les phénomènes sociaux qui se jouent autour du développement sont des
phénomènes complexes, ambivalents, contradictoires, ambigus. Les sciences
sociales se donnent alors pour tâche de clarifier cet embroglio avec plus de
"rationalité" que de sens communs et les stéréotypes( l). Par ailleurs, nous
pensons qu'il serait illogique, voire inconcevable. de vouloir mener tout un
débat théorique et pratique dans une perspective sociologique portant sur un
'prc5jet "de" dè\\'eioppehiènt fUral 'eh' cburs' d' ex'ééution sans' a\\;'6ïr' don ri é lin" bref' '
préalable du site géographique d.: la région qui sert de cadre à ce travail.
(l)
Stéréotypes : de mani è re confuse et fixe.
42

CHAPITRE II :
CADRE DE LA RECHERCHE
A. PRESENTATION DU TERR-\\IN D'ETuDE
Le Togo couvre une superficie de 56.000 km 2 . Il est limité au Nord par
le Burkina-Fasso, au Sud par l'Océan Atlantique, à l'Ouest par le Ghana et à
........... L'Est par'la République du Bénin." Sa ·population" est' àttuelTeménf depres"êle .. ',."
3 millions d'habitants. Le Togo compte cinq régions économiques.
C'est plus de 80 % de la population qui \\it directèment ou indirectement
de l'agriculture: en outre l'agriculture doit assurer l'approvisionnement en aval
des industries agro-alimentaires locales. Ceci justifie amplement l'intérêt que
portent les pouvoirs publics à ce secteur considé ré comme prioritaire dans tous
les grands projets de développement.
L'agriculture est caractérisée par une stnrcture ambivalente qui reflète
l'état de sous-développement
de l'économie
; le mode de production
traditionnel qui est celui de la plupart des exportations, n'exclut pas la
présence ponctuelle - d'un secteur moderne de haut niveau technique; d'autre
part, la coexistence d'une agriculture vivrière de type traditionnel et d'une
agriculhlre spéculative de type moderne n'a pas entraîné jusqu'à maintenant
une transfom1ation des méthodes en vue de l'accroissement des rendements de
la premi ère.
43

a) Le secteur vivrier
Ses caractères : La production vivrière est totalement issue du secteur
traditionnel de l'agriculture. Il est structuré sur la base de la petite exploitation
familiale ; selon les statistiques agricoles de 1973-74, plus de 30 % des
exploitations agricoles avaient moins de 1 hectare. 43 ~!ô entre 1 et 3 hectares
et 13 ~o seulement avaient plus de 5 hectares.
"
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Les techniques culturales varient beaucoup d'une région à l'autre. Elles
sont cependant domin ées par la culture itinérante Sur bnîlis, suivie d'une
jachère plus ou moins longue. Dans le Sud-Est la pression démographique
tend à faire disparaître cette pratique, laquelle n'existe plus guère dans les
massifs de la Kara où les fortes densités avaient depuis longtemps conduit à
la fixation du terroir.
La production vivri ère, en accroissement en 1987-1988, a mieux supporté
que les cultures de rente les effets d'une pluviom étrie irrégulière. En outre, la
flambée des prix sur les marchés en 1987 a favorisé la conversion en terres de
cultures vivri ères des superficies précédemment affecté es aux plantations
industrielles. Cette extension a été également favoris ée par la campagne de
sensibilisation à la production agricole menée par les pouvoirs publics depuis
mars 1987 et par l'encadrement plus étroit des paysans par les Offices
régionaux de promotion de la production vi\\lière (ORPY).
44

Estimation de la production de produits Vlvners
(en milliers de tonnes)
1984-85
1985-85
1986-87
1987-88
Igname
1. 404
1.407
1.394
1.474
Maïs
1.127
1.135
1.123
1.173
Manioc
1.444
1.449
1.319
1.359
1
M'
1
l
l_
et Sorgho
1.119
1.113
1.107
1.130
1
1
1
...
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A_o·· ...
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Riz Paddy
122
123
115
123
1
1
!
1
Source
Direction des en~Jêtes et sta~istiques agricoles,
Lomé
b)
iVIobilité QéoQraphigue de la population
Les
mouvements
migratoires
se
sont
amplifié s depuis
1980
sous
l'impulsion de l'évolution politique et économique du pays,
Les migrations internes, de plus en plus intenses, présentent deux
aspects: d'abord les déplacements de zone mrale à zone mrale, ensuite r exode
vers les villes, La région de la Kara constihle la zone de départ privilégiée \\'ers
d'autres régions rurales, notamment vers les secteurs de colonisation agraire
et vers les plantations
du Sud-ouest
qUI attirent également une partie
importante des émigrants de la Région :Maritime. L'insuffisance des terres
cultivables n'est pas le mobile essentiel
de ces départs ; l'orientation
prépondérante des mouvements vers les zones de plantations montre le rôle
détenninant joué dans le processus par le fait monétaire: c'est avant tout, la
recherche d'un emploi rémunéré qui déracine les hommes et les entraîne.
définitivement ou temporairement, loin de leur milieu et qui les conduit vers
les ré gions où l'économie agricole est suffisamment monétarisé e pour offrir ces
types d'emplois.
45

L'importance de ces motivations apparaît bien plus nettement dans le cas
de l'exode rural. Favorisé par les fennentations politiques des demi ères années
du régime colonial, il a pris des proportions démesurées depuis 1980. ~vIais
l'attraction des villes sur les ruraux est très variable selon les centres; elle est
importante pour certains d'entre eux comme Sokodé, Atakpamé, Kpalimé dont
la position par rapport au littoral et aux grands axes de circulation constitue un
relais commode pour la majorit ~ des migrants ruraux, l'objectif final ûes
m}g:raüons 'étamgénérakment Lomé ... ,'. .. .....
Enfin, L1ne proportion élevée de Togolais vit à 1" étranger. soit dans
d'autres pays africains (Ghana, Cote d'Ivoire. Gabon etc ... ), soit en Europe.
Panni ces émigrés, figLlfent de nombreux ruraux, agriculteurs ou artisans,
ongl11alreS surtout de la Région i\\1aritime et de la Région des Plateaux.
c)
Les REGIONS
c.1
La Région lV1aritime
Relativement petite - 6 000 Km2, soit la % de la surface du pays - la
Région i\\1aritime a le privilège d'abliter la capitale Lomé. Densément peuplée,
bien équipée, possédant d'importantes ressources non encore exploitées, cette
région n'en est pas moins pour autant confrontée avec un certain nombre de
problèmes nés de l'accroissement
démographique
et d'une planification
insuffisante.
Une région densément peuplées: Avec llne densité moyenne de 130
hab/k.m 2, la Région lV1aritime regroupe le tiers de la population du pays, C"est
]a région la plus peuplée du Togo, mais la répartition est inégale. Les plus
fortes densités se situent à l'est et plus précisément en pays Ouatchi où elles
46

dépassent localement 240 hablkm 2. Cette charge démographique exceptionnelle
et la surexploitation des terres qui en résulte entraînent une dégradation rapide
de la terre de barre. Cette concentration humaine est le résultat d'un double
mouvement de population: d'une part un taux d'accroissement naturel élevé
et d'autre part un fort courant migratoire en direction de la zone côtière; cette
migration
bénéficie
surtout
à
l'agglome ration
lom éelme
qUl
connaît
achlellement une croissance urbaine particuliè rement rapide (192.745 hab en
1970 plus de 900.000 hab en 1990)'." -Les zones defàibl{densit'é 'c:o~è~p~~d~~t'
aux zones il1CJl1dables ou marécageuses. Elles sont généralement situées à la
périphérie, soit dans la zone lagunaire à l'est d'Aného, soit dans la partie
périodiquement inondée de la rive du mono à l'est ou de la vallée du Haho à
l'ouest. La bande foresti ère nord est également peu peuplé e. La dépression de
la Lama par suite de conditions édaphiques particuliè res est à peu près vide.
Les Projets
Pour faire face à la croissance démographique et économique que connaît
actuellement cette région, les pouvoirs publics entendent promouvoir deux
grands projets.
Il s'agit d'une part du Projet de Développement de la Région J\\;Jaritime
(PRüDER..1\\1A) pour la restmcturation de l'espace rural et, d'autre part, du
Projet
mixte
bénino-tog)lais
d'aménagement
intégré
du
fleuve
T\\lono
comprenant à partir du barrage à Nangbéto (Région des Plateaux), un volet
hydro-é lectrique et volet d'am énagement hydro-aglicole de la basse vall ée du
fleuve. Ces deux projets visent surtout l'intensification
de la production
agricole en vue d'assurer l'autosuffisance alimentaire des populations de la
région et de créer un équilibre entre la ville et la campagne.
47

c.2
La Région des Plateaux
Avec 16 975 km 2, la Région des Plateaux représente 30 % du territoire
national ; on y recense près du quart de la population du pays en 1980. Elle
produit la presque totalité du café et du cacao export ée ; ces produits ont
repré senté, en 1988, un peu plus de 38 % de la valeur totale des exportations
et 97 °0 de celles de produits agricoles. Elle fournit plus de 35 ~/o du tonnage
- 'globàl"d~~ 'prin'cip~l~s . d'~nré~s-~Iim'e~t~ires- et constitue l'~n~ des ré~i~~'s
touristiques les plus visitées du pays. Elle occupe donc dans r économie
nationale une place privilégiée: elle se distingue aussi par sa diversité et ses
nom breux contrastes.
Un milieu urbain vari é : La population est très van ée. Les Ev,:é y fonnent le
groupe dominant: les Akposso et les Adélé \\ivent dans le nord de la zone des
plateaux : les Ana et les Fon fonnent des minorité s qui occupent la plaine du
lvlono. l'vIais l'immigration plus récente, liée à l'économie de plantation a
accenhlé cette diversité par l'apport de populations allogènes venues surtout du
bas-Togo et de la Région de la Kara. Cet afflux d'immigrants a contribué à
l'accroissement de la population qui atteint 970.000 habitants en 1980, avec
une densité supérieure à la moyenne nationale et un accroissement très
fort (2,9 %).
Une économie de plantation en voie de rénovation : Un autre trait distinctif de
cette région est son économie de plantation. Celle-ci est centrée sur la culture
du café et du cacao qui Y' trouve un milieu favorable dans le Kloto et
l'Akposso. Cette agriculture de traite, basée sur la petite exploitation familiale
échappe à toute rationalit é économique : les tenDes du contrat de métayage,
"dibi-madibi", tendent à figer les situations actuelles. De plus ces plantations,
48

ayant pour la plupart vieilli, sont devenues peu productives. La baisse des
rendements a donc conduit à une politique de rénovation conf1 ée depuis 1970
à la SRCC ; elle consiste, entre autres, à faire abattre les vieux cacaoyers et à
créer de nouvelles exploitations avec les plants à haut rendements. Mais la
pratique du dibi-madibi et l'âge avancé des planteurs freinent la rénovation.
Toutefois, des plantations modernes se sont créées dans la région depuis
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4
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1978 ; elles sont représentées par des palmeraies sélectionn ées (6.000 ha), des
caféières et des cacaoyères, et appartiennent à des Sociétés d'Etat ou à des
planteurs privés résidant généralement en ville.
Un secteur vivrier dvnamis é par la demande urbaine
L'agriculhlre vivrière est très diversifié e. Les productions
de base
(manioc, maïs, igname) s'associent à une gamme de spéculations secondaires
panni lesquelles les fruits tiennent une place importante. elle est pratiquée
grâce à la technique de la culture itinérante sur brûlis: la forêt ou la savane
sont défriché es pendant la saison sèche Uanvier-fé vlier), puis brülées pour
dégager le sol, qui s'enrichit alors des cendres; la parcelle ainsi préparée est
semée dès les premières pluies. L'abondance des plantes cultivées associées
donne au champ un aspect désordonn é qui cache cependant une logique
rigoureuse commandé e par les besoins de la famille paysanne au cours de
l'année. Dans certaines zones (le Litim é), le déyeloppement excessif de la
petite plantation paysanne a pratiquement éliminé les productions alimentaires
et détourné une partie importante de la force de trayail vers ces cultures de
rente. Dans la savane, même si le coton est associé aux vivriers, ceux-ci
servent surtout à l'auto-consommation du fait de la faiblesse des circuits de
distribution.
Depuis
quelques
années,
cependant,
les
besoins
49

d'appro\\isionnement des villes se sont accrus au rythme de la progression
rapide de la population urbaine. Une hausse corré lative des prix des denré es
alimentaires
a stimulé
le secteur vivrier qui subit, dès lors, quelques
transfonnations positives.
c.3
La reelon centrale
• •
0.
:
. . . . . .
.' . Elle '5~étend sHr·près dei. 8.000 km!;· sapdpulation···estiriIée· ~cprès'de":
400.000 habitants représente le septième de la population du pays. C'est rune
des plus vastes régions économiques du Togo et aussi rune ·des plus
importantes par ses acti\\"ités agro-pastorales à elle seuk. elle produit 60 ~o des
ignames consomm ées au Togo et se situe au second rang après la Région des
Savanes pour le sorgho et l'élevage bovin.
Les populations : Les principaux groupes ethniques sont les Bassar au nord-
ouest, les Kokomba dans la plaine de l'Où, les Kabyè et Losso dans la plaine
du 1'vlono au sud-est et au centre, dans l' Atakora et sur ses bordures
immédiates, les Tem à Bafilo et Sokodé.
Vieux foyers de peuplement et zone de brassage de populations, la
région se caractérise par une forte croissance démographique ; une forte
mortalité (23 ~/ô contre 18 % pour la moyenne nationale) est compensé e par
une forte natalité, de l'ordre de 44 % comparable à la moyenne nationale. Elle
fut en outre un important foyer d'émigration vers le Ghana surtout entre les
deux guerres mondiales. C'est une population essentiellement rurale disséminée
au nord et au centre, c'est-à-dire en pays Kokomba, Bassar et Tem. Tout le sud
de la région, hormis les gros villages Kabyè et Losso, le long de l'axe
principal, est une zone de faibles densité s (environ la hab./km 2).
50

Les
centres
urbains,
chefs-lieux
de
circonscription,
ont
subi
d'importantes transfonnations depuis une dizaine d'années, la modernisations
de
ces
villes
résulte
d'une
politique
d'équipement
qui
concerne
préférentiellement 5 secteurs les travaux d'adduction d'eau, l'électrification et
les infrastructures scolaires, médicales et touristiques. La métropole régionale,
Sokodé est la deuxi ème ville du pays avec une population estimée à plus de
40.000 habitants. Sa fonction religieuse est reconnue : avec ses nombreuses
mosqué es, elle apparaît .~orn!J.1e. Je. coeUf de. l'islam. togolais,,,

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L'économie: La Région Centrale occup~ la pre.rT\\ière place pour la production

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de
deux
principales
cultures
vivriàes:
rigname
et
le
sorgho.
La
circonscription de Sotouboua vient en tête pour la production d"ignames suivie
par celle de Bassar.
Toute la région cultive aUSSI le sorgho (39.000 tonnes en 1988-1989)
dont on tire la pâte de mil, les bouillies et également la bière locale.
L'importance de cette production céréalière explique l'implantation du siège
de TOGO-GRAL"i à Sokodé.
Ici, la culture commerciale par excellence est le coton (5.250 tonnes).
Elle a largement contribué à favoriser la promotion économique et sociale des
populations, surtout depuis la mise en place de la Société Togolaise de Coton
(SOTOCO).
La terre reste encore largement une propriété collective dont l'insufmit
est laissé à chaque famille paysanne. Les techniques de production sont
rudimentaires (houe, coupe-coupe. bnîlis). La plus grande partie des travaux
est effectué e par les membres de la famille et les voisins grâce aux systèmes
51

d'entraide mais les contrats de travail tendent à se généraliser et la politique
officielle de mécanisation agricole s'affinne.
Pour économiser les efforts, la même parcelle est occupée par des
cultures à cycles végétatifs différents. Les plantes exigeantes comme l'igname
viennent en tête d'assolement. Depuis quelques années, les paysans agraires se
transfonnent
progressivement
a\\"ec
le
développement
des
plantations
d'anacardiers et 1'intensification.
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cultures vivri ères.
L'éleva~e. dissocié de l'agriculture, est une activité imp011ante de la Région
Centrale qui vient en deuxième position pOLIr l'effectif des bovins après la
Région des Savanes. Ici comme aï1leurs, le troupeau bovin villageois est conti é
aux Peuhl. Par contre, le petit élevage (ovins, caprins et volailles) rel ève de
l'activité familiale et dépend de chaque exploitation paysanne.
La faiblesse des activités industrielles est compens ee par un artisanat
séculaire qui fait l'admiration des touristes· et continue à jouer un certain rôle
social : le travail du fer en pays Bassar avec ses hauts fourneaux, la fabrication
des nattes à Tchamba, la poterie à Agoulou (Région de Sokodé), ainsi que les
beaux tissés de Passoua (Sokod é) et Bafilo.
cA
La rel:!Ïon de la kara
ElJe se caractérise par sa faible superficie et ses fortes densités de
population (150 à 200 hab./km 2) : elles ont pennis d'alimenter depuis plus
d'un demi-siè cie une forte émigration vers d'autres régions et vers le Ghana.

C'est une vieille "terre des hommes" où le pays Kabyè apparaît comme une
ruche humaine. Toute la Région de la Kara est achlellement en pleine mutation
économique et sociale.
Les Hommes : La région comprend achlellement trois groupes ethniques
principaux : au nord, dans la région de Kanté, les Losso-!vlakpara ou Lamba
dont la langue
est proche
du
Kabyè: au
sud,
des
Kabyè
dans les
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circonscriptions"" d'e "Lama~kafa 'ét"de: Kp'agoùda":' au éentié '-èrifin,' 'e'iùï-e "cëi ;
deux groupes, les Lasso Naoudemba dont la grande ùlle est Niamtougou et
dont la langue, le Nabudoum, s'apparente au Moré-goUlma de Haute-Volta et
au Tchamba-bassar du Togo. Il faut signaler quelques groupes minoritaires
comme les Tambenna à l'est de Kanté, célèbres par leur habitation en petits
châteaux forts, les Burgbauem ("paysans des châteaux") dans la lîttérahIre
allemande.
Les Kabyè fomlent un groupe compact estimé à 300.000 personnes; les
Losso (Lamba et Naoudemba) sont relativement moins nombreux : 120.000
environ. !vIais ces chiffres n'ont guère de signification quand on sait le nombre
de Losso et Kabyè qui vivent hors de leur région d'origine. L'intensité et
l'ancienneté de l'émigration de cette région se traduisent par des données
démographiques spécifiques : faible taux de natalité (38 %), fort taux de
mort21ité (28 ~/o) et le plus faible taux d'accroissement naturel du pays Cl %
contre 2,6).
Les activités productIices traditionnelles : L'a2:riculmre. La Région de la Kara
se distingue par une intense activité agricole tourné e essentiellement vers la
production de céréales pour la consommation locale. Les chiffres de la
campagne agricole de 1988-1989 donnent 14.000 t pour le sorgho, 2.500 t pour
53

le mil et 2.600 t pour l'arachide. Les fortes pentes et la nature des sols ne
favorisent pas la culture des plantes à tubercules telle que l'igname, à
l'exception
de la circonscription
de Kpagouda.
L' originalit é du système
d'occupation du sol en pays Kabyè, terre de vi eille civilisation agraire, est
quasI umque en Afrique occidentale ; il intègre en effet des techniques à
caractère intensif, en général peu répandues sur le continent : la fumure des
champs avec tous les déchets domestiques d'une part et la technique de culture
,. . .
en'terrasse'd'autre·part. Ëlle se'prati'qùe'sur'tous les',':ersà'n(s'mêinés lés pIus'
raides par l'aménagement de terrasse retenues par des murettes suivant les
courbes de niveau. Les rangées de pierres ont pour rôle de retenir le sol arable
contre J'érosion provoqué e par les pluies. Ce sont ces particularit ès qui ont
amené l'ethnologue allemand, Frobénuis, à appeler les paysans kabyè les
"paysans des pierres" (Steinbauem).
Les mutations récentes : La modernisation de l'agriculture se fait par de
grandes réalisations comme la mise en valeur de la vallée de la Kara (projet
Kara), la plantation à grande échelle de l'anacardier et l'intensification de la
culture du coton. A Lama-Kara, d'importantes installations industrielles sont
en cours de réalisation,
ill ustrant la mutation
que connaît la région :
TOGOTEX, TOGO-FUIT, etc, .. Enfin, l'activit é touristique y est favorisée par
une infrastructure routi ère et un équipement hôtelier remarquables. l'vIais les
changements les plus marquants ont trait à la décentralisation politique (l'vlaison
du Parti), administrative (quelques services centraux) et bancaire,
Tout cela n'est pas sans incidence, d'une part, sur le niveau de vie des
populations locales, et d'autre part, sur r équipement les fonctions et la
morphologie de la ville de Lama-Kara qui joue actuellement un important rôle
de relais de la capitale nationale.
54

c.5
La region des savanes
Localisé e à l'extrême nord du Togo, la Région des Savanes (8.470 km2,
15 % de la superficie du pays) a longtemps souffert d'un enclavement qui l'a
tenue à l'écart des circuits commerciaux modernes ; cet isolement, dû à
l'insuffisance des moyens de communication plus qu'à l'éloignement (Lomé-
Dapaong 630 km), a été plus ou moins rompu à la suite du bitumage de l'axe
Lom é-Ouagadougou. Toutefois, cette région demeure celle où les revenus
monétaires restent à 'UII' .~iveau particulîè iêm'ént bas" et .où la sitUatIon'
alimentaire est préoccupante périodiquement.
La population et l'économie: La population de la Région des Savanes peut
être estimée à 281.000 habitants et la densité moyenne à 33,2 hab./km 2. En
réalité, les densités sont très inégalement réparties puisqu'elles varient de 70
à 100 hab./km 2 dans les cantons mraux situés à l'est de Dapaong, à moins de
10 hab./km 2 dans la plus grande partie de la plaine de rOti. Il se dessine ainsi
une limite de Papri à Barkoissi, séparant un nord-ouest aux densités mrales
élevées et un Sud-Est beaucoup moins peuplé.
Cette limite correspond aussi à deux systèmes d'occupation de l'espace
bien différents. Au Sud-Est, Toyokossi, Ngam-Ngam et Kokomba occupent le
sol d'une manière très lâche. Au Nord-Ouest, en revanche, les Moba et
Gourrna ont créé dans la plaine et sur les plateaux un paysage de parc aménagé
à habitat dispersé et dense dont l'unité d'habitation est la soukhala. Les
verS:lnts sont épierrés et façonnés en petites tenasses. Cependant les mêmes
cultures, les mêmes techniques et les mêmes insuffisances se retrouvent
partout. ivlil, sorgho et haIicot associés sur un même champ, riz et arachide
constituent l'essentiel des cultures vivIi ères auxquelles on doit ajouter l'igname
dans la région de Gando-Namoni.
55

Le seul outil est la daba ; l'absence de fertilisants ou d'amendements
explique les rendements faibles (500 kg (l) par ha pour le mil en culture
mixte). La production vivri ère est à, la limite des besoins. L'élevage est
pratiqué, mais il est conti é aux Peuhl.
Les tentatives de modernisation
n'ont pas entraîné l'adhé sion des
agriculteurs : le labour mécanique de cel1ains périmètres de sols noirs
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hydromorphes pour le compte du paysan, à charge pour lui de payer une
redevance, ou l'introduction de la culture attelée n'ont pas dépassé le niveau
de l'expérience pilote, sauf à l'ouest de Dapaong où certains villages ont
adopté l'attelage.
En 1971, une partie non négligeable de la circonscription de J\\lango a
été intégrée au parc naturel de la Kéran qui s'étend à la fois sur la Région des
Savanes et celle de la Kara. Sa superficie est de 1ï9.55ü hectares.
(1)
Concernant les cultures, la plupart des chiffres ont été obtenus à la Direction des Enquêtes
et Statistiques agricoles - Lomé.
56

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DE{)XIEl\\IE PARTIE
PRESEl\\TATION DU PROJET D~ETl~DE
- LES PROGRAl\\Jl\\IES SPECIAUX DE TR-\\VAUX PUBLICS
LE PROJET ET SES REALISATIO~S
57

CHAPITRE 1 :
PRESENTATION DU PROJET
A.
LES PROGRAlVllVlES SPECIAUX DE TRAVAUX PUBLICS A
lL-\\UTE
INTENSITE
DE
~L-\\IN-D'OEUVRE
PRINCIPE
ET
APPLICATION AU TOGO
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LE BUREAU INTER.VATIO;'v~4L DU TR-1.V;JIL (B.I.T), dans le cadre de
ses actions en vue d' accé lérer le décollage d'un grand nombre de pays en voie
de
développement
en' général
non
industriels
quand
les
perspecti'ves
d'absorption du sous-emploi et du chômage laissent peu d'espoir propose
l'INVESTISSEMENT - TRA. VAIL.
Thérapeutique de choc à caractère éminemment social et s'adressant aux
plus paU"\\Tes, les Programmes Spéciaux de Travaux Publics à haute intensité
de tv1ain-d'Oeuvre consistent à faire exécuter manuellement le plus possible de
préférence
aux
engins
mécaniques
des
travaux
d'infrastructure
et
de
développement susceptibles de créer par leur utilisation des emplois à moyen
tenne en plus des journées de travail temporaire, d'emploi à court tenne.
Au Togo dans le cadre de l'Accord d'Assistance qu'il a signé en 1977
avec le PNUD, le gouvernement a orienté cette action vers le milieu rural et
vers la Jeunesse pour les raisons suivantes:
a)
Vers la jeunesse
La population actuelle du Togo, en accroissement annuel de plus de 3 %),
de plus de TROIS lV1ll.,LIONS d'habitants est très jeune, car, 50 % n'a pas
plus de quinze ans alors que l'espérance de vie au Togo atteint maintenant
cinquante ans.
58

Il s'agit là d'une situation à double tranchant car:
d'une part, la jeunesse constitue un réel potentiel et des ressources
humaines très importantes pouvant intervenir puissamment dans le
développement du pays ;
d'autre part son emploi constitue un très seneux problème et la non
. satisfaètion dès jëunës' d-ans -ce'dom~inè p'eut créer' une' sih~~ti~~' 'ten'due'~ ...
et quasi explosive. Les exemples planétaires d'issues tragiques de ce
problème sont malheureusement nombreux.
b)
En milieu rural
Sur le territoire national de 56.000 km 2, 76 % de la population est fixée
en NIILIEU rural. La
majorit é de la population vit donc et pense donc en
ruraL. et ce secteur de l'économie s'il ne procure que 30 % du PNB et
contribue dans la même proportion aux recettes d'expOliation (par les coton,
café, cacao) est essentiel sur le plan de l'autosuffisance alimentaire, but
véritable
de
la REVOLUTION
VERTE
déclenchée
en
1977
par
le
gouvemement et à laquelle le TOGO est parvenu. Le problème sera de la
maintenir alors que la population augmentera d'un tiers tous les dix ans.
Dans ce domaine, le TOGO dispose de facteurs favorables
. Au Nord du 8ème parallèle, les 3 Régions Nord sont marquees par
deux saisons bien distinctes - saison sèche de Novembre à Avril, saison des
plues de I\\1ai à Octobre avec, sauf aléas climatiques toujours possible, une
pluviomé trie moyenne de 1.000 à 1.300 mm.
59

· Au Sud de ce 8ème parallè le, un climat de type subéquatorial à quatre
saisons (deux saisons des pluies et deux saisons sèches) avec une pluviométrie
de 1.100 à 1.600 mm par an.
Donc sauf imprévus, le Togo bénéficie d'une pluviom étrie correcte.
- potentiel en terres cultivables( 1)
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Sols riches naturellement fertiles
=
1.220.000
Hectares
Sols
relativement riche nécessitant
une amélioration
2.2"+0.(:00 Hectares
Au total
3.460.000 Hectares
dont la répartition d'occupation est aussi la suivante
Forêt
=
500.000
Hectares
Cultures
annuelles
=
450.000
Hectares
Cultures
peréennes
110.000 Hectares
1.060.000 Hectares
En admettant dans le système de cultures traditionnelles 4 années de
jachère pour une année de culture, le Togo dispose de plus d'un million
d'hectares de teues susceptibles d'être mis en valeur.
(1)
Source: Direction de la Statistique agricole.
60

B. HISTORIQUE DU PROJET
a)
Avant le PSTP/JEUNES RURAUX
Face à la crise économique mondiale, le Togo se trouvant confronté au
double
problème crucial
de l'emploi
des jeunes
et de
l'autosuffisance
alimentaire, a entrepris depuis le début de la décennie une série d'actions
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rap'pelé es éi-aprè s :
- 1980
: Le nl\\:eau
des examens
sanctionnant
les' études
primaires
et
secondaires ayant été relevés. le gOll\\'emement a proposé comme alternative
aux Jeunes ayant échoué ou atteints par la limite d'âge et qui seraient
volontaires, une fonnation agricole.
- 1981-1981 : Cinq Centres de Fonnation furent crees a cet effet (un par
Région administrative). Ces centres ont fonn é chacun en deux années une
centaine de jeunes. Compte tenu des abandons 419 jeunes trè s précisément
furent fonné s.
- 1983-1985 : Installation par les Services du Développement Rural avec l'aide
international du FED sur des sites disponibles dans les différentes régions
(anciens périmètres cotonniers ou de cultures vivrières, anciennes fermes
semencières, périmètres rizicoles) de 345 de ces jeunes. en 1985 sur le terrain
235 d'entre eux étaient présents.
61

2 -
Le PSTP/JEUNES RURAUX
- Le document de projet portant le numéro TOG/83/002 a été approuvé
le
13
septembre
1984
sous
l'intitulé
"Assistance
à la jormation,
l'organisation et l'exécution d'un Programme Spécial de TrGl'aux Publics(])
à Haule Intensité de Alain-d'Oeuvre pOlir l'emploi et la jormation de la
J!!unesse Rural!! et rue du dél'eloppeme/ll".
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..
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"
"
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D'une durée initiale de douze mois, ce projet spécialisé dans le sect-:ur
ïvlain-d' Oeuvre-Emploi':fom1ation
professionnelle'
dont
le
BUREAU
INTERi"lATIONAL DU TRA.YAIL est l"Agence d'exécution était placé sous
la tutelle du rv1inistè re du Développement Rural.
Avec pour objectifs d'enrayer les effets négatifs de l'exode mral Je
chômage urbain des jeunes en aménagement de nom'elles stmctures, ce projet
devait :
définir les possibilité s d'emplois des jeunes par les PSTP :
déterminer les différentes zones d'action et les critères de choix
élaborer un programme de travaux et organiser leur exécution comme la
prise en charge des infrastmctures ou aménagements réalisés.
Ainsi naquit ce projet qui a]]ait être désigné par la suite par le sigle
"PSTP/JE1.Jl'ŒS" et dont les deux phases principales a1laient s'étendre du d~but
de l'année 1985 au 31 décembre 1989.
(1)
Travaux publics doit être pris ici dans le sens littéral de "Travaux intéressant le public des
collectivité s par opposition à Travaux à c::tracté re indi\\"iduel". Une nuai1Ce existe entre
Travaux Publics dans ce sens en français et "Public \\\\"orks" en anglais désignant de grands
travaux d'équipement publics type Ponts et Chaussées ...
62

Au cours de cette période, le projet a été suivi de très près.
Décembre 1985
Visite sur le terrain d'un représentant du siège
du
BIT
spécialisé
dans
l'estimation
et
l'évaluation des projets PSTP
Avril 1986 -
Réunion tripartite (gouvemement-PNUD-BIT)
Juillet-Aoùt 1986 -
Pré-évaluation économique du projet par un
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...
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consultant agro-économiste avec visite détaillée
de tous les travaux
Novembre-Dé cembre 1986
Evaluation du fond à ml-parcours avec visite
des réalisations.
Toutes ces visites de suivi du siège de l'Agence d'exécution, toutes les
revues
et réunions tripartites
(gouvemement-PNUD-BIT),
toutes les pré-
évaluations agro-économiques, l'évaluation à mi-parcours ont systématiquement
montré les résultats positifs obtenus par ce projet et confinné la conclusion
générale ci-après de l'évaluation à mi-parcours rappelé ci-après:
"Ce projet répond pleinement à ce qll 'on pouvait en attendre et
51 'inscrit dans le droit fil de la politique gouvemementale qui est
de pan'enir à l'autosuffisance alimemaire et à assurer le mieux
être des pa}'sans".
Les conclusions de cette mission COnfi1111ent totalement et enti èrement
les résultats précédents puisqu'elle a inscrit en tête de son rapport: "La mission
est d'avis que le PSTP/JEU/\\ES dans ses phases 1 et Il s'est révélé lin
excellent
projet
d'utilisation
intensive
de
la
main-d'oeuvre
visant
le
développement agricole, adapté aIL\\, réalités technico-e'conomiques du pays,
63

bien
exécuté
par
le
BIT,
supporté
correctement
par
les
Autorités
Administratives Togolaises.
Finalement consciente de la réussite, elle suggère au BIT d'écrire un
document relatant l'expérience du PSTP/JEUNES depuis son démarrage pour
que d'attires pays puissent en tirer les leçons utiles. Et pourtant les membres
de
cette
missions,
à leur arrivée 011 Togo
Il 'aroient
PCJ.I;
caché Ir::'ur
............ scepticisNie"(l)" , ...
." :
. ' . ~
C.
FI:\\A1\\CEl\\IENT
Le projet a été entièrement et exclusivement financé par le P1\\.TDTI tant
pour
l'assistance
technique
que
pour
l'exécution
des
travaux
et
les
investissements proprement dits.
Phase l : D'Octobre 1984 à Décembre 1987
Phase préliminaire et phase pilote
Dollars EU
1.083.760
Phase II : Janvier 1988 - Décembre 1989
Phase opérationnelle
Dollars EU
1.131.460
Soit au total
du 15 Octobre 1984 au 31 déc. 1989
Dollars EU : 2.215.220
- AGENCE D'EXECUTION = Bureau Intemational du Travail
- ORGAi~t COOPERATElTR = :Ministère Togolais du Développement Rural.
(l)
Ce sont là les propos du Conseiller Technique du projet. Mais sur le terrain, on le verra plus
loin, la réalité est tout autre.
64

D.
CADRE INSTITUTIONNEL
L'organisation
du projet PSTP/JEUNES
a été conçue sur le plan
institutionnel en l'intégrant aux sef\\lices nationaux du Développement Rural
afin que les actions puissent être poursuivies après son achèvement par le
gouvemement au moyen de ses stmctures nationales,
.... ' -.
' .. " 'L'6rganigramnle .ci-dessous 'rt~f1ète ce souCi l11ajeur 'd'éviter' àtout prix
un projet PSTP/.J.EU1'i~S plaqu é de l' exté rieur, mis en oeuvre uniquement par
des étrangers..
JYll1'.1STERE DU
DEVELOPPEl'vŒl',l RL~;\\L
DIRECTION GENERA.LE DU DEVELOPPE\\Œ~l PJ~·R.A.L
D.G.D.R.
1
Autres Directions
Direction de la Coopéra-
..!..ut':s Directions et
de la DRDR
tion et de la Vulgarisation
Smices de la DG DR
D.C.V.
1
Division Installation
Autres Divisions de la DCV
Encadrement de la Jeunesse
Projet PSTP;
Rurale DIEJR
Jeunes
:
J
1
1
1
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1
i~
J
,[\\
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j 1
'l'
DRDR
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DRDR
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Région
Région
Région
Région
Région
f----
Maritime
des Plateaux
Centrale
de la K1ra
des savanes
65

Sous la tutelle du Ministè re du Développement Rural au sem de la
Direction
Générale et de la Direction Coopération vulgarisation
de ce
département, le projet PSTP/JEUNES est rattaché à la division chargée de
l'installation et de l'Encadrement de la Jeunesse Rurale.
L'organigramme montre que dans cette organisation, les travaux à haute
intensité
de main-d'oeuvre
et les installations
de jeunes sont exécutés
diie<:tèmént' parles bi"rections Régio"nales d~ Dé~"eloppem~nt' R~lr~i 'et"'le'~rs
organisations territoriales
décentralisé es (secteurs, sous-secteurs agricoles,
encadreurs ... etc) avec l'appui du projet.
Le PSTP/JEUNES apparaît donc ainsi comme un projet national exécuté
par des responsables nationaux pour développer le Territoire National par
l'utilisation de jeunes nationaux.
La méthode d'approche et d'exécution ne pouvait de ce fait qu'être le
plus endogène au Togo,
en adaptant soigneusement
au pays et à ses
particulalismes les principes généraux de l'INVESTISSEl'vŒNT -TRAVAIL
préconisé par le BIT.
E.
ACTIVITES ET PRODLITS DV PROJET
a)
Considérations générales
Panni les Programmes Spéciaux de Travaux Publics à Haute Intensité de:
l'vlain-d'oeuvre dans le monde, le PSTP/JEUNES présente un caractère tout à
fait original par son orientation en faveur de la jeunesse rurale celies mais
surtout par l'utilisation simultan ément à leur création des produits résultant
66

d'emplois temporaires (infrastructures, aménagement) pour des emplois de
moyenne et longue durée.
Le PSTP/JEUNES se trouve incontestablement placé sous le signe de la
dualité :
dualité d'objectifs primordiaux : emplois et productions agricoles
dualité d'activités: appui technique au Gouvernement et réalisation
d'infras'tfuëtures et am é~age~~~ts en fin;mç'~t et faisant e~é~~t~'r"les
travaux.
dualité en matière d'emplois : temporaire et plus longue durée
dualité d'action auprès des jeunes: par la formation qui leur est donnée
et leur installation même.
dualité de groupes cibles: les jeunes des couches les plus défavorisées
mais aussi les villageois voisins, le milieu paysan environnant.
Cette dualité meme explique la matérialisation des résultats obtenus.
Toutes les activités, tous les produits du projet en portent la marque.
b)
LES ACTIVITES DU PROJET
Le projet "PSTP/JEUN~S" présente ainsi le double aspect suivant
bl. Appui technique afin d'aider le Gouvernement comme pour
tous les programmes de Travaux à Haute IntensÏt é de Iv1ain-d'Oeuvre mais en
ajoutant ici les spécificité s jeunes et milieu mral en particulier pour :
définir des principes et des méthodes précises d'installation des
jeunes par le PSTP, y compris les critères de sélection des jeunes
candidats à l'installation et des projets d'installation à retenir.
67

détenniner les fonnations
que devront
subir les jeunes (en
particulier ceux n'ayant jamais eu de fonnation agricole) pour
devenir des producteurs modernes efficaces ;
établir des contacts fréquents avec les autorités politiques -
administratives - régionales afin de les infonner du Programme,
de les sensibiliser à ses objectifs aux possibilité s d'emplois qu'il
ottre pOllf les jeunes 'afill de h~s aider- n'ot~mment ~ ri~g~èi~r
l'octroi des terrains ;
contribuer à la fonnation pratique et à la mIse en place des
stmctures nationales opérationnelles pour l'étude, la préparation
puis l'exécution des travaux:
avec les responsables nationaux contribuer à l'identification, à la
reconnaissance, à l'étude de sites possibles d'installation de jeunes
et d'exécution de tra\\-aux d'infrastmctures, d'aménagements et de
constmction par les PSTP ;
établir les devis descriptifs et estimatifs de ces travaux
planifier avec les responsables nationaux puis organiser en détail
J'exécution des Travaux à Haute Intensité de T'vrain-d'oeuvre sur
les différents sites et chantiers:
fonner les cadres nationaux à la gestion et au suivi des travaux
68

faire assurer de manière rationnelle la fonnation des jeunes à
installer en l'adaptant aux conditions locales - et aux besoins
(notamment
en culture
attelée, base des installations,
et en
techniques agricoles modernes) de manière à en faire des vecteurs
d'entraCnement au progrès de la masse paysanne.
b.2
Investissement et exécution proprement dite
..
. . .
' .. ;
" . . .
,
~.
des tra'Jaux
Les
travaux
seront
réalisés
par
les
responsables
régionaux
du
Développement Rural avec l'appui financier du projet pour la construction de
points ou retenues d'eau, de pistes d'accès et de circulation, la construction
d'ouvrages de franchissement, la constnlction de magasins et logements, les
délimitations et bornages des terres, des plantations d'arbres etc ...
Les
deux
séries d'activités d'appui
technique
et d'investissement
devraient ou pourraient nonnalement faire l'objet de financements distincts.
Pour les phases l et II du Projet, le PNUD, faute de financement extérieur, a
tout financé seul sur son CIF et sur Fonds Sf\\1f/LDC (avec l'appui financier
et matériel du Gouvernement).
Cependant le modè le de développement étant créé, les preuves de son
efficience largement apportées par la validité des résultats obtenus, le PNLJD
estime son rôle teTI11iné ... Pour le moment privé de financement, le projet va
donc cesser, ce qui sera terriblement néfaste pour les jeunes.
69

c)
Les produits du projet
c.l
Produit
d'appui
technique
pnnclpes
et
méthode
d'installation des jeunes a des postes de production amcole
L'installation des jeunes à des postes de production agricole a pour but
de leur permettre individuellement dans un délai de deux ans, et au meilleur
"". '"êoGt" po"ssible d'assurù pour eûx"-m"ê~e's' ê"t"leurs" faIn~Ù~s"" un~ alimentation
correcte et de dégager des revenus suffisants et attractifs.
- PRINCIPE DE BASE: Compte tenu du développement technique du Togo.
l'installation de jeunes à des postes de production agricole est basée sur
l'emploi systématique de la culture attelée, qui, outre les tra\\aux de labours,
pennet pour un coût compatible avec les moyens des jeunes, d'effectuer les
travaux d'entretien, de transport et contribue au maintien de la fertilité des sols
(fumure).
Ce pnnClpe a pennis de déterminer la surface dont devrait disposer
chaque jeune compte tenu des possibilité s d'exploitation en culture attelée. de
la nécessité des assolements afin de ne pas épuiser rapidement les terres soit:
- Terrain en culture
5 ha )
- Terrain pour maIson, poulailler, étable
1 ha )
- Quote part des terrains pour
piste et chemin d' acc ès
1 :2 ha) au total
- Boisement pour bois de chauffe
1'2 ha) 10 ha
- Réserve de terrain pour assolement
3 ha )
70

d)
Critères de choix des terrains pour l'installation des jeunes
Pour qu'un terrain soit jugé acceptable pour l'installation de jeunes
agriculteurs modernes, il faut qu'il se trouve dans trois conditions de base que
sont l'eau pour les besoins humains et animaux, la disponibilit é foncière et les
qualité s pédologiques des sols et accessibilité des terrains.
Si"tine "seüle deces condition's n' ~st pas saiisfaiiê oll 'ne peut être' r~~'pJi'e .
en exécutant des travaux, l'installation des jeunes ne sera pas possible.
d,l
L'eau
Indispensable à toute vie humaine et animale, l'eau peut exister et se
trouver naturellement disponible toute l' ann ée sur les terrains d'installation où
des points d'eau existent ou doivent être créés sous forme de puits ou forage
ou retenues collinaires.
Nous verrons plus loin que c'est précisément l'élément qui manque dans
les villages d'installation de certains jeunes et qui crée de sérieux problèmes
aux bénéficiaires du projet.
d.2
Disponibilité foncière du terrain
Dans la mesure du possible, le projet s'cst proposé au départ d'éviter de
"transplanter" les jeunes à installer mais au contraire préfère les établir dans
leur terroir d'origine ou à proximité.
71

A cette condition également nos enquêtes menees aupres des jeunes
démontrent le contraire du principe établi. La plupa11 des jeunes. au lieu d'être
installé s parmi le siens se sont retourn és dans des villages souvent très éloign és
de leur milieu d'origine, ce qui a posé un certain nombre de problèmes
d'adaptation.
Concemant
l'occupation
des
terres
proprement
dite,
deux
cas se
....
...
. . . .
..J.
~
..... . -
. . ..:

,
.. -'
'
présentent :
a)
L'Etat
dispose
d'un
domaine
foncier
national.
Dans
ce
cas,
l'installation peut s'effectuer avec l'accord du gouvernement.
b) Les groupes de jeunes qui sont volontaires, pour être installé s,
négocient eux-mêmes avec les habitants de la zone d"installation qui sont des
proprié taires teniens auprès de qui les jeunes doivent obtenir la mise à
disposition des terres. Le Développement Rural résultant de leur installation
constitue un des termes de l'échange en leur faveur. Un acte déposé auprè s des
Autorit és Administratives et un bomage des terrains concrétisent cette mise à
disposition.
Dans l'un et l'autre cas, léS terres ne sont pas cédées en toute propri été
aux Jeunes, mais mises à leur disposition et à celle de leurs héritiers en
USUFRUIT tant qu'il s les exploitent.
72

1
c)
Qualité s et accessibilite des terres
Les terres sur lesquelles seront installées les jeunes doivent présenter des
qualité s pédologiques et une topographie pennettant de pratiquer avec succès
la culture attelée.
Suivant l'importance des surfaces disponibles et des groupes pouvant être
.·instaUé s, le projet peut prendre en cbarge r ouVertüre de petftês longueurs de
pistes d"accès de la constmction de petits ouvrages simples.
d)
Processus d'installation des jeunes
Schéma Sommaire du Processus
On distingue trois phases dans l'installation des jeunes au poste de
production agricole. Ce sont la phase 1 au cours de laquelle on procède à une
étude de prefactibilité. Il Y a ensuite la phase II pour l'étude de factibilit é et
la phase ID qUÎ prend en compte l'installation proprement dite. Les tableaux
ci-dessous établis indiquent toutes les démarches faites par les jeunes en HIe
de leur instal1ation dans les villages et sur les sites et les activÎtés des
responsables régionaux du développement rural.
73

DEMANDE ECRITE DES JEUNES POUR
DEMANDSR INSTALLATION
POINT DE DEPART
Noms,
identités,
terrains enviagés
etc.
PHASE l
(1)
PPJGE II
PHASE III
CRDR • Etude et av:s
PRO':~T + D?~R
DR:::R - PROJE,
Base juridi~e :onciè~e
Cc~posa~tes (~ ~~ées)
?~O::ë:":' ?ST? /,:
E~~des p~épa~a~o~~es
':-;:';""};"ü":':
r_;~=: :~r:'~NS !'l'E
Etudes de préiacti-
~éli~itat~on - bor~age
bi:it.é.
leve~ topoq~~ph~que
.
,.
iEIT':.pf0:'s
t,eIT':?oail:e,s)
'[Vl... sltii terrains"
,
Reèherène hydro-géolo~­
pouf . ' A.'1E~;'.GEl-1E:ITS· TE:RRAIN.
jeunes,
~ases ju~~­
g:..que
r=éi~ic~ewent
= Essouchage-
1
~~~ç~1~is2~~~~ â~~z~é-
:a~ç~rs-dé~ç:'~e~e~t5 pc~r
1
dlgues e~::_ .. )
dclog:que
:r-éa: i sa t. i c:-. et
IN?RAS':'R:JC-
De~/is quant~t-est.imatif
F.o..CTIBILITE
FC~~TION .o..GRICOLE ET
E7L~ES PRÉ?~~~OIRES
GESTION ET À~~RE SUE LE
F:'.•ÀNI:'1 C.~..':'IC~~
GEST!ON-EX~LOITATION
1
j
S~cckage-==mme~cialisation
1
I~;S;"~_:...L:"";'.T::JN5 DES JSt.~'"ES
B. LES PRODUITS DU PROJET EN MATIÈRE D'EIv1PLOIS (2)
a)
Emplois temporaires
Le projet PSTP/Jeunes, dans le domaine de l'ex écution des différents
travaux d'infrastruchlres, d'exploitation agricole, de construction de logement
a créé au total directement plus de 300.000 journées (3) d"emplois ou de travail
temporaire comme le montre le tableau ci-après.
(1)
D.R.D.R. : Direction Régionale du Dé\\'eloppement Rural.
(2)
Ces emplois occasionn ès par les tra\\aux d ïnst:ùlation des jeunes ont bénéficié aux paysans
des yillages des sites.
(3)
Rapport final de mission établi
par Claude lliERO;\\,D, Ingénieur Génie Ci\\il et Rural,
Expert du BIT au Togo. page 28 et 29.
74

Tableau n° 1
Nombre de journées d'emplois crees.
Années
Nombre de journées de travail
Nombre de journées de
temporaire dans l'année
travail créés
1985
42.390
1986
42.412
85 802
1987
56.991 .
1998
71.970
214.763
1989
91.320
306.083
Les journé es de travail sont réparties comme suit:
Pour 1a Phase I.
142.793 journées
Pour la Phase II.
163.290 journé es
au total
= 306.083 journées de travail.
Ce nombre de journées de travail temporaire créé correspond à remploi
quotidien de 6 jours par semaine de plus de 200 personnes sans aITêt pendant
cmq ans.
b)
Emplois induits
L'installation des jeunes à des postes de production agricole a favorisé
la création d'emplois induits:
75

b.l
Main
d'oeuvre
a!rricole
d'appui
parmi
la population
d'accueil des jeunes.
Dans le domaine de l'exécution de leurs travaux agricoles 306 CI) jeunes
font appel à la main d'oeuvre rémunérée. Ces ouvriers agricoles qui viennent
souvent des villages des sites d'installation
ou des fermes avoisinantes
comptent à part les jeunes gens et jeunes filles, des personnes âgées des 2
sexes.
Selon le rapport
du Conseiller Technique du projet, les comptes
d'exploitation que les jeunes in stail és tiennent montrent qu'en moyenne chaque
jeune paie 34.000 F CFA environ par an aux paysans des environs pour
rémunérer leurs journées de travail. Dans le cadre de l'accomplissement des
travaux, les ouvriers saisonniers agricoles sont nourris par les jeunes. "Us sont
payés en nature et en espèce sur la base de 350 F CfA par jour. Les emplois
créés par les jeunes représentent environ cent journées de travail par jeunes
pour les paysans des environs" (2).
(1)
Rapport sur la situation Socio-Economique des jeunes, OP cité, page 25.
(2)
Claude THEROND, Rapport de mission au Togo, OP cité, page 31.
76

b.2
Main d'oeuvre pour la fabrication des outils.
Le Programme Spécial de Travaux Publics à Haute Intensit é de Main
d'Oeuvre en milieu rural a occasionné la fabrication d'outillage agraire en
quantité s considérables.
La majorit é des outils agraires
utilisé s par les jeunes sur leurs
exploitations sont fabriqu ès par les artisans Jorgerons locaux. On note qu'au
cours des seules deux den1Ïères années, les artisans et leurs manoeuvres ont eu
près de 3.500 journées de travail.
b.3
Autres produits dont bénéficie la population d'accueil des jeunes.
Le projet a créé 76.500 Km de pistes agricoles et 7 ouvrages. Par ailleurs
il a réalisé 13 forages, 8 puits et 2 retenues d'eau dans les villages des sites
d'installation.
77

TROISIElVIE PARTIE
~lETHODOLOGIE, PRESENTATION DES RESULTATS
ET ANALYSES DES DONNEES DE L'ENQUETE
78

CHAPITRE 1
A - METHODOLOGIE DE L'ENQUETE
Les données sociologiques et économiques que nous avons rassemblé es
au cours de notre enquête concerne non seulement tous les jeunes agriculteurs
modernes installé s mais aussi tous,les paysans voi,sins des ?ites, desjel,m,~s .
. :.'
..
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~
~.
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.
.
'
-
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,'
En définitive, l'enquête comporte
deux phases. La première partie
concerne les jeunes installés par le Programme
des Nations-Unies
et le
Gouvernement togolais et la seconde s'adresse aux villageois proches des sites.
Aussi bien chez les paysans des villages des sites que chez les jeunes
installé s, la collecte des infonnations est réalisée sur la base d'un questionnaire
avec un guide d'entretien.
1 - LES JEUNES INST:liLES
Sur un effectif de 357 jeunes install és dans les cinq régions du Togo,
342 ont effectivement participé à l'enquête, soit près de 95,79 % de l'ensemble
des jeunes mraux. Il faut noter qu'il y a eu des abandons sur certains sites
tandis que deux jeunes sont partis au Canada dans le cadre d'une fonnation,
agricole, L'enquête a donc touché 44 jeunes dans la Région Iv1aritime, 93 dans
la Région des Plateaux, 104 jeunes dans la Région Centrale. 66 dans le Région
de la Kara et 35 dans la Région des Savanes.
79

Tableau n° 2
,
Régions !
Vi LLages des
Nbre de jeunes
Nombre
Absents
Effect i f
sites
instaLLés
d'abandons
restant
d' 1ns ta l lat ions
Région Maritime
TOGODO
15
1
2
GAMELI LI
25
44
-
.
..
'.
.,
~ ~.
~
-
, .
,. . -"
," ,. -
. .. .-~.
ATCHAVE
7
Région des pla-
KPESSI 1
13
3
teaux
KPESSI II
15
OTCHANARI
15
GBAD! GA\\.JODO
7
1
93
TAFIA
17
KPELE
9
DAllA LALEKPE
12
AGOU SOFIE
9
Région centrale
LAMA TESSI
10
1
ALIBI 1
16
1
AFFEM KABYE 1
AFFEM KABYE II
27
104
AFFEM KABYE III
AF FEM KABYE IV
AFFEM BOUSSOU 1
23
AFFEM BOUSSOU II
N'TCHOUROU
30
Région de La Kara
BIDJANDE
13
2
SARAKA\\.JA
30
2
66
TCHIRKPAMBO
20
TABALE
7
Région des Savanes
BORGOU
15
2
35
KERKETE
22
TOTAL
357
13
2
342
80

II - LES PAYSANS VOISINS DES SITES
Ce travail qui doit pennettre de savoir si les paysans pratiquent ou
s'intéressent aux nouvelles techniques agricoles introduites par le PSTP dans
le biais des jeunes agriculteurs modernes install és dans plusieurs \\illages du
Togo nécessite que l'enquête soit également menée auprès de cette catégorie
de la population.
Compte tenu des difficult és de communication
avec les pJysans, la
nécessité de travailler avec les inteqJrètes s'était révélée indispensable. Ces
collaborateurs ont été directement choisis sur le telTain. dans les milieux
mêmes où l'enquête s'est déroulée. Ce sont de jeunes gens qui cohabitent avec
les villageois et qui connaissent les habitudes de travail et quelquefois même
les intentions et les ambitions des paysans.
D'autre part, dans le but de vérifier les infonnations recueillies, nous
avons eu, sur le telTain, des entretiens avec les agents du Ser\\"ice de la
Direction Régionale du Développement Rural chargés de l'encadrement des
paysans. Cette procédure, à notre avis, nous a pe1l11is d'obtenir des résultats
slIrs et convaincants.
III
Justification du choix des viII ages proches des sites
des jeunes
Lors de la pré-enquête auprès des jeunes et auprès de certains yjllageois
proches des sites, il a été constaté que c'est surtout les paysans yoisins des
exploitations des jeunes qui rendent visite à ces demiers et les assistent
quelquefois lorsqu'ils exécutent leurs travaux champêtres. C'est également
8]

cette catégOlie de paysans qui leur viennent en aide ou qui constituent la main
d'oeuvre salariée dans les différents trav311x-labour-sarclage-semi-re' coite.
En effet, les nouvelles teclmiques culturales qui gagnent progressivement
du terrain dans les milieux ruraux n'ont pas encore envahi les villages éloignés
du domaine des jeunes probablement à cause de la distance qui les sépare.
C'est essentiellement la raison pour laquelle le choix s'est limité aux villages
proches des sites des jeunes.
. .
-
..
.
" ' . . . .
..
-..
. ..
'
- ' ..
Le nombre total des villages conc~l11és par l'enquête s'élève à 104 dans
les cinq régions que compte le Togo.
IV
Sélection et justification des variables
Les variables prIses en compte dans l'élaboration de la présente étude
sont relatives au sexe et à l'âge des personnes enquêtées.
TraditiOlmel1emcnt, dans les zones nu'ales surtout, il est souvent donné
de
constater
que
les
femmes
sont
victimes
d'une
discrimination
institutionnalisé e parce que renforcé e par la coutume et le préjugé. Et dans ces
milieux, on a l'impression que seuls les hommes font l'histoire. J\\Jais. nous
pensons que l'impact d'un projet de développement TLlral sur la vie socio-
économique des femmes devrait être aussi examiné à la lumière d'un certain
nombre de variables telles que l'accès à la terre, le transport du bois ou de
l'eau pour la cuisine, le l'am assage et l'acheminement des produits de récolte
au village ou au marché ... etc.
82

Ainsi l'adoption des nouvelles techniques agricoles et particuli èrement
l'acquisition de la traction animale peut largement contribuer à alléger les
préoccupations féminines notamment dans le domaine de transport des objets.
En conséquence l'enquête a été effectuée au niveau d'un certain nombre de
paysannes. Le faible nombre de femmes enquêtées (44) par rapport aux
hommes (220) s'explique par le fait que la plupart du temps, ces demiers
s'intéressent exclusivement à l'agriculture alors que les femmes s'adonnent
_ . so.uvent aux activités d.u lpoment. Elles sont selon les pé~~oqe.s: .cultivatrices,
revendeuses ou transfo1111atrices de produits de récolté.
b - Variable âŒe
Cette catégorie de variable conceme les jeunes qui ont véritablement
commencé à se prendre en charge et les adultes. En conséquence, l'âge des
enquêtés est compris entre 30 et 65 ans.
En zone rurale, pour la plupart du temps, à l'âge de 30 ans, le jeune a
des responsabilité s liées à sa situation matrimoniale. De ce fait. il dispose de
son propre domaine d'exploitation agricole. C'est aussi l'âge où le jeune a déjà
fait son choix entre la fonction d'agriculteur et les autres types d'activit és dans
le milieu où il témoigne d'une réflexion assez noulTie sur les probl èmes de la
vie en générale et ceux d'une réflexion du développement
agricole en
pal1iculier. Au delà de 30 jusqu'à 50 ans, c'est la tranche d'âge intemlédiaire
entre les jeunes et les adultes. Elle regroupe des personnes qui manifestent
déjà une expérience approfondie de la vie en milieu I11ra1.
Mmiés, ces individus ont un cel1ain nombre de bouches à noulTir et sont
successibles d'être plus sensibles aux conditions d'amélioration de leur
83

rendement
agricole.
Ils
peuvent
véritablement
Jouer
Je
rôle
d'agents
d'autopromotion du monde rural car le succès d'un projet est en partie basé
sur le dynamisme inteme des communauté s rurales qui prennent sur elles-
mêmes la responsabilité de réaliser les changements qu'ils
désirent à partir
des réalités qu'ils vivent.
Enfin la catégorie de tranche d'âge allant de 50 à 65 ans a été également
pris~ en compte parce qu'elle correspond aux personnes suffisamment mûres
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.
-
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..
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..
. .
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. .
. . < .
. -
," .
~
~
en milieu rural. Ces gens détiennent une longue expérience de la vie pour
avoir assez connu et vécu les aléas de l'existence. Ils seraient avides de
changement et leurs opinions feraient foi chez les jeunes. Ils peuvent participer
à la conception des réalisations pour un développement hannonieux de leur
milieu et oeuvrer pour la mise en oeuvre d'un projet. Car, se promouvoir, c'est
être en mesure de prendre des décisions qui engagent la vie, pouvoir intervenir
dans l'orientation de son avenir.
V
Justification du choix et de la taille de l'échantillon
Compte tenu de la petite taille de la population répartie autour du village
d'installation des jeunes, nous avons jugé nécessaire d'intelToger 12 personnes,
choisies au hasard, dans l'ensemble des agglomérations proches des sites.
De fait, le nombre total des paysans dans les cmq régions du Togo
s'élève à 264 soit 12 personnes X 22 sites de jeunes.
Mais avant de voir les opinions exprim ées par l'ensemble des enquêtés,
nous trouvons utile de présenter les villages proches des sites où l' enqu ête a
eu lieu.
84

Tableau n° 3
Noms des villages voisins des sites de la Région;, Maritime.
Région
Sites d ïnstalations( 1)
Villages voisines des sites
TOGODO
Atchaoué
Tomet)' Kondji
REGION
Djanouhoué
MARITIME
Kodohoué
Zohoudji
'
,
"
"
GAMELIU
Atitoin
GcmcIiIi
Tito
Adjonikopé
Agokpé
Dalito
ATCHAVE
Avéguan
A"élébé
Afol'P0nowo é
HihIagbé
NazÏ\\'é
Djatchiko
3
17
(l)
Les sites portent généralement les noms des villages où ils sont créés,
85

Tableau N° 4:
Noms des yillages yoisins des sites de la Région des Plateaux.
Région
Sites d'installation
Villages yoisins des sites
KPESSI 1.
Atchokou
Apéyéyé
Dégou
KPESSI n.
Kpessi [
Bodjé
OTCHANARI
Adontèrè
Ilèkohan
Kodjatchall
.'.
Olchimari
..
Abodji
Agbok'P é
Région des Plateaux
GBADI GAWODO
Gbadi
Enawoè
lviowou
Adjahoun
TAFIA
Tchikohoé
Dossou\\'ihoé
Agokpakopé
Wuiléhoué
Rhato
KPELE
AtchaYé
Dalia
Kpélé
Atitchohoué
KJougnamé
Djékloé
Adakal'P é
Hayoko
Agbéyénou
DAllA
Mayikou
Sangara
Yotokopé
Lakkpé
AGOU - SOFIE
Sofia
Agbayé
Ayétonou
Atigbé
..
-
TOTAL
8
37
86

Noms des villages voisins des
si tes de l a Région Cent raIe
Région
Sile d'installation
Village voisins des sites
LAMA - TESSI
l'sève 1
Tchoubon
t\\lollr;Jwoé
Tchè\\"c Il
Région Centrale
ALIBI 1
Ferme K;Jbyè
Fcnne Kalèm
Femle Topy
AFEt\\1 - K/\\BYE
t-.:rj Kri
1. Il, Il. IV
Kcdj;JIldil
ArCll1 K~lbyè \\ill:lgc
l\\.ildianl:lIlga
--
J\\FEM - BaSSOU 1 ET II.
Fellne Tchilmba 1
1
I-CI"III:': Tch:lllIb:i II
l-errllC Tcli:ll11ba III
/\\1010
N'TCHOUROU
N'(cli011Hlll
1(1T \\1
'i
1••
~
87

Tableau N° 6:
Noms des villages voisins des sites de la Région de Kara.
Région
Sites d'installation
Villages voisins des sites
BIDJANDE
Canton de Léon
Misseouta
Kornda
Yaka
Agbandè
Bidjandè-bas
Bouroukou
Agbassa
Sarakawa
SARAKAWA
Sara
Région de la Kara
Kamrè
TCHIRKPA~1BO
Tchirkpambo 1
Kodjado
Bilabsa
Kpassassi
Makpaïdo
Bipedo
TABALE
Namandjoyi
Koudjobon
TabaIe
Namolè
Issado
Biakpabé
TOTAL
4
23
88

Tableau N° 7:
Noms des villages voisins des sites de la Région des Savanes.
Région
Sites d'installation
Villages voisins des sites
BORGOU
Borgou
Botogbobgon
Ogaro
Région des savanes
Namatougou
Bombégou
KERKETE
Tambinmaman
Tomonga
Nagouni
"
0 "
BounbowlIniyo
o
Kpamkoko
Balctiou
TOTAL
2
Il
89

PRESENTATION DES RESULTATS ET ANALYSES
DES DONNEES DE L~ENQUETE
90

LES JEUNES INSTALLES PAR LE PROJET
SUR LES SITES DE PRODUCTION AGRICOLE
91

1 - L'âge des Jeunes ruraux installés par le projet
La répartition par catégorie d'âge des jeunes ruraux met en évidence
l'importance de la tranche d'âge de 25 à 29 ans. Celle-ci représente 51,48 %
de l'effectif total des enquêtés. Elle est suivie de près par celle de la catégorie
de 30 à 34 ans qui fonne 25,73 % de l'ensemble des jeunes installés ayant
répondu à l' enqu ête. comme l'illustre les données du tableaux ci-dessous.
Tableau N° 8
L'àge des jeunes ruraux
r"--.CATEGORIES
19.'\\)\\'S
20 - 24 Aè\\S
25 - 29 Al\\S
30 - 34 A"iS
34 - 39 ANS
NO".1BRE
D'AGES
D'E!\\QlIETES
Régions
"-
Région
5
44
Maritime
0
4
17
IR
Région
0
93
des Plateaux
1
17
52
2~
Région
Centrale
0
1R
59
26
1
104
Région
de la Kara
2
18
33
12
1
66
_o.
Région
des Savanes
0
Il
15
9
0
35
TOTAL
3
68
176
88
7
342
o ~
-0
0.87
19,88
51.,n:
25.73
2,04
JOÙ
Les indications du tableau précédent confinnent que l'âge des jeunes
est supérieure ou égal à ] 9 ans. Elles pennettent d'établir en outre que dans
l'ensemble, les jeunes installés sont en age de prendre les responsabilit és
envisagé es par le projet.
92

2 - Situation matrimoniale
Sur 342 jeunes enquêtés, 304 déclarent être mari és, soit près de 88,89 %
de l'effectif des enquêtés. Et panni ces mariés, 82,45 0,/0 ont au moins un
enfant. Le reste des jeunes est constitu é de célibataires. Ils représentent
Il,11 % de l'effectif des enquêtés. Et le pourcentage des célibataires avec un
enfant au moins s'élève à 3,21 %. Il apparaît au regard de ces infonnations
. qu'une large majorité· des jeunes ont des responsabilit és très importantes liées
à leur situation matrimoniale.
Tableau N° 9
Situation matrimoniale des jeunes
~ Situation Célibataircs sans Célibataires
!\\Iariés sans
\\farié,s avec
:\\ombre
matrimoniale
enfant
avec enfants
cnfant:.
enLlnts
d'cnquêtcs
Régions ~
Région Maritime
1
2
2
39
44
Région des Platcaux
J5
1
U
64
93
Région Centrale
5
4
7
88
104
Région de la Kara
5
4
0
57
66
Région
34
35
des Savanes
1
0
0
TOTAL
27
II
22
282
34::'
~'o
7,90
3.2 J
6.44
82,45
100
3 - Typologie des ménages.
Sur les 342 ménages présents et enquêtés dans les cinq régions du Togo,
on note :
- 38 ménages célibataires soit Il,1 1 %
- 228 ménages monogames soit 66,68 %
- 65 ménages polygames comptant 2 femmes chacun, soit 19 %
- 10 ménages polygames comptant 3 femmes chacun, soit 2,92 %
- 1 ménage polygame comptant 4 femmes chacun, soit 0,29 %
93

Il Y a au total 76 ménages polygames, soit 22,21 %. On peut avancer,
compte tenu de l'âge moyen de la plupart des jeunes ruraux, que le taux de
polygames peut s'élever à l'avenir.
On retrouve
un peu chez ces jeunes agriculteurs
modemes cette
mentalité qui caractérise les sociétés traditionnelles agricoles africaines où être
polygame et avoir beaucoup d'enfants est un signe de richesse ou de prestige .
. Les hommes épousent . ainsi plusieurs femmes et ont un· grand nombre'
d'enfants: ce qui représente une main d'oeuvre abondante. Le champ familial
poulTait s'agrandir et favoriser un accroissement de la production.
94

Le tableau ci-dessous présente la typologie des ménages sur les sites des
cinq régions.
Tableau N° 10
Typologie des ménages
~. TvpoJogie Ménage~
~lénage~
Ménages
!\\lénage~
Ménages
Nomhre
des ménage~
cé lihataircs
1 femmes
2 femmes
J femmes
4 femmes
d'enquétes
""-.
Régions
~
." .
-1 . .
Région ~Iaritime
3
,~
7
1
1
44
Région des Pbteaux
16
63
Il
3
0
93
Région Centrak
9
66
25
4
0
104
Région de la hara
9
40
15
2
0
66
Région des Savanes
1
27
7
0
0
.'~
TüV.L
3g
2n
65
10
1
342
0'0
1LlI
66.6g
19
2.92
0.29
100
95

4 - Nombre d'enfants par jeune installé
Jusqu'au jour où l'enquête a eu lieu, le nombre d'enfantes) par Jeune
installé s'établit comme suit :
Tableau N° Il
Nombre d'enfantes) par ..J el,\\\\" e...-.
~.
o
:\\omhre
enf
1 enf
2 enf.
3 enf.
4 enf.
5 enf.
6 enf
7 cnf
R enf.
II mf
NO\\lBRE
.. d·'enfants·
DT'·
par Jeune
QCHES
1
ROgiO"~
1
Région
,
\\laritime
3
~
9
12
4
3
2
1
(J
44
-
Region des
Plateaux
28
24
15
Il
II
3
(J
CJ
1
(J
104
Région
Centrale
12
24
22
22
13
4
5
1
(J
93
Région
de la Kara
5
15
14
12
9
6
3
2
(J
(J
66
Region
des Sayanes
1
0
2
7
II
7
1
1
1
0
35
TOTAL
49
71
62
64
4R
23
15
6
3
1
342
~,'o
14,32
20.76
18,14
18,73
14.04
6,72
4.38
1. 75
0,87
0.29
100
Les
données du tableau ci-dessus montrent que 292 personnes SQit
85,67 % des enquêtés ont au moins un enfant en charge, ce qui laisse voir que
la grande majorit é des jeunes installé s ont des responsabilité s à assumer vis-à-
vis de leurs enfants.
96

5 - Age et scolarité des enfants des jeunes instalJ és
41,07 % des enfants des jeunes installés ont plus de 6 ans, 19,35 % ont
5 à 6 ans. Les enfants ayant 4 à 5 ans occupent 39,58 % de l'effectif.
Le tableau ci-dessous présente l'âge des enfants qui ont 4 à 5 ans, 5 à
6 et plus de 6 ans. Le choix de cette tranche d'âge pennet de connaître le
... nombre d'enfants en âge d'aller à l'école et ceux qui doivent y aller dans un
proche avenir.
Tableau N° 12 : Age des enfants scolarisables.
Nombre d'enfant
4 A 5 ans
5 A 6 ans
Plus de 6 ans
Nombre
f
par jeune
d'enquêtes
Régions
Région Maritime
17
2
-l2
61
Région d~ Plateaux
29
12
21
62
Région Centrale
46
25
-l7
118
Région de la Kara
32
22
17
71
Région des Savanes
9
4
11
24
TOTAL
133
65
138
336
%
39,58
19.35
41.07
100
En effet, la question de scolarité avec tous les prohl èmes y afférents
se pose SUl10ut pour les enfants qui ont atteint l'âge de 6 ans.
La situation de certaines écoles par rapP011 aux sites d'installation
oblige cel1ains enfants à parcourir quotidiennement une longue distance. Il n'a
été pris en compte que les distances supérieures ou égales à 3 km.
97

Villages du site
Village de J'école'
Distance séparant
d'in stall ati on
J'école du site
1 - TOGODO
TOMETY-KONDJKm
2 - TAFIA
Huilehoue
6 km
3 - LAMA-TESSI
Lamatessi
6 km
4 - AFFEM KABYE
Affem Kabyè
7 km
5 - AFFEM BOUSSOU Affem Kabyè
7 km
6 - TCHIRKPAMBO
Guérinkouka
8 km
7 - TABALE
Biakpabé.
10 km
8-BORGOU
Borgou
7 km
9 - KERKETE
Barkoiss\\"
12 km
Par ailleurs la distance séparant certains sites des centres de santé ou
des dispensaires est longue. En conséquence les chances pour les secours
d'urgence aux malades graves sont réduites. Ci-dessous, les noms des sites
situés à plus de 19 Km des centres de santé.
Village du site d'installation
Village du dispensaire
Distance
1. ATCHAVE
Azahoun
25 km
2. AFFEM KABYE
Tchamba
25 km
3. AFFEM BOSSOU
Tchamba
20 km
4. N'TCHOUROU
Tchamba
23 km
6 - Le niveau d'instruction des jeunes installé s
L'une
des conditions
d'installation
des jeunes à des postes de
production agricole étant de sa\\oir lire et écrire, la totalité des jeunes ont
répondu dans l'ensemble à ce critère de base comme l'attestent les données
du tableau suivant.
98

Comme on peut le remarquer, la politique d'installation des jeunes n'a
pas tenu compte des dispositions nécessaires à prendre pour l'instmction des
enfants issus des bénéficiaires du Projet. Même le simple fait que certains
enfants doivent parcourir 24 Km à pied et par jour, tôt ou tard, va obliger les
parents à abandonner les sites d'installation.
Tableau N° 13
Niveau d'instruction des Jeunes
~
1
NI\\'EAl:
n l l
C:~1~
I-.,~
[YII>STRL:LihY<
"
4,
.,'
::Jl(1
J eTt'
n-:R~.11~.'\\L[
P~I\\'ER-
No Vyt he ''('L
"IH IL'j"
REGIONS'~
A););EE
d"i
.... t- I
X n 1\\.t"-LQ,~
l.
Region Maritime
~:.
44
Région
des Plaleau.x
1)
10
~~
9-
R(~ion Centrale
6'
Il
104
1"
RéJ;7ion
d, la Kara
31
66
Région
des Savanes
1.'
:~ ."
TOTAL
32
n
14
2'"
1-8
..
~~
15
34"
'"
2,06
9.36
3,50
4.1
'.60
5 1.-
:,Q
6.'~
438
OK
100
o i . , . . . - -
Il apparaît, à la lumière de ces données que la quasi totalité des jeunes
installés savent lire et écrire. Dès lors, on peut raisonnablement penser qu'ils
sont en mesure de comprendre et d'assimiler les cours d'apprentissage ou de
fonnation qu'ils reçoivent des encadreurs, qu'elle que soit leur origine sociale
ou ethnique, Aussi les conditions
d'installation doivent être conçues de
manière à répondre adéquatement aux attentes de ces jeunes déscolarisé s.
7 - Ori gines sociales des Jeunes
Les jeunes installé s à la vie sont tous issus d'un milieu social modeste
et sont en majorité, habitués à la vie rurale. Il s'ensuit que les problèmes
d'adaptation aux conditions de vie rurale en général sont relativement atténués
99

pour la plupart d'entre eux. En effet, sur 342 jeunes enquêtés, 341 déclarent
avoir antérieurement
une certaine expérience
dans l'agriculture
(ayant
personnellement cultivé leur propre champ ou aidé leurs parents dans les
activités champêtres).
8 - Répartition des jeunes selon les lieux d'installation
98 jeunes soit 28,65 % de l'ensemble' des enquêtés sont originaires ·des
villages dlnstallation alors que 76 jeunes (22,23 °0) sont installés dans un
autre village de leur préfecture d'origine. Enfin, le reste de l'effectif, 168
jeunes, constituant 49,12 % ne sont pas installés dans leur préfecture
d'origine. En somme, 244 jeunes soit 71,35 % des bénéficiaires du projet ne
sont pas dans leur milieu d'origine. Du moment qu'ils se retrouvent loin de
leur famille d'origine et dans un milieu qui véhicule d'autres moeurs et
traditions,
il
va
sans
dire
qu'ils
soient
confronté s
aux
problèmes
d'inadaptation
sociale. Par ailleurs l'avantage pour les Jeunes qui sont
originaires des villages d'installation est qu'ils bénéficient de la main-
d'oeuvre familiale.
Tableau n° 14
RépaIiition des Jeunes selon les lieux d'installation
~~ieu d'installa·
()rif'inaire~ du village
Installés dans un autre
Installe s dans une
?'omore
tion des jeunes
du sitè d'in~t~dlation
"illage de leur
autre prd'ecture
d'enquêtes
~
préfecture d"origine
Rêgions
''----...,
Région Maritime
20
1
n
44
".,-.
1
R<gion des Plateaux
25
24
44
93
Région Centrale
7
14
x3
104
Région de la J-.:ara
32
22
]2
66
Région des Savanes
14
15
6
35
TOTAL
98
76
](,X
342
~/O
n.6S
22.23
49.12
100

- Attitudes des Jeunes face à leur milieu d'installation
135 jeunes soit 39,47 % de l'effectif des enquêtés affinnent pouvOIr
vivre dans leur village d'installation jusqu'à leur vieillesse, dans les conditions
où les activités champêtres leur pennettent de nourrir leur famille, tandis que
200 jeunes (58,48 %) se sont prononcé s négativement. Les raisons évoquées
par ces dell1iers tiennent aux faits suivants :
Réponse à la question
Quelles sont les raIsons qm vous empêchent de
rester sur le site jusqu'à votre vieillesse? Avez-
vous un problème d'adaptation sociale ?
Tableau n° 15
~ Lemilieunousest Noussommesà Nousne\\"Ivonspasen Lemilieud'insta]]3tlOn Nombre
étranger
r écart de nos
bonne entente avec les
V\\O\\.W CC n. V;~..,.t
d'enquêtés
parents
Yillageois du milieu
Re~'0ns
Ré~i;:'n !\\1aritime
l:
8
è
""
44
Réglon des Plateaux
5
4"
18
25
93
Ré glC'n Centrale
"-,
25
5
47
104
Ré~lcn de la Kar"
15
19
0
;""
~(,
RéglC'n des Savanes
7
12
0
16
35
TOTAL
66
109
::5
14:
34~
0,'
'0
19,30
''1.88
7.30
41.5:
100
Les
résultats
du
tableau
montrent
que la majorité
des jeunes
(51,]8 %) expriment le sentiment d'être alT3chés à leur milieu d'origine ou
écartés de leurs parents tandis que 7,30 % des enquêtés font remarquer qu'ils
ne vivent pas en hanllonie avec leur entourage immédiat (nous velTons plus
loin les raisons de cette mésentente).
En somme 58,48 % des jeunes manifestent une cel1aine antipathie VIS-
à-vis du lieu où ils sont installé s.

Par ailleurs et d'une manière générale, la plupart des jeunes qUI sont
installés dans leur milieu d'origine n'affichent aucune aversion à l'égard de
leur lieu d'installation. Ayant déjà vécu pendant des années les probl èmes du
milieu auquel ils appartiennent, ils donnent l'impression d'être mieux intégrés
et ne souffrent
psychologiquement
d'aucun
problème d'adaptation.
Par
ailleurs, ils bénéficient d'une main d'oeuvre familiale qui leur vient en aide
dans le domaine des travaux champêtres.
Eu égard aux différents problèmes que rencontrent les autres jeunes non
Oliginaires des villages d'installation, on peut raisonnablement avancer que
ces demiers prendront, tôt ou tard, congé de leur site.
Réponse à la question: A qui appartient la tetTe que vous exploitez ?
Tableau n° 16 :
L'accès à la tetTe
_ _ _ _ _ _ _ L'accès a la telTe
Jeunes msw!l é:-; sur des terrains
leunes mstallés sur k~ terres des
~'c'mbre d'enquêtés
du domame ù',ncler natJOnal
autofltés yillageolses ('u des
Réglons
_ _ _ _ _ _ _
VJeux
RégIOn Mariume
37
44
Région des P]atcrt"u.x
0
93
93
Région Centrale
15
,9
104
RégIOn de la Kara
39
n
66
Région des Savanes
3~
0
35
TOTAL
lè6
:::16
34~
%
36,1<4
63,16
100
Panni les conditions qui doivent obligatoirement ètre réunies pour
qu'un site puisse convenir ou être retenu pour l'installation des jeunes, figure
celle relative à la disponibilité foncière.
102

En effet, quand il s'agit de jeunes d'un terroir à réinstaller dans leur
zone, la solution consiste à obtenir le ten"ain des autorités viIJageoises et des
vieux et à matérialiser la cession par un accord écrit et déposé à la préfecture.
Dans certains milieux ruraux où cette solution n'est pas possible, des
terrains du Domaine Foncier National peuvent être mis par l'Etat (Service
Législation
Agro-Fonciè re) à disposition
pour instaIJer les Jeunes avec
l'accord des popul ations et des autorit és ..
Les' données du tableau n° 16 relèvent que 36,84 % des jeunes sont
instaIJ és sur des tenains appm1enant au Domaine Foncier National tandis que
63,16 % travaillent sur des telTes des autorité s villageoises ou des vieux.
Réponse à la question
Panni
ceux
qui
sont installés sur des telTains
appm1enant
aux collectivit és villageoises ou aux
vieux, quels sont ceux qui ont eu des problèmes
avec les propri étaires telTiens ?
Tableau N° 17
~. Opmions Les propriét2ires nous
Les pre.priétaires
Nous n' aYons fJ.S de
1\\ombre d'enquêtés
menacent d'abandonner
expnment souvent leur
proèlèmes
~ les terres
indlgnatlcn
,
Régions
Région Mantl:7.e"
o
37
44
Région des P:c'eaux
10
96
Régl0n Centrale
0
l'·
104
Région de 13 KZ:a
J 4
1'7
35
Région des S2", .::..:ies
0
30
TOTAL
' J
46
%,
9,06
13,~~
77,49
100
103

A la lumi ère de ces réponses émises par les jeunes agriculteurs
modemes, on note que certains d'entre eux (9,06 %) sont dérangés par les
propri étaires de leur domaine d'exploitation, ce qui les pousse quelquefois à
abandonner les lieux où ils sont installés tandis que d'autres propri étaires
expriment fréquemment leur désaccord parce qu'ils se voient lésés ou
simplement dépouillés de leurs biens matériels.
De ce fait, certains jeunes annoncent leur éventuel dépmtdu site pour'
la raison qu'ils sont constamment en confl it avec leurs propri étaires teniens
qui
n'entendent
pas:céder" définitivement
leur propriété ,aux
autorités
publiques.
Ainsi donc, les terres arraché es aux propri étaires et qui sont devenues
les domaines d'exploitation des jeunes engendrent chez certains déshérités des
sentiments de fnlstration qui sont, à certains endroits. source de conflit et
d'abandon de poste.
Réponse à la question
Avez-vous été associé à l'élaboration du plan
d'exécution du projet?
Tableau ]'..!o ] 8
~s
Oui
Non
NOMBRE
D'ENQUETES
Régions
' ~
Région ~IaritiJ1le
0
·H
44
Région des Plateaux
0
93
93
Région Centrale
0
)04
104
Région de la Kara
0
()(i
66
Région des Sayanes
0
~5
35
TOTAL
0
~42
342
%
0
100
100

Comme on peut le remarquer à la lecture des donn ées de ce tableau,
aucun jeune n'a été choisi pour participer à la discussion sur l'élaboration du
plan du projet PSTP. Les jeunes soulignent d'autre part, qu'aucun responsable
ou chef de village n'eut été invité au débat alors que ce sont les ruraux qui
vivent les réalités du monde rural et qui peuvent bien faire de suggestions non
moins impül1antes.
En définitive, seuls le Gouvemement
togolais représenté parles·
responsables
de
la Direction
du
Développement
Rural
et le Bureau
Intemational· du Travail (BIT) représenté .par les chargés de .Programme de.la - "
Représentation des Nations-Unies et le Conseiller Technique ont élaboré du
début jusqu'à la fin cet impül1ant projet d'installation de jeunes. Les besoins
éventuels et les conditions d'installation des jeunes ont été ainsi détenniné s
à l'insu des bénéficiaires eux mêmes.
En effet, depuis le régime colonial jusqu'à nos jours toutes ces
tentatives de modemisation agricole ont été élaborées de l'extérieur. De
l'étranger d'abord puis par l'administration locale, sans que l'on fasse jamais
appel, pour leur conception ou leur mise au point, à la paJ1icipation effective
des paysans (1).
Un autre auteur, Jacques GIRl. exprime la même réalité en ces tennes :
"dans les Etats indépendants COJl1111e du temps de la colonisation,
le
développement a t01dours étJ conçu et organisé par la puissance puhlique.
Les
nouvelles
administrations,
comlJle
l'adl1linislralion
coloniale,
onl
considéré que le paysan était a priori incapahle de savoir quel chemin
(1)
René DUMONT, op. cit. P 229

prendre. 11 a été prié d'emprunter la 1)oie qui lui était proposée et il n 'a pas
eu son 11I0t à dire dans la conception de l'évolution jugée souhaitable" (l).
Réponse à la question
Après les SIX années d'existence du Projet, quels
sont aujourd'hui vos besoins (2) sur les sites.
Tableau N° 19
~
l\\fraslJ1lC"U" ForJJ.'C' ou puits
Nomhrc d'ellq\\lêl~s
Hl)]. rca1J$~~:-;
ReglOns
,
Atchavt' -
Alch::lVe 7
Al,bn~~ 7
44
T0~od(1 ;5
TOt!~ld(, l'i
Region d~s Plale:lll\\
Ddha 12
Arc'Il ~cdla 9
9)
Kpessi 1 10
KpegSl JI 15
Gbadlgodû 6
6
Region Centrale
AITem Kabyè 27
66
AITem Bossou 2.3
Région de la Kan
Tchirkpamho 20
T,baIe 7
Tabale 7
RégIOn des Savanes
Kerkrte 22
TOTAL
74
188
,9
21.64
100
Priés d'évoquer leurs prInCIpaux besoins sur les sites, les jeunes ont
indexé
le
manque
d'eau,
l'absence
de
stmcture
de
conservation
et
l'inexistence de logement. Il convient d'ajouter que presque tous les sites des
jeunes sont créés dans des villages où il n'existe pas de centre de santé et
d'école.
(1)
Jacques GIRl, op. cit. p.p. 235-236.
(2)
Il s'agit des travaux d'infrastructure sur certains sites (forage ou puits, magasin agrieole ct
logement) que le projet a promis de réaliser sur chaque site. La non réalisation de ces
promesses sur celtains sites a eréé un sentiment de frustration chez les déshérités.
106

En effet, 74 jeunes soit 21,64 % de l'effectif global souffrent de pénurie
d'eau sur 7 sites d'installation. Il est impensable que l'installation de jeunes
agriculteurs modemes ne tienne pas compte de ce besoin primordial et
indispensable qu'est l'eau. A Agou Sofia, à Togodo, à Dalia, notamment, les
jeunes prennent congé de leurs lieux de résidence en saison sèche qui couvre
pratiquement neufmois dans l'année etraganent leur village d'origine àcuase
de manque d'eau. Les femmes de ces jeunes agriculteurs qui sont souvent les
premières à abandonner les sites en ces temps, expriment leur découragement
et
incitent
souvent
leurs
époux
à
quitter
définitivement
leur
village
d'instaHation pour s'adonner à une· autre quelconque ·activité. 'On comprend.~· .
bien l'attitude de ces épouses lorsqu'on constate qu'il n"y a même pas de
retenue d'eau qui puisse les dépanner au temps 0pp011un.
Par ailleurs à Atchavé, Dalia, Otchanari et Kpessi L les jeunes doivent
parcourir près de 5 kilomètres pour aller chercher l'eau et parfois même dans
des conditions très difficiles après les pénibles travaux champêtres.
Panni les besoins évoqués, on note l'inexistence
de magasm de
stockage sur 13 sites de jeunes alors que les produits de récolte ont bien
besoin d'être à l'abri du mauvais temps, des animaux
et des insectes
destructeurs. La perte sur production enregistré e à chaque saison par ces
braves jeunes peut contribuer à leur désespoir.
En dernier ressort, vient le délicat problème de logement. En effet, si
les jeunes ne sont pas fixés sur leur site d'installation, il leur est pratiquement
difficile de surveiller leurs exploitations qui sont souvent la proie des animaux
sauvages et des oiseaux pinards. De fait, à Atchavé, à Otchanari et à Tabalé,
29 jeunes, (8,47 %) ne logent pas à côté de leurs exploitations. Les champs
ne sont pas surveill és comme il se doit.
107

Ce sont là des travaux d'infrastmctures que les responsables du projet
ont programm é et ont promis de réaliser sur chaque site de jeunes. Mais
malheureusement, force est de constater aujourd'hui que le projet qui vient
d'arriver à tenne n'a pas su mettre en place ces facteurs indispensables à la
vie des jeunes installé s. Devant ces faits, la majorit é des jeunes concerné s
menacent d'abandonner définitivement leur poste de production .
f
",

' . - ' , .

J
• •
. "-
.
108

Réponse à la question
Quels sont
les
besoins
que
vous
pensez
satisfaire vous-mêmes?
Tableau nO 20
~
lnfrn'truChlI" Forage
MagaslI\\
Logement
Anlt"1l3j?elllcnt
Rt'fl,':çliOll
ConstTllctJon
t-,'ombre
a n."alisa
ou
agrjcol~
dl krrain
dl.' rlste~
d'CllIe de
d'enqllêl.!'s
retcnne
dt' .h~llX
~~Ch3.L'C
d"eau
ReflOIls
Région Maritime
0
~'lchavé '7
Atd\\3\\'lO' -:
TOf'odo 1~
44
G,unt'lih 1.'
Akli:Jvo.'
Région dl'S Platean.x
Kpessi 1 10
Arou SofLa ';
Ü1.:hanari l '
Dalla 12
9,
,.Dal.iJ 12
. ,
.- ...,. ..
-,
., ,
"
"..-
,"Co
Kpessi JI 15
:\\:Tl'l11 KalJy~ -
AlTm,
J ()~
R,"'sWti ~~
ReglOll de la Kara
Tchu-
Tahakl 7
66
kpambcl 20
Région des Savanes
BorgC}l1 D
J5
TOTAL
49
III
J~
19
~~2
IV,
2,04
,2.46
Il,12
.\\~5
Les groupements de jeunes projettent de réaliser eux-m êmes les uns ou
les autres objectifs suivants :
- Aménagement d'un teITain de jeux
souhait exprimé par 7 groupes
de 7 jeunes soit 32,46 % de l'effectif total.
Constmction d'un magasm agricole : 4 groupes de jeunes dont le
nombre total s'élève à 49 projettent de construire eux-mêmes le magasin de
stockage.
- Réfection de pistes
Souhait de 38 jeunes.

- Constmction d'aire de séchage: souhait de 19 jeunes.
Comme on peut le remarquer au 11lveau de la page précédente, sur 7
groupes de jeunes qui manquent d'eau sur leur site, aucun groupe ne s'est
proposé de réaliser lui-même le forage ou la retenue d'eau, tant l'opération est
coûteuse et exige un financement ou un fonds qui ne peut être supporté par
les jeunes qui n'ont pas encore décollé économiquement pour faire face à ces
réalisations .
.,' ""
,~,' Or,',l'eau, ·oondition première de toute, vie est bien nécessaire. à, ces'
jeunes agriculteurs qui ne se procurent l'eau que très difficilement. Certains
jeunes qui ont été installé s dans d' autres régions du pays où les conditions
d'existence sont précaires avouent nettement leur incapacité de résister à ces
difficulté s pendant encore longtemps. D'ailleurs, à Togodo, village du Sud-Est
du Togo, 5 jeunes viennent d'abandonner leur poste de production à cause du
manque d'eau. Et pourtant, panni les conditions de base qui doivent
obligatoirement être réunies, pour qu'un site puisse convenir ou être retenu
pour l'installation
de jeunes, figure,
en bonne place, celle relative à
l'existence d'eau.
Selon les critères d'installation, si cette condition n'est pas satisfaite,
l'installation
des jeunes ne doit pas se faire. Autrement,
avant toute
installation, il faudra agir pour la créer.
Malheureusement,
sur ceJ1ains sites, (Togodi, Agou-Sofia,
Da1ia,
Otchanari, Kpessi 1., Atchavé et Gbadi-Gawodo) les responsables du projet
n'ont pu respecter les promesses tenues. L'abandon de ces sites par les jeunes
serait bien inévitable.
110

Réponse à la question
Votre production agricole vous pennet-elle de
subvenir à vos besoins nécessaires ?
Tableau n° 2]
~ OPINIONS
OUI
Moyennement
Non
Nombre
E~
~~enquêtés
REGIONS
Région Maritime
5
8
31
44
Région des Plateilux
17
13
63
93
Région Centrale
22
28
. 54
10-1
Région de lil Kara
13
20
33
(i(i
Région des Savanes
13
5
17
35
..
. -
. o.-
.
.!
.
,.
.' ~ ,.
TOTAL
70
74
198
342
%
20.47
21.64
57.89
100
Comme il est donné de le constater, 70 jeunes représentant 20,47 %
de l'ensemble des intenogé s affinnent que la vente de leurs produits de
récolte leur pennet bien de subvenir à leurs besoins nécessaires tandis que 74
jeunes (21,64 %) déclarent résoudre à moitié l'ensemble de leurs besoins
matériels. AI' oppos é, plus de 50 % des jeunes agriculteurs n' anivent pas à
subvenir à leurs besoins. Nous reviendrons plus loin sur cet aspect de la
question lorsqu'il s'agira d'étudier les causes qui freinent l'évolution des
activités champêtres des jeunes.
Par ailleurs,
panni les catégories d'enquêtés ayant affinl1é qu'ils
parviennent bien ou moyennement à répondre à leurs besoins nécessaires,
40,94 % font noter que leurs conditions de vie s'améliorent progressivement
par rappOli à celles qu'ils avaient connu avant leur installation sur les
sites (1).
(1)
Il faut faire remarquer que les jeunes étaient élèves ou chômeurs avant leur installation au
poste agricole.
III

Mais quels sont les obstacles qui empêchent la majorité des jeunes de
survivre ? Nous n'avons pas manqué de recueillir des infonnations dans ce
domaine.
Réponse à la question
Pourquoi n' alTivez-vous pas à subvenir à vos
besoins matériels?
Tableau n° 22
Le pnx au producteur
Les a!îim~lu." dl~\\'~lstl'fJl
Dèï'~'nscs r,-~L:r le~
"clmhrc
esl trop bas
les cultures
membres de 1<1 13mille
d'enquêtés
. ' ,
. ~ .. " .....
.. ..
,
. é~~~ie.~..
. .. .,.
;;
,'.
""
0
31
~-
Ré fion des PbteJux
"
4
63
"-
Ré.Ç.ion Centrale
4
,9
3
54
Ré gion de la Kara
6
LO
33
Région des Savanes
0
14
~
17
TOTAL
13
35
140
10
198
%
6.57
17,68
70.70
5,08
100
Panni la catégorie des jeunes ayant fait remarquer qu'ils n'aITivent
pas à subvenir à leurs besoins matériels, 140, représentant 70,70 % associent
leur situation au phénomène de dévastation des semences par les animaux
sauvages tandis que 35 jeunes (17,68 % estiment que le prix au producteur
est trop bas pour leur pennettre de tirer profit raisonnable de leurs activités
en vue de la satisfaction de leurs besoins. D'autres jeunes (6,57 %) mettent
en cause la faible productivité
agricole qui résulte souvent des aléas
climatiques. Ou il pleut abondamment et les cultures sont inondé es ou la pluie
se fait rare et les semences sont pratiquement assoiffées d'eau. Cet état de
chose, soulignent les jeunes agriculteurs modellles, ne les alTange guère.
] 12

Concemant
la
dévastation
des
cultures,
les
al1lmaux
sauvages
constituent un sérieux handicap au bon déroulement des activit és agricoles
dans les cinq régions du Togo. L'installation de celiains jeunes non loin des
réserves de faune est une erreur notoire car avant toute installation, il faudra
bien que les responsables du projet en étudient les conditions.
Réponse à la question
Quels sont les problèmes que YOUS avez dans
le cadre
de la
vente
de
YOS
produi~s
vivriers ?
/
/
Les femmes commerçantes achètent nos produits à très bas prix.
'.. ' ..
. '. ~ .. '
.'
. . "'.- .. ',
. ~
. . . .. . .. '." .
..--. . .
/
/
Nous avons des probl èmes parce que nos produits ne sont vendus
que sur les marchés du village.
/
/
Les prix sont bas parce que les produits qui alTivent du Ghana
et de Dahomey(1) inondent les marché s locaux.
Tableau n° 23
~pmlOllS Lesferrunesconunerc,aIltes !\\:ousaW)JlSdespwblCmes LesprL"'.st'>n!t:':tsparcequI.'Irs
expnmees
achètent nL'5 prl\\dm\\.S à d~"
pa:rce que nos prodUIts ne
pr(ldllil~ Q;.\\1 aITl\\'enl du Ghana
pri.x très bas
sont velldm que sur les
el du Dal",c'Jney
uJi)Hd~rlt les
maIThé s du vJlJage
marelles ]OCàlLX
RéglOns
Region Maritime
.?<~
1:'
~~
R~~:Jn des Plateau.x
31
6,
S3
Ré~lon Centrale
43
9
~~
ID~
Région de la KarJ
4,
13
Il
66
Région des SavaM:'
~~
3'
TOTAL
1-3
]O:l
66
3~~
5['-'8
3(1.12
19.30
]t1(1
Priés de dire pourquOl ils ne tirent pas profit de leurs activités. 173
jeunes (50,58 %) ont répondu que les femmes commerçantes achètent leurs
produits à un prix très bas, tandis que 103 jeunes (30,12 %) pensent que c'est
(1)
Dahomey est appelé aujourd'hui République du Bénin.
ID

parce que leurs produits de récolte ne sont vendus que sur les marchés des
villages de leur site d'installation où l'abondance des vivriers engendre la
baisse des prix.
Enfin 66 jeunes représentant 19,307 % de l'effectif total font saVOIr que
leurs produits ne sont vendus à des prix intéressants pour la raison que des
commerçantes arrivent du Ghana et du Dahomey avec leurs marchandises qUI
inondent les march és locaux:
'. : En bref; les pnx des produits de récolte des jeunes ne .semblent-.:pas .·les . . .
encourager et les inciter à plus d'ardeur.
Dans la plupart des cas, les commerçantes qui achètent le sac de maïs à
3 000 F CFA chez les jeunes vont le revendre à Togograin (1) à 5 500 ou à
6 OOOF. La différence est assez imp0l1ante par rapport aux frais de transport
qui s'élèvent à près de 500 F le sac(2).
(1)
Togograin: Office National qUI soccupe de l'achat de produits \\'n'ners en période
d'abondance et de leur revente en période de vache maigre
(2)
Il faut apprécier que Togograin dispose de points d'achat et de vente dans chaque préfecture.
Le transport des produits s'effectue donc entre les villages où sont installés les jeunes et le
chef-lieu de la préfecture.
114

Réponse à la question
Quelles
solutions
préconisez-vous
pour
une
meilleure commercialisation
de vos produits de
récolte?
/_/ Que
Togograin
achète
directement
nos
produits
en
période
d'abondance sans l'intervention des femmes commerc antes.

/_/ Que l'Etat pennette la vente de nos produits à la fronti ère Togo -
Burkina-Faso(1 ).
Tableau n° 24
. "."
I~ QueTogograinvienn.:dir.:dement Qu,']"et:!(nousp.:rmelled.: Nomhre
.• ~

exp~n:"';,es
a.:heter nos produib en periode
vendre nos produib en
d'enquêtés
"d'ahondance saris plL\\'\\;er parles
...
" periode" d' ahondanëe' a la
.
.. ,"
"
Régions
f~mmè'5 cOlnm~rçantes
frontiere Togo. Burkin,,·Faso
Régic'n J-..larilim"
44
1)
44
Région des Plateaux
83
lU
93
Région Centrale
56
4S
104
Région de la Kara
31
35
66
Région des Sa\\"anes
25
lU
35
TOT.U
239
](!3
342
%
69,89
30.11
100
Eu égard aux différents probl èmes rencontré s par les jeunes dans le
domaine de la commercialisation de leurs produits, 239 jeunes soit 69,89 %
ont fait la proposition que togograin vienne directement acheter leurs produits
en période d'abondance sans l'intervention des femmes commerçantes tandis
que 103 jeunes (30,11 %) souhaitent gue l'Etat leur pennette de vendre les
produits en période d'abondance à la fronti ère Togo - Burkina-Faso où les
Burkinabè vi ennent se ravitailler en vivres. Les prix pratiqu és sur ces lieux
étant très avantageux(2) pour le vendeur.
(1)
Il faut préciser que la vente des produits vivriers hors des frontières nationales est prohibée
au Togo depuis 1982.
(2)
Le prix du sac de maïs se chiffre entre 12.000 F et 15.000 F CFA en période d'abondance
alors quïl n'atteint que 3.000 F dans les lieux de production (Yillages d'installation des
jeunes).
115

Un projet comme celui du PSTP/jeunes conçu pour être une réussite doit
être pris en charge et doit mériter l'attention des responsables.
De fait, devant l'incapacité des jeunes à profiter de leur installation au poste
d'agriculteur
dans le cadre de la vente de leurs produits,
l'organisme
financeur ou l'Etat doit à cet effet adpoter certaines dispositions pour une
bonne commercialisation des produits de récolte des jeunes car si ces del1liers,
pendant au moins les cinq premières années de leur installation. n'aITivent pas·"
à tirer profit de leur travail champ être, ils seront incapables d'assurer leur
.. propre décollag8 économique. En ·ce faisant, ·il .. est.certain~comme·cela·~e
. '.'
vérifie déjà sur quelques sites, que les jeunes se laissent aller au désespoir et
prennent congé de leur site. En effet, l' organi sme d'aide ou de financement
et/ou les autorité publiques qui ont déjà investi des centaines de millions de
francs pour l'exécution du projet ne doivent nonnalement ménager aucun
effort pour soutenir les jeunes jusqu'au bout du tunnel en vue de faire
triompher les multiples efforts déployés tant du côté des développeurs que
celui des développé s. De ce fait, les responsables peuvent pendant les
premières années d'installation.
mettre
5 camions
(à raison
d'un
par
préfecture) à la disposition des jeunes pour l'acheminement des produits vers
les zones qui manifestent ce besoin.
Les jeunes ont déjà appelé au secours dans ce sens. L'agent chargé de leur
encadrement a soumis la proposition aux responsables dudit projet mais
aucune issue ne semble être trouvé e à ce délicat problème qui conditionne en
quelque sorte le succès de cette grande opération.
1] 6

Réponse à la question
Une autre proposition des jeunes pour la vente de
leurs produits.
/
/ Nous voudrions commercialiser nos produits par l'intennédiaire d'une
coopérative de stockage en relation avec un organisme de crédit.
/
/ Sans réponse.
Tableau n° 25
........
~lJlions "'Nousvoudrionscollunermh,erna,pradul!>pa!
Nombrt' d" enquêtes
,:''0
. '
,"':'eXpri1nlè>"
~I'lnfënnlllinire d'lln~wop~ràÎi~<ddfocl;~'en....
'.
" ,
relatlnn avec UJI off'amsme dt' credJl
k.~gJOn
Region ManlUne
R~gion des P131ealLX
Ti égion Centrale
o
104
Region de la Kara
66
o
66
Région des Savanes
34
35
TOTAL
°'0
99A~
0.5H
](l0
La grande majorité des jeunes (99,42 ~.'Ô) proposent de commercialiser
leurs produits par l'intenl1 édiaire d'une coopérative de stockage en relation
avec un organisme de crédit. En faisant cette proposition, les jeunes pensent
régler du coup la question relative aux crédits qui pouuaient leur pennettre
de relancer facilement, à chaque campagne agricole, leurs activité s. Comme
on peut le constater dans certains pays, il existe des fonnes de coopératives
qui achètent les produits de récolte auprès des paysans avec la possiblit é de
les stocker et de les revendre en période creuse. Ces organismes
qui
travaillent souvent avec les ruraux créent des conditions favorables au crédit
ou facilitent d'une façon ou d'une autre l'accès des paysans aux différents
prêts.
i l l

Là encore les jeunes cherchent en vam une telle coopérative. En effet
l'office chargé de l'achat et de la revente de produits Vlvners au Togo
n'accorde pas malheureusement de crédit aux paysans. Ses actions sont
limité es à l'achat et à la revente des produits.
Les responsables du projet doivent, avant même l'installation, concevoir des
plans d'action ou chercher un éventuel débouché aux produits de récolte des
jeunes, surtout en période d'abondance où les prix pratiqués sur les marchés
locaux ne sont guère encourageants.
.
.....
' .
'.
.
'
,'"6.
Une action qui commence et qui est appelée à évoluer dans le temps et
dans l'espace mérite d'être suivie sérieusement depuis de début jusqu'à la fin.
Dans le cadre de ce projet on aurait dû étudier et solutionner les problèmes
"clés" de ces jeunes afin qu'ils ne se retrouvent
très tôt devant des
contradictions auxquelles ils ne sont pas préparer à sunnonter.

Réponse a la question
Quel probl ème avez-vous lorsqu'il ne pleut pas ou
qu'il pleut trop ?
/
/ Nous n'arrivons pas à rembourser les prêts(1).
/_/ Nous n'avons pratiquement pas de problème.
Tableau n° 26
Opinions Nous n'aniYons pas
Nous n'ayons
Nombre
cxprimées à rcmbourser les prèts
pratiqucmcnt pas de
d'cnquètés
.
.
' . '
,
"
.'
'
"
'
'problème ." ,.
"
,
'. t
...
. ~ "
.'
Régions
Région Maritime
44
0
44
Région des Plateaux
93
0
93
Région Centrale
104
0
104
Région de la Kara
66
0
66
Région des Sa\\anes
35
0
35
TOTAL
342
0
342
\\}ü
100
0
100
La quasi totalité des jeunes soulignent qu'ils n'31Tivent pas à rembourser les
prêts de campagne dans les conditions où il ne pleut pas nonnalement ou qu'il
a plu excessivement. En bref, pratiquement sur tous les sites, les jeunes font
noter les difficulté s auxquelles ils sont confronté s lorsque la saison n'a pas
suffisamment connue de pluie ou en a connu trop. Si de tels cas se produisent,
les prêts à usure contractés auprès des villageois des environs ne sont pas
remboursé s. De fait, 65 % des jeunes agriculteurs déclarent qu'il leur anive
quelquefois
de vivre deux
saisons
sans
récolte
et de voir
leur dette
s'accumuler.
(1)
Les prêts en nature sont généralement les engrais que la SOTOCO met à la disposition des
jeunes,

Réponse à la question
Quel probl ème avez-vous lorsqu'il ne pleut pas
nOllllalement ?
1 1 Nous n'avons pas de provisions pour l'auto-consommation.
1 1 Nous n'avons pas de probl ème.
Tableau n° 27
..
~ Nousn'avonspasde Nonsn'avonspasde Nombred'cnquêtés
.
"primées
provisions pour
prcblèmc
l'auto-consommation
Régions
.
.
.
.'
' .
," .:.
'.
Région maritime
42
2
44
Région des plateaux
87
6
93
Région centrale
99
5
104
Région de la Kara
46
20
66
Région des savanes
30
5
35
TOTAL
304
38
342
%
88,89
1Lll
100
A l'exception
des jeunes(l) de Bidjandè (Région de la Kara) et de
quelques rares des quatre autres régions, la majorit é des jeunes (88,89 %)
déclarent qu'il leur arrive de ne pas avoir de vivres pour leur propre
con somm ati on.
Les jeunes de Bidjandè sont les seuls à réussir à n'avoir pas de problème.
Ce groupe n'a jamais connu de pénurie de vivre en mauvaise saison. En effet,
10 % des jeunes notent qu'ils reçoivent des aides de leurs parents si l'occasion
se produit.
(1)
Les jcunes de Bidjandè ont été installés par le projet FED (Fonds Européen pour le
Développement). Ils ont été consolidés par le projet PSTP/Jcuncs en ce sens quïls ont la
chance d'être suffisamment soutenus et suivis pendant 5 ans dïnstallation. Ils disposent en
outre des principales infrastructures nécessaires à leur installation.

Ce qu'il faut mettre en évidence, c'est que les responsables du projet n'ont
pas fait de prévisions pour secourir les jeunes en temps opportun. En matière
d'aide, les jeunes reçoivent une fois par mois, pendant les deux premières
années d'installation, des vivres PAM (programme Alimentaire Mondial) pour
leur pennettre d'attendre patiemment leurs premi ères récoltes.
Au-delà de ce délai, il n'existe pas de solution de secours en cas de calamité
naturelle.
. Réponse à la question
Pourvos·divers besoins dans -le cadre de -vos
activité s agricoles, quel genre de prêt faites-vous ?
/
/ Nous faisons des prêts à usure.
/
/ Nous faisons des prêts bancaires.
/_/ Nous faisons deux fonnes de prêts
/_/ Nous ne faisons aucun prêt.
Tableau n° 28
~Nousfaisons Nousfaisons Nousfaisons Nousne Nombre
exprimées des prêts a
des prets
les deux fonnes
faisons
d'enquêtes
usure
bancaires
de prets
aucun pret
Régions
Région Maritime
42
0
0
2
44
Région des Plateaux
72
0
()
21
93
Région Centrale
89
0
0
15
104
Région de la Kara
42
0
0
24
66
Région des Savanes
16
0
0
19
35
TOTAL
261
-
-
81
342
-
%
76.32
0
(1
23,68
100
121

Le délicat problème auquel sontconfront és les jeunes agriculteurs est
celui relatif aux prêts bancaires. La C.N.C.A. (Caisse Nationale de Crédit
Agricole) du Togo ayant cessé ces derniers temps d'octroyer(l) des crédits de
campagne, les jeunes se sont heurtés à un certain nombre de problèmes qui ne
cessent d'avoir de sélieuses répercussions sur leurs activités agricoles. Les
crédits de campagne pour la rémunération de la main-d'oeuvre et l'achat
d'engrais et de produits phytosanitaires sont inexistants, de même que les prêts
à moyen et à court tenue pour l'acquisition d'équipement de culture attelée.
Cette situation oblige la majorité des jeunes à recourir à d'autres sources de
crédit notamment aux prêts· à usure.
En effet, 261 jeunes soit 76,32 % de l'effectif des enquêtés recourent aux
usuriers pour faire face au financement de celiaines opérations aglicoles
(paiement de la main-d'oeuvre pour les différents travaux : labour, sarclage,
semis ... achat d'engrais etc.). Mais les modalités de paiement ne sont pas
identiques paliout.
Site de GAMELILI (Région Maritime) - Les jeunes reçoivent des prêts chez
certaines revendeuses avec 100 % d'intérêt mensuel. Ce taux est appelé à
doubler lorsque le contractant n'aura pas réussi à payer dans le délai impaIii.
Site de TOGODO (Région i\\1aritime) - Le taux de pourcentage et les
conditions de remboursement sont les mêmes qu'à Gamelili avec la différence
que certains créanciers préfèrent la plupaIi du temps recevoir un sac de maïs
à la récolte contre la petite somme de deux mille (2.000) F CFA octroyé e au
jeune contractant.
(l)
La C.N .C.A., victime en 1987 de détournement de fond (plus de 2 milliards huit cent millions
de frans CfA ont été dilapidés de caisses) ne fait plus de prêts bancaires à ses clients.
]22

Dans les conditions où la saison n'a pas été bonne et qu'il Il 'y a pas de
compromis possible entre le créancier et le jeune, ce demier doit emprunter
le sac de maïs chez un voisin, autrement, l'intérêt se voit doublé pOttant a
deux le nombre de sacs de maïs à remettre à l'usurier la saison prochaine.
Site de TAFIA (Région des Plateaux) - La somme prêtée est payable en espèce
avec 30 % d'intérêt annuel.
Site d'AFFEM KABYE L II. III. IV (Région Centrale) - Le paiement
s'effectue en nature et en espèce avec lOO % d'intérêt annuel.
Site de BORGOU (Région des Savanes) - Certains jeunes prennent trois mille
(3.000) F CFA chez leur créancier contre un sac de maïs à la récolte.
li convient de souligner qu'aucune banque n'est indiquée à ces jeunes qui
ont grand besoin de bénéficier des prêts de campagne pour leurs opérations
agricoles. Les jeunes expriment en vain le souhait de disposer d'une institution
financière capable de répondre adéquatement à leurs problèmes en milieu rural.
123

Réponse à la question
Quels sont pour vous les conséquences de la
protection de la faune au Togo?
/_/ Les animaux dévastent nos cultures
/_/ Nous n'avons pas de problème d'animaux.
Tableau nO 29
~ Lesanimauxdévastent Nousn'avonspasde
. c.\\:primées
nos cultures
problème d'animaux
Nombre
d'enquêtes
Régions
..
Région Maritime
14
30
44
Région des Plateaux
23
70
93
Région Centrale
95
1)
104
Région de la Kara
48
18
66
Région des Sa\\"anes
35
0
35
TOTAL
215
127
342
%
62,87
37,13
100
Dans les cmq régions où les jeunes sont installés, le problème de
dévastation des cultures par les animaux sauvages se pose à différents degrés
d'intensité :
215 jeunes (62,87 %) se plaignent des animaux qui viennent fréquemment
causer d'importants
dégâts dans les plantations.
Panni
les 127 jeunes
(37,13 %) qui font noter qu'ils n'ont pas de problème, il faut préciser que ce
sont les sites de Bidjandè et de Tabal é dans la région de la Kara et quelques
sites des Plateaux et de la Région Maritime qui sont moins dérangés par les
bêtes à cause de leur situation par rapport à la réserve de faune.
Au Togo, l'interdiction faite à la population de chasser ou de tuer les

ammaux et les oiseaux sauvages sous réserve d'amende et de peine de prison
a donné libre cours à ces demiers qui se livrent systématiquement à la
dévastation de nombreux hectares de cultures vivrières. Les paysans et les
jeunes installé s sont les premières victimes de cette politique de protection
exagérée de la faune.
En effet, cette situation constitue un sérieux handicap au bon déroulement
des activités agricoles dans les cinq régions du Togo.
Dans le-cadre -du projet PSTP,nous voudrions
faire remarquer
que
l'installation de jeunes non loin de la réserve de faune était mal conçue
notamment le cas des AFFEM Kabyè, des AFFEM Bossou, d'ALIBI et même
de N'Tchourou
dans la région centrale qui sont directement livrés aux
ammaux.
Les jeunes de ces sites précités font noter que quand bien même les
conditions climatiques sont excellentes, les récoltes sont souvent SI maIgres
qu'il leur est pratiquement difficile de s'acquitter des dettes occasionné es par
l'achat d'engrais et d'insecticides, les bêtes sauvages détruisant la grande
paI1ie des semences.
125

Réponse à la question
Que ressentez-vous
devant le problème de la
dévastation des cultures par les animaux ?
/
/ La destruction de nos semences nous décourage.
/
/ Nous n'avons pas ce problème.
Tableau n° 30
~-' . Opinions La destruction dc nos Nous n'mons pas ce Nombre d'cnquêtes
~ c;.;primées semences nous dccourage problème
'.
.'............-----.
Régions
' ............
Région Maritime'
1.+
30
44
Région des Plateaux
23
70
93
Région Centrale
95
9
10.+
Région de la Kara
.+8
18
66
Région des Savanes
35
0
35
TOTAL
215
127
3.f2
%
62.87
37,13
100
Il apparaît à la lumi ère de ces données que la destmction des semences
par les animaux décourage les jeunes qui en sont victimes. A l'unanimité, les
jeunes les plus touché s par le problème ont exprimé un profond découragement
et un manque d'ardeur aux travaux champêtres devant la situation qui prévaut.
Les jeunes ont fait entendre qu'ils sont fatigués de trayailler pour noulTir des
anllnaux sauvages.
126

Réponse à la question
Pensez-vous
continuer
d'exercer
le
métier
d'agriculteur si aucune solution n'est trouvée au
probl ème des bêtes?
/
/ Nous abandonnerons les sites si on doit continuer à travaiJJer pour les
al1lmaux.
/
/ Nous pensons continuer le travail bon gré mal gré.
Tableau n° 31
~opioioo, Nous abandonnerons les sites Nous pensons continuer
Nombre
. ' .
.
~:primée!l
"S i on do i t
t r ava i lter pour
bon gré mal gré le .
d' enquét~s .
les animaux
travai l
Rég i ons
,._~
12
32
44
Région Maritime
Région des Plateaux
17
76
93
Région Centrale
89
15
104
Région de la Kara
41
25
66
Région des Savanes
28
7
35
TOTAL
187
155
342
%
54,68
45,32
100
Priés de dire s'ils pensent continuer leurs activité s si aucune solution
n'est trouvée au problème de destruction des cultures par les bêtes sauvages,
187 jeunes (54,68 %) menacent d'abandonner leur site tandis que 155 jeunes
représentant 45,32 % pensent malgré eux, continuer le travail sur les sites. On
peut remarquer qu'un certain nombre de problèmes assaillent les jeunes. Ce
sont notamment le manque d'infrastructures sur cel1ains sites, la question
relative aux prix à la production, le délicat problème d.:s animaux pour ne citer
que ceux-là, qui poussent quotidiennement les jeunes à quitter leurs lieux
d'installation. La preuve en est que sur les 542 jeunes installés au poste de
127

production agricole, quelques-uns ont déjà démissionné alors que 187 autres
jeunes annoncent leur éventuel départ des sites si les conditions de travail ne
s'améliorent pas.
Dans tous les cas, la situation des jeunes sur les sites laisse voir que le
projet
a négligé un
certain
nombre
de choses
indispensables
au bon
déroulement des activité s.
En effet, les projets doi\\'ent être conç us de manière à créer aux ruraux des
conditions· favorables au travail de la telTe et au développement effectif.de leur
milieu. Car paliout dans le monde, on se demande
"les raisons de la
persistance de la misère mrale en dépit de la volonté affinné e de la résorber,
en dépit des moyens financiers engagés pour la combattre, en dépit de la
mobilisation pour tenter de la réduire ... "(1) L'incapacit é des responsables à
faire exécuter les projets comme il se doit aboutit souvent à un énonne
gaspillage de fonds qui remet pratiquement la situation des déshérités en cause.
L'exode mral s'intensifie, "les villes se gonflent de bouches à noulTir et de
bras inutiles" .(2)
(1)
Serge M1KAÏLüF, Les apprentis sorciers du Développement. Ed. Economica, Paris, année
1987, page 2.
(2)
François PARTANT, La guérilla économique, Ed. Seuil, Paris. année 1976, page 41.
128

Réponse à la question : Le projet vous a-t-il été d'un secours ?
/
/ Oui
/
/ Non
Tableau N° 32
~ Oui
Non
Nombre d'enquêtés
e:\\1Jrimées
Régions
.
Région Maritime
19
25
·H
Région des Plateaux
32
61
93
Région Centrale
50
54
104
Région de la Kara
34
32
66
1
1
Région des Sayanes
21
14
35
TOTAL
156
186
342
%
45,61
54,39
100
45,61 % des jeunes installé s déclarent qu'ils ont pu éviter le chômage grâce
au projet PSTP et que ce demier leur a été d'un grand secours. La difficulté
d'être embauché dans l'un ou l'autre secteur d'activité et l'inexistence de
moyens financiers en vue d'entreprendre une initiative personnelle justifient
l'affinnation précédente.
D'autre part 54,39 % de l'effectif déclarent que le projet n'a pas été d'une
grande utilité pour eux et font remarquer que les promesses faites en début
d'installation par les responsables du projet n'ont pas été respectées. En effet,il
s'agit notamment pour beaucoup de jeunes de l'absence d'infrastructures de
base (forage ou puits, retenue d'eau pour les boeufs, construction de logement
durable etc.). Cel1ains jeunes mettent en relief le fait qu'ils aient attendu en
vain le stage de fonnation en culture attelée nonnalement program111 é par les

autorités administratives. Brefs, ces enquêtés expriment une cel1aine déception
à travers laquelle on note que les jeunes n'ont pas obtenu ce à quoi ils
s' attendai ent.
Pour d'autres enfin, c'est le regret d'abandonner les études pour occuper un
poste qui ne leur pennet pas de gagner leur vie comme ils l'espéraient.
En face de ces problèmes fondamentaux qUI entretiennent une certaine
inquiétude
chez
tous
les
observateurs
sensibles
a
la
question
du
développement, on peut bien penser que bon nombre de jeunes regagneraient
les villes à la recherche d'une meilleure situation et comme le fait remarquer
Henri Mendras "Depuis qu'il existe des villes, et par conséquent des paysans
ceux-ci quittent leurs villages pour aller les peupler "(1).
(1)
Henri Mendras, Sociétés paysannes, Ed. Anl1a.nd Colin, Paris, année 1976 Page 140.
130

Réponse à la question
Souhaiteriez-vous que le projet continue d'exister
pendant quelques années encore? Dites pourquoi
?
/
/ Oui
/
/ Non
/_/ Ne sais pas
Tableau n° 33
~. Opinions
Oui
Non
Ne sais pas
Nombre d'enquêtés
cx~
Région
Région Maritime
43
0
1
H
Région des Plateaux
93
0
0
93
Région Centrale
104
0
0
104
Région de la Kara
66
0
0
66
Région des Savanes
35
0
0
35
TOTAL
341
0
1
342
%
99,71
0
0,29
100
Comme on peut le remarquer à la lumière de ces données, la grande
majOlité des jeunes (99,71 %) expriment le souhait de voir le projet PSTP
continuer d'exister pendant encore quelques années.
Les réponses émises par l'ensemble des jeunes témoignent du vide qu'a
laissé le projet. Les bénéficiaires du projet, en répondant positivement à la
question entendent voir les responsables du projet continuer leurs actions en
vue de la satisfaction complète de leurs conditions de vie sur les sites. Sans
cette contribution compl émcntaire, l' exi stence des jeunes resterait précaire,
l'avenir du projet étant déjà inquiétant. Le Conseiller Technique du projet en
a si bien senti l'effet qu'il écrit dans son rapport final de mission "]'alTêt de
llL

ce projet faute de financement va porter, c'est cel1ain, un sérieux coup dur aux
jeunes installé s dernièrement dont certains, faute de soutien conect risquent
d'abandonner leurs exploitations. Les plus anciens resteront peut-être à leurs
postes mais risquent de marquer un certain désanoi. Les structures mises en
place resteront en activité sous les ordres du Directeur National du Projet mais
privées de ressources comme un organisme de sang ou de sève, elles risquent
de se momifier quelque peu inutilement sur place.
Dès lors, une question se pose : pourquOI avoir fait démaner un projet. le
faire fonctionner,
app0l1er les preuves de son succès pour tout stopper
brusquement ? Que penserait-on d'une compagnie aérienne qui ferait décoller
un gros avion puis couperait les moteurs en plein vol par manque de carburant.
Serait-on surpris qu'il s'écrase? Il en est un peu de même de ce projet lâché
en plein vol.
Il est possible de penser que le Programme des Nations-Unies pour le
Développement qui a financé, soutenu après l'avoir initié, ce projet du
gouvemement, ait décidé de cesser tout financement pour marquer sa position
de promoteur de moyens de développement et non de financer, pour obliger
les donateurs à s'intéresser à ce problème de l'emploi des jeunes en milieu
rural et le gouvernement à fonnuler de manière répétée des requêtes de
financement f0l1ement appuyées: le mécontentement des jeunes installés ou
des futurs candidats donnant plus de poids à ces demandes de financement.
Il n'est pas certain malheureusement que cette méthode soit efficace car les
gens pauvres sont aussi plus patients, moins nerveux,
"miaulent"
plus
faiblement que les puissants et sont habitués à subir sans trop se plaindre pas
mal de fantaisies pour obtenir l'indispensable.
132

Pourtant ce projet d'emploi des jeUlles au travail de la telTe, s'il ne constitue
pas une panacée universelle au problème de l'emploi de la jeunesse, peut
constituer une petite solution non négligeable. Il suffit de se placer près des
portails des établissements scolaires, de voir les masses de jeunes qui devront
se noumr et trouver du travail pour se rendre compte que ce problème peut
devenir explosif et que les tanks ou la force ann ée ne constituent nullement
une véritable solution à ce problème"( 1).
Tableau n034 Propositions des jeunes installés au cas où le projet aimerait
étendre ses actions.
Opinions
Pour l'installation
Pour le maintien des
Nombre d' enqu étés
ex"primées
d'autres jeunes en
jeunes déjà installés
milieu rural
et la satisfaction des
besoins nécessaires
Régions
sur les sites
Région Maritime
0
44
44
Région des Plateaux
0
93
93
Région Centrale
0
104
lO4
Région de la Kara
0
66
66
Région des Sa\\anes
0
35
35
TOTAL
0
342
342
%
0
lOO
100
Tous les jeunes sans exception se prononceraient pour l'aide nécessaire et
complé mentaire à leur vie sur les sites dans les conditions où le projet se
déciderait à étendre ses actions. On ne peut qu'être d'avis avec les jeunes
lorsque l'on note des insuffisances sur presque tous les sites. Cet état de chose
(1)
Claude THERÛND, Rapport Final de Mission au Togo et du PSTP~ieuncs phase 1. et IL
PNUD janvier 1990, pages 52-53.

avons-nous affirmé tout au long de ce travail contribue progressivement à
l'abandon des sites par les jeunes.
c - INTERPRETATION DES RESULTATS D'ENQUETE AUPRES DES
JEUNES
Nous venons de voir les différents probl èmes que connaissent les jeunes sur
les sites d'installation. Il apparaît à la lumière des données et des infonnations
recueillies qu'un cet1ain nombre de dispositions méritent d'être adoptées en
début, en cours ou en fin de projet pour faciliter la vie ou créer de bonnes
conditions sur les sites. Mais force est de reconnaître malheureusement qu'ici
et là, un grand nombre de jeunes sont en effervescence et protestent même
contre les mauvaises conditions de vie dans lesquelles ils se trouvent.
Beaucoup d'entre eux menacent de quitter les sites et attendent la moindre
occasion pour s'adonner à une autre activité.
En effet, la distance entre l'école et certains sites contraint les enfants des
jeunes à faire de longs déplacements quotidiens. Par ailleurs, les dispensaires
ou les centres de santé se situent pour quelques gToupes de jeunes à près de
25 kilomètres des lieux de résidence. Pour d'autres encore, les points d'eau ne
se trouvent pas à moins de 5 kilom ètres des sites.
D'autre part, l'installation des jeunes n'a pas respecté les milieux où les
jeunes pounaient mieux évoluer. De fait, panni les 342 jeunes qui sont restés
à leur poste jusqu'au jour de l'enquête, 244 d'entre eux déclarent n'être pas
installés dans leur village d' origine(l). Cette situation crée un cel1ain nombre
(1) Voir tableau nO 14
]34

de problèmes d'inadaptation sociale et ne pe1111et pas aux jeunes d'être aidés
dans leurs activité s par les membres de leur famille.
Dans le domaine de construction de logement pour les jeunes, le projet n'a
pas su mettre sur pied des maisons solides, car certaines dont les fondations
ne sont pas solides ne tiennent pas debout. Cel1ains murs ne sont pas crépis
et peints. La conséquence en est que des bàtiments se sont écroulés en saison
des ·pluies.
Or jusqu'en 3e année d'instaIJation,
les jeunes n'ont pas
suffisamment
décollé pour faire face aux travaux de construction
d'un
logement durable. A cet effet, la contIibution du projet dans ce domaine doit
pennettre d'asseoir une fondation très solide. Cela pennettrait aux jeunes
installés d'avoir une habitation qui résisterait aux vents et aux pluies pendant
10 ans au moins. Au-deI à de ce temps, les jeunes pOUlTont compter sur leurs
propres forces pour bàtir une maison stable. Il faut faire remarquer dans ce
sens que panni les motifs d'abandon des sites par les jeunes, figure en bonne
place celui relatif à l'effondrement des maisons en saison de pluie étant donné
que quelques jeunes se retrouvent sans abIi. De même il est pratiquement
difficile à ceux qui n'ont pas bénéficié de logement sur leur site de contrôler
leurs exploitations qui sont souvent la proie des animaux sauvages. C'est
notamment le cas des jeunes originaires des villages d'installation où les
responsables du projet n'ont pas cru bon de leur construire des maisons
d'habitation sur les lieEx-mêmes des exploitations (Atchavé -Otchanari et
Tabalé).
135

A propos des animaux dévastateurs, certains jeunes dans les régions Centrale
et des Savanes ont abandonné leurs exploitations ou menacent de le faire,
lassés de travailler pour nourrir les animaux sauvages(1).
Au Togo, la faune est protégée de manière très efficace et la destruction des
animaux sauvages interdite.
. Dans les' zones où existent de bonnes teITes fertiles disponibles, où les
ressources en eau sont suffisantes, les animaux et les jeunes à installer se
trouvent en conCUlTence. Il en résulte des dégâts importants dans les cultures :
bien protégés, bien noulTis des plantes cultivées par les jeunes, les animaux se
développent, se reproduisent bien, alors qu'aucun prélèvement n'est autorisé.
Ce problème est grave et sérieux puisque dans celiaines zones comme celle
de Tchamba à l'Est de la Région Centrale, la dégradation des cultures par les
animaux sauvages ont atteint jusqu'à 25 % de la production, (perdreaux,
francolins et pintades mangent les graines des semis, ensuite lapins et lièvres
coupent les jeunes pousses, les singes apprécient fmi les tiges laiteuse de maïs
ou les capsules de coton tandis que dans la brousse
voisine les phacoch ères
affamés attendent la nuit pour dévaster les cultures à leur tour).
Les diverses missions du BIT au Togo, les réunions tripaJiites chaque année,
les missions d'évaluation à mi-parcours et la demi ère en fin de Phase II ont
signalé cette difficulté. Aucune mesure n'a pu être adoptée. Les jeunes ont
beaucoup perdu de leur chaleur.
(1)
Il s'agit notamment des jeunes installés à côté des réserves de faune. La solution à adopter
consisterait à chercher aux jeunes de nouvelles terres à des endroits moins fréquentés par les
anImaux.
136

On comprend bien les jeunes devant une situation qui les contraint à passer
tout le temps à surveiller les champs comme le lait sur le feu. La fréquentation
des champs par les bêtes est si régulière que les jeunes allument leurs lantemes
les nuits et incessamment, produisent du bruit jusqu'à six heures du matin en
vue d'éloigner leurs ennemis. Ce vacanne n' empê che pas certains animaux
d'aniver dans les champs en troupeaux et les malheureux agriculteurs ne font
qu'évaluer les dégâts. Trois, quatre à cinq hectares sont dévastés en J'espace
de' dix minutes.
En bref, les jeunes effectuent de pénibles travaux champ êtres le jour et
montent la garde toute la nuit. Sihlation déplorable et décevante. La fatigue
atteint un seuil où les jeunes se sont laissés aller au désespoir.
Si l'appel au secours de ces braves jeunes n'est pas entendu dans les
meilleurs délais, l'abandon des sites irait de soi, le nombre de démissionnaires
sera plus inquiétant, l'échec du projet serait inévitable et on aurait ainsi jeté
de l'argent par la fenêtre.
Concemant les activités proprement dites, la vente des produits de récolte
ne semble guère encourager bon nombre de jeunes.
Dans un contexte général, la commercialisation des produits de récolte se
fait par la vcnte libre à travers les circuits de commercialisation traditionnels
et par Togograin. Les marché s mraux ou semi-urbains constituent la principale
source d'écoulement des productions des jeunes.
En effet, lorsque les produits Vl\\'ners abondent dans les zones rurales, les
jeunes éprouvent des difficult és d'écouler leurs produits agricoles à un prix
]37

satisfaisant. 60 % des jeunes font remarquer que Togograin achète rarement
leurs produits en période d'abondance. Cet achat s'effectue par l'intellll édiaire
des femmes revendeuses qui imposent leur prix(J). Ces agents commerciaux
réalisent ainsi un profit non négligeable sur les jeunes. 40 % de ces derniers
déclarent n'avoir jamais vendu leurs céréales à cet office. Or en période
d'abondance, il est plus rentable aux jeunes de se touiller vers Togograin car
en cette péliode, les vivriers qui anivent du Ghana et de la République du
Bénin
inondent
les march és locaux; conséquence
: les prix
chutent
sérieusemen t.
Pour remédier à cette situation, 30 % des jeunes intenogé s proposent
l'évacuation des produits vers les régions ou les pays frappés par le
phénom ène de déficit alimentaire avec l'accord et l'aide des autorités
publiques. Les jeunes ont évoqué que cette commercialisation aurait des
chances de succès à la fronti ère Togo-Burkina Faso.
Cet objectif peut être réalisé avec le soutien de l'Etat qUI mettrait à la
disposition des jeunes, un camion par région en temps opportun. Ce plan
d'action n'est valable que chez les groupements de jeunes qui disposent
d'importantes quantité s de produits qui ne peuvent être écoul és facilement sur
les marché s locaux.
Par ailleurs, 69,89 % des jeunes proposent ]a vente directe de leurs produits
à Togograin (sans l'intervention des femmes).
(1)
A défaut de vendre leurs produits agricoles au delà des frontières nationales en période
d'abondance, les jeunes préfèrent vendre leurs produits vivriers à Togograin plutôt qu'aux
femmes commerçantes qui achètent à vil prix en ces temps, les prix fixés par 1'office étant
légèrement plus avantageux.

Une telle politique encouragerait les jeunes dans leur élan parce qu'elle leur
pennettrait de disposer d'argent nécessaire pour les travaux champêtres de la
prochaine campagne agricole.
D'autre part, dans l'intérêt d'accéder aux divers fomles des crédit, 99,42 %
des jeunes agriculteurs
souhaitent
commercialiser
leurs
productions
par
l'intenné diaire d'une coopérative de stockage qui serait en relation avec un
organisme de crédit. Autrement dit, 1es jeun es veulent disposer d'un organisme
de commercialisation susceptible de leur apporter LIne garantie valable auprès
d'une institution financière spécialisée dans le crédit à l'agriculture.
Mais après 6 ans d' exé cution du projet, ni les autorit és administratives
régionales, ni les responsables du projet ne sont en mesure de chercher les
remèdes proposé s par les jeunes à leur problème. Faute de crédit agricole le
monde paysan et les jeunes croupissent.
Ce sont là des problèmes de manque d'organisation qui ont déjà provoqué
le départ de 200 jeunes des sites de 1985 à 1991. Ce chiffre, c'est celiain, est
appelé à augmenter dans un proche avenir pour la raison que plus de 150
autres jeunes annoncent l'abandon de leur poste de production.
139

LES PAYSANS VOISINS DES SITES D'INSTALLATION
DES JEUNES
140

Réponse à la question
Avez-vous été infonnés à l'avance de l'exécution
du projet PSTP dans votre village ?
Tableau n° 35
~ns
Non, nous n'avons
Nombre de Sites
Nombre
Ex-primées Oui, nous avons
pas été informés
Créés(l)
d'enquêté
été informés
s
R é g i o n s "
Région Maritime
0
36
:;
36
Région des Pla1eaux
0
96
8
96
Région Centrale
()
60
5
60
Région de la Kara
0
48
4
48
Région des Savanes
0
24
2
24
TOTAL
0
264
22
264
%
0
100
-
-
Les résultats de ce tableau montrent que la totalité des paysans vOlsms des
sites des jeunes n'ont pas été infonnés à J'avance de l'exécution du projet
PSTP. Ce qui signifie en outre que les enquêtés n'ont pas été associés à
l'élaboration du plan d'action du projet. Comme nous l'avions précédemment
souligné s, un projet destin é aux I1lraux doit d'abord prendre en compte 1es
différents éléments de terrain qui doivent faire J'objet d'étude préalable avec
bien entendu la pat1icipation des masses concem ées. Car beaucoup de projets
échouent parce que les malades que l'on veut guérir n'ont pas été interrogé s
pour qu'ils se prononcent sur les maux dont ils souffrent. C'est ainsi qu'on
pOUlTa savoir les remèdes nécessaires en vue du traitement de la maladie.
--------~--
(1)
Il faut rappeler que le nombre d'enquêtés dans chaque région est en fonction du nombre de
sites qui y sont créés. En d'autres termes, nous avons choisi d'in1erroger 12 paysans autour
de chaque site.
141

Réponse à la question
Etes-vous
infomlé s de
la
présence
des Jeunes
agriculteurs installé s à proximit é de votre village ?
Tableau n° 36
Opinions
Oui
Non
Nombre de sites
Nombre d'enquêtés
exprimées
d'installation
Régions
Région Maritime
36
0
3
36
Région des Plateaux
96
0
8
96
Région Centrale
60
0
5
60
Région de la Kara
48
0
4
48
Région des Savanes
24
0
2
24
TOTAL
264
0
22
264
%
100
0
Les résultats du tableau montrent que la totalité des paysans voisins des
sites sont infonnés de l'installation de jeunes agriculteurs à proximité de leurs
villages d'habitation.
En effet, les réponses positives émises par l'ensemble des enquêtés
témoignent incontestablement de l'écho que le projet PSTP a eu dans les zones
proches des milieux d'installation des jeunes.
142

Réponse à la question
Qui a apporté le projet dans votre milieu ?
Tableau N° 37
~ L'Etat Les L'Etat LaPréfectureLesBlancset Nombre
Togolais
Blancs
Togolais
de la région
l'Etat
d'enquêtés
et le BIT
Togolais
Régions
Région Maritime
2
19
0
5
10
36
Région des Plateaux
4
58
0
3
31
96
Région Centrale
6
36
1
1
16
60
Région de la Kara
0
23
3
2
20
48
Région des Savanes
0
17
0
0
7
24
TOTAL
12
153
4
Il
84
264
%
4,54
57,95
l,51
4,1 ï
31.82
100
153 personnes représentant 57,95 % de l'effectif des enquêtés font noter
que ce sont les blancs qui ont apporté le projet dans leur milieu tandis que
31,82 % des paysans voisins des sites pensent que ce sont les blancs et l'Etat
togolais, dans le cadre de la solidalité intemationale et dans un commun
accord, ont fait adopter le projet dans leur région.
Il faut faire remarquer que les points de vue des deux catégories
d'enquêtés sont pratiquement identiques et font penser que les paysans qui
ignorent l'identité de l'ONU en tant que telle désignent sous le vocable
"blancs" l'aide étrangère ou intemationale.
143

Réponse à la question:
Les objectifs du Projet PSTP selon les paysans
voisins des sites des jeunes.
~Luttecontre Pouraugmenter Pouraiderles Pouraméliorer Nombre
l'exode rural
la production
jeunes ruraux
les conditions
d'enquêtés
agricole
sans emploi
de Yie 0.l1 milieu
Régions
rural(1 )
Région Maritime
1
0
25
10
36
Région des Plateaux
7
0
72
]7
%
Région Centrale
3
]
42
14
60
Région de ]a Kara
4
2
33
9
48
Région des Sayanes
6
0
12
6
24
TOTAL
21
3
184
56
264
0/0
7,95
],] 4
69,70
21,2 ]
100
La majorit é des villageois proches des sites des jeunes estiment que
l'objectif
du
projet
PSTP
est d'aider
les Jeunes
ruraux
sans
emploi.
L'installation
des jeunes déscolaris és à des postes de production agricole
s'étant faite dans différents milieux ruraux des cinq régions du Togo, 69,70 0,/0
des interrogé s attribuent la contribution du BIT à une action d'aide en faveur
des jeunes
en milieu
mrai.
D'autre part,
56 paysans
de l'échantillon
soutiennent que l'action du PSTP vise à améliorer les conditions de vie en
milieu mral non seulement par la création d'emplois de longue ou de courte
durée pour
cette jeunesse déscolarisée mais
aussi
pour
la population
avoisinante des sites des jeunes par les différents travaux de préparation de
teITain, d'amé nagement agricole ou de construction de pistes, d'hydrauliques
(1)
Par l'amélioration du niveau de vie, les enquêtés sont avisés que l'on parle aussi de la
création d'emplois enduits pour les paysans des environs et de l'introduction de nouvelles
techniques culturales.
144

villageoises et de magasins agricoles. De même l'adoption par les paysans des
nouvelles méthodes culturales pennet une meilleure production de denrées
alimentaires et contribue à améliorer sensiblement les conditions de vie des
individus. Seuls, 3 paysans ont su mettre en évidence cet intérêt.
Réponse à la question
Observez-vous quelquefois les travaux champêtres
des jeunes installé s ?
-Tableau n° 39
~ Oui Non Nombre
d'enquêtés
Régions
Région Mmitime
29
7
36
Région des Plateaux
82
14
96
Région Centrale
52
8
60
Région de la Kara
42
6
48
Région des Savanes
23
]
24
TOTAL
228
36
264
%
86,36
13,64
100
Comme
on
peut
le
constater,
228
paysans
proches
des
lieux
d'installation des jeunes affimlent avoir déjà observé les travaux agricoles de
ces demiers tandis que les 36 autres enquêtés soutiennent l'affinnation
contraire.
De fait, le fort taux de pourcentage des persollnes ayant répondu
positivement à la question s'explique surtout par le fait que la main d'oeuvre
utilisée par les jeunes agriculteurs
pour leurs différents travaux (semis,
]45

sarclage,
récolte)
est
essentiellement
constituée d'ouvriers
des
fennes
avoisinantes des sites(l). On peut aussi bien justifier en partie ce nom bre élevé
d'observateurs par le sentiment de cmiosité qui pousserait certains paysans du
voisinage des sites à aller
voir ce qui se fait aux alentours de leurs
concesslOns.
Justification de l'intérêt du projet pour les pavsans
Pour pennettre aux paysans d'exprimer librement leurs op1111Ons et en
vue d'obtenir des réponses précises, la question a été ouverte. En conséquence,
les enquêtés ont cité eux-mêmes les atouts et les avantages que le projet PSTP
a apportés ou créés dans les milieux ruraux. Ils ont notamment indexé, la
création
d'activité s rémunératrices
(2)
à travers les différents travaux
d'infrastructures,
d'aménagement de tenains champêtres et d'entretien de
cultures qui nécessitent une main d'oeuvre, l'apport de nouvelles techniques
culturales (semis en ligne et culture attelée) et l'utilisation de nouvelles
variétés de semences.
(1)
Voir rapport d'enquête sur la situation socio-économique des jeunes installés, ~laboré en
Novembre 1989 par Mr. AMOUZOU Essè Aziagbedé, PNUD. Lomé, page 25.
(2)
Plus loin, on verra d'une façon détaillée, les principaux emplois créés par le projet aussi
bien pour les jeunes installés que pour les villageois proches des sites.
146

Question
Quels sont selon vous, les profits ou les avantages que vous avez
gagnés dans ce projet d'installation de jeunes agriculteurs ?
Tableau N° 40:
Justification de l'intérêt du projet pour les paysans voisins
des sites des jeunes.
~•Cr~iond'adNitill ~Semencesselection--Culhucattelée -Techniquod.-Semences"'- Sans Nomb...
lL)( M~ rilnum"-.sriœl
nèes
- Création d'activites fenu- 5CI'J'ill; en ligne
lectionnèes
Réponse d'enquêté!
Règions
f>
• T.clIniql* do lemÎ.....
- CUlture attelèe
mératnces
- CUlture attrlee
- Tedmique de
liEM
. Semmences sélectionnées
Semences
...- semis en 1igne
- SemlflOllf a61ec1io"n_
- Techniques de semis en lr..-tionné es
ligne
Région Maritime
Il
0
0
0
19
6
:16
,4
Région des Plateaux
19
10
"1
10
96
1"
Region Centrale
:1
16
0
21
6
6
60
Ré rion de la Kara
4
9
22
7
0
6
40
Ré ~'l on des Sa \\fanes
6
4
11
"
0
1
"4
TarAL
43
39
~3
~I
49
"9
26J
%
16,28
14,78
20,07
19.32
18.56
10,98
100
A la lumière des données de ce tableau, il apparaft que 53 paysans
voisins des sites (20,07 %) soulignent que le projet d'installation des jeunes
a favorisé la création d'activité s rémunératrices et app011é dans les zones
rurales de nouvelles techniques culturales et de nouvelles variétés de semences
sélectionné es tandis que 51 enquêtés (19,32 %) ont évoqué tous les derniers
facteurs à l'exception de la création d'activité s rémunératrices.
Dans un contexte
général, on peut retenir que 235
paysans des
exploitations des jeunes soit 89,02 % de l'effectif des enquêtés ont pu noter
que l'exécution du projet PSTP leur a apporté quelque chose de nouveau
tandis que 29 personnes représentant 10,98 % ne se sont pas prononcées.
ll1éoriquement, ce sont là les différentes remarques ou constatations
exprimé es par les paysans. Il semble imp0l1ant de voir les techniques et les
méthodes culturales qui ont retenu leur attention.
147

Question
Sur le plan technique et méthodique, qu'est-ce qui vous a le plus
séduit ou retenu votre attention ?
/
/
Pratique de la culture attelée
/
/
Utilisation de la technique de semis en ligne.
/
/
Utilisation de nouvelles variétés de semences sélec-
tionnées.
Tableau n° 41
~ -Cultureattelée .Cultureandée .Semisenligne Semences~dectlOrJltes Néant Nombre
.
exprunies
. Semi en ligne
. S~mis en li~t"
. Semences sé'It-ctiOJUlt'ts
d'enquêtés
• S~meJlces séJectlOlUlées
Ré.!=lOllS
R~gîon Mantune
0
0
25
5
6
J6
Région des Platea\\L~
"'
4
27
3~
Il
96
Région Centrale
43
4
5
"
6
60
Région de la Kara
31
3
8
0
6
48
Région des Savanes
19
1
4
0
0
"4
TOTAL
J 15
1,
69
39
"9
264
%
4:'.56
4.55
"6.14
14,C;
10,89
100
Il est fort appréciable de constater que la majorité des paysans (43,36 %)
se sont intéressés à l'ensemble des techniques et méthodes utilisées par les
jeunes sur leurs exploitations et que 26,14 % ont manifesté leur intérêt pour
la technique de semis en ligne et l'utilisation de semences sélectionn ées.
li faut mettre en évidence le fait qu'en l'absence de culture attelée dans
la Région Maritime et sur quelques sites de la Région des Plateaux, les
paysans n'ont pas pu exprimer leur choix ou afficher leur tendance concemant
cette technique qui pennet de mettre en valeur une importante superficie de
terre ( 5 ha ou plus) par rapport aux exploitations trop petites dont on obtient
que très rarement un surplus de produits commercialisables. Mais le problème
d'augmentation de la production agricole reste également conditionné par
148

l'entretien des cultures et l'utilisation d'engrais.
Les réponses émises par la majorité des enquêtés dénotent qu'ils ne sont
pas moins ouverts aux innovations. Il y va de leur propre intérêt et de celui de
la population non agricole car depuis la nuit des temps jusqu'à nos jours, les
structures de production en Afrique Noire révèlent du primitivisme. Cet état
de chose fait que "l'agriculture ne répond pas à sa mission, à savoir faire vivre
les paysans et noulTir les villes(l).
Réponse à la question
Sur le plan "organisation, qu'est-ce que vous avez
appris chez les jeunes?
Tableau N° 42
~- La prognurunatioJl des activites.Lage~tl(:)Jjdesrevenus .Letravailcollectif
Niant
Nombre
agricoles
. Le tTd\\'ail collectif
r.. prograJllinabon des actn"ites
d'enqu~tés
- La gestion des revemt" arricoles et
agricoles
Regions
le travail collectif
Region Maritime
29
J
0
6
36
Région des Plateaux
47
21
l '
li
96
,
Region Centrale
43
4
6
60
Region de la Kara
28
Il
;
6
48
Région des Savanes
19
1
.1
0
2·1
TOTAL
166
38
,1
29
:6·1
%
62,88
14}9
Il,74
10,98
100
Priés
de
dire
ce
qu'ils
ont appns
chez
les Jeunes
en
matière
d'organisation, 166 paysans proches des sites (62,88 %) déclarent avoir connu
comment se fait la programmation des activités agricoles dans l'année, la
manière de gérer ses comptes. Ils ont également acquis le sens du travail
collectif(2); 14,39 % des intelTogé s ont cité la gestion de leurs revenus et le
travail collectif tandis que 31 paysans ont mis en relief le demier facteur et la
(1)
Maurice PieHe ROY, les régimes politiques du tiers-monde, Ed LGDJ, Paris, année 1977,
page 168,
(2)
Il faut préciser que par travail collectif il s'agit des champs communautaires ou des
exploitations appartenant à un groupement de paysans.
149

programmation des activités agricoles.
Réponse à la question
Pour effectuer les petits travaux communautaires tels
que la création de sentiers, la construction de puits ou
l'aménagement d'un lieu public, sur qui comptez-
vous?
/
/
Les pouvoirs publics
/
/
Nous-mêmes
/
/
Les pouvoirs publics et nous-mêmes.
Tableau n° 43
~ Lespouvoirspublics !'ous-mêmes Lespouvoirsput>lics Nombre
et nous~mêmes
d'enquêtés
Régions
Région Maritime
5
27
4
36
Région des Plateaux
4
64
28
96
Région Centrale
8
38
14
60
Région de la Kara
7
36
5
48
Région des Savanes
1
19
4
24
TOTAL
25
184
55
264
%
9,47
69,70
20.83
100
La majorité des paysans de l'échantillon représentant
69,70 % de
l'ensemble des enquêtés font savoir qu'ils comptent sur leur propre force pour
effectuer les petits travaux au niveau de leur vjJlage tandis que 20,83 %
attribuent cette responsabilité à la fois aux pouvoirs publics et à eux-mêmes.
Le reste des intenog és constituant 9.47 % de r effectif des paysans enquêtés
autour des sites des jeunes pensent que cette tàche n'incombent à voir qu'aux
autorité s publiques.
150

De fait, les paysans qui avaient coutume de travailler en commun pour
le plus grand intérêt de leur village ont été encouragé s dans leur élan par les
jeunes agriculteurs modernes qui ont appris, pendant leur f0l111ation, l'avantage
qu'il y a dans le travail collectif.
Réponse à la question
Ce que les villageois
attendaient du projet
outre les atouts que le projet a appOIté s dans
les milieux d'installation des jeunes.
Tableau n° 44
~ Octroideprêtpourachat Distributiongratuited'intrants Miseenplaced'infrastructures Nombre
d'équipement agricole
socio-sanitaire
d'enquêtés
Régions
Région Maritime
19
1
16
36
Région des Plateaux
48
9
39
96
Roi gion Centrale
36
12
12
60
Région de la Karar
21
4
23
48
Ré gion des Savanes
17
3
4
24
TOTAL
141
29
29
264
%
53.41
10,98
35,61
100
En effet, ] 41 villageois proches des sites aimeraient voir le projet leur
octroyer des prêts en vue de l'achat d'équipement agricole (paire de boeufs,
chal1ue, daba pour la culture attelée) tandis que 94 paysans (35,7]
%)
attendaient du projet la mise en place ou la constmction d'infrastmctures
socio-sanitaires dans les milieux mraux. La distribution gratuite d'intrants à
été indexée 29 fois.
Malheureusement, aucune action n'a été entreprise par le projet dans les
différents domaines ci-dessus évoqués.
151

Question
Comment entretenez-vous vos cultures en vue d'améliorer vos
rendements agricoles ?
/
/
Par utilisation
de produits phytosanitaires
(PP) et
d'engrais pour le coton seul(1).
/
/
Par utilisation de produits ph}10sanitaires
(PP) et
d'engrais pour autres produits de champ et le coton.
Tableau N° 45
~ParutilisationdePPet Parutilisation dePPet Nombred'enquêtés
d'engrais pour le coton
d'engrais
pour
autres
seul
produits de champ et le
Régions
coton
Région Maritime
36
0
36
Région des Plateaux
96
0
96
Région Centrale
59
1
60
Région de la Kara
42
6
48
Région des Savanes
20
4
24
TOTAL
253
Il
264
%
95,83
4,17
100
Les données du tableau révèlent que 95,83 % des paysans n'utilisent les
produits phytosanitaires et l'engrais que pour le coton contre 4,17 % seulement
qui les emploient pratiquement pour un certain nombre de produits de champ.
En effet, dans certaines régions du Togo où les teues sont encore fertiles
à l'état naturel, l'utilisation de l'engrais perd son importance mais l'emploi des
produits phytosanitaires reste nécessaire dans la mesure où les cultures sont
souvent la proie des insectes depuis la période végétative des semences
jusqu'au stockage des produits de récolte.
(l)
Il a été généralement constaté que la plupart des paysans n'utilisent principalement les
produits phytosanitaires et l'engrais que pour Je coton. C'est la raison pour laquelle la
question a été posée comme telle.
152

De fait, si ce TI'est la Société Togolaise de Coton(SOTOCO) qui accorde
aux paysans des prêts de campagne en nature (1) pour la culture du coton,
l'emploi des engrais et de produits phytosanitaires est presque inexistant pour
les autres cultures dans les milieux paysans à l'exception du Sud-Est du Togo
où les terres dégradées obligent les agriculteurs à recourir aux engrais. Ainsi,
comme on le voit, la proportion n'est que de 4,17 % pour ceux qui utilisent
des produits phytosanitaires et de l'engrais pour l'ensemble des cultures.
Il faut mettre aussi en évidence le fait que le prix des intrants qUI est
passé du simple au triple entre 1980 et 1990 est tout à fait prohibitif pour les
agriculteurs dont le revenu est limit é.
Dans le cadre des cultures de rente pratiqué es en milieu rural et
associées aux productions vivrières, celles-ci n'ont pratiquement bénéficié que
de façon très ponctuelle des soins apportés à la culture commerciale :
l'encadrement, presque toujours insuffisant si l'on tient compte du niveau de
technicité des paysans, est concentré sur la culture de rente aussi au niveau de
la vulgarisation des techniques optima de production que de la distribution des
intrants nécessaires à l'augmentation de la productivité et des rendements.
En définitive, comme le soulignent certains paysans proches des sites de
Bidjandè dans la Kara et de Borgou dans les Savanes, (qui ont appris avec les
PSTP/Jeunes les différentes méthodes d'entretien de culture et d'augmentation
de rendement) la meilleure politique capable de proyoquer un réel progrès du
monde rural est celle de l'installation des jeunes agriculteurs modemes panni
la population paysanne. C'est pourquoi nous partageons avec Michèle Don
(l )La SOTOCO fournit aux paysans des engrais et des produits phytosanitaires à crédit pour la
production du coton.
153

Salito que "la seconde révolution qui a introduit les engrais chimiques dans le
sol, le tracteur sur le champ, a démenti l'image démodé du paysan routinier,
serviteur d'une nature invincible"(l).
(1)
I\\1ichèle Don Salito, la crise d'une société villageoise, Ed. Anthropos. Paris? année 1972,
page 347.
154

Question
Réponse à la question : De toutes les techniques et méthodes
culturales utilisées par les jeunes sur leurs exploitations, quelles
sont
celles
que
vous
avez
déjà
commencé
à
pratiquer
actuellement ?
1 1 Culture
attelée
semis
en
ligne
semences
sélectionné es.
1 1 Labour mécanisé - semIs en ligne - semences
sélectionné es (l).
1 1 Semences sélectionné es
1 1 Néant
Tableau N° 46
~ Cultureattelée Labourmécanisé Semences Néant Nombre
Semis en ligne
Semis en ligne
sélectiOlmées
d'enquêtés
Semences sékctiOImées
Semences
Régions
sélectionnées
Région Maritime
a
2
19
15
36
Région des Plateaux
1
6
41
48
96
Région Centrale
11
21
16
12
60
Région de la Kara
la
4
19
15
48
Région des Savanes
12
1
8
3
24
TOTAL
34
22
103
94
264
%
12,88
12,50
39,02
35,60
100
Priés de dire les techniques et méthodes culturales qu'ils ont commencé
à pratiquer avec l'installation des jeunes à proximit é de leurs villages, 103
(l)
Dans la plupart des cas, les paysans qui font la culture attelée ou qui ont fait le labour
mécanisé pratiquent la technique de semis en ligne et généralement on ne peut pas adopter
cette dernière sans ayoir préalablement labouré et dcssouché le champ. C'est pourquoi les
2 techniques culturales (culture attelée ou labour ou labour mécanisé ct semis en ligne) ont
été associées dans la même colonne.
155

paysans (39,02 %) ont cité les semences sélectionnées ou les nouvelles variétés
de semences tandis que 34 enquêtés (12,88 %) ont indiqu é qu'i]s pratiquent
]a culture
attelée,
]e semis en
ligne et qu'i]s
utilisent
les semences
sélectionnées. 33 autres paysans (12,50 %) ont affinné qu'ils utilisent les
mêmes techniques et méthodes que les précédents mais font remarquer d'une
manière générale que faute d'être en mesure pour le moment de se procurer
]'attelage, ils ont fait
procéder au labour mécanique de leurs teITains.
En effet, le reste des enquêtés représentant 35,60 % de l'effectif des
inteITogés font noter qu'ils n'ont pas encore commencé à mettre à profit les
expériences qu'ils vivent chez les jeunes. La majorit é de ces paysans associent,
d'une manière générale, cette situation au manque de moyens financiers pour
s'acheter ou louer l'équipement de culture attelée et aussi pour se procurer les
variétés de semences. La misère de millions d'hommes et de femmes comme
J'écrit L. Gill n'est pas le résultat d'une insuffisance technique à ]a fin du 20e
siècle. Elle est flle produit direct du régime fondé sur le Profit" (1 ).
Il faut souligner que les paysans traditionnels sont désavantagé s du fait
qu'ils ne disposent pas d'épargne et ne peuvent pas obtenir ]e crédit à moyen
tenne qui leur serait nécessaire. En effet, le crédit à moyen tenne pour l'achat
de matériel et J'aménagement
de l'exp]oitation
ne s'obtient
pas aussi
facilement que des prêts de campagne.
Ce sont là les contraintes qui pèsent sur]a modemisation de raglicu]ture
tant les possibilités d'investissement du paysan sont limitées.
(1)
Louis Gill, Economie Mondiale et Impérialisme, Ed. Boréal Express, Québec. année 1983,
page 386.
156

Or, comme on le voit, les paysans ne sont pas inaccessibles aux
innovations. Preuve en soi, 64,40 % des paysans voisins des sites adoptent les
unes ou les autres méthodes culturales pratiquées par les jeunes sur leurs
exploitations alors que ]e projet n'a que 6 ans d'existence et qu'un nombre
impOltant de jeunes n'ont même pas encore commencé la pratique de ]a
culture attelée, véritable facteur d'incitation.
De fait, à l'instar du projet PSTP, i] faut offrir aux agriculteurs ]a
possibilité d'apprendre à mieux cultiver leurs telTes, à entretenir les cultures
en vue d'augmenter les rendements.
Le paysans n'a pas besoin d'un long discours, i] veut des résultats
pratiques.
1
Influence du projet PSTP et réalisation concrètes des
paysans
proches des sites dans les milieux ruraux
Confonnément aux tennes du projet qui recommandent
d'orienter
J'action du PSTP pour que les jeunes install és deviennent dans leur milieu des
vecteurs d'entrafnement des noyaux de développement, on peut affinner, que
]'installation de ces jeunes a effectivement déjà pennis à certains paysans
autour d'eux d'améliorer leurs techniques agricoles. En emboîtant ]e pas aux
Jeunes, quelques cultivateurs passent aujourd'hui de ]a culture à la houe à ]a
culture attelée avec de meilleurs rendements. Ainsi, "]a théorie qui vante de
prouver que ]a faim est un phénomène obéissant à une sOlte de loi de la nature
ne trouve aucun appui sur les connaissances scientifiques de nos jours"(l).
(1)
Josue De Castro, Géopolitique de la faim, Ed. Economie et Humanisme, Paris, année 1973,
page 44.
157

Sur le terrain proprement dit, certains paysans ont acquis des paires de
boeufs ou J'équipement complet pour la culture artel ée. (Paysans proches de
Kpessi II, de Afem Boussou, de Alibi, de Borgou, de Bidjandè) d'autres
paysans s'initient aux techniques culturales chez les jeunes ou dans certains
centres de fonnation (Tafia, Kpessi II, Tchirkpambo).
TAFIA : Un certain nombre de jeunes viJJageois proches des sites s'initient
aux tecJmiques et aux méthodes culturales pratiquées par leurs homologues
installés par le PSTP.
Par ailleurs, la majorité des cultivateurs voisins des sites ont commencé
depuis deux ans à utiliser des moyens de conservation~ notamment l'actellic
poudre, pour entretenir les produits de récolte. Aujourd~hui, dans ce village,
le maïs est despathé à temps. Ce qui pelmet d'éviter l'attaque des graines par
des charançons.
KPESSI II : Dans le domaine de la culture attelée, les paysans des villages de
Kpessi II suivent une fonnation au centre de Moretan. Actuellement, c'est le
troisième groupe de paysans qui sont en fomlation dans ce centre qui est créé
en 1989 par les Américains de la Mission Baptiste.
N'TCHüURüU : Un groupe de 17 paysans ont falt le labour mécanisé de
leurs tenains champêtres, ont rassemblé un fond et s'apprêtent à acheter des
paires de boeufs et l'équipement de culture attelée pour la saison prochaine.
AFEM-BOSSOU : 1 paysan qui pratique la culture attelée depuis 2 ans dans
la fenne Tchamba 1 met en valeur chaque année 10 hectares et obtient de très
bons rendements
en utilisant les méthodes culturales comme les jeunes
installés.
158

Quatre autres paysans ont pu acheter une paire de boeufs chacun et ont
commencé à pratiquer la culture attelée.
ALIBI 1 : 7 paysans proches des sites disposent chacun d'une paire de boeufs
et avec les jeunes installé s, on compte aujourd'hui dans ces agglom érations,
18 attelages. Ce dernier chiffre est appelé à augmenter puisque d'autres
paysans envisagent d'acheter des paires de boeufs.
TCHIRKPAMBü : Les villageois VOISIl1S des sites viennent se procurer les
nouvelles variétés de semences sélectionn ées chez les jeunes et s'infonDer
auprès d'eux de la pratique de la culture attelée. 3 paysans ont déjà acheté
respectivement le matériel d'équipement et une paire de boeufs. Les jeunes
installés acceptent volontiers d'apprendre aux villageois à dresser leurs paires
de boeufs.
BIDJANDE : C'est véritablement le milieu où les jeunes ont le plus séduit les
cultivateurs. D'ailleurs panDi les personnes interrogé es autour du site, 50 %
pratiquent les nouvelles techniques culturales dont 25 % ont acquis pour leur
propre compte le matériel d'équipement de culture attelée. D'autre part les
jeunes font noter que d'autres paysans non enquêtés travaillent la terre avec
leurs propres paires de boeufs.
BORGOU : C'est également le lieu où les paysans sont très réceptifs aux
techniques modemes. "Notre arrivée fait que beaucoup de paysans font la
culture attelée et les gens disent que notre installation leur est bénéfique". Ce
sont là les propos des jeunes agIiculteurs modem es.
159

En effet, on ne peut que croire ces jeunes quand on note que 4 paysans
voisins du site disposent chacun de 3 paires de boeufs et qu'un certain nombre
d'autres villageois comptent 2 ou une paire à eux-m êmes. Il faut souligner que
nombreux sont les paysans qui vont se renseigner chez les jeunes, sur la
programmation des activité s agricoles dans l'année.
Actuellement, déclarent les jeunes, les paysans nous dépassent aussi bien
au niveau du rendement en maïs qu'en coton.
De fait, la colonisation des milieux ruraux à celiains endroits du pays
a récolté un succès éclatant et on est tenté de penser que lorsque la totalité
des jeunes installé s auront acquis le matériel nécessaire pour la culture attel ée,
un nombre important de paysans abandonneront les techniques rudimentaires
de travail pour s'adonner aux nouvelles introduites par le PSTP.
Tableau N° 47:
Relèvement du niveau de vie des paysans proches des sites.
Réponse à la question: Votre production est-elle améliorée par rapport à la
période d'avant-projet ?
~ Oui
Non
Samreponse
Nombre
d'enquêtes
Régions
'___ -
Région Maritime
13
18
5
36
Région des Plateaux
59
35
2
96
Région Centrale
36
24
0
60
Région de la Kara
21
24
3
48
Région des Sayancs
4
13
7
24
TOTAL
133
114
17
264
0/0
50,38
43,18
6,44
100
160

Dans l'ensemble, on constate chez 133 paysans voisins des exploitations
des jeunes que leur production agricole s'est améliorée depuis qu'ils adoptent
les unes ou les autres méthodes culturales pratiquées par les jeunes installés
par le projet PSTP. Au cours de la même enquête 114 paysans( 43,18 %)
soutiennent l'affinnation contraire.
En effet les paysans dont les résultats aglicoles sont de plus en plus
satisfaisants déclarent en outre que leur revenu leur pennettellt de mieux
s'intégrer dans la société de consommation alors que les seconds expliquent
la non-am élioration de leur revenu notamment par le fait que les aléas
climatiques (sécheresse, inondation) ou la mauvaise qualité des terres les
empêchent quelquefois de tirer profit de leurs activités.
Tableau N° 48
Ce que les villageois pensent à propos de ce qUI devrait
contribuer au développement de leur milieu.
Opinions Le projet en nous
L'Etat togolais en
Nous-mêmes en
Nombre
construisant des
nous mettant en
nous unissant dans
d'enquêtés
écoles et des
place les infras-
les coopératiYes
dispensaires
tructures nécessai- agricoles
Régions
rcs à notre milieu
Région Maritime
7
2
27
36
Région des plateaux
59
5
32
96
Région Centrale
18
1
41
60
Région de la Kara
31
4
13
48
Région des Savanes
19
1
4
24
TOTAL
134
13
117
264
%
.50,76
4,92
44,32
100
' . _ - -
161

Les données du tableau laissent constater que la majorité des viIJageois
(50,76 %) comptent sur les contributions extérieures dans le processus du
développement de leur milieu.
D'autre part ; 117 paysans (44,32 %) sont persuadés que dans l'état
actuel des choses, il est souhaitable de compter beaucoup plus sur ses propres
moyens plutôt que d'espérer les interventions extérieures pour se développer.
En effet, les 117 enquêtés qui ont déclaré ne compter que sur eux-mêmes
justifient leurs réponses en disant que pour réaliser l'autopromotion, il faudrait
qu'ils unissent leurs forces dans les coopératives agricoles. Enfin, il faut noter
que très peu de paysans (4,92 %) comptent sur l'Etat togolais pour ce qui
concerne la mise en place d'infrastructures nécessaires au développement de
leur milieu.
162

Tableau N° 49:
Travaux envisagés par les villageois VOl Sll1 S des sites,
produit du PSTP.
~Exécutioncollectivede Réfectionou Construction Nesait Nombre
travaux agricoles en
création de pis-
d'école et/ou
pas
d'enquêtés
"lle de la satisfaction
tes rurales
de marché
Régions
des besions publics(l)
Région Maritime
21
7
2
6
36
Région des Plateaux
61
19
6
10
96
Région Centrale
37
13
1
9
60
Région de la Kara
22
20
4
2
48
Région des Savilllcs
14
6
-+
()
24
TOTAL
155
65
17
27
264
%
58,71
24.62
6,44
10.23
100
La majorité des habitants des villages VOlSll1S des sites des jeunes
déclarent exécuter collectivement des travaux agricoles. La vente des produits
du champ collectif servira notamment à la satisfaction de cel1ains besoins
publics tels que la réparation des pompes motrices, l'achat de tôles pour le
renouvellement des toitures d'école ou de marché etc. 65 % des paysans
intelTogé s ont coutume ou se proposent d'accomplir les tâches collectives
telles que la réfection ou la création de pistes nJrales tandis que 6,44 % des
interrogé s ont déjà ou envisagent de constmire l'école et/ou marché pour le
compte de leur village.
Pour cel1ains paysans, ces différents travaux mentionn és ci-dessus sont
exécutés collectivement par les villageois des environs toutes les fois que le
besoin de fait sentir et ceci bien avant l'installation des jeunes par le projet
PSTP en milieu mral. D'autres villageois soulignent que le projet leur a
inoculé le sens du travail collectif et de la réalisation de la chose publique.
(l)
C'est à l'exemple des jeunes installés qui sont initiés à l'exécution de certains travaux
publics (champ collectif, élevage en commun)
163

Tableau N° 50:
Points de vue des viJlageois de ]a zone du projet au cas où
le projet souhaiterait étendre ses actions.
~Pourl'installa-tion Pourlaconsoli-dationet Sans nombre
d'autres jeunes en
le maintien des groupes
réponse
d'enquêtés
Régions
milieu rural
de jeunes déjà installés
Région Maritime
24
6
6
36
Région des Plateaux
51
37
8
96
Région Centrale
49
II
0
60
Région de la Kara
36
7
5
48
Région des Sayanes
16
-+
4
24
TOTAL
176
65
23
264
%
66,67
24,62
8,71
100
Priés de faire connaître leurs intentions dans les conditions où le projet
voudrait étendre ses actions en matière d'installation des jeunes au poste de
production agricole, ]a majorité des enquêtés (66,67 %) se sont prononcé s pour
l'installation d'autres jeunes ruraux tandis que 24,62 % aimeraient voir le
projet apporté plus d'aide pour renforcer et maintenir les nombreux jeunes déjà
installés par le PSTP. En effet ]es réponses émises par la majorité des paysans
témoignent incontestablement du sentiment de frustration qui animerait cette
catégorie de gens qui veulent se voir installés ou bénéficier de cette aide.
D'autres paysans qui souhaitent l'installation de leurs propres enfants ont
également manifesté en faveur d'autres candidats à l'installation.
Cependant les 65 paysans qui plaident pour les jeunes bénéficiaires du
projet ont été, dirait-on, objectifs, pour la simple raison qu'ils se sont montrés
conscients de la situation qui prévaut sur les sites des jeunes. Les multiples
contradictions qui se sont créées méritent d'être résolues avant toute autre
action. Il s'agit notamment des besoins fondamentaux des jeunes sur les sites:
eau, école, dispensaire pour ne citer que ceux-l à.
164

Tableau N° 51
Autorité s locales et Projet
Souhaits des chefs de villages
et de quarti ers
Opinions Que le projet fasse
Les actions du projet
Ne sais pas
Nombre
plus de réalisations
sont largement
d'enquêtés
pour la communauté
suffisantes
villagcoise(l)
Régions
Région Maritime
12
0
0
12
Région des Plateaux
35
0
0
35
Région Centrale
17
0
0
17
Région de la Kara
21
0
0
2]
Région des Savanes
]5
0
0
15
TOTAL
lOO
0
0
100
%
100
0
0
100
La quasi totalité des chefs traditionnels ont exprim é le souhait de voir
les responsables du projet agir d'avantage et faire plus de réalisations en
faveur de la communaut é villageoise. Les villageois qui partagent avec les
jeunes installé s les points d'eau sur les sites surtout pendant la grande saison
sèche désirent bien que le projet multiplie ses réalisations en milieu mral.
(l)
Les réalisations en question peun~nt être par exemple les points d .eau, la création de
nouvelles pistes rurales et les retenues d'eau qui profitent également aux paysans proches
des sites des jeunes.
165

Tableau N° 52
L'avenir
du
Projet
Comment
les
villageois
envisagent l'avenir
Opinions
Nous
restons
Nous
sommes
Ne sais pas
Nombre
pessimistes quant à
optimistes
sur
d'enquêtés
l'avenir du Projet
l'avenir du Projet
Régions
Région Maritime
29
5
2
36
Région des Plateaux
63
14
19
96
Région Centrale
42
18
0
60
Région de la Kara
17
28
3
48
Région des Savanes
3
20
1
24
TOTAL
154
85
25
264
%
58,33
32,20
9,47
100
Concernant l'avenir du projet, 154 paysans voisins des exploitations des
jeunes sur les 264 intenogé s qui ont eu à observer et à identifier les difficulté s
sur les sites restent pessimistes sur l'avenir du projet. Ces habitants des
villages environnants des sites qui ont déjà entendu les plaintes des jeunes et
qui ont assisté à la démission de près de 200 (l) de ces jeunes ne peuvent que
se prononcer négativement sur le devenir du projet comme celui du PSTP.
Et pom1ant comme nous l'avons constaté, ce projet qui a introduit dans
les milieux ruraux
au Togo de nouvelles
méthodes
d'augmentation
de
rendements agricoles, a réussi, avec l'apport de nouvelles techniques agricoles,
à séduire en moins de 6 ans de vie une grande majorit é de paysans
traditionnels qui mettent en pratique et avec succès ces techniques culturales.
(1)
Il est important de préciser ici que jusqu'au jour de l'enquête, près de 200 jeunes ont
abandonné leur poste alors qu'ils étaient 542 installés au départ sur le territoire national.
166

Par ailleurs 32,20 % des enquêtés déclarent être optimistes sur l'avenir
du PSTP. On comprend bien cette catégOlie de gens répartis autour des sites
des Régions de la Kara et des Savanes où les infrastructures nécessaires
existent et où les animaux dévastateurs sont moins fréquents.
167

CHAPITRE II :
~1ESURE DES EFFETS ET EVALUATION
DE L'I~lPACT DU PROJET PSTP
Etant donné que les projets trouvent leur justification dans l'amélioration
des structures socio-économiques d'une collectivité (rendements des cultures,
services sanitaires, etc ..) et, par conséquent, par l'impact qu'ils auront sur les
conditions de vie de leurs bénéficiaires, il est indispensable d'en mesurer ou
d'en évaluer systématiquement à la fois les effets et l'impact.
1 - }\\'IESlJRE DES EFFETS
Les effets d'un projet se définissent comme étant le résultat des produits
espérés. Dans le cas du projet PSTP, ces effets comprennent par exemple la
création d'emplois pour la jeunesse déscolarisée, la redistIibution monétaire
panni les moins favorisés (contribution par les paysans des environs aux
différents travaux d'infrastructures et d'aménagement de terrains champêtres
en vue de l'installation des jeunes au poste de production agricole), l'adoption
par les paysans des nouvelles techniques culturales modemes introduites en
milieu lural par le biais des jeunes install és au poste de production agricole
etc..
En effet, dans les villages avoisinants les sites des jeunes agriculteurs
modemes,
64,40 % des habitants font noter la mise en application
des
différentes techniques observées chez les jeunes installés. Et dans la même
optique plus de la moitié des paysans interrogé s affinnent que les nouvelles
méthodes culturales leur ont pennis d'accro Ître leur production agricole.
168

Panni les avantages et les atouts, fruits du projet, il convient de mettre
en évidence le fait qu'en saison sèche, les paysans paIiagent les points
d'eau(1) des sites avec les jeunes lorsque l'eau devient rare.
Le projet a donc de l'impact sur la vie des populations rurales.
2 - ANALYSE DE L'IMPACT
L'impact d'un projet réside dans les changements intervenus dans la
productivité
et dans les conditions
de vie effectives
des bénéficiaires.
L'amélioration des conditions de vie étant l'objectif ou le but ultime qui sous-
tend la plupart des projets, il est important de savoir, à la fin de l'évaluation
et pour le travail ultérieur de plaI1ification :
al -
si les conditions de vie se sont ou non améliorées
bl -
si un ChaI1gement éventuel peut être imput é en partie ou en
totalité au projet et non à d'autres causes.
La difficult é de toutes ces investigations résulte toutefois dans le fait que
les populations humaines ne se prêtent pas à l'expérimentation contrôlée dans
la même mesure que la pomme de tene ou le riz. Par conséquent, la réponse
à la question de savoir si le projet a un impact et quelle en est l'impOliance
est le plus souvent affaire de jugement, ce qui n'exclut cependant pas le
besoin d'infonnations concrètes.
Ainsi, les questions fondamentales auxquelles l'analyse de l'impact du
projet PSTP va tenter d'apporter une réponse sont les suivantes :
(l)
Les paysans du milieu utilisent les points d 'cau avec les jeunes.
]69

] -
La situation socio-économique (méthode de travail, revenu, niveau
de vie etc.) des bénéficiaires a-t-elle été modifiée de façon
significative par le projet ?
2 -
Si oui, dans quel sens? (positif ou négati:f)
3 -
Dans quelle mesure ?
Ces questions impliquent une évaluation des changements induits par le
projet à l'intérieur du groupe cible (l). Dans le cas de notre sujet de recherche,
nous avons fait cette évaluation en comparant
la situation "avant" "avec" et
après le projet. Ainsi, les résultats de notre enquête prouvent que le projet a
entraîné une amélioration parcellaire dans les conditions d'existence de la
population bénéficiaire. Pour s'en convaincre, il suffit de revoir les résultats
du tableau n° 46 de notre enquête. En effet, nous avons pu constater
que 50,38 % des paysans enquêtés avaient reconnu que leur assez bon
mveau
de
VIe
s'expliquait
par
l'augmentation
de
leur
rendement
agricole
qu'ils
obtiennent
de
l'exploitation
de
leurs
champs
depuis
que
le
projet
est
opérationnel
dans
leur
village
et
qu'ils
ont
commencé
à mettre
a profit
les
nouvelles
techniques
culturales.
Cependant,
force
est
de
retenir
que
les
aléas
climatiques
(sécheresse,
inondation)
ne
pennettent
pas
à
cel1ains
paysans
d'avoir
de
bonnes
récoltes,
aussi
les
mauvaises
qualités
de
sol
ne
favorisent
guere
l'impact
bénéfique
du
projet
chez
certains
agriculteurs.
Ainsi,
chez
bon
nombre
de
Jeunes
installé s
par
le
(1)
Par groupe cible, nous désignons tous ceux qui sont concemés directement ou indirectement
par Je projet. Nous parlons aussi bien des jeunes instaIJés sur les sites que des paysans qui
ont participé aux différents travaux dans le cadre de l'exécution du projet ct de ceux qui à
l'instar des jeunes adoptent les nouvelJes méthodes cl 'augmentation de rendements.
170

projet,
les
abandons
de
poste
témoignent
en
partie
de
l'échec
que
le PSTP enregistre.
Cet échec résulte, entre autre, du manque ou de
l'insuffisance
d' infrastru ctures
nécessaires
à
la
vIe
des
Jeunes
sur
les
sites.
Les
défaillances
des
études
qUI
sous-évaluent
les
opérations
conduisent
à
l'établi ssement
des
projets
trop
ambitieux
dont
les
objectifs
ne
sont
pas
atteints
(c'est
le
cas
du
projet
PSTP dont le volume
des actions dépasse ses moyens
d'action).
Les
conditions
de
vie
futures
des
jeunes
doivent
être
sociologiquement
détenninées à l'avance et faire l'objet d'étude avant toute action.
Tous
ces
probl èmes
réunis
laissent
le
projet
tomber
en
désuétude et empêchent tout effet d'entraînement de se produire.
L'homme
étant le moteur
de toute action,
les facteurs
SOCIaux
susceptibles
de
compromettre
la
réussite
des
projets
intéressent
particuliè rement
les
responsable
desdits
projets.
Si
ces
variables
sociales
ne
sont
pas
pflses
en
considération
par
les
vulgarisateurs
des
projets,
il
y
a
de
quoi
s 'in qui éter
à
l'avance
sur les résultats attendus.
a -
Les changements apporté s en milieu rural
Tout d'abord, et comme le souligne Guy ROCHER(1), depuis les
débuts de la sociologie jusqu'à nos jours, tous les sociologues ont reconnu que
le changement est inscrit dans le tissu de la réalité sociale et en constitue un
aspect primordial.
(1)
Guy ROCHER, Introduction à la sociologie genérale : Le changement social, Ed. H.M.H.,
Paris, 1968, page 102.
171

De plus, "le changement social est nécessairement un phénomène
collectif c'est-à-dire qu'il doit prendre en compte un secteur de la collectivit é;
il doit affecter les conditions ou les modes de vie, ou encore l'univers mental
de plus que quelques individus seulement".
- Mais si on peut décrire, par exemple, cel1aines transfonnations que la
grève a entraînées dans l'organisation de l'entreprise, dans la distribution de
l'autorité, dans les canaux de communication, etc, et si on peut même prédire
l'impact que ces transfonnations auront dans d'autres entreprises similaires,
on peut alors affimler qu'il y a eu changement social.
En effet, on ne peut apprécier et mesurer le changement social que par
rapport à un point de référence dans le passé. Et c'est à partir de ce point de
référence qu'on peut dire qu'il y a eu changement. C'est pourquoi, dans notre
analyse, nous avons trouvé que les changements introduits dans les milieux
ruraux auraient un impact bénéfique durable si les conditions d'installation
étaient plus réfléchies.
b -
Conditions défavorables
D'une manière générale, les conditions défavorables sont plutôt les
problèmes qui se posent au niveau de l'organisation de l'installation des jeunes
et la gestion du projet.
En effet, beaucoup de jeunes ont été installé s dans des villages ou des
régions qui ne sont pas leur milieu d'origine. Des problèmes d'intégration et
d'adaptation sociale se sont posés à ces jeunes et les ont contraint à l'abandon
des sites.
172

Or, l'un des objectifs qui commandent la réalisation du projet PSTP est
que les jeunes agriculteurs modemes puissent dynamiser les milieux ruraux,
contribuer efficacement à leur développement
en montrant aux paysans
traditionnels que l'utilisation des nouvelles techniques culturales et l'adoption
des nouvelles méthodes agricoles favorisent l'augmentation des rendements.
En abandonnant progressivement les poste auxquels ils sont installés, les
jeunes mettent en exergue la mauvaise organisation des responsables du projet
et la négligence de la prise en compte des conditions favorables à leur
existence sur les sites.
Ainsi, le rôle que l'on attend d'être joué par les jeunes ne pourrait pas
se faire sans heurt ou se réaliser si ces demiers fuient, dès les premières
années d'installation, les postes de production pour des raisons que nous avons
déjà évoquées dans la présente étude.
C -
Changements favorables sur le plan socio-économique
Sur le plan social, il convient de noter que les jeunes agriculteurs
modemes reçoivent chez eux sur les sites, à longueur de joumée, les paysans
traditiOlmels qui viennent se renseigner sur l'utilisation des nouvelles variétés
de semences sur les techniques de semis en ligne et sur l'emploi d'engrais et
de produits phytosanitaires. Tel est le souci qui régit la Nouvelle Stratégie du
Développement Rural au Togo qui précise que l'on évitera d'isoler les jeunes
agriculteurs du milieu environnant de manière à pennettre la diffusion panni
les populations d'accueil, des nouveaux outils de travail champêtre.
Par ailleurs, les jeunes, grâce à la fonnation reçue, ont influé sur le
173

développement
notamment au lllveau de la pnse en charge d'activités
collectives. Leur fonnation a pennis d'assurer un meilleur fonctionnement des
groupements ou autres organisations de producteurs. Surtout au niveau de la
gestion. L'id éal est que ces jeunes agriculteurs soient de véritables agents de
développement du milieu.
Par ailleurs, force est de retenir que toute innovation s'accompagne
toujours d'un esprit critique ou d'opposition. Il s'agit en fait des différentes
réactions
de la population locale face
à l'introduction
d'une nouvelle
technologie dans une société. Cet aspect du problème doit être pris en
considération lorsqu'il s'agit de l'évaluation de l'impact socio-économique
d'un projet de développement rural.
3 -
ATTITUDES
OU
REACTIONS
DES
POPULATIONS
BENEFICIAIRES FACE AUX ACTIO:\\S DU PROJET EN
COURS DE REALISATION
Le projet de développement
introduit
généralement
de nouvelles
teclmologies.
Comment celles-ci
sont-elles
perçues par la population
?
Comment ont-elles été proposées? Y-a-t-il toujours évaluation objective de
leur adaptation locale et leur efficacit é ? Face à ces difficulté s, l' expéIience
que nous avons vécue sur le terrain nous a pennis de conclure que les
structures qui entendent s'attaquer aux vrais probl èmes des paysans sont le
plus souvent bien accueillies par ces demiers. C'est ce qui s'est illustré comme
nous venons de le dire dans le cas du projet PSTP. En effet, beaucoup de
paysans de la zone du projet pensent avoir trouvé en cette structure le
"guérisseur" de tous leurs maux. C'est pour cette raison qu'ils justifient leur
acceptation (Cf. tableaux n° 43-47 et 50) par un désir de voir toutes leurs
174

doléances réalisées.
Nous trouvons donc que, le fait de dire: j'accepte PSTP parce qu'il (le
projet) peut m'aider à avoir un puits, une école, des engrais ne suffit pas. TI
faudrait, à notre avis, que l'on soit capable d'expliquer en quoi consiste cette
aide: pour le moment, peu de villageois sont capables de faire cette réflexion.
Par ailleurs, et ceci nous semble fondamental,
on note une bonne
appréciation de la part de ces villageois sur les actions suivantes : mise en
place de points d'eau dans les villages des sites, retenues d'eau - création de
pistes rurales ...
Cependant, les paysans des villages dans lesquels ces réalisations n'ont
pas vu le jour, pourraient être anim és d'un sentiment de flUstration. Certains
panni eux auraient pensé même que le projet fait de discrimination dans ses
interventions.
Suite à tout ce que nous venons de dire, il faut avouer que le
développement apparaît très souvent aux ruraux comme qllelque chose qui leur
est imposé de l'extérieur et dont les bénéfices profitent en premier lieu à ceux
qui veulent "les développer". Reconnus utiles comme fournisseurs de biens -
surtout alimentaires - les paysans sont trop facilement oubliés quand il s'agit
de partager les retombées positives de ce type de développement. Car, en fait,
si le monde rural souffre d'inégalités (comme LIn cas s'est présenté dans
certains villages de la zone du projet PSTP par rapp0l1 à d'autres catégories
sociales), il ne peut ignorer les inégalités et les distorsions sociales qui existent
en son propre sein. Les phénomènes incriminé s d'exploitation et de domination
ne sont pas seulement extemes, ils existent aussi dans la société mrale et
175

peuvent réduire à néant les dynamismes de changement et de progrè s. Ce sont
là, des obstacles à l'autopromotion qui relèvent du milieu ntral lui-m ême.
En présence de ces faits, on arrive à la conclusion que lorsqu'un projet
n'est pas compris, ce ne sont pas seulement les travailleurs qu'il faut qualifier
d'imbéciles comme ceci laisse croire, mais les auteurs du projet. En effet, les
auteurs des projets devraient veiller à ce que leur programme insère dans les
préoccupations, les actions de base qui sont, à notre avis, prioritaires. Ce
programme doit être pour ainsi dire, mobilisateur de toutes les catégories
sociales concerné es. Mais, on constate paradoxalement que les communaut és
locales
appréhendent
la vie
d'une
façon
plus globale
et se trouvent
désarçonnées devant la multiplicité des interventions, par rapport auxquelles
les gens deviennent les exécutants, et qui désintègrent progressivement leur
conception du monde et leur vision de la vie. Aussi, l'impact des réalisations,
avec ou sans participation, n'a guère été différent et a provoqué peu de
changements profonds et durables. Deux éléments se trouvent le plus souvent
négligés : d'une part, la responsabilité réelle de la population concemée,
d'autre part, la réalité sociale: la communauté locale. C'est pourquoi, nous
trouvons que les actions du projet en cours de réalisation ne peuvent pas être
le fait de personnes isolées. Pour agir efficacement, les villageois doivent
s'associer et s'organiser pour réaliser ensemble leurs objectifs de progrès.
4 -
PARTICIPATION DU GROllPE-CIBLE
Depuis le milieu des années 70 et plus particuliè rement à la suite de la
conférence mondiale de 1979 sur la réfOlme agraire et le développement rural
(C.M.R.A.D.R.), on s'est de plus en plus rendu compte qu'il fallait, pour que
176

les projets de développement rural aient véritablement un impact sur la
pauvreté rurale, que les populations rurales paJiicipent elles-m êmes à la
planification et à l'exécution de ces projets ainsi qu'à leur suivi et à leur
évaluation. Cette prise de conscience a conduit un grand nombre d'organismes
gouvernementaux, à s'engager publiquement, à faire le nécessaire pour que les
pauvres
populations
rurales
participent
au
processus
de
leur
propre
développement.
Ainsi, l'inté gration des populations bénéficiaires, et, en paJiiculier celle
des déshérités, est considérée à la fois comme une fin et un moyen de
développement. De ce point de vue, tous les projets de développement rural,
qu'ils soient conçus à dessein ou non pour promouvoir la participation des
bénéficiaires, impliquent cette participation ; c'est pour cette raison qu'il
convient d'effectuer le suivi et révaluation de leur impact en tennes de
participation du groupe-cible.
Comme on le voit, la participation
du groupe-cible
suppose une
autopromotion du monde rural qui ne peut se réaliser sans l'action concertée
de tous ceux qui sont directement concemé s par la promotion du monde rural.
Celiains bénéficiaires du projet PSTP ont vite compris (du moins pour un bon
nombre de la population
à l'intérieur de notre champ d'enquête) cette
philosophie. Mais, de quelle action s'agit-il ?
Il Y a d'une paIi, l'action qui vise à réaliser ce qu'on a décidé pour son
propre progrè s, dans le domaine de ]a production alimentaire, de la santé, de
la fonnation etc.
Il y a d'autre paIi, J'action nécessaire pour acquérir sa juste place dans
177

la société.
Revenons donc dans les villages proches des sites des jeunes pour dire
que l'apport de cette structure a trouvé dans ce contexte un train fertile. Un
environnement humain déjà organisé (du moins dans certains villages) et
conscientisé par rapport aux contraintes initiales a penDis de réaliser un travail
efficace, peu coûteux, dont la maîtrise et !e développement futurs seront pris
en charge. En effet, il faut avouer que la plupart des actions du projet
(construction de retenue d'eau, de puits, de logement, de magasins agricoles
etc.) ont été réalisées avec la pm1icipation effective de la population.
On peut à ce propos regretter que les instituts de recherche en Afrique
Noire et particulièrement au Togo ne s'intéressent pas plus à de telles
initiatives, car, il pourraient ainsi trouver des telTains de recherche appliqu ée
et apporter des réponses aux questions vitales que fonnulent clairement les
groupements de paysans.
Par ailleurs, et cet aspect paraît fondamental, quelle sera la physionomie
des projets de développement lorsqu'ils auront été conçus selon les principes
de la situation que nous venons de décrire ? Nous savons que les plans de
travaux des projets diffèrent d'un pays à l'autre et même d'une région à
l'autre, car les activités effectivement entreprises sont choisies directement par
les participants. Ainsi, élever le revenu, créer des emplois, accroître la
production alimentaire, améliorer la nutrition sont autant d'objectifs possibles
des projets.
La surveillance et l'évaluation de l'impact du projet PSTP sur les jeunes
178

bénéficiaires et les communaut és VOlsms sont un élément intrinsèque des
programmes d'action de l'ONU. C'est pourquoi il est imp0l1ant que ce délicat
travail se fasse ensemble avec les bénéficiaires du projet qui doivent participer
à ce travail de surveillance et d'évaluation. Nous pensons qu'il est ainsi
possible de rectifier avec le concours des intéressés, le projet, si on anive à
trouver un financement de façon à répondre aux besoins fondamentaux des
jeunes sur les sites.
Le problème majeur qui retient notre attention dans cet exposé est donc
celui de la paJ1icipation de la jeunesse au développement. En effet l'objet de
l'animateur du projet au développement est, entre autres, de dégager et de
contribuer à former des jeunes aptes à participer à des degrés divers, à
l'élaboration des plans, à leur exécution et à l'évaluation de leurs résultats.
Ainsi,
ce point acqUis,
on peut
se demander
si les populations
bénéficiaires sont désonnais préparées à assurer la relève des actions du projet
quand on sait que tout projet se veut une structure d'intervention en faveur du
développement.
En effet, l'installation de jeunes à des postes de production agricole
pennet
l'introduction
en
milieu
rural
de
nouvelles
techniques
qUi,
progressivement, viendront envahir l'ensemble de la paysannerie. Toute société
est appelée à évoluer plus ou moins vite au contact d'élément nouveaux. "La
modenlisatioll des économies et des sociétés est lin mal nécessaire" (1 ) comme
l'écrit bien Sophie BESSIS dans son ouvrage intitul é l'Arme alimentaire.
(l)
Sophie BESSIS, l'Arme alimentaire, Ed François Maspéro, Paris, année 1982, page 31.
179

Force est de noter que le projet PSTP qui s'est assigné un tel objectif
n'a pas sû finaliser les actions de cette importante entreprise. Les jeunes
devant les besoins vitaux qui les empêchent de continuer à rester sur les sites,
prennent congé de leur poste ou menacent de le faire, fatigué s de travailler
dans des conditions difficiles{l). Le BIT, l'organisme financier ayant prononcé
la fin du projet depuis Janvier 1990, aucun bailleur de fond ne s'étant intéressé
au projet malgré les requêtes lancées dans tous les horizons, le PSTP a toutes
les chances de chavirer et il se noie sûrement. Car pour espérer sa survie, ce
qui n'est pas moins Je voeu des développeurs, il faudrait trouver des rem èdes
aux problèmes des jeunes installés.
5 -
L' AVENIR DU PROJET ET SUGGESTIONS
Après trente ans d'indépendance, malgré les perfonnances sectorielles,
il ne semble pas que le sort de l'ensemble de la paysannerie soit très enviable.
On peut s'en rendre compte en procédant à une analyse des effets socio-
économiques de nombreux programmes de production agricole. Beaucoup de
projets de développement démarrent dans de bOlmes conditions mais échouent
lamentablement après les années où ces projets ont été exécutés. Dans le cas
de l'étude socio-économique
du PSTP/jeunes,
les résultats de l'enqu ête
prouvent que le projet a entraîné une amélioration sensible dans le niveau de
vie de 45,61 % des jeunes (voir tableau n° 31). ~1ais si les facteurs
susceptibles de compromettre la réussite du projet ne sont pas écartés, il y
aurait de quoi s'inquiéter sur l'avenir du projet. Les besoins les plus pressants
sont le manque d'eau sur certains sites (Togodo, Agou Sofia et Dalia) où les
jeunes continuent d'appeler au secours.
(l)
Voir page ** : Les besoins des jeunes sur les sites.
180

A cet effet, il serait de loin fort souhaitable à notre avis et contrairement
aux propositions avancées par certains paysans voisins des sites, de chercher
plutôt, dans les conditions où l'on trouve une source de financement extérieur,
à améliorer les conditions de vie et de travail de l'ensemble des jeunes déjà
installé s que de satisfaire de nouveaux candidats à l'installation. Car à côté de
ces probl èmes, certains logements dont les fondations ne sont pas solides
s'écroulent facilement en saison des pluies (Alibi l, Gamélli, Dalia, Gbadi,
Gawodo, Kerkètè, Kpessi 1).
D'une manière générale, l'avenir du projet revêt une importance capitale.
Car, jusque là, beaucoup de jeunes s'attendent à une assistance pennanente.
A partir de petites actions réalisées entièrement par eux-mêmes, il faudrait
arriver à les convaincre à ne compter que sur leurs propres forces.
Par exemple : au lieu de leur faire des avances d'engrais, les amener
plutôt à préfinancer cet intrant au moment où ils ont un peu d'argent (en
Novembre ou Décembre, aussitôt après les récoltes).
Par ailleurs, en dehors de quelques actions que les jeunes poulTaient
continuer après l'expiration du mandat du projet, il y a bien des problèmes qui
ne laissent présager à notre avis, un avenir radieux. Il faudrait trouver des
solutions d'approche à tous ces maux. Etant donné que jusqu'à présent, aucune
initiative n'est envisagée pour relever le défi, la situation défavOlisée des
jeunes du projet ne peut aller que dans le sens de l'aggravation. Dès lors, si
nous envisageons l'avenir prévisible du projet sous cet angle, nous constatons
que décourag és, les gens voient leur situation se détériorer de plus en plus, de
sorte que la misère s'aggrave là où justement le projet espérait élever le niveau
181

de vie.
Toutefois, nous n'avons pas tellement de raisons pour nous limiter à ces
conclusions
paralysantes,
car,
bien
que
quelques
rares
villageois
ne
comprennent pas encore la philosophie d'action du projet, il est certain que les
actions déjà entreprises et réalisées par le projet ont de très fortes chances
d'être poursuivies par les villageois(l). La preuve en est que les résultats
enregistré s vont, pour ainsi dire, dans le sens de l'am élioration des conditions
d'existence de la population visée. C'est du reste sur ce point qu'il convient
de limiter la discussion pour aborder un statut non moins important : c'est
celui de stratégies de développement.
Une opération de développement rural qui est un ensemble de moyens
et de fonctions finalisées, c'est-à-dire correspondant à des objectifs précisés
par ailleurs, est destinée en demière analyse à amener les paysans à modifier
leur système de production en intervenant sur leur modèle cultural(2). On a
donc au moins dans ce cas, deux partenaires en présence: le monde rural et
l'opération. L'expérience montre que les objectifs de l'un, et de l'autre sont
rarement convergents.
C'est pour cette raison que, nous pensons que l'évaluation d'un projet
de développement doit être une sorte d'identification puis une recherche
d'explication des résultats de l'opération qui passe par l'interprétation de la
confrontation opération-paysans.
(1)
Il s'agit des villageois proches des sites des jeunes qui commencent à mettre en pratique les
nouvelles techniques culturales apportées par le projet en milieu rural.
(2)
Dans ce contexte, nous avons choisi de parler de paysans au lieu de jeunes dont nous avons
parlé jusqu'ici.
182

Dans notre travail actuel, bien que nous ne pouvons oublier la toile de
fond qui est l'objectivité sur laquelle se détache l'objet, nous estimons que
l'utilisation des résultats de l'évaluation doit ainsi nous pennettre à la fois de
redéfinir les modalit és des interventionS de l'aide des organismes dans les
projets, d'aider à la définition de politiques sectorielles ou géographiques de
développement et de choisir les types de projets qui contribuent le plus à ce
processus de développement. Si l'on veut se faire une idée précise de la tâche
gigantesque qui nous attend et de la tactique qu'il faudra utiliser, ou de la
philosophie d'action qu'il faudra mettre en jeu, il est souhaitable de se rendre
à l'évidence des réalités actuelles du problème qui se pose au niveau de notre
projet de recherche.
En effet, un projet de développement rural ne devrait pas être défini par
rapport à un espace sur lequel on veut obtenir telle ou telle production. II faut
alors considérer de ce fait, l'ensemble de la population de la région et
s'intéresser à ses problèmes.
Or, on constate paradoxalement que bien des projets de développement
visent à mettre en place des coopératives ou des groupements de paysans sans
avoir fait au préalable des études sociologiques du milieu. Très souvent, ces
coopératives ou ces groupements de paysans échouent parce qu'ils ont été
constitué s de façon plus ou moins arbitraire.
Dans ce cas, les paysans intègrent les groupements dans l'espoir d'en
gagner les avantages, mais sans trop chercher à comprendre les règles et les
obligations, et sans se sentir vraiment responsables de la bonne marche du
groupement.
183

Il en est de même pour le PSTP où certains candidats à l'installation ont
à l'esprit les avantages immédiats qu'ils peuvent gagner en premières années
d'installation( 1).
En effet, les institutions élaborent traditiollilellement des programmes de
développement des bénéficiaires. Le programme d'action du PSTP a envisagé
au niveau des paysans des villages des sites la démarche inverse : ce sont les
pauvres ruraux eux-mêmes qui doivent préparer et exécuter les activités de
développement destinées à améliorer leur propre SOli. Cette nouvelle optique
implique
des changements
radicaux
dans les méthodes
de travail
des
organismes de planification et des institutions techniques.
C'est du reste ce qui s'illustre encore dans la méthode d'approche de ce
projet. En effet, le PSTP, par sa méthode, donne des coups de fouets
(pat1icipation) pour pouvoir avancer avec la population bénéficiaire, tout en
oubliant qu'on a beau "fouetter un paralytique", il n'avancera jamais. Ainsi
s'exprimait
certains villageois des sites des jeunes pour expliquer leur
incapacité d'acheter l'équipement nécessaire à la culture attelée.
Ce sont là, des lacunes sérieuses qui freinent l'action du projet. Ainsi,
un grand nombre d'études de cas témoignent de ces lacunes qui existent au
niveau des at6tudes entre le projet et les bénéficiaires. II semble parfois aux
paysans traditionnels
que le PSTP est lointain, étranger et exagérément
patemaliste, peu enclin à aider et à conseiller les masses mrales déshéritées ou
à servir leurs intérêts.
(1)
Pendant les deux premières années d'installation, les jeunes reçoivent de vivres PAM
(Programme Alimentaire Mondial) et une petite somme mensuelle pour leurs besoins.
] 84

Face aux difficulté s analogues, les experts des Nations Unies, examinant
les problèmes rencontrés et les politiques suivies pendant la première décennie
pour le développement, distinguent en fait six facteurs fondamentaux de
freinage du développement : la croissance rapide de la population, la pénurie
d'épargne, la pénurie de devises étrangères ou leur mauvaise utilisation, le bas
niveau
de
formation
et
d'infonnation,
la
stimulation
insuffisante
de
l'agriculture, l'inadaptation des institutions(1). Dans notre exemple, les cinq
derniers facteurs peuvent être retenus.
Ainsi, au l11veau de la stimulation insuffisante de l'agriculture, nous
estimons que, pour que ce domaine puisse jouer son rôle dans le processus de
développement global, il est nécessaire d'augmenter la production agricole et
alimentaire, autant que la productivité du travail. Car, si l'agriculture joue le
rôle moteur, la croissance de la production et de la productivit é sont les
conditions préalables au développement global. Si encore, l'agriculture joue
le rôle de secteur d'ajustement, elle doit adapter la croissance de sa production
et de sa productivité au rythme de croissance de la production industrielle.
Aussi, les objectifs fondamentaux de la stratégie du développement agricole
devraient consister en principe à modifier les conditions technologiques de la
production, ce qUI implique le plus souvent le changement des modes de
production
ou de systèmes socio-économiques
fOlmés sur la base de
l'économie traditionnelle.
Au regard du bas niveau de f0I111ation et d'infonnation, il ressort que le
monde rural s'est toujours plaint de l'''écrémage des campagnes", du "départ
des meilleurs" et, dans les pays sous-équipés, il est évident que les fils de
(1)
(Janice) JIGGINS, Initiatives supplémentaires et complémentaires destinées à combler les
lacunes, in collection FAO, nO 7, Rome, 1977, Développement Rural, p. 53.
185

paysans
ne
se condamneront
pas 'à passer leur vIe dans l'agriculture
traditionnelle s'ils peuvent l'éviter. C'est pourquoi, nous estimons que le
véritable
remède
réside
dans
la
modemisation
socio-économique
de
l'agriculture, alors seule solution susceptible de maintenir les fils de paysans
à la campagne grâce à l'attrait d'un métier et à un niveau de vie satisfaisant.
De toute évidence, un secteur d'activité ne peut prétendre retenir les meilleurs
que s'il leur offre la possibilité de mise en valeur de leurs connaissances et
leur dynamisme, un cadre de vie à la mesure de leurs ambitions. C'est
pourquoi, il paraît nonnal de prédire qu'à défaut de modemisation socio-
économique de l'agriculture, l'école est un instmment de l'exode mrai.
Par ailleurs, il suit que le rapport qUI existe entre la croissance de la
population, et le manque d'amélioration des conditions socio-économiques des
communauté s mrales du monde en développement, inqui ète profond ément les
gouvemements et les organismes d'assistance technique. A partir de ce constat,
nous trouvons que ces demiers devraient pouvoir s'appuyer sur des services
d'enseignement et de fonnation de toutes sortes - de type académique ou non -
pour amener un changement radical des perspectives des "déshérités mraux"
et peut-être du monde entier.
Toutefois, il reste à préciser que le choix du l1lveau de fonnation à
adopter doit, dans chaque cas, être basé sur des études socio-économiques
approfondies et menées en collaboration étroite avec les intéressés pour éviter
le risque de bouleversement social et l'exode mral.
- Restons toujours dans le domaine agricole considéré, pour signaler que
les paysans traditionnels ont acquis par une longue pratique, une grande
connaissance empirique du milieu. Mais en Afrique Noire, nous constatons que
]86

cette connaissance est entièrement entâchée de croyances, d'interdictions
diverses, de fidélités aux traditions et aux ancêtres. Pour ce faire, l'activité
agricole demeure souvent liée à des rites magiques ou religieux : Faute de
pouvoir dominer la nature, l'homme s'y soumet.
Cependant, la naissance du PSTP a montré le degré de réceptivité des
paysans vis-à-vis des fonnes nouvelles d'agriculture : utilisation des intrants,
l'application des nouvelles méthodes culturales, la programmation des activités
agricoles, contribuent grandement à l'évolution de l' agIiculture paysanne en
milieu rural au Togo.
Dans ce sens, l'am élioration du niveau de vie des collectivité s rurales
suppose un artisanat compétent ainsi qu'une augmentation de la production
agricole et des infrastructures rationnelles. Toute évolution devrait donc
s'étaler sur un certain nombre d'années, car il faut introduire de nouvelles
techniques, écarter certaines coutumes, modifier le mode de vie de personnes
peu enclines au changement.
Enfin,
il
existe
une
foule
de facteurs
SOCiaux,
culturels
et de
comportements synergiques qui freinent les processus de développement rural
qu'il convient de suggérer à présent.
En effet, il est constaté dans nos sociétés traditionnelles,
que les
relations se boment aux limites du village, raréfiant aini les échanges. Le
manque d'initiative freine la véritable circulation des idées.
Pour couvrir la non-maîtrise des phénomènes de famine, sécheresse,
inondation, l'on incrimine les divinités malignes.
] 87

Ces obstacles socio-culturels contraignent notre société à l'immobilisme
et la privent du développement économique. En effet, l'obstination avec
laquelle beaucoup de nos populations se cramponnent à leurs habitudes socio-
traditionnelles
et
s'opposent
aux
changements,
peut
s'expliquer
par
l'importance qu'elles attribuent à la mince sécurité économique et sociale
qu'elles connaissent dans le régime coutumier, et au fait qu'elles doutent de
pouvoir jouir de la même sécurité en dehors du cadre de leur propre société.
Par conséquent, nous estimons que seule une action éducative peut éveiJJer les
esprits, en un mot, amener les populations rurales alors majoritaires à décider
elles-mêmes des modifications nécessaires et leur faire prendre l'initiative
compte tenu de tous les bouleversements que cela entraîne.
C'est également, à notre aVIS, à l'éducation que revient la tâche
psychologique de convaincre les enfants à s'assurer qu'ils trouverons des
satisfactions professionnelles dans les acti\\'ités rurales.
Pour nous résumer, nous pouvons conclure que ce n'est qu'en cherchant
à connaître les problèmes fondamentaux des paysans et donc des jeunes ruraux
et à s'efforcer à résoudre les besoins de première nécessité de ces populations
déshéritées que les projets de développement pourront survivre et prospérer
dans le cadre de leur actuelle structure économique et sociale.
La lutte contre la faim, tâche à laquelle s'est assignée le PSTP constitue,
à notre avis, J'impératif n° 1 qui nous incombe à tous. C'est une lutte qui se
déroule comme une guerre froide et qui menace de congeler toute la vitalité
de notre civilisation si nous ne sommes pas capables de la mener à bien avec
énergie.
188

CONCLUSION GENERALE

Le travail comme dirait Karl Marx est "la condition permanente et
naturelle de la vie d'un homme"(1). D'aucuns savent que le paysan du tiers-
monde J'a compris. Il travaiJJe d'anache-pied en vue d'échapper à la misère
matérieJle ....mais en vain.
En effet, le développement socio-économique du monde rural que les
projets cherchent à promouvoir ne peut se faire que dans la prise en compte
effective et suivie de l'évaluation continue et de la place de l'homme dans ces
projets. C'est bien là, nous semble-t-il, une condition indispensable pour
atteindre les objectifs des projets. f\\1ais malheureusement, il a été domlé de
constater que les organismes d'aide ne considèrent toujours pas que les phases
d'identification,
de
faisabilité,
de
SUIVI
et
d'évaluation
sont
autant
d'investissement qu'il est nécessaire de programmer et de financer(2). Et par
fausse rigueur financière, elles se privent parfois d'outils méthodologiques
pourtant indispensables, en l' OCCUlTence
le coût social supporté par les
bénéficiaires de l'aide.
Elles insistent d'autre part dans leur discours sur la paI1icipation à un
développement autocentré ou communautaire : c'est le projet des populations
ou des organisations paysannes. Beau renversement des rôles, il faut bien que
le bénéficiaire de l'aide participe en tendant la main à celui qui donne.
Dans ce contexte, le fameux investissement humain est à considérer dans
toute son ambiguïté, sans le discréditer mais sans faire aussi une panacée. Mais
peut-on encore parler d'investissement humain quand il s'agit vraiment d'un
projet né de la conscience locale et d'une organisation de base?
(1)
Karl Marx cité par A. KOSSIGYNE, in Socialisme et Etat, Ed. de l'agence Presse
NOVOSTI, Moscou, année 1977, page 9.
(2)
Collection COLLOQUES
ET SEMINAIRES,
Dynamiques
des
5)'stèmes
agraires
L'exercice du développement, Editions de rORSTûM, Paris, 1986, page 156.
190

Dans le cadre du système éCOl)omique, tel qu'il existe aujourd'hui à
l'échelle du monde, un pays "sous-équipé "(]) a-t-il la moindre chance de
trouver la voie d'un développement véritable et global (par l'entremise des
interventions des projets), à savoir un développement qui profiterait à la
totalité
de sa population
? Car, il a été donné de constater que le
"développement
entrepris par les projets n'est alors qu'une tentative
d'accumuler plus de bénéfices au profit de quelques minorités des déshérités
ruraux. Quant au résultat, on le constate partout: il peut y avoir croissance
économique, il n y a jamais développement social souhaité".
C'est pourquoi, il convient de montrer que les échecs des projets en
matière de développement ne sont jamais imputables aux seuls handicaps
économiques
ou financiers.
C'est à ce stade du
raisonnement
que de
nombreuses difficulté s subsistent, il nous faut bien admettre que nous ne
sommes pas cependant en mesure de présenter une image fouillée de cette
présente situation dans la société rurale africaine. Une présentation de ce type
risquerait d'ailleurs de ridiculiser l'histoire des projets de développement rural
en faveur du Tiers-Monde en général et de l'Afrique en paliiculier. Mais, la
question qui demeure toujours posée est celle de savoir si les projets de
développements initiés un peu partout à travers le Tiers-Monde peuvent
contribuer à enrayer le "sous-développement" ? C'est du reste l'intelTogatoire
qUI
constitue
SI
heureusement
l'intitulé
de
l'oeuvre
de
Marie Christine GUENEAU(2). En effet, la question que cet auteur s'est posée
dans son ouvrage est de savoir si les projets de développement installé s un peu
partout en Afrique où besoin s'en faut, sont-ils une intervention efficace ?
(l)
Nous préférons le tenne "pays sous-équipé" à celui de "pays sous-d éveloppés" qui présente
beaucoup d'ambiguïtés.
(2)
Marie Christine GUENEAU, Afrique: Les petits projets de développement sont-ils efficaces
?, Editions l'Hannattan, Paris, 1986, page 47.
191

Cette interrogation a suscité aujourd'l)ui un débat houleux autour duquel on
n'est pas encore parvenu à mettre en exergue les mérites et les retombées de
cette approche de développement.
D'une part, on constate que les projets de développement s'implantent
dans le cadre géographique où il existe un réseau dynamique d'artisans ruraux
prêt à accepter le changement, une des conditions essentielles pour assurer le
progrè s technique et social des campagnards et alTêter l'exode rural. Ces
projets instituent les systèmes de secours et réussissent, de ce fait à organiser
autour d'eux, les populations rurales qui prennent en charge le processus des
améliorations
de
leur
propre
condition
d'existence.
Les
liaisons
institutionnelles multidimensionnelles et l'approche intégrée des problèmes
ruraux ont aidé à lancer des projets de développement zonal intégré, faisant
une très large place à la modernisation de l'agriculture.
D'autre
part,
il
a
été
donné
de
constater
que
les
projets
de
développement
apparaissent depuis l'époque coloniale jusqu'à nos jours
comme n'étant que de petites unités segmentées, et, de ce fait, font l'objet de
critiques acerbes parce qu'ils ne parviennent justement pas à engendrer un
développement qui puisse, doit-on ainsi dire, aller au-delà de leur cadre
temporel
limité.
D'autres
insuffisances
inhérentes
aux
projets
de
développement pounaient être encore relever ici.
Mais, revenons au llIveau du projet PSTP pour dire que bien que les
problèmes que nous avons évoqués se posent tantôt au niveau de J'organisation
tantôt au niveau de l'encadrement, etc, on note néanmoins des éléments
positifs en faveur du développement socio-économique et du bien-être des
populations rurales, et de la transfonnation, des villages des sites d'installation.
192

Ainsi, au lllveau des paysans, .l'élément générateur des changements
positifs est la gestion de leur revenu agricole. En effet, le projet, a initié les
populations à la gestion des récoltes et pennis l'application de nouvelles
tedmiques agricoles.
D'un
autre
côté, nous
pouvons
aVOIr présent
à l'esprit
que
le
"développement" n'est qu'un mythe. Car, pour avoir entendu les jeunes du
projet s'exprimer sur leur situation, les avoir vu travailler dans les champs
comme des fous, le ventre plus ou moins creux, les avoir vu s'organiser entre
eux pour affronter un à un les problèmes, nous pouvons dire que s'ils ne s'en
sortent pas, c'est qu'il n'y a rien à faire, que les conditions dans lesquelles ils
produisent, vont et vielment, leur sont défavorables. On n'a pas besoin de
l'intervention de cent experts pour relever les insuffisances. Il suffit de se
mettre à l'écoute des jeunes. Le développement ne serait alors qu'un mythe,
astucieusement diffusé par ceux qui maîtrisent le grand jeu économique
intemational et ne veulent à aucun prix que les joueurs s'alTêtent de jouer. On
investit facilement des millions dans des projets pour récolter le néant, ce qui
dénote souvent d'un manque d'organisation. Alors que le projet devrait avoir
un avenir prospère car, par effet d'entraînement, dans les autres villages
environnants des sites, les paysans viennent fréquemment auprès des jeunes
encadrés par PSTP pour se procurer les nouvelles variétés de semences et pour
s'infomler sur la programmation des activités agricoles et sur l'utilisation des
nouvelles techniques culturales. Le Projet PSTP aura créé en conséquence, des
courants d'échanges et de contacts entre les villages.
Mais, les résultats positifs atteints par le projet ne doivent pas nous faire
oublier les lacunes qui existent effectivement et que nous avons pu mettre en
exergue au cours de l'analyse et de l 'interpr étation de nos résultats d'enquête.
193

Ces lacunes sont pour la plupart d'ordre sociologique. Elles vont sûrement
compromettre la réussite du projet puisqu'elles persistent. En effet, la foule des
généreux donateurs souhaitent savoir "où va l'argent" et si possible s'entendre
répondre par des quantités physiques: nombre de forages, de pistes créées de
ceci, de jeunes formés, répondre que l'on a aidé les populations à s'organiser
afin qu'elles trouvent en elles les ressources suffisantes
à leur propre
développement.
Voilà ce qui est suspect. Cet état de fait s'est illustré dans le cas du
projet PSTP. Car, un projet est avant tout un esprit et une action. Or, la
connaissance du milieu social, qui débouche sur une prise de conscience sur
une motivation, sur une formulation d'hypothè ses de solutions qui vont se
concrétiser dans des actions précises, n'avait pas été prise en considération
avant le démarrage des activités du projet en 1983. Pourtant, la connaissance
du milieu à développer qui s'enrichit de tous les travaux déjà disponibles,
produit aussi des éléments nouveaux, qui n'auraient sans doute pas été révélés
dans les recherches antérieures.
Par ailleurs, l'implication du projet dans une région donnée devrait elle
aussi s'enraciner dans une campagne de sensibilisation des bénéficiaires. C'est
pourquoi, il faut passer par la phase éducative, de sensibilisation, d'animation
rurale afin d'intéresser les groupes visés. Si tel n'est pas aussi le cas, il est
probable que la philosophie d'action du projet soit mal comprise, et partant,
son échec certain.
Les discussions menées par les expel1s autour des mérites et des échecs
des projets de développement du monde rural en général, n'ont pourtant pas
débouché sur des alternatives concrètes. En attendant, il s'avère indispensable
194

de prendre en compte l'identificatiol). des variables sociologiques que les
projets engagent. En effet, les variables sociologiques qu'il faut étudier ici
concement,
nous
l'avons
déjà dit,
la
connaissance
du
milieu.
Cette
connaissance est une tâche qui incombe au premier chef, le sociologue. Mais,
certains pourront encore ironiser sur la superficialité de ce travail et parler de
"sociologie d'aéroport" au sens gentilien(1) du tenue. Or, il reste que si l'on
connaît au préalable le terrain, s'il y a déjà la documentation existante, il est
possible, avec un travail intensif, de faire ressortir les problèmes essentiels. Et
même sur la connaissance des dynamiques agraires, l'observation des réactions
à une intervention est sans doute une approche privil égiée de la sociologie du
développement.
Ce ne sont là, que quelques éléments du débat sociologique portant sur
la cOlmaissance du milieu et, pm1ant, sur l'installation des jeunes ruraux. Car,
le monde du développement ne se résume pas à un face à face entre le monde
paysan et les praticiens chargés d'administrer le projet sur le terrain. Son
également parties prenantes les divers organes de financement qui ne partage
pas toujours les mêmes opinions sur la philosophie du développement, du
moins, sur ses modalités d'application; les antennes des institutions nationales
comme le Ministère du Développement Rural et celui du plan etc.
On peut dire pour ce qui conceme le cas du projet PSTP, qu'il est
certain que les études sociologiques approprié es n'ont pas pu être faites avant
l'installation des jeunes. II faut se rendre à l'évidence que toute intelvention
en faveur du monde mral africain suppose simultan ément une amélioration de
l'environnement socio-économique afin de sécuriser les agriculteurs dans leur
(1)
O. GENTIL, Du développement à la recherche, in Dynamiques des systèmes agraires:
L'exercice du développement,
Editions de l'ORSTOM Collection COLLOQUES ET
SEMINAIRES, Paris, 1986, p. 343.
195

volonté de changement. C'est dans ce, sens que les projets devraient entendre
aider les agriculteurs africains à relever tous les défis lancés par les aléas
climatiques, ou imposés par la tradition notamment. En plus du transfert
teclmologique visant l'accroissement rapide de telle ou telle production, il faut
aider les agriculteurs à se transfonner en véritables ménagers de leurs
exploitations
prises
dans
leur
ensemble.
Tout
d'abord,
cela
suppose
vraisemblablement beaucoup plus d'effort en "alphabétisation fonctiOlmelle"
pour les adultes(1), condition sine qua non pour que les ruraux prennent en
charge leur développement.
Ensuite, cela demande de mettre davantage
l'accent sur la gestion visant à optimiser la combinaison des différentes
activité s de l'exploitation agricole plutôt qu'une activité particuliè re comme
c'est le cas ici. Enfin et surtout, il s'agit d'aider les agriculteurs à prendre
collectivement conscience de leurs problèmes et à s'organiser en conséquence
pour les résoudre.
Cet effort de regroupements de paysans est particuli èrement important
pour les jeunes agriculteurs qui seront les acteurs principaux de l'évolution du
milieu agricole dans les prochaines décennies. L'histoire rurale récente a
montré, dans bien des cas, combien ces agriculteurs peuvent collectivement
transfonner de l'intérieur le monde rural si on leur en donne les moyens. Cela
demande un enseignement agIicole à la fois dynamique et pratique qui ne
fabIique pas uniquement de futurs bureaucrates mais prépare de plus en plus,
et de mieux en mieux, les futurs entrepreneurs ruraux de demain.
(1)
Colloque de Yamoussoukro, Recherche, vulgarisation et développement en Afrique Noire,
FOVAL COOP, Ministère de la Coopération française, Textes rassemblés et présentés par
Guy BELLONCLE, Paris, 1987, Ed, La Documentation française, page 4 L
196

L'installation
de jeunes
agriculteurs
n'est
pas une
préoccupation
nouvelle et, comme l'exprime Rémi MANGEAR, flle développement .... n'est
jamais fini (1 )."
En effet, de nombreux pays africains ont tenté diverses expériences
depuis les indépendances. Cependant, d'une manière générale, ces tentatives
n'ont pas obtenu les résultats escomptés. Mais si le projet PSTP enregistre
quelques succès sur le terrain, c'est que ses structures quelque peu bénéfiques
pour les jeunes installés, s'attaquent également aux problèmes des paysans.
Aujourd'hui,
il faut bien reconnaître que le caractère archaïque de
l' outiIJage agricole lui-même n'incite guère les jeunes instmits à travaiIJer la
terre d'une manière plus fmctueuse(2). Or, comme on peut le constater, ces
jeunes semblent aller à la recherche d'une opportunit é comme en témoignent
les départs massifs des jeunes vers les villes. Une agIiculture modeme sur des
bases technico-é conomiques différentes des bases traditionnelles peut répondre
à cette opportunité.
En effet, le PSTP aurait pu montrer aux jeunes que le travail de la telTe,
s'il s'effectue avec des techniques culturales modemes, est une solution qui
pennet de vivre, d'assurer sa subsistance et même d'avoir un revenu à la
hauteur de ses aspirations si les conditions d'installation étaient plus humaines.
Cette politique d'installation
de jeunes agriculteurs
devrait réussir plus
épatemment
parce
qu'elle
s'intègre
dans
une
politique
globale
de
développement et de modemisation du monde rural. Elle pel111et notamment :
(1)
Rémi MANGEAR, Paysans africains, Ed. l'Hannattan, Paris, année 1984, p. 5.
(2)
Jean-Marc Ela, l'Afrique des villages, Ed. Karthala, Paris, année 1982, page 123.
197

De lutter contre l'exode rural
De lutter contre le chômage des jeunes
D'augmenter la production agricole
De lutter contre le vieillissement du milieu rural
D'avoir des jeunes scolarisés plus aptes à recevoir le "message"
des structures de développement.
Pour que les jeunes installés puissent continuer à dynamiser les milieux
ruraux et à influer sur leur développement comme ils l'ont fait jusqu'ici, il faut
qu'ils soient soutenus. En effet, la fragilité de l'exploitation agricole pendant
les premières années impose une gestion comptable rigoureuse qui pennet en
particulier de faire des prévisions de recettes et de dépenses. La nécessité
d'une fonnation renouvel ée ou d'un encadrement continu en gestion se relève
indispensable au moins pendant les quatre premières années d'installation.
Par ailleurs, on ne pourra éviter que certaines années, par suite de
sécheresse ou maladies de certaines cultures, les rendements
ne soient
inférieurs à ceux que le jeune a prévus. Il aura alors des difficult és à
rembourser ses emprunts et il n'en sera pas responsable. Pour faire face à ces
éventualité s, il est souhaitable que les autorité s locales mettent en place soit
un
fonds
national
d'indemnisation
des
calamité s aglicoles,
destiné
à
rembourser au Crédit Agricole la dette qu'il ne peut recouvrer par suite de cas
de force majeure (ceci doit être apprécié par une commission d'administration)
soit un système d'assurance ayant le même objectif.
D'autre part, concemant celiains paysans traditionnels qui n'ont pas la
possibilité matéIielle d'acqu érir le nécessaire pour la culture attel ée à laquelle
ils aspirent, les pouvoirs publics peuvent étudier les conditions leur pennettant
198

d'accéder au crédit à moyen ou à long tenne. Cette initiative, pennettra, si elle
est adoptée, de substituer progressivement
dans les milieux mraux,
les
techniques de travail mdimentaires aux techniques modemes utilisées par les
jeunes installé s.
]99

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solutions nouvelles".
Tradition culturelle et modè les étrangers.
GISEPPE Vozza
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202

TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS
1
INTRODUCTION
2
PREMIERE
PARTIE
8
CHAPITRE 1 : CADRES
CONCEPTUELS
9
A. SÉLECTION DU PROJET DE RECHERCHE
9
B. ENONCE DU PROBLEME
12
C. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE . . . . . . . . . . . . . . . . ..
15
a) Finalité d'ordre pratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
15
b) Objectifs du développement
15
c) Objectifs immédiats
. . . . . . . . . . . . . . . ..
16
D. FINALITÉ HEURISTIQUE
17
E. REVUE DE LA LITTÉRATURE
18
a)
Connaissance
sociologique
et
projets
de
développement
"
18
a.1
Les projets de développement comme champ
d'exercice du sociologue.
19
a.2
Les
points
d'entrée
de
la
connaissance
sociologique
dans
les
projets
de
développement.
21
a.3
Méthodologies d'action sociale
23
a.4
Les nouvelles perspectives de recherche
"
26
a.5
L'institutionnalisation
de
la sociologie
du
développement
27
b) La résistance au changement . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
28
F. SCIENCES SOCIALES ET DÉVELOPPEMENT
32
a)
Rôle des sciences sociales au sein des projets de
développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
38
b)
Les logiques des projets
39
c)
Les logiques paysannes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
40
CHAPITRE II : CADRE DE LA RECHERCHE
43
A. PRESENTATION DU TERRAIN D"ETUDE
43
a) Le secteur vivrier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
44
b)
Mobilité géographique de la population
45
203

c)
Les REGIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
46
c.1
La Région Maritime
,
46
c.2
La Région des Plateaux
48
c.3
La region centrale
50
cA
La region de la kara . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
52
c.5
La region des savanes
55
DEUXIEME PARTIE: PRESENTATION DU PROJET D'ETUDE
- LES PROGRAMMES SPECIAUX DE TRAVAUX PUBLICS
LE PROJET ET SES REALISATIONS
57
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DU PROJET
58
A.
LES
PROGRAMMES
SPECIAUX
DE
TRAVAUX
PUBLICS A HAUTE INTENSITE DE MAIN-D'OEUVRE
PRINCIPE ET APPLICATION AU TOGO
58
a)
Vers la jeunesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
58
b)
En milieu rural
59
B. HISTORIQUE DU PROJET
61
a)
Avant le PSTP/JEUNES RURAUX
61
b)
Le PSTP/JEUNES RURAUX
62
C.
FINANCEMENT. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
64
D.
CADRE INSTITUTIONNEL
65
E.
ACTIVITES ET PRODUlTS DU PROJET
66
a)
Considérations générales . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
66
b)
LES ACTIVITES DU PROJET
67
b1. Appui technique
67
b.2
Investissement et exécution proprement dite
des travaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
69
c)
Les produits du projet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
70
c.1
Produit
d'appui
technique
:
principes
et
méthode d'installation des jeunes a des postes
de production agricole
70
d)
Critères de choix des terrains pour l'installation des
Jeunes
,
71
d.l
L ' e a u . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
71
d.2
Disponibilité fonei ère du terrain
71
B. LES PRODUITS DU PROJET EN MATIÈRE D'EMPLOIS
74
a)
Emplois temporaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
74
b)
Emplois induits
75
b.l
Main
d' oeune
agricole
d'appui
panni
la
population d'accueil des jeunes.
76
204

b.2
Main d'oeuvre pour la fabrication des outils.
.
77
b.3
Autres produits dont bénéficie la population
d'accueil des jeunes.
77
TROISIEME PARTIE: METHODOLOGIE,
PRESENTATION DES
RESULTATS
ET
ANALYSES
DES
DONNEES
DE
L'ENQUETE
78
CHAPITRE 1
79
A - METHODOLOGIE DE L'ENQUETE
79
1 - LES JEUNES INSTALLES .. . . . . . . . . . . . . . . . . ..
79
II - LES PAYSANS VOISINS DES SITES
81
ru
Justification du choix des villages proches des sites
des jeunes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . "
81
IV
Sélection et justification des variables . . . . . . . . . ..
82
a - Variable Sexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
82
b - Variable âge . . . . . . . . . . . . . . . . . -;-.. . . . . . .,
83
V
Justification du choix et de la taille de l'échantillon .
84
PRESENTATION DES RESULTATS ET ANALYSES
DES DONNEES DE L'ENQUETE
90
LES JEUNES INSTALLES PAR LE PROJET
SUR LES SITES DE PRODUCTION AGRICOLE
91
1 - L~âge des jeunes ruraux installés par le projet
,
92
2 - Situation matrimoniale
93
3 - Typologie des ménages.
93
4 - Nombre d'enfants par jeune installé
"
96
5 - Age et scolarité des enfants des jeunes installé s
97
6 - Le niveau d'instruction des jeunes installé s
"
98
7 - Origines sociales des Jeunes
. . . . . . . . . . . ..
99
8 - Répartition des jeunes selon les lieux d'installation
... 100
C -
INTERPRETATION
DES
RESULTATS
D'ENQUETE
AUPRES DES JEUNES
134
LES PAYSANS VOISINS DES SITES D'INSTALLATION
DES JEUNES
140
Justification de l'intérêt du projet pour les paysans
146
1
Influence du projet PSTP et réalisation concrètes des
paysans proches des sites dans les milieux ruraux
.. 157
205

CHAPITRE II : MESURE DES EFFETS ET EVALUATION
DE L'IMPACT DU PROJET PSTP............................
168
1 - MESURE DES EFFETS
168
2 - ANALYSE DE L'IMPACT
169
a -
Les changements apporté s en milieu rural . . . . . . . . 171
b -
Conditions défavorables
172
C -
Changements
favorables
sur
le
plan
socio-
économique
173
3 -
ATTITUDES
OU REACTIONS
DES POPULATIONS
BENEFICIAIRES FACE AUX ACTIONS DU PROJET EN
COURS DE REALISATION
174
4 -
PARTICIPATION DU GROUPE-CIBLE
176
5 -
L'AVENIR DU PROJET ET SUGGESTIONS
180
CONCLUSION GENERALE
189
BIBLIOGRAPHIE DES AUTEURS CITES
200
206