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UN1V~RSITE DE DIJON
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FACULTE DES LETTRES ET
SCIENCES HUMAINES
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LES PRODUCTlONS NATlfR;E'LLE'S
ET LE DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL
DE LA MOITIE MERIDiONALE
DU TOGO.
Nérissa Akuyo
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Thèse de Doctorat de :Jè Cycle
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A. Doré

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AVANT
PROPOS
L'étude présentée ici a pour point de départ les travaux
que j'ai réalisés dans le cadre de mon mémoire de maîtrise sur
l'industrialisation de la ville de Lomé.
Je n'aurai pu la mener à bien si je n'avais rencontré
partout une compréhension bienveillante et c'est pour moi un
agréable devoir de remercier tous ceux qui ont bien voulu m'aider.
Je pense tout d'abord aux Professeurs qui me font l'honneur d'ac-
..,
cepter de juger ce travail :
M. le Professeur Yves Baticle qui, après avoir dirigé mon
mémoire de maîtrise, a bi~n voulu accepter de guider cclui de thèse
de 3ème Cycle et de suivre pas à pas leB principales étapes de sa
réalisation. Les conseils qu'il m'e prodigués et les encouragements
qu'il m'a donnés ont été pour moi de précieux stimulants.
M. le Professeur Pierre Pagney à qui je suis reconnaissante
.l'i
d'avoir accepter de parrainer cette thèse, bien que le sujet soit
un peu loin de ses préoccupations journalières.
M. le Professeur Gilles Sautter spéc~aliste bien connu de
.,
Géographie Tropicale dont les conseils et l'intérêt pour cette thèse
constituent pour moi une source d'encouragement. Puisse ce travail
-
ne pas décevoir son attente.
M. Ansoumane Doré, Ingénieur chercheur en Démographie que je
remercie d'avoir accepté de participer à mon jury et de juger ce tra-
vail.
Ma reconnaissance va également à toutes les personnes qui,
à des titres divers m'ont apporté leur colleboration dans la phase
do collecte de ma documentation sur le terroir
M. Pierre Salesse directeur de la CTMB et M.C. Agbo ingénieur
à 10 CTMB qui, malgré leurs nombreuses occupations n'ont pas ménagé
leur temps pour me mettre au courant des problèmes posés par l'exploi-
tation et la commercialisation des phosphates du Togo et qui m'ont
fait visiter les carrières de Hahotoe et de Kpogame.
M. E. Gassou directeur de la SDNAPH qui m'a fait profiter de
toute sa compétence dans le domaine des palmeraies et de la production
industrielle d'huile de palme au Togo.

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MM. J. Atsou directeur de Salinto, C. Lawson ingénieur à la
CIMAD, Mensah directeur de la Société des Huileries du Bénin, les
directeurs de l'Industrie Textile Togolaise, de la Société Togolaise'
de Marbrerie, de la Compagnie du Bénin pour toute l'amabilité avec
laquelle ils ont bien voulu' répondre à mes questions et me faire,vi-
siter leurs établissements industriels.
M. P. Seddoh alors directeur du Cabinet du Ministre du Commer-
ce et de l'Industrie qui a établi avec moi le planning de mes rencon-
tres avec les différentes entreprises.
Ma gratitude va également aux ouvriers et aux paysans que
j'ai pu interroger sur place.
Je n'oublie pas non plus mes Professeurs MM. E. Konu et
H. Attignon qui m'ont toujours fait part de leurs expériences de
géographes togolais.
'C'est aussi un devoir et un plaisir pour moi d'exprimer
toute ma reconnaissance au Professeur Pierre Rat directeur de l'In?-
titut des Sciences de la Terre qui 3 bien voulu autoriser l'impres-
sion de ce mémoire au sein de son laboratoire, Melle F. Granier,
Mme M.C. Geoffroy, Mme C. Fourcault, M. A. Morisot et M. A. ~odon
à qui je doie. la dactylographie du texte, le tirage du manuscrit
et des photos,
Mme C. Paess et Melle C. Trenou qui m'ont aidé à revoir le
manuscrit et à corriger les stencils.
J'associerai également en amical souvenir tous les parents
et amis qui m'ont facilité les contacts et m'ont aidé à me prpcurer
de la documentation : MMme P. Eklou, MM. G. Seddoh et P. Seddoh.
Ma gratitude est acquise à mon beau-frère Patrick Seddoh
et à sa femme auprès de qui j'ai trouvé une ambiance familiale pen-
dant la dernière phase de ce travail.
Je clorai enfin cet avant-propos en rendant hommage à mon
mari "last but not the least H qui a été mon soutien le plus fidèle
à toutes les étapes de la réalisation de cette thèse.

INTRODUCTION

L'un des facteurs principaux de différenciation de l'économie
de notre siècle est le développement industriel.
En effet. si nous dressons une carte du monde en tenant compte
des systèmes économiques en général et du développement industriel en
particulier. deux zones distinctes inégales frappent notre attention:
- d'une part les pays économiquement développés. dans lesquels l'indus-
trie est la forme de production essentielle. pays dont les techniques de
production loin de rester immuables ne cessent de se développer et de se
moderniser.
- d'autre part les pays moins développés sur le plan économique et dont
les principales caractéristiques sont surtout la prédominance de l'agri-
culture. l'exportation des matières premières. la pénurie d'industries et
la carence des moyens de transport.
Les premiers, par le fait qu'ils disposent d'un patrimoine
cultureL scientifique. technique et économique. ont acquis des moyens de
production (techniques de production. moyens de transport, équipement
industriel) grâce auxquels ils arrivent à transformer les ressources du
sol et du sous-sol.
Loin de remplir les premières conditions indispensables au
développement industriel. les pays économiquement moins développés dis-
posent par contre de favorables ressources naturelles (plantations. pro-
duits agricoles. gisements miniers).
C'est ainsi qu'à l'époque coloniale. la plupart de ces pays
avaient une économie dont le principal but était la seule production de mati-
ères premières. de ressouroes naturelles brutes destinées à l'exportation. Or.
cette période d'économie coloniale est révolue et il s'avère de plus en
plus que la présence de ressources naturelles n'est pas "ipso facto" gé-
nératrice de développement industriel pas plus que la rareté de ces res-
sources n'est pas un signe de sous-développement. Cette constatation est
valable pour tous les pays. y compris le Togo.
Situé sur la cOte ouest africaine, le Togo s'étire sur une
longueur d'environ 600 km entre le oe et le 11e degré de latitude Nord et
en longitude entre le méridien 0 8 (de Greenwich) et le méridien 1°40' Est,
autrement dit. entre la Haute-Volta au Nord. l'Océan Atlantique au Sud,

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le Dahomey à l'Est et le Ghana à l'Ouest (figure nO 1).
Sa largeur n'est que de 45 km à la latitude de Mango et de
140 km a celle de Kambole.
Avec ses 50 km de cOte. le Togo est. des pays côtiers de l'Afri-
que Occidentale. celui qui possède le plus faible bande côtière.
Ses 56 600 km2 représentent la moitié du Dahomey. le quart
du Ghana. un peu moins du dixième de la France alors que ses 2.099 millions
d'habitants font environ les 2/3 de la population dahoméenne. le 1/4 de
la population ghanéenne et le vingt-cinquième de celle de la France.
En tant que colonie hier. pays économiquement peu développé
aujourd'hui. le Togo à l'instar des anciennes colonies. présente essen-
tiellement deux économies: l'agriculture de subsistance d'une part.
d'autre part "l'économie de marché" (café. cacao. palmistes. coton etc .• )
développée par 19s puissances colonisatrices et enfin un début de trans-
formation industrielle.
C'est un pays essentiellement agricole dont le développement
industriel
principalement localisé dans la moitié méridionale est très
récent.
Parmi les essais d'industrialisation effectués au Togo. une
grande part porte sur la transformation des ressources issues du sol et du
sous-sol du pays. Pour n'en citer que quelques-uns: la féculerie de
Ganave. l'huilerie d'Alokoegbe. l'usine textile d- oadja (1) et l'extrac-
tion des phosphates de Kpeme en constituent quelques exemples des plus
démonstratifs. Les plus récentes de ces installations ont bientOt trois
ans de marche derrière elles.
Il nous a paru intéressant d'approcher ce centre d'économie
togolaise. d'en décrire les rouages. de voir les problèmes qui peuvent
se poser à ces industries dans leur développement. d'essayer enfin de
faire un point global sur ces entreprises qui extraient ou transforment
les matières premières locales.
C'est la motivation qui a guidé le choix de ce sujet. Ce sujet
se rapporte à la moitié méridionale du Togo (zone climatique avec deux
saisons de pluies alternant avec deux saisons sèches) et couvre essentiel-
lement deux des cinq régions économiques définies en 1960 (figure nO 2) :
il s'agit de la Région Maritime et de la Région des Plateaux qui s'éten-
dent sur 23 380 km 2 (2) (un peu moins de la moitié de la superficie totale
(1) Dadja ou Datcha
(2) Enquête Agricole Générale 1970

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du pays) et rassemblent 1,33 millions d'habitants.Pour ce qui est de la
limitation géographique de notre étude à cette partie méridionale du Togo,
un simple coup d'oeil sur la carte des implantations industrielles (figu-
re ne 3) suffit pour constater que c'est la zone du pays qui, pour diver-
ses raisons économiques (localisation de matières premières facilement
exploitables, existence de routes ou de voies ferrées, proximité du port •. )
renferme les seuls essais industriels effectués jusqu'ici. Aussi, notre
étude. bien que localisée géographiquement intéresse-t-elle l'ensemble du
Togo.
Comme la plupart des Etats de l'Afrique Occidentale. l'indus-
trialisation se fait d'abord essentiellement sous deux formes:
- transformation de produits agricoles vivriers locaux (exemples
hui-
leries, féculerie •.• )
- industrie textile cotonnière dont l'équipement est relativement peu
cher et le débouché local assez large.
A ces deux formes s'est ajoutée une trcisième : ébauche d'in-
dustries basées sur les ressources minières et minérales. Dans le cadre
de ce travail, nous nous attacherons à une étude d'ensemble du problème.
étude dans laquelle noUs analyserons tout d'abord les conditions de produc-
tio~s naturelles et de développement industriel, puis l'exploitation, la
transformation industrielle des ressources et les considérations d'ensem-
ble sur le développement industriel 1 enfin l'étude de l'impact du dévelop-
pement industriel retiendra notre attention.

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Première partie
COMJITIONS VE PROVUCTION ET VE VEVnOPPEMENT

4
1 - CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DE LA MOITIE MERIDIONALE DU TOGO
Al - RELIEF ET VONNEES GEOLOGIQUE~
1 - Les grands traits du relief (figure n~ 4)
Trois ensembles retiendront notre attention dans cette partie
méridionale du Togo : la région montagneuse, une partie de la plaine orien-
tale et le Bas-Togo. Ce dernier correspond à la Région Maritime.
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Région de faible étendue et assez variée, le Bas-Togo constitue
la partie maritime du pays. C'est, dans l'ensemble, une zone plate vallon-
née dont les altitudes sont très faibles : le plateau de Kouve, sommet
le plus élevé n'a que 146 m d'altitude.
Le littoral et la zone des plateaux constituent l'ensemble du
Bas-Togo.
ex) Le littoral
Situé entre la mer et la falaise de "Terre de Barre", le littoral
comprend :
- la bande littorale caractérisée par une côte basse et sablonneuse entiè-
rement régularisée et une zone des cordons littoraux: régions d'accumu-
lations sableuses formant une série d'ondulations parallèles au littoral
constituées de dépressions souvent marécageuses et alternant avec l~s sar-
dons de sable.
- le système lagunaire : région marécageuse et inondable par les eaux de
la lagune, avec le Lac Togo et le Lac de ZoWla.
- la falaise de "Terre de Barre" ou falaise d'argile qui est une succes-
sion de lambeaux et de dépressions .
Le littoral, un peu au nord du plateau de Kouve,est prolongé
par la zone des plateaux.
8l Le plateau de "Terre de Barre"
Ce plateau correspond au Continental Terminal et possède quel-
ques rares affleurements de calcaire. Le système hydrographique qui le tra-
verse permet de distinguer :




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- le plateau occidental
il couvre l'arrière-pays de Lomé et est la plus
petite unité de l'ènsemble 1 il comporte beaucoup de zones marécageuses
et de dépressions sÈches.
- le plateau oriental constitué par l'arrière-pays d'Anexo
et le plateau
de Tabligbo. Le relief est monotone avec des vallées à fond plat et des
marécages. Alors que vers l'Ouest ce plateau s'étend jusqu'au Lac Togo
par la dépression de la Lama (du mot Portugais lama qui signifie boue),
vers l'Est il se perd dans la plaine inondable du Mono.
Dans l'ensemble, le Bas-Togo occupe une place non des moindres
1
dans le développemente6onomique du pays avec une forte densité de popu-
lation, un fort degré d'occupation du sol, une activité agricole grande
avec culture de manioc, de palmier à huile entre autres, activité agrico-
le doublée d'une certaine activité industrielle: exploitation de phos-
phate, de marbre, féculerie de Ganave, huilerie d'Alokoegbe ..•
Qu'en est-il de la plaine orientale?
C'est une pénéplaine très évoluée dont les altitudes s'élèvent
progressivement : de 75 m à la sortie de Tsevie, elle atteint plus de
400 m vers la latitude de Kolokofe.
Des collines surbaissées et isolées telles que celles de Liliko-
fe et d'Agbatitoe constituent les formes de relief de la partie de cette
plaine orientale qui nous intéresse.
C'est la région de culture du coton par excellence avec l'ins-
tallation à Dadja de l'Industrie Textile du Togo. La région montagneuse
quant à elle. donne un autre aspect du relief.
C'est la partie montagneuse du Togo qui rentre dans le cadre
du travail. Elle comprend essentiellement
a) Le Mont Agou
Situé à 12 Km au Sud-Est de Kpalimé, le Mont Agou correspond
à la partie sud des Monts du Togo (principale chaine de montagnes qui
traverse le pays en écharpe) avec son point culminant à 986 m (1).
(1) Chiffre donné par H. ATTIGNDN. Pour d'autres auteurs tel que R. CORNEVIN,
le chiffre retenu est 1 020 m.

6
C'est un "horst" encadré par des gradins de faille. Les
cultures industrielles les plus importantes sont le café et le cacao
(cultures d'exportation) et le palmier à huile. Cette dernière culture
avait entraîné dans le temps l'installation d'une .1uilerie à Agou.
S) Le plateau d'Akposso
Situé entre Atakpamé, Badou
et Kpalimé, le Plateau d'Akpos-
so est appelé Massif des Fétiches vers Atakpamé, Plateau de Dayes (DAYI)
au nord de Kpalimé.
D'une altitude variant de 800 m à l'Est è 972 m à l'Ouest, le
Plateau d'Akposso est un ensemble très humide et fortement disséqué par
l'Amou et l'Amoutchou; il présente des vallées encaissées, des gorges
et des cascades. C'est ce site qui a été choisi pour la construction du
barrage hydroélectrique de Kpimé.
C'est surtout le domaine de la culture du café, du cacao et
d'un peu de palmier à huile. Il constitue surtout le plus favorable site
du Togo pour l'hydroélectricité à cause de ses cascades aux pentes variées,
magnifiques réserves de force.
Comme pour le relief, la moitié méridionale du Togo présente
une géologie extrêmement variée.
2 - Les caractéristiques géologiques
Très peu de synthèses existent sur la géologie du Togo (1).
Les résultats obtenus par ces auteurs nous permettent de distinguer au
Togo, deux grandRs parties d'importance inégale: d'un côté les forma-
tions antécambriennes et primaires qui affleurent sur les 4/5 de la su-
perficie du pays, de l'autre le bassin sédimentaire côtier (figure nO 5).
Nous résumons ici les traits caractéristiques de chacun de ces
ensembles dans les limites géographiques de notre sujet.
En allant de la latitude de Blitta jusqu'à la côte et d'Ouest
en Est, nous distjngcons les unités suivantes
a) Les schistes, quartzites et micaschistes atacoriens
Affleurant dans les régions de Kloto, d'Atakpamé et de l'Akpos-
so, c'est-à-dire dans la partie ouest et centre dù pays - au nord de Kpadafe-
(1) Les seules données de base viennent essentiellement de P. AICARD 1957 et
M. SLANSKY 1962.

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7
ces formations s'étendent très largement vers le nord au-delà du cadre
géographique de notre sujet. Elles présentent une orientation d'ensemble
NE - SW dans leur partie méridionale et ensuite N-S.
a) Les gneiss et granites du groupe de l'Ofe (Dahomeyen)
Ils limitent à l'Est les quartzites et schistes décrits ci-
dessus.
Il s'agit de gneiss à biotite avec ou sans amphibole. orientés
NE-SWet englobant par exemple dans les régions de Kpalimé. d'Agou. d'Ayito
des passées orthogneissiques et ortho-amphibolitiques (1). C'est d'ailleurs
dans l'un de ces noyaux basiques que se situe le point culminant
du Togo
le Pic d'Agou. On rencontre en outre dans les régions de Kpalimé et d'Akpos-
so.différentes roches plutoniques acides [granites calco-alcalins à dio-
rites) associées en position syntectoniqus aux gneiss du groupe de l'Ofe.
Ces granites sont en contact tectonique avec les schistes et
quartzites décrits plus haut.
~) Les migmatites de Chra [Dahomeyen)
Ils complètent l'éventail de ces formations antécambriennes
du Togo méridional. Ils s'agit d'embrechites présentant par endroits un.
faciès d'allure plus homogénéisÉ [anatexite du groupe d'Agbandi) et orien-
tés NE-SW comme les gneiss et granites du groupe de l'Ofs. C'est dans cette
formation que se trouve la dolomie qui alimente l'industrie du marbre.
- Constitution
Ces formations sédimentaires. une étroite bande de 30 km de large
à l'Ouest
et de
50 km sur sa partie Est [à la frontière du DahomeyJ.
revêtent pour notre sujet un très grand intérêt. car c'est dans cette zone
que se concentre
la grande majorité des implantations industrielles.
Les travaux de M. SLANSKY indiquent dans ce bassin. des forma-
tions allant du Crétacé supérieur au Continental intercalaire et aux allu-
vions récentes.
(1) P. AICARD 1957

8
a)
Le Crétacé supérieur
Il n'a été observé aL Togo qu'en sondag~. C'est une formation
sableuse renfermant des intercalations d'argiles noires pyriteuses à lits
de lignite. Ces faciès sablo-argileux passent à leur sommet à des roches
marneuses, marno-sableuses ou gréso-calcaires. L'épaisseur maximum de ce
Crétacé supérieur dans le bassin sédimentaire côtier du Togo et du Daho-
mey est de 340 m environ (1),
a) Le Paléocène
C'est la désignation utilisée par M. SLANSKY pour dénommer le
passage du Crétacé au Tertiaire. Il distingue ainsi :
- un Paléocène inférieur (30 m d'épaisseur au maximum) constitué de cal-
caire zoogène et passant à des faciès argileux ou marneux,
- un Paléocène supérieur (100 m d'épaisseur au maximum) débutant par de
petits niveaux glauconieux phosphatés et se terminant par une argile mar-
neuse feuilletée,
~) L'Eocène proprement dit comprend
- l'Yprésien (45 m d'épaisseur au maximum) constitué à la base d'argiles
feuilletées surmontées par des argiles marneuses parfois glauconisuses.
- le Lutétien (170 m d'épaisseur dans le sondage d'Attitogon) est formé
à sa partie inférieure de niveaux calcaires constitués de conglomérats
de coprolites surmontés de roches phosphatées crayeuses ou marneuses et
d'argiles calcaires gris ou vert renfermant de petits lits gypseux. C'est
au sommet du Lutétien que se situe la couche l des phosphates d'Akoumafe.
â) Le Continental intercalaire
Il regroupe des terrains d'âge indéterminé compris entre l'Eocène
et les formations alluviales récentes. Il est sablo-marneux à la base, et
sablo-argileux, gris, jaune, orangé ou violacé recouvert de terre de barre
au sommet.
Dans certains sondages (Agoenyive), a été décrit un niveau à
graviers à la base du remplissage continental intercalaire (2).
D'après des sondages électriques effectués par la Compagnie
Générale de Géophysique (3), l'épaisseur de recouvrement continental sur
(1) M. SLANSKY 1962
(2) M. SLANSKY 1962
(3) Sondages publiés par M, SLANSKY

9
un axe Vogan-Akcumafe varie de 30 à 50 m.
- Affleurements de roches sédimentaires dans le bassin
De cet ensemble de formations décrites ci-dessus, seuls des
terrains Paléocène, Eocène et Continental intercalaire sont visibles en
affleurements.
Le Paléocène et l'Eocène (Yprésien, Lutétien) constituent ce
qu'on appelle dans la région la formation de Lama (1). C'est une étroite
bande NE-SW de 10 à 25 km de large entre le Haho et le Mono (par exemple
d'A~oumafe et Afagnan).
Tout le reste des affleurements est constitué par le Continen-
tal intercalaire qui est véritablement la formation prédominante dans ce
bassin sédimentaire côtier du Togo.
3 -Nature du sous-sol et du relief
Il est intéressant de souligner l'étroite liaison existant
entre la géologie et la répartition des altitudes du relief.
Les quartzites décrites dans la zone occidentale constituent
dans l'ensemble des éléments résistants et donnent des altitudes les plus
élevées, de 500 à 1 000 m. C'est dans cet ensemble géologique que s'éten-
dent les vastes champs de caféiers, de cacaoyers et de palmiers à huile.
Les migmatites du groupes de Chra donnent des altitudes plus
faibles comprises entre 200 et 500 m et caractérisent cette région où
est localisée la carrière de marbre dolomitique de Gnaoulou.
Les points les plus bas du Togo sont situés dans le bassin
sédimentaire (altitudes inférieures à 2eO m) domaine des principales cul-
tures vivrières: mals, manioc etc .•. et des phosphates togolais.
Ces caractéristiques physiques que nous venons de décrire rapi-
dement ne sont pas sans lien avec l'hydrographie et le climat.
BI - CLIMAT ET HYVROGRAPHIE
1 - Le climat
DémesurQment allongé sur près de 600 km, le Togo a un climat
tropical avec d'importantes variations dues aux conditions orographiques
et à l'étirement en latitude. Aussi deux régions climatiques se partagent-
(1) P. AICARD 1957

10
elles le pays de part et d'autre du parallèle de Blitta
: au nord
de Blitta un climat de type tropical sec avec une seule saison de pluies
et au sud un climat "tropical
.ci 'I;~ th n'le' - équatorial" avec deux sai-
sons pluvieuses et dont les caractéristiques sont les suivantes :
Si nous analysons le tableau nO 1, nous constatons que les moyen-
nes mensuelles sont relativement élevées, variables d'une région à l'au-
tre et sont supérieures à 20°, que ce soit pour Lomé, Notsé ou Atakpamé.
Les températures moyennes maxima augmentent du sud vers le nord alors
que les températures moyennes minima diminuent. C'est l'effet de la la-
titude.
De même, les amplitudes thermiques moyennes annuelles augmentent
du Sud vers le Nord 1 elle est de 6°7 pour Lomé, 11°3 pour Notsé et
11°4 pour Atakpamé.
Les températures sont aussi influencées par l'altitude. Les ré-
gions montagneuses sont plus fraîches. (tableau nO 2). Sur la côte,
intervient l'influence rafraîchissante de la mer et des vents.
Ces deux facteurs sont étroitement liés.
a) Les vents
Ils sont guidés par l'influence de deux aires anticyclonales
qui affectent toute l'Afrique Occidentale. Il s'agit de l'anticyclone du
Sahara au nord du Tropique du Cancer et de l'anticyclone de Sainte-Hélène
venant de l'Océan Atlantique au sud de, l' Equateur.le co"tott e>'l~ l~s HuJ( trnO"al'lt Ji.
ces deux aires s'appelle le FIT (Front IntertropicalJ.
Les figures suivantes n° 6 et 7,illustrentee qui se passe (1)
En Janvier, le mouvement apparent du soleilsËi situe vers le Tropique
du Capricorne dans l'hémisphère austral. Il se crée une zone de grande
chaleur sur le Golfe de Guinée tandis que l'air.s'amssse·dans le Nord du
Sahara, plus froid que la mer en ce moment.
• L'anticyclone du Sahara
froid mais sec se déplace vers le sùd c'est-à-dire vers le Golfe de Guinée
il en résulte des vents du Nord et du Nord-Est (les alizés du N-E et l'har-
-mattan) qui soufflent du Sahara vers le Golfe de Guinée).
M) "Régime des vents en Afrique Occidentale" de H. HUBERT

--
11
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QUELQUES MOYENNES MENSUELLES
110VliNNf:
STATIONS 1
ANNLELLt
J8nv1er
Avril
Juillet
Octobre
LOI'lE IAi~J
""x
30,7
31.4
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Min
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22.6
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21.6
M
26.0
26.8
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26.6
27.4
ATMPAME
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Min
20.6
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M
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Min
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22.3
M
27.7
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27.5
27.5
26,4
Tableau nO 1 - Températures Maximum (Max). Minimum (Min) et Moyennes IMI
BOUS 8br1 de Quelques stations.
ITableau tiré de la Notice Explicative nO 34 de M. LAMOUROUX).
StaUon.
MadDlll moyen
Min1mamoyenj-"1
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KLOTO
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1
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ATILMllITSE
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Tableau n' 2 - Températuree DlIIxilllll et m1n1mll moyennes de deux .taUon.
en eltitude.
ITablaeu tirt de ·GlolTaphie du TOlO· de H. ATTIGNONJ.
En Juillet par contre, la situation est renversêe : le Sahara est
surcheuffê par le soleil, et une zone de basses pressions se crêe dans
le sud du Sahara o~ affluent les vents. L'anticyclone de '5einte-Hêlêne
dêplace ses messes d'air chergê d'humiditê vers le nord J il en rêsulte
des vents du secteur ouest amenant avec eux la pluie dont l'optimum e.t
merquê par le passage du soleil au zênith. C'est la mousson.
Bref. l'anticyclone du Sahara dirige sur le Togo (situê dans
le Golfe de Guinêe) le. alizês du N-E. surtout l'harmattan. alors que
celui de Sainte-Hêlêne apporte la mousson. Ce sont les deux vents pério-
diques actuels qui jouent au Togo.

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12
- la mousson : venue du S-W. la mousson, vent océanique et humide apporte
la pluie. C'est le "vent des cultures". Vers le mois de novembre, elle
fait place à l'harmattan.
- l'harmattan: "vent de la sécheresse, vent des feux de brousse, vent
de la désolation" (1), l'harmattan est un vent sec, mi-froid, mi-chaud
qui souffle du nord au sud et qui joue un rOle néfaste sur la vie agri-
cole de la partie nord du pays. Sur le littoral, son influence est atti-
nuée par la présence de la mer. Après les vents, nous aborderons avec la
pluviosité. l'élément climatique essentiel.
B)
Les précipitations
Facteur essentiel du climat du Togo, la répartition au cours
de l'année des précipitations (sous forme de pluie) joue un rOle très im-
portant dans la vie agricole du pays. Elle conditionne non seulement la
couverture végétale, mais règle l'exploitation agricole des régions et dé-
termine par là toute l'activité économique du pays. Aussi convient-il de
la décrire avec quelques détails.
Le déplacement du "front" détermine essentiellement en fonction
avec le mouvement apparent du soleil le mécanisme des pluies. Le contact
de l'air continental sec du nord et de l'air humide du sud perturbe la
mousson qui aborde la cOte chargée de pluies qu'elle déverse: Lomé reçoit
776 mm de pluie, Tsevie 1 018 mm et Atakpamé 1 412 mm (figure nO 8). La
pluviosité diminue donc du nord vers le sud alors qu'elle devrait diminuer
du sud vers le nord c'est-à-dire de l'Equateur vers le Sahara.
D'autre part, ces pluies de mousson sont moins importantes sur
la cOte togolaise que sur celles de COte d'Ivoire ou de Guinée par exemple.
C'est ainsi que Grand-Bassam reçoit 2·077 mm (2) de pluie et Conakry 4 431
mm (2).
Cette "anomalie climatique" n'est pas propre au Toge et se
retrouve sur les côtes ghanéenne et dahoméenne
Accra ne reçoit annuelle-
ment que 682 mm (3) de pluie et Grand-Popo 849 mm (3).
(1) M. LAMDURDUX : Notice explicative nO 34.
(2) BERN~RD (Augustin) : Géographie Universelle Tome XI, 2e partie
(3) SECK (A.) et MDNDJANNAGNI (A.) : Afrique Occidentale 1967

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13
L'explication de ce phénomène est la suivante: (1)
L'orientation des côtes par rapport à la direction des courants joue
beaucoup sur la pluviosité locale. Si la direction du vent est normale
à la côte, les pluies sont abondantes mais si elle
est plus ou moins
parallèle à la côte, les pluies sont faibles; c'est ce que la figure
nO 9 illustre. Du Cap des Trois Pointes à l'est dahoméen, la côte est
très inclinée sous la mousson. D'autre part, c'est le seul secteur de
l'Afrique Occidentale où la côte est baignée par un courant chaud (le
contre-courant de Guinée). Ces deux éléments font de ce secteur une zone
'àSS~1'âh\\c.ti-ristl~lJ~ d'où la diminution des pluies qui pose le pro-
blème de manque d'eau dans certaines régions de la moitié Sud du Togo
et réduit l'importance de la végétation forestière.
Il faut noter aussi l'importance des pluies de convection
résultant de l'élévation de température: l'air s'échauffe, devient
léger, monte, se refroidit et, rencontrant un plan de condensation, les
nuages se forment et il pleut.
Les conditions orographiques influencent les quantités an-
nuelles et la durée des précipitations : la côte togolaise reçoit moins
de BOO mm de pluie répartis sur 50 à 75 jours alors que la région mon-
tagneuse en reçoit plus de 1 500 mm répartis sur plus de 100 jours (fi-
guren e 10).
Cette répartition des pluies nous permet de distinguer diffé-
rentes régions climatiques locales :
~) Milieux climatiques (figure n° 11)
De par' s~ position entre le 6° et le B030' de latitude Nord,
la moitié méridionale du Togo est régie dans l'ensemble par un climat
beaucoup plus humide que dans la partie septentrionale. Les amplitudes
thermiques y sont plus faibles, les précipitations plus abondantes dans
la partie montagneuse que dans les plaines et sur le littoral.
On distingue en général deux saisons pluvieuses alternant avec
deux saisons sèches :
la grande saison pluvieuse dure de Mars à Juillet
- la petite saison pluvieuse couvre les mois de Septembre et d'Octobre
- la grande saison sèche de Novembre à Février
(1) AUBREVILLE lA.)
Climats de l'Afrique Tropicale 1945

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14
- la petite saison sèche de Juillet à Septembre.
Cependant des variétés locales sont à dist~nguer
à Lomé -
Les mois les plus arrosés sont Juin et Octobre
les mois les
plus secs sont ceux de Décembre et de Janvier. La mer a un effet adou-
cissant sur cette variété locale qui enregistre huit mois de précipi-
tations inférieures à 1000mm.
à KpaUmé -
Les conditions orographiques rendent cette région plus humide que
la précédente. Les précipitations sont plus abondantes et les saiso ns
pluvieuses plus longues. Les mois les plus arrosés sont les mois de Juin
et de Septembre, les plus secs sont ceux de Décembre et de Janvier.
Contrairement à Lomé, la petite saison sèche enregistre une cer-
taine pluviosité supérieure à 100 mm.
à A:ta.kpamé -
Le maximum de précipitations tombe en Juillet et Septembre. La
petite saison sèche est très peu marquée et correspond au mois d'Août.
Les mois de Novembre. de Décembre. de Janvier et de Février sont par .con-
tre très secs.
Le premier cas (exemple de Lomé) correspondrait à un sous-climat
subéquatorial. le deuxième (exemple de Kpalimé) à un climat tropical
de montagne et le troisième (exemple d'Atakpamé) à un climat tropical
de plaine (1).
En conclusion. la moitié méridionale du Togo peut être divisée en
3 zones ·pluviométriques· : une zone de faible pluviosité correspondant
à la région côtière. une zone de pluviosité moyenne située au nord de la
région côtière et une zone de forte pluviosité correspondant à la partie
montagneuse.
Toutes ces caractéristiques climatiques ont des incicences sérieuses
sur l'hydrographie du pays.
2 - L'hydrographie
Du point de vue hydrographique. le Togo méridional peut être ca-
ractérisé par deux systèmes hydrographiques comme l'indique la figure
nO 12.
Par ordre d'importance~
(1) LAMOUROUX M.: Notice explicative nO 34

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15
C'est le plus important; il recouvre environ la moitié du pays.
Prenant sa source au Dahomey. le Mono. d'une longueur de 500 km cOnstitue
le seul fleuve du Togo. Il est alimenté dans les régions septentrionales
à une saison pluvieuse ; aussi son régime est-il de type tropical avec
un seul maximum. Il présente sur son cours. de nombreuses chutes dont les
principales sont celles d'Adjarala. de Ngambeto et de Kpeteta.
Recevant de nombreux affluents tels que l'Anie. l'Amou. le Chra
et l'Ogou. le Mono traverse plusieurs villages dont Elavanyo et Kolokofe
avant de se jeter dans la mer. Le débit moyen de 86 m3/seconde varie for-
tement suivant les saisons: de 1.37 m3/seconde en Février. il passe à
319 m3/seconde en Septembre alors que le coefficient d'écoulement est
de 5 % (1).
Les bassins côtiers du Zio et du Haho représentent environ
5 000 à 6 000 km2 dans la partie sud de la région (2).
et)
Le Zio
Long de 175 km, le Zio dont le régime est de type équatorial
caractérisé par deux crues. prend sa source entre Sodo et Elé. traverse
Kpedzi et Alokoegbe avant de se jeter dans le Lac Togo.
Le Zio à Kpedzi débite 6 m3/seconde en Février et en Octobre
un débit maximum de 20.2 m3/seconde. Le coefficient d'écoulement est de
3.3 % (3).
(3)
Le Haho
D'une longueur de 140 km et de type équatorial. le Haho prend
sa source dans les Monts Ayito et se jette comme le Zio dans le Lac Togo.
Dans l'ensemble. tous ces cours d'eau ont un débit très faible. Leur ré-
gime est étroitement lié au système des saisons. Les hautes eaux colnci-
dent avec les deux saisons pluvieuses et les périodes d'étiage avec les
deux saisons sèches pendant lesquelles la plupart des cours d'eau sont
souvent à sec. La faiblesse du débit de ces cours d'eau peut être liée à
la tropicalité du climat et aux déboisements qu'on opère dans les vallées.
(1) Chiffres donnés par la section Hydrologie de l'ORSTOM au Togo
(2) LAMOUROUX (M.) : Notice explicative nO 34
(3) Annuaire hydrologique de l'ORSTOM 1961

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16
Dans l'état actuel, l'hydrographie pose un problème très
important
le problème de manque d'eau, non seulement pour l'eau potable
mais encore et surtout pour l'agriculture dans le Bas-Togo. Ce problème
dépend aussi de l'évaporation qui augmente du sud vers le nord (1 095 mm
à Lomé, 1 326 mm à Sokode et 2 314 mm à Mango) alors que l'humidité rela-
tive est beaucoup plus forte sur la côte (87 % à 8 h à Lomé contre 72 %
à Mango)
(1) •
De ces conditions hydrographiques dépendent en partie la
végétation de la région et l'humidité des sols.
Cl - VEGETA.TION ET SOLS
1 - Végétation (figure nO 13)
Elle est de type tropical humide et varie suivant que l'on se
trouve dans la plaine, dans la partie montagneuse ou dans la région cô-
tière.
L'''anomalie climatique" dont nous avons parlé plus haut a beau-
coup joué dans le caractère déficient de la végétation. C'est ainsi qu'elle
a réduit la part de la forêt dans le pays et son rôle dans l'économie natio-
nale.
a) La forêt
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C'est une forêt dégradée se présentant sous deux formes
a) Forêt de montagne
Cette formation correspond à la région montagneuse et pluvieuse
des Monts Agou et Ayito. Elle est constituée de "lambeaux" de forêts con-
tinuellement attaqués par l'homme pour faire les cultures industrielles:
café, cacao et palmier à huile. C'est le domaine retenant l'humidité dont
ces plantes ont besoin.
Formation pérenne, elle fournit le peu de bois que le Togo
produit.
B) Forêt de plaine
Il s'agit d'une formation différente de la précédente se loca-
lisant dans les plaines et le long des cours d'eau (forêts-galeries).
,(1) LAMOUROUX M.
Notice explicative nO 34

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17
Les principales forêts de plaine dans la partie méridionale
du Togo sont celle de Togodo au nord de Tabligbo et la forêt-galerie
du Bas-Mono.
On rencontre dans ces deux formes de forêt dégradée, quelques
essences utiles telles que Ceiba pentendra. Chlorophora excelsa.
A côté des formations forestières, on trouve la savane sous
toutes ses formes.
b) La Savane
---------
Elle prend de plus en plus d'importance.
a) Savane arborée
Elle ne brûle généralement pas dans le Sud-Togo et se rencon-
tre aussi bien sur les plateaux cuirassés de l'Est- Mono que sur les pla-
teaux de Dayes, de l'Akp.sso et dans le Bas-Togo avec souvent des peu-
plements d'Adansonia digitata (baobab).
8) Savane herbeuse
Cette formation se rencontre le plus souvent par touffes dis-
persées et
est à base d'Andropogon.
Une autre formation a été retenue (1)
il s'agit du bush.
a) Le bush arbustif des plateaux de "Terre de Barre"
C'est une formation extrêmement dense qui résiste aux feux de
brousse grâce à sa grande puissance de régénération et à un enracinement
profond. Cependant les systèmes de culture (cultures continuelles ou ja-
chères de trop courte durée) entraînent le dessèchement des racines.
al Le bush de bas-fonds humides
Il se rencontre dans les dépressions intéri~ures telle que
celle de Lama et est veriable suivant le degré d'humidité et la nature du
sol.
La dégradation de la forêt, l'invasion constante de la savane
sont dues à l'homme qui, par le feu a organisé des espaces découverts.
Ce déboisement intensif a diminué les précipitations, favorisé le ruis-
sellement des eaux et décomposé les terrains. Aussi la forêt n'a-t-elle pu
se renouveler, envahie par la savane.
(1l Notice explicative nO 34 M. LAMOUROUX

1B
A ce problème dramati~ue pour l'agriculture s'ajoute celui
des sols,
2 - Sols
L'analyse des sols, la détermination de leurs aptitudes cultu-
rales constituent l'un des points essentiels d'une connaissance des possi-
bilités du développement économique d'un pays.
En cela, le Togo bénéficie des études pédologiques entreprises
et poursuivies depuis 194B par l'Institut de Recherches du Togo et par
l'ORSTOM plus récemment.
Nous nous contenterons, dans l'étude des sols du Sud-Togo des
travaux de M. LAMOUROUX qui distingue du point de vue de leur potentiel
de production : les sols riches ou sols à bonne productivité, les sols à
productivité moyenne, les sols à productivité médiocre et les sols plus
ou moins productifs (figure nO 14).
Ce sont des sols profonds à moyennement profonds, sablo-argi-
leux. bien pourvus en matière orcanique et bases échangeables.
Font partie de cette catégorie :
al Les sols faiblement ferrallitiques non indurés
De couleur généralement rouge, ces sols des plateaux sédimen-
taires du Sud-Togo sont connus sous le nom de "Terres de
Barre" et cou-
vrent une superficie d'environ 150 000 ha.
- Propriétés physiques - Les sols faiblement ferrallitiques non indurés sont
perméables et ont une grande capacité de rétention de l'eau et une stabilité
structurale.
Les taux de limon sont très faibles : le rapport Limon/Argile
est égal à 10 alors que le taux de matière organique varie de 0,4
à 0,6 %
dans les régions d'Anexo
et de Lomé à 2 % dans les régions de Noefe-Keve.
- Propriétés chimiques - La plus importante est le pH qui varie de 5,5 à
6,5 en surface pour atteindre 5 à 6 en profondeur.

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19
- Aptitudes culturales - Plusieurs études ont été faites sur ces sols dont
nous nous servirons (1).
De ces études. il ressort que ces sols sont d'excellentes
terres recherchées tant pour les cultures vivrières (mals. légumes et sur-
tout manioc) que pour les cultures industrielles (caféiers, palmiers à
huile •.• ). Cependant les fumures organiques et minérales s'imposent ainsi
que le choix d'un assolement approprié.
Les Terres de Barre des environs de Lomé et d'Anexo
sont sur-
cultivées et sont arrivées à un très haut degré d'épuisement. Vers Noefe.
Tsevie et Tapligbo. les jachères arbustives sont plus longues et les cul-
tures de palmiers à huile et de caféiers protègent mieux le sol.
Pour "récupérer" les sols épuisés. des essais de regénération
sont entreprises; essais d'engrais verts par le Service d'Agriculture
et l'IRTD (Institut de Recherches du Togo), apports de pulpe (usine de
Ganave).
Il se pose par conséquent un problème tant humain que technique
à ces sols.
~) Les sols bruns entrophes, hydromorphes (série de Tomegbe)
- Propriétés physiques et chimique~ - De texture g2néralement bien équili-
brée (30 à 50 % d'argile) sauf pour l'horizon de surface sableux à sablo-
argileux, ces sols de couleur brune. sont plus ou moins riches en concré-
tions ferrugineuses. Ils
ont peu de limon (le rapport Limon/Argile est
de 10 à 15). ont des teneurs en matière organique assez élevées (2 à 5 %)
et de pH élevé 6,5 à 7.5 en surface jusqu'en profondeur.
- Aptitudes culturales - Ces sols sont très fertiles et sont utilisés dif-
féremment suivant les régions :
Dans la vallée du Zio
20 % portent une belle palmeraie
50 % portent une palmereie claire
10 % des cultures vivrières
Dans la région d'Agou, ces sols portent des cacaoyers et des
palmiers à huile.
Ils sont le plus souvsnt utilisés pour la culture de palmiers
à huile et nécessitent beaucoup d'entretien.
(1) LAMDURDUX M. 1956-1957
DABIN 1955
FAD-DRSTDM 1961-1965
FAUCK 1961 au Dahomey
VINE 1953-1956 au Nigeria

2D
Rentrent enfin dans cette catégorie des sols à bonne produc-
tivité. les argiles noires tropicales.
~) Les argiles noires tropicales
Ces sols noirs se répartissent en "pastilles" échelonnées le
long de l'Anie. du Mono et de l'Dgou suivant des axes N-S. Ils occupent
aussi une grande partie 'de la dépression de la Lama mais leurs régions
de prédilection sont celles de l'Est-Mono et de Kolokofe.
- Propriétés physiques et chimiques - De couleur foncée et homogène.
noirâtre en surface. olivâtre en profondeur. ces argiles noires tropicales
sont peu perméables et ont une capacité de rétention élevée lcependant
elles sont d'une texture lourde et d'un drainage déficient. ce qui limite
leur mise en valeur en culture traditionnelle.
Les teneurs en matière organique sont en surface moyennes
(2 à 5 %) vers Kolokofe. assez fortes dans la dépression de la Lama (3 à
1D %). Le pH varie entre 6.1 et 6.5 en surface et décroit en profondeur
entre 5.5 et 6.
- Aptitudes culturales - Ces sols sont parmi les meilleures terres de
culture du Togo si on prend certa~nes précautions: drainage. irrigation
etc ••• Ils portent notamment les cultures de co~on. Labourées et fumées.
ces argiles noires ont des rendements relativement, élevés. C'est ainsi
que pour le coton en culture pure. l' IRCT (1'). e atteint des rendements
supérieurs à une tonne à l'hectare. alors qu'en cultures associées (coton
+ d'autres cultures).
les argiles noires de la région d'Akaba avaient don-
né (1958-1960) des rendements deux à trois fois supérieurs aux rendements
habituels (2).
D'autres sols présentent des défauts mais sont utilisables avec
des aménagements. Ce sont des sols à productivité moyenne.
Ce sont les sols ferrallitiques désaturés des plateaux des
Monts Togo.
(1) Institut de Recherches du Coton et des Textiles
(2) LAMOURDUX M.

21
- Propriétés physiques et chimiques - De bonne structure. ces sols sont
profonds, perméables et sablo-argileux. Ils sont très pauvres en bases
échangeables et désaturés.
- Aptitudes culturales - Ces sols portent surtout cacaoyers, caféiers
et agrumes. Des précautions sont nécessaires contre l'érosion par des
apports organiques et minéraux.
Ce sont des sols ferrugineux tropicaux, lessivés, plus ou moins
hydromorphes et indurés. Ils couvrent plus de 50 % de l'ensemble du pays
d'où leur importance géographique.
- Propriétés physiques et chimiques ~ De structure et de perméabilité
médiocres, ces sols sont susceptibles à une érosion élevée, à un lessi-
vage intense en argile et en fer et à une forte hydromorphie.
- Aptitudes culturales - Ces· sols sont moins abondants dans la moitié
méridionale du pays que dans la partie septentrionale. On les rencontre
entre autres, dans la boucle Ogou-Mono, dans la vallée de l'Anié J ils
sont utilisés en culture itinérante (igname, mals, haricot •.. ) mais sont
vite dégradés par les types de culture. Aussi faut-il des techniques de
culture appropriées (labours modérés, apports de matières organiques et
d'engrais minéraux, association de l'agriculture à l'élevage).
C'est la catégorie des sols marins, sols sableux du littoral,
des sols lacustres, des sols fortement concrétionnés ou cuirassés près
de la surface.
Ils sont considérés comme inutilisables bien qu'avant des
années, ils fussent favorables à certaines cultures (exemple des cocote-
raies sur les sols sableux du littoral). Toutes ces caractéristiques phy-
siques, qu'elles soient climatiques ou pédologiques, jouent un rôle très
important dans la répartition de la population.

22
II "-- tARACTERISTIQUES HUMAINES
Les caractéristiques humaines d'un pays occupent une place
non négligeable dans le développement industriel voire économique de ce
pays car la structure. le dynamisme de la population rejaillit sur son
activité économique. Que ce soit le volume ou la densité de population.
que ce soient les mouvements naturels ou les mouvements migratoires. tous
ces éléments affectent la population et conditionnent par là l'essor éco-
nomique. le développement du pays. Ceci est vrai pour l'ensemble du Togo
et l'est encore plus pour la moitié méridionale du pays.
Formée des deux plus "riches" régions économiques du Togo.
la moitié Sud du pays dispose d'un capital particulièrement précieux:
une population relativement nombreuse. laborieuse pour développer son
économie. Aussi étudierons-nous les caractères de cette population. la
part de la population active dans l'agriculture et dans l'industrie.
Al - CARACTERES DE LA POPULATIOM
Le volume et la densité. les mouvements naturels et les mou-
vements migratoires caractérisent cette population.
1 - Volume et Densité de population
Dans l'ensemble. la population togolaise s'accroit de plus en
plus vite sur un rythme régulier de plus en plus accéléré.
Phénomène assez récent. cet essor démographique est l'un des
traits majeurs de la population de la moitié méridionale du Togo et va
de pair
avec la progression de la population totale du pays.
Du tableau nO 3. les constatations suivantes s'imposent : Avant
1960. la population de l'ensemble de la région qui intéresse notre sujet
n'atteignait pas 900 000 habitants. En 1961.elle faisait 940 000 habitants.
En 1966. ce volume passa à 1 044 000 habitants pour atteindre 1 181 607 ha-
bitants en 1970 et enfin environ ~ 334 000 habitants en 1973. Parallèlement
le volume global de la population togolaise d'environ 1 544 000 en 1961, pas-
sa à 1 700 000 en 1966 puis à 1 953 778 en 1970 avant d'atteindre 2 099 000
habitants en 1973.

23
Dens l'ensemble. c'est une populetion Jeune dont les moins
de 20 ens sont supêrieurs à 50 \\ du totel elors que les plus de 65 en.
ne repr6sentent que 4 \\ du totel (figure nO 15). Une forte proportion
de femmes cerectêrise l'ensemble de le populetion : 52.7 \\ du totel •
FIN O'ANNEE
REGION MARITII'IE
REGION DES PLATEAUX
l'IlIT IE 500- TOGO
• TOTAL TOGO
Population
Superficie
Population
Superficie
Popullltion
SuperfiCie
Population
Super"icie
en
en
en
en
en
en
·en
en
1000 hab.
Km2
1000 hllb.
Km2
1000 hab.
KrriZ
1000 hab.
Km2
1961
527
6265 Km2
413
17 115 Km2
940
23 360 Km2
1 544
56 600 Km2
1966
599
·
445
·
1 044
·
1700
·
1970
710
·
470
·
1 161
·
1 953
·
1973
719
·
615
·
1 334
·
2 099
·
• Chiffres tirAII de III 'Population active et emploi au Togo' et de 'Recensement gênêrlll de la popullltion'
(1970) •
Tabl...u n' 3 - Evolution de la population de 1961 à 1973'· Unité: 1000 habitants.
Le groupe d'Age des pereonnes Agêes de 50 ens et plu. est
mieu~ reprêsentê dens le Rêgion Meritime (12,6 \\ pour les hommes et
13.2 \\ pour les femmes) que dens le Rêgion des Pleteeu~ (9.7 \\ pour
les hommes et 8,1 \\ pour les femmes) 1 ceci e.t dQ eu feit que le
première rêgion est une zone d'émigretion elors que le deuxième cons-
titue une zone d'eccueil des milrents.
Le proportion des 15 à 49 ens est per contre de 34.8\\ pour
les hommes,.de 42,7 \\ pour les femmes dens le Rêgion Meritime et de
39,2 \\ pour les hommes. 45.8 \\ pour le. femmes dens le R6gion des Ple-
teeux (1).
Il feut noter eussi un certein dêsêquilibre dens le r6per-
tit10n de le population. Si nous prenons per 8X&mple les chiffres de
1970, nous constetons qu'evec un peu moins de le moiti6 de le superfi-
cie du TOlO, le moiti6 Sud-Togo occupe plus de 50 \\ de le populetion
totele du peys et sur ces 50 \\. le Rêgion Meritime à elle seule en
prend un peu moins des 213.•
(1) ·Population ective et emploi eu TOlO- 1966.

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24
Avec un peu plus de 25 % de la superficie de la moitié Sud-
Togo, la Région Maritime occupe plus de 50 % de la population ce qui
fait, à l'échelle nationale, un peu moins du 1/3 de la population na-
tionale sur 1/ge de la superficie totale du pays.
Ce déséquilibre entrai ne forcément une densité de population
variable.
La densité de population est très inégale dans cette moitié
méridionale du Togo (figure nO 16l. Les zones de forte densité sont
constituées par le plateau de "Terre de Barre" en particulier l'arrière-
pays d'Anexo
(Vogan et sa région avec une densité de plus de 300 ~a­
bitants/km2°; la région d'Anexo
avec 150 hab./km2l, Lomé et son agglo-
mération (plus de 200 hab/km2l et les villes. Dans la Région des Plateaux
par contre, la densité diminue et reste souvent inférieure à 100 hab/km2.
2 - Mouvements naturels
Comme partout ailleurs en Afrique, les données d'ordre démo-
graphique précises font cruellement défaut au Togo. Pour mesurer l'effec-
tif de la population ou pour compléter les renseignements sur les mouve-
ments naturels du pays, on a souvent recours à une enquête démographique
par sondage. Cette méthode d'évaluation de la population ne donne pas
toujours des renseignements précis, ce qui fait qu'on procède souvent à
des estimations. Or, celles-ci ne sont que des approximations qui entraî-
nent indéniablement des erreurs plus ou moins importantes aussi bien dans
la natalité, la mortalité que le taux d'accroissement naturel.
al La natalité
-----------
Le taux national brut, de 55%o.dépend essentiellement de la
fécondité des femmes et du nombre de celles-ci en âge d'avoir des enfants.
Il varie d'une région à l'autre et est inférieur à la moyenne nationale
dans la moitié méridionale du pays.
bl La mortalité
Le taux national brut de mortalité est de 29 %0 et varie
suivant l'âge, le sexe et la région géographique. Assez élevé à la nais-
o"Problèmes socio-économiques dans les opérations de la SORAD Maritime.

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POPULATION
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25
sance et aux premiers ages de la vie, ce taux passe par un minimum à
l'âge de 10 à 14 ans et croît ensuite d'abord lentement puis de plus
en plus vite avec l'âge (1).
Sur cette mortalité, la mortalité infantile occupe une grande
place (taux national: 120 à 140 %0)'
Pour les adultes, la plus forte mortalité est enregistrée
chez les femmes. Le taux de mortalité est de
16 %0 pour la Région
Maritime, de près de 23 %0 pour la Région des Plateaux, soit une moyenne
de 19,5 %0 pour l'ensemble de la moitié Sud-Togo.
c) Taux d'accroissement naturel
----------------------------
Un taux de natalité moyen, suivi d'un taux de mortalité "fai-
ble" entraine pour cette moitié sud du pays, un taux d'accroissement
naturel assez élevé. Ceci se comprend quand nous réalisons que ces deux
régions économiques du Togo sont les plus "riches" du pays avec un niveau
économique de la population supérieur à celui du reste, régions où la
scolarisation et l'alphabétisation sont les plus pouss8esdu pays. A elles
deux, elles reçoivent un apport considérable de population et en perdent
aussi, étant des régions d'immigration et d'émigration.
3 - Les mouvements migratoires Uigure nO 17)
Les mouvements migratoires présentent un intérêt tout particu-
lier dans l'étude de la démographie d'un pays. Au Togo en général et dans
la moitié Sud du pays en particulier, les deux aspects qui frappent le
plus et qui ne cessent de poser des problèmes graves à l'équilibre écono-
mique sont les mouvements migratoires à l'extérieur et les mouvements mi-
gratoires internes.
Dans le cas de la partie méridionale du Togo, il faut distin-
guer l'émigration vers les pays voisins d'une part, d'autre part les mou-
vements migratoires des régions septentrionales vers le Sud et des campa-
gnes vers les centres urbains.
(1) Population active et emploi au Togo
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LAMOUROUX 1

26
Ce mouvement affecte de façon appréciable les ruraux. Attirés
par des conditions de vie meilleures, les cultivateurs quittent leurs
terres ou leurs régions pour s'établir provisoirement dans les pays voi-
sins.Le mouvement affecte surtout la Région Maritime (régions de Mission -
Tove, Noefe, Tsevie en particulier) et a lieu surtout vers le Ghana. En
1960 par exemple, l'émigration vers le Ghana était estimée à 124 900 per-
sonnes soit 8 % de la population togolaise. Le mouvement a été atténué
depuis 1971 à la suite de l'expulsion de~ étrangers (Togolais, Dahoméens,
,
Nigérians etc .•. ) de ce pays.
1
r

Des ruraux du Nord se déplacent ou sont déplacés dans le temps
en direction des terres plus fertiles du sud. Ils s'installent comme ou-
vriers agricoles OL: comme métayers sur des terres de "colonisation" de la
plaine orientale (régions de Notse, de Kolokofe, de l'Dgou, de l'Anié et
le long de la route Atakpamé-Kpalimé). Un autre mouvement s'ajoute au
précédent.
C'est le déplacement d'hommes des campagnes vers les centres
urbains à la recherche d'un travail rémunéré. Connu sous le nom d'exode
rural, ce phénomène n'est pas propre au Togo; des statistiques prouvent
que la proportion de la population rurale ne cesse de diminuer actuel-
lement dans le monde entier.
Le phénomène existait déjà pendant la période coloniale au
Togo; mais avec les mouvements de décolonisation, il s'est accentué à
partir de 1960 et continue sur un rythme accéléré depuis 1963. Ce qui
caractérise ce mouvement au Togo est qu'il se fait dans le vide
lescen-
tres urbains ne possèdent pasl'équipement industriel nécessaire pour
accueillir ces nouveaux citadins. Parmi ces centres urbains, c'est sur-
tout à Lomé, capitale du Togo que l'influence du mouvement est la plus
sensible et la plus aigu~. Elle vient donc en tête
et reçoit en moyenne
environ 3 000 personnes tous les ans ; les immigrés y représentent" plus
de la moitié de la population. Ensuite viennent Kpalimé et Atakpamé.
Ce phénomène d'exode rural ne va pas sans poser de sérieux
problèmes de chômage dans les villes. En 1966 par exemple, le nombre des

27
"sans travail" A Lomé était de 10 000 personnes.
Au total. ces mouvements migratoires n'affectent pas d'une
façon identique tous les groupes d'âge: le taux est faible pour les
enfants. maximum pour les 20 à 60 ans (c'est la classe d'âge de pleine
activité) et décroit avec le vieillisse~ent des individus.
Après ce premier tour d'horizon qui nous a amenés A étudier
les caractères de la population de la moitié méridionale du Togo. ana-
lysons comment cette population intervient dans l'économie du pays. en
particulier dans l'agriculture et dans l'industrie. autrement dit la
population active dans les deux secteurs.
BJ - POPULATION ACTIVE
Au sens officiel généralement admis. "la population active
comprend tous ceux qui sont occupés dans des activités rémunératrices et
ceux qui cherchent une place dans ce même groupe d'activités". Ainsi
définie. elle constitue l'épine dorsale de toute l'économie.
Dans notre cas. nous ne disposons pas de données statistiques
précises mais seulement d'estimations. C'est ainsi qu'en 1970. la popu-
lation active potentielle définie comme "celle comprenant les personnes
en âge de travailler et dont l'âge est compris entre 14 et 60 ans" était
estimé pour l'ensemble du pays A 921 236 personnes soit environ 46 %
alors qu'A la même date la population active effective définie comme
"celle qui comprend les gens qui vaquent à une occupation pouvant leur
procurer des ressources en espèces ou en nature" n'était que de 667 400
personnes soit 33 % de la population totale (1).
Cette population active varie suivant les secteurs.
1 - Dans. le domaine agricole
En 1970. sur une population rurale totale de 1.6 million de
personnes. 595 000 (un peu plus du 1/3) sont occupœsà plein ou à mi-temps
dans l'agriculture soit 37 % de la population nationale rurale. Sur ces
595 00 actifs agricoles. 307 000 (51 %) se trouvent dans la moitié méri~
dionale du pays.
(1) "Population active et emploi au Togo" 1966

28
Cette étude de la population active agricole concerne aussi
bien de jeunes enfants (de 10 à 14 ans) que d'adultes (hommes et femmes)
et de
personnes âgées.
Dans l'ensemble, la proportion des hommes est supérieure à
celle des femmes. Les hommes assument surtout l'essentiel de la charge
du travail, aidés par leurs femmes pour les semis et les récoltes. Ce-
pendant il est fréquent de voir des femmes travailler leurs propres champs
bien que leur véritable activité soit le commerce.
Quant au degré d'occupation du sol, il est élevé dans la
Région Maritime et faible dans la Région des Plateaux. Ce proulème sera
étudié avec beaucoup plus de détai~dans le chapitre des productions
naturelles.
Au total, la proportion de la population active est de loin
beaucoup plus importante dans l'agriculture que dans le secteur industriel.
2 - Dans le secteur industriel
Le Togo étant encore à un début d'industrialisation, le secteur
industriel est celui qui occupe le moins de gens. Le personnel de produc-
tion est uniquement masculin. Les quelques rares femmes qu'on rencontre
sont employées comme dactylo dans les services administratifs de ces
entreprises industrielles.
En 1970, le secteur industriel togolais a utilisé 6 000 person-
nes environ (1),(soit 0,3 % de la population nationale), strictement con-
centrées dans le Sud du pays.
Cette étude termine les caractéristiques humaines et physiques
de la moitié méridionale du Togo. Or toutes ces données ne suffisent pas
toutosseules à insuffler un élan industriel. Le développement industriel
d'un pays ou d'une région est aussi basé sur les investissements financiers
et les infrastructures d'accueil.
(1) Notes d'information et statistiques de la Banque Centrale des Etats de
l'Afrique de l'Ouest nO 211.

29
III - CONDITIONS FINANCIERES ET INFRASTRUCTURES D'ACCUEIL
Le plus grave problème qui se pose aux pays du Tiers Monde
en général et au Togo en particulier pour réaliser leurs programmes de
développement économique est surtout l'insuffisance des ressources fi-
nancières.
Al-RESSOURCES fINANCIERES
Elles peuvent se caractériser de la façon suivante : afflux
de capitaux étrangers, très faible épargne nationale et participation
faible des capitaux d'Etat.
1 - Part de l'Etat dans les investissements
Dans les conditions actuelles de l'économie togolaise, la par-
ticipation de l'Etat est faible.
Sur un investissement total de 28,6 milliards de FCFA (1)
(572 millions de FF) prévu pour le 1er Plan
Quin~~ennal (1966-1970)
somme qui est montée à 40,708 millards de FCFA quand on y ajoute les
réalisations hors plan, le secteur secondaire n'a obtenu que 3,93 mil-
lidndsde FCFA dont 800 millions financés par l'Etat togolais. C'est un
pourcentage certes très faible qui mérite d'être augmenté afin de mettre
en place des moyens de production propres au pays.
Cette insuffisance de la participation de l'Etat aux investis
sements va de pair
avec la grande faiblesse des capitaux privés nationaux.
2 - Capitaux privés nationaux
Jusqu'à ces derniers temps, le manque d'esprit d'initiative
et la faiblesse de leurs moyens financiers ont poussé les Togolais à
se désintéresser des investissements dans le domaine industriel. Ceux
qui ont les moyens s'intéressent à la petite entreprise industrielle
(rarement aux grandes) et surtout au secteur commercial "immédiatement
productif" et aux investissements immobiliers.
(1) 1 franc CFA = 0,02 FF

30
L'épargne nationale reste insuffisante et très difficile à
mobiliser. Aussi le développement industriel du pays est-il lié à un
important financement étranger.
3 - Les capitaux étrangers
Ces capitaux se présentent sous forme d'investissements
octroyés par des organismes soit publics, soit privés, soit internatio-
naux. Il faut distinguer :
a) L'aide multinationale
Cette "aide" provient surtout de la coopération de plusieurs
pays rassemblés au sein d'un organisme international (exemples: L'oNUDI(1)
la Banque Mondiale, le FED (2) etc •.. ).
Aucune hypothèque politique ne pèse sur cette forme d'aide
qui est la plus libre.
Au début, ces crédits prolongeaient l'état du pacte colonial
et sacrifiaient l'industrie aux productions agricoles d'exportation (3)
c'est ainsi que les crédits du FIDES (4) et ceux du FAC (5)(qui ont pris
leur suite en 1959) ne subventionnaient jusqu'en 1961 que les études de
la production agricole, l'équipement social et l'infrastructure.
Depuis la décolonisation, cette aide publique étrangère est
de plus en plus sollicitée par les Etats nouvellement indépendants et
se présente en général sous deux formes : sous forme de dons ou de sub-
ventions (aides non remboursables pour le financement des activités non
productive~, et sous forme de prêts (aides remboursables pour le finan-
ce~ent des activités productives: agriculture, industrie ..• ). Ces der-
niers temps, c'est l'afflux des capitaux privés étrangers qui a marqué
l'industrialisation de la moitié Sud-Togo.
Ces capitaux privés proviennent de divers pays industrialisés
France. République Fédérale d'Allemagne. Etats-Unis. Italie ...
(1) DNUDI - Organisation des Nations-Unis pour le Développement Industriel
(2) FED - Fonds Européen de Développement
(3) DUMONT René : "l'Afrique Noire est mal partie"
(4) FIDES -- Fonds d'Investissement pour le Développement Economique et Social
(5) FAC - Fonds (français) d'Aide et de Coopération

31
Leur importance est favorisée par un Coce des Investissements
très souple et libéral. Le régime prioritaire de ce code "garantit le
transfert des capitaux et de leurs revenus aux personnes physiques et
morales étrangères. l'exemption des droits d'entrée pour 10 ans sur les
matériels d'équipement. les matériaux et marchandises dont la liste est
fixée. l'amortissement accéléré.
la réduction à 50 % des droits de sor··
tie sur les produits exportés durant une période de 10 ans et aus&i les
droi ts d'enregistrement. timbre ot domaine".
Il faut noter que si le recours à ces investissements permet
d'atteindre un montant total élevé de capitaux et un apport humain plus
ou moins qualifié dans le domaine industriel. son intégration dans l'éco-
nomie nationale peut être plus ou moins réussie.
L'intérêt du Togo pour amorcer son développement industriel est
non seulement de mobil~erles capitaux nationaux disponibles pour les orien-
ter vere les secteurs les plus productifs mais encore de développer ses
infrastructures d'accueil.
Ces infrastructures sont de deux ordres
les voies de communi-
cation et les services d'accueil.
1 - Les voies de communication
Les voies de communication sont indispensables et conditionnent
le développement économique de tout pays (figure nO 18). Au Togo elles se
répartissent comme suit :
a)_~ê~_rQ!:!~êê
Relativement dense dans la Région Maritime, le réseau routier
comprend au point de vue technique. trois catégories de routes.
al Les routes bitumées
De 170 km avant 1966. la longueur des routes bitumées est por-
tée à 635 km en 1972. Les trois principales partent de Lomé.
- Lomé-Anexo
routecOtière qui est un tronçon de l'axe international
reliant le Ghana, le Togo. le Dahomey et le Nigéria. Elle jouera un rôle
économique très important dans le Communauté Economique de l'Ouest Africain

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DI COMMUNICAItON

32
qu'envisagent ces Etats.
- Lomé-Kpalimé de 121 km de long relie la côte à la "riche" Région des
Plateaux.
- Lomé-Atakpamé (159 km) : le projet qui envisageait de continuer le bitu-
mage jusqu'à la frontière de la Haute-Volta afin de desservir cette der-
nière par le port en eau profonde de Lomé est en voie de réalisation.
Il faut noter aussi les routes bitumées Atakpamé - Kpalimé, Atakpamé -
Sadou, Adeta - Dzogbegan. Anfoin - Tabligbo. Tabligbo - Tsevie. Tabligbo -
Anexo
qui jouent un rôle certain dans l'économie du pays.
Viennent après les routes bitumées. les routes dites de 2ème
catégorie.
B) Les routes de 2ème catégorie
Ce sont les routes non bitumées qui relient les grands centres
urbains. Exemples: Notsé - Agou. Atakpamé - Sadou.
Ensuite viennent les routes de 3ème catégorie.
~) Les routes de 3ème catégorie
Elles ne sont pas bitumées et desservent essentiellement les
villages entre eux. Ce sont les plus nombreuses. Au total sur les 7 000 km
de routes que possède le Togo. 635 km seulement sont bitumés
dont près
des 2/3 dans la moitié méridionale du pays soit 1 km de route bitumée
pour 89 km2 et pour environ 3 150 personnes. Ceci est da au coat élevé du
bitumage (en 1965, un mètre carré de route bitumée revenait à 400 FCFA)(1).
Le Ghana a 1 km de route bitumée pour 56 km2.
Le rôle de ces routes dans l'économie nationale va en grandis-
sant avec le début d'industrialisation du pays. Dans l'ensemble. les routes
ont beaucoup concurrencé et continuent de concurrencer le chemin de fer.
Les voies ferrées togolaises sont constituées de lignes à voie
unique de 1 mètre d'écartement. ce qui ne permet pas aux trains rapides et
aux trains lourds de les emprunter.
La longueur totale des chemins de fer au T~go (lignes princi-
pales, chemin de fer phosphatier. voies de triage etc .•• ) est de 520 km
(1) ATTIGNDN H.: Géographie du Togo

33
et c'est la moitié sud du pays qui en a la quasi-totalité.
Les trois principales lignes reliant les grandes gares sont(1)
Lomé - Anexo
: 46 km - ligne côtière ou ligne du cocotier
Lomé - Kpalimé : 116 km - ligne frontalière ou ligne du café et du cacao
Lomé - Blitta : 276 km - ligne du centre constituée par Lomé-Atakpamé par
Agbonou (167 km) et Agbonou-8litta (113 km).
Les voies ferrées jouent un rôle important dans le transport
des productions naturelles vers les usines de transformation, que ce
soit pour les phosphates ou pour la dolomie.
Il manque des ouvrages d'art à toutes ces voies de communi-
cation. Les ponts sont insuffisants et il n'est pas rare que le train et
les voitures empruntent à tour de rôle le même pont. Ceci se produit
surtout sur la ligne Lomé-8litta(passage du Haho et de l'AnieJ.Le réper-
toire de ces voies de communication serait incomplet sans citer l'infrastruc-
ture maritime.
(l)
Le port
Le port de Lomé est
de
création récente. Jusqu'en 1968,
le Togo n'avait qu'un vieux wharf construit en 1928 après la destruction
des deux premiers en 1902 et 1911. Constitué d'un appontement métallique
d'une longueur de 485,5 m, le wharf entraînait des opérations lentes et
coûteuses (le surfrêt imposé par les compagnies maritimes pouvant facile-
ment atteindre 30 %). C'est pour pallier ces opérations onéreuses que la
construction d'un port à l'Est de Lomé fut commencée en 1964 sur prêt ouest-
allemand. Quatre ans plus tard, le port entra en fonctionnement. L'expor-
tation des produits agricoles et de quelques ressources du sol se fait par
le port, de ~me que l'importation des matières premières, des produits.
semi-finis et du matériel de production. C'est un port franc d'une longueur
de quai utilisable de 680 m. Il a une capacité annuelle de 250 000 T qui
peut atteindre. par l'installation de grues sur le quai. 500 000 T et
s'étend sur une zone de 675 hectares. La franchise du port permet aux
entreprises industrielles de bénéficier des avantages suivants : possi-
bilité de décharger immédiatement des marchandises, juste après l'arrivée du
navire ct de les transborder sur d'autres moyens de transport (chemin de
(1) Inventaire économique du Togo 1966

34
fer ou camions) sans aucune formAlité douanière.
La présence de ce port a entraîné la création d'une zone pour
encourager le développement industriel.
8) Zone industrielle - zone franche - Domaine industriel
- Zone industrielle - Pour faciliter l'installation des entreprises indus-
trielles. une zone industrielle d'environ 600 ha a été créée dans la zone
portuaire. Dans cette zone. il faut distinguer plusieurs catégories
- 1ère zone franche
son tarif de location annuelle est de
200 FCFA le mètre carré.
- 2ème zone franche : le terrain est loué à 150 FCFA le mètre
carré par an.
Cette zone est réservée aux industries d'importation de matières
premières et à celles qui réexpédient au moins les 3/4 de leurs produits
finis.
- 1ère zone industrielle : Elle est réservée aux industries
qui s'inscrivent dans lw Plan Quinquennal et qui traitent les matières
premières togolaises ou qui importent des matières premières et écoulent
les produits manufacturés sur le marché togolais.Jusqu'à 500 m2. le tarif
annuel de location est de 100 FCFA le mètre carré. au-delà de 500 m2. un
rabattement de 25 % est appliqué.
- Domaine industriel - Ce domaine est réservé aux petites et moyennes
entreprises créées par des autochtones. Sa superficie est de 47 ha et sa
distance de Lomé est d'environ 9 km. Il se situe le long de la route in-
ternationale Lomé - Cotonou - Lagos. axe routier très fréquenté. Des
usines "normalisées" 'se construisent dans le but d' être cédées en location-
vente aux industriels.
Des problèmes d'eau et d'énergie ont trouvé une première solution
dans la zone industrielle par un réseau de distribution d'électricité et
par l'installation d'un château d'eau. L'énergie électrique est distribuée
à partir d'une ligne haute-tension de 20 kilovolts alors que le château
d'eau. d'une capacité de 500 m3 est alimenté depuis le grand château d'eau
de Tokoin par une conduite de 250 mm de diamètre intérieur sur une distance
de 8 870 m.
Ces infrastructures sont certes créées pour inciter le dévelop-
pement industriel du pays mais il faut aussi des services pour superviser.
planifier ce développement.

35
2 - Les services
Elle a pour objet de formuler une politique générale de
développement du pays et d'élaborer les plans d'organisation des adminis-
trations publiques.
Elle dirige le domaine agricole avec la création des SDRAD
(Sociétés Régionales de Développement) dans le cadre des régions économi-
ques et qui s'occupent de l'animation rurale.
c) Le BNRM (Bureau National de Recherches Minières)
-------
Le but du BNRM est surtout la recherche minière dans tout
l'ensemble du Togo.
Le Centre NaUo-lal de Promotion d~ Petites et Moyennes
Entreprises est destiné à intéresser les autochtones au développement
industriel et à stimuler la petite industrie.
La Banque Togolaise de Développement finance certains investis-
sements en matière industrielle.
f) ~~_~~! (Société Nationale d'Investissement)
De création récente. la SNI est un "organisme d'exécution des
programmes d'investissement productifs". Elle dispose de ~ secteurs:
le Fonds National d'Investissement. le Fonds National d'Aval et de Garantie
aux Entreprises Togolaises et la Caisse Nationale d'Amortissement.
La SNI a pour objet "la mobilisation. la fixation et l'orienta-
tion de l'épargne nationale en vue de favoriser les opérations d'investis-
sement d'intérêt économique et social dans les domaines industriel. agri-
cole. artisanal et commercial'-.

36
Si ce. .ervice. .ont cr66. pour surmont.r le. ob.tacl.. eu
d6v.loPp.ment indu.tri.l, il n· ••t pa. moine vrai que d•• ob.tacl•••ub-
.i.t~t pour 6couler le. produit. fabriqu6s.
CI - LE MARCHE UlTERIEUR
Av.c .a .uperficie, d.S6 600 km2,,, .a populaUon d 'un peu plu.
d. 2 millions d'habitant., .on 6tirament en longueur d·.nviron 600 km
.t,. ••• 50 km d. cet., 1. TOlO a d• •6rieux problêllle. pour .onmerc"6 in-
t'rieur. L. merch6 ••t d 'eutant plus 6troit que l.s habitent. ont d••
re••ourc.. total.. trè. mod••t.. .t mon6tair••, plu. r6duit.. .ncore
(tableau nO 4).
O·aprè. c.tabl.au, 1.. d.ux rêlion., 6conomiqu•• d. la moiti6
Sud-TOlO ont un. taux d. revenu par t't. d'habitant .up6rieur a c.lut de.
trou. MItre. riI1on.. L.. rev.nu•.,.ont mel riperU.. Seul. un. c.rtain.
cat6l0r1e d.'la population (fonctionnaire., petit. commerçant., lrend••
revendeu••••t quelqu•• rich••· cultivateur. d.la R61ion d•• Plat.eux) po.-
"dent un pouvoir d'achat a•••z 6levd pour .·approvi.ionner rêluliêrement
en produit. menufactur6•• L·6troit•••• du march6.t 1. ba.· pouvoi~ d'aChet
d. la population con.tituent un handicap .drieux pour 1. d6v.loppement in-
dustri.l .t 6conomique du pay••
Tout•• o•• càndition. financièr•• , humein•••tphy.iqu..
r6uni•• eff.ctent l·.xploitation d••· re••ourc•• natur.ll•••
Distance
Revenus
Revenus par
REGIONS
Chef-Ue.
de la
PopulaUon
en II111ion
tate d'h/lb.
cepitela
FCFII
en FCfll
IWlITIrIE
L~
710 816
23 807.50
33 221
PLATEllUX
liT1\\IIPN'fE
167 Km
471 834
17 387.00
36 823
CENTRALE
SDKODE
355 KiD
298 381
8 544.25
31 880
KARI\\
L.NII\\-KARI\\
43~ Km
235 457
5 443.00
23 118
SAVANES
lIN'lINGO
875 Km
238 828
8 063.25
25 387
TOTAL
1955 918
31 711
T8bl.eu nO 4 - Revenu par tata d'habitant par r68ion (TirO dU Plen
Quinquennal 1971-19751.

Deuxième Partie
LES PROVUCTIONS NATURELLES

37
Deux sortes de ressources naturelles entrant dens le cadre du sujet
retiendront notre attention
il s'agit des productions agricoles et
des ressources du sous-sol.
l - LES PRODUCTIONS AGRICOLES
La diversité des climats et des sols du Togo se traduit par
une extrême variété des possibilités de production agricole. Avant
d'inventorier ces productions. il serait intéressant de donner un
aperçu global sur les caractéristiques de l'agriculture togolaise en
général.
Al - CARACTERISTIQUES VE L'AGRICULTURE TOGOLAISE
Comme danS la plupart des pays de l'Ouest africain. le sec-
teur agricole occupe la majeurs partie de la population active togolaise
et se trouve être la principale source de revenus de la population. Aussi
l'agriculture reste-t-elle l'épine dorsale. le principal secteur de l'éco-
nomie togolaise. La comptabilité nationale estime encore à plus de 40 %
la part du secteur agricole dans le Produit Intérieur Brut et à plus de
95 % la part de ce secteur dans la population active totale du pays (1).
Cependant cette forte population active agricole ne met en
valeur qu'une faible étendue du pays.
1 - Superficie cultivée et exploitation
Les superficies cultivables au Togo sont très réduites et les
superficies cultivées encore plus. En 1970. 237 657 exploitants agricoles
ont cultivé une superficie de 328 909 ha (5.8 % de l'ensemble du pays)
dont 45.8 % dans la moitié méridionale (16.9 % dans la Région Maritime et
28.9 % dans la Région des Plateaux (1). La circonscription d'Akposso a le
plus fort pourcentage de superficie cultivée (10.5 %) suivie par celle de
Kloto (6.5 %) J ceci est dû au fait que les deux régions sont productrices
des grandes cultures d'exportation (café. cacao •.• ). La circonscription de
Lomé. par contre. n'occupe que 1.4 % de la superficie totale cultivée
(tableau n° 5).
(1) Enquête agricole générale 1970 (recensement mondial de l'agriculture).

38
La principale caractéristique de cette superficie cultivée
est l'émiettement et la taille des exploitations.
a) Nombre
L'enquête agricole de 1970 a révélé l'existence de 232 657 ex-
ploitations agricoles occupant 575 909 parcelles. 59,3 % de ces exploi-
tations (30,9 % dans la Région Maritime et 28.4 % dans la Région des Pla-
teaux) sont situés dans la moitié méridionale du pays, soit 55,2 % des
parcelles totales (24,8 % dans la Région Maritime et 30,4 % dans celle
des Plateaux). Plus la superficie cultivable est étendue, plu~ les par-
celles sont émiettées.
(3)
Taille
La taille des exploitations agricoles varie extrêmement suivant
les différentes régions économiques. Le tableau nO 6 donne une idée de
la répartition géographique et de la taille des exploitations. Dans l'en-
semble, 8lles sont caractérisées par une superfici~ faible : 53,96 % ont
une superficie inférieure à 1 ha 1 42,41 % ont de 1 à 5 ha et seulement
3,63 % ont une superficie supérieure à 5 ha. Dans la Région Maritime, les
exploitations de moins d'un hectare représentent 74,73 % 1 celles compri-
ses entre 1 et 5 ha sont de 24,61 % et celles qui sont supérieures à 5 ha
ne représontent que 0,66 %. Pour la Région des Plateaux, elles sont res-
pectivement de 51,03 %, 45,83 % et 3,14 %.
La taille varie en fonction de la fertilité du sol, des cultures
pratiquées et de la densité de population : aussi une disparité réelle
existe-t-elle à l'intérieur du pays d'une circonscription à une autre. De
164 ares dans la circonscription de Notse, la superficie moyenne par ex-
ploitation descend jusqu'à 66 ares seulement dans la circonscription d'Ane-'
x 0 (tableau nO 5). Dans cette région d' Anexo,
les terres sont presque
toutes partagées à cause d'une densité humaine très forte, dépassant
300 à 400 h/km2 aux alentours de Vogan et d'Anfouin (1). La fertilité de
la "Terre de Barre" constitue aussi l'une des causes de l'émiettement très
poussé du sol dans cette région.
(1) ANTHEAUME B. "Contribution à la connaissance régionale du Sud-Est du Togo:
le terroir d'Agbetiko" 1974.

39
Superficie cultivl.
Superficie may.n-
ne cultivl. pel'
NlIlIlbre tote 1
Nombre totel
en chiffr••
.n ,
.xplciteUon.
REGIllN5 ECONlIIIlIUES
d'.xploitetion.
d. perc.ll.s
(eres)
(he )
Llft!
5 727
12 OH
4 830
1.4
84.34
TSEVIE
21 101
49 302
15 943
4.9
72.11
NfEXO
15 213
25 151
10 113
3.1
66.48
VOGAN
17 90S
29 402
1,2 612
3,8
70.44
Tl\\BI.IGlIO
11 043
27 253
12 249
3.7
11 0.92
TOTAl. REGION IWlHII'E
71 998
143 152
55 747
18.9
17 .43
NOTSE
11 745
3D 035
19 281
5.8
164.16
KLDTO
19 "57
57 009
21 224
6.5
107.43
ATMPNt!
14 910
27 153
20 355
6.1
136.52
MPOSSO·
19 753
60 809
34 288
10.5
119,81'
TOTAL REGION œs PLATEAUX
88 185
175 105
95 148
28.9
127.89
TOTAL R!GIllN CENTRALE
34 575
98 4J3
58 303
17.7
188.83
TOTAL REGION DE lI\\ KARA
34 999
92 018
33 825
10.3
98.07
TOTAL REGION œs SIIVNfES
24 922
89 203
88 088
28.2
345.4'3
TOTAL TQr,o
232 857
575 909
328 909
100.00
141.37
Tebl.eu nO 5 • NlIlIlbre totel d'exploitetions. de perc.ll•••t sup.rfici. totel. cultivé••
~
sup.rfici. maine
500 em
("res)
d.
o a 50 150 a 100 100 a 200 200 a 300 300 a 500
et
TOTAL
REGIONS
~. e~
plu.
IWUTII'E
13.48
33.80 ,
27.85
19.11
4.33
1.17
0.88
100,00
PlI\\TEAlll1
8.94
19.79
22.30
27.93
10.83
7.27
3.14
100.00
CENTRALE
0.78
7.99
22.44
41.40
14.23
10.89
2.49
100.00
KI\\RI\\
21.13
24.50
21.21
19.85
7.98
4.83
D,50
100.00
SIIVI\\NI!S
0,7.
2.5:8
11.71
25.85
21,09,
18.28
19.72
100.00
ENSEIIlLE TOGO
10.10
21.17
22.69
25.17
9.94
8.70
3.83
100.00
TelIl"" n" 8 • RIllertiUol'I da• •xploitetion. pel' tranch. de .up.rficie culU,," ••
Proportion. en,'
• Enq<Ate ..riccl• •lnlre1. 1970.

40
Au total. dans les deux régions économiques de la moitié méri-
dionale du Togo. les superficies cultivées sont caractérisées par de pe-
tites et moyennes exploitations. aux dessins parcellaires variables.
~) Forme des exploitations
Au Togo en général. la délimitation des exploitations agricoles
est le plus souvent sommaire. "sans souci d'aucune apparence géométrique".
Les exploitations d'allure géométrique sont peu nombreuses et se limitent
aux Kabye dans la Région de la Kara et aux Duatchi dans le S-E de la Région
Maritime. Dans le cadre du sujet. il est intéressant d'étudier ce problème
chez les Ouatchi. La mise en valeur continue de l'espace est très frappante
sur le plat~au de Terre de Barre dans le Sud-Est de la Région Maritime où
domine le dessin parcellaire en "longueur". Des photographies aériennes
prises dans l'arrière-pays d'Anexo
montrent en effet un "parcellaire rigou-
reusement continu où le sol est très finement divisé avec des dessins
anguleux d'allure géométrique"(1) (figure nO 19). D'étroites bandes paral-
lèles constituant des unités de découpage prim3ire. caractérisent ce par-
cellement et représent.eraient chacune la part d'un segment de lignage (1).
Un homme qui vieillit partage une partie de son champ entre ses descendants)
ceux-ci à leur tour appliquent les règles d' héritage à leurs fils. Il arrive
aussi souvent que des parcelles soient vendues (figure nO 20). La direction
générale de la plupart d5 ces parcelles est perpendiculaire à l'orientation
des bandes. Dans la région d.e Tsévié par contre. le dispositif en lignes
parallèles correspond à un paysage agraire discontinu portant "la marque
de la culture à relativement longues jachères" (1).
D'autres formes géométriques caractérisent les palmeraies sé-
lectionnées de la région de Tsévié (Alokoegbe et Keve) et d'Agou-~deta.
Les techniques agricoles mécanisées employées dans ces palmeraies exigent
une allure géométrique des exploitations.
Aussi dans l'ensemble. la délimitation des parcelles est-elle
liée aux techniques agricoles en vigueur dans le pays.
2 - Les technigues agricoles
Les techniques agricoles demeurent traditionnelles.
(1) SAUTTER Gilles : Les Structures agraires en Afrique Tropicale "Les ·cours
de la Sorbonne".


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Apl. . . . .
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t

41
La prat~que d'association de cultures avec beaucoup de combinaisons est
très répandue, les liens entre les hommes et la terre très étroits.
Les rapports de l'homme à la terre sont très étroits. Avant la
colonisation, la terre était dans toutes les régions du Togo un bien col-
lectif, car selon les systèmes juridiques traditionnels, elle n'était pas
susceptible d'appropriation
privée individuelle. La terre était essentiel-
lement le bien d'une collectivité donnée et chaque individu qui se voyait
attribuer une parcelle de la terre était tenu d'sn user conformément aux
intérêts de la collectivité. Aussi la terre était-elle un bien collectif
sur lequel s'exerçaient des droits individuels, les domaines individuels
étant toujours rattachés aux domaines collectifs.
Avec la colonisation, des bouleversements profonds sont apparu
dans les rapports de l'homme à
la terre.L'essor de la production mar-
chande a entrainé une évolution vers "l'individualisme agraire" et i l est
facile.de constater, aujourd'hui que le régime juridique de la terre est
lié à la nature des cultures qu'on y pratique. Aussi la terre tend- elle
à devenir un bien individuel dans les régions favorables aux cultures in-
dustrielles alors qu'elle reste un bien collectif dans celles où les cuIr
tures vivrières constituent l'essentiel de la production agricole.
Les Ewe (2), producteurs de cacao et de café essentiellement,
sont très avancés sur la voie de l'appropriation privée de la terre J chez
les Ouatchi (3) plutôt enclins à la culture de produits vivriers, la terre
reste dans l'ensemble un bien collectif familial.
Ce "collectivisme agraire" confère à la terre un caractère sa-
cré qui régit les travaux agricoles.
a) Rites agricoles
Au Togo en général, et dans la moitié méridionale du pays en
particulier, les paysans parlent d'année agricole. Cette année est divisée
(1) La plupart de ces renseignements sont tirés de "L"Homme et la Terre" de
KOUASSIGNAN (G~Y '- Adjété) 1966
(2) Les Ewe : principal groupe ethnique de la moitié méridionale du Togo
(3) Les Ouatchi : groupe ethnique du 5-E Qu Bas-Togo.

42
en périodes correspondant chacune à des activités déterminées. La position
du soleil et l'aPParition de certaines constellations ou étoiles permet-
tent de prévoir des manifestations de différents phénomènes qui jouent
un rôle important sur l'agriculture. Certains de ces phénomènes annoncent
le début de la saison pluvieuse, d'autres l'arrivée de la période des
grandes chaleurs (1l.
Chaque période correspond à peu près à un mois et porte un
nom généralement en rapport avec les travaux qui doivent y être effectués.
Par exemple chez les Ewe. le mois de mars porte le nom de "Tedoxe". c'est-
à-dire la période où 0:1 plante l'igname. La période qui préœ.de l'ensemen-
cement des champs et celle qui marque la fin des travaux agricoles sont
caractérisées par des cultes rendus à la Divinité.Terre. Avant tout tra-
vail agricole, on s'assure que les dieux y sont propices; s'ils ne le
sont pas, des sacrifices propitiatoires sont organisés pour solliciter
leur clémence.
Ainsi, chez les Mina du Bas-Togo (région d'Anexol,
l'année
corrvnence en Septembre, "Epé-Ekpé" (2l, par diverses cérémonies. afin de
rendre les dieux favorables aux travaux agricoles qui vont commencer. Dif-
férentes sectes religieuses adressent prières et offrent sacrifices à
leurs dieux protecteurs. Par exemple. ceux qui sont les adeptes de Hebieso
Dieu -Tonnerre, implorent celui-ci d'épargner aux horrvnes ses manifestations
défavorables (tornados, tonnerre ••• l à la croissance des plantes. A la
Déesse-Terre, source de richesse et de fécondité. des sacrifices spéciaux
sont accomplis afin qu'elle accorde aux hommes. des récoltes abondantes.
Après les récoltes, les paysans, par l'intermédiaire de leurs "prêtres"
offrent encore des sacrifices aux dieux du sol et aux ancêtres pour les
remercier de leur bienveillance.
al Le mode de culture
Dans la moitié méridionale du Togo, les travaux agricoles sont
caractérisés par le mode de faire valoir direct. Suivant cette méthode, la
culture des champs se fait par les membres de la famille : hommes, femmes
et enfants de la même famille participent aux travaux de défrichement, de
semis et de récolte. Le système du fermage qui consiste à louer des champs
contre argent est entré dans les moeurs togolaises.
(1 l KOUASSIGAN (G.uy Adjété) : "L' Horrvne et la Terre"
(2) "Epé-Ekpé" - l'année se renouvelle ("L' Horrvne et la Terre" l

43
Dans certaines régions
où la. terre est encore disponible, la collectivité villageoise en cède
une partie gratuitement à qui veut la cultiver. Celui-ci en est l'usufrui-
tier jusqu'au moment où il cesse de l'exploiter. Souvent, pour le défri-
chement et le labour des grandes parcelles, des équipes d'une vingtaine
de personnes s'entraident et travaillent dans les champs des équipiers.
Pour certains travaux champêtres (exemple défrichement, récol-
tes ••• ) le paysan sollicite l'aide "d'ouvriers agricoles" qui sont sur-
tout des Kabye de
la Région des Plateaux.
A ces techniques traditionnelles s'ajoute la pratique de la
culture
sur brQlis qui fertilise la terra par l'apport de cendres mais
détruit la couche d'humus et décompose les sels minéraux. Pour regénérer
le sol, la pratique de la jachère est toujours en vigueur dans la moitié
méridionale du Togo 1 cette technique et l'utilisation quasi permanente
du sol caractérisent l'occupation du sol dans le Sud-Togo (figure nO 21).
les techniques modernes par contre, sont peu développées.
a) les instruments
Pour tous ces travaux champ§tres, la houe, outil à main; demeure
l'instrument le plus important, suivie par le coupe-coupe et la hache.
Bl Problèmes de modernisation de l'agriculture
l'emploi d'engrais chimiques est encore insuffisant et n'est
pas vulgarisé •
Mécanisation, irrigation et drainage sont limités aux fermes
expérimentales et aux blocs industriels de palmiers à huile. Il faut noter
cependant quelques réalisations et quelques projets. la Direction du Génie
Rural a aménagé 350 hectares d'irrigation dans la v~Jlée du Zio à l'Ouest
de Tsevie et 160 hectares dans la vallée de l'Amou, affluent du Mono au
Sud-Est d'Atakpamé , ces superficies sont consacrées à la culture du riz
irrigué.
les projets portent sur un important barrage sur le Zio axé
surtout sur l'irrigation st un autre plus important sur le Mono, commun
au Togo et au Dahomey, fournirait de l'énergie électrique et irriguerait
des milliers d'hectares. Ce dernier projet est en veilleuse, en raison

:f
1
Il.

t
G
• ···
• •
UtWsation quasi perma·
nente du ",,1
1
Ov 1andejamère
V
V
fAhl
~ 2 à S ans de jachère
a

'"
O••• 6à10ansdejaehère
. . . .
D Soljamaismi,envaleur
1
'1 •. 21
OCCUPATION
DU SOL
DANS
LA
"GION
D·A .... " KQ
(extrait du plan parcellaire d'exploitation).

44
de son coat et des réticenCes de la BIRD (Banque Internationale pour la
Reconstruction et le Développement) alors que la réalisation du projet
Zio est récemment étudi~par les Canadiens et apportera sans doute rapi-
dement les techniques d'irrigation dans cette région.
Au total, cette économie agricole est soutenue par des efforts
de modernisation sous l'impulsion de nombreux instituts de recherche,
d'organismes d'assistance technique et d'animation rurale.
3 - Les efforts de modernisation
a) Les fermes-écoles
-----------------
Les fermes-écoles ont pour but de vulgariser des méthodes mo-
dernes d'exploitation agricole. Deux principales fermes-écoles retien-
dront notre attention dans le cadre de notre travail: cellœde Glidji
et de Tove.
a) La ferme-école de Glidji
Commencée en 1947 et réalisée entièrement par les crédits FIDES,
la ferme-école de Glidji s'occupe essentiellement de la culture du mals,
du cocotier et surtout du manioc dans la Région Ma~'itime. Elle a été cédée
au mouvement de la Jeunesse Pionnière Agricole (J.P.A.) mouvement assisté
jusqu'en 1973 par les Israéliens (1) et s'attache à préparer les jeunes
au retour à la terre.
Le centre de Glidji contrôle 32 clubs, agricoles et le village
coopératif de Togodo ; il regroupe 40 coopérateurs (2).
B) La ferme-école de Tove
D'une superficie d'environ 165 ha , cette ancienne station agri-
cole allemande est située au sud de Kpalimé et s'occupe des cultures vi-
vrières locales, du caféier, du cacaoyer et du palmier à huile.
A côté de ces fermes-écoles, il faut citer l'importance de
l'action des SORAO dans le secteur agricole.
(1) L'assistance technique israélienne a beaucoup marqué la J.P.A. jusqu'en
Octobre 1973 date à laquelle le Togo a rompu ses relations diplomatiques
avec Israël
(2) Renseignements tirés du Numéro spécial de "Les Marchés Tropicaux et Médi-
terranéens" sur le Togo (1970)

45
b) Les SDRAD
Créées en Décembre 1965, les SDRAD (Société Régionale d'Amé-
nagement et de Développement)
ont pour but de promouvoir les activités
de développement agricole auprès des agriculteurs, de faire intervenir
le Crédit Agricole et de développer toutes les activités tendant à élever
le niveau de vie des populations.
Elles sont divisées en sections, puis en secteurs, eux-mêmes
subdivisés en zones d'encadrement regroupant un certain nombre d'exploi-
tations sous l'autorité d'un encadreur. Il existe une SDRAD par région
économique au Togo. Pour la SDRAD Maritime, l'assistance technique est
assurée par le personnel du B.B.P.A. [Bureau pour le Développement de la
Production Agricole). L'assistance technique de la SDRAD des Plateaux
relève par contre du personnel du FED (Fonds Européen de Développement). Ce
personnel est encadré par un institut allemand : Institut für Stru~kturfors~
chung und Planning (Instrupa).
Les SDRAD animent ou contrôlent divers pôles d'activités adaptés
aux spécialisations agricoles et aux perticularités sociales régionales.
Ces principaux pôles d'activités sont:
- Les G.A.P. (Coopératives et Groupements associés de producteurs). Il
existe actuellement 30 coopérati\\es dans la Région jes Plateaux et 2 000
G.A.P. dans la Région Maritime.
- Les Centres polyvalents : ce sont des centres pilotes directement con-
trolés par les SORAD et où les paysans vont s'initier aux méthodes cul-
turales. La SDRAD des Plateaux en comporte 7.
- La Jeunesse Pionnière Agricole
- Les Volontaires du Progrès [Français) et quelques auxiliaires du Corps
de la Paix [Américains)
- la Jeunesse Agricole et Rurale Catholique [J.A.R.C.).
L'action des SDRAD et des formes-écoles est soutenue par le Crédit
Agricole et l'DPAT.

46
C'est un organisme qui accorde des prêts aux cultivateurs
réunis en coopérative.
dl L'OPAT
-------
L'OPAT (Office des Produits Agricoles du Togo), créée en
Juin 1964 assure la stabilité des prix aux producteurs, contrOle la com-
mercialisation des produits agricoles, s'occupe du développement et de
l'amélioration de la production, du développement des industries de
transformation des produits agricoles. Elle finance éventuellement des
recherches et des investissements, développe et entretient les routes
de desserte des zones rurales et consent des
prêts de commercialisa-
tion à des coopératives agréées.
Tous ces organismes jouent un grand rOle dans les productions
agricoles de la moitié méridionale du pays.
BI . REPERTOIRE VES PROVUCTIONS AGRICOLES
Les possibilités diverses de productions agricoles du Togo
sont harmonieusement réparties en possibilités de productions d'échange,
de transformation ou de subsistance (café, cacao, noix de palme, coton,
manioc •.• ). Parmi ces ressources agricoles, quatre grandes d'entre elles
sont transformées sur place: ce sont le coton, l'arachide, le palmier
à huile et le manioc.
1 - Le manioc
Plante vivrière par excellence, le manioc, Euphorbiacée alimen-
taire, d'origine américaine est une plante d'importation qui est vite
entrée dans les moeurs du Togo.
al Aire culturale (figure nO 22)
Planté un peu partout au ,Togo, le manioc est cultivé intensive-
ment dans la Région Maritime et plus particulièrement dans l'arrière-pays
d'Anexo
non seulement sur le plateau sédimentaire de terre de barre doté
de "bonnes qualités agro-pédologiques" oD il en est devenu "l'apanage",

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1
~

47
mais aussi dans la zone de contact du plateau et de la vallée du Mono.
Pour les statistiques des superficies cultivées des différentes
productions. nous nous référerons à l'enquête agricole de 1961-1962 et
à
celle de 1970 qui donnent les superficies cultivées. la production et
le rendement des différentes régions (tablea~7 et 8).
En 1961-1962. sur 95 055 hectares cultivés en manioc sur
toute l'étendue du Togo. 91 350 hectares soit 96 % sont cultivés dans la
moitié méridionale du pays dont 80.16 % dans la Région Maritime et 15.93 %
dans celle des plateaux. En 1970. la superficie cultivée en manioc sur
toute l'étendue du Togo a diminué de presque de moitié et n'est que de
48 277 hectares; 93 % sont situés dans la moitié méridionale soit 61.6 %
dans la Région Maritime et 31,42 % dans la Région des Plateaux. Cette
diminution de la superficie concerne la Région Maritime dont la proportion
passe de 80.16 % à 61.60 % et surtout les circonscriptions d'Anexo et de
Vogan qui passent de 43.76 % à 29.4 %. Elle serait due à une intensifica-
tion de la culture de mals au détriment de celle de manioc au moment de
l'enquête agricole de 1970 et surtout à l'exploitation des phosphates qui
a obligé des paysans à concéder leurs champs de manioc situés sur le ter-
rain renfermant les phosphates. Dans la Région des Plateaux par contre.
la superficie cultivée en manioc passe de 15.93 % de l'ensemble à 31.42 %
soit une augmentation de 15.49 %.
En ce qui concerne l'aire culturale de l'arrière-pays d'Anexo.
un document du SEMMA (Secteur de Modernisation Manioc de la Région d'Anexo)
(1). limitait avant 1952. l'aire culturale aux régions d'Atoueta et d'An-
fouingan. A cause de la demande de la féculerie de Ganave. l'aire géogra-
phique du manioc s'est considérablement étendue vers l'Est et l'Ouest. Le
rapport définit les zones suivantes dans l'arrière-pays d'Anexo (figure n023) •
• Zone A - cette zone englobe Vogan. Anfoin et Ganave. C'est une zone aux
sols épuisés. avec une densité de population supérieure par endroits à
300 habitants au km2. Sa mise en culture est postérieure à 1954-1955. La
culture se fait sans rotation et le manioc est arraché après quatorze à
quinze mois •
• Zone B - elle se sitUe au nord de la précédente suivant un arc concen-
trique à Anfouin. Le manioc reste sous terre pendant douze à treize mois.
(1) "Rapport LE BRIS Il (DRSTDM)

48
CIRCONSCRIPTIONS
SL.PERFICIE.
PRODUCTION
RENOEI"IENT en
ET
,
,
REGIONS
en hectar••
en tonn••
tonnes'I he
LOItE
9 800
10.30
83 370
9,18
6.4
ANEXO
41 800
43.76
436 200
63,19
10,4
TA8LIGllO
7 400
7,80
24 300
3.52
3.2
TSEVIE
17 400
18.30
110 733
18,04
6.3
TOT~~ REGION ~ITII"IE 111
76 200
80.18
634 603
91.93
8.3
ATAK.P~
5 250
5.52
19 700
2.80
3.7
A"'PaSsa
3 300
3.47
8 600
1,26
2,6
,
Ne,TSf
3 000
3.16
8 040
1.20
2.6
KLO-rO
3 600
3.78
3 800
0.52
1
TOTAL REGION DES PLAT~UX
15 150
15,93
39 940
5.71
2.6
..
TOTAL REGION CENTRALE 121
3 355
3.55
14 860
2.15
4,4
TOTAL REGION DES SAVANES
350
0.36
880
0,14
2.5
lUTPL. TOOJ
100,00
95 055
7.2
00.00
890 283
Tebl8l!lu nO 7 - S~rficie. production et rendement de manioc par rtgion en 1861-1982.
(Chiffres tirts de l'enquBts l!IIricole de 1961-1982).
11) Pendent l'enqulte l!IIricole 1861-1982. Vogen éteit inclu dens le circonscription
d'''''tlSDr •
(2) Le régio~ centrel. llnclut le région de le Kere pendent le périOde 1961-1962.
SUPERfICIE
PRODUCTION
RëNOEI"IENT
,
en hectere.
\\
en. tonnes
en tonnes/he
Ll!I'IE
3 460
7.17
34 600
8.42
10,0 •
ANEXO
6.233
12,91
71 380
13.25
11.4
TAl!LIGBO
S 433
11,25
59 763
11.09
11.0 •
TSEVIE
8 844
13,77
68 440
12.33
10.0 •
VllGAN
7 965
16,50
91 215
18.91
11.4
TOTAL REGION ~lTII"IE
29 73S
81.60
323 398
60.00
10.8
~TMP~
.
1 458
3.01
17 472
3.26
12.0 •
MPOSSC
5 664
11,78
88 208
12.70
12.0 •
NaTSE
3 587
7.39
42 804
7.94
12.0 •
K.LOTO
4 463
9.24
53 558
. 8.90
12.0 •
TOTAL REGION DES PLAT~X
15 170
31.42
182 040
33.80
12,0·
TOTAL REGION CENTRAlE
3 135
8.50
31 350
5.85
10,0 •
TOT~L REGION DE LA KARA
38
0.07
288
0,05
8.0 •
TOTAL REGIllH DES SAVANES
201
0.4.
1.608
0.30
8,0 •
1UTPL. nm
48 277
100,00
538 884
100.00
11.1.
.
Tl!Ib18l!lu nO 8 • Superficie, production et rendement de manioc per rtgion en 19'0.
(Chiffres tirts de l'Enqulte Agricole 19701,
• Les chiffres de rend_nt IIlllrqués d' un·' astérisque sont obtenus par esUIIlllUcn,

- -
- - - - - -

IlItt.
-
- -
- -
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,
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1
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--
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-.
"•.2' ·ZDNI MAIII'Oc" DU 1·1 DU TOGO

49
La régénération des sols est encore possible dans cette zone avec la
pratique de la jachère •
• Zone C : elle comprend l'axe Aklakou - Attitogon - Zooti à l'extérieur
duquel la jachère l'emporte sur les cultures et le secteur de Zalive -
Togoville où la pratique de la jachère est importante.
Au total, l'arrière-pays d'Anexo pour BD % et la région de
Tsevié pour 20 % constituent l'aire géographique d'approvisionnement de
la féculerie de Ganave avec des espèces de manioc assez variées.
BI Variétés de manioc cultivées
Les principales variétés de manioc cultivées au Togo sont :
Ozoleawoba,
Seko, Goula et Kataoli. Seules les deux dernières intervien-
nent dans l'industrie parce qu'elles ont un taux de fécule important.
Alors que le Goula a un cycle végétatif court de douze mois,
le Kataoli avec un cycle végétatif long de dix-huit mois est, non seule-
ment la variété la plus abondamment cultivée mais aussi la meilleure. Ces
deux espèces de manioc sont des variétés douces à cause de la relative
sécheresse du climat. Elles ne demandent pas des techniques culturales
très perfectionnées.
"Le manioc se contente de ce qu'il trouve" a écrit Gilles SAUT-
TER. 1\\ dei Y'lL,: vivrière par excellenCe, l'Euphorbiacée alimentaire n 'est
pas une plante exigeante; elle constitue l'un des éléments dominants des
oaysages du plateau sédimentaire du Sud-Est togolais. Sa culture est
étroitement associée à celle du mals et se fait généralement par bouturage:
sur cent hectares de manioc, quinze hectares sont en culture pure, le reste
est en association avec d'autres cultures dont soixante-six hectares avec
le maIs seul (1).
L'assolement type, lorsqu'il est bien respecté est le suivant (2)
Le sol est préparé
~endant la saison sèche et ensemencé de mais au début
des pluies en avril ou en mai. Le maIs peut être récolté au bout de quatre
à cinq mois. Sans que le sol subisse aucune préparation, un deuxième semis
de mals se fait dès que commencent les pluies de la petite saison en sep-
tembre. Souvent, cette deuxième récolte qui se fait de décembre à janvier
(1) Enquête agricole 1970
(2) GUERNIER E. "Cameroun-Togo" (Encyclopédie de l'Afrique française) .Editions
de l'Union française 1951

50
est médiocre. C'est en ce moment que le terrain e&t préparé en billons
et en buttes. On prépare des boutures de manioc de vingt à trente conti-
mètres de long qu'on plante en lignes régulièrement réparties en avril
ou en mai (en association de culture, le manioc est planté dans le mais
en lignes intercalaires un peu avant la récolte). La plante reste, sui-
vant les variétés, sous terre en principe pendant douze à dix-huit mois.
Quand la récolte est terminée, on refend les billons et les buttes pour
en faire de nouveaux et replanter du manioc. Après ces cultures excessi-
ves, le terrain est presque épuisé
J
en passe alors à la culture de l'a-
rachide.
Autrefois, ces cultures excessives étaient suivies de jachères
qui permettaient à la terre de se reposer, ou de cultures de légumineuses
qui restituaient à la terre les éléments nutritifs extraits. Mais, depuis
que le commerce d'exportation s'est intéressé au tapioca à partir de
1934, les cultures se sont multipliées, entralnant une dégradation des
sols et une baisse sensible du rendement. Le manioc n'occupe le terrain
que pendant douze mois. Souvent les paysans, pressés d'argent et soucieux
de leurs cultures vivrières s'impatientent à disposer de leurs terres
aussi réduisent-ils à neuf ou dix mois la durée du manioc sous terre, de
manière à pouvoir effectuer la CWlture du mais de 1'année suivante. Le
manioc qui réussissait très bien dans les 5015 légers du Sud-Est du pays,
a fini par épuiser ceux-ci sous l'influence de ces cultures répétées.
L'exploitation sans apport de matières organiques fertilisante et chimique
a fini par entraver sérieusement la fertilité de ces sols et par diminuer
la production de manioc.dans la région.
,
1
Il serait difficile d'avoir une idée exacte de la production
~j
du manioc, sans les enquêtes agricoles de 1961-1962 et de 1970, du moment
qu'il s'agit d'une culture de base de l'alimentation qui est en même temps
une culture industrielle.
a) Production de manioc
Sur une production nationale totale de 690 263 tonnes de manioc
en 1961-1962, celle de la moitié méridionale s'élevait à 674 543 tonnes
(97,71 % de la production nationale) dont 91,93 % pour la seule Région Mari-
time. La part de la circonscription d'Anexo et de Vogan représentait 63%

51
de la production totale du pays. En 1970, la production nationale totale
s'élevait à 538 684 tonnes J la moitié méridionale du pays a produit
504 438 tonnes soit 93,80 % de la production nationale dont 60 % pour
la Région Maritime et 30,16 % pour les circonscriptions de Vogan et
d'Anexo (figure nO 24). Cette diminu~ion de la production est très sen-
sible dans la région d'Anexo et de Vogan et est liée à celle des super-
ficies cultivées et aux aléas climatiques de ces dernières années 1 elle
est de 31,93 % dans la Région Maritime et de 33 % dans les circonscriptions
d'Anexo et de Vogan.
Les rendements par contre ont augmenté sur toute l'étendue
du pays
de 7,6 tonnes à l'hectare en 1961-1962, le rendement national
passa à 11,1 tonnes à l'hectare en 1970 (1) àlors que celui de la Région
Maritime passa de 8,3 tonnes à l'hectare à 10,8 tonnes soit une augmen-
tation de 2,5 et celui de la Région des Plateaux de 2,6 en 1961-1962 à12
tonnes à l'hectare en 1970 (1).
Malgré cette hausse, les rendements demeurent quand même f~ibles.
Pour mémoire, en 1933 avant que le commerce d'exportation ne s'intéressât
au tapioca, le Service de l'Agriculture d'Anexo signala les rendements
da manicc suivants: vingt quatre tonnes à l'hectare sur terrain siliceux
et sous cocotiers et trente tonnes à l'hectare sur terrains silico-argi-
leux hors cordon littoral.
Ces chiffres tirés des deux enquêtes agricoles montrent l'im-
portance de la Région Maritime et surtout la prédominance des circonscrip-
tions d'Anexo et de Vogan dans la production de manioc du pays. Ceci n'Qst
pas surprenant pour qui cannait bien le Togo
alors que le sorgho et le
mil constituent la base de l'alimentation dans la partie septentrionale,
le manioc (sous forme de tubercule ou de "gali"(2) et le mais sont les
deux composantes de l'alimentation de la Région Maritime. Cette constata-
tion n'est d'ailleurs pas propre au Togo J dans la plupart des Etats cô-
tiers de l'Afrique de l'Ouest, les tubercules constituent essentiellement
la base de l'alimentation dans la partie côtière alors que dans le Nord,
l'alimentation est à base de céréales.
La production de manioc dans la moitié méridionale du Togo est
assurée par une main-d'oeuvre qu'il est impossible d'évaluer.
(1) Les chiffres de 1970 sont des estimations
(2) Le Gali est de la farine de manioc croustillante et légèrement acidulée: le
manioc est râpé, imbibé d'eau, pressé, fermenté puis grillé sans être brulé.

T
_
• • •
• • • • • •
• • • • • • •
• • • • • • •
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DU
MANIOC
~
R.OION
MARITIM.
L:.-:J
~
R.OION
DIS
PLATIAUX
~
o
"STI
DU
1000

52
6) La main-d'oeuvre
Il est difficile, voire impossible de déterminer l'effectif
de cette main-d'oeuvre car les artisans et les pêcheurs eux-mêmes sont en
même temps cultivateurs. Chaque famille dispose d'un ou plusieurs champs
que cultivent ses membres (hommes, femmes et enfants).
Au total, le manioc, par son utilisation domestique, artisana-
le, industrielle et commerciale joue un rôle économique de premier plan
car sa culture établit un li6n, comme nous le verrons plus loin, entre
l'économie de subsistance et l'économie monétaire. Cependant la culture
de cette plante vivrière ne va pas sans poser de sérieux problèmes à la
Région Maritime qui alimente toute seule l'usine de Ganave.
Ce problème a été étudié dans un rapport (1) qui souligne que
la baisse de la production et la faiblesse des rendements duψ une sur-
exploitation des terres dans la "zone manioc:~ entraîné une expérience
de la SDRAD Maritime. L'opération a commencé en 1971 et a pour but de
"tester" une expérience de régénération des terres de barre surexploitées
d'Anexo-Vogan. Le projet initial portait sur 125 hectares; la méthode
utilisée était destinée à être vulgarisée sur l'ensemble des terres de
barre de la Région Maritime. Cette opération est basée sur deux principes:
améliorer les techniques culturales par l'emploi de tracteurs, de charrues,
de déchaumeuses, d'engrais minéraux, établir une rotation permettant de
restituer aux sols dégradés des quantités importantes de matière organique
et enfin, faire participer activement les agriculteurs en regroupant leurs
terres, en leur faisant faire les travaux d'entretien de la culture, de la
récolte, et en leur demandant le remboursement des investissements réalisés.
Ainsi les cultivateurs doivent participer à l'opération, demeu-
rer maîtres de leur sol. de leur récolte et de leur travail, la SDRAD n'in-
tervenant qu'à
. titre
d'entrepreneurs de travaux mécaniques et de con-
seiller
technique. Dès la récolte, chaque cultivateur versera une somme
forfaitaire de 8 500 FCFA par hectare et par saison, somme représentant sa
participation à l'ensemble des interventions de la SDRAD (travaux mécani-
ques, fourniture de semences et d'engrais ••. ).
(1) "Les Problèmes socio-économiques dans les opérations de la SDRAD Maritime"
Rapport publié par le Service de l'Agriculture du Togo.

53
La rotation préconisée par la SDRAD Maritime est la suivante
1
mals (avec enfouissement de chaume)
0 année
Grande Saison des pluies
Petite Saison des pluies
mals (avec enfouissement de chaume)
Grande Saison des pluies
mais (avec enfouissement de chaume)
2° année Petite Saison des pluies
haricot
3°annéelGrande Saison des pluies : bouturage de manioc
Bien qu'au départ l'adhésion des cultivateurs soit difficile
par crainte de spoliation et par peur de suivre un assolement excluant
le manioc pendant deux ans, l'opération a, semble-t-il, sensibilisé
dans l'ensemble beaucoup de paysans et semble bien accueillie et suivie.
Une autre solution à ce problème de régénération de la terre
de barre du plateau consisterait en la pratique d'une jachère arbustive
de longue durée mais ne serait pas compatible avec la pression démogra-
phique qui s'exerce dans la région. Seule l'utilisation d'engrais orga-
nique et chimique permettrait de limiter rapidement les désavantages du
système de culture en vigueur dans la région.
Avec le manioc et le mais, le palmier à huile constitue l'élé-
ment dominant des paysages du plateau sédimentaire du Bas-Togo.
2 - Le palmier à huile
D'origine africaine. le palmier à huile, "Elaeis Guineensis"
tient une place importante dans le paysage rural du Togo méridional. Comme
le manioc, le palmier à huile est une plante vivrière et industrielle
dont la culture présente des exigences à l'égard de deux facteurs (1)
climatiques et pédologiques.
a) Conditions climatiques
Elles sont au nombre de trois :la température, la pluviosité et l'ensoleil-
lement.
(1) Renseignements extraits de :"Le Palmier à huile" de SURRE Ch. et ZILLER R.
1963 243 pages.

54
- La température - Le palmier à huile exige des températures minima pas
trop basses : une moyenne annuelle comprise entre 25° et 28° avec des
minima mensuels supérieurs à 18°.
- ~a pluviosité - En matière d'alimentation hydrique, une quantité moyen-
ne d'eau de 150 mm par mois est indispensable à la plante tout au long
de l'année.
- Ensoleillement - Plante nettement héliophile, le palmier à huile a be-
soin, pour un bon développement, d'une durée d'ensoleillement d'environ
deux milles heures par an.
Schématiquement, l'influence de ces trois facteurs est ainsi
résumée (1) :
émission foliaire
Température
production (en nombre) de régimes
émission foliaire
Pluviosité
production (en ~ombre) de régimes
poids moyen du régime
photosynthèse
Ensoleillement
maturité des régimes
teneur en huile sur pulpe
Si les conditions d'ensoleillement et de température sont
favorables à la culture de l'Elaeis Guineensis dans le Togo méridional,
l'alimentation hydrique par contre constitue le facteur principal limi-
tant les rendements.
En plus de ces conditions climatiques, il faut mentionner aussi
les conditions pédologiques.
~) Conditions pédologiques
La qualité du sol joue un rôle important dans la culture du
palmier à huile.
Sur le plan physique, ce sont les sols à texture sableuse à
sablo-argileuse et argilo-sableuse, de profondeur supérieure à 1,20 m qui
(1) SURRE Ch. et ZILLER R.: "Le palmier à huile"

.0 ....
.. .... LO• •
..
..
..- ...
".. :a.
CULTU..
DU .ALMI" A MUILi
DANI
L'
IUD.TOGO

55
sont susceptibles de porter de beaux palmiers car le caractère de ces
sols leur donne une perméabilité à l'eau très bonne et une évaporation
rapide en saison sèche.
Sur le plan chimique, le palmier à huile S~aCCOl11mode bien des
sols lessivés, faiblement saturés en base, des sols riches en humus et
en éléments nutritifs bien équilibrés. Ces bonnes conditions ne se ren-
contrent que dans quelques régions du Togo.
a) L'aire culturale du palmier à huile
Disséminés à travers tout le Togo, les palmiers à huile ne se
rencontrent, en peuplements serrés 'que dans la moitié méridionale du Togo
(figure n° 25).
Suivant la pluviométrie deux zones sont à distinguer :
- une zone à faible pluviométrie - c'est la zone côtière dont la limite
nord est voisine d'Adzahoun, Tsevié et Tabligbo. Elle est caractérisée
par une pluviométrie déficitaire inférieure à 1 100 mm d'eau par an et
constitue une aire marginale pour le palmier à huile. Cette zone comporte
plusieurs secteurs (figure nO 26).
-la vallée du Zio avec ses terres alluviales, excellentes pour la cul-
ture de l'Elaeis Guineensis 1 l'huilerie d'Alokoegbe est implantée dans
ce secteur.
-la riche vallée du Mono où le site privilégié de la palmeraie est le
bourrelet de berge du fleuve (figure n° 27) ; la production de cette pal-
meraie isolée des flux de ramassage des noix alimente la fabrication arti-
sanale de l'huile de palme.
-le plateau de terre de barre aux terrains sédimentaires rouges ou joue
la trilogie manioc-mais-palmier à huile. Alors que les palmeraies d'Anfouin
et de Vogan sont à vocation vinicole (la rareté d'eau ne facilitant pas
la fabrication de l'huile artisanale), celles de Tabligbo-Tchekpo ont com-
mencé à alimenter l'huilerie d'Alokoegbe avec l'ouverture de la route Ta-
bligbo-Tsevié.
Les palmeraies de ces deux derniers secteurs prolongent celles
du Dahomey.

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56
Au nord de la zone à faible pluviométrie, s'étend une zone
aD les conditions pluviométriques sont meilleures.
- la zone à pluviométrie moyenne - Située au nord de la précédente et
s'étenda~t jusqu'à la latitude d'Atakpamé, cette zone reçoit environ
1 400 mm de pluie et davantage. Sur les basses pentes du Mont Agou et
du Plateau d'Akposso entre Kpalimé, Agou et Atakpamé, l'Elaeis Guine-
ensis bénéficie grâce au relief, de bonnes conditions pluviométriques.
Les pluies augmentent de l'Est à l'Ouest c'est-à-dire de la plaine à
la montagne, permettant une meilleure répartition des palmiers. Au
total, les données pluviométriques font apparaltre ce secteur de la
Région des Plateaux comme nettement plus favorable pour la culture du
palmier à huile.
L'élaéiculture dans la moitié méridionale du Togo concerne
les palmeraies naturelles et les palmeraies sélectionnées sur des su-
perficies variables.
- étendue des palmeraies -
-les peuplements naturels - Ces peuplements se présentent en :
.palmeraie claire avec des palmiers isolés difficilement accessibles à
cause de la densité et de la hauteur des graminées,
.palmeraie subapontanée développée dans les champs aux abords des villages
(Tsevié, Agou, Tabligbo par exemple) 1 la densité moyenne des palmiers
permet la culture du mals •
•palmeraie plantée dans les vallées du Zia, de l'Amou, du Mono et sur le
bourrelet de berge de ce dernier aD la forêt a été anciennement abattue 1
les plants y sont jeunes et très serrés.
Selon l'enquête agricole par sondage de 1961-1962. les palmiers
en plantations serrées sur l'ensemble du pays couvraient une superficie
de 42 237 hectares dont 42 016 hectares soit 99,4 % dans la moitié méri-
dionale (68.7 % dans la Région Maritime et 30.7 % dans celle des Plateaux).
La circonscription administrative de Tsevié était en tête avec 24.4 % de
la superficie totale du pays cultivée en plantations serrées. suivie par
celle de Notse. En palmiers disséminés., on comptait 921 000 arbres pro-
ductifs dont 72 % dans la Région Maritime et 9 % dans celle des Plateaux
(tableau 9). L'enquête agricole de 1970. plus récente. ne fait pas
mention de la superficie cultivée en palmiers.
La seule donnée récente dont nous disposons estime à 70 000 hec-
tares (1)
la superficie totale occupée actuellement par la palmeraie natu-
(1) Bulletin de l'Afrique Noire nO 767

57
relIe togolaise: 8000 hectares dans le secteur dL Vogen. 12 000 hectares
dans celui de Tabligbo et 10 000 dans la vallée du Mono (1).
Bien que les chiffres de l'enquête agricole de 1961-1962 soient
anciens. ils illustrent quand même l'importance de chaque région dans la
culture de palmiers naturels au Togo. A cette superficie de palmeraies
naturelles. il faut ajouter celle des palmeraies sélectionnées dont l'ins-
tallation est très récente.
- la palmeraie sélectionnée - Dans le but de satisfaire les besoins du
pays et d'assurer une certaine exportation à l'étranger. le palmier à
huile en palmeraie sélectionnée constitue un des programmes agricoles les
plus importants du Togo. confié à la SDNAPH.
La SONAPH - Société d'Etat à 100 %. créée en 1968 par la fusion
de la Société Togolaise d'Extraction d'H~ile de Palme (SOTEHPA) et du
Secteur Palmier, la SONAPH (Société Nationale pour le Développement de
la Palmeraie et des Huileries) a essentiellement pour but de promouvoir
le développement de la palmeraie sélectionnée au Togo. d'améliorer la
palmeraie naturelle. de s'occuper de la gestion de l'huilerie actuellement
en fonction à Alokoegbe.
Ce programme d'envergure de plantations de palmiers sélection-
nés entrepris par la SONAPH. est financé pour près d'un milliard de FCFA
par le Fonds Européen de Développement ; il concerne aussi bien les plan-
tations villageoises que les blocs industriels ou plantations domaniales
(cf. tableau nO 10).
les plantations villageoises : elles couvrent 2 000 hectares
dont 800 hectares dans le secteur Alokoegbe-Keve (Région Maritime) et
1 200 hectares dans le secteur Agou-Adeta (Région des Plateaux). Selon la
méthode de plantations villageoises. les palmiers sélectionnés sont plantés
pour quatre ans sur les terres appartenant aux villageois. A la fin de la
quatrième année. la terre et la plantation reviennent au propriétaire avec
une redevance de 40 000 fCFA par hectare. le prêt peut être différé de
cinq ans; mais à partir de la cinquième année, le propriétaire s'engage
à livrer la production de la plantation à lé SONAPH.
Les plantations domaniales ou blocs industriels couvrent une
superficie de 1 500 hectares et sont localisées dans le secteur Agou-Adeta
(1) ~Etude de la palmeraie dans le cercle d'Anécho" de M. JOANNY cité par
ANTHEAUME B. dans "Palmeraie du Bas-Togo" (Cahiers d'Etudes Africaines
nO 47)

58
CIRCONSCRIPTIONS
EN PLANTATION SERREE
EN lIESSEIlINES
ET
Ncmbre des arbree
NlIIIlbre dee arbres
,
REGIONS
Superflcie en I>e
productifs
non praducUfa
LOtE
1 571
3,7
105 000
1SC CCQ
AHEXO
9 069
21,4
324 000
480 ~OQ
TASLIGBO
8 105
19.2
20 000
42 000
TSEVIE
10 305
24,4
219 000
144 000
TOTAL REGI~ IlARITIPE
29 050
68,7
688 000
796 000
ATAKPAIlE
1 8'4
4,3
16 000
74 000
AKPOSSO
163
0,4
32 000
34 000
NOTSE
6 736
23,1
20 000
33 000
KLOTO
1 253
2.9
21 000
29 000
TOTAL REGION DES PLATEAUX
12 966
89 500
170 000
TOTAL REGION CENTRALE
221
30.7
182 100
120 500
TOTAL REGION lIES SAVANES
O,f}
1 500
1 000
TOTAL SAVANES
42 237
OC
921 100
1 087 500
~ableau nO 9
-
Culture du palmier à huile en plantQt~on serrée et en disséminée au Togo.
(Enquête agricole de 19~1-1g52).
il
BLOCS INDUSTRIELS OU
SECTE~
PERIOŒ
PLANTATIONS VILLAGEOISES
PLANTATIONS DOIIANIALES,
;
1
Aillon ..rit1n8 1
ALOKOEGEII! • KEVE
1987-1989
500 ...
1870
300 lia
R"ion cie. platu.",
AGllU - AŒTA
1970-1971
1 300 ...
1972
400 ...
200 ...
1873
1100 ...
TOTAL
ltH17-1873
2000 ...
1500 ...
TllblMÙ nO 10 - Superfic1e da pel...rela eélectton.... au TOlO (1)
.
(1) Ran"llnaMent. recuall11e ou coure da l'enqulte • la ~.

59
dans la Région des Plateauxl notons qu'un projet de 1 500 hectares de
blocs industriels de palmier à huile est prévu dans la région de Tabligbo.
Le problème de déficit pluviométrique de cette région doit attirer l'at-
tention de la SoNAPH sur la rentabilité de ce projet.
L'installation de ces plantations domaniales constitue le début
d'une"agro-industrie"en matière
d'élaéiculture au Togo. Le pays a accu-
sé du·retard sur des pays comme la
Côte d'Ivoire ou le Dahomey qui ont
développé plus tôt des blocs industriels en vue de l'alimentation de leurs
huileries. Ainsi au Dahomey. deux "blocs industriels" de palmiers. l'un
à Gbada couvrant une superficie de 1 500 hectares et l'autre à Agonvy
occupant 650 hectares ont été installés depuis 1955-1956 (1). Ces planta-
tions sont entrées en production depuis 1960 et alimentent les huileries
du Bas-ouémé. Celles installées dans la moitié méridionale du Togo n'ont
pas encore commencé à produire. Aussi. comme nous l'étudierons plus loin.
l'approvisionnement de l'huilerie d'Alokoegbe· est-il assuré uniquement
par la production des palmeraies naturelles.
Les palmiers proviennent de plusieurs variétés de noix de palme.
Bl Variétés de noix de palme
Les graines plantéés au Togo sont livrées par l'IRHD (Institut
de Recherchesdes Huileries et Oléagineux) de la station de Pobé au Dahomey.
En plus des palmiers naturels. les principales variétés pro-
viennent du croisement dit "inter-origine" Dura (origine Dehli)xPisifera
(origine Afrique) (2) 1 les descendances obtenues donnent des palmiers
Tenera.
La variété Dura à grosse amande. donne un maximum de 9 %
d'huile de palme par régime de noix. alors que la variété Pisifera à petite
amande. est très riche en huile de palme rouge (40 % d'huile par régime
de noix). La reproduction de la variété Pisifera n'est pas assurée et est
en voie d'extinction. La variété hybride Tenera donne quant-à elle. 20 %
d'huile. En général. les palmeraies du Sud-Togo ne sont l'objet d'aucune
façon culturale particulière de la part des cultivateurs.
, (1) PELISSIER Paul :"Les Pays du Bas-Ouémé : Une région témoin de Dahomey
méridional". Travaux du Département de Géographie nO 10. Union Française
d'Impression p. 142.
(2) "Progranme de Développement de la Culture du Palmier à Huile au Sud-Togo"
IRHD-LOME Décembre 1967 Document nO 610.

60
a) Dans les palmeraies naturelles
Les techniques agricoles y sont traditionnelles et sont carac-
térisées par la pratique d'une culture mélangée: le plus souvent. les
cultures vivrières destinées à l'autoconsommation sont étroitement asso-
ciées à la culture du palmier à huile. En 1961-1962. sur 42 016 hectares
de palmiers à huile dans la moitié méridionale du Togo. seuls 16 075 hec-
tares étaient en culture unique 1 le reste soit 61.7 % étaient en associa-
tion de cu 1ture.
Les cultivateurs travaillent la terre. font des butages et
attendent le début de la grande saison des pluies pour mettre en place
les palmiers afin que les plants eient un système radiculaire bien ins-
tallé avant le début de la saison sèche. Une fois les plants mis en place.
l'entretien est inexistant de la part du cultivateur.
La vie de lé pelmeraie naturelle est régie par le cycle sui-
vant (1)
- de 1 à 5 ans : les jeunes palmiers à huile à forte densité (plus de
1 000 pieds à l'hectare) sont associés aux cultures vivrières entourées
par des haies pour éviter les ravages des rongeurs. Les palmiers commen-
cent à produire des noix de palme à la cinquième année.
- de 6 à 10 ans
les cultures vivrières s'amenuisent progressivement et
l'on commence à procéder à l'abattage des arbres en vue de produire du
vin de palme "Deha" et clandestinement de l'alcool "Sodabi
- de 10 à 15 ans : les cultures vivrières ont disparu et les arbres sont
vendus à seule fin de produire du vin de palme.
- de 16 à 25 ~ns
les abattages successifs réduisent la densité à deux cents
puis à cinquante arbres à l'hectare. Dans la mesure où il y a des collectes
organisées. l'exploitation s'oriente de nouveau vers la production de
régimes de noix et on recommence la mise en culture de nouvelles cultures
vivrières.
- au delà de 25 ans
le nombre de palmiers est réduit à quelques unités
à l'hectare. les cultures vivrières dominent à nouveau et le cycle recom-
menCe.
(1) "Infrestructures industrielles Alokoegbe-Agou - Lomé" GIREC Février 1972
Bruxelles 145 p.

61
Dans les palmeraies sélectionnées par contre, les techniques agri-
coles sont tout autres.
6) Dans les palmeraies sélectionnées
Les techniques agricoles sont modernes,
scientifiques
et
sont vulgarisées dans les plantations par la SONAPH. Cette dernière
agit avec son propre matériel et avec l'aide d'une main-d'oeuvre salariée
comme une véritable société d'entreprise.
Les différentes opérations consistent à défricher le sol, â
niveler le terrain (le terrain choisi ne doit pas avoir un relief trop
mouvementé) •
Quant aux graines sélectionnées germées, elles sont repiquées
en pré-pépinières pendant quatre mois puis en pépinières (dans des sacs
en plastique) pendant neuf à
dix mois. Après cette période, les plants
obtenus sont mis sous terre l la période favorable pour la mise en place
des plants se situe entre le
15 Avril et le 25 ou 30 Mai. (Ces dates,
selon la SONAPH, ont été fixées à la suite de nombreuses expériences fai-
tes au Dahomey). On plante 160 palmiers à l'hectare: huit mètres sur
la ligne et sept mètres en quinconce.
Après la mise en place des plants, un système d'arrosage est
installé en vue de maintenir les palmiers à huile dans les conditions
hydriques idéales.
L'emploi d'engrais est chose ~ourante dans ces plantations.
Grillage et appâts empoisonnés permettent de lutter contre les rongeurs.
Contre les mauvaises herbes, des plants de couverture tel que
le pularia (légumineu~qui donne beaucoup d'humus) sont plantés entre
les palmiers.
Dans l'ensemble, les palmeraies, qu'elles soient naturelles
ou sélectionnées s'étendent sur des parcelles beeucoup plus vastes que
celles portant la culture de manioc, ceci pour deux raisons l première-
ment, le feuillage volumineux de l'Elaeis Guineensis exige beaucoup d'DS-
pace, deuxièmement la plupart des secteurs occupant les plantations (la
vallée du Zio, celle du Mono, la Région des Plateaux) disposent encore
assez d'espaces, contrairement au plateau de terre de barre du Sud-Est.
Si les plantations sélectionnées sont beaucoup plus entrete-
nues et plus c~ntralisées que les palmeraies naturelles, il n'en est pas
moins vrai que ce sont ces dernières qui fournissent toute la production
élaéicole du pays.

62
a) La production de noix de palme
- Palmeraies naturelles - L'enquête agricole la plus récente. celle de
1970. ne faisant pas mention de l'élaéiculture. il est difficile d'établir
la production de noix de palme par région.
Divers organismes ont. cependant. fait des évaluations (1) :
les plus pessimistes évaluent le potentiel à 120 000 tonnes de régimes
par an J les plus optimistes à 200 000 tonnes de régimes par an pour
l'ensemble du Togo (soit un rendement d'environ 2.5 tonnes de régimes à
l'hectare). Le maximum de production est atteint pour la palmeraie natu-
relle en mars et seule une partie de la production annuelle de noix est
livrée à l'usine. Ce problème sera étudié plus loin.
- Palmeraies domaniales - Elles ne produisent pas encore. Les premiers
régimes des plantations industrielles ne seront récoltés qu'en 1975-1976.
a) La main-d'oeuvre
- Dans les palmeraies naturelles - L'évaluation de l'effectif de la main-
d'oeuvre dans les palmeraies naturelles de la moitié Sud-Togo est difficile'
à établir en raisQn de l'hétérogénéité de cette population active.
- Dans les plantations sélectiqnnées -
Le travail est assuré par des
"paysans ouvriers" qui travaillent à mi-temps dans les plantations doma-
niales et à mi-temps chez eux. Ces "ouvriers" forment des équipes de vingt
à vingt cinq personnes avec à la tête un chef d'équipe. Leur nombre varie
aelon ~es travaux. En Juillet 1973 (2). le nombre était de 2 800 personnes.
Après cette période de pointe. l'effectif est redescend4 à 500 - BOO.
En période normale. l'entretien des palmiers nécessite quarante
journées par homme par hectare. Les "ouvriers" travaillent quarante heures
par semaine à raison de huit heures par jour et touchent un salaire horaire
de 33.90 FCFA.
Pour l'installation des plantations villageoises. les propriétaires
étaient sOUvent employés comme
"ouvriers salariés" sur leurs propres terres
ce qui constituait pour eux une source de revenu temporaire.
(1)
"Infrestructures industriellss Alokoegbe-Agou-Lomé". GIREC Février 1972
Bruxelles 145 Pl
(2)
Renseignements recueillis à la ~ONAPH


63
La configuration géographique du Togo, du Golfe du Bénin à la
zone soudanaise explique le fait qu'on y cultive une importante variété
de plantes oléagineuses dont le palmier à huile que nous, venons d'étudier
et l'arachide.
3 - L'arachide
Légumineuse d'origine américaine, l'arachide, "Arachis hypogea"
a été introduite systématiquement en 1935 au Togo grâce au Gouverneur
Léan GEISMAR (1). Celui-ci voyait par analogie avec le Sénégal, des pro-
ductions agricoles possibles pour la moitié septentrionale du pays soumise
à la monoculture du mil. Très vite, la culture descendit vers le Sud.
Aussi, l'arachide est-elle cultivée un peu partout au Togo et a-t-elle
l'avantage d'être, elle aussi à la fois, culture vivrière et industrielle •.
La plante réussit très bien dans les régions à longue sécheresse.
a) L'aire culturale (cf. figure nO 28)
Cultivée un peu partuut au Togo, l'araLnide réussit très bien
dans la Région Centrale et dans la Région des Savanes situées dans la
moitié septentrionale du Togo et qui occupent à elles deux 73,7 % de la
superficie nationale cultivée en arachide. Cette importance est due sur-
tout è la sécheresse du climat dans cette partie du pays.
Dans la moitié méridionale du Togo, la région où l'arachide
réussit bien est celle de Notsé J la culture y est développée grâce à
Monsieur NASSIF, commerçant libanais, qui a assuré avec le Chef de la
Circonscription Agricole
la diffusion des semences (1). Selon l'enquête
agricole de 1970, les superficies cultivées sont ainsi réparties (cf.
tableau nO 11) : sur 32 052 hectares d'arachide, 7 505 hectares soit
23,4 % (5,9 % dans la Région Maritime et 17,5 % dans la Région 'des Pla-
teaux) sont situés dans la moitié méridionale du pays 1 la circonscrip-
tion de Notsé occupe à elle seule 15% de la superficie nationale cultivée
en arachide soit plus de la moitié des 7 505 hectares cultivés en arachide
au Sud Togo.
(1) CORNEVIN Robert "Histoire du Togo". Edition Berget-Levrault 1962 437 p.

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64
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Nem
180
0.5
98
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8 •
TAlUG8lI
802
2.5
421
1.3
8 •
TSEVIE
300
0.9
180
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VllGNI
454
1.4
272
O. !
8 •
TOtAL REGIllN MRITIIIE
1 888
5.9
1 071
3. ~
Il •
,
ATM.PN'E
118
0.4
83
0.3
7 •
MPOSSO
183
0.5
114
O. ~
7 •
IIllSE
4 824
15
3 377
10. e
7 •
tc.LOTO
514
1.8
380
1.1
7 •
10lAL REGION lIES PUlTENJX
5819,
17.5
3 834
12.'
7 •
TOTAL REGION CENTRALE
8 258
28.9
7 408
23.f
8 •
TOTAL REGIllN œ LA lWlA
833
2.8
748
2.~
• •
10lAL REGION œs SAVNeS
14 358'
44.8
18 172
58
11.5
.
100.1
8.7
TOTAl TOGO
32' 852
100.0
31 328
Tableau 11 . - Superficie. produ.ction et rendellle'nt d'arachide d'corUqu'e
eu Tala (Enquit. elrlcole de 1870)
• Eull11aUon.
Bl VariéUs
les variétés d'arachide les plus connues au Togo sont -Kemelo-
et -Moto·. Cette dernière constitue .la principale variété J elle a un
cycle végétatif co~rt et. est vulgarisée dans toute l'étendue du pays,
Comme pour les autres cultures, l'arachide se cultive suivant
des techniques et dans des conditions propres à elle.
bl ~~D~!~!9~!_!~_~!~~~!9~!!_~~!!~~~!!!-
a) les conditions culturales
l'arachide est une plante peu exigeante.qui. du p~1nt de vue
climatique. s'adapte à toute région sufflsemment .chaude (28 à 32 0)
pourvu que la 8ai80n des pluies' soit suffisamment longue: trois mois
au moin8.
Une quantité de pluie de 500 à 600 mm suffit pour mener la
plante à bien, pourvu que les pluies soient bien réparties. Du point
de vue pédologique, l'arachide préfère les sols sablonneux et silico-
arsileux légers.
Ces conditions remplies, la plante exige peu de techniques
culturales.
~) Les techniques culturales
la culture de l'arachide est simple et s'effectue surtout

65
pendant l'hivernage. Elle consiste en des opérations suivantes:
Pendant les mois de mars ou d'avril, la terre est défrichée ,_
à la première pluie, le cultivateur sème les graines dans des trous
disposés en quinconce et distants les uns des autres d'environ trenta
centimètres. La germination très rapide, s'effectue an huit ou
di~
jours. Pendant que la plante sort et que les fleurs jaunes apparais-
sent, le cultivateur procède au binage de la parcelle et enlève les
herbes envahissantes (opération indispensable pour le bon développa-
I
ment du fruit). Ce des herbage se fait plusieurs fois au cours du cycle
végétatif 1 ainsi, ~and les tiges d'arachide couvrent complètoment le
chêmp:, le cultivateur enlève à la main les mauvaises herbes afin d'évi-
ter de briser les pédoncules des fruits. Quatre mois environ après les
semailles, les fruits sont mûrs et sont récoltés après arrachage des
plants. Ensuite commence le battage pour séparer la graine d'arachide
des pailles et du sable.
Toutes ces opérations s'effectuent dons un laps de temps
assez court. En général
la culture de l'arachide entre dans les assole-
ments, entre les céréales et la jachère, parfois ent~e deux céréales.
Elle ne demande pas de soins prulongés ni d'efforts continue.
Dans la Région Maritime, l'emploi expérimental des phospha-
tee de Kpemé pour enrichir la terre a donné de bons résultats pour la
production.
a) La production d'arachide
Au cours de l'enquête agricole de 1970, sur une production
nationale totale d'arachide de 31 329 tonnes, 16 % revenaient à la moi-
tié méridionale du pays (3,5 % dans la Région Maritime et 12,6 % dans
c~lle des Plateaux). La circonscription de Notsé était en têté dans le
Sud-Togo avec 10,8 % de la production nationale (tableau 11). Le tableau
révèle l'importance de la moitié septentrionale dans la production natio-
nale d'arachide (58 % du total pour la Région des Savanes) J c'est ce q~~
explique l'extension de la zone d'approvisionnement de l'huilerie d'ar.a-
chide à la Région des Savanes.

66
Les rendements sont faibles et varient d'une région à l'autra
celui da la Région Maritime estimé à 6 quintaux à l'hectare, est le plus
faible et est inférieur au rendement national (9,7 quintaux à l'hectare).
Le plus fort rendement revient à la Région des Savanes avec 11,5 quintaux
à l'hectare. Au total, le rendement d'arachide augmente du Sud vers le
Nord du fait que le climat devient de plus en plus sec au fur et à mesure
qu'on monte vers le Nord.
La production est autoconsommée en partie ; une autre partie
est exportée et le reste alimente l'huilerie d'arachide du pays.
Alors que nou~ disposons des statistiques pour la production
il n'en est pas de même avec la main-d'oeuvre.
a) La main-d'oeuvre
Elle échappe à toute estimation statistique sérieuse ; le même
cultivateur peut cultiver aussi bien du manioc, du palmier à huile, des
céréales que de l'arachide. Qu'en est-il du coton, quatrième production
agricole entrant dans le développement industriel du pays ?
4 - Le Coton
Appartenant à la famille des Malvacées, le cotonnier (Gossy-
pium) est à l'heure actuelle, la plante dont le fruit constitue la ma-
tière textile la plus importante du Togo.
La texture des sols et le climat conditionnent beaucoup le
développement de la plante.
a) Les conditions climatiques
Chaleur et p1uios sont indispensables pour la croissance de
la plante.
- Régime de pluies et humidité -
Le coton est une plante dont le besoin
en eau est important durant sa croissance. Pour croitre, les graines ont
besoin d'une humidité naturelle ou d'une humidité par irrigation. La plu-
viométrie ne doit pas être excédentaire pendant la dernière période de ma-
turation de la plante (des pluies abondantes feraient pourrir les graines
et entraveraient la récolte) ; au Togo les régions où pousse le coton ne
reçoivent pas plus de 1 400 mm de pluie par an. La réussite de la culture

67
dépend de la régularité du régime des pluies et aussi des conditions
thenniques.
- Chaleur - Pour la maturité de la plante, pour que les capsules mOris-
sent. la chaleur est indispensable dans la culture de cette plante tex-
tile. Les régions togolaises productrices de coton ont une température
moyenne annuelle de 26 à 27°.
S) Conditions pédologiques
Les qualités physiques du sol sont importantes car elles per-
mettent ou excluent la culture de la plante.
Dans la moitié méridionale du Togo, les conditions idéales
pour la culture du coton sont rencontrées sur les terres noires et
légères du secteur Anie-Mono dans la Région des Plateaux.
Sur le plan chimique, étant donné que la culture du coton est
très épuisante pour le sol, il faut des terres très riches
qui exigent
des traitements de restitution comme la potasse et l'acide phosphorique.
Ces conditions pédologiques et climatiques limitent l'aire
de la culture au Togo.
b)
~~~!~~_~~!~~~~!~_~~_!~~_~~~!~~~~_~~_~Q~Q~

~) L'aire culturale
Dans la moitié méridionale du Togo, la "zone cotonnière" est
constituée par les circonscriptions de Notsé, d'Atakpamé et d'Akposso
car c'est dans ces secteurs qu'on trouve les conditions idéales de cul-
ture [figure n~ 29).
L'enquête agricole de 1970 n'est pas complète en matière de
culture de coton. Elle mentionne une superficie totale de 16 563 hectares
cultivés en coton dont 13 086 hectares dans la Région des Plateaux, 3 233
,
hectares
dans la Région Centrale, 244 hectares dans la Région de la Kara
alors que la superficie cultivée dans la Région Maritime et celle de la
Région des Savanes ne sont pas mentionnées. Sur les 13 086 hectares culti-
vés dans la Région des Plateaux, la circonscription de Notsé en occupe plus
de la moitié [7 489 hectares) et celle d'Atakpamé 5 411 hectares.
Les variétés cultivées sont par contre mieux connues.

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DU
COTON
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6e
B) Les variétés de coton
Deux principales variétés de coton sont cultivées au Togo :
- Le "Mono"- Variété traditionnellement cultivée par les paysans togo-
lais et connue dans d'autres pays de l'Afrique de l'Ouest, le "Mono"
a fait autrefois du Togo, le principal producteur de coton de l'Afrique
Occidentale. Cette variété porte le nom du principal fleuve du Togo et
se caractérise par une fibre assez grosse. En mélange, elle renforce
la résistance des tissus et intéresse l'industrie textile.
Actuellement, la culture du coton Mono domine dans la partie
sud du pays. C'était la seule variété cultivée jusqu'en 1961, date de
l'introduction d'autre
variété,.
- La variété "Allen" - Elle est répandue dans le Nord du pays. Sa fibre
est beaucoup plus longue que celle du Mono.
Contrairement aux autres cultures, le coton demande, pour se
développer, des soins continus et minutieux.
Le coton est une plante annuelle cultivée dans de nombreux vil-
lages, à proximité des cases ou dans des champs, le plus souvent associé
aux cultures vivrières.
Dans la moitié méridionale du Togo, la plante est développée
en culture sèche et nécessite les opérations suivantes : préparation du
501 et semis des graines. Cette dernière opération diffère suivant que
la culture est unique ou associée à d'autres plantes.
Dans le cas de cultures associées, l'association se fait sur-
tout avec l'igname. Cette dernière plantée généralement en mars atteint
un fort développement vers mai-juin. Le cultivateur fait alors un léger
binage dans les "gleta" ou fermes d'igname et sème quatre ou cinq graines
de coton dans un poquet fait avec le talon au 1/3 de la hauteur de chaque
butte (1). Au bout de cinq à six jours, les graines germent. Quand les
plantes atteignent vingt à vingt cinq centimètres de hauteur, on les éclair-
cit en ne laissant qu'un ou deux pieds par butte.
(1) GUERNIER E. "Cameroun-Togo"
(Encyclopédie de l'Afrique Française). 'Editions
de l'Union Française 1951.

69
Dans le cas de culture unique, les semis ont lieu vers
Juin-Juillet. Les cultivateurs laissent trois à quatre cotonniers par
butte au lieu de un ou deux. La durée de la végétation est de six à
sept mois. La ,plante exige durant toute sa végétation des pluies fréquen-
tes et régulières.
Ensuite a lieu la cueillette, opération la plus longue et
la plus délicate de la culture du coton. Elle se fait pendant la saison
sèche de janvier vers avril et nécessite la collaboration de toute la
famille : hommes, femmes et enfants.
La "vocation cotonnière" d'antan du Togo est révolue J aussi
la production du pays est-elle actuellement la plus faible d'Afrique
Occidentale avec celle du Niger (1).
a) La production de coton
Peu de statistiques récentes donnent la part respective de
chaque région économique. L'enquête agricole de 1961-1962, mentionne une
production nationale de 8 463 tonnes dont 5 200 tonnes pour la seule cir-
conscription d'Atakpamé.
Le tableau nO 12 nous donne une idée de l'évolution d'ensemble
de la production nationale. La production de coton-graine a été très fai-
ble au cours des campagnes agricoles 1968-1969, 1969-1970, et 1970-1971 J
cette baisse est due à des conditions météorologiques très défavorables
en 1968-1969 par exemple, 1 400 mm de pluies ont été enregistrées entre
mai et octobre à la station Anie-Mono (région d'Atakpamé) dont 309 mm pour
le seul mois d'aoOt (2). En 1968, la pluviométrie a été abondante et mal
répartie au cours de l'année. Cet aléa
météorologique a continué jusqu'en
1970 et a beaucoup joué sur la production de coton. La production de 1973-
1974 a par contre progressé grâce à une bonne campagne climat~que.
Le tableau révèle aussi la prépondérance de la variété Allen
sur la variété Mono et la progression de la production de coton-fibre.
Celle-ci a presque doublé de 1968-1969 à 1973-1974.
(1) Bulletin de l'Afrique Noire nO 811
(2) "Rapport 1968-1969 de la Station d'Anié-Mono". Section de Phytotechnie
L. COUTEAUX, PL LEFORT, E. KUAKUVI.IRCT 73 p.

70
VARIETES
1968-87
1987-88
1968-89
1969-70
1970-71
1971-72
1972-73
1973-74
COTON-GRAINE
ALLEN
182 T
550 T
1 36!l T
2 356 T
3 913T
5 837 T
4 475 T
6 920 T
/IllIlO
9 235 T
9377 T
3 946 T
2 818 T
1 848 T
1 228 T
1 409 T
1 890
TarAL CDTON GRAINE
9 417 T
9 927 T
5 308 T ,
4 974 T
5 581 T
7 065 T '
5 864 T
8 810 ,
COTllN-FIBRE
1 917 T
1 918 T
2 D90 T
3089 T
2 204 T
3224 ,
Tableeu n" 12 - Production nationals ds coton (1966-1974).
Chiffres sMtrftits du 'Bullstin ds l'Afrique Noirs' nO 811.
La production nationale de coton est assurée par une mein-
d'oeuvre difficile à évaluer.
B) La mein-d'oeuvre
Comme pour les autres productions, l'effectif de 18 mein-
d'oeuvre n'est pas connu'et reste difficile à estimer. Tout ce qu'il
faut retenir c'est que contrairement aux autres cultures. le dévelop-
pement du coton nécessite une importante mein-d'oeuvre surtout pour
la cueillette qui doit se faire vite avant la saison des pluies, Aussi
tous les membres de la famille. aidés souvent par des "ouvriers agri-
coles8 participent-ils aux opérations. Principale matière textile ali-
mentent l'industrie textile du pays. le coton 8 nécessité. pour se dé-
velopper, d'lmportants efforts techniques.
Ces efforts sont conjugués par divers organismes,
Il) l'IRCT
L'IReT. Institut de Recherches du Coton et des Textiles exo-
tiques a installé une station expérimentale à Kolokofé (Région des Pla-
teaux). Cette station livre des semences sélectionnées en vue d'em6liorer
les variétés et la qualité des fibres.
S) La C.F.D.T.
La Compagnie Française pour le Développement des fibres Texti-
les (C.F.D.T.) est un Institut spécialisé qui s'occupe de la vulgarisa-,

71
tian des variétés améliorées et de l'écoulement de la récolte.
w) La SORAD Maritime
La SDRAD (Société Régionale d'Aménagement et de Développement)
de la Région Maritime a entamé un programme de développement du coton dans
la région dont la production en coton est très faible.
Au titre de la campagne 1972-1973, un programme de développement
du coton a été lancé par la SORAD en vue d'améliorer les moyens de produc-
tion et d'augmenter la production. Sur 1 000 hectares réservés pour le pro-
gramme. 720 hectares se situent dans la Région Maritime.
Engrais. insecticides et pulvérisateurs étaient en place pour
lancer l'opération mais les cultivateurs se montrèrent réticents è cette
nouvelle expérience (les aléas climatiques qui ont baissé la production
aU cours des dernières campagnes les ont découragés). Les superficies se-
mées ne représentèrent que 481.75 hectares soit environ 62 % des superficies
prévues. Les semis sont faits dans des conditions climatiques défavorables
rareté. faiblesse et mauvaise répartition des chutes de pluie au cours de
l'année.
Au cours de la végétation, les cultivateurs, persuadés de la ri-
chesse de leurs terres. ne se sont pas pliés à la propagande pour l'utili-
sation d'engrais. D'autre part. les traitements contre les parasites ont
été tardifs et le rythme des traitements fantaisiste. La récolte a donné
119.8 tonnes pour l'expérience de la Région Maritime avec un rendement
faible de moins de 400 kilogrammes par hectare. Cette campagne 1972-1973
expérimentale a été un échec a cause d~ l'arrivée tardive des conseillers.
de la réticence des paysans, des conditions c1imatiquesd6fevorab1es et de
l'utilisation des produits insecticides trop anciens (certains fats ou
boites de DDT / Endrine étaient anciens et ont perdu leur efficacité) (1).
Très récemment
a été créé un autre organisme.
â) La SDTOCO
La SOTOCO. Société Togolaise du Coton, créée en 1974 a pour but
de promouvoir le développement de la culture du coton sur toute l'étendué
du'pays. Elle permettra d'encadrer les cultivateurs. leur fournira des
(1)"Déve1oppement de la culture Cotonnière dans les Régions Maritime, de la Kara.
et des Savanes" (Service de l'Agriculture du Togo) 24 p. + annexes.

72
semences et fera la propagande en faveur de la culture rationnelle du
coton.
Ces efforts de modernisation et de développement de la cul-
ture terminent le répertoire des productions agricoles transformées in-
dustriellement au Togo. Chacune de ces ressources agricoles posent des
types de problèmes qui seront étudiés dans le chapitre suivant.
Si le Togo est l'un des pays africains à nette prédominance
agricole, il est aussi l'un de ces pays dont le sous-sol renferme des
ressources minières : entre autres, calcaire, argile, dplomie et sur-
tout phosphate dont l'exploitation constitue la plus importante activi-
té industrielle du Togo.
II - LES PRODUCTIONS MINIERES ET MINERALES
Al - LES PHOSPHATES
1 - Historique
Dès 1927, des études géologiques ont révélé des indices de
phosphates dans le Bas-Togo. Mais ce n'est qu'en 1952, un quart de siècle
plus tard que l'existence de ces ressources a été confirmée.
En effet, des travaux de prospection géologique ont été confiés
au Service Géologique du Comptoir des Phosphates de l'Afrique du Nord
avec pour mission'd'explorer les formations sédimentaires de l'Ouest afri-
cain sous domination française en général et de la COte du Bénin en pa~­
ticulier. Ces travaux ont abouti à la découverte d'un vaste gisement de
phosphates dans le Bas-Togo. Pour évaluer les réserves exactes et pour
connaHre la rentabilité du gisèment, des travaux de forages mécaniques
et de puits ont été exécutés sur le terrain, suivis d'une étude au labo-
ratoire des échantillons.
Les résultats étant concluants, le 14 Décembre 1954, la Société
Minière du Bénin fut créée. Eile était l'émanation de quatre sociétés
nord-africaines :

73
- La Compagnie des Phosphates de Constantine
- La Compagnie des Phosphates et du Chemin de fer de Gafsa
- La Compagnie Minière de M'Zaita
- La Société Pierrefitte Kalaa Djerda'
dont le but était de "précissr le contenu et les conditions d'exploitation
du gisement d'une part, d'étudier le processus d'enrichissement suscepti-
ble de transformer le minerai brut en minerai marchand de bonne qualité".
De 1956 à 1958, la Société procéda à une exploitation pilote:
un tonnage faible mais suffisant à être traité est exploité et envoyé
à quelques utilisateurs dans divers pays européens, ceci pour un traite-
ment dans les conditions normales de fabrication d'engrais. Les résultats
obtenus ont été satisfaisants 1 aussi le 14 Octobre 1957, la Société Mi-
nière du Bénin changea-t-elle sa raison sociale, devint la Compagnie Togo-
laise des Mines du Bénin.
Elle procéda alors à l'étude et à la mise au point d'un projet
d'exploitation du gisement.
2 - Le gisement
Situé à une vingtaine de kilomètres de la mer, le gisement de
phosphatè est localisé dans le Bas-Togo (Région Maritime) au Nord des
Lacs Zowla et Togo. Il se présente sous la forme d'une couche sub-hori-
zonta le de phosphate sableux argileux et est constitué de plusieurs blocs
qui se sucçèdent de Aveta à Morne Hounkpati du SW au NE. La partie qui
est actuellement exploitée est divisée en deux zones par le vallée du
Ha ho
- la zone de Hahotoe qui constitue le gisement Nord
la zone de Kpogame Aveta q~i constitue le gisement Sud (Figure n° 3D).
C'est aussi le plus récent.
A l'Est du Haho, la couche inférieure est très mince 1 seule la
couche supérieure est exploitable.
D'une profondeur variant de quelques mètres à 25 mètres, le gi-
sement à une puissance variant de 2 à 6 mètres. Sa partie exploitable qui

est constituée par deux couches.de minerai relativement riche, séparées
par une altercation de marne phosphatée, s'étend sur une longueur d'envi-
ron 35 kilomètres et sur une largeur de 1 kilomètre. Les morts-terrains
qui la recouvrent ont une puissance de 7 à 3D mètres.

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74
Le gisement est constitué de dix-neuf concessions minières cou-
vrant une superficie de 10 726 hectares accordés pour une période de
cinquante ans susceptible d'être renouvelée pour deux périodes successi-
ves de vin&t-cinq ans. Les réserves sont de l'ordre de 100 millions de
tonnes de minerai susceptibles de produire 50 millions de tonnes de mi-
nerai marchand à BD % de phosphate tricalcique.
Du point de vue géologique, le gisement présente certaines carac-
téristiques.
Le gisement de phosphate du Togo appartient à une formation située
dans la moitié supérieure de l'Yprésien (Eocène) du bassin sédimentaire
côtier du Togo. Au toit se trouvent deux couches d' argila J
entre ces
deux niveaux argileux se trouve la formation phosphatée. A la suite de
l'érosion qui a affecté la région, des phénomènes de dissolution et d'al-
tération attaquèrent la formation phosphatée parallèlement aux affleure-
ments, entralnant une décalcification du toit vers le mur. Des formations
sableuses continentales constituées d'éléments détritiques essentiellement
quartzeux provenant de l'arrière-pays cristallin reposent en discordance
sur le lit phosphaté. Ces niveaux de recouvrement
ont subi une phase de
latéritisation intense. Toutes ces formations supportent un niveau de terre
de barre superficiel (figure nO 11). Avant d'exploiter le gisement,des tra~
vaux de prospection à grande échelle ont été effectués pour avoir une idée
de la qualité et de la quantité du gisement.
La'prospection consiste à connaltre longtemps à l'avance les carac-
téristiques qualitatives et quantitatives du gisement afin de satisfaire
aux besoins des clients et de donner au minerai la qualité minimum prévue
par ~s contrcts commerciaux. L'opération est basée sur le for~ge à la
main ou à la machine de nombreux puits de 0,60 m de diamètre. De là, on
obtient des renseignements sur l'épaisseur des stériles (les stériles
sont de la terre ne contenant pas de phosphate), sur leur consistance et
sur la couche phosphatée. Les puits sont systématiquement creusés tous les
cinquante mètres sur la surface du gisement et reviennent chacun à 21 500
FCFA. Les résultats obtenus sur les puits d'une zone permettent après étude,
(1) Renseignements tirés de "Annales des Mines" de Mars 1965

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de Man 1965).

75
de conna1tre les caractéristiques suivantes
les limites du gisement
- le volume de stériles à enlever
- le tonnage de phosphate brut existant
- le tonnage de phosphate marchand qu'on peut en tirer
- la qualité moyenne du gisement
Après le f9rage des puits, on découpe la couche phosphatée en ron-
delles de 50 centimètres d'épaisseur appelées "niveaux" 1 un échantillon
est préparé pour chaque rondelle. Ensuite tous les échantillons sont en-
voyés au Laboratoire pour des études plus approfondies. On en détermine
alors
- le rendement: rapport du poids de phosphate marchand contenu dans l'échan-
tillon au poids total de celui-ci.
- le titre "trica1cique": quantité de phosphate trica1cique contenu dans
le phosphate marchand.
- le titre féra1 : quantité d'oxyde de fer et d'alumine contenus dans le
phosphate marchand (elle doit être aussi faible que possible).
C'est seulement après ces travaux qu'un plan d'exploitation du
gisement est établi.
3 - L'exploitation du gisement
L'exploitation du gisement se fait à ciel ouvert aussi bien à la
carrière de Hahotoe qu'à celle de Kpogame. Situées à plus de BD kilomètres
de Lomé, les carrières de Hahotoe et de Kpogame s'étendent sur le riche
plateau sédimentaire de terre de barre de couleur ocre au milieu d'une
.
cempagne densément peuplée (avec des densités rurales supérieures à 100
habitants au km2) où la mise en valeur continue de l'espace frappe l'obser-
vateur : champs de manioc minutieusement cultivés aux plants bien rangés
et bien alignés alternent avec des parcelles de mais et des peuplements
de palmier à huile.
L'exploitation des deux carrières de phosphate sur ce plateau de
culture intensive, a contraint les cultivateurs à abandonner leurs terrains
de culture et leurs habitations, moyennant une indemnisation pàr la Compa- ,
gnie. On nota un déplacement de presqu~un millier de villageois du secteur
de Hahotoe (1).
L'exploitation proprement dite des carrières comprend trois opéra-
tions 1 l'enlèvement des stériles ou découverture, l'extraction du minerai
(1') PERON Y~es :"L'exp10itation du phosphate au Togo" in Bulletin de l'Ensei-
gnément supérieur du Bénin nO 12.

76
et son chargement (11.
L'opération éonsiste à enlever la couche de morts-terrains ou
stériles et à la rejeter en dehors de la zone qu'on exploite afin de pou-
voir extraire la couche de minerai d'une puissance de 2 à 6 mètres.
al A Hahotoe
La d~couverture comprend trois gradins après le débrcussaillage
au bulldozer.
- Le gradin supérieur d'une épaisseur de 10 à 12 mètres est enlevé par
une roue-pelle sur chenilles à godets capables d'excaver 1 000 m3 de
stériles à l'heure.Les morts-terrains sont évacués à l'arrière du chantier
par des convoyeurs.
- La découverture intermédiaire porte sur 2 à 7 mètres de terre évacuée
sur les convoyeurs de la découverture supérieure.
- La découverture inférieure "par rej et direct" porte sur 10 à 12 mètres -
de stériles. ,L'opération se fait aussi par une roue-pelle identique à la
première. Les morts-terrains sont rejetés derrière le chantier de phos-
1
phate par l'intermédiaire d'un grand remblayeur sur chenilles.
En réalité. les roues-plllles enlèvent environ BOO m3 de stériles
par heure.
Compte tenu de l'épaississement de la couche de stérilSl dans la
partie sud de la découverture. un chantier a été mis en service. équipé
avec un excavateur à godets utilisé précédemment à l'extraction du minerai.
al A Kpogame
Contrairement à Hahotoe. il n'existe ici que deux niveaux de dé-
couverture d'une dizaine de mètres chacun. La découverture se fait par
roue-pelle et les déchets sont évacués par un système de convoyeur abou-
tissant à un remblayeur unique.
Les opérations d'extraction du minerai sont différentes des pré-_
cédentes.
(1l Renseignements techniques tirés de :
-"Annales dssMines" de Mars 1B65
-"Connaissance de la CTMB" (Brochure de la CTMB)


77
al Les opérations
Plusieurs solutions s'offraient. entre autres l'emploi d'un
excavateur à godets. d'une drague ou d'une roue-pelle.
Dans un premier temps. l'entreprise opta pour l'excavateur à'
godets., De fabrication belge et circulant sur voie ferrée. l'excavateur
a uri débit horaire pratique de 400 à 500 tonnes et une puissance instal-
lée de 133 CV.
Une fois extrait. le minerai tombe sur un convoyeur à bande fixé
sur les traverses et dans l'axe de la voie de roulement de l'excavateur.
Par la suite. il s'est avéré qu'en période pluvieuse. le ripage
de la voie se heurte à de grandes difficultés 1 les traverses. malgré
les drainages. s'enlisent dans la couche superficielle de phosphate ren-
due spongieuse par l'eau de pluie. Ces difficultés ont amené la Compagnie
à opter pour la roue-pelle sur chenilles lorsqu'un deuxième engin s'est
révélé,nécessaire pour l'extraction.
D'une puissance de 400 CV. la roue-pelle débite per heure 700
tonnes de minerai.
L',excavateur est alors affecté à la découverture et une deuxième
roue-pelle est mise en service. Avec la roue-pelle. une attention parti-
culière est attachée à l'évacuation des eaux qui pourront s'accumuler
dans la fouill~. L'évacuation sera faite soit par drain. soit par pompage.
L'extraction de phosphate se fait au rythme de 500 à 600 tonnes à l'heure.
Au total. le phosphate exploité dans les deux carrières. celle
de Hahotoe plus ancienne et celle de Kpogame plus récente. constitue la
productio~ de phosphate brut de la Compagnie Togolaise des Mines du Bénin.
al La production de phosphate brut
La.figure 32 et le tableau 13 indiquent l'évolution de la produc-
tion de phosphate brut. Après un début hésitant. 280 000 tonnes en 1961

et 247 000 tonnes en 1962. la production de phospha~e brut s'est accrue
d'année en année. Depuis le début de l'exploitation jusqu'en 1965. la
production est passée de 280 000 tonnes à 1 963 000 tonnes soit un accrois-
sement d'environ 1 700 000 de tonnes en cinq ans. De 1962 à 1963. la pro-
duction a quadruplé 1 de 1963 à 1964. l'accroissement est d'environ 50 %.
,
Dé 1965 à 1972. la production a plus que doublé passant de 1 963 ·000 tonnes

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78
de phosphate brut
à 3 800 000 tonnes avec une petite baisse en 1967.
Cette augmentation spectaculaire est le fait non seulement des
engins" à la pointe" qu'emploie l'entreprise mais aussi de l'importance
et de l'organisation de la main-d'oeuvre.
~) La main-d'oeuvre
250 personnes sont employées dans les deux carrières de Hahotoe
et de Kpogameet sont encadrées par un électromécanicien et deux ingé-
nieurs de travaux.
L'extraction du minerai est assurée 24 heures sur 24 par des équi-
pes de 3 x B. L'es équipes de jour travaillent en poste et font les travaux
préparatoires : préparation et entretien des pistes de circulation, prépa-
ration des emplacements des convoyeurs, des plateformes de travail pour
les roues-pelles, ripage des convoysurs, drainage po~r faciliter l'écoule-
ment des eaux en saison pluvieuse .•• A la tête de chaque équipe, il y a
un chef de chantier. Quand le minerai est extrait, il est chargé et trans-
porté à l'usine de traitement.
Transporté par le convoyeur, le minerai brut est amené à la sta-
tion de chargement des wagons par l'intermédiaire d'autres convoyeurs.
'Une locomotive amène les rames vides à hauteur de la station de
chargement et repart avec des rames pleines. La cadence de chargement
est d'une rame de 660 tonnes toutes les quatre-vingt~minutes.
Après l'extraction et avant que ne commence le "traitement", le
phosphate brut est transporté de la carrière au centre industriel de Kpémé.
4 - Le transport du phosphate de la carrière à l'usine
La distance du gisement de phosphate au centre industriel situé
sur le cordon littoral varie de 10 à 30 kilomètres. Pour le transport
du minerai à l'usine, il faut tenir compte du tonnage annuel qui s'accroit
sans cesse, du déplacement progressif de la zone d'extraction, et de la
traversée du Lac Togo d'une largeur d'environ 700 mètres dont le niveau
est variable suivant les saisons et dont le fond contient une couche de
vase atteignant 35 mètres d'épaisseur.

79
Plusieurs solutions furent étudiées.
a) Les solutions
-------------
- l'utilisation d'un téléphérique ou d'un convoyeur à bande,
- la construction d'un chemin de fer de 10 carrière à la lagune suivi d'un
téléphérique pour le franchissement de cet obstacle ou d'un chemin de
fer de bout en bout, si on pouvait construire un pont peu coat eux sur
la lagune.
Le téléphérique, en raison de nombreux inconvénients (difficul-
té de réparation en cas de panne survenant sur la portée de franchisse-
ment de la lagune, manque de souplesse, difficulté probable de charge-
ment et de vidange des bennes en raison de la nature très argileuse du
minerai ••• ) a été exclu. Le convoyeur, dont le coat risquait d'être
trop élevé pour les disponibilités. financières de l'entreprise et dont
le problème de traversée du Lac Togo est difficile à résoudre, est aussi
écarté.
Restait la troisième solution : celle du chemin de fer. Son
prix de revient est acceptable et l'ouvrage ne posait aucun problème pour
suivre le déplacement du front de taille. Cependant il fallait, pour
que cette solution fOt excellente,éviter sur la rive nord de la lagune
une rupture de·charge en franchissant la lagune, gr!ce à un pont. L'adop-
tion de cette solution nécessita une infrastructure adéquate.
a) Le pont
Après avoir étudié le
fond
de la lagune par pénétromètre et
consulté plusieurs bureaux d'études européens spécialisés, la Compagnie
Togolaise des Mines du Bénin fit construire un pont métallique de 720 m
de largeur.
Réalisé pour 193 millions de FCFA, le pont repose sur des chevêtres
en béton armé supportés chacun par dix pieux dont deux permettent d'équi-
librer les forces que le freinage du train pourrait exercer sur l'ouvrage.
Ce pont permet donc à la voie ferrée de traverser le Lac Togo qui
constitue a priori un obstacle.

80
Bl Le chemin de fer
Pour éviter des dépenses excessives. la voie est posée sur
ballast de latérite fournie par la terre de barre près du chantier J en
des endroits plus délicats. on utilisa du calcaire concassé.
D'une longueur initiale de 27 kilomètres. la voie ferrée a été
prolongée par un embranchement de 7 kilomètres à proximité de Hahotoe qui
permBt d'atteindre la nouvelle carrière de Kpogame. L'écartement de 1.05 m
des rails permet de le standardiser avec le réseau ferré togolais.
Cette infrastructure résoud le problème de transport par wagons.
Il est constitué par :
al Des locomotives diesel électriques
Ces locomotives sont identiques à celles du réseau togolais. De
type BB à deux essieux moteurs par boggie. ces locomotives ont un moteur
diesel de 610 CV. Elles sont au nombre de trois et pèsent chacune 46 ton-
nes. Bien que po~sédant une vitesse maximale de 85 k~/h. les locomotives
,roulent à uneCvitesse de 35 km/h pour des raisons de sécurité.
Bl Des wagons
Les rames sont composées de 25 wagons auto-déchargeurs à deux -es-
sieux. grâce aux portes latérales qui pivotent lorsqu'on libère les verrous.
La charge unitaire des essieux est de 17 tonnes et la charge utile par
véhicule d'environ 23 tonnes. Les locomotives peuvent remorquer jusqu'à
29 wagons. soit 986 tonnes de phosphate brut contenant 667 tonnes de mine-
rai.
5 - Conclusion
Toutes les opérations étudiées. depuis la prospection jusqu'à
l'exploitation du gisement sont assurées par le "Service Carrière" dont
l'organigramme est représenté par le tableau nO 14.
- Le Bureau d'Etudes s'occupe des travaux topographiques (forage de puits
de prospection. installation de repères permettant aux engins des chan-
tiers de travailler ••• ). des travaux de dessin. des études après l'analyse

81
AHIIEE5
PROClJCTION DE PHOSPHATE IlRUT
(en tonnes)
1851 (""rs Il
282 000
Oêc.mrs)
1962
247 000
1983
1 068 000
1964
1 548 000
1965
1 963 000
1966
2 210 000
1967
2 049 000
1968
2 632 000
1969
2 800 000
1970
2 916 000
1971
3 381 000
1972
3 800 000
Tablesu n" 13 • Production de phosphate brut
ds MBrs 1961 Il 1972.
CHEF DE SERVICE
~~J
1
CD~DUCTEUR
BUREAU
BUREAU D' ~TUOESJ
PROOUCTlD~
du
:le
de
"INfRAI
lRAVAUX
f'LA~jI\\lW:;
Tsbléeu n" 14 - Orr.~nlr.ramms du Serv1cu CARRIERE de le CTMB (S.ptc~"re 19711

62
des puits (détermination des volumes de terrassement, des titres moyens ••
pour chaque zone).
- Le Bureau du Planning s'occupe des approvisionnements du magasin, des
études mécaniques, de l'utilisation du matériel et des relations avec le
centre industriel de traitement.
- L~ Bureau Technique s'occupe de la préparation du travail des équipes,
d'entretien, se penche sur les renseignements recueillis auprès de ces
équipes et établit des programmes d'entretien.
Au total c'est un service bien structuré à l'image des grandes
entreprises industrielles.
Le centre d'extraction de phosphate de Hahotoe abrite des villas
peur les cadres et les agents de ma1trise, une infirmerie, une boutique
une école (de la maternelle jusqu'au Certificat d'Etudes), un club-res-
taurant, des terrains de jeux et un petit atelier mécanique qui se charge
des réparations courantes.
Nous venons d'étudier le phosphate togolais en temps que produc-
tion minérale subissant un traitement industriel qui sera analysé dans la
troisième partie.
Qu'en e3t-il des autres ressources minérales de la moitié Sud du
Togo ?
81 - LA DOLOMIE (1)
1 - Historique
En 1907, pendant la colonisation allemande, le Docteur KOERT dé-
couvrait un affleurement de dolomie cristalline près du village de Gnaoulou
dans le lit de la rivière Chra affluent du Mono.
Onze ans plus tard c'est-à-dire en 1916, ROBERTSON visitait cet
affleurement. En 1921, il découvrait et analysait la roche dans un rapport.
En 1924, KOURIATCHY décrivait aussi le gisement de dolomie. Mais
ce n'est que dans les années soixante que des études sérieuses furent or-
ganisées. En effet, dans le cadre du Projet de Recherches Minières du Fonds
(1) Les renseignements sur cette partie sont puisés de
."Possibilités &t Géologie des Marbres dolomitiques et autres roches d'or-
nementation du Togo" de LAWSON Oaku Teté (1974)
."Report on togolese dolomite: technical and Economic de PAWEL G.W.(196S)
."La dolomie au Togo" de OEMPSTER A.N. (1967)

83
Spêcial des Nations-Unies, des travaux de "reconnaissance" furent effec-
tuês par des techniciens togolais et êtrangers.
Au dêbut du Projet en 1963, des êchantillons ont êtê prêlevês
du gisement de dolomie pour être analysês. Le laboratoire de la Compagnie
Togolaise des Mines du Bênin et celui de l'Institut de Recherches du Togo,
s'occupèrent de ces analyses. Les résultats obtenus ayant rêvêlê la pure-
tê du minerai, d'autres travaux de reconnaissance furent commencês en
Octobre 1964. Ils aboutirent è la dêcouverte de deux affleurements de
dolomie à environ trois kilomètres au sud de Gnaoulou dans la rivière
Ahê et à douze kilomètres au nord du village de Basse.
Des prêlèvements d'êchantillons ont permis de faire l'êvaluation
du gisement.
Vers la fin de 1965, un expert des Nations-Unis, G.W. PAWEL a
êtudiê la dolomie du point de vue rentabilitê, son potentiel local et
ses emplois possibles comme source de magnêsie, comme 'dolomie calcinêe
utilisêe dans l'agriculture et dans l'industrie des réfractaires comme
pierre à bêtir. Pour le moment, c'est cette dernière possibilitê d'utili-
sation qui est retenue et qui a motivê la création de la Sociêté Togolaise
de Marbrerie.
Comment se présente le gisement de dolomie de Gnaoulou ?
2 - Le gisement
Situê à environ 155 kilomètres au nord de Lomé, capitale du Togo,
le gisement de dolomie de Gnaoulou s'étend dans la Plaine Orientale, juste
à l'Est du chainon des crêtes et des collines de quartzite et de gneiss amphi-
bolitiques
qui s'étend du Mont Agou à Atakpamê, chainon qui inclut les
massifs de Moliendo, d'Ayito et de Djeti.
Le village de Kpegno Gnaoulou se trouve à 19 kilomètres de GIel
situé à 141 kilomètres de Lomê en allant vers Atakpamê. Une piste carros-
sable amênagée par les villageois en 1964-1965 relie la bretelle Gle!-
Gnaoulou (20 kilomètres) à celle de Chra-Ayito.Gnaoulou, par cette piste,
est à 23 kilomètres de Chra qui est lui à 124 kilomètres de Lomé. En 1964,
une autre piste est tracée reliant le village de Kpegno Adja à l'Ahé
(l'Ahê constitue l'extension sud du gisement).

84
Notons que deux appellations sont attribuées au gisement :"Gise-
ment de dolomie de Gnaou1ou" ou "Gisement de dolomie d'Ayito". Nous
retiendrons la première appellation préférée par DEMPSTER, expert du
Fonds Spécial des Nations-Unies J il constate que le gisement, même à
vol d'~issau, est à plus de G kilomètres du Mont Ayito et qu'il est plus
raisonnable de lui donner le nom du village Gnaou1ou qui se trouve plus
près et qui est le terminus de la seule voie d'accès praticable.
Ce gisement présente plusieurs caractéristiques géologiques.
a) Le gisement
Dans le lit de la rivière Chra, les deux bancs d'affleurement
de la dolomie sont 1argss de 120 mètres et 40 mètres, séparés de schistes
amphibo1itiques. Quant aux bancs situés dans l'Ahé, ils ont respective-
ment une puissance de 74 à 62 mètres avec dans l'intervalle 34 mètres de
schistes.
Les bancs de dolomie sont d'autre part parfaitement concordants
avec les schistes, les gneiss à amphibole et biotite encaissants d'après
une étude de A.N. DEMPSTER (figure nO 33).
En plus de ces bancs dolomitiques concordants avec la foliation
des gneiss, une étude récente (1) distingue des bancs discordants par
rapport à la schistosité, prenant de ce fait une allure de filon (figure
n- 34).
B) La dolomie
Sur le plan chimique, il s'agit d'un carbonate double de chaux
et de magnésie dont la formule peut être écrite de diverses manières:
Ca C03 Mg C0 ou Ca OMgO (C0 )2'
3
2
La dolomie de Gnaou1ou d'aspect saccharolde et à structure grenue
est incolore ou légèrement bleutée. Sa dureté est 3,5 à 4 dans l'échelle
de dureté de Mohs. L'analyse d'un échantillon de dolomie donne les résul-
tats suivants rassemblés dans le tableau nO 15.
(1) LAWSON Daku Tétê :"Possibllités et Géologie des Marbres dolomitiques et
autres roches d'ornementation du Togo". 1974

- -
-- --
-
--
- - -- --
-- ---
- -
-
-
f'l.a
Sch6ma d'un gisement de dolomie en bancs concordants avec les gneiss et amphibo-
boUtes encaiSS8l!ts (Description du gisement de Gnaoulou selon DEMPSTER, 1967).
J-
Gneiss· amphibolites • schistes
I
EEJ Dolomie
2
IW'
NI
v
v
'"
V
V
'"
+
..
+
.,.
+
.,.
'tI
"
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....
+
y
y
..,
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v
+
"
..
..
+
+
..,
"
'tI
v
ftl, M • Coupe sch6matlque. d'un gisement de dolomie de Gnaoulou (D.T. LAWSON. 1974).
Bancs dolomitiques discordants par rapport lia foliation des gneiss et amphibolites
encaissants.
1.,. ;: +~ l amphlbolite, gneiss l amphibole et biotites
1
GI;J Dolomie
2

85
CORPS
POURCENTAGE
MgO
(oxyde de magnésium)
21,5
CaO
(oxyde de calcium)
3D,5
CO
(anhydride
2
carbon~que)
46
Si0
(silice)
D,7
2
Fe 0
(oxyde de fer)
0,15
2 3
A1 0
(oxyde d'aluminium)
0,25
2 3
P 0
(anhydride carbonique)
0,10
2 5
Tableau n° 15 - Analyse d'un échantillon de dolomie
Il s'en déduit que la dolomie est une roche d'une grande pureté
ne contenant que très peu de fer, de manganèse wd'éléments colorants.
C'est donc une roche de très bonne qualité. Cependant, au voisinage des
roches encaissantes, la dolomie se charge plus ou moins de mica (phlogopi-
te) en fines paillettes, des passées amphibolitiques ou chloritiques sou-
vent pyriteuses. Les microfissures renferment souvent un remplissage de
tremolite. La roche encaissante est un gneiss phylliteux à biotite chlo-
rite et amphibole.
Des travaux de prospection détaillés ont permis de reconna1tre
les caractéristiques qualitatives et quantitatives du gisement de façon
plus précise.
Ici la prospection consiste à faire des levés topographiques et
géologiques de la région, à procéder à des forages de puits, à effectuer
des sondages afin de reconna1tre l'extension de la formation dolomitique
avant l'exploitation du gisement.
Sur quarante six puits dont dix-huit n'ont pas pu être achevés
en raison d'éboulements ou de fortes venues d'eau provoquées par les pluies,
quatorze ont permis de constater la présence de la dolomie. Des échantil-
lons ont été prélevés dans les différents niveaux rencontrés.
Pour une exploitation jusqu'à cinquante mètres (les sondages ont
indiqué que la dolomie s'étend en profondeur à plus de soixante mètres)
21,5 millions de tonnes de dolomie seraient disponibles et assez facile-
ment exploitables à ciel ouvert. Cependant, en admettant la présence d'au-
tres blocs dolomitiques entre le Chra et l'Ahé, les réserves de dolomie
seraient plus importantes et il y en aurait suffisamment pour maintenir

86
une production de 1 000 tonnes par jour pendant soixante ans.
L'utilisation du minerai dolomitique comme matériau'de cons-
truction et comme pierre ornementale a retenu l'attention des autorités
togolaises. C'est ce qui justifia la création en 1967 de la Société
Togolaise de Marbrerie. Après la signature d'une convention entre le
Togo et la SINCO (Société Incrementa Commerciale per Azioni) de Rome,
celle-ci s'engageait à faire tourner l'usine techniquement et commer-
cialement pendant une période de dix ans.
3 - L'exploitation de la carrière
L'opération comporte des phases successives: la découverture,
l'extraction et le transport vers le centre industriel.
Dans la plupart des cas, il ne s'agit pas seulement d'évacuer
une couche de morts-terrains sabla-argileux (d'une épaisseur de 1 à 15
mètres) et de pierrailles, mais de s'attaquer à des strates plus ou moins
compactes. On recourt aux explosifs dont les charges sont diminuées à
mesure que l'on se rapproche de la masse utile. Il faut, en effet, évi-
ter à tout prix, que les ondes de choc ne provoquent des fissures ou "poils"
dans les blocs de dolomie.
Le chargement
de~ déblais se fait au fur et à mesure : des
engins de type varié, chargeuses, bulldozers effectuent l'enlèvement
des débris que prennent ensuite en charge des camions qui les transportent
jusqu'au lieu de décharge.
L'extraction consiste en l'arrachement des blocs de dolomie
hors de la masse.
La méthode utilisée est celle du fil hélicoidal. Ce fil, disposé
en circuit fermé sur des poulies , roule à une vitesse de 5 à 6 mètres
par seconde. Un chariot
assure une tension constante du fil qui est
déroulé autour de la masse à débiter et qyi est alimenté au début de
l'entaille par un mélange abrasif d'eau et de sable siliceux. Grace à

87
ce mécanisme ingénieux. le fil hélicoIdal coupe la masse en traînant dans
sa spirale l'eau et le sable siliceux.
La dolomie de Gnaoulou est assez fracturée en profondeur et il y
a eu. de la surface jusqu'à 20 mètres de profondeur.
un peu de décompo-
sition de la roche pour quelques centimètres de part et d'autre de ces
fractures. Cependant on arrive quand même à extraire de gros blocs de
roche saine sans fracture. capables d'être taillés ou sciés dans n'im-
porte quel sens. La carrière donne environ entre 300 et 400 tonnes de blocs
sains par mois ce qui suppose une extraction de plus de 600 tonnes de blocs
tout venant. Ces blocs sont ensuite acheminés vers l'usine.
Le transport des blocs se fait en deux temps : les masses dolomi-
tiques sont acheminées par camions jusqu'à la gare de Chra sur une distan-
ce de 23 kilomètres. De Chra. les blocs sont chargés dans des wagons qui
les transportent jusqu'au centre industriel situé dans la zone portuaire
de Lomé.soit une distance de 124 kilomètres.où ils sont traités. Ce trai-
tement de la dolomie fera l'objet d'une étude dans la troisième partie.
Notons en passant que la Société Togolaise de Marbrerie exploite
aussi l'argile de Togblekofe dans le Bas-Togo à environ 20 kilomètres de
Lomé. L'argile locale est excellente et n'offre que l'embarras du choix 1
elle alimente la briqueterie de la Société.
D'autres ressources locales entrent dans le développement indus-
triel du Sud-Togo ou sont en voie d'exploitation.
cl - LES AUTRES RESSOURCES
1 - Les salines
Dans le cadre des productions du sous-sol de la moitié méridionale
du Togo. nous citerons également le sel. bien qu'en fait. il s'agisse de
sel marin.
A priori. à cette latitude. la pluviométrie est trop importante
pour que soit envisagée l'installation de marais-salants. Seul le caractère
exceptionnellement sec du Sud-Est togolais permet d'en créer sur cette partie
de la cOte ouest-africaine.

88
On a constaté d'une part que l'eau de mer du Golfe du Bénin
présente pendant toute l'année una teneur constante en sel de 30 à 33 %,
teneur favorable pour la fabrication de sel marin. D'autre part la cOte,
caractérisée par un fort ressac, présente une dénivellation abrupte à
partir d'une centaine de mètres du rivage.
Des sondages effectués à 150 mètres ont donné une profondeur
d'environ 6 mètres. L'amplitude de la houle est rarement s~périeure à
un mètre, de même que la différenc-e entre les marées. On a ainsi la pos-
sibilité de prélever l'eau de mer exempte de sable. C'est la région de
Gounkofe (circonscription d'Anexo) qui offre les meilleures conditions
d'installation de marais-salants.
La Région Maritime offre aussi de vastes possibilités d'exploi-
tation de calcaire.
2 - Le calcaire
Deux importants gisements de calcaire sont découverts à Aveta et
à Sikakondzi, deux locali~és situées à moins de 100 kilomètres du port
de Lomé.
Situé au N-W du Lac Togo, non loin des gisements de phosphate, le
gisement de calcaire d'Aveta est à la fois abondant (au moins 200 millions
de tonnes), accessible et surtout proche de la mer (42 kilomètres dont 30
sont déjà desservis par voie ferrée). A proximité de ce gisement se trou-
vent également d'excellentes argiles feuilletées et du sable, propres à
la fabrication de clinkers dont la raréfaction sur le marché mondial
s'accentue.
Les gisements d'Aveta et de Sikakondzi n'attendent que le finance-
ment de la Banque Mondiale (12 millierds de francs CFA) pour être mis en
exploitation. La production annuelle de 1 200 000 tonnes de clinkers ali-
mentera la cimenterie du Togo (qui tourne à partir de clinkers importés)
et celles d'autres pays africains:
COte d'Ivoire, Dahomey entre autres.
Ces principales ressources naturelles de la moitié Sud du Togo
nécessitent, pour subir une transformation ou un traitement industriel
une source d'énergie.

89
1)) - LES RESSOURCES ENERGETI gUES
1 - Constatations
S'il existe un produit qui revient très cher au Togo. c'est bien
l'électricité car le Togo est pauvre en ressources énergétiques faute
de matières premières.
,
En effet. le pays ne renferme aucun indice de charbon. La pros-
pection d'hydrocarbures confiée à la Société américaine Frontier Togo
Oil Company (1) n'a pas donné de résultats optimistes. bien que les
premières recherches effectuées en 1968 par un navire de la Geophysical
Western vènu du Nigeria aient paru positives.
Pour le moment. l'électricité produite localement est d'origine
thermique (à partir de produits importés) et hydraulique (centrale hydro-
électrique de Kpimé) J son insuffisance entralne. comme nous le verrons
plus loin. l'importation de courant électrique du Ghana.
La production de l'énergie thermique. bien qu'elle occupe une
place importante au Togo. ne sera étudiée que dans la partie consacrée aux
caractéristiques du développement industriel du Sud-Togo.
2 - Le barrage hydroélectrique de Kpimé
Il n'existe au Togo qu'une seule centrale hydroélectrique. celle
de Kpimé près de Kpalimé. Cette centrale utilise une chute naturelle que
les touristes allaient naguère admirer.
Situé à 120 kilomètres de Lomé. à l'emp~acement de là cascade
de Kpimé. le barrage produit de l'électricité dont une partie alimente
Lomé. La centrale dont la première pierre fut posée en Mars 1961 par le
Président TITO de Yougoslavie. a été entièrement réalisée par deux Socié-
. tés yougoslaves Energoprojekt et Astra sur prêt yougoslave. Elle est reliée
à la capitale par une ligne de haute tension de 66 000 volts et de 1 600 Kw
de puissence. Le montant total des investissements s'élève à 510 millions
de francs CFA.
Sa production d'énergie est marginale et se situe entre 2 millions
et 4 millions de Kwh sur une production totale de 29 millions de Kwh en
1970-1971 (2).
(1) Marchés Tropicaux et Méditerranéens nO 1253
(2) La production d'énergie de la CTMB n'est pas comprise dans ce total.

,
Qi'"
90
Pour améliorer cette faiblesse de production hydraulique. des
projets ont été élaborés.
Au total. c'est dans ces conditions de faiblesse de la produc-'
tion d'énergie que se développent les industries dans la moitié méridio-
nale du Togo.

Troisième Partie
LE DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL

91
Les différentes ressources naturelles étudiées, qu'elles soient
agricoles ou minières, sont valorisées sur place et ont engendré divers
types d'industries: les unes telles que l'industrie de fécule ou de
tapioca, la fabrication d'huile de palme et l'industrie du savon datent
de la période coloniale. D'autres, l'industrie de phosphate, du marbre,
l'industrie textile, l'huilerie d'arachide, l'industrie du sel .•• sont
entr~s en activité après 1960, date de la proclamation de l'indépendance
du Togo.
l - LES ETABLISSEMENTS INDUSTRIELS EN ACTIVITE AVANT. 1960
AI - LA FECULERIE DE GANAVE
De tous les produits vivriers, le manioc est l'un des plus répan-
dus dans toute l'Afrique Noire. Mais le T9go est réputé pour la façon
dont il transforme ce tubercule.
Plante essentiellement vivrière tenant une place considérable
dans l'économie domestique alimentaire du Sud-Togo, le manioc, jusqu'en
1934 était transformé en "gali" (farine de manioc) et en tapioca par les
autochtones. En 1934, la transformation du manioc 3n tapioca devint plus
organisée sous l'égide de la Société Indigène de Prévoyance (SIP) (1) du
Cercle d'Anexo. Ces ateliers transformèrent le manioc en tapioca jusqu'sn
1952, date à laquelle une 'véritable société fut créée.
1 - L'entreprise
A sa création en,1952, la Compagnie du Bénin était une entreprise
mixte d'un capital social de 50 millions de francs CFA divisés en 10 000
actions de 5 000 F et dont les principaux actionnaires étaient
la Société
des Féculeries et Glucoseries de Chalon-s~r-Saône et Tournus, la Maison Bor-
deaux-Groult et l'Etat togolais. Le siège social se trouvait alors à Paris.
Actuellement, les choses ont évolué : le capftal social est passé à 275 mil-
lions Qs FCFA dont environ 43 % sont détenus par le Togo et le reste soit
57 % sont aux mains des actionnaires étrangers surtout français.
(1) La SIP (Société Indigène de Prévoyance) était au départ des greniers de ré-
serve créés dans toute l'Afrique Occ~dentale Française pendant la colonisa-
tion et permettant aux paysans d'éviter des "soudures" difficiles. Très vite,
ces sortes de coopératives obtinrent d'excellents résultats 1 elles orga-
nisèrent la vente des produits à leurs adhérents. La gestion est confiée à
un président "africain" désigné par le Gouverneur du Territoire.

92
En 1972. les investissements bruts de l'entreprise s'élevaient
à 363 millions de FCFA.
Les travaux d'implantation de l'usine commencèrent peu après
la création de l'entreprise.
2 - L'usine
la féculerie de Ganave
Installée à Ganave à environ 60 km à l'Est de Lomé et au Nord
d'Anexo. dans la principale zone de production de manioc du Togo. cette
féculerie est l'une des plus anciennes usines de la moitié méridionale
du pays. C'est. de son type. la seule en Afrique pour la fabrication in-
dustrielle de la fécule de manioc et de tapioca (Madagascar mis à part).
Elle présente aussi la particularité quasi unique sur le continent afri-
cain d'être l'u~edes usines de valorisation de matière première fonction-
nant directement à partir d'une production de petite paysannerie très
organisée.
Le choix de Ganave pour l'implantation de l'ûsine est motivé par
la place de la région du Sud-Est du pays dans la production de manioc et
par l'existence d'une nappe phréatique importante.
Un bâtiment de 10 mètres sur 4 comprenant un petit bureau et une
salle d'attente abrite le "centre paysan de'vente de manioc" • Une autre
construction de 14 mètres sur 5 comprenant trois bureaux. une salle d'at-
tente et de réunion constitue le bureau de l'opération et du Crédit Agri-
cole. Des logements couvrant une superficie de 78 m2 sont attribués aux
chefs de secteur.
L'usine elle-même apparait comme un vaste laboratoire prqpre.avec

cuves et canalisations. centrifugeuses et tamis s'enchevêtrant ,de façon
complexe~ dans lequel s'élabore la production.
-1.'1 3 ,.:. La productio n
{ ' ,

La ~ompagnie du Bénin alimente son usine à partir de la production
locale de manioc pour la fabrication industrielle de fécule et pour la.
préparation de tapioca.
al L'organisation de l'approvisionnement
~.
Jusqu'en '969. les encadreurs de la Compagnie du Bénin achetaient
directement le manioc aux producteurs qui étaient liés par contrat. Depuis
,
"

-
- - - - - _ . _ - - - - - -
93
cette date, l'organisation de l'approvisionnement de la féculerie re-
vient à la SORAD Maritime qui, avec l'aide de ses encadreurs, chefs de
secteur et chefs de sous-secteurs achète le manioc aux paysans. Cette
décision a été prise pour coordonner les problèmes d'approvisionnement
de l'usine avec les actions de la SORAD Maritime.
Les chefs de secteur sont des adjoints techniques d'agriculture
provenant des services agricoles. Issus des services agricoles ou du
milieu rural, les chefs de sous-secteur sont des cadres techniques d'un
niveau moins élevé dont le rayon d'action varie de quinze à vingt kilo-
mètres. Quant aux encadreurs, ce sont des fils de paysans ayant la plu-
part du temps le niveau d'Etudes Cours Moyen - Certificat d'Etudes Pri-
maires (1). Leur action ne touche en réalité qu'une centaine d'exploi-
tants, régulièrement suivis dans la zone d'approvisionnement de l'usine.
Pour limiter le domaine de chacun, la SORAD Maritime est divisée
en quatre sectèurs divisés chacun en un ou plusieurs sous-secteurs J à
chaque sous-secteur correspond plusieurs zones d'encadrement. Le schéma
de cette division est illustré par le tableau nO 16.
Une fois l'achat dujmanioc achevé, la Société assure la collecte
des tubercules.
B) Le transport des racines de manioc à l'usine
La Société dispose de
tracteurs capables de remorquer quatre
chariots de cinq tonnes, à trois roues. Au total 45 remorques sillonnent
- l'aire d'approvisionnement à savoir les secteurs de Vogan, de Badougbe,
d'Attitogon, d'Aklakou, d'Anfouin, d'Afagnan entre autres.
Le manioc arrive à l'entrée de l'usine et est pesé. A l'aide
d'une sonde, on teste sa richesse en amidon et les racines sont payées
.'
suivant leur taux d'amidon. Un kilogramme de manioc riche en amidon côute
3,20 et 3,40 FCFA. Les racines sont vidées des remorques et stockées dans
des silos. Ensuite commence la transformation industrielle du manioc.
(1) "Problèmes socio-économiques dans les opérations de la SORAO Maritime"


93'
al La fabrication de fécule de manioc
Ce traitement, qui consiste à tirer l'amidon des tubercules
de manioc s'opère d'apr~s le schéma suivant
Epluchage - _•• Lavage - _•• Coupage -_.~ Rapâge - _•• Broyage
t
Lait de concentration 20 kg/m3 contenant pulpe
passé au tamis
1
Lait féculent fini (concentration maximale de
493 kg/m3l
Essorage - _•• Slhage --.~ Blutage
l
Fécule de manioo
l
Dilution et Acidification - L a i t
l
Séchage_Cuisson -Broyage
l
Tapioca
Les racines sont débarrassées de leur écorce grâce à un éplu-
cheur constitué de cylindres et de râpes à racines. Une-fois épluchées,
elles sont lavées
à l'eau claire et passent dans un "coupe-racines· qui
les coupe en morceaux et les réduit à l'état de pulpe par des râpes et
des broyeurs.
(1lRensP1gnements recueillis à l'Usine de Ganave

94
Le lait obtenu, de concentration 20 kg/m3 est débarrassé de
la pulpe puis séparé des matières cellulosiques aorès passage dans
des tamis, des centrifugeuses et hydrocyclones. Ce lait féculent fini,
de concentration maximale de 493 kg/m3 est stocké, essoré, séché et
bluté 1 la fécule se dépose au fond du mélange et récupérée.
Le produit final est stocké en silo puis ensaché. Le rythme de
fabrication est de dix à douze tonnes par jour. La fécule sèche a un
pourcentage d'humidité de 13 %. Par cuisson de cette fécule, on obtient
du tapioca.
al La fabrication de tapioca
L'opération commence par la dilution et l'acidification de la
fécule. Le lait obtenu est séché partiellement dans un filtre à vide
puis cuit. On obtient une prise de flocons qui, après broyage donne du
tapioca granulé qu'on tamise et qu'on ensache. Le tapioca est vendu
avec un taux d'humidité de 10 à 11 %.
Ces différentes phases de la fabrication du tapioca et de la
fécule s'opèrent grâce à l'alimentation en eau et en électricité.
L'énergie électrique était fournie jusqu'en 1969 par les groupes
électrogènes de la Compagnie du Bénin. Depuis cette date, .un accord pour
la fourniture d'électricité est signé avec la CEET (Compagnie d'Energie
Electrique du Togol et les groupes électrogènes ne fonctionnent plus qu'en
cas de panne à la CEET. L'eau nécessaire au fonctionnement de la féculerie
est fournie par la nappe phréatique de la région contrÔlée régulièrement
par les agents du Service d'Hygiène du Togo. Cependant la proportion assez
élevée d'éléments ferrugineux dans l'eau constitue un sérieux handicap
pour l'entretien des machines.
C'est dans ces conditions d'approvisionnement en manioc, d'alimen-
tation en énergie électrique et en eau, qu'évolue la production de l'usine.
A sa construction, la féculerie de Ganave avait une capacité ini-
tiale de production de 6 500 tbnnes de fécule par an. Depuis 1969, la
capacité est portée à 50 000 tonnes de racines ce qui correspond à une pro~
j

9S
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le • Zone d'encadrement
AmEES
PRODUCTION DE FECULE
PRODUCTION DE TAPIOCA
(8ft tonnes 1
(en tonnesl
1957 "
3 990
1958·
4 138
1959·
1 502
1960 °
5 7115
1961·
3 393
1962·
2 730
1963·
5 747
1984·
6 500
1965·
2330
1966
412
1987
4 SOI
1968
5 331
1969
B572
2 425
1970
3 866
1 956
1971
6 539
2 850
1972
2 417
793
1973
489
TlIblellu nO 17 - Production de III féculerie de GBnllvé de 1957 à 1973 11)
(11 Les chiffres llveC un., IIstérhque .ont Uré. de ·Inventalre Economique
du Togo 1966·. Les autre. eontt1rh ·du "auÙetin de l'AfrIque NoIre·
n· 787 et 811.

96
duction annuelle de 9 000 à 10 000 tonnes de fécules dont une
partie est tournée en tapioca. Or cette augmentation de la capacité ne
semble pas correspondre à la production effective de l'usine. En effet.
la production est très irrégulière suivant les saisons. la période creuse
allant de la mi-décembre à la mi-février (ce qui se situe pendant la
grande saison sèche) et les moments de pointe du mois de mars à celui
de mai (les trois premiers mois de la grande saison pluvieuse). D'autre
part. la production effective de l'usine est très inférieure à la capa-
cité et varie beaucoup d'une année à l'autre comme le montrent le ta-
bleau nO 17 et la figure nO 35.
De 1957 à 1966. l'usine n'a atteint qu'une seule fois sa capa-
cité de production (6 500 tonnes en 1964) avec un fléchissement en 1959.
en 1965 et en 1966. la baisse de la production de fécule en 1959 est liée
à la grande sécheresse qui a entravé l'arrachage des tubercules et qui a
même poussé le
Gouvernement Togolais à interdire pendant un certain temps
l'exportation des produits dérivés du manioc vers les pays voisins afin
de ne p~s affecter l'approv,isionnement de la population togolaise.
La diminution de 1965 semble être due aux répercussions de la
sécheresse qui a affecté toute la "zone manioc" en 1964. Celle de 1966
provient par contre de la cessation partielle du fonctionnement de la fé~
culerie 1 en effet. elle n'a tourné que quatre mois en \\966 ••De 1967 à
1969. la production a repris une augmentation régulière yui retombe en 1970 •
. remonte en 1971 pour décroltre de nouveau en 1972 et en 1973. La baisse
de ces dernières années est due aux mauvaises conditions pluviométriques
connues dans la région.
,
Quant à la production de tapioca. elle n'a commencé qu'en 1969
et va de pair avec l'évolution de la production de fécule.
Cette évolution capricieuse de la production de la féculerie de
Ganave se répercute sur la commercialisation.
A part quelques "petits clients" à Lomé (la·SCOA (1) et la
S.G.G.G. (2) qui achètent une vingtaine de tonnes de fécule et à peu près
la même quantité de tapioca par an, tout le reste du p~oduit fini est
(1) la SCOA : La Société Commerciale de l'Ouest Africain.
(2) La S.G.G. : La Société Générale du Golfe de Guinée

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97
1
destiné à l'exportation: 400 à 500 tonnes de fécule sont exportées vers
les pays africains tels que le D~homey, la COte d':voire, le Niger et le
Nigéria.
Les "plus gros" importateurs des produits dérivés du manioc sont
les Etats-Unis et la Communauté Economique Européenne (la France demeu-
rant le principal client).
En 1969, les- principaux pays acheteurs étaient les suivants (1)
La France
: 3 166 Tonnes de produits dérivés du manioc importées
Les Etats-Unis: 2 350 Tonnes
"
"
"
"
La Grande-Bretagne : 1 132 Tonnes
"
"
"
"
L'Allemagne de l'Ouest : 840 Tonnes "
"
"
"
Le Nigéria
210 Tonnes
"
"
"
"
Les Pays Bas
105 Tonnes
"
"
"
"
Rappelons que la fécule de manioc est un produit intéressant
à la fois des industries alimentaires (elle est utilisée comme liant pour
les sauces, les entremets, la charcuterie et pour la fabrication de glu-
cose) et des industries les plus diverses (dans la pharmacie, le textile,
la fabrication du papier, pour les colles, les produits de beauté, les
industries chimiques et même métallurgiques).
Très apprécié dans les pays anglo-saxons, le tapioca est réputé
pour ses qualités nutritives et digestes des protéines du lait. Il est
exclusivement commercialisé en Europe par la Sociéta Tipiak de Nantes.
Quant au matériel utilisé par l'usine, il est importé sans taxe,
essentiellement de France par l'intermédiaire de Brossette et de la S.G.G.G.
Les pièces de rechar.ge sont importées de la Hollande et de la Suisse J il
faut attendre trois à quatre mois pour avoir une pièce de rechange.
La production et l'écoulement des p~oduits finis sur le marché na-
tional et étranger sont le fait du personnel employé par l'entreprise.
4 - Le personnel
L'effectif du personnel s'élève à environ 150 personnes avec ..
une
moyenne d'âge de 30 à 40 ans.
A part quatre Européens, qui sont tous des cadres (le Directeur,
le Directeur adjoint, le Chef d'atelier et le Chef de fabrication), tout
le reste est de nationalité togolaise et pour la quasi majorité, originaire
du Sud-Est du Togo.
(1) Marchés Tropicaux n° 776

"--
La semaine de travail varie de 56 heures à 46 heures pour le per-
sonnel de fabrication alors qu'elle est de 40 heures pour le personnel
administratif •
. L'usine tourne 24 heures sur 24 avec trois équipes de 3 x 8 quand
il y a suffisamment de matière première. En période de pointe. cinquante.
quatre ouvriers travaillent 56 heures par semaine ceci pour traiter rapi-
dement le stock de manioc afin d'éviter la fermentation des racines (le
manioc fermente vite, aussi faut-il le traiter en 48 heures). En période
creuse. l'usine s'arrête et les ouvriers sont en chOmage.
Le personnel de production est rétribué au SMIG : 35 à 80 FCFA
l'heure suivant les qualifications. Quant au personnel administratif et
aux agents de maltrise, ils ont un sl;llaire mensuel.
En 1964. unrapport (1) a été publié sur les différentes catégories
du personnel. Il distingue les catégories suivantes
- Le personnel africain horaire : les charges salariales qu'on lui paie
représentent un salaire normal variable (produit du taux horaire par le
nombre d'heures). un salaire supplémentaire variable suivant le nombre
d'heures effectuées au-delà des 40 heures hebdomadaires subventionnées. les
gratifications et les charges sociales sur salaires dont le coefficient
de retenue est de 1.22 FCFA.
- Le personnel africain mensuel : il reçoit un salaire mensuel de base
et une gratification supportant un coefficient de majoration pour charges
sociales de 1.22 FCFA.
- Le personnel européen : il perçoit un salaire de base. un treizième moi~
des frais de représentation, une prime d'ancienneté. une prime de rende-
ment, le coeffiêient de charges sociales de 1.22 FCFA plafonné à 60 000 FCFA.
le versement forfaitaire sur les salaires. les cotisations à la caisse de
retraite des expatriés. les avantages en nature (voiture. villa etc ••• ),
des remboursements de voyage en Europe et de déplacements. des allocations
familiales •••
C'est ainsi qu'en 1966, les 99 Togolais et 3 Européens qu'employait
le Compagnie du Bénin ont perçu des charges salariales respectives de 10.6
et7~7 millions de Francs CFA (~) soit 57.9 % des charges salariales pour
environ 97 % du personnel et 42.1 % pour seulement 3 % du personnel. Cette
(1) OOURGEOIS Henri: Rapport sur la vérification des Comptes et le Plan d'Ex-
pansipn 1966-1969 de la Compagnie du Bénin. Janv.Fév. 1966
(2) Inventaire Economique du Togo 1966

99
disproportion énorme entre les charges salariales des autochtones et
celles des cadres expatriés caractérise les autres industries aussi.
Au total. la transformation industrielle du manioc. base de
l'alimentation dans une région surpeuplé~, pose des problèmes aussi
bien à l'entreprise qu'aux paysans de la région.
5 - Les types de problèmes et leurs solutions
al Sur le plan spatial
La "zone manioc" du Togo est caractérisée par une forte densité
de population supérieure à 150 habitants au km2 (essentiellement sur les
terres de barrel.
Plante exclusivement vivrière, alimentant la population togolaise,
le manioc n'a pas tardé à devenir plante industrielle.
L'implantation de la féculerie à Ganave a entralné un brusque
développement de la culture du manioc qui n'a pas laissé d'être inquié-
tant. Les sols qui, au départ possédaient un potentiel de fertilité éle-
Vé, ont été surcultivés sans discontinuité, exploités sans ménagement
aucun dans le but d'assurer le ravitaillement régulier de l'Europe en
fécule. Cette "économie de traite" a fini par appauvrir cette terre de
barre, l'un des sols les plus riches du pays, qui ne peut pas soutenir
un pareil effort prolongé. Elle commence à poser des problèmes fonciers
les cultivateurs du plateau de terre de barre, déjà nombreux sur un
ftspace réduit, sont actuellement, à cause de la dégradation de leur terre,
acculés à faire leurs cultures aux mêmes endroits ce qui n'est pas le
cas chez leurs voisins de la vallée du Bas-Mono. Ceux-ci disposent de
plus de terre et peuvent facilement pratiquer la jachère. La portée de
ce problème "douloureux" se manifeste chez les "Fiatatowo"(1) qui se dé-
placent sur des dizaines de kilomètres en quête de terres cultivables (2).
Le déplacement de ces agriculteurs du plateau sur de grandes distances,
alors que. la vallée du Bas-Mono se trouve à proximité. serait peut-être dû
à la crainte des paysans de la vallée de se voir envahis par ces "deshéri-
(1) Les Fiatatowo : les habitants du village Fiata.
(2l ANTHEAUME B. :"Contribution à la Connaissance régionale du Sud-Est du
Togo. Le terroir d'Agbetiko". ORSTOM 1974 126 pages.

tés" fonciers du plateau.
• .
La dégradation des terres surcultivées du plateau, la baisse
des rendements, par conséquent la baisse des revenus des paysans par
unité de surface cultivée seraient, en dernière analyse, fonction de
la proximité de la féculerie de Ganave, donc de l'intensification
"abusive" des cultures. L'importance numérique, sur un espace réduit
et surexploité, de cette population rurale qui, en plus, doit continuer
à approvisionner la féculerie, constitue un véritable déséquilibre sur
le plan population/ressources ou socio-économique •
a) Sur le plan socio-acœnomique
De peuplement ancien, le Sud-Est du Togo a connu un essor pro-
digieux dès le milieu du XVIIe siècle grâce au développement des centres
comme Glidzi, Anfouin et Vogan (1). Cette société rurale, très avancée
sur le plan économique, se distingue des autres régions par une vie éco-
nomique très active lui permettant de dominer les problèmes.
A l'égard des produits agricoles, l'attitude des Duatchi (ethnie
prédominante de la région) est très "évoluée". Hommes du terroir, labo-
rieux et recherchant avant tout leur profit, ces paysans DuatcDi réagis-
sent dans le domaine des lois économiques et vont jusqu'à pratiquer la
monoculture. et à bouleverser leurs méthodes d'exploitation et leur pro-
duit de base.
Ainsi, quand le prix du mais baisse sur le marché national ou
quand la récolte de ce céréale est mauvaise, les paysans trouvent plus
avantageux de commercialiser le manioc sous forme de "gali" (farine de
manioc) et de tapioca, produits de consommation locale. Tous les paysans
se mettent alors à cultiver du manioc en prenant soin de maintenir un
petit secteur vivrier pour la famille. Le caractère aléatoire de le cul-
ture du mais détermine en grande partie les fluètuations du cours du manioc.
L'insuffisance de la production de maie amène la population à consommer
davantage de gali. Il y a par conséquent beaucoup de demande qui se traduit·
par une montée spectaculaire du gali. Autrement dit, l'association mais-
manioc est prédominante sur le plan économique.
Mais comment donc est organisée la production de cette farine de
manioc qui entrave en partie l'approvisionnement régulier de l'usine?
r
1
!
(1) "Problèmes Bocio-économiques dans les opérations de la SDRAD Maritime".
Rapport publié par le Service de l'Agriculture du Togo.

·.~ '
101
Véritable artisanat de transformation transmis de génération en
génération. la fabrication du "gali" constitue une économie tradition-
nelle três fortement structurée et dominée par les femmes. Celles-ci
s"entraident. connaissent les recettes et toutes les "filières" de
leur métier et disposent de fonds de roulement individuels ou collec-
tifs. L'organisation de ces fabricantes et vendeuses de "gali" n'est
plus à démontrer.
Elles effectuent toutes les opérations J ainsi le secteur "pri-
maire" (production du manioc). les secteurs "secondaire" (fabrication
de "gali") et "tertiaire" (commercialisation du "gali") sont détenus
par les mêmes personnes ou les mêmes unités familiales. C'est une vé-
ritable économie traditionnelle "intégrée". Leur rayon d'action com-
meFcial est de grande envergure 1 il dépasse le cadre togolais et va
vers le Dahomey. le Nigéria et surtout vers le Ghana.
L'organisation cohérente de ce milieu fortement "monétarisé"
ne peut ni être facilement battue en brêche ni être concurrencée par le
secteur moderne.
La féculerie se trouve par conséquent. isolée au sein d'un
paysannat peu informé de ses besoins et de ses impératifs industriels.
ce qui complique le prublême d'apprOVisionnement.
C'est le principal problême qui se pose à l'usine. Les énormes
difficultés d'approvisionnement de la féculerie de Ganave que rencontre
la Compagnie du Bénin sont. non seulement dues aux problèmes économiques
de la région. mais aussi aux mauvaises conditions climatiques de ces
derniêres années et ~ux problêmes d'organisation.
a) Les conditions climatiques
Les variations climatiques ont été très importantes depuis la
création de l'usine. En effet. depuis un certain temps. on constate un
assèchement du climat en Afrique en général et au Togo en particulier.
Ces sécheresses entravent et la culture du manioc (la terre est dure à
cultiver) et la récolte (dès que la terre est sèche. l'arrachage des
tubercules est difficile). Aussi. les cours du manioc vivrier subissent-ils

102
des fluctuations énormes.
A ces difficultés d'ordre climatique s'ajoutent des problèmes
d'organisation.
a) Les problèmes d'organisation
En 1956, le Vice-Président d'une Société hollandaise expérimentée
en fabrication et en commercialisation de fécule de manioc, avait fait
une analyse intéressante sur les problèmes du manioc (1) : pour avoir
un débouché important pour la fécule de manioc, il faut selon cette
personnalité, avoir la possibilité de concurrencer l'amidon de mals en
disposant d'une source importante de racines de manioc à bas prix. Pour
obtenir cette source il faut : soit produire du manioc de façon intensive
et rationnelle avec assolements, fumure, rendement minimum de 40 tonnes
à l'hectare, soit s'approvisionner chez les cultivateurs locaux dont les
rendements sont faibles mais dont les coOts de production ne comportent
aucune charge excessive.
Au départ donc, la Compagnie du Bénin avait envisagé de créer
des "plantations" industrielles de moyenne importance dans la zone de
production du manioc. Cette idée n'a pas fait long feu à cause des
structures foncières et du mode d'exploitation des terres en vigueur dans
le Sud-Est du Togo. En effet, dans cette région, la terre constitue un
"bien 'sacré" dont il est difficile de se débarrasser.
Pour approvisionner lq féculerie en manioc, la Compagnie du Bénin
s'est donc tournée vers les paysans et constitue sur la côte africaine le
seul exemple d'une entreprise industrielle vivant d'une"alimentation exclusive-'
ment paysanne"J or ces paysans recherchent avant tout leur profit et savent où
se trouve leur intérêt.
Depuis 1969, l'organisation de l'approvisionnement par l'intermé-
diaire de la SDRAD Maritime ne ré saud pas les difficultés. Les encadreurs
de la Compagnie ne sont plus en contact direct avec les paysans pour leur
expliquer les problèmes de l'usine. Aussi, celle-ci risque~t-elle d'appa-
raltre comme ùn "corps étranger" dans l'espace économique régional.
Tous ces 'problèmes constituent un véritable malaise auquel des
solutipns ont été essayées.
(1J GROULT P.B. Président de l'Institut de Tapioca :"Le Manioc". Marchés
Tropicaux et Méditerranéens N- 736

103
.Pour permettre aux paysans d'augmenter leur rendement et de ré-
gulariser la production de manioc, la Compagnie a fait des essais dans
des champs expérimentaux. Ces expériences ont montré qu'en jouant sur les
variétés (le G~ula de cycle court 12 mois et le Kataoli de cycle long 18
mois), on peut avoir du manioc tout le long de l'année •
•D'autre part en 1972, une étude a été confiée à une mission bri-
tannique de la "Commonwealth Oevelopment Corporation" pour l'installation
d'une exploitation agro-industrielle de 400 hectares dans la criconscrip-
tian de Tsevie afin de résoudre le problème crucial de l'approvisionnement
de l'usine. Ce projet n'a pas reçu l'accord du Ministère du Plan car il ne
semble pas rentable •
•Enfin pour encourager les producteurs de manioc è livrer leur
production è l'usine, l'entreprise a augmenté de 40 % le prix d'achat du
manioc au début de l'année 1973 J le prix est passé de 2,30 fCFA le kilo-
l'_ ,
1:
gramme à 3,20-3,40fCFA suivant la qualité.
1
Bien que la Compagnie du Bénin compte mettre en place une chaIne
de fécule oxydée pour la fabrication du glucose et pour l'industrie tex-
tile, les activités de l'entreprise ne sont pas pour le moment rentables.
Des solutions urgentes sont encore indispensables, faute de quoi de sé-
rieux problèmes de commercialisation s'ajouteraient aux précédents, quand
la fécule de pOlMle de terre ou l'amidon de mats de la zone tempérée se
mettra è concurrencer la fécule de manioc du Togo.
Une autre industrie basée sur les ressources agricoles est ins-
tallée au Togo pendant la période coloniale J il s'agit de l'huilerie
de palme d'Alokoegbe.
BI - L'HUILERIE V'ÂLOKOEGBE
Oans le cadre de la modernisation des Territoires d'Outre-Mer,
le Plan FIDES français avait prévu l'installation sur la .cote ouest-afri-
caine d'huileries de palme. C'est ainsi que le "Premier Plan Palmier" a
amené l'IRHO (Institut de Recherches des Huiles et Oléagineux) à créer
huit usines d'huile de palme dont celle d'Aloko~gbe au Sud-Togo (1).
~1} Les 6 huileries sont :
..<,'\\
.
.,. L'huilerie d'Acobo-Dabou (Côte d'Ivoire), l'Huilerie,d'Avrankou< (Eat·O&~Î~'~
;jjJ)e Gbede (Est-Dahomey), de Bohicon (Ouest-Dahomey), d'Ahozon{eue8t-oa~f.
~e D1bombari (Cameroun), d'Edea (Cameroun), d'Alokoegbe (Togo).
.
.


· 104
Depuis son installation, l'huilerie de palme du Togo a été gérée
successivement par des sociétés différentes les unes des autres.
1 - ~'Historique de l'entreprise
De '1953 à 1958, l'usine d'huile de palme d'Alokoegbe dépendait
de la Société Fermi~re de France, sur la base d'une convention signée
entre la société et le Gouvernement togolais d'alors. Ce dernier payait
les dettes qu'accusait le fonctionnement de l'huilerie.
En 1958, après la victoire des nationalistes aux élections
législatives du 27 Avril 1958, la Société demanda au Gouvernement de
Sylvanus OLYMPIOde continuer à payer le déficit de l'usine, ce qui lui
fut refusé. Ce refus du Gouvernement togolais entralna la "levée de
tutelle" de la Société Fermière de France sur l'huilerie d'Alokoegbe
et la création d'Une autre Société.
b) La C.P.N.P.
-----------
La gestion de l'huilerie est alors confiée à la "Coopérative
des Producteurs de Noix de Palme de la Circonscription administrative
de Tsevie" (C.P.N.P.). Le départ des anciens exploitants de l'usine apr~s
la proclamation de l'indépendance entralna un malaise certain dans l'ex-
ploitation de l'huilerie (la plupart des notices d'explication de la mar-
che des machines étant dégradées par ces derniers). Ces difficultés abou-
tirent à la création d'une,autre Société.
c) La SOTEHPA
----------
Le 10 Mai 1965, l'Etat créa la "Société Togolaise d'Extraction
d'Huile de Palme" (SOTEHPA), société d'Etat d'un capital social de 100
millions de francs CFA réparti
en 10 000 actions de 10 000 FCFA. Pour
renté!bil1ser l'usine, l'Etat créa éE.alement un "Secteur Palmier" dans le
but d'instaurer une coordination entre le secteur de transformation in-
dustrielle et le secteur primaire de production de noix de palme. Malgré
cette nouvelle création, le compte d'exploitation de l'entreprise accu-
sait toujours des déficits. Aussi l'Etat intervint-il pour la réorganisa-
tion de la Société.

105
Le 14 Septembre 1968, fut créée la SONAPH (Société Nationale
pour le Développement de la Palmeraie et des Huileries) pour promouvoir
entre autres le développement de la palmeraie sélectionnée au Togo et
pour gérer l'huilerie d'Alokoegbe.
Le capital social de cette société d'Etat était de 100 millions
de francs CFA par capitalisation de l'investissement initial de la SOTEHPA.
Il est portéà 160 millions dans le cadre des accords avec la Communauté
Economique Européenne. Le siège social se trouve à Lomé avec une direction
générale qui donne les directives d'orientation sur le plan administratif
et économique. C'est cette raison sociale qui fait tourner l'usine actuel-
lement.
2 - L'usine
Commencés en 1950 par la pose de la première pierre, les travaux
d'installation de l'huilerie ne terminèrent que trois ans plus tard et la
mise en fonctionnement de l'usine débuta le 7 décembre 1953.
L'huilerie est située à Alokoegbe dans la vallée du Zio sur la
bretelle Tsevié-Kevé, à quinze kilomètres de Tsevié, soit à environ cin-
quante kilomètres au Nord-Ouest de Lomé. L'importance de l'axe Tsevié-Kevé
dans la région des palmeraies naturelles et surtout des motifs d'ordre po-
l1tique ont nécessité le choix du village d-'Alokoegbe.
Occupant une superficie de 32,5 ares sur une superficie totale
de plus de douze hectares, l'établissement industriel est constitué de
deux halls parallèles à ossature métallique (1).
Le hall principa~ abrite la station d'extraction et de clarifi-
cation de l'huile, la station de triage et de stockage de palmistes, la
palmisterie et la centrale de force motrice. Le hall secondaire comporte
la station de stérilisation et d'égrappage des régimes, la chaufferie et
l'atelier.
L'huilerie a été entièrement conçue et livrée par la firme hollan-
daise STORK d'Amsterdam.
(1) "Infrastructures Industrielles Alokoegbe-Agou-Lomé". GIREC Bruxelles
Février 1972, 145 p.

106
Notons qu'à cette époque, STORK était le fournisseur le plus
,
,
,
réputé du monde d'huileries de palme (1).
Mise en service en décembre 1953, l'usine d'huile de palme d'Alo-
koegbe a commencé à produire de l'huile la même année.
3 - La production d'huile de palme
L'huile de. palme de fabrication industrielle est, par définition,
à basse ecidité (celle d'Alokoegbe
a environ 3° d'acidité) contrairement
.
à l'huile de fabrication artisanale qui a plus de 8° d'acidité.
L'usine, conçue pour traiter annuellement 10 000 tonnes de régimes
de noix de palme, soit environ 1 000 tonnes d'huile de palme est loin
d'atteindre ce chiffre à cause d'une production de noix très irrégulière
suivant les saisons.
a) Les apports annuels de régimes à l'usine
Depuis la mise en fonctionnement de l'usine, l'approvisionnement
varie d'une année à l'autre (tableau nO 18).
Irrégulier tout au long de la période 1953-1972, l'approvisionne-
ment a enregistré la plus forte chute en 1958-1959 avec 1 683,14 tonnes
de régimes. Ceci semble dO aux "représailles" organisées par les nationa-
listes contre l'ancienne puissance colonisatrice. En effet, après la vic-
toire des nationalistes aux élections législatives d'Avril 1958, les pay-
sans ont refusé pendant un certain temps de livrer leurs récoltes. A partir
de la campagne agricole 1959-1960, l'apport annuel de régimes à l'usine
a'repris progressivement, avec cependant une baissé en 1961-1962 et un ma-
ximum en 1965-1966 avec 9 754,89 tonnes de régimes. Quant à la baisse
spectaculaire de 1971-1972, elle est due à la sécheresse qui a sérieuse-
ment affecté les récoltes.
La zone de provenance des régimes de noix de palme est très éten-
due.
(1) "Infrastructures Industrielles Alokoegbe-Agou-Lomé. Février 1972

107
CAIlPÂGNf5
APPORTS DE REGI~S
rDNl/AGE D'HUILE
[en tonnes)
(en tonnes)
1953-1954
6 339. 83
658
1954-1955
8 494,15
872
1955-1956
5 861,64
711
1956-1957
4 789.40
351
1957~1958
3 576.04
294
1956-1959
1 683.14
145
1959-1960
4 942.12
491
1960-1961
S 050.00
436
1961-1982
2 751.46
247
1962-1963
5 833.15
516
1963-1964
9 227.61
664
1964-1965
5 431.66
560
1965-1980
9 754.89
:L!J
1966-1967
6 427.38
4û9
1967-1968
9 554.47-
764
1968-1909
8 168.53
724
1969-1970
B 646.56
799
1970-1971
9 102.43
757
1971-1972
2 900
249
Tabloou n' 16 - Stat1st1ques des apporte annuels de rég1mee a
AlokoegbB'et tonnagee d'huile~
·Sources ~
--Infrastructùres Industrielles Alokoegbe ~ Agou - lomd-
- "Histoire du Togo"
par CORNEVIN (Robert]
- "Inv"ntaire Economique du Togo 1966"
- 'Bulletin de l'Afrique Noire' n" 767
- Rapports BQciaux de la SONAPH.
B) La zone de collecte
Cette zone de provenance des régimes s'étend sur un rayon
de plus de BD kilomètres. englobent les régions de Tsevié. Tabligbo
et d'Alou. Pendant la campegne 1970-1971. la répartition des livrei-
80ns de noix de palme à l'usine s'est faite de la façon suivante
Circonacription
Poids de régimes
Pourcentage
TSEVIE
6 102.450
67.0 \\
TABLIG80
2 646.316
31.3 \\
ICJ.OTO (AGOU)
153.669
1.7 \\
TOTAL
9 102.435
100,0 \\
Sur un total de 9 102.435 tonnes de régimes livrés à l'usine
d'Alokoegbe par la moitié méridionale du Togo. la circonscription de
Tsevié vient en tAte avec 67 \\ des apports annuels de régimes. suivie
per celle de Tabligbo avec 31.3 \\ des livraisons et enfin celle de Klo-
ta avec seulement 1.7 \\ (figure nO 36).

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• • • • • • •
.........altmoN . . .au Dli AJIIIOIn a.....n. DI .......
r:-:-=-:l
~
U''''I
~
L:....:-:J
Il:LOfO

106
~l L'organisation de l'approvisionnement
Actuellement, l'huilerie de palme d'Alokoegbe est entièrement
assujettie à la livraison volontaire des producteurs, étant donné que
les plantations industrielles n'~limentent pas encore l'usine. L'appro-
visionnement se fait, par conséquent chez les paysans.
Les régions productrices de palmiers naturels sont divisées en
secteurs dont une vingtaine dans la Région Maritime. A la tête de chaque
secteur est délégué un acheteur, par la SONAPH,qui va acheter les régimes
de noix de palme directement chez les producteurs (le prix d'achat du
kilogramme variant entre 2,5 et 3 FCFA1.
Les régimes sont alors transportés à l'usine pour être traités.
61 Le transport des régimes à l'huilerie
Pour transporter les régimes à l'huilerie, la SONAPH dispose de
cinq camions de cinq tonnes de charge utile chacun, mais fait aussi appel
aux transporteurs privés. Ceux-ci reviennent très cher et grèvent le bud-
get de la Société. Par exemple, au cours de la campagne 1966-1969, la li-
vraison des 6 166 tonnes de régimes à l'usine est revenue à 3 941 339 FCFA(11
C'est une charge excessive pour une entreprise qui n'a pas encore
atteint sa vitesse de croisière ni son seuil de grande rentabilité.
Une fois que les régimes de noix de palme sont transportés à l'usi-
ne, ils sont entreposés sur une aire de stockage, ensuite commence la tr~ns­
formation.
al La fabrication d'huile de palme
La teohnique adoptée est celle de l'extraction par essorage qui
seule permet de traiter les fruits des palmeraies non sélectionnées. Elle
est soumise à plusieurs opérations:
(1) "Infrastructures Industrielles Alokoegbe-Agou-Lomé".

109
- La stérilisation -
Après l'alimentation en régimes par une bande trans-
porteuse, les régimes sont entralnés, grâce à un élévateur, dans deux
stérilisateurs pouvant contenir chacun 5,5 tonnes de régimes frais. L'opé-
ration qui consiste à injecter de la vapeur d'eau sous pression dans la
masse, sert non seulement à éviter le développement de l'acidité mais
aussi facilite le détachement des fruits de la rafle. L'introduction de
vapeur dans le stérilisateur permet de nettoyer les noix et de détachet
l'amande de la coque avant la cuisson qui dure quinze à vingt minutes. Le
cycle de stérilisation des régimes est d'environ déux heures. Une fois
la cuisson terminée, fruits et régimes passent à l'égrappage.
- L'6grappage - Il permet de séparer par chocs répétés dans un égrappoir
à tambour, les régimes stérilisés en fruits et en rafles. Alors que les
rafles sont dirigées vers la chaudière, les fruits sont poussés en direc-
tion de deux cylindres malaxeurs où commence le malaxage.
- Le malaxage - Destiné à détacher la pulpe de la noix, l'opération s'ef-
fectue dans deux cuves cylindriques d'une tonne de capacité chacune, sous
la surveillance d'un ouvrier, Des agitateurs brassent les fruits, les ré-
duisent en pête (pulpe + noix) qui est ensuite dirigée vers uneesoreuse.
- L'essorage - La matte (magma fibreux formé par les fruits ma1axés)est assorée
dans des centrifugeuses à double paroi avec une paroi interne perforée
d'où sortira l'huile. A la fin de l'opération qui dure douze minutes, la
matte est conduite à la pa1misterie ; l'huile brute arrive dans des ré-
servoirs et contient de l'eau et de la boue. L'opération suivante consis-
te à la purifier.
- L,'épuration - Elle se fait dans un décanteur contenant de l'eau bouil-
lante. L'huile brute est envoyée dans cette eau. Sa densité la fait sur-
nager; la boue plus lourde tombe au fond, couverte par l"eau. L'eau et
la boue sont éliminées d'un côté et l'huile est recueillie de l'autre cOté.
Mais comme l'huile contient encore une certaine quantité d'eau, on
procède à une deuxième opération d'épuration qui s'effectue dans des bacs
contenant des serpentins chauffés à une température de 120°C.
- La filtration - Une fois le deuxième traitement terminé, l'huile est
filtrée avec un tamis vibrant. On obtient alors une huile pure stérile et
déshydratée dont la teinte varie du jaune orangé au rouge-orange foncé.
Cette couleur est due à la présence dans une proportion plus ou moins élevée
de divers carotenoides (carotène et 1ycopène principalement). L'huile est

110
ensuite stockée dans des tanks avant d'être commercialisée.
A la ~a~e de la fabrication de l'huile. succède autometique-
ment celle du traitement des noix.
B) Le traitement des noix
La mette (ensemble de noix et de fibres) est traitée dans un
défibreur à la palmisterie.
- Le défibrage et le polissage - Le défibrage permet de séparer les fibres
des noix. par aspiration des fibres vers les chaudières. Les noix tombent
dans un cylindre 00 elles sont polies. avant d'être envoyées dans le silo
à noix pour le calibrage.
- Le chauffage et le calibrage - Le silo à noix est chauffé afin de déta-
cher la coque de l'amende. Les noix passent ensuite dans un calibreur où
les grosses sont séparées des petites puis envoyées au concassage.
- Le concassage '- Le mélange concassé (amende + coque) est dirigé vers un
bain d'argile et d'eau. Les amendes surnagent au-dessus du mélange. sont
récupérées et conduites dans un tambour pour lavage.
- Le lavage et le .triage - Les amandes sont lavées. rincées et envoyées
dens le silo à amende où elles sont séchées avant d'être triées. mises
en sac et exportées.
Toutes ces opérations peuvent être résumées par le schéma suivant
Alimentat10n en régimes
1
Stérilisation
Vapeur d'HU
l
Elrappege
~. .t
1
\\
Ch1tllres
fruits
rafles
/
fibres
1
...l .....e
-
Essorale
(ru~e ""~te
HuUe
_
S6ehog" _P.lmisterie ..... Oé..1
11118
1
.
J
Epur.tion par décantation
NOix
t
2.... êpurat8ur
Chauffale
1
et calibra.
J
1
FUrUDn
2:cessag~ques
~
laV~ge
_
StociYIle
SéC~8ge
Ip8l1iste~ Mise en Sac

111
Les coques déposées en-aessous du bain d'argile sont récupérées.
lavées et dirigées vers les chaudières où elles alimentent l'usine en
énergie.
a) Les sources d'énergie
Les déchets de fabrication : rafles. coques. fibres et poussière
de concassage sont brOlés et utilisés comme carburant. Ils alimentent
trois chaudières (équipées d'un foyer à gradins) qui jouent le rôle de
générateur. Ces chaudières chauffent l'eau. fournissent de la vapeur et
alimentent ainsi en énergie une partie de l'usine et du personnel qui est
sur place. Cependant elles sont vieilles (elles ont au moins vingt ans de
fonctionnement derrière elles) et il est prévu de les remplacer par de
nouvelles chaudières plus modernes et plus perfectionnées.
Pendant les arrêts de l'usine. un groüpe électrogène composé
d'un moteur Diesel à trois cylindres fournit aussi de l'énergie électrique
pour les besoins d'éclairage et d'entretien.
8) L'alimentation en eau
Pour obtenir l'eau nécessaire au fonctionnement de l'usine. une
pompe à pistons est branchée directement sur le Zio. L'eau est recueillie
dans un réservoir cylindrique constituant un château d'eau de 30 m3.
Malgré cette bonne organisation de la fabrication d'huile et une
alimentation en eau et en source d'énergie originale. l'huilerie d'Alokoeg-
be n'a pas vu sa production évoluer beaucoup.
Dans l'ensemble, la production d'huile de palme varie suivant les
saisons et suivant les années. C'est ainsi que 85 % de la production an-
nuelle de l'usine sont concentrés sur quatre mois (de Janvier à Avril-Mai.
période de grande activité). Après cette période. la production devient
faibl~ et même insignifiante. De Juillet à Novembre. l'usine ne fonctionne
pas.
L'évolution du tonnage des produits suit. comme il se doit. celle
des apports des régimes (cf. tableau nO 18).

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112
CA.'IPAG!fES
POIDS D'HUlLE
PRIX DE VENTE a \\4
CHIFFM D'AFFAIRE TOtAL
<en tOMel)
tonne (en Franco CFA)
en Franci CFA
1966-1967
499
56 422
28 154 578
1967-1968
784
35 343
27 708 912
1968-1969
724
32 359
23 427 916
1969-1970
799
59 679
47 681 124
1970-1971
757
59082
.
44 635 074
1971~19n
249
65 331
16267 419 •
Tableau 0° 19 - Evolution du chiffre d'arrairel de 1966 • 1972.
(rapportl lociaux de la BUNAPH).
0.. 1953 à 1956, période correspcncant à la phaee déciSrVL
de la lutte pour l'indépendance. la production a beaucoup fléchi,
atteignent le minimu~ de 145 tonnes en 1956-1959 pour les raisons
im:!iquées précêdemment.
Le prix de vente à la tonne et par conséquent le chiffre
d'affaires ont diminué de 1967 à 1969 bien que le tonnage produit
ait augmenté. En effet, entre 1966-1967 et 1966-1969, il apparatt
une augmentation de ~5 \\ de la production d'huile mais une diminu-
tion de 16,7 \\ de sa valeur. Cette baisse serait ~VL~Ol.'lim. due à la
·saturation" du marché mondial d'huile de palme et à la baisse de la
dEllllande.
A partir de 1970, le prix est remonté, Uns nette augmenta-
tion du prix de vente de la tonne d'huile de palme caractérise la
période 1971-1972. Dans ce cas, la baisse du chiffre d'affaires est
plutOt due au faible tonnage produit.

113
e) La commercialisation
--------------------
Sur le plan local: l'huile de palme de fabrication industrielle
trouve peu de clients: seulement 5 % sont commercialisés à l'intérieur
du pays. La consommation annuelle de la moitié méridionale du Togo, esti-
mée à environ 5 000 à 6 000 tonnes d'huile de palme est satisfaite par
les femmes productrices "d'huile artisanale". L'huile de palme joue un
rOle important dans l'économie familiale du Togo l elle est à la base de
la majorité des préparations culinaires dans la Région Maritime et dans
celle des Plateaux.
Il faut souligner aussi, qu'en généra~, les femmes togolaises
préfèrent "l'huile de f~brication artisanale" à celle produite industriel-
lement. Elles ne font appel à cette dernière qu'en cas de pénurie d'huile
sur le marché national.
Le reste de la production de l'usine soit 95 %du total est exporté
vers les pays voisins (le Ghana surtout) et vers les pays de la C.E.E.
Cette commercialisation vers l'Europe se fait par l'intermédiaire de la
SNAHDA (1) au Dahomey, à cause du manque de l'installation de stockage
adéquate qui permette le chargement de l'huile dans les bateaux-citernes.
Cette vente d'huile par l'intermédiaire du Dahomey nécessite le transport
de l'huile en camions-citernes jusqu'à Cotonou, soit plus de 400 kilomètres
pour le voyage aller-retour. Le prix du transport très élevé vient s'ajou-
ter aux facteurs qui grèvent le coOt de production de l'huile de palme
togolaise.
Quant à la production de palmistes (amandes de noix de palme), elle
est vendue obligatoirement à l'OPAT (Office des Produits Agricoles du Togo)
qui, à son tour la revend aux clients de la place: la SCOA (2), la SCIA{3)
et l'UA~4Jui l'exportent en totalité.
.
'
L'évolution ds la production est due aussi au travail du personnel
employé par la Société.
(1) la SNAHDA : La Société Nationale des Huileries du Dahomey
(2) La SCOA : La Société Commerciale de l'Ouest Africain
(3) La SCIA : La Société Chimique et Industrielle Africaine
(4)
UAC: United African Company

114
4 - Le Personnel
-_.._-----
Pendant l'exercice 1971-1972, l'effectif du personnel mis à la
disposition de l'huilerie se répartit comme suit (1)
- Personnel administratif
10
- Personnel technique permanent
19
- Personnel de garage
8
- Personnel qualifié saisonnier
12
- Manoeuvres saisonniers
40
- Personnel de collecte Tsevié-Tabligbo
7
- Personnel de collecte Secteur des Plateaux
23
TOTAL
119
Tout l'effectif du Personnel est d'origine togolaise, la plu-
part venant des régions avoisinnantes de l'usine.
Seuls les ~cadres" su nombre de quatre, le directeur. le chef de
collecte, le caissier et le comptable sont logés. La main-d'oeuvre béné-
ficie de la Sécurité Sociale (elle est obligatoire 1 la Société paie
14,1 % du salaire et l'ouvrier paie 2 %) et a droit aux allocations fa-
miliales fixées à 500 FCFA par enfant.
Dans le domaine de la formation professionnelle. rien n'est fait.
Comme pour la féculerie, l'huilerie de palme a ses problèmes auxquels
des solutions adéquates sont indispensables.
5 - Problèmes, solutions et perspectives
a) Les problèmes d'approvisionnement
L'huilerie d'Alokoegbe, comme nous l'avons souligné, tourne à
psrtir des régimes de palme livrés par les paysans 1 par conséquent cette
alimentation de l'usine dépend des exploitants, qui sont libres d'accep-
ter ou de refuser de vendre leur récolte.
Malgré l'implantation de l'huilerie, la forme artisanale de l'ex-
ploitation à double finalité (élaeicole et vinicole) des palmiers reste
vivante dans le milieu rural. En effet, avant l'installation de l'huilerie,
les régimes récoltés avaient exclusivement trois débouchés : ils alimen-
taient d'une part un marché local d'huile de palme fabriquée et consommée
(1) Rapports sociaux.Exercice 1971-1972 de la SONAPH

115
par les familles (les femmes gardent toujours une partie des noix de
palme pour fabriquer leur huilel, d'autre part un marché extérieur où
domine la vente au commerce de l'huile fabriquée de façon artisanale et qui
n'est pas consommée sur place et enfin le marché de vin de palme et de
"Sodabi" (alcool obtenu par distillation du vin de
palme). Alors que
la production d'huile de palme est détenue par les femmes qui y trouvent
une "certaine indépendance financière", celle du Sodabi, bien que clandes-
tine est détenue par les hommes et constitue une source appréciable de
numéraire (on consomme beaucoup cet alcool au cours de fréquentes cérémo.
nies: libations, mariage, funérailles ••• ).
Après 1953, la possibilité de vente des régimes à l'huilerie
industrielle est devenue un autre débouché pour les palmeraies du Togo.
A ces constatations qui entravent l'approvisionnement de l'huila-
rie de palme d'Alokoegbe, il faut ajouter: d'une part les aléas clima-
tiques de ces dernières années qui ont réduit les appotts de régimes à
l'usine et d'autre part le manque de voies de communication qui met à
l'écart des flux de ramassage, la riche palmeraie de la vallée du Bas-
Mono J en effet, à défaut d'un traitement industriel, les fruits de cette
palmeraie sont travaillés de façon artisanale sur les bourrelets de berge.
L'Etat togolais
a grâce à l'aide du Fonds Européen de Développe-
ment, trouvé des solutions intérassantes à ces difficultés, par l'implan-
tation de palmiers sélectionnés dans la moitié méridionale du pays.
A ces difficultés, s'ajoutent celles de l'état de l'usine.
al Les problèmes de l'état de l'usine
L'usine d'Alokoegbe date de 1953 et n'arrive plus à tourner
normalement.
Le rapport social de la SDNAPH pour l'exercice 1970-1971 souligne
les pannes fréquentes qui n'ont pas permis le fonctionnement à plein temps
de l'huilerie pendant la période de pointe des apports. Ces pannes, dues
à l'éclatement des tubes vaporisateurs des chaudières et à la rupture des
courroies de transmission ont provoqué des arrête entra1nant un retard
considérable de le préparation de l' huile sur la collecte de régimes de
noix. En tenant compte de ces arrêts'techniques, l'usinege a pris, de
Janvier à Avril 1971, vingt sept jours de retard, ce qui est considéra-
ble pour une entreprise industrielle.
Pour rentabiliser l'usine, il faut du matériel neuf. Aussi, une
remise en état très importante de l'outillage a-t-elle été faite avec l'aide
du FED.

116
~) Les problèmes de commercialisation
Ces problèmes se posent sur le plan intérieur (il faut régulariser
le marché intérieur) et sur le plan extérieur (éviter les frais de trans-
port en commercialisant l'huile directement, sans l'intermédiaire de la
SNAHDA).
Plusieurs projets financés par le Fonds Européen
de Développement
vont voir le jour
- la construction d'une nouvelle usine à proximité et au Sud-Est de l'actuelle,
dans la 'même enceinte, en vue de réduire au minimum les investissements des
moyens annexes tels que bureaux, logements etc ••• Ceci permettra aussi
d'augmenter la capacité de l'huilerie et d'accroitre la production d'huile.
- la construction d'une huilerie à Agou Tafie. Celle-ci sera localis~e sur
le plateau où avait été construite l'ancienne usine par les Allemands en
1910, afin de profiter das infrastructures existantes. Elle permettra de
transformer sur place les fruits des palmiers séléctionnés de la Région
des Plateaux.
- Une troisième huilerie est en projet dans la région de Tabligbo.
- Pour diversifier les activités, l'Etat compte construire une huilerie
de graine dans la zone portuaire de Lomé, huileri~ qui traitera éventuel-
lement des graines de coton, d'arachide et le coprah.
- Enfin il est question de créer dans la zone portuaire de Lomé une station
de stockage et d'expédition maritime de l'huile de palme. La réalisation
de ce projet permettra à la SONAPH de ne plus passer par l'intermédiaire
de la SNAHDA pour commercialiser l'huile de palme togolaise. Les investis-
sements sont estimés à 39200000FCFA(prix de Juin 1970) dont 24 400 000 F
pour la première phase qui doit en principe être terminée actuellement (1).
Sur le plan de la commercialisation intérieure, la SONAPH, en accord
avec la Société Togolaise des Plastiques étudie le projet de fabriquer sur
place des bouteilles en plastique pour le conditionnement de l'huile de pal-
me.
Au total, grâce au FED et à l'Etat Togolais, la Société d'exploi-
tation de l'huilerie d'Alokoegbe, contrairement à la Compagnie du Bénin.
f~it des bénéfices (10 775 331 FCFA en 1972) et trouve des solutions adé-
(1) Bulletin de l'Afrique Noire nO 767
{

117
quates à ses problèmes. Elle diatribue annuellement sur un rayon maximum
de 70 kilomètres, environ 3D 000 000 FCFA aux paysans producteurs de noix
de palme. Avec l'entrée en production de ses plantations industrielles,
la SONAPH deviendra la première entreprise agro-industrielle du pays. Elle
n'aura plus alors qu'à faire face au problème crucial de la commerciali-
sation extérieure tributaire de la variation du cours de l'huile de palme
sur le marché international.
Une autre industrie est installée la même année et s'approvision-
ne, en partie, en
huile de fabrication artisanale et en
huile indus-
trielle J il s'agit de l'industrie du savon dont la production est assez
mal déterminée.
cl LA SAVONNERIE VE BE
1 - L'entreprise
Créée en 1953, la Société Chimique Industrielle Africaine (la
SCIA) est une société à responsabilité limitée. Son capital social, d'un
montant de 3D millions de francs CFA, est réparti entre des privés togo-
lais qui détiennent 40 % des actions et les entreprises CHRISTOPHE et
RAYNAL qui possèdent 60 % des actions.
Cette société dont le siège social se trouve à Lomé, exploite une
savonnerie et une usine de parfums et de boissons alcoolisées.
2 - L'usine
Implantée à Bé, banlieusde Lomé en 1953, cet établissement indus-
triel entra en activité la même année en produisant du savon de ménage
à partir d'huile locale et de matières premières importées.
3 - La production
Elle est assez mal déterminée. Il s'agit d'une entreprise modeste
dont le rythme de travail lié à des questions de matériel, de main-d'oeuvre,
de rendement et d'approvisionnement est extrêmement variable. Aussi la
production effective, comme le montre le tableau suivant, est-elle très
inférieure à la capacité de production (1 500 tonnes de savon).

118
AIIll!ES
PRODUCTION
en tonnes
1959
500
1960
540
1961
690
1962
730
1963
780
1964
1965
400
1966
400
1967
800
1968
1000
1969
800
1970
1971
300
1972
200
--
Tableau
n- 20 - Producti~n de savon de la SCIA
Jnvf'ntaire F.conoilliqllc du Tog(\\ 1966
Notes dtlnf~nmRrinn ~~ ~t~ti~ti~ues rl~ l~ B~nGuc Ccntr~lc'dc l'Afriquç
de l'Ouest nO 210.
Il ressort de ces chiffres dont nous disposons que la savonnerie n'a
jamais atteint sa capacité de production. Le plus fort tonnage de savon
produit se situe en 1968 avec 1 000 tonnes.
4 - Le Personnel
La Société Chimique Industrielle Africaine employait en 1969.
quarante Africains et un expatrié. L'effectif du personnel permanent
s'élevait à la mime période à 35 salariés africains et 1 non africain.
Ils ont perçu respectivement 6.1 millions et 2.1 millions de francs CFA
de salaires.
La Société Chimique Industrielle Africaine termine l'étude des
établissements industriels en activité pendant la période coloniale.
- CONCLUSION PARTlELLE
Sur le plan industriel. la période coloniale a été marquée
par des activités industrielles basées sur des ressources agricoles et
répondant avant tout aux besoins de la puissance colonisatrice.
l'

119
Cette "èconomie de traite" n'a tenu compte, ni des habitudes des paysans,
ni des formes traditionnelles de l'exploitation des cultures vivrières.
Les conséquences se manifestent actuellement: les produits fabriqués de
façon artisanale concurrencent actuellement les mêmes produits obtenus
de façon industrielle. La constatation se fait sur les marchés d'Anfouin
et de Vogan "véritables plaques tournantes" qui attirent chaque semaine
les commerçantes rurales ou urbaines depuis Anexo jusqu'à Lomé. On y
rencontre les femmes du plateau qui viennent commercialiser leurs pro-
duits dérivés du manioc (gali, tapioca et fécule) et celles du Bas-Mono

qui vendent leur huile de palme et les sous-produits du palmier à huile
savon, palmistes •.•
L'importance de ces circuits commerciaux dans un milieu essentiel-
lement rural est un phénomène qui ne devait pas être négligé.
Une autre caractéristique de la féculerie de Ganave et de l'huilerie
d'Alokoegbe est leur installation sans développement préalable ni de plan-
tations de manioc, ni de palmeraies industrielles. Logiquement, la créa-
tion des plantations industrielles aurait dO précéder l"implantation des
usines afin d'assurer un approvisionnement "régulier" de ces usines. Tel
n'est pas le cas. Aussi la résistance des paysans à livrer leurs récoltes
.pèse-t-elle sur l'approvisionnement de la féculerie et de l'huilerie de
palme.
Enfin, l'implantation de ces établissements industriels a accéléré
la dégradation et l'~ppauvrissement des sols portant les cultures qui ali-
mentent ces usines. Le cas le plus typique, comme nous l'avons souligné
plus haut, est celui de la dégradation de la terre de barre dans la Région
Moritime. Seuls des efforts de rationalisation et de modernisation de
l'agriculture, avec des techniques appropriées, permettront d'ajuster
efficacement ces deux sortes d'économie différentes.
Contrairement aux "industries de la période coloniale" basées
uniquement sur les productions agricoles, celles qui sont en activité
depuis 1960 tirent leurs matières premières aussi bien du secteur agri-
cole qua de celui des mines.

120
II - ETABLISSEMENTS INDUSTRIELS EN ACTIVITE DEPUIS 1960
AI LES PHOSPHATES VU BAS-TOGO
Bien que découvert en 1952 et étudié de 1954 à 1957, le gisement
de phosphate du
Bas-Togo n'entra en exploitation industrielle qu'après
1960.
1 - L'entreprise
Connue à sa crê ation sous le nom de Société Minière du Bén!. n,
cette entreprise d'exploitation des phosphates du Togo modifia sa rai-
son sociale et devint la Compagnie Togolaise des Mines du Bénin (CTMB
ou COTOMIBl.
Jusqu'au début de 1974, la CTMB était une société d'économie
mixte dont le siège administratif se trouvait à Paris et le siège d'ex-
ploitation à Kpémé, village situé à trente cinq kilomètres à l'Est de
Lomé.
Le capital social, d'un montant initial d~ 2 400 000 000 FCFA est
porté à 3 621 720 000 FCFA à partir de janvier 1973. Si, suivant l'accord
signé entre la Compagnie et l'Etat togolais, ce dernier avait le droit
de posséder jusqu'à 20 % des actions, ce n'est qu'en 1967 qu'il est de-
venu actionnaire à part entière après le remboursement de la "Caisse de
Coopération Economique" (1)
qui avait octroyé au Togo le montant de sa
participation.
Jusqu'en 1972, la répartition des actions était la suivante
°Etat togolais
19,9 %
°Groupes américains
37,34 %
°Groupes français
42,76 %
Le 1er Janvier 1973, la révision de certaines clauses de la con-
vention de 1957
demandée par le Gouvernement togolais, permettait à ce-
lui-ci d'augmenter la participation du Togo. Une redistribution des parts
s'ensuivit. La répartition est la suivante:
(~)C'est un organisme public qui gère les fonds consacrés par la France aux
pays africains et malgache.

121
°Etat togolais : 35 %
°Partenaires privés étrangers
65 % -Société "W.R.Grace and Company:30,29 %
-Compagnie Minière et Phosphatière
(COMIPHOS) :
13,27 %
-Compagnie Financière pour l'Outre-
Mer (COFIMER) :
9,06 %
-Rhône-Progil
4,30 %
-Péchiney,Ugine-Kuhlmann
4,22 %
-Pennaroya,' Compagnie Internationale
Industrielle et Commerciale d'Ar-
mement Navale
3,86 % .
Mais la situation évolua très rapidement : à par.tir du 1er Janvier
1974, la participation du Togo est portée à 51 % par décret présidentiel J
le 4 Février de la même année, la Compagnie est nationalisée.
Les inves-
tissements réalisés (fonds de roulement inclus) passèrent de 6 223 000 OOOF
tdont 320 000 000 F de fonds de roulement) le 31 décembre 1962 à 13 511 000
000 FCFA (dont 910 000 000 F de fonds de roulement) le 31 décembre 1972.
La CiMB, dont l'objet est l'extraction, le traitement et l'expé-
dition de phosphate de chaux à 79-81 %, constitue la plus puissante in-
dustrie du Togo.
Sa place dans l'économie togolaise se réflète à travers l'établis-
sement industriel.
2 - L'usine de phosphate de Kpémé
Situé à Kpémé, sur le cordon littoral, l'établissement industriel
de la CTMB interrompt brutalement le paysage de vastes cocoteraies et
de vieilles paillotes de pêcheurs qui se succèdent depuis Lomé, le long
de l'axe routier allant à Anexo. Le choix de Kpémé est motivé par sa
proximité de la mer et sa sitUation par rapport au gisement minier. L'en-
semble est constitué de grands b!timents disposés perpendiculairement à
la route et surmontés de grosses cheminées. On distingue :
~ un immeuble administratif dont le rez-de-chaussée abrite le laboratoire
d'analysmchimiques qui effectue toutes les analyses de prospection et de
contrOle de la fabrication
- un dépOt de fuel constitué de quatre réservoirs et permettant à la Com-
pagnie de s'approvisionner en produits pétroliers
- une centrale électrique
- un atelier de 2 775 m2 couverts, doté de deux ponts roulants et d'une
quinzaine de machines-outils pour l'entretien du matériel

122
- un magasin de 1250 m2 pour les articles de rechange
des hangars métalliques pour abriter le stock de minerai marchand.
- une infirmerie et une cantine
- des villas situées dans un cadre de "filaos"
- et surtout l'usine de traitement qui est le plus important des bâtiments.
Tout en longueur, l'usine de traitement transforme le minerai brut en
minerai marchand. Elle comporte trois chaines identiques traitant chacune
150 tonnes de minerai brut à l'heure et une quatrième chaIne différente
des autres.
L'ensemble de ces quatre cha1nes assure la production de la CTMB.
Il a permis de produire par an 750 000 tonnes de phosphate marchand J
un complément d'équipement a porté la capacité de production à 1 BOO 000
tonnes à partir de 1865 et à plus de 2 000 000 tonnes depuis 1873.
3 - La production.
La production est du domaine du "Service Fabrication" qui, après
réception du minerai de la carrière, doit le transformer en un minerai
marchand répondant aux impératifs des contrats commerciaux.
Le minerai de phosphate brut renferme un pourcentage de 25 à 40 %
d'argile. Aussi le traitement consiste-t-il à éliminer l'argile et les
particules trop grosses et trop petites.
a) Alimentation des chaines
Avant les opérations de traitement, le minerai brut provenant
du stock est envoyé dans des trémies "Hanrez" qui régularisent le débit
d'alimentation déS cha1nes. Une fois la régularisation terminée, un con-
voyeur à bande remonte le minerai J ensuite commencent les opérations
du secteur humide.
a) Les opérations du secteur humide
- Le débourbage ou la mise en pulpe - Le minerai brut est mélangé à de
l'eau de mer dans un débourbeur où il est transformé en une boue liquide
appelée "pulpe". Grâce à des pales en acier dont est muni le débourbeur

123
la pu1ptl est bien brassée et l' [,rglle contenue dar,s le minerai est enlevée.
Ensuite commence l'opération du crib1~ge.
- Le criblage - Le boue liquide est envoyée sur des tamis qui éliminent
lés détritus divers et tous les grains de plus de trois millimètres de
diamètre. Après le criblage, la pulpe passe au cyc1onage.
- be cyc10nage - La pulpe restante est envoyée, sous pression, dans des
cyclones qui éliminent par la force centrifuge les grains d'argile infé~
'rieurs à 43 microns. Il faut noter que les grains de diamètre supérieur
à 3 millimètres et de diamètre inférieur à 43 microns ne contiennent pas
de phosphate en général J même s'ils en contiennent, c'est du phosphate
de mauvaise qualité. Après le cyc1onage, il reste un mélange de phosphate
et d'eau.
- L'essorage - C'est l'élimination par des essoreuses de la plus grande
-quantité d'eau de mer contenue dans le mélange. Le pourcentage de chlore
contenu dans le minerai est réduit à environ 0,1 % et l'humidité du mine-
rai essoré ramenée à environ 17 %. Ensuite commence le rinçage.
- Le rinçage - L'opération se fait à l'eau douce (220 litres d'eau douce
par tonne de minerai) dans l'essoreuse afin d'éliminer le sel apporté
par l'eau de mer.
Les eaux de rinçage et d'essorage chargées de boue
sont déversées
dans la mer, d'où la couleur jaune claire de l'eau de mer dons le secteur
de Kpémé.
Toutes ces opérations se font dans le secteur humide des trois
chalnes de traitement (figure nO 36), Leur succèdent les opérations de
séchage et de traitement sec (Ruand la qualité du minerai l'exige).
w) Les opérations du secteur sec (figure nO 39)
Le minerai essoré et rincé est acheminé sur convoyeur à bande au
four sécheur où s'opère le séchage.
- Le séchage - L'opération s'effectue dans des fours sécheurs rotatifs
chauffés au fuel-oil. Chaque grain ce minerai est mis en contact avec
l'air très chaud (plus de 1 OOOOC) J ,le minerai d'environ 17 % d'humidité
ressort avec 1 % d'humidité.

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124
- Le dépoussierage - L'air chaud dégôgé par les fours est chargé de très
fins grains de phosphate qui sont récupérés pôr des dépoussiéreurs placés
derrière chaque four sécheur.
Le minerai séché et les "poussières" de phosphate recueillies, sont
renvoyés sur des cribles, gr§ce à un ensemble de convoyeurs. Le dernier
traitement s'opère quand la qualité du minerai l'exige.
~ Le traitement sec - L'opération consiste d'une part à éliminer l'excès
d'oxyde de fer (la teneur du minerai marchand en oyxde de fer et en alumine
ne doit pas dépasser 2,5 %) par la démagnétisation. Le minerai passe dans
des séparateurs électromagnétiques qui enlèvent une grande partie du fer.
D'autre part. le traitement sec permet d'augmenter le titre tricalcique
lorsqu'il risque d'être faible. A cet effet, le minerai passe sur des
tamis qui éliminent les gros grains dont le titre est trop bas. Le tableau
nO 21 illustre les ceractéristiques du minerai marchand obtenu.
La quatrième chaine fonctionne suivant le même processus mais avec
un matériel un peu différent.
Une fois terminées les opérations de traitement, le minerai mar-
chand est acheminé dans l'un des deux "stocks marchands" d'oD il sera
chBrgé lorsqu'un minéralier se présentera au wharf.
L'usine de traitement de Kpémé ainsi que les deux carrières de Haho-
toe et de Kpogeme sont alimentées par la centrale thermique appartenant
à la CTMB.
a) L'énergie électrique
La carence du Togo en source importante d'énergie électrique
décida la CTMB à prévoir, au moment de l'installation de l'usine, une
centrale électrique d'origine thermique.
Les produits pétroliers arrivent directement depuis les pétroliers,
gr§ce à un pipe-line prolongé sous la mer (sea-line) et permettent d'ali-
menter les six groupes électrogènes Diesel constituant la centrale thermi-
que. Avec une puissance de 12 500 Kw, la centrale électrique de la CTMB
fournit une quantité d'énergie électrique supérieure à celle de la centrale
thermique de Lomé (Tableau.no 22). En 1970, elle a fourni une quantité
d'énergie supérieure à celle produite par les autres centrales thermiques
et la centrale hydraulique de Kpimé.

125
ELEI'ENTS CONSTlhJTIFS
TENEUR {en \\,
Eau combtnée. mat1àres organiques
1.44
PZOs (Anhydride pho.phOriQue)
36.65
503 (anhydride .ulfuriQue)
0.40
COZ lanhydride carbonique)
1.50
Matière• •ilicnuses
2,~g
FeZ03 (oxyd.. de fer)
1;30
AlZ03 (oxyde d'aluminium)
.. '1.00
r.~0 (oxyde de cal"i~ml
51,G9
r"lgO (oxyde de magnésium)
0.03
NAZO (oxyde do. sOdium)
;.1,27
~ZO (oxyne ae potassium)
D,OS
(;12 lch'IOH)
0.12
F (fluor)
3.75
~-
J
Tablaeu nO 21 - Analyse chimique du min2~ai~~rchünd-.
·O[~chure technique de la CTMa.
Bl L'alimentation en eau
- L'Eleu de mer - Le Sud-Togo (la cOte essentiellement) est soumi.s à une
anomalie climatique qui rend cette partie du pay$ sèche. L'aléà hydrique
qui en découle a posé un problème d'eau à la Compagnie 1 aussi la CTMB
a-t-elle eu recours à. V.eau de mer pour débourber le minerai brut de
phosphate. Des pompes. installées à quatre cents mètres du rivage de
façon à éviter la zone tumultueuse de la barre. permettent de pomper
l'eau à un débit de 1 150 m3 à l'heure et de la conduire jusqu'à un
chateau d'eau de 200 m3 de capacité.

126
PUISSANCE UTILISABLE
PRODUCTION D'ENERGIE
Con K.. I
Cen Kwhl
SECTIlWS
~970
1971
1970
1971
Sec Uon clo LOrE
9 5~0
11 000
26 ~21 DOt 37 636 600
Section de KPI~E
1 600
1 &00
2 232 400
4 074 300
Autras localItés
E~3
653
751 2CQ
1 066 300
TOTAl-CEET
11 753
13 253
29 504 SOO 42 777 200
CTne C~J'EI1E)
12 500
i 17. 500
3~ 276 700 37 672 SOC
i
llJTPL
1
1'00)
24 253
25 753
63 781 30': eo G49 700
1i
T..blcau nO 22 - Production /l'énorr,le et' pul.."nc€
den princIpales
centreles électrtques du Toco-,
-AnnuaIre statlctlque du Togu 1071,

127
- L'eau douce - Cette eau est indispensable pour tes besoins du personnel
logé sur place et pour le rinçage du minerai lavé à l'eau de mer. Elle
provient de trois puits forés près de Sevagan à une quinzaine de kilomè-
tres de la laverie de l'usine. D'autres forages situés sur le cordon lagu-
naire permettent à la laverie de fonctionner en cas de panne des pompes
de Sev3gan. Ils datent du début de l'exploitation de la carrière et ren -
ferment une eau de moins bonne qualité dont une partie nécessite le pas-
sage à la station d'épuration.
Autant l'organisation de la production est importante, autant
l'évolution du phosphate produit est considérable.
Ju~qu'en Avril 1964, l'usine produisait deux qualités de phos-
phate marchand : la première qualité de titre B1 % et la deuxième de ti-
tre 75 %. Depuis cette date, la production de la deuxième qualité de
phosphate marchand a cessé. L'évolution spectaculaire de la production
est illustrée par le tableau nO 23 et la figure nO 40.
La production ne cesse d'augmenter d'année en année
de 119 501
tonnes on 1961, elle passe à 1 111 323 tonnes en A966 (elle a presque
décuplé en six ans) pour dépasser 2 000 000 en 1973.
Alors que pour les autres industries du Togo, la capacité de pro-
duction est rarement sinon jamais atteinte, à la CTMB par contre, l'essor
de la production met la Compagnie dans l'obligation d'utiliser à 100 %
la capacité de production de ses équipements et même d'augmenter ses moyens.
En 1972, parmi les dix pr'emiers producteurs mondiaux de phosphate,
le Togo occupait la septième place (1)
1 - U.S.A.
37 millions de tonnes
2 - U.R.S.S.
27 millions
3 - Maroc
14,5 millions
4 - Tunisie
3,5 millions
5 - Iles Christmas
2,9 millions
6 - Chine
2,6 millions
7 - Togo
1,9 millions
B - Moyen-Orient
1,5 millions
"
9 - Sénégal
1,4 millions
"
10 - Algérie
0,6 million
"
(1) Espoir de la Nation. Supplément au nO 2B (Editogo).

128
ANNEES
PRODUCTION
PRODUCTION EN MILLIARDS
en tonn••
dé francs CFA
1981
119 501
1982
191 705
0.5
1983
501 585
1984
752 442
1985
974 000
2,8
1988
1 111 323-
1987
1 139318
1988
1 374 808
4
1989
.1 472 832 .
1970
1 508 189
4,4
1971
1 715 314
5.1
1972
1 927 804
5.3
1973
2 292 478
7.1
.
T.bl.... nO 23 - Production ds phosphots en volume st en vallllJr
1981 Il 1973 - •
-Annuaire 8tatistique du Toso 1971
- RBn88!1n_ntl rBCeull118 Il 18 CTIlB.
Le Togo es~ le troisième pays africain pro.ucteur de phosphate
après le Maroc et la Tunisie.
La production en valeur va de pair avec la production en
volume et est due à une commercialisation bièn organisée.
La Société commerciale L1PHA !Union Phosphatière Africaine) dont
le siège est à Paris s'occupait jusqu'su début de 1974 de la commerciali-
sation des phosphates du Togo (elle assure également la vente des phos-
phates du Sénégal. de la Tunisie et de l'Algérie).
Les clients sont de grosses sociétés chimiques dont quelques
unes sont aussi actionnaires , entre autres. Péchiney. Kuhlmann alimen-
tent leurs usines d'engrais' chimiques situées en France. en République
Fédérale d'Allemagne. en Belgique et en HollandB à partir de phosphates
togolais.

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129
En 1972, les ventes se sont ainsi réparties
- Ventes locales
93 tonnes
- Exportations : France
1 055 090 tonnes
Pays-Bas
481 777 tonnes
Belgique
'141 635 tonnes
Japon
78 286' tonnes
R.F .A.
76 000 tonnes
Liban
20 275 tonnes
Côte d'Ivoire2 000 tonnes
Dahomey
20 tonnes (1 )
Au total, le marché togolais est négligeable, le débouché afri-
cain insuffisant et le marché européen considérable.
Le prix de vente varie suivant la qualité du minerai ; la tonne
coQtait environ 3 000 FÇFA. A partir de 1973, le prix de la tonne a triplé
( 9 650 FCFA) grâce à la pénurie de phosphates sur le marché mondial et
à la réévaluation du prix de certaines matières premières.
Depuis Janvier 1974, la commercialisation est confiée à l' "Office
Togolais des Phosphates" auquel la CTMB livre la production à un prix fixé
par la Gouvernement Togolais.
L'embarquement du minerai se fait par le wharf ,phosphatier et par
l'intermédiaire d'une série de convoyeurs. A l'installation de la CTMB,
le Togo ne disposait pas d'un part maritime 1 la côte du Golfe du Bén~n
basse et sablonneuse n'offrait pas d'abri naturel pour la conception d'un
tel ouvrage. Or les complexes minéraliers modernes exigent des installa-
tions d'embarquement capables d'accueillir et de charger à un rythme r~pide
des minéraliers de forts tonnages. C'est pourquoi la CTMB a été obligée
d'installer un wharf spécialisé de 1 200 mètres de longueur qui fut "l'un
des plus longs du monde" (2) à l'époque. Cet ouvrage entièrement métallique
mérite beaucoup d'entretien pour éviter la corrosion due à l'eau de mer;
Le chargement des minéraliers est confié au Service Maritime q~i
va accueillir les minéraliers eu large. les aide à accoster, à charger
et à quitter le wharf.
L'installation de cet important établissement industriel a appor-
té au Togo de grands avantages sur le plan de l'emploi.
(1)Marchés tropicaux et méditerranéens nO 14 14
(2) Brochure technique de la CTMB

130
4 - LB pBrsonnBl
Au 31 décBmbrB 1972, l'BffBctif total du pBrsonnBl était de
1 395 agBnts répartis Bn cadrBs, ouvriers, Bmployés, manOBuvrBS (tablBau
nO 24). Sur CBt BffBctif, 79 (soit Bnviron 6 %J sont des EuropéBns en
majorité français Bt sont tous des cadres J près dB 86,5 % sont dBs Togo-
lais dont 35. cadrBs. LB rBste dBs nén Africains sont surtout dBs DahoméBns.
La majorité dB la main-d'oeuvre togolaisB qualifiée BSt rBcrutéB
à Lomé Bt dans lBs établissements scolairBs et tBchniquBs dB SokodB Bt
dB Dapaon. LBs moins qualifiés proviBnnent dBs villagBs situés autour
dè Kpémé, dB HahotoB Bt dB KpogamB.
D'unB façon généralB, le CodB du Travail dans lBs TBrritoires
d'OutrB-MBr Bt la ConvBntion CollBctive des EntrBprisBs du BâtimBnt et
dBs Travaux Publics du Togo sont appliqués au pBrsonnBl.
LB nombrB d'hBurBs de travail hebdomadairB Bst de 48 Bt la rému-
nération horairevariB sBlon les catégories commB suit
- OuvriBrs (1)
1èrB catégorie
SalairB horairB dB 39,20 F à 41,50 FCFA
2èmB catégorie
"
"
de 41,80 F à 47,00 FCFA
3èmB catégoriB
"
"
dB 55,00 F à 62,00 FCFA
4èmB catégoriB
""
"
de 63,80 F à 80,00 FCFA
5èmB catégorie
"
"
dB 83,60 F à 98,00 FCFA,
68me catégorie
"
"
de110,00 F à 135,00 FCFA
Ho[s catégoriel:
A"
"
de16E,00 F à 190,00 FCFA
-
BS agBnts dB ma1trisB ont une durée dB travail hebdomadairB dB 40 hBurBs.
Ils sont rémunérés suivant IBur catégorie :
1èrB catégoriB
SalairB mensuBl
29 700 FCFA
2èmB catégoriB
"
"
36 828 FCFA
3èmB catégorie
"
"
43 956 FCFA
4ème catégorie
"
"
49 896 FCFA
5èmecatégorie
"
"
53 460 FCFA
- Le salairB du personnBl Bxpatrié varie de 500 000 FCFA pour la dactylo
à plus de 2 000 000 FCFA pour lB DirBctBur Général (2).
En 1972, une masse salariale dB 790 000 000 FCFA (y compris les
charges socialBs) a été vBrséB par la CompagniB.
Tous lBs agBnts rBçoivBnt unB gratification annuBIIB équivalBnte
à un mois de salairB, une prime de rendBmBnt. Ouvriers Bt Bmployés touchBnt
unB prime mBnsuelle spécialB ditB "Prime CTMB" égale à 10 % du salairB.
(1) RenseignemBnts recueillis à la CTMB
(2) Espoir dB la Nation. Supplément au nO 28 (Editogo)

;{~~~;(';}~'~r·,~;~"'::'~"%":~"'/""','-"'-."~.::'"::~"'ij\\_...,~m"-...,........,......:,,,q...,~,,""-~'----;--'---;--('.,,~\\~,~~,; .J.....-';.'
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131
·AFRi:CAINS
NON
eATEGlllùES
TlIGCLAIS
.AUTRES N'RICAINS
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D1NC1ttan (i"",1
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Cedre. st t.chni-
cl.... cie. . .UrU.
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Ouvr1er. et -.plo
~ S" ~t41orle
et au-dessus
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Ouvriers qUè1if16
et sp6c1aUs6.
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2
70
"--uv",. et
eppe.....d .
493
19
V'
1217
99
TOtAL
79
EFFECTIF TOTAL
1395 Sients.
TSbl-. n" 24 - EU...,tif du parsan""l de ls CHI! au 31 déCllf1lb"" 1~n
(Renleignements rnr.u~1111. ~ le eT~J.
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- -;
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133
CACAO
CN'E
PHOSPHATES
AUTRES PRODuITS
TOTAL
TOGO
NiEES
,
\\
,
, en Millions, ~ -
. . P1Ul1Dn·1
-lin lU hion.j
en PI1UiOnS'
en PI1IliOnSI
da Fr:I'A
d. FCFA
de FCFA
deFCJ'A
de FûFA
1
,
,
1
1
1
1
1 34.2
~ 757
9~0
7.6
12 408
100
1971
4248
2 ~3S
1 19.7
1 311.5
1
1
1
1
J
1
1
,lin
100
3 71'
1 32.~
2599
1 22.6
4 794
1. 41.7
391
1
3.4
11 S03
1
1
1
1
1
1
527
1.73
3 568
1311
1 /l01
1 15.1
6 267
257
1
2.2
11 B81
100
1
1
.
1

.,
T.al-.u. n-25 • Exportation. lin valeur du Tala 11971-1973)
tllS.,.,rti. U .... d. "Not" d' tn"ol"lll8tSon et Stati.tique. de lA 1IBnqu,; Central. des Etats de l' Afriqus de
l'Oue.t" nO 22,1.
-
-
Pendant la mArne pêriode la part respective du cacao et du cafê, (deux
des trois principaux produits d'exportation) diminua en tonnage et en
valeur.
Au titre de l'exercice 1972, la Compagnie a fait des dêpenses
globales de'2 677 000 000 fCFA dont 790 000 000 F de salaires directs
et ~ndirects. ·La même annêe, les organismes publics togolais ont perçu
sur l'activitê-de la CTMB, environ 1 465 000 000 F dont 387 000 000 f
au titre de dividendes sur les b'nêfices. Depuis la nationalisation
tous les hénéfices reviennent à l'Etat togola1~ qui a accordé aux in-
vestisseurs privés, une, indemnisation sêlon la convention conclue à
Paris le 2 Juillet 1974. Des efforts non négligeables ont été faits dans
le domeine de l'emplo~.
/
b) §Yr_~!_p~~Q_~!_~~~P~Q~
, ,
Avec un effectif d'environ 1 600 agents togolais Cà l'usine et
dans lBS mines), la Compagnie Togolaise des Mines du Bénin occupe de loin
la premiàre place parmi lea entreprises industrie~les du Togo, résolvant
ainsi en pertie le problàme crucial du chOmege qui se pose en gênéral
' /
aux pays du Tiers-Monde.
C'est la premiàre, sinon la seule entreprise industrielle qui
dispense sur le sol togolais une format~on professionnelle adêquate et
efficace'.' Aussi certaines entreprises demandent-elles l'aide es'la CTMB
en cas de panne de leurs machines.
Cet essor de la CTMB ne va pas sans poser des problàmes, aussi
bien à l'entreprise qu'au milieu rêgional.

134
6
Les problèmes
a) Le coat de l'enrichissement du minerai
Le minerai brut de phosphate du Bas-Togo a une- teneur de 50 %,
ce qui est moyen comparé à la ~eneur du minerai marocain qui, à l'état
brut ,est de 73 %. Aussi, pour que le phosphate togolais reçoive un accueil
favorable descl1ents, la CTMB procède-t-elle àde coOteuses opéràtions
d'enrichissement, portant le titre marchand du phosphate à environ 81 %.
B) Les problèmes commerciaux
Ces problèmes demeurent, bien que la commercialisation ait été
confiée jusqu'à un moment récent à l'Union Phosphatière Africaine (sociét'é'
,
dont la longue expérience du marché de phosphates n'est plus à démontrer)
et à,l'Office togolais des Phosphates depuis 1974. La CTMB garantit certes
une teneur de phosphate "toujours supérieure à 79 %" J mais i l faut tenir
compte des impératifs de la politique commerciale, de la situation géo-
graphique du Togo (le pays est assez éloigné des :"ieux importants de con-
sommation du phosphate), des manoeuvres de la concurrence et des problèmes
de l~ loi de l'offre et de la demande.
A ces difficultés Vient s'ajouter le problème de la nationalisa-
tion de,la Compagnie.
~) Le problème de la nationalisation de la CTMB
En nationalisant la Compagnie, l·~tat a maintenu surplace tout
le personnel aussi bien africain qu'européen. Dans l'immédiat,cette
nationalisation assure la totalité des bénéfices à l'Etat togolais. Il
faut cependant tenir compte de la réaction des anciens partenaires qui
sont également de gros clients de la Compagnie 1Rhône-Progil, Péchiney,
Kuhlmann par exemple), Tant que leur intérêt n'est plus en jeu, ils peu-
vent facilement "boycotter" le minerai togolais. Pour ne pas entraver
l'essor de la commercialisation et pour éviter la dépréciation du phos-
phate togolais sur· le marché mondial, l"Office Togolais des Phosp'hates
doit entreprendre la diversification de ses marchés et collaborer étroi-
tement avec les producteurs africains de phosphates. Les problèmes sont

135
tout autres dans le milieu rural régional.
L'exploitation des phosphates du Bas-Togo a entrainé une réduction
sensible des surfacBs cultivées dans la région.
1
LBs 10 726 hBctarBs concédés à la CompagniB'pour Bxtraire le mi-
nerai. rBprésentBnt 19 % de la supBrficiB totale cultivée dans la Région
MaritimB,et 36 % dB la supBrficie totale cultivéB Bn manioc dans la ré-
gion.
DBs cultivatBurs ont été obligés de quittBr leurs tBrrains dB
cul t\\lrB et IBurs caSBS. Déjà à l' étroit sur .1B plàtBau dB tBrrB dEl bàrrB
\\
dBnsémBnt pBuplé. lBs paysans doivBnt fairB facB aux problèmBs posés par
CBttB activité modBrnB qUB constituB l'exploitation du phosphate: dépla-
'CemBnt dB popu~ation. modification du paysagB rural. L'exploitation a cBrtBs
fourni du travail dans la région. mais lBs problèmBs qu'ellB pOSB. aggra~
( ,
vBnt ceux de la dégradation des sols.
A ces difficultés. il faut ajoutBr lBs problèmes de la pollution
dB la mer e~ du paysagB : Bn effet lBs eaux de débourbage et de rinçagB
sont déversées dans la mBr; lBS habitations à l'Eét de l'usine Bt lBs
champs dB cultures de l'arrière-pays sont saupoudrés dB poussièrBs dB ~hos-
. ·phatB.
Malgré CBS problèmBs. la CompagniB TogolaisB dBs MinBs du Bénin
dBmBure une BntrBprisB de poids. bien struct~réB. assurant toutes les phases
1dBs activités. dBpuis l'extraction du minBrai dBs carrièrBs jusqu'à la
commercialisation (cf. tableau nO 26). El lB a un impact considérablB sur
l'économiB du Togo. Par lBS revenus financiBrs qU'BllBapportB au To~o. par
l' BffBctif dB la.' main-d 'OBuvrB qu'elle emploiB. par l'infrastructure in-
dustriBllB installéB. la CTMB BSt de loin Bn têtB dB tOUtBS lBS BntrBprisBs
industriBIlBs du Togo suiviB par l'Industrie Textile Togolaise.

~136
1SIEGE AD"INtSTRATIP. ,(PARIS) J
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137
BI
L'INOI.JST'RIE TEXTILE TOGOLAISE
Si la culture du coton est très anciennement pratiquée au Togo
et si. elle alimente depuis plus d'un demi-siècle un courant d'exportation
de fibres et de graines, ce n'est que dans les années, soixante qu'une
,·industrie de transfonnation du coton y est créée.
1 - L'entreprise
:.1
,
L'Industrie Textile Togolaise (ITT) est une société anonyme dont
la ,création date de 1962.
D'un capital social de 360 000'000 FCFA répartis entre l'Etat
, togolaiS {25%), des nationaux (10 %) et des groupes ëlllemands : Frauen-
,... f
,10b-Wippermann et Otto und 56hne (65 %), l'ITT est une société mère dont
le siège social est insta1H! à Lomé. De 1965 à 1972, les investissements
bruts' réal1sé~ par l'entreprise passent de 1 200 000 000 FCFA à 2 618 000 OOQF.,
Son but est de produire et de commercialiser les textiles de toutes sortes
,
/
au Tego. Pour le moment, seul le coton dont la zone de .cu1ture'est étendue,
est trànsfonné sUli'P1ace.
La signature des clauses de la société entraina trois ans plus
tard l'installation de l"établissement industriel.
,
. :2 -, L'usine
,
Construite de 1965 à 1966, l'usine textile se trouve à Dadja, ~o- .
calité' située à environ 150 kilomètres de Lomé sur la voie ferrée Lo~é-Atak~
.,
pamé en plein coeur de la région cotonnière du Togo •
Elle est bêtie sur une superficie totale de vingt~quatre hectares.
La surface couverte de 20 000 m2 est constituée du magasin d'entreposage
du coton, du laboratoire, des bâtiments ~dministratifs, des logements et
,surtout de l'atelier de filature et de tissage auquel fait face la teintu-
rerie.
Plusieurs aménagements . court de tennis, piscine et jardins agré-
mentent le cadre.
Après l'installation de l'usine, la production démarra la même
année:

:', -,
138
3 - La production
, ,
\\"
'",
L'approvisionnement en coton brut local se fait par l'intermé-
.diaire de la S.G.G.G. (1) et surtout par l'OPAT (2). La SOTOCO (Société
Togolaise du Coton) créée en 1974 doit jouer le même rôle. Une fois le
" coton acheté (le prix du kilogramme varie de 40 fCfA pour le Mono 1er
choix à 4s·fCfA pour l'Allen 1er choix), des camions le transportent à
1
l'usine oa s'opère la transformation.
b) La transformation industrielle du coton
----------------------------------.----
La transformation du coton à l'usine est une opération complète
qui va du stade de la filature jusqu'à l'impression en passant par le
,1· "
, tissage et le blanchiment.
a) La phase de filature
L'ITT achète de préférence le coton Allen, mais pour filer gros
,utilise le Mono ou mélange les deux variétés.
La filature qui consiste à fabriquer du fil par juxtàposition des
fibres de coton, commence par l'ouvraison et le battage; Le coton passe
ensuite dans des cardeuses qui le transforment en une nappe de fibres
parallèles ap~ès l'élimination des fibres trop courtes. C'est le cardage.
La nappe obtenue est envoyée dans des bancs d'étirage 'et en sort sous
,
forme d'une mèche de fibres parallèles. A cette opération d'étirage suc-
cède celle du filage ; la mèche de fibres, après passage dans un ensemble
- ,.
de bancs à broches, devient plus résistante et donne un avant-fil ~ui est
~nvoYé dans des métiers continus à filer. Il en sort sous forme de fil de
'.'
finesse voulue, qui est ensuite enroulé sur des bobines.
Au total l'atelier dè filature de l'usine textile de Dadja est
équipé de 28 cardes, de 11 500 broches et de 30 métiers continus à filer.
(1) S.G.G.G. = Société Générale du Golfe 'de Guinée
}~) OPAT = .Office des Produits Agricoles du Togo

139
Pendant l'opération de filage, un ouvrier s'occupe de de~x métiers à
filer et intervient quand le f~l se casse. La transformation du fil en
tissu
succède à la filature.
8) Le stade de tissage
Pendant cette phase oommençant par l'ourd~ssage, le fil se
dévide des bobines, passe entre deux rouleaux de métier à tisser et
donne des fils disposés parallèlement les uns aux autres. Ces fils
dits de chaine sont entrecroisés ~ l'aide d'un métier à tisser, avec
des fils de trame dévidés d'une canette.
A l'usine de Da~ja, le tissàge est effectué sur 112 métiers
~petite largeur" et 1De' met1.ers "grande largeur", soit au total 220
mètiers. La tâche de l'ouvrier est réduite à la surveillance des mé-
tiers de façon à réparer le fil cassé et à remettre les métiers en mar-
ohe. Un ouvrier surveille à la fois douze métiers, à tisser.
Le tissu obtenu est contrôlé, plié et envoyé à l'impression.
~) Le stade d'impression
Le tissu est mercerisé, trempé pendant di; heures dans de la
soude caustique, lavé et séché avant de parvenir à l'impression. Au
fur et à mesure,que la machine tourne, les cylindres impriment les
dessins sur le tissu qui passe ensuite dans' une composition de bain de
fixation de carbonate de potassium et de soude. Il est ensuite amidohné
,(l'amidon est importé de la République Fédérale d'Allemagne), séché
et "plaqué" (1). Un autre séchage se fait avant le pliage en coupons
de 12 yards (2) et le stockage.
Ce secteur est muni d'un laboratoire et d'une chambre noire.
Il est intéressant de noter que l'ITT a été la première industriè
,
textile en Afrique Occidentale et Centrale à mettre en service la machine
à imprimer aux cadres rotatifs Stork. Depuis Octobre 1970, l'usine fait
fonctionner le type le plus récent, qui imprime environ 90 000 yards
par jour J c'est le "RD III".
Pour accomplir toutes ces opérations, l'ITT dispose de, sa source
"
"
,
,d~énergie.
' . l
(1) Le plaquage permet d'obtenir le coloris du tissu, en appliquant une coùleur
sur une autre. Il se fait au Naphtol.
(2) 1 yard = 0,914 mètre

140
, j
QUANTITE an 100D Vanla
VAlEtAS an
AIlfIIEES
.
n ..ua 1""r1l1lêa
Cretonne
"11110n. de fCF~
tllll
Il 313.9
1 3211.5
745.3
tlll9
5 1113.9
- ; 849.7
888.1
t870
7 1135.4
2 1911.8
t87t
tO 11115.11
2 441.4
tll72
14 4110-.1
2 951.0
2 000
-

t973
10 8118.11
2 312.3
2 800
i'
,
'"
Tlblaau nO 27 - Production
en quant1t' et en valeur de cretonne at
da ttawB 1mpr1lO6e (1888 Il 1973)
Saurea ITT at lin_1re Statistiqua du TOlIo en 1971.
I · ! . I

< ~-
• ,
a) L'alimentation en énergie
L'électricité n~cessaire à,la marche des appareils et à l'éclai-'
"-rags du personJ;l21 est fournie pa!;' un groupe, électrogène' dont les alter-
"niihùrs sont alir'nentés au gas. -oi1.
a) L'alimentation en eau
L
L'alimél1tation en eau pose un ,sérieUx problème. L'usine s' àppro· ','.
,
visionne dans l'Amoutchou. affluent du Mono qui tarit en saison sèche. La
,:~.:r~v1té de cette pénurie d'eau a amené la société à l'~laborationd'un
:,~l'Ojfijt d~ b~rrage de '180 000 m3 de capacité 1 ceci penTlettra une consom"'
,!flltt1Qnjoumal1ère d' eaù de 3 DOl) rn3. Cet ouvrage doit en princip", 8tre
, .
,;\\m1s,en fonctionnSllen~ actu!3llement.
'~I
.
.
D'une capacité de production annuelle de 18 millions de yards de'
, J
"
,-
," .;t1.~us imp!,imés et de 2.5 millions de yards de filés (cretonne pour suP:"'.
~ j

,
' .
\\
.
.

,por1j.d'imprèssion). l'usine textile de Dadja connait une produc:tion1tré~,.,'
'-
-:,
- '/
~~i],iêre tributaire des récoltes de coton au Togo et de l'importation, de ,f
tissus écrus d'E~tr8me-Orient.
'1
De 1968 è1913. la production de l' ITT en quanti té et en valeur
,résume dans'le tèlblea4 n° 27 : la production de tis9usi/itpr1mb a eu
,~~ plus forte aûgnient~tion en 1972, (14 480.1 milli~ns yards) de même que,
"ceUede cretonne (2 951 millions). La différence entre ces deu~ chiffte~
, _ BS~ due è l'importance des filés d'Extrême-Orient dans la production
Ji" Péiur 'que le production de tissus imprimés soit ainsi supérieure' àla
t1té de cretonne produite sur place. il ne fait pas de doute que le test-e
_
oc.
' .
\\ .
de cretonne ~st importé.' ,
.
"
," .:_-~ ,.
Pour compléter ces productions. une certaine diversification, a é-tê;ri,~r\\~
,
, "
., '~_-. ':.-,: $::; ,:::<C~v
entreprise en produisant des tissus - tricots. des tissus emballages, erti::i~- .:".
~i~;r,~J.~thYlène. 'des draps de' lit. des matelas. des tee-s~:l:rts_~t:de):~a"~~~0
''lJ:k 'p:!~Petnsetnent qui 6' écoulent aussi bien sur le rriarchélDCél,'qlJ-:~~l'~~~,
;K';F"
'
',:<~' ,.' ;"'::·i~'··ii
:
,
, r .


Ml.
-
Les débouchés des tissus imprimés sont a~sûrés par le marché local'
li environ 97 % èt"le co~ercialisatione5tdétenue parles, maisons de,
eOlllllSrce et les vendeuses de tissus. Ces "Nana" (1) cOrTllle on lssappellè
',8i
, < "
,~ienau Togo, passent fréquerrrnent cOrTlllande feIiTle des tissus imprinl'ês ;.
'pour un minimum de 12 000 yards. Elles vont jusqu! li 'donner un nom 'proo.,.
pre ,aux tissus qUi rencontrent du succès sur le marché. Les plUs eisées
de css vendeuses de tissus, appelées "Nana Bel'lZ"(;2) choisi••entelles,.'
niftmes les 'échantillons et vont jusqu' li propose:f des des_ins' lII'vsine.
~eur, commande peut monter jusqu'à 100000 yard~J leur rayon d'action
,dépasse le' cadre togolais et se répand au Dahomey, aU Ghana, auZa!r~.
,
'
En 1969, l'ex.portation des imprimés togolais vers loas paye .. afri~a'1ns a
patté sbr 139 tonnes, soit 125 000 millions de francs CFA en,valeur.,
, Quant aux articles de bonneterie et li la gaze. ils sont expédiés
en·R~pub'li~ue Fédérale d'Allemagne ,OIJ ils subissent d'BUttes traitement'"",
a~t d'lltre commercial:l.sés. L'Allemagne demeure le principaiqlferiteu.-
~ ',;
"
"
,/
~ ,
,
rapilenef le plus important fournisseur de machines et de ,pièces de re-
chenge.
Du point de vue importance de ,la main-d' oeuvre em~e, l' 'ITT
,-'''- ,:,-,
ast'la deuxième industrie du Togo après la CTMB.
"4 - Le personnel
L'effectif du p,ersonnel s' élève à environ 900 agents dont 35 tem-
poraire~~
Les agents permanents sont constitués de 20 cadres et techniciens'
dè 35 agents de rnaltrise, de 150 ouvriers qualifiés, de 400 ouvriers or-
dinaires et de 2~5manoeuvres.
Sur 'ce t~tal, 25 sont des Européens [Allemands en grande,majorité,'
Frençais, \\ Ho,llandl3is, Autrichiens, Suisses et Anglais). La grande majori~
do persOnnel est togolais dont 5 cadres (3 à l'administration et 2 à la
PToduct1onlJ la plupart sont originaires de la 'région d' Atakpamé. Les au~ r '"
-::;1' •",~..
'tres Africaïns sont d'origine ghanéenne et d~homéenne.
l' \\
,'~~'J'~~"." grand411~an en Mina
,;~z.jil,",na Bsn~" .. lès "Nana" -qui roUlent en Meroédes Ben2

)
,
143
Le recrutement des agents se fait ,à partir de 18 ans
65 % du personnel ont entre 18 et 25 ans
30 % sont du groupe d'âge entre 25 et 35 ans
5 % o~t plus de 35 ans
'La principale caractéristique est la jeunesse de le mein-d'oeuvre
de production. La structure d'âge est plus jeune que pour les autres ih-
dustries étudiées'.
, Le personnel de production travaille 48 heures par semaine dont
'.
40, heures normales et ,8 heures majorées de 10 %. En cas de surcroit de,'
travail. les ouvriers travaillent les dimanches et jours fériéset,tou-,
c,~snt un salaire majoré de 50 %. La société distribue mt;insuellement en...,
vlron11500 000 FCFA au personnel non européen. Celui-ci est soumi.S à
la Sécurité Sociale bbligatoire. tduche des indemnisations de déplacement
;
et des primes, dE! rendement., Il fait partie d'urie coopérative subventionnée
,par la Société.
Les cadres sont seuls logés par lq Société.
La formation se fait sur lE! tas. Au début des activités de l'ITT'.
une dizaine de ~eunE!s Togolais ont été envoyés en stage en RépubliqUE! F~­
déra)e d'Allemagne.
Au total. l'industrie cotonnière du Togo OCCUpE! par sa prpduction'
- . C
r
et par l'effectif du personnel. la deuxième place •.bien que des prob~àmes
J,
dBll\\eurent.
5 - Problèmes et perspectives
L'apprOvisionnemant en matière première de l'usine textile est
caractérisé par la faiblesse et l'irrégularité des apports de coton. Les-
caprices du climat ont eu des conséquences néfastes sur les récoltes de
,
"
. coton dOnt une partie est absorbée par la "tissandt;irie" locale •
. ""'.
Aussi l'approvisionnemsnt est-il en grande partie basé sur l'im~
portat10n des tissus écrus à bon marché.
Pour remédier à ce problème. l'ITT, pense élaborer un projet de
culture industrielle de coton. En attendant. des programmes de culture
la Région des Plateaux et la Région Centrale avec l'aide du Fonds
de Développement et du Fonds d,' Aide et de Coopération.

_. .. -
.....
~
~~
---""",-
,
'
>
,
"
A ce problème s'ajoute celui de la concUrrence des tissus
importés.
Cette difficulté est apparue très tôt. En effet, la politique
libérale du Gouv~rnementtogolais
en matière de commerce extérieur a ,nui
dès le départ à la production de l' ITT. Le marché 'togolais a été submergé' /
da quantités ~mportantes d'imprimés japonais à bon marché. L'interdiction
d 'importei' ce~ tissus imprimés a entra1né le boycott du phosphate togolais.
pl,Ir,leJapon. La réglementation d'une véritable politique conmeraiale
entre ce pays et le Togo a normalisé la situation.
,
Il faut compter aussi la concurrence des tissus importés des
Pays-Bas. Tissus de grande qualité
résistant au soleil et à plusieurs
lavages, ces "printedin Holland" constituent~une forte concurrence pour
les tissus de 1J ITT qui ·déteignent plus vite. L'Induatrie Texti-le Togo- i
laisè,à en projet la production de ces tissus de grande qualité, les ~ax" .
pourpalUer'çe problème.
La dernière difficulté que rencontre la Société est celle desln;:lX.'
. '", .-,-- "
Pour intéresser le commerçant pratiquant l'importation, l'ITT
a consenti à un prix mcyen départ usine de 125 FCFA le yard de "Fancy" (1)
imprima J ce prix ,est inférieur à ceux des usines textiles de Côte d'Ivoi-
\\
re et du Sénégal qui varient de 140 à 170 FCFA le yard (2). Pour assainit
. le marché. l'Etat togolais a accordé une protection à le Société, en ap-'
,
portant une c61"'rectionaux droits d'entrée des "Fancy" importés ;. désor-
mais çes tissus importés sont taxés sur un prix de base fixé par le Gou-
vernement.
Malgré ces problèmes, l'ITT a, grâce à un continuel effort d'ima-
gination en matière d'impression, acquis une grande réputation à ges
tissus appelés. "Dadjavi" (3). Il est question actuellement d'étendre
.
-
l'ull:f.ne en portant le no~bre des brochesde 11 500 à 26 OpO et ceux des
!
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"d'~'"
t2l Bulletin de l'Afrique Noire nO 774
t~l. "Ddd~av1" .. petit Dadja en langage local

14S
métiers à tisser de 220 à 590.
Cinq ans après la création de l'Industrie Textile Togolaise_
naquit la SÇlciété Togolaise de Marbrerie et de Metériaux.
cl LA MARB'RER1E VU TOGO
1 - L'entreprbe
Créée.. le 27 Novembre 1967, la Société Togolaise de Marbrerie'
et deMaté~iaux (SOTOMA) est une société mère dont le siège social se
trouve dans la zone portuaire de Lomé.
Le capital soèial, d'un montant initial de 7S000 000 FCFA
(Togo 1/3 et SINGO (1) 2/3} est passé à 3S0 000 OOOFCFA répartis comme Buit
°Togo 2/3
-Etat togolais
83 000 000 FCFA
- oPAT(2)
1S0 000 000 FCFA
. °SINCO 1/3
soit
117 000 000 FCFA
Les investissements réalisés s'élèvent à 1 SOO 000 000 FCFA. Cette'
soè:1êtê. qui ,avait pgur but la mise en valeur de le marbrerie dolomitique
du Togo' (extraction et finition), créa aussi une unité de production' de
briques et un atel1erde céramique qui ne fonctionne pas encore.
2 - L'usine
Au début de 1968, la Société loua
par un contrat de bail avec
l'Etat togolais, un terrain de SO 000 m2 de superficie dans la zone por-
tuaire le lo~g de là route Lomé - Anexo pour abriter l'usine.
Terminée en 1969, la marbrerie est constituée de grands hangars
métalliques montés sur poteaux de fer. Un an plus tard, fut installêe dans
la même enceinte, une briqueterie industrielle qui travaille l'argile
"-
locala.
La superficie non couverte est constituée d'une avant-cour où
sont ~cheminés les blocs de marbre dolomitique, d'une aire de séchage
1
'(1) SINGO '1' Société Incremento Commerciale per Aziani de Rome
'.~ 12]" éPAT .. OffÛ:e des Produits Agricoles du Togo'

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, <'debiiq(iss, ç/es voies de desserte et d'il garage. lIne fois
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dustr,i.el' installé', ,ole production corrrnença à l'arrivée en
,
du premier bloc de marbre dans l'enceinte de l'usine.
3 - La production
, a) la marbrerie
, L e s travaux cormiencent au Bureau des Etudes qui établit le;pla~ " .
'~~commende; Ensuit~ les blocs de marbre sont acheminés à la sclerieoO,
,
,'
deux èMssis mul Ulemes à descente automatique actionnent un. JEiu dElijO~,'
!
,
,:'100 lames de sci.è. Sur celles-ci, tombe sous forme de pluie
onmélenge
. -
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• 'de 8AlJles11178~lC ,et d ',eau qui, en descendant dans les trous des lames
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a~Utl'S_l~tiollput'edes blocs. Les tranches de marbre obtenues aont
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'~(ri~es dans dés.litireus~squi les façonnsl)ten minces plaques. CljlllÉJa"
... ",'" ",'.., '-'
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. ct',~n:€t:faris.,Qnnées en dalles, plinthes, marches d' escal1srqu:l.sont_,
<:::--:·:.~I,(,':.;,,' "",.'./." .' ,'-',.
'
.
~ê\\,;poU.' . les chutes de blocs de marbre obtSflues à la coupe das
~!f.~J1·.ont~~iiillée,spoUT la pose de palladiàna (marbre :i.llIpor~ ml;j(.è).<.
,~~nt~uxiplu,:petits dêbris concassés, ils sont utl1i~és d~ns la fab~i- .'c·
,
,
, ,que snnexe decsrreaux de granito 00 des machines automatiques débitent
un carreau de 40 x 40 toutes les secondes.
\\
.,
Les opérations à la briqueterie sont moins perfs~tionnées.
, ,l'a~gile,est Uri 'matériau de construétion ~ntré tràs tOt dans l~s,
1n00eurs des TOIOll)is BU ,point que la fabrication des briques d'argile
\\
-"'.:.~
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"
"
)
'damsure lap;luB' importanteactivité artisanale', du pays.

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Cependant ce n'est qu 1 en 1970 qua. naquitune. transformatidn in">;"
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\\ ...
"~ust.rielle·de l'argiie en briqyes.
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Silicate. d' alumine plus ou moins hydraté, l'argile alimentant "St.>,\\~,;"<
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briqu,terfe.est ext,rdits' dans le secteur de Togblekofe situé à uneviOï'",'
'..f;::"c
. ,t:a:l.";dekilomètres de Lomé. Les blocs d'argile sont en!!UiteI'~ft.i~'~':!·.,.,/:·;;;:;~
,,:{'1;1rnbibélad'';oupêndaotH trois à sept jours
puis malsxés ~fin: d'*~~'
, -1' ':', ~.I16),t''l'èC!lJi è'tta"a~Hel"~ !-',l!lI'gllè ".f~t!~~~ o~ ~t' ::,~;:~:
':~.:,;:'r~';~~.'<"'dI,.,,<~,. ·,J'~.b~e"""d~M~~!-'
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opération de coupe d un blo d marbr

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147
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, _A,P~' i'e démoulage, on laisse ~es ~~.kl~es·~cher
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~'~;J:".';\\·et ÙlIe al1mentat:ton en eau.
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L'êlectric:Lté;utllisêe par la marbrerie est fournie dans sa granti(
'·'ç~-:';:'.~rt1epar" lei};ompagni~ d 'Energi~ Electrique du Togo et par des group,as
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A lél b~qUetlilrie par contre, la "bourre" de noix de CO,I:10 est GtJ.,"",
~lil::iJ~~~.ço~:.L~~::::~o~:: :uM.~n d.' briqu.'" ,
t:f:;;·(';~.~;, ;:;,/ 0

'~;~:,r1"-'! ,''','
'-PoUf r~duire les frai's de consorm1ation d'eau (le· sciage d,es, blocs
l'c,:,.r~:~f:;:""de,nÎarbrenêcess1teune grande quantité d'eau). la sociêté a feitêreuser
i:'~,:'<:..·.~':,(,"·"':'.'~:',~,,~
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,
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,~,~;~'~;:2,'t!~:;:1';~~.'PU1tS dans l,' enceinte de l'usine. Ces f(!]rag~9 sontpossibles' &t!ce
<.,":>·,,'...,",.~lè prox:f.mité de la nappe phréatique.
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~i~RjJ~~~~O~, '.
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;!:!'h4'j-·,;·;,
, , ' '«:1' L'évollilt.1gtl -de;'!â gtoduèÎion
~I~~:tt., ,-'::-~~-~hi~':'::.::: po", ,.. production. d. ,. SOTOMA
d1.ff:l.clle puisque l' usine travaille' sur commande et que pare1l.,..
les produits finis sont varUs.
"
En 1969. l'usine de marbre a produit 2 000 tonnes de marbre> r ~.

t;n 1972. 747~523 tonnes dé marbre togolais et 165~493 tonnes de iril3rbr. ''''0'
;ttàl1en . importé ont 'êU traiUes à la marbrerie. Quant à la production
:d~I:!r~ques, elle est passêe de 1 665 tonnes en Hl71 (1) à 2670 tonMes
·~n·1i972.
production de briques a commencê en AoQt 1,971.'

148
Ces productions sont très faibles
comparativement à la capacité
,de 'production de la marbrerie (12 000 tonnes par en ) et de la briqueterie
(24000 tonnes par an). Aussi la commercialisation est~el1e faible.
d) La commercialisation
---------------~----
70 %de le production de l'usine de marbre sont consommésloca-
,c~ElI1lent (la région de Lomé' étant de très loin le prGmier éonsOlMletellr) 1
.
,-
SO % sont exportés vers leOahomey. le Gabon. la République Centraf·ri-
"caines èt le Za1re.
~
-. .
,
"
4 -'Le personnel
;
d '
'1'"
,\\
Pendant la période de construction et de montage de l'usine. la
.oci6té~ employé environ 550 personnes à la carrière et à l'usine.
'L'effectif a ensuit,e baissé : le nombre total des agents est ,de 251
, tlont', 245 nationaux et 6 expatriés (le directeur. le coordinateur. - le
'd1racteur commercial. le chef de section marbrerie. le chef de chantier
extérieur et le ~hef de carrière). Sur les 245 nationaux. 12 font partie
de la, catégorie des cadres et agents de maitrise.34 sont des o,UVriers
professionnels, le reste. soit 199 agents est constitué-d'ouvriers or-
'dinaires et de manoeuvres.
La.moyenne d'âge du personnel est de 35 ans.
Le personnel de production. soumis à une 'durée hebdomadaire
de t~4veil de 40 heures. est rémunéré selon les catégories. le salaire
'tiOrei1J;'e varient de 40 à 166.10'FCFA.
En 1972. sUr une masse salariale totale brute de 54 946 905 FCFA.
les, Togolais' (97.6 % de l'effectif employé) ont perçu 36 565 633 FCFA
,
(66.5, % de la masse salariale totale) et les 6 expatriés (2.4 % de l'ef:-
fectif) ont touc;hé 16 361 272 FCFA (33.5 % des salaires). Cette énorme
,différence entre le salaire touché par le~Togolais et celui dès e~p.­
triés t:;onstitue. comme nous le verrons plus loin l'une des caractéris-
. .
'tiques des e~treprises industrielles •
-'
La Sécurité Sociale est obligatoire pour les nationaux. En I)lati~rè
d'hébergement. tous les expatriés sont logés. La formation des apprentis
marbriers est dispensée directement par la société. En outre. des stageS

J".'
{
....:
de dix mois ont été organisés en IÙl1ie pour quatre techniciens togolais
st' un séjour de trois mois pour deux cadres togol~is.
Les problèmes qui se posent à la Société Togolaise de Merbrerie
et de Matériaux méritent des solutions urgentes.
5 - Les problèmes
L'exploitation, du marbre n'a pas posé de grands problèmes dans,
le milieu régional (rédùction de superficies cultivées; ,déplacement de,
,~pulation) comme celle du phosphate dans le Bas-Togo.
Les deux principaux problèmes de la SOTOMA sont ceux de la' ren- ,
tebilitéde l'usine et de la commercialisation.
La marbrerie du.Togo a été construite pour mettre en valeur les
g18en1enta cjolom1tiques de Gnaoulou. Or, depuis la création de la société,
J"
',le ryttvne d'exploitation de cette ressource demeure très lent et est loin
dfOtre ee:t.-isfaisant, ce qui rend faible la production des artioles en mar-
bre; Plusencorei l'insuffisance de l'exploitation et la qualité de la
dolomie ont entra!"é la société à importer du marbre italien pour diversi-
fier la production, servant ainsi de marché à l'industrie merbriê~~ ita-
lienne. Biel') que cette importation porte sur une qùentité inférieùre à
celle extr~ite à Gneoulou {165,493 tonnes de marbre italièn contre 747,523
)1
" ,
tônnss de marbre togfillais en 1972), elle n'est pas négligeable' d'aut,ant
que le vitasse de cr01s:lère de l'usine est loin d'être atteinte.
N'est-il pas alors souhaitable de mettre en exploitation les autres,
I~sements dolomi,tiques du Togo (lemerbre noir de Lama-Kara et le marbre
'.
rpsa de'Dapeon) pour varier la prodUction nationàle et pour sortir la
-société de la'stagnation qu'elle conna!t ?
~,-.
Etant un produit de lux~, le marbre produit n'e~t pas à la portée
l , ' \\
dstous les Togolais, ce qui limite la commercialisation à une certaine
classe soéiale.

150
En raison d'une étude initiale de marché défectueuse, la com~
mercialisation'des produits marbriers demeure faible, aussi bien sur
le'marché national que sur le marché étranger.
Sur le plan intérieur, seuls l'Etat et une catégorie de Togolais
"ais's" dont le revénu annuel est ~ubstantiel peuvent se permèttre ce
~lux8" 1 le ~arbre vient alors embellir des édifices publics - tels que
' -
f
,
,
le Palais de la Présidence, la Maison du Rassemblament du Peuple Togo-
lais.quelques h6tels publics - et agrémenter les jolies villas de la
région de Lomé.
La SOTOMA réalise aussi des monuments funéraires : pierres tom-
baIes ~t stèles è ceux qUi,en éprouvent le besoin et qui ont les moyens
financiers adéquats.'
Quant è la production industrielle de briques et de claustras (1).
~slle serait è ia portée de tous si la vente défiait toute concurrence.
,
'o~r
'
tout togol~:Ls quel que soit son niveau de vie tient avant tout à
,
,
construire·"sa ~ison". Or cette production se heurte è la concurrence,
des.mArnes produits fabriqués par des artisans locaux et revenant moins
cher.
Ici encore. joue le pouvoir d'achat des différentes c~aese$ so~ ,
ciales'de la population togolaise. Alors que le petit paysan se contente
,de sa petite paillote ou de sa case en terre 'battue, le Togolais mà~en
, fait (Ippel eux briquetiers locaux qui lui .fournissent des brique!! en cF
'.
,
ment et des claustral!, Seuls peuvent s' approvisionner à la SOTOMA ceux
dont le revenu moyen le perm~t.
Sur le plan extérieur, les débouchés pour les produits 'de la bri-
quéterie ne sont pas sars. Les pays voisins possèdent presque tous u~e in-
dustrie de briques etun important artisanat local en matériau de cons-
. trucUon.
Tous ces problèmes créent un malaise auquel 11 faut trouver une
solution, pour relancer les actiVités de la Société.
.'
\\ ' '
. ,Pour clore le rubrique des établissements.industriels en activité
ap~ès 1960, deux sociétés développant. une industrie alimentaire retien-
dront notre attention: il s'agit de la Société des Huileries du Bénin
~laustra est une sorte de brique ornementale
)' r
~ \\

•-~ "
• 1
.S
w,
151
(qui fabrique de l'huile d'eroch~de) et de le Société des Selines du
1
Togo (qui produit du sel).
V'l t'HUILERIE V'ARACHIVE
1- L'entreprtse
La Socié~é des Huileries du Bénin est une société anonyme créée
en Septèmbre 1971 et dont l'objet est la fabrication industrielle de
l'huile d'ar~chide.
C'est une société mère dont le siège social se trouve à Cacaveli
, ' 1 .
à'une dizaine de kilomètres au nord de Lomé.
D'un capital soc~al de 22 000 000 FCFA à 82 % togolais (Etat to-
,
"
goleis 18 %•. privêstogolais 64 %) et à 18 % étranger. l'entrèpriee pré-
vo:1tà l'actif de, ses investissements une somme de 115 000 000 FCFA y'
,
bompris les frais de montage de l'usine.
, 2 -' L'usine,
Après la signaturè de l'acçord de création de la société. un
terrain d'une superficie de 15 000 m2 fut retenu'à Cacaveli, pour abriter
i; usine. Dêlimité par le triangle constitué par la gare d' Agoenyive. ,le ,
, 1 ~/
c\\hêtee~d'.Bu· et la ligne à haute-tension de.la Brasserie du Bénin. l'usine
\\
'
, '
-. v'
_,était prête à produire dès 1972. La proximité de la gar~ d'Agoenyive (10-
ce-lité située sur la ligne de chemin de fer Lomé-Blitta) permet surtout
"
. '
-
de recevoir l'arachide qui est commercialisée par l'OPAT (1) et aussi
d'évacùer les produits finis directement sur Lomé. principal consomma- I
,
,
, \\
teur du pays.
L'ensemble des bâtiments est constitué par les locaux admin1stra-
'tifs. par l'usin~grand bâtiment en dur jouxtant avec des hangars où sont
entreposés les sacs d'arachide à traiter.
La seule voie de desserte est une "piste" en mauvais état qui mène
à l'usine et qu'empruntent les riverains.
Au total. l'établissement industriel cOtoie quelques cases isolées
habitées par les villageois •
.(11 l'OPAT : Office des Produits Agricoles du Togo se charge d'acheter directe~
lI)!il11: les produits agricoles aux paysans. Il épargne à c~x-ci lesfrai.s
,
,~s-1ntermédiaires tels que les acheteurs de produits. les mà1sons de c~~
merpiJoi
, '

,
.,,:,
",
152
[
La production a commencé dès la fin des travaux de construction'
de l'usine.
3 - La producti~n
"
, j
La ~abrication d'huile d'arachide est effectuée selon le procéqé
è'laeeiquè en,semi-conUnlJ qui comporte plu9ieursphases.
a) L'extraction de l'huile
Les graines. d'arachide déversées dans des silos en béton' sont
débarrassées de leurs déchets à l'aide d'une série de trieurs. Une vis
'~.~s fin entraine le~graines du silo à l'usine puis un élévateur les
-conduit aux broyeurs où elles sont triturées. Après le broyage.' la pite
"Qbtetlulil est ccmduite par une vis sans fin à une batterie de troi& pres.-
ses où se fait l'extraction de l'huile.
B) La, p~ification de l'huile
Au cours de cette phase. l'huile bruts obtenue est raffinée.
,filtrée et neutralisée. Au sortir des presses. un système dèpompeslsn-
,\\/Clie l' huile dans des cuves pour âtre clarifiée. avant de passer .c:Ians
,.~des filtres-presses, L'huile filtrée est ensuite envoyée dans urie bat-
tèr~e à neutr,iiser contenant un bain de soude caustique e~ de sel. le
'mélange se fait par agitation J l' huile passe dans deux centrifugeusell
,
'
.
\\,.
-
'~ elle est débarrassée de son acidité puis lavés par décantation. A
cette phase succède celle de la décoloration et de là désodorisation.
1/1) L,a phase de décoloration et de désodorisation
Au cours de cette phase. l'huile est aspirée dans la cuve à décd-
<
loration J on y ajoute de la terre blanche (1) (15 kilogrammes de terre
pour 3 000 litres d'huile) et on laisse sécher le mélange pendant quatre
Sorte d'argile blanche qui sert à changer le couleur de l'huile· brute

'r
'<.c... 0
,
153
heures. Une pompe à vide aspire l'huile qui est ensuite chauffée à 160°C
"
,
gr!ce à l'injection directe de vapeur dans le liquide. CetteopératiQn
,
~e,dêBodèrisation est nécessaire car l' huile a été altérée par 'les trai;-
tEllilents entérieurs. L' huile est de, nouveau aspirée par une pompe dâns, ~n
,filtre qui'la déparrasèe des ,dernières impuretés. Elle est alOrs, stockée
, "
,
\\
'
dans des cuves avant la mise en bouteilles et en fOts.
, "
Toutes ces opérations nécessitent une sèurce' d'énergie et Une ali-
mentation en 'eau.
a) Source d'énergie
,
La vapeur nécessa~re pour désodoriser l'huile est fournie Par une
,
'
bh8ùdière alimenté~au fuel-oil. Par contre pour l'éclairagé des locaux
"
et 'pour le fonctionnement, des machines c'est la Compagnie d" Energie 'Elec::-
triq4e du Togo qui fournit l'électricité.
8) L'alimentation en eau
L'alimentation en eau de l'usine pour le l~vage de l'huile se fait
.
,
par la Régie des Eaux du Togo. En cela. l'huilerie bénéficie de la pro~
ximité du chateau d'eau.
l,
L'huilerie d'arachide a commencé à produire en Septembre 1972
et peut traiter annuellement 6 000 tonnes de graines soit une capacité
de production de 2 500 tonnes d'huile par an (1). Cependant la production
\\
effective de
l'usine est estimée en 1973 à environ 1 500 tonnes de graines
traitées. soit 625 tonnes d'huile produite. Cette faiblesse de la produc-
tion est surtout liée à celle des' apports d'arachide à l'usine.
(1'J Il faut environ 2.4 kg de graines pour fabriquer un litre d' huile

-".~";'
--.-:.\\.-.~
, ~
"
154
. \\
L' huile produite est commercialisée en priorité au Togo et"-
c'est la Région Maritime, notamment la région de Lomé qui est le plus
gF~nd consommateur, ceci pour plusieurs raisons : dans cette "région
,
.,
.économique'" du Togo oll le niveau de \\lie est le plus élevé, l' huile
d,' arachide a presque complétement remplacé l' huile de noix de coco dont
, -
la production artisanal~ a beaucoup diminué à cause de la maladie de
Kalnkofe qui a attaqué les cocotiers.
Dens la Région des Plateaux, on utilise l'huile d'arachide
f,abriquée industriellement mais aussi l'huile d'arachide produite de
J
'
façon artisanale. Plus au Nord par contre, prédomine la consommation
du beurre de noix de karité.
/
Sur le plan extérieur, les débouchés sont négligeables vers les
pays voisins (Dahomey, Ghana ••• ) qui possèdent, leuIS proprlll huileriEs.
'L'exportation se fait vers l'Europe, notamment vers la France.
Pour la commercialisation, la Société des Hùileries du Bénin'
~mporte de~ fats du Nigéria et des bouteilles en plastique de là COte
d'Ivoire. Un fOt de 220 litres d'huile revient à environ 27 200 FCFA (1).
L'effectif de la main-d'oeuvre employée par la Société des Hui-
. leries du Bénin est l'un des plus faibles des entreprises industriellés •
4 - Le personnel
L'effedtif du personnel de production et d'entretien est de 48
personnes toutes togolaises, réparties en ouvriers non spécialisés, en
mànoeuvres et en employés de bureau : 31 proviennent de la Région Mari-
;time. 4 de la Régipn des Plateaux, 4 de la Région Centrale et9 de la
Région de la Kara.
De structure jeune (la moyenne d'âge est de 35 ans) le personnel'
Bat soumis à la .semaine hebdomadaire de 45 heures.
Le salaire horaire varie de 39,20 F à 83,60 FCFA suivant les
catégories.
Prix de 1973'

155
EhJùi~let 1973, une sonrne totale de 430 1Sq FCFA eet vlri'8êar
'~ux'ouvr1.rs et aux'menoeuvres. Ceux-ci sont obligatoirement 1nacrit~,
',?/:\\~.~
,i< ':_ •
i" c: ·\\.,',l là Sécurité Sociàle et ne bénéficient pas d'une fonnation ,prot1ilB81Ch:-
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156
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Sur le plan extérieur, les possibilités d'exportation d'huile
dans les pays voisins sont très réduites et méritent de trouver une
solution pour "libérer" ce marché non négligeable.
Pour les pays européens, des projets sont à l'étude.
Un an avant la Société des Huileries du Bénin, fut créée la
Société des Salines du Togo dont la production, ne remontant qu'en 1973,
fait d'elle la dernière entreprise à étudier.
El LES SALINES VU TOGO
1 - L'entreprise
i
La Société des Salines du Togo est créée le 28 Janvier 1970'
dans le but de' produire dir~ctement du sel, denrée de première nécessité
dans la vie de tous les jours. pour assurer le ravitaillement de la po-
pu1ation,togo1aise.
Soci~té mère dont le siège social se trouve à Lomé. la SALINTo
(Salines du Togo) a un capital social de 100 000 000 FCFA réparti
comme
suit 1
°Etat togolais
48.62 %
°OPAT
10%
°Privés nationaux
3.88 %
°Privés étrangers
37.50 %
Les investissements. d'un montant ihitia1 de 1 812 070 FCFAen
1970. sont montés à 61 514 911 FCFA les deux années suivantes à cause
(: .
du montage de l'établissement ihdustrie1.
2 - l'usine
L'installation dœmarais-sa1ants nécessite certaines conditions
\\'
1
climatiques (ensoleillement. relative sécheresse ••• ) et géologiques (ter-
rains impe~ab1es pour retenir l'eau). Ces conditions sont remplies sur
la cOte Est du Togo dans la région de Gounkofe.
Soumise à de~ vents chauds où la température est constamment '
élevée. constituée de terrains argileux imperméables. cette portion de
.'
la cOte togolaise s'apprête très bien à l'installation de marais-salants.
La zone réservée pour la construction des salines couvre une superficie

l
,

'1
'., ".-

157
1
de 320 hectares dont la première tranche s'étend sûr 56 hectares.
L'ensemble des bassins constituant les marais-salants se
compose d'un "sea-line" et des groupes de pompage pour l'approvision-
nement en eau de mer. Un abri des groupes de pomp~ge de 120 m2 et
un magasin de 4 500 m2 constituent les seuls b!timents.
L'ensemble des travaux (installation de sea-line, de groupes
de pompage et de bassins) a duré de 1970 à 1973 car il fallait tenir
compte de deux saisons de pluie : une grande de Mars à Juillet et une
faible de la mi-septembre à la mi-octobre. Aussi ne peut-on envisa-
ger pour la période de construction que la saison sèche, de la mi-no-
vembre à avril. Ce court laps de temps oblige à procéder à la construc-
tion en deùx temps, de sorte qu'une production soit possible à la fi~
de la première tranche de construction.
3 - La production
La production consiste en la fabrication de sel de cuisine
gros cristaux 1 elle a commencé vers la fin de 1973 et est évaluée à
environ 2 500 tonnes en 1974, soit le dixième de la capacité de pro-
duction (20 000 à 30 000 tonnes). En 1975, une production de 10 000
tonnes est prévue par la société.
Les salines du Togo const!tuent le seul exemple industriel. peu
exigta~en source d'énèrgie.
La principale matière première utilisée est l'eau de mer d'une
salinité de 33 %0. L'usine, contrairement aux autres, n'a pas besoin
d'eau douce pour sa production.
Quant à l'énergie, elle est fournie par le soleil. Cependant
pour aspirer l'eau de mer, on se sert d~un moteur Diesel de 170 CV.
Le système utilisé est celui de l'évaporation solaire pour la fa-
~rication de sel gros cristaux, par opposition au système d'évaporation
,
sous vide pour la production de sel fin. Il nécessite l'utilisation de
moteurs accouplés·à des pompes, le tout branché sur une ligne de tuyaux
' . ,
1

1
; '
158
eh ~acier protégé. Le matériel est importé de Tchécoslovaquie (moteurs
Skoda), de la Grande-Bretagne (pompes HarlandJ, du Liban (tuyaux galvani-
sés) et du Ghana (acier protégéJ,
Alors que la liste des pays fournisseurs est variée, celle des
pays auxquels s'adresse la commercialisation est réduite.
En un premier temps, la commercialisation s'adressera au marché
national jusqu'à saturation c'est-à-dire jusqu'à 10 000 tonnes de sel
~ui est la consommation annuelle actuelle du Togo. Ensuite l'usine
produira pour l'exportation vers les pays voisins.
Etant encore à ses débuts, l'entreprise emploie de façon per-
manente peu de gens.
4 - Le personnel
L'effectif actuel est de 10 agents permanents: 9 Togolais et
1 Dahoméen. Le nombre des travailleurs temporaires est très variable
de 20 à plus de 100 selon les besoins. Dans l'ensemble le personnel
est jeune: les permanents ont moins de 35 ans, alors que l'!ge des
temporaires varie de 18 à 45 ans. Ils proviennent des régions avoisi-
nantes, dans un rayon de cinq kilomètres.
Le personnel est soumis aux 40 heures de travail hebdomadaires
et est affilié à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale. De 1970 à
1972, la Société a versé 25 212 400 fCfA de salaires à ses agents. Pour
l'hébergement, seul
le chef de chantier est logé sur place.
Bien qu'étant encore à ses débuts, la Société des Salines du
Togo a des projets en perspective.
5 - Les perspectives
La société espère tenter, dans les années à venir, une action'
vers les pays limitrophes quand la production le permettra.
Il est prévu aussi dans une seconde phase
de produire du sel
fin (en poudre) suivant la demande intérieure pour mettre fin à l'impor-
tation du ael fin de Bayonne.

f
l '
!,
159
Un projet est à l'étudE pour produire des dérivés de l'industrie
salinière quand l'usine aura atteint son seuil de rentabilité et sa
vitesse de croisière.
La création de la Société des Salines du Togo répond aux besoins
de ravitaillement de la population togolaise en sel. Produit commun,in-
dispensable à tout être humain, le sel est beaucoup utilisé au Togo et
jusqu'à maintenant n'a pas de concurrence.
De la ville jusque dans les campagnes les plus retiréés, ce pro-
duit "irremplaçable" est utilisé pour les préparations culinaires. La
ménagère en achète souvent, que ce soit dans les villes ou dans les cam-
pagnes. La salaison constitue de loin le premier procédé 'pour la con-
servation des viandes et des poissons, les moyens modernes de conserva-
tion (réfr~gérateur, congélateur) n'étant pas à la portée de tout 'le'
monde.
Il vient à point pour la production du poisson salé et séché très appré-
cié des Togolais pour la préparation de certaines sauces. Aussi la pro-
duction du sel au Togo permettra-t-elle de réduire les importations du
sel d'Espagne, du Portugal, d'Italie, de France et du Sénégal (1) et
de diminuer la charge qui en résulte
pour les devises du pays.
Avec la Société des Salines du Togo se termine l'étude des im-
plantations industrielles à base de produits agricoles et miniers locaux.
L'étude de ces établissements industriels en activité depuis 1960
mérite quelques réflexions.
èONCLUSION PARTIELLE
Depuis 1960, les ressources naturelles extraites du sol togolais
alimentent le secteur du bâtiment, le secteur de l'alimentation et le
secteur textil e.
Ces entreprises visent souvent à produire des biens jusqu'alors
fabriqués par l'artisanat (briques, huile d'arachide ••• ) ou importés
des pays industrialisés (tissus, sel .•• ).
Au lieu de se substituer aux produits d'importation et aux pro-
duits fabriqués de façon artisanale, les biens transformés industriel-
lement sur place subissent une grande concurrence de la part de ceux-ci
,
(1)Dr. K. JABUKOWSKY : Etude d'un projet d'édification d'une installation pour
l'extraction du sel à partir de l'eau de mer 1963.

160
Les consommateurs préfàrent ach8ter des produits, même importés, qui
reviennent moins cher qu'e ceux produits sur place. Ce paradoxe est da
à la non rentabilité de ces usines qui pour la plupart, n'ont pas
atteint leur seuil de rentabilité pour "sacrifier" les prix. S13ules
la Compagnie Togolaise des Mines du Bénin et l'Industrie Textilè
Togolaise demeurent viables pour faire face à toute concurrence.
Pour mesurer les autres possibilités de la moitié méridio-
nale du pays en matière de transformation des ressources locales,
il est intéressant d'énumérer briàvement les industries en projet.

161
III - LES l'ROJETS INDUSTRIELS
Le plus important de ces projets industriels consiste en
l'installation d'une cimenterie dont la production découlera unique-
ment de l'exploitation des gisements de qalcaire de Sikakondzi et
d'Aveta, d'argiles feuilletées et du sable à proximité des gisements.
Cette cimenterie d'une capacité de 1 200 000 tonnes de ciment
par an aura une vocation régionale au sein du Conseil de l'Entente.
Le projet, aétuellement à l'étude par la Banque Mondiale est en voie
d'aboutir.
Un autre projet qui mérite de voir le jour est la construc-
tion d'une usine de traitement de phosphate pour la production d'en-
grais divers agricoles et industriels.
Enfin, notons le projet américain de conserverie de tomate5
et d'ananas.
Cet aperçu du potentiel industriel de la moitié méridionale
du Tàgo permet de dégager quelques caractéristiques fondamentales
du développement industriel de ootte partie du pays.
\\. '.;

162
IV - LES CARACTERISTIQUES DU DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL
Le développement industriel d'un pays es_ conditionné par une
quantité de production supérieure à la consommation, par le réinvestisse-
ment des bénéfices dans d'autres productions (afin de permettre une rapide
accumulation de capitaux), par la disponibilité du capital et par la qua-
lification de la main-d'oeuvre.
Autrement dit, le développement permet de fournir du travail
aux citoyens, d'améliorer leur niveau de vie.
L'effort d'industrialisation du Togo présente certaines carac-
téristiques : dans la façon dont les usines. s'approvisionnent, dans la
constitution des capitaux et de la main-d'oeuvre, dans la localisation
et dans la nature des industries •.•
AJ L'APPROVISIONNEMENT
t - Le point ~e vue énergétigue
Le développement des industries exige une condition essentielle
l'énergie électrique dont la production facilite la mise en valeur des
ressources naturelles, qu'elles soient agricoles. minières ou minérales.
Dr, l'une des caractéristiques da l'industrialisation de la moitié Sud
du Togo est la carence en ressources énerg~tiques. L'énergie électrique
au Togo n'a pas été source de la création des industries, mais l'exigence
des ~mplantationsindustriellesa entraîné une étude du développement de la
production énergétique. C'est une constatation étonnante pour qui sait que
c'est la présence ou l'abondance du potentiel énergétiquB qui a été à la
base d'implantations industrielles dans certains pays: le Cameroun avec
le barrage hydraulique d'Edéa, la Guinée avec celui de Fria et plus près
de nous le Ghana avec le barrage hydraulique d'Akosombo.
N'ayant pas d'importantes ressources énérgétiques, le Togo
développe une partie de l'énergie dont il a besoin à partir de produits
pétroliers importés.
a)
~~_9~e~~9~~~~_~!§:~:~!§_9~§_e~~9~!!§_e~!~~!!~~§
Facteur de développement industriel, les produits pétroliers
importés par l'ensemble du Togo occupent une place non des moindres dans
les importations : en 1970, le pays importa environ 82 OOQ tones de pro-
, duits'pétrolie~s soit en valeur 724 millions de FCFA, ce qui représentait

163
un pourcentage de 4 % des importetions en valeur. Ce pourcentage passa à
5,1 % en 1972, sait 1094 millions de FCFA en valeur. Ces produits pétro-
liers, fournis principalement par le Vénézuela, la Lybie, la CEE et le
Nigéria alimentaient aussi bien les usines que les foyers et l'éclairage
public. Pour faire la distinction entre les différentes utilisations et
analyser la part des produits pétroliers entrant dans l'industrialisation
étudions le tableau suivant :
HYDROCARBURES
CONSOMMATION en 1971
CONSOMMATION en 1973
(en mètres cubes)
(en mètres cubes)
Essence
26 513
33 207
Pétrole lampant
.15 468
11 679
Gas-ail
3ô 400
26 985
Fuel-ail
28 050
37 011
Diesel-ail
11 426
14 192
TOTAL
117 857
123 074
Tableau nO 28 - Conso~ation d'hydrocarbures au Togo en 1971 et 1973.
Source : Service des Mines et de la Géologie du Togo.
811971, les produits noirs (gas -oil et diesel-oil) consommés surtout par
les industries et approvisionnant les centrales thermiques représentaient
40 % de la consommation locale d'hydrocarbures alors que les produits blancs
(essence, pét~ole lampant,fuel-oil) représentaient 60 % du total. Par com-
paraison, eoulignons que pendant la même période, les produits noirs et
les produits blancs intervenaient respectivement pour 50 % - 50 % dans la
consommation d'hydrocarbures du Sénégal, pour 35 % - 65 % dans celle de la
Côte d'Ivoire, pour 28 % - 72 % au Niger et en Haute-Volta contre 9 % - 91 %
au Dahomey (1). Si nous nous basons sur cette consommation de produits noirs
pour classer ces pays suivant le degré d'industrialisation, le Sénégal se-
rait en tête, suivi par le Togo puis par la Côte d'Ivoire; le Niger et la
Haute-Volta occuperaient la quatrième rang, suivis en dernière position par
(1) Notes d'Information et Statistiques de la Banque Centrale des Etats
de l'Afrique de l'Ouest nO 218 de Juin 1974.

164
le Dahomey. Cependant, cette place du Togo ne suffit pas pour dire que
ce pays produit suffisamment du courant électriqus alimentant ses usines.
La production d'énergie électrique est insuffisante et n'est pas toujours
disponible, ce qui constitue un grand handicap pour le fonctionnement
régulier des usines.
b) ~~_e~~~~~~!~Q_~~~Q~~g!~_~!~~~~!g~§i_!Q~~ff!~~~~~_~~_Q~~_~!~e~Q!:
bllité
a) La production locale
Les différentes industries togolaises sont alimentées essentiel-
lement à partir de trois sources 1 la CTMB (1), la CEET (2) et la CEB(3).
Alors que la première s'autoalimente suffisamment en énergie à partir de
sa puissante centrale thermique installée à Kpémé, les deux dernières sont
les principales sources d'approvisionnement pour les autres industries.
La production d'énergie de la CTMB : plus de 33 millions kwh en
1970 est largement supérieure à celle de la CEET 29,5 millions kwh. Ces
chiffres sont significatifs et mettent en lumière l'insuffisance de la
production d'énergie dans le pays et l'importance de la Compagnie Togo-
laise des Mines du Bénin dans ID production de courant électrique de la
moitié méridionale du pays. S'il est vrai que cette entreprise industriel-'
le est la première sinon la seule qui utilise une quantité énorme de cou-
rant, il n'en est pas moins
évident qu'elle est aussi la première possé-
dant une certaine "indépendance" du point de vue développement de courant
électrique mais pas vis-à-vis des produits pétroliers. Car non seulement
la production nationale est insuffisante, mais encore la distribution est
Bouvent perturbée par des pannes ou par la réalisation de gronds travaux
ce qui ralentit le rythme de production des usines n'ayant pas leurs propres'
centrales.
(1) CTMB : Compagnie Togolaise des Mines du Bénin
(2) CEET : Compagnie d'Energie Electrique du Togo
(3] CEB : Communauté Electrique du Bénin. La CEB est une société inter-étatique
regroupant le Togo et le Dahomey. Son objet est la prod~ction et le trans-
port d'énergie électriqUe fournie par le barrage d'Akosombo eu Ghana vers
le Dahomey et le Togo.

165
Aussi, l'importation du courant électriqL3 produit par le barrage
d'Akosombo au Ghana, constitue-t-elle un palliatif à ces problèmes d'énergie
électrique.
SJ L'importation d'énergie du Ghana
Doté d'un important potentiel hydroélectrique grâce au barrage
d'Akosombo (1), le Ghana est devenu depuis plus de deux ans le principal
fournisseur d'énergie électrique au Togo par le biais de la CEB. L'achat
dù courant du Ghana a complètement changé la situation initiale. Sur
61 243 000 Kwh de courant "produit" en 1973 par la CEET, environ 49 854 000
Kwh (2) provenaient du Ghana soit plus d~2/3 de la production totale. Cette
importation s'accroit de façon vertigineuse: au cours des six premiers mois
de 1974, sur 35 605 000 K~h. 33 825 000 soit presque la totalité, étaient
d'origine ghanéenne (fig. 41).
La production locale aussi va en diminuant. D'ailleurs il est question
d'arrêter progressivement la centrale thermique de Lomé, de la maintenir
en état de marche et de renforcer sa puissance de façon à pallier une éven-
tuelle défaillance technique concernant l'alimentation en énergie électri-
que du Ghana. Cette importation du courant permet de surmonter les diffi-
cultés dg la crise actuelle de l'énergie et de satisfaire en partie les
consommations individuelles, publiques et industrielles bien qu'elle rende
le Togo dépendant du Ghana en cette matière. Les mauvaises surprises dues
à un différend entre les deux pays ne peuvent être évitées que grâce à une
coopération étroite basée sur une entente réciproque.
~-) La consommation industrielle et le prix du courant
- La consomw.ation - La production et la consommation d'énergie varient au
Togo suivant les régions et les usages: qu'on se trouve dans la Région
Maritime, dans celle des Plateaux ou qu'on soit dans le domaine industriel,
artisanal ou public, la consommation de courant électrique varie beaucoup.
(1) Construit de 1961 à 1967 sur la Volta, le barrage d'Akosombo, haut de
110 mètres retient le lac artificiel le plus vaste du monde (8 500 km2 )
et a une capacité de production d'hydroélectricité de plus de 3 milliards
et demi de K~Jh.
(.2) Notes d'information et statistiques de la Banque Centrale des Etats de
l'Afrique de l'Ouest nO 221 d'Octobre 1974.

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166
En 1972. sur 38 397 000 Kwh de courant vendu dans la moitié Sud du pays
par la CEET. 19 575 000 Kwh ~oit environ la moitié) étaient à usage indus-
triel. Suivant les régions. la consommation était répartie comme suit
- Région de Lomé
36 429 000 Kwh vendus dont 18 729 000 Kwh destinés aux
industries J
- Région d'Anexo
928 000 Kwh vendus dont 617 000 Kwh consommés par les
usines J
- Région de Kpime - Kpalimé
514 000 Kwh vendus dont 149 000 Kwh à usage
industriel ;
- Région d'Atakpamé
526 000 Kwh vendus dont 80 000 Kwh destinés aux
industries.
(1 )
En 1973. la consommation a augmenté et a atteint un total de 50 666 000 Kwh
,
dans la moitié méridionale du pays dont 26 792 000 Kwh (plus de la moi-
tié) étaient à usage industriel. La part respective des différentes régions
est la suivante
(fig. 42).
- Région de Lomé : 46 729 000 Kwh vendus dont 2~32oŒKwh consommés par les
industries J
- Région d'Anexo
2 650 000 Kwh vendusdont 2 230 000 Kwh destinés aux in-
dustries
- Région de Kpimé - Kpalimé
643 000 Kwh consommé~ dont 166 000 à usage
industriel J
- Région d'Atakpamé : 644 000 Kwh ont été vendus dont 164 000 destinés à
des fins industrielles.
Css chiffres imposent les constatations suivantes : la quantité
d'énergie électrique consommée. diminue au fur et à mesure qu'on .va à l'in-
térieur du pays mais son importance dépend aussi du degré d'implantation
des industries. De 1972 à 1973. la consommationdJil\\üjLlicla",s~It.
.. Ç~d·; a aug-
menté. passant de 38 397 000 Kwh à 50 666 000 Kwh ; celle à usage indus-
triel s'est accrue. passant de 19 575 000 à 26 792 000 Kwh. Lomé demeure
la principale région consommatrice d'électricité. Du point de vue indus-
triel. elle absorbe le plus de courant ; ceci est dû eu pullulement depuis
un certain temps. de petites industries dans la région de Lomé. Avec les
24 232 000 Kwh destinés à des fins industrielles. la région de Lomé consom-
me presQI'''' la totali;t~. de l'énergie ut; 1158e par les usines. excepté celle
de la CTMB.
(1) En 1973. l'ensemble du pays a consommé 51 594 717 Kwh de courant.

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AN'XCl
.PI.' _ .PAU • •
A'AlePA.'
....42 COIfIO..-nON
D' 'N'•••I
IlIClil1QUI
- .. . . . . . .
1- • • ••••• .......rIeI
____1·...........

Ces chiffres reflètent non seulement le déséquilibre profond
entre les différentes régions économiques. le degré d'industrialisation
de chacune des régions et la concentration des industries dans la région
de la capitale mais aussi et surtout l'importance du niveau de vie de
chaque région économique.
Dans ces conditions de production. le courant revient très
cher au Togo.
- Le prix du courant - Le Togo avait la réputation de vendre le courant
"le plus cher du monde" (1). En effet. avant 1973, le prix du Kwh variait
de 10,2 FCFA dans la région d'Anexo à 28.6 FCFA dans la région de Dapaon
en passant par 18,9 F pour Lomé. 22,9 F pour Kpalimé et 24.1 F pour Atak-
pamé (2). Le prix moyen pour l'en5amble du pays était de 20,84 F le Kwh
en 1970. de 19.20 F en 1972. de 18,70 F en 1973. et de 18.18 F en 1874.
Ce prix, bien que diminuant légèrement, demeure encore très cher et inac-
cessible à une grande majorité de la population.
Pour les usagers industriels, il faut mentionner une prime
mensuelle fixe que l'utilisateur est obligé de payer en cas de non utili-
sation et une prime proportionnelle qui dépend de la quantité du courant
utilisé.
Ce ~rix du Kwh est exorbitant en comparaison du prix d'achat du
courant importé du Ghana pratiqué par la CEB. En effet. le prix d'achat
de l'énergie électrique varie entre 3,50 F et 5 F le Kwh soit en moyenne
4.5 FCFA le Kwh. Ce prix est variable parce qu'il inclut la taxe fixe,
la taxe variable proportionnelle correspondant aux Kwh consommés. Le prix
de vente pratiqué par la CEET n'a malheureusement pratiquement pas baissé
depuis l'entrée en ligne du courant d'Akosombo. Logiquement, le prix moyen
de 4.5 F devrait entraîner l'abaissement du prix du courant pour rendre
cette denrée accessible à un plus grand nombre de clients et à des usages
beaucoup plus importants. Tel n'est pas le cas. La CEET. compagnie
para-publique
à laquelle l'Etat ne pose que les installations de
base a,à sa charge, l'augmentation de puissance, l'extension du réseau,
(1) ATTIG~ON (Hermann) : Géographie du Togo.
(2) Renseignements recueillis à la CEET.

_,00i
168
son entretien et l'installation de nouveaux abonnés. Depuis l'approvision-
nement du Ghana. il y avait le choix entre deux solutions
soit baisser
le prix du courant et maintenir des prix très élevés pour les branchements,
soit baisser le prix des branchements et laisser intact celui du courant.
Alors que la première solution favoriserait les utilisateurs actuels. les
industriels surtout. la deuxième accroîtrait le nombre des utilisateurs
mais maintiendrait le courant toujours cher. C'est cette deuxième solu-
tion qui fut choisie par lq CEET. En effet celle-ci craignait qu'en bais-
sant le prix. le courant ne devienne accessible à toutes les couches de
la population. ce qui pourrait entraîner d'éventuel:es difficulté.s de re-
couvrement des taxes. Le fait de ne pas vouloir étendre le courant aux
couches défavorisées de la population togolaise est une prise de position
injuste qui ne va qu'agrandir le fossé déjà large dans l'inégalité du
développement des différentes régions. L'extension du réseau peut inciter
le développement ou la création de petites industries ou peut développer
l'artisanat toujours vivant dans certaines couches de la population togo-
laise. Pour permettre un développement harmonieux du pays, il faut donner
à chaque région les infrastructures de base nécessaires. D'ailleurs ce
choix de la CEET ne semble satisfaire ni les consommateurs actuels qui
trouvent le courant trdp cher (comparé au prix de 4,5 F le Kwh fait par
la CES) ni les industriels qui se sentent lésés au détriment de la "consom-
mation domestique".
-'"
La solution choisis par la CEET ne va que dans son propre intéret.,
L'approvisionnement en énergie en provenance du Ghana. fournit du courant
hydroélectrique directement au Togo donc sans conséquences néfastes prove-
nant des produits pétroliers
il devrait permettre des facilités de con-
sommation dans tout le Togo. Mais la situation n'a pas beaucoup évolué:
la différence d'environ 13.5 F entre le prix de vente et le prix d'achat
est trop forte. D'autres solutions doivent être trouvées pour enlever cet
obstacle à la généralisation de l'utilisation du courant dans tout le Togo.
Pour son développement industriel. le Togo était obligé d'uti-
liser des hydrocarbures importés généralement sur de grandes distances.
~ar de mauvaises routas et de faire appel à de petites centrales thermi-
ques, ce qui entraîna des coûts très élevés surtout depuis la crise de
l'énergie. préoccupqtion majeure actuellement de tout pays~ompte tenu donc
de la hausse des produits pétroliers, de la non exploitation actuelle de

, 1
169
toutes les ressources hydrographiques du pays. cette coopération pour la
fourniture de l'hydroélectricité entre le Ghana. le Dahomey et le Togo
mérite d'être encouragée afin de résoudre partiellement le problème de
la carence d'énergie. Elle ne doit pas être trop lucrative et profiter
à
la compagnie.(CEETl
au détriment des couches de la population.
D'ailleurs ne serait-il pas~uhaitable que la production et la
distribution de l'énergie électrique. base de toute transformation indus-
trielle. soient
planifiées
totalement par l'Etat comme c'est le cas
dans beaucoup de pays industrialisés? Ce secteur primordial. indispensa-
ble au développement industriel doit être englobé dans la politique indus-
trielle de l'Etat aussi bien que l'approvisionnement en matières premières
des usines qui pose aussi des problèmes.
2 - Le point de vue matières premières
Une matière première abondante est l'une des exigences des indus-
tries.
Pour les productions agricoles. la quantité transformée indus-
~
triellement devrait constituer le surplus de la consommation. Or au Togo.
comme partout ailleurs en Afrique. tel n'est pas le cas. Le problème d'ap-
provisionnement est posé par l'insuffisance de la production locale alors
que les usines doivent pouvoir fonctionner avec des approvisionnements
leur permettant de tourner plusieurs mois dans l'année. La distinction
n'est d'ailleurs pas très nette entre les produits vivriers et les pro-
duits d'exportation. Aussi les produits agricoles de consommation courante
alimentent-ils différentes usines et sont-ils en partie exportés d'où leur
insuffisance.
al L'insuffisance de l'approvisionnement
Avant la période coloniale. les ressources agricoles alimentaient
uniquement la population togolaise : avec le manioc. on préparait du gali.
l'un des aliments de base sur la côte Est togolaise. on le consommait aussi
comme légume. Des noix de palme ou des graines d'arachide. on tirait arti-
sanalement de l'huile; on filait le coton pour fabriquer des tissus.

17D
Pendant la colonisation, la situation changea car avec le pacte
colonial du XIX o siècle, les pays colonisés étaient devenus les princi-
paux pourvoyeurs en matières premières de la "Métropole". Aussi les produits
naguère totalement autoconsommés sont-ils exportés, soit directement, soit
semi-transformés. Depuis l'indépendance, la colonialisme traîne toujours
ses séquelles. Ses vestiges apparaissent sous différentes formes. Une partie
des récoltes continue d'être exportée malgré la création d'industries à
base de produits agricoles locaux (coton et arachide par exemple). Aussi
paradoxal que cela puisse paraltre, les entreprises industrielles créées
dans le but de valoriser les ressources agricoles manquent de matières
premières. Ni le manioc pour la féculerie de Ganave, ni les noix de palme
pour l'huilerie d'Alokoegbe, ni l'arachide pour l'huilerie du Bénin, ni
le coton pour l'industrie textile ne sont fournis en quantité suffisante
pour rentabiliser les usines.
Les producteurs pensent d'abord à la consommation de leur famille
puis à une commercialisation rentable; quand le prix du gali ou de l'huile
de palme monte, il leur est plus avantageux de vendre leur manjpcou leurs
noix de palme sous forme de produit de consommation locale. La valeur moné-
taire que ces produits rapportent, une fois transformés, est de beaucoup
supérieure à celle du manioc frais ou des noix de p~lme. L'exemple du manioc
est illustratif : alors que le prix du kilogramme est inférieur à 4 FCFA,
celui du kilogramme de gali varie de 19 F (Vogan) à 25 F (Lomé). Il faut
souligner ici l'écart entre le prix d'achat des produits agricoles aux
paysans et le prix de vente une fois la transformation industrielle ter-
minée (le prix de vente du kilogramme de fécule est de 42 FCFA et celui
du kilogramme de tapioca de 60 F à l'usine de Ganave). Cette manière d'''ex-
ploiter" les paysans ne peut que les inciter à garder leur récolte et à les
transformer eux~mêmes. Pour encourager les paysans à livrer leurs récoltes
aux usines. un effort 'doit-être fait pour rehausser les prix des produits
agricoles. Les Caisses de Stabilisation des Prix (1) ne jouent que po~r le
coton et l'arachide et surtout pour le café et le cacao (principaux produits
d'exportation) .
(1) Les Caisses de Stabilisation des Prix fonctionnent pour les principaux
produits d'exportation. Elles sont alimentées par les contributions que
versent les exportateurs lorsque les cours- des produits agricoles sont
supérieurs au cours de base. La stabilisation des prix consiste à verser
aux exportateurs des primes lorsque les cours de vente
sont inférieurs
au cours de base.

171
D'autre part une sérieuse organisation de l'approvisionnement en matières
premières doit
être mise sur pied pour faciliter l'activité des usines
amélioration des routes. des moyens de transport, action concertée des
entreprises industrielles et de l'Office des Produits Agricoles du Togo
qui se charge de l'exportation et de la vente de ces produits à l'exté-
rieur.
Un autre problème qu'on passe souvent sous silence est l'adap-
tation de ces usines aux besoins. aux habitudes et à la mentalité de la
population. La transformation industrielle du manioc en fécule ou en
tapioca servait et sert encore les pays étrangers (Europe et Etats-Unis
surtout). La quasi totalité de la production est exportée vers les pays
industrialisés. l.e Togolais achète du gali fabriqué artisanalement. du
tapioca préparé par les paysans et de la fécule fabriquée artisanalement
à un prix bien inférieur aux mêmes produits transformés industriellement
et conditionnés. La forte demande de ces produits locaux pousse les pay-
sans à transformer eux-mêmes leur récolte de manioc pour satisfaire la
clientèle nationale.même africaine. La qualité du gali et du tapioca
togolais fabriqués artisanalement a dépassé les frontières du pays.
La même constatation est valable pour l'huile de palme. Une forte
quantHé de l'huile consorrmée principalement dans la Région Maritime et
dans celle des Plateaux est produite artisanalement. l'usine d'AloKoegbe
ne livrant que de faibles tonnages sur le marché. Les habitudes de consom-
mation poussent les Togolais à rechercher le "Dzomi h ou "Zomi" (1). "pré-
paration réalisée à partir d'huile peu décantée dans laquelle on a mis une
faible quantité de sel en cours de cuisson". C'est l'huile de palme de
qualité supérieure, fort appréciée pour son odeur. Le Dzomi qui semble
être à l'origine une spécialité régionale (2). est le principal produit
demandé pour la consorrmation alimentaire. La qualité de l'huile dépend
souvent de son odeur et de son goOt ; cussi la ménagère togolaise ne se
gëne-t-elle Das pour sentir l'huile et la goOter avant de l'acheter. Or
cette odeur et ce goût manquent souvent à l'huile fabriquée par la SON~PH.
Ce fait explique la réticence des ménagères à utiliser cette huile qui
(1) "Dzomi" = huile de palme en Ewe
·Zomi" = huile de palme en Mina
(2) SFEZ (P). BELLAICHE (R). DARDE [E). BDGAERTS (J) : Etude de perspec-
tive de la Société Nationale pour le Développement de la Palmeraie
et des Huileries du Togo.
'

172
ne sert le plus souvent qu'à couper l'huile artisanale avant la commer-
cialisation. L'huile de palme de l'usine d'Alokoegbe se retrouve parfois.
en période de pénurie dans le Dzomi commercialisé à Lomé. La vente de
l'huile est entièrement détenue par les femmes togolaises sur le marché
national. Pour le moment. l'offre de l'usine d'Alokoegbe est très faible
(276 tonnes en 1972-1973) alors que la production artisanale était esti-
mée à environ 6 000 tonnes par an. Peut-être la SONAPH arrivera-t-elle
à approvisionner tout le Togo en huile de palme quand ses plantations
industrielles commenceront à alimenter l'huilerie et quand elle sera en
mesure de ,produire du Dzcmi. Cependant. la découverte du procédé adéquat
de fabrication de ce produit. aura des conséquences néfastes sur l'écono-
mie du Sud-Togo d'autant que la fabrication et la commercialisation de
l'huile artisanale sont fortement détenues par les femmes togolaises et
constituent une source de revenus non négligeable pour cette région.
Au total. l'huilerie de palme et surtout la féculerie n'ont pas
une forte emprise dans la consommation locale et il y a lieu de se demander
si elles répondent actuellement aux besoins de la population togolaise.
Alors que la production en masse de ces produits industriels devrait per-
mettre de les commercialiser à des prix intéressants. l'insuffisance de
l'approvisionnement empêche la rantabilité des usines; aussi les produits
artisanaux reviennent-ils beaucoup moins cher aux ménagères. Une des dif-
ficultés provient aussi en général de la méfiance des Togolais à consom-
mer das produits alimentaires industriels. produits qu'ils ont l'habitude
de consommer. transformés artisanalement.
Créées pour valoriser les ressources agricoles du pays. la fécu-
lerie de Sanave. l' huilerie d' Alokoegbe. celle d'arachide 'et l'usine texti-
le ne reçoivent qu'une faible partie des récoltes.
B) Le pourcentage des produits agricoles entrant dans l'industrie
- Le manioc - Le pourcentage de la production nationale de manioc entrant
,dans l'industrie ne dépasse pas 5 %. En 1970, 2,5 % seulement sont trans-
formés industriellement. soit 14 025 tonnes sur une production nationale
de 538 684 tonnes. En 1973. l'usine n'a acheté que 18434 tonnes sur une
production nationale de 386000 tonnes soit 5 % (1). Le reste de la production
~e manioc (95 %)est consommé sous forme de légume. c!e gal! (farine),
(1) Chiffres donnés par le Service du Conditionnement des Produits Agricoles.

173
de tapioca et de féoule transfor~és de façon artisanale. Les diffioultés
d'approvisionnement ont même fait envisager le transfert du matériel de
la féoulerie vers un autre pays d'Afrique Oooidentale oar la féoulerie
de Ganave s'alimente à 100 % looalement, oe qui représente 21 % du ohiffre
d'affaires de la Compagnie.
Il ~essort en dernière analyse que la féoulerie de Ganave ne
semble pas être implantée pour servir la oonsommation de la population
togolaise. La féoule et le tapiooa "industriels" n'ont auoun débouché
intéressant sur le marohé régional. Les mêmes produits fabriqués par
les paysans constituent et oonstitueront des ooncurrents
dont il faut
tenir compte.
~ Les noix de palme - Le pourcentage de noix de palme transformées par
la SDNAPH reste faible. En 1970-1971, il était d'environ 10 % (9 102 ton-
nes sur 119 368 tonnes de régimes traités au Togo), les 90 % restants
revenaient à la fabrication artisanale d'huile de palme. En 1972-1973,
la même société n'a pu acheter que 2 634 tonnes sur 93 982 tonnes de
régimes traités, soit environ 2,8 % du total. Ce pourcentage est trop
faible si l'on considère que c'est la disponibilité du pays à fournir
des noix de palme qui a motivé l'implantation de l'usine d'Alokoegbe.
L'insuffisanoe des régimes livrés par les exploitants oonsti-
tue la pierre d'achoppement pour la rentabilité et la bonne marche de
l'huilerie. Bien que la matière première soit à 100 % looale et représente
39 % du chiffre d'affaires de la Sooiété, elle ne fait actuellement que
,
moins de 5 % de la quantité totale tr~nsformée sur tout le territoire.
L'huile de palme produite sert à alimenter à 90 % la Savonnerie de 6é
(les 10 % étant importés du Dahomey) et représente 70 % du chiffre
d'affaires de la Société Chimique Industrielle Afrioaine.
Pour les noix de palme comme pour le manioc, le faible pour-
centage entrant
dans le développement industriel est dû à la survivance
et à l'importance de la transformation artisanale (huile de palme, vin
de palme, tapiooa, farine de manioc ••• ) et au dynamisme de ceux qui s'en
chargent.
Quant aux autres produits, o'est l'exportation qui aggrave en
partie le problème d'approvisionnement.

174
- L'arachide - L'insuffisance [10 l'approvisionnement résulte de certains
faits : premièrement une partie non négligeable de la récolte (déjà
soumise aux aléas climatiques) est, soit consommée, soit transformée
en huile "artisanale". Deuxièmement une partie est exportée en Europe
ou dans les pays voisins surtout au Ghana. En effet, à cause des prix
intéressants pratiqués par ce Pâys, un fort courant y entraina
l'ara-
chide du Togo. Les paysans togolais préfèrent retirer le plus de gain
possible de leurs peines
en livrant leur récolte hors frontière. La part
de cette ~atière première dans le chiffre d'affaires des Huilëries du
Bénin est de 81 % alors que la provenance est à 100 % locale.
- Le coton - Une quantité infime de coton local alimente l'usine textile
de Dadja : en 1973. sur une production nationale de plus de 3 000 tonnes
de fibres. 643 tonnes alimentèrent l'usine, soit un pourcentage de 21 %
de la production totale de fibres. Le reste est exporté. C'est aberrant
d'autant que c'est l'importance de la culture du coton dans cette région
d'Atakpamé qui y a motivé l'implantation de l'usine textile. La gravité
consiste en ce que , pour tourner, l'usine importe une partie considérable
de la matière dont elle a besoin. La matière première travaillée est à
6 % locale, 34 % proviennent de la chine , 13 % de la Républiq~e Fédérale
d'Allemagne et 47 % d'autres pays (1)1 elle représente 53 % du chiffre
d' affaires.
Toutes ces difficultés dénotent le, caractère fragile de ces
industries basées sur des ressources agricoles, sans développement préa-
lable de plantations industrielles pour alimenter les usines. Il est
d'autre part regrettable de constater l'insuffisance d'approVisionnement
de ces usines alors q'une partie de la production continue d'être expor-
tée. Une organisation rationnelle d'exploitation est nécessaire pour
résoudre les problèmes. L'exportation des produits agricoles permet
cartes
des rentrées de capitaux,mais elle prive d'une importante partie
de produit de base les usines. Cependant il ne suffit pas non plus d'in-
terdire l'exportation de ces ressources naturelles et de vouloir les
(1) Notes d'Information et Statistiques de la Banque Centrale des Etats
de l'Afrique de l'Ouest nO 210.

175
transformer industriellement sur place. Il faut faire des efforts p6ur
que la transformation de ces ressources se fasse harmonieusement et
régulièrement. Le secteur agricole encore très peu développé et insuf-
fisamment organisé ne peut servir efficacement le secteur industriel
qu'après des efforts de modernisation basée sur des techniques appro-
priées.
Des problèmes existent aussi pour les ressources autres
qu'agricoles ._
Pour qu'il y ait un solide développement industriel, il est
nécessaire de disposer d'une étude d'ensemble des ressources naturelles
disponibles ou susceptibles de le devenir.
Pour la moitié méridionale du Togo, deux ressources minières
sont actuellement exploitées : les phosphates et le marbre dolomitique.
La SDTDMA chargée de la transformation du marbre de Gnaoulou rencontre
des difficultés d'exploitation: la quantité extraite n'est pas suffi-
sante et assez variée pour alimenter l'usine ;ausei 10 % de l'approvi-
sionnement proviennent-ils de l'Italie. De sérieux problèmes techniques
dOs à une étude de base insuffisante, méritent de trouver des sclutions
le plus rapidement possible afin de donner un nouveau souffle à l'entre-
prise.
Contrairement au marbre, le phosphate, dont le rythme d'extrac-
tion est le plus satisfaisant, constitue la seule industrie importante
n'ayant pas pour l'instant des problèmes d'approvisionnement. Il est regret-
table cependant
que l'exploitation de cette ressource, la plus rentable
du pays ne se limite qu'à l'enrichissement du minerai sur place qui est
exporté vers l'étranger où il subit d'autres traitemen~plus importants.
En dernière analyse, la politique industrielle du Togo qui
consiste en la valorisation des productions agricoles et en la transfor-
mation des ressources minières nécessite des études de base plus solides.
L'insuffisance des matières premières locales entralne une importation de
matières premières ou de produits semi-travaillés ; importation de marbre
italien, d'huile de palme du Dahomey, de tissus écrus.

176
..
La concurrence des produits artisanaux en face des industries
dont la production ne permet pas d'abaisser les coOts,doit faire de cet.
artisanat enCore puissant,une base de départ à exploiter. D'efficaces
solutions Sont à envisager car la possession de ressources naturelles
n'est rentable que si elle est productrice sur le plan économique.
A côté de ces problèmes d'approvisionnement, le développement
industriel est caractérisé par une dépendance vis-à-vis des capitaux
étrangers et par une insuffisance de qualification de la main-d'oeuvre.
BJ LA CONSTITUTION DES CAPITAUX ET DE LA MAIN-D'OEUVRE
Ces problèmes déjà soulignés plus haut ne seront brièvement
analysés qurà la lumière de certains chiffres et de quelques constata-
tions.
1 - Les capitaux
Pour développer le secteur rural en 1973, l'Etat et des privés
togolais ont investi 111,54 millions de FCFA alors que de l'extérieur
étaient arrivés 1705,1 millions de francs, soit la part du Togo multipliée
par quinze.
Le développement de ce secteur est en grande partie
financé par des capitaux étrangers. Les pays apportant ces capitaux ont
leur mot à dire dans l'orientation de ce développement; car ces inves-
tissements servent premièrement à développer les produits agricoles
destinés à l'exportation (café. cacao. coton, palmistes). Ceci n'est
pas propre au Togo et se retrouve dans la plupart des anciennes colo-
nies. Ne pouvant produire les matières agricoles tropicales, les pays
industrialisés n'hésitent pas à investir dans l'agriculture des pays
d'Outre-Mer afin de développer ces produits dont ils ont besoin.
Pour le Togo, en matière industrielle, les capitaux étrangers
dominent encore. En 1973. les capitaux étrangers pour le développement
industriel étaient de 905,5 millions de francs CFA alors que l'Etat
togolais et les privés nationaux n'ont investi que 102 millions soit un
peu plus du huitième des investissements extérieurs. La participation
nationale en matière industrielle reste enCQre faible. Le développement

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"~""',","''*''''l''',"-"".""""'~
177
':'1
de l'industrie est caractérisé par l'insuffisance de capitaux~tipnaux
'i
et par une farte dépendance financière étrangère. Les investiss~ents
sant concentrés dans les mains d'entreprises privées qui ne sant pas
reliéesà l'éoonomie nationale et qui ont leurs centres de décicion à
l'étranger.
La participation moyenne de l'Etat dans le capital de ces
entreprises fait qu'il ne peut ni décider de l'orientation de ces socié-
tés ni contrôler les opérations effectuées.
Si "le développement de l'industrie dépend de l'aptitude d'un
pays à investir"(1). il reste beaucoup à faire pour que le développement
industriel du Sud-Togo évite certains obstacles de dépendance.
2 - La main-d'oeuvre
Dans ce secteur aussi. des prohlèmes restent à résoudre. La
première constatation est le manque de main-d'oeuvre féminine dans le
secteur secondaire. La grande majorité des femmes ne sant pas scolarisées
elles se destinent dans les campagnes à l'agriculture et dans les villes
au commerce dont elles détiennent le monopole. Quant aux jeunes femmes
ayant un minimum d'instruction. elles aiment travailler sait dans la
Fonction Publique soit dans le privé.
Le développement industriel est par conséquent privé du
concours. de la farce active de ces femmes togolaises dont le dynamisme
et l'organisation sant à toute épreuve. Qui ne cannait pas le rôle écono-
mique vaire politique de ces femmes revendeuses sur cette partie du Golfe
du Bénin! "Véritables femmes d'affaires"(2) très actives. elles contrô-
lent le marché national de certains produits. exercent une grande influ-
ence sur l'orientation du commerce de redistribution et même de celui vers
les pays voisins.
Alors que cette main-d'oeuvre féminine industrielle estmexis-
tante. la main-d'oeuvre masculine non qualifiée est pléthorique et la
qualifiée insuffisante. La formation professionnelle n'est pasau point
pour la plupart des entreprises.
(1) CHARDONNET (Jean) : La Géographie Industrielle.
(2) Le Monde du 5-6 Décembre 1971.

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178
Les difficultés sont accrues du fait de la prépondérance de la
population non africaine dans le secteur de direction. Ces entreprises
à capitaux étrangers en majorité, maintiennent leurs "hommes" aux postes
clés où ils perçoivent des salaires très élevés; d'ailleurs la rémuné-
ration du personnel non africain est plus élevêeque dans leur pays d'ori-
gine (1). Cette situation semble freiner la formation professionnelle et
les promotions, et limite souvent le rôle des nationaux aux travaux de
production.
A côté de ces problèmes, d'autres caractéristiques déterminent
les industries du Sud-Togo.
Cl LA LOCALISATION ET LA STRUCTURE fJES IN;)USTRIES
Le développement industriel
de la moitié méridionale du Togo
revêt certains caractères particuliers dans la localisation d8s indus-
tries, dans l'espace occupé, dans la nature des produits, dans les débou-
chés.
1 - La localisation et l'espace industriel (fig. 43)
Les différgntes implantations industrielles étudiées se situent
dans la moitié méridionale du Togo avec une accumulation des usines dans
la Région Maritime. En effet, sur les huit implantations, sept sont locali-
sées dans la Région Maritime et une seule dans la Région des Plateaux. 9ans
le deuxième cas, c'est la réussite de la culture du coton dans cette région
qui y a motivé l'implantation de l'usine textile.
Pour la Région Maritime, l'installation des usines est occasion-
née par la'présence non seulement de gisement mais aussi et surtout par la
présence de wharf puis récemment par le port franc et par le rôle de capi-
tale .économique, financière, politique de Lomé. C'est dans cette région
qu'il y a plus de facilité de contact avec l'extérieur pour s'approvision-
ner et pour écouler les produits fabriqués. La présence de la mer et des
infrastructures d'accueil facilite les échanges avec les pays voisins et
avec l'Europe.
(1) "Le Développement industriel en Afrique" (Bulletin Economique pour
J
l'Afrique. Nations Unies 1965).

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179,
Cette localisation industriellG au Sud du 8° parallale a occa-
sionné un déséquilibre, un développement inégal entre la côte qui abrite
de nombreuses activités commerciales
et financières et l'hinterland voué
à l'agriculture. Ce dualisme n'est pas propre au Togo et se retrouve sou-
vent sur le continent africain. Ainsi les pays côtiers du Golfe de Guinée
Côte d'Ivoire, Ghana, Dahomey présentent l~ même déséquilibre industriél
que le Togo, les activités industrielles étant concentrées au Sud du 8°
parallèle (fig. 44). Ce caractère créé des problèmes aigus entre les dif-
férente~ régions du pays.
La concentration des activités dans la moitié Sud attire la
population de l'autre moitié et risque de la vider de ses forces vives.
Des solutions urgentes (création de petites usines, amélioration et déve-
loppement des voies de communication) s'imposent pour retenir les gens à
la campagne et freiner l'exode rural. Ce n'est qu'à ce prix que le déve-
leppement industriel commencera à être harmonieux.
A cette localisation
correspondent de petites unités industriel-
les exigeant des terrains aux petites dimensions. A part les industries
extractives dont les activités ont imposé une emprise très vaste, et l'ITT
toutes les autres industries sont très peu dévoreuses d'espaces, étant des
industries surtout légères.
2 - La nature des industries
La transformation industrielle des ressources naturelles a
engendré des industries dont les plus importantes sont exclusivement
des industries légères, productrices de biens de consommation et des
industries extractives. Il n'y a pas d'industrie de base: ni éner.gie
importante, ni chimie, ni sidérurgie. Dans les industries d'équipement
seul le secteurdu bâtiment est partiellement représenté avec la produc-
tion de briques et de merbre.
Des ressources qui auraient pu permettre l'établissement d'in-
dustrie lourde ne sont pas encore exploitées: c'est le cas du fer de
Bangeli (exploité de façon artisanale avant l'arrivée des Allemands en
1884) et de la bauxite du Mont Agou.

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180
L'exploitation des phosphates qui aurait engendré les industries
chimiques et la fabrication d'engrais indispensables à l'agriculture est
limitée à l'enricnissement du minerai. Le calcaire d'Aveta qui aurait permis
d'avoir une source importante d'approvisionnement à l'industrie du ciment
nécessaire aux grands travaux d'aménagement n'est pas encore exploité
l'actuelle cimenterie fonctionne à partir du clinker importé.
Au total. le développement industriel du Sud-Togo est dépourvu
de biens d'équip~ments. d'industries "industrialisantes" qui puissent
enraciner le secteur industriel. Le développement ne consiste pas unique-
ment en la création d'industries. mais du choix qu'on fait. car ce n'est
pas n'importe quelle activité industrielle qui peut changer rapidement la
situation de "sous industrialisation" du pays. Il faut des industries
entra1nantes
industries d'équipement. de biBns intermédiaires capables
d'engendrer et de développer d'autres industries
indispensables à la
transformation de la structure de l'économie du pays. Cependant.le fait
de donner une place importante à ces activités industrielles n'empêche
pas de créer de petites industries de consommation.mais facilite plutôt
leur développement ;
à
ce moment le pays possèdera des industries fournis-
sant matériel. engrais ••• et ne sera plus obligé de faire appel aux indus-
tries d'équipement d'~utres pays "lointains".
Une autre caractéristique est la non complémentarité des indus-
tries.
3 - La non complémentarité des industries
"Techniquement et économiquement. l'industrialisation n'est pas
simplement l'apparition d'industries; c'est la naissance de complémenta-
rités entre des activités industrielles"(11. Dans le cas du Togo. les in-
dustries créées sont isolées les unes des autres et vivent en vase clos :
il n'y· a pas d'échanges entre elles.excepté entre l'huilerie de palme et
la savonnerie. La compagnie du Bénin. entreprise "d'origine française".
fabrique à Ganave de l'amidon mais pas l'oxydé dont a besoin l'industrie
textile; aussi l'ITT "d'origine allemande" importe t-elle l'amidon néces-
(11 ALBERTINI (J-Ml
les mécan ismes du sous-développement.

181
saire au traitement des tissus, de la 'République Fédérale d'Allemagne.
Alors que chacune des industries devrait servir de fournisseur et de
client aux autres, les alimenter et être alimentée par elles, tel n'est
pas le cas. Les entreprises favorisent l'intérêt du pays ayant la plus
grande participation. au lieu de créer des liens entre les industries et
essayer de promouvoir le développement industriel.
Pour insuffler du dynamisme aux industries et faciliter le
développement, il faut établir la complémentarité entre les activités,
créer des effets d'entralnement en amont et en aval de sorte que chaque
industrie trouve chez l'autre ses débouchés. La politique industrielle
doit s'intégrer à la politique économique générale en vue d'une liaison
entre les différentes industries et les divers secteurs. Cela permettra
au développement industriel de trouver en lui-même son propre dynamisme et
de résoudre en partie le problème de débouchés.
4 - Le problème de débouchés et de commercialisation
Les industries exigent, pour être rentables. un Marché suffisant,
une population ouverte à la commercialisation et à l'achat des produits,
industriels. Or, le problème le plus délicat et le plus crucial du déve-
loppement industriel de la moitié méridionale du Togo est celui des débou-
chés.
Avec ses deux millions d'habitants. le Togo constitue un marché
trop étroit pour l'écoulement des biens de consommation. encore plus pour
la commercialisation des industries de base et d'équipement si elles
aVaient été créées. La carence des voies de communication pour faciliter
la commercialisation des produits à l'intérieur du pays et le revenu natio-
nal trop bas sont aussi des handicaps à l'écoulement des produits Iceux-ci
reviennent plus cher au fur et à mesure qu'on s'éloigne de la côte. N'ayant
pas un revenu important pour acheter les biens de consommation frabriqués.
les masses populaires ne constituent pas une clientèle fixe et sûre.
L'étroitesse du marché togolais constitue donc un ~érieux obsta-
cle pour assurer un écoulement régulier de la production industrielle toute
l'année. car les industries ne peuvent être rentables sans un marché suf-
fisant.
Ce problème de débouché national est aggravé par l'inexistence
de coopération économique entre les pays voisins.

182
5 - Le mangue de coopération économigue régionale
La minceur du marché togolais aurait trouvé une part de solu-
tion si une coopération avait existé entre les pays voisins. Le Togo fait
partie du Conseil de l'Entente avec la Côte d'Ivoire, la Haute-Volta, le
Niger et le Dahomey mais ne peut compter sur cet ensemble dispersé géogra-
phiquement pour commercialiser ses produits industriels.
Le Ghana est tout proche mais les accords commerciaux qui le
lient au Togo ne sont pas solides.
Au total, les échanges commerciaux entre pays voisins sont Hmités
à cause du cloisonnement de l'espace économique, de la f 9brication des mêmes
produits par chaque Etat et du désir de chacun de créer son "industrie na-
tionale",
Faute d'entente régionale, le projet d'installation d'une unité
sidérurgique au Libéria, offr3nt à l'Afrique Occidentale un prix de revient
intéressant n'a pas vu le jour, alors qu'actuellement d'autres pays, le
Sénégal et la Côte d'Ivoire (1) entre autres envisagent de créer de petites
usines sidérurgiques pas économiques pour autant. La Côte d'Ivoire pense
créer une usine de soude caustique et d'acide chlorhydrique alors que des
études ont démontré que le Ghana serait économiquement plus favorable dans
cette partie de l'Afrique Occidentale.
Cette situation regrettable mérite d'être étudiée sérieusement
par les dirigeants africains qui doivent laisser de côté leur politique de
prestige et concevoir le développement dans un cadre africain. Dans ces'
Etats dont la population est inférieure à une dizaine de millions d'habi-
taF:lts;;: l'installation d' ir:dustrie de base peut être. rentable dans des regrou-
pements régionaux. permettant de
mobiliser de
vastes marchés.
Le Togo
pour sa part
ne peut étant donné les dimensions de son
marché, activer son développement industriel qu'en coopérant étroitement
avec les pays voisins. Seule cette voie fera épanouir son effort d'indus-
trialisation et aura un grand impact sur l'économie nationale.
(1) EWING (A-F) "Industrie en Afrique".

183
Après l'étude des différents établissements industriels de la
moitié méridionale du Togo travaillant les ressources naturelles locales.
après la définition de leurs caractéristiques. il est intéressant d'ana-
lyser leur impact sur l'ensemble du pays afin de mesurer le degré de dé-
veloppement qu' 11 engendre •
. > '
'~r;'- i

Quatrième Partie
L'IMPACT VU vEVELOPPEMEWT ItJVUST'RIEL
SUR L'ENSEMBLE VU PAYS

184
Ce problème sera étudié sur trois plans différents : sur le plan
spatial: infrastructures d'accueil, construction de logements, urbanisme,
sur le plan économique global : valorisation ,aes matiàres premiàres, effet
sur le commerce extérieur, apport financier et sur le plan social vis-à-vis
des habitants du pays : emploi, niveau de vie et mode de vie.
l -
SUR LE PLAN SPATIAL
Les infrastructures d'accueil, que ce soient les moyens de trans-
port ou les logements, facilitent en général le démarrage de l'essor indus-
triel d'un pays car elles constituent un puissant facteur de développement
,affectant les circuits économiques. Cependant le développement du pays re-
jaillit également sur ces infrastructures et leur permet d'être au service
du bien-être des habitants.
Al - LES MOYENS OE T'RANSPORT
S'il est vrai que l'insuffisance de ces moyens de transport constitue
un, entrave à l'inëustrialisation,i1 ost aussi évident quo les investissements
qu'on fait dans ce domaine pour les améliorer ou pour les créer ne sont jus-
tifiés et rentables qu'avBc un accroissement des échanges lié à 1& croissance
ir-.:lustrielle.
1 - Les routes
Bien qu'elles ne soient pas la cause des implantations industrielles,
les routes de la moitié méridionale du Togo ont trouvé du dynamisme - elles
sont de plus en plus sillonnées - gr8ce aux efforts d'industrialisation.
,Et, il est intéressant de constater Que la forte densité routière dans la
zone cOtiàre Qui caractérise l'ensemble du réseau national va de pair avec
l'importance économique de cette région.
Aussi,dès l'application du Premier Plan Quinquennal, 20 % des inves-
tissements publics consentis par le Togo ont-ils été consacrés à l'ouverture
de nouvelle routes et à la réfection de celles déjà existantes.

<:--' ",
~ ,",,'
/
~:';(
~"
,
~' ..:":"'" .~
185
~.','.'••:.'."".' C'
f~i' - ,
,
Toutes les implantations industrielles de la Région Maritime sont
relié. par des embranchements à cet axe routier qui part du Ghana, traverse':
"
le Togo et le Dahomey et continue vers le Nigéria.
Mime si cet axe n'est pas créé pour faciliter l'implantation des
industries. 8a présence est actuellement un atout majeur pour le pays. Cette
.' route est t!lppelée à jouer un role de preimier plan dans les Etats cotiers du
"Golfe du Bênin lorsque des accords industrielS et commerciaux permettront
, '
une inter-échange plus organisée de produits industriels entre ces diffé-
rents Etats.
b) La route Lomé - Haute~olta
--~---------------~---~----
Il en sera de même avec la route internationale Lané - Haute-Voltfl.
1
POttiellement bitumée (du cOté du Togo il reste le tronçon Kande - Dapaon)
i",
, /, Pêtte route jouera un grand rOle dans les relations entre les deux pays et
",·"j;..';'ttra. pourquoi pas, à la Haute-Volta de faire transiter ou de recevoir
'l"~ .
.,,8'" produits par le port de Lané.
, ,
c) Les routes nationales
~-------------~------
. L'effort inéustriel entrepris par lei Togo a été indirectement à
.
.
, ,,:' î"origÛ1É1 de plusieurs travaux de création ou de réfection de certaines
rQutès nationales.
, .1
,
Pour dêsenclaver les cantres producteurs des ressources agricoles
transformées sur place (manioc. coton. noix de palme). certains axes routiers
,
,
ont. été créés gr8ce au Fonds Européen de Dével~ppement. au Fonds d'Aide et
", de Coopération. à l'Etat togolais et à l'Office des Produits Agricolts du
.r·
,
"
.
,-c' Togo. ,Ainsi depuis 1969. l'OPAT. a financé une route desservant les palmeraies
, de la région Tabligbo - Tch~kpo alors que la route Tabligbo - Tsevie permet
) / .
<
.-'._-
, 'de remasser par camions des régimes de palme qui peuvent alors être traités,
, , (:3,'~1
,
.!:
l'usina d'Alokoegbe installée au coeur de la palmBPa1e du Zio.
L'acheminement facile des produits vers les centres industrilills
nécessite des travaux d'amélioration ou de créations d'axes routiers. Cer-'
.



~'l
..~=::~i~f::::~~:d::;;::C~:~:::~;::~:~:::'~;:~~
",:,rClSP$ctifs.
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:".~'ià~"}.~;l>~;'[,~' :- '
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" , ' ; .:,
y
,
,
.. ,


186
Sur le plan des reSSources minières, des routes relient·les mines
de Kpogame et de Hahotoe entre elles et au centre industriel de Kpeme J
1.
une autre, dans la Réaion des Plateaux, relie la carrière de.Gnaoulou à la
ligne de chemin de fer Lomé - Atakpame. Au total, mArne si ces réalisations
rootiêres sont faites dans le cadre du développement économique global du
pays~ il n'est pas moins vrai que l'industrialisation en cours du pays per-
1
1
met d'activer ces moyens de transport afin qu'au moins les approvisionne-
ments des usines se fassent sans trop de difficultés.
Créé en milieu urbain ou rural, le réseau routier profite . non seu-
lement aux industries mais également à la masse paysanne qui emprunte ces
voi8l, pour écouler façilementleuISproduits aux usines ou pour aller commer-
.
' .
ciel1ser leurs denrées vivrières au marché. Il permet de rOl11lre l'isolement
des villages, de désenclaver les centres ruraux encore trop isolés. Certes
l'effort réalisé est encore insuffisant car si de grands 'moyens financiers
étaient d~loYés et si les produits industriels étaient diffusés dans tous
les coins du pays, l'il11lact du développement aurait rejailli sur les moyens
,
.
de tr8neport et aUra~t entra!né des réalisations plus grandes.
rÎ reste encore beaucoup à faire afin que le réseau routier, par
,
l'intermêd1atre de l'industrialisation,soit une liaison entre la ville et
la ~agne, un ciment entre les différentes couches de la population pour
.
,
un .développement harmonieux et p,rospère.
Si les ressources agricoles transformées sur place sont acheminées
,
~
,par 188 routes, les produits pondéreux par contre (phosphate et marbre) le
sont par le voie ferrée.
2 - La voie ferrée
Les lignes de chemin de fer sont indispensables au transport du
1

t"
,
m1.llllra~ de phosphate et des blocs de marbre dolomitique vers les centres
..
"
, . '
.'
.
industriels.
C'est ainsi que dans le cadre de son installation, la Compagnie
Togolaise des Mines du Bénin a construit une voie ferrée de vingt-cinq
kilomètres reliant les mines de Hahotoe et de Kpog~e au centre industriel
de Kp8lllB.,
Pour l'exploitation de la car:rière de marbre de GMoulou, Lln bran-
c~ ferroviaire spécial relie la ligne Lomé - Atakpame à la zone in-
/
, \\
\\~êll.'abr1tant l'usine•


187
Est actuellement en projet la création d'une voie ferrée qui reliera
la carrière de calcaire de 5ikakondzi à la cimenterie, lorsque la Banque
Mondiale donnera scn accord de financement.
Au total, ces moyens de transport sont d'une part indispensables à
l'approvisionnement en matières premières des usines et à la commercialisa-
tion des produits fabriqués. Les activités industrielles leur ont imposé un-
impact qui a changé le paysage des régions qui les abritent. Il en est de
même pour les ouvrages d'art: pont, wharf phosphatier, installations por-
tuaires.
3 - Les installations portuaires
al ~~_~b~f_~b~!eb~!~êr
La construction de ce wharf a été rendue nécessaire dès l'exploita-
tion du phosphate par l'absence d'ouvrage portuaire au Togo en ce moment et
par l'échec pour des raisons politiques de port commun au Togo et au Dahomey
envisagé par la puissance mandataire.
Visible à des kilomètres à travers les cocoteraies qui bordent le
route Lomé ~ Anexo, le wharf phosphatier de kpeme constitue la plus impo-
sante réalisation en matière d'infrastructure industrielle dans le pays. Cet
ouvrage permet, non seulement l'exportation du minerai togolais enrichi mais
a servi
aussi à l'approvisionnement du pays en produits pétroliers. En effet,
avant l'ouverture du port en eau profonde de Lomé, le Togo importait une
partie de ses produits pétroliers par le wharf phosphatier de Kpeme. Les
pétroliers y accostaient et les hydrocarbures étaient écoulés par pipe-line
à l' entrepOt.
Nous ne saurons passer en revue les réalisations en matière d'infra-
structure industrielle sans citer le port en eau profonde de Lomé et la zone
industrielle dont les besoins d'activités en service et de possibilités de
production
industrielle ne sont plus à démontrer.
La création de cet ouvrage autour duquel s'agglutinent progressive-
ment des industries petites, moyennes et grandes est un ferment au développe-
ment du pays. Par ce port. se fait plus facilement l'importation des bien~
d'équipement indispensables au développement industriel, des produits semi-
Ouvrés et des matières premières auxquels font appel certaines industries.

'.
1

,
tBB
L'existence de cet ouvrage portuaire permet d'écouler plus facilement les
.. produits fabriqués, de les exporter vers l'extérieur.
Dans le temps, d'aucuns avaient contesté l'utilité de cette réali-
sation portuaire située li 150 kilomètres de celle de Cotonou qui fonètion-
nait avant celle de Lomé et qui, parait-il, n'a pas de lourdes charges fi-
nancières. Aujourd'hui, même si les tonnages les plus importants du pays
constitués par le phosphate sortent par un wharf li trente kilomètres de la
ville, le vent de développement industriel qui souffle sur le pays ne tarde-
ra p'ae li amplifier les activités de ce port: Il est d'ailleurs question
d "installer une raffinerie de pétrole, amorce d'une industrie de basQ dans
larég10p portuair~. Ce projet. si les délais sont respectés doit actuelle-
ment être 8n ,tr~1n de' voir le jour.
L'installation portuaire a engendré également la réalisation d'une
zone industrielle abritant les usines transformant certaines metiàres pre-
,
mières locaies et le domaine industriel pour les petites et moyennes entre-
prises ,du Togo.
Sur le plan spatial. ces infrastructures d'accueil ont modifié la
physionomie des régions qui les abritent comme l'ont fait aussi l$s réalisa-
I
~ions,sur le pl~n de l'urbanisme et la construction des logements.
BI - LACONSTRUCTJOW VE LOGEUEWTS
L'emprise industrielle n'étant jamais isolée meis accompagnée de
domsine habité, certaines entreprises installées dans la moitié méridionale
du pays ont fait des efforts de construction de logements.
Les plus importantes réalisations ont été faites par la CTMB et l'ITT
qui ont mis à la disposition
de leurs agents de ma1trise et de leurs cadres
,expatriés et togolais li Kpeme, li Hahotoe et à Oadja des villas, des centres
d'habitats agrémentés de jardins et de piscines. Ces logements rationnels
, et confortables sont li la disposition des "grands" alors que la majorité de
'lé main-d'oeuvre, ouvriers et manoeuvres sont ceux qui possàdent le moins de
ressourCes disponibles pour les frais de transport supplémentaires. Cette
situation est regrettable car elle constitue une sorte de ségrégation so-
,
.
,
,'ciale.Enmatillre de iogements, le Ghana pays limitrophe et le L1béria 'sont
~naVance car d~sposant de véritables cités ouvrières avec les infrastr:uctIJr~-:
ii:lêq4Jates. que ce soit à Tema au Ghana ou li Buchanan au l1b~I'11!\\.
'
,
"
,



"
,
189
Va de pair avec la construction de ces centres d'habitation la cons-
truction des lieux de loisir (terrains de football, de tennis, de volley-
'baIl), des centres sociaux (dispensaires, écoles) et des centres culturels
pour des projections cinématographiques dans le voisinage des lieux de tra-
vail.
D'une manière générale, l'infrastructure que ces entreprises créent
en milieu rural profite aux paysans, et non seulement les conditions sco-
laires et sanitaires sont améliorées, mais aussi l'infrastructure permet de
rompre l'isolement des centres ruraux et les met en contact avec un autre
monde que le leur.
Ces constructions jointes aux autres réalisations ont transformé et
ont fait évoluer l'urbanisme dans les zones d'implantation.
~.•."[,
,CI - L'URBANISME
L'implantation des usines a nécessité et nécessitera toujours des
efforts en matière d'urbanisme car l'industrie ne s'explique et ne se com-
prend que dans ses rapports avec un tissu urbanisé.
Que ce soit à Lomé dans la zone industrielle, à Kpeme avec la CTMB,
à Dedja avec l'ITT, les implantations industrielles ont changé la physiono-
mie du paysag'e d'avant l'installation de ces usines. Ainsi le moderne corn,
plexe phosphatier de Kpeme avec la disposition géom~trique de ses bâtiments
,
tranèhe avec les vieilles paillotes de pêcheurs le long de la route Lomé-
Anexo.
La construction d'un nouveau village da au déplacement des villa-
'geais au début de l'exploitation du phosphate entr.e dans le cedre de l'ur-
banisme de la région. Mi-rural, mi-urbain, à proximité de la carrière de
Hahotoe, ce village avec son quadrillage de rues bordées de ùcasesen dur •
contiguës et au plan identique" (1) constitue l'exemple le plus frappant
dans le milieu villageois. Son équipement de services est plus développé
que dans les villages 'environnante.
De son cOté, l'usine textile de Dadja constitue un ensemble industriel
moderne ~utour duquel gravitent les villages avoisinants avec leurs cases
en terre battue coiffées de chaume ou de paill~.
.'
(1) PERON (Yves)
:..~, exploitation du phosphate au Togo" in Bulletin de
l'Enseignement Supérieur du Bénin, nO 12.

1
l '
190
L'installation portuaire a rongé les champs et les plantations de
cocotiers qui longeaient jadis harmonieusement le littoral togolais.
Dans leur rapport avec l'espace. certaines industries sont dévo-
reuses d'espace l c'est le cas des industries minières c'est-à-dire de la
CTM8 et de la SDTOMA qui assurent, et l'extraction des minerais et leur
traitement. L'exploitation des carrières ou des mines demande des étendues
appréciables de terrain et l'installation des usines de traitement exige
elle aussi de grandes superficies. C'est ainsi que la CTMB dispose de
deux mines et d'une usine de traitement et la SOTOMA d'une carrière et d'une
usine.
D'autres installations, la féculerie de Ganave ou les Huileries du
Bénin entre autres, sont par contre beaucoup plus modestes.
Mises à part les industries installées dans la région de Lomé, toutes
les autres unités industrielles sont implantées en milieu rural et à quel-
ques distances, gravitent des villages qui ne se développent que parce
qu'il y. a une activité industrielle.
Actuellement dans le Sud-Est du Togo, c'est Kpeme qui donne le ton
sur le plan économique fournissant du travail et alimentant la région en
électricité. Il en est de même avec Dadja dans la Région des Plateaux.
De sérieux problèmes d'urbanisme se posent. cependant, dans la
région côtière : premièrement comment faire pour que les boues déversées
dans la mer par la CTM8 au large de Kpeme ne pollu~nt pas la côte tant
admirée par les voyageurs 1 deuxièmement comment cerner dès maintenant le
problème d'urbanisme de la zo~e portuaire qui va se compliquer après la
réalisation de la raffinerie du pétrole.
o'autre part une liaison du port avec la ville de Lomé s'impose.
Principal consommateur du pays. Lomé doit recevoir ses produits importés.
les stocker dans les antrep~ts des maisons de commerce avant de les dis-
tribuer au reste du pays. La distribution des produits nécessita.. l'organi":-
sation de transports entre le port et Lomé distants d'environ 9 kilomètres.
Les mêmes exigences seront présentées· par la zone industrielle et
il faudra trouver une solution qui ne gâchera pas la beauté du front de
mer de la côte et qui ne permettra pas non plus de déboucher au point le
plus encombré de Lomé.
Au total, les zones d'implantation industrielle bénéficient des in-
frastructures créées. Dans le cas de la zone industrielle de Lomé disons
que c'est un noyau industriel qui commandera le développement urbain.
,".'

191
Dans la région des plateaux, le complexe textile de Dadja, première
industrie de transformation du Togo et seule industrie à l'intérieur du pays
est aussi appe~é à jouer un rôle important.
Séparer l'industrie de l'habitat c'est-à-dire étendre l'espace de
la main-d'oeuvre, tel est actuellement le souci dans les formes d'organisa-
tion volontaire. Dans le cas du Togo, il est souhaitable que des transports
soient organisés entre le5 centres industriels et les villages et villes
qui fournissent îa main-d'oeuvre nécessaire à la production.
Un fait qu'on passe souvent sous silence et que nous étudierons en
dernière analyse est la spéculation foncière liée aux activités industrielles.
VI - LA SPECULATION FONCIERE
Le développement industriel engendre souvent deux formes de spécu-
lation : la location des terres, l'achat ou le rachat des terres.
1 - La location des terres
C'est un phénomène ~officiel" qui consiste à demander la location
des terres aux propriétaires qui en milieu rural sont des paysans.
C'est ainsi que pour s'installer, la CTMB a loué toute l'étendue
des terrains qui renfermetlt le phosphate.Or des champs de manioc couvraient
ces terrains. Avant de commencer les travaux d'exploitation, le tapis végé-
tal est enlevé privant les paysans de leurs anciennes sources de revenu.
Malgré l'argent qu'ils touchent de la location de leurs terres. certains
paysans n'hésitent. pas, quand on a fini d'extraire le minerai d'un lopin
de terre, d'aller y cultiver clandestinement du manioc.
Un autre phénomène nouveau et plus spéculatif est celui de l'achat
ou du rachat des terres.
2 - L'achat ou le rachat des terres
L'exemple le plus frappant de cette spéculation est fourni par l'a-
chat des terres à bêtir dont la variation d~
pr1x est très sensible.

192
Entretenu surtout par la "bourgeoisie" des fonctionnaires. des
grandes revendeuses. des commerçants. ce phénomène ne cesse de 8e dévelop-
per au rythme de la création des industries. Certains achètent des lopins
de terre puis les revendent nettement plus cher quand les demandes d'achat
sont nombreuses dans le secteur.
En dernière analyse. la création des industries dans la moitié
méridionale du Togo. bien que croissante. n'a pas permis sur le plan spatial
le développement des cités monstres avec tout ce que cela comporte de rela-
tions inhumaines. Au contraire. l'originalité dans le cas du Togo est une
sorte de "symbiose naturelle". une liaison permanente de la ville et de la
campagne.
Malgré les réalisations faites. l'emprise sur le plan spatial mé-
rite de conna!tre un essor plus grand. Ou'en-est-il sur le plan économique?
II - SUR LE PLAN ECONOMIQUE GLOBAL
Les implantations industrielles qui font l'objet de notre étude
sont basées sur la transformation des ressources du sol et du sous-sol.
étape importante du développement du pays. L'une des càractéristiques de
la sous-industrialisation des pays africains c'est que la plupart du temps.
même si les conditions de marché sont remplies. les ressources naturelles
sont exploitées en vue d'être exportées sous forme brute au lieu d' être
travaillées sur place. Or la tran9formation de ces ressources nationales
sur place crée des emplois. fait distribuer des salaires aux ouvriers em-
ployés et donne des revenus importants à l'Etat.
Dans le cas du Togo. il convient d'étudier dans quelle
mesure la
transformation du manioc. des noix de palme. du coton. de l'arachide. l'en-
richissement du phosphate et l'exploitation du marbre contribuent au déve-
loppement du pays.

193
Al -' LA VALORISATION PB MATIERES PREMIERES
Les réalisations industrielles effectuées dans la moitié méridio-
nale du Togo ont permis de valoriser certaines matières premières existantes
dans le pays et de créer un potentiel économique, si petit soit-il.
Quelques-unes de ces implantations sont uniques sur la côte du
Golfe de Guinée: c'est le cas du complexe phosphatier de Kpeme qui consti-
tue, aveo celui du Sénégal, les seuls existants sur toute la côte ouest
africaine. Quant à la féculerie de Ganave, elle est' l'unique réalisation de
ce genre dans toute l'Afrique Noire.
La ve10risation des matières premières agricoles sur place donne
aux paysans une autre source de commercialisation de leurs produits. Si les
prix proposés par les usines sont intéressants, ils n'hésitent pas à leur
livrer les produits de leurs champs. Dans le cas contraire, seuls l'écoule-
ment sur le marché local et là transformation artisanale restent leur re~
cours.
L'essor industriel du pays permet de résoudre en partie le problème
du chOrnage mais ne doit pas faire oublier les centaines de milliers de pay-
sans qui travaillent pour faire tourner les usines transfQrmantles produits
agricoles. Bien au ,contraire, il doit ouvrir la voie à une intensification
des activités du secteur agricole. Le Togo possède d'autres ressources agri-
coles dont la transformation sur place, si les conditions de marché sont
améliorées, serait positive sur le plan économique. Il en est ainsi pour le
café et le cacao qui aVec le phosphate fournissent plus des trois quarts des
exportations du Togo. Des fruits comme les mangues, les oranges, les goyaves •••
peuvent être tranformées sur place si la production était intensifiée et
encouragée. L'organisation de la culture de ces produits fruitiers fournira
du travail aux paysans qui trouveront en ces usines de transformation, des
débouchés pour leur récolte. L'expérience de la fabrication de confiture est
entreprise par la communauté des moines de Dzogbegan sur le Plateau de Dayi.
La récolte fruitière·de leurs champs personnels est transformée en confiture,
mise en pots et commercialisée au Togo par l'intermédiaire de la Société
Générale du Golfe de Guinée.
Les' efforts méritent d'être portés sur l'amélioration de la culture
des matières premières agricoles alimentant les industries afin que, non
seulement l'approvisionnement se fasse facilement mais aussi pour que les
paysans trouvent un débouché sOr, régulier et intéressant pour leurs denrées.

194
Cet enseignement constant du pays qui dit que "l'industrialisation
a toujours été précédée et accompagnée d'un accroiSsement de la producti-
vité agricole" doit guider la politique industrielle du pays.
Le potentiel industriel qui s'installe. permet non seulement de
valoriser les ressources naturelles mais influence aussi le commerce exté-
rieur du pays par le biais des importations et des exportations.
BI - LE POTEI«IEL COMMERCIAL
1 "". Au niveau des importations
La transformation de l'arachide et du coton sur place a réduit de
façon modeste les importations d'huile d'arachide et de textiles au Togo
mais ne les a pas complètement supprimées.
En 1972. les produits de l'Industrie Textile Togolaise étaient ab-
sorbés par le marché local à 97.3 %. 8ien que les tissus "Dadjavi" comme on
les appelle en langage local aient commencé à avoir du succès. les commer-
çantes travaillent toujours avec des tissus importés. Le fait que les tis-
sus de fabrication locale ne comportent pas de
"wax " (1) n'arrange pas
le situetion.
La fabrication d'engrais chimiques qui aurait réduit l'importation
de ces produits n'est pas encore amorcée. l'importation de ces engrais est
toujours en cours et grève le budget national: en 1972. l'importation des
engrais a coQté au pays quarante millions de francs CFA. Le phosphate quiaurait
engendré cette industrie n'est
qu'enrichi sur place en vue d'une trans-
formation dans les pays industrialisés importateurs. Or s'il y a une indus-
trie dont l'introduction immédiate dans le pays est des plus urgentes c'est
bien celle des engrais chimiques qui augmentera la productivité du sol. Les
engrais sont indispensables au sol togolais auquel on a donné une "vocation
divine" pour l'agriculture. Une situation aberrante caractérise le Sud-Est
du Togo: le pays Ouatchi a.brite les mines de phosphate du pays 1 la même
région est la première productrice de manioc mais se trouve actuellement
menacée par la dégradation des sols. L'opération de régénération qui s'im-
pose nécessite l'enrichissement de ces sols par des engrais chimiques dont
(1) Tissu de grande qualité.

195
le prix élevé ne les rend pas accessibles aux paysans. Ceux-ci sont obligés
généralement de se passer de ces engrais importés au grand préjudice de la
terre et des récoltes. La non transformation du phosphate au Togo prive les
paysans ouatchi de la jouissance de cette richesse de leur sol.
En principe, la réduction des importations des produits fabriqués
sur place doit être telle que l'effet soit positif sur la balance commer-
ciale. Or celle qui se produit au Togo n'améliore pas la situation : pre-
mièrement parce que la réduction des importations est très faible, deuxiè-
mement parce que produits alimentaires, tissus, biens d'équipement, conti-
nuent d'être importés en quantités considérables. Le pays est ainsi placé
dans une situation de dépendance vis-à-vis du monde extérieur et soumis à
un déficit de la balance commerciale bien que les tonnages exportés soient
variés.
2 - Au niveau d~
exportations
Les produits fabriqués sur place permettent depuis un certain temps
de varier les composantes des exportations togolaises constituées par les
~éternels" produits agricoles écoulés vers l'extérieur. C'est ainsi que
l'important tonnage de phosphate exploité est venu renflouer les exporta-
tions togolaises à tel point que pour 1971-1972, la Banque Togolaise de
Développement a constaté que "malgré l'étroitesse de son marché national,
l'activité industrielle et minière togolaise vient en tête pour les pays
du Conseil de l'Entente la COte-d'Ivoire exceptée" (1).
En effet depuis 1965, le phosphate togolais est devenu le leader des pro-
duits d'exportation.
En 1974, le Togo a exporté vers les pays industrialisés plus de
deux millions de tonnes de phosphate enrichi dont près de la moitié vers
la France. Il an est de même pour la fécule de manioc : 2417 tonnes expor-
tées en 1972 et seulement 469 tonnes en 1973.
Sur le plan commercial, il existe des déséquilibres quantitatifs
énormes dans les échanges. C'est ainsi qu'en 1973, le Togo a importé pour
22,366 milliards de francs CFA de produits alors qu'il n'a exporté que pour
13,755 milliards de francs de produits (2) soit un déficit de la balance
commerciale de 6,633 milliards de francs CFA
(1) Bulletin de l'Afrique Noire nO 726.
(2) Notes d'Information et Statistiques de la Banque Centrale des Etats
de l'Afrique de l'Ouest nO 221.
1,-
-

· "
196
Le développement est par conséquent caractérisé par des exportations
importantes mais surtout par des importations lourdement chargées de biens
d'équipement et de biens de consommation. Les rapports sont tels que les
poussées inflationnistes des pays industrialisés se répercutent inévitable-
ment sur l'économie du pays.
Sur le plan financier, les implantations industrielles apportent
leur contribution à l'économie nationale.
cl - SUR LE PLAM FINANCIER
1 - Le développement de capitaux nationaux
Nous avons souligné plus haut comment le marché togolais souffre de
la difficulté de ~obilisation de l'épargne nationale et de la spéculation
improductrice.
Avec l'effort d'industrialisation du pays, quelques initiatives
voient le jour (10 % de participations privées nationales dans l'ITT, 64 %
dans les Huileries du Bénin, 3,6 % dans SALINTO) ~ elles doivent être encou-
ragées car le poids des capitaux privés nationaux et le rOle de l'initia-
tiVe individuelle ouvriront la voie à une accumulation importante de capi-
taux. Le fait de susciter des entrepreneurs togolais et d'encourager l'ini-
tiative nationale ne peut qu'accélérer le développement industtiel st fourni~
une base sOre à l'économie en modifiant la structure actuelle de l'industrie
togolaise à base de capitaux étrangers.
~
b) ~~~_e~~!!=!e~!!~~~_e~~!!9~~~
Les participations publiques dans les industries ont évolué depuis
1974 avec la nationalisation de la Compagnie Togolaise des Mines du Bénin
43 % dans la Compagnie du Bénin, 25 % dans l'ITT, 66,6 % dans la SOTOMA,
etc ••• Il y a eu des efforts, certes, si nous constatons que de 5 % à la
création de la CTMB, la participation togolaise est montée progressivement
à 19,9 %, à 35 % puis à 51 % avant la nationalisation. Cette nationalisa-
tion des mines de phosphate constitue-t-elle un pas dans le contrôle du
développement du pays? Seul l'avenir nous le dira.

197
Une chose est certeine cependant : les efforts ne seront couronnés
de succès que si les bénéfices de ces participation= sont réinvestis dans
d'autres secteurs productifs du pays.
2 - L'apport financier à l'économie nationale
Les activités industrielleedu Togo apportent, chacune à des degrés
différents, leur contribution à l'économie nationale. Dans l'ensèmble, l'in-
térêt financier que tire le pays des activités des entreprises indust~1elles
est limité :
- au bénéfice proportionnel à la participation des actions qu'il possède
- aux taxee fiscales payées par ces entreprises
- à l'impôt sur le revenu.
L'apport financier de ces entreprises industrielles, la CTMB excep-
tée, est assezmodeste du fait que certaines industries ne sont pas rentables
et constituent pour le moment plus un poids qu'un moteur de développement.
C'est par ~xemple le cas de la SoTDMA dont les études de base ont été dé-
fectueuses et où l'Etat et l'oPAT détiennent les deux tiers des actions.
C'est aussi le cas de la féculerie de Ganave où la participation togolaise
est de 43 % et les affaires sont loin d'être encourageantes.
Le peu de profit que ces industries apportent au budget national
est rien à côté des dépenses que l'Etat engage pour offrir de meilleures
conditions d'exploitation.
Dans les entreprises plus rentables, la participation de l'Etat est
faible. C'est le cas de l'ITT où l'Etat ne détient que le quart des actions J
or l'industrie textile est la deuxième du Togo pour le chiffre d'affaires
(deux milliarde en 1973). Ce fut aussi le cas avec la CTMB jusqu'en 1974.
Les capitaux étrangers s'investissent par contre dans les entre-
prises qu'ils jugent intéressantes, à un fort taux de
participation alors
que la part de l'Etat n'est élevée que dans les entreprises moins rentables.
La mauvaise marche de
ces dernières risque d'entraver le développement si
des solutions ne sont pas envisagées.
S'il existe cependant une entreprise industrielle dont le poids
dans l'économie du pays est important et dont l'apport financier contri-
buera à lancer le développement, c'est bien la Compagnie Togolaise des Mines
du Bénin.

198
La CTMB, la plus importante industrie togolaise sur tous les plans
et dont la réussite va en croi6sant, a fourni en 1972 une somme globale de
1,46 milliards de F CFA aux organismes publics togolais alors que la parti-
cipation dy pays n'était en ce moment que de 19,9 %. Actuellement la situa-
tion n'est plus la même
non seulement le prix de base du minerai, sur
l'instigation du Maroc, a augmenté de 400 % (1) depuis le 1er janvier 1973,
mais l'exploitation du phosphate revient depuis février 1974 au Togo apr~s
la nationalisation des mines. En effet, à cette date, le Togo prenait le
contrôle de son minerai comme l'avaient fait certains pays africains avec
le6 richesses de leurs sols et de leurs sous-sols. Ces nouvelles conditions
ont changé les structures financi~res du pays : ainsi en 1974, le chiffre
d'affaire6 de la CTMB est estimé à environ 47 milliards de francs
CFA alors qu'à la même époque le budget national ne s'élevait qu'à 16 mil-
liards de francs CFA. D'autre part on a considéré que le seul bénéfice net
de la société sera en valeur "d'une fois et demie" ce budget (1).
Cet important apport financier nouveau, offre au pays d'intéres-
santes perspectives de développement et peut lui permettre le "décollage
réel" de son économie. Il constitue un grand outil de développement si le
pays sait s'en servir. Une chose qu'il ne faut pas oublier : le phosphate
n'est pa6 une ressource intarissable. Le Togo doit profiter des circons-
tances économiques mondiales actuelles : la demande de phosphate 6ur le
marché va en s'accroissant. Comme le pays récèle encore des réserves im-
portantes de cette richesse, l'exploitation doit servir à développer l'éco-
nomie : réinvestir les bénéfices dans d'autres secteurs rentables et pro-
ductifs, éviter les gaspillages onéreux et le6 dépenses de prestige. Surtout,
l'exploitation du phosphate doit permettre l'installation d'une usine d'en-
grais dont la production pourra servir à la fertilisation du sol togolais
et e celle d'autres pays africains dans le cadre d'une c~opération régio-
nale.
Sur le plan économique global, l'avenir du développement repose en
partie sur l'exploitation du phosphate qui constitUera le germe du "décol-
lage économique".
Grâce au changement de la situation économique mondiale (réévalua-
tion du prix des matières premières) et à la nationalisation de la CTMB,
le pays possède actuellement un important outil pour activer le développe-
ment au profit de tous. C'est une belle perspective pour améliorer les con-
ditions sociales des coucheS les plus défavorisées de la population.
(1) Croissance des Jeune6 Nations N° 154-155.

199
III - SUR LE PLAN SOCIAL
Les activités industrielles entreprises au Togo ont eu une emprise
sur la politique nationale de l'emploi, sur le niveau de vie et sur le mode
de vie des habitants.
Al - L' EMPLOI
L'inetellstion des industries dans la moitié méridionale du Togo
a changé la structure des secteurs économiques. Entre le secteur primaire
occupant 97,2 % de la population active totale et le secteur tertiaire cons-
titué du commerce et de l'administration avec 1,8 % de la population active,
est né le secteur secondaire occupant 1 % de la population active (1) (Fig.
45).
Avec ce secteur qui va en grandissant, la politique nationale de
l'emploi a trouvé un moyen pour réduire le chômage dans le pays. La main-
d'oeuvre employée par les différents établissements travaillant les pro-
duits locaux est d'environ 3 200 personnes dont la moitié pour la Compagnie
Togolaise des Mines du Bénin. Ce chiffre est certes modeste mais va en
croissant avec l'implantation d'autres industries.
L'un des avantages de cette politique est que l'implantation des
industries permet de fournir du travail aux habitants des régions. retient
les ouvriers dans leur "fief" d'origine en évitant le départ de ces forces
vives de- leur centre d'origine. La main-d'oeuvre se trouve sur place. Le
personnel se renouvelle à l'intérieur d'une masse de travailleurs mi-pay-
sans, mi-ouvriers qui vivent à proximité et dont le salaire est un grand
appoint. Que ce soit pour la CTMB, pour l'ITT, pour la Compagnie du Bénin
par exemple, la majorité du personnel est originaire de la région où l'usine
est implantée, excepté
les cadres expatriés, les cadres autochtones et les
agents de mattrise qui, la plupart du temps, viennent de la région de Lomé.
Si nous nous attachons à l'origine géographique des différentes catégories
de cette main-d'oeuvre, la constatation suivante,s'impose : les cadres aisés
(1) Pourcentage calculé à partir des chiffres du 2e Plan Quinquennal du
Togo.

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IlO.ULATION
ACYI".
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200
sont constitués d'expatriés, de cadres et d'agents de maltrise issus de la
partie du pays caractérisée par un relatif développement c'est-à-dire de
la région de Lomé tandis que les contingents importants de manoeuvres et
d'ouvriers sont souvent recrutés sur place dans la zone rurale. Parmi ces
contingents, on trouve des Ewe , des Mina
et surtout des Ouatchi
à la
CTMB,à Ganave, alors qu'à Dadja ce sont les Ana' qui dominent (1).
Cette situation traduit la domination exercée à partir de l'exté-
rieur et qui est en train d'être relayée par les cadres locaux issus de
la région de Lomé. Elle explique le fait que les plus gros revenus distri-
bués ne profitent pas toujours à la région qui abrite les centres indus-
triels.
BI - LE NIVEAU OE VIE
Les implantations industrielles sont limitées à la région de Lomé,
à Kpeme, à Alokoegbe, à Ganave et à Dadja 1 aussi les salaires distribués
n'affectent-ils que ces régions et le phénomène industriel n'a-t-il une
incidence directe que sur la vie matérielle du personnel du secteur secon-
daire essentiellement.
1 - Dans le secteur secondaire
Si l'industrialisation ne contribue que faiblement à la création
d'emplois, elle est cependant un moyen de relever les revenus.
L'ouvrier a un salaire fixe et la vie salariale à laquelle il est
soumis lui permet de subvenir généralement à ses besoins et d'envoyer sou-
vent de l'argent au village. Sur place, la vie de salarié qu'il mène, élève
son pouvoir d'achat et lui permet d'exercer temporairement ou durablement
cette activité rémunér.ée. D'ailleurs les signes extérieurs de richesse
(toits en tOle couvrant les cases, bicyclette, motocyclette, transistor ••• )
c~encent à apparaltre dans les régions abritant les centres industriels,
mais ils sont limités.
(1) • Les Ewz
constituent un groupe éthnique commun au Sud Togo et au
Sud-Est du Ghana.
Les Mina
constituent un groupe éthnique du Sud-Est du Togo dans la
région d'Anexo •
• Les Duatchi
constituent un sous-groupe Ewe et sont au Sud-Est.
Les Anaconstituatun groupe éthnique de la région d'Atakpama.

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i
201
Comparés aux cadres et aux agents de maitrise, les ouvriers ont
un niveau de vie assez bas, mais vis-à-vis des paysans, leur situation est
meilleure car il existe une grande disproportion de revenus entre l'ouvrier
et le paysan. A Hahotoe et à Kpogame par exemple, une grande partie des
villageois ont laissé le travail de la terre aux femmes et travaillent à
la mine. Leurs modestes salaires attirent des parents plus ou moins pro-
ches qui viennent vivre en parasites ou cultiver la terre, en attendant de
trouver un travail rémunéré à la mine 1 en quelques années, la population
de Hahotoe a doublé.
Ces salariés du secteur secondaire ne constituent qu'une part inftne
de la population totale mais bénéficient de revenus sQrs. Or numériquement
et économiquement. les agriculteurs, les éleveurs, les pêcheurs et les ar-
tisans sont les groupes les plus importants.
2 - Dans le secteur primaire
Le faible revenu monétaire et le faible niveau de vie des popula-
tions rurales qui constituent la masse du pays aggravent l'étroitesse du
marché national car les masses populaires n'ont pas un pouvoir d'achat
assez élevé pour acheter les produits industriels, Paysans, artisans ••• ont
une situation précaire. Une année mauvaise, sans pluie ou la baisse du
prix des produits agricoles est une catastrophe pour le paysan. La diminu-
tion du prix de ces produits ne serait pas trop dramatique pour les pay-
sans s'ils ne devaient pas continuer de vivre. Or pour vivre, ils achètent.
et surtout des produits industriels dont les prix ne cessent d'augmenter,
alors qu'ils, gagnent toujours moins. L'extension de quelques cultures
industrielles (café, cacao par exemple) permet à certains d'accéder à un
pouvoir d'achat supérieur à la moyenne. mais ce n'est pas la règle générale.
L'inégalité des revenus est telle que certains ruraux préfèrent la
vie de salarié en ville à la vie traditionnelle. Aussi la main-d'oeuvre a
t-elle tendance à se déplacer des zones de bas salaires vers les zones de
hauts salaires, des régions sans ~loi vers celles de "grande" activité
économique.
Sur le plan du niveau de vie, de larges zones de la moitié méridio-
nale du pays demeurent en marge de l'économie moderne. Or l'expansion des
marchés repose sur celle des niveaux de vie donc, en la situation actuelle
des structures du Togo, essentiellement sur le niveau de vie des populations
rurales. Ce n'est qu'en améliorant le niveau global de toutes les couches
de la population que l'industrialisation peut rejaillir sur le mode de vie.

202
Cl - LE MOVE DE VIE
Dans son ensemble. l'industrie n'a touché le milieu ruralavoisi-
na nt que modérément. L'introduction du salariat ou des salariés par les im-
plantations industrielles n'a pas bouleversé la vie traditionnelle du groupe.
Les systèmes familiaux sont encore très ancrés en milieu rural et n'ont pas
toujours permis une adaptation rapide à une forme de vie plus moderne.
1 - Le cas des ouvriers
Une enquête faite à la CTMB(~)montré que c'est surtout parmi les
travailleurs de la mine c'est-à-dire en milieu rural relativement éloigné
des courants de circulation côtière que prennent place les pratiques tradi-
tionnelles. D'ailleurs. la majorité de la main-d'oeuvre des mines est com-
posée d'anciens cultivateurs locaux qui continuent de vivre dans leurs vil-
lages d'origine et qui "'ont pee perdu les anciennes habitudes de la société
traditionnelle d'où la survivance de ses structures.
La main-d'oeuvre travaillant au centre industriel vit par contre.
dans des conditions "extra-coutumières" et est de plus en plus déterminée
dans son comportement par ses relations avec la production et les moyens
de prcduction. Ces ouvriers sont plus instruits que ceux de la mine et donc
plus ouverts à un mode de vie moderne. Ce mode de vie. bien qu'élevé comparé
à celui des paysans parait modeste au point que la capitale constitue un
apport considérable de culture et un pôle d'attraction et de prestige pour
le monde rural. La ville apparait alors comme le centre donnant de nouvelles
chances pour vivre a16ément 1 elle n'apporte. hélas pas semblables chances
dans la répartition des revenus et dans la réalisation des aspirations.
2 - Le cas des cadres
Le mode de vie des cadres n'est comparable en rien à celui déjà
analysé.
La vie professionnelle est beaucoup moins indépendante de la vie
domestique. D'ailleurs les cadres autochtones se rendent compte que certai-
nes coutumes sont incompatibles avec le style de vie qu'ils sont obligés
d'adopter pour être en état physique et moral d'exercer leur métier. COlmle
(1) HAUSER A.: Note sur les attitudes des travailleurs de l'industrie à l'égard
de quelques coutumes matrimoniales dans le Sud-Togo.

203
les autres élites, ces cadres du secteur secondaire sont appelés à facili-
ter l'évolution de la société et à assurer la diffusion d'idées nouvelles
pour un développement accéléré du pays.
Conclusion partielle
Les ressources naturelles de la partie méridionale du Togo ont
engendré des industries dont les unes sont capables de promouvoir rapide-
ment l'essor industriel du pays alors que d'autres méritent d'être struc-
turées pour ne pas constituer un frein au développement.
De cette étude, les difficultés de l'entreprise industrielle que
nous pourrons relever ont trois causes profondes
- l'organisation de l'artisanat et sa résistance à la
transformation des
structures
- l'esprit "co!TlTlerçant" du Togolais qui pens e commerce avant de penser
production
- mais le seul et véritable obstacle à la création des industries au Togo
réside dans l'étroitesse du marché à tel point qu"'on s'effraie de la dif-
ficulté de vendre que de celle de produire".
Mises à part ces difficultés, peut-on parler de développement avec
les implantations industrielles dans la moitié méridionale du Togo ?
Il Y e certes eu des progràs en matière industrielle depuis un cer-
tain nombre d'années. Le Togo, non seulement s'est servi de petites indus-
tries de transformation des produits agricoles qui sont dans bien des cas,
le meilleur moyen d'aborder le long apprentissage de l'industrialisation
mais surtout, a amorcé l'exploitation de ses ressources minières. Si l'ef-
fort est porté sur ces industries, il faut tenir compte aussi du rôle des
industries de base, productricœde biens d'équioement et de biens de grande
conso!TlTlation et savoir que c'est la production de ces biens qui doit être
développée dans un cadre régional pour modifier la structure actuelle de
l'économie.
Si nous considérons le développement cO!TlTle "l'ensemble des change-
ments dans les structures mentales et les habitudes sociales d'une popula-
tion qui la mettent en état d'augmenter de façon durable son produit réel
global" (1), nous pouvons dire que les ressources naturelles de la moitié
méridionale du Togo ont apporté un relatif développement limité essentiel-
lement à la zone côtière. Les structures traditionnelles de l'économie de
(1) GANNAGE (E) Economie du Développement.

.-" ,
204
marché et de subsistance n'ont pas encore permiSde faire des changements
adéquats dans l'appareil économique de tout le pays. Des efforts sont encore
nécessaires pour que cette économie de subsistance s'agence à l'économie
moderne et finisse par lui faire place 1 ainsi l'industrialisation devien-
dra l'élément essentiel du processus de développement.
Cette situation n'est pas propre au Togo et se retrouve partout
ailleurs en Afrique.
COMPARAISON AVEC D'AUTRES PAYS AFRICAINS
Le processus du développement que nous venons d'étudier dans le
cas du Togo est valable - ~ des degrés différents - pour la plupert des
pays africeins.
Que ce soit au Dahomey, ou au Ghana ou en Côte-d'Ivoire, l'industria-
lisation est basée sur les ressources naturelles locales 1 le Dahomey avec
ses palmeraies "industrielles", le Ghana avec son cacao, son bois, ses gi-
sements aurifères, sa bauxite, la Côte d'Ivoire avec ses plantations
"indus-
trielles" de caféiers. de palmiers ~ huile. ses fruits, son bois, etc ...
On retrouve par conséquent presque les mêmes industries mais développées ~
des degrés différents et implantées le plus souvent dans .la partie méridio-
nale du pays pour les raisons que l'on sait.
Industries de valorisation des produits d'exportation directement
en aval de la production primaire, industries légères directement axées sur
la consommation à l'exclusion de toute industrie de base, telle est la si-
tuation dans laquelle se trouvent les pays africains. Or pour ces pays,
ce n'est pas la matière première qui manque mais une entente économique
aboutissant à une coopération régionale. Des projets existent mais sont
contrecarrés par d'autres d'où l'immobilisme actuel.
Le projet de la Communauté Economique de l'Ouest Africain (CEDA)
prévoit une étroite association entre le Dahomey, le Togo. le Ghana et le
Nigéria
auxquels
s'ajouteront d'autres Etats. Un autre projet encouragé
par la Côte d'Ivoire et le Sénégal vient concurrencer le premier.
Il s'agit de la Communauté Economique de l'Afrique de l'Ouest (CEAO)
qui n'envisage qu'à très long terme la création d'une telle "entente" entre

205
pays francophones et pays anglophones. Or sur le marché international des
matières premières, le Nigéria avec son huile de palme, son cacao, son pé-
trole, son fer, son minerai d'étain et le Ghana avec son cacao, son énergie
hydroélectrique, son bois, sa bauxite, son manganèse, occupent une place
de choix parmi les pays africains. D'autre part avec le marché national de ces
pays (plus de soixante millions d'habitante au Nigérie st environ dix millions
eu Ghana), les pays non Nviables" à cause de l'étroitesse de leur marché
peuvent trouver des débouchés à leurs produits, c'est-à-dire le Togo et
le Dahomey.
Au total, bien que les ressources soient variées, le développement
industriel qu'elles engendrent se heurte aux mêmes problèmes de fond (grande
importance de capitaux étrangers, faiblesse de l'initiative individuelle).
C'est valable pour tous les pays de l'Ouest Africain grands ou petits.
CONCLUSION
Le problème industriel a une place importante dans le développement
économique du Togo qui est un pays sous industrialisé.
L'exploitation des ressources naturelles et leur transformation sur
place ont permis d'amorcer le développement par la création d'emplois,
d'infrastructures, par la distribution de salaires, par l'amélioration du
niveau de vie de certaines catégories.
Tous les pays africains ont compris le rôle de l'industrialisation
"clé" du développement qui, seule, permet de fournir du travail aux chômeurs,
d'améliorer le niveau de vie et de rendre la vie "plus riche et plus pleine".
Mais d'aucuns ne savent comment s'y prendre. Alors que lee uns donnant la
priorité. à l'agriculture, d'autrBs pensent créer unB industrie nationale.
Le Togo, quant à lui nB peut aborder lB problème d'un vrai dévelop-
pement industriel dans un cadrB aussi étroit car le problèmB dB l'exiguIté
du pays influBncera pendant longtemps .ncore les donnéBs.
L'ouvBrture sur une coopération régionalB Bn matière d'industriali-
sation et dB commercialisation, la création d'Bntités économiques utilisant
les possibilités complémBntaires dB chaquB pays constitueront une solution.

206
La création d'une industrie nationale n'est viable Que dans le cadre d'une
coopération entre Etats pour un développement prospère basé sur des proje~6
d'envergure.
Le Togo l'a d'ailleurs compris et amorce une nouvelle politique
en associant des pays africains fNigéria. Dahomey, Ghana et Côte d'Ivoire)
au projet d'exploitation du calcaire de Si~akondzi et d'Aveta. N'est-ce
pas là la meilleure façon de concevoir le développement industri$l. l'au-
thentique ?

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s.
ANNEXES

2.W~ ai\\4tt!I,
, METHOVE DE TRAVAIL
Ce travail a été conçu en plusieurs phases :
- Une première phase qui s'est déroulée au Togo a eu pour but de
recueillir sur place les renseignements et documents sur les produc-
tions naturelles et leur transformation industrielle.
Dans ce but, j'ai visité le Sud-Est du pays (régions de Vogan,
de Ganavé, d'Anfouin et de Tabligbo) afin d'analyser les problèmes
fonciers, économiques et sociaux qui s'y posent.
Mes recherches m'ont permis également de visiter les diffé-
rents établissements industriels : un questionnaire à travers lequel
j'ai essayé de décrire et de caractériser les différentes entreprises,
a été soumis aux responsables.
Les renseignements obtenus ont été complétés par des documents
que j'ai pu consulter à la Bibliothèque du Ministère du Plan à Lomé
et à celles de l'ORSTDM et de l'Institut d'Etudes Politiques à Paris.
- Dans une deuxième phase. tous les renseignements recueillis ont
été dépouillés afin de me permettre de sortir les données à inclure
dans le texte de la thèse.
- La troisième phase a consisté en l'élaboration d'un plan de tra-
vail que j'ai soumis à M. Baticle J elle a précédé la rédaction du
texte définitif de la thèse.
Remarque:
J'ai adopté dans le texte les noms rectifiés de certaines villes
du Togo
- Anexo (anciennement appelé Anécho) J le "0" se prononce comme le "0"
dans "porte" J le "x" comme le "ch" dans le mot allemand "Achtung".
- Kpal1mé (anciennement appelé Palimé)
- Atakpamé (anciennement appelé Atapamé)
- Notsé (anciennement appelé Nuatja)
- Bassar (anciennement appelé Bassari)
- Da paon (ancie~nement appelé Dapango)
- Kloto (anciennement appelé Klouto)
Dans le texte, la voyelle "0" se prononce comme le "0" dans "porte".

QUESTIONNAIRE
l - RENSEIGNEl1ENTS GENERAUX SUR L'ENTREPRISE
1) Désignation de l'entreprise
2) Date de création
3) Est-ce une société mère ou une société filiale?
4) Où se trouve le siège social ?
5) Quelle est la structure du capital ?
a. Part de l'Etat
b. Part des privés ~nationaux
tétrangers
6) Quel est le montant du capital social ?
7) Quel est le montant des investissements depuis la création
de l'entreprise
B) Quel est l'objet de l'entreprise?
II - RENSEIGNEMENTS SUR L'USINE
1) Quand l'usine est-elle construite?
2) Où est-elle localisée ?
3) Quelles sont les causes du choix du lieu d'implantation?
4) Quelle est la superficie totale occupée ?
a. Superficie couverte (bâtiments : leur état, leurs dimensions)
b. -Superficie non couverte - description
- aménagements
III - RENSEIGNEMENTS SUR LA PRODUCTION
1) Quelle est la date du début de la producUr:m ?
2) Quelle est la nomenclature de la fabrication ?
3) La production est-elle saisonnière ou régulière ? (quel est
le moment de pointe ?)
4) Quelles sont :
a. La capacité de production
b. La production effective en volume et en valeur
5) Quelle est l'évolution de la production?
6) Comment l'usine s'approvisionne-t-elle ?
a. Approvisionnement totalement local
b. Importation - quelles sont les matières premières importées ?
- leur provenance ?
- le volume importé ?
- les conditions dans lesquelles on les travaille,?
c. Quelles sont les sources d'énergie utilisées?
d. Le problème d'eau se pose-t-il à l'usine (quelle eau l'usine
utilise-t-elle ?)
7) Quelles sont les débouchés de production? - Commercialisation
a. Marché national ? Quelles régions ?
b. Exportation vers l'extérieur
B) Quelles sont les conditions techniques de la production?
a. Les conditions d'importation du matériel utilisé,
b. La provenance du matériel utilisé ?

IV - RENSEIGNEMENTS SUR LE PERSONNEL
1) Quel est l'effectif de la main-d'oeuvre?
2) Quelles sont les différentes catégories de main-d'oeuvre
utilisées?
3) Quelle est la structure d'âge du personnel? (moyenne d'âge)
4) Quelle est l'origine de la main-d'oeuvre?
a. Nationaux
b. Etrangers ~Européens
tAfricains
c. Quelle est la qualification de chaque groupe?
5) Quelles sont les régions de provenance de la main-d'oeuvre
autochtone ?
6) Quelles sont les conditions sociales de la main-d'oeuvre?
a. Nombre d'heures de travail par semaine?
b. Salaire horaire ?
c. Salaire versé aux différentes catégories ?
d. Masse salariale totale versée?
e. Hébergement ?
f. Indemnités?
g. Sécurité Sociale?
h. Formation professionnelle ?
o
Quels types de problèmes pose l'exploitation industrielle?
o
Quels sont les projets et perspectives de l'entreprise?
1-
"'-'L

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-,
i
j
T A BLE
V E S
MAT 1 E RES
p.
Introduction
Première Partie : CONDITIONS DE PRODUCTION ET DE DEVELOPPEMENT
1 - Caractéristiques physiques de la moitié méridionale du Togo
A) Relief et données géologiques
4
1 - Les grands traits du relief
4
a) Le Bas-Togo
b) La plaine orientale
cl Les montagnes de l'Ouest
2 - Les caractéristiques géologiques
6
al Le socle antécambrien du Togo
bl Le bassin sédimentaire côtier
3 - Nature du sous-sol et du relief
8
B) Climat et Hydrographie
9
1 - Le climat
9
al Les températures
bl Précipitations et vents
2l L'hydrographie
14
al Le système du Mono
bl Le système Zio-Haho
Cl Végétation et Sols
16
1 - Végétation
16
al La forêt
bl La savane
cl Le bush arbustif
2 - Les sols
18
al Les sols riches ou sols à bonne productivité
bl Les sols à productivité moyenne
cl Les sols à productivité médiocre
dl Les sols pauvres plus ou moins improductifs
II - Caractéristiques humaines
Al Caractères de la population
22
1 - Volume et densité de population
22
al Volume de population et structure
bl Densité de population
2 - Mouvements naturels
24
al La natalité
bl La mortalité
. cl Taux d'accroissement naturels

3 - Les mouvements migratoires
25
al L'émigration
bl Mouvements migratoires septentrionales vers le Sud
cl L'exode rural


M
p.
Bl Population active
27
1 - Dans le domaine agricole
27
2 - Dans le domaine industriel
28
III - Conditions financières et infrastructure d'accueil
Al Ressources financières
29
1
Part de l'Etat dans les investissements
29
2 - Capitaux privés nationaux
29
3 - Les capitaux étrangers
3D
al L'aide multinationale
bl Les capitaux publics
cl Les capitaux privés étrangers
Bl Les infrastructures d'accueil
31
1 - Les voies de communication
31
al Les routes
bl Les voies ferrées
cl Le port et la zone industrielle
2 - Les services
35
al La direction du Plan
bl La direction de l'Agriculture
cl Le BNRM
dl Le CNPPME
el La BTP
f) La SNI
Cl Le marché intérieur
36
Deuxième Partie: LES PRODUCTIONS,NATURELLES
,
l - Les productions agricoles
Al Caractéristiques de l'agriculture togolaise
37
1 - Superficie cultivée et exploitation
37
al Superficie cultivée
bl Les exploitations
2 - Les techniques agricoles
4D
al Le régime juridique de la terre
bl Les modalités du travail agricole
cl Insuffisance de techniques modernes
3 - Les efforts de modernisation
44
al Les fermes-écoles
bl Les SORAD
cl Le Crédit Agricole
dl L'OPAT
Bl Répertoire des productions agricoles
46
1 - Le Manioc
46
al Aire culturale et variétés
bl Les techniques agricoles

_t t
,;
p.
c) Production et main-d'oeuvre
d) Problème et regénération de la Terre de Barre
2 - Le palmier à huile
53
a) Conditions climatiques et pédologiques
b) Aire culturale et variétés
cl Les techniques culturales
d) La production de noix de palme et la main-d'oeuvre
3 - L'arachide
53
a) L'aire culturale et les variétés
b) Conditions et techniques culturales
cl La production d'arachide et la main-d'oeuvre
4 - Le coton
66
a) Les conditions climatiques et pédologiques
b) L'aire culturale et les variétés de coton
cl Les techniques culturales
d) La production de coton et la main-d'oeuvre
e) Efforts de développement de la culture du coton
II - Les productions minières et minérales
A) Les Phosphates
72
1 - Historique
72
2 - Le gisement
73
a) Sa situation et ses caractéristiques
b) Esquisse de géologie
c) Les travaux de prospection
3 - L'exploitation du gisement
75
a) La découverture
b) L'extraction du minerai
c) Le chargement du minerai brut
4 - Le transport du phosphate brut de la carrière
à l'usine
78
a) Les· solutions
b) L'infrastructure
c) Le matériel roulant
5 - Conclusion
80
Bl La Dolomie
82
1 - Historique
82
2 - Le gisement
83
a) Sa situation
b) Les caractéristiques géologiques
c) Travaux de prospection
3 - L'exploitation de la carrière
8S
a) La découverture
b) L'extraction
c) Le transport

p.
Cl Les autres ressources
87
1 - Les Salines
87
2 - Le calcaire
88
Dl Les ressources énergétiques
89
1 - Constatations
89
2 - Le barrage hydroélectrique de Kpimé
89
Troisième Partie : LE DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL
l - Les établissements indultriels en activité avant 1960
Al La Féculerie de Ganave
91
1 - L'entreprise
91
2 - L'usine
92
3 - La production
92
al L'approvisionnement en manioc
bl Le traitement du manioc
cl L'alimentation en électricité et en eau
dl L'évolution de la production
dl La commercialisation et l'utilisation
des produits de fabrication
4 - Le personnel
97
5 - Les types de problèmes et leurs solutions
99
al Les problèmes socio-économiques
bl Le problème d'approvisionnement
cl Les solutions et les perspectives
Bl L'Huilerie d'Alokoegbe
103
1 - L'historique de l'entreprise
104
al La Société Fermière de France
bl La CPNP
cl La SDTEHPA
dl La SDNAPH
2 - L'usine
105
3 - La production d'huile de palme
106
al L'approvisionnement de l'huilerie
bl Le traitement des régimes de noix de palme
cl L'alimentation en énergie et en eau
dl Le tonnage d'huile de palme produit
el La commercialisation
4 - Le personnel
114
5 - Problèmes, solutions et perspectives
114
al Les problèmes et les solutions
bl Les perspectives

p.
cl La Savonnerie de Bè
117
1 - L'entreprise
117
2 - L'usine
117
3 - Le production
117
4 - Le personnel
118
II - Etablissements industriels en activité depuis 1960
A) Les Phosphates du 8as-Togo
120
1 - L'entreprise
120
2 - L'usine de phosphate de Kpémé
121
3 - Le production
122
a) Les opérations
b) L'énergie électrique et l'elimentation en eau
c) L'évolution de la production de phosphate
d) La commercialisation du phosphate marchand
4 - Le personnel
130
5 - Place de la CTMB dans l'économie togolaise
132
a) Sur le plan financier
b) Sur le plan de l'emploi
6 - Les problèmes
134
a) Les problèmes de l'entreprise
b) Les problèmes posés dans le milieu rural
B) L'industrie textile
137
1 - L'entreprisr
137
2 - L'usine
137
3 - La production
138
al L'approvisionnement
bl La transformation industrielle du coton
c) L'alimentation en énergie et en eau
d) L'évolution de la production
e) La commercialisation
4 - Le personnel
142
5 - Problèmes et perspectives
143
a) Le problème d'approvisionnement
b) Le problème de la concurrence des tissus
importés
cl Le problème des prix
C) La Marbrerie du Togo
145
1 - L'entreprise
145
2 - L'usine
145
3 - La production
146
a) Les opérations
b) La source d'énergie et l'alimentation en eau
c) L'évolution de la production
d) La commercialisation

p.
4 - Le personnel
154
5 - Les problèmes
155
al Les problèmes d'approvisionnement
bl Les problàmes techniques
cl Les problèmes de commercialisôtion
El Les Salines du Togo
156
1 - L'entreprise
156
2 - L'usine
156
3 - La production
157
al Alimentation dos Salines en matières premières
et en source d'énergie
bl Le système de production
cl La commercialisation
4 - Le personnel
158
5 - Les perspectives
158
Conclusion partielle
161
III - Les projets industriels
161
IV - Les caractéristiques du Développement industriel
162
Al L'approvisionnement
162
1 - La point de vue énergétique
162
al La dépendance vis-à-vis des produits pétroliers
bl Le production d'énergie électrique
insuffi-
sanca-et non disponibilité
2 - Le point de vue matières premières
169
al Les productions agricoles
bl Les productions minières
BJ La Constitution des capitaux et de la main-d'oeuvre
176
1 - Les capitaux
176
2 - La main-d'oeuvre
177
Cl La localisation et la structure des industries
178
1 - La localisation et l'espace industriel
178
2 - La nature des industries
179
3 - La non complémentarité des industries
180
4 - Le problème de débouchés et de commercialisation
181
5 - Le manque de coopération économique régionale
182
Quatrii!me Partie
L'IMPACT DU DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL SUR
L'ENSEMBLE DU PAYS
l - Sur le plan spatial
Al Les moyens de transport
184
1 - Los routes
184
al La route Lomé-Hillakondzi
bl La route Lomé-Atakpamé
cl Les routes nationales

p.
2
Le voie ferrée
186
3 - Les installations portuaires
187
al Le wharf phosphatier
bl Le port de Lomé et la zone industrielle
Bl La construction de logements
188
Cl L'urbanisme
189
D) La spéculation foncière
191
1 - La location des terres
191
2 - L'achat ou le rachat des terres
191
II - Sur le plan économique global
A) La valorisation des matières premières
193
Bl Le potentiel commercial
194
1 - Au niveau des importations
194
2
Au niveau des exportations
195
C) Sur le plan financier
196
1 - Le développement de capitaux nationaux
196
a) Les capitaux privés nationaux
196
b) les participations publiques
2 - L'apport financier à l'économie nationale
197
III- Sur le plan social
Al L'emploi
199
B) Le niveau de vie
200
1 - Dans le secteur secondaire
200
2 - Dans le secteur primaire
201
C) Le mode de vie
202
1 - Le cas des ouvriers
202
2 - Le cas des cadres
202
Comparaison avec d'autres pays
204
Conclusion
205
Annexe
Bibliographie