IN$TITUT
DE
GEOGRAPHIE
UNIVERSITE PARIS VII

;:
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Th,.
Th, . . . 3"'i~èl.
Hubert M.. ADDRA

A~ M. Pierre MICHEL
Professeur à l'Université d. Dakar
qu{ a guidé nos premiers pee sur
le chemin de la recherche.
1
J


- 1 -
Nous sommee redevable à plusieurs personnes et organismes sans
lesquels ce travail n'a~rait PU Ot~e fa;t • . Nous pensDns en particu14,r
à Madame DRMIERE, Directrice du B.C.E~D.M.* qui nous a aimablement ou-
vert sa biblioth~que, au Directeur du Port de Cotonou, eu Centre DRSTDM
et au Service des POches de la m@me ville qui nous ont fourni des reneei-
gnements très utiles.
Notre Directeur de recherches, M. le Profeseeur GabriU RCiilJ'.iERIE
a pu,
. .10~é
.
sea multiples préoccupations, nous consacrer de pré-
de
cieuses minutes .1~~discuter nos problàmee, noue lui en sommes sincère-
Ment ~econnaiesant.
Notre gratitude va également ~ M. F. VERGER, qui nous
e aidé de ses nomb~eu~ coneeils.
Enfilt. que toue ceux !:lui d'une manière ou d'une autre, ont colla-
beré à ce travail, t~uv&nt ici llex~re8sion de notre vive roconnaiesençp.~
\\
* Bu%eau Centrel cl'·'E'tudes pour l'Equipement dl Outre-Mer.
,

- 2 -
l N T R 0 DUC T ION
A. - OBJEt nE 4'ETUDE
Les lagunes intertropicales sont connues, depuis longtemps, pour
leurs fortes concentrations humaines. En Afrique de l'Ouest et plus spé-
cialement au Dahomey, il existe une civilisation lagunaire "qui vit" sur
l'eau, et qui en tire la majeure partie de ses ressources. Las concentra-
tions humaines sur les 'r~nges littorales depuis la Cete d'Ivoire jusqu'au
Nigêrie en passant par le Ghana, le Togo et le Dahomey, ont été un des
principaux atouts de l'essor des villes post-coloniales sur cordons.
Au Dahomey. le littoral est longé par dee lagunes, certaines ce-
tièrss, dont l'assèchement prOôressif laisse des mareis comme à Grand-
Popo, Ouidah ete., d'autres inté~ieures; les plus grandes, le lac Ahémé
et le lac Nokoué. Les étendues l~gu"aires au total assez importantes,
sont réputées pour leurs eaUX très poissonneuses, plus poiseonneuses que
la Mer adjacente qui attire d'ailleur~ $Cins de p8cheura. Comme le Cln.
firme P. Péli.eie~, la reve~u du p8cheur est de 10in1e plus éleué du
peyoennat dahoméen, reven~ qui le classe parmi les privilégiés du peya.
Ce privilège ae traduit dans l'aspect des villages lacustres, par da.
Maison8 en dur, des pil~l8 an
en béton, des to!turès en tale. etc ••• ,
Cepe~dant plus impcrta"t est le rele .e.i••
.e.i
6.onomi~ue que jou, cette
ptcha, en raison de. milliers de perso"~es qui B" font leur unique èeti-
vité.
Ju.qu1ê une date ~éeente donc, le poissa" dahoméen, réputé, tant
par sa qualité que par 8B quantité était à l'origine de l'indéniable
;roepérité des riverains et suffisait à la co.sommation intérieure sans
qu'on ait besoin dlen importer. Au contraire de grandes quantités étaient
exportées, Cette prospérité expliquent les pfteheurs eux-m6mes, était dos,
aU~ ~changes inte~mittants d'eau entre la mer et le lac par le chanal
•••1•••



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- 3 -
de Cotonou. Or, depuis une dizaine dlannées d'ouverture permanente du che-
nAl (,;onsécutive à le construction de la jetée à quelques centaines de
mètres du débouché lagunaire), la pOche s'est progressivement dégradée.
Parallèlement, le poisson devenu rare, le mode de vie des riverains s'en
est ressenti; appauvrissement suivi d'émigration en masse dépeuplent les
rivages, lagunaires, naguère véritables "oasis" de prospérité.
Le moment est venu semble-t-il,
semhle-t-il, à la suite des tentatives du
CentIB Technique Forestier Tropical, d'analyser les conséquences physi-
qUBs et humaines qui découlent de ces dix premières années de pénétration
de l'eau de mer dans le lac. C'est dans cette optique que, après une
rapide mise en place du cadre physique, nous examinerons les trois par-
tiss dè ce travail.
- Le "milieu" avant l'ouverilare du chenal, le terme milieu étant
pris au sens le plus large.
- La construction de la jetée et lee condquencee morpholggiques
et biogéogra~hiques qui en résultent.
- Les remèdes et les conséquences prévisibt.s ~ long terme.

B. - LIMITES DE L'E~UDE
Il est difficile de délimiter le domaine lagunaire sans lm car-
tain arbitraire. Le limiter aux étendu.s d'eaux lib1'eB serlilit une ar-,

reur ear leur su,erficie instable change en fonction de t'l'importance .ht
l'autn.
la crue, laquelle varie dll;na enn6e l-l
On ne
ssurait non plus . ' ...
tenir uniquement au facteur ealinité - la plus importante des manifea-
tations dee influence. marines - car celle-ci fluctua également. Nous
avons tenu compte dee deux critères. DJailleurs la zone lagunaire con-
natt plusieurs limites naturelles t à l'Ouest et à l'E.t, les deux pla-
teaux d'Allada et de Sakété au Sud desquels elle est encastrée 1 nous
arrttons la limite septentrionale au parallèle 6°30' Nord qui correspond
•..1•..

- 4 -
à la latitude de Gbodjé dans la vallée, et à celle de Diégonkpévi, situé
à une dizaine de km.
au Nord de Porto-Novo. Au Sud nous descendons jUG-
~ujau p~rallèlè 6°2bl, limite géographi~ua plus préoise, bien que se
trouvant en mer, à 1 km. environ des cetes cbtonoises.
Ainsi délimité, notre domaine est compris entre les parallèles
6°20' et 6°30' Nord et les méridiens 2°20 et 2°35 Est.
METHODE
DE
TRAVAIL
Le port fut ouvert au trafic en 1962, mais en ce qui nousconcer-
ne, c'est au début de 1961, qu'il ~ous faut remonter. En effet, c'est
dans le courant de cette année qui a vu la construction de la majeure
partie de la jetée, que pràs de la moitié des conséquences actuelles -
ont débuU.
Ces modifications attestées par trois séries de missions aérien-
nee faites la mIme année au fur et à mesure de l'évolution de la jetée,
fu~e"t ~apides, catastrophiques : tout le cordon au Sud du village Pope,
prês du chenal, était enlevé. N'était l'épi de protection, tout ce sec-
teur de Cotonou ne serait plus qu'un souvenir.
Notre travail revient donc, à rel: O.)ter à du années dans le temps,
pour mesurer l'évolution de la zone lagunaire et du littoral et, partant,
eesayer de prévoir l'évolution future.
Des études assez dispersées somme touts, avaient été faites avant
et après la construction du port. Mais, fragmentaires, elles étaient en
outre orientées en fonction des buts poursuivis. Entre autres citons
l'Ass8inissement de la ville de Cotonou, la construction du port de
B~nin, les ouvrages de franchissement de la lagune de Cotonou etc •••
En plus de ces documents, nous avons disposé a
- des études du Centre Technique Forestier Tropical (C.T.f.T.)
études faites à le demande du Gouvernement Dahoméen, devant la dégradation
••I.fi ••
j

..
de la production piscicole et les conséquences socio-économiques qu'elle
entraine •
• des études de 1IO.R.S.T.D.M. et de la Mission d'Etude pour
l'Aménagemènt Hydro-Agricol~ de la vallé$ de lIDu~mé.
Nous avons également consulté des photographies aériennes, notam-
ment de la zone littorale, prises chaque année depuis 1961. Nous avons
m6me eu l'avantage, pendant que nous étions sur notre terrain d'étude,
de voir s'y dérouler une mission aérienne en novembre 1970, mi$aion dont
nous obtenions le8 photos quelques semaines après.
Cependant, nous ne nous sommes pas limité : aux documents. Nous
avons passé six mois sur le terrain, d'AoOt 1970 à janvier 1971. Malhe~~
reusement catte période ne nous a permis de voir qu'un seul aspect de
la zone lagunaire. En effet, de mai-juin jusqu'en novembre la crue
s'installe et ne commence à se résorber qu'à partir de mi-novembre. C'est
donc seulement un milieu lagunaire en crue que nous avons vu durant le.
plus clair ci~ notre temps. Toutefois, notre expérience dG riverain, nous
a p.xmis de cerner d'assez près la réalité.
Pour l'êtud. du littoral, outre le8 documente précités, nous ~hs
prêlevé des échantillons de l'ancienne plage et de le plage eubactuelle
afin de ~e8urer l'extension, jusqu'au moment de notre passage, de l'ac-
eumulation sableuse derrière la jetée. Celle-ci - la jetée - s'êtire
sur près de 900 m sur le plateau continental et nous a donc permis, à
Cotonou comme ~ Lomé d'observer différents facteurs hydrologiques, la
barre, la dérive littorale, la réflexion et la diffraction des vaguee,
seo •••
L'étude du débouché lagunaire nous a été facilité~ p~r les prévi-
sions de merêe, que le Commandant du Port de Cotonou a bien voulu nous
donner. De longues promenades sur la plage, nous ont permis da découvrir
quantité de faits nouveaux que la photographie aérienne a confirmés par
la suite et qui ne figuraient pas sur la carte topographique de la ville,.
ville,
.../
... ...

- 6 -
Nos observations ont égnlement porté sur les deux façades de le
jetée. Celle-ci présente en effet les caractéristiques d'une cOte rocheu-
se, les deux façades étant, l'une battue, l'autre abritée des vagues.
Par ailleurs, la comparaison des deux biotopes juxtaposés (cOtes rocheu-
ses" représentées par la jetée, et cOtes sabl€uses)
est dlun haut intérêt.
En ce qui concerne les étendues lagunaires, nous aVons effectué,
plusieurs croisières sur le lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo. Les
itinéraires sont portés sur la carte {fig.2)
deux croisières depuis
l'embouchure (village Papa) jusqut~ Zogbo (Sud du lac) et Yénewa (S.E.)
en passant par le Centre du lac ; une, d'Abomey Calavi à Ouédo Gbadji
(Nord du Lac) via Ganvié et Centre Lac. Une quatrième sur la lagune de
Porto-Nova, du port à llentrée du ea~al du Totché ; enfin, une cinquième,
que nous devons à l'obligeance de M. le Directeur du Service des peches,
qui a mie à notre disposition une barque motorisée et nous a ainsi per-
mis de sillonner toute l'étendue lagunaire, et de contreler une dernière
fois nos observations.
Durant ces sorties nous étions équipé chaque fois - d'un dragueur,
de notre fabrication. Il s'agit d'une tige de fer à béton de 5 m, graduée
et soudêe par une extrémité à un
panier de forme conique (avec tamis à mailles très serrées). L'appareil
sert è la fois à prélever des sédiments du fond et à mesurer la profon-
de ur de celui-ci.
- dtune corde de 12 m lestée par un poids de 5 kg. pour mes~~er êventuel-
lament les profondeurs importantes. D'ailleurs, la perche (en bambou) qui
nous sert à conduire notre pirogue, nous permet d'évaluer approximativement
•.•1•.•

~ 7 -
là profondeur et en même tem~s de savoir avec certitude si nous touchons
un !ond vsscu~ ou ~ableu~,
- des bouteilles de 33 cl. pour les prélèvements d'eau
- d'une tarière pour les sondages;
- de petits sacs en plastique pour l'herborisation
- la feuille de prévision des marées de la journée qui nous permet de
suivre l'évolution de la marée, etc •••
Le lendemain les prélèvements étaient portés au Laboratoire de
Pédologie de l'ORSTOM en ce qui concerne la vase et Laboratoire d'Hydro-
biologie du Service des P@ches en ce qui concerne l'eau.
La direction des vents, indispensable pour la conduite de notre
pirogue e~ pour suivre l'évolution des conditions hydrologiques, nous
esi donnée par une méthode rudimentaire, faute d'instrument approprié
une mince bande de papier carbone attachée à l'extrémité d'un b8tonnet
et
qu'on élèvB à bout de bras lune boussole pour le répérage.
Il nous a manqué égalE.ment un disque de Secchi que nous n' 8JOnS
pu obtenir au Service d'Hydrobiologie, de là nos mesures peu précises
s{Jr la transparence des eauX.
j

- 8 -
~ITRE
PRELEMINAIRE
"Tout Btre vivant et toute collectivité
d'êtres vivants, peuplement végétal ou
peuplement animal, subissent l'influen-
ce du milieu dans lequel ils sont placés
et agissent sur ce milieu en exerçant
sur lui une action transformatrice ~
plus ou moins long terme".
PRESENTATION DU MILIEU LAGUNAIRE
Nous ne définissons pas ici toutes les implications écologiques
que comporte le terme "milieu". La première image qui vient ~ l'esprit
quand on parle de "milieu lagunaire" est celle d'un système lagunaire,
d'un ensemble de régions affectées par les pulsations sBisonniàres de
la lagune. Ainsi compris, notre ~ilieu lagunaire ne se limite pas à la
"sppe d'eau ; il va plus loin car il déborde du cadre continental pour
empiéter légèrement sur le domaine ~eéanique. Il n'est pas exagéré de le
prolonger jURqu'aux alentours du port où les facteurs hydrologiques estu-
ariens jouent un rale déterminant dans l'évolution du medèl' littorsl.
ctest pourquoi pour @tre complet, nous y inclurons le littoral voisin (1).
Aussi est.il indispensable, dès le départ, de définir les compo-
santa du milieu lagunaire.
(1) Il serait dt ailleurs peU'" 'trutilfUé., du fait de l'interaction des deux
masses liquides, océanique et continentale et de leur proximité, d'aban-
donner le littoral.
....
. / ...

- 9 -
A. - kE5 COMPOSANTS DU MILIEU LAGUNAIRE
Le milieu lagunaire englobe
- le s~stème lagunaire (1)
- le chenal (1)
- le littoral proche
1°. Le systême lagunaire qui comprend le lac Nokoué et la lagune de
Porto-Novo, réunis par le canal du Totché, est une survivançe des rias
quaternaires qui échancrèrent toute la cete occidentale d'Afrique. Riascomblé3s
actuellement séparées de l'Océan, à la faveur de la dernière régression
marine, par d'interminables et épeia cordons littoraUx.
Autrefois près de deux fois plus grand qu'aujourd'hui, l'ensemble
lac Nokoué-lsgune de Porto-Nova était une vaste nappe d'eau qui s'éten-
dait bssucoup plus au Nord et à l'Est. De nos jours la superficie ini-
tiale du système lagunaire n'est atteinte que pendant lea rares crues
décennales aui inondent près de 45 000 ha. de la zone deltaIque.
L'origine de ce delta est Bssentiellement liée aux ~ormaticns
meublas sablo-argileuses du bas Dahomey, que le fleuve Ouémé traverse
aprèe avoir balayé près de 50 000 km2 d'un bassin ~ersant imperméable
fait de roches granito-gneissiques. L'Ouémé, dans Bon cours moyen,
supérieur à 5 %,
très encaissé et dévalant une pente
1
débouche sur le plateau
subho~izontal sabla-argileux
,/
dans lequel "9
f creuse, divague, créant
5
f creuse, divague,
5
de nombreux défluents qui recoupent ceux de la Se,:.'rivière voisine •••
(1) Pour éviter des confusions durant toute la suite de l'exposé, nous
utiliserons les termes suivants t
- L6iUNE pour désigner la lagune de Porto-Novo bien que le lac Nokoué
soit aussi en réalité une lagune. Nous conservons au lac Nokoué l'appela-
tion de lac qui est du reste déjà largement usitée.
- CHEr:aL pour désigner la "lagune de Cotonou" car il s'agit effectivement
d'un chenal relativement récent, creusé dans le cordon entre le lac Nokoué
et l'Océan ; le terme lag.une est impropre ici.
•••1.,. .
1

- 1D -
Tout indique que le lac Nokoué et la lagune de Porto-Nova formaiGnt
à l'origine la m~me unité lagunaire que l'avancée progressive du delta dt,
l'Ouémé a séparée en deux parties fort inégales~ .
zao Le Chanal deuxième élément du milieu lagunaire joue un rôle fonda-
menta1. A quand remonte son existence qui a appbtt~ et continue dlepporter
un changement décisif dans l'écologie du lac?
Des documents historiques montrent que ce chenal, s'il nlest p~s
aussi vieux que le lac, est en tout cas antérieur à 1885, date à laquelle
l'Abbé Piarre Bouche relate dans ses récits de voyage au Dahomey ceci
"Un coup d'oeil jeté sur la carte nous montre le l'ivage formant une di-
gue aux eaux de l'intérieur at ne leur laissant que trois issues t'l'une
située à l'est de Grand Popo, la seconde à Lagos, la troisième à Léké.
~es légendes et les chants populaires du Dahomev supposent qu'il en exis-
tait Mne autre jadis à Kotonou". Et, plus loin, relatant une traversée
pa% le Lac de Porto-Nova à :iGodomey (situé à une· ·dizaine de km. à l t ouest
de Cotonou au SW du lac, il ajoute: "vers le Sud Ouest,lai.sant AfotoroCl
à notre gauche et Ahouansoli à droite, nOU"8 i~o~t'i'riô(Js im9ager pans le cC'-
nal gui Qonduit à Kotonou. Le r'Jokoué communiqua.nt au~efqis avec l'océan
pa~ un canal qui n'existe plus mais dont les lNiiQ.è.ne'é conservent le sou-
veni% dens leurs récits et dans leurs chants. Aujourd' hui--ebtendez en
U!~, -il en est séparé par une bande de terrain large .Bv1~nldB 9'''9-_oU
~ peni' mètres. C'est la plage de Kotonou point de débarquement pour
les ma~ahandises destinées à Porto-Novo et à Agbomé-Calavi". Il est donc
elair q~er contrairement à l'hypothèse de M. Pélissier (1) le chenal
(1) Hypothèse lelon laquelle le chenal serait récent:
" ••• Il n'en est plus de m8me depuis quelques décennies, c'est-à-dire depu~s
qu'une brèche, le chenal de Cotonou coupe perpendiculairement le cordon lit-
tc~alH plus loin, page 150, il continue "l'évènement décisif représenté par
l'ouvert~re du chenal de Cotonou, se situe autour de 1895, c'est-à-dire qu'i:
est à peu près contemporain de l'occupation française".
Notons toutefois que M. Pelissier a souhaité que "sa reconstitution suscite
l'intér8t de ses collègues historiens et provoque de leur part critiques ou
.confirmation". C'est d'ailleurs cette exhortation qui nous a encoure~é à
nous pencher sur cet aspect qui, en réalité, n'est pas notre objet •
•..1 ...
1

- 11 -
existait depuis longtemps, même slil nia drainé que pendant un moment les
eaux lagunaires vers la mer. 600 m de cordon qui le séparent de la mer
pn
1865, cela signifie que le débouché siest refermé depuis bitn longtemps,
un ou deux siècles auparavant peut-être 1 Et il n'était resté du chenal
que la partie amont allant du pont actuel au lac et vraielablablement la
partie topographiquement la plus basse du chenal, c'est-à-dire les vil12-
ges riveraine Dédokpo et Djidjé au lac, villages dont la cete, la végé~
tation et le subetrat vaseux ressemblent en tous points à ceux dBs rivee
du lac. En tout état de cause, pourtant, ce chenal n'est pas naturel 1
il fut creusé artificiellement ; mais par qui 7 C'est là que réside l'énig-
me. Cotonou était pratiquement inhabité à l'époque. ~eut-8tre s'agit-il
des premiers voyageurs portugais cherehant à relier Cotonou ~ Porto-Novo
Porto-Nova
par le lac ?
Cependant des arguments morphologiques militent plutt!lt en faveur
de lB jeunesse du chenal .. Notons, entre autres, la présence è l'entrée,
dl une TIli.Jltituàe cl' !lots dont la configuration (voir tarte) ind:i;q~e Wen'
qu'ils viennent d'3tre séparés des rives avoisinantes r mieux la profon-
deur pe(J importante (Om50 aU plus) de la petite étendue d'eau qui sépere
cetta poulS.ière d'tlots de la rive-mère et qu'on traverse à gué. Dlal,Jtre
part, l'entrée assez étroite
du chenal, su ~gard à l'époque ~
laquelle ce dernier a été ouvert, convainc_ peu. Paut-8tre faut-il attri-
buer ces critères morphologiques au fait que le chenal est, en réalité
rest6 ouvert pendant quelques années seulement, qulil siest vite refermé
et nIe plus été
rouvert pendant longtemps. Aussi est-il devenue une sorte
.,e.1e,••
1

- 12 -
de diverticule où vienneht s8 déposer les sédiments de l'Ouémé (1). Ajou-
tons O~outeT'bis à il F.;tif de l'ancienneté du chenal; le colmatage~:htt!t.~8
qui s'est effectué après le passage de l'Abbé, puisque les villages
Ahouansoli et Afotonou signalés comme étant sur pilotis reposent actual-
lement sur des sédiments vaseux d'une puissance considérable, sur les rives
sud W du lac: "Afotonou et Ahouansoli sont battis au milieu de l'eau
nous dit l'abbé Bouche, à la partie méridionale du Nokoué, non loin du
canal de Kotonu ••• On est d'abord surpris de voir des villages entiers
établis sur pilotis au milieu du lac". C'est ici que l'hypothèse de
l'antécédence (2), selon M. Pélissier, des villages lacustres se trouve
infirmée. Sans doute les villages sur pilotis du nord du lac Nokoué
(Ganvié, 50 Tchanhoué, 50 Zounko, ete~ •• ) se sont-ils installés avant
la Ptransgression lacustre". Mais ceux du sud ne précèdent nu~lement la
mise en place du lac. Lisons plutet l'abbé Bouche : "Pourquoi ces nègres
ne préfèrent-ils pas des habitations solides sur la terre ferme ~ leur
"todjis J
"todjis (3LL!hietoire du pays nous apprend que les habitants de ces vil-
lagee ont cherché là un refuge. Lorsque Guadja-Trondo conquit en 1743 le
royaume d'Ardres et de Jacquin~ les Jacquinois qui purent sl~nfuir sur
leurs pi?ogues résolurent de s'établir au milieu de l'eau afin d'éviter
lee poursuites du roi du Dahomey (roi d'Abomey) qu'ils appellent dans
(1) Cu bien dans l'esprit de ses promoteurs, le chenal qui devrait leur
pe»mettre d'utiliser la voie dteau sans solution de continuité de la mer
à la lagu"e de Porto-Nova par le lac a-t-il ~té par la suite abandonné
par ce que l'entreprise comportait trop de dangers, en raison de la barre,
ete ••• Tout laisse croire que le percement du chenal (la forme du chenal
et le choi~ judicieu~
judicieux de l'emplacement) est due aux portugais voulant
pénétrer, eomme ils llontfait
ailleurs, à l'intérieur du pays avec leur
bâtealJ.
(2) antéeédence par ~epport à la mise en place du lac.
(3 )
.
todjis1 habitation sur la l~gune (to
todjis1 habitation sur la l~gune
rivière, dji
sur) •
* A%dree et Jacquin, nom donné a\\,l roysume d'allada par les Portugais.
•••1
••• •••

- 13 -
leur làhgage imagé "kini kini ll
kini
le lion. Il faut savoir que le vaudou défend
au roi de traverser l'eau pour guerroyer. C'est pourquoi les fondateurs
d'Ahouansoli et d'Afotonou se réfugièrent au milieu du lac."
Véritable conduit de "vases commuMicants", le chenal unit deux
milieux hydrologiques différents, l'ocÂan et le l~c. Quand et pourquoi
a-t-il été prolongé jusqu'à la mer à travers les 600 m dg .able qui bou-
chaient la pesse ? Il est diffic~le de dire le date exacte à laquelle le
prolongement est intervenu. Ce qui est certain c'est,ainsi que le signale
M. Pélissier, l'occupation humaine des berges du chenal, ocoupation consé-
cutive à l'urbanisation de la ville de Cotonou, qui explique lee ouvertu-
res fréquentes de la passe. Car, les habitants de Cotonou ouvrent le pasoe
dès qu'ils sont menacés en saison des pluies, par les crues de l'Ouémé. Il
est probable que la reconstitution de M. Pélissier, selon laquelle "l'ouver-
ture du chenal se situe autour
de 1895" concerne la "2e ouverture" après
la longue période de fermeture qui suit l ' intsrvantion port~aba et qui a
permis le dépôt dec::es'te quantité considérable de sable au débouché.
Il s'agit donc d'un Cas assez rare en Afrique,où un lac da cett~
aMplBU~ eommunique avec la mer. Le chenal à ce titre joue le reIs d'setu-
aire OiJ pe8sent les courants de marées. Il joue en outre le reIs de oenali-
satie" peur les vents car il y a dans le chenal comme un appel d-air, ou,
en toutll:Bs,des conditions an~mométriques particulières, diffé:rentes
par leur intensité, de celles qui règnent sur le lac. Les vents assez
forts dont nous n r avons pal!! pu mesurer la force accompagnent t1.
t1 . et ju-
sant et semblent se comprimer dans l'étroit chenal pour s'épanouir sur
l'tMMeneitédu lac.
3·. Le littoral. Troisième élément I!IIt non dee moindx-es. le littoratl
participe ausei du milieu lagunaire. L'interaction des deux prots9Qfliet.Bs,
lac et mer avec toutes les conséquences qui en rés~ltent, ne concerne ~as
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- 14 -
seulement la zone praprem~nt lagunaire 1 le littoral aussl subit les réper-
eussions qui se tradc_sent par des déformations appréciables. Ainsi, de~uis
la période d'auvert~reeintermittentesdu chanal jusqu'en 1960 où est instal-
lé l'épi Ouest (fig. 3) qui arr@te, la progression de l'embouchure vers
l'ouest, celle-ci s'est déplacée de 1 km 500 vers l'est. Certes il ne 5'a-
git pas d'un déplacement radical comme c'est souvent le cas sur le8 c8tes
africaines (1) (Sénégal, Cate d'Ivoire, etc ••• ) cependant la flèche de sa~
ble a progressivement barré l'exutoire initial de l'est vers l'ouest comme
en témoigne le diverticule étiré sur plus d'un km. au droit du débouché et
qu'emplit en période de crue le trop plein du chenal (fig. 3).
Les trois éléments, système lagunaire, cordons et chenal consti-
tuent par leur interdépendance, "le milieu. lagunaire" qui fait l'objet de
notre analyse. Cependant la liaison cordon lagune est davantage mise en
évidence par l'étude,géomorphologique,de la g~nèae et de l'évolution de
l'ensemble.
B. - G~NESE ET EVOLUTION DU MILIEU LAGUNAIRE
Le système lagunaire du BaswDahomey n'échappe pas au schéma général
de la Gentee des lagunes. Mais la mise en place et l'évolution présentent
des particularités du fait de l"xistence du vaste delta de l'Ouémé et de
l'extension périodique des lagunes.
En effet, aujourd'hui le colmatage a considérablement réduit la
superficie actuelle de l'ensemble lagunaire. De nombreuses observationsmon-
trent, en effet, que non seulement la rive nord notamment toute la rligian
des Aguégués jusqu'à la latitude de Gbodjè - é~ait part~intégr~nte de
C1' En Cete d'Ivoire l'embouchure de la Kamaé sIest déplacée de 11 km vers
l'est en l'espace de 55. Au Sénégal déplacement de llembouchure du fleuve
Sénégal sur une longue distance.
, ••1 •••
J

- 15 -
la lagune, mais aussi les cordons à l'est de Cotonou. Seules, à l'est du
cheNal, une bande de cordon de 2 km. à 2 km 500 et, à l'ouest, une bande
plUs r~duite de 1 km enviroh de large ont écha~pé à la transgression la~
custre.
L'observation attentive de photographiee aériennes révèle, en effet
Au S.E. au milieu de zones marécageuses périodiquement inondées et
d'altitude + 1; des bancs parall~les de sable très blanc, nettement plus
élevés (altitude supérieure à 5 m en général). Ces dépete sableux commu-
niquent avec les marais qui l'entourent par des pentes très douces. Ce
Bchéma comparable à celui du complexe c6tier étudié parMe GU1.LCHER·d~ns le
Bas Dahomey occidental, en diffère cependant par le fait qu'ici au lieu
.'un fleuve, c'est le lac qui déborde, gonflé par les crues catastrophi-
ques de l'Ouémé.
Les bancs de sable exondés d~ d!rection<)'Lteet-eat
directionOLteet-eat (fig. 4 d) carres'·'
pendent
aux dunes littorales que séparent des dépreasior'lâ
interdunairc:..
Comment le système lagunaire a...t-il pu envahir les cordons au pair''!::
de les déchiqueter en une multitude d' tlota ?
Ce phénomène eet facile à expliquer lorsqu'on remonte /!lU quater-
na ire , en particulier aux oscillations climatiques d. l'Holocène (1) (f1g.4).
Après la mise en place des cordons, qui s'est échelorinée de 4 000
li 1800 IP, c'est-à-dire après la régression qui suit le maximum de la trans-
gre.aion flandrienne (5 500 HP) une courte période humide carectêrisée par
deB pluies inhabituelles, gonfle les cours d'eau dans toute la zone équa-
toriale et subéquatoriale, et provoque des inondations. La Volta, le Mono,
l'Duélné, le Niger, la Komoé, etc ••• et un grand nombre de petits fleuves
c6tiers en sont touchés. Cette i.nondation aff'ecte l'Oulimé et le se qui,
(1) Pierre MICHEL liLas Grandes Etapes de la morphogen~tte dans les Bae-sins
des fleuves Sénégal et Gambie pendant le quaternAire".
..'••/ e,".".

- 16 -
en déversant leurs eaux dans le lac Nokoué provoquent le débordement de
celui-ci. Les eaux sortent du lit et envahissent la plaine environnante,
tout le littoral est submergé, à l'exception d'une mince bande c5tière,
Cas eauX empruntent principalement les zones préférentielles de pénétra-
tian que sont Iss interdunes
L'assèchement progressif permet le retrait des eauX dans les limi-
tes actuelles. Cette dernière pulsation, que l'on situe atJl :moyen-âge a eu
des répercusâions sur toute la C6te Occidentale d'Afrique (1).
Ainsi s'explique la présence de part et d'autre de Cotonou, de
cordons exondés sur lesquels se sont édifiés de nombreux villages tels
que Ekpé, Djeffa, Kpodji (2) comme l'indiqùe du reste ce toponyme etc •••
entourés de marécages inondables aux moindres hautes eaux. Ces micro re-
liefs sont d'ailleurs facilement observables de la route entre Cotonou
et Porto-Novo.
C. - CARACTERES GENERAUX DU MILIEU LAGUNAIRE
Nous ne saurions nous limiter au domaine strictement lagunaire et
l'amont, car ce sont les caractéristiques hydrologi-
ques de l'amont qui déterminent celle8 de l'aval. Aussi est-il indispen-
sable d'esquisser les grands traits des deux principaux émissaires du lRc~
Ce dernier étant par ailleurs influencé par le climat dans lequel il évo-
lue. ~us brosserons un rapide tableau du climat.
1. Les tributaires du lac
Ils sont au nombre de deux 1 l'Ouémé, le plus important, et la
se, une rivière.
(1) Sensible dans la zone nord sahelienne 00 elle a engendré une reprise
des ravinements (P. MICHEL).
(2) Kpodji littéralement (Kpo = bosse, sommet - dji = sur) sur une bosse,
une hauteur.
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- 17 -
L' OUEtJlE r
Long de 500 km. 110uémé coule entre les parallèles 10° et 6D
6 30 c'es~-
à-dire selon les hydrologues, du Tropical pur à l'équatorial de transition.
Plusieurs faits expliquent la violence et le caractère irrégulier du régime
de l'Ouémé r bassin versant, substratum, pente (fig. 5) (1).
La superficie relativement grande du bassin versant
dont plus des 3/4 sont partagés entre l'Ouémé supérieur et moyen, clas-
se le fleuve parmi les plus importants cours d'eau c6tiers de l'Afrique de
l'Ouest. Il reçoit deux affluents importants: le Zou et l'Okpara, le Zou
ne lui apportant son eau que dans Bon cours inférieur, pratiquement dans le
bassin sédimentaire, Le bassin supérieur est constitué presqu'exclusivement
d'un sbbstratum cristallin imperm6able et par conséquent de faible capacité
derrétention. Cette"pénéplaine" granito-gneissique est hérissée de reliefs
assez importants (1 bis) ,+ 300 m) dont les pentes abruptes renforcent la
vitesse du courant. Aprè. 450 km de parcours au coure duquel l'Ouémé collec-
te les eaux effluentes, en coulant sur une pente supérie""''?
supéris""''? à 1 %, Upér.àtre
en "catast:Jl'ophe" Iians les formations seblo-argileuses meubles et basses qu'il
déblaye sur les 50 km (à vol d'oiseau) qui le séparent de son .mboueh~e,
creusant ainsi avec la se une vallée dont la lergeur varie d'amont sn aval
entre 15 et 24 km. L'importance de l'érosion latérale et linéaire (sur...
(sur ·
creusement entre 3 et 5 m dans le bas delta) explique l'importance de la
charge solide du fleuve qui transporte principalement pendant les crues
décennales, un volume considérable de sables et d'argile qu'il dépose
progressivement à mesure que sa compétence diminue: c'est l'origine des
levées qui jalonnent les deux rives du fleuve et sur lesquelles sont instal-
lées de nombreux villagB~ ; c'est également l'origine des Aguéqués, cette
avancée '1'iqo.ureus"5ment""\\ plana- c1.1J dei'ta- dont- aVOT1S- parlé.
La se, deuxième cours d'eau de la vallée, prend sa source dans le
lac Hlan au Nord Ouest de la vallée, à la latitude 6°55 et se jette dans le
(1 r Nous avons dé~à esquissé brièvèliTent ces caractêres dans l fiétude -des
(composants du mil1Bu lagunaire.)
(1 bis) des inselbergs pour la plupart.
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- 18 -
lac Nokoué près de Ganvié. Comme pour l'Ouémé l'absence de penta dans lu
vallée entraine une dégradation hydrographique, une division du cou~s d'onu
en de nombreux bras et défluents qui s'enchev@trent. Auxiliaire de l'Ou~~j
dans l'édification du delta, sa puissance est nettement inférieure à c~l~L
du fleuve dont les eaux au plus fort de la crue, remontent son cours jc~­
qu'à sa source.
On comprend aisément, comme nous le dis10neplus hau~,que c'est le
régime des pluies de l'amont qui commande le débit du cours inférieur de
l'Ouémé.
VARIATIONS SAISDNNIERES DU REGIME (fig. 7)
Les précipitations, on le sait, ne sont pas négligeables dans le
Bas-Dahomey, principalement sur les plateaux: Porto-Novo 1374 mm ; Allùda
1162 mm', cependant c'est plut6t dans son bassin supérieur que le fleuvo
acquiert l'essentiel de ses caractBres. Il faut, confirme l'OR5TOM, remon-
ter à 67 km en amont du lac Nokoué, Honou - village situé sur l'Duémé, à
l'entrée de la vallée et à la jonction du cristallin et du sédimentaire -
pour avoir "les renseignements les plus complets sur l'importance des crues
au cours des 14 dernières années". En effet, chaque année les hauteurs de
crue atteignDnt
invariablement leur maximum à Bonou (autour de 8 m 16 N
fig. 7) puis s'aplatissent progressivement vers l'aval (Bonou 8 m
Hétin
Sots 3,50 m ; Houédomé 1 m, Porto-Nova 0,50 m.
Les "lignes d'eau théoriques de l'Ouémé pour différents niveaux"
que nous empruntons à llORST~M illustrent de façon éloquente le devenir
de l'onde de crue depuis Hanau. Témoin
cette citation tirée d'un rapport
de l'DRSTDM "Pour la pointe de crue maximum atteinte en 1963, 9,62 m à
Bonou, la hauteur d'eau à Hétin Sota a été de 3,32 m". Donc sur moins ds
quarante km, la pointe est passée de 9m62 à 3m32. Qu'est-ce qui explique
cette baisse de 6m3D ? Parmi les principales causes citons llinfiltration
·massive dans le substrat sablo-argileux du vaste delta et l'étalement de
l'onde dans les nombreux défluents de l'Duémé et de la S6.
...
. / ...


- 19 -
DUREE DES INONDATIONS DANS LE LAC
La durée des inondations est fonction de la cote des terrains inon-
dés dans la vallée. Au sud de la latitude de Ouémé Gblon et de Bembé res-
pectivement sur la sa et l'Ouémé, c'est-à-dire à 5 km en amont du lac
95 %des terrains ont une cote inférieure à 0~5o m et 37 %sont au-dessous
du zéro marin tfig. 8). Ces terres sont donc inondées annuellement pendûnt
une durée minimum de trois mois. Durant la période d'ouverture intermittente
du chenal la crue sJécoulait par le chenal de Cotonou et provoGûait un abais-
sement notable du niveau du lac par rapport à la période antérieure de fer-
meture pendant laquelle la crue s'écoulait en totalité vers Lagos. "Des
relevés d~échelle (de crue) à Hétin Sato, Houédomé et Porto-Nova montrent
que la fermeture du che~al provoquait une baisse du niveau du fleuve de
30 à 40 cm" 'ORSTOM). Ce qui montre bien les répercussions de lJouverture
du chenal jusque dans la vallée. Quant au niveau du lac Nokoué, pendant
la mAme période, l'écart maximum peut s'élever à 70, 80 cm "5i l'on addi-
tionne css Va.~.;3urs : 30 cm de surc:·,u.:cge du lac Nokoué v:i.::: ::: vis dtl Porto-
Novo, plus 10 cm pour cette dernière ••• plus une diminution actuelle du
niveau du lac de 10 cm entre la situation ancienne et nouvelle d'ouverture
pendant la crue, on peut admettre un écart de 50 cm à Agbato entre le ni-
veau da- lac pouvant @tre atteint en cas de fermeture et le niveau actuel
lors de crue importante". (B.C.E.O.M. 1963).
Si donc l'ouverture temporaire du chenal entra~ne déjà des réper-
cusions imporâantes on imagine bien les conséquences plus sérieuses qui
découleront d'une ouverture maintenue pendant 10 années d'affilée •
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VARIATIONS MENSUELLES DE LA TEMPERATURE ET BE
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VARIATIONS MENSUELLES DE L'INSOLATION SUR LE LAC
(Moypnnes
(MoYRnnes de Cotonou)

- 20 -
D. - PLACE DU "BIOCLIMAT LAGUNAIRE" AU SEIN DES BIDCLIMATS COTIERS
INTERTROprr~AUX
Compris entr~ ~es parallèles 6°20 et 6°30 Nord, notre domaine ap-
partient au bioclimat côtier subhumid~ caractérisé par des pr'cipitations
comprises entre 1400 et 2000 mm et une saison s~che de 6 mois aU moins,
la température du mois le plus frais étant 23°.
Climatiquement le liseré c8tier dahoméen appartient à l"'EquatoriDl
tempéré" avec des températures moyennes élevées (moyenne 26°, minima:
22,23°, maxima 31,32°) (fig. 9})et une pluviométrie se situant autour de
1374 mm (Porto-Novo) et 1242 (Cotonou). Quatre saisons
dont les
deux plus importantes sont : la saison sèche, de novembre à Avril (AoOt
pour la petite) et la pluvieuse d'Avril è Juillet (octobre pour la petite).
Il convient de noter le caractère concentré des précipitations :pr~s de
70 %des pluies tombent entre Mars et Juillet sur 52 jours et 24 %entre
septembre et novembre. C'est donc pratiquement 95 %du total annuel qui
tombent presque sans discontinuer pendant 80 jours environ sur le pourtDu~
du lac et aggravent chaque année la crue lacustre. Il i~pnrte égalsM8"t de
mentionn8:t les précipitations ,occultes dans cette zone ~? ''!orte hygrométrie
(numidité relative 92 %) où rasées et '.brume sèche (1) ajoutent quoique en
quantité insignifiante, auxprécfpitations. La superficie relativement gran-
de de l'ensemble, lac Nokoué - Lagune de Porto-Novo (18 000 ha) explique
et
sans doute l'influence de la température/de l'insolation
.ur cette vaste étendue d'eau. Cette influence se manifeste par l'éva-
poratio" (fig. 9) dont J. RODIER a proposé un abaque pour l'Afrique de
l'Ouest. Selon cet abaque, la hauteur moyenne d'eau évaporée s'él~ve à
1,90 m. Insolation, températures et évaporation suivent sensiblement la
~eme évolution. Fortes de novembre à mai, elles baissent notablement de
~i à oetcbre.
(1) En fait de b:tume, notons l'influence èes dernières retombées de l'har-
mattan sur la zone lagunaire en décembre~ Le lac Nokoué offre l'e~emple le
plus frappa"t, une épaisse brume à couper au couteau, visibilité nulle,
rendant impoesible le circulaticn sur le lac et dans le chanal durant toute
la matinée.
• •.1 ...

- 21 -
Phytagéographiquement notre domaine (fig. 6) marécageux Bst plutôt
répulsif malsain. Il commence co pendant ~ connaître un afflux massif d~ :
tadins. Un transMttducordon littoral auX rives du l~c Nokoué montre succes-
rampent
sivement une plantation de cocotiers entre1é8quell~fljes plantes herbacées,
psammophiles,
puis une savane graminéenne à Andro~ogon sur anciens
cordons exondés : une foret marécageuse à S~mphonia, Ficus et Anthocleista,
et aux abords immédiats du lac une formation palustre de Tvpha et d'Echino-
chloa. Dans le delta de l'Ouémé on distingue plusieurs associations, égale-
ment palustres, dans lesquelles domine l'association à Paspalum vaginatum.
E. - L'EMPREINTE HUMAINE (fig. 10)
Le développement rapide de Cotenou et de 58S environe explique le
re~ul progressif de la végétation priMcipalement sur la rive SW du lac
Nokoué. L'extension de la ville dont la superficie a plue que doublé de-
puis 1958 (1) entra1ns l'assèchement d'un certain nombre de marais non se.u-
leMnt au seLi de la ville, mais aU83i :a la périphérie. D2~3 cette antrepli-
SB les pouvoirs publics sont pris de vitesse par les nouveaux arrivants qui
s'abattant littéralement sur les marais, les asséchent tant bien que mal st
constZ'Uisent des "pâtés de maisons", quitte aux travaux publice à tracer
plus tard leurs rues pourvu que .cellaa-c:i"llll "rongent" pas tout leur "cAr-
~é" (2). Ainsi pr~s de 1/3 de la Commune de Cotonou, c'est-à-dire tout le
secteu~ situé à l'ouest de la trnnsversale Cadjéhoun-Ladji et comprenant
les nouveauX quartiers de Vodjé, Houé-ydho, Ste Rita, Védoko, Zogbo se cons-
t»uit sa ne titre foncier (3). Et pourtant ce sont là des quartiers en pleino
(1) En raison de l'immense flot des nouveaux arrivante.
(Z) C'est le nom que l'on donne aUX maisons, aux lopins de terre, à
Cetonou .•
(3) C·leet là un phénomèhe élssez récent qui caractéfise l'urganisation dans
les états d'Afrique Noire.
•• •1.·

••

- 22 -
effervescence tr~s peuplés. Cette"attaqu~'des marais "bordiers" du lac est
d'autant plus surprenante qulil s'agit de rives encore inondables et effec-
tivement inondées (1) à chaque crue pendant près de trois mois. Un peuple-
ment serré de grands roseaux (Typha) les couvrent presque éntièrement, les
racines solidement fixées dans la vase. Un observateur non averti aperce-
vant ces maisons agglutinées ici et là dans les marais à proximité des eaux
vives du lac, conclut aussit8t à la reprise des anciennés rives par le lac
en crue. Or il n'en est rien. Tout d'abord dupe du phénomène, nous nous
sommes ravisé en interrogeant les riverains pris en voyant nous meme des
-
\\
-
......
gens acheter :
des lots dans les marais (2).
A l'exception des marais "bordiers" au Sud Eet de la lagune, la vé-
gétation des rives méridionales est sérieusement entamée. Et l'on peut pré-
voir que d'ici quelques années, compte tenu du rythme actuel d'accroisse-
me"t de la population, il n'y aura plus de marais aux abords méridionaux.
Mis ~ part le développement "en surface" de Cotonou qui gagne surll:.es -a.~,
il faut mentionner les nombreux villages de pecheurs qui ourlent le système
lagu"aire et qui constituent, d'une manière ou d'une autre èes age~ts dés-
tructeurs de la végétation palustre.
Parmi ceux-ci certains élaveurs mettent à profit les prairies maré-
cageuses de Paspalum
$

(1) A chaque crue les habitations complètement inondées "fi~trent" jusqu'à
1 ~dteau à travere un sol cimenté. Des blocs de pierre alignés de l'anti-
chaMbIe jusqu'au lit dans la chambre à coucher permettent de joindre son
lit sans poser le pied par terre.
(2-) Loes terrains des marais coQtent moins cher, d'où cet engouement pour
cee secteurà.
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- 23 -
PREMIERE
PARTIE
"L'écosystème ••• c'est-à_dire l'équilib~B
momentané des différentes forads en pré-
sence dans un affrontement entre la dynG-
mique du milieu et celle des ensembles
occupant le milieu".
P. GEORGE
UE MILIEU LAGUNAIRE AVANT
L'OUVERTURE DU PORT.
Avant l'achèvement
de la jetée en 1962, deux
situations prévalaient dans le débouché lagunaire :
- une situation avec lagune fermée (fig. 11), c'est-à-dire une pério-
de plus ou moins longue durant laquelle le débouché lagunaire est totalement
ob9trué par des cordons de sable qui empechent toute communication entre mer
et lac.
- une situation avec lagune ouverte durant laquelle le débouché ou-·
vert permet cet échange d'eau.
Des deux situations, la plus fréquente qui est d'ailleurs conforme
à l'évolution morphologique est la première, celle avec lagune fermée. Na-
guère, c'est généralement après 7 ou B ans de fermeture qu'intervenait une
ouverture naturelle,qui se refermait quelque temps après, à la faveur de la
saison sèche, lorsque le niveau de l'eau dans le lac est au plus bas.
Mais au fur et à mesure que Cotonou s'urbanise et que des b~timentE
de plus en plus importants se construisent sur les berges du chenal, les
périodes d'ouverture, cette fois artificielles, sont devenues plus ~hées
plus régulières pour prévenir les inondations. C'est ainsi que, de 7 à
B ans d'intervalle, ouverture et fermeture ne sont séparées plus que par
une durée de trois ans, puis par deux : exemples, les deux ouvertures de
1944, puis de 1947. Toutefois, c'est dans la décennie 1950-1960, que les
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- 24 -
ouvertures artificielles se sont multipliées témoignant encore une fois de
l'occupation humaine des berges du chenal. Voici les dates d'ouverture et
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de fermeture à partir du 18 mai 1951
de fermeture à partir du 18 mai
du 18 mai 1951 au 24 octobre 1952
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- du 24 octobre 1952 au
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1953
lagune ouverte
- de 1953 au 19 septembre
1957
lagune fermée
de 1953 au 19 septembre
1957
lagune
- du 19 septembre 1957 au 18 novembre 1958 : lagune ouverte
- du 18 novembre 1958 au 25 octobre 1959 r lagune fermée
Depuis cette date la 18gune ne sera plus fermée en raison de la
construction de la jetée qui entrave la progression du sable vers le débou-
ché. Mais, avant d'en arriver là
comment se présentait le littoral de la
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comment se présentait le littoral de
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zone lagunaire au double point de vue morphologique et biogéographique.?
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1. - LA CÔTE
La configuration illies cStes est en général fonction "d'un réseau
complexe d'actions, d'interactions et de rétroactions" (F. VERGER)1971)
ayant leur siège dans la mer. Les cStes sableuses ouest africaines empri-
sonnant des lagunes n'échappent pas à cette règle. Parmi les agents cons-
tructeurs, les plus importants sont les houles du SW, responsables de la
le cas du Golfe du Bénin,
dérive littorale et secondairement dans~e cocrânt'derCotonou. Ils dépla-
cent d'énormes quantités de sable et édifient de longs cordons littoraux
qui obstruent les embouchures ; obstruction à laquelle ne résistent que les
grands organismes fluviaux qui restent en eau toute l'année.
A. - LES PRINCIPAUX AGENTS CONSTRUCTEURS
1. Les hgijles du SW
Nées daneJes latitudes moyennes australes, en relation-avec les
grands vents (les rollera), elles se propagent sur des milliers de km avec
une intensité nettement supérieure de juin à septembre (fig. 12). Cette
période correspond à l'hiver austral et est qualifiée de "saison de houle",
.../ ...

- 25 -
car c'est la saison où l'on enregistre les amp11tudesles plus fortes aussi
bien à Lomé qu'à Cotonou. Les houles abordent la c8te du Golfe de Guinée p~
des angles variables allant de 12° ~ 46°, des c8tes libériennes au delta du
Niger. L'obliquité atteint 43° du Cap des Trois Pointes à Lomé, et 27° de
Lomé à Lagos
Cette inclinaison de la houle sur la
cete, inclinaison qui détermine une importante dérive littorale des sables
renforcée par la "barre ll
"barre , est à l'origine du transit littoral sur toute la
longueur de la cete du Golfe de Guinée, notamment depuis le Cap des' Palmes
jusqu'au delta du Niger. Une carte des fonds marins du Plateau continental,
réalisée par le centre de recherche océanographique d'Abidjan, montre du
Ubéxia au Cap des trois pointes une quantité considérable de "sédiments de
.'
recouvrement ll
recouvrement , sables qui alimentent, par le truchement de la houle, le
lit'tore1.. Will in.
2. Le courant de Cotonou
Il a été mis en évidence par Vincent tuaz à partir de lancers de
bouteilles effectués au large des c8tee togoiaises.
togolaises. Ce courant qui II porte
1
directement ll
directement
sur Cotonou est originaire dLi' Cap Saint Paul. Il est selon
M. PELISSIER, le principal responsable du transit litt6ral sur le littoral
dahoméen. Nous ne partageons pas cet avis car le port de Lomé draine autant
sinon plus de sable que celui de Cotonou à durée égale~ D'autre part, ce
courant passe trop au large des côtes togolaises pour avoir une incidence
déterminante sur le transit. L'action du courant de Cotonou est toutefois
indéniable, dans le sens du renforcement du transport littor81~ mais le fac-
teur fondamental est semble-t-il la houle et son inclinaison sur la cate.,
M. SIREYJDL, Ingénieur des Ports au B.C.E.O.M. avec qui nous avons discuté,
émet du reste, le m!me avis et n'a d'ailleurs considéré que les incidences
de la houle pour effectuer ses mesures dans le cadre des études prélimi-
naires pour la construction du port de Cotonou.
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- 26 _.
LE PHENOMENE DE LA BARRE
Auxiliaire important de la houle dans son action constructrice, la
barre (1) est une succession de hautes lames qui déferlent violemment à quel-
que distance du rivage. Rendue tristement célèbre par les nombreuses victimes
qu'elle fit parmi les premiers navigateurs, elle fit l'objet d'une abondante
littérature, cependant très peu s'étaient attachés à analyser le processus.
en
L'une des rares descriptions précises qu'on!~onnaisse en langue française
est celle de Henry Hubert (1908) qui utilisa pour ses observations, le wharf
de Cotonou. Ce dernier s'avance de 30Qnseulement sur le plateau continental,
longueur juste suffisante pour suivre le processus car les premières "déni-
vellations" des vagues aboutissant aux rouleaux se produisent bien au-delà
à environ 500 m du rivage. Aujourd'hui, les jetées des ports de Lomé et de
Cotonou qui entrent dans la mer sur près de 900 m permettent des observa-
tians beaucoup plus faciles et comportent moins de risques (2).
Les deux principaux agents de la barre sont la houle et le relief
sôus-marin (fig. 13 & 14). Ee dernier comprend à quelque 2CJ m du rivage
toute une série de bourrelets et de sillons parallèles de la cOte. C'est_
ce qui explique la permanence du processus. On croit généralement, à tort,
que la barre est liée à une certaine configuration de la cete et à une
distance donnée du rivage. L'accumulation récente de sable à l'ouest de la
jetée bien au-delà du domaine de la barre, n'a pas pour autant supprimé le
phénomène qui se manifeste avec autant sinon plus de violence que partout
ailleurs sur le littoral. Il importe de noter :·or ailleurs que le plateau
continental, dont la largeur mcY8l'lNrtl~l!!r2tl
mcY8l'lNrtl~l!!r
..
2tl km
sur: les
c8tes togolaises et dahoméennes à une pente moyenns d.40/oo~ mais que
dans le détail, cette pente comprend quatre tronçons qui se décomposent
comme suit (fig. 15) 1
(1~ à ne pas confondre avec la barre d'estuaire qui est un haut fond.
(2) Cependant le wharf prés~ntait un avantage, celui de ne pas arr!ter les
mouvements de la mer par réflE:lxion ou diffraction.
• ••1•..

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- 27 -
- raccordement de la fosse abyssale au plateau continental
pente subverticole
- du rebord du plateau au talus continental = 6 %
- du talus continental à l'isobathe des 15 m ~ 3.5 D
3.5 /oà
D
- de l'isobathe des 15 m à 0, niveau moyen des basses mers = 1,2°/uo
C'est sans doute à partir de ce dernier tronçon que commence le
"déséquilibre" des vagues.
ESSAI DE DESCRIPTION DU MECANISME (fig. 14)
Trois trains de houle de plus en plus déséquilibrés aboutissent au
phénomène bien connu de déferlement. De la jetée à 400 m du rivage, sui-
vons l'évolution d'un train de houle depuis son entrée dans la "zone" ae
la barre. On note d'abord une augmentation sensible de l'amplitude à
mesure que la houle approche du rivage, tandis que la période reste sensi-
blement identique. Cette augmentation de l'amplitude est due au relèvement
du fond et à l'équilibre de plus en plus précaire des eaux superficielles.
A 200 m du rivage, le déséquilibre de l'onde devient plus accusB o
Le mouvement ondulatoire acquiert une amplitude encore plus grande. En m~me
temps la longueur d'onde augmente et la cambrure devient plus accentuée"
Puis à 150 m du rivage, les couches profondes heurtant le bourre-
let sont freinées tandis que les eaux superficielles toujours plus mobiles
et déséquilibrées sont projetées par dessus. C'est le déferlement. Voici
ce qu'en dit H. HUBERT "tandis que les couches inférieures ralentissent
leur mouvement par suite du frottement sur le fond, les couches superfi-
cielles sont animées d'une vitesse qui est de plus en plus grande. De
sorte ~u'il y a un point où le retard des premières (les couches inférieu-
res) par rapport aux secondes (couches superficielles) est si grand,un
peu avant le sommet du bourrelet, que celle-ci se trouvent projetées dans
la direction de la propagation du mouvement de barre. Cette dernière onde
qui se développe sur plus de 100 m dure en moyenne 12 secondes avec une
•••1...

- 28 -
vitesse considérable : "Au moment où le mouvement ondulatoire se trans ...
forme en mouvement de translation, celui-ci acquiert une vitesse considé-
rable etc ••• qui est certainement voisine de 40 km/ho Il faut également
noter la hauteur de ln vague déferlante qui approche les 5 m par grosse
mer.
Toutes ces actions superficielles et profondes qui s'étalent sur
les 300 premiers mètres du rivage - turbulence, frottement de la houle sur
le fond, etc ••• mettent en mouvement des quantités énormes de sables qui
sont à l'origine des engraissements et démaigrissements de plage.
Il faut également faire mention de l'influence des courants de ma-
rée dont la vitesse s'ajoute à celle de la houle. Varlet, en Cate d'Ivoire,
estime cette vitesse à 1,15 m/sec. ce qui n'est pas négligeable.
LA MAREE
Si l'importance de la marée est peu remarquée en situation avec
lagune fermée, elle est capitale dans la situation invsree, à cause,pré-
cisément,des courants qu'elle engendre.
LES CARACTERISTIqUES
La marée au large des côtes dahoméennes, comme dans tout le Golfe
de Guinée, est de type semi-diurne. l'amplitude varie au cours de l'année
et d'une année à l'autre. Les courbes mensuelles montrent les plus forts
marnages aux syzygies et les plus faibles aux quadratures.
Les amplitudes moyennes relevées au marégraphe sont
Vive eau
Morte eau
- Cotonou
-
............... P.M.
E.M.
P.M.
E.M.
1 , BD m 0,2
, ,3
0,7
- Lomé
-
.................. 1,4
0,2
1 ,1
0,6
. L'C
"
•.•1 ...

- 29 -
Répercussions sur le débouché lagunaire, pendant les ouvertures
périodiques.
Pendant les ouvertures périodiques les courants de marée pénètrent
naturellement dans le chenal mais ne vont pas loin. Au pont de Cotonou,
situé à 1 km 500 à l'amont, l'amplitude est notablement réduite: 20 %
seulement, et à 5 km plus en amont, à Agbato, (entrée du lac) elle tembe
à 9 ~. C'est-à-dire que pour 1 m 75 d'amplitude en mer, on a 0 m 40 et
o m 15 respectivement au pont de Cotonou et à l'entrée du lac en vive
eau, et 0 m 30 et 0,08 m en morte eau.
Cependant les courants de marée ont une vitesse suffisante pour
creuser le lit du chenal et affouiller le m~tériel meuble des berges. En
pour
effet, quelques jours seulement d'ouverture du chenal ont suffi/donner au
débouché une section mouillée de 680 ~2 pour une largeur de 185 m.
B. - CONSEQUENCES.
Les conséquences de cette combinaison de facteurs sont multiples,
mais il en est une qui commande toutes les autres: l'important transport
littoral. De cela dépend la rapide (I~dification des fl~ches de sable qui
barrent l'embouchure.
- Importance du transit littoral
Le volume de sable drainé chaque année se chiffre à 1 500 000 m3.
Ce chiffre est le plus élevé qui soit connu sur toute la Cate de Guinée.
Au deuxième rang vient Lagos, situé à 130 km à l'est de Cotonou, avec
1 200 000 m3. Nos récentes observations au port de Lomé nous permettent
d'avancer tout au moins le m~me volume qu'à Cotonou car la zone d'ensa-
blement du port togolais évolue pr~s de deux fois plus vite que celui de
Dahomey. En dix ans 400 m de zone couverte juste derrière la jetée de
Cotonou; en six ans, 400 m der~ière la jetée de Lomé, d'où un volume
plus important de sable à durée égale. Cet engraissement exceptionnel du
littoral du Bénin s'explique, nous l'avons dit, par l'inclinaison de la
•••1 ...

- 30 -
houle, comme l'a affirmé F. VARLET (Cap des trois pointes à Lomé: 43 D
43 )
mais aussi, par la présence d'énormes quantités de sable qui recouvrent
le plateau continental. Ici se pose le problème de l'origine de ces dépôts
sableux.
F. VARLET explique la présence des "sédiments de recouvrement" du
plateau continental Libérien et Ivoirien essentiellement par l'érosion des
nombreux caps de la côte occidentale d'Afrique. Il ne fait intervenir qu'en
seconde position l'action des fleuves. Sur le littoral du Bénin, bordé/au
quaternaire par les formations sabla-argileuses du Continental Terminal,
et qui a connu, comme ailleurs du reste, les différents épisodes de la
transgression flandrienne cet argument est valable. Mais l'engraissement
actuel du plateau provient, ainsi que nous le verrons plus loin, des trans-
ports énormes de nombreux fleuves côtiers qui alimentent en sable la plate
fo~e littorale. De nombreux sondages (1) montrent la puissance extraordi-
niara des dépôts sableux auX embouehures de ces fleuves •
.~;
. ll:~
- Obturation périodique du débouché lagunaire
L'ouverture et la fermeture alternatives des passes est banale sur
toutes les côtes à lido où débouchent des fleuves de quelque importance.
Cela tient généralement au régime contrasté de ces cours d'eau, en rela-
tion avec le régime climatique. Il est fréquent en zone intertropicale
que des cours d'eau assez puissants débitant 1500 m3/s environ en saison
pluvieuse, se retrouvent totalement à sec pendant la longue saison sèche.
Ainsi le cas de llouémé, qui illustre parfaitement ce phénomène dans son
cours moyen 1
J
F
M
A
M
J
Jt
A
s
o
N
!
D
N
!,
o
o
o
o
o
12,3
31
34,2
6,12
458
251
i21 mm
Moyennes mensuelles des précipitations à Dassa
...... "
(1) M. SLANSKY : Le Bassin Sédimentaire Côtier du Dahomey-Togo • .../ ..-
l

-
31 -
Naturellement la mer qui ne subit plus en saison sèche la poussée
àes fleuves à l'embouchure se trouve en position de force et construit
ses flèches qui jouent le rôle de véritables bouchons. Toutes les passes
ne se ferment pas toutefois, notamment celles qui servent d'exutoires à
de puissants fleuves qui sont en eao tout le long de l'année comme le
Niger, le Congo, mais elles subissent un rétrécissement important pendant
la saison sèche. Le débouché lagunaire de Cotonou est caractérisé par une
rapidité d'obstruction remarquable, c'est pourquoi si les ouvertures sont
plus longues à se p~oduire (1 ou 8 ans) avons nous dit, excepté si elles
sont provoquées, les fermetures, elles, ont souvent lieu après 2 ou 3 sai-
sons sèches. Témoin cette citation de la mission d'Etude de la Vallée de
l'Ouémé. "Avant 1962 le débouché lagunaire connaissait deux périodes, une
période'd'obstruction totale alternant avec une période de communication
permanente du lac avec la mer. Le cycle de cette évolution avait une durée
de 7 à 8 ans et l'ouverture se produisait naturellement quand le niveau de
la lagune était supérieur de 1 ,50 m à celui de la mer. On prit ensuite
l'habitude de provoquer cette ouverture en creusant artificiellement un
canal dans le cordon littoral en temps de crue". La figure 16 montre assez
clairement l'évolution de la passe depuis son ouverture jusqu'à sa ferme-
ture, dès janvier c'est-à-dire, dès le début du retrait de lleau, on nota
une amorce visible de la fermeture ; après l'élargissement et le creusement
dus à la crue (4, et 3 m au débouché) la profondeur passe successivement à
3 et 1 m deux mois 1/2 plus tard, et à 2 - 1,0 m en avril. Parallèlement
se produit le rétrécissement: l'ouverture passe de 300 m une quinzaine
de jours après l'ouverture à 170 m deux mois 1/2 plus tard puis à 150 m
tout cela étant suivi de modifications sensibles dans la configuration du
débouché.
Ainsi donc, dans les conditions normales d'évolution littorale, et
tant qu'aucune cause n'entrave le transport sableux, la tendance est à la
construction de flèches à la fermeture de la passe.
• .•1...

- 32 -
- Déplacement latéral du rivage
Le phénomène fut observé dès 1908 par H. HUBERT qui étudiait la
"barre". La carte qu'il en a laissée (fig. 13) montre l'évolution positi-
ve (engraissement) et négative (ablation) du littoral durant cette période.
Mais depuis la tendance est plutôt à l'érosion, une érosion lente,impercep-
tible sur toute la longueur de la côte du Golfe du Bénin. Tous les usagers
de la route Lomé-Cotonou, depuis un certain nombre d'années sont unanimes
pour reconna!tre l'avancée progressive de la mer dont les éclaboussures,
par grosse mer, parviennent jusqu'à la chaussée. C'est ainsi qu'à Porto-
Séguro, à une trentaine de km de tomé, les vagues ont affouillé et soutiré
du sable sous la route, ce qui a obligé les travaux publics à protéger
cette portion par des enrochements. Les laisses de pleine mer de vive eau
ne sont plus, sur un bon tronçon,qu'à quelques mètres de la chaussée. Au
Dahomey le phénomène existe avec autant d'acuité. La route en terre rouge
qui va de Cotonou à Grand Popo par la plage, route relativement récente,
.~t déjà rongée en maints endroits par l'avancée de la mer, au point que
};':j't
~. automobilistes sont obligés de temps à autre, de couvrir le sol de
,c'
palmes depocotiers pour pouvoir rouler. D'autre part le Palais de la
Présidence à Cotonou avait posé aux ingénieurs le problème de l'envahisse-
ment de l'édifice dans un proche avenir - 50 ans disaient certain~ - par
la mer qui, visiblement, approchait d'année en année. Ailleurs sur la côte
de Seme (cf. photo) et en général sur tout le littoral, les cocotiers tom-
bent par centaines, déchaussés. En tout état de cause, ces quelques preu-
ves parmi tant d'autres (1) montrent le recul généralisé de la cete. Cela
dit, comment expliquer ce recul? L'explication se trouve sans doute dans le
rapport de Stewart et Mac Donnel datant de 1920 pour l'étude du port de
Takoradi (Ghana) rapport selon lequel "il existerait sur l'équateur,
(1) m@mes observations entre Port Bouët et le débouché du port lagunaire
en CBte d'Ivoire.
• ••1 ...

- 33 -
à 1300 miles à l'ouest de la Gold Coast un centre de perturbations où des
tremblements de terre produiraient des vaques anormales". Plusieurs sec-
teurs du littoral du Golfe de Guinée ont déjà subi l'envahissement de cos
"vagues anormales" qui ont détruit soit des installations portuaires (VJhnrf
de Lomé le 16 mai 1911) soit une partie de la côte (avenue Faidherbe à
Grand Lahou), en Côte d'Ivoire en 1860, soit des villes entières, destruc-
tian d'Accra le 10 Juillet 1862. Plus près de nous Kéta (Ghana),Assinie
(Cete d'Ivoire) en 1929 et surtout Grand Popo submergé aux 3/4 en 1944
par un "rez de marée". Cette dernière ville continue de subir les assauts
violents et périodiques des houles particulièrement destructives de juin
à septembre. En ce moment les vagues traversent littéralement les ruines
pour se jeter dans la lagune voisine.
Un autre argument basé sur le relèvement glacio et thermo eustati-
que (1 bis) n'est pas impossible, relèvement accentué par les ouvrages
portuaires.
Pourtant malgré le recul sensible de la côte, le littoral avant la
construction du port, semble en équilibre avec l'hydrologie marine. La
Côte Daho-togolaise où rentrants et sailHIJS
sont tous "nivelés" pré'sente
l'aspect d'une côte rectiligne régularisée, les actions marines ayant en
gros la m6me intensité tout au long du littoral.
Mais la côte ne sera certainement pas la seule à subir les méfaits
de la construction de la jetée. La zone lagunaire sera elle aussi très
touchée. Il convient donc d'en esquisser les traits dominants avant le
grand bouleversement provoqué par l'ouverture permanente du chenal.
(1 )bis) Ce relèvement est d'ailleurs prouvé par l'observation des marégra-
phes ainsi que le note M. GUILCHER". Actuellement le réchauffement général
et l'important recul des glaciers observés depuis le début du siècle sont
vraisemblablement la cause d'une petite transgression attestée par les maré-
graphes". Ainsi il y a tout lieu de croire tout au moins sur le littoral du
Golfe de Guinée que la mer reprend possession progressivement des plates
formes abandonnées pendant les régressions du quaternaire.
• .•1
.• ...

-
34 -
II. - LA ZONE LAGUNAIRE
Avant l'ouverture permanente du chenal la zone lagunaire présen-
tait une morphologie et une écologie nettement différentes de celles
d'aujourd'hui. Ces deux espects du milieu ont subi une importance évolu-
tion pendant les dix dernières années.
A. MORPHOLOGIE DE LA ZONE LAGUNAIRE
Nous analyserons successivement la morphologie du chenal, du lac
Nokoué et de la lagune'de Porto Novo.
1. Le chenal
A l'époque des ouvertures et des fermetures alternatives, le che-
nal présentait des caractéristiques géométriques et hydrologiques parti-
culières.
Caractéristiques géométriques
Les dimensions du chenal sont sensiblement identiques, passe ou-
verte ou fermée. Les courants de marée faibles, ceux du jusant quoique
aSsez rapides, sont trop faibles pour provoquer une érosion importante
des berges. La longueur du chenel dépasse légèrement 5 km. Le débouché
est situé à ~km du pont de Cotonou de sorte qu'il est difficile m8me
en situation aved lagune ouverte de l'apercevoir à partir de ce dernier.
Quant à l'entrée du lac Nokoué, située à 4 km en amont il nlest guère
possible de la voir non plus, m8me à l'aide de jumelles : la forme "en
courbe" du chenal l'interdit, le regafd butant contre ~e ee1llie,dans le
chenal, du village de Dédokpo.
La largeur du chenal varie, elle, de 547 à 212 m, ses plus grandes
sections s'observent tout à fait au sud du débouché.
Du pont au
lac Nokoué la largeur moyenne se situe entre 298 et 212 m.
Les profondeurs en période d'ouverture, varient sur toute la lon-
gueur du chenal, les plus importantes commencent au-delà du pont en direc-
tiùn de l'amont.
• ..1...

- 35 -
Les profils hydrographiques (fig. 17) illustrent ce fait. Les deux
premiers exécutés respectivement au débouché et à une certaine de mètres
en amont montrent un relèvement net du lit. Toutes les cetes se situent
au-dessus du zéro hydrographiqus(1).Au pont les profondeurs commencent à
s'accentuer les côtes atteignent - 3,BB m mais près des 2/3 du profil - ~
restent au-dessous de la cote 1, principalement vers la rive est. Le troi-
sième profil fait à une centaine de mètres au nord du village de Dédokpo
montre un creusement plus uniforme sur toute la section (cote 3,4). L'en-
trée du lac est encore plus profonde (-6) mais ici le lit descend en pente
abrupte des rives vers le centre.
Tous ces paramètres, largeur, profondeur, section etc ••• donnent
d'utiles indications sur les courants et le volume de leur transport.
L'observation de la topographie du lit sur toute la longueur du chenal
montre de manière particulièrement suggestive la direction dominante du
courant (2) et l'inégalité de l'impact de celui-ci sur l'ensemble du lit.
Les pOcheurs qui connaissent bien le phénomène redoutent beaucoup ce côté
est du chenal pendant le dusant,en période de crue; en raison de la vites-
se des courants de décharge à cet endroit qui, visiblement, est le passage
privilégié d'une bonne partie de l'écoulement vers l'aval.
En ce qui concerne les berges, les profils en travers en donnent
une image suffisamment fidèle. Sous la poussée des eaux de crue, elles
reculent d'autant plus facilement qu'elles sont entaillées dans du maté-
riel meuble très mouvant.
(1) 0 Hydro = 0,02 cm 0 Ign = + 0,50 cm.
(2) Courant de jusant notamment.
• ••1••.
1

- 36 -
- Caractéristigues hvdrologigues
Caractéristiques hydrologiques et caractéristiques morphologiques
sont intimement liées. Les facteurs hydrologiques ne jouent véritablement
qu'en situation d'ouverture du chenal, lorsque les échanges entre eauX
continentales(provoquant notamment des crues lagunaires)et océaniques ont
lieu. Il y en a deux essentiellement
la marée avec son corollaire, le
courant de marée, et la houle.
La marée : nous avons déjà parlé des répercussions de la marée sur
le chenal. Rappelons l'atténuation de la marée depuis le large pour l'annGe
1953. Pourcentage au large: 100 %, au Pont: 20 %, à l'extrémité nord du
ohenal : 9 %. Ces chiffres prouvent encore une fois l'influence bien ré-
duite de la marée avant l'ouverture du port.
Les vitesses de courants de marée vafient naturellement, avec les
saisons. En saison sèche, on enregistre les chiffres suivants 1
morte eau
0,30/ftI/l!Iljc.
en flot
vive eau
0,50 m/sec.
morte eau
0,20 m/sec.
jusant
vive eau
0,40 m/sec.
En saison sèche, pendant le renversement de courant de jusant, il
y a trop peu d'eau dans le lac, ce qui explique la faiblesse relative de
la vitesse.
Par contre, en saison des pluies, les vitesses maxima sont enregis-
trées au jusant :
0m40/sec par morte eau
Om50/sec par vive eau
Il est également intéressant de conna!tre "les dénivellations maxi-
males instantanées" enregistrées aux deux extrémités du chenal, c'est-à-
dire au wharf de Cotonou et à Agbato.
...
. / ...
t

- 37 -
Avant l'ouverture du chenal du 24 octobre 1952
1m70
Saison des pluies en lagune ouverte (1953) :
+ 1m40
Saison sèche en lagune ouverte
+ Om90
Ce sont précisément ces dénivellations qui commandent la circula-
tion de l'eau et par voie de conséquence la vitesse des courants dans le
chenal.
L'influence de la houle: est encore plus Limitée. Il est difficile
('.
de dire avec précision jusqu'où elle se manifeste. D'autre part, les études
indiquent qu'elle ne pénètre pas dans le lac.
Dans le m~me ordre d'idée, ajoutons que, au terme de sa campagne de
mesures effectuées en 1966, le B.C.E.O.M. déclarait dans sa conclusion
"si l'on veut distinguer une hiérarchie dans l'importance des facteurs obser-
vés ••• il faut donner la première plaee aux caractéristiques géométriques
du ehenal, les autres paramètres d'o~dre hydrographique ne font que s'ensui-
vre". Nous n'approuvons pas cette conclusion pour cette raison que les carac-
téristiques géométriques et les caractéristiques hydrographiques e'interpé-
nètrent. Si prééminence il y a, c'est plutôt du caté des facteurs hydrol~-
giques qu'il faut la chercher à notre sens. Car ce sont les vitesses de
courant de jusant et le débit qui expliquent la nouvelle
configuration du
lit. Ce sont d'ailleurs les caractéristiques hydrologiques qui déterminent,
à l'origine, les disparités topographiques dans le lit, lequel agit finale-
ment à son
tour, sur la direction du courant. De m3me que la mer construit
des cordons ou des bourrelets qui agissent en dernier ressort "par rétro-
action" sur elle, ainsi en est-il du chenal.
1
Cependant le chenal s'est qu'un couloir qui relie les eaux lagunai-
t
f
res aux eauX marines. Le plus important demeure par conséquent le système
f
lagunaire dont nous examinerons successivement les composants : lac Nokoué
et lagune de Porto Novo séparés par le canal du Totché.
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- 38 -
2. Le lac Nokoué
Caractéristigues géométrigues
Le lac Nokoué qui a une superficie de 15 000 ha mesure dans la plus
grande longueur d'Abomey Calavi à l'entrée du Totché : 19 km 500 ; sa plus
grande largeur, du nord au sud, est de 11
km. Ces dimensions augmentent
considérablement en période de crue, notamment dans le sens de la largeur,
bien au-delà de ouédo-Gbadji où les terrains sont très bas.
La profondeur moyenne relevée en 1952 est de 1 m en saison sèche
(fig.'S) ; ce n'est. qu'en saison de pluies que le niveau monte un peu,
temporairement.
Quant aux berges : elles so~t très basses comme la majeure partie
des berges du chenal (cote + 1). Il s'agit de berges marécageuses périodi-
quement submergées par les hautes eaux. Des sondages effectuée en diffu-
re~ts endroits autour du lac, révèle~t une sédimentation plus ou moins
épaisse selon que l'endroit sondé se trouve dans la vallée de l'Ouémé ou
sur les cordons.
Caractéristiques hydrologiques
Elles dépendent à la fois des tributaires et des courants de marée
lorsque le chenal est ouvert, le lac étant en quelque sorte, la confluence
des eaux continentales et marines. Afin de bien saieir ces caractéristiques,
nous considérerons séparément les deux situations avec et sans lagune ou-
verte, car les données de l'écoulement changent du tout au tout.
~~_~~~~~~~~~_~~~~_~~2~~~_!~~~~~.C'est
~~_~~~~~~~~~_~~~~_~~2~~~_!~~~~~.
la plus fréquente. En saison
sèche, pendant que tout le delta est à sec et que seules quelques dépres-
sions conservent encore de l'eau, le lac connait de très faibles variations
et son niveau moyen se situe aux alentours de la côte + 0,90 hyd:Q."L'nm-
plitude journalière est inférieure à 10 cm et l'amplitude saisonnière
avoisine 30 cm". Il faut voir dans cette variation journalière une manifes-
tation de la marée depuis Lagos. En saison des pluies, le lac Nokoué qui
...1...
1

LIGNES D'EAU THEORIQUES DE L'OUEME
Echelle IGN
POUR DIFFERENTS NIVEAUX
(~ission d'Etude de l'Ouémé)
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1
1
1
1
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L I ,
Bonou
Décamé
Adjohon
Houépome
aCtNo~oue
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K~
la
D'una hauteur théorique de 9 m ~ Honou (entrée du delta), l'onde de cruè s'a_
platit progressivement jusqu'~ Hétin-Sota (3 ml, puis se résorbe pratiquement
à Houédomé (± 1 m) (entrée du lac).

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- 39 -
draine une bonne partie des eaux de l'Ouémé et toutes les eaux de la se
s'emplit, déborde et envahit la plaine environnante. Le plan d'eau atteint
2m55 (2m15 en 1952, 2m55 en 1957), le débit à ce moment-là dépassant
1200 m3/s, les eaux lacustres, plus hautes que celles de la lagune, pén3-
trent dans celle-ci par le Totché pour être évacuées vers Lagos. Une cour-
be hauteur d'eau/débit (fig. 19) tracée par la mission d'Etudes de l'OuCmé
met en évidence ce fait et permet de calculer le débit écoulé vers Lagos
en fonction de la hluteur d'eau dans le lac. Selon ce graphique en 1952, à
la hautear d'eau de 2m50, correspond un écoulement de 1500 m3/s vers Lngos.
Néanmoins l'éloignement de Lagos ajouté au goulot d'étranglement que repré-
sente le pont de Porto Novo entrave la rapide circulation de l'eau et le
plan d'eau ne baisse que lentement. Aussi les Cotonois que menacent les
inondations décident - ils
l'ouverture du chenal (fig. 18).
~~~~~S~~~~~_~~Ee~~~~~~g~!!1
~~~~~S~~~~~_~~Ee~~~~~~g~!! Cette situation n'est pas sans consé-
quences
sur la morphologie des rives et des fonds lagunaires.
la plus importante de toutes est la surelevation du fond du lac Nokoué.
Cela se comprend si l'on considère la quantité énorme de sédiments fins et
grossiers que les cours d'eau charrient. ,La capacité de drainage de l'Ouémé
qui dépose jusqu'à 1500 tonnes explique à elle seule ce phénomène, comme
elle explique par ailleurs, la génèse des Aguégués ainsi que nous l'avions
indiqué.
~~~~~~~~~_~~~_~~E~~~ : cette sédimentation est d'autant plus feci18
qu'elle s'effectue dans un milieu calme à l'ouest du lac et sur les bordu-
res. A l'ouest c'est-à-dire à l'abri du plateau d'Allada où règne une accal-
mie (1) exceptionnelle, et sur les bordures protégées des vents par une
prairie ~aréoageuse très fermée. D'autre part, en situation avec
lagune
fermée, les courants de marée sont pratiquement absents du lac, ,
(1) Nous l'avons constaté nous-m~me pendant nos sorties.
• ••1 ...


- 40 -
le renouvellement de l'eau devient problématique; il en résulte u~mili~u idéal
pour la sédimentation. Par ailleurs, lorsqu'on sait qu'en milieu calme
et par une température de 25° - celle du lac - le temps de chute pour les
particules de 20 u est de 4 mM 15 s, et 7 heures pour celles de 2 u
pour
10 cm de hauteur, on réalise la rapidité du processus. Nos sondages en di-
vers points du lac confirment cette affirmation (cf. plus loin).
ché les données changent. Prenons l'exemple de l'année 1952 où l'ouverturs
a eu lieu le 24 octobre. La baisse du niveau du lac a été extr~mement ra-
pide. De 2m15 le 24 octobre le niveau est passé à 1m6o fin octobre, 1m1o
le 15 Dovembr& et om9o le 15 décemb~e. En saison pluvieuse le plan d'ecu
plafonne autour de 1m5o (1m56 en 1953, 1m48 en 1954) au lieu de 2m55 en
situation avec lagune fermée. Plus importante cependant, est la pénétra-

ticn des influences océaniques dans le lac. 9 %seulement de la marée par-
viennent à l'entrée du lac, d'où ils vont se répercuter sur toute l'étendue
lagunaire. Autrement dit, un marnage de 1m75 au large n'a plus que om15 à
l'entrée du chenal pour se répercuter sur 15 000 ha de surface. Le lac en
sera donc peu affecté.
Quant à la houle elle est si faible qu'elle n'atteint m~me pas
l'extr~mité du chenal.
En ce qui concerne les courants, leur vitesse varie avec la saison.
En saison pluvieuse le flot, en raison de la force antagoniste de l'onde
de crue, n'atteint pas Agbato (fig. 20). En saison sèche sa vitesse qui
est de om5o sec en vive eau est considérablement affaiblie à son arrivée
dans le lac. Il emplit toutefois le lac d'eau marine, les eaux lacu*tres
étant à ce moment-là, au creux de l'étiage. Mais aucune mesure, malheureu-
sement ne nous permet de donner, ne serait-ce qu'un ordre de grandeur.
Au jusant, le renversement de courant qui se dirige vers l'aval est moins
fort en saison sèche (C:" om4ot,s).
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.../ ...

- 41 -
En saison des pluies par contre, le courant de jusant atteint en
marée basse Om50/s.
sité des facteurs hydrologiques déclenchés par l'ouverture du chenal entraî-
ne une érosion spectaculaire de tout ce qui était construit ou en voie de
construction durant la situation antérieure. Une bonne partie des charges
,
solides responsables des surélevations du lac se déverse en mer par le
,
chenal. Les marais lorsqu'ils ne sont pas vite colonisés par la végétation,
ne résistent pas au grignotage des courants. Un autre fait qui joue égale-
ment dans le sens de la destruction de l'héritage géomorphologique, est le
vent qui se fait sentir avec une réelle intensité. Nous avons déjà insisté
sur cette différence avec la situation antérieure.{1).
Ainsi, donc en lagune ouverte les conditions anémométriques s'ajou-
tant auX conditions hydrologiques, tous phénomènes propres à accentuer
l'érosion des berges et des fonds.
3. Le canal du Tctché
Le cenel du Totché confirme avec l'avancée du delta de l'Ouémé
l'hypothèse de Zenkovitch sur l'évolution des lagunes (2). Nous avons déjà
montré l'unité originelle du système lagunaire dont le Totché n'est
(1) Il convient en outre de signaler l'existence au centre et au nord
du lac
(Ganvié et Sa Tchandhoué)
d'un meso-climat dont les caractéristiques
seraient intéressantes à déterminer. L'installation d'une station tout au
moins pluviothermique dans ces villages est hautement souhaitable, proposi-
tioQ qui a, du reste, reçu l'assentiment de M. TOTA, directeur de l'A5ECNA
de Cotonou, avec qui nous avons discuté. Cela est d'autant plus souhaitable
que Ganvié est de plus en plus fréquenté par des touristes qui y passent
la nuit parfois.
(2)5elon Zenkovitch il y a trois étapes dans l'évolution d'une lagune:
1. formation de petites flèches et de baies d'érosion sous l'effet des vagues
dues au vent.
2. progression de l'évolution qui gagne la côte du continent.
3. fractionnement de la lagune par jonction des flèches qui se font face •
•.•1...

- 42 -
qu'une survivance. L'avancée de l'immense dépôt vaseux des Aguégués s'ex-
plique par la puissance exceptionnelle de l'Ouémé à une époque récente
(son débit pendant la crue de 1949 : 231mJ/s). La sa amorce également la
m~me avancée par Ganvié (comparer la latitude de Ganvié à celle de Ouédo-
Gbadji) mais son débit n'est pas aussi fort que celui de son puissant vDi-
sin, pour aboutir, pour l'instant, au m@me résultat. N'était donc le che-
nal de Cotonou qui remonte déjà à des sièèles, le système lagunaire seroit
sans doute déjà à moitié colmaté, vérifiant ainsi point par point, la tn0o-
rie de Zenkovitch.
i
1
Caractéristiques géométriques du canal
1
1
Le canal du Totché a une longueur de 4 km SOO. Sa largeur moyenne
1
est de 1S0 m. Sur toute la longueur du canal, à une dizaine de mètres des
1
i
f
t
rives, deux rangées d'"acadjas"* délimitent la zone profonde, navigable,
f
et la zone peu profonde où même les petites pirogues s'enlisent. De ~ro-
fondeur moyenne, de 2mSO, on rencontre pourtant de temps à autre des tra~s
de près de 4 m (à l'entrée surtout) avoisinant des hauts fonds, véritables
seuis qui recou~ à peine un mètre d'eau. Dans sa traversée de la lagune,
de Porto Novo du lac Nokoué en 188S, l'abbé Pierre Bouche fait mention de
la zone où passaient plusieurs canaux de profondeur tellement faible que
les pirogues n'arrivaient pas à circuler, "les canaux sont tellement -
obstrués que l'on est obligé de pousser la pirogue par dessus les herbes
on passerait moins difficilement si l'on pouvait se mettre à l'eau". De
tous les canaux encombrés de végétation aquatique, il n'en est resté qu'un
seul, celui du ratahé.Les berges très basses comme celles du lac, faites
de vases consolidées sont colonisées par une végétation herbacée halophile.
Normalement la circulation de l'eau dans le canal se fait dans le
r
sens (Ouest-Est) lac Nokoué-lagune de Porto Novo. C'est par ce canal qu'en
période de fermeture du chenal de Cotonou, le lac Nokoué vide son trop
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* explication d'acadjas plus loin.
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loin.
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- 43 -
plein dans la lagune de Porto Novo. D'où la profondeur importante à cer-
tains endroits du Totché qui draine des débris (1500 m3/s) énormes pour
sa section. Cependant il arrive fréquemment qu'au plus fort de la crue,
les eaux de la lagune de Porto Novo, gonflées par l'ouémé, remontent le
canal pour pénétrer dans la sa et ses différents bras.
Marée et houle affectent le Totché mais leur influence demeure
très faible.
4. La lagune de Porto Novo
Initialement partie intégrante du système lagunaire dont elle oc-
cupait le ceté est, la lagune de Porto Novo s'en trouve actuellement pra-
tiquement séparée.
Près de cinq fois plus petite que le lac Nokoué, elle mesure de
l'ouest à l'est 7 km et du nord au sud 4 km pour ses dimensions maximales.
La longueur diminue progressivement de 4 km à l'ouest à moins de 1 km,au
pont de ~orto Novo. Les profondeurs varient entre 1m5o et 3 m, à l'excep-
tion de celles du pont et au-delà, vers l'aval, qui dépassent 4 m. Les pro-
fondeurs de + 3m se rencontrent essentiellement sur une bande de Soo m de
s'étend
large au plus qui
/
du pont au Totchêl quant aux plus faibles profon-
de urs (1mSo) on les trouve au sud de cette bande. Elles s'expliquent par
l'exhaussement du lit, résultant du dépôt de sédiments à l'ouest de la di-
gue qui s'avance loin au sein de la lagune. Cette digue longue de Soo m
crée une zone calme où vient se sédimenter une partie des charges solides
en provenance de l'Ouémé.
Le régime de la lagune de Porto Novo dépend à la fois de celui de
l'ouémé et de l'état du chenal qui peut être ouvert du fermé •
•..1 ...

- 44 -
La configuration du delta de l'Duémé est telle que la plupart des
bras du fleuve débouchent dAns 10 lagune (fig. 10) c'est le cas notamment
de ceux sur lesquels ~ont construits les villages d'Acodji, de Kinsouhoué,
Zoukou. Le principal,les Aguégués,(du nom du Delta qui est le tronc commun
duquel se détachent tous les autres bras),débouche perpendiculairement dans
le canal du Totché. Quelques bras seulement, issus de la souche-mère, dans
le delta apportent au lac Nokoué les eaux de l'Duémé.
Outre l'Ouémé, le lac Nokoué et le chenal de Cotonou commandent
pour une bonne part la circulation de l'eau dans la lagune. C'est pourquoi
l'étude des deux situations avec lagune ouverte ou fermée s'avère indispen-
sable.
Situation avec chenal fermé : Nous avons déj~ abordé cette situa-
tien en étudiant le lac Nokoué.
Pendant la saison des pluies
le plan d'eau monte en moyenne de 2m55. L'exutoire de Cotonou fermé, il
n'en reste
de disponible que celui de Lagos. Nous ne disposons pas de
chiffre sur les hauteurs atteintes par la crue dans la lagune de Porto Nove.
Cependant compte tenu du débit à Agbato, en direction de Porto Nove (1500m3/s)
et du volume d'eau qui se déverse dans la lagune, il y a tout lieu de penser
que cette hauteur dépassera les 3 m, d'autant plus que le goulot d'étrangle-
ment représenté par le pont * de Porto Nova fait monter considérablement 10
niveau de l'eau dans la. lagune. Le débit de la crue au pont de Porto rJovo,
en cette situation de chenal fermé eOt été très signifi~tif à cet égard,
car il représenterait la somme des débits du lac Nokoué et ~e la lagune
de Porto Nova. Fort malheureusement nous n'avons pas cette donnée qui ne
doit vraisemblablement pas, toutes choses égales par ailleurs, 8tre infé-
rie ure à 2500 m3/s. On comprend du reste, le creusement exceptionnel de la
lagune à partir du pont jusqu'à plusieurs dizaines de km à l'aval. Cette
* Le pont large de 500 m est bien réduit pour la masse d'eau qu'il doit
drainer vers Lagos.
•••1 ...
.-.".

- 45 -
hauteur d'eau supérieure à 3 m qui, après avoir balayé une vaste surface
se trouve subitement emprisonnée derrière un passage étroit large de
400 m seulement, ne peut qu'affouiller le lit. Cela explique aussi la
lenteur avec laquelle la crue se résorbe dans la lagune.
En chenal ouvert : par contre la grande majorité des eaux du lac
utilise directement l'exutoire de Cotonou et celles de la lagune, l'exu-
toire de Lagos. Il y a là, pourrait-on dire, une répartition des exutoires.
Evolution géomorphologigue
La surélevation du l i t constatée dans le lac Nokoué est également
observée dans la lagune de Porto-Novo. Elle semble s'effectuer avec beau-
coup plus d'intensité et de régularité et les dépôts y sont plus épala
parce que ce milieu ne subit pas comme le lac Nokoué, la loi de la marée.
Dtautre part, la forme "en éventail" de la lagune ajoutée à Ilobstacle de
l~ digue, favorise une sédimentation accrue.
================~=====
En résumé, avant l'ouverture du port, deux situations prévalent
dans le milieu lagunaire, du point de vue morphologique :
- une situation avec chenal fermé, pendant laquelle on assiste :
• à l'extension considérable en période de crue de la zone
lagunaire, en raison de l'apport massif des eaux de l'Duémé et du niveau
très bas de la
vallée;
,e
à ltexhaussement du lit par suite d'un colmatage important
et au développement simultané des marais ;
e
à une certaine lenteur de la décrue, Itunique exutoire dis-
ponible étant éloigné.
Puis une situation avec chenal ouvert - généralement plus courte,
pendant laquelle
- la décrue est accélérée.
• .•1 ...

- 46 -
- la sédimentation considérablement réduite, les eaux turbides se
déversant dans la mer ;
la turbulence des eaux remet en suspension le matériau des ma-
rais, d'où le "rongement" qL: ti1.lJ;.8\\lbinent ;
- le chenal se creuse plus intensément.
La morphologie et l'hydrologie étant les supports indispensables
de notre étude, il était nécessaire de les aborder. Restent à présent les
données écologiques pour rendre compte de l'évolution de la biocénose dans
la zone lagunaire.

- 47 -
B.
ECOLOGIE
Dans le chapitre précédent nous avons délibérément laissé ce côté,
les modifications biologiqUES déclenchées par la succession des situations
lagune"ouverte-lagune fermée.
Au point de vue biologique les deux situations, différentes en ap-
parence,sont en réalité complémentaires. Selon les plcheurs, trois ans de
fermeture avec un an d'ouverture, permettent une exploitation optimum des
eaux lagunaires, ce qui suppose des conditions hydrobiologiquea exo.llentes~
1. Les conditions hydrobiologigues
Elles comprennent la salinité, les qualités de l'eau (1)* les sels
nutritifs, les gaz dissous.
La salinité :
En "lagune fermée
Le lac Nokoué coupé de la mer pendant une période plus ou moins
longue, n'en reçoit plus les eaux salées. Cependant le taux de salinité
ne baisse pas pour autant en saison sèche. Il est de l'ordre de 38 °/00 et
dépasse quelquefois 40~O(2)*, c'est-à-dire une salinité supérieure à celle
de la mer qui est en moyenne de 371bO.A cette sursalinisation nous trouvons
deux raisons fondamentales :
l'évaporation intense qui sévit sur cette vaste cuvette
lacustre
et dont les rives mGmes sont dépourvues de végétation arbo-
rée. Rappelons la hauteur d'eau évaporée correspondant à cette zone
1m90 selon RODIER. Une telle
situation pendant plusieurs années de fer-
meture avec des précipitations déficitaires par moments, aboutit finale-
ment à une forte concentration des sulfates et des carbonates.
(1)* L'expression "~ualitésde l'eau" sous entend
le pH, llaération, la
Turbidité, la turbulence, l'éclairage, etc •••
(2)* En 1938 par exemple, au large de Ganvié, le taux s'est élevé jusqu'à
40 'Jbo
•••1•..

- 48 -
- d'autre part, le fait que les flèches littorales qui assurent la
fermeture se construisent en saison sèche où l'eau de mer remplit le IGc,
laisse supposer llemprisonnement par celui-ci d'une certaine quantité
dleau de mer.
Mais ce cas de sursalinisation qui est tout de meme rate, ne pourra
arriver de nos jours que pendant des fermetures très prolongées du chenal.
Or, vers les années 1950 déjà, c'est-à-dire à partir du moment où
l'agglomération de Cotonou siest étendue au point d'occuper les berges,
les pouvoirs publics ont pris Ilhabitude d'ouvrir plus fréquemment le che-
nal dès que les hautes eaux se font menaçantes. De sorte qu'un tel taux
n'a plus jamais été enregistré. Le taux habituel est de l'ordre de 33 ~
dans l'ensemble du lac (stations de GBnvié, Kéténou et centre Lac). La cour-
be de variation des salinités depuis 1953 montre très bien cette évolution
pour les deux situations (fig. 21). La lagune de Porto Novo semble plut5t
en marge des importantes variations de salinité qui affectent le lac. Elle
n'est pas habituellement touchée par les changements de salinité due
dus à
l'ouverture et à la fermeture du chenal de Cotonou. Ses taux varient norma-
lement entre 0 et 18 %J 0
(station du Pont). 1:ela s'explique sans doute pE1r
le fait que la lagune de Porto Novo ne draine la plupart du temps que les
eaux douces de l'Ouémé.
Si le taux de salinité est une donnée importante, plus important est
à notre sens, l'étalement de cette salinité dans le temps.
Etalement de la salinité suivant les deux situations 1
Comme le montre la courbe (fig. 21) pour les années 56, 57,
51, 58 et
et
59, le taux de salinité reste élevé/pratiquement stationnaire pendant toute
la durée de la fermeture, hormis les légères "chutes" de mai-juin, qui sont
en liaison avec les erues de l'Ouémé. Dès début janvier toutes les courbes
remontent, jusqu'à celle de Porto Novo, qui, en ce mo~ant, draine une pnr-
tie des eaux salées du Nokoué, comme le note ce passage du rapport du
•••1. ..
1

- 49 -
r
1
l,
1
et commence au plus
quinzaine de juin.
.../ ...
1

... 50 -
Nous vsrrons successivement le pH,. l'aération, la transparence,
sur laquelle influe la nature des fonds.
~ pH
La double origine - continentale et marine - des eauX lagunaires
et la situation lagune ouverte ou fermée
laissent prévoir une varia-
tion importante de la concentration en ions hydrogène. Lorsqu'on sait que
les eaux continentales et fluviales sont acides (pH
6) et les eaux de
mer alcalines (pH
B) on peut se faire une idée du pH, la salinité variant
le plus souvent danè le m@me sens. On sait par ailleurs que le pH d'une
eau douce dépend en particulier du CO
dissous et que les matières organi-
2
ques, de réaction acide tendent ~ abaisser le pH. Ainsi, dans les deux si-
tuations, celui-ci reste en gros alealin à l'exception des fluctuations
saisonnières de crue dues ~ l'apport ~assif des eaux monotypiques de la 58
et de l'Ouémé qui envahissent la zone lagunaire. En saison sèche donc, le
pH est nettement basique (1) et en saison des pluies légèrement ecide ou
neutre.
Aération
L'aération est largement assurée dans les deux étendues lagunaires,
sauf peut ~tre en "lagune
fermée" dans le lac Nokoué quand les eaux cou-
lent peu, mais la profondeur est si réduite que, même durant cette situa-
ticn sn peut dire que le milieu est assez bien aéré. La teneur en 02 dis-
sous est également assurée par le contact avec l'air qui pallie la trop
forte température des eaux (25°) (2~.). La faible profondeur explique aussi
la turbulence particulière des eaux qui constamment brassées en "lagune
ouverte" permettent une abondante absorption de l'oxygène.
Un tel milieu peu profond et fluviel renferme probablement peu d'ry-
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(1) en "lagune ouvèrte".
(2) Température de l'eau et~tBmpérature de l'air ambiant sont pratiquement
identiques.
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- 51 -
drogène sulfuré (H S) (1).
2
Transparence
Une des caractéristiques du lac Nokoué est l'extr~me noirceur de
ses eaux, noirceur inquiétante au prime abord parce que préfigurant "de
grandes profondeurs, car il est souvent admis "qu'une rivière aux eaux
noires dont on ne peut voir le fond, est une rivière très profonde". Ce
dicton
n'est nullement vérifié ici. La très grande turbidité des eaux pro-
vient des zones traversées par les émissaires du lac. Nous avons déjà fait
état de l'importante charge solide apportée par les deux fleuves, charge
constituée à 90 % de matériel fin, argileux. Les radiations lumineuses,
dans ces conditions s'arr~tent aux trente premiers centimètres de la surfa-
ce en saison de crue (fig. 22). En général, à 25 m de profondeur on ne voit
abs~lument plus rien. Moins de 25 %de la lumière incidente parvient à cette
profondeur. Certes, tout cela est fonetion de la turbidité mais aussi, et
c'est ce que les travaux du CTFT n'ont pas souligné, de la nature des fonds.
Nature des fonds
Après plusieurs croisières sur le lac et la lagune, il nous a semblé
que la noirceur particulière des eaux tient à la turbidité, sans doute cussi
et surtout à la nature des épaisses couches de sédiments qui tapissent 108
fonds. Cette interprétation se fonde sur l'observation de nombreux échantil-
Ions pré*evés dans les zones pratiquement opaques et dans les zones dont
on voit clairement le fond par temps ensoleillé. Dans les premières qui
couvrent plus de 4/5 du lac, les sédiments sont de la Vase organique de
la boue (2) plus ou moins solide sur les rives, un peu molle dans les marais
(1) Bien entendu cette affirmation ne concerne que les eeux libres les ma-
rais "bordiers" en recèlent sans aucun doute puisque nous avons déjà souli-
gné le caractère réducteur de ce milieu (vases noires couvertes d'un mantGau
de pellicule, lequel interdit tout contact avec l'oxygène de l'ai ambiant.
(2) Boue à différents stades de consolidation, riche en débris de coquilles
et en débris végétaux. Elle renferme environ 51,5 % d'argile, 28,35 % de
limon et 6,8 % de sable.
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- 52 -
(où les pieds s'enfoncent de plusieurs dizaines de centimètres à chaque pas),
.
fluide à très fluide à mesure qu'on approche du centre du lac. Les couleurs
sembres dans l'ensemble vont du noir anthracite (1) au "cendre". Dans les
secondes, (sables totaux 97 %, argile 2 %) le matériel est sableux, fin, de
couleur blanche. Not~e carte des fonds (fig. 23) qui souffre sens
dou-
te d'imprécisions, en donne tout aU moins une idée. Ces fonds de marécage
plus ou moins solides sont traversés en profondeur par des passées tour-
beuses (2). Plusieurs sondages (3) au cours desquels la sonde, longue de
1m25, n'a pu toucher un fond solide, atteste de l'épaisseur relative des
sédiments. C'est la zone que nous qualifiions de privilégiée du point de
vue de la sédimentation. Ailleurs dans les marais au large de Yénawa, au
S.E. du lac, la sonde a atteint le sable après avoir traversé 95 cm de vase.
Sur la rive nord, dans le delta, les dapets sont beaucoup plus épais. On
parle de plusieurs dizaines de mètres d'épaisseur.
Les fonds de vase sont donc lee plus étendus. On peut supposer
qu'elle tapissait tout le lac par le passé, notamment en période de "lagune
fermée", pendant la~u811e l'écoulement lent, permettait le dép8t dans une
eau beaucoup plus calme.
Les fonds sableux forment une mince bande qui court de l'embouchure
de la se à celui de l'ouémé dans le lac. On en trouve également à l'entrée
du lac, à l'ouest d'Agbato, et au centre du lac. Pourquoi cette curieuse
répartition? elle s'explique par la turbulence des eaux aux débouchés,
eaux qui non seulement poussent le sable apporté de l'amont, mais interdi-
sent toute sédimentation de matériau
fin te: que le liant collo!dal de IG
vase.
(1) Résultat de la décomposition de la matière organique en milieu réduc-
teur. Nous n'avons par contre jamais rencontré de glaise.
(2) Il s'agit effectivement d'un "horizon"
de 5 à 10 cm de végétaux décompo-
sés, de couleur noirâtre, situé à 1 m de profondeur sous la vase.
(3) Effectués à Zogbo.
• ••1•..
1

-
53 -
Les sels nutritifs
Le caractère pèlytypique des eaux du système lagunaire est un fùc-
teur favorable à la richesse en sels nutritifs dissous. Tous les principnux
sels nutritifs sont représentés, tant ceux d'origine océanique, tels que
les chlorures, les sulfates, le calcium, le magnesium et le potassium,- que
ceux d'origine continentale tels que les nitrates phosphates et silice. Il
eOt été intéressant d'étudier l'évolution saisonnière àt interannuelle de
ces sels afin de comparer avec la situation actuelle, mais faute de données
antérieures, force nous est d'y renoncer. Toutefois, on peut, en se fond8nt
sur la production particulièrement abondante de poissons (15 000 tipar an
selon Buffe), de crustRcés et de mollusques, conclure à l'abondance des
sels indispensables à la constitutio~ des tissus de ces animaux. Il en est
vraisemblablement ainsi du calcium que les nombreuses populations de crus-
taeés, d'huitres et autres mollusques synthétisent pour fabriquer leur test.
2. Productivité primaire
le plancton
Nous manquons également de renseignements chiffrés dans ce domaine •.
Tous les rapports sur la situation antérieure font état d'une abondance
de plancton favorisée par un biotope aquatique changeant. La situation avec
lagune fermée, après une ou deux années d'ouverture, semble à cet égard
très favorable à la prolifération des microorganismes, tels que les diùto-
mées, et les algues. Cette variabilité du biotope est comparable, à
l'upwelling qui, sur les c8tes ivoiriennes renouvelle les eaux et est à
l'origine de la prolifération du phyto-planctoon et, par-delà, de la grande
production de poissons. Les côtes dahoméennes n'offrent pas cet avantage,
d'où leur grande pauvreté en poisson, mais les lagunes, par cette curieuse
situation, semblent pallier en partie ce manque.
En effet, cette eau lagunaire chargée de débris organiques agit favo-
rablement sur la faune et la flore microscopiques qui se multiplient rapide-
ment. En "lagune ouverte" la proximité du chenal et le renouvellement trop
•••1.••

-
54 -
rapide des eaux interdisent toute possibilité de développement que le man-
que d'éclairage réduit déjà considérablement (1).
De toute manière la longue durée de la situation avec lagune fermée
garantit l'abondance du plancton. Cette situation éminemNent favorable s'e3t
traduite au plan pratique par le développement des animaux supérieurs que
sont les poissons. Schématiquement la chaîne des facteurs aboutissant à ce
résultat est la suivante
1. Sels minéraux
(nature géologique du sol)
~fa~nè et flore mijlOSCOPiques
2. Substances organigues
-------~ .~
POISSONS
(d'après Fernand ANGEL)
C. CONSEQUENCES BIOGEOGRAPHIQUE5
Ces données écologiques
principale-
ment la productivité primaire qui en résulte témoignent de l'équilibre de
l'écosystème. Cet équilibre va, sans aucun doute avoir d'heureuses consé-
quences sur la zoocénose et la phytocénose.
LA ZOOCENOSE
Ces répercussions se traduisent par le développement de la p@che.
Peche à l'épervier aussi bien que pêche en acadja (2) connaissent un succès
indéniable.
(1) Noter que c'est l'éclairage qui favorise surtout le développement des
algues.
(2) "Les acadjas sont des concentrations de branchages fichés dans la vase
par une extrémité ou simplement posés sur le fond dans les eaux ••• le pois-
son s'y rassemble et y est facilement capturé après que l'acadja ait été
entouré par un filet ou par des barrières en claies tl
claies
(Buffe).
. .1 . ..

- 55 -
La faune: Peu d'espèces au total peuplent les eaux lagunaires. Il
s'agit d'espèces d'eau saumâtre en général. Ce sont essentiellement ainsi
que le revèlent los variations mensuelles du pourcentage de captures au
filet épervier (fig. 24 a et b) des Ethmaloses, Tilapia, Mugil, Elaps,
Chrvsichthys et quelques autres plutôt épisodiques, qu'on range dans le
groupe des "divers". Un examen des graphiques de variations mensualles et
interannuelles de 1957 à 59 dans le lac Nokoué et la lagune de Porto Nova
appelle quelques remarques. Les deux milieux lacustres et lagunaire n'abri-
tent pas tout à fait les m@mes espèces. Porto Nova possède en plus de celles
citées plus haut, les genres Alestes, Synodontis. Tout~fois, les espèces
les plus appré~iées, Ethmalose (1) et Tilapia * dominent de loin. Elles
atteignent à elles seules plus de la moitié des prises et font l'objet d'un
commerce réputé. L'Ethmalose se pêche tout au long de l'année, mais sa pro-
duction culmine en juin-juillet dans le lac Nokoué (+ 40 %des prises) et
un peu plus tard, en septembre dans la lagune de Porto Nova (0 50 %).
L'hypothèse d'une migration de cette espèce du lac vers la lagune n'est donc
pas illogique. La production des Tilapias pêchés à l'épervier est plus dif-
ficile à interpréter. Dans le lac Nokoué, le maximum de Tilapia a été p@chô
en Novembre 1957 (40 %des prises) tandis que l'année suivante dans les mêmos
conditions d'ouverture du chenal c'est plutôt en avril qu'on enregistre le
plus fort pourcentage (40 %). Dans la lagune de Porto Nova pendant ce temps,
en aoOt 1958, plus de 70 %étaient des Tilapias. Cette fluctuation de la
production de Tilapia tient sans doute à l'usage des acadjas qui opèrent
une véritable sélection des espèces, comme en une pisciculture. Quoi qu'il
(1) "L'ethmalose ou sardinelle de mer est un poisson phytoplanctonophage
(taille 20 cm). Il se reproduit dans les eaux e~umâtres du lac Nokoué à
une taille beaucoup plus faible que celle constatée généralement sur la
c6te ouest d'Afrique. Au mois de juillet les ethmaloses de taille moyenne
se concentrent vers les eaux encore salées près de Cotonou et gagnent en-
suite la mer".
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- 56 -
en soit, la p~che des deux espèces largement commercialisées est étalée sur
toute l'année avec de temps à autre, des moments de très forte remontée.
Autre remarque: pendant les trois années 1957, 58 et 59 entre 18s-
quelles s'intercale une période brève de fermeture du chenal on enregistre
pendant la fermeture quatre fois plus de Tilapia dans le lac Nokoué ; et
à Porto Nova en septembre 1958 le plus fort pourcentage de Tilapia jamais
atteint: plus de 70 % des prises. Cette constatation confirme le fait que
les eaux produisent beaucoup plus lorsque le chenal est alternativement
ouvert et fermé.
Viennent ensuite dans l'ordre décroissant: mugil, chrysichthvs,
alops et "les divers". On remarque la montée excessive des mugil an période
d'ouverture, au détriment des EthmalDs8s et des Tilapia. Moins de 10 % en
lagune fermée, ils atteignent 60 % en lagune ouverte. Les Chrysichthys,
jusqu'à p~ê8ent du lac Nokoué où leur apparition est plut8t rare, semblent
@tre l'apanage de la lagune de Porto Novo où leur pourcentage atteint par-
fois 45 %des prises.
La "pisciculture" des acadjas
Enclos de forme circulaire ou quadrangulaire en branchages construits
dans les eaUX de faible profondeur, les acadjas apparentés à la pisciculture
présentent de nombreux avantages.
Les tilapia heudelotii : peu exigeants, sont essentiellement micro-
phages et la présence de branchages favorise le dép8t de vase, le dévelop-
pement d'algues et de microorganismes dont ils se nourrissent. Vasicoles,
ils sont en effet les principaux sinon les seuls hotes des acadjas, d'où
le rele sélectif de ceux-ci, vis à vis des autres espèces. J. BUFFE a pré ci-
sément noté à cet égard: "La présence des acadjas permet d'exploiter sépa-
rément les diverses populations des lagunes sans que l'exploitation de l'une
nuise au développement des autres
c'est probablement à cela que tient
l'énorme production du lac Nokoué et de la lagune de Porto Nova qui atteint
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- 57 -
15 000 tonnes de poissons frais par an pour une superficie de 15 000 hal!.
les acadjas contribuent également au repeuplement des eaux libres où tiln-
pia fournit près de la moitié des pêbhes à l'épervier.
Les crustacés : les crevettes viennent en tete en quantité comme en
qualité (1). Tout le paysage lacustre est hérissé de dispositifs de pêchu,
de diverses sortes (acadjas, barrages à crevettes, etc ••• ) mais ce qui fr~p-
pe d'abord les "plaisanciers" (2) du lac c'est dans le chenal, la multitu-
de des rangée~;~e piquets qui barrent littéralement la section du chenal
/
(et ce en plusieurs endroits) et qui semblent apparemment ne jouer aucun
rele mais qui à quelques centimètres sous le plan d'eau sous-tendent des
filets destinés à la capture des crevettes en provenance de la ~er, à la
faveur de la marée.
~~~_filets sous-tendus par
du chenal
un
barrage à crevettes
installé dans le chenal
(1) Qualité commerciale.
(2) Les navigateurs de plaisance qui appartiennent la plupart au Yachting
club de Cotonou.
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- 58 -
Dans le lac eKiste
un autre type de barrage
en claies qui dépassont
le niveau de l'eeu de plusieurs mètres et qui comportent des pièges sous
l'eau. Un lampion allumé tous les
~ claie
jours à la tombée de la ~uit attire les crevettes. En effet celles-ci
très sensibles à la lumière ne se capturent bien que par des journées enso-
leillées, ainsi que le prouve du reste la pêche de la meme espèce (1) sur
les cOtes ivoiriennes. Ces crevettes sont originaires de la mer, à une
quinzaine de km. des cates (fig. 25) sur le plateau contiBental entre les
isobathes 40 et 55 m. Elles affeetionnent la vase dans laquelle elles se
terrent et dont elles se nourrissent (débris végétaux en décomposition
dans la vase). C'est pourquoi leur habitat lacustre
correspond à un des
secteurs les plus vaseux et les plus salés du lac, au large d'Awansouri et
de Zogbo. La prédilection des crevettes pour l'ouest du lac, où leur taille
atteint 12 cm, explique la présence dans cette zone du puzzle de barrages
qui surgissent dès les premiers jours d'ouverture du chenal. Notons, au
passage,que ces pièges à crevettes diminuent à mesure qu'on approche du
canal'de Totché et sont
absolument absentes de la lagune de Porto Novo
dont le biotope ne leur convient
probablement pas.
Les crabes (callinectes latimanus) autres crustacés, abondent égale-
ment dans le meme milieu mais en quantité très inférieure. Parmi les mollus-
ques, les huitres tiennent la première place.
Les eaux sa-
lées en saison sèche, semblent leur convenir particulièrement. Les tests
(1) Penaeus duorarum.
•••1 ..•
1

- 59 -
d'huitres qui jonchent les rives du lac depûis le chenal témoignent d'une
exploitation intensive de ce Lamellibranche à une époque récente. Outre
cette espêce, signalons la présence de mollusques et crustacés plus petits,
peu considérés parce que non comestibles
les bernard l'ermite, les pagu-
res, etc ••• qui pullulent sur les rives du chenal. On les voit de temps à
autre refluer vers les rives auxquelles elles s'accrochent en grappes afin
d'éviter les eaux douces du jusant, alors
qu'à l'étale du flot
ils des-
cendent de leurs repères pour se diriger en masse vers les eaux salées.
Les grands prédateurs malgré la faible profondeur de
l'eau, y sont nombreux quoique leur nombre diminue ~rogressivement. L'Abbé
Pierre BOUCHE en avait f~it mention en traversant le Totché t "les calmans
faisaient bonne garde ••• "Ecoutons le chant des canotiers ••• C'est un chant
au ealman
"carman conduis-nous écarte tout malheur ; Vois dans la pirogue
ce voyageur venu de la terre des blancs, qu'il ne lui arrive aucun mal dans
la lagune ••• conduis nous sans encombre."
La zoocénose est donc favorieéo par les bonnes conditions écologi-
ques. La phytocénose elle aussi quoique de façon moins spectaculaire pro-
fite de ces conditions.
La végétation caractéristique du bas delta de l'Ouémé auX terres
longuement inondées est constituée de formations rases, palustres. L'abbé
Pierre notait déjà la présence de hautes herbes sur les bords du lac Nokoué.
Depuis ce temps les hautes herbes ont subi nombre d'épisodes malheureux.
En tout cas le paysage végétal des rives du système lagunaire avant l'ouver-
ture permanente du chenal est une prairie marécageuse halophile. On y dis-
tingue principalement les Graminées et les Cypéracées (1). Cependant on
(1) Notons à la suite de P. VOLKOFF, le rôle de la microtopographie et de
l'inondation dans la répartition géographique de ces deux familles. Les
cypéracées affectionnent plutôt les sols boueux des dépressions qu'elles
colonisent en un temps record.
• ••1•..
...
1

-
60 -
rencontre, ici et là autour du lac des reliques forestières qui témoignent
d'une végétation plus luxuriante dans le passé. Aux abords des plateaux de
de terre, de barre, des fourrés impénétrables d'arbustes et des lianes S8-
parent le domaine lagunaire du domaine terrestre. Au sud sur le cordon lit-
toral, spécialement vers Porto-Novo, subsistent encore des restes de for~t
marécageuse constituée d'espèces de grande taille. Dans la vallée au sein
des formations herbacées qui s'étendènt à perte de vue, s'élèvent sporadi-
quement, des !lots de reniers (Borassus flabellifer). Il s'agit là vrai-
semblablement de vestiges d'une ancienne savane. Ces espèces ne semblent
pas affectés par les inondations annuelles, puisqu'on les retrouve dans les
marais cetiers (de Grand Papa par exemple, signalés par A. Mond~) où
ils croissent les pieds dans l'eau.
1

- 61 -
CON C LUS ION
En définitive l'examen rapide de la situation biogéographique du
milieu lagunaire avant l'ouverture du port fait conclure à la stabilité de
l'écosystème, le "baromètre"
de cette stabilité étant l'excellent rende-
ment de la p~che da lui-m~me ~ une productivité primaire élevée *. Plus de
10 000 familles en tirent leur revenu, cette p@che donnant lieu à toute
une série d'activités secondaires. Bref, cet équilibre nlest pas sans
d'excellentes retombées sur les populations riveraines qui sont sans doute
celles qui se plaignent le moins de leur sort, comme en témoignent les
constructions en dur qui parsèment les villages lacustres. Malheureuse-
ment cette époque de "vaches grasses" ne sera plus bient6t qu'un souvenir.
La construction du port Vn déclencher, en maintenant le débouché Lagunaire
ouvert en permanence, la rupture de l'équilibre biologique du milieu na~
rel.
* Productivité due principalement ~ la transparence de l'eau et ~ l'impor-
tance des phosphates.
J

-
62 -
DEUXIEME
PARTIE
"Les équilibres sont toujours fragiles,
et il suffit d'un accident pour les
remettre en question à travers des pro-
cessus qui se définissent comme une
dégradation du milieu ou comme un affai-
blissement ou une mutation de la collec-
tivité vivante concernée"
(P. George).
LA CONSTRUCTION DU PORT
ET LES MODIFICATIONS MESOLOGIQUES
t
CHAPITRE
I
LE PORT
Le but visé était comme pour tous les ports des c8tes sableuses
00 sévit la barre, de créer une zone d'eau calme, de profondeur suffisente
pour accueillir des navires d'un certain tonnage. Il a fallu pour cela,
construire un certain nombre d'ouvrages •

La jetée ouvrage fondamental
Longue de 1km5, la jetée n'avance sur le plateau continental que
sur une distance de 900 cm. Oblique à la c~te avec laquelle elle fait
appr~ximativement un angle de 60°, elle est légèrement perpendiculaire à
la direction de la houle (fig. 26). Son raIe est capital. De tous les
ouvrages du port, c'est la jetée qui supporte pratiquement tout le choc
provenant des vagues. La traverse, moins longue (700 m), achève de fermer
la zone portuaire en m~nageant une ouverture pour le passage des navires.
Son importance est plutBt secondaire, comme le prouve d'ailleurs la traver-
se du port de Lomé qui na mesure que 100 m environ.
.•1 . . -.

- 63 -
E~~~~s~~~~=~_~~~~~~~!:~
Pendant les travaux déjà, d'importantes perturbations se font sen-
tir dans l'hydrologie du secteur, sur près de 12 km de cete environnant3.
La première conséquence qui entraîne d'ailleurs toutes les autres est
l'arr~t de la dérive littorale. Du coup le transit littoral se trouve
stoppé derrière la jetée. Parallèlement se développe des phénomènes de
réflexion et de diffraction. En effet, la houle après avoir buté contre la
\\
jetée semble créer un contre-courant qui se "rabat rétrogressivement" sur
le littoral et sur une distance de 5 km. Quant à la diffraction, impor-
tante déjà au cours des travaux, elle l'est davantage après la construc-
tion du port. De ces perturbations ~aissent à plus ou moihs longue éché-
ance un certain nombre de faits nouveaux.
~~~~~g~:~~:~_~_~~~2_!:=~:
Elles sont de deux ordres,morphologiques et hydrologiques. De pro-
fondes modifications morphologiques affectent le littoral eotonois dont
l'ancien tracé rectiligne
a disParu.
En fait d'hydrologie,
des changements assez graves sont Enregistrés dans l'arri~re pays; entre
autres/l'ouverture permanente du débouché en mer de la lagune, et parallè-
rement, le déclenchement du processus de dégradation du milieu biologique
avec toutes les conséquences qui s'ensuivent.
• ..1 ...
1

,
- 64 -
1
-
CHAPITRE
II
CONSEqUENCES SUR LA MORPHOLOGIE
DES REGIONS AVOISINANTES
A. LE LITTORAL
Deux zones à considérer de part et d'autre de la zone portuaire,
la zone d'ensablement et la zone d'érosion.
1. Zone d'ensablement (fig. 26)
L'ensablement est inhérent à ce type de port appelé à juste titre,
"port à accumulation" (1). Le dép8t sableax comme le montre la figure, sc
présente sous la forme d'un triangle dont le côté au contact de la mer
s'engraisse régulièrement. A combie. peut-on évaluer le volume de sable
déposé chaque année et comment ce sable est-il réparti sur les 6 km de
plage affectées. Au cours d'un entretien avec M. SIREYJOL (2), Ingénieur
des Ports, nous avons pu savoir que selon les prévisions, l'apport annuel
se situait entre 700 et 1 500 000 m3. "Actuellement a-t-il ajouté, la ten-
dance est de plus en plus pour les 1 500 000 m3 annuels". C'est le dépôt
maximum supposé et qui a commandé sans doute le gabarit des ouvrages.
Quant à la répartition de ce sable, elle est plus délicate à déter-
miner. Le dépôt croit progressivement depuis la plage de l'Aérodrome
(2D m de large) jusqu'au contact avec la jetée (550 m de large), sur une
distance de 6 km.
(1) Entendre "accumulation de sable.
(2) C'est d'ailleurs lui qui a dirigé la construction du port de Cotonou •
•••1•..
1

- 65 -
! ND de
1
Sables
Sable
Sable
limon
limon
;l'échan-
ArgilG
totaux
grossier
fin
fin
fin
itillon
!
! lINouvelle
100 %
5,345%
94,345 %
0,310 %
1
plage"
!
1
ilIAncienne
99 % !92,710 %
6,665 %
Gravier
plage"
1
0,635 %
!
Par ailleurs la couverture de la nouvelle plage est moins accentuée
que prévu, en particulier l'angle sous lequel l'accumulation aborde la je-
tée est moins aigu ainsi que le montrent les schémas d1après les photographi8~
aériennes (fig. 27 et 29). Une autre donnée non moins intéressante est
la granulométrie de l'ancienne (1) plage et de la nouvelle.
Il apparait nettement que la nouvelle plage est constitué Se maté-
riaux beaucoup plus fins que ceux de l'ancienne.{1 bie). Leu~ p~Dpa~ticn (2)
dillllinul! à IftBBUtJfl qu'onvva vers l'ouest, et ils finissent par dispara!tre à
la hauteur de l'aérodrome, ce qui confirme bien le point de départ de l'ac-
cumulation. D'autre part, la coupe du plateau continental (fig. 15) indique
dès les premières centaines de mètres une zone de lI sable fin et vase".
L'accuœuletion a donc vraisemblablement atteint cette zone.
(1) La plage subactuelle,celle à laquelle se juxtapose l'accumulation.
(1 bis) Cela s'explique quand on sait que dans la zone d'accumulation du
port la mer recule et que, ainsi que le montre la coupe en travers du pla-
teau continental, l'étage infralittoral est constitué de sable fin et de
vase.
(2) Ces matériaux plaqués contre la jetée, couvrent les 300 derniers mètres
(eSté mer).
•••1 .. ..

- 66 -
Nos conclusions et celles du modèle réduit convergent dans l'en-
semble. Toutefois il reste deux points sur lesquels l'accord n'est pas
unanime. Les prévisions du modèle réduit (fig. 27) donnent 50 ans au maxi-
mum pour que l'accumulation atteigne l'extrémité supérieure de la jetée,
avant d'entrer finalement dans la zone portuaire. Nos observations sur le
terrain en novembre 1970, nous ont permis de constater que l'accumulation
a déjà atteint un peu plus de la moitié de la jetée (près de 600 m sur
les 900 m au total) et cela en dépit de dragages fréquents. En tenant
compte de la profondeur (Bm12) à mesure qu'on s'avance sur le plateau con-
tinental et éventuellement d'un apport moins abondant de sable, on peut
affirmer avec certitude que dans les vingt prochaines années l'accumulA-
tian dépassera largement la côte fixée et entrera dans la zone portuaire.
Car si en dix ans 500 m d~ la jetée sont déjà "ensablés", les 400 m res-
tant le seront certainement dans vingt ans. Il convient d'ailleurs de si-
graphies
gnaler que les photo/aériennes ne donnent une image fidèle de l'étendue
réelle de l'accumulation que lorsqu'elles sont prises en basse mer, au mo-
ment o~ la mer "découvre" au maximum la cate et laisse voir l'étage infra-
littoral. En réalité l'accumulation s'étend plus loin sur le plateau con-
tinental (+ 50 m) que ne le montrent les photos.
Un autre fait, non signalé par le modèle réduit, mérite quelque
attention 1 le démaigrissement ou la véritable érosion qui s'exerce sur
la plage de l'aérodrome à l'endroit m@me où commencent les dép8ts. Ce
phénomène, inaperçu à Cotonou, est lourd de conséquences à Lomé en raison
des édifices importants qui bordent le littoral. Dans cette ville, les
blockhauss datant de la colonisation allemande, les rails qui longent
la route inter-Etats Lomé-Cotonou près du wharf, et
la rampe de sécuri-
té (1) de la route, éloignés dans les années 50 de plus de 100 m de la mer,
(1) Rampe en maçonnerie séparant plage et route.
• ••1 ...

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- 67 -
sont actuellement soit détruits, soit à peine à 20 m des vagues. Cette éro-
sion qui s'intensifie après la construction du port, est due probablement
au ressac, (1) lequel résulte de la réflexion de la houle sur la jetée.
Cette "houle gaufrée~ qui porte sur la cBte à 5,6 km de la jetée, semble
d'autant plus violente que la courbure du dépôt sableux est plus marquée
et l'angle d'incidence de la houle plus grand.
Nous avons déjà fait état de la rapidité d'engraissement de la
zone d1accumulation du port togolais par rapport à celui du Dahomey (+ 550 m)
en 10 ans à Cotonou et la même largeur en six ans à Lomé. Ici le volume
plus important de sable à l'ouest de la jetée semble lié à l'inclinaison
beaucoup plus forte de la houle sur la cBte : 43 D
43
du cap St. Paul à Lo~
(fig. 28) et aussi à lamasse de sable, si l'on en croit F. VARLEI que
libère l'érosion du cap. A part cette influence, le mode d'engraissement
dans les deux ports voisins est identique, comme le sont d'ailleurs les
paramètres: direction de la houle, vents, etc ••• à l'exception de l'ampli-
tude de la houle qui est plus forte à Cotonou qu'à Lomé. D'autre part la
longueur du littoral affectée par l'accumulation est sensiblement égale à
celle de Cotonou (près de 6 km). On peut donc conclure qu'au plan des dé-
pets sableux les deux ports évoluent de la mame façon (fig. 29), sauf que
le dép6t semble, toutes C!des égales, plus important à Lomé qu'à Cotonou.
Mais si, de ce caté-ci des jetées, on enregistre grosso-modo une simili-
tude des formes, de l'autre côté les choses ne sont pas pareilles. La
présence au droit de Cotonou du débouché lagunaire change les données.
(1) Voici ce que dit M. GUILCHER sur la réflexion des vagues :"quand elles
rencontrent un obstacle tel qu'une jetée, les vagues sont réfléchies c'est-
à-dire renvoyées ••• le ressac est un fort clapotis formé ainsi par réflexion •••
Si les vagues attaquent obliquement l'obstacle, la réfleXion se fait suivant
les lois de l'optique, l'angle d'incidence est égal à l'angle de la ré-
flexion ••• alors se trouve réalisée une houle gaufrée".
• .•1••.
1

- 6B -
2. Zone d'érosion
Elle s'étend sur 5 km environ au-delà de la traverse et se traduit
par un recul spectaculaire de la côte.
Recul de la cate
"Avec de grands brisants et un angle d'attaque de 10°, la dérive
peut atteindre une vitesse de plusieurs noeuds" (Guilcher). Or, l'angle
d'attaque à Cotonou est supérieur à 20° et encore plus à Lomé (43°). On
eomprend donc la rapidité du recul, lequel est accentué par l'arrêt de
l'apport sableux par la jetée. En effet, ce recul était amorcé dès 1961,
année m@me de la construction de la digue. Trois missions aériennes effec-
tuées au fur et à mesure de l'avancement des travaux, montx.
le déroule-
me"t du processus. Dès que les enrochements atteignent les deux cent pre-
miers mètres en mer, c'est-à-dire la zone de déferlement de la barre, le
mécanisme de l'érosion se trouve déclenché par toute une série de causes
la violence des vagues, la diffraction de la houle à l'extrémité des digues,
la déviation de la dérive qui por~avec une grande vitesse sur la cats,
etc ••• Aussi au cours de la m@me année, la plage d'abord rectiligne, démai-
grit-elle, se creusant chaque mois un peu plus et finit-elle par présenter
un véritable "rentrant" de forme c,oncave. Le boulevard de France (1) éloigné
de 120 m de la ligne de côte au début de 1961, n'en est plus séparée que
de 50 m à la fin de la m@me année. Aujourd'hui à notre passage, en novem-
bre 70, le m!me boulevard se trouve à moins de 25 ~ de la plage, les lais-
ses de pleine mer de vive eau n'étant plus qu'à quelques mètres. Sans l'épi
ouest, tout le village Papa situé à l'ouest du débouché lagunaire aurait
déjà disparu sous les assauts des vagues, aggravés par la présence de
l'estuaire. En effet, la présence de l'embouchure renfo~ce les données
(1) Rue longeant le littoral sur près de 2km5.
.../ ...
1

r~~----
1
r
- 69 -
r h~drologiques que dominent principalement la direction de la houle et la
1
vitesse des courants de marée. La direction de la houle est restée identi-
que en gros à la normale dans la zone d 1
d accumulation ainsi que l'indiquent
les photos aériennes (fig. 26). Mais au fur et à mesure qu'on approche du
débouché "l'angle d'attaque"
de la c6ts augmente progressivement les ortho-
gonales de houles se redressent prennent une direction' S.E.N.W., puis retour-
nent progressivement à la position initiale à quelques centaines de mètres
au-delà de l'embouchure. A ces facteurs il faut ajouter l'arr8t du trans-
port littoral. Au-delà de la jetée vers l'est les données hydrologiques
jouent essentiellement comme agents d'ablation.
Si aux abords immédiats de la zone portuaire la rapidité de l'éro-
relativement
sion provoque quelque appréhension (1) la situation est
·1
plus grave
de l'autre ceté du débouché.
Dans le débouché proprement dit, plusieurs modifications étaient
intervenues au cours de la m~me année 1961. Large de 400 m à la première
mission aérienne, il est passé à 800 m à la seconde (5 mois après), après
l'ablation totale de la langue de sable de 400 m de long qui couvrait l'ex-
trémité de l'épi ouest. Pendant ce temps, un atterrissement s'était formé
au sein m@me du débouché. A la troisième mission, à la fin de l'année 1961,
l'ouverture en mer ne mesurait plus que 300 m, la rive gauche s'étant con-
sidérablement avancée mais en présentant une pointe recourbée vers l'inté-
rieur du chenal (fig. 30). Une superposition des pho~os prises en 1961,
1965 et 1970 donne une idée assez précise des changements. On remarque
que les modifications majeures avaient déjà eu lieu en fin 1961. Depuis
cette date on assiste à des changements successifs de forme de la langue
de sable de la rive Est, laquelle tant6t s'allonge comme pour fermer le
chenal, tantet recule agrandissant davantage le débouché. En effet, àepuis
(1) Un certain nombre d'édifices au bord du boulevard dont l'hetel de la
plage, sont directement menacés par l'avancée de la mer.
• ••1...

11,
- 70 -
f
l'installation d'un épi sur la rive Ouest, seule la rive Est
subit encore
f
l'action des agents marins ou fluviatiles, l'autre étant désormais figén.
Que se passe-t-il au-delà de l'embouchure? La première constata-
tion qui frappe tout d'abord est que la côte a perdu sa rectitude. De l'em-
1
1
bouchure à l'épi Est, la ligne de côte fuyant sous les déferlements des
1
vagues, présente plut6t une allure oblique. Ici encore superposons les pho-
1
tos des années 1961, 65 et 70. De 1961 à 1965, le rivage a reculé parallèle-
ment à l'ancien, de 500 m. De 1965 à 1967, le recul est moins sensible mais
1
la ligne de côte devient légèrement concave et de nombreux atterrissements
1
émergent à marée basse, bouclent partiellement l'entrée du débouché. De
1
1967 à 1970, la concavité se précise et mieux l'extrémité orientale du banc
de sable recule encore d'une dizaine de mètres, tandis que près de l'épi,
l'ê~osion est quasi nulle. De Borte que, finalement le recul de la cate
s'est effectué de façon très inégale: très prononcé à l'embouchure
1f
m••
m e (1) où la langue de sable ne Masure que 30 m tout au plus, il l'est
fl
de moins en moins à mesure qu'on approche de l'épi,ce qui explique l'obli-
l
quité
de ce secteur du rivage (2).
1
Au delà de l'épi Est, se développe une autre forme d'érosion dont
les dégats augmentent d'année en année. Un véritable "rentrant" grossière-
1t
ment concave se développe sur une distance de 1 km 5, change totalement la
t
et
t
1
morphologie du littoral/détruisant plusieurs hectares de cocotiers. Ce pe-
J1
t i t golfe qui dans sa partie la plus profonde a pénétré de 200 m à l'inté-
t
rieur des terres à notre passage, est da à l'épi à l'extrémité duquel se
1
i
(1) Sans doute à cause des crues lagunaires; la petite presqu'!le longue
il de 200 à 300 met large d'une trentaine de mètres au maximum est appelée
à dispara!tre.
l
(2) Un épi de plus sur ce rivage l'aurait sQrement protégée contre l'éro-
t
sion, comme l'a noté F. OTTMAN
dans le cas du transport par "charriage"
t
sur le fond on aura au contraire remblaiement devant l'épi et creusement
t
derrière d'où la nécessité de faire des épis assez rapprochés.
f~
.../ ...
i
1
1,l

1,
1
(
- 71 -
(
diffracte la houle, responsable de ce phénomène (1) M. SIREYJoL, explique
ce fait par l'interception du transit littoral par l'épi.
3. Nouv~lle configuration du littoral
Sur les 12 km de c8té affectés par la construction du port le tracé
1t
restiligne de l'ancien littoral a disparu (fig. 29). A l'ouest de la jetée
t
1
J
c'est l'engraissement; à l'est, l'érosion, le recul de la cete sur plu-
J
sieurs centaines de mètres, mais un recul loin d'@tre uniforme, en raison
1
i
de la présence du débouché lagunaire et d'épis qui introduisent autant de
ij
discontinuités dans la configuration générale du littoral. Le schéma du
j
l
rivage présente grossièrement une allure en "marches d'escalier".
l
1
La comparaison de la nouvelle configuration des deux littoraux coto-
1
nois et lo~éen appelle les remarques suivantes :
La zone d'érosion est sensiblement plus courte (2 km environ eeule-
ment). Le recul de la ligne de ceté se fait parallèlement à l'ancien rivage.
Du 25 octobre 1964 au 27 février 1970, c'est-à-dire en l'espace de six ans,
la cete a reculé de 125 m sur près de 2 km. Or, l'ancienne route inter-Etats
Lomé-Cotonou se trouvait en 1964 à 100 m de la mer. Il va sans dire que cette
portion de la route est submergéeet que, comme à Cotonou, plusieurs hectares
! de cocotiers sont déjà détruits. L'explication de cette évolution réside dans
! le type de port construit qui est d'ailleurs le m8me dans les deux villes.
1
Il s'agit d'une évolution normale liée aux ports à accumulation. L'aggrava-
1
tion de l'érosion à Cotonou est due à la proximité de l'embouchure.
1
(1) Cette érosion au droit de l'épi n'a probablement pas été prévue compte
tenu de l'ampleur des dégâts.
...
. / ...

- 72 -
Explication des faits nouveaux
Remise en marche d'une nouvelle évolution littor~le
---------------------------------------------------
Les 12 km de côte profondément modifiée par des saillies et des
rentrants sont le résultat d'un nouveau processuS d'évolution, les saillies
étant représentées par la zone d'accumulation, et les rentrants, par celle
d'érosion. Selon les lois classiques de l'évolution littorale "la mer tend
à régulariser le tracé du littoral initial dont les saillies sont réduites
peu à peu par érosion tandis que les rentrants sont comblée par accumula-
tion (Taillefer 1965) (1). Mais du fait de la permanence de la jetée, cette
saillie sera continuellement alimentée. De la m@me façon les rentrants se-
ront continuellement érodés et cela aussi longtemps semble-t-il que la cau-
se fondameMtale, en l'occurence la jetée, demeurera. Nien, en tout cas, ne
1
permet de prédire le moment de l'arrtt d'une telle évolution. L'intervention
de la jetée semble donc faire échec aux lois de l'évolution littorale., Ainsi,
1
sans doute pour longtemps encore l'équilibre demeure rompu et les conséquen-
ces néfastes de cette érosion-irréversible si des mesures d'envergure ne sont
prises - se feront sentir avec de plus en plus d'acuité.
B. LE DOMAINE LAGUNAIRE
Nous examinerons les répercussions sur le chenal, le lac Nokoué et
la lagune de Porto-Nova.
(1) En réalité,dans la nature les choses sont plus complexes. Car si cette
loi est particulièrement vérifiée pour les côtes sableuses avec plate forme
continentale développée, elle l'est moins pour les côtes rocheuses se pro-
longeant directement sans plate-forme littorale jusqu1aux plaines océaniques.
l
•••1...
1
t
1
1j,j
1
~

,
- 73 -
1. Répercussions sur le chenal
Les agents dynamiques sont, la marée, la houle, le vent et les crU~6
annuelles de l'Ouémé, comme nous l'avons indiqué pour la période précédant
l'ouverture du port, en situation de lagune ouverte. A l'époque, ces agents,
du fait de la durée relativement brève de leur application n'affectaient
pas outre mesure le chenal, mais leur action permanente devient déterminante
sur la morphologie de celui-ci.
La marée
Elle pénètre de plus en plus dans le chenal qui enfregistre des Vo-
riations sensibles de niveau au cours d'une m@me journée. Invariable au port
de Cotonou et à l'entrée du lac (Agbato) ainsi que le montre le tableau ci-
après 1
!
Régime
antérieur
à
1962
Nouveau
Régillle
1962
!
r
1
!
vive eau
morte eau
vive eau
morte eau
t
1
!
1
r
1
!
Wharf de
1
1
1
!
Cotonou
1,75m (1 00 ~) 1 0,30 (100 l}b)
1 ,75 (100 %)
0,30 (100 cfa)
1
1
1
1
1
Pont de
1
1
r
Cotonou
0,40
(23 %)
D,OB (27 l}b)
1,30 (74 l}b)
0,24 (BD ~)
1
1
1
t
1
1
Entrée du
r
1
Lac (Agbato)
0,15 (B,50 %): 0,03 (10 ")
0,45 (25 l}b)
0,06 (20 ~~)
1
1
1
!
1
Les mesures marégraphiques postérieures à 1962 démontrent de ma-
nière plus éloquente encore cette grande pénétration de la marée dans le
chenal. En 1966, c'est-à-dire quatre ans plus tard, le marégraphe indique
au pont de Cotonou 1m45 (le 5 avril 1966 en pleine mer de vive eau) et 1m10
(le 6 avril 1966) à Agbato, à l'extrémité nord du chenal, c'est-à-dire ros-
pectivement,en considérant toujours le wharf comme la station de référence,
83 l}b et 63 % (fig.
). En 1970, faute de matériel nous n'avons pu effectuer
.../ ...

- 74 -
ces mesures. Toutefois, en nous fondant d'une part sur les nouveaux carac-
tères hydrologiques du lac et du chenal (1), d'autre part sur la submers·on
de plos en plus complète des îlots au large d'Agbato (fig. 31), nous pou-
vons affirmer avec certitude que par vive eau l'amplitude dépasse aujour-
d'hui 1m2D, ce qui suppose qu'au pont elle doit approcher 1m5D.
Plus importants, du point de vue morphologique, sont les courants
de marée.
Les courants de marée
La pénétration, plus importante, de la marée commande un échange
d'eau plus abondant entre lagunes et océan. Les vitesses de courants mesu-
rées à l'aide de courantographe immergé à 1m5D de profondeur témoignent
d'une plus grande rapidité de l'écoulement.
Les vitesses maxima de jusant, en saison de pluies sont c
- au pont de Cotonou 1m5D/s
au milieu du chenal (Boulevard St. Michel)
1m70/s
Agbato : 1 ,28 rn/s
au lieu de Dm77/s en 1953 pour la vitesse maximum.
Toujours en saison des pluies illes vitesses moyennes sont t
- au jusant: 1m15/s au lieu de Dm5U/s en situation ancienne
au flot : Dm50/e e
Il ressort de ces chiffres que les vitesses de 1966 sont deux fois
plus élevées que per le passé.
Par ailleurs la juxtaposition des mesures de vitesse débit d'écou-
lement et hauteur de marée est très significative.
(1) Notamment sur la cambrure des vagues et la grande vitesse des courants
dans le chenal.
...
. / ...

- 75 -
Lagune ouverte le 25/10/52
Dn voit bien l'influence du débit (donc de la saison) et du type
de marée sur la vitesse.
En 1962
Exemples des débits moyens journaliers
--------------------------------------
Saison
Marée
Débit
21/09/1962
t
l
amplitude
jusant 1029m3/s
1
crue
de Om5D au
t
flot
25m3/s
Bd.St.Michel
!
1D/1 0/62
Bd. St. Michel
1821 M3/S
D4/11/62
Agbato
1560 M3/S
En 1970 les débits de jusant semblent encore plus importants en pé-
riode de crue, compte tenu des vitesses de courants devenues extr@mement
dangereuses pour les petites embarcations (1). Plusieurs indices, empiri-
ques il est vrai, mais non moins afficaces, mettent les piroguiers en garde
contre ces violents courants de jusant, la vitesse des "laitues d'eau"
(Pistia) emportées par le courant (de l'ordre de 1mSO/s), la rapidité
(1) Lesquelles sont parfois entra1nées en mer par les courants de jusant •
...1 ...

1
\\
!
- 76 -
t,
-
des
secousses (1) imprimées aux piquets de barrage à crevettes par le cou-
rant, etc ••• etc •••
En définitive, l'importance du débit, jointe à 1 t
1 extr3me facilité
i
1
d1érodabilité du lit sableux, qui expliquent la rapide érosion linéaire du
[!
chenal.
1
!
Si l'érosion des fonds est liée aux courants de marée le recul r8-
1
f
marquable des berges, lui, est da aux clapotis de la houle. Pratiquement
l
nulle dans la période antérieure, la houle se fait sentir de plus en plus
{l
dans le chenal et œcrdelà dans le lac. En 1963 déjà elle atteignait 40 cm
1
environ au pont de Cotonou et un peu moins de 20 cm à Agbato. En 66, sa lon-
t
gueur d'onde a doublé et, en 1970 nous avo~s noté des houles de 4 s. de pé-
riode, ce qui correspond à une longueur d'onde de 20 m environ. Le carac-
1
1
1
tère particulièrement destructeur de la houle est souligné par Guilcher :
1
"la houle résiduelle qui se propage ••• s'exerçant sur des berges ••• est
susceptible de provoquer certains dégâts, les berges sont en effet le plus
souvent constituées par des falaises quasi verticales de 2 m de hauteur
1
environ, dont la base se trouve maintenant sapée" (cf. photo).
1
A c8té de ces agents dynamiques, il faut mentionner le "cadre ré-
gional inerte", dans lequel s'exerce leur action. Ce cadre régional est un
cordon, caractérisé par llextr~me vulnérabilité du matériau. Taillées dans
du matériel meuble, ces berges ne présentent aucune cohésion susceptible de
résister auX agents marins et fluviatiles qui affouillent avec une extr8me
facilité la base des falaises et provoquent la chute du niveau supérieur.
(1) La violence de ces secousses provoque parfois la rupture ou tout simple-
ment le déterrement de ces piquets pourtant profondément enterrés •
..•1 ...

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- 77 -
Ce mode de sapement explique le recul rapide des bords du chenal.
Il concerne principalement les berges en aval du village Dédokpo, berges
que nous qualifions de "hautes" en raison précisément des falaises (1) de
3 - 4 m qui surplombent le "lit majeur". En amont, c'est-à-dire à partir
de la latitude de Dédokpo jusqu'à l'entrée du lac et m8me au-delà, c'est
le domaine exclusif des berges dites basses (cote + 1 m) faites de vases
consolidées et régulièrement inondées par les hautes eauX annuelles (fig.31).
La combinaison de tous ces facteurs entraîne d'importantes consé-
quences morphologiques dont les principales sont l'approfondissement et
l'élôrgissement du chenal.
La superposition des levers hydrographiques antérieurs et posté-
rieurs à 1962 d'une part et ceux de 1962, 1966 et 1970 d'eotre part p~qy-
vent de manière éclatante l'approfondissement du chenal. Le creusem~nt est
g,énéral dans tout le chenal et sur toute la secteur. Deux exemples pris
l'un au pont de Cotonou et l'autre à 200 m en aval d'Agbato, illustrent
bien ce fait. La figure 32 montre la superposition de levers de 1952, 1963 ;
1966 et 1910. Qu'est-ce qu'on y observe? Ce qui frappe tout d'abord, c'est
le creusement continu de toute la section depuis 1952 à 1963i sans doute
principalement à partir de la date d'ouverture du port,un volume important
-il
de sable es~déblaYé vers la mer (2 m en moyenne d'épaisseur de sable) •. Les
hauts fonds sont arasés. De 1963 à 1966 puis de 1966 à 1970, le volume de
sédiments enlevé est sensiblement identique. (± 1 ml/On remarque simultané-
ment une tendance à l'aplanissement des fonds. La petite fosse située en
1952 près de la rive est, a maintenant disparu, les fonds de la section
étant pratiquement à la m@me cote (+ 5 m).
(1) Ces falaises correspondent aux dunes côtières, les plus hautes,d'alti-
tude
.± 5 m.
...
. / ...

- 78 -
La deuxième coupe en amont de Dédokpo montre un creusement aussi
important. Il s'agit d'ailleurs de l'un des secteurs les plus profonds du
chenal. Là aussi la tendance est au nivèlement du fond, ainsi que nous
l'avons constaté sur les coupes en travers.
Nous avons aussi essayé de mesurer les profondeurs à l'entrée même
du lac, à Agbato. C'est là que nous avons enregistré les plus grandes pro-
fondeurs (1), 7m60 au milieu de la section, et 5 m con loin des rives.
Malheureusement cette section n'avait jamais été levée pour nous permettre
de comparer. Toutefois, un profil en longueur du chenal sur modèle mathé-
matique (fig. 33) fait état de 3m50 pour la plus grande profondeur. Si ce
chiffre était exact, l'approfondissement à l'entrée du lac serait de 3m10
en 7 ans, ce qui est fort appréciable. Par ailleurs, le profil en long
réalisé sur les 6 km du chenal confi~e l'approfondissement de plus en plus
important que nous avons constaté du pont à l'entrée du lac, Dans la situa-
tian ancienne les profondeurs croisssient de 1mSO
1m50 au pont de Cotonou à
3m40 au nord de Dedokpo village à partir duquel cette cote restait unifor-
me jusqu'à l'entrée du lac. En 1963, le modèle mathématique notait 2m75 au
pont, 3m40 à 1km en amont jusqu'à la hauteur approximative d'Agbato, puis
une remontée jusqu'aux alentours de 2 m dans le lac Nokoué. Bien que en
1970, ces mesures soient largement dépassées, il convient de retenir le
caractère particulièrement exact du modèle spécialement en ce qui concerne
la tendance à l'aplanissement du lit du chenal.
Le transport de sable vers l'aval
Nous avons déjà fait état du r81e déterminant joué,dans le creuse-
ment, par les courants du jusant. En 1963, le B.C.E.O.M.,concluait à la suite
de l'étude du régime hydraulique du chenal de Cotonou: "dans la situation
actuelle (1963) les courants sont déjà élevés ••• si on laissait l'appro-
(1) A l'exception des abords immédiats de l'épi en lagune où les profon-
deurs atteignent 13 m.
• .•1
.• ...
1

- 79 -
fondissement du chenal se poursuivre à l'amont immédiat du pont jusqu'à
l'uniformisation des sections en aval d'Agbato l1
d'Agbato • Aujourd'hui on se rend
aisément compte de la justesse de cette prédiction.
La superposition des profils a révélé, on s'en souvient, une impor-
tante ablation de sédiment dans tout le chenal. En deux ans, après l'ouver-
ture permanente du chenal, en 1963, les études du B.E.C.o.M. estimaient à
"450 000 m3 la quantité de sable pris dans le lit du chenal entre le pont.
de Cotonou et le Boulevard St. Michel (1) et à 400 000 m3 la quantité pri-
se entre le pont et l'épi en lagune. Soit un total de 850 000 m3 de sable
prélevé dans le chenal en 1963 ; depuis cette période aucune autre estima-
tion n'a été faite mais il suffit de jeter un coup d'oeil sur les profils
pour se rendre compte de l'augmentation de l'ablation, le chenal s'appro-
fondissant d'année'en année."
~~_~~~~~~E__
~~_~~~~~~E ~~_~~~~~_~E~~~2~E~~
Quelle est la destination de cette énorme quantité de sable préle-
vée dans le chenal? La réponse est fournie par l'observation du débouché
en basse mer, spécialement durant la plus basse mer de vive eau. On cons-
tate en effet que d'immenses bancs de sable barrent l'ouverture sur plus
d'une centaine de mètres et la resserent " en goulet". Le lever hydrogra-
phique du débouché lagunaire en 1965 en donnait déjà une image
fidèle
(fig. 34). Tout le tronçon du chenal en aval du pont est, devenu, pour-
rait-on dire, une zone de dép8t dessables venant de l'amont. Les profon-
deurs à l'exception du goulet situé à proximité immédiate de l'épi, se
situent autour de 1 m. Les isobathes de plus grande profondeur sont de 2 m.
Plus étonnant est l'tlot de cote + 3 qui s'est formé juste à l'entrée
(1) Le boulevard St. Michel se situe à 1 km en amont du pont •
••.1 ...

-
BD -
du débouché. En 1970 cet îlot émergeait largement à marée basse et se rat-
tachait à de nombreux atterrissements en mer, à l'est de l'embouchure.
Devant le stationnement de cette masse de sable à l'embouchure et le rétré-
cissement de celle-ci, il y a lieu de se demander si le fhenal ne vas pas
etre obstrué, d'autant plus que ce sable n'est plus repris par la dérive
comme auparavant. En saison sèche le goulet se réduit à quelques dizaines
de mètres et on présume déjà d'une fermeture prochaine, mais la crue re-
vient l'élargir. C'est précisément l'engraissement de la barre (1) au sein
de l'embouchure qui en réduisant considérablement celle-ci explique la
grande vitesse du flot à cet endroit. Ce dernier * "coincé" lare de-s~ peesa-
ge entre l'épi ouest et l'épi en lagune et la barre affouille vigoureuse-
ment le fond sableux d'où le creuseme~t particulier de ce secteur où la
profondeur varie de 5 à 13 m.
Le chenal ne s'est pas seulement approfondi, il s'est également
élargi de plusieurs mètres et m@me de plusieurs dizaines de mètres à cer-
tains endroits. De nombreuses mesures le confirment. Mesures de sections
mouillées, profils en travers, et récemment nos propres observations. Dans
le passé (2) les sections mouillées sous le niveau moy~n étaient de l'ordre
de 700 à BOO m2 à Agbato et 930 m2 au pont de Cotonou, en 1950. En 1963,
sous le pont, 1250 m2, et en 1966 14B7 m2. La largeur a également augmenté
de 30 m en moyenne dans tout le chenal et 100 m à l'aval du pont, entre
les années 1950 et 1966. Le tableau suivant donne une idée plus précise de
l'évolution des deux données: sections mouillées et largeur sous le niveau
moyen. Les mesures sont effectuées à l'amont du pont, sous le pont, et à
l'aval, durant les périodes antérieures à 1963, en 1963 et 1966.
(1) Barre d'estuaire.
* le flot.
(2) Entendre "avant l'ouverture du port".
...
. / ...

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Proximité du
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Dédokpo
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1
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du lac
Pont
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Av * 1,
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Av
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1963 ! 1966
1966 ! 1;~3 ! 1963
1963 ! 1966
1966 ! 1;~3 ! 1963
1963 ! 1966
1966 ! 1;~3 ! 1963
1963 ! 1966
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1966 ! 1;~3 1196311966
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1963
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1307 1
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1 1 245
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**
Section mouillée
***
Augmentation
****
Largeur sous le niveau en mètre.
_ _ _ -----_._-----------_.
_ _ _ _
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.....
-------_.~--

- 82 -
De 1966 à 1970 la largeur s'est encore a~rue dans tout le chena.).
et plL.:::3 spécialement à l'aval dU pont où les mesures vont d~ 495 m en 1966
à plus de 550 m.bn 1970.
Il Y a par ailleurs, des zones préférentielles d'érosion et par
conséquent d'élargissement. La carte de 1970 du chenal comparée à celle de
1965 fait ressortir des disparités énormes. Les berges hautes reculent in-
contestablement, mais moins rapidement que les berges basses entièrement
submergées par les crues et facilement érodées par les courants de marée.
Comme l'indique la figure, les berges basses reculent vite sçus le clapctis
__ berges (vases eonso-
r
lidées)
r
recul des berges
et processus de
creusement
Coupe schématique (en tr~ver6) du
chenal ~ la r,auteur de Djidjè
de la houle sans que le creusement soit pour autant très accentué. A par-
naviguer
tir des rives, il faut
/:.
une trentaine de mètres et parfois plus avant
de rencontrer des fonds appréciables.
Parallèlement on constate un certain raccourcissement du chenal.
En effet, du pont de Cotonou on peut faire les observations suivantes :
En regardant vers l'aval on constate un rapprochement sensible
de la ligne de cate et du débouché. En 1958, celui-ci était à plus de
1km5 du pont. En novembre 1970, nous avons mesuré moins de,aOO m.
- En regardant vers l'amont, l'entrée du lac, par temps clair
est maintenant très visible. Elle ne l'était pas avant l'ouverture du che-
nal il Y a 10 ans. En effet, la distance pont-entrée du lac est passée de
4km5 ~ moins de 3km5. D'autre part, l'érosion des berges du chenal s'accen-
dernier
tuent ,.et ·-.e-/· prend visiblement une direction perpendiculaire au rivage.
La berge en saillie du village Dédokpo est activement sapée par le courant
de marée.
...
. / ...

- 83 -
Un coup d'oeil sur la carte de la ville de Cotonou montre la forte
occupation humaine des berges du chenal. Des édifices admiRistretifs impor-
tants, Lycée Technique, Service Topographique, etc ••• aux lotissements di-
vere bordent la rive duest jusqu'au niveau du quartier Hindé, les marais
interdisant des constructions au-~elà. Une rue lagunaire longeait également
cette rive. Sur l'autre rive des b8timents non moins importants
Abattoirs,
Cimetières catholique,.musulman, Service des p8ches,etc •••
Construits à un moment où la stabilité des berges ne posait aucun
problème et où les crues,si fortes soi~nt-elles, étaient loin de les appro-
cher, ces édifices se trouvent actuellement dans leur grande ma~orité d~"s'
l'eau, quand ils ne sont p~s encore pertiellement démolis. Cela parce que
le chenal large naguère de 250 m seulement en moyenne, mesure aujourd'hui
350 m et plus à certains endroits. te situation est particulièrement pr6ec-
cupante sur le tronçon de la rive ouest qui va de la rue Vsn Vollen~ov8"
au débouché en mer 1 Lycée et Service topographique sont en partie dans
l'eeu. L'ancienne rue lagunaire, Durand, détruite "ss trouve" actuellement
sous l'eau à plus de 30 m de la berge. Des riveraine nous ont expliqué que
dans le passé leur maison, dont les barrières s'effondrent déj~ avsc le
recul de la berge, était à plus de 150 mètres du ehenel et que, deva.t eux
il Y aveit de nombreuses maisons aujourd'hui englouties. Sur la rive Eet,
tout
la situation eat/aussi alarmante. Le cimetière mueulMan a déjà perdu een
mur qui donne sur le chenal (1), le cimetière catholique n'est plue qu'à
deux mètres de la berge. Plus préoccupante encore, eet la position devenue
précaire de l'abattoir municipal, en 1958 il était
~ près de 200 m de
l'eau, en décembre 1970 il n'était plus qu'à 5 mJ
(1) Les tombes creusées dans le sable meuble des cordone eeront probable-
ment effouilléee par les hautes eaux de la saison pluvieuse prochaine •
•••1
••• •••

- 84 -
mais inexorable de l'eau 7
Divers moyens de lutte à la mesure des bourses des riverains ont été
improvisées. Les bfttiments administratifs ainsi que ceux de quelques per-
sonnes aisées sont protégés par des enrochements, qui défendent tant bien
que mal les berges. Les moine aisés se contentent soit de moyens de fortune -
ordures ménagères, carcasses de voitures, etc ••• amoncelées le long des ber-
ges - soit de "déguerpir" abandonnant purement et slmplement leurs logements.
De toute manière, cette protection fragmentaire des berges assurée
par l'administration aboutira à plus ou moins longue échéances, à la for-
mation de véritables saillies le long des rives.
rivBs. Déjà il est facile de
remarquer, près du Lycée Technique que la berge "enrochée" fait nettement
saillie et qu'au contraire, celle qui se
SB
trouve juste en amont dessine un
rentrant assez prononcé, résultat, bien entendu, de l'érosion sélective en
période des hautes eaux.
2. I.e Lac Nokoué
Lee dix années de communication entre les milieux lagunaire et ma-
rin ont également modifié, quoique de manière moins remarquable la morpholo-
gis du lao. Venant du chenal, les influences marines se répercutent avec de
~lus sn plus d'ampleur dans le lac. Les charges solides des crues venues du
cantinent en transitant par le lac, n'y laissent plue qu'une petite quanti-
té de sédiments.
Les facteurs hydrologiques en provenance du chenal -
--------~---------------------------------------
- Lam.rée 1 L'augmentation de l'amplitude de la marée dans le lac
est donnée par les mesures marégraphiques de la station d'Agbato, située
à l'entrée du lac. De 9 ~ en 1953, l'amplitude eet passée à 23 • en 1966.
A l'heure actuelle elle est
Bst encore plus élevée. "L'évolution récents
récente a
•-.1 •••

- 85 -
favorisé la pénétration de la marée dans le lac Nokoué, notait en 1963 le
BCEDM, celle-ci était inférieuDeà 5 cm à Agbato dans la situation ancienne,
alors qu'elle pouvait atteindre 30 cm au cours de la précédente saison. Il
est à prévoir, continue le BCEDM, que cette évolution se poursuivra sous
la double influence de l'accroissement de la section du chenal,et de la
réduction du seuil du débouché lagunaire".
- Les courants de marée 1 [ls pén~trent beaucoup plus facilement et
plus rapidement (1) dans le lac (fig. 35). Les flots sont devenus plue rapi-
des. Il se font sentir avec une acuité particulière dans le lac, et dans la
lagune de Porto Novo. Les courants de jusant sont encore plus forts. Ils le
sont d'autant plus que le niveau dans le lac est élevé. Ces courants appe-
16s, durant les hautes eaux "courante évacuateurs de la crue" acquiàrent
une vitesse considérable à l'approche du chenal. En 196~. ils atteignaient
1m90/sec à Agbato.
Des autres agents marins, la houle est le plus apparente et ses mani-
festatiens sont les plus vieibles (2). En 1962, elle était à peine signalée;
en 1966 un rapport faisait état de la pénétration de plus en plus importante
de la heule dans le lac. En 1970, la longueur d'onde atteint 20 m. Ce sont
des véritables vagues très cambrées qui "hérissent" la surface du lac pen-
dant le flot et qui g~ne considérablement la navigation. Cette longueur
d'onde, nous l'avons constaté, est sensiblement égale à celle du chenal, ce
qui prouve encore une fois l'importance de la pénétration des influences
marines. La turbulence pendant le flot est telle que toute la surface eet
couverte d'écume. Notons au passage, l'amortissement sensible de cee vagues
apr~e leur paseage à travers les akedjas ou les barrages à crevettes.
(1) On le remarque en observant les tlots au large d' Agbato pendant la marée •.
Autrefois, à peine couverts, ces Ilots sont maintenant entièrement submergés
pendant la marée haute.
(2) En raison de propriété érosive et du handicap qu'elle r.préeente pour la
progression des pirogues.
. .•1•••

- 86 -
- Les vents 1 Des vents de sens contraire accompagnent, rappelons-
le, flot et jusant, l'étale étant caractérisé par une accalmie quasi tG~~~
Il convient de signaler l'étonnante accalmie qui règne aux abords imméàiats
du plateau d'Allada. Durant nos sorties, nous avons constaté que jusqu'à
300 m dans'~'ombre porté~'du plateau les vents disparaissent totalement
ainsi que les vagues (1). Il semble qu'il faille attribuer cette accalmis
à la proximité du plateau. Cela est d'autant plus net que dans la vallée
voisine de l'Ouémé, les vents soufflent à une vitesse moyenne supérieure à
6 m(S. Il est également intéressant de noter l'existence de variations sai-
sonnières de la force et de la direction du vent sur toute la longueur de
la cete du Bénin. Tandis que la direction varie à peine de 22°30 (de WSW
à 55W) de janvier à décembre, la force croit de janvier (4 à 8 miS) à AoOt
(10 m à 12 miS). La période de plus grande vi."'l:'S'eSe
_.... correspond à la mous·-
son (de juin à septembre), période qui représente également la saison de
forte houle sur toute la cete. Outre les vents normaux, il faut mentionner
les coups de vent (tornade) en provenance du continent (de faible durée mais
de grande vitesse: 11 m à 15 miS) qui influent besDCOup sur les houles dont
ils changent souvent la direction, (houle gaufrée) et provoquent sur le lac
de véritables temp8tes.
- Conséquences pour le lac
------------------------
L'influence de ces facteurs marins et continentaux entrà1nent po~r
le lac des conditions anémométriques et hydrologiques particulières.
(1) C'est la zone préférentielle de sédimentation dont nous avons parlé •
.../
... ...

- 87 -
-- Des conditions anémométrigues particuli~res
Les anciennes conditions anémométriques se trouvent renforcées pGr
l'ouverture de longue durée du chenal. Nous avons recoonu en novembre deux
directions principales : un vent de secteur ENE, de vitesse s 4 miS accom-
pagnant les flots et soufflant sur Ganvié, sa Tchanhoué, et, d'une manière
générale, vers la vallée. Un autre vent èe secteur SW, accompagne lee cou-
rants de jusant, En réalité, il est difficile de déterminer la direction
de tous les vents qui soufflent sur le lac et affectent ses eaux, Car il y
a les vents du lac lui-m@me, étendue plane de 15 000 ha,puis ceux de la mer
par le chenal. Ce phénom~ne est pariiculi~rement remarquable au veatre du
lac oD on a l'impression lorsqu'on est en pirogue, d'~tre à la confluence
de plusieurs vente qui agissent sur la direction de l'embarcation,
-- Des conditions hydrologiques particulières
Nous avions évoqué au début, les conditions hydrologiques du lac
avant l'ouverture permanente du chenal. Mais que sont devenues ces condi-
tions après dix années d'échanges lagune-océan 7 En somme, les donditions
hydrelogiques actuellee sont à peu près analogues à celles du passé, en
.situation avec la lagune ouverte. La pénétzetion plus importante des flots
(plue de deux millions de m3 à chaque marée) est due à l'élargissement et
à l'approfondissement de la section du chenal, La houle lacustre tend èe
plus en plus à prendre les caractères de celle de la mer.
Arr8t de la surélévation du niveau du lac
On avait évalué à 75 tonnes à l'hectare les sédiments (sable, limon
et argile) déposés chaque année par les crues de l'Duémé. Ces apports CDrres-
pondaient à une épaisseur de dépat de 5 cm qui tapissait toutes les zones
.ù la crue avait séjourné. Aussi longtemps que le chenal était fermé, les
dépets annusls successifs aboutissaient à l'exhaussement du lit, ce qui
posait des problèmes sérieux pour l'assaiDissement de la ville de Cotonou
située en grande partie au-dessous du niveau moyen de la mer. Aujourd'hui,
...1
... ...

~ BB -
la situation s'est inversée. Les fonds s'érodent, les sédiments se dirigent
désormais vers la mer. Moins du tiers des troubles apportés par la crU3
reste dans le lac et ce tiers est constitué principalement de colloldes.
-- Erosion des marais lacustres
Bien qu'en marge de la trajectoire des courants de marée (1), les
marais lacustres n'ont pas échappé à l'action érosive des agents marins
et fluviatiles. La comparaison d'une carte des années 1950 et d(~n& autre
plus récente (196B), montre les disparités profondes entre l'étendue des
m8mes marais prises à des époques différentes. Avant 1962, les marais se
présentaient comme une étendue unique d'un seul tenant qui évoluaient len-
tement vers l'ouest au détriment du lac. Quelques trous d'eau libre, très
peu au total, les parsemaient. Audourdrhui cette étendue marécageuse s'est
disloquée, réduite en lambeaux (2) de dimensions modestes. Les d~pets maré~
cageux sont progressivement sapés sur leur périphérie par les courants de
marée. La microgranulométrie des échantillons de vase prélevés 'à divers
endroits du lac, tant sur les fonds que dans les marais montre l'abondance
de la phase limoneuse et de la phase argileuse, lesquelles sont vite désa-
grégées par les courants de marée.
(1) Les courants de marée portent principalement sur Ganvié et le canal
du Totché.
(2) Ce fractionnement est quelques fois provoqué par les pecheurs qui creu-
sent des tranchées à ~oissons à travers les marais.
.../ ...

- 89 -
3. La Laqune de Porto Novo
Rappelons que les caractéristiques morphologiques et hydrologiques
de la lagune sont comparables à celles du lac Nokou6. Quelles sont les con-
séquences des dix années d'ouverture du chenal de Cotonou sur la lagune de
Porto N8VO ? Cette lagune draine moins d'eau que par le passé en période de
crue ear le majeure partie des eaux du lac Nokoué se dirige maintenant vers
le che"al èe Cotonou, ce qui explique d'ailleurs la rapidité de la décrue dans
la vallée. D'autre part, la marée est deux fois plus sensible dans la lagune
que du~ant la situation antérieure. La houle y est également sensible, mais
de façen atténuée, le canal du Totché trop resserré, ne pouvant laisser
paese, qu'une partie des influences marines en provenance du lac.
AjDutons qu'un sondage réalisé au pied de la digue en lagune près
du pe"t de Porto Novo a donné un sable fin blanc et bien lavé, (au contrei-
ra de la vase fluide * et cendEeuse qui tapisse les fonds) qui rappelle la
phase sebleuse de la "terre de barre" des plateaux de l'amont traversés
*Le similitude des réBultats de la diffractométrie des vases du lac Nokoué
(S8.TchBnhoué) et du lac Ahémé (faite par M. Guilcher) mo.tre clairement que
les Minéraux argileux proviennent des régions pétrographiques traversées par
les fleuves (émissaires du lac). Dans les deux cas la kaolinite prédomine
largement.
. ••1..•
1

--._--
-_.-._._----~-~
~-
~
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
- 90 -
par 110uémé. Il est donc vraisemblable que ce sable provienne de l'érosion
des plateaux de terre de barre ainsi que lIant confirmé les études de
Guilcher sur le Bas Dahomey occidental et celles de Wolkoff sur la mftme
région.
CON C LUS ION
Les dix années dtéchange d'eau entre les milieux lagunaire
et
océanique ont entra!.né des conséq uences morphologiq ues b11l01'tent....
b11l01'tent
Sur le littoral :
Recul remarquable de la cate au détriment des marges continentales
et des plantations. En contrepartie l'accumulation à l'ouest de la jetée
a "sauvé" des édifices d'une certaine importance que menaçait l'invasion
de la mer.
Dans le Chenal
Un fait majeur
la tendance du chenal à prendre u"e direction
perpendiculaire à la cete, cela en raison du recul des berges puie son
approfondissement.
Dans le lac 1
ArrBt de la surélévation du niveau du lac - arr6t dO à la réduc-
tion notable de la sédimentation - dislocation des marais en plusieurs
lambeau)<.
. ••1..•

1
J
Ô
[
')
~
[
",
J •
",
J

- 91 -
CHA PIT R E
III
"Toute action engendre ••• de nouveauX rop-
ports de forces avec naissance de réactions\\
ou d'effets neutralisateurs imprévus, substi-
tue des écosystèmes créés ou "secondaires"
auX écosystèmes spontanés ••• ".
CONSEQUENCES BIOLOGIQUES SUR LE MILIEU
Parmi les divers intér8ts (1) mis en cause par l'ouverture permanen-
te du chenal, le plus important après le port est de loin la pAche en lagune.
L'introduction,pendant une longue durée, d'eau marine dans le milieu lagu-
nai:.e a pour conséquence la dégradation de l:'ér:oayeütne-.
Il en résulte une
chute de la productivité, spécialement en ce qui concerne la faune. Pour
bien mesurer cette influence des eaUX marines, il importe d'en analyser les
nouvelles eonditions écologiques.
1, ~S NOUVELLES CONDITIONS DU MILIEU
Nous tenterons, à partir d'observations etationnelles, de déterminer
les ~ouvelles caractéristiques physico-chimiques des eaux lacustres. Les
18 000 "l'tares (2) de l'ensemble du système lagunaire ;e:cnnpnnrumt"
U" ~~and nombre de biotopes, les conditions changeant rapidement d'un
secteu. à 'lit autre. Mais le choix (3) de six stations bien réparties permet
d t
d avo1r U"B notion synthétique de llensemble. Car 6 stations - dont cinq
dans la Lec l\\lokoué et une dans la lagune de Porto Nova - couvrent tout le
plen dteau lagunaire. Ce sont (fig. 36) : l'entrée du lac, Agbato), Zogbo


(1)As,ainissement de la ville de Cotonou, intér8ts agricoles, la crue ne
Béj~ur"a"t plus sur certaines parcelles exondées et par conséquent de les
fert11ieant plus.
(2) Le lec couvrant 15 560 ha, et la lagune 1750 ha.
(3) L. C.T.F.T. en a choisi 7 parmi lesquelles nous en retenons 6•
.../ ...
(

-92-
et Kétonou au sud, le Centre Lac, Ganvié au nord, et le pont de Porto Novo
en ce qui concerne la lagune du m~me nom.
Au cours de nos sorties, en m~me temps que nous prélevions des
échantillons de Vase, nous prenions de l'eau aux stations indiquées, mais
nous ntavions pu prélever tous les échantillons le mOrne jour ni aux m8mes
heures. Ce qui, naturellement fausse un peu les résultats à cause des pé-
riodes de marée. Notre tournée du 1 novembre 1910 nous a seulement permis
de prélever des échantillons au large de Zogbo, à 50 cm de profondeur. Les
mesures de salinité, effectuées au nitrate d'argent ont donné 1,70 9 par
litre pour la salinité et pour le pH (mesuré sur le pH-mètre de l'ORSrDM) :
1,2 donc proche de la neutralité. Le 12 novembre une autre tournée sur
Ganvié, Centre Lac, Duédo Gbadjitlc~rte des itinéraires) a donné 18s résu14
tate suivants 1
t, i
1
Cotonou
Salinité
J
Station
Profondeur
0/00 .
00
0/00
J
1
Ganvié
Dm50
0,106
0,19
J
1 Ouédo Gbadji
J (Nord du Lac)
Om50
0,121
0,33
l
1 Centre Lac
t Om50
0,631
1 ,15
1
Nous n'avons pu trouver de disque de Secchi pour mesurer la trans-
parence mais toujours est-il que les eaux particulièrement sombres du lac
ne laissent rien transparattre au-delà de 25 cm de profondeur en période
de crue. Ces résultats quoique fragmentaires sont tout à fait con~ormea
à ceux trouvés en 1969 à la m@me époque, (Nov. Déaembre), ainsi que 1 1
1 8 con-
firmé l'hydrobiologiste. Cependant, il faut ajouter que la salinité eat
nettement plus élevée à la profondeur de 1m à cause de la présence du coin
salé. Nous sommes, ne l'oublions pas, en novembre et la crue se résorbant,
l'influence des eaux marines se fait sentir de plus en plus.
• ••1•.•

- 93 ...
- Salinité
L'observation des courbes de salinité depuis 1953 jusqu'en 1969
(fig. 21a-b) permet de tirer un certain nombre de conclusions.
Le taux de salinité qui plafonne autour de 35 0/00 en saison sèche
ne diffère pas notablement de la situation ancienne à la m@me saison. En
1965/66, on constate une légère augmentation par rapport à la situation
antérieure mais il ne faudrait pas généraliser puisque m@me dans la situa-
tian antérieure, des irrégularités saisonnières portaient le taux à ce ni-
veau parfois. De 1965 à 1969, le plafond reste toujours autour de 35 0/00
dans le lac Nokoué, donc tout à fait conforme aux prévisions de 1963
(f~/ ).
Dans la lagune de Porto Nova le taux de salinité demeure bas. Cepen-
dant, il semble que la lagune soit la plus touchée par la salinisation du
milieu. En effet, dans la situation encienne la salinité n'y dépassait, guère
20 0/00 au plus fort de la saison sèche. Actuellement ainsi que le montrent
les courbes, elle oscille entre 22 et 25 0/00 ; elle a m8me atteint en 1968
28 0/00 , taux exceptionnel pour cette lagune.
Toutefois, le fait majeur de la situation nouvelle est la durée de
la salinité et principalement la durée du passage de l'eau salée (de 35 0/00 )
à l'eau complètement dessalée (- 0 0
0 /00) et inversement de l'eau douce à
l'eau salée, cette période étant capitale pour la suivie de la faune aquati-
que. Dans le passé la période transitoire s'étalait sur trois mois et demi
en moyenne - début juin à mi-septembre - pour le passage de l'eau salée à
l'eau douce, et de fin novembre à fin janvier pour le passage de l'eau douce
à l'eau salée. A l'heure actuelle, au lieu d'une baisse ou d'une remontée
progressive, nous assistons à une véritable chute de la salinité, de 35 0
35 /00
début juin à 30
3 /00 à la mi-juillet. Les prévisions (1) pour lea dix
(1) Si aucune modification due à d'éventuels ouvrages artificiels n'inter-
vient.
• ••1 ...

- 94 -
prochaines années ne sont guère plus optimistes : on prévoit à la limite,
un mois seulement pour cette période transitoire (début juin à fin juin)
pour le passage de l'eau salée à l'eau douce et début novembre à fin novem-
bre pour le passage de l'eau douce à l'eau salée. C'est là à notre sens où
se trouve le véritable danger pour la faune piscicole.
- Les sels nutritifs
Le terme salinité recouvre une infinité de sels d'origine océanique
et continentale.
L'analyse chimique d'échantillons d'eau ~rise dans les stations à
des époques différentes permet de conna!tre la nature des sels dissous et
d'en doser la quantité. Malheureusement aucune analyse antérieure n'a été
faite pour permettre une comparaison (1). Nous choisissons les résultats de
treis stations, deux dans le lac (Agbato et Ganvié) et la station du Pont
de PrJrto Novo, stations assez représentatives de l'ensemble.
STATION DE GANVIE
1
1
Octobre
Juillet
Mai 1963
1
Mai 1964
1
1963 (2)
1964
1
1
1
1
Acidité
mg/l
1
mg/l
1
mg/l
1
mg/l
1
../"II
1
(en cm3/1it)
0,984
0,602 ;ry ,
1 ,564
~I
0,602 ;ry ,
1
1
Chlore
14.750mg/ll
8 , 7 ' /
i
15.300mg!11
6.212
J
~
1
~
1
~
1
Sulfate
~
Sulfate
1
1
(S04 )
1.755mg/ll
6,7
1
1
807,5
1
!
1
1
Calcium
316,6mg/~16,5
151 ,2
!
1
1
1
1
!
...1...
(1) Il faut noter que ces analyses sont faites en France et que dans les
excellentes conditions an~érieures d'exploitation, l'écologie du milieu
aquatique était trop peu préoccupante pour que lIon s'y attach!t.
(2) Les flèches indiquent :
~ = baisse. ~ = remontée.

- 95 -
1
Octobre
Juillet
. 1
Ma i 1963
1
196 3
Ma i 1964
1964
I
--!...I
-=--
..:....
_
1
1
Phosphate
1
1
(P04 )
1
0.300 mg/li~ 0.305
0.430
Magnésium
1
9B2
Il
1
2,5 mg
39B
Sodium
:
B.115 ~ B.115
3.600
Potasium
1
29.9 3 'i;--.J
.
1 96
135
1
( '
..
~
,
1
1
1
14,15~ 23,50
26,27
102,05
1
1
Nitrate
( N0 )
,y
)
~
0,5BB
0,635
0,404
0,450
3
l
1
STATION D'AGBATO
(entrée du chenal)
Juillet
Mai 1963
Octobre
Mai 1964
:
1963
~
1963
1
1964
1
1
1
Acidité
1,4Bcm3/l!
0,52
1,46
1
~
1
èhlore
17.o10mg/l~ 1.073
16.170
1
Sulfate
2.383 Il
!
B,2
1
Calcium
390,2
~>
Il
21
1
1
-
1
1
1
Phosphate
0,129
----r-~
Il
0,063
1
1
Silice
'----f~
1
:
(SI O
'~,
~
2
O )
11 ,B6
2 )
11
'~, 24,46
17 ,64
1
Nitrate
0,354 "./1
2,019
1
1
----------::_-----=-----_--:.:_----
PORTO-NOVO
Juillet 1964
Chlore
207 mg/l
Sulfate
44
Il
Calcium
28
"
Phosphate
0,900 mg/l
Magnésium
10, B "
Sodium
12B
Il
Potassium
B,6 "
Silice (GI0 )
BD
"
2
Nitrate
2,25 "
••.1...
1

- 96 -
Nous donnons,à titre de comparaison, la composition de l'au de mer,
selon H.W. Harrey (pour 35 gr. de sel par litre) 1
chlore
19,320 mg!l
S04
2,695
CA
406
P0
0,001 à 0,060
4
Mg
1 .295
Na
10.640
K
385
SI 02
0,010 à 1 ,2
N0
0,001 à 0,600
3
Que conclure de ces résultats 7
Tout d'abord i l '. faut
si~naler que les deux mois de prélève-
ment (mai-ectobre pour chaque année) représentent respectivement les mois
o~ cUlmin~ le taux de salinité et 80 il descend au plus bas. On constate
que les eaux lagunaires sont riches en sels nutritifs diseous. Les résultats
reflètent l'image des courbes de salinité: les pourcentages des principaux
sels 1 le chlore, le sodium, les sulfat~et le magnésium, élevé en mai tom-
bent très bas en octobre.
Une comparaison avec la compesition de l'eau de mer, ou bien la con-
frontation des résultats de mai (époque o~ les eaux marines emplissent le
lac) et d'octobre (arrivée des trombes d'eau pluviale), permet de distinguer
les sels d'origine continentales (cf. mes flèches des réeultats de l'analy-
se). Les chlorures, les sulfates, le calcium, le magnésium, le sodium et le
potassium sont visiblement d'origine marine d'o~ leur pourcentage très fai-
ble pendant la crue au moment o~ les eaux sont refoulées du lac. Par contre,
l'augmentation des teneurs en nitrate, phosphate et silice provient des eaux
continentales. On constate également une certaine évolution interannuelle
dane les chiffres. Ainsi à Ganvié, de Mai 1963 à Mai 1964 la quantité de
chlore par litre est passée de 14.750 mg à 15.300. Ce qui prouve bien
•. .1
. ...

- 97 ..
une augmentation de la salinité. Malheureusement nous ne disposons pas de
résultats complets pour pousser plus loin nos conclusions.
Quant auX variations "interstationnelles", les teneurs alevées en
sels marins d'Agbato s'expliquent par la proximité du débouché. La station
de Porto Novo est la plus pauvre en sels. Cela tient à son éloignement de
la mer.
La concentration en ions hydrogène (le pH)
Comme il fallait s'y attendre, la pénétration continue des eauX
marines a rendu le milieu absolument alcalin durant la plus grande partie
de l'année. Les mesures stationnelles effectuées par le CTFT que nous
rassemblons dans le tableau ci-après, en témoignent.
Jt
STATIDNS
A
S
0
N
D
J
F
M
A
t"1
64
AGBATO
8
8
8
8
7,9
8
8
8,4
8,4
8,4
8,4
GANVIE
8
8
7,2
6,8
7,5
7,6
7,5
8,5
8,1
7,5
8 1
1
KETONOU
7
7
7,2
6,8
7,2
7,6
7,5
7,6
B
8
7,9
PORTO NOVO
7,2
7
7
6,8
7,3
7,3
6
7,4
7,6
7,5
7,5
Ces mesures qui couvrent les deux principales saisons sèche et plu-
vieuse, prouvent une plus grande pénétration des eaux marines en saison sè-
che.U'elcalinité n'atteint pourtant pas le m~me degré partout; elle s'at-
ténue, comme on le voit, à mesure qu'on s'éloigne de la mer 1 Agba+.o 8,4,
Kétonou 8, Porto Nova 7,5. Pendant les hautes eaux, le desealement entratne
une légère baisse du pH lequel reste nettement alcalin à Agbato (8), neutre
à Kétonou et à Porto Novo (7).
...
. / ...

- 98 -
Température et aér~.
La temparaturo de l'eau varie dans le mSme sens que la tempéra+"
ambiante au cours de l'année. Oscillant en moyenne entre 26 et 30°, elle
est particulièrement forte en saison sèche.
Station de Porto Nova 1969
1
1
1
!
J
F
M
A
~,
A
J
Jt
A
5
0
N
D
1
1
1
1
1
!
1
1
!
1
1
1
130°8 130°4 130°2 130°6 130°8 126°8 125°8 !26°4 126°4 128°8 130°4 130°5
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
/
/
31°2 à Kétonou
33°6
31°5 à Ganvié
aU Centre Lac
L'année est ainsi divisée en deux saisons thermiques : une saison
de très fortes températures qui va d'octobre à mai (moyenne 30°) et une
autre de températures relativement faibles, de juin à septembre (moyenne 26°).
Il eKista an-outre, un écart de tempéfature asse~ marqué entre les sta-
tians. Il aurait fallu normalement, prendre les températur3s au mOme moment
pour tirer une telle conclusion. Cependant les mesures répétées montrent
bien que las, stations du Centre du Lac et de Kétonou enregistrent les tem-
pératures les plus élevéss c 33°6 en novembre au Centre Lac et à Kétonou.
Ces températures élevées constituent, .un obstacle, pour la dissolution des
gaz 02' CO , N. Toutefois, il est permis de penser que la vaste eurfacede
2
contact avec l'air et l'agitation plus ~ccentuée ~e l'eau, compensent lar-
déjà
gement ce handicap. Le gaz sulfureux~ratiquement absent des eaux vives du-
rant la situation ancienne
l'Det- --eneo:t_~ ·p.ly,e.
dans des eaux qui se renou-
vallant complètement en quelques heures.
• ••1...
,

... 99 -
- Turbidité et transoarence
Les ea'JX lagu!laires sont réputées pour leur grande turbidité. On
sait que la turbidité r~duit considérablement la luminosité transmise.
Celle-ci est très fo~te d'Octobre à Mai (dans l'air + 100.000 lux contre
...
60.000 lux de Juin à Septembre). La pénétration des radiations varie avec
les saisons. Faible durant la crue (période de forte turbidité) leur péné-
tration est maxima, pendant la saison sèche lorsque les eaux marines remplis-
sent le lac. Les mesures de transparence effectuées à l'aide du disque de
Secchi rendent compte du phénomène.
9 6 3
1 9 6 4
1

1
STATIONS
Février
1 Juin-Juil
Sept-Oct. "
Février
1 Juin-Juil
"
1
"Il
1
PORTO-NOVO
53 cm
12 cm
B3 cm
Il
cm
JB cm
1
16 cm
fi
1
"
1
"
KETONOU
65
19
63
63
1
23
--
1
1
1
CENTRE LAC
87
1
46
92
141
1
70
1
1
1
1
,
GANVIE
107
GANVIE
44
87
142
1
81
1
1
La bonne transparence observée à Ganvié et au Centre Lac est due à
l'influence directe des courants de marée qui portent particulièrement
sur
ces deux stations.
- La couche photosvnthétigue
Il s'agit de la couche d'eau susceptible d'8tre le siège de la
photosynthèse •. Cette couche est fonction de l'éclairage, condition néces-
saire à
18
photoeynthèse. La mesure de cette couche, effectuée pour
trois station, donne les résultats suivants :
...
. / ...

-
100 -
1
1
1
MOIS
1 Sept-Oct. 64
Janvier 65
Avril 65
1
1
1
1
Station/lnstru-
1
1
disque
disque
disque
ment.
1
l
1
1
1
Perte-Nove
1
92 cm
166 cm
207 cm
1
1
1
1
1
Agbatc
1
89
419
320
1
1
1
1
1
Centre Lac
1
10S
191
147
1
1
Comparée à la transparence, la couche photoaynthétique est visiblG-
JIlElnt plue épaisse. Fort heureusement d'ailleurs, cet cela permet la photo-
synthèse jusqu'à une certaine profondeiJr. Cette couche nt est pas sena rap-
porl ave(: la transparence. De nombreux lltUteurs estiment que "la ~one photo-
llynttltit.ique cor3:'Bs:pond à la v.aleur relevée au disque de Secchi X 3,3". Mais
la profondeur bien réduite du lac ne permet pas de le vérifis.r. Il·1aut
!
d'aUleure préciser qu J
qu à l'exception de la p~h'iode de la crue, les eeUfil
t
lavuneires sont entièZ'ement comprises dans la "eone phDtosynthétique." Qwoi
i
qu'il en eoit la situation nouvelle "épaissit" de plue en plU8 la eOlilohs
t1
photcn,ynthétique, en raisen de la pénétration des eaux marines dont la
f
tranaperence Bet reconnue (1).
l~.
1

1
i

(1) 11setintéresS:éint de signaler, à ce prop08, l'existence d'une Bouche
f
Bouche
i
enslogue dite "couche eqphotique" qui Bst coll'lPrise entre la surface et le
,
le
niveau correBponOl!nt à 1 .'% de l' écleirement eupe:cficiel. Si las Eteux couches
"hot.oeynttritique
eteuphotique
ne signifient pee e)(actsment la mAme chose,
il. œat.cependant diffj.c'ile de dire otA finit 1 t une et où commence l'autre
1
ce~ les deux semblent se recouper par bien des ,cetêe.•
l
...../ ... ..::
1
1
1
(t

- 101 -
Hormis les fluctuations trop brutales de la salinité, lea caract0-
ristiques physico-chimiques du lac sont donc satisfaisantes "par rapport
auX valeurs observées dans les grands lacs d'eau douce de llAfrique Cen-
trale", à en croire le CTfT.
A ces caractéristiques physico-chtifniques, il feut ajouter le rtHu
de la crue.
Importance de la crue
Nous avons déjà évoqué l'importance de ce paramètre eu début de
notre exposé. Si en raison du détournement des eaux du lac Nokoûé vere le
chenal de Cotonou la durée de la crue dans la lagune de Porto Novo se trou-
ve écourtée, elle llest davantage dans le lac qui ne reçoit outre les eaux
de la se, qu'une petite fraction du v~lume drainé par l'Ouémé. Approfondis-
8ement et agrandissement du chenal accélèrent le décrue l "Si en 1963,
affirme 18 CTFT, la hauteur des eaUX a été supérieure à celle de l'année
précédente, 11 écoulement des eaUX a été encore ~ rapide en provoquant
une 'roe1on 1!laI'qUl!e dans le chenal ds Cotonou". El'\\- '970 t '.""9 (:aX'a~
tiquee gêOl'létriques étant aggravées dans le chenal, cm imagina aisément
la viteaas de cet écoulement que nous avons est.,im'e A 2,5{J/secol'lde éU JW-
sm'tt, Calle était de 1,.90m/Sec. en 1966).
A cela i l faut ajouter le problème du renotlV811~nt des eSU:l( la-
~
"la miliBu lagunaire est devenu fluvial, l'entièret6 du volume
dJee.. de la lagune de Porto Nova (1725 ha) étant largement renouvelée en
une journêe".
C'est là une constatation de 1963. Aujourdlhui, clest à
dElux fois par jour qu'on estimerait,sans exagéra"tion , le renouvellement
total d19s eaux
Baux lagunaires., Aucun endroit.,ni du lac, ni de la lagune,n'est
spuetrait eux courants de marée ; le milieu etJt
BtJt renouvelé, de fond en com-
b~ au moine daux foie par jour.

- 102 -
Une des princi~a18s conséquences biogéographiques de CSB nouvel:cs
caractéristiques p: :Jci::o-chimi.qu:.s du milieu 2quatique est le boulevr'lrC':;-
ment de la ~roduct~vité ?rimaire.
2~ CONSEQUE~CE? SUR LA PRODUCTIVIT~ PRIMAIRE
Le tablu2u ci-dessous donne une image synthétique de l'évolution
dss valeurs moyennus de productivité, en mg/C/m3/h de 1963 è 1964.
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On c.onstate par ces valeurs, que l'optimum de la productivité pri-
rna:L~ se situe -en saison sèche avec le maximum en avril..
avril mai., La comparBi-
SOF) de
la productivité des années t963 et 1964 révèle une baisee remarqua-
bl~ en 1964 •. surtout aux stations de Porto Nove ('où le veleur est pa.sée
de 731 eo avril-mai 1963 à 168 un an plus tard) 1 de Kétonou (2232 à 103) du
Centre Lac (3200 à 121). Cette baisse qui continue de slaccentuer eat due
aux agents dynamiques marins qui renouvellent les eeux à un rythme trop rn-
pica pour la surviee et le développement des microorganismes •. Les valeurs
enJ'sgi$trées habituellement durant la pêriode de haute productivité l'dt§grin_
g~lent" et S8 rapprochent notablement de celles"plus basses, de la p6riode
d~ la cJ'ue.
..../~ ..
. ~.

- 103 -
La baisse dL la produc:tivité primaire comporte, cels va sans cl ir.;
celle Lû plancton.
Parmi les inicroorganismes qui peuplent les eaux des lagunes, les
plus importants sont l~ phytoplancton. Leur abondance dans 10 passé corres-
pondait aux excellGntus conditions écologiques du milieu naturel. La proli-
fération d'algues et de bactéries (zooplancton) de tous genres témoignA1t
de l'équilibre de ce milieu. Mais la permanence depuis 1959 des influences
marines perturbe les conditions du biotope à la fois par les .als et la
violence accrue des agents dynamiques. Le renouvellement des eaux, devenu
pratiquement semi-diurne ne laisse pas aux microorganismes le temps de
s'adapter et de S8 régénérer, ceux-ci étant perpétuellement entraînés dans
la turbulence et la vitesse deB~caurants de marée.
Depuis 1962, les conditions écologiques ae dégradent chaque année
un peu plus, au point d'atteindre ~ l'heure actuelle la "cote d'alerte".
On aurait pu penser que la pénétration de la mer dan. le lac suppléerait,
par son apport de phytoplancton, ~ cette pénurie. Il n'en est rien car )e~
cete. dahoméennes en son extr6ment d~~uniae.les conditions hydrologiques
étant peu favorables, au contraire des côtes ivoiriennes où pullulent sai-
sonnièrement Diatomées et Dinoflagellées de toutes espèces. Cette richesse
planctonique eet due en Côte d'Ivoire au phénomène périodique d'upwelling,
ainsi que le note J. Reyssac : "d'une fRçon générale les périodes d'upwel-
ling
qui s'accompagnent d'un enrichissement en sels nutritifs des eaux
de surface, déterminent des "saisons" riches pendant lesquelles les
Diatomées constituent la plus grande partie du phytoplancton ••• ; lorsque
les eaux retrouvent leur stabilité, le phytoplancton devient clairsemé".
Par les sels nutritifs ramenés en surface par llupwelling,les phosphates,
las plus importants pour le développement des diactomées, atteignent
11,Smg/m3 en Juillet. On peut dire,par conséquent, que c'est en définitive
•.•1 ...
1

- 104 -
l'absence d'upwelling sur les c5tes dahoméennes qui explique sa très gr2nd~
pauvreté en phytoplancton et, par suite, sa pauvreté en bancs de pois-
sons (1).
E~ résumé, les échanges permanente d'eau entre les milieux lacustres
et océanique apparaissent, après 10 ans, comme néfastes, pour plusieurs rai-
sons :
- Le toux de salinité n'a pas beaucoup changé mais-la période de
transition s'eet considérablement raccourcie
Le pH devient de plus en plus alcalin
Le renouvellement de l'eau est deux à trois fois plus rapide
que par le passé.
La productivité primaire accuse ces changements par une baisse
importante de sa valeur. Cependant, c'est finalement, sur les animaux et
les végétaux supérieurs que rejaillissent ces répercQssions •


- 105 -
CHAPITRE
IV
CONSEQUENCES SUR LA FLORE__
FLORE ET
__
LA FAUNE
A.
LA FAUNE
Nous ne nous appesantirons pas sur l'aspect faunistique qui a fait
l'objet d'une étude très détdillésdu CTFT. Nous donnerons seulement un aper-
çu général sur la faune lagunai1e et la faune du littoral proche,
La faune lagunaire
Elle comprend principalement la faune piscicole, la faune malacolo-
gique, les crustacés et les prédateurs.
- LA FAUNE PISCICOLE
------------------
La production de poissons est tombées dans l'espace d'une dizaine
d'années à moins du tiers de la production normale durant la situation anté-
rieure. Les espèces pOchées, en grande majorité diffe§rentes des espèces
habituelles, n'ont pas la valeur commerciale désirable. La faune est visi-
blement la plus touchée. Cela est d'autant plus remarquable que la vie
de nombreuses populations en dépend.
-
Composition de la "nouvelle" faune aguatigue
Les schémas de variations mensuelles du pourcentage de capture
dans les situations ancienne et présente illustrent l'évolution.
Rappelons que dans le passé, deux espèces principales, Tilepia et
Ethmaloee représentaient la majorité de la faune piscicole. En situation
avec lagune ouverts on assistait, dans le lac Nokoué à la prolifération
de Mugil au détriment de ces deux espèces, et dans la lagune de Porto Nova,
à cella de Chrvsichthys, Mugil et Elops. Etaient groupés sous le nom de
"Divers" les espèces épisodiques: Mérous, Carame, Gerres, Alestes, Schilbes,
Svnodontis.
• ••1...
1

- 106-
Dans la situation présente, le schéma est différent.
- DANS LE LAC NOKOUE
(Fig. 37 a)
-~---~~-----------
Du point de vue des espèces, on note, de 1963 à 1965, la disparition
progressive de Tilapia, espèce d'eau saumâtre, supplanté par Ethmalose et
Mugil qui affectionnent davantage les eaux marines, Cependant, le fait mfl-
jeur durant cette période, demeure incontestablement l'envahissement du mi-
lieu par les "Divers" (plue de 50 ~ (1) des prise8)~
D'autre part, sn situation ancienne, i l y avait une certail'l8 " ro tEl_
tion cyclique" des eapècels dans les lagl:Jne8, à tel point, que le8 p'cheurs
parlent de "saisen des Tilap.ia",1'13a ison d' Ethmalose\\l., etc.••• Actuellement.
il n'en est plus question. 1~ nJ:iap:lus, pax: Bxemple,aucune commune mesure
el\\tre le8pourcentages d 1•.ETHMALOSEp'@ehéaen
1
1963 et ceux des années 1964,
et ',1965. En AoOtt963.1esEthmalosea représentaient 75 % des prise"
en
AôClt.1964,,35 %. AoQtt969 e42%,Bn .Jenvier1963 :,g7%,. JanvieJ" 1964: 50 %,
Janvier '19-65:t ·t8S~ Janvier '1969 ;:J'21i%,donc uneinetabili·t'<iev~ch:oo-
niq\\ls, deCJ3t..te· B'spèce.·cion.tlee
l!'spèce.·cion.tlee .p'~ déploremtUleconbintJel \\l~ e.t
B.t vient
ent..re 'l.a mer et la ·lagune".•
·laguns"
:Tnstabilité aussi du mil:i..eu, .ql./eref"lè,te la di...
:pat.ité,
:pat,i;tl§, c.X'iantslle'ntre
c.riantslle'ntre l&sproduêtione qua.n~itatives ..tqu81itatives(2)
qua.nt-itatives8'tque!itatives(Z) das
trois années successives1'96J,·64., et 65. ('fill. 37) .•
- DANS LA \\..AGUNE,DEPORTO· NDVD, l' instabilité Jistencore plus accu-
. ~~~-~~~.-----~~-~~----~---
sée_. Les "Divers" forment-àl'sxception de quelquEls mois où l'Ethm2l1ose
ref2lit san appar,ition - ... la··më!ljeure partie d9SPtJPulations,. En janvier 1963"
ils atteignent plus .. de' '80". des prisBl!l.lci
prissl!l.lci ·non plus' i l n'y aeucune
a aucune compa-
ridson possible entrela:·.compoaition 'fauriis~iquB des années 1963, 64 et 65
(1"i9. 37 b-c.) •
. '(1') En 1969, plul!l de BD "ide "Diversll,dens 'le:sp~iaes,comprenant notamment
GEiiEres. et q,tharibhthys.
(2) Espèces •.
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- 107 -
Nous en avo,s déjà so~ligné la diminution. Des statistiques avant
et après 1962, confirment cette assertion.
1
Avant 1962
1
1966/67
Différence
moy.an.
1------_...:-_-----~------~
1
Les quantités
J
pêchées.
1
1
Eperviers
1
7.530 T
5.085
1
Acadjas
4.000
525
J
Divers
1
3.410
3.070
340
1
1
14.490
8.630
- 6.260
. 1
1
1

Im==~=============T=~·==============i=================f=-===============
Crustacés
Crevettes
530
400
130
1 Crabea
530
200
330
1
1 1C)tal •••••••••
1.060
600
460
1=-==============!=================!===:::=============l=".:::========z:=.====
1
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1
1
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1 Huîtres
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1. \\lente en- frais
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Po-1ssons
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1.840
i:
4.340
~. +,,2.500
1
1. Crabes
1
40Q
1
70
!
330
1
T,
l


- 108 -
Ces chiffres suffisamment explicites, appellent cependant quelc.; u".]
remarquables.
De 1962 à 1967, le rendement accuse un passif moyen annuel de
6.260 T., en ce qui concerne les poissons. Les récentes conclusions du
CTFT - qui a continué les observations jusqu'en 1970 - ne sont pas optimis-
tes". La situation de la peche s'est nettement dégradée depuis 1965. En
1970, le passif avoisine les 10.000 tonnes, sur les 14.940 p@chées avant
l'ouverture du port. L'autoconsommation elle-même souffre de ce lourd dé-
ficit: 1.270 tonnes de poissons manquaient en 1967, pour couvrir les bo-
soins des p~cheurs eux-m@mes. Depuis, ln situation ne cesse de s'aggraver,
le poisson qui représente à la fois 1'unique source de protéines et de
revenus des nombreuses populations riveraines se raréfie, la "vente en
frais" augmente, ainsi que le révèle le tableau : 4.340 T en 1967, auliou
de 1840 T dans le passé. C'est plut8t un mal, un pis aller. Car les prises
constituées dans leur grande majorité de poissons qualifiés de "divers"
n'ont aucune valeur commerciale, parce que beaucoup moins appréciés. De
ce fait ils ne subissent aucune transformation préalable (1), ce qui prive
d'activité une forte main d'oeuvre féminine. Il s'agit, en outre, d'espèces
de taille minable, des fretins que ramènent des filets "épervier" aux mail-
les
le!t très serrées, et sur lesquels le service des pAche. "ferme parfois les
yeux", pour ne pas affamer les quelques rares couregeux attachés à un milic;u
lagunaire deven.u récrarbatif et invivable.
Le mal n'a pas épargné les "acadjas". Leur production tombe de
40.000 tonnes à 525 tonnes en 5 ans, soit une baisse de aD %. Du coup une
profonde désaffection se manifeste vis à vis de ce type de "pisciculture".
La superficie exploitée en acadjas, égale à 773 ha. environ dans le passé,
est aujourd'hui réduite à moins du qUIi-rt:.En 1964. 1965, on enregistrait déjà
(1) Transformation qui consiste à fumer, à sécher ou à frire pour la venta
à l'étranger.
...
. / ...

... 109 -
,
- une diminution de 30 % des petits acadjas (" aca djavis") de 250 m2
- une diminution de 60 % des acad~as exploités dans les Aguégués et
la lagune de Porto Nova ;
- une diminution de 50 %de la
superficie des acadjas de Ganvié.
En 1970, cette réduction s'est encore accentuée. A part Ganvié, 56
Tchanhoué et S6 Zounko qui possèdent encore quelques acadjas collectifs,
puis quelques uns au Sud Est du lac, rares sont les villages qui s'y inté-
ressent encore. A peine le quart de l'ancienne superficie est encore exploi-
tée. Nous sommes bien loin de la belle époque où les aèadjas compartimen-
taient le lac au point que M. Pélissier prévoyant l'accaparement ~es éten-
dues lacustres par les riches propriétaires d'acadjss, conseille un "régime
foncier identique à celui des champs" (1); Ils sont aujourd'hui remplacés
en partie par des installations hirsutes de barrages de pièges à crevettes.
En 1958, J. Buffe:, estimait ~ 15.000 tonnes de poissons frais par
an, "l'énorme production du lac Nokoué" production dans laquelle les aca-
djas tiennent une place prépondérante.
En 1967, ceux-ci, n'ont fourni en tout que 1
- 375,5 t. dans le lac Nokoué
175
t. dans la lagune de Por'to Novo.
{1} Lee acadjas en raison des misss de fonds considérables qu'ils nécessi-
tent et ..cie leur importante productivité, étaient l'objet d'une entreprise
hautement commerciale détenue par des gens parfois abeolument étrangers ~ la
lagune. Les riverains euz-memes, plus nombreux mais pauvres avaient beaucoup
de mal à pecher quelques poissons avec leurs filets épervier, les poissons se
réfugiant sous les branchages des acadjas. Cette situation a été récemment
à l'origine des rixes sanglantes entre propriétaires d'acadjas et pOche urs
à l'épervier, dans le lac Ahémévvoiain. Les pouvo~rs publics,saiais de l'af-
faire ont décrété" l'arrachage de toua lel5 acadjae dans ce lac, ce qui a été
fait aU cours d'une vaste campagne dénommé_ : "Opération Enlèvement des Aca~
dJas". Nousrapportona ici les propos d'un journal local nL'Action Populaireu
Populaire
dans son numéro du 23 novetmbre 1970 t -Les parce-refuges à poissons étaient
installés par une minorité d'accapareurs qui veulent s'adjuger perpétuelle-
ment la propriété de toute la production lagunaire en poisson J de sorte que
le lac était entièrement dépeuplé. Les poissons slétaient réfugiés et ss
reproduisaient à l'intérieur des parcs privés alors que le lac sst une pro-
priété naturelle dont tous les riverains doivent profiter sans exciusivité.'
Par milliers se comptaient les h?mmes, femmes et enfanta qu'une poignée d'affa-
meurs avaient ainsi réduits à la mendicité parcs qu'ils vivaient des ressou~
ces tirées de la peche ~ l'épervier ••• "
.../ ...

- no -
Soit un total de 550 T. Ils perdent ainsi BD ~ de leur rendement annuel
pcndDnt que la peche àlJépervier
èlJépervier en perd 50 ~.
Après ce bref aperçu sur la composition et le rendement de l~ faune
piscicole, il est intéressant de connaltre la réaction dos espècss lagunai-
res vis à vis du nouveau miliuu.
- REACTION DES ESPECES VIS A VIS DU NOUVEAU BIOTOPE
-------------------------~---------~-------------
Les deux espèces dominantes, Tilapia et Ethmalose, réagissent diffé-
remment aux nouvelles conditions du milieu.
L'Ethmalose supporte difficilement Iss contraintes semble-t-il. Celn
se traduit pas son caractère fugace, son instabilité. Il est tou.afois pré-
sent toute l'année dans les prises dONt il constitue un pourcentage mensuel
allant de '15 ~ 70 •• Depui_ l'ouverture permanente du chenal les records
mensuels de 50 (mai) 65 (juin) et 75 %des priees atteints la mIme année
(1963) ne sont plus jamais revenus. Il semble donc que sa ne disparaltre,
son abondance diminue globalement sans doute à cause de la chute du taux
de salinité. Un écart de 3D % dans un temps aussi court ne pourrait vt'aisem.
blablement t!tre toléré sans dommage. La bi()logfe des pO'issonlt .'en reS'serit i
croissance ralentie (des Ethmaloses deux fois plu. petite) reproduction
moins rapide, etc••• De sorte qu'il faut parler plue d"e'lccomodl!J~a que
d1
d espàces proprement originelles du milieu~
Les Tilapia6, eux, sont sérieusement touchés. C'est d'ailleurs, de-
puis l'époque des ouvertures intermittentes d~ cordon litt7ral que la vul~
nérabilité de cette espèce vie fA vis de la salinité 8 été ctlnstatl§e. C'est
ainsi qu'en 1958, déjà les tilapias dont le rendement moyen mensuel éteit~
égal à 40 %de. prises avaient vu leur pourcentage abaissé à mo:1ns> de 10 %t
aujourd'hui lBS Mugil les ont en quelque soria remplacés (60 %des Jtl'isesl.
Cette vulnérabilité s'est aggravée avec l'entrlie con'tinuellades eaux r1ta"
rines dans le lac~ Tilapia, qui constituait 60 %des prises mensuelles dans

Hi -
la situation antérieure, tant6t disparait compl~tement, tant6t réapparait
avec un pourcontGge très faible (moina de 5 %des prises depuis févri~r
1964). Toutefois, une tendance à la remontée du pourcentage semble se dQS-
sinsl' en 1968-69. Nous enregistrons an effet, en novembre et décembre 1;:Sé'
30 %de TilapiBs dane lss priees. On penserait tout d'abord à un retou~
timide de la prospérité,
mais lBS prises mensuelles suivantes (moins de
10 ~) nous obligent à la prudence dans nos déductions. Les Tilapias sont
des espèces peu exigeantes. Nous avons observé au service des P~che8 à
Cotonou, un ~16vnge de cette espèce (dans un bac) à l'eau douce de robinet
dans laquelle baignent de gros morceaux de vase riche en matière organiqu8.
III se nourris8ent de cette Vase et ssmblent apparemment bien s'accommoder
de ce milieu d'eau douce. On peut donc en conclura (1) que cette espêce
es capable de supporter des taux de salinité Bssez veriée. Mais les chutes
brutales de salinité jointes à la diminution de la productivité primàire ,,,t
au déversement des troubles de 10 erue dene la mer sont autant de facteurs
qui axpliquen~ sa diminution quantitative. A la di~~nc~ dae €tkNelowee,
les Tilapias disparaisse.nt lentement car on ne peut perler de migration,
puisque ni dans la lagune de Porto Novo, ni dans la basse vallée de l'Duémé
on nia remarqué une re.crudescenee de cette espèce. Ceux qui survivent malgré
ces diverses contraintes du milieu ne sont sans doute plus que des aCCOfTlmo-
dats car ils présentent une taille beaucoup plus réduite que celles des
grosses carpes habituelles du lac.
En définitive, dans cett.e -lutte pour la vieR due au)C nouvelles
exigences du milieu aquatique, Ethmalose et 1i1apie essaYEJnt da s'adapter;
mais ces efforts d1adaptéltion na vont pas sans mel puisque leur reproduc.-
tion et leur croissance s'en trouvent. perturbées. Aussi apparaissent-ils
comme des accommodats, plus ou ao!flB aguerris contre un milieu aUX con-
traintes de plus en plus sévères.
(1) Une conclusion assez h8tive, mais i l est admis q,ue le Tilapie Bet peu
e~igeant en ce qui concerne son alimentation.
.•1 ...

.... 112 -
Les poissons ne sont pas les seules populations des eaux lagunaires,
les crustacés aussi y abondent et constituent un appoint non négligeable de
la p~chB.
- LES CRUSTACES
Les plus importants sont les crevettes et les crabes. La pisciculture
des acadjaa a périclité. Elle semble @tre remplacée par les "barrages à cre-
vettes", pratique qui connatt ac-tuallement un certain succès sur les l'ivages
lagunaires. Ce euccès est illustré par la recrudescence des pi~ges à crevet-
tes qui barrent l'entrée du chenal et couvrent toute la moitié sud du lac.
Comment expliquex cet engouement réc.e".t pour cette peche ?
I l faut remonte. l'époqus des ouvertures. et fermetures alternati-
\\les du chanal de Cotcnou et déterm~ pourquoi un tel milieu, hostile aux
Pct~ns. conviell,t. apparemment bien, aW< crevet-t.es ... Tout d'abord 1 t engouement
vien1). d'll!ne pa.rt. du fait.. qrue lee Cfttvet:tes constft.udent avec 18s pei.sons,
trans-tor'lftêss el1t poud1's elles sont des:.condiments t'ri", appréf:1étr' poUlti;J;e<<t&5fï,;:;.'
fection; deus reps-e f d1autrepa·rt., elles abondent:; peMtènt que 1e.li ~s'
se rt!l:téf1ent'.
Mais alore~, se demande-t-on,PQurquoïiabondent:..elles-malgré leer faè-
taure ·limitent$ du, milî.e.tJ lagunzdft! T On sait -que les· c:ravettes notamment
l'espêcliI la plue p!ehée,Penaeus duorarumaf'feetioonent la zona vaseuse du
plateau continente!., non ledtldBe, a&tés.. Les passl:lsf~""ori.sent leur péné-
tration (1) dl;lnslE!e, lag4nes c&.tières,où ellee,trouvant'un biotope senëi-
bl~ment analogue.
Cependt!lnt.·1a ba~Bedela~uction'entreJ95Bet
ba~Bedela~uction'entre
nM2 ptonneau
premier abord (400,t.aulieu deS~r'tû,. Cela'tiPntsans doute au change-
ment du biot,ope •. En 1967"
la q uant~it:é ,des captures ,identique à celle de
{1'} La pénétration des. larves surtout. '
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.- 113 -
1962 t6lDoigne dl u:>g cert-dne adaptatLm à un milieu qui devient de plus en
P':"l,.;S pcwanique <, CE -ct" -:cmstatation a été faite per le CTFT t
ItLes 'échan:Bs
important$ d'eau entre la mer et les la~un&s favorisent l'entrée des larves
de crevettes venant db la mer. Le milieu naturel serait donc plus favorab_J
qu'auparavant s'il n'y avait pas diminution de
da la nourriture
petits pois-
sons, vers, débris vegetaux. Les stations qui enregistrent les plus fortes
salinités sont en effet celles qui prpdU~8ent le plus de cravettes. Il 8'a-
git de Zogbo, Awansouri, Agbato, Qituéas à l'entrée du chenal, uù les fonds
sont en outre couverts d'une épa~ase couche de vases molles. A Awansouri pAr
exemple, station réputée pour sa g~oss. p~oduction, la courbe de variations
men,uelles de la salinité et celll3 dl,! ..ombre de crevettes capturées lont
(fig. 38).
Il f~ut aussi signaler,malgri Ifa~gmentation du rendement,la réac-
tian de Penaeus duorarum dans un biotepe qui, pour 8tre analogue, r,'est
",'est pas
tout à fait le &;i.en. Cette réaction se t~aduit par la petitetl3ille d~8 .1n...
dividus lagunai.res, comparativement à CSIIX capturés en mb.A..
Outre les crevettes et les crabee comestibles (call{..-ctes), il exj.e--
te le long des .rives d J autres pè,tih crustacés, tdl8 craintif•• qui e~eU9Bnt
e~eUgent
lewJtS terriers dan.s les 1:ouffe~6 d,e~l':am:inées halophiles. Ce som: t le Crabe
Violoniste (Uea t13n,geri) r,ecor:tt'ts!:e:sable à s,on énorme pince qua il
i l porte en
aV.fll'lt"comm.e un violonll
violon
'liOQâ0?4à='
'liOQâ0?4à=! cf"i!f!ta~a, autre petit crabe très rapi-
de qui affectioorle les -ri'Ye:Sdesi$:,vne$*iè'res et celles du lac Nokoué.
Calavi.
...•-./...

- 114 -
- LA FAUNE MALACOLOGIQUE
Un autre fait nouveau est l'apparition dans ce br8f inventaire des
ressources lagunaires, de 250 tonnes d'huitres (1) en 1966-67, contre moins
d'une tonne avant 1962.
Comme les crevettes, les mollusques trouvent là un milieu favorablE.
Parmi eux, il faut distinguer les Bivalves des Gastropodes. Les Bivalves -
dont l'hu1tre - se nourrissent de matières organiques. Dans les lagunes
côtières on les voit accrochées par grappes aux palétuviers. Dans le chenal
et le lac Nokoué ils sont immergés, vivant en groupes de plusieurs dizaines
d'individus. On rencontre sur les rives les Tagelus (Tagelus angulatus) et
quelques A;ca
AJ'ca Seni11s qui disparaissent au-delà du chenal. Ils vivent en
société, avec les Gastropodes, aggluti"és à mi-hauteur des ~erges, à la
marée haute.
Les Gastropodes, de moeurs plutôt végétariennes {parfois omnivores)
dévorent~ grâce à leur radula, végéta'ux et matières organiques. On en voit
s1agglut~ner autour de déjections de toute nature le long des berges. Les
principaux sont .1 Pagure~ Tympanotonus fuscatus., Natica marichiensi. et les
escargots ordinaires dont raffolent les enfants, qui leur font la chesse.
Mentionnons au passage, les "poissons sauteurs de vase" les Périoph-
talmes (Périophtalmus papilio) très difficiles à capturer, qui creusent leurs
terriers dans la vase des berges.
Malheureusement, il n'y a pas que des animaux utiles, il y a aussi,
et c'est le plus déplorable, d'abondants prédateurs pour une production déjà
faible.
(1) Les Hu1tres sont exploitées depuis fort longtemps dans les lagunes côti-
ères aux passes quasi permanentes (passe de Grand Popo, d'Anécho, etc ••• ) et
par conséquent aux eaux très salées. Sans doute sursalées à cause de l'évapo-
ration intense qui sévit dans les secteurs cOtiers. œl s'agit en effet de
la zone qui enregistre les plus fortes températures de toute la Cete du BGnin
et qui comporte le plus de marais salants: 'de Grand-Popo à Ouidah ••• ) •
.
. ..1 . ..

- 115 -
- LES PREDATEURS
Il Y en ~ deux sortes, les grands prédsteurs, plutet rares à l'h~u-
re actuelle, et les petits, dent la recrudescence cause de grands ravages
dans les acadjas.
La faible profondeur actuelle des eaux lagunaires ne saurait permet-
tre la survie de grands prédateurs. Signalées dans les années 1880 par l'Abbé
Bouche, dans le lac, les crocodiles ont reflué vers la vallée de l'Ouém(j où on
les rencontre en grand nombre, favorisés qu'ils sont par une profondeur plus
importante des eaux et la présence de forets galeries qu'ils affectionnent.
Selon les p8cheurs, ces animaux infe.teient encore les eauX lacustres il y
a une trentaine d'années. Toutefois, il nlest pas rare de rencontrer dans
les reliques de forftt marécageuss de certaines rives du système lagunaire,
et dans l8s hautes touffes de Typhac6es st de Cypéracées de petits crocodiles
et surtout de gros varans que les riverains captursnt souvent, notamment pen-
dant la crue lorsque les eaux lee délogent de leurs repères.
Notons aussi la disparition quasi totale des crocodiles et Hippopo-
tames des lagunes cetières dont ils infestaient lee eeux il y a une tren-
taine d'années. L'occupation humaine récente explique en partie leur recul
général, mais la cause fondamentale est la destruction des mangroves utili-
sées comma bois de feu, et la désertification concomitante des rivages lagu-
naires, avec la sursalinisation qui s'ensuit. Ce schéma peut s'appliquer
partiellement aux rivages du lac Nokoué dent leI conditions écologiques
de
actuelles sont autant/facteum limitante.
Cependant, les animaux qui représentent un danger pour la p8che sont
plut6t les tarets.
'La prolifération inhabituelle de. tarets, cesdernièrea années, est
une des conséquences néfastes des modifications intervenues dans les saux
la:gunaires. ctest principalement l'augmentation du taux de salinité qui
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en Bst la cause puisque les courbes d'êvolution des tarets et de ln salinité
vont dans le m§me sens (fig. 39). On constBte une ce~t.inB affinité de ces
xylophages pour chacune des parties du syetème lagunaire ; lalegune da
Porto-Nove étant le demaine de Tango peiit1et le lac Nokoué, cslui de
Bankia Bagidaensis.
Teredo petiti, mollusque vermiforme est responsable des grands rave-
ges dans les acadjas de la lagune de Porto Novo, acadjas dont il ronge et
fore les branchages servant de refuge BUk alevins. Diverses eSlences de
bois dur susceptibles de résieter aux tarets ont ~t' essayées meis vsine-
ment. On comprend que les nombreuses agglomérations sur pilotis du lac ~...
~
kou6 ne résisteraient pae longtemps . i c••
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bestioles faisaient irwption
dans le lac (1). Mais ici c'est un eutu qui a' infiltre 1 Bao~&e jaglèaen§is e
Cette e.pèce s'y multipliA moins vite. Il ..et d'eilleurs pratiqueJ!lBnt rédu:i.t
li l'ilnpu.i.aenae pel' "le présence d'h~t~res et de BaleRes sur 1••
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hrenchagee
des aca4j8e. lesquelles l'emplçhant dtlWtlir de" aff.ta désa8t~. (2)". Ba"","
grand. deMlragea dena lse acadjae.
logiqwe et morphologique, le littoral pczoehe évo,lue ct-el"lS le $t!ln~ de l' Bn,~a~.!I'"
eemerft et de It~rosion. Comment la faune de ce litteral a-t...elle évolué
elle,
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depuis to ans ?
(t) L.a. salure de.eeaW( du lac Nok-oJJé . .mbla
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tf.'I'JP fprt. pO,tfr qve le.eTlEadç,
petiti puisse y aurvillrs. Ainsi q.u.e nOlil8 lCit feit l'.ma~:u.e~ p. Rancureipoûr
le.lagunaatwoiri-ennea" Teredc ebe;eoutl1
ebe;eoutl u:n t.fWlC a.sezfaib.lli) de ~lW'1:é
(en't~ 0•.20 et 15 ~) au-delà, il dî.aps:%.'8tt.. ~mplcu::é paS' BBnkia (entJ:'e III
et 30 ",.
(2)' Eh Ittepbsanttt
Ittepbsant
ha br-enchegea ces aniI.DeuK Ifemplehent de ee f'ixe-r.

- 117 -
- LA FAUNE C~TIERE
La construction des jetées sur un littoral sablonneux juxtapose,
avons-nous dit, deux types de cStes --~ une cSte sableuse et une cSte rochBu-
';'.
ss, d~ biotope différent.
LA Cl'TE SABLEUSE
Du point de vue faunistique, aucun apport nouveau n'est à signaler.
La c8te recule à l'est de la jetée et s'engraisse à l'ouest, mais les ani-
maux n'ont pas changé. Quelques investigations nous ont ~rmis de reconnaî-
tre 1
- à l'étage infralittoral
Donax pulchellus (Cebette), J'8tit mollusque.~ l8mellibranche à coquil-
le triangulaire et porcelanée qui pénètre très facilement dans le sable et
dont les siphons rétractés à marée besse, laissent plusieurs centaines de
petite trous care-etéristiq uss de cet étage.,
Terebras micans, mollu~e ga-uopode à coquille' luisante -~
.~. -
Ci:ll;diul'lt, Coetatlilm alltrlt' MtH:lusqua bivalve, à grosse OoquUla-~'
leuae
leuse ..
1
!..es Tellines, bivalves, aux coquilles minces et petites.
1
Hippa, petits crustacés fouisseurs, à l'abdomen très plat que le6
1
enfants capturent en creusan~ de petits troua dans lesquels entretnés par
1
1
_ ~ l'étage littoral
1
1
La faune. ee-tmoina riche. ct est le domaine quasi" exclurait' des Ocy-
j
poeles, avec leurs nombreux terriSreh
terriSX'$. Ces er.-bee dont la couleur jaun8tre se
1
~-
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confond avec celle du sebl.e-, sont.dee fouineure, d'une grande rapidité.
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rapidité.
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- à l'étage s;!Jpral.ittoral
~
s;!Jpral.ittoral
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subsiste encore déS Ocypodes,- mais il Y' 8'aLJ8Si des Pupes-de mu::.:
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~ (talitrea), crustacés décapodes de petite taille, quise d'placent en
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- 118 -
eButent eur le sable. On en voit sous lee branches sèche. à la lisière des
cocoteraiee,
sous les coques, dans les laissas de pleine mer.
La c8te sableuse, du point de vue d. 1~ faune n'apporte donc r1en de
nouveau. La "cate rocheuse" clest-à-dire, le jetée, elle, est un fait nou-
veau qui, pour cette raison, mérite une attention particulière.
LA "COTE ROCHEUSE
La jetée a tous les caractères d'une c8te rocheuse avec les subdivi-
sions en "étages" à partir des horizons à peine mouillés par les embruns
jusqu'eux horizons en permanence BOUS l'eau. Elle comporte, qui plus est,
deux modee t battu et abrité et a déjà, après dix années seulement, une ri-
chesse feuni.tique qui dépasse celle de la cate sableuse voisine. Pour cette
observetion nous procéderons par "mo4le" car lee deux modes sont différents.
- LE MODE BATTU
Il s'agit de la façade ouest de la jetée contre lallfuelle viennent se
bri••r le. grand. rouleeux de la barre. Rappelons que J.a Jotéa evenc-... de.
900 • .vr 1. plateau continente1 avant d'obliquer v.ere l'est. La na'lf'.UIJ!"'lM.
la jeta. au-dessus du plan d'eau est de 4 à 5 ft! environ, c 1
c eai:-à-dire, qu'elle
eet pew ~1evée ccmparativ!lment aux véritables cetes 1'Ooheusli8. Nous y distin-
guon. le. étages suprali'toral? littoral et infraltttoral.•
L'étage supralittoral
Le sommet de la Jetée ne dominant les plus basses mers que de 6 à
·7 1ft aw maximum, l'étage supral:ittoral nIa pe. tout afaît le m~m9 significa-
tion que dans le cas des rochers qui surp1:ombantla mer de plusieurs dizaines
de mètres. Cet étage, sans I!tre Jamais subme~é eat cependant trop fréquemment
mouillé non seulement per les embruns, mais auoietsurtout par les éclabous-
\\
auras des vagu~s.,..peu.~.'
vagu~s.,..peu
animaux apparemment,ratfectionnent cet é~gB. Hormis
de petita crabes bruns qui viennent d' ailleurs· de~; horizons inférieurs , nous
_.
n lavons pas trouvé d' espèces caractérÙi~iques.•
caractérÙi~iques Il est vraisemblabI'S toutefois,
.·.·.1.-.,.·

.. 119 ...
que les anfract~osités humides des gros blocs "t~trapodes" (1) fourmillont
de vie, mais il ne nous a pns été possible de déplacer ces grosses pierres.
Deux subdivisions caractérisent est étage 1 l'horizon des pleines
mere et l'horizon des basses mers.
--- L'horizon de; pleines mef!
L'horizon supéX'ieur et moyen des pleines mlll's est le domaine des
Littorines (Littorina), mollusques gaetropodee aux coquilles brunes, qui
adh~rent solidement à la pierre, aUX endroits Pumides. Un peu plus bas,
quelque. crustacés 1 balanes et crabes.
L1horizon des ba,s8s me;!
Lee crabes, aux coquilles pletee. solidement f!tccrochée à le jetée
A chequ:e peaesQe des vagues pour é'ori.te:t cr'lIra entra!nés par celles-ei , les
bel..,... tde ncmbnwc semblent vi.tblaJlent ici den. leur biotepe d f'lection.
ri~••
ri~
C\\lln~ dM vagues à cet end~'••
end~'
Nous n1avQTIs, pli,. II non plus,. pousser 88'Stf.
l'lift no. cbearvations. Cet horiizon qui abl'ite un~' fl'(Jre algele assez toü1!f''Us.
eat pzobeblement aussi riche en vie anima la.
" ~ MODE ABRITE
Le. observations Iront plus faciles de ce t:e'tê-e:i de la Jetl~e"
Jetl~e., La n'i1!!;'
y en celllle et le vie animala y est à l 'ab~i ~.s pon"t~imes' phy.i.que prol':ee$'
à Itsutre façade. Par:,ailllSLJ~:,
Par:.ailllSLJ~:, let! gros bJ,tle., rwnt ici~,
ici~. ~tllPlaQé8 par des' •
tO Il s'agit de "l1lat~~i,at.m d'en';tQchemQn't,
d'en';tQchemQn't. ~.te~s: ~n béton mou~é, dont
le. i!mancellements psrmett..nt
psrmett.nt à l t Bell de JIU'!I$IJ'e~ I!!llf t~.ft' et de,
de· dillsi"pe:p
ainai scn énergie". (<<:1'. photn)..
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- f20 -
cailloux de différentes tailles qu'on peut soulever pour mieux observer les
anfractuoeités.
-- Etage supralittoral
Ici les éclaboussures sont absentes et les embruns fortement att6nu6s,
de sorte que la vie animale commence quelques mètres plus bas qu'en mode bat-
tu. Nous retrouvons les littorines en nombre beaucoup plus important. On en
trouve sous les petits blocs de pierre présentant le moindre abri, la moin-
dre humidité, car ici le granite est exposé à la forte insolation de la jour-
née. Mais curieusement, les crabes bruns y sont absents.
L'étage littoral
Il est également riche en espèees et en individus. A l'horizon des
pleines mers et des basses mers on retrouve encore des colonies de littori-
nes, de be13nes, de monodonta, mollusque gastropode de taille plus grande
que la littorine.
Vient enfin l'horizon inférieur des basses mars de l'étage iQfralit-
tgr;l, ho~izon qui offre la vie animale la plus riche et la plus variée 1
- des animaux fixés 1 colonies d'huîtres qui tapissent les blaes de
pierre, Oursins qui !te déplacent dès qu'on les touche.
- des animaux libres : très mobile mais vivant au voisinage de la
jetée t Conidaires (colonie de méduses qui infestent la zone portuaire li-
vrant le chasse aux petits poissons), poissons de tous genres petits et
grands, qui attirent un grand nombre de pl!cheurs à la ligne.
Au total les jetées de Cotonou et de Lomé offrent une analogie saieie-
sante, du point de vue de la zoocénos8, avec les cetes rocheuses de l'Afrique
de l'Ouest, analogie d'autant plus remarquable, que les jetées ont seulement
une dizaine d'années d'existence.
La faune n'est pas la seule à @tre affectée par les modifications
des dix dernières années. La flore, quoique de façon moins spectaculaire, a
eubi, elle aussi, les transformations du milieu aquatique.
• ..1 ..•

... !2' -
B.
LA FLORE
Comment la phytocénose a-t-elle évolué dans la zone lagunaire et sur
le littoral 7
- LA ~ONE LAGUNAJRE
Il faut distinguer de ce point de vue (fig. 40), les rivages du lac
Nokoué de ceux de la lagune de Porto Novo, les deux riveges différent par de
nombreux facteurs ~ salinité plue faible ici que là, sols hydromorphe ici,
halomorphe là~bas etc •••
- LES RIVES DU LAC NOKOUE
Physionomie de la végétation
La physionomie de la végétation n'a pas fondamentalement changé. Il
s'agit, comme par le passé, d'une prairie Marécageuse (recouvrement 100 %)
développée presqu'exclusivement en strate sous-arbustive. On peut toutefois
distinguer dans cette strate une formation de hautes herbes, dépasBent larga-
ment le mètre, où dominent Typhacées et Cypéracées et une pelouse rasa. l'ItOno.
spécifique de Graminées halophiles.
- Composition floristigue
La comparaison de l'état actuel de la végétation des rives à celui
d'avant l'ouverture du port montre une spécialisation de plus en plus poussée
de la flore lagunaire, due à la salure croissante du milieu. On assiste à la
réduction progressive des espèces, à une lutte contre la salinité de laquelle
ne sortent que les espèces fortement euryhalines.
Principales espèces
Les associations autrefois nombreuses .ans la vallée de la se et de
l'Ouémé (1), se réduisent au profit de certaines plantes exclusives.
(1) Théophile Amoussou
Contribution à l'étude des paturages naturels au
Dahomey.
• .•1.·. .

-
122 -
C'est ainsi que les associations à fLhragmites vulgaris et Cvpérus maritr~ll~~
et Paspalum vaginat~ qui comprenaient d'importants cortèges floristiqu8s
(Desmodin, trifclium, Indigofera endecaphvlla, Echnochlva colona, QFvzer
barthu, ~sia hexandra, Brachiana mutica, Axonopus compressus, etc ••• )
perdent de plus en plus leur cortège au profit des plantes dominantes.
--- Répartition
Le fait nouveau, cependant, est l'envahissement des rives par PnsEalum
vaginatum, espèce douée d'une plasticité étonnante (supporte la salinité 2U-
delà de 40 ~), et le recul de Typha australis. Noue aVons eu l'occasion
d'assister à la coupe de Typha sur une grande étendue sur la rive Sud-ouest
du lac (coupe en vue de la construction, sur les lieux, d'une habitation).
Deux Bemaines après le ratissage de cas 9rands roseaux, des peuplements mo-
nospécifiques absolument fermés de Peapalum sfétaient installés. La raison
de cette prodigieuse capacité de développement sont simples. Très euryhalin,
Paspa~um supporte des variations. de salinité allant de 0 à plus de 40 %..
% Elle
représente pour les riverains des lagunes cetières, la plante indicatrice de
la présence du eel. De nombreu>t marais salants Jalonnent d'ailleurs Bes J.e.guo-
nes (ex DjégbadJi qui signifie "carrière" de sel) marais salants recO\\Jverts
par des touffos serrées de Paspalum au pied desquels scintillent des cris-
taux de sel. Outre, la salinité, il faut noter la présence de la vase car
tous les sols où prospère Paspalum sont constitués par de la vase plus ou
moins consolidée. Forle salinité et substrat vaseux, sont les deux facteurs
principaux favorables à l'extension da cette espèce.,Voilè pourquoi aIle est
prêsente sur tout le pourtour du lac ob dominent des sols vassux et helomor-
phes.
Les peuplementsmonospécifiiques-de Phragmites vulgarJa et d'Echino-
chloa Pvramidalis couwrent de vastes étendues du b-asdelta. Le sol vaseux
des dépressions deltaïques leur conv.:ient parfaitement •. Les deux espèces douées
~.I . ....

-
tZ3 -
d'une étonnante capacité de colonisation interdisent par le véritable fourré
qu'elles forment le développement de toute autre espèce.
- SUR LES RIVES DE LA LAGUNE DE PORTO NOYD
Ici non plue le paysage végétal n'a pas beaucoup changé, mais la
strate herbacéé est nettement plus haute~ Oh remarque aussi un resserrement
des eaux libres qui est dO à l'avancée du peuplement d'EchinochloB et de
Typha, au détriment des eaux libres. Par contre le versant sud du plateau
de Porto Novo qui est raccordé à la lagune par un glacis, présente un paysa-
ge plutOt arborescent. D'autre part, de nombreux herbiers disséminés dans
la lagune lui donnent un aspect assez original~ Ce sont les "acadjas" qui,
par lel.(rs branchages, arrl1ltent les redeaux d'herbes arrachées aux berges
par IIDuérné en crue. Ces Ilote d'he:rbes~ épousent parfaitement la forme des
acadjas - circulaire ou quadrangulaire - elles trouvent dans caux-ci un mi-
ei
lieu favoreble (1) y prospérant et y sontlkolidement enraciné~ qu'il est
très diffiçile de les en retirer.
- Composition floristique
-----~-~---~-----------
Les Jbrincipoles formations herbacées sont les groupements à Echino-
chloa, à Typha et Phragmites, à très large distribution, et le groupement
moins étendu à Cypérus Papyrus. Typha et Echinochloa, dont nous avons souli-
gné le caractère monospécifique et envahissant, sont les principaux respon9"S'-
bles du resserrement da la lagune. Rappelons ici l'exhaussement du lit provo-
qué par la longue digue précédant les appontements sur la lagune. Cette surélé-
vation du lit - à la faveur d'une épaisse sédimentation vaseUSB - Bst suivie
au fur et à mesure de la colonisation par Typha.. Les rives deItaiques de
(1) Les nombreux branchages déposés au fond de Il eau sopt soit pourris, soit
couverts d'une couche épaisse de vsse et de microorganisme et consti1:uent de
ce fait, un milieu idéal où les plantes puisent leur nourriture •
.•..•1
.•..• • .....

-
t24 -
.../ ...

-
, 25 -
- Puis Aeschvnomene indica : aux feuilles petites et à la tige c: __ u..
u
,
La plupart de ces plantes sont caractérisées par :
• l'absence de cuticule et de stomates
• la réduction des vaisseaux (tige creuse etc~ •• )
• la présance de grandes lacunes ccntonant le plus souvent c ~
gaz (oxygène et gaz carbonique)
• l'extr~me légèreté des organes (tiges creuses ou remplie d'un
tissu spongieux).
Tous ces caractères sontI' apanage des plantes aquatiques.
- DYNAMISME
Du point de vue de la végétation le~ dix années de pénétration mari-
ne dans le milieu lagunaire ont apporté des changements somme toute peu i.11-
portants sur les rives du lac Nokoué~r ii est difficile de parler de progre3-
sion, en raison de l'érosion des marais. Un fait majeur domine cependant :
la progression ineontestable de Paspalum. Dans la lagune de Porto Novo 18
tendance est ~ la progression des prairies marécageuses, notamment à parti~
des rives sud. Le développement se poursuit avec d'autant plus de facilité
que l'action anthropique est
ici quasi nulle.
-- L'action anthropique
Elle se traduit par l!utilisation épisodique des marais comme p8tu-
rage. Paspalum vaginatum, Br~chiria mutica, sont très estimées du bétail.
Echinochloa pyramidalis peut fournir jusqu'à 1DO tonnes de fourrage vert à
l'hectare (O. Froment 1960). Malheureusement peu d'animaux domestiques fré-
quentent le&~ives lagunaires pour en profiter. Il faut d'ailleurs ajouter
li la suite de P. Pélissier que le paysan de la basse vallée de l'Duémé n'est
pas un éleveur, bien qu'il dispose des meilleurs p8turages du Dahomey.
Sur le littoral, du point de vue de la flore, quelques changements
retiennent l'attention.
• ••1
•• ••.

- 126 -
2. LE LITTORAL
...
- LA COTE SABLEUSE (fig. 41)
Si la zone d'érosion se réduit ~ontinuellement, la zona d'accumul~tion
elle, s'engraisse continuellement et est, de ce fait, l'objet d'une nouvolla
colonisation par les plantes. Un transe~t partant du front de mer et aboutis-
sant à la route ën, longeant la façade ouest da la jetée, montre le degré do
colonisation par les nouvelles espèces pionnières~ Topographiquement on cis-
tingue sur cette plage, deux dunes, d'altitude + 4 m alternant avec une zone
déprimée et très souvent inondée. On rencontre successivement à partir du
front de mer 1
- une zone absolument dénudée, d'une désolation désertique ~ue bal~~ent
de temps à autre, de véritables vents de sable ;
• une pionnière, Philoxerus vermicula ris qui occupe les cr8tes de
cordons, ou d'amas de sable, face à la mer. Plante grasse aux ~uilles xéromor-
phes en aiguilles, elle est responsable des nombreuses nebkas (microrelief)
qui parsèment l'estran.
• ~pès caprae, largement distribuée sur les c8tss africcinBs.
• des cypéracées : cvpérus maritimus et Kvllinga peruviana.
• Scaevola plumieri, autre planta grassB aUX fe~illes crassulescen-
tes, facilement reconnaissable.
• une Euphorbiacée : Euphorbia glaucophila et une Kubiacée
Diodia serrulata.
Dans la dépression intsrc\\unaire très humide, s'associent t Schiz2-
ch Yd.'!!I....!.e., Hvdrocotvle bonariensis (ombellifère) Ph~la nodiflora (Verbenac.'!e).
Une vigna, Ipomepastolonifera.
Suit la deuxième dune, l'ancien rivage constituée de sable grossier
et colonisée par des plantes rudérales pour la plupart.
Cenchrusbiflorus, très commune
- Digitaria Vellutina ;
, .••1." .

- 127 -
~ ~qasiflora foetidaJ reconnaissable è ses courges
- Monodica charencio
Les m8mes espèces, les pionnières notamment, se rencontrent à l'Ouest
de la jetée de Lomé, dans les marnes conditions de milieu.
Les formations d'abord largement ouvertes et clairsemées" sa resser-
rent rapidement è mesure qu'on va vers l'interdune où elles sont absolument
fermées avec un recouvrement 100 %.
La principale caractéristique de ces plantes eet leur mode de colo-
nisation. Plantes rampantes dans leur grande majorité
elles se reproduisent
par stolons, è la manière de Ipomoa pes caprae" enfonçant profondément leurs
racines adventives dans le sable (plus de 50 cm le plus souvent). Le plus
curieuse, est Sporobolus Virginicus aux "aiguilles (1) très dures et piquan-
te~, qui aligne au-dessus du sable ses "coussinets". Cee coussinets, apparem-
ment sans lien entre eux, se révèlent, dès qu'on creuse un peu sous les raci-
nes, liés en profondeur, par un long rhizome auquel ils sont fixés.
Rappelons, en passant, que les adaptations xéromorphiques cerectéris'":"
tiques des dése~., SB retrouvent sur le mince liseré de nos plages. Adapta-
tion morphologique : feuilles de petite taille eDioidia) souvent réduites à
des écailles (Philoxerus), ou à des épines {Spirobolum} ou en forme de cous-
sinet (Sporobolus)., Adaptation biologique: "accumulation de l'eau dans les
tissus donnant Baissance aux plantes grasses (Scaevola) et développement con-
sidérable de racine dont le volume est souvent plus grand que celui de 10
partie aérienne et qui stenfoncent profondément à la recherche de niveaux
humides tl
humides
(p. CZENDA).,
(1) feuilles réduites en aiguilles, toutes assemblées en coussinet •
...
. ./.
.. .'..

- 128 -
- DYNAMISME
Comment évolue cette végétstion pionnière ? Aucun facteur naturel
ne semble entraver l'évolution normale de la végétstion. La tendance est
donc à la progression. Malheureusement, si aucun facteur naturel n'entrave
le développement des plantes, des facteurs anthropiques le font. C'est ainsi
que des dragages réguliers ratissent littéralement cette pelouse rase et ne
laissent que des amas de racines qui "pointent" des sables et se dessèchent
rapidement. Les éleveurs de lapins estiment que les Ipomoa constituent le
meilleur fourrage pour leurs b~tes et, de ce fait, en coupent abondamment.
Cependant la formidable capacité de régénération de cette espèce,
lui permet d'échapper, depuis plusieurs années déjà, à l'anéantissement.
Pendant ce temps, de l'autre ceté du chenal, dans la zone d'érosion
la végétation recule,comme la cOte. De 1962 à 1970, la relique d1ipomos,
lambeau de quelques dizsines de mètres carrés est réduite de moitié. Ce ldm-
beau ne s'observe plus qu'au pied du glacis qui descend vers le lagune; hors
d'atteinte des vagues de pleine mer de vive eau quelques sporobolus aux ra-
cines fixatrices de sahle, essayent vainement de résister auX vagues.
En résumé; la Végétation "suit" l'évolution morphologique du litto-
ral, alors qu'elle colonise vigoureusement les d'pats dunaires de la zone
d'accumulation, elle recule, avec la cate, dans la zone d'érosion.
- LA CÔTe: "ROCHEUSE"
Contrairement au foisonnement habituel des algues sur les cStes ro-
cheuses, la jetée est pauvre en flore algale. Cette pauvreté relative s'ex-
plique sans doute par la turbulence particulière de l'eau, aux abords de
la jetée et pa~ la nature du support (granite) dur et lisse, qui .'duit 183
chances d'adoérence des Algues. Elle s'explique.u~si, et surtout par la
grande pauvreté de toute la c8te du Bénin en Algue, La distinction entre
façade battue et façade abritée s'impose encore ic~. Paradoxalement, c'est
•••1.- ••

-
129 -
la façade battue seule qui présente une flore 8lgale ; l'autre façade en est
dépourvue. Il est difficile d'expliquer cette disparité pour deux biotopES
qui, apparemment, ne diffèrent que par la turbulence des eaux.
La zone intertidale "qui couvre et découvre au gré des marées" est
le biotope d'élection des algues. Celles-ci revêtent une bonne partie de la
jetée sur laquelle elles s'agglutinent en couches plus ou moins épaisses.
Il s'agit d'algues encroOtantes ayant pénétré les moindres fissures des
blocs de granite. Les parties immergées - et non encore colonisées - de la
jetée sont celles qui, très lisses, ne permettent pas une adhérence facile,
elles sont néanmoins couvertes d'une couche gluante et glissante (1) de
microorganismes qui leur donnent une couleur sombre. En dehors de css algues
fixées, nous n'avons pu observer d'algues "libres" pourtant très communes sur
les cetes ouest africaines et qui sont fréquemment rejetées sur le rivage
par les p§cheurs qui en ramènent dans leurs filets.
-- Des changements au total infimes pour le moment
L'évolution de la flore tant en milieu lagunaire que littoral après
dix années de communication lagune-océan est moins importante que celle de
la faune. Nous avons déjà indiqué l'extension de Paspalum vaginatum sur l8~
rives lagunaires au détriment des autres espèces. La réaction lente et insen-
sible de la flore lagunaire tient essentiellement au caractère euryhalin de
ses espèces, qui supportent depuis fort longtemps déjà, des taux variables
de salinité.
(1) Il ne nous a pas été possible en raison de l'accès dangereux de ce milieu
de prélever des échantillons de ces algues qu'il serait intéressant de déter-
miner. Ce sont probablement des "Algues bleues".
• .•1
.• •..

- 130 -
e ONe LUS ION
Les échanges lagune-océan, depuis 1959 se soldent P9r un bilan n8~2-
tif. Nous sommes bien loin des conclusions tirées par le BCEOM après sa prs-
mière s~~ie d'études: "Il nous semble donc ••• que les évolutions constatées
ne doivent pas in~uiéter, pour ce qui est de lB pbehe, les responsables d2-
homéens ll
homéens • Ni la morphologie, ni la biocénose ne sont avantagés par cet échen-
ge
g
permanent d'eau. Certes on peut mettre à llactif de la nouvelle situation
le creusement insensible du lac qui résoud les problèmes d'assainissement et
le caractère plus atténué des crues, mais ces avantages sont mineurs à cet~
des grands dommages causés. Dommages d'ordre physique tels que l'élargisse-
ment du chenal et les conséquences qui en résultent, et sur le littoral le
reeul de le cate avec le II r onge ment" de la cocoteraie. Dommage d'ordre bio-
logiquB,incontestablement le plus grave, telle que la baisse du rendement.
Ce sont celles qui concernent la p~che et qui, naèu~ellBment, rejail-
lissent sur la population. Pour mesurer ces conséquences il importe de voir
ce que représente la p~che pour les riverains du système lagunaire et par
delà, pour l'économie nationale.
Le système lagunaire fournit la plus grande partie de 18 production
de poisson du Dahomey: 16 000 t. contre 3 000 t. dans le Lac Ahémé (1).
Nous avons souligné l'aspect social de cette activité dont vivent plus de
60 000 personnes réparties dans les quelques 45 villages qui ourlent la zone
lagunaire s 60 000 personnes pour lesquelles la p@che est l'unique travail.
,
D'autre part, le sécteur p@che représente 2 % du Produit Intérieur Brut.
Un autre aspect et non des moindres, est le raIe du poisson comme
source de proté~nes. Le Dahomey, comme bon nombre de pays du Tiers Monçe
(1) Situé plus à l'W aux m~mes latitudes approximativement.
• .•1
.• ...

- 131 -
souffre de la carence de protéine. L'insuffisance de ce produit dans nos
rations alimentaires, source de bien des mnladies, était corrigée en p8rti~
par les poissons (1). Dix années successives de récession de la production
ont entra!né le chemage et l'exode rural ainsi que le confirme d'ailleurs,
le dernier rapport (1969) de CTFT : "En accord avec la baisse de producti-
vité, une certaine émigration des p~cheurs ee développe". Ceux-ci, durement
éprouvés, ne caohant pas leur mécontentement devant ce qu'ils appellent "la
malveillance de l'Administration qui; disent-ils, a g~té lJeau du lac en
maintenant ouvert le chenal". Ce mécontentement, ils l'ont manifesté en
1967 en refusant collectivement de payer les impâts. On connait la sanglan-
te riposte militaire connue sous le nom de t1massacres de se Tchanhoué~,
riposte qui a fait plusieurs dizaines de morts, témoignant ainsi des prolon-
gements sociaux de la baisse de la productivité.
(1) Notons dans le m@me ordre d'idées, le lancement, cette année, par la
FAD, de la campagne contre l'insuffisance de protéines en pays sous-déve-
loppés.

- 132 -
CHA PIT R E
V
"Les seuils de sécurité sont dépass§s
et les processus irréversibles de des-
truction enclenchée".
p. GEORGE
EVOLUTION PREVISIBLE A LONG TERME
Quel sera l'aboutissement de cette évolution dans un avenir proche
ou leintain ? La cause fondamentale - en l'occurence la jetée - étant por-
manente, peut-on espérer une stabilisation prochaine de l'évolution sur les
deu~ plans morphologique et biogéographique ?
A. EVOLUTION SUR LE PLAN MORPHOLOGIqUE
Cette évolution concerne le littoral proche, le chenal, la système
lagunaire et la vallée de ItOuémé.
Le littoral proche
------------------
Dans le secteur d'accumulation du port, les dépets sableux,stils
continuent d'~tre alimentés, finiront, comme nous l'avions indiqué, par
atteindre l'extrémité Sud de la jetée puis par la contourner pour finale-
ment entrer dans la zone portuaire. Une telle évolution a d'ailleurs été
prévue et un projet d'extension du port, à la faveur de cette accumulation,
a été élaboré.
Dans le secteur dtérosion les choses sont plus complexes. A l'ouest
du débouché, à proximité immédiate du port, la cSte (1) n'est nullement sta-
bilisée, contrairement à ce qu'en pensa M. SIREYJOL, l'érosion se poursuit
activement (2) et la route et les édifices qui la bordent seront vraisembla-
blement submergés dans quelques années.
(1) Resserrée entre la traverse du port et l'épi Est.
(2) L'ancien wharf n'est plus rattaché à la plage que sur
de mètres.
.
quelques dizaines
de mètres.
...
. /... ...

-
133 -
De l'autre cOté du chenal l'évolution actuelle laisse prévoir le
recul de la cate jusqu'à la berge nord des diverticules, c'est-à-dire, Sl_
plus de 200 m., Tout le banc de sable qui s'étire du débouché à l'épi est,
sur 1 km 500, est donc appelé à disparaitre
8Ï, aucun facteur nouveau ne
vient pertucber cette évolution. D'autre part, au-delà de cet épi, le petit
golfe continuant de se creuser et de gagner sur la terre ferms, l'épi sera
à la longue entièrement submergé et séparé de la cete. Ainsi nous aurons
des deux c6tés du débouché, une cate absolument dissymétrique, la rive Est
pouvant ttre décalée de plusieurs centaines de mètres vere le nord par rap-
port à la rive ouest, qui se trouve "immobilisée" par les enrochements.
Dans le chenal
Afirandissement et approfondissement se poursuivent, en relation
avec l'intensité
croissante des agents marins (1). L'élargissement plus
néfaste du fait des dég~ts matériels qu'il entraine continuera de toucher
particulièrement les berges basses, plus vulnérables. Cette différence dans
l'érosion des berges se remarque déjà dans l'allure générale du chenal: Jes
berges basses sont plus concaves que les berges hautes. Ainsi que lè confir-
me le BCEDM l'approfondissement ira en s'accentuant et, parallèlement, les
microreliefs des fonds seront progressivement aplanis. La berge "en saillie"
de Dédokpo, activement sapée, recule progressivement. De nombreuses maisons
conetruites sur cette berge sont déjà démolies, les eaux affouillant la base
et faisant glisser des lambeaux entiers de la rive supportant les c16tures. .
Une petite presqu'île en face de Dédokpo est déjà coupée de la berge
et transformée en un véritable îlot. Il y a quelques années, nous a raconté
un vieillard, cet tlot était rattaché à la rive et lion y amarrait nos piro-
gues". Cet Ilot, actuellement ent~mé par les
probablement dans un proche avenir.
(1) Courants de marée, houle, etc ••+.
• ••I
•• ....

- 134 ~
Dans le Lac
Nous assistons, après la sédimentation de la période antérieurc,
au creusement des fonds. Compte tenu de Itévolution actuelle les marais
situés au~in du lac se réduiro~t progressivement. Parallèlement, l'étiage
lagunaire staccélérant, les marais des rives s'étendent aux dépens des eaux
libres. Cette tendance se dessine déjà sur les rives méridionales. A AWan-
souri par exemple, un pêcheur nous a dit qutautrefois, durant les périodûs
d'ouverture et de fermeture alternatives, sa maison était régulièrement
inondée par les crues annuelles, mais depqis peu, les plus fortes crues
ws
w 'arr3tent" à près de 50 m plus loin.
Dans le Delta
Nous aVons déjà signalé qu'une surface importante de terre n'est
plus fertilisée par les crues de ItOuêmé. Ver l'amont, aD les terres sont
plus hautes cette situation présente ltinconvénient de ralentir ou dtinter-
diDlles cultures de décrue. Avec le temps, ce problème, dé.i~ préoccupant.
risque de staggraver.
B. EVOLUTION SUR LE PLAN BIOGEOGRAPHIQUE
Sur le plan biogéographique nous sommes dans une situation transi-
toire caractérisée par Itinstabilité des données écologiques et de la pro-
ductivité.
Les données écologiques de la zone lagunaire, se caractérisent par
leur instabilité 1 instabilité du taux de salinité, du pH, etc~••
Le taux de salinité évolue selon les pré~isions. La période "criti-
que" pour la faune demeure le passage de l'eau salée à l'eau douce et vice
versa. Cette période d'adoucissement ou de salinisation de Iteau est de
plus en plus brève et semble staccentuer avec le temps. Or, à cette insta-
•..1 ...

-
135 -
bilité s'ajoute l'appauvrissement continu du milieu lagunaire en sels nutri-
tifs, du fait de son caractère de plus en plus fluvial. Comme il fallait s'y
attendre, aux variations biologiques, succède l'instabilité de la faune pis-
cicole.
-!~~~~~~~~~~_~=_~~_!~~~=_E~~=~=~~~
Les "saisons" de Tilapia et d'Ethmalose n'existent plus. Le milieu
lacustre est devenu le domaine des "Divers" poissons d'origine marine, pour
la grande majorité. Commencée dès les premières années, succédant à l'ouver-
ture, cette irruption des Divers dans les eaux lagunaires s'accentue, leur
nombre en espèces et en individus augmentant d'année en année au détriment
des espèces habituelles. Celles-ci continuent, toutefois d'apparattre, mais
en "ombre de plus en plus faible. Co"trairement à la période antérieure, les
mois où ils apparaissent ne sont jamais les memes deux années de suite. Il
semble donc qu'aussi longtemps que le milieu lagunaire restera ouvert aux
influences maritimes, l'évolution actuelle ri.'-sm61ia%'8Z"tt'-difficilement.
L'importance des dommages causés, dommages aussi bien d'ordre géomor-
phologique que biologique nécessite des remèdes énergiques. Ces remèdes sont
d'autant plus urgents que les déprédations se poursuivent, et que rien ne
permet d'espérer une amélioration "naturelle" de cette situation.
C. NECESSITE DE REMEDE5 URGENTS
La construction de la jetée a déclenché une série d'évolution en
cha!ne, évolution morphologique, évolution biogéographique, etc ••• dont les
conséquences convergent vers un point commun : la destruction du milieu na-
turel. Toutes ces évolutions se signalent,
par leur
caractère irréversible. Abandonné à lui-meme, le milieu naturel ne retrouve-
ra vraisemblablement jamais ses caractéristiques initiales. D'où la nécessi-
té pour l'homme, d'intervenir pendant qu'il en est encore temps •
•••1•..

- 136 -
Comment intervenir ?
L'action humaine doit viser ~ "stopper'l les cons~quences néfastes de
la jetée. L'entreprise, on le voit, n'est pRS ais~e. Il s'agit d'emp~cher le
le littoral puis de contr81er l'entr~e des eaux marines dans la lagune.
mer de continuer à éroder
1
En ce qui concerne le second point un
important projet est en voie de réalisation. En effet, le CTfT, après S8 80-
rie d'études sur la p~che lag~n8ir8 a pr~conis~ la construction d'un barri'ge
dans le chenal (à la hauteur du Boulevard St. Michel) pour contr81er les
~changes lagune-océan (1). Ce barrage, à supposer qu'il soit construit dnns
les toute
prochaines années, autorise-t-il pour autant tous les espoirs?
Il semble qu'on accorde une confiance trop grande à cet ouvrage qui est pr8-
senté comme une panac~e, un remède miracle qui tranformera radicalement les
conditions éeologiques existantes. Sahs doute apportera-t-il une amélioration
sensible dans l'évolution biologique en "réglant" l'entrée de lleau marine
dans le lac. Sans doute, par conséquent, la remontée de la productivité
slamorcera-t-elle. Cependant, les études "biologiques" étant ce qu'elles
sont et la nature comportant une certaine part d'impondér=ble, iLest ave~-
tureux d'attendre de ces travaux la forte productivit~ des années d'avant
l'ouverture du port (1 bis). Cette remontée ne pourra se faire que très pro-
gressivement. En attendant, les importations de poissons congelés dureront
probablement encore longtemps.
(1) Ce barrage ne laissera pas de poser des problèmes hydrologiques aigus
en temps de crue : mont~e exceptionnelle de la hauteur d'eau dans le chenal,
inondation des berges, etc •••
(1 bis) Le coefficient d'impondérable en matière d'écosystème a été également
constaté par M.P. GEORGES, dans son étude de l'environnement "La connaiss~nce
des périle qui menacent les groupes humains occupant des milieux instables •••
est souvent acquise par les observateurs venus de l'extérieur et formée à
l'analyse scientifique mais parfois ignorants de la complexité des relations
des écosystèmes". De son cat~ O. DOLLFUS remarque avec justesse que "une évo-
lution ne conduit jamais au point de départ".
D'autre part, ce barrage ne laissera pas de poser des problèmes d'ordre
hydrologique, notamment en temps de crue: montée exceptionnelle du volume
de l'eau, provoquant des inondations, etc •••
• ••1 ...

- 137 -
Quant au littoral, ses problèmes semblent éclipsés par ceux de lu
lagune. Cependant, ilsne sont pas moins préoccupants. Comment ralentir,
voire arr~ter une érosion qui est liée à la présence du port et qui, selon
le modèle mathématique, doit se poursuivre encore longtemps? La solution
ne consiste pas, ici à fixer les dunes par des arbres, comme c'est le cas
par exemple, sur les c8tes landaises, S'il en était ainsi, les cocotiers
auX racines très longues et fixatrices du sable, devraient pouvoir arr@ter
l'érosion. De l'avis des spécialistes, seuls des épis, installée le long
du rivage, peuvent ralentir cette érosion, mais "ils coQtent cher", nous
répond...on. Ils coOtent trop cher, "le jeu n'en vaut pas la chandelle" esti-
me-t-on, les dunes littorales pouvant Atre sacrifiées sane dommages. Mais
on ignore les graves conséquences qulen résultent à long terme. On ignore
que la c8te, en reculant, mord sur les terres et que les lotissements en
bordure (lotissements Jack, plantations de cccDteraies, etc ••• > sont direc-
tement menacés la mer ayant déjà pénétré dans la terre sur une profondeur
de plus de 200 m et, cela sur une distance de 2 km environ (1)
(1) Les conséquences, comme toujours, retombent sur les paysans. De m§me
que les riverains du lac assistent, impuissants, à l'appauvrissement de la
lagune du fait de l'ouverture du port, de m@me les planteurs se résignent-ils
à "regarder" la mer avancer et emporter hectare par hectare, leur plantation.
!

- 138 -
CON
C L U 5
ION
L'évolution du milieu lagunaire de Cotonou après l'ouverture du port
est un exemple éclatant des graves conséquences qui peuvent découler de ~odi­
fications, si lég8res soient-elles, du milieu naturel. La construction d'une
jetée sur le plateau continental a entraîné des conséquences insoupçonnables
au premier abord. Le port n'a en effet que dix années d'existence mais i l a
déjà profondément tranformé l'écosystème tùnt au plan morphologique que bio-
géographique.
Du point de vue morphologique, littoral, chenal et système lagunaire
subissent une érosion irréversible évidente. Du point de vue bio~'ographique,
phytocénoSB et zoocénose traduisent fidèlement les changements du milieu aqu2-
tique ; la zoocénose surtout, la plus touchée, pose des problèmes socio~écono­
miques délicats.
Ainsi donc, du point de vue de l'évolution du milieu naturel le bi-
lan des dix annHes écoulées est, somme toute, négatif et riche d'enseignements.
Il donne l'exemple d'un ouvrage dont l'objectif primordial est de contribuer
au développement d'un pays mais qui se révèle en dernière analyse, néfaste
par bien des cetés. Certes, l'importance économique du port est hors de com-
paraison avec les faibles revenus de la pêche lagunaire. Cependant il ne
demeure pas moins vrai que l'ouvrage comporte des insuffisances auxquelles
on aurait pu remédier par une étude plus approfondie du milieu et notamment
des conséquences susceptibles de découler de tels travaux.
En ."et si, l'ingénieur a minutieusement calculé toutes les donnée~
lui permettant de bien construire le port il a, semble-t-il, négligé ou mini-
misé les conséquences que ses travaux pourraient avoir sur l'arrière pays.
L'intervention d'un hydrobiologiste au cours des études préliminaires aurait
semblé utopique tout d'abord. Et pourtant sa présence aurait peut-etre per-
mis d'éviter la situation actuelle. 50n cri d'alarme aurait sans doute incité
•••1•..

- 139 -
à déplacer le site, ne serait-ce que de quelques kilomètres, pour préserver
les poissons et partant, les populations ri~eraines. Car il eOt été plus fL-
cile, et moins coat eux de chaoger de site, audépart, que de changer dix an-
nées après, les conditions biologiques d'un milieu aquatique d'une telle
importance. Construit un peu plus à l'Est, auX alentours de Sémé, le port
aurait, tout en étant d'une grande utilité économique pour le pays, épargné
du meme coup le secteur de la pache. Il aurait fallu pour l'installation de
tels équipements, une étude pluridisciplinaire à laquelle auraient été asso-
ciés des spécialistes des divers domaines intéressés. Les premières conclu-
sions du BCEDM dénote une absence quasi totale d'investigation dans ce sens.
Devant la dégradation de l'écosystème aquatique et la baisse notablo
de productivité, des experts du Centre Technique Forestier Tropical ont pro-
posé une solution susceptible de remédier au mal. Un barrage sera construit
sur le chenal et permettra, dit-on, de contr6ler les échanges lagune-océan.
Ainsi eapère-t-on rétablir progressivement les anciennes conditions du milieu.
Mais si l'on cherche des solutions au ~roblème lagunaire, on pe~5a
délibérément sou. silence, semble-t-il, l'érosion qui eévit sur la cete, au
droit de Cotonou. Aucun projet, aucune tentative de solution, ne concerne
à notre connaissance, cette partis du littoral. Sous prétexte que l'érosion
l
est inhérente à ce type de port, on se résigne, à regarder, paseivement,la
passivement,la
mer avancer, rongeant plaie et plant.tions. Dans bien des pays, et pes seule-
ment les pays développés, les secteurs d'érosion de ces porta dits "à accumu.
lation" sont automatiquement protégés par des épis.
Par ailleurs il convient de souligner, dans le mime sens, le rele
particulièrement néfaste des sablières qui s'alignent le long du littoral
et qui renforcent l'action érosive de la mer. Le prélèvement inconsidéré
d'importants volumes da sables sur les plages est un facteur non négligeable
accentuant l'érosion des c8tes. Ces carrières sont de vériteblas brtches ou-
vertes sur l'étage littoral des plages, brèches qu'exploitent les vagues
.../ ...

- 140 -
de temp~tes ou de pleine mer pour mordre petit ~ petit sur les marges conti-
nentales. D'autre part, la manière dont les sablières sont creusées est à
déconseiller. Au lieu de creuser des tranchées perpendiculairement au front
de côte, lesquelles sont longues et aboutissent parfois à la route, il serait
infiniment préférable de les creuser un peu loin de la ligne de cete, sur
l'étage supralittoral par exemple, et dans une direction parallèle ~ celle-ci.
Cela diminuerait incontestablement les risques d'envahissement de la route
par les vagues.
D'autre part, dans le chenal, il faut pour lutter contre l'érosion
des berges, des mesures d'envergure et non quelques protections fragmentai-
res et épisodiques laissées au soin des riverains. La protection par les
Pouvoirs Publics de quelques tronçon. seulement des rives (tronçons qui sup-
portent les édifices publics) entratne, nous l'avions noté, des berges en
"dents de scie", caractérisé•• ·· par une multitude de saillies et de rentrants,
les saillies étant les berges "enrochées". Cette situation est fevorable à
la création ~ moyen terme d'îlots au sein du chenal, les berges enroehées
demeurant immobiles, pendant que les autres reculeraient continuellement.
Seul l'enrochement intégral des berges hautes du chenal peut, à notre sens,
atténuer ou m!me supprimer le mal.

- 141 -
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• ••1 •..

-
145 -
P HOT 0 5
LE MILIEU AVANT L'OUVERTURE DU PORT
PHOTOS N° 1 et 1 bi§. : Le Chf.lni'!l de Cotonou et le débouché SUI la mer ,:JV.::nt
(N° 1) et après (nO 1 bi~) l'ouverture ~q port.
Photos au 1/5 DODe et au 1/50 Dace.· Observer l'évolution morpl101ogique du dd-
bouché.

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-
146 -
PHOTO nO l'
Plage de Sèmé à peine
ffectée par la construction du port,
Jne preuve du recul du rivage ~ur toute la cOte du Bénin.
S'agit-il d'une lente transgression due au glacio-eustatis~9
.etiOTO nO 1 Il
Cotonou Zogbo. Un exemple de colonisation des ma~eis par ~~_
Il no uveaux
arrivants ll • Des terrains moins cher; 1 1 d'où 12
ruée vers ce secteur. Dans la mare qui ceintu~e l'hnbitotion,
un tapis de Nymphaea lotus.

- 147 -
Un petit varan. Des espèces heBucoup plus grandes infes~ ,1:
les hautes touff~5 de typha au bord du lac et an rendeit
l'accès dangereux.
PHOTO nO 2
Zone d1ensablement à l'Ouest de la jetée.
RemDrquer l'importance croissante des dépets à mesure qu'on
s'approche du port.

- 148 -
PHOTO hO 3
d'érosion au droit du porf.
l~ concavité du rentrant qui S8 creuse continuellement,
proximité des b~time ts (moins de 25 m) de la ligne de
PHOTO nO 4
Erosion du rivage Loméen à ± 5 km à l'Ouest du port (pr~s de
l'ancien Wh~rf) par les houles gnufrées provoquées p?r la jet~e
du port. La photo montre ln direction cAractéristique de E8S
'houles (Sud-Est)1 alors que normalement 1 elles sont de secteur
5W. Les pouvoirs publicG tentent de freiner l'érosion par It~n_
rochement de la ~artie plus ln touchée.

- 149 -
PHOTO nO 5
L~ façAde ouest de la jetée est pratiquement submergée par 18
sable fin amené par les vants du 51:J balayant les dépOte récent
PHOTO n06
Le débouché l gunaire de Cotonou. A l'arrière_plan la mer.
Observer la langue de sable obstruant le débouché. Noter la
làrgeur actuelle duchenal.

- 150 -
PHOTO na 7 - 7 bis
Photo montrant le débouché. lagunaire (indiqué par l
flèche) et le littoral pTofondémant 6rodé. Obaerve= :c
décalage considér8ble entre la ligne de cOte actuelle
et llcxtr8mité sud de la jet~e. En 1958 {Photo nO 7 bis}
l
ligne de côte était non seulement rectiligne sur
toute la longueur du littoral Cotonou mais située à
plusieurs dizaines de mètres au-delà de la jetée.

- 15; -
Ent~e la mer (~, droite) et la lagune G~tière (à gauche) il n8
reste plus qui une vingtaine de mètres de cordon; neter sur 12
seconde photo la tra!née car~ctéristique de~ laisaèB de pleine
mer, laisses qui 'Gescendent jusqwl~ quelques mètres de la lu-
gune, quand elles ne se jettent pas littéralement dans cello-ci.
PHOTO nO 91 Erosion ~rréversible du littoral à 2 km à l'Est du débouché.
Une vue partielle du petit golfe de ~ 2 km provoqué pAr l'épi
du 1er plan).

- 152 -
PHOTO 9 bis t Vue en détail du golfe. Déchaussement des cocotiers sur plu-
sieurs hectares.
PHOTO 10 r Pénétration de la marée dans le lac. Observer la cambrure des
vagues.

PHOTO
PHOTO 12
Des preuves évidentes de l'érosion spectaculaire des berges du
chenal; cocotiers d6ch~u6sés, berges abruptes, cletures des moi-
sons riveraines démolies; submersion des tuyaux d'évacuation des
eaux usées, bâtiments publics partiellement inondés, destruction
des routes.

-
154 -
PHoro 1~ : Dans le delta.
En saison des pluies, l'es "berges basses" et les nerbacées qu 1 elles
supportent dispnraisseot sous la nAppe d'eau, Le lac connatt alors
son BKtension maximum.
PHOTO 14 1 Photo montrant notre piro~uier - moins de t.65 m _ débout en plein
milieu dU! ! c. Autre pretuve de ln faible profondeur du lac~.

PHC1'Q 15
Sondage à Y~nawa (rive sud-est du lac).
Noter la puissance des sédiments. La sonde (1,25 m) est s,ur le
point de dispara!tre dans la vase.
PHOTO 16 t La digue précédant le pont de Porto-Nova. Les Aédiments ame~és
par le lac Ouémé s'accumulent sur sa façade ouest. En exhaussant
le lit. les dép8ts fAvorisent l'8nracine~ent rapide des Herb3cêes.

- 156 -
PHOTO 16 bis
Dans ces dép~ts les sables blancs et bien lavés interceptas
par le pont proviennent des provinces pét~ograp~iques tra-
versées par le fleuve, notamment des plateaux de terre de
barre.

- 157 -
FAU N E
PHOTO 17
Photo montrFlnt des poissons cl' ~au, sé:lumBtr,e.
ITilBrpia" (nO 1) et flEthma!ose tl (N° 2) supportaht difficil.ement
la suralimentation régreSqBnt au profit de Chrysichthys (nO 3)
Elaps (nO 4) etc ••• plus eury~aline. D'autre pert lâ taille de
ces poissons diminue sensiblement.
PHOTO 17 bis t Penaeus Duorarum
D~ns la mer qui est son milieu naturel, la taille est 2 fO~t
plus gUInde.

- 158 -
PHOTO 17 ter
Les barrages à creVGttes connai~sent 3ctuellement une vogue
indiscutable ••• Un pAlliatif ~ la pénurie de poissons qui 6e
f2it tragiquement sentir.
PHOTO 17 1 : A cauee de la recrudescence des
~,Teredo Petite) dens ].1'
lagune de Porto Nova on utilise désorr.lais pour la confection c1B~,
llacadjas'" des branches de palmiers plus faciles à remplacer lors-
qulelles sont rong~e~.

- 159 -
PHOTO 18 ~ Le village lacustre du Totché dépeuplé par des départs massifs •..
Des coups de fitets de plus en plus rares.
PHOTO 19
Un aspect des lagunes c8tières (Ouidah).
Au 1er plan des bois d'acadjas rongés par ]es tarets (E8nkic)
ba~ido8nsiB) j les bois ont été sortis des lnguneG pendant la
VGste campagne de démolition des acadjA~.
A ItBrri~re plBn une mangrove ~ Rhizophora, introuvable dans lE
lac Nokoué.

- 160 -
F LOR E
PHOTO 20 1 Dans le c~enal le tApis graminéen des marais de Djidjè.
Ces mai$ons sont toujours inondfes, donc d'accès difficile dur2nt
10 s~ison des pluies.
PHOTO 21
Autre ~spect des berges basses marécageuses du chenal pendélnt
la ma~ée basse.
90 cm de vase reposant sur le sable de cordons anciensa Au-dessus
un peuplement de Paspalum vaginatum. Les points nomrs, d~ns la
vase représentent les trous de périophtalmss.

- 160 (bis) -
Photo nO 22
FlorE aigale du mode battu de la jetée. Observer
la vi lence d2~ vagues.
Photo nO 23
Flore et faune du mode abrité de la jetée: des oursins,
des huitres, des crustacés. etc •••

- 1éo (ter) -
l'hoto nO 24
Végétation de la "Z one d'accumulation" près de la jet'?
les associations végétales exploitent les moindres
dénivellations.
,

-
161 -
PHOTO 22
Un paysage typique des ~ivHgeg sud du lac Nokoué.
Note:!;' la succession des formi"'ltions ~ p.i1rtir des ea,ux vives.
P sp,:l1urn, strate herbiJcée, lyph<:lcées ou Cyperacées (,strate arbu8-
tive) et Palmiers.
PHOTO 23
Un exemple du dYRemisme de Paspalum.
Cet, endroit était it'd 'tüüemelilt colonisé par Typha, qlJ' on aper-
çoit enèoxe à ln l'arrière-plan. La coupe de celle-ci a entr~îne
l'apparition du premier.

-
162 ...
PHOTO 24
Gnspalum Va,ginatum.
Remarquer les racines partiGulièremsnt touffues de cette gr2mi-
née, racines qui lui permettent de r~tenir une quantité impo~t~nte
dG vase et de r~sister aux violents courants de déchaxge deo mcrée~.
PHOTO 25 • ryphuS Australie
Observer la longueur et l'épaisseur dés r.hi.lQlmes. Ce mode de
colonisation qui ne permet jJas 111'1 intrusion" cl 1 autres espècQs
explique le caractère exclusif, monospécifique des peuplements
de cette espèce.

-
163 -
PHOTO 26
Un nspect du p~ys3ge deltaïquo.
Des rOniers sur un sol inondé la plus grande p~rtie du l'ilnn6c.
PHOTO 27
Vue prise A l'extr~me nord du l~c.
Des "radeau)<" de Pistra stratiatèS apportés lé, rivière 56, nichent
dans lo~ échancrures des berges de Ouédo Gbadji et de Véky.

- 164 -
PHOTO 26 et 28 bis
Herbiers des Aoûdjûs d~ns la lagune de Porto Nova
Vue d'ensemble et vue en détail.

-
165 -
PHOTO 29 : Les ordures ménagères et les carcasses de voitures amonceléos
sur les berges n'assurent qu'une protection provisoire de cellc~-
ci.