PONTIFICIA UlnVERSITI\\S URBM'iIAiïf\\ ~ ROnAE
ESSAI DE DISCOURS SUR DIEU
ALA LUmERE DE L'o;jTOLOGIE SARTRIEi\\[':[
THÈSE POUR LE DOCTORAT DE)E CYCLE
EN PHILOSOPHIE PRËSE~TÉE PAR
JOACHIM P,MÉVI GBEGNOiL-_-----·-
cHr:
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CONSE;\\. A'.'fI. L,o :•• "." <.jj?E!l\\!:UR
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'~'~-AGADOUGOU
C. p.. N\\. E. S. -
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ArriVé6 -?·CO·S~?#.O.1.6.l.4._,
'~En:re~g~i,~trt~'o~U'~.:":;,;;~==.......-
\\
DIRECTBUR
REV~US PROF, 67 VIGLINO
ASSESSEURS
REV~US PROF, L. ZAMUNER
REV~UB PROF, P. MICCOLI

"
A ma mère,
qui m'a do=é
ce qu'elle a d'unique
et de plus cher :
son amour
, !
il
i
A mon feu père,
qui ne m'a jamais
1
1
,
enseigné la haine.
'i

PRl:JFACE
Parler dt IJieu (:,,(1S notrG mond" d":lujourll'hui, il
f8.ut l' ;:;,vouür,. est un(~ enti:'c;pris'c difficile ot h,'.lsGrc1e:usc, voir.J
1
impossible si l'on ne f~it p~s du problème de Diou son propre
problème, si l'on n", CG sont ]),;s concerné P::T CG problèm8. Et à
la limite on pGut 0t on doit r()jeter le mot "problèma" pour
adopter celui de "mystère" ::v.:c toute lê; t"nc;ur et. ',;out", la si-
.
gnif.ic,;tion que G. f'l0rcel donne à c"'s dGUX term0s. Dieu ne cons-
tituc ni un objat ni un prob16m8
(problcill~ mot grec, objet moc
latin signifient eXi:<ctcw;nt 1:-'. m0ine chose
: ce qui est j 0tG de-
vont moi) i l est un myst&r0. ;:;'.:is c: lors 10 mystère n' ",st pas ici
l'inconnDissable qui est :L; l ' ordT'é: du problc:matiquc comillO sa
limit8, sc; nège.tion. Le mystèriè est mék'problcillc:tique.
Il ost
tel cnwj 'y suis moi-mGma impliquô,
ü,briCiuo.
Il ;,'st ca que',è~
ne peux p2S me repr&scntor davdnt moi (puisqu'il est moi), i l
ost ce qu", je nu peux p,;s objectiver puisqu 1 il ,.':.ppLlTtiant à la
sphère du sujet.
"Dn problènk est qm;lquc chose que je: rencontre,.
que je trouve tout entiar dev~nt moi, mais que
j 0
n8 puis par là-mGmc C8rner ê;t rGduire éJ.U
lieu qu'un myst~rc 0St qucl~ua chose 0n quoi
je suis :noi-même ètlGui-::;é, 8t qui n' 8St poT con-
séqu8nt p"nsoble que cOlClme une sphère; où la
distinction d" l'un moi ,ct du de:vant moi perd
sn
signific:;-;tion ;::t 80 v;:J.leur initi:::;lc ll .(1)
En rigueur dos tarmas, tr .•iter da Dieu comme: d'un objet, c'est
tr&iter de "rien" •
L0 f;:[yst8r-J dG l'~tr8;
s.d.; tome l, .p. ""7
{-~


-
"c:..:
De fait,
le motif qui fut l
l'origine de ce sujet de ~J-
tre dissertation est le conflit,
en nous et hors de nous,
entre
l'èlun vital spontané (1e l 'homme vers la transcendance et les idées
athées reçues de la culture cODtempor~ine. Il V8 sans dire gue le
ph&nom~ne illiJjeur que repr~sente l'utl16j.sme actuel es-b cOI!plexe
dans ses causes, ses motivations,
son essence, ses mdilifestJ~ions.
Nous nous proposons dans les pu.!.;es qui suivent rJe C.\\,:Sg'lger, cL,ns ce
qui peut d'abord apPJraitre un inextric,lble en~hevêtrement, quel-
'lues lilsnes de force,
qui sont d,v,lnt tout d' orcJr'e intellectuel.
';;;n interrogeéJnt G,insi de pr/;férence J.f. SiJ,rtre, nous n'entenüons
nullement méeonnilitre que l'Gthéisme, tel qu'il est vôcu au nive;J-u
ment d'autres sources, psychoJoGiQues, 80ci21es, professionnelles,
de su destinée &tant jJlus m~'st&rieux que nous l' im::2,inons.
1D pl Upt)-rt r~ es tr,::~,its de cet ;:., th·~isme sont cl.6j à ôb:::::.uchés
et dessin6s tout ~u long des siicles. Les ~ommes, â tr2vers les
âges de l,' ',",istoire de l ' h~En~,nité, l,e "ont touj ours prÉ'occ upés de
Dieu. C,'Jr toute notre vie er" dépend,
le sens de notre oxistence
cl aV,Jnt se
trouver i"80d ifi8 sui V~.Lnt l'ir:-r)ort,;.llCG (.lu8 nous donnons
â cette pr':occuplltion, i
cette inqui2tude.
Celeli eTI:JTr-_nt e;loriam Dei
18,Vg.). Le vers du psau-
me exprime un enseignement pùrtout pr[.;sent dons l'2cri"ture. Ln
création nOUf; parle du Gr';~Dteur, [lU point CJ.ue celui ':'lui ignore le
vr~li Dieu s8rD tax& de folie. Il est un insenc~, et qOI'l I:\\(J~ -'renIent
~
''''0'-'
l i
"
gui d6coule d'un refus (je voir,
8st coup"ble.Saint l':}ul, cLns
l ' "pitre ,-eux ;~olJuins CI, 18-32), '"l,rès le I,ivrG do L' ::;,:o:,osse, porte
-- condamnation sur cette ié:;norunce (:;u vr;:)i Dieu ".. uqucl on .3 substitué

7-
- ./ -
des idoles ~ Certes, l' idolûtrie, qui confère !l ù 18. pierre et ~1U
Dois", OU:1 d'fiutr8s objets,
Ille Nom inco'E~nunic;.blcll
(cf. ::-:.lagesse
'il~,::1), ;l'est [l:lS encorc l'::Jthéisme. Toucf;fois, l1c:ns li) Bible,
l'éccclléisme se pr,Ssente COinme Lo, nÔ[';ütion pri'itiqLle du vr;Ji lJieu
qui est impliqu:~e à:Jns le culte tles idolss ct d,ms l'infidélitè
~ la Loi.
"L'insencé 8 dit Gn son coeur:
i l n'y 8. point de Di8U"
(l'·S.. ~i ":J, "
)
vs-. c t
e t 8 C-lLL) l .1 f.. .lC,'J. t .
-lon d"
"
lnsencc·]
"
;).oresseE: :~lU
t
n~~{;a t~tIT
de Dieu est c:;r8ctéristique,
nous semble,-t-il, ,]' un2 :,tti tude que
l'on rencontre, d~lns toute su purot6, d ..:ns le :j:onde biblique,
m....:lis uussi,
et bien qu'A un moinclr8 (lccr:~;, df,;ns It/:.ntiquitl~ grpco-
lé;.tine.
Ici comme 10.,
l'::lthôe est déprèci&,
il s'es,t exclu du cer-
cle des s2ces~ l. cet effet, le proc~s :}e ~~ocrate, est tr~s 6clai-
r:int. Un des chefs d' :~cc;uséJtion forr;ulés contre le Fhilosophe est
précisément celui d'impi6t~ : il nicrait l'~ction des dieux. ,~u; .. ~
<lU
m,)rtyr s(;int Justin,
au Ile siècle, il n' ,) p:lS pu &chupper à
l'nccus8tion d'athéisme lonc6e contre 18s chr6tiens
:
lIOn nous ~vpelle nt l14es. Oui, certes, nDtlS l'avouons,
nous sommes 1er; ;::thf-;es (:8 ces pr'-:tendus dieux,
ffiu..is
nous croyons "'u )ii",u trôs vr:;i ,,,"'re CIe lée, justice,
d8 la 8sgcsse et des :)ut~res vertus, elî.~ (lUi ne se m&l ..::.nf;Cs
rien de mol."
(1)
j:,rr~tons li ces quelques rappels bibl iques et <mti;jues l~ui ri.t:mon-
,trent cl' ailleurs dramütiquQfi!(jnt le: cOI;1ple;;:ité de lé' notion d' athé-
isme, dans 13 mesure 011 l ' histoire dG ce mêt;)ç ,).thÉ:isme S2 trouve
(1)
JUCyrIN,
l
.. :.])01. 6,'1; 'Crc,d.
,:. Et,n:m·', L:] philoso:Jhie passe
- u
C" r'l' st
1 . . '
'1 L' r- (1
-7 r-
d u ,
.L"arlS,
) ) U ,
p . .JO.

_ if -
mêlée à une c\\Utre histoire, celle "e l' idolci'crie. Dès à prasent
nous pouvons offir,l1er qu'il y d, les athfls du vrai Dieu et i l y
3.
a.ussi les Ci,th/,es dos fGuY.: dieux ou des fô.\\Jsses reproseiltations
de Dieu.
Ce qu'on appelle "athéisme" peut olors recourir le pire'
ou le meilleur.
Il est soit un dèracinement violent de toute sa-
gesse,
une entreprise do dèsespoir , ou bian un effort h6roIque
et soutenu contre les dévié::tions die, ln conscience r81igieuse.
Il
arrive toutefois que le ùiscerne~ent entre ces deux sortes d'8-
th6isme ne soit pas facile et à la limite p~rfois impossible,
puisque l ' cth6isme le plus dcstruc"ceur peut ;:cussi, partiellement
ou ':'ccidentellement, servir à h,}usser vers l'Infini et l ' :'"bsolu
18 vis&e de 10 conscience reliGieuse.
:~uelques tr'c;its plus Jvidents distim;u,"nt l' athéisn1l3
contemporain. D"'bord, il n'est plus un o,thr;isue n'~~>J.taur do vr,ü
ou de faux dieux.
Il n'est non plus un simple athéisme pratique,
im,lliqur', c];ns un com2:1ortem::mt, ou mcnif'e'3té d"ns une é"ttitude de
provoc,::tion. nais il est ",n 'lu8te c1' "ssisas in'c811cctuelles et
de justificDtions. ';:;nsuite ot du même coup,
i l pretend ,inspirer
toute une culture, s'exprime dens le domaine politique ct 6cono-
mique,
se r,6,p",nd d éi.ns 1GS m~lsses,
consti tuzJnt :ünsi un ph(ènomènG
sociol. Dans l'~ntiquit6 ct jusqu'nu seuil de l'0poque moderne,
les GthG8s n'occupc:icnt qu'une place m"r"innlo,
ils ,;ppè:r;:"issai-
ont corJme 18s dôtractcurs d'un ordr8 'lU' on ne mett",it pGS en <:ues-
tion. 2t jusqu'au si~cle dernier ils ne formaient qu'un infime
noyau perdu dens la srnnde messe duenrc humain, et l'on peut
dire que pendô.nt des mill&,ndires l ' hum::: ni té, a cru en l' existeüce
dl un Dii;)U ou des dieux plus Oll LHoins nOlnbrt:u.:~. Lc::: lil~n-l;,;lité
st,";it
essentiellement l';:,;ligicuse. lIais ;}~ujourdlhui, l'ath6ism0 n'est

- 5 -
plus le fr).it Qe quslqu~;:s ~lomm8s viv;::nt d,.'.ns un monde croy,-,'.nt
;
i l constitue à lui-·mêmo un monde. ,Sur tous les continents " en
Amérique comrJ1G en Lfrique,
en il.sie COIJJ.rne en Europe et cn Océ,).nie ~
S f orgDnise et se structure un monde athé;c,
un monr1e qui non seu-
lament nie l'existence de Diou, m:) is enoore ct su:ctout lu possi-
bilit8 de son existence. J.J"·1.th::~·isL'1C contl-)mpor,Jin se \\reut Ilposi-
tif",
i l est volontiur,s militèmt,
et entcméi. jel.;or les boses d'un
édifice durable.
Il semble uinsi qu' "vec le ZXcô siècle, l ' ".thèisme con-
tompor,ün soit entré (Lens s~; ph~se C:::,cisivu. Cetto l'.ouvelle 6td-
pe 6t~it d'nilleurs ~nnonc6o p~r certnincs vues do Dostoievski
de r:ietzsche (~tc ... L'·,th6ismc se Lât lu critiqu!" do tout", ioi
ot plus p~Tticulière!i1(;nt d2 1:) foi c:1r',ticnne. Il l'elèv2 et dé-
nonce toutes les rnfstific,;.tions dos cro:YH1ts.
Il va j,usqu' il pré-
serct8r 1;: "foi" COIilœ
"m'}.uvaisu foi".
(lÎ Plus que jO;iGis les
chr§tiens a 4 3ujourd 1 hui 3e seD~\\~nt interro~[s je tous c6t&s sur
leur foi psrT les "thôes. Cette ir1terro,·:"tion impitoy',.ble leur
fait sentir tout ce qui est in,~ui;hGntiquG d~ins l8ur christi~nisme:
conformismes sociologiques, compromissions mor:"l.. les, superficia-
lité doctrinale. Tr",.~ué deci drôle', le croy,~nt est u:ppelé à pr,;n-
ser sa foi. ~n r~alit~ c'est la vraie difficulté aujourd'hui.
Le trc;véJ.il 'que le c::lr"tien 0 il Lüre est de cherch2:L' quels sont
les fondemGnts d2 sa foi,
Cl ost-O.-dire
cc qui lui p2ri";jct d' ussu-
r8r SJ foi int',:llectuellcm,,;nt, avuc cO!:l",renc8, en fOi1ction des
8ffront~mc:nts qui sont (~es gr~Jn(1s cour, nts qU8 nous rencontrons
c1dns le mODr1G contempor::in.
(1) J.F.
I,'Etre <',t 1<, IIé;,;nt; :':,].
pp. 85 ct 8uivntes.

- G -
il fuut :luS,si 18 vi vr8 8t ce n' cst gu' en 1:" vi Viir.t 'JU8 nous 8t:1.-
blissons l~ relotion Homme-Diùu, relGtion qui f~iit que Il.~omm8
Bref,
notre pro os n'~st pas d'~tudiJr 18 probl~me
thi:,olo,;i'luC que pose l ' ;.,th",isme, mGis da L::ire l ' cX:;',:lTIan cl' une for-
me de l'nth&ism8 contemporain.
C'~st pour~uoi DOUS nous Gn tien-
des ouvr~~es tcchniquGS, m~is ?ncore sous une forme populhire,
d,"US son théntre et ses rf'ci ts.
~,otr(: cl {:?-;,roir s 1 OL1VI':Lr;~ donc àan.g
sa pôTtie introd ucti ve p;.~r des consicl6r.:·.tions ~,én8:t',~los sur
l'existentialisme dont sc rôcL,lme oxpressémcnt J.l. SQrtre.
" •••
il Y [J, elit-il d'H1S L';~xist8ntüüisme est
un
ihlJ_
maoisme, deux esp~ces d'existentiulistes : les preJuicrs,
qui sont chrbtic1ns, ct p:,rmi' lesquels je riJngerüi J,oJs-,
pers ct GCibriel h,irc01, àe confC'5bion c::tholiquej
et,
d' uutre p"rt, les exist",ntiulistcs ::lthées p::.rmi les-
quels il fQut ranger Hcidcgzer, ct :.ussi les existcn-
tLü istes fri'lnç:; is et moi-même Il
('j)
';ônsui tEl, déJns les deux premiers ch"pi trccs,
nous exposerons l,;
paDs~e ath~e de Sartre pour ess~Y8r alors, en connaissance "de
cause, de voir cc que nous pouvons 8ccopter ou refuser dc:ns cot-
te philosophie. IJC~ tr.o·.isiè~i.le Ch,~ipi-cr~) que nous :·:.vons intitulé
II'Sxicence de tr:9nsc8nc1:mco~' sern une rsflElxion SUI' l'homme et
(1) J .1-. SŒ'i'Hr, L' Exis'tenti"lisl!18 ost un hmlClnismc j Les édi--
tions Nagel, 1970; pp. 15-17.

- 7 -
de son besoin nDtul'el '"t constitutif du Tr:::nscencl.,nt~ :enfin, no-
tre conclusion illustreriJ cert,;ines 8xic;ences et corrditions qui
àoiverrt imprfcgner l ' D.ttitucl0 du croy.,nt dev0-nt l ' ~;.théismo1 tout
Jussi oien que celle ue l' ;lthôe àev:.:.nt Je croYünt, pour qu' lm
dialogue vr~ii sincére et constructif puisse naître entre ces
deux mondes qui â premiére vue semblent s'opposer duns un duel
SBns fin.
C~r, ct C'cist ici que réside lu parDdoxe, l'2t11&e et
le croyont ne pOllrscivent ~ulun suul et même obJec·tif : l~' véri-
té 1 qui doit trouver son ,;xpressj.oli l'; plus co.1lplète 8t 10 plus
rôelle au sein de 18 CO::lf~1ur;:;utf~ Iles honF!1-3s.

- 8 "'-
l
r·T rr R 0 J) U 0 Il l C N
Nous avons voulu introduire notre diss~rtDtion piœ une
brève étude sur l' existentiolism8, c=, nul ne l ' i:;nore, c'est
CG
cour~nt d'id~e, duns son Dcception philosophique, qui B vu
nélÎtre et se d§velopper la pellsRÜ du philosor,he e:üstentüüiste
fronçais Jeun Paul Sartre, lequel fuit pr6cis6ment l'objet do
notre devoir.
L'existc,ntL,'lisEI8 G la e.ouble si["nific:·tion éJ' un coure:·:::
philosophique, :JLl sein è uquel se sont d&voloppc; es des c1octrine::s
multiples, ct d'un ph&nomène sociologiquG, murquê pDr l~ vOGue
/
cxtrr}ordinaire du Dot !l8xist8nti;~'.li.swerr, VOi~U'3 C;L1i (-,'. m<~rqué tou-
te unG ~2;6n{;réltion.
Pour COln1.mndre 18 sens du mouv(;m~~nt exist(:.:n~
ti:,liste,
i l f"ut avoir pr.;;sont :3. l'es'tJrit l' ,:,-chmosphère d' épui-
sement, d'abattement et de dèpr~ssion qu'avait crp~en ~llemDgne,
et c'lussi hors de l' .. ·.118m,i~~Y1c,
1éJ {J.èf<:::.i-c0 Cl u ~(eich 8ll 1918. LG
monde contc.npordin a ,;tô violem~ncnt r.Jmcm6 à lui--rnôl'lC, comme se-
cou& pur un trembl'3ClGnt diS terr8,
orusqu8,r,: nt dônudé, p:Jr Li
violence de: l ' o u.r-_-tgun , de -cous les :'Ttific'~s conceptuols dont
i l ;tait revGtu et cornille liGot6.
Cu quo nous ~vions dev~nt nous,
c'f:t;lit le dr;J_mu d'un8 hu;o];,nité qui, d,]I,s la cr.intu 8t les grin-
ceucnts dë dents, cherch~-:it
18 S8ns de le. vie,
comm8 si le pro-
blème -,;v,_~i t pris. un S8ns nOL:ve.tU, ,·,.bsolument inéldi t, ri~clamant
irI1r8rieusi,:;m<:)nt des sol ut ions-\\j<., lz;ffi\\.J nt nouvelles. -Sn effet, dès
l'issue de la guorre, J.fl d~sillusion vint non seulerr!0nt de le

Ô'1l1ilibres 110UVG,iUX. On G 1 ;,',iJ8rçut vi t(~ que l::c guerro, en la,quelle
brcs. La gUclrre ne fournit pas de nouvell()s bricnt(J"tions ; olle
d.;~~so~icntc 1,:;.5 eSJlrits qu 1 elle no dirig8 p.:~s vers d'3S p8rspocti-
vcs neuves, pri:cises,
nettes et sUres. }:t t l t".:st n"tllrel que, ôCl.ns
cc d6sarroi un ~aul point farme 8."(;tire et fixe les s\\Jrviv[~ni:s qui
notre personne
A
ffi2mi3.
L()s dés=rois J:l:nàcnt plus
de lu pcrsonn::; et dl) 3d. pl~C2 d,-,l1s 1(; ~~ioné~(:"
ci,o lu
sisnificetion
qu~ rGvêt chaque p8rsonno
C' 1
t
iJ l·ln--'.,....,
'-,n·...
i i.::;; L
(", _~ ..L e's
tu0.
' t
" l ' t
· t · ·
.
,"
:".
-rn.V(;TS ces con-L
l
s,
ln erlcurs '....:·c c;X-cC.'L':L,)Urn,
18 mond8 piJrais-
sait livré ,':. l~'i folie ,fI univ(-;I's c1~-.'ponrvu ce S(.;ns, l~ vie fonci~re-
ment
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fll1unc8, qu'on na Br;l1r~it minimiser, do ln p~ns~8 nitzsch~8nne
pour ~chev2r ct'6p8issir li~ ~uit o~ l'~um;';nit~, :;ffo16o ct d~sem-
le,
dV2C
les horreurs sans Il am qu'il _1 c08port~8s,
le clilD2t d'in-
sécurité foncièr2 de.ns lequel I f l1um.;,nit8;j v;jcu, l r2 s;~nti'.E~nt d'une
I f Eln?,oisse qui u l'Streint les coeurs p~nc1;.:.r.lt quelques-unes des
ann;"·~s les plus sO~·1bres que 10 monde c.it connu, tout cel.). ..:; con-
ou' l'~'s
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10 -
soucic0x de d&couvrir une doctrina plus proche de 12 Vi2 2"t rlui
colllj pour élinsi àir2 <.'U r6cl c~.r;-)miJt:Lquc ct quotidi-2n ds l'exis-
tcnce;
On nG peut donc ~tre surpris quo cortaj.ns p~ns8urs,
sollicit6s pt:r 10 probl~me de la pursonne, d2 l'~tr0 8xist8nt;i81,
sc:lon l'expression dont on US<3 (J 1ordin_:.irl., :-;~:J~cès l' 1~,voir scruté
ct ,.;;voir arrôtr'~ sur lui un r~G,lrd df:fié}nt ct 1GB, ni '-:lient su y
liré: que contr,-"dictions ct iJntithsses, antiIJo;;)ics limitéltivos,
et qui Pû.T suite nous rcnvoiGnt à CI:; lI qu i
i.":1 1 8St p..)_s GTlcor(jll,
au
trClnscendc1nt. Ceci expliquL' ;'SCJler:;cmt pourquoi 18s c,,,t&[';ories de
foi r)n l ' ..;··.bsolu, foi d':'lns los i"!o;nmVs, par S,Uit2 0110 13st une' foi
qui ,;st ég'Jlcment oeuvre; de le, r:;iso:1 ct (le la volant') , cTI',is
CIGst en vuin qu1ellu s'&pUiS8 :J s~ vouloir r2tionn~1le1 â r3chcr-
chor la curtitude
: ella demeure unefoi irr~tionncllG, ~bsurd,!,
.sc;::~nd,::;lcuse pour 121 r·.:ison. ün ne Eollicitc plus les formes (l.C
saisies 2. l'intéri.:~ur
~·~cs .:ntithès05 ct des contr~;.dic-~ions (le

-
'1'1 -
Voil:'t, cn brc,f, lus sousboss,r,)(;nts sur lOSqWClls s' éri-
si 1'011 V0ut découvrir una unité ~ntr~ les nlultiplas courdnts de
l'0xistunti~lismc (dircction larquc, diroction raligicusc, divi-
te unité cst fourni0,
un dehors (,,2 quelques ;;néllop;;ius, por 10
clim~t spirituel que constitue le scepticisme, 10 pessimisme at
lé profond délcouragcm,,'nt qui imprègne 10 monde ::Jctuol.
Notons
enèore que 1,-\\ r·.~~valu0tion du concept de l' 8xistsnc(-; conduj.t l' Q-
xistcnti,:lisme à c188 polèmiqu.es contre: toute fari,le du r,-~.tiona.lis-
me l.·,bstr,:;.it. L'G';{istonce est sin~~;ularité ; 811c- ust ;;ntinomiqu'.]
Et no s8ur~it se r~pb·tGr ; 8110 ost, par suite, une I)rotestotion
continuelle contre 1>,:'3 ,lbstraits universels (1.8 10 rêüson,
idcnti-
que c~ez tous et comme tulle n&gDtricc da la r~01it6 existcntiel-
,
l ' ,
h '
' l '
,
l
e!Sp lenDe (1.
i-1
sln~u
]_cr~,
ovsc
cspôr;:l1CCS,
;~;voc son sens de 12 viG ct Of;; 1 ,',u lnort, 8vec son 8xi-
gonce profone1c de s'.:lut ct de p.:,rdition ? ],e tut (10 la philo30-
~.
t '
t
' c t
'
.
plJl~ es
JUs em~nc ~O r0por~re aux questlons que poso lQ p2rson-
ne:,
a cette:; '~!.u8stion urgèr.te quo 1,1 IJersonne 2St 811(]-m~:me.
D8
CE)
que nous vonons do dire,
nOuE:
pouvons conclure que l' e~'{is-
tont ia.l ii:.iWO s'offre 2 nous :".i.V8C cl \\)ux c: :r,::c t8rci~ princij) ..;.. u}: :
l ' 8xig8nca c:xist'Jntiellc: at l'int'::rôt pour 10 t:ri,'nscr,nù,,:ncc.
Les rl0UX problèuG8 sont réciproqu8s
: 18 problème de 1Ioxi3tenc\\.':
pose le probl~[n8 ~e 18 'branSC0nd,::DC8 0t Vic0-vorsu. Churcher 10
tr~nsc8ndont c'cs·t se chercl18r soi-mOrne, c',.!st d6cidar de ~oi-
~
mc:m8.
Lf; rC:Ghorchr:.: de l' ho;nm\\..~ nous l":.:uvoie :~~ qu(;1::.lL18 ChOS3 qu.i

:) r.,
:"',r;.
.., ,-
.. ·_'c'
:. ..... " .-,
.'"
,
Cl.u
ffil...:.dC'
_Ld
1,-,
~1t.:r,-,·..1 ......
Cc.
18 -crGnsceEc1ance ost

-
'i2 -
toujours recherche; (cl:.,.rific(,tion) G..:: l 'lloTilme p8.r lui-mêmo.
LTGxistcr~(~, pour IIGxj_st~nti:!lisll1~, est probl~mu at dr2ffio, un
,
araIll8
'ntr
l
('
,U Ul' Sl' hl(l
, C ,
L~1.,'111S '.L"'.
,_
_
0
tr'dnsp;::;:r(JD.tc:
_
clurté de 12·, raison:
l"a trag8diu sc JOUG cntre doux mon0.os,
f-Jntr8 l'ifllmanenCG ot la
tr:,nsccnd.D,nce, 2ntre le fini ,-,t l'infini, e:ntr0 l'étcernol "t le
temporel.
L'existence ost pr0cis6mant l~ par3doxe vivant oa CGS
c:.ntithèsos se r~;i1contI'~nt : CUSSl ·2st~~oll,.-:: toujours ouverturc::
vors l'une ou l'8utr0 bifurcation du dilcmma.
Lu point 00 nous sommas arriv6s,
une qUGs"tion pr&a18-
'010 se POSC') , gui l'st 0,8 d!,finir c" qu'on l:ntcmd p:)r "cxist")nti,é!--
lisme".
On dGsigne :"UjOllI'd 'hui sous ce: nün difi.",~r(lnt~ls doctrines
dont IGS rcpr!'s8ntiJl1ts acceptent ou non 1:) 'lu;,lj.ficcction cl' uxis-
gui;)
110xist,~;nCd int1ivi\\~uC'lll.5, ,..:.vcc ses C::'.l':;.ctl~rGS irrénuctiblûs.
Ct est un "r ;.;tour '::1 l' cxj_stenc;(; COi11m~ (;11E:; nous Dst donr.J~G,
scnti'TIGnt croiss::,nt ch; le', vC!,nit& qui peut s' insinu8r
dans les doctrin:)s m&me s~v~rûs,
m(:surs ~e le. dis-
t.Jnc;c c:ntr~ 12s . ~b;:3tr,··ctioY!.s t:_\\'>oriqucs ct l' cxp?;-
ri211c(: concrètu
; b!'8f, besoin de considt~rc:r l'exis-
tuncl; '.;n Idce,
Gull,) qL~' cIL: "st V8CUU, ct de péOnsur
sur 811<0 ,:vec ,]ffic:;ci t:':. voilà justement qualQUi;s-
uns
dos tr~its qui sc r3ss~mblcnt rl~ns l'exist~ntic­
lismus OU 10 philosophie; cxist0nticll,,".
(1)
La notion fondamentale est clonc cclle (le l'exJ.stencc:, plus pé1r-
ticulièrement de l'existence hum:;in::, l,] monde n'exiskmt vôri-
t::cblo:Tdnt que: d2ns son r"pj)ort ,"vc;c notré) consc i8nce. 1,' GXiStC:D-
ti:;.lismo attir.:: notrG 2ttuntion s ur 1(-~ .tu.i t
que: nous ·;.;xistons ct
(1) H.
LE 8Elnr2,
Introduction :3. 1(.1. philosophi\\..:
; j~d.l~.U.J!'.,
l':;Lf9, p.2;~8.

- 13 -
quo lus choses oxistent ; que cc n'est pes là quelque chose
qu'on peut J~montrur comme la conclusion d'un tb~orèmc, que cu-
la llG p3Ut pus sc; d!:-c1utr0 piJ.r un ~;nch:·jîni~!118nt rcJtionnel cûlntrll.J
18 VOlllé.it lIq;el ; quo c' 'èst un 9ur Liit, uüe pure l'onn';',; dl:
l' c:xpsriencD.
COOli1!]
dira. ,~L::)rtrc, l'exis-ç-(:nc<:.: nous z..3t donné -pour
II r ien ll ,
sr3ns rO.ison.
Voilù, on ost dev:~·_nt (::88 fl..·.its
; on ne l.Jcut
quo l,-~s const;J.t8r, S:-':115 rien y comi!rc;ndrt~. 'roI est l' csscnti\\;l
de l'attitude 0xistt:nti~listJ sous cortoincs dG 50S multiples
formes.
Toutefois, cette d~finjtiop ne va pas de soi
non
sQulurnûnt, comme nous venons de 10 dj.l'G, il Y 2 plusi0urs forlnes
d' cxistenti,I1ismc qui, élU prGmi"r ,:bord, p;Jr.Jissent s'opposer
0ntre elles, IDJis l'id(~e môme d f cxist:Jl1tislismc r8vnt des signi-
fico,tioYls multiples, où l' css(;ntiel ct l' :Jcciùentcl se trouvent
'TI(jlés cl' unt":; ft~'çon ;:i,Pl)(:rL)'lnmunt in0xtric;Jbl~;.
l<ous duvons' nôanmoins
essayer de d6brouiller catt" confusion ~t Q~ découvrir ce qui
donne à 1lcxist~ntinlisrrlc son sons pr0cis ût son unit~.
Le plus simple sembl~r~it Qtre ici d'int~rro~or les p~nsours que
l'on s'accordent à considl~rèr comli18 lIcx::ist::;nti,-.:list,~;s".
On 10
s;-'Jit ,j"t il ;~'st J. }v:.:in,.:.' busoin d-2 ll..:l (1irc, l'0xi2t(;nti~_:.lismc El
trouvé S0S principoux inspir:'t~urs on 10 th{ologion danois
Ki~rk~g~Drù, l'écrivain russe Dostoicvski, les philosophes
BrGl1t:cno, Schop<JnhiJuGr, )üGtzscha, ;Iusserl ct Um;muno. I l s'ins-
pire dos 1,lOtifs fand:.'lllent;3ux dé: ]a concvption do 1;) vi" da ces
0crivnins ct philosophus ; il les 3
f10bor6s et d§voloop§s dens
1(; milieu f"vorQbl,~ cl u second après·~(~u'3rro. Kie:rkcg~-:_(-}.rèl, plus
que tout rtUtr8, ost en '~JffGt 18 m;.,ître dG l '",xistontL,lisme.
Bion snr il l~st s~:ns aoutc d0VCllU p]_us rtifficilu de perler de

-
1l c _
l'uxistunti~lismc de Ki.:rkog:;;'rd, Oepuis que d02 for~10s nouval-
mcs
: l'échec des Systèr.kS,
le' p:·'.r:,:doxû ct l ' ,jbsurdc, 1<0 déscs-
poir ~t l'nngoissc, le d&lcissefficnt de l'homo
n8tur~lis et
me c1~ l'individu, l;} valeur exclusive dG IL: subj·~ctivi..Lcé
ot
l'incèrtitud8 o.bsolu0 de 1I1'ob~i0Ctlf", (;out cela sc trouv'..; c1é::sor-
:niJis a.ssumé prJr d0S doctrinos qLJi s' 2.1iment0nt ,:} d' autr()s sour-
C0S, dont Nietzscl10 ct ~Iussc~rl sont 1(:;8 ~)rinci~)o.lcs,
2t qui ont
donn(: à c~:s thèmes communs des r:~sonn;·;nc~s impr/:vucs. J::llus b<:Ji-
gn\\:.:nt, pour ,-.:.insi dir(J, dans un cli:n:;.t qui nI est plus ki2rkc,gac..r-
dien ct que Kicrkagocrd, pour un~ p~rt ~u moins, unt violemment
reIli&. Hais en un .lutra s2ns, on no p8Ut dOl]tor que les formes
nouvelles cl;:; l'8xistentL!lisme r,' aLont c:,t,~, d"'.ns une lcre;2 P:'Tt,
tÉ~8 \\~n partit) implicitL; ou virtLh.;ll~; ; l,_,r:-, d6vi ...tions ftl~r1l0S
qu'elle 8 subies,
un viv(,nt dans lu m~ditation dus uxistunti~lis-
tes c1 l aujourr1'hui,
nous p8rrnctt,:nt de :nièux s:.jisir ::;;0. sit.~D.ific;c;-
tion originullo.
Contre H4gul, Il! ·th~olosi,)n donois ov~it
" '
,
r(;viJnQll..lu,~
l'imm6ài;·-\\toté de 11,:-)xistc:ncG, l' irrr~ductibilits dG Ch~1:~U0 indivi·-
é1ui:llité sin:;ulière
; i l ['voit c1é:nollc,S l ' irnpuiss,;nce de le). toutc;-
Il n ' c:1 p:::s hè.sit& à procl:,-nk~r 101 prL:::..:.ut6 cJ(J l "...:xi.s"l::(:;ncc: sur
l'cssünc8~ L'cxistùnc~ pr~c~do l_'~)ssoncc ; j0 suis 211 quelquu

- 15 -
sort8 11 artisiln do mé:: proi::ri.; eSSlJDCü i..;t j 1 cxistl.:l d:lns la mGsurG
A
" "
l '
' t
" 1
f
' t "
l
.
illumo ou J accomp 18 ccc e ess~nc0.
ur c~_u sa
·~l
aaus _8 rls-
~U8 ut l'cnEng8~!~nt ct par cons&quent par le choix, si bien que
l'OCt8 do choisir 0t rie choisir le choix, c'ost-â--dirG dG sc
choisir libronlGut soi-in~me, peut à 30n ·tour s0rvir à d6finir
l' c;d'è>t"ncc. ;~xist"'r, c '"st choisir. On dé'!ruit c1ir':; l plus pr(',..:
cis&msnt uncorG, qu t 0xis·tar, clest S8 choisir, CJr ~n fRit, on
no choisit j.-:"iJe_is qu.c soi. Tout choix !Iuxturno!l Gst fonction
d'un choix int~ri(;ur, d'une option p~r laquell0 je ,~(; r~Dlisu·
moi-mtme. C8 qui m'ùst donn~, c~ n l 0s·t j~muis un moi ·tout fGit,
une e::SS0nco à .J.ctu~:lis(;r, In~;iE; uni:.: sirn)lc; poss:i~0ilité.
':::niJ"icé,~ion de l'histoire: univ(;rs,~ll(; ô:.;n.s lé'quell., il ust situé.
U·r"c'-·'
-::1 . ':.'.
ç
,j
._~
l~
c..
s:po~t,·~n{:it0; cl' uc.ï.:: r.:ri.son ot (,lI L~n co_;ur cannat ur;,l is 6s
et
pvr l~ s~ul(;mQnt que la.
d

. t .
. ]
rs ma verl s, cE~r 1. n'y Cj ct" vé,rith pour l'individu qu'on
-Jxist(:nt, qui croit et é:{SSUI:l(~ 1:1 vàrité. Cctt:) c]';J:'uièl'C: l..'st ~;.in-
à la co~scioncu d'~.il18urs d~chi-
En outre Clet u:dstant-suj "t compté; seul dovant son
Cr6otc:ur. Il n' y ;] d' .:.:xistc:nc\\.~ ..::_ut~:E:ntiquc
~lu\\..: CGlls qui ,--,st
"devi;nt Diuu"
(1), cr ";st-à-dire qui sc ruli'c éCU tr:~nsc8ndD.nt

-
1'5 -
qui est l'HomillG--Dicu, lu Christ.
christianisme ou,
(1). Comni8 toute uxist~nce, qui est t~nsiOll ,_!t pa-thos, l'jxis-~ur
chr(tiun r0u~ir8 les cout~~dictions
~t rbfluxion, risqua dt E~2in, vic et mort, ;)v~nir qui r~pi~r3i-t
COlumu p~ss6, p~;.ss6 qui so projuttc 00 ~vunir, cont~'ct et confJ.it,
inst;::llé cL;YJS un 6t;'1.t où 128 u:··:::tr'C]ff!OS OPl)osLs sont t-;oujours don-
tian cÇ;tte: nOGion c1·:: contro,.'dictoiros,
juS(;~U 1 G.i.À point (le.: réduirç:
vu (lu péché
l
-[ i
-
t
(;
,S ,~'. _u -;
'.Tl C n -
113
vie n'ost
lut p~r l'untromisc d~ l~ foi,
'lui ~s·t le contrcir0 du sLl voir
8t J8 la ]'cison ct ~uSGi l'oppos~ lie 13 mor21o~ L'exis-b.JuCG d8
minant 8t "irr;-;:tionnel ll de la foi,
0ntrc: le s::'lut ct IL!. p':.::rc1i-
que '.:n Cl\\..1clquc sort~ inf:_~illiblc r;~)us dirons qu t i l ,J,st; soumis
(1)
Fost-r:.:criptuul all)'~ mil:~tt.)S philosophiqu·:.;s,
tr,::cl.
F.
]?c-:ti t,
','";-,-.115.::1;Jr(~, ''1 SV~-/l,
p. ,255.

- 17 -
t i r le d~~sGspoiI' 0t l' C'rl~")oissc, l' un 2t l' :~L1tr(; 1i{:s 0. le:; l'é8.1i-~
~o CJ.1j(: llInoivi6.u sc -'cr 0 uv..::.: duns l' obli~;.'.~tion ~J.8 c~10isir, \\::t
ln n~go~iol1 ;;bsolu3 ct d~finitivG Ou fini.
Commli t01,
i l est la
choisit soi~'m~:mc diHiS C:<l. \\l._'.l:.:ur ,.t',-~rnol12, (1) Cl est-A-dir8 qu 1 il
risquu tout ll~ fini sur est ~njl~u p;~r8dox21.
Notons oussi qu'il ~st impossible d'~ch~lPJ~8r ou d6s~sDoir.
,',",l··;-··
v
CO!l,C{~J'_:~·r'.cp,
::-':'T",O'l't
~
'...J'-'
'-'
'-'
'-';:Ji::.....
t:
GJ
r~'.<:'l·'·rJ'O·-
L.:.. __ I.,}'....
11,
r:l"'-':'
' d
1/
\\..: :(~ 'S"Ol'I'
;'-J\\.,
l)
,
J)uisq:lC nG-
cc qUO l'on est ~;t de co que l'on a scIon
L.: .r'
"
J . l n l .
IJ I 'lt,::rr!-;:tivc,
2° p::rtiu,
tr(;d.
P .. II.1J.1I,s;:-).;·~;.IU,
~J;160C:>'.J s- c n-J_·' ..ir co oS, i::~ nri;\\ 0, ,] CjL!-O ,p. '187.
(2)
JOllrn:"~l C-~:~ct:r_:.its), /iQ~~~~~-'1[~L~é), tr,~.,.d.,
l,' rJ ov , t G "l--'''u (""ll'l'l-l-'-rc
-jC;"1
"-'1:
'~'
~
\\;
J_
)'V"
,,-Tc,
; '.
, ;
/ , -
,p. Itê';J.
'

- 18
éprouvéo Gt qui ne sc:: conn~~ît [<::\\8, l' J-n6 oiss,; d0 11 ospri t ros-
semble au vertigo physique,
en tant qu'alla est à lB fois crain-
te et attr~it, simple lueur d~ la possibilité ct aussi terrible
cnchantc;munt. SortG c1' Qntipathi~
symp::tthique ou de sympathio anti-
pathiqu0, l ' ;:lilgoisSG (:st dôsir dc; ce qu'on redouté;,
craint0 do
CC;
qu'où d:~~sir(].
i'[ullo vic:: l1um;':'.ine DG peut (ch;..-;.ppor à l ' 8nc~oissG, (~t 11 éfn2;oiss,:;
est môme, comme le dèscspoir,
l'une en BVéi.nt de la liburté, l'3u-
trc ~;n arrière, le signe de; l'cxist~::nce.
-:-i;ll::: j.ns~~~.llc: l'homme
,
t
1 ·
h
c;'cvan
ul-muffic, on tant qu'il n'est p8S, IDDis VD düv0nir per la
libertô.
Tels sont lc:s caractères bc,sil:Jircs dG l'exist,mtio.lis-
TIl":': '.Jt surtout do CE: qu Ion nomme l ' (;xistè:ntiulisill8 kicrc>::gaardicn.
IJ'c:xist\\.Jnti~11i~3mc cont...;mporain, d8Vl;topp:~:nt CG8 -,notifs, a fu.it
0.8 le1 crise d' une.: ~~poquc 1 ..1 crisc: do 11 (;Xist2rJcc: ~'n son univcrsét-
lit6. I:n ca sens,
i l est non la solution d~) ~0ttG crise, mais
son cexpression ; i l incaTnd 10 d0s2Troi, lc;s contr2c1ictions, 18s
a.ngoiss;;s at 18S ::tspirations d87~onsci0ncc d' 3uj0l1rcJ' hui. On
peut alors considôrar Kiurkegcarcl CO\\;]iik 10 fondatour,
non pas d·;;
la philosophie oxistcntialist~, mais du mouv8mont de pensée qui
se développa sous C8 nom l;t qui nl; prit un,:; forlllu proproffiunt phi-
losophiqu" qu 1 en éldoptant la méthode Dhf'1l0\\1],',nologiquc:.
Car la
description phénoménologique; de Husserl 3 pu,
avec 10
temps
,
"(\\lisser dG Ir:: phénoJTI:;nologie à P c:Xistc;lltLJ.lisme" (Î).
:'.ussi la principal r0pr;suhtc:nt dl) l ' cxistonth,lislllü fut-il en
~llem~Gne un discip10 dG Husserl L~t son SUCCUSS0ur comme Ructcur
à l'Université do Fribourg: Ijartin Heidegger.
(1) U. LE SENNJ'J,
Introduction a la philosophie;
OD.
cit., p.232

- 19 -
Hoidüggor 6crivnit â 10 Soci~t6 françaisG d~ Philoso-
phic, 0n 1937 (Bulletin d'octobr0-nov.,mbrc: 19::57), ccci à savoir:.
"Jo dois roc1irc quo Iiles t8nd'.'.nccs philosophi-
ClU8S, bien qu'il soit question dans :kin und
Z0i·t d'Existenz ct de Ki0rl:üga;jrd, n~ peuvent
p3S ::tr8 classées cornmc";xist"nz-philosophi;,;.
~ais cotte crrour d'interprétation soro proba-
blamant difficile à &cartor pour la IDomant.
Mois la question qui IGe pr&occupo n'ost pas
colle d~ l'exist0ncG J~ l'homn8 ; c'ost c011c
d0 11 f::tr\\J clans son snse:rnblc LJt OD tf:1nt qUI; t01'1
(1) •
Capondant Hoidoggcr constate qu'il n'y a réollemont qu'un seul
~tl'~ qui soit capa.bIc do Si intorrogor sur Il ûtrG. C<Jt c:xistant
privilégié, C'Gst l'uxistant quu ju suis,
uxistsnt qu'il appul-
10 le Dasüin. C' ost p,n:' l ' apr~rofondiss()m,.;nt do cu sujüt existant
quo l'cn pourré:. ospérur accécÏC;r à un" notion du Sé.ns do l':}trc
on gènérul. D.c tout c.cln i l résultlc quc la qU0stion sur l'Gtr8,
qui ost la m6taphysiqu8 n10EW, d(;vL,nt uno m,mi.ère; d'ûtre: du
quostionnrJnt s' inturro[';oéJnt sur l'Gtr...: du l'0xist.~nce. C·jla ro-
vi\\::nt à dir0 quo 10 pr{limin.=~ire do 18 r,-,churcho ontologique
sorJ fond;nflental...:m.mt constitué par l ' ,·J.Dû lys 0
'Jxist.,ntiale (ou
ontologiqu,o) du Ddscin sinGulicr.;t concr,;t qu;, je suis.
Il
s'o.git pour rkid8gger d'adopt.cr une;; méthode: conforme; à l'objet
de l'ontologiu, qui ~st du saisir l~ S~llS d0 l'3trE: ,~n 3~n6ral.
C' 0S t
donc sous l ' ,J.spcct dG l ' é:tr'è quo l ' ".n<,lyse;; ph§noménolo-
tiul ost constitué par l'0tr,; do l'0xist~nt.
(1) TI. JULIVI,T,
citG in ".1,08 doctrin08 cxist;:;ntictlistos, de
Ki0rlkgJard à J. JO. Sartre:; Zd. do Ji'ontunül10,
Abbaye: 3. vJandrillu,
'l cH8 ; p.sa,
notu ~~.

-
20 -
La pr~mi~ru au~s·tion qui S0 pos~ dcins la rechercha du
sons (1(; ] 1
_
~trr
0...;
,..: ,
lité concrète totDlG de ;'lOLl GXiSt011Cé:,
Cé; qui r 0viGnt il dire qU3
l'0xist~ncc 8 priorit& sur 110SS(~nCG. Bion plus 10 J.llisoin est
touj ours sous le mod..:.: de 11 :?-:tr.j-dans-1G-mondc. L;.-; moi no p2Ut
lif: c::u mondc:,
c' I~~::)t-d·--dir()
à tout C0t (}nsembl~ ~xt&ri0ur qui n'est p~s le moi, mais qui Gn
l'ordre:: c1(Js ustc.:11sil.:.:.:s intr8--IlI0Hàuirlf.:J c:st l'iiî:e.g(; projétéo d8
llii':S possibilit&s, c' ()st-à--diL'0 d0 cc qu~) jlV suis. L(; monde: <:.:st
donc c.:u à p:J.rtir (Jo qaoi 102 DaSr)in 50 f;;.:lt 8n.r~onccr cc quI il
monde i...;t de: lui-lilême
COmfli\\.~ Li~rant reçu 1-) chc~rg0 àu llexistence
dér6Jiction (Ge1;Jorf8r.lH:;it).
Je: no peux prlS conc;;)voir 102. propre:
mu t0mps un ~k-sist2nt. Ek·-sis"tcr, c'ost sortir do soi,
sa pro-
jGtür V0rs ~~utrui, Vi~rs le i~iOTl~0, V0rs un aV011ir.
T011c est la
lib0rté, liburté qui 0S·t proj<:t (:C;nt-\\'JUrf),
anticipé'.tion
Dt

-
2'1 -
souci,
liborti: qui clon1l..::ur8 p;:lrn.doxol~ puisque le DasGin est :}ppe-
t6 n10st donc pus ~bsoluo. DI oj.lJ.0urs , mGoe 0n se proj~tunt d~ns
l'éèvenir l'hoGl;]8 Su h"urtlT~~' i
sC!, fj.nitu(l() riJ(~icu18 : à l'ho-
rizon dG tous ElUS possibLJS se .p:':'ofi18 ()ll uffot co nô "nt éJbsolu,
li13
mort .. rrioutcfois, pour l'eutvuI' cle ~~c:i!1 und Z2j_t, lél liborté
"10 fond de l'êtrG hur.1,ün. :Lnl,~ S',-,pt.lllio toujours
sur une: situ,;tion donnôe: qui ,"st un f:Jit Gt qu'on
ne P(;ut cl1c~r.lG(:r.. j\\'[:.:j.s ~ ll~~ cons istu ,} tr8.nsc8nd<Jr,
2. df-:poss·-...:r 1[: f3itu,-d~ion o-ù nous nous trouvons,
soit 0il l';lCc8pt,;.ënt, soit Çn Iv. l'C'fu.s;Jllt. J~118
no dispRruit qul~ l~' mort qui. ju.st\\;m~;nt consist0
,
.
t '
,
.
a .3uppr:.u:~0r
.QUl;\\j pos,sibilitf:; .. Il' ;;.u tr,-, p:!.rt C GS-C
la
lib,jI'tf:. quj_ 1:"O;-l(_:.(J
11 .;;ss~ tlC\\..~ cL:: 11 hOLr;-_~,:.;
:
cL~18.
signj.fiü qu;.:; cllz.'icun .sc i>it libr'::;Lh.:nt ut l:'ll,Jst
,ri~r! d':·~utrc qllC cu qu'il s'ùst f~'i·~ •. ~
l~;ous SOj!lT";:C'~, rosflon.'--;c·!hl(.'s non ,s~;ulG'mi.:nt (~.':: nos
actas, m~lis ;:;ussi (i.e tOiX~ notre C:tr·::. :~,;t plus
l..-;rC')f,:(:nt ;':;:11(:1)):',),
~;·11 T::~liso:'l rl~;s I....·roj(;"!:;ri que nous
f;.'.isons \\~t qui lui d.Oljll..;l1t son sens"(l)
Le Duscin exist;c: ,!.onc COUi.l2 Pou,/oir-0trc:,
iJ.vuc 1;:,1. ch.;.rg2 ct la
rcspons,-=J.bilité cl:.: choisir libr~l~~;,;nt S0S possibi1itf;s. Et i l n2
ré,~lisé les unos qu 1 on ~)xc.lu;:tnt lus ,;..utI'(;S : choi:3ir, Cl est
l'e:nonc0r.
1,o mêoo thÈ'E18 lB libl)rtô constitutive: de l ' hOUI"(: sa rotr0u-
va drJns le.. philosophiç- de Snrtl'~ ,.~V(;C un i:.cc;.;nt ostL::nsiblcmcnt
ath~e. Pour celui-ci, l'2xistoncG hUGICin~ suppose uno liberté
cité in "Dictionwür(; o..è th601ogL:: catholique:"
P'u B. LO'l'H ut A. It:ICI:;-:L ; Libr"iri" 1,otouz(;y
et :.né, l":.ris ,1 'Jo7, p. ;.1035.

".- ,
{_~ t:.
qui lu constitua librG,
(ju'il
contl';]int à sc foi-
ra ::u lieu d'Gtre. Pour l'homoe, Ctrû,
c'~:st n~c~ssuir~il10nt S8
choisir
: il nu SI agit pas pour lui d2 r....:cvvoir ou cl 1 ;:1.Cc ...:pt8r,
greJtui t0. Dès qu 1 il '-;8t .... t
-.;n t J.nt m~rr~0 qu'il ,-:st, il Gst n&cos-
l ' ~tr(; dG JI hOm[l0, Cl ,-,st-à-dirL. 11 con n:,?:int cl. 1 ~tr011 (1).
Il ifJ-
port~ da bi0b voir tout c~ q\\l() c~J_~ itlplj.quo. Et d'~bord l'oxclu-
conc0ptj.on ;-JSS(:;Z com~;UJnlè
q- ui v0ut , ~n cdBut·t;~nt 10 lib~rt§ hu-
f;1c:il"Ji..~, f,-~ir·..; une": l)'::;T1:; :1.1~ d6te:rmiEi's:IF) du vouloir, c' ost-à-dirv
de pris~ sur ln volont~, sj.non il y ,:ur2it 0U l'hoiRffiG doux exis-.
t~;l1t.s, dont l' un, e.or!liyü~: p~~r les p~1.ssions, s(]J:';.::;it pour l' ~jutr2 un
En. 88cond li\\.ju, la volontô n...; s' -.":;X0rC8 qu,~ sur 1() bas...; dl une li-
b0rté originulh;, qlÜ lui porrrr.ot 0.0 S0 constï.tu()r COl.lG.o volonté,
c'--...:st--à-dir8 COEllJ1G dôci.sion cléfinic r01(·ltiv',~::l(]nt à c(~rt8incs fins
( "1) J.J".".

>.J. ·,1'rnr)'~\\
,_1. 1. .LlJ..J,
T.IT'~+rt·'
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f"·'lll·[;l-'ru"
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~
,
J..:, J. D
I..J" '"_'.
• (.'.
,
PD. 5()[;-516.

en
lm-soi·-pour-soi.
ni C or:!-
n~conplir p~r son action. L'homm~ choisit GOS finG, et par l~-
E18ITle qu 1 i l li.JS choisit,
l(;ur donne une 0xistcnco tr,-'.l1sconda.trGG
qui ~st COrnlTI3 l~ t0rŒ~ limite du S~3 projets. Ici,
l'Qxist~ncü
co qui r'é)viont"
dire quo
dffinit son 3tru propro P'}I'
'
,
D
J lt.-U,
"C18iJG
s ' i l 2xist~'.it.
jours nous trouvons un ;',llem':'c,n" };>rl J-"cspurs qui propos" lui
(/]) J". r.. ;3!d:{T1'{~~,
Il' ~:xistonti.~;.lis],[LJ '2st un hUI1~J.nism0, ~~d" N:.....g81,
/1970, -PT)"
-;2-1)"

fonde sur
18 choix libr8 cI 1 un8 d"sti.110e; Cl'~i cons,citw.: notr8 hlOi hUill::,in
ct qui ost vou& i
l'6cbcc
;
'lm.ais cet Sehee, comE~e 1chi.ffl-'e' ou sign0 p"~
0xcëllé~LlcG ust le: ;'J1o:y~on dl n.ttoindrG, pù.I' 1G',
foi philoso)h.iqu0~ 10. Tronsc-)ndDnce qui est
"
D
~
. l~U, ruponse 3uprcinc â tout problème philo-
soplliCllW"
(1).
n' (;f.:;t pr:s à prOUV8r,
ou du rnains sr\\ prouv',J nÇ st..: trouv(j que: (1,rLns
l ~ 0x'.).i:'cic(J que j 1en f;:is pr:i.:L' mon ,;.ction. r~on souci \\.:xtrG:me
touch.'J.nt l' (~Xisti:-:EC(; do lu libc~rté inc.l ut déjà l' 2cti vi té par
laquolle ln libort6 se v0Ut 2t 80 r&r:J.iso.
C'ust d~llli cette oc-
du mondé-,
qu'il p0ut y i'voir lib:'::L,tf,.
'cale; "st touj ours 18
S8ns de: l'oxist8ncG, 10 l{:::vie:r ou 10 c,ot~Llr grC'LC8 2uquel l'exis-
tantiel10ment choix,
loqu(ll ~ son tour s'~!ffirm~ ct sc pose
lui-L:J8r:1U 8t Gr:. r:·1ison d8 lui-u(Jl.li::: d:J.p..i3 Il ;~-~ctc qui l ' i.>xprir.1G,
noes crRons notr0 cxistcncG, ct cutt\\.~ d~-:rnier8 précède l' CSS211CC,
c'0st-~-dir8 notre; p8rsol1n~lité ori8ino.10, unique en son 8snè-
<
cu. :-],:is cu choix est un évid()nt p;-'T,;cloxu
: i l cst cl 'une p;:;rt,
Jbsolu, tot::J10111011t indCcpcl1cl"nt, puisqu'il ,"st; libriJ,
ct nous
limité pt:r la. si·cu,:,tion où nous SOLlues '.::t i l port8 toujours 2n
('1') F. J. 'l'HCm:nm,
L".• , J-'r8cis c1' histoire; ch: L1, philosophie,
Ed. Dusc16u ~t Cie; 1937,p.1059.

défic.itiv0 sur un ic16Dl <lui s'dvèr8 in,_;_cc2ssib18. ]~ibertô ct na-
turu sc trouvont ;")insi inconcili::.1.blus l..;t 11 2xp(;~riul1..cG
hUlD;";linc,
lorsqu Ion l' Qnvis~)T;(; ,'·JV,;C luciclitf), est unu 2x}!srie:nco ùo 11 é-
chec. Tout",s lus situetions ,.xiste:Etiullc:s sont conflictu011Gs.
Vélan humuin vers 18 bonheur [èboutit tôt ou tard à la mort,
lu. communicution i:J.V\\]C ~:utrui et 11 ~~~mour lui--00ïllG clGtlS ses plus
bellus rÉ:LlSsi tes n r uxc lucmt p'IS IGS conflits Gt l,,,s i ncor.1pré-
t [
:
i l f~ut l'accueillir hum1)lo~I~~nt ct llaioer CO~Ule un2 r&v6-
I l
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c.,~ -n.--
c~,~--'_·) 1'\\1"
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J.oc- .-~~.,..., U'l' rf:.··)ll~ err'ln
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d8ur spir:Ltue'lle qui pre'nè', une Jon:10 nettuuc.;nt c~:tholic]uc CJ.vuc
G. [·;cU'cul.
j,dvers;üre: résolu du r"tionnc.lismG :ct Ge toute philo-
sophi0 du cot.;ito désince-rn6,
l,'autour du IIJou:rn,31 mÔt{;.~physiquc'l
(1927) ant:cnd philosophur sur l'axist~nc() hum;line, à In~u011e
i l veut re:stitu:cr "son poids onto10:.;iquc;".
Bi un sûr, la. recher-
ch.:; philosophique' dG G. ['1:orcG1 " été t0L12n'20 dès 1:] Gébut vers
un\\:.; 61ucid;~:ltion dl:; c(; qu 1 OE r:.o!'tlto.i.) commun81Et::nt "Gxist~ncu de
dOVG.i'c ou non adoottI'[j l'exist,mcu do IJi;~u, il p0nsa qu 1 il
f~llsit d'abord 6c1aircir le: s~ns du Dot Gxistonc0. Car 1& so-
1ution Cl" C2S prob1èmüs fondê~oent3ux, qui sont, p= définition,
r(;lo.tifs à une: ;~xist(;nc(;
et we:.tt8nt en jeu mon existencG,
ne
p8ut sc conc0voir que d,ms lu c:',c1ru cl r uno philosophi0 concrèto.
L'aJ:lbition de G;j,bric;l H.-;rcel d. ~:tè d r ~:lDboror une "philosophiu

?6 -
qui pourrait TI' Ctrc,
COïi!ï:le
t;~~lyi:; dl '.:.utr....:s sYStèC1èS, '"lu 1 un~ àoctri-
no 3bs~rDit,' ou une th60ric sur l'exist"ncc,. Il pOllI'r,;it donc
p;JSS2r pour un philoso1)h0 typiqLh~r.~:::nt '2xiste:ntialistc ct
pour l'initioteur de l'8xistentiulisill8 frdnç,~is, biLn qu'il ait
Il Y fnit valoir les cr8nds th~nJ0S ~0 SR philosophi~ d~ l'uxis-
tcncu
: C,-:S thèu8S trouvL:nt l.:;ur ;·..ppui sur un principe fondaucn-
s~:nloir que;
Ille choix libr'2 dl uno èL;:stin{.:(: qu.i constituo notre
existenco hUffi:linc ~uth8ntiau0 consisto &dire
'oui'
à Di\\:)i.l Cü:tl;ü2 ~'l ln. SouvuI'Dinc.: Qxist~~nce pcr-
sonnùlla (18
IToi l
chsolu) p;~r qui 3'~xpliquu tout
suprGme ou
p\\"lrticipôc,
ost un Ujstèr2 qui éch;_;PJ)8 à la problé-
ma.tique int;\\..-;llGctuGllc et ni ost acc...:ssiblo qu'au
rucuoilh'GI0nt"
(1)
'1':.,11(; ,"st bien l ' 8xpôriunc0 pruJ:1ièrc qui s' im;.osu '" touto con-
sci.Gncu h'Hn;;inc, dès qu'ullc r,~)fl&chit sur l'i)tre do son 0zis-
tcnc8
: c'ost l'expérience du reius ou de l'invocQtion, colle
du choix libre d'una des~in&e. Le refus, c'est la r6pons~ de
l' Gxisténtië:lisf:18 iJthéc.:.: Cl ui cond ui t
à Il absurde ut ;.~.u d6scspoir.
H(;pondrc
1 oui. 1
à 11 o.pp\\~l do Di0U, c' est trol1vz.:r l'existence élU-
tl1,mtiquc ; D:lis or; ne le peut que p;:œ l'invoc."1.tion, Ja prière
( 1) F J
m'IO"'-" D")
..•

.lI
nl'~"'.:'U,
./.. , Pr6cis d 1 his·toirc de l~. philosophie,
op.
cit., p.
1077.

'")CJ
-
1- (
ontologique ~n ses deux r6nlit6s princip.118S
: l'E"tro cxistJut
par axcollanca Dieu,
notre: ·3tr0 ';){3rsonllel
,.
constitué-] p3J' no-
tre choix libee do Di~u.
voyons Quelle p18cc cuntrolo til~nt le probl~Dc de la lib2rt~
duns los doctrines existentialistes.
Il y a â cola, sembla-t-il,
une: doubl~ rLlison. ]) 1 une P'-).I't,
GU ~ffvt;,
le princip\\:] de la prio-
r:i..té dG l' c:::::ist"'::DCO sur l'ossene\\:; conduit J fa,.ire do 1:'1 lib,,-;rtf.
lu. à2finition m0f;18 dG l'holllm;.;.
Dôrèlj~ction Gt liberté sont tor-
: Ils
Ir'hOEl-
me:; \\:;st libr-.; en t,_,.T.;.t qu 1 il est pure existcnc(;, ,j ëtL --là, ,]t,
comu\\] toI, contr'J.int cl' :Jssumor un dsstÙl qui n' 8. d' ;:cutro "ppui
quo sa d~cision 2t son choix. Bon 0SSenC(; ,;st son oGuvre, d0v0nt
lui,
et non son fonduGL;nt, on arrière: dG lui. Il cloit 11 8x istt.:r ll
son êtr(j, ploineuv:nt ct absolu~::Gnt. D' :Jutl"C pert, p3r léÎ m2:mo
gu' i l est ~lEjlYS8 ct description d 8 l' ~·:xistcncc~ concrèt0, l' 2xis-
t~ntidlisrjl\\:.; ne peut p88 ne:; pus rcncontr.')T le problèE1U de Ici li-
1).,]rté, CuT Ir;" libcrtS Cl est le lI r édu.i-t ccntra.l!l d·,-; Il existenco
P:·:T cl12,
l i~)omrn~ 'lccèdc: ;:u s·~)nti;nc;nt profond de C:) pGrsonnr.ilité
et au myst0re du son 2utono8i~. Ainsi conçoit-on lu privilège
d;:'ns lil philosophie qui lus fonCle ."
C' 2st, comI:1o nO'lS 1<; disions dU d.ébut do notr2 introduction,
dans cet esprit philosophique existentiel qu'est néo ot s'est
d' (1border <J.U cours ,'\\0 notre dissCJrt,;tion surtout ,~t aV'Jnt tout
sous son Gspect"théolo<ique"
(1).
(1) P~.lr ltth(;olo!~;iqu(;1l nous voudrions simplcj!lc.;nt sicnifier lice
qui t.::' r':Jpport à Dj.cu ,~t; au problèrn. ...:· <tu ~-;;on ·-:;:;cistoncGI!.

CHAPITRE
PREMIER
DE L'LTRE PHENOMENAL A L'ETRE NECESSAIRE

28 -
l
- L'ETRE, LA CONTINGENCE ET L'ETRE ~ECESSAIRE
Dans quelques pages célêbres du roman intitulé "La
Nausée"
Sartre livre l'essentiel de son ontologie et, pour ainsi
dire, de la cosmologie qui est celle de l'athéisme aujourd'hui à
la mode.
Avouons tout de suite qu'il n'est pas commun d'accéder
à la philosophie par la voie du roman· C'est pourtant la chance
que nous offre le philosophe-romancier avec la j,ausée. Regardons
de prês et efforçons-nous de suivre le Iléros imaginaire du roman
dans son expérience étrange, expérience qui le mit en présence
de l'Etre et de son mystère.
Antoine Roquentin, notre héros, Sl nous en croyons sa
confidence, était venu se fixer à Bouville, aprês de longues années
de voyage, avec le désir d'y travailler. S'intéressant à un per-
sonnage séduisant et louche du XVIIIe siècle, le marquis de
Rollebon, i l avait appris qu'il trouverait à la bibliothêque de
cette ville des documents nécessaires à ses recherches. Goat du
travail ou désir d'une évasion nouvelle, peu nous importe. Ce que
nous savons en tout cas, c'est que le voyageur lassé s'était chan-
gé en érudit studieux et solitaire.
solitaire, surtout, car depuis trois ans qu'il demeurait à Bouville,
i l ne s'était pas fait de relations et n'en cherchait pas. Sans
doute i l voyait la complaisante patronne du "Rendez-vous des che-
minots"(ll, mais i l jugeait sans intérêt de causer avec elle. Les
propos qui pouvaient s'échanger étaient d'une insignifiance telle
(1) J.P. SARTRE, La Nausée, Ed. Gallimard, Paris, 1938; pp.17
et 87.
~.

- 29 -
qu'ils ne laissaient aucun espoir pour un véritable dialogue.
Il en a~lait de même avec ce vieil original d'autodidacte qu'il
rencontrait souvent. L'homme, un ancien clerc d'huissier, avait
l'innocente manie de dépouiller l'un après l'autre tous les livres
de la bibliothèque en suivant consciencieusement l'ordre alphabé-
tique des auteurs ... Que faire en présence de cet étrange person-
nage sinon s'amuser de l'admiration qu'il vous porte et, pour l'en
payer, accorder à ses propos une oreille à la fois bienveillante
et distraite.
Quant aux habitués des restàurants et des cafés
qu'il fréquentait, i l les découvrait avec curiosité, notait au
passaGe le pittoresque ou le ridicule de leurs gestes et de leur
conversation, mais rien chez eux ne l'attirait particulièrement.
Ils lui étaient indifférents COmme du reste lui était indifférent
l'ensemble de la ville, mélange sans goGt de vieux et de neuf au-
quel son regard blasé ne portait qu'une lointaine attention.
Ainsi Antoine Roquentin s'était enfermé dans la solitude et le
silence et donC dans les meilleures conditions pour conduire â
bon terme son travail d'érudiction. Du moins i l le semblait.
Et pourtant le calme en lui n'était qu'apparence, une
façade.
Il Était dans les attitudes, mais pas dans l'âme. Un
curieux tourment venait, en effet, de s'abattre sur lui. Cela
avait commencé de surprise, et de la façon la plus anodine, comme
un mal sournois qui, au départ, ne révèle pas sa gravité. Des
enfants étaient à la plage et s'amusaient à jeter des cailloux
dans la mer, en essayant de faire des ricochets.
Il voulut faire
pareil, i l prit un galet, mais là s'arrêta son geste. Le galet

- 30 -
glissa de sa main, tandis qu'il cherchait à le retenir. Il avait
soudain éprouvé une sensation désagréable, une sorte d'écoeure-
ment douceâtre. Evidemment, il n'avait guère prêté attention à
la chose, et le souvenir ne lui en serait même pas resté si des
expériences renouvelant celle-là ne l'avaient plongé dans une
grande perplexité. Il avait beau essayer de se persuader du con-
traire, l'évidence s'imposait: le monde changeait autour de
lui. Sans doute c'était partout les mêmes choses, mais ces objets
prenaient, peu à peu, un aspect singulier et déroutant.
"Tout à l'heure, écrit-il dans son journal, comme
j'allais entrer dans ma chambre, je me suis arrêté
net parce que je sentais dans ma main un objet
froid qui retenait mon attention par urie sorte de
personnalité. J"ai ouvert la main et j'ai regardé,
1·'
je tenais le loquet âe la porte. Le matin à la
bibliothèque, quand l'autodidacte est venu me dire
bonjour, j'ai mis dix minutes à le reconnaitre.
.t
Je voyais un visage inconnu, à peine uu visage.
~,.
Et il Y avait sa main, comme un gros vers blanc
dans ma main. Je l'ai lâchée aussitôt et le bras
est retombé mollement.
Dans les rues, aussi, il y a une quantité de bruits
louches qui trainent ... " (1)
Jusque-là, Roquentin avait cru comme tout le monde qu'on pouvait
se servir des objets, les manier à sa guise, les prendre, les
mettre cn place, qu'ils étaient utiles et rien de plus. Mainte-
nant, il savait d'expérience que, pareils à des vivants, il
leur arrive de se charger de menaces. Vous voulez les toucher
et ils vous touchent, ils vous résistent, ils vous repoussent.
(1) J.P. SARTRE, op. cit.) pp.13-14.

- 3'1 -
Ils sont COLlFHj des ôl/~:,"ic[lts rôpugnr.intE'. -OU d.~s bGtc.:s ir:lfrtOllde:;s.
Ils vous donnent li) 11,~US~C. Rt ~ncoru, si l~ur ~~ni~r~ &tait
frt.:nch8.
F:uis non,
c';.;st sournOiSCEl(·;nt qulils vous ;:tt,·,\\.qu(:nt.
Ils ont un bon ViSdg0 singu.lii":.'l'"' \\)t, tout .3. coup, s;..rns qu 1 on. 80.-
che pourquoi,
ils c~c-vL;nnunt agr0ssi.fs. jO;..'r int"T'al tt"ncc, éJU
la menGC8 rade toujours et en 1?131~e temps l~ p~~ur ; ~GQ~ si riun
ne) doit 8.rrivul"' CO"\\ilm8 cc jour Ol~ UGe,. vr'.'.ic p'J.niquu siest 0H1P,'_:·-
ré0 de notre héros.
"Je n'~ s·.,.v~üs plus où j' ,.11 ..'h1. Jc COllrus le
long clos docks,
j0 tourrH.li ài:ns l;JG rues d\\~­
s~'rtos du qu;;rt-J.ur B8;.'.llvoisis : lus ::Jr--.isons
wG r8::-'~;:rd ~:li(:nt fuir de l;.:uL's :Y'_~u:."{ ~J1orn(;s. J ...;
,
-.'.c· ~~D~'~"l'o
_
".L
l _ , \\ ) ( . ' .
• J
~'V'C
U
c;
;~'lJgoisf~0
peut ;::rrivor.
De: Gumps cn tVl1iPS, 18 CO(;ur bat-
tant,
je f~isQis un brus~uo (terni-tour: qu'es·b-
c<:;
qui sc-: pass;_~.it (};.:ns lïlon dos? l'cut-8"cre que
ç .. cO ·;·'·'·'!lc···r·:l··t
<.1,1_1.,;
'-'
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c·l(;'~"·']·'\\r'
J.l.
_,~
'··JOl·
t.:..
ni-
'-' J,
qu;.}nd ju m8
"
r"tourl1cr;:is, tout d'un coup, Cle sê'rai t
trop
tard.
'i.',·nt (" ..k
;je pourr'ùs fix0r l",s objets,
i l nu 58 produir;~j.t rien
j'GU r'cg;~rdai8 le
pl us que j 8 pOllv:3is ~ des Pi::V88, des m;:.tisons,
d",s becs di) g,-,z ••• Il
Cl)
Hien en eff0t ne; Si..:: produisit, llléJis COI:1ï;l(;nt ll;;urait-il su a
l',)v;mcc,
ot où trouvcr un rufugê' sûr? P"ndont un cI,rto.in t8mps,
8t lumin0us2 du
qU01quv cha.so ri crG.ir:orc
; m;=.lis c'étuit illusion do Sil p~.'rt.
(1) J.F.
OP.
ci t ., pp.
1'13-114-

- ;;2 -
vous ècs ChCl"riinots • .:".dolph0 0St 2.U COElptoir. Des cliGnts COElDe
d '''~bl'
L~~. tua'"
'fO'"lt
_~J.
l
l"ll~
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_
"'rtl'
lJG
'"" (i.8
2nt~Dd la serveuse
lui poser la question rituello
1f(.~~UI<:':St-C8 qu,~ 'fOUS pronez,
[;lOIlSL,ur /.ntoine?" CI)
Or,
â CG mOill0!)t pr&cis,
ni.:'.USRO,
la s,110
Vç;~u sur lui. Irout lui d-.:vL;nt iùsupport.'.:bl.), 10s brut(;llos
d 1 :~dolphc; surtout, cos br2tullus ITl<;UV0S tout ·_ffü.c·3us qui su
"ç;,.. 8.ussi ç;; donnQ la Er; us/oc. Ou pl utôt c' Gst
rl:.:s,sens là--b;!s sur l;J Dur,
sur J.cs brctcl-
l'èS , p;J.rtout :::;'.IIt.our d,~ ~j"ioi .. :::1l8 ne: fo.it qu' un
av(;c l,; c;3.f é: , e 1 -.:st
.
E10i
quj_ suis en 'clIo"
c:~ )
lu froi(~ ~l.V2C, cl. 11 2spri t, tou.j ours l~} m31ÏlC qu-:.:stion l:-Jcinantc
pourquoi 1.~J ïLi:lUs6o et Cvt~:·::: hostilité insuppor:;,'blu d88 chOSê:S ?
Aujourd.'hui le trouble est à son cOLlb18. Hoqucntin
n1en p~ut plus. Tout ch8viro doriS S2 pauvrL~ t~t0.
Il soute hors
ù u tram\\·Jay. D0vé,-nt lui un0 grill (;:
; il 1;:1. POUSSL.:, cntre, Cl est
le j "rdin public.
Il SQ lrüsso to ,lt"r sur Ull bd.ne,
8ntro 18s
gr2nds troncs noirs, s8ul C:Il f<::e2 cLos ehos-.:s qui lui font p8ur.
Et soudJin lEI voilu S0 d~chiro, co qu'il Uttul~8it d0puis d~
(1) J.F. S'\\](TR;:ô,
OP.
eit., p.';)
(2) Ibid., pp.
:JLf.

- 33 -
IICr-l m' :.\\ COUpf~ le soui'fl __;. J-:;J,',,:.;.is :';vant ces dcr-
ni(:;rs jours j G ;1' \\:v;:~' is pr0ssunti ct.:: que voul;) i t
diro
'Gxistcr'.
J' t;~':;Ciis COi-,l~:l(:; l,.:s ..Iatres, corn~ne
C0UX
(lui sc, prorilèneent cW hord dc; 1:' [Hel' déJns
leurs habits (10 pr:i.llt\\0I:lpS.
J\\J dis;.,is cor:lTJ\\~ 0UX
'la mor GS-t v0rt8, cu. point blsnc là-haut c'~st
une mou8ttc',
Ell:.is
ju n8 s0ntGj.s Pl.~i3 QU0 Ç;3 I_:xis-
tait,
quo ln mouvttu 6tc:it ~r18
'QOU0tt~ oxis-
t2nte'
à l'ordinaire, l'0xistencB SC cachee.

Elle 0St là ~utour de nous, un llOllS, ull~ cst
nous,
on no p8ut pGS d iri..:; cL_>ux il10tS s~)ns po.I'··~
1er d \\0112 ;]t,
fi.n;jJ_\\.::d~nt') on 11":; la touche p,'J.s.
QUt-lnd .ji..J cro~"'(.Jis
y pcns---:r,
il f;.;ut croira quo
p011S81S à ri0n. J'&vuis 18 tG'I;o vi~o, ou
tout ,·.I·U"'~'(~
.
_
u '""'
un ',·,'.,o·t

d ..,~
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t~·t·,
... :
__ , ')
1--
l;
'lot
J:
''''tr'-'
- : , . . . :
• • •
Et puis voilà,
tout d'un coup c'6tait là,
C1étD.it cl~;ir C01:lIJC le jour, l';;;:x:ist __;llC0 s'f~t-:)it
c;oud:ün dévoilée II
(-1)
Plus de: doutee 1i]éJinl;,onc"nt pour )illtoine Hoquentii1. 'l'ont que nous
vivons Gn surf:lcc:.!, qU0 nous nous cop..t8ntoHs de cl;'J.s,scr los cbo-
pouvons 01121' ~t v~nir parmi les obj~ts. Ils nous Didont ut nous
r<3S3Ur8nt. Ch,.'.cun e sa nüs<;in;}.tion : 10 loqu.Jt nous ouvr·.) la
porte, 18 VGrre sc: re'll1pli t
d8 bière, 10 pipv ;:;,tt'.;l1d 18 tabac.
i'lond8 clair où tout 83t ujustéc"
bi"n ",il plrico, monel" dJS c;:wsc;s
8t dûS 8xplications, piAroil à Celui du 10 l:1é.'.théiJCl.tiquc où l' \\:,:8-
prl' t
S'~'""' "..•\\O"t
<.A.
a' l ' "'l'
V.
se. T'·,'ond,'·
. . . .
'""'
f''"'l'll'
, __1 " .
~r
'V
0 '
U
nou r0
SO"I"~
L.L, ....... .-::>
chr,z
'--' J
~ouc
L...
..:0 •
Mais qU8 l'6crrln vi0nn~ 8 so bris8r 2t les Inots ~ s'§v~nouir
nVGC IGS signific~tions des choses Gt 18urs Ilodas d'coploi,
quo
las p8tit'ès PUDUX vcloutiJ,.lS crnqudlt do p.'Jl'tout, et ,,~lors l' oxis-
(-1)
J.P. S1UtTRC,
op. cit. ,pp. 179-'IiJO

tc1l1CU 50 dévoilo 10urd8 l.'t unvrjhiss;::'n"te. ~;lle:: vi....:nt p05cr sur
nous di:: tout son Ilpoids 11 • Ell,) n'est ',q:)S,
on '_:1f~:t, (lUl.:Jlquo cho-
S0 qui S8 l:üsse p'-'l~s~r d8 loin; il rn.ut quo ça pèsu lourd sur
votr8 c;ocur CornLlG une grosse bGtc:: iRTIiobilc,
ou ;:':.1 ors ,
i l ni y C,
plus ri0n du tout. L'existcncu c'~st la r&31it0 pr~S()nt2nt son
vrai visage.
Il n'y ~ plus dG racines, du Grill~s ou de b~ncs,
ni ùe [';Jzon sur la P01OUS8, lilDis d~s G;"J.sscs grot(;squ(~S , tQtucs ,
côE.,_nt(.:s. L;:, Cior du poète, 1".. c""r qui ch;Jntc 1,.;5 10i.\\:flJC~'~S cl" Diou
qui ~xiste, Cl c'st 1;) mer ç~ui raup0 SOJS l;.~ p01licule: vertu, ID.
qui
fr::li\\:.:. Et c.l.insi do tout qu::.nd 18G décors Si (;croul,.)nt.
Lorsque 1':':8 chosc.~s l::d sSljnt tOL;b,)J.· lGur i~L;'S0..U8, lorsqu 1.Jl1cs pür-
l'hoïJï:1C: pour r8dvv(~nir ellcs~mL'r.1Gs, on p0ut s"Jul<..n:1".;nt ù.ir0 qu '21-
18S nous cnvironnc:nt • .:~;118s sont sous ;'Ioi, d\\Jrrièrc l~lOi, 8.u-des-
SU~.3 dG l:Loi. E11us n'cxi::;ont ri(;n, 011·:;s HU slirn.posènt pGS, L.'110s
sont L',.• Là Gt <10 trop, dé:bordunt tout cadru .:;t tout", l:wsure.
Le:: jardin, 18 l~)arronr..iGr c'-c 10 V ...;llbdi:J sont do trop, CQmr;10 les
1i10EleS, rien qu' -::;11c~s-m8L10s. Tout est (I.e..: trop, moi COClli18 le rus-
té:. Tous
Il nous
ôtions un tas cI 1 0x ist;;:'::nts e;ûnôs, eE.i.b::J.rrD.s-
sés c10 nous-mêt;los,
nous n' ,.;vions p:J.s lQ 1"1oin-
dre r0ison d'~tr~ là, ni les IJnS ni ].(~S Qutrùs,
ch,:}quG E..:Xist;lnt,
confus, v~<':u\\.)II1Cnt ilVluiut,
Sc scntrcL t
t~,) trop paT rr.:.pport ;tUX l.:utrcs •..
Et :T!oi -v(':ulc,
:ll,:lnzui, obscène, cligér:";nt,
bt:-lllotcJnt d2 rtlOrnos p0ns0':::s- uoi ,lussi j ' ét8.is
du trop".
Cl) J. P. Snn'H:l': ,
op.
ci t ., P .181

- 35 -
])8 trop
c'ast-~·-dir8 3';T18 cxpJ.ic~tion, ni 1:'2.ison
nous sommes d;_~.ns l"Jbsurdc. Et c'est ccl,:. l'~:bsurcJità, 12. vôri-
tr:-lble, 1;; clé de l~ l\\k·us~je. Ici il ni y U pr;.s d 1 éch~;l.:i)p3.toire,
l'obsurctit~ nlest relotion à l'ieu. Do quelque muni~re que lion
considère lEJS choses, elle est toujours Iii. Elle est fondcJmentcc-
le, elle est absolue. La racine qui me donne l'impression de cou-
1er un peu hors d'elle-même, de se nier,
i l n'est rien pOl' r~~-
port à quoi elle ne soit cbsurde. Tout est ,-;bsurc1e et l ' existen~
ce se trouve SD,ns rrJison néceSSiliI'0
: elle Gst contingente.
"L'essentiel c'est l,'.:, contingence. Je veux
dire que p"r 0..sfinition l'exist'2nce n'est
pas la nécessit&. ~xistor, c'est €tre
là,
simplement
; les existants ;]ppô.rDissent,
se
l<:issel1t rencontrer, muis on ne'peut j';.mi',is
les dôduire".
(1)
"Tout exist8nt naî.t Si'lns r,)ison,
se prolonge
par faiblesse et meurt p;;r rencontre •.•
On ne pouv:Ji t
w8iT!c p;:.:s sc; dem~ndcr dl où Çél
sort,.d.t, tout ça, ni COI'l:nCEt il se f21isai t
qu 1 il ",xistSt Uil Clonc1ll, plutôt gue rien.
Crl TI' aVuit pas de sens,
10 monde ôt;:;it pnr-
tout pr~sent, devant, deI·ri~re. Il n1y uV2it
rien en ~v_:nt lui. ;1iGn. I l n'y :'::.vait pD.S
eu de moment al). il :~}ur,~li t
pu ne pas exister.
C'I2St bien çrl qui m' irri1;ait : bien sûr i l
n' y i.lviJ,i t
rcucunc,) rD.ison pour qu 1 elle: exis-
t~t, cette larve coul~nte. Mais il n'ét~it
pas possible qu'elle n'existât p2,s".(2)
Les exist2.nts sont (~r8.tuitG et injustifi:lbles. Evidemment, il
est difficile de s'enfermer dôns purail sentiment qui, lorsqu'
on en prend conscience, nous "tourne le co·our" ct on comprend
(1)J.P.
8jRTRE,
op.cit., p. 185.
(2) Ibid., pp.WS-oISe..

- 36 -
que les philosophes ~,'il,nt eu rocours pour Eiurmonter la contingen-
ce d un @tre n~cess2i:re et cause de soi~ Mais ~et ~tre née essai-
re est inV-3Dtion de leur part ct l' échs.PPi:-:.toirc est illusoire,
"aucun 2;tre llf~C8ss~::irG 1.18 peut expliqUer
l 1 existence : lQ continGence ü'8St pas un
féiUX
semblant l
unG ;:'pp"r8nc8 qu 1 on peut dis-
siper
; c'est l'absolu, pUT conséquent la
.gr2tuit6 parfaite. Tout est gratuit, ce jar-
din, cette ville "t moi--môme."
(1)
Ainsi Si exprirauit .:"'ntoinc Hocl'ù.cntin à mesure qu '1 il
,3vançait d;:.ns sa confidence. FC.nteisil" de rOEiè>.ncier ou Grave
propos de philosoplJe?
r~ponse nG parait p2S douteuse.
A tr~;V2r's les pages du jour-
ur11 de Roquentin,
c'est bien le philosophe qut Si ir::.tc:rroge ct
qui sauduin se soumet ù l' ~;vidoncc, car 1"'--1 [éJus6e n'est pus une
expérience ct une expérience mé-
taphysique qui nous rèvslo 10 fond da l ' êtr8 et 'lui doit nous
intr'ocluiJr8 à url(; vision nouv81lG du mondo cl8S chnsos ot cles hom-

Ines. Bn effet, Surtre 82 trouv~ Cil pr6sencG de l'Gtre. Bien
plus, c' est Ù tr::r.v'3rs UllE) sxp{~ri'~'ncf;
p8nib18, frjitc de :peur et
dG dégoût,
que Il Gtre est s;:~isi (][:ns s;~; contingence 8t S8 gr8-
tuH<§ •
"rC:aintemmt je sais
:
j'existe -le Elonde existo-
et je s:J.,is que le monde existe. C'cs-'c tout"
(2)
Le principe d8 éJartre est lcne cOl,,,,,cat;'.tion évid;,;nte
: elle ne
pr8nd quo l'0spect objectif 8xistentiel. Sartre rés~rve à cet
élspect seul l'uppeh'.tlon cl 1 ôtre; éluthentique
; il en ez:clut,
(1)
J.Po ,S ..',R'J'lm,
0,;.
cit., p. 185.
(2)
Ibid., p.·173.

- 37 -
et l'Gtre d~ l'assence de Huss8rl, et l'Gtre du moi pensant de
Dcsc~rtcs, ct l'§tre des ol)jeto pans6s do S~int Thom~s. Cette
thsorie t=st une ontologi8 qui 50] pi'opose dl étudier l'êtr8 mGL1c
du phénomène d'~xister; meis cet être ne sc distin~ue pas de
CG ph&nomène : il n'y a pas d'8utre ôtre que lui, ni r~el, ni
possible, car en dehors de l'être i l n'y a rien. Telle est,
l'évidence première qui 0 ébloui JOQn Paul Sartre comme elle
avait ébloui Farménide.
Biun entfondu, les é'.niilyses qui pr.§cèdent sc dévelop-
pent
peuvent aussi
être conduites SUT le pL,n ontologique. C'est le
domcJine qu'explore tec:.llliq uemcnt 1\\ ouvrag0 philosophique de
3:rtr8 intituH, L'Etre ct le Na,;,nj; :::V8C pour sous-titre
: Esscü
d'ontologie phénoménolOGique. Pour notr8 athée cn effet, le
monde est constitué pcr d0S choses inertes, des objets. Ces cho-
ses sont C0 qu'elles sont et rien de plus. Elles sont là, tout
simplement, comme ompêtrécs 8t ,)mp?JtC-,es cl 1 elles-mêmes. C'est ce
que [-3artre nomme 111 1 Gu-soil!. Cet &trc coïncide tellement r:~vec
soi,
il est tellCli18nt présent à soi que le soi disI,,"rClît, pour
laisser le pl~ce à l'identité absolue.
''l';;üs l'être: n'est p5S rapport à soi,
i l J s t
soi. Il ost une immanence qui ne peut pus sc
ré21 iser,
une ;"Ifirmation qui ne'peut pD.S s' ~if­
[irmer,
une 5ctivit8 qui no peut pus agir,
P ~'~rce qU'l' l
t
At' n
.
A.
Il
~_
_
cs
empa e ~G SOl-m8me
.
( 1) J. "
C' -, R'l" ne
• .1:.
IJ.'::..1.
l'l-ü,
L'c;trc' et 10 Né;,nt, :;;d. Géülim=d, PaTis,
lC)47;,
p.
7;2.

- 38 -
IlSi l'êtrc;
0St
en soi CGl,] siGnifie qu'il nu ren-
voie pes â soi, cornille le consci0nce (de) soi:
ce soi,
il l'est.
Il l'est ~u point que lB r~­
flexion pcrp~tuelle qui constitue le soi se fond
en une identit&. C'est pourquoi l'Ctrc est nu
fond,
per délà le soi et notre première formule
ne peut l1tre qu'une approximation due .:lUX néces-
sités du langllge. En fait,
l'Gtre est opaque à
lui-même précis&ment parce qu'il est rempli de
lui-mGmo. C'est ce que nous exprimerons mieux
en disant QUG l'[jtre est co qu'il est."
(1)
En fixant son attention sur l'Otre de l'existencu, on constate
qu'il est le même portout et en::.;lobu tout
: l ' 8xistcnc'J dc c,~tte
racine,
de cette mouette, doce pommiur cm fleur et du Ch,è.cun de
12urs :lSpctcs,
ce n' 0St quo 1l.1ur Ëtrl: dl exist(;r
rion n0 le
distinguo,
i l est uniqu," ut il ne lui ml,mquc rien;
i l 0St tout
en acte snns possibilit6, massif, sons fissure et per le fait
aussi,
i l est toujours le mGmc,
immuable comme tel.
IILs pGnsE:1.:: modsrn0,
écrit ~~0.rtrc, 2. r6t.-...lisé
un progrès considérable en réduisant l'exis-
tent à ID sériE: dos c.'.PP;:JrcncGs <:lui IG !il2.nifes-
tent.
On vis2it par là à supprimur un certain
nombre de dualismes qui umborrassuiont la phi-
losophie et à los remplocur par le monisme du
phénomène".
(2)
L'ontologie du Sartro, répondant donc oux uxigences modernes
sr 8.rrGt8ra aux phénomènùs.
On reconnaît élisémont dc;.ns C8tt;; dé-
marcho,
18 principe de Eussd'l m0tt;,nt il 10 bas8 do l'infu.illi-
ble v~rité la phénomène P,-'T oxc,üluncG
cc qui sa rnilnifGst~
avec une évidence 2podictiquo commo étant CG qu'il est. Muis au
( 1) J '1-'
•..•
" 'U,o'I'R'"
~:>~. l
.l...J,
L' '..'~ .'
~uro...:
ot le Néunt,
p.33 .
(2) Ibid., p. 11.

- 39 -
1 ·
~
10U
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1 8
d
pren ra un
I
ss vn
t
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esseu
'11'
' l I ' ~
10
_b
Il
, . t '
(~e~Crni;
e
verl 8,
3DTtre le: pr8nd dans Sc'. r';é,li t·, 2xistenti.o1L"
telle que nous
1<1 const:J.tons ·~n n' import8 quu11e; intui.tion int,,110ctuelle (;;".\\C-
temunt observ&e. Car d:J.ns notre première intuition do l'Gtre,
il Y [,'. :'t 10. fois,
non SOu101,,;,nt 10, vi::;ion quCo: "tout ûtre 8St
ce qu'il cs-tIr
(1'2sscnc0 6teru0118 de aussarl), Qcis nussi qu'il
y (] llun ~tr8 qui ,:;:;CistC!l et normo.loffiGnt, un ~tr(] concrot sèn~:)i-
bh: d'é'.bord
(l'ospect oxist8nti(;1 vu p2r S':rtr8) ct mûm8, du
moins d8 façon implicit8, le constctotion que nous ~xistons.
Bi0n plu.s, ChèZ SaTtre,
il n'est question ni de: substance,
ni
6.8 puissilncc,
ni mûrne dl USS8tlCe, du moins t.:.:ll& qu'en l'entend
,
, .
l '
.
1"
a un~ me~aplyslqUG QnC10UU8,
~
~es
SQ
sont ~croul&os CV2C cettG
d8rni~re. Zn outre, 10 dualisme de l'Gtre et du p2r~itre, da
l'int8rieur et do l'extérieur, du c10hors 0t du d~dQns ne s:J.ur2it
non plus trouV8r droit d~~ cit~ an ~hilosophiG.
1111 n'y Cl plus Cl'0Xt8I:icill' cl8 l'èxist.:.1 nt,
si
l'on entend p~r là une pe~u superficielle qui
dissimult';T,J.it aux rc:gnrds l~t vérit;:.~ble notu-
re do l'objet. Et cette vêrit~ble nature, à
son tour, si ull" n.oit Gtrc Iv rGc'.lit,0 secrète
de: lêl chose, qu'on peut pr0ssentir ou Suppos8r
m"is j:,I;lr.'is éltt,:inêrè' p:"rcu CiU' (;11'; est
'inté-
l'I'','llr:·,1
_
'-'
,;l-~ l'obJ·-~·1--
l v L
con~I'(''''I''
~
>.:>
!,-,
C,
n i ;
'C'·t--
LX1~,\\";
p~,-··.s llon
-
_
pl us . .Lvs ::.pp:;ritions qui E12,nif estent l ' é'XÜ;-
tant ne sont ni int6ri0uros ni cxt&rioures
:
el18s se v:l1cnt tout0s, 8110s l'cnvoi~nt tou-
tas â dfDu'~rcs ;~pp;~ri·tiQns 0t ~ucun0 d'allos
nI ~;st pri~.rilér;i'~:crr. (1)

-
ltO -
L2 notion (lI"; substr:;nce c::st à ::loé-:ndonn":::T, lrla.is, CIVUC 011e, celle
;:'l.ussi de puissance I2t d'uctc, chèrt.: il .tristoti.:; et à s~s fidèles.
J:;llG (:st sons ob,jet f.:t nû :L,épand El rien. LI (;trli cst s;~~ns possi-
bilit{ ni énergie.
"Ce: qu'il Gst·,
i l l'ust absolument,
c:;œ i l Sl)
dévoile: commo i l
"
,
t
8S. L 2 p~Gnomenc peut être
étudiô ct décrit 'Gn t,).nt C1U-3
.
tel , car il Gst
c:bsolucnent indic2tif de lui·-m0mo. Du ffi:JffiC coup
V" tO·II:b"r 1:; c1udli té de 1,1 puiss2ncc et de: l' :;'.c-
te. Tout Gst Gcte. Derri~ru l'acte: il n'y n ni
puiss~)ncc:, ni 'exir3', ni v\\..;rtu r;. (fI)
Qu~nt à l'essuncG, on peut ~n G !rd0r le ·tormb si l'on veut, mais
à condition dü s:).voir l'10nt0ndru.
Il nu s"'i:,;it p3S dG désignor
pOT là un 3.u-delà dus 3.Pl'::œencei3,
un inte:lli l>;ib18 dont notre in-
te:llig8ncc S8 saisirait Gn le dôg~geant de l'8xpériuncc. L'es-
sonee n'est pas une sort", de v8rtu c,Jché8 c.u creux éte l'"xisté.nt.
Elle n'est pc:'.s il l ' ,~.rrièr2 d8s ffianife:stations de la chose, ffi,ÜS
bien 12. r3.ison de C8S Cl'·niL.st::tions, leur loi. Elle est û.ppo-
rcncc elle cussi. De fait
1l118.ly)"r-'DC'"
"
1:.'_\\- \\--.-
C
ne cc_":"lchu
.
""""-·S
lJ':)
] . '·SC(·I·'C"
l.;
u )
',.:..,
'J
...)
_ l"
c
1;;. révèlo
: 811e ost l'Gssot1cco. oL"-.insi l'Gtr8
ph&nom~n?11 sc manifeste, il msnifestu son
essence aussi bi~n quo son 8xist~ncG et il
n'ost.rien que l~ sbrie bien li~e de ces mani-
festntions . . .
L'cnscffiblo
'objet-essence'
f~it
un tout org;~nis~ : l'esseDce n'est pllS dGTIS
l'objet,
elle est le sens de l'obj~t, 10 rci-
son do 1:) sôric; d' ;;ppcocritions qui le dévoi-
lent".
(2)
(1) J.P. SfJ{'l'ilE,
op. cit., p.12.
(2) Ibid., p.12-15

- 41 -
Ainsi, i l n'ost ri on Gu-del~ dus phénomènos ut il faut faire
table rase des entitôs m&tc.physiquus.
Ni0tzschG ,~.v8.it dénoncé
avec vigueur l'illusion dos
r ccrrière-mondus'
Sertre pcnsG
qu'il n'y 8. plus à y H;vunir : lél conelecmn:::tion est sc,ns appeL
Il nous reste cupenelant une dernière qUCcstion à po-
tion ~ poser : ~ut être clont nous parla Sartre, quulle ost son
originu promièr~ ?
Di8u, disant les théolo[';ièms, ct ,~v"'c uux pc.s C121 d,) philosophus,
ourcit fuit le monele ux nihilo, C'è:st-~-dir8 de rLm. },insi
s'uxpliqu8r,:'.it 10 surgissomont du monde.
~'!nis SGrtru, sur co
point non plus no se lé;isse convaincre. Dl; deux choses l' Lmo. Ou
bion l'Gtru créé sero. dépund::,nt du son créélteur, imillancmt il la
consciencu divine,
un mode de catt8 conscienc8. M:::is DIors il
n'i"Urn po.s d' 0xistencu obj ucti Vi;.
OU bien l'êtro sc;rn.i t
son
propro support, son propre foncJor,wnt ot p~Q' conséquent, coupé
du créateur.
liEn un ITlot, rnGm8 s'il avait &t~ cr0&, ItGtra-en-
soi surè.it in~xplicé'.blo par le créCltion, car
i l repnmd son ôtra pC:.r delà cello-c1. Celo.
équiv2ut à dire qUi: l'Gtre ost incréé".(1)
Ainsi dans un cas comml; dens l'autru, l'hypothèse de la création
ost un rucours inutilu. Ellu n r ~lpport8 ,c:ucune uxplicution. Ou
l' Gtre est ind.~p:md<:'nt do Dieu ou il n' c;xisto pilS. Toutefois il
ne: peut non plus so créor lui-mGlll". Pour Gtrc; C:Hlse do soi,
il
f2.udr~'it êtr8 ~mtérL-,ur à soi, cc qui est vr:;iment impcnsnblc.
La seule affirmation acceptable est bian donc colle-ci: l'6trc
est,
il est son propru support,
il cst soi.
Il n'ost ni activité
ni p.c:ssivité ct n';,. c'.ucuœrcl:o.tion "\\voc les c;utrcs. Il est
(1) J.V. S~nTRE, op.cit., p.32.

- 42 -
SéènS r ..'.pport ct pé r
conséquent isolé, immobile;, u.u-c'ülè du d8v0-
nir (~t du tJmps.
"Il "st lui-mGmG inciéfinim,)nt ut il s' épuisG
à l'3tru. D~ cc point dG vu" nous verrons plus
tard qu' il nch~lPI'C il 10 tu,,,poTéllité. Il Qst, ct
quand il s' l:ffondru on D" puut mGme ps.s dire
qu'il n'0st plus .•. Il Gst ct à prés"nt d'outres
Ctrcs sont: voilà tout".
(1)
Dons ces conditions,
il "st clo.ir que l ' Ctru D" pGut dériver de
.
. d '
.
rl~n,
Dl
II neccss;:~lr~,
ni du possible,
ni d'un D.utre GXistC1.nt.
La conclusion qui s'imposo ost donc c011G-ci : l'3tru.Gst snns
rc:ison, s,,:ns C;JUS", s:..'ns 0xplic'<tion : siilipl,Jir"nt il est. '~éi.:.lj.-
s8nt sous S[: form~ la plus forte l'id2ntit&, il \\3St soi ou, pour
r"prë:ndru lu Lll1g2.g0 dG li; !'busôc, il Gst continGunt, c.bsurde,
sGns significilt ion.
"Incréé, Sé'.DS r,üson d' Gtre, s:.cns r,.~pport
t
ht
l' h~
.
.
t
d
t
l' •.,.
2,ucun [-:.V(;C un ;::~.U r0 \\_' r-..;,
....:: L.rrU-L;n-sül ~S
(-j
rop pour
c uc::r-
nit é" . (.'::)
Nous voici à ,;Jr.:'s0nt SGuls d0vo.nt l ' Gtrc nu ct phéno-
ménal de S~rtr0. L'Gtrc, nous l'avons vu, est l'"n-soi, op~qUG
üt iTIussif,
un,.) m::;uièr8
c':Jorphc'. ct indiff,§rcctG cl' être.
o commoncé po.r une intuition que nous croyons 'Juth,,;ntiquc. L'G-
vide, uno co.t(~soric ;~,.b~)trDite, p',;rm(;ttnnt de pODsor l' a..pp<:1rcncc:.
logiqu<:.:, ni 1(; psc;udo-Gtre dé: lé,. pS0udo-logiquG" (3), ni l' :JtrG
('1) J .1'. SLH'l'IŒ, op. cit., p.
)i,
(2) Ibid.
0) J. M:mIThIN, S"pt luçons sur l'.:tr,c, Pccris, s.d.,p.52.

1...:: fond commun où tout pr'-.Jnd vio,
l ' GXi,~3t(:nc-:.:: toujours G:t par-
tout sans limite.
l'kois ;:10r8 l'illumin;.:.tion cl ont S,.'Ttr" ':'SS;Ü0, p2r lu lé'.ngé:go 10
p10s expressif, de nous communiquur l'(~xp&rioncJ,d6bouchc sou-
d(lin sur un\\.:: r~occB.blant2 v~~ri tf~. CI l::st unG \\.Jxtn.sc, m;:~ois un(,' ux-
teLSi.:: vors le bc~s. Nous sommas d8vnnt des mc.sSGS monstru2us,js st
molLis, d'une, 0ffrr;yc'nt,; ;;t ob,scèm'·lludit6.l'out "st là so.ns mo-
t i f ,
sc'ns point d0 r1o:père,
S:':lns
riun à quoi un2 pensée raison-
n2blu puisse s'2ccrochur. L2 vi" dovi~nt 2lors horrib12
: clIo
prolif~r0 ou V&gèt0 d~ [~çon ::.bsurdu. D~ ].'Gtr~ ainsi d~sign&,
nous n2 pouvons rien r1iro snuf qulil ~st.
QU0 dir" d'un", t"llo ontolof~i;; si Cu n , ,C'~
0
o.' ,-'
U
qu'cIl.:. vous intrigue
sun,s vous séduire:
! Llontologi..:.: s;-).rtricnno n....:: s·jr:-l donc pas un
sé:voir. Ell,,; nu cherch"Tu. p,',s '" l;xpliqlkr, puisqu:J l ' intuition
nous ~ mis ~n fece d0 l'absurdo, un fac0 dlun donn& brut qui
n'<:... aucun.:.: significzo-:tion ct qui n,:; j)0ut en i~voir :J_UCun8. Elle.:
s 'l'n ti0ndr", silnplvITknt à 1;: descrintion d"s phénomènes. Décri-
0.bsurdo.
Bien sûr,
nous n' nvons l'ion il rc:prochc;r il une
telle
ontologie: phénoménoloE;iquu,
un" ontologi;) qui sv vvut ré<:'.listG
et 0xist;;ntiêllu, biun qu'oilu nous découvru l'~tr2 sous son
jour 10 plus noir "t 1..; plus obscèn(;. L,j r'cgr"tt'.cblc: ,..:st gUE;
Sartr0 S8 soit o.rrGté aux phénomènvs, il. l' cxist::.nt phénomén:.. l.
Un" t"ll..; démnrch..;, "t il
b~soin d~ 10 diru,
ne
Pl;Ut nous conc1uiriJ à l' ~::.ffirmrotion d.e Dieu, celui-ci nT étant
Po.s un phénomènu. Par uill..:urs,
il ~st tout à fnit curiaux du

-
44· -
r8m;u'qu0r quo, p2rt:'}nt d \\.:5 phÉ~nolIJ(~nL;s, notre philo~30ph0 v2uillc
comp~roblu i
celle d'un homm0 qui veut, SDns savoir cu qu'il
vc;ut. Son vouloir n'e; "lors d ','lutr'~ objet que IG vouloir lui-
ulêmo -ce qui est ir.lp,ms,-:bl",- tout comr,w 10, r0chcrch", d'un Diou-
ph~nomènB n'~ d'uutro objet que la ph~nomène, c'ust-â-dirc lu
vide,
ou si l'on préfère, cotto recherche n'a pns d'objet.
Lorsqu'on veut porler de TIiou, on doit se plecer sur un plen
autre quo celui des ph~nomênos. On peut touJours p~rtir des ph&-
nOQ~n~s ·tout 8n such2nt que Diou l~st ~u-(t~l~.
Il ,;st â not,or quo 1", sc'ntimunt obsédant, p,;rfois tc'r-
cation d2 11 G:trc:, 0st lié chez G;::rtrc è. l'idé:(: dL: contingence
"Il Y cl dus gens,
je, crois,
qui ont l:ompris ça.
S0ul(;l!lc:nt ils ont \\..:SSD~lé (11..:: surrllontiJr cL:tte
continglCncc: ...:-l1 inv\\..,nt:~nt un ~tr(: néccss~].irc: c;:.u-
d
.
0
..... .J
r .
t
S8
'" SOl.
r,
-,'ucun c'cr·) lwcess,"lro nG puu
justifier 11 c:xi.st.::ncl:
: l,'.', conting;.;ncc ni ost
po-s un L;ux sombLJnt,
une ,c'PP'T8DC2 qu'on pGut
dissiper;
c' Gst l ' "bsolu, per cons,',qu"nt L::,
[!;r;,tuitô pé:,rl':üto".
(1)
Nous ;~c1r:l(;ttons ;_:vec ~~:'.rtr2 que 1(..8 -.:xist':2nts sont conting8nts,
qu'ils n'ont pécS (jn eux-;n~mes lc'ur r,,,,ison d'~tr0, qu'on les :L'2n-
contre 0t qu'on n-.: 18s dôduit p,JS, d0 Gort,--; yU;'': l,'::, contingL:llCe
ni L,°st P,:l.S un f~~,ux s-..:mbli)nt , uno 2.pp;~~roncL: qu'on puisse dissipur.
I·.'!ais ;-,:,lors SI r:'.utoris-:..:r l~ p,~rtir dL: Cl.:ttC ,?ssertion pour nier
~t ,:>.
,~
'--' n:"c'-C'C:'-'l"r'
. ,:", L, ..J ..J' '.
'-.:
,
c' ·.ct
L,,;,)
l ' uxpéri0nc0. ::;;t ici ,~ffirm2r nu s uIfi t p':S' SErtr(j procède
(-1) J. P. S Ll~'.[,HE) L2 N,-;l us 6 (;, op. ci t ., p. 185.

- Lj5 -
p~r offirmations c~t~goriqu~s:t tranch::nti:s qui, non justifi8es,
r>0st8nt aussi continz\\'~·nt0s que 108 cxist:~.nts. i~n ft;is'?,nt appel
prétend piCS pour iluti.i.nt surmont'cr 12 conting0ncCl. Cc;llCl-ci S0
trouve comm0 le point d'appui vors l'absolu. Le lU0ur &blouissun-
tG d0 lu contingünc0 oriontc l'~sprit sur 10 chemin do la sourcu.
CDT la possibilité d' un~ d&m:::rchu métaphysique Vérs l' 2.bsolu
d épand d'une appr6h0nsion de la. conting~pce à l' int2ri'2ur de: l' ;,p-
préh8nsion de l'atro. L'uxist~nc0 du monde qui n0 sc suffit p~s,
.'Jtteste: h'lut'cme:nt l ' Gxist"nc8 d'un J.utr0. Lié- s,~isi0 do l'atrl; "t
do 12 contingunce: nous porte irrésistibl"ülGnt vers 1;, discGrno-
Lk:nt cL:: IL:, prés-Jnce él 1 un GtI'~ néc,Jssc_irl~. L' o.uth'..;nt iqu".:: Gxpéri(;n-
cu de ID. conting"ncG s'inscrit doms l' ,-,xpt;ri~nco cl' un 3tre .~bsolu,
"t c'ust C8t atrc quu nous apP010ns Dieu.
Il 'Jst il p0inc bé:soin de dir0 que d,~ns CiOtto vision
d0S C\\10S0S, pour cOr:Jprondr(, l ' 0xist:.'nt,
il f:)w'lr,üt .)voir recours
à le cré~tion. Or S~rtr0 n'y voit pAS unu solution. Il c évoqué
C",tté hypothèse, m,ùs l ' c' rejl;t6e tout .:cussi vit""
1.-,. jug.:>,.:nt
parfnit8m~nt inutilu, mnm~ si ~!llG &t0.it possible. Nous connais-
sons le d il."mm·;::.
"Une cr&.J.tion cJX nihilo ne p,-,ut ,-,xpliqu~r l~
surgissuGlunt de l'~tr~ c~~r si It6tr,~ ,]st conçu
dans una SUbj2Ctivit&, fQt-ello divino,
il
domauro un modo d'être: intrc:.subjectif.
Il no
scur;::it y ,::voir,
dcns c8tte subj.)ctivité, m3!J1o
la r0pr~s0ntation d'una obj~ctivit& et pOl'
cons6au--.::nt Gllt) nG saur.,·.:i t
1ll'0D10 S 1 ~ffcct0r do
12 volont& d~ créer do l'objl;ctif. D'ailleurs
l'3tre, .CQt-il pos6 soudoin hors du subjectif

- 1,6 -
pOl.' .L~ fulguri,tj.on dont pnrlu L~ibni~, il no
pout Si (}ffirml..Jr comr:10
~tr0 qu '0Ylv..::rs 0t contre:,
son créateur, sinon i l s~ fond un l u i : IG
theoriu du ln cr&~tion continuée, 0n 8tont â
l' 2tr,,) C\\1 qu-.:. l~)s :'.110mt'nds ::~pp\\]ll\\;nt 10. "sc lb-
st;)ndig\\kit",
lu f~it s' év;:nouir duns L.: sub-
j8ctivitf; divin~. Si l'~tr,; ~:xist8 un fuc", de
Diou, c'ust qu'il ost son propr~ support, C'Gst
qu'il n0 consarVG pes la moindru trDc~ du IG
création divinu. En un Qat, m~m~ s'il ~vcit été
criié, l ' :;tr<è-",n-soi sicr,ci t
i n,J';,plic,:,blG pr-r l'!
cr/);!tion); C3r i l r0pr8nd son Gtr8 per de:là
c011~-ci. Cela 6quiv~ut à dir0 que l'3-trc ust
incréé".
(1)
solution eu problèm0. r~110 nous 1,-~.iss\\::rDit dénunis,
8;;n8
le,
moindrGpossibilité d'u),:plic,"tion d0vnnt l"
conting"ncu,
qui ost
bi"n l ' é,bsolu e:t 10 Er'Jtui té p,:œf:'.i te:;. Tout,"fois, pour c1CCé:ptur
c"lo, fGudrai t - i l qUé: le: cr6"tion fût C0 gUé: S,crtrè nous (;n dit;
ct i l ost bi~n difficil;' do l~ croire:.
En L.:ffct,
on ni':; voit p,-.IS qu'un i"':tr'.:: créé'. pUiSS0 ~tri,j indép0nd:::.nt
dé: son Cré,~t...:ur é:t d8v...:nir son JJI'opr,) fondo\\n,;nt. Le. crée.tion ~x
nihilo,
nous p,]\\1sons, doit ::tr" compris comme: 1.; don élu l'Gxis-
participur â la Vic.
Il é:st ~bsurélo d'imo~in2r qu'uns créature
p l 'J'SS
J . .
L ; (1
.
-nl'r
\\JVc:
1 0 f a nl
(..:;rilvnt
d 0 son ~t
~
Tv
'
;-).pres
"
é'.volr t
e '
e
"
cre8~.
Ellé: ost cr~6e â tout moment du son oxistonc", CB qui signifie
(1) J.P. ,S:R'rIŒ, I,'i~tre ~t le Né:; nt , op. cit., pp.31-32.

-
Lf7
-
néc0ss.:Üre non continp;ult ni ;.bsurd", un t"l c,tr", ".st Di"u. Et
Dieu ne dovi.)nt PC.5,
il .)st.
divinu. La. notion du création n'imolique pOB qu'il y ;üt, pE;I h,
Cr8Jt0ür, cOl-a~;luniceJ;ion dG son ·...:xistvnce, comnh: 10 supposu 18
pnnthéismc:. Dans l'hypothàso da S!œtrG, la cré:)tura n~ S8 dis~in-
confond ni no S0 fond.'v.cc s,; créo.t'-lru. Son 0xist"nce: ost incoQ-
munici'bL"
E12is il L>it (;Xist0r los cr6oturc:s C!E1Cllne à ss mc.-
ni~rb ct sulon ses possibilités. Chocune donc 2 son e:xistencc
propro,
eX-.;T'Ce l' cet;.:; d' :}tr8, don-c Diç'u \\Jst lé! source.
Et IG mondu n~ C(;SS0 ]ns pour nut ..'nt Cl' Ctra continl;.;nt. Il faut
!Tl:3m-:.; c1iru qUt:,
non s-.;;u10r;:0nt le crp;,:::tion T2['jpi..-;Ct(; 10. contingonce,
mU.is ,mcor,; 'lU' ul10 li' fonde Gt l ' expliqu0. Si l'on pert du mon-
dé .ct d;~ sa contine;cnC0,
on trolJv..;, pel" une: i:nalysG rigoureuse:
ct
Dii.:.:U,
CCiIiii1;;
l..::ur
0t lClJr source. Diou,
Etr0 nf.:cossvirL:,
1.....: fond"""fj1·.,-nt ét--.:s fondi...:Givnts,
r"Jst8 ,'insi l'ul-
timo explic0tion do la Vi..;.

- 48 -
II ~ LA i'1!.UVAI~m 1"01 ;;:T LA "FOI"
dc::rrièrc d~';s bn.rrièrus clu protuction ou 0n cli.Grch::;nt d·-.::s GXcusos.
La nauvais0 foi ost l'inouthonticitb. ElIs est 10 fuite du Cu
qUe' l'on CèSt
j
r",i'us de' l'ilUthcnticit2, P'.IT évasion 8.clnS cc qui
EGS
C].;.illS
108
circonstur.CGS.
!TriCS circonst:.;ncl.;s ont ôts contr2 moi,
je 112-
lais bucucoup mi2ux quo cu que j ' a i f·t·,~ .
-
, bü;n
'
sûr,
j:..;
n':;.i Po.s 0U d(j f;rflnc1 C.i.lùOUr,
t.'w.is
c1c:st
p2rc0 que; j(j 11' ai p;__:s ~:,,";';ncolltI'6 un l10DilC ou
une;; f8LJïk qui fusssnt dignûs .•. Sont resté\\Js donc,
chez rr:oi,
ini.:,,',ployéos ct e:ntièrc)l;;ont vL...blus
une foule de dispositions, d'inclinctions, de
possibj.lit,~s qui f,)l: donn;.;nt une V~.lUU1' que 12.
.
l
, .
Slmp
L:
Si::;TJ.l.;..'
d(:
l:"lCS
Tulle Gst le description quo Si'rtru nous donn~ d'un nspoct de
notion de meuveis0 fo:i. l'ic1éL de.:.: iü0nsongc 5::;n5 U10nt(;Lrr' 11
(2).
Explication dl ,.. ill13urs ins;jtisf:,.'.is;.:nto. 110 scule- f;~~(;on, ponSG
iiH..·;11 do
duux conduites qui lui pnrA.iss~nt p:.';rticulièroment sigr:r.i-
fica..tiV()G.
(/1) L'Existenti:-:;.lisr:1ê c..;st un hUi,);:lnisDc,
op.cit., p.
55-;)6.
(2) L':~tre et le U~ant, op. cit., p. gO.

- LJ9 -
FrCTlons cI' ;;--ibor6
UD.:.: f(-;~Y;;,,-,'
qui oC... 1 est ro...;nc1u(; à SOl1 prG-
r~i0r r\\.jl1duz-vous.
"Ell-:- s,:,it fort bi-:-u l(;s intd1tions cl1k l ' hODiik
qui lui p;3rle: nourrit à son 6g~;rdll ('1).
ct qu' clIo ,:-;urn. bi",l1.tôt UE-.j (jécision a prendre.
M~,is pour l'instant
11 clIc
s' :~tt(_~chc sc:ulor:1Gnt à cc qu 1 offr,-: d0
r8sp~c·tu~ux 0'~ do discr~t llattitudc do son
p8rtGn.J.:L!,~;11 (.~)
D~IC'
.
non plus d'un rospuct
'~.'-'
qui ne s~roit qU0 rusp~ct.
1111 f,·,'.ut pour Ir: sE::.tisf'."iir8,
un s,~;ntir.:,-,llt qui
sl8dr~ss0 tout ~n-bi~r A s;; p~rsonn~ cl~st-J­
(tire 8. sa libcrtù plf;nièr,,;11
(3)
llElli..: n(, Sl";11 :~.pcrçoit
p.'s pê:rc:-; qu 1 i l so trou-
v--.; p ..'r h',:S;,i'cl
0u',:...11·~ c:st, à C8 raOj~h:;nt, tout
,~:sp:C'it. Ji~llo -..:l"ltr:.-în:...,' S0rJ intcrlocut~·;u:r jus-
qu' r.',UX rf::gions ll_.s j":·IL1s /:I,_~v~:l:S do IrJ spécuIo.-
tian s~ntiG~nt;;l.j, ~ll~ I)~_lrl~ de lu -vic, d0
S8 vi..;,
l"llc Si:: ~':lantrL:
sous son ;~~.S~)0C-t.ï ()sscn-
tiel
:
une; purSOnnl),
c_ne; conscioncG. Et p0ndi-~nt
CG t0mps, I~ divorcl) du corps ~t de l'a~o ust
~cCOQpli ; la ffif}in repose in0rtc bntru I~s
L.12ins dt.; son p;::,rt8noirc'
: ni consunt }Dt0 ni ré-
sist2nt~ -ll~0 CllOS~. Nous dirons QU8 cutte
fOrJL1(.; est d2 D8uv:__ Lis..; foi ll
(4)
(1) :(,';:;tr" ct le Né"YJt 1 on.ci.t., p. ')LJ-
( 2 )
lb id ., p • ()"-~
0) Ibid.
(LJ.) Ibid., p. S'J.

- 50 -
refuse l'opinion quo l'on so fait d~ lui. Il nracc~pte pas d'5-
tr8 c81ui qu.:: son \\..:ntour;:;[~>:: ~10ntI'O d li doiGt. 8~ns doute: il ;-'
t~t& h02os0xu01 mais il ne l'ost pas. Il n~ l'ust pos à l~ n'~I_
nièrE:: cl' U1l8 chose,
COr~l!;îÜ unu pi0rrc; é:st un.:: pi,.;rr0. Il -...:st 1i-
. bre ,
c'ost-à-diro au-delà de toutes les dâfinitions oa on es-
Sr;iL: de; l'i.;;nf\\::rcî0r.
Et i l t~ rO.ison c10 s'i:~ffirr,h~r
:}insi.
COUU0
IL: Garein du t7Huis--clos" 8ur;"it ou r;1iso~ dl,.) ri.::fus,-:r 12, réput:J-
n'avo.it p:;s 6t6 0n Gnf0r.
Un haLI'de, t;:.lnt qu'il ost viv&nt, g,~,r-
de sos possibilités d'~ccGpt~tion "t do rofus. Il pout toujours
a.dE10ttre que.: Sç,'S r:ioours soii.;nt pour lui un destin -1]2i8 son sou-
ci do se [1~ttr2 hors dlQttuintQ l'~ntr~tn0rcl hors do son l&giti-
mo refus. On 10 dit hOQosexu~l, il p~oc13~or2 qu'il no l'est
pos, d'un", f;}.çon ,-,bsolue:, définitivo.
Il uSGrC)., ::l,:is cn Bens
A
i11~:r:1..e errour ; il (;st dL: L1CUV,':~is0
foi.(1)
Deux cOll(~.uit"s donc, ne ël'.'.llv,:,.islC foi,
ct qui nous por-
te;nt au coour du problèl:le.
Ici CQ",'!li](; li\\ nous voyons 12 r8"lite-
hum::,ine sous son dOClblu aspoct
: factici tif, "t tré;nsc;;m1i-:nce.
Aspects ontologiquc;s déC la conscL;nc;;·, ch; f'Jçon 'luu l ' hommc ne
pout n" P;;lS so r8fugie:r sous l'un dFJns l' instilnt [1ê[;10 où i l
saisit l'nutro et qu'il chcrch~ à 10 fuir. Dans le CQS de la
j8Ul118
f0li;U\\.j
c' (;st l' :::f.firï!:-!tion de le. încticit& COLlue étD.ut 10.
(1) L'Etro ot le N~8nt, op. cit., p. 103 ~t ss.

- 51 -
t r;'JnSc'-~ n , 'Inc -
T'll
C~l.
I...:: •
..\\..:l
~cc n':-'-
pour ,'l' nSl' (1 l' ri',
a" t1c::.-Pl' rl'
'''';,~
~;.r- ~v,
~
'-'
......
tu<.~liscrfl,
S0S parolus ~t sus gustes du luur significDtion vruiu. Tout un
S0 sentant profondém-:nt intér,;ssô""
;;11,-, clwrchu 2, s' ignorer,
à 80 m,~ttru hors (1'.::3 évÔn,.;m.:.::nts pnrc0 qu '1)11:.:.: ne voudrD.it ni l;DS
provoquur ni lGS &vit~r. MQis ~lors ull-: ne mAnquur2 pus du
jouir do son clésir 10rsqu'elL.: r.eConn;.,îtrc. SD. 'cr'::nscundûnce;,
C'0st-à-dir0 dSTIS lu mGsur~ o~ ~llo 10 snisir~ COililnu n'~t~nt p~s
ce qu'il est.
Pour l'homosexuel qui
"~I, fréqu'jliHnunt un intolér;"bl", s8ntimunt de
culp?bilité"
(1)
le; procédé 0st invè:rsu
: la tr,"nscunr1;].nc;; ost r;}!l!vné" à l~;. fciC-
procl~ruu non-horuos2xuul, commv si d0 tQblc il pouv~it dovunir
8ncril;r.
d'lns 18 L:cticité, tous cl,eux di.:ns dus ;;p:,is~l~unts f;·cil;;s. l~vi-
i.l(;mnl.:nt,
nous Dvons d;·.lns C,)S dcJUX 'Jx0~plus Ct2S CüS individu~ls
do I~:,~UV3is0 foi, m~is il püut cussi nrriv~r qu~ ce rufus pranne
une; form~ collectivG 0t abolltit nlors :ux pirt;s oburrations.
G'é:st ,,;insi que Q:,ms des pé:YS d'2urope l'é:ntisél~litism(; ost une
condui te: COl'rl1j!Unl.;;.
Un mornunt on curait pu croiro qu'-..' l'éclhJc C:.\\..:
l ' hi tléris"l(, uv;ü t
porté un coup mort",l à un." id80logilO dont
on oV;!.it mcsurf-~ 3VUC l1orr...:ur lz)s conséqu'-Jncl,.;8 IlE:utrièr...:s. j"1:.::.is
(1) L'Etru ct lu Né~nt, op. cit., p. 10).

- 52 -
v"illsnts Sl; tré,nSrik;ttdlt d-c bouch" à or"illc;, puis, tour à
tour, d"s cl&clar8tions p2p01crdus ou viol~nt~s. ~Qns dout-c on
n0 vc. pÜ.S
Sél.UVO[;0rios
des coups de conccntrc:.tion.
vn s'en déf-cncl
r0s Qui '~mpGcheriJicmt le Juif cL: nuire: 1 cor :;.ujourd 'hui comme
hüœ on le: jugé- responsc;bl-J des DlGlh,"urs du l':Surop·". L'élntisé-
0St ri-..:n. C'Gst dd lui-m2:îrJc: '..;t du mond.0 qu'il ;] peur. CG qu'il
T\\.:Jdoutu,
Cl est
de su d.écouvrir souclc~in ,.::n i':·J.C'~ Cl 1 un mond\\..; rri;).l
l
POl
' lS
cl
s~
r- c--'onc-"10l' ] J'tf.:.
11,-
','
..:
Co,-
.'
"
\\..;
C,.
l..}
:J.
,::,:;11.'
~..:J~.
• .
-:;
,Jnb0.LS;::., 11G .....:
ct
il est vré'i qu" si 1.; J'uif n'e:xist~'it pc'.s il f;::udréüt l'inven-
industriels
europé,;ns,
ont un produit d;:: rumpL}c.~[,wnt
: 10
Nègre./qui, pour ,.lUX,
symbolisu 18 "'.::,1 d" l'humcLilitô.
Toujour's
bilit8 qu~ l'on refuse:
-toujours le m~rn0 projQc~ion ût la m31ilc
fuite. LI antisémite COïllWO
vérité pitoyo.blo conn!l~~ un homm:.:; qui c: p,_,ur dl.' lui-rn0nl-":,
"dG 3d conscivl1Cc:,
cTc GD Ij.b'-.;rt2,
rl--: 8GS
instincts, OJj SeS r.-.:;s .. Jons.-~.bilitès,
de: la
soli tud·.] 1 du chc:.ngdU)eont , de: 10 socii3té
8t du 111ond\\.::
; do tout s,"uf d(:!s juifs.
C'ust un l~cho qui n~ V~lJt pas O'Dvollur
S~ l3ch~t~ ; un flss:)ssin l}ui refoule 2t
c(;nsur,-.: s.-; "C\\;nd~ ..;,l'lC') ('j.U I;1\\J\\lrtr-..: S::'!l1S pouvoir
l~ r~frèn0r ~t gui pourt,.llit n'os~ tu~r qu'cn
;::ffigio ou d,'ns l ' ;:nonyr],7t cl' une, foule:
; un

- 5;' -
mécontunt qui n' osc) Sc: révoltur d·) pèwr dos con-
s~quonc(;s di] 82 r6volt~j ...
L' nntis6fi:itisr:l'è d: un i:lOt, c' ,"st liJ pi.;ur dC)vP,nt
10 condition hUI;l;~~in(;. LI(_~r;.tiséTilit0 ost l'homml:)
qui v',ut 3trc: un l'OC Llpito}'ublu, torr0nt fu-
ri\\.~ux, foudre: dévi.-.l.stctricc : tout sduf un
ho:,',ffie; Il
(1)
f
10 lumi~ru d~ cu quo nous v",nons du diru, nous cons-
tatons qU() 10 possibilité d::; 10. rrw.uv'::.ü"G foi 1ll) i';::it PClS 1,ro-
blèm8 Dut:;:nt 'lu\\.=; nous 10 punsions. Ell(; ti-..;nt (:;n ,..~ffé.;t à If i:,'rll-
Co
qua nous conn2issons biGn. C'Gst son coutrairG, 10 sincéri-
té qui ost impossible. Cortes i l est un", façon d':;tro sincère
qui no sou16vG p~s do discussion
culla qui consistu à expri-
m0r UXQct~n~nt cc qui s'est pGss~. J0 r~;conn2.is qu'à tel mo~unt,
j'~i 6prouv6 du ploisir ou quo j'~i 0U dt~ 13. pûincle M~is le
sincéritR, tell,) qu'on l ' (;nt",nd d' ordin~.irc, n'ost p:::s c01::.',.
la parfoit::; colncidcncc da soi 2V~C soi. Or, ninsi comprise,
011e n'ust j~mais un ôtet mais un id6al, ut un id621 irréali-
sabla puisqu'il Jst ililpossiblè; à le) consci"ncG, tant qu 1 8118
rejst"
conscL;nca de coïncidur ,'voc c:1L;-lilCmu. En réuli té nous
SOillnlQS
toujours dons un" situee.tian ow,locu", a CJll,~ du g2rçon
du café qui joua a Gtre ce qu'il Jst. Sl.ns doutu il est bi",n
gélrçon d", café ",n co stms qu' j.l n' ",st ni diplomo.tu,
ni j our-
n:-J.list8,
mois i l TI..; l' tjst 'lU
~
1 r:;n
...
l-':~:,::r4s;"'nt<"'tl'
'-'_-
_....
_
on. ".
D,.; s
"·'t~l·
l~
li
f-UO
Li
·s
.C
1
S0S g0S GI,jS,
sor- D.pplici.d:;ion incGssante prouvc:nt nsscz qui i l
tiont son rôle COl:nn..:: u.n ·::ct,..:ur 10 Si\\:,'D. :St il en ost de P.l':rne:
Iléflexion sur lé,. question juiv", , Ed. Galli-
~~rd, 1946, pp.64-G5.

de l' élève~'ttentif qui 1 :1 fore" de vouloir l '.8tre, finit p~'r
ne plus rien ôcouter.
"Perpétuellement obsent A mon corps, a mes
actes,
je suis en d~pit de moi-ln0;ne cette
'divi.ne ,'Qsence' dont parle V:ühry"(l)
l'lais n'est-il pas des è,tti tuc1c,s qui pourro.ient dGI:l 1.')Ltir ce pro-
pos ? Ainsi cette trist8,sse profonde qui ni 1 céccélble après un
deuil,
il me paroltr;Jit odieux Que l'on vienne â en soupçonner
12 sincérité. Et pourt~;nt m~rne là je ne si:tis 'p;~'S ce (lue je crois
@tre. Je me feis triste IDRis je no le suis pos.
"L' 3tre de 1;:1 triE;teSSG ln' .:;ch.:lp.Pc par ct dans
l'D.ct8 même:: p;~r .'.iuoi je m'en r:::f_C8cte 11 (2)
D'ailleurs si les circonstances l'exigent -le f~it par exemple
pour la roprendre ensuite.
Il faut donc convenir que l'idéal de
lé) sincérit,; est une tsche i;lipo~,siblG à remplir et que l' iJttitu-
de I n8.turelle" de 10 conscience est 1:.' nnL1viJ.iS8 foi.
Non pas
que cette dernière soit à pro;-'remont p.~r18r voulue, qu'elle
soit le résultet d'unD
tldècision r0flechie et v()lontai::Le!1
(3) ..
Mc;is elle ost
"une d éterrr;in2,t ion spontêln.;'e de notre être.
On sc: met de mauva.isc foi comme OD s'endort
et on est de llL:lUVL::.ise foi comme on rêve. Il (4-)
~insi la illauvJise foi reste pour tout projet de l'être humain
(1 ) LIEtre et le Np;'nt
--
,
:.;
OP4 ci t. 1 p. 100.
(2) Ibid. , p. 10L
0) Ibid. , p. 109.
~4) Ibid •.
5) Ibid. 1 p. llL

- 55 -
Elle est le r8fus de notre condition, de la l-iberté et de llon-
goisse qui nous constituent. Et c'est ce refus,
qui ne cesse de
comprümettre nos relatjons avec les autres.
Insépurable de
l'~trc qui, à la fois le repousse et le fascine, eux prises
avec lui-m5rrr8 dans l'angoisse et la Ulcuv2ise foi,
l'homme est
conde.mné à S8 fë.irc,
et li se fcire en présence dos <J.utr8s. Sans
d
t
"-"
l "
d
- i
.
t
.
.
ou e,
J emerge seu
en .I.ilce
u proJc~ unIque e
prei111er qUI
consti tuo mon
être" et c'est moi '.lui "décide s;)ul,
in~ ustifüJ.-
ble ct S8.ns excus8 11 ,
du sens du monde ct (1e son 8ssc:nCG
; sr:::ns
doute mon existence est portée per 9101 snns que personne d'autre
puisse de quelque maniêre en assumer la rcsponsabilit&
mais
C8S constutDtions, qUc)lqu 1 en soit le poids,
ne doivent pns nous
rivGr au solipsisme. Je me feis, certes, mu.is je me f~is parmi
les autres.
L'autre, le pour-autrui,
n'est pes â chercher hors de
nous.
Il est en nous,
on notre coeur. Il est une présence.
Une

pr&sence dont Sartre dit Bu'elle S8 révèle à chacun à travers
un8 conduit8 familière
: la hont",.
C..,11c-c1 placor)it notre
consci~ncG dov8nt autrui. ~n ~ffct, tnnt QUO nous agissons sauls,
nous res'tons c8.1mcs.
8i quclqu1un nous regarde ~Iun 8.ir BOUP-
çonneux, nous ~vons conscience qu'une autre personne veut nous
réduire à If état dl obliet, nous lI vo 1 8r " notr(; existenco, ct
c'es'b la honte. A ch~que instant de m~ vie, outrui se dresse,
me regarc1e et me bouleverse.
Son rcgcTd me pétrifie
; et cc
n'est pDS pour stimuler mé' conscience, lui GOnn8r plus dé: for-
ce (~t d'int'3nsité, nF:,is pour me r8duirc à l'état do chose,
cl' objet
: jE.: èl.c0viüns (;j1038 r);Jrmi les choses. l"llon corps dc-
vient un [:lémc.:nt Ô. ans une s·~rie instruiIlentule infinie. Ainsi

- 56 -
le choc de nIe rencontre avec o.utrui c' est une "révélation à vi-
dc ll pour moi de l' 8:-::istence de mon corps,
comme un en-soi pour
l'autre et du mfome COllp de l'elién;ltion de ma libc;rté. Devant
autrui, je suis lâche, hypocrite, paresseux, ou si Iton préfère,
honnête et généreux --comme lél table est toble ou l'encrier en-
crier.
Situotion &vidcmment dr-:?matiquc, mois nécessnire, car
"j'ai besoin de 18. médiation d '.:utrui pour
Gtre ce que je suis"
(1).
J'" me reconnais cJ.:<ns cette 112.ture, c1nns ce dehors que l'autre
me confère et m{: renvoie.
Mois le type d'être oui m'est confèrG et dont je me sens respon-
sable, puisque j ' en ~Ji honte, 2 son fom1.ement hors de moi.
Il
écllo.ppe cl ma liberté, devenant moyen pour (1es fins qui ne sont
PélS les mi8nnes
;
je ne suis donc plus mé'îtr8 de le situation.
V imprévisible lib8rté de l'outre ru 1 c pris de,ns ses filets
ct
me tient en esclavage. Duns ces conditions, 10 présence d'autrui
m'i)PP3Taît comme un sC~'Y'c1"le qu 1 il m'est impossib18 dl.' L.Jire
cesser, pllisque tout survol 2St interdit,
qui perlne·~trait d'&-
chopper il la plur::litf: des
consciences.
Il ne me reste pe.s
d'autre solution que d'essayer de r~cup&rer l'Gtre qui m'est
vol~. Et ainsi mon regard affrontera le regard de l'autre, ma
. ,
li bort<;,
+- ,.
sa l loerv8,
8vec les risqu0s que cela comporte
:
l'[~mosphêre 00 je suis rorc~ de vivre est une otmosphàre de
conflit.
Un conflit gui prendra certes de multiples formes,
in~is i travers lesqu8110s se ~e-l';rouveront toujours 10s Q§mes
conduites essentielles. Devent un adversaire que l'on veut
(1) L'Etre et le H8;;nt, op. cit., p. 349.

[-7
- : J
-
désarmer i l n'est que deux attituQ()s pos:sib18s
: le séduire ou
le briser, c' est·-à-d ire l ' omour ou lG. h;J:Lne. lie P<= ·leurs 1'8-
lo.tions,
les hommes se trouv8nt cLns un 08rcl" infernal" d' QÙ
il sera.it ü,ipossible de sortir. C'est l~J situation '1U'O décrit
"Huis-clos". Echappant à tous les moyens d' ôV3.si on (isolewjnt,
sommeil,
silence) comme à tous los procédés déforill3nts (menson-
ges, hypocrisie) qui dons 10 vic de tous les jours, nous trom-
pont sur la condition hur.liliœ, Garcin, ~~,5tel18 et Inès sont
condamnés à se fuire,
à la fois bourreaux et victimes, dons
une coexistence sens fin. Et la formulo-clé pourrait bien être
i c i :
"L'enfer c'est les ewtres"
(1), du moins dans la mllsur2
ou, pris dans le regard cl' outrui 8t obssd8s pc:'r son jus;ement,
nous cherchons, vainement cl; de mauvaise foi,
notr2 juslificDtion
pùr lui ct oontre lui.
Ainsi donc nous constr;tons,
ou point ou nous somm'Os
arrivés, que 18 lTIu.uvél:Lse foi 'Ost bien possible et que c'est
son contre.ire,
Iv. sincérit8,
qui :.:)st impossible. Et ici,
une
question nous vient il l'id €le
: S;'l'tre lui-mGme, n'est-il PC;!S de
m~;UVc,,-iS8 foi lorsqu 1 il nic; l' c:i~istcncc de Dieu ? rie sc réfuGie-
t-il pas dans 10 facticit6 ? C'0st ce quo nous allons 8ssayer
do voir.
Prenons un personnage immaginoir8, Prométh&o, qui
n'est 0utre que notr8 Dthée lui-même.
Notre héros se rend pour
18. première fois à une leçon (lé; céJt6chism,-,.
Il s"à t
bien ce
dont on tr0itora au cours de cette leçon.
Il sait pertinemment
qu'on parlera de lJieu, de 12 religion etc ... Mais alors From6-
thée n'arriv,]it pas encorc :1 s' dccomr!lodcr de Dieu 8t de coux
( '1)
J 1)
S "'T .,~
" .
l
' V
• •
, ·:1. lL~:',
':'lUlS-C
os,
scene
.

- 58 -
qui en parlent. For oilleurs il sentait le besoin de l'Infini,
i.l sentait lc' pr';sencc d'un Invisible, d'un Inconrwisso.ble. Et
c'6tait en lui un conflit perpétuel entre ce bosoin,
naturel
d'ailleurs, et cette impossibilit& de s'accommoder de Dieu.
rrométhé8 se rend tout do mûrnc à 18 18çon, rug;:~l'(la le ccthé-
chiste d'un air moqueur et d€JplrüsGnt . Tout Cl.U long de la leçon
i l
t
.

1
h " '
n a Jnmals CD~rc e a résouclre cet étn.t conflic t'~h;l Qui 8St
le sien, préférant r8gard0r les voitures passer d,:ns 12. rue plu-
tôt qUé: d' essaY'Gr ;l fonder ce bGsoin de l'Infini gui '3st 18 lot
de tout être hum:ün.
Nous c]irons que Prornôthée est de maUVéUSO
foi. Prométhée se r&fusie dans la fùcticité
; i l fuit C8 qu'il
est
: b8soin du 'rrrmsccndunt. 'l'aute l'attitude néC;,Jtive dû GiJr-
tre C!o.ns l' ;_:ffirmôtion de l'existonce de ]Jicu nous semble être
celui de Frométh8e. S~rtr8 se fuis, s'échoppe, se dérobe â lui-
même, si l'on en croit à ce qu'il nous livre dans ses écrits.
En eff8t,
!fil est biün vroi que 12 mouv:-::.ise foi n'arrive
ps â croire ce qu'alle veut croire"
(1).
8L8 v6rj_ti~ble pJ70blème de la mcuv~ise foi,
nous clit SaT-cre, -\\,ient évidernrilcnt de ce
que la GFuvaiS8 foi est foi"
(2).
Non,
nous ne pourrions ûtra d'accord
U.vec Sartro qllcnt à l'idôe
qu'il se fait de la foi en l'assimilant A la mauvaise foi. En-
core moins nous ne sf"jurions accepter que HIe probl(~!il8 0ssen-
tiel de la mauvaise foi est un problèlno do croyance"()) ni que
"croire c'est ne plus croire"
(L,).
Lé! foi ou lél. croyance ne
(1) L':8tre ct
p. n I .
(2) Ibid., p. 108
0)
(4) Ibid. ,p. no

- 59 -
saurJient se confondre avec la mauvaise foi.
En effet, qu'est-ce que la "Foi"? qu'est-ce croire?
Il va de soi que pour comprendre ce qu'est "croire" le point de
départ reste toujours un regard sur le dynamisme psychologique
de la Foi vitale (1). Cette Foi vitale, entendue comme ce par
quoi les hommes se distinguent les uns des autres dans leur
personnD.lité et leur Ôtre, se modèle suivo.nt des carùctéristi-
ques qui lui sont propres : elle constitue lù fin de la vie de
chaque individu, le but vers lequel il oriente tout son projet,
s 'y jetant ovce toute son éner,;ic, pr~t Èl tout souffrir pour
atteindre ce but, S2ns j~m8is sc laisser décourager par quoi que
ce soit. On ne SQ uréJ.i.t l'a.ffirmûr 8.ssez, toute vic humaine n'est
possible que lorsqu'elle est sOlltenue par une Foi cachée en
"quelque chose"
qui justifie cette recherche d'un "demain meil-
leur" et qu'on découvre d'oilleurs chez tout §tre humain.
Cutte Foi ea.chée explique l'élan m~me vers la vie et le refus
de l'anéantissement de cette vic. On peut dire alors que ID. Foi
foit vivre; ct elle f.:üt vivre justement p,·~rce qLl'elle donne
une raison de vivre. Il va sans dire que la Foi n'est Foi que
lorsqu'elle donne une espérélnce, la fonde et la. nourrit. Fartant
celui qui perd cette Foi vitale ou cette Foi-Vie perd par voie
de conséquence la raison m~me c18 vivre, il n' ù plus la force de
tendre vers ; nous (wons à faire à un homme ScèllS avenir, sans
espérance, à un cadavre. Le premier mouv8ment de la Foi vitële
est donc un refus d'un présont jugé ino.pt à satisf;:,ire l'éltten-
te de l'homme; croire, c'est 2ffirmer un futur meilleur. que le
(1) Nous nous gardons bien d'employer ici l'expression "Foi hu-
humaine" d:'\\ns 18 mesure où cette expression voudrë.it signifier
l'adhésion que l'on porte iJ.ux parol8s ou aux uctes Ci' une person-
ne. FéJr "Foi vit81e" nous voudrions signifi0r cet élan vital qui,
à des degrés di!l:férents bi;]n (mtendu,G.nime tout être humiÙ1 8t le
projette vers et dans l'avenir. Elle est comme une "tension
vers . . . " une 110uvûrture sur" . . .

- 60 -
présent, du moins pour celui qui offirtTIu ce futur, dans un dyns.-
misme qui projette l'individu vers d0s horizons infinis. On le
boit bien,
et que ccci soit dit en pD.8SGUt,
10 1I era ire c'est ne
plus croire" de Sartre.; n'D même plus sn raison d'ôtre.
La Foi vit'Jle devient DIors une synthèse intolli[';ible do toute
la r6:"lité. Elle se pr&sémte comme un dialogue entre l'esprit
et le monde,
ct SUppOSG 1;, réciprocité de CGS deux 2ntit.ss d'une
p,:rt et leur convergence d' élutre p,~rt. Lé'" Foi viti:1;) 8St éionc
l'effort que fait l'esprit, sans relache, pour pensol' la tot~-
lité de l'être. Et ce qui renel cette Foi réelle et non illusoi-
1'8
ost le foit qu'elle Gst c,ssentiellerrwnt enracinée ou fors
intériour de la personne humoine elo telle sorte qu'elle n'est
pes un Z!.voir In2..is 11 str8
même::: de l' hOCilnlc qui ni l:J. PG.s 12. Foi
mais Gst ln Foi
; elle ust une structure pcrrno.nente: d(j l'être
hUtTIo.in.
Ainsi donc,
nous Si,vons m,~.intonnnt qU8 la Foi vitGle
est une structure perm:~ mmte (;" l';Jtr(, hum,]in. Personne ne peut
y éch:lpper. r'1c:is 0.10rs si c<Jtto Foi 0St communo à tous les hom-
mes, elle diff&re chez r~sque individll qURnt â son contenu d'une
part Dt d' D.l1tr8 part I}lcnt f-, 12. possion (1) et l ' en[;of;'-"uent avec
18squels on les nourrit. C'est dirD qu'il n'y ~ p~s qu'une soule
foi tTI2is plusi0urs fois,
lorsqu .., surtout nous envisr;.geons 12
Foi ql10nt à son contenu: nous ,:'vons oinsi 1:]. foi chrétienne,
l~ foi musulmane, le foi bouddhiste, le fbi brJhmaniquG, lu foi
b2nguinienne (2)
: bien plus, la Foi, ost bian loin d'être une
(1 ) Par Ilpcssion nous dnt(;n(~.ons l' intôr(;t UVGC lcqu(;l l'individu
tout entü.Jr, m;:tt.:!.nt 8n eeuvré) to~t"s ses énergius et tou-
tes ses c~pacit~s, poursuit un objectif donn&. Il est à
p0in~ bGsoin du re10ver qUE:; c.:uttc J?o:L-PE:.sslon court le ris-
que de f:::nfltisme ct à' intolérc:nce lorsque la. r:üson y f,~.it
cl&faut, comme c81:::. s' ('st vérifié [)U cours do l ' histoire el2s
r01ic ions .
(2) Le lIBa.nguini Il est une relir;j.on qui sc.: préJtiquc c1r:.ns plusit-:;urs
poys de l ' :ifriqu"
CcciéIcntolo.

-
61 -
fuite devant nos responsélbilit&s, moins oncore un 61;:,n aveugle
sans lucidité raisonnable ; elle ost plutôt une mise en mouve-
ITlent do lé:- tot;: lité; ue l' hOfilli1e-oxist nnt uont la dignité rés ide
h l~ fois dons lu penser et l'ngir. l.a Foi vit21e, pour ôtre
vivante, doit ~voir son contenu (:t doit être 30IJtc'nUi~ par une
po.ssion et un élngac;cmont qui er.fli'mn'ent la vie en lui c1onna.nt
do 1'1 f(orvour 8t de la teneur. Elle devi.ent ainsi,
non seuleri1ent
une lurni~re mais encore ot surtout la forme de l'existence d~ns
se. totalité.
Il ressort de notre 8E21yse que ni ID. "Foi" ni le
IIcroir811 ne peuvent êtr('; iJssimilès à une quelconque mauvais8
foi. Brof,
12 IIFai Il est une réali t~: qui unifia la pursonne
humaine. Bi~n sOr, elle nlest j2mG~ un donn~, un 2cquis, mais
plutôt, comme r.ous le disions plus haut,
un élan,
une tension
vers ..•
; ello se fuit ou, si l'on préf~ro, on la fuit, ct elle
nlest vraiment I1Foi" '1u,:~ dans C0 "faire ll . Dl où 10 pr.GSS3nt de-
voir pour h, croyçiDi:; cJ{~ 10 pcssur cbaque jour ::cu crible de la
réf18xion, de 1:: mc:;ttro en crise; ct de 1<""3. cOli1plèt0r toujours et
toujours. En d'autres mots,
la c0rtitudo qu'on puut avoir de
l'existence: de: Diou est un:; certitude qu' on c,cquif~rt par un
offort sempit8rnellcm8nt renouvelé d(~ l' f',me tout entière, non
s8uldmcnt en r;_~.isonnant, m;:-~is l.'ussi en viv2.nt ct un c.gisso.nt.·
Bicm entendu, 10 Foi ne s:'.uroit so dire défi.nitive.
Et
qu;:md par el18 on é' oril)nté so vic vers un idé::.l, on pGut :,üder
les ;:J utr~s à s'en .:),pprochùr, Ù vivre cotte pc.ssionn;":.nte nventu-
re qu'est 10 vic dans le jardin da l~ Foi. I10is ~lors on ne
pout p'Cs la leu]' imposer de quolque El,:mièrCc qUé> co., soit, tout
comme on ni-::; peut p;~-'s co-cïl~r;~_inc1r8 physiquemont, moralement ou
intellectuellem0nt Cc lest cü quo fait no·tre S2.rtr0) à ~.bandon-

-
62 -
ner so Foi. En uffot, celle-ci nQ s'impos2 p~s du dchors, et
ull~ ne v~ut justerlc;nt QU0 p;lrc~ qu'elJ_8 est perspnnclle et
dans ILL m2sure où l'on .~ concouru à St; 1;:1. rlon!i.cr à soi-mGme.

Clü\\PD'Ct"l:
SECOND
'.

- 63 -
l
- L PrTOï\\-'t\\':"'F,l
C' l,
.J.
~ J.
•• _J ,
~J •.
La philosophie de tous les temps c fait de l'homme
1lobj8t de ses recherches.
Ce~f:)(-:~ndr";nt ê.;~U cours de l'histoire de
l'humanit~, il Y eut des moments o~ l'attention du philosophe
s' est tourn~e de f,:èç-on particulière vors la. personne huméline.
C'est ainsi que dens l'Antiquit~, nprès les effoI'ts st&riles
des premiers philosophes grecs pour d~couvrir 10. cnuse derniè-
re des choses, les recherches philosophi1ues se concentrèrent
sur l 'hom;é!e :Jvec :Jocrote et les Sophistes pour 8n comprendre
la vrfiie nature et en d~termincr les cap~cités.
"Uonn8is-toi
toi même", voilà l'objectif Je Socr~te et de ses contempora.ins.
De même à Ir; fin du floyen !\\ge,
;-_:p~:,ès 1'::;5 v;::ines m'.lis lubori8u-
ses tonte.tives des ~~c;olc;stiqucs de fixer eu bon orcLre les mul-
tipI es éléments de l ' univC"rs,
encore un," fois les philosoph8s
rr3prirent le personn", pour l;l1ème principa.l de leurs reche:c'ches.
ce qulil y:] de plus pnrfuit (l.'Œ1S tùutr) le! n(;~ture.
(1)
-l~nsuite toute l,:' D~liloso .;lie modc:Lne et contcmpor;,line s. pris
une forme décidément :JDthropocentrtque. 1)e Desc,eJ:'tcos 8.UX struc-
turalistes,
en p'J.sscmt pc·r :ïume, ""'nt, ::Icgcl,
sc;ns oublier les
positivistes, les existentialistes, les IDorxistes et les néo-
positivistes, l'r.olïlme est resté le point centrC'l (Jes diffé-
rents systèmes . .:~uj ourel' hui, les th'.~ologj.ens st les non-théo-
logiens,
l'Os croY2nts et les incroYI"Dts pensent 'lU' i l est op-
portun, voire n~cessGirc, ~e donner à leur discipline des li-
f~ne3 d irec trices ..,nt:lropocentriques. Bien plus, cle nos jours,
(1) C't
rnFO'··' C<
c'
th
l '
l
"'C'
.,
,)

J..d
r'.I..l"~.),
,)ummo.
80
013lC~l.,
, C ) , ) ..

-
6L~
_
l'homme est devenu d,Jns 18 mondo le point (le r fJïér8nCe univer-
sel. Même lorsqu'il s'agit de l~ vérit6 de Dieu, le moi de l'hom-
me continue à 2xercer son jUL~8ment. LlhomEH~ S8 ·tJient devant
Dieu, m,'.is ce n'est plus Dieu qui demancle à l'homm8 :"Ad2.ffi, où
es-tu?" C'est l'homme qui dem,è',nc]8 à Dieu :"Où es-·tu,Dieu·?"
Et puisque Dieu ne répond pes, puisqu'il semble ne pas se "mon-
trer" dans le monàe, l'hü"1me cont81l1poriJin n'hésitur,~ p8S à nier
son existence, à proclomor sa mort pour se sauver et sauvaI'
les autres. La mort ûe Dieu est ici le salut de l'homme et c'est
18 seul salut possible.'~utre[ois, tout ce qui se p'lssc.it dGns
le monde 6t;:·.it r~.men8 à ~ji2U comme Ille: C:.lu.se pr2ftlii~rcll
qui
mettéJi t
tout en mouvi~ment ; et l"lomme
, "+-
. +-
n eu~:lu compris que
dons la relation Dieu-Rornnle. S~ns Dieu l'homme n'était rien.
/;.uj ourd 'bui,
éJV'3C
le GiOUV8ment :1.1::'1.28 qui :.) cuve.hi le monde [1(::"-
. ,
"X'
" ' 1
D'
~.
' l "
t
t l ' l
d"~
t
PU1S ~e A~e Slec C,
leu eS0 m15 a
ccor
e
pcr -ûu
er-
r::-).in c~(lns l~: sociétô ct l'0xist(~l1CC hutn0.ines. Le tl sans Dieu
l' .homme n' e}3t rien!' est dG'venu Il s,:~ns l' homme; JJicu n'est rien 1t •
Dieu nL: veut 8xistcr qu 1 ~.ü. coeur cl<=:: 11 ~.'l.ommé-~.
l;t Cl est ici un
·trait coramun d tous les u~~i6isiGes d'3.ujourd'hui.
Selon l"lcU'x, l ' "théisme: es't; une n'~b2,tion :le Dieu et
par cette né[?;Cl.tion de Di.::;u i l pOS8 l'existence de l' hOl:lITlG. Dieu
est une puissoncc ;;liéuonte, un t,oloch qui dévore 18s rich8SSQS
do l'homme,
un mythe dont on conn~!t d'aillours 10 genêse. Dé-
borrnssons-nous de ce mythe et l']10mme
GDtr8rr~ diJnS 10 .vraie
vie : i l ser~ lui-même.
r·iêmo thème chez f)'irtre,
ll1c.is 8xposé sur un registre différent:
offirwêr 11 exist\\:":ITce Ciu Dieu,
c' est reconn.':"lître une n3.ture

- 65 -
humaine, c'est nier la libort~. Pour Sartro, il fout que l'hom-
me se 'f2.sse IUi-mêm8,
qu 1 i l trouve 011 lui-même son salut, to..n-
dis que chez :'larx un ':lomme nouveau doit n:cîtrc. Et chez l'un et
l' 8.utre,
ne retrouve-t-on P;lS comme un 8cho CGtt8 I,roclamcction
l'Voici que ce Dieu est mort
! IIOffitnes supt-
rieurs, ce Dieu o. été votre plus gr2nd dRn-
ger. Vous nl~·t(~S rcssusci"t6o qu~ depuis qu'il
gît c1::~ns 10 tombe. CI est !1la,int8n2.nt s8ulc1ment
que vi8nt le gr;;.nc1 midi,
à prÔs8nt, l'homme
sup~ri0ur devient m~itr8 ...
Dieu "st mort nous voulons quo le Surhomme
vive"
(1) .
.Sil.uvcr l ' :lOmlll0 de tOutO'3 los uliénutions, de tous los cscln.va-
[es,
le cond l.lirc P'Ju--ùelA de lUi-.nêf:le,
t;\\)lle:s sont 105 pr6tcn-
tions huml.nistes des :2bh,:dsiües contou;Jorains. C'est cc désir de
sauver l'homm3 qui donne ç:1UX ,:-'t1l8uS un es;:-n"lj.t que l'on peut
qualifier de missionnc:.ir(~. :La proclz:f:1..:.tion de 12 'mort de Dieu
ment le plus isportent Je l'histoire d~ l'hum~nit~. L'athéis-
me conscif.:::nt ost un;,) .-:::j:titu(1L~
fièru et quj. 5':; v..:.:ut conquéra.ntc.
C'est une nouvelle croisodc qui est ontreiJrise, croisade de
l'homme eth&o qui veut porter un message de d&livrancG à tous
IGS hOlllmc::s de ID terr0. LI ;·;théisTlllj, de nos
jours, sc présente
commG 12 gr;-.;nde nouvelle des temps nouvcDuX,
comme 10. pOTole
qui d81ivre,
COElmc l~.: p;ronde eube .~ui vo. illuminer les hommes
Cl e dcrn:::iD.. rrous ces bons 38D.tj.lI1onts IlhuITk'nj.st()S li, nous 18s 1'0-
trouvons,
cI' une i':·,çon ou (}' une ..'utr8,
che·;z 3:1rtr", qui p:isse
(1) J?
Nn:TZ3CIIG,
Ainsi p:,rl:::i t
Z':r;:thoustr,?.:~d. GC'llimnTd,
196j,pp. 3~5-327.

- 66 -
pour le plus e;r,md miss:,-onnélir;), le plus zélé propai;;,;teur de
112th.§iSInè dans ln.. Pr()nce d' ;!uj ou:r:d 1 hui.
Nous suvons que pour G~rtr8 le monde est constitu~
pST des. choses, 'i 1 <ôxi'ôt'Jnts obsurdes. Au s<o:in de ClOS choses
surGit la rêalité humaine qui Dst
liberté, c'est-à-dire
pouvoir de diro non, possibilité d" néantise.tion. :["" liberté
est conçue ,:V<lr,t tout ·en term8 de né,c::nt. ]~'hommu n'8st libre
t
,
t l
.
d
' t
d ' "
'.
(-)
n 0S
lomme que pur son pOUVOlr
e ne ..:.n -(jr,
8
sccre-CGr un
né:]nt qui l'isole"(l), de s'~'.bsonter dG l'ôtrcJ-là, de: se f;ü-
re manque, et donc exigence d'Dutre chose que cu qui est. Cotte
liberté n'est pos enracinée dans 10 r~isoll et ne constitu8 pos
d;Jns 10. m-s..îtrise du voulotr SUI' les reisons qui l,·; fondent.
Elle est au (;ontr;~'irG un Il nô .:].ntcm0ut ll qui se cr8use de; lui-même
ot du m~me coup foit surgir dnns la conscienco un projet, un8
polarisation de tout le mouvement de l'~tre ut du désir vers
une fin,
ct qui prèC8d(~ ;::JsscnC8 8-C l-'0iscll1 ; c[-:r l'ilon ossence
Gst C0 que j'ai choisi d'2trc,
ct l~ v;Jli.dit6 pour ~oi de cette
lic:;n~-ci ou de cette: Ij.gn0-1c\\ de r::.isons dl [3gir dépond clle-rnG-
me de cc choix
; choix ~-:-,ur, 11 o.bsurde l1 ,
(:.ln C8 sens -ut en cc
"qu'il 8St co per quoi tous les fonde-
ments et toutas les 1'&isons vienneut à
l' Gtr8, ce pD,r çuoi la notion liiêne dl rJb-
surde rc,çoit un s'ons. Il iJst 2.bsurde
COl:imG ôt;~:nt pur delà. toutes l;.;s r;J.isons ll • (2)
(1) L'Et1'G at le N6ant, op. cit., p. SI.
(2) Ibid., p.559.

-57 -
Et si,
Bn Gffot,
ntrc libre, c'est 80 vouloir~ se choisir pŒr
un acte Dbsolument origi.n2irc,
Gtre voulu, choisi, pOé;é peT un
autre Gst contr_',dictoir() à la no-~~ion de libe.L't2G 1::t de mêmG,unc
libcrt6 qui rec~vr~it du de}lors SGS norces ct ses v~18urs ne
scr',:.it qu'une dCDi--libcrts, c'est-à-dire qu'ello ne sur;3.it ptlS
liberté ~u tout, c~r la liberté 0st totela ou elle n'est pas.
D81à. lu non-8xistencc (l.e J)i~;u 8st r8quisv~, voire nécC'ss<"::~ire pour
que l'homme n8 trouve Ducun obst"'.clc ci son Gffirr:!c".'.tion triomph;m-
ta, pour QU8 82 lib8rt& soit,
~'u plcin 30ns du mot, UTI8 libert~;
c ' est-à-dir0 crb~trice 8t mo.itressc de 80S v~lcu~s~ Il fQut
pour que l ' hOD!l'le soit, gUé: Dil~ u ne: soit pC!.S. Un Dic:u cI«Jtellr,
infiIli, tout-puiss~nt,
l , -,'~C':-;l- 'iJl' t~,~ ...:1
#
1-
~
,_
~
'J.e ses Cr8,~;\\)nrcs,
' 1
~t
~t
,";UClJn
2Sp2C0
ou
cur (~ire pu
so
déployer
ellGs De: s8r~iGDt plus UUe des ombres ou, c~ qui ne
VC.i.U't:;
pes Eliç;ux, des m~;:ciünnc;tt0s. Cu bien JJicu t)st toue 8t l'hom-
rne n'est riGn ; ou bien l'hoilllli8 ost quelqllG choSG ct Dieu n'est
p2.8.
~erni~re a son tour 0St irt2ntionn~litci. Et2nt toujours conscion-
ce de qu·,~lqu2 chosc:,·, l' hOlllme n' oxiste que pr:r l'i.:.Hl·-soi vors 10-
quel il Gst const~mmurrt prajet6. D~lns ce projet, le pour-soi 2St
h&nt~ por le d&sir do 80 rejoindre, dG coIncider aV8C lui-même.
Autrement dit,
il voudrèJit être ()ll-,soi, êtrE; ln. plelli tude do
l'être ct on
tomps ûtr;:: conf3ci0IlCc cL:- soi.
"La r~Glit~ humnino SQ saisit dans sa venue
li l'existsnce CO;~ŒHj ûtro inco;:ip18t .. Ella S8
s~isit comme 8t;;"nt 8Tl t;"1nt qu'oll\\'3 n'est PC'-s,
·::;n présL:ncc: c1;~ 1~-_' totD,lit{; .sini~~ulièr8 gu 1 elle
ffinnqU8 et qu'cllc est sous forme dL no 1~0tr8

- G8 -
pus et qui ost ce qu'elle est.
La r6alitê
hUITlt:linC'
cst d(.~p~:sscE12nt perpétuel VL:J.'S une
coïncid811ce avec soi qui. ni est j~'_E10is donnée ll •
(1 )
C'est là un idéal quj_ ne cesse de solljciter l'homme. Get id~al,
les religions l'appGllcmt Diou.
Ibis il s' :ogi t
d' un Dieu qui
niD. rien de tr:Jnscondé1.nt,
lIil 0St :JU coeur de lE:" ré,:}.lité humni-
D5!., il n'cst que cette réé'lité COi,]De totèllité" (2).
11i:trG
hommu, crest tendre à âtre Di2U ; ou, si l'on préfère:, l'hOEl-
idéal est vain et ce désir est suns objet.
Cc Dieu que vrojot-
te d '(\\tro l'horm;)ü Gst impossible:, pnrce que 1,,_ notion de Dieu
est cont:c(")àictoir2. RI.Jô.onn3îtrc-; 11 ëxist8ncC' do Di~u, c 1 c~st on
effet affirmer l'existence d'un en-soi pour-soi, J'un 0tre qui
tion seulo gu' i l peut être: é,bsolu--- 8t en d)ne t"';'-IPS qui ne
coincidornit p~s avec lui-m6iJc puisqu'il sur~it consci811ce de
soi, l~qucll(~ suppose !ln d~col101:!Cnt d'&tr~; p;1r rapport à soi.
Si Dieu existe CO~08 en-soi, il ne peut ô0r2 pou~-soi : il
n l 8st
plus qui un objet,
une chose,
s:;.ns i:5i;l"Jific,}t:Lon,
8:::.n8
re:lé.,tion (,.'.VGC 18 ;}or...dc,
8(").n8
ini'lucnc8 dl r. ucltn:.; sorti) .. S' il
existe COi:1r:lO pour-soi,
il est projc::té V8rs l ' (oTI-soi qui lui
don~le c1'exi8tvr COm~:l8 pour-soi. Il n'ost donc plus niou. lliou
peut axistcT qu'ou coeur du l'hof.1Dé: 8t i l Y ;,xiste COilEL'
un idénl impossib18, COiilln8 une prlssion inutile.
(1 ) L'Etr,:: "t le Né c-, nt
--
, op. cit. , p. '132-1 :;:5.
(2) Ibid. , p.
133
0)
,:J
Ibid. , p.
653-651,

- S9 -
Il:insi
de
inverse
de c811e d~ Christ, c2r Ilho~JIJO se p0rd Cil
tGnt qu 1 hOfiliih:; pour quo Di...::u n.:;,is82. ['-lu.is
l'idt,e de Dieu cst contr::;.dictoire ot nous nous
perdons un v.:in
l' h01~mlc est une pûssion
inutilu".
(1)
~'t
, . ,
t
J:lJ
preC1SGlDUn
le but de l'~th6is0e S['.rtrl(~n '.:st di''; d(-~livr2r
l ' hon;:le de cotte:; pours ui te chinériquG qui "st C,;, ::1:'.uv:'ise foi.
L'~10lmne etoit Sl2cccpt8r tGl qulil 8St
:
une; conscic.:nc:-.; projlJ-
tée: dons le.: monde d08 ChOSL;S 0"C; incDp;. bl:.:; de; coincid()r ;::.V8C
.
A
1 Ul-Q0l:î8,
oui s~;ns cesso
l'c:rroch8 cu [londe,
::.:.ux CJutrGs ct à lui'-Jl:l1î7h:: ot (lui n'est c.,.u-
expose mervGil12usoQcnt dnns "L~ Diabl~ üt le Bon jjicu". Il
. ,
2...L-
lustr:ction dG cortninos p"l;'~s d.~ "L'Etro (,t 18 Née: nt" 1 (2) cO::I-
un2 p(~~.ssion inütilc~ qui S'f;'pui~3,,~ à poursui"(,rrc l'id8a.l do l'8n-
le. notion de:; l.liou ,:.:st contl":'·!.dictoirCJ. C{;; nl'::st nid~::.ns 1,;:: I-;::::·l,
Llê.
Il ft~ut qUl; l'hoL~mc 80 r2trOlJVc lui-T:ômc ut qu'il 30 p~r-
SUCdCl
qu~ rien n8 p8Ut 18 scuv~r, i"Ot-C8
A
ll1002
une 1)r2uv0 V'-.l.-
Sartro :,fpporto à l'homLH~ c~z: lrèrl:'; t~;chniClu2. C'-.;st 1.~1 l~. seule
foi,
tout le reste est rn2uv~~isc foi. C'est là 10 s~ul 5ulut
-si on peut p'!.rler do s!'lut- tout l,) r8st ..; ,;st in:;uthonticit6.
(1) L' ],tru "t 1,,; NéE:nt, op. cit. , p.708.
(::o~
,
.. - J
Ibid.
p.
652 ot S8 •

- 70 -
A vouloir ch."rch",r Dieu, G08tZ s'est pordu, p.=ce qU8 Dicm
n' 8St clue l ' idé21 que poursuit l ' hOUille 0t que cet i<1éol, étant
la contr.êJliction même ost iaj)ossible. Il n8 S8 l'ùtrouvc qu' en
fëÜSi',nt son uétier d' homme. '
L 1 hom8G roste ~ S2.uvcr et ceci n'est possibla qu'~n
le li1)ércnt de ses ûliéné'.tions
: rev(mo,iqu"r pour lui-oCue,
COUDe sa propri&t~ ori~in011e ~t 16gitiITl8, l~s valeurs et 105
biens qu'il a jusqu'ici prodi~ués pour Dieu. De fait, celui-ci
ll(,
p8ut pns exister c.sr, non se Ul(F;lont 18, no tion ct 11 DL;u I1st
contradictoirL", ,;;;),is la r81,s,tion Diou-EouDe: est. 211" i),ussi,
contredictoire. L'e.rgumonto.tion est sil1lple : si Di8U GJ~istü,
l' hO];li]c tient do lui son être, et ré~;lisu lé), pensée de Dieu
sur lui. Il n'est plus librl1. Il n'est qu'une chose p2rmi las
chos 8S. réf) is, h8ur8use'c1ent, l ' hor.kl8 est S:', liberté ct il 8St
crbe.teur d~s csS2ncc..;s. /,n2.1ysons un puu Cv p('.ssri~'» d8 "Les
Î'!oucJr s" qui illustre 1112gnifiqu.)"1cnt COtt0 thèse :
"Jupiter: Je ne suis p~s ton roi,
l~rve iDpud.lnte.
Qui donc t'2 créé?
Oreste : Toi. ['1[; is il nI) fi:tll(J,i t
pC',S de; créer lj hor'
Jupiter: Je t',:·i c10nné t'J liboJ:'té pour L1u S8rvir.
Oreste
: Il S8 peut, mois elle s'est retournée
contre toi ct nous n'y pouvons rien, ni
l r un ni l' ;,'utrc.
Jupiter
Enfin
Voilà l'excuse.
Oreste
J (; no ::1' exc use pOB.
Jupiter: Vr",iuont ? SDis-tu qu'elle r8ss3 1;lble
b3C:ucoup à une excuse, C8ttO liberté
dont tu te dis l'escLive ?
Or8ste
: Jl; ne suis ni le ;:lc'.îtrt:: ni l'esc18.vc,
Jupit~r, Je suis m~ lib8rté ! A pcinu
L\\ 1 as-tu
créé qUé) j' ,::'.1 c 0ssé de t 1 é,'pp3r-
tonir".
(1)
( 1) J 1J
C' r"CD~


J...) • .:..I:L . .EU':",
Les MouchGS, Act~ III, Sc~nc II.

- 71 -
Li'. réDlit& l1uiY:ine S0 définissi:ut CO'i,ie liborté ot uni] lib0rté
.:~n eff8c, si l'hou'i,e ost créé pOl' DiGu, il e:st pGnsé, voulu,
L',ppclé à Il existcDC(; on vue dl une int.,;ntion, c~, unç fin à réz.:-
liser. Il a une essence qui pr&c~de son 0xistoncû, üsscnco
~ laquelle il doit sc conformer. Il ost oraonne ~ cette fin
cOGne li'. plante RIel foruo de l,:, pLi,r;t8. k is l ' hOL,_,,", parco
que libre, crée lui-1J6oG so vie,
i l forge son dostin 0t ne
l ' c'_ttond P"S tout fi'.it do Diou.
Il invente lui-c,Cko son chu-
r.lin.
Il est un exist:'nt qui So donne ~ lui-r.<~,;e son eSSOllCo.
Il ost sa lib2rté c:t cetto liberté no s' ,'CCOLèL'ode en e'UCUl1 ces
de l'cxistoYlC8 de Di0U. Si l'on
u,~~inticnt Dieu, fc.cc it l'hon-
clors do de:llX ChOS88 l'une
: ou bie:n Die:u existo 0t l'hor111G
n'ost qu'une uarionue:ttc: qui jouo R li' libe:rté, il n'ost ri()~,
il n'existe; p.èS
; ou bi,on l'ho;:;r:o oxiste,
ost libre ot '-'.lors
c'est Dieu qui n' oxistu p:'.s. Il fc'ut choisir. S:-rtro c choisi
ot fonde: sur un,; ,:n,:lyse: phénoL'énolor~iqu,; le;s l'c.'isons do son
choix, cctt," c.'né'lysG qui l ' ;-' conduit R df:finir l'hOlbe CO;;:':O
libGrté ".bsoluo.
Sur "l'itinéroirQ" qui Iv',èno à :è"
libér::tion, l'hou-
uo doit j,voir cm vue trois fé-ctzJUrs qui ont jusqu'à préscmt
8L1p~ché son plein épé'.nouiss8'iicnt et s,e. co.:plèlteJ ré,-'lis[~tion
d '''.'bord li' noti on d" DieJu qui Gst contr2.dictoiru,
e;nsui tG l~.
rolC'.tion Dü:u-l{or:iJo qui ""st inconcGvc;blo st inconcilic'blc ,-:vuc
1:: libcOrté,
Gt =ussi IGS ::lltP0S qui 10 réifiont. DG L-it
1 '110"-\\":
L.l .• 'V
n' ,,~t
1;).:::>
p,-·s
'._
s 'u'L
'-J
_
-',
,-,L. _n'c
v
li
pour-~ol'
.:::>,
consciance;,
libarté
il est c:ussi pour-2utl'ui.
Il vit sous le; re:g'_rd de:s~.ut:rl)S,

7'C
-
c . -
e;t il
A
iJOL:c
téG;orio du I1 nous ll."Nous ne souU,JS nouS-GCr.l~s qu1uux: YGUX des
['utr2s, ct C'Gst à pcrtir du rOG~_rd dus "utrGs qu~ nous nous
t:}ges .:: ;:ussi d"s inconv2nÜ:nts.
Il Ue; chosifie. Il cct::.loguc
;:cte quo personne n'e 10 droit de qu~lifiur, puisqu'il ost
l~ ou toll~ c2t~goriG : ccllu dus IBch~s, d2S h~ros.~. Qlors
que je ne puis 6tro cl::ss~ puisque je; suis uniquu ut original.
Heis clors cc; re;gcrd ju puis 10 tr[nscende;r. Je l'cssuce
d':bord, je lu nie ensuite. Négntion indisponscble pour me
s:.'uver et v:-rt,].nt Sé'UVe;r me. liborté. Le pour-soi ne se sauve
que dcns une perp2tuelle négction du pour-autrui et dcns un
refus cctégoriqu8 de Dieu.
Bien entond u,
l' r::théisme moderne n' est pc:s seulement,
comme le lcisser2it penser ce que nous venons dG dirc
une
t
sÜlple négcüion intelL,ctu.elle do Dieu. Il est, :'V8C lüetzsche
déjà -et celui-ci en fcit l'oveu retentissent et public- le
crime des crimes,
l'héroïsme des héroïsmos,
ct l~ p2nsée en
l
'
Ul
se conf'
d
on
l
élvec '
"
(:.CL;lon
d "
'd
~,c1Cl 8.
' '
,
_i.lnSl,
l '
th"
~'_ elSffie con-
temporcin se trouve-t-il enimé d'une sorte de souffle prophé-
tique S2ns précédent. 102er l' 2nnonce de le: ,ùort de DiGu, se-
r~it int21'1'Orapue la préhistoiJ:8 de l'homme et cO'CCirnencerc.it 12
seule histoiee dignc; de ce nom, celle où l'homme, dé,livré
(1) L'Etre et le Né:Jnt, op.cit., p.4S4.

- 73 -
d'un coup de toutes les mythologies et de toutes los supersti-
tions, serait enfin c~p;ble d'3tre le démiurge de son propre
destin et d'cccédcr n l'Homme.
"Allons
! Hommes supérieurs
! !"l,.· intencnt seulement
la. nOlltngne de l ' ;,venir hum,cin v,~ enL·.ntcr. Dieu
est r;JOrt
: me:intcn.:·.nt nous voulons que le Surhom-
me vive"
(1)
Il fnut et i l est nécessnire que Dieu meure, proc12mnit Niet-
zsche. E t : ujourd' hui nous ,~ssistons cl un cour.-'nt de lTIi:'sses
teinté du même o.ccent, dont 10 chef, en Fr ".nce , deL18ure tou-
,.
jours notre Gurtre.
~près Kietzsche et comme Nietzsche, 'JOT-
tre nnnonce et prône h,cut le. "mort de Dieu". Goetz,
à IG fin
de Lê pièce "Le Di:ble et le Bon Dieu", s'écrie
"Heinrich,
je v.c.is tG f:::.ire connClître une
espièglerie considércblc
: Di~u n'existe
peso
Il n'existe peso Joie, pleure de joie!
Allélui.~,. Fou! Ne fr'-'ppe pc:s : je nous d§li-
vre. Plus de Ciel, plus d'Enfor: rien que
ln. terre". (2) Et plus loin à Rildel,
il répète
"Dieu est mort •.•
je te dis (lU8 Dieu est
!Bort ••• "(3)
IlLl25
i'.1ouches 11 , Jupiter reconnc:ît dons Oreste celui
qui sonne son crépuscule
"Eh bion, Or8ste, tout ccci étclit prévu.
Un
homme dcv~it venir annoncer mon crépuscule.
C'est donc toi ? ~ui l'curoit cru, hier, en
voy"nt ton visnge de jeune fille".
(4-)
Toute l'oeuvre do S2.rtre est ,:insi un refus de Dieu, refus not,
cntêgoriqu~, trnnchnnt, qui nrrive ici à son paroxisme :
l'n.nnonce trioElphc.nte de 10. "mort de Dieu".
(1) F.
NIETZSCHE,
Ainsi p~rlnit Znrnthoustrn, Ed. Gallimard,
Pnris, 194-7, p.337.
(2) J.F. Sf:BTRE, Le Di~.'.blc ct le Don Diou, ;'ctc 111,100 tClblen.u,
sc. IV.
(3) Ibid., .ccte III, 10e t,~ble"u, sc.V.
(lI-) J.>f. SAiI'rRE, Los i'louchos, Ed.G::llim:::rci,Pe.ris,19le7,ccto III,
.
sc.II.

- '74- -
Voilà donc l'h08m8 de Bertre. Il est libre ct l'est
tot,:-,.lem8nt p.-:<ICC qu 1 i l peut s~'ns cesse dire It non ll à son p.::'.ssé
ct ne p~s r&p&ter inlnssr:blcu8nt les m6mus gGstes, poser les
mièmes ëctions
; l'hoi:1me l'st libre pc,rce qu'il peut dire "non"
à tout déterminisme ~t rsfUS2r d'être un8 chose p~'rilli los cho-
ses qui ccp8ndr:nt "permettent à sC'. lib2rté de Si exercer ; l' hom-
[Je est libre enfin, perce qu'il pGut dire "non" ,~ux .c,utres qui
le reg::'rdent et qui tentent do l'étiqUeter, dG lc' définir,
de le f[üro entror di"ns une cGtégorie, "n un not qui tentent
d' empêcher son sur[';isseLlent oriGinol. i:,u nQl;] d<:.: cette liberté,
ct p"'rce que le. synthèse "en-soi pour-soi" Gst contr.~dictoire,
Bertre repouss8 Dieu. Cc refus se justifio-t-il ?
Nous ,'pprécions, à son prix, 10 tér'lOign,or;", dG 3"rtro 8t son
viohmt pli:idoyer en f;,vi;ur de l '!1o;;ir;Je ut de S:'. libcŒté. Lo
liberté, selon S~rtre, est totele et ,~solue. Elle n'cdmet
~'ucun Etre nf,c,,'sscirG qui s,:r,',it son fondi:Uent ou s,~. source
origin'Jllo. l1cis clors un8 telle notion de 1::, libc:rté n' est-
olle peS contr"ire à toutes 1(,8 données de l ' Gxpéri.::;nc8 et
de l,~ psycholosie qui, :,ujourd 'hui, i:<lprègn0, de: p.-,r S0S pro-
grès et sos victoires, tous h:s clrmps dG l ' c'cti,vité humcinc?
Bien "'Dtendu, porsonnc, ne scurc'it prouv",r l'existenc2 de
Dieu, .Jt nous le concé,dons
; S"ortre non plus nu scurc'.it nous
prouver so non-GxistcncG
: cele V:-'. de soi (~t se coriprond r:'i-
séucnt. C' '-'st en vC'in C;UC c81ui-ci ou cc;lui-là s' éL'nc()r~it
dDns dos élucubrations intGllcctuulles à propos de DiGu.
CupGndc',nt nous pouvons p'"r contre éprouvor son Gxist"ncc.
L1homme, qu'on le v~uille ou qu'on ne le v0uillc pc's, 2
soif da Diou. Tout son 3'br~ d~sir0 et c~spire â 88 r§~liser
d':-'ns l'Absolu,
et ceci consciumm(:nt ou inconscior:nJont. Tou-

- 75 -
te fois , prétendre ::orriver " une: conncissc·.nc:J de iJic)u scr2it
unG pure et simplo illusion.
C<)p",nd:.'.nt 10 ViC0 fondc'n8nt:ü
do S,rtr0 ost dG s'Gtre enfermé d,ns l , seule description
phénoménolo[çique lOt de refuser d'en sortir. Le lib"rté 0t
Diou, tols que notru c.thée nous un perle, sont effoctivol.knt
inconccv:'blos 0t inconcilL:blus. ["".is tollo n' ",st pC'.5 l,~ li-
b0rté ct tûl n'est non plus Dieu.
Un IDiou-PhénoiJ(cn0" ou un
"Phénowène-Dic:u" no pout jC'mcis 0xist8r, ccr, ot nous le di-
sionsplus h:'ut, p'.:Tler de: Diou COElme d'un Obj8t, c'est p:rlur
de "Ri8n". Il est ,lors me.nifeste qU8 lu p8tit fils de K.~.rlé­
:Il;;.ni ne Si E::st j;'.m;-~is 8ng~gé à ôtudier, ou mieux i:.:ncore à com~
prencl.rG l'hol111:JU
; il n'c' j,~.m:'is charché à scisir cc qU0 signi-
fie pour l'holi1n8 concret 1::. soif d'une Ré,~lité suprême. Cette
soif, exigence ontologiq Uè:, structure p8rmc,nentu de l'existant
rcisonn:blc, SDrtre l ' , ignorée ou r
sc:mblé l'ignorer. En
effut, celui-ci p~rt de l~ description de l'en-soi et du pour-
soi qu'il poussu à l~ li~ite. M-.is qu'est-co que l'on-soi?
Nous l',vons vu,
c'est l'Gtre plein,
l'être gui co1ncide p~r­
f::C.it·Qr,wnt :'vac soi-mGE1û. C'est l'Gtr2 l:l,,:,terlL:l, C'8St 12. chose.
L8 pour-soi,
l," conscience, n'est que né<'.nt ut puisS,':'.nco dG
né,ntisé'tion, c' ost l'être; qui ne coïncide p,~.5 .0VOC soi-lnêEw.
Ces notions, dog,J"tiquuuent ét::blil:s, forl:luléos :~vec une ver-
ve sons ég:.'.lG,
.S:.Ttro lGS ~pplique à Dü)u s,:ns leur f;ürG
subir 12. GJOindre purific,êtion. C '"st là un procédé que tous
lus penseurs qui cherchent à s,uver l'Homme repoussent. P2r-
le:r de l ' ),bsoll~ comlao d'une chose, c '",st le r2.b,'isser .c.u ni-
V82U du créé et tomber ,:lors p,~uvre':1ent d·:ns une réific,~.tion
rq~rê:tt,.ble de Dieu. Bi"m sûr, il L;ut'd[luttre CJuo nous coo-
pérons à l , certitude que nous'vons de Diou co~mQ nous coo-
pLrons a l , conn,·iss,0.nce quo nous :'.vons du noUs-mêGlOS d'unI?

- 76 -
p"rt ct du Elondo d 1 ~',utrG pèrt. Et "n vérité, l r ,:',ffir~:'t ion de
l ' f,bsolu COI"L1e l ' "ffiru;",tion de; notre "moi" ot colL: du 1,1On-
de ust ~ction viv~nto. Diuu n'est pèS une vérité èbstr~itc et
ne s~urèit Gtro l'objet d'une déGonstr2tion : on éprouvG, on
sont, on croit, on vit Diou.
r.;t tout hO,;Ul, qui croit en JJui
d0viunt une pcrsonn2 qui Si ouvre ~ s 1 ép~'noui t, s , 61:-'.rgit , qui
lèSt bonté 2t :'nour. Cette p2rsonno, ;:près sr Gtre pris8 0118-
~
b'
molli8
CO~ill8 0 J8t do son proprG
individu:~lité, S0 rCLIplit peu
à pi.:U du l" plénitude de l'Etre
Dieu,
èinsi conçu, voulu,chcrché, trouvé at ~ccepté, est bien
reg'rd 8t 18 guettc,r,~it à chcquo P:èS d" S" Vl8. (1) Un G0n-
d:T80-Di8U nG peut pcs être un Dieu 8cis plutôt une fobrico-
,
tian ir:î:-:gin.~,ir8 d8 l'horüE18. j~ucun être hur.L:in De:: s~"'url.it
F;C-
cc:ptcr un gend,rme pour son Diou, CCT 10 "jend'r,J8 survGil18
'
....
ot
sevlv, st Diau, Lui,
i l :'iU0 ot c'est son toour justGuent
qui fonde notre lib8rté,
une; liberté qui se f,~it, se cherche
tOUtèU long do notre existence. Aussi cutte liborté ,}.st-olle
bien loin d'Gtre c'bsolue, p,'rccc que l ' hO;:I!I1,}, bien qu'infini
d:'ns ses V08UX,
reste borné ct lhüté d~'ns sc n,~tur('é. Hocon-
n,-îtrc cel~, cu n'ost p,',s f'ire prouve dG fè,iblc;ss,::, (i1~'is de
cl:irvoy~nce ct de lucidité :
il frut s':ccGpter tel que
l'on c,st,
,~cccptGr 10. condition qui c~t colle de tous les
(1) J.P. 3f:,RTiŒ, JJes cllciJins de lc' liberté,
tor,,!']u II
JJo
c'
,.:) ur~
."? l' "
0 ,
"'0'
J . . J .
G-. 'lll'l~"'ro'
.1 (
, 'l'''rl'
- •
s ,: 1 0
; 1;'5
r
,
pp.
)'19 ct ss.

- 77 -
II -
V,\\IN lŒCOURS A DIEU
LL LIB,êHTE 1 SOm~CE D' M1GOISSE
Il pGra1t incontest~ble que 10 philosophie de Scr-
tre est une philosophie des voleurs que l'on peut faire re-
monter à Nietzsche. Avec !'!ietzsche <'PPCTi:1t cL,irement ce que
serc le th~me ffiejeur de l'&thigue scrtrienne : l~ libre cr~Q-
tion des voleurs est présentée comme l'exacte contre portie de
10. "aort" d.:; Di.:;u. Le
Sur-homme nietzscéen 1 cré,~teur é"bsolu
de toute v2,leur depuis que "Dieu est mort",
sovoure lui-mê-
me 1:,1, satisf::;,ction que Dieu tire de sa propre personne.
"Le
Dieu qui voyait tout, même l'homme
: ce Dieu devrB~ mourir!
L'homme ne s~pporte pos qu'un tel Dieu vive" (1). Il fout que
ce Dieu "superflu" meure et
"que le Surhomme vive
! Que ceci soit un
jour,
ou c;rand midi,
notre suprême volonté"!
(2)
Une fois élimin~,e cette illusion qu'est Dieu, invention des
puissc.nces,
le Surhomnle ne cesserc: cJ ',·'.spirGr à se dépe,sser,
â s'&lever rl.u-dessus des vRleurs qulil D n~gu~r8 cr6~es, jus-
qu'à ce que ses "étoil es" même soient ,',u-cl essous de lui.
Ainsi se forme chez ~i8tzsche l'idée contemporcine
existentL71iste de 'l'r,,nscende,nce
: non pos certes 10. tr,c,ns-
cendcmce de 10 philosophie clc:ssique qui est lé; c1épcssement
de l'homme por l',::tre, p,,:,-r Dieu, m:'is une tr:;nscendëmce qui
est tout ,~,u contr,-,ire le dépo.ssement peer l 'hom,üe de tout ce
qui existe et de lui-même, l'nctivité inventrice d'une liberté
(1) )insi pGrloit Z~rnthoustrc, op. cit., p. ~04.
(2) Ibid., p.';)4.

- 78 -
souvernine qui ne cesse de f~ire surgir des vnleurs. Telle se-
r,c l'opinion de S"rtre. L'hommc" VD cont8stor,
"nier" ce qui
existe et tr,'-'.nsformer le mond8.
I l devient r:.insi lice p;:r quoi '!
les vé'leurs surgissent cLns le monde. L;, liberté huncine est
l ' s.cte même de poser des veleur,s et cet ;-::.cte est strictement
in<lividuel. Lê créction des vé'leurs Gst un Gcte pGrsonnel.
Nul no peut l'nsBumer que pour soi.
''l';oi seul, curé, tu n.s r.~'ison.
j'loi seul. Je
supplii'is,
je qu6mnndsis un siLne,
j'envoya.is
nu Ciel des messnges
: pr's de réponse. Le
Ciel ic;nore jusqu'à mon nom.
Je me cJemc'nd,üs
à ch::~,que minute ce que ,je pouvr'is être E~UX
yeux de Dieu.
pr~sent je connris 12 r§ponse:
rien. Dieu ne me voit pes, Dieu ne m'entend
pes, Dieu ne me conneit pas. Tu vois ce vide
nu-dessus de nos têtes? C'est Dieu. Tu vois
cette br~ch8 d~ns 1-' porte? C'est J)ieu.
Tu vois cc trou d~ns l~ terre? C'est Dieu
encore. Le silence c'est Dir3U. L'.obsence,
c'est ]JiGu. Dieu, c' ost l,:' solitude des hom-
mes.
Il n'y rveit que moi:
j ' r i décidé seul
du m:'l
; SGul j':.i invc,nté le Bi8n"
(1).
Ajoutons tout de Buite quo l'6thique si"rtl'ionne n'est pc's
seulement une more le de 1:' libre cr&:'tion, tn;-is ~USSl une mo-
role de la situc.tion. Et ici comme là toute vclour universel-
le est rejetée.
"JJ'llomm8 est d'ièbord un proj8t qui se vit
subjectiv2ment,~iu lieu d'être une mousse,
une pourriture ou un chou-fleur
; rien
n'existe pré~lGb18m2nt à C8 proj~t
; rien
n'Gst ~u ciel intellizible, ct l'homme S2ra
d'r:bord ce qu'il ;;urDprojoté d'être"
(2).
(1) .Le Di:::ble et le Bon Dieu,
op.cit., (,ete 111,100 té'ble,:::u,
scène IV
(2) L'existenti:::lisw3 est un huminisme,
Dp.cit., p.23

- 79 -
C'8St l'homm8, c'est-à-dire chc'que individu d.-ns telles cir-
const2.nc8s données, dc:ns telle "situ~·tion", qUl per son libre
choix cr&e 1" v.~·.leur de son ,'C cc. L,~. doctrine existentüüiste
s~rtrienne se trouv8 ['insi r::odic,~lement opposée à l"
notion
de la loi universel18.
On cdmet d'ordinnire qu'il est dos régIes, des impé-
rctifs dont nous no s8rions piCS les m"îtr8s. Ils s' imposerei-
ent, nous comnE'.ndero.ient. Il y c.urc,it d8s obli~Ftions ot des
devoirs qui viendrr.'.icnt de l'8xt&rieur et clont il fcl.udrci t
chercher l'origin8 dens un8 eutorité qU81conque. De sorte que
nous serions r8nvoyés, per souci d '8xplic;;tion, à le société
à la science, à la religion. Meis tout cele ne r6sist8 pes à
l'excmen. Le valeur n'est pes une donn~e, elle est un idéel
Iv liberté le fait surgir, le mcinti8nt ou la dédruit à son
gré. C'est certc'inemenc d8 tout ceL:. qlle !";c'.thieu :.v,;'i t pris
conscience dans 10 révélation saisisscnte que nous rcpporte
ilL 1 Age de R:~.isonll. LI é...'.utob us ven;:' i t de s' ."r:rêter sous le brus-
que coup de frein du wr~ttm;.'.n. Il p",nse,
"Non ce n'est pos à
pile ou à fece. quoi qu'il crrivc, c'est per moi que tout
doit c:.rriv8r" (1). l';ême si ï'lr'tlli8u se l.üssc'.it emporter, dé-
sempcré, désosp&ré, même s'il so l~isscit emporter comme un
vieux sec de ch;crbon, il cureit choisi SiC perdition ; il étcit
libre, libre pour tout, libre d8 fcire le b@te ou l~ m~chine,
libre pour cccepter, libre pour refuser. Seul DU milieu des
choses, sons ~ido et SQllS excuse, il ât0it cond8mné â dâcider
sens recours possib18, cond~mné pour toujours â Gtrc libre.
l':t à ses réfloxions on peut .:'jouter L:: L),[neUS8 c,postrophe
d'Greste à Jupiter. Elle ost de le mûme veine ut vibre des
(1) J.F. ;'1 ':.j{IJ-.'RE , L' ...~ce d~ R'?'.ison. (Les ch~m~ns d8 le. lib(;;rté,
t . l ) ; c,d. G:-lll m':'.rd, l (li· ::> , p •12if •

- 80 -
mGmGS é'..CConts
"Tout à coup,
lél lib2rtC, G fondu sur moi ot
m'ct tI·:~_nsi.r.
; et i l n'y c plus rien GU 2U
ciel,
ni Bion ni M~l, ni personne qui me
donne dos ordres ... Je ne reviendrai pas
sous t'-1 loi,
je suis cond,-,mné à n'èvoir d'cJU-
tre loi quo If'. micnne"
(l)
Libre pour tout,
libre pour accomplir, libre pour refuser,
libre pour tergiverser,
nous voilà donc en présence d'une li-
berté que ne limi t8 2ucunc v,~leur, ,'ucune ré. ison. j'j,'is ,':lors··
nous nous trouvons butés contre un obstécle lorsque nous pous-
sons plus loin notre réflexion sur cette liberté créc_trice
des voleurs. Que penser en effet d'une liberté qui,
on n'irn-
porte quelle circonstance légère ou gr~ve, décide des motifs
ct des fins et va. cinsi cu (';r,~ de se f~.nti:'isie ? Ne peut-on
pc,rlcr à son propos CI' indifférence Gt [je hè.scxd ?
é):crtre n'il p;,s ignoré ce·tte diffic ul teS. Cepe:ncLmt,
pour l'2utour de "L'(,ge de R~ison", 811e n'est p;~:s insurmon-
t"ble
: refuser le d(~t2rminism8, comrae il l'a f,~it, CG n'8st
pas se réfugier dons le hGSér~. La liberté de détermination
et le liberté CI 1 indj_ffércnce sont bi,m l'une, et l"
utre à re-
jeter. I,';-.cte libr8 n'est PDg déterminé.
Il y i'.ur;)it contro,-
diction à nffirmer le contraire. Nèis il n'est P~s d~vcntage
l ' o.cte gr,'tui t
d ont nous pc'rle GiCl e c1,:'.ns "l,es Cc'ves du Vi'ti-
cécn". l'our cn ".voir 1:::' certitude,
il n'y
qu'à f<üre ::ppel
à l'expérience. Je suppose) que, p:_'Tticip:',nt :,vec des Cc.mOT,'.-
des à une Gxcursion en montc.gne,
je me trouve souc1,.-:in ilccc.blé
de f2tiguc et obligé d" L,ire h:üte :. u borCl du churün. i'!e
(l) Les l1ouchcs, on.cit., ".cte III,
sc.II.

81
d&fnillnnce ne pnsserc certainement pas inaperçue. Elle fero
l'objet de rfflexions d&sobligeontes plus aue de commis&ru-
tion.
Il est même probé-'ble gue 18s plus v~"louroux, p:"TnJi mes
comp,ognons,
c,ccuseront mon 171::',nque do cour,','ge, de ten,~,cité,
de volonté comme si j'étais respons~~le de ma fati~ue, commo
si j'ct,ois libre de m'y c,b,~,ndonner ou de l'éviter, comme si
en un mot, m'.', li bert& ét;~it
(msngée d:',ns me déL',illcnce. Et
pourtont, si &tre,nse que celo puisSG pèToître, co sont mes
ccmLT""des qui ont r:üson.
Ils me jugcmt responscble de m~, dé-
fo,illcmce et je le suis.
Il s'é'git là d'une conduite d'&chec
qui, p'cs plus qU8 d'outres conduites,
n'éch2ppe p,ns à m,: li-
b2rté. l'kis peut-on peur aut,,',nt pcxler du caprice ? c8rt;:~ine­
ment P&s. ['1on ",ttitude n'Gst P"B l"'issée il m:} f:mt,:,isie.
JG
no peux pcs,
à mon gré reprendre 12.. rout0. Le:. fD.tigU0 m1 écrc~-
se, mo. pr,;r.c,lyse.
Il fDUt bien que je Lè subisse. Je voudrGis
bien me lever et je ne peux P"'S'
Je ne peux POB,
c' Gst vr','i.
Cepend:'nt, ot voilà
pourquoi je suis responeQble,
j ' :',ur::üs pu.
J' ,~ur,~is pu, Enis
à" CJ uel prix ?" Pour ch::Dger 1:', conel ui te que l'on me reproche
O,VGC quolque ;:Ct8 de hc:rdiesse (;t d' :c~;ilité, il 'LJr:'it fc',llu
quo s' opér?:,t en moi un ch;,',ncomont corüplet,
unG vérit,~,ble con-
version. C'est à cettG profondeur que se découvre 18 secret
d'une victoire ou d'une d~fcit8, ln~mG lorsqu'il s'~git sim-
pL"lilC'nt d' unê: oscf",lc,do on mont,:'gno. En cfIot pourC[uoi mon
c2.m:..ro.de fctigué poursuit-il son 0ffort :'lors c;.ue moi je tom-
be épuisé ? C'est qu'il cime 10. f,' tigclO ot s' Y ceb :'Tldonne, com-
IDe à un b,~.in. Elle est sc f.~.çon do d8couvrir le monde ut d0
s'y cd2pter c,~r "son effort, C'()st-à-clire cotte f>r.Jili:'Tité
douce ovec unG f"tigue qu'il :'imG,
à l.-:gu211e il s'c,b'c.ndonno

- 82 -
et que,
pourt;:.nt i l dirige,
so donne corrnno une 82.nièrc de
s'opproprier l~ mont~gne, de l~ souffrir jusqu'~u bout et
dl en être v~:.inqueurl1 (1).
Mon compagnon <:' choisi, lui, de dominer le montogne et, on la
domine.nt, de lé'. fciro Gxister ,~u plus fort, t,mdis que moi,
j' o.i choisi de jeter mon s'oc Gt de me L:.issur tomber, vouLlnt
,:ünsi me déb8.rr::-.ss0r de Ii1n f::-,tigue que j ' ;;i soufferte CO[:1\\110
uno chose importune.
Ainsi,
à tr'.V8rs lé'. conduite ln plus bC:·.m:lo se révè-
18 un 8ns8mble do projets s:'.ns lesquols lé'. libcrtô ne s' ,~xpli-
querait pns. Le liberté, totalité orgonique représent~nt 10
choix fondoment,0,1 de ch:~.n,u" individu, se trouve :::.insi rigou-
rcuseli1ent contemporoine de toutos les menifcstotions de 1i10n
lI rno i ll ,
de toIle sorte que le Ch;:'.ng2f:"!ant de mes D.ctes suppose-
r,~.i t 10 convers ion do mon être. Et c'est jus a.uo-là qu'il f,out
olIer,
jusqu'à cette libertô essontielle qui donne un sens,
une vD.luur cl tous mes ;-:ctes. C0rt2s cette conversion 0st pos-
sible. Elle l'est nl8me à chaque moment.
"Qu'on se rc:'ppelle l ' inst:,nt ou le Pl1iloc-
tète dG Gide :""'bC'.ndonno jusqu'à S.~ l1cine,
son proj3t fond:'li1ent,'l,
s:=>. ré.'.ison d' êtrc
ct son ê:trc ; qu'on se r;,ppclle l'insto.nt
où Rcskolnikoff décide do so dénoncer. Ces
instc.nts 8xtrc.cordin,'.ir'3s vt li1erv,ûlloux,
où 10 proje:t '.'ntérL,ur s'effondre de.ns 10
posse à 10 lumière d'un projet nOUV02U qui
surgit sur ses ruines et qui n" fcit encoro
qua s' asquisser, où l ' hurnilirction, l ' ,.nc~ois­
se,
l~ joie, l'espoir so li1~rient étroite-
ment,
où nous l~chons pour scisir ot où
nous s~~'isissons pour l:'ch"r, ont sauvant
pnru fournir l'im~go l~ plus cle.ira ct 10
plus ômouv.~nto de notre lib',rté. iL'.is ils
n'on sont qu'une tnc:cnifc·,stc.tion p.nui d'c·.utres".
(2)
(1) L'~trc ct le Ji!p,'"1.nt,
.
.
. ,. .
.
'
op
ClOt
D
532
(2) Ibid., p. 555.

- 85 -
Nous en '~'rrlvons Ù L
conclusion inc1iscut~.:ble que
seul l'homme est libre;
et on doit m3me nffirmer qu'en ri-
gueur des termes lui seul existe,
ûu sens où l'entendent les
existentinlistes, puisqu'il est seul à se fcire,
seul à créer
ses v2.1eurs.
"L'homm'2 existe d'.J.bord, se rencontre, surGit
dél.TIS le monde ct se déïinit o.près"
(1).
Il n' y il donc pu.s une nature,
une essence de l' homme dont la
liberté sercit un c.ttribut. Si Adûm, comme le pense Leibniz,
Jvait été créé par Dieu et que, de ce foit,
son essence eGt
été fixée d'ovonce,
il n'Durcit pos eu 1:' res;lons:obilité de
son péché.
Ne s'ét2nt pC's choisi lUi-même,
il n'ourcdt pas
vrDimcnt choisi son ;lcte. Son ::::lestin Gur~;it (~té &tr).bli cV(_Jnt
li) mise en route,
comme les petits pois qui sont dèterminés
à être ce qu'ils sont. Ce qui revient à dire que chez l'homme
"l'existence précède l'essence"
(2).
L'homme est libre; et ln liberté n'est pos une pro-
priété de son être. Elle est son être même. Totnle, elle est
"au nivei.'.u de 12~ détermil'::,tion dG l'essence
~
p,;r l '
.
eXlS t ence "(7)
~.
La réalité humaine n'o pas la liberté,
elle est sa liberté
"je suis mé' liberté, dit Oreste dû.ns ]~es
l',ouches. Libre,
l' homme l'est totclement.
Il peut "L:ire n'import8 (lUoi. Por exem-
ple enfoncer ce coute.7 u à froma.c;e d":.ns
l'oeil"
(4)
"~de son proch,.:in. nous sommes libres de tout.
(1) L'existcnti.)lismc est un hum~nisme, op.cit. ,p.21.
(2) Ibid., p.17.
(3) L'Etre et le Nécut, op.cit.,p.5~7.
(4) La NGusée, op.cit., p.174.

Il
Î
- 84- -
Précisons encore que la liberté n'existe pos prén12-
blement. à tout co.cte, elle n'e~t P]S
"un pouvoir nu préexistent à ses choix. Elle
se détermine pel' son surgissement m@me en
un -f::' ire-" (1).
L'homme est liberté et il n'existe que dens l'cction. L~ rén-
lité hum;,ine n'est pGS d'~'.bord et ogit ensuite,
"pour elle, être se réduit à f,~ire" (2).
Créateur ebsolu des valeurs p~rce que libre, l'homme se foit
et il n'est rien d'outre que ce qu'il se fnit.
Il en résulte
qu'il est responsable de toute sa vie.
"Le 12.che se fo.i t
lâ.che, le héros se f.:.:i t
héros ; il Y n toujours une possibilité
pour le Inche de ne plus être 12che et
le héros de cesser d'être héros" (3).
Bien plus, non seulement l'homme est responsable
de lui-même, de se vie, meis encore responsable de toute
l 'humilnité :
"notre responsDbilité est b8i:ucoup plus grc.n-
de que nous ne pourrions le supposer, CCl'
elle eng:Jge l'humi.'nité entière ... En me
t
choisissant, je choisis l'homme" (LI_).
Or cette liberté, comG.e la liberté de pouvoir, pe-
relît rencontrer des limites. Et d' ...I.bord celle-ci, qu'elle n'a
pas décidé de son exist8nc8. Elle n'est pas son propr8 fonde-
ment. Ce privilège on le refuserait même à'Dieu s'il existait.
I\\;OUS
serions alors contr;:.ints ct' ;].dü18ttre 'lU' <J.ve,nt le libre
(1) L'Etre et le Né;mt, op. eit., p. 566
(2) Ibid., p.555
(3) L'existenti"lisme est un hunFnism8,op.cit., p.52
(4-) Ibid. p.26-27
1
:

- 85 -
choix de 10 liberté nous ovons 10 possibilité d'être libres ou
de ne l'être pGS c'est-à-dire qu'il y ~lli~iüt une liberté préc-
loble qui choisiroit d'être libre, laquelle aurait besoin
d'une outre liberté antérieure pour 10 choisir et ainsi de
suite à l'infini : l ' hypothèse est ino.dmissible. Du reste,
même si elle étoit acceptable,
elle ne serait d'aucune utili-
té. Elle ne rendrc.i t
pas compte de la rQ'üi té-huma.ine. Il
fC.ut donc reconnoître que 18. liberté est un fe'.it.
Nous som-
mes libres de tout,
souf d'être libres
"nous sommes une liberté qui choisit, 1;)3.is
nous ne choisissons p~s d'être libres;
nous sommes condo·"més à 10. liberté" (1)
10 libertr': ne peut ne l'os être libre et ne peut
non pl us ne pus exister : ce qui revient à d ire que nous ,50111-
mes f~'.cticité et contingence. Cepenc1Dnt cette fc.ctici té et
cette contin[;ence de lQ liberté n'empêchent pElS qu'elle soit
infinie. ,~t cela. i1121gré les obst'~cles. 1'1,; liberté ne l'cout
s'exercer qu'en Clffront:;·.nt ces obsté'.cles
; :'utrement dit elle
ne peut s'exercer que dons un onseolble donné de circonstan-
ces et de conditions où se pose le problème pratique que mon
choix résoudr2, et qui tiendront leur sens de ce choix, bref
dons une situation donnée.
"Ainsi commençons-nous à entrevoir le po.re.-
doxe de 10 liberté: i l n'y Cl de liberté
qu'en situation et i l n'y 0 de sitŒ~tion
que par lé). liberté. Le. ré".lité-huEwine ren-
contre partout des résistances ct des ob~-
tacles qu'elle n'c pas crées
mois ces
résistaDces et ces obstacles n'ont de sens
que délns 8t l'or le libre choix que 12 rÉlél-
lité-hUli1é\\ine est"
(2).
(1) 1'J~tre ct le t!écnt, op.cit., 1'.565
(2) Ibid. p. 569-57(1.

-
86 -
Il est même possible de soutenir que plus les circonstances
sont-difficiles, plus l'occasion est f~vorable pour notre li-
berté. C'est c.lors que nous éprouvons le mieux l ' ~~.bD.ndon où
nous sommes,
notre dél"éliction ct pOT conséquent 1;1 nécessi-
té de nous faire nous-mêmes selon nos initiatives. D~ns les
circonsto.nces dr,Tlctiques nous so[,r;;es s0uls _ Seuls dev2.nt
l'OTresta.tion, devê.'llt l'insulte, devr.'.nt lil torture. Souls en
présence de l'oppresseur tout puissant ct sûr de lui-même,
seuls pour choisir notre propre condé,mniltion p~T le silence,
ou notre libération, par le. purole dénonciatrice. Bref, c'est
ma liberté qui donne à 10 situation son sens et la constitue
de telle sorte que de.ns le r,wnde,
il est impossible de sépc,-
rer ce qui :!.ppartient oè.U donné de ce qui appcrtient à la.
conscience. De là, COTIHite nous l'cvons déjà dit,
nous sommes
responsé).bles de toute notre Qctivité, cl.e notre existence.
Cette responsabilité, sons liGlite comme notre liberté, s'é-
tend nu monde dont nous portons le poids, ccr en nous choisis-
sent nous choisissons ce qui nous ontoure. Et l'homme qui
prend ainsi conscience de sr! liberté et de s,a responscbilité
ne peut être sé'isi que d'un sentiment d' angoisse.
L'homm0,d,~vD.nt l'être et S8. contingence, éprou-
vc.it une sensation de ncousée. :en présence de soi,
i l est pris
d'un sentiment d'::ngoisse.
Angoisse dev"nt la liberté, di-
so.it Kierke~;['.ard ; ,?nG;oisse devo.nt le néant réplique Heideg-
ger. Et pour S:,rtre les deux é'.ffirmEltions se rejoignent.
C8tte 2.ngoisse que 12. réo.lité-hum'".ine éprouve en
prenant conscience de so liberté est outre chose que 12 peur.
Il est vrc,.i que l'idée qui vient en preuier lieu à ceux qui
sont hc.bitués eux dGscriptions de Ir' vic ,)ffectivc est que

- 87 -
l','ngoisse ne sernit qu'une forme c1e le puur. Tout .'~u plus
~ettent-ils entre l'une et l'autre une différence de degré.
l"!Cüs en ré:üité sntre les deux s8ntir.lents il y ,3. une diffé-
rcnce de nO.ture. Sens doute i l crrive (Ju 1 une filême si tUL'.tion
les provoque successivement. :'.insi c1~;.ns le frcèc,,-s et les
risques d' un boobo.rdenHmt le E'l,~lheureux q\\li est conde.mné à
les subir pesse f::lcileE18nt do l'une à l'::utre. De mêr.le devo.nt
de lourdes responsabilités on peut perler, à propos de celui
qui s'en effr::lie, de peur ou d'r·ngoisse.
t'io.is il fe.ut bien
s2.voir qu' il ne s' ogi t
p,:cs,
ic i
et là, de le mêlJe chos e.
"L' ,~nsoisse, nous dit So.rtre, se di,stingue
de 10. peur per ceci que le peur est peur
des êtres du monde et que l ' '.'.ngoisse est
cngoisse devont moi. Lê: vertig8 est c:.ngois-
se d,~.ns lr'. mesure où je redout8 non de too-
ber drus le pr&cipic2 mClis de !il1y jeter.
Une si:;uC\\tion qui provoque 12 peur en tant
qu'elle risque de modifier du dehors mÛ. vie
et mon être provoque de l'ongoiss8 dans
le mesure 00 je me défie de mes réactions
propr0S à cette situe.tion" (1)
L'2.ngoisse, c' es,t ce sentir.li3nt qui nous s,üsit lorsque nous
prenons conscience que nous SOQi,]lèS seuls et s<::.ns ,~.ide,
sépa-
rés de nous-mêmes: de notre passé qui n'& d'~utre réalité,
d' ".utre effic;~cité que celle que nous lui donnons, I;lais sé-
porés 2ussi de notre avenir où se situent nos projets et
dont nous ne pouvons s2voir ~ l'~v~nce ce qu'il s0rD., seuls
en f~ce d'un monde de possibilités qui sont nos possibilités
ot que rien ne nous contr,.~'int de rénliscr. Cette ,c.ngoisso
qui n'est que le sentiment de notre liberté,
l~ prise de
conscience de nous-mûmes ost inscrite d,. ns l,~ con'lition
(l) L'Etre et le N6::nt, op.cit., p.66.

- 88 -
humaine. L' homme est condamnê à se fô.ire dans l'angoisse.
]~lle est son lot. Or s'il en est ainsi, si l'homme est liber-
té et que l'angoisse est son lot, il s'agit bien ici d'une
"structure permanente" de l'être huma.in ; l;l:Jis alCl'S comment,,,
se fait-il que nous y échappons si ~isément ? Car tout au
.'
..
long de ses journées ternes, l'homme s'adonne à des mesqui-
neries et, la conscience tranquille, il parait vivre dans
l'insouciance et ignorer l'sngoisse. Le monde où nous sommes
engagés semble si bien réglé que nous ne voyons même pas au
premier abord comment l'anGoisse pourrait venir s'y log~r.
Dès le matin, en effet,' je mets les pieds dans un
engrenage qui ne me lâchera que le soir à l'heure du coucher.
La table de travail m' attirerCl, les livres, la feuille ble.li-
che, avec à côté, le crayon.2:t aussi le pa.luet cle tB.bac. Je
vais allumer ma première cigarette et ce sera la mise en rou-
te. J'écrirai avant que ne surgissent d'outres obligations:
une visite'" recevoir, une cH,ma.rche il fiJire.
Il Y Gura égale>·
ment le repos et la promené'rle (jui suivra., avec la rencontre
de ce voisin qu'il fo.udra sûluer et ",'vec qui j' &chanserai
quelques propos insignifiants, puisqu'ainsi le veut l'usage.
Partout donc les chslnins sont tracés et se dessinent des exi
gences et des urgences.
Nos actes font surgir des valeurs,
valeurs de tous ordres: sociales, morales, politiques et
religieuses. Les codes et les catéchismes sont nombreux qui.
soumettent l'homme à oes obligations et lui servent pour
ainsi dire de garde-fous. Comment, da.ns ces conditions, par-
1er d'angoisse? Et il est bien vrai que tant que nous res-
tons sur le plan de l'action immédiate il n'y a pas de place
pour ce sentiment. Nous sommes alors dans l ' esprit de sériPI/Y
, .
': .
,•
. '. ~ .'.

- 89 -
qui veut que les valeurs soient saisies à p8rtir des exigen-
ces sociales du monde. Nous vaquons à nos occupations quoti-
diennes sans nous poser de questions, du moins dos questions
essentielles. Pour que l'ansoisse surgisse il faut que dispa-
raisse cet esprit, qui est esprit de paresse. Il faut que
la réflexion interviGnne. C'est alor s seulement
que ln tra-
me se brise, que le plein f~it place au vide et que nous nous
trouvons en présence du vr".i monde, celui de la liberté, ce-
lui de l'ansoisse. Je fais l'expérience de cette dernière
tous les jours. En effet je sais qu'il n'y a d'essence pour
moi qu'au passé et que le passé n'enga~e pas le présent. Ce
n'est pas parce que j'ai voulu, que je continuerai à vouloir.
De fait, la table de travail qui hier m':,ttira.it, aujourd'hui
me repousse. Vais-je poursuivre l'effort? Je n'ai sur ce
point aucune certitude. Car si je sais que mon p:.'.ssé ne
m'eng:Jge pas, je sais aussi que mon projet ne m'engage pas
di1.vé'.ntage. Il n'e. de vüleur qWè dans la mesure où je le m8in-
tiens. Mon choix décide sons doute, mais c'est moi qui déci-
de de mon choix. Je me trouve c1 ev:.'.nt la toble de travail avec
une résolution qu' il fa.ut tenir. Lorsque je me contentais
d'agir, d'aller de l'avant sans réflexion, tout allait bien
le réveil sonnait, je me levais, je faisais la toilette et je
prene.is place à filon bureau. Les gerde-fous, les potesux indi-
cateurs étoient en place et les vDleurs m' appelai(ont. Il n' y
avait pas de vrai problème. J'étais sur du terrain solide.
r:a.is soudain la réflexion 2. surGi qui a tout ruiné, qui a
tout fait basculer, parce que tous mes actes sont mis en
question, lGS plus insi[>;nificnts COiiHile les .:utl"es. Je prends
conscience du fait que c'est moi seul qui donne son SAns à

- 90 -
mon r~veil, à ma toilette, à ma table de travuil, moi qui
fvis exister les v81eurs que le monde ne cesse de l;le renvoyer
sous formes d'exigences plus ou moins ursentes. Moi et per-
sonne d'autre.
llJ' émerse seul et dans llç;.ngoissc en face du
projet unique et premier qui constitue mon
@tre, toutes les barri~rcs, tous les zarde-
fous s'écroulent, n6antisés par li' conscien-
ce de ma liberté:
je n'ai ni ne puis svoir
recours à aucune valeur contre le fait que
c'est moi qui maintiens à l'être les valeurs
rien 11e peut m'assurer contre moi-même, cou-
pé du monde et de mon essence par ce néant
Que je suis,
j'ai à réaliser le sens du
monde et de mon essence:
j'en décide,
seul,
injustifiable et sa.ns excuse"
(1)
Pourtant c'est bien à travers l'an~oisse que je
prends conscience de ma liberté
mo.is l'c;ngoisse est un sen-
tirnent lourd à porter et dent personne ne s' ,).CCO!il,:lOd8 aisé-
ment. L'homme y répugne comme ou vertige. Aussi 10 réflexion
qui nous y a conduits risqI1e-t-elle de se heurter à des con-
duites gui nous amènent a.UA: apOlisements faciles de l'action
immédiJ.te et de l'esprit de sérieux.
"En cha_lue COlS de réflexion,
l'angoisse naît
comme structure de la conscience réflexive
en tant qu'elle cOGsidére la conscience
réfléChie
; mais i l reste q~e je peux tenir
des cond ui tes vis-à-vis de ma propre angois-
se,
en particulier des conduites de fuite.
Tout se pa.sse en effet comme si notre conduite
essentielle et immédiate vis-à-vis de l ' ,m-
goisse, c'était la fuite"
(2)
(1) L'Etre et le Néant, op.cit., p.77.
(2) Ibid., p.78.

- 91 -
On sait pDr exemple, cOL!1Inent Electre, après iJvoir rêvé du
crime qui ap,üsercüt son désir de vengeance et lui <lSSUreriüt
l<l liberté, s'éloigne soudoin de son frère lorsque le rêve
est devenu ré;;li té. Llle r,]fuse l ' E'.cte lib8ré'.teur pour se ré-
fugier dans le remords, préférant ainsi le servitude à l'in-
supportuble 2.ngoisse, la soumission à l'effraya.nte liberté.
Elle refuse de consentir à sa respons&bilité (1). L'homme
donc, seul devEmt cette insupportoble anr-s0isse, cherche il
se la masquer par un effort concret de fuite gui s'exprime
à travers une double tentative de distraction: distra.ction
d'abord devc:mt l'avenir, p2T rapport AUX possibL:;s contra.i-
l'es à mon possible
; distraction ensuite devant la menace du
passé, en essayant de dés2rmer ce dernier. M<lis il s'agit
ici et là de tentatives qui n'aboutissent pas. Le fer<lient-
elles, elles n'auraiont d'autre résultat que d'übolir la
conscience. Tous ces efforts de distractions consistent, en
effet, à essayer de nous s<lisir du dehors comme i!.utrui et par
voie de conséquence de nous réd Ulle à l'état de chose, ce
qui est impossible.
Nous ne pouvons petS Lüre, pour repl'endre
les expressions de f3G.rtre,
que les possibles contraires à
notre possible,
ne soient pas des possibles vivè].nts, ni non
plus, à la mallidre de Bergson, concevoir notre liberté comme
une vertu métaphysique "8nfoncée" au sein d'un être opélque.
'~n vérité la vérité'ble "donnée immédiatG" de notre liberté
c' l'st l'élnsoisse.
Impossible donc de l'é'couffe:(' ni même de
la dissimiler vraiment.
Il n'en V2. po.s ici comme d'un objet
extérieur dont on peut détourner le regard ou l'i:lttention.
(1) Les l'ouches,
op.cit., acte II,
scene VI;
Gcte III.

- 92 -
Car
"8i je suis ce que je veux voiler, la question
prend un tout c,utr'3 aspect:
je ne puis en ef-
fet vouloir 'ne pas voir'
un certain aspect de
mon Stre que je suis précis~ment au fuit de
l'a.spect que je ne veux pas voir. Cc qui si-
gnifie qu'il faut que je l'indique dans mon
être pour pouvoir èl' en c1ètourller j mieux encore,
il faut que j'y p8nse constumilent pour prendre
gard8 de n'y pas penser" (1).
Nier l'angoisse c'est donc touj O'.lrS une m8niè:re d'en
prendre consc ience. ." i ns i donc, l'homme, nous dit l' cuteur de
111'Etre et le Néont" se choisit et sa. liberté est crsatrice
des valeurs. Bien plus il est responsable, totalement respon-
sa.ble de ses :"ctes et de son choix, n'ElY:3nt é,ucun point d' Hn-
crage, ni dans sa nature humaine ni en Dieu. C'est en vain que
l'homme aurait recours à Dieu.
Ne nous attardons pas sur les
conséquences que l'on peut déduire da cette concel~tion de la
liberté. Posons simplement les questions suivantes: l'inver-
ti, chargf, d'une lourde hérsdi tf, et qui
souffre d'un mal dont
il ne peut guérir seul et dont il désire guérir, se choisit-il
et choisit-il tous les hommes 7 ~st-il totalement responsable
et seul responsable de ce qu'il fait 7 Et celui-là qui croupit
dans une misêre dont il ne peut sortir, parce que la société
ne le lui permet, est-il libre 7 ..• Bref, la liberté humaine
n'est pa.s et ne peut pns être un obsolu : elle Gs·t condition
née, et ce cond i tionnement est 10 lot même de lEJ.3"éulliftù.1
humaine. Elle n'est pHS quelque chose de tout fait
j
elle se
fait. Certes, elle est l'élan vers l'existence et cet élan
(1) L'Etre et le Néant, oD.cit., p.82.

- 93 -
comporte à sa racine un pouvoir qui on soi n'a pas de limite
je puis faire le bi~n, faire le mal,. me tuer, tuer l'autre,
me résigner, me révolter. Ce qui revient à dire que l'homme,
en posant tout acte réfléchi,
a conscience de faire du bien
ou du mol.
Il ne peut pas ne pas le savoir
; nou.s dirions
dans le cas contraire qu'il est agi et P"T conséquent i l
n'agit pas et n'existe pas non plus. Ce pouvoir est sans li-
mite et nous le concédons. l'12.is loin d'âtre la vroie liberté,
il n'en est que la ba.se. rar Ci ille urs,
la conn.J.issance du bien
ou du mal n'entraine pas nécessairement l'accomplissement de
l'un ou de l'autre parce qu'on le connaît. L'homme en tant
que créé porte sur ses épaules un fardeau de cré2ture qui le
conditionne. En d'autres mots,
l'homme n'est pas libre, i l de-
vient libre,
il aspire à la liberté: la liberté est une con-
quête. Et l'humain devient seulement ot vraiment humélin dans
cette aspiration, dons cette recherche, d~ns cetto tension
vers la liborté. ~lus nous sommes en mesure de nous libérer
d'un grand nombre de conditionne;nents qui pèsent sur nous et
do nous rendre maitres de nous nous-mêmes, plus nous devenons
libres, toujours d'une façon limitée bien entendu,
sans ou-
blier que les défoites qui jalonnent notre route d'hommes,
loin de nous entr,~inor au tréfonds de l' abime, doivent au
contraire nous inciter à monter plus heut. Les défaites ne
diminœnt pns l'homme,
lorsque celui-ci reprend courageuse-
ment son chemin, à 18 r~chercho de la vérité et à la conquête
de la liberté. Cotte recherche et cette conquête deviennent
ainsi recherche et conquête de l'bsolu. Ce dernier n'est pas
hors de nous,
i l est en nous. C'est par un travail toujours
à refaire, per un effort toujours renouvelé ~ue nous devenons

- 94- -
libres, c'est-à-dire cap~bles de prendre en main notre desti-
née, c2.pables d'8.ssumer pelinëment nos r8sponsé'bilités, fai-
sant ainsi le Inonde, bien loin de le subir. L'homme ne n2it
pas achevé, moins encore avec une liberté achevée
il s'achè-
ve lui-même sous la stimulation du milieu social, culturel,
historico-géogr2phique où il gra.ndit. Ii' où le dGvoir pour tous
de donner â chacun les moyens de s'épanouir totalement et de
pé'rvenir à un équilibre personnel à son tour équilibrant pour
les a.utres.
L'homme sa.rtrien, n'est pas seulement cr'~2teur des
v81eurs. Il est aussi tel qu'il sc conçoit, tel qu'il se VGut.
"L'hommG, tel que le conçoit l'existentialiste,
s'il n'est pas définissable, c'est qu'il n'est
d'2bord rien. Il ne serG qu'ensuite, et il sera
tel qu'il se serE fait. Ainsi, il n'y a pas de
nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu
pour lB concevoir •.. l'homme n'est rien d'au-
tre que ce qu'il se fCJit"
(1)
~n d1o.utres termes
"l'existence précècle l'essence" (2).
Depuis flaton on s'était accoutumé à considérer l'Gssence ou
la nature d'une chose comme indépendélnte du temps: qu'un
homme donné soit mort ou vivant, ou que par impossible on puis-
se le connoitre par 2vance, son existence ou son inexistence
ne change rien à sa naturG. L'existence devient vite alors la
simple actualisation de l'essence. Pour les existéntiBlites,
au contraire, toute la. question est de savoir si un être
(1) L'existentialisme est un humanisme,op.cit.,p.22.
(2) Ibid., p.17.

- 95 -
existe réellament, c' est-à-d ire s ' i l s' inscri t
da.ns le cDdre
spatio-temporel. Philosophie du temps,
l'existentialisme est
par le fait même une philosophie dynamique de l'0tre. On ne
peut s'étonner que l'ess8nce,
soustraite élU temps, clans 18
perspective essantioliste, soit immusble et définitive. Que
l'on consid~re Dieu ou les choses, l'essence est perp~tuelle­
ment identique à elle-mGme
: pourquoi l'essence huma.iue fe-
rsit-elle exception? Pourquoi? Parca que,
répond l'existen-
tialiste,
l'homme s conscience d'être l'être "qui devient le
plus", car seul il a la liberté. !'ussi, sans cesse,
son exis-
tence vient-elle sppé.'uvrir ou enrichir son essence. On com-
prend bien la formule des existentialistes:
"l'exist8nce pré-
c~de l'essence". Il f~ut donc concevoir l'existence non seu-
lement comme une décompn~ssion ou comme une détente de l'es-
sencG, m~is comme une cr~8tion progressive. On Q affaire â
un être qui vit. Las philosophas théistes,
en BclElettant Dieu,
admettaient du môme coup,
que le Créateur Eternel pensait de
toute éternité sa créotion. Les modèles des chos8s ou essen-
ces, par conséquent,
étaient de ce point de vue, éternels.
Le rQgord de Dieu ,bolit en 8fïet le temps; ,èussi ces ossen-
ces éternelles apparaissent-elles, par contre coup, comma
statiques en quelque sorte. Ces philosophias,
on le voit,
sont fondamentelcm2nt cllls philosophies de l'essence. Ici sur-
git une int8rrogation : l ' t:xistenticêlisme sartrien va-t-il
pour autant être lB philosophie de l'existence,
n~gatrice
de Dieu, alors que les philosophies anciennes éteieDtplutôt
ealles de l'essence? 1)ris8 brut21cm8nt, cette ODposition sa-
rait absurde. En effet, qu'est-ce qu'une existence sans
essence ? Un fantôme . .;"ue un c:x:istentio lis me , malgré ses dires,

- 96 -
n'a pu résorber complètoment les 8SSGnCes. Pareillement, aucun
essentie.lisme, do son côté, n'a pu " m0 ttr8 Gntre parenthèses
l'existence". Il fout reconnaitrG néanmoins que dans le cou-
ple essence-existence, tondis que leurs pré~écesseurs consi-
déraiant surtout l'essence, les exist(lntiolistes envisagent
surtout l'existence, Ce sont les rives opposées du même flcu-
ve. La véritable divergence s'üffirme entre l'essentialisme
et l'existentialisme en tant que le premier est une philoso-
phie du général et le second une philosophie du porticuli8r.
L'essentialism8 s'occupe du général, c'est-à-dire des essen-
ces universelles d' rlbord, puis des essences porticulières,
mais en ce qu'elles ont de général. Et l'existentialiste,
lorsqu'il nous d i t : "l'existence précède l'essc)TIce", il ne
1
i
s'agit pas bien entendu, de l'essence universelle (Gtre homme
\\
par exemple, plutôt qu'animal), qu'on ne choisit pas au Bens
1

propre, mais qui nous est imposée. Pourtant ce qui nous fait
tel homme, ce n'est pas notre essence univorselle, mois notre
essence individuelle où s'exerce notre liberté et qui se sou-
,..:
de si intimement à notre existence, qu'on ne peut que la croi-
re sous-entendue quand l'existentialiste parle seulement
d'existence. Cette essence-là succède à l'existencc.
De là admettre que l'homme possède une nature hum,üne qui se-
l '
rait pensêe de toute 6ternité par le Créateur, n'enlève rien
à la liberté et ne lui empêche aucunément pas de s'exercer
dans le champ humain qui est le sien. Encore ici Dicu et la
liberté n'entrent pos en conflit; les deux réalités ne s'ex-
cluent pas et on ne s.3.uriJit les considér'Jr comme des notions
antinomiques. Dieu reste toujours le fondement de 18 liberté,
p,;rce qu'il est le fondl'tnc,rlt de l' homme.
. .
. «
.'i:
_

f.
CHAl'ITRE
TROISI:E:fI'IE
EXIGEUCE DE TH!,NSCEY;1)_\\NC.E
LA BEANCE DE L'ETR~ HU~~IN

- 97 -
Depuis l' ;\\ntiquité, da.ns l'esprit de la métaphysi-
que clcssique,
nous retrouvons deux notions fondô.,nentoles at
qui forment le soubcJsselüent de toutes les philosophies
l'immanence et la transcendance. Cas deux notions sont inti-
meQent liées, s' impliquFJnt l'une l'autre COi!ll'1e des contraires
qui s'appellent et s'excluent. L'idée.lisme p18tonicien peut
servir de paradigme ou d'exemplaire pour écl:Jirer leur signi-
fication.
L'immanence désignait l'intériorité de ce ElOndc-ci,
l'ensemble des Gtr~s qui résidaient en ce monde et le consti-
tuoient selon l'ordre "inféri3ur" de la sensibilité, dé: la
temporEJli té , de la continf"ence
~
et de la fini tud8.
C8t ordre
ne trouvait sa. place et son SGns que P,ll' référbnce à un tout
autre ordre conçu comme tr2nscendant, c'est-à-dire à la fois
rrsupérieur T' et radic81e[;lent "distinct 0t sépa.ré. ]~e tro.nsccn-
di..nt,
ou absolu, comme idéalité,
éternité et perfection, re-
lativisait donc le monde et le donnait coume ce qui manquait
de perfection et de permanence. T'londe sensible
du devenir et
do la. contin(~ence, il éto.it l' "inessentiel", pour roprendre
la terminolog,ie hégélienne. L'unifice.tion impossible des deux
mondes devenoit l'origine du malheur et de l'olién8tion da
la conscience. Tout était décentré et la vraie vie, le vrai
monde,
se trouv8ient "ailleurs". Le tr",nscendc.nt, '.lui était
d'abord le monde connaissable et lumineux dos Id0es à la fois
vraies, belles,
justes et r&tionnelles, devint peu ~ peu, ~
travers Plotin et le n~o-platonisme, le lien d'une vr~ie vie
et d'une r&alith vrcj.d, mois qui n'6tait plus exprimable en
un' discours ir-telligible. D' ::J.bord fondement du sens de l' ir;]-
manent,
le tri) nscenô ,J.nt devint pe u à peu l ' inconL~'iss,Jble
mG me , l'inaccessible référence qui permetti)it d'interpréter
le monde, monde qui, est u2nljLw (,t qui n" se suffit l)é's. La

- 98 -
dogm,~tisme de le tr8nsccnd2nc(J ovait 8insi permis do mettre
en pla.ce un cort'''.in nOl,]bre de conc8pts : l'Un et le Tout,
l'Unique "t l'Universel, le l"lame 8t l'.utre, 18 Fini 8t l'In-
fini.
Kant, à son tour,
affirme l'8xistence d'une Chose
en soi.
Il uchève certes la métaphysique rationolistü et dOG-
matique
copendont au-dalà du phénomène,
il 12iss8 toujours
subsistor un noumène in8ccessible ]Jer l ' entcndCl118nt, mois
non p8S étr8nger :'t 18 raison pr:otique
: ID Loi mor,J1e,
ooli-
gatoire,
impérieuse ct caté~orique réintroduit sous forme du
Devoir et ~n termes d'obéissance éthique ct politique, une
tra.nscond8.nco qui déposs8 ID sensibilité, la temporcüi té ot
so ouv8rte une transcendance ontolo[;ique
: le nomJène COli\\Lle
d l ,
.
'1
.
~
l
ou- 8 n lmpGnSaD e malS ree
.
Cont0iTIporcincmont, Schopcmh;,cucr,
soucioux de cons-
truire une vision du l;lOndo paTfDi tement 2thée et Eloniste ,. Df-
firme lui aussi, sous le no@ do Vouloir-Vivre cosmique,
une
lTIa.nièr8 d'être de 12 trvnscendGncs. En f8it,
la volonté dépas-
se à ce point les individus, qui n'on sont que l'objectivs-
tion éphélnère et phénOii1&na18,
ct consti tU0 une véri téJb18 trans-
cendance. 1'18i8 .J.lors, coralüe -'J118 est le' source du Désir ins8.-
tiable et donc do toute souffr2nce,
ello doit ~tr8 combattue
at ni~o avec toutes le8 ressources de l'ssc&tismc ct de le
contc;Elplation. Et dès lors une deuxième trenscendance est
posée,
non plus force ncturelle: <dt métaphysique: il ni2r, mais
idéCll 8xce]J'l;ionnel à ôttoinc1re ; seuls l ' 2.tt2ign..;nt, ct fort
rarClü2nt, 10 sGint,
le: génie ou le philosophe. La vision mo-
niste du monde redevient une vision "101'.::1", d' a.llure spiritua-
aliste ct ID trunscendance éthique à nouveau dépasse l' hom:nc

- 99 -
ot est censée inspirer son ~ction, ou plut3t sa négation déses~
pérée de 18 vic ot da l'action. C'est à fort bon droit, de son
point de vue, que .schopGILh,~'u8r évoque avec aduiration las uys-
tiques quiétiste, chrétienm; et indienno. Co ronvorsaL1ont dio.-
lactique qui chenge uno révolution ontologiquo moniste cn une
oorele plus ou moins uystique ou mythique ost cn réalité le
meue chez l'Ti8tzscho. De 10. [,JOrt de Dieu à la noissonco du
SurhOIJl!ilc, c'est le TI1e[,w itinérc.ire gui est porcouru. L'homme,
à nouveau, est présenté COCiE18 d2vc.nt Gtre c1ép;~:ssô st le
Sur-
homme est sa nouvelle tr8nscendonce, idéal, fin, but situé
hors de lui ot loin 3u-dessus de lui, réalisable 8n droit par
quelques-uns SeUlOGlcnt mais j8DG,is encoro ~&alis6 un fait .
..:'\\vec Ki8rkcGéJ2rd, la-trL'l1scenc12.ncc: seru intérieure à l'ho~J.n18,
intérit::ure DU monde,
ct pOT cons6qu0nt i1;1i:18,118n"l:;0. C' 2St ce
PlOuvement que rt';olise 18 philosophie existentielle sous S2,
forme r81icicuso depuis le philosophe d~nois jus~u'à Karl
Jaspers l;t Gobriel lbrcGl (mais ,?ussi dr,'ns la philosophie
religieuse d'un I1z:urice Blon0.01 qui, mécLit,').nt sur 11s.c tion,
découvre ~ans ln cré2turc ln trsnscendnnce du spirituel). La
philosophi G de Kié>rb,gcc:rd ne prétenc, c8rtes pas Jtre un
imnancntisGle ; pourt:::mt la découv()rte do le subj~ctivité, la
description de la p;;.ssion ct de l' iJngoisse de cettE: ::;ubjecti-
vit6 gui est 111 vérité, pouvaient permettre de cOüstruire une
doctrine de l'existence livrée à elle-mOrne et à ello seule.
''Cn effet, toute l'existence etc Ki8rkegé"'rd no se déploie LlU8
sous 10 signe de la transcendance: Dieu, qui est l'infini
et l'absolu, est int~rieur à l'individu
fi:it, s'il est chrétien, son sens et sa liberté, c'est-à-dire
::;8
béatitude infinie.

- 100 -
Chez Jaspers,
l~ tronscandancu, qUl est de l'ordre
du tout c',utre,
est éprauvé0 2xistünti811(;,::.i12nt p;\\r Ir indi vidu
qui, dons les situctions li~ites, pout seisir les signes et
op~rer une horm~noutique qui l'ordonne ou divin. De IJ&we chez
Géèbri81 r:krcel, c'est à pc,Ttir de le. plus intérü;ure des im-
l;lêlnenccs, pDr cXGmple 18. f.1édit2tion néso.tricc sur son propre
n&ant d'être et la possibilité du suicide et du n'ôtre-plus,
que s'opère le r8nverscr'18nt vors la transCendOJ1CG, lé). transfor-
mation de l'intention de mourir en réponse à un appel qui est
celui de la transcendance,
rôponse qui se fait s.dmir2'tion,
in-
vocation et prière. C'cst oussi à partir d'une m~ditation mé-
t8physique sur l'incarnation c·'; le fi'.it que "je suis mon corps"
que peut naître 10 découverte de la tr8nscendance sous le
forme du mystère ontologique.
Avec 11 exist2ntiG,lisme C.th?;8 de E8ide~'~gcr ct de
E;a.rtre on aperçoit une nouvelle forme de la ·i:;r,mscendance,
tout à 12 fois intérieure au monels et ê.istioc-i:;e cependant
d'une pure immo m'Dce en termes de trC'.nsce nc1:,nce horizontalc.
Certes,
i l y a chez Heidegger une sorte d'émergence de l'être
hors (lu néant, Uluis cette 2Tl18rsencc nia plus rien de commun
fJ.V8C le mouvement c18ssiquG vers les bD-uteurs, encore présent
chez Nietzche. C'est que le néant est plutôt 18 néGativité,
l' octe de n22ntisation de l'être qu 1 opère li! réo.lité humaine
L'essence de cette réalité,
qui est son existence même et non
une définition épurée,
se donne en effet comme ce qui se met
en question soi-même comme finitude ~.ppréhenCl,J.nt sen clvenir
mortel. Finitude, tempor~'lité, lJlOl"·.t:ali,té sont donc liôes et
ce qui 185 lie, C l 8st l'~cte de dép~sS8m8nt de soi vers son
propre o.venir et so. propre mort. Le Temps est ek--stase, c' est-
à-dire affirmc.tion-néc;etiol1 du pé'.ssé ut du présent par le

-
101 -
p~ojet vers l'avenir; cette extériorité de soi à soi qui est
un mouvement vors l ' 'l'Tenir abs 01 li de 18 mort est proprement
la trasncenc1ance. Emerfc;ence du néant hors dé l'être, et du
temps hors de la chose,
telle est la nature de la réalité hu-
maine qui est dès lors, comme existence inté;rieurc au monde
et comme créatrice de l'être du monde, transcendance.
Sartre, de son caté, en rejetant cette philosophie
de 18 mort retient cependant 18. description phénoraénologique
et existentielle de la conscience comme pouvoir de négation
et comme projet. Le pour-soi, qui est néant néantisé au coeur
de l'être et de l'en-soi opaque, est essentiellement projet,
mouvement da s~i hors de soi, être qui se définit ppr ce
qu'il n'est pas
: ce pouvoir est proprement la trcInscendonce
et celle-ci défi.nit le pour-soi qui est chose p: l'mi les cho-
ses, homme parmi les hommes,
immanent à ce monde qu'il cons-
titue en le oép2ssont. L'horizon oe signification dont par-
lait Husserl à propos de la connaissance et de la perception,
est devenu l'horizon existentiol du projet, c'est-à-dire la
transcendance de la conscience qui se constitue en posant un
monde à dépasser et Cèn se fcisUllt ce dépassement même. La
transcendance (l'extériorité) du monde n'cst quo l'envers de
18 transcendance d8 18 conscience comme nôgCltivité et tempo-
ralité. La véritable tronscendonce ost donc non plus celle de
l'au-delà vertical meis de l ' horizon de l ' élction hum~üne,
c'est donc celle du pour-soi comme existence et projet, et
non plus celle du sujet comme ~go transcendantal à la façon
de l"".nt ou de Husserl.
Aujourd'hui 18 nroblème traditionnel de l'immanence
et de la troTIscenêc:Dce se posco en termes 08 pouvoir et non

- 102 -
plus de référence intellectuelle ou ontolo~ique. Ce qui est
en question, c'est la nature ut l'étendue du pouvoir scien-
tifique, politique, philosophique, de l'humr:nité sur elle-mê-
me : peut-elle ou doit-elle di'sespére:c et s'abandonner à dos
forces supérieures 8t extérieures qui la détermineraient com-
me une chose ? La même question se pose dans les mêmes ter-
mes pour l'existence individuelle: trouve-t-elle son origi-
ne et sa fin en elle-même ou ~u-dessus d'elle? Le sens et
ID- liberté sont-ils immanents ou bien tro.nscend,mts ? Il Y
a dans ces éléments matière à une nouvelle position du pro-
blème, où l'homme cherche à se débarrasser des fantômes in-
trus de l'immanence et de la transcendance pour se retrouver
enfin lui-même, existant et réfléchissant, placé vraiment
devant les problèmes cruciaux de la liberté et du sons. Ainsi
donc, étant donné le contexte historique où a pris naissance
le couple de concepts immanence-transcende.nce, le. dernière
philosophie existentielle su[';e;ère son propre d&pélssement pD-r
le rejet de ces concepts. Une conception strictement humanis-
te veut comprendre l'homme comme existence et comme réflexion
sans avoir recours aux id.ées cl' ilTIrilO.nenCe ':3t de transcendance.
Une description rigoureuse dG l'existence peut substituer
alors à l'imagination en héluteur la réflexion en intériorité.
Le sujet existant devient la source et l'origine du sens et
de la liberté; il est créateur et juge des valeurs, en même
temps que tGrreau â'où peut émer5er la conscience authentique
de soi. On assiste ainsi GU primat de la r§flexion et â la
redécouverte de 10. sub;jectivité comme intelligence et comme
existence. La conscience, dès lors, n'est pos la chose, ni
la nature, ni 18 mort, ni ln divinité. ~ouvoir de n§gation,

-
103 -
mais aussi d'affirmation, elle substitue â l'opposition tra-
ditionnelle immilnence-transcendémce unG nouvelle opposition
celle de la réflexion à l'irréfléchi, celle de l'exigence à
10. f2:cilité. Le sens, la joie, la communicE,tion, la. liberté
sont des oeuvres à accomplir et non des immédi&ts
ils s'op_
posent donc â ce qui est donné hic et nunc. Et si ce qui est
â construire est de l'ordre de l'humain, il est forcément de
l'ordre de la réflexion. Liberté et sens seront alors et con-
qU0tO et réalité, p16nitude d'existence qui sera à la fois
dans le temps et hors du temps. Lrr nouvelle opposition entre
le réfléchi et l'irréfléchi sera celle de l'intérieur et de
l'extérieur, de la liberté et de la servitude, de la joie et
de l'ennui. Ainsi seulement les arri~re-mondes ontologiques
sont abolis 8t l'homlne est rendu il lUi-·même et à son infini
pouvoir.
Au point où nous sommes 2.rri vés d~'.ns ce bref a.per-
çu sur la notion de transcendance d'une part et d'autre part
considérant le climat historique qui G. vu naître ot so déve-
lopper le couple de concGpts i mme.nence-transcündilncG, nous
pouvons affirmer que la transcendance a toujours été une han-
tise de l'homme j elle est u~e structure constitutive, de
l'être humain. En effet les diverses conceptions de la trans-
cendGnc8 démontrent bien toutes, qu'on le reconrmisse ou
qu'on ne le reconneisse pas, le besoin ~u'éprouve l'homme
jeté dans le monde, besoin dl un trD.nscenc1ant, pour combler
so. béance; c= l'homme "se" sélit ut "se" vit ",omme un être
qui ne se suffit pos à lui-même, comme un manque. La nature
humaine appelle la transcondance et en rigueur des termes
on peut dire que ces deux réalités, hommG-tr",nsc8ndilnce. sont

indissocÎl'Jbles. En d'['.cutres mots lé1 nature huma.ine, limitée
délns son fond en tant qu'elle n'est pas son propre fondement,
mais qui peut et doj.t sc faire et se r0élliser dans cette vie
porce qu'elle n'est pas toute foi te et te ute éionnée, la nû.tll-
re humaine, disions-nous, exi~e la transcendance. Et de fait
l'exigence de transcendance se manifeste avant tout ou est
éprouvée aV8nt tout comme insatisfaction. L'homme sc révèle
et se découvre comme un éternel insatisfoit. L'exigence de
transcendance coïnciderait dans son fond 2.vec l'asiüréltion
vers un monde d'expérience de plus en plus pur, de plus en
plus exempt de toute insatisfaction et de toute incertitude.
Ceci se vérifie d'ailleurs dons toute axistence individuelle.
Prenons par exemple le CGS d'un chercheur. Celui-ci passero
sa vie de découverte en découvrete, toujours insotiable et
insatisfait de ses acquisitions. Il cherche, trouve et conti-
nue à chercher. On pourrait même dire que l'insatisfaction
qui implique comme nous le disions plus haut, l'aspiration
à la transcendance, porte sur l'absence de quelque chose qui
serait à proprement parler ext&rieur. Bien entendu, ceci ne
voudrait Po.s dire que trémsc(~ndant signifie transcendant à
l'expérience, mais ou contruire il y B une expérience du
transcendc:.nt en tant que tel, et le mot 11e présente un sens
qu'à cotte condition. Ainsi donc, en aucun C2S, l'exigence
de transcendance ne saurait être interpr&tée comme le besoin
de dépasser toute expérience quelle qu'elle soit j car l'au-
delà de l'expérience est un monde où l'être humain ne peut
jamais se reconnaître, où il ne peut que perdre pisds. Le
chercheur dont nous parlions tout à l'heure a fait l'expé-
rience, peut-être s"ns le sovoir, du transcendant. En effet

-
105 -
la transcendc.nce
s' inscrit dans l'existenèe vécue. L'insatis-
fe.ction nous projett8 inéluctablement dans l'8venir, à la re-
cherche-D.ttente d' un "plus", d'un "surcroît", pour employer
'ln lôngage blondelie:ll. Do.ns LJ recherche des biens finis,
des objets particuliers de nos désirs se trouve impliquée et
imbriquée une aspir8tion toujours plus ha.ute en la.Cjuelle nous
sommes appelés â reconnaître la morque même du transcendant.
L'exigence de transèèndonce sc présente alors paradoxa.lement
comme extérieure et intérieure à la fois. Cct élan qui pro-
jette la réalité humaine dans l'avenir, ce désir de toujours
monter plus haut est un appel même de so propre ilü.ture. C'est
o.u coeL:r de R'homme qu 1 il fé'.ut découvrir le tra.nscendant.
Qu'on nous comprenne bien; nous ne voulons pas dire qu~ l'hom-
me crée le tra.nscendant j l'exigence de transcendance est une
structure à la fois constitutive et permanente de l'homme.
Et au fait, rien ne peut entrer dans l'existence vécue que
cela ne réponde, d'uLc manière ou d'une au~re,
à une exigen-
ce d'expansion et de progressive réalisation de l'individu.
La. vie n'est pc:s un Cl Olmé, elle se cherche,
se-A'~ ot 8e oons-
truit laborieusement. Ainsi comprise, la vic ne peut pas être
incompréhensible, parce qu'elle est expérim~ntée et vécue
comme ma propre vie, comme ma vie personnel18. Toute existen-
ce humaine est une opéro.tion personnello, dans loquclle
l'homme exprime et réalise ce qu'il veut être. Elle est la
manifestation de l'êtr8, de ses possibilités ct tend à la
réalisation de l'avenir de l'&tre. En existant, l'homme mani-
feste ce qu'il est, cc qu'il veut 2t s'efforce d'être. Il sc
révèle à lui-même continuellement comme un pélerin qui, ovec
le coeur insatic..ble mais infEi.tiga.ble et plein de courage,

-
106 -
cherche l'avenir do son @tre.
Comme un paralytique,
il ne
réussit jamais à 81)isir to~alement son ,wenir toujours désiré
et sempiternellement recherché. L,I soif qui ,~lim(Jnte le vie
de l'existant humain porte uinsi, qu'on l'admette ou qu'on
ne l"admette p2.S,
l'empreinte de l'Infini, du transcendant.
Et les réalisations humaines portent à leur tour la marque
de la finitude de l'homme.
Celui-ci fait constamllJC;Dt,
sa vie
durant, l'expérience profonde et énigmotique de son insuffi,...
s:a.nce. Tout au long de notre existence humaine d'une part, et
dans l'insuffisance d'autre p:'2.rt,
s'exprime notrée finitude,
mais aussi la mystérieuse ouverture à un avenir qui dépasse
nos propres capacités. De l'expérience de l'insuffisance nait,
inévitablement, l'invitation à la recherche d'une solution,
recherche qui conduit à la découverte du Trl3.nscendv.nt. Par
ailleurs la réD.lité humcüno se c::èrJ.ctérise essentiellemcmt
par un désir continuel cle se dép2.ssor et.ce désir manif8ste
sa nostalgie de l'Infini et de l'Eternel.
L'aspiration infi-
nie du coeur inquiet est présent danscoute existence indi-
viduelle, cor l'élan à 10 plénitude "vit" dans chaque homme.
Le contenu 18 plus 2.uthentique du désir de se dépassor n'est
pas ùlors une aspire.tion à devmür homme ou à se faire Dieu,
mais la soif du Tre.nscendant,
ce Tronsccnèla.nt que les reli-
gions appellent Düw.
Infini dans ses voeux, borna dans sa
n~ture, l'homme est un être qui ne se runlise gue dans cette
tension vers le Tro.nscendont. Le 'l'r,)nscendnnt n'est G.illeurs
que dans l'homme lui-même, i l ne se révèle ailleurs que par,
dans et avec l'homme individu.
Cet appel à la trnnscend2.nce se mo.nifeste par éJil-
leurs dans deux 8.ttitudes fonc1:J[ùcmtoles de l'homme:
lù peur

et l'angoisse. Ici, nous··mettrons volontü,rs' entre ces deux
termes une petite diff&rence. Et parlant un l~ngase sartrien
nous dirons que la peur ost pGur devant l'être du monde et
l'angoisse est s.ngoisse devG.nt mon êtn,. :i~ssayons d'Emalyser
une attitude de peur. Prenons une f8':lme qui, paisiblemlmt et
mollement installée dans un fauteuil,
un soir d'6t6, loin de
tout souci, ignorant tout ct s'i~norant el18-même, découvre
subitement un serpent qui, lui aussi, paisiblement et languis-
samment, se traine sur l'armoire qui se trouve tout juste de-
vant la jeune ~mme.L2 premièr8 r6action de la femme, sons
aucun doute, c'est de sauter de son fauteuil en hurlant,
effarée et égarée. Elle crie au secours. Elle appelle un "au-
tr8" à son secours. En un clin d'oeil elle a découvert et
vécu une triste r6alité
qu'elle ne se suffit plus, qu'il
lui faut un "Autre".
Quant à l'attitude de l'angoisse, l'exemple d'un
gU.rçon amoureux se trouvant devoir etbéllldonner une fille aimée
serélit éclairant. Voici un j"une homme qui S.ime d'un amour
tendre et pur, franc et sinc&rll une fille qui, de s~n côté,
ne vit que pour 18S beB.ux yeux du garçon 2.moureux. Il l'aime,
elle l'aime, ils s'aiment. L'un et l'autre, en pensant à
l'avenir, ne peuvent ne pilS penser à l'autre. Ce sont, en
d'élutres mots, deux coeurs qui se veulent, s'acceptent, et se
donnent mutuellement. Mais alors, voici qu'un jour, les pa-
rents du g2.rçon déconseillentàce dernier un 6vcntud mariage
élvec sa. fille si tendr8ment chérie, co.llé:F,u3.nt des r,,,isons
qui, si elles sont fondées, sont bien loin de compromettre,
aux yeux du jeune homme, son futur foyer. Notons tout de sui-
te en passant que les parents ont une grande emprise affective
sur notre garçon. Dans une telle siturrtion, dramatique bien

-
108 -
sûr, i l faut prendre une décision. Plus que Jomais alors 10
garçon se découvre seul, seul devant lui-même.
Il découvre
lui aussi, subitement,
qu'il ne sc suffit pus, qu'il est un
être non-fini. Tous deux, 10. Jeune fumme et le jeuno homme,
ont fnit l'expérience de leur prcpre insuffisance. Cette ex-
périence " son fondement d,cns le désarroi qui naît entre les
horizons infinis do l'inquiétude d'une part et d'outro part
les horizons trop limités et souvûnt imparfaits dons les-
quels en fait se meut l'existence humaine. Il existe une
énorme différence entre ce que nous voulons être et ce que
nous sommes vraiment en tant que "existi1nt" ici ct mainte-
nant. Le gC:΍on aussi bien que la jeune femme, dsns IGurs 2t-
t i tudes de peur et d r angoisse,
il travers l'expérionce de leur
insuffisonce,
ont éprouvé, chacun selon ses dispositions
personnelles 18 besoin d'un "plus" qui leur manque.
Ce "plus",
ce "surcroît", dire1 Blondel, c'est ce gUé' nous .3ppellons,
le 'Transccnd"nt ou, cn d'outre terme, Dieu. Tout individu,
en L:üsant l'expérience de son insuffis2nce, d'une f::tçon ou
d'une clUtre, l'lnco un 2ppel ,?U "'~;out-Lutrc;", o.u l'r.c).nscend2nt.
Que se TrDnscendant ou ce 'fout-jlUtre o.it pour noms Dieu,
l'Humo.nité, 10. Nature, l'liistoirG, Je Gtc, ceci ne nous em-
pêche pas d'affirmer encore une fois que l'exigence de
transcendance est uno structur0 constitutive et
permanente
de l'6tre humain. La soif de l'Infini n'est pas un rêve,
mais une rC,olité qui fonde l'homme. L'nspiration à lé', pléni-
tude de la vie n'est pes non plus une ilLusion, mais le con-
tenu le plus outh0ntiquo de lu nature humaine.
j\\ussi l ' ex-
périence do l'insuffisance obligG-t-el18 l'homm8 il reconnaî-
tre qu'il ne se ré,üise que dons cet <:ope)01 au Transcendant.

-
109 -
L'élppel 8.U Tr::mscend,,,nt n8 diminue pas l'homme, bien au con-
tr2.ire il 3.ugrnentc nos possibilités ct nos cap2ci Jl~és, rond
possible la réalisation du co que nous voulons ôtre et permet
à la lib8rté l'accomplissC'nJont do 12. pléllitude de la vie. Le
Transcendélnt ot seul le TranscondiJ.nt peut cOGlbler l'abîme de
notr8 insuffisance. De là, l'homm8, peut-être sans lu savoir
invoque Dieu à chaque instant de sa vie pour qu'il le libêre
de son insuffisance et lui permette de réaliser l'ovenir au-
quel il 8spire. Il 8.ppelle l'Infini et l' i~ternel qui seul
peut donner une réponse à l'invocation qui s'origine dGns
les abîm8s de l'insuffisunce humcüne. L'homme qui "ppelle 8St
puuvre, modeste, incertain, p8rce qu'ij n'est pas ce qu'il
veut être; mais il est riche,pleill de courage et d'entrain,
p8rce qu'il ne veut pas rester ce qu'il est. Il invoque,
cherche, espèro. Souvunt son 8ppel prend dos formes monstru8u-
ses, se dirige sur des voies fausses,
accepte des solutions
illusoir8s, s'estompe dClDs une évasion. '~uelqLJ.efois l'appel
;JppaTuît comme une cond3mniJtion, un jeu insupportcble, un
cnfer. D'2.utres fois il o.pp2Ta.ît comme llYiC; vocotion sublime,
une source d' une be'lUté éluthontique de lu viE:;, comme un don
enivrant
Dans l'apPGl, d~ns l'invocD.tion, do.ns la. rechercha
0
du Transeend8.nt l'homme est p-arf<:ütem'3nt homme peTee qu'il
peut goûter toutes les dimonsions contrGdietoires de 80 vie
il est plein d'un;oisse et d'espérance, il est pouvre et
riche, il est faible ct plein de courage, i~ est modeste et
nourrit d'aspirations sans limites, il est incertain et sûr,
parce qu'il poursuit un but inconnu mais r6el.
Bien entendu, et il est à peine oesoin de le dire,
l'expérience de la trunscGnd~ncc ne prouve pas l'existence

- 110 -
de Dieu, bien qu'elle fonde notre existence, la nourrit, lui
donne un sens et un équilibre. En effet, nombreux sont ceux
qui font l'expérience de la Transcendance, sans découvrir
à tr8vers cette expérience le sirone, l' ompreinte et la l!lécni-
festation du Transcendent, de Dieu. Car il s'agit bien ici
d'une découverte et une découverte personnelle, strictement
individuelle. La découverte du 'rransc0ndant, de l'Lbsolu ou
do Dieu n'est ni un fait contest8ble ni incontestable. D'où
ma grande surprise ut mon étonnement, lorsque je considère,
non pas o.utant le système philosophique athée de Sartre, mais
ce bref dialogue qui date de 1951 :
-"Etes-vous sûr que Dieu n'existe pas?
-J'en ai la conviction •••
-La conviction ou la certitude?
-Le. curtitude .... ont fait une certitude"(1).
L'existence de Dieu, l'ctffirmation de Dieu, est "pour moi",
et pour moi seul porce qu'elle ost ma réponse suprême, tout
actuelle et vécue, à mon appel de perfection infinie. Qy'on
ne dise pas que cet appel n'est qu'une abstraction, qu'il
ne jél.illit pas dé) la situr.ltion concrète ot p.rsonnelle de cha-
que homme, que les situHtions concrètes sont aussi disparates
que l'atmosphère nauséabonde d'un conaret sartrien. Car au
fait, toute situation p~rticulière et personnelle puise son
sens et sa réalité dans une situation fondamentalo et méto.-
physique qu'elle incarne et particularise. Il y a donc une
(1) Interview de f;artre par Jecm Duch{~, dans le Figaro litté-
raire (30 juin 1951). Citée par F. JEANSON in Sartre dans
sa vie. Ed. du Seuil,197~,p.230.

- 111 -
situation métaphysique commune à tous les hommes, concrète par
surcroît et existentielle, que chacun vit et retrouve en soi
pur réflexion. Cette situation méto.physique, qui est en quel-
que sorte le sens de mon existence, est, nous l'o.vons déjà
dit en d'autres termes, de tendre et d'atteindre indéfiniment
le réel identiquement intelligible, 0 l'intuition sans ombres,
à l'amour infini j à la vie qui ne cesse de se posséder, à la
plénitude de mon être. Le Transcendant, Dieu, se trouve Glors
comme ce fond de toile métaphysique "situiltionnelle" sur la-
quelle se vit toute oxistence individuelle. En lui je me réa-
lise: il est ma perfection d'existence. Dieu est présent à
l'intime de mon être, élU coeur de mes activi"ûés les plus per-
sonnelles. Chélque fois que je connilis, chaque fois que je veux
je me l'assimile, ja le suis, je l'''existe'', participativement,
cela e"entèna, à la mesure de mes forces; et je le suis plus
intensément lorsque je possède ma connaisSGnce et ma volition
par la réflexion et lorsque je les incarne dans ma vie, à la
recherche du bien, du beau, du juste et du vrai. Alors Dieu
n'existe plus dans un splendide isolement, objet d'envie que
moi, créature déshéritée, je contemplerais avec révolte (1);
bien cu contraire il est 10. richesse cominunic,~tive qui me ré.'3.-
lise et me comble. Ainsi je n'axiste plus seulement dans un
projet dont la réclisation recula toujours vers un avenir in-
saisissable; j'axista aussi dans un présent dans une actuali-
té qui est celle de Dieu même que je participe. Bien plus,
Diou n'existe que par moi. Dieu, qu'il existe en soi, je ne
saurais rien en dire, ni affirmer ni infirmer. Il ne peut
(1 ) Nous faisons a.llusion ici à la philosophie 0. 1 Albert CAr'JUS,··
plus précisément à l'homme révolté; Ed. Gallimard, 5,
rue Sébastien-Bothin, Paris, 1951.

- 112 -
exister que pour moi et par moi. Ci 8st-à~diro quo jo ne puis
le conna1tre; ni le vouloir; ni trouver en lui ma perfection,
sans quo j'y contl'ibuci Je suis jDillisse~cnt 8~ d~p16iement
d'~ne a~tiVit6 qUi est miBnne : jiai sans cesse à me faire en
me rendent Dieü présont, à l'accepter et à ffi'accepter :
c'est donc "POT moi" que se fo.it "pour moi ii l'existunCG de
Di8ui C'est par moi, de par me. liberté de choix; que le
Transcendant existe ou n'exist8 pas pour moi; qu'il fait ou
ne fait pilS partie de mon existence, qu'il est ou n'est pas
réel d8 réalité subjective. Diou n'est donc pour l'homme que
par su libre et
rusponso.ble octivité. Il s'ensuit que Dieu
achève d'Gtre réel pour moi et par moi, au S8ns subjectif
infinim8nt réel et plénier, dans mon exercice d8 l'acte af-
firmatif de son existence. La certitude de l'existence de
Dieu deviont alors c:xistanti811e. Une fois l'affirmation de
Dieu fait8, la rencontre avec lui devient consciente. Ello
constitue, à l'intérieur des limites naturelles, une présen-
ce mutuelle et voulant8. La première forme 18 cette rencon-
tre ne p~ut ~tre que l'adoration: celle où devant Dieu
affirmé, on confesse ce qu'on se sait être et ce qu'on veut
être, reconnaissô.nt p3l' là S2 totale dépendance vis-à-vis
d8 lui. Ainsi la prière d' adorotion personnelle me ha.usse
jusqu'à l'Autre divin, au point d'y trouver, pour ma person-
ne, l'enrichissement infini de tout ce qu'elle est et de tout
ce qu'elle veut et cherche 0 être. Du coup cette ottitude
orante nous d~voile elle aussi notre situation métophysiquc:
fondamc:ntole, si tUB.tion "totale" d'êtres dilns 10 monde ot
d'êtres dépassont le monde vers l'illimité, l'âtre englobèJnt
dans lequel nous avons à.projeter, à risquer, à réaliser

notre existence personnelle; Dons notre rencontre avec Dieu;
notre prièrG, sans infirmer rii affirmer ln certitude objecti-
,
ve et universelle de l'existence do Dieu
lui confère une con-
,
-
vittion personnelle; émue, inédite; à jamais unique.

- ..
:.. llL, L
CON C LUS ION
S8rtrc nia j Jno.is donné 13. Horo.le
.annoncée cl la
fi n de l' Etre et le NéDnt : ··routes ces que st ions , d isai t-il,
qui noüs renvoient à lu réflexion pure et non cOl;]plice, ne
peuvent trouver leur r6ponse quo sur le terrain moral. Nous
y consacrerons un prochain ouvrage,,~1)Cepend8nt, si son
oeuvre a exercé et exerce encore une emprise non démentie sur
un le.rge public, c'est ossentieller;lont r~!.r la. dimension pra-
tique que promeut, explicitement ou implicitement, son dis-
cours : ses idées sont un centre de référence pour une partie
non négligeable des intellectuels et, de proche en proche,
pour certaines sphères politiques; ses formules représentent
le plus souvent la syntaxe d' un lang'Jee do.n.? lequel un mot
entre.î ne D.vec lui d' outres mots et tout8 une sphère d' expé-
rience. Mais alors, si le sDrtrisme se veut essentiellement
une leçon d'existence, il importe, plut6t que de s'en servir
à titre de précepte, de nous en distancier par une réflexion
qui en fasse snrgir la signification exacte ct nous aide ainsi
à l'interroger théoriquement: à nuuf , quitte pOl' 18 31Ü te
il
reprendre le mouvement d'existence qu'il nous propose dans
un projet o.utonomc.
(1)-L'Etre et le iÙSant, op. cit •. p.722

Ceci étant, nous ollans droit aux fondations qui
sd0s~tehdent la philosbphie sartrienne : qué val~ht-elles ?
On le sait; tbut dons cette philosophie l'epo~e ~ur le primot
absolU do l'en-'-soL ~1Dis Qvec cet en-soi privilégi6, quels
rapports 0ntretient le pour-soi, l'homme, qu'en dôfinitivo il
s'agit de comprendre?
lITout se passe, nous dit-on, comme si lieE-soi,
dans un pI'ojet pour se fonder lui-même, se don-
müt la modification du pour-soi". ('1)
Ici, il est à peine besoin de le dire, réside une eontradic-
tian notoire. L'assertion porte à faux sur un en~soi qui agit
comme un pour-soi, ce qui est impossible, voire impensable
solon l'ontologie sartrionne.
"L'ontologie, reconnaît ;C;artre à C8 propos, se
heurte ici ~ une contradiction profonde ...
~our être projet de se fonder, il foudrait que
l'en-soi fÛt oriGinellement présence à soi,
c'est-~-dire qu'il fDt d~ja conscience"(2)
D'un autre cC\\té, Sartre; découvre "l'ê~l"; du phéno-
mène" et le pose comme en-soi premier, '.tbsolu et r'Ji.:,ssif.;c' Gst
"10 synthèse de soi avec soi.
Il en r&sulte évi-
demillent que l'être est isolé dans son être et
qu'il n'entretient aucun rapport avec ce qui
n'est pD.S lui" L5)
Sons trop discourir, notons tout de suite qu'une
telle affirmation est bien contestable. En effet, le ph6nouèn:>
dont on part se manifeste o.ussi tôt COE1r:Je l'Glation om;re deux
~tres trnnsphénomén2LLX : la consciGnco d'une p:,lrt, 10. candi-
tian objective de tout d&voilement d'autre part.
CI) L".cere ot 1c, réant, ~, cit., p.715
(2) .Ibid, p.715
(3) Ibid. p. :53

-- '110 -'
Se conforrne-t-oh; d~s iorsi ~ l~ rn~thode pb~hornbnologique,
en d&cic'T2nt non"-relatif il L, consciec;nce un ~tre qui n' app&-
râit ~~e datl§ S2 relatibh ~ la conscience? Qu'il faille at-
tribuer au terme de la relation une certaine consistance
d'être 8n-soi, nous en tombons d'é'ccord, E);:is n'y él-t-il pa.s
extra.pols.tion m8nif8ste à l'ériger en a.bsolu, à le couper
de toutes n:lotions '? N' Y a-t-il pns une seconde extrapollJ.-
tion, aussi évident8 que lél précédente, à le déclarer non-
conscient, inertei massif, simple:aent parce qu'il est autre
que ma consèience ? Bref, disons que l'objet est essentiel-
l'Jment rapport. C'étc1it l'avis de Sartre il l'époquG où il
écrivait l'Imaginaire. Pour distinguer image et perception,
il observait tr~s justement
lIDans le monde dl": 10_ p8l"'ception,
aucune "'chose ll
no peut a.pparaître sCJ.ns qu'olle entretienne
avec l'es autres choses une infinit(; de rapports.
Mais, c'est cette infinité es rapports --en
même temps quo l'infinité, dos rapyorts que ses
éléments soutiennent entre eux--, c'est cette
infinité do repports qui constitue l'essenc~
@ûme d'une Cll0S8Q •• Au contr2irG ... las dif-
f&rents &l~ments d'une irn~3e n'entretiennent
aucun rapport cvec 10 reste du rnonde'(1).
Fort bien et nous y consentons. MJis alors, cet un-soi dont
on nous dit qu'il n'entretient aucune relation, n'existerait-
il que dans l'Etre et le Néant, pur jeu de l'esprit dans un
monde irréel? On voit bion où nous T.lèneraient de telles 0011-
sidérations. Retenons seuloment que l'Gtre n'esl; pos d'abord

\\
-
117 -
et néêessairGmeht 1; en···soi. T,v simp10 dClscription du phénomène
primitif nous invit8 8. affirmor l'être du rapport entre 18
con~ciencc et son objetj quitte ~ abstraira ensuite de cette
totalité les deuk termes disting~és mais unis. Cartes un terme
n' est pnB l' ,mtre : la relation les 0pIJose, ;;Jais de leur run-
contre surgit un êtru n.cuf, une omitié, un couple: ils com-
munient dans 10 relD.tion. Il' ailleurs, 1.:'. double néantisation
qui intervi8nt si souvent dans l'Etre ct le Néant : "Je ne suis
pas woi ... et je ne suis pas l'objet par lequel je m'annonce
cc qua je suis"etc., doit inciter notre philosophe à roc on-
1
nélître que l'être n'est dans aucun düs deux tarmes pris isolt;-
ment, mais dans leur r81ation même.
Supposons, en effet, que l'être soit dans la rela-
tion plutôt que dans l'en-soi: voilà bouleversées toutes les
perspectives sartriennes. De fait, la création n'est plus
impens2ble: les êtres finis subsistent pr8ciséEwnt d3.ns l(ôur
rapport à Dieu. L' expérience confirme cette thèse. ,~u<3.nd l' hom-
me éprouve-t-il le sentiment d'ép8nouir SOu être? N'est-ce
pas dans l'oraison fervente, dans l'accooplissemcnt ~u devoir,
dans l'étreinte d'amour et d' {;cl1ange amical, du.ns 13. décau··
verte et le recueillement, dans l'invention 8rtistique et la
contemplation? Or, coutes cros activités sont relationnelles
à plusieurs ~itres. Bref, la vérit~ se situe rru-dolâ de l'on-
soi et du pour-soi. Cc que ja connais, c'est la synth&sG vi-
vante du sujet et de l'objet. Ce que j'eim0 d'abord, ce n'est
ni moi, ni l'autre; c'est notre communion. Gi égoIsme, ni
.Ilamour purI!
je n'~sscrvis p2D l'autre ct je ne m1annihile
pas en lui; me.is nous participons tous deux l un "nous" onto-

" '.' ··\\?;";.~·,-"'~-:"'1~~.~.
.. -
'~. '
, ..
~.
logiquement supérieur; à un "nous" qui assume 10 "I:loi" et le
"toi:' dG.mi leur réalité de personneE .
Il ne fait plus nucun doute que l'&tre Gffirm6
d'abord~ ce n'est ni 10 sujet, ni l'objet, ill3is leur r81a~ion.

Par et dons cotte relation, 10 sujet, t 0 ut fini qu'il est,
vise â &largir, â d&passer ses lirnites,
d'O~ la mul"tiplicit&
des ra.pports qu 1 il noue avec les exisi;onl;s. Il est èlctif. Cotte
activité qlli s'impose à mon dynaDisme est double: d'une part
j'affirce à chaque instant ma relation 0 tel ou t~l existant
défini: la table, la lampe, la montro, etc ... (sans que je
puisse sincèrement affirmer ln table comme montre ou inverse-
ment), d'autre part, aucune de ces relations particulières
ne sature [,Jo. capacité affirms.trice. Cotte d:Tni8r<cl tendra alors
simultanément à une deuble fin:
les objets quo j'oppr~hende
comme liroi"t6s, l'8u-delà vers loqu81 ja 1GB d§pass8c eo-t _
_..~
incessant lldépassement ll ,
cette
l1tranSC8ndance--tra.nsccndée ll ,
est un des thèDes favoris de Sartre. Por opposition aux objets
limit&s,
llau-delA Duquel nous les r&f&rons se pOS8 cocme
Infini. La visée derniêro de notre dynamisme, c'est l'Infini,
c'est JJieu. Cette aSDiration prof0nCe ne ~-,ouvait non plus
. , .
échappc,r à la psycholog.ie de notre c.utcur.
"Ce qui rond 18 miDux concevable le projet fonds-
menta.l de la réalité humaine, &c,'i t-il, c'est
que l'homme est l'&tre qui projette d'0tro ~ieu.
Quels qU8 puissent ûtre onsuite les m:ri;'lGS 8t
,.
les rites de la religion consid6r~o, Dieu est
d' é:bord "sensiblo au coeur" de l' hOElme comoe ce
qui l'annonce? doJ.DS son projot ul tilile et fonda-
mental. ~t si l'homme poss~de une comprehension

pi40ritblogique ~8 l;~tr~ d~) Di8U~ ce DG sont ni
les grands spectacles da J.a nature, ni la puis-
~8n6a de ia socift~ qui ~o lui ont confêroe :
mo.i5 "'ieu, valeur et but s'.lprêne de le. trans-
cend8nce, reprasante lé'. limite perilPn8nte i
par-
tir do laquelle l' hOElE1(~ SO fait 2.nnoncer ce qu'
il est. }~tre hom\\;18, Cl Gst t8nàre à ê:tre -llieu ;
ou, si l'on préf&re, l'homoe est fondamentale-
ment désir d'Otrc Dieu ... l'homme dans son sur-
gissement mC'me est portè v"rs,Jieu camo," Vi,rs
se limit8o .. T1 (1)
On le voit, 8arte découvre cn l'homme l'exiGence d'Infini.
Cette exigence, pas plus ~ue lui, nous nc lQ postulons\\ nous
la. constù.tons. Cet Infini, il p'èUt le cl écLœcr r(~el, mO.is :Ll
s'y refuse. 'L'Infini d&siré, dira-t-il, n'est qu'un mir2ge,
la fin derni~re n'est qu'une projection subjective; nous dé-
passons tout être, El~'is "vors le vide, vers le rü;n". (2)
Ce refus ou cette ob,jection se ;justifienG-ils? :':urtre doit
admettre, avec tout homme de bonne foi,
que cette activité
affirmotrice de l'être qui nOUA projette et nous porte vers
l' Infi ni, vers Dieu,
j ::ill i t des tréfonds de la nature hUGléü-
ne ct s'exerce dans l'Otre humain sans que celui-ci en soit
le maltre.
Impossible de l~ combattre sans la rcconnaltre
et lui rendro les armes : je ne puis nier IG pens~'e sa.ns y
penser et pour ne vouloir plus je devrais le vouloir: l'acte
sc détruit lui·-mGme. L'affirmation de Dieu se trouve ainsi
ce par quoi l'homme s'Bcco~plit et s'bpanouit : elle le fonde
('1) L' :!~tre
(2) Ibid.:

et lui dontie ~a raison d i 0trc. I,e fin doinièrc rla l'Bctivit6
h0mainej ciost li1nfini; qui so pose co~me r~el, parce que
e~is~entloi. Dieu est; il est Vie.
,,,•
j

:... 12'1 ;:..
Notre c6ndlusion ust bien loin d'en Btre une, car
notre devoir,
au point o~ il est urrivê, se trouve comme une
porte grande ouverte qui nous offre de 1c,rges possibilités
d'investigations ct de réflexions.
Ici la question qui se pose
à nous et de façon cruciale est celle-ci : peut-on être athée?
Oui et non.
Oui, dans la Des ure o~ on peut être athée envers
une certaine représentation de Dieu ou une certaine façon de
représenter Dieu. Et ~ cet effet,
je peux dire que je suis
moi-mBmc un athée quand je me reporte à la conc"ption de Dieu
chez les habitDnts de mon pnys, le 'J:ogo, du fait que j'ai
complètemont
G.b~'ndonné et que j'ignore totalement ce qu'ils
en disent.
~ais là ne se trouve pas la difficulté qui nous
intriBue. La difficulté de 18 question: peut-on être athée,
surgit, lorsque nous y répondons négativement.
Non, on ne
peut Btre, ou encore, on ne peut se dire 2thée au sens oG cc
mot athée signifierait a-transcendant, c'est-à-.:ire qui nie
la transcondence. En d'nutres Dots, 12 question pourrait être
posée en ces termes: peut-on nier la tr~nscendnnco ? Et c'est
dans cette eirection que nous allons essayer à présent de me-
ner notre réflexion sur Dieu et
son Gxistence.
Certes, tout ur: COUrie.nt de l'athéisme moderne se
présente comme une contestation r~dicale de l'authenticité
hum'Jine de l ' attitude religieuse.
La m8uière dont est conduite
la mise en accusation Gst significative.
Il ne s'aGit pas de
confronter les attitudes religieuses inauthentiques et la

-
1 ~)2 -
norme de l'authenticit6 relisi3use. La contesta~ion se trans-
fotme rapidement en n&gation de la sp&cificit& du domaine
religieux. l;ussi lE' d&monstra.tion s' 0fforc0-t-elle d'opérer
une r&duction de ce domaine à des causas et à des motivations
imiClanentes il l'homme r;Jolade. ;~n ramenant la. vü, rolisieuse
à une racine socioloGique ou psychologique, on prétend en
faire la pathologie. La critique de l'idée de Dieu par cer··
tains des penseurs les plus représentatifs de l'athéisme,
comme ""DTX, Nietzsche, },"reud ou ':;artre, procède par cette voie.
Cette question, disent-ils en substance, ne nait que dans
certaines situations particulières, sociales ou psychologi-
ques ; elle ne sursit pas des profondeurs de l'esprit humain
comme tul. La contestation ne porte pas d'abord sur la réponse
donnée à une question: c'est la problématique marne de Jieu
qui est rejetée comme j.n2uth(;ntique. Cette problé,Jatique se
présente, surtout chez j:'reud, COl:lme une pièce esseni;ielle
d'une construction 01abor~e p~r l'homme malade afin de se
tromper sur son mal et de trouver dans l'illusion une compen-
sa.tion qui le lui rende supportable. LI] foi, 1<0'. relif;ion sont
rejetées parce qu 1 elles corres',omlraicnt El un 8.g2 infantile
de l'hol~me. L'attitude religieuse et la sphère entière du
religi8ux sont ainsi dénoncées CC)lTIffie inauth"nti'dues, COlame
constitUé.',Dt une
11 2.1i,3n3tion rr
de 11 1 ' huQc"i n T!. La tran3cendû.nco
se trouve ainsi chassée de la vie de l'hoome. l'lois ':,lors,
peut-on dire que ces penseurs, auxquels nous nous rôfArions
plus k;ut, ne font pas l'expf.rienc0 de la transcLOndance?
Cc:rt0s, ils font l'c;xpC,rience de la transcendance. ,\\1ais alors

- '123 -
et c'est ici que réside ln différence essentielle, ils ne
re6onnaissont pas le si~ne ou le manifestation du Tr~nscendant
à travers ces 8xpéricnccs.Eviae~ment nous ne voudrions pas
dire peT l i que l' 8xp<'.ri811ce de transcendance proilv8 l' exis-
tence do Dieu, c8pendant nous pouvons [;.ffirwc!r qu'elle nous
découvre uno des dimensions fondamentales de l'~t~e humcin,
à s8voir, qU8 l'homm8 8St essentiellement r81igi8ux comme il
est fondemonta18rnent raisonnable; ou sexuel. 3ien sûr, la reli:"
gion n'est p::'s en son principe un besoin infontil"
ou patho-
logique, ni une aliénation de l'humain. Elle répond ~ uno
exigence de l'homme, et ce dernier se réalis8 pleinement lors-
qu'il reconnait et vit, d'une facon ou d'une autre, cette
exigence qui le constitue. Et nous irons jusqu'à dire que
tous les hommes, sans exception, sont reliGieux. Ceux qui se
disent athées sont alors en réalité des pseudo-athées : il
reste toujours en eux une ouverture d'invocation et de g6npro-
sité vers un Transcendant qui demeure pour eux innomé et in-
connu. Sembloble ouverture, qui se situe d2.t1'" les profondeuro
de l'esprit coexiste toujours chez un homme avec, 'lU plnn des
idées claires et formulées,
un systèm() rle pensée Gthée. Car
le v6rita.ble al;héisme consisterG.it à nier l:on seu12ment l'exis-
tence, mais encore et surtout la réa.lité de', l'absolu. Cet
athéisme est impossible; IJ.absolu est toujours affirmé comme
le but où tend 12 n8ture huoaine et comme l'ob,jet de l'intel·-
lisence et (e la volonté. La conviction d'un athée nG détruit
p8.B
en lui toute ouverture à l'absolu, unD telle ouvel·ture
demeurant . toujours au fond de son iètre. Bref, et pour tout
dire, nos modes de pen:3cr, de forinuler C·i~ d 1 [-\\~:;ir sont éprou-

vas au feu de la transcendance.
Face à celui qui professe l'cth&isne, 10 croyant sc
croi t
souvent devant un cdverss.ire implo.cable et vtce V8rsB..
On dit parfois que 10 dialog'"e est impossible c"1tre celui qui
croit en Dieu et CGlui qui ne portüGc p2S cette foi
un
croyant, pensent certains, ne peut ~tre qu'intol~r~nt et fana-
tique; â quoi d'autres répliquent qu'un athée(1) est n6cossai-
r8ffi2nt lIennemi de la religion!'
ot sectotrc.
Il est vrai qu'
entre croya.nts ct incroyants -comme d' a.illours entre fidèles
de religions c1iffèrentes- 11) rencontre est porfois irré,:J.1i-
sable. L'histoire en témoigne: guerres saintes, inquisitions,
mises à l'index, totalitarismes spirituels, d'o~ qu'ils vicn-
nent, ont trop souvent, B.U cours des siècles, empoisonné les
relations entre les hommes. Aujourd'hui, un croyant ou un
groupe religieux qui refuse de rcconnaîcre les valeurs humai-
nes port,é,es peT l' athéiséle, un athée ou un système; idéologi-
que qui o. définitivement assimilé toute foi à l'obscurantisme,
~ l'ali6nation, à 18 n6vrose, contribuent 6geloment à rendre
le dialogue impossible. Or il est bien possiblo de dialoguer;
il est môme nôc8ssDire ID. du moins on envisage de construire
un "JOndC) hobitélole . .lJ~"ns les conditions octuelles de l 'humani-
t6, croyants et incroyants sont condamnés à vivre e050mb10,
qu'ils le veuillent ou non. Ils S8 côtoiGnt chenUE; .jour ct
travaillent en collaboration dans les secteurs les plus di-
V8rS de l'activité huoaine. Attelés à une même tôche, la cons-
truction du uonde, s'attachant souvent à prOiilouvoir des vo.-
(1) DorénavelDt, nous signifi8rons par "athée" celui qui
professe ou confesse Ilvth~isme, 82ns tou·~8rois d~truire
en son 13tru l' ouvertLtr8 à l'l'..bsolu.

- 125 -
leur~ commdnes; la dignité de l'homme, le justice ct la soli-
do.rité entre .les llOI:1meS,
il pour'r:>icnt,
ôvidommel1L,
se con-
currencer, ou encore s'ignorer,
DU
nom de convictions m6"taphy-
siques: Mois alors, il feut que l'un 01; l'autre reconnaissent
que l'adhésion à lu Tr2.nscendance d,ms la foi;
ou Id refLis de
cette 2dh&sion,
n'cmp&chent pas celui-ci ou cell~i-lâ dc se
fa.ire dans et par l' exoérience de cette ~'ranscend",nce. JJ' adhé-
sion ou la non-adhésion est une attitude volontaire et libre.
Nous entrevoyons ainsi l'abtme qui constitua l~ libre volonté
de l'homme, directem,,'nt confronté .~ l'Lbsolu. ,Te ,,'uis libr,c; de
me déclaTer i3.thée, coome tu es libre de te dire croyo:nt. Le
respect do la libertS est une des conditions préalables au
dialogue ..
Bien plus, le dialOGue iœplique un certain nombre
drcxizenccs. L'une d~s conditions n§c~ss3iros nu ~lialoguc.
est que choaue int"rlocutcur a.it suffisOl,lffi("nt a.pprofoGdi les
vuleurs dont il sc l'l'clame. Di trop de croyants appilre.isscnt
"intoli:Tonts 11
ou IIrr~:actionn3ircstl, n'est-cc pe.s p,~<rc8 que,
n l nY2nt pas suffisamlrrent r&fl~cbi sur 10ur pro~rp foi, ils
en défendent une expression provisoire, i,,'parf8i +;e, condi tion-
n~e par une 6poque et une clilture, au lieu dG s'attacher à ce
qui deDs l'homme, constitua les dincnsions esscnti,lles da la
réa.lité hum<:üne ? Condition indispensé'ble pour évit8r les dur-
cissements de l'int~grisffic, une telle connaissonce approfon-
die de SB foi permet aussi au croyant de ne pas succomber
aux subtiles tentations des concordismes ct syncrétismes fu-
ciles, o~ le dialogue disperait, puisque l'un des interlocu-
teurs n'existe plus. ~n second lieu, le dialogue exige une
certvine connaissance de soi-m~me et d'autrui, ct ~ussi une

-
126 _.
volonté d' opprofondir cette) connaissance. ,souvent 1"5 condan-
nations et an2th~mes provicnneIlt de l'ignornnce ou Je malen-
tGndus~ Non que des diverg2nc8s~ et des divergeDces fond~[len­
tales, ne doivent ~as 6tre reconnues de pert et d'autre.
~ncore feut-il que le d~bat soit port6 l~ o~ il se situe vrai-
mon-t, rr savoir sur l'homcre, non sur des points secondaires
qua.nd ce n'est pe8 sur das caricstur28 o~ personne ne se rGcon-
n8.:1t. Pour qy'un dialogue r·:';el pu.isse s'enr;a.ser, il faut qu'
aucun des interlocuteurs n'affuble l'autre d'une 6tiquette ou
d'un masque ~touffont, l'obligeant ainsi â so défendre contre
les intcntions qU'OD lui prgte. Tant qu'un communiste ne voit
dons la religion qu'un "instrument du c8pitalisme", tant qu'
un croyant considère 18 marxisme:: commE: une "incornetion d8
Satan ", le diEüogue est vouCe ~ l'échec. Comment serc.·it-il
possible si chacun des deux interlocuteurs n'a pas le cons-
tant souci d'une connaissance sincère de l'autre? Le:: croyant,
tout aussi bien que l'incroyant,
et encore faut-il. en prendre
conscience, s'applj.quGnt ~ 10 TcchGrchu de la. v6rit&, contri-
buent à l'édification de la communauté des hommes, parce qu'
ils restent touj ours OUVé,rts à 10 ·,'r;Jnscendance. nené do ns
cet esprit, le dialogue perm,ët de découvrir des vc;.leurs com-
munes telles que 1.:) justice et le" solidari tG entre los hOlrr;ncs
de toutes les races 0t de teus les poys. Combien de croyants
et Cl' incroyants se croient opposés "lors qu 1 ils paTtO[;ent
certaines convictions
fondamentales: 10 dignité, la liberté
et le salut de l' homne, ·~)uc les religions aient eu pa.rfois
t(;ndc.nce à déprôcier ce monde é.'li nom d'un autre, et à amoin-
drir l'homme sous le prétexte de Glorifier Dieu, C'(;SC un

-'- 12'7 '-
fo.it incontestable; les questions que l' athéisr:18 pose aujourd 1
hui élU croY~Jnt peuvent :;:m8n.er celui-ci à mie'ux co,.üpren~~i.r8 que
lu foi en Die0 impliquG la foi en l'hoQme.
Sn retour~
le t~moi­
gnêgé du croyant constitue pour l'athôe un incessont appel ù
chercher un sens ultiElG à l'affirmation de l'homme et du monde.
Le dialogue,
alors, devient enrichissement réciproque. Co qui
sépere et s6parera un croyant d'un incroyant, DU sein El~me de
leur rencontre et de leur action commune pour mettre en oeuvre
un prbjet de l'homme sur 10 monde, c'est la significstion dif-
f6rente qu'ils donnent à ce projet. ~~D.is 8.1o~s ils res·t0nt
tous confrontés à l'Absolu, cherchunt toujours et inl8.ssiJ.bL'-
ment à se faire dons un monde d'expérience de plus en plus
pu~. ]~n d l 3utr0s nlots, l'homm3 est conlai11n~ à sc r&aliser
dans le champ de 12 Tra.nscGndnncc, l'exig8nc0 de Transcendance
est son lot.
Ccd;;te ir['1DSC2nda.nce,
que nous appelons JJiuu,
l' homme cn Cl.Ure. soif, plus ou 'Joins intenSl:lknt, mC'is toujours.

... 128 -
CHRONOLOG Il; BIOGR (;l;U;rW,
Les dat0s succcssives des différentes publications
de Sartre ne sont pas mentionnées ici; on les trouvera dans
lé! bibliogr::'phie Qui suit C,,:;t8 chronolo,:ir;. Four une infor-
mction plus exhaustive et pour une
biobrBphic plus d~t2il-
16e, on sc r6fârera aux quatre tomes des M6moires de Simone
de Beauvoir et on consultera evoc profit le chronoloGie trâs
précise et cor.lplète dennée uO-ns : j'Iichel COi:T!\\T. 11ichol
TIYBALK1', L(,s Ecrits de Sertre, G,ülim'Jrd,
'1970.
\\1
"1905
taissance à loris, le 21 juin 1')05, de J8on-faul~
".,
Ch.3_rles;- :'.ynu:.:.rd SVTtrs-.
1':!OG
Nô.issance de Eir.1one de _Beauvoir 8t do ~-'jéJ..uriee Ic~crle3u­
Ponty.
tt
'.
1922
Juin
Baccolauréat, deuxiâme partie.
"':
"1 \\);2.1+
Juin
~6ussit le concours d'cntr6e à l'~cole normsle
(.Ju.pôrieure en conpegnic de :;'?;:;ul :Ui Z(Ul, TIaymond :-, ron,
ote ~ , ~
..
1')28
:'~choL1e 3. l'écrit de 11 agr6gation, a ID. surprise gcne-
/
raIe.
1929
Fait le connaissance de ~imone de Beauvnir et prépare
avec elle l'oral de l'agrpgation; ils seront tous
deux reçus éJ.U concours, lui :J. le. prè"üère ploce, clIc
à la seconde,
Février : Il ost nommé professeur de philosophie au
3avre pour le dernier trimestre 1931 Binsi oue pour
les ann&es scolaires 1931-1932 et 1932-1933.
193:5
Septembre: Sartre boursier à l'Insti~ut français de
Bèrlin, où il succède È'. ,éayraond I:.ron, découvre la
phénoménolOGie.
; ..
,
~'(Cst8 i)rofesseur au lycée du lIavrG jusqu 1 en ·î93·..Jo
.',~
..•.

129-
~6vri8r : 88 fait piquer à 12 mc~caline pC.r l~ docteur
Lagache;
i l en résulté un,,' dépression qui dure plus de
six mois;
iJurtre a des hal10cir12tions 2t c~oit dOV8-
nir feu.
On propose il '.<,rtre une khâgne il Lyon, [}ais il préfère
un poste à Laon;
Il publie son premier livre: l'Ima-
gination.
1937
Est nommé 0 l'c:.ris il.U lyc:,e l<:J-steur, on .3utomne.
Il commence ~ ccnc8voir la notion d'eng2gom~nt. Il
reçoit le prix du Roman populiste pour Le mur, en
avril. Le 2~ juin, Sartre est foit prisonnier; de
Pancy,
il sera dirigé vers la mi-aoQt vers Trèves ct
tre.nsféré au stGlag XrI D.
Décembre : ~'-;crit ct met 811 scène pour 80S cD.mare.cles
de coptivité une pièce de ~oêl, Dorions, ou le Fils
du tonnerre,
ofr il joue le raIe d'un Roi 8ose.
19Lf 1
Fin mars
: Lib~ré en se faisant passer pour civil .
.:~eit le. conn8iss8.nce de Giacometti.
Septembre : lrofesscur de khô::~nc SU lycé,e Condorcet,
00 il enseignera jusqu'en 1944.
Mai : Fait la connaissonce de Jean Z.l2net au Jlore en
cO(.I1pag:'jie
de C8.l:l.U3.
S8pt~rllbre : 1J12 cami té d irect'.3ur des lI'_i~lemp8 ,:oc1ernes Il
est constitué.
1945
}~8fusc la LéGion d'ilonneur (;:;.insi que Cé\\E1US~
'i2 janvier: lcart en avion pour les;tats-Unis comme
envoyé sp§cial de Combat ct du Fi~aro. ~~este en
/.1'l6rique jusqu'en moi.
E~8pt8E1brQ : Début de la grande vogue do l'existentio-
lismo ët de la notoriété de Sartre.
15 octobre
J:8Tution du premier num8ro des "j'8mps
l''lodernes'' .
:::\\) octobre
C&lèbre conférence dl: :':-}a.rtre donnée 8.U
Cl ub ,;ctintenant s ur le s uj et sui V8.nt :
"I~ r existentia-
lisme est un humanisme".
19~6
Juin : Soutient Vian pour le prix de Le; Pléiade, Llais
GD
vain.
Sartre sc brouille avec ;1aYi':ond j,ron i;t Arthur
Koest18r.
1'}'H3
~1ai : i~artre prend position pour le'. cr81Jlcion de
l ' ';tat d' Israc;l.
::';0 octobre
: '_"oute l'oeuvre de 'JaTtr2 ost rüse à
l'index.

-
·":30 -
Janvier
: ST élève avec f'Ieri88.U-l:OIlty contre l' ·:):tcis-
tence des camps de concentration soviétiques.
'lOQt : Héponse :1 ,Ùbort CaBus. Sartre" sc brouille
détihitiv~ment avec lui.
1954-
;~:) rki-Juin : Premier voyage en U;;:1,.3.G.; pendant
son séj our est frc'ppé d'une c,: ise d' hypertension,
transporté ~ l'h6pital o~ il est soigné pendant dix
jours.
195':;
Septembra-nove:l1bre : 'ôartre p2BSC deux mois en Chine
avec 3imone de: Be!Juvoir.
/'1 "5 c
/
0
9 novembre: Sartre condamna l'intervention SOV10-
tique en UonGrie dans une interview accordée à
l"~xpress .
1957
S'~l&ve contre ln bOT~urc ct 10 guerr~ cn Alg6ric.
LB santé de Sartre inquiète les siens : il évite da
justesse une attaque.
1 j o.nvier : Hort d' ::,lbert C.~mus c.uquelC;artrc conso-
cre, le 7 janvier dans France-Observateur, un tr~s
bel article.
lli-février : Fart avec coimone de '3eauvoir pour Cuba
o~ il rencontre J"idcl Castro ct Che ·JlIevé;ra.
19S1
" [~ai : l'cort de [ierlesli-lonc;y. Un num{;ro spécio.l des
11 :_;cmps
Nod~r:lGsll
lui (~st consJ).cr6 en octobre.
;!uin-juillet : VOY8ge en rologne et en U.{.·i.~~. o~
30rtre est reçu par Khrouchtchev.
22 octobre : Sartre reçoit 10 prix Nobel da litt6ratu-
re; le soir mGme, il remet d la presse su6doise un
communiqué d~ns lequel il expose les raisons de son
refus.
Juillet: j
la dcoonde de Bertrand ilusscll,sccepte
de fElire p2.rtie d' un "tribun~ü" chargé d' enquûter
sur les crimes de guerre américains au Vietnam.
1967
Sartre (de !ilême qu'Aragon) rc,fuse de participer au
Xème Congr6s des écrivains sovi0tiques et cela pour
protester contre l'organisation et le verdict du
procès Siniavsky-0anicl.

-
131 -
19ô8
6 m~i : Prend position en foveur du mouvement ~tudinnt
et contre ID r~pr8ssion policière.
20 mti
: 12rticipa â un débat ',vec les étudiants d2ns
la 8orbonn8 insurgée.
24 aoDt
: Condornne l'intervention das
troupes soviê-
tiques en :Cch6coslovaquie.
.
/j-'-1-
novembrE:
: Hepriso du lllJi:: bIc G t; le Bon Jjieu 11 au
~~.N.P. avec Fronçais P~rier; tr~s gro21d succ~s.
DOlns U1]{~ brochure c1istribü f:e à choque spectcJ.t(c)ür, on
peut lire ces \\Jots siGnés peT :'~icl1el';olis :
"lors
qu.' en 'F/51 ISt).rtre repren8it sens doute
l son COlnpte
l'occus8tion de r:asty ~UTI cur6 reste un cur~ quoi qu'il
fesse,
condemnant par là les prêtres-ouvriers, -
S8
position n'est prob.':blement P"s éJussi trt'nchôe aujourd'
hui,
o~ le pr&tre Camillo Torr~s Q ~t[ tu6 comne gueril-
lero dans u~ rnDquis de Colombie, et 00 une partie du
cl;"rgé justifie ouvartem-:ont la
-révolution".
Il,,i
: Signe un ~~pel en faveur du candidat de l', Lig~D
communiste
'loin Krivinc â 18 présid~nce da la Répu-
bliquG.
Novembre
: Dema.ndc, :.J.V8C I··~'..ilrD.ux: et 2r.::nc;ois I~<:.uria_c,
13 lib6r2tion de lI~gis Dobrey. Il d&nonce 10 rcpres-
sion en ~c~0coslovJquie.
1970
~Toncle le ":~·;·:)cours rouge!! en conpfJgnie d~ plusieurs
personnolites dont Chorles 1illon, Vercors,
le p~re
C::Jrc1onnel;
"[28cours rouge l1 8. pour but de vonir en :::ide
â toutes les victimes de 10 rCpression s~ns distinc-
tion d'opinions politiques.
cccpte de devellir le
directeur du jourrwl mc-'oïste "L8 cause du peuplu".
':.::U2tre fondateurs ou "Secours rouge" donc Cho.rles
Tillon,
q~i~tent le cOlnit5 d'initiative de l~organisa­
tlon dcchlrce per des querelles opposant maolstes et
trotskystos;
n1 0 LiGue cOl:llTIuniste Jl , mouvement trots-
kyste que dirigclcin Krivine,
a d~jà quitt6 le mou-
vement.
~artrc, gui n'a plus publi~ de livre depuis
19S5, foit p~ra1tre une tr~s grosse ~tude du critique
litt6rsire sur ~loubert : L'loiot de 10 fouille, deux
tOl",leS
COiLlptunt 2/:36 p(~gGS de te:cte. iJartr(:) déclC:1re
rù~me : "L8 ~?IDub2rt rn 1 a tenu dix (:ns ct ~i8 i)8UX dire
que depuis Les s&questr6s d'ltona
(19605 j~ n'ai fait
que ça",
(Le 110nde, 1 1, r;1,Ü 1971
p.
20). Les élOt3 ont
car t
'I'-'
-
os p9ru en
j~+,
m~Jls
-1
l
S
' -
t
nV81en- ' t
~ "e
-t
CC~l s
Pl u-
sieurs Dnnées ("")Vdnt cette :.3nte, vers /j95Li-.
1°7:)
7
--
Sortre poursuit ses 8ctivit0s d~ militiJDt 8t publie
successivement trois ouvr,:;ges iiilport~nts
: llSituGtions,
V~LlI, __:ituutions, l,~, et 11Idiot d8 l,::, fz::r:Ji11e, tO~:H:; 3 11 •
'1')73
1e ~? f6vri~r, on 8Dpl'Gnd ~vec stupGur que ,~artr8, pour
10 premi0re fois depuis fort lon~temps, a accoptb de
parler sur l'antonne fa l'O.2.~.~'. Il sciait l'occasion
~our ennoncor d un large public lu lance~12nt du quo-
tidien I,ib§ratioD.

1'075
G"rtr'e
c.:'
~rt
...-...:: ....,
r'~'-'l'n'
uU \\l ',' . L li d',~~ ("Cl't'
,1:.,
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1 "l"U'O"
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clu'l'l
: 1 .
',rt
1..:. >:)
,
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VOlS
encore les fOrij~S, V['SU(:~ln~, JO VOlS 105
lurni~res, 18s couleurs, m.~is je DG vois plus las objots
ni les vi:=:::egcs distinc-CGL'l,,-:ntl!, cL';clsr&-·t-il le jour de
son 70~m~ 2nniversaire, le 21 juin 1975 l ~'ichel Contat,
CTJ';; l':!ouvel Obs~jrv(_~t(;ur, N-
55:.'~, du 23 ou ~-~C) juin ··1~)7:;l).
">:. lJe2n-i."3.ul ~)2rtra,rièrro '\\Tic!~or 8t .>me Siuon8 de
B8'.',uvoir ont t·:;nu jc::uc1 i ~:5 sept"l:lbre /l'J7j U118 confé-
rence de presse pour exposdr les raisons qui les ont
2,m,~;116s à rOl~1pre leur eni];0.gcoE1nt cJVOC i':. I"'IcTcel Jullie.n,
pr(;siccn-:' dl J2,
sur lé~ r88.1isDtion des '~-"missions pré-
vues sur soixante-dix.,ns d'histoire de Fr~nc8, de
19U5 à 1')75 (i,e 'onde, ;.'95I f), 27 Sl'ü",Ci:ibre 19'75, p.23).

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L' Imagi llé:ire;
Cd. Gnllim8rc1,
j ,
rue:;éb;:stiell-,',ottin, Paris,
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L'~·~~xistentiéllisme est un hum:Jnisme; ~~d. l'-:813e1, 7, rU0 de
f.)ovoic,
F::l.ris VIc,
1S.J.~=S.
- .:{éflexions sur 1;:-,: question juive; '-:~d. n6ridien, 1J-~rl's 1Ci/Li'::'
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- Saint Genêt, comédien et martyr;
:.:d. GD,llir.1:Jrc1, Poris,1~;52.
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TOMe II : Leursis; l' I
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d
r
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lf:12r,
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'jC)'1·5.
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- j-:orts Sé'ns sépulcre (tl1f:Otre); Gallimcrd, l'aris, 'l'jck,
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(scénario);
Nagel, Pa.ris, 'F)L!-7.
- Les mains seleB (th&être); Gallimard, Feris, 1948.
- L'engrcn~gc (sc&nario); Nagel, Paris, 1949.
- Les chcDins de la liberté. croCle III : La "JOrt d::.ns l' foe.
Gallimard, Paris, '1949.
- Le Diable et le Bon ~ieu (théêtra); Gallimard, Paris, 1951.
- Kean (théêtre); GEllimard, Paris, 1954.
- Nékrùssov (théûtn~); G::JllimCird, J'3ris, '1')5:,.
- Les séquestrés d'~ltona (th~0tre); G~llimard, Paris, ~S~J'
- Les mots (mémoires); Gallimard, Paris, 1964.
- ,Situations 1; êollil'l3rd, l'cris, 1'Y~·7.
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B&udelaire; G2.11imard, Faris, 1S47.
- Gituations II; G,:'!limo.rd, l'aris, 1';;4(3.
- Situations III; Gc,llimord, Pe.ris, 19i j.'j.
- Les Communistes ~t la paix (Temps Modernes,
nO 8L,-85) , 195é'.
- L'affaira Henri r!a.rtin; GG.llimerd, l'['ris, 195~.
- Les COlillmnistes et le' Pélix (III) (Tc.'ps 1ioé\\.c.irDes, nO 'IO'[),
195L,.
- Une victoire (Préface à "Li::' ':2uestion" d 'H . .':.118g); PressGs
de 18 Cité, Feris, 1958.
- Situations IV, V, VI; Gallimard, Paris, 19)4.
- Situations VII; Gollimard, Foris, 1965.
- L'Idiot de la famillu,
j
vol.; G~llirnard, 1971-1972

On trouvc;r:, ici, quulquos '?utres ouvré'ges qui nous
ont ihspiri""
d'une fJçon ou d' un8 i,utre, pendant l ' ôlabora-
tian de notre c1issertütion.
-
J.
l'L'cllIrr.IN, 1,,3 philosophiE; "orale, cxonen hisi:,orique
et critique des 3rands syst~Des; Gallimard,
T'oris,
19S0.
-
C; ':l'RE,s[Jüj\\:T:j\\'C, Comment se pose 2.ujourd'hui 18 probl~"lC de
l'existence de Dieu; Seuil,
~7, rue Jacob,
Iè~rJ' ~ VIe
1 Cf:,,"-
c _ _ 0
, . , I J ' J .
:. PI]~TdE, L2 cultur8 on question, sens et non-sens d'une
rôvolte; Desclée de Brouwer, Paris, 196<).
Pr~foc8 de P.R. Sinon, de l'~cad§mie Fra_nçoisA-
-'.ILN.:.l1I!CHE,
Je crois en Jésus-Christ aujourd'hui;
,seuil,
Paris,
s.d.
-
c. Ff,mW,
Introduzione aIl' ateisDo i:Joderno.~ditrice ~;tu­
dium, 1i08<:',
'1(;: .. ':;1.
Il vomira les tièdes,
suivi des propos en com-
munic2.-cion
J]'leurus,
,rue de :_:'lcurus,
lJ,:)ris 'Ill:,
1:,;-:0.
-
J. Dl.UJ,,',,:,, L'existentialisme et l'absurdité du monde.
SténoGraphie de conférence. Cantre d'études
religieuses, 21!-, rue des Boulangers, l'orisV0-
- R •. LjF~~GE,
LB philosophie de Jean-Peul Sortre. E. Privet,
1~., rue Idrac, Toulouse, 1967.
- G.
DI GIUZL.,
.t(;ismo a esist8nzét di Dio (nol ponsi8ro
filosofico e seconda i l senso caroune). Fausto
Fior8ntino 'i~:ditore, l'cpoli, 1961+.
- II. DE LUi3: C,
s. j ., le dr;o,88 d e I ' humonisma Gth6e. ;';pe:o,
F
'
1(~C0
,-'
'd
8T1S,
J;J j,
;:)8DC
e

~~. BO~~~l<L, Di8U ni est pé.'S ['10rt, css8i sur l' :JtlH~'isce contuLl-
porcin. Librcirie .~_rth~~e ~~]yard, 18, J~ue du
SO.i nt-'':':-othêJ,rd,
l'D.ris :;~IVe l
'1 (355 •
.. M. C!R2E, O.~., rour vous, qui est J&sus-Christ? Cerf,
Bld. JJatour-["üJUbourg, 2~I'is VIle, 1':)7'1.
-
J . . T)"I'I"'CU
' _ ~.: _·_~.LI:i
,
Le: crise, éctuelle d0 l ' intellL:ence • . 'uostolat
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J_ons, '~-b--:-d, rue du. Fo'ur, P2Tis VIc,
1969~

- 136":
:... C,'HnIll L :U,hL,LOU, L2 foi d,) toujours et l'homue d'cujourd'--
hui. BC2uchesnc, 117, rue de TIenDus, ~aris VIe,
/1969.
_ J. L,":.CHUIX, HarxisE18, exis"tcntiDlisme, personn·.-)lisrne (pré-
sence de l'&tcrnit& dJI1S IG telnps); F.U.F.,
10S ,
blc'!.... Q~
. ) u.
0nr'--l"u
\\.I ,~
_:1 '_.
,
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"Jean-FétUl 3a.rtrG et 1;) Cri'i;iqu,c .J c la. l',: i-
son c1i:J.lecticluell; l"anoro.mu. de l:J. philoso-
phie française c~Dtempor2ine, J. "le
'I"r'
.- ~ u ~ .l! . ,
/O:J ~
.!1J"ca.D-J.',3Jl1 :':-<~.~rtre fc..it p;]rler les c,'J,sseurs tr ;
Le } ouvel CbservL:teur,
"i~) tna.i 1{)'70~

-
J.il ;. EOnZ'-,L:,
"TJne ii1terwiew de JeDn-l"élul Si)rtre" (four
Sartre e~ différentes questions politiques
Gelles que le s:.'stème c.':pitaliste, la. ré-
pression, l'organisation du llSecours rouget!
et les gRucl.istes); Comb~t, S juillet 1970.
"J':"Ttre p.:Jr éî"rtre" (IntGrwie',! reprise par
périodique britannique New Left fieview),
J~e Nouvel Observuteur, i'~0 272, du ~éi jan,·
vier 'lU l~r février 1970 (recuGilli dans
':.' • '1:;
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TIr
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- M.
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'UeJ'"H,",
n en re len avec JeDn-Paul Sé'Ttre"
(Intcrwiew consacrée principalement aux
livres de [:artre sur Flaubert), Le :10nde,
~I!+ ID." i '1 S7i .
-
,F.
DLIX,
"Le Flaubert ,le Sartre"; Les lettres fr3.nçc.ises,
~19 m3i, 2G mo.i, 2 juin '1~7'1 •
- J. LECAlLl-ll:: t 11 Sartre et son double", i'-i.H.F., N°
avril '" ·'.n--,
l'-;!(c.•
- N. CON'.!'''J.', ;',. RYB::LK;l"
":3artre et Flaubert, l'Idiot de
la :~.:\\2i11ille, un an ôprès ll ,
J~e i"'londe,
3G juin '!(:T'.
- ?
VJ::R~31J.'~1AET.~N, ftJe ne suis plus rr§aliste ll ,
(Interwiew);
Gulliver, ~o 1, novembre 1S72.
-
P.
VI}J;r~)SGN-:F01'·'I.:~;,
!T'Un corts.in sil(;nce i1 ,
(Interwiew);
Le {iand.e, Ff0 des 2'1 ct 2;:~ jçl.nvier 1';'7;'.
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.
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bn Jcnvler,
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re repon
a un cer nln nom re
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questions qui lui Don':; ros,~es pë-;r r"!ichel "DlfJfIl~E. sur ses
relations Dvec l'ensemble du mouv
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aoïste. Ses réponses
fl\\'(//Ef!r
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ont été en partie reprises do
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d2ire allemûnd Der 8piesel.
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- r1.
CCl 1\\ \\'r,
liCe gue je 3 u is li par
(~rân Paul S8..rtr c, (l';ntre-
';oien de S3rtre avec 1'1. Contat i, l'occasion
de son 70~mc anniversaire le 21 juin 1975.
Sartre fait son autoportrait). Le ~ouvel
Observateur,
l-:O 25;)'"
:~55, 25'0, du 2] juin
au 13 juillet 197~.

- TiJ3LE Dm, l'lA'f'I!':RES -
Pages
PREFACE
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . • . . . . . . . • . .
1
IN'rnOJUCTIOH : L 1 EXI;~)TEN-_:_1IAIITSrŒ; : COl'-:r;ID::~~n.:~-
TIeNS GJ~N.::;~{Al>~:J .. o..................
8
CELFITHE l'.RJ~r·1IEll : D ~ L' ETRE EEJ=::::,;on.;1" ..1: A
LI ETRE Nl~C.G:S[)AI~Ifi;
1- L'Etre, la Contin~enco et l'Etre n6ces-
sairE)
28
o
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
11- La mauv8ise foi et la "Foi"
.
48
CHJ,Frl'Rj, ':;-GCOED
: m:TJA: IiO'J'10hS A~:'r1Nor;r:!lES :
J-I' ~iOr1r0:;~ };T DI:II;U ..
1- L'homme, sa libert~ et Dieu ..............•
63
11- Vain recours ~ Dieu: la libert~, source
d'EJ.ngoisse
77
CHi..PITR~ TEOIBIEf'.'lE : j~XIGENC:L~ JjT~ 'rR/:.NiJC.,~Ll)!ürC}~ • . • ..
97
LA .dE.!lj~,iC~~ Dj-~ III ,·;Tn I~ HUl'.'~_:·'. IN
CUNCLUSION :
J~-
Cj.~J{TnE rHI[j
l'Ill r·rOT
. 114
B-· NO'i'R!'; A'r'Il 1TUDE DcY /, rT 1,' t,THE nl'lE
. 121
POUR
.
UP, i'1·'ICY'U:"
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\\.1\\:
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"
CHRONOLOGIE BIOGR1\\PHIQUE
",(,.e -.-.-.'Z ..~;\\,
. 128
~
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B1BLIOGRAIHIE
. . . . • . . ,
~.~.•. 'f':;"':;:'.. ). ~\\
. 133
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1
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Sartre hier •
•• Je suis rose et blond, avec des boucles, j'ai
.a joue ronde et dans le regard, une déférence affa-
)le pour l'ordre établi; la bouche est gonflée par
Sartre aujourd'hui (1975).
me hypocrite arrogance:
je sais ce que je veux."-
1
'Un petit officier, aux yeux candides ••• avec de for':':,
"Si je range l'impossible Salut au magasin des acces-
;es moustaches."-"J'avais une soeur ainée, ma mère ••• "
soires, que reste-t-il? Tout un homme, fait de tous
Ces moments de haute spiritualité font mes délices."
'Les Mots).
les hommes et qui les vaut tous et que vaut n'importe
qu:ll." (Les Mots).
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