UNIVERSITE DE BORDEAUX HI
u. E. R. DE LETTRES
., .....
ESSAI D'ANALYSE D'UNE PRODUCTION
ECRITE AFRICAINE: LA LITTERATURE EfJE
'flErE
DE DOCTORAT DE 3" CYCLE
-.'
LITTERATURE COMPAREE
Présentéepar
Simon Agbéko AMECBLEAME
Sous la direction de
Novembre
1975
R. SSeARP'T
1975

."'"
IlTTRODUCTION
Depuis
le 16e siècle jusqu'â, nos jours, le peuple et la culture ewe
ont SaBS cesse suscité la curiosité des savants et des chercheurs. lTombreux
sont les travaux d1ethnologie, le dernier ~l date ét~lt llénorme thèse de
A. de SURGY sur la "géomancie et le cul te cl' ji.fa chez les E.'vha du l i ttora1*".
La linguistique a trouvé des adeptes nationaux après Uestermann et ses autres
confrères allemands. Ainsi G. AlSIL'i: de l'Universi té de Lagon (Accra) et A.
~I dont les recherches sont en cours. ~lant à la sociologie, elle est at-
tachée au nom de ii. Agblemagnon* depuis qu'il a pris l'exemple des Eve dans
son étude sur les sociétés orales d'Afrique :Toire, publiée en 1969. En hie-
toire, de nombreux travaux ont paru et paraissent encore sur le peuple e'i're.
Les plua récents sont les notes de recherche du Père PAZZI et la volumineuse
thèse de 'l'. GA.YIIDR*. l1hplorateurs, ethnologues, linguistes, sociologues et
historiens ont trouvé dans la culture ewe, avec plus ou moins de compétence,
une aoondante matière à écriture. Sur ce vaste chantier qui s'offre au monde
de la recherche, un domaine échappe à l'investigation ou suscite si peu llin-
tér~t des uns et des autres que cela surprend: c'est le domaine littéràire.
Certes, des g~lS ont étudié les formes orales de la littérature ewe. Réfé-
rons-nous, pour preuve, à llouvrage dlAgblemagnon mentionné plus haut, à la
thèse de Gbeasor sur les contes, à celle d'Agudze sur les proverbes ou aux
articles de Ricard sur le thé~tre populaire.
- - - - - - - - - - - - - - , - - - - - - - - -
* Les références complètes des oeuvres citées dans cette introduction para!-
t1"Ont dans les notes &le l'étude qui va suivre.

-
2-
Mais la littérature écrite provoque très peu d'enthousiame. Le compte des
travaux effectués dans ce domaine est vite fait: quelques articles dans
des revues étrangères comme coux de Petr 7.ima et rle P. lliegrabe,
une
bibliographie publiée en 1967 par le Bureau of Ghana 1an[,"Uages (Accra),
une étude lI. Zinsou sur une pièce de Théâtre en 1973 dans le cadre cl 'une
maîtrise de Lettres à la Sorbonne. Le corpus de ces travaux parait insi-
gnifiant par rapport à ce qui se fait dans les autres domaines et surtout
par rapport à l'importance de plus en plus croissante que prend la litté-
rature écrite ewe d'aujourd'hui. En effet certains facteurs noUs permet-
tent de consid.érer cette dernière oomme la br8.Ilche la plus vivante de la
culture ewe actuelle: une tradition de l'écriture relativement longue,
une campagne d'alphabétisation fonctionnelle en langues nationales de plus
en plus pous sée, une po li tique d'intégration dGS parlers 10 CaUx dans l' en-
seignement, enfin une infrastructure de production en constant fonctionne-
ment.
A quoi tient cette négligence? 'i: Faut-il la mettre aU compte d'une
tradition de la recherche en littérature africaine? En effet, la recherche
en littérature africaine a longtemps mis sous le boisseau les littératures
nationales -entendons littératures en laIlooues nationales- fait que dénon-
çait Albert Gérard en ces termes :
"Si la plupart des littératures de la
diaspora ont fait l'objet d'études ex-
tr&1emen t sérieuses, il n'en va pas de
mtine du continent noir *".
C'est un paradoxe si l'on s'attache à la finalité de la littérature
comparée dont relève l'étude des littératures africaines et qui vise à
déterminer à postériori "l'apport iITemplaçable de chaque littérature na-
tionale aU fond commun de la littérature, à cette rt~leltliteraturll•••
rt~leltliteraturll
qui peut recevoir (le sens) do vivant P$lthéon où se multiplient les
contraste".**
*
"l! Q tire.-Z- ]:Las sur le ])ionnierll
])ionnier
in Revue des Langues vivantes XXIII, 1967, 4 p. 420.
** La littér~tur8 Qomparée, (Cl. Pichois et A.M. Rousseau) coll.U2 p. 13.

- 3 -
Q,lelles que soient les raisons qu'on peut évoquer pour expliquer cet état
de choses, une orientation des recherches en littérature écrite s'avère
nécessaire pour' compléter les études eile. üous voulons tenter de répondre
à cette exigalce en présentant (~s cette étude un tableau descriptif de la
production écrite ewe. Par littérature écrite, nous entenà~ns littérature
imprimée car on peut, en fait, observor une diversité de formes d'écriture.
Les hiéroglyphes é~~tiens, les textes peul et hausa rédigés en caractères
arabes relèvent de l'écrit. Nais les uns et les autres diff"erent par leur
mode de diffusion. Certains comme ceux que nous venons de ci ter ont une
aime de distribution qui ne dépasse guère le cercle des doctes ou de leurs
producteurs. D~autres, de par le système d'impression ont un tirage plus
important et s'adressent à un public plus large. De cetto dernière caté-
gorie relève la matière dont nous traitons ici.
La. littérature ewe, comme la plupart des littératures de l'Afrique
do l'Ouest, doit Bon origine aux missionnaires. Ceux-ci, venus de l'Alle-
magne du lIord pour évangéliser les populations de cette région ont éprouvé
ln nécessité d'accomplir leur mission dans les langues locales. Ils so sont
attachés à transcrire la langue oW'e et à produire des ouvrages pour les
fidèles. Ils n'avaient pas souci de construire des bibliothèques pour con-
signer cette littérature, ou s'ils le faisaient c'était en ,tUlemagne où
étai~t basées les maisons d'édition. La recherche dans ce domaine nous
imposait donc :).a double méthode de la correspondance et des voyages. Répon-
dant à cette exigence, nous avons écrit à des irûoJrlllateurs et à êtes écri-
vains ewe. D'eux, nous avons pu recueillir un cortain nombre d'articles Qt
de biographies,d'auteurs. Pour compléter la méthode épistolairo, nous avons
effectué plusieurs voyages sur le terrain. Le premier périple ·nous 8 con-
duit en Allemagne où nous avons visité du 1er au 21 juin de Pennée 1973,
la bibliothèq,ue
bibliothèq.ue privée de Jil(DlLeina J ahn à Hessel, l 'Institut Frobénins de
Francfort, le Centre d'Etudes l"fricaines de l'Université de Hambourg, et
la f!iission
His sion Protestante de Brame. ~Tous avons ensuite effectué deu7.
autres voyages au rooo et aU GHAlTA en été 1973 et 197'4. l'OUS avons visité
les principaux centree de publication de la littérature ewo et rencontré

- 4-
illl
certain nombre d'écri~ et des missionnair&s témoins dG la nai3se~ce
de l' écn ture eil{h Au cours de ces con tacts, nous avons réalisé des intervieus
et compilé une bibliographie des ouvrages ew'e qui constitue le document d.e
base de cette étucle.
Hotre travail comportera trois niveaux d'analyse: une approche his-
torique, un niveau d'analyse littéraire et un aspect sociologique.
La première partie est une vue historique de la la.ngue, de ses carac-
téristiques géographiques et de la production littéraire. nous observerons
le passage de l'Ewe de l'oral à l'écrit et nOUs ferons état des controve~
ses que soulève sa coexistence avec d'autres langues locales apparentées
comme le Nina. Décrivant son aire géographique, nous romarquerons Bon ap-
partenance à deux zones: une zone francophone (le Togo) et une zone anglo-
phone (le Ghana). Cette particularité géo-poli tique ré sul te du fait colonial
dont les ef'fets se prolongent après les
indépendances et marquent la poli-
tique des gouvernements nfil,tionauz. Houe aborderons enfin l'histoire de la
littérature owe, clepuis les premiers essais d'écriture jusqu'à nos jours.
Cette histoire littéraire nous fournit le corpus de la production
écrite dans son enser.J.ble qui fera 1 'obj et de la deuxième partie de notre
exposé. Hous entreprenetrons une définition expérimentale du terme "Li tté-
rature" en nous référant aUx théories en vogue. Observant la structure de
la production écrite ewe, nous distinguerons entre littérature de fiction
et littérature de non fiction et nous analyserons chacune dans ses compo-
santes. Pour la littérature de non fiction, nous isolerons chaque unité
constituante et nous l'étudierons dans ses principales caractéristiques.
Apparattront successivement la littérature religieuse, la littérature pé-
dagOgique, la littérature joumalistique et la littérature biographique.
Procédant de la m&1e façon pour la littérature de fiction, nous dresserons
une typologie des fonnes l i ttéraires fondée sur leur rapport avec l'ora-
lité. Hous analyserons successivement le conte, le fantastique, la poésie,
le théltre, la nouvelle et le roman. Pour chaque forme nous décrirons le
processus de son ~volution., les lois internes qui la. régis:::Jent"
les rela-
tions qu'elle entretient avec les autres et le rele qui lui est assigné
dans la société.

- 5 -
lIous nous tournerons dans notre dernière partie, du c8té des l i tt6ra-
taurs pour amorcer lUle approche sociologique du fait littéraire eve. lious
tenterons cIe savoir quels t;Y'Pes de gens écrivent et dans quelle intention ils
le font. Ce dernier aspect de la question s' éclaircira à travers une étude
des préf'aces. ITous dégagerons ensui te l 1
l influence de la Bible clans
la lit-
térature ewe. Une étude du public dl3s lecteurs nous permettra d.' apprécier le
phénomène de consommation de cette littérature. Cette dO~1ière appréciation
nous permettra de juger de la vitalité de la littératureewe et d'émettre,
en guise de conclusion, des perspectives pour son évolution future.
Avant d'entrer clans le vif du sujet, nous voudrions faire un certain
nombre de remarques sur la. pré sen ta tion de no tre texte. Les no tes qui l'ac-
compagnent figurent à la fin de chaque partie ou m~e de chaque chapitre
lorsque ce dernier est relativement long. Chaque citation, lorsqu'elle est
faite en ewe, est suivie d'une traduction placée entre parenthèses. lIous
donnons d8ns le texte le résumé de toute oeuvre qui fait l'objet d'un commen-
taire. Pour les autres qui sont simplement mentionnées, ce résumé figure en
annexe à la fin de notre étude. L'orthographe de certains mots
ou certains
noms de lieux varie selon les auteurs. Par exemple, pour le terme " awellnous
avons près d'une dizaine de graphies. La forme admise aujourd'hui est "ewall
"ewa
que nous utilisons dans notre texte et qui se réalise phonétiquement ['jRU.
Il ett sera de m&1e pour les autres termes et noms dont nous Il 'utiliserons
que la forme récente. Toutefois, nous respecterons dans les citations l'or-
thographe adoptée par les auteurs. Enfin, une bonne lecture de Ica. langue
ewe ezige la marqua des tons. Généralement les auteurs ne les représentent
pas dans leurs textes ou s'ils le font c'est avec URe très grande fantaisie.
Dans le m~e texte, en marque soit le ton haut (L), soit le ton (~), se-
lon le désir du scripteur. Bien que nous soyons conscient de ce problème,
nous E:e nous pennettrons pas de corriger ces textes et nous les rapporterons
tels quels.

- 6 .
PREl'lIERE
PARTIE
L,AlIGUE
ET
HISTOIRE
+
LAUGUE
ET
LOCUTEURS
+
DISTRIBUTIOn
GEDGRAPEIQUE
+
lITSTOIRE
LITTERAIRE.

- 7 -
CHA,PITRYJ
l
LAlTGUE
S T
LOC U T E URS
1. -
LE
T~lB_ "E'I'f.8"
Le terme "ewett
"ewe
a plusieurs désignations et ne recouvre pas la m&1e
réali té lorsqu'on se refère aU groupe ethnique ou au fait linguistique.
Une définition s'impose donc au préalable, qui nous permettra de délimiter
clairement l'objet de notre étude.
Sur le plan etlmique, le contenu (lu terme "evre" semble varier se-
lon les auteurs. Les premiers pasteurs allemands désignaient par ewe un
ensemble de populations s'étendant du Ghana au lfigéria. QJ.ant aUX auteurs
dahoméens et nigérians, ils étendent 1'aire cul tureUe adj a (1) sur une
grande partie du pays ewe. Aujourd'hui sont considérés oomme ewe IJensamble
des groupes qui habitent actuellement sur le folfe du Bénin, entre le ba.&-
sin irûérieur de la volta (au Ghana - méridien OQ) et celui de l'Ouémé
(entre le Dahomey et le lJigéria - méridien OQ) et qui ayant séjourné à
o~t..s ft, ont gardé la tradition de cette commune arigine. En remontant
plus loin dans le passé, on trouva leur point de référence clans le royaume
ancestral de Tado, d'OÙ ils émigrèrent sous la poussée des Yoruba d'Oye an
,..
passant par Kétu. A ces groupes se sont ajoutés les I~ina ou les GE
venus
de l'ouest (Accra et B1 r1ina) s'installer dans la région de Gl1d.j1 et
d'Allécha vers la fin du XVIIe siècle. Hais ces derniers gardent leur aU-
tonomie.
Les Ewe représentent 16,6 %de la Colonie (2), c'es~dire de la
région sud de l'&~cienne Gold Coast, 12 %de la population du Ghana,
36,1 %de
%
la population du Togo. Installés sur le littoral, ils ~
d'un arrière-pays de 150 km de profondeur comportant des .IJOne&.,riobes.

u '.',"

- 9 -
La notion linguistique, elle, est plus étendue et recouvre d'autres
parlers locaux C()Inme le G(
ou de pays étraJlgers comme le
FS'
du Dahomey.
l'Lais nous traiterons la questions linguistique an son lieu.
"Tant que dans un pays, il ne se forme pas de
centre et auto1ll' de ce centre une langue commune
qui soit la seule écrite et littéraire, les pa~
lere différents, suivant les différentes contrées
cle ce pays se nomment dialectes. On voit par là
qu'il est tout à fait erroné de dire les dialoctes
dérivés de la langue générale. Le fait est que la
langue générale qui n'est qu'un des dialectes arri-
par une circonstance quelconque et avec toute
sorte de mélanges, à la présé~lce, est à ce titre
postérieure aux c1.ialectes. Aussi quand cette langue
générale se forme, les dialectes cléchoie."1t et Ue
devierment des patois, c'est-à-dire des parlers lo-
caux dans lesquels les choses littéraires importan-
tes ne sont plus traitées ••• ".
LITTRE I, II - Art. Dialecte.
Les linguistes désignent l' Ewe comme une des langues du groupe KWB,
K
parlées par les populations qui habitent le long de la c~te atlantique du
Libérla aU Bas Niger. Westermann, le premier, étudie
la. langue ew en 1907
où i l publie ~.e. Gr.@,/itik der Ewe - ~rache (3). Cet ouvrage présente une
analyse structurale de llEwe et appara1t comme un document scienti.fique

-
10 -
dont se servent les cherche'l:Xs coome norme de référence. Il a été tra-
dui t en 19~ par E. A. ;Jickford -
Smith sous le titre.4 fl.tu& of tQe
.~Eà.1'..M&Y;lg,e.
.~Eà.1'
1'Jesterma.l'll1 définit la structure de la langue ewe selon un
schéma précis et disti~gue trois dial&oces principaux:
1 - un dialecte occidental dont la frontière est délimitée
par une ligne allant du liard de Lomé jusqu'à Atakpamé ;
2 - Un dialecte central de Lomé à Grand Popo ou un peu aU
delà 1 Cl est le GË
ou
Anlx,), encore appèlé l'lina ou
Popo. Le nom de Gt
vient du nom ethnique de Gê de la
Geld Coast et rappelle l'émigration des Gâ et des Fante
à cette partie de la COte des Esclaves. Celui de Nina
évoque leur L.'1ouvement, à partir d'Elmina ;
3 - Le dialecte du Dahomey, le FS dont l'aire géographique
s'étend de .:::rallCl Popo à ~:;adagry aU lIigéria.
Il existe à l'intérieur des principales sections, un grand nombre
de variations dialectales. Certaines expressions et nuances changent
dlune localité à l'autre. Westermann donno l'exemple du Fjr qui se dis-
tingue en F$ proprement (ü t, Ogunu dit encorê Gunu, GÜ ou Alada, parlé
le long de la COte entre Cotono
'C~R~.
~r"
·...
· 1,-.0~'"
seclti4s~~~)
D. m&1e, dBns 1,
D. m&1e, dBns
stinguers en remontsnt Vers
llintérieur plusieurs souJ~~~~Z~~e~~.
souJ~~~~Z~~e s de celui parlé sur la
COte et connu sous le nom d\\~~~i
par les Twi-Faute, A~la,
", ,
e~'
A~ wala par les Gl et Awuna par 'les:,... " is.
Westermann signale ~l outra que les sections occidentales et cer~
trales sont si liées que les gens peuvent se comprendre d'une la calité à
l'autre, tandis que la section orientale est beaucoup plus éloignée.

- 11 ...
Il donne le dialecte d'Anfxj comme constituant un stade in terméàiaire
reliant entre elles les sections occidentales et orient&les.idnsi, se
trouve définie une chaine linguistique allant de l'ouest à l'est.
Les travaux entrep~is plus tard par R. P. E. Riebstein, R. P.
Bertho et Madelin Nanoukian respectent cette typologie avec cette dif-
férence qutils considèrent 1iAb1' oomme l'Ewe pur et classique. nuance
oontestée par iT. Agblemagnon:
"On doit toutefois remarquer que le Il. P.
Riebatein fait une grave confusion partagée
pax d'autres (R. P. D.,.tho, Hadelin Hanoukian)
et qui consiste à considérer comme "proprEB les
seuls Anlo qui ne conati tuent en réalité que
l'extrême rameau occidental à.es peuples owell (4) •
Bernd Heine, pour sa part, cite beaucoup Westermann dont i l ~
prunte le schéma en insistant, pour les besoins de son exposé, sur cel:'-
tailles form.es dialectales oomme le Watchi, l'Ac1ja et le Gu.
Somme toute, on remarque dans tous les travaux
une identité
d'opinion sur la typologie Westermannienne dont le schéma se présente
oomme suit:

-
12 -
langues
I:WA
autres sous-groupes
Ewe
-
Akan
Autres sous - groupes
:El w e
ou
(
JI' S
proprement dit
;.,
(
+
.An(Z~
ou
+
F:>
=(
autres
dialectes.
Popo
ou
(
Gtmu, Gu, Alada
Il est à noter cepend~lt qu'en 1957 certains indices révèlent que
l'unanimité ne s'est pas faite autour de cette analyse et qu'ella suscite
des controverses. La discussion passionnée mitre deux protagonistes togo-
lais rapportée dans la revue .§tude,J3 'l'ogo :l;.aises (5)
en f ai t foi.
L'hypothèse admettant le f!J.ina comme forme dialectale de l' Dwe est vivernant
contestée. Ces controverses n'ont pas encore établi scienti.f'iqueme:1.t l'er-
reur du schéma de \\'lestermarm de façon à mettre en doute son auton té •
P our la commodité de notre analyse, nous adoptons la démarche de Dernd
Heine qui note à propos du F'5 :
"In the following, the Eastern, i.e. the Ewe
dialects Gu, Fa and fia xi spread prepondèrantly
in Dahomey, shall be left out because they take
up a certain speoial position linguistical1y
and socio-li.ngui.stically" (6) •

- 13 -
De plus, du fait d.e la si tuation du F ")' à l'extrême bou t de la
chatne linguistique, l' ill. ter-compréhûnsion est presque nulle entre lui
et les autres formes dialectales de l'Ewe. Nous limitons dOllC notre
champ d'investigation uax seules formes occidentales et centrales. Pour
la clarté de notre exposé, nous désignons par Ewe la branche occidentale
(AI') 1~ et dialectes intérieurs) et par Mina la branche centrale.
Si la polémique qui se déroule aU sujet de la parenté de l'Ewe et
du Mina n'est pas à m&1e de modifier le schéma '\\oTesterma.nnier~, elle rend
~
du reste compte d'un état de fait, c'est-à-dire l;'~oexistence de deux
parlera apparemment analogues dont il serait utile de définir le rapport.
- ~'.Ewe .et le Nina
Les rapports entre l' EiV8 et le Eina consti tuen t une réalité qui
valide le discours de Westermann. L'analogie que présente ces deux média
..----.."
est évidente et les locuteurs des deux groupes linguistiques se compren-
nent mutuellement. Dans une étude inti tu1ée 'p"e~r Gu-Dig).ekt des Ewe (7)
\\'lestermann dresse un tableau comperatif entre llEwe, le rHna (al),
le
GU' et le F.) sur un échantillon de vocabulaire.
.
Cela se présente comme suit
Cela se présente comme

,.,
,v{est - Ew~
~
~
EJ
ool
....
(un)
<W
e~
ool
....
cl..f.
ein
<W
e~
cl..f.
ewe
ewe
awe
we
zwei
(deux)
....
,.,
et.)
et)
at 3'
et'
drei
( trois)
ane
(,n(.,
ln(..
(nE.
vier
( quatre)
at,;
at3'
at i'
...,;
i'
atj
fünf
(cinq)
t&
et6
otô
te!
ahr
(ft.eill.)

enù
OJ:lÙ
nu
Hund
(bouche)
~
o~
oc\\fl
~
o~
a~
Haar
(cheveux)
a~
Haar

- 14 -
Ce tableau représente la vérification des rapports réels de parenté
entre l'Ewe et le Mina (8).
Le oentre de rayonnement du Nina se trouve à Anécho et sa .'zone
de contact aveo l'Ewe se situe à Lomé où les gene le parlent dans la rue
et sur la place du marché. Il réduit ainsi l'influence de l'Ewe. Véhiculé
à l'intérieur du pays en suivant les rails, il a atteint les centres
d'Atakpamé et de Sokodé. En remontant plus au :'ord, il a été introduit
par les fonctionnaires et les cadres administratifs du Sud. A ce point,
le lflina, comme moyen de commUIlication est en voie dl~tre la "lingua franca"
du Togo. 'routefois, il faut signaler une légère nUance entre la forme
popularisée du Mina et celle originelle parlée à ~.écho. Bernd Heine perçoit
assez subtilement cette nuance aU niveau terminologique :
IIGr is the à.esignation applied by the speal::ers
of this dia1ect thomselves. l.'lina and Gr
are
of tan employed Dl a complement~· sens in Togo
the l att er in respect of the basic fo:rm and
l'-iina for the lingua franc[ form il
form (9).
Somme toute, la situation de contigUîté
contigdîté n'a pas établi la pré-
séance d'une langue sur une autre. Le Mina se trouve ~treun créole issu
d'un syncr6tisme triparti1r:l auquel participent à la fois l'Ewe, le Gè. et
le Fante. La flagrante analogie du Nina avea l'Ewe trouve ainsi son expli-
ca tion. Gr!ce aUx "forces d' intercoursell
intercourse (10), le premier a réduit 1'in-
fluence du seoond, élargi sa zone de diffusion, accédant progressivement
au range de
-1i.ngua. franca". Cette situation privilégiée du Eina ne
se perçoit que sur le plan de la pratique orale. L'ordre de l'écrit offre
un avantage à llEwe, qui jouit de plus d'un siècle de tradition de llim-
primé. En effet, le rapport de production littéraire en Mina avec cell&
en Ewe est de l'ordre de 1/4Oe.

,,. "
...
. "
.
- 15 -
Les recherches bibliographiques que nous avons effectuées nous
donnent une dizaine de titres d 1
d 0uvrages pOlU' le Nina, contre plus de
quatre cents pour l'Ewe (11). Les sujets à.e la littérature Hina sont en
nombre très réduit et d'ordre essentiellement religieux et pédagogique:
traduction de la Bible et du lTouveau Testament, missel, cathéchisme, can-
tiques; syllabaire et ouvrage pédagogique pour llenseignement du Nina.
Etant dOIUlé la démarcation qu'affichent les littérateurs mina par
rapport à ceux ewe, et compte tenu du fait que le Mina adopte une écri-
ture différente, nous limiterons notre étude, pour la commodité de la chose,
à la seule l itt'rature ewe. 1~aia l'analyse du corpus écrit ewe commande la
description préalable du cheminement de cette langue du stade oral au
stade écri t.
- De l'oral à l'écrit
histoire de l'écriture ewe.
L'histoire de l'écriture ewe exige une délimitation correcte des
périodes. Les documents des missionnaires aU souvenir desquels est lié
l'Ewe écrit offrent cette garantie. Ile constituent des références dignes
de foi pour le chercheur. Cette exigence nous autorise à écarter oertaines
hypothèses sur ce sujet qui nous paraissent sujettes à oaution. Dans un
article publié dans la revue .F;nt.ente Africa:iJ1a (12) l'auteur présente
l'Ewe oomme une "langue écrite depuis 1000",
1
la première des langues afri-
caines à adopter l'écriture. Il recoIUla1t cependant que l'Ewe doit eon
aécession au rang de médium écrit aux missionnaires protestants- Ces sf-
firmations méritant une rectification. Les documents historiques mention-
nent que les missionnaires font leur première outrée en pays ewe le 5 mai.
1647 et cette date recueille l' unanimi té de tous les pasteurs et gens de
la Mission Evangélique qu'on peut encore contacter aujourd'hui_ Logique-
man.t aucune écriture 9we ne peut para1tre avant 1848 si on admet qu'il
faut un délai minimum aUx missionnaires pour s'installer et prendre con-
taot avec les populations autochtones.
1

ca;
- 16 -
Da plus, dans \\ID ouvrage de la :':orddeutsche f-lissionsgesellschatt (13)
le Dr Schrober signale que les missionnaires allemands qui se propo-
saient de travailler sur l'Ewe étaient encouragés par les efforts fruc-
tuelU: de leurs oonf'rères catholiques sur le Twi (Ghana) et le Yoruba
(lIigeria). Hous savons par ailleurs que le p!'e.mier dictionnaire du
Kikongo, une langue de l'a,..'1cien Congo Léopoldvillo date du 17e siècle.
Il est ainsi établi que l'Ewe n'est pas la première langue africaine à
atre transcrite. Ces hypothèses écartéé.s, nous pouvons poser le problème
de la transcription de I tE
I
w9
tE
an la situant dans son véritable contexte
historique.
Dans son livre intiMé EJ.1iE?Kbgg,bsJ:axe:cl;.e (14)
Wiegriibe signale
la premier ouvrage écrit en efTe sous le titre: w).:J:Jg:r.s aba61.Q. qek,a ~ibe.
~.
~ . ce qui équivaut en Elle à Vicl~e.nQ ~ agbal.e Aak-A ~ (un li-
vre ewe pour les enfants). Wiegrabe n'indique pas l'auteur de cet ouvrage
mais sur le tableau des dates historiques de la 1'1ission de Br&me, on peut
lire l "1848, rédaction du premier manuel scolaire en langue ewe par Wolf
(syllabaire et arithmétique)" (15). Il est en outre indiqué entre paren-
thèse que ce livre est resté à l'état manuscrit (16). Cette forme ne lui
pe:rmet pas d ' entrer immédiatemen t dans l ' histoire de l' écritilre eW8; mais
il conatitue le tém01gnsge du premier geste de transcription de l'Ewe.
Il faut signaler que cette première expérience a eu lieu à Péki où les
missionnaires ont débarqué le 5 mai 1847. Le dialeote utilisé dans ce
cas est sans doute celui de Péki. Nais en 1853, les missioIL.'1.aires doivent
émigrer à Kéte, pour fuir la guerre qui s'est installée entra les Ewe et
les .Akwapim. Ce déplacement éveille leur attention sur un fait et leur
permet de percevoir des différences dialectales dans la langue ewe. Les
habi tants de Kéta, les Â~ u tilisen t un médium qui présel1te des cliffé-
rences avec celui de Péld. Par exemple, pour une phrase, on aura les
formes suivantes 1

...
- 17 -
Q)
fonne Péki
RTsyià di nèle ?
(Que veux-tu 7)
b)
fome Abl"
UlJÛJd clim nèlè ?
(If
"
Il
)
Poussant plue loin leur curiosité, les missionnaires découvrent
l'existenoe de plusieurs autres formes dialectales, d'où leur embarras
devant le choix de celle qui doit servir de norme écrite. C'est ici
qu'intervient la personnalité de Bernhard Schlegèl qu'on a appelé "E"legbe
!J.)~' fa Fofoll
Fofo
(le Père de l'éoriture ewe). Il a trouvé que ltAIjJ.' parlé
sur la oOte entre Kéta et la Volta peut servir de norme de base pour la
transoription. DeUX raisons exp li quen t son ohoix. D,
D abord, il évoque la
pwreté de l'~' et la facilité d'acquisition qU'il offre aux étrangers.
Le seoond motif' tient de ltétat ,jlittéraire" (17) de l'.A01) aU sens saue--
surieu du terme, c'est-à-dire son utilisation généralisée dans tout le
\\
PaYS ewe gr!oe' l' aotion des oommerçants a!)1') qui se sont infiltrés dans
toutes les régions et ont 'VUlgarisé leur langue. Enfin faut-il signaler
en outre que les missionnaires ont subi 'UJ."1. conditionnement pyschologique
d~ aUX habitudes linguistiques répandues en PaYs aljl.) ? En effet, selon
les témoignages de Wiegrabe, (1 8 ) les Aryl' manifestent un eaprit de clo-
cher (19) en ce qui concerne leur langue. Il~'-V-ouent un culte et ezigent
du locuteur qu'il la parle le plus correctement possible. Aussi, en 18
1 56,
outre ses premiers syllabaires, Scblegel écrit-il sa grammaire intitulée:
<~~ü.§_s.~.,~ .lllii.~~.!'. qui para1tra en 1857. Cette grammaire traite pres-
qu'uniquement de l'»)].) • En 1866, une conférence générale des mission-
naires se réunit pour débattre à nouveaU de la question et trouver la lan-
gue dans laquelle la Bible de..A.~\\raduite.
de..A.~\\radui
Ils trouvent la ressource'
d'utiliser l'A~> en y ajoutant à.es termes empruntés aUx autres dialectes
de l'intérieur. Ce mélange d'AI)1~ et des autres dialectes a donné nais-
sanoe à l'Ewe standard que nous oonnaissons dans sa forme actuelle. Les
pasteurs ont été le8 premiers à utiliser oe nouveaU médium dans les égli-
ses au cours des sermons. Sa vulgarisation a été assurée par les écoles
et l'action de ceuz qu'on appelle "fiafialawo", c'est-à-dire ceux qui
n'ont aucune fome dialectale de l'Ewe comme langue maternelle, mais qui

-
1~-
l'ont appris à l'école. Ce sont, entre autres, les Akposso, les Logba,
les Ava:tii..me, et les Al::pafu. Deux exemples frappants sont Abutiati
(Avatime) et Obianim (Logba) dont la contribution aU développement de
l'Ewe est d'Ul16 importance indéniable.
Ce paragraphe relate Ithistoire des recherches ou mieux de la con-
ception d tune fome stendard de l'Ewe ent:t'ep:rises pa:r les missiOnnaires.
Ce ntest qu'une premiè:re mouture de leurs travaux car Pactivité principale
réside dans la transcription effective, c'est-à-dire, l'invention d'un
1
code alphabétique.
alphabétique_
f
t
1
J
Dans son livre AK.1?A1~xEt:x;l.e eJ..1Hil. ~eli§.,
1'Jiegrabe exprime ainsi
1
ainsi
les sentiments ressentis par les missionnaires dans leur premier contact
avec la langue ewe :
1
"Ewegbe dze na wc abe toa de si manyalia
i
o ane ; ed!
eai t, sisi, si manYa tso gbede o.
1
E, edi x.> , si Je w,)wo tu ke'ke' • 1vot(/Ju
kp.) nu ta x.) la fe f eSrel'lO nu vie ya, galee
1
wometEbu ge de eme 0". (~)
1
(la langue ewe leur appara1t comme une montagne
f
montagne
!
qu'on ne peut pas gravir ; elle ressetnble à un
grand flouva qu'on ne peut jamais franchir. En
effet, elle est pareille à une maison dont toutes
lee portes sont closes. Ils peuvent regarder à
travers les fen~tres mais ne peuvent pas y pénétrer).
1
!i
[

- 19 -
Véri té éloquement exprimée et qui traduit en images claires et
réalistes les difficultés éprouvées par les missiomlaires aU con tact de
l'Ewe. En effet, ce contact illuetre le problème que pose la perception
d'une langue africaine par un locuteur étranger. Prenons en exemple le
titre du manuscrit de Wolf eignalé par IViegriibe. nous lisons: "Wingye
aballe deka Eibe Kasem'l. Une remarque s'impose. La perception de la lan-
gue est médiatisée par l'appareil phonatoire du sujet occidental. Il en
résulte une profonde altération. Si noua transcrivons la ffi~e séquence on
utilisant le code alphabétique de lIEwe moderne, nous obtenons ceci :
/ vidz1e agbale deka - Ayigbe Ka8am /
Les Bons (-dl!!- ~ -gb-) qUi n' eristent pas en allemand font défaut
ou se trouvent substitués par d'autres n'ayant pas grande ressemblance
avec eux. De plus la séquence est moulée (la.'1s la structure de la ph.:I:ase
a11 emande car la syntaxe ewe f ai t
/vidzie / wc /
fe / agbale / deka / Ewegbe / (eyi.gbe kasem)/
enfants / les /pour da/livre./1m /
ewe - lal'lt:,ooue /
Ces exemples sont révélateurs de la difficulté qu'il y a pour un
locuteur occidental à recevoir un médium. Les missionaires l'ont assez
bien perçue. Ill! ont mis longtemps pour découvrir les sons (èÙ, (1), (J)-,
(gb), (az), (kp) qui n'existent pas dans les langues européennes et qui
abondent particulièrement en Ewe. Si leur perception a été un problème,
leur transcription en a été un autre. C'est pourquoi la graphi.e de l' Ewe
a été pendant longtemps assez fluctuante. Le terme uewe" par exemple,
aven t d' a01lU~rir sa forme actuelle qui semble définitive a d~ &tre trans-
crit de plusieurs manières selon les différents scripteurs (éhoué, evhe, ew&
ewe, ehwe, ewhe, ephe, johwe, yewe, e;re, o':e, epe).
L~évolution de l'alphabet ewe pourrait ~tre établie à travers celle de
chaque lettre qu'il comporte, si tant est que toutes les lettres aient
évolué simu1.tanément. Hais un tel travail para1trai t fastidieux et sans

-20-
intér~t pour notre exposé. En tout état de cause, comme le signale jus-
tement AgblanagIlon, i l existe deux types d'alphabet ',.we. L'ancienne
notation est apparue à la fin du XIXe siècle et la nouvelle aU, début du
XXe sièole, inaugurée par l'iestermann en 1907 dans son ouvrage llDie Gre -
,I!!âtM 9..fŒ. EK.e-S.P:t:~tJ. La nouvell$ notation a été vite assimilée an zone
anglophone tandis qu'elle a coexisté avec l'ancienne pendant une période
en zone franoophone, notamment chez les pr~tres oatholiques. Cependant,
aujourd 'hui, l'anoienne écriture est partout battue en br3che. Dans son
livre (21), Agblemagnon, s'inspirant du R. P. E. Riebstein, donne un ta-
bleau oomparatif des deux t,ypes d'alphabet mais il mérite quelques reoti-
fioations. Certaines lettres demeurent identiques sur les deux listes alors
qu'en fait, il en existe une nouvelle graphie. Las graphèmes d, g, h, n, 0,
par e::œmple, apparaissent deux fois chez lui alors que clans le nouvel al-
pi'âbet mis au point par Westennann depuis 1907, et admis par tout le monde,
elles ont une forme nouvelle: c:l , '(, ;; -? ,)
.'
1 -? ,)
1
En défini tiva, la ta-
bleau oomparatif (22) se présente oomme suit:
,NTCI:El'J
~J2.1.§l
lTOUVEAP
~J2.1.§l
E;;9,!ll,;eleA
A.•• a
abosem
A, a
abosam
B,
B
b
bùbù
nll~- .-
bùbù
nll~-
,.:-'-r". '.
,",'
,
"".
blibonyenye
,",'
,
"".
D,
d
dome t.2.,
/ J)d
domet.)
.'
,
,
.'
Dz, dz
dzi, dzaeido
Dt',/ d..z
dzodzro
-'--- "
D,
d
do,
devi
~, d..
<lt><%>wEl
.
!
':. "
,
E,
E
e
tegbe, eye
.\\.~, ,EL._._. ,,'
tegbe, enyo
.\\.~, ,EL._._. ,,'
tegbe,
,
.
(
E,
e
miesëtam9
E,
e
:~t :~:"
,
\\
.~.-.r" ';:""-
I)us! katat)
,
\\
.~.-.r" ';:""-
I)us!
F,
f
fu);pekpe
1..,, f
fiazikpuiwo
F,
i
afeto
f' f
n
e, a
et
f
n
e, a
G,
g
gli
G, g
gome
G,
g
gli
Y, "
'ili, Yesi~i
GB, gb
gbogbo
GB, gb
agbe, gb)gb,
"
'ili, Yesi~i
GB, gb
gbogbo
GB, gb
agbe,

"
-21 -
noUV'El>.U
.....
.........
.
H,
h
ha
H,
h
H,
h
xexeme, =l:;)e6
I,
i
vi,
si
I,
i
l1ï,
. miafe
K,
k
kaf'uka;fu, kokoe
K'
k
kokoe, kalet.)WO
"
k
kokoe,
"
lep, kp
kpo
Kp,
kp
kp~ , kpekp~
L,
1:'
L,
1
M,
n
menye, mawu
M,
m
m nu
1
lT ,
H,
nana,
~. ,
nu,
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H,
~.
nu,
nèle
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-
noti
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-
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P
p
P
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p
pt
p(
PC
R,
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nusr.2,la
R,
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nusr)la
s, S'
SU8U,
asia
s,
s
T,
t
. t4 e , t,g,tr.2.
T,
t
Ts, te
tao, mietso
Ts,
ta
tsï tretai tsi
u, u
zu,
kuku
u,
u
ku<\\4
nu
v, v
vevieto, vevesese
Il
v
vovovowo
1
,
w, w
luW9"
awakowo
li,
w, w
nuwowo
--
nuwowo
\\'1,
w
"iOJll,
nyuiwc
--

Y,
Y
eye,
yi
Y,
y
z, z
zegz
z,
z

TABLEAU
PHonETIQUE
PHOlTETlQUE
El'lE
m'lE
Labiales
Labio
dentales
alvéolaires
Rétro-
palatales
vélaires
labio-
dentaires
flexes
v61aireao
--------
vélaires.
- - - - - - - - ....._-_._._------------~-------------------------
_-_._._------------_.._ - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ------------------
- - - - - - - - - - - - - - -
(Sour'des
(Soul'des
Il
t
d-
e (ty)
k
lep
tl
c (ty)
(
occlusi
o
vas( Sonores
ves(Sonores
b
d
f(dy)
,
(ày)
g
gb
(
••".i.
(iJaBe;les
(iTaBé';l es
m
ID
n
)l
Jt Cny)
(ny)
~.
(Sourd.GS
(SOurd.0S
f
1 Cf)
Construe- (
1 (f)
s
x
Constru0- (
tivas
tives
(Sonores
v
z
j (y)
w
~(~
y
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
(Sourcles
t{ ()
ta
C\\l
C\\l
ri ()
Affriquées (
(Sonores
dz
~-------_
.._---------------------------------------------------------------
Lat&ales
Latérales
1
- - - - - -...........----------------------------------
_.._--------------------
------........-.-------------------------------_._--_.------------------------.-
Vibrantes
r
-------_......_--~--
- - - - - - - - - - - - - - - - - . . - . - - - - - - - - - - - - - - -
_-~-_._----------------------------------_._--
- - - - -
----

- 23 -
Llévaluation des locuteurs ewe doit respecter certaines différences
de groupes, une façon de mettre en lumière les diveraesstrates du public
li ttéraire. lJous observons pOUl' notre part deux groupes. Le premier com-
prend l'ensemble des Ews, c'est-à-dire ceux qui ont l'un ou l'autre dia-
lecte de 11 Ewe comme langue matemelle et qui en font usage dans leur
communication de tous les jours. Le second groupe est constitué par ceux
qu'i se trouvent .par rapport à l'Ewe dans une situation de bilinguisme. Ce
.groupe comprend :
- dlune part ceux qui par leur situation de contiguir~
naturelle (situation géographique) avec les Ewe adoptent
la langue de ceux-ci comme langue seconde : oe sont les
Akposso J les Akébu, les Adele, les Ana aU fogo, et les
Logba, les Likpe, les Avatime aU Ghana-
d'autre part ceux qui, de par leur cohabitation avec les
e'We, finissent par adopter l'Ewe comme langue seconde
(ce phénomène est surtout oourant dans les oentres ur-
bains) _ C'est le Cas des Gens du lTord-'l'ogo installés à
Lomé de m&1e que les Hausa et les Yoruba vivant au Togo.
Tout dénombrement qui voudrait saisir la réalité dev.r:oait tenir com~
te de tous ces facteurs. Que dire de l'avalanche de chiff'res qui ont été
avancés jusqu'à l'heure actuelle? Ils ne présentent pas dluniformi.té et
d~pendent le plue souvent des points de vue politiques des auteurs. Soit
on confond certains groupes ethniques (l'latchi et Adj a) , soit on isole
d'autres des "Ewe proper" (Watchi et Nina). J. Coleman opérant cet isole-
ment avance le chiffre de 800 000. P. Alexandre estime à un million et demi
le nombre de personnes parlant llEwe oontre le chiffre d'un million préten-
du par Westenna,n:r;li.. En tout état de causa, cee chi..ff'res à l'heure actuelle

- 24-
sont dépassés et ne psuvent servir de base que pour tUle appréciation approxi-
mative. Ph prenant en compte les facteurs que nous avons définis plus
haut,
on peut sans abus aVWlcer le chiffre minimum da deux millions comme effea-
tif de ceux qui peuvent oomprendre l'Ewe. Cetto population constitue tUl pu-
blio littéraire virtuel, c'est-à-dire tUl public qui, s'il était entièrement
all>hab~tisé oonstitue14ait une masse lisante effective. Nais il pa.:rait :i.nI-
portant de ne pas B' en tenir aU do sage de la virtuali té et de parvenir à
dégager le potentiel réel de lecture que recouvre le fait littéraire ewe.
Cette appréciation vise à dénombrer l'ensemble des gens qui sont susceptibles
de se servir de l'écriture et exercés à la pratique de la lecture. Ce
groupe comprend la population soolarisée et la masse des adultes alphabéti-
sés. Au Togo, par exemple, sur une aire géographique (Région marit:iJue et
Région des Plateaux) compo:rtant tous les groupes ewe, les l'1ina et les gens
adoptant l'Ewe comme langue seconde (Akpo sso, Akebu, Mélé ••• ) on compte
tUle population de 1 182 250 habitants. Le chiffre de la population scola-
risable s'élève à 362 414 et celui de la portion scol8Ztsée à 163 994, soit
54,3 %(23).
%
Il faudrait y ajouter le nombre des adultes lettrés et la masse
des nouveaux alphabétisés pour avoir une idée ezacte du groupe des lecteurs.
Or les statistiques font défaut dans ce domaine (24). Aussi est-il malaisé
de définir numériquement le public littéraire ewe réel du 1'0150. ?ar le
m&e procédé, on pourrait évaluer la masse lisante du Ghana mais à ce ni-
veau encore, les statistiques font défaut et l'évaluation précise n'est pas
oommode à opérer. 'routefois, nous pouvons avancer sans abus le chiffre de
huit oent mille pour évaluer le public littéraire effectif.
1a langue ewe, a ainsi accédé à l' éoriture gr&ce aUX efforts obsti-
nés des missionnaireeh lIous avons décrit plus haut Bon aire géographique
comme présentant une unité, maia en fait il en est tout autrement car elle
se trouve à cheval sur dSQX nations. Cette situation, qui résulte de la
colonisation a un impact indéniable sur l'ensemble du phénomène littéraire
ewe et mérite quton stY a.r.r&te. Ca sera la sujet de notre second chapitre.

.-....
.- ',"'"
- 26 -
II
0
T E l S
1 - Les Adja sont les populations de la région de Tado dont le
Père PAZZI étudie les oriGines dans ses not~s de recherches
!Io.tqs. AtFlisto.ire d.613 peu"PIEts
Aja••Elwè..L
••
Gi. .et
.
Fop
1973 - LONE
2 - in ~J;Ut,i.oll ~olitig"t;;e des )!l1'@
(Pauvert)
3 - Westennann.
Q.r~~tik_d.~ Ewee~.
Ewee~ .:---fu?.r9:..c.h.e -
Berlin, D. Reimer 1907, XVI + 158 p.
4 - }JtSougan Agblemagnon
~ciq,loÀie des••
des Sociétés
••
orales.. d 1Af.!..~~E'tl~.
Mouton, 1969
p. 37.
5 - ~~ 1'0,g01W.lU! :
Revue de llInsti tut 'rogolais des Sciences Humaines
n Q
n
dl octobre 1957, p. 103 - 399.
La discussion est rapportée sous forme des lettres échangées
en tre le pasteur Adzomada, président de l'Académie Ewe et
G. K. Johnson directeur de llInsti tut 'rogelais des Sciences
Humai.nes. K. Johnson conteste la terminologie du nom ewe
de D. Westennann et lui trouve une extension exagérée :
"en nous an tenant au rait le domai.ne linguistique actuel
véritablement ewe ne dépasse pas le dialecte de l'ouest
in térieur et l'anlo soit aU Ghana et aU l'ogo.
On comprend

-Zè-
diffioilementpourquoi "\\iestermann a étendu le territoire aU deUi du
Dahomey jusqu'à Badagry. Il semble que le terme ewe a été grossi aU
delà de son propre contenu linguistique.
Après avoir signalé l'existence à la bibliothèquè (p. 102) San
Isidro de Nadrid -(Espagne) d'un catéchisme bilingue rédigé par les
Pères Oapuoins mineurs en espagnol et en langt1e arda, i l signale que
l~~e
-
oette; a1'<1.a n'est autre chose que le al.
ou le Popo ou le lIina. I l
donne une petite bibliographie comportant des thè ses ou des travaux
consacrés simultanément à l'ewe et aU mina et ce, de la fin du XIXe
siècle à la moitié du Y~e siècle:
ftJe niai pas tout cité, mais vous convenez avec moi
,
que le GE,
oU l'Ew'e avaient toujours été étudiés si-
multanément voire d'autres langues du Togo". Il récuse
,
toute classification qui fait du GE
ou du Où des dia-
lectes de l'Ewe et conclut: "(ils) n'ont pas été des
dialectes ni à.c l'EvTC corrompu", mais des langues éga-
lement importantes et pUissantes, chacune de ces langues
disposant d'une littérature écrite: grammaire, cantique
Nouveau Testament, etc ••• ".
Prenant parti pour la classification Westermannienne le Pasteur
Adzomade. rappelle que c911&-oi repose sur des données histOriques.
historiques. I l
tait état des mouvements migratoires du peuple Ewe à partir de la bou-
cle du l;iger, avant le deI ta, au Higér1a
Higéria et des empreintes qu'il a pu
laisser sur les langues des ethnies qu'il a rencontrées aU cours de
ses déplaoements. Parti dono du lTigéria, le peuple Ewe a dt1 traverser
le Dahomey avant de s'installer au 'l'ogo.

· - 28-
Choisissant cette région d.a l'Afrique pou.r son étude linguistique,
Westarmann "devait trouvor un dénominateur commtul aux langues et aUX
dialectes parlés par les tribus habitant (ces) territoires; ce sont
les Gu, les l1axi, les POt les Adja, les Tado, les llatchi, les Nina.
Th3a lors une étude d'information s'impose pou.r déterminer le dénomina-
teur commun".
6 -
Bernd Hei.ne 1
§..ta.tB.L~.A.ya
§..ta..tB.L~.A.ya of Afrigaa l~ li}.'McM in If~In~:~.i~.i
ffu:. WirtEl.qhattforAch~ Hünchen AfrikA .S~4i~ ....
Weltforum Verlag r1'ünchen
p. 103.
7 - Westermann,D.
])$ G~_ Kia:!,ekt des Ewe
Institut für Phonet:Lk an der Universitat
Berlin, Berlin
NW7
Universititsstrasae, 1952, 7 p. cf. p. 4
8 - Les histottens ont tenté d'expliquer le phénomène de filiation des
deux langues par des données événementiolles. Le Nina.
serait url mélange de Ga et de Fante, la noùi-issant de
temes 61',e. Cette hybridation rappelerait le mouvement
migratoire des Fante et des Ga de l'~enne C~ld Coast
vers l'Est. Certaines hypothèses situent cette migration
autour du XVIIe siècle. Bertho, par exemple, situe le
départ d'Accra à 1687 et celui d'Elmina à 1692. Cette
datation est sans doute contestée car sur l'almanach
édité par le ItP.ubliAP;i;g,g. CO,QD2ora.tion" au Ghana, i l est
établi des dates marquantes de l'histoire des ~TeJ
IJ §.om.e~~J'_ÏJl
t.he HiJ!,to:;x of the. EJ!e .p.eQPJ..
.p.eQPJe"
..
et
parmi lesquelles figurent la. mention suivante:

-29-
"1600 : mit;ration of the Gas,. under Gaptain AshiaJ;1gIIlor,
ta Gligli. 1be Abes of Allecho (imchor) comprising of
Gas and Fantis had earlier arrived by sea in canoes".
La dernière partie de la citation indique donc que le départ dea Fante
et des G!' de leur lieu d'origine sJest déroulé avant 168J
1
, ce qui re-
met en cause l' hypo thè se de Bertho. Pour sa part, Dernd Heine SI abs-
tient des précisions et se contente des délimitations de période et
explique davantage le phénomène~
11 Towards the end of
17 th centu:ry and during the 18 th
century groups o:f Ga -and 1\\ri.-spea.I:dng inhabitanta
of the Gola Coast left thei:r homeland and settled on the
eastern Togo coast in the 1ricinit'.r of the present town of
Anecho.
Allecho. They relinguiahed thei:r languages and adopted Ewe
80S first language.
'.!.'he use of Ewe aPlongst these immigrants
lad to
ta a formation of a special dialact i •.9.
•.
Jvlina"
(Bernd Heine,
op.
cit.
p. 141).
Laquelle de ces dates est la plus crédible? Dea recherches plus pous-
sées restent à faire dans ce domaine. Il.· s'est aU moins avé~ qu'à un
certain moment de l'histoire, le Nina a subi la contamination de l'Eve.
Ce phénomène dont le résultat est immédiatement peroevable a fait sur-
gir dans l'esprit de certains la notion irrecevable de Nina perçu comme
un "Ewe oorrompull
oorrompu •
9 - Bernd Heine
- op. ci t •. p. 140.
10 - Le te:rme est emprunté à li'erdinand de Saussure qui le doit à son
tou:r à l'anglais : "relations sociales, comneroe, commu-
nieation".

-30-
in .c.o~u,;t'.s Aq .Li.JlAu;Lst:i..g,u..e Générd<?
Ed. PaY0t. Paria, P. 281.
13 - BAtyi!,t.ein§.~ Ges.chio.1lte..
Ges.chio.1lte der
..
no:r:.ddeutsche. 11ission§fte~ells.chAf.t
Ges~el.t. @. Hunde.rt J~eiaJt ~)1issiollsd.irEtCÈtor
.lli..Â~•.
.lli..Â~ ~Weibe:r
Brwan, Verlag der norddeutsche Hissions - Gcsel1echaft
1936, 320 p. -cf. pp. 261 - 262.
14 - P. Wiegrabe
EJv.§$.b~e.1:exEl.zle W-a.. .:Ein~liB.
Lahr (Schwarzwald), Yohannes - Agbaletafe
1963, 144 p. cf. P • 15.
15 - ~eino~ Geschic.hte der no:r~ddeutsche flÏ;§.M0!\\êRetitell§.o.hafJ~
op.
cita
pp.
297 - 306
16 - Nous sommes fondé à croire, avec le confirmation de nos ~ormatourB
avisés d' Accra, tel Kwasikuma du "Bureau of Ghana Langua-
gesll
ges
qu' il,J Si agi t bien du livre signalé par Wiegrabe.
17 - Noue retenons de ce terme 10 sens général que lui confère Salissure
qui désigne par "langue littéraire" "toute espèoe de lan-
gue cultivée, officielle, ou non, au service de la oommu-
nauté tout antièretl
antière
of. ,Q,our..s..
,Q,our..s de Lingui.sti,..que Géné]'W...
Géné]'W
op. cit. p.
267.

- Ji -
18 - Le pasteur vliegriibe est l'\\ll1 des missionnaires allemands qui ont
encore exercé aU 'l'ogo et aU Ghana aprè s la première
guerre mondiale. AUj otU'd 'hUi, il a 74 ans, et s'est ins-
tallé à. Br6me où. nous l'avons rencontré en juin 1973.
Sur oc fait, i l nous livre son témoignage': "le peuple
a'l.)
tient sa langue en haute estime et lui voue pres-
qu'un cul te. Celui qui veut parler l' ~l) est tenu de le
parler avec pureté. Les premiers pasteurs noue ont rap-
porté quJau cours d'un débat public, les fautes d'un ore-
teur suscitaient la colère de l'assemblée qUi le rapre-
nai t et le corrigeait systématiquement". (Interview <hl
17 juin 1973).
19 - C.oN.§..de..
C.oN.§..de L~s.tirque
..
G~éra.te (F. S.)
Espri t de clocher, "espri t particulariste~ •• (qui fait)
qu 1
qu une oommunauté linguistique restreinte reste fidèla
aux traditions qui se sont développées dans son sainu
sain •
Ici, il s'agit évidemment d'habitudes linguistiques.
op. cit. p. 15.
21 - Socio).o,gie q,es. ~QÏ;.ét~a O:x;..qJ.;es d' AfriQ.ue
:lo~t!
(li. Agblémagnon
Agblémsgnon - op. cit. p. 42).
22 - La listf) de 1 J alphabet ancien est inspirée cl'\\ll1 ancien livre de
prières et de cantiques Ewe : DZIFGr10
l ssy-les-i'Œoulineaux, Imprimerie St Paul.
Le nouvel alphabet se trouve entièrement pris dans ce
livre s
~l'l YEiE lE SAEVI -la cle:f du nouveaU
mond&-.
Livre Premier, 1962, deuxième édition, collection "pour
mieux lire 11 Ewe". LOHE. 'ID GO •
1

32 -
Les exemples nous sont fournis par le R. P. Beno1t-
Ef'oevi Pa.."'l.otù~ou, religieux ewe, étudiant en linguistique
afrioaine à l'Université dG Lagon, Accra (Ghana). Ils
Bont recueillis au fur et à mesure de ses lectures.
23 - St-atiAV-..g,U&Ji.Sqo),,l;\\:i:!:as 1.270.;:.)cn.1
LOME, Hinistère de l'Education nationale Direction de
la Planification - p. 24.
24 - ka.. ~unio.A -M.~.~efA s.ec~eur ~t su.p~.§.eure S'..al.R8§..bétisation
qui siest tenue à Lomé les 7, 8, 9 mare 1973, dans son
rapport n' a donné aucune appréciation chiffrée des ré--
sultats obtenus. Elle note simplement "qu'U a. ét~
taté que les aUditeurs lisent, écrivent et résolvent de
petite problèmes d'arithmétique".

\\.<
i ,
. . .
CHAPITRE
II
LA
LIT'I'EHATURE
EI'lE
ET
g:m
AFPAR'l'Ei.iiJ:JCE
A
DEUX
}'jATIOiJS:
LE
'lUGO
et
le GR~IA
L 'histoire de la. littérature EiiE ref'lè te celle d.es événements poli-
tiquee qui se sont déroulés clans cette région (le la fin du Y.IXe siècle
jusqu'aux Indépendances. Soumise à une situation de domination, lalanglle
prend à chaque période du processus politique, la marque du pouvoir colo-
nial avec lequel elle se trouve en contact. Sa singulière situation d'ap-
partenance à deux régions géographiques distinctes (le Togo et le Ghana) en
est un signe évident. ITous tan tarons ici de déterminer, à travers l' évolu-
tion de la langue, les implications du phénomène colonial, ce qui nous OO~
duit à une analyse de la politique linguistique des colonisateurs en pays
ews. Par ailleurs, se situation,à cheval sur deux nations fonde l 'hYl>othèse
d'une évolution différenciée après les Indépendances. Ce11&oooi appa.r~q aU
j our à travers une étude de la poli tique culturelle des gouvernemen ta natiOill
naux.
I~
LANGUE
ET
OOIŒTIALI S[1E
Cette partie de l'étude couvre une période allant de 18
1 47, date d'aI'-
rivée des missionnaires allemands en paye B'WE-, aUX Indépendanoes (1960).
Â. -
,Dft1A !U0i;Ç!( qu ]ÇJ;Xe..
]ÇJ;Xe. .§..i.èclEL~ début. dq, la.lremière QueITrf l~onàJ..a:I:..G
efforts conjugués des missionnaires et des colonisateurs allemands pour
promouvoir la la.ngue EI'Œ' ~, "Why, l, ~ Christian Missionary (1)
devoted so much time to the etudy
of this 1ûrican Language 1"
Koelle

- J4-
Les documents historiques et l'avis dos ilûormateurs actuels (2),
attestent cette idée que l'8ffort le plus grand accompli sous le colonisation
pour le développement de la langue Ewe a été fait pendant la période alle-
mande. Cet effort s'est traduit concrètement par l'enseienement de cette
lar~e dans les écoles, puis par son utilisation comme véhicule drinstrue-
tion. La t~che a été essentiellement réalisée par les missionnaires (3)
protestants et catholiques installés respectivement à KETA dans l'ouest et
à AlJEXO dans
l'est. Liadministration n'est intervenue que pour encourager
leur oeuvre par des mesures de aubvention~. Somme toute, on est fondé à
croire qU'~ltre la Mission et l'Administration, il y a eu convergence de
point de vue sur la nécessité de promouvoir une langue locale dans la colo-
nie. Comment s'est opérée cette convergence et quelles en sont les princi-
pales directives ?
Les idées qui président à l'oeuvre des :Glissiormaires sur le plan
linguistique, sont contenues dans la discussion suscitée entre protestants
et catholiques sur la question du dialecte gwe à instituer comme médium
commun pour la population du Sud Togo (4). Les représentante de la Hission
do Br3me (BUrgi
(Bürgi et Harter) optaient pour l'~l), ceux de la mission Catho-
lique (SChmidt), pour l'Anexo. Si, sur les points de détail il y avait
divergence, les deux partis s' accordaien t sur deux principes fondEunen taUX.
Lé premier, relatif à leur objectif principal, est fondé sur la nécessité
dt évangéliser les "indigènes" dans leur propre langue. Cette dernière de-
vait en outre servir pour lour alphabétisation, afin qu'ils eussent par un
acte de lecture accès à la littérature chrétienne. Dépassant ce-premier
ce·premier
stade, les missionnaires reconnaissaient une autre fonction à ltEwe, celle-
a d'ordre socio-éoonomique. A ce Bujet, G•
G
.AlJSRE rapportePaffîrmation
rapportePaffirmation
suivante de Schmidt :
"Ult1llately, th& COlIlID.on language was going
to be determined•••
determined
by (considerations)
of trade and commercial activity" (5).

- 35-
Cette opinon pouvait rencontrer la pleine adhésion du gouvernement
colonial qui était dl ailleurs celui qui avait provoqué la discussion aU
sein de la Hission. Il exigeait une langue commune pour 1 J ensemble Sud de
la Colonie :
"The german colonial office considered it
necessary to prompte a common standard
o:f Ewe language for educational, l iterary,
economic and social Use :for the whole sou-
tham half of the Colony" (6).
Lee dirigeants allemands pensaient que le colonisé ne pouvait ac-
céder à 11 autonomi.e et ù la culture européElIlllLe que pa:t" le relais de sa
propre langue :
J
"1t Was the task of e heal thy colonial adminis-
;
tration to protect and upli:ft the indigenous
1
li
people and this happened espacially when their
OVl%l langage (dialect 1) was maintained :for thEID.
through this, the people could ba introduced to
ta
autonomy and European oul'ture" (7).
Aussi 11 Ewe étai t-il le médium cl' instruction dans les éooles ins-
tallées dans la région. Pendant les six ou sept premièr~ années de·la sco-
larité, 11 ensoignement était distribué exclusivement en Ewe (8). 1 All&mand
'
ou l'Anglais n'ürtervenaï.ent
n'ürtervenaïent que tardivement lorsqu'il s'agissait drélèves
devant continuer les études aU niveau supérieur. 10s écoles étaient en
gr~lde partie des cathéchuménats destinés à :former les collaborateurs dès
missionnaires. ~ant à l'éducation séculière qui y était donnée, elle
était de niveaU primaire. lI1ais dès 1903, l'administration amorça une poli-
tique tendant à substituer llAllèmand à l'Ewe dane les écoles_ A oette
époque, Seidel protesta contre la Mission Catholique qui utilisait l'An-
glais comme laIlgUe dl enseignemen t.

-:56-
n, s 190 4, une prime étai t accordée aUx mission.rJ.aires pour chaque
élève connaissant bien l'Allemand. Cetto mesure ne fl'eina pas l' enseigne-
mant de l'Ewe ; malgré les nombreuses écoles officielles créées à partir
do 1905, l'Allemand n'était enseigné jusqu'en 1912 que dans 179 écoles sur
347 où d r ailleurs il occupait une infime partie de l'emploi du temps (9).
Les missionnaires et le gouvernement allemands devaient du fait de
la guerre, interrompre leur oeuvre. Dès 1914, l'ancienne colonie germanique
passa aux mains des Alliés franco-bri tanniques qui en firent le partage. A
deuz systèmes d •administration allaien t correspondre alors deux modes
d'évolution de la langue p
B -
"'A l~e Ewe sous le !ll.DAds.~fran2.aï.-P
"L'enseignement se propose avant tout de
répandre dans la massa, la langue française
afin do fixer la nationalité•.•• Il (10)
Le GouvGl'Ileur Général Merlin -
1921.
L(1 partie du 'rogo revenant au Gouvernement français, sous la tutelle
de 1lOlru, n'était pas une colonie proprement dite; mais elle était très
vite intégrée aU système d'éducation conçu pour les territoires de l'A.O.F.
Son~trée dans le giron français en 191 8, correspondait à la dernière
phase d'une période d'organisation de l'enseignement dans les colonies. Le
d60ret de 1903 règlementant l'ensoignement (primaire,élémentair~, pro-
fessionnel, primaire supérieur, commercial) était appliqué dans les terri-
toires selon les modalités différentes oonfom.ément au niveau d' instruc>-
tion de chaoun. De 1920 h 1945, une série de décrets organisèrent l'ensei-
gnement aU Togo et dont les structures étaient en tous points identiques
à oelles des autres territoires. Dans la période d'après la Deuxième
Guerre 1'londiale, le Gouvernement multiplia le nombre des écoles, mais l'ea-
prit d.e l' enseignement Il. , avai t pas chang6. Quelle est la place des langues
locales dans ce système d'éducation?

-J?-
La doctrine qui sous-tend Qat enseignement et les objectifs <lue
le colonisateur s'est fixés sont révélateurs de ce que peut ~tre la pla-
ce accordée aux langues locales. Le but de l'école coloniale était pure-
ment utilitaire. L'éducation était un rouage important du capitalisme et
avait une fonction précise à remplir. Elle devait fournir des cadres su-
balternes propres à intervenir efficacement dans le système de production
français 1 " ••• les nécessités économiques••• imposent à notre oeuVTe
d'éducation. •• de former des cadres indigènes qui sont destinés à devenir
nos auxiliaires dans tous les domaines ••• de préparer les producteurs et
les consommateurs de demain" (11).
Dans ces oonditions l'idée d'enseigner les langues locales dans les
éooles, était une lubie. Elle était en flagrante contradiction avec un
programme savamment 61aboré. Surtout, elle était mal assortie avec
la
"mission
m
civilisatrice" de la France. Le colonisé inculte devait accéder à
la culture française et ce, par la seule voie de la connaissance du fran-
çnis :
"Il (1 t enseignement) doit tendre à doter l'indigène
d'un minimum de connaissances générales,mais indis-
pendables, afin ••• d'ouvrir son esprit à la culture
française, à la civilisation occidentale". (12).
Il s 'ag€,J"Ïssai t donc, selon le principe assimilationniste, de mouler
le nègre clans les structures de pensée et les modes de comportement fran-
çais. De plus, le colonisateur manifestait du mépris pour la langue du co-
lonisé comme en témoigne la récurrence des t~Oi! utilisés pour la désigner
(idiome, dialocte, vernaculaire••• ). De ces raisons procède la proscription
des larlgUes dans l'enseignement. L'article 64 de l'nrr~té du 10 mai 1924
stipulait 1
·Le français est seul en usage clans les écoles.
Il est interdit aUX ~~1tres de se servir avec
leurs élèvrea des idiomes du pays" (13).
f

-
)8-
Interdites comme véhicules d'instruction, elles le sont aussi ~omme
matières. Le programme scolaire recommandé est explicite à Ce sujet
1
le français parlé~ lecture, écriture, premiers rudiments do calcul et sys-
tème m6trique, hygiène•••
Un rapp.ri présenté à l'ONU mentionnait 1
"Il npparatt de plus en plus à la lumière de
l'expérienoe que seule la langue fra...."1ça.î.se reste
le vlfuicule indispensable à une formation cultu-
relle approfondie de la population togolaise" ( 14) •
Pour réaliser son oeuvre d' accul turation, le gouvernement français
s'était assuré les moyens. L'ès 1914, étaient ferméee toutes les éooles al-
lemandes. Il avait soumis à son contrele l'onseignement privé et imposé
son programme. Toute école non officielle, pour ~tre ouverte devait avoir
l'Qutorisation du Commissaire de la République (15). La Mission était d'ail-
leurs désemparée. Son aotion sur le plan éducationnel était presque inexis-
tante. Le départ des missionnaires allemands avait provoqué l'indépendanoe
prématurée de l'Eglise Ewe au 'l'ogo. Bn 1923>, los pasteurs Baëtl:1. et Aleu
avaient lanoé un appel de détresse à la Société des Hissions de Paris, maia
celle-oi ne devait répondre que huit ans plus tard. Jusqu'en 1957, la nou-
velle équipe ne pouvait assurer qu'une éducation religieuse dans les écoles
bibliques. L'Ewe se trouva ainsi exclu du champ scolaire pour ~tre relégué
dans le cerole restreint des catéohuménats. Les l~es locales étaient
d'ailleurs tenues pour suspeotes et considérées comme un facteur négatif,
susoeptiblesdlintroduire un effet dilatoire dans le développement intel-
lectuel de l'enfant (16).
Contrairanent au Togo français, il n'y a pas au vacanoe après le
départ des missionnaires allemands, la relève étant assurée par la mUTED
FREE CHURCH of' soon.,Alm. De 1923 à 1925 trois anciens missionnaires de

-39-
Brême étaimt autorisés à. c()llaboror avec l'Eglise écossaire. Eh 1925,
la. IJIission de l'Allemagne du Hord était de nouveaU autorisée à travailler
dans ses ~lciens postes. Dans l'école d'Amedzofe utilisée par le Service
de l'instruction publiquEl de 1& Gold Coast et dans les séminaires installés
à .Akropong, à Ho et à Péki, l'Ewe n'avait pas perdu la place que la Nitr-
sion de Br&e et le Gouvemement allemand lui avaient faite dans l'enseigne-
ment. L'enseignement de l'E~ s'inscrivait d'ailleurs dans une politique
géD'rale vis-à-vis de l'ensemble des langues locales de la Gold Coast
grace à l'action oombinée des missionnaires et du gouvernement anglais. Le
l'Ole dominant des Eglises dans le développement de l'éducation leur pel'-
mettQti..t d'exercer une influance· sur la politique linguistique de la Gold
Coast. Elles . avaient persuadé les autorités de cette époque, de la néces-
ait' d'accorder une place aUx langues locales, dans le système scolaire.
En 19Z7, la politique linguistique du gouvernement, respectueuse des r~
~
commandations de i'Advisory Committee Nativo EdUcation in l~pical Afric8;
J
reconnut catte erigence qu'elle formule clans 1 rexpression· l "the place of
1
the Vemaeular in Native Education,r. Le conseil chargl6 de l'Education
,
(Educntional Oommi ttoo), tout en reconneissant le caractère essentiel de
11 enseignement de l tlmglais, exigeait que l'éducation de l'enfant commence
dans sa langue maternelle. Dans les trois premières années, les langues
locales étaient utilisées cornm.e véhicules de l'enseignement. On leur subEf-
tituait l'Anglais dès que l'6IÛant avait suffisamment appris ce dernier à
travers les leçons orales pour acquérir une formation dans ce médium étra.'1...
étra.'1
gar. Jusqu t aux indépendances, on encourageait beaucoup la connaissance des
langues locales au moins en les adoptant comme matières dans les éoole8
normales et secondaires. Chaque élève drune école normale devait passer
son certificat de sortie ~s une des langues du territoire de son choiz ;
pour les enseignants déjà en poste, une de ces langues était incluse ~s
l t JIEfficiency :Bar E2a.IJlination". Qp.and la campagne d' éduca tion é ta! t lancée;
on avait éprouvé la néoesaité de créer un bureau d'étude des langues lo-
cales pour la production de journaux et da littérature appropriée.

-40-
En l'espace de quelques décennies, l'Ewe a subi des traitements
différents, sous les régIDes coloniaux français et britannique • Dans
le
premier cas, il s' agissai t de dépouiller le colonisé de son substrat 1in-
l;'Uistique considéré con:une un frein à son épanouisseruent. De l'autre, on
tendait vers la recherche d'une forme d'éducation intégrant à la fois
les valours linguistiques da l'Africain et celles du colonisateur. Le sort
de l'Ewe dans la période d'après les Indépendances, sera marqué d't'Ile f2,-
çon manifeste par ce pass6 colonial.
i l
LANGUE
ET
CULTURli
NATIONALE
......-.......-...----
...
...-
...
-
..
A trois ans d'intervalle les deux territoires sous mandat accèdent
aU statut d'entité nationale. Le 'l'ogo britannique annexé définitivement
à la Gold Coast en 1956, devient une partie intégrante du Ghans indépendant
en 1957. Le Togo français acquiert le statut de na.tion libre en 1960. Une
situation politique qui avalise l'éclatement de l'unité ethnique ~e et
/
10
morcellement de la langue. Quel est alors le sort de cette d~
1
(
J
1
nière de chaque cOté de la frontière? C'est ce que nous allons essaYer
f
de mettre en évidence.
1
1
La politique culturelle du Togo présente à l'analyse deux périodes.
!
La première couvre la première décennie d '.Lndépenclance, et se caractérise
par une absence de politique de développement des langues nationales. JJn
dehors des voeux informels émanant de gens attachés aU souvenir de l'ex-
périence allemande, aucun texte officiel ne suggère leur introduction dans
les institutions scolaires. Pcm:r les besoins de fonctionnement de l'apPa-
reil socic>-po1i tique, six des quarante et une langue dénombrées par
Attignon (17) sont utilisées par les mass-media: Ewe, Kotokoli, Cabrais,
Moba, Haoues. La radio émet dane ces 1aIlooues et dans une durée réduit. qui
se répartit comme suit:
1

,~"9R-4&"i",,
bfn·~~_'«1·oi".I"';
_~>;,~.....,~.~~~~ ..........~
~
INFOPJi~A'I'
INFOPJO~A'I IONS
5MISSIONS
SMISSIONS EDUCATIVZ2
EDUCATIViS
EMISSIO~S
EMISSIONS CULTURELLES
CULTE
LANGUiS
LbNGl.J:2S
durée
duré e par
pal' jou:r
JOUI'
cl'lJ.l1ée p8.r jOlJ.T
durGe
dur~e par semaine
durée par semaine
5"(Jro
• l"O'/J'

5rj '/J'
~.L_
~.l_
01'-('
:.-'._
01'-('
EWE
25 mn
15rJlü
15 mn
1h30
+ 2h
KO'':OKOL1
KO'.i.'OKOLI
25 mn
15 mn
30 mn
30mn
or-
C1-~I:,R.L~lI S
10 üm
niD
5 !!ln
un
o;;J-
,
H.A-USA
0j 0
mn
5 mil
l'!.ï:OBA
10 mn
5 mn
:Lc~2SLR1
10 mn
5 ill11

- 42-
Ce tableau indique les catégories dl émissions dans lesquelles les
langues locales sont utilisées. Dans tù~e durée inégale, elles véhiculent
l'information poli tique, sociale, culturelle et religieuse. ElleB sont
l'instrument de l'éducation de masse qui sla.dresse d'un cOté à le. femme
~l tant que ma1tresse ùo maison, et de l'a.utre, à le. masse paYsanne à
laquelle on transmet par la radio des notions d'activité agricole moder-
ne (19). ~ant à l'information culturolle, olle est assurée an Ewe et en
Kotokoli qui sont les seuls utilisés dans les contes et
le théâtre
radiophoniques de Samedi soir (20). Enfin le mossage religieux est transmis
en Ewe à la radio par les Missions Protestante et Catholique qui disposent
des antennes 5 minutes tous les matins et deux heures tous les dimanches.
L'al'1I1ée 1969 annonce un tournant dans la politique culturelle du
Togo. Pour la pramièro fois, les nécessités du développement planifié
incitent le gouvernement à poser le problème des langues nationales. Leur
utilisation s'avère indispensable dans le systè.ne d'alphabétisation fono-
tionnelle reconnue comme un f acteur de c1ynamisne du Second
PLAN (JJIU QUal-
)
NAt (1971 - 1975) a
)
"On ne peut prétendra à Wle véritable poli tique
de développement économique et social S8llsuno
alphabétisation fonctionnelle aU service dlune
vulgarisation agricole qui favoriserait la for-
mation professionnelle, socio-économique et
culturelle ùes masses, assurant ainsi le dyna-
misme que nous voulons imprimer aU 2e PL1JTtt (21).
Qultre langues sont désignées à cet effet : Ewe, Kotokoli, Cabrais,
Moba. Le Camité dl alphabétisation créé ot fonctiotUillant aU sein de la. Di-
rection des Affaires Sociales, forme des Commissions de langues. Celle9"'ci
ont pour rele de trav~er à la transcription de ces media et à la fixa-
tion de leur alphabet (22). Le projet.prévoitégalement llintroduotion

- 43-
de ces 1a.Ilt,'1.l.es dans le système soolaire. Ce dernier vo1ot du progrnIlJl;:lo
n'est pas encore réalisé, et on peut dire quo la politique des In:n.gues
nationa1es nt est qu'à ses débuts nprè s quinze années d '4ndépenclanoe (23).
Sur le plan des faits décrits, on note la situation privilégiée de
l'EWE q,ui est plus llbond.a.mIaent utilisé que les autres.
Du point de vue
de l'utilisation orale, il est cependant possible que ce déséquilibre soit
comb1.§ avec la récente installation d'une scoonde station radio ; les éraie-
sions seront diffusées dans un nombre de langues plus accru, et dans une
durée équitablement établie. Sur le plan de l'écrit, l'Elle conserve uit:jce
considérable dJl faï. t de sa longuo tradition littéraire. Il existe certes,
un corpus imprimli
Kotoko1i et Cabrais mais il ost très réduit, essentiel-
lement religieux et n'a pas l'audience i:at(;rnationa1e quo l'Ewe a déjà ao-
quise. L'Ewe est la seule 1axlgue du Togo utilisée dans la presse officielle
et qui dispose de plusieurs journaux (24).
La tradition de l'écriture Ewe est loin d'etre interrompue car elle
se trouve à l'heure actuelle promue par une élite intellectuelle qui l's\\.1gl-
mente et la di..ff'uae à travers un certain nombre d'institutions.'l'e1 est le
;'
r01e que jouent l'Acad4nie Ewe, le journal Game Su, le Cercle 1Weto et le
Club Ewe.
12
1 )
L t AcacJ.sim;i,e
Ene.
Cr6ée en 1962, sur l'initiative du Hinistère de l'Education :Nationale,
l'Académie Ewe appa.r~t comme le premier signe de promotion d'une langue
nationale aU Togo. Elle est dirigée par un groupe de pasteurs, de pr~treB
et d'écrivains oyant 1 1
1 Ewe comme langue maternelle. Les statuts définissent
ainai ses objectifs:
"travailler à épurer et à fixer la 1a.n.gue Ewe, à en éclai-
rer les diffieu1 tés, à maintenir le caractère et les prin-
pes".

."
-44-
1
Elle se ressent d.'tm académisme inspiré du modèle occidental. RUe
1
rassemble en son sein des gens de la vieille génération, de formation olas-
sique et peu aptes à la recherche. Clest peut-~tre pour cette raison qulalle
1
est peu produotive et a une audiencG réduite. LIAcadémie dispose d'une
ma-
1
1
chine à écrire, et d'une bibliothèque. Relèvent de son initiative, llEx-
i
llEx-
f
posi tion du Livre Ewe de 11 armée 1970 et certaines con:férences sUr la l itté-
1
rature ewe. Son Président, le pasteur Adzomada, est considéré à Lomé comme
le plus grand écrivain Sn togolais.
1
22)
-
Le ~le di-
d§. G.Al'lE ..Sl!..
..
f
t
GAME
SU
est le premier orgnne de la presse rurGl~ togolaise fone-
1
tiorrAit au sein du Programme JlJational d'Alphabétisation. Il est né le 8
septembre 1972, du désir du gouvernement togolais d'assurer la formation
permanente des masses alphabétisées et de l'initiativo de llmrESao de créer
des j OUX11aUX ruraux dans la région de l' Ilfrique au Sud du Sahara. Le Camité
de rédaction du journal est composé de représentants de divers services tech-
niques nationaux: Progamme National d'Alphabétisation, Education Sanitairo,
,/
Enseignanent Agricole, In:formation, EdUcation :Nationale .. Hensuel de 4 pages
(fom.at 25 x 32 plié et 50 Je 32 ouvert)} GANE SU est entièrement récUg·S en
Ewe. Les articles qui parviennent aU Programme National d'llphabétisation
sont pour la plupart rédigés en h-ançaie ou en mauvais E't'Te nécessitant une
traduction ou une retouche réalisée par un agent affecté à cette t~che. En
dehors du public des nouveaUx alphabétisés, le journal s'adresse à tous ceux
qui peuvent lire l'Ewe. Aussi l'information contenue dans les pages débord&--t-
f-elle le cadre rural (travaux agricoles, santé, hygiène••• ) pour toucher à
la politique aussi bien nationale qu'internationale et aUx faits divers. Le
tirage est ms modeste et varie selon les numéros. Pour les 7 premiers nu-
méros, par exemple, nous avons les chiffres suivants :

- 45 -
:Numéros
Hombre d'Ezem~lnir~s
L~_""
Hombre
L~_""
1
4 265
2
3 710
3
4 295
4
3 260
5
3 210
6
2 860
7
3 100
La surface de distribution de Gill1E
SU
couvre les deuz régions
éoonomiques situées au sud du pays, soit le 1/3 de la superficie du Togo.
Le Programme National d'lùphabétisation a deux modes de distribution du
journal: la. diffusion gratuite et la vente. Une centaine d'exemplaires
sont distribués gratuiteI:lent dans les services publics et juridiques du
pays et à l'étranger; organismes inte:r.nationaux ou interatricains s'oc .•
cupsnt de formation publique (Ui.JESOO, Bureau Régional pour l'Education en
Afrique, Centre de Formation de Journaliste, Centre d'Alphabétisation do
PaYs étrangGrs ••• ). Q..l.ant à la vente, elle est assurée par les centres d'al-
phabétisation ou par mode d'abormement. En 1973, le nombre des abonnements
s'élève
à 91 dont 18 de soutien. En sept ana, sur le nombre d'exemplaires
tirés, à peine la moitié est vendue, et ce, du fait de lllllefficacité de
la distribution. Les agents distributeurs circulent à vespa et ne peuvent
atteindre que les populations se trouvant sur leur route.: De plus, le
paysam< nIa pas encore acquis l'habitude du journal qui l'inclinerait
à
dépe."1ser 10 F (26) sur un pouvoir d'achat presque lllexistant pour acheter
un exemplaire.
Les problèmes de Gama
Su
sont d'ordre financier. Le numéro vendu
à 10 F coftte 25 F à l'impression, ce qui fait appara1tre un déficit de
base de 15:F. Pour les 7 premiers numéros mentionnés ci-dessus, le défi-
cit se chiffre à 1 228·098 F. Ce déséquilibre est heureusement compensé
par l'aide de l'IDTESCO, la subvention du gouvernement trogolais et le. con-
1

- 46 -
tribution du Projet d.e Développene."1t Communautaire. Sur la base des chif-
fres avancés pour les 7 premiers numéros, et e..l'J. établissant la moyerme dos
exemplaires distribués, on peut sans abus, évaluer le nombre des lecteurs
de G,Ar1E SU à 6 000 ; ce chiffre se fonde sur le fait qu'un numéro acheté
trouve un minimum de trois lecteurs.
Le Club ewe n'est pas, à proprement parler, une institution, mais
un groupe de recherches animé par les universitaires (professeurs et étu-
diants), soucieux de faire vivre la culture nationale QU sein de l'Univer-
sité. Il se domle comme vocation d'être le lieu de rencontre, de relation
culturelle entre les intellectuels et la masse. Le point de rencontre de
ces deux groupes sociaux est le magazine "Togo
~dzedze" (Lumière sur le
'l'oga) qui est la structure de base du club. Le premier numéro du journal
est paru en décembre 1973. Il recueille et publie des articles d'origines
diverse-: fermes, villages, villes, oollèges, lycées et université. Le cor-
pus des sujets est varié: oontes, devinettes, proverbes, poèmes, instruc-
1 tionssurleCodede lalwute, leçons d'hygiène, extraitsderomans. Le
Club animé par un groupe de jeunes étudiants dynamiques, SUBcite l'intérôt
1 d'unpublicélargi. Pourlesdébuts, le journal estdistribuégratuitement
aU Togo et à l'étranger: Gabon, Ghana, France. Il augmente constamment
son tirage (180 e:remplairos aU 1ar, 350 aU second, 500 aU troisième) mais
il répond diffioilement à la demande accrue des lecteurs. Le Club dispose
d'une machine à écrire off erte par l' adminis tration de l' Urùversi té du
Bénin. Répondant à l~appel du public, les membres du Club effectuent des
contaots directs avec les paysans. Ces rencontres sont à la fois une oc-
casion d'information, de recherch&,r sur le terrain et de manifestation
culturelle. Â l'occasion de la f~te traditionnelle d'Agbogbo (27)
(Agbogbozr), à')>tsi(
(septembre 1973), la délégation du Club el. joué
devant 1 000 spectateurs, la pièce GBDllE:Q.~ de Kodzo imika • .Q.~~ ~Q@.~ est
l'illustration du premier évangile du Fa (28). En dépit de l'enthousiasme
et de l'ardeur des animatours du Club, des difficultés restent à vaincre

- 47 ...
pour son fonctionnement. Il souffre notamment d'une insuffisance de ma-
tériel (papiers, stencils, a~veloppes, appareils de magnétophone ••• ) et
de ressources financières. Somme toute, il faudrait un systèmo complet
d'impression et d 'édi tion pour pouvoir publier les nombreux manuscrits qui
sont déjà parvenus aU Club.
Né en 1957, le CerCle E'Weto est un mouvement supra-national unis-
sant tous les Ewe du Togo et du Ghana autour de leurs chefs traditiOIL."1ell!h
Sa raisond'~tre repose sur des principes historiques, politiques et cul-
turels. 1~idée
L~idée force qui anime le Cercle est la recherche et la Consoli-
dation d'une solidarité eth~culturelle fondée sur le sentiment d'apparte-
nir à une mtlne tradition historique. Ce sentiment doit na1tre et se
raffermir aU
aUtour du personnage d' Ag)bli reconnu comme l' anc~tre oommun de
tous les ewe. On estime à l'heure actuelle que l'histoire n'a pas fait
justice à ce dernier qui a été présenté comme un tyran, un tigre altér~ de
)
sang. Il a cependant des valeurs et des probités qu'on doit réhabiliter. l'es E
)
1
1es
Les E'ITe veulent parvenir à la fonnalisation et à la matérialisation de oe
1
qui constitue leur cul t'ure. Aussi leur programme oomporte-t-il un proj et
de recherche et la création d'un environnemen t historique en l'occurrence
t'érection à
~.7tsil , d'un musée et d'un village ewe. 1e
Le Cercle eweto
se réunit une fois par an et sa 17 e assemblée a eu lieu dans la première
semaine de septembre 1974, à
,!btsit, à l'occasion de la f~te d' Agbogbo
ou Agbogboza. On retrouve en Bon sein toutes les couohes sooiales : chefs
traditionnels, paysans, intellectuels, jeunes et personnalités politiques.
Par cette structure totalisante, le Cerole est à m&1e de rassembler toutes
les forces pour une meilleure promotion oul turelle.
Les Eglises ont la plus longue tradition de diffusion de la langue
ewe. Si aujourd'hui leur rele samble éolipsé par l'entrée en jeu du gou-

-48-
vernanent et de l'université., elles nI ont pas cessé de considérer les
langues locales oomme un instrument efficaoe d'évangé1isation~ Dans les
Eglises protestantes et catholiques du Sud Togo. l'Ewe est utilisé pour
la célébration du cul te. En dehors de ce r01e de véhicule du messagG re-
ligieux, i l sert dans les activités culturelles et 11 enseignement a."; la
mission protestante. Au séminaire d'Atakpamé et dans les écoles évangéli-
q,ues, l'Ewe demeure la seule langue nationale dont l'enseignement est
pratiqué. Les groupes de Cantate de la Hission Evangé1ique se produisent
à Lomé en ewa. Ils inteprètent des histoires bibliques, des pièces ou
des romans. Le tableau suivant présente un échantillon de oe genre d'se>-
. tivi tés Z
GIDUPES
SIEXiE
SUJETS
Jeunes Femmes
Nyekonakpoe (Lomé
I1'iQwusikp1e
Eklu
(Ma'ltUsi
et
Eklu)
.t
1 HA.DZJlIAGA
NyakoUàkpoe (Lomé)
Isaak kp1e Rebecca
(Isaac et Rébecca)
1
Ma1'1uli, Sewaf De merm. de
Biblia
Hab:lb)
Nyekonakpoe (Lomé)
Yesu
fe dzidzi
(la naissance de Jésus)
ChristiQ.D. CHOIR
Cathédrale (Lomé)
Joser" (Joseph vendu)
Isaak (Le sacrifice . 1
dlIssac)
- - - - - - - - - - - - - - - - -
L'imprimerie Evangé1ique est une des structures de la. Mission Pr()ooo
testante qui diffuse un certain nombre do productions littéraires. En deho1'8
du joumél
bwata.. .aa AA qui para!t tous les mois, elle édite de

- 49 -
petita ouv:ragas religieux et des catéchèses
• Du. côté catholique,
l'Ecole Professionnelle de Lomé, fait quelques publications en awe :
calenc1.riers.
Outre les cercles confessionnels, il existe d'autres groupes cul-
turels qu'on oonsidère généralement comme marginaux et qui font un usage
abondant de ItEwe. Ce sont les troupes de concer~party qui se produisent
le week-end dans les bars de Lomé et sillonnent le littoral du Ghana aU
Dahomey. Les plus connus sont les Happy Stars-, Togo l~ouveau, M'rics
Brothers
Concert Band à Lomé et 'l'ogo 1'rio Concert Band à Palimé.
Contrairement aU Togo, la question du rÔle des langues locales
dans la culture asti aU Ghana, une préoccupation de longue date. Nous
avons vu ce qui a été réali"é par le gouvernement britannique pendant la
i
période coloniale. La politique des langues ghanéennes, après les indépen-
i
f
c1.ances est marquée par deux périodes. La première dominée par la personna-
f
/
lité de NlCRill'1A
couvre les dix premières années. Elle se caractérise par
/1
un net relachement des efforts en faveur des langues nationales. On assiste
1
à un certain nombre de mesureu-tendant à accorder un privilège à l'Anglais.
1
\\
Des Ecoles EAPérimentales sont créées OÙ ce dernier est utilisé comme vé-
\\l
1
hicule de l'instruction dès les premières années. L'ancierme pratique
1
~1
d'utilisation de la langue maternelle dans les trois premières années de
1
d'utilisation de la langue maternelle dans les trois premières années
1
]
!l
l'enseignement est apparue comme périmée. Dans le m&:i.e tanps, le programme
l
des écoles normales ne comporte plus l' enseignanent des .la.ngues nationales.
1
Les ouvrages soolaires paralssent en nombre plus réduit: aU niveau du
l,
secondaire, les grammaires utilisées sont trop techniques, plus adaptées
aUX linguis-tos
qu'aux jeunes locuteurs nationaux. Ce nouvel enthousia&-
1
me pour la langue de l'ancien colonisateur se fonde sur des raisons poli-
1
tiques. Celles-ci résult.Dt du désir de construire l'unité nationale minée
1
1
par les querelles etlmiques et les impératifs d'un d~veloppement écono-
mique acc'léré s
1
1t.

- 50 -
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Oce an-.
1o
1 East

- 51 -
"Politicians striv.i.ng for national unity,
for the suppression of tribalisme, for
rapid industrialisation and accelerate
economic developmcnt, saw in Ghanaian
L~uages a barrier to progressn
progress
(31).
Cet état de choses suscite des réactions émanant des universitaires.
Constatant les insuffisances de la poli tique du gouvernement à l'égard des
langues nationales, ils affirment:
n •••
the efforts that were put into the
study and development of cur indigenous
languages in schoole
during the pre-
indepe:ndence period were far more substan-
tial and s:ignificant than those we have
put in since ou:r independence" (32).
Ils insistent sur le r(Ue que doivent jouer les langues localea
dans la. formation d'une jeunesse libre et non aceul turée.
"If we are to be realistic in planning
educational systan aimed at producing a
well-integrated Ghanaian and not a black
westerner, we must give high priori~ to
the study of contem.porary Ghanaian culture-
espacially Ghana.ian languages'! (33).
Aussi prennent-ils des initiatives. En 1968, ils réunissent
une
conférence sur l'enseignement des Langues Ghanéennes dans les écoles et
dans les institutions du Ghana.. Ile oonçoivent cette rencontre comme une
oonfrontation du passé et du présent, une sorte de bilan comparé des
....
réalisations effectuées sous la colonisation et durant la période dl~

- 52-
dépendanoe. L'objectif premier en est de dégager la néoessi-M d'une poli-
tique de dévoloppement des langues nationales.
Si dans la première decennie dl indépendance, la priori. té n'est pas
accordée aUX langues nationales, celles-ci ne sont pae totalement exclues
des écoles et des institutions officiellQs. Jusqu'en 1967-1968, l'enfant
recevait l ' enseignement dans sa langue mateme11e pendant les deux pre-
mières années de scolarité ; dès la .troisième année, l'Anglais intarve-
nait comme langue d' ensei€Ilement.
L'année 1969 marque un nouveaU départ de la politique culturelle
du Ghana. On note un rèainl d'intér3t pour les langues nationales. A paJ.-
tir de 1972, l'utilisation de la langue maternelle comme véhicule de l'ins-
truction s'étend aUX trois premières années de la. scolarité ; dès la
quatrième année, ce médium devient une matière. Outre oette promotion dans
le programme soolaire, les langues ghanéennes font l'objet de reoherohes
et servent d'instrument de travail dans diverses institutions offioielles
et universitaires.
-
Lel;l, .Ïl1;f!.'9- tution..§. offioielles
El
-
Le. ~'Bureau. of. Ghana Lan.tmaJ{es"
Le IlBureau of Ghana Languages" naguère CO!h'1U sous le nom dG
"Vcrcualar l iterature Bureau" est fondé en 1951. Sa fonotion au début
était essentiellement oentrée sur l'alphabétisation: produotion de syl-
labaires, de livres de leoture et de journaux dans les neut· langues 10-
oales désignées à oet effet par le gouvernement et pour le public des
nouveaux alphabétisés. Par la sui te, i l a orienté ses aotivitE:lS vers la
produotion dlune
littérature plus diversifiée. A l'heure aotuelle, le
Bureau fait des publications diverses (livres, broohures), dans neuf lan-
gues ghanéennes pour subvenir aU besoin de leoture non des seuls edul tes
alphabétisés, mais aussi des éooles, des oollèges et du publio de tous

- 53-
niveaux. Il produit, également des traductions et des études sur ces
mêmes langues pour les inati tutions gouvernementales, les établissements
privés et certaines firmes commerciales. Pour chacune des l~lgues ~~ ques-
tion, il veille à l'enrichissement du vocabulaire. Il Y intègre les con-
cepts étrangers, unifie la grammaire et standardise les usages et ortho-
graphes. Le Bureau m~o également des recherches sur les coutumes, les
traditions locales et sur d'autres aspects de la culture ghanéenne.
Le Bureau entretient différentes formes de relations avec le public.
Il 8Usci
Sllsci te chez les jeunes le gollt de l' écri ture par divers moyens, dont
l'organisation de concours sur des sujets précis. Il est composé d'autant
de départemen"tsque de langues concernées, chacun ayant son service de
publication. œ~aque office est dirigé par une équipe de gens aYant une
connaissunce solide et adéquate de la langue dont ils s'occupent. Un ma-
nuscrit arrivant aU Bureau f ai t l' 0 bj et d'un examen méticuleux et ne passe
sous press~~orSqu~il répond à des normes relatives aU marché et à son
utilité au
aU public. Ne disposant pas de circuits autonomes de distribution,
le Bureau dépend du Service de vente du Ministère de l'Infonnation (Sales
Division of the Ghana Information Service).
Le Bureau rencon1;»e des diffieul tés de tous ordres. Le premier pro-
blème concerne la. fUlalité des oeuvres. Peu d'entre elles sont bonnes et
la plupart, pour ~tre publiées doivent ~tre entièrement réécrites par le
persomlel de l'édition. La deuxième difficulté procède du peu d'enthousias-
me que les gens manifestent pour la lecture d'ouvrages écrits en langues
nationales. Ceux-ci ne sont achetés que lorsqu'ils sont inscrits aU pro-
gramme des écolos. Dans le souci de trouver un marBlé, la grande majorité
des écrivains s'attachen t à la pro duction d'ouvrages scolaires. Il en ré-
sulte un manque de lecture pour les adultes. De plus, 10 oollt de 1'impres-
sion est si élevé qu'il est juate compensé par le prix que
versent les
acheteurs. Maia il monte si rapidement qu'il est impossible d'accommoder
le prix d'un emmplaire d'ouvrage à la bourse du nouvel alphabétisé. Cet
état de choses constitue un obstacle aU développement de la lecture. Enfin

- 54 -
la dernière diffioul té est relative à la distribution. Les points de d.i:f-
fusion sont concentrés dans les centres urbains notamment à Accra et les
publications n'atteignent pas la masse rurale.
Le Bureau n'est pas la seule institution qui fonctiorme dans le
sens du développement des langues nationales aU Ghana. Un rOle, fusse-~il
infime, est dévolu à à.'auh-es. Les différents services de la &4io Diffusion
apporten t le'lU." oontribu tiOh. L'école de radio intègre les la."1gUes locales
à. son programme. Les mi.n;i.stèrefl de 1 'Inf.orlllation et des M:.faireg Soq,iale,J!
qui ont la charge du programme d'alphabétisation des adultes poussent à.
à
une cormaissance plus approfondie des langues du pays. Enfin, le Conseil
~ (West .African Exeminations Counon), dans sa politique de pro-
motion des langues ghanéennes permet à certains élèves des éooles secon-
daires de préparer les examens du pranier niveau (0 Leval G. C. E.) dans
leurs langues maternelles.
Installé à l'Université de Legon (Accra), l'Institut d'Etudes Afri.-
caines est principalement une institution de niveau avanoé. Il ne dispense
pratiquement pas d'enseignement de premier degré.
Certes, il dorme dans le cadre des études ~ricaines, des cours
aux étudiants sur les langues ghanéennes. Par ailleurs, son, équipe de ohe2'-
cheure oollaborent aveo le département de linguistique, à llinitiation à
l'enseigneme:n.t des langues nationa.les. Mais les cours de ma1trise et de
doctorat ainsi que les reoherches oonstituent sa principale attribution:
La section de langue et littérature comporte à la fois la linguistique et
l'étude de la littérature dans les langues ghanéennes, ainsi que 16 litté-
rature africaine de diverses langues. Un exemple évident de reoherche en
linguistique est le projet du "Profil Linguistique de Nacl.ina" dirigé par
G. ANSRE qui est susoeptible d'apporter des oonnaissanoes substantielles
SUJ'i" le phénomène de mul til:i.nguisme aU Ghana.

- 55 -
Celui-oi fonctionne err étroite oollaboration et de façon complé-
mentaire aveo la section de langue et littérature de 1 tlnstitut d'Etudes
Afrioaines. Ji}n linguistique il délivre le liB. A." en plus des diplOmes de
l'Institut qui sont déjà de niveau élevé. Il déTeloppe la linguistique
lineuistique
générale appuyée SUI' les langues ghanéennes alors que 1 'Institut s'attach$
aUX Etudes Africaines en accordant une attention partioulière à la lin-
guistique. LtintérSt que porte le département de linguistique aUZ langues
ghanéennes se manifeste à plusieurs niveaux. D'abord, les exemples pour
illustrer les oours de linguistique générale sont également pris SUI' les
langues ghanéennes et 1 t Ane1.ais. Ensui te la linguistique appliquée traite
de 1 t enseigneme..'YJ.t de llqlais aux étudiants ghanéens. Comme 1 t a suggéré
la oonférence de 1968, on st oriente vers la linguistique appliquée po~
tant sur Üenscignement des langues ghanéennes aux étudiants ghanéens.
Le département d.IAnglais collabore avec celui de l:illguistique,
notamment en linguistique appliquée. Il dispense depuis 1968..1969 des
oours SUI' les techniques de traduotion en général et sur le problème des
langues particulières, spécialement des langues ghanéerm6s. Quant aU dép~
tement de sociologie, il distribue des cours de sooiologie linguistique
du Gha.na. On peut par ailleurs compter des travaux isolés comme celui de
M. S~ge du département dJhistoire sur les tons dans le dialeote ewe
d'.A.dangme.
D'autres activités existent en dehors de Legon. Le département
r
dl Anglais de Cape-Coast s' intéresse à la linguistique des langues ghané-
1
ennes outre la linguistique générale et appliquée. &..fin à. Kumasi, la
réorganisation des études comporte un projet de recherchea".'1Ur les lan-
gues ghanéennes.

- 56 -
Les Eglises ont joué un rele notoire dans le développement des
langues du Ghana. Leur influence a été prépondérante dans la politique
linguistique du Gouvernement colonial. Aujourd'hui, elles n'ont plus
l'initiative de cette politique à cause de llaction intensive des gouver-
nements nationa.ux. 1-1ais elle continuent leurs a.ctivi tés activités l itté-
raires qui 8$ manifestent par la publication de nombreux OUVl"agiOlS. Elles
ont des maisons d' édi tian disséminées dans le pays et qui sont plus ou
moins spécialisées dans la publicatian dl ouvrages dans UIl1) langue parti-
oulière. Le Methodist Book Depot dont le siège se trouve à Cape-Coast, a
le monopole de la publication d'ouvrages Fante. A Ho, l'Evnngelica:L Pree---
byterian ChurOh Press est spécialisé dans la diffusion d'ouvrages ewe.
Qlant à ceux en NZEma, ils sont édités par le Catholic Press de Cape-Coast.
A Accra, le Presbyterien Book Depot a pour spécial!té les ouvrages écrita
en .A.kuf1pem et Ashanti Tw1. Co
compartîmentE.gQ
n'est cependant pas
ri.goureu~ et, chaque maison d' édition peut publier des ouvrages écrita
dans des langues autres que celle dont elle a le monopole.
3 -
.!'our~e, meil,leure .12-olitique des la;ngu,e~ n~tion.a.J..es
La conférence de 1968, affinne l'urgence d'une meilleure politique
linguistique nationale fondée sur t2'0is principes:
A) - l'utilisation des langues nationales comme véhicule de
l'enseignement dans les écoles et dans les institutionS9
B) - leur étude et leur utilisation tans les recherches sooio-
cul turell es ;
c) - leur intégration comme matière tans les cycles de formation
soolaire.

1
'-57-
1
La réalisation àhm tel programme commande un premier effort pOl'-
tant sur la coordination officace des structures déjà existroltes- Cell~ci
consiste en la création de liens formels entre les différentes institutions
Officielles et universitaires où les langues nationales font déjà l'objet
d'att ention particulière_ Enfin le développement des langues ghanéermes
exige la naissance de nouvelles structures. A cet effet, la Conférence
suggère l'institution dlun département des langues et l itttU-atures ghané-
ennes en dehors de ceux d'Anglais, des langues classiques et modernes_
Celui-ci devra ~tre doté d'un pe~sonnel composé de spécialistes de lingui~
tique et de littéraires. Ii. apparatt nécessaire d'adopter les langues
ghanéennes comme branche d'orientation après la formation théorique de
linguistique_ D'un autre ceté, il importe d'étendre le nombre des langues
ltudiées à l'heure actuelle par l'Institut d'Etudes Africaines et d' ensro,.·
gner aU niveau du doctorat la littérature en langues ghanéennes- Enfin la
conférence recommande la création à Lagon ou à Cap~Coast d'une section de
linguistique appliquée ayant pour objet aUSsi bien l'enseignement de l'An-
glais que celui des langues locales. Toutes ces mesures reposent sur un =~
ressort économique et appellent la compréhension et l'effort des autorités
officielles et universitaires pour que des ressources substantielles soient
allouées aux institutions.
Cette étude générale de la politique linguistique du Ghana montre
que l'évolution de la langue ewa s'effectue dans un processus d'ensemble-
Quelle place ocrope l'Evro parmi les autres langues du pays
?
L'ensemble des langues du Ghana se répartit en trois groupes comme
l'indique le tableau suivant
:

58 -
GroUPES
LANGUES
REPRESENTATlVre
..
~~._
.............~----~-_
~~._
.............
~~.~._. ~~
G 1
Tva, Gr;
EWE,
FA.NTE
Q..
Q 2
M, GA, ADl.»lE, NZEMA, EVlE, FAUTE,
KASEr'l, DAGB.ANI
G 3
BlllOBA, BULl, DAGARl, GOHJA, KONICül'lBA,
KUSAA1; JVI.AMPRUSl, NANKAlH, GURUNE,
NAWmH, \\i.ALI. ••
Le premier comporte les langues désignées officiollomant en 1930
et dans lesquelles on passe l'examen "G. C. E. 0 Level" ou le "~lest African
School Ccrtificate". Leur choix est lié à leur longue tradition de l' ~cri­
ture. Le second g:roupe comprend les hui tri langues (neuf' si on considère que
le Twi est divisé en deux officiellement admises: Akupim -T1'1i et !sante -
'ïwi) qui font l t 0 bj et des activités du "Bureau of Ghana languages". Le tro:('"
sième groupe rassemble toutes les langues qui ne sont pas sélectionnées par
~
le "Bureau".
~1)
ElUes sont généralement ingorées sauf' quelques-unes du Nord dans
lesquelles le Bureau et d'autres institutions ont fait certaines publica-
1
1
tions.
1
l
1
Les langues du premier groupe parlées à la radio, ont déjà a.océdé
1
1
à la communioation audio-visuelle. Elles sont utilisées à la télévision
1
nationale. 8tu' le plan de lléorit, 1'Ewe se trouve en troisième position
~
après le 'l'wi (akueJrpim -Twi) et le Gr qui ont un volume de production
litt'raire supérieure.
l
1
111
1
'1l

- 59 -
LA1IGUES
ECltIT
RADIO
TELEVISION
......
Aku.apim -Twi
267
Information
-+
Education des adultes
émissions édu-
catives.
GA
192
l'
It
l'
EVIE
184
"
"
F;.NTE
126
"
"
L'analyse qui précède sur la situation d'ensemble des langues
et celle particulière de l'Ewe aU Togo et aU Ghana permet de faire état
d'une différenoe de politique linguistique d'un ceté et de l'autre de la
1~
frontière. Dans ce domaine, chaque particulari té nationale se rattache au
J
legs du passé colonial à partir de la 1ère Guerre Mondiale. 1e oolonisa-
J
teur français croit fermement que l'individu efricain ne peut évoluer qu'en
eé dépouillant de sa propre culture pour revStir cella de l'Occident. De
cette idée procède la conscience d'une mission civilisatrioe qui lui est
impartie et qui commande aU préalable le vide linguistique dans les terri-
toires sous domination. Les langues constituent la première fortification
à détruire, et l'école le moyen le plus efficace pour opérer la transplan-
tation culturelle. LI Ewe en est ainsi banni et le Français considéré comme
seule langue de cul turc.
~t aU colonisateur anglais, il manifeste un timide effort de
oonservation des valeurs oulturelles
culturelles du oolonisé. Cola explique llinté~t
que porte le gouvernEment britannique aux langues de .la Gold Coast •
LIEwe Sans ce territoire se trouve dans un système d'évolution global

-60-
appliqué à l ~ ensemble des média locaux. La poli tique scolaire comporte
l'intégration des langues du territoire et la créa tian àl
à insti tu ti ons
diverses pour assurer
la production littéraire. Elle n'engendre cependant
qu'un bilinguisme primaire qui constitue tout de même un tremplin pour
une politique nationale.
Les indépendances ont apporté dans chaque pays la conscience plus
ou moins rapide d'une culture nationale fondée sur le développement des
langues locales •.La politique de chaque gouvernement dans oe domaine est
inscrit cl8ns un contexte socio-économique différent et liée à. un passé
historique qui n'est pas le même. Ceci explique la différence de situation
de l'Ewe de chaque de la frontière. Au Togo, la longue tradition de l'art
écrit lui confère une situation privilégiée--pa.!'mi les langues du PaYs ; iJ#
se trouve ~tre le médium national le plus diffusé à l'heure actuelle.
Au Ghana, l'Ewe figure pa.!'mi les langues nationales les mieux
cultivées, mais il est en situation de concurrence avec le Twi et
le Gâ(35}
qui ont une vieille histoire et une production littéraire plus importante.
!
Cependant les modes de diffusion de la langue et de la littérature ewe
!
présentent une analogie. D'un ceté et de l'autre, les structures de produc>-
tion et de àis·tribution se répartissent en troie : le Gouvernement, l'Uni-
versité et les Eglises. Nais le !'Ole joué par chaoue d'elles est diffé-
rents selon la région .. Au Ghana le rele de la IJIission est réduit par
l ' activi té du Gouvernement qui a pris à son compte le programma de déve-
loppement fondé sur les langues nationales. Il est inspiré par les Univ~
sitaires qui colla.borent à son oeuvre par les recherches et les suggestiona.
Au Togo, la récente politique des langues locales amorcée par le Gouve~
nement est enoore à l'état OOl.bryonnaire. Les travaux des universitaires à
peine à leurs débuts sont en situation marginale par rapport aU programme
gouvernemental. Les Eglises ont encore la manoeuvre large et gr~oe à ,leur
oeuvre d'évangélisation elles sont dominantes dans la diffusion de l'Ewe.

D a
- 61
M.ASS MEDIA E'r LANGUES NNI."'ION1.J.ES
t
1'1ASS
lolEDIA
TO GO
---
_--
..
--_...-.,.....
1
~_
~...
-_.-'
..:-- _--
..
--_...-.,.....
.......
~_
~...
-_.-'
..:--
Information
EWE, CABRAIS, KO'l'OKOLI
G
: Twi, Gâ, Ewe, Fante.
--_-....-------_._--
Wssions
Ewe, Cabrais, Kotokoli,
G 2 : Ga, ~Ti, Fante~ Nzema
N
Educatives
Hausa, Moba, Bassari
Dagbani + Hauea
RADIO
Nombra de
stations
2
200
T~EVISIOlT
G 2
+
Hausa
1~
PRESSE
G 1
1,
1
(
.ALEH,ABBTISA.rrON
Ewe, Cabrais, Kotokoli,
G 2 l
'l\\d, Ga, ~e,Nzema,
(
1
roNCTIONNELLE
Hoba.
EI'lE, Fante, Kasem, Dagba.ni ~
1
••
J
t
ENSEIGNliJilENT
G 1
t

- 62-
N
0
If
]TI
S
Ed. P. E. R. ITAIR -
1963 p. 9
2 - Nous ci tons quelques-uns de ceux que nous avons interrogés 1
Au 'IDGO :
.. .-.'
.-~ .. ,
.-~
le Pasteur .Jacques Kofi A.D20N.ADA, président de l'ÂCadémi.e
ewe - Lomé.
Chrystosmus ID EIDI, membre de l'Académie, Lomé.
TREDE, rédacteur de la page ei'Te de 'l'OGO-PRESS - Lomé.
AU GHJI1:IA: a
F. S. KONU~' Direoteur du Bureau of Ghana Languages, Accra,
-
G. KW,ASIKUfU, Directeur de publication de la section ewe
du Bureau of Ghana Languages,
F. K. ADDITlRA., Professeur et Chef du Département de
Français du Ghana Institut. of Languages.
- Le Pasteur Paul WIEXiR.KBE, ancian Hissionnaire Allanand
aU Togo et aU Ghana,
Brane.
3 - "Les missionnaires sont absolument convaincus qu'il faut d'abord ins-
truire les indigènes dans leur langue et ensuite seulanent
passer à la langue européenne lorsqu'il s'agit d'éléments
1
1
d 1
d élite susceptibles de poursuivre des études ultérieures"
d'après ~fuller cité par Cornevin, in
1
Jo
Histoire du To~
Ed. r'tinuit, p. 2J 1.
1
1
1
1
1
1

- 63 -
4 - Cette disoussion est longuement rapportée par G•
G .AlTSRE dans Bon
artioleLanguage Standardisation paru dans c..'up'ent ;l'r§ll.C1§.
Jl1 ~.stig' (7)
L~ui§.t.ic@ in SUQs§Èêl.:a1l Afri0A
Thomas A. SEJ3EOK :lp. 600 - 698.
8 -
GOTTLIB YA\\'!J DAKE llatteste dans un article qu1il a écrit dans le
journal ewe MIA ml1YIGBA n Q
n
2Z7 du 20 mai 1961. Dans cet al'-
ticle· où il stigmatise la politique fran9aise à l'égard de
1.Ewe, il signale qu 1 aU temps des Allemande, on enseignait
llEwe jusqu'à la 6e et 7e année d'éoole. Au bout de oette
période les élèves acquéraient une formation leur permettant
de devenir des pasteurs aptes à pr~cher l'évangile-
9 - La. proportion des écoles où llallemand est enseigné se présente dans
)
le détail comme suit:
i
~
Instituti ons
Nombre d'écoles où l'allemand
Nombre total d'écoles
1
est enseigné
------.--._-
1
.........._-.~- ....
1
--......
--
-
1
I{ission catholique
106
181
l-1ission de Br&e
65
156
Mission Méthodiste
5
7
Ecole Officielle
3
3

•- 64-
10 ... in Bull. Ed. en A.O.F., l'IQ 45, févrie:t"mars 1921 cité par
A. IvIoumouni. dans l'.Education en Afrig"-q,,l;l.
0011. }rançois Maspéro - 1967 p. 46
11 .... :Ln 1.'..
1.'.Ei.due,ation
..
en AfriQJJ.e , p. 54
12 - in 1.iJ.d:B,.d,a,tm en Afrique, p. 46
13 - in 1.!..Eldu.,c..ation.§t1. Afrique, p. 55
14 - Cf. ÀaPJ2,ort ,jp,n,uel çlu GouvernJ.!Jl;ent FranQa;is à_.1IAsse!l!.b].é§.. Générale
des NatioA§. Unies sur), 1AQ,ministratio.n. du Tqg,o Jllac~ soue
la. tutelle de III rRANC~ .Année 1956, p. ZJ7
LI expérience mentionnée par le Rapport et également rapporté
par R. OORNEVIN concerne le cours facultatif de la langue ewe
1
organisé à Lomé dans les années 1949 -
1950~ Ce dernier note à
oe sujet;
"un cours de langue ~ve organisé à Lomé groupait aU début
115 élèves. Au bout de six mois il restait une dizaine ; 11 e1"-
périence ne rut pas renouvell.".
Puis l i oonclut t
"Il est certain que l' élite du PaYs est pleinement consciente
du retard qu 1apporterai t dans le développanent intellectuel un
stade préliminaire dl enseignement en langue vernaculaire"
(in l!;i.,J[I;9J.t;j 9a ,Togo,
Ed. r:linuit, p. 338
33 ).
Conclusion h!tive, d~unie de tout effort d'analyse objeotive
ot
et destinée à donner une bonne consciente aU colonisateur. Il
est évident que l'Ewe, enseigné dans lL'1 oours ma;t'ginsl, sans
finali té pratique, dans une situation de domina.tion du Français
dont la oennaissance confère une ascension sooiale à l'individu,
ne pouvait nullanent motiver la population, encore que ce soit
sa propre langue.

.... 65 -
15 - Arr~té du 27 septembre 1922
cf. ~l~lc1.é!t..b~~'l'o,go,
~l~lc1.é!t..b~~
(L. Pêchoux)
Ed. Pédons 1939~ p. 333
16 -
cf. note 14
18 .... Ces informations nous sont fournies par :
a .... }1r Daniel SALEI1, chef de programme de la Télévision
togolaise,
b .... Mr Léopold AYIVI, chef de programme de la Radio Diffusion
togolaise.
19 .... CI est le r~la (le l'émission .BOlli'le J ourn.ée.l. l1§.dWJ:e. et des Radio Clubs
qui fonctiorment dans les villages du pays.
20 - LI émission thé~trale concerne uniquement 11 Ev
E 10
v
;
Les groupes de can-
J
1
tate (Agbe yey) et de concert-party ('l'ogo :aouvea.u) se produisent
1
à la radio al ternativa:nen.t une fois toutes les deux semaines.
1
21 .... in P4.A1TD"EVELûP1.:E;iEI:'Jl1
EOONOrUQU)4, ~T &HTIAL 1971 .... 19],,2
(~1i.nistère des .Eïnances de l'Economie et du Plan,
Mp. du Togo) - 15'71 - p~ 273.
22 .... Il est évident que pour llEwe qui dispose déjà dlune longue tradtion
de llimprimé, ce travail nI est plus à faire.
23 .... L'intégration des langues nationales aU système soolaire butte sur
des obstacles d'ordre technique. Pour éviter des frais onéreuz,
il f aUt parveni.'r à concevoir une machine à écrire comportant
des caraotères asso:rtis aux qUatre langues désignées. On en est
1
1
aU stade de la :reoherohe et de la conception de ce type de
.'. 1
i
j
J
1
1i

,.Ii
- 66 -
machins, ce qui implique (le longs délais.
Of. interview à l1r VOULEY, directeux de la plani:fication
soolaire, Lomé, octobre 1974
24 - Une page SUl.' huit de Togo Presse est rédigée en Ewe. La langue e..
e ,6
..
a
une longue tradition d.G la presse qui est longuement décrite par
P. A:OOTCHI dans son mémoire sur la. Pre~~ Insti tut de J om-
nalisme, Université do Lille, 1972.
25 - in L..6 IE-el:\\.sE!. .l'1.l;1'a:I:e to,g,o.lfl:i..~
Situation du Journal GAMESU décembre 1973
(programma national d'alphabétisation) p. 7.
26 -
10 F CFA correspondent à 20 centimes français.
27 - Agbogbozâ ou f~te d'agbogbo : manifestation solennelle qui a lieu toua
les ans à
':n'SIE où tous les Ilwe se rassemblent pour célébrer
le fétiche Agbogbo, gardien du pouple 0,.,,'0 sous le règne dlAgokal~
1
i
,
1
28 - FA : pratique de div.iIJJa.tion par laquelle on retrouve le signe sous
lequel une personne est née.
29 - A titre d'exemple, nous citona :
- R~_~ - Th -(Kodzo Anika)
- .B..e19Jl()~~~'q§, - (la voix des poè tes), Lyr - (groupe
dt auteurs)
- EXq Aul,. ~)l..
~)ltwp.
..
(histoire du peuple el'1'6 - hist.)
- y-.J?}..~'t.
(vas-y doucement) - Ro -
(.Akakpo Nyaletasi)

- 67 -
30 -
la documentation sur la. politiqua cl.es langues nationales aU Ghana
pro vi en t de cleux sotu'ces :
a) les textes de la Conférence de 1968 sur l'étude des
langues ghanéennos rassemblés dans l'ouvrage inti. ttù.~ :
-the study of Ghanaian languagesll
languages
Accra, Ghana Publishing corporation
1969,
11
1 2 :p.
b) les interviews quo nous aVons effectuées auprès des
autori. tés de l'Universi té .de Legon et du personnel cb1
Bureau of Ghana languages :
G~ Anare, Professeur, chercheur linguiste, département
de linguistique de l'Université de Legon,
~blewogbe, Professeur, chercheur sociologue, département
dQ sociologie do l'Université de Legon,
G. Kwas:i1.'UID.a, chef de publication de la section de li1;-
térature, Bureau of Gha:na Languages,
F.S. Konu, Directeur du Bureau of Ghana Langua,ges.
i,!
32 - in 111§l.-..§.~of G~.aA l~es p. 7
!1
1
op. cit.
1
l~
l
34 - Ces chiffres cités par la conférence (cf. ;'ne stug.y; of Gh.ell~ of
1
CP. 41 ,l.élcRfi.uages) sont fournis par la bibliographie du fu-
reaU of Ghana Languages qui date de 1967. Ils n'ont qu'une
1
valeur indicative. La comparaison est toutefois malaisée oa:r
en huit ans les chiffres et peut-3tre m&ne l'ordre doivent
1
aussi changer.
1
35 - Le Twi a été réduit à la forme écrite en 1938
193 , dix ans avant l'Ewe
(1 848).

- Ge-
CHA PIT R E
III
POUR
UNE
ETUDE
DIACHRONIQUE
DEl
LA
LITTERATURE
EVlE
Le premier homme à ess~er 1lll.e étude diachronique de la littérature
ewe est Paul Wiegrlibe, ancien missionnaire allemand ayant exercé aU Togo et
au Ghana. Dans un article intitulé II e~~i.t.eratu;r~i.n".E!~
e~~i.t.eratu;r~i.n"
écri.t en 1960 et
paru clans la revue M:.:rjJr..a und Ueper§.Et~ (1), i l dresse un catalogue concis et
sélectif des oeuvres produites en ewe après la deurième guerre mondiale. }lIa-
nifestement Wiegrà"be El moins 1 1
1 intention cl' écrire une histoire de la l itt6r8lif -,~
tureewe que de donner des indices de son existence ou de montrer son nouveau
visage• .Autre est la description que donne Pe'" Zima (2) de la produotion
littéraire ewe depuis ses origines jusqu'au début des années 60~. Son étude
~ssez documentée contient de sériauses pistes d'investigation ~~le cher-
cheur ma1s elle
eile présente des lac1lll.es pour diverses raisons. Sans aUC1lll. doute,
il est malaisé de dissocier dans les origines les travaux des missionnaires
sur l~ langue de la production des ouvrages ; mais il faut admettre que ces
deux activités constituent dans 10 phénomène littéraire considéré des phases
successives qu 1on doit distinguer. Peter Zima n'a pas observé cett e distin0-
tion~ De plus, l'étude de ce dernier n' EIIlbrasse pas le système de production
dans toute sa dimension. Adoptant une démarche IIsyneodo'k.que1
IIsyneodo'k.que ', il axe son an&"'
lyse sur l' évolution du J ourna.l Mia. 1..)J,2 pour apprécier à travers elle oelle
de toute la littérature ewe. Cette méthode, si elle rend compte de 11 évolution
des thèmes traités, ne pem.et pas de percevoir l'ensemble du mécanisme de pro-
r
cblction littéraire.
r
Pour ce genre de travail, il nous semble utilo dl engager une démarche
qui tienn:e compte de l ' évolution politique des Ewe jusqu 1aUX indépendances.

- 69 -
En adoptant ce schéma, on observe trois périodes constitusnt des repères
sfu:os : la période alla."1.t de la moitié du XIXe siècle à la fin de la colo-
nisation allemande, l'époque du mandat et les années d'indépendance.
L'entrée des Ewe dans la "Galaxie Gutenberg" peut ~tre ponctuel-
lement si tuée à 18
1 56/ daile
date à laquelle apparaissent les premiers syllAbai-
res imprimés; oeuvre du missionnaire allemand Schlegel ~ Ce dernier, en
effet, fait figure d'inaugurateur de l'ère de l ' écri ture en PaYs ewe.
Hous nous souvenons qu'on l'a appelé "Ewegbe
!7)~b fe Fofo"
(le Père
de l ~ éoriture ~ro). Il El. mis 8, profit son séjour en paYe ewe, abr~é par
sa mort subite en 1859 et, a mené une intense activité l ittlkaire_ Eh 1857
par~t sa grammaire sur l'E1Ie. Un an après, en 18
1 58
5 , sortent ses premières
traduotions de passages bibliques. Wiegrabe signale des titres comme
~ fA f.wse.§lme !sPJ,§ .!?Uji.lç)kli
putinx§. ou BibliaI!le
!'Rt1n,Ya. 5.2
5. t~
l.!. Sa traduction des Qù.atre Evangiles parattra en 186
1
1, 9ll édition poe-
thume.
La pé1-iode
pé1'iode qui suit la mort de Schlegel est marquée par une proli-
fération de l'impr:i..m.é. Une oquipe d'autres missionnaires prend la relève
et s'emploie à développer la production de nouveaUX ouvrages. L'arrivée
des colonisateurs allemands on 1884 ne freine en rien leur activité car
aucune contradiction ne surgit entre la Nission et l ' Administration ool~
niale. La littérature ainsi produite ne répond qu'aux besoins de l'école
et de l'évangélisation. D~où la traduction de nombreux passages de la Bible
oomme le livre desf2,.ois, quelques épttres, l'Exode et toute la Genèse.
En 1880, les deux Testaments sont entièrement traduits. Par ailleurs, c~_
taines institutions mises en place favorisent l'éclosion dlune
d'une llttér&-
ture scolaire qui devient partiouJ.ièrement abondante dsns la période de
19<1lO à 1909. Déjà, en 1863, a cOmID.eI;loé à Ho la scolarisaticn des enfants

- 70 -
d'esclaves libérés, puis en 18
1 94, un séminaire est créé à .Amedz'fe. A Lom~,
la Mission Méthodisto ouvre sa première école installée à Bê en 1895. Pa-
raissent alors un g".L'and nOlllbre d'ouvragés soolaires : syllabaires, manuels
de 1ed1:U.rot de adiences naturelleS/d'histoire, d'arithmétique et les dil>-
tionnaires de Westermann. Les années 1905 et 1907 sont respectivement m~
quées par la mise en service des voies ferrées Lom&-.Anécho et Lom&--Atakpamé.
Ces infrastructures, facilitant la mobilité des populations, permettent
certainement la diffusion des ouvrages et assurent la vitalité des institu-
tions scolaires et religieuses. Les statistiques (3) indiquent que dans la
communauté Swe de 1907, 6 200 ouvrages étaient en circulation et qu'on
comptait 4 500 élèves. En 1912, ces chiffres ont largement augmenté, pas-
sant à 10 400 pour les ouvrages et 7 900 pour les élèves.
La direction de ces institutions et tout le mécanisme de pro<b1otion
à.'ouvrages sont alors aUX mains des missiormaires allemands. La presque
tota).i té des maisons d' édi tion sont installées en Allemagne. Brtme en est
1...
1 .,.'
...
le centre principal mais beaucoup d'autres fonctiorment ailletn's (stuttgar~
Basel, Baatüo, G1ückctadt, Ding1ingen et Baden) • .Lès 191 0 , Londres entre
enjeu
mais i l ne prendra son importance que plus tard. A partir de 18
1 99,
un groupe d'Africains Ya se j oindre à l'équipe des missiormairea. LI école
install6e depuis 1863 a commencé à fournir les premiers lettrés nationaux
ayant l'Ewe oomme langue maternelle. Zima note que cette première généra-
tion d'Africains resta anonyme. I·ia;is on peut, en consultant la bibliogra-
phie, ci ter quelques noms COIlDIl9 }1ensa Gebhard qui, en 18
1 99, traduit en Ewe
le mémoire qu'il El présenté pour son exeman de sortie à l'Université de
Westheill le 28 juillet 18
1 9
8 8, sous le ti"\\:;re :
Afrig, ne .Flore. Kpl§. Faun.a
(Flore et faune d'Afrique)
1

-11 -
Outre Nensa, apparaissent dl autres nOille tels Xh.'ll, Lawoe, I:udese,
Aidam, 4ui ont été 8Ürement des collaborateurs des missionnaires à pa~
tir de 1900.
Nous avons noté tout à l'heure l'absence de contradiotion entre
ltAdmirùstration ooloniale allemande et les missioI1l1aires sur le plan
des institutions scolaires. En effet, l'ensoignement de l'Ewe n'est pas
prohibé dans les éooles. Peut-~tre le colonisateur y voyait-il une manière
effioace de se faire aocepter par les populations autoohtones. Sans doute,
la littérature iwe dans oes oonditions pouvait stattendre à une évolution
rapide. Mais inteJ:'\\ri.ent la Ouerre qui va. freiner le rythme de produotion.
Dès 1914, la littérature ewe comme le territoire et le peuple sont
fortement tributaires des évènements poli tiques mondiaux. L 'homogénéi té
r
culturello oonsolidée par un acoord
ttloi te entre Administration etmi~
1
,,
sionnaires allemands sera graVemen t altérée penda:rlt la guerre par l'inve-
,
sion franco-anglaise et ensuite par le partage du territoire occupé. Cette
t
1
balkanisation introduit un dualisme dans la produotion littéraire liée à

b. politique respective des nouveaUX oolonisateurs, phénomène qui a fait

l'objet du chapitre préoédent.
La oirculation des ouvrages ignore les frontières artificielles de
t
1'j
la colonisation et l'histoire littéraire oomme observation du processus
de naissance et de développement de la production des livres s'en passe ai-
sément.
Cette convention admise, on peut constater un. net ralentissement
de la production durant la période d'après 1914, problablement du fait de
la guerre. P endant une quinzaine d' a.l'lné es de 191 5 à Î 929, ont paru à peine
tU1e dizaine de titres. Hais les années 30 marquant une nouvelle ère dans la
'1
li tt~ature ewe. Les ouvrages de fiction font leur première apparitian.
!
li
i
j
j
~l
1
1~

- 72-
.....
On peut lire des biographies dl hommes célè bras COI!ll'lG Abraham Lincoln dont
la vie est racontée par P. Dasewu dans un ouvrage de 106 pages ou Hercy,
l'mie des premières feJ::mes ewe à ent:l.'er dans le christianiBIllG. F. Desewu
éo.ri t ses premiers contes qu ril rassomb1e dans un ouvrage intitulé !-1iJ3.e
~.:.l.•1.,gg
.•
(il était une :foia) •
IvIa.is l'oeuvra la plus marqua,l'1.te ele cetto époque est
- .
IvIa.is l'oeuvra la plus marqua,l'1.te ele cetto époque est
-
.bk:>At.lJ,.J.,A
(la cinquième lagune) de ]1. Kl-lBsi .Fiawoo. C'est Ul1Q...pièce inspirée de la
culture et de la littérature populaire ewe qui a eu un vif' succès et qui
en 1937 a remporté le premier prix de l 'Institut International AfriOàin
de Londres. Par la suite, aIle a été traduite et publiée en ang1i1s puis
..,
an allemand. Avec .T~.J. AtAiQ., la littérature ewe acquiert une audienoe
internationale. Ce premier succès d'un écrivain Gl'I'e marque une dato et
provoque une euphorie de 11 éeriture. On assiste à une explosion de la lit--
térature d'imagination et à un élargissement du corpus des sUjets.
Les décennies de 1940 à 1960 apportent une floraison de genres. Lee
contes sont particuJ.i.èrement abondants. Peut-être est-ce le genre le plus
faoile dont la littérature ewe à ses débuts pouvait se nourrir. Sa prinoi-
pale caractéristique est dr &tre :fortement influel1cé
influe:1cé par 1 r étranger. La
part des traduotions est prépondérante. Sur la gamme de contes parus à
catte époque, on note une faible proportion de suj ets originaux. On peut
oite't' Devi:w;q. .fa.~tin.yag~e (livre d'histoires pour les enfants) de
Buami, paru en deux tomes en 1948, Vo~i d'.Anegashia (passe-temps),
..DA .t.o Ali sam.
(Di&-moiB un conte, J.'Ilaman) (1952) de LilJr Baëte., K.e,to N~ fie
de Tsekpo (1953)(ouvre les oreilles et écoute). Il faut y ajout.
ajout . le. série
MA !;:E,) (essaie de me lire), un manuel de lecture à l'usage des écoles st
qui contient plusieurs contes. Le reste résulte d.o traduotion de contes
de différents PaYs, entre autres, G1i:wo. tAO ÂI'4biâ (contea d'Arabie)(1949),
~b.a.,yovo!",! g.z.t gliW (contes de différents PaYs) (1952), Ztl alcpe ~
~e ~ (1952) (mi11.e et ~e nuits) Grislda bu~~ (1954) Histoire
de Grisilda).

- 73-
Parallèlement au conte se développe 10 getU'e romanesque. Une série
de romans (4) font leur
oppat'ition ~ Un groupe de nationauz exercent leur
plume. ÂIllegashie écrit lJù;.b.i ·N.è"wenf!.l1 (1947), P. DesartU }.J.e. NYEà AB.Abate
(1948) : Tsekpo fait para1tre ~Tsa~ (voyage et apprenc1.s) (1953) ;
J'fJlalm publie Koti lLYm-e.kl. ..~;,1.1tinya (1955) (IIisto ire de Kofi Hyamek J). lb
1959, Tsekpo sort ~
(soyez prudents).
Mais le plus célèbre des romans de cette période est celui de
Sam 0 bianim Amœbet:2 . e.1,oAgbft?8éi-G fe !2ut.in.:L~ (1939 ) (l'homme ou les
aventures d'Agbezuge). C'est le récit des aventures d'un jeune homme aban-
donné par aes parents pendant l'enfance et qui les retrouvera ~ 47 ans
ap:rèS mille et une aventures douloureuses. D'un& édification et d'tUl. en-
seignement religieux appréciable, il a eu beaucoup dG succès et a donné
lieu à plusieurs lectures radiophoniques. ::Jn 1954, l'auteur écrira un aU-
tre roman intitulé De MonyE de (si je savais) qui n'aura pas la marne fortu-
Ae que la premier.
Une autre forme d'écri1;u.re qui par Bon abonda-Tlce constitue un genre
particulier à la littérature ewe ost la biographie. Hombre d'ouvragegappa-
raissent sur la vie de personnages africains de grande renommée ou de pel'-
Bonnalités Gwa dent le. vie offre un modèle de cQmportement. Ainsi des
livras comme Dokta Aggg;y;!>wf;l,p,yg (1954) (biographie du Dr Aggrey), (N~),
~ K}Ws, Famf:a.t, (1948) (JosephKwaku Famfat.)) (Tsel:po), Yik0bo
V~.aw2 (1948) {Jacob V)-fIJAw> ) (Roh), MontezumtJ, X:!8Y2.nuvj. (1949)(16 fille
de HonteZUIllâ) (Adzimaku), §§na ~u.t.JJ1.D\\ (1955) biographie de Sena) (Tsekpo).
Â. la m&na époque, le genre dramatiqUE! prend naissance et va se
développer h'ès rapidement. Nyomi éorit deux pièces d'inspiration bibli-
que 1 1tQ.clz;!, 1Ç;)la nami. (1945) (pour nous Gst né le Seigneur), et
N.up.yAla
~ (1959) (le quatrième mage). Setsoafis fait ses premières tentatives
aveo la traduotion des pièces de Sha.kespesree 1 Jules Cesar (1953),
~ In et.Le Roj. Leiè.

... 74-
~t à la poésio, elle n'a acquis qu'uno place très modeste dans
l{l produotion (10 cette époque. Dans los aJl,IJ.éea 1950: 1952 ot 1957, KwBmi
publio sa oolleotion intituléG ~ illtnQAU. +~.E~ .P\\§11.ta.wo, (lEJ& paro-
les dG oonsolatibn du viOlU: SGnanu). otest un ensemble de mordoauz lyri-
qUes dont le volume ne dépasso guère 16 pages.
La littératuro religieuso subit une notablo régrossion mais n'on
demaure pas moins une oonstante dsns la production. Les suj ots ne varient
guère. Co sont, entre autres, des éorits sur la vie dG Jésus ou sur l'en-
eeignoment religioux et des oantiques. La littérature soolaire ne OOIL'1att
pas non paus dQ poussée partioulière. On compte dans oette périodo une
dizaine de titres oomportant des syllabaires, des grammaires,* des manuels
de lecture et ,dtarithmétique. Paraissent également des traités de scienoe.
naturellos, d thistoire, d'ethnographie, des rapports de voyagQ et des
ouvrages d'éducation populaire.
Ainsi, on note, gr~oe à l'apparition de- 'diverses fomes d'écriture
une tendanoe marquée à la complezité suivant la loi de toute littérature.
Nais cette évolution ne sera affermie que dans la période d'après
lee
indépendances.
Le g:roupe des producteurs nationaux qui était déjà important durant
les quatre
déoennies qui ont précédé l'indépendanoe s'est oonsidérable-
ment renforcé. De plus en plus on assiste à l'africanisation dos struo~es
de production. Au sein des littérateu:rs, on ne compte plus que ,quelques
raroe Européens, tel Wiegrnbe qui écrit de 1 t I.llemag1!llEl où il st est install'
définitivElllent. Londres, qui depuis l'arrivée dos 1IJJglais on paye ewG était
18 capitale do l ' édition, perd son influonce après l'institution en 1951
à AccrQ"
du "Bureau of Ghana La.IJ.g'\\.l.Sg6e". A l'heure actuelle, las prinoi-
peux centres de publioation (Accra, Ho, Lomé) sont installés en pays ewe.

- 75 -
Le.. littérature ewe se d.égage ainsi de ses géni tetu's occidentaux et en m~e
préside à sa propre régulation. Les divers genres vont suivre une évolu-
tion in6gale.
Le conte ~bit Un notable ralentissement. En dehors de le, série
!'li.~ (Il était une fois), on na troùve qu tune traduction, oelle
des réaita de Tolsto3: : (Tola.t,0L-f-e!2 ut,W9XQ. l
(les récits de Tolato!)
ré:alisée en 1954 par Lily Baëta. Le roman aU contraire connaît une relative
abondance. Des romanaiers oomme rrsekpo (Bureau K~ , 1960 - réfléohis-y),
Dogee (NYA
Z,Zi
(196 3) - sois prudent), l\\veke (Asi ta:u; atiawo (1969) -lee
cinq rivaux - !!J3.biab:le.
(1973) - la vengeance) et d'autres encore exeroant
leur talent et fournissent de la lecture aU public. Ces oeuvres mettent en
soène la vie quotidienne et les moeurs en PaYs e",e et ont tonclanoe à
la.
moralisation. Eh 1970, Seth Aka.fia inauguxe le genre policier dans la lit.-
térature ewe. Son roman ~ le X2me
(la mort à domicilo) décrit avec vivaoi4;'
té la patienoe et la fermeté du à.éteotive 1\\gbeko qui enqu6te succesaivQlllent
l\\.
sur daux m~es et rJussit à déoouvrir les coupables. Il a rapporté à Bon
auteur le premier prix du concours national de livres Qll langues nationales
organis-S à Accra en 1968.
Le genre biographique perd son importance sans doute du fait de la
régression de l'idéologie didactique religieuse qui en a été au d6but le
facteur générateur. Durant une décenrrle, il n'est paru qu'une biographie,
cello de Munro intitulée Robert Ferdinand). Le théS,tre conSliA"Ve sn vitalité
mais la part des traductions s' amonuise aU profit dos oeuvree originales.·
Deux titres de traduction en une dizaine d' armées ~ ]{Mbit (vlalter B'lage),
et T~ (1i.Clinyirn.). Des gens comme Agbodza et Kwamuar font leur entrée
1
cW'lS la théatro et grossissant le r~ des dramaturges. Sotsoêtia, d~j~
l,
rompu à cette activité gr~oe à ses traduotions antérieures et à BQ collabo-
,
1
ration avec Fiè.WOO' produit des pièces origi.na.les qui s'inspirent de l'hie-
1
.~
toiro ewe ou des moeurs do la sooiété afrioaine moderne r ljba
eOye BA
]}Mi Wk.Jli (le roi .Ag.)k.11i est étonné) Hede Ablatai
~ la al0 ~
KJ21e :Qa.clp (j'a:f. épousé un -revenu" d'Europe ou Esinam et Dadzi).

- 76 -
En ce qui concerno la poésie, de plus a~ plus, elle détient ltin-
"térêt des li ttéra teurs. En 1960, Alovor éori t ses peti ta poèmes intitulée
.Ag,'Q§:n.,~~ (les évènements de la vie) dont le volume ne dépasse guère
16 pages. A partir de 1964 appe.raissant de plus gros volumes oomme
H,f:lJ.>.'J?~ (les paroles de chant) paru en deux tomes de plus de 100 pages
chacun, respectivement en 1964 et 1967. Ctest une colleotion de poèmes
ayant pour thème la viaJ l'Afrique, la morale, etc ... En 19'70 un groupe
de trois poètes; KiyrHinidza, Klolasikuma. Roh, publie une oeuvre colleo-
th'e, 19 plus gros volume .pat"U jusque là et qui oomporte 179 oompositions
poétiques à suj ete variés : poli tique, religieux, historique, etc •••
En définitive, llévolution de la littérature evTe s'opère d'une fa:-
çon à la ;tais verticale et horizontale. En marne temps que se développent
les divers genres, naissent de nouvelles formes d' éori ture. Ce phénomène
s'accen.tue surtout dans la période qui Va de 1960 jusqu'à nous
jours. PO\\tl"
une large diffusion de llinformation poli tique aU sein de la population, on
tradui t en ewe les disoours de Nkrumah aU Parlement ou la Déolaration Un:fr.
verselle des Drai ta
ts de l'Homme. Il para1t également des brochures sur
1 ~O}ru, sur la socialisme ou des textes de propagande politique. Sans dout.f
pour les besoins de l'école, à c8té des manuels de lecture et des sylla-
baires, on édite les ouvrages de sciences naturelles traitant les étoiles
et des planètes ainsi qu'un précis d'histoire du Togo. En 1964, parait une
série de traités de physique sur les atomes, l'électrioité
l'électricité le oentre de
gravité et le magnétisme. On ne se fait pas défaut d'écrira
d'écrire des ouvrages
d'éducation populaire pour, par exemple, apprendre aUX
.gens l'usage de
la nouvelle monnaie natio!làle (Bhanéenne), le soin des enfa;lts, las moyens
de lutte contre la variole ou la tuberculose. Enfin la uommunauttS rel:L-
giause trouve
matière à lecture d811s les publiCiltions à suj eta tradi-
tionnols 1 Bibl 0, cantiques, missel, cntéohisme~ communion, foi, iainta
Tr.inité, eto •••

-77-
TABLEA.U INDICATIF DE LA PIDDUC'l1J:ON LI'l1JlER.A,I..RE EWE JUsQu'ar 1973
...........
. ..._--.._..
..
..
-'.
-.-- .. .
-
. - .
-
..
-'.
-.-- ..1973
...........
. -
-
. - .
-
S T.R U C 'll URE:
DaTES
Ifombre de 'ritres
L ft
L S
L F
L D
1856.1899
36
24
12
1900.1909
18
5
12
1
1910~1914
14
12
2
19-23.192
9
5
2
2
1~
1930.193
29
13
M 9
5
f
194D~194
~
3
5
17
12
i
1
1950.195
74
Z7
5
25
17
-{
\\
1960.196
106
46
10
20
30

1970~1973
18
8
10
LR
= Littérature Religieuse
LS
= Littérature Scolaire
LF
= Litt.érature de Fiction
Ln = LittératuresDivereee.

_.
- '18 -
L 'histoiro d.e la li ttéra turG ewe part de la romanisation de la
lano~e pour aboutir à un processus de production d'ouvrages salon des
phases successives. Rl.la nous renseigne sur les mécanismes de transCJ."iption
d'une langue et ses principales motivations. A ce niveau, il nous semble
utile d'indiquer le hasard qui est attaché au phénomène. Si l'Eue a été
transcrit, oe n'est après tout que par l'effet dos oirconstances.Si, à
leur d6barquElllent, les missionnaires s'étaient installés à .4.néoho, le
Mina aurait connu le m6me prestige. Cette assertion n'est pas gratuite
oar Wiegrabe la reoonna!t qui affirme : "... la première raison (du choix
de l J ~l') est dona liée aU hasard. Si on avait commencé à Anéoho, on
aurait peut-8tro
choisi l'1UDlû,II) (5). Une telle observation est propre
à prévenir tout élan de subjeotivité, toute éventuelle idée de .roAéqp.oe
,
d'une langue sur une autre, la transcription n'intervenant
que cOrIllJltlla
,
t,
confirmation d'une situation de fait. ~ous avons également vu les tâton-
,
nemen ta qu' ont manif estés les missioIUlaires clans la recherche du dialeote
à fizer,
fixer, phénomène révélateur des diffieul tés que ce genre de travail peut
1
r
susciter.
,r
Enfin, les problèmes d'écartèlement que connaissent le peuple et
la langue n'affeotent pas le fait littéraire qui se manifeste dans ",.on
homogénéi té. Le prooesllUs do naissance et de développement que nous venons
de décrire oonfirme una remarque qu'on peut faire aU sujet de nombI'G de
littOratures de l'Afrique de l'Ouest, elles sont produites à travers une
idéologie religieuse. Toutes les catégories littéraires sont tributaires
de cette idéologie oomme nous allons le voir dans l'analyse qui va suivre.

. - ].) bi:,: -
110 .. titres
l i
100
1
j
1

90
:
j
90
l
1
80
1
~I
1
70
1
,1
j
1
!
j
!
60
50
-
10
1 56
1900
1910 1920 19~ 19'P f;5) 9i> 1JiO
.Années

- 79 -
fT
0
T E S
2 - Petar Zima
~e$à Lj..tEFlitur.a
in ~.i.tera.ttp.o.a..Cerll.Q.Afril'.YJ Prague, Orbie, 1972
(Vladir:dr Klima, Kare1 F. R.ùzicka et Peter Zima)
Bremen, Verlagder N. M. G., 1936,
320 p.
al. pp- 263 - 265.
4 - ProvisoirEment et par oonvention, nous désignons par roman tout
ce qui, en dehors du conte et du fantastique, est
------------ ".~------------
fiotion narrative (donc indifféremment roman et
nouvelle) _
5 - in documents personn.els :
inte-rview à \\,/iegràoe,
\\'/iegràoe, Brame, juin 1973.

1
- 8 0 -
DEUXIEME
PARTIE
LES
CATEGO RIES
LI TTERAIRES
EWE
!
f
1
1
1

1
1
- 81 -
~1~
1
1
1
f1
1
1
LES
CA.TFm RIES
LI TlERAIRES
!
1
1
Le chapitre précédent appara1t comme l' inven taire (lu corpus qui
f
oonstitue la littérature ewe. Le matériau ainsi rassemblé répond aU sens
général du terme "littérature" compris comme 1'" ensemble des écrits d'une
1
époque, d'un PaYs, d'une région" (1). Il désigne plus précisémentt pour
" (1). Il désigne plus précisémentt
1
emprunter le terme de R. We11sk, l'imprimé (2) ewe. Il nous reste
à
t
,
étudiœr la structure de ce corpus, à en discerner les éléments constitutifs-
La. littérature ewe ainsi définie comporte deux strahs distinctives à la
t
.~~- ,------
fois par leur matière et par la méthode d'analyse qu'elles
---
fois par leur matière et par la méthode d'analyse qu'elles exigent: la
littérature de fiction et la littérature de non fiction. Qu'enten~on par
ces termes ?
1
Fi"q,tj.o.n:
Fait imaginé (opposé à réalité) ; invention de choses fictives
1
(qui ne sont pas réelles). !rel est le sens qu'en donnent le Petit Robert
1
et le Littré. La li ttérature de fiction implique l ' im~ination, c' est-à.-
dire "la faculté d'inventer, de concevoir, jointe aU talent de rendre viva-'
Yiva-'
ment les conceptionsll
conceptions
(3). La deuxième partie de la citation rappelle que
cette activi. té comporte un travail d.e l' espri t qui est d'ordre esthéti-
que_ Autres traits de la li ttarature de fiction sont la notion de gratuit'
1
qui lui est attachée et 10 langage qui est le sien. Son énoncé est fabu-
f
1
1atif, son existence fondée sur la simple activité du lecteur. Son langage
r
eef;ose1on le mot de R. We11ek de nature "connotative" c'est-à-dire qu'il
tlabonde en mnbiguités, fourmille d'homonymes, de catégories arbitraires
et irrationnelles" (4).
1
1
!
f

-
82,-
CI est par rapport à cette l i ttér~ature 4S;:fabulation et dlune
façon antinomique que se définit la 'ùttEit'atu.1'6;.:·de non fiction. D'abord
"~'~
. .
la littérature nor;-fictive est un disoÔurè qu;i p~rte sur le monde con-
eret, telle la littérature scientifiqueouq~':é.i~'opjectif
scientifiqueouq~':é.i~'
immédiate-
ment percevable (disser~,ation philosophiquef<eaIl1phl~tsl?9,li
tiques
philosophiquef<eaIl1phl~tsl?9,li
ou
sermons). Contrairement~'~ la littérature de fiction,,. :+'.'éi~ent esthétique
r ~
.
" .
--;.~~
. ." .

ni est pas dominant ; son langage est . "dénotatif" , c' est-à-clire' qu'il
vise à établir une correspondanc& t~$,à terme entre le s1gn1fiant et
'". ·,~".·t; ,
A~.cl:.~(m définitoire comment claSsèr les catégoriea
littœ:airea ewe ? Qu'es~ce qui est littérature de fiction et quleat-ce
qui ne l'est pas?
Clest à cette question que nous allons essayer de répondre. Il nous semble
utile de procéder par élimination l:ot de déduire dl abord ce qui ni eat pae
fiction, clest-à-dire le oorpus non fabulat1f.
LE
CORPUS
ITON
FABULilTIF
l
-
~ERATURE
RELIGIJ:U~:q.
Q.le1s sOnt les critères qui dans la classification, justifient
l'apparition de la littérature religieuse dans la catégorie non fiotive ?
Cette qUestion est fondée car la Bible sur laquelle repose essen-
tiellement cette littérature appara1t oomme un livre total, c'est-à-dire
reoouvrant tous les domaines de la connaissarLce et de la culture, donc

- 83 -
un syncrétisme da fiction et de non fiction. Elle comporte à la. fois des
formes non-fictiTea à lo;ngage dénotatif' (histoire, philosophie, morale,
sociologie ••• ), et des formes fictives à langage connotatif (poésie, lo-
cution, légende ••• ). Cette remarque indique que la littérature religieuse
participe à la fois de la fiction et de la non fiction, que tout olass&-
1
ment qui la figerait clans llune ou llautre catégorie serait abusive ou
admise par convention. 'l'outefois la religion appara1t comme la répétition,
t
répétition,
11 actuaiisation ou la réédition perpétuelle d lun geste arohitypal. C'est
t
un acte, une expérience de 1 'homme dans sa commtmion avec Dieu. Toute
1
littérature religieuse est dans le sene dè la communioation de oe y~OU
et à ce titre, on peut la situer dans la Ca tégol'ie non fictive~ Elle st ap-
1
parente à la philosophie ou à la morale. Cette vue admise, oomment établir
1
la structure de l~impr:f.mé religieux e'We ? Il se présente sous deux as-
f~
pects : l'aspect culturel et l'aspect cultu.l.
!
f
!!
1
Ce que nous appelons oulture (entendons culture religieuso),
c'est l'éducation qui est donnée aU t'idèle, les principes de vie qui lui
t
sont enseignés, les textes qu'on soumet à sa méditàtion, enfin ce qui cons-
ti tue llhorizon de connaissance dont se noUITi t sa foi.
1
Figurent dans le corpus oult1Jrel les ouvrages pédagogiques., les
1
traités de morale chrétienne, les traductions et les écrits de méditation.
r,
Lee ouvrages pédagogiques sont essentiellement des catégories des-
tinées à l'enseignement de la dootrine chrétienne. Elle fournissent un
matériel de travail dans les églises cathollques pour la formation du
fidèle. La. première catéchèse est parue en 1896 sous le titre KatekiJ~llo

~
- 84-
f
1
1
r~atoliko (le catéchisme catholique). Le petit nombre des catéchèsGD
!
ii
(quatre aU total figurent dans notre bibliographie) s'explique par l'ac-
1
1
1
tion réduite des missions catholiques dans la région ouest du pays ewe.
t
Pour consolider et vivre sa foi, le chrétien a besoin de principes
1
directeurs ou de moà.èles sur lesquels régler sa 'lie. Le martyrologe .ou la
f
vie de Jésus sont autant de jalons pour le guider dans cette voie. D'où
les',auvrages ;OOIilJI1e.\\!@'..i:.a Goret.:i:. (Sainte Marie Gorétie) e tYesu. tS..l. Qdokui
1
i
SAI)I~
(Jésus s'est sacrifié). Quant à la morale chrétienne, aIle est
diffusée à trava1's des écri t~ du type Kosip,:nu. Fj2le Y~a (Richesse et
bénédiction) où il est démontré que la bénédiction divine est meilleure
que la richesse matériellEh Certains écrits constituent lm ensemble de
1
réflexions livrées à la médi taUon du ch'cétien ou l' invi tant à participer
t
à l'expérience religieuse. J ouen t ce r8le des ouvr<:>ges comme \\'{,)le... ;'0
SJad:UlM.\\ (la nature du créateur), !~CLJC1ll'1.~~w.;l.W..2 (la foi et le travail),
~ mia. F,oJ.o, (Dieu notre père). De la marne fonction procède le corpus
saer811ental, ct esir-à-dire toute la l ittérnture comportant à.es sujets de
l
réflexion sur le mystère des sacrements : n:.~.<!<.'lcl..1U2.~ (la sainte nourri-
1
ture), !S.<?nf~ (la confirmation), aWisia mi .I!& ro:,ep.yo. •• (1 ronotion).
f
Appartiennent à la rubrique oulturelle les traduotions qui méritent
1
une mention particulière. La Bible est naturellement le premier livre que
les missionnaires ont essayé de traduire, immédiatement après que le mé-
dium ewe a été plus ou moins fixé. Ce sont d'abord des extraits qui ont
fait llobjet de traduction gr~ce aUx travaUx des pasteurs Sohlegel et
Harz.
De 1858 à 190 8, on voit apparattre des titres comme Nawu es.Qal.eame
n.y;awç 18
1 58, 1880 (le contenu du Livre de Dieu), Jiu iioiilo koko..
koko~
.. me:tnroœ
1897 (le contenu de la Sainte Ecriture). Bibli.w!e
,utÏ8Yél.~ 1908 (les
récits de la Bible). La première traduction de la Bible entière est parue
en 1910 avec des rééditions an 1913, 1963 et 1972. La partie de la Bible

- 85 -
la plus traduite et la plus clii'fusée semble etrG les deux 'l'estaments. La
première traduction parue en t1...11 volume à eu lieu e...""l 1858 sous le titre :
13iQJ..i.$@e
~{iW2: pubaQl,,§ .h..o~~d:\\ploygy:e&. II\\.~ (les récita de la Bible:
l~Ancien et le Nouveau Testaments).
Cette traduction réalisée à partir dlun original anglais, celui
de Franz Ludwig Zahn est parue an quatre éditions da 1858 à 1966. Elle a
f
dormé lieu à une Biffusion à grando échelle. La 3ème édition par exemple
réalisée sur la traduction do vTestermarm (1908) est tirée à 8 000 exem-
plaires. Après ces débuts, il y a eu des travaux isolés sur l'Ancien et
1
le Nouveau Testaments.
Le tableau chronologique des tr2.ductions des Testaments se présente
1
comme suit :
lr
DATES
ANcrm
TESW1.ENT
NOUV:E:i8,U
TEST1J1:lliT
les quatre Evangiles
La Genèse
les quatre Evangiles
Les Livres de Josué,
Les J1'pi tres de Pierre, Paul
des Juges et de Rutft
tf
Les deux li'Vres
li
de Samuel
L'Exode
Ep! tre aUx Hébreux
Tout le Nouveau Testament.
1878
le deux livres des rois
1898
Tout le Nouveau Testament.
1910
le N.T. et les Psaumes
1913
Tout la N.
T.
1953
l'Evangile èelon St Iv
I larc.
1953
v
1961
le Nouveau Testament et les
Psaumes
Récits illustrés du N. T.
1964
Ru~ et Jonas.

1
Iii
!
~!
1
1
- 86; -
!
-
~!
1
!
~
A l'intérieur de ce oorpus culturel certaines oatégories d'ouvra-
1
ges sont malaisés à olasser. Ile ne répondent ni à la fonction pédagogi-
!
pédagogi-
ii
que, ni à celle philosophique. Telle est l'histoire de l'installation de
t
de
l'Eglise Protestante dans certaines localités ewe (Kéta, 1853 - 1953,
f
AmedzJfe
, Tsito \\/h; ~nM';J Likpe-Mate)
celle de la. Hission de
1
,
Br~e ou de la Société Apostolique de la Révélation. Cette dernière a
1
produit des ouvragea sur les fondements chrétiens du mariage, le sens de
produit des ouvragea sur les fondements chrétiens du mariage, le sens
1
la vie oonjugale et la 'lrinité. Une autre Société du nom de ~t9l?-....Zower
f
Bibl&. Ji!Afl tl:ac.t .So.q,i.~1W?: a fait des publications sur d'es sujets variés com-
f
,;
me la vie éternelle, la bonne nouvelle du rOyaume, le valeur de la Bible et
1
1 ~ espoir de pésurreotion des morts.
1
r
~
i~t
2
-
Le ~oZiUS
cul tu.o l
~
1
f
E
Le corpus cultuel désigne l'ensemble des écrits qui partioipent
f
!
du ri tual de la messe catholique ou du culte protestant. Appartierment
!
Appartierment
à oette catégorie des titres comme Ewe Y~isto Hame li~~ 1877, 1930
193 ,
196 1, (la liturgie de 1'Eglise chrétierme evTe) et les plans de sermons
r) destinés au ~che et à l"usage des officiants: Kwasid!!,w'o f.e &~exo
me. de9&. l1Jl, ffii..~lȉ~
(oommen taire des évangiles de dimanches
à
l'usage des prédicatm:trs). Il existe en outre une variété de prièr~ cir-
constancielles consignées dans des livres que le fidèle peut consul ter à
loisir : la prière de maison (afeme "gbedodoslii),. la prière priv6e (gekuisi
g,QeQ..o.do(}a),la prière de travail quotidien (gbedodo9ê le gbesiag~e.
dJw~awo me), la prière de l'écolier ( ••• gbedodo~ na sukuviwo). Les
f t


catholiques utilisent plus souvent le ~
(le chemin du ciel),
un
recueil de prières et de cantiques. Ils disposent en outre, pour les chants
lituraiquea, du KAtgJ..:iJ\\Q. ;t1adrJ,g,b.al! (les cantiques catholiques). La mis-
sion protestante quant à elle, possède pour son culte, de nombreuses pro-
ductions de la série .HAAzj,g,b.Jl:1.~ un reoueil de cantiques, plus ou moine

- 87 -
volumineux (45 à 453 pages), accompagnées ou non de notes. Cet ouvrage
a connu huit éditions et plusieurs réimpression. Nous rattachons à la
littératureoultucl.io· la traduction dee Psaumes parue a'I"J. 1S71.
II
-
LI 'lTfERATURE
PEDA.GO GI QUE
Noua mettons à l'intérieur de la littérature pédagogique tous
les ouvrages entrant comme matériel de travail clans le système édUca-
tionnel. Il faut comprendre l'éducation à deux niveaux: le niveaU stri~
tement scolaire et le niveau d'alphabétisation des adultes et d'édUcation
de masse.
En ce qui concerne les
acolee les livres produits témoignent de
la nature et des limites de l'enseignement qui y est distribué. flous sa-
vons que l'initiative de l'éducation était aU départ laissée aUX mission-
naires. En effet, la première préoccupation de ces derniers après avou . ~' ..:,
..
forg' un code a été de créer des écoles. La fonction de ces écoles était
réduite à la formation de catéchistes et de prédicateurs. Les écolos ewe
étaient des catéchuménats et des écoles primaires. Le but fondamental
6tait de faire acquérir à l'élève la pratique de la lecture. D'où une
production massive de 5,1llabaires et de livres de lecturo. Les premiers
paraissaient déj à. dè s 1858 par les soins de la Hission de Br&1e. Noue
nous souvenone des premiers travaux de Schlegel et de llJ"iegra,bé. La série
de livres de lecture la plue répandue et Qllcore utilisée présentement est
XJ,jmJsai!' (essaie de me lire), conçu pour les six classes de l'école pri-
maire et édité par Longmsne,.Green and
Co. Cette littérature scolaire
est Itoeuvre de missiolmairEB:allemand8 (Schlege1, vliegrabe., Haertter,
Spieth,. Westermarm••• ) et ghanéens (Dovlo, Pa,h.'U,
Buami)'

Les livres sont édités pour la plupart par des maisons étrangères, prin-
cipalement allemandes (Norddeutsche M:issions~ese~lschaft, 'l'raktathaus,
Schutse,. Frese) et anglaises (LoIlg'IIlBn&, Green and Co, 'l1Jlomas Nelson and
sons, Scottish Mission Book Depot). Les maisons togolaises (Imprimerie

l~.
- 88-
1
'~-:angel': 'luo, liIawull Press), et ghanéer...nea (Gouvernme.'1.t Printing, Aohi-
Dota Press, Scottish Nission Book Depot, Bureau of Ghana Languages ••• )
1
n'ont jou6 qu'un r61e mineur et tarcli.f. Font partie de la littérature
1
pédagogique, les diotionnaires de -l'lestermann lc:'~s~l~., ~e. .fiala), les
1
,.i
grammaires de Sam Obianim (Ev!!lKbe ~~~~) de Baëta ainsi que les lexi-
i
i
i
ques d' Adzomada, de Xl'l'ssliruma
X
et du Bureau of Ghana l,anenages.
1
1
Les centres d1alphabétisation des adultes utilisent aussi les
sylla.baires ~~d"z~q,~) mais ils disposent d'un.,;; li ttérature pédag~
gique appropriée, notamment une variété de liv'Tes de lecture dont
MW'
.d~:t..W (j e suis content), .Siri Ka
K ma.I:l8"
.!~o H~<'idi .SF~ .8/ibM
.8/ib

M
xe:x:AA.'§ (Fo Nyamadi a appris à lire)/ Xex~~ Ye ::Le ....f..e
....
safui (la clef du
nouvetl,U monde).
Dépassant le cac1:t'e restreint de 1! app:cej;issrJgo de la lecture, la.
littérature péclagogique sIest étendue à des domaines divers et a fourni
des publications d'ouvrages à sujets variés
physique:
la lumière Gi~.e1f.el.i),' leo a tomes ~"!iÇ),l' électriciM
(l;h§.Cl!~EAs:i;.tj.) ~ la gravité (gt.:élY..i~i). le magnétisme
Cnqgnetip}
Sciences naturelles ~ N~<l.uc\\u (la nourriture), N.rj}YA .we .f.l.ora
~Lq~ (Flore et faUJ!)e dIAfrique).
Histoire:
.Ev~ duk.2, .~ le tut§"
(les populations ewe de
la. ceta) ,
:logo
~ ut:i&g (-.histoire du 'rbgo)
Sagbadre
(Ihirondelle) •
.Arithmétique : JlJf-2AtA Carithmétique).
Il faut toutefois noter que ces ouvrages ne sont pas des traités
Bcient:i.:t'iques conçus pour l'enseign: ".~-.t. Ils contiennent quelques notions
lUémentaires sur la matière trai_t.éc.~A ce t5-tre, ils sont à la t'ois acees-'
sibles aUX ~coliars et aUX nouveaux alphabétisés.

~1
1
- 89-
1
1
1: existe un certain nombre d10uvragedvéhiculant
d'ouvragec1véhiculant des informations
scolaires, politiques et économiques. Les problèmes sociaux concernant
d'un oeté la fanme, ses travauz domestiques (N.Y2nu
.pt ~-eme cbw..J ~nAWQ),
le soin des erûants (~ex:!..~ .clz;:iJsp,,'.l,k;p?),
leur maladie (pevi~e dJli!EW.
.çleJ~ ; de 11 au tre 1 thomme, ses travaux agricoles (culture et commercia-
lisation du caCaO, construction de cases). Sur le plan sanitaire des ou-
vrages comme .Afik.a ~l.Etl.tia.WO .ts...
.tsq,Il8,?
...
(Dtoù viennent les maladies? ),
Teo d@. sakJ'.e:1j
b.u~~
(combats vite la variole), .DA§' Amavi. ,d!ule
WJ\\ ,uti
' u t i (Daa Amavi.
a
toit, des études sur le paludisma) sont des
conseils de lutt:e et de prévention contre les maladies. I,' éducation poli-
tique est dOnnée à la masse à travers des ouvrages comme .ê9-f:!ialiep
n~
s.w3 ,gbat2 (les ABC du socialisme) et la traduction du discours du
Président Nkrumah à l'Assemblée générale ••• Des rapports sont fournis
sur le budget national ghanéen de 1960 ou su:!:' l'indépendance du Togo de
la m&1e année. Ehtr~dans la formation poli tiqu.e de la masse la traduction
de la Déclaration Universelle
Universe1le des Droi ts de llHommes
l'Hommes et des travaux sur
IIBrganisation des Nations Unies.
III
-
JOURNAUX
ET
AUlANll.CHS
La parution des journaUA et des almanachs indique que la li tté-
rature Qwe a intégré tr~e t8t des catégories variées et qutelle manifeste
une tendance à la prolifération .. Nous tenterons autant que faire se .l!.out.
de remonter aux origines de ces formes pour Go'"l. donner un essai d·histoire.
Les almanachs constituen t un document assez riche pour le chal"-
oheur qui s tintéresse à l'histoire sociale d'un peuple. Ils réwlent les
activités, les croyances et les préoccupations de ce peuple~ G~ Bollème
en faisant 1mEI étude dee almanachs populaires en France aUX XVIl:e et
XVIIIe (6) a pu 'montrer le r81e que jouait Itastrologie dans la sooiété

-
90 -
et les habitudes des hommes de ce temps. Ici, l'absence de documents ne
permet pas une telle entreprise. Aussi nous contenterons-noue d'un rapi-
de aperçu historique en donnant toutefois une brève description d'un
échantillon très limité.
Nous ignorons si les almanachs ont existé dans la société ewe
avant 1927. Il eat probable que les missionnaires aient eu l'id6e de
publier des calendriers dès la naissance de l' écriture cléricale. Mais
les publications les plus anciermes auxquelles nos recherches nous ont
permis d'avou- accès sont celles de SAVI de Tove qui ont paru de 1927
jusqu'en 1930 au moins. Edités pa'1;' l'Imprimerie Evangélique de Lomé, ce
sont des volumes relativement importants pouvant atteindre 44 pages. Le
calendrier est adressé à ceux qui vivent en paya e\\lre :. E\\"Qg,bQ rlJrti..g,'1:2&1i
..:eta.S
:eta. • .&1o..
.&1o
$li-..
$li- S.b,MQv,i Il;.q §.~e rWs.b..a.c1zit2..wo (le calendrier ewe de 1928
ou l'almanach des habi tan ta du PaYs ewe).
Nous aVons ensuite des traces de publication de calendrier par
la Mission de Dr&ne et l'Eglise Evangélique du 'lDOO à partir de
1938 a
M»»A:NQ~i )?,.EttMba.\\i ~ (le petit calendrier dos p~lerins). Depuis
les anné~~ 60 les capitales religieuses (Lomé, Ho, Accra), prOduisent
leur
Yletigbnle. éntre 1944 - 1950 , il existe des traces d'almanachs
...
publiés par Tsokpo et qui comportent trois séries. La première série iJl-o.
titulée Lododo Y1etigbalë kple kvasidawo mawunyaWO (le calendrier des
e _

_"'"
.

proverbes et les évangiles de dimanche) comprend 3 à 15 pages. Le second
calerldriED:' édité à Hohoe (Ghana) a nom .b»~duk> ~ Yleti,gba.1:i (le calen-
drier du peuple ewe). La troisième série, appelée ~e Hame ~etÏfbale
(le calendrier de l'Eglise €l'trie)
est éditée à J saikan (Ghana). Les deU7
dED:'lliers comptent respectivement 14 et 24 pages. Le calendrier le plus
récent est T9it.o._~~qM.q.})..e'Q.g,b~
T9it.o._~~qM.q
(le calendrier Togo
Vedzedze)
édité par le Club ewe de l'Université du Bénin (Lomé - Togo) depuis 1972
et qui porte le m&1e nom que le Journal du Club Togo 4:'ed.ze4.~~
(Lumière
sur le Togo). Ce calerldrier se présente non seulement comme une forme de
oomptabilisation du temps mais il joue aussi un rOle clans les activités

;; ',:
- 91 -
;gricoles du paysan. Il comprend douze pages agrafées sur Url cedre en
carton portant l i em.bl&1e du club ewe, un soleil levant inonda."lt de lu-
mière le 'IOGO. Chaque page est divisée en deux parties.
- un tableau marquant les jours de la semaine et les dates
occupe les 2/3 de la page,
- une illustration.
Le tableau oomporte trois séries de colonnes. 1a première colonne
indique les jours de la semaine ; suivent une série de cinq colonnes mar-
quant les dates; la colonne de droite indique les noms de personnes cor-
respondant aux
aUx jours de naissanceb Au bas du tableau une inscription don-
nant conseil au paysan sur les travaux à effectuer durant cette période:
"N~viwo, mlfo ave alo mlso
miso gbe d,.e game dzi. Ab,kame
nese nami 100 !" (1\\1e6 frères, défrichez ou débrou&-
saillez à temps : que la force soutienne vos bras !)
L'illustration figure un paysan débroussaillant la savane avec une
houe ou défriohant la for&t avec un coup&-coupe. Dans sa forme, le calen-
drier s'adresse à deux sortes de lecteurs: le lecteur alphabétisé et le
lecteur analphabète. Le paysan illettré cueille l'll~ormation à travers
l'image. Ce11&-ci joue un rOle de popularisation du message. L'opération
de déchiffrement peut ~tre effectuée non seulement par le paysan ewa, mais
par tout paysan togolais et m~me africain. A ce titre, le calendrier peut
~tre qualifié de populaire. Il fonctionne comme l' aid&-mémoire du paysan.
LA colol~e des noms de personne répond à l'actualité politique nationale.
Le mouvement de 1 'authenticité né récemment exhorte les citoyens à renoncer
QUX noms à consonnanoe ocoidentale au profit da ceux nationaux.
nationaUX. Le calen-
drier permet de prénommer un nouveau-né en regardant tout simplement le
nom correspondant au j our de sa naissance. Il s'appellera par exemple
K,dzo ou Adzo s'il est né un lundi et selon qùe ~ #~ un garçon ou une
fille.

- 92 -
L 1exemple de .:r~.Y~cl.z.edze : Yletigba~ nous indique qu'une
étude générale sur les almanachs populaire ewe pourrait déboucher sur
des conclusions ultéressantes : conna1tre la vie agricole du paysan ewe
apprécier sa philosophie à travers les proverbes diffusés par les almanachs
ou déterminer le massage religieux véhiculé par ces derniers.
Plus que celle des almanachs, la parution des journaux ewe peut-
~tre déterminée avec précision. La tradition de la presse ewe remonte
à la fin du XIXe sièole. l'rès Mt, les missioilllaires ont trouvé
dans
le journal un moyen d'encourager la lecture et à.' assurer la diffusion
de la culture et du message religieux. Par la sui te les évènements poli-
ques ont donné lieu à leur tour à la naisswlce d'une presse privée. Les
intellectuels ewe y d'oouvrent une arme de lutte contre la division de
leur territoire et un moyen de poser le~ revendications poli tiques. Après
les indépendances, cette presse privée disparatt au profit de la presse
gouvernementale. Du coup ce11&-ci s'amenuise parce qu'elle se trouve in-
tégré dans une presse nationale où l'Ewe appa.r~1t comme une langue dominée.
Toutefois, elle trouve une place dans le quotidien national et joue un
rele dans le programme de développement économique et social. La presse
ewe dans son histoire présente la structure suivante (7) 1

- 93-
J.blo~ Sa-tui
Nensuel dl informa tion. Directeur
Komedj a Holiday. Ronéo à Palimé.
(la cl~ de
'rirage : 900 exemplaires.
11 indépendance)
1958 - 1971
Con tenu ~ Commentaires sur des prin-
cipes philosophiques, éloge de
grands gommes (LL"1coln, Ghandi,
Ch11rchill, Nartin Luther King) ; p0-
litique régionale - politique afri-
caine (Guinéü/Guerre du Nigéria,
gerrilla au Tchad), faits divers.
------.-.......
------.- -.... - - - - - - - ------_._--,_._--
Klut.Q K(i\\.di
Journal régional bimensuel.
(La lampe de Kluto)
1959 -
Organe de défense nationale. Poli-
tique économique et culturelle.
Langue
Ei'1e, Français_
'lïrage
500 exemplaires
Direction
.E.'piphe.ne
Kolih.-po.
--------- - - - - - -
, - - - - - -
To~o ki~!.c1A~
Mensuel ; organe cul turcl du Club
(lumière SWl' le
Ewe (Université du Bénin - Lomé -
Togo).
1972 - 1975
Togo)
Direction
: K"dzo ,II ri ~ "'4
Langue:
Ewe
Diffusion z Toge' et étra."1ge:r
Tirage : ~O exemplaires.
Contenu : Contes, Romans, Poèmes.

-
- 94-
b -
PRESSE
INDEPENDANTE
TITRES
Période de parution
ClillACTERI S'l1J: QUES
Le guide du
~1ansuel dirigé par Occansey, Savi. de
TOGO
1935 - 1952
Tové, S. Olympio.
Langue : Français, Imglais, Ewe.
But : promouvoir la coopération
avec la France.
Revendications politiques et Sociales
(levi.ant nationaliste après la guerre
exige la réunification des deuz Togo
et l'indépendance.
-----------------
.~1;il!a DenN,b,s.
Quotidien dirigé par Isekpo) devient
hebdomadaire. Zone de diffusion
1
(Notre Patrie)
1954 - 1960
5/6 du PaYs ewe. Fondé à Acera clans
le but d'informer la population ewe
d'Accra. sur le problème ewe ; pr&ne
la constitution d'un Eweland puis
l'unification des deux 'l"OGO 1 hostile
aU C.P.P.
(Convention. People Party)
de II 'Krumal1..
1959 : quitte Accra, s'installe à
Palimé, puis à Lomé.
---------

,
- 95 -
Le levain
....
1971
Journal catholique édité pour les
membres de la 1égion de liarie. Se
veu t l'avant-garde de la religion
cathOlique.
Langue
Français - Ewe
Objectif ~ consolider la foi des lé-
gionnaires/enseigner la charité,
l'amour divin, la confiance en Dieu,
et la foi au Christ inca:rmé.
---------,----------
Gbe takp., Y:>
Y
bi-lllGlsuel édité par le Watch Tower
f~Jb_ef.~ d~
bible end 'l'ract Society (P~e).
d~
(le Watch, î(JWt=((. Ô·'~)€'­
But : aider les lecteurs à avancer
preche)
dans la cormaiss[ll1ce du C.hrist et à
avoir une vue plus claire cles choses
réservées aUX justes.
- - - - - - - - - - - - - -
FiÉ1@.
fe
Mensuel édité en Permsylvanie par
fe
sub)sub)
le Watc Tower
Bible and Tract
(le ministère
Society.
du royaume).

1
f:
i
- 96 -
a -
PRESSE
RELIGIEUSE
...................-.---~~------~--~ .......
TITRill
Période de parution
CARACTERISTIQUES
NIA HOLQ
Mensuel de la Nission catholique
dirigé par des pr~tres allemands,
(Notre ami)
1894 - 1920
frtlnçais, togolais ; para1t d'abord
en Ewe, Allemand puis en Français,
Anglais, &'1e. Devient bilingue après
la 1ère
1
Guerre Nondiale (Français-
Ewe).
1947
1959: 000 à 2 000 exemplai-
res, zone de diffusion : sud Togo
et Geld Coast.
Articles : études religieuses et
doctrinales contws, nouvelles sur
.J
les activités de l'Eglise (mariage
religieux, f~tes, nominations de
pr&tres ••• )
- - - - - - -_._.-------
~.f.a.f.a.. •. naw),
Mensuel de la Nission Evangèlique
(la paix soit
du Togo. Imprimé d'abord à Br&nQ
avec vous).
1903 .... 1975 •••
puis aU Togo, à partir de 1925 di-
rigé par des pasteurs, des catéchis-
tes et des moniteurs. Rédigé en Ewe.
Articles : information religieuse,
traduction de passages de la Bible,
nouvelles nationale~lettres des
fidèles, faits divers.
- - - - -

-
- 97
c
-
PRESSE
G 0 U VER 1J E Iv
I1 E I:i Ir ALE
fi TRES
.......
Période de parution
.......
-------
_-...._-~-*~
~~
,-~-~~-.--~-- _.
_-...._-~-*~
~~
,-~-~~-.--~--
_.
~l4.qÎ;§clq
H~8uel d'information édité à Ho
(celui qui
par l'Information
Service Department
demande
le
Langue:
Ewe.
chemin) •
1952 - 1975
Informations nationales - pages cul-
turelles : histoire des Ewe. contes,
bandes dessinées. Zone de diffusion:
Ghana (essentiellement); TOGO.
----_._-_._-----
._---- --,--------,---
Togo---Presse
Quotidien d'information du goUVeI'-
1960
- 1975···
nementtogolais
Langue
: EW8
Edi té par l' Etabliss emen t des Edi-
tions du Togo (Eaitogo)
(Editogo)
Constitue une page de Togo-Presse J
quotidion d'information national
en
Français.
1~aduction ewe des information poli-
tiques nationales et internationales.
--------_......
------_ -
......
--'-_._,---
...._.
.......
M.~" Ygye
(une nouvelle vie)
1963 - 1975··-
Mensuel d'information édité par le
centre d'Education de masse pour
les nouveaux alphabétisés.*
---------- ---
- - - - - - - -
GMIE .SJJ.
(il est temps
1972
-
1975 •••
Organe principal de la presse ru-
rale aU Togo. Edi té par le Program-
me National d'Alphabétisation.
Langue :. Ewe.
~.
~ . . s 2 500 e:xemplnires.
Contenu: Informntion ngric01~8o.n1­
taire, nouvelles du PoYl9, rites,
..
-
lettres ••••
-

- 98-
IV
-
1A
LI11lfERArroRE
BIOGRAPIUQUE·:f-
1a biogrnphie est une forme d'écritur$ qui dons la littérature
ewet est apparue à partir de 1909.
Les conditions Objectives de sa naissance peuvent ~tre déterminées maia
éVOquons d'abord certaines diffieultes liées à sa forme matérielle et
qui nécessitent quelque prudence dans sa classification. Les ouvrages
de biographie se présentent sous forme de volumes brochés comportant huit
à plus de cent pogee. Le premier problème réside dans la récurrence dans
les titres du signifiant Il ~tinya.ll. Ce dernier comme élément distinctif
de la biographie, 11 apparente en m&1e temps à d'autres formes littéraires.
Sa présence instaure un risque de confusion du f ait de la pluralité de
ses niveaux de signification. Dans sa première acception Il ~utinyà" si-
gnifi& histoire entendue comme déroulement d'un évènement. Rapporté à une
personne, il désigne donc l'histoire de cette personne, l'histoire de sa
vie, c' est-à.-oodirE: SB. biographie. Lorsqu'il s'agi t ù.' un personnage f abula-
tif, apparu dans un récit, il signifie les avqntures de ce dernier. Clest
cotte première signification que nous trouvons dans les titres Dr__
Dr ~e:Y:
__
f.'.. b.l.1",t'i8?;a (biographie du Dr Aggrey), ou MbE2.ZBtS-tl~L1U;1:.i;n.Y.all (les a1'tlD'-
tures d'Agbezuge). 1 e second sens que prend li autinyaIl est : récit, nar-
ration. A ce niveau, il peut s'appliquer ù la nouvelle, au roman ou m&le
aU conte. Dans ce dernier caS, il est synonyme de gli,/gli /, ou /
dru /,
/
dru /, comme dans le titre qp.~~!m.ea.:r:epz. !J.u,,~wo (les contes
de
Shè,kespeare). Une autre diff''ieul té surgit a11 niveau des ouvrages po:rtant
comme titre un nom de personD8ge : Yià!fobo vim.œa , ~o.sef KlfaJ9.!. Faefsnt2 ,
Nomflli~.o,
N
..'J2g,bi. "'l~.mVW.A II... A moins qu'il s'agisse d'un personnage
histOrique comme Abrah~ Lincoln, notoirement connu, un tel ti tr. ne dorme
aucune information sur la nature de lloeuvre en présence de laquelle on se
trouve.

- 99 -
Ces ranarques nous indiquent les risques que comporte une classi-
fication des oeUvros biographiques fOllclée sur une référence a.U seul
éj'loncé du ti:bra. Ella ne permet pas cl' isoler a.vec justesse, dans
les
formes narratives, celles qui sont fictives cle celles qui ne la sont pas.
Une lecture de l'oeuvre s'avère nécessàtre, compte tenu de ces observa-
tions ; il noua est impossible d'établir avec exactitude le nombre des
biographies produi ~ en ewe. Il est sept titres dont nous pouvons affil'-
mer sans erreur ~tre des biographies. Nous avons pu lire l~co.bo Vrmaw.l
et X.oJ'l_~Fw.a!g.t.Paaf@.t,2 ) p~ari& .0>r,g.:pJ. h)k2,8 est de toute évidence une
biographie tirée du par&digme des Acta Sanctorum occidentaux. Les qUatre
autres ~~uent des noms connus soit mondialement (Abrahnm Lincoln), soit
uniquement en PaYs ewe (r.:IerC;)T Baëtn, Dr .fjggrey, Halène l\\yilrn). Nous man-
quons de renseignements :précis pour déterminer le genre de ~en.a. !2uWvAL
!2.trt~l~fi.1-q,~...cilDo:qg,l,J\\S
!2.trt~l~fi.1-q,~...
~u,. gK~sJlda. ;utinya (histoire de Grisolda) et
K~ 1l,;y;,ay,2, sont des recueils de contes. Quant à ICof.i Nyam.ek2 ?u;tW:a
(biographie de Kofi Nyamek) ), ~1)e:bi MmmerMl II
(le chef Nal'JUena II),
No!MJ._~ ils représentent des formes narratives fictives.
Somme tout a, on peut à peine compter une diaaine de biocraphies
si toutes les vérifications sont faites sur les titres signalés.
Cotte réserve ne nie pas l'existence de la biographie comme un
gaTl.re particulier à la littérature e1'18. Elle appara1t comme une forme
~larrutive non fictive et c'est à ce titre q,u'elle relève de la littéra-
ture do non fiction. Elle suscite pur ailleurs lu curiosité du fait de
sa ressOOlblance avec d'autres formes d'écriture
que A. Jolles analyse
dans son ouvrage Fo:r;:ng s..imJ2J..~s. (8).
Nous allons nous demander si la biographie ewe, en ta..Tlt q,ue telle,
répond à la définition dlune forme simple puis à q,uel type particulier
elle semble se rapprocher.

- 100 -
?~ous fondons notre analyse sur deux ouv.rages
La vie de Yal::obo V,maw)
se caractérise par son gont irrésistible
pour l'école et une réponse spontanée à l'appel de Dieu. IT é à Afiadenyigba,
un villege a!:»l:t
, en 1865, i l fait grâce à ses propres efforts et avec
11 aide des missionnaires d.e Br&1e des études élémentaires à Keta. Il se
f ait trè s t8t, l El compagnon de route et l'in terpN te de ces m:i.ssionnai.res
dans leur oeuvre à travers le p~ys ewe. Après son baptême et sa formation
d'évangéliste, il est engagé comme enseignant et commence son apostolat.
Il exerce son oeuv.re dans nombre de localités ewe (Lomé, Asadame, Anyako,
Afiadenyigba, Adina, Adafi;u), où il f ai. t preuve d' abnéga tion et dl €la--
prit de sacrifice. Il meurt en 1941, sept ans après Ba retraite. Il en ilIt-
pose par sa sagesse et sa morale qui se confond avec la pratique quoti-
dienne des principes chrétiens. Il a SU à tout moment éveiller les popu-
lations au christianisme.
Né en 1851 à WUsuta, il perd aSsez t8t ses parents> Il va ~tre
pris dans le tourbillon de la guerre des Ashantis (1869) et fait prison-
nier. Revendu comme esolave, il mène une vie dt affranchi
grs'ce à la
bienveillance
bianveillQl1ce de son nouveaU me1tre. Il se liv.re aU commerce, slenriohit
ruiné
mais se trouve /
. aussitet par les dilapidations de son beau-frère. Au
ovurs de ses voyages, il prend contact avec le christianisme, s'enthou-
siasme, fréquente la Mission et s fini tie à la nouvelle doctrine. Il décide
de regagner son village pour se consacreJ!" à l'oeuvre cle Dieu. Avec beau-
ooup de patienoe et de persévéro.nce, i l parvient
parviant à surmonter les hostilités
des gens de son village fidèles aux pratiques fétichistes. Après un long
travail de persuasion et de prédication, i l réussit à convertir toute la

- 101 -
population aL~si que celles des localités voisines. Famfant> s'est occupé
également d'oeuvre sociale, notamment la construction de routes. Il pos-
sédait, dans son pr~ahe, l'art d'illustrer les paroles de la Bible par
des fables de son c:ru où les personnages sont des oiieaux, des animaux, des
insectes, des chasseurs ou des parties du corpe.
Dans quelle mesure, à la suite d.e ces récita, pouvon&-nous dire que
nous sommes en présffi1ce d'une Forme simple? La définition de Jalles met
en relief l ' activi té syn thé tisante de l' espri t et la double fonction de
la langue 1
"Toutes les fois qu'une activité de l' espri t amène la mul ti-
plioité et la diversité de l'être et des évènements à
se
cristalliser pour prencl.re une certaine figure, toutes les
fo~s que cette diversité saisie par la langue dans ses élé-
ments premiers et indivisibles, et devenue production du lan-
gage peut à la fois vouloir dire et signilier l'3tre et
llévènement ••• il y Q naissance d'une Forme simple". {9)
Les deux biographies citées plus haut présentent tl.'rl9 unité de struc...
struc ·-
...
.
ture réductible en éléments premiers :
enfance et éduoation en milieu paien,
éveil da la foi chrétienne,
rupture aveo le milieu,
devoir apostolique : conversion par la prédication
triomphe du christianisme: conversion massive des populations
païennes.
Ces unités dl évènements mises ensemb:J..e construisent un type d 3tre
'
particulier llapetre ewe, ll"éveilleur" d'~es, u.ne sorte de Jésus ewe.
Elles constituent oe que Jou..: :.lppelle les "gestes verbauxtl
verbaux
ou "uni tés
remplies". Il nous semble fondé de trouver là des indices d' appari tion
d'une forme simple. Maie ·il reste à déterminer sa nature. Certaine traits
objectifs et immédiats llapparentent à. la légende oomprisedans le sens
que donne Jalles à. oette dernière:

-
102 -
"lorsque le dérol.ÙOlllent d.'une biographie est tel que le
personnage historique ne forme plus un tout parfaitement
délimité et achevé, qU~1d elle le reconstruit sous des
traits qui nous incitent à entrer en lui, la biographie
devient légende" ( 10) •
La. légende appara1t donc comme une forme stylisée de la biographie
historique , celle-ci se distinguant par son exhaustion, c' est-à.-dire
qu'elle présente le personnage clans son existence réelle et oomplexe. Dans
l'exemple considéré ici, la vie de l' apetre (V;maw", ou Famfa.nt) ) se dé-
roule dans le récit sur un seul plan : le passage du paganisme aU christia-o
nisme et l'oeuvre de christianisation. Cette stylisation du récit, qui,
langagier
SOmme toute, fait du personnage un produi'lya pour but d'offrir un modèle
à imiter. Â l'époque où paraissent les biographies, le christianisme fait
Bon entrée en pays ewe. Elles répondent donc à un beooin de prosélytisme.
Le récit de ,F_a8t2. ou de ~roI..' a pour 0 bj et la foi en acte. L' apetre
est un individu en qui la foi s'objective, offrant l'exemple de ce que
doi t ~tre le devoir d' un chrétien an milieu païen : une foi ardente, ani-
mée par le souffle du dévouement, multiplicatrice d'ames. Il faut donner
aux évangl§llsateurs et aUx nouveaUX fidèles un modèle à 1miter :
''Kp~~e nye nye.~n (11)
(l'exemple est le meilleur éducateur).
Cette motivation qui fondelroxisÎonc~e la légende, JolIes l'appelle
disposition mentale.
La biographie ewe présente beaucoup de traits de ressemblance
avec la légende (structure, mlités d' évènements, disposition mentale).
Il faut toutefois noter que cette comparaison ne se justifie qu'au niveau
de l'opération de 1 t esprit et des fonctions du langage en tant qu'elles
engendre~"'une forme littéraire. L' exemple donné par J olles est celui du
Saint, ml ~tre supérieur aUX autres par sa vertu, un modèle inimitable.

- 103-
!t
1
La. biographie ewe offre un exemple im.i table. L! apetre ewe· est un homme
de plain-pied avec les autres. Il nia pas opéré des miraoles, sa vertu
1
n'est pas inaoessible. La légende, ioi, dirione-nous s'est d6sacralisée.
La biographie ewe est, oertes, une forme littéraire. ï1ais les critères dé-
1
finis plus haut nous permettent-ils réellement de llappeler Forme simple ou
l
légende? Il surgit là un problème de définition qui exige la prudenoe et qui
doit 3tre fondée sur une analyse minutieuse de toutes les biographies. Nos
deux exemeples présentent simplement la biographie ewe comme une Forme appa-
rent'e aux Formes simples, notamment à la légende.

- 1J4-
N O T
E
S
- in ~_ttj;;:aJ.~I;,e et. )..e Sogial (R. ECARPI 'r) 0
Ed. Flammarion
Document 1 : Défini tian du terme -Littérature"
4 b, p. 261.
2 - in ~liorW littérw.e (Il. WELLIIC et A. WAliRm'J) 0
Pot'tiquel Seuil p. 29.
3 - in L. Littré art. Imagination.
4 - in JiAThé.or:ï.Q. Lit.tér~
ibid.
p. 32
5 - in ~A 'lbéorie Lj"tt.éF.,aïr..l
Lj"
ibid.
p. 32
6 - LSUl.~..I?.Q.E~!S- &l\\zJVlle et Xfille sièQ.1J!.
Essai d'hie.toke agç;t.a.,l...
agç;t.a.,l.e,.
..
La H~e,
1969.
7 - La dooumentation sur la presse nous est fournie par :
a - nos recherches bibliographiquee,
b - nos enqu~tes sur le terrain,
c - le travail d8:J'hilippe Abotchi (journaliste au Ministère de
l'information à Lomé, '1'000), sur le. presse ewe (r·lémoire présenté
à 1'1.U•
U T. de LILLE :: en 1971).
8 - !.Q:gtl@s aWly
(lUldré J oelles)
Edi tions du Seuil
-
Paris,
1972.
9 - in Form9s simplü, op. citop.
42
10 - in FomEU! a.i.nrples
op. cit. p. 39
11 - !A1f.o.bo V5'maV
(1. K~ HOH)
Thomas Nelson and Sons LTD - LondMl
p.
12.

-
105 -
a H API T R E
II
------
L E
CORPUS
:FABULATIF
Nous abordons à présent la littérature de fiotion que nous
avons définie dans un ohapi tre préoédent. Noua prendrons la pro-
duction littéraire ewe pour ce qu r est toute produotion littéraire,
c'est-à-dire une unité de fait structurée. Chaque forme, autant
qu'elle a son prooessus d'évolution propre et sa structure interne,
entretient des relations avec les autres. C'est à oe double pO~1t
de vue diaohronique et synchronique que nous entendons oonduire
,---'
,----. .------------''-~
.------------''-~ ..-
notre analyse. Les formes littéraires
notre analyse. Les formes
y appara,!tront selon l'ol'-
dre de leur rapport avec la tradition orale ; nous irons du plus
haut aU plus bas degré de rapprochement, ce qui engendre la clas-
sification suivante s la conte, le fantastique, la poésiG, le
the~tre, la nouvelle et le roman. Cette typologie éoh.:..ppe
à
l'arbitraire des oritèras thématiques.

- 106 ...
l
...
LE
(XHITE
EWE
Parler d1I. conte e~le à l' heure actuelle exige que l'on réponde aU
préalable à une série do questions. SI agi t-il d lune forme nrale,
ma-
nifGstation culturelle d'une société sans écriture? Ou bien est-ce un
genre qui a sa plaoe dans la littérature d'un peuple rompu à la tradi-
tion de l'imprimé ? Il est évident que cla.na un cas ou dans 11 aUtro, la
m.éthode d'analyse ni est pas pareille.
pareille_ Le suj et de notre travail nous
si tue sans conteste dans le second cas.
cas- Nais à Ce niveaU il faut observer
une prudence. Devon&-noua oonsidérer oomme entrant dans la littérature
éorite tout conte qui a fait llobjet de transcription? Il est paru. ces
derniers tew.ps un nombre de travaux eu:r le conte ewe et qui ont donné
lieu à une prolifération de textes. ~lISouean Agblemagnon en a fait une
étude dans son ouvrage (1) sur les sociétés orales d'Afrique Noire.
Bernard .Agudze a pris le oonte eW9 oomme suj et de son mémoire soutenu à
PARIS en 1972. Le travail le plus récent et le plus abondant est la
thèse (2) de ~1ichaël Gbeasor, présen..tée égalOl1lent à PARIS en 1974.
Ces
travaUX ont donné naissance à un ensemble de textes de oontes tran8orits,
dactylographiés ou imprimée
imprimés
ils s'ajoutent à ceux réalisés par lea mis-
sionnaires allamands et consignés dans la revue Anthropos dont nous avons
trouvé qUelques exemplaires à 1 'Institut Frobénius de Francfort.
Ces
textes dlintér~t pu:rament scientifique ne sunt pas destinés à la lecture
populaire et ne sont consignés que dans le oawole restre:i.IL.t du milieu uni.-
versitaire et des recherches anth.rt'lpologiquGs. A ce titre, ils n'entrent
pas en oompte dans le corpus qui fait 1 1
1 0 bj et de notre analyse.
Il existe en dehors de cette série de contee,
contes, d'autres qui sont
présentés sous forme de brochu:res éditées par des maisons du livre
et
diftuMes par les librairies~ Seuls ces derniers sont oomptabilisables
dans la littérature éorite e1'le. Le premier recueil de ces oontea réalisé

- 10'0-
par P. H. Dosewu est paru an 1934 et la damier date de 1974. On an
compte à peine une dizaino n 1 'heure actuelle..
actuelle
Parallèlement, il y a GU
des traduotions de contes étrangers d~s à des auteurs nationaux COmme
Necku, Lily BQëta, G. Baëta, Nkansa et Anthonio. De 1943 à 1959, ils ont
traduit en ewe des oontaè anglais, arabes et orientaux (3) ~ les oontes
de Shak:espeare, de Grimm, d'Arabie, les Nille et une nuits, le voyage de
t'
Gulliver ••• Ces traduotions ont été ef'feotu'es gr~ce aUx maisons d'&i.-
tion" anglaises (Thomas Nelson and Sons, Longman Green an Co, r-1
r- acmillan
1
and Co ••• ), aveo, plus tard, le concours
do celles nationales du 'l'OG{)
et du GHANA. I l reste à déterminer los caractéristiques formelles de oes
textes car elles .posent le problème de la conservation du statut du oonte.
Celui-oi, lorsqu t i l est traJlsori t, se mue-t-il on une forme littéraire
qui ne lui ressemble plus ou oonsorve-t-il les propri~tés originelles de
l'oralité? Tout dépend de la pr~sentation adoptée par l'autour ou plu-
Mt par le transcripteur. Le principe do respect de l'identité du conte.
commando que la transcription donne un texte de style oral c' ast-à-dire 1
"un texte qui est fixé par une trame en tant que structure
~otecm1ique et d'attention qui de plus actualise le con-
sensus manifesté par aUtrui d'acoueillir et de oonBerveI'
un oontenu sémantique". (4)
Ohaz les transcripteurs ewe, on note un désir de ne pas rompre
avec l'oralité. Aussi on~ilEl conservé un certain nombre de formules trt?"
ditionnel16s qui relèvent de ce code: les formules du début (D) et de la
fin (F).
D
"Mise gli 100 1"
Ecoutez un conte -
"gl1 neva."
que le conte vienne -
to'!
"gli tao WU d_o••• u - le oonte va, va et
"gli tao WU d_o••• u - le oonte va, va
sur •••-

ll
1
- 108-
t
l
1
F l "Dze numee wo 1" (Tè langue habile à conter) (5)
nyoo 1 Drese'to go~e mift (Et Vf'\\US avez l' oreille asse~
1
attentive pouz écouter).
i
Certains, oomme Âm&gê,shie dans Vovci'i (6 ) indiquant dans l'in-
=--
troduotion à leur ouvrage, une· technique d! ex6cu tion du conte dans le
style oral. Pendant le réoi t llun dea auditaurs intervient et dit 1
'1l1ele etefé,r (j ~ eStais témoin). Le oonteur e 1a,1"r~te et répond : "Neva"
1
(qu l
(qu l l v:Lenne) (7).
1
L!auditeu:t" entonne une chanson que tous les autres reprennent
1
an battant des mains. Après Q.u'ils finissent de chanter, le conteur lui
\\
di t l "ELe etefe vava"
(il est vrai que tu étais témoin). Cependant,
l
oes préoautions ne suffisent pas à préserver le conte en tant que unité
oes préoautions ne suffisent pas à préserver le conte en tant que uni
struoturée, oar le style oral n'est pas respecté. Les contes ~iO sont
1
sont
généralanent transarlts d'une façon prosaIquG sane souci de préservation
de leur identité prosodique. Un seul reoueil sanble faire exoeption.
Qri,sldA !?stl,g,u.a.Y.& de
SetsoQfié. est présents comme un recueil de oonte8
en vers. Dans ~ba. V0'X2X9W9 dzi gli1Q, une traduction rén1isée pax-
1
]IJ~ NKANSA à partir d'un originsl en: Twi, les sept premiers contes
oontes sont
t
présentés en vors_ Les v:l.ngi)-neu:f: autree sont transar.ite en prose. Ces
1
Ces
!
deux exoeptions r~ésentent une infime "partie PEa' rapport à 1 ~ensemble
i
~ensemble
des oontes eliS mis par ~at"it
~at"i
ou traduite. Noue noue trouvons ainsi
eu
faoe de textes qui portent des vestiges de l'ornlité mais qui ont irré-
médiablEment perdu les qualités propres de cette dernière. Ils ne sont
plus adaptés à la profth-ation mais destinés à 11 aote solitaire de la le()oo
t'Ure visuelle.
Le oon~s'eet d6gradé, l:\\ perdu 10 support rythmique qui :fait de
lui un 80te de pe.l.'ole dans une communauté.
oommunauté. li ce
oe titre on est :fondé à se
demander slil est reoonnaissable
reconnaissable en tant que tel ou plut8t oomme un s:l.m-
ple "\\;)U~?all (une histoire)
G

- 109 -
Q.lellea <lue soient los <luestions <lu'on peut so poser, sur les
transformations du oonto lors<lu'il passe de l'oral à l'écrit;, leur
transcription répond à un choix ordonné vers une fonotion préoise- .œ;s
lers il importe qu~on S6 dOlllande quel ohoix est opéré et <luelles sont 188
raisons <lui le fondant.
La r'ponse à ootte <luestion impose la détermination des diverses
oatégorios de oontes qui offront oe olloix. Une olassifioation générale
du conte owe permettra de déterminer les préférenoes des transoript8l.Bls.
transoript8l.Bls-
Faisant une brève étude des oentes populaires afrioains, OLADELE
TAI\\«> opère, selon des oritères thématiques, uno olassifioc..tion en oinq
oatégoriee (7}-1
1) tales O'f daman lovers wi th magic in them,
2) Why stories,
3) Horalistio fables,
4) fert:Llity tales, .
5) triok~ter
tales.
Mno.ha.ël GBEASOR, travaillant sur le conte ewe, distingue les oorr-
tes qui ont trait aUx ho!lllllOB, oeux qui ont trait aUX onimaux, aUX arbres
personnifiés et une troisième oatégorie qu'il définit comme la résultante·
des deux premières. Cotte typologie semble s'inspirer du tableau
4'Jgblémagnon qui ne fait pas oeuvre de taxinomie, mais qui fait 8Pparat-
tre co qu'il appolle l~éoonomio~énéraledu oonte ewe, o'eM-à.-dire sa
struoture dans oe qu'olle a de manifeste et de latent.
,
latent.
Ces classifioations, si elles établissent 10 paradigme des st»-
jets, ne font pas ressortir une opposition distinotive entre les divEtt"s

- 110 -
types car dans ln réo.lité on observe une compénétrnticn des thèmes.
tn oonte fondé Sûr le mythe peut intégz'EU' à le. fois la mo:t-a1.ité, la
ruse ou ln magiè. AUSsi p~éférons-nous utiliser des aritèros plus
fonotionnels se référant plutOt à l'organisation interne du oonte.
A ce niveau, nous· distinguerons trois types dEi oontee ewe (9) : le
oonte allégorique, le conte de ln causnlité et le conte à p~ole
feinte.
Nous antandona par oonte -a.J.légorique, oelui qui reoouv.re un
sena double 1 un sane littéral. immanant aU texte et un sens symbolique
qui semble éclipser le premier. C. damier apparatt non a posteriori,
ctes~~dire après une opération interprétutive de l'esprit, mais so
trouve porté par 10 texte. Pranons un exemple 1 Ahoain de leple &Y'J.a(9)
(une veuve
et aa. f1:l1o).
lTne veuve se plai€nnit
de n1nvoir pas d'enfant. Elle priait
tout objet qu1ollo trouvait de se transformer en un enfant. Un jour ,
oYnnt déterré dans son ohnmp un joli tuberculo d1i.gn.a):ne, alle le t'I\\1p-
plia de se transformer en une fille. Llig.n;a:me accepta ses voeux en
obtenant d1alle ln promesse qu1elle ne l'injurierait jWlaie. La veuve
obtint ainsi une très jolie petite fille qui fit l'admiration de ses
voisines. LorSClulelle grnndtt,sn mèro llenvoynit fai:re dos commissions.
Un jour elle llonvoya aU marché avec la consigne qulelle revienne à
la tomb6e de la nuit. Mais le temps vonu, la fille ne rentra paB~ La
veuve ae mitan colère et proféra à Bon encontre dos paroles injurieusesl
"~e crue, igname qui aroque, ne ttai-je pas dit de revenir
-;et ? Si tu reviens, prends la route et Va où tu veux". Un oiseau qui
a.vait écouté oos paroles slonvola vers la fille et les lui chantaz.

-
111 -
"W&yi 1 wuyi 1 dawo dzu\\'lO
(Wey:i. 1 woyi ta mère t'a injuriée
t1Woyi wcyi dawo dzuwo 1
Woyi weyi! tà Jlère t'a injuriée
1'0 mabimabi, te hlanuhlanu"
Igname crue, igname qui croqua 1)
La fille entendit le chant, s'immobilisatl'écouta encore une fois
ct comprit que sa mère l ' avc.i t injuriéo. Arrivée à la maison, i'leyi deman-
da à Sa mèro pourquoi elle l'avait injuriée. Celle-ci ne rooonnut d'abord
pas les faits, mais Itoiseau se mit de nouveaU à chanter ~ "Te mabimabi,
te hlanuhlanU••• Il. Tou tes l es deux l ' cm. tendirent. lm m(me momont la fille
Bortit de la maison, la veuve la poursuivi t jusqu'à ce qu'elle se j ett e
dans la mer.
Le récit se termine par ces deux phrases : "Abe alesi nyonu si dzu
Woyi 0 la, anye ne ano agbo vasade ku me kt! • .E.'yata ne ama de wo domenyo
nawo la, nada akpe n~".
(Si catte fommo 11' avai t pas insul té 'Ileyi, elle serait restée eveo
ello jusqu là la mort. Pour cola, remercie celui qui te fait du bien).
L 'histoiro comprond la fablo et la moralité. Cette dernière intro-
dui t un sens allégorique. Nous avons dès lors :
- un sens littéral: le parjura d'une veuve
- un sens allégorique : la morale de la reconnaissance.
A la fin los llürsonnagos perdon" lour individualité déjà ténue
ot fugitive et se fondent dans l'image représentative de l'Homme. CI est
le cas de la veuve. Le conte allégorique ost souvont int~rété comme
le code moral do la société ayant ainsi une fonction didactique et
moralisatrice.
Nous rangeons dro1S cette catégorie la série dû contes qui se
signalent par l'énoncé de leur titre cormnonçant toujours par le terme:
"nukanuti ••• OZ n (pourquoi ••• ) .. Il y eIll a certes, qui échappent à cette

-
112-
1
identification, mais ils s 'y rangent lorsqu'on obsorve le mode de fono-
l
tionnœent de lou:r riait. Tout s'organise comme un exercice do déIiJ.onstra-
tion. I l s'agit d' c:;::pliquer un phénomène co:smique, biologique ou un fait
naturel) d'en déceler l'origine donc de déterminor une causalité. La
narration se si tue dans le passé et est commandée par doux pOles
tanpo-
rels l "tal la••• " (autrefois) ; "gbe doka... ) (un jour ••• ). Ces deuz
expressions déterminent la structure du récit. "Tsâ la" énonce une situa-
1
tion initiale. Par exemple dans le conte((Nukanuti HallU megale mia clome o?).)
(Pourquoi Dieu n 'llabit&-il plus parmi nous 7), nous avons oette ai tuation
de départ : autrefoia Dieu habitait parmi les hommes et le ciel était
1
juste au-dessus de nos t$tes Bi bien 'lu' on pouvait le toucher de la main.
Cette situation initiale qui ressemble à un équilibra Va âtre
rompuo par un événement apparemmon t fortuit qu'annonce l'expression
"gbe deka".
Un jour una femme qui préparait du "akpla" était gênée dans sas
mouvûID.Gnte parce quo sa spatule se heurtait contre le ciel. Elle Be mit
an colère et lança une boule de pâte brûlante contre le ciel. Dieu se
fâ.cha, décida de ne plus habiter parmi les hommes et éloigna le ciel de
la terre.
Nous le voyons, cet événement lié à l'humeur d'une femme est
lourd do consé'luence puisqu'il entra!ne la désintégration du monde. S'il se
situe d~lS le passé, il a des at~aches directes et définitives avec le
présent puisque la consé'luenoe est immuable et éternelle. L'état présent
de la séparation du ciel et de la terre résulte d'un événement situé dans
la nuit des temps.
Ce genre de conte tâche d'expliquer divers faite: pour«uoi les
:tl0mmes meuren1i-ils, pourquoi le léopard n'est pas un animal domestique,
pourquo~ la région de Daye est-elle si sinueuse, etc. L'Esprit se livre
à une série d'interrogati.ompour déoouvrir l'ori8ine de toute chose.

1
- 113
1
Lo mystèto,ltinsondable
mystèro,ltinsondable se dissipe et tout se trouve avoir une oausnlité.
Nous déboüohons sur la notion de déterminisme {;6nôralisG ou l~pandGterminii:lffie'~,
1
On pourrait peut-~tre pousser l'investigation plus loin et s'interroger sur
t
l t origine de l t origin.e. Pourquoi l a situat ion init i ale ? Comment ex pli que-t...
1
on 10 fait premier, que Diou et les ,hommes habitaient ensemble? La rôponse
1
à cette question touche aU mythe. ,C'est une cro:lrance populairo transmise par
une tradition millénaire et qui n'L\\c1met r,Jlus cPoxplication. I,e conte de la.
l
causalité s'enracine dans le mythe.
1
0) -
Le conte à ~arole feinte
La notion de parole feinte fait rôfôrenoe à l'analyse que fait
Todorovdu réoit de l'Odyssée (pris oo~~e exemple de récit primitif). Elle
t
désigne, selon ce dernier, les menson'ges dos I:Jersonnages. Une série de oonte
owe font usage abondant de ces mensonG"ElS à tel point qu'ils constituent la
1
trame ~ réoit. Nous les désienons par contGS à po..role feinte. Prenons un
exomple l "Nuka nuti lIDcl.e megnle dume 0 ?" (Pourquoi le léopard n'habite
plus à la ville ?) dont voici le rosumé.
1
D'abord une situation initiale
par suite d'une longue séoheresse,
la famine décime les populations d'une [,rr.qnde région. Cette calamité sel"o.
conjurC>c ~ce à un contrat passé entre Dieu et l' autilope •. Dieu fera. tomber
1
la pluie pour que réussissent les cultures. En contrepo.rtie, l'antilope
la pluie pour que réussissent les cultures. En contrepo.rtie,
s'offrira pour ~tre imrrolée lorsque Dieu célébrera la ~te des ignames. Dieu
1
na t2.I'de Po.s à remplir,sD.. promesse. Toute la suite de l'histoire est la re-
lation du, parjure ,de l'antilope. Aux p:remiers messagers de Dieu, l'antilope
dôolare qu'elle n'est pas enoore grande. Cette affirmation n'est PD,S encore
un indice. do mensonge. On no peut pas douter de sn. bonne foi. Q.l,elques lignes
plus loin, ap,PaI'a!t un doute SUI' les déolarations de l'antilope: "ll1lledodowo
gava zi gade 1 dode
dodo ; gake kodsui gale nenema ka" (Les messagers :reviennent
à plusieurs roprisos mais la. taillé de l'antilope no change pas).
t
l

- 114-
La répétition de l'acte
l'aote (message dE.: Dieu - réponse de l'anti,..
lope - ta;Ule oonstante - nouvelle promesse) ls.isse tTansp~a!tre une
ruse. L1an..tilopa ne sera immolée que lorsqu'ol~e grandira mais elle ne
grandit jamaia- l'lais intervient un autre personnage qui brisa Bon jeu~
t
Un jour, le léopard, qui de son ohamp situé sur le chemin qu 1
qu Empruntent
1
l
les messageœs do Dieu a longtanps observé les va-e~vient do CQS dernie.t"st
Be rGllseigno SUI' le but de leurs fréquents VOYàSes. On lui raoonta 1 'hia-
1
to:i.re de Dieu et de l'an tilopQ et i l s'écrie :
trKodzui megale tsi tsi ge 0 ; elabena nenema enye eue nonome.
1
ELe nensn'Q
nensn·a, hafi wodd kedewo, gake WOaWO tsi klâ nyui ; GYata ne woaga-
t
lala kur& hafi aYi gale yi. na NaW'U 0".
1
(L'antilOpe ·ne grandira plus cartel1e est Sa constitution. Elle
6tait telle avant lanaissanoe de plusieurs personnes, mais ce11e&ooi
\\
ont toutes grandi. Pour cela, il faut la conduire à Dieu sans délai).
délai)_
Le discours du léopard déjoue la ruse de l'antilope. Il const!tue
en mÊme temps un indioo do mensonge parce qu'il invoque la vérlllté~ Il
dœasque,
dénasque, dans los propos de llantilopo, un décalage entre le référent
et la rMérence..
rMérence.- L'antiloPG Va. ~tre entratnée de foroe vers Dieu pour
etre sacrifiée.
sacrifiée- l'lais.le conto no s 1 a.rr~te paS là. L'entrée on scène
du léopa:rd introduit un autTe type de relation (léopard - antilope), ellq
a.ussi fondée sur 1 !imposture. Los masoogors enchab1ent 11·antUope et
11 entratnent vars Diou. MDis sur le chemin, ils renoontrent le léopard.
S'engage un dialogue antre les deux où tout n'eat que p~le feinte-
- Léopard 1 Où. vaa-tu ?
.Antilope 1 Dieu o~ganieo biantat la f~tQ des ignames et m'envoie
oherohœ- pour CIJ'Oqu.er- les O'S.
- Léopard: Comment V8&'"tu croquer les os quand tu n'as pas
de dents?
Antilope: Je voudrais que quelqu1un qui a les dents solides
aille à. ma place mais je n'ai trouvé pGrSOIlI1J&-
- Léopard 1 Laisse-moi aller è. ta place.

- 115 -
Le narrateur indique qUQ la corde ;passe aU cou du léopard.
Va-ii-il Stre immolé? A l'entrée da la ville de Dieu, il ente..'1.d une fcn-
me qui, pour consoler son enfant, lui dit que Bon père Va égorger bien-
t8t une grosse b~te et qu'il va. se régaler. Le léopard s'échappe et
vient trouver l'antilope. Il lui ordonne de charahEit' du bois·à faire
au feu afin qu'il puisse la ou:1:t'e et la mangeT. Lt,antilope s'exéoute
e'b en ooupant <lu. bois, elle entonne cette chanson : "Womewo nan~
nebe yeaJa sne Ju 1" (Sans raison tu veux cuire et manger les gens).
î
Le léopa:t'd l'entend, sort et lui demanda ce qu' elle raconte.
mIe
répond qulil ne s'agit de rierh Le léopard parti, l'antilope reprend la
chanson. Il r evient et demande :
ftQue donc dis-tu ? L'antilope répond:
'1tl1awuviwoe gbona léwoge ; oyata male yowom
"Telle. nasi adzo kabatl
kaba
(Las enfants de Dieu viennent pour t'attraper
et je t'appelle pour que tu te sauves).
1
1
.A ces mots, le léopard se saUVe dans- la brousse, poursuivi par
ll·antilope qui répète Sa chanson.
Tout le oonte est le récit dGS mensonges de l'antilope. Il y a
deux victimes : d l
d abord Dieu, ensui te le léopard- La place dominante de
la parole feinte change la nature du conte. Co damier a été annonoé
"
oomm. un oonta d. la oauao1Hé. On s'attendait à .ono1r pourquoi
1.
i
léopard vit dans la brousse•
., .....: .
,,: '
.>r';.
1
f,
'\\

- 116 -
La. présontation fomelle des ouvrages, los préfaces sont autant
de témoi.g:nsges des autours sur la fonction qu'ils accordent aU oont••
oont
f
Los rechEœOhes à ce niveau font apparattre une quadruple fonotion qui se
rapporte soit indiffth-emment aUX locteurs dans leur divarsit.s (enfants
1
at ad:ultes), soit diversanent à chaquG catégorie préoise.
at ad:ultes), soit diversanent à chaquG catégorie
L•esprit commun de tous les auteurs (traduoteurs ou transal"iJr
teure) Gst de procurer du plaisir aU lecteur :
"~1ele gli siawo ~bm
aoo modzaka dfnuwo kc &!le"
l
(j!éoris cos oontes oomme de simples divertissements)(12).
(j!éoris cos oontes oomme de simples
1
. Les titres m&1es qu'ils donnent à leurs recueils en sont révélâ'-
1
1
teurs 1 v~i. (tempe de 10i,sir), De Modz.aJSl". (divert1&-to1) •
Ici 1.
conte.4e ~a1e comme un jeu dont l'homme sa sert pour agrémenter sa
vio. y accèdent tous coux qui, "ewephones", (enfants ou adultes), sont
capables do déohiffrer 10 code alphabétique. .Au. plaisir colleotif' du
conte oral ~ui exige la présence d'un oonteur et d'un auditoire se wb&-
titue le plaisir individuel du lecteur solita.i1.'e. Le conte distrait mais
aussi doit insi:ru:i.re, intervenir dans la pédagogie des enfants.
b
-
X9,.nction pédagORiQ1!e
La plupart des contes (tt-aduita ou. trans crits) sont deBtin's à
l ~usage des éooles primaires. Leur forme matérielle dénote cette fon~
ti.an. "~.i ].Qo. 1"
(il était uno fois ••• ) est une série publiée pQ1'
la Mission Evang~lique pour los diff'rentes classes de 1 t école primèi.re.
Certaines traduotions sont présontées comme des instruments de travail
1
,

- 117 -
~colaire. Chaque conto ost suivi d'un questionnaire destiné à tester
la compréhension de l'élève ot à. exercer son osprit critique. Dans
Zi" akpe ~ kple ~, C. G. Baëts, indique qUe chaque conte peut Sel'-
.....
vir de matière poU!'·un ooU!'s où l!onfant s'ontra1nera à 1& rédaotion, à
la reflexi.on et à 1 ~ élocution. Ces exercices pratiques pOl.'ID.ettent à
l ' enfant d' avoir une coImaissance solide de la langue ewe et de fonnar
Bon jugement. Outre cela; le conte est perçu comme le véhioule de la
connaissance morale.
Les contes qui assumant essentiellement cette fonction relèvent
de la proodère catégorie; c' est--à-clire les contes allégoriques. Eh m&me
tOOl.PS l'enfant se trouve motivé poU!' la lecture parcl;") qu'il retrouve
dans le conte transarit les histoires déjà entendues llU ooin du feu~ Il
s'instaure ainsi uno forme d'alliance C:.e l ' éeri turo aVoc la pédagogie
traditionnello.
., ,
1w.près des adultes, les auteurs so servent du· conte pour entrEr
prendre l'apologie de l!a1phabétisation. Dans Vovori~ Am(igashie fait
- -
-
remarquer la nécessité pour les Ewe de savoir lire et éarire dans un
proche avenir. Il recommande·aux alphabétisés de lire les contes à haute
voix aux non alphabétisés. L' audition de ces histoir'os plaisantes les
inoitarai t à vouloir s'alphabétiser pour y aocéder direotement~ Si tant
est que cela soit pcssiblo, ce rOle apologétique du conte est provisoire
ca:t" on peut imaginer qu~il s'estomperait avec la. disparition de l!snal-
phabétisme.
LG oonte remplit une autre fonction permanente, que nous pouvons
appeler une fonction cogni tivo. Amegashie conçoit 10 con te commefmém01rG
de l'homme et comme telle, il véhicula un certain tromb:t'e do u-aditions et
et sU!'tout une sagesse. La vie est perçue comme une tompete qui harOOle
i

- 118 -
, thomme sro,s cesso. Pour avoir raison dlelle~ et s'y mouvoir à Bon aise,
l'individu a besoin d'un support (une canne), que lui offre le conte. De
plus, les temps originels sont pleina de choses cachées. L'homme est p~
mi les créatures de Dieu 1 '~tre supérieur, doué d'intelligence et de v0-
lonté et qui st ef:torce de pénétre!' ces choses. Cette quMe des choses
secrètes débouche sur la notion de. causalité, de déterminisme générali-
sé ou pan-déterminisme :
''Ke esi wonye ac\\1-kamadonya bena naneke (13)
medz';lna le xeze kpui si me ne menya nya
de tae 0 la, oyata 10 gliawe mea WO
kpals menyagbaloaWC dze agbag'ba ale bQ woana
nug , mecta nyawe ll
nyawe •
(oomme c'est un fait incontostablG que rien n'arrive dans ce
petit monde sans cause, les créatours de contes, tout anal-
phabètes qu'ils étaient, s' efforçaient de donner une expli-
cation aux choses).
Le conte est donc porteur d rune science mais une science primaire
qui pourtant est nécessaire à 1 'hommo peur vivre sa vie sur la terre.
C'est cette nécessité inconditionnelle qui explique la préférence ma;t'l-
quée pour les oontcs de la causalité.
d -
Conte et fantasmes
Guide de 1 'homme d.8ns la vie pratique, le conte permet ~a1ement
à ce dernier de SI évader de la réalité quotidienne pour vivre ses rêves.
Dans l'intro duction à zà' akpo d,pka kpl 0 ~ek~ , C. G. Baëta écrit:
l

- 119 -
"vlo~a.
r
amegbet)
SIlofe susuwo kplo didiwo cl.f3 (14)
go fiana... ale ml. amegbetJWo ndedintl be nuwo nen
hafi zezeme meche~am:) 0 enye si••• "
"ils (les contes) révèlent les intentions et les désirs
profonds de l'homme••• "c'est ainsi quo nous, les hommes
nous voulons que les choses sa passent mais le monde no
le permet pas ••• lI
••• ).
Cette citation nous plaoe au coeur d'une problématique. Fau1;-il
oonsidérer le conte comme un réoi t moral malgré tout ce qui a été dit à
ce sujet? Le conte est-11 porteur da comportements.recommandée?
Ici
l'auteur semble induire que le conte suscite chez l'individu plutet une
sa.tisfaction de son pencabnt pour un aLli.re de justice. Cette idée re-
joint celle de Jolles q1lÎ., définissant le conte comme une Forme sim-
ple (15) affirme que oe qui le fonde, sa disposition mentale, c'est
l'idée "que les choses doivent se passer dans l'univers selon notre at-
tente". Nous sommes ici en face d'une éthique de l'évènement que Jolles
appelle "morale naïve". Ce monde fantasmagoLique où tous nos désirs se
réalisent s'oppose aU monde réel qui, lui, est tragique paroe que con-
traire à l'exigenoe de notre sentiment affectif. Cette fonotion onirique
du conte révèle se. dimension universelle. Ce désir de se donner le speo-
taole illusoire dG ses r~ves réalisé5 n'est pas une particularité d'un
peuple ou d'tme nation mais une caraotéristique de tout homme. Le conte
owe, oral ou écrit, n1éohappG pas à oette fonotion.
Le fantastique ne s'est pllS enoore constitué oomme une fo:rm6 àU-
tonome .dans la lititérature finTe. On n'en trouve des traces qu'en 1974
dans 1 !ouvrage de Glal>.'"Pe intitul' Adela magblJ aWO !cata 0 (16) (le chas-
seur ne dit pas tOlit) qui compte à pei''1.e 50 pages. C'est un ensemble
de réoits qui rapportant
rapportent des aventures de chasse et qui déterminent une
"...
fonne hybride tenant à là fois-:-/conte, du
mythe et du fantastique.

t1t
- 120 ,-
1
1
Tout se passe à Neghlek:.tfe.
Ntehlek:.tfe. Nutef~t) :t'ait la nuit un r~ve
1
prophétique, présageant un malheur. Le lendEmain on annonce
1
que le chasseur Adehenu, parti à la chasse la veille n'est pas
de retour. On Va 'à sa recherche et on découvre son corps dans
la forat, dévoré par un fauve. Se déroule le rituel des funé-
railles réservées à caux qui sont morts à la chasse. Ces évèn~
1
évèn~
ments font surgir dans l ' esprit de N~t~ekpJt, la funeste
histoire des plus vaillants et adroits chasseurs du village,
qui, il Y a quelques années, ont tous péri
carbonisés lors
1
lors
d lune battue aU feu. 1e village est voué à la malédiction et
le fétiche Xebieso (le cJieu du tonnerre) a juré de le détruire.
1
Nute.f9!q>ri3
avant de mourir, conseille à ses en:fants de quitter
!
quitter
1
1 e vill age pour fonder un autre où. règneront 11 amour du prochain
!
et la crainte de Dieu. Suit l'exode des émigrants.
1e livre se teJl'mi.ne par un récit qui prend llallure dlun conte.
1
Un vieux chasseur raoonte ses aventures de chasse. Un jour i l
1
rencontre la Petite Variole déguîsée en ~tre humain. Il la vainc
1
dans \\2.'1
u.'1 combat magîque. Cont.inuant sa route, i l rencontre une
tortue quî le change en son espè ce. Il se rend aU royaume des
animaux et trouve ces derniers rassemblés autour d'un blessé
grave•. Il recormatt l1:oiseau sur lequel il venait de tirer.
fous les animaux sont en colère et expriment leur haine oontre
llhomme pour ses perpétuels actes d'agression.
Le fantastique dont i l est question ici appara1t comme un ma,i.l-
Jon de cet ensemble. Il se si tue aU moment où on entreprenait des recher-
ches pour retrouver le chasseur
Adehen'll1

1es.
investigateurs,
après une première tentative, sont revenus aU village à la tombée de la
nuit, et se sont assemblée autour du feu. Arrive Alakpat,) qui tombe brus-
qUEJllent évanoui. Dakpe tente vainement de le ranimer. Peu de temps après,
il revient à lui-m&:1e et raconte son aventure:
Il. se pmenait dans 10 cimetière qui abrite les corps de ces
braves ohasseurs morts à la t~ohe. En traversant le cimetière
i l lui sembla entendre des voix etj88up s de pilons. I l aVBl'lÇa
la t~te et vit la lumière d lune
lanterne. Pour mieux voir i l

-
121 -
entra douoement dans le cimetière et se dirigea vers
le point lumineux. A quelques pas de là, il fut surpris par
ml vent fort qui se mit soudain à souffler. Ce vent souleva
une nuée de poussière qui lui emplit les yeux. Il fut aveuglé
et tomba par terre. Au même moment, il lui sembla avoir en-
tendu quelqu'un passer à c8té de lui en couraj].t. Il entendit
une autre voix qui discutait. Il s'immobilisa quelque moment
avant de recouvrer ses sens. En ouvrant les yeux, il trouva
le cimetière plongé dans le noir. Il perdit son chemin. Terri-
fié,. son corps se glaoa et il fut pris d'un mal de t~te. Il ne
pouvait plus marcher à cause de son état d'extr~e faiblesse.
Il se traina lentement jusqu! aU lieu O~L i l tomba évanoui.
Ce récit relève indubitablement du fantast:Lqus. Les évènezœnts
extraordinaires (voix,. coups de pilons, lumière, ouragan, aveuglement du
personnage,. obscurité... ) s'enchaînent d'une façon mécanique oomme t~lé­
guidée par une foroe surnaturelle. Les procédés de modalisation utilisés
4an.le réoit (ew,na ye abe ••• : i l lui sembla que ••• ) indiquent ,la réao-
tian du personnage. Pendant tous les évènements, il a vécu dans l'inoerti-
tude. Il ne pouvait pas savoir ce qui se passait. Il finit par prendre
p(Jur et s'évanouir.· N' est-ce pas oette incertitude qui fonde le fan tasti-
que ? Todorov éori t ::
"Le fantastique, c'est l'hésitation éprouvée par un ~tre
qui ne conna1t que les lois naturelles face à un évènement
an apparenoe surnaturel" (17).
Il faut toutefois noter que le récit ne s'aar~te pas l~ oar
i l s'achève par la réaotion de l'auditoire d'Jùakpat·- •
Nous lisons oeo1 1
"Esi wowu "utinYa sia nu la, wokploe yi efe
afanee be WOadze agbagba le e)uti elabena nusil'1o
kata wogblo la
fia. be ekpenu".
(quand il eut fini Bon réoit, on le conduisit lentanent à

-
122 -
la maison afin qu'on tente de l'exorciser car les faits
qu'il a relatés prouvent qu1i.J.. a fait une IIre..'Yl.contrell
IIre..'Yl.contre ).
Le terme de "rencontrell
"rencontre
a une telle charge ésotérique qu'il
lui
appro.-a1t nécessaire qu Ion s ry ar:r'~te ca;/ seul cl.onne la dimension et la
direotion du récit. La IIrenc ontre" fai·t référence à une croyance populaire
liée à la communication de l'hOmnle aveO les esprits ou les morts. C'est
le mode terrifiant de cette communication car elle n'est pas désirée et
se révèle punitive et fatale. Font cette IIrencontrell
IIrencontre
ceUz qui dérangent
les esprits en voyageant ou en chassant la nui t~ car ces derniers sortent
en ce moment là- Les signes de cette "rencontrell : vision terrifiante,
terrGUr, évanouissement, maladie et pa.r:fois mort.
morl. Ces esprita maléfiques
sont soit les morts (amekuku,ro), soit les fées (azizawo).
Cette brève explication no~~ ~er.met de situer le récit. Il
passe du fantastique aU merveilleux. Il n'y a plus de doute dans l'esprit
du persozmage, ni du lecteur. Les évènements admettent une explication
surnaturelle. L'aventure d'Alakpat'
, c'est son contact terrifiant avec
les eaprits qu'il a lui-m3me dérangés. l'Je 1 1
1 a-t-il. pas reconnu lorsqu'au
début de son récit, il énonce le proverbe suivant:
"Datsom..> kple ekpoe dOa
goll
(le serpont qui traverse le sentier ne rencontre que le
b!ton) ?
Le morveilleux dovien t plus explici te dans la suite des récit8~
notamment dans le dernier chapitre où un vieux chasseur raconte ses aVen-
tures 1
D'abord sa rencontre avec la PeUte Variole déguisée en ~tre
humain. Elle appara.tt couverte do plaies et suivie d'une nuée de mouches.
La scène de leur combat est une démonstration de force magique sur le
mode incantatoire.
t

-
123-
IlQuand il me vit, i l marcha. tout cli.'o~.-;; SUl1
SUl
moi dans llinten-
tion
tian de me heurter. D~Ul1 saut~ jG fis un mouvement ë.!esquive
et je tonnai sur lui. I l répondi'c et je tombai. •• - .Je tonnai
de nouveau et il tomba- •• .Je ccmpris alors que
s'il se r~
levai t, il me ferait beaucoup de mal et je m' €nvolai.
Qomme
un oiseau vers la maison ••• "(19).
Une autre fois, i l lutta contre un Hon. A la fin il du{ U~
de son pouvoir magique pour le tuer 3
J:Iml) eba la, meblu eye enumake me'k:p)
cJ.&>kLlinye le ati loba
de si le a;fima la tame"
(. -l. la fin, je tonnai et je me ret::':-:ouva::. f'oucla:i.n
~. aU des-
sus d'un haut arbre qui se trouva:"~ lh) < De son arbre, i l fit
usage de son fu sj~. ,
Un j our, il tira un oiseau. Celui-ci tomba et quand i l voulut
le ramasser, l'oiseau se trama clal1s un fourré· Il le suivit et l.fape:r-
9ut soudain sur un tertre. A peine est-:a arl':~'r2 2 cet endroit que la
proie disparut. Sa vue s 1 assombri-(;~ Lorsqu ~iJ. J.a r€couvra,
nitrouva
devant lui une piste clroi te. I l su::..vi t J.2 pis'î;G et Tencon tr~ une v:..eill ù
tortue qui vint à sa rencontre en se déplaçant, SUT les pattes de der-
rière. Celle-ci le changea en son espèce af5.n qU :il puisse se rendre aU
rOyaume des animaux. Four qu'il recouvre la forme humaine après son
expédi tian, la tortue lui remit sept menus caillau:r. I l devait
j etar
chacun de ces cailloux par derrière après s? ~:ferv-i pour décrire un
cercle
oercle imaginaire autour de la tête.
Le réoi t dee combats du chasseur témoigne de la manifestation
du pouvou- du verbe. Ce n'est pas un affrontE'...rnent physique mais un
éohange de paroles magiques avec
aveo un effet neutralisant sur l'ennemi..
L'intervention de la magie explique tous les évènements étranges qui
se sont passés
: apparitian, dispari tian, vol, métamorphose admettent
des lois surnaturelles. Il n'y a pas de place pour le doute ou l'in-
certitude
oertitude car
oar le récit
réoit a un code
oode d'explication
d'explioation des évènements~

... 124 ....
La fantastique ou le merveilleux eWEl se fonde sur le mythe
du ahasseu.:r. La croyance populaire veut que le chasseur soit celui qui
détient le pouvoir d'affTonter les esprits. Nlest pas chasseur qui veut.
C-est un personnage à aventures et son entrée dans la littérature orée
dl anblée le genre fantastique.

-
125 -
III
-
L A
POESIE
. . .
• ..
+.
La poésie ewe pose une problématique à quatre volets que
nous allons essaYer de cerner dans ce chapi tra : les problèmes de sa
filiation aveo la musique, le langage dont elle fait usage, Bon archi-
tecture et les thèmes qu'elle développe.
1 -
POESIE
ET
I>lUSIQUE
En ewe, la poésie est fille de la musique et l'une ne peut
~tre conçue sans l'autre. Les titres des ouvrages p09tiques sont révé-
lateurs à cet égard : ~~ (paroles de chants composés), H8.1pWe
Fe €5. be,
be (la voix des chanteurs), ~atu Le. ha.~10 (les chants d· Akpalu) .,
Poésie et' chanson sanblent donc ~tre deux notions identi-
f
ques. ~uh haw2 est la transcription des chants du vieux Akpalu.
j
ques. ~uh haw2 est la transcription des chants du vieux
j
Kwasikuma du lbreau of Ghana Languages affirme que ses poèmes sont des-
tinés à ~trG chantés (21). Le chant est un mode d'expression naturel
de l'Afrioain, donc de liEwe. et une source d'inspiration intarissable.
Cela explique peut-~tre qu'il nI exists pas de traduction dl oeunoes poé-
tiques étrangères comme on en trouve pour le conte ou le thé§tre.La
poésie ewe sort donc de l'oralité et à ce titra son entrée clans llécri-
ture appelle certaines observations. Dlabord le chant et le poème c1i:f-
férent aU point de vue de la fonction. qu t ils assument dans la société.
Le premier à fonction multipIs,
multiple, est exéouté par un groupe et à des cir-
constanoes détem.inées. Agblemag:nrm.
a établi justement une typologie
des chants et des fonotions qui leur sont attribuées clans la société
ev/e (22). L'exécution d'un chant est un BPactacle total où toute la
,l
J
1
1
J

- 126 -
population GSt sollicitée. ~t aU poème, il se réfère à l'acte
l1 acte du
leoteur solitaire. Il s'adresse à un public restreint car la lecture
fait appel à la connaissance de llécriture, ce qui, du ooup, oonfronte
la poésie à l'analphabétisme.
La seconde question relative à la poésie ewe résulte d'un fait
dlécriture. Sortie de l'oralité, quelle forme matérielle prend-elle à
11 écrit ? Conserve-'b-elle ses propriétés origllnelles ou se transforme-
'b-elle ? Nous retroUvons ioi le problème posé plus haut dans le cas du
conte. La présentation des poèmes en vers ne permet pas de répondre
d'anblée et olairement à la question oar à la réflexion deux élémenta
interviennent. Tradui'b-elle le souci des auteurs de conserver le poème
en tant que forme orale ou esi;-ce par :l'aspect d'une convention littéraire
inspirée de la poésie occidentale? A ce niveau i l semble pertinent dlob-
server deux types de poésie: la poésie écrite sous l'inspiration dlun
individu et oelle qui n'est que la oonsignation par écrit des chants
populaires_
La première recouvre 11 ambiguïté pos~e plus haut tandis que
i
la seoonde appelle une réponse nette grâce à certains indices qulelle
i
1
porte. Les nombreuses formes contractées et élidées qui fourmillent
r
dans le texte relèvent du langage parlé et révèlent le statut oral de
r
cetto forme poétique. Cependant qu'il slagisse dlune catégorie ou d'une
autre, la ponctuation qui appara1t dans les textes ne résulte pas dlune
technique de 11 écri ture mais elle est commandée par le rythme du locu-
teur imposé à ce dernier par 11 acte de parole.
Nous venons de voir llorganisation matérielle du texte poéti,,-
que. Il est utile de nous interroger à présent sur les éléments qui le
fondant c'est-à-dire les constituants du langage poétique.

-
1~-
2. -
LANGA.GE POETlcPE 1 DIALECTI[JtIES, ARCHAI~LES, OOHTRACTIOns.
C'est dans la po ésie que la langue ewe se manif este d.ans ses
variantes dialestales.
Quand il s'agit d'exprilIler leur expérience personnelle ou de
transmettre une vérité, les auteurs l'Q'D.pent avec la convention de l'Ewo
standard et puisent abondamment chacun dans son lexique dialectal. Dans
le poème B;,ia (23) écrit par G.
K. Kwasikuma, nous trouvons des expres-
sions comme "tsyie nebe miaw'
1" (que veu~tu que nous fassions) propre
aU parler local de Péki. Dans un autre poème AD~.Q!?:§p~..A (24) de Kiya-
Hinidza nous trouvons une expression analogue mais en at)l)
BOUS la forme 1
"nuka mew.)
?11 (Q.l'ai-je fait ?)
Chez le ohanteur Akpalu l'expérience est totale parce que, anal-
phabète, il n'use que de son parler local pour proférer ses chansons.
Le langage poétique ewe fleurit en images et ce sont les provel'-
bes qui e...'1 sont les porteurs. Pre..'1ons dans Akpalu .ft Hawo, (23) le poème
98 où le chateur
exprime son conflit avec le christianisme:
t
1bsotJwo, nt.U:l.) mia
'bdzi
t!1
Nye
1
ha manye hadzila m8l1~ dua me
Ame ~e mede Mawu gb~gb'na ~
.Anyakoa koe miele
N·'usianu (le) dz)C1Z)m, mia (le) w)w,)m
Nebe alJle degbee wodona
Vin2k) li zozo hati yevua Va
Wegbe li zozo haii yevua Va
Ka ZOZOEl nu W(;gbea yeyeywo do.
(Fidèles (chrétiens), occupe&-vous de VOs affaires,
j
Souffrez que pour ms. part je d_aure chanteur dans le village,
1
Personne n'est jamais allé chez Dieu et en est revenu
NbCs avons toujours habité à Anyako
.~
1)

-
128 -
C'est-là que tout se passe, que tout noU8 arrive,
Noi je dis qu·on ne parle que sa langue
Vinik,) est là. longtemps avant l'arrivée du blanc
La langue el"1El existe longtemps avant l' arrivée du blanc
"c'est sur la vieille oorde qu'on tisse les nouvelles") •
..
. .. ••• •• • •••
Ce proverbe gui surgit brusquement semble introduire une rupture
dans la suite des idées, mais constitue pourtant la structure du poème,
lui donne toute sa consistance. Cette image confère une allure percutante
à l'idée que le Blanc Va contre nature en voulant par son christianisme
ébranler une :jradition installée depuis la nuit des temps. Le poète peut
à la :ir.l.gueur, tolérer la coexistence de la tradition avec le modernisme
chrétien mais dans le fond c'est au dernier de se modeler sur la première.
La lang'lge imagé du proverbe tonifie, cristallise la pensée du poème. Ici
placé presque à la fin il porte l'idée aU plus haut point de son expression.
Ailleurs, oomme dans les poèmes 27 et 110 (26), placé aU début il fonctionne
comma un générateur et tout le reste du poème n'est que le développement
1
de l'idée force qu'il exprime.
Autre trait du langage poétique est le foisonnement des archa:lsmes.
Ces formes vieillils apparaissent comme des signifiants chargés d'une valeur
philosophique telle que leur absence diminuerait la charge sémantique du
poème. Elles sont porteuses d'une valeur émotive parce qu'elles évoquent
le langage des Vieux avec ce que cela oomporte d' expérience et de sagacité.
Akpalu illustre bien le cas, que nous pouvons considérer comme le dépo-
sitaire d'une sagesse vieille de plus d'un demi-siècle (z7).

- 129-
Donnons quelques exemples
Archet sm es
Synonymes
sens (28)
-_
-~.~.~.---.........-..-.-
....-......
.... -----
......
ne gbet~ dagba
le agbeme ••••••
ne gbet.:J kpe fu le
~. ai llhomme souff're dans la vie•••
agbEllle •••••
gameli wodin vi
gameli wo lalana ••
il Y a un temps pour se reposer
a.t~'dG
alakpa
mensonge
sui faia
veve
souffrance, douleur
r
al
,
r
dZ)gbevoe
malheur
,
\\
awaw,,:Li
ku
la mort
\\!
kakabi
~ea ~wo megbe
peu de tenps après
1
akoe
hotsui, ga.
argent (richesse)
gbeti
fiafit)
voleur
fiafit)
pipi
amesiame, musianu
tout le monde ; toute chOse
f1\\
!1,,
Enfin, le langage poétique ewe revêt une grande compacité.
,,
Cette propriét6 résulte du fait que la poésie abonde en fOrDes élidées
1
;/i..
l
et contractées. Ces dernières relèvent d'une réalisation d~~rsive et
1
}
ont pour fonction de pondenser, de comprimer le discours poétique. Les
1
i
exemples sont légion dans les textes 1
i1
1i
1
')
4
Jl
l
1
1j
1
1
1

,1
1
1
t
-
1?i) -
t
t
f,1
'yata
eYata
f'
da1ye
da aye
t
'nani
enani
r,.,ogbe
ewegbe
1
i
akpalu ' kuku ge
akpalu le kukug e
1
WOWJm
wO le elOm
i
le, le
lae, la ya
i
w;I!I1ade
w)
anIaa ~
\\,
1
Ces formes expressives qui affectent aussi bien le signifiant
que tout un énoncé, établissent un décalage entre le discours quotidien
\\
et le discours po étique, en m3me temps qu 1elles révèlent la poésie comme
un acte de parole.
1il
3. -
RYTRME
.
RYTRME
Dialeotismes, archalsmes, images, contractions et élisions entrent
dans le langage poétique à travers une orgl:\\l1isation qui se signale par une
certaine régularité. Nous appelons rythma cette structure régulière qui
fai t du poème ewe un texte oral. Cela: donne une "harmonie, un équilibre
mobile, provenant d'un jeu subtil de récurrences, d'échos, de contrepoints
et excluant la pure li ttérari té". (29)
La régula:ri té se manif' este d J Clbord dans la st1'Ucture des vere
tous construits selon le mtme modèle. Eh effet, dans tous les poèmes,
chaque vers constitue un énoncé à. une proposition présentant tp-ujours le
m&1e sah_. Considérons clans
.f
Hen)'WO
Gbe
les trois premiers vers du
poème de la page 12
1 nous avons ceci
1

-.
-
131 -
1 - Vid.Jit
e - nys yevu
/ ~arJ.t / 11 - est / blano /
2 - 14 -
e
-
d(l
ame
nu
0
/négatti' / il / mangeI'-habi tue! / homme 1 nourri.turo 1 pas /
.3 - E - . no
-
a
tsi
;so
e f
ts1nogo - e
1 il / hoit / habitual / eaU / de (provenance)/ scm/ verr~le
me ke
t~s 1 jusque /
(l'enfant est comme le blanc
il ne mange pas la nourritur. d'autrui
il ne boit que dans son verre).
.
Nous obtenons les sohémas d'énoncé suivants
Nous obtenons les sohémas d'énoncé
•.
~
1 -
li
i:ii
Ji
i:ii
8
P
-
8
P
S
(
2-
il
~
Vi
ml
ilj
S
p
-
j
S
p
0
l,i
3- !
yI
li
li
!
yI
li
J
8
- P
-
J
8
- P
ë
0
1
On peut observer. une oonstante dans l'orgarJ.isation des const;i,.
1
tuants de ahaque énoncé 1
1
1
1
,
olasse nominale - radical verbal - classe nominale.
1
1
Mais le poèul.e T~ (30) présente tous las artifioes de la r&-
cherche d'un ry1;hme~ D'abord nous retrouvons le m&1e type d'organisation
1
,1
1
,
!1
1

- 132 -
interne des vera que oelui que nous venons da décrire plus haut, et
oela, m&e dans le oas de deux propositians préseIlten tun phénomène de
syndèse. Clest le cas des deux premiers vers J
-
1
-
T~dzi nye t)sisi suea
d.e
1T)dz1
1
1 est 1 cours dl eaU 1 petit - un 1 certain 1
1
c.
..,
.."
\\
.."
S;1.
miena,
1'1mQ
go)
ha
1qui
1
1 maigrit / tarit 1 Meme 1 aussi 1
1.
r
t
(T'a..d est un petit cours d'eau
qui maigri t, tarit m&1e parfois).
1
t
Le poè te fait ensuite se succéder deux VGrs à propo sitions
syndétiquas , l'une terminant une indépendante, 11 aU tre commençamt
tf
une autre 1 •••
t
Ne ale sisim yina Tagbamu me (s'il court vers la lagune)
Ue Ada de nu eye wogbagba go la, (si la saison des pluies
1
arrive et qulil se gonfle),
1
La morphène relateur Ina! est un élément structurel. Suivent
une oaso&lle de couples de propositions toutes construites de la mime
faç~ :
U>
- a + verbe + m,
N)
-
8
+ verbe + m
/'fJ'«J.•••••mI est un élément compaot fonctionnant oomme un
morphème discontinu marquant le duratif. Le poète sien sert pour oone-
truire une ohatne plus ou moins continue de 21 couples de propositions
indépŒ1dantes entreooupées de 7 séries dlidéophones disposés en trois
:.: .•..'
.•.. ~., ..

i ·
- 133 -
A l'intérieur des propositions, l'auteur obtiont la forme dynamique
des
verbes intransi tifs par simple redoublQlllen t de oes derniers. Ila
pG~ent soit un mouvement dans son aocomplissement, soit un geste dans
son élaboration continue. Parfois m&1e la répétition s'ajoute aU redou-
blement 1
n)a.
bibim
,
,
n')a dz~m
t
i
n~a
xatsaxatS8lll ,
n'a
g,gl~
n'a
1
1
nJa
tetrom
,
lUa
gbagbam
1
nJa
tetrom
,
lUa
t
1
n3a
mimlim
,
n)a rnirnJim
~1
11.t,
J. 1. Jintériaur de la plupart des c::>uples de propositiona,les
i
énoncés sont antithétiques, chacun exprimant l'idée contraire de l'autre.
i,1'.,j,,'.,j
La l itam.a d' indépendantes s J achève sur trois vers composés de six oir-

constants presque tous oommençant par nto n
nto
(à travers), l'ensemble se
1
f
termine par "wu do
n
(débouche). A partir de là, le poète marque une
fJ
paUse, figurée par le tiret et le rythme se ralentit jusqu'à, la fin.
r
f
Le rythme dans oe poème est poussé aU plus haut point par une
l
série d artifices que nous venons de décrire. Le moroeaU offre un modèle
'
1
de composition
mnémo -
teclmique où oertaines réguJ.arit~B permettent
1t
une ménorisation faoile. Ce sont là les propriétés d'un texte de style
1
oral.
1
'1
j! ,
j ,
! .

134 -
T J D Z l
T ) D Z 1
Ilye t)si.si SUQà
~
Si miena, /ma g~ ha.
Ge,ke ne tsi dze. ka la.,
Ew.)6 adâ' 1'1'1.1 Amuga,
II 0 ole sisim yina Tagbamu mo.
Ne Adà' ~ n
rqe wbgbagba go la,
FnJa sisim, n,)Q totom,
N~ fiefiœ, n)Q hohom,
N~a ru t~, lUa kakàm,
N3a k.>lom, ~ SIlO dzem,
N)a. 'tli dom, IUa ha dzim,
N~ akpe sim, Il,)a 'te <\\Un,
N2f:l, mimlim, n:>e. mimlim,
N~a xatsaxatsam, nJa, gJeI)m,
~a bibim, nJa dz>dz)m,
N~ dll fum
n)a kpo tim,
N.)a fif'l1m, n'a vi dam,
N.:»e, totrom, n,a. gbagbam,
N'a anyi dzan, n)a f)f)m,
Le kpeto kpe agatowo me
EhJa ba etœ, Il,,)a ke C\\.Œt,
N)e. kpewo hom, Il)a atiwo mum,
N:)a lawo dz~m, ~a llwo wum,
N.3a kpo dom, ~ vo dEm,
N~a tsotsom, n»a anyi dzem,
NyemaIlyallla, baetaba~, bluh)bluh, ,
Drlhadriha; ~h'lJ ,
K)lik)li, geligali -

- 135-
N,)a clzudz,
tum,!Oa
gQf'li.
~,
N';)a di dom, n~a hohom,
r'
N,)a mamam, n)a jû
N)a go yan, n)a moiaiœ,
To aVG mG, to gbe mG,
To kpo me; to a.nyi. me
To ké me, 't,lUU dao -
Daefoo gbadsa, afisi
Eya kple n)V:1.a bubuwo
K~aa asi k) h~a
Wof m,z:Jz;..!)uti-dzG
Na wc ~eWO 10.
1

136 -
-
T)DZI
..T)DZI
N
T ) DZ l
est un petit cours d'eau
qui si aff.:ue. sècho mtma parfois
mais dès qu'il pleut,
i l devient plus fougileux que le fleuve Amu,
Lorsqu l:d Be préoipi~e ve1's 1a lagune.
Lorsqu'en saison des pluies i l se gonfle,
Il vourt, mug:1..ssant,
Bouillonnant, Be gonflant,
Eoumant, s 1éparpillant,
S'élevant, s'abaissant,
Criant, chantant,
Battant des mains, chantant,
Roulant; se roulant,
S'enroulant, se rtordant,
Se courbant, se redressant,
Courant; sautant,
)
S'effilochant, stagnant,
)
Tourbillonnant, stagnant,
1
SJécroulant, se relevant,
1
J
Entre les rocs, et les gouffres,
J
j
Emportant la vase, empcrtant le sable,
Vomissant les b~tes sur la rive, tuant les animaux,
Formant des rouleaux, décrivant des creux,
Se relevant, s'écroulant,
PtLle - m&1le, ivre, sens dessus dessous,
Limoneux, d'un ton rauque,
Bedonnant, imposant,

-
137 -
.Fumant, exultant,
S'enfonçant, remontant à la surfaoe,
S'éoartant, se rejoignant,
RGIllplissant son lit, tarissant,
A travers los arbres, à travers les herbes,
Dans la pierraille, dans la boue,
Dans le sable, pour enfin déoouVTir,
La lagune plane, là où
Lui et ses autrGs frères
S'embrassent et se raoontent
Les
uns
aux
aU tres,
l 'histoire de lou.r voyage.
(

1
- 1~-
4
- Techniqua stylistique: le jeu des al10cutifs et des substitutifs
_ _ _ - - - stylistique:
-- - . . . _ •
__ •

• .
• •
.• - -
-
.
- .
. . le
. .
jeu
. . . 1
des
.

al10cutifs
f t •
et des
. - . . -
-"'+
_
Les allocùtifs
allocùti:f's ri je Il et Il tu
tu. tt et le substitutif n il nIl communé-
maht appelâa pronoms
pronOlns perso:nn.eJ.s interviennent dans la teChnique de compso-
sition poétique et assument une fonction dans l'élaboration du message.
Dlabord le If moi Il (nye) et le nIl il " (ye) apparaissent dans une
relation d'identification. Prenons quelques exemples chez .Akpalu
llkpalu qui en.
fai t usage abondamment dans sos chants 1
Poème 74 1
Me-da akpe na dZJgbe nye
he /1 remercie /1 destin /1 moi
(j e remercie mon destin)
Vin:lk) be Ye--La.
Ye-La. akpe na.
na dl1i~gbe
dl1i~gbe nyo
/Vi:ro"Q/
IVi:ro"Q/ (dit) que /1 lui /1 remercie!
remerciol Destin /1 moi /1
Vin,)k)
dit qu'il romorcie son destiJ:D.)
Poème 135·:
Ne ~
1 dzim
wc 1
YG
dzum
/ je/progressif/le!
j elprogressif/le!chantar/ils/progressit'/lut,/.insul
chantariils!progressifllut,/.insulter
(je chante, on m1insul te).
Poème 176 1
Nyea
me -
yi Mawu
gb;)
he
/ quant
1
à moi / je suis parti /1 Dieu / Choz /1 déjà /1
(quant à moi. jo suis déjà parti chez DiEn)

139 -
Ne W~
c1e ~ vi - WC ~ lYe u
/Pour que / Il enlève / Saletés/ mauvaiso&-plua/loill,l1ui/da!
(poux qu'il me lave de mes mauvaises salotés)
Nous remarquons un libro j eu du " nyc II (moi) et du "Ye " (lui),
1 fun pouvant se substituer à l'autre. Soulignons dt abord qUe le " ye "
no s'emploie que dans le styla indireot. Ensui ta dans le prer:dar couple
de vers, Vin)k.l
est la nom - pour - boire (ah~) ) du chanteur. Le
sujet parlant se désigne mais an rapportant ses propres paroles oomme
si elles étaient proférées. par une tieroe personne. Le prooédé est plus
t1et- ~1es autrGsve:.;.soti±~· t+ me "'~(j'G'-~t tl '.fa " (il) s'allient
impmément. Il révèle l ' atti tude du locuteur vis-à-vis de son discours.
1e poète déoline la responsabilité de co qu'il dit et se pose oomme
l'entremetteur d'une foroe supérieuxe
supérieure à laquelle il est soumis. En effet,
.Akpalu définit le chant oomma une divinité qui le possède et qui le
tient irrémédiablement
SOUs son jougs
ll~e menye Mawu wonye lem Oa
Ne modmdz,)
nya sia ho If (31)
(s'il (le chant) n'était pas un Dieu
Diou qui m'envotltait
j'aurais déjà cessé cette profession).
Nous lisons aillcuxs 1
"Hasin3W) x, SG bo hakpakpa kple hadzidzi la tr;e ~nYQ
léa ame••••• ".
(les chanteurs croient que la oomposition musioale et le
chant sont une divinité qui possède les gens). (32).

- 140 -
Les paroles du poète sont des vérités divines quo doivent
assumer los hommos~
Nutsuak'
pour Ba part manifesta une préférence pour llalle>-
eutif de la 2ème personne du singulier qu'il réalise BOUS la forme If wo Il
ou par l'impératif. Cette fonction injonctive appara!t aussi bien aU ni-
veaU des énoncés qulà celui des titres.Donnons quelques extraite de
Hakpa.n.v:awo. (33)1
P. 8
1
fIe nu ne ga le asiwo
Na n~aha
fnYhyi aVa ~kuiwo dzi 0
(n t achè te qua lorsque tu as de l'argent,
pour ne pas attirer sur toi llonnui des créanciers).
P.11,§7.
lTm.; ~ net.:> hode ')ugbla 1W)
Lo agba si nw.a al ~utia ?
Enyaa ba Nawu ~ -~VOI.Jn'!"l-.
-,
Elya wOIIi na wo
'iayi'(ia ~a?
(Non frèra, t 1 ee-tu arr~té un instant pour méditer
-
sur la v:!.e que tu mènes ?
Sai9""tu qu'aIle appartient à DidU
Et qu 111 te J!a pr~tée pour quel que temps ?)
Dzi megaku w<:> gbeetagbe<te
~ mes ~ fe dzidzEIIle!)uti 0
IVia.wu do az~ na ameeiame
Ne t,)wo maYa le g3modzodaea 0
Eye mekp)e le ~tr, misa me
Abe ales1 nèlqJ,)
~
ne
GUO 0
la
La.1a VaSo
~ fie me
Mawu le o'W;)ge
na ,10 kokoko

- 141 -
(He te chagrine j amai s
oontre le bonheur d'un autre,
Dieu a fixé à chacun son heure
Si 1 a tienne ni arrive pas au début
et que tu ne trouves pas ton bonheur llaprès-midi
Comme tu 1 t as espéré
Prends patience jusqu'au soir
Dieu te le procurera edrement).
Qlel ques ti tree 1
BleJlUblO'W'U à Va ZU nane
(pa tianoe, tu auras ta part de bonheur)
Bu nu !).tti nyu!e
(pense bien à oe que tu fais)
Ts,e na Ma..
Ma ru
..
(Romets-t'en à Dieu)
La plupart des poèmes do Nutsualc:
sont oonstrui ts sur ce .oièle.
Cotto forme compositionnelle met an lumière la relation aut~leoteur.
Un dialogue s'établit entre le poète et le leoteur implioite_ Comme on
peut le remarquer, 00 type de disoours poétique reoherche un effet: re-
commander aU looteur des modèles de oomportOOlent, semer da,.."1s son ooetn'
la graine de l'espéranoe fondée sur la foi inébranlable en Dieu. Un tel
message éd1:fiant est le fait dlune poésie de la morale chrétienne~ .Aussi
1 teapect signifiant et le niveau sémantique de la poésie ewe formen1l-lls
une unité oohérente.

- 142-
Apres avoir analysé los constituants do la poésie ü~le ct la
façon dOnt ils
'Sont organisés, vcnons-an aU con tenu', c' ost-à-diro ce
qu'ello véhieu1e comme message.
5 -
LE
<X>NTEmJ
DE
LA.
POESIE
E~lE
~~-~_.~._. --_._--_.~._.-------~-
La grande vari té des suj ets traités rond malaisée une typologie
de la poésie ewe établie sur la base de oes derniers mais il s'avère pos-
sible d'opérer dos regroupements selon le mode d'organisation des pOèmes.
A ce niveau, nous en distinguons quatre types:
a
-
P.oé§L$.j nBjFrEitive
Ce genro de poésie rapporte un évènement historique ou de
notoriété publique. Le poètG devient le révélateur du passé, celui qui
s,ynthétise
et oonsigne la mémoire collectivo. Une catastrophe naturelle,
(
la porte d'un homme politique est évoquée dans sesJétails et sur le ton
10 plus émouvant. Dans ~ GARZ') le 1963 (34) (Un autre a eu lieu on
1963), NutsuakJ
évoqua les grandes crues de la rivière .Amu an 1963 et
les GIUJUis causés aUx populations avoisinantes. Lo m&1e poème fait al-
lusion à d'autres crues qui ont eu lieu dans le pays~) en 18
1 93,
1910 et 1917 • .Ailleurs, c'est un fait politique marquant comme la mort
de Kotoka que chante le poète .Akpalu. LG poème narratif' peut prendre
l'allure d'un drame où l'auteur met en scène un person.n.age. Il ranplit
dès lors une fonotion didactique parce qu'il offre un modèle à imiter.

<.'
1
,
-
143 -
1

1
Dans ~~e..J4. (36)/ Ho Israël Kafu met en scèno un j Qune écolier qui
t
gEJ.I!:D.e l'estime et la bienveillanco de tout :e monde parce qu'il est
obéissant et poli. Quant à B.A!{Si (Yl) i l illustre un écolier eXEJllplaire.
intelligent ct travailleur à l'école et labouri~ à la maison.
C'est essentiellement une poésie naturelle aU sens que prend
cette épithète dans l'expression "sciences naturellesll
naturelles • Presque tous les
éléments de la nature y font leur apparition ; oiseauz et animaux dOmes-
tiques ou sauvages, cultures des ohamps, 1 t eau, les astres, tout est
déorit avec un réalisme banal. On est fondé à lui trouvGr un dessein
pédagogique car un poème de Ce genre cC':~Ttitue
cC':~Tti
une leçon de ohoses où.
l'enfant déoouvre l'environnement. Les quostionl1.aires qui suivent les
poèmes ~torisent cette hypothèse.
L 1~le
1
utilise la poésie comme le proverbe pour exprimer se.
pensée philosophique. Nombre de poèmes sont un ensemble de ref'lexions
sur la vie, la mort, les relations humaines, l 'honnne . et ses aspirations
sur la "erre • L~élaboration de la pensée philosophique s' effeotue GD
dehors de toute théorisation abstraite et s'enraoine dans l'expérience.
Prenons oette phrase d'Akpalu 1
"ÂIIlea ~e
meva agbe n:>
geo"
(personne n'est venu dans la vie pour y rester).
:EIl.le exprime l'idée que la vie est fugaoe et que personne ne
résistè à la mort. Ce n'eat pas un discours théorique sur la mort.

... 144-
mais c'est l'idée CiU.i. anime la coraplainto qulil a c!lant4,lora d'un
d6çèa, 9-0r,10 née CPUl1.G e:x:pé21-enca vécue.
L'idôo do ln brièveté de la vie impliCiua ,qua l'individu sa
tOlll"!l.O vers Dieu, portaur de la vie éternelle. L 1 anti~christia:nism.e
du début Va 30 transformer chez Akpalu en une adoration du Christ :
Kristo ~sub) nYQa"W'U abosan
(l'lieux vaut adorer le christ que le diable).
Quant à Hutsuak)
, toute sa poésie n'est que la profession
d'une morale chrétienno fondée sur la foi ardente en Dieu et 1 réve>-
cation émouva.TJ.te de l'expérienoe douloureuse de Jésus S'tir la croix~
Dans ~~'qlO .f.e g~o , nombre de moroeaUx ont pour thème les grands. f.l ..,.:.
moments da 11 année liturgique (Noël, Pâques) ou la célébration de C~
tains prophètes.
La poésie lyrique ewe est l'expression d'un inclivi du de Bon
attaohœent à son patrimoine culturel. mlo se traduit de différentes
manières J c'est d'abord une évocation de souvenir.' historiques-
"*
Kiy~-udza oélèbrera dans !QT.s;;'tL.~l~
Kiy~-udza oélèbrera dans
(38) la grandour des mfu-a do
NUadj a- A partir cles vestiges de ces derniers, i l reconstruit un pp de
l' histoire des Ewe liée à la mémoire du roi AgJl::)1i. .Ailleurs, crest
la langue ai'le 'lui fait l'objet d'un ou1.te et que c..1.ante Hutsuak) • Tan-
t~t c'est tille âme 'lui s'émeut devan t un lever de sol eil ou un ciel
étoilé, tant~t c'est une voix 'lui vante la beauté de l~.Afrique. Le
lyrid1i9 chez .Akp.&l.u est personnel et s'épanche an laJ:lentations dans
ses oomplaintes.

-
145 -
IV
LE
THEATRE
1
-
.4Perçu histerique.
Le début de la littérature dramatique swe SQ situo dans les
années 1930 ~ Il €lst
marqué par la personnalité du RQv.F.K. F:i.avlOO
n6 le 26 décembre 1891 à Wut:i., nrronc1issoment do Kéta,
aU Ghana,
et
qui a collaboré t:res t~t avec les missionnairos allemands. Eh 19Y7~
il publio ~kp§t}J.i\\A (la cinquième lagune), une oeuvre de grande
valeur artistique ct qui. con:fèrc à la li ttératu.J:> 0 Ci're une audience
intornationaJ.o. Jattée pa;r des aJUatours owo, la pièce reçoit la même
annéo le Fix do l 1Institut International. .llfric.gJn do Londres. Toujours
la m&o années, elle n été publiée on anglais et en allomand. Nous llIle
savons pas ce qui a été produit avant cette date ou du reste nous n'Q1jl).
~VOIlS pll.S trace~ Mais do 1937 à 1945-, il semble quo llactivité ,drame-
turfP.-quo nit été interrompue par la guerre, car cette période-n'a COilllU
~~ publication. :Eh 1945, CeK. Ny:!mi écrit 1']Qç1;.i X'la na mi (Pour
nous est né le sauveur), une mise en scène> de la naissance de Jésus.
La période do 1960 à 1969 va coIUl.8!tre un regain
d'activité et des aUr-
tou:rs comme IDH et Kvl.M!IU.AB. vont st exercer à 11 écriture théatrale.
QJ.ant à Setseafia, il· s'ost illustré duns la traduotion de Shakeapea.re
(Mnoboth; JHl26 Ce8§F. LE! Roi. LeQl, R;i.chard II) et Aclinyira dans colle
de ~Iolière (Le Tartuffo). Lo premier aJ en outre, produit des oeuvres
porsonnol1ee comma Moçie AbletJ!1:
~ et T?S,bui KpetlLo II •
.A porti:r de 1970 , on note une absence totalo d'oeuvre drama-
tiquo~ Los auteurs sanblent so désinté~esser du théatre alors que 10.
nouvolle oonn:n.tt uno constante production. Nous notons toutefois à

-
111-6 -
ti tro exceptionnel Kp;li DZOIJgbe alo Gbe h(dzi de K"dzo ANDUl., oeuvre
h
• • •

#
*

prodll.ite an 1974 non édi téo mais qui 0. COImu uno largo diffusi:on. et
qui semble marquer une nouvolle orientCl.tion du théâtre Gwe.
Le théâtre pnro!t 8tre dnns ln l ittércttœe OWG ln forme.fplus
écJ.octiqtto

Au contraire de ln nouvelle ou du romnn, i l présente
une structure plus souple, moins Donoli thique et s'imprègne do réa-
lisne.. Ln société s'y reflète dons toute sa cliversité, créa.."lt ainsi
le phénomène d'une forme littérairo
littéraire dans sn relation avec l ' actunli té.
~'est-ce donc que l'actualité ewe ? Le fo.it fondcmental en est la mu-
tation d'une société passant dela
tradition orale à l'écriture .. Ce
passage est total parce qu'il s'accompagne d'nutres phénomènes: mise
en question d'un mode de vie séculaire et considéré comme rétrograde,
intégration des nouvelles valeurs liées à la civilisation do l'écrit.
C'est à ce double point de vue de la tradition et du moderniBlll8 que
l'étude du théâtre ewo para!t 8tre judicieuse.
2 -
THEATRE
ET
TRADI TI ON
-
THEATRE
ET
TRADI TI
Les clr~nturges ewe ont conscienco que l'écriture leur offre
1l
10 moyen de clarme!' une photographie du passé. La première oeuvre dr&-
matiquet T>1O ...At.~
...
lia
(19.:17) est une vasto fresque de l ~époquEl
d'avant la colonisation. C'est un drame dont l'argument est bien sim-
1
ple. L'action se déroula
déroule à l'époque de la chasse aUX esclaves, où sur
la ceta de la Guinée, il. n'y avait aUCune sécurité ni paix, rnais aussi
!
1 iépoque où les antiques
us
.et
coutumes des etlmiea ew&
f
étaient encore vivants parmi la. population.
r
population.
1
1

- 141-
T~ at~ia (la cinquième lagune) était l'endroit où p~ris­
saient les gens oond.a.mnés à mort 911 vertu du droit coutumier.
L~action dramatique oppose daux prétendants d'une jeun~ fille
l'un est tm jetma hotune hormête, Qllcore fiutun
(iu1un peu violent, qui
aime réellement la j eunErfille mais qui est pauvre. Le second
prétendant est riche, il a déjà une épouse qu'il ne traite pas
bien. Il s 'introduit douoeureusœent clans les bonnes grâces du
père de la fille; à laquelle l'autre jeune h')JillIle pla!t davan-
tage~ Le père insiste pour qu l elle épouse le prétendant riohe,
auquel elle avait été promise dès l'en:fance. Aussi ne cesse-t-
11 pas de l'inoiter à ce mariage. A la fin, la fille s'duit
avec Sa soeur oadette pour aller chez des parants habitant le
PaYs ewe proche des forts anglais, à l'ouest. Les deux jetUlea
filles, en cours de route, tombent aU pouvoir d'une expédition
de chasseurs d1esclaves nais aU tout dernier mOflent, elles sont
sauvées par le bon j aune homme amoureux et ses amis~ Ainsi les
obj ections du père tombent, d'autant plus que les mensonges et
les tromperies du riche prétendant sont mis à joor, de sorte
que celui-oi est livré aU bourreau. L'exécution, qui est décrite
aveo réalisme, selon toutes les formalités traditionnelles,
aboutit aU moment où le condamné est enterré vivant, mais son
rival heureux, vient, à minuit, Sauver g~néreusement son info~
tuné ,rival, dOIJrt i l favorise le départ en eril sur le territoire
de l'actuel DalJ,omey.
Le réaliam.e de cette piè ce ne laisse pas de plaoe aU doute.
Nous lisons dans la préf'aco 1
".Agbalevi sis do abe <Ula ana tao mia t)gbuiwo gb) .. ~,,(48:)
(Ce peti-t livre surgit, comme un messager dû nos ancêtres... ).
1
t
1

- 148 -
1
L'auteur point le m.ode de via de l'époque ancienne avec cc
1
qu'il y a de rigoureux et de violent dans les moeurs. Dana une société
1:
société
sans police, une sévère justice .coutumière châtie-
im.pi toyablement,
ceux qui .troublent la vie publiqUe. Pour punir ces deI'!l..iers, on les
1
frappe d'Blllellde, on les
Y.em.d
. C1U
on les mot à mort. La pièce il-
lustre oette dernière fom.e de justio&, le nnyïk.)1foll, ou la mise à
mort. Sans oondamner une telle rigueur de justice, Fiawoo explique
qu'elle était nécessaire dans une sooiété où régnaient toutes les formes
de violenoe : razzia, esolavago, guerre, bl'igandage, a..;1.ul tèro •••
Le drœnaturge rech6Tche le réalisme aussi bien dans les évè-
nœnents que dans le langage des personnages 1
"èbls.. ~ le tatlatse dom na agbale"sia zlëlawo be woalo to
~ yefè gbe ~ti nyuie, elabana Yale yef d;)dasi la ~
1
ge afia le yewo fe blan.à gbe I:}(~II.
1
1
(le messagQl' ••• prie les lecteurs de ce livre de bien prOter
atten tian. à sa langue, car il Va livrer son message dans la
1
langue des anoêtres).
Aussi, une époqa.e vi~e1le sous nos yeux sa;ns fard ni détour~
Le théltre, témoin de la tradition sociale veut t\\tre aussi
de l'histoire. L ''lm des faits saillants de 1 'histoire du peuple ewe se
trouve illustré dans la pièce de KvlAIillAR, ma HOYl\\.. NA
FI.A.GA
4G2IQk!,
(42) pa:ro.e pour la première fois en 1969. La tradition historique fait
état dé la migration des IDwe à partir de Kem, un royaUIile situé aU Nord-
Est du o~té du Niger. De Ketu, un groupe se dirigea vers l'Ouest. Ce
dEœn1er donna lieu à deux mouvements. Un rameaU s'établit sur les rives
du fl euve l-lono, et fonda Tado et l'au tre st installa entre le Raho et
le ldo, où 11 conatruisi t la ville de IJ3tsi~ Certains groupes de Tado
dont les
At)J.)
rejoignirent lT.)tsiê', une vi.11e entouxée de tr.rande mura1l-

-
149 -
1
las où le roi .Ag.)k)li exerçait son règne d'une mai..'l'J. forte. De N,)tsië,
1
i l Y eut un nOUVeaU départ vers les régions que nous connaissons ma.i.noo-
f
ma.i.noo-
i
t
tenant. Cette dernière migration a pris une importance capitale dans
!
1 'histoire les Ewei parce qu'elle serait liée à 1 'sxtr&e sévérité du
roi .Ag)k.)li qui en aurait été la Cause.. A ce point, la dimension histori-
1
que semble dépassés, faisa.."1.t plaoe aU mythe. Ce dernier fonde aujourdthui
une certaine Bolidarité ethno-cul turelle qui se manifeste tous les ans
f
1
par des cérémonies et des f&tes populaires. La pièce Eli.2l11.o.Ya s.a Fi,aga
;~!J~, reste dans le droit fU da cette tradition~ L'analyse qu'on
peut en faire n'est intéressante que dans la. mesure où elle montre le
1
visage que prend le mythe sur la. soène.
D'abord le contenu
:
La. pièce rela.te l'évasion des~· des murailles de
N»tia'; Elle s'ouvre sur une dissension, entre le roi .
.l\\g)k.)-li et le roi Sri. Ce dernier est le fila d'Asimadi,
ancien Ni de TadO qui a épousé une femme de la. famille
des Dogbos à N.)tsiê: Il s'est installé à N)tsiê'" à la mort...
mort
de Bon père avec le siège royal.
'Un jour une bagarre survient entre le fils d'Ag)k,)li et
celui de Sri •. Ce dernier présente un corps oomme celui
de son eni'ant tué dans la qt.UJ:J:'elle. Selon la loi du talionf
.Ag,)kJli devait dOIUler son enfant à ej~éeut~ .. Il se trouve
que le corps présenté par Sri n'était pas celui de son
enfant • .Ag,Jk)li se rend compte de la supercherie et entre
en grande oolère~ Cette qurelle est l'occasion que les
A]lJ
trouvent pour réfléchir aux nombreuses
ve:x:atioms
d' Ae;.)k;).l i et médi ter sur leur départ. Il a ei.gnifient leur
intention aU méchant roi qui les met aU défi de pouvoir
la réaliser. Revenus chez eux, les .A;l') consultent leure

-
150 -
clieux qui leur proposent un plan dl évasion. On demande
aUX femmes de j star sur un pan des murailles les eaUX
de lessive et de vaisselle. Celui-ci se ramollit aU bout
d!un tempe. Une nuit on décide de partir. On se rassemble
au pied du mur pendant que les tam-tams résoilllent pour
oouvri.:r la fuite. Après une prière, on enfonce une épée
dans le mur qui cède. Les AbJ.' sortent en s'av2.l1çant à
reoulons, les rammes et les enfants d'abord, puis les
hommes ensuite. Il faisait nuit et .Ag.)k)li sommeillait
encore.
La:: piè ce en c:i.nq actes, condense l' évènement historique et
)tassanble ses grands traits. L'histoire de l'erûant tué et tout le
processus de 1 !évasion sont des faits fidèles à la légende. Il en
Gst
est de m&e pour certains des traite de méchanceté d 1.Ag.:Jk~i : à.
l'acte nI, AgbonavJ qu'on a envoyé travaill.er pour .Ag.)k,;)1i, revient
couvert de blessures et explique :
"h~i rrlade anyia blu ge la, ana wots,) !)u.••
!)u
kple
)
1
f
f
atukpagbagbawo
de anyia me. H{a
af;,
tutu
f
f
f
J
atukpagbagbawo
de anyia me. H{a
af;,
f
a:nyi.a me kOa mi
abi ka!) JI.
(Avant notre arrivée sur les lieux, i l a fait mettre
dans la terre à pétrir des épines et des tessons de
bouteilles. Â peine avons-nous touché à la terre que
nous avons reçu force blessures).
/
Ca fait est égalŒlent relaté par Kwakume dans son ?rég;f,§
qtlIJ,a;tp~, du .J1§lple ne (50). VouJ.ant construire un palais
"Ag'Jk.)11 convoqua ses sujets pour pétriI' de la terre. Mais avant
l'arrivée des ouvrieœs, i l fit ca.cher dans la terre des épines et
des raquettes de cactus qui blessèrent cruellement les travaill~••
travaill~ 1"
1
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - "

- 151 -
Dana une autre soène, i l fait portèr à. Sri de la terre glaise
pour Q.u'U fabrique une oorde. Ce1ui-oi lui répond par le proverbe
suivant J "Xozoa nu wogbea yeyea êfll (c'est SUI' l'anoienne (oorde) qu'on
tisa~la nouvelle).
Sri demande alors que le roi Ag,k,li lui présente 1'ancienne
corde tis~~ aveo de la terre glaise pour lui servir de modèle. Le mé-
caant roi a été désaTmé par cette réponse. Une légère modification in-
tervien:t à oe niveau oar selon la légende, cette réponse aurait été
donnée par Teg1i, le plus vieux des A)l)
qui a survécu à la' terreur
d'Ag"k.)l1~ De m&1e certains noms de personnages comme A1.jJini, AsJg1i et
Atando ne sont pas des parsonnalités historiques mais des noms de
groupes ethnique El'1e.
La piè oe retrace le suj et historique aveo fidélité, et se dégage
de toute interprétation personnelle. Elle reflète la tradition populaire
qui insiste sur 11 évasion des Ewe des murailles en relation aveo la mé-
/
chanoeté du rol. .Ag;)lOll dans le but Ele montrer la volonté d' indépend.8nce
de oes derniers. De ce fait, elle a ign0ré jusqu'à une époque récente, de
rechercher les véri. tables mobiles de oette wigratic:m. Seul Théodore
Ga;yi.bor, clans sa réoente thèse (51) et à la suite du Père Pazzi, . !:I. pu
aborder la question d'une façon soientifique- Il déoou\\Te dans l'histoire
d '.Ag.)k,ili les traoes d'un vieux mythe "oommun à bien des ouI tures d' Afri-
que Sud sahariennell
saharienne ~
Le théâtre s' errracine dans la culture populaire traditionnelle
mais i l s'imprègne également de l'aotualité et reflète les traits de la
société m0der.ne~

- 152 -
3 -
'lHEA,TRE
ET
3) CIETE
MO DERlJE
..-.

•. e -• • . . .
Les points les plus saillants de la société moderne qui servent
de source dt inspiration pour le théâtre ewe sont la poli-cique et la re-
ligion.
La politique comme intrigue thé~tra1El n1appara!t que dans
tule oeuvre :.l)g"buj. K~l..9-.l.! (52), (-le ohef Kpeglo II). de Setsoa.fia. A
travers la relation du chef Kpeg10 II et Sa population, la pièce se
signale comme une profession de la morale du dirigeant.
Kpeglo, le chef élu du village (le l~okoroko,
se cliscrédite
son
llU!)Z'è s de sa population pari impudence,
son arrongance p~
vocatrG.oe~ son mépris pour ses aclmi.n.istrés et son irrespect
de la chose publique. Sa conduite irresponsable suscite la
révol te de la population, une révolte dirigée par le sOus-
chef Ruma. Toute lIintrigue sera le processus de destitution
du maudit chsf et la résistance acharnée de oe dernier.
Fermé à tout dialogue avec les insurgés, Kpeglo cherche le
secours des grands pr~tres fétichistes et de la secte de
l ~ Apostolic Church. Hais ceux-ci soi t le trompent, soit lui
imposant une règle de conà.ui te que son aITogance· ne lui
pem.et pas dtadmettre. 'JJ.ant à son ami Gobo Kofi, chef de
Dumenyo, i l feint de lui apporter son soutiœ
mais i l est
en fait du eSté des opposants. Un jour. KpegJ..o reçoit du
gouverneur George B1rdbath, un Anglais, une lettre qui. lui
notifie sa destitution~ Blessé dans son amour propre, i l

- 153 -
entre clans sa chambre et se suicide. La nouvelle de sa mort
suscite une joie populaire.
Devant le cadavre de son ami, Gobo Kofi fait des avances
à Kristi, l'une des femmes du roi défunt~ Kristi était
dt ailleurs la femme du soldat Kr'Po Bosu que Kpoglo a
prise lorsque oe dernier combattait en Abissinie. Horri-
fié par l'intrigue de Gobo KOfi, Kristi décide de se
venger. RI.le accepte- le rendez-vous du roi et avertit son
ancien mari Beau avec qui elle sIest réconciliée. Celui-ci
arrive sur les lieux, et tue son rival.
La mort des rois, tel peut être le titre de la pièce. La con-
tradiction éclate antre le pouvoir et le peuple et les deux fi' aifron-
{
tant sans merci. Le tableau des dix chefs d'accusatioo portés contre le
1
,
ahef Kpaglo
peut se résumer ainBi : abus de pouvoir, manqUe de dignité
,
,f
et irrespect de la chose publique. ~t à Gobo Kofi, sa délOyauté est
CaUSo de sa mort. D!une façon dialectique, l'auteur établit un code de
conduite du di.:rigeant : humilité, probite, dignité et respect du bien
public. A l'opposé du chef, la population de Kokoroko, éprise de liberté
est dœnocratiquenant organisée. La police, la justice, les organisations
syndicales et fŒdn:ines fonctioIUl~ent en parf'aite harmonie. Bien que
l'auteur se défende de représenter une persormalité politique ou une
société réelles, son oeuvre est une vision de l ' .Afrique moderne. La piè-
ce est écrite en 1968 , à peina une décennie après les Indépendances. Le:
d:ramaturg& a dt} Se rendre oompte de l écheo a.es régimes qui se sont
'
succédé en Afrique, éohec dd à la contradiotion entre les méthodes de
gouvernement et les aspirations des masses populaires_ Le chef Kpeglo
fait preuve d'anaohroni~e parce qu'il use de méthodes esolavagistes
pour diriger une population qui oonna5:t tous les rouages de la dœo<:n'ati.~
Son échec ni es'b-il pa.s une leçon pour tous ceux, afrioains, qui préten-
dant à la. gestion des affaires publiques?
l

-
154 -
b)
1e
théâtre
religieux
.
L'une des questions los pluS impot'tt:l.!1tes de la société ewe
aU
contaot de l'écriture est la religion. Ltentrée de cell9"ci se confond
avec 1 t arrivée dU christianisme ddnt 1.e thé~tro se présente comme un
moyen adéquat de vulgarisation. On peut s'étonner cependant que les piè-
ceB à sujet re1i.gj.eux Boient en nozabre réduit (nous en avons dénombré
à peine quatre) _ Cela s'explique pa.1' le fait que le travail de vulgari-
sation de la J3:1.b1e est en grande partie réalisé par les fomes orales
que constituent lee sermons, les catéchèses et surtout les groupes de can-
tate et de ooncsr"b-party. Le peu d'oeuvrώerites qui existent restent
dans le droit fU de cet obj ectif : connaissance de la Bible et ezalta'-
exalta'-
tion dlun christianisme éclairé. Les récits bibliques constituent la
trame de Ji~JÇ2J,a na lJ#Ï..I (pour nous est né le
Sauveur)
et
FHnYaJ.a .Fjl~ (le quatrième mage) • 1e premior illustre la naissance de
Jésus, le second- retrace l'histoire d J Ataban, un quatrième mage, qui,
selon la légende, ne verra Jésus que sur la croix. 1 a pièce est la reltr
i
,
tion de la recherche obstinée du sauveur par un homme dont oinquante
-,
f
trois ans d l
d 9ITGl1oe et d'épreuves nlont pas ébran1~ ln foi. Enfin Hede
ablots:L. è)ela
(j'a;1 épousé un "rev:enu" d'Europe) paru en 195'7,
à travers le personnage d'Ak'Jli un christianisme aveugle entaché de
fa.natisme et sans profondeur.
Bien que n'étant pas impclmé et donc hors de notre corpus, il
nous par~t utile de mentionner K,R21! Dp;omg.be a,J.,o Gb§ M~~ de Kodzo
.An.:1.kà comme l'indice d'une nouvelle orientation du thé~tre ewe. Sans sa
dégager de la tradition religieuse, il tend à se rattacher à la religion
traditionnelle_ La pièce est une illustration de première légende du Fa J
le Fa est une pratique divinatoire qui permet de déterminer le destin
de quelqu~tm~

- 155 -
Q.le1s
Q.1e1s enseignements peut-on tirer de cet aperçu général sur
le théâtre ewe? ]J!abord l'oeuvre théâtrale est constituée par des piè-
Ces de diniensione réduites. 1a plus longué. T,3g:bui KJ2.tgl.a.1.I.I fait
147
pages. CE! sont pour la plupa.:rt des petits sketches écri tg pour des écoles
primaires et les églises; d'oh leur tendance moralisante. Si, pour cel.'-
tains, 11 inspiration sEIIlble st enraciner dans le terroir, la tea..'lmique
de constructiQIl se ressent :fortement de l' inf'luenoe occidentale. Le :fait
est inévitable
attendu que les dramaturges sont :formés à 11 école de
l'occident. Devant certaines tiraAes de T)k,)
atll.ia,
on croit li:re du
Shakespeare. Ce dernier reste peuiJ..~tre la plus grande osuvre dramatique
ewe non seulement par le suj et mais ausei par la lazité de sa composi-
tion. Loin de se confiner dans les règles du théâtre classique, i l éolate
et devient le speotacle de l !univers etV'e. La querelle des deux rivaUX
nlest qulun prétexte pour donner un. tableau vivant d!une époque où. les
moeurs se révèlant dans leur brutalité. L1Jlexploit de l!auteur est d1fr
voir recréé le passé de Bon peuple dans sa pureté et dans sa singularit~~
Peut-~trEl est-oe la raison do son succès.
v
L A
NOUVELLE
...
+ . . . .
Nous avons désigné oonventionnellement sous le nom de roman des
:fQmes narratives :fictives dont la fable est 1 'histoire ou les aventures
de personnages imaginaires. Ce seul critère est insuffisant, du t'ait
de sa polyvalence, attendu qu'elle peut s'appliquer aussi bien aU roman,
à la nouvelle qu'eu conte. 1 a nécessité s!impose de les définir à pa.z-
tir de critères plue déterminants. Pour ce faire, nous observerons ces
ouvrages dlun double point de vue sYntaxique et sémantique~

... 156 -
1 -
.FONCTIONI'l:&l"lmT
ET
ORGMJISATIOn
DTTEIDTE
LI appari tion de ce type dl ouvrages peu t ~tre datée à 1914,
année où Sam Obia.'1.im a publié DE }lENYA
:t'lE
(si je savais) qui raconte
--
........
les moeUI's dissolues dlune jeune fille et sa fin désastreuse. A partir
de cette date en observe une interruption jusqutà 1 1
1 .Après-Querre(1946).
1
Est-ce 11 effet de cette dernière ou faut-il trouver la raison dans les
prob1èmes de la naissance d lun genre ? On penserait, par exemple, à son
insuccès auprès dlun public non encore acquis à la pratique de la 1eo-
ture ou trop habitué à la forme orale du conte. A partir de 1947, d'au-
tres récits apparaissent mais avec une périodicité allant de 1 à 9 ans.
Dès 1973, leur parution requiert une régularité et un certain nombre
est distribué tous les ans grâce à l action exclusive du Bureau of
'
Ghana. Languages (Accra). Aujourd 'hui on compte une vingtaine de titres
(39) ce qui représente un chiffre approximatif de 2,5 % de la production
totale. De dimensions réduites, ce sont des brochures comportant 30 à.
172 pages.
La première caractéristique de ces ouvrages est leur grande
ressemblance avec le genre biographique dont nous avons parlé dans un
chapitre précédent. Généra1emant le récit ne présente qu'une ligne de
force actantie11e centrée sur la vie du héros. N"ous faisons cormaissance
avec ce dernier dès sa tendre eIÛance. Ainsi en e8t-i1 de Mawuko LT;rtbi
!'iAl~WlAll) (40), Amuzu (Am.edzro Et3lia)(41), Kum;)dzi (~12ba ~, Ku
~) (42) 1 Dzanka (Nya NQ&l) (43)... Comme les biographies! certains
titres port~t le nom de leur héros~ Clest le caB de Homa.1izo, Agbezuge,
!Cofi NY8lllaln, T.,gbi rllawuena rI. Les noms des personnages collent tel-
lement à la réalité que les auteurs en ressentent parfois une g&1e.
ilussi prenn.ent-ils la précaution dl a,."'1Iloncer dans la préface que ces
noImS sont imaginaires et que toute coïncidence avec la réalité est
fortuite. Le récit entier est la relation dlune vie, celle du héros.

-
157 -
Certains éléments cependant maAquent leur différence aveo les biogra-
phies.Le j eu spatial et temporel dont fait usage l ' auteur, par exemple,
crée 11 invrai.tsemblable dont ne s' accol1ode pas le genre biographique.
Dans m~Qs..Q..~J Amuzu et sonétrangor effectuent an quelques sema~
nes et aveo u.'YJ.e l'égularité m~canique de nombreux voyages S'\\.U' mer, par
terre, par '101 et visitant tttout le Ghana, la Cate d'lvoireet le Togo.
Les personnages accomplissent des prouesses et sont douée d'aptitudes
extraordinaires qui révèlent leur essence fictive. Tel est Agbe~masi
dans Hl...llia.qi-A qui étudie brillamment et en quelques années les sciences
en :France, le droit en Angleterre, la musique en Suisse et la. philosophie
an Allemagne.
Le sujet, généra1enent court, est ordoyué selon tll1 rythme qui
anime la vie du héros. Tous les autres faits ne sont que des motifs qui
viermant alimenter et moduler cette dernière. Le mouvement est ascen-
tionnel, et llévènement amorcé aU début, culmine à la fin, donnant ainsi
une allure percutante aU récit. Cette culraination finale s l
s opère sur
deux mod.es 1 le mode positif et le mode négatif. Dans le premier ca~ un
ordre rompu aU début aU détriment d'un héros vertueux retrouve Itéqui-
libre à la fin avec la glorification ou rn&1e la transfiguration de ce
dernier. DorulOns quelques exemples :
après mille pér~inations, le héros
retrouve ses parents et le bonheur fami-
lial.
:u, œpbe1J,b.fl.·,.'l'iawuko devian
derient roi aprè e plu-
sieurs expériences douleureuses.
Kofi N~
Le héros mène seul dès l'en:fance le com-
bat de la vie et trouve une bonne situa-
tion sociale J
~ ses parents ruinés, errent longtemps e t -
reviennent à. la maiaen oouverts de gloire
et de richesse.
,~

---._.
'~-"""'_-"""--~'
&_----::;~.
·C
- _. . . .
'~-"""'_-"""--~'
&_----::;~.
·C
- _. . .
- 158 -
,!@..eAsp,:o
-
,!@..eAsp,:o ..§t~
* Amuzu vit seul clans l 1
l obsessiOn du sou- ,'<i
venir de sa femme, la retrouve et se
remarie. Le fils abanionné revient à
la. maison et se marie.
Le héros, au début la risée de tout le
monde, à cause de sa condition misérable.'
obtient finalement ,une distinotion so.-
ciale et suscite 11 admiration de tous.
: Le tragique destin de llhomme traqué par
la méchanceté des autres se transforme
en bonheur ; le héros se retrouve aU
sommet ae la hiérarchie sociale.
Dans le second cas, 'Wle harmonie étabUe aU départ se rompt et
se précipite dans le chaos. Dans W~ba~. ku _b~, Kumldzi dilapide la
fort'Wle héritée de son père, se ruine et finit en prison. Dans Nya zlz,2, ,
Dz~ , 'Wle a.ngtnique beauté pOu:r:Tit cOl!IID.e 'Wle aharogne. Ce besoin de
culmination explique peut-&tre que les héros ne meurent presque jamais.
Dana Oes récits 11 intrigue est presque toujours lUlique et les
persolUlages sont entièrement régis par les évènements. Les aventures
leurs tombent dessus comme un fatum. Le narrateur qui est 11 auteur tiEn t
les fils da l'intrigue et les manipule à volonté. Après avoir lu un cer-
tain nombre d'ouvrages, le lecteur finit par découvrir un mécanisme de
oonstruction. C'est un j eu verbal où la situation initiale posée, on
peut a.:~vin.4", la fin selon le processus d 1
d ench.a1nement des motifs. L'a~
tant principal ou le héroB manque totalement de relief et appara1t en
défini tiva comm e un simpla él ément s tructur el. Dans }9.SP;i;a..b;i;a, le j eu se
veut plus complexe grâce à un foisonnement d'évènements mais le héros
n'acquiert pour autant pas de personnalité.

..
: -.. )"'.
'~, '( -
: -.. )"'.
.~, '(
- 159 -
C'est l'histoire tumultueuse d I.un
I.
hoom.e qui
change au gré des évènements qui régissent fata-
Nyuiemodi
lement sa r t e . !
Gamesu, fils unique, semble
voué à la haine implacable des hotrunee. ~ B Bee pr6l'"
mière8 enn~es dtétudes, il se heurte à la malveillance
et à la jalousie de son direoteur d'éoole. Il tente
d'entrer en 6ème mais un envieux brO.le ses copies· 1.
d'examen et il n'est pas reçu. Il parvient tout de m&ne
à faire sea études secondaires mais à un âge avancé,
ce qui ne lui permet pas d '0 btenu une bourse pour
aller en Europe. 11. l'éoole de
Tano, il se fait
engager comme comptable. Il n'a qu'un objectif :
avoir de l ' argen t pour aller continuer ses études en:
Europe. Cette idée le tenaille et le pousse à puiser
dans la caisse de l!école. Arr~té, il est condamné à
dix ana de prison. Mais deux ans après, il s!évade en
tuant un policier qui tente de l ' arr~ter.
Il se réfugie à Lang:o sous le pseudonyme de V:emeIlYo,
exerce comme fonctionnaire c1nns un service Officiel,
joui t d'une considératian et épouse Tsom."X?, la fille de
son directeur. !<Iais les recherches contre lui se po~
suivent. Il est découvert et la police tente de l'a.rr8ter.
Il se défend contl"e les agents et an tue deux. Blessé, en
le transporte à l !h8pita! mais i l simuJ.e la .folie et on
le transfère dane un asile. Il s!évade et s'installe à
Ta! soue le pseudonyme de Eglo. Il travaille comme cais-
sier dans une maison de commerce, vole de l'argent et
s'enfuit à Miz-..mam
Miz-
sous le faux nom d'llgbedumasi. Il se
rend en Europe et étudie en France, en l ta!ie, en Espagne,
_ - - - - l

J.
J,~--
94, •.
-
160 -
am: Suisse et an. Allemagne. Sorti aVocat, il revient QU
PaYs. Commence le cycle infini des retrouvailles. Il
déba:rqueà GbJmi ta, prend hospitalité chez ses parents
qui nels reconnaissent l'aB. Ceux-ci tentent de le tuer
pOUl:' 8 J emparer de ses biens. Ils lui donnent tUl repas
empoisonné mais c' est leur dernier fils qui le mange et
meurt.
Agbedumasi se révèle et les parents éprouvent du remords.
U oonstruit tUle maison luxueuse/ orée un
cabinet et re-
90it 'beaucoup de clients. Il retrouve sa fE1llID.e Tsomx:: e t . -
son e:nfant MawueIla, rencontre son ancien direoteur d'éoole,
le déf'end dans une affaire et llengage dans son service.
Il retrouve également EZUBgba, son anoien ami qui l'avait
trahi, le sauve des griffes de ses oréanciers et lui
trouve un emploi dans son cabinet. Dans tUl bal, il re-
voit ~izi la fille de ses premières amours à l'éoole.
Agbedumasi vit dans l'opulence et la gloire, mais i l est
traqué par le sentiment de oulpabUité dont 11 désire
se libérer~ Alors survient une histoire extraordinaire.
Un hoIIl1Ue du village de X.hudu dont les traits physiques
ressEIllblent en tous points à Gamesu Hyuiemedi
et portant
le m&e nom est inculpé. A la cour, on énonce contre lui
quatre chefs d' accusation J
-vol d'argent à la trésorerie du collège de
Tano
- évasion de prison avec meurtre du gardien,
- meurtre de deux agents de police à Lango
- vol d'argent à Tai.

-
161 -
Agbedumasi, troublé, revoit comme sur un écran
le film de son passé. Il prend la défense de
l~accusé, se révèle, avoue ses crimes et se
oonstitue priaonnier. La cour, surprise, prend
se. déclarations pour un dél~ d11 à un trouble
men tale On le confie à un médecin qui ne décèle
aUCun indice de dérèglement de son système nerveux.
Son éloquence et la coh~rence de faits relatés ',.
convainquent les jurés. Ceu~ci décident pourtant
de faire acte de rémission à cause de son rang
sooial et de ses nombreux services rendus. Mais,
traqué par sa conscience, .Agbeduma.si erige qu'on
lui inflige trois ans de prison. La peine purgée,
il retourne à la maison couvert de gloire et reçu
en grande pompe par sa famille et la oohorte de
ses amis.
Dans ce jeu de construction une grande place est aceordée,'C:~ux
effets de surprise. Le cours linéaire du récit se heurte à des rebon-
dissements où se produisent des coups de théâtre. !U2biabia. GiD. offre un
e.Aemple
e.Aemp1e car lleffet de surprise s'y manifeste d'une façon récurrente.
C' est d'abord le héros qui est surpris par le spectacle du jugement, pui.a
ansuite la oour par les révélations de ce dernier. Enfin ces rebondisse-
ments de situation sont autant d'éléments pour soutenir l'intér8t du
lecteur. Cette méthode compositionnelleeot une constante qu'on retrouve
chez tous les auteurs. Dana Kafi NxaaW=.2 (44), Kubiaxl5" réappara1t plu-
sieurs années après qu10n l'a cru mort. Dans
~om~i~, Bengela eat
arr3té pour vol quelques j ours avant son mariage. On croit à une cata9-
trophe mais on annonce que le héros ost victime d'une machination. Le
véri table ;:. 'vwleu.r est arraté et le héros est rôhabili té.

-
162 -
Dans ~~~
(45) SeyrBI;1 parti à la recherche de sa
fianoée la retrouve et la conduit à la maison. Tout le monde s'appr3te
à les recevoir mais brusquement la fiancée meurt, le héros succombe ~
la douleur et tout tourne aU traeique.
Les traite caractéristiques que nous venons de distinguer
(fonne réduite, intrigue unique, culmination finale, personnaiJes
régis par les évènements~ effets de surprise, mécanisme de oonstruo-
tion), relèvent plutOt de la. nouvelle que du roman. A 11 exception de
IÇ,tügQlIle,
dont nous parlerons en son lieu, ces traits apparaissent
dans 11ensemble des oeuvrés considérées. La nouvelle ewe a une forme-
structurelle identique, qui correspond à un niveau sémantique précis,
à une thématique fondée sur la moralisation.
2
UNE
LI'PrERATURE
D'EDIFICATION
Dressons à partir d'un échantillon précis,. le paradigme
thénatique de la nouvelle ewe. Noua obtenons ceci
1
i
1


- 163 -
DATM
..
..,. "
..,.
1947
T~bi Mawuena II
Ascension glorieuse liée à la vertu,
misère des jaloux.
1
t
1949
llgbezuge
Irrésistible triomphe de la vertu sur
t
le mal.
!
1949
f
1949
Uomalizo
.Amour chaste, écheo de la tentation
g
tentation
{
!
.".
": <6
.".
":
1955
Kofi Nyamek:>
Aprè s la pluie, le beau temps :
1
bonheur aU bout de la souffrance.
r
1961
1
1961
Vani té de la vie
it
1969
Asi tsuat3é,wo
.Ebcal tation de la clémence
1
!
19'73
JImedZ3.'O et.)liQ
Bonheur conjugal retrouvé
iJ.
1973
RJJbia.bia
Injustice humaine
l
granà.etU' du repentir et du pardon.
1
.Ameclf menya. ets.)lIloo
La grace provi den tielle accordée
~
aU pauvre
Tragique destin de
1
11 amour ·::1désl.
Ku ~ fmawo
Tragique destin de 11
fmawo
amour
1974
w~ b~ Ku ba~
Déchéance comme rançon de la. débauche.

Houa observons un aae thématique unique, celui du bien et du mal.
1
Prenons un exemple 1 ..4lP:.te at3'wo (les cinq rivaUX)
rivaux) dekodjo A;veke. Il se
t
passe llhistoire suivante 1
!
f
1
!
i
1

1
1
J
1
-
164 -
r
A l'occasion de son ~Dniversaire, le roi
r
Hot)w'U dorme dans la maison royale une grande
f~te Où toute la population dIAgbato~~ se
1
trouve rassemblée. Les manifestations commen-
J
[
oées à 10 h du matin se terminent à 21 h 30
1
1
par un bal à l'issue duquel tUl concours a
J
permis de désigner Nyotugbi comme la reine des
f
beautés parmi une centaine de concurrentes. Le
f
jury et tout le public ont été unanimes pour
reconna,ttre le oaractère exceptioIl..ne1 de sa
beauté. ~s oet instant lJyotugbi est devenue
1
le rAve de tous les jeunes gens. Parmi les
l,
milliers de prétendants, seuls trois se se sont
milliers de prétendants, seuls trois se se
montrés ,intrépides et ont versé la dot pour le
mariage: Teekp) Alekew) " rIekam KurQ.o et
L)l"'l'U SenBlll. Une triple épreuve imposée par le
père de Nyotugbi permet de désigner le dernier
comme le futur époux de la fille. Jeune insti-
t'tuteur, beau et chrétien, L~l)WU célèbre son
mariage dans la joie et 1 1
1 admiration de tout le
monde. Il va par la sui te encourir la haine in-
transigeante de ses deux malheureux rivaux qui
par un fatal retournement de si tuation seront
victimes de leur propre intrigue et moUJ:'ront.
Les clifficul tés ne sont pourtant pas conjurées
oar L~>W'U. va endurer 11 épreuve de 11 infidé1i té
de Nyotugbi. Poussée par le désir obsessionnel
d1avo:Lr des enfants (elle n'en a pas eu après
plusieurs années de mariage), elle Va
le :Û1'OI1per
&TDo Sagath\\t. ob8t"1atI.lDcet'-omi de L:Jl:JWU, qui
l ' enlève. ~Iyotugbi revient aU foyer aprè s la
mort de Sagadu 1 L,)l~ l ' aocuei11e dans l'8lllour

-
165 -
et le pardon. Peu de temps après, ello
succombe à une autre tentation. Séduite par sa
beautG; TsoekOOl, ami de LlbVlu profite do ses
absenoes de oe dernier pour lui faire des avancée
réi téréas. Nyotugbi résiste pendant un moment;
puis elle cède clovant la tentative de corruption
de Tsoekan et sa donne à lui pour 100 cediea
que son mari n'a pas pu lui procurer. Par peur
de m01ll'ir à la sui te d'une grave maladie,
elle avoue sa faute. Encore une fois,
L,)1,)wu parcloIUil:e aUX deux parties.
'Nyotugbi comprend fil1.alement que l'amour qui la
lie à L)l)wu est plus fort que tout et qu'elle
ne peut trouvéF Bon bonhsur qu'avec lui. Ils se
réoonailien t et reoommencen t une nouvelle vie
conjugale pleine de bonheur. De leur union
nais-
sent deux enfants: une fille et un garçon dont
la beauté et l 'harmonie surpassent celles de
leurs parents.
Eh réduisant cette histoire à ses unités d'évènements, nous
avons oeai 1
troie rivaux aiment une m&te fille,
- le héros l'emporte et se marie avec elle,
- le héros end1ll'e des épreuves
- haine des rivaux,
trahison des amis,
~1fidélité répétée de la femme,
le héros triomphe et pardonne
les méchants (femme infidèle, rivaux jaloux, amis trat'b'es)
S01:Jlt punis ~

- 166 - .
Ces unités d'évènaaonts mises ensemble créent une situation
conflictuell.e où la vertu; en l ' 0 ceurr ence la clérnen.ce et 1'amour
s'affrontent à la haine, à llinfid~itét à la jalousie et à la
Oeci nous donne le SCbéma suivant avec an toile de fond la passion 1
PASSION
Nyotugbi
tentation
Sagadu
infidélité
Tsoekem
trahison
adul tère
MekalIl, Teekp~
jalousie
Ce schéna fi.gu;re une conception manic1léiste du monde où le
Bien est en lutte perp~tuelle oontre le MAL. Ce modèle de construction
est une constante dans la nouvelle ewe et témoigne de la nature e&-
sec.tiellement moralisante de cette forme littéraire.

- 167 -
La moralisation chrétienne est en ",ffet une dominante de la
li ttérature narrative 6WS. La situa.tion conflictuelle est présente
dans toutes les nouvelles et le Bien ost peint dans toutes ses formes:
ohastet' (NO}Il.eJ,ize), r~E!ltir (Hl;biabia), honn~teté et foi ardente en
Dieu lilg"b.ezYge), amour du prochain
-(tu dJ.j9 nA .!2) ... Partout c'est
l'exaltation de telle ou telle vertu. Les personnages forment toujours
un couple d'opposition: cPun ceté les bons, les vertueux, de l'autre,
les méchants : Agbezuge...Hotsonyame, Bangela~·lxa.baniso, lJIawuk~es frères,
TugbeAwofiaAlAtiwQ
Tugbell:WOfiaAlAtiwQ••• Dans ce perpétuel affrontement, les premiers sont
réoompensés et les derniers punis. Le héros vertueux est un modèle à
imiter; une vertu en acte. Son propre nom est la première forme de sa
~1
caractérisation. C'est un .si.g.nifiant qui le fixe à l'intérieur d'une
exigenoe qui est la vertu 1
L~l'wu 1 .amour plus fort que tout,
llgbezuge: la vie est devenue une querelle
SeyraJl;
.: le destin mt
m a béni
~wuko
J j,ieu seul est juge
Cette. exigence originelle s'affiche comme un destin auquel
le personnage n'échappe peg. Tous ses faits et testes répondent à
cette logique. L~:JWU pal:donnera cinq fois aU nom de l'amour auquel i l
voue un cul te. Pour llgbezt1€6,
toute son existence doit ~tre un tissu
d'épreuves. Aussi les malheurs lui tomberont - Us dessus sans moti-
va.tion, par fatalité • .à. ls page 100 nous lisons :
"llgbezuge z) towo kple haliwo me he1e yiy1m abG alesi
ya IJa taro de nu n::>a
yiyim ane, eye menya afisi y1m
\\
wole 0".
(Agbezuge traversait monts et vallées, s'envolant oomme
un fetu. que le vent emporte sans savoir où il se ren-
dait)~

-
168 -
Comme cette poussée fatale vers l'inconnu, il se profilera
dès 1 1
1 erûance jusqu'à l'âge m{lj"
innocent, dans un monde sataniquo
Où les méchants s'acharneront contre lui. Nawuko sera sauvé des grif-
fes de ses frères envieux comme par une grâce providentielle. La vie
de ces personnages progresse constamment et s'épanouit comme un feu
d'artifice par une glorification. Agbezuge retrouve ses parents et
son enfant, Mawuko devient le roi Mawuena II, Bangela épouse
Nomalizo, Amuzu se marie. Agbedumasi, Kofi ITyamekJ
et Senam obtien-
nent une distinction sociale qui leur vaut l'admiration de tous.
Seul Spyram
meurt dans Ku d,i: f
na wo, mais sa mort n'est que
l ' abou tissement de son amf"'ur pour Tugbeawofia. A ce stade elle devient
une glorification de l'amour du procha~.
Faisant pendant aux héros vertueux, le personnage méchant est
un anti-modèle. Il est aussi fixé que le premier et suit aussi inexo-
rablement son destin. Kum~dzi ~sur le chemin de la mort), TS1akem (paJ:'-
donne-moi) KubiaxJ.:>
(la mnrt vengeresse),
Mxabaniso, Dzanka......
illustrmlt le mal dans sa diversité: arrogance, malhonnêteté, méchan-
ceté, adultère, anti-christianisme. La malédiction
les peursui t, la
mort ou la
déchéance est leur sort. La situation conflictuelle se
dénoue toujours à leur détriment. Kwn,:,dzi finit comme un exilé, D'21~,r':!l.:IA
pourri t comme une charogne, Mxabaniso se retrouve @
prison.
On dégage ~l définitive de la lecture des nouvelles une philo-
sophie chrétimme fondée sur deux principes : le premier est que le
monde n'est que vanité et ne contient que des désillusions:
" agbe sia me nU'l'l'o nye tof10ko ko "
(les choses de cette 7ie ne sont que des vrolités).

1
f
-
169
1
l(
Tel est le sous titre de Eomalizo. C'est pourquoi Kum)dzi et
Dzanka trouveront dans leu~ désir immodéré du plaisir matériel la raison
de leur déchéance et de leur perte. Le second principe ost que le monde
est régi par le principe du bien et que celui-ci est seul ma1tre. Le
principe du juste retcur des choses s'applique constamment ct 10 mal
quel qu'il soit n1échappe jamais à la punition. C'est la leçon que sem-
blent dormer les coups de théâtrE: qui se produisent souvent où le méchant
est toujours découvert et puni.
Cette analyse délimite les frontières de la nouvelle ewe. Celle-
ci s ' apparente par bien des traits aux Formes simples. Elle présente
des ressemblances avec la légende par la figure édifiante et exemplaire
des héros; du conte elle tient le désir do créer chez le lecteur l'im-
pression d'un erdre de justice restauré ; enfin elle emprunte dea éléments
aU proverbe dont se ressen ten t certains titres qui ne sont qu'une trans-
cription des dictons populaires J ame~ menya ets)
me 0 (personne ne sait
l 1avenir) ; w.)
badt, leu bacJe. (à mauvaise vie, mauvai%mort) ••••
Ayant une architecture propre et se nourrissant de tous ces traits, la
nouvelle ewe se veut une forme synchrétique à la limite d'un genre et
d 'Ulle Forme simple.
VI
L E
ROMAN
Un phérwmène curieux dans la production littéraire ewe est l'ab-
sence jusqu'à une époque récente du genre remanesque. l'Tous venons de
montrer que ces ouvrages que nous avons conventionnellement appelés des
romans no sont en fait que des nouvollos. Ce n'est qu'en 1970 à Accra
(Ghana), que paratt le premier roman owe par los soins (lu Bureau of
Ghana Languagos.

- 110 -
Il a été écrit en 1968 lors d'un concours de livre on langues
nationales organisé à Accra par le gouvernement ghanéen. Il a obtenu
10 premier prix pour la langue ewe et e. d' abord paru en feuilleton dans
le D,gj,ly graphie organe d' in:forma tian ghanéen. Son auteur Seth Akafie.,
né à Tanyigbe en 1940 dans le district de Ho (Ghana) est agont des
P.T.T. à Accra. Lo succès du livre a valu qu'il soit mis au programme
dos écoles sGcondaires et une deuxième édition est sur le point ~)~',de
paraitre. La sujet ost uno énigme criminello que l'enquête du détec-
t iva Agbeko Va dénouer.
L'histoire so déroule à. Tanyigbe, village natal de
l'aute;ur. A quelques heures d'intorvalle cleux CaS
de meurtre sont signalés.. Los victimes sont deux
porsonnes d'origine sociale différento: Robi~,
un jaune ouvrior agricole du village ot Kokoroko,
un vieillard ronoIl1illé pour son immonso fortune.. Le
gouvonlcm~lt ghanéen confie aU détective Agbeko~
le soin de découvrir los criminels. Tout le récit
n'ost qu'une sui te d" enquêtos menées par CG dernier
pour accomplir sa mission. Après un travail patient
et judiciouz~ Agbekc découvrü les fils secrets de
l'affaire: la richesse et l'héritage, pistes salu-
taires qui le conduiront à la source de l'énigme.
Tout le ressort de la fable se concentre sur la
petit~-fille de Kokoroko, Y3~ee. Orpheline,
Y':>:JQmee est fille unique de l'unique filla de Kokoroko.
Elle est donc censée ~tra l'héritière du vieux riche.
Y~z:lllee est l'objet de convoitise de deux rivaux, .~
X. .)meku et Zanu.
X)mcku est l ' arrière petit-fils d'une demi-soeur

- 171 -
do Kokoroko. Son voeu ardent ost d'épousor
Y~0e dans IG but avoué de raffermir les
lions familiaux et de conserver dans la fa-
1
fa-
mille la richesse de Kokoroko. Y:>x:JIlGe nIé-
1
prouve aucun sentiment pour lui et n'a surtout
!,
1
pas envie cl' ~tre la seconde f GroIne de 7~eku
i
déjà marié. x,meku tente de s'assurer la com-
déjà marié. x,meku tente de s'assurer la
plicité de Kokoroko, confiant que celui-ci
1
fera pression sur son héritière pour qu'elle
r
accepte ses avances. Mais 10 vieux se refuse à
1
toute influence sur la fille et lui laisse l'en-
tière liberté de choisir son époux. ~:'meku en
éprouve un ressentiment et jure de se venger de
lCokorok••
zâllu ost le rival favori. Il bénéficie de l'amour
de Y~~ea quJil a rencontrée au temps de SeS an-
nées d'études. Elève, il passait ses VaC~lcea chez
son aimée, dans la maison de K0ror@ko. Après leurs
études, ils sont affectés commo institutüurs
à
1
Tanyigbo et vivent comme époux des li bérali tés de
f
Kokorokc. Zinu a des promesses brillantes car le
1
mariage avec YJ~ee lui rap~rtera toute la ri-
chesse de Kokoroko. Hais il sIen est ù.éjà fait un:;·····:t
1
droit ût ressent la présence do Kokorokc comme
1
une restriction gênante à ItoxercicG do co droit.
1
Il décide de mettra fin à sos jours et d'éliminer
t
1(
ainsi l'obstacle. Un jeur il assomme le vieux dans
son champ à coup de coupe-coupe après avoir eu le
soin de mettre les chaussures de son rival X1mQku.
,
i
1
!
1
1

..
- 172 -
La veille d.0 cos évènomunts, X.)IDoku a eu une al tOI'-
catien avoc le vioux Kckoroko. Il décide lQ lendemain
dlallor 10 tuer dans son ch~p. Il arrivo et décou-
vre son corps englué dans le sarlg. Il sien rotourne
mais sur le chemin i l roncontra Hobi~u qui rovenai t
des champs. Témoin gênant qui pourrait fairG des dé-
clarations contre lui. Il le.: tue.
La perspicacité d'Agbekc a été do reconstituer cos
faits et d'amener les coupables à avouer leur crime.
Tous deux sont jetés en prison. YJX)ID00 se suicide
at l'histoire se termine par 10 testament de la ma-
lheureuse héritière.
Caractéristiquos
Avec KuJ"eJOme, nous rencontrons une forme romqJ1.0squü, uniquo
dans 10 genre ct par 10 thème. Comportant 176 pagos, c'est le plus g~s
volume produit jusqu'à présont. Le récit dialogué ost bâti sur un dou-
ble axe de fonctionnement: question-réponso. Los évènuments se dérou-
lant devant lc::s yeux du locteUJ.' oommo dans un spuctaclo
spuctacl0 Où l'auteUJ.'
n'intervient que pour donner des indications scéniques. Le taxte foisonne
d' oxprùssions qui introduisent un discours ou peignent un gest",. Sur une
page ouvorte aU hasard nous lisons (Cf. p. 17).
"Kugblenu yi ta mG sa\\hcgbl:>bo, "••• "
(Kugblenu réfléchit un peu ct dit.)

- 173-
"i1gbeko yidzi nE
be, Il ••• ''
(Agbeko continua :)
"Agbekc
~
~u nt be, "
"
(Agbeke lui répondit)
"Kugbl1hu tr)foto la ale, tr)e alo," ••• "
(Kugbl~lU tourna et r6tourna la photo et dit :)
"Agbeko t.> asi edzi n(
be, Il ••• ''
(Agbclco toucha du doigt ct lui dit : ••• )
Cette forme compositionnelle a pour offût do croer une diversité
de centre d'intér~t. Plusieurs lignas do force
so dégagent. D'abord
Ilmlqu~te du détective, ses questions lllsidieusos, la collecte dea in-
formation. Ello s'effectue avec une décontraction et un dilottantismo
trompeurs. On croit à une cortaine désinvol turc
vis-à-vis d'une situa-
tion qui pourtant rev~t une gravité. Quel rapport immédiat entre une
chaussure que ~meku a perdue et le meurtre du vieux Kokoroko ? Suit
la phase analytique où Agbeko se livre à uno gymnastique intellectuelle,
un pur jeu de puzzle. Il classe et crée une cohérence dans les faits,
établit une hypothèse, démontre sa fausseté ou sa débilité. Il la dé-
J
truit comme un châtoau de paille et recommence avec d'autres éléments
t
apparemment inconciliables.
1
t
1
t
La seconde ligne de force est multiple à son tour parce qu'elle
ost dessinée par les déclarations des porsonnes interrogées. Leurs
1
~~, leurs discours sont autant de centres d'L'1térêt qui donnent
l
l'impression d'une prolifération du récit. Tant8+, c'est Y'~meo qui
l'impression d'une prolifération du récit. Tant8+, c'est Y'~meo
raoonte sa vie dans le ù étail, obj et de convoi tise ùe deux amants. Sur
co récit se greffe l'histoire de la fortune du vieux Kokoroko depuis
sos origines jusqu'au moment présent où se pose 10 problème de l'hé-
ritage.
1

1
- 114-
1
itl
Tan. tet Cl est X)meku "u Zâhu qui tour à tour racon ten t llhis-
Tan. tet Cl est X)meku "u Zâhu qui tour à tour racon ten t
i
taire de leurs amours avec la riche héritièro. Ailleurs, c1est le
1~
le
i
combat entre Agbeko et zà'b.u venu la nuit pour détruire les documents
i
de l'enquête et brouiller la piste. Là l'intrigue so cristallise et
r
i'
progrosse rapidement vers 10 sommet. Zanu arr~té, aVoue son forfait.
f
!
~eku. également avoue son crime. Le réoi t culmine à cot endroit ~Ù
1
188 doux criminels sont arratés et jetés en prison.
Nais contrairement
!
à la nouyollo, l'histoire continue et se termine par le suicide de
à la nouyollo, l'histoire continue et se termine par le suicide
...
t
... :
Y~xJrooe. Là l'intéret s'est affadi puisqUE: ce dernier évènoment était
f
prévisible. Agbcko l'avait prédit et avait fait &lfermor
&lformor Y~oe
Y~oo à la
police par crainte de
do suicide.
Cette brèYO analyso nous permet do dégager los traits qui dif-
1
férenciant Ku le ;;Q1Bo, comme roman, (le la nouvello ewe. DI abord la
multiplicité d'intrigues, onsuite le mouvGID.cnt du récit. Celui-ci
1
progresse dlun~ façon linéaire alors que la nouvelle prend une allure
i
allure
c,ycliquo par les retours de situations. Il atteint son point culminant
J
,
avant la
fin du récit. Le héros nlest plus régi par les évènements
1
mais il acquiort du relief, lIlèno l' histoire et la marque de sa per-
1
sonnalité. Somme
toute, Ku 10 xJme est une spectaculaire démonstration
de l'habileté et do l'ingéniosité dlAgbeko. Ku.gblenu, la commissaire
de police de la ville d'Accra, joue aux côtés du détective le rOIe de-aL-
ro:i:r grossissant. A part iLca coups de téléphone qu'il donne pour
1
indi-
t
qUer à ce dùrnier une enquôte à faire ou se renseigner sur l r état de son
t
évolution, sa fonction dominante ost de prodiguer des éloges à Agbeko
sur ses compétences. 1'out 10 long du réoi t, son discours est du type :
1
"Agbeko, nukume nenye ll
nenye
(Agbeko, tu os ml homme prodigll).
1
t
1
i
Lo romancier disparaît du ré ci t et 10 lecteur ne sc trouve
~
engagé dans 10 processus d 1 onqu~to que par l'intermédiaire du déteo-
tive .Agboko.

- 175-
2 -
Ku 10 x>.me Gt la tradition romanosquü
---
-~---_.
romanosquü
-~---_.~._._-_._------
Ku le
x,me sembla nous situer d'une façon définitive dans
1 'ordre social~ Cependant nous y retrouvons un faible écho de la
moralisation que nous pouvons maintenant considérer comme une tradi-
tion do la littérature ewe. Lli-lyrisme vibrant du testament de
Y3:omee se termine sur une leçon de morale à l 'homme sur la vanité
de la vie 1
!IWo .Amegbeto; dze si Tl' _ '~l"lO bena, zexa sia me men e
naneke o~ Hotsui kple xexcame f kesin nu bubuwo
mon a
ame si ~aa o. XexOOle nuW'o k00 wonyo, eye
miagbl~ wo rti hâ:. EJy~u ti wonyo toflQ..1{owo fe tofloko
delco ko. Xexeme fa nudzroame simro zu bleziblezi
mie10 nyanyam z~kple kcli; ••• 11 (cf. p. 176).
(toi, homme; reconnais ces faits quo co monde n'ost rien.
L'argent ct toutes les autres richessüs do la tarre ~~
sent
jamais dûa acquis éternels. Ce ne sont que des choses
de la terre ct nous les quittorons. Pour cola, elles ne
sont que vrolité des vanités. Ces désirs de la vie sont
un mirage que nous poursuivons nuit et jour; ••• ).
A ce discours édifiant, s'ajoute l'intention latente de l'auteur
qui veut conféI'GT à son lileUvre une vertu carthartique. Pour lui, la
littérature doit guérir un mal qui existe dans la société et qui n'est
pas immédiatement décelable.
Hais i l ne dit pas le nom de co mal.
S'agi1;-il de llhomme criminel en puissance? Dans ce cas le romanesque
criminel le libérerait de sos passions. Hais le ~oior If'c~e
aucune importance aUx actes criminels. On n'en perçoit que le résultat
(mOUJ."tre de Hobi'"'a;jU
et de Kokoroko), et ce dernier n J est qu JUIl pré-
texte pour mettre en marche le mécanisme de 11 E:nquflte. De plus) les

-
176 -
criminels sont punis, ce qui laissé pOnse!' moins à. un désir de liber-
rér lthomme de ses passions que de les réprimer. En tout état de
cause, nous sowrres fondés à croire qu'il s'agit là d'une spécualtion
dt au tolU' à qui Son Oeuvre échnppo'
échnppo, Car la véri table mesure de Ku1eyme
se trou~e dans le d~lassement qu'il offre à l'esprit du lecteur. Ce
qui frappe l'imagination, c' estf~ue Juliette Raabe a appelé "la poésie
de la raison", c'ost-èr-dire l'une démonstration ingénieuse ••• la r~
solution sans à
coupe d'un féritable problème d'échecs à peine
sorti de 1 i abstraction Il (47),;
Outre les traits de cO!llpara.~C:l que nous venons de relever,
l'opposition entre la noàvolle et le roman appelle un certain nombre
drobservations_ Dtabord le premier rOillan ewe relève du genre policier.
Pour curieux quo le fait puisse para1trc, cela seLlble tout simplement
résulter d'une logique. L'auteur dont le niveau d'instruction n'est
Pile très élevé (46
(4 ) Cl une préfércnoo avouée pour la lecture d'ouvrages
polil"ie!'s. Il n'est pas étonnant que, se sentant une vocation
Vocation d'éori-
vain:, il USe des élém~ts de son terroir (langue, cadre, personnages)
pour traiter un thème qui lui est cher. I·1ais un autre fait mé:ti te
qu'on s'y ar.r~te : l'opposition nouvelle/roman reflète le rapport
ville! oampagne. La nouvelle est le gAnre de la campagne. Les nouvel-
listes choisissent toujours la province pour cadre de leur histoire
et les gens riches sont des gens de la paysannerie llYant des bians aU
soleil: grandes plantations de café et de caco, moulins ••• Les autres
personnages sont des cultivateurs)des pêcheurs ou des forgerons des
villages ewe. Lore~ue la ville est évoquée, c'est sous des couleurs
préjoratives : snobismG rébarbatif, corruption, débauche. KunOdzi (47)
n'a-~il pas fait à. ses dépens l!apprentissage
llapprentissage de la 7ie citadine?
Fils de paysan, i l e installe à Accra pour mieux dilapider l'argent
'
de son père. Il se verra dépouillé de tout son héritage un soir par l J
les truands de la ville avoc la complicité de la fille qu'il croyait

'.'
A.
- rn-

Pour la première fois en 1968, la scène du Ku le ,:Olne
se situe à la capitale. C'est le roman de l 1
l ac1ministration. La
police et la justice fonctionnent avec llaide des laboratoires
d'analyse scientifique. La rupture nlest cependant pas
nette entre
1
la ville et la campagne. Le détective Agboko, installé à Accra,
fai t de constants déplacements dans le village de Tanyigbe pour
\\
mener son enqu~te. Province et capitale f01'men t une uni té de lieu
mener son enqu~te. Province et capitale f01'men t une uni té de
dténonciation. Akafia n'est-il pas mieux placé pour réaliser cette
1
unité? Les nouvellistes résident tous en province. Lui, né à
Tanyigbé et donc issu du milieu pc.YSaIl,
pc.ysan, est installé à Accra ,Jù i l
est agent des P~T.T.
L1unité co~érente que menifesto l'énoncé est celle qui se
réalise entre Il
I l érlOnciateur ct le liou do I l énoncilltour.

- 178-
N
(J
T E S
- So...ci2loE,:Î;o d~_ Sociétés orales d'A.fria~G_Ho~
Paris, Mouton, 1969.
2 - ~~~ contes ewe:
textes critiques, ~~~thon§, ~de l~ttéraire,
spcioloKiQu~, ethnologique.
Université de la 30rbonne
Sorbonne Nouvelle Paris III, U.E.R. de
littérature générale et comparée.
Janvier 1974.
3 - .~. le livr~ ~"ll' : essai de biblio,graphi~
(Simon Amégbleame).
Bordeaux, Institut d'Etudes Politiques.
Centre d'Etudes d'Afrique I~oire.
cf. Index: littérature de fiction 3.
4 - ,i:n .M~o.I1ol9,gie linAH,istiq,ue de. l'1l.f r.l.9.
r
u
.l.9. Et 2:!0ÈJl
p ur ~1aurice 50uis.
P. U. F. 1971
cf. p. 60
5 - Nous ne donnons qu'une traduction libre do ces formules, étant
donné qu'il ost difficile d'en rendre le sens exact qui con tien t
une pointe d'ironie.
6 - ~.VO~
Lond0n, 1'homas Nelson and Sons Ltd.
1947, cf. p. 3.

- 179-
7 - in .An. IniI!ducti,on to ~[08.t Ai'ricnn Li torntu:';2.
par OLADELE
TAIVlO
Lagos, Nelson.
cf. pp. 14
1
- 24
8 -
Sociologie des sociétéEl.or.{!.les d.'Afr:,i..Q.ue Haire.
op. cit. pp. 148 - 149.
9 - Cette typologie n' os1~'iose car nous ne prétendons pas avoir
fait le
~mpte de tous les contes.
10 - in f.2..étiq"ue de. lA. prose (T. Toclorov)
Seuil, p. 71
11 - C'est l'ensemble des contes que contiennent deux ouvrages
Vovo~i (ilmegashie) op. cit.
N~le g;J..i 10.0 ! a.gbal~ 3.
(un groupe d'auteurs togolais).
--r-
12 - ~~v9(~
op. cit. p. iii
13 - Vov~~
op. cit. p. 1
14 - b~ dek& kola cleka
"
<.&:
Accra, Scottish Kission Book Depot
Achimota Press,
1948, p. V
15 -in Fornas simpl~ (Anclré Jalles)
SGuil, p. 100.
16 - ,Adela. mE3f{bl~ ..!il. wo ka tÎi....<?
Accra, Bureau of Ghana Languages, 1974.

- 180 -
17 - in Introduction à la li.ttéplt;J.re fonta~ti.9.u_e.•
fonta~ti.9.u_e
seuil, p. 29
18 .. Ad,g)-.::1..mqg,bl) r awO katâ' 0
op. oit. p. 16.
19 - ~J.lraduction du passage dû la page 41 do AdelA m9R~12.a..wcw Kati. 0
op. ci t.
20 - Adel4. m§S.bl.2..a.wo kat&.' 0
op. cita P. 42.
21 - in documents persormels -
interview' à G. H. Kwasilruma
Accra, Bureau of Ghana Languages.
10 12 septembre 1973.
22 - SO~~912~ie de Soc}étésorales dlAfrique Noire
op. cita pp. 115 - 119.
23 - !iep11Y2~
(R.K. HiJaidza, LIC. Ech, G. H. KW'8.sikuma)
. Accra Bureau C'f Ghana Langunges. PP. 7:; - 79.
t
24 - ~w..CL~f Gb~
op. cit. pp. 7é - 75
1
25 - l1J.CJ?fil.]l~--f;~Haw?
(K. Seshie)
Accra, Bureau of Ghana Languagos, 1973, 143 p.

-
181 -
26 -
AkoaJ...u.-fe
Hmi;o
op. cit. pp. zr et 57.
zr- Décédé le 7 octobre 1974, Akpalu avait 79 ans.
28 - Nous avons relevé ces termes au fil de la lecture.
29-
in L~E4. texte.; énifltlto (Paul Zumthor).
Edi tions du seuil, Paris, P. 186.
r-
30 - fl.gp.2JiQ .
30 - fl.gp.lWQ
gbe
op. cit. p. 160.
,
31 - 1\\kn.adu
,
.fi Hmi.9
, \\
,
,
op. {i t. p. 66
~ .. :
op. {i t. p.
~ .. :
l
1
j'
, '
32 -
Ak.E.gJ~"il?
op. ci t. p • 111
(NutsualC. )
Accra/rasbi terian Prûss 19 67,
6
139 p.
34 - fI..w.@Yawo
op. ci t. p. 62
1
f
35 - Kotoka est llofficier ewe du Ghana qui a renversé le régime de
}PKrumah en 1966. Il a été assassiné dans un
fil t.,S rJ~ organisé
par une fraction de llarmée ml 1968.
te.
1
36 - in H§Bi:ti'Q te.
36 - in H§Bi:ti'Q
gbe
op. ci t. p. 13.
t

1
l'
î
1
1
-
182 -
~
f
1
i
37 - in !.I~ w:of Rbe
aIl' cit. p. 12
1
l
38 - in !i~~ Kb~
op. cit. Il' 197
39 - cf. Le livre Jà"ie J
essai de bibliogrEillhio
op. cit. Index: littérature do fiction 1.
1
1
40 - TUbi .1'laWlena II
i,
41 - l\\pledz.r-o
Et:HAg,
(K. Nyalru)
Accra, Bureau of Ghana Languages.
1
42 - 12b~<i~~ bad;â
(K. Obraney)
Accra, Burùau of Ghana LSllguages.
1
!
43 - ~~a ;Pz.;)
(E. Dogoo)
Accra, Buroau of Ghana Languagos.
44 - K~+ll.~..KQ. (K. Akotey)
Accra, Bureau of Ghana Languages.
45 - in La li ttér.ature
Les dictionrmirüs du savoir moderne, art. de
Juliette Raabo :
1
I.e romMesgue et lA littérature de consomma~­
p. 397.
1
46 - Akafia;m 1a fait que des études primaires et quelques cOUJ:'S
par correspondance.
1
Cf. Documents personnels_ IntervioR à Seth Akafia-
1
Accra, septembre 1973.
1

183 -
47 - !L9•.
!L9 Qn~
•.
ku bn~
op. ci t.
48 - .T;)kd.._ ot.>l=Yi
Berlin, p. VII
49 - Ew2..-moyQ. nE!f.iaga Ag.>k)l:h
(S. KvTamuar)
Accra, vlatervillo l'ublishing Eouso Division of
Presbiterinn Boole clopot Ltcl -
1969~ 50 p.
50 - ~ifLflrhistoire clu peuRl~ (evhe)
)
(Henri Kwakurne)
Lomé, Lnprimcrie Professionnelle p. 15.
)
51 - Niz;r:atioPh société
civilisation: les Elye clu Sud l'og,?
J
civilisation: les Elye clu Sud
J
1bèsG présentée par Théoclore Gayibor; Université
cle PARIS If Panthéon-Sorborme, Janvier 1975. p. 149.
52 - ~b.ui KJ2oZ1o 1.1
(B. Set
Accra, Bureau of Ghana Languages. 1968,
147 p.

- 184-
IIIo
PAR T l E
E
S
S A I
D
S
0
C l
o L o G l
E
D E
LA
L I T
TER
A T URE
E
W E
~-~_.~---------------~-~-
La produotion littéraire, comme nous l'avons vu, à partir
)
des premiors cssais d'écrituru jusqu'à la diversification des
)
genres et IGS formes c!Jvolution de ces derniers, consntue le pre-
mier l'Ole du fait littéraire. Elle définit tout aU plus le volume
des oeuvres produit
st
les caractéristiques des genres. Le phéno-
mène comporte un second aspect, non moins important, qui lui, relève
de la sociologie et qui fora l'objet de ce chapitre. Par qui, pour
qui et pourquoi les oeuvres son"\\;-elles produites? Comment leur di&-
tribution es"\\;-olle assurée et comment son"\\;-ellos reçues par les des-
tinataires ?
Autant de questions auxquelles nous tenterons de répondre t
Nous allons ordonnor notre étude selon trois aXOS ; nous observerons
la littérature 011'0 dans son triple rapport aveo la Bible, les moeurs
sociales et le public.

-
185 -
BIBLD
Après ce quo nous avons dit jusqu'ici sur la littérature ewe,
déclarer qu'olle est forteracn t influencée par la. Bible ost un truisoe.
L 'intér~t de l'étude ne réside plus que dans la rochorche de la ma-
nière dont s'exerce nette influence. Cette quête nous engage à nous
interrmger sur le statut mÔQe des littéra~s, do l'idéologie qui
les anime et de la manifestation de cetta idéologie dans les textes.
~es littérateurs prosélytes
Les indications bibliographiques nous laissant penser que la
première génération d'écrivains ewe s'ost mWlifestée vers les années
1899 -
1900. Afrika ':0 Flore kple Fnun,;1 (li'lore et J?a.lU'l.O cl'.iÛrique)
de Mensn Gebhard est paru en 1899. IJ ous pouvons oi ter d'autres noms
J
;
comme Aku, Lawoo, Kudeso et AÏdan. Mais sur 80S preoiers littérateurs,
J
~ous avons très peu do rensoigncnonts. Ils nlont d'a.illours produit
;
aucune oeuvre de fiction ot leur évocation n'a qu'uno yaleur inforoQ.-
1
tive. Le début du siècle a cormu une autre génération à.ont la moyennG
i
d'Ûge ost do soixan te-cinq ans et qui coopte, entre autres, FIAv,ûO
'1
1
(1 881) Wiegrabo (1) (190 1), Buatsi (1906) Nûcku (1909), Adzomada(1912) •••
1
1
Enfin une troisièmo fatrillû dont relèvent Konu, Akafin, Adinyira, Kiya-
1,
Hinidza, est née entre 1925 et 1944 et peut atre considérée nomme la
1
génération de la Guerre. Il n' exis te prati quem ent pas d ' écrivains de
1
1
moins de trente ans. En ce qui concerne le statut dûS littérateurs,
1
t
on observe deux groupes
t
Celui des pasteurs qui, sans exagération, représent~lt 50 %;
% puis
celui des enseignants de la Mission Protestante qui constituent
l'autrE> moitié.

- 186 ...
Tous cloux consti tu en t on fait un corps homogène qui fonction-
ne aU sein du corcla religioux. Cette situation répond à une logique car
car les Missions à cette époque avaient une influence prépondérante
dans l'Education. Les nombreuses écoles sous leur direction, la sémi-
nniro d'kr1ed~fe, cxéé en 1894 étaiont des centres d'enseignement et
de diffusion de la langue ewe. LIEcole normale Presbytérienne d'.il.lœo-
pong SI ajoutera plus tard pour fomer des enseigrltallts. La littérature
ewe dlaujourd'hui est 10 fait de cette génération d'honmes formés dans
les sphères religieuses et qui sont aV~lt tout des propagateurs de la
foi chrétiermo. A part certains pasteurs qui ont fréquenté pendant un
ou deux ~s les écoles de théologie occidentales, la grande majorité
des écrivains ewe ont une formation qui dépasse à peino los six ou
sept ans d'études primaires. Quelques-uns cependant tel Fiawoo ont pu
faire des études universitaires ou d'autros effectusr des stngos an
France, en Angleterre ou aUX U.S.A. D'une façon générale, ils sont
formés pour la vulgarisation de la Bible et leur horizon culture1r>ne
dépasse guère celui de la Sainte Ecriture. Le fait qu'il nly ait
pas de jetmes écrivains e''1O est un phénomène qui résulte de la coloni-
sation et de la poli tique oul turelle des états après les indùpendances.
Noua en avons fait une analyse dans la première partie de notre étude.
Au prosélytismo des littérateurs correspond une idéologie
Chrétienne qui sous-tend cette littérature.
2
-
Idéologie
chrétienne
La lecture des préfaces révèle l'idéo force dos oeuvres litté-
raires e,'1o. L'intention avouée do tous les auteurs est de donner aU
public un enseignement fondé sur les préoeptes religieux. Entre los
leçons reçues dans los catéchuménats et aU cours dos sermons et ln
vie quotidienne, le fidèle a besoin do modèles do conduite qu 1i
1 l peut
puiser dans la littérature.

- 187 -
Cella -ci deviont le ressort de la diffusion du christiani~a.
L 'homme est conçu dans sa double relation avec ses semblables et la
Dieu créateur. D'un c6té i l faut lui apprendre à aimer la paix, à
avoir pour son prochain un amour sublime qui soit à l'imnge de ce-
lui de Dieu pour tous les hommes.
D'un autre o6té, il doit se reconna1tre fils de Dieu, faire
preuve d 'humilité à son égard et de confiance en lui en toutes cir-
constances. L'écrivain est conscient du r8le qui lui est dévolu
dans la société, de sa nission de IInul tiplicateur d'âme" ct l ' éori-
ture, clnns toutes ses formes, appnra!t à cet effet cor;me un moyen
adéquat entre ses nains. rIais, COD.Dent usc-t-il de ce D.oycn ?
3
La Bible à travors les textes
.~--~----_.~.~._--
Toutes les parties do la Bible 38 trouvent représffiltées dans
la littérature e1Vü Dais d'une façnn éparse. Colle qui a le plus in&-
piré les créateurs so,'J.ble ~tre l'bncicn Testament, dont los grands
traits d'histoire et de figures sont abondwruJcnt évoqués.
D'abord l'Exode. Nous trouvons l'image de l'Exode à deux
raprises dans Kofi :N'yaBGkg
:N'yaBGk
~utin;Y:a et dans Adela. moobl.2a'l'TO Kâti o.
Dans les d-Qux cas, nous suivons les pérégrinations d'une population
qui émigre dlun li~ à un autre avec des étapes successives. L'exode
est provoqué par une calamité publique, signe de la colèro des dieux
qui s'abat sur un peuple pécheur. Dans Kofi NYamol99utinya aussi
bien dans Adela ille,g,b1'ê-wo kati' c;" les populations doivent qui ttor un
village pour un autre
pour fuir la colère des fétiches qui ont juré
de les anéantir à cause de la recrudescence du nal. Dans leurs no'llooë
velles stations, les populations ont changé de Doeurs, se sont

-
188 -
converties aU christianiSLle et ont par la sui te conllU la paix et le
bonheur. Lo transfert spatial correspond à la roncontro avec Dieu,
à la renaissance à la vie spirituello et aU bonheur.
Certaines grancles figures do 11 ancien Testament SI incnrnent
dans dos persoIlllnges de la nouvelle. Dans HOClillig;"o" llhistoire de
.Mp.zaJ:çq. reflète celle de Job, dont la foi a été oise à rude éprsuvo
par le Seigneur. Croyant, trè s riche, il a perdu en 11 espace de quel-
ques jours toutes ses richesses :
IlMnyaka enye omea ~, si af.oo.elà' goel.ello le
gake le
Yey~i C\\eka me dJ éle ClMyatalenua
de va. <\\,0 afe lâ'wo katâ dome. Edze efè al'ëwo
kple gb3Wo dzi gb~ eye liotsr3" WC k90
oye woW.) nukunu na am.esiame. D,lole la dze
nyiawo ha' dzi • .Amewo C\\; asi V7V~ me ~ e;)u•• "(2)
(NnYaka est un hoI:lOO qui possédait beaucoup de
bétail ; mais an un moman t une étrango épidémie
ravagea toutes ses bêtes. Elle frappa cl.! abord
ses Doutons et sos chèvres, los détruisit tous
et tout le monde en fut étonné. L1épidéoie
attaqUQ aussi les boeufs. Tout le monde prit
peur pour lui ••• )
f 'tich
Les e
/
c'Ia's du village tentent de llinfléchir, de l~ détourner
de sa foi en lui I:lontrant la YéW-ité de cette dernière et l'absu:rdité
de sa confiance en un Dieu qui ne l'écoute pas. Nnyaka écoute indif-
féremDent lour discours et leur répond.

-
189 -
uLaMl ;f.lt) gaz
nusi
,·rote naLl la. ; l!J.usia,nu
tso eYaLla gb), o~re
wonye et.)
L[',CLP)::e menye
(D:i_Etel a repris lui-uêse C8 '1'C 1 il III 1 D,
·'prn..
·'prn étv~;
tou t viOl1t do lui et etot'..
etot' t hèj_ a:~)'::'.rti·'l1t. BieD..
ne nous app&rt:'-.ent et ri8.Ll ne )eut ;j;~,ais nous
appartenir ••• ) •
Q'..'.i lui ont VD-lu cl l
cl être lé c:l:3f cles 0Dcü8ves C..':;,ns
C
la :;;,J.:Î-OOil c'..1.1 roi
lors cl'l1.Yl<; f~,;:J.in8. }Jnfin il r6sistc h:iroïqLèOr;l':mt ?l l,s..
l,s tetlte.tion de la
f9'Jllilû
du roi ::ot,
Desu comme Joseph cl.'3V~,,"lt la faiBle cl') roi l'atiphar
( r<.'
',"(
"1'7)
( r<.'
',"(
".
...J:J
V I .
'Jamme Job, i l 3ubit avec longamüüté les npreuyûs en ne
f~ibliSS&lt pas dans sn foi.
QJ.ant aU :~ouveau '-'û8ta;:e:i.1 t, il a lli2,nif ûstû;'::ûnt jiloins ll1Spir8
les l i ttéro.teurs que 11 ~\\ncien. Seule li'1 figure de J(~gas &..)pere!t d11l'ls
la pCl~sonnolité
pCl~sonnoli
c1. 1
c1. 1\\gbezuge. Lmoo8I1 i:c .,-idine de 12. méohanceté de ses
smblables,
oonstp"lL~ent p'Lmi pOUl' ln, fe..
fe ute cles o..utres, i l semble en&1re1:'
le poids du pé&16 de llhUl!J.8;niM. Sur u."'l :f 2.UZ Mnoign22'e, i l est accusé
de 701 ot on l'L~ irulige une purlition publique. Cetto scène de supplice
. 1

-
190 -
olt i l est lapiè.c': . flngel(] et tréS.né po' h. foule de village en
village est; celle (:.e J,îsus portn':l.t 12.
l'Tous trouvons d'autres
mc.rquas du Il ouveauL'estw:e;lt dans le discours de certains persorL.'1.ages
qui se réfèrent à des préceptes bibliques pour motiver leur oonduite.
AL'tJ.si dans !i.eAEL.fl.'p'l~o.t_s.:h._(l;~Q.~raPllor t8.l1t les paroles de ?iathieu (:Iath.
VI, 3).
IJNy-ater
nusü10 mEw)
n~ la, mew~1O ni le
yesu :Kristo
~ nya si i'1OgbU la nu be, ne nu
eve le asi'>l0 la, tsJ
~ka na n vhro si ~ke
mele o. Ï'lets)
nye d)IJen:,ro ShTO l::otl meW"a nt.
la na !"Imvu. Elabe yasu Kristo gbl' na mi be,
,
ne miels d men;'{o 'l'T)ID la, migana mL~f miasi
rrif
nanya nusi mf
nanya nusi
dusi 1'1'
o ••• 11 (5).
(Eh effet, tout le bien que j'ai fait pour lui,
je l ' ai fait d.aIls le respect des paroles de Jésus
Christ qui disait: Il si tu possèdes cleu:!:: choses,
donnen--en une a ton frère qui nIa rien". Je remets
à Dieu tous mes actas généreux. Car Jésus Christ
nous a dit: 11 quand vous f ai tes du bien ne lai ssez
pas votre fuain
main gauche voir ce que fait votre main
6roite"~.
1
Tous ces personnages que nous venons de ci ter sont presque ini-
que
mitables parce qu'ils se rapproche..YJ.t plus du saint/de l'homme. A c8té
1
d'eu, ezistent d'autres plus proches des humains, parce que représentant

- 191 -
des types sociaux. Dans ce cas le personnage le plus couramment re-
présenté est le ma1tre d'écolee Instruit, il est un modèle de cllrétian,
le conducteur de la. société dont les faits et gostes sont un moà~le
de conduite. Il joue à la fois le r$le d'éducateur et d'évangélisateur.
Son discours tient lieu de sermon comme en témoignent les propos sui.
vants du ma.1t:t'e s'adressant à ses élèves, dans ~~_o.m.ALizo.l
nBa miana nuv') la ~ mia dzi la :r:mye nt<.
manyomanyo ••• Dev:i.wo, misi ~ le nuv'3' gb~ ,
..
mil) nu nyui kple nusi dze bubu. Miw
aW"a
kple nuvS" agbe sia bena, ne magaC\\B mie dzi
ml)eba la 0" (6).
(que le mal ait raison de vous est 1.me mauvaise
chose••• Les ~nnts, éloigne~vous du mal, aimez
le bien et la dignité. Combattez le mal aujourd'hui
afin qu 1i l n'ait pas raison de vous plus tard).
Le ma1tre Hawusi aura le m&1e ton quand. da.'1.s amea ~e menYa
etai ~~~,
i l prodiguera à ses écoliers des conseils d'humilité et
d'amour du bien. Dans Mi.tsu atr!2, L~l)w'U offre le type d'instituteur
dont le comportet1ent est uno preuve perma.nente d'amour du prochaïn,de
confiance en Dieu et un témoignage constant de clémence et de tolérance.
La littérature reflète une tradition ancienne qui fait de l'instituteur
de village à la fois un ensdgnant et un évangélisateur. En milieu ru-
ral, i l est celui qui détient le savoir et qui le communique aUX aU-
tres mais en m~e temps le vulgarisateur du christianisme. Et cette
littérature qui semble s'adresser plutOt aUx nasses populaires des cam-
pagnes intervient comme le guide de l'enseignant en lui offrant des
modèles à imiter. La christianisation du public ne se dépa.rt pas de
l'acte de zèle apostolique de l'instituteur et surtout implique la
purification des moeurs.

- 192 -
II~
LITTERb.1'URE
ET
NOEUP..S
SJCIALES
L'arrivée du christianisme et son installation créent
conflit avec les vieilles traditions religieuses. La littérature reflète
cette contradiction et s'affiche comme une arme de combat. Le fétichis-
medes ancttres est considéré par les écrivains comme une pratique retro-
grade dont ne s'accommode pas la civilisation chr8tienne moderne. Le
thé~tre surtout joue le r6le de défenseu:r Ue cette dernière, l'led!
A.bJ.Q.t,ai dW en donne un exemple éloquant. Une bagarre éclate aU cours
d'une réunion des chauf'fcurs d'autobus. La police intervient et opère
des arrestations. Aux éléma~ts déférés au parquet, le juge déclare:
"Elt'1.) nuku be yu si ;.tU alea, eye Kristot.) -
nyenye kek:e ta alea la mi Ewoduk'
met)a ~WO
mi~)a
mia C\\3kuiwo blem, gan)
a.:Ju ~m
~ miafe legba. f~ maWO "jUil. (7)
)
(il est étonnant qu'à cette époque où les
yeux s'ouvrent et que le christianisme se
propage, vous, quelques Evre, vous en soyez
encore à vous tromper, à compter sur vos
sales fétiches).
Seul .AL..-palu dans les premiers temps pro clame sa fidéli té à la
religion des anc~tres mais il la reniera vers la fin de Sa vic quand il
aura reçu le baptême du Prophète Wovenu (8) :
"Kristo-sub)
ny,)aVIU
abosam" (9)
(~lieux vaut adorer le Christ que Sntan),
chantera-t-il.
l


..
- 193 -
L€~ ~criva,i.n~ slatt~cheront à montrer la vanité et l'impos-
ture de~ croYances fé1:;ichi~tG'h Comme pour elonner àu poid.s à :!..QUJ.~
argumentation, ils mettent en scène la plus h2.ute porsoIUlali té de la
société, un chef, le ohef Kpeglo qui fait 1 t expérienoQ de ces désil-
lusions. Refusant le dialogue avea ses administrés dans le coIÛlit qui
los oppose à lut, i l cherchera le secours des granels prêtres ~ féti-
chistes mais il se fera berner et escroquer.
Autant quo la vieille tradition animiste, certaines mOeurs
feront l'objet d'une verte critique. Les écrivains sGmblent conce'Voir
le christianisme conme une compOs~lte de la civilisation oocidentale
ct son acceptation COlliOO i111e opération do sft1thèso. Si la religion
chrétienne est un apport inestimable parcc> gl~' elle asst,-re le salut de
1 'homme, certainos valeurs de la cul tU.re occid :'rèr.le r~,',t80"1t répré-
hensibles. Celles-oi sont pourtant l'ol)je:t de :vrédilccJ,:i_on de la jeu-
nesse qui, pour cette raison, constitue une cible priv~J_(~giée pour la
cri tique_ N~de Abl..9j~~ del_El ot .§€;"1l.e.Y.:h.'i9A
sont
une sa ti:'..'c d'3 la jeunesse
bourCeoise, insouciaIlte,
licencieuse et snob.
Dodzi
et
Senyo sont de jeunes intellectuels parvenus, épris du mode de vie occi-
dental qu'Us copient sans discernement. Le voyage en Europe, la voi-
ture, la cravate, enfin 10 whi~~ sont autant de prestiges dont ils se
prévalent. A leur sui te, le groupe de jeunes filles, dont Esinam,
Krist1, Rebeka, DBanka, reou tant par leur matérialisme ir.~;J.on~_
LOU:t"
amour, trè s inté:t<essé nt Qst fondé que sur 11 aisance matériells &i par-
tenaire. Leur ridicule procède do leur snobisme et de leur got.t immodaré
pour la mode européenne :
"Dcwo le yi~
ha gats)El nu dZEn'lO <lRa DU
eye 110 dZOl1é'. abc t)menyi yib~ a ~ cne" (10)
(Certaines, malgré leur noirceur, mettent du
rouge a.ux lèv:t'es, ce qui los fait ressembler
à (Jos hippopotames noire).


- 194 -
La cri tique jetée à pleine poignée, éolabousse e].ussi les cou-
ches inférieures de la société, la classe euvrière qu'on peint sOus
un jour grotesque et anarohiquE,. Dans Ii-edo
I1.,edo Ablo~~T..l un confU t
éclate ontre Dadzi, le jeune secrétaire à la mairie, représmltantde
l'administration et les chauffeurs d'autobus.· Nous prenons conta"t
avec ces derniers ~ doux reprises, réunis dans la maison de leur se-
orétaire pour d.écider de la
date
et du déroulanent d'une lllarc:lG de
protestation. L'atmosp!~re qui y règne est celle d'une foire. C'ost un
climat de nervosité, ohauf'f'é aU rouge par l'alcool, empli
de bavar-
d.ages de gens (lui discutent à, bâtons rompue et où les gens boivent,
cr3.chen t, t1 tubcn t et se dOMent des coups de poings. A trnvers les
llljures qu'ils se lancent et les aveux ~u'ils se font, se révèle leur
nature. Ce sont pour la plupart des éléments issus des bas-fonds de Il:.
société: contrebandiers, baga:rTeUlts invétérés, repris de justice, an-
ciens combattants. A Wavers CG! brouhaha, porce à peine la voix du se-
crétaire q,ui st évertue à roeueillir les avis Sur 10 thème de la réunion.
Lour descente dans la ru", avec en tate, un ancien combattant n'est
rien moins quo la parodie d'un défilé militaire.
Si les écrivain5, dans leur zèle ~postolique, comb~ttcnt le
libertinage et le snobisme, ils se méfient également d1un christianis-
me sans disèernemont.
disècrnemont. La figure du Pasteur Ak,li dans !1.ede Ablotsi dgla
est un anti-modèle de chrétien. C'est un persODnB,g8 stylisé, fortEment
campé dans son fanatisme
fana.tisme religieux. Son ridicule procède de l'idée sur-
faitG qu'il se fait de lui.-m&1e/le son statut
sta.tut d1ap'tre portant la
flambeau
flambenu du christianisme :
n~~nyoe nyc. osf Ed..
Ed mrd
..
Hawunyo Ak)li,
l'iaW'LU1y~bl'
x,
la x, 1~ g2'
g2' l a le Ghana".(1j)
(mon nom est' Pastaur,.Edov.urd
Pnstaur,.Edov.urd NawunyQ, le
Préclicnteur renommé du Ghnnn).

- 195 -
Il porte ostensiblement son nom à la gloire de Dieu
"~l2.1'lUD.yo" 1 Diou ost bon.
Il témo igne d'un op timi sme puéril, l1é à l ' i dés d' un .bonh eur
céleste irrémédiablement ncquis de par son titre de past~r r
"•.•
"
ma'~n.il:r yv. nye t)nye godoo. I1el~
yu go~o :" (1 2)
( ••• le roy"~une de Diou m1appartient, de
toutes les manières. Je le tiens pour
do
bon ••• ).
Le sermon, son pain quotidien est devonu une partie cle })laisir
" ••• Ne nyem~bl)e zi ~a pL
le lorasicl.a
<\\glca me 0, nye la me mesma O•••
O
" (13)
(Si je no prt:cho pas cl-us la somaine, ne serait--
ce 1u'une fois, ma santé s'~~ trouve altérée).
Ses relations avec les autres se nouant sur le mode de cette
rigilli t. chrétie.'1ne. Elles sont nécessairement im];œégnécs cl' intolérélIlCG
car le Pasteur Ak)li ne Bouffre pas ~u'on ne soit pas réglé sur ~lui.
Tout son compor~ement n'est objectivement qu'un donné à voir, une appa-
rence oar sa pratique chrétienne se r~soud à un fétichisoo religieux:
prier, aller aU cul te, faire des dons eUx confessions religieuses, in-
tégrer la chorale. Dadzi,en Sé conformant à cette COllllui
comlui te, par straté-
gie ct non par conviction religieuse, réussira à 0 btenir de lui la main
de sa. fill a qu fil lui avait longtemps refusée BOUS prétexte q.u ti l était
arrogan t et mécréa:n t.
Comme on peut'le remarquer, il est difficilo de dissocier lten-
seignement crxétien d'un désir d'édification d'une nouvello sooiété.

-
196 -
Cependant, le chrlstianisme n' appara1t pas comme lh"1e contestation de
l'ordre social mais COIillIle un ensemble d'aménagomont:,à l'intérieur
de ce dernier. Il 1:5.,]0
1:5.,]::; ~ pU:;:·i:f'i<.;,r
pu:;:·i:f'i<.;,r la sociâté de ses tares et prOne
un idéal de
r affinemerLt (les mo eurs dans une société africaine mo-
derne. On aboutit en d.éfinitive à la conception d'lUl christianisme
bourgeois dans une société où la modernisme
commande la lutte contre
le fétichisme tradi tiormel et exige le3 bonnes manières non sans le
souci d'un fond d'authenuicité africaine.
III.
\\ Lll~ERATURE
~f
aoNso~mÂTION
I-...-..-.....
I-...-..-.
..-...--
--....... _ _~ - - -
Une littérature ne vit que par la lecture qu'en font les gens
auxquels elle est destinée. En tant qu'objet de consommation, elle est
régio
par la loi de l'offre et de la demande. Plus les livr~s sont
achetés, plus la production s'en trouve stimulée. C'est ce phénomène
que nous allons observer à présent. ~el est le volume de produotion
d~ la littératUre eyre, quell e lecture en f ai"Iron et comment est-elle
;'
distribuée ?
1
1. -
Le volume
de
g:o.duc.tion
Nous entendons par ce terme, non l'ensemble de la production,
telle qu'elle a fait l'objet do notre étude jusqu'à présent, mais le
volume de tirage aU niveau de chaque catégorie littéraire. Cette éva-
luation, encore qu'elle soit fragmentaire, nous permet d'apprécier le
phénomène de la lecture et de comprendre le mécanisme de diffusion de
cette littérature. Prenons le tableau suivant:

... 197\\/-
Cctégorie littéraire_
oeuvres repré3entatives
tirage
(nombre dl exem-
plaires,.. nombr&
dl édi tions)
.. • . •
'

- ' - - ' . ' - " - , , _ ,
_
1 - ouvrages religieux
113 000
2 - livres scolaires
51 000
3 - fiction
.contes
j.e, ~o<lz.aJs~ l
4 éditions
poésie
!I~b..2
3 000
!I~b..2
thé&tre
N~enel:i;.{J,
3 éditions
Mede J'l.bIotqi dela
4 éditions
nO'nvelle
NYA zJlij
5 éditions de 3000
roIllan
Ku le x2JAe
3 000
~Journaux
M~tabiala
20 000
Gflë!e
@
2 000
/
Si nous établissons un indice de 'VOlume pour chaque catégorie
littéraire, nous obtmlons grosso modo
un ordre de cent mille pour la
littOrature religieuse, oinquan te mille pour la littéra ture scolaire,
troie mille pour la littérature de fiction et vingt mille pour la li tté-
rature journalistique. Il ressort de ce tableau que la littérature non
fictive (religieuse, scolaire, journalistique) est plus lu~ que la lit-
tératurefictive (conte, poésie, thé~tre, nouvelle, roman). Mais qui
sont ces lecteurs ~
- - - - - - - - - - - - - - - -
l
- - - - - - - - - - - - - - - - -

- 198-
2. -
Les
lecteurs
Il nous semble utile d'entreprendre l'étude des groupes de
lecteurs à travers deu?. notions: la notion d'opposition entre la.
~ l'
vil1e{et~a campagne et celle des classes d'âge. Nous ne disposons
~as d~ statistique4 écrites mais le témoignage à_e nOB informateurs (14)
peut ~tre une référence crédible. Selon ces dGrniers, ceux qui manifes-
tent le plusd'intér~t pour la lecture d'ouvrages e..r9
..
sont les habitants
de la campagne. D'abord ils ont acquis la technique de la lecture grâ-
ce à l'enseignement reçu dans les écoles eW"e pour la v:i.eille génération
"
et dans les écoles évangéliques pour ceUz 'lui ont une moyerme d'âge de
trento à quarante ans. Ils l'ont ac'luisc égalemGllt dans les centres
d'alphabétisation. Ils s'intéressent beaucoup plus à la littérature
religieuse parce qu'ils
y sont oriunJ..;os
oriun J..;6s par l'évangélisation et les
activit~s permanentes des églises (messe, culte). Ils y trouvent une
source petmanente d' alimen tation de leur foi et d'apaisement moral
dans les moments difficiles do la vie. Généralement ils ne disposent
quo
do ln Bible
pour lire parce que leur pouvoir d'achat
dérisoire ne leur permet pas d'acheter d'autres oUVTag'es. Né~oins le
système de prt}t (llindividu à individu fait 'lu'un ouvrage acheté trouve
aU moins trois lecteurs. Les paYsans lisent également des ouvragos
te~iques d'agriculture et d'hygiène mais c~tte lecture fonctionnelle
est_IDoins importante.
Eh ville, la locture d'ouvrages rcligioux rencontre certains
écueils dus à la concurrence d'ouvrages étrangers plus alléchants ou à
une crise de foi de plus en plus poussée. On trouve cependant un groupe
de gens d'lIDO moyenne d'Bgo de trente ans dont la ferveur religieuse est
entretenue par les Eglises et qui lisent la Bible et d'autres ouv.rages
religiGU:A:. A 10.
la. campagne comme à la ville, le. lecture est prati'luée le
soir après les travaux domestiques ou champ~tres ou le service et les
jours de repos tsamedi, dimarlche et jours fériés).

••
- 199 -
En ce qui concerne la jeunesse
togolaise aus3i bien à la caI?ugne
qu'à la ville, elle Tl 'a accès à la littérature ewe que dans les
écoles primaires confessionnelles. Au Ghana, l'intégrati.o:l de l ' ewe
dans l ' enseignernen t primaire, secondaire et même supérie1l:L" fait que
cette
littérature touche un plus grand nombre d'élèves. Les livres
scolaires trouvant là un march~ certain d'au tant plus qu'ils sont
utilisés comme instruments de travail. En dehors ~u cercle scolaire,
les jeunes B' intéressen t peu à la lecture cl' ouvrages en langue ewa,
soit parce qu'ils ne sont pas motivés quant à son apport dans la
vie professionnelle; soit parce qu'ils sont attirés par des livres
plus attraYants en français ou en anglais, comme par exemple le
roman policier dont regorgent les librairies de Lomé. De plus, pour
la ville, les jeunes comme les adultes s'adoilllant à des activités
récréatives comme le cinéma, le football ou préfèrcn~ ~llor voir une
séance de concert-perty ou de cantate que dt; lire un livre ew'e.
La littérature 1
littérature de
1
fiction, si elle est moins demandée. n'est
pa. pour autant totalement ignorée. D'abord certaines oeuvros sont
inscrites au programme des écoles ghaaêennes. Tel est le cas de
Ku le :pme. HeR2. lf.O~ et tartu:i;t"
, pour ne ci ter que ceux-lù.
Certains paysans lisent des con tes et des nouvelles pour l'édifica-
tion qu'ils apportent. Hais peut-~tre aU fond retrouvent-ils, notam-
ment dans les contes l'écho des séances traditioill1elles de récit.
Notons à ce sujet qu'il existe en campagne une forme de lecture
orale où un alphabétisé organise une séance de lecture publique pour
un groupe d' audi teurs non alphabétisés. Nais la l i ttératuru de fie-
tion trouve un public de plus en plus enthousiasmé parmi. la jeunesse
intellectuelle. Du fait d.'un brusque regain dtintér~t pour la
culture
owe -peut-atre sous la poussée de l' actuGl mouvomen t d' [lutb en ticité-
de jeunes élèves dos lycées et collèges et des ullivorsitaires prati-
quent la lecture bénévole d'oeuvres littéraires eifO.


-
200-
Certains évoquent la raison du plai..dl· qulils y t:"OUV(>llt,
d1autr(;s 10 fO~1t pa:;:- ruaction
rGaction contre une culture occide.."'ltala de plus
en plus aliénante.
Cotte sociologie d~ la locture éclaire la structlœo de ln
production que nous avons décri to dans :'0 para€réi.pho
précédent. Les
éditeurs lancent le produit sur le marché compte tenu do la capacité
d1absorption des consommateurs. Les ouvrages religieux et scolaires
sont plus nombreux que les oeuvres littéraires au sens restreint du
terme, parce qu'ils trouvent un public plus vasto et un marché plus
s1ho. Ainsi apparait dans le phénomène littéraire une relation étroi ta
entre production et consommation. Après avoir mis en lumière cette
loi éoonomique qui régit le fait littéraire, il nous reste à savoir
comment les oeuvres produi tos sont vendues.
3. -
La
distribution
Nous distinguons douz modCJS do d.i;:~::':)Utio~ d'3 la littérature
ewe
los circuits publ::'cs et los circui tL p~:ivés.
Los circuits publics que constituent los lib~airios sont uti-
lisés par les Eglises et llEtat.
BiGIl que 10 raIe des gouvernements croiss'.) do plus en plus,
dans les activités de productj.on dG la littérature owa, les Eglises
semblent détenir encore 10 monopole de la distribution. Avant lline-
talla tion de Il édition en pays e'tt1e, la di:ffusion était assurée p~
des maisons aI~laises et allemandes. M2
M is les Eglises nationales ont
pratiquement pris la relève après la
deuxième guerre mondi41e. Elle
dispossnt, aU Togo comme aU Gilnne, do points de vente actifB~ tel los
librairies oatholiques et évangéliques disséminées dans les villese
J

J.6•••.•
J.6
~.., .
. f
- 201 -
Les séndnaires protestants dlAtakpamé pour 10 'llogo, de Ho et
dl.AmèdzJ.(e pour le Ghana jouent le :même ra:/).
-'.,.e y-:>,
Les scrrl~es publics de llEtat n 'interviennent qU~ d.ana la
caù.ro des campagnes dl éducation do masse, d' '- ~}!l[;.~)éti.::; y~iC:l fcnctionnel-
la et dans la cas des organes d'inforraa-:'icl. _~u T8go~ ~=-1zi..l;J2.a" la
page ewe do .tqg,o-.:Q.r.Q~qo,;.q".f~1}s.srI.
, organe rural du Froj et Na tionaJ,
d'alphabétisation Fonctionnelle sont distribués par des agents da
11 ETAT. Au Ghana, nous connaissons 10 r610 prépondérant que joue le
Bureau of Ghana Languogos mois CG (lernior n 'a8dUro pratiquotlen.t pas la
vente des liVros qulil produit. Co relo est confié à 11'1 sectiO:l de vente
du service de l 'InformatiO:1i.o Co dernier dessert,- osson:'c::.ollc_c'1ent les
écoles et los C01.1tres d ' éducation do masse.
Le deuxième mode de distribution est 10 ft.i t de certains
individU5qui se livrent au corrunerce du liVJ.~e ov13. C:)'3 gl')us utilisent
deux moyoos : celui do 11 étalage et celui èu CO'_p01't~,:,,",. ~! ~ ~h.l(>,go con-
siste à monter une librairie sauvage sur los li::'1:: f:"équcntés par 1G
grand publio /
les rues à grande circulation cem"!8 la "rue du commeroe"
à Lomé et les abords des marchés_
D'autres préfèrent le oolportage et vont do 7illage en village,
dG maison en maison pour proposer la march8ndise- Font partie du groupe
des colporteurs les Témoins de J éhovwn. qui. abordont les gens dans la
rue ou se rendent chez aux pour leur vendre dos journauz de mossage
devin 1 C&..betake:>ï'.:>
et ML~ ) et la Biblo. S'a,giss&-t-il de l'étalage
ou du colportog~)oes marchands nIllbulnnts vendent souvent do vieux livres
poussiéreux qulon ne trouVG plus dans les librairies et qu'Us ont·
peu1;-~tre arruch~s à (10 vieilles bibliothèques privées. Du fait qulil
n'existe pas de coordination entre les librairies et Ion se":'Vices publics
du Togo et du Ghana, les librairos clu Togo s' adress('>u ~ parfois à 9l:l pour
ga:rnir lEllI' stook~ Il noue faut noter à Co sujet quo le mouvement des
livres et des marchanda Va du Ghona vers le Togo.Cela s'explique d'abord
por le foit qu'una très grnnde proportion de la littératuro C") '.
- 98 % ni ost
pas
un
chiffre
exagéré-

202-
est produi ta par des écrivains Gt d~s maisons d' éài tion du Ghana.
Ehsuite le commerce du livre tel qu'il est pratiqué
ne peut que
suivre ce sens parce que le cours de la monnaie ghanéenne est tel quo/
quello
quo soit la montée des prix, les livres cot1tent moins cher
aU Ghena qu'au Togo. 1e livre le plus v cher aU Ghana co'O.te 90
peaewüs
soit un peu plue de 150 F CFA (3 FF) alors qu'au Togo, i l
vaut facilement 250 F CFA (5 FF).
La différence de 100 F CFA ':LF) fait bien l'affaire des
libraires togolais et des marchands ambulants. loi ~lcore le phénomène
économiÇlue sous-tend, motive et stimule le fait littéraire.

203-
If
0
T E S
1 - L'évocation du nom de Wiagrabe ici impose Ulla précision. Nous
désignons par écrivain ewo, tout individu qui, natif Gwe ou
non, use d.~ la langue owe pour écrire des ouvrages.
2 -
NooalizQ
(S. Obiani~- trad.), Accra the Soottish l1ission
Book Dépot.
p. 20.
3 - Ibid~
p. 22
4 - 1?ltè?i_~.wue"'lfà II
et ~ préface, Pvi
5 - Mede Ablot,tj. q,e1Sà alo Esingm_kp1.,jL.J2.a~ (B, S,"!tsoaf1a)
Accra, IUreau of Ghana languages, p. 32
op. ci t. p. 10
7 - Medo Ablotsi dola 810 Esinam kple Dadzi op_ cit. p.45
8, ~ La prophèto Wovenu est le chef supérieur de la secte ewe de la
Société de la Réva1ation Apostolique.
9 - ~~*-.1!e,."'!Q.
(1'1. Seshio),
Accra, Bu.reau of G'ile.n:a Languages.
Chant 251 p. 108.

- 204-
10 -
Mede Abl;O.Ui
Abl;O.U
d~.a
b
op. cit. p. 42
11 -
Ibid.
p. 30
12 -
Ibid.
p.
38
13 -
Ibid.
p.
40
f 4 -
of nos interviewe :
- interview à G. W. Kwasikuma, Bureau of Ghana La.nguageü'
Accra, octobre 1974,
- interview GU Directeur de la Librairie Evangélique Lomé,
septembre 1974.
- intervielf à KPdzo
lmika, Présiden t du Clul
ewe,
octobre 1974,.

- 205-
CON
C L U S
l
0
il
*
Nous venons de présenter un tableau d'ensemble de la littéra-
ture ewe. Nous aVons suivi le fait littéraire dans toutes ses ma.-'Yli-
festatione.
Parti
du sUpport qu'est la langue, noUs aVons décri.t
Sa structure, le phénomène de sa romanisation et l'histoire de son
évolution à travers des
époques
et sous des régimes politiques
différents. Nours aVons ensuitEl observé le processus de naissance de
la littérature, de son développement et de sa diversification~ Etudiant
la structure de cette littérature, nous avons distingué entre ce que
nous pouvons appeler
livros
et littérature. Continuant l'étu-
de structurale sur chaque catégorie, nous aVons décomposé la 11ttérature
de fabulation en ses unités constituantes, c'est-à-dire en différentes
formes littéraires. Sur chacune de Bes unités, nous avons opéré une
analyse tendant à mettre en lumière ses formas d'évolution et sa dyne-
mique interne. Enfin, nous avons observé la littérature eWEl dans ce
qu'olle
qu'elle est, c' est-&-.dire un phénomène sociologique exigeant un
~change entre producteurs et consommateurs, ou écrivains et lecteurs.
Il reste maintenant à nous demander ce que cette étude nous réserve
comme enseignement. A ce niveaU,
niveau, nombre d'observations s'imposent.
La première et la plus évidente est que la littérature ewe est
une littérature à dominante religieuse~ Produite par les missionnaires
et leurs collaborateurs (catéChistes et enseignants), elle est destinée
d'aboN aU publio des fidèles. La proportion des ouvrages relig18u~ est
importante, et entre dans un rapport de 34 %de la product:hn totale.
QJJ.ant à la littérature de fiotion, elle représente 14 %et se trouve
égalEtllent dominée par l'idéologie chrétienne. La. Bible est sa principale
souroe d'inspiration. Si quelquefois, ils traitent des thèmes politiques
ou histori.ques comme c'est le Cas dans le théâtre, les auteurs puisent
- - - - - - - - - - - - - - - - -
l
- - - - - - - - - - - - - - - - - -

- 206 -
la plupart du tumps leurs sujets clans l'Ecriture Sainte. Ils y prennent
le moula dans lequel ils coulent leurs porsorlIlages. Tous les t'ai ta et
gest~s da cas derniers sont des modèles de comportement qui se réfèrent
à des archétypes bibliques. Le monde est perçu à travers la vision des
grandes figures da l ' .Ancien et du Nouveau Testaments. En:fin, las organes
de production (machines à écrire, maisons d' édi tion) et de distribution
{librairies, écoles), sont en grande partie des struotures t'onotioIUlant
dans le cadra des activités des cerclas religieux. En tout état de cause,
;louS nous trouvons an face d'une 11ttérature imbue do prosélytisme cl'tvé'L:te,
cl'tvé'Ue.
chrètien, et comme telle enfermée pour une bonno partie dans les sphères
religieuses_
t
Notre deurlèmo remarque est relative à la vitalité de la lit.
1
térature el.,e. Nous pouvons affirmer que oette dernièr. a une potent:i.a-
lité qui permet d~augurer bien de son avenir, Plusieurs t'acteurs autor:l".
sent oet optimisme. D'abord l'infrastructure de produotion existe. Des
maisons d' éditians fonctionnant, mâne si elles ne sont pas nombreuses.
&. dêpit de l'absence d'une jeune génération d'écrivains, les anciens
continuent à écrire et rien ne permet de prévoir qu'ils vont interrompre
toute activité clans un proche avenir. D'autre part, la campagne d'alfiha-
d'alfjla.
bétisation fonctionnelle en langues ruationales lanoée d~uis quelques
années aussi bien aU 'IOGO qu t aU GHANA et soutenue par 1 tlJNESCO a un
effet bénJéfique pour la littérature ewe, parce qu'ell.e t'orme de nouveaux
lecteurs. Enfin l'intégration des langues nationales dans l'enseignement
longtomps amorcée aU Ghana et en projet dans les nouvelles réformas SC(>e
laires aU Togo constitue également un facteur de dynamisme. L'awe aveo
ses deux millions de locuteurs
locutaurs nt est pas une langue à grande diffusion
comm.e le Swahili, le Hause. ou le Yoruba, maia sa littm-ature oonna!t
une certtlino vitalité et las f aoteurs que nous avons décri ta plus haut,
stils fonotionnent et qu'ils sont bien coordonnée, sant à mtme de l t ac>-
crottre. Ce fait infi:rme la thèse émise par certains écrivains et
théorioieGS de la littérature selon laquelle une littérature n'est viable

-
207 -
que lorsqu'olle possède un public de six millions de lecteurs. Il nous
sanble que le seuil de viabilité se situe plus bas.
Par ailleUrs, certains :phénomènes apparaissent dans la fiction
narrative et méritent qu'on s'y arr~t9. Le premier en est l'apparition
de ce que JolIes a appelé le~ Fonnes simples ou des formas apparontées
à ces dernières. Ce sont des formes enracinées dans le langage~ qui ne
proposent "cla.ns un autre état d'agrégation" que les formes plus tradi-
tionn.allanent considérées comme "littéraires". :mIes se reoonnaissent
à le. "disposition: mentale" qui les fonde c'est-à-dire les idées, l'atti-
tude existe:nt:Lelle qui expliquent leur naissance. :mles se caractérisen..'t
égalanent pa."t" leur état d'organisation composé d'éléments premiers que
Jolles désigne sous le nom d'unités d'évènements ou "gestes verbaux"~
Cette disposi tian mentale et cette organisation ont la. propriété de sua-
citer la mtme forme dans des réalisations différentes. Nous avons 'YU la
part non négligeable du conte dans la fiction narrative ewe et 1!IOUB S8""
vons par ailleurs que JolIes le classe dans les Formes simples. Nous
aVons montré que la biographie est apparentée à la légende, cet autre élé-
ment qui figure an premier dans le tableau de JolIes. La nouvelle pr~nt,
sente également des caractéristiquGs d'une Forme simple. Quant aU ::;:.lJ "ct·
J
fantastique, il n~, pas encore un statut autonome et nous avons indiqu~
1
qu'il tient à la fois du conte et de la nouvelle. Le roman, quant à lui,
est déjà une forme littéraire mais nous avons vu qu'il n'est représenté
que par un titre. La fonction narrative ewe est donc en très grande par-
tie consU tuée par des Fomes simple ou quelque chose qui leur ressEIllblo
:fort étrangement. Comment e:çliquer ce phénomène? L'exemple ewe illue-
tre--"b--il une loi universelle qui préside à toute littérature à ses ~iItl
1
Des études sur d'autres nouvelles littératuros pourraient apporter UJll
Des études sur d'autres nouvelles littératuros pourraient apporter
élélllent de réponse à cotte question. Le second fait qui mérite attenti<m.
conce:rtle le conte et plus partioulièrement la traduotion d'oeuvres
1
étrangères • Font l ' 0 bj et de tra.duction des contes et récits arabes., 00-·
oidentauz ou orientaux considérés définitivemont oomme universels
1
1 les
1
1
f

- 208 --
récits de Tolstoï, les contes de Sha.kcspcaJ.~::" les Tvlilla et une nuita,
Ali-Baba, le Pilgr:i.m' s Prog:ross de J 011:..1. Bu::;a;:~, pour no citer que ceux-là~
Ces oeuvres qua noue retrouvons aussi bicLl en 'rwl (Ghsna) qt' 'en lORUBA
(Nigéria), intervionnent toujours comma des étalons de la littérature
universelle pour mesurer la capacité d: adapta tio:J. d'une langue nouvelle-
mont
dcc{<1é··à -l'écrituro.
Ltoptimisme qu'on peut ObseI'"'lor à l'éga:::-d de la littérature eW8
se trouve l:i.mi té par un certain nombre do diffLml tés qu' allo rencontre~
Lé. toute première est l'insuffisance de If infrastructure de production.
Eh e:ffet, les deux PaYs du· Togo et du Ghana disposent de moins d'une di-
zaine de moisons d'édition, qui d'aillours, éprouvent des difficultés
financières du fait du coüt élevé du papi.er. AU8Si ne peuvent-elles pas
répondra à la sollicitation des écrivains. De nomb~eux manuscrits patis-
sent dans les ti:t'Oirs.
Seth
.Ako.fia, l ~ autour de !.'!.J~.e x.::.m~ a.
quatorze autres romans qu'il ne pe:.t-: :pas éditer. Il en ost de m&1e pour
los traductions dlAdinyira, les poèmes da Kiya-Hinidza, les contes et
~cri.ta historiques do Ma Nkansa ei beaucoup d'autres qui continuent
à écrire.
Nous Savons que le journal GMJ1~,~ no rontinu'3 à para!tre que
grâce à l'aide constan te de 1 J1JNE3CO ~ On co:n~to à peine une diz!1ne de
machines à écrire à caro.otères OvTe pour les deux pays du Togo et du
Ghann. Pour des questions de marché, les édi-ceurs préfèrent éditer des
livres scolaires, C8 qui leur offre UIl débouché s11r. Comme noua l'avons
déjà vu, le fait quo les ouvrngos d.o fiction soion-'; en faible proportion
trouve ainsi Bon explication.
Un autre obstaclo aU développement de la littérature ewe est sa
situation de littérature dominéeo Cette situation ne procède pas d'un
fait de contradiction int~t..'mi.qUG mais du rapport des langues nationer
les avec le systèma éducatio!l1i1e1. Il serai-\\; sup(;.l~i'lu de rovenir ici SIXt"
l
------------------~

-209-
une question qui a déj à f ait l ' 0 bj ct de nombreuses analyses. L'exEmple
partiaulior de la li ttéro.ture ewo rappello simplamont la cas de toutes
les littéraires nationales de la c6te du Bénint poUr ne nous limitGr
t poUr ne nous
qu'à cetto région-là. Après avoir frappé dl ostracisme
les langues ns-
tionoles, l ' an seignemont colonial Q ignoré la minorité de littératures
qui ont émergé de l'ombre aU profit de la littérature occidentale qu10n
diffuse en grandes quantitése 11 enseignement néocolonial d'après les
indépendances, sans nier ses origines, nt a paS moins donné .la préséanOe
aU Français ou à l ' :Anglais érigés en lnngues de culture. 1 t effet d tune
tella politique est que la littératt1re Olie, malgré quelque attention :~ttiœl
qu!on lui accorde, subit la concurrence de la littérature occidentale~
Ehtre \\ID roman en Français, en .Anglais ou en ewe 11 élève préf~81'a les
deu:x premiers, parce qu'ils lui apportent une promotion scolaire•. Ednon
le sentiment d' a.voir bu à la source de la grande culture universelle.
Ainsi natt et s· entretient 1.U10 désaffection: pour les littératures natio'Da-
les ct dont là littérature eWEl est victime.
Ehfin un dernier problème que nous voudrions soulever est r~
latit à 1 'écnture ewe. 1es tOlites ewo dons lsur forme actuolle sont
cli.f'fioilemont lisibles du fait que les tons ne· sont pas marqués. Ils ne
1
~t accessibles qu'à des locuteurs ewo qui d1ailleurs le déchiffrent

péniblement parce qU,lune lèctura courante n'est paS possible pour les
.••
m&es raisons. Il est, certes, certains auteurs qui tentent de représen-
ter les tons dans leurs textes mais ceuJ':-oi sont minoritaires et le"t'ont
aveo la plus grande fantaisie. Ils marquent soit le ton haut ;- /1 , so1t
1_--- _'
1_---
le ton bas 1-~1
, mais sans jamais adopter une oodification uniform.~·
'.-
_.\\
Il nous sanble qu'une littérature pour ~tre universelle, doit 3tre a~·
si.ble à tous les lecteur9~ A ce niveau appara1t l'importance indéniable
des tons dans les littératures africaines. Ce sont des éléments oonsti.
tutifs nullGlllent négligeables. 1es récents trava.ux de G. Ansre sur les
toIJ.B ewe et ceux en oours do A. A ~ sont hautement utiles et i l y a un
~I/,J:-
intértt
que les écrivains en f1Mi:t usage. De m&1e les fron tièrea artifi-
cielles imposées per la colonisation en1:re 1. Togo .t 1. Gbana "",ll;o:l.VSlt
1
f
1

1t
-
210 -
1
pas consti.tuer un obstaa1e pour 1 thomogénéi té de l ' écri.tura ewe~ La di&-
1
parité qu'elle offre aujoure].lhui clans la coupure des mate et dans la
formation des néologisnes ne mili ten t pas dans ce sens. Mais 11 avenir
1
sanble prometteur car on assiste depuis peu à mle prise de conscience de
~
~
la nécessité d lune écnture owe qui soit uniforme de part et d'autre de
!
la frontière. La dernière conférence tenuo à Lomé en 80tH 1975 ·et qui
la frontière. La dernière conférence tenuo à Lomé en 80tH 1975 ·et
a eu pour but la constitution d'un organe international pour lthomogénéi-
1
*atiOIl de 1 t écri. t'Ure ewe est un indice révélnteur. Cette harmonisation
*atiOIl de 1 t écri. t'Ure ewe est un indice révélnteur. Cette
devra &1:re poussée. plus loin pour atteindre lléOOelle internationale. La
représentation des sons e~'1e doit ee conformer à 11 alphabet phonétique in-
ternational. Cette mesure qui devra slétendre à l'ensemble des langues
nationales recèle le double ave:ntage de faciliter le travail pédagogique
des enseignants et aussi celui des élèves qui n'auront pas à faire face
à une mu!tiplioité de représentations pour un même son.
Il faut toutef'oi.s signaler que ces dispositions pour efficaoes
qu'ell.es sont, seraient vainos si le public nanifeste de la désaffection
pour la littérature ewe. Ici s'impose uno politique de revalorisation de
cotte littérat'Ure. Dt abord, 1 t enseignement intensif de la langue éveill~
ra de nouvolles VOcations et dorlllera naissance à une nouvelle génération
d~éorivains. L'institution clos concours couronnés de prix jouera 'l.m: r81e
dans ce senls. Dtautre part une politique de soutien et dtaida financière
aUX maisons d' éditien relancerait la production. Cette politique devra
s ~ assortir d'une popularisation poussée de la lii;térature- Celle-ci cona-
eiste à réorganiser la distribution qui jusqu'ici s'ot'fectue plus dans les
centres urbains quo dans les compttgnes. La mise en serv:ice de bibliobus en
milieu rural servirait la causo de la lecture. Enfin; celle-ci pourrait
~t:re stimulée par llinstitution de prix pour récompenser les meilleurs
lecteau-s.
Ainsi, entre les deux p~les du fait littéraire, 0 1
0
ee'b-èr-dire
entre le geste dt écrit'Ure de 11 écrivain qui veut assumer sa VOcation et
ltacte Bolitaire du lecteur qui veut se délasser ou s'instruire, se situe
toute une politique de revalorisation de culture et de cela dépend
11 avenir de la littérature ewe~
1
1
1

1
-
211 ...
A . N N E X E S
:Noua rassemblons clans cette partie a.l'lnexa cinq sérias
de documents
1
1 - un tableau dos faits soci<>-poli tiques et littéraires
Llat'qUil,Uts da l'histoire 01.,0. Las chiffres appara.issent
à caté des titres d'ouvrages incliquent le numéro d'ol:'-
dre ele ces damiors tels qu'ils apparaissant dans la
bibliographie awe
(cf. an. 5) •
2 ... La biographie de certains 6crivainl'", ewe. Les rensei-
gnements sur chaque auteur nous sont fournis soit
directement par aux-m&1es pour ceux qua nous 50ns
pu rencontrer aU cours de nos voyages d'études, soit
pa:r:- oorrespondance ou bien par les journauz et autres
documents écrits.
3 ... Pour faciliter la lecture des commentairos des textes,
noua dormons en marge le résumé des ouvrages mention-
nés dE,l.!J.s notre étude. Ils sont groupés par genre.
4 - La bibliographie lIÙl1.a et gu permet une comparaison
avec la production globale en ewe. Nous tenons les
informatione de Kwaovi Johnson, auteur cie diverses
étu.des sur le Mina, ancien. directeur de l'Institut
Togolais des Sciencos Ruma,ines et de nos recherches
bibliographiques.
t

-
212 -
J .-/.
1"''')r'-0
1"''')
N 1/1 "J-h dt
IL( /,tv-.. 1/ Il
5 - UlJ,ebiblicgraphie,c. ewe rnssemblc ~ ln production
li ttérairev:'~cpuis les origines jusqu 1 an 197 4.
Pour tout rensoignemont sur les sourCGS et les méthodes
de oolleote que nos lecteurs .veuillent sa reporter à
notre ouvrage: Le. livre .lD\\-I~ 1 F4tsai da I!ib..
I!ibUgg:r;aphig
..
Bordeaux, institut d' Etudes Politiques
Can tre d' Etudes d' Afrique Noire
1975,
72 p.
Les symboles 1 (Ro, Th, Nar, Bio ; sont des signes dtident:L-
f'ication des oeuvres de fiction :
Re
1
romaJl
~
1
théatro
Nar
1
oontes
Lyr
1
poèmes
Bio
1
biographie.

- 213-
l
-
œROllOlOGIE
DE
LA
L:"l."'l'ERATURE
E\\VE
.s Evènemonts poli tiques.: EvèneIlwnts li tt6-- .
DATES
.: économiques et sociaux: raires - Publiee- .:Ecrivaimls re-
:
: tions importantes ':présentatifs
I
:
s
_
~
I
:
s
~
5 Mai 18r7
Arrivée des premiers
missionnaires allemands
à Cape Coast.
11
.Arrivée à Péki de
14 NO"'rElllbre
1847
Lorenz Wolf'
7' SeptOl1lbro
Installation des
1853
missionnaires à
KETA
Publication dos 1ers
syllabaires ewe par
1857
le missionnaire
Premiers écrits bibli-
1858
ques de B. Schlegel
Parution de la traducr
1861
tian des ~re' EvE@'-
g,;i).es ~de B" s,ch1~el
(édition postume).

- 214-
DATES
Evènomente poli ti-
Evèncments
Evèncmenta l itté-
Ecri.vains re-
ques, économiques
rairos
rairoa - publica-
présentatifs
ot sociaux.
tions importantes --,-------
~
~~~_.~~
~
1963
Début de la scolari-
sation des enfants
d'esclaves libérés
à HO •
....------_._----------------~-
1866
Conférence générale
des missionnaires
pour déterminer ce-
lui des dialectes
eW6 qui doit être
transcrit.
-~........
-~
_-_._-_.~~._-----------------------
........
1869
La guerre des
Achantis•
.......
1ff77
r.rraduction du Nou-
venU Testament par
le missionnaire
MERZ
FT
5 - 6 Juillet
1e pavillon do
1884
Nachtigal
nrrive
à Bnguida
...---.-=------_._---~~-,--------~----_._._._ ..-----------_.-.
----
zr aoftt 1EJ92
Impinntntion de ln
mission catholique
aU Togo
------------------------~~----------
1894
Créntion d'un sémi-
Naissance du journal
naire à AmedZofè
(mensuel catholique)
NIA
JOL)24O
imprimé à Lomé rédi-
gé on mIe et en
allemand~
1 a 1ère
1
géné-
ration d1écrl,.c
1899 - 1900
vains ewe
entrent en jft
comme colla-
rat ours des
missionnairesa
Gebhard,.Aku.,
Kudese,Lawoe,
AidalIl.

- 215 -
Evèncments politi-
Evènanents l i ttérairGs
Ecrivains
ques; éoonomiques
Publications import~ représenta-
ou socia.ux.
tes.
tifs.
--~-..._.~._.---~~---~~----_.~~~-~--_
•._-----
--~-..._.~._.---~~---~~----_.~~~-~--_
•.
1903
Naissance du journal.
~utif<4:a.nA mi 285
mensuel de ln mission
0vangélique imprimé à
. Brême jusqu'en 1924.
--......
-- _~~
......
..........._.
...........
......
_.~.-~~----_
_---~--_ ............-
............

1905
Inauguration do ln
voio f errée Lomé-
Anécho.
---_._.__
---_._. .
__ -_
_.
.......
_--
_----~~~--~--~-~~.-~
.......
........
.... _._.....
_._ ..-.._--
.....
1907
Inauguration da la
GrJllllJRAtik d.er~
D~ Westermann
voie
voio ferrée Lomé-
S]2rache
Palimé.
1èro
1
gratmlairc
scientifique
--_._.-------.-..------.~._------------~---
.........
--_._.-------.-..------.~._------------~--- -._._._~
.........
..........._---
...........
1910
Les maisons d'édition
de Londres assurent
la publication des ou-
vrages ewe.
traduction de la Bible
par une équipe de mis-
sioru~ires allemands
et ewe.
--~-_
...
--~-_---,_.__
---,_. ._-_.~-------------------'_.-._---
__
1911
Inauguration de la
VQie ferré Laoé-
Atnkpamé~
----------'._.' --..
--.._
.....
..~.-... .........
...._._.-~~----------------
"
--.._
.....
~.-... .........
...._._.
"
1912
La cornmunau té évangé-
1912
La cornmunau té
lique owo coopte 10 400
ouvrnges et 17 900 élèves.
------..---_.~.
------..---_. -~----~-----------..-.._._-----
21Sodt 1914
La gUe~e MondialG
éo1ato.
-----_...._._.
....
-----------------------
_._.

r
t
- 216 -
- 216
!
DATE5
Evènementa politi-
Evèill:ewonts li ttûrai
Ecrivaino
ques, économiquos
res Publications
représentatifs
et sociaux.
importantos
---- 1
--~-----~."'."""'-'-"'-~._-"""'-'_.~--------_....-.....~----_.----
--~-----~."'."""'-'-"'-~._-"""'-'_.~--------_....-.....~----_.
9 Septembre
1
":'S
D6but G.:, s cou
1914
d'anglais uw.s 1)0
l
éoo10s
éoolvs ca{;:ioliqu0s
f
de Lomé.
Lo I1ajor Ikw interdit
l ' enseignement de
l'alleo:::JXld dans los
éooles •
...,;.;........
...,;.;-. ---....
......
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---------
..
....·_......._---_·----_.IOII....,.
....-.~· ....·_......._---_·----_.IOII....
....-.~·
28 Juillot
Le ~1aj or Jackson
1920
fai t le partnge du
territoire ewo an-
tre los Anglais et
les Fra.nçais.
------------....
-----------------.-
....
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...
------- _
... .....
_
.-.----._-_. ....
_--~-----.-...-.-.....---
.-.----._-_.
........
_--~-----.-...-.-.....---
~
19 Octobre
. Consolidatian dos
1920
frontières par 110C-
troi des nnndats
français et anglais.
Le~ stations des mie-
sionnaires de Ho,
.AmedzoJ.e, Kpandu,
Akpat'u.' deviennent ~
glaises. Celles de
Lomé, Agu, Palimé
Atakpamé deviennon;
t
--_
Fr!:)Jl9ais~
--_......._-_.;..-~
.......
.......~_..-"------------'---~-~ ........_~----
........
.......,..
....... 1
1924
L'Eglise évangélique
de Lomé est datée
d'une imprimerie à
1
caractères e''Ie.
J
---_._~ ---------------_._.---------~---_.......
---------------_._.---------~---_
1925
Le journal JutifAtâ.Aà
·285 est imprimé à. Lomé
_ _ _......
_
--,-,-.-.~--------_::"~---~_:_--.
......
- : "
--,-,-.-.~--------_::"~---~_:_--.
- :
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_

.....
......
1
......
1935
Naissance du journal
Le Guiqe du Tom 182
mensuel dlinformation
dirigé par Oocsnsey
Sa.vi de Tové, Syl"f'anUs,
olympio.
o
Rédigé en frDn-
9818, anglais, ewe~
- .......
_.-._------_ _----_._-_.-.-._----
-------~
.......
......_.-._------_
......
....,....
....
........
...
t
!
1f


- 218-
DATES
Evènements politiquee
Dvèneuents littérairas
1'n1vaih8
économiques et sociaux. Publications ioportnn-
représonts.-
tes.
tifs •
.~~-~~----------..------~""--~'-"'-._'--"""-"""
Zi',akpè ~ !sElq c\\eke
::Be.ëtn, C.G. ,
48,Yo.vo'/i 36 (Nar)
lmlegashie E.
An~ba vovovOwo dzi
Klii9; 254 {Nar)
lIkansa B.~
.Am.~
te p.~
1952
Sonanu te
1952
~en,Y:a.12. 218 (Lyr)
lCvrruni, F.E
Naissance de ~~tabi~q
247 périodique édité
à Accrn
Setsoafia,
1954
H~.B
Naissance de ~
D~Rba 239 he~do­
ondaire dirig~ par
Tsekpo imprimé à Lcmé
ct à Ho,
Dolctt ~\\:!Y-.1j?:J.~: ny'~
Z71
Bio)
K.-Nyaku; K.
'1955
-
Régime d'autonomie
1956;
aU Togo : Grunitzky :
Premier l1inistre.
Indépendance du
Mede Ablotai !\\e~:
Setsoafia,
1957
GhlJ,l'1a
318 traduction an-
Bi di
glai60 de l"~e.de~\\~.lQ:­
tsi dela sous le titre
"1 mbied a Been to"
En.ections populaires
Naissance du journal __._--
------------------_.--~~.
En.ections populaires
Naissance du journal __
------------------_.--~~.
1958
démocratiques sous
Abl ~de. Satu! 1
l'égide de l'OITU
oensuel d.' informati. on
victoiro du
CUT.
éc1ité à Palimé.
N'o.issance du journal
1959
Kl~toka~ 202 : orgr;r
na d'infornation de la
région do !Clouto, rédigé
en fral19aia et en GWO.

- 219-
DATES
Evènements politiques
ElvènOLlents littéraires
Ecrivains
économiques et sociaux
Publications importan-
r eprésan-
tes.
tatifs •
....-.......
....-.
..-_.
---_._._.----_--._--~_.--------'--~_.-.......--._._._
Indépendanoe du Togo
1960
Sylvanus Olympio s
Tsekpo
Présidant da ln Répu-
bliquè.
. . .
• • -.~~-_.
........
o . _
~
~
_
Fondation à Lomé de
1962
l'Aoadémie Ewe dit
Ewegbe Nubwca
....
1e:t coup d'Etat mili-
parution du j ournnl
1963
taire : Grun!tzky
Ji!+be
Ji!+
YaLe
21
Pr8sident de la Répu-
Journal d'éduoation
blique.
de masso du Togo
1~r~ .fueli_& 284
Nyomi. K.
EXe
E
z.a.z..J
130 (Ro )
Dogoa
..
-~--_._._----
1964
Baëta. L.
(Lyr)
Nutsuak),K.
__
-----~
..
-----~
........----~----_._------_-...----------
........
Chuta de N'Krumah
1966
arrivée aU pouvoir
de Kotoka
-----_........
-----_ _
........ ......- -------"---_.....
......_.
......
-------"---_
_.
_------~----------
2èmo ooup d'Etat
JkbEivi l'lOf,\\,
24 (111)
Agbodzll
militaire aU Togo.
1967
Eyadœa arriva aU
HJépa8Yaw2 zrO (Lyr)
R.Nutsuak)
P0lU'Oll" - ohuta de
Kotoka : Busia aI'-
rive aU pouvoir.

.~ 220 -
DATES
Evènemon ts poli tiques
Evènements littérair06
Ecrivains
éoonomiques et sociaux.
Publications importM-
représen-
tüs.
tntifs.
~-_._._~----
1968
Chute du gouvernement
Accra: concours na-
Bus:l.a : arrivée aU pou-
tional de livres on
voir dlAChoompong.
langues nationales.
L~ 1er prix de livra
Cl Lnn.gu1 81"e est
aC00rdéJ r'l roml"n ~
}:fu.
}:f 1.(~..7..lr;n.
1.
25 <13
Soth Aknfie.
~}~0g!,~ II 319
Sat80afia,.B.
~'~e~ 72 (Th)
Blege, \\'1.
T~tt!:il. 7 (1'h)
Adinyire., F eX ~
Naissance du RPT
A8i tau At.2aw<! 46 (Ra) Ayeke
1969
(Rassemb1anent du
~o.ku dB. 197 ('lh)
IIoh
Peuple Togolais).
Hort de F.K. Fiawoo
à DZ
D 01U1c:tf'3
~Y_lLn~iMi.9.
M2k2li_ 223
('lb)
~~_-...,"----------
Le
Publication de Ku .1.2
~'m~ - 1er
1
roman po-
1970
licier ewe
~atia, S~
----_...-._-----......
----_...-._----- _-----------._---_-....
......
............
_-----------._---_-....
,
*._~.-_----_.
1970
Kiya-HinidEa,
Kw~a,Hoh,
__T
T---_..
-
__._.
~
~_~__
Kw~a,Hoh,
__T
T---_..
- ~
~_~
Programme national
1971
d'alphabétisation fonc-
tionnelle en langues
nationales dont llowe .}
"exposition du livre
!
Ewe" à la bibliothèque
Nationale
nationale de LooG'
r,
_ .
_1lII'
.. ..... -

J
!
1

-
221 -
DATES
EvènerJ.ants politiques
Evèneoents littérairés
Ecrivains
éoonomiques et sociaux.
Publications importan-
représOD-
tes.
tutifs •
-
.- .. .
"
.- ..
..
----
_--_.-.-
"
..
----~......._._--,~---,..-...._--....
1!72
Parution de GAHESU 176
......_.~.-
organe d'information
du "Programme National
d'AJ phabétisatioR."
du TOGO
--~_.~
_-..
" ,
" .
...--..........._.~
-----~-~-----..-~--~._.-..._.-_._-
- ' i '
Moi 1973
10
1 éanniversaire de la
Fondation de l'OUA.
.
.
l'OUA.
N~issa.nco du journal
Une clélégation ~Te prend
t,o"go- khd.~~ckQ 330
la parole à la conférence.
édité à l'Université
du Bénin (Lomé).
.'. .. ..
-
Renoontre Eyadema-
1973
Acheampong à Ho :
manifestation des popu-
lations du Togo britan-
nique pour l'unification
du Togo •
._~._-_._-------------------------..-.....-
.
Visi te à Lomé du secré-
1974
taire général de l'ONU
l'Ir KURT vlalàhe1m ~
manifestation des exilés
politi quea du Ghana aU
Togo pour réolamer l'uni-
fication du TOGO.
_-
----------~~---. __
----------~~---.
........
.....---------,~-----~---
.....
7 Octobre
Mort du viéUX chant~ur
1974
Akpslu~'Inhumé le 19
Octobre à. 1lny~o •
_
._
..
.~---,-_._
..-_.
.~---,-_._
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. ........._---~------------
1

1
\\
-
222 --
\\
II
-
BIOGRrlPHl~
DrAUTEUR3
ACTl~TEp
OEUVi:.LS

------ 1
~v. AD:;,m....
AD:;,m
E~.T.....
Naissance à Hc;-,,6'.5i(' ':.:e.''l.Ç.'''1.:''1.)
1
1920
,
1920
Début des études primairea à Rohoe
Début des études primairea à
1928
Teroine ses études pr:imcires à
t,
.Amedz°fe .
1929
Elève à. 1 rEcole Normale d. I
d. .f12G:'cpong
1
(Presbytérien teaCher Training
College) •
1933-1946
CarrHJre dt enseigrvmt
1944
1946-1951
Ecole normale de théologie
1951
Ordonné Pasteur de l'Eglise Dvan-.
gélique Presbytérienne
1959
!!azn_~ 18 (Ro)
1964-1965
Stage à la E'ormation de la Jeu-
nesse aux USA (Youth Wo!"k).
Depuis 1965
Travaille sur nYouth vlork'i
1973
T26be Gbode~(Ms)(Ro)
1925
Naissance à Kpoeta (Volta
Region)
3 premières ~IDée8 d'études
a Gobe ~osso).

--l
- 223 -
1931
Ecole régionale dlOkou (lJc~os3;)
1933-1934
Ecole régionale cliAtakp[J):lé
1935-1936
Ecale régionale do PB~iné, suit
le CEl jusqu'on déccmbrG
1935
Son père l'interrompt et le met
à l'écolo anglaia~.
Janvier 1936
Intègre 10 Junior School Stand.II
(équivalent du "clas8 Five'actuol)
1937
Effectue les "Standard, V. VI, VII"
obtient le "standard S~von Certi-
fiente".
1942-1945
Entra CU oollèto ùlAcùimotn
1945
Obtiont le "Cambridge S.:::hool Co::-
tificat".
1946
Enscigno les maths, los scie...'1.ces
ct le fronçais aU lycée do Dadownh
1'947
fuseigna;J.1t e.U "Christi~ Smith
Insti tuto" •
1948
Agent à.es BaUA et Forêts an poste à
Kawku (Nord Ghanu)
rnppe1é à Accra pour suivre des cours'
de sténo dactylo aU "GOvo."':'Il!!lent Sa-
cretarial training school".
1949
Secrétairo du service des Eau:x: et
Forêts à Takoradi, réussit un con-
OOur8 à Lomé ; obtient une boursa
de l t{)NU pour la Frl"uca.
Frl"uce.

... 224
...
_
....
...
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- - - . . . . .
-..._~
...
~·_L"lf'-
.._ '-"'_-1_.__ -.............--........a.._ ._........
- - - . . . .
-..._~
~·_L"lf'-
1949-1953
Etudiant à la Sorbonne (oours s
supérieur de préparation et do
perfeotionneoent des professcu~s
de français à llétranger).
1953-1960
Professeur de français et dIP~l~
aU oollège 1J1awuli,Ho
196()...1965
Professeur de français à llEcol~
do Lagon (A~ora).
1965-1967
Etudiant à J-!Uni''''Greit~ ~:.!.~~c~:..~...i."1
...
(Madison) au.""\\: US\\.. O"'r~i,:,~.J~ ~':'''1
l'MJ.. French" .R"vicnt. à Lo~'.:'n.
1968
1969
}loobre du Parlef'1.n"IJ.~~ ~ 1. ..;présOI1tnn t
du ~H()...VJe8tlJ conatio:"U0n~y":1 (jus-
tice Party) •
1971
.Après le coup dlEtat, il ~.ntègrl')
le "Ghana InsUtu te of Langueges"
où il exoroe mqint )nf~nt COL'..!lll"l p::-~
français.
1t
1 Juillet 1912
~ZOlVl~J",_J*._ }C •.
N -
N
'L~'(·
' > J . . "
.1. a~ssance
a
8-, .... 0
cUrx>nsC:!.';l.:; l,c.on
de Klouto) Togo.
1945
OrdoIlIlié pasteur
1948
Sacr4.taire syr.odal
1949-1950
Faeul"té de th f ol.('1,ô-n P:"''J°t'''JJo,''nt-; c'.f)
p-)L..,
PAlUS.
°
1949
QJrr';O'l~rn,u~
!~l.9..tçi~
o~.·:"'liA 11

- 225
DATFS
.ci.CTIVITES
1950
§is}1ï1J; a.l;;:g~stot~cr,­
,nyo; 13
1951
!~~=--l}~1~:~r:ff'hL~ le
~1~ti)~_é} 12
1
1960
~J:':i:8to..E:t;\\~c:v[o~~slecl~
.".
1968 -
!1?,-L'f(:~'Ldz~~da 15
1969
._EJ.w.~Ln.Ya.di '{2n.2I'L'l!Q. g:lme de
,gbq,lr~~
~fu
s.
1 , •
1940
Naissance à Tanyigb:
::.s-
trict de Ho)
1947-1956
Etudes primaires à T<JJly:·_gb~;
1959
Enployé au P.T,T .. jusqu:à a1)-
jourd'hui
1968
Obtient 10 IIG .. C.E. Ordin'y LcNE:;lil
(Etudes privéos).
Obtient 10 prix d:2 Concours Hation"l
de livre en owe, avec son romaIl
romaTI
!C.~ .1e~~~
1970
~u,_]~e~x~e, 25 (Ro)
~n:r~4..
1er Juin 1954
né à \\lToame, circonscription de
Klouto. Première partie des étu-
des primaires à Hohoe, Ghana(R.C.
Prima;ry School).
1965
Obtient son C..
C E.P.E. à Palime (Togo)
1966
Collège Protestant de Lomé
1973
Obtient son baccalau:r<Snt .. Entre à lfUni-
versité du Bénin où il étudie l'anglais.
Responsable du Club ewe de l'Université
du Bénin.
1974

28 décempre
1905
Naissance à Tai ta
Premières ~mée~ scolaires à Tsito
1922 - 1925
Cours moyen à Féki
1926 -
1929
Ecole NormalePreBbytéJ.'ienn~à
NormalePreBbytéJ.'ienn~
Akrong .Akwapim.
1930
Séminére à Ho
1931
1944
l!hsei.gnant à Tai ta et à Rohoe
1945 -
1947
Entre aU collège de la 'l'::'iIü té
(Ecole de théologie) do Kurraci
1er février 1948
1948
1949 -
1950
Enseignan-t aU Séw.inairo (le Ro*
1951 -
1952
Pasteur de District à Ho
1952 -
1954
Pasteur de district à Kpandu
1954 -
1962
Clerc synOdal
1956
Voyage en .Am6r:ique
1963 -
1967
Pasteur de district à Tsito
19]3
ClJordtnate1lr régional du 11(i(œiatian
Marriaga and Fanily Rive W~k of the
Christian Council cf Ghe.na1i
Ghe.na •
Dirige un jOu::'nal qui parait depuis
la fin de 1973 : Su.~~l.5!
10 Juillet
1909
Naissance à Dzel·,lk.1'e près de Kéta (VR)
ethnie ~1.) •

l1
227 ~~
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1
1
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DATES
ACTIVITES
ü~illS
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c
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1918-1928
Etudos à Dzodze, Dzeluk~c, ot
1
à Kota dans dos écoles catholi-
ques
1
1929-1932
Fréquente 10 Collègo Prince do
Galles ot llEcole Catholique
d' Achi.mo ta.
1
1933-1934
Enseignant à Ir écolo catholique
de DzelukJJe.
1934
:r.üsc gli 100 !123 (Nar)
1934-1943
Enseignant à l'école catholiquo
de Keta
1931
.AQ.r~-fl!..-r.incoln~utin.YA
.AQ.r~-fl!..-r.incoln
124
{Bio)
1942
Passa son "London ~latriculation
Examination" de l'Université de
Londres après des études privées
à la maison.
1944-1947
Ehseignant aU "Native Adminis-
tration School" à AkWltta
1947-1949
BhSGigIlBl1t à l'Ecolo dos Garçons
mission catholique de Kota
1948
1949-1951
Obtient une bourse ct fait des
étudos do linguistique et des
sciences do II EdUcation en
.Angleterre.
1951-1953
Enseignant à Hohoe, à l'Ecolo
Normale
1954
Ensuigrlant à. Kpandu à (Bishop
Hermann Collage)
1955
Direoteur de l'Ecole catholique
mixte de Nkonya "l'lunupong.
1957-1960
Enseignant à "Mount l''lary Teacher
'ho aininglJ •

ACTIVITES
OL'UVlOO
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'"""_Jii.-......_..
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1961-1969
Ensc::igl1ant à "Zion of ibs-c ii.fricall
ii.frica
(DZülu.k1·0)
1969
Rutraité~ tient une boutiquo à
Dzeluk'1e
1970
26 (lécQIllbro
H,91
Naissance à vfuti, district d.e
Keté (Vol ta RegiorL) - Ghana
1903 -
1909
Fai t sos études aUX l'lusleya;n
Methodist School à Kpong et
à. 1lkuse
1926
Dip16méi,ù.o llUniversité Johnson
c. Smith (10 (,"ha;t'.1.\\,;.,:;o, en Carolin0
du Nord (USA)
1930
Début de ses activités dramatiquos
1931
Obtient les Médailles de Litté-
rature Hé1rr:'a!que ct d!im.cien
Testament.
1933
Diplômé ~ lettres et on théologio r
Ordonné à. Glovervillo (New York).
Obtient Ui."1. certificat cl' enseigna-
mont dans les écoles secondairos.
193'~ - 1936
ildministrateux génGral des écoles
de la nission do Zion.
1
1937
Fonde le IIZion CollGgo of lrost Africalt
Africa
à. .An1Jga (Ghana)
1951 - 1955
Député à. ltAssemblée législative de
la Gold Coast
1956
Perd son siègê après los 6Iections
générales, nommé Pr6sidùl1t (lu Por-
Bonnal administratif, à.u IlZion Col-
lege of Ivast .Airica11
.Airica
ct du "Kota: '";-'
Socondary School".
1969
Nort à Dze1.uk1e-
\\
1
1
1
1

-
229
12 mai 1912
Naissance à Afiadenyigba, près
do Kota (V.R. (Ghana) père évan-
gélisatour.
19171 - 1922
Etudes à Afiadenyi.gba (EvangOlical
Presbytorian In:fant and Jum.or
Sohool).
1923 - 19Z1
Etudcs à Kota (Evangolical Pros-
bytarian Sonior School).
1928 - 1931
nprosbyterian
"Prosbyterian Tcachor's Training
Collego" à .Ak:ropong
1932
Bvangolical PrQsbytcrinn Saninary
(Ho)
1933
Commenco sa carrière d' onsoignlf). t
sort à .Amcdzo;0' Kota Faki, ~:)ga
1945
Nommé directour
1953
lransféré dans l' a&ainistration,
a&airrlstration,
sett à Abor, ~ga et Dabala en
tant quo fonctionnairo do l'Edu-
cation (Assistant Education Officer).
1929
!LenA9I~tA (LyT)
1947
K~194
1948
Y~Obo..v,,,mAW..)19~
Bio)
1949
,Sagb,.a..CJ}.;~
196
1969
Srokuda
191 {Th.)
3 avril 1944
Né à Vo Agbano (district do
lt
Kpandu VR)
1
1951 -
1961
ndcUo Sohool
1
1
1

- 230 -
DATES
ACTIVITES
..
«
• •

- - . . . . . .- . . . . . . . . . . . . . - . . _ .-
.
-
1961 - 1964
Bello BusU10SS Collago
1965 - 1966
Coure par correspondance à Londros
Rapid
rosults
Colleges
1967 - 1969
Cours par cOITospondanco (Londres)
"In ternationaJ. Correspondance SchoOl"
(Ecole do journalisme).
1964 -
1967
Civil Service à Ace:t'a
Depuis 1967
Agent de l'Administration de l'Uni-
ver si té dé L6gom (Accra).
197iO
!. 0. N .U, .F. S.
1938
Obtient SOIl CEflE à Paliné ('l'ago)
~42
Cours primaire à Hohoc (Ghana)
(études anglaises - Ghnna)
1943 - 1946
Elèvo à l Ecole Normalo d.
'
' .Akropong
'
1947
Enseignant à l Ecole Normalo
'
d. 1
d. .Amedz?! 0
1948
Ehtre aU Séminaire à Ho
1949
Revient à Amodz3fe.
1949 - 1951
Erisoignant à l'Ecole Normale
d '.Amedz<5'e
1952 - 1954
Enseignant aU Collège Mawuli à Ho
1955
Enseignant au cours sûcondaire
socondaire
Officiel d'Abuakwa
1956
Eh'h'o aU bureau of Ghana La:nguegos
1957 - 1958
Etudiant à l'Université de Syracuse
(USA "Fo'l1Jld.al;lental Educationtl
Education

-
231
DAT4S
ACTIVITES
OEUVRES
1962
1964
1965 ;,,:_.
;",_. L ~"
. : ' :
COIiU1lcnce des études d'interprète
à Accra
1966 - 1961
Elève à l'Ecolo d'interprète de
l'Université de Genève.
1967
Rovient aU Bureau of Ghana Lan-
guagos dont i l ost le directeur
actuol.
18 octobro 1909
Naissanoe à Kota (VR. Ghana)
1929
Termino son cours élémentaire
1930
fuseignn,nt (Provisi.onal IJist
Teacher) •
1931 - 1934
ELève à l'Ecole NormElle Pres-
bytérierme d '.AJœopong (Ak:wapim)
1935
Enseignant à Keta
1936
ELèvo aU s&linairo de Ho l ".]hie
Prosbyterian Church1
Church El Theological
Saninary" •
19J7t' - 1965
fusoignant
1956
Promu "Senior Teachor' s
1950
1952
megafascn:te
1\\mega scn:t
1\\mega
~ff~
megafa
k
0
219
Lyr •

-
2)2
~~
Dl.TES
AC'lll VI TES
OEUVRES
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.
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1957
1970
KWASJ]CIllMA
- ..
KWASJ]CIllMA
-
1981
Naissanoe à Koransa (Est Ghana)
1940 .... 1944
Etudes primaires à Tsiame et à
Abor.
1945 - 1948
Cours supérieur à l'Ecole des
garçons de Br&1e (Brœan Hission
boy Schco).).
1949
Enseignant à l'Ecole primaire
protosjant de Gal<>-Sota
1950 .... 1951
Elève à 11 Ecole Normalo d r llmedz?!a
1952 - 1954
Dirocteur do l'Ecole protestanto
(l'Agbagome
1955 .... 1956
El.èvo à l'Eoole BorIll8le Officielle
(cortifioato E)
1957
Ensoignant à l'Ecolo primaire évangélique
de DzodzG
1958 .... 1960
Directeur dans une école do Cours Moyen
(L .A~ Middlo SOOoo01) à Sasokp(l~
1960 .... 1961
Dirooteur de l'Ecole de Mati Dev:1l:lG
1961 .... 1962
Directeur du Cours ïvloyen CL.A. Middile
Sohool) de Gall<>-Sota
196,2 -
1965
Di:rooteur d'une Ecole primaire évangé-
1iq,ue à Wute.
1965
Entre aU Bureau of Ghana Languages.

- 233
..
DATES
('ACTIVITES
OEUVRES
_...----------~-
----.....----------......
----.....---------- ~.~------
1968
Employé à la Soction de
publication du Bureau of
Ghuna. Langusgos
1970
~~ WSJ Jo ,gbe 201 (Lyr)
1973
IiJw~.s... . D~ 226
1909
Naiss~co à i\\gbozume
1921 - 1928
Etudes primaires aU IlA.ï-l.
Zion School~ à Agbo~e.
1929 -1932
Ecolo Normale dlAchimota
1933 - 1954
Ehsoignant à AgbozuIlle
1943
i S/47
1955
Ensoignan t à Acera, dans une
écolo publiqueo
1956
Ensoigna;nt à Adina aU IlZion ~!;':t
collago"
1957 - 1962
Revient à llgbozume, onsoigne
aU Zion collage.
1963 - 1968
Enseignant à AgbozUI:1e aU
"Sympu1s ilnglicon SOOool ll
SOOool
1968 - 1969
Enseignant à Wuti.
1973
Inspecteur des Ecoles aU
Ministère de l'Education
à Denu.
Mn;i. 1973
Retraité.

- '<34
DATES
AC1'TJ:VITES
28 Nov.
Naissance à Ho (VR Ghanu)
Son père = clirectour d i
d Ecol0
(Evangelical prosbytorian
\\, Infant/Junior School)
== Catéchiste protes-
Sa mère
== dirigeante de l'as-
BOciation des femmes do l'égli-
so-
1939
Tarmine sos études élémentaires
1943
TorrJ.ine 11 Ecole Normal e d r Ac.hi..J:ao ta
(Accra) •
1944
fusoignant*
1945
Catéchisto aU séninaire protes-
tant do Ho.
1946 - 1948
Enseignant à Ho
1949
Pussa la "London .r-latriculation
EJ:x:amination" on anglais, li1aths,
Latin ot Ewc.
1949 - 1951
Etudia la musiqu 0 à Achinota
1952
Nomraé fonctionnaire assistant
à l'Education Nationalo -
Assistant &lucatioIL Offic~
1954
D.:~ta Aegrgr:. ~utinyg, ;!fi (Bio)
1956
Promu fonctionnaire de l ' Edu-
'
cation Nationale (&lucation
Officor)
Kofi..
Kofi Nygmek2. j-q.~:ip.Y..f! 272(Ro)
1966 -
1968
Prépara son "B.A." à l'Univo:l'-
sité de Cape Coast.
1968
Retourne à l'Education 1JatioIl8.1e.

t
1
1
1
- 235
t
DATES
ACTIVITES
OEUVRES
1
~
-.._-~..--- ~~~------------------~------
~~~-----------
1970
Hodzaka.dQg,bale II Z7 4
1
i
19Tt1
Voyage en Australie et en Grande
Brotagne, retourne à llEducation
i
Brotagne, retourne à llEducation
Nationale (Regional Education Of-
ficer - Bolga. Tanga).
1
1CJT3
Promu "Deputy Chief Education
!
Education
~
Officer"
.Al::ledzro et»i.â Zl5
1
Modz~ndQgba!§ III (Ms)
?
Wot,}vlli !s?le K)mgtl? (Ms)
1
SETSO.A;FIA,. B. R. K.
1
1
1914
Na.:i..ssanco à .Anloga (VR. Ghana)
1
Cours primaire et moyen à Anloga
1
Etudes socondaires • Anloga
(Zion college) Etudes UIlivors' -
tairas à Fourah ~ University
1
Freetown, Sierra Loone.
f
1948
Trg.,d. de Don ~chotte (Ms)
TRof
J}:o.d~ ~ Hpi Leal..,(Ms) ('1h)
1
1950
Secrétaire de l'Association de
1
Jounesse (Section régionale de
Kata (1951 -
1952)
TradL de Jules Césgr(Th)
195t
Fia. Ag;)Wi
(Th - Ms)
1
1954
Trad.des~ontes de ChguOjE
,
(Nar.)
~
(Nar.)
1957
~IJ.tde. Ablot§i ~ J18(~) 1
J18(~)
1
1958
Remporta le 1or prix aU Concours
,;....-'théâtre
....
an anglais organisé par
!
la radio Gh8na.
1960
Rœ.porta le 1or prix nU Concours
1
théatrnJ,. on ewe organisé por ln
i
radio GhaIll:l..
radio
1
1
1
1
!1
t

- 236 -
OEUVRES
1961
Rooporte le 1er prix aU Conco urs
théôtral ot rOI:lanosque organisé
po;r 10 furentl of Gho.n.u Languages
aVec .~iGbi
.~~bi jçegglo .Jf.
1968
Public~tion da T~~
Kpeglo II 319 (Th.)
A été enseignant pendant longtemps
da;rlS les écoles prioaires et
collèges du PaYs
Est présentement pasteur de
l'Eglise évnngélique Presbyt~
rienne.
TSEKPO
.
TSEKPO
1890
Né à .Alnvnnyo Vudidi
1904
Ecolo do la Hission de Bâle
1905
JurJior ct senior School à ilkpaf'u
1911-1914
Ecolo nornalo d. 1ÂDedzoj 0e
1914-1950
Enscigno.nt clnlls plusieurs loca-
lités
1935
Réaliso 10 systètlo de c1isposi tion
des cnractèros sur la 1èro
1
machino
à écriro ewe.
1948
1950
&ltre à l rInsti tut des la.ngues
nationales à Accra~ 1er secrétaire
du' journnl M:Jtabialll*.
1953
Tga kp< 341 336 (Bio)
Kato na se
347 (Nsr)
1955-1959
Fonde M~AbiSllw
M~AbiSll.& quotic1ieJlll.
d1inf'ormation.
1955

- 237 ....
D,àTE.S
EV:ENEMaLTS
OEUVRES
..
1959
Miny-'\\, ,zJ!q 343
(Ra)
1960
:en f).!:f.u }çp;! 348 (Ra)
1966
Ex::Ué poli tique nu Togo.
Mars 1974
Mort à Ho~
vi ~ En RAB Ri P~
P
1901
Naissanoe
?
1926-1939
Séjour an Fc.;ys Ewe, En-
seignant nU séminaire
(Ho)~ Inspecteur des
écoles protestantes,
trésorier, de la mission
do Ho.
1930
~q,mL~s"O_~O.f.i~~
~q,mL~s"o_~o..f.i~~ 365
1931
I!Ne,Q,'_be,g'~
.~veli.D. (366
(36 )
"
1932,..1933
!J.merlJ!ggb.nl.! 367
1934
Eveg~bAl%jx1.e:feqkpA e~li..a 368
l(
1935
~bliaP..G.1j.uËJlY{lw.P••
.1j.uËJlY{lw.P e1fJ:l
••
q
e1fJ:l .€bât2
369
19,36
Bib).igao JF:ti.nxn;wo A:kpQ, EveJJ.a '5/0
J.ke Kristct1!Dae. -{t-utin.YY.
18
1 47-192§.
371
1938
E'vegba.lexexJ.e Je Al51la, eneli.a 372
1939
M.lnuf'iagbAle na. Malmtside tlJ8u
nusr=,ln'WO JsRlq,
kRlq, e:fia!aw,o Yf4.
1954

.... 2j[~ .-
m
-
RESUNES
D TI:
TEXTES
LE
THE.tiTRE
1 - MEDE
ABLOTSIDELA
.ALO
ESIN.&1
KP];,E
DADZI
Lionel Mensn Dadzi et EsinaI:l Ak.)1i. s'aimaient depuis le tenps où ils
se sont rencontrés aU
aU collège d'AchiDota et ont proI:J.is (10 se m.arier.
A la mort du père do Dadzi, su tante AdaMo. .Ansa
Ânsa paie généreusema:m:.t ses
études~ Sorti de l'éooloet rovonu à Accra après un séjour à Lonàros,
DQdm. veut réaliser ses projets avec Esinan. Anse
Ansa est déçue ot entre
en grande colère car elle espérait que Da.dzi épouserait Sa fille Ame
en manière de reconnaissance pour le bien qu'elle lU'.: li fait~ D'autres
diff'ieul tés surgissent du c8té du père d' Esinam., le Pesteur
Pasteur Akoli ~
Celui-ois'oppose d'une feçoI!li
façoI!li irréductible aU
aU mariage de sa fille a.veo
Dadzi quJil considère cOl!lDe ,~·tm pécheur, un mécréant qui ne Va eU
aU oulte
qu'une fois dans l'année, le j our de 11 lm, pour se faire admirer par
les jeunes filles~ Huit jours dura11t, il enferme Esinaln chez lui et
lui interclit dlaller nU travail pour l'emp3cher de rencontrer sou amant.
Nln;vont auoune nouvelle d'elle, Dadzi se persuade qu'elle écoute les
avis de son père ot qu' e11e'-· "".) renoncé à leur oar1age~ Désespéré,
i l décide d'abandonner ses fonctions de sem-étaire de la J:lairie pOUT
se faire œ:rr81er dans 11 atnée ghanéanne où i l pourrai t obtenir un grade
éloVQ~ Dans le o&1e taups, il se trouve confront6 à la révolte dos con-
ducteurs d'autobus qui exigent une augnentation de sala4'e.
Les aPis de Dadzi lui conseillent de changer· d'attitude et
d'adopter un certain nombre de pratiques 1 aller régulièrooent aU culte,
intégrer la chorale de la oisaion, faire des dons en argent aUX
aUX con-
fessions religiauees de la ville. Dadzi respecte ces avia • .Ak)li s'értex-
vaille de le voir chanj01.", le prend en pi.tié et cédant aUSsi am: intel"-
ventions de son hère atn~ AGOOZO.
AGOOZO, l'oncle de Esinao, ilacccpte dlao-
corder à Dad2d. la oain de sa fille. Le noriage a lieu dans une réjoui&-
sance populuire.
populaire, aveo
avec ln participation de l'ooicalo des anciens élèves
du collège d'AohiIJota et des chauffeurs d'autobus réconoiliés avec Dadz1~

- 239
SQnYO Qst un jeuno ct riche.:-héri tior, qui vit dilns UIl(i i~
"solente opulenc~ et dons l'arrogarlco. Méprisant les avis de sa
Dère, il époUSG Krist:L, la fille aUX Daours
Doeurs légères qui nt ost DOti-
vao dans cette union que par la richesse de son époux. Celle-ci
entretient des relations discrètes avec Yéna à qui ello confie sos
intentions de se débarrasser de Senyo. Co darnior séduit et épouse
une seconde fGDllG, Rebeka, le. fiancée de son oeilleur .ami, Ganeli,
parti en Europe, K.ri.sti. et Yéon
Y
conçoivent un pl~. L1aPa.nt devai t
provoquer un incendie clans la Daison de S~o. Dans l'e;ffolŒlent
gén6ral, Kristi s'évaderait avec l' nrgent de son Ilar1 Olil SJ.pruntant
une éohelle que Ywa aurait apposée à la fen3tro. Mais, dans 1.a pré-
oipitation, Kristi tait une chute ot se brise les joobos. Rebeka. périt
cGt"boniséo pa:r la fiaone ot Senyo est grièvwœt blessé~ Personne
n' G1!ll réchappe DaiS avant de oourir, la fmne aVOUe son forfait et
1
deoandeft le par.don. Cette surpre:ruante révélation ne fait quo préoi-
pitsr la :fiA de Senyo.
1
i
:3 -
GBE
MEDZI
1
la 1ère
1
légœde du Fa
J
~il
Lorsque ~e et ~ vinre.m:t aU nonde, Yeux était l'abJée
Lorsque ~e et ~ vinre.m:t aU nonde, Yeux était
et Tate la cadette. Un jour, leur père Sè, le Créateur de toute chose
rwpli.t u:m.e cal.ebasse de viande de ooutOEl et de pâte rouge à. l'huile
do palme.
palmee Il l'eoballo. dnns l.lnJe belle étoffe de soie. Dans une deurlètle
1
calebasse, il nit do l'or, de l'argent et des perles préo1euses~
t
r
1
ti
l

- 240
Puis il 1 1
1 anvo1oppa dans dos chiffons salos. 1ùors i l inVita sos deux
enfants à venir choisir ohacun une cnlebnsse à leur gré.
Yeux choisit la calebasse entourée de la belle étoffe de
soie. Tâte pr8f'Ora l'autre. Le tissu de soie une fois 8té, Youx ouvrant
la cll1ebasse; troUVa do la viaJlde et de la pâte. Et d' invi t~ ses OaJ:la-
rades, et do se ootira à oanger enseob1e••• T~te, de son cOté, déballa
Sn oalebasse
calebasse et y trouva une couche de sable. "ColJl:l.ent ? Papa a Dis du
sable c4lns ootto céllebasse S Il nia nis nUCUE. alment que je puisse
Danger, OOoua fait non frère? Soit; puisque o'~st Don père qui no
tt1ie
1'a donné, j 0 vais la consorver qunnd-nfu.o". ~/
~ de 1 t euporter llveo
soin à la. naison.. Une fois à la nnison, 'l'ôte, intriguée, se denanda
si la cll1ebasse contennit toujours du sable, 1 'ouvrit à nouveaU, et
trouva. sous le sable do 11 orgcnt '; puis do l'or sous l'argent ; et
sous l'or des perles pr~cieuses. ~ calebasse vaut infininent plus
qUEl colle do Don frère l "et Tête devient riche.
A quelquoa toups de là, ~ appela ses enfants pour leur da-
uanclar J eh bien l "Qu'ave&-ovous trouvé dans vos cll1ebasses ?"~
Yeux
Y
répondit 1 tlMoi l'atn(f, je n' y ai trouvé que de la viandG
de ooutom. et de la pâte".
T~te réponcli t : "Dans Ba calebasse, il y a tout oe qui re-
présente la riOhess~!~
Alors leur père dit : "Yeux tu es trop avide. La vue de la
soie tla frappé, et tu a voulu l'avoir. Ttte, qui réfléchit, a a\\1-,ren-
dre la calebasse entourée do chi:f:follliS, DaiS dont l'intérieur cachai.t une
richesse- Ct est d0S0roniS T~He qui sera l'atnée, et toi tu serm. son cadet~
On avait l'ho.bitude de' te nOIJI:ler en prenier lieu ; désoroais, ct est
T~te qu'omnOtJIle:t'n d'abord.
Dapuis lors, quund on a de la chanoEl,
chanoe, on dit oa ttte ost bon-
ne. Et non plus oos yowc sont bons.

- 241
L.&,
NOUVELLE
1- NOMA.LIZO
-...
NOMA.LIZO
-
Nonolizo eat une jeuna fille très belle qui surt10ntera plu-
sieurs tentations pour sauvegarder sa ohasteté. Xl.le luttera obatuBaent
~ntre Mxabamiso, un jeul'lS sadique qui tentera
de
la
violer, de l'enlever et de la séduire par la richesse. Elle perd see
parents et vi t clans 1& dénuEltlent nais elle garde sa lucidité et ne
SIloooIilbe pas à la tentation. Elle aiJ:le Bengale. qui l'a une fois sauv~e
des oa1ns de M%abaniso et qu' elle retrouve qUelques années plue tard.
Ils déoident de se marier oais quelques jours avant le nariaB'e,Bangela
narlage,Bangela
est arr3té pour vol ~ Nooalizo oonnett une grande déception:. oais
oe11o-ci ne dure pas caz l'histoï:Ce de vol est un coup Donté
nonté par
Mxo.baniso aVec la oooplioitu de son ani, le oonnissoire. Bantela est
réhabili M.
M, Mxa.bo.n1eo jeta en prison. Les deux aoants se lJ.a.riGIlt et
vivent heureux.
2 -
~, KU B.tBA
-
1.1iI'
Le jeune KUll:)dzi hérite de ln gronde fortune de eon père,
Kughlanu. A. peine ~t-il fini les funœ-ai.lJ.ea de ce dernier qu'U se
lance clans une vie di.ependieuse. n s'installe à l~cora et vit luxueu-,
sooent aveo ln jeune Mnwsi après nvoir exprit1é son mépris pour Eeiae,
là fUIe qu'on lui Q proposée en famille. Il Be tarde pas à s'apercevoir
de la perfidie de Mawuei qui, aidée des brigande d'Accra, le dépouille
un soir de ses biens~ KUI:l.3dzi revient aU village, séduit la femme d'un
jElWlll8 tntelleot'llel qui fait ses études en Ehrope, lfeo.poisonne après
8fa~ œ>61'ÇU qU'elle attendait un enfant. La polioe établit sa cul-
pabilJ.t&. Le verdiot 1 une forte 8lllende et 10 ans de prison• .Après ces
efJ'ZJIéuf Kum.Jdz:1 est baMi de son village et devient un pauvre errent~

242
"
3 -
TJGBI
MAWUliNA
II
. . . . _ _ ' .
t
.....
Mawuko est orphelin de I;lère. Elève chez sa tante Mil2tsJévi~
wc, il vit entrê l'nt!action de cel l&-ci et la haine iIltranaigGaJl.te
de SOD J:lari ~ il la sui te do certains évèneoonts Mawuko s 2installt à.
Setu chez une fGlJCl.e
feIJCl.e Nago, pu1s ensui te à Kano, aU Nigéria ";'l{prèo:'~Gn des
aventures, Mawuko reviem..'t à ~x:dkpota, chaz sa nère adoptive. Mais
cel1&-oi ne vit plus. Il retourne à. Zanuv.......e où vi t son père aveo 1m6
nouvelle fecoe et deux enfants ll€besi
et llgbeko. Malf'Ulto s'intègre mel
dans une famille où il oonn~t la haine et la jalousie de sa belle-mltre
et de sos det:d.-:f:rères. Un jour ces derniers ourdissent un complot oon-
tre lui. Se servant d'un ooatl1oa qu'il n rappo:r-té du Nigéria, l'un
d'eux, Agbesi; inoendie la Dllison d'UIl.e vieillè :f'ât:lI!iô. Un tOmoiJill sur-
prend le orinine], reconnatt son hsb1llooent. Mawuko est a;rr3té, .t
jet~ en prison. Le jour du procès, on découvre la machination. 1J. V'è~
tabl.e c:rin.inel Agbes:l est arr3t~ et Hawuko libéré. En arrivant h la
maison oe dernier reçoit un message. Son oncle Dnternel, Togbi Mawuena.,
le ohot du village ost déoodé et le pouvoir rav.Laat à fJ)n nevt:u.MaWUko
ost intronis6 dans les jours suivants et deviOIJlt le chail' Ma:wuena. II.
_..
_
Dzanka., est uno jeune fille qui, voullUlt tLrer le ~UI:l
d'avantages de sa beauté, se dérobe à lle.utorité
paternelle,~:JlIl9
une vie dissolue aU mépris dG la norale ot de la foi chrétiœme•. Elle
trouve aU bout de la recherche du plaisir naternellune maladie qui
roXlgG inexorab1E1len.t
inexorab1E1lent se. beauté et son ch~e. Elle meurt dans .le regret
et la. solitude~

- 243 -
Sesea.wodo ost un. viD.ogo sons orga."lisation où règne la loi
do la. junglo. Uno 6pidénie se déclara dans cotte localité et fauche
les gens par centaines. Un jo~) le plus respeotable des habi tenta,
avo.nt Qo nourir, r~uni.t tous ceux qui sont encore vivants et letU" e»-
plique que le malheur qu~ils connaissent ost la punition de leur péché.
Il leur ordonne de quitter oe lieu pour fonder un autre village où Us
devront changer de moeurs. COI:lIlenoe l'exode qui dure des seoainea. Ils
fondent un autre village du ·nOI:l de N~viwoc'lo (le PaYs des fi'ères). Ils
se ohristiwsent grâ.oe à 1 ~action de DisBionna.ir~,européens venus
d ~une 100al1té
100al1
voiaine~ La oOIJI:lunauté ohrétianna est clirigée par
Gboblewu et sa femme Akofa. Ceu»-ci ont~:n enfant unique du noo de
Kofi Nyaoe1O ~ Les brillantes années d'études de ce dernier seront per-
turbées par UD. draIJe survenu dans la fatdlle. Les parents se ruinent
par suite des actes nalveillants de Kub:1.lll':ù.,) le neveu de Gbeblewu.~
Après des oooents difficiles et une vie de domestique q.a.ns d'autres
looal1tés, Nysnek. revient OOIJIJe secrétaire il l'école de son village.
Les parents, après avoir erré pendant longteraps, réussissent à r&-
:raire leur situation, reviennent nU pnys et SOllll.t fêtGs an grande
poupee KubiQh.l.~ qu'on a cru Dort revient aussi,) dED~e le pardon de
Gbeble'W'U et se ma.rl.e.
6 -
AMEDZBO
-
6 -
AMEDZBO
NroLI.A,
.
NroLI.A,
Jc.uzu est un j aune et riche hantio:r d' J.IIl:&cho qui oonna.!t
des déceptions avec une fille qui le tronpe uvoc son plus intiJae ami.
n éoigre à Keta aU Ghana. où li se narie avec Ulle autre fille du nOl:l
de Labone. Les prœders DOIJenta de leur vie oonjugnlG sont heureux~
Un jour, cependant, Anuzu reçoit une lettre anonyoo qui lui fait
~tat des seoriltes fréquentations de sa feooee Il entre an :fureur et
la renvoie brutnl61ent aveo son enfant do quatre ans dt~o. Ressentant
des retlords, il tentera de la retrouver nais sa courSG folle à tra-
vers le PoYs ne doxmera aUOun résul tete Il quitte Keta et s'installe

- 244
à Gbodz,,,e. Sa fortune s'accroit Daia il est toujours hanté par le
souvenir de sa fer:un.e et de son enfant. Un jour, un étranger se présen-

souvenir de sa fer:un.e et de son enfant. Un jour, un étranger se présen-
te à lui nais Anuzu, aVare, lui refuse l' hoepitali té _ Il renvoiG
t
éga1.a:H~nt un autre viai tour qui arrive une sEDaino plus tard. Sept jours aprèE: •
'
g,près cette seconde visite, .At1uzu
.At:1uzu reçoit une j aune personne qui oette
fois-oi réussit li. se fc3ire accepter après de pénibles disoussions- La
présence du j oune hOctl9 aUX ~tés d' ilouzu change la vie de CG derniet'.
Sur le8 conseils de l ' 6tranger, il DOéliore so:rm
SOJm r6giJ:le a1iI:lentaire,
aliI:lentaire,
transf~re Bon argent à la banque, construit une noison lu.xueuae, achète
UDB voiture et fait!':' de nOI:lbrcmx voyages d 'l)grér:J.ent aU Ghana et à 2 1
2 U
1 J QtrangQ'. Un jour, AIiluzu raçoit là visite insolite d''W".lle f et:n:lO qui
se trouve $tro son ancienne fEDIle. L'étr[l.nger est le fila dtAouzu et
ntest autre que les deux préc6dants étroXJ.gat'a à qui. celui-oi avait
refusé lthospitel!té. Ln fatJille se retrouve. L,os parents· se rEDarient,
le fils aussi épouse Afiftafa
qui est celui qui l ' ave! t mis
sur la voie pour retrouver son père. Tout sa tern1nG dans la réjouis-
sence populaire~
.., -
ANEDE MmY.A.
ETSJME
0
Sœ.anu Gst un j oune Et-18 dont la vie est un exemple de courage,
de travail, de persévérance Qt de foi en Dieu. Ses parent., pauvres, me
jouissent d'aucune oonsidération clans la sooiété et S9 heurtent chaque
jour à. la dôr!aion~ P6niblement, ils parviennent à payer ses otudes
~s. Smanu travaille d'abord COtlOe oanoeuvre dans un chantier
de co_truction, obtient une prOI:lotion dans l'entreprise et parvient
à le. direction après un stage en Europe. Ses parente acqui~reDLt un
honorable sta.tut eociol et meuremt dans la dignité et la paix divine.
Par ses OSUVTOS, Seoanu contribue aU développa:n.ent rapide de son vil-
lage, et passe ses clerniers jours dans là paix et la grooo de Dieu-

- 245 -
8
_
mm/}
Le riche roi .AgrOI:lia et sa feuoe souhaitant avoir un peti.t
fils avant de oourir. Ils proposent en oariage la jetme fille At'iW8
à leur file unique SeyraJ:l_ Mais celui-ci n'a d'yeux que pour la belle
oi'phalin.e Tugbee"wOfia qutil fait ent1'er discrèteoent clans la maiéom:
pe.terneile oOt:lIllG dotlestique • .A:f'iwa~ jalouse, éOr1goit une haine immodér~e
pour Tugbèawofia. me tue un étranger du :roi an empoisonnant la nol.U'-
riture que 6a rivale favori te lui a préparée. 'l.'ugbeawofia accusée
d'hocioide est cond.acnée à Dort. IoIais la nuit, elle réussit à. slé~
aveo le. complicité du gardien dG prison. Un jour, à la suite de cer--
taines circonstanoes, on déoouvre inopinénent chez Afiwa le poison
qui a tu.6 :L t étranger du roi. Celle-ci avoue SOIil forf ait etoéprlsée
de tous, elle se suioide p~ le poison. Le prince revenu d'un voyage
a.pprend tous cee évènwents. Bouloversé, il décide d' allar.- quérir lIOn
et10nte et se net an route aveo treize autredcOupa,gIlons. Douze de o~
ci périront on cours do route dévorés par les fauves. Resté seul aVec
Aowuve, le gardien qui avnit aidé Tugbeawofia à s' an:fuir, ils· seront
capturés par des assassina qui les aP,èneront clans le villago dtAweea
pour atro :1.rloolés aU f6tiche. Ils seront sauvés aU demrler monant par la
f6tiohauso qui so trouve ~tre Tugbeawofia et qui les a reconnus- C'est
le retour trionphal à la uaison. Le roi et see suj eta apprennent ln
nouvelle et s' appretent à los accueillir on grande ponpe. Nais bru&-
qUEDGmlt les choses tournent aU tragique. Tugbo-a.woi'in meurt en cour.
dG route. Soyrao ne supporte pas cette porto et succombe à son tour.
Le deuil narque tout le PaYs. Le roi et la reine meurent aussi de
douleur, laissant à d'autres lour grande fortune.
9-
j,GBEZUGE
La nouvello
a une couposi tionaiJPti.c:p.o. Le prEllJ1~ tlOuvœent
oorrespond à l'adolesconce du héros, tandis que le second décrit Bon
3ge ntr. NOUS f a.ison15 1ll. cozmaissance du héros à la cour du roi Hot3

',,:.....
- 246 -
.
Desu dont l'opulence a été décri te dnns le prologue que const!tuent les
deux preoiera chapitrea, .~ ')rto de flash-back OÙ /igbe.zugo l"aco:n!.'tt'~ los
douloureux souvenirs do son en:fanoEh Toute la nouvelle est la rEilation
dlunG série dl épreuves dlwme vie enchatnée aU oalhour.
A qUatre ans, pendant la guerre des E"le contre les .Achantis,
AgbezugG a été abandonné par ses parents qui fuyaient 11 avanoe des en-
nen1s. Une f'EIJIle, autre fuyarde, le trouve et llentretient dans W!liG
grotte. Partie un jour à la reoherche de la nourriture, oelle-ci ne r&-
viendra plue j aoais. I!:rran-t seul dans les chaops, le héros est oapturé
par dos brigands qui l'aoènent dans ll)ur fem.e. Pendant un an et dŒli,
il vit oapt:11 chez los brigands aveo une foooe, elle aussi priSOnnière.
Un jour, Us s'am:f'u1ent tous deux en. ooopagnie dlun hOIJtlG qulUs ont
détaché des liens ~ lesquels i l attendait pour &tro i.Dm.olé aUX idolea~
Pendant la fui te, la feoIJe mordue par un serpent, suscoobe. Agb&zuge la
ve:Ule tout le teope de son aganie alors qUe le j €llne
horone disparaft.
Contin~t son cheoin U est de nouveaU oapturé par ses anciens ravie-
seurs qui le vendont à un ivrogne. Oelui-ci sous 11 effet de l'alcool et
dans un acoès de oolère CODD~ un oeur"lz!ê sur Sa fŒJ,I;l.e. Chttié, tout
SOIll bien est. vendu et aveo lui Agbezugo. Le héros se retrouve esclave à ._~
la ·CO'l.lJ'iO,. du richissine roi HotJ Dew. Il aoquiert vite ln synpathie
de la reine qui dGtlande à son époux de lui réserver un tra1tŒlG!lt
pal'-
ticuli.er~ Agbezugo devient le chef des oscla'V'oe.
Le héros ElSt dans sa 7e
7
nnnée à la cour Hot;
Desu. Ce. der-
nier forIae le proj et de se former en déoouvr~t d'autres horiz01ltS et
décide d1atreprendre un long voyage. Avant de partir, il oonfte la
direotion du royaUJ:1e à Agbezuge. Cette :rapide ascension vaut aU héros
la jalousie des parents du roi et la. haine de tous les autres esolaves
à l'exoeption de SOJll am. Ag,»b6Ya, Après le départ du roi, il Va subir
la plus dure épreuve. Un soir, retournant chez lui après nvoir longu.e.-
Dent Causé aVeo son unique ami, i l déoouvre' la reine· allongée dans son
lit. Cell&-oCi lui fait l'aveu de sa. passion dont lui, Agbezuge est
1 tobj et. Eale le supplie de lui faire 11insigne plaisir de coucher aVec

247
.,...
.,
elle. Scène de tentation où:
la fClJIJO découvre Sa nucli. té. llgbezuge
ilgbezuge
rosistG et s'enfuit chez l~-obaYa à qui il confie son trouble.
Huniliée dnns son orgueil. lbmel evo
tan tera de se venger en
l, o-€
inventnnt l'histoire d'une tontativo de ~ exercée
pDI' llgbezuge
sur olle. ELle nenace de fElire éclater le scanù.nle aU crand jour
en lui rappelant le chûtiLîent qui en ru sul teI'n pour lui. Agbezuge
oesure avec
angoisse 1 'horreur de la situation. Dans l'inpossi-
billt6 de trouvor une solution heureuse, pllPis de colère, son üPÏ
~aya se jette sur la roina et l'assonue. Tous deux l'enterrent
ùans le plus grand secrot.
Le lendcnain, ~ la nouvelle de la clisparitian de la reine
se rupnnd. Toutes los tBIlltntivos pour ln retrouver sont vaincs. Peu
de tcnps après. llg'lboya succonbe à une nnlaclie .. Ses dernières pn:roles
ù ligbezuge sont--l;JIl.
sont'-l;JIl. véritable hynn.e à l ' oniti&".
Le roi, revenu d'urgence, tonbe nalade de chngrï.n et garde
le lit pendant quatre ans. Il rte survivra pas nais avant sa Dort,
l,gbezuge lui avoue son crine. Hot,Desu n 'y trouve qu'un juste châ-
tinent du ciel et le fait héritier de son royaUllo. Cetto r01abili-
rclliabili-
tatioEl du hCros c16t la prenière partie du ronaru.
La dcuxiène partie s'ouvre sur un second calvaire du person-
nago,lIgbezugo Va affronter le haÏJllle et la jalousie dos PDI'cnts du roi
ot de son ancien r~gisseur Hotson~oue"
~U1ssi va-t-il atre
victioe d'uno sorio de couplots. Un soir qu'il prenait son. bain,il
a ~té agressé par un inconnu qui 10 crible de graves blessures. Huit
Dois après, ù peine S'O%ill es~il rouis qu1il vit un autra c1.rnoo.
&oekpo le fils do HotsonyooG vient à disparaître. On retrouve son
corps recouvert de branchGs au pied d'un nrbro qu'lIgbezuge a coupé
pour ülevor sa ol~turo. Ce dernier, accUs0
accusu dG neurtre, lapidû, fia-
gGlé est chnssû du villnge après avoir été sevré de ses biens ot de

sa feone. Eh d~donnngenent, i l est obligé de
laisser son en:fant
à HotsonYdDe~ Le ~ilh sur les ~outes, oisérable et solitaire,
Vo1's des hori~Oh$ inc:onnus &
"Agbezuge z, yo'WO kple bnliwo oc hele yiyin [tbe alcsi ya 1"0
tsr-o de nu n)o yiyin eue eye nenya otisi yin "lOleo".
(llgbezuge traversait [Jonta ct vallues, s'envolnnt COODe un fétu.
que le vent enporte snns savoir Où i l se ren.daif.).
llprès plusieurs jours do (r'l<t-she, il arrive nour[J.E;t clnns
un village 00* i l survit grace à la diligence des guérisseurs de
ln région 9'. et surtout de ln fermo <.le son h8t~2 un vieillard con-
nunéoent IlPpelé Papa Ge. I l se fait adopte:::' par ce dernier qui
lui offre des terres à cultiver. Grâce à sn nonbreuse récolte,
qu 1i l offre g6noreuseuent aUX habi tan" ... , le village survit à une
grnnde fntûnc.
Tout sanblo avoi;r bonne allure lorsque survient une autre
épreuve. Par jnlousie, le fils (le Papa Ge accuse llgbezuge de vol
d'argent q'L's.lui-n8ne n enlevé Et Bon père. Ce dernier doit renboUJ'!.!~::-·
ser .1' argent vol15, ainsi en a décidé le conseil du village pour
le punir de Bon acte. De plus, prooené de village en vil1Qge,
obligE! de faire une confession publique, le héros est de nouveaU
livr~ en patura aU public tortiormnire" T:rois jours après un
dernier conseil des vieux se réunit pour réconcilier Papa Be et
son fila adoptif, aprè s quo ce dernier n payé qua t2"e po ts de vin
de paloe. Après le discours de Papa Ge, llgbezuge dennnde ln
parole etfait le récit de sa vic depuis son cmfnnce jusqu'à son.
arrivée dans le villngee il. peine a-t·,1l fini que Papa 1e s'ée:titJ 1
"Voici notro :t'ils Agbezuge".. Sa :feonQ accOu.:l't, hési te d' nbord à
croire, puis se convoinc ensui te aprè s avo:'tr reconnu les cicatri-
ces qulllgbozuge portait à 10. taille et à la jonbo..
_ - - - - - - L

.. 249
Ln :nouvelle se ternine plU' une série de confessions. 1e
:fils du vieillard aVOUe ~tr~ l'autour du vlÎ)l oonnis. Vingt ans
après ces évèncncnts 1lgbe~e reçoit la visite d'un home d'un
certain age; trè S Dniade aCCODpll[,na c1.'1m jaune honne.
1 'honno aai.ade fait à .AgbozUge des. aveux surprenants. Il
sta,PPQ11e Hotsonyane, celui qUi, à ln cour du roi Hot.:::> Dostt a
nourri contre .Agbezuge jalousie et haine. Clest lui, le jeune
honne qu 1AgbezU(;e cvni t sauvé des nains des brignnŒ' et qU ~i1
n'a pns reconnu à la cour du roi. C'est lui l'auteur de l'agres-
sion clont ilgbezuge, une nuit, nvni. t ûM victine. anfin, c'est
lui qui, dnns l'~:f'oire de l'enfant dispnru, avait tuô sonpropro
fils pour en rendre ligbezuge responsable.' Depuis des années U
subi t atroceo.ent le poids de ses péchés. Maintenant
il vient
"(;
avant de nourir, inplorer le pardon dl Jigbezugc.
"tQI1ye nuv.J'WO kw benn,W d.ei. Nara naP nay.i 'de"
(Pardonne Dai Des péchés n:fin que na route Boit paisible jusqu'à
l 'au-dolà). 1
La jeune hOIJDe qui l'acconpngne est le fils dlJlgbezuge qu'il lui
nvni t arraché in.justenent et qu'il lui restitue. Sur oatte secondo
retrouvnillo ln nouvelle prend fin.
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Bvegbegbalexexlc
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-'

4
A
$$Q$14i
..,..
-
268
III -
DOCUl4mTS
PERSONNELS
A'" Interne1-Ts
i.-
......_
1 -
&1 Al1 W,atpW
... interview à fahnhew J Dhn,
Messal, 5 juin 1973.
interview aU Pasteur Paul Wiegr[ibe,
Br&1e, 17 juin 1973.
- interview à Karl Heinz Striedter, assistant teclmique,.
Institut :Probénius - Francfort, 6 juin 1973~
-~ interview à G.W. Kwnsikuoa, poète, chef de publication,
départenent de ln langue eve.
Accra; Bureau of Ghnnn Languages, 12 spptenbre 1973.
puis septoo.bre 1974.
interview à Konu directeur du B.GeL.
Accra, Bureau of Ghana Languagos.
intervie'ti à Adinyirn, écrivain,
Accra, Institute of Ghona Languages, 14 septenbre 1973.
intervieu à Seth llkafia, romancier,
Accra, General Post-Office, 15 septenbre 1973.
- intervicn'1 à Kiya-Hinidza, poètt\\,
Accra, Lagon, 17 septembre 1973.
- interview à Félix Huophrey Buatei, Pasteur,
Ho, ETnl'lgel1cal Preabyterinn Mission, 22 septeobre 1973.
- interne't'; à Paul Mensnh Desewu
Dzolu k?fo (Kete.), 2';' septEiLlbro 1973.
- intervio\\1 à fuJ.a Nkansa~
Ho, Ghana Broc.d Gaating, octobre 1971'1'0
.3 -
.Au Togo

- interview à Adzouadc., président de 1 J Acadénie e'\\Pé 2 oct.
1973.
- interview à .l:leab1ey, pastsur~ directeur du bureau de

269
li ttûraturo ove à l 'Inprineria EvnnGéliqu~:, Loné, 6 Ootobre19'73•
... interview à C. Boo,
';oriv<?i.In, Lomé, 10 Ootob=e 19'73.
- interview à Frencis Chordey, toné, 12 Octobre 19730
intorvia't'1 à K.tmovi John80liIl, ûCl'iVaiD rain:a. Lo06, 11 Ootobre 1973.
- intarview à Trecle, rédacteur de la page eve de Togo-Presse,
LOOQ"
13 Octobre 1973•
... interview à llgbeko Aboni, chai" de publioation dù club evo,
Ootobre 1974•
... interview à Sinom Anika, ütudiant; écrivain,
écrivain. p±'éJsident du
olub eve, 0 ctobre 1974.
interview ù Léopold Ayivi,
Ayivi. d1recte~ UO prog~~ de 1a
radio diffusion,
Lo06, septembre 1974
- interview à Daniel Soleo, direoteur de progranno de ln.
télévision.
- interview à .Akuetey Tevi .Ar:1ewuga, rédaoteur en chef du
journal GOOG Su, Octobre 1974 ..
B-
Correspondances
- ..........
Correspondances
-
-~
- Rev~
El.
P ~
Adiku,
E~ P.· Churob Box Je. 145,
Accra, II ow TOlml, Gh~
lettre du 22 novenbre 1973.
- John K~ 1ùovor,
B. P. C~ EducationaJ,. Unit,
Post Office Box 78
Ho v/a - Ghana
lettre du 29 novoubro 1973.
- lllbe:rt GérQ;t'd,
Universi. té do Liège,
place Cockerill, LièGo (Be1giquo),
Lettre du 15 avril 1975.

270
... Fred Ba1win Kwami,
FlaIlboyan.t Garden,
P. O. Boz 30;
.Agbo~ - Volta Region, Ghnl!llll.,
Lettro du 3 octobre 1973.
- Frank Ko:fi Nynlm,
P.O. Box 11 0,
Bolgatanea, Upper Region, Ghnnu
Lettre cbl 23 novenbre 1973.
- Rev~ Bidi Setooafia,
E.
P ~
Church,
F. o. Box
3•
..mJ.ogn - Ghana
Lettres du 21 tlars et du 16 avril 197,~.
- SiDon.
Anika,
Président du Club Eve,
Université du Bénin B. P. 1515 LOtlé-Togo
Lettre du 4 février 1975.
- Gabriel Kwaovi JOMSOIill?
JOlmSOIll1
Ancien Présiclent de l 'Insti tut Togolais cles sciences
Hunaines.
Atlen House.
15, rulQ L. Nontnene, B. PlO 67, LooG-Togo.
Lettre du 18 janvier 1974.
C -
J;l9cmaents
sonores-
...-._-----.-...----
sonores•
..-._-----.-...----
- interview à Sinon.
lUdka,
- lecture cle poèues par JlDenyedd, prospecteur h ln
direction de la euJ. turc_
Par SiDon lm.iko, Président du Club Eve,
- interview à Ebmanuel Assn!qlo, chonteur eve, Loné-Togo,
Octobre 1974~

«
-
271 -
Table
des matières
Pages
Introduction ••••••••,•••••••••••.•••••••
,
~ ••••••• ~~ •••• •••
1
PREMIERE PARTIE: Langue et Histoire ••.•••••••••••••••••
6
Chapitre l
:
Langue et Locuteurs •••••••• ~ .•••••••
7
.
I. Le terme Il Ewe" ••••••••••••••••••••••••••••
7
II." Structure de la Langue ••••••••••••••••••••
9
l'oral à l'écrit •••••••••••••••••••••
15
- De
a)
Les travaux des missionnaires ••••••••
16
b)
Le problème de la graphie ••••••••••• ~
18
Chapitre II : La Littérature Ewe et son appartenance
à deux nations
: Le Togo et le Ghana •• 33
1. Langue et Colonialisme ••••••••••••••••••••••• 33
A) - De la moitié du XIXe siècle au début de
- De la moitié du XIXe siècle au début
la Première Guerre Mondiale ••••••••••
33
la)
La langue Ewe sous le mandat français
36
C)
38
- La Langue EMe sous mandat britann,lque
- La Langue EMe sous mandat
II. Langue et Culture Nationale •••••••••••• ~ ••
40
A)
Situation privilégiée de l'Ewe parmi
les langues du Togo ••••••••••••••••••
40
1)
L'Académie Ewe ••••••••••••• ~ •••••••••
43
2)
Le rele de Game Su •••••••••••••••••••
44
3)
Le Club Ewe ••••••••••••••••••••••••••
46
4)
Le Cercle Eweto ••••••••••••••••••••••
41
5)
Les milieux confessionnels et les grou-
-pes culturels marginaux•••••••••••••• 47
la)
Langue et culture nationale au Ghana
49
-
1)
Les institutions officielles •••••••••
52
• Le "Bureau of Ghana Languages" •••••
52
2) -
Les institutions universitaires ••••••
54
L'Institut d'Etudes Africaines •••••
54
Le département de linguistique •••••
55
Le département d'Anglais •••••••••••
55
Lee Eglises~~~•••••••••••••••••••••
56
3) -
Pour une meilleure politique des langues
nationales •••••••••.•.•••• ~••• ·••••••••••••• 56
4)
LtEwe parmi les langues du Ghana •••••••• 57

-
-
272 -
Chapitre III. : Pour une étude diachronique de la
littérature Ewe •••••••••••...••••
68
1. La littérature ewe de 1856 à la fin de la colo-
nisation allemande •••••••.••••••••••••••••••••
69
2. La littérature eWe de la Première Guerre Mon-
diale à la veille des Indépendances •••••••••••
71
3. La littérature ewe d'après les Indépendances ••
74
DEUXIEME
PARTIE
:
les Cat{goties Littéraires Ewe ••••••
80
Chapitre 1 :
Le Corpus non Fabulatif ••••••••••••
81
I.:Littérature réligieuse ••••••••••••••••••••
82
1. Le Borpus culturel •••••••••••••••••••••
83
2. Le corpus cultuel ••••••••••••••••••••••
B6
II. Littérature pédagog ique •••••••••••.••••••
87
III. Journaux et almanachl •••••••••••••••••••
89
1 Il Les almanaoh&. •.••••••••••••••••••••••••
89
2. Les journaux • . . . . . . . . . . • . • • • . . • . . . . . . . •
92
a)- Presse indépendante ••••••••••••••••
94
b) -Presse religieuse ••••••••••••••.•••
96
c) - Presse gouvernementale ••••••••••••
97
IV. La littérature biographique ••••••••••••••
98
1. Problème de classification •••••••••••••
98
2. La biographie ewe, une forme simple 1 ••
100
Chapitre II : Le corpus fabulatif~•••••••••••••••
105
1. Le conte EWB ••••••••••••••••••••••••••••••
106
1. Forme orale et forme écrite ••••••••••••
106
2. Quels contes ont été transcrits 7 ••••••
109
a)
Le conte allégorique ••••••••••••••
110
b)
Le conte de la causalité ••••••••••
111
c)
Le conte à parole feinte ••••••••••
113
3. La fonction sociale du conte •••••••••••
116
a)
Fonction distractive •••••••••••••
116
b)
Fonction pédagogique •••••••••••••
116
c)
Le conte et le public des adultes ••
117
d)
Conte et fantasmes~••••••••••••••
11 8
II. Le fantastique • . . . . . . . . . • • • • • • • • • . . . . . . • •
119
III. La poésie • . . . . . . . . . . . . . • • • • • • • • . . • . • • . • . •
125
1. PCÉsie et mnsique ••••••••••••••••••
125
2. Langage poétique 1 Dialectismes,
archaismes, contractions •••••••••••
127
3. Le Rythme ••••••••••••••• ~ ••••••••••
130

-
273 -
4~ .Technique stylistique 1 le jeu des al~
locutifs et des substitutifs •••• ~ ••••• ~
138
r.;. ,.
",,'
Le contenu de la poésie Ewe •• .... .. .. " .'
'
'
142
",,'
Le contenu de la poésie Ewe •• .... .. .. " .'
'
'
a) - Poésie narrative •••••••• ..........
.
142
b) -Poésie descriptive •••••••••••••••••
143
c)
Poésie philosophique et religieuse.
143
d)
Le lyrisme ••••••••••••••••••••••••.
144
IV. ,Le Thé~tre ••••••••••••••-••
- -•••••.
-
·
. 145
1. Aperçu historique ••••••••••••••••••••••
145
2. Thé~tre et tradition •••••••••••••••••••
146
3. Thé~tre et société moderne •••• .........
.
152
a)
Le suj et pOlitique._ ••.
......... 152
·..........
b)
Le thé~tre religieux ••• ·..........
·
154
V. La Nouvelle ••••••••••••••••••••. ·.' ..........
155
1.fonctionnement et organisation interne ••
156
2. Une littérature d'édification ••••••••••
162
VI. IL e Roma n •••••••••••••
169
Cl' • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
Cl' • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
1. Caractéristique ••••••••••••••.•••••••••
172
2. Ku le xome et la tradition romanesque ••
175
.IROISIEfvJE PARTIE
Essai de sociologie de la littérature Ewe
184
l . Littérature et Bible •••••••••••••••••••••••••
185
1. Des littérateurs prosélytes •••••••••••••
185
2. Idéologie chrétienne...........
. ••••
186
3. La Bible à travers les textes •••••••••••
187
II. Littérature et moeurs sociales ••••.•••••••••
192
III. Littérature et consommation ••••••••...••••••
196
1. Le volume de production •••••••••••••••••
196
2. Les lecteurs .......•.••. ......... -.- .. . . . • . . •
198
La distribution •••••••••••••••••• .
.
-
100
-
Conel-l1sion ••.•• • o, •.••.••••••• '.1
.
205
Annexes ••••••••••••• ......
.
-
'
211
-
'
l . Chronologie de la littérature ewe ••••••••••••••••••••••••
213
II. Biographie d'auteurs ••••••••.•••••••••••••••••••••••••• ~
222
III~ Résumés de textes ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
238
-
Le thé~tre ••••••••••••••••• G ••••••••••••••.•• ~ ••.••••••
238
- La nouvelle ••
~
~~
9~~~
4
• • • • • • • • • • ~ • • • • • • • • • • • • • '• • • '• • • ~~ • . • •
4
• • • • • • • • • •
• • • • • • • • • • • • • '• • • '• • •
• . •
241
f

274
IV. Bibliographie mina et gUe
·
.
·..
· " ..
Bibliographie ••••••••••
·.. ..
. ......
. ..
. .
.
• •••••
I. Langues européennes •••••••
·
. ...
. ...
·......
·
1 • Allemand;'.
·
.
• • • • • • • • •
2. Anglais.
·.
·
......
.
• •••••••••••
...
• •••••••••••
.
• ••••
3~ Français •• ·.
· ...
. .. ....·
. ••••••••••••••
4 .. Tchèque •• ..
. ......
. ...
. ·....
·
• •• • •• • ••
II. Langues africaines
ewe • .. ·.
· •• • • •• •••••
III • Documents personnels ......
. .
.
.....

.
••• • • . • •• . ...

.
••• • •
• ••
A)
Interviews •••• • • • •
·
• •
.
• •
·
"
B)
Correspondances ••••••••••••••
...
C)
Documents sonores •••••••••••••••.•.
Table des ma tières ••• ·
.