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\\.l mla f"llu
tTci7.C flnll(~(~8 de dur I.:Jheur pour r~ali~er' ce
Nombrl~Uy. ~.~.lnt les amis rtu.i.• à ti tr'c gd\\cieux, m'ont prêté
leur concours.
Je voudrai~, en premier liell, rendcc hommage ~l nos morts. se--
,
lon la cou turne.
1\\ mon Jnaîtr'e,
Léon Cellier, Professeur en Sorbonne, sous la di-",
,.,'.
recti.on de flU.i. cette recherche av;lit: é'té initiée;
trop tôt arraché
à notre vénéra tion.
1\\ Claude Abastado, dont l'esprit perspicace a souvent été pour.
nous u~ reCOllrs.
fi. r;lich~l
H<l.rnhaud,
Professeur de LatIn, notre direct,eur de thè-
S"
ct~ Ji': r:ycie.
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E1.JI~ f:st 1~1/.alement; d'OI',
.f.a Y'?t lQI'O'\\.AJ.JIl ct'
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O'IfJ.I,III'_J.
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lUt..

,jlni. pJ.nir:ÎI' à exprimer ma p,ratitude 2. M.
le Prof. JOllélnny,
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tous me!:', cullès;ucs ùu Centre d'Etude ~t de Hecherche sur les Civili-
sations et LiLtérature.§d'Expression. Française, qui ont hlen voulu me
,
-::~,)09tùI' en \\I..1al.ité o'enseir...nant associé à l.'Université Paris XII.
,Je
p~lI!';c IIOtf'lltl!;'l'2Tlt à MI,}. lcs Pl'O.r~,. ,îholn':-1r', f".1elone,
Robert ro1ane et
,Jacquc::; r.h~\\fl'ier.
J':l{~{,Cf,se ôr.alemcnt mes remerciements à tous mp's AncienR col.-
lègue;, c1:.1 Dépal'tement de Lettres Modernes de l'Université du nénjn
à Lomé, Bernal'd r''louralis et Claude BlulI, en particulier.
A l.a mémoire de :
Na thaniel IIMELII.
Chef
Pa lmes Académirtues f"l'ançaises
Etoile Noire d'Anjouan,
mon père,
.... - -~.,
---~~
...--:
A"., 11.!Tl6 t61-:-0U M,.,E LA,
1\\0 i
cl Po gl.l erre,
s tl'a tég08,
mon grand père r
Je' d&die
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Iltl:l~t'':Iturc ct ln cl'itifjllC r 'lI.li d'une manièl'c la fUIldc, rcle-
vaient tout l'éc~mmcl\\t encore, de fi'lil~ de clvil~satioll ët~'fJllgers b
l'alre culturelle des ~~lOclétés I:;nrquéc.s.par la tz'adltlon ul'Lllc. Cette
r~allté libère tout cllcl'cheul' afrjcaill 'lui s'interroge :O;\\J1' le phéno-
mène de 11 éer i t,
cam31déré comme une
pratlqu~ illstltutiontlcllc. t.D
,
,
,
1
,
naIveté
au premler sens du
ter-me -
devient,
en l' ocr..ul'l'cnce,
la ga-
,
rantle
la plus Sûre de
l'jmpartialité.
1
J\\ nos yeux de cornpar;)ti~;te l'e~isortif>sallt de
la pél'iphérie -
ct
suffisamment Illform~ -
il se vGrïfle que le patrimoine li tt6rairc
j
fr •.mça.Ls l'CPOSC effectivement SUI' un solide ~;ouh;:jsscrnent éthirlue. !Je
f1iontnig,ne aux philosophes dcs Lumièrcs,
les écrivains sc sont essell-
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tlellemellt JH'éoccup~s de morale. I.e mouvement élscendant de cct huma-'
i
nisme a a·tleillt set
véritable apogée au XIXè siècle, et a abouti à
1,',
l::l reconnaissance explicite de l'uTlicit.ê du genrc humélin danr: sa
foisonnante diverGité. Paradoxalement, ct peut-être en ·l'a.i:~on de cela~
à la même épcr""]ue,
les théorie!:; racjstcs les plus illtransi.geantes· ont
trouvé leUl'S plus chaleureux défenseurs •. Mais la révolution Française
(l
.déj?[accpmpli son oeuvre. 'L'Eu.r,opc s'est définitivcment ouverte sur
le monde; ne nouvr.aux hc:::>oill~ sont n6s 'lui pousscnt dorénavant les
écrlvnlm, 3 introduire des motif:'~ exotiques dnns leul's cr6ntiotls.
LornQf'tll'e,
.Nerv:ll, Floubert,
Fl'()f11clll:in ont écrit eh<:lClJIl IHl l'or,nyv..
(~-'I O."iR.ll-t/dOllt un ch;lpltre obl.ig~ est cO!lsac1'6 aux étaper; Cil terre
afl'icnlne.
J.,'OCUVl'Ü
de la prime jeunesse de IIuJ-!.o, 13uy);n"i)nf.,
'·f..e
p.·(?mi..r:.• " tQl(,Lc!- (,.rlnçat...{,'\\ dOJl{,'\\
t:(~ql.l.e/. r.. 'nutv..J.l'· {,'\\ l.i~o'ltL(;.P. r:H·ojo"dpJ"fY"!J,t
(;. un. IlOn-Ire·not..."· (1 J,
traite du soulèvement dc~, 1\\frica in;j d{lportés
commc csci:)ve~-; [1 Sall\\t-Hondngue. Flauhcrt a effectué UIlC Vr:l'j tahtc
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Régis 1\\nloine : c!}:..{,'\\ 1.-e...·i~V(liJ1{,'\\ .<JH1IlÇo..i./'i pA:. fl.'...6 fintiffc:>...(').
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P'QJI«-ÇJ.'·-:'l /.'~"""'"0..{,'\\ f3f,.:mc{,'\\ OUI(. S,.·.l·nO./.'l.lp.{,'\\ noÎ-,,<."J.
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Paris 1978, p.
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inspjr6 811 Xlxè :,;iÙCle dll 110mhre im-
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porlant de ;)(1ù~:e~;. l.a poésie C~~l: fonda men t8.1e:-nen t: :~6 fêr'r.nl:ie Ile, même'
si,
comme 11;.,
l.·c~'jt (f-\\.,C-'J:!tt:::.h...'n,
f:ll€.'
est; fJe'/~~:ltl8 pour 13 cl'ilifllle
"lHI
i;~l:j",f.: I-r...t·.~:·;_cr/f'.u.~!" df? fr::. r-J{J.8(J.(C.~J une. lOnc..tl.Dfl -.'lpçcinfq. (lu rjlnYo~j(.!.'· (l.J.
(.lu 1 cll1_Cnrlc-c
i.e i.
pé::' j"lU/~·-. i r~
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Le mot c.lo.i '.: êLr/] compris nu sens
orieill-e.l
de't1ûlt ~Ii, c'cs'c-~i-dj:J.'c, cJ'éat3.oll. Getlt: valeur' f.;~maIJtifpJC
t.-ïJ'océdé de
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l'épf.:titloTI. ;;il U~/:,h: c~;t p0Ôt:l'.;ue l.orr.. qu'j 1 d/:pé1s.~·~c les
11J~li.tes (1.::: l:{~:H)j'](".é ,'3.irr:jJ..t'.: 'et ~ln:~;.;n,: pOUl' }Ll;i.-m~~:r!l;, p:J,r.' 3tl[:p~lal~e,'l~fle
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ultime de la r'.(~voLte rnmnrlti'lUC est le culte de .)A..t~n. Or L'image de
~:iatan est tl'aditi.on.ncl~emcnt li.l:c à celle de l'homme noir. Tous ùeux
sorlt d6chus de leur rlaluI'c pr'cmiare; celui-ci descend de (:3111 et de
Chnm, le dér;héri të~ celui-l?l a été dépouillé der; prérogati.ves al:ltl'c-
fois attachées [1 sur! f(dng.
Le Hoil' est comme Salon le r~lJut de la
communaute. SUl' eux p ..~~;c le puid~; étel'n~l de la mn16cliction. C·C5't
en sc référant 5. cc réficau d'implIcations subjectives flue doit être
comprise cett<:: 3C'rtc de prédL::QIÇ1sition singulière qui. rattache les
poètes m<:Hlùils ;1 L3 race tloirc.
Le déshérité des ChÏJ)lQ...,,!.~') de Nerval,
celui que marque le malheur d'une double viduité,
dont l"'~'~o".& 'Q6.t
rn~rtR.". et don t le ".f.u.ch
CO'lot.e.Ué"
"I-'orû!' te .;o&u- 'loLr de 1.", /li6 f an.co V.P'·.
J
est de la même race
que ce Caln
des Olt1.LUre..n.-W cie V.
Hugo,
le ,p~ototype de" Cllilm, le lIoir>
llenfant déshéri.té dc Nor..
La
descente aux Enfer's constit1le pOUl' ces
poètes cie l'ombI'c, un retour aux sourCes ~alvifiqucs de
La s()lJffI·aT1r.~1
l;n communion a'JC:c
le peuple noIr des
ténèhrcs.
-~Clcst le dévoilement ,de cct aspect singulier de la littérature.
française au Xlxè :3ièclc que cc I:I'i)vnil cntn:~pI'end.
Nol;rc sujet est l.ntitulp.
:
",J~'A1"t-'1ue conn.,,, Ulç..ne flO~.t;Jf'(<:! c;Jnno.
ff1. i'..l.-tt/?'aLu,(-!. ~'an~n.L<"lc!' UH X9Xi.~ ~t..~lc.ee'·..Gp.tte formulatiorl implique
une étude: di-3.c:hroniqtlC 'lui couvr-e tGute la p6riode t.Ofl(èl'rlée. Le motif'
africain est,
ou XIXè siècle,
un paradigme suffisamment richc pern:'et-
j
\\
tant de reformuJ.er des qL:~stion~ de critique traditionnelles
l'cla-
tivcs ?1 la p::l1ingéll6sie du mythe,
c'cst-f\\-dü'l;, son 6tcI"llel.le 1'~SUI'­
gellce,
el:
Il! prOCcsr;w, de SOIl irld i vi dun tiorl. ~;cllémél t i qll(!IJlCII!;. Le thème
africain semble revêtir une formq
éthique .ct mythologiqlJe chez 1-11 1!),O,
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ésotériQlJe et" mystique CI·V~c. f'l/1:r-vêL. exotique et ETotirlUe ch~z Baurle-
Laire,
et 'enfin r!l~l:aphysiquc f~:'" r6volutionn.aîrc dans l'oeuvre cie Rlm-
baud.
Notre
invcstir.ation SUj'Jt'3 cc~~ (JQints de repères or"thonormés.
Cette· proposLtion de
lecLuI'e suscItera,
à coup sur', un intérêt
marqué.
L'image que le public garde dy continent noir ct de ses habi-
tants est peu rliveJ'sifiéc.
r.e çan"lctèrc lITécJuctibte de
la misère,
de
La désolntlon rot do
ln mort qllÎ. s~vinli0nt CIl flf'l'ique plus 'qu'nllleuJ'G
est un mythe dhonrlammClIt l'épandu paf' i8
lltt;61'<:lLul'e coloniale.
Parl"nt
de cel.le-ci,
Mar'tin Stcills l'c}'}'Je qu"'effe rrnn'1ue t'lO'"1 OQuI'.J2ftcQtdQ qua.-
fU6..6 Li..A:A:.é.a.f_I<?6, nnt..o 01.<:'0''(:;'' e-t <)u.WU.'(, d0l16 t'? eJ"O',,! rb? :)(.1 tll"Oducti...on,
dQ é1lObLté ~"(P.U".c~"'-Ue. "("n""W;.H!."
(1/.
En
Vél'ité,
jusqu'ô la firl
du XlXè siècle
le cO~1ti.ncnt no.ir est
l
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cmeur'C
l 8
"(n .• ',n
,
'1.
lJIL'09'!·L " ,
comme l e SOL! 1·Igne
J.a ct·15 l 8S )J uglle l
ctans\\
lllntr~1ductl()n li :son étudc .~Cortugl'aphique; Il,i~''Lnn9e du rloL" daflô "- 'n.·f.-
oc.c1..d12n.·[nl. ju-..'1rjU'Ù fa, fm du XJXv.- â;_ècfc.!,."
(JI. Cette mécGnnalss~flce
mutucll(: C'iJjectivc Blancs-Noies,
NoIrs-Blancs est encore
la cause de'
cel'tains malentendus ct la IH'incipale ~;X:plicatlon du retnrd ln~gali-,
taire que des Blancs portent SUI'
lp.0 Î'loil's.
L'approchc' 'de l'autt'C est
réglée pal' dcs ha l.it:;c::; fallL;:.l.'3f1l;Jtl ques.
Dès
] on;, vrl cOIrrprenù (lue'
le
rj(>lnofltagc
du méciln i srne l'~duc teur de
J.1jlT\\nge de
lIAf'r'Lc;-tjll dans
ln
LJt;t;;;ratul'c ~·;oit dcvt~rll1 pUlJI'
l~s 0!1cr-
cheul's Ull
tl'<1vai l
motIvant.
fltl imf~s du
d(~~;il' louable dL: l'l~cti f.ier des
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stéréotype~;, lLl plupart dcs crjtJques, ;) la fin de leu)' éH18lysc. ont
(1)
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~!Jartjl1 S\\;0itls : l'Dtl,-e. .t'pl('oLwn12. et Pa 'l~)g.,tAud". : en. -ti..,:tLQ..a-
t.tUQ.
"Dto',i.n.fo."
,..in
,~'nyn<'l. de 1:.. '/1t,·t..r;,uQ. QI! o.:c;.de'l.f:"~: f.~ f.~'-Qâ­
<')c>, ,
t,·;) ,')Pd;.ll'.\\ Q.-t to li...U~,61f'1.·b.uQ_". Colloql1e CEnCLFF
Nov.
19B2'.
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Pulilif par'
f.'.!f:(·r·i.f/uQ ,Ct.,tlJ~60-LH·_ !ln 50
1981,
p. 7.:3.
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1
(2)
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) <J.cH:!la:' Bi".::nel~ .C'~I1l"]9l_'. du nOL'- dOI1·;\\ L'OIl··t
----- '--,ea- (i)") dll X9XQ~ âl.ôcte, flammi.ll~ion, 19H2.
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·~
5
ma lheureu::;cment
tourrl"~ leurs ertqllê l:e~'; eli ac tes d 'ACCUGû tian.
Et pourLant,
il :-c;uffi:3alt .de pousset' plus avant la cl'iti'luC des
textes pour d~cüllvr'.il' que,danG .L'ell~~emble/cette image dévalorisante'
es t
1IOeU'JTC
d' "i?a,woul.n mUle.J.~,·o",
üU du mu i ilS,
par une heureuse
co'incidence,
lf:! fait d0. ceux que la pUGtél'ité n'a plus retenus parmi
les meilleul·s.
L.
Fanoudh-SieflT (1),
L.
François-lloffm<:nm (2),
Astier-
Loufti
(3),
HG~l.er rl1eJ'cicJ' (,'1);. (~t dan::> une mesure mOilll.!J'C1 Régis Alltoi-'
ne
(5), en voulant: stigmatisel'/ comr.1e
il se devait, la mnuvnise foi
dlun I.oti ou
le mi.f:;(;r'Dhil.i.::;me ':tntbigu de
tel éCJ'ivaiti néi~rophile~, ont

omis de relever les J'CCUrrencc;~;; po~tiques rlui 8'1oqlJent l'Afrique dans l'?:j
:: 'üeuvrC"',t>'ùe V. !lu go ,
Nerval,
BrJudeia.i,re ou Himbauù. Ces quatre poètes
repl'ésentcnt de fait,poul' la cJ'itiflue hOJ's de Frvnce, les tendances ma-
jeures de
la po~sie française au xlxê siêclc.
Notr'c .... ::;!;;,i
Gllil: le:. J'èr,le::; ;,c:ld~ml(JlH:n tl'nditionnellcs de'lF.!
thèse p::lradoxal.e et du débat contl'veiictoi('e; ·,1
tend ft mOIlLc'cc' que
le ttJème nf['icé.lin i) 617,alement nourri
une p-.f"'lflde partie de
lv pü€isie
-
franç8ise au XIXè siècle.
J.'Afl'lc;dn ct sail cadre de vie ont été ma-
gllîfiés pDI' les meilleurs allte\\ll'~ de pOAsie fl'ançais~. Notr'e dcssein
est de contrîlll1Cl' il l,~t~hl if' l:l vér'î té en pr'oUv;lllt (1\\J~ le!·, hommcs se
sont plus souvent er.t:imés 'lu'on n(1 'Joulu nous en f2.l!·(· ut<.j-ol Y~.
Tout travai l
qui se veut scientifique ùoit annoncec' Cil prin(;ipe
ses modes opératoires; vins i se définissent les choix ··'11éthodologïflues.
(1)
-
I.~OIl Farlou~h-Sieîer • .r~~ nrdJ)Q, du 71og.<? et. d~ f,'}/18"1'JjUC. 'fIoi~.~
c1n1l.~ fa .Ci...tt~wnl:t~H)~ .7.onçrJL.."lQ.. (De 1000 à lA Deux i èmc GlJ~rre rllon-
diale),
Klillck!3icck.
ral~i8, 1968.
(?.)
L~on François I!offmann, ,IR. nQf]-I".!. l2o/"TY.1n.t:J1U(!., pO.'·~"lO~'llage .f,i...tL~­
.a.u-Q. eL o1:16C?.~oU,,"1 cot.f.C?.ctLvc, Payot 1973 .
.._.__.(.3-)-'- "Asl;"reï~~=-io~.~ft.i : ,t'C'XPOflOW'1 cof.oIlLnl.p. VUQ. drm~ fa f..i_.Ltcha-tu.'C'.
• onl2n~~ql.le. f~ançni...6e,
1.871 - 1. 91.4. Paris. La Haye 197].
(11')
-
Roger Met'cJer : cf.'j}f.,U?uQ. 71ot..,"Q.. don~ -fin (J..tti>..at"'(l. f.a'1çn.;.t.o~.
f.p.~ f.--'1Il-~nli..~'Q..6 ~flny~o. (XVJ_Y~. - XV..9..9..9è nt..ècf..€"!.6'.
Daknr,
Faculté
des Lettrcs Qt Sciences llumnines 1962.
(G) -
~égis An toin~ : .f.0.û Gc.'LvniJ16 ,'T''I'1t1ç.ai..tl ~t. f..eô Alti.l.. feo., r·1aison-
(]ellVC et Larose,
Puris 1978.
-
Voit, <Hl!:;r:;j
Martill Steins
: 'ft(J~\\ /Ji...td d{'.~ SchtOn,'ZcFI -iJI dc>.•' '?u,·o-
pawchen Acd.O'llJl.[,e,UA817LIH' 1371. - 1914,
Francfol't,
]972.
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1
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l imitées, et riouJ' utiliser un
langage 8['istoté-
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.le sujet indique IJal' lul-même
,
la façon dont on düi t
le traiter.
Etudier l'I\\fr'lrlllc comme motif ou
thème IltU:;['<Jü'c, '-:,:'cst,
d'emblée,
s'cng',ager dans une recherche dont
les ·démarches ~e!'üllt soumises auy.. règles. usuelles ne la cr'.i tique théma-
,
tique qul
implitlue également une enquête préalable sur les sources,
hl en que ce soiL: avec beaucoup de t'~'0ecv8s qu'Etlcmble
,:oncède Quel-
que valeur épistém\\).logiqiJe aux
ét,Jdes thf>ma\\:iquefj
:
"t '6.t.ude. d.'un thè-
nr;>_ ,"'nt Q",vL,' 1... 1 t'i..n,t<,Ui...yQJJC", d,".fa .f--U;J;",atw,,'.'.. (1.J.
Des tlUestioll0 préalables méclLellt tlu 'on
leur trouve immfidiatement
des réponses ..
Qu'est-ce qu'un
th{~'rne, ? L'oeuvre
entière d1uII écz'ivain
peut-elle se réduire au déploiement d'uli ou de deux
thèmes? Quelle
est la part consciente de
l'utili~;ation du thème africain dl)ll~" l'oeu-
vre cl' un lIugo 1
d' un N~rval ou d' Vil Rimhaud ?
Si l'orl se r~f~re 5 .J. P. Weher', le pr'emier' à avoir consacré urle
thè~.e._à-··la tlJématologic
mais don.t les travaux doivent heaucoup aux
1
cataiogues hugollens àe }-luguet et à la P()ljd~()e. de V.
J.ltl.go par,
llautloill,
l~ thême sc d6finjt conlme la 1:race qU'Ull souvenir' d'erlfance
a
ln.lssée dnlls
LB
mémoire d'un écrIvain
j
et l'on entend par moàula-
t '
t
t
• vc" ~ (> '/ c v
j
h'
(?) C'
- .
l '
-
'Ion
-ou
0;
V '
(u
t
emè.
-,ette
theorlC , app lC\\Uee 8.Uy. cas '1.ui
rlOUS
intér'csscflt r
5 Nel'val, (Jar exemple, expliquerait que le myttle du
l',·oym.lm::!. d'en~oJlc(!.", du ",.xuarJw PQ.H.!U'·,
58
cristalii::;c dans le
thème
de l'épouse-mère
;
l ' ';''\\l'~ÀI,),,\\;;.I de l'épouse-mère sera i t lr;1s, la déesse
noire d'Eg"YrJte,
idcnti_f16e avec
la Reille de 'Saba, et: f1ussi <'lVCC l\\uréliaJ
ct tuutef; :~C~, LnC;llïltlt.iOI1B fugitilJe~->. L'oeuvre d'qll écriv<J.i)1 serait le
(1) -
Etiemble. Comparaison n'est paR l'aisOI'.
La crise de lu
litt~ra­
tUf'(; comp<'l,'6';~'-G~;"Lii;~'â~~r], r;lr·i.~; 1.963 (L~s Essa.is CJX), p. 80.
,_,(2;)---'-JeaIY t'allt-Weber, Domaines th~",-a_t~'lue~, n. 1'. f., Galilmacd 1964,
p.
9 sq.
:
"

7
domaine privi l~gié du dépl.oiement d'un fieul thème ,.ou du moins/d'un
nombre ,limité de motifs.
Et comment dt!couvrir
le
thème et SUiVI'C son destin esthétique il
l'Ta verE le dédal c de scs ma thda tion:;; ('1) ?
J l Y él urai t 'lua .tre étapes
C':rellser d'abord cn-dcssollP"
du
texte explicite,
viser des nnelogies
qui peuvent s'av~rcr partl_~ll.es ou illusoires, pour ab~util'
1
alJ
rH'emler souvenir d'enfance;
pI'océdcr il la collécte des texter; l'f:vé-
lateurs,
discerner
les Il<lntü:ics
li,llr:ui~;tiquet;, et enîin effectuer une
exploration int~gr;)lc de l'oeuvre (~~).
Pour rechercher' les élémentG constitutifs d'un
thème,
les rai-
Sons ct les modnlilés de son éternelle résurgen':~, on doit nécessai-
rement établir une nomenclature. Dresser un tel catalogue, c'est dé-
nombrer avec précision tous les versants du thème. Cette opération
est une sorte de prolp.gomènes à tuut tr'ûvai l
l i ttér~ ire qu i. se vcut
méthodique.
L'ordonnance du
tex te rai t
ressortir l'évolution du thème
à l'intép.iclH' de la complexitp: de l'oeuvrc. Une répartition thématiqu'e
selon les ·différcrlt·]s modu la tions pe['~c t de dégager la po lyva lence ou
l.a polysémie du texte. Salsir enfin la multipllcité des motifs flue re-
couvre lluni.té du
thème
(3).
Cette cl'ltique suppusc par principe l'existencc dans
l'oeuvre
(k~ récurren('.e~.i qu l ne son t pas "écc~s<:l i I~emcn t dF;:s "PI·/~('I('"...cU(.ll""l ti..o'l.â."
:::ünscicn tes de
l' écr·.i va i1J.
(1)
-
Bcnedetto Croce, ';.w &UQ.,Q(J,Ha Confl,.lOlo,tn./· C.I. 1903, p. 78, clf~
'par René Troussor,' ,fcl\\ Qtl.l.dt?_â. dR. ,Jjlème~ (Essai. de mbt.hedologie).
M•. J.
Min:H'd,
Lettres rttodcl'nes,
Paris 1965,
p. ilS.
".f..eâ.
.·(~.hQ.'ChQ.â. lj}~"nl.Df..og.ifjuC'_â. â.on·t de. PI..l.e. é.udUA..o"
Q..t '1(.'_ OP..
~n""'...tR..JI.t JarmlA Ù, un -t''Oi.Â9..nJ':~l1t o.·gan.u,ue, {;if.Q.6
P"LQ.
n.Ol/Co cDndt.l.i.LiQJlt. Jann-i.Li,
par- ej~..lQ..Co-m2n--e.6, à con'PJenrl,'Q.
__._l."e- OQ.UV''e .f...,i.,..Uc?raÎ_(-e. ; e1..f'.C?6 Ile. "tou(\\ font Janni.Li p.6."Q..t.-eT'
.-----_..-.
.. ,_ ... --'-
dantl
f.l-"!.
vLI' de. W. cl-ionlÂ.Dn. a.,·t,wL1..qI.l.e, J'PAl"
(\\1·dt">...L I"l '~~.t pa.6 1.0. 9">n,~6P.. t"!.~tho.UJ1.w;z. d12. .. P.. 'OC2ttv.-e
tLtté.ai...re., m:zw ou b,J?.I1 t 'hi..-ôtou>Q. ~,..,e. d,~ l 'OQ-uv,-e..
déjù_ (o"nJ2e {vi.cissitudes, traductions,
imitations etc)
ou bi.PfI. un. f.agmcn t 00 la 'fo.t~_è,.Q. f1C1L. a con.t.-UJUQ
iJ .f..LI- forne,' (la traài.ti.on littéraire),
(2)
.Jean Paul V!Cl!Cl', Ç]çnp....-jt'. dt?.. f. 'oç,.uVr-e p-:Jé.·t~ue., Gallimard 1969, ch. l,
Ou thème,
pp.
13 -, lB.
(3)
René Trousson. ·Les r~tuctes de thèmes (F.ssa l de~_m-.f~1~9_t!C?Jogle),
r·l ••J., Minard, !.e·tt;:-cs--ï.jod~~~~~c~~19G5~p-~--1:3~-

8
1
Les
rapporLr; de re~.;.semblance qui existent entre critique théma- (
ti'lUC et psychocl'i tique dcvi.cnncrlt é'Jidents lorsqu'on é'vo'luc 1 l in_
com.;cicnt.
I.es deux méthodes r:ffirwl1Jll;cllt :tU départ ln même voie.
Ch~)J'­
les Mauroll,
le fondateur de la p~_;ychocl'itiCJue, la défin.it comme ayant
pour fonction de l'cchcr.cher les a!if;Qciati,ons d'"idée::> involontaires
.,
sous les s truc tures vou lues.
LI en'luê te cons is te à ùécQuvr il' les s truc-
tures 'lui Douticnncnt llarchi,tecl:urc textuelle. On peul les résumer
en suivant l'ol'ùrc dall~; leClucl clles ~()nt exposées dans l'ouvrage de
fJlauron.
La méthode consiste à suiH::rposer les textr:s poUr' :f<lire appa-
ra! tre des réseaux ct' associa tions ou ùes groupemcn ts d'imagos obsé-
daTltes et probablement illvclontaircs
; à dêtermirlcr ensuite la frêquen-
ce des oCCurrençcs et à noter les moùific8tions. A ce stade
doit sc
dég~ger l'imagc d'un mythe personncl. On procède ensuite à l'interpré-
tation du mythe ct ùe sc~; avatars;
les résulta,ts ainsi acquIs par
l·'étude d~ l'oeuvr-e sont contrôlé::; "p7f' conpa'O..t..60ll avp..("'; .fn. VU2. c:U,.
,
t't~(:.-I·i..vQ.i./I'· (l.J. l.a psyc.hocritique rechcrche les occurrencerô, les aSSQ-
ciations {l'idées inconscientes.
essc~tiellement illrlividuellcs dans tbu-
te roeuvre de COIl~";J'UCt i.on volont::d.t,c
; cette méthode s'intéresse ft
la ~ersonllalité irlconsc.ierlte (le l'6cr'ivAin. Mais
lorsf!ue
l~ psycho-
cri tique débouche mll~ les rtI'chét;ype~;, ellc cnv,gh i t
le domn i.lIe ùe
la
thémato10gie. Ccpend;lnt si ·le text.e devicllt un rn'étexte à Ul1C étude
GUI' la roll{::onnali té inconsciente du r:ujet éCrivant,
la cri tiquc s:'.elljCj"_
. alol'n SUI' ln voie de
la psychnnalyse littr.rail'e.
I3audoin a eu re-
cours à ce moyen pour explorer' l'ull ivci~s POéti'lllC de V. I-!ugo.
Rechcrcher
Ics OCCUI'I'CnCeS
thém~tlflues qui évoquent l'Afril1ue
d:)[lS
la po~sie fr':lllçaisc <-lU XIXè siècle est une entrep[:ise ardue qui
rCflt;icrt UJll~ méthode rigouI'eur~e. l\\utant 'lU' i.l le fallait, nous avons
démêlé l.e::: aSBoclations j)1)Ul' dévuilcr dcs rappr.ochcment~ qui n'étaient
. - _.
.------_.. _-------------------------------
(1) -
ChaI'le" Maul'on
: ]<io n/é.tnphO.".6 ob-~&fan·t".o a" nl.,U,Q i""'Qo'lflet,
Introduction à la p~ychocritique. José Corti· 1962, p. 32.

pas au pl'emier abord évidents.
L'étude est divisée en sIx chapitres.
Lc pI'emier est cot1sncf,é à la gC'llèse du myth~ dans les lltt€:-ratures
cla.ssiquc, bihlique ct europ~e~lne. I.es chapitl~es suIvants traitent de
la pnlingéné:'iie du
thème tout
1(~ long ?u XJXè sièclc, son indlvidua-
-;tian, éthiqlH: d'i)bord, mysti(jue et érotiquc' ensuite, e_nfln métaphy-
1ir~ue et révolutionrJ~:dr·e. A l';:1:1iJlyse. il y a tI'ès peu d'arbitraire
dans cette divis.ion qui ~->ernblc plutôt
corr~espondt'e aux diverses ten-
dances du couC'allt l'omanr.irtue.
1
1
La ckrr.Jô.,i".: pal'Ue"qui e~"t èll îait un élargissemcnt du sujet,
êtudje l.f!d(·:stin dllmvthe à 1;) îill r.lu XIXè siècle et au déhut du
\\

'
v
su.i vallt:.
LI
l i I:tôl'aturc de
l.n llégciLutie cst unc réponse il ce qui
n'avait été jusq\\llici qu'u.n mOllo~oglJ~.
1
Notre recherche n'est pas seulement une con b~ibution aux études
Cil
imago logie.
E.ll e ~;o\\.ll ève ég;.11.ernen t de s qucs t iOl\\5 ess en tj e 11<::J
d. l épistémologie er·,. li ttératLlrc::, comparée.
Les solutions ~Ollt contenues
d,ans les démarchcs adoptées pour trai ter le su.jet.
,
Nous nOUG somme~; n~féré aux documents' cn gr·ec, en l<Jtin ou en
:l~l['.lais, que nous a va Il::':: souvent tenu
à citcr textuellement. Les tra-
ductions sont dc nous. CI18que fois que nOlis avons eu à les contrôler,'
en· nous repol'tant il ùes interpl'ét8tiolls auto'ris~es, [lOllS l'avons si-
l
gnalé_

.~
"
"
l,
r'',.
,l '
,.
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[
, 1
.. :,
1
-,,--.
i
1
1
CHA P I T R E l
/ARCfJEOLOGIE
DU
MYTIIE/
, .
l'
,
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. ,,
1 1 1
.'1
,
1
1
Ih~!; tr~\\l:-Jl.lX rif.:il8:J (:I:"~(J1I~....ii1:.n:.:' J ceux de 1.. Cellier et de
P. Albouy
not21l1mCII~,
1
ont d6finitivcmcn"t mis cn évidcnc~ le rôle émi-
nemment crr;)t;r:llro
dll m:rthe dans
je rr'ocessur, de nnétisatLoll.
Depuis
"MmJ de St:'lët,
on ~~é1it que le rC'I1:<Il1ti~;mc ilIa pr'is son essor qu'à la
sui\\t~ d'une rÔvoJI.II;.ioll mythologi.que 'lui s'est accomplie P,H' un appr'o-
fcJdiSGcmenl: LIe
1:.1 !/m..,-U,o!.o(.jt..e (.IJI nOl-dI! ! gcrmaniclUc, et p<l1' l'exploi-'
l,
1.
t
ct
1/
'f"
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Il'-
, 1 /
t
ct
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La
Lon
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m.~'·'VQ.-t. kC"'...H,'<. ru.
..oyon-~'I<:iQ. ,
sor e
c
sb~atl lcatloll des
1/
l,
/" ",
' : J ' t'
l '
6Ufl"~"'-6. ..A_'L.A'-ÛrJ-;\\ ('" ta...,:!.> LV...f1fTe-3

I\\u dCmeU1'811 t,
d~'
l'an t I.I]LJ i t0.
all classicisme frarlçais i
les r)ùètcs
tr'agiques ont ahondMmment utilisé
le mythe.
Mi.rcbi f.liade
considère rl 1 nilleul's que clNit gén~ra].ement le my-
the qui a
inspir'~ lu poésie eur'Opéenne moderne, de Rilke ~l T. S. 'Eliot
l
et à Pierr'e Emmarlucl
( 1) •
LI appropr-i<.i l: ion personne l.le ou my lhe 1 i bèr'e un langage nouveau,
8cte final nuquel
ln critillue rnoderne.
réduj t aujourd'hui
la po6sie.
Et hll_lcst-cr.- rjll1Un mythe') D8ns
l'intIoductjon à son ouvrage célèbre
suri le mythe d~ I\\imbaud, f':tiembl,' fait ressortir 'lue toutes les ctéfi-
nition:-5 qu10n peut prupu:-5cr du
l;f~l'mc ~;Ollt valahles. Cc r]u' i l Y a fina-
.
1 .
"
, ,
lcmcnt u ['ctenu',
:.~olllq;ne UI\\ :llltr'c crlttllUe,
fIC.. '(~Ô(_ 'fII,111I1
n~-!,Ulo_ 'tP- (U.A(Y1w"'Q,Ctt .irmn~../.\\ .. Lf.. ~~ IIr'.t "'ft
~.'otJltr:_).;.r, ;.....f -0"', .'t7h.out).·;....t, nn.Î./.\\ t'J nL(Qnd un f,,.fp.111cd# "'Q.":"
.l.ou~'~ Lf. Q,U:.PJ.d (m~ pnl.;_n9f,'I(?~LC"
(2).
Or' c'c~t ~;eL:.lement à
travers
les
textes qll i sont comme d05 élé-
m~n\\.:;~ fossi lys \\lU dc::~ trtünUIIl!'lllts pr:Lr'iri~~.; qu'on peut déceler la for'.me
___L
_
(1) + Mirc~a l~linde, ,r.'JJ;.~","o Lf"'(,'. tlc!4 c."'JL.fnnc'~4 o.t dq~ i.",Jép J"P.J..J..gim.f~PA
:"
lx
.(:',;1
. J
._~--~_. li :'_.
lCi.. pL,'..,·~""'P..
<ie
ou. nJJ,-j,Lè.?,.-e. d'{;.fpJ.W~,
Paris,
Payot 1976,
f Q.
(2)
Gilbert OUJ'ilncl,
"pcr.'''PJ1J1ut'l, <--f("'-f·_vnj~wn/.j o.-t u-âU.l"("~ du. m}'Olel/, in
Pil'ObN,~,,~!. du nJ:f'{he. Q_t dq, ~D/l f.Jl.!j:~rp'-..f.!,ta,twn J Les Ile 11'-::8 Le ttres
j
P;]ris 1978
p. A~.
1
l'
(

i
.',
l';
1
l?
i
la plu::."; s impie du my the,
0.tudi~-r, sa na issancc, son développement et
1
les condition~; partiçulières de SéS éternelles transf'orrnations.
Il
Li f\\ Ir iqUé Ni t Ull !DY the, comme le fn i t
appa ra r tre le ti tre rl~v é la teu l
dell'ouvroge
de L.
rnnourlh-Siefe,',
JJO m,.U,e. du. npg."", eA_ d", f'At"Ur"""
nJi!..N?_ dnn.n ,fn. ·Ci...
tn:lrH:;.n';J~<>-.
t:)J!6,(l·tU''Q..
C'est la ~ittératu'l'e, ou tout
1 1
1
simplement le
texte,
f1lli donne sa forme au mythe,
et c'est sur le
tJJte 'lIJ'il faut te<Jvaillet',
si
l'on veut analyser
le mythe dans ses
,1 1
- t
d l verse~ m0. 2morphosC'~.;.
i'
i, \\
Or ".'JOILt v''GL",
écri t T,
Todorov 1 e6-t { ..n:Jvoi..feé pa.' .f9./.J. ntLû--e/.).
L,~tC:>./.l'1 fi J
il es t, pour ains.Î
dir'e, ~ne réfcriture. Cette atti-
, :
tu<.~e critiClue amène à considér(~J' que toute informfltion, qu'elle soit-
,
1
biographitlue,
hi::;lorique.
sociolol~iqll~ ou. phi losophlque sur l'/l.fr'ique~
j ;
re fève du 110l~S- tex te
; encore Clue dans certains cas,
cela puisse pré-
sen'ter'
t'av3T1l:np,c de ::>ituer llcnvironnement dans leflucl le travail
cr,6ateur s'est effcctuf.
Mais essentiellement c1est la criti<1,ue du
1
lan'gar,e et de l'f;criturc 4ui sont dé~;ormais au centre du ùéhat. Comme
l~: I~>r~èise 11. Barthes,
1
")'.P~ t())(.A~,'!.. lI"<,di..6tn'L"w.. -f..f":?, .tangage (i l est le champ de cette
1
redist:ri,hu1;-ion) . .!"IIJJP, r/P_D voi-C?/.) d()~ cJ?ttc. dc'icon~trur:A:';J)"
"
""-~con~'l. f~}l1./C'.:ci·.on v/..'J-t dc!. (.}C'!.nH/.U!./r de>/.) .Lc:oxl~/.)., c!Q/.l fanfJeoux..
d(? tJ-~'(.J.P/~ qu·i- on.t qx..~~Lp. Olt Q/I(.t..a.·tp.n-t ou.tour da -{px·te.
(:on~i.t·If,-8~, cd... f i.JU1,e.pn~Jl·t pnfu·;_ : ·tOIIX' .tp.xtf"'. Q4.t f.m. Ln Ler·...:.
-fJ?x.tr. ; d' dll.tI'O-0 CÇJ.x)~Q6 -6011 L préoC?nw 9.n -if.JA-, (/ dc:>~ niJ./QQlI~..
va,·iJ'I/)fC'.~, <'l.01l-6 cl",/"
/<..)b'fJY',.1
pfu.!'J Or.t. nu'Ln~ rcconna.Î.A.6abw.-6 :
ir/.).
.tP'(.tC'..-o. rie:>.. .en. cuItü"'p, iflLôrw/I/rQ. e.L c:rll,l(, dt? fa. CU.f~UK'('J...
o_x.A:./;.,jp,lU'Q. c·t CÇ'IJ,l(.. ck>.-
(0. ol...fJtnrv.. C?nv,L.hJnnOJ1 (:P..
7ou,t ..r~(>.I(A:..e
(!1;:'}1:..
un
-Gi....a.ùu. nOI.IVC?OU. de C-0l:.0,UDf't6 1·.QVO.f.,-4'P.....6. I-h6~C'rlt.. dan-:\\
.et:>, -fpx..fp.,
r'(!.di.Al'A,U'ltd-'t\\ (~n
ft-tA_,
dQ,,6 nnrCt~X- c1'? code..a.,
dr/..'l.
fO''fJn[Q/.)"
dc~ nodio.-fC'/.:I 't}-f.hm;.'1uPLl, dp f.-ngfTPn-t./\\ rh? i(1f1gn.-
9(;"/·" -:"lOC,,;.nUK- (~-te, crU' Lf q n. tou.iour~ cln .f.nrl9a9{:~ fJvon.t .f.p_ .
·t.(:~..'(A.C? P.t nu,t'OUI' de fllL" '(]J.
.
--~7---------------------------
(-r)-,='--6:'-i')llcrol: 0t T.
Todorov . .'ftu.."U.onnaA....re. enclJetopédV-ZuQ. dp.....6 -:\\,.Â.JYl-
1
C{'/,)
du .f,nI ~ja9(:., Pari.s, Seuil, 1972, p. Ll46.
1
(2 )
E.
n~u,thes, arLicle lI~h:Jt(A:.e. (:.Th/yo.'w du.l" in 1J1cyclop/xü..Cl. 1h.,:..-
Vt?''-<\\a·f..;'~ 1 1 <Jf. 8.
1
(

, -
(
1'\\
.
Ce sont les
tcxte~ éCJ'it~1 en pl"t~micr lieu,' la Rible, et la tf'a-
1
dition oC l'antiquité classiqu0
qui ont fondé
les mythes Sur' l'/\\fr~que.
J
La
littf-r-atlJrc !Jib~ique ;~trtl1t LIll fonds commun de
l.A. civili~ation
---
Dcci d~n tn le, s inoll un j verselle,
la Cu l tu re gI'éco-la tine jou issan t
d'un statut simil.a.irc
il est n6cessoire,
:::-;ur le plan de
l'épistémo-
t
logie,
de
lc~~ =-,appeLcr pOUI~ étlirlier la façon rlont elles ont institué
les mythes sur l'J\\fr'Îrlue
;
lc~, pr'occssus 'ct le résult,at de cette mythi-
fication n'ont IH"oh::lhlcment pas échappé'à l'esprit curieux d'un Hugo,"
d'un Hnurlclai roc,
encore nl()iIlS
d'uT! Nerval.
1\\\\.1
dCmCtlI'ant,
en adoptant llne att:itude plus radicale qui sera
cclI·; d'ulle esthftiquc ùe
la
r'éccptiotl, on accepte que toute oeuvre
est' la SI)rnme des exp~ricnces et des
lectures de
]16cr'ivain.
C'est ce
ql.!e tentent de ùf!fQonlret' 1{nns Hobel't Jauss et \\tJolfang J.5er' rlans leur
théorie tl'un~esthétillue de la r(~cept.:ion
.• +- -
"71;;ne au. nOfT'PJ1,t où. QVe Pt'UYl,U,
écrit Jauss. un(J. oC'uvre
fL-tJti!JY.1,l.,~ n(J~ oP. p.'c\\'~~nW po~ conrt12. une. nOU\\lp.nu,tr">• .6urq~­
. ,
.6ant Mtk'\\ UH dt'.6Q.,,-t d'ifI'/o,."ytLi.on ; por -l:..oH.t un JP..lI. d.'an.-
nOllcf!/.i,
cie"'. ~ L0' 10UX. - nnJll.f(>/.)·/PA. ou. .fntf?n/:4 - de:-. .'cif~rPJ1cP.-6
1Pf.J f.l.C~.,.tP./.'l, de, ca,'OcA.i! r~Â.u/:u.Q/.l. déJà. f nmij,i-èl''Q,6, .6on. ptl.-
htu:' c!~ t tl1J'c'?di..-â(XJ<.'\\ô. ii lltl cJ?r.w.1Jl. nodp-. df.-I. ,·ëcpp·ti..on.. é.:-UQ.
(~I...û'1Il(). d,y:-. c!lo<.'\\P.-6 d{....jii. luP/.,\\, n~·t ..f.r.--:.. .f.~cJ..C?-UI· dan/.'). tr:.Uc
ou. .tc?-(fp. diA(.xloi.ÂÂ.JJIl
(lrn:},U-J)/'Inro.flp..,
pA: dù~ <"Ion c{,'''{;nt,
CI-6~
un'?.. C"".I·'t
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,
1
mCLI~f..l.
0..'1. C Q.
.en. "(iJl" (' l,
' .
L'cx.amell critiquc est es~enticllcment dévoilement d'un système
où fe sens ëty;no l.ugillue rellVO ie 2 der; coder:, à une mise en ordre.
I l
exi~t:e d~\\lS l'ncuv['c un réseau inextricahle de significations que
lcslmorc~';:ux de textes rcd.i!1tri bUf!nt. Dès lors parler d'une th,sma-
tiqye afr~c;1i.I~~.da(ls l'oeu'/re de V. Hugo, ce n'es~ pas sulliciter
. "-
_.---_.-.
-----Te--·tc;~;c~ ~;nc(lre muitls le :,ubver·tir' : il suffit n'y répérer' des
---...,.-_._-_._-------------------
(l) -
HallS Ho1.lert Jnœ:;s. {.,,'ou.· WIQ. e/.').U~é~ÜJlu.e.. dC'~ fn. r0cv,p·ti..on,
tra-
duil de l'altemand par Cl.
Mail.lard,
Gallimard 1978.
p. 50.
,-
\\

..
.\\~.
"
oc~urcncc~} el:: de~.:; réCll(Tencc~> <-lon t les in'tcrprétations relèvent désor-
m1a,is de. l'analyse
th6matique
'!O"j~ />,t,~d;.p" {)11 V,ç-m.', f.cri 1; R. Trousson, C.'P4·t-n-di-J.'Q. t';~'('_-;
pa·'::.<'1~\\ &Jll pa,.·LLc..Lll.:is.,'C">. e ..f, ".f,i.fHi.-ti!e. d /1II1. no LLt, parL n~cp­
~Q,i--'''_!llcnt_ d'un (nA'-.-t t-i)ft.,Q,·(Û....l~ : t 10 {>UV''Q. quÀ... O, donl1Q.
nlli./~\\0(1/lci!-. h. -Rn .t~'f}<-{.\\..,t;"O'.l_,
QO_UVJ""(l. pf'Q..mi..-hr-Q.. ,?u';_ a
dé.?gagQ.
. W 1 l1oLtA:· g6fl:Lat,
<fll,j.~ a -0.CIdpt6.. dan~ .&J.• och~ d~{to,"f1T2-
du CUIlCCp,t f,.j. <\\iA"uaLi.cYI Q.t ..f_e/.l P'~"0onJ1a9P~ '7.u-L, dorénavant,
cvr~Lij_i.t.('nt f~ tJ1QfT"I:!.1I (1}.
La t'éfér('n-ce 8UX U)xtes ·ni.:~lic;l.lcs et .canoniques, à la li ttéra-
,
lJ.lre E:i'.réc0-1atine devient uTie ~if·ma.rche pertinente et r,f'?cessaire dans
lç cadre cl'ulle t;ll~O['ie de ]'irltet'textualit6 Ot1 d'llnc esth6tique ~e la
cal'
J.C
texte est une cr6ation,
c'est-~-dire un produit
susceptible de
Ll'::lnsformations multiples à partir d'appoI'ts diver's.
1
Les recherches récentes Sur
l'iconographi.c des Afrieai.ns oans
,
ld~mondc occidental nncil~n ont abouti à des d6couvertcs d6cisives
qui nous diHpens0nt df:sol~mai~; rie mentionneI' des fai. ts désorma.iE. con-
n~~. iAais clalls ](-~S limites defj pI'éoecupation~" qui sont les nôtres,
,',
à'~,a.voir, l'étude de l.'f\\fl'iquc comme t.hème po{-Lirlue dans la littér'a-
tur:e française au XJXè :".;iècle, une "fo/.l_;_,f..jC?. ol'!:Jd;'u-f.DiJU1Ue,/I SUI' les
,-
nl.Ythcs
s' i.mpos~. pOUl' mettre 8 jOlll' Ir.;'; prol.{;gom~ne::; à
tOl1te riémar-'
"'~
,
che heuristique qui. sc veut m~thodique.



.~
. Le champ dc~;. premièI'es inv(:stigatioTls Gera la Bible parce ("lue
-·-c-'e~sY-i~ livre Clue les Homantlques ont le plus lu. L'cffervescE;nce
religieuse au XIXè siècle et ses déviations vers
les diverses formès
,
,
du :spiri tualisme ont cu pour Céluse le
livl'C sacré.
Il n'est donc pas
~
i
(.1), -
Ren{. Trüt.:G~;on. [.tl!l.:Ir~/.) c...h VIÙ"C/~I
p.
15.
. ,
,
,

, '
15
sans intérêt rie s'interroger t;ur l'imaGe Clue les l'.c.r;-ti:u,'Ç>/.) v6hi-
culent de
l'Afrique et· cle~-;' r>Joir's.
rour les 8uteut':'-:: d(:~; &:ri..It-.i Sacl'Q~,
l'Ethiopic,
c' es t-à-dire
,
1
l'AfrirlUc,
fOlt pa.rtie intécrante de l ' ?lKOCJ)..tV~ ~e monde habité
et'icunnu.
Aucull pas8<lge de
la Hible n~ procède à une Clue lconClue déva-
lorisation du l1lul~dc tF:Jit'. !'Iul1(~ part on .ne trouve exprimé un préjugé
racial défavorable.
La c1ifféreilce physique semble être, pour les
Anc icnr; 1
inscri te, drillS
l' orelre des 10 i5 qui gouverncn t
la créu tian
et' O!l ne peut donc cn inférer ?t une quelconque hiérarchie des types
,

humai.:ls.
Ali contrajrc,
l'estimc; Clue
témoigne
le prophète Esaïe pour
lek Noirs est au moins aW3si
p'1'ande Clue l'opinion d'flomèr'c sur les
1.
/lJ7è9~ -:'l.an6 ~'c.',p~'Och(l~".
Vers
l'an ~lOO av.
J.-C ••
en effet,
lors,Clue
le roi de ../uda vou-
lut sé soustraire à la tutelle 3Rsyrienne, c'est à l'appui des sou-
. j .
,
~ ..
"1
t e '
' t "
vcralns nOlrs éhrlcalns Clu
l
cu
recours.
eUX-Cl aValen
l'eunl sous
'léj mêmc sce~trc l'Ep,j.'pte et lIEth.iopie. Cette Ethiopie abyssinienne
était alors gouvernée, sous
la vingt-cinCluième dynastie ép'yptienne,
j
1
pal' les r()is noil's ~h8bal(Q et 1'j,rhaga (1). ~'est à propos de cette
coa li t ion (Pl' Esa Tc p rononç a l ' orac le du verse t
deux du chap i tre d ix-
hU.l:t de ::;on
I.ivrr.
Lc prophète recommande aux ambassadeurs Ethio-
riens de rctou['tlcr dans
leur
PélYS:
t'où, 'Ôt46""'''·~'~..ry,t 'dç>./~i CY1I))(_ ou-cfp...eh (hM l-fn..W,JQ/.) de KOl/âh., qu;"
cié-ptidx". c/c.,.-,\\ eJ1.Voy6.6 (Jar nr:>_r en. cnno.t~ de paPY'H/.'l 6u,r J.Q'6.
QnUx~. Af..-l,'?z"
tT.P/.'l.60gÇ>.''-â
lIY7pt.dC'A,
Vt?'~ .f.fl, fXJ.up,fnclc ç,--,eaJtœ~_
Q.L. b''f..)I'IZ6-e,
l.l'er<i WI (wuptc>. " ....dou-'(f... rlp/Jf.,;/.). .t'Oll~ioll~'~' pt?up,ee
pl.tA./.lÙrJJl L ,,_.ri:.. l./ofllLna.Lt:?"r,
nu r.J(]~'~'l. <i Lfjotlfl(~. (h'~, (D?U\\/Q,4I' (2 J••
~~-~=~-----------------------
(1) -
P';1>.f..Q. clc? ~11~nt<la.f.cm,
19711,
p.
977. Voir aussi H~rodote, IILcto·i...-,
~'(:>4,
Livre Il,
137 -
13(L
(2) -
E::;aIe, ch.
Ill, '1. 2.
Ezéehie1 situe Koush au Slid de
l'F.gypte.
(XIX,
ID)
; de même qu'EsaIe
(XVIII,
XX,
3-5 et XXXVII. 9 . . . )'.
Ce nom e~;t
égyptien et apPélrajt pour le première fois dans
U!lC
ir15crilltion de SesustriR III, au début du
IIô mill~naire
av.
J .-C.
,1

~ f
Et au verset sep t,
le propj1'(~t.·9 men tiorme
",...>"
offnmJc'L> apport,;,,,_,, à !Jnhvé- Snbaot d,,_ fn port du
!JC:!.IIPf..C', /:..toneh. et. bron7.J?_,
de .eh pa,..f:... du. p'wple ''Qdouli'>_
-~-
.
clppu~ ./i.1u..";ou..8'-:'\\, dv. .f.n. pPHplade. plÛ.L:Y:l.anœ e·t domv 1('J.-
i~ru.:e, ou pO~A,6 .() j~fc~nrl,(!_. ~h"!. {J./z'uJ..!Ç'.;6 fi (1 1.
Dans
le ha~;sin de la lijédi tel'ranée, aux
temps bibliques,
le pres-
tige des Noi.rs otait reConnu qUéll1t à leur culture et à leur bravoure.
,
Le JudaIsme a cultivé une idéologie de l'élection. Toute la loi
mosaïClu(' repose SUl' le dogme de
l l umour privilégié de Dieu pour Israël.
La race .J,~~:; rGj~; ct dcs prêtres de Yahvé e3t séparée des Flutrcs na-
tians.
Celles-ci sont: souil16cs péJr
leur impip:té et leur ir1olâtrie.
Seul le peuple noir a
été épan?',né. ETl effet, malgré l'interdit fai t
à
la race (~lue dc prendre femme parmi les gentils -
le s<:Inr; juif ne
",devant/pas être mêlé 8 celui des
tribus environnantes -
r~olse, 1(;
fondateur de la Loi, a,
tout de
même,
épousé une noire,
Séphor8;
j"-Yfiam,
1.a 50eUl~ de rvieIsc 8'étnnt écr~iée : IIP''Q.J"ld~~" 1111"'" r/ou'Q .1·~_/Ç>4t.
l"
. . Yahvé
pI'it lui.-lllême
la défensc de la Noi.re et punit Myriam,
en
ln frappant
,
de la lOPI'C h Ifltlche.
C'CGt chez sail healJ-p(~re, (Ji) il a Réjourné "rll.lnaOrlÜ', Œ"IIl("~C""!/.\\"
d111:ant,
qu'il él. complété son
illitl<1tion mystique,
cQmm(~rv;6e sous
l'~nseignCment des prêtres égyptiens noirs d'Osiris. C'est cie la de-
meure de se~; bCéJux-parents que rJ10Ise partira pour éJccomplj r~ sa mission.
--"D'-auTre part, en suivant 18 tradition, il faut r<Jttôcher l'his-
1
toire merve i lieuse de
la He ine oe Sahfl à l ' E th iop ie,
et nan à
l ' fll'Dbi e.
( 1 )
Esale,
ch.
18, v.
7.
/

17
,
Or d'après ,FJ:?. J~l.vJQ. Lk~'i' PGf.j:/';
cette reine a participé à la cons-
truction de la mai~30Tl de l'Et~I~T1(11 ? Jérusalem. Cet épisode constitue
d' [\\ i llcurr;
l fi
tnJmc de
l'op 0.1'[\\
i nnchcv 0 de NCl'vn l
; F' Laubert
l ' FI re-
pris GOUS Ulle
forme or'i1.~illdlc {I;lll~; ,~7_:-l<"'J1,tn,u.o'l cl8. _Yû'Jl.tA,.f:of.J1c.
Nulle palot dans
la Bihle il n'e~;t: mentionné que la Sabéenne eût pous-
s é Sa lomC'll t~ l' j dolâ tr-ie (.1).
9uant ?l la bCLlUté de la reine, personne n'en doute.
La fi1meuse
partic:ule rcstt'icti'lc ct séparati'/c <J(Jd
du 1In~..(Iro -6.um ~Qd. ((~'t.) {o,"-
no-ôa.1I du Conttl(uC!. de!/.) ChnLi..ff UP...-6,
1:1<11
in ~erpr6 U~e, in trodu i t pourtan t
des'sous-entendus n·~ga'tifs. Le mot de la hien-aimr.e est tout de même
clair. Le roi d' If-iraël possédait une gynécé,e de sep,t cents femmes et
de mille concuhines
; ct voici qu'il réserve ses hommages à une étran-
gère,
qui de sUI~lus. est Iloire. Uans ces conditions sociales et poli-
· ·
t
p . .
l~
p
p • • • •
lqu.es- l'I-LgT'a ~llm 6.Q.c., l,on1U6Q..
ne veut pas dire
JR ~u,t/.), rlO'U'""'!. nl'11t...o6
/X?.{..&",
ma.is hi'ell,
"J-p., ,.ilt-Lâ. W1C!. i'?A:"''Onyp.lI~ e-t. (nlais) ,ip., pfn.i,,-:\\ nu. roL'I.
La bcnut(~ i.Îe ln lden-aim6r. nIa de signification ct de valeur que
si
el.l.e est l'cm:.ll'qu('r~ !J<.Ir L'f;imnllt ; cc mot s'adf't':~;sait suctout:\\
llcntOl!l~age du roi et aux autres concubines,
les rivales dont ll~tran-
gèl'C
prelw.it
\\'-1 pLélCC privilégiée.
tille m;'lu ..... ai~.;,~
tr~ll1uct.ioll ùu tl:xte illtt'oduil: llnc opp()siL.ion e~;sen­
tic lle, JiU LI'eeu r-h'2!t1:u té (rl-Uj.'Qdo-plll.du·i..A.Ildo).
/1
la noirceur de
la peau
corl'esponùr'alt celle de l'âme, pér'ce que l'ombre est associée au nml,
au péché, ct peu t sc
tr~an~;met:tre "Y(".IHi.nC vi.JtLi- ~uc.cç>.66.~..one". On en
----=~----_...:.:..:.:::=.:..-----------------
(1) -
d4vrp.. d(1-A, l~hÎ..J3 l, la, 1-13 ; (lU'Ofl.LqllPA lt, 9, 9. Ez6ehiel ?7,
,,22. ~'lathicu 12. i1? : n,ta rPffiC?"'du 8Jc1 ~e'Y1o ~'Çl../c?'v~Q, .f.oro du.
jUgC?/YP11-t.
nV'r~c. c.e·U:e. yc?n(~rn,u.on e-t p..1..f..e .fR condwrnellYl., car p-,Uc.
o
P--,,3-t Ift"'Jll.LQ. dQ/.i p ..~trqm,·..rt.c?6 de .f0... tc>,~·T"Q. pou.~' Qntend,.>Q. rn. ~nqQ-66C
.de. Safomm".

. ,
,
l',
arrive ai!lSi,à exp['llncr' l'6tnt de p€C116
par la couleur noi.I'e. Cette
mauv,aise
i.nterprôtation,
on
la trouve chez Ambroise de Milan.
pour
1
le
théologien) NI.!i1irod,
r,i l~3 de K\\I!';h, s.i.r,nifierait fl(,?,thLop/..en// .. cet
"
adjectif qualirJe cc qll.~ cst t~n0brcu>: et CI'RSSC de
l'âme:
1
1
, ,
"CoioS" AC..Ul'WpW -wle.bn26 anù1ur,'... -aqua,fnl<Qm <"liJ]n.L{Lco,t,
qlu.~ adL'"Q.~'.-..·HjÙ .f.umiftL P.L'l.t, cf.a.riÂ:nL-i=. eJ0jO"'6, &ijlcbrw nulO-
1
.eu,tl.l.'".\\,
flocti... ~j.i.mLfJ'o'· QUflm cf.Le-..t- •• , é!'{ont ,(p. C'.ord:n:J<1J"2"
de J'11. ·CHmLèl"'C, pf..u6 -<"if?mheab.l.0. à..en. fHM....-t qu 'nu. Jou,-· C?~·t
p>"wé<o- de tout.. ,"c[nt" (1.1.
La couleur noir'€'
sign tfierai t
infâmïe
; cc 'I,tq.t.nt h01Ti1Jf.Q./1
est
Les""légcndes rabbiniques a8surent qu'après sa faute,
Cham est
deVCl,lU souf181n -tout noir.
S('~; dcscenda.nts auraient hér.i té d~ ce si-
l
.

gnc qU-l les vuue à 1.' "-ls~,;e l'VI;jSCmCli t perpétue 1.
i
L~ couleur noire: jUUC"(1 Uil rôle ccntral dans la détermination
,
du statut social et lé,.,itimel~a llc~':clavage des nègres, condamnés
par' Dieu,
croyait-on,
8. la servi tude perpétuelle et à la géhenne
éterAclle. Voici le
t(~xte fondateur' du pr6tcnclu anathème proffré
pal~ le Dieu créa teur;
"J}.v.")
[.L-[/.:i <.le noé~ 'fut.. 60l'tU"(lJI/t de?- J... 'a~·cho. (?,LaJ_ent ~<)rij71,
(110111
c.~t. ,~nf)h(l/t ; (flnm PAt.. ·ie fJQ..rQ de:>. Cr.1rtGnn. ('04 .t.rotA
tèJ f..:trÛYJ'·1;.. t('/j {-U.4 clp_ ?7o~. Q·t h f.}(]·r'ti.._r cl' Q((I(. ~Q. f f...-t fJ~
fJQUI"fp ,III2J1·t Je toute ~a. te...". J1oé. h,. Cl.ÛC·ttva,Uour
com-
-.--.- n·~~-lç("i. d~. p.ff1H.tC-~.J' en. vLgll.e.• Al}nnt b..I. du. V~Il.
;..f
tut. OJ1t..-
1/1'(1:. r>.Â. ~C!- dOrlw:/a Ù. 1..' i.l!·/~rLo-ln~
de!., 6a te-?fl·Lc.
(JIt:lm,
p~.~.
. de ('-GllOaJl, vLt .Cn 'lI.trlL-l~. cie. ~on pP.t"(~ Q.t. ot./Q.,·,ti-L ~DÂ
deu)(_ r~-è:.l'Q,6 au..-doJlOr-ô. llhÂA So...m eA-... ,!}opho.·t p.'~;--'''Cn/t (Q
,
nY/.rM.p..cm,
J!.e mi..E'f>JIt. ,tou~ clç...ux. 6U.'~ .f.().l.I..J~ 6.prul.fPA, PA. ncu'-
dlan·t à. "C,!.O.d---OIl/..\\,
c.ouVl,m?rt,t .ea f111(/A..--IJ!.- dc.?.
f..eJ).~· pè'"Q ;
(1) ..:. Ambroise de IIH12.n, Jo. lb..,.. c.,t lIr-dlo,
t. XIV,
1.28,
coL 417.

19
!.Q.urô v;An9c,.~ eSta.l-cnt en": na TLCJ'C!.i ÇJ.Â: i.,e~ fiC v~..o..n{: pn~
~n. nudl.tf:. d(~ .œ-u.' P~"e.. ,/l,8'Ùf[UC noe. <\\~ rQ\\..IP.uen. c/c-,. <\\otl.
i.v,.p...o..oC?"
.;..,f.. npp!·;...t CR.. qUI? .l.a;_ nva.i..-t faU -:"l.on fi..lÂ
Po..
pfl.lt6 .i.IJtlJI(~. (~t -GE. d~.A.. :
IrnkJudU <\\oLt Canoon.
(.h '·Ll. .-.jUf'-..t
pou.,' .-:.'!PÂ {'';-'''Ç~/.'\\
f,? c:/".rn V.~.,· d"..-j (}/.')cf.O\\/P...4" (1 J.
Il n'e~t même pBS besoin (]'entl'eprcndrc des p.tudes exégétiques
pour montrer qu'en fait
La malédiction s'est abattue,
non pas sur
Cham,
mais bien Sur' Canann.
Anta Diop s'est attaché à démolir 101
lé-
gende dans une série d'ouvrages ct d'articles,
et avant Lui,
Simone
"'eil :
l'un et ll[lutt·c sont 3rriv6s il la conclusion suivante
.il
~tait
norméll que lr~ peuple juif, après avoir exterminé les cités ct les peu-
plades sur
le terri toire de Canaan pour s'y instàller, en :-J!tc'r venu
il jeter l~.flnathème suprême s~r les autochtones ùé~ossédés t2). Le tex-
te de la C~UI~.{\\Q. es!.: eXI~lici te : Cham lui-même n'est pas maudj t:, mais
bien son fils Canaan.
Il reste que Cham,
en égyptien,
Kemi
(noir),
~s t un des 3nc ierls J]oms de .1' Egyp te, a ins i que
le mOI) t1'e
le pr:.;a lm i s tc
.Jù rvûil. (.YJ.-;\\ùa (>j 1 Djl:l'~I..f:j"
,!)ncofJ -:'J6joun la au IJQt.lù c/f? (hnm•••
~y.e. Qn.VOI-!(i- ~on ~cr\\.:.i~ur lJJJwe,
.,4al"(~" 1_ '"il f. 1 iJe. ~ 1(),Ln.i..t CJ-IO~./\\ i....
.9f/.'i /-t_I"t~1l t Crl(~ C?"x. .eC'~ <\\t.gnn/.\\ rt,1.l. '.iJf rivn,;.....t df~
S-,/.). "';J-r..cl('1Â (lit- I->ay~ de (J,am (.1).
1
lL
npPi'lI'ait dUIIC,
[1
la
ll1miè'fc du
texte de
18 ~_~,"t'-6C,
qUI;
le pé)y~;
de Cham est essentlellem.2nt forml~ dc
la Nubie et de
l'Elhiopic
(Koush),
de
llEr-"ypte
(r~içr;"-IIm), rie la J.ybie (Pouth)', et des peuplade$ de la liau-
li
_._..,- --_."
.-'
·te-·Af'a15Ic. Tous ces
territoires sont en fait dominés par' l'r~r"ypte.
1
-------------------------------
,
(1) - \\h 9, Jb - 28. TI'. de la n. J. 197~
.1
(2)
-
Anta Diop. 17nU...on-:>. n~9'~ e.t Cf.d.Aj.l''Q., Pal'is, rrr~sencc Africaine
19:15.
1
- ~1..tQ,~i...:.JI·l.Aj~ clr'./,i c....t,Vt'..-U..,,'n-lW'I/J llÔ~j.''(~.\\, Jl~"Ule 0(..1. vé!.,-·UJ~. /"iAtl),'LqUC?., 1
Pari.s,
PI'é::lCTlCC
Afr- icalne
JSlf,7
i
J!.'A("U1uP_ 71oo'V- p • .f>.cc,f.l.Jnin.te.,
l'arls,
Pr[>s('Tlce Afriêalne 11J60.
~Iimone Weill .t'ILLv/I.te'_ de. 1Ji...r.u., !'Dyard 106G, p. 266 sq.
(3)
n~
!joJO
1'1"
\\,,:),
V.
" 3
r.:.~,
.') f~ -
r_,-"
27
n
J ! J J
. .
)érémie 39. 15 -
18
~sale 20, 3, ~3.
Esthcl' 1 -
l-
,1
1
1
"

20
1
1
Pour des
raisons d'allalogic:s
ét.:i'~olfJgiQues, l'F:f.!"yr;te (Cil <Jrlcien
1)
.
6p..:J'p tiell,
K6!ni
= Nuil" \\ , ~I 0t6 assimilfe a la terre (le Cllnm. C'est là
unc opinion reçue mêITl0.
pal' certains !,p.r"cs de' l'Eglise,
sp6c.inl.emenl
Clr'igène,
l'ul1 de cer.; rClIloxquablcs
l:h[oluei.ens berhères -
afl·i.c~ ÎllS -
cOlnme Tertullicrl et Silnt·AuBJstln.
le mariRge dc 140 Ise
avec Séphol'('l, ulle JI!II)U.-:J,UJ?.",
c'est-:J-liiI'c une noire africaine,
et
analysant
les cr'itirllJ("~s portées par' /\\arOrl et la soeur de F-1oinc,
r4i-
l'yam,
:Jr if,ène confiz'Jnc que cette épouse était bien une fI/""thi..Dr>U?11J10.
rtu~I"c.".;
i.l estime par ailleurs flue
l.f~S protestations oe Myriam ct
d 1 Anr~)n n '.ovaiefl t pas pour rEl ison
le fa i t que MoIse "o. époul'l.i? uf!.C"..
lU.,WpLPJl11e.,
de (h nlCP~· de 011211I, de. ~C'n_.jJIQ. O1nmtl (3'.
On ~;nisi t aiS~!1Ir;::ll: comment a pu f.~ 'opôr'er l("~ glissement annlu-
~~i.quc, tllém8tiquc ct rnytlli.que. Dc la rna16diction de Canaan, on passe
très vi. te ~l celle d,~ Ch<lln, et ;"1 celle dc tous le:3 fi~s dl.:! Cham.
La m~ l érl ic t iOl1 noa ch i quc fa.i t de C<1!larln Il lr-? cJC?" 1fJ!" rh!"..'" (...."..\\clnvQ.,~
!."lOIU' ù,Ç'....6
1-,,(!,'Q/.), ,)Pm (!-·t ))o('.J/lc,L".
Cham lili-même n'est pas maudit,
mais
Ull seul de f;CS
fi If';,
il 1. I CXC lus iUIl de tous les aub"c~,. Cependan t l' im-
pürtant n1est pas de savuir si c le:-:;t Ch<l1T\\ ou Call:3F.Hl seul qlll
c:-:;t mau-
dit.
On n'C peut retcnir que ln
for'me du rnythe clnns l'imagel'jr!
collec-
l i ve.
----- ,-
----
( 1)
-
An ta D lup
: '·bu:>ntli Ç}Qnétul'A'!' d,,~ f_ '['ryJPu..pn. '~"I'J.'GonjJ1IJ'!. (~t d.e6
Ûlnguea fl~9r'O ..alr·U:ai.nea.
IFAN-NEA 1977, p. ~L
( 2 )
j'A .u..v. e
dQ,6
nom!J~"'!.ô, ] 2, 1.
( 3)
Oimweny i-;~,~nf;h i
: ~L6CO!.I'''~ .tJ'"lc?of.og..V{uc IlQ!fIo-af "L.r-D-VlC!.. Univer-
si té ca thülique ùe Louvain.
r~ouvain
1.977, p.
70.
, .

,F,.,
;:>1
,,
1
En 1870, au. pn;r:üel' Cuncile ,.hl. Vatican,
le P.
D2.niel COll1lloniw:;
pouvait slf>cr'ip.r devPHll
les pères ÇOllCi liaiI;.es
/I,';Jr.mn;/~ n"o.f.(~(liJ:f.Â...on n("l. o.(~Vl-,t ptH6 CH.4etf.PJtPI1·L c?L pfu/.\\
fOfJ(J-'-r.np:'J. don/.\\

.fJ;!" ()(;Yl,n-? lumnÎII
qun co_(P~J LJ,Q/.\\ ~w,,'- <~t
,rJ'ç,./.'i doulouu?Ut'_ie., cfonA: .f..Q :Jou,L-lj UJw6Gn t f "'lPI.1n· fe.6. f-.i;f~
do (J'am" (1./.
F.:n fait C'(;st l(~ le février' 1,116 qu'Hcnri
le: NavigaLeur abor'ùa
aux côtés africairle~, comme rcprésl2ntant de
l'Occidcnt. lli.nsi
(lUe
l'ri montré ZUI'<JI'a, en 1415,
le monrle occidental ~lVÇlit tout ollolié
de l'i\\friquc,
ct cc,
depui:;
le 1,1().vl;~n-flge (2). M;:ds cette redécou-
'Jer'te.,va d~velGpper, avec ur:!e curieuse vip,ueur, une vtSritahle
th6o-
logie de
la coloi"'lisation dont
les
théoriciens
les plus rCl.larfjuables
1"
scront Sépulvôda,
!\\arthùl0my de
l,.,)~ Casas, De Vi.ctori<1 (3).
L'Afrique devenait l'objet d'une dOl.lhle mission
le commC'l"ce
et
l'évangélLsa·i::ion.
Le continenl: .?l<1,Ï t f'éduit ft être une rb:;cl"JC
lid' un. Y~'QnJ. f1onbJ"<'-. de. na-"dJOncLÎA~.6'1 (L1}.
n'autre part, par' L'intermé'diRi[~e du roi du F(H'tugal,
Je pape
Nicolns
V 'dünncra aux Occidentaux,
en .11\\':,?
I/fo
(r10IXL,", d. 'nJfnqllQJ',
,"","!- Cl,>II'1"r·'.J·Î_!, 1'.!.L de>. 6{)Imr Lb't,.
..f.n",') 5-a'JVJr..'fJ'V"l.,
pt7,i~PJI6 P. C nu-,LJ'Q/.'l u·l.l·L,/hlc!...:'I, PIlIlcm;A
-----.=".,.-_._--":.:...:.;:;,;-------_.. _-------
-'Ci) - 1.n .Mons'-, An'pP;"~"S';Fn rop.cc-'_c.-Lio (~"c;JJ..oJ'ml ; t. 5J coL ü37.
nu/Ja tln~umn IPol..Qrf..u.:..(;A.-o in "Uflt1flO 9 p .J1.Q.!'\\'.. ~,'lo(>_v-ÎJ.'.6 d,u.d.t.u"n ÎJJoriUe
(>./~L de.'X1~,ln. qunnJ ~'..l-,f.n nCk">.!,·hi_L'L"JÎJJrl. ct f UC'...rtu06W-'CIiJtu, (l"n. {i.--
.f.-'Lo (J-Joni P.6-t px:r::r_clfn;t.u~ onn f.po·tpn ,).
(?)
Zurar.:::'J.
O,H)/Ii..r!ue dt?. (~.t,ù·l.(;('!.J
tr<1duc I:lOtl
f'1'anç<.J i.se
d~ I.éon Bour-
don et Rohcrt Hiç"H'd,
t·lémol.['cs
ùe
LI IF!Il~,
GO ,
.1960,
pp.
GG-68.
(3)
-
J.
V.
D!.:CH t i l LCIII J
fIJ!-J~O.fA)9,i.J!.. de -ln. co Pon f_r.V1.tLotl.1/ in /?c:IJU'~ dp..
.f.. ' Ac·ttf)1l '~){_lfJl.dn.u"(''''J QO, Jui lLet-floDt ]955, p. 7G9 - 785 ; Lewis
I-Jau te,
('ofofti-<.:::.;~LLU}t t'!.t C.fJn':'·H.:..tJ:~nc(~ dlX'Q.tf.pfln~. ai.L .\\VJè -Dt1?cleJ
traduction de
l'américé:lin 'par Fnulçois Dur'if,
Paris,
Plori 1957.
(4) - 7.uI'3ra,
op.
cH. p.
67.
i
!

22'
(lu.. Ou·lJ.'d:-
d!;..', ~j 'enr.:xii.,,:..• · d~ ·..f.Q).,Jz,-ô -Lc,'z't.-tOW?.6 et: d,,-
,[Qu.'ù lJt.PJJ/j
;
de ~ounp·U~,'Q ·fRJ.tK'/j· pe.roonJl~/.') C'tl pe,·pr..-
~:uc:d.rp. 1~(?_,'V;_A_udp~ Q,t rI('!.. -tl/'nl L6nQ{/t~"(!. tC;!.,·~·i.A~)u·,~ (d~
biplI/.'l
li .(Pl/T'Ô '~l.u:c.(>~6(-!I"·'.i /1 (1. J.
Ces 'textes c'"loniquc:. 80['ont :1
l'ur-iginc de tout un fonds
lit-
té.'air'c
lr'ai\\;anL ùu
t11èmc de
l'intl;gIï1Ljon
du mundc noir' à
l'ucci-
dent.
Au sujet de
l'asscl'vi5Semclll de::; ~6gro-africaill~'1
ZunlI'é1 éCl'i-
vai t
"Si... ,f't'~lIa'ù cor.p6 6)n.L('JlL lIv'?du.i..(A Qn. ('c.,Ô.('jnvof}r'_, c.c.Ltf?- diA-
gm.r.p. f.Af.".,;.....C P(~U. de dlO-."H2.. (!I"!. cor'Tpa,.UWOfl. du. IJOflJI(!Ur cie .
,

'
Id
'
t
'
" ' . ,
L-QUI-'{')
onc~/.\\ '?lD.... acc.Q Q.lI·YJ,{flf1- .... (J.{JI/~'l.
fe
('>.-u?_'''1(~:....< pJnC?n·t ·
Ci- '
-co.
V<~'0tn_b& .. .f:Lbè.,·aJ.AJ)fl" (:2 '.
Les commcnt<'ltcurs cheéticn::: ont créé Ël p3rlit~ de CCG textes des
my1thes négatel.lr~i sur l'f\\fr·ique et 1''::8 Noirs. Mais c'est vraiment 8
partir- de la Renl'lÎssallct":! qu'on a entrepris
ta manlpulation
lf:g,i~l-
mFltL-ice des
lcxtc~,; bibljq\\ICS
définitif.
De hO!l 11 () foi.
011 peut réduire
tes ~'::i~.I'cSJ llc~:;clnvage
le recours Dl' alla thème s écu r' i sai t
.l.c~3 con:Jc icnccs
ta cOTid iLion
nature et seton
te clesse.\\n de Di.eu.
Les p::lrt:i.sans de la
tnli te ont
ilhondnmmcn t u ti t j sC; cc:t [ll~I'.Umell t. r·lêlnl.~ le mouvement t1r.groph i lp.,
10113-
hl.e
<l CCl~tairJs
(~t!'::IJ'(Lit
est ~;uutcnll p;'lr tes f;cnLimenU~ impl.icitcs cie
---·--l'Infé;.i·~l'it~ des NOjl'S. En fçdt, l'upinion que les Noirs descenùent
de Cham le Inaudi t ~~cmblai t si aV0rf;e que ces mouvcmen t~"' humani tariates
lu t ta iC;l t 1 non pas con l:l'c lcs p r'éju g'::'s,
m:;l. i S :l \\Tec commis 6ra t ion, con-
tl'C
ses c(,nsé:".!.ucnces J
Cl es t-Èt- d i l'e
t' csc lav agr..
po"W-
(J) -
p. 425.
(2) :- Zuraro, op.
c)t. p.
87 .
., .. :

23
1
En 1873.
par cxcmp.l(~1 ct ellCOl'e <:i cette qi1tc 1 p8r 1<.1 ~.;;}crép.
Congrp.gation des
Indulgences, Plè..: IX é<,;t~iv8it une prière
lndulgencii?e
'pour la conversion ct le salut dc~; NOlr'fi d'Afr'ique, assis, disait-il,
dans les tp.nèbl'cs et à llomhre de la mort' "IlL .1"C?J'~ omli-poCC?tl6 nf(-
1 <'•• at. nr1.fÇl..cl.;~ctW"CJn (Jwrri. a co.dU.Jw:l C'e-VH.lffl c!e·(fllA."e bC..'1(!ôJf.U.DtlOJ,,'; u'
.~·a~'w '1u(>. 1J;_OJI JOllt-f-'uwônnt Ô/:..0. Po Ila.r_~d.i..ctw" de:!.. f,?u. ("..Dolla· ro..t f.eu,·
acr:orde 6n hf."o,"{iJ"_lLü tl".
,
Le t'loycn-tq:~,e
CUt'OP{~C'!l avait jlI.'csrluC tutalement ignor{~ llAfrique.
Confusémc:;,(. on cI'oyait qu'on avai.t affaire à "des contrfScs peuplées
ùe monstres.
Pouetant.
8 L'époque romaille,
les cont;}cts en\\.:r'c les
deux mondes, africain et européen,
i~talent fr~1uentB ct naturel.s .. On
est en meslJn: de dater' de façon pI'éci.se
la reprlse d~ ces cuntacts :
el10 correspond ~:r.[Ictement nu rl~~hut cie
l'entrepriRe cselavQJ.',j,~.;te (1)
et 8 l'essor des
tentatives pour 10. valider: c'est l.e 21 80ût lti15.
Ce
jour-lil
le!; P(jI'bl1'.~lis slln~.sent loc Ar(lhes rIe Ccutn ct "ouvrent le:':;
port0.s dc
l'Afrique li l.'Europe,
f~di.ee à Jean 1er de Portuf',aL
1
1
1
,
L1'nnnAc laIS n ét.:: celle de l.(I l'f~d~couverte
de
L'Afl·ÎCjl.lC par' les
O:.::cidel'Itnux
; en .l~»)O,
un si.ècle plus
tal'd,
Je prPorniel' corll;iflgcnt dc
1
,
ma in-d'oeuvI'c Scra con'luyévl1'J',\\mériquc. Comme l '(:~cri t ~;i hien Cornev.lr;,
,1[& "ndli..JI<~_ iJl{c;~ann.f,~ ck?- fn. bndX~. ntft7nU.lÎ'.H~ '1"'... dc:>.vn;J':
('CH]/,\\<.""·
e.rAr.·;.rzuc~ 110~·-a"('. pCJI<!mtC pPu /.\\ rh'.. I:n);../.). ,.\\ij'cJ,,<\\
avaLL 0..tf~ n~\\Q. P/I "n,01(~ ~1'l 1510"
(JI.
Le contexte soel0-C'u1l:urel ct politlco-éconurnique .q
inflif~é des,
1• 1·
i .
-
-
(lS ;or~lons çl la
l.ecture ct A 11 illtel'l)I'étntion des
textcs hihU_qucs.
l.or~;r1u~ lc~~ POl'tugais 3ITÎ.v'::cent !:3111' les cûtes nfI'icaines au xvè :"iè-
1
J.a p3p:lU 1:('> /:~a i_ t a Lür:~ 1..;) con:;;e icncc de
L'Eul'ope luttant; pour sa
1,,
(1) -
Cha r Let,
rit:
\\'J i. l: LI;,
"J,:y'\\ 1.'1{ d./C!/,j (.X:WI·U...{ ixo,fC'./.\\ rA: .f~' rl '<Pt 1116Lo, l ,.10"'/'/1."
9n.i. ..\\P.
nit. AV(\\ ".\\ i..J~c:fe",
in Pf'..\\JIIO. (I.r}/i/-:).f'oL.,~, l'cr,ff~<')i.l7r.\\ti-'1"r_, 4H,
1953.
rp. 689 - 690.
(2)
-
Robert COl'llevlll , J/iJ,\\to-u,-:>. de?~ L'Al,-iJluQ. 11, P;'l1"'i~; Payot 10GG,
p.
~9.

'1
'.
,
,
"
surv·i..c
.COll tr'c
le[:; t'iaurcs et le~:: S:1IT<-lS i.ns. Une dif.iPOS i tj on man i-
chéenne séparai t
le; monde en deux:
d lun côté,
les hons,
les chrf>-
tiens,
oppW,r~s :-:lUX médla.nt:s.
les
infidèles ct
les pnienn.
Cunquêtes
0.t christi8ni:c;atiotl 'deVCll.'licnt: donc s'yn{)nyme~i. Il fallait convertir
• 1 .
1/
. . " .
1
n
.
1"
ou rCtUl.re ceG
~n!lP.mG<) .. JLU'Q.-,'l. (lU. UH..........3._ ,
dans un espr i t
de (; T'O isadc.
Tous ceux qu i
ne con fcs~)aient pa:::; la fu i
ch ré tienne
étaj en t confondus
dans
la même r{~pr'obatjon.
Les bLJll(~s papales donnaient des directives
pour cet apo~:;tolat casqué, et le S8i.nt~-St€:gc se rt~servait lc droit
d'accorde~_ aux pr'incez qui
lui éta.~·:::nt ~;oumis le monopole de
la navi-
r~at.ion, du ·commerce ~t ne 1:1 pêche J.\\'~ lonp, rlcs cûte~:; africfJincB.
Le
hut avoué de ces Ct·Oi:';;<'ldcs~ c'6t81t
le baptême ay. goupillon
infligé
8 des nègrrs captlll'(~S ou Qd1ùtl~G po lU' 1~~.1 arrach~r- au paf~an i:,~!1e ou à.
la scc te de
l' '·wfân...... IlbhotnC2.t".
Ces Nojr:;J part.iculjèrcment les Noirs d'J\\frique,
l'cn.l?,cancc de
Cham le rnaurli t'f~"lt~'.~·J ~Ie siglle lI~l'ô(li ta ire de 11 an8. thème llO;1Ch ique.
En réalité,
ct OIl le ::,;avait bien.
1.<:1
Hihlc est: muette sur la :::ouleur
des fils
de Nor;
(1).
Le~, Fcr'itL1I'C!'::~ n'unt, en' aucun pa~~~-i8J',e. p:'éci;.f~
que ces fi ls
de Noé aient été noirs ou hlnncs,
ni
indiqué que l'un
d'eux soit n lié en J\\fl'ique.
Mais 011 d(~ployaj t des
ti""~:;on; cJ' inf',nnjo-
;;it6Jpour f;lirc :td~~!~_~trc l.'hypoLhù:;(~ 'l\\H~
l~:~ Nain; ramI:. d'L1I1I: :\\l.lLrc
l'acc·;-·dcs'C'cl;'~lal1ts de CaJn, IH:éserv6s du déluge
Il.f,~tU· anô1·lx·(:'. p.,').L ,r~O{..i,t -âLllrlf.r;:'Ja~nL eai..J1
])i..S?{)~ G. doru/t"'.. li. ce.P.H.L-CL, op,·(.><\\ ~on. C"I·fiC!.. U/l ~;-9"l("!.
(l) -
Hogct' M0rc i.er' • .I~'A{,·i.'1tlr>. no1..I.'p, (!(1JI/~ ~n. f...LA~t6_,y,,f.J.H'O... {.O/IÇ(},ujP".
,j}...~ p"PJIJ;~'~":~~\\
iJm~Jr:,-6
(XVlle:·- XV!!l.è siècle) Il::l\\-:ar,
Fn(';'..Jlt.f!
rles L(~t:::i"c~" et ScLencC:J I1umélill~~~.1, Publi œtions de
la section
de LOngues (.'1.: L.i.ttéra\\:ures,
n Ù 11,
19G?,
p.
71.

" '
r:!,,'./-I..UI1C,U_t pOrU"' '111.' l..l, fj(t .;.')()LL pro.\\ ,tu/), (">.A~
r:0·/:'
(n. G.Jldf?ur IIOLn?'1
(1 J.
Cette llCH1Vf?11c
1:h;:~';e ni<li 1: l'ltnivcn',al Lté du d~luF.e. On ~n trou-.
vera
l'il1u:;tl':)\\;lOI1 r:;l1cz f"lcrv:ll
f\\11i, ~';upP()SC que
la race
de~; /Irrites
a
été sa~vée du naufrage universel cn sc réfugjan t sous la fI,l'ande
pyramide d'E[',yple ..
Ou al01's,
les n(.·grcs
descendraient d1une
race
préhominic~lne, pré-adarni llue .. Cette dernière hypo thèse SI appu i.e sur
l'"
.- .
1.· C:-s}[,tJ.-v. auJo:'. k'OOn-1JI a" .. :
Il
Ce..(~P/1(lan.L .f(i. flut·L n. n~rjJ'Jc?- cfQ(JI..û./.\\ /Jrlnm JU/,~flll.'h
ilhLt."\\P .. nl!JlP. our cr?ux. '1tû. /1. fovn,v'Il-L (Jn.o. p<?c}l.r.. p:1X' unc.'.
.(jratV:,qb",?-6-~'). ;-01 t ',\\(,Jrbl!..nh fp, (:'1 Cl?-f/_c!_ d' /1cfom' r (11.
OIl est en droit cie s'étonner aujourd'hui. de
la
Lcnacit~ des cher-
cheurs <à vouloir détruire le p'C'irlcipc de 19 un icité du [',enre hum;:dn.
La conséquence est qlle,
comme l'ont souli.gné ,f. P. Sartre et: f\\im6
Césrtirc,
l'/lfriquc est le seul contirlcnt qui
ai.t ~~ubi
l.a VM'iU: inr::ul-
te,
le to ta 1. \\)IJ tr(l f',C.
El: jus cerncn t 2J C<luse de ce La,
cc t te
L(:rrc cs t
celle èe la l'ace
61ue,
prollli.~·;c il. 1;') I~fùcmpti.on,
:::~eJOII
l.a
logique. roman-
t.:jque.
Pour lee; <1utCI\\I"H IlourT.t.s d'uccult;Lsme,
l.e~.:; Nuit~~ r~(jnt l(~ t6moi-
_.gnMf,e···éH.Itllc·oEi~i;l"2' de ln ~:;ouffra.l\\ce ;r1êllle ; victime::, vivaJlh'~s, i l~; sont,
dans leur eorps cornrne clans leur 5rne, quotidiennement c['ucifjf,,;-~ 8 l'ey.ern:-·
p le du Sauveur.
\\
Pratiqucmcnt~ l.'antiquité ignore
]e r'3eisme.
L'i.dée que
le Noir
8st un être
inf("r·.icur et l'/lfrique une terre de malédiction ct de mort
l' ~poque de
La Henaissancc. /llors même que
tes
sciences S(-;; d~.... eloppaient en pren.qnt racine SUI' des.
bases d(~finitives,
(1) -
Na l fer t, U/énot..b'Q/.l ùUJ"
--t 1o.··Lg,ù lc!. clr./,.'J nb.g.'P./.'l. e-t de4 JJn.:...·.I_-C.Q,{)lù,
M~molres de Tl~6vouy., nov. 1733, p. 1935.
( 2) - Gpê-t.Jf'(',6 au"- 12011,.,.01/.),
v.
] 4 •
-,

;
"
26
et que
la cu Lturc et la l~e.ljg.iyn pl;'ê:'u,r'cs;3aicnt ver's plus de liber'tp, Sur
le plan
l1!ol~al ct humain, :1U contrair'c, L'Europe a rér:,ressé. /\\ llçlllbe
de. l ' ère chrét.~CJlIlf'
pour'tant,
le ::;to1:cisrnc avait enscign~ par Sénè-'
<lue,
ct un peu plus' t.')[·d par l'crnpcI'cur philosophe r'Î.:'lrc-l\\ul'èlc,
l'absurdité cle l'esclavage. Cepenoallt à l'époque des gr'andes décou-
vertes r l'expansioii. des pays eUI~opéells a remis à jour llasscI'vissement
de l'homme par l'homme; et ce qui pis est, on trouvait Ulle justifi-
- , /
,
catioil théorique à un tel système d;;lllS la formulation d'un rl..iscours
légitimateur. 1\\
;:>artir de III sont lI'~s mythes ct préjuh~s ; car la
pensée mythique consiste en l1ïl jUgCI:!::llt de valeur subjectir, pris comme
une v~rité objer.tive, Llni'Jf,;:rsellenl'~llt valable. L'évangr-li.sation cnsfluée,
1.1. conquête [1éH'
la rOl'CC et l'cxpan:i.Î.onnif,me avni.ent rorr,r: ,ft;s ~,ch-:--
mas
rl.'Ul1,
àiscour's eLhico-reU gieux
: cc discours étai t fondf ~:;Ul'
f/['altLÏJIuQ, onn,UIV.flr:,u qui pèser8.1 t SUl' ln
/l'fier.. de Oum/',
1. 'llrt des
trois
fils de Noô.
Cette rili:1tLon fanta.isiste qui rajt d{~~; Noir':,
Les
cl']3ce,1-
df1nts maudits dl' Cham est un (]e~ traib., Jnythiqu(~;, le:., plIJ~; [":11;1(;0::.
lourd~-, d8
;:;ow::;-cntenrluf', el~ de COll:;(,rlucncc:,.
Pour cel.a m0fT1e,
plu:""; r].l.le tOlite <'lutr't:,
la rélCC noire P(:ut s'p.nor-
._gw~-illi'f-d'·6ï::-l'c le pe\\\\pl~ Chri~-,t. C'est li. l'épOflll~ r'oOlantjql.le, en ef-
[e!) que. fleur'.\\. t
le
thème du l/!)o./.)Uf!'J -anno cu,f..ou.:.e" e t; llU~ se cJ(:·ve lop-
pèt'Cl1l pour
La PI'Cllli.i::r·e fojs,
les mOllvçlllcnb; dll cllrj~·-;l:.ial'li~;TTlc rf;volu-
Lionnaire (1).
Cependant
toutc autr~e c~~l l'image que la littôral:uI'l"':' gr(;(..;o-l<l ti-
lle véhicule de
l'Arrique 0t: des Noir~".
(1) -- I30wman Fran l,: Paul, JJ,! (Ju~~).t B'(mUIlJ'::Lque,
Librairi c nl'OZ S. 1\\.
Genèvc ]973 •
..
.
1.
, ' .
.'
.... ,"'
. ~ .~

r
\\: ...
'~,
Dans GOll cnsemb Le:
l'Ail tiqu i b': c l;]~;:... ique nc: connai t pas de préju-
r.és raci;:\\ux.
Les Crecs ont lais!'>6 un·3' aboflcbnLe
litt6raturc GUI~ Ilf\\fri-
que,
s.ingulièr'cment sur' l'Afrique :loire, et Il existe une vast:~
docu-
mentatign·sur les relntions du mOflck européen élIltiquc avec
Le I;ünti-
nent noir,
Dès
Le XTX~ é:~ècti2 d-C-jÈl,
des travaux décisifs Sur le sujet
:'lvaicnt été r~ali::;é~'~1 suivis hir)nt:Qt p::'ll' c!':1ub'cS cl6couvr:r\\.:cs
impor-
tantes (1).
C'c~;\\.: à l!ürnèt,c: que l'on doit: dans la littératurc occidentale lc~'"
,/
p œmièccs mCIlLjül1s de~j nèr,l'CS ct de
leur pays.
LI ll.iadc dr~huLc sur un
.,
n.
hanquc:t ch~z Le~~ nh.',rcs }/,clt7Jk') rr:.p~·(JChC!/6f:, aUflucl parti': ipent tous
les
li i cu y. de L 1 Ù ly rnpc t
,.'"\\.i' ail\\.: il
,~=.~. v.:"
yt,p,,'
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( .1) -
Locwcnhe rz, .Co./.., l':.lh,iJ,.)pi.Pll.-.., d(]lI-ô J_' .A.~ t do. f.' A, U.rf,Û..lJ'1 r:,fn.-;)-:\\~·J?1I0.,
G()ttiTlec .1BGl
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CI'nee lIndlp.,Yt ~1I",- TJc'JJ''O ,ÎJ1 ~:u".d,_ and. PonOJl Ci..v:_-
.L0~Vd:'tOIl, Bnltimore, .J. Ilopkins rl'0~;~"; 1.9~9, \\{cimpt'c~;:"iiun en 19G7.
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1%7
F.
N.
Snowden JI',
1!7/1<! 71'!y,·ù in OIlCLv_n..t (~~'(".!.e("'..J"~II, Amel'jean J\\nthro-.
po log i~;.t
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1111
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.
'
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J\\lain Dourgeo if:
rr;;sence
J
Africaj.ne 1970.
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(/ '-.'.. , .. L ,.- ,)
.... I-['{.I_I-(./ f'
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,
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tlGU1/1~)pU:ij,,.._)lt c:::;I: le 1;Qnne f'.r:ljf~(·iflU~ pour désigner 11::['; "v-waOP../.l.
bltUe?dl/,
cor~mf~ on di t
I/VL-6r.(JQ/')' f.lfî:,fP/.\\I!
(1 J.
Le poème sc tex'mine
~2alcment ,q,lll. llll f(~::tjll ~;<1CI:6 nu pn.ys des ~lt~f?'.r·8S.
./J
E/;~~f >~'~r /'1, LI L 1)
r-/'} JI. kf'l-Î t/~'J(O
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(
f, '-/L'IILÔC' ,rS )/cl l,CI L'
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f;< ;;-"0' {,
(,1/:'" ~'/' /(,.,,>
,
/
(2)
l.e début d~ l'Q!lJ'.J-:'!('!,Ç>. év'oque ellCore les Noirs dlAfrique, de l'in-
de et de Môlané~... ie. "Les \\}l~a'.,ridicn~,.
Et ce <lui
les caractérise,
de nou-
veau, ,c'est leur joje ùc v L'Ire et leur- p....rande piété envers
les dieux:
"0,- (P.. .-/tAU (rùs é.i don) <'J' PJ 1 ntfa che:7_ J!.o/..\\ 1l~9r'Q<l. f Q lJl.-
taiJI-6,
rr'/..':!.
7?èJ.grrY.."l. rf-POI',U,/,j. GU. (X>\\Lt du, 0ÇJ1~'Q IHmn,i.ll.,
cfrm2:J
tC!-UB'
dOI.Jy.P.c. dO lJ"(1J.JLC!.,
(r__<') urlr.\\ V'C~'a .(p. co,-wJrcu d~ C?·t
.f!.PJ,')
nu,t~,.><\\ V'~5"'~ -t'A.I.D""() J 'P. " r/r:Vfl/ l·t ,fp./-\\ rll~Ca..tO'rJxY..\\ ,IC.'.,
.tJ7lU'P..QJ. il(_
(~.-t (/ /(ig/'JC?allx~,
i.f vi_V'Q,U riO! ft? jo~·_Q.,
iJ 1-,'1 Ln.f--
,r",_, ou {, y,Unll (3)-
1
l
,
l' 1,-, ,/"é 7( I('/ru) li
'jt tiC
_( /_J -----r~:.:;·cl}vf~'-·;i6s i I?,ne pa T'foi~; l0.~; Il '~'I.',T'C:_;
C ) ,,'1 l.- " l'
pcup'tr. il !F', r;".su noire.
Voit, JIll ,GB de/"l '{di tian .lJ iJ1(îorf eL 192
1
de
l'édltiuTi Hallek.
I~n fait /}II~',,'(7~S
(de C;;;;~l{)
oc.
hrûler)
d.ô'ignc Ilon ~;(~ulerncnt 1c[', El:hi.opictl~:; d'l\\bys~~inie. rnai~; Lous
If;'~) n<'pre;:.;. Chez Pind8re ,
ils :',;onl:
tout (·;jmp1cment n(jI!lJlH~S les
KrÀ--,~ 1Vi.1) ~r.> (P~,!,Ul';fif/''--~ IV" 21~)) ct ch·:z I::ur i pidc. p tus ~-,; im-
plcmcn l: ellcor.~e
/{lr )l(~ LI (.., /)C i';â">
(/--Y,(]cd:on"
fraemcn t~.:;) Etymo-
log.l(wernenl:,
!Îj l:hiopsi e~;i: ·f()1'm6 (lr\\ns sa première partit:,
de
la
r8cine tr.lliLè1'c
*-iùth,
fOI'me f8.iblc
de -aidh,
du s;;lnskrit
~dhrth "l)()i.~;,. !,~·D.f.nr·lI. fi cump;lt'CI' 8.vec le latin a.~J~~a~;.;;té ;
,?:_~~;j,I.~_::;., chaleur, brû Lure.
(2)
-
JtiJxle XX[fI, 20~, - ;~07.
I!}<~ 5"'(~/.Y(~""..':l. au lx)l'(~l. de>. ['(Jc.é-OJI, clnn-..\\
-Le {.1Olfù I.:!(>/j J7(!~./~"(,?/.'J.. _,?,('~.l ~()n,L (.?Jl t~·(1.i.n. d'ort~~iJ' d\\"!r."l.. ./}(~cnJ(mJ)Q/.) nux_
j"nOa',·L'!.[,:\\.
/

"
Les
tCY.t:CE'
homÉ'Tiques se "référent dOllc à
un monde déjà fami"":
lier aux GC'8C8.
nl~S l<l péri.od~ hom6riquè
et héslodique,
1<1 beauté de
t.1cmnon,
/l'Dl. (JC'-,,~ rfQq."(!/~fI était déjù légendaire. Ulysse. pleurant Tl'ip-
tolème au Chant: Xl de
l'QJI~f66(!()_ n'a
.pU retenir Bon admiration,
à la
vue du. gU';':lTler nègre
non " (1 ) .
"
De même qur.
l'hisLnil'c dr.
l.'F~.hjoric est li~e it celle d'Israël,
par' l'idyl.le de
la Heine ùe SalJél. ;:l\\'(~C S<Jlomon,
de rnp.mc,
rvlcrnnon,
à la
tête de ses n'è:gr'(~s, volant au secollrs dl Ilion assir:;gée,
fai.~ait par-
tie de l'hi:::,tüire Je
l'Hellade.
!)crTière
lui chevfluchaient ~-;cs r,ucr-
1'ic1'5 redüutahles,
IIf:.-JO/1,-tC'..LIX'6
dQ, jnvefo~./:'i/l,
venant des profondeurs de
l' 1\\ friqu~.
P inrlflrc r. t
Vj rgi le
~vOflUCrOl\\t encore
ces
i ma['/2!',
!l~S~~9~~Elans la JJléYr)rl~p.. prl5sente unc hrè1lc gén0.a lügie de Mcmnon
---
,r,)h';,~,)re donne un f-ij .-.'\\ Ô .},Gthon, ll}-'n,.,on ou Cf1r.'1Que cl'a.-i.ra if', PP.. ""Ji- dQ/.i
T/è9Z'0Â," {3J.
Eschy le chante HlJ8Hl la divine beauté du roi nègre:
"Au f1DIIK"'nL où 71~:'n,.,on appru"t?[,t, ~a. bQouA:-ci. ~ol.i,(èvC'.
f' ('JclmUY1.Unn.
01 .(le!.. C017Y:lf:l'-'<!- li.. I.iTl~ fpnnx~.
.Pa. fou1.P. ..r.'1 '6c_.·~.p.
(\\((~.( <'lf:" ,c:,tnr.l0. U'1'7 ~' 0 f f.·;..J' t. no6 ~..f(~UY.,
utlP.
1><'''011,'-6.
(~.fl,ijlpi_c:l!'e,'!
(41.
Vi rl',ile. &16.uk~_ T, 1189, "J'at- opeJ'ÇtL .eQ/.i QJffl"/.) c!co. np.-n/1fJrl .la..
7]Qg'>Q./I ;
auss i,
IV,
~eo.
(3)
-
lIéslodc. Je!/.) :J'rivaux-
.,~
. )/our~ : ln. :lJ-'Qgonœ 984 - 90S.
,
Texte et traduction pal' P. Mazan, Paris les n~ll.es r.ettrcs 1928.
(-1) - Fra,;ments. Voir Nauck. ,J.ng,Lco.um graeconml J.o9nPJl~o.t Leipzig,
Teubncr 1 B89 ou encc..'re EschS 112 : Upera onnA..-a,
cd i t. G.
Dindorf,
Paris, 1970.
"

JO
Le poèt.:c mentionne à maintt.:s rcpt"ises le peuple d'El.:hiopie
"1u. n!·I·(_V(!.&'I'7,,~\\ h Wl(?~ .(:r~'Tc'..- foi.Jl,trÛJ1C?., dl PZ "" (X'HpfQ.
fil H'_.,
q" i. 'JObLLc>_ ()UJ<: lClfd.nÜI(~ ,du. _CU fQ.Gf~,
fil. oh coulp.
lv_ tf'....II\\J(~ d'rCthwp~.J.!.."
(1/~
Dans ces VCJ'~" du f.),.om4.,(h6.c~. p}lr::hni:/H~.,
le poète semble établir
Lille distInction ent:n~ Je~; Noir::> d'fl.~.. ic et
les Noirs d'Afrique.
"]V.,·,'(-,.
COUl"!H.6'
c.1e? polI,q:)l~, filJ. '.I().-d de .fa t7P..r G'''L/'U,,'P''-,
011. cordc'.
f.t"!.
f.-fC?uvP. ~nc'..p, 011 ~ ';'..fpnd. -lc!. fnc GIIX_' l'C!f f<l..tL'.
cI.'Q,i..A'fiiJ', IIOU"!'LCh,_" 'd,!~ r;1./1l...Opj_Qn~, .f..h-/'J(U), nu. t..))'·d
de>. t /lÀ.:l?fil 1/1 (:2 J •
Ces
lou<'Inp,cs sont ëlPP<1I'CmmCTlI.: f{Jtld~~cs,
puiSflU'il affirme
---
l'/k-~ \\.'(-~I{.'< .fOllO." ("ln COt'l1 IO;_/.)·.Vu 1CC'_ de caut:"'.l('. .f". p~Ut)e~. '7IJj~
l,nJ)lA.C!. fn. .tC'Yl'f!. d' CUl j..opj.$~, rh, où. {,~. ?lU oU"G ~c~ptlJt.),fp..o
déJ,tOfll","l
"()lJ.fro~ -<lCl--o O("lUJo::. ou <'Jou.f t-e.c!,. pfuvu!.UJe, d<?~ l/Pfl-W Il (31.
fl décr'll: encore
l'I\\fr'iquc Comme étant
le
"t.donf:u."C'.wc'_ j.Orc[,Ul dC!. [VU"""
1C'~.·-t-Gf)Â;'~ P{1"
f.P/.l.
rl(,_jJj(!~j •••
'7ue tl'Qv().r·~e. f 'Q()U (lu. nu~ i";
fa -ô.all1.b,'-Gtf.. ·LnntLi!.'ObfQ.1I (1 i.
\\
(?) -
Eschyle, PI\\.)11.~,UI(~Q. dQ..fA..v,."f,~. Fragment 67, Edition Diridorf,
n O ] 92 1
Edj tian Nauck.
(3)
Eschyle,
idcm nO 139,
Dindo['[,
et 299 Nauck.
(~)
Eschyle, SUIJ/lUnnL""
V,
558 ..
1

,"
31
Pour
Les fmcLc]iS c;l'f~CS, auct.i.ll,:Î'mol; n!était ,assez fort puur cele-
brer la magnificence nt' la terre tifr·jcaine. Si les habitants possè-
dent des qualit~s exceptionnelles au rhysiClue et au moral,
leur pays
est en plus ".fa. tnJt.6.CQ.rr1:', t:)Q,~üc!. dt~. 1'H:Jlu1.C f! f1.',
/ld,alTtrYl,f:R,
à.lw.b0te.r,
bV(urinn.te. '1 (]):
"'.9f_ 11~ d('..voLt rV16 nt.d__'''QrrQtJ~~ f...tonJ'lQ_r f.QO Ç:,'QC6, écri t 11..
llOllI'[:.cois
'tUf!" .f..'GA.:ht.opi..
l
J.?,
C'Q('}t-ô-c/;.--I'Q ['Jlt,··Îflue. 71o-i..,'Q.,
(17,t con,~i.(·Ma·~c.). conne un(:. -Le.I'J'(!- chéri-rz I/P, .tr.....u.·<'l (Uy.u)('.,
CC? fi.p.u 0/1, au. ~o"U!' dr_~ epU,.-6 ,t.Lml.~,i.v,Ie.UtâC~<\\ o':'v:.ÎQm!Jf.(,p./.)
dl'. .f.. 'Of.qflfJQ.,
il/.'). at,fn{"(?J 1 t. 6p. n:~c"-Qc,,' e.t IV../.l4.:.r.llU'Q.'· aux.
fr?/:')·tifl<\\ 'lue .fS!.ur of-f.-rrLLenL ce,.~ hom1Q/.'J Il (3 J.
Ln premi.ère
fon::ti.Clll
(j,.>
la po~sie et cl~ flcI"'';;Qe-,t',
d'élffahulcr-.
, '
Nais on possède
6galement des
tfmDif,:,na[!,cs d1cxplol'atcur's,
de géogr'a-
phes c,t (jlhistoricns Clu.i. s'accorc1(~TJt
prcf"quc
tOW"î à pr(>scntc[' une
terre africaLne 1?,'~n6n:1l.ement ho~;piLali.èrc. Selon les mçjll.cur's 0.xé~
f""!,('Jes,-le pét'iple de 11<.lllJ10n a
vr'aisemblahle:llcnr.
nttcillt
le r~ont Ca-
rncl'ClHl,
ct pousss ju::.;qu1i}
L':intér-icuI' dll Golfc de GUill~C. r.C~3 LémoÎ-
r!rli1f;CS
[;ont ca i.E; issfln ts
",ta nuA.....L, 'lOU<'\\ VUlJLOIlÙ c!(?_~ lC>./(K. J~6ant de;>, -fJ..JU/'\\ CtJCc?~_
Jo. nui....t., "ouo opr.~_r<:c!'\\/~otl._\\ ch'_ nOn1)"''QUK. fe-wc f,.~:"~.J1c,·_.ford.-4p (4).
(])
Pinrlarc, '~llJi.h01flf"~ IX,
1/l -
15.
(2)
Pindal'e, f.\\rtJl.~f((lC?-6 lX, 53.
(3)
A La in Boul'gcc is
: Ja' ç;t~QCJ?_ afl~:,ulUC!_ dR.\\Ian.t .fa lMt]rul4dQ..
Présence
Afr'icalne,
1970, p.
2111.
(/l) - Pé.r~-fJl-,?. c!Q. Ibnf1Ot'l,
13
; ].11.
Les {;l:udes les plus récentes prou-
vent qUF.'
Je p-5riple a
bien bouclé
le tour de
l'flfriq~i~.

32
~
Le Noi.r,
grand dans0ur" au c.'Ui i.l" de tune f ce n' (~S t pas une tégen-
. de récen te
n(1lonL-.'1 rh~. tfûlp,~, vacn J 'n,;'. {!C'. .o.ym/ I(dP. C.Jt do- tom-tom
l.Jlt/l.Av'J:t/l,
/-'urf.."Jnt:!IILG Ül1I0nJ.J''Qb.f.e~'J (1 J.
Cett~ conna.is~:i;:)nce
de
l'.f\\friquc~a~:;sez souvent recueilLie dc se-
conde mnin, 6tait ég;l1.cment 6tny,:c par llfle 56r1c de contacts cL t1'expë- .....
rienccs din~ctcs : explorations ?J
i.'i.lltérieur et expéditioTls militai-'
rl'!G.
C'c::;L
d::!.TlS
t';)cLucl "::.oudan {jIJl: des mCl'ccnnires
f-,rccG,
GU vlè
siècl.è [lV.
J,-C.,l'.r::1Vcnt: sur
les pieds Iles Colosses d'r..hou-SirnheJ
d~s inSCl'iptiOTlf'. qui. f>ont pnrmi
le;; pLI15 anciens spfc.imens de
leY.ler>
r,t~ccs. Plus tal'd, on r·ctrouvc les nrmécs l'omaincs en Ethiopic, ct iL
est fort probable que des
tentatives de
tr~avers6es du Sahar'El fussent
amorcées.
----
Les
térnoip.nnges gr'i§co,-romains montl-cnt que
les civi.lisations
classiques du Han::;ill de
la Méditer'I'anée ont bien connu
le:;:
Noirs a:fri-
cain:;, et orlt nou~ des contacts avec
l_'Afl'i~ue noire.
Ces eontac ts rr.montent,
trôs
loin, par de-là le moTld~ gl'éco-ro-
main,
dans
l~ civiti~,;)tiofl crétois!;, à r:J10~~so:>, il. Knli. [lnnn plusieurs
qoeumcnts du r'Jusée li '1Iéraclion, ClIl l'ctnJl1ve des traces de
la c j'Jl Li-
sa tion af'r j C<:l i ne.
Entre
la 14er Er,ée ct la r"cr ck Crête,
parrnj
les CyclEHlcs,
le Noir
d'flfriqllc est mêlé aux popul<ltions "lucCllcs,"à l'auhe du prcmi0.r mil-
1011<1 ir'e av.
J. -C.
(i)
-
Alain Bourceois,
op. cit.
p.
17.
,.

1
<
33
Les c1(icouvertes
l.es ;:;l.us :l'6centcs confirment les hypothèses des
Anciens -:--llorigi.ne Je"l'homme sc situe en Afrique. Les fouilles dans
ler.; gisemcnb; de
l'Omo" ou
de
l'Afal'
(dU Slln-Ouest et à
l'Est" dr: l'Ethio-
rieL ou hiel1 CIlCOI'C
r:1I Tanz<:lnic,
olll; mis
?J dfcouvcrt les sq\\lelettcs
r:t:
lc~:; ouLj.I~:; der. pl'cm.i{~I·n hommc~. I;:n
tout C<lG,
pOIII" .lp.s Anciens,
il
n'y a jall1<lü; cu
de doute:
l'Afrique est
le b(~rCeal! de
l.'hurnnnit6.
Hérodute et Dlodorede Sicile aff.il·ment Clue
les Noirs sont <lutochtones,
les prejni~rs issus de .l.::l
terre qu' i 1.5 h<1hitent
l'O L pw-6.tC?J ld. qu.'? .f.o.,6 tCt h iJ,piPn-ô -!'J.O/I-t cie. ~j)u/.'}
fp./.'\\ Ilnnm?-ô
.F(.!/.)
rU'QnriJ'.B":'l qui. n,L(~n t el(.f.....6tf,~ /-:.. 7.
yt D~ t pl'C~<'lqUQ. UIln.-
nvtJ!.'1T~IIL 1'("J-conJlu. '7u.' GfL:1 ne:'. ~ollI (Xl:; VQJ"UJ6 du. d21'Ol',('j /~ •• 7
_9,w ~OrlL r_-'w'O/>ahee.nOfl.[ <"l.(),.,t~ fQ.o (.)w'P..mi.c>.w'{j. du. .-;:')Q,fJI. (1f:~f.n"
Ü~•.,.'O_ (.X"ln' c.onnPJ1Ct"!.,., (; V'_VW'f? /1 (1 J.
--~.----
L'AfriQuc a donc présid6 à la naissance dc l'homme primitif,
à
son ~mallcipation, ~ sa sortie de l'animalité,
à sa pr'ise de 'lOSSCS-
sion de
la civilif:;ntiofl danG
le S;Jhnrd,
dAns
1:1. v<l.l.léc du N.i l, au ,Mo-
yen-Orient,
dans
l'Eg6e,
en Grèce,
;) Romc et en Occidcnt. Or i i n'y
:1 p;1:~ si
lüll",l:crnp;~ Cllcu,'e,
pOUl' jlJ:";i;ifi(~I' I.a c()lUr1i~;:1.ti(Jn
CIJI'op('ellllc,
011
prétendait quc
les Noil's ~~ont Ù~!S ellvahi.sseurs venus d'Asie.
EI\\ l'f~al.it:é ccperHl::1nt,
Je pr!":mier homme qui
leva SOli rCI'/lI'cl vers
'l'horizoTl était un Africnin.
C'est, plus tard,
hors des
tropirlUes,
qu'il se di.vcrsifia ct devint tI,-ûl.loe,",
"1)f.nl1o/~ ou
"jnUFlO,",
du moins',
selon la schématisation h.abituelle.
Sous les" tropiques,
dans
lcs cli-
mats chauds,
à l'ahri dcs mélanges ou dcs voisinage:.:;,
il est dcmeur6
cxclusivem~nt noir' dans maintes régions du continent mèrc.
(J) -
Di.odorè de Si.cile, ,[U, J.9-9,
~
Ilér'odote, ,[,;1,.
JV,
197.

Pour les Anciens.
Les Noil's ·sont.: non seulement les premiers hom-
l
t
r e t'Il la compagllie de rilli les dieux sc plaisent.: à vl-
mes sur
a
el'
"1 -
vre
ollL j.tlvcnL~ 10 relieion. Selo!1
t
mn iB cncon~)r:e son t eUX 'lu i
P~I'odotc 1
"e 1PÙ 1: Pit "/~;J"fIJn. f(UP. ·jf'. 1La'PH-t qnt('!l1d~'C~. cl'ahon /' fp~
0';--6
aiJ]u/.'l ac.c.onpognont .1..0--0 ei?_~.qJ1onU?~ "'e.t.UJ~_J:','J!'J.P~"
(1 J.
Diodore de Sici te confirme
01- <:I1...t que). ..fPA nocI"\\() {\\OfJ·t QI.M~L -Û?4 f-J..rt:>fi-HJ!'0. qu L n.ip.n t
C=!/I-::V?.LfJ" P.. h
lI'Plld~"('; tilt cnfA;(:>; aux:. cU_eux.., ,) &-111' of ta-L" dp.-o
~o(:'B·LtiJ:'r?/"\\,
h PI"fl,CiJll1C?P fy,~ c6.1·<?nurL.-Lc!~ (l_-t iOA pOOpP4 60--
C"'~(,/.'I, PJll iJl h, occ.onpt:.-r tou,o '/Q/1 ocAp/.'l lI"'Jf.,L~JL~.:>H.I('. pn.,
ee/.l'1uQ..('~ ..f_QëJ JWHrrPÂ on·t cofJ.·tunQ d'honor0.,' fa !Jli_t/LnÎ...tij. ;
'-~--'-···-·--·au~6t>'6on.t-i..l6. c6...-e/!h~6. dnn-6 .tou.tP. -fa ter,-'()_ ,.1OU.I' foJ.,U'
pi-6..IJ!,
Q.·t eQ/.l. /.'Jn.crL:{~-C(>Â offC!.rw pn,-' f.c:Yl 7l()U~ f.YJ/.'J-!'lOfl.L-
L&\\ (XJlH' è'iLre ..fpA p.fu~ n9,..f?nbfpA nvx, ~·...nrrn,·t(~ll.i" (:J'.
[llvC't1tcur~3 dt~ la t'eligion ~l; des arts,
1<;[-: Noir:3 sont ;:lU~;si les
pt~cm.i.ers à illiUC1' lep, hornm~s à II 8cri turc
"J:o. -!'lcrk'l nLLach.6, aJ.1X_ {-it]u,'Q/'."J .o.o.dp.tée-6 c:>..·t ·fR_ -l.!HlO- cA... &!.-t-
.t~'C.6 Q(jlfP,WJ1YJQ'A ùeratPll-t c?9alenT!.rl t ('npn.m t{?6 f1LIX. l1o·i-rc.
/=... 7 Û1. ,ouwan.:t aUI,oi_ fA <'1o~ cadlJi ~Ot.l,o dlacwlC', r/Q_
0:-'4 (;;,,'nv./.l., Q·t OJl ç..:<.c.a'Ç-f2f1.t leur QJâ.p,·i---L çA.:... J!P--l.U· rrr.rrlJi-,'Q.
pa,' IlJt(~ i>AJ.lde Jf:>" pt'.tl,o-u?'U'--,o 011110:00,
fR/.l. noi-'-'<\\ pa."ViPl1J1QJ1.t
Ù. ..f./;'....'"<:,. OJUIWtT7l2Jlt." (3'.
Comme Teilhard de Chardin Cil a' tiré la conclusion,
'"
1'"
M.

1 • ,
. ' ,
1
C
Q../.':!. _
Dt.PJl
Ptl
"''1"''U{UiÇl,,
f{U -L-f_ conVt-'?_n·~~ (' Q. .-;\\Q p.eoc.o.'· potLr
tX> b' an mf.P.Ux. ,oQ.. f ornJ?l1',
9''OMir,
~·,t-i..r pu.v.. rQvr~fl,-Lr <'1UI~
(1 )
Hérodote 1 ,CUJ.
IV, 189.
(2 )
DJodorc de
~;_ic i le 1 D.b.
[ 1. l ,
2.
(3)
DJ.odore de Sicile
,l'A-b.
III,
J - 4.
1
. - _ ...

'.
i
(dJ'-..n-m'!.nc!_,· jl.J,~r?tL' à. -6(],i:I.JWOU.J:11l dr~ .t.c~.r~a...."..6 hoh(.A~6.Çl/~ fa.
96Y.l1u.k onrl~!. clr..6 (..-.,r!ur.J,fr-!.r~,
de<'l .(:Q,cl-i" UzIlP-4 c.t de/.'! f·.d6c?A' Il (1 J.
Est-ce un 11<lSarcl c,l
la quêt:c rhJ par<lrUs tcrrcstI'e,
d,c
1:1
t~rrc
des
Ancêtres,
des aleux ct cles c1ie'.l),;,
rai t pOUl' ln pl'cmi;:n:~ fois :;011
app~rition dan::; l'histoh'c des homme:" à travers la religion des an-
ciens "EL'J'ptiens ? Dans le /I,f.i~vl'Q_ dC?~ Ub.',W",
parmi
les
l'ccuci.ls de
textes sacrés
liés aux cérémonies
fun'~b['eSf on ù6cou'Jre def:; réfél'cnccs
aux croyclnce::. sclun
lesquelles 1,-, c.ivi.li~~aticn
égypUefHlc aUI'ait pris
naissance grâce il des hommes venus de
l'Ouest -
les serv.i t:0.lIrs de
\\ .
Horus -
les pl'crnicl's
initiPltcurs.
--------
On devine aisément les
raison~; puur lesfluelles t·1o:rsc Zl modifié
cette
tradition e.n l'l~~.i.·tllfl.nt
le paradis à l'Est.
lnsurr:é contre les
Gogmes
du haut cler~é ép,yp ti.en,
il a
vou lu replZlcer le peup le qu 1 i l
il conclui't,
la ltation R~5?ta;~·. au cm}\\~r0. de l'histoire du rnond(!.
lfl..r,.
On rctrolll!"~ d ' ::1il.lc;Jl':'3 det. t.rilcc~: des t:lllcienr, EI',ypt:ien:~ -
l.;orn-
bea ux ct nécrüpo les -
de la 1'-lau l' i tan ie {'lU Sa ha ra c en tra 1. Leu rs pr'C'-
mier's Hncê~rcs aUl'Oli.0.nt séjouI'né d;'1II~;; cette zone/et cel.a justifiernit
leur Ilo~_;talgi.c du parn(Hs/~:;itué que.lquc part à l'Ouest.
Quelques écri-
vai.ns affirment,
r<.lpporte DIoùore de Sicile, que
les Epspl:ierl!{ ne sont
'lu 'une colonne nOIre conduite par Osiris',
/J.3l'..-:t. d.w<-!Jl.t qUQ .la. r.J,fuf-Yl't,-t dc"!/.i u~ngQ../.i ndop,tP~ pnr .f.PÂ
[gYPUPJl.-1'l ~.'()f-l,t cl. 'ort..g.-('J1ç', no i_~",., .f..q~ co ionÎJ'/-l ayant.: ·f /f1nfJL.- .
·u/(./o~ de. COIl~(~rt/('_r .ir2-6 nUQur~ de.;.fa. m:'?A.:",'opo f>!. : 'lu.' a,i_n/.l L
"~:oA
,'O.i~ honol~{oXi conne ckw di-èt/>L, ..f>-X:i ~oi..nl'~ {J.J'1.A /JOU,'
(1) -
Cité par Lt'opo1c1 S. Senghor, ,!'.i.berW_ 3,
Seuil 1977, p. 160.

36
,
1
fp/..'l
tw J(;rY"i,i...eJ..n.·!) a(~. n'vr-lA, Q.,{. IX!-f]uc.ot-lP cl'nu...tr"<"!,o .,i..-b.?~
·:\\O".r dD./.'I
i.n/.'ll:..iA."u.-U-c),ù.... n.f r·i_co.i.tIQ,o" (1 J.
Pour Cf~r té) i ns,
lc"
J
. f
t
. • ~,
{Il
S
r;oll.
Ulle
colonne d'''rniEI'allt:~-; nfI'.icairls
partis d'Egypl:e.
L' jdp.12 du p<t1~adjs aura.it P.t.P. prop[lgf;e parmi eux par
MuIse,
iniLi(; aux mystères dl Isis.
Les recherches
I.e::; plus
r'écl":!ntc:':; sur l'origine rlu
l~l-~.i.::--;l::lteur
du
judaIsme aboutissent à la conclusion que l~oI:.:,e est africain. Mosis
est Gon vrai rlom dOlll: la rtcsinence --is atteste tlien une as(:cJldance
. l~Y a-le,-c'6rTüne'-po-~r Tou tmos 1s, ls is, Os iris J
etc. .
/1
~
t 'l,
Les ouvr'ac.p.s rabbiniques ne doutent guèr~ de
la
rlPg'''ve
de
MoIse.
C'est
lui qui npprit aux Juifs
les coutum~s afrir:aine;, dont
\\.;\\ plus import:'"Jtlte r'e~d:(~ la cil'conei~:~ioll. La c.Ï.r'concisioTl, <.Jcte
ini-
tiatique m3jcul' .qlli
t.. 6o:o!"1cil.ie
l'humme ::lvec lui-même et le cosmos,
était cOll~·;id~I'(>e d:lll::;
L':llltiquil0 C(JlIlmc
unc pr'f1I:i.quc eSl-;crlti(~l)~ment
\\
africaine.
Iléroclotc
voul;1Ht: P['OUVCI' (_lUe
les Col.cllitlicll~;, lc!1 Ethio-
1
picns et
les Egyptiens Ollt tous une origine africa ine,
indique qu'ils
sont les seULs parmi
lcs hommes à pratiquee la circoncisiun depuis
1.' orj gine .~,
(1)
Diodor(-~ (k Sic.iJe, .eu". Ife;::: - 3.
(2)
Il ér'odo te. ,/èU,.
Ll,
10~.
1

,.
, ""
l
Des Ch'::!I~cl1eurs se ~-;onl: f'tollné,\\'qu'!Jérodot.c.
le père de
l'lHstoirc ,
ait iell(WÔ .Les Ju.i.fs dam;
tout son oeuvre.
C'cst qu'Il considérait
les ·181'361 îles, teu t ~-.;j.mp10ment Îcommc une de ces tr'ihus nomade~~ égyp-
tiennes qui ont ém.iGI'é de leur DEl ys
rl'cJI"jginc) llfi'.gYPLe,(lf~/'·llvselon
lui,
les Colchidiens.
t'loÏse était peut être un F'C'lru::~h01 un nègre. Sur cette question
l'é)vis autorisé dc Freud est cé1t6F,oriqu'~ :
---- .-." "Si.- 7lb';./.~):c a. clCYlIlQ_ aux.. ,~luLr~'l non ~QUleJl~Jl·t Wl~_ flOW.1'C t-f...o.
''OJ't-i.9-wn, ImÀ..4 C?l1CO''(? .fa. fn.L d'? -fa. c..:..J'COflc....t/). tJ)n, c' ('A.t
paK'{:.e.. ,!tL'Lf.. n.'ciW,f"..,t paû' jUA..-t- nn0â PglJptœ/l.,
cl/où. LE.- 6'Qn-
-ou,i..,t que', .f.a ,>Q-LLgÀJJn nO~Q~rlfl8 6.-L"n.-0t vrcû.Â'\\Qnbf'.a!) (pn P.Il-t HnQ.
"-"""! f...i....qi.nJt ~gypÜJ?nne,
flon (Xl/.) <:.J2.-tre. du_ PQHp)P, -tUlp djJtr~­
'''!)l-tr:'~, IlniA ·fa J'P.....e..;_91-ûn dl Aton. avec .rOfj!/.C?f..fQ. tn. 1f"q/(~jwn
.iu~- concorde. -<l.u..J~ b-LQrJ de-6 poi.n.t6 .ur(-lOw-·twd/.'J. fi (1 J.
A l,? limi te, certains douteraient même rie
J 'ldstoric.i té trc.!u. c/H!/'
ç'A; du... p,-Q-A:$"(.>_ ,.lr'Ophr.~.l:'?,
{onc/oAP.-ur dr;~. ta rto..t.:..i.nn e-L lf,p.iornnlY..ufJ· (h .fa.
lf'Q,.ii.-g·wn
rr
hÛ)H,(ÛJtI.le.
(1'. En effet/plus qu'une cel~titllde historique,
.
1
Moise est. un symbole:
le lien indissoluble qui
lie le Judalsme à la
Négritude.
Les points.communs,
comme la vision particulit:rc du monde
gOLlver'né par J)ieu.
l'importance soci~l~ dc la loi, npl>el6e tradition·
Ou coutume,
le patl'iarcat ou .la gérontocratie. proU'lcnt bien que les
Juifs ont beaucoup appris des Africains. Le Jud;1r~o;me ct le monde de
i'Ancien Testament sont plus proches de
l',Afrique que de .l1F.urope.
Ileideggcr a bien pI'ouvé qu'on peut écrire
toute l'histoiI'è dt~ la pen-
~;éc occidcntale sons faire référence RU christi3nismc (3). Le chl~lstia-
Si[~murid Fi'eud. moD~Q. Q..--t f.p, rrolO·U1Q~n-e,
Ga.ll.im8I"d 19~~)O.
p.38

Abram I.eon Sachar, jJ-i..6:f:.oi.rv.?- cloL) ,!/tlLt,.6,
Flammarion 197:3,
p.
1.8.
-
Hcn é r; irarci. J).:Y:J. dlO-<\\Q/.\\ cncJ,.(~eô clC!P1.M -f.a t ondn,Lwn. du. nnnde.
Grasset 1978, p. 296.

nisme est iSSIJ {~'l: Jud::tl'smr! donL Lc~ fnnrlements doivent êLr0 t'echerchés
dons
\\. es
:) \\ 'lf. Cl le.~
de p, rr:J i glons n fI' ic::t.i Tl es.
Comme on le voi,t,
r:1er>t dan~ lCf~ sourcen
I.es plu~~ :l.Dcicrlnr:s du
p::lLrlmoine
lillf!l'aire occ.it1r..llltal qu'il f:,ltlt:
trouver'
les pr'cmif:t,;; élé-
mcnts qui ont dr~clendlf~ le processUf'; de mythification:
l'l\\fr,Ïque et
le NoîT sont présents dalls
1n litt61~atllr'c européenne depuis l'8rlU-
qu i té.
En définiLive,
JlOUS
pouvons,
!,ur ce sujet, conclul'e comme Senghor
fl770tJô' <':l,Q.\\/OI/ù, \\ de corUlo>i./.V.V1flc..c.~ nr;;Jl,U~l.an{. cC?r lo,LlI1C:.,
([ur!.
t'I J:{-II'l.que, .WVl cl /ê.tre un contUleJlt. f'(QtldU, f uL wu,L
au. cont,y"Û.F'("!. IX?JlclnnL do/.). mi---fJ~_Q,r'~ cl fQnrJi?~.:!'J WIÇ?
t.,?"S·/I'Q
b " '
C?fH..Q c I
r?-:.'\\ "
'.I·Lr?Ux..,
con-'l)~ "
c ' N "
rJ,,;l,"-Lr'nn..tpyt.t '
.f...P...6
)"f"
'Je>, ~r~')n. '. '.'1 J
pn~'-
cc:'!. qUe? Lc.r'r·~ Iln.l)Â):p,(.!. '.1175'" dC?4 ~D,n-i..P---6
Ilp~'(l9~'('/.)-:)Ll/O./.'l'1 (!..,t
"ndr.7.p1:n;Lw\\~fi (.1 J.
!\\';~'lis pOU1~ avoir \\l1H~ idpe vraiment: complète de la f~r't;uTlc du my-
tll('
ou ÙU
thèm~t il fauc1rait étendre llcnquête dans 1 l espace et clans
le
tempE/comme le recommandent.les thf:.oriciens de
ld
méthode
thérnatique.
r'nLt incomplet,
51 'nous devions pnsscl' GOUS ~j l~nce le::"
liLt;ôratur~:s
europ ..§ennes,
étrangères au dom~inc frança is.
l
c) -
CEIiESE DES STEREOTYPES DANS LA LlTTERATURE EUROPENrŒ
"
Le personnage de
l' hUnlm~ ni) ir es t npparu re la t i.vemen t
tô t dans
la n9~'QJlcll2.l1 littérature eUl'opéenllc moderne. Tous les stér&oLypc~; qui
(1:,
-
Lé,opold S. S'enghor, ,DJ.x"j<'L"- J,
;,euH 1977, p.
160.
, ( .

..
clas:.cnt l'homme de coul.eur cOmm~~ un individu .Lllle! ~t vici.cuY..,
cxl:rRor-
, .~
din:lit'cmcnt sexu0., paTen, bête cL mr:ch:olnt,
foncl:iollTlenl: di}jù dans
le
lhéâl:t'c de ~:ih3v.espenre comme des cli.chés suscepLilJl(~s d'êtn: T'epro-
duits à l'infini.
,,)
-
I.e rio il' 0 tlle llo
Publié cn 1604, Ol)lef... eo apparti~nt,
p:'lradoy.:llement,
plus nu siè-,
clC'-fiÎ1I;';';~';-t qu'à celui qui commencc. C'est une pi'ècc rcpI'i~;e d~ la
l.:radi t ion italienne. Sous cc rrlppor t, OL/1CLCo cs tune i llus l:ra t ion
du renouvcllemcn t con tinu dus
thèmes dal-:'S un vas 1.:(: chélmp
lit téra i rc
homogène. Pope a
indiqué que
la principale Source d'Othee.f.a c~.t la
septième h.istoirc de
ln
troisJème rJr.cadc d'un recueil de Gic'aldi. Cin-
I:h10,
.intitulr., tn.f:(lIIUHi..-tL.
(;iarnb:'l.ttista (;iraldi (;inl.l\\io (1::,011 -
1~)73)
[ l i t
un éminent pn;r·':;:j~'jcl.lr italicn qui puhli<:1 son livrc en lSGS, en
rl(!UX
VOllPr,C[\\.
Le:
li.vre ;') ~l:é trnc\\llit; ;;tl fl'<-lTH;;li.~~. t·lême si SlInkcBpcl:u·f.!
il.'.llor'nit 11 ittlli.clI et l.e fronçai:-;.
i.l :;'c;.l certainemcnt fail;
I:raduirf!
:)1.1
raconler la :louvcl.lc,
dont le litre tlJxtuel est.& llb,"C? d,=,o VontL"C!..
~elon toute apparencc, .elle a pour or'igine prcmiare un COlite Ot·icllfaJ.
qu'on retrouve dans
les mi..."fJClZ, Q..t une rllû)~ (1. J.
Pour la premi ère fo is,
un homme de cou leur cs t
mi.s en scèrle et évo-
-_.-.-
lue déms un théâtre.
I l serait peut-être intéressant dc chcrchel~ à sa-
voir comment.: se"jouait le personnage dlOthello.' De nos
jouni, confor- ~
mément aux préventions courantes, Othello a un visaGe simplemcnt bronzé.
~:c10n la tradltiol} hnritéc de BudHlge, jusqu'à la fin du XVIJ:I.è si.èclc,
l'on barboui.llait de noir le visage du More.•
D'après M<:1ur.ice Castelain,
cc serait Ducis,
qui,
le premier, en 1792, sub~t.:itu<1 au Unt~9'-c!. c.!e/.'! Al-
q(fl.i.r~1 un Af-.'L.cCl-Ul bnoi'1né-", dans Son adnptation françoSlisc d:UUlcl.l,f.o,
(1)
-
fllauricc f:flELeJain, .~i'll7!;,r.~r:JJ?(l.'''~, (}{hc..f.lo, (traduction de). Paris,
i\\ubicr t·10:1 t;-l igne 1971, p. B,
..

0n s'écArtant,
S:JI' ce poin!.:,
de ·lluSélge c1u
théâtre de
Loncln-:-~~. Le
teint jEHlne et cllivré
pcnsniL-il,
pouvant d'ailleurs convenil' ri un
l
Africain,
"HH'ait l'av:)nl<:1ge de tle point chOflller le puhlic.
Dès
le
XVIlè siècle, au mom"2tlt même O~l l~ t!li'âtre et le roman
européens,
avec Shake~:-:pear'e surtoll t;,
r:tdoplt:;n t
11 homme noir comme
personnage litt6rairc,
l'guI'ope
viv<Ji.t encore
rcpli~e sur ell~-mêmc
cl ne vou_lait_percevoir sous
les autf'c:::; fur'mes
de cl'Ji lisal:iotl~:; allo-
_. __.._.._~ ..-
.
gènes que des prétexte:""j
il une SOl· le (j'exotisme. Le Hoir' r(~rH'6sente
r3ce maudite slIr
laquelle pèse
la rr!ûlr:dic:li.OlI de
Cham.
Le déco\\ïd:.Li.o~nement mental qu1cxigcnit pourtant llappl~oche
d1une culture diffét~el1te nlétait mt:mc pas entrevu
le romanci.cr flat-
te
le gOl}t du pllblic,
a~3~ollvi t son attente du scns<:lllonncl f~t de l'inf;-
d.i.t p;)r des
{vocation::; pt1811tasmagorLques.
L'cxotj~:;mc impli(plC rlonc
rlf.Cf)~:;::;;Jircment Uf:C sélect.ion parmi lü:',
innombrn.lJles
trait;; n rclr.l1:f'r.
et ce choix résulte dc .ll~pplication des auteurs fl cnrcr;istrcT' l';:;carr.
maximum entre l'Europe et les
terri.toire::: outl~c-mer :
l'information
n'est j2mals neutl~e,
1
CiîC
le lino l'nrJi.'
ne se voit pas.
et de
tCHlte fa-
çon,
irltéresse si pCII.
DoIt au conl:r':lÎre êlr0 valoris'; tout cc qui ëlC-
centue la cliff{Tence
le fait exotique s'apparcnle pur cons8.quent au
~/
fait ethnologjque qui pur prlncirc. S(~ V',~l\\t .ohjectif ct !_~ci.cntifiquf:.
_~ Il est difficile,
dès
Lors,
de faire
la p;ll~t entre le::; :;L6réo-
'types a~.prclTlier der.,r!\\
COtTcspond~l!Jt dan::> une certaine mesurc à la
réalité des faits,
cl les stsréotypes au second dcgré,
qui ne ~,OTll
fl\\lC
des reflets de la vision incontcst8hlement ~ubjective de l'écr'i-
Vu in exotiflllC.

I.e personn8ee dlOlhello,
dans
i 'Ull des chefs-d'oeuvr'c lef.i plus
accomplis ck' Shakespeare,
contjlltle d' intr.iguer spcclr"it,e'urs ct: cr'j LÎ-
qum:;.
Il rjenl[)l~ d'ai Ilclll':-; que
Le p.r·3flcl dr'amaluq~(,' cl sc~-; Ct_H1U:mpo-
l'ains aient élé .in(lé!c:is ~:;Ill' 1::1 v6rjl[l\\)1(~
ri.grncnlation du r..](J1'c.
n'a.yant
pas SOUVCIl t
l' oeCél:; j on de rencoll b"cr' d r ::-; ni:gr'e:-; ou des flrDb(~;.. 1.' évo-
lutio:l de la l(1nr~uc semblr. délllontl'cr' que
les "(~'PJ'r.s ne devai.ent être
pour les compatrio.l~s et ccntempUt"-l :flS cie Shake~3peare r1ue des Marcs
à.·-pcaun-oj:·~~--. LOreI17.0 duns le 1!}ru'cJ,nnd (k~ VQrd.~~"
illuslre
très hien
J
cette confusion en ul:lljsant fI,tJle t1eg"'O/~ oofJ~ll1 ct Il,UlQ nvor" pour
parler du même pcr'sonnagc (1)
; ct IP on djsa.it cor.lrarnment flfdnrh "'oo,,~/I
ou encore "1Jeol.:h. nn~n,".)I!.
Ellfin~ L<l~',(J cli"L ~ ncdcr1Ro qu'Othel.lo llpal'-l
pOll~' f..n mau.l'·U.nn;p.,11 (?)
,-lvec J)CSrlf:1110tIC.
Mais ri.etl ne P"O\\lVf:! qlle
Shakcsrcnre ait su 0.y:acLemellt où pouvoit sc situer la r~8urjt.an.ie.
En revanche ,
on a de Ilomb}'cuse~; r'éf(~l'cnces à J3 P igmenL.'J tion
dl()thello.
l;H~U parle de !l''Vl m_n·i..Crifr("k~ Ù('"u.:Jllo..8,-i_cn (3), d'un PviJ?t1x- !){....-
J ':.f">..J' IIOU,lI (il), blt\\(li::~ que IJrahantio f:Jit élllu::;.i.on 11 un ".t(H··~(-'_ Qldu.-
IriS,! 1 (5)
;
le DOi-?'c reconnaît qu.'jJ :.i a CIl Othello l'pf.H~ ch 9-1v1C0" '('-'P_
de nou'cP--LlJ~" (6). Inais Emilia estime flu1il est le l'p,&1/.) no.L.A· cf~non,r (7).
Il :5'aV(:cc donc qIJ 1 0l:hell0 C~it un homme dc couleur.
LI. c:::L
1.8id
ct lipPu ,
à en croire noderigo qui insult:e~ le "Vi_/OAJ1 .f.A.-fJpU" (8). Bra-
balltio ne s 'cxplique pas comment S3 fille a pu fI.tonJx?"l'· OflO/l.I'Q.lt-0C? d'unç!.
dl.O,,~e quA... ';.n.0.(-lt.rcÛJ:... pluA.:ê-t tn.. <'..!'(l.Vl{e. flUQ.. .t 1wrou.r" (9).
f-----------------------------------
( 1)
VJ.
Shakespeare: .7he 7lk!-rcont ot ltbn-t..er.,
III,
5,
35,
(2 )
w. Shakespeare : OU"d-l.o. IV. 223.
( 3)
Id.
ib.'''.•. !l,w m::,OJ~hA'-p'-6, oncJ....c?ll~~" Il
11
33.
(~ )
Id.
ib.
fi • • •
on. Offl l.>fndt. l'am.•• /1
l,
], 88.
(5 )
Id.
ib.
f'... VIP.. "~ooty. bo~'1ont of,- ,.'1uch a ,U/.-{ntj 01'1 .uW(l••• /, 1 J 2. 1 .70 • ...-
(6)
Ici.
ih. _91' vi...t'./:.ue no deê,-0)I~Lc.d f,POU1J;1 .,fach t.10(JJ' ~o'1--in Eo'<'. ;..6
1a.' thon />encJ),
l,
3 , ?90 -
~?91.
(7)
Id.
ib . .,.r./hL:! I.KH.f,t th~. bf'.a.cJl.cr dQ..VU." • V,.2, 131.
(8 )
Id.
lb.
1/
; ; . " ' ; /
Cc
{nLt f,;"{w'", dOl'/.) th", ,/},0:),.- .f.0:K\\ ail"'. .. ~ 1/
(9 )
Id.
ib.
/1
~u~h a ~.Jl;J19- a ·U/ou., W {ear" l, 1-, 66.

, ,

Un aut;l'e trait qui foncLi0!1ne 'comme un stér'éotype est
Ul pl'~l;en­
due lubricité des No.i r:'.
L'un~ des toutes premi.ères images fl'Othello
le montre
011
plutôt nOl~S
le fait
Îm3r:'.incr sous
les apparences d'un
l
/I(~.ta.ron d",. dy,,>t"lfï-'~~·_(l. ~1I .tJ'(7,UI ,!(J~ I\\n,ÎJ,f;~rfl (1) la h lallche Dcsd(:mone.
Ils
étaient h.lll::; deux cn I;l'aill de juller' il "-fn hQ~ (l dC~"K ({O~'lfl (2)
.le vIeux beliel~ noir était I/CUl ·Ü'(JLII. (/r.~ couva'u' Cri, blnndlQ IJa-cl)i..A" (3).
noderigo s' jJJdiE")le que f3rnh;)l1 tio :-::üu ffre plus. lonr,Lemp~'; que :';a pré-
'-cIeîisef:ri-i~~-~;'~"&l·WÙQ.
~
convoyp-r'
b.·i..que" (4).
,
La bestialitë de
l'homme rlOjr ~cralt esscntiellement d'ordre hiolo-
giquc.
Othe.l.lo a be<1L1 être un gAnér'3.l des armées du DOGe,
j l
n'en ;:\\
pas mû ills
les tI'aj t:r: et les carac tères cl' une l'lê tc.
Ji cs t
flUlI
~tn,e()fl
o.k,. d.-Y]J'I.1t7r~'p./I dont: la prof~éTli.turc '\\/11. IIP'l1"Ii~r",
"
.~ (11'..'l. clCJL! COI U".'l i.l2:r >;;) /' (5).
Le no.iT Othello est un chcval',
son
lnngagc cst p;:}r cOIl~6f1u~llt
f,~emblalJlc n celui d'2S anImnux, pauvce, inartIculé ct illform~l. Da!ls (0
1 il r
.
\\'Il tfo?,-(lrl ce
::tU
noIr bél.ier,
on saisit a.i~~f~ment l'allusion thf:matique
au démon)
voleur d' 5.mes, apparaisst.l.n t
le plus souven t sous
les formes
d'un bélier.
Othcllo e;:;t accusé pa.r Dri1lmntio dc
l'll avoir vo:lé Sa
fille par des charme" et des ma16fices (6jj
(1)
Othello
..
"ljou.,-' dnugh-1p.• · and. -tlH2 frloo'l' Q'V. 9o!l now nu/),,'.Jl9 :J:ilp..
0
lX!n.oJ: wi.J:n tiuD hnc1?~').
l ~
1)
llG.
1-
(2)
-
f.d.
iho
nn ofd. ,)rad.,.• am .'_<"l !'li:uPPLJ19 ~JOIl" tJJI-li_;u>- Qum.•
(J)
-
ln. lb.
lIOI' 'Ee. hnve '-40U" dnughl:.cr· covc!r .......ô wÎ--/U, n. f<nr,lxu'lI
hor-ôC?-o • 0 1.
1,
1110
(II)
-
ld . .ih.
lj"u,' ~a-i.,.· r/ought.e.I·)
...
.tJ~n~por-le.do. tiJ t)1Q. 9''066
0
cCnp6 01 Qhf~.~"lCLVLoU6 nho.·)
.T 1
l,
127.
(5)
-
"L/Of.1· f...f... 1J(1vP_ qou" n0{:.J-H;>III(\\ n".i...~.J} t.l) 11011 ; tJou' (1. hrl\\~C'.. '~)!"'~~r-~,
f;H'
COIl6"Jh'l,
nnd. 9'!fHl'~tO 101' ~.1(!"nn"6'· l,
l,
111.
(6)
-
Id
lb • .91 oi,(.'.
0
iJl.
chn:J1.ô 01 oll'lqi..c"
l'J'C'..r<?
'1"10'(:
'JOIl'·Id.,
Iholt hn6,t
f..JI-oc.ti....~\\"""!rt (lf1. /1(!.I' U/L.th 101,1'- dllJr'm~,
(1bu~Q.. h(?.J· dr...f.i..cn-/:P. 'Juu W~Ul
d ... u9(J O"
mi..IlQ.H'],f..ô,
-1Jlnt I.VP..nh(!.1l I,"otWn.. 0'
l,
2, G5 -
7J -' 711 -
75.

On perçoit aisément
t'analogie entr'c le noir bétier,
le d6morl ,
ct ce qu i er;t; le Si[UIC Îl-réfu tah le rl!: la d3mna tion du fJo ir 1 ~'>on pagrl-
nisme.
L'a'::'.,r;OCÜ.lUOII
duN~o.iI~ au di~lblc procède d'IHlC str3t~p,ie de
m3rginal.is<ltloll.
Ici.
1<1
qur::o~.tion
r::o:,\\: v:1inc de sn.voil' si Shnkc0pc;:u'e
pal~tage l'opinioll de 5f)S pel'SOnll[,\\f.',c~:;. r'p.u importe, fJarcf: qué Ilotr'c
projet n'est pa:> de
(Jo!~:;eJ~ de~. aCCUSi1tions,
mé)i~; d'étudier \\ln proC(";5su.s
,de-mythiffcaEion
li.l:t~rairc,
A la scène
II de
l.'!'Icte:: l,
i,l
n'(:~>t ques~ion quç de rn[~f!,ie ct
d' ensorccllcmell t ~
.'1I..
Il
('(N-"
c'Jr/.)o'''cf!,f./,C?.
CG'-' J.'OIt npt~f,ee
Ù ·tour~ f.o../.\\ (i./~,'{~ l'le. IX)f1 ~CJ'-::'\\
~ Î_ C',,[f9. Il ' l.-~U,(: (~lfi. .f.Aj!(,. pnr d(:'"j d In.ÎIIC'~ t7oqi.rru('/.')
corme/tt wu?. viJ:'.•'YQ. -:-,i~ ttI'l.":.·f(>..,
-.)L 1>t?:f..lJ? ('''''/.: -')L 1lf!U.! 'PII-::")(·.
• ••
ou..I-ai)~-('?.r..r.t:",
lllY1\\JOJ ,·t f(2 "wœ 901'Jc?"o1.P.,
!!cflnJ"lJ]l?. rln. --L.{,t~e.f..c.:., pour .f..C';. tor~C?. Qn/;m.'>
cl 1Ut l Ç>"t, 'Q. -te-/:.. (lue to L, '1Ll_~- {ni..,t PQur 1>..·L Ile ~auJ"-a0t p.t.r],ÎJ'f':'.. ?
tu {l/j Pl'f.7,'t-iL{llé d' U)no/J.f.r'l6 60r,.tt..,e.(~g(!/.),
ni'UtJO,l L -â.n. t-rY7~eO, jr!llHoJ,\\~l~ pGr dM (1ro9l--l'?'ù 011_ c!'!-:-'
fllltlC$,,,(".lUX,
d<?hi..-f..Ltant .r.,(.~, JUOC?"X?JI-t• ••
furie., j o. ,t 1a~·&-ê.·t". <-!-.t'.t! app.'(·~/It?J1d(?.
pour al/oU-- GDu/.:J:,; J...C!. nnnd<:..,
Ç>jt (.)Jatuz(H~
cf,?".) r6Ci.QJICPJ~
prO/I,WQQ,ô,
-i...f..-e.i.ci..,tc>..-6 ff (1. J.
Dan~.i la tro i s;. èmc sc èll e de t 1 !'Ic te [, on re trou'" C Bra ban t i.o, hur-
léHI t
Sail
désCE,PO ir'
:
11
(;e,f,.~ III 1a c?Ui IJ() f..Q(.J., -ôéc!ll.i..-I"R. c;~·L C(JI""O"fX1('_ fY-l1J' de/.)
c.hnl-nJ~~."'j, de>_'~ é.ti.x.Lr~ adl('..-t0./.\\ O. dc.",6 dlf"ia·f.ntnJI<\\
cna',
~r1I.Ù ·.\\o.'CQ,p..-el!.rœ, Wl nn,bH'(Jj, qU.L 11 f(JA_t 'P06 d{.'II~Ô.,
PC!.!Y!Il. de
jUgCHP.J It,
Q.vp.l.llj.f...e,
ne -.\\au..J'O,i.,t 6-i... f,OLf..P.-rrt:?ll,t ~.)C'. !ollrLl'Oyc..r••• f' (]).
(l)
Oil,nLlo 1. 2. 55 - 75.
(2) -
id. i
ih. -
H • • •
1hou hOâ·t (.'llclu,lt'l-lYd her
{or· .9'f..,f.. r"C-!1.er n~ to oLe. ,UI,ulg6 ol- ~0JI/.)c:..
lI/ou,fd evc.r Ilnvc,
·-1:0 Ulcur n. geJlC'..I'O,f_ nuo';o.
"UlI
!,-~'Om he>": , guan:!GGc.... to .Ou? ~oo{~'J !~onl

On ne cle~l'ait donc pas tolér-~l' cc:: Jll'L\\tirllIC~.; dc l.<J sorcellerie,
"ent· -:;')L. pn.a'<?-L./.f.~ ncUn/l ''Ç:_çoi-tt ti./.·~'("'. ('{:'fl8'-::'l, di!~ -:;')r>.,'(-:-' o t (II!/.I f.YJ.LrIlr:.'i
g(JII.v~"ne ...o/l.-t. fr'r:'/."o,L/I. OLhello, gé.'llél·al r]'nrmée, poète ct lJm;:H1t sen-
::,~jb18, J'este toujOllT':'~ un "r:.'i(.~"{" et un "'JO,i~rvl1/. On 31.1['ai t ;lim~5 [-cou ter
sn répcn:::-;c: t
ma i~-; ln ~:icèll c C~_~ t bru La lcmen t in tcrl'ompue parce que l'in5-
tance de ia parole_doi.t être tenue péll' l'ol'dl~e établi. L'homme de cou-
---- -_.---'--_._----_.
"leur est un esclave et un paIen
: :.~a lOfl,ique rL:;qur:: de SuhVcl'ti.r
l'idéologie dcmin'ante.
I.e paganismt~ exotique des voyageun; a vite pris
la coloration <:Jn[.lai~H~ du paganisme bibli.que. !',1ais Othello n'est pas
seulemen't un palcll
;
il e~:;t le diahle en persol'1ll~. Iloder'igo ell appel.le
à l'orgueil de ses conf; i tOYCIlS
"c...u,(? .Le. .[Oc/'\\·lJ1. '>(~I./Ç>--0f...el!.. ,rQ/.', IXJt/ r'9c!o-tr:.'i tfll.L. rot! (-(01'l,t,
SLJlOn,
,CC?, cf,i.-aJ)[o.. vou...," lCJ..tn gn1l"lcf.-pp.r<!.. ! fi (1. '.
L'identi.fication de Ilhomme de couleur avec le démon
inb'oduit
l'idée de 1.:1 malédictioll qui plane :,.;ur
la race damnée dc Chnm : /1,['1.1.
.f.n. cn.l'.on:l.f.s0, (?,{.. 4..:u ~Â un d/mûH': ùit P:mi lia à OLhell.o (2).
Lf"! n"\\)' t:h~ d{~ la COIl<l.îmntlt.ion prof'r:r'0.(~ pfll' NO(~t util U;~ rlr! 1l0UVC<lU
,
, r - ' - '
dans un
texi;() tlu::"j!:;i COllllU,
aidera be:.wcoup!ù la p6n"!nnjsat.ioll du pré-
Jugé racial
le ctiahlc ne diffère r.uère du monstre au pl.an physique;
c'est cette éls:,,;ocjnl;loll qui
;:lJlpf!l~(! l';)l.lw-•.i.on aux T!1,ormr?/." clO'IL fn.·w.-
·te poU66Q. 6ou6. fp 0pauJ''p./~/I (3J ; ~-;ur le plan moral, ces hommes sont
(1.)
OtJ,pj)'n -
"Avahf? -thf? n-orLV19 ci-1Â..z'YM wU:!.. -th,,- IX',V. on ",t,:,c ·U'f?
df?.vi..C. 'J,Uf_ nohe>, Q. g.E'Qrld...j L.I" or qou.
I,
2,
90 -
91.
(2)
Id,
i b,
"J'IOlL d06-t /w.,", ~.d tJlOU mot a c/cvLt", 2. 132.
(:\\)
Id.
ib.
~1(.9L V!o,-" rr~.J !IiJJ·t ·to -:;')p(~nl...1 of.- "on UJIO<"lÇ'. ho..ndr:.'i do gl''OJJ
OCJ1QQ.th ,U1Q.U, ~hou,c.doJ,-:;')/I. I
3, .1113 -
1115.
t

d'une Cl'U8l1t:6 qui
d6ras~:;e l' irn;,ginal. iUIl
othello, m<J.lgrl~ ~30n r:1llg ~;oeial., n'en demeure pas rnoins un sau-
vage, un barb;)r~ ~; .l.:"'ion nt8r.l8r,c ;:;lvec Desdémonc est
"Un. <>.e.nrPJ1L lr'a-
.._--- --
..~J-1;.e.e-ën[;-'~~ un. 1.>a.x'Uo.x'C!. n-6-.)o LR. Çl. t Ill' Q.. VC!.J l ~Jti..C~""1P. Ù, 1P' G-6l.lb LL-f-o, Il •
Selon Iago,
l',{}~. 7lbn:. fi UJr cnKY1_ctè:~.~:" 1){(.\\Iert ,eA... !~'"(1I1C,
'1"'1_ CJ1)·U:.. (P/) 0CIl-6 hOf,n(XPA pOU.b' (:>C':I.L '1u./-i'..-f./.) <YI oÎpnL
.( ,01--1',
c!-f: '1u.L. ,,~c (n.wor:>.nl. HrJ IQ.'-' {/or..,l...,fRllTJf' L ~V1r f..Q. , re:z..,
f:O",ll·!.
.[...~<>.
Ô/I.M li
f] J ..
un ;IIlC q!l i
rr.allifcr~t;c ici
des pr~dlspo-
:-; i tioll!~
il c::~t ct'uel ct jaLoux n
l'extrême.
nésor'maLs
i l n'a plus qu1une seule id~e qui le hante,
tuer.
Ln froideur avec laquelle il .Y pense [',l<.lce le sallr, ct donne dP.5 fris-
~-;ons. I.ct prcmlèl'c scène de l'Acte TV est suffisamment expressive:
/!Conn"l2nt dvi..,~-je ..f'..'a.6~tJù6lno...r', !.9a!"JO ?
'In "i...,
{/l4. 'c,e.}J.~ (XJurri...:'),o<.:., q{,t.' ("!,UQ. P(~'-·;Â<'J.e e,t ~o ~.J...
drmno.r: cc ùo~.r ;
Car ete,!. fl'l.. riotA:.. p.t.Lw. VI"-VrQ .. non, non COC.?lH~ Q,Q·t
dlaHg6. (?!: p.;J?~ 'rq. ; .... 1:
Il))9..
-fa r,Jd·lQ,larL. n~J1.u. conne de .f..a. cha,t_'-' Ù p/ltfi.. .•. Il
"rln.'Cll~'(.!--trDi.. du.. {J01..taOIl, .9auo, POU'-' ce. ~o u,l! (]I.
(1) - OtheUo - .Je wc/a n>~ hent to ~p<'_af,_ 01 ca"',UHde V'n.t "ad, oU,el.
".aL NIc r.:;qUIl'Of)(;lpJltJYt..
1. J,
1.113 -
1'111.
(?)
-
Td.
lb,
"lI,(~ }}bOl' L.6. of n 1'9.0.. n'Id O(.Jf;.'.'l "-U,{.IUQ.,
·UlnL t.hi..J1!'6 n'l:'!.n. ho"c'.~.t .[JInL â,o.c>.nl .to 1x? ~o and '.1/(-'.-( a~
w./Jdc!.,-'C~-I be. fed v,.J no~c>.
n.~':1 f.76ÙQO o."'.,
l,
J,
'10? -
/lOS.
(3) -
Id.
i b..
l,
3,
407 -
413.

·' .
. "!',"";',,'
..•.
".';
..~. \\o.' ,"
LEI
r1cuxi~mc SCèl)C de l'Act~e V n'0.:-5l: pas moins cruelle.
/\\~'Î~"C" nu. P(HJ"~"'C'., cn~' .l'"
(~"I
':'HI'"
} .. " "
,r.i-,t cfc'. ,nn,'(
.tu. 110'/'\\ IJourÎ,lI,/I
(j 1.
Et une fois
de plue;,
le jUg(;1l1CTlt dernier,
celui de
l'AIJ/;.lclcrrc
pUr~~ ct L'1tactc, c'est r~mil1a qui ll~ r)I'(}1I0Ilccra:
--------
Othcllo est bien Url 110nlnle de coul.el.lr' ~lJC S/lakesrcarc a mis SIJr"
SC~lle crl ce XV1~ sibclc
S'il. Il'est l)a5 d6peint avec cynlsnlc comme
un objet,
ut:
bien mal'clwncl ou tille chose commp-rcLate,
il n'empêche
qu 1 Ü the 110 dcmcu rc touj ours un Jl('l'~onnnge prohl 6ma t i Ilue, un serf J un
palcn et un esclave.
Cet homme de couLeur nia de val.cur ClU 'Cil
t;;lnt
que cOIll~)..d;tnnt. On.
peul: donc pn.l'f()i~~ Jui p.t:lrdOrHlf~r de~> ~c;1r'I:s de
conduite,
!1l<'"Li:o;
j<llWl1::",
s~s or.i1:~incs f:L: ~;(~S tpséit6;.:;. /1J'.'umunl.1Gf-GLé,
dn nr.
L 1 oeu v re de ShaK~s-
pC';lre eL: 1;;.
LitL:6ralilrc nér.r'ophob0. r1.'?SXVI["[è et XIXè siècLe~5 n'auriJ
l~lell lnv/:nté. Othe Llo, en d~plt dc~; vict()ircs qu'il a rempurt6es, de
~_;a largeUr"' (l'esprit: cL: de sa v·~ IIl..i\\t:, demeure toujours un pl'irnit.if
notoire verni de
culture.
fi. la moindre occ~r:;ion, ses
instincts
ataviques
lu.i
rC'/lennen\\.:; et le ramènent à Itétat de nal:ure~
." .. '
ShaKeSpe;"1r~1 clans le 11k;!"'(? dQ_ VCJJli..60., sou Lève pour lé1 première
foi:;
le problème de l'union de l'élnU,e ef: de
la bêLe'-,~la "ld.nncJlP.-f0--
nr,,--f.1Q"
~vec 10 "cD.f.o.r--(!.-nrîlQ". On ne doj L qu'au génie dl.' d'l,.qRIIQ.h.tA..1-_'
le courage c;:cept~.onncl c1'avojr pu évoqlwr l'6ventualité de tc1f.> rap-
( l )
OlJ,qff.o l,
:<, '10 B.
(2)
Olf".,.U" V, 2, Sile lovcd tllcc, cruel I·~oor.

" '1
,
ports, alors qu'51 cette périolle,
r::11
J\\n[1.1cb:rr'c,
J1~rcjlle idée n'aurait
PLI effleurer Ulle bonne corlscicncc. Au dcmcurallt, cette cxp6ricrlcc
tOlJrne COUI'!;;
;
r::lle c~_,t condamnée dtAv;::mc~, enr cl.lc est Cri d6shar-
mOllie aveC .La pensée ct .le~; stnlcLIJr'C;; sociales du siècle. 011 r1~nic
à cette union une quelconque légitimité, puisque ce nlc:.t: qU'url "/ai_-
hÛ?:. -Je.!:·m~J1·t qu..i....fa rlOf.l.Q."
(1 J.
DcsdémOllc,
otlc-même, sc croi t
tenue
de justifier son choix en protestant. :
"e 1(?/.l.t don.-:."1 .c.'âllr~ d' OU1C'j-,Eo '1uo.. J- 1a.l. vu. -êon v'·./_'1ot]e
A '.'1a. g.eo U 'e, fi -6~-6 dOfl...:t '.•,m/r:-.J..H "(.'H,l(,
l'ni... cl&:/,i.-/!" "on âIm Q..t nn'l (IC~.{~Ul_" (]J.
Elle nlc~,t donc ]JëH', éprise d'ut! homme de couleur,
mai~-; <11.1 hérus,
de
l' homme d(~ gllCJTC qu i. dClllcun~ avml t
tOll t un " ..11g.(.ov61l1.....UJ'H".
Vu ~';ous
ec.t;
angle,
OUlQ...f../.D t.·st: un ùI'nme de ln jalour;ic. r·1nis toul:e lecturc
e~"";t subjective j qulil SQil; donc permls d~ co,~!"',irl61'>cl' 'lue le nujct
traite sUrt:ou~: d'un problème racial.
La boucherie qui d6noue l ' in LriE~l.I(~ condamne de façon lrn5vocahle
tout marülge mixte,
el: la voi.x d'Emilin, cclle de
l'J\\nE'.lt~terr'e, s'élè-
vera une nouvelle fois,
~"";èche eL impitoyab.le :
"Ah, -:'l-Lup,J/e. G/.'.l<l.o.-S'.'l iJl. .' ".bC?. (JOuvrÜ.-L f. Q,u'e. ut 1 -tP...[
uJJ.J<!cL(p_ ..:l'W IQ. i?pol.f<ôe Ol.vJ.~·é /X'fll"lC'.. ! If {3}.
( ]) -
Othcd-lo [, 2, 352.
(? )
OU",.l.fo,
l,
3,
253 _ 255.
li
A
()'J
'f
/ ,
.
l '
,/ "rnu
1- l(:!of.... D
6
V'-A""IOfJP~ VI
lL~ Ilntld
and Lv h-Lo hot')ou.'o o'-ld 1.<-.0 ~nf-i.nll( pn,'f..A
dé-L
_9 tri) ~oue.'nnd. 1o,·t.lJ'J(!Ü CO'I'~Q.C'Q.,t.Q..
(J)
-
Idem,
ihidem
o n-..udc.oq{'} co~. CDnJ.' .' Ut.Jat. 6/,ould 6ucn a t'oct
lb WWl 60 good a wéf'p. ?

· .
'.
Une un.ion mixte salis cette fOI~rnc est donc vouén n l'échec: cet
eGsai a U)'lC valeur didactique ccrtRjllc
.il I)}'oscril; à l'avance pa-
T'cille!;
t:cnl:n.tivcs. Cette corHlnJnll<:d;i.on explicite ~;;:HlVC Shakc~;renrc
iJUX yeux
d~ sc~_; cül\\tcmpol'8.ins el: do Lüu:> ses publics ultér·.i'~llrs.
n.CIfCnF.'ll1t ~;;tlr 18. "/l("()~'I'--I:JI(:lQII
d'IJLhcllo,
Coleridge la met el] doute
et inc; i.nue que
------
,
"co,.,~.'lLiAu~,.') conne tlO'h.î {\\0mIP/.'l, oJL comlD. f.p_ pubfJx.. nng.fa,W
,[ 'c;,La-iA: ÙÛ.I"0JtI:"Jl.t au d(~h_d: du. X1JJ~9o_ <'J-f.-Q.c-,CP..,
,i--,f~ .-;\\c!,'O,.f.JL norVi,Ln.1'~l.Ix.. de. ttpJl~n,r qflR.. ('.J,"'dA:C? jC?IO",Q. QA~ IxdJ!p.
V<"'nUiYnne <'J,(~ -ooi..Â':' Qp8'iLJ.("~. cl 'Ull vP",-Gwhen... ttùgrc ll (1. 1.
Enfin, comme l'écrit CnsteLain,
reprenant le mot de V.
rrur,o,
"Ch 'l:"ÂL-c.e r"lU' /01 JlC?JJ n
?
C' (lAt -ln, tu.ûA:.., ·tJ117PJJ/.'}e f ~~0u,,'C".. fn,tn.fc). II. I,n nu i t
est a!lIoureusc du JOUI'.
/'c Noir ai.me
l'éJUrOI~C. l,'Afl'Îc;:'lin ",t\\ol'e 13. Hlan-
chc.
Othcllo 3
l~ ra.yonncment de vingt victcd.res.
ma.is
il rc::::;tc noir.
Aussi
lOl'~;qul.ll est pris de ja1~l1sje, se mue-t-i1 spontan;;ml:nt-en mons~
trc. Le Noil' devient le nègre comme la !luit a vite fait sigtJc à la
mort.
t>lais
i l fout bien se rendre
~t l'évidence que ShakcspcflI"e n'a fll~
r~emble-t-il,
pcrçli 18. di ffél~eTlcc' en tl'C le l~oir-h6ros et 1.e nèl~l'(~-
rllonstI'C
;
i l a fait d'Othcllo un flJore pDI'ce qu'il IIC pouvai.t en êtI'c
autrement;
pal'CC que
la colorati()n
\\Ili
fo~rnissait un' importnTlt él~-
ment dr<:IJnf.lLi<1ue.
Otl1cl10 est de !l,Jute llai~3S::lnCC, de
lienée l'oy ... le,
malgré la couleur- dc sa peau. On rc'tI'ouve
donc dr.jà chez ~3hal';r"!speare
tHI 'tra it
spécifique; constant chez les auteur's de.
1<1
litl6n:.\\l;ure '\\:o.f..o-
B'(~Q". Le hél'OS n'est jamais d'humble extraction
il existe
toujou'r-s
une différence rna1'quée Bntrr.
le héros et le restc de ses conf!,0nèr'es
(1) -
MauI~lcc Castelain , op. cit. p. 29.
,.'

- - .
'-
~9
dcmeur~és dans leur rH'imitivlté : Pierrot de l1uF.o, Toussr:dn!. ;,OLlvcrture
de Lam<H'Linc ,
Tamall[',o d0 ;"lérim8.c sont
tou~_; rle n()hle lignr.c. Othcl10
l·~corln;')J:t llli-mf':-rnc êLJ'(~ de nr)hlr:: :;ol.1chc. Commc~nt.: donc expliquer le
ChRIIP.cmcnL
SUllil:,
(Jlli, cl"
V:1.1CUrCIIX ::;old:lL.
n~marrlU<1hlc cnpi l;:.liIlC,
droit ct affectueux,
fail; un
~ileI'gllrilèllc coléreux, hrutal ct sallglJi-
naiI'C ?
C'est que rn~lp.r';:' son habiJ(]l;é ct sa vajllance reconnues ("Le.
c>/.\\t IE1:_connOlldal1 t'-~\\i7tl~ ~y~.p!'(lch(y.)I~'
(1 J,
sa na turc rrofoncle cs t dc'meu-
rée à jamais altf.T6c ~ la ~uitc de 1f!. malédiction de Cham. L'tl0mmc
noir est un être incuntl'âlablc p[lrc~ qlle ses l'éactions sont toujours
imrrévisibl.cs.
Il rasse rnpi.derncflL cie
la plus f~Tandr: douccur aux emror-
tements
les pl.us incûndesêcnts.
Déjà. est annonc('c
la notion tlui sera
plu~ l;~rd d~vr:l.orl)(~r.: ));')r Cobi.nc~lll, celle des //c/t.!u;l(. e,,<:A~• .v.f1Pr.\\". Surgit
donc une nouvell.c
im:lgc rlui aur8 UllC [',r'ande fOf,tunc,
cellc de
l'inno-
ccnce danf'.cn~u:.e :
l'hommc dc cuulcur,
même physirluemcllt adulte,
rru-
l',')it ,10. cel'venu d'un enfant de hult ans.
Une'cel'tllinc furrne
d' j,nquié-
tudc ~uhsist~ toujours vis-ft-vis nc lui, qui justifie 1;\\ n~cr:ssit~ d'Url
enC;1I!I'cmcnt f.iw;ccptible de
l'empêcher de se
la.i~;::;el' <lllcl'. uttlCllo
fl'aurait pas
tufi Dcsdémol1c s ' i l avait ét6 hien .~lI,-,\\,~j,/k'.
t.lais ;\\ cclte
imt.'lf',e du nègre.
irnpr6'1isible,
impulsif cl: s,<lllvage,
~;e ~ubGtitue r<l.rfois cel.le du 1/'iù9''<.'... ,'O"nllLu1.uc", sp6cJmcn d'IUle sor-
-
i
te d'humanité rljffércntc,
digne de piti!S,
cians ln'meslll'c OII/i1prararem-
ment/clIc éprouve
toutes
les difficultés ù se dé!l;1ITélsser' d~ sem détcr-
mi.nismc racial..
L'un des
tout premiers rom:l.ns publiés à cp. ::;ujet en Angleterre est
O''Oono{~o d'Aphra Bell!'l,
L'action du T'oman est
(1) - OU,,,-U.o - 1):, J.,,-:30 -, 3ô.
~'.J)c1m·t],f.nd'on,:',t,,,'.t Q. UJO .....f.J1l1 gOVQ''t1or •••
J hoVQ., -êf?-J'\\.'P-d ~A·.-m, alld. ~hQ. nTln connl1TldC!. ti.hc!" n. tu.u
6of.,-f,;J'.r·•
.7/IQ 1/ho r', l'J(Jtu~;...t ,thn,t .9 p..nduz'C?. "-Vn no.t
~'J.). () t n con,~.tQJ1.t, .fOlll.nq noble? nn.(:u,r'<-?

50
située en Cürom3pt.i.e
(Kn)rnéllltse),
dall~~ IR r'6g1on centrRLc de l'actuel
Ghana.
flphnl
Bclm n ~tô la prcrnièr~ dame écrivain il vivre de sa plllme.
Son
roman cut un
t,:cl ~;lIC(;;J:::> qui il conLr.ibu8 Ù influencer pr)~:;iti.v~mcnt
les mentaUtés o:ln:.; La
lutte pOlir' Ilnholition de
l'csc!;:lV<1p,r.. 0''00-
no/?o a
6t0 mis en ~;C0n(~ par Southerrlc. r1\\ême Ji
Aphra nchn Il'a priS eu
la même gl~~.~.-:..r'.:..._litV:l'ai['c
au XV 1lè si èc le que Shakespeare ..
---_..--
:5 0;;--; orna n,
publié en 1.688,
rn6ri l:? [!Ile mention sp0.c.iale daJ1~, le com-
hal: pour llévolulion dl2s mcntalitb3.
L'originalitr. de
l'oeuvre cl son
pouvoir de s6ducti.on ont :1ssurp. S;'"l popularité cl; son succès. Bien
qu'Aplwa Dehn n'ait; pél~_; cu ::-'urc~rw;nt le~ mêmes
implll~·;iOrts "h'lnnniÂnL.Q.<'I'·
qu'lIarricl: Becchcl' ~5l:owe, l'auteur de
la Caùe de>" f'onclp- ,~hml,
le réû-
l.i.sme p~\\l;hét;iqllC qlli ;)nime O~'O()"o/..o en fail:
l'ul1
de~-; l:out pl'(:'rnicl~s ro-
\\n[\\1l:5
lIégl'oplJiles.
L'ouvr·a~e n'occull:e rLen des ;,ollffrnllces 0.t des (;LJ-
l:r8ges
inflif?('~ aux Noirs ct exprime les sentiments d 4 une réelle pitié.
L'histvirt3' e~-;t fort simple: un jeune prince e~t vendu par son
f,l'and-père parce que
ra ~ fiancée du jeune prince refuse de devenir la
favori te
du ,/jr~ux roi
de Cor(lrnantie.
f.moinda,
la finneée,
av;,dt d~jà
,
6té vendue et emmellte dans
la ColOllie arlglaise tle Sllrinam o~ l'a fina-
lement rr~joillt(~ la peinee captif.
Tmoinda ê.ttend IJn enfant d'Oroonoko
:
le prince ne peut accepter que
le frui t de: leUl~s amours naisse esclave.
Tl fomen te urh~ l··eh(~ 11 Lon. V8i!1CU C t "~:;ommé ùe Ge rendre t Or"oonoko tue
Imoindn
ct
l'ellf2nt qu'ellc porte;
i l tente ensuite de se suicider
en :.~'01lVr8Ilt lL:~~ clltrajlh·~s. nepris ct ;.üigné,
.il
sera supplîci6.
à
la hache,
sur
la place publique.
pour servir d'exemple.
I\\u-delô de
l'ill:';cnse
jll\\:fl'êt que :>usc.itcnt
le l.:;tyle ct
ln
tcchnl-
que de nnrrnt.ion,
les évocations des scènes
tropicales et exotiques,
le roman repr~:::cnte un courant révolutiunnaire dans
la
litt~ratllrp. de
l'~pollue. C'eE;t n partir d'(h-'oono/~o que s'amorce un certain nomhre de

51
changements sur le plan de
la pensée et: de 11~crit:uI'c.
Par ~.'a
lutte <.l(;ilélnlé~ contr0.
le JlI'0.jug(5 et
la
jalousie mâles,
f\\pt\\J~a Tklm est \\JO pil)l1nicI~ c1all~;
1::"\\
l.uLtç: pOUl"'
l';:mancipatioTl
r~mi­
lliS/Y;.Tout
l.•~i::;;je suppusel' que,
rC~3SCl1t"nt avec beaucuup plu!::; ù'acuiL(.
----
la ~~['.I'écal.i.on ~~cxistc, sa scn;,ibilit0. fémini.ne ai.dant, ellc était
mieux à même d't:xlJrililcr la douleur' du rn6pris.
nu point de vue c~3thf:tique, elle
inllove en 1'6al iSollt d'importants
pl'Ogl'(~:':> tcclm i ques. Ses l'ornans, pn l'rn i
l~:~; p.lu~ j fl tércf;:-:;;Hl ts de: l' 6po-
que,
intr'()c1uiscnt
le r·~;:LL.i::;rne en
l.i tt~r':lttlrC : m()yen~j qui s(:I'onL plus
ta ni r'cpz'is cL pleinement développé:> T'Jill' .T)croc ct S~S ~piF.unc~;.
Oaoonoho l'cpréscntc' pour
la prcmièr'c fois
dans
les
faits.
l'idée
dc
l,l'honnc. nn-uJ""'p.e." ; lc roman Sc situe au-delà de Ht:..I;n
pour s' ins-
c:rï."r'c sous .lt\\ rul:.riquc de
la
littéTatul'e humanitaire,
ccllc dll
mouve-
ment philo~;ophillue français du Siècle des Lumières,
dcn Diderot,
MOllte~.;­
quieu ou Voltair'c.
Un
id831. de
dignité humaine pousse Betm fl cnmh<.lttre
lcs
règle:-,,; sociales cn v.iglieur,
qui
li.mitent la liberté de
1.' individu.
1
C'e,,;;t la prisc en ehi1rge du besù.in inal.Î0nablc de chaf1.uc
individu exi-
~~c~nt Uli CEip:::1CC, un milieu pOur'" 5011"df~vcloppement/qui
cùnduit Aphr'é)
Dehn'
vers ccs
lignes de pen~jée et d'ac\\:ion
: ce sont
I.à ses conLr'jhl1tions
his torique:-·;
les pl'..]:".;
impor tantes.
Elle:
es t
v isc~ra l.emcll t CCJr]V;:} illcue
'.lue
11 homme cs t na tUI'C llemcn t bOIl.
r.' es t, sous son énunc é le p l.us si m-
plc,
la gr'ande idée de
la bont~ natur'elle de l'hom~e llue dé'Jcloppcront
l311t de pcnscur'~:; r6volul:jonn;:lire~, les f'n1J,(j..(I"Y1,f.J..()t'~<l",
les encycl.opé-
distes et les
théol'icierls de
la r~volulion, Rousseau, Vùltair'c,
Paine •..
En
tan t
que prédécesseur de
nCUSSC2U,
Dehn cs t
à 11 or ig i ne ùe 11 in-
flllcne0. ~;lJr la tradition du "nobl'p. -601lVnfjC2,1I comme sujet litt.érairc.
<f

---- ----
Ür'oorioko PO\\llT<lil: f3tr'c
r;oll~;i.d~FÔ comme l'ancêtre d'une
l.ir:n0c de no-
bles
indi',~n~l cl: de lIt:j.~I'CS t"Ojn1UX fai~:;(}lIt J'r.ssortir, p:3I' lClll~ ver"tu ct
leur cour::!gc,
Je~-; faibles~;~s ct 1er.: vices de lc~r's mrtîtr·c~~ "cLvL,V..4p,oll.
I)os
f.crivaiw~ CQmrnr; Volt<1irc, [O"cPIl.imcwc Cooper Ch:1tc:l.1.lht·i<1nd, r.larin
j
(
Edgc''Ior' th ,
1l(~r'n;lI'dirl de Sai.Tlt-rLcrTI~ I~L ;;Iutrc IIcrmflll r.lclvi Il..; doivent
b0.RUCOUP
fI Aphra
Bchll.
Les . lacunes que l'flcèlc l'ouvr'age,
sont cxcusnhlcs nit r"cP/1rd de
la bonne intention rnallifc:>tée pl1r l.'écl~ivain. ni.en sûr, Ot'OOlloko, se-
1.011 la mocle en vif',UCllt',
['('ste le hér'o:-; blanc r]'cspr-ït,
rnnir-;
colol'r: dl:
PC8U,
image
rlcvcnuc familière
depuis Shakespeare.
Princc royal, cct
hCi:nm~: de r:uuleul' e!:~t: <.lu-dcsSIlS de ~j~r; congiill?~J'Cs (1)
de la malédictioll <:1taviflue qlli
pèSf] ~",lIr ]ui,
il IIC peut :l.ttcinnrc
le
seuil de
l' égnli té ilVCC
l'hommc hlanc.
S.i. sa Jlal't~l!nirr. est mise en valeur',
c'est cn
tencull: cornpt~ de
10
condi tion :l.JnhigllÔ
llu h~~ro!;
111111 (,. ')~nll,f:/... , dont (.lI 1 !l(._~ '.)P".'~ '1(1P. <.!l'_.,~. (l". 'etee. i>:.f"ni.A:
WH!.
(l'II1'.fjc. di_!J"ç'~ d". "ol.,rl~ tin/o., .fa Vpnu.o "0(..8'(' du
.i~llnC'.. mnl-<'J., ./:Oll.t,>. nu~\\._"J;~ cl""·"nll.·l.e '(uez .fu i_, (J••f: c.fC',
(!é>.f.i.çn.I't",\\ vc,.,··f:, ItI" (.'J.1•
(1)
-
!\\phl'"
Dehn, ()aooIlO!10,
.t.hC? f'()I;lnl. ..')iat-'P~,
cdit~d by K. fi.' ~iey - Gha-
Tla
T'llhl.i~~lllIIP.·r:(l!"p(w<:,I;iol1 l.~~TI, p. 9.
"~JlI.i/\\ p.·i./:r'p_, '.;\\11<:/' f}•.\\ .9 Ilo\\/'I~ <{p,.\\c,·i},'d l,Ln"
llJ,()~\\t~ -:\\(!II.{. nncl 'XX!9
II~''P. -'.\\n nr·!/IJ;.• T?!,f.'l ndolfl/cl, ll/rl<'1 (llIhi.,f,".. qc.,·t h'!- ".n~ i" O'l".. COUI't
o{ /"i-,~ ~;"OIIt" fn}}, ....,·, 0-',\\ J ,v/I·.dl n~ cap;',)C,,- nf f.(.lIJ(>. n-:\\ / {UJn~ '.>O<'J.-
~.')·U_d..c.'" {o,' 0 h""H/(_~ nnd ~;nr/;'1JIL Hf1/1 ·1.0 lx"
t7lld iJI tlf1~li_Jla ~"o.L
_? IIOL.'Q. lI{il/P.rl Lllc'. hi..gllC'.•~.'- (I(~~il'QQ. of toVQ : fOI' <,\\UI'f:,- fjl'f:'n,t .-.')0(11.0.
Ol"Ç!,
flll,~·t copn})f.c,- of .:./,n.1:. f.l0,;\\-,_\\iJlJ,'I.
(2) -
rcl. ih. p. 'l.
,
fin. 1>eau."') ,
·U ,nt .t:o clQ/.)c!·U)P. Il ft· ·b "fI.f.~!, O/l.... /l'''{3d <'J.n~.1 on t~f' -6l1(~.
(L'n.,), u. f on nlp. -to
U w
no!.) to. nn/o" " .1"/1<::' b(~n/l.Li..f u.f_ Brt7c1~ VP.J·1Utl ·to
ou.!' {le:UrL':) m·,~·ù ; (],~l dI08'11ti_lI() in 1,(·.,' '.]('_'1.)01'1 a~ !lQ"
nnd ot (/eü-
en,Le \\/ i"z"(Üo..4 fi •
.------
/

,
>
--,----- -- :..... - -',
"
r.e~, tr';_~itE; d'Ol'vono/w, hjcn qu'ils soient ceux d'un Africain,' on'c
des conl0ul'~_~ rOTll<'lins ; ses cheveux lui tomhent ~îLl[' les ép8ulc~ comme
ulle perrU(Jllc.
D'IH1(; purct.5 F\\Ile~~liquc, l'ne connaw-6ant pr1-6 .f..e. V~JY.ff,
i l .fait preuve d'une conduite chcvalcre:";quc exceptionnelle
i 1 éom-
du
roi de COI'omantie qui rcsscmi;lcnt heallcuup ~ l,,\\ Cour de r.h8rles
rT.
r·Taler':; C0.S faiblcs~~cs de préscntF.ltion,
l'jrnnge d'OI'oonokn est
d'une gr21~e impOt·tarlce pour l'~voLIJtio~ des st6r6otypcs.
L'e~'~lal rcv!:!: un caracl:ôrc pus.iUf car LI prend pour h;::~sc l'~nivec­
snli té Ile Il.f.n. Cfllnt1...t1>. d I /7f:mlrr;::>_f!. "Au-delà des dif.f~renceE;, tout hommç
est susccp:;~IJle cl'éprolJvcr les mêmes sentimcnb3 èt de r68pir de la
mêlT1f= façon.
En cela, l'approche "de Behn est plus que posil;ivc. l.a t'cpré-
scntatloll du
"nobf...... ô(Juvagc.1I va à l'encontre des opinions reçues.
~onl
;;èle dans cette crolsnde ct p<:1rfojs quelque chose rie juvéniie. puisqu f!. l'
1
et·
IU~'(H/) cherche mêm-: 8 prouver que ie No il'
peu t "'·ou9,i... ·".
" 'j
.:' l '
cu..
, .
1:._'\\..~nç;!I":~.
0 1

)ùC'Vl? C'.'t
'
Q~
" - '
·u·ouv(-~ que. c ' "
P/.').I...
1111('. 9''f7Vt?
Cll'(f'(~IU-' ({'w (k~. lr·i...l"'(~. .toll·l.'1flue que.-fflu 'Ull di..JL av()~.,· t'IL un fl~­
gll"Q.
c1,(fnDc~' d,~. COI.,/QIl" : j l? .f.C',~ ni... Vu. f ~·(,'lUI~nnl>n·t ~·()1l·9A.~·
C?A. rJÔ,CÂ.-'· corwl:?. c~f(i "a"lr'·iJjÇ>~ au. pt).J/.'! tx!I1'" binnc.I.' (1 J.
IL Y <:1 Utll;
lOl.l3hlc ohstin0tioll tl 'Jouloit, proUVel' o;onl;~ que coûte
;:lUX
yeuy de ~;C~_~ CU!ltcmr~':.lrfljn!":{ que,
mJs
dnns
des
conditilJllS ~'>c.ri~blllhles,
(J) -
I\\phra Behll,
o.·oollo/~o, ·U/P. ''O'Int -:'lfo.VQ.,
edited by
K.
1\\.
Scy -(;h::l-
,in Puhlisilinr; Corporatiun 1977, p . .1F).
liA 1(/ .9 IIQl.K>,. ObÔ"-lf'V'd.,
'·UJ~ cr vr~n!- (1rcnt '='."''01' ~Jl ·U I()<"IÇ>~ who .tauqh
~!j(~1 one <\\r.yù, a flc~q,,...O cali. c.JlnllfJ~~ co.Pnur : fo,''? 1In\\l0. <,\\{l.~t1 /6 ç.m
Qf.':l
f-rc'..flur~Jl LEy. bCJ1,~/"
L711d. .-Cooh pole,
f?fld. .th",!: Oa V...{.~i)lr':1 n..:'l ,Q.VQ~.f
..? -.'lCilll UI ,U'Ç>, nUât L"0.f:u,Li...t,d. w/,,!...-.tp.'I.
\\

1

'.
tout homme,
qur;l
1[11'1]
0CJi C,
éV(.li.lle lîormclletrlCllt.
/lC(~ pC?r{).ol"1I 1°9'''. ·IJJ.I:i>.Ur.'(':!.. i!.·t Ilob-f.e. qu.' éInU.... O~,oo!1oho ~u<6cL­
'.-nt...!.... <YI "0';_ 1flIc!, vi...JJQ- c!JriJ)6-i....sté. .. Ic dé-6lx'G.1- .t(~ voc""
pOli' Li.-CJ.d_U2r<-!Jr{~nte() ~ '.';(il fi? J-' OppE";_.~ quo 'i..-f... (.JG.T' tail- .~ :Jran-
Ç-Q'L~ pA.:...f_ '.4ng-ea.w, ,~·t clonc que jC? pouvaJ...4 coftvcr-6e.r
Q.l/QC
·Cl"''--'! (.1.'.
0'--'-
,
l\\:i. IlS.i.,
la pre mi ~3J~e. Aphr'él Dehn r'econna î t l' innocenc e du Tl ègre
dan~3 l'é\\"<1t de n;:lr,LiJ'{;, :-~(l m6dioct'i.t:6 lOt~srjtl'Ll est P(:~T~VCT~t-.i au COIl-
blet du
B\\(-111C/(~I; r::nfin son p.l.c"jn accoHljlli.ss('Hlcnl; lOt'squ1oll Se déhar'-
l~assc (ll~s préjugés poue mIeux
le f'cgarcler- cL
le cornpr'cndre.
Premier,
écrivA.in moderne, Aphra Behn,
accepte que le Noir soit un homme
comme
I:ou~~ les autt'e:,:"
possédant ses qualités ct ses défauts.
Majs
ces .idées généreuses seront COIIl!J'::ltl:ues par un ouvrilge qu.L ;:} érigé
le racjsTllc CIl dogmc
: Pobi..J 1.(\\01 l Cr'u/~.oe_ de Danjel Ocfo\\::.
Lor'~;qu' il éCl'Lt ,l2obulÔOn. C~·'1.k"lOe, Defoe esl: un homme vie.i.l.l.is-
~3élllt. Ma.Ls
le ,f!,t'and Rge n.'apporl:e 11.i
calHlf:,
n i
repos aLl C'omrnr:I'Çr=Hlr:'
ct poli(:Lcien JnA.l.heucc:ux qu 'esl: 1Jcr()(~. fi, :ê;o.ixante i1ns,
l (.:'!" soucis
slnccu;;1\\llent et cie nouvelles
tRclE~~; s'enl:assl?nt .i.nexor'8bl.,:::rncnt.
(1)
-
Apl1!'::,: Bchll, OIf'OOIIt:;!U),
·ClIP.- r·oljaJ.- ôfOJ,./(!-,
edi.tecl by K.
fI..
SEV,
r;h011é.l
PIJ1J] i~:;h.i.ng CoqJOl'<!\\:ioll,
l~Ti', p. 8.
Il:7J,,i..-,''l qn~(/": 01l1J .iu,ô·t d'O~YïC,(_·~:.If· o{- Ort"lOtio/).o fJovn. ne on. C?'<..t.E''C-
ri/C.
C.11~·;IJ·.);.Jlj ./."0 <\\c::'.(~ !-J,'Jn, nf.~p('"c,; ntf..y whr·?I1' _9 /UI~W hç~ <\\fJohc.
.7/1'~lld, nl/d. li trrCi_,·,)/, , olul .IJIO.t .9 c0,dd J."n.Ch wi.lh Il,i.m ''.

· ,
--"7~-
La
lit.tér';ll;lIr~ 11(: tlOlllTj L pas l-;on hOJnme et: pour gag,net' SR vie; Defoe
sI8str'ejlldt~a ?l pn,H.hlirc quol:idicl'illCHlf.:nl; Lin l\\olnbrc régul ieT' de [18-
gcs.
Espioll
du Il,ouvcrJlcrncllt,
r-;':$
honol'a.ires sont: pourtant des pl.us
h:18
ct
1.:1
cr'i:)jn\\:c
r.1'\\HlC
chul-.c tl';HT,lllgt;
point ]es chose:::.
Or- 1.(1 mode en
1719 cr;t plus que
j8lnais aux récits de voyagp.s.
L'lln;Jg.ilwlion pnfJulnirc s'exci l;e au gr'é des croisi.ères de Dampier,
Cooke et Woocles,
nogers ... Abondaient partout des carl:es géogT~a­
phiqucs.éd.itécs à l'usage des c:oJJlincr'çanl;s.
lJefoe esl: n;:ll:ul'ctlcHlcnt:
cxcj\\.;é par l'évocation des pays
lointél.ins.
Or la société anglaise
o';:11 or'::> , .iml111C dtclll-:,-mDmc, suf'fi.G<lIlCC, cOllvn,inclle de SD sUJlério-
rit:é ,Slll~
Lc~., autl'cs espèces hurnélinco
a besoin de nourrir" son
im8-
1
g.lllDl".jutl
d':1VCIIl;ut'f~S pjtl:oreHqucs.
Defoe va donc s'cfror'ccl~ de flnt-
tcr Jes 1_111é:lJités prétendues inhérences aux sociétés poLicées
en
les céJéIJl'anI;,
Les [Implifianl;,
.insjstant SUT' leurs partic:ulnrités,
leur or.i[dn;J.lité CU.l.b.ll'8Llc el;
l.'impossibilité de
L'homw.:? ~allvagc
à partieLpcl' pLeinement; à ces splendeurs. Defoe érigé:: dallc lInc
échcl.l.c de
va)c\\lr·s hurn3ines
: [lU stade le pl.us
élevé de
l.'évoJ.u-
tioTl cles (~;~Jlèccs cl; de ta Cult:ul'e,
<>11
t,.ouv(-~
l.cs socjéb~::~ Clll'O-
PÔCtlll0S
;
viennent: ensuite
l.e~-; bOlls s8uvagC!;; qui acceptent cl: ;')ss.i-
mi lent ceLl;c cu!.l:\\I},!;
;
au rk:I'T1.iel' degr'é,
1er::: SallVt:lgl~s
i l,t"'écupéra- "-
b.Les.
L{~ U10l1rlC der:> trrécllpérahlcn est celui. des maudits el; des salJ-
V,-lgCS
fln!ll·
l'cllv.it'OllltCrnc:nt csl: ~:;o\\1S
La nlel1<:ICC pe!~lIIatlcnb.: chI danger.
Ucfo() ()xc(~llil.i L dnns
ln pré~;ent:<:lt~inn dc scènes él~t'<lnp.c~: I:t pi ll:o-
J'csques,
teL h: r:r;t.:tc I.lamIJou ln
rl~él}l2l:ique ClutOUl' rlu fell,
inventant
------

11_9D::J. (/filk,VÛPlrt ,~L IJdJw·iofn.(PJI.L nu,,"ouW"' du. {qU,
av(,!.c.. c!Q.6 9Q/.\\.t,~ù.
ho ri,t'-i..b c.~/:J c·t barlX"l.rQA Il (1.).
Loti,
Cé.1.itIC el; Conchon n'auront rjen
inventp.o
l.e scntjment
qui
dornirE!;:lU c.on\\;<1cl; dll sauv8U': est celui du pérjL e\\;-du rÜ3queo
Ce sentiment Vél
log.iC]ucment flbolltir' à ln peul~. L'homme cl(~ r:ouleur
susc.i te
l.'éjJouv<lnte élU même
ti [:1"8 que
l~~ démorl [\\qque.l on 1.'8S50-
cie.
lJ(;:
1.ÈI,
il p;lsser au cannibélUsme,
i l n'y a qu'un p8.~;. L'~lOr-
rellI'
(;3l· présente 8 chaque détotlr de la nélrration.
Robill;30rl Cl'll-
sue apc n;o i t
/lpaù
nu én-6 de. fl.Qut- .6au.tJOge-â tout6. nut6.,
at:\\~,fA nu,1:our
ri IUI: l IX~ Li..).... lcu., nYln.qennL de. .f..a choréW"' hvnniJlQ /1 (2 J.
Un(;~
f'ois
lu~--, l,i.pcli Lles
Lcr'flI.illée~-', le p,Hlvrc civi 1 i:c:é est; en-
cor'e térlloin d'ulle préLigllr':ltj(Hl de::; ;~cèncs de
l'Enfer.
"W"'cen Ile. pouuQ,Gt Q.(~b·'O, peur:) I,orr-i..btçl-,
une.
îo~ oK°W",t_v6_
.6ur .tp-6 .f....i..J:?ux.. du. <\\ac!"OLt1.CC~,
que C.Q 6nn9·,
cc>.....6
o-:)<V?np_nt..'.\\,
e-t CDA OUA:Fe.6 p7.r ti...r:o.':\\ di?ch"--quQ.LQ(!.,,:t du coqYl. J-ll.mO"--1l
QU.1._ np(JGW"'a~QJl,t à riO, VUQ. /1
(3'.
(1)
-
J);:mje.l.
Defoe, !<obiJk')Ofl. Cnio'..\\OC,
London
L719.
f/,'7/ 'c~J. WQ.~? danc..t_/"lg. ond. Cn(:rcW"'LnQ. nlx.H I..t ,U,C~ f-fanpÂ, U.-aLllQ fin-
I lfJ trL~.}I,.. l~{ll,t and /XiW"'lxu,ou~:-. 9e.6-U../rQ.-6 Il. p. 133.
(2)
-
Tdr::m,
ib.idem,
r. LIS.
/!. ••
y ,.1r!-rCJ2.i_l/Ç'd 110 .f..p....-:)-:) .rI/an. nUTQ. nn/n!.c:1. ~o.vn9r:ot:'), !'l ;_,L-t-iJH}
~ '~'Ulld Il.· ..::J./In.CL ft.re, cUl..ih,i 119, n/.'l J ~l fPPCJ-:)Qc/., hunnn {-f.P..!'l!-t••• 1/
(3)
-
Idem,
ibidcIII,
p.
11G.
" •.• rlcU,u10· cou..td &."2.. /llJ~·?, horr-ld Ln lm., w!lQ/'t 9oiJ/_q .{o ·UIQ.
p.tnct;>. of! ~'1acW"°~_li-cQ, ,the l,eooe/,
:t:J1(~ /XJrl e/.'l , QJld OU1QW"' f1mtg.fJ!d
f-JO~~L':\\ cl- /ÎW/.,..ill l)üc/,t.erJ ap,_~.n~·(!.d "~n rry. ~0rt't. .. /1
j, .
.,

:', ')
'?ihL/.'l. pe!ldan.-t que. l '(1b0.QIrVO~ c-C6 miÂérob·te.â <'10UVC19PA,
d'lin 0(:) J
Cl./ r'1_Q.UK.,
j e ~Qn.tiA non 6ang. -6Q qf:.o-cQr d(Jn~
frIC/'\\
l/C1jlQ,<\\
.eOJ"~ftUQ. j.. Inpc.!.rç(J,o do_ux~ ,,~é"-'abf.PA 'l'.r 'on
t,;_~'(/.l..t der.. pl..n...-,gUP_.-.') ,'::CHl.r .f..'accoITptÎ../.l<\\enxyvt dE .t'horrî....-
!.lLr-!. {r'a(J"~c1~J!.-,
co"nQ
U~:\\ en av.(].~nt. .t 'fw/.-,GtudQ. .. J-I en
Vt.ù
au,,\\<\\i.Jôt :ton&r 10'1.,
(1-6-60n~_, Je. (.1OI1.{')Q., nvec un
r~n")'~e-tt!A_Q, ou. Ult' <'\\01.HY? {"/8. lx)w, <\\Ql.on t 'U-~09Q d(~ <PA
110.1:,i.3)1"I/'\\.
1x:?J)."G ou. -fj'(),;.J-.....
ch!.. cPA r1J?uF·Lrt...R.1J'6 -<':le rniJ'cnt·
·urn-,;:!c/.tnt:Q."':~rd: iL .t 'OC-.'Ulllf·Q et .&!.. df!pccèr0Ylt POfl-W' f..eur
CU,L/.\\t./"IC!'-,
pll/-6
·'-OU-6. <':I.e. nlL!"eJ"l·t à. -f,!.. dévOK'Ç!..!" connK:?, i...(.n
l,
{ '

. ,.
,
, " () 1
. J:!.
,O,L6atQJ'vt... ave.c. .u?/"j,
Ql..H .... r'OÂ
. •
C'esl~ donc par' lm discours my~;;tificatcur que Defoe justi fie
le· mépl~j~;,
Le SYë,I;'~mc
oscl.avé)gi~,;t.c
cL coloTli~l.i[-)te :
11 )Jo.
K'C'~tl JU1f'fUi.t_ n.Co r) f\\ Il 011 haIJ i..A:f.l,t.f.on
".k
".'1u K' Ilnn cll':~.-
mtn, ·t<luA.: CH vQ.v'~anL d~ {-CoU de .Carn·PA, JQ fo,dxl1__
Ct. 9 QF/OUK,
C?>t rclfr?.rcw;_ :!Ji.J?J.I. dQ. m /avo~r créé" (.!A~ tlot4-
cl I/.IIIC!. IIn·turc conA.:'ra,U~.'_ Ù (:r_f.~eQ. cl' m.J<\\<\\1~ o/.>omiJ lol) [cM
(1) -
Df1l1iel Defoe,
f<bblj'/.'1ort CIrl-l,;'J.oc,· London .L'llq.
p.
L33.
l'I3.d: uJ'IUE, [JJ.i...A:h n. CIf.5'WU0. ç!.!!C, J UX1,6 rf3C!!lo.f.n.ing. .f:ho<':lr~ wr0..-
tchPA,
r;J} -:")'p~f"L,I.A. -:").unh w';...Jhi._I~'
l).,~lQ.n
rlQ.)
.9 PC?f"cP.A...vt?el '//''-!.rrl .two
ITlL~(~~'t7J,fp. C!I,<;!.n'/:Il'S'Q.-/.l f,-rrofll / JH~ 1.•ontA, -io acA:- G.f.-roJ.')lï, .1I,c", {,u,.fI-
L~'(f9C?cI~J,
(k'l
.? /.\\lipr:JI.JF~cd t!lP.I;l !Incl do/l.e, bc:{o8"Q. yt 1110..6 1.X?f.ore.
olle,
0 f~ ,{ hQm {-..,·..tP.- ur..JOn tll':? fJK'ound,
hnodux1. doun,' --\\() J WiAh
n. etuI, OP Ci IflOOc/PJ1. -:J.t;/oK'Cl,
{or.t UKi.-:\\ thci_r wh~f.p fun o~· {hrqe
o·U,c-!_râ u!f?nt 1...nnr-~a,t.n.tC'./û.J ·(-0 ChVC'UF had donr.!- 4..hc t-or"~!_r ..• /1.

- ----".......
Uf,Ra.tl.l ~'Q.o, QA~ dC?- Hl 'l"VIl Lt"' Ç>.-uf.Jelché de{.Jtû.../.") Ô i..... .f.ong.tCJJTp-c
<-1<?- w"I.Je'6' Qntr<? .(~{;Ulf'Ù flO.Uk'1" (1).
Ilnn lois civiLisé,
bnpti~.;{~, l.e coloré devient r-écurt':I'<lh.lc.
Ma is LI. l~es te ?Ivan t tau t
l' hOTrl1'l1(;-'311 ran t
; en cl' QU tres mû ts, "un
cofDrQ. -6Upé~·LQU.li,/I. Méllgré sa sllpé;~iorité SUI' ses congénèl~cs, Ven-
dl~cùi ,dClflCUI'C L'ef~clélvC de Cnlso~/. Oroonoko de Oohn joul.sSELit d'un
scmbl~ult de libcl,té ; il POUVélÎ [-, s'expl·.l1ncr en françaj~:'i ou en ap-
glnis.
VeTlclr'edi ne ~erél jamais qu'un sous-homme dont la pauvreté
mentale eL: ~:io.ciQ.1.c
mérite qu'on
le p18igne.
Les rclat.iofls inL:cl'-
huma.incf; à ce niveau font cntl'er en jeu c1es r8pports de fOt'ce iné-
gaux.
Cru::-;()(~ déc ide de frappe}' l' espl~it de son pro l;égé. Au bru i 1;.
du coup de feu qu'il
ti.re , Vendredi est
" .
{~'
,.,
1
.
" . . ~.,
'.\\L Q.·,·,,·ff'oy(?., •• ,
qu. "l.,.L QII C0...J1Qura. aul.'l-o.c pO•.Icr·Lll·u?. quC?
.((1, t: '"'-""..... de .!'l..d.h, tou,t -o.QIIÙ,
tou..-t rr()u.~"QIl~~ nynnt:
dqr.'l.e.r·Lf:!. ..-..l(11. corpù/ I (]J.
r~a de l'li i ère h L:8p e de la of.va 101'i sa t ion s Cra ee II e dl une appruche
plus dil'ceL:e,
fi llaide des f()l'mes
les plus slmplc~ et leF.i pl.us pri.rnai-
, 1
res oc ·.r:activitf' lLlnl-!.aglèrc :
lluL:11Isal:ion ùu sIgne
".9.[ mc-z, d 0 t qllC?f.rUAC'Â m::J,t,~, m::Û.6 jC?. Ile eo....6 conprq/"ln,w
po-fJl·t. .. .f.P- ./:0....11'.1-:'1 fi. , 6to'0i.·..pa.a à .ea. rcif,--f..Q.:·GUyn.• ••
(1) -
Daniel Defoe,
(lp.
cli:.
p.
JOS.
IIJ .i"/lC!1l. rQ..J"t.I,nlC?d ·{:ou:Q.6dr,'l. m.f. !Jnb0ta~Â...on j and ·U~.L.U1Q.~', ~H?-,f.d­
dUIy. {f.(Jex/.o. ui- b?ar-o.,
alld. fa,fj.i.l"lg .ta hnQ('../1,
9nvC!. Gort. .than!?/.').
[or "nhêng. ni) nMu.~ contry wW"C.tC.:i-lf?-:"\\, ond ck~.Li.J./o_r·LIlIJ- m~ -0.0
.(011(1- ouL of,- ·U K!.L.-r".
(2) -
Idem,
jbidClII, [1. :1'35.
"
<')0
ot(-ri....ght.e.d wn/.) h,?.. wi.,Ul. th'?.. {.-.Lm_ onc/ nol....6Q. ot- mJ piJ?cc,
·t/.,,],t l,R. {\\.roocl. 0/.'1 ·i....t URr(?, -tU?!'!' eto·t '-0. w-i-t:'2., rl__'<-C!d ntld. .i...J)lHJVQQ.-
be.e., wi.Aholl,t eWler ~e.tlr.'1c or m:),tLo'·lll.
-----~----~-


CQCC Hl'obC-LfJr?(1. à- L I(/Pf_"H'.lc:.r h t10IilJ(~OI/. 0. qr"ll"lclù cK'lA,
O\\/(-~r::.. f.(.'.<"I. .nL01,c,;.:':l p"-'/,'I <!Xp~"Ç~~:\\1-f;~\\ '7'.H,~ J", pli/,), ·LK·()II\\/C~a··
O{.;jl
I.fp~ ['i.;~ (/{?nrilll/r,..,;· (/('. ',\\ 'n(l(_)3''f)cl/cl,r p.r,/-<'J, (WZ'./'l,',1 (J Jo
j\\.insi,
ElU
nom
de
18
forc(;,
CI'llSOC monnpol.if.i~ .Ir:
J~ltl~!,~)gC 3.1'Li-
___._0- .. '-
fVb.i S UIle
10 i s
.1 (:3 hrèciJ{;:'; il ~c(~ss[d rcs ouver tes (L:llls çe l: te
ccrvc.l.l.c
i.ncI11L:c,
.il
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f,111011"' IH'Oriter~ de
l'cff/'o.i. 01\\
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cnüntc ~,~usci.l:éc pour jnculcjll.;r' à ,jr:lma.is nu co1.ol"'6 Le' ~-{(:Ill:i.rncfll;
Jndélébilr; de SOIl
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il :lccéJél'ct, cc Pl'ü8CSSUS, ma is i.1 6choLlc 'pat'CC qllC
le f>;llllJng(~ sc
rédu.iL 3 un m61<'ltlf!'c: confus de valeurs
IT~ldjt:i()nncllc;:; r;l~ dc V:l-
1.(:U1'8 CIJr'ol)(~Crllle~
ln<:lL nssumée:;.
Col~Le s.ituat.ion main\\-.i,clll; .l'homme
de couleur d::H1S
Jcs 1.imbc2. éternclles,; à l8 merci
de-
tOIlI~~~s
I.es
d(..... minat.i.ons,
des
::ll.iéllilt.ions et dcs
jntox.icéll:.iolls.
rl.
r~\\lll; qlW
Vendr(~d\\ r·élr;pcl.~issc, nie ou . '')Il\\,,\\.je entjèn")1I\\ent 8;:.'l. condi I~î')ll uJIII.~
/
nnu·!e".
et p;Jr' son serment de .f.idélité, ·8chève défïnit:.ivern,",nL
la
(L) _. Il'·I:\\Ïc.l
i)(~roc, op. c.i l;. p.
Il:}.
" •.• h~ ~r.)nhÇJ_ -:lOH~,'_ (lUhJ~ tn n"l:?-J
bu,/: wi},tJ:h ..9 CilUJ\\/ Ilot Ufl(/(?~-
/
<'1.("01)( I;.U 1c;.3"P~ t{Kl'~ 110
U-",-;'!- {fJr' ~'(,_{ D2.C,:(,;.OI1 ••• 11
fI,7h.L6 of.) CLOC!d. trI? to hn.fjoo
ro JlA_in r7~loJ..Yl, rlrJh/lJïq '/ he, p [o,i./"!("~/.'l. t
'-:\\';_9"1-':') j
COI dd .to cI~lj IJ,Lm t"HY1.B"('.r' ••• 1/.

GO
Ces dispos i Li ons pal:errJ:J 1is I;cs de Defoe·
sont ctltièl'c-
rnr.nt; 0.rllpl'einte~ d';:lutOS(Il:isf::ICI",iotl,
de condCGCClld:.lllCC (~l: de slIrri.-
nnncc.
1~f1 r·(~~II.i lé, V("~rlC1r'cd.i
n.i.sé qu i
doit rClldr'c grfices d'8.VO.il~ été amené à .la JUlJli èr'c
"a no,U:'ns., vou(~ f.(Û_ri'Q. 9J"YÎntle quoflAiléi fXJ--Ollf.:.oup bi.PJl,
vou6 apprendr-e. ~\\at.JvagC'../.~ 11olmp../.i. ii-t1re. hOlmp../.), (-)Onô,
hOfltlJ.?Ô Opp11"'1.JJo·L6e?t.\\
;
vou'"
.eeur ~nr."ici....9I1q_r t;onllnU~J'Q.
:JJi.(~II_, p~·,lQ.r :!JC'?fI. ç,.d: lIi_l/J'O_ vi_C? f/(Iuve-e.t:e lJ (,. J.
Le r'oman
de lJcfoc est Url vér'itabl.e mF.muel de pédnl],ogic
à l'u-
"
'
sDge dC::i
1~1I1'up6''::118 désiI'CUX, non scul.cmcnl: d'am61l()r'(~r' inl:cl.lcc-
tue llcmen t
J Cf; races
in férie ures hD bi l;;:ln l: .1 cs
terres
lu .Î.nl:Ft i Iles,
mals aussi cl: sur'tout de les sourrlc\\;tr'c.
On Ile dira jan.18js asscz. le r'ôlc néfaste qu'a
joué
Le PobLn-
<\\0/"1.
Cnl-:\\o'~~ dans le processus de lIIyUdfjc<1l:.ion eL: dans 1<:1 conGo.l.i.-
dnU.on
des pl~éjug&(-; r':Jc.iflux,
SlH'tout auprès de J 'opjnion anglo-
snX011IJ~
Lc 1';:)ci:':,I11',,; viscér<:1l cl popul.'-lire n'a j<:1mais eontarnin8 tout à
fn iL: les P8Y:3
I.ClUn~"" dOllt la FnHlce. f, l.ors quc ln l i Ltl§t',~I;UI'C <:1llg.Lp-
SnX0l111e condnllllHl i t: ù pcrpétu.i té les 11~1.~I·CH 3 la f;er'v i llide.
H. 1:-1 rnê-
me époauc,vivaicnt: des pl~iJ1C8S i.J.ff'jcr:Li.ns à .l.a cour de Louis XIV.
Le mOI1;ll'quc se p1.a.isé1jl; à dire qll' i 1. nlexis!~;llL
p8S
<Je di rrér~cnc8
(1.)
-
!l;llli,d
I)()r()(~, op. cil;. p. 1'/11.
nu t1n.:·•. l:'~r, YOU, do g.rqn-t dQfli. nud·,.' good,
you. -I.(ifjch nf..L do- wi...ed.
nnn6 -1:0
be. gtx)(l {Gnl?. non/.\\ :
1./011- .Cr,?o..n 1 dp-flJ '(0 IX!.. ~ol)(?,r,
t,t-\\J'Q.
900d ·tt-{P.-,
Lo !lJ10W ÇJocf, and ~l3"'OY- Çodll•
, ,


1
1 •
CII\\;('C
lui. cl:
lCf,
r'(Li~'; nôgl'CG, il'cûl; été 1.;-1 COU]CIJ[' de Jn PC:lll.
cle
igllOt~~_.1.c8.r)l'obLèl1lcs du l';J,-:i~J[Ic ; c'eE;!; pourquoi la gr'cmde
littéral:ure clélssjque frallçaj~)c n't-l jamaLs fait menl:ion des No.irs.
ALI si.èclc sIJivanl~, iL
cn SCI'(l <Jl.ltrcrncnl:,
puree que
la
J.il:té-
l'<ICUt'C
dcvic~llt pl.us phi 10~3\\)ph.i(1I1C, c'eGt-fl-di.re plus pol i ti.que ct FI~.J~
polémique.
D) -
L'AFRIqUE ET LI<: MONDE rlOlR DANS l.A LI T'I'ERATURE FHMJCAISF,
NJ SIECLE lJES LUmERES
Si 18 rocher'che nI était
tenue cl'=! se Soumc ttr'e 0rll;i0r(~n'.l2nt 3UX.
cxiE,(,;;:Ull:cs
r,jgll(~l.lr'S de l.'ob,jccl;ivi.l",é, j.l <:111r'r:\\i t [J,lf'U Sllpr;t'flll (lt:
]'cpr'cndrc
.];]
quc:;l:iutl
c.le
.l'cf·,cl;lV,lgr.: rlU
sjt~clc <.!r;s J,Ullli(~'r'(,'sl
tarll
la dOClll1lc:n\\;<ll:.i.oll ~3ur' le sujel; esl: (lC~.i;l 3borlllllntc. f\\ux XVlô ct
XV.1..[ è l:;j èC.LCI;
1.,1
1.i.tl:éré:ll:ul'e fr',';Irl(;ü-Ïse est pt'i]l;iqUClnr;Jll, J!t1JetLc~
,) J
,
.~.
sur'
le problôme des Noirs
i.l n'en Set'il pllloS de 1ll(;t118;:lU s.iè-
France qu'en f\\nglcl:erTe
(1).
Uès
Je début de la période philosophique,
PCIlS(~ljt'~ (.:;1:-. éCI'i.-
vains prennent ouvertement pos_LUon sur ICI quesLioll de
l 'e~::>elav(lgc
(1)
-
l1ussc:l
fl:ll'8011S
,JrITllCSOrl,
nk)!d~C!E~'7.llA..AU. Q)~ t'c.'..6c..fnvao('..
)~:Lttdc
St\\['
)C~; ol'igincs de l'upini.on <ïlit;:i-c~;clav[Jf~isl:c en Fl'8.tlcc au
XVIIJè :::;ièel.c,
Hachette
l.~Jll.
Ect\\oJard O. SceLer, ihU-S,foVQ,tl opLJ1.Wf16 ;J1 Y'O'I{':f!. d""tJIY .ljl('.
ôecolïd hnf.t
01
GLght:eQ..-tJl C0.I1./."n' i},
les DelIes Lettres,
1937.

jllS'lU'8 .la sigJl,'lblr'8IC~11 .L8IlU.
du cléc[~cl; d'éJlI;:lflC.i.p<':lt:ion dr~s NO.ir's
(l).~
Ce qu.i
pr'OLlVC Lille
rois de pl.:I~·} 1.0. l:t'jolJlphc de l 'espr'i L sur' le mCI'call-
til.i.smc,
.l' igrl(Jr'ancl~ cl: J.<I haT"".':'Ir'i~.
Monb;f;~qlJir;u,
Vo.l\\::liJ'c,
nous-
__.
~_.Heau;"··nrùci::ol:,· Condorcet, l.i\\llToll, Ber'na}~din de Sajnt-fJierre, dans
leur cnsemble,
ont contribué à .l.'~mcrgence d'une .litl:éral:ùre qu'C)f!
peut ~lppeler' humalll1:ut~.istc. L(~ coml1<1t phiLosophique engagé au siè-
cIe des L.um.ières ne pouva.it
il!310I'81'
l.es HSPC.'Cts rcJ.ig:ieux,
scienti-
fiqucs,
éth.i.qll(~S Ou économi.qtlc~:; de l'e~;c.l;"lvag0. f'nrrni .L~s ouvr;:)!;cs
théoT'.iques d'impol~\\~allce cap.iLO'.ll.c, on doil: mentionner,
elltre <lutt~es,
j~ID~prU: cIo.....-.'). iJ.,i.Q. de f11ontesqui.c:u, J.:.'ûICljcCoPQdJ....e, c1.irigée par U.ide-
l '(J t,
./~ 1).Jw to u~. phLf.o60p/'.;Jill(~ <"..t:. (x).f.,t.."Li.r"uc-?, do/.\\ cI(~wc ~9f1do r1 c H:lY-
lIal, J2. VoyogQ h ..(/_9te. dQ. J~"oncQ. de Uernal~din de Sé\\i.l1t-f'iern~ el:
..co.........'!. J.:Y!.-{-.l'P-'<:",i..Of1/''). ù,W f..'Q/.1cloVCi9C de Condorcet.
Fj.dèle à
1.1(~::;pr'lt }"';c,ienl:.if-iqll(~ qui c<lracl:éT'j8~ lOf; philosophes
du >:Vi.I!.~ Giècl.e, r,1onLesflll:icu ~;;':: documente f.>ur .l'Art~_i.quc. Tl cf.~l; le·
prelll.i.er écrivain dO:lt les OU'!l'uge$
témo.ignent d'ulle conliaisS8l1Ce
étendue dt~S pr'oblèl1lcs l'8.l.o.l:.Î.l's ()u cOI~tlnenl; noir.
nOr~C[' Mercier
mon l;re bien qlle
ln parl: rés~rvéc à l' AfrJ que ·dans J:,'wpr·ut de/.) <Lo~
est plus
jmpoct81l1.:C que ce.Ll.c· ,:Iccordée à l'Amérique. r~Ol1tesqu.icu,
COIllHle
Diderot,
Illct en évidence la relativi.té du
jugement: et de
l8
perccpl:ioll csthél:.i.'lue.
Les Noir's,
écrit-i.1..
peignent le d.i8bte
d'une blancheur él).lollissante 1'Q...t ,f.ellJ"6 di.p..JIx..- rlo.t.rô cormp-.. dlL d'Jor-
1::011-"
(]J.
L'exoti:;fTlc pl~opagé par' J,!-~ k,~ Per6(711/W..4 a contl'ibué
L.
F.
lIoffm;"lI'lll,
op. cil:. p.
9.
M(lt l !;.~:; (1'1 i C'l J.
.r.J!~ .f.n/J~p:-~/.'>, Pe~';\\0/"IC?/.i. J.IX,
J,
p.
llD.
cr' [t. Met'cict', op. ci c. p. '7~ •
..

C3
,
,r-0)p~i):. ae-,') ,lb·L.ô est J.'or'UV1'C d'un ,juriste. !~lon~;CGqllicu s'J.i-
- ' - _.---
-- ~slt l'occ3s.ion,pour défeTldre, ~n.! nom de 1..'1 loi, les d)'uîLs inaLié-
nables de la pel'sonne humaine,
dc qu~.lqllc pigrnentatlon
qu'il. soit,
La libél'at.i.on de:::> No.irs,
cs l:.l rr:c-t-i 1.,
ser-ait
i8 rnci J..!cure chose
pour
t()ll:'~ les g0\\.1V8cnemcn ts,
C'c~~t: pat' 11 ir'(,ITl.ie que L'écf'Î.vai.n"juf'.lsl:e chen::hc fi !;eCOucr
v2Igc
",J~/.';. 1.}~flp>e0~\\ cl. 'Ù.i8'"'Or"1(-? OIjOlI.·t QX,1:.Ç>.~·'lIin.l~ Crl-l.'(.. (h:~ .f-' flmf~­
rLrjl K'~,
·iM ont dtl rrr-~_Lt:$''C!. ("'Il C.4c/nL'O(;l'?- <:<>H.'<. d' Alrl..1J.ue:.,
(X_Ju.r -:"l '(!'H <':l.en.Jl..r à. d('it-~i_chcr' A._1.7n.1~ de!. -ierr-c..-6 1:.,
/ .
Jf (?/.)·L 1.lIp06.-0JJep. 't(I(~. nOtl-:\\ -0.uppo-sLo/l-:\\ que cc:; f7Q;;/.)-·fa
,,'10t.I'II.t:.
,l'?/.) hOl/lle·,) :
"'(j~'(.'['. rtl.lr-~, -:\\1, fl(JI/?'l ·e(:!,6 <\\ut.)p()~~..on~\\
dC!4 ,",nll1rr,~~ on. C(l"HJ:!IJ("~~'(/,iA~ Ù c.n.JüPQ 'tUf:!.. nou/). IIC? -aom----
ne-6 POf,'l. IrOU/.'l-/n1J,T2.-6
dwâ..-I.~;Jc2rlt:'\\ Il U ,.
1
t\\!lL~l~:::; ln publ.i(:~ltion du CodQ. noi...r, Montesquieu s'inquiète des
nD1...lG qu' i.l l'ccô1.8.
[,'homme de
.Loi défend la
digtli té du Noir en dé-
non,; ::ml ~ (~.\\ JnêlU V n i:'-;
tl'<:l.l b::rnen l:s QU 1 on pl~évo i \\~ enCOre d' l Jl C lige I~ aux
esc.laves·,
'l'ou t
J.c monde perd en hUlrléllli lé,
si
ces pCiJ. Li ques barha-
l'es sonl: ln8jllL:enucs
l'eSCÜIV(~,
bien sûr,
méljs <:lussi
son
1IT8J_trc
ct J' E te 1.
(1)
-
Mon tc:,:;quicl.l,
J:'WprU:.. de<a ,f}l1A, 1'/,,8 XV, 5.
,
- ;

C. .1
"J'n, /.'1(~7i'IJLhlLlC? n~'It- Pi·(!f~"{)II'J("/r<'l.~('. pr"ir fn. p(n~~.\\o.e oI01d~ 01'.
tu.U~ jUllof.-r de"!. {.lOJf'-C;..;..//.'l. C"?./.lC.f.OI/C/.'. ; crC'. '1liL. f~L C.'1,C()7i'Q. ,."}(J'U~
(I~ffl.t WL n(ll/v~m'. nnll'<;'II7i'" (.1. J.
C'est: en 8e r6['éranL COnGI:8rnmont aux 10Js, que Montcsquieu
a
gêlrdé Line cohérence inter!!'.:!
fi se~-> opin.ions sur le NOl!'.
Mu.J.lJcureusement on n'en peut d.irc élul;:;1I1t dc Vo.lI:8.1rc.
Heg.is
Antoine pnt'le fi juste titre c1r; ses liésit2lL:!.olls.
Chcz
Lui comme
chez l3ufCon,
le8
lllh.i.bil:iOllt~1 .les rll'~jugés cl: Jes c.l.;:lf~s.ificêllions
anciennes bloquent dès J.e dépal't toute réflcxi.on constructive.
A
tau 1; prendre, pour' Voltaire,
Le No.ir serfll tune e(->pèc8 d'homme
cli.ffércnte. ses t~éflexions suggèr'ent qu'LI mettrait fac.ilernent en
cloute l'uJ1ïcil:é du genre hum:llll.
Dans son W0.n.i..- -â".r .f.0./'l. flol?ur<\\,;
Irl::ll.gl'[~ Montai.gll() ct en dépit (le IJescal'tes, Volt.qjre cxpr',imc 2'11~;~i. Sa
cnllV ictioll PCI':::lIltlCllr:
J'Le?II!"'C" (]J.
Ualls CondLdc,
le philosophe s'indigne Ilîcll de
18 s.i-
tU"l ti on dl":, ~.' (;:··,c.1.avc
l' csc.J.l.lvagc cs l considéré conHlIC un scancb.Lc mn··
chron.ique.
1~8.is c'est l'esclave qui
intêl~essc Voll~jre cl: I10ri
, '
11 homme noir. Ur c' es t cn
tan t que No.i l' que
CZlcumbo
es t esc l.ave
"(Jt.,nr!d no",-;,) trava;....tfo/lJ'_\\ aux.. ,.'Iuc..re.r-iPA,
f?A~ qu'?" .en. TT"QU-
.PJ'- ./"If)1 k\\ a,{~trGpc:!. .f.t:!. do (..tl,t, on 11011,-;,) coupe? f.n "n,in ; ~/lo,.,d
/IOl.k\\
\\/ou.fo/ t,6 now~ r.?nf,,,,,"y, on no,,/.'. COlI'_}(~ .f.a .innlx~ / •.• 7
(I.)
Montc:';qll.icl.l,
cf../&fJ7i··LA~ c:/(?l'l rEniA,
1.7il8 XV,
5.
(2)
VoLLnil'c, (~-6(l.i_ -6fl,r .Cr.:../.l OO!?III"'-6,
L7SC, ch. eXI.
! •
. --_._--_._-

/
J}~/."l. lf>.,U..J.·!lC,.0, IIOCfml(/n.tA
(UÛ" Irl'f),.d~ c{)/n/(~"'U_ IIK'. .rl__!'l.Qnt
tOI k"l.
f..c;,~\\ diJ}nlldw!/.'I (jUe:,. n()l.II'~ .t1omlJ~ ·folir,") (~ntan/A d. 1Adam,
d3Cm tcr.:\\ o_-,L 17o-i.r~ Il (J).
Manquant de pl'ob.ité .irll:cll0.ccuelJc élémcnl:é1.if~ç, pour une fojs,
.I.e ph.i.losophc évalue maL .l.C'~3 rcsponsahili.tés dallu
J.'(~I"!.!,8111satlon
du conHnerce triangulaire.
I.J. aiJsouc ilins.i
l'Europe l'cA.vij'..,i.J."'!-C'."
et
--cnl~'él:T;~'J-l~~C POlll' 1~(:j«t:Ct' d,SSO('llIrJ i L; COll te:.; le!:> condélHlIli.ll:ii)IIS f;ur l.6::;
Noi f~S
/lnOUr:).
Il.' ad 1C?_tOl"ll'..'l. cl 1ç>Âcea.vo./~\\ tf"Q chq:z .e~ nèg~'0---6. O"l
nou<'l.
e-'C?{Jr'Od·I'?. ce
co",n!.5'Cc?"
,.
un fJtR.up.fQ. '1"--1 __ t.rnf,-i.r1'.IC?. (le
,~vY,'), f?n{ antô, rUl·t p f.n.'l. condnnnob.f..r? que. f' achp"./j?UE· : C~
n~90ce déuuntE'Q. rloL!"'.?,· -:."!uPQ5'·i..or·i...té.. : a:~-fJ/'l- '111.{, <'.lQ. dO/I-
n~ un. /lnl.-trQ. 6..A:a.i...L lit?. {XJUE' eJl. a.voull (21.
VoLtail'C accepte 1:1
thèse d(~
iél ::;upérjur.il:é d~
Jél
l'ace bl.;Hl-
ch(; cl: reflltc; .L'i.déc de 1'égrl.1.i té des hommes,
lu.i
te dé'[ctlseur
achélf'116
dcs c1eo.i tri ùe l'homme.
Cet;!'()
<t\\JJlr.l"CIICC
contr8ù.Lct.:.i.on est le fa.it de son esprit csscnt.i.elJem(;II\\: pl'a!:j'Il,le
c \\: buu ['gco.i S 1
On ~;;a.it qu1il ,:ldrrlcl: l.'cx.istencc cJ'un Iliul.l; mais c 1 est
,
pOUl'
f<lire IJour' ;J r;cs
ïermi.el's qu.i
ten!:ernient de
J.(:
volc]'.
\\'e NuiT est .illrér'jotll~ au B.l.nnc ct .L. J
1.e tH'OIJV,~
bien pill"' sos
il1apl:itudes cl; son comportement.
11. r!.l,iSOnlle mal
i
Son .i.ntc.1 1. igcnce'
est ,lu-dessous de cellc qu·on lldmire chcz les animéll.lx et qui. gu,idc·
,
lelll':';
i(]sLi.ncl:~:;. I.,'cspècc nO.ir{:! n'ost pas faice pour' 105 6t:udcs
(1)
Voltai.r'c, CandLc/e.. 1759, p.
'15.
(2)
Vol.téljre,
&,~(1,L <'.lU.5' fu~ nOQurô, Tome IJ, Garnier, p. 005.
,
,

-' .
\\
l'i.,tô
CC'IIJ.l.',nonL (J("711 I;d~ 11Q, poro,i-<.'l<\\0nt pa,.;) f,a~j/,\\ n·'_ pOtlli'
.tc/'.\\ OVni r. (j,g'?/.) i"l.1..- por n'
e,y"\\ abti6 cie no,(W"'C!.. phLeo{\\onh.i..p," (1. J.
Voll;aire cxpr.irne
là une ('pin.ion à
tous
ég,H'ds dépnSc iaL:ive
'pl8.Tl ,t allx
c'lp,JC l 1:6:;;
in te l i cc 1.:' le 1.1C'8
de
l ' homme no i r.
En
1'f: v n.fl che ,
.i L lou(~ sun .in:.d:inr.t; gl.lCrc.Îel' cd; sr'! bJ~8Vourc.
Les Noit'f;
RonL:,
dé":'
c 1.t1rc-l:-j l,
dep,
" gu ri.rr·LQ,W'0. horr.i(~ù f~ t cs'Uc?L6 cfonr.\\ ~ f P_JTpt.r('. ch llh%Dc, -6ou.-
V~Jl,t rrr~rrr.:!" ~11.)Q.D'i...Q.Hli'<'l aw(.. -t~DUpQ,-.j ba~nf1c2'M qu.' 0/1 appé..f..l..e.
l,Can che/.:> 1/ (] ) •
La for'cc phys.i.que extrE1ord.illiliJ~8 dont ils sont dot:6R ne peut
ôh'c mis(-) à pnlfi t que sous
LJ
fénJ!()
d'un m8îl~rc.
fllc;"lpabLcs
de
pr'ctldr't; der,;
ini t.ici L..iVC0/ J1Sr'cvicJHlI~nt vj Le à
lClll~ 11I::1.îI:r·~ comm~ dCf"
rev.icnt suc ses opjrduns.
C;'Cf:;t
I:;ncore d;::lnt, ses ~-6aÀ./t ~UE' .[0.4
nOQ.u1f\\"l
qu t j l
déc lare
//~jA <)on.L (lomTPA corllH2, 1l0U6, .f...-f.4 -:"1011.( lfYtc/-'e-th.-!'J du -,"wng.
d'urt 1Ji...cu, /tore. (Jour 9--11k...• e;L erI4tÛ.A:.e. on -&?.L'J. ta.lL ,t6Y1.vnL1..- .
.e.J~1r' conrrf2. dC'A
bê-tP~ Je ~onnQ" (3 J.
(1)
Vu ll:8..ire,
(AùC1A...6 ~UE' .e.C'/~ flüQIH'~,
TOITlf?
.Ll,
Ga r'n j cr,
p.
3U5.
(2)
.-
Idcm,
p.
~KlC,.
(3)
ILJiclcrn, p.
::''/9.

1 -
:
[,7
En
tout; C<lS,
Volt<lirc COndarnllC l'escJavagc comme él:ant une
pratiq1l8 ,i~ lie i V; ct ~ans pr'o CL \\:.
/!eC?. co/m~.rc.t? 1"1. / Qn~L.chGt
PO·tF/ft un
ptly.6
j
bipl'l. ou. COrt-
tra.u'(J"
Ge.. tfbGt pc?_~'Lt· dca. homm/..'J., .i1 CfluOQ.. d~/~ 110U.-
ft'ng<'-<)"
{J 1.
L8 posi l:j Url de nousscau "iS-8-vis du problème
(lc~3 Noirs
est
l:out aussi 3mhi.gut~. Un saiL que
Le pécl::lg0gllC a défendu
di-ms .f.'(filC-
.f-B 011. de. tfQdll(:n,t.(~ol'l. de C-"~Jlton.t 1.'1 thè~,c Je l' in.flu()IF:P. dl] clLm8t
sur
.la réflexion el:
1.88
rnOCUI':C;.
M<1is
.il s'nt\\;aquc pat'l:iculicl'crncnl-,
.lUX
No.i t'S
!'~ ,t PO~O,0t CJlC(..re que. f_' orgont./.loA:"wl1 du. CQn/QOU. Ç'At
/10 II k\\
(xl.r{otGtc. OU.,"<:- deux e-ovLw...JIl?/.\\.
,.t.~ T{Qgtr'Q.../.l I-M... .fp.../~, J.f;(.À':'.'1~ n r011..-1:.. pt7t'j .&z -oen/.). ckyj ..0.l.&""'O-
pf!.QJ1.-:\\'1
/2'.
Cette ;Jff.il'fIIé.ll;iOll cnl;égc)t'îquc cUIsse
lr. Nojr sur
l.'éch':LLe .illîé-
cieure c1e la lüt5r'iJl"'chic 11Urn,'l ilv-.::'.
Plus
lo.in , Housseau CXé.1J.I~.c son
chauv i n.i.smc
HSL.f;" VC?liJ(.. donc qu,,-- Il'O//. r!?(o.....l/ez. pu..w,.~0. I?fr-Q Illi1-)1J'ont de
.f...a. ,i.I!.a"J'Q, Je..&2. p~ndr(û_ clan-ô une zone, A~"'pérQQ" QJ1.
'J~711C(-?, (..}Ql;' P....x:J.?Jrp/(J", p.fl.vA.:Ô;J-., qU.'a,Uf!..t2,f.r-o" (3).
(J.)
Voltaire,
&î~o,c <'lur .f~ no~u.r-o, p. 379.
(2)
11011~~~;(~;:'.u. ;;1IJ;....e~!.,
Livre
l,
p.
1.'/G2.
(3)
.i.dc/TI,
.i.bi <lem .
• " 0 '

,
~,
6[1
,

,.,

SI'éducDL.ion parc(~ ·qUQ les n6cess.l lés vJl::a.les q\\.l1
l'assaiJ~'enl:: le
rcUcnncnl [)our
l~l t"'ccherche lies pt'em.i.en~ éléments de subsistance.
L'instt'uction et 1 1 étlucation r'tJiner'aient 18 condition naturelle
des NO-Ll'S qui. sCfllb.l(~nl:: bjen cOrJsi:iLuer une sous-br;:mche de l'es-
pèce lIUIn~,li.lle. QI1:llll: ~Hl f:llrtellX til'oit d'esclavage conl;cl1u dans
f.'é)nÎ_(<?,
au L.~\\'TC cjnq.
i l e~~l: vjte corrig~ P<1[' le Livl'e pl'emiel' du
C::JI J:!1'a,l:. .socLa,f
: "Jh.-'..î IIÜ-t/-'l. ,·y':)c(j-.1.VQ/j, Q,t droLA: 60nt COI l,t~·(î(·';J.:A:o.Lro.../:'1I~.
Mais les tlésic3tio1\\s et les (1111\\yLgu'tl-.éG de Voll:<tit'c eL de Rousseau
laissent le ChCI'chc\\Jl' un peu ::lIT1Cl'. On compl'end dès lors
l'inconfort
Il)}e -6,û_ù ta.dl~ quc:!. d~Â phi..f.o6.oplJer."l. '1U,î..- con'x.l)/ü~/l.-t. dpJ:'1
n};JI/..î. n.vcc. .("nl d: ch~ C<lIJ~YltJe, n. 'OA...C!l"1.t '1UQ peu pf(rf.Ji dQ~
·_-tl~~j,c,f.nvo9Q., 01.1, du. /Toi.n<:'l que. t.Jnu~· Qn p fnJ.-4t1n):r>.r Il, (1).
r\\ L lll~:;; .·I.O() sans équ i voque :l Mon tC'~~qu.i cu,
Ù Va 1 ta.i rc
e t- ,~ HOllSSeéJlI.
Pour c~la just-.ernent, le C01lll!;:tl: l~~volut,ionl1.q.it'e d'un !l.ic1er·ot
ou d'un Condorcet: est d'une.si ~;r'~H\\f,..le COn~.,o1LJt1.0n pOUl' cr.lui quj..
ne veu l: pas déscsp6rcr de
la "phi...l'.nùor.iM_QII.
Uans ses Con,<:'J1_c/hE'a.-
-Lwll/i ,<:'lUE' .fp p5'LI Lc,i-f-K"tLoc. 0J(!J'[QlrQ)I.L6. de. M. pévo.-f.uA.:..-Loi L Y5'f~i1IçaJ.AQ,
COllc1ol'CCt a expr'.i.rn~
te t"'egrct que les engagements de
la Hévolution
n'aient, pas pr.ts en compte la si tuation des esclaves nàlr::;.
Et l'on
sait qL!(~'N8poléon regrettera plus
tacd J'erreur histori.que qu'il a
corr,rnj [:le
en onlonll::tn l: l' a.ssass .ina l~ de Toussél..Ln t· Louvertun~.
!
(1)
-
Her'nat'clin
ck~ Sr-lin t-PierTc;, Voyage. à .t't..,œ de .1rance., O. C.
Paris Dupont 182e, T.
1; Q.
IG2.

G9
Condor'cct a
été Pr€:sider;t
de
la Société cles
Amis des Noirs,
à qtl.i
i l déd.i e tille
ép.Î.l;re
(btlf~ ~:;cr-; 1-«~f.e.QX,;.on0. <"lI Hf' C'C?~clnvagc dc!.6
1I(....hoLqW"!.. Je. ne -:'100,'1 P(1(,'1 dQ. .f.a rriine. cou,teu.r fjUC vou:~,
.j.Q. VOII~ aL -toUj.OUlf·~'J. ~'(!.9nn-/6J6. conne rrv....o f.-rQ.$'QJ,."J.
ifl. nn-
,(-",wc vou<"l n. {onri!(J pOflll (1vo·l..r f..Q, oi:ZJrJ?. Ç1~prLt,
ea,-,-,$.-
/II!. lf'o,i <"ll.lll,
·fC,-:l
fli;.IIJ:"!/~ Vc~.lf"_'/(.\\ qllC!. ·eQ/.I d3fonc.a" (1. J.
L'hurn0n.istc SOllSCt·.i.t à
la
1:lJè~:1e de l'un.ic.i.\\~é du genn~ hUII1'lin. TOUf3
les hommes sont
I.ibres et do.i.\\lcnt juuir de
l'égéllLté qlli
est notL~e
patr.imo.ine commun.
En efîct,
à l'6trtt de naturc,.sel.on Ilollsscau, ont
succédé les mécanismes
des rou8ges
de l'Et:aL.
Ce qui
est hisl:ori-
querncllt vrai,
pu.i.sque,
on
le sajt aujourd'hui,
l'AL'rjcJlle qll'on cr'o-
.,YéJi l:
le conl;inenl;
I.c plus
II~ouva9c!'", était: 8dlllinistr'8C, depuis dês
\\
m.iLlénuit~c:,;, flLl],' des cl1eî~1 IlltiGE;,lll!;S ét respccl:6s.
!"'nr"!;(ll,l[;,
l'h01l1-
._.
--mr;;-îïoi:ii:--sc ill"éH111llir~ contre les agl'ess.iolls cxtéri.cur'cs, s'est re-
connu so.l Ît1:.l,ir'c
d{~ ses sernbl.<Jhlcu. [,a libcl~té ùes 1.l]{Jnr::s et: des
Nojl"'S est .l~ée. Avec une s.incér.i té émouvante, Cundor'cel:
lô-isse en-
tendre
:
111: ••
7 (Je ~aiJJ conh·;_c!1I. r!Q. tO~A VO-tlf'Q. t,-i.dQ.f.i...(c?, , vo·l~"0..
(,);'0&0I4-, \\'o,L~--e.. CO'Ilf'og(,-!" O/l,t fcû..L rDI/9-Clf' VO~ nn,t:..tlfO..4. 1:•• 7
llh~ cpA:..tc Dl.JlI.:'l·Ll.ce fi 1n. P..<té. pOUlf' ln.::' ,_ fjtl. 1une?: lf"(7,i....:'lon-
-
(k:.. (J.f.".:'l rJOUII plf'("~1 u:Jlf'(.!. r!rU14 lill. (.)(l'q~ -tu.'r'C!. ·en. c!ô.{ c'n:)~ df!..
l'n. -foL!xu·-Loi dPA IlOnnPA Il (] 1•
-
(1) -
CUlldnr'cel'"
Je~ln-Anto.ine-Nic{)lrtS, R(~t-eQ'vLol'/.'l .ollE' .f..'cl4c1nvngc?.
cl~ 7lè.g~"Q..4, .in : Üz.l.IUlf'C'''''O, D~dot, 18117, vol. V.! l, p. GO - 140
!... 1ère éd. Neuchâtel, 1781 J.
(2)
-
Jctem.
ibidem.
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OU;;lIlt i\\ [Jid(~l'nt, on peul: cOrl[;idi]I~(n' qUfl ~;on .iJ11~PI'vc~nl;ion jnl:~m­
pes t.iye déJ Il f3
le d6uQ[: ~,ur 11 f:rrlélllCi,p<1 t.Lon des No ï.rs Si illSC)'Î t dans
1e mouvement l~éllét'8) du l'cTiouveJ lemenl: des v;11curs cnlT0prîs alJ
siècle des Lum.ièl'cs.
Il. s'agil: d'admettre l'Autre, ,d'accepter que
l.'aLl:cr.ité
soit: llfle alL:crnéILiv(~ ~;;u~:>ceptjbl.c d'être v<:lJ.or~isée•. Lcs
idées essell t'le J Je~.., cléfj I"Li S~:;3n Lune 6 chique et une Cf; th ét i que nou-,
veltes sont cOll~,~igtlées d<ltls ~:,;cm G~G,L 6ur '&1_ Pof.Ai.J...:' ~~Qnn.,ti.que.
i\\Vrlllt V.
l-Jugo (~l: 11;:ludcli1irc.
i)idcl'o!: défend
Ll.l
t:hèse de
!:-..l
rc1al:i-
vité Ù(J
la percept.ion esthétjquL' ct raye d'un
traie dr;ID: sjèclcs
(k~ cJ.assicjsrne.
"J'..o. (J04-â1.Q. vQ(..bt rtlJ~equQ. cho-a.e. d' énorrn:=!., de?- fx;rbare.
0..-t de?. .:\\(iUvage." (.1. J.
",)u. Ç';./.\\ . .f..c. P,Ùl/-\\ forL .' /~.• 7. ,7u. n 'ÇJ..-:J. pn"-'l C?ACP.n.VC :
tu. <)out-tr1..n1'W p~uJô.L 70. ,,;;rA_~ quQ. 'cff?_ .f 'âA~~'(~_, e-L ,tu
l,.rç.t.lX- • lou6
060.12..rV1-~" 1 (1).
llrl;,l[!,(J nOLlvcJJ.C
du
Nègre,
en vét'j_cé
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j,a rAce'qu'on cr'oYélLt
ùc
cou (-,p-
éterrLÎ. t:é vouée à 18 S,:,? ['v.i \\;ude,
se présente désof'lrrais en
(1)
-
[lj dcro c, w~a~ '.~u.r M. (Joé.ôw dronY],U.fjuQ"
in
lliuvrQ.o wthé.-
,CLquÇ?.-6, par Paul Verniècc,
éd.
Garnier,
Paris J9:;9,
PI:).
260 _
261.
/

\\
conqu0r'an\\~c. J.,11\\{)mme,· comme
\\.'Ôc:r'il';1 pl.us
tard C8mus,
;:;e ,juge à sa
capâ~':ll;6 de reCu;'. Diderot e~:t: conv0.incu des cL~I)o:.st'hl)"S :lc l'ho"mrn!;
nuir à t~(";llVCL'[5Çl· 'un ordre
i.r1Ju:;I;(~. D:lns J!.'#J-t.JâtoÎ...X'e d(~ "c!QUK- !}n.!C!,1'J"
ouvr8ge
de Hayna1. nuque] Djdp:l'ol; ;:} collaboré,' le ph.-ilosophe prophé-:-
tise de façon p<:1 Lllé l:..i.que
1100
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IIYiflfluQ.
au,lc /i('.(i/f'(.!.-~ 'lU. un C 1R.1J" a,'S::':\\.Q.Z rJJIln'lgQu"G
rXYur
C-,'/.\\ c-oldu~
r'J.
,f.n lIC?Jlgconcn, <et. QII. en 1rf1 09c.
0./,
%·t-,i.j~ cc. Ç/5'Gnd 1,orlOl:', l'fUR. .fn. f1n,h.a't:? clo,,-,t p("!.IJ,L-(VI~ro~
à. .r. '/1onn cu 8'"' dQ t 1<:>A(.Jecr::!,. JlI.mn,uv? ? rJJ. Q../.),t-L(~ cC'_ Spo.B'"·-
tQC1I"~ nouvc:?OI L ? /1 (0' J.
[,;1
{JT'cmjèl'p.
édiejoll de
t.'J/iJ s,-"o-L1r'Q. clQ./.) dO..LVG .Jndc~ date de
17BJ
j
cn 1791 l~'C La Le la r'évo L \\:e des No i rs à Sain t;-Uullli.nguc, sous
tur'e,
le gt~njc de l~J r'ace,
~-lUl'11Qmrné le Napoléon nD.ir. F.ièremcnt,·
il
Sc pré':,;cnl.::).i.t ain~:;J"1
1.\\empCt'Q\\lI' des Fr;:jTlçni:,;
?/c,e.."-',','l au prO....mu-:!.lf' dç.Y:J. dJ€nn.c-6.".
L;:l
C[lpac,i té au comll\\arl(j(~mcr1l: de ce
Nojr i1 étonné les contemporains.
l~l pour 1.8 prem.ière fois clans
l 'h i.s tO.i l'e du rnone]c,
une 8. n!lée no ire cumrnandÉ'G pal~ des gén ét~aux
noit,s a
tcnu
têtc
à la p1.us [.'J'and" puissémce J8 l'époque. V. Hugh
fit d8 cet,
ép i :30ds
I.e su"ic 1: de SOlI 03.19 Ja~a1..
(1.1 -
lJ.i.d('r'ol~ et naynal, )..J;jj,to~?. de-'1 d(zux: .9ndo/~, éd. 17'74, Liv.
Xl,
ch.
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Liv.
XIIl,
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XXVII.

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v i en t
de t'CV i.sc r i a façon
don l; il désonna i s
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lr~.i t;éc la '{IICS t.ion
t'el<:l\\:ivc ally, Afr'icains.
!.r::~~ r'édacleul's dc
l'f,ncycl.op6die,
au rrl.i.-
llc:u du XV~IIè ;-:;.iècl.c/s t 6t:;1.î.cnl-. 8[-;["igllé comlile objecl.ir~·
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éth i que el: d'un".: es lilél:.iquc tlouv':! li':!::>, en s,' a t-
l:élC]Iw.nt à I.:ous J.Cl.~ pl'oh.l.èlllC:::-;,
y cOlT1pri~; ceux fIlli Cr.J11C81'1lr-1i.CIll:
1_'hfriqlJ8 et les Noirs
.iJ.
fnll:1i t
tO\\IL exnminel',
l;lJul: remuer
[3i111G excep t i on et S<:lIlS méllugcmcn \\;.
~JI J7U~) nélqu:i l un mOl"lcle Ilouve<:lu. l.C3 principes de liherté et
rl'égéllité développés péU' .l':!S philoso!Jhes
du XVTfJè siècle
trop--
V;lirJrll; 1111 ch;:lHlP
d'arp.ljcHt:.lOll pl,;,l;iqu(~ P;ll'I:OIIl:. OCI
I.Cf:;
',,::u;ld.i.LLons
ét:a.ienL C'éun.ies pOUI~ llém<.lllcipaUon des peupl.es
Cc n'est prIS
~;;Ill[: ]';,i:·;nrl qll(~ V. Hugo COllf:;ic/(Tr--: ln l'évo.l.l:e 8f:I'vi le il Sa.J.nl;-lJo-
1Il.i.llt~l.le COrlllll{~ .1.' unc
des cOllséqllcllce::; tk
1.8 Jlt'i.se
rl,.~ 1:1 Il;J~jl;,i 11r:l.
"
Cerel\\danl,
au
début: du
xrxô sj èc le, l.a (}ucsl;ioll Cond<llHcntalc
c t
tau te s i rnp 1 e
b~ouvé dc réponse définiUvc, el: comme l'a souligIl& himé Césaire,
en
raison des pl~éjugés r<Jcülllx
l~oujoul's en honneur',
(~ncbre en
.\\.BJO,
1.:1
tt'Clite,
offlcicllerllcnl nbo.lic,
continuai II
~xacerlJéc en
conl;r~b8ndc ; qU<."lI1l à l'esclavagc, i l b <:tta.it toujours son pJ.r.i.n.·
C'est: qu' L1 [l'est pas
f<:lci le fl des
iclé88 génél'C'llscs dc venir
à bout du négoce el; des .i.l1l~.érêts cornll1erciaux. Le g011verncment de
'.

Louis-Phi ljppc mn'<1 beau COndalllTlc'J' ct }'6pt~jlllcr' pax
1.<:1
~;u i.te cc\\:l:e,
ignoblc .insU t:llLinn
I.Cllt'~3 privilèw;n, l1l:JillLi.elldnJlll .le "Code 71oL8·".·Pl'OfllUlgllfo en 16n5
pal' COliJCl't.
r1.§In.ç~si-sOllS ln nQSI:;:1Ur'aLi.oll ct~ ln MOllnrchic rie ,illi llet til
l\\ILI:~ sc PC:UJ'f31Iiv;:l.it pour' l'nboJi1;i.un de .1. 'csclavH8J': , Slll' l.r: b:I~­
("·a.Ln même,
Cil Afl'_Lque,
à
La
tt',:)itc,
se substiLuait .insidi.eusemeJ1L
Lél colonis8t.Lotl.
J)urLlnt ccl:l;r; prcrnièr'c moi U.é du X1Xô f-;i.èclc,
de
gr';:lrJC]::j
déb0tf3
f3',51:aicnt
insl~<]ur'éf.:; Sl,r l.'esc.lavage et le fait
:::0-
l-,(1.il'C qlle
teuh::
ln prcrnLèl'c moil:i6 clu
XIXè sjèc1c r:f) C'~,I; pt'Oforld6-
meni; lTlar'qlléc.
Aussi
.l.a lutte: (;Ol} 1:1'(:
J 'e~;c]nvélgc
delJint:-ellc
lroc! ('l:~i.on de nombreux discouf"s, d'al'ticles de pr'esse
de:
d~cla-
t
l'a tiüT1S,
d 'ocllvr'cs romanesques
ij
tr<l.vcrs lesquclr-; on aperr.-ni tune
volonté affirmée de mobiliser
l'opinjon'publiflue cOIlLL'C
II ignoble
in~t.it:uUol1.
J.)~lns le rn{':1llc 1:C'mps,
1.e
t"lC·If3J1lC.
étr'o-L!:crncnt
lié à
10
tr~ai.b;
des Nojr~est violemment déncJnc;é,
t8ndis (lue les explorateurs Fran-
,
çaü; (~I: rmvlai:-~, s '8.tt.3.chcnt: p~lr lcur~ ,'écits et leUI'S journaux de
',/0YélgC::;,
à fPlil'C r:onna!l:r'c 18 rl§al.ité profonde dll coni..:incnt: afri.cain."
I~n rl1(~rI8nL l(-~ combat conl:r't; l'e:3clavagc,
l'opinion politique,
;1iw-,i
rw:ll)j Lisée,
sCJuti,~nt; également la lul~te contr," le racisme.
!Je
tout
l:(~lIIPS, .les t;sçJnvagisl:es onl: cherché (] sc disculper
en
.invoqU8.11 t
de sél~.i eux pr6jug('s ~'>LW l' infér'iol'j té (les 1'8ces cx-

ploitées.
C'esL; el'lcor'(>
l'()l;ULudc qu!adoptera plus
b"r'd
l~ co1.oni-
S<l.I~elll~ qllj, pOlit' j\\l~-)ti fitêlr S,'I posî I:.ion,
forgcl';) clll r;nloni.sé un
pOt'l~r,-li t C;UllllJln(!f) (-~I-. économ.irlur:ItlCIII: f't'uCtUC"IIX. On (lécl.::lt'C
Ir. Noir
j ncroy~;!l) lemr.n l: p<l.resseux
; (JII fi 1 étonne et: on sc
r'av i t
prlr fo is' de
sa fami l.iarj t;(~ :1VCC la lTIis~l'(~ que
L'on r'<.Itl:;:;cllC
fi IltI(: c r:T'I:3îne
_.
ph-.i·losor)11iè--~18
1.['_\\ v.ie •. C'c~..it un éltT.iéré el: un bal"'brn:e. On pT'ésente-
de
lu.l
un porl:t'rli L négatif,
fund0 sur de;=-; CI~.i l:~res eUl'opécns.
[L
_
!le
'1
rnanqllC-l.l· pour t an t- pas
1
(e
l
gt~;]I1(:=:;
'[
csprl.;s pOil t' (J';lll~'11CCI/'
_
cette hypocrisjc.
f\\
l'époque où
l~ jeune lIugo COlTltncncr; à élaborer
SOTI ocuvre,
1.:1 qll('::.;l;îoll de
l.'(;::;cl.avage
él:<:li l: cr;1 Je qlJ i r1gi tait
le
plus
.Les conscicll r;c:;.
En
1821. encol'c,
cJant,,1l1l
clisCOlll~~-; à La Cham-
br'c,
le député:
l.ibéJ'al. l3eTljollli.n
COllsb-lnl~ d('tlOnçai.t ouvcr"t~JnI:~tJt: l.es
pratiques esclavagi.stes,
non seuLement parce
qu'on continuai t à
les
toJ.érer',
mais par'ce qu',et lé:Ç étaient l~nlJjoUt'S admises ell r'aÎ-
,
1
son des pro:f.i.ts qu'elles rnpporta.i0nL En .1.1:''23,
l.'/\\cacJémLe F'ran(;aj-
sc a choisi
1.e
thèmc
de
llaboli!:ioll de
la
traite cles Noirs comme
sujet de son conCOllrs
ùe poésie.
,
avec
des atn.is
rie sa classe d'~ge,
,
1 •
l:en tai t en ':fa i t de sc sous-
tr',-Lii'('l
à Cé réseau d'obsessiollS rnyl:ld.qucs héritées ùe plusieui's
,
'
s.iècl.cs d'cscl(1vaR.c~ ct ùe coLorlisol:ion.
Pierrot,
diL ll,q.f.!,Jargal,
fil.s
d'un
r'oi arr.ic3.i.rp~~st le br8ve meneur d'une sDngl8lll;c ]'évol.-
t~ d'cscL<1ve~;. Jl ne sur:fi l; prJ~J,
Lor'squ'on étudie iBl9 JOI('9ne. cl,oJns
sa JUJ'll\\(!
déJinit.ive,
ù'3ffinncr' sirnp.Jemenl: que c(~tl:e (WIIVT·~ de
j(~\\ltIC~:if:W e~')t: 1,.1 l'(;prise d'UII ~-iu,jet qll.i
honol~C Iln pl'ol-ot,ypr:o nfr'i-
eain connu dOtls
.1.8
.1.itl~ératul~e européenne depll.is U~'OonnJ;,o d'/\\phrTI

,.
7G
Dehn, ou Oth(!-f./o
cI~ S)l;:]kcspcé1t·(~.. ;Ji crfc~cl-.ivr;mclll: 10 III1Q(WQ q6nér0u:I(:_",
pCI·~~(Jllllr:lu..'~
1 j I:hSI',-1 ir'c,
ri
dé,j,:-, p;'1'1 (~ 1;11 pr'()f.~'·~
(;1:
en
V(~l'C; r!;:H1S de::.;
P.ierTol:: esl: .l.c.. pl'~t;e-rJom
d(' T()u::;~;()illl J.,OIIVC~!'tlll·el le
Ubé,'ateur'
de lIaTti,
dr;ficclH.lnnt
tlr:::s l'ni.:'; d'I\\J!,lr1a ,::1: d'Abomey,
<cl!l
j)f~homcy,
]e
,
hél~O~, de .1.El pièc(: IJ.istOI'iquc de J.nHl:lI"I;irh::)justcmcnL inl:.i I:.ul.é .7~UI.'J.­
<"lom-t-J'.DllvQ.rr·tu~ 'C'.•
ci oe préc-;enV:"l' (me
im<:lp,e
lil;t~rnil'0 neuve
le Noir- est Ull homme à
part CJltit:l'C,
c:lpahle
de veuleries COmme 'd'actes rle c()ur'~p.c. l,Cl !'acc
tloir'e Il les t pCl~;
l.T6ée pOllT'
1.'e,5c1.i1V;Jge .:
sn capoc i hS d0.
J'~vo Ile
Dour r'él:ahlir IHl ol~drc sociaL jLl~;l_-,c est iLlimit68.
I.e C8ractèrc
nuvaL-.eur de
1.a pCllsée hugol.ic1JnC ;1
fondé,
à eet~L8 élJ()qll~ l18 J.'jdéo-
log I.e co Jon i:11 i [.; te clorn.i nan t,::"
llt1C
1Il0ra le
l:olJ i;e nOll ve 1 Le qu j
i ri tè-
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F,l'C ~1l1;.ièr'cHlclll, l'l1ormnc Clfr'Îc:lin il
I~l eOlTllnllnallté 11\\1fll!IÎn,;,
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l. 1 ·5vo Lu Lion cJc::~:; idéer;; 8 t cles men La l L L;r::~)"
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/f1;lSSMICE 1)' UNE OF.UVI1E ET l'ARCUUns IN ITlAT 1QUII
C'est un des convivés des ballquets littét'aires o'rganisés le
premier de chaque mois
ehez un restaurateur,
rue
de
lll\\nejerllle Co-
médie,
qu.-i
aU('::lil; suggéré à
la eompagn.i.e d'écrire un
livre eollcc-
l;if,"_--'V.
HllgO ::Ju/"ajt pnt'ié d';:lc!lever' sa pact en fluinzc joun''i el: "Hlr'ni.l:
gagné son p:Jr' 1"
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ne f)r;r;lhl.(~ pn;:; (Illlfl l'()r'igiIF~ i] n.il: CIl
1. ' irll~(~lltjl)/l d'~crir'c
lm l'Üm.-:m
; r<'uV'"
'le'~ "1 nuhLîf: fl"<lllr,ni:;, en lB.1~l, h~ J·0.cil; de 1<1 1'0.-
volte des NOjl'~) rie Saillt-Domingue, r\\(\\'t·(pI'l~f.;elltait 'l1J'UIl~ "nou\\/c:d€o,
",-l('oti...'111C? eA:. nli_tU.n;~lo.'·.
Mais
lef:i CIJU~1CS changent lorGqu'(~lI 1!3?6, le
j~g!lc._.ficrlvoin-I.'r.pl'end le, r~ri..../·e 'don!; les djrnenslOII!> UOlit c'ellcs d'un
- ----
l'oman.
Bug Ja~...t]a,t, p l~eJll j ère \\le '"':; i.()n, cs l~ pl'68cn Lé comme 11Q-'GtE'ni..-t d.'IIn.
OIIV~Ylge ÙIQd,lA: : ,!flA Con,Cp-./_"l .,;').O(/~ .fn. .CPJt.,{:R,.". Le C8j).i.I;n irle J)el.m~\\r·,
nev0.U d'ull colon de S<1Înl;-1)o[[linguc,
él.
obtenu la grâce de :son escl.a-
vc nuir"Picl"Tol:,
CIII!lr.i.:~Otlt\\(~ pOUl' (1\\,{nlr' d6rcndu 1111 C<:Irrl.'lf':l'.lC. f\\Ll
cour'~;' cie ln l~év(l.LI;e d'l\\olÎt 1791, P,ir;rTol: dit nllr~1;Hï:'/II., éwr';,,\\cll(':
\\Jei.rtllIl"
à nj;ls~,urJ, COrrl1!lflllClarl!; mécll:.lll1: des .iJlsurg6s. M:li~-; puur' r--:{'Jl!-
ver- c1.ix olages,
il revjclll; ~:;e livl'cr [lUX b:,llles du peloton du Ser-
[--'.(~Ill;
'rh<ldél]
iW;:lllt
quc
Delmar' r:i l; )JlI
jllLeJ"'vcn.il' (~n [.;;')
rnvcur.
~.;"i. .L'UIl jel:I:(~ Ull !'eg3l'd .t'étr'o~;.q)cct.i..f ~:;llr l.'Idsto.il'c r]'llnTl.i
ct clans une 'ÜJ)!i..(lUe.,.
élfrÎea.illc,
on s'apcrçoLl: Clu'jJ s'agit en
somme J'une hisl,(J.ire d'I\\fl'.icn ins VCrJll~ d'llorjzon divel's 3pprcn;:ml:
progressivemen t à sc conna î l;l~e. On peu t
même d~ r'e dans ce cas, que
clc!'>!; pOUl'
la prclIli'r}l'e fUlf; qU;\\Hl ~cl~ivairJ occldcntnl' fHlrl.e de l.'l\\fl'i-
Clue,
Ilon seulement à partir d'l!~IU, maj~; de
toutes les CaI'<1Ibes.
I l fnut rappeler que Je champ de llo1.:t~e étude est: .l.ll\\frjque pr'j-
/
se d ....lI'lS son ensr:mulc,
englohnlll"
t:UIl: .l'l\\friClue du Nonl méditernJ-
néellflC,
l'Egyptr:,
que
la pa,~t:je dll cont.tncnt au sud (JII Sélh~lI~;),
y.
compl'if"
hicll ~-~Iît,

la Ji Ll.érat:ul'C' cst
(e
pl~ivil.égié
dOlllr-lillC
de
'.1.magi Il'' ire et des
assoc.iations,
i.1
(~st p(-~nl1,i.s
(]' inclul'c
lc~~ l'Inti I.lcs,
qll!
SOllt dll
po.inl: de vile
d(~ l'hisl:oi.l'c~, dll JJ'~llplcJnC:lll: ct dc~ la Clli LUI'e,
dc~"
pojnl:es 8vanc;écs du conti.ncnl: noil'.
Il'éli.llcul's
les
UI0()t'jes ré-
--cerl-fc:3 sur '1.8 cl6r'ivc der..; COllt·,inents acc;r'éd.(tenl: ]a Ulèse selon
laque.Llt~ l.es lies car'aTbes f;onl: des mOI'CCQll>:. dél:8chés de· l'Afr.t-·
que.
f\\insi
f~r(~;';llliqll(~r'élit; ];=1 ~-~iHliliLll(le
rie
1<1
rl(lr'~ (~t: d(~
ln
I!J~()­
logic,
des deux cô\\,:ô~~ de .l.'f\\Llnll\\:jquc.
li::1I1S que1~:~ ullvrages
l.';:-Flo.l.csc(~nt de :::cize ans a-I:-i 1 puis6 18
Illélt:.i.èl'C
de
SOlI
li'/ce ?
Quesl:i'on
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!:)qucll.c on nIa pa"·; ellcore
t;l'(l'.~­
de t,éponse S~II.j S[::I.iSZllll:(~, 1) i CIl que 1.,.1 thèse t:OIJ tf; r'écen le de H,
{lndr6-1"~<:II~le N'Tsohé ri] l: four'ili
dcf.~ indi.c,')I:i.ons de prcmièr'e main (1).
QllO.i.
qu'il. en soit,
à l'époquc" où v. Hugo a écrit son livrc
l'f\\fr.i.-
t
que
éb.i.t
Le pt'in'<...:.ipal sujet
de
c\\·.§hnt moral.
po1.i.\\~.i('{Ile el; li.tté-
r'a.i.rc.
c'étail: aussi
le temps où
l'espr'it 8.venturiet' de l'Européen
le pouc;s,ù.t r:J\\Jr
toutes les rncr's vers
lc~3 t(."Trcs les r)us reculées.
Cü~cu1é1iellt r"-"l.r'tout des réci 1:8. de voyage, des rapports de miss Lon. '
V.
11118,0 don t
le H,rancl-père en l:re l:ellZl ~ tune ] i;:d.s on comme rc iale aux
f\\nti L1.es :l pu ëh·'e noul'I'L,
tr'èf.-->
jeune,
d'histoires eL r\\'é:\\VentufCG
[H'OP rCG
iJ (~rl r'l ,nlllllCT l' i IlIGg i rI;:l. Lion.
Ccl:l:c pél'.ioLle était ég<tI(~l1lent il[fccl;ée pE11' plysiclJl's changr,-
melll:~:; : lA c1écoLorLis::J.ljoll d'llûTti pal~ la lutte armée,
J'i.TlsUITeC-
(1)
-
f\\nclr'6 M:)I'i(~ P,J'T30bé, Vi_.c.l'nf' J!ugo,
JromJn(>c~r'. cl}),:) O(.l(.H''C!/I-l,Jô-
-<'l.09pJ.'::l;
Tltè~c de Doc l:or;:ll-, b~ 1.(; t lTCf',. UEH Le t: lTCS Nan terre
!
PaeLs X.
Ocl:.
1985.

tian
clICS cf-;clavr;s
de
lél
r'égiull ::;(~pLt?;JlITion;ilc de S;lillt;-[)()rningu~,
-·ll·:ihci"".;·t-l;j.Tc--dt~---Cnp etc. C'fil;:,lr.'III: 'Ù (lns év0.1·erncllLs Ilist'.nt'ir!llC8 que
SoutC'flU~ des jcléo.logies d.i rrt~J'I:llte~ selon l.es ressOUr'ce~3 d.iver'-
siflées qu'ils ;:'lvaienl: à leu:' dispositjoil.
[Jr:iTlS 134q .!Jo.rga~,
i J.
slag.i.l~ d'aboI'd du c(~s éln'..::.i~~11~3 colons de Sajnl:-Domi.ngue fJllf. ont
nwnifcsté lour' m~colllcnl~'2mc[\\\\; de voir s'(';frr~iLel' lCIWS pt~ivilègcs.
Ccll;(;
jnqlli6Ltltlc;
cunsl;.i.l:llC
en cl'fr;l:
J<1
C<lllSC
des jJ,'r;mirr'cs af!,i-
LI 1.:.1 ()I]~;.
r~;11 rechr;rc!-l~Hll; les SOl.!r":;C8 de BIg. .9a~·9nt, Flcrnard Moura l i.~:; (1 ~
FI signalé que V. J.--1ugo aurrl.i t; également rncouru <'lUX c10clunents d'un
anc18n u.lr.i.geanl: noir que nous pouvons rcL:rouver clallf~
I.~ pecson-
nage de Dinssou.
f,cs cérémorlÎcs vAudolJes aCCOIJp J ées S'v'!::,C
les r i -
!lllgO
s'est &g:::llernent J'erlsc"igrlé chez MOr'8<.lU dr: ~;;:Jjlll; Mér,Y (pli
avait d8cr'il: 1;:1 ch.icél.,
dans'~: 8 cal'3.ctère sexuel et 1'.il".\\H::l. P,:\\[' 8\\ \\-
l0U]~S, !]IJgo a C:-I'iL: une r'érél'CtlU:: Ù Pélmpllilc cle·I.,3croi.x qui. a ëon:3~l-
cré sc~., l~i~flcxi(Jll~) aux sOt'ciet'::; ou obiG don!:
Le remèùc pl·jrl(~ip;:'ll
es t: une:
(.l) -
lJerrJar~d Moura,l.i s, 1')JL.:'l-tot..~·e e.L Cu.Uu.~ danr..\\ BIg. Jn.rga.t " , Ik-
vue
ùes Scienc::es HumairH"s, J,Hlvîer -
Mars
IT73.
t 2) -
Pamphl le de
Lacroi x 1 n1Qn(l;_~/.J pour -6<,.~rvu à. .e.. 'hi./.'lLOt_~ de ..fa.
!<.évo·[u,U..-orl. h SotUl.:t-1x>mtfI9ue.,
Par'is,
Pi 11 et 1820.

SU Cll:lpi1TC::J 0.t; une nol;e.
l)<:H1S
la préface de
1832,
1r:
1 ivre est
présenté [Jar
1':·111L-.(;IH'
l.ui-rnfm(; comme son pl'ernier' OUVr'é'lg,e,
bien
q~'.il l'ail: l'(;r;crjl-, en grande pcwl::ie. Déjà en 182G, c1"lj!S la pré-
face
de
la sr:coJlde édi t.ion,
il::
jeune rorn:::lrlCl(:-r sc .cr'oyc\\i 1; tenu
d' .ind.iquer que sun
Lr~i-J.v[d J a ôté 11 3'1.:'..VU, ç:>,t Qn CjIKI_f-,!w!. <"Jo~'.to_ "6"'Qfo,j'-A~
par -t'auJQI1,r (k~ J!Gn d'.J~·ean.cl(~_'1
.. d3.lg Jorgn)~ est: dotte 18 nremi.cr
roman de V.
Ilugo.
En
1825,
lc l'o1Tlanc,Ïcr a
justifié
la
r-,_~i§cri tur'C'
de son olJvrage p8r' le fait ~lle 18 sujet avait repris rlepllis peu,
de
l'int:érêt.
En effeL;,
réll'
or-dormance de 1825,
le coi
Char'les X
1 j ndépencl8ncc' à
Ha T L;i
(Sa in t-1)o-
nLÏ.nguc),
cn cornpc-ll~->ation. no Le M.
f'.'loural j s,
d'une
indemnité
(1").
!
Cetl;c scconrle VCI':; ion a
jI,:'If},llé ~Il 6pnisscur' et en pr'ofonrlr:l.lr
:lr.l.
QllCL
·,:)st
lc su.icl: de
lu version cl6fini.ti.ve? J.'Llcl~ion p,(~ dé-
l'OU Le
à SaiTlt-llomingue en 17~1, dllrJS une plémt;atlon. Delmar, deve-
Illt
f.,(,'0ro1.d
cI'l\\uvct'ney,
o..tmt:: S8. cousine r-.lcll~je. PielTnt, di.t Bug J,u'-
géi\\.,
:li.ll\\e
;lu~;~:;i c'\\<::lndcsl:incrrV'Jlt la .jCUJlC' fi J 1(:. r·br'je c::;I~ elll..cvée
hw'":; d'une
in3llr'I"ccl~ion dC~:i q,~grcs. Le r:::é:pLta.inc Léopold d'l\\uver-
Ile]
p:H'I; à
l:;1
r'cchcr'chc
des
['L\\vi~:~:>I.... urs de M(Jr~i.c. Pt'lS [lnr Lcs in-
Gut'gés,
i l aur'ait été mis à mort sj
leur chef,
Bug Jargi11.,
<lui
n'est autre que Pjcrroi;,ne
lui sauvai t la vie.
(.1)'- f\\n(lr~ Mrlric N'Tsoh€:,
Vü:,tor ).AlgO,
ronnnrAÇ:',.r• .Lt,,,,:\\ t7ppw-.ç:m,tC6--:
ooq('----6.
1'hè~c cie Uoctor'at -ès Lettres. Paris Nanl:r~rr·'2. Oc't.
l':JBS.
p.
3~~.
------_....-.

:31
,
---- -
r'~ajs [1ug J~lr'L',élL 3V<1jl~ é\\~é fail: prjsonnier peu avant,et pour
venir' en ili.de il d'flllVCr'rlcy,
~l <In IiIcl:l:rc 011
"9090.." dix do f-;e-5 com-
p;:'lgnon~-5. flpl'è~ t-Ivuir rempJ i son (k~voir, )"ierrot rcl:ulll'ne ;--;0 U'vrer'
:,1[ly'
Ul:~llc3 qu.i
le
rllsi.l.l.enl:.
f'bLs même
c\\,:IlIS
cette Vr::I'Slf)ll déf.init:.Lvc, OH vnjl; que V.
[!ugo
::l
gnrdé ce
h';,:i.l; r;'"'fli.t~31 de
1';-11't: dc
1<1 llfJlJvell.o.
C'(~~3l- CIl et'f0.t-
puur' sc cli'lCl'tit, que J.08 orricicl';~ de l.'al'ruf::c [nll1~;:-li::;I~ t!cfIléllldcnl:'
à d'!\\llvenwy
d'honOl'Cl' sn
p8l'olo,
en nH:Ollt.arlt;
I.e
récîl',
d'une de
ses
'lvcntt;rcs.
L'nuverl:urc rnDmc
(le
l'oC'uvl'c
l'ey.pl'illf(.'
"Pu,i...6qU.c?- • ••
110u6 6crrm:;JJ)
corH"enl"~ dp.. rncon-l_Q5"' chac.un
WH!.
de, tlO{) Œl.J'Qfl,WWJ) pOUF' oh~ége.5"' CQ.·CtC? "1f,ûA~ de?- bi_-
voua.c"
If 06Pèr<2., I1Dn, cher omè, quQ.. vou..-:'l tloudre.z. bi_en
N'J'p-f~è~ vo.tre. QJ1gugcmlC?n-t, QJl nOIl,~ drAnnl: t /hwto-i..re.
cl,!. \\/Q'(:5"'P, chiJVl IJ(){_,{;r?IOC çd:' (k>~ !B'(J-• ••
i
Il ( L) •
LI intcntiutl
ùe V. Hugo était donc d'ofrr.ir ;;U.l fJuhl.ic fl~~mc;:]i.s
lin U.1'nIHJ OUVI'FIgc: qui. seT'ai t;
inl:i bl16
pll!-
51eur~3 officiers îrançals pendant la guerTc de la Hévolution ra-
con h~n l~ ch3clln
l.eurs aven turc;"", pOUt'
tuer le
temps.
11
('st: VI'''l
que
liugo (JIIVI'C
l.~ récjt~ p8r 1lIJ(~ par'L d'2 réPllit:(j
l1Iêl.éc
tl
1.1110
iicl:ioll .ilTl(l0rLnll\\:c.
C:lr' l.ui.-If\\I'}Hlr~ n'a p8f:; 0chnppé n ce
p,Cllt'ü
d'nvcllt'.\\II'C~~ :'JlllOUl'CtlSC.t', I.J~ Ibudol.1in ù !\\l!.>ouy,
Le::; cri t~iques
ont not:é,
:;;ur·tout CC'lD~ qui sc sonl:
illl:ér'c~:::;séJÀ. la psychocritique
(1) -
Victor !lugo. k~JQn-1Lcr Jû'H' d'un c<""II,donné précédé de li.tg.
._9(/~'9Q.l .. r)l~érace-t{or(1c~r'j,.,:, Editions C,::t.J..l.Lmard 1970, p. 35.
1'10118 LI t.:.L j ~;nns
18
Lr:x l:e
de {?ug. .!JOF'9Ci.l,
dans
le:"
deux écli-
tions,
à Ilutr,~ conn,?:Îss:':Inc,),
les plus récentes.
Les néces-
s.i.l~és de la comp,.:lrélison avec d'autres
textes nOlIS obligf)nt
li nous J'c:pol'I:p.r à l'l.lll~
ou
l.'aub'e
édition.
Mr.li~; nous avons
pt~i:'; soill) ~1 chaquo foisj<d' indiquer' 18que.l..le.
--~--_.

0.'-) ,
nc
_ _ _ 0 -
• • •
' • •
0
cie
V.
Hu&o,
qllP.
l' idyl Le é1 consl:i tué Uil JnEltériFlU
irnr)ol~tant dans
cc l. l.e de Vic Lo I~ V j s-à-v is de ~~()) 1 f'1,èL'C Eugèlle! qu.i ni ITip.n t
Lous
deux
Adèle.
El]
H):-~2 V.LcLoI'
épouse Adèle Foucher.
I~ugène cn
dcvjcnt jaloux (::,l:
fou;
ct
i l
en rnOl1rl~a.
L~J présence de Marie" c1.'ltIG
l'o(~uvrc·esl; la raison de
la riva-
l.ité
irllp1.8cablc qui opposera
le capitaine Léopold d'/\\uvcL'ncy,
cou-
sin ct époux de Mclc.ie, et
]'mTloureux romantique,
l'esclave Pierrot,
dit Bug Jélrgrtl.
],r'Jbsta.clc au bonheur des amallcs, c'esl: ta guerre
cntTc Bümcs ct Noi.rs,
qu.i
l.es SéP;1t'C
tous,
le jOll!' ITlt~flle de leur
mEJl'j age.
On r;ll,i.l: ql1'1..~n cffct,
,HlX
XVI rè et: XVlllè r';Îè(:ll~r;, Le héros rH~
se uat pJus PUlIl'
1<1 femmr; <llmée,
mai~-) pour~ :'-;<1 classe. '1'0.1 csL le
sujcl~ de Blq (?ra'qn,[.
Du chapLtre X à XV[Il,
Ja W18cre éclate entre Noir':,; et Glancs.
TOlite 18 révolh~ der, N()ir~ ft
['I(lUcll(~ r6poncl 1" vio!PrlcP dCf~ l1J:-H1C8,
8 pour fondemenl:
l'l,)ppo~îi Lion des clAsses e t m~me .j CS t'accs.
Il
Y
a
là unc pn.r'[':ll\\,C dlalccti.r:plC 131atlcs/Noil's
maîtres/ser'vi tcurs
esclFives/p)'opl~iél,air'~s. l.e:; deux anLagon.i.nt:es ElpparL;icJH1CnL à des
classes diffé['CllL;~s <lui
corTcspondcnL en fait aux ùeux l'ElCeS qui
s'affrontenc. D'I\\uvecney
c::;c du cDt:é ùeG oppresseurs;
Hug Jac[!,rtl
est:
le ùéÏenseur' cles siens,
.Ir, serviteur de l'hum<lni 1:6,
celui
flui
se dres'3"p. et l'e'l<-mdi.que ~

rn
nI - ESCLAVAGE
ET
MISE RE
~;i on récapitutc un peu les problèmes essentiels souLevés pél!'
{Lg. ,}.Hgn.t,
on SI] l'2rHl compte que V.
Hugo y
traite de
ln situati.on
difficile de
t'homme noil~ :
l'~sclav<lge ct la mi.sèr·c.
"
L'csclnvaEc d81lS sun acception générnlc CUrls.L:>te pour l'homme
noir rbns
le=: fa i t .de perdr-e <.:umplè tcmen t :-:iH liberté ct de vivre sous
la
tutelle totale de son lTI8:îtrc.
/1. ChilrjUe
époqllci l'homme ::l ~lé vLctime d'un plus far't flue soi,
.. qui,
pour r;c~; besoins,
lIn. aUcné,
Asservi; dépersonnaljsé,
ou en-
En stiglTI<ltjsflnt l'csclav:lge,
V.
flugo met cn ~vjdcncc une autr'c
ctOJllléc
L8 Illisèl'n du peuple souffrant sous des mnîtt'cG injustes:
ici le héros pr'ête sa voix à lIugo :
l ' 'Ir,
' f
",.
r_
d' ("
d
.re- vo,,6 avOUQ.Hl:t... flue.. n U·L.6'~ con 1.- ...'LOn
Q.
CP..ô
c>.ôcf.n -
\\j~.-:'l (~tni...t CY1CQf'C!. og9'Y7vOo. PO" .f..' 1.tloQnoU)i.-tLAj! dr:>, "-PH •.
r>n~U-e."
(1,1.
'
IL avoue pLUE;
Loin:
f'_9L m'''~{rlt...t .u'OP pé'LUJf..e. de vou· 0.0141-
{.·L.· cfe.6 ê..{..,c.ô qur:'. Je rte pou.vn~ 0oll(a~r,l' (]I,
,Pugo l[1issc d91lC en ll'cvo il' une pOGS i hi lité pour la race no i rc
ùe fi '·a 'ff.i 1'IiH.H" li tr~a vers des pc f'f';Onn;l ges no lrs. Ila bj bl"<lh,
Le héros
diffurme,
déc Lare
~ Son il.llclcn maître:
")J'en nU',(.lt-6 4-tc? b;~en lâdl(~ .r J1bL, Ç'flpéic/,Q" u'·) bfnnc.
de oC? ~'lOl{i.-tf.e'· d'unc?, a{"oc·'...Jtô ! 77cn .f non .' Je? f.. 'r:'fl-
(1)
n.g. J1.I-gat, f:d. du S~ull, p, 153.
(2) -
Iùem,
ibidem,
p.
159.

·.;
9OfJr?f);~~ au con t .. a·;....$o(?, à. 'Qdouhfe.I' c/Q, rmuva-;./.) t..IoLœ-
nV'-lt "rlUP-'·<.')
6p.6
C?_6r:J nl..'P.~'), nI' L11. cl'(}V01l.<:Q,· ·r '/IPJ,ff-p_ do~
f.o. .'C"~vo"--l.p_, OfiJl que:'. ('e'(.cê6 de -t'Opp'e.â6;~()n O.rrr:>J1ÔJ:.•
{y 11 Ln -fa \\..J'('.llgqnn c.-~ ,. (1'.
Quelle conception
t'occidcnlnl se fail-il
du Noir'? L'homme
nèg.t,c
tel que V. Hugo le présente;:) besoin d'êb'c
Ldcntifié.
Il
s'agit du nè['J.'c 'lui,
ckpuis
le Moyen-fige, est en contact avec la
civilisatiuf] üccldcntalr:-,
ccJ.ui
qui él connu la
traite et 1é3 colo-
nisnLion.
rwônt
1 1 8I'rivée (k:~; Blancs,
les Noir~ v.ivaiNd: rlal\\s le
royaume d'enfance,
dan~; un ~Lat dl équilibre étuuli [J8r un cüde
communément admis ct dont lèS patriarches étaient les roculs garants.
fi cc mode cOrrCS{lOTldait une hi~rnrcl·lje de valcurs aux~llelles l'on
r>e référait pour l'églcr
tel au
tel délit. Chacun avait 58 pl;Jce
selon son âge.
sa famille,
sa llaissance, et le plus souvent, sa
vnleul' intrinsèf":!llc. Bug Jargal réveill~ cette Tlostalf',ic du paradis
perdu
:
'<{'f:(lq·te.
non. PQ.-e, p.taL...t . • -aL ou rr:Jl}~ ch.., Xaho'190.
.ge,
J<Q.f1doLt -in ju~ tu..".Q à 6Q(\\ 6uje.tô de.von-t 6a PO/l<tP.•••
11ou('.l vLvwn~ Ileu,c:>.u,<. P.t pil.ll..66ant...6.
v. Hugo semble"! s'nppuycr sUr' l'hjstoire: de llesclélvnp,c ct rie
ln coloni;.:atiofl pOUl' décrjre la conditjon présente de
l'homme noir.
En effp.t,
quand le Blnnc prend contact avec
ItJ\\frioue,
il colonise
le .continent ct ·ses hahitants.
Il bouleverse complètement l'ancien
(1)
{ug J/ar<)'d,
"d.
du Seuil, p.
199.
(2)
Idem,
ibidem,
p.
193.
.
"

85
or'dre f{ociAl.
Lc n?:l',l'C vit ;llol'S
l:1 situation du vaincu.
LA hiérar-·
cilie
de;, V;'\\U:IlJ'~; :·;e
tI'ouve l'ellVcn;r:r..
r>f..rnun.i
de
tout,
mf!mc dc sa
lihcrl:-:'-,
le lI~gl"e se voj t dûllf-; l 'ohl igatioll de recolln~itr'e comme
valeur tout t:C qllL est blé."lnc. De l 1 homme qu'il étAit, .il rlCVi('ll!;
un sou:,-homme,
r'f>duit à ricn.
Cetle situation persiste jUSf]U l c3U
mument où le nègre resiste ô la colonisation et sur.tout ü l 'cscla-
vage dans les Iles. De la pa::~~,i'Jité, le nègre passe à l'Action, et
à 11 c3 gi ta. t1 on qu i a bou ti t à l a révolu tion. Ce l'oman co lon ia l de
Hugo ,Jffrc l ' irnag~ de ce nègl'e déU~I'miné cssentiellcmen t pal' des
situations conflictuelles
fondées sur·lc.préjugé de couleur.
Parm L les groupes d' hommes pI'~~,en tés dans 6.'9 )}a.-qa.t:, on no-
te prilleipalement trois:
les Noirs,
l,es Tllélncs et lCG r~lJlâtrcs.
r"'ajs ces derniers. sont
tOlljoun, <1hsents des actions.
L~ complexc
de supériori té dcs
fJl.H1CS sur
les NoiI's cst manifeste dès l'uuvcr-
tlll'C
de d_{lg. ...,9n'~lr.d~
'7'b". o~lcfQ. 6..·ta.U du nOHI}."C, hella-'Qu6C?nJ:!,,-L n<'l':"W7. a-'0_6-
-t'Qt.1l-L, cie CQÔo pf.antmu-o clont une. .to"guQ. hnbLt"ôQ d"
(Jc-'_~po.t)...c.'lrTJ2. nb':.'1otu nvoi...t C!ndll'''Ct.. le. c.oO..1,u" . .fn nOUld."'?.
h~<-.Uf1t;..on do- fa poa--t d'",1. C'~~Cff1llQ éi.W.i...t pun;~c! cI(l.~
n['l~ I1nffVf1.W .û'Q,l.-t~I1QtlLc, C?t 60t{\\JÇ'Jl t. e.' Ul·Le,'CQ.Ô~ Loll
Œ"!. 6·9.<\\ Ql1tan:to ne.. 6P.• ·vai-t '1U'à. acc,ou..(!. ~n cof.Ù''Q'· rll.
Tel est lf] tI'élitemcnt inrlig~ <:lUX Noirs et que rclntc "ugo.
Entre le Blanc ct le Noir, on trouve le Mulâtre,
l'ésulUtt de l'union
d'une· négresse et·d'un Blanc,
ou vice Versa. Cette nouvelle l'ace
aurait da constituer un poi.rlt d'entente mais hélas! 011 se rend
(1) - (iug ;lor<lnt.
Ed.
d\\! Seuil,
p.
153.
----
--~----

.. ,
fl(j
compte f1Il'ellc e~-;t justement 10 r;,i.fiol\\ d'autf'cs
ti.rnillements.
l'J},_,~ ô.n'ly-nii.e.(~-a ,,",D'l-t l!o~ ptr<.?~ "J'1!10Jl~••• ne donnp.z
1.JOt.1l L d 'OH1P.6. auJ(.. mol [nt,'Q('\\"
(1 J.
C'est cc f1ue
riéclare le cOlls8il de
l'/l.sscmblée Nationale.
Lorsqu' il
vient au Inonde,
Cil
principr.-,
10 mulâtre devf'ait se trouver à 1 1 a1_
se dal1D l'univers du Noir ct ceLui du DIane. C'est lui qui aurait
dG nouer un rapport bilatéral cntre le Blanc et le Noi['
; mais il
le Fllaw; ;111 [;ornmct,
le nègre au h~y; d~
l'éd1E:.11,~. La coloni.sation a favori~;é une telle situation. Et si
vous êb.:s noir,
VOliS
êtes clns;:;é pnr-mJ c:eux qui sont 18ir)r; de na-
turc,
l.GS
faillf.élr1L~;, Les incap8bles, les sans-religion. cl~;,t ccttp
;
situa tion que cons tnle
le maréchal de camp Biassou, apri]s
la Rf!.vo-
lu tion
,tG} nou(') nCC'I.L(')O_ Il'?. Pl 'nvoL8' Pf'.l.~ de .~,f..;_9U)'-t, Lu. voL""
'lU'!.
c'e.a-t WlP- cnf...oH11-lP., (?A~ q{~Q. noua ~on)7r?(') bon~ Ca.U10 - .
[i.flu,,-""
1]1.
Comme le mu15tre ne
ti.ent pns â être l'objet de ces mépris,
i.l
essaie de s'.idcntifier au DIane,
et p:1r le m~me biais, rejette
da'·Jantage le Noir. Pour que le Noir Targe son destin,
il
lui faut
8ccepter sa condition dans
la dU.'-J1ité. C'est. seulement p<Jr ce scrll-
pul e de consc ience que le No i r él TT irrne désorma is sa ra ifiOll d' être.
L'homrn.e noir,
fln;lle:-ncnt,
est l'idée qu'on se forge de l u i : noir
éltlcicn escjôV(~ :; colonisé.
Le rom'Hl ct la critique s'nttflchcnt à
montrer-
le purti't1i.t de cet ancicn c!'>clnve col.onisé.
(1)
{'ug .!}oN]af,
Ed.
du Seuil,
p.
\\63 sq.
(2)
Idem,
ihidem,
p.
171\\.
, ,

,.
--------- .'
Si on considôre l.1.lg. /)n.·gn..[
[,OUS
cette optique, on ~~c rend
compte 'Ille lp. I"pcit de Hugo S~;'H,t:iciJ1e autour d'un genre qui serE!
bien LG t fol' telllerl t: cntl~.; tïtu p
le l'om:.l1l colCJId al.
Ce Cüuré1Jl t d~vcloppe tau l;~~ une my thologle qui en tOLll'C l'I\\fr 1-
que et; les JÎnljllcs de préjug;~:-; ct d'idées reçues:
l'cy-alt<'lcion
de l'univer::; ZlfI'icaill ressenti à Id rois comme mystérieux et fascl-
nant
;
les difficultés qu'entraîne ln relation entre nlancs ct Noirs
:30nt: des moyens mis cn oeuvn~ puur pcjnclre cc monde él.:.f'angc.
POllr
la prcnllèrr.: fois,
de!> PCt';-.(lIUlaeCS floirs qui : ~J.:lIPn.{""
r..:ollsicléréf; comme des roturi.ers ou de::; êtrC's .l'J <licules durant
des sJècles, manifestent par leurs pl'OpOS et par leur!-. comportements;
Qu'ils sont les repr&sentants d~une classe sociale rlouvelle avec la-
quelle on devra désormais compter. r,'est le eas d'Habi.hrah dont 1.a
repr ifie nnnphor iquc
d'llOilllne
j 0 dis lJélfoufl par le m6pri.p, colonia.l :
l'e'C'~nt flo..t. .' c.''',6.L l.)f.Rt-l fTbL ! ,-«gnld{l~-'roL ÇJ.Jl fncp_, ,f'Po-
poe.d d'Au\\/~'j'(~/.f .' .7f ( (Jo:."J n-::'J-:"'JC'...2' " ..L dl'!. f)ni~... Si- .i-'C'I.Ü.,.,JA
dnll(l.
1I()('\\J 0(J.r()1/~,
rnij'J'<>
,,·i .·po d4/nÏ-(}IJQ!('('_ ",'nccH('.ifPn Lc.ll,t
fin. t"ni,Jfc,
nc-:'l di.ffolmi..A.i?,,),
m?O ,L.aLt--û,
fTo,r C:-O~\\tU"J:-·.
dfo.-.i.-ôou·e ••• .tou·t (?11 fTO(_ p.~.tai....rt auJ<.. Jo.UfQ_.·j.'?..'.'\\. ('u>L6,":'tu ~
r;u '0.-f...f("'.o 110_ vo,ij'jc:>Jl t r.Y1<"l !'..QÔ mi-6(~-'''Q.~ dp-6 Olft.·C~('\\J 0·:·H".,fÎ'1V(~6 ?
C.·oi..o-tl.l qu'efCea HP. -::'JU~ ~ ~QIl·t pon pou" la.LJ·C> YQ.HrQI'
dOIl<\\
un. coe.Ur d'hormn w~e 11UU1Q. ?,. (1 J.
Oc la rnêmp. façon,
on peut estimer flue
l'~m~rf~enCp. du roman .trai-
tant d'un f,,'ljet africain l tel que ü.,.fY "Jm'ga.tl.ept la tr;\\(Juctlon lilté-
(1) - 1·'''9 /)<"Da.~, Ed. du Seuil, Pat'is, 1963, p. 198.

RfJ
------~-_.-.
raire de la rcnni:.>f-;::lTlCC nèp--.!"f' dans cette premi.ère partie du XIX?!
si.ècl.e.
Le nè,P.rc c~:;t: ellfin reconnu comme homme à part entière.
On peut cgalement affirmer rlUC le roman constl tue un
tf;iltOigna.ge
irr~cusnhlc Sllr la sociêt~ coloniale ct tlaItierlne puis/1U'il d~cl'it
a vcc force prée Ü,; ions les deux mll.i eux .31ll:ngon iques.
Cc t Le .soc ié té
haïtienne se débat entre les valeurs
traditionllelLes 'let purement
arr icaine~ auxque Iles sont venues se surimposer les va leurs ù le tées
par
la colonisation.
Et lHaSf;OU maIntient r::a position de défense
cn utilisant à bon escient cle"s déffionsLratifs
f'
3E.6 (~H"}11L ~fIU~ .' ••• -i-,t~ ~ont \\PJ1"~, .f.p.~ oJlnç>.J,-Mj~
do, .fa J·(~gc?n6.a.tu-..m. de f. '/lunall,i,tâ
{"P.<\\. b~nnr::~,
C'?~ r:..o-
J
fnn~ J r--c_~ P eontp-ta'(j, c ....~ honn1C<\\. de n~goCR, .•• tlou-;'l
rrr;'?pa ·;Ao,i..Qn1;. {:JaJ'CP..- f1Uo" nD,,6 <\\orrnx:~6 1l0~--"'6 C'•.t n,,<\\."
(1 J.
La ~-;ocjét:F. cololli,'11.e cst: COll~til;lIée d'adm.illistr'nteurs,
de
rnili.-
Laires,
de planteurs riches;
tous
conftrmh.s dnns
l8 même
jnLcntion
de domination ct cl'cxploit~~tton. /l.vec un stylc persollTlcl, Pugo at-
tire l'attention du lecteur sur deux per~;()llrwgeG principnux
: d'un
côté HlJg Jar'gal,
l'éminent représentant du peuple noir,
ct de
l'au-
tre,
le eapi talne Léopold d'/l.uverlley,
le narrateur ct officier de
l'armée française.
J3ug Jargal n'cGt pas né en Hnïti comme les autres esclaves.
Il
a
été jcté ~ Saint-Domingue par tlll bateau n~grier au moment où la
1'1':.1 i te
dcs No irs lJa t t::\\.I. t
~;on p le i 1\\. Son p cre 1;] isse en ten dre !lU' i IR
sont issu!:; d'une famille r'oynLe. Très tôt Bug Jargai a
étp. sensible
(1) -
H'9 /lm-gnf.,
Ed.
du Seuil,
Par'is,
1963, p.
174.

(J,1
~ J';'
--- - .-. ,-"
à l'abom.i..llaUoll de l'esclavage. Il lui e~t arrivé d'effectuer .tes
travilUX d~ ~;en cal1\\~.\\l·éldc[,; pOlir
l~ur p.vitcr des chât.îrnenl:s réscl"vPs
à la n égli W~nc~ Ou ~1 la fFi t.i gue.
Parce 'lU' il es t soumü"; ~ des
trai tcmcn ts
inhumains,
nug Jnrgal
tra vers e un cer' ta in nombre
cl l É'[>reu ves 'lU i
le conclu if> en t f ina le men t:
ft sa perte, parce qu'il s'oppose obstinément à la civilisflti.on occi-
dentale.
Il fni t df>joucr
les pièges du colonialisme p<'lt~rlln lü; te
tOIl tc:~
soc tes de r'll:jCS et de
ten ta tions l
..,".
!h: même,
Bug Jargal s'engage ù rl,ésD.vouer tout ~3ystème ·()ppr~ssif._
Il porte
1<1 mail) sllr un colon hlallc,
decidé il lutter pour défendr'f!.
un peuple humilif?,
ml.ll:ilé,
c'l pl()n1:'.~ dans
Ir;
.m?>pr'i,,·,
r~cr;tc inoul
qui rf:vèle une mentalité nouvelle:
'·)i". i o/,(..d:. ,,1;;', a'C?.tonJXJ prJâ.
G?A.:Aj·~ ÎJ1-te,'\\...K'.' I.{Wn U w.1)J!nd, ,0,
etc!" e. '/WfJrlI2. à '1.uL Je, de.vO-iA .{e.. 6.ntut de 'nh,·i_C?, âon gC'.â{Q.;'
-:"lOI!
8 "9.gord,
f~ 'aCC-'~Jl.t iJlpi.!l·i_é"IC. de:!. âo vo~'xJ mR. t IQPP~H)jl.t
d,? ât.uf.)P.IH·.
,fA IWU' .Ç>Jl f.JI'-l'..6a -lQ. nrJlJ~:/I:"gor-fl-L de c-.JolJ.6.
c.orm'C!. on ln .. i....ôfl'. Ut10_ pa.-i...(tp"
e..i- ~ ou,ta <\\ouâ âQ.'.\\ ,.J.i.Pd<\\ CQ.
J1on,tpJ4.'<,. iJl_6:L'l(IJl?.nt de. \\!OJ1~.JÇt..anc.(~." (1'.
V. Hugo montre les Noirs d6portés
luttant pour leur survie et
leur identité culturellE"; . Ils se réfèrent constamment aux tradi-"
tlOI\\G afr icaines don t
Ils
011 t
étr. sevrés.
\\
( 1) -
eug. t~nr''Jo..[, Fel.
du SCII i 1., p.
159.
/
.-_..-_ ...-,.,.--

, -
c) - RF:LlGIOi'lS /lFRIC/llNES ET REVOl.UTlON,
Ull nutr{'
Gl;:mclll:
imporLant du myt:he nègI'e cn function
dans
l'oeuvr~c de Hugo est la supen.Jli.l;ioll religieuse.
Dans ce rlomaine,
['ug. )}a~-ga.f-, cOflr:ltitue un document c~pital pour rtui veut étudier la
survivance des
croyances ~fricél.ines dnns le Nouveau ~1onde.
La religion afr'iccdne s"al'tlculc autour' de Dieu (:t de
l'hom_me.
Pour 1er; Noirs,
la religion est une donnée vitale.
I\\ux. /l.ntliles et
en /l.frlque,
elle n'cfit pas coupée de la vic rtuotidlennc
; elle est
profondément
crl['acinéc dalle. l'animisme.
L'idée fOIlÙl3mcnlale de
l'animisme est sans doute que tout être
est doué d'une fOI-r.~C vitale.
Lél piCITC a une force.
L'allimnl 8 une
force.
Lc~; astres, le feu,
la l'lv10re,
ln montaWlc ont r'c!ipecti-
vemen t
leur forc(~. I\\u-ùcssus de tau tcs CCfl représen ta tluns, se
tien t le f) i.CIl Surwêmc. r lus i 8urr:; di v inl tés f',crven t dl in lermédla ire!.;
en tl'C
tui ct l' hUJllmc.
On pourr'nlt prenc1r'c IInIti COl1lllle ClJ~-~
témoin
de la v.i'JéJcjt~ dCf1,
religions africaines dans lc NOUV0.3U Monde.
Là ,comme en Afriquc,
la religion fnlt pEll'l;ic intégr'é1ntc de la vie. rendant
l'esclav8gc,
le vaudou a
été un culte d'éva~,ion, qui/avec scs danses, seS' chants,
ses crises de posscss ion, prQcun,lÏ l: il ses fidèles l 'unj rlue moyen de
slévadcr de l'enfcl~ de Saillt.-Domlnglle ct les armait Cli même temps
pour te comba t
COll trc
l' e~;cJ i1vnfY~.
Du culte
i.ndividuel,
le V;:lUÙOU se
transformera f~rl (.:lJlte (}'lnté-
gl'a ti on communau taire.
Il consol i dcra lcs ce llulc;; de~; flouve lies
commllnaut.é~~ paysannes à partir des collectLvilés f13mll.i.alcso nàllfl

, ,
91
-----
~~c pns::;ent la nuit :3ulour' dflm feu et
d;ms un endroit fct,tl\\[~. 21 llDht'j de
tout uci.l profnnc
:
1'("f!.t.o.iYllt dOIl("~ qllc~,.fq"Q.o-une.o 00, CR~O f pnlr~6 qui- VQ.-
ttnU?"t ('e <\\ 'o.66Q-O~-'· QJI. ,-and, à rtue.fq"C'.6 fY16 de no~_,
.[P.6 Jaml:>v_o
,"ÇJ-pf..lfiQ~ ù. .fa nOM' af,·Lc.c1.Znl?., autou,' d'un
9,'Ond. ann6 cf€?_
1.JI'OHc/'t:1ge.6 db..Ô6c?ch6.o,
"lui- bIfT~fnU: "-'1 ~n;~­
~nn.,t .t~·c!nJ)f.R.J· ou,, fc<\\ vL6nYQ.6 hV.-!QJJ\\(.. .fa [,/Cf.H' J'oU90~'de.
oe<'l /(anllc<'I"
(1).
. ~:.
Cc::, c~r~mollies
se déroulent S()llS :1a présidence ù1un roi ou
d'ulle reine du va.uclou. Comme dans
iD religion cathollflue,
les prê-
trc:; (:! 1: l~''::' prê trcsse.\\ du vaudou son t
les
.i.n tcrprè tes rl(:
1.:1
di vin i té.
""'è>.~ f1u Q -'..eu,- CQr'cf~~ (ut. t'ouré, Q..l.,fQ6, ôe p.U-ent -to1·tQe
f.n. nnÎJ1,
(".t fn peUâ, vLc.1-.efR., qui. por,tn.Î...t "'ln. pl"...,p. dR.
110.0" r.>fan.r.:.p.~ dan~ 6,eâ, dlQ.\\/Q--I..JX.., êe n>iA::. (~t. CI·';-" .• ' :
U,ango. ,1' (:2 l,
v. Hugo décrit rn.inuticw~cment; le rituel.
Après la vénération du '·o.wn90",
l'assi.stance f;:dt une longue
1 ey.hor ta tion
à
tous ceux qu.i Gon t prérjcn l:s.
Ellsu i te
les
i rt i tl és v ien-
nent a
tour de nJle, selon leur ancienne l:é, rrmùre homltlag0 au vau-
dou ,. -à la mode africaine :
'"JOf(t~-::\\ f'Q{\\ (JlloW,{r.o, ;JnLf:.ntl/t .e.Q1.1Il, c!OljC'".!I1'le, '.P.tvllopr'Qn t
(11~'(. ff..anJn!..ù une n-ê.dlo, c)Q f.C?l1h'i ch().v()_(~'(., c>...t ,-(?(:J.f_,'C'...J1..t
y'-nvl~l1~n~_: : - llh[/.. 0 U"i.o/, .l'' (3J.
,-
(1) -
~"Jg jQl')of, i':c1. ùu SCll il, p, 170,
(2)
Idem,
Ibid"lH.
(J)
Idem,
ibidem,
p.
171.
~_.--

9;>
C'est une cr:rémonic fH'opitiéltoirc d'un rite dahom~cn notoi-
r~mCIlt; connu: le p~ctc de f::1fl['./rcpr·i~;· ici Gelon un r'i bl~l rCflOU-
V(~ 16.
La d<lIl~;C ct LEl tr'anse collectives) cOrldlti()nn~nt l'efficacité
rie ce culte vaudo\\J.
Les
traits de celles-ci sont toujour's ;lcL1.Jel~
1
dans
ln vic
tr:HJitiOllnellc
:" ;:,gi.t:ations de groupes,
Lwagc de
li-
queurs splr' i tueuses pour en trc tcni l' La
transe,
les chu tes,
les pcr'--
tes de
conTl<1iSSé'HlCC,
le::; déchil·~mclll::.> dc~:;. vêtements, etc.
l,[l
plu-
,
p::t r t dcs c:l<'mscs a fr~ Lca ines Tl Ion t r) en de 1. 1in tcn t ion Tl i du déchél î-
Ilcmcn t: éL'o t i'luen que
l'Européen
lellI'
i mpl.ll:c
trop f<Je i lcmf~1l t B t
tr'op
supcl'f i.e i c llcmCIl t.
Cc retour :lpparcllt. du nègre ft
1..')
bcstjalité durnnt
lCf; OCCél-
f.. jOllS
fot"tuitcr·; et privilP.1J,i.é(!!.,;~ Coml1ln lc!, fûtcr.;
tl":'ldltiorlncllc!.~,
Lcs fêtes des mois!>ons et ccrl;.<llncs m8nifcr;t:"'1tiorw cultuclles, n'cy.-
prlme··qI18 le plnir;ir ct
ln p,;:l.ieté-; (Ill rCllollvèLc
Lout Gi.mpLcmcIlt dcr;
my thes anc i ens.
1',11->.<.\\ lnli:p)l(~a <.\\ 'OJ·!'(....to~-f:'.n,t ~t41.Ji-'r:"'Jrt>J1.t,
Q..t. .i~- fp.-::. vi..6,
t'Oll
<'lQII<'\\
~UI'pJ'ÎÂP.J dr..tO{""J1C!.'· tOI' (""'.ô ~n<'\\C'mJ...,fp. f.~u ,. la-
I., t Ct....,· de"!. n fUnt!6, .((:1<.'\\ .iQAA.r' ôln' .r.. '/)Q.r'IJQ., pA.:.. corrnl:?nCC1.r'
m, Inur' d",~ no·i~ c.P.tJp. dnn:,''l.C'. /o'::JC...f...IJÇ>•••• l' (1'.
La
danse est aussi .1 'CXfJl"'CSSiOII de la fJDs!liun.
l'olJr
Le~ lfa1-
tiens,
elle n'est pas !':eulcmcJlt une OCC:;l!,;i.OII d':1ITlusemcTll:s,
de dis-
tt~act.ioI1G ct de loisirs.
Ellc a
pcalcment 'per'mis ;"lUy' csclnvcs de
:.:;e conll<1îtrc et d'établi.r une communicé\\ti.on viélble ~l l'irwu de
(1) -
di,g _,~:':!9<tt, Ed. du Seul l, p. 171.
..---~ ....

-
. gJ
\\
leurt, m<lïtI~cs. D'autres Il1rlilifc:;tnlions liées <.lU culte vaudou, sont
ln sOI'celleI'1.c ~ t 1<1 magie.
Le Noi.r vit dall~ un ITXJndc dc su~en.titlon. ).Cfi Aft'icrlins n'hé-
sitent pas li sc harnacher d'amulettes et de gris-gris ou ne talis-
mans.
Les femmes décrites par' V. Hugo sont couvertcs ùe gris-gris'
et ont pour costume des amulettes et des bracclets
:
l'JlI.lC.. tlurrl-J, ..._u~, ba'oceJ'.c.tA
dp.. vea"'P, he!"!u,
.'ouyt-?,. e.L vu..:tf..t:2.t
'lut. b.·;....f..fnLcJI..t i!cI;o..f.DtVl(:~6 6u,· .f.PlH·~ b.'(I~ o.L /"01.1"6 jam-
1)(~6••• a,,~; QJll.l&'"t/b.?ù nt:A:adl0.Q,!'l (:Ill.' ./'..C?.u.' (:Ini,ll, nu CDf.-
,4.'
(i.c.·.• · Ô'!. c1m.nr?.(') ':'JIIN_'K'Jld" Ù
f(~lu' (:f.lU •• • " (1 J.
.. .
!luge ülsiste tellemcnt Sur cette parure qu'à ln fin,
le
lec-
.'..,.
teur se demande si l'auteur, lui-même ne croit pas à l'efficacit5
de ces nlnulcttcs.
·Ce:r\\:es, . leur fC)llCt.iOfl cJs:-;cntjcll.e, il mul nivcflll/e~;t de I~::1~;GU­
rer
l'être Cil le IIlCtt::llll: ell cOIIllHlIlIÎ.catiùll l\\VCC ln divinit~. j.1Iiom_
mc' doit croire ~ qU8lque chose,
t) Dieu ou à de::; dieux. Le~; f~ti­
ches.
les élrllu.l.ettc:s ct les
tnl Îr;mfllls ilfl~icaills ont la mt}mc ÎOIlC-
tion que les m6dailles des chr6tiens.
Les amulettes aident à faire
face fI t()ute~;
les ~:;ituilt;i.o:)s, wllùis Clue lu Ill.")J;ie cntr'ctlent les
lieJl~) a\\Jec le mondc des m'yr;tère~. Les Noirs décrits pilJ' V. Pugo_
le savent bicll.
C'est lc C[lf'; dc BiasGOll
:
"5:", C:.D6l.uo(~. ~tn.;..L .'i...di~clf~CJ... Ht!"!.. C~iJI{U8'C? nrJfJ/lt"~ iJ1lHl:.
do, .u'e~".\\Q d,~ 6oi..c,
i;. ,Co'lllP.f.lp.. f.-JCl.lld().i..A~ une c:.·oix. de
.~J.iJl t-fouw, J'Q,t'lno.;...t: n Ca Ilrud:eu.·' du nomf.JI'i..t Ull en-
C.'!.ÇO/l
';(."-1..1 ••• "
Li).
--~~~-----~~~~~--------------------
-Tl)
l~,g. ,?aI~I(l,f, Ed. du Scuil, p. 171.
(2 ) -
Idem, p. 172.

\\.
,
, 9,1
La culture <Jfri.caillc est mnrquf.e pat' une dominante rcli.gicuse.
On ~:;ë1it que llullivcnJ est cûm;t:itur: c1 l un ensemble de for'ccs vivan;-
tes qui Gont or'P.<HlÎsi?C::; Iliér<Jrchi'llJcrnellt.
l.a magic domitlc
toutes
let; au tr'cr:; force:;
les fOl'CC:.3 des cho:-Jcs,
le
tcmp:.;
et l ' esp8ce
l
etc.
D~tllS la IIi i?l'<lr'chie des forces pCnS~H) t;es, lef; hormncs vi VEHI tf>
occupent le' dcrTl ier n:lI1g ~ puisflue Dieu exerce sa domillfltion sur
le monde rWI'
L' in tcrrnp-c1iaü'c dCf; hummes viVélJltS.
Ainsi
le::; divi-
ni tR8 /1e pcuven l-eLles opérer des changemcn t~; que pllr le COI1COll~'s
de ce:~ :
vivnnts.
Ceux-ci
les éVOfluent ed1ce Ù la magie de la
pt11~()1~. L'homme vivLlnl féli.t entrer ler; clivlnité~'; dans :><~ vic,
rcn-
dànt IH'6sclltcs en
lili-même lelll'~; C<JjJnci t~::: l<JtcTlte!>.
Il ne rcçoi.f:
pas lcut's urdres,
mais
i l les fait
ngit~. Pendant des ~î Lu;,ti<JTIs
diff.i.cllcs, Pierrot:," dit BUi!. Jnrfj.nl,
(l
usé des puuvoirs T71:lgiques de
la pal'ole pout:' dénouer des c:rif',cs.
"()Ul'ld (-'0:?f'ra·/.:..,
voqr:m~: ~Ofl-â clorA.:P... "lu'? .e(~ np~.J~'(>./.l. n,f~­
fn,u~nt .f:()lf~ (";~_,'C.-,/.). nn<'l<'ln.-.:e·p-:'), cU.A: '7IJc!.e'7lW4 (rO/A ({IJ.~;
·6.../.:.o,;."JI (
un ve'o,L ge··(JJoj..J'-?,
PU,(/.Y1uCJ. cQfn J.P~ n~... t
.'-i.JU,6
QrI
{1./.iJQ' ,.• " (11.
[)Hll~; l'cxl;~~.;e <1w:;~.;i, J.'IH.JTTlTne :ll:t:ir'c ces divinit~::; en I.ui-même.
Il est conduit prtr elles.
Il
les peJ'sonnifie el s'identiîie à
cllcs,' Et P81-
1.<1 rHdssancc é111:l1ugiqup. de S<'l ptlrolr. m;lF,ique,
il
invofluc
les rlivinit6s
flui
ccrunt:
lcs
instruments de sa volonLé.
La foi
cr;t évucatC'it'c.
Dans
I.n religion chrétiellne,
l.i) volonté
~.'accornpU.L p~r llndoI'3tion de Ili.(~IJ. L.•., nlnr,l.c c~>t une
tcchniflUt·~.
------------------------------------
( 1)
-
H,g. ,!)<Hynl, Ed. du Sell il, p. ] G9.
--~------

95
I.e croyant cllr0.tien sc f<lit li instrument cie IHeu, tandü; que
l'Emï.-
miste frti.t de 1<1 di.vinité l'in~;lrumellt: de l'homme.
f.:'!
magic scr-t Ù Gilptcr \\lne pui!:>s;mce,
à s'npproprier des for-
ccs.
I~Jle rn('~t l'hurnrne cn contrtct û'Jec la nociétr rle~:; h"hitnnt:': du_
Inunde .i.llvi:-:il)'lc.
La ITlBP,ic ~e qu;l1.ifie en bien ct mBl p<tl' l'usnp,e
1
qu'en fait son pù:;~~esseuI~. Le même r~Tlvoûl:cmcnt peut sCI'vir ~ domp-
ter un sur-cier ou à faire f',ouffrir un innucent.
La magic est clune une te~lLJ)i1IlC tandis que 1<1 surcellcrie
C5t d'ahurd IHl /~t:lI:'T souvent mêmc
irJcon~:;ciellt:.
Il. peut <HTiver
qu'un I1lé1gicicn !joil: un surcier' mai;, un surci(:r' n'3 l'nu'; hesoin
d'être magicien,
pu.i:~quc scs opér'ations Ile ~;ol'ccl.lerie :;,'eff~c­
tuent p;ll~foi.s il !;on insu, noLélnllncnt pendant: le somrneil.
Les sor-
ciers ou jctcur~.; de rnal0.ficcs exel'ccnt la magie malfai.sante.
11~;
.s:ont~h'[lrS, maudits. et cnd.nts de Luw:.;. Souvent, ils termilicilt leur-
cxi~;tcncc P;l[' une .peille de mort. ])e cc puillt tIe vue, la TcUgi'.lll
nfric:) ine es t CSf;cn t ie llcmcll t
fOIlc10.c ~,ur lrt crrl'Î.n te. Le~ consu 1-
t;ltiul1:;: des di.villil:0S [;Ollt .illdh:peTl~::)hlc~; pour' If) vic pl";ltiqll~ ..
Le viluduu cultivc la mogie,
la Surcelleric ct le charlatanisme.
II. cet effet,
l' impor'tance accot'd~e il la maladie, ;lUX consu'l-
tation~:i chez l~s devins, aux t"Ql.temcnLs et: ü leurs suiV~s, dOlltle
la convicti(>n que ces religioll~: r'epr~sentcnt une praxis médicale
où l I;)lll;ù-sueec;;l;i.Oll
'est
tOlites ccs pl'aLi'lues nfr'i-
caines ont été tr'all~;pur-tées dans le fiouveau Mundc, .ajllsi que le
mon tr'c V.
l'u go.
-----~._.
1',C'o1:>i_ I,~nl,t 10l,t HH-Qnl'>."t rte-,. 6P..(') n"LLr..~ d)j.."luq;..-.nu'G.·
.5)( ~"IC l..'ü8~I(Û.t, .fa. pfUf.YH·t. df( .JAnp~, h r.u-t.'..-:"\\r:..8,i~H~

·,
d"-6 -lÂ-6ane6 d' or'<lrtge de6 bai.<;, de(>
brQu,.ag"-,, de 6'lu......e et. 00 6a..tepareLUe,
et 'lue./'que6
9Or'9<2<,6 de v ....,wc.. t.a(ia"
Il'.
Hab ibrah es t un char la tan.
Il est vrai que le traitement des
!
maladies est un domaine privilégié: . des religions africaines. sur-
tout les maladies mentales.
L'obi explique à ses consultants les
faits fortuits qui tracent pour eux 'les lignes du destin
".['obL avaLt. ==é 6()1l. oH-i..ce de dev<.n,
<nt.e.r.'ogeant. ~ nègr'C>.6 &n2.rve~,
exnm....-
nan t .te6 6<-{lO1."-6 '00 ./'"",r'6 1ron~ eL 00
w.u r'6 ={.,'6, "JI:. .tco.ur' d'-<.t.r~buant. P.lu.6 Ou
rroi.f"I-6 de bOt1hQU'~ à ven.u·, 6U.i..vant le 6,on.,
.fa =uf.0.t.' et. .ta gI'DMeUl' de .fa p.1..QcR. de
nvnna.i.R..J.<,.t.ée par dlOQUe. n~'e à 6% ~" 11/.
"On peut donc parler d'une technique de divination basée sur
la télépathie,
la suggestion mentale,
l'intuition Ou simplement
l'observation.
1\\ côté de ces techniques,
11 y a l e don. Victor Hugo
a bien observé ct décri t ces phénomènes
"k dla,.f..nwn Qlrp.f.oya, 01.û·e au,U'c-6, ~ un
l7Dyen 00 guéri.<;on dont. .fa 6<-nqu.f..cu.'Â.é me.'
(rappa.
C'ét.a<..t. pour' un cl""",' cf,e.(6 01.0<""6,
a~6e.::r dang"YQH6QJ>l2nt b.te66é don6 .te d"-rn<..er'
cD,rbat.. .Je.. QxamLna .(..ongt<>..nP6 ./'0 p.la...."
.(.J:l. P""60
de. 6Dn "'''-''«'C, pu~ I7Dnt.a à .t'aut.et : tout ce.la
n "Mt r'Um, dU:-U.
AtO"6 U décf,<-ra boi.<; Ou quaû....
("uL.f...te~ du. m<-<l6et, .(J:!6 brûla à .ta (.fa_ de6
Cl) ." Ed.-du·Seuil, p. 175.
(2) -
Ibidem, p.
176.

-i:-I)-U-1
df..lobr;..6 à. .f. '6yf.-i.6Q. de t 'JJcut, Q t, m:'!Jnnt. ~a CCrt-
dlo(~ d(', C'~ (.ll7piA" colloae,·é il. q,,(~f.rI'H"_6 gouUP,ô de?- V~JI
ve.'M!C?(\\ dana &
co..f;.ce
t1.i"lI'Q..7 -dLt-.Lt au bœotJ.é .. ceci...
eô.·t .ta. gUé,-·-iLJOfl.'· (1 J •
Ce don de guér ison es t souvell t
hér~di taire, pas san t, du grand-
père ou de la l?-.,rnnd'mère au petit:- fils. Mais la enuse fondélmen-
tale serait d'ordre spirituel. C'est l'esprit qui. donne au charln-
tan de connaî trc cc qui se P8.SGC au loin, de voir les âmes humaines,
de circuler dans la
.nuit,
de pr~voir l'avenir et de d5joue~ les
dé.ln~CrS •
Par ailleurs,
çcrtains se con ten tent dl une re la tian directe
a'.rec les esprits.
Ils recoivent de
la personne qui les consulte un
objet ou de l'argent.
1
/~ette croyance implique- logiquemen~ que l ton conserve le sys-
temc de rer~réscnta tion de l'uni verS par des obje ts, et que la foi
soi t in timemen t ancrec dmls l'animisme.
Il suffil qu'un individu
tombe malade pour que l'on interprète
sa maladie en fonction des anciens critères.
C'est p<.lr exemple,
telle IJcrsonne de la famille qui cn ~st responsalJle. Cette croyan-
ce oux molodies,
à la puissance dc divinéltion des voyants, a san8
doute diminu~ chez les esclaves déportés, surtout s'ils se sont con-
vertis 8 la religion chrétienne. r.1ais les prati[Jues traditionnelles.
demeurent toujoUl's vivantes d~ns. les milieux restés paIcHs. Lcs
manifcstations africnines accordent également unc place considé-
~=~~~--------------------------------
(l) - fLg (jaJ-gaf.-,
Ed. du Seuil, p. 176.

rGble aux chants,
<.lUX récitGtiùn;l?/élux
textcf> de po~sic l'cligieuse.
v. Hugo reproduit ici d;.lll~; le plus petit détail l'art du griut
dont i l donne d 1 é.1illcurs ulle 'âescriptioTl cUmologi<1uc
très prr.cise
:
"
je!, • ·Q.~D'II1,,6 de6 9' .Lo.l:e6 VOU6 1'_9'10'<'2 nc'u (--4t. 0 ..
'lI(' ;.I C'."l".J.6.Lp. ,xun»" f~,,'1 n()t,·~ rio. d;.J./O."6C!.6 contA Qc!'tl cfcl.
·t 'A, 1 i..l1 u<l.. dQ,6 '·l~~J'V..6, dofJ.(.·~ .:}Q. je n<1. 6aiA 'l'-,w.-f~ 9'0-:"1-
o
6 lP... ' ta.f..co.nt d~!.. po66 LR. Qt. d.' "LJlp.lvV~aU..Dq f]lfi~ '"<·.'~;6ç'.nbe(l.
il ra !O.f.. fJ!... Ce.6 'lQ9.<~.~, e,o.ant de '0';lalmp.. on .'O~,nlow..,
tlol'lL,
dOIJ~ CQ.6 (Xl.":J<'& 1'f1.·lt(1.<~,~,
ce q" '~ta1...et'l,t f.e() .hnp-
60c:/c6 nn-t;J111ç'~6, Q·t, rlOII'~ f .... m::J~IÇ!tl.-â9'?- l.p..o mU16-U l'!.t6
d'An~7r(~fy.•.,'C'.. , ((.)('1 mUI6;..II!J".• ·tl cl'Ael.enn9'I~, Q·t. fC?<'& .lJOU-
vè."?~ de. J'Olle..... U1 .f.-o.tI nn(X'.-tfc:>. g.owlfl ... '· (11.
Certains griots sont au ser ...... ice des chefs et devi.ennent puur:-
·ain~-.î_ dire de:.; hi.ntor.iographc::;. D'nutres r;on1: des P()~tcs ct musi-
c iens ambu l t:Hi U.i ('lU i
von t chan ter
tes lou;lnges (h~
te: l
pel'sonna1!.e
rlche qui
les cll1!..1.gc pour un~ fête ou une c~r6molll~ pal~tlèulière.
I.e glojol: pcut ;..ll.l~;f; i f'ilre rl ttncl1i=: fi une r.fltf:gur~ie f)()C in le dj~31;ill-
guéc.
l.()
l!.riot dc~; chas~;ellr~. ,1 pOUl' l'ûle d'cxalter lI: cuurage des
i:'p iqucri cn
l '1l01l1lCUl' rle~, 11f.I·O~~.
\\
En somme,
pOLlI' un peuple ~ans ~criturp., le griot occupe d::ms
.ln !·;ocip.lC: Ulle fùnctioll capitale.
J.ls
ont ainsi contribu~ au mAinticll ct à lleX(lan-
sion des rf~ l i IJ.ions afr ica illc;, danr.; le NOUVC;lU ,...londe.

,.
Cette "flt.·VtflQ~" mythif1.ue de carte postale, faite de sauva~~rl~.e..
et de mort est oppo:.~éc au monde civilisé de l'homme blanc, selon
le sys tème de mise cn valeur bien COI1I1IJ! ùC V. Hugo.
D,) -
LES ESP~.CES flNTlTirETIQUES
"."'Qn~ cc -f.-U.tH!., bi...en. t~LLt C"P.ptYldant. C'Jl pI.e<"ioncp. d'ob-
JeU. â-l.. Y-b'(1l'~, ·U ~1 (l ·toua .fA6 CO'lÛo-u"?ô, te. doute
et .Ce. dogtre,
f..... jou.' ()~t en. nuf....t. te COUt âomb,·Q. Qt. .fc
pOlJlL l---flllli.fl(.'U'C.,
c.onrr"2. daJl6. tout. CQ, quQ. noua VO~~O'l':"l,
1':.onl1è>. donc. tout. CQ. t1/ j '-!. nD1l(\\ pC'Jl.aOn6 Qn CP. 6,;p.c.Je ;
COrT1l"C dalla no6 ·m6.o.,·Le.6 pot,é-i"N1u<2.6,
connx>. dana no6
OpiflW/l,Q
''<>.1.Lg{P-U61'?6,
r..Dnn~ dal1.~ f1D,J~Q_ o.JC.,w·r:(.>;.'1c.t!. dOrtx?6-
LU,He. ;
(".-OmrX?,.
dan6 f... 'l~w.t,Oi_~",_ f}u 'on nou6. ~'a..L,t, c:onnv.-
dallâ
fa. V;_Q que. noua ~wu_6 f ai.6orl6 ".
Ces mots qu'éCl~iv8it V. Hup,o le 25 octohre 1835 d3f1S ln préface
"des a~,9'l..{~ du C'·(;PU,6.c.ul'..c peuvent s'appliquer en [nit 8 toute son
oeuvre:
l'es.thp.t:if1.ue hugolicnne sc perçoit selon un sch~ma logi-
que dominnnt,
l'opposit'ion des contraires.
Concrètement,
ce'systè-
me bInaire règle
tau te
la pens~c et l'imaginaire de Hugo mais se
diversifie en dl lrlTloml.'rnbles formulef, et affecte
tous
les niveaux
de 11 analysc ùu textc.
Ainsi ùans litg (9a.'901.,
peat-on metLre eIl p.videncc tout lilabord
l'e:-:istence de deux espaces anti thétiques qui condi tionTlcnt le com-
portement des personnages et l'évolulion du récit.
D'un côté l'eo-
pace cl.vilisr. : ùe~; habitations,
confortables,
l'hôtel du gouver-
neur. Ce t espace es t s.::(~omf tr lfluemen t: s truc turé par des ['ues tracées t
des champs orclo~_~~fs etc.
Il e::>t hahité par les colons Blancs.
-- ..'-'

:lOf)
De l'au tre,
l t espace sau vage, non hi éral'ch Ls é, non s truc turé.
Les
hommes nly ont pn~ 1:0UCJIl:~ et il est demeuré tel, qunsl ,cha9tique,
comme aux premiers 5ges de l' human i té. :On y trouve des rocs poin-
tus t
des torren ts enferm6s au fond des gorE,ea pro fondc:],
des fo-
rêts
épaisses,
des cavernes et des gouffres.
Là,
les belles sava-
IICS
vertcs jH'olongent des paysngcs édeniques
:
"1iûu~ d,'.ocQ!TcLênQô danô un e Ix!..t.i.Â.j2. va. fj{!p' qu t. /lI' QJf,t en-
chnnU, cfa".'" "" tollL all.t;.Q (Il"'.(:OnL.
1/n. {o,V'I- ekLen .t..,,-
v(?,'ôa·U don~ ~o· ttll'9',?I.11' et CDnrn.rn~.'1uo.tJ~ ou ôo.t une
I-H."H{..c1.f.-.-ti! ~ (~COllde. ;
cc!' t:O'-lent ÔQ~ Jet.nL.t à e. 'el(....û-émL.t(~
du va)~r...Hl donô un de. C'o!.<:\\ f.n.cô bteu6 dont. abonde t'i...l-ùté>-
,'L.eu.., dc.a nOH'~~ à 5JO.Ul.t-.'D..7mtn9.re. • •• l' (1'.
Le narrateur ne s J tue pas son réc i t
dans te l ou te l
lj eu pour des
raisons d'esthétique mais bien parcc flue les év6nements l'y ont
con~aint. Aucun e:~pace en fait, n'est valorls~ par 1'3pport à
l'autre. Cer·tes la. majeure pnrtie du texte se localis~ dans les
espaces viel'f'/~G m~lÜ; on sait que le IlLlrrateur, prisonnier' des Nolrs
df' Morne I1ougc, était parti;] la découverte d'un univers jusque-là
inconnu.
Ce 8ch2mf1 antithétique de
l'Espace cst porteur d 1 implicatiuns
idéologiques .'
Llcspnçc l sc défin:i.1: par' la l'lgucur do Gan ol-gani8ntion,
na
hi~rorcllisation et par sa varj~t6 : ~space civilisé par opposition
à
. ,
l'espace I l vicI'ge, rude, lHJn tr'<:lvaillé, non organisé. Mais con-
trê1irement_~__~__ !1u'<.:n pouvait attendre, les habit<;lnts de la partle
-----'..--;;.lv-t.i~Qe." de l'Ile ne sont véritahlcment pas des modèles.
(1) -
B'!f ,!ja..<)O.t, Edition GaÙirnard, p. 1\\3.
'.

\\
FIL
Une v(:gét<'ltion tI'opicale
Juy.\\lr'inntc et fOI'mid[\\bl.~ couvre une
révolution désordonnée et al1archiqtle~ (1i.rigé~ p.ar un chef coloré
annoflçan t un monde nouvcnu.
r.1l
facp-
des
inR\\Jrr;és :3Cl
tlC::IJlIen t
les·
représentants d'une hourg,coisie coloni.aliste et esclavagiste gou-
vernée par un parlement ridicule,
syrnbol'ique de
la décadence d'une
société qui s'écroule.
On yoit se dé,narqucr deux situations
deux c las5es,
cieux races
Si a ffron ten t
;
l' une tr[\\n:'-~parcllte;
diaphane,
civilisée,
L'autre insOJisissablc et menaçfmte.
En tout,
V.
IiLl.gD
rll,éscnte
l'imaf:',c d'une fl(lture tropicale où
les descen-
danU;; d'i\\fI~lcaiTls se retrouvent comme dans leur élémf~nt natul'el,
mnis ol1 i!~ travail ct l'esprit de l'Europl5cn chcrchent 8 s'i"mprj-
mer avec force.
J.,'uncl c de d'Auvcr'ncy qst imbu de sa sUJfisanê(~, \\lI::Iis il nI€:_
tend r~on irnpér'lum
que SUI' une couche Rupcr-fi.cictle de
18 f',ent
servi.lé qui ,Je hé.lit snllS
lc cl~ainctre. Cet homme est lin ten::lllt fa:-
L'o;I'~lIe des myUH~s
racistes et colonialistes.
En face du Noir, se'
,
tien t
l'homme bl.anc, lc domina teur l1ui a
les moycn~; de 18 .force
qu'il représente.
L10nclc du naITatcUI' et le col.on qui
::~e
cL,to~vul. 9~?flC;;,\\--d__ ("=:-*::-/1 sont il ranl~cr dans cett0. catégol"ie.
Cew Blancs,
~-.ûucieuY.. c!e leurs intérêts personnels, sorlt ù·lV .15 ,cs
quant à la manière de conduire les af.faires du PUYG.
Lc-sc-concl univees, par contre, abrite les ô:'
. l
nèf,res
d·':;soI'(.irc 3pparc:n t prl:r lcur tlo1T1bI'(~ impI'f~SSiOll1l8n t
le na rra teur
utili~c indifféremment les termes bRnde,
troupe,
hOI'dc,
cohue,
fou-
le Li,; rebellc~,
fateas ....
; habillement hétéroclite et vacarme.
\\
, .

\\
,
. ,
t._,
'MÇ'\\is cOlltl~nil'Cl11enl à cc qU'Of] ')()lll·r',~i.t penser, Cr.~ insensés sont
blen dlsc.ipl~nf.f5 ct vouent uTie confül"ncc tolaln à leur' chcf.- Ils
\\.u1 ohéissent ~,ulvar\\t une d.l~-\\r:ipUne rigoureuse.
C3r cc '-'(-foL ("!P.
bn.J'oo~'{J.,6 eL ch -6auvaocv.'1/', ce peupl.e de "br'iJJ(lnd~~11 nia qu'une seule
ambition qu'il nourrit avec une conviction vp.ritablcment religieuse
sc délivrer du joug des Blanc.:s. Tous unis par cette haille de l'op-
pc'csseur bJanc,
Lls réag.issent comme un seul homme .
.fl nly a rien
de
tel pour donner force et pu.issance à une révoluUon.
ta tl'adi-
tiorlrlclle dialectique dtl martre ~t de l'~fictavc. Le pr'cll1i~r' ~st
présenté ici comme un méchant maîtl'e, cyni\\]ue ct dépourvu de
tou~e
humanité.
Un exemple
typique de Cc maître est l'oncle à'/l.uvcl~ney
tel'~ue le rl6Cl'it le Tlarrateur:
flrthn oncf.Ç>. 0·t(.1.,~,t du non:J.-,,·e>., h~l.n-qt..fr.îr:>nPJrt t:11:'l<'l(.~Z. Ion./.').-
,L'Q-i.nL,
de>. CC~ ,.)·ef.1n,t,!.1~~'ù donC UI"j(l~ .longu".. hafJU.ur/e>.· de
d[~/."'rJ(-,·Uj..·j/H.,!.. ab~() tu. (1.IIG.i.A:. Ç>Jldll..J-C..L '.e. CO~U.!'. jJc.C()U/'-W11..-;~
Ù <\\(]. \\/oü' obr;.~~K"' au. p''Qmi.>"!..~ coup d'oe,t.-f.,
fa rrn.i.nri,'Ç'..'
Iln,-6 ;....to,Lf....on df.? .(fI. (.Jn,'-L d'lut e.cclnvQ. Q,tn.L.J:. ~.m i.c dQ;6
pfJ.I.1
nnuvf.1.i~ L,'(û,A-"fn~nL:), Q,,t {\\OU.vC?ll.L f. 1 ;.n.t(....~ç.f"!M.i_on
de>. -.":l.l?-0 ç>fJ.{aJl'W '1e>. {\\(:>.,vO-~·../L 'lU. ncc.'OGtH~. ~a cof.~,"ÇI_fI (11.
On peut dôcelér
Ici une pûtnh~ d'illdulr,encc à l'~r,at'd de Ces llI:lî-
trcs
c'est par' habitlld? qu'iu:; :~ont nevenus st' durs, et Ilcurcu-
senlen ~' 1.1s son t
peu nOmbrCIJY..
J'~~1)- s_ au-de là de ceS 0Ppw:', i. t i ons ne~ espace::> 1 der; j'aces et des
conditi.ûns,
les personnages évotuent dans le r(~ci t par couples
dl individus.
---;--------------------------
(1)
- Pu'} ;;m<],,/,
Ed.
Gallimard, p.
37.

;..
L'analyric des réseaux de relations qui se .tissent à i' inté-
rieur de ces coupleG permeltra (le faire ['cssortir 'la signification
I.e premier cQuple est for'mé de Pierrot/Léopold dll\\uverncy.' On
les
trouve ensemble depuis le d~but.. de l'histoire, nourrissant le mêm~
amOur pour la même Marie d'I\\uverney.
Leur vie faite de sacrifice et
d'honneur' sera offerte pour ·le salut des autres. Seule leur condi::"7
tion les sépare.
Ils sont tous deux de no,b'lC!.extractiorl
j
m8is, l'un
est esclave,
l'au Lee appartient à. la race des seigneurs.
Et pour-
tant la suite du récit va renverser les rôles. Celui qui. es t le
maître s'entendra dire fièrement:
, - , - - - " , - - , ' - _ 0 '
_
_ ~ ~ . ,
P""1r po J'-IJ>," dPA rP, ",' /1 (1)
d ,
"t· .
pa<1
un. "'on 9 U l' Q.' '·L.CI.U· au.
La démarche néU'l,[\\tive prog.r·cs~";~ Ednsi
jusrp.t1au poLnt final où Le
personnagc se c1{;voilc dans sa vp.rilé. Pierrot, .l'esclave noir, est
l'ohjct rl'ndJllir'[ltioll de ses
cOlll',énères
; ses compap,Tlof}s de
lut~es
le respec tell t.
Léopold d'/I.uvcrncy a. donc ~Ilhi "J1P, V~,l'I'ta")le
,e
1
'l n '
l L '
-ln t '
;Ion
(jI.tl
hJÎ
n-
pCr'll\\i~1 de d,SCO\\.lVl'il~ prog-::'cssivcrnent .nu-clelo du 'JeI"tll~ de 'la
race ct de
l'esclavage un nuthcl1lique roi I\\fI'icain.
Et ces deux
pr.1'~10nnages que tout semblélit réunir, apparaissent soudain comme
tcès différents ('}uant R leur condition.
----------- .
--'
Le personnar~e
de I3iassou sc d~,COllVl'n,
'1.:
" l
u '1 au~>s ,1.
il. travers une
véritable initiatl'on. En f
e f
c t ,
lorsqu 1 il le rencon tre 1 Léopold
(l)
CUy;}a"'9af.,
Ed.
GüUim"rd,
p. G5.
(2)
-
Idem,
Ibidem,
p. 68.
"

, ,
\\
, '
,
',~,
, '
d'AuveI'ne)' est prisonnier des rchr~llcs et, pend3nt quelques jour~1
i l aura
t0U t
le
lo i:, i r
de COllrlil:i Lrc c~ lu i
qu 1 un [lppp.ll.e
Le I!ht~.'O~
de. l'fl1.,mOJI-Ltfi~I',
"0(Jn0.'''Q1ÂLl,~,un:>_ dp./.') pa~6 conquw '!A:- "nQI.f.dla'-. r/Q
c.anp. dC!A OM""-".,_'r.'} dc;o~ ~l.t. rrn.(W4-tn.cl co,t.orJ_ca".
v. llugo lui consacre de
nombreuses rClger-~ SI <'le tûrdan t 8Ur'"t ch8cune des f{le ettcs nu personnage.
Neuf c11apitres. cnLier's lui acco~dent la première rl.ace
tandis que
deux l'opposent;\\
.l'autre ch:-f des re~elles,
,
'
Bu[!,-,Tarp,al.
,Jean 8iassou appn.raît d 1 ahol'c1 comme un chef aimant s'entourer'
d'un ccrtnin f8StF~, réglé paT' une ~tirtuettc rigide.
De!:, pages
b Innes, pou l' f3 ir'c honne mesure,
des gardes de· curps per'sonne 18,
des lieutenants ctc.,"
constituent une petite armée entièrement
à sa dévotion ct perme ttan1: à cc chef nèarc de dormer la rép lique
aux._officiers ou aux planteurs blancs.
Certes,
sa
tenue est gro-
tcsn,ue,
S~.S manières ignobles ~ p.\\: pourtant i.l a l'âme (l'un r~vo~
lutivr,naire,
dot6e d'un char'isJ1lc c':t'lain •
.1.1 frd t dic'c une messe
(l)
pour sc!'v.ir' 10.s cause::i de la ['évo"":
lution,
tien't devant son armée un discout'S
dans
le pu!' s ty le
des démar,olJ,UCs avec le même résu l ln t
: suse i ter l' ell U}OI.IS iasmc popu,,:,
laire
:
II7"bu~ nVOfl0 6:.U!. .el.Jn~1.te·'J'f.K'l ,.)(),wn t/.\\ c.o"np. . I.P~ m:'>u'/."OrJ-6,
(lonL .fJ.)A BianC'Â} conr.lfJ''f.?'''/_ fa ·in.fJ1Ç>. à rJO<'l ,Jlq.\\lPliK. ;
~jn~fOn~ f).tJ,U1..w--llon-t .v..,(.)f(J(~(}1J-rJ.M ,CO",,)(? ~cM r..xU1U,ç''(!4 l?.-t
.[C',~ ,in9uoJ'Ô de/.) f,)t')Y~-' d'ol1. .f..-e~ fl()U~,' 011-t ar'8'Oc!,r6"
(]J.
"'I:(j~ l~'.ffil'~~ CC?-:.) cû-f.J.)lv~"
O',ô, p.f.a1 l·LP--UJ'-o ,
<:"-0'4 l'onnp,ô, dt:!.- né.~CVA'r
sont donc de:s "QJU1Q.nll.<.:j"
2.VOU;~!; de la "J"C>_y;!nc?..Hl,t~J.111 dC? --f_rhu.nnnW~/l.
---------------------------------
( l )
l·{l()-!)n~·qnf-, Ed. Gallimard, pp. 119-;'?O.
(2 )
Idem,
ibidem,
p.
122.

1(}:-,
Ces parole!'> dites ~,ur un tUf! voulu, ponctuées de boub-de phra-
ses en espagllol ct d'exemples' vivants,
rythmées par Hne pantomine
bien réglée) suffi.sent à électriser' la foule des Noit,;:, tUllt en les.
maintenant clans
l'unité.
I l n"cst pius question dc hordcs ni de
barbares,
m<1is de peupl"e, c'~f.>t-à-dit~e, une fot'cC <lui p,~ meut sclon
un pl~ogramme défini.
Léopold dll\\uveI'fley en est proprement ~l;onné
/.'CQ.,Lu.~ d.iJ~c,Lrj.f..,{J1Q., ù wqucd'...f..P.. l<-i-.flo'j',iOl.L "œ/aLL piLé>.. ~Q~
<,>~jmoc. por PC?, ni..nflle al'..)CJ~rLdOl1-t de. fa. ,.X?Jl/.)f-.r.·, ("~t d~ .fa
voeDI1.L(~., mQ. t~'Oppa. (.JUU." rl.,Ul,o..f.... dLn;~. d. f ndmi..• 't7,L1..LH1 1: (l J.
rl y <:1
là comme unc nouvc<:lutè il luquellc le
l(~CtCIH' bl.mlc rloit dé-
sorrn<'lir~ sc fami.liôl'is~r, hahil;llé qu'il étai t ,'1.' voir des nè{',re.s de
foire ou de fcrme au
travail,.ou jouant les p0.r'sùnnagcs r'idicules~
Pour' une
fois,
en effet,
un nègre apparaît comme url chef incontesté,
1
alors flu'un d\\f\\L1'lerney par exemple est ju~,te cnpahle r1'ohtenjr, à
COllp~.' de cravachc, un mépris à peine voi lr~.
Comme hommes politiques ou chef:; de guerre,
Je<1n Diassou ·ét
Our, Jflrr.al diffèrent
l'un de l'autre. F:t leur conflit apparaît com-
me l'opposition de
la ct1effcI'ic rie satl1:~ rcpré'sentéc prit' Oug ,Jarp,al
et celle,
révulut bnnaire,
dont le
lype est· Bi3SS0U.
L'un est. frus-,
te et <l~elque peu sauvage t .. ndis que l'autre est dh;tjllp,ué et fo1'-
cemcn t p lus modéré.
Outre j.cs qmllitf>s de ::>t!':J\\:ège
parU.culièremcllt. versé ~afn~
lléJrt de la_guérilJa,
HÜ1S[~OU ponsèrle èp,DJcmcnt des dOTl[; politiques
sOl.1cicux
de pJ'(~~~CT1 ter lJ scs ennemis une ima[~e satîs
tar::hc .flU i
lu i
permette de
tl":'litcr dl égal.) éEtll aveC cux,
il déclal"c à l.éopuld
(l)
-
{'ug-:)aHJat,
Eù.
Ga lU mard,
p.
125.

1
.106
dl AuvcI'lley, 8 pr'op?s ~e la If'ttre des insurgés à t'Assemblée
I!nOl t~ <\\ovono nou~ baLt.l'C? rrv..l4 nou~ ne ~a.lIOn.(\\ po LnL
pcri_, '2..
Cer.lC'JldonL l"Iou..-:'I /1<:;'. \\Jouron/.) po~ q!.t' Ll~ l·r:>/.~ te
"(prl dan/,;} no-u'f' -!'.:.....tt.'C?. Ô. i '~~oJTJl)tQC. qu;_ rll..l.w~Q. ~lCcé.­
~~Q.r· .l'y/.\\ bu_,,·f.el·.i.f1~~ O''9uei....UQ...1MM de. no~ QJ1C;J'Jl~ m2w"Q~.
,lU, pa.JaW avou' npp,'i.A cP..u..e ~ol..c?J1ce fr'Lvo.fe '1lL.f.... flOU/.)
nnnqu p .•
Cb ""1--f7e .f,,~~ { Ol.i.,tr.~ flUA... pOU.I" '(Û.PJ1 L .cfro 1.0 not..,,,\\?..
c!6r.w.rJw'"
p,,&i.er- à ,'.t..l"P.. QI,J}G b.fanG6. fi co.. p,·.ix., jQ. ·f: 'nr:-'
co,r.-/(!.. ea vi_e'/ (1!.
En v6rit6,
l'usag~ des conseillers spéciaux n'est pas l'apanage
des seuls Blnrlc:s.
Pour tou\\.; dirn,
le~~ esclav(~s noi.rs Bla[;~';oU et HuI'. ,fIH'P,rtl <1ppa-
raIs sent aux yeux du lecteur comme des êtres d'exception.
L'un à
cal;lse de son origine royale 1 de son nom Clui ,l' fl rien de congo l.Gis
l
ou d'africain,
(~e sa force peodigieuse et de iD. grandeur de son
âme,
de se~'; Lrlé<1ux. L'autre,
sU.cte d'envers du décorl hr'ille par
5 es
nomhreux dÛ1ls po l L Liqu e~.; cl; ln i Lita i rc::;, 0 t Sllr tou t pél r' son teer i-
ble nscendanl; SUI' le peuple qll' i l mène à fi:) guLse en ces temps
tu-
multueux. r·lais
les hésitatiOJ:s et les préoccupaticJrJs (lUasi mysLi-
quen de Dur. .1:11'['/11. sont pour
I.e perdre de façon
jrI'é!Tl(~di:1hle, tan-
dis que l'amhiti.on démcsut~r:;e et le racisme franc ct violent de
Biassou ne sont pé\\S fai~s pour conduire ln 1:'.uerrc jusqu'à la ,vlc-
toiee finnle.
1.es t'é:lpports de force,
Clui
lui sont défGvorables,
'JonI-: l'acculer' ù trait·er (lU ft fuir.
(1) - dJ.lfJ ,J,!al"7()..f.,
Ed.
Gall i.lnard,
p.
171.
_ _ ."
~ _ ' _ _ , w
.,

"
.
101
,
L'union d(' ces deux tYP{:~j t~on.sUtucrait peut-être un gouverne-
ment équi li.bl·i~ IjllL ,Hll'Qi\\; mefi'; ln r(·v()~lutiof1. nu f:UC~0.!':;.
Hahibr'ah eflt un personnage autrement plus intprcssant
i.l'est
le premier noir ~l êtrp. présenté par le: narrateur et. à son propos"
le lecteur est gratifîé d'un rernarlluable' cours d'ethnologie colo-
niale. V.' Hugo \\lui. avait lu Mc'reau de Saint r4éry' reprodui t
sa c las",,:"
sification àes ''cLi...1t.6f'(lJl.tQ<i ./:,e,LntC".ê. que pr.Q6P..11WJ1t fQ.<i "idan~,6 dC?-
ln. /":lO(.Jufati...o'l de cou fp....u,.' '.
F.t d'8prè::> cette classification,
Habi-:-
brah est un griffe, c'est-à-dîl'e,
I:lr;-~ e·<"'<\\ul..A.aA:- de'? (""Aflfl coml)Lnni.Amlc!:l, r?L r)pu.L a~/OLI' rinpu.,0
uiJtfj.t-<"lLUz..tl''Q..
JH;~qu- 'h. ~:~'PJI-t.o.. dÇ>J,o(, pr1lf·«.r<.\\ fdQ/w],r;ov.:\\ c!'t.
'7Ua,b'q~-vin9·t-..:.\\f;:!..Ue. ou, ç.f>.J1 t qw:tb"f.~ noLI"(>./.'I/I (1).
Aimé CC:;,::lir'c dans son ouvraGe
sur Touss~lnt LouvcrtuIT't s'eml1aI'-
l'DSscra
rnojn~; de circonlocutions vct"!J(:uses il nLLuI'c r;clcrltifique :
i l éc['j t
que
le gr,j ffc résul l(:: de
la combinaison du mu 1âLce ct de
la' n6gl'cssc
(2).
Esclave comme Biassou et Pi.errot, I-Iabl.brah
présr:nte la parti-
culari té de n'avoir pas été achel.:~~ mais donniS, ct ceci e.xpl ique
Gans doute
la situ:'1l.:ion spéciale qui est 1;) si.enne au domicile des
d'Auverncy.
Le n.:lI'ral:eur
~race·
un portrai t de lui,
bieIl_.détalll'ê·
O.L:: C"9·-JonJài_; 'éd. Ga 11 imal'rI, r '. 36,
-~--
(~) - /Li.rné CésaiTc
:}Otk"'~QÂ..Jl.t J.VtLVQ.~·UU'Q., p. ]1.
j
,..
\\
" ,

..~
1
,.
..
11.[0. g~,j_flc- ... JbbüJ,'Oh . (c' i:t:li t,_ son 'nom) c!·tn;A~ UII de>. ce~
ê>.L,'Q/-'I don"'':' ·lo. con{o"fln,l).JJrI. r:1..,y~·U7U(!.. (")./.\\.L ~i.., p.u'onge
QII.' i..,fA r..Y1.,fY1.GU·at..PJll:. do./.) nOrL6U'PA,
~, -L~ nQ. {riAo.i.PJl-(. ~
,·u'P... CQ. na01. hi..dc>.ux:.. f..-tni...-t g.,f'O~, cou.,·,f~, v~htJ1..l, C?t-:\\Q.
nou.vo.0t Q\\.!q.C une. "O,'.l.i.IU..l.f!.. ~u~.guJ'.i..,~,'Q. 6u.,' d'?ux:.. jnnJx'/.i
~J'..t!.t~V(') I,:!..{. {,-.f.uet1:.e-ô, 'lu.i.., .eo'~qu.'U ~'Q/.)~e..ya,i.,L, ~e. J'C-?-
pf.w.U!Il·t ~o~ tuA.... conne -le.~ b,'O/.'l. cl/unQ aA''O.u1n~(?. 5:'0.
,U;A:R-
6nu,'flJ?, .1oUl,..It~~t:!!lt oJIf.onc.QQ. el1{.,'(?. 60../.1 ~POU.f.PA,
h0.,·w~e?(? d 'UI"lO- f.nÀJv:~ "ou,.~-:\\e (:!.ot ÇJ'épuC? (,.J~nLt a.ccont.Y2.-
9nRQ. do. dC!.ux:.. o''Q..t..,elC?~ ~t.. ln.''9Q/.'l., 'lue -:\\e~ conrJA'yu-/C?Â'
nvawJl-.t c.ou,tun~ cl'? di_.'Q. QU.' J.1ah-Lb,Vlh. 6. 'en 6(-!.'·VO.t..L pou,,·
P~<\\ll~·fQ.A" ~(>./.\\ Y<?l.1x:.. 'lunnef. '01!- p.ieuraLt'· ( 11.
Cet esclave diffol'me ct fainéallt est le seul pel·~·.~onnage à ne pas
connai.tre de changement vérit;)bIe au CourS de 13 narration,
8ias-
~"ou (;ta.it iIlC\\)/lIIU 811 dfihut du réclt, E::;cl~lvc pél.l'ml tnllt ù'autr'cs,
, .
la révolution le découvre chef de bande avec
tous les attri1Juts
'"
néccs~a il~es
un
trône, un cos tume,
des pages,
des. gvrdes rlu COl~pS
ctc.
PiC1TOL o.us:;i devient Bug .Tareal,
r·oi. du Kakongo, ~vcc des pou-
voir~s plus étendus.
llalJl1Jrah (]nt le fùu du IIlnÎtr·e.
nègre
lui-même,
il aide ou POUg-
s,: son ~r:tl'e 8. maltraitcr~ se~ congénères, au erand ét(,.1fIO~merJt du
narra Leu I~ :
":l\\'n.i..,L(P.IU·'~ le no.in fi. "k\\n.i)~ j.xJ.-.\\ en {>Of 1 (.re~ du. '..-I·0di..,t
quo. <\\(~-:\\ IX1~-:\\P.LX\\c!'6 fnt-- avn:YJl.t dormi>_ ~1.1I· (.p. f.)(},tJ'On C:.Onl-
nl..lll.
(10no.1...1,\\ ~..l_ 'l'ovo,L,L d'?nrJfld~ une:?_ y#..fÎr:R_ à, UI! nn.U~,-ç!.
qui. ifl f ,f)J]eQ,i..,t 6-L ùOWJQJlL c/QA châ;tiflJ:!nL"i : Q.{. on {' ~H­
.f..Qfld,i.A~ m-~me un JOUI', .an CI-oyŒl.{. ~(.!JLt. a.Vf·'.C /H)/! unc.fp.,
t
1~!'Cho,·.ter' h ,-edou1.Jte..,· d.e ~é.vé,·Ué- Qn.\\~,'<'1 Sp/.\\ i..nto,·tHnC!~
cnnr.!A'.Yï.de-:\\ '1 (']1.
.
-(~r:=l;'~-Ji.~l:-F:-;'';";~~~i~~~~~-;. 29.
(2)
1;'u9· ,..1aJga.f.,
Ed.
GAllim[lI~d, p. t'lO.

lOS
.,-
Mais la deux i 8rne -par tic du rée.i t
le re trouve ~ux premi ère? lol?,cS
avec n.iassou chez qui
il Juue
le rôle.
de chapelain,
cie médecin,
cIe devin ct de corlsciller.
L.'hommc est l'~st6 le m6mc, url J1CU Inyslê-
rieux ct grotesque
mais
Ll. s'est Rdaptf. à la situation nouvelle
et di.l'ige sa' haine contre
h~s Blancs.
I!uh~_bra.h est un authentique ohj",,~ sorcier, el pOUl' un i\\fl'i-·
caill
cnla sipnif.ic f'1u'il petit j0.tcr des sorts. renc1r'p mrlladc et:
même fair'c mouf'ir.
Four If.: Ilon-initié;il n'est qu'un de ces h/;:)la-
di.nE; dei
cir'que:
et de!
foire
r
Et de
fait,
V. l-hU~o s'e?t plu ?l
habiller son personnage d'url costume bariolé! barri"; de galons et
de gl'elol.::"yet d'un chapeau pointu.
D'a~pect naturell.e:ncnt tcrrato-
_logique.
l1ab.ih.r·ah apparaît comme marqué par 10 ·dc~-,ti.l\\) e~ comm~ tel,
il Ile peüt ~tr'e {lUe sorcier, ou ~uelqlle 6r6ature du diahle. C'est
ce que lc.s
<'ha
Bamhara appe llen t: ...JlA
r:: ',~~~ t-[I-n i.re Il
-{
g~'OII( Q.
' t
nUA.,. "
1 "a
C:1\\jse du CélI'<"1ctèl~e énigmatique et impél.J6trnole qui :'Iffccte les per-
sonn<'JL',Cs de ce genre.
Et C'(~st sans d<;utc pOUL' ac:centuer cette im-'
pression qu ' lIohibr8.h a caché SOlI visage sous une cagoule.
POUl'
Ilf\\frjcnin) le COSmoS Ile const:itue pas Ull mOlld(~ fïf'.;:,
ft'oit! et muet; a',j contrair(',
l'univcr::; est char'r,é de significations,
porteur de me~~S<1g8S. Le d6t:cnb~IH'
ùu code Qui. permet de diSci'yptcr
les messages destines à l'homme est le devin.
A ce propos,
Domi-
niqllc Zahan écr.i.t
/I)} 'p".'.ln~,îL"2e' du
9"~I'1·..I,\\~{'1H' q~-t. du. peQ.ov., f.c. de.vin fXl-6-
~(~t-'C flLrL-ë.i_ un(?~ fOI·.I.f] pfu·0onna1.A...lh. -!'IocÂn.te~ Q..t jnuQ un.
a'Ô.fc COI'l--..lfJ..J6.Iabee- dml/.l
fa C.U. eA:uev, afri..ca.u·IC"!.•
2üUl/011.t
cl ',·1.Ufp .u J\\6,
c. l '?--6..t tc? "lurQ pel"'~onnagp- qu':~ cunu-fu CQ./.:l

, .
· ;
1.I1J ;
.t.'00<\\ {o/lcÎÂon,,:J..
Ch rlP. <tQUJT1U <"I.e dWr.'Rn~0.'· d~. ~C?~
-:'l<?rvicll/).
ni_ <"l,tU'
.f(:l~ pfnll ;.ndLv~.<!u(?fJ tli~ <"l.u.,' f e r:dnn
·<\\o(':.t.a( :
';j... <=Y:'"1 t Cf.ltll\\rd.tp. on ·wu.A"Q. OCCI7~ Lo" nn'''fluonlp.
(ou C'~;I~ill){~e te.llc) de'. ln. vw.1/ (l).
On comprend alor's le grand crédi t
dont benéficie Habi..brah auprès de
ses congénères ct surtout pOllrquoi le narrateur lui a accordé tant'
de place darls
le l'fciL.
Il cUllrluit une espêce de m~sse ~ui tient
à
la fois du sal:anisme et du ,:~;:ll.:holicisme. f.t s'occupe ensuite de
,'-
soigner les malades ct les bl(~:;s6s de l'ar·mêc,pui.s iL
Lit l'hverlir
pour tous cL ch;:tcun.
I.e ton de mépI'is avec leQuel LuuL cela est· r<l-
,
conté dénote simplement la masse de rréjugéf; qui obscurcit le r'()-
gard de
~'obscrvat:eur hlanc. Mair, chez l',Africain ll.li-mêmA, c'est
Lin _problèm~
de fu.i,
car l'obi s' i.ntègre si hien ;1 ta vic de chaque
, "
jour qu'il -cfit
irl1possible dB H'cn s6parer. Au contr~8ir-c,
on' peut
clire que rendu à Lui-même,
pal~ L' intermédiair8 de la [-~vulte, le
nègre retrouve
0f!,é'lJr.mcnt
tout cc qllî
fn.it p3rli0. d(: :.,011 univc('s ha-
bilucl.• Ainsi,
CIl
'lff.il'm:.\\TI{;
son
idcnUt(~ culturcllc, .il r;'afrirmf":,
se rc:v2..1uI'i~e fI [-,es propres y~ux. Comme on peut le
Lir'e chez Jan-
hein'Z Jahn
Itjh4X'" ~:feux~ de !ln.~-6(?...-.\\ éc. a~Qp~ (X1lf' ·la domul~/U.On. f,,t. 'OJ"l-
yQ.''0.,
ln. <\\oPCQ..('--f.Q",iJ2. c-Io,\\/ùlL Q,tOf'-~ CO",)P~ un c!p.n:.-er- .v';._
i f'..Q)«P. ck~. cI~f'?n.â(~..aIK:..·.'r.nt('.. CDl1t."(>, unf'J, op(J''(.~/~<'l.Lon r!-9a.-
f
t
" ' ) J "
f
f'
f
U f
ynl!ll·
-1'.lon<\\ lf''('.l)l..
'.I"l<'l..L <'l.. ~.'(p-.Â.'7f"'Q pa,- ("!xpnp .(~ -i~ nù(lO-
("'...lW.U.D/I
dr.!. .fa. u<'l..o'·C.P.f.J.I?'.'f..-e. 1I cd: de>, ,t/ac...-tJ.on pOfl~.-
.U.fju.Q • •• Il (1!.
-------:7~":'::-:;---.-_..:.:,..:::; - - - - - - - - - - - - - - - -
----~---
(1)
-
DOlninique Zahan , f-!Q.-!A..gwtl.· .S'/.l1..J-i..A:od.LLG, et. pvJI,(\\PR. atr'i...c-OA.FlP./-i
Payot,
p.
130.
(2)
-
Janhe inz Jnhn, m.uvtu.,
.F: 'hon'n~ a~(r';....cfÛJ1 c·L -la. cl..d'.,ÜI.'C nf?o-a{r';_-
ca,ulQ,.,
Seuil 191 K
f
p.
111e .
.. / ....

.'
1
'mr~)6'LIi 'JU début de: .La rèvoitc, lIahibrah est n,.f.C'Jlpé:>.•·f~/I.
par nÜ.1S:-.0U pour' r,alv<.lniser le pClJrl~, et développer chez lui ce
Clue nup. J a rp:a l. a.rp~ liera "un f 011nti...'6I1"P-. (QIUCP., PÂ: dOA -6utK>..,·",-t0tA..on"o
ri..eU_.D~,ft'/.I" (1).
En d'autres
termes,
le narrfttcur présente I1<Jbibr'ali comme un
génie ma,lfaisant q,ui
use de :~{~S connélissances occulles pour agir
:;ur
le pcupl~. nal)~_> cc sens
j l
e~;t un~ f()rc~ négatives
l'incarna-
tion vivante du Malin. Vol18 POlll'fluoi
il entre cll,confli.t avec
Léo-
pold d'/\\uver'ney/ symbole de la Ju::~ticc et du Dien en
tnnt flue fi 1.5
OL! nev~u du maî.t:re Blanc. Le masque' tombe ct le p~rT.onrl~lr.c sc ré-
vèle ç.lans tou te son horreur.
Et comme dans tous les t'ornans noirs,
le na"C'f'ateur. devient la viclime d'lIn pacte s<'ltünique : prendrr;:o la
vie d'un homme en ôchange de hiens mn.t6riels.
/IVoi./.Î--_'.ü.,
dj t ·J[nhib"ê.lh en [-,'adrc!':::>ônt fi LéopoLd tI'Auvcr~­
n':y, :UU.1~:'l"'lJu. ne clC?.vnC/.. rTn ,..XI_'·t. do",~ t:c~.. bu.Li..n (frL dc!,,'n;~~"
pi.,.fjr:lIJ"~.• (~~...latld je. "t'o.;~ Ill(. ou. camp do../.) flO.U·Ô, jf". lin ~u.i..
o.-L. cuwond6, que: -ta vip...
,J'- n"Q .e. '0 . o c-..c.o, -dc?Q" va wnLiR.'"-6
n·t rra-ift·l...P..nant Q..tD::>. (y~·t ù.. nn-i.. ! ,..%. Hl' QI/. rtJ)u"'(~l' (21.
/\\ partir de cet instant, un combat apoc~d'yptjQ\\le SP- d.t":clcnche cntt·c
le diable et sa victime;
la
lutte s'achèv<: par la victoire du Gien
r~eprb~ellté par Bu/!, Jargal ~,Ur lc~:; forces du Mal. !Iahihrah)pour fï-
r.il~ est précipité jur::que dan~; lc~; profondeurs de la tetTe comme
le
D\\ab.le.
IS5_t~...dtJ néant,
il r<:tollC'IIC au neéH1t à la fin du cyc~e .
.---_ ..... -.
(1)
-
d.~.1!7 ,*,,"gni., Ed. G;"l 11 im::- r'd, p. te5.
(2)
-
Idem,
ibidem,
p.
219.
"
" ..:

.Il?
Souvent
le
1.<'Hle,Uf!,C clu newnalcul' pour d6cl'irc ce monde antrn~!J-
niste C:3t cxcc!:sif ~t tend i'\\ deveni.r cxagérémf"::ll,t prr;di,c8Lif. !.l:J..Lro
l'auteur sc dir;ting,llc mal du nan'atour qui avoue ne p3S
Lout com-
prcrHke. Hugo ne POUITB jamaü,,: reconstituer fidèlement c8tte cul-
.-
ture qu'il décrit/parce qu'il ne la connait pas, ainsi que le fai.t
remarqucr'Ntsobé ~ et surtout: parce \\lulen fait
la culture haïtienne
n'es t pas encor'c née
(1).
TOI) t
cc qu i cs t gross i cr,
Ilnnt li..J::..i:.....f.é>."
servira à c1c~igncr te monde TlOÎI', .dors qU8 1:1 Iocctiturlc ct la l.i-
I!,ne droite annonr.ent
tout cc qui. aPPul,tient PlU monde européen,
ct
.
mettent l'accent sur le caract6rc al)polinic~ des Blancs. I.e combat
.,
des
Blancs contre les Noirs est lc r6su ltat d'ull t=lnt;agonism~ ent.!"'c
le - Bien et ~e Ma l, la bcau té contre la laid~ul< Génp.ra lemen t les es-
claves n'apparaissent qu'à la
tomb~c du jou.r, dans les lieux· pomL)res,
en prison,
dan~; les forêts profonde::; ou dans les caver'tl0.s. Lcs réu-
njem·' d(~:; tr~èf.',l'e~~ ont: toujol.l1'~; lieu tilll'ant 1<'1. nuit; ù t.'approche
du cl'épu:3cu.le,
Lout cliavir'e dnns
le
flou ct dan:.,
l'i.nconnu
:
lefi
ténèbres
salit il. l'oppo:,..:;6 de
tout: ce quj
l'errés(~nte le puuvoir blt=lnc
elles sont faites de craintes et de peurs;
la nuit tombr.l.Iltc annonce
le crepuscule de:'. dieux,
c'est-Èt-clire, de
la civilisatioll blanche.
Le monde noir est prcscllté dan~:i cettc négntivit6 8chnJ'Il'~e contr'e
toute
institution civi.li::;6c
; elle :~ignif.i.e clairement [:;c::~ illtcn-
tjons dc~_:;tructriccs dl'essécs .conl:I'(.:: le!:; fondemc:nts du pouvoir ~\\.Ie
déticnne;lt la ['<)l'CC,
lc verbe et
le ~;jvolr.
(.1)
-
André N"l'icNTsobé,
op.
cit., p.
;151 '
..
, ....
.i.

é.
113
Les Noir~:; ont toujour~:; pour l'occidentrll le m~me visage indif-
fér.'enciè.
Il est vroai qu'i.l est parfois nifTicile de distinguer
un singe d'un autre singe. M.ais .la ressemblance des nèp..,res avec
les 'singes ne s'<1rrête par:i Ô l'aspect physi<1u~.
On sait d'autre part: 'lue le
langage e~t révélateur de l'être.
Dans !....Xtg. .()o1'9nf.., au clisCOU1'S précis,
rationnel,
dinlectique de
1.~Assemhlée Génél'ale, S'OP1Jcse celle, déso-rdonnécfchaotiqueoct
inarticulé de Biassou,
de sa cour et de
llOhi.
La
lanp,ue est ins-
trument de domination et celui qui la maîtrise détient l'e~,;scntiel
du pouvoir. Déjà Vendredi étonnait Crusoé par- la rapidité avec la-
quelle
il as~:;imi.lRit l'a langue du m;;),itr,c malgré des h<lC'barismes
et di'!s sol6cismes inévitablcf;.
l ' ... -,~ • "
l.n C<1VCC'IIC.
l'ob3CUI'ité,
ln nGturc brute inBl:é\\llcn l:
if)
rèp.ne-dc.
llinformc qui ;;uccède dll monde on.1onné4
En dmplifi.-.'r:t lcs
telTcur'~
nocturnes et Cil Je:::; aSGocümt; aux cérémonies vaUdOLlf~f'; qu i supposent
la des truc tian de
11 un ive rS 1/luurnÎ..n (~,t ol'gan,fA(~.fI ne
l 1 homme ,h 18nc',
dfitruit <tu nom cilune 0thiqu12 nouvelle ce ,',nnde civi-
l.is8 en
le mf.!tlallt en contact direct avec une autr l :: r'f'alit~ mena-'
çante.
C'est ce que J.
P.
S;){"tre expliquera plus
ta.rd,
commentant
lA. poésie de Césa i,rc et de Se;-\\1/,hoJ'.
Il.[p~ 110!-t" fi. 'Q.-:\\t P{}r.') utle COlt-Ù?UJ', ,c. '('....r.)t. .fa c/(y:)..t.lucA:-i...cn.
c1R. c('/Lte cff1~-'v?, d /(;;1(.).1 H!l·t qtl..i... 'tJ:JmlX? du 60 (gi.-t blonc.• ••'
pO'l'cQ.
qUQ
-f..~/.l V;J,~09Cù /10U,<':1,. cpA {or:hp/.) c!~. tlfviA•••
.ulC1ll1n(~Jl.t le. .L3T:"!va..i.I Ol-Y.\\C11I' cff;?, .fa. n(~QQ/Upi ....U_ qu-L n)l'l-
lJe pn.U.Q.fm~_nt .f:!.-6 COfl('..Rp,(:.oâ,1I
(1. ).
(1) - Jean Paul S8.r'l',re,
/lU~1,Jh(,-(~ 7"/0;_"",
in
.':iioCua,WIJr.'> .J.'!.V,
J.9~e,
p.
251.
, .

]1~
E)
flEDEGOUVEnTE
DES - ARCHETYPES
La thèse cIe Goethe est bien connue: tout grand po&te n'écri~
en réalité qu'un ou deux pc,')mcs qu'il reprend à l'infini, Souvent
l'oeuvre de Ir) prime jeuness{'; se pr,ésente comme cell.e qui est ta
plus chargée de signification cot cie potentiel affectif. A cet
égard, Ilig. /}argat
tréll1scri t
mieux,
à nos yeux,
les obsessions. pri-;-
mitjvcs de V. !lUgo. Les intu.i l:ions du chercheur se trouvent va11'-
dées par Pierre. Albouy qui estime que la mythologie hugolienne' est
le l/{-rl..M..,t cl. 1une. re1"lcon·t.re, Qnts'Q.. f.e/.l ob~Q.6.~wno. 1Jl/WrPA e.·t de/.). .fhè.-
nDÂ
Wl..LlJQ.r.â..el.4,
c1e4 arrdl.Q.t-lJPÇ0.11 (1.).
Commcn t
écs obsess i on,8 in t: i.-
,
1!l(':S
::;0111:
J.1ées élU cOnejnCllt [loi r
et comment ces thèmes universels,
ces 8rchétypcG! enl:ret~iennent dcs rapports étroit-s avec les grancls
débal;s de l'heure, c'est ce que le
tr'ava.iJ. qui s'él.niJore va dérnon-
.trcr. La l'encan tre de ces obsessions personnelles avec des arché-
types amène I.c poète à la thém<J.l:isation des motifs :lfricalns.
La
reprise anaphor'jque de ces
l:hèrnes et de
ces motifs aut-orise le
chercheur à pélr1.er dl] thème aft~icain dé1T1s l'oeuvre poétique de
V.
Hugo.
------- P. J\\lbouy :i11siste Sur la nécessité de pousser Les investiga-
U.onB aussi
lO.in que possibl.e dans
l'enîance du poè\\:e, pour trou\\fer
( 1:) -
J can-P j e!'r'e Al bOIlY, J!a C'J>QQ,tLon mJ/tho-eog.ù{UQ~ cf,Qz.· V~r
Jk.l90J
P:1I'.is, J.
Corti 19(;'B, p. 1170,' nO 232.
-'

\\
J1S
\\
"
les souven.irs qui constitucn:~
'echcveau de
la mythologie hugo-
lienne
"
IIAu_ priJl.clPQ de Cf!.JLQ. ("J'(?fl,u..on,
on ck!-v-LnJ2. UrJ.Q. rQg,wA:""
,:',)1....otl
arc.ha,LquP..,
conne c/,w<m.t. )J2/.), p6ychana.f.y61fl/-} , une-
/
,
' t " r~"
reg~-'ÇY.\\-6-LOn <tJ'l ) anL'L.LE
(J J.
Peu .Lmporce qu'à l'époque; où [Iugo comTTlence à cl~6cr, il soit
mon;Jrclî i.B te,
conserva teur ou ]~6vo J.U l:ionnairc. Dans' les tout pre-
liIie r'~--; Ouvl"'(]ges se l:rouvcn t déj i?l cons ignés les princ i pc::~ 6tli i qlles qll i.
de~.()rmai9
p,üuvern.qron t
toute son cs thétillue et que le théorie.ien
déve..toppcra p Lus
tard dans J a l'P.-étace de CJ>orrwet~·. On. pr:u t les ré-
Sumer d'un mot: "la loi des conl:rastes :' /lM (::,or:!.o.t.e vraAA,
fa '.xJ~-
'-,
-61..e~ conpJ!..èA:..e-, écrir~a Hugo, oot. dana .t'harrrDrt-t.e. cJeM contra.,lT'O./j" f]).
Cett.e loi déjà ébauchée par
IJ) dcrol: drms sa déf.in.ition d(~ la poé-
sie,
B::luc1elFlir'e y souscrira en décrétant que .le 8eau 0::8\\:
toujours
b.i.zéll"r'e.
D;Jns son premier roman,
V.
J!u[t;o montre qlle C8 sont les
~loj.l'::;, l''nce qu'on Q cru créée jlOLU' scrv.i.r à per'pétu j té, qui ont mis
en pt'Qt:jque pour
La première fuis
déln~:; l'I!.Lst:oirc du monde, les
en~:;e.i gnemen ts de Ja pr.i Se .dc .LG 138fj tj 1.1c. "M.-/X?rw rXHJ..t"' tou6 .fp~
(lomrt:?6
!", s'ée]'i." Biassou,
L'un des clwfr; esclavc!:.; irWol.ll'gf:f:i. Pour
la pr'cm.i.ère L'o ü.,> cs t
prés en téc sous une L'orme l i t té.l'8 .ire l ' une des
domli\\antes de
121 pr::nsée rornéllll:.ique
:
l'accession ùu peuple à' la
(1)
-
Jeall-Pierre Albouy,
op.
c.i [:.
p. 49G.
,
(2) -
V.
IJugo, Prtif,aCR. cle. Cro"wl.?.--tt,
in
: Oeu.v~"ÇÂ CorrptèfpJ6,
sous
la direcUon
de Jean M"jssin,
Torne III,
p.
60.

.."
- -,
-'
116
\\
Comprendre la poéste de tf?uy /ja.J'ofJO.(,
c'est dègager lél struc.':'"
turc si.f.'.ni.ficDtivc qld
a pour fCjtlct:io,n finale de df.:srtgr0.~cr les
fondements de
l'idéol.ogie dominante, comme l'a fait par la ;.;ui te
UIIe pal't importante de
la créati.on au
XIXè sip.cle.
Des
1(' commencement} V.
Hugo prend parti pour les mi sérahlés
parce que c'est dans
le peuple 'lue sc lI-ouve
le génie.
La révo-
lution est pal' pI'lncipe une initiative des masses populair'cs ;
elle CGt avclIgle ; cependant cette connivellce du bien avec le
mal cst nécessair'c à ln naissance de
la Liberté.
Ces moments
. d'.exalt"ation sont souvent des Il,.Jour-6. du pt2((p,fp~ CJ}C"toPQ~ Q.L de
r'PAlwLt tUa,," (l J•
Ce peuple en quê te de jll~-; tice cL de l.iberte es t
incarn~
"pour 1:) [H'emièrc foi.s d<1l"I:'·j
l'oeuvre de Ilu1!,o par cette hon:1c har-
bal'c rie nègres :;;élnR oI~dI~e Il i
lo i.
Cette révolution servile n Snint-Domingue pt·éfigur'c toutes
les autres dans
l'oeuvre de lIup,u.
Le puète ne fera <lue t'cprenrlre
p<1r la suite un schéma originel.
I.'~t:hique nouvel-le postule que
celui <lui est en bas renverse celui qui est en haut et pr'enllC
~a plrtce.
" •
Ilugo
ru Ine l ' e thnoccn tr: ismc eu-
ropèen et voue à l'échec ce sys tèrnc Où toute perceptIon de l'autre.
(1)
Vi.ctot' HUGO, JOLl.-t.e. .fa r/Jj.-e 1.
se.

",
l ,.,
1 ...
est opérée à travers les oeillères d'une logique Qui
institue des
valeul's et des postll13ts irnpof:6s indifféremment à Lous les hommes.
Pour ln prem i (.ore foi s,
la l i tb~ra turc e.uropéenne la î sse la parole
à des rCIJr6scrltarlts d'urte cultLiI'e allogène pour eX[l!'imer' leurs
points {le vue S,JI' l'untei.té de
la l'ace humajne, sur Ilfgallt~ et
le justice.
Les élutres ne sonl: plus nécessairement des métèques,
ceux de
la périnhérLp-,
menaGant ou niant le centre. Jusque-là
lleuro-cerltr"ismc
.contrariait et niait la possil)jlit~ (jllJfle alt6-
rit6 ~ucLcon~ue,et ruinait la validit~ d'autres sch~mas de rér~­
rence~j. Ué.Gormaif'. les modes de vic di.fférents ne sont pLus ne sim-
ples sujets de curiosité 'lui accentuent le contr8ste 8vec 13 nof'-
me. Pour une fois~ les termes 'lui
connotent la nuit ct l'ohscur
acquièrent une valeur sémanti~ue
positive,
selon la théorie des
contrastes. l}ug !Ja.r'gai est un prÉ.-texte
qui-
déve loppe
Itic~~e qu~ la tyra~lnie peut êtr'e minée de l'intérieur par une vo-
lonté d'hommes résolus.
Nouvelle nLhique dont l'.instï.tut:ion corn-
cide SUI' le plan politique, avec
le progrès de
la démocratie,
et
Sur la plan litteraire, avec ll.émergence définitive du roman, gen-
re populaire qui
deviellt forme dominante.
En proposant N..l9 ,.Yar-gnl~ comme un texte-clé, C1p.st Fi une relec-
ture de
lloeuvre de !lUgo dans [iOn
ensemble 'lue cette allalyse convi!=!.
On si:lit que Haudouin, au
ter~lTlc de son ~tude sur l8 [loésie ric
lIugo aVDit situô le poème <fa G)II~c:.l ·flCP.. n l'épicenl~['e de son oeu-
vre.
Expliquarlt sa rn6thodc,
nauclollin 6crit
_._-------
",l'.lQf'1/.).
f_ 1édlC?.vQnlL C!n np(Y1'..ç>J1.("..Q.
-iJ1(.~:-i·;-ca1}tc.
dp.. en. Vt~ ÇA de .t 'o(!u.vr'0.., d"Â <l,·U-Uclur'P4 C-".L clC'/.! dQ/.:J.;..r<l,~

118
dr?-a cDnpfp.x.e-a et cl,,?/.), ~yn-bo.te-6,
nolM avon,c n.VI~i.
Wl
f,l()fJ1L ilxC!. 'fu,L f.>P..f.Ltt fa.i.-."""e. tU].à-e dQ ('..pntt"<?.
(',L "01.1-:'1. ,.)O.lTl,-~tJ"P_ I"ft"'!.. nvu<\\ o,·i.PJ,-l:p-". 1r.. CP. C('"~~''O.
nou,;'" ''OyonnQ.. I'Ork''l <=:'rJ. Lou,~ ~PJW pour '1 "-.D"Q. IY.lrrI:!J"lP-O
-:.),on<'l, . cP/..\\<\\Çl~.
nou~ 0.Q..'Orlt:,') al/. COQ.UF cl'lin~ 'U0.0CQ.,
P.t. nou-a <\\,--LÙ.J":)n~ de v0lgL rrnJ'Ii.P''e/.lf.RA n~l'VUro~
qu~ <'\\ 'Q.YI. Q.cI'lappeJ1t pour ''Q,VQt1u' ,~'y Clot..6el·
·.(OUJOII'·0. à. nouveau" (1 J.
Baudouin justifie sa démarche par l'existence de r'êveS-pl'oR,c-ammeg
ou rêves biographiques qui. ont UrJl2 fonctici>n d'indicateurs dans
ln recherche psychanaly tique.
Df..· te ls programmes seraiênt à
li or i-
gine du dèclenchement du proceG~u:, créateur. ·Cependant,
il I~cste
à souligner 'lue le rôle p.aradigma tirtue du poème choi~, i comme incli-
cateur implique un critère cs thétique
"Ji <ML, cJc"u, i'Ot'J.lV'"," cl' un poi>A:e d.?/" ~)()"""/.I
p.fLUI.
~·i.rJ1P~ condoJ't66~, mlPJVG /.')U~Uc·!ù au.
CC'JI L"", nr~m:!. de .in. viP. dp.
f.' Ol.ll:RJ.U·, ,.-d.J.J/.')
dlnADi~-:\\ ,/0_ .o.·Lglli-l-t..cn,U....nn Q.,t do. pot..DJ1LLP...f~ o.ffcoL1-(-,
r7u.i~ (.f. /u,~~e,f."",u'·-6 pn-Ci-6('(/Pl"lt tyl.,. f.n Urle Ul·lPnAU..6_
(l' {~'(P"'("'4-ô'Lon, UI"le:
Pu.t./.Î~anC'?_ <'-OHm.Jni.r.-a,IÂLl0.
ç'xc.'-~:J,t;...orlJtQ.tte Q..L quÂ..- (l/l.t bi..eJ1. d,?/.). dlanc',J.'l:.'i ,-ft?.
(,"-OrrpLc.,,· pn.!·fIi1_ fp..-Ci cher~ cl. /oe.uvr'C'." f]J •.
L.
Cellier. analysant la méthode de Baudol...Iin,
écrivait en
1951
/lr~- /lQ; -:\\UÂA IX1/.) <'.t.an-a .-!\\ovou· 'lue. .f-'op.uv,,'c p:'H,fe}lnnrd..l/-tU7u.e ck
(1)
-
Charles Baudouill, p~~~JdJ'lJln.f':I~c!. dr>_ V1fk~' )'JulJo,
f\\rmanct Colin
1972. p. 2~.
___-~t-- ..ldemi·-lb idem, pp. ,23 - 2~.
(3) -
L.
Celli.cr,
IIV1:..cteH· J-h-t(jO' tu. par l:oudow'l e.-t 1lhu..n.-.m." Circé'l.
1970, p.
11.
,.
"

119
,;. -
En rai t,
1.<'1 ;]\\l5t:lode de D[iudou.in pèche par excès de rigueur et
. ....--::
paf' esprit ne syr.tème.
Comment un seul': poème, choisi selon des cri-
tf~ œs nécessairement subjectifs, pcut--:-il rendre compLe de la tota-
lit~ d'une oeuvr'c ?
Oaudouin
lui-même indique d'aill~urs que l'intcrprrtation du·
poème ,m C()n-:":lCi...cY1C"~ s'appuie en réalité sur celle de l'oeuvre to-
tale, autant qU'?l l'inverse, elle y contribue. En effet, \\ comme
il. ~n est dans
tout organi.sm'...= vivant,
la partie et le tout
sont
fonction l'un de l'au tre.
,T.c poirlt de vue ici soutenu Cfit tout diff6rcrlt : si on avait
cherch~ à appliquer les mét.hodes p~;;ychanalytiquc ou i ,thf;matiquc
.::lans·"leurs ultimes conséquences, è 'est ~ug. /}0'-90,(....-,
1 1 0ellvrc de
la prime erifance,
que la cri tique i1urni t
dû lnvestir.
Car si le poème ,fn. (on~r..J_f~nr:p. a pour ~ujet le thème des frè-
res cnJ:cmis, ce motif était d6jù f!bauché dans {{.,g )Ja.,qat.
D1Auver-
ney et Bug J3l'1~a 1 son t des "f'.Q.,~~".'Vers La fin ~u roman, J.'·embrassa-
de de' ces /ldC?IL\\':. l,.Q.~·"'4 QT~tl"_méLl.'! sir!,n~f~er'a la reconc.i.liatio~ des
deux races.
Dans
18
li t téra ture oc c i den t<1 le
li1
lu t te en tie (ku x frères cs t
un motif S8nS cesse repris:
Caïn assassina
Abel
Homulus en
,
tuant nemus,
p6chn"dit Cicér'on, contre la p.i.été et
l'humanité,
/1

.
..
onl1....-
-6i..A: hi...{,:.__ pi.e.tnA.:t;'m
pA:, llUf)nn0-taA..Wll fi
(l).
Au (Ure du moraliste, ce
---- ..
crime fai.t figure de "pé.cJl,é.o!".f.J].i.Jl.et",
et est la Céll.lSC rl~s guerres
(1) -
Ci c él'on, 1Je oj-{<..ci;" III, 10, 41.
_.

".
1'<,
>.'.
,.
12ü
1
civiles nombreus~s qui jalonnent l'histoire de Rome. Dans le P?è-
me :!>iJ>JI.•
v.
Hugo soulieT1cra le caractère universel ct perpé-
tuel cle" cc. sacrifice rituel
On sai t
que
V,.
Ifugo ne Ge consolera pas d'avoir.
mnlr,riS lui,
provoqué la mort cie son frère Eugène, son rival en amour.( 2). I~e mo-
ti r. des f1t •.Q..~
11
Q.rIJlernf..4
es t un cons ti tuan t essen tie l
ne 11 CG thé-
tique hugolicrme ùu COn tras te.
Ce -thème, dévc lopp é dans
les )ju,-
rrr>--awc, et parachevé danD
le'!:) R-lf'gl'OVPA é,tait déjà élaboré rians 1."XJ9
/}rùYJal.o
Comme
L'a noté DaudolJjn,
W/.i )lUrrJ2DUX- sont une variation
SU l' la légende du t.tasque de Fel', personnage légendaire qu 1 0n a
supposé êtc'e le frère jumeau de Louis XIV /
"eL quÂ_ au.n:l.l..L éll Je>..th. au cachot .f.e vL60ge ç>flfJ.rl.-
~~O'''I.<?_ c10rllj .t'OprXU"e1..J -61Jlw·tJ'e.., a.tm d0.. r:JQ·H'lPÂ.A~",'O.
h ùOIl t rÙ"Q cie ,·6gner' ~nn6 pa.·-t09t.:? fi (3 J.
fI
J.Ïl
fin dll rOJ!1ri.n,
Dug Jar'f',ill,
h~ f'/oil,:,ct d'i\\uverney,
le Blanc,
~;e cong,ratulerollt en s'i:lppclant frères.
I~~..lg )ja.-g(ii.- est un t~exte d'apprenti.sGage Clui porte en germe
tOlite la mylholog,ic et l'~::;UIr.ti(IUC de IIur,o.
El c'c~::t fi pr'opoS de
la lutte des esr;lav~s africai.n~; que najt ct se dépluie cctLe poé-
1
sic des proforuleurs.
Un peut donc considérer Ù pr-oprement pilrler 1:'ug :)ar't]af. comme
.~---------UfC r()rna-~·--initiati'1ue. Le Je du rHllTateur effec tue une vérit"able.
(l ) - .1'..UJ.f..L II,
5.
(2 )
Eugène, t.~I-\\lEV.'1S =: le bien né i l'autre" frère s'_appellera Abel,
a vec tau tes
le~:> l'conna ta tians b j hl i ques de l' innucence.
(J) -
Baudouin, op.
cit. p.
3.
. ,

,
,
"i'
expérIence cl' une' ",ft; ;nn:, , une dcsccn ~e aux enfers. Les épreuves
dont l'adepte :;;ort victor·.ieux.
le co~frontcnt à cc qui clans la
f1r·éa.e~ de [' j·Jlnquu"ûJ"0./1 do i t le rapprocher le plus du monde in--
fern<:ll.
Dans cet univers fant~stique :peuplé de démons ct rie nè-
gres marrons à la face
livide, le rnyste évolue comme le poète sous
la condui te de Virgi le. La pr'cmî.ère figure infernale dans cette
oeuvre est HabilJrah,
le fimdd,tw--c.,
naut Q~,t dLff.ou,e",
au ".·il'O. .(Jl.-
f,e"'1la.(, et. d/irron';f1que..!I.
Lorsqu'il tente d'entraîner dlAuverney au
fond du précipice,
/fon. cû,t. cJi..,.L t 'j,o,·,·JJ& d,énon de. ~fA.:Q. c.ove.,..,I.Q.
cJ,.e.r'chan-t à. aA:..LL.'Q..r une pJ'O-LQ dal1tÔ. ~on paf~ d' aL;J}p,,~ (!Â: c/Q WII.Q.:"
b,.,y,"(ll.
Les types de "ga-.al1dc. YlOU'<i"
dans f'uq /klf'9a1~ font pense[~ à 103
garde
rapprochée d'Eblis,
le diahle en personne, selon les
traùi- 1
tiollS
6sot:ériq\\le~.;. Au mili.eu df~S nè!?,re~:, rl'Auverllcy épruuve le
~.;elltirn('~llt étrallv,e ùe se trouver :lUX portes de l'enfer.
I!SV.J/,{
,,,?. HOIl. MPQCf? dnn,-,\\ CJ2..tLe eat./P.I'r,P. JllmH'J/p.
(!.L nuL..",--,
QJlv';...n:mI16. de->. rp/,\\ rtQ..(jI'Q/.'l {:YH'C2i.l./,"l Ô dQ,Q dénon6 ••• ,
-tolH' à. -t.oUJ' ,{r:JJO-œ.' pa"
CQ.
f1.llA.n. hu·/p...ux., pa8' C~ -60,'c,lP...'
c!-i..flo,·/1e, Qt pro'{J!gô.. rxu' ..f..e gl"OI'ld /10,;--6' ••• 1.J M!. ~Qmben;---t
Q-t.-e au.'G pO,'.(YA c.fP.. f...'e->JI!V.,',
aA:.Apnr/8'"C!. fu P{~"U~ ou. ..te..
.
ùa,f, J,t de. fJUI1.
âm.-'.'! (2 J•
V.
fltif?,o
utilise ici
une dominante de la
l.ittbraturc fantas-
t i flue
qui situe t:raditlonnel.lcmcllt le domaine infernal vers des ",
con-
_, -----;-.-----.-.t.,,~~ .. i1.JL-rrn...éJ.{"·, ve ['s 11 Afr iquc.
(1)
lx,q /jargat,
Ed. Gallimard, p. 227.
(2)
lelem,
ihidern, p. 221.

,
.
~ \\
"
]22
Selon
la définit:ion de [,.- Cellier,!
"..f..Q. ,unnfl iniLi..a,ti..que· pro-
pn?flr'Jlrt. diJt (.>.../.11. c(:!,eu..L qtÛ.. éVOqi HZ .le dlcurH..nPJJPJ1..L 0- tune âffl.? e.L qul...
abo,;J:,Gt naA:wclt,,,,pnt à f.a Tm",1: d'.L m4<'.>b?" (1). Cette mort est la
porte ouverte sur une vie nouvelle.
Le roman peut être dit initia-
ti.que,
lorsque le héros meurt pour renaître. Or les deux protaeo-
nistes de l..'tig /ja"9Q ,i Pi.ecrot
et dlf\\uverney,
l'un noir/l'autre.
. ,
blanc, subiront une mor't vicariale, pour le triomphe de la Liberté
et de la Justice.
Ici, pour Ja Pl"cmi.ère fois,
joue le système des
i'3ntithèses, constitutif de 11 idéologie h~r.olienne clu conLr'astSt et
dont ail nIa commence à saisir' l'importance flu'à la suite des tra-
vaux (Je Saul'at et de Beudouirl.
Cellier' prècise rl'aillclJrs darls son
ouvrnge sur le roman initiatique que le rnaitr~ du roman initia ti-
que,·c1est Hugo de l'exil. Mai.s dès sa jeunesse, dans un article
daté de 1824,
le jeune t'aLt-û2ur,l' envisageai t
déjà un autre l'oman à
créer, plus beau. plus complet.
"C'CZ<'1L .f..,~ fOnun. à. .ln.. (oi.o d,ane. et
/
P.potLfii,." ~·6C?~e., nYû;~ ÙJQae.~ rrn.jjj. ~iJalld••• "
(2).
.'
.
, 1
liIg ))a3'rjat est d mc un roman ini tiatiituè nu sens de par-
cours mystiflue,
mais aussi d'apprentissage de l'écriture. Ces deux
aspects complémentai.res permettent d'évaluer l'importance de cette
oeuvre de, pJ~ime jeurlesse.
Si
l'on considôre (Iu'une ~hauctle contient
toujours en puissnnce les r,ermes des productions ul tér'ieures t litg.
daNJnf- aurait dû mériter plus d'attention de la part des éditeurs
et des critiques.
~~~---~~~~~~-----------------------
(l) -
Léqn
Celi i cr, f.JarcoLU'~
_9t10lÂnff.:Â1p.~~, Les Ec1i tLons de la
naconniôr~, 1977, p. 125.
(~) - idem, lbillem.
.{

, ,
L'oeuvre de Hugo
dans :3Qll €IlSCIT)ble
est st.riée de ces
tracés·
ini tiatiques dont le point de d~p<1rt :sc situe dans f1.J9 /}argn.l.
On
sait ~u~ la. critique moderne analyse désormais le, romantisme dans
ses rapports secrets avec
La poésie de la profondeur', pour repren-
dre l'expression de J.
P.
Hic!wrd.
Au-delà de cette poét.i f H1C de la redondance,
de
la dilatation,
de la 'fA \\JtJ..r"':;:\\, (ce à quoi les premiers
critiques 'ont réùuit l'oeu-
J
vre de Hugo ),
11 exégèse modC.'l'nc c!lcl-che plutôt à montrer le carac-'
tère essentieLlp.lIlent mythologique, concentré de cette poésie. V.
Hugo doit beaucoup nu romantisme allemand)obscur, profond et my-.
thique
; Charles Dédéya n l'a suffü_;amment mis en évidence (1)
le
'7101.16(."
de Coe che es t pl' éscn t dans ce sa tan i sme, cc cl ia ho l isme
ébauché dans 1_~JlJ: r;m'gd,
et Clue li on dé.cèle par la su i te dans J.Jan
d'J~.efJtldQ, L'ho"Ti·r;~ qu,i.- "'lL, ,Le/,\\ Ück.L'l, J:QÙ d.Y71..eadCUi., J10bQ 1'anp. cio...
Pa~·i.A., ..Ü1. .J}~0'Q/lde JQ,~ SLQc.lP/) ° ° •
\\
Au chapitre XXIII de I?ug. --.9aa"t]nf_,
'l'hadée aperçoit "UJl g,.'t2Il.d
nç·.IJ'"C!. (IUtL <'le-,:. dl~_f()Ild.a,Lt a:m'"P_ Wl. d3:'!,f:z.fdJf,dJ1. c()nD'f?. flUA...)". ou. dix.. de~
Le~ cérérnonie~ vaudoues son \\..; pr'éscn tf:cs com~c une sor.te .de
sahba t; à
la mo,.1e africn.ine,
/J~C(..JIQ. <J.iJlguAA...èr'('>.n"....Jl)~ <'l.onb,-c Q..~t eltrn-
1I
ljaJ1.-fY..

C'èt2 ient des hacchnnales de sorcières décharnées contre
. l' homme blanc
Le pe rSUJ 1118 f,C (h~ Il;q h i.bra h e~; \\..; II inca t'na t ion rn~m'e
0 __
-·-----dc-S~l:an. Il est l'officiant d'une parodic dc·
culte catholique,
.,
{J.) "- Charles nédéyafl,
l/i...c./j),,· JAJGo cd::. -t'.AP.~fpn'Q9nQ,
Paris J: 14inard,
Le ttrcs 1/10 ùcrn cs 1964, p. 64.
(;»
-
(:'~g. /ja.'Cjo.f., éd. Ga 11 j l'lard. Jl' 109,
i'

,'.
1?1l
rrabibrah a des
lî8ns de parcnt[~ avec le héros du naJ.n flOU' de
vJalter Sr:ütt,
tr::lduit cn If';}'? sous
le titre de l1ntrl m~~.tt2.J·ipnl(..
Ils ont tous ât~UX . en commun la misanthropie,
l'()mlli.~;çiellce et la
force physique extraordinaire.
Dalls les derniers chapi tres du
roman,
véri.table maître de l'Enfer, Habibrah fera
traver'ser à
Léopold ct 1 Auverney les cavernes
ténébreuses.
Cc gnome effrontf-.
annonce Quasimodo de lIo.uQ.··:JJœre dQ. PariA et Gwyplaine, .Hbouy
les
dénomme les méchants.
IIcf.cM mQ'chr:iJl,La pOK"tent... (J. .f,'hunl7Jl.-·LU?_ unp, h('].~Jw, gémérY:Ilf!_,
ab60EuQ, cf au. tond,
Jé/~.ul-tQ.r'OA-ëf..Q.•
..9 f/.:) -6.0n.t an Ln-"?,o rXir ·f.a vo..f.on,{:.n~ de. co rJ"01Yp',(:,_, dQ.
di"~JA"2.J.J'Ç.J', d 'QvLf_;~r·... Par' .fù .fJ2/.'o. m6..cnatl..t6 /'u9o-
.f.,i.S'Jl.<\\ -ô.on.t vé!l'i..AJ:Jh Ce.fll?J't·t -ô.a,toJ1.1fll.K'./.'i Il (l J.
L'Hnalysc de Chê1r'les l~~lurOTl n'est guère différente
IIA-r r(>.cA~Lv(~n'PJ l,t J-!nhl:.b, '('Ill. .o6C!- r.ll.a.~. dl(. ("..ô te~!. rh
.f.' IJ'PIJJ"1 i.A:{·. c.n.K~,Lel!,
du. CJ.")tJ:?., de... ·en. vC>J10(?oncp-, dC>Â
LW·U.lI..4na.LL'<...,
rJp.A,
.(~)/J·f./lt°Ç'.~, c"-Y6 elj(fiClLU'-o.n.~ : L'?n ou~b'e
J_ Q".~iL un pcw-'Ôonnaoe. r·ef..U:J.-V2ux. Q,L ·U pé,oi...,t conn~ Wl-
dro[)n, '::WàC~_(J0t/!- df1n~ t' ah1'.PP. f?,'C. {, nOf.I,~ d éJ ·LO"~.'" piu,tô.i
'7u.';... [ o/.',,-t: il.
«HY r~OJ°tJrit cC>. rl"P, Cf..nllclc-~ .~IH)fJo (Mt. h.
(,bn.~';.poclo. Jt cOlld~n.,.."e
o
QH
.C1M_ .f2/.l. cieux. d.l_{{onnW~
nVI'Ole e.t p/RI-6..f.JIU.e, cl.wùowe./..'l p-fJ.1~ -ta.lId darl-:."l
17oLJQ..-1'!(iIlC!. dQ.
f:,hr,f.-Ô" (]I.
Or la difformitp. est url motif cnpital dans llimagin8irc de V. llU'gO,.
Le grand fr~,:.~ du génie est un de ses traits essentiel!...; dont il
---'-'
-nl'ètait pas.
peu fier.
C'e~:;t; l~t un des caractères qui le rapprochent
du Noir, consi fibré par certains évolutionnistes comme une contre-
(1. )
P.
Alboll}", ,l'a CII~tWn. 11I.f,UIO.f.UlJ..f.JIU'e_ dW2- V~...r--,t.olI· Jk(90, p. 271.
(2)
,- Ch. :.1é.H1I'On,
Il,!}.!__,) P(?Il'<J.()nnQYe.~
d~ V{_cA.:o.~ JwjO fi, Cf.J..J{..!e P-~ljdl0­
cJ·Lti.que.
D. c.
t.
Il,
Introduction, p.
IX.

,,-
façon de 1.' "J.loril,...?,./I,
1 e Blanc.
a).
La rlaisRance monstrueuse
On connaît aujourd'hui les origines de ce complexe
,
hugolien
:
,
la rivalité avec ses frères,
SUl'tout Eugène,
[u Y~Ull'~' le bien né.
Ils furent rivaux dans
l'élffcction de leur mère,
riv,llJx d<:lns l ' <J-
tnour de leur amie d'enfance;
à cause d'elle,
Eugène sera pris d'une
crise de démence dont: l'issue lui sera fa'talc.
Victor en f.prouvera
-
toujours un profond remords.
Et le remords
de d 1 fluv(~rncy à la sui te
de la
mort de son rival noir,
Pierrot,,'Rera du même or'clrc.
Selon une
dialectique que HUGo développera et qui nous appnraîtra bjcIIlôt,
le mellrtrier, poursuivi par
l'oeil de sa conscience d6rangêc , de~
vient très vi!:e -ln victime.
v.
Hup;o est à 121 fois Je:m-Valjenn
et ce.lui 4:.1i
le condamne;
CaIn ct Ahel, d1flllveI'ncy et PierTot.
Elle est jll~te?lu remarrll1~ ~e R~gis "Antoine:
n./J.: Il(.~qu~ PlP-r~--c) t '''f~I-~''~''/.)eJl.J~!.. .te. j.C'.UHQ. J.Jugo, {Q.f_ ql.L' .i.)'_
-:\\12',
voU Of"".
OC?. dO~f~"("!.,
1);PJt mLl2ux.. 'lu"- ne -f.Q. ,·C?pH;';..\\QJlœ
f.Q. f-ÙlJ"lCP. c.o,.u"ft?I1,(~;.o,ul.et d'JL..l.J'C?n1.eLJ
(entre La première
ct 1<1 seconde vcn::;j.ün de fbg. /)ar'fjo,[, Victor Tlugo a
épOUSf) son fidèle
!). Co. -:"!ery},U donc. ff? na't:!mÎp.r· ·tc.-"::...t.P.
t-~'01It;(""'fA clan~ ,(CY1W·!J'.. .r'auJ:.eJ..u· -6 ' WPrl.IJ.-!·w. ,.1I0'{on.-l(~npfl:t
èJ. un Iwnne no Cr Il (1 '.
Le crirnc de d'ALJverney,
c'est de n'avoir pas pu empêcher le
_s~cri·fj__ce-·-(Jé---PjcrTot. PéI!' pl'ocur'ation, il a commis un
fr"atrici'de.
Finalement d'Auverney c'est P.i('rrot, c'est \\"
'V.
Hugo.
La couleur
du nèGre est ::.;on masque de fer qui
le différencie de ~;ül1 frère
jumeau bl;H1C,
d'flu.vel~ney.
-------,;:'------ -----_._-- ------_._---
( 1) -
Hégi s
An to i.n e. .fP l'C~·Lva.iJ1,.\\ .1,-œl.ç.aJ et. fp jlJ.LLf}Q~. ])PA
(J<Y'em-ip.,-'-:"! Pùa'('./~ Bf.onü~ (lUx.. Su.J"'-i?ati...L:.iJ.?/.> l1ou'-~"
Paris, Maison-
neuvrc et Larosc,
197B,
p . .188.

126' .
Il a[1~'3I'Q.T L cfEec tivemen t ,que l' Imnge du f/{,~J'(~ -6.acl~Lfiy./I
cs t lllle des han t: i.a ~s rlc/ I!Ll.(::U.' Ce 1: te o\\J~iession ,tran!~parai. t rlès la
premlèr'c OCUVT'8.
L'idcnti.fication de lIugo cl Caïn
(un de ses frè-
res s'appclle d'ailleurs Abcl), au fT'~re coupable et Cl15tift, ain-
si que lia fait lJoir Baudo\\lin, s'explique bien, pu1.sr:tu1il s'agit
d'une "tran~po-6-i.LLort ~!.'lIn (/~Ym~ {.lQ.'''~orln(:o..p_rl
qui
remonte à l'en-
fmlcc.
/lCh 6aGt que. .ea. .f.oy.v,UQ 6e. JOUR- dp..- ~ 60"1.5>-",) ~/e.
' .
conû-acü..oUnrl/.:).
Ce.tte Ldc.nt.Lf-.i...cnÂ.A..ot1. Pfl,t,'f,>, .fQ,' r:oupa.-
b f.Q eL ea vwÂJ)Q PAL un p:J'r:JCQdQ con,6tnnj~ de. .fa. p'~n­
6~Q, p.I'UHl.M.:.v(>~. •• C~.1.)J!. ;__dp11,tLf--i...ca.t-i..on e<"lt -6U4'tou,t
naU.u'e.l...f.R. eo;-'oquR_ -te. dé./~u· f/r.lA... Q. provoqu.é. '.en. cJ.d'..pa-
bL.t;)J.., {ut prQc,i~6J1)QnL un d,p~Lr dQ. P''("I.fliJ,'(l. fa pene/!.
dn. t' out..re:?, un nOUVPHPn t de ,·WnttA.:.-:!.'1 (1 J.
Hugo exprimera cette réciprocit~ du coupable et cie 18 victi- ~
me en même
temps que 12 notion cie conscience-compensati.on dans
les
Cof1..I~peat..Wno.
"J.:.'Q6.6a~6.ul Pâw,·cû.."L ~ 'i..,f.. \\ftJ~,aU ~a v~tAfle.
C/M-t.fJ.M.- (JI.
PGrcc que c'est finalement C;-tln qu.i suuffre, c'est lui le
frère sacrifié ct l.e frère coupClblc.
Nous entrevoyons d1ores. et:
d ' " 1 "
,",\\ 1) ~ )
,
eJc.1
es raH'>on~::; de la reconci l.iation entr'e :)I:'lll11 ct Jesus. La
_.._... __._·--------5tiY.·d(i:-S;;:i:;;;~--f::lit
apparai:tre l'Ange Liherté Qui
l~achète Satan èt
le monde .
. ,
(l)
-
Baurlou in, ,fa p~I.1C'jlOna>e~J6Q. de VU:Â:o,.· J.lJ.go,
1 ère
é~li t ion. Ge-
nôve Mont-Blanc Collection Action et Pens~e nO 7, 19~3 ;
2è édition GlJeC un [1rérac"~ d'Albouy, Armand Colin 197~, p. 35.
(2) -
0:>" l2Jrp.I'n)~..on/.l
VI.
'.

1.? 7
l,'idenliricntion de
v.' Hu.go
à un personnage noir s'expli-
flUC
d::Hlf:>
18
loV.i que dc 1<1 psych::H1a lyse.
La na.lssance monstruew,;c
a
joué: un [',l'and rôl.e dans
la détermina tian psych ique du jeune
Vie tor.
13audouJn t
rel isnn t
Vi...C./OI' J·~.l90 rY1.conA:é. PO"" un ·t:P.noifl de?
-:)a
lJ..f...p.,
éc l' i. \\; :
I!ml-â -:)n. pr'(!nu.p.r'Q" (~Jlf(JtIo~,
!.P- f.:x~lA.A.~ VisAn,.· P.<tt -611<)-
'f-1C',(",-""t de. ~u.dl-0Ü/J.m?.,
pJ.(,~.)c!J!./j•. une. d~bi...e.f..A:.c?_ ~.nrl'ûpA:on'J;>.,
t(Ul.. --:) 'ajollœ à. ~a ~-iÂ1U:l,U.1)fl
clq. codet. poru' d6~vC'-"eoPPQ.f' (!J'I.
-fLLe., .f.ol~qU.' Le. ~Q. co"pal'(~ à. ~Q~ {rèr'P..4, ·fe {')Ç>JI,UflPJI,t
d 'WlQ~ -tH{-6J'w'r,.{.,tR c/OU,(OU3'('If.,Qe. Q.t. jnlou~e . .?f. flf,t .f;.û-:-
n&r"p. un
vl/.)ful-t .f..~~ "naul. c/.i,.,f{on"! à'n. g.-"0-6.--:)(O'. -Lêœ"
dont. en VUj-lon .f.e {]OIU'DILL.l: d.'oew'J'Q.. QIl. O"'J.lV''Q. ~ou,6
.'-12--:) t,'u,L-w de Nan cl 1J-6.fnncfe,
de: IJa]JüJ, 'Oh., dQ. U {Q6~_­
/Judo q):, d.'ouo'Q/.\\ IJnnj.L,.,'(?~ QUe. ·&wr dL-ffo,1iH.-rtfi. p,tt(/.) ou.
rrnul<\\
'?Y1 V i...c.u<lQ, ne!.!:. ou. 1.>(111':' de t '!lunnJtt.-lP,"
(1 J.
Par un ;nouv(~rnent dic:J,!ectiquc,
f'--\\cilerncnt cornprNlensihlc,
~i
L'orl sc
l'éf'::rc ù ce qlli Ge!':)
la ll)f.'.ique des poètes de ,la n~gr.iLIj{'le,
v. Hugo va . assumer les i<lcollVr~!,icnb:~ de ses tares physiques. Sa
"Y"''O~~''),(?. t,,~&-!..", SCIl "y.b'ond 1~'oflL" deI! tendron t des ra isons ne fi erté
sur lcsquelles i l bâtira
tout son systèw~ compensateur. La laideur
acceptée est tc'avesl:ic en I!,C'RlldcUl'.
Tou t au long de son oeuvc'c,
la difformi té sera un moti f
sans
ce_~_.ç_.repr·ig-ct·deviendraun vérit8ble symbole de
l'idée qu'il. se
fait de la fatalite et du génie.
Le complexe d'jnfériorité de l'en-
fant di5graci~ux Clue fut V. Hugo est du même ordre que le handi'cap'
(1.)
-
Baudouin, op.
cU-.:.., p. 26 .
. .,\\

.'
/
,1~R
de couleur de jJierrot. Le I)O~t~ se satlctionne et se c'Jlrabili.~e
la lecture ne l'oeuvre débouche nnturcll.crnent sur ln découverte
du moLif de Caïn. La fatalité qui poursuit i.nexorablement Cain
est indissoluhlement liée à sa faute.
Le châtiment que subit le
fratricide.
son exil sans espoir,
sa métamorphose. en personnage
noir, ainsi !lue le rapporte la. légende,
bref. cette pénitence et
le hannissem0.nt nc sont plus
irl'6versibles.
La proscription et le
/
l'ostracisme ne sarlt plus
irl'6vocaIJles ..
Car celui !lIJi a
le plus
souffert méri te p lus que tou t autre le salu t
Ainsi} à 111'O[)05 de 13ug }ru'f)nt, se "trouve ôtablic cr:tte harmo-
nje des contrai.res,
constitutive de la poésie tHH~oli~nnc. ])'ai1-
l_eur~ une conception primitivr~, l'cst6e tenace, consid6rc Le don
~JOétique COmme Ilne compensation. lIomère était aveugle,
et
ln mu-',
se lui aurait "fa.Î...>L pr<!.!)Qnt. rlLL m;:'-.vQ.U.iel..l,l(~ don du. chant/.
TiI~é~;ias,
également frappé de céci té, sc voi t: récompenser du don de prophé-
tie. r"êmc les poèt:cs modernes sembl.ent accréâi,tcr le lnj'1l1c du han-
dicap affl.igé au prix de la f;1vcur accordée. Pope était: nnin et
hossli. Byron él:nil: un pied \\)fJt, Proust, Ull névr'osé asl:1Jmatirple,
T?u.Louse Lautrec, un malformé,
Baudelaire un syphil.i.tique
(2),'
.--'---
.-_.-----
Cette
loi de!> antngonisme~ ct des
compcnsaUonr:"
V.
lIugo S'C~:>t
proponé de l' iLlu~:;trec dès le début de sa vocation crçatrice.
Dans
( 1. )
:l>,i....'?l.L 1 l J 6.
(2)
-
;jur ce~:; quesU.ons
lire de Hcné ~vellek ct Austin \\.Iia'l'ren. lfl.
J"IJ,!O.·;_~ J';jJ(~Q_J"'o,LJ'Q., Paris, Seuil 1971, p. 109 sq.
, '
' /

..
129
la préfaCf! de l~.f9 /Jo...rYJat,
il
précise que
l'ouvrage a pour su'jc't
18 lutte en.tre dCIJX mondes antùgonistcs,
l'Europe et
L'!lfr-ique,..
sUI'un
terrnin Ilclltr8,
l'''rn(;r'illu~ :
, '
fI·fu,LtA do.. gn(1nl~J
tro0.\\ nonde4 m-t6-J"()/v~é!~ dnn~ fa.
Quo_ô.U...on, -l' Cu..e-upc c- t t 1At r'-iJ{ue poUl' conllrJA.:l:f1nW,
{'.' Â,i",u,uQ. l'OUI' chanp d" baAnLUe." (1/.
Dès la première oeuvre de Hugo,
la démesure et l' éllormi té ap-
paraissai.ent Comme des conr>tituants essentjels ne ln po~sie. A la
difformjté s'ajoute
tout ce qui est bizarre.
"JQJ'lr:~ -indIC, écrira V. Hugo dans la P,-.f.~f,ace dQ.
C,olllJtr:!.Lt,
pO...LÜ- q.t.w"l2. -ln. C'()n/.).é'lUf:~.nce offld-êl/Lduf?-.f"ee.
de. -u-~.J!.lJ2. 1X'J7u-V?_~.. ,Il! 9(!nL.e eô-t n6J:PAôrJ_~'f?/1~"l..t.
in (~9n,f... .J.f~ n ' e,-;\\ L po~ cIL!. 1-Jau.,{Q.,6 nr>ntaeJ1C?J~\\ .().nn~
p'o!ond~ prç.(:Â_p1'.J:(?-:'.\\"
(]J.
On perçai t a t:3 émcfl 1..: commen 1..: les mo tj fs cie la r-lc:o;cen te 8U;': en-
fers,
de la flai~,~:iance monstrueuse ct de l'har-monic des cOIlLr-aires
ont joué un rôle er;sentiel (];)n!i
.la
formation des rny1..:hes sur'
L' Afrique.
' 1
h)
-
Palingénésie des mythes et repri.se des
i.mages
L'Afrique ct le Noir constituent véritablement un mythe litté-
raire et une obsession collective.
Et qu1est-ce qui frise le "noLr/1
(1) -
B.,y. )Jal·oaL, Ed. GallirnanJ, p. 24.
( ~'
~ 1
V.
Hugo, P,~tQ):..e.. de. C~'()m"nt[,
in
: V.
lIup,o t
(.À~uv'"'QJ6 Cnnpe.,J-U?.-a,
sous la direction ùe Jean Massin, Torne III, p.
85 .
.,

110
Ou lui ressemble à 11 intérieur', de frontiôres mal définies? SO}1t-ce
les hommes,
11'::8 plantes,
le~; animaux 'qui
vivent sur
le continent
noir? Est-cc
la terre Ou la lurn.ière du Goleil ? Puur certains cs~
prits,
le /lnou,1I est non seul.ement une pigmentation g6nérale de
.~__ ~..:'hornme afl'ica.iIl, mais l'aune qui. mesur~ tout cc qui vit ou non /
sur le con t inen t afr ica in et à que lllue rapport avec
l' homme no ir.
Que signifie au jU5tC l.e noir,
cette déJermination jmpI'écise
qui
jette
'un
trouhle sur les consci.ences paisibles? Aujourd'hui,
p~r.m.i. plus de sept défini tlnns f11:C le Rohert - dictionnaire du fran-
çais -fondamentnl. - donne du mot noir, voie i les plus' i.mportantcs :
le) -
aspect d'un corps dont.la sUI'face ne réflr.chit aucune radia-
tion visihle
; ?,O) _
sale, ohscur, par oppusition à I/IJf.nnc./I
3°) -
J1l11r'q,ué P;.\\l' le 1f1;j l
; Il 0)
mauva is. méchall t
; SI)) -
fW i
:lppar-
tienl: à 1él n\\c("~ d05 Africaj II~~ ~\\ pcau très Ijigmentc0.
Toutes ces ~;.ign.if.ications dr'ainent ulle r;llarr;e pfijol';)!;ive et,
6rnotLonnelle.
Le mol: nuir comporte
tuujours dc·ux. sens opposés:
l'un
positif,
llnutr'c llégéltif et/ r)lI symholique.
C'est cc del'nier aspect
que retient surtout
l.'incon::~cient collectLf q,ui ::lssocï.e toujours
le noir à. l'orip,.inc du mal. Ccttr. attitude négative contre le Noir
dérive de
la lOy.thologie
\\pI~iJnltivi~.>l:e qui identifie le Noir au dia-
--_.-
. -.·----bl;-~~ec toutes ses connotations passives et négatives
tristesse,'
Inêlnncolie, paresse,
ivresse etc.
-'
On pourra i. t
croire qu 'une ~tude consacree au thème 'lfricain
dan~"; l'oeuvre de V. I!ugo se rôduirait al! sirnple relevé des réclJr-'"
,
,
.,
.,."-

,
(
,
]3] ,
rences du motLf.
Jl n'cn est ri.cn.
LIAfri~ue est intégrée à l'uni-
ver:> my tho lügiClIIC hl/go l i cn,
ô C~ t t:e pocs le des prof0t:Jdeurs don t
la richesse re("}uicrt une lecture plurielle.
Il faut peut-être en-
core insis teL' ~,;ur le fai t que le romantisme a commcnc~ p<lr une
révolution mythologique et que nCllouvicr,
cite par P.
J\\lbouy, a jus- ~
tement vu cn Hugo,
Clua tre an::; 8pl~ès la mort du poète t
eS~.;en t Le 11c-:-
ment un poète c!'t~ateur de mythes.
Parlant de Hu [?,O ,
il 6cr'it
".ft urngiilfJ~tl.on npp t,iJ.11 fQC à. -f.a. poc?6 jA,
c-'0/..\\-1: f.c~
gc'·rt1.P_ de .en. l11j;{ilo (og;P., (.YJ.l'CR- qup:. .fa n':.I·l.ho.fD9if'_ "A.t·
·.ta po64 U:-!. (k~ .f..n. c(Jn~Ù:tuc,.(Âotl du- .fnllfJOge ~pon tané. "..rt
p,·.ulllA~L.t rr tt... pe.r'Ù(};)ILi...[1R a 'aboni -f.(~ objn-l~ de. ..f.a.
pqrl/J(~e~ •• Q.,L qt~.i- ~~n',îtû..)Y. f{:>.,6 m:conp(JgJ1c..~ de'.. nidflnU"-
pho-tlPÂ
Il
(1. J •
rvlil'cea Eli..~dc cClnsjdèl'c d'autre part que ce sont les mythes
quj
ré'/èlent les st.;ucturr.s du rl~cl et les multiples modes d'être
d~:ns le monde (2). Tou:.; le::; mythc~:; sc prêtent fi l~intel'prétati(Jrl
l , ·
/,
indi'/iduell.e.
C'est scle même qui
fonde el: justifie la el·i1;i..que.
Comment llufo rcnouv(;lc-t-il
l.e~: mythes sur l'Afrique?
--"_.....
Commell t' peu t-f..}:-j ê I:re Nèl~r'e ?
V.
Hugo uti1.isc beaucoup
I.e mot mythi~lIe l!np.g~,·).'1 au sens
~~~~~~~~~~_~~_~~E~~~~~!-~
_
( 1) -
Ci.. té pa l~ P. 1\\ Ihouy ~ ,tri. CJ'(~flÂ;;_V/l rry.thO./D9-iJ7u'..... ) Il.. 11.
( " \\
jl'lircéa· Eli..ndc~ 1/~,f,Ch(!/.), ,'(~vC?,.-:, t-!-L m..1~tè,"0_~,
Pari..~:; Gall i..mal'd~
'. J
L~JS6, p.
0
- -
, ".
, '.,

, ,
132
/
'IJhJ.U CPlt·t nèg-K'QJ5. Cl.~:WC~JI-t .Ce6 -UmJ21MetÔ. dom2VtQ/-j,
cil.-!. non. on.cl.p~" (1 1.
Ce terme est employé tout au long du roman et Le c:tpitainc'
L~opold d'AuvcrrJ(,Y ne cesserQ de présenter la population noire
comme "buG.J.,.·(,,-".
Ce rllIÏ sernhle ohs8der d'Auverney c'est 11aRpect
physique du nègre. Et il est intéressant de remarquer que V. Hugo
's'attache à présenter de l'Africain un portrait physjq~e.s~éréotypé.
11 parle de',
1I·e.'éc.1a~t cI(>~ ~(.?/..\\ ~!Ç>-U)(.fI, de la b.f.tJHCJ-IQU,' de. -6(:>J)
(-irY"I.,/j,\\
-1u. r .te , loLro (~cf.alnnt c/cl.. ~a. rJeau"
(2 J •
Certes,
les den ts blanches con tras ten t
for Lement a vec~ la peau
noire. Cette caractéristi~ue fait croire que le Noir rit toute sa
vie.
V~ ··J.{ugo
n'échappe pas à l'emprise de ce mythe. -Comme d'Au-:-
vernay.
les dents
'hlanches
l'obG6dent.,
Le plus
(~t.ollnant Cllco!'e est chez l'homme noie, le f?onflement
déda i.gneux qui
clonne Ù l 15pois::;e1u' dc ses
lèvres ct de' seS narines.
_.
quel(~li---ë-chose de si fier et de si puissallt. On rernal'flUe pltis loin_'
dans le roman "<'.Ir "obfp~{;", cl" {;on port, &" !xwu):k cl", <\\,y, fan;""," (]I.
(1) -
V.
Hugo,
Romans,
T.
1, Présentation d'llenri C;ui.l.lcmin, Seuil
1963, p.
]53.
(::?)
Idern,
ihidem. p.
158.
(3) -
G.lf] i}argo.f.,
ErL
Ju Seu i l •. p. 158.

133
Il suffit en effet,
d'etudier plus attentivement l'emploi des
termes
'hQCJb~" ct "rH~'9-1'<?/.'1-;')Q.~/I peur découvrir flue ces moLs se pr'é-
s cn ten t
5Quvcn t de façon 1 lpra tive pour marquer la di ffércncc.
Le capitaine d'Auverncy découvre une foule r.
composée de nè-
gres et de négresses 8t entend des voix ou des chansons nègres' qui
accompagnent des danses lubl'iflues ct étranges/exécutées par nes
femmes impudiqu~s.
"lh g.6"'OVP-C2 de. nnfJr'OL!.,-'.'1c-:,) virl,t nil.unX?J> 1111 fOl.le,-· P!.Q.-6
de. no-L
...4,{.'(. nonb!,C?u,l(, /;'Y1CR.·û?J.Kl dc~ \\/(?,!'!~ bfpu.,
.ouge
Q.,t l,iJJ f.f!.·t quÂ..- b!'LLfo.lfJJIL f,?c.hQf'...onll~p/.\\ -:"ll.u' J'.J?Ll.8'Ô bNJ-6
c:vt .f...cljJlJl6 jnnlX'J.'1,

ŒI.,(..- f1nJJç!GI~."C. ql.l-i- d-wJ-goJ)'wl'I-t. .&?UJ\\6
()!'(?.Lf...l<!/,\\,
Qll,)G
bnguC'.:"l. '7,rc o.,t.a;_ent -toua f p -<\\ do-i..qw
dQ. ,f.etu'â nrÛJk' ".1:.. dQ. f.PII'~ ,.l1.Ada, aUK annf.C?Âhr6 a-t-
·CadH?,r,;0. 6.lU' .fJ?J.,u~ -:')(:!-fJl, nu. CQ.f.l)..J.?.' de d'1a.'t'"I"C'../,'l -âu/,)r.lPYl-
du. j;f,!l.,u' COU., nft, tnbf~~Q" do., P{UnpA hO't'(n1!j;_o/'l, 6Qnf~
vç;J.A~fT...!q,t:. QUi.- '.vo..i.J!U...f.P/I" rJuc:U,..,té?': •.f 1, J.
Ce t te Clcsc r ipt i on n ';l pns s eu lcmen t une dimcn~j ion phys j flue ~
'elLe
démolltre
également; la pnr'licÎp8tioll m8s:~il[c des femmes
noires il ces c!~:1'6mQllie~ ri t.l1cllc~;. Elles f:;onc toujOU1'S prêtes Èl'
_.__ - -.. Féagir· ·~l-·rl ftig-reL3s ion
./1.1)(,;..,
quP. w.(U' CR..b'C-fJ? (u,t fo't't'"lii,
ç..-f..lp.../.'1 -:)Q. pJ'{..J'C?flt ·tou.-:-
,h~T.\\ .ea riO/Ln, et. ,f.a p.f.Ur6 v-U?,f..1.le., qu.i, po.',tn",.t !.lite.. p.lll.-.
rrc Je. lIQJOrl. pf.nn,fPA ciano. -6ç>L!. d'w.vP.1PG,
-:)(), nl'i....L cl c,..i.Q,' :
Or..JOIIUa. .' ,~}Q. corrf.n'{.4 qr ,.' QLfPA
a)'...e.a,i.pJ1.t~ of-.J(~~~J' (In clC?.'
,p~\\ -âO~~U...J:Q9(:~/.') rlu. 't:.?..1Jfp../.). dç..a..Lgn"n.L <':\\01.14
,0> nfJm" (2 J.
(1)
[{.tg. Jjn~'90I,
Ed.
du SeuiJ.,~ p. 170.
(2)
Idem,
ihillem.
"

~:
Le capiti:'line d'Auverney décüt...l'"r@ plus t8ro des usa[!.cs parti-
c"uliers aux.hègrcs au camp BjElssou~ I,e culte vaudou ct ln célé-
brat.ion de la me?se catholirWc. Mrlis ce qui est le plus surpre-
nant, c1cst leur hospitalité:
. flCh Q(.JPO,·../:e, devan.·t .f.Q. ,..,n,·-00.cat de canf.x> .• -. une.' gn~znJe
c?cai..J....f.e J(!. t.ort.f.'/'c?.. d(ln~ ln'7ueA'..·fJ!. funnLt UrJQ. P/.'}pZ~o;'_
cl'aifa. fXld!~{da, obondannr:!n.L a6<\\o,{.4onl1c2p, c!C7. -t,Y7ttCl-JQ"j
de, .fan:l où .la cha.,:".J· rlQ. ,t-ow·h..Le r'Qnnia.ça~..A:. te. .Can1QJo •••
un paUl de. n-n,w 0, L uJie (1:()W, de' vm goudl'Olln~Q. com-
p,tç.).o,ÎJ2Jvt .[ 'appa~'(~,,·...r~ du {'!h,U.n" (11.·
"
,
Le capitaine remarque ([1~' i l existe clan:;; cette société Iloir'e
une po1.itiquc rl?~gre et il suffitj'pOllI' s'en convainc!'t:, de'voir
'oéfilcr toute une armëe SüUD
ta d.irect.ion de
nia~:;sotl :
"Jou,t (!Il
dl~jQf.lJIOII.l:, d3.fJJ-.'i<\\ou. on~Jonl1n à. Wl ,û..Lk!- de..
(~np ,f,;!" {no'q, cormp.IlC.t.:>.J· fa ''Q_\\)t.((:~, Q-L J..C>f;" L)("Jf u·f,;'./..'} ùC?.
Hx·..I"t"!/lL à. c!l'>.{ W8"' C:'J1. ~X.l11 on1rQ. dp,vont 1J.1 98·oLt.c.I!, (]I.'
Il semble bien que [Jugo ne
méprise P'"'S cette population noi-
re qu I.il trouve bizarre et: étran[.c dan~~ son comp()rteJJlcllt~. Il s'at-
.__tachc-'-plut"ô-f-coll~~ tamrnen t: ~ présenter du Noir IIne image or igina le
et plus valorIsante que celle véhiculée par l'esclavage~
,
Pour le colon ordinaire,
le~ n(~p,refl sont des l::dnges tout 'sim-
p.lel1lc[}~/ ou Cil diffèI'EmL t['è~.; peu. llélb.lbrah e~l; une vi!:;ion de singe
et de chien ù la cour du colon bt::lnc.
(.1.)
N~9 t~u'0'Gl., Ed. rlu S0ui l, p. 1&1.
(;~)
ldenl,
ibidem.

F)
-
TflANSLATlüN
DES,
STRUCTURES
Nous utilisons volontiers
ici d0S
termes qui
appal,tiennent au
vocabulaire des mathématiques.
La tr'anslati.on est la t!'ansposition
d'une struct,urc toute î31tc dans un ensemble donné. J)'nutre part,
structure a ici le ser,s que lui accorde Rlffaterre :
o.
"-f.PA 6·(~ur:.A:ur'P--6 r... 7 on-t .o.OUV(:'ll.·t .~ nJ;!m;:~-6 é,ÜflU9--,t-
-tP.4 '-11 I.e;>: -t('Jl ·t)l.èn;"M (:yt-po.tL/:{) J"'Q...t:J2.V~ {:Xl." Rn crUi..quQ
.uY1,lr.A..·;J.)llnt?Jlj~e'l (1. J.
C'est dans Pw,} {~r9a-t que les ~~tnJcturcs -.pr.imaires
~ie l'irna-.
ginDirc hugolicn sc ~30nt consti tu~cs pOUl' se E6nél~aLi~-~0.r· p<Jr la 3ui-
,
te dans une vi3ion personnelle (tu mande.
Le3
tl"avnux d'Jilbouy on1: mOlltr·~ la pl,JCC <lU'occupe SRtnn-Lucî-
fer dans la construction mythologique de Hugo. Or Satan est noir,
comme
tau tes
les
fi [T,ures ùu
tj t::ln i Sille hugol ien
.)aJ(/f!,
.r~ 'Orl9Q. (~dK1Pp6
.~_ c.n:mpofulC?- .eni_-",v.m,~ OH. pn.l"oc. ('.-t '- 1Or!. dQV;fl~
.---
10~;;;- -f(l, pLi~ cl 'un. (k.,~,.\\ pœftlJde. .fa !l''Obe. cLiJ./1../IQ.
G:~. no .....r· ,.XJ.f..ryl.C--t CA·0~p0. (] J.
. "
Dans
Ji'l ..Ti.J1. de S:ûaJl.; ~'les traits titaniques. sont représentés
pûr 1.lennuquc Z~rm j il est "f.. 'Ôffe. no~" du sombre' Nemrod-, le
colosse noir,
h5tisscur de ~llies.
, ~"
..- .
.,'r,'~
-
- l
'
-------_._------_:..._"-...:_...;.------------
(1) -
~·1ichncl nifîatel'1'c, iÀ",')nt-/.'J cff!. ~tL,.f;A.tA.f'lU.Q. ~t~1lCA~lLrY'-!.eQ"
ch.
V~II
-'IJa
'
'.){Jl~;LL...:.oJÂ.Dn du no-t cJlQ-Z V0:.J~r' Jugol/, F 1ammarion, 1971 1
p.
221, nl'\\ 2B.
(2) -
./'0. .7;]1 d,,_ Sal.on,
3247-50.
: .,

136
,",
La symbolique der; COUlC_llI'~ ct L:l perception cy.otifll,lC dt:jà éhau-
chées dans d:-t~9 '?o"~JnL vont ne développer ùans les ueuvrc~-; suiv~ntes•.
Chez Victor lIugo,
coml:lC
l'écrit ;-1.
Riffalcrre,
1f.&.Y."1
COUl~Uh). "~i)nJ)().t,Vzut'?.6 ....\\on-t d~J1·u·i....rJ:'~ d'un POll.-
VOU' n~p/l(ÇJrique : p.}..lQ/,\\ ~u,ocihJ1.t d'"!r~ c..o,-ulotaLWt16
à. .t 1t.rd-ul.-t.••• Q..Cf.I?',\\ r)oa·f.I,~Jl,t .ie/.) .ob6t.'.66wn..'l fC?.6 pel.(~
Pl'vlo1Ide,6 du. (XJQ,tc!.,
,>Ql/(!,f..r.Jl.t .&>J6 di./.1.tO"'6'·_f.Jfl...~' caaac.-
.t.P..ri.A,UJ1uc-!./.'l de. .Ca Vl2I·Lotl. du.. r<2e...(/! (1 J.
Noir est ~;ynonyme de f;ltéll,
de cl'imc ct de mort.
Le po'~te ; (JtLl..isc
des ~tructul'CSt des archétypes enfouis drlTlG la psyché cUI'opéc:mc.
[Jans d'nutrcr. clllturc~t en crf<:::t,
.le noir njgni,fle ln VL.fl., Comme
1,<1
t:err'c noil'c
('~c()ndt~e, alol'~:; que Le blallc ~VUflllC la mUl' let le
c\\tssèchcmen t.
1'~.Il·cl; que le d0sert ~'Joflue l'inconnu,
C'et'! t
'.W1.
,wi...i--· chao6
,7ou j;)fI' .... U1f?f.111i..-Ôflh'0.
"-_._.--Dl-:rr6;16.t.f"~6, en l·f.rlnllll(. (JI.
Les os,
blancs naturellement,
c1e'Jlellnent noirs par mét8phore parce
qu 1 j ls représcn tcn t
la mort.
(1.)
-
1I,lehae 1 Ili rra terre, D"~o.;/l de 6tIjLwUrl"'~ 6-bw,AiHYl.l'.e,
Chap. X.
I/[n ~·~Ei."""anL .LR/."i Ut'U-!Jl:t:r.;,['p/~ 1.', Paris, F lammari un t lY71, p. 253.
/

--1
"
. ,.",
] ~} :
. 1
l'J}0'.'l.
O~t~'P.l~,tA h"um.in.:n no (_.I·'cÂÂ~QTttt. .f..e-ô. vnUiiP-6 Il (l·l. SfJ i.n te
Beuve a vanté lléclat éblouisSElllc des couleurs
dan~ les (),·Wll.tn,œ4,
écrites D. la mtmc ~poqlle que nO]. /}nrgnJ...
f.t effectivement ce rc-,
cueil se présence comme un chef-d'oeuvre du/pittoresque: c'est une
poésie de l'exotisme.
Les tableaux
imagés de l'Afrirluc du Nord
et des pnys du Prochc-Ol'ient ".(j.~Jloujnon..t, -écrit fl..]houy. (le .[':i.-v.,-bA.-
Pour les c-(Jntcmpol'ain;~ de Ilueo, conf,inés dans cette Europe
brumeuse,
cL
l;1, plupart du tCr.lpS
incolore,
les 6voc<Jtions des pays
lointains fuisalclIl.:
leur effet::
":Jnn~ -t.(} ·:lol1lb~'P. "~~Ur..I1· ,Ie,_ /:-'n~·i./.'l. 'lu,;- IXJu.n:lonn(~
~/Oll OC?;A_ d'U,,·-iYJl-t". <'l 'PCl~LrAÇ>. (d~ ,t f a}x1I1dOflftr;!.
JO/l.
[x>l1U-
~.QVQ. d'/l','l.i-p.. O\\/(ll·Ij)," {3J.
Qu'on ne s'ctonne pas de vO.il' l'Afl'ique du Nord ratt;;lÇ:h6c à l'Orient
et 8 l'Asie.
C'est l~ une eons1:21lltc de la littératul'c et de 1{J pen-
~~t: politique Clll'Opécllne~~. Les prr.jugés les plus tenacc~, tiennent
t
------ ]-'·AfrrqUe-ai;-(lc:;su~ <Ill Sahara
"<lA une partie
de
] 'Europe ou de
II.AG~ie,paI'ce C]utclle est plus '·ctvLfJ...6.é<?'·•
. ~ ....
. L
.
Comme un exilé, .le PO('~tc rêve de cet Qrlent mythique
(he fflup, v~c..,(Q. nn"J'(J/.).rzup"
{~Cla,fnJ·l.tp., mou,jp,
(hl..,
cOr/ra'_ -fa. "(u,j(;P. r~1l
9{~,·1)Q Q(.JQtlOU;A
~·'.(:h;.~·("? cc. bn"Jt-û..fJtrur.." nve.c. -6(1----6 t-.[è!chr;y~ d'à," {cll.
(1)
J},,, (J.,um.(;Q.f.,,~ VU, ~:l.
(2)
V,
illlg,U,
(:k,uv.,,·, f.Jo",UJ-I""~' l'nI' J, p, Albouy. Pleiade, Vol I,
p.
1291, note Il.
(3)
Cité pur Mi.ehae] RiffaterI'e,' fo"Q,u..,. d.e Sty.(h,wl"" SLucû.u4e,
p, 2~3.
(4)
j'-<M O"wn·tal'..cY.-. XXXVI,
lIJ-12,
",
. "

,.
1 ••
'.
i
L'EL~yptc est; une terre africa.l rte , faut-il le rappeler, patrie ché-,
r.ie du
dieu rllnorl,
le ~"oleil, qui <lime sc ndrer dans les floLs.;
Ct dan/.) '& cW l"O"9Q.ÔJ~,,- e.·t dan.o .(pA {-f.ov., venwJA'"
C.onll12- dc?1.AK
nJ'~ anK.,ù., on vO~!o.Lt dQux... <'1o-iQ{.l.<l
V",nl.r Ciu-cle.varu. .e.'lift cie e.' au,ÙQ. (1).
La c'larté du ciel afri.cain avi.ve les couleurs et le poète pe[~çoit
avec acuité cette" harmonie f1ui tir.:nt les choses ,/
j'P....6. ou(!)'_.t/.:..qw.-,....6.
b[Ofl(:'.:\\ .~\\ '~'w l)~a;Y!1.L d' W'! ~(!lâ_ jeL.
'(~_)I7/11:'_ 111"1<'. /.)(~r.ïll. "Po .LiJJ~"p_ nll. cQuc!mnL '.:\\ 'aJ'.f.();j(](~Q,.:-,t
:rh llij_ ';'01111:2_, LÔ.dlQ,I.J', cl '·CfM (21.
LI (;1:0 li :"frIC ébnuché dans d,31J]- ()rl!'!:JG1.
se donlle
libre cour':·; dans les
O~'.i....CJ1.toJ..Q.D. qui offrent l'aspect d'une AI't'ique ùu Hord TJI'opice à la
rêVC1'is, fi la dCJuc(:ur et ~ llajrlOl.ll~.
rh;.Aque.'. l'·I..QH nQ. .L 'CI~·!-c?to_ e!rl. Cj~: hp.,>u'f'I.()(.. ,.Y7~10
)fL .t'oml'>l'f";. du. f-xdmiJ.:>_,· /1 i~ .Cr:.- jouI' c~ "tÛ~.\\
ni.- dl!,. V()~"...,. G. -ta. vu.u.:. !:x.l..Ltx-<?. .eP.. J(~wi("--!. -:"C{j"l
"m -/'10<"1 ',iO(~l-l.l-1~, c1on-t !..c!/.l, -6.o.i..-.a-',.\\, .te:?, .f:ou_H"lC.>r./ont Ç1./.i-6.nim
(VI J l'l >nnc;>. un cO{QOJ 1. de <"10. dOllr.\\(~
ik/lP1..t,
vo ya9c>---Ul' iJf.OI ,e.. (J 1.
LI imagina.tlun du
jeune poète dcs U,-1Jij1.tn-fp/.) peInt les trihus
nomades d'Afrique du Nord. Elle entend des chants joyeux et voit
des flèches <lui joutent avec
les éclaIrs. Dans ce cadre enchanteur
(1)
,!'(>/_\\
O.'tPJltr;/..f>A,
l,
88-90.
(2)
Idem, 80,
O?-·GIl.
(3)
CiL& par Hautecoeur Nartinet, .f'P/J CJc.oi..ckn-tnt0'J Olt Jh-0uç./J cPt..--,
-tÙ1U.("~ -'.'l.u"· .fe.d.l OI·u--:.nAj.1,[p~, P3I'ls, Nizet 1829, p. 79.
, -,
. ,
"

' . :
139 , -
, .
."
,Ü'À 0/1[0,.;,Lô,
{PA ,i"-IJrt(~~ {Le,ep/.'l.
.,~
.f.'PL'! 9'IPTt'iY.~"'\\ dO/"l/:J.ni:C?td: c?JI. l'Otld
f'",~\\ V t..f?1J '0C!/.'1 01 f, -:'Io.i.n. ({' (~!J~'IIQ.
(:-~~.tlO/.l Cl)nTiE '(0'.\\ '.JC"!fJlI~. .oo0~
r~lo,U?n L dr!. -:'In. VOU' f';. PQ.V1Q..
:fOtl/.)
Pk mLH'Q. dQ4 nlf_1>''(lC''6
(11 a
.
L'Ep"ypcc
dans ::;on 6l:eriduc est une succm,sion de chAmps bariolés
,
comme ut}
tapis pc~rsatl. Le pays des Pharaons es L "diApu,Lf." pnr 11 cau
vasLe et froid ::lU nord, au :~lld par~ le sahlr; ardent: n(~.fr... t'Î)~ cnp?n-
don-t Qn:t~'0. cp/~\\ deux_ ne,,·o rru..L lO_ n)11Cj(JJ1,t.:..trt~
L('.~::; pyramides son\\; tl'OlS
mOllts bâtis rie mains cl 1 t10mmes qr.li
flOu.
.f.o1.l"l. PC?-l''ÇO,U?ll,.t CQ4 c:Î.J~ux:.
c..!I'W1. ,Lll·;.p,ee. Otlg·fJ·!. ch ncu·lwc, e.t d.é.J'Olxl..lYIl-L aux:. tjetlK..
...Lb.ur":'). lXl!.').!"./.). de CJ2nd.~ 4,'Jlondf>,P.A. ;
Dt c-h rf'LU' i O-GL,'!- cû.,(]u.. -il.l-6rzu'nu'G -::.ab.et?A elOJ·t·/.}
JJflo.ÎJ:"
d:.. ~ 1c....Pa''9,iJ .\\•.vlI, t .ePI~.'6 mon-:\\·Ü'l.lc!U)(, dp9~'C;<')
:/o,iJ..:\\ clf!. /.)0;:\\ dn, ~:>. IX. COl.ui(>r'/.\\
1h ~·(.JJ,.ijPC (h..... glJ'OIt.;.•J:. 1>O<",.P., lU. di..P.u. dt:>. I)nB'l)a'p~ vÇ>,"[:
,ih,•.'.l
~1(lIdo.;,.J."Il'/:. -6an,-;\\ '1/1. r-1...-f rn.t lJ('1I.'f:.. tiC'. l eann~!. ou dé!,,\\('l"J't
(.h,L e.cu~· f/l~ '.xû../~\\.v!.,· .cl'/}. poupLQ,'Q./.\\ /1 (] '.
tend sur les caitloux blanc:"
tes écaitles .crier
'DUr:'
le 1JC".:ntrc des
crocodi l.es.
A
tra vers
t.'Ju te
~~on
oe uvre,
chaque
fo is
Clue
V.
Hugo
dp.cr i. t:
un
paysage
afr Ica ln,
c lest
pour
mettre
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( 1) -
,DY> U",ù,,,Ij7,{p/.>,
XVI.I 1.
T.
]) 1-
(2)'- CiLé par llauCt:coeur t·lartinet. Opa
cJ.--t. pa 23.
\\
/

,
- '
l~O
en év j dCllcc 1<1 beauté des si l;cs ellchall tDur~,'1 Par la GU i te, le poè te
ne sc .soucient plu::; de renouvelez' les cli.chés "JÏL.lcs conventions.
Clui nS~.~ocicnt ü l'f\\fr'iquc et à lü couleur noire tout; cc qui 'est
maléfique. Souvent l'ébène est synonyme de noir et 1'011 peut avèc
justesse rapprocher ces vers du sonnet ','fi une. nT2Jl.d,i.J1Jr{c. .ouc.-:.'.le fl
dc fJaudelair'c,
(~f(~ m'ù'rX:)I'lr~, .Jtl,l...\\../P. nc!uli!c:,'..
l.h ~Q..ul 'cI.'r':.b(·F/c'"
Ull
f."m,t \\JC!.!Tn:w...
Les
femmes aux sci.ns d'ébônc sont,
danfl
lcs,Q"lP.ntn.f.,·.-!\\,
à propre-·
,
mc~,!. parlcI~ une hant.Lse po6tiqur.. r·1ais lél couleur noir'c reste tOll-
j ours celle de la fl'ay CUI',
du ma l e t de lu mol' t.
n érou lan t lrl,
/I.f:é_
1
90JlCQ.
j
(P--a
c;"
P "
~1~f;'C ..(>/.\\/
V•
Hugo
découvre un ulliycr's 6trnnr,c où
les
êtres maléfl(lllCf; r.ont nO.i,r:,,; .
.f},. noncle r!,tnU: ·ft.? bu Î.....-.\\,
t 1p.np-U"'("'. t?,./:n.i..t .f.' ni ,lx:!-a '9P..
:Jw.-.., f (nu '<'1 {:Xl~nrvf',~ .t.1 Ot tvo.Î.Yn·t .f..C? 'U ôl'le (~.n, .fpJ.u· cJ1Qmu l
è.j ItA'a.--tpnt,
clOfllln.U,~l..t un coup cie dC:'J"l·t ou, 9<:11 l'Q hunnLrJ.
nû<\\ -6 '"n nUa,iPllL (11,
Le poète Ile CI'oi t~ pa:::; tOlljOUl"'f'l n0ce:,s~il'c de rcnouvn.l.er' des méta....;.·
phores déjà vicill.ies qui. appartiennelll; désormélÎs au rn.pertoir'c
du style
'~lassiquc.
_-----------cC:ùlûP-. .(fi. bi..che JOUR. <Yl·t.a-'Q~ te? .(ÂJj,-'Q. Q,t l. '()'U'~'l.
l~f~eQ a, ·.fa paUV4'C /Je.ttC!. (lI.OC. p.lItâ Q/t dln?'J.("P4 .iO/l~'~
:Jy~H)(. nu·i..r~ VQ.u....i.Jl-6 f1u,i_ f ùnt une. /10 U'Q. IX'./.l.(l~)llc>.
•CI(?IlrX•.,'(!J.a· cl'ALe(.'..nnOflQ. c'..,t û ... 1"()1... dr!. POlOtJ1IC'..
(']J.
(1)
fn. ,Û·'0"JI<1". cirY.> 'swGfp/.\\ l,
2~e,
(2) -
lb,
lI,
8G"
, ,
, '

,.
1 ~ 1
Même le sou~ire peut &tre noir
,1P1.'J. cfouvou"\\ /lc?I-\\ POU1' (Jny,"l.c,·u'e.
.
,fe.-6 vLf/.'l. OlomLUm'ci"."l. b'fmpanU,
..
rn..w,
.,
·(jJf.lXl1n,LPn.t .fC?.Ub" no·U· <ôotll'iJ'C',
ï
l/C?1I"O o'~ c.h(U~m2.ur c1r;>. <'Jç'.1pç'nL6 (1 J4
).
0'
;
La joIe es t
par't'a h; noire.
de m~mc que le bonheur
.14. .' fai'..A:.e. ave.c fÛ.t dr:"ut..f.., peupf-,!., .fn jOl"-C
eû-t noUQ. (2).
l
La.violence,
l'iniquité,
le p:Jrjurc.
l'insulte sont (;troit"2:ment
liés à l'idée de noirceur'r
{'.dç>Jl.
Q,u'Qllge fa,Lt de fumLèpQ. ct. acz llu-i_~
710-L'" pon:zclw etorL-ÔQfJ,t -:\\lU' .f 1-UrTrJ"ij1,,':lf? cadl0L (J'.
fi,!}.""
pUJ1.L-Y~C?ur}j, ,.",Ollt 'l<..li...·~, l'çy,I1.'-· pâJ~ Q.·t g,YJVC-:'.. an~'_
Jh nOI"C -ec..ur ne.-t ..fa rlO,if!. ~U!': .t 1(~PGl.ÛJ!.. Q..-t .fP_u.' dLA~-:
- c/.lr.l"0l, "n. ·Ca,i..",c", 1"0.6 "dlClPp",., ton ba"J,i.,l (ill.
", i ..
M@me les poètCB
les pluf> J llustr'cs,
si.
les mythes
1cr; m(}lcnt
ù des act.Lons viles, sont noirs:
.'
.•• .9t f(~ut
(.J-.tQ. "/Jf,v6na[ a""1JJe cL d,Q-:'loQ e. 'édw.faud
----------------fi-qu 'Cod-lf.d_e./dA...i7...u. HOU', JuaUxA..l2.'· of.9npt.'1f,H~
:lJapp" t", -toai.,l.<>. av"c .t" ...plfl.t. du g.caw", ';P;-,/IL". (5 J.
------------------------------------
't..
( 1 )
l'n (Jlanaon df?â .ue.6 ".t. dp.ô boi.û 1fJ~ •
(2 )
.7h~fH:...'Q,. cn .tU",.·tQ, 8S, (L'Ep6e, Ill) .
(3 ) - .f."'-û Con U:?.f/ll f Q·ü.on a- l, 2.11-212.
( ~ )
.f."'-û (,ba tl"C Vf?J"lt de. t '"-"I:WU:,
l,
20.
(5 )
JOILte. .ca .<y.",
Il,
323.
.'
,
! .

, "
H2
,,'
'"S'lls sont Cil proie à la colère, ou s'ilG s'ont tiralllf's par
la muse
:
,'
,
(9uvénnr, noi.-r,
8"\\)11.96_ pa~' ,f(].. n1.l6.e, Mt un ~fuv .. V'
/1c.uU7nt qu.'Wl. hon'1J~1 un no,d: de.' J-W,fJ1Q. Q_·t -6 ' acrouluJrP-.
J1 la ("'J") f-èFi'e a,Lna.L qu~~ fA V~<"luve. (lU. bLtnmz (1 J.
Les tyrans sont des "c/ogUQ4 noL~".')" (2).
,·E'<:m!.nnt {le ·taMo,L.L, g",Y1vQ., Qrr-k~-e..,
01. qt.f,t cl0t qu.Q. ·...jlU· -t.(;'_"''<-!.. eLfe n 'a.vaJ..A.~ p/.J./Ll cf'rÎTT€!.,
!.J(.'Q.(,fO- ,uJnoro.,L.t no<\\ L't){x.J
qtl 'C?...e~eQ é2..-1JLL.t de. ..en- rltû.,L
./YonL ··ta. f 0"'1"12 l1l.wntn.C?. ~.·t no.rd1Q1-vt dan6 CP. b~ 'llJ..",t ;
ct .,'-<on. n''''wGt P.""'~ nou' 'lUQ CP, pe,l;0t {WI-W"" (JI;
Le peuple maintenu
d3ns llignOI"3nCC f]St noir 1
7
() ppup.f.r'.,.,
fla U" clonll'".!lo·,
f{llnnc1 ):.' t·v,?,LP__fe.n7,.\\--'J.L (4'.
L'humanité malheureuse est noir'c
..f. (OLLUt;'.. , ,-uu'Q. hédc>.LWC!.,
ln f ânr '., ,tén&'OJ.~ Q
:tu. -::\\é>r~u,e_<:..&,'Q. ou. mi.1..iJ'!-'/_ cfr.-.\\io-W, c- re6t. J..h. if? po,· t
Dt ·tc l1oj_~· 9QJl~·Q. lu.mn/ln ~ 'n/n·:j/ d01k'l. ,f.n. nu.,L (51.
Dieu a s C'!t16 la Ill! i t: en crêan t
(1)
,l'a P.()Â.f., Sup,'"'''''' 103 (Il.
( 2 )
Jo",I.~ .f'a. ..Il} '.'Q II 1. 1 ~ 1.
(3)
l'a. ,{"'O",,,:!,, ,Io./} SUxjpJ.1 IV.
~?'1.
(li)
-
AobY.\\ p ..L l·hn.J-C.c'./~.
IJcpuü;, l'Ex l i 420.
(5)
,fa .'T.Ln. '--!'.~. .Y1;l:.an.
JÀ C,'Uc..ëf U·':. ?43.
( 6 )
,Joute- fn 1''1' <:" II. 3~.
~-' --

"
','
"
'.
1
- \\'
"
C!rln:~ CD. ntlJu du. e.. 'hUJll7rliLt0_ f1o.u~.
Ill. ,;,t"..",J (',Ûf' .tu". ù }anl'J.w )/IJ~t" !lI
LIes thétique rornantique exige que
le gran'd poète soi t
frappé par'
un malheur, un malheur r,loricux.
Pour qu'ur ,poète soit vraiment Su-
blime,
i l faut il sa grandeur une cime noire. Et Ilugo affirme:
Le plus !30Uv~nt: le
terme noir sl[lppli.<1uC ?J ce qui r(~str: mystél'.icux
SonJ.J&·("! ouvr V-O.a' (f"... C1f-',[,
flOU' o~'rQVa'f"!"
~~i-''01''r·t
:lu- <".l.agD. unt? r:--LUl<":'Q,f...[,!. Q·t du. Jlli:'1·te UIï". tfnrm~~. (31.
Et selon la dtalcctique de
toutu
tllématique qui évolue 'par anti-',
thètC.e, surl:out chez Hugo,
il advient que le mot devienne amhivalent
~~p~~cnne-une·--C:~l.largc'sémantique contraire. Ainsi lr...':.:.~ poètes;. les
penseurs et les prophètes.- p;1,I'Ce qu 1 ils ont pour VÇ)cAtton de
tra-
vailler dans
ln. soli.tuc1c et la clande~t.inil;é, et slJI'bJut parce que
(1)
:ti.ru.,. l 7 ~O-41.
(2 )
.4Gte~ cL Pa.~ o.f--,!/.I depuA,j) ..f.'&Lt l, 320.
(3)
.fe/..\\ (,lfo,(~·o. \\/(,·/l!.:,,·) dc!. -f_'{,<\\p~";'.A: Il 57.

li'l pensée rom:1nti r \\uc ne pellt C()1\\cevoil~ un r,énie sans mêll.hcul',· tous
\\
les grnllds homTT1c~,:; sont no.irs:
(t.U:. (!c4}.c.'n,t,
:(6-0nl;..6~m',·lJ;'),
prif(>..6,
Cn pt..odl.p_ ou. r~)01'IIIJ
,7011ê
CQ/~ no L.J 'Ô {O-âOPq<?l/, 'Ô ch f.a. f 0"'<1" <lCLPIl c,,_ (1. 1•
LCl solitude du c!tcI'cheur Ile lu i
peI'met pas de sourit'p.)
r:t /.)(JI·foi.-n. Li.. côtoiJ'-!., nL}J/.')L. qu. 'fin noL]' pfon~jC'II"
,J}!. C,)_,'("'-,rn~ 0,'.J.. J,.. f_'(?llf(~.· t".:.I.)nnc~nCIl"':. Pn. 'OffCjQLl'.
(:"11.
, ..-
Il a souvûnt
lct~ all.ures de
LOI'SqIlC le savant tI'ouve
l.a soll1ti(Jn ::lU prohlème qu'il. creuse, c:est
Comme ~:i
f(>.
PC>Il-âQu,',
\\/O/.'ltJ!. (.'.L noi.y mi/.~.,~i.nnIlOLf1),
A. " ,j .l/ç,>. du. '~lOIJ/.') du •~\\ft":'. Q. t du. ·(:.onnC',,',v, (4 '.
ft~/.<i '~ùp,,~t/."'l, Ô nol.,,·· 2(),'on~t.c
Sont f.v<\\ dK!.VOUX. c.Jc. .( /U r( iJ r L. (.5 J •
Et c_~cst.-natul'cllcrncnt que
--------
.
,fQ. po~-iA ~Q.,,,,, i.n corr..LlP.l ,·t
O,ph6Q. (.!/.iL no t.-I' ( (, 1.
(1)
~p.u ~G~e-~9
(2)
Idem 16~G
(3)
IlJi.dem 3~
(~)
L'Alle
31~
(5)
I.'!\\rlTI6c TeIT.i.h1.c ?20
(6)
.[',.,6. l,:ur~)J1"~ vr'ldA c!c'.- .t r ('--~.V)l·iJL
Ll,
21 g.

' > ' "
-<~-'"":,"._' :::-:':. ~" :~'-":" ,_•..,
'/
"
.. , .. '
-, .'
145
L'erreur et la bêtise sont des ~ignes du malheur,'
..
et le "
,
'lOU"' paJ-juae"
(21 est à flétrir.
de même que '~e6 no~~ 62r-
,
uomLo pa" lbnapa•..u."
(]I.
'.
Les sarcasmes et les mensonges particip~~~'t-'dê la même nat~;;-et--ia'-'
horde qu i .. conspue le poète pousse des flCl,W ~ tlOU'<l qu.,Q te.6 l/Ç'..n.t'4
de t' omt...e .[wy<,.nn.P."
(4 1•
Un ' .
dans
tes GuîtUro.n.t.c
JOur.
"J'a. voix. ai.or<l dev.-tn.t âp..'Q.., ani>.~'Q., <lt..·UiPJI te,
Conne .&2. nou' <laT'ca6rre Q..·t .t '.u'Oni...e wdentR." (51
Pour
v.
Hugo,
tout ce qui ctonne
la souffrance, qu'elle soit phy-
sique ou mcra le) es t noi.re.
Jf.. 'PH"
fa-0t ch..L foh~~_(u' LVUHlQ..,' P..a ~oTTlwq. UJUQ
t:l.. qOJ'~jt· d'o,> .-.:"!t·!" \\/(lI.(.(,1;>. (!.tL ·(.l.Ju-6. -,,!Q._,'). app,;,-tUA
VQndan,.t "'1L1p"l .~,!p/.~ PO;Jlq,6 noi..,.~ fa. t(1.tUjU~! -.H)che
rC?~ T'nPn-J,~"C?....-\\ .I,·i.J.').onrlon C,'! rl(>. cP..-6 (.Y1UV' e·~ 1.J<~ -ti..tù (A).
f.. 'exil personni.fi.0 est peint :;ous
le~-, tz'aib.; (\\"ln homr\\\\e nu1.!'. à
l"aspect redoul:Llb18 et '/(~u le .
.1'.. l "..x.LI.- ~on~}p.a.L.t artrt.6 .-1;.&_'). tc!1l ".b,'Q.~
(l~and i~.t rTT:!. vLt, Gr.. '~e cl, ~a
Jf v,"-n·t Ù TT01.-, CQ. nO-L" rTltflW.t,'Ç?
.':\\,. <>o"f,." dc>..,,·Lin
iftcl~me,,:t.
{JÇYX/CU1·t rfU'{J. ~ 'a.V(lfIC"n-e-L ...,\\t1LU'!UQ
~~. el '. J'i,'.:'~Jal't-!a L. llXCrr-..!l l·t (7'.
Les é·Jénenc:--.ts sont noic:'5,
de mê!':le l~Je la misere ; il fait noir 0ans
te malheur,
1.1 fait encor'e plus noir' dans
le crime.
l,es ~v~nements
sont noirs parce 'l1J'ils sont le plus suuvent sini~tl'es. L'homme
noir symbolise
la souffrance et II ignor21.rlce. Le !:',enl'e humain,
lurs-
qu 1 il es t p lon~€' dans
les t8n{;bt'es dev jen t no ir .
.,
Ains~:, :'Suivant un réseau thématique facile à dém~ler. les images
qui rappellent le Noir se sont-elles génêralisées à travers 1 l oeuvre
poétique de V. Hugo.
Gï - ,Î'.o.-if,~~de- ci.:"-Si.:",,~ -ÏÏ7 380.
{2)
Jou.te fa 111'"<'.,
III, 216
(3)
.J"Ar-t d'éu"," 9' 'On.d-oè>.. e, 120
(4)
j'1Jlnn.ç.e .'!"•.•.ij,.&2.,
330.
(5)
..Ik", ~t.c,
285.
(6)
,fR/., (.;uaô<>, v<>nt.c de ~ 1('''"''P''.i...-t II, 99.
~ ,'" ".- - .:.:.
(li
' ,Le<> ' (Uab
<
'Q.
V<U1.De. de 1.' MprU II, 68.
·.....

___ 4
_
146



C'est donc dès le début du romantisme que Hugo a
introduit le
motif africain dans la '·~onde'· poéSie française. Depuis plus de,
f'
•. :, . ~-'. '.
.
cinquante ans, les travaux de llaud"t1,'_l:!'i})d'AlbOuy , de ,Mauron et de
Cellier ont complètement renouvelé la critique hugolienne,' è. tel
point qu'il est désormais impertinent d'étudie~ l'homme et lloeuvre
sans se référer à la mythologie, c'est-à-dir~- à cette poétique des
profondeurs dont a parlé J. Pierre'Richard. Lorsqu'on dépasse cette
poésie de la redondance et de la surabondance pour scruter l'univers
mythologique de ~ugo, on découvre que le motif africain est entièrement
intégré à sa structure imaginaire. ·hes analyses moderneS
(J ri i-
tendance à réduire l'écrivain et son oeuvre à un ou deux
éléments. La poésie de Hugo serait essentiellement une illustration de
la théorie des contrastes. Ce point de vue a été rf'pris par Caudon dans
son livre SUI" Hugo.
Lorsqu
<..:.kQ(,G~e
1 011
t;Olllmcn t I!ugo a i llu8 tré cette théor ie dc~; con-
tras tes, on se rend compte tuu t de su i te que ce' son t les masses noires
que Hugo a choisies,
. la première fols/ pour développer cette poésie
de l'antithèse; en effet les réseaux d'obsessions mythiques présentent
le No;""rcomme le type humain le plus dëgénéré. Or la démarche triptyque
propre au romantisme qui associe la souffrance, la mort et la résurrec-
tion déc9uvre l'homme noir comme le prototype même des héros déchus,
mais relevés. Le thème hugoliel! de la "nari...o.ô.ance nnrlot."ueuoe'· dont par-
le AlbouYI si important dans la mythologie hugolienne,est abondamment
développé dans les premières oeuvres.
On sait ·1 'importance de la première oeuvre, des premiers rêves et
des premiers souvenirs à l'origine des formations mythiques dans la pré-
histoire psychique.
L'hypothèse phylogénitiQue n'a plus cours, et personne ne soutient
plus que l'ontogenèse répète la phylogenèse; néanmoins on ne peut igno- !
rer l'influence de l'inconscient collectif Sur la peti te enfance. On de- 1
vine aisément la pression sociale des préjugés sur l'esprit du jeune Hugo.
1

147
Suivant notre analyse, tU9 Jas9al joue le rôle de texte paradig-
matique, parce qu'il contient en ébauche tous les réseaux thématiques
et les structures essentielles de l'oeuvre de Hugo. Il fait deviner
les rêves-programmes ou rêves-biographiques qui ont une fonction limi-
naire dans la situation psychanalytique et qui sont à 1 'origine--- àJ
déclenchement du processus créateur.-M; Riffaterre a bien décrit ce
mécanisme dans son étude sur la poétisation du mot
chez Hugo.
L'auteur des mtoérabieo est le poète de la liberté du peuple, de
l'individu, des nations. Le my the de la liberté est incarné par Ti tan
et LucIfer.
Or ce n'est pas dan sles mythologies européennes, qu'elles
soient classiques ou germaniques, que Hugo a trouvé ses types tita-
niques ou sataniques. Dans ce domaine, le &rand poète ignore l'Allema-
!-
gne. Eschyle et tous les Anciens. Suivant son esthétiques des contras-
tes, les types les plus achevés de Satan et du Titan, ce sont des mons-
tres odieux ct difformes
; !~abi~lI·ah. un mulâtre nain et ventru, son
"(w..re jUffI2aLL" Gwyplaine, le héros de ~ 'J..IorrrTl2. qu.i. rU, et aussi 1 Quasi-
modo (jans noüe-7wre ck Paru..
Satan, c'est le mal absolu, au moral et au physique,
l'incur-
nation même de
la difformité.
1 •
Le mythe du titan,
chez Huf,u, est ne a partir de f~. !kn~.
Ce son t
les nègres qu i
pour
la première fo is se dressen t pour re-
CUSer un ordre injuste.
Le refus de servitude est le fnit de Satan-
Lucifer.
lui qui s'est révoltr: contre Dieu
le Père. "nOn -:lCfV1...arrt
s'était-il écrié.
L'homme révolté,
dit Camus. c'est celui qui dit
non!
Ainsi que
l'analyse si bien Albouy,
"J'a ,-évotk du. Yi..,1:art PAt. c,d~)2 du. fort. - que
t 'On. c..-oyaU Q.u,« f aA»..e. - con.UQ. <:e"
JaJA.pA - que t 'on C''OlloÂ.L ê-tJ", ~an.U,
tM {aux c:/,U;,ux. ct J'..w, l'Ou. . l'a reooUi.on de.
SaA:an. Mt. ceLle. du Ja<.hfu - t 1Qn.vi..ewc, fu M-
chant. - con..tre fu "eu1. VraA.. Pu~an.t,
fu
,"--
...!"t.M-LL
' f"
iJ't.
n
iJ't'V1J2f1.1- v..:on "111
(1) - J. P. Albouy, J'a Cré.ati.on. ttythoio"g.i.que, p. 275.

148" -
En effet toute la démonstration de~Biassou a tendu à' mettre en évi-,
dence la faiblesse de l'homme blanc qui n'a que les apparences de~
la force. Dans son discours,
i l proclame haut et fort':
"n~ avo"'" éU -tong.bvrp6 ~ con"", J..=
noeUD"",. ••
; ,Qo yv"'" rrcû.n.tRr<arLt. ~t<M
co""", ~ pan--l:hQ:rQ4 e.t .fJM jagua.ro ckM paLJ,Q
d'où t h no"" on,t ar<~.
J-to. ,QQJÛ. \\IQJ1LM, J.M enn~ de Jn. regén<i-
.-ati..on de -l'..'hwron.u:R~, <=6 b-I'..anC6, <=6 co-l'..o"",
<=6 pf.antsw.ru,
r~ ho/Trr<M ck néyo=. J-lLJ. f,.t.aùm.t.
COWN-.'.ta, ~ ,Qupe.'b<u"
d'a<<>= et. d' hr.bih
rrt:lo/l<-!éqUQ/.). à. ~t 'oe<-t, d:. ~ nolM néprù,awtt.
parcQ. qtœ. noU6 -60fm"I?.4 noU-6 et. tlL.l.6. •••
flhiA., ô np.-6 lrç,J'QA, no.t,"e mY1P-R. a tondu.
'_')I...U· .fa
f..r.-?UF
conne .&>A bL(jrLLl,,&?/.' -:"il.lF lUl C'ndav.'(.~.
-f..~ ·~on.t wn'héo rl1/(>C fr~u~·,.'). Ix!.auJe. uni...to •.,.,J,!.-j. -6ou.c
f.p~ CDUf),(\\ clC? ("...(?"'~ bn:b.'). ru.lr.') ,?tl.' ~-,eJ:i C$04rÛ.RrLt
.{)atl-â
viJjuP..LU° /'
(l'.
L'esclave rÉ''101t,i est la
fi.r.ur'e
titanç~;que par excellence. "f}.~ ·U...-
.tan,
c 'e,.'l;t j~.u'.,fTPJt·t,
rrcc ise (\\ ibou,)',
fa 7a,ü).fp/..\\aQ quA.- ~e .-o.v?d..e
ê.u-e en JOH-..-e,". L'esclave, l(! b()uffon qui fait rire, 'lui est lai-
deur et ba'rl té à la fo iS sc !'edresse et soudain montre un visage
J
nouveau. celui de la puissance réclamant le droit.
Habibrah en-
traînant dlAu'Jerney dans
le fH'écipice siest dévoile sous Gon vrai
jour:
/!~Ju_ n.Q. m'a~ j~ vu. qu.e .{)oU6 lUt aU ,.~'...an.-t PA..
.Î-OlJeUX-,
nui.n.b2nan,t que 'oLen. ni t.n.A:ercü...t à non ânP~
de parat.,tJ'Q. c!arv.,. =,Q '-1=, je. ne do iL> piJJ,Q que.
ne r<>/Y.>e.rrbJ.cr Il (] 1.
~
(1)
fL.g /lar9aL,
Cd. Callimard, p. 122.
(2) -
Idem,
ibidem, p. 217.

;."
>;
149
Le mécanisme qui déclenche les :évolutions c'est la revanche des pré-"
tendus forts contre les prétendus faibles,
C'est un combat mené pour
la Liberté au prix de la vie:
"J'a1.n'e mi.ewc. ta trDrt qu,,- rra v-i..e" 11/
dira Habibrah à d'Auverney. Et en effet, comme le montre Albouy,
'~QffOn e.t. J.Jab<hroh r!.CJ<U> ti...vrent cfan.o œu.r cûMi.-r de. VQrlgeance .tev.>
cléa de. t'âtre dhron.iAqtle ch= Vi.ctor 1Iw:Jo" 12}. De la même façon"
Gwyplaine apparaît comme un demon et un titan. L'lionne. qu<- JOu:. que
Claudel affirme être le chef-d'oeuvre de Hugo, est, selon Cellier
et Albou~ une pièce maîtresse dans la création mythologique de Hugo.
De fait,
depuis
toujours,
à côté du roi se tient le fou du roi
qui est,
d'une certaine manière, son
ima~e renversée. A rléfaut d'un
monstre naturel, ou en fe.briquait ~:Jur décision rOYHLe.
llf'honrre QU.,L ,·t.,t Î.•l-P1Jo..\\t,'?- <.1l.."N1.c tr?....\\. CF{J1'C?.6 tfp.. f.. /.'7J·f~I'}­
·t:oc.J"(J~Le et de ea r.;{)'l(U·(:Jlf~.c (XU' un Q.l(Qflple I.U·;»I_-
f.éy.ù5~: e. f onC-,l01 ds'() ~'.A~ 1 "(..)uaf. de rll.btL&M:..iJJll qu,L pc'O_
,n-~.ttaA...t rk-.. labJ'-4'-qt.œ,· (:Je/.J. no, t·j·u"p,-:) hUf1'"l1.fJM f.)t.>u.~' dw-
Ô'GÂ..IQ
·fe-1 (iraneb l!
(J).
C'est en vertu de ce droit que
l'enfant G'Nyplaine a eu la bou-
che fendue jusqu ~ux oreilles. Condamné à rire perpétuellement
il
J
dol.tr:::omme Triboulet de la scène II de l'ft.cte II du POL ù'anU6Q. :
(1) - é:tLg- ,'1==(, Ed. Gallimard, p. 227.
(2) - J. P.
Al bouy, k
CJéaLU:Jrl nJjfJUJfDg}..qlJQ,
p. 271.
(3)
Idem,
ibidem, p. 244.

.,
·.' .
150
.'
.
Ctre un honmJ. qui. rU., e.t. qui. ne cloU .ti!n t4Ï..Al.
:
' .
que .......... (11 •
.'t4:..,: ..
La condamnation à un rire éternel parait bien être la forme la plus
inhumaine de l'esclavage.
Le désir de renverser les valeurs, Cl est la force qui met en
branle les révolutions. Pour la première fois
lorsque l'idée révo-
lutionnaire germera dans l'oeuvre de ~ugo. c'est chez un peuple
noir que l'esprit de la Bastille prendra corps.
Car le Titan hugo-
lien,
c'est le Peuple. et la remarque du gouverneur, au chapitre
XVI de Cuq !)aNjat es t per tinen te.
",t' v",LU"'<2.C"M.on cbv.:. eL:>cfnV<M
n'p",t. q"'u,, C~-CDUP cie ta c:hutJ;,. cie ta l3a.>-t.i».e" UI.
Ainsi d~s sa pl'emi6r"c oeuvre,
V.
Kugo
nous
in troctu i t-i t
au coeur de sa construction mythologique.
Comme le rappelle Albouy,
le
titan hugolicn e~t un des ::;.ymboles principaux ùe la philosophie
du pro'grès.
Il incarne
le progrès politique,
il est le peuple;
il
exprime
le progrès cosmique, ~t il représente la création entière:
Pan,
dans son as cens ion vers Dieu. 1-1a1s
le ti tan apporte une rév~
lation brusque et renversante de la loi du progrès.
"W} ~,\\ de -f.' Uv.).U8·IQ.ctwn.
D.?/:'}
il-o-eA..-W ti...LanU:tUQ..ô ''e-
-t'~VQJl-L d,!.. e.' (?Â.tl16tUzuc du.. cut! t.~·te : P-e. Li..U-..ul Q,-.).t te.
gro Le.-.).'luJ?. et. œ .-JubtvrC!., t' IlUIni.•i-i.-té qu,i..., d'un coup,
'.\\<'.
.-i>vM.c œ pj'.= ~JQJ'Lt" 13/.
(1) -
.IR. !:zoi.. <> 'QIIU4e, verS biffé, 388.
(2) -
H,g .'!arga.t, Ed. Ga 11 imard, p, _83.
(3) -
J.
P.
Albouy, J'a Ô-éaU.on "lJ,tJw~.og-i.ql/Q, p. 260.

.
....
'
..
151
'
;,
;', '~ "-
,"
,'.
.~
:-' ,".
C'est l'Ange-Liberté qui guide déjà la révolution à Saint-Domin-
gue. Et justement parce que nul autre peuple, nulle autre race n'a
été aussi humiliée que la race noire, plus que toute autre elle a
droit à la Liberté par la révolution.
If~rté à toU6 te6 ho~ 'If.
,
est le mot d'ordre lancé par Biassou à ses hommes. C'est avec la
collusion de Satan que Dieu créa llAnge Liberté. C'est avec des
nègres que pour la première fois dans l'oeuvre de Hugo cette con-
ception sublime prend corps.
Tout un peuple esclave a souffert, comme Job i mais, à la dif-
férence du patriarche, et à l'exemple de Satan, celui-ci dit non!
Belial se réconciliant avec Jésus,
leur embrassade fraternelle signi-
fiera qu 1 ils descendent tous deux du même générateur, Oieu.
/I~<:atnn. Q..t /Y.J6uL:J ~on-t (P./:'J, actcUl"":'l p.T'C'nuu'~ c1R. L' ç,popé.'!..
du P"'09-8,Q--<.'J don-L fn. cnndu':'J.tnrt (.'./~-L apPcH,tfie po'"
fQJ,u'
Qflb'TU,,~œ:k, {,'ate.mQ.f.,f"." (11.
Lorsque Gwyplaine tient son ciiscours d~"ant les LOI'ds, c'est GU
nom du Peuple, esclave et difforr.te comme
lui. Le scarldale de la
révolution et le r.ty the de la suhversion dans Q,w,ü-e VU1.g.t .t.l'e.i...z,e.
ou no.:U'e ;Jxy,Q de p(ll'~ ont déjà leur f!hauche dans f''WJ. ,}al~.
fIXe
rry.tha
Utan{,que <!.6-t .fAR.. à. ffi l?évolLd-ion :J ,nnçaWQ." {] 1.
I l
,'(olll;l.t mettre en évidence le rôle ,'g<;>.,miJw.tQU,", de ia
première oeuvre de Hugo"
c'est à partir de B..g. ;!a,--' que les my-
1

.
.~
thes et les structures prennent forme et se généralisent dans toute
sa création poétique.
(Il - J. P. Albouy, J'a Créati...on "YtJwto~Q.. p. 263.
(2)
Idem, ibldem, p. 230.

.....
·c .
C H h PIT R E
I I I
IL' A F R l QUE
1<1 Y S T
l
QUEl

153
Les divers courants de la poésie à l'époque romantique ont été
illustrés par V. Hugo. Mais le milieu du siècle sera dominé par le
mysticisme et l'ésotérisme, avec Nerval notamment, qui intègrera à
son imaginaire le motif africain.
En se référant aux tendances actuelIes de la critique Qui veut
que la lecture soit un choix intéressé, on peut adopter un point de
vue systématique et affirmer que toute oeuvre littéraire est construi-
te sur une structure mythique. Appliquant cette théorie à V. Hugo,
l'Américain Richard B. Grant soutient dans 1he Pe.~uo Queo~, Jmage.
17IJ-th and Prophecy <.n narratÂJ.leO 01 v. J/u9<> que cette structure unique
est chez Hugo le mythe de la quête. Cette disposition d'attente, à no-
tre sens, est symbolisée dans la poésie hugolienrye par Isis-Lilith.
Cette déesse est une curieuse création de Hugo
(1).
Isis est la déesse
noire égyptienne de la fécondité. Son temple est à SaIs en .Egypte.
Lilith est, selon la tl'adition kahbaliste,
la prr'miÈ:re
femme d'Adam
elle est noire,
comme
toute la génération ,.pT~:- ~ni.1j"e..". Isis,
"t'êlml. n.oU'<!. du rroru:1lz.1', est une figure inff~rnale, celle qui est, qui
a
été et qui sera.
Aucun mortel nia jamais pu soulever son voile.
La
tradition illuministe,
dont v. ~ugo n'était pas ignorant, présente
cette déesse noire comme le symbole de
toutes
les
initiations qui, au
fond,
n'ont jamais dévoilé leur secret: aucun myste n'a pu atteindre
la nudité de la vérité.
La doctrine professée au XV rIIè siècle par Swedenborg, Martines
de Pasqually. Saint-Martln, r."oater et Fabre d'Olivet informe au XIXè
siècle une
tendance importante de
la littérature.
Comme l'a soulignè
R. Jasinski, "te o<-<,d-,,_ dR-o kmLè.-<'-6 eo~ au60-L ceiu-L cleo JUwniJ1.Qo'· Il).
(1) - Jean GauQ..on. k
J'enpo de ta Con,t,;,.~'" p. 32.
'·Joi..o M.-tJ.h, pe.T'6CJ"l1'Ul!}e nyot.ér·-LeU'<.,
VtVWl·/R par' _!Lgo •.l.Ii..otvri.-
qu~ ./'.e rapprochernzn,f;, de ceo dJwx noll16 M~ <.njuo~i..(i..abte'·.
(2) - H. Jasinski : w..ot:>u-e. de ta ·~raturQ. Jrançai..oe. Tome II,
p. 124, Cité par Léon Cellier, Parcou.~ ~i..ati..queo, Les Edi-
tions de la Baconnière 1977,
p. 33.

154
... ';
, .'
Au XIXè siècle, ce mysticisme et le renouveau chrétien qui l'a
accompagné redécouvrent l'Afrique. Ce que recherche l'illuminisme,
c'est l'authenticité originelle, l'unicité des différentes formes de
révélations. Et c'est naturellement que les Illuminés, dans leur quê-
te, retrouvent tôt ou tard l'Afrique. D'après les auteurs anciens,
les Noirs sont les inventeurs de la religion. C'est en Afrique qu'on
a appris pou rIa première fois à honorer les dieux. L'Egypte tient
d'ailleurs une grande place dans l'institution des écoles initiatiques,
et l'image de l'Afrique est liée aux pratiques magiques et à la sorcel-
lerie. Saint-Martin a promulgué le dogme des révélations successives.
A lire la plupart des auteurs maçonniques,
leur doctrine émanerait
d'une révélation unique, antérieure à toute autre et conservée dans
les sanctuaires d'Isis en Egypte. Pour Fabre d'Olivet, Orphée est un
initié égyptien qui illustre bien le concept orphique du paien primi-
tif (1).
Y'istoriquement on sait flue le monOthéisme.
le dogme de l'unicité
de Dieu, a
été révélé aux hommes par Aton, pharaon dlF:gypte. Un autre
dogme non moins important est celui de
ta résurrection:
la religion
dionys laque,. qu i
promet 11 immorta li tè s' ëtai t formêe au tour du my the de
j
Zagreus. mis en pièces par tes Titans. Regéncré par Zeus, son père.
il est redevenu le Nouveau Dionysos. Or les origines ,.'1.èg..,-.e.o. l' de Dio-
nysos ne sont plus un sujet de contestations. Selon ~érodote, Dionysos
est né à Nysa, ville ou montagne en Ethiopie trans-égyptienne (2).
Les représ~ntati~ns iccn~graphiques le montrent avec deux mèches de
cheveux torsadés qui rappellent les deux cornes que porte la déesse
Isis et celles du bouc vénéré dans
te
culte bacchique.
Certaines
images
plL~~-e'r1.kHrd'ai11eurs Moise portant au-dessus de la tête les deux mèches
torsadé~1 Freud a suffisamment. mis en évidence l'africanité de Moise.
(1) -
Brian Juden,
Ymdw..on" Orphi.qu= <!-t Y<YJdan.=" ny"t.~ue.a cian."
~ Po"ant-iA"", !~~, t800 - 1853. Paris, Klincksieck 1971,
p. 41 sq.
(2) - Hérodote, ~ ~ II, 146.

155
Au Moyen-Age, l'Afrique apparaît sous les traits antithétiques
et complémentaires de la Reine de Saba et du roi mage. Comme l'a sou-
ligné V. Y. Mudimbé, à partir du XIXè siècle surtout, dans l'art com-
me dans la l i ttéra ture, les "Jauveo" et les Mystiques, à l'instar des
écrivains, entreprennent une descente aux Enfers, suivant un itin~~
raire initiatique conduisant à l'Orient et dont l'Afrique constitue
une étape obligée (1).
L'historien des idées doit ~galement souligner le rôle décisif
joué par les pères Africains de l'Eglise au moment où la civilisation
occidentale s'est trouvée menacée par les hordes incultes et barbares
venues du Nord. Au bout du compte, ces envahisseurs ont plongé l'Euro-
pe dans l~pénombre;du Moyen-Age. Seul, au début de cette ère obscure
5,0;... /"lI ftU!3W-t';'L ~ assumé la responsabilité du génie de l 'Occident.
Sur le plan strictement religieux,
il a fallu le magistère des pères
Africains de l'Eglise, Saint-Augustin, Tertullien, Origène pour appor-
ter les correctifs nécessaires à la logique trop païenne de la philo-
sophie héritée d'Aristote et de Platon/ct continuée par les néo-alexan-
drins (2).
L'orphisme et l'illuminisme ont découvert très tôt les
liens
thématiques Qui lient l'ésotérisme à l'Afrique. Si l'f.gypte est dite
la terre de Cham le maudit, si le peuple de Dieu a Quitté cette terre
sous la conduite de Moïse, elle est ég;,lement le tie.l-
'lui a acceuil-
l i la sainte famille.
Négativement) philosophes et théologiens ont cherché à accréditer
le mythe de la malédiction qui pèserait Sur l'AfriQue et les Africains,
frères
inférieurs,
maudits par Noé. Cette classification trouvait un
semblant de justification dans les Cc~tuPeO et la révélation professée
par le magistère de l'Eglise et l'Evangile interprétée par le calvi-
nisme et le luthérisme.
(1) - r·ludimbé : ,r'auu-Q. f0CJ2 du ''OY=, Une introdue.tUvt à ea o.uA.que
deo ~9>-O PJt t~. L'Age d'homme, Genève 1973, p. 29.
(2) -
Yao Edo Améla : "Platon, C<..cé.on, Sai.nt-A.,guo.tin, " M '
,
t-
~"'l''f....CO(..rl
(oo"llw,u,n 00 la pen6& ch.-ét;,U;mn.e en ~t", Annales de
l'Université du Bénin, Tome VI, 1979, pp. 9 - 15.
,.

Le livre sur l'apport de l'Afrique au domaine des religions n'a ~
~l~" été. écrit. Nerval reste celui qui a le,"I'i,W(réuni les idées épar-
ses, précisé les intuitions communes et devéloppê les hypothèses. L'Afri-
que est évoquée en filigrame dans l'ensemble de son oeuvre.<"';- Nous som-
mes en présence d'un travail conscien~ou alors, d'allusions lointaines
dissimulées sous une érudition rore. Le courant ésotérique /; : a pris
son eSSOr au XVlllè siècle avec Nerval. Le décortica~ préalable de
cette oeuvre opaque a été déjà opéré par des chercheurs comme Jean Ri-
cher. Il nous reste, en suivant les principes de l'analyse thématique,
à procéder aux regroupements nécessaires qui montreront la part impor-
tante du motif africain dans la poésie française au XIXè siècle.
*
*
*
A) -
L'AFRiQUE DANS LES SOURCES·'ESOTERIQUF.S DE NERVAL
Dar.s
la partie srccifif1ut.' cie C(~
LU:P/3 il
q~l i
trace
les [ran-
des
l.if!.nes m~lhodol0r.il1ue5 d t l.1ne e ..... th(.t;îlluC rt(~
la
t'-:-c:r:pt.il.d1 ct
de
la
l'intcrtextlHdi.tt',
il
'10P;U'çlît.
;-'1
l..:l
!~'.Jîtt.: ,!c Tu~h,JL·V'I.
narthes et ';vu~:j~1 que
tO;Jt tc>:te f:~;t :Jllc re6crituI'e cl qllL' ce
qui s'él~hün.. sc <:üllSlr\\lit tùujvur':; slIr de
l'a<:qul:-;. l'c.do.cov ri
singulièrer.H.:nt in~;i~-;tè sur le fElil qllU "t()Ult t"'x.L..... O.0.t:. LHÎvaiJP.~
;YU'
l~/:l nu1-'0:l tVJrd.p/,·:/' (l'
il rejüint i:t la fin de son analyse
les concllJs ions de Barthes
"J"ou.t t"X-LO_ {!~{. \\Af1UA~u. flOIJ.\\.'<YIU d".
cL,{.atwn~ ,·(!\\JOWet::.'J. fi (J J. On comprend d~s lors le CBI'ac tèl'e savan l
de
la po~sie nervalienne.
L'aspect symphonique des constructions fluj
illustI'ent
les 1(3-
gendes et
les r:1ythes nervaLicns est (;mlneômcnt poétirjue et t~moi­
gne d'ur.e
éI'udition l'are~ On serait tenté de: rEre Clue cette pué-
sie est essentiellement livr-esC1ue si
le poète ne lui al/ait sacri-
fLé sa 'lie.
L'érudition tant v::'I:ntpe de l.econte de Lisle n'est r'icn, on
l'a dit,
cumpélI'ée à celle de Nerval qui a assimilé
une
quantité
considérable d'ouvl'aGes. Ses connais~ar:ces ~;ur !,'occultlsmf: sont
l'iches et ahondantes :
".1'nva.u:l ,·f.un;_,
écr i t- i li '1lle.(qUO/.) l..i..v.-e-... '
• 1


,')<>. =
p.Wn <]en.i. d<Jr1..6 cetIP- ~ç>~ p,L .1- (2.1 ... U./Q"l.
------------------------------
( 1 )
Oswald Duc~ot et Tzvétan Tvdorov, ~~JtLonna~Q QncyclopQd~
~ t::'.1ClRflCP..~ du f.DY\\.ga..ge, -Paris, Seuil, 1972, p. 146.
(2)
-
R. BArthes, article "Û?x.''''' r<:J,.éo,·w du.)'· in rncyc.1.Dpédin
llni-ve,,,atu,.

157
pel -oua<k.. que. -tou-t "A.t V1<2<- ciano "" qu'<llJQ.Û aCCJ~trul.é
&-<1tu>cuo t' P./.>PS·'Â. hUtrD.m pendant de/.> "i..Qc&,," (1 l,
Pour l'opéra qu'il se proposait d'écrire sur la Reine de
Saba, on ne peut énumérer,
écrit J. Richer,
le nombre de
livres
~u'il lut, de notes et renseignements qu'il prit:
"la (<<--hw, fA 1al.r'UL1, :ian.chon-i.a-ton, fié. 'OOe ,
J.!emk/.>., Çcw~ de Syn""Ue/.>,tou.te rn. l!i1>tw{hè>que.
O'·'J2n-tn.te. d '}lcu·lxdo./:.. •• ·tou.t ru-t CO'I/~uJ.té. jU/.lqu'à
f. 'h.'-""tJ:"J'e de/.> ""o<Xan.te dix. .",,-",, p'·é-ad.amU:zue/.l et
~a bwcpaph<..e œ ta dwe .cu:U:h, PJ'PfllCR.Q. {PIme
d'Adam" (:J 1•
On sa i t
éga lemen t que Nerval a
lu
l' UrpIl-ée dp. n~ llanche et
l'histo1r'e ne ~()n initiation
isiaque.(3).
Les
rAchcrc:hes r·~r:ef1.tes
ün t mis cnC(J['e f:n
lum i '::re
lc~~ l'app0 [' tg in in te rTor.:p\\l~' (~n tc~ l p.
paganisme ct
le ctu'Îstianisme.
[);~n:~ :i(Jn CCfLd"L dt: l'{~nuvcltiLJn du
pa[',anLsme mystique,
Net'val sIest 6!;alcmcnt
inth'e:;sp.J. la .7h.~l..cLa
de .Quintus Aucler'.
Les riescentcs aux Fnff't,s dont
Ll
fCl·it
les par-
Cours sont un
thème commun de
l'initifltion ol·phil1uc.
telle flu'elle
p.tait pratiquée rlans
les
temples égyptiens.
Nerval a pgalp.ment lu
le '1J.i...R.. .J.~i...tl V{!6P~..f" de
l'érudit allemanrl ft.• lJotti(',er.
C'e~:>t surtout
en
che rchan t
ce tte
1s is que
le poète a découvert sa pl'opre rl.~ésse
(1) - ,'~u-i:.P~ln II, cLté par ,1.
Richer. (?P!"O.I"(j cie.. :'1<2.1..101.. pt f.Q.,~ C!oc-
·t..s,V1PÂ ~~ot6.·U7Ue..6.
ParLs,
Erlition ctu Griffon,
194 7 ,
p.
?8
(2)
- .r. r. ichf'r. (?;',a.rd rte nC',,·va.f. Q.-t ~C'.~ c!ùc:.iI,trw...\\ é-~otç..'·;t?"P4,
Paris,
Editiùn du Gl'iffon d'Or',
19 11 7.
p.
lLl4.
(3) -
L.
Cellier.
il/'.J'tJlV4 konrlT1LiJ:['-"!/.'r. l--'a,'cUtu'Ô. .Jni.A:(..f.1tv-,qc:~~. Pût'is
Les Editiùns de
la
Baconni~re. 1977, p. 35A.

158
l'Isis égyptienne tient la plupart de ses attributs de la divinité
négra-africaine de la fécondité, du développement et de la crois-
sance
elle est noire comme la ter're noire, camme le limon de
Kémit -
l'Egypte.
la patrie de Cham
Parfois elle prend une tein-
te d'un vert Hde d.6cor~w..on/l.
Si au débu t d '/L....,,t<.a Nerval évcque le patrcnnage de Sweden-
borg et de Dante,
il n'oublie pas Apulée. ce t~~'/ ~utochtone
d'Afri'lue,
le premier initiateur ne ta littérature fantasti.f)ue
dans la culture occidentale
:
f.'SJp~.nlxH'g. appeJ:.a~t r...c6 V0~Wnê rr:~:lJro''(Jb1..,f..ifj. ;
U J.oo. c1evr.Ji-t à fa ,oê.......-e,.·w f.J,fLM. ·~o(.LVeJ1.t qu '(u"L
•.\\on~~;~l.
:
f '.:7nP. d'v,- c,/I.'Îr::vf.;'q'J
1r1. ?;~'J~·nc nJn~d;p.
c1()~ 1'o~1.-t<? ùonL f(~/."l noai.dr.<:J. po0.ti-'7uQ~ do- 0 .....) t'~ tw h~.~
J(? f. 1l'1.1lP / lUm'll.TJ€!."
( ' J.
C'e::>t à
la releclUI'f.' (le
l'()e~J'''r'c d'/\\;HJ1/\\e que 1~1 Fl'<:LflC-maCun-
nerie ~ reformp au XIXè ~.;ièclc cCI'tains de f;CS rites relatif~-; ô
la grande déesse.
j)an~ la Fr'~nc-maçonflcric f6minille, b. un cert~in
degré,
les adeptes devaient r'ccunstitucr symboliquement la rer:con-
tr'e de Soliman avec
la Reine de Saba. Or l'oeuvre d'!\\pul€e
est une
eranrle mise en OJ'r1I-e de vieilles
tt'adi tions millrnai:-es propres aux
habitants de la pal'tie ;lUI,d du cuntinent.
ainsi 1tl'ur, peul:
le: dé-
couvrir SUI' les peintlln~s l'L.!pestI·es du Tassili, et de plusieul's
endroits du désert Elfricain,
jusque rlans les régions les plw:; aus-
tl'aLes. Le culte de
l'f.ternel Féminin sera ::iynthétisé plus tal'd
[1) - Au,{,,t<.a l,
1.

....
159
dans
l'idolâtrie de
la Reine de~Saba
"..9.t e.o.t. donc pe.~ de VOU', écrit J. Richer,
dan,; ~Q cuU:J,. illt.ériP.LU' • endu. à la "1ère,
~ 1ç,.u.nRJ'l~ pl2r'frOnQTt~. l.a oo",e & plu,!; <'>Û~~
cz.t.ttu,li de l.a Ilre,ti..g.i.on de 'fIerval.." Ill.
DaJ'.s le:e ,ouurages de cabbale et les traités ct'ésotérisme que
Nerval a consultés,
l'Afrique tient une place considérahle
; ces
manuels situent, en effet,
sur le continent noir le berceau de
l'humani té.
Colncidence curieuse,
les l!é1.ucu.br'(Lti..on~/i les plus an-
ciennes et la po~sie la plus pure anticipent SUI' les rl6couvertes
les plus r'êcentes.
A l'8tat actuel des connaissances,
l'homme est
np en ,"lfrique ,
où naturellement,
La ~;cicncc
fi 'est
n'atur"d
dfv~Loppée,
surtoul
la mf,talLurr,ic et Le::; pf'emièTf~~
cunnai~:;~'>anc~~~
iniliatirlU€s.
NOlUTi
de \\.e~;
Lccture~;, Nr~l'lJi-:lL pL:Jcc
Le cacke dC':; ~ysLI~re~, nc
la
cr<?ëltiun ~';Ill' lf-: eontinenL ,'lfl'jccJin, 'JCl'~"
lc~') cuin~; les pllJ;'; c~cu­
lés rlc~_~ rrr.ions {"';qu.:ltucial(;s,
l'nu-(I(\\f{~ nl'/.'l nontngrw-:"\\ ,Il>_ f n fl1ftQ"
(le
Kilimandjaro) vA:.. t'anü..clf":>_ 1~'tJH'..onœfl. ",fontjü!np:-. J',) t1.vaiJj 0'->.-
mL dan..... fa capU...v1'.-JLc?,
aU-k)C q,,' utle ,Y1I·.ti-e de~ fa • ...--~Q l11mo.{Jte."
(]J.
(1) -
Jeé\\n nicher.
nelva-l,
{'xpr6·ip.tl,-". e·t C.-éa-ti.on 1
2è 8di t ion l'c::\\/ue
et aUf',lTlént·5c,
Paris,
Hachette
]970,
p.
50S.
(2) -
.J.u.ç>U.a I,
VIII.
Les f71unta[!flf:'s de
la
Lune,
Cvnnlles rl~~s Anciens,
c'est
le Kilimanrljaro , au centre du contincnt é\\fricl1in,
sous
l'~~uateLlr, culminant â plus de six mille môll'es, aIl svmmet
couvect de neige éterll€
lle.
J.
Richer f<lit rcmarfluel' que C.
de Nel'val avait pu
lire
ltuuvl'age du rlocteul' Nicvlas Perron,
,?:e. f.'r~ft~p"-p'J
1832,

l 'dutcU;' rlonne â cumpI'~ndre que
les
montagnes de
la
lune ont offert probablement un
lieu d'implan-
tation orif.,inellB à
la race des hommes.


163
',. -
damment utilisé. L'auteur des .7Uieo du. Jeu.. le cite très souvent.
car i l est du petit nombre. avec Saint-Martin. Ballanche et quel-
ques autres,
de ceux qui ont rénové la théosophie et dont la".lec-
ture était familière aux occultistes. Quand nous lisons dans les
y~ du YQLL, remarquait L. Cellier,
l!u.phPQ et. rliowe, .i.n-i.w" Wu.6 dQUX.. QW<. rn,IC-tP,,,,,,
WŒq~, ont. anrwncQ, G. clQô ''Q.~ di-vea-'-6e6 c:lPÂ
VQ, ·Ltc2.a .aubLw-e-6. Il t
.
certes Nerval ne fait que réciter du Fabre d'Olivet (1).
On connaît la thèse de Guy Michaud : la doctrine du symbo-
lisme aurait dp.jà été entièrement formulée avan.t le romantisme par
Saint-Martin, Fabre d'Olivet,
BallanChe et Sainte-Beuve;
le réa-
lisme et le natllralisme seraient finalement des succédan6s (lu
ror:nan tisme.
Fahre d'Olivet l'psumc en
fait
tous
les
travaux
ries
thpQsuphes
de S0n siècle. Son import<Jnce a
f>tt: mi~e en évidence par
la thèse
de
L. Cellier. Une prfsentation synthétique ne!:; résultats auxquels
ont abouti
les recherches de Fahre d'Olivet montrera mieux
la pla-
ce que
tiennent l'Afrique et les ''.fricains dans la théosophie
et
la cosmogonic~
remises à jour aux XVlllè et XIXè siècles.
Si l'un cherche à comprendre
les raisons profondes de l' inté:-
rêt manifesté par les
théosophes et les roman tiques il l' (.t:;,ar'd de

164
l'Afrique et des Noirs, on se r~nd compte que les données des tra-
ditions rapportées dans les ouvrages ésotériques et apocryphes
définissent l'histoire du peuple noir selon une triptyque essen-
tie llement roman tique
: naissance,
mort et résurrect ion.
Fabre d'Olivet dans son J/i.4.fuu-e Phi..toooph'-.qtœ. du (RF"'" lL.-
1TOAJL
(1) révèle que les Noirs,
dispersés aux deux bouts de la
terre, ont/au cornmencemen t
dominé le monde. Vaincus dans des com-
j
bats décisifs,
réduits à l'impuissance et à la soumission pal'
les
hyperboréens,
les Blancs,
ils sont dans l'attente de
la reprise
de leurs anciennes prérogatives.
La malédiction ~ui pèse sur le
poète fatal l'assimile à ceux qui vivent dans l'esp~rance de la
r~surrection. Nerval affir'me avoir' longtemps gémi avec ces races
maudites IIc1arltâ. fa -!'.e~vw.u1Q.fI. Pour le double rll"donir~m t'lu' il est,
,
l' heu ce de
la l'eva nche et du r-en Vf-TSemen t ries va leu cs a I"I' i IJt~
certainement.
Los sOurces auxquelles nous I<Cllvuient les n~cits de Nerval
nous rév~lent que
les Noi.rs avaient envahi
le sud rie l'EuI'ope.
Les
souvenirs des
luttes qu'ils menèrent contre les autochtones,
les
hyperhoréens,
ne se sont pas entièrement effacés do
la mémoire
des Blancs
telle par exemple,
l'i.d~e ·lue le
di.ahle est noir,
la peur rlu dragon,
11 emblème rlu drapeau des fI tIan tes.
f\\u
fai te de
leur pui~~anceJ les Noir's aur'aient 6difi~ d'immcrlse~ sanctuaires
en Hau te-Eg.:'.,)'p te , en Acabic,
sur les montagne~; de Canaéin l't de
(1) -
Fabre d'Olivet, J/iL>.fui...,<,_ ~'<"fV<>Or:JI·Urue du ("", .., 1J<mGi.f1,
Pari~,
4è édit. 1966, p.
147 sq
; pp. 243 - 45.

165
l'Asie centrale. Nerval donne u~ description de ces villes cyclo-
péennes
:
"Su.. te pi..c. te p~ étevQ. de/.> rron../:aqnea d' './i>JYWl on.
du.,t.<ngu.e U11Q cage dont. 1.J2/.J. .u~ <Je déc.oup<Ult. ou•.
.te .. cud. .. Au.-delà de (a r=r <J'et""",. un. CIl.lb -e p<.c.., ..
:fu cleu><- pom~ qu"- <Jont te<J an.ü.qu"-'" Vi..U.PA de Saba,
.f'Q.'·"un.t (' ~'QmU:k. du. d/"ûoU du. ~:at at rTundeb,
on. voU <Jotudr-e et. <Je .-épa,·w· <Jtu· wufu en .terr-e
.tea <kw<. f"Q.CQ.<J, bl..an.me çJ'l }16-i.e, no'--r-e ç.n Af-,·t.qup- . . ,
POtu· te<J po'<2Jl'li.e"<J .ea ,,,,<ne <J'appe.IJ.e. l'a/Pu."
",t.
potu· te<J au../:.<0. rrahç.da., ". J'<M 'tUA d'Ab,Y2hnm
et. de CéJJu..na qu.i.. ,-erron.IP.nt. à. {'nom pao' J.lQbe,·
<>.t. )!oc.tan. fo"""""t. (a .-0= 6a<n-te <kM po'i.nC2<> d""
Saba, '-<>.ur' r...apU:at" e/.>t. ,,1'<WTI, Qf, JlbY6<Ji.ni.P.'· (1 j,
La
tradition dit d~ Nemrod flU'il c::;t noir,
petit-fils de Cain
et fr'ère d'Enoch;
il est
l~ !,wcmier potentat SUC" la terre,
le
plllS grand hâti.sseur de villes.
C'est: encoz'C des NoiI'~ que les
[~l;:HlCS apprirent la f()nte c1e~,j mrt<1ux. C'est à ces fi.L; du Feu,
commandés par' Adun iI'am,
que Sa iumon
fi t appc l
pour'
la
'cuns lc'uc-
tiün du temple de J~I·usalem.
Dans son ouv rage, ,ra .fant;1Ue hr2bn2f.que .-e4-tLu.Lée, Fahre 'd' CH i-
vet fait rie j''''-oIse un jeune humme d'origine africaine,
nommé par
Rams~s II scribe sacr~ attach~ au temple d'Osiris. Au SinaT un il
se rendit aprês son meurtre -
le pI'emLer commandemerlt ries prescrip-
tLons
isiaques
interdit formellem.ent le meucLre -
se
Lroulii'lit un
sanctuaire éthiopien
indépendant tenu
par ries Noirs,
des Arabes

.,
166
et par d'autres Sémites en quête d'initiation~ C'est là que MoIsé
adhéra définitivement au monothéisme profess~ depuis longtemps
\\ ..
déjà par les Noirs. Expliquant Fabre d'Olivet,E .., ~churé écrit :
"Chez leM S~ i'i.n.~etuatu.éde ta ,ace
n.oU'Q. a domvté. p'·itni.l..(...veruzn..t, on ''QJ7J2''que, au.....d~l-ô·
de t' UIotab-Ù2 po~üv. Wle ./:wu:Jan= au nor,olj",,~
te pI'i.n.cipe de i 'wIUé du ~ cœ:J,é, aiv.,otu et. "arM
{o,'ne ayant. éU W1 de<> dognliM """ent.u..i<> de<> pI.Q.t..=
de , ace noüv. e.t. de teu.' u-..UWtLon "eCO' -<>t.e" (1 /.
Jétro.
le grand prêtre noir du sanctuaire, en accordant la
ma in de sa fille Séphora au nouvc l
arr i van t; acceptai t
de
l ' ins-
truire dans les traditions éthiopiennes et chald~ennes ~ c'est
sous le magistère du eranrl prêtl'e noir que r"-oise apprit
les mys-
tères de
La Ccnèse,
l.es [J,ueLTCS de Jéhovah et les gént:l'é:l.tions
ril Adam.
La premièr'e
initia ti.an rer;uc à r~lemphi:::; 1 cn Fpspte, allprès
des prêtres (i'Isis et O~,iri~"1 faei Lita la fGcm8tion de :"-oIse
;
il
pu t,
par
la su i te,
réd i Ee r
le .5~P}p",· f'i:,-Ç.&Ii.-t 011 fi...v,"Q (}C'~ P.,ÎJr-
cl..pp..A,
u·:':llJnth.è~e CDncp.n.t.·~Q.. c/P. -la. ÙolPJtce pa4'.'.I~Q. e/t de
.la'- ~cU?nce {uJJ..u-e, Ç"..-ee.f- nC?/:'l m:1~·tQ,Q.'.'.I, f farniK'LJu
c/e4 in i...,U.P~, po ÎJl·t de ,a.f1i.RflPJ1·t" (~J.
t~insi les découverlefl rles théosophes nu xvrrrô et du Xlxè
siècles sont en accord avec
les
tl"ail6s ancier\\s,
et ram~nent l'es-
(1) -
EdouaI'd Schuré,
teô 9~'UJ1d.:-. ;J!i.A:;.U.~ô, Paris 1 Lihra irie acadé-
mique Perrin, t
1960,
p.
lBO-sq.
(2) -
Idem,
p.
183.
;)

. -"
l-'~- . ' :
'4,:':':j.
<,' ~;
'.' :t~
( '
'''- ...', ',.."
167
sentiel de la Genèse à la symb9lique égyptienne, aux cultes an-
tiques, notamment ceux qui ont en commun 11 initiation' isiaque.•\\',
Jk. fA.-v''e de", P.,Vt~ serait la synthèse de toutes les doctri-
nes des initiés,
de la Gaule pythagoricienne à l'Inde védique.
débouchant sur le christianisme.
L'effort de Nerval pour remettre à jour les croyances ancien-
nes le rapproche de ceux qu i recherchent leur "t:1UÂ11ertti.cUé" en
recourant aux mythes révolus et au paganisme.
b) - Ethiopisme et néo-paganisme
N
L
L
''Y" .L 1 f
. , "
. f
t-
. erva
, p us encore Clue
"'.cn_.YlIK .
. ", ,t}(l.u~n, 1 a
man l. es 'c raI'
son ~critur'e l' int"~ntion é\\vûut'e de {'e~;taurer ces cultes anciens,
Au "-~an.g. pa.Lvfl'i "du poète é1.ùoLe~ct::nt {'i:pond le premier tercet de
:.!:cl."-ca :
"sv., 'eVWln<'Jl.-t, CQ/.I Jk.eux qw? .tu. p,(Ru..'e<> tou.jvu.n:,
J52. ~ va 6"'(lJ"(t:2fle..' .f... 'o.-drQ. de.6 anc..i..en.6 joUl'~
.i'a .te.,.", a u'Ç/.X>a,U.t<.. d'urt <>ou."f:-le. pn"phé-tUju.e."
(2).
De toute évidence Nerval s'est nourri du rnystici:;me prophé-
tique de La JVè &;.f.oqu.e.
de Virgile où le poète an tique annonce
le retour de l'âge d'or sous le signe de Sa turne
: "
~nia f-e<jtta".
La création d'une nouvelle cosmognie ne procède jamais d'un
acte gratuit; un tel choix répond au souci de rr.tablir une har-
monie ancienne rompue:
transcender le temps présent pour retrou-

"'...
168
, :-.
ver la première naissance du monde. Nerval a entrevu ce monde où'
partout :
"~ 'é-tevaùm-t d.e.6 pa.tmi_e..~ gU:;an.t.e-oqU<Y.l, cJp./.> ~.·bcM
wnénewc P,-t d.e.6 acnnv,tM to.·-tU.ié<u> ou,WUS' de cactu.c. ;
&u, fiJ)<U<M arwtM dtM •",che.", ~ 1é.tança.Len-t CD"""'- d.e.6
~quete.tt.e-o de cette é?bauene de cs-l>.a.ti.on, d,,- hweux:,
'Q-P-.tuP~ ~Q.,pertta.f..p.n.t, ~ r{d.w·gi..6~ai.erL.t ou ~ 'Q..A'~'Ofl­
dw~ai..r2rvt au miJ..<.eu. clet' i.ne'Gtr<..cabte .-<'i,oQ.r.u. cl 'une
vé?gk-ta-twn ~auvage" (1 1•
Ce paysage qui
~voque quelques régions à la lisière de la sa-
vane aride, nous
ramène
imperceptiblement au continent africain.
C'est ici que s'est d~velopp~s la race des géants:
l'f./Wl
('.L.:>,,~ ~fotm Qut i.Q _ f..Jl!n~~e de"!.. c'~e" une noullÇ:!.Ll~
6'OCO.,
corrpo~~Q. d,.!~ 6..ji>n(~JlW dp.. la U!,·~'(? v,t 'lu/on
nppcdf-,,!
feY.> ;){.-iAp4" (:CI.
Les Afr'ite,s,
ainsi que les rlfcl"ivent Les
LivI'es de cosrno-
gon ies, sont des d€:'miurges
nés dl un mé lange des Espr i ts et des
éléments de la terre;
ils forment; la garde rapproché dlEhlis,
le
Démon en personne.
Dans
le VruJl'd.h de William Beckford,
les .Afrites
entourent Ehlis,
le souverain du feu
"zn. nomh~'Q.. u1ful-L. <.!Q. vœ_{.,Lia,'C~ à fOrl(""jUQ ba,·ltQ ;
d !.t,{I'i..~-6 (!fl. conp.f.~.te Q,f"1JWi'e ,,_tQ.U.~l.-t. p,o,..'}.t~,.,U?Ô
de>.vant fpA dp.lj' -é., cI.'lin" ,,,,,,ü'Od,,, <'.n hau,,- de>, laq"",~l.e
~u..' llrt Cjf.ob<>. d", {QU, pm'O<A~aU. "".,<.,~ fa .-.uloutahfe>,
('.hi<"," 13 J •
(1)
Au-éi.i.a l, V.
(2)
Au-é~i.a l, VII l
(3) - A..u-é~i.a II,
1.
-. . . >'.~'

/
169
"J!.'éthWp(..,6ffJ2,
selon Maurice Lenhardt, PAt. un
rroulI<2ffW'l~ 60cULf. d' ûn peuple .-écJ.mran~ 6<>4
dl'f:>1.A:o
au. 1TOf7W"l-t pr-écw où U
pr",nd ~cUmce
<k fui.-rrhre, e~ <kt /Oppl<UY.>Wn don-t U e-o-t
t 'ob.j.eA:. <k ta r::Jt:u>-t d'un gouvern"JIl2rt~" Ill.
Sur la légende du Prêtre Jean, régnant sur un royaume chré-
tien éthiopien entouré de mahométans, mythe répandu dans la Chré-
tien té depuis le Moyen-Age J son t venus se greffer' des rêves mes-
sianiques communs aux communautés noires de la Diaspura, prophé-
tisant la naissance prochaine d'un sùuvcr-ain rédempteur qui viendrait
Sauver
les l'aces ~thiopiennes - "nou"(v.')." - opprimçes. Ces
prophEties, cr'oyait-on, se sont ['6alis6es à l'av~nemcnt sur le
trône rny th ique de la Re ine de Saba li 'P.pousc de Sa LOlilon J
du nern ier
Négus, emper'eur d'F.thiopie.
I.e culte né de ces Cl."oyances et Clui
sl~st rapideme~t d6veloppê dans les communaut~s 110iI'CS rt'Am~ri-
que Latine 1
~
plus tard aux Etats-Uni~ d,'Amrriquè et: en J\\nglc-
Par un ['envet'sement des alliances,
fac ~ ~c à comprendre, dans
ces chansons n'église des Noirs américains,
le potentat,
l'oppres-
seur',
c' es t phar'aon, pu iSf]ue fi fe peu.p-f.-0, de '1JWl.1! nsp ire à une nou-
velle terre où l'on pourra retl'ouver la lihertp. Selon le rasta-
farisme model'ne,
Le siège ne
l'oppre~si0n n'est pLus ItF:gypte mais
Babylone,
le
symb0le démoniaque du pouvoir blanc.
Ces rapprochements s 1 il7lposaien t, en tre ces mùuvcrr.en ts 1 nOUrr is
de littératures de revendication, et l'cxpprience ne ces poètes
(1) -
Maur ice Lenhard t, k
nouv<>.n<1rl~ Q,<hèop<-en au. <>ud de .t'.A[-'·'-4l&
Je llj% à It!09, Cahiers 1902, p. 125.

:\\~,{~
,
... "
·,'
:'~'
~,
.
.~ .; .
170
maudits qui, pour des raisons ~thiques et esthétiques, rejettènt
,
psychologiquement leur identité pour une autre, plus humble, c~lle
des enfants du feu. Le néo-paganisme et l'éthiopisme
nervaliena
trouvent leur illustration dans les exhortations que Tubai-Kain
adresse à-Nerval-Adoniram :
/ISo iL> g.-and devant. iC6 Mm112/.} et. t o.,t. devan·t no<Kl •••
,fuo géni..<U> du teu v<..cnd.ront. à. t.on aU:1e ; O<>e .tout.
tu e6 "';6ervé à fa pe.r./J.! de SoiVmn, ce !Ulède
<><,-.v~· d'Adona\\'. 1>e. toi... nat-tra une <>ouche de
."O.v.. qui... r'Mtl1uretvnt. <>ur la -te.,.'e, en {a=
de'ldwvoh,f.c cuuc n"qf.<.cA du (eu, cet. éJ",",>rlt.
~(lC..J"-6. c.tuaru:f..tu. ne ~<'?~ piLM ~U,· fa. .tQ""'Q., fa
mi.~ti.re. Lnf atiJ]ab& dPA ouv,·i..e,'-:"J. <"le ,-a1lu?,-a ù. .ton
nom,
eL w. ~afan9Q. dp/~ ûwai..-tep.us'<"l, ck>,4 pe.rt..-êeu,·~,
aba~~en2. lUl JOU)' W. p.l.W-:"J.Œ1C/.~ fl\\ftJ.1ffy!.P, d(~ .ul.6.
(''?~ nllJ1.1A-U'C/.'1 dp.4po·til1l'_'!4 cl. /..ildûnat" (l'.
Le néo-pag;}ni.~,mc 1I(~rvali.en. en r-appor: avpé.:
l'I\\Crtque, se
perça t t sur h:'lu:: à
La lec turc des ChLmv6'C->4.
L' Ldép. py :hagor Lc Lenne et néo-py thagorLc i.enne de la ré i. ncarna-
':Lon des dLeux. à travers
les ci.'Jll.~satiQns prend sa source dans
~' Ln Lt lation is Laque et se ':rouvc reprise dans les Ch;JnP,"'Q~. La
no::::Lon d~ l'au··del.à a été exprLmée de fa.çon claire et sys~ématLquet
pour
la premi..ère fOLs,
àa!ls le
L;_V6'C~ eb.-'.-6. mo~'~~ de la ;:;héoLogie égyp-
tLenne. Cette systêma~isation est en fait une formulatLan de notions
dLffuses dans
La pensée négro-afrLcaLne ta pLus originaLe et
la pLus
authentîque.
La naissance d'Horus,
dans
le sonnet qui
Lui est cons~-
(1)
-
Gérard de Nei'vai •. Oeu..v,,'(l_"~J
édit.
par Henri Lemaitre, 'fomes l
et II, GarnLer' Paris, 1958.
p; 306.
, '

..;
171
..
cré, marque L'avènement du rŒL
tant désiré, jouissant comme Osiris,
.:.
'1 ......
son fi 1s, du titre de "Au·U-Lcn.teu.r". L'épiphanie du'dieu, rQg'{na-
teur du genre humain, réunit toutes les conditions d'un r'etour de
l'ige d'or. La Mêre, qui va enfanter dans la douleur, se fortifie
dans
la pensée de participer, par sa maternité, au renouvellement
de toutes choses
••• [,' OAp..8·''- (: nou..vçnu m" a.p;;:J.Q fJ.f~. ..
C'Q.,6t f~ '('.n'CUlt brYfL-ai.rné d'ik.6mç~..... ç~t d'O,:~J_6·fA.
Dans /Jrd~é~'O'.': où Les r,énies issus de Satan e:.: de CaIn affronLent
Jéhovah,
la ''; i c rü i. r'{: <l.pP3I' t i.en t, ii. L' l ssu(~ de durs comba ts, à l'
( 1 '
C'1'.1 ',i.r~
.1k?.f:f-i..ca. nGUS cnseign(; qUt: le c::hri~'>tiiJ.ni.sme, Èt qui l'empereur' Cons-
tantin a donné droit'de cité, ne ~-::ur'/i'/ra pas ét:ernel.lement
l co
[-6-
veil des anciens or'acit~s ~st i.néluctable et imminent
l '('c:,Oi~/ldr;.rd.-.
P.a .:'l iJ 'li /)p nu.. v; ./,\\flljl'. f~f1.t Ln
C~t". "'J"ldOH11'·.". r>nce)~' ..!IOu.-..... f_ "L8'-.: r.l~,- r~)()n'_'J.tantvl
(;~'. ~·;f'.n /'1 'r;. ,[6..~rtJI0·é>_ fn.. <'J.{;.V~.J.6'\\'. f.:106·/J-Cfll.C-'.•
Tous Les poèmes des "h;)rlv.~'(:>-6 son t cons tnJ i t5 sc Lon un schéma
binaire
au misérabilis~c ct .J. la mélancvlic- des quatrains S'Oflpo-
se dans
Les tercets l'espoir' tuUjOUI'S gal'anti d'une revanche de
CaIn sur J'l.beL, d'/\\donir'arn SUl' Salomon, du paganisme sur le' christia-

172
nisme.
du __N~ir sur le Blanc. Dans Cf. 2<>AdLchado.
le baiser de la
déesse assure la victoire sur la mort :
Ce néo-paganisme s'épanouit entièrement dans ~.·Gho. Même si
la muse r'econnait le poète comme "f-'W1. dP..ô. fLf..6. de. en. ç•.Q.ce.", cette
terre du ~6r>
raisonnant ne sera jamais
La patrie privilégiée de
cet éternel
itinêrant
:
le poète est fils de cette
terre mystique
d'Orphée et de Pythagore,
l'Egypte,
téménos des myst~res d'Eleusis,
étcnrlu'
jusqu'à l' [talie napolitaine du culte
isiaque.
fI,?e -Y1.L.6 pcn.u-qllO""" fp, VOfCfJJl _.) 1('.<1.1'. r·rx.tV(~.I·t_ •••
rro,-ô.t ql1,.'hi..c,· tu p.'ava.W G.:.>UrJ-..é cl 'un p..Î....c':d t'l9i_fç>.,.".
La
femme aimée,
fi lle du feu,
d'origine caTnite' comme
Le dou-
b le du poè te. t'econs ti tue par sa seu le présence
le royaume l.umineux
du dieu Osiris.
fr'èJ'e et époux d'Isis.
L'étude des distributions 'thémat"iques dans
Les (Jz.Lmès'Q~ nous
consolide dans
la conviction que
le grand mythe dont se noul'rit la
poésie nervaLienne est
l 'appal~tenance du poète à la race "étAw-
pLerYle.",
des f'Vf~'Ô. b,,1fM",
ceLLe de
la Reine de Saba.
Le premier sonnet des ChUnè.~~, tt ~~GohadO, a été écrit
après
la crise de folie de 1853, _au retour du poète au Valois. Ces

173
moments poétiques correspondcn~, comme il l'a affirmé dans sylvLe,
à son essai de 1'rc2.66Q.wi...r le. tp~ ,-évo,lu.". Son angoisse et sa soli-
tude sont compensées par la possibilité dont dispose désormais
le
poète d'éterniser par la magie du langage des moments de plénitude
qui ne pourront plus lui être "ravis, et où transparaît
la volonté
de résister à l' l'nvinc ible fatalité et à l ' anx ieuse résignation.
Le
titre
'original était
le l':JpAt Ln /l ..
le
titre définitif rappelle
Le
héros d'_?uanhoé de Walter Scott,
le baron déshérité,
chassé du châ-
teau que lui avait offert Richard l.oeur de Lion.
Le déshérité est un êtr'e
ténébrf:ux comme tous ceux qu'un pouvoir
a['bitrail~e a dépouillés.
tel
Lucift::r,
le püc,tc-lumièl"e mis hors du
paradis,
Le sombre Cain, Cham ct sa descendance,
le matheureux Esaü
à. qui Jéhovah a préféré Jacob, apparemment sans raison.
Ces malchanceux,
en proie n une noire rancoeur. à la '!mélan-co-
f.L.e t ',
sont des habitants de
la nui t,
à la recherche des lieux ca-
chés,
dans l'obscueité,
les ab'Lmes,
les
ténèbres,
les grottes et
les enfers.
On relève que
les
t-.r-ois pr'emiers vers d'Cf', .?>c.~.YlLrJvuJ.o reprodui-
sent l'ordre quinze,
seize et dix-sept du tarot et rept'ésentent
la
carte du
diable,
le prince des
ténèbres,
grand démon de
l'enfer;
c'est le roi de
l'empi~e ténébreux, de la mort, resté cétibataire à
cause de sa grande difformité qui
le fait fuir de
toutes
les déesses.
Il est éternellement veuf.

174
"'le -ouw le. J énébl'<Wo1C-, - '-e V=f - JI.'.JnCOrv.loté.
J'.e Pri.JlCe d' A7ui--ta.'-ne. à fn. tour aboti..sz. :
ma. ~"'J.Lk etaU_",_ "'" t morte - et mon tullt corv.ltené.
Porte. I_e. ~ot",_u_ noi-r de. en. mtilf:lr\\COU-e" .
Ner~al s'identifie volontiers â des princes ou des h~ros dé-
chus dont il s'éprend; qu'il s'agisse de Napoléon,
du dieu Kneph.
Ou de Nerva
dont il s'approprie
le nom. Dans ~r~ la figure qui
domine est celle du dieu Kneph.
[1
es t un l' •
l '
v/...RLtJC. p.e.Ç'VQ5'~
,
au
"p1'-.Rd to,...~ l', à l' f. ' oeif fDUA:M. "
tout à la fois "
vop.cnn~ Cl,t, pC!. !oi.. c.1PA h;_veç·6.".
Le poète s'irlerlt:ific 6galement à cc Pr'ince d'!\\Cluitaine
célè-
bre par ses malheurs,
fuyant: répin
le Br'cf dans
les fOl'êts du Péri-
gord,
terre d'or des Labl'ullie.
Oans une
lettre à Jenny Colon,
Ner-
val écrivait:
1'j)'aL b--(J2J'l. un. peu de. ce oang. -
fà, rroi-, pnuv,e et Ob6CL1.'·
cfc.Ace.ndan.t d'un dlâtçJalJ1 dePe,.,1..qo,.d".
La 'seizième carte du tarot
est cel.le de
la "tour rcw.uiro4--ée",
celle qui est ['emplie d'or de Plu-
tus,
mais
tombée en ruille,
incendiée.
Le
troisième vers est celui
de
la carte di te de
l 'Etoi le
: une grande étoi le entout'ée de sept
autres plus pe~ites.
Mais
la mort de cptte seule étoile accentue
la viduité de
l'a-
mant.
"'Sof_eLP.- noL,.",
nuit du tombeau,
grotte,
!\\chéron
lyt~e d'Or-
l
phée rappellent
les
lieux souterrains et obscurs que recherche
le
poète déshérité.
Le poème _4o'u~ tradui t de grandes préoc cupa tions mys tiques. Le
dieu Kneph,
perclus et difforme
est à l'agonie;
mais ::ette épreuve
l

175
coïncide: avec la naissance de son successeur.
le Dieu Horus, fils
d'Isis et d'Osiris;
il est la' préîiguratiàn
du messie,
le sad'-
veur du genre humain, selon la tradition divulguée par Pythagore!
C'est le dieu du Soleil levant et du renouveau printanier, en même
temps que le fils spirituel d'Hermès.
le Thot égyptien. son protec-
teur. Kneph, c'est le Khnoum égyptien. dieu créateur du monde; il
n'a ni commencement ni fln, comme Ammon-Râ, éternel roi de La natu-
re.
Dans le poème nervalien, sa femme Isis
le rend responsable des
ma Iheurs du monde qu' i L a créé. Elle annonce J
en même temps,
la
naissance d'Horus,
esprit du renouveau.
Isis est la déesse floire
r.ybèLe,
cel Le de
la
tetTe rJui donne éternellement naissance çl
La
·nature envit"c)nnantc. Elle symbolise également la naissançe d'une
f'eligion
nou'J(:lle
;
le cunque docéc 'lui
la l'amè-ne l'appelle
le C!'0L;;-
sant d'Isis,
déesse
lunail'c,
soeur d'Artémis
la
lune ~t8nt pour
Ncrva l
"p.,~ ~,<,.!Uf}(,.. W-6 Œn,..6 l,af:QTtl(dIc<:/". r.e tableau de la décG~>e
doit ~tre l'appl"Oché de
l'apparition de
la femme de
l'~pocalypse.
foulant la
lu";'e à ses pieds.
Le poème /htéro~ montre avec évidence
la survivance du paea-
nisme à
travers
la pensée moderne.
On peut suivre l'~volution de
cet esprit paIen dans
l'organisation de
l'ordre des Templicr's jus-
qu'aux
Loges maçonniques modernes.
Nerval sc l'attache aux malchan-
ceux,
aux maudits mais fiers et
indomptés,
comme Antée et
le som-
bre CaIn,
de
la postérité d'Amalec.
Les dieux paIens avaient ~té détr8nés par la Dieu d'Isra~l.
Antéros comme Nerval sont des incom~ris et des réprouvés. Arytée,

176
chaque fois qu'il se sent vaincu ~ar Hercule, reprend des forces
en touchant la terre (1). Antéros est donc fils de la terre qui
lutte contre Jéhovah,
dieu du ciel. A l'esprit paîen s'oppose le
monothéisme moderne. Nerval fait de Jéhovah le dieu mauvais ~ il
est jaloux de Caï n
ce cultivateur, protégé de Baal et de Dagon
l
qui
initièrent les hommes à l'agriculture.
Antéros, le révolté et de la même origine que Les divinités
invincibles issues de la terre
: Antée, Carn
BeLLus,
Dagon,
oppo-
sés à Jéhovah,
dieu céleste et victorieux.
Les dieux paIens
luttent
pour' le rétablissement et le triomphe du paganisme sur le moncthéisme.
7)cdf;_ca se ressent fio
l'influence de Quintus Aucler
; opposé
au christianisme,
ce néo-p;]i>~n chcl'chaiL à r'cstaun~[' la pratique des
my~tères. Le poème montre ér,:al'''mcnt le lien entre Pythagore, Virgi le
et le Christ dans
Leur idée commune d'une faute commise par L'huma-
nité.
Les ,~ùnè,~ relèvent donc de la réalité ne certains mythes
néo-palens
; et
le système des variantes explique la pluralité des
versions du même mythe. G~néralement les tercets mettent en scêne
une tr iade ct 1 aC teurs
. en
face ct' un coup le un i
par des liens très
êtroits se
tient un protagoniste défini par la I~elation d'adveI"sité
quO il entretient avec ce couple.
Dans '/4,-111.0,
u~ duc normand est
celui qui
introdui.t le conflit dans l'univers narratif par son ges-
te iconoclaste.
Dans ~4b~ c'est le gieu Kneph, haï par son épouse
(1) - L. S. Senghor, CthinPLqUR4 : "now:> <>ooJ1'J2.6 tp_<> hn,.",.,/.l ck ta.
da1'16<>- da",t {w.:, pipM r<!P"'JlJ'll'Jlt vi..g=.<r <>fl frappartt f.Q oof. dur".

177
.IsiSa Dans .~t~, c'est Jéhovab, dieu des ennemis traditionnels
des amalécytes dont est issu Antéros,
fils de
Caïn.
Et enfin dans
2e~!Lca, celui qui entretient le conflit, c'est Constantin, premier
empereur palen converti au christianisme, responsable de
la chute
des dieux.
Les deux questions des
ter'cets,
restées sans réponses,
intensi fient
l.e mystère et la mélancolie des images évoquées. Des
arbres mouvants jaillit un chant, celui de l'humanité qui gémit et
interroge DLeu. Nerval affirme le retour des dieux;
ce flux et re-
flux.
ce mouvement de perpétuel renouvellement est accentué par les
verbes recommcnc~. .E.:!2connais-tu, revicndrort, ramener dont l'élémpnt
répétiti~ signal~ bi.p.n
une deuxième théo~~nie <1~s dic:ux païens:

l'Horus égyptit.'n ,
la D(~lfir::a lati.ne,
l'l\\nr.él'o~; hellénique, sont lc~:;
compo~,anLp.s du tl'ypt i qtll;~ <1u i annonce l'a "ôn(:mcn t du syncré t i sme
néo-pai>_n dont
le
fonrl p llP-nt n~sid~ dans le cultt-: isiaque.
La re la t ion d' incompa t i b iL i té cons t i tu t; i vc d~
la tr iade d' ac-
teurs relevée dans l'ensemble des poèmes est symbolique de l'it'ré-
ductihi lité des concepti.ons monothéistes et polythéistes,
ct marque
l'opposition radicale entre le paganisme et le christianisme.
l',.vec ~:'-.trQJLa et les (Jl.Lmè8""0..~, Nerval vit sa dernière période
de fièvre
le cycle des légendes se ferme.
}lu'é.U...a. est une con fession exp l iquan t
les my thes an téri euremen t
élaborés ct en livre enfin le secret:
le don de double vue,
le
privilège de percevoir les événement§ de ces crises hallucinatoires,
"<:J.Qfon f.n. 6nwon hurrrûJ1e",
peut-être facilement daté;
c'est en 1841.

178
A cette époque, c'est vers l'Or~ent que ses visions attiraient Ner-
val. A:..c.réLÙ2. est un réc:it hallucinatoire;
le texte se ressent de
l'effort lucide pour mettre en termes clairs"et exotériques des
sensations presque inéfables.
Nerval donne en même temps
la clé
de son oeuvre:
l'irruption du rêve dans la vie transmue celle-ci
en légende;
la 'structure ternaire d'A....t..ré.f..i..a. rend compte de la com-
plexité nu réel.
L'existence est une épreuve continuelle.
L'exégèse décèle dans
Le
texte ~np. petite et une grande in1-
tiatlon don',: le
r.emp;:' fort t~st la descente aux Enfers. Pour dé2[·j r'I~
cette expériencp..
Ner'/al
use d'un vocabulaire appt'opt'lé en sc SCr'-
~c sun~ li(:~ cxp6diti()llS danger'cuses
dans des l'éRi ons i llC()nlllJC~;. ['OUI' r'aus t,
la descen le es l me ti 'Jée p~.r'
le désir rie retrouver' les 17!lù~,('/.}",..
symboles eS:-3cnl.iels. La descentt':
chez ~crval est découverte d~s images majeures de la réalité, vision
ries espr i ts éter'ne L~;, Le lro is ième temps du terna i re dialectique,
c'est la remontée des Enfers, ~ei~idant avec la perte des illusions

et la rcstauI'ation de
L'harmonie universelle.
En I,éalité NCl'vaL simpLLfi,e ct fause
l'expérience en pt,ésen-
tant comme r'~ong..pJ.lr' ce o.ui C'st
non pas nécessait'cment vision haLLu-
1
cinaloil'e, mais cristallisation symbolique et Lucide de l'apparence.
Les thèmes myth iques des oeuvres an tér ieures se r'ecoupen t dans A...u'é,-
~Ua. On y retrouve celui de l'initié, directement inspiré des épreu-
veS de la tradition théosophique, celles que devaient subir les néo-
phytes postulant aux enseignements hermétiques de la Grande Pyramide,

179
le thème de la réunion en un même type. féminin de pLusieurs femmes
aimées, celui de la transmigration des §mes ••.
Les représentations pseudo-historiques, chimér'iques et mythi-
ques s'offrent à point nommé à Nerval comme une compensation à~nt
on découvre deux caractères:
l'illusion mystique ct une solution
véritable, constamment recuLée.
Les mythes nervaliens participent
de la difficulté essentielle à toutes les fables: elles mentent
et égarent.
"'univers nc Nerval est obscur, rempli ~e névroses et de satis-"
f3ctions
i 1.1usoÎrcs.
Sun archi!;(~ctut'e est celle qu'or}';anLsent
les
attitudps
intellectuelles.
LeLLr!s quP.
la super'stitiün
: univers d'un"
pl'imiti f
ou d'un cn.f.ant t.t-qp précocement devenu un é'i'lJdit.
La contl.'a-
diction
fondamentale des
théosophes du XVIrrê si~:lc se r'ctl'ouve
chez Nerval;
besoin de ratiunalité doublé d'ilTationalisme débou-
chant SUI' l'illuminisme.
I.e vocabulaire de Ner'val est celui de Vol-
taire,
Rüuss8au ou Sthf:nc!al.
r:·e~.it le désir d8 p,OU'lerner son propre
rêve qui conduit?l
la l'echet'che,
à l'établissement d'un mythe qu'on
peut appeler' celui de
participation.
L'unité fündamental8 de toutes
les fot'mes sensibles fait comprendre
les phénomènes d'association
et d'analogie.
Les cosmogof1ics et ies reliRions
les pLus anciennes
ne sont
qu~ des recours ouvrant accès i\\ ce l'oyaumf~ d'enfance dont
le poète se dit cruellement cxilé.
L'angoisse et le désespOir sont
la cause d'un~ fuite en avant
perpétuellf:.
Mais
le moment vient où le poète cherche à. confronter
ses rêv{'~s avec la l'éa lité.

180
Puisque
l'Orient,
la terre ?es antiques initiations continue
de fasciner voyageurs et poètes, peut-être un dépaysement dans ces
contrées lointaines pourra-t-il guérir Nerval de son mal. Tel est
le but secret de son voyage en Orient.
B) - L'AFRIQUE MYSTEIIEUSE
L'EGYPTE
Gérard de Nerval s'est mis en route vers
le continent africain
le 25 décembre 18~?
~ Lyon il éCl'it une lettre à son père dans 1a-
quel le
iL <ionne l.es ['ai sons de son rlépart
: oublier de
tristes :'Jou-
vcnirs,
la mort des chimêl'cs et sa l'~ccnte maladie
/'.')(
raffa~L ';)O,,'~j_~· de f.iL pa,. Wl'? C)fY1Jtde ().Jl/:~'0P.,·u~Q
'7'Li; ,d laçat, 1.". -60l,-",""-LI' de tout cefn rd ''''', donnât
QUX.
'y'u.x: de·). o/'JI/.'1 Ulle. r::Ju.y6wnomi-n. nou.-vç,jJo_"
(l J.
L'itinéraire géographique et sentimental suivi par le poète le
conduira au Caire,
capital~ des Mille et Une Nuits et des Soudans
"'-P. paJ.4~ de~ nOL~'<'l". Il avouera plus tard dans wl'Q.fy que ç'est la
rencontre en i\\utriche rl'une femme de couleur qui
lui a donné
t'idée
de parcourir l',CI.frique et
l'Asie.
",9 'ne. vu. un ,j.m.u' f", p"iJlCP. r~Ur.h.f..el,-PudUlU
,tlQ.6~e.r· à. Vip.nn.e., CÛlrl4 une c.alèdte qu.e fp.. monde
6UL~al.-t..• Jr ramt?.na.i..t d'Û)y.p.te. une. A6f:fO-O.lflL(!nne
C.uÎ....VI..QQ qu. Ion voyal.-t ao.~L.6e ~' Le <'lLQ.ge &, -.Y2.
(1) -
Lettre de Gérard de Nerval à son père,
datée
Le 25 décembre
1842, de Lyon et publi~e le juin 1895 par la Nouvelle Re-
vue Inter'nationale.

';
181
voi-ture, à côté du co~r. .. 2epuiA ce Jo<u.
je ne fiA que rêver de e.' O'-Len-t" (1 '.
En terre africaine dtEgypte,
Nerval se laisse envahir par la
poésie des sons et des couleurs. C'est la nuit que le voyageur s'en-
ch~nte devant la beauté du Caire illuminé. Les flambeaux, les lan-
ternes,
les veilleuses répandent
leur lumière mystérieuse
~ la vil-
le s'anime, se colore, et la musique,
à la fois gaie et triste, mon-
te au ciel comme un hymne éternel
(2).
Le shanl du choeur de la mos-
quée semble se mêler à la psalmodie dAs derviches,
laquelle rappelle
à son tour les rites des pl,êtres d'Osiris ; leu~hymncs sont éga-
Ipmen t
des chansons d'amour
€V0Ca lion
lyr i !lue du ('an.Li..qW?~ doA ('an-
1
Parmi
les passants.
iL r(;mar'que
lçs fpmmes no ires,
véri. tab Les
incarnntions d' [sis.
LeUl'S cheveux
tüuffus mainlenus pal~ des rubans
rouges,
Le cinabre qui
teint
la raie dE: chaÎ1~ E:ntrc Les tresses,
leurs anneaux d'êtain et leurs colliers de verroterie,
tes cercles
de cuivre au nez et aux oreilles,
et surtout
Leur tatouage,
en font
"t 1e~Q.CQ. Pn n.PLl/.i é/oi_9J1ée, cer!:t?--.), du r~Jf:J.e dC!.. fa bQau.té convenue
/' te ,....D,PO eG t d' urLQ p.e,-! (.!_cl~L.(ln ,(l4"Q, ck...-~ (o'mM vu-g.rJW.f..'?/.:1
e.t pu..r06. -OQ.. ~-o;.JIC?Jl L --.)Q(..V.\\ fC'uI'.6 ti.uLl..rzW?/.l, ct f.Q-UI' va'x
.,art dot=.
e.t·vUwan~ J't<ne. bouche_ QCeatan.~ de. (-.al..ch<>u.·" (3)
(1)
-
Gérard de Nerva l, O(>LLV"~-o, éd i técs par Albert Bé~uin et Jean
Richer,
2 voL.
Pal~is, I3ibliothèque de ia Piéiade, 1961 - 1966,
t.
II,
p.
741.
(2)
-
1dem.
t.
1 l, p.
148.
(3 )
Ibidem,
t.
II,
p.
154.

182
Ce sont enfin "c1J2 joti..Ll·
1l'I:>I'L6~", des filles de la nuit (1), des
beautés à peau noire COmme la bien-aimée de Salomon.
Les tatouages "d'é.toU-e<> "t c1J2 oote.U/.> b P.pJ.4/.> qu':" tn2I'LCnaUm.t
&Lr te no-LK· un f:lI2U gs-'i...actt/l'(2. de .f..t2LU' é.ptiiel'me ' .' réalisent les emblè-
mes et les couleurs favoris.
Lorsque Nerval rencontre un négro-afri-
ca in,
i l remarque
la fierté de la dé,!!arche :
"vêtu d'un. rrnch fnh 'T2Lfé. c1J2 jnun.e et c1J2 b te.<.<, avec fA6
ch"J..Iew<. t''(>~M ct t.orrbant à pPat conme liJl"C"-Di..f{UE"'-
du rrntj<'Jl Ôf.J2"
(] J ..
c'est sans doute un Abyssinien pr'ls à
la p,uerre, note Ner'/al~ sa
chaine lourde rappelle ceLLe de Prométh&e cn pl'oie allX
fOI'ces du
destin.
La plupart des
femmes du
ba~r rient, mais Le poète ne s'inté-
resse pas à leut' joie;
iL cn remarque une seule,
,Id,ape.e. dan/.) une.
cou.ve,"u.u-'e jaun.e",
qui pLeure
l' là. mo,.",e ~Q...,.QJ1;~té du c;~e. et f.C!4
fumLneLV..'H?4
b",xie,,;J',6 '1"'" t'''2ÇCLi.-en.t te<> 'T2LfOn6 du 60 t"U.
.ictCVl t de l' O'lq/.) nnqfp dan-ô fa ('--ou,.' p.8'O tPÂ-
taU:>Jl.t (!Jl va'A con~'C cet: 6.J.oqup-nt: dMC/~\\ODi_/I·
je m' DJl -..·H·~n tn.;.-'~ tr;>, COC'J.U· nav6.(:._H {] J.
Elle est de
teint noir clair et garde auprês d'elle un petit
enfant; le poète pense l'acheter et llli donner
La libert~.
Comment
(1) -
Gérard de Nerval,
op.
cit. p. }54.
(2) -
Idem, p. 169,
(3)
-
Ibidem, p.
170.

183
ne pas l'identifier à la femme abandonnée d'~0a qui pleure,
"6u.r un p.U:. bai..gn'" cle6 <UJLl}(.1',
et à la Mère éternelle qui pleure
son fils,
évoquée dans J~ ?
Les premières esclaves qui attirent son attention sont des
Abyssiniennes catholiques, dont "te ·tev.t r'Gppcdai-t t'~fat du bron-
ZR. ck Ylor-encel'
: la """éI<ini-t'" ck teu.' p}-u,yai.onomi.e. f..eur donnai.t t'aLr
ck =0 ffCldon.e4 p.ctv.te4 d'Jtati..ct dont ta couf.eu.r a jaunI.. par tct ~".
Surtout,
la pensée qu'elles pourraient descendre "du.. pI-êttre !}e.art. ~
de ea "'Q~ Candac.e" le fascine, car il est évident que ces femmes
exotiques ne l'intéressent guère que par leur côté esthétique ou par
leur parenté imaginée avec
la Reine de Saba.
Le jaune de Leur teint
sera alors celui des vieux portraits,
la réalisation de l'exotisme,
l'aurore rêv~devant les tableaux; si elles ne Lul inspirent pas
l'amour, au moins elles l'enthousiasment par Leuc" perfection barbare.
A la vue de Zeynab, cet enthousiasme se cristallise:
il la compare
"au... teIT'n"e'" ""i..e'" de CUe de Java" Il '. Il l'achète; la fascina-
tion du tableau vivant et le "goût.. de t'';'O=t}<2 ct1: de l'wp,·.;,vu'·
l'emportent.
En examinant l'esclave de plus prês,
iL d~couvre que sous le
handeau rouge,
son front porte une brûlure,
qui se r~pète sur sa poi-
"
r...!.~.r>rlI
~
1-_' 1-
trine,
et. ou,, CQ,O c::Y2t1.JC.. m:uoquea lffl- ·ta~ qli1.... '-epr·e6Q11.-\\...U1...."1... una
~o,·t,,- dU üo'-.Q.;_'-"
(;1.
Incarnation de l'Orient,
elle en porte doubLe-
ment le signe, et le poète r:loit reconnaître encore une fois
Le déca-
(1)
- Oeuvre"" par A.
Béguin et J.
Richer,
t.
Il.
p.
172.
(2)
- Idem, p.
119.

.. ......
\\.
184
lage entre l'exotisme et l'idéaf. L'harmonie des couleurs est ravi-
vée par les transformations qu'opère ce soleil qui représente le
retour aux origines et la renaissance intime.
Nerval donne au lec-
teur le droit de s'amuser à ses dépens 1 de ses gestes d'Arnolphe
muet devant cette femme qui ne parle pas français.
Plus i l connaît
Zeynab, moins elle est exotique;
il la croyait hindoue, elle est
nord-africaine, et s'exprime "dano t'Globe te p~ pur, et n'aua~t
c:.onI.>ervé de = fnn.gw>. p,·ü"i.ti.ve que te 6OUVQJ'lU' de quefl7u.e6 chnn.-
60",0"
Ill.
Nerval
trouve un vieux couple pour garder l'esclave et reprend
ses pérégrinations a. traveL'S cette Afrique médi terranéenne. Oans
l'île.
"le Jn.nii...ft rle?4 f.JfantR6 &.L Cai..,'Q..",
se trouvent "f'/J;jf..-e. véq.é.-
tati..on-6. é.t''I'2f1ge-6.'',
parmi
lesqlJelles
il distLnguc,
"Cf:YrTre
ift{ift(flJ('nt g...'GCi..euaeJ, dP.-6. afj_ée/.:1 cJ".~ !Yurbou4
(-OIYTont ~,Lckw.u. comre ~ pPupf_U!.I'-6. : UTle pet.i..te ,·i..vi..èJ-e
6e''P<V''taU:. pa.mi. te6 gtUorV->, où. dv/~ paorV-> et ck6
Ham:>ntA .'06Q4 b.·U.fai.=t au. mi.U-CtL d'une fouiR
d' Ot./.).Ql1WC. PX'i..vM F'.
Il
se repose sous un
saule pleureur qui.
forme
"W1rz tente. de -6.0f...e.
VQ..,"t-e,
i...no,-/dée d'un.Q d.ouc..c fumL~I'Q", "et l'union de la verdure, de
l'eau et des oLseaux
(dont
la couleur rose rappelle les fleUI"S de
Valois) réalise un instant son paysage favori
(2).
Cet "horizon. rragni..{Lque'· ne représente, cependant, qu'une partie
de l ' î l e ; au nord se trouvent "f.pA. ,!,f.u.o ét.~ .""",tiIe6 du monde
(1)
OpiUlre6 par A. Béguin et J. Rlcher, T. Il, p. 189.
(2) - Idem, pp. 193 - 194.

1B5
v~" Il J. Le mélange de beallté et de laideur, de simplicité
champêtre et de monstruosités mystérieuses, caractérise cette ex-
curs ion touri stique. : du sommet des rochers le poète aperçoi t
les
trois pyramides,
"découpéJ;u, c!anA t'a:zur du. ci...e,t'·, dont le cheik
qui l'accompagne raconte les légendes bizarres:
fu ga.de. de ta PLfWmW2 oriRntate é.tai..t une lilote
d'éc.cû..tte noé.re et bfnnc1=, ~<..ae oOLU' un tn5ne.
cl 10'-', e·t tp...nan.t 1.U1e. '-.ance. qu'on ne pou..vai..-t re.g:z..d.er
6Qn,6
"':Xu""".
1'.' e61'U'i..t at.taché à. cette Uiote é.tai..t.
une f-r:,JrTne Ix>"Je~Q. Q.t "i...Pu4e., qu.i.. Q(.lpalY2.L:t OJ1CD,--e de
not,><>- f..errp/.> et taU: psua..-e f. 'e~,'i..t à ceux. qui.. Pn.
''PJlCO/1.t,'QJlt.
l'.e. ga,d.c!. de Pn. PL/mmiJk o=L.ck>Jltate
6-f.aLt un.ço. LdDP.e. ck ,ai.A'·''Q.•'Ou..g:t"?, Q.I~ ~L drlUlC?.
f.fVIO'..,
ayant: ~.LI' fa l:kl:..c. un -')('.'-pQnt enf1J,·ti....P_'-Q.... •.
(:7}.
Les images qui appar'aisserlt 5clnt rlut~lLes ;
le noi(' ct le blanc
de
l' idoie~ la bel.l.e rieu':ic qtd
["end fuu celui. qui
ia VOl t,
ie
contraste entre
Les richesses solaires a L'[ntérieur de La pyra-
mide et
Le rougc;,
Le sCI'pent infernal de son gardien.
Parmi
les
,-
spectres des pyramides Se trouve une jeune femme noire,
avec un.
enfant noi..,·, qUL,
P..cH'6CjU' 0/1.
Pa ,,,-garde.. "':JI1.t."<? de p.on9J..L'Ul dente
bPnnche-o et de/.; l.J"-UX. /,f.nne/.,"
13 1,
et dans
la salle du Roi ou dé-
couvrc
rrUTl~ -âtatu.e d'J-wrrrTIe d.v. oCe,·,~ nOt~I"Ç~ e.t W1.Q. -âtat:ue de {PJrrre
de l'll..e'',-e bl'anch". ck>JJou..L au., W'lQ
tabP.c.··. au mi iieu de laquelle
(1)
O~1LvrP.a par A. Béguin et J. Richer, p. 19A
(2) -
Idem, p.
196.
(3) -
Ibidem, p.
197.

186
était un vaSe '·he~ti..qt.Len.m.t t",uné"
qui "-0'" trouVQ. plei..n. cl.e 6l'JJ'Lg
enCDre f'-aAA"
111.
La présence- du noir, du blanc et du rouge fait de ces monuments
funéraires les symboles de la vie éternelle
à la fois couleurs
de l'alchimie et des mystères d'Isis, elles indiquent la progres-
sion spirituelle dont la mort est partie intégrante. Nerval asso-
cie la rougeur et le serpent à sa belle rieuse, Pandora,
et ses
crises de folie à la première épreuve, la descente aux enfers.
L'aspect positif du rouge,
la vie promise par l'initiation,
est
représenté par le sang encore frais.
Les images de renaissance s'unissent dans la dernière appari-
t lon
; un coq "d 1o~· ''CUgQ; i!1rni-f.f'.é d 'hyac.üdhQ4
tL.t, urt ("--.l'L et bnt-
ti.-t de-ô ai..JQ/.j f or'''Yl,lL 1on en.t,Q..1' (']).
L' Or l'ouge,
Lc~ bu t rks a Lch i -
mistes et Le symbole de l'illumination, est aussi
la couleur de
l'aurore, que le coq annunce, ct les hyacinthes nous rappellent
la robe d'hyaci..nthe soufrée du Messie qui annunce La victoire sur
la mort dans ,·1u-éf_La.
''0 T!7ort, où e-:>t ta vi.otau'e, puiAque. t", m"A6iA \\X2VtqW'"'-Lr
chevauc1=i.-t ent.'e no<v.> deux..
_'h robe é..ta.i.-t d' hYQCénthe -:>OtLt.~, e.t -'e-:> po0:;rte 1/..,
ai.J16~ que. f.e4 ch.eV-i..J.. t06 de -ô'!..ù pi.,Ç,.-CPA
étiftCt.?,f.a.02nt
J
d", di.Lll7W1-w. "t d", .ubv... (J.=nd "<2 holM-:>iJ1c f"'-qè.'<!. toucha.
la. pQS'.t.e de nQJ:"-I'C de fa ~<U'U/.'o..ap'pm tWLLVt.Jf..e, nou.6 (~,j,
talM te'" tmv.. énond&' ck f.umi.-è.,,-'· 13!.
(1) - ÜQuv'<Y-I,
par A.
Béguin et J. 'Rlcher, T.
Il, p.
198.
(2)
-
Idem.
(3)
- ,4....>ét.i,a. Il, m&nomb tM

187
-' ..
.~ ..
:. ~.
Nerval' connait les
associat~onsentre ies pyramides et les rites
initiatiques, mais ceux-ci, comme les trésors précédemment décrits;
ont disparu des monuments modernes; encore une fois le poète évo-~
que une splendeur, un idéal, que le voyageur ne peut pas atteindre.
Le noir et le blanc sont encore évoqués dans la maison d1été
du harem du vice-roi ; les "6enUA''!> pav.u. de =i...tLoux. ovatlM (-0,'-
17W'tt de6 de66i.n.6 be.a.nC6 ",t noL.r6 ",t coûnU d'uruz- haute. bordu.re de
bu,U, ta<.tté." font naître des v isions de "btanch.e.6 0rt<:tUt"6." se pro-
menant dans les allées, se détachant sur le fond de verdure (1).
Mais l'association entre
le noir,
le blanc et le vert ne pro-
duit que des fantômes, et en ['etournant au Cai['e le poète vîsite
le cîmetière de la famille du pacha. où les cippes de marbre blanc
sont surmontés du turban Ou de La coiffure du défunt,
" ce. qui~ donne à toute.6 f.PA tonb<:'.-6 tun':jUl'A un {"flH2.ctèT"e
de #-<2.a.fi.,té funèbro.. ..
.'...f~ <':J.(JJrbf e. qUC'1 fI'on nT21"(~'? à tra.-
veM Wle. lou.[e.. pé.1:•.f_!.-tée P
( ' ] ) .
Les fantômes sont plus réels que les êtres vivants, dans les rui-
nes de cette vieille civilisation africaine
; les personnages
légendaires ont aussi
plus de couleur, de vie. d'éclat, que ceux
des aventures réelles.
(1) - 0euv'~6 II, p. 201.
(2) - Idem, p. 202.

188
Quand apparaissent les COuleurs, même dans la vie quotidienne,
le rêve n'est jamais très loin. 'Â Choubrah les couleurs deviennent
irréelles,
idéales;
l'allée est "ea ptu6 beLfR. qu.'U lJ aLt au mon-
de ~tll, l'épais feuillage dei sycomores et des ébéniers don-
ne une fraîcheur,
une obscurité qui relèvent r'.f..a fMi..ère ards2nte
du.d~ert", et le Nil, qui borde l'allée, l'éclaircit "du.nd·tet
pou.''P''-é ck -6<u> eaux."
(11.
Ce rapprochement du vert et du rouge, de
la végétation et de l'eau,
rafraîchit l'âme;
la beauté de
la na-
ture prépare le poète à celle du palais, dont les galeries peintes
et dorées représe nten t
"le u·Lcrrphe. du. goût o.·i.ental!' (2'.
Les cé-
lèbres jardins de Choubrah slornent de roses et d'un pavillon vitré
!Id'Lut a6pect tout -f-é..é..Lql.lJ2." : les citronniers taillés
en quenouil-
le gardent leurs fruits
jaunes, et les bois de bananiers,
"dont ~...a
lcui..f.f.('. ~H2116pa'''(!n.tJ2. ~o1jonne (:.ormae. f.. '6..mcrauJ.e.",
mènent à la saLLe
de bains du pacha (3).
Le vert ct
le jaune du costume df~ L'escLave
se marient bien au .feuilLage d'Smcraude et aux citrons des odalis-
ques qui se baignent;
toutes
les femmes pr'ésent;es font partie de
l'ancienne romance de 2~ttUüa
Le
.vert et le jaune sont encore associés à l'esclave,
sans
perdre
Leur caractère éternel. Zeynab avait disposé des guirlandes
d'oignons dans sa chambre pour conjurer les mauvais esprits,
les
afrites
;
le poète.
ignorant les superstitions,
les dérange,
et
elle tombe malade, persécutée par deux esprits particulièrement
hostiles.
(1) - OeuvrP--6,
par A.
Béguin et J. Richer, T.
Ir,
p.
208
(2) -
Idem, p. 209.
(3) -
Ibidem, p.
210.

189
A la découverte des pyrami~esl Nerval n'éprouva point le choc
métaphysique auquel il s'attendait. La description ultérieure des
;,~
épreuves élémentaires est aussi sans couleur. prise directement du
S~ de l'abbé Terrasson; le poète.n'évoque que
"ta. ~e
ck t'i.n.L.ti..é ~". une sorte d'Eden. Là, les arbres de l'Inde
et de l' Yemen "~t. f.eur'" f'2Ui..Uagtv.,. '. wufftu,. et lQLU>6 f~
étran.gJv.,. QW(. p.tt.v.. rLch06. v~tati...on6 ck ta. terr'Q. d'Cgypte". et le
soleil, que l'initié n'a pas Vu pendant les épreuves, bénit sa
renaissance
L t ér.oula.i..t. te chan. C cadencé dr;,.{} oWeGW<.,
admi.• ant. te", I-teur'" <'~,
f.a {}Ur/ace
=bnt>: . d<'A eawc. bo.d~ ck papysU6 et
COn/.> t<dt~ ck t.o tU/.) mWJe/.>.
où te.
.{(.anune
m"'e e.·t f_' ;..hw C''O.ÇO-lPnC t,,-LU'''' eotu-b06.
g..rac..~e4 ( ... J. Une rp.JT11X"!.-, Wle vi-e."l']Q.
iJ'VWCRftf.Q,
-6L. jJ.?UJlC~, qu ',?-p..-"_e. ~~rrbfa.i~t
Q.~t{?-tri>JTP.. 601'L,-" d' un 'Q,V'Q fJT2t;ltaf'.. et p.u'; ( ... )
on. pouvaL. t ''Q.connatJ.. I'Q. (~.fl cte.c f.Q/.:J. ·tlY2.; ~
c,dm;J ab te.", d'. 7", i./.>. .•
(1 1•
Le rouge.
couLeur du sang,
de la vie nouvelle et du lotus idéal,
éternel, annonce le
triomphe sur les forces contradictoires de
l'uni vers ; mais bien que la pierre des pyramides repr'oduise cette va-
leur, la vie a quitté le monument moderne.
En quittant le Caire. Nerval est ~onscient de n'avoir pas réus~
si à ressusci ter tous les symboles : "Ce Cacre-f.à g.;:t
ea.
-,)(.1(..L,6
(".Rrl-
(1) - OQuvre'" , par A. Béguin et J. Richer, T. II, p. 225.

190
cI.re et. f.a. pouA<>i...Q.rQ. ; f..' ~t. ..t le<> 1lI'09'~ moclr;,..-.-uv.. en. ont. û'iAm-
,y,.é. carme la. rrvrt.". Ill. Tout ce qui reste intact, c'est la Ville
des Morts,
"dont. 1..= pa.f.a.iA,
te<> ar-ca.c:ItM et f..e<> eof..of1JW4,
f,e<> ,rcuvre<> pI.Q.ci.Rwc,
t'2.0 'Jlt,u·i....,LU'<> r=i...nt<> "t
doré/."
(PA =i...nte<>,
lM cIixr.M "t f.<M mi...rt<2r<?-t<>
rru..tt<.ptUM avee fatiR-, n'ont jD""ÛA <>e.vi...
q .... 'à recowH-i...r de.o CR-rcw2.i...&'"
{1/.
Il emportera Ir('Q.~c'-ave au .f:eAJl:t doré' 1 et le coffre vert qui
renferme ses affaires (3), mais le dernier contact du poète avec
le Caire met en relief l'impossibilité de sai.sir tes couleurs du
rêve.
En terl'e d'Afrique,
bût uLtime de ses r'êves,
l L r'cgl~ette l'Eu-
rope
; aux paYs de
l' éternel été,
il dés i r"c l'au Lomne
; cn posses-
sion d'une odalisque,
il regr'ette
la belle dame sans merci. Zeynab,
"QU}(.
c:.heVQJ...IX. no-L.r~ ~ f /W(,.IlQ/!, beau té 11~6....vi:!,."C P.t g4'CZVQ. c.omne f.~
;JJor~ de e~'an.t~ kLe", n'inspire qu'une appréciation esthéti-
que
i
quand elle cesse d'être idole,
elle redevient lIani.JTr::Jl. cap.-
tLfl' (4 J.
(1)
- o".u.VI'Q,6,
par A. Béguin et J. Richer,
T.
rI, p.
2:'8.
(2)
-
Idem, pp .. 228 -
229.
(3)
-
Ibidem, p.
229.
(Al
Ibidem, p.
230.

191
Dans la cange.
Nerval perÇ9it le contraste entre
les couleurs
déplaisantes de la réalité et celle de l ' a r t :
ia
"~ ,~t"", f:"wée par un ~ou.f:fte contrat,,,,-,
~ jetai..t au. v~ <IOn <2cun>e, et te ''''J7lOU;, p.n2J1aU
ckotetnt<U1 an:fow~ en pe.i.-gnant ~ ,,,,-ft,,,-~
du ci_et" Il),
tandis que les matelots qui commencent à chanter se dépouillent de
ieur tunique bieue et "~enbf.Rr"t cko ~ta.tu<U> ck b,'On:zR- {fn''''Jlttn'' (]I.
Cette fois quand ii passe par ia belle aliée de Choubrah il note
l'te cri.. ~Ln;Âtre c1J::0. mi...&1rLâ" ; "aucun. lobM., QU.CUJ1. W1.4, ~ un.
.tHl-U ck ta coulQ1.U· loca&?- d'aut,,,,foiA", seuiement des buffles dans
11 eau et des coqs de Pharaon nux plumes dor·ées "vof.tLryYlnt au~:J.­
-6Ut.)
cL.->~ boi~ d 1u~an1JR."'~ et de bQ/1ani..c~·~ de. ja.di..J"14 f' (]I.
La nuit vient.: ['ecouvr.ir la
laideur' et
Le mysLèt,c ét~~r'neL de
cette terre africaine
:
"ta. rll2b.u·Q. lJQ46ai...t ck t'onb,,,,- v;-a·tette du o.Qpw.,cuf.e
à t 'Ob~CLU·;~té bteufLt,,,,- ck ta nui_t.
i' ape.r<;J.v.' ck fni..n. fR/.>
f.umi..è.",-,-, d'un café,
YII1lJ<U1l'l.t cfarv." f.QJ.U·~ (-f.arJUJ24 d'hu,U-" tmrlo6pa''''Jlte''.
Il entend ia méiodie traditionneLie "'Iateyf.y. ! 0 nui..~ !" 14 1, et
bientôt il rejoint une. de ces fêtes qui
font
Les délices de son
(1) - Ocuv~~, par A. Béguin et J. Richor, T. II, p. ~3~.
(2) -
Idem, p. 233.
(3) -
Idem, Ibidem.
(4) -
Ibidem.

~ , . -
. ,;"
, ',.
192
séjour nord africain. Mais le
lendemain,
le soleil revient, et; illu-
mine la triste plaine qui fut Héliopolis,
la ville sacrée : "RÎ...t2rt
n. l '24L .~·té debou.t ; ptU; une pi...erre anti.qu.e ne ~ 1étève au~ du.
~ot. <2JœRPté UobétiAqu.e" (L /. Le séjour se termine par la descrip-
tion de la forêt pétrifiée, dont les colonnes "nLgLeU.6<l--6. Q..·t grlAiitl"'Q-6"
font penser à tous les cataclysme.s passés,
à la "VQ.Tt.gP..nrtce d.e6 ~I'
qui ont retiré de la terre antique toute évidence de vie (2).
En revenant auX bords du Nil, Nerval retrouve la nature vivan-
te qui présente "plU'tout d.e..6 nuarLCPA i..n.'·Ut~ de ve.rdu.J--e",
"LUle vé.gé-
tati....on tou..b2. r-u':mi.U~vc"!.'·, et tout: de sui.te renaît l'enthousiasme du
l'ê,veur ; Ce sont l(~s mômes roseaux "que. jndi./.l {OtJ.JnfA~aLcn.t ec pa-
PLjrtLê./',
les nénuph.:J r'~J "pae mi~ f.eytuo};6. p'"JjJ..t-D)~K'Q, on "C'.t"·()UVp_"a.c.t tt~.
POUM pou.."pré._ d.Q./~ n.nci-"n~';.
I.e~ cüuLeuI's de:=.; oiseaux sont également
de bonne augure
:
Ce. '..1j.fJJ1R. -6at.LlA29'?-,
fQ pél.U::an./ f-e f PClfiDflt Jl'O-6e.,
P",,- héron benne Q.t Pa -::.a.rceUe ùe jowm.t autou..·
cko dy.•mM et deo c.aJ'19-'Y.l ; rrniA deo voP/.!. ck
coPOffbeo, pP.Ll4 laeU.=t et'b-ay.<WA, ~légo.ç,Jlen.t
çà "t ".Il Po"-96 char:=tet.~ c:fmv., C a:v..u' du. e'-"'-P. IJ /.
Tout près se
trouve la ville de Semenhoud,
l'an~ien Sebennitus,
don::: les dômes et les minarets jaillissent "du -6e.,J,. de. en. ven:b..u'C 11 :
(1) - o,,~~, par A. Béguin et J. Richer. T. II. 242.
(2) -
Idem, pp. 2d5 - 246.
(3) - Ibidem, p. 247.

193
à deux lieues de la ville l'on ,!oit encore "t06 débN..-o d'un!:<Yrpte
t.nmvv..e, qui.. paroLt être ceeuL d'J6iA" I!J.
Mais bientôt le blanc,
le rose,
l'azur et le vert sont rempla-
cés par le drapeau jaune qui signale la présence de la peste à Da-
miette
; en même
temps les rives deviennent "mo·~ l-e1r'tLf!..Q./.)/:
Jt 1aUut attendre jlMqu.'au 600· pou..' "'Ylcont<'eJ'
<mtin te fYWJèqu.e <lpQct=f.c du nu. Q.em-g.L comne un
goUc, d06 bow de {YLf.m iJ2.'·6 Pf.u.<> .toU.f-fU6 que jamaw,
de :llam<..ette.
t
Qt1.
Ln, bû ...dant f.~"" dP.ux. 'ù/Q"" de 6M
rrnwo~ iJ..aI,'-Q./VloA, e.t 00 ',\\"4 J:r?oJ'6a6-Ô~ de. ve.niu,.'l2. :
~.")pç>...ctneP..Q qu'on ne peut~ C'...0rrpa.4'P.I"' qu'à c...efui... qu..1of-f·,--e
'- 'el'tu'oo du, [p,(]rJd cnnaf. c1>. V,·.ni.......lc.... , (?ot de P~.LL<:.'i
fpÂ
m;_U}_C?- aL.guéIf.oA. (U.l/.'l f1b6(juâ-p-ô ,")P- d6.coupau:!rtt d.an.6.
ta b,,--uoo. COf06& du ÙOCI' (]I,
Le poète Si enchante à La vue des "b,um:~.) c..of.OI'PJ;'4 de. r 'O"'~nt"
qu'il suit depuis Genève,
mais
"ea rooL]n.i..!Lquc .-angke de6 ffr2WOn6 qtLi.. bo.d<o,nt te nUe
n'e6t POUl" aLrv~i... dU'Q. qu'Wl. déco,.·
tout te l"(l.......o.te.
Q""t poud.'eLlX- ctt.,wtc'· (]/.
L'exotisme ne se perçoit pLus que dans le ~ostume d'une femme, dra-
pée d'un cachemire jaune avec des ornements d'or,
La poitrine ~l~n­
celant de diamants,
1'0.f'.f'.<l.. Q.l.JQ.ct t.'nL,.· d'une>,. rrncione,
e.t ~on œ·iJlt de
-----------------------------------
(1) -
ü<>uvo"''"', par A. Béguin et .J. Riche!', T. II, p. 247.
(2)
Idem,
p.
248.
(3) -
Ibidem,
p.
251.

194
Le poète illuminé est intimement impliqué dans son oeuvre
j
i l est l'un de ces rares écrivains, confesse-t-il lui-même, dont
l'existence tient à ce qu'ils ont écrit. La critique gagne beaucoup
plus dans ce cas, à prêter attention/non à ce qui est immédiatement
le plus apparent, l'implication de la première personne, Je, dans
Au-é.ti..a ou dans un poème comme CtJ:<>MLchado, "1al~.aurJ;aînes ana-
logiques complexes qui nous mettent en connexion avec le moi psychi 7
que du scripteur.
Si
l'on se réfère à La dernière oeuvre du poète, Voyage
(In Or'Lent,
ct pLus partLculièrement à sa par'tie La plus /lrLQ.''Vaf..i...P..n-
ne",
Ee.,j nu..J.--f./j cie .t2Q11YlZ_f2tl,
l' image que
Le poète cherche à donner
de lui-mSme,
tout en utiLisant des proc6rlês rl'occuLtation,
rensei-
gncrait beaucoup plus sur L'essentleL~
Pour saisir les diverses analogies qui fondent dans
l'cspr'it
de NervaL son ascendance mystLque et ses existences mythiques,
i l
serait utile de s'interroger sur
Le portrait que
le poète trace de
lui~même à travers Adoniram, et Les projections sur son antagoniste,
le roi Salomon.
fQ4 nu.U:.-;"l ck. Rœrrr:an, on doit le rappeler, est la
transformation en un conte de ce qui aurait dû être à
L·ori.gine
(1) -
Üe>.uv.'Q.~, par.
A.
Béguin et J.
Richer, T.
Il, p.
250.
rl

195
l'Qpéra de la ReLne de Saba. Ne(val n'a jamais pu faire jouer cet
opéra, et Ce récit clôt, dans les meilleures éditions,
l'ensemble
de son oeuvre.
Il est à remarquer tout d'abord que le personnage d'Adaniram,
l'architecte du temple de Salomon, est sensiblement différent du
personnage biblique (1). Celui de Nerval emprunte seS traits à la
tradition maçonnique.
Nerval fait d'Adoniram
le maître d'oeuvre du temple de Jéru-
salem, et il s'identifie entièrement à lui. Ce'bâtisseur énigma-
tique est le pr'estigieux double du poête qui prend l'avantage sur
Salomon dans
le cocur' de la Reine de Saba.
Le poète-:'\\doniram s'amu-
se ~ couvrir- de ridicule le potentat israélite.
Dès
le début du r'éci t,
l.Jn~ quenti.on rcvienL, inlassablement
répétée, sur l'origine d'Adoniram :
'1/4v.:. queUe étai..t fa patr·i..e d'Adoni..mm :' 71uJ.. ne
te oo.\\A2.l...t: ! 1J IOù. lJ(iflQ,j__ t-i.-f_ ? ~t:Z>..4'Q..11 (] 1.
Ce mystérieux "g.én.0?-/I intl~iguait d'autant pius les curiosités
insatisfaites qu'il avait toute maTtrlse sur les choses et les gens.
S-ible (de Jérusalem), .12ov.:. [, 4 - 6
5 - 27 ; 7 -
13, Paris,
Editions du Cerf,
1955.
(2) - Nerval. Oeuvre6,
par Henrt le~Maître. Paris, Garnier, 1953,
p.
568.

196
1/C4et~ Q.tai..t 60rt ori..g.i.nR. ? fi qUR.'-f.e =
~t-U. ? C'ét.ai..t un 6ecret, et le
mLewc. garoé de t.ow., 1/ (1).
La seule indication qui nous prévienne est que
/lM. mWantJuupi..e letenai..t corrmc> étron.qe.r·
et 6Ot<..ta.l..r"" au. mLti..= de fn. ti..qnés< cfp~ QJ'l,?anv.,
d'JId.om.. .. .'Jt partiJo.ip:zLt de t'<M(:M·i..t de fwnü>.......
et du. géni..e cle6 ténQb,'<'.6 l' {]}.
Seul le compagnon qu'il s'est donné, peut-être pour sc faire
valoir, pourrait le faire mieux connaître, a contrario:
"C 1Q.t.a.i...t Wl Qn}an. t, Wl j.cww. (U·U ::J..c ;J~-:"1U
ck =~ !amU.(e6 do. fa 1..11<'nù::.Lc.• .• f.'âf-e de vWagq."
Les ~êpr'imandes du mattr'c au disciple r'~vêlerlt ~;U[' quel plan
se si tuent
l~urs rapports:
l/7Irt j<:xu. q= 8,;.,orti..••. rrode.fai..t détU=.tpJ=ct
W1Q,
g.énw'O'Q.... 'Ynl.-t!'C', /kion.L.I'Om .0, 1étant appI'Oc1tQ.
cont<>rrpfa f onguom<ul.t t' OWJ'G9'" pr'<'.6qW? rzcJuwé Q.t
tança t<,. 6Ouo,,-U.o
/
~h';~Ü?. faboJu', Si écr ia-t-i 1 ..• ~ ,:::uQ.s'L.ti... te4
dtL
gén;~, nuf.f_c'- ptU't. Jout dég.Q.nQ,"Q. • •. J
fa (,-Onba-
dL.c.t,'-On
f. l ,'J1diACr--pP.i..Jw,.
iJv.')tn.uœ.nU éte'''lP~f.A de
J
fa P.0yte de vaG. l'Q.CC.o é.n.eJv&~, p:ln'2f1j6CU1t v06
pnLLVf"'Q-.o
iflag.i...natwn<1 .' •.. r: (31.
(1)
-
Nerval. OPLLvn-!.-6,
par Henri
le Maitre,
Paris, Garnier,
1958,
p.
568.
(2)
-
Idem.
(3). -
Ibidem.
p.
569.

· . ,
197
Le jeune élève est un l'vL.aage pâte",
d'une race énervée. Mais
lui-même, de quelle race est-il: Le récit apporte~ dès la fin
de la première partie, une indication définitive et sérieuse: ce
génie,
ce fils du feu a les 1'c.hR.VQJ..OC nou'6 e·t CI~/' (11,
caracté-
ristiques de la race noire en général.
Le mariage mystique tant de fois éludé, interdit par le dou-
ble vainqueur, ne sera enfin réalisé par Nerval que dans la "pe.au"
d'Adoniram. Balkis et Adoniram, enfants du feu,
pourront s'unir
éternellement contre le
voeu ·de ce "paci-tLqu.R. SOLÙTD.n.•.• , que fa
paix,
'--ez-
[uJ(R. a
éne,Jvé"
(:2).
a)
-
LI!
~~ac e
.\\"'.oui.e
Il existe vér:i...tabL(~mcf\\t: :.:.h('7.. Nel'\\[ûl. un p['obl~rl\\"~ d<: la race. C~ans
un article qui date déj.3,
J.
P.
RichaI~d écr-balt :
'''nul~ clou"te qu.e n'ai....t (?xwté chP2 nQ,vaf, à. f~'état
iJnPf)_C",i.-t:QIJ
fP4
éfénx>.I1.G1. d 'tut
C2t~6e.z. v:AtJJont ~a.ci.Am2
r1 )
Nerval, Ob~~~, par H. Lemaître
p.
572_
(2) -
Idem,
p.
575,
Pour l'analyse de ces épisoùes.
Nerval, OQUV'~, introductions
et notes de H.
LemaItre,
J.
lUcher, Çé,a~d de !}e'1.JO.t ct r~Ç>.-6
d.oC.L~'ÏJtM é,~o t~I'Î1?t.l.l2/~ : ",'&~lu<. cn..fan.!J.'} du.. .7Qu.. ea I<e.i..ne. de Sa.ba
ct n..~r"J(1.['p Mercure de Fl'ance. 1er avril et 1er mai 19l18 ; Brian
Juden
: "nQ.r'"\\.J'Cl.t., h.é.t"o~ rry.thLqUQ",
Mercure dc FI.~ance, 1er juin·
1959; J.
Richer,
''n,'?,1.JQ.fl e.t -:le6 lanwrœ..6", r'4ercure de Fr'ance
1er juin 1951
; François Constans:
"/klCRJ1CÛ2n.ce rry/.'lU.que,
Q.l(.l.6.-
tence rYIJ'~ tLqW?A".
Mercure de France, 1er Novembre 1952
; J\\ur lant:
".C'hiAtoi..~ de .fa Pc'.nc du =tu.. ou. fp /). 0'Gt.avagan~ de ÇQ..'CUd
de ne.rva.I'." Quo Vadis. jan-mars 1952. G. H. Luquet ·'ne..va.f ct ea
J~'W1C-rraç.onnQ..rLc"
Mercure de France 1 1er mal 1955.

198
~i..tÎ.4u.e F... /. CJw.z. luA.. CllU>4i.. .fR. péché, c ' <M-<- de
=OUler &2.-<Jt1Tl9-: de CO~ lM _~" Ill.
J. Riche!' dans nerval.., ÛCpIU'i..em.ce e·t C.-éati-01'l a consacré un long
chapitre à l'étude de la rI
1/
,ac..e rouqe , celle du per'sonnage romanti-
que, incompris des dieux et des hommes, fils du soleil et du feu:
Prométhée, Lucifer-Satan, Carn. Pour retrouver les liens thématiques
entre Lucifer-Satan, CaIn et l'Afrique,
il suffirait de se rappeler
encore une fois qu'au Moyen-Age européen, Satan est appelé le Grand
Nêgre. Dans Les traditions rabbiniques,
les déshérités de Jéhovah,
Caïn, Saül et Cham, ont été chassés vers les terres du midi, vers
l' fi, f'r ique.
Les mot i fs pro fonds ct' une généa lagi e my th î.que des déshé-
rités sont également façi.lr~s à saisir.
, .
C'est peul-êtr'~ par cuph~m[smc quu J.
Richcp d6signe cette
c1-
!.,,;née de vaincus,
La
l "nce.
!üU.9J..!-'-'.
En
fait,
Nerval, petit-fils de
Caïn, est de la même ori.gine que
toute la masse des tra'Jai lLeurs à
la solde du roi Salomon,
lFlS déshérités,
méprisés de la terre.
Dans LeS mythologieS classique et égyptienne,
la race l.~ouge est
composée des Ethiopiens,
et d2.ns' la c lassi f i ca tion des races opérées
par les Egyptiens,
i.ls se désignent eux-mêmes comme les représentants
de la race rouge,
premiers possesseurs de la terre.
Du poème [!y.th!~ -
qui étymologiquement
signifie rouge -
une
série d'équivalences se dégagent à première lecture.
(1) - J. P. Richard.
"tan<]<1ge "t _ace cfU2Z n".vaC' in Cahiers du Sud,
Tome XLI, 1er sem~stret 1955, nn 331
pp. 364 - 372.
1

199
-~.~:
. .~ ..
Enfant du feu, et de race érythréenne
Nerval cherche à réali-
l
ser par la poésie la fusion entre l'Orient et l'Occident" -'" l'Afri-
que du Nord. dans la typologie classique des civilisations. étant
rattachée à l'Orient. La genèse du poème est liée au passage à
Paris en 1833 d'une troupe de Bayadères. Nerval entrevoit dans la
représentation des mythes hindou, la confirmation de ses hypothèses
sur les combats cosmiques et les renouvellements cycliques des civi-
lisations symbolisés par les danS~s des dieux et des déesses.
Transposées dans l'opéra inachevé J ,Ca. !<Q..UtQ. de Saba, ces fLgu-
res auraient donné à voir le choc grandiose des races antiques et
l'intégration progressive des différentes civilisations. Dans l'imà-
gination fertile ?e NervEll)
l'ullion des peuples de l'Inde et de
l'E:urope serait le ['ecour ,~ la nOl'male, à un état o['iginel avant
l'époque où
l'Rarrn (~Q hlÛ')Ù rÎ~t. à f..a tid--..c (le .a.Q/~
9U12'-'-1.-<?-.-0 hyr=•.iJo.-é<m/.> ea conqui?!:R. cko .Jna<>.o
o,...c.up.é.e..a. ju-oqUR.-rà par ~~ ,a.CQ/.:l not..a~.?.a.,
qu'U••'Cloufa dan.o !'..'CtAéopi.-e'- Il J.
D'après
les poètes anciens,
les peuples autochtones de l'Inde
étaient noit's, d'origine éthiopienne, africaine. Lf2t> Aryens ne se-
raient arrivés qu'à un~ date relativement récencc, â la suite de
leur héros conducteu~ Rama. Et c'est poul'quoi, ~ la vue des f'indou~
Nerval confic'me :
(1) - Nerval, Article sur les Bayadères. Cité par J. Richet'. ~~­
r'Cence Q.t C~'ciati...on, pp. 196 - 7.

200
"IR. type. dl homneA qUl2. _n0u.6 avolU> t.à. <>ou4
~~ lJel.'X-. ti.en.t, QT1 eH-et. de. ea race.
b~, pa.. f..a {-om.., et de. ea race. TlOu.e
fXJJ' la coul.<!LLI''' (1'.
.""
Nerval confond systématiquement l'Inde et l'Ethiopie. D'ail-
leurs les Anciens, Homère et Hésiode, attribuaient telle caracté-
ristique à l'uneou l'autre contrée. Mais ces deux pays ont ceci de
commun qu'ils sont habités par des populations noires réputées
autochtones. Comment cette race de Caih
a-t-elle pu survivre au
déluge 7 Les occultistes, repris par Nerval, assurent que la descen-
dance caini te est parvenue à survivre en se réfugiant sous la gran-
de pyramide d'Egypte. Lorsque Adoniram-Nerval effectuera sa descen-
te aux enfers sous la conduite de Tubai-CaTn,
son guide lui dira,
expressément
:
"1'P-6, PlPL,b tou..tcmt p.a ~Œ1(lc>. (.J.u~J·'~ c1'ême4'f:Zude
qu.i... ~e,.-.t. d.e ,w.:..LrlC et cie (.J.L.vot à. fa m,JntagFu.!.,
de
,l(n~ ,.
tu, a6 Manié 1.('_ dDf'fl'2Ln.c dp. f.e.-6 p.è,.~...-:i.
Jet.. .-~gn" 6arL6 pa.'I.QfJ<!. ~a l',L.rflw,. de. Yaü," (] 1.
Antéros-Nerval est également Amalécyte par sa mè~e née d'Ama-
lec~. o~ cet Amaleck est pr·ésenté dans L'Exode comme le grand dê-
mon,
l'ennemi de Dieu .Jéhovah-Adonaï.
Ce dieu jaloux poursuit de
sa colè~e les enfants du feu.
Leur'
refuge est donc au centre de
la terre.
(1)
-
Nerval. Article sur les Bayadères. r.ité par J. Richp.r. ~Q­
"';J?JlCQ eL (?,..ç-ati-on, pp. 196 - 7.
(2) - Ü<>uvr'Q.ù,
par Henri Lemaître, T.
II, p. 150.

201
'·SOU/.> c.e.6 forte>.T'<Y.>ae/.l., ck granLt, au. mi..V.J2LL
ck c.e.6 CD.VeTfiM ;~a Lb tru"
rtOU/.> GUOna
enfUt p.L tT'OUJ.J<!.r ea €.LbeN:ê.
C'eat là. qu' QXPi.T"'- .
eaÙfrannLe j.af.DU6e cl' Ado~ : là. qu 'on peut,
aana pérLr, ae nourrLr dea trui...v.. ck €. /a.ore et
ck €.a
acœn=" Ill,
Dans la construction esthétique de Nerval,
la signification
de la couleur rouge se révèle plus complexe, plus complète, que·
celle du noir. Au demeurant la progression nerva~ienne n'est ja-
mais directe. Nerval vacille entre les deux couleurs qui, pour lui,
5 t interfèr'ent
intimement.
Mais de
toutes les couleurs,
le rouge est la premiôre et la
dernière:
couLeur de la
flamme,
lumineuse, char~~éc de" ['eflets, de
nuanc~s, de mouvement
couLeur' du soleil couchant Olj cIe L'aurore,
moments pr'iviL6giés des plus êphémères.
trallsit:ions ~ue Nerval vou-
drait éternelles.
Que signifie cette couLeur ob:,;édancB
D'aburd,
elle est à
l'or'igine des choses,
La couLeur' du fcu
centraL
"qui. aTlUrn f..eâ pr'Qml...e.r·/:i ê./~'C~61' (~1.
NervaL cite Sénancour
dans l' AffmTln.ch cnhaf_L.a téqU"- pour 11350 :
l'Un. e.-~ t Gl,.tK, nomf:H'Q./~ enlJJ2nd.~-é..o. corrrr-e f-e r'OUge e0.·t
QUI(..
COU(Ç1~U4'-6, ou. A-lam aux.. g..QllQ..,atLonn. hUr1UiJtrv:i.
(1.) -
Les habitants de ces contr~cs sont des fiLs du feu,
de couleur"
rouge.
(2)
- Oeu.lIT"A,
par' A.
IJéguin,
J.
Rich-cr',
T.
Il,
p.
383.

202
C'est la profusion '1.rla richesse des teintes rouges qui frappent
le
poète à Anvers :
... ce n'<u>t point iJrpun&nent qu.'on _ t /Q
pUYi dan.o en vi-t/Q de 1?ubeN> 1 on 6e voi.,t !U'W
de tou.6 côt&. dafL6. en COUPp.LU'... .?ci."
c' = t P.'"
60 t", U. 0'" coucnan t cfano. c:/Q.o wrlP6 de potU'PT"'- :
PA, C'" 60nt d= Jardino. parQ,o. de cncumi.,tt=
aux. teui..t/Qo roug.U:v.>. par' f. 'au!:arne. :
/'.ru,. 17UWOrt6
oont de briqu= •ouge,<> , "tta cou[QLU' ché>'~,
ô 17U<' tre. , ''0::.pP.endi.,t ""CO'''' ..:.Lu' [= trai..to c:/Q.o
M./.>cend.anto cl", {PA mocLèPp./.> .' C= d1ai.,.'6. .00=
e.t ·tr'G1106.pClJQJtt<M, C0~ cne.v",e.u,,,,.6 QpaW6e.6. dont
['o~' a d..e.4. ,-et f..Qt,.~ vC?_r'fOO-j....f~,
toute r...Q.tte
Pux..u"/"QJl te.. et vL.vace. na.liu,,-~ rrCJ...u·u~ ~,. f.ç'. 60'.
de ta bonn.e. J fanch v., conTI')';>. f.ç>./:l , lJ6c6 clc aQ~
ja.,dift~ ! (:' 1•
Nerval l'etrouve,
dans
La r'6aLité ~omme dans les Lableaux du
ma l' tl""e,
sa nature favurite
te '30lelL couchant,
lt:lj
fcuLlles rOu-
gies.
Les maisons de br·iques.
la chalt, rose des femmes aux cheveux
d·or.
La race du Feu.
promise
à
La gloire de la révolte, est
un
motif
du dl"ame nervallèn
{~J.._
a ses racines dans une en-
fance champêtre,
pleine de foi et de rêves.
Il y a souvent un con-
traste dans son oeuvre; entre 11f.'QJ1.lq.l' l':){l"·;J~l.nJ1.1' et cette ~nfance
l
simple,
tranquilLe,
et entl~e deux hommes qul sc ressemblent
l'un
l
maudi t,
.l'autre heureux;
(1)
Oauumo, A. Béguin. ,J. Rich~,.., T. [l, p. 1528.
(2)
-
Idem,
p. 875.

· ,
!\\ '.
203
enfant du cé.et
en"-ont cm C ent-er.
Ses oeuVres sont remplies de jumeaux: Hakem et Yousouf, RaOUL
Spifame et Henri II.
Antéros et Rros.
CaIn et Abel,
Amour et Phébus,
Lusignan et Biron, Gérard et le grand frisé; Gérard et celui qu'on
sort de prison à sa place; Gérard et
celui qui
épouse Aurélia:
Gé-
rard et son ami malade devenu "un api)u'Q.l'.
La question capi.tale reste:
f.J2QUR.f. e s t - i l ?
3.t lJ a en tout hOll7l"e un 6pe~,' e-t un actJ>u",
cclui. qui. pcu'Û> e-t =l.ui. qui. ,.Qpond. .&6 Or·i-en.tauoc.
ont vu f.à dewc enrtQJnU, : ./'.e bon e.t IR ">2LLvatA géni.e.
"5U --6-y.~ fJ'.. bon '; ÙUtA-jJ2. te rrr~u.uaJA '~ rœ. déc)f;Z./A-j..e.
'
(JI. -tou.t cr.u6 P'lrU,.,Lt n~ mlC>AI_ hDùtjjP....
(Aû..." ~al._ t 0. 1 ;j. Il \\,. a fXL6 tQ PIe c j~. 'COn/.'! [:an ~ ex" r..Q. t
r:îgQ~ ce6 (lcux~ (~_..).pl'L. /:/.1 ,~Q. .aétJa, -en t ';'.
Atta.dt(~ au rr.pm~ COf'p6 lJ.xv~ c1J:.J»C. pt:U' W1Q. afIiJ1.Ltti
rrntci.s·;.J·dJi!)
pI.!J..Lt-Q./':','(?
f~ /un P.6t-t_f.. p.'Om;..A à. fa
q/Qi~l'Q. ct nu bonh.pluo,
e. /a.u.c., ....~ à t 'an.é.an.t1.4Ô.~iflt
ou à. fa ~oufl,QTlr-e é.î.e,,.,,,,U.12. .". (11.
Dans ce conflit,
cette terrible sêparation,
le maudit est roepré-
senté par le rouge,
couleur de la passion,
du sang,
du diable,
ct
l'heureux par le blanc,
couleur de
la pureté,
de
l'innocence.
Ainsi
le double d'/L...é.P.èa est vêtu de blanc, et Anl;érOs avoue:
"SOtM
Pa
(1)
- ÜQuv,-e~,
A.
Béguin, J.
Richer; T.
II,
p. 3B8.

-;.-.
:,204
"
-".
pâl.eur d'Abd, hél= ' ,,~tée, j'aL parfou., de Cai:n L'lnpta,;-
,
-~
:. '.;
.'; -
eab,..e nJugeLW 1" (II. Le signe zodiacal de Gérard, né le vingt-deu'~
mai._ est celui de la dualité
les Gémeaux - dont les couleurs son~,
le rouge et le blanc (2).
La hantise de Nerval, c'est de se savoir double, mais de voir
plus facilement son mo~ infernal, à cause de ses pertes amoureuses f
à cause de sa folie, à cause des malentendus avec son père. Ses hé-
ros se rangent tous du côté des maudits. Le bonheur, l'innocence
semblent perdus, dans un passé lontain, au sein d'une famille dis-
parue ; par conséquent, il y a peu de blanc dans ses figures mascu-
lines.
Un épisode de ses pr'emières années, raconté dans Pr'Omcnad.e.?-6 et
~..'J.OlWQn.;_'·6, illustre bien le contloaste entre le l'ouge et le blanc,
entre la vie aduLte et l'enfance. Gérard célèbroe lui-même son "nu-
,·w.9Q. ôe.f...on. '..06 r'è.te-ô. cW-6 arQ.ux,.1I avec la peti te Fanchctte
Un. ruban. paUfe.té d'a."Jf'nt =Lgni2i..t mon. lr-on.t,
et J'avai-ô 6'Qf..evé. e.a pâfRur o,dü1Q.L.,-Q de fflP-ô
joup-o d'une. téI)Q,,,,- couche de fwd.1e. pru., à
ténni..n. te. 1JiPu de n.M pèr'QA P-t Û1. Vé.e,-ge SaiJtt<>-
do",t jQ PO·~",QL1ai.6 U'l."- ~, <>.t chacurt Oe. l'lli'>ta
avec corrpfnÎÂan.r..J2. à ce jeu "a.~t dl tut QJ1.-!art t.
Il) - Oe.uvr'C6, par A. Béguln et J. Richer, T. l, p. 4.
(2)
Gérard de Nerval. Qç...u.v,'Cl....â corrpP_r2rœntaL.,Q4 , éd. Jean Richer,
Paris, Minard, 1959 - 1967, T. III, p. 171 .
.
, ;

205
Cependan t, j ' a.va~ 'l! 'ClTldi. : un. -Mn.g \\ft2.,,,",U.
cofuraLt ~ j.ow>.-:. ; j ' Q.~ à .<v.lpU"''' t' Q.L.r
de~ [-oro t-:. {Jr-o{-onc/.<:u; Il J •
Le "~an.g. ver-mei...L"
de l' homme J présagé par le fard 1 a rendu
impossible l'amour pur de l'enfance. Mais l'élan vital se manifeste
dans la richesse de cette couleur
; ainsi Ner'val constate la fin de
l' Antiqui té en notant que la l'pou..pI'e éce..atante 'l et les "boi...6. p.ré.-
ci.R.ux." de Tyr ont disparu,
laissant seulement /ldJui coP..Of1J'1R4 de dé-
b.·~ ''OU9C?--:' e.t gr~<u>" (:: J •
La création du lama ailé d'/iu-éLi..a Commence par le rouge,
qui
donne naissance aux alltres couLeurs
:
cC'_ tOOnt6.t,,,(-', é.ta.l~t CDnTfk.'- CKavQ.,'-:\\Q. d' W1. jJ:'~t c1n f 0U
'1t,Li_ P_ 1nnUrnÎ_t: p.<')l. rl pc'U c1p. ~:'106·tJ:? 'lu.. ' î_f, ~f! to, daLL
né!1c?f..6'Q. peu- mi__ ~f.(J~ f t_f_CL:6 p/..xu'PJ·Q~~,
'Ol1Tr2rlL
,'1",.<'.1
V(~,,;J1(!./.".a cd: f(~-:l (14·/:Q.A'{.'/~ P.. t !i?.J:XJnc1n.n /: pLlU.,' fllnôi_ di_,'(!.-
r 1iJlC.~,·Ij,!. rrntl'-..Q6"f~ '1ui~ ~C'. 6"f'!'V0. !:aU:.. cl 1Wl(!. v"-tÇfitaU...on.
iJl-6 tan. t.r.J'lQ-S?_ cl l ~J1d;...c.r.~
'·ib."t2UJ'(., d 1Qi....f.c~f,ont6. 0, t cJ..c
touf}p..-:::,. fnlJlCLV.V~-;")
(J J.
"-
Au COUrS d'une autr'c descente au monde souterain,
Adoniram ap-
<
prend que c'est là le sanctuaire du feu:
•.•
c/.q tà,
P6"OVtPrtt
fn chaP'/'-"!.Lu· (IR. Pa LclI"6'C .• qu;~,
.j.ar~ nou/-'.l. PQJ'l_4ai...t c/;,"!.. f6'O;-d.. flC>tJ./.). r:u-épr.-l.4'Ot14 f(-?~
(1) -
(1,UV4"(?A,
par A.
Béguin ct J.
Richer
T.
[I. p.
137.
t
(2)
-
Idem, p.
408.
(3)
-
Ibidem, T.
l, p.
383.

206
,";~,,..j
',..
rrR-tawe., n.ou.a te~ cliAt,·i.huorv.:. dan<> ~ veLn.M. de
fa pf.an.ète, aprèô <!r> -.ou' e.i..qU<!.f-i...é fR--6 lXlpeU,.~ (1 J.
La rougeur de la flamme
trouve sa correspondance dans le sang
c'est l'aveu du premier meurtrier, Kaïn : ··'~'étaA....gn.w te. f.f.anVeau.
cl' J.lalxd" (} J.
Ajoutant
la mythologie arabe au thème romanesque du héros né
dans l'obscurité qui découvre ensuite ses hautes origines,
Nerval
crée ses Enfants du Feu.
Ceux-ci descendent comme Caïn des génies
antérieurs à la création d'Adam (3),
tout en gardant comme signe la
couleur première.
Accepter la destinée de la Race Rouge implique
des souffrances, mais en pleine connaissance de cause:
f'.1 âfnq. ck6 g.er1l.Q6 c.orl/:.'lc.rvcra.. c1r.ln.6
f(u,-' âe.;..J"t fa
pI,ç.c.i...eU/.'le ciU.Jtc.e..f.fP.,
et PP.LU' 9-' ~LU' l CH1, teLu'
6U.ppti-Cl2.•
5x~é.z·L.(l..LU"Q Q.U)G !WrrrTr...c, ;~fA c:'>.rl 0(!I'ont
t"4 b<.en(a<..ûwf'6 ",t <'le V"'Ton t
f.' obJ-"'- t ck fpu.·~
cLéda~ ': PD).,L' '6 t..orrbc6 6f:!1..,d.c!.6 6CI'On C hono, ~r'/~\\ (4'.
(1)
- OCUV'"<Y.l,
pal' 1\\.
Béguin et J.
Riche~, T. II, p. 554.
(2)
Idem,
p.
558.
On
trouve un exemple du rôle de la couleur dans
l'ouvrage de
Charles Maur'on, ]P..-o T!lét.a;:Jw,-'Q--O obùédan..to......o. au "Y.the fY'.J'~onnet~
toutes les relations relevées dans son premier chapitre SUI'
Nerval sont liées à des teintes rouges.
(3)
-
Ibidem, pp.
554 -
5=·5.
(4)
Idem,
ibidem, p.
562.

.',"
207
;..
, :; ,~
,..
. i;.....
Il est lntéressant de constat~r que les théories du Feu central
et du monde souterrain n'apparaissent pas dans le recueil auquel
elles donnèrent naisSance : les Ji.,U.ea du Jeu.
Bien que toutes les·
hér~înes nervaliennes soient teintes de ses reflets changeants, le
. .
.~
Feu est un élément masculin, et masculins aussi les archétypes de la
Race Rouge: Cain fils d'Eblis, le Christ à Géthsémane, Prométhée,
Faust. Voulant étendre les connaissances de l'homme, rapprocher le
terrestre et le céleste, ces héros sont voués à l'échec et à la
souffrance; ainsi s'explique la comparaison entre le Christ aux
Oliviers et Içare, Phaeton, Atys.
Comme on le voit, par ces choix,
les archétypes nervaLip.ns sont
ambigi.is. Son Ilcai:.n.i.hnc. '1 est suetout l'affi.cmation du maL-aimé,
d'i\\n-
téros,
rJont le !'héfaô .'"
cxpr'ime la déccptlon.
Le Kr'lLn rJu VOf:Jagc <.'Jl
OrLpJLt insiste sur' son amour pOLIr f\\dam et pour Habel
; mais cet
amour n'est pas partagé
(1).
Dieu n'acccptf' 'lue
l'offrande d'Abel,
Le pr'ototype de l'enfant blond P.t :~3n~~ :;ache '.
b) -
Le fils du feu
A
la base de la révolte
catnite se trouvent les mauvaises
relations cntr'e G~ral'd et son pèr'e. Le premier' souvenir de son pêre
revenu de la guerre est celui d'un soldat qui
LUl
rai t maL
(2)
(1)
_ (k,..uVI~J
pal' 1\\. Bégui.n et J.
Ri~hel', T.
Il, p.
537.
(2)
Idem, T.
l, p. 135 ..

206
-.'
sept mois avant sa mort i l écri t ~u Dr Labrunie : I!SL je. mot.LJni..6
avant .b.:>L., j'auraiA, au. de.rnw,- rrtorrm'tt, la. pen.6.... que, P'2Ut-Mre
tu ne m'cu> jarrniA bi..en connu" Ill.
Les figures paternelles de son
oeuvre se révèlent pour la pLupart mauvaises, corrompues, et le
dessein du jeune héros est de les remplacer: Kneph, Jéhovah, So-
liman doivent céder à Horus, Antéros, Adoniram. Charles Mauron
trouve que Ses figures masculines sont pauvres, stéréotypées,. et
surtout chargées d'hostilité (2). L'ubiquité du thème du héros qui
,-
cherche ses origines) qui n'est pas le fils de son père mais
un
hés'06 v;...vant 6oU6 f!..e 6'c.!-t]cud c:i.e4 di.-Q.J..lJG' , (]', semble confirmer le
rappor't entre la rechet'che d'une famille et la
,.liê.~e; d'un Dieu
qui
lui réponde.
Cepenrianl:, a d'autres moments. NC1'Val attr'ibue sa malé-
diction à une faute antél'ieure, my~;;:érieu5e, qui. lui l'bou..chP.. t(!/.J
PD,·tC'.o clP. fa .-édpItPtWn"
(.1).
En essayant de (:umprcndre sa folie
et ses. souffrances,
il les ordonne,
les comparant à une descente
aux enfers,
la première étape du voyage vers
la connaissance,
ver'S
la famille qu'il n'a jamais connue,
vers
le pardon de Dieu,
Par les couleurs surtout, on peut rapprocher' le drame !lerVa-
lien de celui. des alchimistes, que Gaston Bachelat'd décrit comme:
(1) - OnUVI"'P.o,
par' A.
Béguin et J.
RLcher, i.
I,
p.
1143.
P)
-
Char i es I~auron. _. Jx.o mé.taphc,,<,/.> ob-,,,danr;'M au. "'~thc ::><'_'-'''01'1''''-'-,
?aris, CortL 1963, pp.
152 -
153.
(3)
-
Q".LtV.eo,
par A. Béguin et J _ Riëhet', 1".
l,
p. ~03.
(~) -
Idem, p. 432.

209
-;
. ,- .~..-:
"
urtetrUogu,. du fU);.-r-, du blanc et du ,-ouge.
Parti.. ck6 morw-truoOi..tM oubo-l:an.tu,.Ueo du. noi....,
à tr'Q.VQ.'~ f.eo p.u'i..fi..cn.ÜDn.6 ént,um2dW.'..T'fU> de. la.
oubotan.ce. bla.nchu,., COfmJ2I'tL aLte.ÔJl<:b", te.o 0Up6~
!A'Ü,uu'o du. ''Ouge. '.' J'.e fQLL vu(gai...'Q. donne cle.o co f.o-
.ati-orL:'> d'urt .-ouge {u.qcu::.e qui.. peuv"nt t.-orrpe.., te
p.'Of-QnQ• . 9t fau.t un. {QLL pfJ.U> i..n..t~,
une te.'JlUu'Q.
.qui.. vWnn.e à la. (0'--0 b,û1.e.· fe.o i..npt.u'Q.t&' i..n.ti.me.o
et fix.e..· oeo VQ.'·Wo our la. OlLbotar>.c.e.. Cet.te.te..;.Jl-
·tLU"Q..
l'Onge
te.. 11.Ot..r7 6 'a.pa.we.. en bf...ancht.6~t, (:UL-:;,.
t.·~ avec. la. •'OUgQLL" i..n.Li.me. cle. t' 0"" (1 1•
Le rouge,
couleur des origines, principe masculin,
teinture
infernale,
emblème de la passion et du sang répandu. refLet du
ciel au couchant comme â l'auI'ore, source de
L'or,
caractérise
tous les aspects du voyage symbolique.
Le "feu l.JU..f.gaL.I'(J."
de Ba-
che lard, aux
"c.oPo."r:t/:Lorv~ d'un
I
",'ou.ge 'l,.VjI1r..-e. ·
':':or'l'esponct chez Ner-
J
val à l'enfer,
au péch~. et aux tentations de la chair'.
Il s'agi-
ra pour lui de distinr.uer par'mi
le~; deux rQup,.;s cp.l.ui qui. contient
L'or.
Parfois
il y l..Ine distinction nette cntr-~ l'tnlCl'nal. et le
cél.est"e, mais en r,énér-al
le triomphe suc l.e rouRe vuLgalce. vu com-
me un retour des enfers,
est
le pI'él.ude nécessaire à la découverte
de l'or.
Les "ténèb,-e.ô '''Otl9Q.~.,. du tou 6ou.te.·..a.ln·" (Il entourent donc
L'Enfant du Feu qUl commence sa quête. Tubal-KaIn apparaît à Ado-
--._~---.;.-------------_. --'----_..:..-
(1) -
Gas ton Bache lard 1
fu te..,,'Q. Q.t tQ4 .QvÇ>.,·i~o~~ du ''Q.po~, Pat' i. s.
1948.
p.
34,
(2)
-
Idem,
p.
400.

., -..
~, ~'
'. !
;
:' ..; ,
210
niram au centre des fumées rouges de la mer d'airain écroulée
(1)
le héros y voit clair, ainsi que Faust au Sabbat illuminé d'une lu-
ne rouge,
et ainsi que Nerval lui-même aux flambeaux des fêtes de
-~
nuitl~. La plupart des fantasmagories et hallucinations inquiétantes
sont en rouge,
de même que les effets magiques frivoles.
La fin du
monde s'annonce par une double image
:
"~Q. cs'OYO-tA. voL..· urt 60&1...(_
noér cJnrv.,. fR- cW dé/.>cu,t et un g.tobe. r"OU.9"- de 6aI1C} au--deM>u-6 dM
JuLf.e,·Le.6 P (]J ... le teint llpâte e.t plorrbé" de sa planète, Saturne,
et le flambo iement de I~ars, "de =.t éceat 6aI1C}f-ant qui. QJ1t1On.=,
qUP.J"'rQ..
Q. tdan

ge.r" , présagent le sort fatal. du Cal.ife Hakem (3)
même
la fi n d' F:us tache Rou terous s'annonce par
la r'ougeur du
v Lsa-
ge du magistrat et ;Jar la main enchantée.
La sorcière qui danse avec
Faust au Sabb~t laisse sortir de sa bouche une souris rouge, et la
Pandora,
"c1.éeôâÇ'./1
et r'd6..p.1QvQ..e1',
laisse devinf;r les pi.eds serpen-'
tins
(variante:
serpents rouges) qui passent t'0vcJL.dL.e~QlTJP....nC'
sous sa robe
(4)
le cordon de
la sonnette enchantée d '.,-'ngéft.qUQ_
est également rouge, ainsi que
le
~ostume infe,"nal
du Prince
des Sots.
Le début du drame initiatique,
la descente aux enfer's,
s'exté-
riorise dans
le voyage en Orient
:
(1)
Üc>..uvr",<>.
par A.
Béguin et J.
Richer. T.
II, p. 551.
(2)
t dem, T.
l, p. 397.
(3)
-
Ibidem, T.
II, pp.
375 -
376.
(4) -
Idem,
ibidem, T.
I, p. 354.

211
A nad. ~ ~ et ta foü.e. J:'ét.OU<. rou.ge.
&
cI&.-i..r de -l.' OrLent. J:.' Curope 6-'2l.Qve.
&
rêve 6e ....oo.tWe. -&6 mer60 Souven-i..r6 clébrouA.-Uéo
à f..rauer6o •• ~ Mrrme/.> m'ont;. faU. 6ouft-r-i..r. ~
où. nrzt.ê,te r<2pD6e. .4nou.r6 w,w6<2.0 cian6 un -t.orrbeau.
aw. Je -l.'avr:V.L1 fuù>, jR. -l.'avr:V.L1 perciJ..œ. Je -l.'avr:V.L1
0
0
faLte ~. ytalA.e, JU..~, Y.f.nndre, VaiA6eau
d'OriRn..t. (1).
L'association entre la folie et Nod, le pays où se retira
Caïn après son crime, indique que la folie est la punition de la
faute mystérieuse, un enfer psychique illuminé par l'étoile rou-
ge. En même temps, cette étoile semble le guider vers l'Orient,
berceau du solei l et des r-eligions
; au-delà des "anuur6 eaW6~
dan.6 un. torrbQLlU." (dont sa mère morte en J\\llemagne), elle le mène-
ra au sein de sa famille primitive. C'est la même étoile que suit
1e poète dans les rues de Paris, et devant laquelle il Quitte ses
habits terrestres
cet astre d'~4..L,><ée.i.a. se révèle à la fois le
Saturne des maudits et le but de la quête: "2an6 ~te éto~te
60nL =wc. q...... m'a/;tendenL".
La dualité de llétoile rouge, symbole de malédiction et
guide vers le salut
se manifeste dans tous les signes de la Race
r
du feu.
Le plus évident de ces signes est la marque de Caïn, mise
à son front comme témoignage de sa culpabilité, pour le distinguer
des autres hommes, et en même temps pour le protéger et empêcher
qu'il
_ meure. Par la voix de son alter-ego Antéros, Nerval cons-
--------------------.------------
(1) -
Idem,
ibidem,
T.
l, po 357.

212
, -
tate que Jéhovah lui a "I>l2T<lUQ te {.'Ont. œ Q<1 t<.v.« ir.«.Qeï· ; là m@-
me marque protège Adoniram dan~ le monde souterrain, où Tubal~Kaïn
lui apprend : "quand ma rraift aura g.l,W",é <>ur' t.on tront., tu~­
~ c!and ta f1nrrrn2" (11, La marque se transforme en couronne ;
dans le Voyage en Ori.ent, KaIn porte "~un "'e~ d'or, en 9U<Ae
dJZ. di.ad0re",
la tiare d'Hénoch,
ornée de bandes rouges,
sert de
signe de ralliement comme le Tau des maçons ; et Tubal-KaIn est
coiffé d'une mitre vermeille. Enfin la marque devient le signe
de l'amour prédestiné : /?7/0n fr'On.t c",t rouge l2J1.cor du bai.L>Q.r de
.
"
1'-ef..I1e

Porter la marque Louge au front indique que le héros descend
du Feu et peut exercer son pouvoir sur cet élément. Adoniram crée
des oeuvres d'art du "nétal. f'O~__ /I qu'il foule "lnpun.c2m::m.-t" (2)
le poète des Ch~6 peut rouvrir le volcan en le touchant du
pied. En effet , le volcan est le siège des Enfants du Feu ; ce dieu
de création et de destruction est
à
l'entrée du monde souterrain.
L'emplacement de la forge et du feu central sous le volcan est com-
mun aux tr'adi tions du Moyen-Orient et du monde gréco-romain ; Ado-
niram descend sous la montagne de Kaf , en Afrique ; Nerval gravit
le Pausilippe en regardant l'Etna couvert de fumée.
Le volcan, foyer de la Race, est plus particulièrem~nt le
domaine du père: le Dr Labrunie étant boiteux comme Vulcain et Kneph.
(1) - Oeuvre6,
par A. Béguin et J. Richer, T. II, p. 557.
(2) -
Idem, T.
II, p. 545.

213
Mais loin d'évoquer ces images d'hostilité,
les descentes au mon-
de souterrain du Voyage en Or~ et ~ remplacent le père
Labrunie, et même feu l'oncle Boucher, par une famille mystique.
Descendre dans le volcan c'est reprendre contact avec seS origines,
retrouver l'influence masculine et avec elle,
le
,fil de sa des-
tinée~
Au feu du volcan
correspond celui du soleil, foyer des
cieux et père de La nature :
. "
rra pen<>ée ,vnvnta. à t'époque. où te,. ooteU,
~ à ea ptnnte. 'lu<- te ""Pr<Mente, qui.. de <>a.
tête. i..nd.i..née -oui..t fin. ,.Q.vof.uti..on de <>a. rmrche.
céte,."te., "enni..t <>ur ea te.rJ'<>. te,." ge'""'-" {écondo
de" plante." <d: de" ani..rrt:uP<.. Ce n /étaU autre
cJw"e .<jUR. te teu. même qui.., étant Conpo"" d' éim;,,,,
[orrrr:l/t
. ~tu=ü..vemm.-t ea d.erœure comrun.e•
.E re<>prU de e.' Ctre-:IJu,u ~ t et pour
a.i.ru>'- d<-re ",,-[tété "ur ea terJ'<>., delX'.naU te
type com>W'l de", ~ hurrni..ne<> clont chacune,
par .,uL.te, étal.-t à ea fo'-" homne <d: :IJu,u.
Je/JI> WlVn-t te<> Cf..o'Vn (1).
A plusieurs reprises, notamment dans 3~00 et OcGav~, Ner-
val décrit le Vésuve au lever ou au coucher du soleil ; la rou-
geur,
La chaleur du soleil, qui s'affaiblissent et puis rayonnent,
trouvent leur reflet dans la force endormie du volcan. La même
conjonction de feux permet à Myrtho.. de rouvrir le volcan ; son
~-----------------------~----
(11 - Oeuv,~, par A. Béguin et J. Richer, T. 1, p. 387.

214
front "inondé eftu, cf.arté<> d'Ori..en;t" présage le retour des anciens
temps.
~ ~t offre un autre exemple du rapprochement de ces
royers ; les membres de la Jeune Allemagne, se réunissant au cou-
cher du 'soleil,
"oe oer"r'C2J'1A: t.a.6 =iJu>, eL c:lem:uu:Jen.,t où. eot. ta
Wmi..Qre. Atoro, t 1un. d'eu><. t-ai..t. un. <>i.gne, et
e..u. f~'<U> 0 '~U'Y1.t., te (;r-ont tou.N1.é
vero t'Or0mt. qui.. 0 'aooorrOr-Lt ! ALLo, quand,
o",ton PLI. (o",..de de not.re fIJrt9LW. rYlJ">ti..qu.e,
e. 'heure deo con{i..den.cR4 a oo""é, af-Or'o on
dLocuAR te4 i.ntér-ê,to de ta patrLp_, on oe r-<>.nd
corrpte< dP.4 ."_~'W1.C.<M de e. 'av<>J1.u" "t dw.CJ.U1.
appo.·te oa tf.QmrQ. au. foljer qu.i.. doL.t tout.
régénér"-r un. jour" (l).
Il faut ajouter à la foi
de cette organisation fraternelle
l'affirmation de l'oncle Boucher:
1/2i..eu, c'C2.at..te aoieU", pour
~omprendre à quel point le principe masculin et divin s'identifie
au feu solaire.
Le voyage en Orient,
verS le soleil nouveau,
vers
la lumière, verS l'or,
est un effort pour s'affirmer, par une al-
chimie intérieure, roi, Fils du Feu4
Car son but, c'est l'or -
l'illumination,
la gloire,
le cen-
tre mystique, l'intégration de sa p:rs~nnalité ; - et, comme chez
les alchimistes, ce centre est rougeâtre.
La vision apocalyptique
(1) - Oeu.vr~o comp(émPn-taL.re~, par J. Richer, Paris: Minard 1961.
p. 165.

215
d'AUrétLa comprend la transformation_du serpent, représentation du
côté infernal de Nerval comme .du ret,.-our cyclique:
k
~eJ~ qu<" Qn.tatu'e Û TfIonciR. e6t. bén.<..
lu,<..--ffl2m>., car U~. rcdiiche ~<!4 QI1f1J2C2UJC., et. 6a
C)I..tR.Jd.e ~ <Mp'-re f.a f&u.r d' arvroha., ta
fleur oou.frQ.e, - ta {leur œf.atante du ~oÛU 1 (1).
L'or caractérise aussi
la demeure des aïeux:
"C/Ç>A.·t au.
boni ~ la 2ondOgne (d'or-Dwina Ou rivière du Mont d'Or, croyait
Gérard). que ~e dr<u>~Qn.t. '-<>4 t->-oi4 c:J,â(P1JUX. ~ .l'abnuti...", nous
apprennent Albert Béguin et Jean Richer. Dans sa folie. Nerval
s'attribue le pouvoir de faire de l'or et de porter bonheur à ses
amis (2). Les maîtres du monde souterrain portent de droit le mé-
tal royal, Qui reflète son origine ignée; Adoniram devrait s'en
passer à la place de l'usurpateur, Soliman. Tout héros nervalien
qui cherche ses origines les trouve nobles sinon royales ; les
signatures du poète - G. Nap. della Torre Brunya a Palazza. Amon-
Ra, Duc d'Egypte, Gaston Phoebus d'Aquitaine - prouvent assez son
désir de royauté, voire de divinité. Comme le petit Euphorion, fils
de Faust et d'Hélène, il est un Phébus, un Antée, un Icare; COmme
Horus et Napoléon, il est le nouveau soleiL. Le voyage en Orient
le renouvelle par le contact avec le soleil des anciens temps.
le
réunissant avec des aspects perdus de lui-même
(l) - A ...~e.i.a.,
A.u--<U<.a II. Tf/hvrabié6.
(2) - Oeuvre~,
éd. A. Béguin et J. Richer, T. l, p. 1174 .

; :

.'
.'
-.i~··T::~
" ,
.;.
216
V ~ te {>OteU. <U>t bool/coup ~
brUlnnt citlrL6 =0 pay,6 que cfané te flÔ.tJ"e, <lA;
U o<UTbte qu 'on l'l 1aU: \\,U ce ooüU-l-w que cJan,o
J.a ~ère jeuneMe, quand teo oJ'9<21l"6 ~
pf.uo. frau..
C 'eo.t preoque rajRun,i.r de dU<. arl4
que de vW''e <.ci. (1).
Le jaune, ou plutôt le
jauni, a trois valeurs pour Nerval,
dont deux se rattachent au soleil; il est l'atténuation du rouge.
Cette couleur est la manifestation terrestre de la lumière solaire,
surtout celle des rayons affai.blis de l'hiver: "J:.'hi..ver a-::)oo
~<..ro ; et 6OUV<'At, f.Q dUrandm, quand un peu ck oof-eU jaunU
f.a ter,,,- b!.anch,,-"... ou bien celle du solell couchant sur la ver-
dure
: "71'1 cot....LlU velot, que f...e.. cou.c.hant jaun~tl'. La lumière idéale
est dorée ou rougeâtre;
le jaune implique un affaiblissement, dû
sans doute à sa nature terrestre. La teinte représente aussi
la
sécheresse
"J 'arri..vai... <>A \\ALe d 1U/'lQ. v<u>te pJ'.age rrol'l tueu6e
<lA; ·toute couV"-,w d'Urie <>OpQce de ''06eal.OC de .~
V"-ndâtr<>., Jaun'-..6 =
ex.t.rémi.-téL> CCJ(>TrP- 0<" ~PA f"J.OC du.
60 ?p.<..t ?p." <2l."MQ.rIt Q./'l parti.e d""",,&:héL>. "
( 2 ) •
Pour Sch~rer, le jauni se rattache surtout au thème de la
perte, à la disparition des mondes anciens, des personnes aimées,
des dieux d'autrefois; en même temps, en ce qui concerne les ru-
bans,
les billets doux, et surtout les pierres blanches des châ-
(1) - Oeuvr<>.o, par A. Béguin et J. Richer, T. I, p. 923.
(2) -
Idem, p. 382.

217
teaux,
le jauni représente la consécration du' .temps -et.:la possibi-
1 i té de revivre le passé.'
Le rouge se rattache à la quête du principe masculin, du
père, d'une famille; il convient d'examiner aussi son rapport
avec la femme. Comme l'on sait, toute femme nervalienne est amante,
vierge, fée, reine, déesse .. et sirène. La transposition littéraire
. et mythique de
toutes en une, Aurélia-Jenny Colon. s'accomplit à
travers des signes, tels que les cheveux blonds, le chant, le front
illuminé, et les couleurs. Puisque le rouge est la première couleur,
celle du sang, de l'6tincelle de vie, et, traditionnellement, de
la passion,
il caractérise tous les rapports amoureux chez Nerval,
des plus significatifs aux plus frivoles; ainsi, à côté du /looi-_
-6e.r dR.. fa reÙ1-e",
les deux épis ('ouges provoquent le premier bai-
ser de J emmy 0 1 Dougherty et de son ru tur mar'i.
Dans son introduction au Vo!.Jllge QJ1. 06·f....en..t, Nerval parle des
trois Vénus.
l'une infernale, associée à Némésis et à Perséphone,
l'une populaire, terrestre, et enfin la céleste,
"QLl.6,tè,<Z., Ldéate e-t my.>.ti.que, que te"> néD-pf.awnU::..i..s2rL6
d I)~ pu.ren.·t oppo">er, ,,>an,,> han te, à. ta Vi..R.,-ge
cl.e/., rJu <it i..s2rL6 "
(l).
A chacune des Vénus correspond une des couleurs du Feu (2). La Vénus
infernale se trahit par le rouge; elle est sirène, Lorelei, Pandora,
(1) - Oeuvre">,
par A. Béguin et J. Richer, T.
II, p. 77.
(2) -
Jean-p,ul Weber, 2omaLn.e6 th0na.ti.queô,
Paris, Gallimard,
1963,
pp. 149 -
160.

"
218 r-o-
source de tentations et de mau~. La harpe de Pandora porte une si-
,..
rène dorée. et les Frisonnes rencontrées à la Haye, comme les
.).0-
t<..e<. Çrecque6 dan.o tee ~ du &v<JJ"U.", "oon-t ~ôi.. de ta {a-
~ deo ant~ueo 6~~" (1). L'or et le pourpre sont les cou-
leurs de la Vénus <·;céleste, qui se confond non seulement avec la
Vierge, mais aussi avec Isis et la Reine de Saba.
Pourtant, il est rare qu'une figure féminine se limite à
une de ces couleurs, car toutes
participent du ciel et de l'enfer,
comme les héros nervaliens. Dans la PandOnz le rouge prédomine ;
l'héroïne a les pieds serpentins et, Gérard note que lui-même rou-
git souvent, de ses vêtements, de son manque d 1 argent_
". .b 'autres
sirènes, - Rose,
la maîtresse de son ami,
la Kathi,
la ~ahbYI - le
conduisent verS le rouge : "!Je>. "Qnti..o te>. be"ow d'al/Ar dû,er à ta
POI-tJ2.-ROW]<!., "t je m';JJundn,é. t'«6t=:. d'un tonaL. rouge" (2). Un
premier début de la nouvelle insistait sur le rapport entre le rou-
ge et l'enfer; Nerval décrivait un tireur-magicien qu'il aurait
vu dans son enfance, puis
:
JI ce 6pR.otae& ouccédèrwtt deo appat·i...twn.o
{antaot~t:jue.6, iflWi'?A de6 di..eux.. 6outerraino.
f.a. catte>. é.tai...t ·tendue de r<:JU.gQ. <u. deo ro6ace6 (3).
La trans forma t ion des chev.eux en
(1) -
Oeuvl~6, par A. Béguin et J. Richer, T. II, pp. 832 - 833.
(2) -
[dem, T. l, p. 351-
(3) - Ibidem, T. II, p. 571.

.,
219
',.
"COf"n.<!.6 d' argen,t ci..6elé rapprodw. la dééooe <.n.fernale
de<> Urageo pooUi..v<v.> de la t-me ; Sétahrutc., la
Ooet.U" et bUm-ai..mée du. CaU.fe Nahmn a une corne de
rnétat, . n2.COU""rt.;,. de ci.i.atmnt.o"
'\\
." .
pour soutenir son voile (1). Ces cornes correspondent, par leurs
pointes et leur éclat, à la couronne d'étoiles de la Reine de Sa-
ba (2) et à la lune qui brille sur le front d'Isis (3). Les den-
telles
.gauffrées reparaissent dans la description de la Reine de
Saba,- et l!l précision "pourpre levr::zn,ti..rte" nous renvoie de nouveau
à cette image de la divinité des rêves nervaliens - qui porte, elle,
une robe couleur -d'hyacinthe.
1
Le pourpre de la robe est en réalité celui du ciel aux mo-
ments privilégiés du jou!',
le lever et le coucher du soleil~
La si-
rène Pandora disparaît,
/lra..jP-Urlie dJ.~6 o"i..peawc:. q,1l.L. fa cou.v~-nt, et 60'1 va e.
Oe pe.,-di-t cfarv., te céR.f. pou..p.-é du. ti..t à <"JO fOnTLeo.
mon. "-ùpri-t f: totLant voulut 'm vaV1 la =i..v.",
c U-,,- aVl'2i..t d;/.>p{1.T'l.L pOW' t 1éwrn<..té" (4).
Le manuscrit porte, barré,
"~ fJ24 nua.ge6 pourpT.Q.o. du. LUn: la
même expression accompagne la disparition d'Aurélia:
'(1) - ~J.LVn2.0, par A. Béguin et J. Richer, T. II, p. 571.
(2)
-
Idem, T. l, p. 422.
(3)
Idem, T. 1. p. 300.
(4) - Ibidem, T. l, p. 355.
,

220
J:a CÛl1rI2. que j<z. ~{.~, d.éuet.oppan,t. 6a taUte
Manc.ée c1an6 un I7VUVemzn,t qui.. ~U mi..loUer
.f..rM plU. de 6a robe en. t.a{;~ changean,t, en.-
touJU grac.i..euo~ de oon br<U> nu. une ~
tLge de. J'Ode t.--émi..~, puUi eUe ~e mi..t à ~
~0U6 un cea.u- m'Jan de .lumi.kre, de .~ M.-te que
PRU à PRU te Jasd,ift pnznaÀ..,t 6a {;o<me.,
et f..<M par{:er-
re~ et te~ arb~ deven.a1Jm,t f..<M ro6aCe.6 et. f..<M
f~torr.6 de ~~ d~1A ; ·tandiA que 6a ti.gu.re. et
~e~ br<U> i..np•.i.mii...ent. teu.r~ contour~ QUJC. nuage,6 pour-
r::wé6 du. cWt. !le l'a perdaUi de vue à l1XUlUrQ. qu. 1eu..
~e ~fi..gt.u-a.i..t, car "'~te ~enbf..aU. ~ 1évanou.i.r c1an6
6a propre. grandeur.
"Ch 1 ne ~ pa.6 ! m 1écsoi.ai...-
j<z.. •• car.fa nature meurt. avec .toi.. /" (1).
La robe devenue tour à tour brocart, soie, pourpre levan-
tine, couleur d'hyacinthe, de taffetas changeant est aussi celle
d'Isis, qui passe,
I·~"f.on fy. I7VUlX!.Iwnt de ùe~ pU~, de f12 bfanc1w.Lu·
f12
pe~ p.U"- au ja.u.rr.e d.e. ={-.un, ou. -:><>frbte <urp"'I'Io!:er
6a. rougP__LU' à
fa. {f..arrrre.".
Faut-il s'étonner alors de voir l'ange de la Mélancolie "colON
de ·!:eLnw..a verm2.{.UQ~",
ses ailes brillant "de mi..U.e. re{-telA chan.-
g.e.ant6P, ou bien que la servante des aïeux, nommée comme la mère
de Gérard, Mar~uerite, lui montre, pour qulil s'y repose; un lit
"ds'Clp.é de pe..~e à gmrr.de~ tteu.~ ro<.t<}I2~" (2) '? L'étoffe aux cou-
(1)
- .4u-é.f.i.a 1, VI.
(2) - CJe,.Lv,,,-~,
par A. Béguin et J. Richel', T.
l,
p. 366.

221
leurs du feu est la liaison entr~ces manifestations féminines et
divines.
Même la Lorelei, dont la "cc';":ffe ck ve-tou.ro ~, à
l"eÛ'ou66eo dR. drap d'or, brUle au tain c.onne ta. crê-te oang.!an,t.e du
VU2.wc d.ra.gDn. dR.t' û:f<m", a les pieds rosés, des cheveux comme "un
f~ve d'or", et une robe de brocart avec un ruban pailleté en cor-
sage.
Sylvie aussi, Vénus populairers'identifie à l'Eternel Fé-
minin par le costume, dans la fameuse
scène des mariés d'Othys. En
voyant le portrait de la tante de Sylvie en jeune mariée, Gérard
pense aux fées des Funambules
"qui... cncfwJ'l.t., ~ teur rrnoque ri..d.é, un. v~
attI'C2Jjant, 'lu 'eUR.o .-évMRTtt au. dénoworen.t ; teo
pLU'Oteo ck S<+WL.e, quL met. ea ''Obe. entaft-e,1:.<M
Harrbé du po,·u'O-i.-t, .<?prQnttlUlt t 1Umge :
",<1" , jR. vaw avoLr '_'au' d'un.<? VL.eLU-,,- fœ .''' ( 1)
et Gérard ajoute
Dans cette scène,SYlvie se confond d'abord avec la tante, abolis-
sant ainsi les limites du temps pour rejoindre les fées bi~nfai­
santes des légendes populaires. Mais la fée des Funambules rappel-
le aussi la Fée aux Miettes de Charles Nodier, laquelle se révèle
la Reine de Saba; en mettant la robe de taffetas flambé, celle
d'Aurélia et d'Isis. Sylvie franchit également les limites de
l'espace pour rejoindre l'éternel féminin.
(1) -Oo-UV''Co, par A. Béguin et J. Richer, T. II, p. 733.

222
C'est aussi par le costum~ que ces femmes, reines et déesses,
rejoignent les figures masculines. La robe couleur d'hyacinthe de
la Reine de Saba, portée par un enfant, fait de celui-ci le Christ'
aussi le Messie porte-t-il à la fin d'AUrél~ la robe "d'~the
<loufrée" (1). On aboutit ainsi à une confusion entre les images
masculines et féminines du salut. Mais l'inscription de la pierre
de Bologne, appliquée à Pandora, n'est-elle pas "tou,t =la
""~em­
blR." ?
Dans l'alchimie,
le principe féminin, la Reine, s'associe
au blanc, à la lune, à la lumière argentée ~ il en est de même chez
Nerval:
la Femme, Enfant du Feu,
participe de la nature du soLeil.
Sétalmulc avait des yeux "qui.- f.aiAa<.en.t ba.i:f.>er te ....gard. <:omm "i..
L'on <2Ût conu'Jrpté fA <lofR.U." (2), et on voit Balkis "c.o<rm;>. on en-
./:re.voi.-t te "ot"U. fAvant, qui.- biPJttôt '-"'U<> bn1PR. Q.·t vCJtU> tai..t bai.,;-
<."le,-· ta. ~i..P.-Te"
(J).
L'étoile du soir, dont les rayons dorés sont
"ccnme un. 6olei..P_ de fa nu..i.....t"
au Caire
(L1),
devient une sorte de so-
leil souterrain. puisque Astarté a été la femme de Lucifer et a reçu
les attributions de celui-ci après sa chute (5).
( 1) - .4.u.Q.l.i.a. II, mérrm-ab te<>
(2) - Ocuv~", par A. Béguin et J. Richcr, T. II, p. 371.
(3) - Idem, p. 512.
(~) - Ibidem, p. 261.
(5) - Ibidem, p. 1217.

223
, .
e) -
Les filles du feu
La dernière aventure des Amou.~ de V~e met en scène deux
femmes, et le récit est repris textuellement dans la Pandara.
Ner-
val se trouve devant une blonde et une brune. La blonde représente
la parure artificielle :
"de 6<' benu.'<- dw.veux. b.f.ondc. à nz.{;.f..et.l> ~,
fu pt>.l2LL 6-i. b l.andte ; de fu 6oi.e, de fu ouate
et. de6 tutf.p.6, dt:>A per&u. et. de6 op.a.f..eo :
on. n.e 6a<.t plU> -c.'Op ce. qu' <.t y. a au ~ de
tout cef.a, >mu. c' e6t. 6-i. b<.en. arrangk. !" (1).
Sa robe bleue souligne la valeur idéale de l'artifice, camme la
robe blanche de
La brune.
Plaire à toutes les deux,
à la fois, se-
rait en quelque sorte
Les unir,
posséder toutes les couleurs
idéa-
les et tous
les aspects de
la
femme.
La cou leur restera associée à La femme et à l'amour;
la
recherche de ces éléments sera
le but du voyage en Orient, et
Leur présence ou leur
absence marquera le succès ou l'échec de
l'entreprise. Ce n'est sans doute pas par hasard si l'épisode de
La blonde et de La brune
précède directement le départ pour la
Grèce, berceau de l'antiquité européenne. La première vue Sera
l'île de Cythère, et le poète y accomplira ta fusion de t'amour
et de la couleur avec la religion,
(1) - Oeuvre6, par A. Béguin et J. Richer, T. II, p. 58
T.
l,
p.
353.

22~
La description de l'Orient débute par une double invocation,
à la déesse des mystères, au manteau bleu foncé et à la Vierge
protectrice habillée de bleu clair; elle est accueillie par le
rayonnement de l'étoile du matin. réfléchie dans l'écume Pécla-
tant.e n. La Grèce va naître "~e", sortir des eaux avec le
soleil, comme Vénus elle-même de l'écume. Le pays et les trois
déesses,
Isis,
la Vierge et Vénus, s'incarnent dans l'aube.
l'Au-
rOre aux doigts de rose qui "ouvre œ<>
por-Vu. de .(. 'Ori..ent" à l' a-
mant fidèle.
Enthousiasmé,
le poète déclare qu'il est impossible que la
déesse apparaisse dans toute sa beauté sous le ciel européen :
"ce. quc- rw<Ul autJ= ba.oo..-e<> QJ:>PCtoru> f_ 'aubQ ou
fR. poi.nt du. Jou", n '<Mt 'lu 'un piif-" ,v.l-f..<'.t,I:<>.,,,,i.-
par t 1atrro<>phù-e Urpu''''- de =<> cf-'flat-!>
dé<>hé.·i.-té<>"
(1).
I\\insi. celui qui deviendra /lee.. deoclL.chad.o"
a5socie déjà
la lumière
spirituelle à la Femme";
l'arrivée en Orient coYncide avec
la pro-
messe d'un amOUr divin qui s'imprime en couleurs vives sur le ciel
du jour naissant
Voyez. déj.à. de ceCI:<>. f..i.r)n.Q. ardt:>.rtt,,- q«i.- <> 1éfarg.e.t
<>ur fR- =_.-.cle. de<> QO.WG,
pcu-ti.-r de2<> 'ŒjOn.6 ''0<>''--''.
6..panouL6 en ge.obe, et rclVUA:zn..C ·t'azur de l'ai-r
qui.- pl-u<> haut ""'..<lI:<>. 601Tbre QrlCO''''-. nQ cluai.-t-<Jn
(1) - Ck>.uvre<>, par A. -Béguin et J. Riêher, T.
II, p. 63.

225
pa6 que te. tron,t d'une dée46e et 6"-6 br<Ul ét:.smduii
6Oulèv<mt peu à peu te voUe cleo nU-Uo étlncdant
d ' étoU.e6 ? ette vi.ent, ",tte approdw., ûte g.(.<A6e
anvl.U'Q.l.Ul~ OUr te.o ff.o.lA dwi.n4 qu<" ont donné
te. jou... à Cy,thérQe. . •
( 1 ) .
Cette première vue de 1iOrient indique également le but de
la quête spirituelle.
Le silence et l'ombre des quartiers résiden-
tie la
évoquent les endroits pittoresques qui correspondent davan-
tage aux idées qu'il se fait de l'ailleurs.
no"", quU,w"'" teo ba:uu'6 ptei.n4 ~ tunuf.1:2 01: ~
f.umi..fu'<l, où. tou.t "",f.u.i..t ",t papi..Uo~. où. f.c. f..wœ.
6k(aqt>A la<..t c..ontra-~~ au grand =n=tè...?
cl laJd>i..~ctu.'Q. ",t cl". ôpf.t:uu1P.us" prl..nciJ.)l::d"ô
m:>ôquœ"~, pel..n (PA de. I~ horizonJ:a.f.<>.6 J.aun.eô
ct of'O~'~ " voLet.. rrni..ntenan.t cku:J. pa.o~~ \\/OûtM,
de.ôruef.f.<?ô é.u-oi..Wô c.t 6Orrbr"ô. ".
(2).
Le souvenir,
comme d'habitude, est plus vif que la présence,
et la description de ce que le poète a vu, comprend maintenant ce
qu'il a rêvé.
Il quitte les bazars réels dans l'espoir d'une aven-
ture romanesque, amoureuse:
en présence de huit jeunes personnes
vêtues à l'orientale,
le poète s'émeut à la vue du teint qui varie
"du. biAu'Q.. à f.'ot-i-vâue l ' et
I/au cYwcotat
IR.. pt.u.o {oncé". On lui
présente deux jeunes créatures qui réalisent les deux aspects de
la femme idéale
:
(l) - Qeuv",,-ô. par A. Béguin et J. Richer, T. II, pp. 53 - 54.
(2) -
Idem, T.
II, p.
118.

226
ltte.o éta.i.R.n.t vê-tue~ d'habU:6 de tat-feta.6 il
t-t=ro et de rr<:J<.LOd<Z1.<.m>. br0d.é4. C' étaU {art
~r. Jh. ='-ffure, CO'7POdée du tarbow::h
rouge =tortUté de gazUl.ona,
la.U.<laU ~
un.:
tou.UtiA de rubar.,a et de treMea de doUz ; dea
grap{JQ4 de PQ.t.i..ted pi..~ d'or et d'~,
probabtemer.t ~ded, cadta<...en,t <!TLt.i..Q.~t ied
che.VQWC.. Pou.N:an,t a étaLt awé de r'eCDnna.U:re
que t' UI'lJ2. éta.i.-t bJl.UL<!. ,,~ t' au.t.re btonde ; on
Q.lA2.U pr-éuu. -toute objecti..on.. fa.".~ "étaU
dveU.e. corrme un pal.rni.-er et a'-'Gi..t t' oe1..t no i..r d'une
gazette", avec un œ<-n.t t~ bwt..-é. ; t 'au.tre,
~ d.éLi..ca.te, ~ rù:he de con.tou.ra, et d'une
blancheur qU1.. m'étonnai...t en ra.i..oon. de La. ~,
Q.lA2.Ü fn. mÎ..nR. eL te port d'urtQ. jeune reÎ..nR. écLodi2.
au. pt:ZJ.J-O du m:Lti.n. (1).
La brune a
les yeux noirs et fai t penser à l'amante du
U
Can...ti..que .d,e4 C:mtif/.UQ6 .. l'au tre 1 l'bi..onda e gA"a66.ota , a "ta mL-
rte e·t le po,-t"
de cette même Reine du Matin. Le caractère syncré-
tique explique qu'Aurélia soit vêtue de taffetas, et Balkis de
mousseline fine;
le rouge,
l'or et l'argent de la coiffure rap-
pellent tour à tour Pandora,
Isis, Sétalmulc et de nouveau, Au-
ré lia.
Néanmoins,
le poète refuse tqujours de choisir, sans doute
pour garder .i!ntact cet idéal composite. Mais il revoit la blonde:
(1) - ÜetLvrea,
par A. Béguin et J. Richer, T. II, p. 125.

.227
-,.
"faU,ant torrt>er -:Jon -tarbouch, etlt.. -:Jecoua -:JUr
~e.-:J
Qpaut.e.6 ck. nngn-i..fû/'u= &eMe.6 dorée4, ezw<qu.eUeo
te -:Jote<..t cfonna,U urt v-i..f refl""t ~ " (1).
Le poète va tromper la grisaille et la platitude de l'exis-
tence orientale par des évocations mystiques et amoureuses. C'est
le ton lyrique qui caractérisera les rencontres avec Balkis, mais
l'impression qui reste
est celle du génie foudroyant,
ténébreux,
d'Adoniram ; bien plus que Hakem, cet homme a l'air d'un dieu.
Balkis, créature de lumière, de soleil, est en contraste
absolu avec le héros méconnu :
:be,·,·Uu<, "J'Je appa,,(û.~OQJ'Lt 00 l.c.an U>. <if.Qpho.nC-:J
bÛlncA doa''CjM ck tow'-:J où b,·i.Ue...."t ·Cor et fJ:L
Mee : mU.~ SabpJ'.JV> à fa pc·au dDl-Q.Cl pas' fR oot",....t
avanom.f;, condui.ùan.t cfn-:J cnamW2Ux. '1u.i. pf.oi..=tt ~o
C)QJ1O'.ve. oou<l f", POi.LU> de.-:J baga<:p-<> P.t <ko p"MenC-:J
ck f12 pri.n=.6<lQ. AL-i..<> OU'Vl...enrw-nt te", ,~-:Ji.nL.en6,
am"'-<'J à en fég", '2. , et dont fe U>.i.nt v('amei..t
reMerrbt", nu cui..vre battu.. Une nL<<2.e cl' D:h<..opl..<'.n<>
no'..r-:J CQII'm(!. f 1wQr-.e. c.i..rcu.f.p-n t çàe t tèL,
c.ondu.i...Mnt te.-:J
chevaux.. Q,t te<l charLo-t-o...
( 2 ) •
A p~emière vue, la coloration du cortège ne fait que repro-
duire les richesses éclatantes de l'entourage de Sétalmulc. Mais
en examinant la description,
l'on découvre que la reine est sui-
vie des couleurs alchimiques, sous des formes vivantes:
des élé-
(1)
Oeuvre6,
par A. Béguin et J. Richer, T.
rr, p. 126.
(2)
-
Idem, T.
II, p. 511.

228
phants blancs, des Abyssiniens rou~es, des Ethiopiens noirs, et
surtout le peuple de Saba, doré par l'astre sublime. Il est peu
probable que Nerval ait choisi consciemment ces couleurs symboli-
ques ; leur présence indique l'association profunde." intime. entre
la Reine et la progression spirituelle.
En effet, elle semble incarner le soleil d'6rient, le but
du voyage nervalien ; sa beauté "éb-lou.U'·, et on l'entrevoit /lcom-
me 0" ""'~ fu oofui..t f.etlOfl,t, qu.i.. I>i.:RntDt vOlL6 b.tUe et vouo
~t ba.i..6~er en. paupi..è>-e" (1). Elle refuse d'entrer dans la ville
la nui t
; c'est le lendema in que Balki s, "'-0. ""'-ne du nnti..n, (..,111.-
chLt en rnÔJT12. tefrP'> que fu pI-emi..er raLJO" du ooÛ!.U en. poPÜ2. ori..en-
t.af.e dD. ?6_nM12f..em" (2).
Soliman se vêt et s'entoure d'or métalli-
que,
tandis que
l'or de Balkis est à la fois naturel et spirituel
elle l'a du soleil m6me et de l'illumination intérieure de la re-
ligion et de la l-ace.
BaLkis n'offre au l'ci que
le métaL
~ qu'il
convoite
un présent magnifique,
iL est vrai, mais sans valeur
pour celui qui possède
LloI' véritable. Ainsi
le luxe de Soliman
est, ctês le début du conte,
inférieur à la simplicité de la reine •.
(1) - Oeu.v,~~, par A. Béguin et J. Richer, T. II, p. 512.
(2) - Idem, p. 513.

\\,, '
229
.: .
cl - L'~~RNEL FEMININ ET LES RELIGIONS AFRICAINES
Nerval clame sa malédiction pour mieux mettre en évidence
son ascendance mystérieuse et mystique ; il est "i<h de f.a lJ<!Ltue".
Or. on le sait, selon les traditions maçonniques auxquelles Nerval
semble avoir été initié, la veuve, c'est la Reine d'Ethiopie. Dans
la ReUne de saba,
opéra inachevé, le poète est Adoniram, petit-fils
de Cain, par TubaI-Kain. Et c'est parce qu'il est de la même ascen-
dance que Balkis, qu'il pourra s'unir à elle.
Chez Nerval, souvent, même les réseaux thématiques les plus
traditionnels, constitutifs de la poésie,
tiennent que11ue rapport
avec le continent rlfricain, ces régions du ''T'lu'tf.-'' où seLon la tra-
dition, a été relégué Caïn après son fOL'fait,
patcic d'origine de
la Reine de Saba.
L'ensemble de la poésie nervalienne est dOr.liné par deux fi-
gures : la Reine de Saba et Isis. Si 13. première est d'origine
éthiopienne,
la seconde est une déesse égyptienne, synthèse de
toutes les vieilles divinités africaines de la récondit& et de
l'abondance. 'Dans les Peti..,v, (JUi,te>nux. cle f30~, Nerval dit com-
bien il a été tourmenté par cette image de la Reine.
"îf1. Rei.ne de Saba, c ~<ita<"t bèen =Ue, PA ,dt-e.t,
qu.<" "'" préoccupa<..t 01.0.-<>. •• "t doub temen.t.
ili
farû:~ écf.atant de ta iU.fRo de6 J#?mi.arLde6tour-
""'" ta Lt ""'6 nu.LU. •. eURo m1tlpI:YUUl..6<>aLt •'Od.i..eu.6e,

,
-
230 -
,
",
. ~ .
CDm7J2. au jour où. Salomon t 1adtnLra.,
0 ' ~ ""-rd
.f..u<.. cJaru. l.<u. ~ pourprée<) du. nnti.n..
WR lft2f1L2M: me. PI'OPOoer t-' é.teJTl.et-Le énLgme••• " (1).
ÂLré[<.a,,~ a.~, Voyage en Ori..ent sont tous des r-ap-
ports sur des expériences où la quête de l'Eternel Féminin prend
la place la plus importante: parcours initiatique qui donne son
sens orphique à la poésie.
Peut-être est-il nécessaire, pour enlever toute équivoque,
d'établir avec certitude les origines africaines de la Reine de
Saba.
Dans la légende de la Reine du Midi,
pr-écise A. Chastel,
il y aurait deux cycles
(~)t celui de La rp.ine éthiopienne, et
celui de la reine sabéenne.
Il est difficile
de situer aV0C
certitude le pays de Shehba, qui renvoie parfois à l'Arabie, par-
fois à l'Ethiopie. Mais
La tradition royale éthiopienne,
retenue
par- les r-éei ts de la Çf.or·i..a ReqUIn,
faisai t deseendr-e la dynastie
des Négus des amOurs de Salomon avec la Reine de Saba, princesse
éthiopienne. C1est à cette tradition que se rallie Nerval qui con-
naissait,
r-évèlent De Belloy et J. Richer- "t.a. gén.éaf.og.ùz. corrpf.è,te
ck l.a dyna6ti...P. régnante d'Cthéopœ, et aUrai.-t à f.a détai..tter· cJaru.
oe<> c.onv<?raatwru:." (3).
---------------------------------~
(1) -
iÀa Peti...t6. Œ>at.r>..aux. ck Bohhne, cité par- J. Rieher-. &Pé.-i...ence
et Créati...on, p. 171.
(2)
- A. Chastel,
"-fa tét}t;mde ck t.a.Rei..ne ck Saba",
in
: Revue de
l'Histoire des Religions, Annales du musée général,
Paris.
1946,
p. 10.
r3) - J. Richer-. (;érard de. nerva,[ et. Leo doctri.ne6 éoo.téN.que6, p. 155.

231
i
Pour la tradition populaire~ la Heine de Saba est noire et
éthiopienne ; et toute la légende du Prêtre· Jean, si connue au
Moyen-Age, découle de là. L'origine éthiopienne de l'un des roia
mages était admise et le psaume LXXXI, 10 opère une distinction
nette entre le mage d'Arabie et celui de Saba:
".feo mu' de YharOu, cl. deo .J~ oUr'-nznt. de6 préoen.u
&0 roi.o d' ArolX.e et. de Saba. oUrU'erlt. te.o ieuro" (1))
~0mme était également admise, sous la foi des Evangiles,
l'identité de Balkis, Reine de Saba:
"Ca ""<.n,, du. rTlù:ti.. 0" eç,.u"ra, au. jou.- du. ~
avec ("..e·ttÇ)~ 9énéraM..-ort et P.a conc!arrn.c~.'Q.,
parce..
qu /,dt" villt cf.0:, exLr-,,""--té.<> de en. !:<>-r-"" pour
,ul-fp.ndr<>. fn. 6llge60" de Satonon.' , (2).
Cette figure
fémi.nine est
La même qui apparaît dans l'Apoca-
lypse. "n"rvat fa. vo<..t." dans Auré lia.
"*'- voufuo f<.xer da.vanl:cu)e me.6 p<>-n6ée.:. (avor'-t<>-o (••. 1
.;.,,, (Lejur<l. domi..na.<..t toujou." eM auu""o.: c' étaLt
ee1~c!' d' Au-é,ei..a, pe.i..n./;Q. "ouo .te.o tra<..to d' une
d<"v'-n0té, tette. qu.' ette. m' étaU applUue cfa.n.:. non
~-ê.I..IQ.. S,U.6 6.<2.6. p..f..R.d6 ·tou.rnui...t WlQ~ r"OtLe, et f--e6.
di..eu.'<:fui.. (a'-<>ai...ent cor-t.Qgt:>." (3).
(1) - Psaume LXXXI, 10.
(2) - Mathieu XII, 42.
(3) - J. Richer, 8cp~ce et Crœtéon, p. IB3.

232
/
La religion de Nerval, cela a été signalé, est essentielle-
ment rattachée au sabéisme. Ce qu'il devait en savoir se trouvait
déjà compilé dans la Bibliothèque Orientale.
ne.u, Sab~ (Sabéens) ont. w~ pfu-oiRLu'6 ob6el'V<2/'lC.eO
de k
ret~ ch~. Ca... -Uo. ont une Mpèce
de bopt&ne e,t. ont Ix>aucoup de vénérati.on pour Sa.i.n-t
i)ean.-L%ptwte, duquel. ih "e dù;en-t dW~. ( •.• '
et i.&.. <>ont. te6 d.e4CRr111.an.t6 de ta pf.w.. ancUmne.
'lati.on du monck et. ih par&m.-t encore aujou.rd'huA..
W. ~ qu'Adam et. "M en(an-t6 ont. parLée••• J16
ont. auM<- b<wucoup de re6peCt pour' ·te" pyrami.de6
d'4Jypte ( ... ) ·Ca ret<..g,i.on de" Sab<..en" a. été non
"eufRJnent k prwr>i..iue. et ta pfJ.u:. anc<-enne. rnt:2À.4
encore fa. ghtérate. et ta "eUJ..e reti..g,Lon du monck
~u 'au U:>J1PI.> d' iibr'Oham" (1).
Avec des données glanées au cours de ses lectures,
Nerval
s'est construit un idéal féminin vivant.
La lecture nu Voyage en
O"l-Qn-t montre combien le poète a emprunté aux mythes et aux cosmo-
gonies anciennes qui se r'êf~rent peu Ou prou aux vieilles initia-
tions égyptiennes. C'est surtout dans ~tv~ qu'apparaît la figure
magnifiée de la Grande Déesse Mère, maîtresse des trois mondes;
et c'est dans AUT~·U2 que le portrait de la Mère-Epouse est dessiné
dans toute sa splendeur.
(1)
-
Cité par J. Richel', &pér02n= et Cr-&Lti..Dn,
p. 183.

233
,"."
.' ~
, ,"
:. t
Sur les monuments égyptiens anciens, on aperçoit une femme
couronnée, tenant d'une main la croix ansée.
de l'autre un scep-
tre.'
(Montherlant
:a fait remarquer la ressemblance de la Ma-'
/ .....
rie chrétienne avec cette Isis:
les deux vierges tiennent 1'eo-
fant à la croix). Cette déesse égyptienne, c'est Isis qui typifie
l'Eternel Féminin: elle personnifie la nature dans tous ses déve-
loppements et symbolise également l'intelligence, la lumière spiri-
tuelle verS laquelle doivent tendre les âmes. A l'Isis égyptienne,
correspond Eve de la mystique judée-chrétienne.
Plutarque dit d'elle
)" Go p.4L fa natu.,'<? co"", i.d~ corrme {emne "t opte
à. ''Q.CQ.vo i...r tau tR. giin.chati...on..
C'PAt. Pfl. c.v.. oen.6 qu.e.
ptaton en norrn-e. nou.,·,·;-C<!. "r. "",(Je. qu<- contLm'tt tout.
Pa.' fn. pfupa,·t vUe "-,,t ap(:JQ.tée. .:.1""'.4",,- au nom
;Jlonbnmf,," (1).
De nombreuses figures de la Vierge sont des survivances de
traditions anciennes. Plusieurs cultes en apparence dissemblables.
mais ayant en fait une origine commune, honorent la Grande Divi-
nité Féminine,
la déesse Mère-Terre. Sous plusieurs appelations,
elle reste toujours identique à elle-même, et c'est ce qu'Apulée
lui
fait dire si justement:
(1) - Plutarque, 153
Platon, JUmée,
49, A~

234
"!je 6UiA par L '(Ul,Lver~ entLer adorée ~0<.t4 p1J.M<.eur<>
fo"""'~, avec de6 c.érénvni.e~ ~M, a1JQ.C rni..J.J.R.
nDI"Ilô dLf{ér<m.u. .. ,&6 t:ltr.~ ( ... 1 m'appellent.
1Jée6~e-l17ère, l.rM~, /TIUw.rve•.• J:.tu,. ~,
Vénu.6 ••• 0t I.<M ~ d/~-iA L'anti.que Cérè6.
l1Ja,iA =wc. quL &~ premLer~ Mnt ~ par t<u.
r'<2LjOf'l/.> de ~oL0U na<A<>ant,
&~ ~ de t 'Cthi..o~,
de L'A6Le. et f.e~ ~ , puiA~ par .eeur
an.Li..que oo.voi.r, =wc.-tà""" renden,t "Xln vérLtabte
cuLte et m' ~ de """- ~ nom : la Re<.n-<>
J~w" (1).
La plus importante de toutes les traditions initiatiques de
l'ancienne Egypte est celle qui est attachée au culte d'Isis
déesse de la nature,
tantôt Vierge, tant8t mère, fécondée de fa-
çon surnaturelle et qui engendre un dieu-Fils. Elle est la Terre,
parce que vierge à l'or'iei~e ; elle a été ensemencée par les rayons
du soleil, et de son sein est née la vie. Clest à elle que tout
être retournera comme à une mère aimante. La couleur noire la repré-
sente symboliquement.
L'Egypte, ,Idon du.. nLf..", noire par son lim.on,
noire par ses anciens habitants, a placé au-dessus de toutes ses
divinités cette divinité noire dont les mystères
étaient
les plus
redoutés.
Comment
s'opère, par les phénomènes de transgression et de
récupération, le transfert poétique sur un être imaginaire, Simone
(1)
- Apulée.
!:' ..ne d'o", XIV.

.~,
~:
235
de Béauvoir en a rendu compte dans son ouvrage, 1k S0aond ~.
au chapitre qui traite de l'Eternel Féminin.
--~
On
entrevoit
comment
la déesse Mère-Terre est un ar-
chétype commun à l'humanité entière. Elle nourrit les êtres humains
et les reçoit dans son sein. C'est la femme qui donne la vie, mais
c'est elle également qui s'occupe des oeuvres de mort: pleurer,
procéder aux derniers lavements etc ... Ainsi la Terre-Mère a-t-elle
un visage de ténèbres. Elle est le chaos dont tout est issu et au-
quel nous devons tous retourner. L'analogie est facilement percep-·
tible entre les entrailles de la femme,
le gouffre du tombeau et
la nuit faite d'épouvante. Cette analogie se prolonge facilement
pour aboutlr à l'enfer (1).
Mais à la mort est nécessairement liée La vie;
la putréfac-
tion est une étape obligée du processus de renaissance.
lacchu~ dé-
pecé/renaît en tous ceux qui communient à sa chai~ et Osiris, l'en-
,
.
Îant aimé d'lsi~ressuscite à chaque printemps. C'est à Cybèle,
Cérès et Déméter qu'on doit les récoltes, justement parce que la
Dea-Mater est source de vie, mère consolatric~.
Si par la Îaute d'une femme, nous vivons l'expérience de la
chute, c'est également grâce à la nouvelle Eve, Marie, que nous
(1)
- Simone de Beauvoir . .ce ~ème~,
Paris, Gallimard 1949 -
1968, 2 Vol. T.
l, p. 241.

236
".'
semmes une seconde fois redimés. Les sanctuaires mar iaux ··les. plus répu-
tés depuis le Moyen-Age sont ceux des vierges noires ; et si la
Vierge est noire, Sainte Anne, la mère de la Mère llest également.
Aux origines.. le "mi..ra.cl.R./ 1 de la création n'a été possible
que grâce à "une dée.60Q. raLJD~" qui
"gui.da.U \\llU'6 &0 nouV'2l2W<.
~~ t'évotu~n ,aptde de6 humaLn6~ dit Nerval. L'harmonie bri-
sée. ",e.'hynne Uû:.e.r~n par les discordes est· cause de l'appa-
rition d'une femme abandonnée 'quL crie,
te6 che~~, ~e dé-
battant contre ta. "",,,t", car l' ~ mouraU, pfr2u.,ai~. P.anguw-
6aA.L t".fTDI]Q. <>ou.f(''OTLIQ eW. ta. ""'-''e él:e''n,dfc.' 1
' .
Le retour de l'âge
d'or est rlone subordonné au culte de la déesse Mère-Nature., Tsis-
Physis.
Le néo-paganisme nervalien se nourrit essentiellement aux
SOurces de l'antique initiation isiaque. Les références aux mytho-
logies proprement indo-européennes, germaniques. en particulier,
sont en définitive peu nombreuses malgré la place que l'Allemagne
occupe dans l'existence littéraire de Nerval. Le "rorn2l'l.tiArrrz. bu.L-
rneLV<,"
dont se délectait Madame d~ Staël a surtout fourni des éléments
épars ayant servi à
t'élaboration d'une généalogie affabulée. D'ail-
leurs, le poète, sensible aux associations et aux analogies, cst
fondamentalement convaincu que sous différentes dénominations,
subsiste un éternel fonds Commun. Au Cantal du Massif Central, Cor-
respond le Cantal de l'Himalaya; les Gaulois sont des Orientaux,
les Galates ; les Nègres Occidentaux - les Africains - et les Nègres

237
Orientaux - les Noirs dravidiens de l'Inde et de Melanaisie - ont
tous la même origine (1).
al - La Mère Eternelle
Aucune étude sérieuse consacrée au mysticisme nervalien ne
peut ignorer son caractère onirique et névrotique. Une investiga-
tion psychanalytique s'impose. AU,~~ est un compte-rendu de dé-
lire.
La l'toti..R./ 1 de Nerval est une névrose du type oedipien. Les
accès
51 expliquent par l,' irruption du
subconscient dans la vie
rée Ile.
Les prem iec.s
énof1 ::és d' /itréf..i.n.. si tuent hi en le propos
" . " , '
t
__ J~'
()

u,_
n~vc (!~ , urte '~e.co"-IUC. Vl.R....
~';e. L'Q.~
cô.<~ayQ.'·...
de -t,'Q.flÔ,CI-u--e f..e6. UrprQ.6.6Wn6. cl /t..U"le.
fortgu,Q. rraendL.e qU-L. ô. 1 eô.-t pa.o.ô.é---c ·tout en.tLQ...l"--e.
d.t:1rt4 -E.eô. mJù-tèll'Q.â de 1T.Qrl ("0Jprt.-t ; - Q.·t je ne
caL.6. POUII'qlWL.. y--!. mz -;1el'a de ce. -tenre rrrdndWJ
CQ.J"'
jarrniL:., quant à ce QU-i... cc t de. rTD1...-mêJrl2.,
je. rtQ. ""'- "'-< lA c<en U. mi..e.uK. po ... tan. t" (2).
Ces crises maniaques sont en fait un rêve généralisé, et
llorigine de ces accidents démentiels est le reflux de la libido.
Le sujet opère un repli sur lui-même après Son échec dans sa tenta-
tive de s'extravertir. Le rêve devient une revanche sur le réel.
(1) - Dans son article Sur les Bayadèreshlndous qui donnaient une re-
présentation du mythe de Rama le Héros, G. de Nerval note que
leur "peau. ru:>u<'.,
6arlc êu'C. hui..teuce., "p'<'.6lJuc ta. /:Q<.n.te. ab<y:>-
CLenne. c<2n<l Q.I",we.,· du ,,,,-cte. au. lo""" du ru:>i..r moznrrbi..que..
Ci-
té par J. Richer. lKpéri..ence. 0t C'~n. p. 197.
(2) - Nerva l, Au-é-U.a. l, 1.

238
L'introverti se comp ',ai t de façon théâtrale dans la contemplation
narcissique de lui-même. Le rêve, c'est finalement la recherche
de la chimère. On pourrait observer chez Nerval trois sortes d'ob-
sessions retranscrites en thèmes ; elles
.sont d'ailleurs intime-
ment liéesl et rlérivent l'une de l'autre : la femme,
le double et
le labyrinthe.
Le sujet de Sylvie semble fournir une indication sur l'occa-
sionnel,
les conditions de la naissance des chimères. La période
qui s'étend de février à août 1853 correspond à un moment de S~[­
vUe. Ces circonstances restituent à lloeuvre sa signification ef-
froyable.
F.n
effet, l'image virginale et pure,
ici présentée, ce"
nlest pas Sylvie! Car la chi~ère porte pour un temps le nom d'Adrien-
ne. Et celle qui est donnée
pour morte à la fin de S~~VDe, ce
nies t pas elle. Tous ces· fan tômes ne son t que des substi tuts déri-
soires, révocables, d'une épouse virginale et pure, sans chair,
sans consistance,dont le poète se dit veuf inconsolé.
Le dénouement de cette crise intérieure échappait à Nerval
lui-même parce que tout se résolvait dans le rêve ct le délire.
Et parce que llexorcisme du réel par la chimère était devenu impos-
sible, le poète confiera son destin au travail sublimateur de l'écri-
ture.
C'est ià la signification profonde de S~[v0e. Dans AUr~~,
deux ~epè~es, deux symboles étroitement dépendants conduisent au

;."
239
décryptage de l'image de la mère.
La mère est la vierge recherchée
en une sui te de substituts terrestres : "!je n.'aL j.arrr;l).A COt'VlU nn.
~, qui.. avaU voufu. 6uWre mon pès'<l. awe. a.rm<k6 ••• " (1). L'image
qui lui en est restée et qu'il essaie de restituer est celle d'une
vierge,
mère de son enfant crucifié :
",$e <",por-ta<. rrn pcrL6ée à t'~"·1fdl.e 36<4
fa ~ e·t t 1 ~e 6l2CS'ée ; toute<>. =6
<MPÙ-atwn6,
.t..oute6 ""-" prW-e6 6e con(ondaÙdlt
dan.6 CR. nom rrr:l.I)-L.qUC?,
je me.. 6PJl,ta-L6. re.V-L.Vre. â0u.6 en.
t ;.09.H-e de f..a V&uu. artti.qu.e, parto<.<i C1J.Ul6<' 60U6
'-<,,6
uu<.t<>. de Pa Vi..e,'9'" de6 ch<·ét~" (2).
La Reine à qui
il se trouve enfin lié était la même qui
lui
avait
f~e". 'ln baiser sur le front dans Ct 2e..ocJ.-i...chcu::J..o. C'est Isis
et en même temps Aurélia. On voit dès lors l'image dynamique à par-
tir de laquelle s'ordonnent toutes les représentations mythiques
et mystiques de la Femme désirée.
Toute l'existence physique et littéraire de Nerval a été mar-
quée par le désenchantement d'amoureux et de voyageur éconduit.
Au
fur et à mesure qu'il s'approche dc'l'amante, se déclenche un ré-
flexe de fuite.
L'aventure avec une brodeuse napolitaine lui a dé-
sormais distillé le goût de la mort; il en a conçu "f..a. pen6ée
CJUeU.e que Je ,,'étai..6 peu. aLmé.. .• ; que Je ne 6e,-ai..<>. jann<.<i aVné".
(1)
- .'1u·étia,
II,
4.
(2)
- .-1L1.Q.f'.ia II,
6.

.:- ..
t;
240'
Ce sentiment de viduité augmente son embarras et sa velleité
de suicide. Mourir n'était plus s'anéantir, mais combler le vide
de sa propre incomplétitude. Ce comportement amoureux aberrant,
achemine à la certitude que Jenny Colon ne fut qu'un relais d'un
itinéraire dont Nerval ignorait lui-même le tracé. La crainte qui
anticipe la possession élude toujours l'union finale et reporte
fatalement le désir vers d'autres types formels.
Il s'est confes-
sé lui-même que son amour n'était pas fondé sur une personne uni-
que, car cc n'est jamais pour elle-même que Jenny Colon était ai-
mée. AUl'élia fl'est jamais évoqu~e que pour exorciser l'idée obs6-
dante d'une autre pet'sonnc - rf~t:te figure, C'C5t: celle qu'avaient
desslnée les mythologies en La déesse Isis ou la Reine de Saba.
Feu fo lle t d'amour à la recherche d'une tombe, ce t amour n' attendi
qu'une ressemblance recherchée, et toujours fuyante. Ressemblance
floue et presque sans matière.
Les thèmes de la mort et de l'amour s'enchevêtrent tous les
deux, comme
ceux de l'amante et de la mère, mortes toutes les deux.
La d ispar l t ion de la femme 1~ère et Aman te a dépeup lé le monde :
ll
I!Pan Q/~t /Tûl·t .'
t 'un.1...,vel·~ p..6·t d.arv~ ea nui.,t . Le poète est également
obsédé par l'image de cette Vierge refusée à tous et rêve à ce Dieu à
qui toutes les amours sont permises.
Du caractèr'e chimérique des amours qui dévie l'imagination
vers une idole mythique, tout est maintenant Connu grâce aux inter-

.,-,
241
prétations psychanalytiques. Constamment oppressé par un sentiment
d'inceste, Nerval a peur de trahir l'idole. Inceste, adultère, peur
de souiller la déesse.
tous ces sentiments négatifs constituent des
blocages à l'épanouissement de cet amour par nature ambigüe parce
que nourri à la fois par la hantise de la fécondité et de la géné-
ration, et par les obsessions charnelles et malsaines. L'échec de
cet amour correspo~d à la mort de Pan, le grand Tout. Aurélia est
1
désormais bien autre chose qu' Aurélia du roman tragique. Le signe
de la maternité et de la '/irginité réintégrait dans la substance
mythique tous les fantômes.
Ceetaines circonstances, néanmoins, sc rapportent au mode
d~ connai.ssance 'lue le poète peut avoir de sa mère. Tl'ois femmes
lili apparaisserlt, qui ('cssemhlent à d~s parents ou à des amies de
sa jeunesse;
le flou des images permet l'évocation de sa mère dont
il ir,nor'c les tr'aits. Les étangs du Valois exerçaient également Sur
Nerval une impression complexe. Llélément liquide, dans sa fluidi-
té grimaçante,lui donne l'occasion de rêver de sa mère. L'amour ma-
ternel se mue en une sorte de recherche incestueuse ou narcissique.
L'ensemble onirique qui. constitue l'apparition a une valeur
qualitative:
l'approche toute spirituelle de l'idole est accompa-
gnée de visions dont la tonalité a une note printanière qui débou-
che sur la fécondité
l' Ca cimrR- 'lue
je <lUi..va.i..6, déu<!-toppan,t <la ta,U. te. ée.an..::ke
darw un. f7r>U.VQnlfVl,t qui.. t~aU mi.ro<'-uu· f.e6 pl'.i..-o de.

242
= robe••• entoura graci..ewl.~ de 60rt bro:u. nu. une
'e.ong.= t.i..ge de ro~e b"""-e...., pu.iA eUe 6e mi..,t à
grandU. 6OlL6 lUt dai..r ~rt de f.umi..èr-e., de t.e.Ue 60rte
que peu. à peu. f-e ja.rdUt pre.na.é,t. ~a te.--., et. ko
pa.rter""-~ et. ee.o arbr<Ul devv.na.-i..ertt .e.e.~ ro~=6 et.ee.o
te~t.on~ de ~e~ VQte.mv-.to ; WndiA qLLe. = {U}usQ. et.
~e6 br<M .iJrprV7nLent fRU~ CDn.tou~ awe. f1UO.9'24 po<tr-
pr~ du cLet. .Je. fa pe~ a<.n<,<. de vue à me.our",-
qu. /eUe oetran.o("i.g..traU, car eU.2 6enbl'.a0t ~ 1éva-
nou<-r dan6 6a
P-J'Op6"'- <}S'ClTICletu. :
"Ch 1 rte. tu. w pao !
m 'écrill._-je.•.. car fa n.a.t.u.re rrRUr·t C2VQ.C .t.o1.. 1/' (1).
Le caractère floral de cette métamorphose grandiose est-ce-
lui même de l'éternelle Physis-Isis. La dame devient Pan, cosmos,
et fleurit comme une rOse, symbole mystique d'amour secret dans le
jeu des Corr'cspondances
Lnnombrables.
La vision de
la rose
arrive
à un moment
précis: celui où la fleur sLp,nific possessLon de
celle qui devait
finalement lui 6chapper. C'est au jardin d'~den
autour de la Grand 1 Amie que les associations d'images de
fécondité
~rintanières sont justement liées à la présence de la Grand
Amie.
La disparition de la dame prouve une fois de plus que
l'ap-
proche de la déesse est sanctionnée d'un verdict d'épouvante.
La
promesse de l'extase ne peut que s'accomplir dans l'épanouissement
des fruits et des fleurs.
Par ce détour l'analyse revient R l'évo-
cation de
la déesse égyptienne Isis,
à tous les mystères qui ~ntou-
rent son culte et qui ont quelques rapports avec le continent afl'i-
cain,
le premier endroit où elle est vénérée.
(1)
- /L.r-é.?-ill 1. 6.

243
L'impossibilité dans laquelie se trouve Nerval de s'unir à
la déesse trouve une explication mystique dans les "v-i.ct.oi.re.6"
de son double. Ce double a deux caractères principaux : il est
l'ennemi du Gérard terrestre, mais un ennemi heureux. Le double
est également la compensation du Nerval réel, mais compensation
méchante. L'inconscient compose le double de tous les rêves. Il
lui apparaît une fois/vêtu en prince d'Orient qui punit Nerval
d'avoir voulu aimer l'épouse mystique:
",ili rWJm. Wpli.t qui.. m/auai..t~. - fo ..~W2.
J' <>JttN200 dan.6 .ta. cJ,;,m,;,nrQ. de. =6 {ami.aRA pureo qui..
habi-taiPyct fe6 hauteu.r'6 de. ln. VUlR. ~~e, -
p<M6CI. de.vant /TOi..,
non. peu.6 dan.o ce co6fume blartc.
'lu. r Lf~ por·tai...t jadLa, al.n6.L. qU'!. COJ..Ll(. ck ~ lace, m:2.1.6
~tu I!Jl pr ';J'tce d' O,.·ipA t. .}q. m' éf..an.ça.i... \\J'ÇI~ ...~ eut.., f.J2.
rrk"ifV1ÇtP1.t,
ffni...6
ij~ oe tou.".-'no~ t,-'("lI1f.1U.i..Jf..PflPJ1.·t VQ.r-6 fTl:J L.
a ·t:r:-.'·'''cu,· .' Ô c.otè,'Q.. ",t c:.'é.U2.i...t m::>n v~, c'étai..t
Wuu.-'. nn {OffTX? woofJAéQ. (!.t ags"ClTldÎ.P~••
A...u·id_La n '~i.t:a;.. t pf.u.6 à f7W)(.. .' ••• ·9<? OI"Oya.iA. entend.J-'Q.
ÇJQ.J.f.e.,.' d 'une.. c&'I2tn:>n~'...Q. '1u.L 6e.. ptUJ.~i..t r:z.Lf_to..u"'-6,
e..·t
ck.~ app.r--êt-~ d'un rrari..fl9.C!.. mj/.) ttflue qu.i... étai...t ee miPA,
et où f.'autAQ. aUni..t pro{i..te,· de. t'Q."""'..t'" de. rnPh
ami.,(> "- t d' Jl... .;.,.L.a. eU-c-",ré'JrI2, /' (1).
On retrouve dans ,CR.6 Ji..U.e6 du J<!LL,
"COI üln." , et dans Vo-
du calife
~akem, une transposition en
forme de drame de L' oppos i tion entre soi et l'au tre à propos de La
femmel
Le Ner~aL terrestre assiste donc impuissant aux noces d'Au-
"

244
rélia avec son double, alors qu'un ouvrier-forgeron le menace
d'une arme rougie au feu. Le miroir d'où sart Aurélia lui confère.
également le caractère de la duplicité et sur le plan littérair~
nous introduit dans le domaine du fantastique. Le système fatai
/
établi par le destin et qui s'était créé dans. son. esprit, recuse
entièrement cette royauté rayonnante du double à la fois paternel
et tout-puissant.
LI incarna t ion
des deux caractères princtpaux du double SI opè-
re dans Soliman et Adoniram. Le roi d'Israël qui convoite la Reine
de Saba symbolise le double glorieux à qui tout est permis et qui
ne peut s'élever que dans la mesure où le Nerval terrestre s'abais-
se. Or au bout du compte,
L'issue de cette ipre l'ivalit6 sera â
l'avantage de cet autre double à qui le Nerval terrp.s;tI'e. SCI'Î.P-
teur, s' id~ntific entièrement.
t'union mystique ave-: AUf'61ia,
la Reine de Saba/se ['éalise~~ au détriment du manac"que dIIsca~l,
en vertu de l'ascendance caïnite commune aux deux enfants du f~u,
Nervai et la Reine de Saba.
Pour reconquérir sa force, c'est sous la Grande Pyramide de
Gizeh, à Memphis, en Egypte, ~ue le petit-fils de Tubal-CaIn re-
cevra
les instructi.ons des maîtres du peuple de l'ombrp. L'exal-
tation de ces races autrefois dominantes, maintenant reléguées au
centr"e de la terre sous les murailles de Kart nous l'amène néces-
sairement à l'évocation des antiques initiations ér~ptiennes.

245
"
Clest à ce réseau thématique qu'est liée la descente aux
En fers chez Nerva 1.
Le thème de l'ascension et de la chute, de la montée et de
la descente, associé à l'errance sans fin/est prépondérant dans AU-
rél~ Même dans les rueS ou les faubourgs de Paris, Nerval aspire
vers les hauteurs et le plus souvent "monte en chantanL un hymne
rrlJôtér-i..eux.". Dans l'imaginaire nervalien/ vision panoramique et
fécondité recoJrent le même symbolisme. La
résurgence dans le dé-
,
lire d'une image de Jenny Colon donne son sens profond au fantasme
et à l'obsession qui s'y trahit: celle de la hauteur conquise. L'im-
pos::.;.ilJil.i.té
icarienne de l'ascension traduit une quête physique
rle la chimêre en tout lleu. En vertu de la
.compl~men~arité de ta
hauteur ct rle la profondeur, de Leuc's étec'nelles correspondances,
le v4cu à cOllquéI"ir est 6galement sellti Comme une descente
vers
les profondl;urs. Le thèmp. asccnsclonnel est lié à l'angoisse du laby-
r-inthe .. Les imar.,es de p,l~ottes.' d'escaliers obscurs fourmillent dans
le texte nervalicn et sont symboliques de la peur de perdre et d'être
perdu, c'est-à-dire, à proprement parler, de l'angoisse. Etymologi-
quement angoLsse signifie blocage et mort. Le thème de la grotte
fatale aux imprudents et la descente aux enferstJ")tla même signifi-
cation symbolique. Le [louvel Orphée n'est pas sOr non plus de reve-
nir indemne en ramenant Euridyce.
Le fantôme qui entraînera pour la dernière rois Adoniram-
Nerval au centre de la terre sous les pyramides, c'est Tubal-Kain

246
à "ta tê te b.'Of'IZée., qu' enc.adre W1R. barbe carrée, tre>.o<lée ",t t riA.ée
à pf.u.~ rango". A tra'fers Adoniram, le ,.fils de Caïn a vu
"tcM maw<. de <la race ",tt'a pr1.,6e en pi..,Ci..é".
b) - L1épouse pré-adamique et les Vierges noires
Le mysticisme nervalien s'est développé en cultivant les
plus vieilles traditions ; il est donc aisé de comprendre pourquoi
le culte de l'éternel féminin a occupé une si grande place dans
les constructions théosophiques du néo-paganisme. Mais partout,
la femme présente un double aspect. Si elle est l'épouse aimante
et douce,
elle est également la femme fatale et infidèle. Cette
ambigult§ Lnhérente, cr"oit-on, à la nature f6minine / est distri-
huêe sur deux r'cpr6Sofltations : l'image de la vierge noire,
thauma-
turge,
secourab le et il Lman tf) r.:; L Li li th 1 femme "p..6-é.-eui.arrH'.fltlC If,
r:.o i-
rc, épouse fa ta le dl Adam,
['cconnue i nfidè le, compagne en dcuxième.(
noces du démon en persünne.
La vénération pour la femme douce
"ce.t.e.e
J
qu..L Mt "10C.K'Q. ct
kLle"
a pu se déve lopper chez Nerval t
à la sui te du cu l te voué
aux vierges noires.
Or ces vierges noires des grands sanctuaires mariaux sont
des énigTl1es, recouvrant de profondes signi fica tians ésotérLques
qui se greffent sur les traditions de la Marie Chr~tienne. Ces
sanctuaires mariaux .. sont des lieux de pélerinage très importants

247
depuis le Moyen-Age; Le Mont ~t-Michel, Le Puy, Chartres etc.
Il est remarquable que les artlstes du Moyen-Age ont délibé-
rément représenté la Mère de Dieu, non pas. sous des traits brunis,
mais véritablement noirs.
Curieusement on constate une absence totale d'études consa-
crées à la valeur esthétique de ces statues. Les analyse 7 si elles
eussent été faites, auraient certainement mis en valeur les capports
apparents entre l'art négra-africain des statuettes de la fécondité
exposées sur tous les marchés du Golfe du Bénin, par exemple, avec
les f'epr6sentations mariales de Marsat ou d'Orcival, entre autres.
Ces statues mariales n'ont absoLument rien de commun avec les ca-
nons cs thét l ques rlu Moy 8n -i\\ge cuC'opécn. Un r~rand nombre de C t!S
repr6sentatiuns ~~riaLes ont l'expression d'une beauté
"peU/.}. popu[o.t'...r'Q., non rrCH:.fl<.'l LUtw0..r~ct-Û..." <:J2flQ
cl<"o otntucw de. f.! Jt" de. rrQIjU<!-o, rAU-,,- conÜ?JlW2.
<k."d t 1~<"'06Wn de. Boudha. OU c1mu> e. 1artu..arl.l2.t
6aCI-é. de.o maya"" et cleo oorci.e,'o d' ;1fri..que. nou-Q." (1).
Un examen approfondi montrerait que Ces vierges étaient noi-
res à l'origine;
leur nombre,
leur disp~rsion dans l'espace et le
fait que les statues du Christ n'aient pas subi le même noircisse-
ment,
détruisent largement la thèse qui veut que la couleur initiale de
(1)
- E. Schuré, op.
ci.-t. p. 247.
'..

F
,
248
ces statues aient été altérées par le temps ou par la flamme des
-
.
bougies. Seule est également représentée noire, la mère de la Mère,
,
Sainte-Annet et cela se comprend si l'on se réfère aux divers ré-
seaux d'analogies qui rapprochent la mère de la terre noire.
L'expression étrange et énigmatique qui se dégage de ces
vierges noires contraste avec la pose commune des vierges romanes
de la même époque. Comme pour rappeler leur origine initiatique
1.
africaine, les vierges noires sont toujours placées dans les cryp-
tes obscurt'6 pour mettre en évidence leurs liens avec les divinités
parennes.
L'allusion à l'Orient est un ~lément constitutif des légen-
jas qui entourent ces vierges noires. En fait et toujours, c'est
l'afltique initiation ée;yptif.!nne qui ~;e pr:r-pétuc. Ces statues sont
des repr-ésentations à peine alt~r6~s d~ l'antique Isis, déesse Mê-
re-Terre. Deputs les Ptolémées et les Lagides, et même longtemps
avant) les antiques traditions pharaoniques avaient commencé à se
perdre, mais elles avaient suffisamment de force pour se perpétuer
jusqu'au Moyen-Age chrétien où l'on considérait encore l'Egyp.t'e
,
Co~me la mèr-e de
toutes les religions et de toutes les tradi~ions
tnitiatiques.
Nerval n'ignorait pas l'existen~c de ceS vicr~es noires,
survivances de vieux cuLtes. Dans l'étude sur Cagliostro, le poète
mentionne l'ancienneté du cuLte; d'Isis et dp.s Déesses Mères, de·
toute La Gaule à Paris.
Il accepte entièr'ement la généalogie mys-

249
tique et fantastique qui prétend que Paris, c'est Barys, Bar~isis,
la barque d'Isis.
"BUm q= t'anci.Rnn.e dée60e deo Pw·ù><-erw., .?où>,
,,-,kt été renp.'-=k2. par Sainte Çwlev<-ève, CDn7TlI2.
pr'O.tecJ:.r.é.ce d
CJJrTm2 ~ , O'l vU encor""
au
XIX.", o<-P..cte, UJ1Q Urage d 'JOl4, co'loervée
par rrr2qard.e OOW> '-e P'WCM de St Çe.nm<.n dea
PrQa. 2Jano UJ1Q parUe de t ' A t = e{; dJz. ~ JW'lche-
Comté, on a conaervé un cuLte P<JU.r' teo m<wea., do"t
'-eo fLgureo <'ft !:>cM-ret'-".to oe t:rouve..t our peu-
oV>...u.r6 rrDYJJ.HYen..!A, Q.t qu<- ne o~ autreo q= teo
g.r'fl11d<v.:, dét>AoM Cybè-fJ2/.> , Cérè.a cl: VQ.owl' (1).
Lorsque la Vierge apparaî t dans l'Apocalypse "",t'-e étai-t
!-c.vê..we du. 6ôf.eL.f.",
Comme Isis. r-ette femme est l'Etoile,"ea b.f'nn-
cJv:.. {i...e..f'.Q. clu.. rrntLn." l'je Np,I'val, Ou
encore
la lune
1I~~.{Lt9(L c~~ fÎtrc6
l~at--crn.Q.e.P_cù". Lli\\pôt;rE~ ,Je~n la décrlt :
/!Un gran.d aLgn.e. ctPPC~...It.d: clnn,~ PI.':.. r:..;.Qf_ I
WI.Q.
,!~J ~'Q..vQ.tw2 du. ~oP.J,],L.e.J
en rune .,),()(..(..<t.r,
ae6 pi.-ed6,
et W1Q.. cou."."Onne. de douze. Q.toL.Le-~
our = ·tR.tel' (2).
Cette madone généreuse, c'est elle qui est invoquée sous di-
vers vocables dans les lLtanies mariales:
"!<elu.ge cif2.~ àtte.~,
(1)
-
Cité par J.
Richer, C'(p.éI·u.'.nce-6 ct C,-&z.tiJJn,
p.
505,
n~ 8.
.'.'

250
cau6e. de. notre !Jo'A e.te". C'est encore la Vierge de Nerval "='_'-,,-
qu'_ l2.6·t re.{U6ée àt.0u6". Mais dans Ù. mythologie personnelle du
poète. cette vierge se permet des infidélités avec son double
vainqueur.
Dans ce cas, elle s'apparente plutôt à Lilith, la femme
pré-adamique, première épouse d'Adam. La Reine Sabéenne, l'objet
de fixation de tous les amours de Nerval/peut apparaître sous les
traits redoutables de la femme fatale. On la considère parfois com-
me la première femme d'Adam unie à Satan en secondes noces; tantôt
elle est la fille d'Eve et du démon Schammail, tantôt elle S~ fait
passer
volontiers pour la reinr. de Saba.
Dans certaines ver"sians d~ 1.3 l-encontre da Balkis et (lu roi
Soliman,
la Reine dt~ ~;aha a
les pieds velus. Mais dans
l'_')nr:l(}1."Al"
dR. )larl'.em elle est présentée comm'3 t'Il i lal1,
la "Scfu..-JJ1-Lna clf(!Tl baâ"J
le grand serpent Istal~-I\\stacté.
Cette nouvelle reine/originaire du "ptlJ:Y.). c1P..o. rrrzg.L.ciJ?fl.6, c1PJj
Pla t;J7W'~ d..e6 art6, accLLttR.-6'~ est :. 1 ordon~a trice du paganisme s?.béen /
propre à cette contrée d'où sont v~nus les rois mages.
La reine,
si pUr'e en naints endr'oits d'JL.,,·éli.a,
est é[.',at·~­
ment évoquée par Flauber't dans
ta ]c,'J"lI:.atwn. ru'!. 5';a..lfLt ./htoi...rH'!.,· mais
le personnage est inteL'prété dans un sens démoniaque qui
l',J.ppa-
rente plus à la Lilith, femme de lux~'e/damnée. Anatole France/ dans

251
son conte Bat~/retient essentiellement Les traits érotiques
et magiques de la troublante Balkis.
Souven~,Théophile G~utier et Nerval
traitent
les mêmes
sujets, mais avec des interprétations différentes. Dans une nu~t
de Cf-'2l)~"'?-, la divine reine devient la femme
.voluptueuse qui
dévore ses amants. Une note du Ca.rne.t du Voyage QrL O"Cent présente
ainsi
la redo~table I/mQ.s'Q. anntéqyte./I : c'est Lilith Ou c'est la fem-
me d'un génie pré-adamite. Cette Lilith-Balkis est un dragon-femme
dont la nature participe du démon.
La "l~ {ata.&?/',
la IfbC?.fJR.
c~llc qui 2mpêche les grands hommes d'atteindre
leur but, prand souvent l'aspect de cette redoutable l.ilith.
Nerval
irlvcque cc:tte na~ure complexe pour jouer" aupr~s d'elle
un double rôle.
La ~:;ympathi.~ qw:~ le poète éprouve pour- Satan SL'
trouve satisf'aitc r:l8.n~; l'attt'3lt l'essenti. pour cette: cI'éature es~en-
tiellemenr. ambieU0. Que [~L llth aLt épousé Adam
en ~econdes nO~0S
ou qu'elle soit fille d'un démon et d'Eve aduLtêre, sa parent~ avec
le diable Ebblis est de toute façon établie. Or Ebblis, c'est le
porte-f13mbe3u - des réfractaires et de ceux qui refusent obéissance
ç'est Lucifer, prince des anges apostats,
formés de l'élément du feu.
La race ['ouge des I\\tlnntes,· ces êtr'8S d'excepti.on COffii1è Lucif~T,
CaIn, P('om~:5thée, lél Heine de Saba et J\\donil~am, ont (~es LLens de pa-
renté três ~trojts avec NeI'val,
fils du feu.

252
Le noir, couleur des ténèbres, du désespoir •. et de la mort,
diffère des autres couleurs parce qu'il implique leur contraire.
L'ombre ne se conçoit pas sans la lumière. le désespoir sans l'es-
poir, la mort sans la vie i le noir est la négation des. couleurs
positives de l'univers nervalien. Si le rouge est l'emblème flam-
boyant de son enfer mythique •. le noir représente les ténèbres de
la psyché,
le désespoir qui succède aux images glorieuses de la
folie, et qui mène aux idées de la mort.
L'opposition entre le noir et le blanc,
le négatif et le
positif, est une donnée fondamentale du symbolisme universel
elle représente l'alternance continuelle des contr~aires, surtout
ceux de
la vie et de
La mort,
de
la lumièr'e et des t6nêbI'es,
de
l'apparition et de
la disparition. En tant que symbole de
la dua-
li~6, cette combinaison de couleurs rejoint la sL~nification des
Cfmeaux ct du nomb["c deux,
ce qui suffit ~ leur dOnnl~[' urIe place
importan te dans
la v ie de Gérard,
né un
'f i nr~t.-d9üX
mai.
Les Gémeaux sont à la fois divins et mortels, noirs et
blancs;
mais
l'un monte et l'autre descend,
llun crée et
llautre
détruit;
chez
le frère céleste
les contraires sont intégrés, mais
le frêre
terrestre se
trouve divisé entr'e le noir et
le blanc,
en
p[~oie à leur confli. t. Nr-::-n/al adopte le ,:ontraste, p.n attribuant
pourtant
le blanc au frêre c6leste et le ~oir' au ter't'estre,
comme
il
l'avait fait en contrastant
la blancheur du bon génie avec
la
rougeur du mauvais.
Le blanc se d6finit surtout par- opposition
à la couleur forte;
s l 1l r'eprésente
la pureté,
l'innocence,
le

253
Bien, il semble n'exister que pour mettre en relief la malédiction,
le malheur du moL terrestre.
Dès 1831, le Satan de nDcotao 7tamP.t annonce l'opposition
"7~t,te '~e-t-U de CJoUr<?- à dtwx. pr-i.n.ci.p;u;
cor>tra.u<?-a, =iA égaux. en g,(.ou<?- "t Ç'.n. ~, et.
dor>t .f..e.a ayrrbof..e.a peuver>t êt,<?- f..e. noU"... e-t te.
bf.nrtc, en. nLLU.•• ",t te jou.," , - l1n mont Qat qu.e1.q=
choae de b<>nu., n.'eat-ce-p<Ul ? u.n ah~ t'eat-U
moUv.> ? Où. donc eai: f..e =uvuiA,
fA m2p,i.onbf..e. ? .~
m4_l_i...,Qu ,f' c /eô.t ce. qui. n. 1Q..,~-t ni.. Qfevé ni- ara'and"
(1).
r:ornme
toujours chez NervaL,
l'image conventionnelle suscitée
par l'enttlousiasme ('omantique se d6veloppe pour I>rendl'e une signi-
ficatLon plus
inti ml';',
plus
immédiate.
La hélin~: du qu(:lconqlH~, la
r0c:hl:r<:he d'un ;:}u-d(~lA, <lui
font rie Faust et rl'i\\dcni,"ar.1 rh:::;; héros
, .
;.-
r,lCJrleUy.,c./tJeJ;i:!lfJ hlcntôt au dramf~ nu fou rlnn:" L~:·~ 1';:''1C~ offrp.nt
~c 'lu r: La ['6a lité dé fend.
Un
fragment d'une première /lo'étw pr'ésénte deux exemples
de cette ùualité cosmique.
Dans une cage sur /'fQ. p..cc fJ,;!_ PfUâ éte-
V(?, dc6 ffKJntaan.e6 cl.c!.. r' !JQftlI;>J1" se tc'ouve utUL o;_â,,-~au rm.,'VQi..l,e,'..LLK...",
l ' p.(>,
ta.e.~ dR.â âge.6 n.ou.\\.I'QaL.{.~. Ci!l/Î.n.than. aul(.. ai_.f'.'!â no U'Q.â , vo-
p.,",- PO{,HdJ2m.p..n.t:, à f~/c>.nÜ)U.6.".
/-I.u-delà de
la mer il y a un autre pic
tr.?J<.!.
ce.â (/.eux.. p:JUt·tâ qui, âon-t f.4'~â anti..qu..e.â
vi..UR.a de Saba. ( ... 1 on. voi-t aotHffi<?- et a<?-
, -épartU" aur tau te fa te,",<?- wa d=vc. «:,,=a,
(1) - Cité par J. Ri cher. Nerva 1. üP..Lw,<?-a Con-pf.ém;>.n.üzu'<?a III, p. 346.

254
bton.che en kiR., noU'l2. en ;1{ri.que,
d'où OOrtt. ÏA6u6 teo. Ymn.D6 et. teo. ÇaUeo." (1).
Les deux oiseaux et les deux races incarnent le principe des for-
ces contraires, indiquant leur séparation sur la terre~
"
nou.... c.orrme t'en'Ie,'" dira Piquillo d'un ton comique (2).
Même chez l'Enfant du Feu) le noir a un caractère funeste. Peu avant
la destruction de
la mer d'airain,
les ouvriers d'Adoniram,
l'nou._
c~ (XU' fn. po<..LO.o.i..ère c.luuoonneucQ.", "(.)CUGf.Aoo,Le.nt T'OU.9'?4 aux:. .-etieto.
de f.n. brawe ; Ort f.p.o. 'Voyaë.t çà et f.à co""""- WA déroo'06 ou w.o. o.pe.c.-
t~'Q.6'1 (3). C'est La couLeur du pLomb, Le métal de Saturne, représen-
tatif de la passivité et du malheur ; si le noir- accompagne le rou-
ge,
c1est pour en souLigner la fataLi té.
:rünsi
L'habit noir exigé
pal' Pandora,
La sir'ène rouv(~. devÎ.cnt l.e S11',00. ex.t~rieur des souf-
fr;'tnces dp L'amant,
ta réaL1sDlion nu ~'pect<lcle
infet"naL,
l'
MC r:lf-JIXL. 'i...t;_on.~ 1,(1J1.ta,a tl.qu.eo, Urn.t]C/.1 de~
d;y.u.><. o.ou<-".,'ru.i.n<l.
lh o.aU.e. 02,ta.ë.t tendue. de rouge.
et dQ.c ,.'O,)Q.o:~~ Œ!. dV..uTr.lnt4 no L.r'ec éceataLen.-t
aUlG fLL().LI."·~ cle~ onbr'Q~~" (11).
L'association entI'e la sil'~ne et le malheur se manifeste de
nouveau à Anvers,
La
viLle riante et l'ouge de Rubens.
l~e poôte
(1)
- Oeuvreo.,
par A. BéRuin et J.
Richer,
T.
l,
p. 423.
(2)
- Oeuv<"'~ Corrpf.érœn.ta.ë.""o. III, p.
Ill.
(3)
- (\\,.u.v,'<'.o.,
par ,~. Béguin et J. Richer, T.
lI, p.
545.
(4)
- Idem, T.
l,
p. 1291.

255
voit'un vaisseau "f1Di.,~ etd.érrâté,I, qu'il qualifie de "{unèh6'Q.",
et à sa Poupe se dresse
"
une éc.Pntante t <.,gu." c1o.-& que ta f:enpête a
fa<-6~ée i.ntaete, c' <Mt une {enme. '!J'l coo.f.u= de
00'-, Pe co.po. en. avant., {e p'-ed Jy-vé, qu<- o.en-bte
-6

éP...an.cer ~t \\ft2.r~
'
que.lque {ê·te 60u.6--nnri.nR. !
Cet te o.ü'<è.J'le en.l)ageUn te n'a pu parvert<-r à Fœ.
0.&1ui.re . •. " (1).
La présence du noir indique toujours un piège, une fatalité
la dorure de la sirène ne fait que souliGner le noir de l'épave.
L'influencp. maléfique du noir :,;c fait senliI' jusque dans
ies
épisodes mineurs.
Le l'aune ct
le noir' sont
Les cou!eul's de
13 "r;l,lP-U.-
fQ. d/en((?.6· 11 du
P~'Ln..CQ clp.a ,)ota, et flUhcI't de FLam8nc est vêtu d'un
r..:apuchon noir quand
~ L décl.enche le dénouement sanglant du l·uman.
Pour décider qui
va assassiner Léa AurkaI't, on tire ries boules;
qui tire la noire doit tuel'.
Desroches, blessé à la figure après
avoir tué le père d'Emilie,
a
la tête "en-:levef~i.c. dan-:l un arrt:l.â de
J:afteta6 '<.Ot..~', Ùou.a t~u.QA'_ à. pp.J..J1Q on découvn:û.~t un coUt de v~
hunnLn"
(2).
A Vienne encore, Nerval reconduit la Vhaby,
et serait
entré chez: elle si elle ne se fût occupée d'un chien
:
l'c'Q.~t ce
q.,odin. de chi...en.. I"1.OL.I- q(,(L. rm. porte rra,f..hc?u,,!',
précise-t-il
(3).
Même en décr'ivant une maison de jeu, dans un r-écit de voyage,
la combinaison des couleurs suggère au poète tout un
tahleau fatal.
(1) - ObUV6~6, par A. DéRuin et J. Richer, T. II, p. 876.
(2)
- Idem,
T.
I, p.
3L16.
(3) -
Ibidem,
T.
TI,
p.
L16.

256
A la roulette "VOU6 perd.ru. tout. par f4 .-ouge et. en. no-i.re" ; si par
hasard on gagne, on sort pour se trouver dans la Forêt Noire, où
les brigands vous volent i ou bien on est dépouillé par les blondes
sirènes qui entourent les tables de jeu, vertes comme l'eau
(1)".
Bien que le ton en soit léger,
les couleurs gardent leur ,signifi-
cation maléfique et enveloppent d'une atmosphère de mystère ce
lieu bana 1.
Mais
la puissance du noir se manifeste surtout dans la dicho-
tamie intérieure,
le conflit entre le bon et le mauvais génie. Le
frère !loir,
llaut,"? hostLLe,
L'image négatLve,
le fou,
d~fie
NeI~'/n L comme Raou L Sp i fame
oéf ie
Henri
II
:
'·.?f~ ù''fTlJfn.i~L au '.'(Ji.- )kJIU'L JJ qU.1f..lJl po,·t.,·(l.i_t
tt"i.t
pfacé (~n. foo?- cUJ. fu.L, QU.'~ f'{~p.I'(xlu..0.'\\a.i....t toute
'.YL pe.r'·,':H:>nnc,
("!n
t.sYUI6(O''frYlTlt 6cuf'...0mc:·rtt. '''It noi_,·
.(}c!.ù
vi!. u..'mr.·~ntù OI:dj:~' lclU:fc'..~.
(}lflCw-l
ri.JL de. ft~m2
cette l "<)fTUIqu.(J., qu.<'_ p.c- jJ,!).ffl(!.. avocat l'Q..ù-."l.<.?nbf..nGt
pnxii_g.i,l~u-~('nront f2U ,·oi..., <.!.t, cl 'apl'Q----6 Pa <'lUPP_l·Ô.ti--
·ti.-on qu.i- (ûi-t (:....l''Ou,,<'!. Qu.e"!. QUQ.f.qw~ Ü!.npô. avant c!R.
rTOlU·i.....l·,

on. VOI_t apt::)Cl.Ia::'uQ.. <'la p.J'Op,-e. i.Jrr:u)e -~ou.ô.
un C06 tunT2. c!R. dc.!.U.j~e.,
ef.?.· (ll·t..nce pt:J..nit Ô.OlLCL.eulC
tout e" ,Q.oœ cie. en. 6OOTlce" (2).
François Constans note que
la citation
de Faust placée en
tê te de la Pando,a ("~!J..LlC. ânQ.-.'l, hé..P.n.ë .' -~ç>_ ,:::Ylrwp.)n.t nun -~eiJ1. <'..t
r:hacunq. d ,("!. PJeù V0ut ùç~ <'l 6pclI 'Q.I' de f_ tQJ..Lu'Q."1 es t
II écho nu my the
platonic::icn du .r-hècJ-I"<~., selon lequel un cheval noir aux instincts
(1)
- Oeuv.eo,
par A.
Béguin et J. Richer. T.
II,
p.
752.
(2)
-
Idem, p. 940.

·-,'"
",
257
-,
,
vicieux et un cheval bianc "avi.dR. de hante,· .fJu, hautRu,~ ~te.6"
tirent "t'atlAf.age hwrni.n." dans des sens opposés (1).
Dans .4L~t~ le dédoublement est exprimé d'une façon à la
fois plus personnelle et plus mystique.
Le poète rend visite à un
ami malade;
sa chambre à l'hospice est blanchie à la chaux,
le
solei l y entre Ilj~/', et le teint de son ami est .tI~Qirb.f..ab.f..e. à
f. /i..voü'Q. jnu.ni.., ''Q.fAVe. pa" ta c.oul.eur noü'Q. de ~a lxuoe et. de ~M
cheVQ-UX., ~e~ 'jeU>:: .i..l.lumt..nQ,o d'un. rQ-6te c:J.e ti...èvl"2 ; /lU ':f avaLt cm
fJJ..i... un. apôl~'(?.lT.
Ncr'val rassemble plusieur~ images de bénédiction
autour de ce
fr'èl'C mystique:
le blanc,
la présence du soleil,
ct
l'intégI'ation du noir ct du blanc sur son visagc,
qui car'uctérise
le G~meau c6Leste. Et La l'écompense du bienhelJreux ser'a Le mariage
avec l\\ul'éLi~l, ta hantise cIu maudit:
l'
1Ji..Pn e.~t avp,c fui..., m /écJ-t.ai...-j..Q • •• rrai.A ;j~
n 'I,-~~t pe.u~ UI./Q,C rru~ ,f a rrafn.oLL1· ! je t 'ai... c1vM.~é
ch rro;_--rnP..rre, je t /ai... rY"12rl.Q.Cé, je p~ 'al. ffOLtdLt !
(?'6Jai...t bu-!rt fui...,
C...Q.
t,-ç...«?~ ~·tU1UQ"J qU'll ~ 'éd.oL-
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ct dont j.e ~{J..'t...o ;Jl.CLi.-gn.e déLto"rrni.~
! l' (2).
La métaphore de
ta.séparation entr'e les aspects du fTOL débou-
che
sur deux plans,
le familier et le cosmique,
le
frère et Dieu.
(1)
- Ür:2u.v"'P,oJ
par .fI..
Réguin et J.
Richer, T.
[, p.
31\\7.
(2)
-
Idem, p.
388.

258
Ce frère
l'avertissait,
Comme sans doute Abel avertissait Caïn,
mais celui-ci a
"
.. /1
menace ,
"nx:zud.f..A.' /, Dieu.
Au moment de la séparation, le frère mystique devient Dieu
:
"c'e6t euL qUf_ me. juge et ma. CDndanne fi •
Dieu s'éloigne, son frère
s'éloigne,
emportant jarmi..4"
Aurélia
avec eux s'éloigne toute
blancheur,
toute
Lumière,
laissant Nerval dans la nuit noire de
l'âme.
Il. semble,
pourtant,
que NecvFl:l attrihuc à deux r:aUS0S dis-
tinctes cet éloiEnemcnt de lumièt'c.
La pr'(:mièr'c,
'll1'Ufl
{le
peut
percevoir',
est intét'ieure, une {Œ,Lt.J,.~ i.rr-émédiablc, un blasph']mc.
La seconlic est extél'ieUI'e, Uni'lCl'seLtr.,
cosmique; comme l'affirme
Satan à l'a fin de l' ..?rrng';.J!.'· de -'h"~c!m :
"Jou.t o.o[ei-f ,'t']l.-J.Onnant h
oort écü..p6.e. oon-b.'Q. Gttout chr:u. u·;..o>rphat, OOrt UtouU.e.u.r· daJv.:,
t'o,rbre .'"
(1). Par son opposition au noir ténébreux,
le blanc
lu-
mineux se rapproche de la signification de l'or,
couleur du soleil
rayonnan t
cette "éCP,Lp.6Q.1' devient
lE: célèhre ~otQ.L.e. nou',
iT:lage
concrète du désespoir profond.
La sLgnification du solei.l dans
la
mythologie peI'sonnelle de Nerval est ~videllte : c'est l'image repr'é-
sentatlve de Dieu. de l'illumination. de la l'enaLssancc1et sa trans-
formation en noir indique l'inversion complète des valeurs.
L'image du soleil noir semble dater de 1830, quand Nerval
donna la traduction en prose du sonnet de Burger Qui devint ".Ce
Poi.n-C P1.OU" (2). Dans le sonnet nervalien, comme dans celui du poète
(1)
-
Gérard de Nerval,
".t:'.'!<rngi..R.•. de ila...·p..,.m" dans Oeuv"'~o c,'''Pté-
menUzLIQ4,
V,
Paris,
Minard,
1967, p. 270.
(2)
- Oeuvrea,
par A.
Béguin et J. Richer, T.
l, p.
218.

:.' .
259
allemand. on ne peut contempler ,'Urp..ut&ntzn.t.' , le solei l et la gloi-
re ; une .tache noire se pose entre le poète et son but. La mâlé-
diction semble donc primordiale; l'effort même vers Dieu, vers
l'illumination, vers l'or, aboutit au noir ténébreux. Ainsi le
Christ au Jardin des Oliviers cherche en vain son Père, sa foi
en cherchant '- 'oe-Lt de :b<..eu., je Il.'ai.. vu qt<'t<n. Ol'b<..te
V<u>-te, no ...... et ~ {and, d'où en. flU-Lt qu.-L t'habi..t.e
PalJOll.Il.e ~ te rron.de 0t 6 1~6U: LOu.jou.r6 ;
( l )
La dichotomie du Satan de Tli..cotaa Jforret "éapparait ici; au
lieu de découvril' le Tout, Nerval/Chr'ist se trouve en face du Néant,
de l'abîme. L'orbite est à la fois une force qui rayonne comme le
soleil, et qui a la forme de l'oeil de Dieu, et un u"OU,
un vide
"ÜQIl.c.. (ond H , où la raison et llâme se perdent. L'âme se sent tomber,
engloutie 1 et en même temps une "n.u.i....t" palpable descend qui engouf-
fre le monde entier. Le soleil noir est le ciel en creux comme l'a-
vai t prédi t Satan : le gouffre "~œ, n.ou· et .c..an..c.. tond",
L'image représente aussi llinversion du grand soleil rouge
qui brûle à la place du coeur du Christ, dans un poème de Heine
traduit par Nerval. D'autre part, si Gérard est le Christ, le fils
de Dieu
(même méconnu), il est également Judas, le frère terrestre,
maudit; le noir cosmique qui se dresse devant le Christ trouve SOn
écho dans le microcosme de celui qui le trahit :
(1) - Üeuvn>-a,
par A. Béguin et J. Richer. T.
I. p. 7.

""'~': __ ',L_,~__ ,_,_
"
••
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260
Iibu:. ,JW;UU> 0 1PA aJ.,(aLt, méco",tRnt ",t Pf'!T16<..:f,
Setn:JuVCULt mal.. pay.é, pieu,. cl'un ''<ZI'fr).-d4 oL v<..{
Q. '<..1_ tUiaU 6M no-i..rce<.w<> 6ttr touo f.- IlUro
•••
(1).
Nerval slefforce constamment de dissiper ces ténèbres. de
,'d&-iAe,.. fI son "rêve. ét.ernet', (2), de découvrir "ce que te6 ~'eâ
~ ta rai.6on 'l (3), de se renouveler en voyageant, en écri-
vant. Dans une lettre à son père il avoue IIk be.~oin. ck ./1 'ar~r
awe. Uiée6 '10<"re.6 de fn. r..onvat<>Âc<'-"CR. et cl' en re.j.e,te.., f.e6 ck.-n1A."
nuageo" (4) ; une seconde lettre, écrite une semaine pLus tard,
exprime la crainte que slil mourait, son père ne l'aurait jamais
bien connu
(5). Si c~s /I.I~d6.c.~no-i...l'<;!.6" deviennent l'image inoublia-
ble du soleil noir,
si le fils méconrlu devLent le Chr'ist,
la trag&die
intime qui se manifeste dans
la correspondance de Nerval n1est'euè-
re'moins dramatique. Huit mois avant sa
mort,
le poète rejette
le noir sinistre de la folie pour réaffirmer sa foi en ses forces.
La couleur noire est donc celle de l'abîme.
de la mort
j
en
même temps/le nlgredo
est le creuset de la matière basse mais fer-
tile dont
tout doit naître. Cette symbolique exprime la nature dou-
ble : lfOuroboros,
le serpent noir qui se mord la queu~ dessine un
zéro, un cercle,
la forme parfaite:
"C'Q..6t de là que. tou..t ~os,t e.t
où. tout f'efttre. POU" "" oo.·U..· à noUV<2QU". Noir est le Jout., 'f/u.Lt
antérieure au Jin.·t f.we. de la Gen~se. Le noir est à la fois le vide
et la substance universelle qui repr~sente llunion •. ~-;.· ".,
(1)
- OeUVn?-6,
par A.
Béguin et J. Richer, T.
l,
p. 8.
(2)
-
Idem,
p.
435.
(3)
-
Ibidem,
p.
359.
(4)
-
Ibidem,
p. 1139.
(5)
-
Ibidem, pp. 1143 - 1144,

. '. ~"" . '~- .
261



Toutes les recherches mystiques se fondent en fait sur une idée
à la fois simple et complexe : les diverses religions procèdent d'une
révélation unique qu'une initiation pourrait dévoiler.
Dans ce dix-neuvième siècle des Illuminés, nul n'aura professé
avec autant de véhémence que Nerval. le syncrétisme universel:
et l'ana-
logie cosmique. A la recherche du fondement de toutes les religions et
du foyer de toutes les antiques initiations, le myste se tourne natu-
rellement vers l'Afrique comme le berceau de l' homme et le l i'll,l où/ pour
la première fois/ des cultes ont honoré les dieux. Le culte ancien le
plus attesté est celui d'Isis, mère-terre nourricièrew Isis:a, entre
autres emblèmes.
le globe, le croissant de lune, l'enfant au sein, la
robe traînante, la croix égyptienne, toutes choses qui l'apparentent
parfai tement '~èa."; la Vierge Marie w L' histoire montre dl ai lIeurs la par-
faite continuité1du culte d'Isis au culte marial, surtout celui des
Vierges noires. Cette couleur symbolise la fêconditéw
Le noir est aussi l'état premier de la matière, de la terre
fertile qu'Adam emporta du paradis. Toute
geslation s'accompLit
dans La noirseur, en secret, dissimuléo<:! aux indiscrets. L'état
psychologique qui correspond au rt-i'..t).I'PM,
nous apprend .Jung, est la
méJ..anJ:-Of)..p .. ,
souvent exprimée par la rencontre avec l'ombre, le dou-
ble, qui commence une f/de1:J.cenU2.. QU..lIC.. en.{e.r6 r, (1).
Le plomb de Satu~ne est la matière dont on fait de l'or,
commo<:! l'affirme l'Alchimiste de Nerval:
Yran.=<>ca.,
rraiJ"tp.nant,
ea. dlO<>e. ",<>L bi..en
=rtai..n.e.,
.'k .teudw. FU "-<:ll/""- au. but. ; Le, p.'lx. de. tr..n t de. pe.i.ne
ne. -ô.au.ra.i..t m' échapper j
out.., que.tqu.eô. jotU'-ô. <?flC05',
Ct I..e <>"meur de. ptonb (c..a. <>a n>;J0,<>on cl 'QI' ,
(2).
Pour les alchimistes la noiI'ceur est le d~but du cycle, et
un des symboles de l'état
'
t 1
premier es
e soleil noir - le même so-
leil, aussi invisible, que 'ta nadir " il faut que l'astre monte vers
le zénith, en passant du noir au blanc, du blanc au rouge, du rouge
à l'orw Hélène Tuzet souligne que le solel'l nOl'r alchimique 'h'a.
rt.en de rran' -I-éen..,,':
_L
-f._._'
, f
u:n
~ WG <laUUlUJUQ : ,__ ne. la,-t qu'un a"",c .f.R_ <>oe.e.<'E
de e...m<.Q.--e." (3). L'apocalypse d' ~ •.;.':~
~.~L~~, qui s'annonce par une dou-
ble image : "un <>0 e.e·U_ nou- dan<> te. ci..e.t cJ.<v.:,e.l't e.-t un gLobe. rouge
Œ2. =ng. au-cle.<><>U6 <kM Jui.r.e~ Il (4) représente
-_____________________________________
1e nad'~~ de l'expé-
(1)
Jung, p<>ydw.togy. and Atclwny, p. 327.
( 2 )
o.",.vre6 CorrpNmen-tau'<?<>,
T.
III. p. 17l.
(3) - Hélè~e Tu~et, ",f,'Wnge du ool..e.i.t nou-", Revue des Sciences
H~malnes. LXXXVIII (oct.-déc. 1957), p. 481.
(4) -~. par A. Béguin et J. Richer. T. T. ~.

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-.-<~:'--:::"':•.:.
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: >-
i . .
.~ :t';',i.:
262
rience nervalienne ; pourtant, cet astre deviendra·~_~l' étoile-gui-
de qui sort le my.te des enfers.
La descente s'assocte toujours chez Nerval aux mystères
d'Isis, à la quête de la femme, de la famille, de la religion;
l'effort même pour interpréter son enfer intime comme une épreuve
devient le "f'(lJJO'1" qui le guide~ Le bleu foncé du manteau d'Isis
a
des rapports avec le noir, en tant que symbole des profondeurs.
La robe de la Papesse du Tarot, es t "cemee. si 'é.tDi-f.Q,â e.t. bo.d6:e cl 'unQ.
'N.:lI1J}I2. fumt.n.çUâe./1 (1). Les p<:lvés noi.rs et blancs sous tes pieds
de la Papesse, symboliques des contrastes nécessaires de l'uni-
vers, Nerval les a retrouvés en Orient : le parquet des maisons
riches du Caire est
"pavé. de W6Qr1ry2.6 de
rrclI-bre bl.an.<: et no,...., "t tou6
'.<>-6 en t:<>.r'6tVA.6 60nt m:><>aÜjU<M de "",rc<U:lLVC. de tu0tcM
d' un r'Ol.tge v,-t, qui.. ''<'-PlUen.l:ent. W1R- wc...."" ta,tUm
M.QganD2. <>-t tantaL>.Uqu<>-" (2).
Cette recréation du Tarot dut le frapper particulièrement, puis-
qu'on y trouve non seulement le cadre traditionnel d'Isis, mais
aussi la couleur du feu et de la passi.on,
te rouge.
Dans /~,~tLa, où toutes les aventures et les lectures ont
une signification intime, NervaL considère qu'il subit réellement
les rites
initiatiques, que sa folle, son désespoir, représentent
la descente aux enfers. Si le noir et le blanc y témoignent de la
(11 - OeuVPC6,
par A. Béguin et J. Richer, T. I, p. 301.
(2) - Idem, T. II, p. 659.

- •.- "".:;:-'"' .. '-'.' __ o. ,~_ •. " ... '"
-~ë'-:';~'-"---
;, "
263
division de son mo~, de ses souffrances présentes, ils indiquent
également le chemin du salut, la présence de la Déesse. le rayon
qui luit dans les ténèbres. Au cours d'un rêve, Aurélia guide le
poète à travers un pe ti t parc, où i l remarque d'abord ·.des "t.--eLt-
~e4 en bercRJ:lUX- ("Juu~e4 <k tourck<, <}<<>ppeo. <k .a.tAv-v.. bfnnc6 et.
no.LI"'â",
puis des statues, J'r-u>iJd..eo' pa~' le ~r'. Ce sont les seu-
les couleurs mentionnées, bien qu'il précise une "CT'Ot..66anee vi..gou.-
reu.6Q.f1
de plantes, d'arbres fruitiers, même de fleurs. Ctest un jar-
din reVenu à
l'état sauvage, où coule une source d'eau vive
en
suivant la déesse à travers le noir et le blanc,
il arrive au jardin
primitif, au seuil, sembLe-t-iL, de La renaissance. Mais elle dis-
paraft; Aurélia est morte, et n,C'{{nLve,'~ Q/J..f:. dand la. nu-L-t/!
(1).
La mère de Nerval, "fa B,'CJIJ.I'r1w",
est aussi associée au noir
et au blanc; d'abord
"d.atrr:!.. noLre",
aux yeux caves, elle re-
prend sa carnation blanche quand le poète est transporté aux bords
de la Dordogne, où il
trouve ses châteaux rebâtis (2). Les images
du sonnet "c.e. ~ù.::JuukJ",
véri table somme de l'expérience nerva-
lienne,
~V04LJQ.·l"Ir
le mouvement continuel entre ces contraires
de la lumière et des ténèbres; chaque strophe Les contraste,comme
11 le di t lui -même,
"-tDu.r à tLJUS,fI :
ténébreux 1 soleil noir-étoi le /
constellé; nuit du tombeau-Pausilippe 1 mer d'Italie; Amour (Psy-
ché-nuit)-Phébus (soleil)
; sirène 1 fée-sainte (3).
(1) - ÛQuVre6,
par A. Béguin et J. Richer, T. l, p. 374.
(2) - Idem, p.
420.
(3) - Ibidem, p. 3.

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264
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La transition du noir au blanc, ou vice-versa, représente
une inversion qui demande un sacrifice, - et dont le symbole est
le pendU.
Le gibet noir de Cythère, qui marque la mort des dieux
antiques, mais qui se découpe sur le ciel idéal. est peut-être une
représentation de la nécessité de se sacrifier, de mourir pour re-
naître. La coloration de la dernière lettre de Nerval, écrite à sa
tante la nuit de sa mort, semble indiquer un effort pour unir les
contraires :
l7k< bonTle ",t ch"'.-e -tante, di...o à ./:.on. (<La qu 1U-
ne oai...t fYM. 'lue tu l'.Ô e.a rrr.~i.-URu.'<2. deô mQ.reô et
c1.J:M Inn teô, (J.,and j'aurez.<.. t,'i..cxrphé de tou-t,tu
"
aLU'<Ul
ta plaCR. dan.ô mon. Olylrpe, ~ j'ai.. ma
' "
0
placsz. dan.,~ ta nnt..-6on..
ne
m '(1tt.b.u1d.6 pa6 ce 6ou',
ca.r- 'a nui.t ô"-",. n.ou.... et b lnr.dw. (1),
Même à Il instant le r1us tragique, Nerval poussera le mimétisme
jusqu'à l'identification parfaite avec le Christ sur la croix. Ses der-
niers mots sont à rapprocher de ceux de Jésus mourant : I~enme, vo~
b:n (<La, ! UL>, voUà.ta mQ.re".
Ici se confondent les cultes de la Femme, de la Mère et de l'Epou-
..
se. Nerval s'est dit enfant de la Veuve. c'est-à-dire d'Isis. Si l'on
.' :.
sait que la poésie courtoise a essentiellement deux sources. l'une dé-
"
rivant de l'érotisme arabe, l'autre du culte marial. on voit par quel
détour la déesse africaine de la fécondité vient nourrir la poésie
amoureuse de l'Occident. C'est BaudelaIre qui portera à la perfec-
tion cette poésie' dédiée pour une large part aux métIsses et aux fem-
mes noires.
(1) - Geuv.ç-6, par A. Baguin et J. Richer, T. l, p. 1186 •
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266
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' : .
D~s l'imagerie collective européenne, l'Afrique mythique
est un continent d~ sexe et de mort. La lubricité des Noirs est
une légende fortement établie. La nudité naturelle et innocente de
certaines peuplades africaines a longtemps choqué
l'esprit occiden-
tàl
-qui a été induit, devant ce spectacle, à des conclusions hâ-
tives. Pour les premiers explorateurs, apparemment,
toutes les dan-
ses afrLcaLnes sont des expressions de lascivité et de
I~ luxure.
Othello est un "bét.i.e. ... noLr",
l'un ét.a1.on. de 8a..rba.rU.2.1' que des
ins-
tincts incontrôlables enflamment de désir pour la blanche Dcsdémone.
A
tort/les premiers ethnologues ont prés~nté de l'AfrLque
une image de sociétés permissives, d'autant que la polygamie, par-
tout
répandue
ici
est perçue comme une pratique licencieuse
et immorale. Pendant longtemps l'Afrique a signifié le paradis de
l'amour sans obligation ni sanction.
A ces images, plutôt négatives)viennent se superposer celle
de la Reine de Saba,
l'amante du roi Salomon. On considère, avec
raison. que le CanCi..qUQ. de.-!> Canti..quQ.-!> est. dans la tradi hon judéo-
chrétienne,
le chef-d'oeuvre le plus accompli du poème d·amour. La
chaleur, la sensualité et l'Grotisme de la princesse éthiopienne
l\\'~~'rde comparable que ce qu'on peut lire de semblable dans les
grande
traités' orientaux sur l'art d'aimer.
"~ .."

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" .
267
~"..
·'
.... )
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'"
L'attrait de l'étrange et du bizarre est un autre motif qui
a conduit aventuriers, romanciers et poètes à chercher la compagnie
des fe~es noires ; Rimbaud et Nerval ont vécu avec des beautés noi-
res en Afrique, et l'on sait la prédilection de Baudelaire pour les
femmes de couleur.
C'est autour de ce thème singulier que se déploiera l'essen-
tiel de la poésie amou~euse de Baudelaire; et l'Afrique, dans son
oeuvre, se réduira à son aspect érotique.
Exploitant le thème du Noir' et de. l'Afrique, Baudelaire illus-
tre l'intervention du désLr dans la vie et l'écriture. Llexpérience
baudelairienne permet d'analyser dans les meilleures conditions le
processus d'érotisation de l'activité littéraire. Cette oeuvre est
traversée du désir d'évasion, d'une quête de l'ailleurs; elle est
bouleversée de tensions subjectives et individuelles d'une force
exceptionnelle qui contribuent à lui donner son sens et sa forme.
Avec Baudelaire, introduisant "un. !rL.6-oort ~u.I.ItU2UP dans la poésie
française, une ~sthétique d'un type nouveau est née. Le poète entre
dans le jeu de l'exotisme et de l'érotisme et l'on peut désormais
mesurer la part immense de l'éros dans la vie et l'oeuvre des écri-
vains. Le désir et la concupiscence sont l'expression du principe
agLssant à l'origine de tout texte littéraire qui ~ pour fonction
de combler un manque, une viduité, une absence.
Qu'aucune étude exhaustive n'ait été consacrée à l'exotisme
de Baudelaire semble un peu surprenant. Pierre Jourda dans son livre,

·-~:-~>i~..··~ ,
: ;;0
-(\\268
"
• • •
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F
,;, _.. -_ ,
i;:,,',::r,!~t~-',' ,e'~ ~ ,faUct~
~
YrtJnJ;LlÀAe
Chateaubr>i.and ~-
.'.-', .... qu'à 1939, ouvrage panoramique qui constitue pourtant une réfé J,'
rence, n'a consacré que quelques paragraphes au poète des Yteuro
dU mal (1). Joseph E. Ennadi, un critique nigérian, a publié une
./
.
étude aux dimensions.) somme toute, rédui tes dont le titre est: V-L-
J
,~-'
<lion cu. .(. '~'·'.ljue dan<l t/oeuv,e cu. l?audefaire Ill. Les considéra-
_,__ . tions que llouvrage contient, si elles sont ce:rtaine,m~.~~ utiles, sem-
blent parfois trop générale~ et la méthode employée parait trop
éloignée de cette critique des profondeurs (3) ~ laquelle J. P.
Richard,Mauron ou Cellier nous ont depuis longtemps habitués. An-
dré Fraisse 'est l'auteur d'un article de deux pages sur l'exotisme
colonial de Baudelaire (4)
; mais
le travaii date déjà. et au sur-
plus, parait bien insuffisant: Or comme L'a affirmé Jean Prévost,
les souvenirs de voyage effectué par Baudelaire dans L'Océan indien
tiennent dix fois plus de place dans les Jteur6 dU mat qu'un grand
nombre de ses expériences parisiennes .des vingt premières années (5).
On ne comprend pas .non plus qu'on ai t mis si longtemps à évaluer
l'enrichissement de bien des
strophes des Y!~r6 dU mat par les
souvenirs rapportés de la croisière sur les côtes africaines.
Il est évident que toute analyse de l'exotisme au XIXè siècle
qui omettrait de mentionner 8audelair~ pécherait par une Lacune gra-
(1)
- Pierre Jourda, .C'e>uX:.v..m:.. cfan<l en. .t.Uté<at""... {ran.çai...6e depu.i...6
Chateaubr>i.and j.u6qu'à 1939, Paris, Boivin 1939 - "8audeea.i.re"
pp. 130 - 131.
(2) - Joseph E. Ennadi, Vi...6wn.6 cu. t'At,·i.que dan.6 t'op.uvre cu. f3aude-
f.n.L'.... Editions Clé, Yaoundé 1980.
(3) - Jean Pierre Richard, Poé<lLe et Profondeur, Seuil 1955.
(4) - André Fraisse, "'C'ex.otiAm2. Cotoni,at ch= 8au.de.t.aLr... ",
in J""pL-
que<l,
Juin 1950, pp. 40 - 41.
(5) - Jean Prévost, l3al"diÛaLre.,
Paris, Mercure de France 1964, p. 27.
,;
y
.•..
". '

,...
. ...
~
269
<,
.. -~• • ~
ve, et disserter sur ce sujet en oubiiant ie séjour sur ies îies
et les côtes africaines, conduirait à des résultats nécessaire~ent
insuffisants.
Or avant tout, c'est la femme noire, de couleur, si l'on pré-
fère, qui est prétexte à l'évocation de ces territoires lontains,
des paysages tropicaux, des mers ensoleillées, des parfums aroma-
tiques, des oiseaux étranges. des animaux sauvages; c'est elle
qui est cause des phénomènes de synesthésie: brouillages.des sens,
olfactir~, gustatifs, tactiles ...
La femme noire est te lieu géométrique de tous les· rapports
du poète au monde. Dans te poème .Ca. (hv...~P.un2.,
ta rêverie naît au
souvenir de la femme des pays chauds 1 :et ouvre un espace imaginaire
hors des régions tempérées :
"J'a f.angou.r<!U6e /kliA et. ta b..:Unnte. A/ .0:JUQ,
:JouL un. monde.eoi.n.tai.n., ab6en.t, pr<0..qUQ dé/un.t,
VU dan.6 ·te", Pl'Otorteku..""
{o,.(lt QJQfTn·tLque 1
..............................................
;; '<.ra<.. .w-Ixu:. où. ,(.'a-b."" <2.t .f.'lw,!"",,-. pfR..l.ru; de NVQ..
Se pamen..t eo~ OOUQ e. 1CU'CÛ2J.U' chu. c.Wrct:.6,
Jo.,te<> t.re>-"'6e", , <>oyez fn. how..e. qui.. m'en.e.èu<!. '''(i).
Il est donc étonnant que ce soit avec une certaine gêne pudi-
que qu'on se résolve à admettre que "-le t,-t...66.on. nouveau"
introduit
(1) - F. M. Poème XXIII, .fa. Che,ve.l.u.'<!.

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'...iJàr',.Bà~elaire dans la poés ie française ait eu pour source une N;ire.
'. et que les Lettres Françaises soient finalement "r<>t:Û2.vab-f.e6 à un<t
miAérabk ~ d' UI'\\<? .o«<-w de poème{l qu<- durero",t autanL q= ta
!nngue" (1).
On veut bien excuser le poète maudit de s'être livré à toutes
s~rtes- d'expériences sensibles, et mettre avec'indulgence au compte
de ses dérèglements même le scandale d1avoir aimé une Noire; mais
de l'avoir
.célébrée et mise pour la postérité sur le même piédes-
tal qurune Béatrix ou une Laure déconcerte quelque peu certains es-
prits, bien que le personnage à peau sombre dans la littérature
ou l'art soit devenu familier en Occident moderne depuis Shakes-
peare. Marivaux, Gauguin, Géricault ou Fromentin.
Quant à Baudelaire lui-même, sa franchise nous a déjà fixés
et nous savons à quoi nous en tenir sur ses amours. Malgré des tenta-
tives répétées de lu! trouver quelque maîtresse blonde dont on au-
rait jusqurici ignoré l'identité~
"nut n 'a ~t;ré ta P6'<'U1.!"- {o'freUR. que.
te poP.Le, ciepu,i.-O {la .<mconÙ", av"-c Jeanne 'Juvat
jJ.u>qu'à ta IV< de = v<..e, a<-t; jarrau. eu un<t
tLau.on {lQJ1.{lu,,- UR- aVec une b tanch,," (2),
et l'on sait que lorsque cet~e femme aura v.ieilli, ce sera encore
auprès d'autres beautés noires que le poète cherchera des dériva-
(1) - Camille Mauclair, .la VtR. GT7DlL~" de 8au.dela.Lre, Paris,
Flammarion, 1947, p. 78.
(2) - François Porché, 8au.de~, Paris, Flammarion, 1967, p. 114.
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tifs':-à son spleen. Ce trait singulier sur lequel, à notre avis, on
n'a pas suffisamment insisté,mérite examen.
Camille Mauclair et François Porché proposent une explica-
tion psychanalytique, parce qu'à leur avis '~UR,tque mé{~ qu'Lno-
p<..ren,t peu·to<-o &,.6 e.occP.6 ck f.a fY.!.'Jchanalty.,e,
&,. [J<>J.tdi..4me l'e6te. une
vue pro{onde" (1). Le goût que Baudelaire a manifesté pour les fem-
mes noires s'expliquerait par un phénomène de déviation qui l'au-
rait amené à rechercher les objets lui rappelant le moins possible
l'image de sa mère,
"fa ~e.ue.,~ .lPJ17T'C!. dLgne. 00 ce nom, pou." fflClueteQ
;,t ai..t 6-pt'Ouvé un 6enti.ment di..gne ck ce 'Ulm" (2). En ces
femmes
que Baudelaire a aimées .. ces critiques n'auraient trouvé que des
substituts dérisoires et révocables d'une personne unique que le
poète aurait chérie d'un amour incestueux:
"J!,e ce.c.re·t de f3aud.e-
ŒA..s'Q e6-C un i..nce6,tc6Qrl-CiJœrttae."
(3).
Le transfert chez Baude-
laire aurait donc pris un tour singulier,
celui d'une prédilection
pour les "m::>na-t.re6",
au moral et au physique.
La femme noire, dans
sa lai.deur, est particulièrement indiquée pour 'délivrer Baudelaire
de sa souffrance affreuse :
",Ca COlNŒur {onc.ée ck f.a peau., ,(PA tèvT'<'.6 corrme
Qrl{f.œ6 peu' f.a pUjÛT'Q d'une <p.êpe, cet au' de
be.6t~té endomK.';',tout c.e.& étaU 6;" toi.n ck
ea. .ti..i]UT'Q ckf.a ""'~ , Avec ,f.a beauté pr.uQ.lri;m,t
an.i..male, ,f.a 6OfutLon étai..t ts'OUvQ.. - J:.' écf.u.6e
ae.f.aU
6 'ouvru-' au. toN'Qn.t ck.,f.a vo~" (4).
(1)
- François Porché. op.
c;,.t., p. 112.
(2)
- Camille Mauclair, op.
cL-t., p. 183 .
. (3)
- François
Porc hé , op.
cLt., p. l1l.
(4)
- Idem,
Ibidem, p. 114.

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Jeanne Duval serait exercée à la dissimulation profonde\\parti-.
culière aux "rac:e6 prUni.,tLve.6" :
"C...,tte VQ./1U4 Ix:wbcu.... '1""- là-fxu,. Q,66<-a... cIana
oort eLt, pl.= tQn.éb~... QJ'tCQI"Q. à ta eumLère.
du jour 6l.U' ta b-eaneh.eur c!IU> dr-ap<>, ~
dél.U:a.tement avec. c!IU> ge6te6 CÛ2. gu.en.ort. CÛ2.6
.tarti.ne6 beLU·.-é.<!.6 cIana oort clwc.okt" (1).
Ce langage qui demanderait à être psychanalysé à son tour,
cache mal le désappointement de certains esprits qui acceptent dif-
ficilement que la poésie de Baudelaire soit inspirée par des femmes
de "c.ouf..eur".
On dirait qui il y a là comme un besoin de purificatLon
et d1exorcisme de l'p.sprit qui a présidé à la naissance de ces poè-
mes. Et ce qui pis est,
La malveillance ne met pas seulement en
cause la moralité de la maîtresse du poète, mais encore la dignité
de la femme noire en général. Il faut avouer que le poète lui-même
nia rien fait pour dissiper lléquivoque !
/'Q.œ. b... VU,J1nQt16 du d ....t ou CÛ2. t' PAtcr qu' iJrporC<!..
o f3<,...a.uté ' 'fI'Iorv.,tre. 6.rw1'm;!, cttrayan):', i..n.génu. ,
::oc Satan ou de. 2i.Pj.<, qu' i..npo•.t... :' Ahge. ou Su~.
Q< 1iJrpo •. te, 6i.. ,tu r<"",u"
tée, QW(. yQW<, CÛ2. vel,ou.r6,
.................................................................................................
A première lecture il semblerait qu'effectivement la femme
noire so'r ',t seulement invitée à dissiper l'ennui. L'ignorance, la
(l) - François Porc hé. op. dÂ.., p. 119.
(2) -' F. M. Poème XXI • .LIynne à ta Ber:zu,té..

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bêtise'et l'ingénuité lui conféreraient ce que justement le po~t~,
aimerait leThieux en elle
",ge ct'adore àt'Qgat de. -ta voûte nocI:urne,
o V'l:26e. de.Û"i..6ÛM6e., ô ~ .t:a.eU:Urne.
Ct. -t'aVrr>. d' autant ~ que. tu me. {uw ", (1).
En dépi t des apparence~ mêmec si la misogynie de Baudelaire
est réelle,
le dégoût pour la femme noire n'est qu'une feinte qui
répon~ plutôt à une exigence esthétique. Dans mbn coeur ~ à nu,
Baudelaire avoue qu'une de ses vocations d'enfance a été de deve-
nir comédien, comme le rappelle J. Prévost:
''J.U:1ète. à oort doutou,v.ux., pro'J''ClTm'le.,
t'aut=u·
de.6 "7te.uro du ilIat",
a. dû,
<2J'l
ptU'{ai..t coméd'.-en,
(açortrte.r oOrt e.6pri..t à tou-llte.o ooph~<>. e.t
à -toutR.6 te.o co ,'ruptwn6" (2).
Cet esprit prismatique disposé à refléter tous les aspects
de la vie, exigeait de ses partenaires la multiplicité. Parce que
1'J]auc!.Q)'nu'e. e6t. pf.I+,~U2u.rn" (3),
l'objet de son amour devait revê-
tir à l'envie toutes les formes;
est-ce trop solliciter les faits
si l'on soutient que sa polygamie, qui n'est pas une négation mais
bien un des multiples choix de- 'vi'/re l'amour, est en accord avec
son dandysme: On commettrait donc une erreur d'appréciation en
~rojn~t que seuls ses poèmes sensuels sont
inspirés par les
(1) - f. M. Poème J(J(IV, Jlyrm.e àPn. &au.té.
(2) - Jean Prévost, op. ci..t., p. 90.
(3) - frantz fanon, Peau noi..re, ~ue. b-l.artc, Paris, Editions du
Seuil, 1952, p. 134.
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femmes noires. J. Prévost fait remarquer à ce propos que c'est
pour la même femme que Baudelaire a écrit les vers mystiques des
Jf.wrIx,.1lLlX- VUxut-to et les vers sadiques de fi celLe qu.<.. <u>t trop
9Z~. C'est ainsi que peuvent voisiner dans les mêmes cycles, des
poèmes aussi
ant!th~tiques
qu' "6eel.lf:2Cwn." et les 'métarrorpho<J.<U>"
du. Vanpu",-,
que /'Œu2ti..rw..rLt de f. 'O''9U<'-U'' et "Reni.szmm.t de Sa.i.nt
PLeT'J"'f?./'.
La souplesse de l'esprit de Baudelaire, sa disponibilité
à vivre
se~ émotions, ce que J. Prévost nomme justement son
mimétisme, permettent ces métamorphoses subites.
Baudelaire n'a presque jamais eu comme partenaires que des
femmes noires: on doit en conciure que l'oeuvre dans son ensemble
est une exaltation de la femme noire comme objet érotique, esthé-
tique et poétique. La femme noire est enfin de compte le thème
principal de l'oeuvre traditionnellement divisée en trois cycles.
En traçant le portrai t de la femme de couleur,
le poète nous
emmène en voyage dans le monde de son imagination. Aux régions tropi-
cales sont associées les aventures avec des créoles, des Malabaraises,
des Noires, des Cafres, des Abyssiniennes, des Mores.
La dame créole
vlent, en effet, d'un "pay4 pclJ·{umé que. l'.e
<J.of.e.l.-f. cn.r<V.lae" (1). Lesbos es t une "te""" d.ea nu.<.,ta ~ et
tnn90tH'<'.J.U1<U>"
(2). La Malabaraise est originaire d'un pays de cha-
leur. La faune tropicale, colibris, moustiques, et autres bêtes
( l ) . - F. M. Poème LXI, A urt<2. c!.amz. a-éol'.e.
(2) - F. M.
(Pièces condamnées) Poèmes IV, ~().bo<J..
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des champs d'ananas, de bananes, d'arbres singu~
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liers (1)": cocotiers, tamariniers, palmiers 'et bois d'ébène. Dans
tous les cas, les seins ou les cheveux de la Vénus noire sont le
point de départ vers de "charrmnta cf.{rrnta", "cew<. de. .t'.4oùa e-t
de. .t 'J1{N.qUJG"
(2).
Le corps de la femme noire est un moyen d'évasion et l'occa-
sion de rêveries délicieuses. Au moment le plus propice, trln un 60Lr
cftaud d'au,tDrms;,.", que favorise une atmosphère de grande sensualité.
le poète se penche vers sa partenaire et lui murmure :
"}}e .~~ [',oc1.clu..... ck ton. 6eUt
'1
dw.J.RLLT"C!1..iX-
. L1univers spleene-
tique es t
"Une ete plU"'2.66QU6e• ••
2<..6 arb,'02/.> 6i.ngu.ti..e,·6
2<..6 honme6 •.•
~6 [Q.fJTl1<!/.}"...
(3 ) .
Le corps de la femme noire est doté des mêmes contours morpho-
logiques que la nature des régions tropicales: c'est dans ces lieux
lointains ,que le poète désire aller pour se revigorer dans un espa-
ce encore vierge. Un
hémLcphQ.,'<!. c1arv6 une clw.vef.u.''Q. donne l' impres-
sion que ~ous les sens du poète sont excités par la femme qui est
en même temps un paysage
"s<.. tu 'pou.lA:ZiA vou' tou): ce. qu.e je voù> !
tou,t ce que je 6en.6 l ,tou,t ce. qUJG j'en./:.encU,
(1)
-
F. M. Poème XXII Parfum ex.oti.qUJG.
(2) - Georges Bormevilie, ,Ce<> Jf-",u~ du. rTIa1.
Paris,
liatier,
1972,
p. 38.
(3) - F. M. Poème XXII, Par[um ~tUque.
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dan!.>. =6 chelJQLlJ(. ! 1'!10" âJr." voyage 6uI' te parfum', .
COI7J7Il',
t'âJr." cka au,t.-_ fu:vrroo.<, <lUI' ta /1lUl0'<Ù<!." (1)
; . .'
La vue, le toucher, l'ouïe, sollicités par le corps de la
femme,se trouvent transportés dans un monde exotique et merveil-
leux où la volupté stidentifie au bonheur ~
":lbrt6 t'a..-dRn.t folf"l" cie. .ta. che.veh...re,
je. r'Q.6plFe. t 'od=.r du. tabac miUée à t' or:Kum
e.t au Ou.CI'Q. : cJrin.ola 1lU<-t ck ta chcve-fu'''2.,
je. v006 ''Q.6p~ t/i.rtti.n<- ck t'QZU.J" &o~
,~ te.o ri..~ du.\\ft2,téo ck .ta che.ve-1.LUQ.,
je. m' eftLvl"Q. de<J. OC~:!LL1"'<J. CLJrrbtn.~ du goudron,
du. i>UOC "t cie. t 'll.IiU-i'.e- cm ,-"co"
(2).
La sensualité de Baudelaire peut donc être considérée comme
un moyen privilégié d1asteindre le merveilleux exotique par le
corps de la femne noire :
lita. ,ooe6.U2 d.e..6. âen.<J., écrit Bonneville,
aJx,,,,t<-t à QJ.,ü'C chooe. qu.e œo 0<211.0.
Jeanne. ",U-,,--mSfl>/2 oe.rai..t te. pr-é,t:<xte
d /une. al!Q.11.l:u.r'<! qu<- dépaaoe. Lnt iJt<mm.t
oa pe.r60nrt"- e..t qu.i.. Oe. contolld ave-c
/12 poéo·L.e_"
(3).
La femme noi.re
s'identifie
au
. paysage exotique. L'éro-
t~sme ouvre des espaces nouveaux dans llimaginaire. Le poète impose
une nouvelle conception de la Beauté, aberrante et bizarre à premiè-
re vue. La subversion des valeurs est la contribution
la plus posi-
tive de Baudelaire à la poésie.et à la pensée au XIXè siècle.
(1)
- J:e <,pi'.e-en. cie. Par-L~.
"Un. hémiAphère- cJrin.o Wle. che.\\ft2,furQ." XVII.
(2)
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(3)
- Bonneville, op. cU.
p.
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PEINTURE ET "YOne JRCPYCJIfX"
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Chez Baudelaire, l'évocation du monde sauvage et exotiqu~.
est presque toujours liée à celle de la femme. Comme chez Nerval,
la nature et la femme participent de la même essence : Isis égale
Physis.
C'est dans la géante qu'apparaît de façon complète cette fi-
gure aux normes Il,''Cl.be.e.ai....6WnnC2J6'' ; la "j.J2unR.. géante!!.
compte parmi
les enfants monstrueux engendrés par la nature et elle offre déjà
son visage de reine.
Quelle que soit l'attitude que l'on adopte à l'égard de
l'exotisme de Baudelaire, on nc peut ignorer cet élément essentiel
qui tient tous les rapports., il savoir.
l'érotisme ambLant dans
le-
quel baigne l'oeuvre dans son ensemble. On n'a plus besoLn de dé-
montrer par quel processus l'Afrique devient thème poétique baude-
lairien : la thématisation progressive des souvenirs recueillis
sur les côtes africaines est suffisamment perceptible; et l'impor-
tance, sur le plan de la création esthétique, des expériences sen-
suelles du poète avec des Noires, a été suffisamment perçue.
On doit dire, en vérité. qu'à l'origine, tlt.a. {of..Le U'OpLcaf..e."
de Baudelaire s'est déclenchée en même temps que son intérêt pour la'
peinture exotique. Le goût de Baudelaire pour les pays lointains doit
donc être analysé en rapport avec sa découverte de la peinture de
Catlin, Delacroix ou Fromentin.
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Les J~ du 1Thl ont été publiées en 1857. Mais Catliri avait: '.:', ,>
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déjà. organisé son exposition itinérante à travers l'Europe de 1845'.,'.
à 1848.
a) - Les sources picturales
Le critique Baudelaire n'utilise l'adjectif sauvage pour la
première fois que dans ses études sur le peintre américain, Cat1in.
En fai t, les lecteurs de Baudelaire ne connaîtront le '·co.nac d=
S>u.vage,6" (1) que par les fu,';..o6<..té6 C6.J:hétUjUcM, alors que le
grand pein tre du "SOULIQg.e1l a séjourné en Europe pendant trois an,s,
exposant son musée indien.
Dans le Sa~" de 1846, Baudelaire rend hommage à Catlin
d1avoir
"6UP.z.,·v.,UI,<,./OOJ'Lt .<mdu.Le caract~'Q, {LeI' e{; Lihre,
et f.' c;xpre-o-own rwbIA ck =6 br't1JJQ.6 gen.6•••
paz· ·lRur·6 beUe-o ~ ",t e'ai.6= ck le.uM
fOOUVQI7r'ftW,
=.6 Sau~ t ont COfTPI'OJ1dsoe
·fa <>cuf.ptu.'Q, anti.que" (2).
Catlin a réveillé en Baudelaire des curiosités esthétiques
si fortes que quatorze ans plus tard, Ë, i.:ll/ull.c; des indigènes d' Afri-
que du Nord,
le poète les comparera à
"c= S>u.~ du no rd-Ané"'-q ue, conduU;.6 par .te
(:>R-i:n.tre Cattift, qu.L mPflle cJaw.. fAUr état ck
(1)
- Cuz.i..o<>0té6 cM.théti.qup-<> , ,f.'Art l<ormnA:.<..que C?..t au.tre-o oeuVre{}
CI·0ti.quc.o.
Edition H. Lemaître, Paris, Garnier Frères, 1962,
p. 135.
(2)
- Idem, ibid .• pp. 358 - 359.
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décaclens::R., noua {aUla,i.Qn,t f'êver
. \\
aux. ~ homé.N.qWUl" (1) •
Catlin est encore le lien entre la perception esthétique de
Baudelaire et la peinture d'Eugène Fromentin. Au Salon de 1859, Fro-
mentin avait exposé une série de tableaux dont AUcU~ce dan6 un Xha-
.tL(at, Batd..cw..~ nèq.r-e.<:. dan6 f....cMtri..bu.-t.6, oCiAi..èr-e d /Oa~i...a pcmdan.t.
.te <:.i...roc.c.o, Une .ue à Ct-..4o/wuo,t et Souvwt<..."" d'Atri..qu.e (2). L'im-
pression de Daudelaire devant ces tableaux exotiques est particu-
lièrement forte :
".9f... n' e.<:. t f'XM clL{t ,...cUe,
6 cri t - il. eUe.. c.onpr'<2T1ds<?.
d.e. q,mf... amour U .. (Fromen t in) au,l<'.. f...<>.<:. nobf.e<:.<:.e<:.
de fa V,J2 pau ,i.n.n.:a..fJ', c,): avec. que.f... Lnté.-êt i.f...
con/:pn1pf'..&!- ce.-6'~ en qt,L ,~ub~wte QTlcon!.
que fL/U12. cho<:.e d.J2 f...' an ti..qu.e héro ê4m2..
Ce n'Mt f'XM <:.eu-iR""ft·t dM ét.orte<:. édatante<:.
et d.e6 =<:. =ri..eu.<:.<'.ment ouvragéM que 6e<:.
lf"LL'" 60nt Qpri./., nni...a <:.u.r·tou.t. d.e cette grav<..té
et de ce ~ patri...c.i...en qu<.. car'Q.Ctéri..~ent.
.f..M
chc>.1<:. de t.r-i..bu.6 pui..Marite<:.. Yef...<:. nou6
appt:U'urent,
U 'f a quat.or= an;" à peu prèG,
c.e<:. "au.vage..~ du no.d-..'Î'r.z...-t.qu.e, c.otldui..tA pa.'
eau.Ln, 'lui... •• tlO<M (aWil<..en t f'êver' à
f... 'Q.I' t
d.e Ilt'.di..fM et au"" <]n,u1deu."", 'lOméri..qu.e"... " (3).
(1)
- Curi..06i..té6 Mthéti..que6,
pp. 358 - 359.
(2)
- Fouad Marcos, YrolTk2ntLn et f...' ..t(,"-q=, Montréal, édit. Cosmos,
1973, p. 209.
(3)
- Cw"-.o"i.té." "".t1téti..qUM,
pp. 358 - 359.
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La référence constante à l'antiquité confère au mot sauvage
sa connotation particulière. Suivant l'éthique et l'esthétique
'baudelairienne~, le ffS:Ju.\\.IC2.ge" est supérieur au non-Sauvage, ainsi
que cela apparalt dans la poo"w...'Q. de .la Vu,. rroderne : le poète y
exal te la "nob;teaoe pE·i.mLti...ve" de ces ".= que noû'Q. ci..vW...<>ati..on.
c.on.!Ui1e et. perverti..<?t.ai...te vo.f.Dn.t:,i...eN de~.
Le sauvage,
dans sa primitivité native, excelle dans cette qualité proprement
romaine,
la grav~taô : il est aussi fier que le dandy à qui on peut
l'identifier.
I!~~ n'o~che, continue
Baudelaire,
de ouppDO(u' que. .teo t"i..bu6 que nouo
nom,xJno Oar..L<-<lgeo ooœn.t t.eo débNA de
'PW1deo cw<..e.i...6ati...on.o d.u~o" (l).
Dans les noteo nouvetLe6 .~ ~. Poe, Baudelaire systéma-
tise son argumentation:
"cl:' horrme. cwUi...6é i..n.V<ZJ'>te ta r-J>Uooo~ du pE'Og«o.6
pot.LT' oe con.60f.e.' de oon. abdù::a.ti.on. "t de <><> déchéance,
=.peru::lant que e. 'hon-rœ. 6OUVa.ge, .?poux:. .'2dou,té et
""..~cté.,
9U"",..u,." c.o"t.ai..n.t. à .ta b ..:wou.'<? pel'6onrmfk,
PDèb? au)(.. MuT"eo mélanc.oli.qw2.6 où, te 6O.t"i e. déce.-i.nœû.
J
LJ1V''-..t.e à du:Jn..te,' &!.. ~~é e-t f.eâ aru:.êtt",-~,
n2ôe CÛ2.
~fU6 pE.Q.6 fa .e.i...6i..è.'e de e.'wéat. !J.Let&'>' f.acww.. 00<7.1'0"0-
n.ou.6
lu<.. ''Cf''''Ocher ? Je. a .te pE-êts<?, i...e. a te. 6Oro..er
e.t. le m2de.ci.n.. lJ.Le di...6-jR. ? .!I.e. ",te cIandy, 6Up6Vme.
mca.rna,ti..on. de e.' i..dée du beau .tHJn~.·too dan.<> ta
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rratérWU..e, =fUA.. 'lui... di.cte. .ea. t 0"",,- <û. règle &6\\.
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nnn<'..èl"eo. .• Cotrpareron.6-nolLO noO lJew<. pal"e00euJ<. <û.noo
oreUi.e.o CMOourcLi..eo à c= lJew<. qu<'.. percent. .ea. bn.une, .
à ce<> o''eUi.e.o quL ~t. t'herbe qu<'.. pauooe ? (1)
Chez Baudelaire l'exaltation des régions tropicales est avant
tout, sur le plan chronologique, liée à la peinture.
".fa. {oiLe .t.&-opL-
c.atefl
trouvera Wle nouvelle expression à propos d'Eugène Fromentin
dont il dit qu'il a peint
".Ia. ~_èr-e et en. ,.halPMr qui... jettent darv.;.
qu.ef.quco ce.,'VQQUX. une. capèce cie {otiAtropLca.k,
&"0 agî.../:Qn.t d 'W1.Q. {uroM"
i.napn.~,Qbte et e.cw
pouoowvt à cie"
danoeo -UtCDrvlueo Il (2).
Fromentin·, j~squ'en 1859, n'a exercé son génie Qutà peindre
des tableaux évoquant l'Afrique du Nord et plus particulièrement
l ' Algérie.
Les f3ate.ku.ro 1'1Qg.'Q.O efan"
{PA
trU:uo représentent des
danseurs et des acrobates, des r'g.rwt.~f/. La danse africaine dans
son apparence de désordre et de folie,
telle que l'exécutent ces
saltimbanques nègres de Fromentin, restitue lthomme à sa primiti-
vité native; et crest ce qui a le plus frappé l'esthète Baude-
laire. Ainsi que le montre Paul Mantz,
"~ PRoO ~r<i 1'1Qg.'Q.O,
m. J''On>:'J'tti.n a vouf.u.
pe.i..ndr'e W1.e {êLe, une. {i>.t.e toUe,
é,tr'Wlfle, diAtoqu&,
et. <'..t 1} a c.orrpf.èA:em:>nt .-éu06<'.. ; ,'eO n~, ''evQ.W6
cie cootumeô .tr<u, vo~të e.toenrio darv.;. UI'1 gçan.d.
(1)
- CUI'w6Lté,o eo·/:ho2,tL<jue.o,
pp. 626 - 627.
(2)
~ Idem, p. 358.

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282
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poy6age, cian<l'2l1<t et. <le ~ avec t ....ri.e, pszndan.t.
que <le<l n'U<l-Lc0m.<l ~t <>ur un. ~ (lU)(.
bruyanlA ooccadéo, ~ =tta.ti..oM endi...ab-L<2.<v.>"
(1).
Baudelaire associe par l.'imagination cette "toiLe"
aux ef-
fets de la chaleur et du soleil tropical.
A propos d'Une PUe à CL-A9houaè, Baudelaire avoue
",~ me âU~'Pw..nd6 à envt"..e,.. f~~ ~ort. 00 ce6 horrTTJ:?6
Q.'(;PJldu.<l <lQl.U> ce<l onbre<> b&!""''4, 0t don,L (.e<l fjCW'<.,
q+tt.. ne t".Iont 'ï.i. évei..tf..é6, ,'lt.. c>ndD,~, 'n' eJ<PI0nent,
6i.. .tDlLt.e{oi..<> <..&" C'.xp.·i.Jnc,Jtt que&jlLe cho6e, 'IlLe
t 1QI1l)lLr du .-epo6 et te 6ent.Urtc>.n.t du bonhe.u..·
qu.' t.n.c.p-Lre une. ~6e f.umf-Q.n~."
(2).
Comment une image visuelle se cristallise en thème, nous en
avons ici un exemple où le motif du lointain devient prétexte à
la rêverie et à la nostalgie.
L'imagination d'un esprit épris
d'''aLe..e.eu..r6'' donne une interprétation extatique à une réalité plus
accablante, à savoir, un après-midi de chaleur excessive sous les
tropiques.
"Jt e<lt p.-é<>unnbte 'IlLe je <lUi..<> rroi..-rnêm:;,. aU:.et..rU.
qw>.&jlLe peu. d'un.e no<l talgi..e qlL<" m'en traÛ'le ver<l
te <lote<..t. car de ce<l toi-te<l ~-"'M.<l (celles
de Fromentin) 6'élève pour mo~ une ~r P-n~~te,
qui.. <le coru:fRn6e b0m.tôt en dé6<-r6 et en .-egret<> l' (3).
(1) - Paul Mantz "J:e, Salon de 1859". Gazette des Beaux-Arts, (1er
juin 1859), p. 292 . •
(2) - Cu,.w<lUéo &.théLLqlLe<l, p. 358.
(3) - Idem, ibidem.

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283
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1.."
La "pa.reA6.e".,
la nonchalence. la langueur et la douceur de
vivre sont associées dans l'esprit du poète aux pays chauds évoqués
par les toiles de Froment'in. Baudelaire en gomme le réalisme et la
misère, que pourtant Mantz ou Marcos y ont entrevus. Le premier a
perçu les "cmervani:ea ardtw.ro d'un aoieU ~ "
(1) le se-
cond parle d'un pays de soif "vécu, 6enti.. et t.raduU" (2) .
Baudelaire ne mentionne aucun tableau de Delacroix en parti~
culier ; 'c'est llensemble de son art qui semble évoquer le paysa-
ge tropical.
Dans llatelier de Delacroix il règne, dit-il,
l'QJ'l
d.Qpi..t de
notre ,.i.-qi.dp. cti.Jrnt,
un,,- (P.npé.-atu,,,, <iqual:o.·ëa.te"
(3). Avant d'être
une expression poétique, l'objet esthétique est essentiellement une
sensation. Dans une perspective pittoresque,
il" s'agira, à partir
d'une peinture observée dans un cadre,érotique, de produire un ef-
fet semblable à l'impression perçue. Ce sont généralement les
"!}a.Tdi.n,c {obu.·teWG, hori.:z.on6 lJrm<,n6p.a, COU,'6 d'eau
plu6 !:iJrpi.de6 qu ,;~!: n 'e6t =tu,..,,!:, et couf.an.·t en.
dépi..-t dM toi..6 dl? &:<topo~Q{:hU2., IOch"-''6 g.i...gan-
œ<>que6 ct con6tn,LLt6 dart6 dP-6 plopoJ-ti..on6 W.éa!:P.6
{tottan tc6 CDI77T>2. un .-êve"
( 4 ) .
Ces sensations que Baudelaire éprouve. à la contemplation
des paysages de Delacroix et qu'il associe volontiers à la chaleur
(1) - Paul Mantz, op. cU.,
p. 38.
(2) - Fouad Marcos, op. oLt., p. 135.
(3)
- CUrl.o6<'té.6 I4thétA.qu<U1,
p. 442.
(4)
- Salon de 1846.

284
- -;' ... ~ ,
'~. ·,trO~èâle·; sensations de sons qui pa"rlent, de couleurs qui tintent
-,-: et de'; parfums qui racontent des mondes, sont d'ordre synesthé-
., -: --
Sique et spirituel ; elles se rapportent étroitement à la théorie
baudelairienne des correspondances. Lorsque dans un cadre idéal,
le peintre y associe le portrait d'une femme, comme l'a fai~ Corot,
-alors l'évocation atteint le comble de la perfection. A propos
d1une peinture de Corot, Baudelaire a justement écrit
/
"Cette ve.-te canpczgn.e où é-taU aoôwe une {QfffTIQ
jDunn.t dU. vU:> f1>n - cette nappe dR. 60 tei..t au
~econd pfnn, édn}..rant te gazon "t coteront
d'une rrr:zn.i..è",,, di..{{ér<dtte que Le p.'<!flIi-e.r - étai..t
ce~,ta.f.....n.ÇJfllPftt ~ olirfaCfl e·t Wle ol,docQ u-è6
r'Qu66 IJ-!. Il (l).
L'homme civilisé, dit-il,a perdu toute notion dtorgueil et
de"fierté, traits distinctifs du dandy.
Tl ne peut être guerrier,
ni poète, ni prêtre, ni ordonnateur de valeur. Eugène Delacroix a
tant fasciné Baudelaire que le poète en est arrivé, au comble de
l'admiration, à lui attribuer les caractères de l'homme idéal,
c'est-à-dire du sauvage,
"Jt t} avni..t daM wgQne. 1",.[a=ov.. beaucoup du
SauVOlJ<'., c'eat f.à ta. pfu.a p.J..ki..euôe parti..e de 00'1 âme ...
-';<t voua ai.. di..t que c' é-taLt ôLI..-tou.t (a pas-tiP_ natu..""Ue_
de ,-'âme dR. 1J<dn';S'Ov.. qui.... •• t .-oppa.Lt t'ob~,,,,vateu.r
attenti..{. .. -& ca..'QCt~ ~U1ue même dR. aa phyo.wnam'-"-,
00'1 teLnt dR. p.uuvUzn ou de rrlata.w . .. toute aapeNonne
(1) - Salon dR. 1845.
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arN..ui PW6 d' WU!. (oi..o 1 <21t te 1"<2t)CU'dant., dR. rêver cIRA
.1
anc.<..ew.. 6ouveoni.n6 du Tr/rvGi.qUJ2. dR. ce Tl1on.tQ:zunr:J. cJon,t ta'
main hab<-te
awc. ="-(i.c.e6 pouvaU i.nJmter <21t un. 6eut
j.o<.<r .tJ '000 rni...UR. créaA:u....." hunni.n.e.o... CÀ< bÙ>n. dR.
qU<ûqu'un dt>. ce<> pri.n=" hVJdou.o ''lu<-, dan.<. 'f.R.o ~
dR.o p(.u" gl.ori.R.uoeô (Q,teo, poJ-tent au (and dR. teu.ro ~' '
une oorte d'avVi-i.,té in~i..o{aUe. et une ru>"ta}g';..;'
~1...cab&, quelque dwoe comn>. te oouvenU' et. te
.....g.ret. dt>. dw,,"6 ~corvu.te6" (1).
Le Sauvage de Baudelaire n'est ni le "bon. 0iJUVQge" de Rous-
seau, ni le moraliste raisonneur de Voltaire. Le sauvage c'est
l'homme moderne qui ne se rend pas esclave de la technique et de
l'industrie;
il apprécie tout ce qui est beau. Sa partenaire. c'est la
femme sauvage qui aime la parure. CI es t la "baby"
; ce lle qui se con-
fond avec la nature qui
l'environne.
b) ,- La femme paysage exotigue
On aurait pu dire "J:n. 1enme et. te P0Lf6QJ}e", si le poète en
avait laissé la liberté. Mais le personnage, de par sa complexité
même, n'est pas seulement un objet de regard et d'admiration, pla-
cé au milieu d'un décor, d'où on puisse le détacher. On doit remar-
quer, à propos de .lL:t Çjronte-,
la confusion de l'image-portrait avec
l'image-décor. Ce phénomène traduit la recherche d'un espace poéti-
que à travers la
personne de la femme : recherche qui aboutit,
(1)
- Cu..t..06U:éo &~t.hét.i..que",
pp. 438 - 440.
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286
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'...,
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'dans la plupart des poèmes, à la présentation du corps féminin', dans' -,' /' \\~
sa totalité/ou de certaines de ses parties: chevelure, yeux ... A
la limite, le personnage de l'3nvLtat~ au Voyage fournit au poète
la synthèse vivante de ces lieux. pays de rêve et d'évasion.
Quelques, lieux sont particulièrement évoqués dans ~6 Yleurô
du mat, qui constituent des "c/oIrn<.mu. poéLi..qu.e,o'" privilégiés. Mis
à part le "gou.ttre" infini, qu'on peut considérer comme une solu-
tion de rechange, il y a principalement les "~"pocQ."" .t~" ou
les
"cJu::znp6 eumLne>..uJIC, ".t (J,e,'Q,t.n.(J,"
qui, au début, ne risquent pas
de faire penser au personnage de la femme; ni même au thème du Voya-
ge. Mais Le rapprochement commence à être perçu dès Parfum (~~ue
et .Ca !J.tevedur'<2.,
où on relève des évocations répondant li peu près
aux mêmes tableaux :
" ( ••• J • .f-vage-6 hp..u.--o...LL~
Q.,.'QbtouiA....ent te.... {q.LL'<- d'un ....oteU rronotDn.e" (1),
"Un por·t ret.en,tiA6artt où mon âm>. p<!Ut boU'<2.
A g.rand..o {to,t6 te P'U'{um, te ""on et .f..a couteu.r·",
et surtout
"Jn{ UtiA ber-cem;>..nt6 du ,toiAi..s· errbaLurr2 '
Vou.... me rc>.ncfuz. t.'a:.zu.r du cud Urrnen.6Q. et ,Qnd" (2).
Il s'agit, comme dans ~te~tLon, de lieux de rêve ou d'éva-
sion auxquels l'esprit ou l'âme doivent accéder. Le Voyage exotique
correspondrai t alors à une forme de ,'oubf..i.m:::ll:.i.on'· mystique, puis-
qu'il condui t le poète vers les mêmes "wtin~té-6".
(1)
- F. M. Poème XXIII: .fa. CheVQ-Wre,
vers 16 - 17 / 25 et 27.
(2)
- F. M. poème XXI
: J'a Vi-e Ahtér·i.eur'<2.,
vers 1.

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- .Je
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287
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1
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De même que le poète souhaite atteindre aux "eApoc e6 t~-'
.' ,....
cIR..6" par les ailes d'une "af..ou.ette", de même il rêve d'aller /I~.
000", à travers la chevelure de la femme, ou à travers son corps.
Loin dlêtre gratuit, ce rapprochement permet de reconnaître
à la femme une fonction spirituelle positive, et de poser d'ores
et déjà les premiers jalons pour une étude de la double valeur de
ce personnage j en ce sens qu'il peut communiquer aussi bien le
bonheur que le malheur ou le '7Tht".
,.
.~.
~
"
Les
rn:.zgn·L1. -f.-Qu.e.-.) 1. OJ1n2.6
,
lieux d'exploration poétique, et
les "g.pJlOwc.. c2n..olrTIe:6"
présentés comme des bords d'un précipice. font
également penser à ces
1
l'gcJlDUJG '
où le poète ira chercher
son ,Jpao.6é.".
Une image intervient, qui réalise l'harmonie entre la géante
et le paysage : elle
1
1 <) '.é-tend.
à t''l''.ll/Q..r'6 ln. canpagn.e",
et il est
intéressant de remarquer que le tableau qui constitue le fond déco-
ratif de cette image est un paysage nonchalant, pays de paix et
de rêve : "Corrme un hamC>1lU pai_~U,& au r:><-ed d'une. montagne" !
Le portrait de la /'j.ew1.e g-c2QJî.te" recouvre ains i tout 11 espa-
ce, dans ses deux dimensions: les quatrains nous la restituent
dans sa grandeur verticale ; les tercets font intervenir la notion
de temps: été, soleils malsains, pour l'exposer horizontalement
par rapport aux éléments de la campagne, hameau, montagne.
Le corps de la femme apparaît donc comme une forme en harmo-
nie symétrique avec
~es éléments. Ce complexe analogique atteint
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288
.. ,.
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~
, ,;/~:" 'son dernier degré dans la touche picturale de "t'otrbre!',. trai t \\arac:':;,;~~~::'
té'ristique qui s', appliquerai t
peut-être mieux au paysage.
"
Cette forme de présentation sera encore plus directe dans.
les,:poèmes fa Chevelure et .t '..9nvi-tati..on. au Voyage.
Mais on doit remarquer que le personnage, du fait de son
instabilité. est un modèle du corps "en. métarror#w6e".
L'ambigu'lté,
caractéristique essentie~le de cette figure, s'explique comme une
conséquence inévitable des oscillations qùi font déplacer notre re-
gard du "VQ,...ti.-caf." à "f.'ho,,·f...zort-tat..",
et de la forme unie à la for-
me diffuse.
La femme offre donc au poète un miroir où transparaissent
des régions, autrefois lieux d'expériences personnelles. Que les
solei·ls marins les teignent
de miiie feux (1), et'eLies-rèdeviennent
des "pcwad.i.A pe.rdu.6"
que va rest i tuer le corps de la femme. ;
".4ùu><" t' wrnn.t 6ur un. ,corpo adoré
1u 6ouven.<-r cuei.,Ue ta f ieur e>cquwe" (2).
C'est sans doute dans ce contexte que le personnage apparaît
comme '?r}Q..re dR.6 <':.0lI.Venu·6",
car il engendre ou plu tôt regénère "t..'an_
,ti.que"
univers spatial du poète, qui est fait de l'beauté 1t ,
de dou-
leur et de profondeur infinie
"Q..e f.e.6 aote<..ta 60n.t beawc. daru>. f.e.a du:Jucka a0'-rée6 '
t' eapa.ce Mt profend ' ( ..• )"
(3)
(l)
- F. M. poème XXXVI·II : Un Fantôme,
II : J'Q Parfum,
vers 21 - 22'.
(2) - F. M. poème XXXVI: Jk Batcon., vers Il - 12.
(3)
- F. M. poème: XVIII
: ~'Jn.v~n. au Voyage.
...

289
..'~
. ·f-
\\
Les univers ainsi reconstitués autour de la femme ne sont
peut-être pas. uniquement des "a.OLt\\.I'eTLL.r-o"
: ils peuvent être aussi.
de pures cons truc tians dè l' imag.i nat i on, un "pt:,lA.JO qu f on. i..gnore."
en réali té, mais auquel le poète rêve, dtun rêve nostalgique re-
connu comme /'_._D-J'
{ , .
"
nnuzat..e
Levreu6.e.
Mais encore. ces univers sont vrais,
parce qu'ils s'identifient à une réalité vivante dans l'esprit du
poète. Les transpositions des continents ou des pays dans L'Jnv~­
tatéon au Voyage des PetU:.6 Pop~ en 1"'06"-,
".C'o,·i..en.t de t /Oeci.cf.en,t
fa Chêne de t /&''01''''... ",
dés ignen t un "vn:û... PCZy..:l de COCf.l9J1.r?. fI,
parce que Ce lui -c i ressemb le à
la femme .. C'est un peu le
mécanisme inverse. par rapport à celui
des autres poèmes du groupe du Voyage, qui se produit ici.
Le poè-
te. part d'un "pays imaginaire. vaguement représenté en esprit, pour
aboutir par rapprochements successifs au corps de la femme.
Les élé-
ments constitutifs de ces pays s'organisent et se précisent progres-
sivement à travers des notions qui se rapportent toutes à ce person-
nage:
"Jt ea-t une contr-ér>. qui.. te r-eaaeJrble, oÙ/:Ou·t
eat. beau, r'i..che., t.r'WU/u-i..Ue et hol'lrlR.te, où f11. {antai..aw
a bâti.. ",t déeo,,, une Chi..ne· od:ù:WJltaf.e ( ... )" (1).
Il suffir8~~ de relever les précisions descriptives et topolo-
giques de Par{um ~tLque, et des deux textes de la chevelure pour
faire comprendre la si.gnification du complexe Femme-Paysage. Dans
.
'
, ,1
ces pièces,
le corps de la femme reflète, à la manière d'un tableau
--------------------------
-----------
(1) - f. M. poème XLIV : RéV"-r~i..&i..ti..té, vers 23.

.~: .-'
..:..i.• •• ' _.' _
,'~:-'
.";'
."
":., .,.-i
290
: \\.'
-~: ~.
.'.
de peintur~, un ensemble de paysage complet et harmonieux avec ~', ;';:.
. ";'.
bien sûr, tout le réseau d'air, de parfum et de sons qui anim~'
...•
' . '
l'espace' :"
")Je vo-iA 6e. dél'O<de.r de.6 N..vage.6 heure.wc.••.
1'Un<..
UR. p<2.reMeu.6e.•••
,.~ =bre.6 ••.
"212.6 ho""",,-6 •••
"212.6 tenme.6 •.•
".?e. voi..6 un pcif't '''''Pu. de. vo<..te.6 e..t de. rrii.t6 •••
"te. pcu{um de.6 V"-rU -I:arrn.-i..ni..e.r6•.•
"( eR.)
chan,t de.6 nnrÙ1.i..e.r6 ".
En effet, c'est l'odeur du corps qui /'gu.{.de.,t le poète en vo-
yage vers de charmant~ climats,
ct c'est elle qui fait revivre le
l'Par{,um &.otéque.".
tci. réappara!t d'tailleurs une des vertus
les
plus ambiguës du. corps de la femme;
et plus spéci.alement des "6en-
f-_~.
"

' d '

-U!Ur6 . qul. s en
egagen L-
:
"Pendant 'lue. te. paJ'{um de.6 ve.r.t6 ·tam:zs.i.n..i..e."6
Q..i.. cJ_''CL<te. dan6 e. 1ai..r ct m' QJ'l{ te. .fA. ruu'Ù1.e.,
Se. m'i te. cfan6 /TOn âme. au clwnt de.6 nnrU-ti..e."6 l'
Evoquant la correspondance des tI&rrma.twn6 de ce ("..o"'P6 Qf1cftan-
·té" (l), le poète constate:
"Son hate.UIQ {aU ta rruc.i.que.
Corrrm. 6a vo<x. (ai-t te. parfum"
(2).
(1) - F. M.
poème XLI: Tout Entier, vers 17 - 18 1 et 23 - 24.
(2)
- cfa. O1e.ve.·ture.,
vers 7 - 8.

' . '.'
... ;
.._.
.~
:;
... '.... ,"
,. ~
: '."
:{ .......
· ....r
291
J1J. Œ.eUl2huoe et Urt ~èloe <Jaru. une CJuw<.&...., présentent
la femme comme un '~,jni..ve.rQ" où se dressent toutes les représenta-
tions concrètes de Parlum ~ue :
''Jout un monde lointain, ab6ent, pI"'e6que défunt
VU darv.:. te6 r:wo{ondeur6, {o.oêt aronnti...que ! l' (1).
Dans Pas{um ~ue,
le poète se contente d'une attitude
"_, ,,J'
"
f-LU-C"u:~ue.
qui le maintient dans une rêverie extatique ; il semble
tenter de faire aboutir sa démarche, par un contact qui opère, en
que tque sorte, une "p.crc..é.e.!I sur l'un i vers recherché
",~. p€onlj.Q.'Gf- m:z. tête. at'I'OU'''P....u6<.? d' f-VI'"'t2.66e
lon.6
ce. no Î-r océan où. '-- 1au.tre (!..6.t (?.rt.{ ~:>..,rril.
.t:t I70n e6pri..t au.b ti..E. 'lU<! E.q ''OUf.i..6 CGI'P..Me
Saur.... vou-~ "",t''OUl/e'' ( ... )".
Enfin, la femme l
"COIp.6-mu'oL6,1' qu i l'es taure la beauté du
monde esthétique, recouvre ici une des caractéristiques nées de sa
nature singulière. Elle n'est pas simple génératrice d'un "Pa.y.â 6·ÎJ1.-
guE.Ù!.r". Elle est ce "pa.yô/:même, par ressembtance et par l'corr"C:>..C-
pondanCR.".
En tant que telle, c'est une figure qui garde sa parti-
cularité par rapport au monde immédiat. Supérieure, peut-être, aux
au tres, /rCOfTm:;!,.·t' Apt t /ect à fa. natu.,-e",
l a femme es t un "Ln.ot,n..urkYl-t"
de la création artistique de Baudelaire; ce qui justifie sans dou-
te que la Nature soi t, à t-ravers son corps, 1'.,.'t2.fo,m2.e!', corrigée,
embellie, et "~{ondu.e" (2).
(1) - P. P. P.
: XVIII ,1: '.Jnvi..tati..on au. Vo~
(2) - F. M., poème XX : .1ft. l/kz.6q"e,
vers 20.
/ i

292
il) ..:. FEMME DE COULEUR ET NOuVELLE EslliÉTIQYE
La charge affective que porte l'adjectif l'beau"
lorsque les
poètes l'attribuent à une femme est si grande qulan ne saurait se
fier à leur avoeu
ce jugement esthétique est des plus subjectifs.
On a l' i.mpression que lorsque le poète écrit ma "belle,1 cela signi-
fie plutôt ma bien-aimée. C'est le sentiment qui confère à la fem-
me sa beau té
:
"c? 'ai... ·t,·ouvé fn. dét LI't;~U.on du8<>nu, cf,;,. rron 8enu.
C',,·st qu"fquQ. chan" d 'cu'CÛ.!!'tt "t cf,;,. tr-;-At<?,
f1uf2.fqu.e cho6e li /un r::w..u vague,
f..a.iA-6an.·t ca"l~i...Q,,'Q.
à. fa conjQûtu.","
(1).
Le beau haudelairien est donc mystérieux. Voilà pourquoi la
belle femme que chante le poète possède toujours quelque trait sln-
gulier : elle est bizarre.
En faisant du bizarre le principe fondamental du Beau, Baude-
laire a réussi à créer un nouveau modèle de beauté féminine dont
l'archétype est La femme de couleur. C'est au nom de ce principe
que la Vénus noire peut être chantée au même titre que toutes les
belles femmes réelles ou fictives dont ie portrait constitue le thè-
me de cette poésie lyrique.
Continuant la tradLtion issue de La Renaissance. Baudelaire
reste très sensible à la couleur des yeux qui sont des éléments
constitutifs de la beauté féminine.
(1) - mon coeur mu., à l'lU, Fusées, 133.
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Lorsque les poètes dressent le portrait des femmes, ils ac·-.
cordent une importance particulière aux yeux. La puissance du re-
gard féminin est telle que l'amant tombe amoureux dès que ses yeux
rencontrent ceux d'une belle femme: Ronsard, victime de ce "coup
de (oudre",
l'explique à la manière pétrarquiste:
l'At.n.,,i.. J- 'aUa;-a. Mn" e:>pou'6 de dorrrmf}12.
,fu jou" qu 1lUt oei..I, 6U,· f... 1QU"Le. de. nnn. âge.
1i..= d 'Wl coup. mUlQ .t.aU" en. nun '{ (arte" (1),
Ces yeux qui font; naître l'amour ct qui parfois même inspirent
le poète sont un signe de la Beauté; chez les poètes. renaissants,
ils sont d'ordinaire' bleus.
Même à l'époque romantique, certains
poètes continueront de priser ce~te couleur; Verlaine écrit:
'''mJ".t\\.quea ba.'CaSo Uea.
l?onnn.cQa aana paro.(.=
(}'èr'<2..
pt<Wque tea lfew<:.
Cout,'J'<" dea ei.eu~ .. " (2),
Le poète choisit Ip. bleu même si les yeux noirs ne le lais~
sent pas indifférent
"
c·t cetû>. SU.vonu..
:'be",t j' ""'Me ai.m2. f.' oei..t no;"" a<- ti.en n 1étai.t &f.eu
Ct qui.. par{ou, m? {i..t dea <> i..grv;?a, pafAorrb f.eu '
1e aert-ettetoujoUf'a de douce con'{i..den.te ?" (3).
------------------------------~-----
( 1)
Ronsard: Amours de ·Cassandre "Conme un. cheul"t2Ui..e.!' •• ".
(2) - Verlaine : 1i2cIP/.l goJAnt= : "A C~e".
( 3 ) - Idem,
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294
Cependant il a été créé par les' ~Romantiques un modèle com-
1
mun d'une femme styliste' et représentée par Lucile ou Elvire: vi-
sage pâle et
,§maclé "yeux. 6orrJH"<!.6 ='''1''6 de bn.m. et. ~ dv;,.ve.-
û<re no-i.-re" (1).
Baudelaire va priser de façon particulière cette couleur
noire des yeux parce qu'elle est une caractéristique des femmes
noires' dont il nous dresse le portrai t.
La belle femme qu'il admire est une "Statue QUIC. Y<!U'G cie.
jaw" (2)
;
le poète fournit d'abondants détails sur cette couleur
sombre :
On pourrait muLtiplt~r les exemples. B~udeLaire compare ces
yeux aux ténèbres, à un antre ~tc.
L.es yeux de la belle femme sont noirs et grands 1
et exercent
un grand effet sur les poètes. C'est préclsément parce que la dame
créole a de ces yeux que le poète l'invite â ve~ir se rendre célè-
bre en Franc e :
"Vou.o (er,j.R..2.'
à e.. '00.'(.. de6 orrb."CU6fb~ ''et.aLte-ô
J
Çem>2r mLtl'.c 6onne./:6 danc .f.e CD".'-'" OOC poèt.e.6
, "' '-....;.,.
(1) - A Chemain ".C'i..rro.ge de '-a tPJrTr"e noLre. c:ltJrM .f'.cc verc de E. S.
Scm.ghor" in 8uU.e.U.n. cie. t' Cn.6ei-l)nemen-t Supé•.;..eu.· du Bén-i.n.
N° 13 ; Mai
- Juin 1970, p. 71.
(2)
- F. M., poème XXXIX.
"Je. ·te donne =6 \\.Ie"C'" l'
(3)
- Les Epaves; poème V.
fu /TIonc u'Q..

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C4e voô grruu::Lo yewe. rwu:t.-~ pW.() 00UJl'>i..ô
que voô no~/' (1).
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La Malabaraise est plus belle qu'une Blanche parce qu'elle
...
·a une large hanche, des mains et des pieds fins. Mais sa beauté"
réside aussi dans la grandeur de ses yeux noirs
:
"JQÔ g..ondô yt2UIC. de. vei'.otu·ô ôont p-fuô n.o<..,.·ô
qUQ
ta cluZ<..r" (2) '.
Bien qu'ils soient noirs, ces yeux ne sont pas ternes. Au
contraire,
ils sont
brillants, brûlants comme du feu;
ils
exercent sur les êtres et les choses une espèce de rite purifica-
toire par calcination :
"Avee fp,~ YQ).l.'G dQ {OiL, b.·jj'... ean.t.6 corrme. 006 têt..e.~,
Cair..i..nc c.eÔ r.œrbcawG 'lu/ont p.pG..yn,éô fp,ô bêwô"
(3).
C'est grâce à ce pouvoir cathar';.Lque que les yeux noirs sont
supérieurs en beauté aux yeux bleus :
nE'oeLI'. d'azur' Mt vai..ncu fXLr t'oei..t noi..r qu<- tadt!>b>.
f.e. =. c.f.Q tffi<2b.<>..w<. ,t~ fXLrteô douf.QUrô
l!e. e.a IT'Ô.te Sapho, t'=
~ e tte po!>b>." ! (4) .
Les grands yeux noirs sont donc deux feux qul illuminent le
visage de la femme,
et la rendent par là même plus belle:
(1) - F. M., poème LXI : ./1 une CÛlJrR. cr-éof.e..
(2) - N. F. M~, poème IV : .II unQ maf~i..-:>e.
(3) - F. M., poème LV : ('.QLMQr·i,.Q.
(4) - Poème IV.fuôboô 'Pi.Rc.eô CondarrnéM".
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"YQ.6 y.ewc.. U~éd a<.nci. que de6 bouUqueo
Ct. de.o i..(0 t f.atrboyanLo danoteo t iU:..e.6 p..d>UqUQ.O
UO=t Vv.lotQfrmQTl.t d'un pouvou- ~ .
~ C<Jnnaw", jannw ta. toi.. de. k.... b<zauté." (1).
Parce qu'ils sont grands, noirs et brillants,
Ils exercent·
un grand pouvoir de fascination sur les hommes. Ils
leur donnent
l'illusion d'un monde merveilleux.
Les poètes en sont éblouis. Dès lors,
leur vision du monde,
tout comme leur production artlstiqu~ devient mirage ; et la femme
jouit de ce pouvoir dont elle est fière. Elle s'érige
en
reine
du monde, ou mieux,
la Divinité qui préside au de~tin ÙE:: l'humanité
.. Cco POQ,tco, de.vant =0 'J"vldco atti..tw.J.,;,o
(L.e J /af_ e.' au' cl f QIlpn.4.ntC'!.,· OUI(;. pfu.-::l {t..e.l·~ lTOnu.rrr;>..nt~
Con'ÔU/1T.!.r'On.t fJ2UI'-:J. JDlll'~ QJ1 rl'QU6·tÇ»~"'C-!.-::l Q.tud.Q~
Car J'a';..., pOUl' {a<lc.uw..r CQ.'~ dDci..f.e.-::l am:::u-u,,~
lx,. pW'o mUvi...·o 'lU;, (on t
touteo chooco pf.u.o betteo
rtk.o ye.w<., /712.0 teu-g<!.o y".ux. awc. c.f.a.rté.o éten-le.tteo" (2).
C'est donc par ses grands yeux noirs que la femme exerce sa
séduction sur les sens du poète.
Tl s'agit d'une séduction irrésis-
tible, parfois despotique. La séductLon et le plaisir sensuel de-
viennent torture :
l'/~bs, c.e-::l de.ux... f)4anrk 9 p-U.'C not~~'-::l, 6OUPUowc. c/Q ton ânx?,
o déroon 0",", pi..t:<L.,.' .' ve,.oe-moi. rroi.no de. {f11TrrTl2..
(1) - F. I~, poème 'XXV : "Yu /7I2.·ttraw t 'uné.ve.-<> •.. "
(2) - F. r~. poème XVII : .fa. 8eauté.

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297
Je ne 6uiA pa6 te SUp<. pour t. 1wrOr<Ul6e.· neuf
'--' .
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( 1 ) :
Dans mon copJ.,t,· mi.A à nu., Baudelaire ins iste sur le carac-
tère violent de llamour :
l '.9i Y-
a cfan6 t'acte. de .e. 1annur' W1R- <}k-aru:ie. .<>66"",-
bfLln.ce avec ea. tortu,,,,- ou avec W1R- opé.r~n
chU-urg.Lcate" (2 ) .
Ces "~ ljP--WC- 6 ... {e,.,;,y.·W et 6<- ·t<>.ndre.6" (3) peuvent ex-
primer la volupté. Lorsque ces paupières ardentes sont fermées,
elles sont caractérisées par une nonchalance qui est consécutive
à la lassitude qui suit ltextase du plaisir sensuel.
''J<?.6. ~..n.ul(.. ~wux. oont f.a6, pauvrr-e Q"anto.. '
Rc.,ste. f..on1)~,
6.œl6.
te.':l 4'OUVof'U·
'&:ut6 <:R.U.e (JD6"- nonchalA.nte.
t'Q. 6W'pr,L.6P. fc pta'A i.r" (4).
Lorsque les paupLères sont fermées, ou à moitié fermées,
elles parlent au poète un langage qulLl
..comprend, lui seul. Dès
lors,
le noir n'est plus la couleur de la tristes~e.
Il.? 'ai~J
l' ••• l' te6. oûU.4'C':..l ..6. ~urr.bat..:.l6é6.J
2 /où !'!crrb ~en.L couPQ1• dJ2..~ ·ténP.hl"l26..
Je!'! l}C>..LLlC., quot.que. t,.Q,.6
rlO;.....6·o, m / Ln.opl..,'C>Jlt d.Qù !JCl.J16.Q.C?_6
Q..... ne. Mnt pa6 du tou·t {unQb.ç,j' (5).
(1)
- F. M.
poème XXVI : S.,d non 6ati..ata.
(2)
- l710n coeur' mi...<l à nu,
Fusées,
60.
(3)
- F. M., poème XXXVIII, Un y~ JV : J:.e Por'tr<Li.L.
(4)
- N. F. M., poème IX :Ce ,j<,.t. d/<>.au.
(5)
- Les Epaves, poèmes IV
: J:.e6 Prome66e6 d'un V<..~.

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Cette peinture est· audacieuse. L'image de la femme nue dont:
le corps est le lieu oÙ le poète pratique ses expériences sensuel-"
les se trouve comme peinte dans les yeux noirs de la femme de cou-
leur. C'est dans ces yeux noirs que le poète lit cette image. Mieux,
ce sont les yeux eux-mêmes qui parlent et décrivent le reste du
corps féminin :
"YQ.6 'l''-<.VC., .fnngu.L66Q1't'fflO;!Jl,t n1Q. CÜL>Q.J1.t.
"Si.. tu VQ.WG,
)nan.t ck ta f7U6Q. pi'a6ti.quQ.,
Suwrn f..' Q.6po c.., qu'Q.J1. ta i.. ""'"" auon6 <'X.Ci..té"
Ct ·tou6 f.e6 goû.1A que. ÛLpratQ.6t;Q.6,
.7u.
pou.,'r-a.6 r.-an.,o.·tater· no u-e vé.acÂ..té.
:C\\'-PUL,t; PP. nomb,·i..t jU6qu'àuJ<. {Q.6t;M'· (1).
Les yeux tiennent un tel l~neagc, parce qu'ils sont des
êtres antmés, doués ct 'une vLe propre. Cette prosopopée est comman ..·
d"e
par
leur
éclat lumineux. Ils illuminent le visage sombre
de ces femmes noi~es tout comme les perles sèment des étoiles sur
leu~ peau.
"5(,6 ,}(>'WC 6orlLw-U'G ant"?6 où 6c.i..nf:,i..UQ. cugu~
f.e m.}6.f:P,H?, <?t 60n .-cga.>d i..Uumi.n.Q. CD'TT1"2. t'écl.ai..r
c.'''.6t unQ. Q.'<:pfu6l.Dn dnn.6 te6 ténèb,-c6"
(2).
Senghor plus tard ~ep~endra tous ces canons de la beauté
baudelairienne pour les faire siens. Lorsque le poète sénégalais
parle de la femme noire, c'est avec des images baudelairiennes.
Et ce que Géneviève Lebaud dit du poète noir est aussi vrai pour
pour le poète maudit :
(1)
L8S Epaves, poème IV, &6.promra66Q.6 d'un Vi..6agc
(2)
-
f}", Spf..cCll1. ck Pru-u,".
" f}", dé6'.r ck peéndre"
XXXVI.
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"lan6t.'~.du po~, ta (roideur du .~
bl.artc et de6 y~""", bleu6 dea hon-rn<ui du >1Dro. devw.t'
te. 6ynboJ..e cl'un. durcw6emenA: ho6.tU.e e.t cl' un.e
rupture de ~tA...ort, cl 'cv..d:an..t pf.u.o. 9"'CWc>6
qu'i..t6 6éparent te. 6<mbtabf.e, .t 'hormrz. de t'horrrœ." (1).
Généralement la poésie européenne. lorsqu'elle traite de la
beauté. accorde une place démesurée à la-description des yeux;
"6of..ei..t6 iic1atant6",
"mi..roi-r6 de .t'âme", Après tout, ils ne for-
ment qu'une partie du corps humain. Et comme on va le voir à pro-
pos de La symbolique de la femme-chat, dans d'autres civilisations,
c'est davantage l'harmonie de Ijensemble qui compte.
b) -
La femme-chat
Le chat est une figure
très particulière. dans
le "oo6ttn.L,'Q.."
de"Baudelaire. Son importance, du point de vue du symbolisme animal,
est à peu près égale à celLe de la femme,
sur "re
p_lan
du symbo-
lisme humain.
Cette figure aussi ambiguë ~ue complexe. - avec
le serpent et
les au tres fauves -, joui t de tous les attributs qu i son t ceux de
la femme.
En tant que '·"ub6tUu.t'· vivan t de cette dern iere auprès
du poète,
i l en assume tous les rôles.
Comme la femme,
le chat apparaît dans le recueil sous deux
aspects correspondant à la dua lité fondamen tal e de l'oeuvre : Cl es t
(1)
- Geneviève Lebaud.
Céopotd Sédas· S<mtjwr ou eu. poé.CL.e du 1'0-
yaume d'c.n{ancR.•
Les Nouvelles Editions Africaines, 1976,
p, 13.
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une figure "nDb&", exprimant la volupté poétique. Dans k
ÇQante,
le "cha,t votuptwwx."
est semblable à un personnage "d'apr:;>t:U'at" au-
près dt une f'

"
re<.ne •
"..'J'eu66e aUné vwre.·auprè6 d'une ~ géante,
Corrroo. awe. pi.Rd6 d'une <<?l.ne un clw.t vofupt:ueux."
(1).
Le poète exprime ainsi un~ idée qui lui est chère
l'accé.der
à Wle dLgni..té royaIe fl Fi travers un tableau analogique où il se fai t
figurer par le chat.
Les autres poèmes entLèrement consacrés au
chat sont révélateurs de l'attachement du poète à cet animal. Et
nous pouvons dire que ce lien à la fois poétique et mystique s'ap-
parente un peu aux rapports entre le poète et la fcmm~ et préfigure
les rapprochements o.\\I~
le corps de la femme atmée.
Dans le même
ordre dt idées,·Baudelaire retrouve chez le chat toutes les valeurs
spirituelles, et toutes
les qualités physiques qu'il admire chez
le .femme exotique.
La spiritualité de l'animal réside d'abord dans sa nature:
le chat est uti le à 1'E.'h.0rmr2.",
car
comme la femme qui
le "con6.o-
le", sa voix ".touj.ou.~·<::J T-1J:.he e-t profonde" a un charme secret qui
"endort. f.Q.6 p&..6 CJ'U<?~ maw<.
Ct con.·ti..entCDu te6 1'.e6 ,,_>da·~M".
De plus, cette voix, comme celle d'une '1!L.<::Je".
(1)
- F. M.• poème XIX : fu. Çéan.te,
vers 3 - 4.
(2)
- F. M.. poème LI' : .l'.e aw..t, ve rs 11 et 13 - 14.
;. :

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- "..;-:~.~.-:~
" .~
301
Par ailleurs. et paradoxalement opposé à la "troi..de =j.e6t.é
de ta { = o.térL1.e."
(1). le chat est "fécond"
"leuro
'''ÛJlO t écmll1/.:. Oû'1..t p,{.elnO d' éü.nceU..eo
~ueo" (2).
;'1a1s la noble figure peut être aussi une "bê·te cn.l.et.f..e..", et
par conséquent dangereuse. Avant tout,
le chat est un petit fauve,
un l '.tt..qs'Q.' '. domestiqué. C'est ce qui lui donne aussi un visage pro-
che de la femme dans S"d non Satéatn. : la femme brune des Savanes
....... , p.e. }nu6 t ffi2. .en. :hvane
'-!n(artt clco nou·,.\\ mf..nu.i-r-...6" (3).
En tant que bête douée d'une puissance dangereuse.
mêlée
d'une douce
fierté,
Ilpttt...,\\'~(1fJ~ (?.t dou,'G, °''9Ue i..!'.. de f..a rrni.4on", il
est pour Baudelaire tl11e f"igure magique qui r6alise pleinement'la
conciliation mystique des contraires. Le "lx!au. (."'Mt {al·t e..t doux.
et cluu'f1'l2J1.t" a .la possibilité de sortir ses "9#-i.ttM'! et d'être
dangereux,
ou de les retrac:er pour se laisser caresser. Cette dou-
ble nature expli..que que les comportements du poète à l'égard du fau-
ve soient presque les mêmes qU'à l'égard de la femme,
"\\.KlJ7Pu-e. et
ange adDr'f2".
C'est pourquoi l'animal sert de moyen pour conjurer
...
(1) - F. M. , poème XXVII : I!Avec Oe6 vG..tem=to .•. ", vers 14.
(2 )
F. M. , poème l.XVI
JR.O
' .
Œ.a,to,
vers 12.
(3 )
F. M•• poème XXVI
SDn non. Satéatn., vers 1
4.
....
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302
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~'. :t
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l~:
sens· moral et physique du terme
dan ge..;, dans
le"
ffVLen6, t1Dn. beau chat, 6Ur nnn. coeur anou.,-e.t.vC.,
Reti.eno'-eo gr-<..{teo rk ea patte, . , . ",
La méfiance du poète exprime le refus du mal qui accompagne
la jouissance purement esthétique. Ceci ne renvoie-t-il pas un peu
à l' atti tude du poète devant le corps de la femme dans P<U'{um Cx.o-
.-t.f...que. ?
Il Y a, à plusieurs niveaux, des, correspondances parfaites
entre les deux corps.
Ce sont deux formes également malléables. en ratson de leur
plasticité. Cette qualité que Baudelaire découvre dans les c;heveux
de la femme, "cJ",.veux. ,,-1'=,tUjI~'2-6 "t lou.do" (1), se retrouve chez
"e'aural:d.<>- b&te" au "doo éÛMt.Ujue".
Il Y a également correspondance pour ce qui Concerne la f'COU_
teur"
: la "bnUlc C1:)fTTrQ ee~ nuLtâ.l', au ",Lei.nt fauve et b'W1 11 (2),
correspond au cha t à "tOU"-'lU''Q. blonde Q.t b,'UJ1.e."
(3).
Tout u.m courant de 1'6.ellfQUr6."
circule autour de
la fourrure
du chat. qui sont identiques à Il.f.'ock!uf,l' des seins l'clw.teu'·(l.ux,'' (4)
( 1)
- F
M"
poème XXXVIII : Un. Jantârr2.,
II • .IR. Prnofum,
vers 22 - 25.
0
( 2)
- Les Bijoux,
vers 28.
(3 )
-
f.
M.,
poème
LI
:
k
(J'ULt,
verS 25.
(4)
- Parfum bco,tUjue,
vers 20

'-.-~" -
303
et à cette "6enitR-u,J' qui "fTOrt·tai-t, 6QUva.ge Q.·t fauve"
du vivant sa-
èhet, encensoir de l'alcôve:
"k 6a t OU,'IUI'e bfDn.de. e.t bwrte.
So"t un. pas-{um <li.: dowt., qu'un. M·u-
J l "fl tu<l ".mbaumé, pou,- 1'..'ClJ./O ;J'
Ca.re.aaé unQ. foi...rj.,
,-i.en qu lune.".
On peut noter dans l'insistance du dernier vers la puissance
de ce parfum qui peut hien être rapproché des
!/ -."ICI L t.l'!U,'('),
cortfon..-luf?--j.
.~ e~ /hU.LtP.. dt.>.
ll
C:fJC:O,
c.lu. r'TI..LÙC <.!It du t]()l.td,-,...ln
(l),
riont le poète s'''on;J..n-c~ a,.JJ'/Tlr):'.nC". '·1<1i5 si l'odeur du chat commu-
..
nique ou donne une /'
"
('JO tl,.),(!..
,
elle est, comme celle de la femme cxo-
tique,
"l1n aL" "ub tU., un dnn.')Q.ret.lX- pa.I{tun" (2),
Enfin, derni~re caractéristique, et peut-~tre, la plus signifi-
cative:\\;,~..'.' k magnétisme électrLque qui anime le corps de lfanimal,
et qui explique sa vitalité et sa fécondité. La bête est la source
d'une lumi~re mystique, aussi fascinante et terrible que
gant'· qui '·coupe. e.t {and CQIJ'J'1"Q Url dald" (3). Ces "6..térteR.tt"" '1r2f}oi..-
qUÇI...6/1
jaillissent des reins, et ces "~'CR-e.te·j. d'o,'" qui étoilent
vaguement
ses
prunelles mystiques, forment autour de ce corps une
sorte de "halo eumiJ1i'!.U"G",
d'où le cha t
transparat t comme une :.
figure phénoménologique, servant d'intermédiaire et d'instru-
(1)
-.fa (J,e.vef.t'.''Q, vers 29 - 30.
(2)
- f~ ffiat
XXXIV.
vers 13.
(3)
_.CR. ffiat
XXXIV.
vers 11.

304
ment de communication, - à la fois spirituelle et physique -, entre
l
' t
t
l
f
F'
l
C
l
h t
'd
d " ""'~_ l'
e poe e e
a
emme.
lna emen l..
e c a
acce e au rang
es
..."'t'"~â,
et devient donc une des plus belles "{omeo"
des Y!.eJ.,U'o du r!ht :
"C'ha,t oéI'C,phi..que., d=t ét..'GJ"l9<'.,
en qui.. ·,tou·t Mt, c.orrme. en urt ange,
/uML oubtU. qu'Num:mWu'(. 1"
(1),
Nous pouvons le rapprocher de l'étrange figure de ~ Peauté,
femme étrange et bizarre.
Les "nob~".o att-Lt:w:ko" de ces
"9-'o11do ~Ln'<. a.U..ongé.,a au tond
c1R/.'l ',)0 f.i_fuclc_ô l' ne di. rrèrent i);J.;:; de r:elle::; de la 8'2auté qu l "t..n3ne.
.:Jruta r.. /o:,u8· ('--OrYm->. un â,ohUïx.. iJlCOnp_'·;j~".
~,es chats ",j,c>.r-efu;nC l'..q, â.L.-
f..c>nrA_'. v.t
f 'l1üT'r-e:!uwO de('j .7énf,bH'o.',
tin peu commp.
la f1eauté,
'lui. par-
e
le El i ns i.
").ç~. hn,i,â ,~c.'- rooUl.fi"'fn.?nt: qUI_ d6..p.fllce tQ-6, (Gqnr'.â,
Ct janol"-â je rlQ. pf.('U8"C. cd:. jnrrni.L! iR- ne 8'L~'l" (2).
Oe même que cette divi.ni.té,
l'poU,' taô.c..i...ne,·ses
doCJLfR..ù anr1J1.fA../
.'21<> {:UI'O mu'Ou'" qui_ (Ollt ·toute.·' chooe.~ pf.u.o be./'j'QO ", de même, le
personnage du chat,
"ami..(â J @_ ên ÙC.l...erlC'.Q et de. e..a voeupté!',
a ses
terribles yeux-miroi.rs,
"c;En.u·-j LCJlllù.'G, vl.JJanteo opaf..e.â"
pour char-
mp.r' Le poète.
Cependan t,
le f'.jubôf.:.i.Ju..t v''-vnnt'' de la femme El i mée subi. t
aussi le double destin de cette derni.ère. Ses valeurs.
jusqu'ici
positives, vont se noypr et se dégrader au contact des figures malé-
fiques du Spf.e.<!.I1.o
Il y
aur.:lit ai.nsi une femme,
";hge. adt:J6-<2."
repré-
(1)
-
& Chat ".t9", vers 21 - ::'4.
(2)
-
f'a Be.au.té., vers 5 - B,
.' '

305
sentée par un I!~ 6éraph-i.que"J et une femme, "vU ani.mat" ayant":..
pour corresp0f!dant figuratif un chat de "gou..ULè.re",
"~"e e-t.
ga.!J2W<.".
La description de ia femme se fait pius extensible que
celle du poète lui-même. Si celui-ci se met en scène, c'est à pei-
ne SI i l nous fait un portrait de son physique, alors que la femme,
·OU
plus précisément le corps de la femme, quoique très souvent
transfiguré de diverses manières, demeure visiblement présent dans
presque tous les poèmes qui lui sont consacrée.
Le p~rsonnage n'es t sans dou te pas seulemen t "un obJ-PA- ,ooe-
.ti.qup- l'
Ll peut être élussl l'un. rrodète pfa~t;fluQ", n'où sortirait
une oeuvre picturale,
ou sculpturale,
qui n'aurait plus de rapport
direct avec sa source. Il se trouve, selon la conviction artistique
de Baudelaire, que la peint'ure et la poésie devraient av,oir la même
fonction esthéti.que, ce qui. renchérit
ta formule d'Horace : 'IUt pU:..-
wra poeo.·i..4 .. . ,. (l). Et, faute d'un vigoureux. coup de pinceau, Baude-
laire transpose, par le truchement du vers,
Le langage et les images
des arts plastiques dans la poésie.
De la peinture ou de la sculpture à la danse, les rapports
ne sont pas très·éloi.gnés. Par le rythme,l'art e)(pri.me le mouvement.
Le goût rte Baudelaire pour l'ex.pression corporelle est en relation
directe avec son primitivisme.
(1)
- Cité par L. Hall tecoeur dans
Ci-ttératu,,,,- U
PQ.Ln.tur'Q. <'JI Ynm.-
ce. du XVJJ" au XXè ""<-<·.ct,,-,
Paris,
A. Colin, 1942, p .. l, Pré-
face.

'f"
306
c)
- Particularités anatomiques
Avant de s'intéresser au physique de la femme exotique,
le
poète prête d'abord attention à sa carnation.
Lorsque les poètes chantent la beauté de la femme,
ils res-
tent particulièrement sensibles à la couleur de sa peau. La blan-
cheur immaculée de la peau de la Vénus, Comme signe de beautê , est
le symbole de la pureté du coeur. Le blanc, c'est la couleur des
Anges. Ronsard par le des '·rrni...n.~ d' L.vot..''V:. cU!. Cao.·~ancU'Q.'1
(1).
r,e~ Sanru.:!.Lô POLÜ' ,l.JQ.I'.èrw. u{'frent de~ ex~mpl~s sLgnificatirs.
Les métaphores et les compar'ai.sons relati·'lcS au teint d'flélf~ne ont
un poin: commun: blancheur,
~uminü!'iité, iSclat ;
f',7Q. '''(~~jf"l..dant (li.j.ôi...~e QUO,.v.o c1c?- tn couôi..n(:o,
·!3e..fjA CUITl-m wm .....'L.."O,-e. e.t to;_ CO~ W1 ôotei...f.
le. P<'fl<lai.4 vOÙ' cku.'G (e.c-u"<1 cl 'un npfl'2. tei..nt rxu'Ci...t
C. 'O.t...ùâQn.·t.e4 ç~ /x>..au. tP.- e. 1Ut1(.J. à. "- 1au t, Q. va ih i...n.e r' (2).
Mais le choix esthétique de BaudeLaire est à l'opposé de la
couleur de l'ivoire ou de la lumière du solei 1. Ainsi la r'bf..rllld1e
(i...U,," (3) qu'il admlr~ o-t,e/l~perdu la pureté de sa peau.
Tl semble opportun d'analyser de raçon par~iculière la pi~çe
;1 une. fflQJ'u1i..fln.,t~ ''OU.ÔÔc (11). Dien qu'elle ne soit ni inspirée par
une noire. ni qédiée a une femme de sang mêlé, elle permet d'expli-
Quer , du moins en partie.
le goût de Baudelaire pour les mulâtresses
et les négresses.
(1)
- Ronsard. ,<hnUT'<I cm C<U><lands-e..
(2)
- So""",L<I pour NéU·.J'tc>_ :
".7", .-e.ga..<Ûulct 0<1<1<.4", ••• "
(3)
- f. M. poème LXXXVIII: fi une mendi...ante .QU<I<le.
(4)
- Ic'.em.

307
Que Baudelaire dédie un poème à une mendiante. cela ne sur-
prend guère;
la place qu'occupent les parias et les humbles dans
les Jteu~ dU mat est prépondérante. Ce sont les compagnons de ml-
sère du poèt~ et l'attachement qu'il leur voue constitue le fonde-
ment m@me de sa morale sociale et religieuse:
"Sache. qu' i..t {au. t aifl.u·, "an" {ai...-e. f..a. gri.m::l.ce.
-IR. pauv.-e., t.-e. méchant., te. .to.du, t'hébété,
Pour que. tu ruif.>"e." {au-e. à ~é~". quand i..t pa.Me.,
Un.tapif.>t.·é.o"p,a".t.
ave.c ta cha.r·,_té"
(1).
D'ailleurs. d'une façon g~nérale, tes poêtes romantiques
admirent
la grandeur d'âme de~ humbles.
v
a déd i é un poè-
me"à un mendi.ant
:
l'homme de malheur F.st, :;;emble-t-il, un être de
Dip.u.
et rlerrLère ::O;()n m<111t~élu
'·/~ou.t f1.....U.-I.,(~ dl!. \\/QI·C!' en, le poète
découvre
le monde deG BéatL:-:urJ0.~;. Tt ~1'J:1 donc rLen drétonnant'.,j,~
Clue Baudelaire jette un regard de·commi.sération et de tendresse
sur une mendiante.
Mais la pièce A un~ "~ncliJYLte 'üu~~e est paradoxale parce
que d'ordinaire la mt~ère jure avec la beauté; or la mendiante
rousse de Baudelaire porte une robe trouée 'lui.·
"f..a.i.A.~c. l/OLf' ea Pl'ïLLv."C,-té
Ct ta h"aut:é"
(3).
"Pauvf-e.té"
rime si heureusement avec "be.auté"
que la contra.-
diction entre les termes semble s'anni.hiler. neauté et pauvreté cons-
(1)
- N. F. M.
poème VIII:
Le. ~"j,,,t~c.
(2)
- Victor Hugo : 1P.~ Co"ttPflpf..Q.;U..on.-tJ : l'le rTVJld;.-an.t".
(3)
- F. M.
poème LXXXVIII: A une "..,.ndé.on.lp. 'OU""'"
.
) ,

308
tituent pour ainsi dire deux pôles, non pas opposés, mais corres-
pondants d'une même réalité. On comprendra alors pourquoi ce n'est
pas la noblesse de la mendiante Qui est mise en exergue, mais plu-
tôt sa sensualité. Au contact de cette pauvre fille,
c'est tout un
univers sensuel qui se découvre.
Malgré sa pauvreté, cette mendiante ne manque pas d'élégance
dans son maintien. Elle défie même les reines dans leurs plus beaux
a tours
:
"7u po,.t<.>.<> P~u6 rpeamrent
l"..4 'une. K'el.nc. cW. l'()nun.
Seô. c-OtJlUlt1.P..Ô. ch'.. ve.P-Ou,-·ô
7Q.6 .~aho t6 fotLI-cL~" ,
Alors que Baudela"ire a toujours admiré chez les femmes les
bijoux,
les parfums,
les "maqui.llages
- ce sont tous des éléments
qui concourent à rehausser l'éclat de la beauté et découvrent les
signes distinctifs du "rrundi- rruf..L.e.bri--6/: -
la mendiante rousse est
au contraire un modè~e de beauté simple, naturelle mais complète
et qui pellt se passer d'ornement
"Va clone ,~anô' aut'Q OInenx:>J1.t
PUT·t<.Un, pe.·lQ.6, démmn t
f.4Q. ta /TO.;..g,,,,, nudi..té
o ffCl Ix>.auté_",
Il s'agit" donc d'une beauté qui existe par elle-même et qui,
par conséquen~ ne saurait être altérée. Cette beauté est reconnue
de manière intuitive puis chantée par. la "Vaf..e.tai...te.e c.le. ri..tœu.,~!'
qui.lui dédient Pf.eu,-·ô, p'··iJtl?.-U..s'ô,".
Ai..nsi, cette misérable créature

309
va-t-elle provoquer, malgré l'innocence de sa beauté. une agitation
parmi les poètes.
les pages et les seigneurs :
Il apparaît en définitive que la mendiante rousse est une
femme belle, élégante dans son maintien, désirable et désirée au
même ti tre qu! une
p
"f'C.{nC2.
de w'OfTl1rt •
Mais le grand paradoxe de ce
poème réside dans la couleur de la peau de la mendiante.
fI s'agit
d'une peau dégénérée qui
a perdu, à cause de la maladie et de la
misêre, sa
couleur originelle :
l 'Pou. 6 , n~;j7
poè>.r:..c chétt-!
Yon Y~u..ne C05p6 nn~adi...{,
P~eiJ1 cm Lac.hq.~ dR. ''Ou6-.)qu,·
/J ~a clouceLu"'.
BaudelaLre est conscient de la PrraeadiA"
de
cette mendiante
cependant le poète apprécie cp.tte peau "i.flptu-e'·,
peut-être pour
satisfaire une sorte de curiosité sensuelle.
Le pcème A UYle. fTX!.ndinnte? ,'OU.ùoe,
e~; t révé la teur des sen ~ i-
ments de 8audelal~e pour ceux de la périphérie, les marginaux,
les métèques, les rejetês,
les maudits,
les esclaves et les nègres.
Clest l'amour de Baudelaire pour le rare et le bizarre qui va le
conduire à conclure un pacte sentimental avec les mon\\res~ et, en
matière de monstruosité,
IIen..,.'l'2.CQ c1.Jz. awm a cf.c...~ nudè.l<.?.6 ~upe.rbe.o'· (1).
(1) - François Porché, OP, c~t.,
p.
114.

: ;-,
~
.,.'. -_._~-:.;- -:;..,--.- - .'--' ......
..
. \\
. \\
. ... ""J
310
Enfin, A unP. mendüante rouôôe
révèle le goût du poète pour
les peaux sombres ; Baudelaire ne semble pas priser de façon parti-
culière les femmes blondes~ sa prédilection se tourne plutôt vers
la femme qui, par nature, possède l'une. pe.au. cou.l..eur d'arrbre." (1),
ou celle dont le corps est brûlé de secrètes chaleurs (2). Si tel
est le modèle de prédilection de Baudelaire, il est normal qu'il
se tourne vers la race noire.
Le hasard d~5 événements va lui permettre de rencontrer cette
race. Le vOY3p,e rlî.sciplinaire qu'il effectue aux Tropiques (~st une
occasion i[lestimabl~ puur nOuer des relations privilégi&es ~v~c
lP.5 cJ'éo1.c~-•. et
lc~; négresses.
On Gait la part prise par Jeanne Duval dans la vi~ sentimen-
tale de Baudelaire. La vie et lloeuvre du poète portent le cachet
indélébile de cette mulâtresse
".?'2m1Jte J1uval'. étai-t w>e nu(ât.Qôôe,
f iJjU.,W1.t dart,)
w> p<?U_t théât,,,,,eo,,<,>'lu 'eUp- "Jlt.. a dan,)
fa viA
rk. f?awdcPai...,""
ai'.<Jf'ô âcfi de viftgt <>nô. CU,-". ni 'Ul
ôo,·tU. poift/;"
(3).
En rtehors du /'POU,VO:_T' Uj''C2J1I'1.;J1U("~'' que cette femme de sang
m~lé a exerc~ SUr les sens du poête, Baudelaire a rencon:ré dans
sa vie d'autr~s personnages de couleur. François Porc hé signale
que,
lorsque Jeanne Duval deviendra vieille et
laide, le poète
(1)
- l'PU,.c.cÔ Condannéc.) ".
poème 1. Ü'6 f3i...j.oux..
(2)
- F. M. poème CXVI
: 1In Voyage à CIj,th"..6"'.
(3)
- Georges Bonneville. Op. ci...t.• p. 15,

· ~..:' -
,~ .'.
311
s'attachera à d'autres négresse~dont Laure et Berthe.
"yt 6<mbt.e. qu' i...t Y. a<..t eu cfan6 ffi VLe ck ~u'Q.,
une. 6Ort-e. d' eitmt11]J2. dé.t.e.rmLrtu~,œ ou ck 1"'-édR.6tLnati..on
6;.nguti...è.re. qui... t'<mcha.Û1.ai...t à fJ~ .= rw<"''Q.'' (1).
Ce contact permanent avec les Noirs ·en général et avec Jean-
ne Duval en particulier a eu un grand effet sur le poète. Les piè-
ces inspirées par cette femme le montrent bien ; nous découvrons
le p~rtrait de femmes dont la couleur de la peau est invariable-
ment le brun,
le bistre,
le tabac,
le nOLr terreux. On retrouve
cette couleur fo'ncée même dans des poèmes inspirés par "fp,.:l (Pfl1-
me-.\\ aÎJ./f?.rÔe6,'·,
pour employer l'expression d'Antoine Adam.
C'est que l'influence de la Vénus noir'e :iur le, poète est
grande.
Baudelaire
a découvert très tôt la beauté de la couleur
noire, manifestan::: flLnsi son anti-confor'misme. Cette couleur noi-
re,
le poète a appris à l'aimer depuis son enfance. François Porché,
faisant ~ gran~s traits le portraIt du père de Charle~ dit que le
vieillard avait /'d.e.-:l ':lou.f"Ci..0~ d'un. nOL" ci'ébvne>."
(2). Comment le
petit garçon ne serait-il pas sensiblA ~ ce tr'ait qui rlistingual~
un homme qu'Ll aimait tant ~ P~r ailleurs, Charles n'avait que six
ans lorsque son père mourut. Sa mère ava i t commencé, en s ign,e de
deuil, à porter le noir. Des habits noir's sur une peau blanche, des
foulards noirs, cela a dû, sans doute,
faire un grand effet sur les
(1)
- français Porché, Op. ci...t.,
p. 109.
(2)
-
Idem, p. 37.
, -.'
~,

· .'~,
312
sens déjà aigus du petit orphelin: une femme blanche en habit noir
- surtout lorsqu'il s'agit d'une jeune et belle femme comme Caro-
line - cela n'est pas particulièrem~nt triste. Lorsque le hasard
des événements mettra plus tard le poète en relation avec des mu-
lâtresses et des négresses, il appréciera en adulte cette èouleur
sombre.
Le noir est laid, croit-on généralement. Mais en nous fon-
dant sur la définition de la Beauté selon Baudelaire,
nous pouvons
affirmer que la femme de couleur est belle tout simplement parce
que sa peau sombre a ~tlelque chose rle bizarre et d'étrange.
Ir Ff? lx~Qt.L (""st tO'.Lj.vur'~ bucu·,'Q..
je. Ile VQI.L)(. pO-C di~J"'C~
QU f LI ô'oÎ.-t volontal.'''(?JTPJlt.,
(,'O;~.nt bua,.,..·''>"
e...a,'
dr.Jl.ô' CQ.. • ./.1.6 L.t 6v..6'aLt W1. rron6-U'C ~Ol'·tl. ck?6 6'aÎ.-f6 de
en. viA. ,~(.>. dL..:,. f/U 1Le. contLent toujou.,·ù· un. /.1PLL de.
b;..:zQ..1.,.Q...·u~1 Œ~ bLza'·8'C?.I'-i..v.. naλe, non voueuQ.,
lnco%C.Le.n.te. ct que c le~t c.e.tte. bUQ..1.,.<Q,·i..e qUL ee
{ai..t parti..cuti..ç,.4'Q.ffQ.Ytt ph" te beau"
(1).
I.e noir peut donc être beau.
Il arrive que cette couleur soit
en
harmonie avec les autres, sans jurer. C'est du moins
l'impres-
sion ~ue l'on a/en regardant ParLs avec ses avenues, ses immeu-
bles, ses quais ...
"Ct ·tout, rnên>:2. ta cou)'.eu,' .noi..re.
5<unbtai..t (ou.obi.., ctau-,
:,t;"i.6é"
(2).
(1) - Ôq:lo6;Ji..on. unWe."6Qtte 1855. CLté par Bonnev ille,
Op. cU.
p . 9 .
(2) - F. M. poème CIl

.,' .
313
La femme noire est belle parce que le teint sombre de sa
peau a quelque chose d'inconnu, de mystérieux "qui. t.a.i...â6e cas·,-i..èT-e
à ea. conjecture". Le blanc es t une couleur sans mystère .: elle
n'a pas besoin d'être interprétée et mutile,par lù·-même/ l' imagi-
nation et la rêverie. Elle parle, comme les étoiles. "un ~
connu". Ce que le poète dit de la nuit étoilée est vrai pour le
teint de la femme
"Corrrre t:u rrc peai...l'aiA, ô nuLt .' ~ c.e~ étoLf.e~
don 1: fiJ2 eumi...p-4'(!. pl1."f9. un P.nnqn.ge connu
'
Ct;u' je dw_,'C.}LP~ f..r~ v;Jfn, et !'..c?- nou', e·t I.e t1U .' l' .( l ) .
On a l'impression qlle, ~~~lon Oaudelaire, les parures proclui-
sent un effet plus saisis~ant ~;ur l~..:~ pea·ux sombres que sur les
peaux blanches. Ce qui carac:érisc la toilette de Dorothée ce sont
des couleurs brillan~es. D'une façon gén6rale, pour le poète, il
n'y a pas de beauté féminine SnrtS parures. Et l'or occupe une gran-
de place dans le choix des atours qu'il préfère. Il écrit, faisant
l' éloge du maqui lIage. à propos de la femme : "!Jdo(.,."
e.tte doi..t ~"­
cU)8'Q.r pou,' êL.re ado«-éQ:'
(2). On retrouve là l'influence de Delacroix
qu i a ime r.'avLt./C'~" plU' (k'..~ bi...jDWC fe.ù ·tort6 Cd? dta~' d.e. 'j(!,.Ù nu·~ /: (3).
Si les dorures donnent un éclat particulier à la beauté de
la femme en général, elles prennent une dimension et une signifi-
(1)
- F. M. poème LXXXIX : Ob~e~~~n.
(2)
- Cur~~<..té~ &,th<itLqu,,-~ : P".èntu,,,,- ck en. Vl.e m:xfe..ne : "t:L:,ge.
du rrm:jui..!..(o.ge.".
(3)
- Jean Prévost. Op. ci..t.• p. 115.

314
cation nouvelles quand elles ornent les peaux sombres. Elles contri-
buent à créer dans l'imagination du poète
un univers scintillant
dont l'arrière-plan est sombre.
Le poème "JenTœ.. no;.....r-ç.,f de C1uJn,t6 d IOmb ..'l2. de Senghor se res-
sent de la relecture du poème Leo G~jo~ de Baudelaire
. Le poè-
te sénégalais .exalte la ·femme noire parée de bijoux:
"!!.ca PCb"··f:..e.a
oon.t éto<.-teo OUI·' en, nui.t œta ppnul' (1) •
L'a~tlnte de Bnude~aire qui connatt les goûts de son parte-
naire et cherche ;l al/t'/p.r Su passion, ,garde sur son corps nu P.c
sombre des ornements c:L i.l1qu;},nt~,.
Tout un unLvers
féérique èC ~:.;ymhCJ-
tique est airlsi cr66
.' [j2
!~~.è6 (~lz.èp2, étn.U: rI.u.e, (~t:, conna.f_6aartt rron '.:oQU6'
{;f)'e ri lavQ.U_~ 9L~-dé qwz cee bej.ot"I<:.. ·jQno;s'C6,
20nt fR. w·;.-rYw. atl:;~ ai....t -luL donnai....t p~ 1a;~' vacnqu.C'.-Uf'
(J.L 1O'1.t '-~ P.e.L,u'Ô J.D1.L6~ ht2.U.,'QUl('.. f:<2.6 (:?6Ce.a.vŒÔ. c1J?.6 ri704Q..o.
(-.Mard Lt jJ.!·tte. en dan.-6.Q/l.·t ·~on.. bllut.-t \\./1-( e.L m:>qUQU4'
Ce. n-r:;ru..te ~'Q1)o'lI"la.nt de. métae. et ru?. pU'..J"'Q...
iTk H2.vi.. t PA- Q.l(..taoc, ct j la'~rre. Ct fa {rLH:!LLJ.,
.l!.e..6 dl068.-6. où.
eH 601"1 oC'. rrii F.e. à f...a ?..umi..J2'" 't!. ,. (2).
C'est surtout dans le Spte.e.n dJ!. f..hJ'(~ que nous décou'JTOl1S La
meilleure expression de l'éclat lumineux de la couleur noire quL de-
vient en définitive aussL claire et aussL
lumineuse que
l'~ blanc.
(1)
- L.
S.
Senghor, Chanta d'Gd",,,,.
";}<'JTTœ. noi...",".
(2)
-
"Pf..-{J-ee..6. Condann~.~",
poème l,
Ccù BL}oux....

"
-"
:., .
315
1
,
,
i
"
La belLe femme que l'artLste veut peindre est noire. ElLe est
un parfait modèLe de beauté.
"etle. ,,-·~t /xdte, e.·t plu.6 bette" (1). Cette transfiguration a
pour cause
l'abondance du noir. PCtee c6·t 6U"p>-enant.e>.• Gh ,,-U,,- I.e
\\
rwu- abonde. :
e.
Q. t
Cou t ce qu 1Q. te iJu,pi.-re Mt. rwcturne. Q. t p'U(ortd"•
Cette abondance du noir va provoquer un effet paradoxal ; le noir
se métamorphose en blanc; la nuit devient jour; l'obscurité de-
vient lumière.
"Je fa co1TpQ.l'Q..rai..ë à un 6of..ei.....f. nD;....r, 6i... ['on.
pou.vnt.-t CDI1.CR.voi~., lUt a6U'Q.. nDL.," ve..-,~rin.t ~a.
furrxjl-l'Q. v.t f..e. bonJw--u.'1' (2).
Il Y a donc chez Baudelaire une constante tentative de fair'e
jailli.r le soleil rle la nuit: . .ÎÀ6 .7f.'.."UJ'6 clu l'ThE'.
développent ainsi.
une dialectique de l'ombre et de la lumièrA ; la synthèse des deux
"
contraires est la victoire de l'ombre qui. va dès Lors enfanter une
lumière fascinante ct aveuglante comme ::elle des yeux et des bi-
joux; cette Lumière, loin de dissiper l'ombre, l'entretient et
l'éclaire à la foi0 créant ainsl une harmonie qui ser'a symbolisée
par la lumière que projet,tene le~5 bijoux sur la peau sombre de la
femme noire. C'est en cela e;,s9ntiellement que réside la beauté
de la Vénus noire.
A l'Ile Bourbon, l'attention de Baudelaire a été frappée par
le phys ique part.icul ier de ces négresses :
(1)
-
th Sptecn de. Pcu·L<> , l'!}" dé6 ...... de. p".i.nds<z." XXXVI.
(2)
- Idem.

316
"SLU.Drt médi..art du. dD~, camI:j...e ck~ ,,,,ln~.Vrpo....tan=
ptU·ti..cu.e.~ d'une croupe &:d.ancke enu-'Q. une taULe
mi.n.ce. e·t ck P..Drt9'Q.~ jarrbe~ (u~etée~" (1).
La première particularité anatomique que Baudelaire admire
chez les femmes de couleur est la minceur des formes
; cette minceur
leur confère une élégance spéciale; elles gardent ainsi
la finesse
des
traits d'enfant
·,tt c-'?pt.utdanf:, à vou' f..a. nr:û.fJl'eUr· étéganw
:he:!.. f. 'épauf>... au c.onJ"Qus· h'!Li.r·té,
ta hnncno. un pçru.. r>oLH·tu.C (d:. Pa .taLffe. (~·:'J1(jt2nt,?
AUl~;~ flU IWI. J'('.'.ptt./<'., i...4·~·i..tQ,
GU'.<.'. <.'.a ( bi..r-.'l JC'Ht1(!. (.,,(~O&"'(.'. ,/1' (::).
C'est cette même élégance majestueuse que
l'un retrouve dans
Il wngu.e.,
,,~JtcJl,., en g~'C,nd cIPui..P., clou. f..c?Ur' rrnj.c,~ tueu~e.,
11ru>. (emm. paMa" (3).
Cette maigreur émerveille Le poète
"VI"..t-on. JnrraJ.LJ. au baJ: WlQ. ·taU'}_L<~ p..fu..·j. ml.fl.C,(2. ';1' (Il).
En réalité le poè::e ne pose pas une qucst~oll. Le goût pour
tout ce qui sort de l'ordinaire est satisfait.
( l )
- François Porché, Op.. ci..t. , p. no.
(2 ) - F. M. poème· CIX : Une "nr!:y re.
13) - F. M. poème XC[II : Ji une pa.66artte..
( 4 )
- F. M. poème XCVIII : :.'ian.6e rrncab,'Q..

- -r-
._ ...
·t
. ,
"
~
.....
317
"Ju .ÇporuU., grand ~uel'R.t.te. à nvn goût. te p.W.6 ".
cJ-vu." (1).
Même le chat qui est le substitut de la femme .. ce chat que
le poète considère d10rdinaire comme le plus fidèle compagnon de
sa vie, est maigre. Pourtant c'est un beau chat
''ilion chat '~u.r .te CL2f"-cau che.'Chartt urt"- e.:~tLès-e
Ag;~t", 6anO .-epo6 60n CD'f.l6 nnLg.-e e·t 9G-fQU'(." (2).
La maigreur est un des attributs de la 1''Jc2antel ' a.upr.ès 'de'
qui le poète veut vivre. et
"rb.J'COU.4'i~4· iL f-Oc.oi_4' -:\\e'~ 17YlI)1'Lc.li..qu'!6 (ol1n:!.6
,C'anpe,' '..'!.lU"' l'Jo" v(~'·6ant d~.. 6(~6. genou.\\(.. éno'rnc.'.-..'!.
Ct pt2.,1o ,'j..'!., <!Il. (! /.(!. J ,?unnd "-eù -.\\0 ~(J. i Jtl nnf....'!.aV1.6;.
LQ.,..'!.,..'!.."!.,
~n. rart. t: ,~I (l!:..c'n("L,-,7I... h t, avcII ".\\ en <.rurplLqnQ.,
204mL4' nondll2P.QJ?TTJ,Y·LL h
f.. lonb".-:. (f.,;... ·..'!.,~ù ,.'l.l2.Lrt6"
(3).
Baudelaire aime dans la femme les formes accentuées et empha-
tiques, ce que Jean-Claude r'lathieu appelle ''l'.',!foquen= du. 9",M:J2.
p,t?n. théfiü-atLté d'une peLntu,·e."
(4).
l.a dame créole que le poète
admire est grande :
Si Baudelaire admire les formes grandes et sveltes, il reste
particulièrement sensible à la largeur des hanches des femmes de
(1)
- F. M.
poème XCVIII·: .'lJan6Q.' nuent".",.
(2)
- F. M. poème LXXXV
: Spfp~n.
(3)
- F. M. poème XIX:
fa géante..
(4)
- Op.
cLt., p. 30.
(5)
- F. M.
poème LXI
: A une. datœ cr-éol'.e.

·1
.- .'., ._--...-:'....
..
..
~-.-.-_
- ..~-
_" -
-_. _ ... _.----
318
couleur. Ce goût, le poète le doit au peintre Delacroix. L'auteur
des 1~,~ du ~E raconte lui-même la grande découverte que le
peintre a faite en se rendant en Afrique du Nord:
",Cà LE put. àf.ou,u· étJ..u:û..e.,· t 'horrrre e.t W. {enrre
cian6 E' iJldépJmdanc.e. e.t E'o.·L.g.i.rla.ELté nati..ve de
~"6 rrouvement", ",·t COrrpE'<2.11d.,,,,- ea. beau·té anti.que.
par 'E 'a.<>pQCt d'une ''Cl.C.Q. PU''''' de tou·te méoaUi.an.ce.
",·t o,née. de 6a oanté d: du '-<-.b"", déve.'-o~t de
"e.'" rru6cte.6'· (1) .
. Delacroix peint ainsi plusieurs femmes.
"Ct pP.u<\\ t.Pu,'o de cP..·.'>, (eflrre-.'>, Wli....'>.oent, ~....c.u'C. qu.e
)<?nnnp.. .1:u.va'. qI.LÎ., ÙQ..J'VL./: cm "r.x1èP.{!. à !3aucfp.f.ai..s'Q.,
fe·.'>, hancn.p.o df? p.. '/'rd:Jope
au hua!:.p. d'un. i~6-be.".
t:t U. a .,e.nVf.Q. tout nal:u,.."t à 13auck'au",- de
c..orrpa.,-Q.,., . -6l2 rrnttJ Q.,..".Io.e au,,- ('.fm1CO nnu"'Co.
~e.Ln.te.., .peu' 6on. amL" (2).
La minceur du Corps et 'la largeur des hanches SI unissen t
pour donner au portrait de la femme
un ton original
"!Je C4"'orjaiA voi_,· tln;_,.">. (.JOu.,' Urt t1.OUVQ.llU. ck~o.i1l
,.[ho. hcu1.chc,,'). ds.!. f.'Jint:-Opt"), au· bu.·:lte.d'un urbcr'be,
JartL o.a tal-.e.f.p.. lduyû~t Il 'Q.o.o.O/l· tu' .".IOfl ln-:lù;..n."
(J).
Ce
por:rait correspond, dans une large mesure, à la repré-
sentation matérielle de l'androgyne.
(1)
- Sa.&m de 1846.
(2) - Jean Prévost; 'cp.' ci.L, p. 115.
(3)
"PLP.cc.6 con.darrnée..,", poème l
: .f.c., f3Lj.ou'<-.

.•_-.-_.,-."
• ,"'-r" ,.,.,-,"':"•• -,-_;"
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-~. :,(-.
, '
319
, ' ,
, ,
La largeur des hanches accentue la sensualité de la femme
de couleur
"1eo. hancheo. 60nt QI1l()UJ'QU6e6
.:&>. ton. 006 et ck te6 o.ei.n.6,
Ct tu "",vu.. teo. ci>U-o.6i.n.6
Pas'w6 poM.6langoUnw.6e6"
(1),
Si la femme noire est plus belle que la blanche, c' est en
partie petr' la largeur de ses hanches.
''1eo. ",i..ecU> Mnt OLL60.i.. {ln.o. que ,teo. nni.n.6, et ta
.'uutcne
Co.t Pm-ge à (ai...-e en.Vl.e à ta pfu6 beu.e bPnn.che" (2).
Cette finesse rtes extrémit&s du corps et cette largeur rte
la hanche imposent naturell~ment à la femme de couleur une d6marche
souple et onduleuse/particulièrement séduisante. Cette démarche
devient aussi complexe que
L'art de la danse.
La femme nolre de-
vient déesse antique.
d) - La plastique
Si on a pu parler de la '7Qlme bauds.?f.aLrl..ertn.e",
que ce soit
dans l'oeuvre du poète, ou dans les tableaux de Delacroix, ou même
de Goya, c'est sans doute parce que les exigences esthétiques de
l'auteur des 1to~.~ du I~t dans le domaine de la représentation
du
corps humain,
sont devenues comme un culte de la t06ffle et du con-
tour.
(1)
F. M, poème LVIII
Own.o.on. d' apr~-mi..di...
(2 )
N. F. M; poème IV
fi une !Tkdalxuuwe.
i:
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,
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."
--~--~~_... _~... , ,......-., ..... ~-~~-~.~..;_._ ..
• • • • • __ • •
O " ' • • •
',.
320
.,
\\
On peut considérer le personnage corrune le l ',.-é6u.Lt.at' 1 de-
cette esthétique. A l'ambigu1té que nous avons remarquée pour ies
figures du poète, correspond,
- à divers degrés,
- celle qu'on
observe chez ia femme.
Le regard que ie iecteur peut f.~~+Qk sur
cette dernière embrasse difficilement les contours précis d'un~
forme ou d"l un corps réel. Le problème qui se pose est de savoir
comment circonscrire le corps de la femme, si tout évolue de la
forme humaine au corps animal,
et d'un f'-:lu.jR.-t"
à pei.ne évoqué au
paysage.
C'est finalement une question de choix, une fois de plus,
entre
les
"rooU.~6" infiniment variés P.t toujours variabLes que
propose le poète.
Il semble pourtant y avoir une d6tcrmination,
même une
infinité de déterminations possibles.
L'éventail qui sug-
gère des points de repère depuis une f'{angeu.oe
gr'ClJldp..u,.I' jusqu'à
une "oubtiJœ. égnomifii.R."
es t granà (1).
Le portrait physique du personnage tient ses caractéristiques
. de la "rluu<JR-" picturaie et poétique dont il est i 'objet. Ce terme
emprunté à Baudelaire
implique surtout la caricature jusqu'à
l
l'exagération de certaLns traits de la réalité qui se trouve for-
cément trans"formée. Ce qui explique que la femme noire Ile sûit, pa!? plus
dans les Ca.r-u-i...c.c>~~ d'un Goya que dans ,/}.?-~ J'-cu~'û du. !!ht..,
représentée
sous les formes.les pius habituelles, pour ne pas dire les pius
conventionnellement admises. De là peut résulter une contradiction
dans les figures,
les images, et·les formes,
comme on le-remarque
(1)
- F. M.• poème XXV : "Yu me.Lü-ai..o .t'un.i..v<>.'o ""ti.e.·· dan.a -ta. .....et-
!..R.f ',
vers 18.

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321
\\i
dans les poèmes
de la "jeune géante"
(1) à la ~'beUè ténc2b...Joe" (2) •.
LI idée du "beau" baudelairien est dynamique dans la mesure
oÙ la même notion s'applique, dans Les JlP~,~ du mat, à la femme}
personnage en cont inuelle métamorphose;~', et à un au tre personnage,;,
qui n'es t
que la "peroonni..{ i..ca,ti..ori" de cette notion : fa. Beauté.
Les définitions que cette "!3eau.·té" propose, particuliè-
rement dans
le. p~ème Ca BCauté, et, dans une· certaine mesure,
llJ./yrrne" que le poète adresse à sa divinité, sont identiques à
ce lies proposées dans Illéta".o,p!woco du va"puQ. et qui concernen t
particulièrement la femme.
Certains parallélismes descriptifs ou présentatifs entre
,l'a &auté et la femme dans ;iR.o métarrury:Jwoeo du VanpU'l2. son t i na-
tructifs.
A la "'!3eau.té",
figure qui "trône clan6 t '02 ..W",
pourrai t
correspondre la femme "rtu.e. Q,.t aana \\.Jt?Ll..e6", substi tut de "en. fune,
te oot.QU., te. ci..e.'- et t.QC> éto.....teo".
De même que les l'tpŒu1r..:J..O at·t~e.:l"
de la Beau té son t com-
me un défi aux "ClU.6,l:è.J'Ca étueleo P des poètès. de mê~e les /'voeupté6"
de la femme-vampire sont indomptables pcrr
Le "aavant" et por..·
I!,f.e.6 a.n.gco f..nr:».Û...6.oan,t6 l'
M.yYr-..e à en. Beauté et Jout Cnti..è.e démontrent bien que les
deux "d;~vLnLtéo" sont sur un pied d'égalité devant le poète. Celui-ci
(1) - F. M., poème XIX:
fa. r~te, vers 3.
(2)
- F. M., poème XXXIII: Remo,d6 PooChume, vers 1.
...:
:,"

,
.. ; . ''"- .
~.'" ";'''-'','- -"--;-- ,--.
~-_.--.'-:;-
., :.'
'" .
." '.
322
<.
ne s'inquiète pas de la nature,
ou de l'~rigine ~e La Beauté. \\
La femme possède aussi les mêmes vertus et les mêmes attri-
buts. Elle est "Ang.e", source de "
{
par um" et de "J..u,QU,,f1 :
"CU.e. ébl'Du.U comret' A.t. "O, 'Q.
Ct conOO,'-'2 corm<!. fin ?1u,-,t".
Enfin,
la femme ",'Q.Il.d" aussi Ire. 'unt..verc m:Jt.nc !-l.·i..dt;!ul(!', puis-
qu'elle est 1,"olT'tetrQflÂ: dJ2. rœ.6.nu.~"
(l),
et que les l'énrlnatLonc"
de son corps guident le poète "ve,<o ck clul"""nu, cf.tJm.u,"
(2) < Dès
lors,
on peut dire que les deux entités élssùment une seuLe et même
./
fi.naLi.té esthétique. et qu'elles sont "&7.ut..vafP.n.t.t"!..6'''.
B~ud~laire ne pr6tend pas, lui non plus.
troll ver ulle ~oLu­
tion.
Il se contP-nte'd'accepter la femme comme Ll
l'a faLt pour
,~ f]eQu t.é.
''A.,i.Ofju 'QTl Ctte. tout eot di...c.tan,,-.
RiRn ne pe.ut être pré{éJ·é.
Eo""6~ue ·tout ff!2. 6'O.l/i-t, j' Lgno''e.
Si.. qwd.quc chao,,- lTI2. o&:Jui..·t" (3) 0
Mais,
Les réactions du poète devant
la femme ne sont pas
les mêmes que devant La Beauté'.. Ce refus du choix paraIt bLen trom-
peur, car Baudelaire ne décrit pas une belle-femme, mais
fait par-
ler. la Beauté elle-même clans le sonnet .la '&u::zuté,
alors que toutes
les pièces consacrées à la femme sont des descri..pt,ions presque
intégrales,
non seulement de tout ce qui "~avU" le poète, mais
-----------------------------------
( 1 )
F. M. , poème XXIV
,ok t'ado.'Q. à t'égal. ck fin voûte noC.ÛUfif2.f'
vers 4.
(2 )
F. M. , poème XXII
Pa'1 tun l'xoti..que., vers 9.
(3 )
F. M. , poème XLI
.'Jout
&tl'-Q-1'e, vers 11 -
14.

'.: ..
' , -
~ ~r-,,:'"~...,__...
4
323
i
surtout de ce qui
le "6édu.i.-t".
C'est en cela que le personnage fé-
minin est une figure "Yout Ûlrti...è,-e",
mais dou.ble à la fois. En
s'identifiant à la Beauté dans le contexte géné~al des 1leu,~ du
r,'ht, la femme présente le visage d'une "di-VLI1J.....té au66.c rrntéfi.,que
qu'''attLFante''. Elle est "urte 1teur du !7ht".'Considé~ée'comme' pe~­
sonne de l'univers phénomélogique de Baudelaire, elle se distin~
gue de la Beauté, car elle fait l'objet d'une explo~ation diffé~ente.
L'ambiguité du personnage s'exprime enfin et surtout dans
ses diverses l'rnétanr:Mplw<1c<1/',
prLncipalelilent dans Un YarLtôrrP-,
1}._<1
8i-jouJ(..,
et .f.},.6 métam::HiJh.o·:J.ea. du V(2l'J'P~_rQ.. On retrouve dans ce gC'ou-
pe de poèmes.
les deux "':J.éqLL~nC(~61' du f/P-6que : une première ;.érie·
dl imrt.r,es où se
::radui~ent la
S():nrtuosi té rie la forme
et toute
la "-~Pp('ncl,(!.LH,I' de 1.a femme
Une deuxième série renverse la première dans une suite de
formes et de figurations contraires
j
au "1I·i.ehe attuai-t qu.i- ·e.u.L
donnaLt t1aLr L/ai...nqu.p.ur"
(2), se substituent "dQ~6 déb,"L.6 de aque.-
tette': (3).
rI/ais si dans Un ~QTltôfYl:!-'
ce l',~CU'Q.'' évo~~e vers une ".to-
taPe>. g,""Cl.l1JiRLu-"
à travers laquelle le poète peut reconnaître la
beauté de sa Ilbef.'-e vLoJ_teLLae",
"~i.-"'Q. Q.·t pot.Ll'·tan.·t f.J.UniJ,eu.6e;' .&6
13Ljou.'C. et fu,a l?Jétarro,p!toaea du Vanpu'Q. débouchent au contraire
sur une ·vision pessimlste du personnage.
Les sItuations sont ren-
versées ie i r
et le poète aux "YJ2UJ(.. C.e.aUV04QJ'l·t~1'
ne trouve sous
(1) - F. M., poème XXXVIII: Un 1antDme, l
: Les Ténèb~es, ve~s 10.
(2) - F. M., ~~ GPavea. poème VI : Leo. Béjowc, ve~s 3.
(3) - Ibidem, poème VII : ,f.e~ rT/étam:nphoaca du V~, ve~s'25.
,,,
"

"~ ..,', ,._-,
.-<. - . : . -
;,-.,.. _
.• ~ .. "-
..
..".
324
"le {=d oupz.rbe" qu'une "pauv,oe grande beauté"
(1)
f"-
1 fI'
On découvre par a>lleurs une série d'attitudes du poète de-
vant le corps de la femme,
attitudes où se mêlent une curiosité
méfiant,e, '
"App,'Ochono, et WW'1.On6 auww' ck aa beauté",
17lhi..6 rwn. ! ce n.'Q.6t qu'un nn6que, un décor
6u.bo~neu.r" (2),
et une admiration "c~auvoljan.tA"J appuyée sur un souci cànstant
de distinguer la beauté-imposture de la beauté-Idéal, non corpo-
relle et située au-delà du monde matériel.
On peut admp.ttre en conséquen~e que l'exhlbition de ce corps,
quels que soient les sens qu'on est tenté de donner aux précisions
morphologiques qui
la caractérisent, reste avant tout une /',..on.6ta-
·t:atLon" de la réalité tout à fait banale qui .sert de point de dé-
part vers une "6ul·-,.Qa.P~i..tél! plus "rwbe.c.", ear BaudelaIre aurait
pu dlre au sujet de la femme ~e que Delacroix avoue à propos de
l'
..
+-,
' t ' "
ses
C,.4'QQ.'_t..On6
p.LC.~ ..LU'Q.(.C.'~
:
"C"oot ta ('...=U" "éati..té <ka obj<d.,:,' que jo2. (uu~,
quand jo2. nT. ''<!fu~Le dnru> fa aph"-,,,,- Ma CI'éati.an6
de e.' art" (3).
(1)
- F. M.,
poème XX : .l'.e l/h6q,ue, vers 25.
(2)
- f Q
maaque,
vers 16 et 20.
(3) - Eugène Delacroix, OeuVI'eO t~tGéraLsoeo, l,59.
. ,
1.'

..:. --:--:-:-~',~'~' . -\\':" '. ~ .
.
. '
.'
,~
,
.
. ;
.- ..... :..~;:.
. ;".
325
Sur le plan pictural, Baudelaire applique poùr le corps,ré-
,
minin, une esthétique de la Pfo r'f'f'l2."
et de la "e.i..gne'~" ,. deux no'..-
tions qui se traduisent visiblement dans la particularité des "po-
6~6", des "a-ttL·tudt2.6", et des "ge6te.o H • C'est la phénoménologie,
ou la révélation de la beauté,géométrique du corps, à travers le
dynamisme physique emprunté au chat, au Serpent, et élargie par
analogie à
"( •.. Jt'Q.{fQ.t d'un. be.au. val..66QQU qui.. prend .e.e.ea.."9<'-,
Ouu-gé det.oU',26.
P..t va roulant
Sui..vrzn,t un. rytJvr-e. dou'G, et paH'-66QU'G, Q.·t l'.ent'' (1).
C'est enfin la recherche d'un univers spirituel qui paratt
p.ncore plus évidente dans les poèmes de
la femme.
Dan~ cette opti-
que,
le personnage peut être comparé à ce "f)OU.{{ ''Q..'' au fond duque l
le poète veut plonger pour trouver du "nou.ttenU",
ce qui nous suegè-
.re. :
"( ... Il.'arrant (qui), <:lU,' 60n ='p6 ado,-é
2u aouvenl..r' cuQ.U.&? f..a (fJOUr' "-"'-'lUl..66Q."
(2).
Il plonge dans les "yeH'G"
pour découvrir "e.. 'Jhge. Lnvi..of..é" ,
mêlé l'au 6(.1h.Ln'l(. OJ1.,ti..qu.e'· (3) 1 ou dans La '·C11.eve.J'...Lt6'Q."
pour chercher
---------------------------_._-----------
(1) - F. M. , poème LII : Ce. B(2QU navu'Q., vers 26 - 28.
(2 ) - F. M. , lh' Jan!:ôrœ, II, Le Parfum, vers 21 - 22.
(3 )
- F. M•• poème XVII : l '~'kJ.e.c CQ.c vê /:eJ7>2l"Lta••• " , vers 11.
( 4)
- F. M. , fa CfJ.eve.e.u6 e, vers 21 - 25.

:'~~id~t~i:a-:~';:;h~~~..'-.'.--- -.
'! :.
".... :-
, L•
• .."
326
.
.::::
.~
Tout nous ramène au poème .fu :Jf.arbeau Vi.vant,
où Baudelàire:, .
définit, à projJos des "yewc!',
la valeur esthétique et spirituene
de "tou·t ce qu..i- corrpoo.e"
le corps de la Femme :
'77k cauvant de tout p'-ège e·t de tout péché grave,
Jl'.c COndu'-C''Jlt ""'c pt:U> dan.c en. .'OUte. du !J<>nU" (1).
Dans AUégo.·Le.,
la 1'{eITTœ. bette" a une peau de grani t
"fuc 'J"LUec 00 1'.'am",,',
tee pOUlanc du u·i.po·t
1aut gtLcce et ·tout c'élmucce au gn2J'lLt de ca peau" (2).
' )
l'D'
JJ': ,.' n
"
(
)
e
- La
tOL.:Zal'l 'P,
C!"-A-e
,'",,, WlQ
. 3 .
Le romantisme a fait ùu rare, de l'exotique. voire de l'étran-
ge un élément fondamental de
la poésie.
Les êtres,
le~.:; choses et
les idées acquièrent une dimension nouvelle à partir du moment où
ils viennent d'ailleurs.
Il y a chez les poètes une espèce de déli-
cieuse jouissance à se savoir différents des autres au point de de-
venir bizarres. Verlaine écrit, à propos de deux amants qui déci-
dent de mourir mais qui
finissent par "ajou8fie,., Wl.n e..JCql-LL:j,e ~ rncu-t"
"Ce. ra,-e <.'c t bon. 1Jcmc 117àu.-onc
Carrmt2. dan.c ["c
.'Mcnme.onc.
)/i_ 1 hi_ ! hi_ ' quel'. WlTlJ'<t bi.:za...'C ", (~).
fiaudela,ire
trouve ses dêlices dans le rare et le bizarre de"
la peau r"sombre.
Le tt"in t brun ou noir de la Vénus exotique est un
___________________ ,J
_
(1)
- F. M.,
poème XLIII:
te Jf~ VLvant, vers 5 - 6.
/
(2)
- F. r~., poème
G'XIV: /iUégori.e.
(3)
- F. M.,
poème XXVI: 5ed non catU2ta.
(4)
- Paul Verlaine: Fêtes galantes "fu", VuioI.RJ'l.t,o".

,. .~-.
327
élément essentiel qui nourrit les fantasmes.
La couleur brune exerce une grande fascination sur Baude-
laire. Elle constitue une "cou.te.u,-· p.ri...mi..ti-ve." : durant la· période
d'harmonie universelle. de communion Profonde entre les êtres et
les choses, d'assouvissement des désirs naturels, Cybèle,
la dées-
se de la Fécondité veiile
sur l'humanité qu'elle entoure.
de
soins affectueux et qu'elle nourrit
du iait de son sein. Le
brun est la couleur de ce sein nourrLcier !
"Gdbèfe. ator~,
.t(~,·':i-'..Q. (>11. p..nxil,tt,i..6 gérl.Q."'.'I.L'C.,
ne t"ouvat,t P'JVLt ,,'),(!.~ tijA un pol..d.6 tl'f..")f.) oné.,,\\,?u.-c.
rTh.w, louvo.. QU r..o(~Lll· tyJrl( N!. cft!. t.PJUl,'Q~,,·)(",.~,) (.:.LlfTTTUnq.o,
Ab,-'Q..l..tvat..,f:. r. "Ltl.t..\\.)(!'.t'â r.L .~ç~~ .tét;JlÇ·.~ hltql.(!.~ r' (1.).
l.a comparaison entre la déesse et l'animal n'est pas fortuite.
Les tétines de la b8te sont en même temps celles de ta divinité. Et
il est étonnant que la seule période où l'humanité ait connu le
bonheur soit placée sous la maternité d'u~e déesse aux tétines br4-
nes. Le brun ne serait-il pas alors la couleur de la vraie humanité?
Par voie de conséquence la femme ne couleur ne serait-elle pas ie
symbole de la fécondité, de la renaissance,.de la résurrection/ou
mieux/de la regénération de l'espèce humaine? Florissante d'évoca-
,
tians,
la création poétique est la voil':! par laquelle le poète re-
trouve le paradis peràu.
l'Age d'Or.
l.'une des grandes caractéristiques de cettR couleur brune
est qu'elle confère à la peau du visage un ton unique et .invariable.
(l)
- F. M., poème V, "5) la~ .f.Q. ~ou.veni..,· ..• ".
:;
:.

-~
328
.' >,
Au contraire de la peau blanche q~i subit des modifications sous
l'effet des émotions fortes,
la brune a le privilège de rester
inaltérable ou, tout au moins}de n'être affectée que légèrement
/lYM cheveu.'G,
CDffTTe un ca.oqu.e. beo..u.,
CKnbra9"'Jl t tort (,'Ortt. de gul2.r"'_~'P..
Q..i. r1.Q. pen~l2. l2.t ,'Ougi..t QUl2. peu l'
( l ) .
L'absence de rougeur, ce privil~ge de rester identique à
soi-même"quelles que soient les circonstancesJpermet à cette femme
de conserver sa nature étrange et my~~érieuse. Cette peau sombre.
devient ainsi le symbole du monde abyssal, du gouffre où nous préci-
pite le vertige de l'existence: chez BQud~laire. écrit François
Porché,
l' Ca pU)tIK!..lltati..-i.)ll -.\\cl1Ibp-'. d,~ P.a p(~OU cu"P.,n..:.1z-a.
cfnn6. e.. '(].t.rro'~li.~~ ..."!. bHun'lI-;w. de rha·;~'''\\.J tlfW.
Ù i..ç.}n;_1 ;,r:at.:~· on '.\\lyrbO ti...f'lt.w."
(?),
I.e poète aime p;'lr ailieu:-,s ~'i.mr.tobilit~ parce qu'elle est
mystérip.use. La Beauté,
t(~lle qu'i L la dt~finitl \\::st fI'oide et immo-
bil~. C'est par son insensibl.li~é de pierre qu'elle r~sLste au
temps et survit aux événemen~s.
La femmf~ brune, pal' la cOlJLettr i.riaL tér'i.lbLe de: ~>ün tp.i.nt/ré-
pond ainsi ~ IJne conception esth6tique particuli~r'e :
(1)
- Les Epaves. poème V.
f
mon..,\\.
Q
tH!...
(2)
fr'anço Ls Porché tOp. (:.,.;_t.,
p.
i 11..
(3)
f.
M.,
poème XVII
: J'a r1eauté.

',.
,'. ,
329
,"'.::: ... '
"Je haw FR m:lUV<2I1J2t1.t qui.. dépf.n= l'.eo U-'JTl.M.
Ct jannw je 'le p.1'.eu.-e et janniA. je 'le .-w'- (1).

Baud~laire va ainsi voir en cette femme un modèle de beauté
parfaite; cette beauté réside dans la couleur mystérieuse qu'est
le noir, ou le brun.
"Co.-oquetu dOlmi...n:u>, /TU /xz.P.1'.e ténél,,-euoe
A.t fond ci 'tut rronunJ2rLt CJ:;m6wui..,t en m:u-b.-e nov."
(2).
Il ne faut pas se tromper sur la couleur exacte de cette
peau.
Nous avons dit qu'elle était brune.
Baudelaire nous apprend
qu'il s'agL~ d'un teint
"f3w u·é
ea.
CUfTJ"A,;l.
peau. cl 'un. h~·()Il.zc_"
(3).
Il compar'e par 3i lleur~; l:e téLnt il ln couLeur de la nuit,
aux
ténèbres
"BIJ'UI1-"_ CQIm1C fra rll..l.l.to'· (4).
'?ria be U.c, t"J'téb"'1.L6e" (5) ..
Mais ce sont là des couleurs diffici~es à d6finir, d'autant
que la nuit n'a pas de couleur fixe;
elLe prend des
tons qui sont
en relation avec les différentes phases de la lune.
Cependant on peut se faLre une
idée df~ la coulellr exacte de
cette peau grâce au poème .ra Pipe (6). En ~fret, c'est dans ce poème
(1)
-
F.
M••
poème XVII:
l'a &...auté.
(2)
- F.
M...
poème XXXII
: ..?wronio p.oo..thwrn.
(3)
Les Epaves. poème 'IV
:
Cea Pn.XYr2,Oac..ù et'W1. vi..A.a.l)Q.
(4)
-
f ..
M...
poème XXVI
: Sed '<Q',
.o.ati.J2ta.
(5)
- F ..
M••
poème XXXIII: .f<pJ1ywdo. p.oo. thu",:>.•
( 6)
- F.
M.,
poème
LXVI!
:
la Pi..r:w.•

330
que, pour la première fois, ce teint est comparé à celui de femmes
réelles qui peuvent servir de référence
"Je 6uLo e.a pi.pe cl 'un auteur' ;
Ch voi.t, à contRnpl.er nn mine
!3 1AIx; Mm;J2JVU2, ou de. ca{ r·{.ne
C4e mm nnê.b-e e6t un cp'ClTld {um2LU'''.
L'Abyssinie
est l'ancien nom de l'Ethiopie. qr le terme
Péthi..opLRJt" dérive du mot grec l 'a,,-th,wp6' 1 qui signifie: "A.... vi_oa.g.e
b,ûf,Q.!'.
C'est donc aux
re~mes de teint noir-clair que le poète pen-
se lorsqu'il parl~ de la couleur brune rl~ La pe~u rte Jeanne Duval.
V()il~l pourquoi. cette femme apparatt parfois <':ommp. Un(~ nOÎre.
"Ct: j.e 'p~ ('.û)rln('.~a;~ nn b8'f_Ult'_,
J!cù bai_':'J.<!.8""') (~·I.J:J:lù CD/lire ~a fjll'le
(.1. ciJ.....o caJ'("l,Ù')C'.O (/Q n[.'-~·nr'fl,t
/Ltexo' d'unp, l.y). ...\\C J~\\.t" (1).
l,a curlosité sensuelle du poête ne trouve satisfaction qu',au
con:::act de cette femme de f-;élng mêlé·;
c'est pourquoi. toutéS celles
qui né lui ressemblent pas sont d~dalgnfes ou alors aim6es d'un
amour respectueux.
G0orr.~s GonnevLlle analyse la différence entrE:
l'ai:lour charnel et l'amour :.;pirL:uèl d;:H~s la vie et dans
l'oeuvre
de Baude la i.re. Jeanne DU'/:! ~ et r'ladame Sabnt l er représen tRn t deux
espèces rl'amour pour
Le poètê
,''lan.ô e.e..~ 7 f.C!.U6'6. du n-hI, en {(yoon. f2PPG..laU ("..ormn
f.
'a1J'2./'Lt p."'-(é.·é du !lin.bt<!., POU" autant Que 6a
( 1)
- F. M.. poème LXI II.
fu ?"vcnnnt.

331
600uctl'...on 6 'ex,e'-'CQ 6u.,-· f.e~ 6en6. 1J 'OÙ f.a <1épua.tu,n
bi..cn cfai..,'Q étahe.iJ2 peu' !3audR.'-af...l'Q., cfan6. 611 vi.e et.
c1an.6 '- 'o.donnnn.= cI.e. <1<2.6 ptJfu=<1, "-"t.,, e. 'amou.. pfu6
(JUJ'
<2<1ewé à /!Jadame Sabati.P.....
.te pfu6 p;...quant. Q.6 t
" ••• " que ~ Sabati.e., 6 'e6ol.~ o{f".,ù;>. à fui.. et
que .~ poète opI-t26. 6 '(i·u'Q ea.w6é 6.LLI?II'(1I1.W'Q., ~ 'e-:1t
rep,·i...6 .'"
(1).
Le poète s'est repris parr.e que cette peau blar.che n'est pas
de son goût j dans l'imagerie populaire~la blancheur est Le contrai-
re de la souLllure. Or BnudclaLre a désormais pactisé aV~c le mal
iL ne neu t donc
pas
priser
1.a
peau
de la f~mmù bln~che par-
ce que
l'amour churnc.:l reLè 'jc de Sai.an.
[1 semhle que dans
::out€:s
le·.;:
fem-
mes hlanches.
R<lud~L.qLre retroU'Je l~ '.,:isage spi.ri tuel de Madame
St1hatierl Cépenèant Clue ~e viea,ce ~ensu(:l de Jeanne UlJv8.L apparatt
t:f:
a :~ Lues.
qu'il d6couvre en plie un modô!e (le be;lut& m~t connll dan~ cett~ 50-
(1)
- Georges Bonneville, Op,
ci_t"
p.
59.
(2)
- F.
r.1.,
poème XIII:
1!(J..t{!.
CU_l'Q.~-tu C"~ 601-4·•.• /·.

332
ciété occidentale du XIXè slècle.
La
pièce A une dame ,,",.Qa[e../dé-
àiée à Madame Autard de Bragard/le prouve bien
"~<L pl1lf<> parfuma que l'.e M ee.i..e. <:arQ.Me
.J_~aL connu, 6ou6 tut c:1aÂ.4 d'a"b ..V-6 tou.·t p...npoU.p,.-é6
Ct de pal'mu,-,'~ d'où. pf.RUt aur' fR~ 'J"'-'><' en. par"-~"e
Une dan.... CE.Qa·e.e au><. cha.."""" LcjT\\",..é~ l' (l).
Cf est parce que cette dame a f'de.ô charrrJ2.â i.4nol.Q6/' ,
auss i
bien par e~le-même que par les autres créoles, que le poète l'in-
vite à venir en France pour se rendre célèbre. Là/elle provoquerait,
parmi les poètes, une émotion comparable à cellê causée par la men-
di.ante rousse.
"St. vou.n af..P.iJ'':', ,rru:1mra2., rd.L V112l. ,~6 de y.fou-e.,
Su", f..(.J...c bu~'Clc d.!_ f.a Se..i...l1p. ou ch!- en. vc.l·t.~ [~)r~~"("!.,
G('.,te~?: di...rJYtC'. d 'osne:"".· p~!..,.) anti.qu6â nnnDl-"-n,
llou6 f(!.~-i.R:z· iL t 'ab.l',L Mt! orrfn'Qu6c-6 l'(,~uai..):~â,
~H1Y..'.I· mi..J..te 6ûrtne.Lo. cJanô f.C'. COC?LU· de.-.) poç.J..c:l"
(2:).
L.:J. France apparaît ainsi comme un pays riche en arr; mais pau-
vre Em modèles plastiques,
Seul le "pr11}6 pQrfumé qtL~. te ,.~)Qf.Ql.,~ ca-
.f"Q.ù6e." peut
Lui
fournir des modèles originaux capables d'inspirer
ses artistes.
Ces femmes de couleur brune, Baude1aL.e 10S conndlt.
fi.
l~:ur
contact
c'est tout un nouveau monde qu~ étale ses tr~:;qr~ e:t ~;e~:i
voluptés,
(l)
- F. M.,
poème LXI
:
(2)
- Idem.

} -.
"
-
333,
"7"6 bai..6"r'6 60nt un. phLU:.re et ta boud= "6L WtQ..
arrp/wr'Q. qui.. (ont œ hé.'O<i Md= ,,·t t'enfant. courag"wc."(l) ~
L'effet de cette peau sombre sur le poète est grand, et il est
même plus
eni VI'an t
que l'opLum et le haschisch.
l "<-u.e.
con.t tec b4'QU.vag.cC, co~.Qo à ta co. 'CLQ....-"Q. r~
(u"U" 6U&<iWnce a p,tu<i de. p,ouvo ....· qu,,- cette cha......·
nouQ. ? C'e.6.t etf.e: "lu 'Ll- ·P4-é.(P-4·'Q., en. toute connaw-
6 = de. cau6"" (2).
C'est donc en connaLsseur que OaudelaLre a placé au coeur
ne ::-ia vi'~ et au cen':re de ~;on oeuvre cette' "S(H'C\\...Q...lI"ÇI~ Ott renne d/é-
hç..n.e" (3). Connaissance entrê'lLnr: llé':c~:;saLr~ment préférence Lor~'";-
qu' LI
f,ïut choLsLr
:
r.
l ' ')

l
'
. , ,
'
, "
:"_
PJ'Q
e.,,"C'_ na C..()Il'.~ r,nr
a
j
r~ opu..un,
Ql..OC.
rU..Lr... ,_-6,
C'h..fl..;,,::.;..,' de. tn.. houdl(!. 1.)Ù. (1(lJ1}.)U"
..,),ç:>_
pal..JQFtr._"!.
,.
(Jlfllld V~iJ'·.,), CoL 1TC'.. ;':l. déù;....s·c pru·t(~fl': qn ca~'(lvœt<?
J(~...'l. ~~ ......ux. ·.,),o,.tt P..n.. ci..:.:(~, ...Û? où ooi..vcnt n"k:~:'.1 <?-nfU.LW"
(11).
f)
- IropLgues. Nègres et Négresses
L' un i. vers poé t Lque des ..'1tQU~"~ dJ...{ m-d..
es t
an imé par r.!es nè-
gres et dp.s négre:,se~". Le poète/qui à ï.l::l.i:ltes reprLses Cl exprimé
son faible pOLir tes mul§tre~rl6cr)tlvre ainsi rlans La race noire ses
vérLtablp.B frèrr-:,s.
Aussi est-LL SOU\\l~nt tenté' de c()nsiùér(~r comme
(1.)
-
F'- r~.. poème XXI : ..tAjl7ne. Ù. fa. f39_fluf.:.é ••
(2)
-
Yves Florence. Préf.:l~e 'J~.i ;::~0'\\·; '-~-' ........ .;.'
(3)
- F.
M., 5,d non ,~atLn.ta, poème XXV1.
(4)
-
Idem.

.. ':
--
-
.'
334
des nègres des gens qui,en fait/ne sont que des métis.
Le pays de ces nègres est peint comme un lieu par~disiaque,
inondé de chaleur hienfaisante et orné de superbes arbres exoti-
ques. C'est l'impression que l'on éprouve à la lecture d'un poème
comme Pao{wn &DtLtlue :
"(.J.u>nd,
'.<'.6 dJ2u.'G 'i<!U'G (C""'"" , en un cou' cJ-uu.d d'autonne,
.?c 1'C~U'C-'- t 'cxiP.u...· de ton <:1~Vt cha. fp..LL1 'Ç'..LL'C.,
Je vo-w '~4~ dc2l-out~l' dP..<:1 1·;J./acy!.Ù hCU6'O...Lt'C.,
Qi 1G.hfou;.J~'~'!.Ttt rr~ô t"H"'C. cl /u.n -<:lo f..ci..J.. /rona wn.c
1Iru.~ ;:/..(!. P'l-o 'CQ·~e.uQe où f.a l1au..H"'-!. donn(!..
':"J\\-.!.~ (111"",8-('..<:1· <:1iJl~?dJ).~' ..,·,,') P.t d-C-<:l fH'i..~ ~avoul'\\:'U-'(" ..,
,~.<:1 h.t...m"f1;:?"',') don t p..(~ CD,P.o I~ùt mifLCc et ViJ)t'JI.O'\\:!U'G,
Ct cin·' l'·m'..,.'" JonI: f'CH:U. {:YU' M
(,ond,i,.,,, al'on,... •· (1) •
. C'est sans doute ::e portrai.t édénique du pays ries gens cle
couleur qui a conduit Jean Pr6vost h affirmer que 9auclelairc :le
voit pas les mélladies tr'opicales,
l'esclavagl2,
la misère et l'ér'o-
tisme morbide des n~gr'esl alors .que dans cette sociStô française du
Xlxè siècle, l'on ne ~oûvai.t évOqUér' les Tr'opiques sans fair'e allu-
sion à l'une quelconque de ces plaies qlli constituaient les lieux·
communs de l~ li.ttérature.
Ce jugement compor'te une part d'err'eur.
Baudelair'c est en
effet un espr'it cultivé et le voyage qu'il a effectuS sur les lieux
suffit à lui fair'e pr'endr'e conscience, "c:.1ft vÎ...6u " , des vicissitudes
de la vie tr'opicale. et à en mesur'er le degré; seulement l'écho
(1)
- F. M.. poème XXII, !Jaf·tu", Dcoti.rlue.

: '~
335
de cette misère est comme assourdi dans les J!pur~ du mat. Un seul
vers traduit ce désarroi devant la souffrance humaine
" 0

P '
.
.
t ph K' .; nu~" (1),
,te pen.6e a
n
neg.J-e66e.,
amat..9S"t..e
'l.r~ ~
'<:.
Le laconisme de l'expression, la rareté du terme "ph·th·L6C_
'lue';. Qui est l'ancien synonyme de la tuberculose pulmonaire
.I(~­
ckP.a.u'Q. adopte Pn. g.aphi..e. ùaVante qui. M·t W1C t",moC4'i+>tWrl à pm'-
-tu··d2 p_'éuynoeogA-e. r.1"''I2.CQUC?J ca,' on éCl'U aujOtUd'hu.·L f'r~th0ûw}j
ne permettent pas de saisir facilement la pensée du poèt~. Ce~te
pensée. Baudela~re ne l'exprime que malgré lu~ car une peinture
réaliste de Lille (ie France et de l'Ile Bourdon supprimerai~ des
Troniqu~s le cn~nc~~re merveilleux que le ro~te a v()ul\\j leur im-
prLmer.
Baudelaire conn.'1.tt donc bien lé pays (~t ses probl'~mes. SeuL!~­
mentI il ::lime
trop cette ~err'e d'éL~ctiun pour insister ~ut' se'; ~nrir­
mités.
Les nègre~~, et surtout
les !1égres~iesl seront ainsi aim'?s' et
chantés comme des êtres vivant er1core dari!; l'abondance des pr~:miers
âges.
Il n'existe plus pour le poôte un bonheur qui rl~ soit lif ~
la part Lcipat ion des femmes noi.res. Dans [j,.' Sp.~e.cn dt:! """h"L'~, !';O!1
Altesse,
le l'bon d'f-h~î'.~ L'homr.le aux pouvoLrs magiqup.G, promt:t nu
poète de JI(, gU(o:'i.r de l 'CQ.tu.>. bua.J"·~'C'. atte..cti..on do~ e.'CTlnut~/' (.~') Gt
de luL rlo~ner la gLoire et la fortune:
!' ~'a"'9Qnt,
f. 'o~',
~Q~ dLn"nnf.:.,~J
tca 'paP.ai,A'1 {éé"ÏJ1uv.~}
v;-e.nrbon t VOU<"l dl.C?,I-chctl· et VOlt~ r-lI'Î...cl'Ont de. e..c~
(1)
F .. M.. poème LXXX IX : ·fu Cygne,
(2) _
,r:." Sp~"'m d" I-h.'i..a , "Cc>. joueur' géné..=~." XXIX.

"
-.':.,; '"
: -;;;,..':(
!'.
· -'.
336
=t.l2.r" (1).
lnais la dern lère grande promesse que le "bon. d<..abte.'· fa t
au poète ennuyé, c'est de la conduire dans les pays où il trouverait·
des négresses/et où il pourrait aInsi assouvir ses désirs volup-
tueux :
J'Vou,.). VOUô ÔOÛC..Q.l'Q.Z_ de vo.f.up.t6.ô , fn-::Jô,'Jtude.,
dan.<> de<> payo "hai=n.t.a où U- -rai...t ·toujDI... ·'\\ cluwd
~t où, fp~-.). (Q.fTT1le.6 Ôcn..t'?.l1:t auoÔL. bon que .e.(?-~ {teu."ô l ' (2).
L'existencp devient bSati.tude lorsque la volupt€
s'allie 5
la fortunt; ~:t que 1<J f('!mm~ noire ~;'a~";socie a c:e honh~ur.
On comprr-:nd
aLors pOllrquoi d.::ltl:3 une prière j.lcul~trJLre d'où .l,~ p;:-u-:l.doxe n'est
pas <l.bG,(~n t I l P. poi': ~0 :;' éc r if-:: '?'.~OrL ,'~~{.J>lJ.." Se l.qt'I.('U/J , non lJi-eu. ! lai.J:C?.ô
que ~~P. dJ.nbfp ,?r>- ·U.J,.~"'I'" (Xl..~of.,!-"
(J).
Cette priar~, malgrê
son h~r6sie, se justifie par le tait
que le po~te a toujours r&vê de vivre dans un cadre hors de Fr'ance,
"A", honi r1e. ea. rre,', W"le beJe.'? caoe e.n bow Q.f1ve(op.':lée.
de. Lcx(.ô CQ.'~ a5'-bJ"Q_'~ b:,..ZQ.I-,1;'"6 e.t [ui.......YV1.tô. clont~ J-'c;.~
olJ..bP'-;_Q
r..C'~ô nl)rnâ" (4).
ée cadre ,-) ~a fois roonantLque et exoti.que est égayé p.:l~ IIf..e
tapage- dÇ>~o Ot~ôC'.QUl(. i.v~~~:) de 0.ffY}L(~"(~ e_t cc jacfl/jô.Qn-.;~nt "d_'!.6 p'~t;..tea
nég.6'Cô6Q.Q. ••• "
(5).
Le paradis se trouve donc au pays de ces nfN,res-
(1)
- !P.. Sp
"
' l ,
" 1 1
e_C?.eJ1.
le J.oupa,' 9-C'flC''QUl(.
XX1X.
( 2)
-
Idem.
(J)
- Ibldem.
(4)
-fu Spi<!-en.
(5 )
l ri efil 0-

.......-."_...
,. ... '.
.... ''.;-
337
ses.Jet François Porc hé signale que plus d'une fois, sur·tout dans
ses moments de découragement, Baudelaire a fait le projet de retour-
ner à l'Ile de France (1).
L'ennui constitue sans doute l'un des principaux thèmes des
Y~c!u"" du YTiat. Il représente tout ce qu' il Y ad' horrib le et de
négatif dans la nature et dans l'.hommel et se maniff::'ste par le dé-
goût de la vie
;
"Pou,' {}au.d.ef..au'(?", écrit Sabatier, e.e S;:l.,t0..C~.rt, ae.e.i...é
du. dc2nun.,
CnnQflli... pe.'c,onncf_,
uJI"'QI1. du. mon~ "'t'(·.at
,oa.c un lai.Jt c.'.fYPfq, ct fac.:_te.men.t décc.fabfp,,"
(2),
Ce "tJ}412n clt.t f7rlnc..p.."
finit r::t.r rendre la '/ie'rénible et
rlouloul'~use. Une l(~ctur'e du poèrn8 w..,i. .70-'l~~fI8"'? ..) p~rmet d'éprnu'Jer
avec Rnurlelaire le raids de l'Erlnui
:
"~1.a Pf.?c caV181Ul(. d' iJl~OndnbPp. t8·~_-:\\tp.~CQ
()~ f (? .~.a ti.Il m'a déj.n. ~ '(!.P_Qgu.~! :
Où JŒrn.LQ n. '(.~ntl'\\.!. tm ''Œ./0n ,'o-.,')(!. I!_t ~Î.n.L
D"i., ,6P.1..d_ a\\..lf?c. fa nuLt, rrnuc·.\\ade hôtecce.
9cJ.. culA. 'JJt1T1"P.. Wl p.c.u-dj'C2,. '"lu /Wl ::!Ji...p.u. rroqUPLU'
ro"dnITYI'!. il. .':}P.LndI"(>", I-téfac. .' cu,' f..p~c ténQ.b,'(!.~" (·1),
011
ne peut peindre avec des couLeurs plus trisLes la condi-
:ion mLsérable d'un homme. Le poète ~e trouve comme E:nfcrmé di1.nS
\\ln liell souterrain o~ il supporte .le ~riplc roiels (Je la solitude,
de la tristesse et de l'obscurit6. Mais il s'agit d'une tristesse
(1)
- François Porché, Op.
6,t.
(2)
- Robert Sabatier, Op.
cLt.• p. 108.
(3)
-
F.
r~., poème XXXVIII: Un Yan wrre 1. J'.c" ]6Jlèb",,,.

" ,
338
qui n'a pas. de commune mesure avec la rêalitê. 'Seulé une imagina-
tion féconde peut apprécier cette tristesse à sa juste valeur.
Elle est "ln.~ond.abe..e", c'est-à-dire,à la fois incommensurable et
incompréhensible. Une telle tristesse apparaît en définitive com-
me une maladie incurable.
Cette tristesse est le verdict du Destin. C'est l'image du
poète fatigué,
malade,
inutile à lui-même comme à la so~iété/et
"''Q.té9t.té'' dans cet état. On comprendra alors son désespoLr : la
mort lihératrice tarde 5 venir et on a l'impression quP. Ditu a le
rios tourné; comme un cond~mn~ à mort qui atterld son ~x6cution,
ou mieux,
comme- SLsyphe rOiJssi'Jn~ son éno:-me rochAr sur lu pente
ne la mont~gne. le roète
Le poête cannait une granct~ :ris~es~;e qui le conduit all d6ses-
poir. Tous
les hor-izons sont fer'més devant
lui par les puLssantes
mains de l'Ennui_
Dan~ cette atmosphêre lugubre,
ln femme noil"e
va jouer un rôle
important.
En eff~t. le poête V<.J retrollver ta joie:: dé vivre au s( uve::ni.r
d'une nÂgr~5s~. (;'-elle-<:i appo.ratt nous lél forme d'un spp.r..tre char-
mant qui vient dissiper les
t6nôhres de l'Ennui
"Par- (Jl.-âtant-j. h,-i...tPe , (l~·t ~ 'ae.e.on"gs~ et -â '(~tnf.e.
Un <>pect.-e. {ai..L de. g.&::e et de. <lp eendc>J-L"
A
':ia ,.Q.VQ.U-âP.. af,PLu'Q.. o,-i...c:!ntnf..e..
[J.,and U. ntu>-u,t <'la tatap.,,- g.~w',
"-?p, ''Q.connaÎ...<..''l. nu ~Jee vt...-âi..u.J..L-âÇl, :

339
C' e6t. eUe .' noi....-e e.t. pou..t:ant lwni..n.eu6e"
(1).
Il Y a là un phénomène d'op tique . ,
difficile à ex-
pliquer. On a l'impression que
l'apparition de la couleur noire
dans l'esprit du poète suffit à allumer un feu qui dissipe les
ténèhres de son Coeur. A noter qu'en. fait ce poème s'adresse à
Jeanne Duval. Mais Baudelaire nous la présente ici comme une noi-
re, sans dou~e parce que l'état dr~e du poète est dominé ·par le
noir et que la lumière ne peut jaillir que de la rencontre d'une
peau vraiment sombre avec un état d'âme vrai.ment triste,
te noir
étant le signe de la tristesse et du deuil.
Dp. ln même m;:lnièrc-: que la r(~nr::ollr.re de deux couleur~·; noires
noire: prend une dimE:rl~;L()n nouvel.Le-: éHl cuntact de
la nuit:
"0 tOL., '1UIr~ fa nui...t ~"C.~nJ. ..'}l'- ')(:;.f.,fe.
(~.l.';..)'. m'('.,.,")t dOl LI(. p(~J1chii \\./C~'ô. U'.t1 Ô.CUh"l.
1J1~cou.tJ!.'· ~a pfainC.1"!. (!lp,.'t'1.C!..~.fy~
,",u;_ 'YiJlf)/U/J, clatH fe.6 ba·'6;Jl6'· (2).
Deux poèmes d6S .7Eeu,·'~ du (r:al. sont dédiés à de 'Jéritabt~s né-
gresses. l.eur analyse permet d'expliquer le gont de Baudelair'c pour
la femme noire. Le p:"emLer de ces poèmes a pour titre ./1 urLI:!. iltC1~CJxz._
Porché écrit qu'on peut considér6r cette pièce comme un sim-
ple souvenir "d'une '~'!.'''''/W1.tc ck ~'l'1..CQ. no,'--''Q./' (3). Cet.te pièce
(1)
- F. M.,
poème XXXVIII, 7h .7an·w= l, [}<6 Yénèb.-e6.
(2)
- N.
F. M.,
poème IX : .f'c j..e.t d'=u.
(3)
François Porché. Op. c~t.,
p. 96.

"-'
340
Plusieurs éléments importants sont à relever dans ce poème.
D'abord cette Malabaraise. comme la plupart des dulcinées de Baude-
laire, est une personne de condition humble.
Elle est une servante
qui s'acquitte de son devoir" avec le même dévouement qu~ celui Sl-
gnalé chez Mariette ou chez
la "Se,-'\\JQJ1.te au. gJand. cocU.·".
''Jo. tâche eot d 'aU.ume..' ta pi..pe. de ton nnU:..",
2e. powvou' e.Q.o (wc.ono d'eau'C. (.aCcheo et cl 'cx:ku.·o,
7Je. Cha"OCf' ioLn. du f.U:.
teo mou"ti..queo .&Û>.w...:>
le, deo que fA "nU.n {aGt cJum-te..· tM ptatareo.
:.tJ 'adw.t..<?•. nu 00:za.'
anana.6 et banane","
(2).
",7âchn. f ...·t plpt-'.. dp~,l"G tai...a ambÏJ]u.<!_O" (3), 6cri.t YV8S Florence.
Malgré sa slmpLicité. cétte t5che ne manque ras de poési.e, parce
que Ln servante y m~t tout son coelJr.
Le pinisi.r dlscret qu'elle
trouve dan~ l'exerci~e de cette t5che est comparable, à hien rtes
égards, à celui que les activités ludiques procucent aux enfants.
Comme l~s autres négresses,
la Malabaraise vient d'un pays
chaud où l'on peut trouver des b;manes, des platanes, ries
ta7i!arins,
",1l"G (:YJ.qo chatu:J..o. q.l: bP.-pu~ ton 2;...c~lL t'a tai_t
n.acu-el' (4).
Le po~te,
selon son habitude,
reste p~rticulièrement sensL-
ble à la couleur lloire de la peau :
(1)
- Jean Prévos t. &ude.eaL.-e.,
Op. c.o~t.• p. 25.
(2)
- N.
f.
14., poème IV
: A une lTIa.Pnlxuau.e.
(3)
- Yves Florence, <4:>. cLt.,
p.
7.
(4)
- N.
f.
14 ••
poème IV
: A une rThlaba.aG",,,-.

---' ..........,.. ..
. "
.~_.;:. ';'
,
, '.
341
"Ye.6 <p-and.6 yeu'C. ck V<!-tour., "ont plu., no;""6
Clu" ta cha;...'"
(1).
C~est parce que son pays est beau, que sa tâche est noble
et qu'elle-même est superbe en beauté que le poète demande à la
petite noire de ne pas quitter sa terre natale pour la Franc~. far
un renversement des valeurs, la France devient terre de souffrance.
/·Pou.,"1UOc.,
e. 'hp..u,-.p..uoe entant, VQU.:JC.-W vou' not.. 'C!. J'GYlce,
re. pay 6
t""p peuplé 'lue. fauche. en. 6DU tt 6'Qn= 7 "
En France, en effet, C0tt~ enfant sérait malheuréuse parce
qu'elle aurait de la pei"ne à supporter l'PI1 nc.Lge (!..t f.eô. 9A"1t,?o"
;
f:ll~ ~;E:r'ait obligéé do::~ porter le cor'set C1.llL ùéfor'merait son corps.
contrnin!:e à la prostit.ution pour '/lvr'(: ; enfin ellE: y regretterait
les cocotiers de son P3YS.
Selon Prévost, Jeanne Duval a jouB un rôle dans la gen~se
de ce poème ;
"{?ru..u1efau,C? '1u,~ aVf'1.!...t CDt""LVi_Q W"l0. dt:un?. C,.I.Qoft'!
à ~nL.,· en J'T2IlCJ,~ -.'H"J. -.').ou.v;..J,~.r1.t a~o"o,
/"'')t2I1Ô
d{)(.L~~
,OClI"r.-e qt( 1 i.. f. q"'j,t MV0..J1U
F,I OJ1nn"t d 'une m.L~âu"Q..Ô·j,C?.';
rrort (XlO cfe.
Prz. da.rrc,
rrr.l.L.Ô
t:~ ·~a ô.G..11/Qn r.J~ nD i_I"'C
.oo,'oU1Q.<?_"
(2).
On a cru pendant longtemps qUé la pièce JI W1C. /lhfnba.l'fl.we
était dédiée à Dorothée. Prévost a été lui aussi induit en err~ur
par ce faux récit .. Antoine Adam, dans son édLtion des Yf.C?J.U"6 du rr,o.t
(1)
- N.
F. M.,
poè",e TV : A «ne. l77afn.lxuawQ..
(2)
- Jean Prévost, Op.
cU:.,
p.
50.

"',7-' .-c--'~~-:;;~.~
',:
"
-,' .
342
apporte des rectificatifs sur la genèse et la destinataire de ce
poème,
en se réf~rant à Pommler :
'711. P0rrrnU2..· a =UOJmPflt d"''':Jnt.r~ 'lUQ. f~ rrbl.aba....a.wQ.
ne doi.t IX'O êt,,,,- con{ondue avec 2o.-othé<>. Q.t que cette
hOrl11.Q.·te ~1OUI'I·L.ce.. n. 'a. ,'Len. à vo-L... a.vec ~ru.th02, ta
jeune pruo ti... tu {,e"
(l).
Le poème fi un<>. "-hfabaJai.o"
révèle l'image que Baudelaire
se fait de la vI"'aie négresse vlvant dans son milleu natu\\~el. C'est
l'image d'une femme canoide et heureuse.
f.a deuxièm~ pi~c~ consa(:rée à urle nfgress~, bon teint, a
Le poème c(jmrnenc~ pi1r~ Ullé pn~~;(--:llt:<":\\tLon de la ù~rn'~ure d: 00-
rothée,
La pro~jtil':u~e ; c"e:.:;!"; l' Lmaeé !:rar1ltionnellt'::: de l'habitation
~ropic~Le : une case. Mais cette hnbitation a un caractère religieux
"C/Q,ôt ;_Ct~ en. '....a6c:!- ~CI.QQ.
Où CP.U,,_ 1UJQ. t"o26 IX".{,Q. ••. " (3).
L.e poète
Lnsiste ensu~te sur La tOLlette de lu jeune prosti-
tuSe. Ce soin apporté à
la toilette d~note son goGt de l'61é~ance,
en même temps qu' il révèle l'une des prt~occupations [ka femmes de
sa condLtion.
Sa pos:ure sur les coussLns au moment où éLLe évente
ses seins est volontairement lascive:
/'C'e6t ;_cL fn c.a6e. 6ac...12.Q.
Où. =tte tU_fA ,-,·026 iX"-<2Q.
(1)
- _fu_6 .'Jeeu'-6 du fllat.
Editlon de A. Adam. p. 440.
(2)
-
N. F. M. 1 poème XII: Bi.pl'L PJ.}:J\\ d"'-cÎ-.
(3)
-
Idem.

'. ,.' .
. .'~
343
1J'une. rrnln. éVQJ1.·t:an.t ~e6 -1eln.6,
Ct ~on couc:1J>. cfnrM fA6 COU6~ln6
CCOUte. ",fAu• ..,.., t,,-~ baM!.ne.".
Les huiles dont elle se frotte le corps nous font penser aux
onguents de diverses natures dont l'usage est très répandu chez la
plupar~ des femmes ~n Afrique et dans les LIes. Ces huiles gardent
à la peau sa fra!cheur et son éclat en même temps qu'elles contri-
buent à la conservation de sa douceur satinée:
f'J:v.. hnut C'Jl 000, OVQ..c;. '~Otl 94'Qnd 6oLll,
Sa ,:J<!au df!f.Lrf<["', ee.!; {. '0 !;tée
1J Ihu.cfp.. o.Jo,-antC?, ('..t d". tk:~"j.Dj...n.f'.
"'j'a h<;.f..p.t'"!. :J:.o~'OthéC'..!'
(1.)/ LI'; "Çtc'.rLr..!fll1.t' · du poème Bi..J!fl rOLn
dli...cL est' un poème ~~n prose où Uaudelùire nous fournit d'a.bon~lar.ts
renseigrlPments ~ur cette ~rGature noire. r.e po~rne en prose, en rai-
son de ~:>a souplesse, est plus fa.vorable à la narration et à 1'3-
descrLptLon. Dorothée apparatt sur la scène poétique sous un 50-
le il accablant, au marnent de ~a sieste.
"7J"e ô.Lf2-~ÎJ:?. Qui- '~-:.'1t W1f? ea,':1QcQ. ....IQ. m:)I·t
.ÔOvvt.u-eu-"ie.
où el..''.. dDHn2.u.,',
à. demL
éV<2.i.....fJ.é, 9.oiî.t.c tc_'~ vof.U[.J.'.<2.6.
dl?. 6.0" anéantLù,~cnjl;Y1)~." (2).
C'~st aussi l'heure où l'~(":'..o. Chi...P.""16 QU'C.-fJ'~~6 gérni...46en-tdc
douf,,-u&' '.').ou.6. PA!.. 6of2.. Cf. qu.i_ f..e6. 1T'O~d,r (3).
(1)
- fio, S"'~Jl ~ ParLe.,
La belle Doro:hée XXV.
(2)
-
Idem.
(3)
- Ibldem.

--. ---, '~'.-
,.
,.~
.. ",
344
Dans ce poème, Baudelaire reste fidèle, et cela de façon
scrupuleuse, aux principes classiques de la narration et du por-
trait.
Après avoir précisé le moment - il est midi - et le lieu -
une rue déserte - le poème fait entrer le ptrsonnage sur la scène.
Commence alors le portrait proprement dit. D'abord la démarche
elle est ondulanfe·.-, et paresseuse:
"Cl'.l'.e 0 'avance, baeançan..t rroU.emefLL 0011.1:0"0"'. 0;•.
rnLnCQ êUl' oc.,J hanche.6 6;_ .f..cu-gea ".
Son port est bien croqué
l'Sa &'Ob(,'..- de 6oi....l!. co fJan tn_, cl '{,.(11. tDn Cfn.l_,· (!.L "0<'1<0:'.
t'f1J1rl1C'.. v;~vç!.m.yd: -::)lH' /'.,P.'.) LÔrLèd)~'(·.(} de -:."la pt'.ftu.. (!.of:
"~)lde ('.'<flcl".e.rn2n.L -.\\a tntJ.f.e fanC/w'"
~on do,."). \\.,'"('1,(.11(.
cl: 6(.1- fJO~"fJ1.?- 00 c.nIJ.t.P... /'.
Doro thé e a auss i
une or~hre l le de cou leu r rouce.· Raude 1:3 i re
réalise ainsi un merveilleux mariage des couleurs:
l'azur du ciel,
le rose clair de la robe,
le noir de
ta peau,
le rouge sanglant de
lrombrelle~ tout -::ela crée l'impression d'un décor C010l~é dans le-
quel se rléplace'un point noir,
la helle Dorothée.
Le p()rtrai~ phy-
sique se poursuit avec les pendants d'oreillp-s de la jeune fille
"2P. f.ou,de..~ pcnL1e..foQw~6 'Jl2=O',{;Ir..,~P.Jl..C. -."Jec..,·ètJ!ftX"J.nt ii .y~,(\\ rn~p[O~V1(''';\\
O~'C!.l-f.f.CC/·, et se termine p.:lr les pieds: ''Ri..J2fl qu'~~U'..~ '."JOl.-t f..l.-/.:,'Q.,
e.tf.e. nr:z-,"ch.e ~CI 6cx.d_Le~,·ô. ".
Son habitation est une c.ase "coqu.ettJ;ynen.t a'·~angéc.rl, ses
occupations habituelles consistent ,,0.'. CIe pcL.r/le~·,
à IUJ7X?,·, à ClQ.

'- r.,
....
345
{au-e éV"-nt".· ou à 6e .'<'..ga..dJ:œ cfart6 te mU'Ou' ck 6e.6 gH2rtc:Ui éven-
tai_te de pfurrce'·. Son re:pas es t consti tué d'un ",a.goût de C6abQ.~
au
'
rr..2. t
Q..
au
{
'.la
"
,an. .
Le poème se termine par un portrait moral: la prostituée
se rend probablement à un rendez-vous avec un
j~une officier,
c'est aussi une fille natve qui ne connaît que son mLlLeu natal
les informations qu'elle désire recevoir sur la Frar.ce révèlent
son inculture, sa simplicité d'esprit
"trJfl~ f.c p..·i..!:"''O.J l'..a eurpl!..e ("....I·rott.n'e, ck~ fut_ ctéc..riJ'<.'..
f..(~ baf.. d.r.~ f.'q....lQ,,:l, e.. t flti- dClrnn.c.1J:-!..'O.. ·.lt_ OY!. ;:JCU.t l:J
f'lf.f.p.J' p.i.J:d~\\ nu;~, c()nrn:~ ('d.L'C. dan.-~c.e (lu. dU'Y1/"lc.he, llÙ.
'~(:"" vi..o.Î..J f.•::.e (lf'l!" 'Ln("~~ efjc:6 -nii.JJl':!..e d(~v;.~?ru·l'.~nt Lu. '1 ,_,.l
<d~ (lU'i-(~Uùe\\'l de j();j~ : (~t p.,tt..6 0I1COI'(2· '.li- tee bc.f.t(~..,
(ir:..nx!",.' d<?.. Peu';,..) ùo,..t". l::ou~'?-·.l pfuù bQ.fjQ.•.l qu '(_'.. f.f~!"ô. (1).
!.es nègr~s et: léS négre:.:-;~;<=s sont .les princ Lpau:< person-
nagês de l'univers poétiques des 1ff"..u,.·..l du !T'nI et du Spf..Q•.e..n et!
p(ll.:....~. Les négres!'ies r:.:n particulLer apparaLssent comme de char-
mantes femmes l1U:< moeurs simples. C'est dans leur paya et en leur
compag:'lie 'Iu'on peut (~ncore retrouver le paradis perdu. La c:-éa-
tion ~o6tique rét;'1blit rar l'imaginaire Ifeden des prémièr'.S'
:emps.
\\
A en croire Baud81aire,
tO\\Jtes les femmes de COll leur S(lnt
belles, plus belles que les blanches, peut-être p~rce qu'elles
sor.t plus proches du diable dont elles reflètent la beauté.
(1)
-.Ce. Snr"."n de !-hl'W, La belle Dorothée XXV,


·.-. ...",
.', ."~
' )
: , . - ' - , _ _.... · . : . . . _ • • • • • . • _._:..~_•.••
4
• • ~. _ _• • • • • •
....
. .......
.... '
346
g)
Danse
et
Cadence
Le modèle féminin de Baudelaire, qu'il soit la Dorothée,
la Malabaraise,
l'Indienne,
toutes
trois plus ou moins confondues
en la personne de Jeanne Duval, ou la "Préâi..dR.n.l:.e",
apparaît com-
me un 'i!l0::ti...um"
entre l'artiste et le monde sensible.
Dans, ce rôle.
la femme porte en elle la synthèse des objectifs de l'Art. Cer-
tains aspects de ce phénomène se dégagent de l'étude de la 'J~­
me-PayoClgc". Et sc elle parait
"Pf.uo u'OnLqLtç'JrK:!.nt aCCLUTUtea' CJ2,O P.ipu.<!.o
(uè oé;::x:t.~"(>.nt n..~O bnl.'~ cko iJrrrll-'.rlùi... téo bfC!u!'.o"
(1.),
le poète rioit l'examin~r, la s~ruter, rlarls toutes ~~s configu-
S(Jn l': •.L&-t("
~ouj ours Cuy an t. On r!::mLl rqu,::
d'ailleurs
lr:: "j.P.-Lt d.c pou,-·ùui...t-e'· exprlmé dan:..; qut21ques poômes.
La
f8mmc,
"objt:.t poél~Lqu.ç.!." ..
et "m:xlp...t,!- Peao.-tlLzuQ.",
devient un idr?al
esthéf::ique
qu'une
exploration
rlescriptive ou contemplati'/e
permettrait d 1 atteindre.
La phénoménologie gestuelle se
traduit
surtout dans
les mouvements que décrit le corps de la femme d~vant
\\ ~s yeux du poète. 1'l']QFtUtéi tUgl~ti...V(,!.I', la femme E:::st une figur~ cons-
tamment "rrvbi...ep.".
dans ~es visions çmirique:,; ain~~i. qlJe nüU~-5 la
découvrons dans .1f.f.r2go4':.e_,
il.!-.j 8i...j.ou.'G.,
et
('.Qo l:1é.t:nnr:wpho ù e-,':l du Vam-
P:A'e.,
comme clans
LéS
descr ipt i on~; ir:lag i n:li res,
Ce S'-'.'·P'~l'lt '11..ti. (!n.rt-
Pour ce qui est de la danse, on peut la considérer Comm~!
l'opération du charme magique, P-t la fascination qui suscite la
(1)
- F. M.,
poème XXIV:
";p. t 'od.o6'e. à P. Io.~jaf de fa voû.te. llDCtU.4·~
n<'." vers 5 - 6.

,
,
... '.. ...._.,
. ' ..
347
1","
C()ritemll'lation extatique. Elle est l'expression presque unique~_de
la mobilité du 'corps qui n'est que "cadence",
et "batanCJ2JTl2J1.t"·~,~·
cette 'allure est caractéristique des femmes noires.
La marche épouse l'allure
ondulatoire d"'un -â.e.a-pen.t quL
dan6e. / .4..L bout d ' W1. bâtoyt",
et le mouvement allègre d'un flnavU-e/i
/'é:t -ton. co'-p" "e p".Jtch,,- et ,,'aU.on.ge
Corrrre un. (ln vat.r~âe.au.
qu<'" <ouf.e bord 6U" bo,d et pfonC)r2.
Se" ve, -9"'" OOrt" f.' <:aUl' (1).
Dans l.a descript~on ries mouvements, un note que l'esth~ti·
que bCludel<1irienr:te de La l'cn.rle.n.c.','' exi.ge surtout une certaine dou-
ceur
un certai.n équil.ibre qui ne l'd6pfncp, ptU'J"
les /'P.r'..grlC6",
se-
l
lon la formule pr'opcsée dans
fa. -R(r.dl.r-J~". Car c'e:;t l 'h(lrmonie des
ligne:'3 qui
f~it "e./é:p-(~~)(2JlC-'-~" et la 'l)(?au.tk pcu·(aLt.p.1' (?) de c(:
corps dont
Les
formes
trouvl':nc lin .qs~~uupl i.~Cjscment H(>.X.quL.â."
dans
la double figure
"géo"..,QL~·;..l.iU.t2.~' d'un "tUl." et "b"..QU nav;_I'Q.."
:
li.·
gne hori.zontale de la coque,
At él<lncement vertical des l'vo.j_f.,;~1'
et des ':rrii·-w".
Le Iln.a.v~"Q."
e~, le !'CO&prj" de la ff:mme sont des élé-
ments symho1iques
indispensables li. l'~vasi.on extatique, au "\\./oIJa-
g('.. "
vers
~es l'hf..H0orlâ bL.euc", f:e v~rs Ea. :'1yu.LLe5. :
l ' /}~,~ :o&1n'">.ô
6.Pwu:::.é.C'...~ c!J.-',ô rv2.vL~'(',(\\ au 9A.Q(yrlC'Jr.t
c...orrp..f:1/'.J.é, QLLJo::qU0- f..~ r0- hou f-e u/P' .,JrKl. dP.â
o6c.,.... e.f..d.t:...otl-â. hG.-6mr,)'l;.f~U~<!6, ùe,v<~t Ô. ç'..nt~'(-~U!n.;J·
dana t'âme c." 'JU!.,t du ,yl:1vrc- et cie. fa b,,,wté" (3).
(1)
- F. r~., poème XXVII': .w.SQ.llpen.tquf_cfarl6e,
verS 17 - 28.
(2)
- F. M., poème xx : :~ mhoqUQ, vers 3 - 29.
(3)
- \\'.
\\'.
P., poème XLI:
fA Po"t.
, ;

· .
c
348
La femme, 'lorsqu'ell~ se déplace drapée majestueusement dans
des robes longue~ suscite souvent des sentiments troubles.
"Alec ,'Q., temen t6 orocfoyant6 Qt 'UlCI'«6
11/iirre quand QU,,- "':u:ch,,- on c."o<-'<2i..t qu /e.Ue clan6Q
CO""." =.6 f..on.y; 6Q.p2nU qu". 1'.e.6 jonfJ-te.u."6 6acs<2.0
.4. bout d"
[<?Ur6 bâton6 agi..t<?nt en. cadence/
(1).
La.danse est un a r t ;
comme la marche,
elle est \\lne suite
de pas. r'1ais il s'agie ici de
pa:3
étudiés, variés et 21"acie:ux:.
Paul Valéry COmp::lf'e
La prost: à Lo. marche et la poésie ;1 la dansE:.
Lp.s
pas ne la mar<-:hp. condui~ént vers un hut précls
~andis qU0 CP,ux
de
l.n cl8.nse: ne condui..st~nt nulle part..
Il s':t.git dans C~ der-nier
cas d'un continuel l't:tfJUi ~;ur :,ol..,JLn perpétuel r8bondi.ssement et
c'est la forme du cOr"IJS qlll donne de la grâce à ces mOUVement!:
répétés :
·'.Ce pOW-IQ n(~. rrr:'iu't pa6 pou,. avou' '~e.JVL.
L}. Q.~t (ai-t cl(p"~o·:.tém.!.rtt pou.t· !'(V1.ac.t.~.
de. ',H!.6 cc.ncu'Z-ë ct 1'(>.dc.venJ.J· iJIdéf U1.~t
C...Q.
q,u' U'. v Ur2.n t J.' ê. t., ·C!." (2).
Le sp.rpE:nt/ par
l'effii.ément,
la souplesse et la variété des
formes de son corps,
cradu:::. par allégorie,
l'inflnie diversité
et
la beaut~ univer'selle du langage poétique
"jJ te 'Jo-t-r nnr-cht>.,· QTl cadence
~ d'abandon
(1)
- F.
M.,
poème XXCI l
: "A/{;.!.c '.."lq~ vêten-r.>ftW ot1doljf.1f1W, ••• "
{2)
- Paul Valéry
: Poéù~. '.llliJ' ea. po6...."lL.c.
, .

' . ..
,
.;
.:..
,
~
349
. -'. :..;.
(}, duai-t un 6e,'PRfl. t qui.. darw.e
...
,(U bout. d'un bâton"
(1).
Une autre image. de cette beauté est le navire. Comme la
femme,
lui aussi est mince par les extré~ités - le navire à voi-
le en particulier - et large par le milieu. C'est ce qui a con-
duit le poète à écrire
"Q.mnd. ·tu va<> baf121Jnn.t t'au· de ta.. jupe fn.,'9J2.
:lu lau, t '<o{fet d'un beau. IAlU,MflU qui.. p"md
Pp. w..-ge"
(2).
A ':":es analogi.E:s
S'<1joutf-;: le gracieux "dnndi.-no.fTX;'J.-nt'· dco: la
"tF.te"
qui martèl·e l(-:s gestes du corps l'~UL.lI(jflt un.. ~'Jtf~ dou.x.. (~t
p7,''P.·.·V~l;~.IC.,
(>.t l'..c.nt l '
(3).
Elément ['égulnteur des lLgnes sel'penti.n~~-;
décr'i tes par le "nùuvarr:!J!.t dnncrm.t " , la "rrotf.<?·~·~e'· "elu. Y~un..(~ ét!>.-
PhonC" intrr)dui t déjn Ulle ~;alJt:ur "nnbt"...." et "fra~',').tu'!lt~'?" dan"3
l'allur~ du per·~onnREe. Ce qlJi nous éloigne du comport~ment, GU
de l'attitude débridée
et infernale. de 11 irrésistible
"( .•• ) t.oupe.au.
.~ dérron6 qui.. vi.nt, {oLI'.e et P'>'-ée
1e rron. e6,t:u·i...t hurrn... ?_L.é
.7atJ'C ton ti~t Q..t ton' donn;..J1.e • •• f' (1.1),
et sugBère l! image de la "{cmm. be/fc·Cc'..t de. ~·i,.rjle. Ç-.n.C...ofl.H·(>_",
rf;C';pr::e-
table, qul f'rrr:1.I~...:h.Q.. l..!Jl. dQQ.·~'.'.l.Q. cJ:.. ~"!.po6e.. c:>..n. .~.(J-Cr...n.l-·.P
(~).
( l )
- F. M. , poème XXVITT : {'.e. S,,,,:o.'nt (ll..(.i_ dnnô.C? •
(2 ) - F. ro1. , poème LIT : Ce ,Yeau. na.vi__,'Q.
( 3)
- F. M. , poème LU : f.c. 8.?QU.· 17avuQ.. vers 8.
t 11 ) - F. M•• poème XXXI :Ee. \\.,hnpuQ., vers 4 - 6.
( 5)
- F. M•• poème
CXIV : AUé'JO'·u>' • vers 1/8 - 9.

.f.·
.,',.
350
Mais la métaphQre dynamique filée sur les trois images 'dù··
"jRun.e. éf~~t"J du "oClerpen.·t qu.e:.. cla.Ju:ie", et du "beau,. vaWQQ,Qu:.··
qu.i.. ~'Wl.C1. te f..a6-ge" , ne rend compte, peut-être, que du rythme
l'~Jftc2a-('-.i'Ç?.'' des mouvements. La marche. premier degré de la mobi-
lité, débouche Stlr des "{i...gA.6"Q..<'J.1' de danse, plus perfectionnées,
pour éclater finalement en un véritable festival d'art chorégra-
ph ique dans ,1R.6 15<_jou><..
La nudi té de
la remme li:t: seE; "bi_jnuJ(. OOrt06"Q.O'· qui répon-
dent aux exigencl':s du' r'c.o".1.u·"
du poètE:,
àonn..:-nt un ton de r:obles-
sc
et de triomphé.
un "a;A' vaiJ,queu.I'"
: plénit.ude du corps i~lu-
'fr!(J. ~'('ivt..t: ('.n (~"C.!:o-.6c~J e.t: J 'ni.n...... (J. fn. fu~"(~u,,·
r.e..-~ ch.C)6Q.6 où PP. 6un 6t:.'. tri:}t..... Q ~f2. f'um;_è.,,...,~'·.
"tC6,ei...j.1.Ju'G",
symboles indi.screts de la sexualité fémi.ni.ne
dorment: al.! mouvement une di.mension poétique plus complète.
Ils réu-
ntss~nt lei presque tous les c0mposants de l'harmoni.e chère à
l3aude~aLre : lumi.ère, SOil, f:t cadence; ce qui aboutit a ce ';,pec-
:Gcle ::or:'tplet,
une "dLO~·69r(1J:)hi.._(). rnl,~i...cafC'_".
l.~s jeUX y sont autrement or'eanLsés que danr;i les pLècf:.'
précédentes.
Ils comportent d~s
"CfJe. étal·.Jt c1Dnc couchée. . ..
tt du. hau·t du. d;_VQJl e.e.te 60U.·;..aI,-t d 'fl.LÔ,Q"J

"
".'
351
"{;t eOrt b.ue et ca. jnrrbe, et ca cuLôee et- cee .-.eute.
Poe.i..e COrTrœ. ci.<>. e. 'hui..e.e., oncù...!'.cw<. CI:X>Ue un cygne
PQ.66aL(-~t devant f7rJ~~ IjP-UX.. cf.au"VOljartt6, e·t 6el'eUt6",
l'~t -jon I.X!J1.tf'Q. Q,t C<!.C J'Q..Wc, cec gs~~ c/Q "n vU;Jn.e,
S'avançai..<'Jtt, plue roe.i..rte que tee .'1'"'9"e du nne.".
De cette série de ";.JDcec",
jaillit l'extraordinaire beauté
mythologique actualisée par l'un noU\\..It2.Œ..I.. ci.e6CUt",
"f..c2.~ hanche..6 ciR.
f,'/hti...ope.
"un.·:---'2.ù"
au. bu.6U.~ d'un i..rrbe,·bc",
et conCrétisée dans
l ,
1
h
, -
ct
l
/..... f n /1

"1'
....
'-'
en5emb e
armonLeux
e
a
LaL.'~':'Q
qUi
avjaL.r~ "'C.6âO"·'.I...J· con
006cW".
Mais
iCl
dZ'Hl~;e ·~ur. t:oujours poUr' objet d'<l.pprivüisp.r~ la
timidit.é d\\' rnâl.(';,
tout en Le contraignant à maîtriser ses désirs.
1
Et la contemplation extatique qu'elle entretient. dans
1~6 B~~~
se termine dans
/} ...6 mé·tnnn"pho~C.6 du Vanpi...l"C?. par un cauchemar où
I.e· "clé6i~,."
de 'P'~nd.4"""!. un ha,'..6cr· d'anutu."
se trouv~ cOF.1promi::; par
la t'f,,'f..)i...c~ c2p0uvanl':e,/' qui srempar~e du poète.
Au
Lieu de déboucher ,sur une ".fJcau~é" perceptLble, concrète,
la scène se referme sur eLle-8ëne. C'é~:>t l 'ét8rn~d~e remise ~n
qUE:stion de
13 Beauté. Toujours
~'uy:m~ê devant le poèté, ell-: es:,
non seulement ~(l jal\\)use "0Ci-~d.;_(·rIJ1(>~r' clê' Lo "r::JlJ,,·J~·1' de c::::t ~'.7'l(Ln.L
que.. .i-'aiml2. ct n1ai_ ~ni...ù corlnu."
(l).
m;}lS sl..lrtm-lt l'é::range r'tatl-
·WfI')::'. /lqu-;~I' dm1.-!'J. .f- 'a.ij', CJcL!1-!'J.Q~ c.::....I"iI)~! W1. {fanb\\!n.u"
(2).
"f.'r:url)U''''!lP(..
(.XlJ'L te.J!.ard:.. l',
conscLent '1f:S r.D.nger~; que crée le r.onflit entre le
(1 )
- F. j,1.
poème XXI
/../rPI'1f!. Ù
/'
1.
•. ~
19.

:
.Q.
:.J<?/lLI.. L,.Q,
vers
(2 )
- F. ~L , poèm~ XLII : 1'(Jt~:. (U~/1 "16- tu = 60l..r. .. ", vers Il.

,.,'
.-:
352
désir de possession et la contemplation, aura toujours recours à
des forces nouvell es, . à des Ptae.ti..qwM r:k, p.w:1Rn=" et de mai t'ri se
."
de soi. pour franchir "te gou{f.<!. b.ûE.ant" qui sépare de lui
la
Beauté, sans détrulre le Mal, ni absorber tout le Bien qu'elle
procure. Ce qui maintient l'équilibre entre contemplation ~t pos-
session, entre la "vof.upté"
artistique et la sensualité.
C/_
SATANIS~Œ .ET
EROTISME
[POS
d SAVATOS
Le premLe:- porteur du Mal est le "Se,·pen.tP dont on ~.rouve
les
trai ts dans "un.. ~(!ud de. vj--pèI'C..~1' (1), uu dans le poème du
.t:t: ).1.'. ,"", <t.onnCl"'t:li_, na b'Hne,
i,\\.....!..,,) brv'-.ù\\!.. ".~ {, Xl i..d-1 r:..ormp. 11, fu.rle
Ct
de.o ('..QJ '(~,~~t~-1 de ù(?·/f"t:1l.Yl/:.,
.:Ju.tOU1· d'u.ne..
(06ùQ.
/fT"urDrlTltl'
(2).
Mais cet aspect du problème avait trouvé une réponse oans
la conclusion sur les formes animales,.
Le serpent. par sa fo::'me
e': les significations symboLiques qui
lui sont propres, se r:ltta-
che plus spét:inlemen:: li la f-emme.
S' i ~ exprime les mOUVf;.·ment:i ondu-
latoLres DU c.orps d~.: la femme,
i.1. symbolise aussi,
les
incert"ltudes
de son coeur.
Fi.gul~e "tr:.\\ditiunne:.:lle du péché originel, du mensonp,e
et de la destruction,
le serpent 5'idp.ntifie au ".~)ém..)n.rt qui t::s~
(1)
- {3Qrt6:1;...c.t;-art,
vers 5.
(2)
- f'.
~Jj., poème LXI[I : Lb. /?e.\\fi2.nan.t., ver's J - 8.
. :
\\.

~: '
353
déjà une image de la femme
''Pa.'(o;.-a U. (le Démon) p''<!J11:i,
a=han.t f7Vn ~'OFId GIroUf' &:
Ca [0'- cfu ea p!'.u6 aroui..cante. cfua {=6,
Ct, aoua de CpécLewc. p'.Q.I:c>c.~~,a de c.afwd.
ACC.Du.Lune. rra. [èv,'V~ à.de6. ph.;j'.-tl'eô. Ln/~ô./I (1).
Il
faut ajouter enfin le '·VanpuQ.P qui rE~présenté à la fois
"un UOUpR11U /
~ d&ronâ"
(2),
et une l'métQlrr.J6'r::Jwô.Q~'1 dé ta "(c?m-
I l :; a dans 1..,l ré'/oL~e de BaudetaLre une dimension métaphy-
sique.
L'homme semble e~ron(:~ ~an5 le péch6 et Sn~an apparaît com-
",.,
,. ,.'
.
;17..
<\\,)l~'_'J·j"_1
f, 1(~6T'(~UJ',
i\\~ f.l'~""l'~,
Pa f. (~.<'J. ;-!.Jt IC'. 1
Ol·_CI.a,'.)l~n.r~ fil)',) c~"î,n6·L!:6 ct LQ.vai.Jj(!,.d~ 110·."1 '..~OJ p.j, "
Ou encore :
"C'C·j,t. f.(!•.';)iJlbP.J. qt.r.l.. t~;-Rfl't ev_,j, {i_P_ô. qu_l. nDll'~ ~'QJTUVl-t
/.tl_Jr: obj.;.2. tô.
J .Q;:JLlgJ'V»1 t..o.
~ll.Ô. u'Ouvon.-j, œô. QJ:l(Xl.""'tô l' (5).
Si Satan est omn~p~'&s~nt dans le monde,
l~ poète en parti-
cu~i.er se cOLls~c1è:"e :.::ommé un pm:;~;édé, un rils dû Lucifer;. C'us:: dé
mruli~re perman~n~~ ~l\\~ te Prllice dbS ténêhres. lui tend des pi~ges
(1)
- F.
M.,
poème CIX ~
ln '!.IQ.â/:"'-uctwf1., v~rs 5 - 8.
(2)
- F.
M.• poème XXXI:
::c Vt:"Jrp'·-J-Q., vr::rs 3 - 4.
(3)
- Pi.èces Condamnées.
Poèm8 VII
LQô. fJ}Q.tarro~'pho·.':.e.ô. du VGl1p-f....,..C.•
(.~)
- F. rA.,' A..t
0.~CC(l.u_J·.
(5)
-
Ide,,,

".
".~
'.'
354
C'
en le "oQdu1.-6an.:tl' pa:r l'intermédiaire de la femme, en le détour-
,
nant de son devoir ou en l'invitant au mal:
\\
"le ~ém:m datv.. 17>2 c1wnt""z. haute
re rrnti..n e6 t \\.l'Q.TlU. me. vo-L..-,
Ct, ,t.â.chan.t de ffl2. PA'<>.-I'lt:b-c en {(lUte" (1).
" .
Ou bien encore
L'oeuvre de Satan est facile à déçrire parce qu'elle est bien pré-
p~rée. La d~bauche est présente dans le~ rues comme dans l~s mai-
sons. L'acte d'amuur, dès lors qu'il sfapPtlrente à la tOI·tur~/~st
un acte ~;n.tnnlquE:. L'homme fLntt par atmer lr~ mal p:l.rce qu1il pro-
c~re du plaisir. C1est donc détib6r~ment (~u'on l:omn~t Le péch6,
En définitive Satan apparaît comme ~L'égal de Dieu. Il '~st
donc tout à fait 16gitime de 3e fier au Diable. Baudelaire oppose
ainsi. au Dieu trois fois saint. "Satan J~'l..cn-.2g.:.-~te" (4) - Satan
trots fois grand - et arrive ~ La concLusLoTl sutv~nte :
1 'Crrv f.Q.m~':l
'1C~ t:ô, Cab P,eau pn~'f ai... t
.c:, 'une lo~'·Lune. ;--5·~·émédi...abl'r..;.,
(lt l'~ don":~? à pcrlÙC~' QH'1. f,(:!. ~Lnb f.e.
.J"2L.I.: lnttj.ou,'6, bLcn !,'out CJ_~ qu liJ!.. 1nL.t/! (5).
(1)
- f.
M.,
poème XLI. ,70LL,I; ÛLU...Q,.,.
(2)
- f.
M.,
poème LXXVIII,
i'a 2c6Uu.cti..on .
(3)
-
f. M.,
poème LXXXIV.
C' i.....·&nédi..a.btQ. ..?.9.
( 4 ) - f.
M.. .,u. fuct"w·.
(5)
- f.
r~ .• poème LXXXIV, C'i"'·'·{'I7-.2di..a.btQ. .9.
"
:,'

355
Telle est l'origine de la révolte métaphysique de Baudelaire.
Elle se manifeste par la réhabilitation du crime et du criminel.
La pièce JJhet Q.·t Car", .. peut être cons idérée dans une large mesure
comme un poème à la gloire du maudit:
l 'Pœ:..,
cl' Abd'., vo l.ce.ta ho" bz. :
f.e f Q.~' e.~ t vaincu pœ' '-' épl.eU
t2ace.. de C..aLIl., au Cl...e e. I7Onte,
Ct ",",. fa /:Q"rQ ,p-.tbz. 2Ji..eu"
(1).
LE: méludit réhabilité, Jésus apparaît COl7lme le messie qui
ni rt pas rempl i
toutes sc::;s promesses.
/'.c.k.&:'n Pau.c1c:d.n.Î.,A'f.?",
-J(~,-\\L.L-~ f1 tl't'2.-
il;_ .·.."J,a In!.."..\\-:\\wn (!.It n.cr--'~)':an t cf. /f2.l)(lJ1.CQ. -.'.la dé.'aUp. 'lu' ;....,v.. f.lOu.vai....1. (~Jr.pii-
Ct'::tte révolte se traduit enfi.n par ~~ bl.:1sphùmp.. Di.eu n'est
rien, Satan est tout. C'est pourquoi dans une pathétique pérorai-
son,
Gaudelaire dem::mde au rr,?J~ t,-rhi... (.)0..6' f.e. ·.."J.OI't" de lui accor-
der de venir après sa mort en ~nfer :
"Jal,~ que. m:>n 8~ un jou,', 6ou6 e.. 1jJ,·b,'<2.. dJ.? Sc.i...en.ce
P6-Q,.." de ;_"o!'- '.."J.~ r~-lJ.Oâ.Q.J
h f.'ho..u.~'C'_ olt. -.."J.lt6' (.-on. r~'ont,
C:orr~ W1. 'Je!f!PP.Q. '1OttveYÎu ~"'('..."J. H'2J1'1:,yJUX.. â. , 6+JGnd. 'On L.1 • (~).
Cette
révolte, écrit Donn~ville. est
(11 - F. M., poème CXIX, 3bQ.f. "t <:aÛ1..
(2) - J. Pr-évost, Op. ce.t., p. 100.
(J)
-
F. t-1., poème CXVIII,
ih 6'C'..n~t 00 Sr-Li..nt PLe6'6oe.
(4) - F. ;~., poème CXX, 1A.A:ani.e6 c/.e. Sata'l..

',.
'.':

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:... -..'
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, . \\
."
.~.
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-
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~ ~-
'.":- '--' ._- -._..-, .
...,...,
'~ ...
~
,
Y.\\-?:I
".
"_f'
. <.', ..:
..-
,,
356
"Propoaée COTTm2. un I7DY"" of{e.rt à e.'~
de. dép:z66e.r 6a condLti..on mLaé.abfR.• ••
C'e.o.t m2m2. (.0. pH)poaLti..on. qu.e. euL t Lt
Satan nu. cMbu.t de. en ÇoJtèae."
(1).
La conséquence finale de cette révolte est bien sûr l'enfer,
la damnation. Or la femme est toujours présente dans cett~ révolte,
dans ce satanisme comme dans c6tte damnation. La fe~me, nous l'avons
déjà dit. est l'alliée d~ Satan. Baudelaire finit par prendre l'un
pour l'autre. Parlant de l~ femme il écrit:
parce que la femme e;. t un
Et la ':emmP. que Baudelaire adore, c'est la "cou~·tf...~QY1Q U7f.JCl..1·-
(a-!'--te", c'est "e. 'adoK'l':lhf..p. ÙO,.c~·lè6'(.!.."J c' es t auss i l'Pa !C?J7rrt2. LtrCl..t6-e."~
C'est/en un mot/la femt71e dO:1t le por~rait moral rappelle celui de
Je::lnn8 uu'/al, à en croirE Bonneville:
"C(~~,!. é!n:...t c! 'unc!. lJl~wQ.r;~té dOuLr..U6Q,
{~·Of'-pan.t
{xuu:1Qrnl...J ....-!. ·jŒL~ \\./C8"-)Dry"J{!.J c:h(!.~·chant ~u4"·tûu..l: Ù. f.I.li~
t;_~Q.6· de. p'la'''9QJ\\.I':, ;Jlcfl/.-wf<.!.. de ,'Cc.onnaUj6anCC,
ù 'ndon.nnn.C ("'ft out.J'f:.'-. à
f..' !_vl'Ogn.c'·;...Q.I' (Ii).
( 1)
- Op.
c.Lt., p.
/11
(2)
- F. M., poème XXXVI l ,fl.. PoMédé.
(3)
- f.
M••
po~me. XCVT l, .'.'X2n6C rra.eab~ '0...
(4)
- OP.
ci>t.,
p.
":';.-.:1

,•..-.:....
...
,.• ~.,.-
:-.
~ "
.
- '•..>. " • .-;
." ..,
.:'~:;::~
357
"
-..-.'
'.
,.
....... -..; -.
Baudelaire, en pactisant avec Satan, .opte pour l'enfer . .Et
le moyen le plus sûr d'y aller, c'est le péché~ La femme que le'
poète chante est non seulement une occasion de péc~é, mais aussi
une grande pesheresse qu'il encourage dans 1~ vice:
"J:a. CllJ'IdJ2u... <?-~ fa- bont.é oo~ déqoûtant<i<>.. Si.. vou<>.
. vou~. ""'- pf.a,i...r<>- ~ rajeun<..r ""'<>. d0ài..r6, <>.oy=. auQ/k,
rœnteu.~e, .f...iher~, cn:lpU.-'-..e!~~e e.-t vcieu.6e j e-t 6·L. VDu6
n<?-
vouiez pa<>. Q.uQ. ccfa-, je. vou6 <Ul<>.OfTI7l2.raL 6On.6
cotè."e. Car· je 6UL..6 te vrai... I"'Q.(:1'-0r.26.t2J1. tant de f..' uonœ
<?-t rra rrafadÙ2. <?-<>.t d'un gQ.fuQ. ab<>.ol'.wœn.t <.n.C1.,,~te.I' (1).
Par ail Leurs,
Le poète aime Les (·ferrrœ..~ dan7"1.ée.~"
et avoue
son désir de les suivre en enfer. Or,
L'amour de la femme corres-
pond à LrI postulation vers Satan:
IIC'e6t à cp.t.te d.Q..~-nU'~"'(,,- qu(:!. (loj~ve.nt 0..C~'(~ ~Y1p.pO~·tQ~
Ce~ arnou.,-'6 pou~' f~!..~ f Ç'Jrffl2.6 et f..<'..6 con.vc,-·âaU....ortâ
.Lrd.;...me6 aV"ec ee.~ att:.ftl2U"G, 0;..J,-m6, char-/~,
cd:c.
(2).
L'équilibre du monde est recherché dans Le négatif e~ le
monstrueux. Si donc toutes les femmes apparaissent aux y~ux du poè-
te co~mP. l'in~arnation morale de Satan, la fe~me noire est dans
l' incons'.;Lent de Baudelaire l'incarnation phy'si.que du Prince des
Ténèbres.
(1)
- Lettre du 7 avril 1855 à Victor de Mars. Cit~e par Porch~,
Op.
ciL p.
( 2) - mon '--Ce.LU· mi.4 à t1U.. Mon coeur rn 1.s à nu, l12.

""---"'---:;-,;:' ..;';'. ~.-~" ~ ....;~~.~. ""-.-";" '-,~ .'
'):-.;,;,: "
.,~...;' ~:.':~i ~.' .,'
';.';;,
;;.
"
,
358
a)
- Vers le gouffre et le néant
. -'"!
Si l'amour est une opération qui transfigure le mal sans le
détruire en le faisant accéder à la catégorie du "&>..J1LL",
il sup-
pose nécèssairemen t
une l'.tac~i..qu.e de f:JI~I'J qui s'appui e ct' ail-
leurs sur les notions de l'fuci...d.-0té /',
et de ,'ô.és-éni... té " ,
introdui-
tes par 8énéd~ctLon et développées dans tro:s poèmés : ~~6 aéjou~,
.fa VOf.x.,
et te ,~lp.-U.
L,a '·PU.fc1J2nce." S8 justifie par la "rné{1..ant:=.e1' devant le piège
tendu par les figures féminines, et par ",La Bo..nt.tté /',
f'npn.o,U'l2.,
&w""',, Q.{{'aL,Gn l, U1.génL<" (1). Elle se tradui c clans la chas te
atti. tude du premi.er vers de Pa.·(um 1.~-tU{ue l'f.R.o. dCJ.J.1<:. tJ(~ {C'.J't'11<M.",
et même dans .f.e.a métarro~j.i)Où(' ..j, du V('.lITPu'(J~:"jp. {CfY1Ytt.. ?P.~ c1Pu'C. W!w::
clr.uto. rra 16'oiœ n..pou.vard:.c".
C'est
Le refus dél ibér'é d'entrer' dans
le ".iP-u"
du rY1al
; c'est aussi
La voLonté de se pl'iver soi-même, ou
de priver' son "dé6L.r"
d'une Beauté trop obsédante, d'une 1'1,'w_te
Beauté"
(2).
Le poète res te à l' écart des man i fes ta t ions où la
révolution du Beau dégénère en l'Vrpo6-tu~'', COmme dans Leo. Bi-j-DUK.,
repris et terminés par k6 métanvrpho6,,-6 du Vanpu'e,
et enfin com-
me dans
le poème .& f}<>--u où
'1TIoL.~, dan.~ un. com c1J.2. t.. 'anu-e ·taCi.,tu'YlQ.,
}je m2 VL.6. accoudé, ~.,'Oi..d, nue.,t, e.nvi..an.·t,
&'vi.ant ck =6 9"n" ea. paMwn tenace. ... l' (3).
( 1 )
mon coQUr mLô à nu. Mon coeur mis à nu, p. 256.
(2 )
- F. M. ~"- à fa. &.auté, ve.l'S 22.
(3 ) - F. M. poème xxx Ir : ' 'U",,- nu..t Cl""- j'étau,. . .. " vers 4.

.......': ,
~
, : -
"i"
,
359
A ce niveau,
intervient, une fois encore,
la double fonc~
tian symbolique du "11avu'Q."
et du "Port.".
L'évasion suggérée par la ,'JQ/T1'D2.-P01j6age"
es t un peu Comme
un départ sans retour, car tout retomberait dans le Mal et dans
la dure réalité.
La symbolique la plus complète du Voyage-Evasion
va se former au tou r des" '·Va-i...cceQU.I(..",
des "voi.-[e6"
et des "~ ".
Encore faut-il voir dans ces deux derniers. éléments, une sorte de
"ve.rt-Lcaf.e.." qui re lierai t les vai sseaux à "t'anpieur du CLet", et
à "t'nrchUe.eture rmbik de.o. nul2geo.i'.
Mais,
l'ensemble "portuai..re'·,
ce "p",,~ rr-e.rveLl~f..eu6QJ7J2T1.tpropre à œru6e.r te6 yelt'C. ca.n6 j.annt..6
f..e6 "ea6'j,(!r",
est l.'r:~i':pt·p,s~ion concrète, visibl.e, At: vivante du
"départ"
et du "re.t:ou.r".
"1 ••• J YOlt6 ce6 m::>UI.JÇ>JTlP~ de ceu.l(.. qui..... (~·tpflt et
de CJ2Hl(.. qui..... re.vi...enne/"Lt,
de. CQU.I(.. t'1UL. ont encore.
en t'on'-Q de. voutoi.-r, l'.e. déo.Lr· de. voyager ou
de. 6 Qnri...chi.r'· (l).
'
Le "Voyage"
apparaît bien, dans ce cas, comme un moyen
d'explorer et d'èxploiter les possibilités de l'âme et <Je l'esprit,
puisque
ainsi".
se manifestent la 'Yorce." et la '·voto~d~é.". C'est
une quête spirituelle" Qui '·enri.....chi.....t'·,
mais c'est égaLp.mp.nt une
forme de conquête de l'espace ter-restre et de "t'a:zUl' du c.i...e.L i.m-
m:zn..6e eL l'Ond",
confondus dans l'infini té symbol L'lue de la '1lk.r".
Le gouffre et le néant sont deux catégories qui semblent
"remettre en question les mouvements ascensionnels et horizontaux,
(l)
-. P.
P.
P .• poème XLI
: .te Port,
l'en entA.e.r".

...:~"
"', ,...,
,
; ~."
'.
" i~
".---
:
360
..,
sans qu'il soit évident qu'elles expriment un mouvement vers le
"baâ", Ou qu'elles suppriment toute mobilité.
Nous pouvons remarquer simplement que l'ambiguïté notée
dans les vers 11 - 12 et 13 - 14 du Çoût. du nQunt,
reste
sans
dou te dans la logique d'une vision l'opleenét.i..que'' de 1.' uni vers.
Mais le "gou{{r-e."
fait partie des domaines d'exploration
vers lesquels tend la poésie de Baudelaire. Peut-être ne faut-il
pas le confondre avec ce "g.rand trou 1 Jout. p(.eVt dR. V09U"- hor-
~rJ rmnan·ton ne 6aUoùl', pui.sque le "gou({rQ" est défini com-
me la dLstance qui sépare le poète de La ne au té qui "t6"Y3~e. dan.c
-t'a=U'6""
p(~ut-on dire pour autant qu'LI" est I(~ pl'nlongement "6ymé-
"t:rt.ql--ie."
des espaces cél.estes, des "6(Jhère.c éL.oi...f..é,-,_û"
:' Ce qui est
certain, c'est que le poête
Le perçoit à tous los n~veaux
".4. rrorat co""'" au phyc1..rJu,,-, j'a-i- toujouro. eu ea
c,,-"catLon du gou{ l' re, non ceutement. du gour l' J"'Q. du
6O""",U.,
~ du gou.{{re dR. t'aotLo't, du rQ,l/Q., du
6ouveni.r

du. dé6Lr
J
J du r-e.g.re.t.J du rerrord..6 J du beau. ,
du norrbre ,,-te... " (1).
Et il le situe partout:
"en hau-t
en /x:uJ/',
en l·pa ·o {o/1dp..uJ",1',
J
sur "·ea grève".
C'est' ".e.'e6p2.ce. a{freLLte. et. ca..p:tèvaPl..t"
'lui
RppeJ.l.e
le poète à "e.'Ln6en6.U1...,fÀ..tc2."
du l 'nOOrt.t' , (2), comme à
la r<lor't,
(1) - J.
[. JU6é"-6.
(2)
- F.
M. nOUl/Q..f.,te.6 J.te.ur6 du ma.e.., poème VII
Je Çou{{re, vers
5 - 6 et 9 - 10,

,
·.~
·'··~-:-·"'~:r·~-""'!.~~~f:",·'-~t."'·-:-:.- ~?:- ~- ..
..' .
.: .'<.'
.,
:'.,
.,
~
-'
. \\,,:.
361
'. '~.
\\
\\
"<}r<2n.wr "'J6ti..que",
et "po.x.i.que ouvert 6ur -te6 C-i..ew<. Vtc.onTlU6"
(1).
Somme toute,
ce que Baudelaire dit à propos de la "p,.ra6e
poéti.que l ', servirait à mieux caractériser le dynamisme imprimé
aux figures et aux images.
Leurs mouvements peuvent en effet,
"<..mi..t.e.r ( ... ) .f.a t4/ne hor-i.zon.ta1..e, .f.a t-i..qne d.roJ:.e
<Ulc.endante ; ( ..• ) rn:>n.ter à pi...c vera -te c.~, aar>.6
eaaou{ {~t, ou <k6ceru:J.soe perpe.n.diJ:u.f.a1.J'c.m:mt ver6
t'en.{er,' avec. .en. v<Uoc.Ué <k toute peaan.teu;, ;
( ••• 1 6uwre en.. ~ déc.r1...r<>. .f.a parabo-te, ou -te
z.i...g2ag. {<..guran,t une aérœ d 'ant]le6 6uperpoaé.a"
(2).
Le poète n'explore-t-il pas ainsi
tous
les points de l'uni-
vers et de l'espace humain,
les rH'ofondeur's de l'inconnu, et tou-
tes
les formes du mondp. visible,
el;
invi:-"iible,
partout où le IInou-
veau" est encore accessible '?
Le symbol i sme sa tan ique nous fa i t prendl'e conse ience des
'7l'/auIl(.." : péché originel Ou l'p.é.ché grave.", et mal moral ou Spleen,
à travers les apparences monstrueuses du Poète, de la Femme, et
des allégories maléfiques Que nous avons identifiées. Ces figures
ont finalement une fonction esthétique positive,
dans
La mesure

elles révèlent une face de
La l'Vee. ' ·, ou du '1llon.de.",
- non
édifiante peut-être .,;"
puisque ni
le "Gzau." artistique, ni "e.. ,Ldéat"
spirituel ne peuvent être attei.nts dans
L'univers du '"!7la1-"
mais
(1)
- F. M. .la mb.-t,
poème CXXI
: 1h mbrt <ka Pauvrea,
vers 12 - 14.
(2)
- Projet <k Pré.{'=,
[II, dans l'Edition de J. Crépet-G. Blin,
p.
366,
lignes Il à 18.
--'';'

":'""'~:,:)S' ..~-~ ;:~'> .
···.·c-
. - .
:"'f" ..~:
"r ~," ~;.
","':': ~
362
:;'."
par. :le' , 'jJz.u' , de la conjuration poétique,
le poète appelle ces réa-
l i tés, dans sa "ôphère tronoc.endante."
qui se si tue au-delà de
l'existence sensible.
C'est cette r'con.jurati..on"
qui opère la conciliation des con-
traires
; c'est-à-dire, du "J:a.id"
et du , 'Beo.u' , visibles, d'une
part,
et du
/7lJa.l" et du ,'Si..en.' 1 invisibles, d'autre part.
Baudelaire rachète l'homme par le truchement de la figure
mystique du : 'Poi21:.e-JJéroo"
de Bénédi..ct,Wn.
II ['éhabili te aussi le
personnage de la ''7p.JrTOO-20ron'·,
initialement source de "péché gra-
ve",
en lui 'pr'oposant,
par exemple, un ./'VOfJage.'· spl.r-i tuel élU lieu
"Yout n'Qot qu 'o",:u'V- et heauté.,
/ J:u.><.e, ca,fJœ Q.(; vofup,té. (1),
e·t en euL ,'en-:le.LÇ)Y'Ian. t"
"&0 dLvcroe~ Ixwuté~ qui.. par<'ftt (sa) j,eun<',ilO<1. ... "
(2)
car. la femme est inconsciente, elle-même,
de ses fonctions.
C'est
l' ~'O-VqU9-te" dont l.es
"(/eu'<- 1... 1 Uile.nt Vtoolenm>nt d'un pouv6-i...r enprunte,
S=~ conna.<:tre. jnnr:J.1.,6 .fa {oL dJ2. teur beau{:.é" (3).
La mission du poète est de lévélel ses multiples facettes
[.
et de démontrer que cp.tte /'ca.rca.60Ôe. (immonde en apparence), a deô
aqs-Qmentil / Ct deo grâce" pas,tLcu.ti..ère,,"
(4) qui conduisent à un
(l)
):'Ynvi..tat,Wn au VO\\j"9" ,
(LIIJ), vers 13 - 14.
(2 )
F. M.
poème LII
~ &nu nav-1..:re, vers l - 2.
(3 )
F. M. poème XXV
1.7u _t.traiA .e. 'UnLve.ro . .. ) vers 7 - 8.
(4) - F. M. Galantecies, XII, l : ~ rnbnotre. ou te Paronymphe
t
d'une. ~e mbcabre., vers 16 - 17.
i
l
~.

,
• •
r
_.'_.:-!;~.}r.,"';.,.:.: ... :
···-r
363
.Idéal. La femme devient à son tour, "t'JJéro<:.ne qui. déti..ent wuo
teo eapcX.ro de t 'hwmt"lUé:', pui sque
"1 ... 1 dan.o oeo brcM ouVQ.rto, que ~i..ooen.t oeo oei.no
ate appeleR. deo 'le"",," ~ race deo hunui.no.
c.u.e croLt, d.te oa.i..t, cette vLe"9"- i.nl'écond<>.
a pou.,tant ...éceooa.i..re à ~ rocu-cft.e du rrond<>.,
QLefn beauté du corpo eot un oubtiJœ. do...
QLi. de toute i.nlâmLe arrache te parrLcm"
(1),
Le '~:the"
de
la femme condui t à une· l'&.auté'' de résonnance
presque religieuse,
et parfaitement surréelle. Ce qui permet de
dire que Baudelaire a eu,
bi.en avant Aragon) cette vision univer-
selle du personnage,
propos,"", rlans /'Q Payoan. de ParU:. :
'':J~ tu p.'C.nc&', {.JOw·tant fa pf.a= de toute l'orrœ 1... 1
Ow.nrnrl.te. ·6ub·,:)ti..J:u~,~,
.tu Q.6
f..Q. r'éaumé d'un fTon.d.e.
merveLUR.w,,", du ,ronde natur<>.l. 1.. , J
Yu ea 1'.<>. nu" et oa u'Ouée.
Ju eo '- 'ho"~on cz,tta
préaen.ce. ,f;' éche. ek '" t tea barr'CQ.W<. de 1Q.r.
-E'écl.i..poe totate.
l'a /'.wnLèJr'<2., ,/'Q mLracl.e ... " (2).
Baudelaire appelle également les
figures sataniques à l'ac-
tion spirituelle,
par L' i.ntermédiaire de "Sa.·tan'· (Tr·i.smégiste),
à
qui s'adressent ~." ,-ELtan.Lea, comparables à ['hYmne à ta Berdhté
''0 ,'loi..., te pwo oavant et fe pl'..uo beau. deo Ao-lgeo,
JJiJ2u tr'ClhL par te oort e·t prLvé de tauange6",
(1) - F. M. poème CIV : AUégori..eo,
vers
II - 16.
(2) - èouis At'agon
: ./'Q Paya= de ParU:.,
Gallimard,
1970, p. 209.

{o• •'
364'
-
.. ;-
/'Joi.. qui.., rr&œ au>c. i'.Qprew<., au>c. pari.a6 maudu:.a,
.
lhM<.gruu.
'
~
....
par -t'ClI10ur tR. goût. du Paradi..o . ..
.',
.
o Satan, prenrM pLti..é de rm -tangue rniA...."" '" (1)'.'
C'est que finalement,
/'~ 2üabtR. 1 Jai.-t. toujouro 00en :tout.
ce qu'd fa1...,t'·,
et qu'au-delà des catégories diabqliques, des
f·-tS'Oupeaux.. dJ2. 2émon6",
et des 'inonot.r"e6 vi.6quQ,U.l(./·,
le poète en-
trevoit
/'lln. phare <.ron.i.-que, i.-n.{ernd,
Jlnnixwu de g>'âce6 6atani.-que6,
Soufagt2m2.n.t. et g.f.o<.z.e. un.i.-queo
cfa con.<>ciR.n.= dart6 te lThi"
(2).
Le '·Sa.-tan"
des f.i.,toni....e6 établit bien une
liaison spirituel-
Le entre "P-e6 J./au,/:ew'6 1 :JIu CLeI'."
et "i'.e6 "woj'ondmw6 1 :Ile 1'. '(,nt'er",
En
l.e substi tUélnt 8 "1J.Le.u f~ Père,",
le poète exorcise
Le ''ll'hf.. '', qui
doi.t devenir
le "OLen", puisque l'âme doit trouver' fina Lement la
"Sci...e.nc.e.'· et le f'5''QPDÔ'' dans 1'fR.6 proton.d.e.u~a" i nfernal.es.
On peut conclure
que les dive~ses figurations servent de
"6-i....gne.6'· indicateurs d'un Idéal et d'une "&auté"
à atteindre. Mais
ceci ne peut,
sans doute)
être confirmé que par une définition des
mouvements
imprimés à ces figures. Car la qlJ~stion subsiste comme
dans ~ Revenant. et dans .4 cette qui.. e6t ,trop gai..e, où le poète
est contraint de se déguiser en "fauve"
ou en "~erpp..n.t-", " conmz
(1)
- F. M.
Révolte.
Poème CXX. ~6 LGtani..e6 de Satan, vers 1 - 2
/
10 - 12.
(2)
- F. M. poème LXXXIV
~'3r~i.-abte,
vers 21 /
37 - 40.
.. ,
! '

365
un Mche"
(1);
la poursuite volontaire de la "bête crue,e..te"
est'
une tactique, sinon de prudence, du moins de conjuration qui exi-
ge peut-être une certaine soumission au Mal. Il ne s'~git certai-
nement pas de forcer ce Mal.
Il faut le ménager, afin de pouvoir
mieux le transfigurer.
La vigilance du po~te ne se manifeste pas seulement devant
la Beauté, et devant la femme. La même prudence s'observe à l'égard
de toute sourc~ de sensation trop vive pouvant déboucher sur une
"60utt ron.ce" d'ordre moral ou physique; Outre l'exemple de la
''f.f...amre'', comprise comme lumière ou volupté sexuelle, on peut si-
gnaler les rapports affectifs entre Le poète et le chat,
"t~
dDrrpté"
qu' il invi te à "retenU- e.e6 Çlri.{( e6 de. (sa) patte"
(2).
Le plaisir t~p'çherché p;\\r le poète semble bien une :-;t~nsation
mi tip,ée ; un "pf.a'-01,,,, n.~,wt.oCl'(LU.qUe.'· (J) où l.a douceur (~t la vlo-
lpnc~ se conci Lient harmonicusemerlt.
L' appel de La /'1Jou iRur,I' au rer.up. i li emen t démon tee enfin
que La conscience du Mal, au l.l~u de tourner fatalement à la rési-
gnation, devient le seul moyen, non seulement d'éluder le problème
de la souffrance, mais surtout de transformer le drame humain en
une sorte de "bonheur/',
et de jouissance :
"SOLo 6a<j"-, ô rra 1ou.f.eu", et t<..en6 -toi.. p.fu6 uanquUA'.e ;
'7ff.j. :.Douieu.'" donnp.-nni_ (n. nnt.n .. vWnô pa., -f..et...,
(n·tend.o,
na chèl-e, Q" te"ct.:J f.a douce TluLt. qui.. nrJldte"
(4).
(1)
F.
r~. &6 {.pave6, poème V : fi ",,-U..e '1u-t.. c6t uop qa;..e, vel'S 28.
(2 ) - F. M. poème XXXIV, : L'e (J",t, vers :< •
(J) - P."l'. P. poème XLI
J'.e. Pc". t.
r4 ) - N. F. M. poème VII
,(?ecLu'. L.f. p.effr2n. t.
vers l, 8 et 14 •

,366
L 1 "ho~rt' et la "beau.t.é", devenus dans ce cas précis "ob_
;O,h"
.r--LO
de "~-{:~",
'1,...IIU
"'-"-
condul'sent'
• -d'
lrreme la bl emen t 'a ""ab-
·L
"
"Lf7)2,
du pé-
ché, et à la "douteur"',
Le refus de céder à "e. 'attFaU 6e>:ue.f."
implique, par ail-
leurs, une vision lucide, voire une reconnaissance préalable du
Mal qu'il entraîne. Cet attrait, le poète en reconnaît le Carac-
tère irrésistible
il le démontre même dans ses attitudes devant
le ''jP-l! 6.f..n<;ft.<.fA.e.r"de la ''t.'errme '-npure"
"/Je m'avance. à. 1'. 1aUaqUQ, , et: je ']riJrpe au'G aa6au.t,~,'
COrrrrJ2 aprQ..6 un. cada.VB'e.,
un. choÇ>-Lu" c.1e vennLa6~,
G:t je chéri..a, ô bQ.tR. iJrpwcnbe." et C-I"U.Q.l'.te '
*"",qu là. cQ.t:t,,- l'l''Oi.d<!J.<J· PfW aiL tu m'''6 ~o bQ.l'.te"
(1).
l'attirance du Mal rlont
I.P. poète a péll'rai l:r)lIll~llt cortsr.ience.
C'est
I.'appel mystlque du Mal
8 l.a l'cornrvflwn'' du Bien.j
acte de sorcellerie,
magie poétique, qui
transfigurent l'existence
et l'univers. C'est
la quête de la spiritualité et du Bien dans
le Ma 1.
Mais
on peut remarquer que cette sOI'te d"'e~caf.ade./' m'ystL-.
que qui dj.rige le poête .vprs nLltre chose (lue
le corps de la femme,
traduit aussi une tactique de fuitp. devant", le "danger""
La J·pf...on-
gée"
ver's la femme,
au lieu de déboucher SUI' son corps,
révèle
plutôt t'ce. noLT' océan où e. 'QU·tre e6.t eH1C?-rmé/'
ce qui détourne du
Mal, et oriente le mouvement dans une di c'ec tian opposée.
(1) - F. M. Yabl'.eau'G ParL6Len6, poème XCVI
,i'.e /}<lu, vers 14 - 17.

.', -
367
.........
bl - Néo-pétrarquisme
De" Ronsard à Victor Hugo, on est frappé du nombre limité des
mêmes images.
par le retour fréquent des' mêmes métaphores.
des mê-
mes périphrases,
exprimant toutes les affectations du pétra~uisme.
,..
Pétrarque joua un rôle essentiel dans le renouveau de la poé-
sie lyrique.
Vers 1550,
il n'y a en France aucun poète qui ne célè-
bre, sur le mode pétrarquiste, sa soumission l'à fa beel..e dane cano.
, "
rTJ2.N:.1..-

A cette si tual:ion s'ajoute la découver-l;c du Platon du Bon-
qu('~ et du l...llp.âl"Q.
Ll:~S nouvellp.s théories p(~t'mî t'ent; de dcesser- le
por'traLt
idéal ùe
la
femme de cour.
L'amour' ainsi conçu p.n[~ichit,
pr~tendait-on, l'homme à la r-echecche des réalités célestes. L'a-
mant s'él~ve de la ter're au ~iel; du monde de
La chair à celui des
idées.
L'amour devient une sorte de culte rendu à la femme aimée
qui est célébrée à
l'égale d'une divinité.
Les troubLes des sens
sont bannis.
La'poésie s'exprime par des contemplations émerveillées
et par des louanges hyperboliques.
L'amOUI'eux veut être aimé COmme
il ai.me,
sinon il se plaint et gémi t, sans
toutefois forcel~ la da-
me,
ni attenter à son honneur,
L'amour pétrarquiste est oI~ageux, ta~ldis que
l'amour plato-
nique est plus serein.
En fin d~ compte,
l'amour achemine l'homme
jusqu'à' Dieu.
(1)
-
N,
F,
M.
poème VII'; RQCUQ~fAQmpJ'~, vers l, 8 et 14.
, '

, -,
i
368
"
Pétrarquisme et platonisme intéressent surtout la vie senti-
mentale et cherchent à codifier la poésie. Il s'est ainsi consti-
tué une réserve d'expressions toutes faites, un arsenal de méta-
phores que les poèt8S de la Pléiade ont Léguées aux écrivains clas-
siques qui les ont transmises à leur tour aux romantiques. Un étroit
conformisme s'est établi en vertu duquel les poètes, des renais-
sants
aux romantiques, se crurent tenus d'exprimer
Les sentiments
de la passion ou d~ décrire la nature avec les mêmes sempiternelles
images.
Avant Baudelaire,
toute femme belle a nécessalrement les yeux·
bleus clairs,
Le r'egard alangui. Son sourir'e est angélique. Un re-
connaît sa VOLX à ~es <lccr:n:::.; prltil~tirlUC~;
Son
teint de
1.ys et cIe
rose est: ueilu comme
le JOUl'.
l.t:s chev(;ux blonds en
t;l'e~sp.s d'al·,
parfois noies,
~:\\ont longs.
L'exp[~{)~sion t';st voLonl:'l.\\l'empnt Încli fré-
rente et
le visage souvent m~l.ancoLique.
La courtoisie qui(socialement/correspondait à
la
fin des
moeurs rudes du Moyen-Agel impliquait également la naissance, puis
l'épanouissement d'une "éth<.qu<?- pf'.uo J'(2~féné<?- où ta ferrmz jouai..t un
pf'.uo grand rôt<>- qu<?- du WpO cle -ta ch<?-va[<?-ru,. 9'-<<?-.-....."""-"
(1).
Cette importance sociale de la femmp. va tt'ouvet' son expres-
sion dans
la
littérature à partir de la deuxième moitié du XII~
siêcle, gr~ce à L'action déterminante d'llne remm~, la Reine ALlénor
(1) - &.tW'1f1!11...r<>- cleo ktt.re.o Jran.çai...oM : J!R. lTIoye.n-Age,
Publié
sous la dir~ction du Cardinal Georges Grente. Librairie Ar-
thème 'aya~d 1864, A~tic1e Cou~toisie. p, 226,


., ..
"
';'
.
-~ -., .
ct' Aqui ta ine qui SI éta i:ê entourée ct' une cour de gens cul ti vés. De
subtils problèmes de sentiments, notamment l'amour, la haine,
l'infidélité, l.a jalousie deviennent des sujets de·discussions
raffinées.
C'est à cette époque que la France applaudit l'entrée d'une
femme sur la scène littéraire, en la personne de Marie de France,
la première femme poète des Lettres Françaises.
Mais avec Baudelaire, la poésie lyrique s'enrichit de nou-
veaux modes d'expression. Le poète se réfère à d'autres cC'ltères
IJour chantBr la beLle dame.
l1e
l'amour clans
la
Littér't:ltur'e courLot:-;;e,
J);:Juc!eL.lil'e
('I~tienl·.
l.es caractères suivants:
d'abor'd
La
fatali r.(~. La
r(~mmf-: aimée appa-
raît comme un être i.rrésistible qui vous con(1l1Î t in,:~x0r'ablement
vers le malheur.
La volonté de l'~mant s'affaiblit sous l'influence
de cette divinité despotique, même si d~ns une conscience vague,
il se sent engagé sur la mauvaise piste. Tristan et Iseult sont
incapables de renoncer à leur amOllI' coupable.
Il y a aussi du plai-
sir à souffrir de l'êtI~e aimé, une espèce d'abandon de soi à sa
passion, quelles qu'en soient les
conséquerlces; aucun sentiment
de remords dans la vie foJ.le que l'on mène. On ret:["OUVe chez Baude-
lai re la même céci té de la pass ion amOU['eUSA :
"J:.'éph~ é.bi::Du<- vote ver" t~i... chart.:ktte,
C.~, t~ e-t di..t : 8é.nLaMn" ce lfnrrbeau. 1
J:.'anoUO'<2U'<: pantcl-an.·t Lnct<.né. "ur "a bdte
A t'ai.r d'un rroN.bond
<:are""ant ·'on t~rrbeau.1' (1).
(1)
- F,
M. poème XXI
: J,yrrne à ea Beauté..

- .~
31.0
Cette fatalité de la passion conduit l'amant à se créer une
nouvelle échelle-de valeurs,
renonçant pour ainsi dire à l'éthique
sociale fondée sur l'ordre,
la discipline et le dépassement de soi.
LI amant peut bien descendre aux enfers,
,,/. Cl est pour y retrouver
Sa dame. Auc~ssin va jusqu'à renonCer a~ ciel o~, selon lui, il ne
rencontre t'ai t que le l'v i...e1...1.. pE'eô.tre".
Aussi prendra-t -i l
dé li bé-
rément le chemin de la géhenne éternelle, au nom de la :emme.
,'c /el:>t. e.n e.nf".. que je vew<. aU.e.r ; tà vont.
1'.e.I:> be.V'-e.I:> dam2.I:> courto L<>el:> qu<- ont cfeu'<. amL<>
ou -tro<"I:> avec &ur ba.on et tel:> harpeu. rI:> , et
e.el:> jong-I'.e.u"I:>"
(1).
nauct~lair'e s'exalte
JJe. Saton ou cm :JJuw qu' i.Irpo,·t-e ?,. (2).
D'autres éléments que Baudelaire emprunte à la littérature
médiévale sont le symbole et l'allégorie.
Dans ce Moyen-Age chré-
tien,
l'amour de la fp.mme est à bien des égards le symbole de
l'amour de Di~u. Saulnier a pu écrire à ce sujet:
".?nterp.-·éto.ti..on I:>~lmboe.;J:jUe et ae.e.égo.'Le I:>ont
e.a doubl'.e. face. d'un effor1: de"tLné à montrer
e. 'unLtc2 ch~"étU2.nne.. du rrvndf!., une. frljthof.ogLi?
de. fa "1:> i.yni_{ér,nce' , occuU-,,"
(:3).
(1)
- AucaMILn .et. niJ:o&tte ,
"CI1an.te.{ahfc ano"'J""'- du X9.9.?i'>.
I:>U'.cI'.e..
(2) - r. M. poème XXI, hYmne à e.a 6eaut.é.
(3)
- V.
L.
Saulniec ta e.i.,ttérature {ran.ço.0i:>e du ll/oye.n-JJge.,
PUr 1962.
p.
43.

371
De la même manière que llallégorie
recherche
"ck6 corre6piJndnn.eR-6 protonde6 entre t' énnti..Dn
et. te décor où. eteR. vi..bre"
(1).
Baudelaire établit des correspondances entre les divers éléments
de la nature d'une part, entre ces éléments et la femme d'autre
part. Ainsi le chat,
le vampire,
la charogne, les bijoux ... sont-
ils"· des allégories de la femme.
Tels sont les deux principaux éléments que le poète a em-
pruntés à
La littérature courtoif>Îl
du Moyen-Age. Mais il va se
sé,.....parer peu à peu des prl.ncipRLes cBr'uctér-istiques de
la poésie
médiévale. Alors que
l'amour courtois est c()L~ilctér~isé par
"t 'hJ..uni..t~té vL/~-à-vi..o cie- e.a c1arre, frl '-iJ)e?N2t~ti!
Q..t. W1Q. dL6cT'Qti..on. ahùof-Lle dan.6 fe.ù ~'f7.p{:1n1"·I:.,,-)
nm:Jt("'(J-UJ<. l'
(2),
l'amour de Raudelaire n'est P":lS un amour poli;
il ne s'agit pas
non plus d'un amour épuré dans
lequel
la femme n'est qu'un inter-
médiaire
entre
l'amant
et Dieu
j
il ne s'agit pa~ davantage de
cet amour pour une dame lointaine, désirée et chantée aVAC
ido-
lâtrie.
La femme dA Baudelaire est: une femme étel'nellement pcé-
sente; c'est un être de chair, aimé et chanté en raison même de
sa sensualité; c'est"un œonstre horrible,
plein de vice~ ; mnis
c'est un monstre. dont on ne saLlcait se passer"
; el le devi~nt han-
tise et puis fantasmA.
(1)
- V. L. Saulniec, ,fa ,CLtté6-afure ,7ran.çaLae du. rT/o',len-Age-,
PUt
1962, p.
43.
Le Moyen-Age, op.
ci t.

372
, "
l'.e'être qU1.. eot, pour la pf.upa.rt. dJ2.0 hormeo,
.ta oource. dJ2.0 ptuo V1..veo, et mVne., di.oo'lo-&
à la honte. dJ2.0 vof.upt.éo ph-Uo60ph1..que.6, dJ2.0 p~o
durab&o jauu,6OJ1.ceo ; e.'êt.re verO qU1.. ou au profi...t
dJ2. qU1.. te.ndJ2.'lt. touo··, ./'.euro eHort6 ; cet êt.re -te..'ri..b-e.e
et. t.ne.olTl1UnLcabte. CDtTffla :lli..eu ".•• " cet. ët.re. QJ1. qui...
/Jooe.ph dJ2. lrIai...6tre voyai...t un be.t anUra.e. do'lt. &0
gs'âceo égaya~t ",t re.ndo~t. p~o {aci..1.e fA ,iRU
oé,'Le.u'<- dJ2. ta poti...t1..que ; pou., qui... e.,t par qU1.. oe
! O'l·t et. dét'O'l t te.o f ort-uneo ; pour qU1.. Ou,' tau t par
'lu i.te.o art.u,-te.o e.,t &0 poèÂ:eo CDI7f:lOOQJ1.t. .f.e.,u"o
dét1..<:at.o bi.jou'<- ; dJ2. 'lU1.. dér1..ve'lt. te.6 p.f.ai...6i.ro &0
pl'.uo énerva.. to et. &0 dou e.e.UI~
te.o ptuo t éc.onda...te.o,
la ferme, QJ1. un. mot, ""lOt pao oe.ufRrov-t·t, .. " .ta
.
{e.rœ.U.e dJ2. t 'horme ; c'eot. ptutât. une di.vinLté,
U'l a6't.re., qui. préoi...d12.nt. à wu-te.o &0 CD'lce.pt.Lo'lO
du ce.rve.,au mUe."
(1),
Lorsque Baudelaire définit son esthétique â partir de La
femme noi ce,
il se montr'e novateur, audacieux. En p.ffet,
évoqup.r'
la beallté des
femmes noires dans ce xlXê siêcLe racist~ ~t (:scl~-
vi1giste.
c'est ('enversp.r' toute
l'éthiqup I~t toute
l'e::;l;h81~iqtj(:
soLidement établies par'
La bourgeoisie:
c'est pose~ ~IVRC beHur;oup
de
témérité
les·conditions d'un(~ nouvelle vision du mon(I(~.
La
dichotomie entr'e
l'nLgrP-do"
et ,'putchri....tLKlo' , se tt'ouve gommée.
Le
(1)
- CurLooi.téo Cot.héti.queo : Pe intur" d" 1a Vie Mod"rn"
",Ln
JQJrFrr2.", Gamier 1962, p, 487.

. ---.-
_.,
,
' , '
'
373
- "
. poète dépasse cette opposition parce qu'il a pris acte de la com-
plainte de l'Epouse
"n", pren.= pao gardi2. à mon kW baoan"
C /eo-t .t", oo&U, qui. m'a bru.t,,"
(1),
Cependant il y"quelque ambiguité dans le beauté que Baude-
laire attribue à la femme noir'e. Le poète marque sa prédilection
pour les monstres. Et puis la belle femme qu'il décri.t ressemble
à bien des égards à Jeanne Duval.
Cette femme frigide avec des lèvres ~raisses, de grands
yeux noirs, des seirls pr'ovocants, cette femme chez qui
la sensua-
lité côtolP. l'animali té est Loin de ['ept'ésenter un moctèl.e de beau-
té r1astique. Dans une confidence paradoxale,
le poète nous dit
qu'il aime et ~lctlTll_~C L.hez la femme
L'extr'[:Iorctinnir'p. et le bizar.~e.
Il éc r' i c dans mon coqur' ~ à. nu ..
"~ l. /<&t..r d.c:Jno I.a (<urrrta.
JA.o au'o duurranto ",t qui. (ont l.. beaut" oo,..,t :
f_ 'au' blaoé,
t'air ennuyé, t'au évaporé,
t 'aiJ' ~tJ e. 'au' ~·ro.f...d, t'au' de r"Q..gan:fer
en dP.dnn<>/
t /au- <k domiJtat<..on. t /au- <k voLonté,
f. /a;." m<2chartt, t'au' maf.ade,
f. 'au' chat, enjantJ_~,
n,onchalanCQ et =.tl.c.e. mê téo"
(2).
- -
Tous ces airs que
Le poète qualifie de charmants et beaux,
il est aisé d'en convenil', dérivent de comportements pour le moins
(l)
- CantÀ.Lju", <ko Can ti,queo,
1. 6.
(2) - mon. coeur' m<..o à nu : Fusées. 55.
l.'

374
aberrants. La belle femme qu'il. nous décrit est une
"-' ,
re"
(1). Elle est sans gêne, impudente et éhontée:
La belle femme baudelairienne, c'est aussi
la "cot.I.rti..6ane
~ai.bl.". et ce que le poète prise le plus en elle. c'est cette
"!:>&arrer;.e." qui rappelle Satan. Le mal et l'étrange forment désor-
mais une part constitutive de la poésie, c'est-à-dire de la Beauté:
".7 'ai. trouvé ta déti.nUi..on. du &au - dR. mon. 00au ,.•.• "
.'Je ne con.çou. guère, - tn:>n. cerveau oeraU-U un. mi..roi..r
en.oorceté ? - un. type dR. I3<zauté où U. n. 'LJ aU du
IIhf~r. Appuyé our - d'autreo di..rai..ent : oboédé par -
= 0 i..déeo,
on. èon.çou qu'i.e. me oem.i.t di.(( i..ci..te d~
n.e pao =nce.ure que te pe.uo pas{ai.t type dR. 13<>.aut.,
vi..ri.te eot Satan"
(3 ) •
En travestissant les canons traditionnels, Baudelaire défi-
nit de nouveaux critères esthétiques fondés sur le rare et l'étran-
ge. La négresse qui est la source du poème disparaît,
faisant pla-
ce à une femme anonyme, Roire et belle. Sa peau sombrer ses grands
yeux noirs et sa hanche large sont les traits distinctifs d'un
nouveau sens esthétique. Cette beauté bizarre fascine Le poète et
omnibule également le lecteur des Yfeuro du mnL.
'77/0i. j'ai. u'ouvé lTJ2 tuLi.pe n.oi..re et tn:>n. dahti..a. bLeu"
(4).
(1) - f. M. poème XXV.
"Yu met:trai.o e. 'un.i.uero... "
(2) - F. M. poème XXIX: !he Œ.arogne..
(3) -lTlon. c.oeur mi.A à ...... ,
Fusées. 55.
(4)
-
ER. SpLeen. dR. ParU. : ':L:'i..nvi..tati..on. au vOYa<)Jl.'· XVIII.
..... w.- .~#.

375
..


L'oeuvre de Baudelaire est singificatif à plus
d'un titre. On découvre-aisément chez le poète des Jteul~ dU mal
""",,- réJx,lli.on m2~o<.q.....e e~ ooci.ale·' ( 1) qui le me t au premier
rang de la contestation des valeurs dominantes et des structures
,
sociales de son temps. Le choix d'une attitude nouvelle se défi~
,
'.
nira donc par opposition à tout ce que la société institue comme
référence. La femme noire, à titre d'exemple, par sa race, ses
moeurs, son physique, est l'antithèse de ce que le goût de l'Occi-
dent considère comme séyant à une femme belle, Dès lors que Baude-
laire conclut un pacte sentimental avec des étrangères,
il ~ompt
par là même tout commerce av~c_.-=-=s c5mg~_nères.
_~
.... _-
La femme noire est sa confidente d'élection, celle avec Qui il entre-
prend des voyages spi~ituels qui le conduisent jusqu'aux confins
des régions éthérées de l'Infini, ou jusque dans les profondeurs
de l'abîme, du gouffre, au séjour des puissances infernales. L~
encore,
les titres des poèmes sont en eux-mêmes porteurs de sign~-
fi ca tion : fi =U.... q i. D.ot u'op gni.e, fi ww. dnrn2. créa ,'.e, fi une
M2Tldi.ante. ro.....ooe. A
ne /TiadDne • .4 une paôoante. fi un<>- Illa.ealxu'CLVoe.
,~'Jn.v0ta~i..on Du VOIJage : des poèmes où dominent le vocatif et l'im-
pératif, expression de la fonction conative (2)
l'Ja Ute,ton gR.ôte, ton ai.r
So"t beau.'G comne un beau PllJ-J 6agR.
..............
.
"
-?e te haVo Dutan.~ que j.e ~ 'aiJœ' , (3),
t.a femme, aimêe Ou haie, ainsi interpelée r finit toujours
par répondre au poète. C'~st alors que s'établissent entre les
partenaires de nouveaux liens d'intimité. La passion amoureuse
des amants se métamorphose en affection filiale Ou paternelle~
acqué~ant par là-même comme un regain de solidité et d'éternité.
C'"est ce que nous révèle le poè"me L'3nvt.,ta,twn au Voyage:
l'apos-
trophe confirme la présence effective de l'être aimé et l'impé-
ratif rend "l'invitation si présente que la partenaire - amante ou
soeur - ne saurait résister plus longtemps au désir d'aller visi-
ter le pavs où "Jo.....t n'eôt q..... 'Oldre ~ beauté",
,
(1) - Jean-Claude Mathieu, ~ , p. 58.
(2)
Roman Jakobson : GooaiA. de t<..rtgui.dtLq.....e gq,,zla1.e. Editions de
Minuit, 1963, p. 220.
(3)
F. M. poème XXXIX : fi c.rd.l..e qui. Mt. bop gni.e.

.. ,~.-:-.7'~'~
.:\\
.''.'
-..~.
.' ...
.
h-
376
'7I7on en(ant., nn 6Oeur,
Songe à .fa douceur
:J) 1aU.er .là-bru. vwre QT\\.6enbt<."
(1).
Même dans l'ultime voyage - la mort - le poète n'oublie pas
sa bien-aimée. C'est encore avec elle qu'il ira continuer la vie,
ou mieux, commencer la vraie vie. La mort met fin aux
contradic-
tions inhérentes à la. condition humaine. La paix et l'unité fiévreu-
sement mais vainement recherchées se réalisent dans la mort. Et
cette paix. cette harmonie et cette unité sont symbolisées dans la
pensée baudelairienne par l'union parfaite d'un homme et d'une fem-
me. Ce qui est'humainement impossible devient possible grâce à la
vertu unificatrice de la mort; le double devient un et s'harmonise
,'Uôant. à f.' envi.. t"..urô chatvurô denu.èreô,
noô d=",- c.oeurô ôeront d='C. vaôteô t f.anbenu",-
Q.,i, rel t"-chi..ront teurô doubleô tumLèreô
2ano n.oô d=",- e(>pri,U, =6 mi.ro{,rô jl.urxwu",-" (2).
La femme se situe donc au début et à la fin de la vision
baudelairienne du monde. Il arrive parfois qu'elle prenne la paro-
le et se présente pour insister alors tout particulièrement sur sa.
beauté, sur la puissance fascinal.\\t€..
de ses yeux ou encore Sur sa
tyrannie :
...................................................
(1) - F. M. poème LIlI
J: '..9nv1..-tatwn au. Voyage.
(2)
F. M. poème CXXI
.ca ITbrt. deô ~.
,.-

· .'
.~
, ,
,
"
377
...
'
.'. ~:
l..
J '",,,<.0 un coeur dJz. ruU.ge à la ~r dsu> c:y~';
ChI' 'J'ai.., pour (~ ce6 dcci.1.R.6 <l77O'lt6,
2e pur6 mi.ro......6 q",i. (ont tDu.t.e6 clw6e6 pW6' beU.rù. ' :
lfk6 'Jeu'G, me6 .la.rge6 'Jeu'G au.o<. cearté6 ét.e.'ru"U,M"
(1).
Elle joue si bien son rôle de ~eine despote que le poète en
vient à subir ses désirs; elle donne des ordres et son-cavalier
servant reconnaît que
"Ru", ne vaut f.a. c/ou.ceur dJz. 60" au torU:é " (2).
Mais même à travers la femme,
c1est
le poète qui parle; par
une espèce de mimétisme, Baudelaire s'identifle souvent aux êtres
qui l'entourent.
Tout a commencé avec la camaraderie née entre le poète et le
mulâtre Privat d'Anglemont: précoce en amour, ce premier compagnon
avait la réputa~ion d'être l'ami des filles. Mettant en pratique
les leçons de son maître,
le jeune poète connut l'idylle éphémère
avec Sarah,
la prostituée. Un début de poème COmme
"Ce6 Q17DnU, dJz.6 pro6t.i..tuée6
Sont
ret6"
heur<>.Lt'G, diApo6 et
(3),
est sans doute un souvenir lointain de cette liaison. La femme se
présente comme un être fascinant,
irrésistible, mais à la fois hor-
rible et dégoûtant. Attrait et répulsion, plaisir et douleur, ainsi
se résume désormais la vision baudelairienne de l'univers féminin.
(l)
F. M. poème XLII
"Q..e dLrao-u.. ce 6,ot..r••• "
(2 )
F. M. poème XVII
f'.a fkauté.
(3 )
F. M. poème XV
CM Pf.a.iJtte6 d'",,, Jcare.

1.•
'.
", "
.; .•..
378
Sur le plan esthétique, Baudelaire récuse la plastique sans
originalit~, le clichê et. le poncif. L'art ne doit pas être le re-
flet des intérêts bourgeois.
Il ne s'agit plus de cultiver une
es thé tique où "ta OOUJ'9"OWl.e pu.woe tu",- oeo ~".uJ·o, oe corrptai.-
J"'- darto deo mU'Ou'O où e·tl.e oe v;~t" (1).
C'est pour ces raisons que les canons esthétiques baudelai-
riens se définissent essentiellement par opposition aux règles
"iftotU:u.t.i.o'll'lP-U.e.o" de l'idéologie dominante.
Les références nouvelles sont déterminées à partir d'un mo-
dèle 'de beauté simple, naturel, dans
Lequel on retrouve, par
exemp le,
"fn f...L.be..·té cle.o (ouneo 'lue ra. 'ont c..onpl·~eo "li..
P.e c.o,"oe-t,
n.t... f.a dull..toou,Q., et 'lut.. (ont OO'l.gt.-!,· à
fa o·tatuau",- arLti.que'· (2).
Le poète rejette ainsi tous les signes de progrès propres
à la société bourgeoise, et comme Rousseau) se fait le chantre de
la vie primitive qui n'aliène pas L'homme.
Il.déconsèille ainsi
à la petLte Matabaraise de partir pour la ~rance parce que. par-
mi
les difficultés qui l'attendent dans ce pays "u'Op peupLé"
il Y a
le port obligatoire du corset:
1'C0rrm2. lu. ~Je.rai.6 teo toi.6u'O do",,:. et. f.<lrtC6
Si., te <".oJ·oet. bJu·tat enpr-i.6onnant ·teo f tartco,
Yt .tP.. fattai.t gl.nneJ· ton ooupeJ' darto ""0 JarL!JeO"
(3).
(1)
- Jean-Claude Mathieu, Baudeeau",-, p. 14.
(2)
- Jean Prévos t. Baude eau "'-, Parls, 14ercure 1964, p, 25.
(3)
- F. M.,
Poème CXLV, fi une r~f~rai.6e.

"
,
379
La liberté des formes physiques confère au corps un genre
de beauté qu'on ne trouve malheureusemen~ plus en France. Seules
.
\\
les négresses savent encore apprécier ce reste de primitivisme:
Même la belle Dorothée marche pied nu
"Car 1Jorothé<!. Mt. 6i.. prodi..t:J{.Ru6emPJLt coquette que ,te
pf.ai..6L.r d 'W'Q. admi..rée. t'enpo"te ch= eu..,. 6Ur
t 'org..eU dJz. t'attf'ClTlchi..e., et, bi..e.n. qu'ette 6oi..t
'-i..br<!., e.e.te rrr:ud= 6an6 6oueti:Q;'6"
(1).
Les peuples qui ont encore du goût, selon le poète, ce sont
ceux des pays tropicaux qui ont beaucoup plus à donner qu'à recevoir.
Il Y a là une révolte sociale dans laquelle le sarcaSm~ s'as-
soc i.e va l ont iers à t· ou trage con tre l' Dcc Ï-den t
:
/' &6 '''f'2CQÔ que. r"lotl'<2, cL.vi-f..i.-6ati..on, c.on,{uôe et pe.,ve,·tLe,
r...rai....te. vof..ontLe,'ô de 6auvage6, avec u.n o''fjUei...t et Wle
(atui..té tout à. (ai..t ri..6i..bte.6, corrp.t=lI1<2nl:, au66<- hi.en.
que. t'enfant,
f.a. haute 6pi..,.i..tuaF.i..té dJz. l'a toi..tet.te" (2).
Et ce que Baudelaire admire chez.: ces "r»,.vrn...ti-{ô'·,
c'est leur
goût pour les couleurs vives.
l'attrait qu'exerce sur eux tout ce
qui ~st brillant, bariolé. Le poête est particulièrement sensible
à la toilette des négresses: bijoux,
fard et maquillage, confèrent
un éclat nouveau qui provoque des sen~ations inconnues.
Dnns ses Carneto Jntùme6 le poète exhale encore son ressen-
timent envers la société de son temps. L'organisation politique qui
(1)
-
Ce SpLeen dJz. P<uoVo, ",fa. bette. :be".o,thée.',' xxv.
(2)
- (',u,·i..o6Lté6 C6 théü..qUM ; Pei..ntu,'Q. dJz. l'a tVL.e. mxfu"",-
du trrU/ui..tl'age.".

380
avait cours en Europe lui apparaissait comme une monstruosité dans
. laquelle le crime s'est caché derrière le mensonge: "en potUi..que,
l.t>. vrai. oav. t t>.6 t ccdui. qu i. tout>. t te>. t>. t tue l.<>. PJWPl.<>. petto' l.<>. bUzn.
du ps2UI:l.f..t>."
(1).
\\
Dès lors, c'est en termes orduriers que le poète parlera de
la classe dirigeante qui a tout monopoiisé : la culture, la poii-
tique,
l'industrie et le commerce; "chLe.· e6t une p.rè.P..I'C,!,
à ce
que di.6cnt te" dénocm.te>.6, quand i.l.6 chi.ent"
(2).
Oans ces sociétés où les mesquineries s'ajoutent à la plati-
tude dl} gaGt. on assiste à une mutation des valeurs. L'héroTsme et
La vertu,
traits caractéristi.('l\\H~t-i du dandy et du sauv<l,Re,ont dLs~
paru.
On ne croit pLus qu'il La vat~;ur de L'i1rgent. I.'.;'nfnnt '/:\\
fuir sa ramil Lé
f'rwn. ~ palU' ,.hc~~·dlQ"· c/P.a aVO.Jltu6'Q.·,'\\ hQ'ÜLque6, ruJrt
p:2.tl.
pou., dé.P.t.v,,(!..S" unI!. ~QUté PI·L.'~0'l1l.L.èl'Q.' cfa.na U'le.
r:Oul'
( ••• , 1
nul.6 paUli' f'ondR..r· Urt cJ::mrœ.r-ce, POU'"
6 'en,'·i..chi.-.·,
c!"t pOUT 1'a~..J'Q. CD'lcLLr'''-ence à ,~ort. 0l.(âm2.
papa"
(3).
La corrupti.on gagnera aussi.
Le coeur des jeunes fi LIe:.
:
l'Ya r Lr~f:q"
avec une nub;_f~i...té ~:n.tnn.ttnC'- &.Q.VQ,-q danô 60n hQ.'-"C.Qf2l1
qu 1Q.~,ee. 6Q. VQ..I'U/. un mLPJwn. " (LI).
-- ---_._- -.
..
-- _. _ .... _. _.
- - ~ - - _
'
( 1 )
!l70n cocu,-- mu..'l à nu,
Fusées 131.
(2 )
- rT',on coeu,' mi.<> à nu, Fusées 1~7,
(3)
mon CDeu" mi.6 à nu, Fusées 150.
(~ )
T!Ion CJ:Jp-u,... mi.6 à nu, Fusées 150.

381
.. '" .-:
l , .• '
Et Le nouvel ordre politique qui s'annonce ne promet guère
une société meilleure car
"f.M gouve,'f'l.eID?.Jlt.6. 6eron.t (O·,"("'..R.6,
pou."
6e ,'1f2,Utte.ni...r
e.,t p::Ju.r créer un {ant.êrre d 'o,dre, de I-eCOU.'''{..,f" à de~
rroY<2n6 qui.. (e.rai..en.t (NAôDI1fle..' no 1:4., hum:2n.i..té a.c.tue.U.e.,
pour·l:arLt 6i.. endurci.e." (1).
Il s'agit là d'une vision apocalyptique et prémonitoire rem-
plie d'horreur et d'angoisse comme de tristesse et de dégoût.
/'!)e
m 'Qn.f1L.(i...e en. J,a.nce,
ct i t Baude l a ire, ·~l...u·tou.t. pcu"C12. qu.e U::x..t·t f..e. nnn.-
de y ,>Q.66errbf...e. à Vof.ta..L.nz.'· (2) 1 qui par ses goûts, sa pensér:, est,
en effet,
le prototype de cette société bourgeoise et hédoniste.
Ennuy6 e~ dépit6,
le poète se considère comme \\ln proscrit.
Il ressent 10 poids de sa solitude. AtlSsi v~-t-il chercher des com-
pagnons de misè:--c.
[1
les trouvera chez tous
les rebuts de l'huma-
nité .;
i l
puurra participèr, enfin, "de. P..a VI-aLe. g,n:mCÛ2.u'," ck6 p7.-
,·in",'· (3).
C'est
sans doute cette solidarité avec les pauvres et les
déclassés qui explique le mieux le s~ntiment de prédilection que
le poête nourrit à l'égard des monstres. Les vieilles femmes sont
regardées av~c commisération :
( 1 )
illo..... CDeUl' mÎ-Â à nu.,
Fusées 150.
(2 )
/7Jo..... coe.u.r" mw à nu, Mon coeur mis à nu 107.
(3 )
/7Jo..... coeu.," miL> à nu, Mon coeur mis à nu 105.

..•... -.._,- ..~.-.----~""".,.
····-·--·_·~I
,'"
'~,
382
,:
"Ce6 mort6-/:rc6 dw-l.oqué6 {UrQJ'l,t jnd.w dM (enme6,
4>onv.e et Ibt6 ' lTlort6-/:rc6 b.,wé6, 0066U6, ou tordu6,
fiimort6 -f..e6 ' Ce 6ont: encore de6 âme6"
(1)
"
ou encore
Le poète apparaît comme le consort des déshérités, des vieil-
les, des vieillards, des aveugles, des prostituées. La pauvreté dans
laquelle il est tombé en dépit de son origine bourgeoise explique
peut-être ses sentiments. Le poète, parce qu'il est devenu pauvre
parm i les pauvres, prêche un évangi le d'amour
"J[ {r.u/: aiJmr "<21"6 taé.,'Q. en. g.'iJm.ce
!P. (.ll2Uv,Q., l'..e mécJumt, f.e. ·t.Dldu, t'hébété"
(3).
Baudelairé participe de la misère des ?hiens pauvres et dédai-
gnés, /'l..ou6 '.-C.'.,') (nti...gnnt6 pal'CU'lt...fj'!.ô,".
".';e. chan.te.,
fA
ch.ÎJYl CS'Q tt,t,
f.c ch.1.J..rL pat.c.Vl.-e,
te ch.i.en. ô,art6
domLci..l'..e,
l'..e ch iP.n. {fnneu..·"
(4).
Cette subv~rsion des valeurB, Commune à tous léS grands poè·
tes du XIXè siècle
nul
autant que Rimbaud n'y a impliqué.sa prop;é
t
aventure litté;aire.
C'est dans c.ette perspective qu'il conviént de ~Lre un grnnd
nombre de poèmes .de RLmbaud. "
:'" "
'. "
(1)
- F. M., Poème CXXVI.
ik6 petU:<'a vL.cUl'..ea.
(2) - F. M., Poème XXVIII, 2e pl'O{undi..6 cf.atravL.
(3)
- F. M:, Poème CL III,
Ce. Rdxd.l'..e.
(4)
- ik Spf.<'.<'fl. de Pa,·Î./.>.
Les bons chiens.

UNIVERSITE
PARIS XII
VAL
DE
MARNE
UER LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
CERCLEF
L'AFRIQUE COMME THEME POETIQUE
DANS LA LITTERATURE FRANÇAISE AU XIXe SIEClE
V. HUGO, NERVAL, BAUDELAIRE, RIMBAUD
TH
LE DOCTORAT D'ETAT ES LETTRES
TOME
Il
Directeur
Robert JOUANNY
Professeur à l'Université Paris XII Vol de Morne
Directeur du C E R C L E F
PARIS - CRETEIL
198
,..
.
1;:

-"
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. ', ,.-:
. ~ ';" .
383
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CHAPITRE
V
lE S THE T l QUE
DE
L A
R E VOL T El

,------- -.---- ..
-,.
"?'.
; "
' , 1 " ' : '
384
.;- .
Camus définit
l'homme révolté
comme celui qui se redresse
et
d i t :
"non "'. Les mythes prométhéens et lucifériens de la
désobéissance illustrent le rituel du "rnrdU,.·U-e. du. pèJ"t.!.".
Lucifer
est le premier à avoir crié:
''non. oe,.v;,am, je ne Oe,.'Vi.J-at- pa6 f".
Le.th~rne africain a 'enrichi la poésie française du XIX~ siê-
cle sous le couvert de ces refus et de ces inquiétudes formulés
par les poètes',
témoins des méfaits de
l.'esclavage et de
la coloni-
sa t i on casquée.
Le mouvement philosophique déS LllmLère~ avait tibér'é lèS es-
prits, m~is "en même temps, étaient apparues les racines profondes
du colonialisme dans
la stratification sociale des Etats ~uropéens
à la fin du XVlllê siècle, période de
L'expansion de
la bourgeoisie.
Au XIXè si~cle, les revendications corporatistes,
le mouve-
~ent ouvrier et le socialisme utopique ont contraint les classes
privilégiées à concéder certains droits au prolétariat. Mais cette
reconnaissance de droits
a entra!né
la perte de grandes sources
de pro~its ; ce manque à gagner sera compensé par l'exploitation de
plus en plus ouverte des colonies et la mise sous tutelle pure et
simple des anciens
territoires pourvoyeurs d'esclaves et de matiè-
res prer:ni~res.
C'est l'hypothèse qu'émet Césaire pour tenter d'expliquer la
conjonction entre ce phénomène politique et social, et la ",oévo-
-!..ut~", poét.éque" qui a surgi. en Europe aux: alentours de 1850. Cette
perspective projette un éclairage nouveau sur l'oeuvre ".~é.vOe.ut;..o",-

'. >
385
nai..re,r
et "6LLbVe6'6~t" d'un Lautréamont ou d'un Mallarmé. comme
l'a fait remarquer B. Moura1is (1). Les Chantô de matdOror se~
raient un grand discours anticapitaliste. Il suffit pour s'en con-"
vaincre.
estime Césaire dans le ~CDU"'6 6ur' e.e. Cof..oni...a..t,L.M're et'
dans les numéros successifs de la revue JIQPLque6 (2), de lire la
poésie produite à partir de 1850, telle qu'elle se pr~sente, c"'est-
à-di~e, e~i~ttéJ'(l.f..e.rrent. L'hermétisme, l'ill.lsibilité et le scandale
des Chnnt6 trouvent enfin une justification idéologique :
. ",9'- e.,t gff"..nd w...np.o de di..oo'-P2r .P_ 'atmo6ph"-''e. de
ocnndnJ,,- qui.. a été C6'éée autou,' deo Chanto de !/b'(doro,., .
TrIon,o 1:.....00<'" té ? Aél'Of..i...the f..i..·/:,té,'(2u'Q. ? ~éP_i...,'Q. d'une .
i.fft29A.~t~i...on rro/ade ? Af_to'1-6 donc! ConTf'R.. C'Q.6,t connrxfe !
ta vé.·i~tQ Q<'){: que .J:auu-éamorl:t n'a eu "lu'h 8-eyn.."lcu·,
&:~6
q('UI(. drv/.6
e.p.6
!.1P...u.JC-,
p~ '~. dR. {er' (oa-gé peu' f.n.. ':."10-
c:.t.-ér:.{i (-(lpl'-t:af..L.~I..Ql
POU'" appn?henn-e"
t'"~' 1TUrl~"f.-~, f",_
rron~.tH~ fluuti..di...P..rl, ~on hé.6'O~"
(3).
L' interprét~tion f'~oci...of..og.i.flu.e" que préconise te poète anl'!
~l) - Bernard Mouralis, "CQ~au"Q. e·t en. Poé~i..c t''fYl.ça;Âe~I'.
Annales
de L'Université du Bénin, Série Lettres, Torne VTI, 1980,
pp.
33
- 59.
(2)
- fi. imé Césaire, .'l.JÎ-~COU6'~ 6U6' f.e CotonU:Lf.;~-Yn2.-, Présence At'ri-
caine,
Paris.
195~).
- "J",'OpLque.,'· parut d'av~il 1941 il septembre 1945. Réédition
en fac.
similé publLée par l'éditeur Jean-Miche1
Place, 1978.
(3)
- Aimé Césaire, .Ï)i...ôc.ou.,'ô,
p. 54.
.'

386
rU/ue"
(1) qui fait de Ma1doror et de ses mutations successives des
avatars animés de ce que Rimbaud appellera la "Sorci..è><>.1' ou la
l'Va.rrP-Uoe.'', .à savoir,
la bourgeois i.e exploi.teuse et carnivore. La
littérature de la révolte se métamorphose en
"W1Q
Urpf.=b& dénonci..ati..an d'ul'lQ tonne tr-00
fU'Qci...oe. <:i.e. ooci..été,
t<!.Ue qu'eU" ne pouva.i..t
éc!wN:>e..· au peuo a'..gu <:i.e.o • -ega.d.o vero
t'année 1865"
(2).
Chez Rimbaud,
l'identification au colonisé restera essentiel-
lement une aventure psychologtque et intellectuelle, alors que
Lautréamont,
faut-l.l..
le rappeter. ~st .np. à M.ontévidéo, cap-itale
d'un pays colonisé,
l'Uruguay.
Ce qui. soutt'?nd la vi.olence du "mé-
tOO1'C. de 'rbn:tévl.déo"
est une si.tuatLon vécue d'authenti.que colo-
nLsé.
LèS nombreux éléments F.:<otLques· des fJJant6. ne sont étranges
que pour ll~s lecteurs de 1;) métrnpole, pas pour l'aut~ur lui ~même·
et se::s compatriotes d'Uruguay. !>'1ais
lor!Squ'on p.vacue du texte
les
références
:ropicales, on s';lperçoit que l'indignrttLon n'un Balzac
a les mêmes justi.fications théoriques que celle de Lautréamont.
"nt.d.. ne. rtl.c f.n vér'O<:,L.Lé ciJ2. Ba/.:zac. llhiA attD.Jl,cl.-ùn :
(ai,teo Vautr·,.n.,
.""tou.· <:i.e.o Pœl0 chaudo" OOI'lJ1QZ -lu<- t~6
à:_te6 c/.n f. 'Q.6'C"hrdlgt2 e.t P_~6. fl'i..-6:~onâ du pafudi..6tœ,
fai.-te6.-ee. acr...onr-Ylf)l1QT'J
·~u,· P.e.. ,navé çar·L.6l..en., d 'lOle
o..6.CDT·te cû? VQITpL''Q.6 Un.f.gua".:len; et ck. Tourml.6. .tam~o-
Cl)
...h.imé Césaire, ]L..~COU.f·~'1, p.
54.
'(2)
-
Tclpm.
, !

387
cJvu., .et vou6 our= lTlafJ:JDror. Vari.ant.e du décor. rrni.6.
c. 'e6t bUm du rr&re Iwrrrre 'lu' U
6 'agLt, dur,
infl-RJGL-
be..,., ~6 6CJupute6, ~teur" CO«rn2. pa.6 un, di>. ~
vi..ant:k d'outr"i.."
(1).
Ce type de lecture réaliste nous ramène nécessairement au
vécu. Comme le dit Aragon,
la poésie est ct 1 abord "Un. cs·{. cleo QIl.-
traW-e6 avant di>. 6 '''Jlvl.oager· c.orrrre. un Wn<jagJ2."
(2).
et ce sont
des préoccupations personnelles qui motivent la poésie d~ Maldoror-
Lautréamont :
'7T!a poeot.Q. rte COr"lÔl..Ôte.1T2 qu'à attnque,-'
(X1r
WU6
ee.o rtOljcrto., t 'horm"J2., cette. biit.J!..
fauve, et Pe Cr.Q.a.U?.u,· 'lw'~ n 'ru..... 'O.i.... t pao dû.
cn~~''Q.I· c..e.tte l/(~'mi...nç~rr (3).
Le contexte social et histo:"'ique explique
le mouvement poé-
tique tel qu'il se dessirle à partir ~e 1850. I~a littérature est
directement trihutail~e des r;ontradictions sociales et des consé~
quences du développement du
capit·aLi5me.
La criti.que de la poésie
de
La seconde moitié du XIXè siècle doit être complètement revue
et corrigée.
Pour y :"'éussir.
il
faudrait,
comme
l'écrit encore
,
césa ire.
"d~l'ou~oaLf_Ee.,' en. ~'Oul:.e. de~ corrmentau'Q.~ oceuf..trl..4teo
ct mé~IOL.qU.e.O qui_ p~ 'otrucqUQflt,
.'lU1onrlc,' Oon ;.rrPC)I·-
(1)
- Aimé Césaire, ~L.aCOU'·~, p. Gt1.
(2)
Aragon,
l'.fau·u.Q.aroon.t et rwu.~I',
in !.:.e·tt,.'Q..o 1",.2Tlça.Lë.eo nI) 1135,
1er juin 1967, p.
67.
(3)
- Lautréamont, '&6 Chanu cm. TT/aedorOl',Chant .J.J, Ed. José Corb.
1963, p. 139.

.....
-~-':"'-'-'
-- -- ..- ...- . ,.
.- -'-.
3BB
tance à teU.e<> ot.'Opheo n.ége.i..géeo ... , n. ' = t e r dsz.
voi..r nf_ P.Wâ nl~ mol.n.â que en. dérwnci.at1...on du. pOuvoi..r
rraté( '-.que dsz. l'or et dsz. ta théoaw-iAati..on.... , e,( c.on-
<>en.ti.r à '1 !:.J'Ouve.' IJ.Q.o pla.teJ'r'l2T't ce qUL. eo·t, oavou-
la pe.i..n.tw'Q. à piz.i..n.e o.ttégo.-i.que d'une ôod.kté Leo
PI 'WL.tég,i..éo ,
con.{o.·tab'-=t. 0.0<>06, re{uoen.t dsz. oe
oerre:r POU" lo.i.re place au nouve[ o....·i..vant." (1).
Cette méthode sociologique appliquée ·par césair~ à Lautréa-
mont donnant les mêmes résultats à l'épreuve des oeuvres de Baude-
laire ou de Rimbaud,
infirme du coup ta thèse qui veut que la litté-
rature soit nécessairement l'expression de l'idéologie dominante.
L'art. au XIXè siècle, s'est développé contre les valeurs perçues
c9mme fondamentales par la soclété bourgeoise,
et
adopte un langage mordant comme dans ce poème publlé dans la
Vogue en 1886 et que nous nous permettons, à titre ~'~llust,ation,
-:0,:
'(" IIL~'''-:\\'''\\\\.
de citer largement. Derrichon avait donné à ce poèmt:!'(' lE: til:re
VQ..·ti.ge..
(..4 ',......')./>c.J.!. tl0U" n.o'.....~, m..;11 <":O"'-U", "'..t(~ rJ~~ IlrlPfJCÔ. de ~(lnq
C~: de h~·(li_.~,(!., c!./: mi)'.t< .. 'n~..(,·t,'<?_~,
Qt f.(.'.~ f.;)nq<) .("..1.;..-0.1
:~~ 1J·W]C'.. , ·.'nn~).ro '.'" (!P. Lùu 1: P.,..t{c.!.,· , ....!.nve,'ârJ1.t
.7ou l: Ol'{~ 'C?. •••
Ct l:au t:.."!.. VCflfj<.'.t2J1.C:J!. ? .QiJ_!.1l. f •.. ilhi_â ÙL,
tout,'. o...nCO'·,
noU.û
fc!. vou~.on~
" .'lndu-.) (:"'·Î.R.f.â, p,·iJ"l.CAÔ., ~él1a"'.6 :
Pe~,·i_~ô.ç!2 .' pt.tL':l-:lf7l1CQ.., ju'~ UrJ.'., hi__ô. t.ou"e. : à lxz.~ .r
Ça n.ou~ e.ô.L dû.
lP, 6.Qng .' f.'''' ô.nng .' e..a. tF!.nnrrP. d'o,'
Joui: à f.n.. guQ.."'"U, "j. fa V(?J1.gvJ2fl.ce, à e..a. te,-,oeu,'
mon. e6.p.r·i...t. 1ou.'nol1.~ dall.6. f.n. mo'·-.)U'''Q. .' ..'11., pa,6âe::!,
!<épuh f../r"W2Ô. cfu cc monde f .2'cô. QJY.p.epC'..Lu·â 1
~~ ~.QgLnn,..ttô., c1eô. ("'...of'.1Y'1.Ô., de':l n"?Hp.fc~, f2.6.~e.= !
GU, ·o(.J(!., ."'}ô. lP_, Ané, 't..quC?, di...~pa.H2Lâ.·.).('2.
nou'Q. rrY.lrc.ne. vc?n(f(i"'''(>_~()Q. n t.ou.t t:oupe,
CLLQû Qt campncyn~~ .'
.~6 vo e.ca.n.â -.':tau te, 'On t.
Ch .' m;,:~â rJTlLN :' - mon. COCU4',. c'e,_,t cû", Lf.~ ·~on.t OO~ t,·Q.,'Q.6
no/...J"~ U1.COnru.....6, '~L n.ou.6. Q.e..ti...o'1.~ .' Af f.on6. .' atf.nt1..6 .' (1).
J
D~ns '7rhu.vaLô. Sang./· le premiér chapi:::"'-:.- d'Urtt2. S2L6.on (!.Tl Ûl'e,',
apparatt le portrait multidLmEmsionneL dt!: Riii\\haud : ".j'ae. de ,r,e.ô an.-
(1)
- ~r.",i..e.J·â Verâ, qu'est-cE: que pour nous, mon coeur, éd. Garnier,
p. 171.

"
'
~-~::~'i:·.-~
....
.'
3B9
e.ê.treo gauloiA e.'oei.e. b(.Qu &.f..anc, P..a cerveUe ét.'Oi.te. et fa. rrnP..a.-
cU'eooe dnn.6 f.a. lutte."
(1), Cet aphorisme
introduit le lecteur dans
la thématique verticale
martre-esclave.
Rimbaud est de race infé-
rieure de /'tou.te. éte.,ni..-té",
celle qui est
-."rouée. à la "6elvÎ...tLu:.1J2.
Il.y a chez lui une renonciation à toute qualification socia-
i' 1 .
le qu i
le rapprochr> t,
des valeurs de la bourgeoisie.
Il se dit
hors-la-loi dt paten pour mièux terroriser
prêtres, prof~sseurs,
martres et hommes de loi. Finatement il adopte le masque dü
La
négritudê :
,. 0_
l "

• " .
, .
f "
l "

"..,,:. n f1'_ JfVTll'Â Q,~e ru.', a~ ppltr.J. .C-Ct.. ; J.{~ " aL. jfJ.'7Y1.V;)
Qté r:h~·<!.t;J"!..rL ; j.P. ~ l.6 dl!. l'a Hl.CC!. qui.- chant.a:.....t clnn...~
f.c!' <"JUppti..cp..
; je rL(~ c:onPI"(~ru:.14 (:Yl.â. f.e6 P.o L6 ;
jQ rI '(.Û~ P2.~ te. ~erLa lru!"}.f. ( ... J.
9'ent,'Q. au vn2L
6"'OYawJX:1.. dP..6 enfanta de 01f]fl1"
(2).
Devenu adepte du culte des enfants soute~rains et noirs de
Cham,
11
rejette toute forme d'irnpérialLsme politlque, économlque et idéolo·
gique.
Avant CéSalr(: e:: Sen/5hor,
Rtmbaud a poussé ce "'J-8tlTlfi (:..~L. n(>~­
fJ~'(?,1 qu'il convi.ent enfin n'analyser.
(l)
- 11o-'Q .'<:>l.ao..."
~lauvais Sang, éd, Ga~nier, p. 213.
(2)
- Idèm,
p. 217,
.r

390



j) - LE GRAND CRI NEGRE DE RIMBAUD
La
date exacte de la germination, de la gestation et de la
maturation d'Une. SaiAo" et> é:n.fer et des .9Uumi.na.tù:",o est toujours
un sujet de controverse. On sait néanmoins avec certitude q~'1~
Sa~o" dans son ensemble et lnauva~ sang en particulier, ont été
composés approximativement durant la même période, et que leur aut~ur
se Pl'oposait
de
leur donner comme
titre générique: "L?VRC PAJCf/
0/1 .C9VJ<C nc!)<c". Dans une lettre à son ami Delahaye daté~ du début
d'av.:-Ll 1873, Rimbaud,
parlant du recueil auquel
il donna'it une for-
me définitive, d i s a i t :
l'ce '~on.t de peti...te.6 hwtou'Q.-:j. en P''O-:j.Q.,
ti....-
t,'O. q6.n.él'f:Lf. : ,Ci..vre palPJt ou tù.n'Q. l1è94'''Q./1 (1).
f\\,utant qu'un titre peut êntretp.nir 013 r:'l.pport au
texte qu'il
annnonce, malgré
d'appa:"'entt:s antinomi.ës,
l'écart ici l~nt;'"'e l~s
dt~UX tèrmes, titrè-texte, est entièrement réduit. LLv:",,(: paréo ou li-
,
vre n~gre. qu'est-ce à dire sinon que Le sujet du discours prend
toutp.s ses dist3nces vis-à-vi~ de l'idéologie dominante. à savoir
la pensée bourgeoise du XIX~ siècle? Le n~gre est autre, tailla-
ble et corvéable à merci, voué à la géhenne éternelle parce qu'il
tien: beaucoup du démon. Paten ou n~gre, les deux dét8~minants ont
le m~mê !=)ens : ils désignl':nt l,/'au.u-e"
qu'il faut soum.-~ttre, !=)ub~
juguP.:.
L:1 lecture du texte rimb::l~dién montrera toute 1;-\\ pertinenCE:
du titre qui veut donner à comprendre la liberté de choix dé Ri~baud
(1) - Rimbaud, Ob-uvre~J par s. Berna~d,
édition Garnier 1960,
p.
XLVrL

391
\\
qui déclare sa nouvelle identité en proclamant sa "rtég..-i..~/
"/Je ou<-o urte. bê..t.e, Wl "èg."-e" (1).
Les raisons de cette mue intérieure sont doubles,
indivi-
duelles d'abord, historiques et politiques ensuite.
Le passé moral et littéraire de Rimbaud et sa fameuse crise
ont constitué un terreau psychologique priviléglé sur lequel ont
germé les textes d'Une sa4~on et des J[~~tLort6. La confection
de la plaquette d'l/rte. .5<1.i.6o" correspond à la pé:-iode fatidique du
dr<1me avec Verlaine
;
lél malheureuse aventu:--e aurai t
profondément
marqué le jeune poète
il s'en était sorti ':'si affaibli qu'il s'était
cru f;1,qudi t et damné, êt à
la fLn,
dt:lsc,:,;nrlu dans
les profondeu:"s dt::
l'p-nCer.
L'exi~3tencc tragi.que qu'il menait alors n'av<lit de cOr.'lpa-
rahla A s~s yeux que l'expérience douloureu~û du n~gre esclave,
païen, condamné e:: maudit pa:- Die:·u lui ·même.
Au d;ame individuel s'ajoute un au~re. aux dimensions natio-
nales, que le poète rumine en rtssentiment personnel.
1870 avait été
l'année du dOUloureux désast:-e infligé pa:- l'Allemagne à la F~ance,
et le rl~but des grandes expéditions coloniales, exutoire à l'humi·
liatio~ na:ionale (2)
c'est lE commencement du déploiement des
/'p.;jlQ~·(:é-:.l t:JJ""I"1Iv1i-'1uQ.~I' II l'ass:lut de.5 civi.lisations p:"'imitivcs :
''['.12. dI'O.p<WLI.
va au. pao6ag.e Umond.e et 'lOt,'<?- pawi.6
éwul/e te tanbow'. - ,iL", ce"t;.oe.<'> noua at0m.n.tero"o
(1)
- RLmbaud, lln.e Sai.6o" e'l Ûtte,' ,
in Oeuv,'<!.6 par Suz,anne Bernard,
éditLon Garnie~ 1960, p. 217.
(2)
-Har-tine Astier-Loufti,
C,:..tté.,atu,'Q.. e·t cof..ortin.ti--6me. . .C'e.l(.pQJ'l6·t..ort
co tO"'fiLe VU". c/nn.o f.a f.i..ttél"2.w,'<?- "O'l'Wl<i.oque f n:mçai.6e 1tin -1914
Pn:'is, 1971.

392
t.e6 pfU6 CL/n.i..que6 P""6ti.,tuti..on.6.
flou6 rrn66aCS"'-""n.6
te6 r-<2Votte6 tog.i..que6"
(1).
Le ressentiment cont~e la bourgeoisie se double de la haine
vouée au christianisme.
Lautréamont.1le l'r...on.tR.trpo.-ai.n.'· de Rimbaud,
s'est
employé à détrôner Oi8U. Pour se faire,
le météore de Monté-
vidéo a adopté une attitude ironique et violente envers l'univers
et son c:-éateur. Cette révoltè confine au nihi lisme
: détruLre
l'homme et Dieu ~
La révolte de Rimbaud ~e déploie selon un schéma identique.
Si
le p~ête dési~e destltuer Dieu, c'est parce que le cr"6atcur ~
~ris fait et caus8 pour le coloni~lisme blanc qui a d6finitiv~ment
cçmfl~:;Qué 180 lihp.rté. Pour ér:lipser Dieu.
le poète procèrh~ f::n d.;ux
étapes:
la c:--itiqut= et
la rté'Jalurltion pa:- 1 r i;,onie.
Rimh,'l,\\H! ~:;'ên
prend n Dieu en dénonç~nt son silence campl ice et scandal~:j,'( c!t-,:v.:lnt
1<1 .vente des nègr~s, does Stres pourtant c'réé,s 1 ibrt;s"
l i
5 ' i nsur ge
ég::d t:men t con tre l' impun i té
i ncompré hens i b l e rion t
on r. béné-
ficié
les esclavf'igistes
"A vendf-e ce qw~ fJ.?.éJ .,'Àtl-t éJ rl"o"tt pao. vc>J1du. ( •.• }
,!!R.éJ
Voix. ,-eCOrl,~tLtuée~ ( ... J
A
lJ(YlClI<Q
f.(J,<J.
C...olpéJ
,~t:m<, p,·l-'<., '10,00. de ,tou,U!. f"Q.C'.e.,
dJ2. tuut =ndJ2., dJ2. tout "H'-=, dP. touu.. de6='Idnn.ê""
( ... ) (2).
La c~iti.que et l'ironie serviront encor8 à Rimbaud à mettre en êu~l~
ia place de Dieu dans
l'univers. M~~e si
le poête admet
l'exis-
(1)
-
Ce.6 JU.wni.na.ti..on.6, .'!Jém::>c. ati..e, éd. Garnier, p. 307.
(2)
Ce.6 Je~ti..on.6,
Solde, éd. Garnier, p. 293.
,

"
~..
393
tence de ce Dieu,
il lui refuse de jouer ~n rôle de premier plan
dans ce monde caractérisé par l'imperfection, la méchanceté et la
laideur. Le poète se gausse de lui et le remplace plutôt par une
de ses valeurs:
la liberté. Elle est fondamentale et revient "de
droit à tout homme. Dieu, c'est cette liberté physique et sociale
dont tout le monde doit jouir. Or un esclave opprimé et un homme
libre ne peuvent tenir le m~me langage sur· Dieu. La lib~rté para!t
plus importante que le discours sur Dieu ou le bapt~me.
Le héros rimbalJ"len est hanté par une certaine .tenta::i.on luci-
férienne de l'orguéil qui le conduit à dénoncer les faux nègres, dèS
nègres lnauthentiquès.
L'üssi.mllati.on ro;r.(J!~. con!;équence directe de l' inv~15Lon
blanche, le nègre rinlhald'enla connaît ~t L'assume de cette façon
il" s'y soumet tout en céLt.;ill'ant ~a beauté et ta bonté du moncle :
"IJ:~ ='10'1 1 .n lnut (le (>oum",tu<? au bap tëm;, ,
~ 'habi..tf...e.,·, ts-a.va(·~tf...e.r· ( ••• ' Ca ,aiAon. e6t n.ée, fA
rro"ck e.(>t ho'1 ( •.. l
'Je. bé'1uai.. W vi..<> ( •.• 1
J,iJ,u fao'--t rra fo.ce, "t je eouQ. 1Ji..cu" (1) •.
Le héros rimbaldien se veut révolté, insoumis au monde 3ssi.mL~
lationniste du Blanc".
Il St réclame d'un "ru{fl'O(.u· "lOu·l ' ~t d'un canni.-
balisme tenace.
Rimbaud prend violemment à partie les misssionnaires euro-
péens et stigmatise leur connivence volontaire avec le colonialisme.
En définitive,
le" ~ègre. esclave et colonisé..-l:ssaie de s'Rffranchir
de l'oppression blanche par la force. Il cherche à se "gouverner
(1)
- Il,,-,,- _~i.,(>o'1,
Mauvais Sang, éd. Garnier, p. 218.

.,
394
lui-même.
Inst:"'ument de production, objet,
il devient sujet.
Rimbaud prêche donc un nouvel évangi le. "Poi.n.t de CanU.qu,,-o"
annonce
l t"Ad.i.R.u." d'U'1.Q. ,Xz.lA,O'l.
Rimbaud se met à la place du Christ,
mais pour ridiculiser l'aventure de la croix. C'est un anarchisme
poussé à son point extrêmè.
lin" .'h<..oon et les JUwni.natCono fournissent donc· à Rimbaud
prétexte à l'expr~ssion de la révolte ~t l'occasion de renier son
identité comme p~oduit dû la civilisation occidentale.
P,.,,~t'·e6., p''Ole.~'')-:')c:!u.,·~, 'raL.u'f?~, vouo V(}U~ U"l>fff-lP.-2. en ""I>?
Li»I'f'J.nL à
fa
iu~/~iI"R... ·1e n 'a,_ .~i..ù cité cleo lJ..!. oe.Ll{.ley,-CL.
je "'rLi~ .in/mi......, (~':é rJu·éti.-en ; .il.?. ouL...i de. ~a ,ar...c. qu;_
~J1f.u1 tfL;~t l1rUh"l. !.I"'.. ·.'l'41Pf.u:'Q. ; J,!. nQ. c..l)lrp....!.nd.o F-Y2~ r:eo
PDU~ : ,p."!. n 'rLi_ IYl~ re n(."l.~ I1YH-n.t, j..e 6U.i...6, une nnhw :
L'VU <.'J,
vou,.'),
t:.J "( ,"r.1P"::;; ••• l' (1.). .
I.e poète maudit p;oclamc rlpp3;tenir désormais à la race mau-
'dite, celle qui gémit dans la misère: ".Je. m'e.6t bi..erl év.i..dent fiue
j. 'a;~ tou.iou..·~ été de ."l'1.C..Q. iftté,·iP.-UI'C!....
?e ~u~ de J'(l.ce t..n{é,'i...eu,oe.
de tout.e étp~''f1.;_.té'· (2). Pour parfaire sa mutation, sa métamorphose,
il décide de quitte; l'Su~ope :
",'J<>. qui..tœ t '&...opc ( ... J Ce peu'~ rrnti.n. c"t c/Q qui..tœ,·
ce contÎJlcnt uù Pn (otée ,&IR.. (.1OU'· pùu,'Voi_,· d 'otarfl~
ce~ mL.~é,ahf.c~.
~ 'lV1.u'C. au viaL. ,"O!__ ~ ck~ QJ1.fanl~
de o,am...
.-k.. ''I,"!.vee.nd.J'aL. avec cko ~,oe.o de {e,·, .'-a
(11
- 1.Irte. Sai..oon Q.n &'{"",
Mauvais Sang, éd.
Garnie:-,
p.
217.
(2)
- Idem,
ibidem, p.
215.

395
pc...au 6oml:Jl"'e,
l ~oei-e. (U6-i..ewc. : OUr rn:>r1. m:z..oque, Ort me
Juge.ra d'u"", ''Gee f OI,u,."
(1).
Comme Baudelaire, comme Nerval, mais à des degrés divers,
.Rimbaud prétend que les races primitives ont conservé cette pureté
que les vieilles nations policées ont perdue.
Les imprécations de Rimbaud se fondent en fait sur le~ théo·
ries mystagogiques. et mythiques qu'on retrouve dans le martinisme,
et qu'ont tenté d'expliquer, entre autres, les recherches ésotéri-
ques de Fabre d'Olivet et les spéculations oniriques de Nerval. Se-
lon de vieilles traditions conservées dans les ouvrages ap?cryphes,
l'humanité pré~adamique était noire. Les Noirs auraient longt~mps
dominé
les autres races avnnt d'~~re battus au cours de" comhats
titanesques,
et finalement refoulés ~ans les régions-inhospitalières
du glohe.
La fierté de Hirnbaud s~ fonde su:" l'espoir de revoi:" la
nouvelle :"'ace ?t laquelle
il prétend déso:"mais appartenir,
reprén-
dre h.ientôt
les prArop,ativp.s qui étnient
les si.ennes.
1e ,'(!.v;...enr.UGL. l''2.VQ.C dP..ô TrPp/H'C6 dtl. (p.", fa (:JC'.L1LI.. ôorrfJl'Q.,
f~ 'OP--4~e. lu,';....eu,"C. : 6L.c.,' non. na.ûque OP'l. rrn juq.e.,a d 'Wl.O- 'Gee
(o,'U:>.•
J'aUOfiL. de_ t'o.,
(2).
Le sang qui r::oulf::: dans
Les veines du poète est impur, du
le baptême n'A pas pu le Laver de son pagani~;mé
il demeu:"e patén et refUSé d'3voir jamais été chrétien:
l'ChL., .Î-'a;..
e<:'...6 '/clli"C. {e,-mé·j cl vot.j'(l_ f.umi-Q,'Q.."
(3).
(1)
- u"",Sai.ôo"-,,.nCnf""',
r~auvais Sang, éd. Garnier, p. 21"
(2)
- Idem,
p.
215.
(3)
- Ibidem,
p.
217.

'.
----.,~ .. :::~-,-.:-.:..._.;~_ .
. :'
/
.....
'
396
Le Christ, pierre angulaire de la civilisation judéo-chré-
tienne et de l'esthétique gréco-latine est satiriquement interprété
comme, un beau -père à qui· remontent la souffrance et la stupld i té
occidentales : ,'11/0,.,6 L0.t, , Prw:11wrrme. l?6t 'lé avec te Œ..-iAt.".
En bon païen, le poète de Charleville condamne tout atten-
drissement sur le cruxifté.
L'idée de la damnation domine U~ sa~on, et celui qut la su-
bit n'est autre que le poète lui-même. Rimbaud,
le "maud~t~ assume
entièrement cette malédiction èongénitale. ''llbw:f.i-t'· est un adjectif
qui a été appliqué à une suite de poètes français, de Ne~val à Daude-
taire, Lautréamont et Jarry jusqu'au.DadaIstes.
Le poème dt-~viE=nt un c(")rT)pte·rendu du séjour infernal du réprou-

"
t'UJ.joun:1.. 'flUt..)
y!. CI'OW avoi..J' {LnL f..a l"'Q.fatwYL de f1D'l. ,?n-
{,,-,J' (1)
expérience consécutive auX" ~'pkché6 capLtaU'c." et QUi... "vL-
cP.o." qu'il
aurait commis.
A travers
les lignes d'U'le. .5ai...o.O'l.,
on
retrouve les traces de la doctrine du péché originel et de la chute,
LI innocence et la jeunesse de Rimbaud aur.::lient été t:-ès vite tra·
quées par l' idé~~
du mal
:
''n je.u~-.jR. pa6 un.e 1'oi....6. u"u?. jRwll2.o.<,).e aUrob~Q., hé,'OU}uQ,
~·abu.teuo.e, à. <2CS"u'C. ~r' cleo. {CUti...tte.o. d '0" ...
.'k ru" u'oqué COrtu<?- te nnt" (2).
Dès lors écrire devient prise de conscience et l'acte poéti-
que une reconnaissance par le créateur de sa propre iniquité;
l'es-
(1) - l~e sa~O'l, Matin, éd, Garnier, p. 239.
(2)
-Idem.

397
prit du poète habite désormais le monde hanté par les monstres.;
"6aCI-i.f.èt]eo.'f,
"dégoû.t6'f, "ab.'U..t.';...6.0emen.t" sont des termes qu i re ...
viennent très souvent dans le texte r'imbal~en1 de même que l'hùJJ2ux..'.',
"ooui..tl'..ure'·, "c:..ruau·té" etc.
Ecrire un poème, c'est faire partager les expériences de ces
attaques fébriles au cours desquelles,
l'esprit semble possédé du
"démon", par des "oo,'CLè.-'Q.6," ou des "(antômeo.".
1/ne SaWO'1. est un cri de gpmlssement de réprouvé.
Le poeme )1cû..J2.ult':.:
qui semble clore
les rlifférentes pér ip'éties nu séjour Lnferna 1. fal t
croire à
la descri.ption de
la nuit terrifiante au cours d~ L;lquelle
s'est déroulé
l~ comhat spiritueL contrt~ les forces du mal.. Au-delà
de l'Enfer, s'ouvre une nouvl:':l!.~ èie où l'homme pourra ent:--er dans
l a terre prom ise. "Ct à t 'flU''OIQ. (. _ , J rwUO Q.rlt-loel'OrtO QU.l(', 6ptvJlLiU1c-o
vU.Y.eo"
(1).
Bien qu' i l se gausse rle l'<lmour divin, "PfU6 bt.Z.6oLn d'curou.,· dL-
VVl
et de. ôaiJ1.te.tér', des saints et des anachorètes l'COf'fTTP.. Le.. "'P..rt
"(aut peU6/',
Ri.mbaud acceptera au bout du compte la p()ssibili.~é de
la rédemption. Dans "jR. ,oui..o éU-Q couvé",
le salut est la :",aison lo-
g i q ue de
~ a sou ffrance, ca..- l' "r.'l{o..- 'l~ p!!.U"t attaque,- fR-o PQ.lPJ1"'l" (2).
L'idée qu'il
entretient d'être un nègre. un pat~n. explique nombre
de ses allusions dont l'obscur-i::.é n'est qu'~pparente. Le"s p..... êjugés
qui
lient nans l'imagerie collective les nègres au paganisme,
au pé-
ché, au mal, à
la damnation, à la pauvreté et au dénuement sont re-
(1)
- 7J"". 5aU.Ort.
Ad i eu. éd. Garn i 2r.
p.
24l.
(2)
- l1ne xwon., Nuit de l'Enfer, éd. Garnier, p. 239.

...--.-_.•.•.. ~_ .. --'....,-.---_ .....
. ,,~,
~
.. -
~ , .
398
pris et assumés par le poète révolté. Le salut, à la fin, -lui est
garanti parce qu'il aura souffert
-.'
C'étai-t b'-<m t'enfer, t'anc'-<m, =lui- dont te fU-<.
dJz t 'horrm>- ouVr'-t teo port.eo ( .•. J Omnd Lrcmo-nou.o,
p::ll'-<k!-à. teo grQueo eA: teo nnnCo, oaluer ta '1ll<-Ooan.c.e.
du ~t nou.veau, te chant dJzo cLewc., ta
rrnrche dJzo ..eupPAO ! (1).
C'est en vain que l'homme blanc détruit le paradis païen en
apportant son baptême auquel nul ne peut échapper. Le nègre"est 010rs
~evenu.esclave de son baptême .
. Plus la malédi.cti.on qui fr3.ppe la l'n:z.ce Ln.!Q.rw..u,.-e."
est pe-
sante, plus elle donne droit au salut
".~ ùu_;~·~\\ 1_J.l1.C~ f>ête, t.4.t"l rt.o.~X?. !7h:Â ,i.e puJ..6 P.-tl'(:J, ·,,,)f"lU.vé.
Vou6 fO.t-..e.6 de- {aux. t"lèg-le.6,
VOU6
rrnrti...a.quq,o,
ré,.'O('".$!.o,
Œ.JI'2.Q..6.
Trk.uJlQnd tu.. P..6 fl~'Q.,
m:z.tywü-at t..u. e.o. t"lç.•.gl(~ ,..
gQnQI'l"2.e.,
U.J. 0.6 nç!~"j.-!'(!.,
(:.>J,pe.'V..ur',
VLe.1.-f.P..e dénrzn~tA.ort.,
.tu C'~ "è.g.'<:?"
f, •• 1 "fflatA jet. pui....6 ilt.-Q âlll.lvé'
( .... 1.
La liturgie pascale chante bien la l'fee.ix. cuf..,pa""
l'heureuse
faute qui nous a valu un tel Sauveur. "f//at--tRrui6 20zu all'ec You5"'f71'l1"!--
d<-Oe.
'le 6U<-o dJz ""CR- inté,·i..eu.-edJz taute éD:unLté" (3) 1 rH t Ri",baud.
L'orguei.l de l'Occi.dent est d'avoir introduit dans les civili p
sations humaines. sur tes plans politique, mo~al ou religieux la
(1)
- Une Sa<-oo~,
Matin, éd; Garnier, p. 239.
(2)
- Idem, p. 217.
(3)
- Uhe saLoon, Mauvais Sang, éd. Garnier, p. 215.

" -~ -'.--- -t: '"." .
:'!
'.,
399
notion <.;' d. 'amour. Le Dieu chrétien se définit lui-même comme étant
Amour. Or la révolte rimbal~enne tient à démontrer que l'amour est
la plus grande supercherie dans (e- monde d'illusions. A l'issue de
son combat spirituel, Rimbaud accepte définitivement l'immanence de (J/IR.
.. illusion.
'7JP-è., rroi. qui... fTJ2. âUi.A df_t rrnge. ou ange, d~oé
de -toute rr~n-ate, j.R. ~uiA rendu au rrat, avec un
ck?voLr à cheJd1eJ', et f..a. J.e.al!..i...té lugueuoe à
'éts'ei.ncU'e ! r•.• 1 SuiA-j.R. ts-orrpé :' l'a cha.ri..té
oe.-ai.t-ette ~o"-U.· de f..a nvr-t. pour m:>i. 7" (1).
Toute attaque est alors permise contre les ''{auJ<:. éeu'.1", par-
ce que i'e péché,
la tr"omperie et toute autre forme de mal fait à au-
trui appelle compa~lon et sympathie.
Le cri de Rimbaud placé dans la bouche de la ''Vi..e.-ge. lotte"
",?e oo,L6- f..rrpu.1'Q.1' (2) est l'nffirmation d'une quête de pureté essen-
tielle, ce à quoi Claudel r"econnaissait le christianisme profond de
Rimbaud.
Les termes ,'i..nnocenCR.' , et , 'pul 'e. té' , reviennent dans le texte
e
suivant une distribution contrapunctique qui cont~balance les mots
"rra'.",
"ooui...f..~U'-'e." et ,'è.e.eu.'.1 Lon.' '.
Le rôle cathartique du malheur est directement mis en valeur.
La souffrance est un nouveau baptême purificateur de l'âme. L'atten·
te de la souffrance est déjà une disposi tion au salut: ".J'ai. appef.é
(1)
Une saiAon,
Adieux,
in ÜQuVI'Q.~, par P. Berrichon, pp. 307 - B.
(2) - ~ .sai..60n, Délires l, Vierge folle, éd. Garnier, p. 223.

400
masochisme, Rimbaud s'inflige des blessures dans le corps.
'~je me
("-ra'- de6 =taUte.6 par .1:0,,<: t<.. CD J'P6 " (1).
La souffrance est avivée par le sentiment d'être abandonné
non seulement des femmes, mais encore par. tes amis et la famille
"( ..• ' 1'.'o<-g.i.e ,,{: la can-cuudR.ri.e de6 !,,,""",,6 m'éta,-=.t i..n~:erd.;_t.,l.6.
Pcu. rr&ne un CDrrpagrton."
(2).
L'enfant bohème clamant sa fierté de
n'avoir ni pays, ni amis, réalise que la vie n'est que pure folie.
En réalité,
il est hanté par la solitude et l'absence.
Le ".t.ou.jou.r·o.
6p.ut " est souvent un murmure. Un dériv:ltif à C~ senti.ment no~tal-
gique est l~ voyage.
I.e
terme d~ cc voyage se situe aux coins les plus reculés d8
la terre.
"QUI(.
c.on{ln6 c!J..A. rrvndR.,
t"1a.n.6 ~a Je,·,'Q.. Sa;..nu~,
tout à -t 'op-
po.6.é d,~ "-'Cn.{er". Le Lieu de :-epos auquel le poète aspire c'est
"te rof./awrt?. de~ en.fanto. c1R.. Œt.mn"J l'Afrique. Ce voyage, écrit Etiem-
ble,
"r>.6t comrondé LnngLni2t.weme.nt. pa•• te. mot. n.èq.","
(3).
L'identification au nègre est donc aussi un 'Ioyage psycholo-
gique et mystique qui conduit
Le nouveau postulRnt aux portes de
l'Enfer,
où vit la ~ace inférieure des réprouvés~ Lê mouvement du
départ commande égalemen~ celui du retour 'avec d~~ m~mbre6 dO, fer,
fn PQflU. 60.mre.'·.
Rimbaud est en effet "C".fJ,i... qui... ·,ouf/<'" ,,-t. 6'''-6<:
,.-Quotté", comme dit de lui Claudel.
(1)
- 7.1= Sai...oon.,
Délires l, Vierge folle, éd. Garnier, p.
224.
(2)
- tl"". _~'-.6on., Mauvais Sang, éd. Garnier, p. 215.
(3)
- R. Etiemble et Y. Gauclère, ~Unbaud, Gallimard 1950. Cf. Ngal,
..1;..méCé,:>t::L.,-,~"
1/n.}1onrr.z à. la <",cf,<'.r-ch", d'u"". pau·CR.,
NEA 1975,
p.
188.

401
a) - L'autonomie du ie
Substitution et identification
Dans Une sau.o~ et les Jt~t~~d, la voix qui s'exprime
parle d'abo:-d d'elle-même et pour el.le-même.
L'émetteur se trouve
di rec temen t
impliqué dans
la phrase qu' il
"nonce.
I1hucau. ~g es t
écrit à la p:-emière pe:-sonne : c'est ce que l'on pourrait appeler
l'autonomie.du sujet. Il y a substitution lorsque ce sujet est rem-
placé par un autre paradigme qui est son équivalènt. Dans les énon-
ClOs qui suivent : ",.'je qu.i...Ue t' D.":me••• !je ''eVU,JldHZl. "",,-c <kd
moJrf>''eii <k te,. ...
Ch '1'" par't paii", l'indéfini Ch est substitu" à
Je d~ns la derniè:-e p:-oposition. Mais le sujet ne change pas. La
substitution, ou en terme plus propre.
le paradigme, est un trait
grammatical, qui,
en cert~ines ci;constanc~s conventionnelles, rem-
place l'une des classes des formes linguistiques. Aussi
Le substitut
/}e peut~i.l :",emplacer toutt exp:",,€ssion
suhstélntlV€::tu
singulier- pour-
vu que cette expression suhstantivè désigne l~ locut~ur de l'énoncé
dans lequel est utilisée
la
substitution.
Le " 0_"
~
dans
un énoncé
implique un tout, et iL y a toujours
la désignation de
l'ensemble dans la signification du mot.
Les segmen ts de rrt:1Uvat'-6. ....<:a.ng. ct lIne. .S'ai_ôo'1. se dép l oien t en
g.~nnde partie comme un discours contre l'exploitation, dans la me-
sure où "~I', à chaque fois, se substi.tue au nègr-e, symbole pa:-fait
de
~ 'aliéné. de l'esclave et du colonisé. Rimh:'lud uti.l ise ainsi. les
pa~adigmes "Je" et "f7k)i.." pour désigner le monde des exploités ;::lU-
quel
i l s 1 i.denti fie désormais:
"Si.- j. 'nvaw ciR.ô an.técéden.t6 à Wl.
paLot querconque <k t 'hu.tou'e <k :Jran.= '

402
7Ikzi..<> no'1., ,.<.en. '"
(1).
La lecture d'~ 3ai..<>O'1. et des Jte~t~~ donne l'impres-
sion que Rimbaud cherche à fustiger le fait colonial. Le langage
métaphorique qu'il adopte tend à mettre l'accent sur les nombreux
problèmes propres à une société colonisée) sur l'abêtissement et
la dé-civilisation, l'involution et la régression.
Ce nouveau nègre procède à une critique systématique de tous
les actes qui avilissent l'homme, en mettant en cause l'Occident.
"!Je rte ""- vot.6 j.Qnn~ df2n.o!I f2-6 CO'1.~"t.t6 du. !J'lI·t.6t, '1.t. da'1.6 e"6 CO'1.-
6"U.6 de.6 6"l.gn.eur~ rç-p1"26"",,-tanG:':. du. Chri..<>t"
(2). La colonis'ltion
est une mystification,
la civilisation
une série de g~ands mots.
L'authenticité du nègre doit se manifester dans l'apologie du paga·
nisme. ce à Quoi on réduit généralement l 'homme primitif:
",Cr?
~l)nfJ P2t".Q.'"l. ''Q.VI'JJ.rtt'' (3).
[,a p~rticularité grammaticale de la substitution est l~ fait
de traits sélectifs·
le substitut ne 'remplaçant que
les fo;mes
d'une certaine classe qu'on désigne comme domaine du substitut.
Vans
l'ensemble, les
types de substitutions se composent de t:-aits élé-
mentair~s qui spécifient la situation dans laquelle l'énoncé a été
émis.
Le substitut de
la premiè~e pe;sonn~ je remplace toute men-
tion du
locuteur, ~t le substitut de la seconde personne "tu", ;:lU
singulie~, et t'voua", au pluriel, celle du destinataire. Par rapport
-----------------------------------
(1)
1""'- Sa.i..~O'l.J Mauvais Sang, éd. Garn ier t p. 213.
(2 )
Ilrw. SalAo'l.,
Mauvais Sang, éd.
Garnier,
p.
214.
( 3)
- 1.""" S2i..60'lJ Mauvais Sang, éd. Garnier, p. 215.

403
à "je"
les substituts de l'tu"
sont en situation oppositionnelle.
S'il y a opposition des substituts du "je"
au "tu", c'est que les
deux types d'actants ne tiennent pas le même discours. Chaque fois
que les substituts de la deuxième personne sont mis en cause, ils
connotent la régression des autochtones des territoires coloniaux,
l'humiliation,
l'involution,
t'8xploitation,
les abus,
la désagré-
gation économique et culturelle.
l'VOU6 ê.te6 de. (au'C r-tèq.re6,
Vot.l6,
nnni...aclue.6
( •••
rrng,i_6 u-at,
tu C.6 nègre, tu ao bu d'u"1e ti.-qUeu.T·
"On Ü=év., cW. en {ab.,v,.ue ck Satan!' (1).
L'implication du _ge suppose en revanch8 une remise en cause
de la situati.on géné:",;lLè.
lê refus de l'aliénation et la projl~cti.0n
sur un avenir,meilleur.
Le prohl0me e9~ alors c~lui des rapports
Inattres-es(:lav~s rlans un syst~ml~ rl'~chang~ inégaL
celui qui::}. 1.'3.
puissrtnce uti~ise 1.<,:5 mOytm5 de la tr'icherie.
La subscitution oppositionnè~le éveillè donc la consci~ncè
des OPPr'imés. Rimbaud u~ilise un langage mordant pour' dénonce~ les
excès de l'homme bl~nc.
"Cc. po-U+J,f_t..!- c.'~ t t...n~u--é OQ.'. fa .,. i....èv.-e. et f.e. ('...anc-c-,,- •
. 7"l.1 iA "fTIe6 ~~t viJ~~f.f.Q..IU6
60"l.t teftement "'~0.p.e.c.t·abl'.c.~
'lU' '-'.6 ewrrnnd"nt h lU:.,,,,, houUJw"
(2).
Le suhstitut d~ :",éférence, le déLtique C4~, a évi.c1~mment i.r:i
une valeur' péjoratLve.
(1)
Une. ,<;-';"60'1,
Mauvais Sang, éd. Garnier, p.
216.
(2)
lhe sa~60n, Mauvais Sang, éd. Garni~r. p. 216.

--- .
..
--:'~'-
4Q4
Du point de vue psycho-linguistique, on sait que l'insulte
porte davantage lorsqu'elle est proférée par un étranger dans la
langue de celui qu'on veut outrager. L'insulte est une manifes~
tation de l'opposition et la force de l'opposition est due à l'idéo-
logie sous-jacente. en l'occurence le refus de l'exploitation.
On revient p~ ce détour au problème du langage. La nature
essentielle de la terminologie anti-coloniallste semble être son
caractère manichéiste qui tient d'ailleurs à la prise de conscien-
ce ·du locuteur, de son état de colonisé.
La nouvelle identit~ de Rimbaud nous LnterroRe su~ la quali-
té <'le celui Qui dit 'Je. Le terme anti~cotoni"liste ne pèUt rionc pas
se définir ici simptem~nt comme une opposition;
it détermine éga-
lem~nt une attitude
tingulstique.
l' 'Je n.'en. (iJtt._H'LL..6 pa.6. du- TTR. ''I2.vou· danô {e paô6é,
écrit Rimbaud. maLo toujouro oç~t ; ~ano (amLtte ;
rn2= quete..z. tan.gu.e pare.aLo-je. :". (l).
Le critique doit s'interroger sur te
fondement et la :"alson
d'être d'un tel langage Qui recuse ses prop;es origines.
f'.'je rte cofTOJQJ1do pa.ô e.t t"t,Cl. ;\\achn.n.t m 1Q..l(p.I'.Lquer
6an6 çn.lo(e6 paÜ2.n.n~Q.61 }..J2. voucU-.o.L.t::i m2 taL.'C.1' (2).
Le silence semble donc être la Logique de \\.elul qui rejettte
un système oppresseur dont il se sent pourtant tenu d'utiliser la
langue.
(1)
- 11n" .""Loon, Mauvais Sang, éd. Garnier, p. 214.
(2)
- ~ saLoon, Mauvais Sang, éd. Garnier, p. 214.

405
"!J'a'_ dJz. =6 anc.ê.~ gautoiA t'oeU bt.w. bWnc
ta
c=rveUe éu'Oi-te et.. ta rrnfndreMe ciart6 ta
lut. te. •. ma.iA ' qu l. a {ai- t rrn f.an.gu.e pert i..cJR.
tetlRrœn.t qu'eUe ai-t. cpi..dé et OOUv<!.gan:1é
juoqu ' l.c.l. rrn pa.re66e '"
(1).
On aboutit pour ainsi dire à une aQsence d'écriture. à une
impossibilité de communication.
Les f'pcu'Oteo P'2L.en.'lQ.O!' sont profé-
rées avec la violènce des images; elles s'exp~iment parfois par
la ruPtu~e des liens synt~xiques, en simples notations, ~n asse·
ciations improptues, bref par une écritu~e en apparence anarchique
''0 pa(meo. di.arrant, Amu", {oree !
Pluo haut que. tou!P-O jo,y-o e.t q.f.ou",-o .' J,e toute
façon, partou.t, d6.rron.., di...Q.U, jJ?u'1.Q06e de CR..t
ê.t''C'.-ci._ : rooi-"
(?).
La revendicatior, des val~urs humaines et cuLtureLles p~op~~s
aux n~gres ne peut ~e proctom~r qu';lvec un Langage mordant. Rtlnbaud
adopte une
terminologie dt:
La
rêvoLtt: puisque
le poète ,'nètp-e' ,
n'est pas en mesure de combatt~e les colonisatèurs à a~mes égales.
L'anticolonialisme de Rimbaud peut se définir somme une attitude
née d'une idéologie de la liberté et de la révolte. Le langage de
cette grande exigencf:: aura donc des car-actères pa:-ticuliers.
La poésie met alors à cont~ibution des procédés q.ui accusent,
dénoncent. démontrent et :-evendi.quent en puisant dans des ar"se!laux
(l) - ~e SaL6o~, Mauvais Sang. éd. Garnier. p. 213.
(2)
JU.umiJlL1.ti.o ....o. Angoisse, éd. Ga:-nie:-, p. 289.

406
linguistiques permettant d'attaquer le système d'exploLtation ~t
d'oppression~ L'illisibilité des textes rimbaldiens tient souv'ent
au fait que les concepts échappent à leur champ sémantique propre
pour acquérir des valences
indéterminées. Il en est ainsi des
titres comme Jt~ënatLonQ.
Parade, Barbare, où des mots à clé
comme aQ6aQ6Un~1
se teignent de connotations particulières
selon la piste de lectu~e Qu'on séLectionne. Mais il est parfai-
tement aisé de retrouver dans Une s,i..aon et les JUwni..nntLona la
ligne motiviQue Qui relie les différents versants thématiques de
la ~évolte et de la ~evendication culturelle des peuples coloniaux.
Rimbaud s'est enfermé dans la position singuliè~~ d'un écri~
vain Qui p~étend utilisè~ une langue Qui n'tst pas la sienne ; at~
titude qui autorise (l~s ~carts.
Or la fonction d'~xpreHRion et de communication qu'assum8
le langt1:ge :-imbalrEen le marie naturellement avec la littérat1lre,
d~ns la mesure où la poésie, mode d'expression le plus achevé,
porte la marque de toutes
les préoccupations esthétiques.
On n'a pas suffLsamment LnsLsté. à notre avis, sur la spéci-
ficité des p~oblèmes ne l'éc~Lture rimbaldienne en rapport avec un
Langage qui récuse ses fonnem~nts cul~urels et linguistiques. Rim-
bau~qui s'est voulu mentalement colonis6,utilise contre le colo-
nisateur la langue et souvent les corlcepts des nouveaux mattres.
Quelle est la force du langage anticolonialiste d'un Rim~
baud descendant de "Çautoi..a à t'oeiL bl.e.u bCane"
Qui renie sa
franc i té pour une nouve II e "nég.rL.tude.r' ?

'~;'.'
'. ': ".1"'
407
b) - Primitivisme et Langage
:~7.:
,.
En désarticulant la langue française. Rimbaud semble ne vou-
loir l 'uti liser que comme un support nécessaire et "i..'n-médi...at"
sa langue maternelle étant c~t idiome païen auquel il se plalt à
faire allusion.
L'usage du français serait pou~ lui
la conséquence d'une
contingence historique;
véhicule utilitaire,
la langue fonction-
nerait comme un médium qui favorise simplement la communication.
gxempLe de ce type de démarche.
la fin de VLt'~ : phr~se cxcèssi~
vement complexe. gangue
verbal~, rlésa:-ticulée èt désyntaxée
~t
t
qui signifip. plus pa:- sa
forme que par son s'~ns rp'f;t(~ illusoire
",L.6.6.1.., C()f1J'l'X!. de rrr:z. (pjl,.i?.. u'Q., Jp, VO(Â LW.Ô. o.pccu"!....,
rtOU.V<?ntLlI(. youf..ant à
t'-a.VQ..r·~ f.. 'épaw~Q. <,;>~t éter'1'lc!'tt...!
(wnéQ. ck ,ftcu·bon - noÜ'e orrJ"",- ck bow, 'uol:.,Q. '1U;~t
d'été - ck" c,.i..nru.J"" nouV'Q.Ue.", ckvan.t m:>'l c.ot.~~
'lui.. e."t rra patri..e. Q.t t.out m:m CO"..I."· pu.wque. tout
ce.ci... ,Q.""enbf.R. à ce.c.i.. - en mo,·t. 6an" pteu,·", notre
acti.J...,q. { Ltte et 6er\\..'l'2nte,
et un QfTDtu' dé<'.le<.".lpéré, et
un jof.i_ cs·i..m2. pi..nuJant. dan." fa boue. ck ln
,ue"
(1).
D'autre part, main::s passages d'llne Sa.i..Mn et des .?flu.mi....-
natéon<.".l peuvent ~tre
tus Comme des
f~agmènts de discours au .
sens st:-ict.
Pour définir les ca:-acté:-istLques ou
lt=;s particula-
rités du discours anticolonialiste,
il
faut se rappeler la défi..-
nition du fait colonial.
(1)
- 3ilumi..na tLon",
Ville,
éd. Ga~nier, p. 274.

408
On entend par fait colonial la domination économique, poli~
tique et culturelle d'un pays sur un autre. Un discours anticolo-
nialiste est essentiellem~nt de nature politique. Celui qui pro-
nonce cette forme de discours use et abuse de l'interpellation et
de l'invecti'/e,
technique essentielle dans la dénonciation.
Les
phrases ne respectent pas toujours les règles ordinaires de la
ponctuation. Ce mépris délibéré des conventions, on l'a dit, est
symptômatique du peu de cas qu'on fait de la langue utilisée et
des valeurs véhiculées pa~ elle.
Le discours politiq\\Je che~che à convainc~e, à éduque~ et à
inform•.=::-.
La foncti.on essentiel l·~ du di::,c0urs ne peut être Fissurée
que rlans une situation de communication orale, car il est gén&ra-
lem~nt lln clévell)ppernent or;t1:oi!"'e devant un auditoire. Ainsi s'ex-
pl ique le :-ythme saccadé 1
to:""til16 ....:t entrecoupé de certains seg-
ments d' 71rw. Sawon. {! tries JP)!.umi..nati..on.c..
t t c' C?.a t enco,'Q. ea VLe. .f - SL fn. darmati..on ea t
étefTlcU.p-
1'"
1
horrme. 'lu':" veut <lQ. rrutU.e.r· e.at b;...cn
darrrté.,
n. 'Qat-ce. pa.6 ',' Je ~ crcX..6. en. Cnte,·, cbnc
~ ' y 6ui..a. C'q.at e.. 1Qeécu.tLon. du catéchL..ôrœ. "Je. auw
e.acfave de '1Un. bapt.&rr.?. Pa'''QYI.t4, voua al./C!..Z (ai..t
'1U1'\\ rrae.hQU~· et voua avP...2' (ai...t !-e VÔW"l2.. ,uauvrc
;.nrwc.en.t !
E'o..n.{Q,· nP. p'.!Ut attaque"
tee. pa.lRn.a. -
C'(.J~at ·fa vt..e en.co,'Q. ! !J'ua ta,d tea déf~l..c.!!.e. dv.. r.r.
dnnnaLwn. ·,,,-,,,n.t pf.u<l PI"O{ondl2.a ..• ,. (1).
(1) - Une 3a.:..oon., Nuit de l'Enfer, éd. Garni~r, p. 220.

409
Puisque le discours est ainsi défini par son oralit~'il
s'explique que ce caractère est un de ses aspects essentiels et.
définitifs.
L'oralité exige l'insistance et la répétition pour compenser
les effets de l'inattention et de tout ce qui gêne la communication.
Ce moyen est encore utilisé pour ancrer davantage les parties les
plus importantes du discours dans la mémoire des auditeurs.
Une rep~ise systématique de tou~nures peut facilem~nt donner
l'impression de martèlement, signe de danger. En fonction d~s règles
actuelles de la langue,
le discours :"épété englobe
toutes IdS uni-
té!? de longueur fort va:-iables dont les éléments constituti.fs n~
p~uvent être :"cmplacés ou combinés.
La :-épétition m.::ttan: su; le même plnn le fonctionnement rIes
équivaLents de phrases, de syntagmes Ou de L~xèmès, possèdL": une va-
leur méthodologique, cèLle de mont;er aut;emen~, mais tout auzsi
c La i :"emen t.
La r'epr i se du mot "h.p..g.re"
dans r?hullP'2t..6 Sang,
et dt.: Je
~uL6 dans Gn(ano~ a la vRleu; répétitive du tambourinairè africain
ry thme lanc inant et synsopé, pa~':ois onomatopé i.que qu i assèn€:
les
m~mes motifs jusqu'à l'envoûtement, l'enso:-'cellèment.
Dans la mesu;c s~~icte o~ Rimbaud SA cnnsid~re comme Il~gre.
son style doit r~fléter le fonds culturel dont il se proclame. On
peut considérer que le rythme l'atog.i...que.'' rIe c€;s
constr-uctions
rythmiques veut traduire son "an~e ôauvageF~ qu'on pa,don-
"","
(1).
(1)
- .JU...,mi..naC;.o"""
Mouvem"nt, éd.
Gar-nLer.
p.
305.'

· .
_. ,-,.-.
,..~.
410
Si
la critique peut prétendre, en essayant de relever les
évidences dans une sa~on,
recouvrer les thèmes africains dans
les méandres des fragments linguistiques,
lè primitivisme rimbal.
dien ne se perçoit dans les JtP~tLon6 que sur le plan de la
",hétor·~·..que'· au sens large, L'importance part lcul ière de la répé.
tition dans les Jf.f..u.m.U,a.ti..ortô revêt un caractè:-e r-évélateur.
Il
n'est gu!re de textè qui ne tienne de cette figure de style.
Les exemples sont répérables partout, qu~ ce soit les fi
dédicFltoi:-es dans :hévotLo""l,
tes exclamations nominales dans Ç}én1..e.,
les
formules A vP.ndJ'Q. dans SoeM etc. Cette répétition
l;lncinante
se comprend
lorsqu'on se r~fère aux ~~gles qui r6g1.sscnt la poêsie
t;'3,diti.onnelle africaine
telle Clu'elle app;,\\rait <Ians
la rnusiqut~
l
çon:rarunctiqu~ où l 'effet d'çnvoû'.:t~mp.nt: ,;s": rnû:'"'qué non pas par
!"'h:ux ['ormes sembl.J.hles mais par' deux formes p:,,(:sque semblables.
En· effet,
au centre d'une appo1rente uniformité, on découvr-e, à
l'analyse, une
infinip. variation.
Il y a un jeu savant de battt:-
ment ~n cont:-e-point dans la reprise de mot VL.6Lo'1. dans .7>éoa.r!:,
suivant une équFltion singulier-pluriel et minusculç~majuscule
la déclinaison à trois reprises de
l'adverbe a~6o~ sUlvi d'un parti-
cipe t~n -u ; omb4'C 8s~ :-épété deux fois dans f30ttum,
un(: fois au
plu:'~el. l'aut:-e au s.ingul ier etc.
La dyssymétrie est l'êlément qui crée continuellement
la
nouveauté.
Au Pou,' fléf.è.ne du p:"em it:r' pa:-agraphe de 'Jau'!},
répond
Pou,' e. 'enfan-c.e d 'fléP_èn.e du t:,ois ième paragraphe. Dans noc.t.u,'nQ.. Lue..-
gau--e., le poète fait alt~rn~!'" au début du texte le pluriel: "Un.

411
6ou.({te r••• ) d<.Ape,·6e te6 l'.Uni...te6 006 (O<je..6", avec à la fin,
le
singulier' ; "Un 6DUtff.e d1.Aper6e .te6 f.i.m0te6 du. foyer"~.
La répétition,
lorsqu'elle est savamment agencée, se présen-
te souvent comme une ponctuation du texte; cette ponctuation peut
êt:--e dlagonale ou verticale. D,ans ~6·tLqLLe6 deux ve:-bes s'l:'1ter-
pelient et se ~épondent ; t~'nent au premier parag~apht et b~-
6cn~ au second ; et les deux verbes sont repris comme adjectifs en
une so:-te de symphonie; au t~olsième pa~ag~aphe : ·tou.rum.t et bon-
dWMnt.
Appels et reprises de h dans le I)oême qui
a pour titr,~ juste-
ment J.!
Nortense, hygi.èn8. hyd:"ogènc, llo;tense. Urms Vie~ rI t "fn
c.anpa.tJnP- ai..g6'C (2.1..1. GI'-c!..f~ ~)Ob,'C,1
est, à ég<::dû distanc~~. repiis SOLIS une
fo:-me
lnve:-sée.
en une 50:-':e de ch iasme
: "f~ lau' ·.'lO!n-e:>. clp. ~!-t':c. ai.... -
Les formes de répétitions sont si. nombreuses qu'LI ~st prati-
quement vain de tenter une fnumération si l'on veut conserver â
l'analyse quelque cohé;~~ce. Mais on doit insiste~ sur l'analogie
~
.,
de la ;,y':hmiquè 2fricaine avec la const;lJctlon cont;,:\\punctique :-Lm-
,
"...:
b::üd i enne.
)
i~:
Un des
caractères dominants de la poésLe négro-africaine
est la reprise. Parlant de ce mode d'expression Senghor écrit:
"'['a l'P.prl-o''- ou. .·Q,oé~.:.ti..Dn eô~ te tour te 1'llu.6
CDu,'ClYl.C de f.a poé6i..e. négro -af rL.ca!..ne.. CUe a
vaPp.LLri.ncan.tato'-,,,, : i..njonctwe ( ... ).
&6
Afho -tl.,'Opécn6 pr06c...·;Jfi>.n.t ght"" -af.QffPJ1.t .fa ''''-P'''-

412
·ti..,twn. au nom dR. " t' i.ntérêt. ·cir'G17U.t'-que:' qu'U
..
t'"
/'
("
t f
>--'
M

l QU,
fYJ2J1.tlfjer.; e6
:.e c.oP'l:U'U-U"e en ......-y l'f...que
noi.T<>. k
r'épéti-twn. jucqu 'à L 'obceccwn. 0-&.
te. d.sum>. et te. """,e jucqu'à 00n. exptocwn." (1).
Analysant le rythme et son
impo~tance dans l'art africain,
s'exprimant par la répétition générative, L. V. Thomas et Luneau
en arrivent à la constatation suivante :
"Ce tte PI-0:lomï..n.ance du ~"--4.tJvm. ca.rac.té'·':..LW. {.:Mlle i-tÎ.-VPJT'It?.rt t
un.e ·cLv'-'.Lëut:w'1. olJ'af.,e • •• ptU' oppooi..tWI1. à W1.Q, cÎ.-vj~ti...­
catwl1. écrLte. C,ttQ. 6' Ln.ccs·i,t clartc un. CO'1.t.e:'(.te npJ1.tn.f..
o T'CU 'C. ,
1~.prL.6", et équi...li.l>,'Q. CO'1.6tl'-tuç~nt f..C!.'~ c·ts"Uc"_-
tus·(!.c {Or'lcf.ancntnP...e.6 de.. l'a P(YlCQC. '1.2>.g.re.I'
(?).
La :-,épétitLon/dit: encore Scngh~:"', fait les chos~s p8:"mancm-
tes,
éterneLl~s. ~n recréan: l'harmonie ancienne. Dans l'Ouest arri~
ca~~ par exemple,
les chansons qui ry~hment Les t:-,avaux et les
jou~s se composent toujours de deux parties distinctes:
l'inter-
vention du soliste et celle du choeur qui reprerld la phrase synta-
xiqUE et ~élodiQue du cho;yphée. De là natt la répétition et ce Que
des or'f::illes mal exercées perçoivent comôTlè une cacophonie monotone.
C~ duo ent~e le choryphée dt le choeur n'est pas pour autant rigid~
dans la mesure oQ les ddUX partL~s d~ Ln chanson ne sont ell aucun
(1)
-
L.
S. Senghor'.
In fY/..'OfA cJW2 Pau.f. Cfm.dR.f. d: e)1<'2 ~('.c 11".<j>'O-
-,~·.·Lcn.i.nc.
NEA 1973.
pp.
42
- 43.
(2)
- Thomns et I.uneRu.
Ce~ !<c.fJ.gi-Ort6 d'A{";Jlue nou ...?, p. 27, cité
par' Senghor'.
op.
cit .• pp.
42 - 43.

,
-.'
",
413
Cas isolées ou exécutées indépendamment l'une de l·aut~e. Au con-
traire. elles s'imbriquent intimement. Les deux instances du chant
que constituent le soliste et le choeur s'interpellent et dialo-
guent. La structure binaire du texte repose sur ce jeu continuel-
lement renouvelé qui pa~ticlpe essentiellement du rythme. Les pro-
cédés ~ythmiques sont l'ens~mble des éléments qui dénotent l'inten-
tion avouée Ou inconsciente d!imp~ime~ un mouvement, Une cadence
quûlconque au poème. Les ~ecettes sont nomb~euses et variées : les
assonances, les dist~ibutions équidistantes ne sont que quelques
éléments pa~mi d'aut~es. Le bina~isme se perçoit sous l'aspect pho-
nique,
tonal et grammatical.
Le cas le plus flagrant de binarisme
se ~Emarque dans la disposition et La succession des vers.
L'aut~e
fo~me de bina~isme est retou~ pp':-,iodiqu~~ de la partie fixe du
poême. Celle-ci possêde tes ca~actêristLques d'lin rer~ain 1 Ex~mpl~1
ce poème fon rccuei 11 i par Thomas ~ t Lun~;au et que cite Seneho:"'
In. di_viJti_t6. "l. 'a {Yl.6 ét~ aviJ.i-e.
,llvont rw U'f.!. tlQ.;..êOClt1.CP.. qu<t "1.Of.L6 aJ.fonô a.pr:1"\\_<:1
.ra dL.VLnLté "l. 'a p.26 été avL.f-i..R.
Avant rw t,'Q. rtacooan.ce. que. rwU.6 l2!-IO"l.O Qf:JPI'iA
,Ca vU·LP~i.-tQ. '1. 'a jeurac6 ét6. av1_ti..R.
.fu vCl'i...[i...té '1. 'a p.2â ét6. avctL.c
A.. U,.fllP6 du miA i.4 t. Ç. Yo'};_
là. vU'cti~té n'a pao été avi.-f-i...e
.-:h.J'2."l.t no u'Q. rtal..â'Y1rlCQ qu.e. ~lOt.L6 ~JO"l.6 app.,-·i_6
..ca dL.v Ln..:..té '1. 1a jnnn ;_6 ci t.é avl..fJ.p-. ' (1) ..
(1)
- Thomas et Luneau. Op. cit .• p. 28.

414
La musique africaine, cont~ai~ement à ce que l'on croit, est
le domaine p~ivilégié de la polyphonie et de la polyrythmie. Et
c'est avec ~aison qu'à son retour du Congo et du Tchad, A. Gide a
éc~it que la polyphonie ~st une invention négra-africaine. La par-
tie fixe du chant-poème est constamment doublée d'une autre, celle
de l'improvisation et de la création; eLle se renouvelle dans un
système continu de syncopation. L'entrée dans le jeu de~ tambours
majeu~s et mineurs, leurs appels et leurs réponses sont commandés
par une ordonnance éminemment savante, qui, si on l'ignore,
fait
croire à une cacophonie, qui serait l'exp~esGion éloquente de cette
anarchie caractéristique des sociétés africaines. Or l'organisation
sociale et politique des soci6t~s af~icaines est sOIJmise â un or-
dre rigide qui confine à
l'immohilism(~. Hicn n'cst le fruit du
hasard.
Les; rapports soc iaux que R, h'1bÙttd Antretient avec son publ ic
sont
li~s
aux
figu~ations mythiques que définit Le romantisme
seulement
Le discàurs
traditionnel est ici modifié;
aux my~hes de
Prométhée.
d'Orphée ct de Pan, se substituent c~ux de Satan, de
Caïn et du hé~os fatal:
le poète bohème éclipse le poète p~ophète
et p~end le masque du forçat, comme l'ont fait Les hé~os somb~es
d~s oeuv~es de l'époque, ceiles de Hugo, !Jal zac , Duma~:
Pè~ê et
Eugène Sue.
Etiemble a reCCllsé
les différentes figures mythiques qUI! Les
lectures
p~radigm~tiques à la recherche de ~éseaux isotopes ont don·
né à voir:
le
Lecteur est naturellement porté vers une homogénéi·
sation sémantique ~t esthétique. Ainsi l'opacité légendai~e du texte

415
rimbaldien se dissipe-t-elle à la lumière d'un éclairage nouveau
qui découvre le révolté de Charleville Sous l~s t~aits inattendus
d'un tambourinaire af~icain, bayadè~e, funambule, danseur acrobate,
fou du roi, "rrnt..tre de. ln pcu'O&,t!
bref, un griot dans la pure
tradition af~icaine.
"-fa 'lé=66au'Q. et eaf'.u.ta~ rm''9LnaU.. té d" gri..ot af.·i...cai..n." (1)
avait déjà été pe~çue au début du XIXè siècle pa~ la sa~acité souve-
raine de V. Hugo. Il
existe, révèle V. Hugo à ses contemporains,
dans plus i eurs ccnt rées ct 1 Afr i que des nèg:--es,
r'cloué·~ de. p."?. 'lQ. 6aL.6
quc!"f.. 9-1 '0 ca. i..cf , taP.R.nt c1c? POQ·~w et d 'UrpI'OvL'YLU..D'1. '1ttL. ''C.6.·~c.'ftbfe. à
ea ;'or,J>.. (h P'Q.6 =<>.f.ec 'J'·i.ùte'· (2).
Baudt:laù"'~ avait lui. au~:;si
dt~crit lè griot af:-ir.!lLn t~n St.:
;epo~tant aux ~abl~aux de F~om~l,~in, surtout c~lui qui porte le ti-
tre
: fJaü:d.PLH'-:'I 'I.Ç~.J'(!.() dan.'J. 1'..(.>,\\ t""i):>u6..
Pour Baude lai re,
ces ha te·
leu:"'s sont agités ct'unë "luI'Ç..-U"
Lna,:::n:...ùabtq."
(3)
;
leurs acrobatie~;
relèvent de r'dancQ.o :Jtconnu".o".
Paul Mantz avait déjà parlé r.I~ Cé'S
(1)
- I\\m~la Hil:;'1 L.îObé. j'J1(1J1.1~.'l cL'rorOt.ir,
r-\\:J8·.h0uc.~, AttLuifVt'~~ '-.!.L
?,),"l-.b:?.. (:6.
Editions Akpagnon.
Pa;-is 1383 , p.
9.
Préfar:e d~ 88;--
néJ.:,d ~'lou:"<llis.
c~t:ant Son.y CaMa:-a. (f.!..t1.·') cW. fn. Pa~·ùf'J.!... c.~ùa:~
·~U" fa condi_t.L.otl. ct te J'ôf'.e dp.û gj'Lo~ dar10 fa o'oci...été ~"be.iJ1.­
hé,
Paris,
La IlaYt:,
~'l()nt:-éai 1976.
(2)
.. Cf.
Sup,-a.
p •
.s~
(3)
- Baudelai:e. CUj·i...oôL.té·,) Q,6tJ-1.étLquQ:6.,
!~'A"t ,orrr:z.nti..que e.t au-
t,.-e.o OQ..UV'-'Q.O a·Lt:....qu(?o. Ed. H. Lemai tre, Pa:-- is, Garn i ê:" 1962,
p.
359.

~16
danseurs et de la "fv.ri..e de. 1=.."6 <>aLtatwn6 lV'ldi..ab{<2e6"
(1),
Dans maints passages des Jt~t;-On6 et d'Une satoon, Rim-
baud est un musicien et un tambourinaire acrobate, tel que l'a dé·
crit v. Hugo/et comme l'a ~eprésenté Fromentin. Dans PO#ade le nar-
r-ateur--ac teu:, se mue en spectateur et ape~çoit
/'que.(qtteo jJzuneo •.•
pourvu.o de voix, Qf! n~1.yan.-t6 Q.t de queequeo 'Q.06.0(.u"C.C?6 da.n.g.e,-euoe.o,
aftubté6 d',,,, In'<e dégoû.tant", PaI'GliR. décri t "n fai t une théorie
de danseu:-s ac:-obat"s,
"te. PW6 VLote.nt Pa....utiA de. ta 'Y·i.rrn= Q.TU'(l-
g.ée OWtO "c.orrpara.LOOn. a\\)'('!.c voO ,Jah;~·c. et .e.Q~ aut.reo bouf1ol'1n.Qf·i--e.o
c.c.én.0{uc-ô".
D:-apés /'da.no dec C.o6·UUTr2.6 ;_frPI"Ovi-ô.éo avec. PA goût du m:2U-
t/O..:"6
I.Q.\\..J'Q.,
iJ.~ ,j.Duc.n.t (L:!.o cnrrpfn.i.n-I:R.6., ck:~ uYJ.gt?,d.iJ?,c cœ. rrnFal1.dri..no ri
Le co:-'tèce t::st
formé de "ch'·..{.'fL-j, J.hL~!..nto':'-j,
boh(~·..J,.~no': •.(2).
Cc n'est pas s8uLement chez Di.der-ot qu~ L'cx6cutant de la
pantomimè est un
fou;
II
l'est éealcment dans
les soclétés afri.-
caines.
Le p,:"lot qUl
tour'not~ se croi.t l':.lxe du monde: autour ,duquel
gravi.tent tous l'2s paysag~s. Il est ailleurs êt partout de "tou~ f'.-e..ô
t:X2':-l~ageO po6~i..bf'..(!.O"
,"
il rêve de /'P'lùU.ve.l/R.o f(PJ.lf·O, de. rwuveau.l(. a6-
Ces ha11uc~nattons i~t c::~~s r'v<.~tjagt2.ù" sont en fait provoqués
pa:' la danse
: "C,·i--o,
l./lmboul',
danoe
dan~Q., dnnù(,?, daFl~c!. ! .:'k? Y).C
J
(l)
-
Pau l Mantz : "te. SaJan de. 1859", Chz,,-tt:.<, de.6 8<>JJU'<.-fi.·t6,
2
(1er juin 1859), pp, 271 - 299.
(2)
- Cf.
Infra.
(3) - Une SaL~an, Adi"ux, éd, Garnie:-, p. 240.

417
VOL6 m2Jre pao t'hcw.re où te6 bt.anea dJ2bcuquent"
(1). Ce t te danse
dionysiaque du griot réactive l'énergie cosmique; elle recrée un
monde nouveau ;
"(J.,and ;...'On6-11DU6,
par oow 1'.e6 9'-èue6 "t ""mU, 6a-
wer f..a ~~6arlCQ. du travai....t nouveau,
ta oa.g.e~6e 'l.OUv~er
ta {ui-IR. 006ty"':lt1.6, fa lin cJ.u. 6upU·6ti-ti..onA. adorer-·f.eo
pI'QF7lU""6
! noiif. 6'-"- e.a ter-,,, '" (2).
C'est dans r.'ntmoo d'wl'OÂ6Q. qu'on se :-end vé:"'itablement; compte de
ce tt e "d'
"
~CQ,
d e ce t te "r
. "
urue,
de l'iv~esse du griot créateur.
Le poète-narrateur est di~ectement impliqué dans l'acte
poétique
il
P.'Joquc
,.f7Y.)'l1'
Bien,
"f1'J')P1."
Beau.
Ct'!tte lT'KlUAée. d'w''(.!.~6e,
r::elle
du p!"'emic:"" jou; de
l::-t c;(~atton,
est un nC1UVll'3.U chaos:
"fa 'lot.LV~~~~Q.
saLsan nouvelle qu'p.voQue pat' antithèse et av~c l:""onit: il Wle 6a.won.
Le
tamhC1u:",
le
tam-tam.
comm~ le nomlil~nt le~J Négro~af:"icains, dé~hrincht
t~ffl5. '« ,,' '{",'or" c:'éateur qui met le monde 8n mouvem~nt :
"Un coup ck, ton doi..g.t 6Ur' ~"- !:nrrbo.... , dédvu-ge
tOU<'1
f..Q.~ '.'l.ana c>.t comncrt<'"R. fn l1Duvetf.e ha.''fflOn.L..e,
u~ pa'~ d(J. Wl_, c. 'eat fa. ~e.vér? dJ26 nouveau.\\(. f.torrm!o. e.t
f'J?U/1' en rrnl1rne •
.la Uite. 6~?. détoulJ"l-e : & 'lÂJuVQ.( r;lF'rOU/1' , J'a wu-,'".
o.e ,'Q.tou..on02 :
-
~c nouvc/. amouil"' ,
(l,
Ilnc .~~con, Mauvais Sang, éd. Ga~ni~r. p. 2l5.
(2)
- Un" Sa'Aon,
;~atin. éd. Garnier, p. 239.

418
La danse réconcilie l'homme avec lui-même èt ~'univers ; elle per-
met de recommencer, par l'acte poïétique, l'oeuv~e créatrice de
Dieu. La parole et la danse participent toutes deQx d'une seule
et mêm~ activité en ce sens qu1elles ont de co~mun l'expression de
la for-ce vitale. Jahnei7 Jahn a montr-é dans i/k..ntu. combien l'aspect
religieux et métaphysique de la parole est prédominant lorsqu'on
analyse la philosophie af~lcainc de l'êtrë.
La p~Lmauté de la pa-
!"ole sur toutes c:hoscs est absolue, et même su!" les hommeS.
La Pa-
role sunr~me, d'origine divine, est le Verbe. Comme dans 10 théolo-
gie chrétienne, cctt~ Pa;ol~ ést auprès de Dieu; malS ~n plus,
pour les Négro·AfrLcaLns. élle continue d'appeler toute c~éature
à
l 'exLst~~ncè. Pour les Bantous, notnmmt::nt, '·no"..,-ro"
contLnut: à don-
ne!'" vlc à tous
l~s êtres. l'norrrro l ' e~-;t pBioll.?, èau, feu, sang, Spt""!!"'-
me.
11 est exp~e~sion du tambour p~imorrlial ~ui dalla 18s homme!; de
parolt"~. On camp:-end mieux J. P. Sart:-e quL dans O~-phci.e YlOLJ', 5. p!"'o-
pos de
la poéste noi:-I.:l mod.]:-ne, a pa:"lé du tam-ta"Tl comme gen:-~ poé-
Il
Y a "
quelque parallélisme cl e.tci1ë:'l,.; cI/Z;; ce point de vue,a~HCalame - Griaule,
citée par Senghor:
r'm UŒl.-YnW6LiYl c!.e. ~a pa.,'Or.,~ {xt,- te. rr.Jn6ou4- po6é!..
Urt p,'Obf_ç.~ ! O"lcUurrJltat: : ccf'uL. ,:1s?6 p'lPPD,-/:6 de .la
nU6t..L1Uc.?, é!..t du
fflngacfl,
rTr'J:""6
e.f.f-c 6Lgni_l i..",?. au.:.'l6.1. la
rtéce·.."l6l-/:c;2: plJUJ' ra pru·of.c dt.!. 6e pf_u?,- à ce4·taiJLC-6
J"·èg./~?-6 pou,- de.VQ.Tl;~- un ln6tJturJ:>JLt de. COmnlnL.cati..on
" ,

419
OOCUlte. CJ.L dLt ",y.tJvœ.' , dLt en "'-fiet "OJdre- ",-t teL".
C'eot ocu.teme.nt apI.è<, avou' été en quelque 6Orte.
"t.raduLtR..'· QJ't .,-ythr-rrG que f..a "pI-emLè,'12. p2.J'Of.e" e6t.
œVQ.f1LLe audi.bl'.c pour l'.c comrun œo rrorte.f-o • .l'.e lIQ.,.be.
LnopU'é 0' Mt. ptLé au'<- teiJ.> ,tu l'nn.gage'' (1).
Le poète démiurge, soulevé par le rythme,se retrouve à L'épi-
cent~e du monde qu'il anime de sa vitalité.
~ au ~ rraLt~'e CYl {ard:n...wagol·u!.~
lcout.<'.2
'
,9 'ai.... t.ou..ô PAO taP.'-!11.tA •.•
',/ço...u.I.:..-Or"l (L!.ô cJlantô. nQ~J.I"f~<"lI, dQ~ drln~\\e<":l (le hOUJ"'-'o :1 (2).
Le griot exécute une "dolloe du ffl'26qu.e"
en se composant une
"~"-6orta, W1. nna.quc, u.n po,.t.c-voix", .~e t;S t devenu lit t.é;-a Lemen t
l'Autre, et rien n'est désormais plus à l'état d'inertie, parce que
le martre-masque, comme dans
l~ rituel des danses africaines, a mis
l'unive;s en branle pa~ ses pas de danse. Comme l'a écrit Tempels,
pour le Bantou,
L'~trc. symbolis6 pa~ le masqu~ ~st force (3). Li-
bc~t~ et mOIJVement, ainsi se d6finit !'homme, et
com~e le p~6cise
L. F:,ob6nius,
il
\\~st l'acteur, le jeu ~t l'exp:-flssion de la t:-'3gé-
~ LE qu'" vit (~).
(1)
- GenevLève Calame-G~iaule, Cthno~og.Le ct l'angagc.
Ca. Pasup.c
ch,,,, ~co .'Dogon, Ga il ima,.-d. pp. 102 - 103.
(2)
- 7.he!. S::z.,:...cOI'l.,
Nuit de
l'Snfe:"'. éd. Ga:-niei, p.
221.
(3)
- R.
P.
Tèmp~ls. .In. r:fti./o~ill if3antoue , P:-ésence Africain\\~ 1945,
p.
35.
{ 4)
Lee F :,oh6n i us, J.J.La to-Lre œ
fla. CLv:...ti_<\\at:""':lfl .At 1·I..J..:.LlLnQ.,
NRF 1936 J
p.
146.

420
Malg:-é le désl:- du poète de "tout di..re" nous aboutissons à
un échec du langage. Le g~iot joue de la ,antomime, exécution drama-
tique où les per-sonnages et les histoires sont représentés "en rru..et".
l'ne 6aclum.t.. m'elo((.l.t'..i...quP,6· can6 pcu'Oep-6 pai:enrU2..o, je voudrai.o
Tr12.
tai...re'· (1) ; /'PUiA-jR.. dJ2.Ç.I'u'Q. P.a vW:..o>1.,
'-'a-w' de .:'.'en{er '1.e
<>o...:{(",," pa6 f-"-6 hyrme.<>"
(2)
;
"CJ::Jmmn.t vou<> te déClv'C .' je 'le 6a<-<>
.wJne pfu<> parter" (3) ete.
La non-matt~ise
des
inst~uments de communication amène à la
dé~ais()n, .à la fol Le. La :-é'currence du thème du double - qui. ca:-ac-
t~rise la folie - assu~e par ailleurs l'unité paradig~atique de nku~­
vr:LLA S.nng.,
'flt.ti,t de f. 'Cnfe,.· ~t '3Q.~i...l'Cc.1.
Deux pè:,sonnages 1
deux ...nas-
ques,
le riamné et la "VL.(~.J-gt3. rvf.f.I~I' ti.lposent leu:, p:-ésence dans les
trois
text~s : pe:'sonnages di~tincts et en m~me temps étonnammen:
:"essemhlants, puisqu'ils nSSLHI\\,~nt l'un
comme
l'nut;-e une cont:"'adLc·
t i on in tc:-ne qtl L s' ::lnnu l (:! d' e 11 é rm~j;")ë. Le Je de rtku..t\\./n:...6 Sang es t
partagé ent:-e deux amou:-s,
l'un ,'di_vi..n. ' , l'autre "t.J2.~·I'Q.-ô·ts'Q.". L'LtL-
né:'ant de ?1tl.t de P"'léh(c,',
acculé à la fol ie et à la démence" ':;st
tiraillé ent;-e l'~t:'e et le nénnt. "~Q. -ôuw caché et ,je tP. 6u{..c t:X1.6"
f';_p'" '1. 'r., a p.Q.J"·~onne. ;..ci~ et 1"-[ /1 a quC!L.qu'un".
AVeC 1étu-ec _?,
la démence ::l~..:tèint; son pa:-oxysme p.::t:'C:C que
Les figu:-€s
du doublu se décuplent.
La DantomLi7lt~ c:st a;:-ivé~ à un
point rie non retou:. C~tt0 th65t;-alisation ~st indiquée pn;- ln
(1 )
- Une .S:2.i.6on, MauvaLs Sang, éd. Garniè:', p. 214.
(2 )
71ne? s-z. L.-ôon, Nui '..: de i'Enfe:"'. éd. Ga:nip.r, p. 220.
(3 )
- 1}",," ,)a;...ô,Otl., Déli:-es T. , éd. Ga:-nie:, p. 223.

421
typologie particulière du titre qui ~app~iie une distribution de
rôles scéniques :
~éti..H20
J
lIuu<]Q
JoUe
C·Cpowc. _9n{e.·naL
La fol Le et la vi:-ginité,
l'ange et le démon,habitent 1.: m~me person-
nage. Cette p8~mutation hallucinatoirè conduit au ~edouhlement ou
au dédoublement : vé~itable danse ù~s masques exécutée p~r le mêm~
do,wJ
comédt\\:n.
:~nt dans 2'étu,~~, tTnuvCL-t..6. .WIg. qUè~ nué.t de f. 'Cn.'i,8./"
A la
rois acleu;"
nnr:";'ltell:"
et pantom~m~':, l.:: v:"'3.i. g:--Lo': développ'~ lln~
t:sthétLqlJe du regR;,d èt: dt::
la voLx.
mcnct-'-: \\.lnc nOll'lt::lle
séqll'-~nC(;. l,'échec du If1ngnp,c èS': justement l'")Q;''-
qué par le niscou:"'s d'un fOll t,u:,", la fO~i.l~, au début dé. '.bé.fU-e6
rI
:
l'A nDf_.
C'h:~6to;_'-C d'une!. de m:~ô. foe.;...Q..::/'.
Ainsi du
texte de Rimbaurl: on peut êt:"e te:1cé de mctt:--e P);~
fols ce:""~ai.nes l ic.èncés poéti.ques au c(;mpt~ d'un '·ff2,':J.éU~ cap.I1mL. " J
dE: négliBences ou d'Éivcnt:uéllt;s fautes non cOr';ir,ées.
En [.'li;:
l~s
i:""r6gula:--ités ne sont jQmals l~ ;ésut~at (l'une êc:""itu;,~ Lncon~~Bl6e.
C'est dL:-e qu'il y a. ;~chr.;;cht:
intr-~ntionrH:Lle
sur un rythme Qui
t.::"a.-
duisc les mouveménts du danseur ou du
tamhourlnaire af:-icain.
Le style pa:-fols chaotique des ph:-ases brisées ~t hâchées
d'lI'l.C So:1i..éOn. en en.ier· ou des .?~e.umi..naU...on.é ~st le plus souvent

422
l'expression des imp~écations d'un to~~uré : les virevoltes, les
brusques sursauts sont à la mesure du rythme du tambour' nègre, dl;J..
primitif et de ['anth:-opophage. ''!l'f211.6evedu. 1.<>.6 ,..".{A c/an6 nort
V<1TlÛ"" •
'.
QU8
l'inte~p~étation soit toujours en deçà du sens unique
est une preuve supplémen~aire de la ~~chesse du texte poétique.
La particularité du textç ~imbaldien est dè pouvoir recevoir
toutes les charges que l~ lecteur intéressé v~ut bien lui affecter
l'illusion du scholiaste est de croire que le poème ne peut avoir
qu'un sens double:
l'un faux,
l'lU':-;
:'.aisit ai.sément le non averti;
l.'aut:-c v:'"'ai qUt~ l. 'on découv:-e :JP:'{~S un 1:;3vai l de "d;_<'iCP'Jnln.a.Li...o,,".
L'opacité des
textf:s t~st ~.;()UlJent l\\~ :'U~:;\\JIL1t (le la p:-olLf0.;9t.:ion
des
imaees.
Leur comp:--éhcnsion ~~xi[','; ~;im/l!~:mt:n:: un t.':r.cort qtJl
~t~nd
;1 !"'èchtrcher les
li(:ns d'analogie.
l.'int>;i.~~Et.:ncè c:.t plu~.; qu~ p01r-
t.out at lleu:""s mise à (~ont!"'ibut;.0n.
!.();;.>qu' Li
y a suppr(:~;sion ab~;o~
luc de toute
rêfê!"'ence explicite ~ t'ob.jet évoqlJé, c'~st que 1,;
poète se plaît au jeu de
l'occultation dont
il nous a prévenus.
La
fo:"'me pa:-aboliqu8 du discou;s figu;e nu nombre des p:'océdés qu~
!"'endcnt le textê he:"'mé~iquè : el~~ s'i~sc;it dans la d!"'oite fLlé
des métaphores avec
tesquell€5
la p~rabole pa!"'tuge la prop!"'i~t~
d'offri:"' une accepti.on muLtt0li.éè.
Lt:s
:-.::xtcs dt.:vit:nn~nt parfois
plus ohscu:"'s,
pLus di.f'f!.c:ilcs ~ rlé~h~rfre:"', maLs ils n'inte:",di.se-nt
jamais
l'i.ntû:",pr~tation.

423
B) - ORDONNANCE ET RECURRENCE DES THEMES AFRICAINS
La lecture de quelques textes p~élablement choisis permet donc
d'établi, des ,appo,ts d'évidence ent,e
l'état psychologique du
poète qui s'est voulu nèg~e et colonisé et son mode d'éc~itu~e qui
t~aduit à chaque détour les accents prométhéens de l'esclave in~
soumis
:
"J'at.. appc.té te. OOU.'T-eQ.U, pDtu; en péN..6.6ant,
mo,w'e la. <:J'066"- cfu (QU" (U61...'-. JI 'ai_ appeté.
e,,,~ ! té.au>c., POU" m' é. taut! e.., aVQ.c fR. oob e,e. . ..
tt ee r-J5'i..n~~ m'a appo,-·té p.. 'at{,-",-u'C, "u'Q
cfu p.' ;..di..o t"
(l).
geQi.s~c.
Le poèm'2
L i.minai.:-:::
des J~!~umV1ati...orl'~, .:1p,'èo. fA ~Qeugt?1 é'/o*
que
l'unive:-s édérüqu8 ;egéné;é.l.~t renouvcllf': la condamnation de
tout ce qui spécLfi.': la civilisati.on
: COliHTlt:::,ce, c:--ime,
i::di;?,î..on.
L'ordre ancicll ~st pour:-i.
; vierlne le d61uge qui
le balai.e et
net':OlC
Ce monde ancien est terrorisé par la R0i.ne,
18 SI)rcièrc,4ui
n'est autre que la bou~g~oisie capitaliste, exploLteus0 des p~t!~~-
ta~iats èuroré~ns, et colonisatric~ des pays t~opicaux. La viol~n-
ce des
images est rtndue plus n8tte encore par la comhinaison ~e
(1)
- Une Sai...oon (if!. Cntc.f"',
l'}adi..~,
6.i....it?- rrJ2. ~DU.VLe.",v~ b;.RIl'· éd. Car·
rlie:--,
p.
211.

IL...
424
toutes les modalités du temps: présent, passé et futur sont dispo-
sés sans égard aux règles usuelles de la concordance. Cette licen-
ce signifie la libération qui suit le déluge.
Palude est l'illust~ation de ce mode de transposition déjà
évoqué.
A par t i:"' de
"cho6eo 'J'lte6 l' Rt mbaud poé tise e:l con féran t
au
réel
,.• , .
f
P
Unè
radiance qui défie la compréhension
:
·1 aL. ,,'1l?--U. _
:..a cret
ck ce t te P'J.'-adJ;,. 6au.vage.".
Or on est fondé, si l'on se réfèrè au tit:"'è. à comprendre
le poème à parti:"' d~ la représentation centrale qu'il donne à voir
!'7!rte UH"~D.·Lc. et 'cocPn.vQ,o QU..lr:. "l.J(!U.'C. h61Jétci.o fi fn
7açort cV!. Pa tlLL!'...,t. d'até, 6'OUo/!_6 ct nou'a., t;fll:l6'Q6,
d 'r:z.c;-,?-,· p;.qué cl 'i!.!:o;JQ.6 dia,· ,. ./Q6 {acL.è...:l dé/,ol'fnvÂ1
prombéo, hf_('";mi--6,
tflcQ.ndi-QoJ clc.ù r,,'u·ouPprrr'.rtLo (of.â·L.n:~6
fh rrY1.6'(:h("?- Ç.Jf(pJlc de.~ o'·~..(.liYll..OC .'"
I.e Langage ~irnhaldierl vitup~~e le système ûsclavagiste et
",
colonial istc qui a oonné pou:" mission à ses t::nfants , "ck?.-:l ets-uf.e{.')
"
t.,y-Ç...6 6oe.i.-ek2.~"
dont "pPu~i-cu,,~ ont Q."CpWi.-tc2
vo~ roond.e~I',
l'app:",o-
p~iation des territoires lointains. Mais il y a impression d'ima-
ges et les vLsions s'cntr-emêlent : les esclaves et les colonisés
.changent d'identité ; p~tit â petit, Ce ne sont ptus ceux qlJC l'on
c~oyai.t. Les conqué:--ants adoptent la mênE: allu:'"'c que ceux qu'ils
.
.
nn ... souml.s.
Les· missionnai:",es de la civilisation devi~nn~nt aussi
malheu:",eux. aussi d~guenill~s qU2 les Lndig~rles â conqu6:"'i:'"
l'Ch lnO r...c., .tJo tt"Jlwt6,
borl.émLert~, I1nw h.4QJtc."~
rroe.ocft~, vÎ..eC/}.R..6 dém?n.c.e...6, d&ro'1.6 6t.nWt.r'C'-~ r.,. J,

425
i.t6 mêtent toU> 1:0"...6 POP.d.aiJ'Q.6, nntR.<"lR-w.
avec W6 po6Q6 Q·t '.<>6 Umct.<>.66Q6 bQ6 Ua.·'.<>6·'.
Rimbaud raille les p~étenttons de L'Occident, désacralise
r
ses rites pa~ un discou~s violent qui cache volontairement son
p:"opr-e sens.
Ce texte se prête pourtant plus que d'autres à la tentation
de la c:--iti..què
inte:",p:--étative.
Les gauloise:-ies un p"!u par-tout dis·
pe:'sées ont ['allié enti.è:'em~~nt Antoine Adam ût Pi~::-i~ f\\rnouLt à
L'interprétation anticlé;i~alc. M~is le poète a voué a prL0ri ~ètte
p:-étt:::ntion H l'échec! pui!-)Qu' II ~>i.gnale êt;-è
l,~ ~.~U] à
sa\\jo~:- dè
quoi
i l pa:,ll~. Pa:'<..\\d...::, C)lj0llt~ p3.:'ade, de Clui, (1..:: quni.
SèLon Ernest DclahaytJ, r--'cu'!ldJ:l t::~t un sp~ctacl(: fOialn ;
une
c~:",émonie :"ellgi(:u5~) p·our Bouillane de Lacoste, Ant-oine Adal'o et
Su~anne Bernard. Olivier de Car fort pense qu'on a là une prémo-
nition des futu~s régimes totalitaires.
Mais
la mise en garde de Rimbaud:
''Pao de. corrpcu'Q.-i-oon. avec
voo tah.l'~~'O q,·t f.Qo au.t,-e.o bou.{f orVle."tAO .~cén.i...qu.Q.o" dé t:,u i t
tau te
explication :-éCé:,enticlie qui. ignore:-ait les préoccupatiorlS majeu~
res du poète. à savoi:',
la :,évolte contre toute rorm~ d'irlstitu-
tion qui s'exhibe avec
impudence.
Dans AntU:jUQ et &i..n.g Benutou6, dominen t les spec tac 1es de
violences, de massacres et de mo:'ts : c'est la mise en accusation
des régimes oppresseurs d'Eu:'ope que le poète s'apprête à quitter.·

426
Rien n'est jamais tout à fait catégorique dans le poème rim·
baldien. Un élément intervient toujours pou~ marginaliser la vision
qu'on c~oyait au centre de l'évocation et qui efface la forme
d'interprétation qu'on supposait définitive.
Cela s'explique èn partie par le caractère propre au poète
d'être un voyant.
L'imaginaire est un puissant adjuvarlt,
un subter·
fuge dont il
use pour S~ transposer dans le passé ou le futur. en
Orient,
en Afrique, n'importe o~, et qui lui permet d'adopter tou-
tes les formes du règne anima~
végétaL, ou autre
Lo:"sque dans GI'1-t'anc.e JV,
le poète décI ine ses
identi tés
..?e ~;;o. te ùault ( ... 1
.?e. -::'lU.;~o. te '~avant ( ... 1
fk <."1Ul-<."1 ~c pr...Q ton. ( ... ) ,
;l rl'Y a pas d'excluslve
; l'.k.'' est tout aussi bi.en un p:'in·
ce oriental,
un nèg:-e,
qu'une étoile fllante.
Mais
il y a une cons-
tante thématique, volontai.:--e ou non, dans la poésie rimbaldienne
et qui identifie le sujet du discou:,s au prototype le plus démuni
du règne hominal,
le nègre.
Dans Vwa,
la poésie valorise
~es irnplicatinrts de Cl: cllnstat
eXlstentiel
~ l'~Q. Q..at Wl. aut6-e./'. On
admet dès lors que chaque êtr-e
est susceptible d'avoi:, vécu ou de viv~e pllJsleurs exist~I·lces. Dans
Atch0ni.-e du VQ..'·oo, Rimbaud éC:'"'i t expressément: l'A chaque éiu-e.,
pf.u.aw,u·0,. autN2.6 VL.e6 ne 6errbfaLent eU.tQ.6" •
.Les expé:"ienc~s vécues dans
les vies antérieures,
celles à
veni~ autorisent c~tt~ alchimie du ve:,be qui ~st un des secrets

421
du voyant.
La poésie ~st alo~s un tissu de souvenirs Imaginai~es
qui ont quelques rapports avec les philosophies de la métempsy-
chose Ou de la réminis~.~nce. Si on accepte que le poète peut vi·
vre plusieurs existerlccs,
il s'inscrit tout à fait dans la norme
des choses qulil se réincarne en nègre et qu'il accepte de vivre
cette condition essentiellement difficile et précaire.
Les
trois
textes de VDe6, sont proches de ce~tains passages d'Une SaL60n en
Cn.{ e.r.
Le poème fi une. oJ'I"2won. peut être lu comme un testament sur
la réconciliation symboi.ique entre la raison diseur'sive de
l'Occi-
dent et
ta connaLssance
lntuî. tive des l'raO?-ô. PE"UnLti....VQ.a."
que symho-
lise
le
tambour
:
l'Un couP eW. ton cioi....gt \\\\U,J' (q. tarrbou.J' déchn..J·9J--'.
t.oua. Pp_a. 0.0'1.6 Qt CQf1J'1lC?"-("P. Pa nOUVQ.P_'-P. han-roniA.", (;ette nouv{~l.lf~
harmonie, on peul:
L' ich"mti fi.~r COmme l'épiphanie de la cLvi Lis;.t::iun
universelle,
dans
La j,u~te pr'opot,tion de tous les
appol'tS. :-j('~lon
la thèse des poètes rie
la négl'ir.ude,
notamment Senghor,
tout",:,s
les
gr"andes ci_viLisatLons se sont constit:uées grâce à l'effoct conver-
gent des couches sociales et el.:hniques divel'ses.
Les modèles des
grandes cultures sont des cultut'es métisses. Comme cell.es autour
de la Méàit.fO':!'~"anée, ou de l'Inde aryenne el.: dravidienne, Selon
Rimbaud,
la raison Ctt. !laL'monie avec
li in1..ui tlon
l'en:1
Levet' l'de n.ou-
VeQU:l(,. hOf77n2o
et tr2.LH" Qr1 rrarche".
Ce très beau poème au souffle
lyriqUf: en m~me temps qu'épi-
que fai t
penser à cee ta ins Vèl'se ts dp. Sa in t John-Peese.
Le nouve l
amour,
installé définitIvement.: dans
l'univel's,sera le fl'uit de
l'entente univel"selle
;
l'Ya tR.te oe. dQ.-tOUB"',.Q" : te. nouve.,t am::>UIP

428
-le '1.Ouvel: anx>u.r' .' l'.
Les hommes réconciliés avec tous leurs frères: établiront
des lois nouvelles pour le bonheur et le progrès de
l'humanité
toute entière.
Ces textes écrits durant la même période que la parturition
d'une sa~on, développent la thématique de la rédemption univer-
selle par le biais d'un nouveau partage,
l'amour.
Ltanci~n ordre
des choses ne ser"a plus,
parce que la raison qui éclaire le monde
diffère désormais du f..ogoâ désincarné.
Elle est devenue
faculté
fécondée par
Le sens de
L 'humain et qui
va l'change., fRâ
eot.~'· des
pLus démunis pour
Les réintégrer' dans
l..-:l dignité de tous
les vi-
'fan ts.
Le poème r!}at'Lnêe d'W.re~6Q. I-:nt['etient sçj.cmmt:nt une conru-
sl.on
; c'est avant
tout
La (lescription d'llne séance de haschich;
il est d'une
inspiration l'au.---cJef..à du b.i.Rn. et. du rrat".
L'ambiguïté
du mot a66a66Dn~J au double sens de drogue-libération artificieLle
-et de meurtres,
se retrouve dans
la disposition thématIque de
l'ensemble du poème:
expression d'une
libération totale et en mê-
me temps évocation des supplices des torturés.
Cette architecture
est une preuve supplémentaire de
L'UTlité thématique entretenue en-
tre Une Sawon et un nombre
i mportan t des p Lèces des Jf.i.urnLnn.-GLon6.
Les. /'hon.nê·teté~ tyrann-t-que.6/' sont
Les mensonges de
la bour-
geoisie et de la démocratie occidentale dont le poète veut se
li-
bérer. Cet hymne
à l'ivresse est en fait un cri
de
douleur
atroce

429
Cette douleur est avivée par un diagnostic implacable sur la
désorganisation mentale de l'esclave, naïf et rustre, grand enfant
sous l'effet du vin : "R~o deo enfant6, di..6crétLono deo <?6cla-
V%, . ,"
Dans l'Vo<..ci.. te. tenpa deo a06a6o<-n.o",
assassins doit être
pris également, comme à la fin du poème Barbare.
au sens courant
de
: l'ee.w<. 'lu<- tuent"
sa connotation de mangeurs de haschich n'en
est pas pour autant atténuée, et l"·Wr"Q.66~f', c'est la négation du
monde environnant,
l'oubli de l"'Lnh.a.rm:Jni.R.",
des "dégoû.to.'·,
de
1 ,"/
_J_A
.p·n'
"
t J_ A ob;ot A d :'-':!',
lorrQl.(r ~u li...,.
",__u
e..
<.~U
..r- JJ
' .......--- ......
I)<:tns CP. contexte,
le ::;ens étymologique ~t histori4ue, et
le
sens d6r'Lv~ que c(Jn::>aCt~~,! L'usage SP. val~~nt.
(À.LvJ'i...er6 est un
texte écrit à
la première personne qui dési-
gnA Rimbaud Comme le sujet cent~al du poème. Les notations topoLo-
giques présentent le na~rateur COmme un jeune affranchi, en prome-
nade avec celle qu'il appelle sa femme, dans quelqup. faubouf'g
d'une ville industrielle qulon peut situer au sud des Etats-UnIs,
à la fin du si~cle dernie~.
f'nou.~ lai..6.Lon6 un tour dana ea banf..Le-ue . ..
,Le Sud 0wpportun VLnt ,-ef.e.ve.r no6 ô.ou.vQ.n.L.r~
d' l.n.cLU]e.n.te. abùu.roea,
notr>e j.e.urt.e mL6Q...re • .. f'.
Les vêtements portés par la jeune femme,
1'J..krtJ·Uza. ava0t une
jupe. de coton à <:arr<WU. b.lanc ",t bnffl-, 'lU-L. a dû <Üs'e po!"té au O-L.<2.-

430
cf..e cm.rni.er", sont cOmme des fripes abandonnées par les maîtres.
Le texte s'achève sur une évocation nostalgique du conti-
nent noir qui se pare alors dans l'imagination des jeunes exilés
de merveilleuses douceurs:
'D ~Jautre monde, ~'hab0ta~n bénDe
pCl6' ~e c~ et.f.e.6 on-bro.geo. !".
Le discours poétique se nourrit d'illusions chimériques et
suggère l'idée d'un retour hypothétique vers le continent maternel,
Ce l'écit en êlpparence t·éaliste, dégage un p['ofond sentiment
rte mé13ncolie et rIe nost:aLgie
il manifeste, comme ~d.
Forestier
le fait remarquer au sujet rte nhuvaw San.g.,
un désir d1éf:happer au
cl im.'3. t présent pour trouver un "au.tre rronde/',
Antoine Adam, comme dlautres critiques, relève la simpli-
cité du texte tout en omettant
l'essentiel, c'est-à-dire, l'inter-
rogation sur l'irlentité du narrateur.
L'idp.nti_fication de Ce jeune homme à Rimbaud lui-même pour-
rait ne pas être une substitution abusiv~. surtout que
l'appel
d1un ailleurs,
d'un paradis perdu. d'une patrie promise et inacces-
sible, a des accents Communs avec ces bleues et ces chants de tris-
tesse que murmuraient
les escLavp.s dans les cotonniers du sud des
Etats-Unis.
Le poème intitulé Ponta est COmme une suite ou une reprise
d'G..tv,~œr'6. L'insis-tance sur l'archi.tecture, sur la topologie d'une

431
cité lagunaire ou aquatique nlest qu'une technique de camouflage;
l'essentiel porte en fait sur la présentation de cette théorie de
musiciens baroques qui font penser à la période de la naissance
du jazz dans le sud américain ; musique des seigneurs, des maîtres
blancs, réformée selon la sensibilité native des nègres esclaves:
"So..,t.-CJ2. œ6 ai..r6
o.ei.gneur'.t..auJC... d.eô.
L'interrogation porte ici tout son sens. Musique indéfinis-
sable à· l'origine, mélange d'éléments africains surajoutés à un
fonds traditionnel européen ; harmonie en contre-point sugg&r~e
par l.'accord d'une ;}rchiLecturf-l bizarn! avec l'élément aquatiQue qui
la reflète ...
La sér i e rie VGf~fA6 exha l.f-~ l' exaSpél'{1 t ion de Rimbaud devan t
Le. développement tentaculaire de ces vil.les indust~iE~lle~ telles
qu'il a pu les observer durant ses séjours en Angleterre.
La ville
moderne est le symbole de l'industrie naissante, de la déshumani-
sation, du triomphe de l'idéologie capitaliste 3vide de profits
sur ceux qu'elle exp loi te. Dans ces métropoles 1 en effet,
f'tuU·t
goût. COI'1nU a ét.é Muelé darJ>:l f..«6 ameubl'RJt>2.nJ;"
ct t'ex,té,'W.L"· dl2.o,
rrn~one"
;
l'athéisme triomphe: "i..e.i.. voua. ne ei..gna..f..erLe:z tee UQ-
la mo~ale et la langue,
révélatrices de civi lisation "a.ont ,·éduLU2e à t:.eur pf..ue eurpû,.
ex.p.re..a.a.wn".
C' es t par i ['on i e que Rimbaud se sa t i s fa i t de sa
citoyenneté de citadin.
",!le ô.ui~a. un éphémètoe. et. pDt.n.t. trop mc2con-
te...,t. ci.-toyl2.n d'une. mé.·tT'Opo& Cft,t12. mxfe.rne.I'.
,
i,

"
1
432
Aux lieu et"place des certitudes anciennes, dernier refuge
du "aauva.ge e~ du pr1..mi.,t'-f",
l'Europe installe des
"ape.ct:re.a nouve.awc. r'Ou-iant. à traveJ'a t 'épa{.aae e~
Qœn1.e.tee f urn<2e ck cftarbon. cka CJ'-i..n.nyea n.ouV"-~a
( ... )
ta m::>J'~ aana ptcu,.J'a".
Osmose ou symbiose entre le réel et l'imaginaire,
le poème
projette d'insolites visions difficilement saisissables. Des élé-
ments tirés de la représentation de l'univers servent de matériaux
à échaffaucter un monde chimérique qui tourne en dérision La socié-
té contemporaine corrompue par le développement industriel.
Le second t~xte intitulé VLtte6 est une description d'une
ci té
réérif1tlp. rlf' qlJeLque région d'Ar'abie ou d'Afrique du Nord;
album de souveni~s o~ se mêlent concret et abstrait issus de cette
région mAnta Le dont:
Le poète se di t exi lé,
['oyaume fabulé dont
Ll
se sent dépossédé.
Ces évocations ne sont pas Sans analogie avec
la peinture des cités mystérieuses de Nerv~l : villes industrielles
et .industrieuses aux contoul~S mystérieux,
tels ces "c.h.a-f..eu de.
c.N..a Caf.. et ck bow ql<'- ae "",..uven.~ auJ' cka rrz'-'-'" e~ cka PDu-f..'-"-a
<-n.v'-a i..b eea ",
Sur des écrans dont les dimensions et les formes défient la
log i que t
des /·corpora.-twnô de cnante.urô géarl.u accouren-t. danù cfR..ô
v';/:QmcJ1.ta et cka 0"'-1' Wn=a QcI'atanta CO'I7TIQ. ta. i'.um'-""'<2 d.e.a clJr.e.a.
Des
images se profilent qui sont peut-être celles déjà aper-
çues dans Pon.U :
des musiciens d'un passé révolu (lu leurs ancê-
tres,
Les Arr Lcains,
solennisant:
leurs cérémonies,
tels ces

433
S'agit-il réellement de Londres, COmme beaucoup de critiqu€$
l'ont cru; ou de Stockhlom, selon Antoine Adam? Echec de l'ana-
lyse référentielle parce que l'essentiel est de prendre acte de
la composition volontaire d'un texte oa la multiplicité du sens
est un élément qui confêre son importance dimensionnelle à l'oeu-
Vre.
Il n'est donc pas besoin d'épiloguer outre mesure sur la topo-
logie réelle de cette
.ville nouvelle que le
discours poétique a
reconstruite.
Dans le dernier texte de V0ttec,
Rimbaud cherche à dépayser
le lecteur par des effets insolites produits par des éléments em-
pruntés à des contrées géographiquement éloignées.
Que
lr:s cieux vagahonds,
dp. Vngabon.d6., ::>oienl; du point de Vll~~
t'éa1.isLe, Ve;rlaine et. Himlntl.ld,
](.)
L(-~xb-~ rlésign~lnt t;~xpl ici t(';menL l~:
t'éférent t (fait rare d~ms lp.~,> .9fJumi.nati....of'l<"l) t peu impocte.
,.. t
bD
{ '
,.
et son
pl." 'OIJO
ce
rp,.6'Q
son t: (k~s compagn()flS maud i l:s, à jJl'opremen t
pat'lert
dp.s malheurE'uy. macqués du signe du Malin.
Le Malin,
c'esr,'
Lucifer,
I.e porte-lumièl"e.
Le satanique docteur est donc fils du
Soleil,
comme l.es égéries de Nerval sont des filles du feu.
Dans ~W6e, ce sentiment de blocage naît de '1' impossibi-
lité de
trouver une.issue pour échapper au tragique de la vie. On
s'est longtemps interrogé
sur 1.' identi té de Elle
; plus ieur's Lra-
ductions ont été proposées
c'est peut-être la femme,
la rel igioll t
la mort,
la poésie ou encore peut-être la mère du poète. Mais si
l'on tient compte de l'économie générale des 3t~tLo~6 et de
la thématique qui
les domine, i l est facile d'identifier Elle à
._~
"-.

' ï r '

434
l'Angoisse, à la bourgeoisie ou la colonisation qui brisent les
élans,
la "Vanpi..re"
qui suce les forces natives des peuples pri-
mitifs.
La place qu'occupe cette Vampire, la "Sol""Ci..-èJ-e'· d l Aprè6
te 2éiuge, dans l'univers mental et poétique de Rimbaud à l'époque
d'une sa~~ et des Y~tùono. est en rapport avec les circons-
tances historiques précédemment évoquées: ambitions des peuples co-
loniaux continuellement écrasés, leur inhabilité fatale à sortir
de la situation qu'ils subissent: le poème se comprend si lIon veut
accepter que Rimbaud s'insurge contre tous les préjugés vivaces qu'en-
tretien t
la bourgeois ie européenne,
ce tte ''Vanpi..,q qui.. nouâ '«lAd ôi..
C)Qn.ü1..ô'· et r"}ui "("'-onnnnde que no"ô noua anuâWna avec. ev.. 'lu '~.ll..Q 'lOUÔ
1~6e".
L'écart en tee le
titI'e et
Le
texte se réduit donc entière-
ment dès
l'instant qu'on a présents à
l'esprit l'apparente faci-
lité et le degré d'arbitraire.
de
tous ces titres des Jt~twn~.
Le poème Barbar'Q.. serait diffici1.e à comprendre si on isolait
les
images et les mots hors du
thème qui
donne naissance au poème.
Cette violence verbale est
l'expression la plus adéquate du dégoût
que provoquent les exactions d'une civil.isation barbare.
"k pavUl'.on en vi.ande oai-9"JaYLte our 1'.0 00'-"- <.ko1ne'16
et. <.ka f teuro ardU:juco .•. ka bra,~wr-o. ~t'WVartt "wc.
ra{ateo <.k g,Lvr""".
Le schème dynamique qui donne au poème vie et mouvement, à
partir d~quel la chaîne d'évocations se développe et autour de quoi

1135
le discours poétique s'articule a bien pu être un souvenir réel:
massacre d'indigènes par les troupes coloniales néerlandaises;par
exemple, ou réminiscence de lectures,
Ici comme ailleurs Rimbaud
projette ses obsessions et ses fantasmes hors d'un monde barbare.
Mais l'effort de poétisation dénature les mots et les convoque
à une instance où ils expriment dans une apparente incohérence ce
qu'il y a de plus arbitraire et de plus injuste. Cette transpo-
sition est une technique que Rimbaud
a
entièrement maîtrisél.
Ici
l'invective contre l'héroïsme vaniteux des conquérants
devient de plus en plus acerbe
:
- qui.. n.ou6
toén <ka
Assassins a
le sens cou~ant de ceux qui
tuent.
Les guecl'es
de conquête autant que la domination impériale !lont de6 assassinats,
au physique comme au moral.
Les s imi l i tudes de rllouven'l2n.t avec 1T/a.ri.ne ne son t pas fortu i-
tes;
le verset est utilisé dans Jes deux poêmes.
Les deux textes
développent le même thème du voyage en mer que mettent en évidence
les a 11 usions au ft teuve l ' 8t au l'roouvo.men:t du f.ac..e.t".
On peut également étabJir un parallélisme avec le poème les
Conquéran..t6 de José-Maria de Hérédia, où les conquistadors sont des
oiseaux de proie
"hor6 du cha.rni..er nata[".
Ici
les aventuriers qui
partent à la découverte de nouvelles terres sont "le6 COnqW2ran.:t.e.
du roondJz. " , imbus de J'excellence de l'éducation et de la civili-

~36
sation qu 1 ils exportent avec eux;
ils partent avec leur '·ô.tDch
d'Q.tud.eô.",
enivrés de "t'hérot..6me c1J:2. .f..a. découverte".
C'est ce mépris des cultures autochtones que fustige et
stigmatise le poète dont les sentiments sont ceux de ce l'~te
ck jeune66e"
à "t'écm't. ck ta. cau6eN.e. parmi.. f..e.6 QÇJpare0t<>" et
des "COnpt.e6 agi...té6",
Comme dans d'autres poèmes, deux thèmes se trouvent enche-
vêtrés : le voyage en mer et la révolte contre les classes possé-
dantes, engoncées dans leur égoIsme
cherchant leur "(ortune. per-
J
6onnette",
La rage destructrice qui irradie les Jteumi..nat.i...on6
prend ici un ton nouveau:
",& 6ÇJOf't et te confort VOtjageoonA: nvec.. ew,oo; ;
J t6 qnmç.nen t t' éducati...ol1.
.
2<2.6 .raceô.,
deô. c..ea.ô.ô.eô. Q. t de.6 bR. tC?6 ".
Le spectacle du déluge
tel qu'il a ét~ présenté dans le pre-
mier poème des Jteumuw,ti...ofl6 est ici renouveLé. rt'huvenX?nt est com-
me une reprise du ''J:.Lvr-e nQg.re"
et des cri s de r-évo l te de l7kzu.vaw
Sang..
Rimbaud le nègl'e crie son hostilité de primi tif et se "P06te"
à l'ar-rière du navir-e en attendant un nouveau déluge.
Dans Soid.e Rimbaud vitupèr-e l 'escl.avage parce que ce systè-
me est inhumain. C'est par ironie qu'il expose sur le mél,rché,
"QJl
ao id.e ', "ce qu.e ~,~ /JuLfâ n'ont. pa6 vendu". Les mar'chandises à l'en-
can 1 ce sont "teâ cor~ ~a p8'Vc., hor6 de toute r'Q.C.Q., de tou·t m:>n-
de, de t.ot.l.t. âex..e, de tou.te de6cendnn.ce l ',
c'est l'homme devenu cho-
se,
sans racine,
sans culture,
sans référence,
sans identité.

~37
2~ maintient volontairement un décalage entre le ti-
tre et le poème. Cette distorsion est mise en valeur par les guil-
lemets. Ce n'est pas la Démocratie qui parle au style direct. Le
propos est tenù .. .."aY ceux qui Si insurgent contre un système. prés~mé
idéal et qui pOul'tant contient les éléments de sa propre contra-
diction.
Le poème,
pour être compris,
doit être lu à contresens
c'est le discours rapporté des victimes soumises aux systèmes
/'c:fémc.,c.rati...qu.ec/',
qui,
pour subsister,
ont besoin de terres vierges
à exploiter.
C'est une vigoureuse diatribe contre les ctémocraties occiden-
tales qui
ne peuvent se consoLlder qu'en prenant "lppui sur Le sys-
tèmfl colonial iste.
L.es
cil'const'-'lnct-~s de ces poèmes·, ou lt:ur prétex-
te, c~ n'~st ['ien d'autre que c~tte [dentité plusieurs fois p~ocla­
mée dans rThu.vai../:'l. Sang. :
")Je 6Ut..6 nç,~'Q'·.
Mais plus concrètement,
l'engagement de Rimbaud dans le corps
d'expédition coloniale néerlandais, a fixé de manière définitive
dans son esprit les images souvent évoquées de ces peuples exploités.
:1Jémoc.ratl-e es t un chan t de raIl i emen t pour l'f1r'1.6oac..re.,r f!.e.û ,ré-
vo-Lte6 l'o~que6,., au 6ervi.= 00" peU6 mon6·trueu6e6 "xpf.oiotatwn6
UuJuû tr-<...etteë. ou mi..,U..tai...reû/'.
Les damnés de la terr'e 1
l'ce6-
iJ)n..of'Onto
pour teû ûct-ence.û,
rouée pour le con{of'-t"
ont décl'été l'ea cr-e.vaLaon
pour' te monde qui. va",

~38



Chercher à lire la partie aujourd'hui la plus valorisée de
l'oeuvre de Rimbaud, Un2 saLoon en lnfer et les J~tLonô com-
me un texte produit par un scripteur qui se dit nègre peut paraî-
tre à certains égards COmme une démarche abusive, une inféodation
injustifiable, un impérialisme intell.ectueJ aussi
inacceptable
qu'un autre. Ce serait là, pourrait-on être tenté de dire, obéir
à une mode:. l'intégration systématique sous le boisseau de la
négritude de toutes les manifestations de l'art.
Fort de ce raisonnement, on pourrait passer sous sLlencp.
le grand cri sauvage de Ri.mbaud : l'Je 6UW nèg.re.",
et f';}nger cett~
déclal'ation au compte de ses nombreux aphol'ismes.
Poul't;}nt c~t.te
proclamation donne toute Leuc modulation aux textes d'Une. Sa.t"-.·~on
et des Jteuménatwn6.
Toute lecture intSressante est intêress~e et l'on ne trouve
guère dans une oeuvre que ce que l'on y investit. Rien n'autorise
donc à refuser telle piste de lecture au profit de telle autre;
il n'est même pas besoin ici d'évoquer la th~orie de la lecture
plurielle.
Cependant,
il faut en convenir,
l'édui.re tes textes entier's
d'Une .5at"-.6on et des Jtiumt..natWno. à des thèmes qui re lever'], ien t
strictement de la "nég.rLtuci.e" engagerait
j ' interprê-
tation sur une voie abusivement rétr~cie. Et pourtant lorsqu'on
considère l'importance ultérieure de l'Afrique dans l'existence
de Rimbaud,
la tentation est grande de pcoduil'e COmme a['gument :

439
le continent noir était déjà une obsession qui hantait le poète à
l'époque des J~n.6. On aurait
ainsi l'exemple de l'utili-
sation en littérature d'un souvenir-anticipation, opération parfai-
tement concevable puisque nous SOmmes dans le domaine de la poésie,
c'est-à-dire, celui où domine l'imaginaire.
Montrer l'importance du souvenir dans l'élaboration d'une
Sai60n et des J~~Lon6 correspond à une entreprise déjà réali-
sée par Delahaye qui a intitulé le premier chapitre de son ouvrage
sur Rimbaud:
l'Uti.,twatWn du Souveni.r'·, en s'autoC'isant de Rimbaud
lui-même lorsqu' i l confie dans JeW1Q60.e JV:
"Ja miim>'-re. etteo. 0.en6
ne 6eront que ea nourri..-tu.re c/Q ton. ÏJrpu-l.6;..ort c.réatrLce"
(1).
Que
l'inspir'ation poétique de R.imbaud soit t~ssentiellemp.nt: Ll-
vresque,
nul n'en doute. Mai.s
il .Y a
là IJn phénomène
li \\;t&t'ai.r(~
que seuLe la psychanalyse peut valaulement expliquer'. [,c j,:'une Rimhaudu
déjà vécu en
imagination la vie qu' il mèner'3 plus
tat,cl au Harrar.
Dès 1872,
i l s ' é ta i. t déj à déc [' i t
revenu /'f2UQC <::fQ-o. mmbre.-::l de t~.rJ la
pt:!nu
o.oltb,'fl, d'une. â= _lo,'Û?,
fi 'au,<2i.. cfu t'or" (2).
Le 6 mai
1883 il écrira dans une
lettre d'Afrique:
''Jouo. te.o. jouro., je. pe.rcM goût pour te. ctum.-t
et teo. rmni..<UQ.o. c/Q vi..vre, et mê= ta langue cU>.
t'GuroPQ"
(3).
(1) - E.
DOahaye.
"&6 J~ti..ono." et "u",,- Sai..oon en Gn(e.r",
d'A.
Rimbaud, Messein 1925,
p.
34.
(2) - U~e sa,;~on. Mauvais Sang, éd. Garni.er, p. 215.
(3)
- Jean Chau,û, ,i:'aven.tu.re. -terre.o.-tre. cfu /!enrt Ardu.tr R1..rrbaud,
Seghers 1~71, p. 213.

440
et i l rêve d'avoir un fils
dont il puisse faire 'U~ homme pu~aan~
et ri..che par la oci..=ce.". Le â août 1888, pourtant, ce n'était pas
le poète qui s'exprimait: c·'était le marchand de canons, un aven-
turier sans scrupules,arl"ivé
en Abyssinie pour
s'enrichir. Ra-
ciste de surcroît.
" 0 _ '
.
L~.
. J . .
_o'
D'
J -

tf'G m ennu Le oenucdJ.P
. . .
pe.auu au. mLtLLe./...t ~6 neg.re-j ••.
obti...gR de. pa~'·[e., [euo' baragoUU1., de. m2Ylge" ./'.euro
oa./'.e.o n-et6, de. ouou' mU../'.e ennu1..6 provenant de.teur
pareooe, de. ./'.eur t.rah1..60"-. de../'.eur otupi..d.<.b2.
i!.e. p(.uo tr<"ote "- 'e"t. pa.6 en.core tà. Jt eo·t ciano la
C''O.U1.te de. de.ven.u· peu à peu abrut.i..
6O<..-m&ne, <..ao./'.é
qu '0" eot. ",t é./'.oi.gn.é de. ·toute ooci..été i..n.t.."tU.l)J2ntJ2"
(1).
Mais
Le 25 févr'ier 1890
il nuance ses propos
:
1
l' fuô
ge.nc du. J.la.,'B'(u,
,.,....,. ('JonC nL pf.u.a bQ.tQ.-~ ni- peUë
cnnaLf.l.R-6 quQ.
?(:<l _ nÙ~J'"'~6. blanC6 dec P'11.~â d.iJ/:l Ci...vL.-
e.W<2ô. Ce n ""!.·."l.L ,ofL~ du rri?rrc ordre, v,:)iJà
':..ou.t. .?f..ô
COrtt ,.,pJne fTULl1-;") rnécha.n.tô .... t PV....u.Vl"!.'lt dan6 \\...ca·tat..në cac,
rrani..{ eoter de. l'a reconnai..ooQn',R- ",t de. l'a {,:.dé./'.i..té.
Je. 0 'ag.t.,t d'ê.t,,,,, hwrai..n. avec <>.LI."" (2),
On sait
La pLace du souvenir sur le plan heuristique dans
La recherche thémati.que.
La
meilleure démarche en thématologie
consiste à identifier les rémini~cences
d'enfance qui se sont
cristallisées en thèmes; elles peu'lent se manifester par des
( 1)
Jean Ch auole1. cl: 'aven.ture tJ2rreotre de. /Jean A"thur RUrlxuu::l,
Seghers 1971, p.
210.
(2)
- Idem, p.
211.
j
1
1
1
,'.
,);
'1

441
récurretlces
qu'elles soient sémantiques. syntaxiques, Ou linguis-
tiques.
Leur examen dégage le thème majeur dont i l restera à
trouver les éléments constitutifs, les raisons et les modalités
de son éternelle résurgence, pour reconstituer enfin la linéarité
perdue. Une lecture thématique est donc parfaitement valable dès
lors qu'elle ne prétend pas @tre autre chose qu'une lecture.
La
lectur~ ne" peut jamais être le sens, e~ encore moins le sens uni-
que.
I l serait donc illusoire de considérer que les thèmes afri-
cains occupent tout
l'espace textuel ~t sémantique d'Une sa~on
et des jf~tt.on6. Ce secait Là une r'éducli.on de l'oeuvre inad-
missible et inOp~[·Hrlte. Rien Ile justif"ie Le totalitarisme d'un
thème au profi t
ci 'Ime p l.uraJ lté de parad i !:',rnes.
Une
lectur'e
thématique d'Une. Sal-.~on et des .9fJumi..1latwfl6
est donc
légitime dès
lors que
la [~echerche s'effectue sur' des
textes caractéristiques pr'éaLablement sélectionnés en raison de
l'intérêt qu'ils suscitent.
Acceptons qu'une telle
lectu~e est
natu~ellement subjective, puisque le choix,
la nomenclature,
La
sélection sont une étape obligée de cette so~te de démarche. Gassu
Gauclère e~ Etiemble n'ont pas pu se dé~ober aux exigences de la
mét.hode~: lo~squ'ils ont pr'océdé à un r'ecensement thématLque de
1a poésie de Rimbaud,
ap~ès avoir réuni· l.es imH.ges et dér~np,é l.c~s
intérêts, ces chercheurs se sont bien gardéS. ;Jal' pl'obité, de
,
synthétise~ et d'o~iente~ la lecture dans telle ou telle di~ection
unique.
Quoi qu'il en soit,et à quelque point de vue que l'on se
place,
toute~l~cture est sélective et interp~étative, à moins qu'on

veuille produire un discours ~ide··sur·un.discours.
Tous les commentaires des scholiastes, de Rivière à BonnefoYj
en passant par Etiemblejsont en définitive des recherches sur le
sens ..
L'esprit/en effet, ne peut se satisfaire d'un constat de
non-sens
:
"Je me 6U<'" .aperçu avec "Wpé(a.eti..on, écrivai t Breton
en 1920, à propos des .'iUwni.nat0:",-" , qw> Poe. I:c,,-(j~
étai..t P'2.-faUeme.n.ti..nte.U'-9A--b-te, au con,trai..re. dR. ce
que je l'ai..Ma'--'' di..re. en ,,"-"-é.at. Pa" une. Ob"CUN_LQ."
(1).
Même si
l'on considère,
comme on l'a fait encore ['~cemment; (2),
que
le sens principal ou le thèm~~ majeur d'UnQ. Sn.V:'ion et des .9ffLurW.--
(1)
- Lettre à Simone du 7 éloût
l.iJ20,
r;itée par' Mar'guerite Bonnet.
p.
231.
(2)
- Les critiques les plus systématiques,
les plus autorisées et
les plus autoritaires à la fois viennent de Tzvetan Todorov.
l'Une co"",,-i.catwn dR. l:e.'<-te"
: Les l '.'I.u.wni.natwn" l', Poétique 34,
ayr-il 1978, pp.
241 - 253
(repris dans Çenre." du d'--"COUT'" 1978,
pp.
204
- 220). Stpbol'.i..<>fœ et .'inte"p6'étatwn 1978. pp. 78 - 80.
Lire l'analyse pertinente Jean-PieI't:'e Chambon "Une m:2UtlQ.We .J.Q.-
pon-êe à UtlQ. bonne que.-êUJJn."
Ln Cectu~'Q.~ de l2iJnhaud, numéro Com-
posé par André Guyaux, Editions
L'Université de Bruxelles 1981,
pp.
175 - 184. "I<Vrbaud a él'.evé au "tatut dR. l'.i..tté'Y2turc dR."
texteo qui... ne paJ-len.t de ri...e.n,
dont on. égtlore toujoUJ'o' f.e ~enO
( . . . 1.
Vou~i..... découVl'l.r ce qu' U." VQ.L. f."J1.t dLre., c'e"t &.!_" dé-
pou<.l'.I'.er ck f'.et.,r me""age e""en·ti..ee., qui.. e"t préci..,,<2mPJrt ~'aH <-r-
rratwn d 'w",,- iftpo""u><.I'.i..té d'i.dentLfLer -te référent et dR. com-
prendre. te "en" ; qui.. e."t rrw-ti..ère et "-On . rrati..ère - ou pfu.tôt,
m2n.t.-ère (a-i..t.e rrntLère/'. Cité par Jean-Pierre Chambon, op. cit.
p.
179.

443
na~6 est ce retrait du sens, les rapports nécessaires que les
mots et les phrases entretiennent entre eux méritent que la criti-
que s'y attarde. Aucune recherche ne peut prétendre proposer la
clé définitive de l'oeuvre de Rimbaud; et découvrir en fonction
de ses propres préoccupations tel intérêt au texte,
ce ntest pas
subvertir le sens. Au nom de quelle signification authentifiée tel
lecteur serait-il accusé de solliciter un texte, dès lors que l'on
considère que le discours rimbaldien s'accomplit dans cette priva-
tion de sens qui est son caractère principal? Il faut accepter
toutes les interprétations qui, en fait, redonnent d'autres dimen-
stons à l'oeuvre.
Il n'y a pas d'autre usage du texte écrit que la
lecture et la notion d'illisibilité devient un malentendu. En effet,
même s'il y a retrait du sens,
il faut accepter que tout sign.ifi.e.
Rechercher le sens, quelque insliffisant soit-il. c'est déjà donner
la preuve du sens. Même le non-s(-~ns f~st l'évélal:(~ur ck sL~~nifîcation.
On peut donc llr'e Une. Sac('J,con et les .9e.~a.t..wrL~ comme lm ensemble
de textes éCr'i ts par un auteur' fjui se di t /'nQ.g..re/'.
Au demeuI'ant l t avènement du nègr'e COmme personnage li tté-
raire relève de l'histoire du romantisme - auquel appartient Rim-
baud - et de la littératur'e génér'ale du XIXè siècle. Car mëme en
mettant le texte d~ Rimbaud entr~ parenthèses, les références au
nêgre, personnage littér'aire dans l'espace textuel du Xlxè siècle
sont tout à fait courantes. Plusieu('s études r'écentes accordent
d'ailleurs au r'omantisme tout le xrxè siècle et même au-delà .. Un sait
que p~u à peu l~ style ramantifjue ~ d~vi~ vers un discours.

444
négateur par quoi toutes les valeurs de la civilisation occiden-
tale et du christianisme, en particulier, ont été contestées, sur-
tout durant la seconde période. Contestation et illisibilité de-
viennent deux phénomènes concomittants et convergents chez Rim-
baud,
Lautréamont ou Mallarmé, et concernent toute la dernière
moitié du XIXè siècle et le début du XXè. A cet égacd Cl. Abastado
a fait une remarque pertinente: le surréalisme, mouvement qui
s'est épanoui au XXè siècle;est la 'queue préheno~ du
-tiAme.".
Si
l'illisibilité, aUlce qui
revient au même,
.l'het~métisme,
est le caractèt'e l 'notoi..re.,. du texte rimbaldien, n'est-i l pas vain
de vouloir Lui
trouver une
linéaclté perdue? L'examen cl~itiqlle
semb Lerai. t
donc voué à l'échec, PU i squ' iL pl'oposet'a toujours Et la
fin une lecture inadéquate parce CP1"
le discouf's sur le texte est
dès
le principe en dehors dll r.Q:A~

I...:hez Rimbaud, de façon paten-
te,
il y a une
intention (·tG.:::dLe de ne pas. tout signifier, de pié-
ger le l.ecteur,
de ne proposer qu'une forme énigmatique dont le
poète "6eue. a
~ 6o..cr-e.t.". 50 i t 10 premi ère
phrases du premi er
fcagment de mbuva~~ sang
':i 'a~ dQ me~ ancêtre~ gaue.o~~ t 'oeU bte.u. bl'nnc,
l'a CQrveU.Q Qtro~(;Q.•.. ,cie trouve mo'l habi.-tf.emç,.n.t
au6Cf... barbare que te f..eur"
A compgrer avec
le début du deuxième fragment
''Si.. j 'avau. dQ~ anté.c&:ientA à U'l poi.n.-t queho.onque.
dQ .e..'h-u. ta Lf'Q. dQ J ''Qn.CQ ?

445
T!lai..6 non, ri.J2n.
Ji m'"o.t bi.en. évUiJ2n,t que j'ai... toujouro é.té
race i.n.(éri.eul-e",
~ présentation synoptique est décevante parce que la contradic-
tion est évidente. A la question bien scolaire : 1'Q..te veut d-1..-re.
?"
. , le lecteur est désarmé, et s'il faut répondre, on
est tenu d10pérer un choix.
Ici nous nous en tenons au thème do-
minant:
cette sorte de caInisme provocateur qui
est le trait
. ~
dominant de mauva~ Sang.
Il arr~i.ve parfois que le sens d'une phrase, d'un mot ou
de tout Lin fragment soit difficile â relier au
thème majeur,
et
m~me i l advient que Le sens s'oppose au référent. C'est que I.e
poète obvie continueLl.ement son discours et nous convoclue à llne
épreuve cons tammen t
renouve lée.
LI hermé t i sme es t
le résu Lta t de
ce. déplacement.
Le poète propose les mots,
mais
leur valence n'est pas li-
bre.
Ils prennent diverses connotations dont les colore le
texte.
Le lecteur est toujours séduit ou éconduit parce qutil ne peut
jamais être sOr de cheminer' sur le vrai s~ntier. Dans le texte
poétique moderne,
la compréhensi.on n'a jamais totalement prise
sur le référent.
Le jeu du discours hermét1que consi.stA â accen-
tuer cette séduction. Mais
la for'me hermét1que donne chance à la
multipJ.ication du sens.
Nietzs~he/et par la suite Freud/ont réveillé au XIXè siè-
cle la conscience européenne endormie sur ses certitudes.
La table

446
nouvelle des valeurs serait incomplète sans l'essai d'une auto-
destruction du langage. C'est l'oeuvre à laquelle se sont attelés
des poètes comme Rimbaud ou Lautréamont, au nom des principes mê-
mes que la pensée dominante, celle de la bourgeoisie, avait incul-
qué.r à ses enfants, à savoir, la liberté,
l'égalité et la frater-
nité.
Les guerres de conquêtes sont apparues au poète de Charle-
vi lIe COmme une ''honte h1...6wr-t..que".
Dans son attente d'un mouve-
ment massif de dénonciation, Rimbaud met en cause l'impuissance
de l'Europe à établir véritablement l'égali.té entre tous les hom-
mes aux lieu et place d'intérêts égolstes et inhumains.
Cette poésLe est pOl~teus~ de message,
Pot r:omme
dit Sar'tre
à propos de la poésie t18gre de
L'Afeique r,:d: des C.~lr'':iïb(~s, "çd.Je.,
annonce. en bo""",- nouVÛte. : en négri..,tude. ('." t retnJuvéQ."
(1)
pa r -
delà l'exit et par'-delà L'acculturation linguistique.
En effet la
l'dé(rYlTtci.-aatwn"
de Rimbaud s'accompagne également d'une "détr-an-
ci...6a;ti.on"
de
La
langue qu'il utilise. C'est par cette démarche
surtout que la poésie rimbaldienne accentue son caractère de
modernité.
Ainsi que l'a éccitSartce "te.butp''O(ondde. f.apoé-
6i..e Ctlt t'autodetltn.A.ctéon
du ec..rlt;'~ge/' «~), et ce,depuis un siècle
envir'on.
(1)
- Jean-Paul Sartre, Orphée noiJ.,
Pcéf3ce à J.'Anthologie de la
nouvelle poésie nêgr'e et malgach~ de Langue française,
par'
L. S. Senghor,
PUF,
Pacis 1948, p.
XV.
(2) -
Idem,
ibidem,
p.
XX
; l'Jf.. a ffrmqW2 al.' prof..étari..at une. poc'i".i..e
qu<- {û·t "oci..ak tout <2n prenan·t ·~e" "ource" dan" en "ubj.e.cU-
vUé qui.. {û.t "oci..ak dan" f.. 'exacte ""'''ure OÙ ell.t.. éta<-t ou.bj.ec-
twe, qu<- "Iét.abf.~t 6uo' un échec dH f.angage et qu<- {ût pour-
.tant au.""<- <V<LLttante, auMli.. cotmUnémen.t corrprwe que te. peu"
préciA de~ rrofA d'oI""Ci4Q", op. cit., p. XIII.

447
Pourquoi l'identification au nègre est-elle nécessaire à
l'authenticité de l'oeuvre de Rimbaud? Un blanc ne saurait parler
convenablement de la souffrance humaine s ' i l n'a pu promener jour
et nuit,
tout au long
de son existence,
les stigmates accusateurs
de la malédiction,
de la honte et de la mort.
Il
fallait que le
poète en eût une expérience
interne,
qu'il reniât son propare lan-
gage,
puisque par principe les langues européennes se situent en
dehors de l'expérience à décrire.
Comme on peut le voir,
les
liens qui tiennent Rimbaud aux
poètes de la Négritude - Senghor et Césaire surtout - ne sont pas
seulement ceux d'une esthétique de
la
réception postulant par
principe ~ue toutP. oeuvre ~ui naTt s'élabore à partir de text~s
Plntér'i'2ul~S qu'on <1
lus,
en
l'occurrence,
ceux de Rl.mbaud.
La conséquence de cette décèption,
ce sera
l'exi.l mental.
la. per'te 'Iolontaire d'identité.
Rimbaud non seulement prend fait
At cause pour
les damnés de
la terl'c,
mais plus,
avec eux,
il
lan-
ce des
imprécations et des invecti~~s contre l'Europe.
Pour pouvoir déchiqueter le langage poétique il
faut avoir
subi
les expériences d'une victime.
La révolution poét~qlle déclen-
chée par Rimbaud sera une entreprise non d'un prolétaire blanc qui
aurait été bloqué par
la technique,
les combats sociaux,
lAS vel-
léités politiques,
les prévisions et la discipline,
mais d'un nê-
gre à ".ti.J:.re d'LndLgQr,e cotonLàé ou d'atrÙ=i.n. déport.é".
Le poète
nègre prend consc ience de
lui-même parce qu 1 Ll est "o~ ciano
ca race. et à cau.6e d'eUA".
Le Juif persécuté peut se réfugier

448
derrière sa peau blanche. Ce dernier recours est impossible au nè-
gre : il ne peut nier qulil soit nègre ni réclamer pour lui l'cette
abctraUe hwrani.té. -i.JLcolore : U ect. no"""'.
Ai nsi. es t-î l acculé
à l" 'autJ...,n.,t,i.cUé."
"-i.n.ôttLté, a.6Ôl2.IV-t.., iL 6e redreô6e, U
n::zt7l::z.ôôe
fR. rrot. de n.ègre qu'on. -fui. a jeté comne une pi...erre,
U
ce reV<2n.di..que c.orrme no"'" en {ace du bf.an.c,
danc la f-02rt.é."
(1).
(1) - J. P. Sartre, op. cît., pp. XIII - XIV.

-
449
CHA PIT R E
VI
IL' A F RIO U E
FIN
D E
S I E C L El

1 -- _."-'~--"'---.~'-.,,"."_.-.'.-.-'_ ..-.' -- -._-- .
450

C'est délibérément que nous avons consacré L'essentiel de
ce travail à l'étude de.la grande poésie au XIXè siècle de préfé-
rence a.ux auteurs mineurs 1 les
/'p'?.ti_U '-onT;Ult~LLQ..6/., comme Petrus Bo-
rel/
_, ~ar exemple. Mais cette recherche resterait inachevée si
ellE
ignorait cette autre production qui s'est développée en un
courant parallèle :. La Littérature exotique et coLoniale où le
thème de
L'Afrique
tient une si grande part.
Ces oeuvr~s sont à
1
,
L'origine ~e La crist3iti5~ti()tl
rles ~ythes et de Leur
rixati0n
,1
dans
l' imrtgerie coLlective eUI'\\)péenne,
e:: fr3nçaisf~ en particulier.
Dans
Leur vision particu~i~re rl[J cOTlcinenc noir,
Les 6crivains
e:-:o~i..ql1e:i et coLoniaux se sont appuyt,;~.; sur un certain nombre r;lfl.
p,·.......u· .._ dO:1t
Le pLus
tF:naCé est: que l'Afrique es;; un continent
d'instincts primi.t:ifs et hrutrlux,
un endroit où l'occid€:ntaL,
en
aff'ront3nt: en solitai.re un univers fondamentalement hostile,
jus-
.... r·
'~ l . let
pour
lui-même et sa r·nce.
la position de supéri.orité qu'il
a atce inte.
[1ourri d'une conception (lu monde de
type renaissant pr'imL-
tif, cet a 01';...01·:_ Sé cté'Jeloppe essent.ieLLemE:nc durant
La seconde
moitié du XIXè siècl~ dans une: série de théoriE:s dispara::es,é'JoLu-
tionnistE:s et déterminLstes. et au hout du compte, par une divi-
sion mnnichéenne de La mor:ILE: chl'étienne. Dans ce filcr3s, on
trou-
ve te péché.
la cuLpabiLité.
L'éthique puritaine,
La crainte de La
mort et un vague espoir de rédemption.
1
,..,
'.•

451
Les oeuvres de Loti, d~ Fromentin/et plus tard/de Céline
et de Canehan sont des illustrations significatives de ces théo-
ries. Mais avant que les écrivains de la Négritude ne prennent
définitivement la parole, une littérature qu'il est convenu d'ap-
peler négrophlle,
illustrée entre autres par André Gide, a cher-
ché à répondre à ce qui n'était autr~fois qu'un hruyant monologue,
dans un effort de démythification.
Par leur réponse,
les écrivains négra-africains ont fondé
une littérature qui reste essentieltemenc un mOUvement de réac-
tion.
Leur moyen d'expression,
La langue frf!nçaise,
est L'instru-
men t "c..af'J.banc6que".
du re fus des accusa:: ions
trop
Long temps pro-
férées.
[ l
n'est pa::; vr~;"li que
Le N(~lr soi,:: tbiologiquemen: taré et
qlJe l'Afrique sni: un contLnerlt d~mrl~ .. Et ~'es~ pour effacer ~es
pré,jug~s morbides qU'Bst Ilée la litt~ra:ure de La N6gritude. Les
nègres cultL'Jés
d6collvriront leur identi~6 en
Europe, dans
. . ,
:""VJ,yQ,...
..
..
le miroir déformant qUl
leur
ete preserlte.
Si une image infamante d~ l'Afrique 8st restée .jusqu'~ ce
jou:- insc:rite
dans la consciEmce occ~d~r.tale. c'est parce qu-~
les esprits on:: été ()uscun:is par la coLonisati.on qui a secré::('
sa propre ~déologie, celle du mépris '2t de La domination. Cett'~
idéologie s'est appuyée sur des théories pseudo-scientifiques
comme le gobinisme ou La thèse rte la mentalité primi:ive, en at-

452
tendant que sur le tard Lévy-Bruhl ajoute à sa grandeu~ en déclarant
erronée l'oeuvre de sa vie. Mais les idées sont têtues Comme les
faits:
le mythe négrophobique s'est cristallisé et nourrit enco-
re, depuis
le dix-neuvième s,iècle, une abondante littérature .



A/- RACISME, PRIMITIVIcM( ET_LITTERATURE
C'est singulièrément dans
la seconde moitié du XIXè siècle
que des esprL:s se sont méthodiquement appliqués à construire ~es
systèmes qui établissent une hiérarchie entre les races hlJmaines .
.~'{A0.n.:~ ,~u" f./ÎJléqnfL.té de0. a'I'Lr..Q~ hwrrû.ne0. a été publié en J.8'<: (1).
Ii.u déhut du X xè ~,i.èc~e,
Lucien [.évy-Bruhl
(~xpüser'::\\ ses thè~f'~s Sllr
la l'rrr~nu-d_i_té f::U·ül1lJ.i_vo.. ",
étape ex'trême de
la théorisation
du r'8.-
cisme.
[,a
Lî..tt\\?rature cGlonl'11,e; est sur':oul: unt:
il Ll.•s:-:rati.un ;1U
positivisme d'Arthu~ Cc)mte et Je la ~h6orie de
la race et du ~i-
li.eu pl'ofp.ss&e !lar :jon discLple T3tne.
La partie aujourd'hui.
la pLus
v2l1oriséf~ de 1 'oeUvt~e des éCl'i.vnLns que la postérité reconnaît: com-
me représentatifs de
leur époque,
Hugo,
Baudelaire,
Nerval f:t Rim-
haud,
s'est pour une
large part: développée,
ii
faut
Lnsister sur
cet aspect,
en con~radiction avec ces
idéologies.
Le gobinisme es~ pour l'~ssentiei en accord avec
le posi~i­
visme et avec
les
thSories du milieu et de ln rac~
(1)
-
Arthur
:}obineau, 0..';t-;'),a':'" ·..';tU!" t' 1flQt]atL.té dJ2.-;'), H].c..e6 J-u.ura VH?:.6,
P~ris. Firmin Dido Frères 1853 j Gustave Lebon, Lo~~ p&Jchof~­
qi...quQ.Ô, cle ('{;vofu.ti..on. dr!.ù P'e..upt~ù, PFiri~, II, lcan,
11394
; Louis
Fi..guie~, L'.e.6 l?acc....';t Jiunn;JlÇ!.-;')", Paris. Hachette, 1875.

",
.,.'
'l~~_
,,
455
Le racisme est donc une théorie qui attribue une supério-
"
rité à certains groupes ethniques; c'est en même temps le compor-
tement qui en résulte, contraire aux idées d'humanité, de justice.,
de fraternité, d'égalité et de respect de la personne humaine.
L'analyse de l'attitude raciste révèle quatre éléments im-
portants:
la tendance à insister sur les différences.
réelles ou
i~aginaires entre le raciste et sa victime, à valoriser ces diffé-
rences au profit du raciste, et au détriment de sa victime; à
s'efforcer de les porter à l'absolu, en les généralisant et en af-
firmant quelles sont définitives, et finalp.men~,à légitimer une
agression ou un privilège, effectif ou éventuel.
Dans
la soc:Lété c:oLoniale,
on cherLhern à expLiquer Le:3
diversités existant entre Les raC8s humaines
cette démarche
aboutit d'abord à une hi~rarchisation, à une cLassification des
hommes.
On iLL~~Ltue.,
avec iiLustrations diverses à l'~ppui, qu'ii
est des races supérieures et des races
inférieures.
Les disparités sont voulues par Dieu pour punir certains
de
leurs méf3.its.
Les Noirs sont,
pour leur malheur,
issus d":-
Cham ou de Chanaam,
îils maudits de Noé.
Ainsi donc,
t:out2 société cherche à justifier les abus qu'elle
tolère en son sein/de même que
les formes de méprîs dont el le se
rend coupable vis-à-vis des autres groupes humains;
pour être
convaincante,
la justification proposée doît être la plus globale
posslble.

.--. -,-, - - ::._--_.
456

Le Noir est ainsi tenu par le Blanc pour un être inférieur.
Même t'GnCYctop~ B~Gca affirme que mentalement le Nègre
est inférieur au Blanc
(1). En la circonstance. ce n'est pas un
simple préjugé ct' anglo-saxons ; le ÇJnmd ·LQ.,-'OU.66e 1J".~VQ.J~6.Q.-l. est
encore plus catégorique
l'C'e.<,;t "A va·in que. qUQl'.que.<,; phLton.tJu'Op<l<'; ont
e.<,;<,;ay" de. p''OUV<?.' que. t /e.<ipè= nègs'Q. e.<'; t G.U<><';<-
i.nte.', tiJ)en te. que t'"-<ipèc.e b tanche.. (ue. PLjUe.<,;
.are.<,; e.'(.Qffpf.e.<,; ne. ,ou{tL<'>e.I1A: point POU" prouV<?r
t/Q}GL,ote.n= ch= eux. de. gsaru:lR.<,; tacuné<'> iAt«.t-
e.Qct.u.(~Jr..e6. lin tact :J1.e...ont".Q.6ln.bf.e, ••• c 'c6·t
qu. 1;_L6 ont r~_ c.e.'VQ..QU Ptu6 ,·é.t.-écc, p.tu~ r..wjJ:!.r
qw,- ecdUL
de. f 'e..,pè.ce bfnrlch,,- Qt =- tact <lUttet
pour' P''IlUV<?'- ta ,oupés'u:,,'cté ,}P. f. "'<ip<U-J'. b':nndw."
(2).
Les ~crivains coloniaux, dans leur portrait du colonisa-
teur bt:lflC
essaient d'illustre~ ou d'affirmer la flotion de la
I
mis~ion civilisatrice de l'Europe.
Ils montrent aussi que le seul rapport qui soit naturelle-
ment acceptable entre le Blanc et le Noir,
lé colonisateur et le
colonis~,G~st celui du maître et du serviteur, parce que l'homme
noir est naturellement un être inférieur sur qui agissent les con-
ditions sociologiques et climatiques.
"
-.
(1)
- Cncyctopédea 8"Li:annGca de 1911.
{2j
- Larousse - ç.and di~u~nna<-r~ UnUue.~et 1866 - 1880, Art.
Nègre.

-.,,-- ..~-- .~-_.:'.~-- .._.-~
... ~'.'j'--
,
457
/ '
,
C.'est aussi,. 'au nom du réalisme et
chi,
naturalisme qu'une littéra-
ture du XIXè siècle s'emploiera à présenter de l'Afrique une ima-
ge diffamante.
" .
Bi -
REALISME 1 NATURALISlo1E ET THEME AFRICAIN
Le romanc\\.er réaliste doi.t êr:re à la fois peintre, savant.
historien, phiiosophp-,
·/Lsinnnatre et moraliste.
[,'i.ntcusi.on de
llAfrique dans la li~t6ratllre européerlnA ~ d'abord 6t6 amorcSe par
Cf.:tte littérature de reportage et dE.: r~lati.ons
de '1oy~e qui/par
pri.nci.pe et par défi.ni.~i.on/se veut préci.se et scienti.fi.que.
li
n'est que de parcouri.r quelques ti.tres des premiers ouvrages pour
s'en convai.ncre : ,7Jq,-:l,.-r';..pLLcn du. l<UlJawre d'ol' etc GuiJ-Léa. (-d), f!ef.a.-
(1.)
- Pierre de Mar6és. J..c6C4·i...pLwn. l2--t 4'°ét:Lt h;...6Co~·v-Lf.. du. 5'-i...che. "'oGJou-
m2
dlof' de (Ju.;..n.ée.. •••
Amsterdam,
Impr.
chez Corneille Qaesson,
l605,

.. ";
458
,U-ort dU. voyage du. ''OYaLUne d'.9MI4rty
(1). f/ouvel..f-,,-,l?eJatuJrt de i;'J1{ri..-
que. ücc.i.den.ta.te.' (2) ,I?eiati.ort6 d/un voyage QU'<- CÔte.6 d'/1frU:jue. (3) etc ...
Même lorsque plus tard, l'exotIsme et la littérature colo-
niale procéderont à une transmutati.on quasi-poétique de la réalité
par ce processus de mythification dont le fonctionnement est connu,
les éC,ri.vains, pour satisfaire au goût de leur public, prétendront
représenter la réali.té, en l'exagérant. Le souci de l'exactitude
amènera Flaubert à 8ffectuer des recherches scient~flques à C~rtha­
ge pour la composition de saeammb0 et Loti partira de ses obser~a­
tians personneLles pour construire son mythe africa~n.
L'~cri.vain a toujours i.nt6r~t à faire crolre qu'il ne pelnt
que Ln réalité. Le pr'océdé est valnbl ...: jusqu'à Céli.n~, Concholl ou
Descars ...
ana ...omts .
Zola compare l'écrivain rénliste à un savant, un
'
... e,
un chimiste, un mathématLcien ou un chirurgien dont les ~éthoctes dé-
rivent des sciences exactes. Il es;:, aussi bit:n que Les autres sa-
van-:s, "un
parce qu' Ll dissêque (:et ordre 50clqi pour l'analyser.
Co:nme h~stori.en dé son temps, l'écr-ivC:lin réaliste peir): la
société dans laquellt:' il vit parce qu'il dé~i!'.:nt Le sens de 18. va-
leur des choses.
(1)
- Godefroy Loyer, Rcf.a.ti.D., du voyage d'.1<l6yrty,
Côte d'Or,
Paris,
1714,
(2)
- Jean Baptiste Labat, 77ouvQ.U'Q ,,,,,-lnti.Dn de. t',#"i.que- O=U:1PJl-
ta~,
Parcs, 1728.
(3)
- François Roger, PefntwH d/un voyage QU.rc, Côb2c d'Af,·i.qUJ2.,
Pa-
rcs,
1698.

,
"
459
Le positivisme est une idéologie qui recherche les rapports des,
"
"
--~.
_.,'
l
'
d "
causes et des effets, les
pI'~o nu"t.U""e-l.6 "."
a ra 150n
u '. trouVCl-
"",,,,t" et du comportement dans la société. La philosphie qui l~, di-
rige est ce lle de la "throN..<z. dR. .f. 'unUé o~~i.que dR. tou6 .f.e6 ':~<Ul" ;
une théorie qui maintient que l 'homme est "W\\ wpe d'ani.n'nf.",
Mais
l'homme est partout le même~ .le milieu Le différencie:
rentrent en ligne de compte les caractères varié~ comme le climat
et les conditions matérielles.
Par instinct,
l'ho~me transpose sa
vie intérieure dans son aspect extérieur: vêtements, habit3t,
physionomie ou paroles. Ces éléments constituent alors de vé~ita­
bles documents exposés à l'observation et à l'investigation du
philosophe ou du créateur.
ILs
lui
fourniss,omt
Les explications
sur Les comportements
i.ndivic1uels Qui relèvent du '·,.·rol..~6rn2.'·.
Au XIXè siôcle
la
litt6racure française sur l'Afrique ~st
dl.une ahondance
inégalée et s'i.nscrir. pour une
large part sous la ru-
brique de ce réal isme. Or le point de convf~rgence cIe ::out ce qui
dans le domaine de l'esthétique
est
du réal isme; se présente
sous un aspect concret, objectivable,
percepti.ble.
Le réali.sme
est une façon nette d'appréhender
Les réalités du monde extfr"Leur,
une croyancp. à ce qui existe en fait,
et dont les rapports snnt
éloignés de
l' inven-cion, de
l'illusi.on, du rêvE: ou de
1.::'1. [LctLon.
Ce qui est important et digne d'intérêt c'est que
le ré'l-
lisme dans la littérature françaLse est une r~action contre la
subjectivité du romanti.sme et sa dimension antisoci.ale.

460
Max Buchet écrivait en 1866
".E'~té eaL l'aaae d'équLvoque et de fi.cti..oru,.
Ce qu<... '<2-Mort te. pf.ua cfaU'QJI7l2Ylt de 6<>.a ·U-u.Waaea
et de a"-a doutou.''QWG tâtonrwm;>..nJ.a actueta, ce. ao"t
aea a~u'(2ti..o"a V.ua fa ':iuati..ce. et fa Vér<...té. &.
pott.-tLque., en OConomLe.
dan.6 e.e.6, OCLence6 e·t dan.6.
J
f.e.a a,··ta, ,,-U.e a'aceoutwœ fJi2U à fJi2U à appete.r f.e.a
cJwaea parte.ur 'U)m, et à"," pl'ua accepte,· <:ka
veaa l.e.a POU" c/Qa !'.an w,nea ,. (1).
Le réalisme s'insc~it dans Le mouvement g§n~ral d6 la r6-
vol te qui. décrète qu'on appelle désormais
les choses par It::ur nom
et qui vise à l!introduc~i.on du concret dan5 l'art; attitude qui
prêche "un. ,-(',I:.:.ou.,- clC?. fa p_i...J.. Cé.,au.,(~~ [' G'Q)l.'j,,!.."
déVCn.:ln t
pro tes ':a t i. on
con':re '·P.'a&'.J.6 c!.c.?.ù rnQ/(fflcor.;-'~6
f.fll·1.9ÙUT·<!.J.J.'~Q,~I' et; des "<LlCagé,'(l/.:A..ot'l6.
cofo!·Q.c"!~)!·,
lçs d~ux dérauts majeur's du mouvement r~omanti.que. Re-
cherctlc d~ la v6ri.~&, ~r~duction des mceurs et des valeurs sociales
les nlus larges pour aboutir à un art vivant.
Face l la vie contemporaine, le réalisme est le refus de
,.t'~u-e". C'est la reproduction fid1l1e de la réalité humai-
ne, de ce que l'on voit, là où l'on vit. Ce mouvement tient compte
de l'importance du milieu car c'est là qu'évoluent les individus
et qu'ils connectent leurs actions et leurs interactions. C'est
en peignant ce milieu que l'écrivain atteint son idéal d'écriture,
celui qui exprime la vérité et la justLce
(1) - Max Suchet. ce Réat<...6me (1856) Extraits. Avant-Propos, p. 82.

..
. .!
'
461
1 .
l
Desprez l'avait confirmé dans t'CvolutLon natural06te:
,'k Réa.(.~ cond.u.t à la. ""'PJ'OCiucLi...on exaet.e,
c=rptè/:R., ôÙtcw.e, du. mUi..eu 6Oci.at, dee.' époque
on. vU, parce qu'U/1J2. tclk di..recLi...on d' ~ eL>t
juôü-( <-ée par ta l'a060n, te6 be6Di.n.6 de e.' i.nt.e.t-
ti..ge.nc.e e-t e.'~.t du. pu.bV..c, e.t qu'e.t&.. ~
du. tn2.Tl60"9"-, de toute ~ri..e•.•
Cet.te.
m,oroduvUon doU ê.tre au.ô<>l. 6Ù>pf..e. que ,0066<"-
bte ,oou.r être CDnpr<Ae de tout Û
...:",de" (l).
L'art, échappé désormais au monopole exclusif de la bourgeoi-
sie, descend pour être à la portée de tout le monde~ il s'identifie
avec le réaltsme et cherche à aider à la compréhension et
à la
défense de l'intérêt social des masses.
Les Goncourt expliquent ainsi les fondements esthétiques et
philosophiques de leur entreprise :
''Vi..vczn,t au.
X?Xè. Ôl.è.c&.. daM u.n t=po de. ou.Hragn
u.rU..ver6e.f., de. démocn:u.i..e., de Ubérnl.ÙIm2., nou.6
nou.ô 6",""",6 dJ2nrJndé 6<" ce' qu'on appeU..e. "&..ô
bcz46e6 cla.66eô /l n'ava.1...t P"lô droi.t au ,."()f)X}rl ;
6-l.
ce mcmde. 6ou6 u.n rrvnde.,
&.. ,oe.u.,oÛ, de.\\n.<..t ""-ôter
6OlL6
&.. =u.p de. f.' Ùtterdi...t UJ:tél'aLm et de.ô
dédai.n.ô d 'au.t''''-6 qw~ ont {aU ju<>qu 'Loi.. te 6<"ûnce
6ur Uôrœ et f..e. coeu." qu' Le. peut avou" (2).
(l)
- Desprez : .f'CvofiltLon l'Iatul'ae.L,>ee..
Revue:
le
Réalisme (Rea-
lism,'et Naturalism;J, p.
26.
(2)
- Edmond et Jules de Goncourt. Préface. de Çé.<imi..e. Cacertewc.
(1864) Réaf.Ù1m2. ",t na turae.Wrre , p. 28.


. : _ _ ~ ~.'_ : _ . _
O·"

''''. -'
462
Le réalisme est alors la vulgarisation de l'art, une fa';?n
de le mettre à la portée journalière du peuple; le culte du beau
langage,·; du grand style et du balancement de la phrase doit être
proscrit. L'écrivain doit contracter une nouve~le habitude "d'ap-
pef-er fpA cho6<U>. pal' f-eu.r rwm e.{; à ne. Pf.u6 accept.er 006 ve66U,6
pour 006 ~e.6".
On voit par quelle démarche intellectuelle on aboutit au
naturalisme.
Diderot définissait les naturalistes Comme étant ceux
qui ont pour métier de bien observer la nature et pour religion
unique, celle de la nature.
Au sens littéraire.
le terme connote la peinture de la na-
ture selon un style nouveau fondé sur l'observation.
La définition
du mot se prolongera vers
l'interprétation exacte et sincère du
milieu social face à la réalité quotidienne.
Le développement de la science a dicté les lignes méthodo-
logiques de l'esthétique naturaliste.
L'esprit scientifique dans
toutes les connaissances est l'agent même du XIxè siècle: le Natu-
ralisme est le
fruit naturel de la société démocratique nouvelle.
En conséquence, on considère que
"f4 c.wUu.au..on i.n~U-ee.tu.e.U.e. m::x:fR.",-e. e.6t
caractéri...6ée. par' un cu:e.roi...66Qffl2J'l{; Plodi..g.Uwx.
00 ""6 c.onnawcan=6 6Ur -la natu.r<>.'· (1).
Le naturalisme est une nouvelle dimension ajoutée au réa-
lisme.
Les deux doctrines ont nettement subi l'influence de la
(1) - Philippe Van T iQghem ,C<>.o. g,-'<11'1d<?6 doGt.·i.ne.6 UUé.'ai..re.6 e.n
Yran=, PUF, 1946, p. 229.

463
science athée et du déterminisme proposés par Taine. Ces influen-
ces sont d'ailleurs appliquées à des domaines très variés: la
médecine par Claude Bernard, la littérature par Zola et par Flau-
bert dont les descriptions min~!ieuses du paysage nord-africain
confirme la valeur de ses recherches sur le terrain.
En littérature comme dans le domaine de l'art,
l'assimi-
lation aux sciences expérimentales produit chez les artistes une
"vo&..té de 6ot.tml.66ùm ckt 'ho"",,,- contRnpoO"aÙ1. à lA. ..én.U..té i.nmé-
d<.ate.." (1).
Le refus total de l'opinion religieuse amène les intellec-
tuels de la période de Zola à retrouver la tradition des philo-
sophes du XVIllè slècle. La recherche de la raison réduit complè-
tement ''l'.e.ur mé~np/uj6UjuQ. à Wte e6p"=. de pan..thét.-6me nnté.-i..a-
twte.." (2).
Les créateurs sont alors soulevés par un sentiment de gran-
de suffisance, l'orgueil de tout comprendre et la certitude qu'il
n'y a rien qui soit indéterminé:
tout peut se prêter à une ~xpli­
cation rationnelle.
Flaubert,
avouant la puissance de la science, dil uans sa
lettre· à Geor-ge Sand:
":k c>'(,t..6 qu,,- te 9''GJ1d. art. e.6t. 6CÙ2.n tt.-{Ujue et.
Urr:>er6onne.t. Jt taut par un e.t{o.··t d'e.6prLt 6e.
(1) - J. H. Bornecque et P. Cogoy : Réat~ e.t. nalur~, Ha-
chette, 1958, p. 45.
(2)
- Idem,

464
oe<~gt.oP"rCu< daho &0 p"''60rtnage0 et.
'<'U'" ie.o,. a,tLÜ'e..< iL· 6Di..
.. ,-;
raisons scientifiques et non plus par respec t des hienséances:-' (1) -'t ..:.~~"::., ):'..:
Cette attitude qui détermine les sciences naturelles est
également valable pour la philosphie des sciences morales
l'his-
taire, la critique littéraire et la critique d'art. C'est dans ce
domaine que s'applique avec le plus d'efficacité le déterminisme
de Taine pour qui "Pn cri..tl.-que déri..uQe de f. ,"xPért.PJlc.e"
doi.. t
"(::lI'q.nd.#'Q. dI'Oi-t de c,·~té dr1n.ô.
P..eô. ô.ci..en.ceô. fi
ayan t
T'POUl' ~eute6 a6-
o<-oeo cko {ai..,u:' v&....{Léo'· (2). Ainsi ['intuition, bien qu'elle
soi t du domaine de [' intellec t, es t remp lacée par "l'objJ2.c0i..vi..tk
méthodi..que et ea d<-ooecUon anatJj~ue. cko f.abo.atoUv:>.o". Cet te
méthode inspire Zola qui écrit en épigramme de "Jh~e RaquLn (. j.
"Pou.r ranger t'h.orrme dano une. catégaré,e morute.,
COfmIQ.
.p-'0'1 ''Onge un corpo ciano une. ca·tégarw
chi..mi...que, U. ouf{ ua donc ck conna~t.",- avec
regueur te.6 co'tdi..,twno ck t ' ~ don.t
chacun eo·t· f.e "oujJ2.t" : ea ru=., f.e mU.0eu,
te. f1IOffI2J1.t e.t - {acl:v-ur vcu·i..able. - ta quac'i..,té (-3).
(1) -
J. H.
Bornecque et P. Cogny, op. cit., p. ~6
(2) -
Ibidem, p. ~B.
,
(3)
Idem,
ibidem.
!

465
-
Ainsi s'étend la théorie du milieu qui explique l'individu
par l'influence qu'exerce sur lui l'état d'esprit général et les
moeurs environnantes.
Cette conception de la critique purement scientifique issue de
Taine se prolonge chez les écrivains de l'époque et plus particu-
lièrement chez Zola qui est amené à lui consacrer un de ses pre-
mières analyses critiques. Il accepte et développe l'idée de Taine
sur la théorie du milieu:
"nOU.6 <1.6 ti.m:>n6 que. f..' honTre ne. p"'.ut 6.[.1'" 6Qpa.ré de
60n mLtiR.u,
qu.' U
<1.6·t CD<rptété par 60n v~·t,
par 6a nni....6on, pt::U" 6a. v-i.-e..e..e. e.t 6a PI'OV.i.nce ; et
dèô af-OI"Ô, nou6 ne not.eron6. pa.6 un 6euf. phérwrnè.ruJ.
de 60n cer\\/C2.l2U ou. de oon. coeu.rJ
6Qn6 en. chercher
&6 CllU6e.6 ou. ·te cont.•"'CDu.p dan6 f..e. mLtL<!.u.". ••
(1).
Ces
théories en vogue influent nécessairement sur les écri-
vains qui s'intéressent à l'Afrique. Pour la plupart, en présen-
tant l'Afrique comme une terre 'de soleil et de mort,
ils ne fai-
saient qu'exprimer la réalité des faits, vérifiables, selon eux. L'écri-
vain et son public deviennent alors dupes d'un jeu 'lU' ils ont ins-
tauré. On feint d'ignorer, en croyant faire une littérature du
"vécu", que la reproduction exacte de la nature est impossible
l'art ne peut être ni copie, ni imitation. Il sera toujours
(1) - J. H. Bornecque et P. Cogny, op. cit., p. 49.

l"
. <
"166
une interprétation que sollicite la subjectivité. D'ailleurs l'ob-
jet de la perception est toujours iimité et l'interp~étation crée
un produit nouveau dans un rapport de vraisemblance lié
à la vie
rée lie.
Au moins Zola avait-il poussé sa réflexion jusqu'à la théo-
rie de -l'écran t forme sous laquelle il expose sa philosphie de la
littérature; les dLfférentes représentations de la réalité à tra-
vers l'oeuvre d'art. Cette oeuvre d'art est semblable à l'une 60pte
d'~ tn:u,"P<U'<'J't.t, à -i:Tavm'" l'.equ0L on ~ U ee." objJ2.to pI'...u6
ou nnUt6 dé{oJ""rTI26 P •
La déformation de ces objets est due à la na ...
ture de l'écran. On n'obtient plus une création exacte. calquée
sur la réalité, mais plutôt un produIt modifié par le milieu:
où passent l~s images. Chez les écrtvains exotiques. négrophiles
et négrophobes,
l'écran déformant. c'est leur milieu imbu de pré-
jugés et de schémas dont ils sont incapables de se défaire. C~r la
vérité, c'est que la réalité se perçoit toujours dans une oeuvre
à trav~rs un homme, un tempéramment. Zola affirme que "~'o~~vle
d'art l26,t une fenêtre ouverte 6Ur Pn. créati..Dn" et que l' écran est
encha,Çsé dans son embrasure. Si cette fenêtre est libre,
les ob-
jets vus au-delà paraîtront dans leur réalité. Mais la fenêtre
n'est jamais libre. Il est impossible qu'elle le soit. Et comme
les images doivent traverser un milieu, el~es seront nécessairement
mod.fiées. Entre l'artiste et la nature, s'interpose le goût,
l'éducation, le stylet
la sensibilité et la raison.
(,~
Le réalisme et la naturalisme proposent l'imitation exacte
if
~:
de la nature, telle qu'elle est, sans ornements et sans mensonges.
'i

l'
l'
1
1,.'.,~,.1.

·"
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,,_.'- _.
. - - -.--...
~.
467
,•,.~
'.
?
r"
;i
Il était couramment admis
au XVllè et même au XVlllè siè-
H
"
~i
cle·· que la nat.ure humaine était partout identique: et malgré les
':'.
différences de moeurs qui pouvaIent exister entre les peuples alors
i'
connus, on ne doutait guère que tous les hommes fussent/au fond ,
i
semblables les uns aux autres; pour expliquer
les différences,
on pensait seulement que certains peuples étaient plus avancés que
'.
d'autres dans la voie de la civilisation. Et Descartes se faisait
l'interprète des penseurs de cet~e époque quand il écrivait, au
début même de son "2L..âCOU.f·~ dt.-?- fa rT}étJwd.e", que "fp, bon '..iQrt~ p.ôt
en. dwôe du rroru:h f.a mi--e.wc.. P1-1J·'~;Q.c". r~;'llS petlt à petlc, on en
vint au XIXè siècl~ ~ ~e demanùer si ce rost.ula: de l'universGlité
de la nature humaine était fondé; en -<::ffet l'observation san~; ct':~­
,.'
~,
se plus poussée des peuples dit:~ "ùauvag,,_ù"
fLt ressortir au ::on-
traire L;'l disparité des manLères d~ vivre et de pénser, et la reLa-
l'.
t.ivité dfune psychologie fondée 3ur La seule obse~vation de l'adul-
te européen.
1
,
Ainsi le problème était posé, et bien qu'il ~ût été nette-
~
ment
per'çu par plusieurs auteurs, aucun avant Lévy-BruhL n10sa
1
pousser cette relativité à llextrême, et envisager l'hypothèse
d'une di.fférence de nature en:re les dL'Jers groupes humai.ns quant
à leur mode de pensée et leur logique même. En se fondant sur df~S
documents rassembLés par les explorateurs,
les missionnaire0, et les
administrateurs, Lévy-Bruhl essaie de dégager les Lois d'un mé'.:a-
nisme mental particulier correspondant à une certaine forme d'intet-
ii
1
1

_.",'
"
468
ligence et à une certaine représentation de l'univers et de l'hom-
me. Il offre ainsi une psychologie nouvelle de l'humanité dite
primitive. Aux primitifs il consacre toute une série d'ouvrages tels
que :
blié en 1910, "ra lIkntaDJç, P,·;.mi..-ti.JJe en 19:'1,
C'.'Înt;>. P.-ùrK..t.i.JJe
en 1927.
CR. Su...mtu.e[ et f-a na!:J.u.e. dan" ta me.n.tati~ç, Pr<..mi..tÙle
en 1932 et J'4 ~ioq,i..J2. P.·;.mi..-ti..-ve., en 1938 ; autant d' ouvrages
qu i ~onst i tuent pour ains i dire le "nn.n-i..{e.ëte'· de la r·tentali té
Primitive.
Si Lévy-Bruhl a donné une psycologie nouvelle des primitifs,
il n'en reste pas moins que la psyc:holugie des primitifs n'a pas
~t& invent~e par lui.
Il a eu en eLf~~ des devanciers, dont il
commence d'ailleurs par parl~r lui-m~me ~t en l'~ce desquels il
convient de le situer.
Le problême des primitifs avait déjà été posé par l'école
anthropologique anglaise, représentée principalement par Tylor et
Frazer. En s'appuyarlt SUI· l'animisme, leur psychologie à propos
des primitifs ne fait entrevoir qu'un reflet plus ou moins grossier
et d~for'm~ de la psychologie hllJ!la~ne c0Llrante. En premier lif.u,
ils s'en :enaient au seul point:: dé vue de la psychologi.e indivi-
duelle ; Lévy-Bruhl s'attachera à l'étude des rerrésentationf~ col-
lectives.
D'autre part,
ils admettaient que les fonctions mentales
des primitifs étai'.::nt i.dentiques à celles des autres humains. ~,évy­
Bruhl partira de l'hypo::hè~e contraire.

.::'
469
Pour eux.
le problème consistait à rechercher comment des
fonctions mentales normales pouvaient présenter dans le monde pri-
mitif ces déviations qui paraissent étranges et ils
le mettaient
·sur le compte èe la nalveté ou de la faiblesse mentale des peu-
pladesdites sauvages. Lévy-Bruhl, au contraire,
pose la croyance
à la relativité de l'esprit:
/I.tJ2.(}
6e....f..R.6 dR" {acta 6oci..a.u..I(, ~on.·t 6ot:....da.cre6
teo unoo dR-o autreo e-t ~o Oe condJ:Lonn<YVt:
,-.éûi...p.roquwoo.nt.
Un bjpe. de ~oc.;~Q.tQ dét lrti..., qui...
a. 6Q.6 1J1.6. ti.-tu·twn6 e.t ~e.~ mJQU....6 PI'Op.J"e6, QUI a
donc. auo.o.,:", n.é.CR.6~a.t.ro.JW..J1.t., o.a. rrPJt·tn.f...i....,té pro!=n -e.
A de·~ tL}OQO oocÎ.nwc; diJt é'Q}'lto co,·,,,,,oponruûnt
deô rrK'Jlwr.iJéô dLtté''Qn~ô••. '' (l).
Mais s'~levant au-dessus de tOtlt~s les diff6rences par'ticu-
Lières qu'il peut y avoir,
Lévy-Bruh~ ne reti.en:: que deux blocs:
Le faisceau qui constitue
la menl:alit.é pcLmit.Lve 'et. cel.ui.. qui. cons-
titue la mental.i..té dite civilisée. Et r'huss rej'C::::'era,
nu nor.1
précisément de l'histoLre de
l.'esprit humain,
Le vocabL~ de /'rrQJ1.t.a-
f.cté PI·Unf-,t[~ve./', avec la signifi..cation contraire à la réal i té qu' i l
LmpL ique
: en ef.fet 1 on ne peut ranger sur un même plan austra-
liens,
africains et incHens, car on éI. affaire
là à des mp-ntal ités
bien différentes.
A quoi
Lévy-Bruhl. répond qu'i.l
ne s'agit P'IS d~
5ubs~ituer une simple descrLption g6n~ralt: 5 une expl.icati.on parti-
(1)
-
Lévy-Bruhl
:
lh.~ Jonc.U...Dn.~ r».-!rttatr>..6 c!ana f.Q.0. 6occQ,té6 tll.(é-
8'1..0-U1""26,
p.
19 .

·.,.,.<--_.... ~--
.
.,..
'.,
.
470
culière et rigoureuse, mais au contraire de fournir une introduc-
tion et une préparation à cette explication, en présentant un
'fond de similitude assez important pour que l'on puisse parter
d'un type. Il ne faut pas que ce cadre provisoire devienne rL-
g ide i il do i t donner seu lemen t un fi l conducteur pour ta connais-
sanCe de certains mécanismes de pensée, de schèmes de représen-
tation et de lois mentales.
Tel est le but de Lévy-Bruhl. Il ne prétend pas tracer une
psychologie définitive des primitifs, mais
nous mettre dans l'état
d'espri t qui convient;et nous mlJnir de-s vues générales néce?)saires
pour aborder les grands problèmes sou~evés par les institutil1nD,
les techniques,
les arts,
les Langu'ê::s ... des primitifs. Pour cela,
II faut essayer, au lieu' de ramener les primL ti fs aux normes de la
civilisation occidentale pour les expliquer, de retourner à eux
pour les comprendre. Il faut chercher l'origine de cette psycho-
logie nouvelle des primitifs dans un contact de fait avec une civi-
lisation très différente. Quant à la méthode, elie consistera à
analyser plutôt des peuples actuels consldérés comme peu civiJ.isés,
que
les peuples l'p6·Î.-mi_tL.'{~" classiques de l'anti..q'.Ji té ou rte la
préhistoire.
Avnnt d'essayer de dégager les lots les plus générales qui.
régissent les représentati.ons collectives des "~oci-Qt.éo. in.fQri..ett.~/'.
il n'est·pas inutile de détermi.ner les caractères essentiels d~
ces représentations. Par cette forme de l'activité mentale che?
les primitifs, il ne faut pas entendre un phénomène intellectuel

.. , .
471
pur, mais une donnée
plus complexe, où entrent des élémentsaf-
fectifs et moteurs, impliquant par conséquent une attitude parti-
culière à l'égard des objets représentés.
Le primitif est psychologiquement incapable de distinguer
le vivant de l'inanimé, l'image du modèle, le nom de l'individu
qui le porte, l'ombre du corps qui le projette,
Le rêve de la réa-
lité. Les mêmes propriétés sont attribuées à chacun des couples;
il les croit sans cesse affectés L'un par l'autre. Pour les Chi-
nois,
écrit tl1. de Groot,
l'association des images avec les êtres
devi~nt une identification véritable. Une imag~ peinte ~t sculptée.
et se rapprochant ainsi de très près de son modèle, es;: un l'af.u!-.,,
e.9o"
de l.'1 réalité vivante, une dc-:m€ure
de son fune. bien mieux,
C'f:st la r(~alité elle-mêm0. Et dans L' ....:,trc !J~.jJtl;~tL.VQ., Lévy-Bruhl
note exactement la mîi::mf: participa.tion : 1.' im:J.ge n'est pas seule-
ment Utle reproduction de l'origina~e
distincte de lui.
Si la d~pendance est ainsi leur condition permanente, Com-
ment les primitifs vont-ils pouvotr s'appar3ître à eux-mêmes
Vont-iLs s'attribuer une individualité, une 5me propre?
Bien qu'Li ait le sentimerlt de son existence personnelle,
il ne semble pas que Le primitif possède, pas plus que l'~nfan~,
une notion claire de son moi, de son Rme. Comme l'enfant,
Ll ap-
paratt à lui-même comme il apparat;: aux autres et comme les autres
lui apparaissent, sans s'opposer aux êtres ou auX objets de la
nature ambiante et sans même s'en distinguer proprement. Tous les
êtres, vivants ou non, sont pour le primitif comme le
véhLcule

,.
1172
et l'incarnation diversement spécifiée de cette forme anonyme 'et
impersonnelle que la sociologie contemporaine a popularisél sous
l'un de ses noms indigènes: le mana ..
L~, mana est à la fois comme
une substance, une essence, une force,
un ensemble de qualités.
La participation à cette essence définit et distingue les êtres
et les choses. Elle leur confère un caractère sacré et mystérieux
qui anime toute la nature,
institue comme une parenté et une
interaction entre toutes ses partie~ qu'elles soient de l'ordre
animal, minéral ou végétai.
"fu gr'oupe hwrni.n, écrit Lévy -Bruhl, ~e. ~ent Jan~
un. ,app.o~·t ét~'Oi....t,
âUlon de :(tP~la-t...Lon, du rrot.n:-l
cie, c...orrrru.n.m..té. d'ecâcnc.e ave,c f_ 'a,·br'C bi..pJt:(ai--cant~
qu.i... f.H.i_ a PQ.. a-Yni./.'J dQ mylCr' W1<.!. VU2. lx->...n.u.coup rrvLnô. d1..d"1'2.
quC!. cp.?.f.(!.. CW_6

u·i.hu6 ''(.!.6./~éc.6 nD~':/' (.1).
De même
les arbres,
léS animaux sont aussi animés .:C
hUfilani.:.és, el: présentés comme les ancêtres mythiques de l'homme.
ma ..
.... -
Et ces an;')loBies sont à ta base même du totémLsme. Ainsi
lere.
vie e: âme se confondent én un mË:me tout et se répandent indLvi-
s~ment en une foule d'gtres. l.'~me n'~st pensêe isolément ni par
rapport au corps, nL par r~ppQrt aux autres âmes. Et l'indLvtdu
ne peu: ê:re radLçal~ment isolé de son gro0pe, nL même peut ~cre
pensé autrement qu'intégré dans son groupe. La parem:é,
la pr'o-
priété et généralement ies principaux droLts et devoirs sont orga-
nisés et définis à part~r du groupe e': non à partir de l' i.ndividu.
(1)
-
Lévy-Bruhl.~~ JonctLon~ me.n{at~Q ... p. 41.

Cette condition une fois pesée, dans quelle mesure l'indi-
vidu arrivera-t-il à avoir une notion à peu près claire de son moi,
de son âme: Il s'apparaît en premier lieu toujours entouré de ce
halo mobile d'appartenances.
:C",c appm·tenanCR-C àont teà pa1·VP.à
rJtCciqran.t.e.6 c.Le Pa pt2.6'60nne et ne 6<2. di.-âtfJtguent ,:n6 d'elfe.
:. par
exemple,
tout ce qui croIt sur le corps, les sécr~tions, tes em-
preintes laissées par le corps sur un si~ge ou sur le sol, les res-
tes des aliments,
les vêtements imprêgnés de la sueur de l'indi-
vidu, tout ce qui a été en contact intime et fréquent avec lui.
Ainsi.
l'oppo~~Ltiün courant~ d~ l;\\ ma~iêre ~t de l'esprit
!\\"~:.<.tst(~ f)t:\\.s ch-:~":
~'2 primit.il. Et lm.:' cow-;équent l'~me dl'"~ l'indi-
vidu n0 rOtJrra gtr'~ is()l0e d~ sail cor'ps, P:lS VlllS que dégug6f: des
autrE:s participations au s~in (lesquelLes ~lle ~st engag6e.
En fait les primitifs en g6n§ral t,'ont d'aiileurs pas
l'idêe de ce qu'est l'&me. Comme l'ombre,
Le souffle,
Le sang ou
la graisse des reins, elle est une appartenance essentielle de
l'indi'Jidu.
L' indi.vidu n'est lui-mérïle qu'à La condLtion d'êtré en
mème
t.emps autr~ que ~u'~ -mÊ:me : i l
~st un l'[.LP-U dt!. pC:l-IJ,tLci.paI>'--On"
e: non une en~t~c ind~p~ndarlte Et isol~e.
l,es repr6sentations des primitifs relatives â la mort appor-
tent u'.le pr'euve supplémentaire à ce qui vient d'être établi. D'une
part,
l'fa fTO~'t aLb:.'_Lnt au p6''\\yrHJ2.'' c.he{ non ptU! or-ut~YrJ2.nt~ l'. J tn.dL-
vîJfu.,
nYL1.6 Ù
traVC4'6
f.UL.
te g.f'O#..J..{JQ m.?rœ.. I '.
O'autre par:,
la mG:-~
n'apparatt pas com~e libérant d'un corps un eSD~Lt pur;
le mor~
s'en va simplemer:':. àans un autre monde où il va mén'2'r une vie ana-

474
logue à celle des vivants. Séparé de son cadavre, il reste tout de
même uni à lui, affecté de tout ce qui l'affecte. Entre les deux
mondes, il Y a une communication constante, une symbiose mystique
et concrète des vivants et des mor:s.
Ainsi, pas plus que les catégories d'identité et de causa-
lité, celle ct· individualité ne représente, comme elle le fait pour
la raison des "cLV1.)!)Aé6'; une forme nécessaire de la pensée primi-
tive.
Ce sont là. ~ans leurs grandes lignes, léS principales carac-
téristiques de la ~~ntalité Prtmitive, que Lévy-Bruhl a développées
dans les six ouvr~ees consacrés à ce problème. Ii en ressort que
la ~entalité des primitifs, mystique, prélogique et régie par la
loi de participation,
peut être assimilée à un mode inféri~ur
de la fqçon de penser.
Quelque
ché~cheur nous donnera un jour déS raisons plus
convn.i.ncantes qui. justi rLent ou t:KpLiquent l{;~ mépris dans lequ81
tou!:e une :'acf.: a été tl~:nUt-~ ;1(-;ndant d,~s sLèclE';s et pourquoi de; es-
prL~.s il.l.ls~·~i un'i:~t':.:;€:l:; que !fer:;el nu I!um~ ont pu écrirE: des in-:.ptLf::s
du gf.t)re
:
"'='..J/~·-i.-LlU{!. n'e·~L (Xl'.) un\\;. r..lCl~~Ll..J:'- h.i~-.)to6·illuQ. clu.
flui:cL,.•
[1~Je n'a pa6. ck-? fTOtlWlX?nU,
c/Q dévefDppc -
n~'n(. à n"o'lt~'(!.6', Cb..3. roout/Q./11PJ1.L hi...6.W6·;..LlUC!. en e.tte..
C 1e.~ L-à-du'Q. que. 6a. pa.,·cè.e 6cp-tenu·Loru2Le. appar-
[Lent- au rrvn.dc (!U6'Opée.n. ou. aêi.ati--qu.e. .. c.-e que. nQU.-.)
C?nt-e.ndon6 PJ -éc;~,~ént:>.n t pt2I, e. 1..Il{ 6 ·"--quC? Q.·6 t ahi.â.tori_
quP-,
i~ IC'.)p6·Î.-f~ non d.évp.f...oppé, enC06'Q. Qrlvewppé dan6
C:<l2.C c.ondU:0Jn..::.& d.e natu6--eE. I?.t qui_ doÎ.-t_
{;~ tJ 't"- ~ 'c?..6l2rt Lé l.c.~ '.)C?H ,o..eJTeH l~ corrrn.!.. au <'le.u. ;j.
de. f_ 11li.â to u'(>. du m.:.mr.!,(~" (1).
En tout cas,
Lucien Lévy-Bruhl a ajouté h 83 gloire en dé-
clarant an::iscientif'iques toutes [,;;es constructions
théorlques.
Le primi::~visr.le dE: l'Afric:ain,
l'hostil ité de son ér"'.'/iron-
nement sont des
idées inculquée[; aux petits europê~ns dês le bas-
âge. Les pr~mières lectures, à l'écoleJdans lps éditions ~nfan­
sinés,
la bande à~ssinée,off~ent des stéréotypes qui sont des
, ,
,schér.las ,-", classt1nt les groupes humains en bons et en méchants.
III - Cité par Joseph Ki-Zerbo : J~taiJ~ de t'~Ji4ue noiJ~, Paris,
Hatier, 1972, p. 10.

475
D)- BEMANENCE DU MYTHE NEGROPHOBIQUE
Il n'y a pas de mythe
sans
l'enracLnement dans l'enfance
ct 1 une idée simple et simpl Lfiée. A. Gide, Théodore Monod, Mo· Griaule,
J.
P. Sartre, E. Mounier, G. Balandier, répondant à une enquête
organisée pour les premiers numéros de la revue Pré6ence ~4(~~~
ont bien reconnu qu'il existe bien un mythe du nègre et qu'il est
né chez eux de
l'image négrophobique qUL
teur a été inculquée dès
le bas âge.
a)
- La littérature enfanti.ne et
la bande d~ssLnée
Parmi
les ouvrages que pouvaient
lire
les jeunes europ~ens,
on peut mentionner C'~ Semaene6 QJ< 6aèton publié en 1863 par Ju-
les Verne, roman plein de fantaisies burlesqu€7
réimprimé encore
de nos jours.
Le décor est l'Afrique vue du ciel,
de Zanzibar au
Sénégal. Tout y est réduit à des
images connues:
soleil
torride,
paludi.sme,
pluies diluvi.ennes,
fauves préhistoriques,
"{:lQ..upf.ade~11
farouches et cannibales,
primitifs superstitieux dominés par des
."~Orc.1..e.r~". Pour ces sauvages qui n'ont jamais vu un ballon, l'aé-
ronef est une i1rra.chi.nC!- di...abotU:iue".
Le sujet a été récemment repris
au cinéma
L'aud~o-visuel avec/entre autres, la série des Tarzan, a
causé beaucoup de tort à l'Afrique dans l'esprit de ceux qui n'ont
jamais vIsité le continent.
Une certaIne littérature et une certai-
ne presse continuent de maintenir ces
images négrophobiques.
Ce sont

476 -
les mêmes thématiques qui gouvernent des productions du genre 1~­
~ au Congo, par exemple. Ceci est d'autant plus néfaste que la'
collection est traduite dans plus d'une trentaine de langues." ,-
L'ouvrage en bandes dessinées tient un modèle de discours
auquel les enfants non noirs prennent certainement un grand plaisir,
mais qui risque de frustrer leurs petits camarades d'Afrique Noire.
Les enfants se plaisent à suivre les aventures de Tintin au Congo
mais une lecture attentive rend l'ouvrage suspect et humiliant
pour les Africains .
.7iJLUn QJ...L r?ongo illustre bien un p:"'océdé d' inculcation cultu-
relle.
LA lecture de cet ouv~age en bandes dessinée5 peut donner
lieu il deux types de réaction:5 selon qu'elle est faite par un pe-
t i t tHanc ou par un petit ~oir.
L'un sera amusé par la naïveté,
la docilité et le lang8ge
tenue par les Noirs, et l'autre frustré par la représentation déva-
lorLsante de sa race. Depuis la traversée de l'océan jusqu'aux con-
fins du Congo, les nègres ont occupé leur place et joué le role
secondaire qui leur est dévolu: matelot, domestique, guide, rabat-
teur, piroguier, porteur, etc.
Les hommes de la for~t ne peuvent guère se mesurer à Titltin.
Toute action qu'ils entreprennent contre lui est enrayée avec une
facilité étonnante:
la soumission et l'admiration béate sont le
résultat de ces rapports de force.
Le fétiche des Africains sur
lequel repose toute leur force et leur personnalité psychique est
banalisé par le voyageur clandestin qui lui a fendu la tête.

,.
477
Tout ce qui relève de la civilisation noire, est campé dans
le primitif; et les valeurs héritées par l'Afrique de l'Occident
sont maintenues à un niveau qui frise le ridicule j il en est ainsi
du train, du langage et de llaccoutrement. On note à cet effet une
recherche du sensationnel dans la représentation iconographique
des personnages: bouche énorme dont l'aperture rappelle celle du
gorille, lèvres épaisses, boucles d'oreille portées par les hom-
mes etc.
Ce procédé trahit la volonté d'inculquer au Blanc un com-
plexe de supériorité vis-à-vis du N~ir et de l'autre, celle d'ins~
pirer au Noir la crainte du &lanc. On établit ainsi dans llesprit
des enfants des stéréotypes qui·-se cristallIseront avec l'âge.
Ln présentation des
images établit également une hiérarchie
des valeurs.
L'opposition brutale entre
les olancs et les po~ula­
tions de la forêt africaine n'est pas
innocente. Elle prépare
insen-
siblem~nt le petit Blanc à .l'esprit de domination. Conscient de la
supér i or i té de sa cu l ture.
il do i t
l a dé fendre par tous l es moyens
comme Tintin l'a fait au Congo. TintLn a
fui devant une horde de
pygmées
i
mais blessé dans son amour propre,
il s'arrête.
'Tlh paJOte, je. (~ !... AU.on6 non v'-"'U"'-
:Ji..nti..rt, du COW'<lge. , mont...<-,. à <--"6 gerJ6-W
que tu n. ' 126 (:X.2.C un. fnche ... r'
On constate qu'à toutes les occasions,
les HoLrs ont été vain-
cus.
Leur sorcellerie 1
fondement de leur puissance,
leurs flèches
et leurs sagaies, armes millénaires dont
ils se séparent diffici-
lement,
sont facilement et merveilleusement annihilées par le bon

478
sens, la ruse,
la malice,
le fusil et llélectro-aimant~
Les nègres de la forêt n'ont plus d'autres alternatives que
de s'avouer inférieurs et de perpétuer le souvenir de Tintin,
c'est-à-dire le génie de l'Qccident. On cite Tintin en référence
dans l'éducation des tout petits nègres, comme l'indiquent les
dernières images de l'ouvrage.
"Si...t.o<-
6=
peU>
ta L Y. en 6er'<l.) janrû./.)
c..orrrTl2. .TLnti..n fI.
En outre "J;f1.tiJL rd.l ConQGf'
est un do~umentai.re sur la fnune
africaine.
I l
int~re~se à plus (l'un titre
les
futurs
report~rs,
représentants d'Ar~enc(~s de Presse et
tOllri~;tet; que sont: lèS pe-
tLts
lecteurs d'aujourd'hui.
Enfin,
l'ouvrage est un plaidoyer pour les valeurs occiden-
tales et l'oeuvre civillsatrice de l'Occident en Afrique.
L'hèpital,
la ferme-école,
la salle d'école, et la chapelle,
symbolisent la
san':é,
l'agriculture,
l'instruction, et l'évangélisation. Ce sont
les valeurs classiques que
i'Ocr.iden~ brandit pour légitimer la
d08~natlon.
L'exotisme africain dans la littérature françai.se dévelop-
pera ces
images devenues des clichés,
appuyé sur les réci.ts d..:;
voyageurs,
des administrateurs, des misslonnaires,
et sur la théo-
rie de la race et du milieu, la positivisme d€
Taine
et d'Arthur
Comte.

479
b)
- La littérature exotique
Les premiers textes exotiques sont écrits à partir du XVIIIè
siècle. L'une des motivations les plus tmportantes de leur produc-
tion est la recherche de l'originalité, du nouveau_
Les civilisa~
tians exotiques sont conçues Comme représentant le progrès pour
l'humanité parce qu'elle ne sont pas corrompues, et qu'elles sont
restées proches du naturel. L'exotisme peut prendre aussi une tein-
te anthropologique ou sceptique qui
Légitime ou condamne
Lndiffé~
remment :outes les civilisations qui seraient à ~gale distance d'un
même centre occupé par
11 Europe -
et
ses
valeurs.
Enfin une
autre attitude consiste ~ dire que la rencontre entre les civili-
sations européenne et exotique est un choc entre deux mondes très
~loign&s llun de l'aIJtre.
L'exoti~me africain s'introdtii~ dan~ La littêrature françai-
se par
la découverte rJe
L'Egypte. En erre:
L'Egyp:e ancienne atti.-
rait la curiosité d'un nombreux public.
Depuis 1800 l'égyptologie
se développe de façon spectaculaire. ~onaparte, par son expédition
en 1798, et par
la création de l'Institut d ' EgypteJ 3 rendu fami-
lières aux chercheurs et aux écrivains
les merveilles de cette vil-
vieille ~erre d'Afrique. Chateaubriand, Lamartine, Nerval, Flaubert.
Fromen tin,
éc ri ven t: tous un VOt;o.ge nJ1 O~·f.pJl-t dans l eque l
il s
consa-
crent des chapitres aux étapes en terre d'Afrique.
L'exotisme nour-
rit
la littérature d'images '3t de mythes:
l'Afrique du Nord anti-
que,
l'Egypte et Carthage offrent un champ inépuisable ~u dévelop-
pement de thèmes nouveaux.
L'Afrique est évoquée dans fu~ Or·t..en-

480
taf.12.6 de Hugo, dans&. l?orrr:Jrl cful'n. TI'IorniA, Jrow Conte.6 AnUque6,
U"" 1'/u,U cfu Ctéopâ,t:re cfu Çauti..e.r, Sa1.amrbô et fu JentaUnn. cfu Sa"J1.t
Art~ de J~rt où les paysages s'étalent en grandes fresques
ressuscitant "c.e·t ex.o~ barbeu--e" qui caractérise une certaine
littérature de l'époque.
Pour l'écrivain européen, valoriser un paysage exotique,
c'est contester sa propre culture. Tous les Européens qui ont fait
oeuvre d'exotisme ont poursuivi le "bon 6CZUva.ge /1 en Amérique, sur
les terres australes et en Afrique. Comme l'écrit r<'louralis,
le tex-
te exotique est révélateur de la différence (1). En décidant de
porter ses regards ~u-delà de ses propres limites, une civilisation,
une culture accepte de considérer qU'elie n'est plus seule.
I,e con-
tact qui s'établit <1i.nsi. peut sc faire sur la base de relations
quali.tatives ou dépréciatives; en
tout,
Li met en présence, d~ns
le domaine de
l'art et rle la li.ttérature, des règles d'usage é-:ran-
gères
les unes aux autres
",& =J0nge =ti..que ''''"Pt,-t aina,- pour
f_'art,-ate W1. ou'win norr/JI'C de. (onc.twna dont
chaCunI2. iflpti..qUQ aUwn W1.e phU'.oaophi..e. du =-t.n6
une dLlI'CcU-On LdçoP..o<y'-.que. • .Je. peut ê-fJoe. L'occa.-
6.,'-.on poUlI' un hQ5'O'~ Olt pour un rlaJ'5'Q:lPJ..LlI' dP..
décou VlI ';...1 , entrA, au COU5"Ô Ot... au U-~lI'f1'l2. d 'u.rIQ'~
qwzt.e enJ:.4'Qp.6·we. ho l '6. d lun roonde qut.. ne te.
(1)
- O. Mouralis,
f,ca Co'l-U'Q-C,-ttératuI'C6,
p. 65.

481
6ati...6{aU pfu6 un cadre ex=ptwnnJ>.t RTl accord.
<WeC
leur p<!.rMflJ1l11.i..té"
(1).
La révélation d'un autre décor aboutit à une autre concep-
tion du monde. La vie Sous les Tropiques semble plus vraie, plus
près de ce qu'aurait été t'aube du monde. L'écrivain exotique ré-
cuse son propre environnement et procède à un déplacement des va-
leurs.
La beauté et la supériorité ne sont plus où on les croyait,
mais désormais sous les l'dv.urrontô ct0rnu où.. c..'e,6!Xlce. Q.~t pfUâ
f,,!l2U "t pfU.6 p",{ond"
(2).
La découverte d'autres hommes constLtue pour les Européens
l'occasLon ne nombreuses intPorrogatLons ontoiogiquès ou religieus~s.
Ainsi,
('p,oduL,'Q. un w"Gw (ij(,Oti.J?U'L, C'e..6t égo..[QJ'rC!.Ttt
te.nlR.r d'Uèt__ oc1uu-e dan.6 te. dlGl'P ti..tU"""u-e
d'au.ts-e6 hormv.6 clont en pI""6en= dé6ornnt.6 va
con6-tl.tuQ.r POUl- f.' Q.C4'~ eul'Opéen une. nouve.-f..f..e.
i...rttc'Toga/:.,i...on ,- pLu.â C'Arrp(Ç.xe. - ~'-' P-e bcéen. fondé
et f.a vati..diJ.é d'une. l:.V2di_U.on euU"r'<'.Ue. qui..
Ju-:Ylu 'afo,-'6, ne?
-..'le ~'éoccupa~t p26 de CRJ.J.>G-Cl."
(3).
MaLs lèS écrLvains à la recherche du "bon 6r.lL.lvacfi,T en Amé-
ri.que et: sur les terre:::> australes
l'ont-il
trouvé en Afrique? La
(1)
- B.
Mouralis,
1Q6 Conu-c-CU:I:é,,,,,w,'Q.6,
p. 67.
(2)
- Baudelaire, Pc-ti~ POCrm6 P.J' pI'06C, lin hémiAphç,,re dan6 Wle.
che\\.lC!.ttH-e.
(3)
- Bernard l~ouralis, l'Ute.-atw,,- e.t '1Jéve.topperœnt,
Thèse Lille
1978, p.
311.

482
chose a été rendue impossible par le fait que l'espace exotique
correspondait avec l'espace colonial ou les moeur-s "CO'-·~l2.6r'
ont été forcément introduites. Les rapports de violence ont empê-
ché cette découverte du "bon 6lZUvage"
africain.
Ici
la différence
est perçue de manière négative et le processus de mythification
?e déclenche,
les stéréotype.~· surgissent. La société dominante
récuse à l'autre
la "natu.,'Q, fumni...ne".
A la place du bon sauvage
africain on a découvert l'esclave et le colonisé. Toute la litté-
rat~re exotique va donc dévier vers le roman colonial.
On peut considérer le Roman d'un Spah~ de Loti comme une oeu-
vre de
transition;
c'est le dernier roman exotique en même
temps
qu'il
introciuit et i.nforme toute
La production coloni.ale QUL suit.
Léon Fanoudh -S Le fer a mon tré lians le mIthc du nQg.,~, c!'t ele ~'A1 ,·LqUQ.
dnn.6 'n f_t..t.U2'a..tUrc. Jnvv;.a.i.Ao_ le rôle capLt:al qu'a joué ce roman
dans
la stratificatLon ries
images et des stéréotypes en France
:
'·C'e.<>t PiP-,·,<Q. Cot.i.. 'lui.. l'.e. P6..,mi.c,. donne.ra
utu? vWi.on q~obaf.e. 00 CA{.-i.que. e.t. 00<> )1{ri..cai.n.<>.
"'o.iA m:uoquQ.J'Cl. ce.tt.e. vi...~L.on de an. név,·opath1..-e, c!P..
60'1
ob69~6âWn. c!R. fn 'r~H·t, de. 6.011, eJ1.nUi... pe.''Pétue.f~ . ..
Ce. név, 'Opa tho. a ''O.66oflb té Wu te6 fA 6 1",J,o..' 00
mA,the QI..ti_ t''flÛWiPflt ou,' f~ 'A:.f,-·-ëquC?. avant fut.....
'1Jè6 e.· êpvque. 00 Co ti_,
fA "'-1 lh", 00
t'At ,.i.L/ue. 0.6 t
d6.jà dorte 6tJucJ.ll.'oé...
Ce.~ Q..C.I"'i...va.i.n-~ qu-t- vVmcU°ant
ap.r.Q.~ Coti... '~Qront Pl2Ut--ê.t...l'12. pf.u.6 équi__ f..;......'J,-é.~ rrenta-
te.rnv1.t que .f.u1-, no.-i...o l'l'OL.....ont 9f..ti4-e pfuo de âLJ«r:n-
th-i..e pou,' .['A1..-i.que.'· Il J.
.
(1)
-
Léon F'anoudh-Siefer, ~.R. rryèhQ. du nèg,-<Q. e.t 00 .['At,·<.c,ue. dan6 In.
t'A..U.thatu,e trança.-i..6.e, Klincksiel<, Paris,
lQ68, p. 47.

Le roman est paru en 1881. Dans cette littérature "(én d<>
ô.i-ècl.e",
le Noir est moins qu'un homme. C'est un être qui
tient la
limite entre la bête et l'être humain, à l'écart de la civilisa-
tion,
isolé dans son cadre géographique maudit.
La race noir<' est
inférieure. Jean Peyral, le héros du roman, se scandali~e de vivre
avec une femme noire. C'est par un mauvais coup du sort qu'il l'ô.e
tr(x,w,.i_t mêté à ce·tte OQUvre race nou"'-"
(U. Pour Loti, l'Afrique
est un continent débilitant, excessif, effrayant et sauvage.
La
terre africaine est une terre de malheur et de souffrance.
L'Afri-
que est
triste, malsaine,
présaeeant la mort et ie mauvais sor~
tout y est mystérieux, bi.zarre,
étrange.
illogique et
impur.
Partant d'observations personnelles et de données réelles
recueillies sur place, Loti se forge une vision mythique du SSné-
gal, qu'il généralise à tout le continent noir. Décrivant le quar-
tier nord de Saint-LouLs, l'auteur s'écrie: "0 t.-.tA.teô.ô.e cm eR-Cte.
te,-re d'A(r-.t.que. ."t (~.), inhospitalière, brûlée par un soleil acca-
blant et meurtrier, une terre d'anémLe, de fièvre et de mort.
L'Afrique; c'est d'rlbord ce soleil dont les morsures sont morlelles
pour l'Européen,
qui
ne
revigore
pas,
qui engourdit et
plonge dans la torpeur.
(l)
- Pierre Loti. ,&2. Ronnn d'un. Spahi..,
Ca lmann -Lévy,
1952,
(1!l81)
p.
308.
(2)
-
Idem, p.
5.

484
l.es Sénégalais on t
"deo (aceo de ')ON.-U-eo"
(1)
;
leur "peroé-
vQranc:e eoC n.~"
(2)
; ils ont l'agilité et la force des "e-loun.o" (3).
~vec
Pier~e Loti, la littérature exotique est morte; celle
qui. désarmais aura poUr" suje t
l'Afr"ique sera di te
1'(,,-O.fArtU.l.le l' ,
C' es t-
à-dire qu'elle aura été produite par des écrivains Qui se poseront
en vrais connaisseurs de : 'Afrique et qui. refuseront formellement
l'e~otisme, considéré à partir de ce moment là comme un recours
superficiel et futile.
c)
- ~~.E!:!J~é racial dans la littéra:ure coloniale
La Littêraturé coloniale naquLt en concomi:tance avec les expan-
sions
impérlalistes .... de la IIlè Républ i.que, et r.onnut son apogé~ vers
1930.
Quelque valeur qu'on accorde aux th~ses récemment dêfen(\\ues
par Martin Steins qui
soutient que La li.ttérature coloniale a formé
la conscience des é~rivains de la Négritude (~)I on ne peut ignorer
c()mbien cette production a aidé malheurp.:usernent à fixer de:3 images
(1)
- Pierre Lotl,
CQ Roman. d'un. SpahL, Calmann-Lévy, 1952 (1881),
p.
2.
(2)
-
Idem, pp.
2
- 3.
(3)
_. Ibidem,
p.
3.
(A)
Martln Stelns, MO I3Led cW,O Scha.s7pn i..n. ck,· riuropat.ûchen. Xow-
n.;f-l U,tera. tu,',
1.671 - 1.91.4, Frclncfort, 1972. "&'1:."" ('0.=1.;"""",
et ta "ég.'Ltuefu :
la l i ttérature colonlale,
ln C'.<!t',-1JJuQ. .Cè.t-
té..'GAJ-.e, nO 58, pp. 71 - 82.
- A"é lav l AMELA,
"négsüphU.L.e dan.o ea. po<u>iR l' PGJ1.ÇG.L6e, ""9rO-
phobie. ciano ta pl'Ooe ( IY1nça.iAe,
i n :
C'AI' "i.rlue CLttén:lu...,
n' 58, p. 90 sq.

485
négatives de l'Afrique et des Africains:
les Noirs sont frustes,
barbares,
fourbes,
lascifs et paresseux, incapables de s'organiser,
condamnés à vivre sur une terre maudite
; leur quotient intellectuel
est ridiculement bas. Dans la poésie claudelienne"par exemple, Don
Camille,
le rénégat, a subi le même sort que Caïn et Cham:
'7Jnte.r-ri..bte. reMen.-ti.mo..n.t. t'a ''Q.je-té du roté de<l
pro<lCl'i..t<l, de<l rraudLt<> e-t de ta dou tou..-eu<lc JI( ''-que,
pt.:Lre..L.t l Q. à. un. ' c.anc.e.... f'O'l9'2.U..... " , à un fou. rt"leL2U
où vUm-t <le dégraw<ler t 'o.cJure de tou te.<l [.e<l
re"Puutwn<l aniJrcd.e<l" (1).
Ce genre de littérature se perpétue de nos jours, même après
les
indépendances.
comme en
témoign~nt les romans de Lartéeuy. d~ Gérard
de Villiers dans sa série S.A.S., ou de Guy Descars.
Des. prix
litté-
raires sont venus Couronner certaines oeuVres
et l'~tmo3phêr~ de
protestation et de scandale'
qui a régné autour de l'attrihution
de ces prix n'a pas peu contribué à une
large diffusion de ces oeu-
vres.
A notre avis Voyage au bout de ta nu0t de Céline, écrit en
1932,
C'~J2t sauvage de Conchon, publié en 1963 sont les chefs-
d'oeuvre du genre et méritent donc une êtude particuliare. D'autre
part, les prix Goncourt et Renauda:;
Leur
ac -
quis un large public.
(1)
- Louis Barjon. Cfnudet.
Préface de Paul Claudel, classiques
du XXè siècle, Paris, Editions Universitaires,
1958, pp.
75 - 76.

486
Voyage au bout de ta nu0t est un roman picaresque. C'est
aussi une biographie de l'auteur. Les faits n'y sont pas inventés
toutes les fictions sont calquées sur les événements de la vie du
Dr. Destouches.
Le récit Commence à la veille de la première guerre mondia-
le et prend fin Quelques dix ans après l'armistice de 1918. L'ou-
vrage est divisé en chapitres de longueur inégale, non numérotés.
Dans l'édition que nous aVO!lS utilisée,
le l'umarl cuuvre
652 pages/ ma 15 cêl inc ne par le de l t I\\fr ique que Sur 88.
LI ocuv['c
est composée de deux parties à. peu près égales.
Si l'on considère
le découpage picaresque par les lieux où se déroulen t les événemen ts 1
on peut erlCOre diviser l'une et l'autre moitié en ~uatre p~['Lies :
la zone de comhat..s,
les hôpitaux militaires à Paris,
l'Afrique et
les Etats-Unis; la Garonne - Rancy, les grands houlevards à Paris,
Toulouse et l'asile de Vigny-sur-Seine. La première partie décrit
la misère à la~uelle les riches condamnent les pauvres, d'abord en
période de guerre, puis durant la paix. Elle semble suivre une mar-
che ascendante, allant des horreurs de la guerre à l'amour. La deu-
xième partie commence par les mêmes horreurs. mais ensul te le lec-
teur s'achemine tout au long du récit jusqu1à la mort de Hùbinson.
Ce roman désespéré es t un lourd fleuve noir qu i chac'rle' des
cadavres d'illusions et d'espoirs avortés. Le narrateur est un Som-
bre bavard qui se moque de tout. Il ne perçoit rien qui soit bon
dans les moeurs des sociétés parmi lesquelles il séjourne. L'Afrique
n'est qu'une ~tape sur cet itinéc'aire d'anarchie.

L'auteur lui-même est un nihiliste et un pessimiste. Selon
ses principe~ le désordre est nécessaire à la littérature parce
que le chaos réflète non seulement le vrai état du monde, mais
aussi notre propre existence qui est par nature libérée de toute
nécessité. Ceux que Céline rencontre autour de lui, ceux parmi
qui
i l vit, ses semblables. tous se débattent dans un monde absur-
de. Il se persuade que la condition des pauvres n'est Îaite que de
malheur et de souffrance. La misère des misérables est sans rémîs-
sion.
L'homme est malveillant., stupide, grotesque et sale. C'est
la créature la plus terrifiante de l'univers et dont on doit se
méfier. c'est
la guerre qui. reÎlète
la vraie di::;position de
l'homme:
la méchancecé,
la haine,
la lâcheté et le grotesque. Ni la civili-
sation, ni l'éducation ne peuvent rien changer. Voyaqv.. au bcx~t ciJ2.
ta nui..t est donc un catalogue de nos vices et rte nos démissions.
Céline nous y tratne d'un continent à l'autre pour être témoir\\s
de la couardise de nus semblables. Il crée un univers fantasm~-
tique par le noircissement de l'existence et de la réalité.
Les premières impressions qu'il a de l'AfrLque sont celles
du chaos
aucun ordre ne gouverne un monde sur lequel règne l'amal-
game :
"Repu6, vaut.-<>6, LI'." 6c ''<'.''''''nhfaiJm.t tau6
à. p.ré~Q.rl.t,
off L.cLc.r6., {onctwfll1au'C2.6., t.ng.QnW...lLr6,
et <UYLLnnn·t6 . .• , méeangt26, à rwu ps.ç..a 1'-Œ.if1.t/11uM.
lÀ" chi..m-t" ."-MwrbtQrlt aw<: toup" quand i.-t" dor~"
(1).
(1)
- Céline: Voyage au bout ck ea 'lLLU, Gallimard 1952
p.
158.

488
A tous les niveaux, il n'y a que mesquineries et futilités
"(;t &t:> hoô·ti...ti..tét:> parti..o..d.i..Qret:>
et co.f.te.ctu;.,.t:>
durau,.",t i..nt<>.,.,nénab&ô e.t ôQU9"et'1UeO cm.u", &0
mi..ti..tat.reô et t'admi..nwua.ti..on, et puw
~
=tt<>. ooN'ti..èI'<2 et &t:> corrrne.rç.tlT"U e.t puw cm./:.re
ceu'<.-ci.., alti..ét:> terrpo,at.ret:> conti", ceu'<.--f.à
e.t pui..6
00 tout:> conU'<'. te nèg.", e.t cm.f i..n oot:>
nèg.'<2t:> "nt,·e . ew<.••• l' (1).
Le résultat de toutes ces guerres c'est que des colons finis-
sent par en "C'..I'Q,VQ.r"
sur place, empoisonnés dIeux -mêmes, comme des
scorpions.
Pis, cette an3rchie virulente se
trouve renfermé~ dans
un cadre de police herm~tiq\\Je comme des crabes dans un panier.
Céline r'aconte de petites anecdotes qui révêlent la dSrai-
son qui caractérise les nèr,res. En descendant un jour les escal iers,
Bardamu rencontre un groupe de tirailleurs indigènes à mi-hauteur
d'une élevation. Ils discutent près d'un cercueil posé à terre,
recouvert d'un
large et ondulant drapeau tricolore.
C'était un mort
de
l'hôpital.
Les
tirail18urs ne savent pas très bien où alleri~n-
terrer,
~. Certains pr~f~rent un terrain en contribas ; d'autres
insistent pour un enclos
tout en haut de
la côte.
[,a cocasserie de
la situation es~ singificative d'un monde irrationnel. !ln autre jour
un client
indigène ne peut venir au procès parce qu'il a dû courir
en vitesse enterrer sa mère dans son village.
A la fin,
on découvre
que cet
individu a quatre mères.
(1)
- Céline: Va'lage au bout 00 f.a nui..t
Op.
cit., pp.
165 - 166.

489
Tout ce qui est impossible ailleurs s'inscrit dans le champ
du possible en Afrique~ Après une pluie torrentiell~ la case du
héros prend subi tement feu et Bardamo découvre dans cette situation
"J~ 'anarch'-e pa.·tout. 12.t dan.o e.'arch<2. .
•.• ,IR. """""",t d'Q.Tt ti.nu· me. pan...t arru.,é"
(1).
Il ne croit à rien. Tout est absurde;
les hommes,
les cho-
ses et le monde.
Il
tombe malade à Topo ; sa mission est brûlée et
il sent la fatalité, qui le poursuit.
Il déclare:
l ' Ce rronde
ne. 6O.l.t que. voua tuer comn:2. un c1ornT'.LLI' •
.7acI'Q. cent i1lTlcc awc. honrœo, c'e.ot déjà Oe fai......-e
tu.,w
un peu" (2).
Céline
insiste sur la souffr~nce physique. Son héros ne con-
naIt que la chair torturée et le sang qui c()ule.
Voya9'?- au Bou-t 00 fa 'fluet est avant tout la répétition obs-
tinée de cette constatation que l'homme ne pourra jamais comprendre
pourquoi
i l est
ici plutôt qu'ailleurs. Mais au fur et à mesure
que le roman progresse,
le héros descend un peu plus dans l'abîme
et dans le noir,
là où la nuit abolit toute certitude.
Les mots
fond,
bas, bout et nuit se
lisent à chaque page du roman.
Le titre "Voyagq.."
traduit
la conception picaresque de la
vie de BardamuJet ce voyage a un point d'arrivée; c'est lorsque
l'éternel voyageur attendra le repos dans
le noir absolu,
le dos
tourné à toute autre ambition.
Le Voyage c'est aussi
la vie du pau-
(1)
- Céline, op.
cit.. p. 226.
(2)
- Céllne. op.
cit .•
p. 227.

490
vre, qui n'~ ni feu ni demeure et qui nia sa place nulle part.
Le bout de la nuit, c'est la quête perpétuelle du repos.
Le roman de Conchon est de la même veine.
~'C~ sauvage conte l'aventure et les expériences d'un jeu-
ne Blanc, Avit, venu chercher sa femme en Afrique. Le récit commen-
ce à l'arrivée d'Avit à l'aéroport et prend fin quand le héros
quitte l'Afrique avec sa femme.
L'ouvrage est divisé en chapitres de longueur inégale et qui
ne sont pas numérotés."
En Afrique où il arrive pour chercher sa jeune femme qui vit avec
un certain Gravenoire,
Avit apprend Clue celle-ci est en ménage avec
un Noir, ministt'e dc la :';anté de son pays nouvellement indépendant.
Avi t se condul t
comme Le héros de Camus dans r.'Cu'(Jrv}t:!.~·.
Tout lui est égal. Sa femme lui déclare qu'elle lui préfère le nè-
gre et i l ne s'en émeut pas outre mesure.
Toutes ces circonstances insensées et invraisembles donnent
l'occasion de décrire une Afrique mythique caractérLsée par I?
démesure et l'inconscience, selon une tradition littéraire d~jà bien
établie.
l
- Les hommes
En application des diverses théories primitivistes et racis-
tes, le romancier colonial considère qu'
"Wl«
fOLo adu.f~tR., un. J1( ••i.cai.n. e6{: a ...'êté daTL6 60"" dévef.op-
penoen.t mental., c'e6t pourquo;_ U ,'<?-cule au. ti..eu
d 'a.v<lTLCQ."" (1).
(il
- Basile Davidson: ·Ceo Af l'i..caln6 , Coll. Esprit, Ed. du Seuil
1971, p.
14.

L'esprit de l'Africain serait aussi stagnant que les marais qui
constituent son milieu. George Alfred Henty note que 1'f..'u,..te.tf.A..-
genc.e d'un. nègre n'Dyen égale. =t:u.<.. d'un. pe{;i..,t mnn.c dJ2. dix "",,"
(1).
céline voudra faire croire à l'immaturité congénitale de l'homme
noir; pis, le nègre serait d'une espèce dégénérée,
Il partage
beaucoup de points communs avec les animaux. Il n'y a pas assez
de mots pour l\\injurier.
Dans VOfJ'a~ au Bou.t dR. ta nui....t,
une famllle africaine '/i~nt
vendre sa récolte de caoutchouc à la vllle. Le père est un "lxxt-
gnouP,"
à qu i le Blanc reme t que lques pièces d' argen t. Le n èr,re rp.-
fuse et le Glane "e se ~o~tlcnt plus
'''Joc, ~..J a fX1Ct w.vou· CU'gQfLt '? sauvngo. af.orCt ')
'JO L,
/
t}
en. a. pa.I.i p::u·P_é ''1f'f':l'lcé ',
dL.Ct
? 'JOI_ 'J en
a gol-i..E.te CY1C...DI'Q.. hem ? Joc IJ n11. a coui_twn. '
8uahrron .' Cou.U..f..on. '" (2).
Parce que le nègre est un 1mbécile, il est exploitable à
merc L. Ma is paradoxa lement, chercher à le ,'CL.V,'--f.i...'.').er"
es t une entre-
prise valne. parce que
"Pn rm..i...fP..J;'·.J.u'Q dé{LI1Ltwn. du. 17ou' Q.,~t que. c/~ût
un. l]4orui Cillant,
un. Qf1{ant qu;_ n"!.Ct te. '.R.P~ p.6"Ccqun.
<>ou.<> lc<> dt«vcu'C. hf..on="
(3).
(l)
- George Al Fred Herty
: ~ Sheer (Jfuch,
188.1, p.
118.
(2)
-
L.
f.
Cé l i ne
: Vo~ au Bout. dJ2. ea. l1u.i..,{;,
p.
180.
(3)
- R.
P. Maurice Briault : Sou<> f-e. ""'-0 équaA:o.·i..n.t. Etudes et scè-
nes africalnes. Librairie Bloud et Gay, Paris, 1926, p. 94.

492
Il est inutile d'essayer d'émanciper des bâtards dont l'es-
prit ne s'éveillera jamais.
Un personnage de G. Pichet est troublé dans son repos par
un groupe de Nêgres qui viennent fr~quemment sous sa vérand~_
"C/étau de. g-J'f2Tld,a pJl.fan-U 6i.. C!OCU'R6 et 6i..
6i.npte.6,
rëant de. tou·t, heur<WX- d'un ,·Um
qu'i..t ,,/<>ut. (YL6 .ta. voln"té de. fR6 cJuu,6e.'/' (1).
Quant au héros de Maigret, Casalou,
Ll est reçu dès son arri-
vée (~n Oubangui par le gouverneur de la colonie qui lui notifie son af-
fectu tian et lu i
donne que lques conse i ls
: flCR aon.t de. r;p"atl.C1...:1 en.-
fnJLf:6 à 'lui.. vOUù c4:!.ve.z dR..~ '?,.J<pf'..i_CIlU..ona, !wJ1/...tcoup d'ex.pf..i...ca.ti...on.o. J' (2).
En sortant du bureau du gouverneur,
iL est reçu par le chef de Ca-
hinet qui
lui
tient des propos plus rrécis
: "tea nou'a, hum. .. f'..e.o.
bouo/1OUf.~ 'Jbm;,. ! vou6 ve"o<?Z, de gH:mcM enfanto." (3).
Cette image du nègre. '1aur'Len et bougnoul, Céline et Ccnchon
L'ont abondamment développée. C'est un mythe érigé en doctrine offi-
cielle p~r les milieux coloniaux. Le nègre est un grand enfant par-
ce qu'il se plaît à rire, qu'il joue et s'adonne à la palabrE:. Il
est perpétuellement heureux, grimaçant e~ roulant de gros yeux émer-
veillés. Tout ce qui lui arrive, même de fâcheux,
lui paraît une
aimable plaisanterie. Dans C'{;l12t ~1.Iag(>. les Nègres rient d'Avit
(1) - Gaston Pichot, fa bl'OU66e e·t6Q.a ::!JU,w<.• Editions de la
'Iriondi.a.f.c",
Paris
1931, p.
140.
(2)
- Julien I~aigret, .lam-Yom, Edit. du monde moderne 1928, p. 53.
(3)
- Idem,
p.
54.

493
parce qu 1 i l est un /'ee.anc. 6a:n6 au.t.o" et Conchon observe que "CJ.)f7TrJZ
.f.e6 chi..en6 hw·tent à lalline, ·t'.e6 n~Q.6 ..iP1Lt au TTr:l1.heur, à f.a
( of.-ù,. , '•
Marlnette, la négresse de M. Orlaville rit toute seule dans
un coin de la maison. Son amant blanc lui tape les fesses et elle
répond par des "r'l·...--e..Ô'· et des "ga:zoui.tti..6/'.
Plus tard, elle arrive
avec un chapeau qu'elle tient à placer, elLe-même, sur la tête
d'Orlaville, riant, pouffant, criant même, comme si c'était la plus
plalsante farce du monde. Plus loln dans la ville, Avit et Orlavil-
le trouvent des nègres devant les magasins : la foule lambine les
samedis après-midi, en chemises vertes,
jaunes,
rouges,
Les
femmes
en boubous: et tout cela chantait, dansait, gesticulait sans beau-
coup de grâce.
Les négri l10ns "J.CXtl1.U:>--nt il. ,.t.PJl"
au beau milieu de
la chaus-
sée, parce qu'ils sont de petits
imbéciles;
les adultes sont très
déconcertante.
Aux séances de
l'Assemblée Nationale, Conchon obser-
ve qu'ils sont à deux cents ou à trois cents dans une tribune faite
pour cinquante,
et qui s'effondra quelque jour.
Ils sont bien sages
d'abord, sagaces observateurs, puis soudain, pour un mot,
un rien,
il y a un allumage: on claque des pieds, on se :ape, on siff.le.
V i ven t. les bons
!
à bas les méchan ts : rage ! fureur ! extase. L'es-
prit subtil du nèg~e se plaît infiniment dans les disputes.
Le Noir travaille peu
et
quand il
lui arrive de délaisser
ses activités, c'est pour "tau-e. un taIn_taIn"}
.c'est-à-dire un va-
carme assourdissant.

l'
~".'":'---~"::'''~,
-".,_.-' ~-,
;
.'
r
494
,'& tam-tam, c' <2.6t ta <>ynthè6e de en. v-i..e nètp-e" (1). Pour
désigner la danse des Nègres, on a créé un mot : la 'b~'..a",
dont le sens dépasse celui de dansea La bamboula é~oque en français,
-un rythme puissant, envoûtant, une frénésie de bruit et de mouve-
ment. des danses hystériques, des bacchanale.s où l'art se perd dans
la fureur et dans le délire. C'est la sensualité animale décharnée
en folie,
l'érotisme impudique, brutal et bestial. Les écrivains
coloniaux
élimineront de la danse africaine la délicatesse, la
grâce et le raffinement. Ils n'en donneront que des descriptions
où la bestialité et la folie sont présentées comme Qes ~raits mar-
Quants. Pour René ?~8.ran, très souvent ambi.P.u,
ta danse afri.cai.nè
devi.ent orgi.e :
l 'VtlQ é u 't'Jfl.9R. t 0 'J.c 6 1çyrpan:.L cl' Wl. ~c.u..f. COI.4,p du.
de.6on:b'(?, hunni..n.. '1ui~ C'flv!J'OnnaLC e..Qô dan6P.LL6e.o.
r"" horrrre.a M. ~bar'raM.,..~~ cUi? en. f>i-"-ce d'é.t.oH"-
P..eU8· ~e.4'Vf.1tlt dP_ c.arhe.-èexe.,
r.e6 (e.rrm2.6,
c.ef~e....~6.
qui... C'Jt al.K"L U-?fl.t,
d.?. [<!.U.l· pa.gn..e.6 Ixu,w'-il,!)..
,
.'Z:e6 '~el.n6 b",'VnbafaLr.Jnt,
PAO ÇJ..n{ant6.
iJni-taW..nt
f...,,, mouve=n.i:<> de f."LU"" aÛ1.éa. Une odeur f..ouroe.
de 6.Q...1020, d 'tu'cne, de ouC'..u,', d'ateoof... â. 'étae.a.i-t,
p~U6. â.c4-e qUQ. fa {urnée.... wl'Q.6.t1e ocx.u.e.f...w,
doubfJ!C? cl' L.V,.'C,~6e. af...coo'-iftue.,
lrml2n6e j.DL.c. c!Q
b8U&!O,
c.J(.o'l.Q,..Qo de. tout C.D'1 t..f'Ôte'! (2).
(1)
- Louis Sor.olet :
f.e Pal'~'wn cI.e fa clanc nO.LI'Q.~ Edit. la Ren::li.s-
sance du li.vre, Paris,
1910, p.
108.
,
(2)
- René Maran : 8atoua.f.a,
op.
cit.
p. l,il
,
(

495
Céline constate que les Nègres jouent et dansent toutes les
nuits, tantôt parce que la lune apparaît, et tantôt parce qu'il
n'y a plus de lune.
"&. b.u<.-t devi...en,t tou,t V<..cL.eU'<. ! tou,o ruz.r{ '" ! ...
·tou,t hy~téri.que. '... VoUA = quo". c' Q.~t quQ. e.e.a
nèg.re"" " de", dRg...eul'.aL,~M... de~ déqQné•..,,,," (1).
Cette définition du negre n'affirme pas simplement une négro-
phobie maladiv~mais un refus de comprendre l'homme noir. Mineke
Schipper de Leev observe que l'Occident ne peut connaître
l'Afrique
si elle ne cesse pas de lui appliquer ses propres critères, qui ne
correspondent nullement à l'6chelle des vale\\Jrs du monde noir.
/lAi..n~L POUl- fi.- '&,u'OPQQ.n, cc rronde rQ.-6U!.-t-t.J
d 'OadltlaL.H:'!. b";zal·r'("!., f1J1orrraf_.
ba,·oo,-e. '!.t
LllCOru:::..cvab f~!- /1 (2).
Les personnages noirs de Céline sont de pauvres paysans bien
primi tifs;
leur misère est sans remission. Aucun nègre ne montre
la moindre étincelle d'intellig~nce ; on doit s'adresser à eux com-
me à des animaux:
"VL.cn.~ bougnou"- .' VLen6 vou' ,
n.:>U'" Y a >=6 bauac.' 6flUlIa9<2.6" (3).
Ils sont arriérés et ils le resteront à jamais. Dans le vil-
Lage où l'on envoie Bardamu, il n'y a pas d'allumettes. Les nègres
(1)
- Céline: Voyage. au Bout de en 7Li.-t, Op, cit .• p. 214.
(2)
- Mineke Schipper de Leev
: f~ Btane vu d'A(",~ue, p. 259.
( 3)
- Cé l i ne
: Voyage au Gout de en 7/u.<.-t, p. 224.

496
allument leur feu en briquant des cailloux sur les herbes sèches,
comme à l'âge paléolithique. Après avoir observé sa cuisinière.
Bardamu confie :
".'je CDnm2n.çaLa à =. débroui..Ue..· cfan.6 L'Mat
pri..mi..ti..(. ,le. (eu, c' eo t
Le pI·!.nci..paL, ""ote la. duu>.oe
.Je rt 'avaLa pao d'arrbi..tum.
IR. {eu du. OUA"'- "'"
ou.(fi...aa.i..t'· (1).
Selon tes écrivains coloniaux,le nègre est monstrueusement
sexué et ils "6ortt pre.oque toujDur6 rtUo pfuo ou "",!.no"
(2).
Dans
,C'Ctal: S<Juvaqe, Doumbé es t arrê té. "1Je.bou.t au pi..ed du. L<..t, '~on Lortg
6"""'- PRncfan.,t~ rte ''R.'Jf2Idant per·~o"""'> 6"Jnblartt rêva6oer" (3).
C'est un Btanc, Tristant,
qui "con.c1R.o.cP..ndJ... t" à lui passer
sa chem Lse.
Les nègres son t
tous des an thropophages.
Le héros de
C~line l~s a vus charg~s de plus de cent paniers d~ viande humaine
bien sanglants.
Dans t'etat sauvage Doumbé est convaincu qu'il est
hien un sauv~ge car la rage de tuer, de broyer le tenait depuis que
les siens ont blessé son amour propre.
Durant un match de
foot-baIl,
l'arbitre,
le seul Blanc sur
le terrain,
interrompt le jeu pour
admonester tes deux capitaines avec véhémence, mai.s de
loi.n "CDI7TT'e
~'~t cçaLc.J11a;--,t d'êu'Q. "ou:fL/' (il), Avi.t a peur que tes nègres ne dé-
cident non stulement de le
tuer, mai.s de manger son cad~vre. Pour
(1)
- L.
F.
Cé li ne, Op. ci t., p.
224.
(2)
-
Idem,
p.
178.
(3)
- Conchon : ~'CU2t sauvn~, p. 159.
(4)
-
Idem,
p.
107.

497
Céline les Nègres sont des
peuplades "par{a,-~t naÛteO Q.t candi..-
2 - Le climat
Tous les écrivains coloniaux parleront des journées et des
nuits étouffantes. des longues heures somnolentes pendant lesquel-
les la chaleur ne se détend pas. Les souffrances les plus atroces
sont imposées aux Blancs par les conditions climatiques insoute-
nables.
O'abord c'est le soleil,
un ~;oleil implae.-.Jble don~ 1'::5 mor-
sures ne peuvent être que mortellè.'; pC)lJr un Européen. C'est un so-
leil qui ne revi[:~ore pas, mais engourdit les sens et: les facultés,
qui plon~e 'l'homme dans la torpeur. rtans un état d'atonie totale,
propLce ~ux obsessions, au désespoir, sinon à la folie. Le my~he
d'un continent brûlé est fixé.
Bardamu,
le héros de Voy~" au BOut dP- ~ nuLt, se voit
"attaquCU'" par le sole i 1
" te. 6o f x!.i...C. tt:2J1.aLt te pÜnt, .iuôqu'à 6U.r wô ci..nq heuf'eÔ.
POU8' qu 'i..f. rte voue bHL 1).<2. pne en.. tête. pa.~' f..cô IJ'!.U"C.,
f.i2.
ÔOf!.C.Lt,
i..( (aut
c,ti..yn~., cormT.!. un. lY:lt... Ce.tte {"'QT1.dlP~
j.r'i..",,-.
te. pruj"
toun'u au nla de. f.'=u., ... c'étaé.t
dégoûtant à rc.6pU-e.~' cet au·-f.à, rr&re P..a. nui..t. ..
e'au' re.a ta;.t ti..ède... l' (2).
(1)
- 1.
F. Cé 1i ne, Op.
cLt., p. :"üd.
(2)
- Idem, Op.
ci..t., p. 194.

"
49B
Bardamu est sur un bateau qui l'emmène au Petit Topo. Il
reste confiné dans l'ombre de la coursive .de peur d'être brûlé par
le soleil.
Si le soleil est étouffant à midi, on pourrait tout de même
espérer un peu de fraîcheur les soirs, pendant la nuit. Pour Céline,
même le soir, la chaléur est encore si étouff~nte Qu'on croirait
que le soleil est seulement comme pâli par un excès de chaleur et
d'émanation délétêre' . Le climat africain est un ennemi mortel de
l'homme blanc. Ce soLeil est partout en Afrique une présence enva-
hisS<:lnte.
":lu. oot~!ij.. , CJ:~e.a c.'p..6L wJ', '....r.. ~., avaLt toujou.r·~
fp.. nP..mc.,
C017l71Q.
OL. on. VOU~ OUVI'Cli...t lffU?
f-UI'9J2.
chnudi~~,-e tou.jou,·o <~ pt"--e;.rL(!. t i.!JLU'Q v...t r:u.i_o, '?Il.
cl.e<:lôOtta,
(Y'lCDI'(!.
du âofR.i...t"
{l).
Rien autant que cet astre au zénith n'évoque l'enfer. Le hé-
ros de Céline est obligé de vivre dans cet infernal Topo (2).
Cette image de l'enfer est également marqu@e par Canehan dans ~'Ctat
Sauvage.; "nou.-6, 1)- VOL.ci_ .' CRt- Qft{c.,-. ,?aeuLi.P..n."
(3). Avit se fl<:lttait
d'avo~r h~en connu l'Afrique par les li'J:"es.
tes journaux,
l,~s re-
vues.et il
t'avait aimée de tout son coeur. Maintenant qu'il est
venu, on le rapatrie. Malgré sa douleur.
il aurait aimé se prome-
ner pour admirer la nature. surtout les fleurs; mais il est trop
- Céline, Op. ci.-t., p, 233,
- Idem, Op. ci.-t.,
p. 207.
- Canehan
~ Op. ci.-t., p. 39,

499
sensiblement blasé
pour se ballader comme il l'eût désiré. L'Afri-
que est une terre qui décourage la flâne à cause de
"oon ·trop gro6 6ote'...t 6U6pe.11du. corrmt2. une tune· à
po t'tél>. de en. rrn'-n. .!I t chau((e. aMur&nen.i:, ~
co 'e.6t mo<-n6 a((au'Q. de cJuLte.w' que. detaU..te . .!I.e.
Mt p=·Uxt.t. On te voU qu'... fu'...t" (1).
Chez Conchon, le soleil africain est plus gros et plus pro-
che de la terre qu'ailleurs parce qu'il semble suspendu juste au-
dessus des têtes.
Il est si gros que l'on ne voit Que lui. Avit a
peur du sole i l parce qu' i l :
"écf.n.L.rc? r-A'OP,
ts'Op. a'ÛnP.nt
on
dédQâp.Q..re. bi....c.ntôt cfR. clj~tiJu]u.e'· f-l'!. d6.tai.../_ c/.Q.. QuoL QtJ.Q. C"....Q. 6oi...t." (2).
Le soleil ne brlÎle pas simplement:
il éhlouit êt c'est
la vanité
de
toutes choses qu' Ll révèle sanJ
façon.
Il est un "aot..4"C ohô,cç.,-
ne. " (3). Un orage soudalo trempe
Avi.t jUSQU'3UX os
brusquement
le soleil jailiit dans le ciel:
le premier mouve~ent
d'Avit est de se protéger les yeux avec son coude.
En un
instant,
tout est séché, sec et ardent.
l'On ne. p"ovoque. pa~ te. Mte.'...t. Un hU..omi2-t.'e à
p;.Rd dan6 .'lac.u"- Mt une. f o"-i.e, r7Ue6 un hetomètre.
à pLcd p_·t canô chapeau, rTJ:?J'11Q QU.l(.. pctcte6. h.Ç>..ulfoq_~
de fa. rrntÜ'lQ.Q., c'e.ôr:. vou f..o t'--'· trOtLlf·i....... " (4).
(1)
- Op.
clt., p. 29.
( 2)
Canehan Georges
Op.
cit., p.29.
(3) - Idem, p. 30.
(4) - Ibidem, p. 228.

500
Ce soleil ne peut tuer que les Blancs car ils sont plus pro-
ches de la vraie humanité,
faite de faiblesse physique face aux.
déchaînements des éléments naturels. Orlaville
"ch-i..pe'· un chapeau
de brousse sur la tête d'un nègre dont'il va coiffer Laurence_
La
victime n'a pas pris ia chose légèrement. Ii s'entête et demande
qu'on lui remette son chapeau mais Orlaville s'indigne:
"Ch 1 -ton cflnpenu, . •• Soi..<> do'1.c un peu. hurrniJJ. !
Jf..c aUai.<mt ..-ou,';;"', f..erIDn6V2ur, &2 rradarm.,
nOU6
6OnYœ6 (,.ag.C.f.R..o,
tU ~i..<>. :Ja;_, tu. <?-6
{ad . .. " (1).
La moindre
imprudence peut çoûter l::l vie car "url fT'2J.JO'l. ~J>
f4 (:..I-ân(.~ "lU auff;_t {-lOIU' VOU~ tu<u';' (?.\\ !tvel'tit Raymond Bonnetain,
en recommandant
l'usilge constant du casque à sa femme.
La chaleur obsède
les Blanc~:; et les déséquilibre, une .-;ha-
leur qui semble sortir des entrailles de
la terre.
tantôt des~ié­
chante,
tantôt lourde d'humidité et qui donne aux Blancs
l'idée
de plus en plus fixe qu'ils sont dans un pays où le destin les a
fait échouer pour expie:- on ne sait quelle faute.
Céline ra~:e de ces longues siestes raludéennes quand ii
fai:; si chaud que I·e.{.!...~ m:>u-che...."1 au..~ ...'1;_ 6(>_ .-.rq..wo.ent p-u' p..'J...l4' c1c
,~'abro6t,hèrc peaan..f:e. et cm 0' c.LiftnC n-audi..C" (3). Bardamu. en 6 ta t
de désespérance, est presque suffoqué par la lourdeur de l'~ir.
( 1) - Cé i 1ne : Op. ciL
p. 260.
(2)
- Raymond Bonnetain : 1/'1.P- :J'~çaL.6Q. au Soudan, p. 25.
(3) - Céline: Op. ci.L, p. i90.

501
La m6lancolie, le désespoir et la souffrance l'envahissent. Il'est
obligé de fermer les yeux parce que vraiment il ne peut plus les
ouvrir
"4'-
" _ L .
-
d' I!i
.
. t
.
. t
~ LOJ'6L ~,.. QC.J"'Q.
'"'1 N...q:ue ,'lU.l..<
apI-e.Q
,.u.lf....... /
~ 'e~t. .e~tonpée . . .Je."",- deVLnt de Pfu6 "" pfu~
di.-{f iLi..-te de n?tzûuver· "on. fDwu mé&1n.ge de
·ter"'- "",.-t.e" (1).
Avit ~ui vient d1apprendre ~ue sa femme est avec un Nè-
gre
songe
aux
heaux
jours
passés
ensemule.
à
la
façon
dont il camhlaL: les plus Légers capri.ces de Laurensp.. ::;a femme.
Soudain,
il s'arrête,
'·,~t(o'1.ué, ébf..oui_, f:Ql-I'O,'wé"
(2)
par la
ch:tleur et de cette /'tCI'I"!. nnudi....tt:>..".
Cette a tm:Jsphère embr',')sf!C
et pesante donne l'impression que la vie et Le temps ~i()rlC arri:t6s,
que
la nature entière est sous
l'effet d'une puissante anesth~sie.
I~a chaleur ralen~it le temps et engourdit l'esprit et le corps.
Tout y est placé sous le signe de la malédiction. Bardamu
remar-
que que les enfants se dissolvent "par t'..a chaf..p.1.H' 0J'1. diJ2rJhée
pc'fT'I2f1.ente P
(3).
Il a si Chaud que lui-même s'inquiète.
"Je. Chf!.lf'Cha.i...t fJ2. ciAf ck-..~ ye.ux_ PCU-' f_ 'ang.f!..e. du
taLt pDU."
,~e. caJnrvu1Q.J" ,~i...- c..e n 'Qtai.-t pa.~ Wl.e
c"...a ta.~"u"or:lte. qu i...- a,"" ·Lve l' (1.1),
(l)
- Cél ine
: Cb, cU:. , p. 233.
(2) - Idem, p. 31.
(3)
- Ibidem, p. 189.
(4)
- Idem,
ibidem, p. 200.

502
Il a si peur de la chaleur qu'il pense à la mort;
il voit
tout le monde en train de "<:.rQ.\\ft2r =n6 ~eaJ.." (1), si l'orage ne
vient pas. Cette chaleur annonce une malédiction
"Sou6 =Ue {erraUœ chau({ée à Mane, c'étaU:
untet ptat de cha.f.eLu', une. tetlR. rrasmi.-te 'lU<!.
te corp6,
6a<-Oi.., oubtwi..t un U1.6tan.t de ';ran~'
c.omne réoi..gné à prendre {eu ". (2).
Céline constate que l'Afrique vous fait gonfler ou maigrir.
Il n'existe que deux chemins pour "c.r"e\\.le.r· 6ou.6 te 6oœél_,
te che-
mVt gra6 0t te ch".miJl. rrr:û--9''<2.'· (3). C'est la chaleu,", qui Cause la
pire
anémie
des soldats:
"6OU6
~e ce..tm:zl~ de Jor·t-çpno, f..'-'_6 cœ:::ls-e.6 &.u'OPQÇ'JIÛ
(ondai.-erlt pt.",~ 'lw, du beur·r-e. 1.In batai...U.on 1) de~na.i...t
CDff1'fC
un.. f1OJ"CC"...ou d~}_ ~a-'C. dn.n6 du. catQ.,
PÔLÛ on.
'''l9'J.,dai t., mJiJ"lO on PIt VOI}a.i...f:.. /' (J1) ..
J
Dès que J\\vit met pLed sur
La terre rlfricai..ne,
LL se met l'à
t.ran~r d'abondnrtce"
(5)
et pas un instant il ne songe à s'épon-
ger.
Plus
tard,
il est encore tourmenté par la chaleur et le soleil.
Une grande compassion
le reti~nt au bord de la route.
Il reste
immo-
bile sous la canicule
Il' - Céline: Op. cit .• p. 171.
(2)
- Conchon :Op. cit.,.
p.
233.
(3)
- Céline: Op. cit .• p. 174.
(4)
- Idem. : Op. cit-, p. 174.
(5)
- Conchon : Op. cit.,
p. 12.

503
,'Pou.. !.a p>'<2J7l<-"""'- f ou, !.a cJoa.f.Ru.. œ (rYlpptJ. au
v'-.6age. Un coup 6-i.. bi..e.n port.é qu'U (ut. un nvment.
à
~ qu'i..t aUa.U t.orrbe..... .!!!ti..tube.'· (1).
Le déclin du soleil n'apporte pas la fra!cheur désirée. Bien
au contraire, le soir CQp.serve cette chaleur que la journée a emma-
ganisée. La nuit es: une grosse bouffée malsaine.
"JJèl, que te .~otei..t n'e6t peu6 tà POU" pt:Xrf:JQ.>', on
attei..nt un d.egz-é. "".'<'. d 'humi..dUé, tout.-end 60n
cau. A.;i...t. 6e.n.ti...t chacun. de 6e6 PO''e6 {'},'ou.vr·i....·
pei r - un jet qui.. n' Q11. {i..nW6a.U peL6 ;
;_t = t dI'.
'.0. .\\U<'.u.' }u6qu'à dan.6 '<>.6 o.Q.;,U.R.,," (2).
Toute la journée bnigne rinns cet ai:" humide et
irrespirable.
"Jou.t: ôub;_'~6ai...t~ ff'. ,'OtW6ag.c"
(3),
parce que
la chaLeur l'('-U.i...t (·.t
ét-ou{(c"
(11).
La chaLeur prend des proport.i.ons halluci.nantes.
Par-
tout
l'eau est en 6bullition. ou pr~sque.
Bardamu séjourne deux semaines ~ Topo pendant lesquell~s il
partage non seulement l'existence et la popote d'Alcide, ses puces
mais aussi sa quinine et "f~IÇI...nu du.. pui.-t6 P4'Odle ;flR}(Dl'Obf~.fl):?..Jlt -ti.-è-
de et dVu·,héUlu.e'· (5).
Plus tard,
il se demande si
L'eau qu'on es-
sale d'y boire est toujours au~~si
rance,
aussi
tiède,
vou6 Q.rt
(1)
- Cane han
: Op. e i t..
p.
2~.
(2)
-
Idem,
p.
126.
(3)
-
Ibidem, p.
260.
(~) - Céline: Op. ccL, p. 197.
(5)
- Idem, p. 199.

504
dégoû.ter de. votT<2. proplÇ. boucfw. pendant huU jau~,. (1). Pendant
que Robinson lui donne des renseignements sur Petit Topo, il re-
marque que l'eau dans son gobelet, qu'il se verse, l'inquiète car
"eUe. ML .iaunâtre, ... ru2U6<>eu6e e..t chaude~' (2 J.
L'ombre devient chaude et dangereuse alors que tout comme
L'eau, elle est symbole de fraîcheur et de repos. Pour Bardamu,
l'église de Fort-Cano est si chaude sous les tôles ondulées qu'on
n'y entre jamais deux fois de suite. Avit remarque aussi que la
chaLeur SOUS la tôle ondulée de l'église de JacuL est encore,dix
fois plus suffoc~nte que dehors.
La chaleur de
l'Afrique est celle d'une étuve humide, <1::ca-
blante,
empoisonn~e et violente.
1'& f:6{Xl.()tl'!t
0J1.
?trLf~ÎA, (lnn~ ea Jr-a.nC'.R~ du Sud,
i-f. ar·'·;~1.ft?. qu '0'1. ent..cru.:J.e fa dlaf.pu,· ("J"Gque,.,. jci...,
c'e6t au..t,'Q. Cn06Q,
et{e. q.rol'lc1p.. ; dè6 ta wnlad.e
f ;J1..~, ef..r.c. ,'Cvl.eftL ~I' vou.o L~.. :i\\ quat-l'Q. COLn6 CÛ!.
ta br-ou.,Be, c:.onm;> W1R. cna. "]Q d' ci. f..éphan.t" (3).
Le Blanc est conssamment assoupi,
plongé dans une sorte de
~orpeurt d'où il ne peut émerger que lo~squ'il ést fouetté par une
émotion violente. La 'ILe quotidienne est terne dans la monotonie et
l'ennui.
Le solei l est la cause dé la tristesse et de la mort.
Il
rend stérile la terre dont
i l ouvre
l~s îlancs,8t il brûle l~ sang
des hommes.
(ll
-
Céline:
Op. cH., p.
210.
(2)
-
Id~m. p .. 212.
(3)
-
C"nchnn
: Op. cH.,
p. 83.

505
Céline et Canehan suivent en fait une vieille tradition.
Paul Bonnetain décrivant calmement la :torpeur des coLoniaux étour-
dis, fait découvrir un convoi pathétique de maLades et de blessés
blancs traversant le Soudan sous /'['aû'OCQ. 6of.eU qu.i. che,--che u.n.
c.rân.e à Vl"'i-t f.er l , (1).
Le chef de gare, nouveau Robinson,
va de
désillusion en désillusion, car le pays triste et torride manque
de tout.
La brousse est constamment brûlée par Le soleil. Le travail
devient de plus en plus
pénible.
La torpeur l'envahit quand
il
pense au nombre de ses prédécesseurs morts de
fièvre.
Il s'en-
gourdit Lui aussi quand "~ln f'exHnai.6e"
flmbiante
Lui. saurft .., à
la
face une h~leine plus
torride.
Alors
l'à r:..t''G.\\.I(!.''-:"J, 6on. ca6quC? pP~6 P.ou.rd, iJ Pu.i.- ('Jô.tyfJPaLf
6erti>'..I' à 60f""L C'"..I-ânc en.. mJlL~lu'Q. rdu.o ai_9-I-ii du féT'OC.e.
~of.e.U."
(2).
Cette popsie cosm11ue est encore pLus
intense dar.s
Le chapItre que
Bonnetain a entLèr~ment consrtcré au soleiL,~t qu'il a sLmpLement
intLtuLé l'te .'TOn.-!iu--e.'I
(3).
C'est encore la mort,
uniquement la mort,
qu 1 évoque le soLeil pour Vigné d'Octon dans son ~oman qui a pour
décor principaL
Les environs de Boké en Guinée.
Pour
luL,
sont des /'t...e~f·''Q.-:'i de. m::)6~t" calc~nées pnr le soLei.L qui.
/' ..
le.
tuH~. cn.t~è,'Q. dan.o u.n. t;.~-enbleJTllll.t"(t1).
L' Ldée d'une maLérliction de
(1)
-
Paul Donnetain
: 1Jano fa Bnouoo", page ]~8.
(2)
- Op. ci t.,
p. 68.
(3)
- Paul Bonnetain, ()P.
ci,t., p. 60.
(~) - Vigné d'Octon; lQ Paqo deo 1ét;~Qo. p. 4.

506
la terre de Cham rencontrée chez Céline et Conchon était familière
à Ernest Psichari.
"0 fa. te...", """0 prVLt<mpo et <>ano au.l:.o,"1I>.•••
o fa. t..er,,,, rmudi..te qui.. {ui..t ("o i.d au coeur et
ea~6e cleo. ,uaÛ1.éeô. dR. '1llv,on.ce au coeu,'
en thouo<.n.o te '" (l).
Psichari constate avec mélancolie que le soletl africain
dans le désert tchadien
"" '"ot pao ,'''' di.R.u pte.i.n. 00 OOU.Lci..tuOO 000
paLJO
telrpe,..Q6 qu:t.. n::JPO,·t:e, fa vU?. OUJG p(n"lû.>;.6 nn.i.A
h Lcn f!.... g6..n;..Q, nnuvaL.o qu. L. !TK?. t f.e6 vera dartti e.(.!..6
chn..OtylQ.6,
pa.., qLLi_ toute chooe -.')e décorrpoop.,
et
6' Urp"p.gTle r.Û2. Pn
pu.u"Co.cJ:>fd:Q. odeu"
d4.6 cn.daVrç-!.6 f'
(2).
C'est le génie malfaisant qui
r~it pêur aux fleurs, aux ar-
bres, aux hommes et à la terre elle-mêm€:.
"Vé.-t...tabE.t:mPJl.t le 6o-f.e~e.
étai..t t.... a.g.L.que / , écri.t-il. Un autre coloni.al, Robert Randau, dans
une prose qui se veut vigoureuse sinon brutale, personnifie l~ so-
leil
: il est un dieu ivre, di.onysiaQue et érotique, qui se joue
d'une nature sauvage, parmi
les hommes également vibrânts de sauva-
gerie, Blancs et Noirs :
"te 00 t" U. Q" ,.0 t L.e. )..oua. de.o or1.l abandR.o. .. ; i..t
bondLoOLZi..t pa,·-J,.'OOuo teo c..o-ê,t"o 000 ')O'rmi..e,·o et teo
touUeo 000 tx.n.{aUe.o, Q,><hafartt t '"n"me dL< <>pe.,;""
(1) - Ernest Psichari .7e..,,,, de. Sofei_t et de. So,,"",-i..t,
p.
173.
(2)
- Op.
cit., l'. 25.

.~ ,.
507
(''au"
.ouennt "",.mi..leo hoQ=to d'i.ln'eooe o=-ouan~
t'ordteou'e eridi.ab'-é ck oou{(leo éroti..queo ••. '· (1).
Jean Peyral,
le héros du ROman d'un Spahi., promènera souvent
son regard sur les l'gs~6 pia.t.nea c1ulu.c.JI2-o, morTleO
dé6Oiéeo,cou-
J
\\IeI'teo d'her-beo rw.-tR.o"
(2).
Il
est venu s'étioler sur cette terre
maudi te du Sénégal où la "chaleur' atroce ln ttu·ÏJ· <la oève"
(3).
L'Afrique est donc une
terre de mort, brûlée par le solei 1.
Les
Blancs s'y sentent exilé~ et cette chaleur entraîne la p~ur du
néant. Une Blanche qui se sent comme devant un séchoir électrique
pousse un soupir /'nou.o allnrto f1r:Ju ..·i.r i.-.ct., r-touO atenrt6 fTVuru' c'e6t
.,....," (~).
Un soleil nussi massif, Gussi suhtilemp.nt m~lfaisant, ne
peut qu'avoir des répercussions cat:1str'1phiql,es s·ur le ~;'ystèmf~ ner-
veux des Européens:
le
tempérament dev'•. ent plus acariâtre.
L'astre
impitoY::lbLe :t.pporte la fi.èvre jaune,
L"l
typholde, La méningite ou
simplement la fièvre et le paludisme.
Le slimat est 6galement cau-
~e d'une maladie psycho-somatique qu'on nomme, la /'oou.darti..t.e", un
néologi.sme à l'usage exclusivement coLonial. Le colonial atteint
de "ooudanGte",
devient nerveux, se fâche :'rès vite pour des cau-
ses dérisoires.
Il ri des
idées sombres et trOIJve que rien ne va
Comme un homme normal
le souhaiterait. Ce nouvel élément mythique
(1)
Robert Randau
:
Ik., Ô<;:llo.-ateu.,."
p. 37.
(2)
- Op. cl t, .,
p,
31.
(3)
- Op.
ci t., p.
292.
(4)
- Pierre Mille
: Be.~tnu~ et quee~ueo femmeo,
1908, p. 3.

508
lié au thème du solei~ a été exclusivement le fait de la littéra-
ture coloniale. On peut considérer ce thème diffus comme un enri-
chissement du mythe de l'Afrique et une tentati ve de renouveler et
d'accentuer la néprophabie.
En tout cas, c'est incontestablement
un élément mythique,car cette "~ou.danÎ.-t~"· n'est autre chose que la
dépression, ou plus souvent un symptôme de la fat~gue.
L'excessif et la démesure ne concernent pas seulement le So-
leil, mais aussi la tornade. Elle apparaît très souvent dans la
littérature coloniale. A chaque occasion, les romanciers S~ méta-
morphosent en poètes épiques. Ils s'évertuent à montrer la violen-
ce d'une tornade qui rav~ge et défigure la terre d'Afrique. Elle
est généralement brève comme un fragment d'apocalypse, comme une
bataille cosmÎ.que où
la. terre geint sous le fouet des r::lrFlles.
Cette bataille semble provoquée p~r La colêr~ des génies aux for-
mes effrayantes, dans le ci.eL en furie et en fol i.e, stri.é d'éclai.rs
terrifiants; CèS éclairs et CE:S frémissementz dans La nature acca-
blée désespèrent et t~rrifient l'homme blanc.
l.a pluie tropi.cale est un déferlement de forces
incontr6-
lahles
f' r;'Qfl.U
U_0:tc vouâ pourâui.-vai.-t (..~n. Cfl_âcacb2.,
etee 6e ,.ç.-f:Y.U1LI.ai.-t drv16 ~..a caôe e.t par-tout
at(lfltcXO'-"
(1).
Cette pluie tropi.cale qui a été décrite avec tant de reliefs,
soulage quelques Blancs et les délivre de l'atmQ~phère oppressante
(1)
- Céline
: ~. ciA.:., p. 226.

509
Qui précède l'hivernage. Mais les écrivains coloniaux affirment
avec Loti Que c'est la saison Que ies Européens appréhendent l~
plus; parce Qu'elle leu:- apporte "ln (i..èvre,
t'GIl0ni..e Q.·t oouvent
ln nvr·t"
(1).
Vigné d'Octon,
lui aussi, ne volt dans la pluie Que
l'annonce de la fièvre et de la mort.
L'idée de la mort se cache
derrière le mot ''fi..èvr... ''.
Le réseau de thèmes se déveioppe et le
soleil est le noyau de ce réseau.
La fièvre s'associe logiquement
au soleil, à la chaleur, à l'humidité, Le statisme de la nature
africaine s'associe au thème de la chaleur, parce que ce
.so.teil
des pays chauds signifie pour Céline et Conehan,
la mor~ ; or la
chaleur qui provient du soleil conduit elle aussi à la mort.
La fièvre occupe une place si
importantp. dans
le mythe de
1.'Afrique noire qu'elle ~st devenue le thème favori des romanciers,
des reporters, des voyageurs et des explorateurs.
La maladie et la souffrance sont l'obsession majeure de Céli-
ne. Dès son arrivée en Afrique,
Bardamu est pris aussitôt d"'lln.e
Le directeur de la compa~nle Pordurière avertit Bardamu :
"~On. Q~t toua rrofa.ti.e-o .u:.i.." (3). Un employé de la campagne met une
bonne demi-heure chaque matin pour commencer à voir un peu clair.
Souffrir était devenu pour luL un état naturel
car non·seulement
tout rayon lumineux le blesse, mais
il n'arrête pas de se g~atter
(1)
- Pierre Loti: Op.
cU:. , p. 95.
(2)
- cél ine
: cp. ciL, p. 152.
(3)
- Op.
ci t., p. 171.

510
tout le corps de l'extrémité de la colonne vertébrale à la naissan-
ce du cou. ".Jf.. <le <li..U.orlhi..t t'épU:kNrr2. et IR deNrr2. mêm>. de rayU<"'<l
d'o...9le<lOOrtg.tan.te<l,
oort" =<l<ler" (1). Cette maladie qui lui ronge
la peau, Céline lui donne le nom lndlgène "COf"'OCDIO".
Chaque soir les Blancs s'assemblent devant une sorte de pa-
gode érigée près du fort pour l'amusement des rigolos érotiques de
la colonie. Céline présente la patronne de la pagode avec qui Bar-
damu a quelques entretiens:
celle-ci
lui confie que ses r~gles
durent pas moins de trois semaines; et elle attribue cet:e mala-
die à l'effet des tropiques. Les troupes de l'armée franr,ai8e de-
viennent de plus en plus
faihles parce que
ia majorité du contin-
gent est toujours à l'hôpital,
"CL{\\/Ki.n'~ 60rt paf.J..Ldi...orn.'!., ra,'("'~L de !.Yl,a<:lLtJ:?ô., peu'
toua p.uij,6 Q.t pa."
toua ,"(~r.i.~~. de~ C2.6CO"mlp.â
Ç)..fltl.èu~6 va.u. U..QQ.â l!..rd.:.''Q. c;..qa'''f,l_tt'~a et rrou.clH!-a
à âe rraâtu,·h<~,· ,\\u,' f..C?6 cU'(lp6 rrv;--,~jA"
(2).
Vers la fin de son séjour cette Afrique étrange provoquera
1
chez Bardamu. une sorte de terreur vague, d'angoisse inexpliquée.
fa:te de nostalgie, cte solitucte et aussi de désespérance.
" ,!je. CI'O~JaLâ bÎ..PJl que c 'en. étai~t: ft.n;~,
.i 'Çl~a~,aL~ de ,"·QfJt:U"Cie-.", (!J1.COl'e un. fW.LL c.1.e CQ~
qu'on. {lOuvaLt apc.T'("--'!..VOU· dR. ce. "onde"
(J).
( 1 ) - CH ine
Op. e i t., p. 177.
(2)-- CH ine
Op. e i t. , p. 159.
( 3) - Cèl ine
Op. e i t. f p. ?J2.

-
--.'
'"
511
L'Afrique Noire de Céline et Canehan ressemble beaucoup à la
projection, à la transposition d'un monde désespéré et désespérant,
où la volonté du héros est toujours annihilée. On est presque con-
vaincu que Le BLanc qui part pour l'Afrique s'engage sur un~ chemin
de
croix; ce continent est Le pays de la mort.
3 - La faune et la flore
La description de la faune et de la flore tLent une place
"três
importante dans la
littérature coloniale. C'est un riche filon
pour un écrivain en mal d'exotisme. Lp. silence immense,
le mystère,
les chuchotements et
les râlp.s des animaux invisibl~s et renouta-
bles sont d~s é16ments qlJP. l'on r~ncontre éparpill~s chez ces ~u-
teu:-s qui accréditeront en France une "vision
plus confuse dt]
la
nuit, de
la "Brunhou.f'n af~·;..cnLrw_" où la faune et les sorciers s~ dé-
chaînent avec furie.
Quelle est cette faune
impitoyable qui grouille dans
la brous-
se et dans les sylves africaines '? Cette faune que tous
les écrivains
exotiques et coloniaux font entrevoir sans la montrer, sans l'avoir
vue eux-mêmes
le plus souvent? Les Îrères Tharaud n"ont jamais mis
pied en Afrique noire; mais
l'importance de CE condiment pour
le
lecteur Européen ne
leur échappe pas.
Ils parlent des Blancs,
".·évei..U..éo dnn,o 1.eur· cao" ; (."0 gen6 entre.ndent
ta panth<a-e. pouo'~"'r 60n grogru;uœn.t, ",t P. 'hyèrm
j.appe,. d'urtP.. {açon 6i..n~6"t.-'P.., te '-Lon qu~ ,u9i-t
quand U
<>.mpor·tre. (. 'épauf.e. ou ta cul.6oe. d 'w"",
bê.1:e attnehé" à Mn pi..qu"t"
(1),
(1)
.. J.
J.
Tharaud:
iliRandonnéP-dP-Sanba2i..oul',
Plon, ParLs, 1922,
p. 28.

512
Quant aux
auteurs qui ont effectué leur voyage exploratoire
sur le continent africain, la plupart d'entre eux n'ont jamais pu
rencontrer ces bêtes sauvages. Ils se contentent alors de faire en-
tendre au lecteur le cri lointain des fauves hurlant· et rôdant dans
la nuit. Dans' Voyage au Bout de rJ2 nu~t,
Rohinson fait à Bardamu
une description des hyènes qui viennent, dit-il.
tout près de sa
case:
".Ce6 IuJ 0m6 ça .~r-e éno.mém2n.t. c'"'6 t VO./:4-e
vt..andJ2. à vou6 qui",U.e6 HUl!..( e..enf...
; c' <?6.t
pre66é de nou6 vo'.r C4-el.l'2r.
=6 bê.te.6-r.à.
Cht p"'.u./:
@..JY'R. va ;...1' teu,''Ô 'fQWC. bri-eJ..p..r qu'art di..t. .. ,
nu L je. nQ. ee'Ô ni_ paIi ,-egas'<.lée'Ô cl.a.n6. f..eù 'J"-Ul(.,. (1).
Pour tous les coloniaux,
les fourrés sont myst(;r[p.llx et rép
sonnent de voix étranges
lorsque se mêl~nt les cris du
Lion, de
la
panthère, du crocodile,
de l'éléphant, de
l'hippopotame, des sin-
ges' et des reptiles!
Les animau)( des romans coloniaux é'Joquent tou-
jours
la mort.
le macabre,
la pourriture ..
Les plus sinistres sont
les hyènes qui déterrent les cadavres,
les chacals qui glapissent
doucement. Robinson donne quelques renseignements à Bardamu.
Le
jour, c'es:
la chaleur, mais
la nuit, c'est le brui.t.
Les hyènes,
dit Robinson à Bardamu,
viennent tout près de la case et on les
entend rugir.
En route pour Fort-Gono, Bardamu est obsédé par les plaintes,
les trêmolos,
les appels des b&tes qu'il ne voit jamais.
(1)
- Céline : VO~age au BOut de fa nu!..t,
p. 213.

0; .
513
"Par ceo ra(ateo de cN..6, d'~, de hu...tem.n.tA,
on auraiÂ. pu. croù",- qu '<.l.o étaiR.nL en. LouL prèo,
de CI2/1.-ta<.neo, de mi..t(."-ero, à brou.-ttR.r,
teo anUrc...c."
(1).
Lorsque la nuit tombe,
"tou·te" f.eo bêteo oouvogeo de en terre vcnaU>..n.t
cerner no-tre ~ . Partout un cs.... tn:wer6ai..t
rrn~tout (. 'énorme vel'wn nou' qui.. nou" é;:OUf(ai.-t" (2).
L'évocation des animaux sinistres est très accentuée dans
ce Roman d'un ~~. Au moment où le roman touche à sa fin, les
vautours sont déjà là, annonçant la mort prochaine dèS sold~ts :
"6u,-'
f.c6 ,·we.o m:wn("!o,
pt:lI'-C;~ f.-fl'· f.iJ., rrru-chn.;...J.!nl:
lJIV1.VQflJ2n.t de g.'OlC~ V'ru.ttOU"6 '1.0;..1'6 ou. Que~up..6
ln'1.I-obout" dlflJ.we." Japp<!.(nn t ..k" "Uhou,.,tte."
h UIYr;Û.np.6 ,. (3).
A la fin du roman, après la mort du héros et de sa famille,
les vautours sont encore là, ou plus précisément,
ils sont prJvus
"cw..m::û....n, de. 91and6 vautou,.6 clu::n..tveo contÎJluc.'Ont
te..u.r
OCJ..tVl-e. CÛ2. de.ùtn.tctwn,
(~.t f.euro Clv2ne.6
beanchu-ont ou "oleU, {oui..U&'o plU' 1", vent et
par te" "au teJ'e1'. f.e" " (4).
Cette phrase qui prend d1autant plus de force qu'elle termi-
ne pratiquement le roman, est de cette morbidité particulière qui
( 1)
- cé l i ne
: cp. ci-t., p. 229.
(2)
- Idem, p.
230,
(3)
- Pierre Loti:
l'.e PCYmn d'un ~i., p. 298.
(4)
- Idem,
p. 331.

514 ' -
caractérise Loti et les autres romanciers coloniaux. C'est toujours
le même sadisme à rebours qui pousse Loti à parler avec tant d'insis~
tance et de réalisme des animaux lugubres que sont les hyènes et
les chacals.
Un autre animal qui apparaît dans le roman est la chauve-sou-
ris. qui ne se nourrit pourtant ~~e de fruits; mais la toi du gen-
re commande qu'on introduise cet élément d'horreur et de fantasme
propre
à la littérature européenne. Accompagné de son guide, Bar-
damu arrive dans la chambre où LI doit passer sa premLère nuit à
Bambola. Dès qu'il est allongé sur son lit,
"VLn.9L chaJ...Lve-a.ou,.·iA '~o,·tL.''Qfl·t de6 col.no. Q..t
6' éf1ln.cQs'QTI t en af.f..QQQ v.t v~nue6 h"....·'-...ô.6Œ1.C6 ('"~'
autant de 6.a~V(I_6 cl 'éV(Jfltf.L~f.4 au.-eico.'.)U6 dl? rron
J"'P06 cnJ.i.fl tiJ
., (1).
Céline fait vivre son héros dnns un environnement de cauche-
mar
·'m<..U.e. di-ti...gertt6 '70"" Ci.que6 pI·U'Q.J1.t po66e66um de me6
eu-i..66Q.6 Q.·t je rt / o~aL..o pfuo c.e.pt.!n.dant rerrK?.tu'Q.. Wl pt...ed.
Ou.r te. .oDe. à cau.:1e de6 oe.o.pwn.o. ç!..t de.6 6e,p<2flt~
VQ.rtUnP.1.tlrC. dont Je
ùU/JP00Q.L.6
f~ 'abomLn.abee dut66e c..onn-encc2e.
3'-6 ava.;...R.nL te choix,
eeo 6e,.'Pp..nCa, en fact d.e6 l'Q.·~J
je f<>.6 e.n/:e.ndtû_" <i"'-9noter te.6 rat6, ... je. f.<>.6 'mteJl-
da;.-6 au nu,',
""JO
te pfnnrJw.,·,
I:rerrb l'.ant au pfntand" (2).
(1)
- Cé l ine : Voyage au &'",t de. ta nui_t.
Op. ci t.. p.
173.
(2)
- Idem. ibidem.

515
La vie ne devient tolérable qu'à la tombée de la nuit, mais
l'obscurité est alors accaparée presque immédiatement par les mous-
tiques en essaims : "Pao urt,
pao <kwc-,
ou cent, om.w pO., bi...t-
ti...ort~/' (1) et Céline remarque que "~'Qr1. Lu-er d.an.ô ce6 cond-Lt.wno-
tà c:kviRn.t. une oeuvre au./.henti..que c:k p.réoe.~n.". Touj ours à
Fort-GonD,
le vent,
secouant la dentelle des palmiers géants,
"re-
bat.taLt oeo '1Ua.9"-0 c:k nvuo·ti..queo dan.o teo oouCOU{:)eo"
(2). Même les
termites sont menaçantes quand les
moustiques sont partis.
l' Ceô
t..e.,mi-t.P.6 vWnTlent Pflt..-l'Q.ÇJl"'QruU'e. tQ. bâtiJn'n.t,
occupéo qu' l..f-Ô oo",t é.t..e"T1.ef.f..etrX?flt.,
f.e6
;..JTm:In~Â.,
à VouO 1>o"(f,,,' t""" nvntnniA de f12 cnba.n.","
(J).
A Topo,
pendant que Barrlamu e~ Robi.n50n parlent d(~s n.ègr~::;,
"f..e6 rrouchQ.(). (J,t f.RÔ ;..n6e.cf~(\\ :li_ gs'Oo,
C....l Ôl.. gn:md
norrbre,
V~'..rU'(Y1.t -6 'abba("...I'Q autoUl' de la fn.nte,.ne
en. .niaf"", ·,L c:1PJl.O".o qu' Lt !aU.ut biRn. étei..nd<-e" (4).
Quant· à la faune africaine, Canehan en parle très peu sans
doute parce que son héros vLt en vlll~ et aussi parce que
''.7f.ol'C. e.t {au.n.,... , de toute év,:..ctenc.e, n 'Q.taU>flt
pt:Ul
e.. 'a({au'C c/Q. o.2t a,·ti-O'-t~ 'lui... QV:l-Gt déjà
biPJl ao"= de ,iQ"",n." (=i_t0:,,'o à fouetter"
(5).
(1)
- Céiine
: VOIJage au f30ut de fa nuLt.
Op. ciL, p.
167.
(2)
- Op.
e i t., p. 188.
(3)
- Op.
eiL, p. 22l.
(4)
- Céline,
op.
eiL. p. 221-
(5)
- Conehon,
op.
eit.,
p. 128.

516
Pour Céline la flore africaine est souvent monstrueuse4 Avant
même de débarquer, son héros rêve de
"t'A{rÙjue, Pa vrai..e, fa grande, ceU.e deo i..noondabl.eo
{o.~to. deo mLa6meo dété tw-eo, deo 6O'"ü:udeo Vtvw-
'-""-0"
(1).
Certains matins, Bardamu et ses compagnons quittent enfin,
"ce oaA'-,,- canot oauvag.e"
(2)
pour entrer dans la forêt par un sen-
tier caché qui s'insinue dans la pénombre verte, à moitié iLluminée
par un rai de solei 1 plongeant du plus haut de "cette i..n(i..ni..e caChé-
drnte de (eui..O,eo".
Plus
ta:-d.
il ne vol t
que
l'P~ 'i.-n(LnÎ.-e. 1'o,.Q.L, roouwnnan.·t.e de. cUœ.·.~ j.aun.e.~ ct:
nJugcô p~t vc,·("...2·~, p.eupf..ant,
(:lI-e.;')'Ôuf'an.-t rro,.d~6 nJ:..
0a P.tQQ6,
"un.6t,uQù-:~0"».?.rtt abondnnte. corrt"Tl.?- f.Cl.
cent "C. '-',~" (3).
La végétation est aussi. aggressive ~t malsaine que
le '.:llmat
"Ea végétau..o'l bouffé.P- c/Qo j.<udi..no t=i..t à g.nnd
pt2.1...ne,· agqs"Q.6~l..ve.,
tUT'ouche,
enu-e teô paf..i-6~6,
{08'f1l2n.t ffLi-WQ.·~ en dée.i-~'Q autou,.· de chnque rrni-6on,
ratatiné 9'"0"
bennc d'oeuf ootl.de cJa,u, '-equet
ar.heV'O.i...t c!R. p.cxH·l·;_'~ U"l Ût''OPc2et"l'' (4).
Il confirme cette visLon
tragique de
la faune africaine en
présentant son héros.
l'ÎAo~Q.'· nu milieu des indigènes; la fo:,êt
(1)
- Céline: VOl/age. au Bout de. f.a 'f/ui...t,
op.
cit.. p.
153.
(2)
- Op. cit.. p.
210.
(3)
Op. clt .• p.
2l1.
( 4)
-
Op. cl t .• p.
188.

517
environnante n'est qu'une immense réserve pullulante de bêtes" et
de maladies:
"la fON,t n'a.tl:end que. J-"'U .. 60]na,t POU" 612. _Ure
à tl'<urbte.., 6<-ft te.., /rUgi...- de toute6 6i2.6 pmfont:1Ilu..6.
212.6 œ-b''i2.6 enti.e"6 bouft<A de gueuteton6 v<-lXlI'tta,
d'érecti.ona rru-ti...t&6, d 'ho"I'eU""
(1).
L'image finale que donnent les coloniaux de ce continent
n'est pas simple.
La vision de l'Afrique se diversifie;
les romanciers sont
à la fois attirés et repoussés, charmés et effrayés par '~~ 6om-
bf'Q...
payo~'
"cP.Lte r-C"f'Q é.C"Ylge.•. que e. 'on déte.o.t(~ e.. '~ Clue
f.. 'on "'l<~ p"--Ut 60 IQJrPQ.chc:z.,' cl 'aiJrnf', où. e'O'l .-eviP..n.t
C"-O,"",,- hfJpnoU.LIé
pa.. fe'" chant<> de "'c6 g.wt<>,
te·.\\
rm/.et L.ce6 c:1e ~co ~o, "Cu?'P6 ••• où. tau t Qfl ,'Q.6 tnnt
benne de r:x~.au., f.. Ion devLe.'lt (.:JÇJ,..U. à ,::x'U noi...,·' de
",enUJr>ertt6, nou' d' i-<iéP."' • •• " (2).
C'est précisément cette dualité des sentiments qui marquera
de plus en plus, la vision de l'Afrique dans la littérature colo-
niale. Le continent noir sera désormais une terre à la fois hideu-
se et agréable. Cette dual i té se résout en un seul mot: "f..e rry6-
tç,J'Q..".
(1)
- CHine; Op. cit-, p.
191.
(2) - Pau l V.igné d' Oc ton : Olau' no Cre, A Hemerre, éd i t. 1 Par is ,
1889. p. 52.

518
L'Afrique reste une terre de souffrance pour l'homme b1~nc.
Les héros de Céline et Canehan souffrent dès leur arrivée en Afri-
Que jusqu'à leur départ.
Le premier jour. Bardamu qui n'a pas en-
core passé une nuit en
Afrique, remarque l'impossibillté de vivre
dans de te 11 es candi ti ons, P l'.e c<U'!"1llvnt f.Q. jour',
éc.wro;-re. W 'lU<..t,
?n. guQ.rr'Q. "" OOu="
(1). Son directeur l'avertit,."tout taLi..qu.Q.
<.cL"
(2).
Les colons sont des martyrs
:
"_na "-taiR.nt \\/QflLLC <!.Tt .4{";Jjue ü'Opi.ea?.e. /'.eu•. oU"'-r
{eur6 v~'.an.deô., QUJG p2--u-'Ortô.,
ieur 6arI9,
tQ.U.'·~ vi.eô.,
l'.eur jeurLeacQ., m:lJ' bp'c pOUr' de.u.'G f r'Once {Y.lr jour"
(3).
Bardamu est si heureux qu'il veut tomber malade pour
l'1u'on
le ;8patrie.
",70u. C é Cai_t dél)OÛ. tf1./1. t, r.xu· bou f:.t1,
(XU·
r:hr'(1/.)e~':J1
pa..r rrJ:?Jrb''Q.â,
pn.r 1,('.fj6"(.'. t.o.,
peu' r;f..0bu. e.(~6
• •. .?P. r-t 'r., ')-'v'r'2.L.t qU{'. cu!.. P. 'QJ1~;...6~\\Q. étiJtce.lcl.YtÜ2.
c1J:irM t'ai..s'"
(4),
Au Petit Topo,
il est
.condamné à vivre dans une case sans po~te.
Pour la nourri ture l
"on bouffe rrn.t,
c 'Q.~t Q}(Llct, c 'cct "Len que de
ta Cû'l6er'Ve. ... !hc ;JJdiJ)PFV:!.6 boul't""t du rran.wc pour·r-'.!' (5). Et
pour l'eau qu'il
faut boire,
/·C'Q.6t un'1 VI'âL.P- nO..LQI'
(6).
(1)
- Céline: Op.
ciL,
p. 167.
(2)
- Idem, p,
171..
(3)
- IbLdem, p,
174.
(4)
h!em,
ibidem, p.
193,
(5)
- Ibidem, pp.
213
- 214.
(6)
- Ibidem,
p.
214.

519
L'image définitive que les romanciers coloniaux donneront
de l'Afrique est celle d'une terre de mystère. Elle était déjà mysté-
rieuse au XIXè siècle: elle ne livrera pas davantage son secret au
XXè siècle, car seules les régions côtières seront bien connues,
ou plutôt, relativement connues.
Ernest Psichari, rongé d'inquiétude religieuse, pense que
l'ce.tt..<> ,4(r;-Cjll.e 'l.'eo!>,t pao!> en paû-<.c ck ,~I' (1). L'Afrlque est pour
lui comme une femme d'Orient, violente et paresseuse avec des cerl-
ses dans la bouche. Elle lui donne l'impression d'être un~ chose
immense,
informe,
indéfinie et meurtrière. Pierre Loti avait donné
cette impression d'une terre rejetée pel!' Di.~u. Nous <J.pprenons de
Loti que le Sénégal est un
Cette vision sera pro.ietSe de nouveau par Conchan d'un'~ ma-
nière difréren~e, m<J.ls l'eff~t est toujours le même.
L'évêque dit
au n"ègre de l'l'outre l'.c!- cmrp, Ij a pa.". ~Qô.u~ POU" toi-, du tout, 6cd..Q.
71<>.tp -el', (3).
Avit a eu l'impresslon de pénétrer dans quelque r.hose de
mou, de brûlant, de pas ~rès propre. Le pays entièr est
(1)
- Ernest Pischarl
: Jc... -e de So&"';_[ et ck Sormr2,.-t,
pp. 62 et
46.
(2)
- Plerre Loti: ,Ce ;?a-mn d'lI.'l. Spahi..,
p.
3l.
(3)
- Canehan:
t'D'n.t Se>uCfige, op. ciL, p. 19.
(4)
- Idem, p. 126.
,

520
Dans Voyage au Bout de P11 1'L.U,
le mys tère et la frayeur re-
viennent envahir la nuit africaine où les objets et les maisons
prennent des formes fàntastiques. L'Afrique devient une terre de
cauchemar où l'ennui et la peur règnent dans le mutisme universel
des choses. La nuit africaine est généralement associée à l'appa-
rition des monstres et des animaux sauvages. Céline parle de son
héros qui a peur de la nuit africaine avec
"-taU6 CQ." mo""ere" qui.. en.tHJ.t.Q.'lt ator" dan.6 ea dan."e
panni.. f.e." mU.f.e. b,ui.-to de qwû.que" cs·WJOl·d6 ,. (1).
Les nuits sont nerveuses et insomnes, scandées par l~ bruit
du tam-tam qU" effraye tous les Blancs.
Bardamu parle de la nuit
martelée de gongs.
Il a peur de cette
/19-''O:~6Q. nuLt n.ou'(c'. cfc6 r:V7J,I',") duu-u::1.6 avec ..ion r...ù('ut'
!J,ut"P. p-" tnm- tam qui.. /:nt I;ouj.ou,·" t..'OP vi.-te"
(2).
C'est le tarn-tam du vi llage qui. VOus fait sauter, "coupé
nPJlU",
en de petits morceaux de patience.
Le tam-tam,
symbole de
l'unité africaine n'est qu'une
"pt:>~r'(:1.lÔ.ÙL.o'l. ,adotr!.U.oe en 6oLô. CI'Q.Ul(..,
u!..Hni.... teô. du..
ll
VQ.nt
(3).
Ce n'est pas seulement le bruit de la faune Qui dêrang~ Bar-
.. damu durant son sommei.l. Robinson lui explique qu'il n'y a pas cent
nègres dans le village mais ils font du "bou::tÎJt"
comme dix mille
(1)
- Cê 1i ne : Voyage au Bout de '11 nui.-t, op. ci t., p. 217.
(2)
- Idem, p. 170.
(3)
Ibidem, p.
218.

521
il est obligé de mettre .du coton enduit de graisse de banane dans
les orei lles pour éviter d'entendre "gueue... .. =0 vodw.o-tà",
Mais
pourquoi ce mythe et ces mensonges? Le romancier co-
lonial est obligé de corser ses récits, d'exagérer ses aventures ou
même de les inventer pour plaire à ses lecteurs Européens. Chaumel
constate que :
"oL tu l'.cu .. n=onteo oiJrpf.emen.t. quQ. tu r>l2n9"-0
tà-bao t.ouO tAO 1ou..o cleo oQ.U(o ",t cleo pouf.0ta
é·tLquQ.o, pa,·fdu, un. g.Lgo·t cie cab.·L. ·tu paooQ.O POU" un.
iflbécUe "t tu "'" f.eo i.nté.<!.o6<'.o pao •.. SL nou.(j ~o"'"
ln. VQ.I·i.-té.
P'?-,·ëonn.e n.e. VCLLt n.ou.<i CI '0 L.'"'Q. l'
(1).
J
Voi.li! donc pourquoi.
lis doivent présentE:'r l'f\\fr;.que no:"re CDm-
me un pays pr6historiqu~ et d~sol6 pour les uns, un pays de s0leil
et de mort pour les autres.
Elle enchante quelques uns,
reblJt'!
la
plupart.
C'est un pays mystéri.eux où l'on est victime de
toutl.~S SOr-
tes de maladies
inCOnnlJ2S
et horribLes, des sortilêges et des poi.-
sons des sorciers, de
la cruauté des fauves.
Voilà l'Afrique noire désolée, épouvantable, 6trange,
myst~­
rieuse,
infernale, une terre de mélancolie et de mort.
C'est la
terre de Cham, un 'Irai
,:ombeau de l'homme blanc.
-----------------------------------
(I) -
Chaumel Alfred . .&0 Bianca jo,.en.t. et. 9<2!1'len~. Henri Goulet 1926,
p. 147.

522
E) - VERS LA DEMYTHIFICATION
DU SURREALISME AUX ORPHEES NOIRS
On peut supposer Que le surréalisme dont le programme com-
portait la dissolution des valeurs de la civilisation européenne
bourgeoise devait avoir recours au primitivisme nègre, et par là
même,
faire mieux connaître au public européen l'homme noir et
son mi l leu... (""
.. Et de fait l'attitude des surréalistes envers
la Négritude est de celles Qui sont des plus dignes d'être exami-
nées parce qu'elle concerne une démarche essentielle du mouvement.
L'Avant-garde littéraire et artistique des années 20 s'était ran-
gée '" aux· côtés des peuples colonisés, et le cubisme trouvai t dans
la statuaire africaine un répondant nécessaire.
a) - Du dadaïsme aux mondes noirs de Breton.
Paradoxalement l'admiration pour l'art nègre en Europe fut
dissociée de la sympathie pour l'homme noir. Les collectionneurs
de statuettes et de masques africains les plus connus n'ont prati-
quement pas laissé de trace dans L'histoire de La pensée anticolo-
nialiste. Breton lui-même, grand amateur d'art africain dont il
faisait d'ailLeurs commerce, ne pense pas, Comme l'écrit Regis An-
toine, qu'un artiste européen "puLooe ·u"'Ouver u.n ''<2,ôôou.,'C''ftlI'2J1.t
cl /i.n.<>pi...rutéon à par' tu' de t'cu·t np.gre'· (1). Il refuse égalemen t,
bien qu'iL s'intéresse en général au colonisé en rupture d'obéis-
sance, à recourir à un apport africain, un modèle nègre/pour chan-
ger la vie. Cette attitude étrange est résumée dans l'opinion ex-
(1) - Régis Antoine : ".~ B..eton et te" "",nrk" noi...r,,", in
f. 'AI' ,'<-que ~tt02rai.re, nO 58, p. 60.

523
primée par l'Allemand Carl Einstein. pourtant un des pionniers de
la découverte de l'art nègre en Europe, auteur du Negerplastik
"~'état. actuee. de t'A('ri.que t.énDi..gne d'une décaJ:1cm=
6<" proforv:1l>., d'un av<..e.'.M,=t <.nte.Uectuet 6<" CDIl'pf.<zt.
que jug&!.r du paMé art.i.6t.i.que afrù=i..n. d'aprèa f.<z
pI-é6<m.t. 6era<..t -ini.. cau"er un trop g.rand pI-éjud<-ce."
(1).
La même contradiction se retrouve chez Paul Guillaum~ au-
teur d'un album de photographies consacrées à l'art nègre, et dont
Apollinaire a écri t
la préface : "f.<z6 npp"'-" <>ont. de6 ra=6 n.oncJ.a-
tAnte6 ac.coutumée6 à f.' oi.6i..w,(.k va tuptu<!U6e"
(2). Très peu d'es-
prits éclairés feront preuve comme Cocteau, d'une négrophilie moder-
niste,
notamment dans un
texte de 1920
(3).
Certains comme Blaise
Cendrars, ancien légionnair"e, pOlotaient tout leur intérêt aux lan-
gues dites primitives et cherchaient à exhumer toutes
les civili-
sations méprisées par l'Europe.
[1 il notamment écrit en 1916 J:12..6
~ JétiJ::h",,, et une Anthof.og.i.e nQg.--e (4). André Salmon qui a
joué un rôle non négligeable dans la critique d'art avec son Art
(1)
- Carl Einstein, J'a Scuepture afri.caLne,
traduction de Thérèse
et Raymond Burgard, Paris 19~"L p. 3.
(2) - Paul Guillaume, Scu~ptu,-e" nQg.--e6, vingt-quatre photocopies
1917. Exemp1air"e microfilmé, sans pagination.
(3)
-
Jean Cocteau,
"OpiJ1,wn6 6ur t'art n~"
in Actwn 1920.
(4)
Jean Claude Blachère :
f}"
modèle nègl-e, Jk,p,;,.ct6 l<..ttén2u-e6
du I11.Jthe prUni.,ti.-vi..6 te au XXè "<-«cte dl/a A:",tti.nai...-e, Cen-
drar6,
Juue.,
Dakar', Abidjan,
Lomé, NEA 1981.
-
L. S. Senghor,
"ApoUi.nal.re et (,'.4{rUju", no'-re", in néqr<..û.u:iu.
de t'1/ni.-ver6ef.,
Edition du Seuil 1977' PP. 493 - 505.

524
v<..vant, auteur également. de fa jeune 6e.tdptu..... f~iAe, ouvrage
dans lequel 11 s'émerveillait de l'apport nègre ("gQn~6 6QU~6
00 ta. Côt.e d'..9vo.;...e, vou6 nou6 =
C2rlCD..... dRti..uré6 006 clerni.er6
menoong.e6")
(1), a également écrit des romans pittoresques dont
la négre66e du 5aes~-COeur, publié en 1920. L'influence de Tristan
Tzara tient surtout à la publication des poèmes nègres qu'il avait
traduits et présentés dans la série des Dadas. Ainsi dans Dada I,
paru en juillet 1917,
figurait fa chan60~ 00 cacndou 00 ta. ~
Aranda, suivie de la mention: "c.:.t..a....tA du voturre de ,aoème6 ~ègre6
t.radu....tA par .7T'i..6tan. Jzara (en prépara tion)" (2). En décembre de la
même année, Dada Il reproduisait deux poèmes rie la tribu Loutja.
Déterminant les plus p["ofondcs afCi..nit65 cntl'c la pensée (H-
te primitive et la pensée surréaliste, visant toutes deux à suppr'i-
mer l'hé,gémonie du conscient, du quotidien, pour se porter à
la con-
quête ct 1 émo tians rêvé la tri ces,
les surt'éa lis tes
lanceron t
un trac t
en 1931 pour décourager ceux qui avaient l'intention de visiter
l'exposition coloniale. C'est d'abord contre une certaine présence
française en Afrique, contre les massaCres et tout ce qui nie l'hom-
me. Mais de Breton à Tzara le mouvement ne s'est pas départi du my-
the primitiviste dont il espéra le salut et que les surréalistes
eux-mêmes ont, dans une certaine mesure, al.dé à cristalliser, com-
me Phi lippe Soupau l t dans son roman .Le nègre. D'où les réser'/es de
(l)
- A. Salmon,
fa.vzu= 6cuf.ptu..... (H,n.çai..6", Parts 1912.
(2) - Cités par H. Behar dans son édition des OeuVrP-6 Comptè~6 de
T. Tzara, T. 1, p. 715, Flammarion 1975.

525
L. 5. Senghor:
"Je c.ra<.n6 que te6 6UrréatiAte6 eu'<.......:1me6 rt 'aUmt
pa6 eu pour !a rtégs-U:uci.e un.<? oyrrpathu>' toujour6
diAcr0te, c 'Mt-à-d<"re éc!ai.rée"
(1).
Combien l'opinion commune influe parfois sur les esprits les
plus éclairés, nous en avons la preuve avec Apollinaire.
Lorsque
le poète reviendra à des idées plus justes sur l'Afrique et sur les
Noirs, ce sera malheureusem~nt sur le tard.
En effet,
à la fin du XTXè siècle et au début du xxè sièCle,
les poètes ne pouvaient savoir de l'Afrique que ce qu'une pcesse
et une littérature volontier~ c{)cardièl't~s acceptaient rte diffuser
une
idéologie colonialiste que soutenait
la
T[I~ Rêpublique : mé-
lange d' ignorance,
de cacisme, ct de mépris enVèrs Les Noirs. On
comprend dès lors que
l'image rie
l'Africain et de son milieu subis-
sent une lente métamorphose dans
l'esprit d'Apollinaire.
En 1899,
il publie un poème où le nom du
Congo est synonyme d'inculture
abso lue
:
&'~ bn'Ne6 Stnvew tai.n.6.
S'DJnbê.lAnt 6.0L.r'6. et rrnti.n.6
Jortdé" 'n.t un. cerce,' f~i~ttélY.l.Lre
&
fn. ~ou~,,,,-
"hw ert 1aU de f_i..Uéw./:u,,,,-
_9t rt'lI 'en a pa6 peu6 qu'au
(1)
- L. 5. Senghor: .f.i..berté .9,
Paris 1963, p. 33.

526
Congo 'lu" dan<> w naJ:.ure
C4 'à -la cao;"m' dR. CoD (1).
En 1913, dans 1e Poète A66aoo~é, Apollinaire imagine un poè-
te de Haiti, Aristénète Sud-Ouest, "te gr'a11d poèJ:e "ègre... cou.p<2
en morceau'C. et. dQ:voré"
par une population de Noirs et mulâtres
ivres de soleil et de carnage (2).
Le mythe de la sexualité bestiale de l'homme noi~ qu1au moins
V. Hugo a évité dans 8Ug "~4 fonctionne entièrement dans le poè-
me d'Apollinaire, C'/JtÛ>Jtte :
"fa bou'~ "ot avec '-e Sértéga-
wiA" (3), note-t-i 1. Lorsque le poète donne la parole au soldat
africain qui
évoque son pays,
il voit son rère
"CaI-Q.('),Ô,Q.,· lJ.:!.o oeUt.o. nu.6 du.ro con-m2. dR.a
abuo dR. /10 ooeur au ri..,,- <'.n (0'-""''' (4).
Le soldat continue sur le même ton
"Ct Pz .-êvaiA nu. mèI'e ea. aorci-~'e
qui.. ( ... 1
( ••• 1 pUai..t t", mU'-et ciano un orort.œr
Ln ~g:zn:fant oro" frère
(1) - Guillaume Apollinaire; Poème publié dans le QUetteur mélanca-
'-<..que (Recueil posthume 1952). ÜQuvrP-o Comptèteo, T. III, p. 455.
(2) - Guillaume Apollinaire: ,Ce Poè-te a06aoo~é, ch. XVI, ÜQuv,",,-o
romp'-èteo, T. l, p. 285.
(3) - Apollinaire, t'Attente, P00ne6 à "C>.... O. romp'-èt~o T. IIi, p. 372.
(4) - Apollinaire, "& Serv>nt. de :.lJaJuu.", P00neO à fou, O. Poété.que6
Bibl.
de
ta Ptéiade,
p.
479, vers 11 -
13.

527
Bercer oa ooperbe v~t.é
Conme "" berce un P'2-1:Lt en.(ant."
(1).
Le ~liché qulApollinaire présente du village africain est
celle de l'orgie, de la "bambou.f.a."
"!Je 6Dnge au vU.fn.ge ai r<.cai.n.
eX. l'"" dwn.taU où. .f. 'on danoai-t
l 'on (ai-oai-t t'armur"
(2).
Le poète reprenait en fait le mythe du nègre,
extraodinai-
rement sexué, lascif,
lubrique et paresseux. Cette idée reçue est
entretenue même par Mallarmé, dans le poème "'llrte nég.l'Q..6âe par -le
dénn'l <l.ecou.é'·::
"7/"e né,}>...aae peu' œ dé""m oecoué
V"",t goûter u""- "fL{=t tx'iAte ciQ. l'<ui-La nouV<'.l2WC
Ct CI·Uni..netâ
flU66t.. âouâ
f...eu.~' "obe tT'OUee
Cet.te goi.n.( <"" a 'appI-êÂ;Q. à ciQ. <uoéa txalff'A<'O
~4 60tt \\...IÇ'Jl:t.J'Q.
IW..Ll'""Q.U6e~ dmJ..IC. t.é..tÀ.nI.!.â
Ct. aG haut que eu m2i.n. "" te 0GU<'<2 <\\ai-aGr
ttte dar<fe te choc obacur ciQ. Oea ho tt<-nea
fiCnaG que quelque tangue rruJ.halX..te au pWU>'-r
Contre eu nudi-té POrQ.UCQ. ciQ. ga:zelte. , .
Ren.ve<·aée ,,-lte attend et. a •w:fmi..,."" avec "è.te
Gn ri-ant. ck aea ckn,ta nawea à t'en.{ant
Ct. dana 0"-0 ~a où. en. v'-cti.m;o. <'le couche
(l)
- Apollinaire, "Ce Se,vant ciQ. JnJuu,", POQPQ.a à !'ou,
O. PoétÙjuea
Bibl. de la Pléiade, p. 479, vers 14 - 20.
(2) - Idem, vers 3, 4, 5.

528
.:.
levant. une peau rtOu-e ouverte OUr te crin
AJœtce te. pa.W,L6 de c.e.U.e c;.trange bouche
Pâte. et. rooe CDnr72 W'l coqu~ rrnri.n."
(1).
Mallarmé a tout juste sacrifié à la mode et n'a pas cru de-
voir développer plus longuement cette thématique. Chez Apollinaire,
c'est peu à peu que
l'opinion sur l'homme noir va évoluer. Les cau-
ses profondes de cette mutation tiennent essentiellement au progrès
de la réflexion du poète et de l'amateur d'art SUr les rapports de
la poésie moderne avec
la statuaire africaine.
Mais
la raison rlécisive Qui
lui
fit changer d'attitude
rut
sa rencontre avec
les soldats africains,
au
f["ont,
en
1915.
Il chan-
te alors
la
frat(~rnité Vil"ile des combattants blancs eu noirs.
"nouo oornne~ t:On cof...e.i.e..· 'J''Gnce
VerUA6 dea /lLean tLc1e.a ou b U!n.
dea nc;g.,:...ti..ea"
(2),
Au dire de Senghor, dans
la poésie d'ApolLinaire
"P''e6<jue à cluujue rl<2norrbremen.·t de e. 'un<.ve.'a
l'.'/!f.'ëqu,,, appI:U'aL.t. C'eot au ~taur d'un
poèrre, d'une 6 trophe, d'un verô- . .. " (3).
(1) - S. Mallarmé, Ü2uv.~a Compe.~tea, par Henri Mondor et G. Jean-
Aury,
la Pléiade 1945, p. 35.
(2)
- Apollinaire, :Ile en batte."", du tu', O. Corrpti2.tea, T.
III,
p.
220.
(3)
-
L. Sédar Senghor,
"..4potU.nau-e et e.'A{ri..que rloi..re",
in né.gr:...-
tude et C0v~'-Lo.at00n de e.'UnÜV/2raet, Edition du Seuil 1977,
pp. 493 - 50S.

529
Le changement chez Apollinaire sera complet dans le poème
.&6.5Oupi.r6 du Se.~ CÛ!. 2ahar. ",Sur plus de soixante vers, Apol-
linaire rap~orte les confidences et les plaintes d'un soldat afri-
cain désigné sous le nom de Servant de Dakar, c1est-à-dire l'cano_
ni..e.r 61e~"
:
"!fe. I"Q.VOi..ô 110'1. père qu.i. 6e baUi..t
Co.-.tre f..e.6 Achanti..ô
A. 6ervi..c.e CÛ!.6 .Ar.g.ln.i..ô
Si. je vou.ln.i.6 6avoi..r nu" âge
.'Ji (audrai.t te CÛ2nr:lnder à t' Qvêque
Si.. dou'C., ô L c1ou.'C. avec nn mè.--e
:he tH?..ur·re, avec nn

·0
.:.l.OQ.ur
"
-?e ne oaw p26 nnn âge
"ffP;--6 au ,"'-cru l:.cJwfit
Ch m'a donn.é vi.n~ an6
,'je oui..ô Mtdn.t {ran.çai..ô, O'l m'a hfanchi.. du coup"
(1) •
•"
.,(
"
André Breton, par son intérêt marqué pour les mouvements des
idées et pour la
littérature de la diaspora africaine francophon~
a beaucoup fait pour une meilleure connaissance de l'homme noir.
Paradoxalement,
c'est en s'interdisant tout poncif d'iquivalence
entre nègre, poète et enfant , et en refusant toute caractérisation
de l' ,.~ rtO-i..re." que ce poète a contribué à l'épandre une image plus
juste d~ l'homme noir. A~ Br~ton ne s'est pas particulièrement
préoccupé de l'Afrique. Régis Antoine remarque qu'il apparatt
(1) - Apollinaire, SOuveni..r,
in ca tti..gramme6 , O. Comp(ète6, T. III,
p.
276.

530
"que t'A( ri.que n. 'a padé à .A-.dré Breton chn..6
aucun. dorrni.ne : <%i..ot.enUel., potUi..que, ~te-t ou
aru.M:i..que, ni.. OUdC.i...té aucun. C<!Jc,te appropN.abte. par
te ourréa.ti..6me, aucun.e f ~re héreXque, aucun. médi.um
ÙLtetl.ec.tuel., aucun.e =d'-on. d'établ.<.r une dR. =d
CDrmwtU:a.ti...0n.6 pr6v<..cbm.ti...etl.ed avec. Led lOrc.ed dR.
fa nature don.t. peu·te )/rcaru:> 17" (1).
C'est surtout par ses aéjours dans les Antilles et à HaTti.
par son amitié avec les écrivains Antillais,
les échanges osmoti-
ques féconds
avec Césairer".'1ue Br:eton t
le poète surréaliste a
I~endu fami lière au public une certaine image de l'homme noir. Les
tex tes de 11n. grand poQb>. na;J', !/klrti.n.i..que duum2.U.oe dR. oerpentd,
des confére0ces et des entI'etiens, sans être imprégnés d'idéologie
Comme O,-,:hr2.e noLr de Sartre 1
cé in tégra i.en t dans
le mouvemen t géné-
ral de
l'art. de la cultuL'e et de la
littératUI'e. des cr'éations
propres à des noirs antillais. C'est cette d6mar'che qui est le plus
appréciable.
La démarche de Gide est tout autre. Par principe, il a déci-
dé de l'VOU et de tém:Ji...gner".
La me i lleure méthode est de se rendre
sur place, en Afrique.
LIA fl'ique, exu to ire des fan tasmes de que lques Européens en ma 1..
d'exotisme, inspirait
un mouvement de l'épulsion et d.'horreur à la
plupart. S'y rendre est une véritable descente aux enfers, une
• Même pour certains esprit))
Fromentin ou
(1)
- Régis Antoi ne ;
",~ 8r<?-ton. e.t ted rron.dR.6 naud", in l.'A( ri...-
que .1A..t.térai...re,
nO 58, p. 60.

531
Jules Verne, entre autres, cette /'eLttQratu.re ('-n dsz. 6i...ècte'· ne
fournit que des occasions de perpétuer des mythes destructeurs.
D'Afrique du Nord, Fromentin rapporte des pages pittoresques, cer-
tes, mais où on décèle la survivance des préjugés (1). Jules Verne
lui, a construit des récits sur l'AÎrtque où l'utilisation des pon-
cifs aide à enflammer l'imagination i son oeuvre de fiction sur
l'Afrique est un catalogue de clichés qui confirment le mythe d'une
Afrique barbare et sauvage (2).
Et c'est pourquoi l'expérience africaine de Gide est.si' inté-
ressante'et donne l'exemple, malheureusement trop Lsolé, de ce qu'un
esprit supérieur peut entreprendre pour Les causes justes.
L'Afri~ue
a inspiré à Gide une poésie de LibéI'ation, et ensuite beaucoup de
sympathie et de compa~sion.
Le
con t i. nen t no i. [' L'épond a van t
tou t au penchan t aven tureux
du p6ête, et Lui fOUI"nit L'occasion d'un renouvellement perpétuel.
D'autre part,
La jeunesse de l'écrivain, faite de frustrations,
d/oppressions et de souvenirs humiliants, tient quelque parallêle
avec
Le destin de ce continent durant
La période de l'esclavage et
de la coLonisation. Le premier séjour africain - de 1899 à 1895 -
guérira Gide de ses inhibitions.
Il reviendra d'Afrique Libéré des
interdits physiques et moraux, brûlant dc vic.
Un coup d'oei.L sur le tableau des voyages effectués en Afri-
que montre que ces s6jours se répartissent SUC" jeux péc"iodes et
(1) - Eugène Fromentin: Un été dan~ te SQha,u,
Paris 1857
~
année dan6 te Sahet, Paris 1859.
(2) - Jules Verne. CUnq 6emnLne~ en bateo~, Paris 1863.

53?
sur deux étapes: d'abord les voyages en Afrique du Nord qui sont
la source d'inspiration des nourrLture6 Jerre6tre6,
de {'Jmmora-
tL6te et de ~ te gra~ ~e meurt ; ensuite les incursions dans
l'Afrique au sud du Sahara d'où Gide a rapporté des carnets, Vo-
yage au CoYllJO et le RetDur au JcJwd.
Tous ces voyages ont commen-
cé en 1893, alors que l'écrivain n'avait que vingt-quatre ans, et
continueront
jusqu'en 1946 ; ils permettront au créateur de
rompre ce que Mouralis appelle son "détermi.nu"",. de t '01.ts"'ver-
~~nt· (1). Echapper à soi-même pour s'intéresser à des conditions
sociales étrangères à soi, c'est là une démarche susceptible de
guérir de son propre narcissisme. L'Afrique répondait à un désir
de rencontrer l'homme naturel
ignorant le monde créé par les
lois
et les artifices. Gide se sentait éloigné de cet homme natuI'el par
son éducatio.n et il cherchait,
tourmenté par ce que
Lui. avait dit
le pasteur ALlégret, à t'épal~er le mal fait par Les Européens aux
l\\frica ins.
On mesu['e la place primordiale que
l'Afrique
a tenue dans
la vie et l'oeuvre de Gide. Mais parmi ces nombreux séjours en
Afrique du Nord,
le premier, entrepris entre 1893 et 1895 est
particulièrement important. Ces années marquent le début du /'vLVrq
(JUW6an'm2.f1.t ou pf..eiJwJW....nt.'·,
désir sans cesse re.formu lé par l'âme
dévorante du poète. C'est dans cette partie de l'Afrique qu'il dé-
COuvre et développe tous
ses penchants libérateurs.
AU cours de ces années il fi t
la rencontre de Mériam avec
qui il entreprit une expérience hétéro-sexuelle. Cette tentative
(1) - B. Mouralis, t0ttéraCure et dévetoppemen~, p. 324.

533
devai t
"guérir" Gide de sa "rrr:d.adf...e'·, le no"rmaliser ; mais la su-
bite visite de sa mère aura tout gâché. Les expériences homosexuel-
les entraîneront Gide plus tard dans la voie de la pédérastie.
Avant son premier voyage en Afrique, Gide a failLi être
écrasé sous le poids de l'enseignement huguenot de sa mère. Il l'a
avoué dans t 1JrmvraLiAte
"Je ne 6oupÇ.:mnaiA pD.6 QFlCQI"Q. c.onb<.ert =tte pr<ll7lt..eJ''e
rrvrate. d'enfant rtOU6 ~6e, "li.. quet6 p.LiA ette.
ta.i..A6e à L'e6p.l·i...t"
(1).
Plus loin il développera ce point de vue
f'f«'..ert
de pfu.o. ûa.g.(...q,ue, pou.r qui... CI'Ut n-ou.,..;..r, qu'une.
PRflte convafp-6e<Y1.=. A:u-,.u. que f. 'aiJe cfu f.a rrvr't a
touché., C'..e. qut.. pa,at---G6czi...!: Urno,·t:Q..l"· nt!. e.. 'Q.~t pfua
d'auts-e6 cho-:'':Jeô. t,!. ·~ont,
qUl. n(!. para..~·~au~t (X2.6
iJ7'PO,·t.anttJ.ô. ou qu'on ne ·~aVQ.l"-t rnYrJ2. pao cx-Lôte,.·'· (2).
Le séjour africain aura soulevé le voile qui l'ecouvr'ait la
réalité de la vie conventionnelle et boureeoise dans ce qu'elle a
de plus figé:
la morale chrétienne, sociaie et familiale qui pe-
sait jusqu'alors Sur le génie créateur de l'immoraliste. L'Afrique
devient le lieu privilégié d'un renversement total des valeurs.
C'est ici que germera l'idée d'une morale tout à fait différente
de celle qu'il a connue jusque-là. Ce sez'a l'6thique que l'église
condamne) que tout se qui entoure Gide,
livI'CS, maîtres, parents,
(1)
- André Gide
:
C'.'!rrrrornf.iAtc?,
Mercure de France 1902, p.
17.
(2)
-
Idem,p. 60.

534
voire lui-même. ont tenté de lui imposer; il va s'évertuer donc
à substituer à la question: "que do-iA-j.e {au"" "",
celle plus
authentique parce qu'émanant directement de son libre arbitre
"que veLl.J{.-jR. {a~ 7". Car le péché, selon Gide, c'est ce que l'on
nia pas fait librement.
L'Afrique, en dépaysant l'immoraliste, change aussi le ca-
dre de ses pensées et de ses activités habituelles.
En France,
La vie quotidienne est soumise aux conventions;
tout est réglé et pré-établi
; or sur la terre africaine la vie est
un perpétuel mouvement et les portes sont ouver·t~5 à toutes
Les
expériences. Et cette Afrique-Là convient bien 3 L'âme assoiffée
de Gi.de qui
cherche il devcniI' un ,.~..û'f2 'l.eU(/'.
La nature y paraît
Libre et la contrainte semble en ~l:re absente. Ce qui ~n France
reste dans le domaine du rêve et de l' interdi t s' inscri t à chaque
instant ici dans
le champ infini du possible. Gide peut enfin re-
naître.
Le poête 6prouve alors le sentiment d'une joie intérieure
profonde et pour
l'assouvir complêtement, décide d'exalter ses
sens et de glori. fier ses instincts.
/'Pfa.Wt.r6 M6 ~en.~/, 'Ye".I'Q..tu·/·,
"~vre~~e/',
.",j.;:>U2- de. vwr'Q.'·, vo i.là les thèmes que la !'(:nCQn tre avec
l'Afrique lui permet de développer' et qui reviennent constamment
en métaphores obsédan tes duC'an t
tou te la pér iode de la découverte.
Tout ce qui est susceptible de pr'ovoquer
l'ivr'esse des sens et la
volupté est digne d'intérêt. C'est cette r'echerche effrénée de la
volupté indi.viduelle que Marceu ne
femme de tl1.ichel dans t'Jrrrro-

535
raliAte, souligne et critique impitoyablement: ''Vouô ai.m= t'Ww.-
nni.n"
; mais Gide n'est pas tout à fait indifférent à autrui bien
que son individua~isme semble prévaloir sur d'autres inclinations.
Si "Gide se rend si souvent en Afrique du Nord, c'est parce
qu1il y trouve de quoi apaiser sa soif.
Tl se plaît spécialement à
Biskra, où des enfants non bridés par la morale, se livrent volon-
à des pratiques particulières. Le6 nourrLtu,~ô Jer~ôtreô
sont un chant lyrique qui exalte la libération de l'homme sous le
soleil africain.
La Tunisie, dans son ensemble, est le cadre Où
se déploient en vastes fresques les évocations d'un monde délivré
de toutes les contraintes.
''nour'·t..tu..'Q..~ .'
,ge m'atlYfld6 Ù VOUO, 'lOIA'·"·i...tu.-v..o.
2eo. rro,-a.Pc>.(). rL 'O_f'l. W2Un2t.PAt v(~.ni..l· iL bout,
Sou,'Ù"!o pf...u.6 dQ.c-Lcawo. au 0.01-1',
déf,LcLR-Lto.eo. à ,r"-d{",
QQU'<. du PQti-t nntiA 9/=&6
; 6OU('1'le.6 au /xJI'd 006 (' to·1A
gat(e.6 =eDrrbrQ6 00 rriitUJ'Q.6 ;
ti-édeurô 006 r<..JJQ.ô cadenCQe6
(J,
, ô' U. e6t "J'leDJ" 006 rou&>.ô ver6 &6 plaiAeô ;
&6 tout-
feur6 00 mi.di.. ; f.eô b~ua9"-6 001'> cJ-.anp6, et POU" ta nui-t
te. c~'<. 006 =-'-'&6.
S'i-t eôt OOô ''Ou &>.ô ve.,'ô t 'Ori...ertt, 001'> 6i-ttag;,.Ô 6Ur
eeo. me"'o. a:..méeo., cleo. ja..-ciU1.6 à mo66ou.f..., cleo. dan6e6 à.
Jouggourt. .. "
(1).
L'Afrique du- Nord est donc un champ d'~xp~riences où le poète
s'est préparé à la conquête de La liberté moral~ par la r"echerche
- .:. "":'.
(1)
-
".":

536
de l'équilibre entre des tendances contradictoires. Le poète donne
désormais l'impression d'un égoïsme narcissique qui tend toutes
ses énergies vers la délivrance, la libération de son être, le
piétinement des tabous sociaux et familiaux. C'est ainsi que s'ap-
plique son idée apparemment paradoxale qui postule que le rapport
de l'homme à Dieu est plus important que celui entre les hommes.
Son désir d'aller jusqu'au bout de la délivrance le poussera à
entreprendre un voyage au sud du Sahara. Ce sera l'indispensable
séjour au Congo, en Afrique Noire. Il s'agissalt dans ses projets
initiaux d'opérer une rupture définitive avec son passé bourgeois
et puritain. Le poète compte sur ce voyage en Afrique équatoriale
pour un regain de vitalité.
Le souci d'élargil' son hot'izon sous
de nouveaux cieux,
la découver'te d'une nouvell.e faune,
d'une nou-
velle flore,
(te nouveaux hommes,
d'une culture n(luvcllc s~mblent
le précipi ter dans celte entrepr~se pour laquelle il ,'1vait investi
tout son espri t
: /'f'.a. llUi... t qui... p.a,QCç,..de u.n dépa"t:, ('..-.')t '-1OUr rroi... c),a-
qu.e. (O~AJ un.e. rtui... td'angol..-<'lccO aff",X"!ucea"
(1)
disait Ménalque dans
(. ·,'irrmoratLôte., parce que "Ce. / "tur déôeru:han.k t 'heu,'Q ",,-éôen.tJz."
(2).
La hâte de sati.sfaice sa curiosité lui a
fait di.re
: l'~')e f1)2. ~i....o
PT'éc4:>Lté dan<> ce vOLfQl)Q. CDrm'e ('li" tL" dan" f.Q. gouH ''Q'' (3). En fa i t,
de
la réalité africaine au sud du Sahara, Gide
i.gnorai.t tout: "j'at-
tR-ru1a d'être f-à.-oo6 pour' te aCLvou'"
(4)
disait-l L.
(1)
- André Gide: ,C',?rrrrro,-aU,>:>t;e,
p.
12L
(2)
-
Idem. p.
123.
(3) -
Ibidem, p.
!O.
(4)
-
Idem,
ibidem, p.
10.

537
En Afrique Equatoriale, Gide se trouve soudainement confron-
té au.. grave problème de la colonisation. CI est alors qu 1 il se rend
compte du rôle qu'il pourrait désormais jouer pour hâter l'émanci-
pation des Africains; et comme Michel dans
l'~9mm.-a.l.~-tR. il dira:
"
ce. qui.. "'" oéparai..t., "'" di..6t.Lnguai..t. cko out..'eo,
UrpoJ'taU ; ce. que pe.-nne d'aut.re que ""'<.. ne
di-oaU '1<" ne pDUvaU di.re, c'étai..t ce. que j'avai..6
à di.re"
(1).
Dorénavant Gide va rompre avec son individualisme pour s'en-
gager résolument sur la voie de l'altruisme. Ses voyages en Afrique
Noire t'ont mis en contact direçt avec
la misère. au Congo et au
Tchad.
".i)e (TOl.a de. pfuo v..n pf.U6,
notera-t-il, que. fa pf..u.part
cleo défautô. 'lU'! ('0'1 Q.rL(P.Jld ,op..pl'ocner au,l(,. ~6ti-4uQ.6
de ce pal!O (Afrique) v'-en.t aur·l:.:>ut de la nnni..,u'C do"t
0'1
te6
t.ui..l:P-, do,,·t 0" lm.u· p<U·f.,,!' (2).
Cette expérience
l'amènera plus tard à se convaincre qu'il a
besoin du bonheur de tous pour être heureux. Dire ce qu'il avait
à dire. c'est avant tout, pour l'heure, faire justice de très nom-
breux mythes relatifs à l'Afrique. Dans ses CQJln.e.t6,
il note, au
sujet d1une journée humide particuliêrement pênible, qu'il a vu pi-
re à Pal~is, et s'étonn~ "de rte. pao. 6U.er davantage"
(3).
Du Conr.o,
( 1 ) - A. Gide, op. ci t. p. lO.
(2 ) - A. Gide, Vot}age. nu 0>"-90, p. 123.
(3 ) - Idem, p. 12.

,
.'
- . "j'
538
Gide rapporte dans ses ca~~~ de belles aquarelles; il se sou-
vient particulièrement d'un "~nble couchQr de oole0t que dou-
ble i..rrJ:leceab-tRmen.t. t'eau .f.L6ôQ..". Sur les rives du Congo, ce n1est
pas la végétation monstrueuse et oppressante tant de fois décrite
qu'il aperçoit; elle est "é.pa.-i..6ôQ..,
-U eôt. vn:u.., f7T.L00 paâ -trè.o hau-
te, et n'encorrbrant, ni. t'eau, ni. le ci.et" (l). Les arbres ne sont
pas aussi demesurés qu'on a voulu lui faire croire.
Le mot de la
fin,
c'est encore Gide qui l'a trouvé: moins le Blanc est intel-
ligent, plus il croit le Noir bfte.
Toutes les rencontres de Gide avec
l'Afr'ique cl ce (Iu'elles
ont appor'té à sa vie et à son oeuvce e)Cpliqu~nt pOUL'f]uoi
le p1lhli.c
a pu trouver rnatlèl'e à l'hédonU;me et à l'anar'chie ch(~z l'te cvnt,'.m-
".~-.:l mi../.te t'o"n:~o. c.1P.. fa vt...e, char:.un ne peut connaL.tre
qu'W"lQ..,
Cn.vt..e .... te. bo'lhl2l.A..r d'aut."UL,
c'ec.t toti..e ; ort
P'l.<2- 6aLtrai...t paô. 6 ' en -:le.,-VU ,.
le borm.eul' ne o.e VQU t
pao tau t tai.t, nniA <'lu" mMure. '?'ai.-tâché. de tai.-U.Qr
ce bo...heur à m:L taUJe"
(2).
Selon Gide,
l'individu doit prendre mesure du bonheur f]ui.
lui convient.
Il doit aspirer ~ des hauteu['s dont
il aura lui-même
posé l~s limites. Aux Africains il l'ecommande de pr-endl'c en main
leur propre destin.
A la suite de Gide, Albert l.ondres et Michel Lei.ri.s,
tout
en faisant un travail d'informati.on qui. se veut scientifique, s'en-
(1) - A. Gide, Voyage au Congo,
p. 52.
(2) - A. Gide,
t'Yrrrrorati.-ote, p. 10.

539
gagent à dévoiler de l'Afrique une réalité plus conforme à la vé-
rité. Cette littérature anticolonialiste, négrophile , n'est plus
de seconde main. Elle est faite du témoignage de l'auteur rappor-
tant ce qu'il a vu ou entendu; dans une certatne mesure cette mé-
thode est comparable à celle de Marant nègre
avec les nègres et
dont la déposition prend, par conséquent, plus de valeur. Par prin-
cipe donc. LeiI"is considère que:
"C'e"t. plU' ea "ubje.ct.i..vi...té (portée à son paroxysme)
qu'on wuche à f.' obj.e.ctwi...t.é. peu." "Urpt"JI'llm.t. :
écri-vont. "ubjJ>.cti...verrJ2Tl.t, j. 'augmc>.n.te. ea va.e.e.ur ck rron
térroi..gnage, en rrontront qu'à chaque i...n6t:ant, je. "ai...<>
à quoi... m 'QJl. tCrtÏ-.r 6ur nu. \\J(2fp---f,{r COrrrft:!. t000i...n I' (1).
Dans A{ri..qw?. Janw,.,-e,
Lei.cLs, r:omme Alhe('t Londres,
dénonce
ces "ba.vanieô [i...tté,at.u''Q.6 (fQ VOl.fr2gc ou co f--O'l.;J.L~v..I' 'lu i con t i nu en t
à cristalliser' dans
L' imagel~ie populaire la '·né.~1JI"Q.6ôÇ!. à 91'06 nénéô",
"FR. 'lègs-e OOnr...n.;J1.".
Le
tl~avai t ethnogr'aphique erfectué par les mis-
sionnaires,
les soldats et les commerçants.
à l'époque de l'Expo-
sition Coloniale n'a rien apporté de neuf ~ "tou·t ce quI... 612. pa6.6Q
12.6t dQcLdQrm.n.t pea.t"
(2),
écr'ivait Leiris.
Mais Leiris lui-même va
être pris à son propre piège;
par'ce qu'il a dêcidê d'atteindre
------------~------~-----------------
(1)
- Michel Leiris, .C'A(,'i...que 7anwme. ('!Je ::Ix:Jhar- à .'lJj.i...bouti...,
1931
-
19331,
Paris, Gallimard 1934, p.
2l3,
Alhel't Londres, Yen'Q.
d'ébène.
ta ts<2i...t:<~ ck" nOL.r" , Paris, .~lbin Michel 1929.
(2)
- Cf.
Régis Antoine,
'Ands'" B,'Q.t.on et /'..e." rronck" 'lDL.r,," in
C'J/fri...que Ci...tté'<2u'Q., n' 58, p. 59.

540
l'objectivité par la subjectivité, il se présente dans son ~r~ue
Yantôme; plus en écrivain qu'en ethnologue. Son amour maniaque des
détails le pousse à dresser des listes étranges issues tout droit
du surréalisme qui" l'avait formé:
danseuses de dancings nègres.
l'Oasis à Dakar,
les petites femmes noires, l'histoire du prêtre
Jean, Rimbaud,
les amazones de Béhanzin, Jules Verne etc .•.
Cette attitude de retrait vis-à-vis du discours ethnolo-
gique est une des conséquences de la crise qui a affecté la conscien-
ce européenne'. depuis la fin de la première guerre mondiale. et qui
a mis fondamentalement en cause cette branche du savoir occidentaL.
b) - La 1 i t té ra tur'e de la Négl' i tude
Ca Llb::!" répond à
Pl'ospér'o
Le cas de ~4aran, auteur de &-J.t.ounfa est révéLateur- à pLus
d'un titre et permet de comprendr"e
Le dr'ame des déracinés.
les poê-
tes de la NéRritude,
Guyanais, né en ~J1artinique. '''ar-an s'estimait totalement flan-
çais. Administrateur colonial, appelé à divulguer en Afrique la
civilisation française,
il ne pel'dl'a ses illusions Qu'au conta~t
des réalités.
"Vouo rte 6allC'..2 pil.ô,
e.t vouo 'l.Q. POUVP..2 pllô ~aVO,t...r que f1U
CDuf..t?.ur m' Î..n fp.,-d.i~t juoqu 1à e..'Q.l(pI'eOowrt dP..o oe'lti..rœn..t6
tM peu", no..".,..,..
Cec.i. je. t' i..grwraw 'la9Uère. Ji m'a
fat eu pour 1- '~"-, aUer au", CDWnLea. Ctte", m'ont
lnatrui.t à ce aujR,C peu", que je. n'aur-aw vouLu. !je MW
à PT"'26en.t que 'li.. e.. 'ectu.c.atLon., nL e.. , 0'l.o tructJ...o'l ~ pré-

· -
Maran"vivra en Oubangui-Chari avec un "coeur trança.i.A meur-
tri..." et un corps de nègre humilié. Il écrivit lhtouafa qui obtint le
prix Goncourt en 1921. Les détracteurs n'y virent qu'un pamphlet
anti-colqnialiste, un plaidoyer anarchiste, une propagande anti-
française.
Mais en fait Maran s'est avisé de décrire simplement les
Noirs tels qu'ils sont, Sans déformation, pour mettre à nu tous
les poncifs de la littérature coloniale. En montrant les vrais dé-
fauts et les vraies qualités de ceux qu'il observait, Maran a su
profiter de sa position privilégiée pour l'év~l~r que les Noirs, eux
aussi, pensent,
jugent et cri.tiquent leurs maÎtt'cs avec une logi-
que
impla~ahle.
f3atouaf..a est inti tuLé "Vé,,1../tab·Y-R.. "0m'2f1 nègre".
Par cette pré-
cision,
le romancier apporte sa contribution au débat sur le statut
et la spécificité de la littérature coloniale. La véritable litté-
rature coloniale, estime-t-il donc, est celle qui est produite par
Les nègres pour les nègres. &touafa nia pas seulemen tune pOl,tép.
poLitique ; le roman est &galement un document SOCiologique qui
in-
siste sur les particularités des coutumes handa
; il montrf'.Jen même
temps,que les différences, aussi accentuées soient-elles, n'altèrent
en rien la nature humaine sur laquelle toute discussion est absurde,
(1)
-
René Maran : Uh homme pareLt au~ autre6, Paris, éditions Arc-
en-cieL, 1947, p. 16.

542
et à la limite, un péché contre le genre humain: on n'est pas plus
ou moins homme. On est homme ou on ne l'est pas.
L'arme de combat de Maran sera une tangue anti-convention-
ne Ile
le rOmancier est un français cuLtivé, d'ascendance afri-
caine
mais la culture ne signifie rien et le nègre ne pourra ja-
mais échapper à la situation de l'esclave de Crusoé. Celùi-
: qui
possède le pouvoir est en même temps celui qui maîtrise le langage.
Maran assumera son "auth~i....c1-té./', sa "n.ég.N..~'; en adop-
tant le langage d'un nègre. Ce n'est pas en explorateur Qulil nous
fait entendre cacaber
les. pintades, chevrotee les cabris et rouler
les tambours;
lorsque
le mot français n~ suffi t; pas à exprimer'
les sentiments, on y supplée pal' des termes nègl~cs. C'est une fa-
çon de dire sn révolte, de nier le langaBe et les valcur's qu'il
v6hicule, de dênoncnr le colonialisme.
L'auteur est sGr de ce qu'il narr'e, ayant vêcu en nègre
Ban-
da:
avec les Oandas, Dans la préface du roman,
le cadre de l'aètion
est bien situé. l'Ce rom::u<.,
éCI~i t Maran, âe dé,~ou.e.e en CLban.gu.i--0w.ri...,
'- 'u'te de" quatr'<'- cow,.,i.e" .-etevant du Çouv<>.,"""-,-,,. g,;",';'rat de t' .4(réque
Gquatorwte J'rançai...ôe"
(1). Puisque le romancicl' connat:: bien) non
seulement le mil ieu,mais aussi la langue du peuple, il en fel~a avec
le français un. mélange détonnant.
"1Jeho,." te" coq" d1an1:RnL A l.eu.r h.éh.é,&é"
"e. m1te Le chewDtJ2mmt de" cabriA MUi.cLhmJ:
(1)
- René Maran
: f3atouaea.
l'di tions Albin Michel,
Pads 1938,
p.
14.

543
i1
...
Le village se lève et Batouala se réveille; il doit quit-
ter ",., la rroeURUoe per{ecti..o't dR. oG. 'lO-tbz., de 00" bogho"
(2).
C'est pour dénoncer les mystifications du '·rDm'ln.. co!o"l..t.a.l1' qui
crée des mythes et les entretient, que Maran entreprend de décri-
'.'-,.'..
['e les nègres avec réalisme, avec le plus de vraisemblance possi-
•r
1,
ble, sans chercher à embellir ou à agrandir. La conclusion devrait
s'imposer d'elle-même:
les Bandas ne sont pas plus méchants que
'!
les autres hommes .
.,t
La force du témoignage de Maran sera beaucoup plus persua-
sive,
si
le romancieI' reste le plus pr'ès de la réallté. En 1947.
<
.\\
il écrit à son ami René VioLail'cs :
"Ça...de.< -vouo dR. .':>(2.#.p-'''-'' unI> vU", de P.a PLU-et.> d.e
m:>" 6tyte.
11" dR. =6 dndao, c'eot d'eooayer'
d'adapter' cetui-c-_l~ au oujR.t que jR. ~.. aLte, Si..
J ' e2C1';...vaÏ-6 un. ,.·0f00n dont f,'actLon. 6e pa6.6e en
C6PLJ.gn.e, jR. tâcheraü, à te baU:;nQ.r· d'ul'1Q. at"Oo-
phè6-e eopagtWtQ..,,"
(3).
,.
Le réalisme de ro1.aran est en même temps une éthique:
",-i..en.
n.'eot beau.,
"'V2n. n.'eô.·t fn.i..d".
Le romancier doit donner une image
exacte de toutes les manifestati.ons de la vie. C'est donc,
paradoxa-
lement, pour présenter une peintul'e pl.us fidèle de l'existence des
(1)
René Maran : Ba~ta,
éd. Club Afrique Loisirs, p. 11.
(2)
Idem,
ibidem,
(3)
Lettres à Violaires, in hbmmage à Ren~ mbran, Paris 1965, p. 33 .
.\\l'

5<14
Bandas que Maran a l'èécrit son livre. Sur le plan stylistique, nous,
savons que dtordinaire une modification de la forme entraîne un
changement de contenu et qu'une altération de la signification
provoque une variation dans la valeur.
Pourtant ici
les changements que Maran a
introduits ne modi-
fient'
pas le sens; _.au
contraire ce sens s'en· trouve renforcé.
ampli fié
:
Soit l'énoncé dans 8a~ J
"Urt. ch~ ! Ça <::l'aooonJJJ2., <:;.a âQ.. nnn.g.c2. ou ça :1e cMts'Q..
On vouo (.Ill. coupe teo
o'Q.Ltteo l' (1),
l'Un. djourra.,
quand on. ne t'aooonJne pOli, 0'1. â 'PA • 'Qpat t,
<'A
l:enpo de. dÙ>d:te.o,
à. rro LnO qu' "'"
ne pI'''( Q.,cQ. te
cluîû'O." pou...
â 'anuoe,-· ou.
lui.... coupe.' f..e6 o.'e.J...f..lR.O"
(2);
le texte de B·I contient tous les éléments qui peuvent pous-
ser un lecteur occidental à porter un jugement de valeur défavo-
rable
SUr
les Bandas ; mais le texte de B II modifie ce jugement.
Les _ Bandas ne !!lanRent Leur's chiens qu 'en pél~icde de famine.
I.e nar-
rateur
ne veut pas être mal compris. Pour éliminer l'équi.voque.
~aran reforroule la phrase. Un l-angage l-éa l. is te doi t dés i gner l.e r'é-
férent
(3).
Ainsi, dans bien des cas Batoua1..a .9~? est comme une prolonga-
tion de 8atoua~ J.
Le seul intérêt est que le roman est plus vrai.
(11 - f3a1:o«al'.a,
éd,;, Albin IHchel, Paris 1938, p.
13.
(2) - Batoual'.a,
éd. Club Afrique Loisirs, p.
16.
(3)
- M. Haussel',
&~ 2<>.u><:. Batouaea, édition Naaman, Ottawa, 1975.

545
B II s'écarte de l'objectif défini dans la préface qui se voulait
objective, mais il reproduit la vérité. Le romancier s'avoue ici
un discours littéraire. La qualité du langage des Bandas contraste
avec la vulgarité des Blancs. Par la forme de son discours, Marao
refute l'idée du nègre barbare et inculte. Le vocabulaire du person-
nage Batouala est à la mesure de son
indignation. ''jR.O Bfan.c.o,
di t-
il, o.o"t aiftoi. / ai.to., que la joi..e ck vwr<l di..o.p:uatt cko ti..eu",- où
Uo pr""""",t quar·ti..er'o'· (1). Pour la première fois, dans un roman,
le héros est un nègre qui
nous demande de prendre parti.
La logi-
que nlest plus où on croyait la-trouver:
"A. (on.d 0" ob,KraU bi..en. au"'- "bon.dj.ou.o", oan.o
mhne 00"9"-r' à Pl'Oœote.., 0 'i.e." étai..e'1.t oeu~
",f.uo f..ogi.LlueO avec eu"'--m2meO"
(2).
Le langage uti li.sé refuse
lp. compromis.
Mais quelles qu'aient été les
intentions annoncées par l'au-
teur dans
la préface - dénoncer avec violence par-
le
langage
le sys-
tème colonial
- ~t qui ont
commandé d'ai lleurs la r"eécriture de
l'ouvrage,
le rOman de Maran reste profondément ambigu.
Le rp.quisi-
taire y est dirigé indifféremment contre les Noirs et contre
les
Blancs "trahi..o.o.an.t =r·taift conpf.e..c.e ck t'éCJ·Waift/a<..o.oan.t vou' "'le
âm2. décht_HZe.'· (3). En Afrique"i7lalgré ses effo,-ts, Maran s'est fina ...
lement senti peu Africain;
au nom d'un réalisme,
il
:1.
un peu trop
(l)
- Batouala,
éd. Club Afrlque Loisirs,
p. '62.
(2) - René Maran, op. cit. p. 69.
(3)
Léon Fanoudh-Siefer,
~ mythe du "ègs<l ... , p. 14.

/
546
insisté sur les travers de ses administrés.
Le rOman est, à la fin,
comme on l'a écri t,
" .(,hiAto Lre dsz. t3a.t0uala, un chef i.ndi..g0w. qui.. eot
bi.en .('anUrnt f..e pluo beott..a.t que la b''OUMe a<-t
1'lOU,.N... ; f ai.néant., oboc.ène, i.v.'Ogrte, vÎ.J1di.c.at.<..(,
cruel. .. i...e. a exacl:emertt. œo dé(auto deo I3tanc.o
et. touo .te" dé( auto dsz.o n~eo. .&0 pe.,o0l'lT1ll9"0
dsz. c.ou-l.eu.· qui.. ~Uen.t.ou'Wlt. oont auMi... Lgnobf..eo
que lui... /1)
-~
... '~'-
Il est un-peu regrettable que le roman soit paru à un moment
o~ un vaste mouvement vel'S L'Afrique S'CGt dessin~
dans
Les
Amér.iques.
Le témoignage de Maran acquérait d'autant pLus
de force qu'il émanait d'un administrateur, nègre de surcro!t, et
qui avait une expérience du milieu.
O';Jj Lieues
l'auteul' de Batoua1a
n'a jamais voulu se compromettre en rien avec ces Africains dont
il
a repcodui t, "avec objec.ti..vUé '; dit -i l,
les dia logues et les ges-
tes,
sans commentaires
(2).
La majorité des Africains ne peuvent
guère se retrouver dans
les moeurs de ces habitants de 1lOubangui-
Chari, enCOre moins ces Antillais à la recherche de leur's racines.
La position d'un Césaire sera autrement plus tcanchante et
nettement PLus vigoureuse. Son oeuvre poétique et son engagement
(1)
- La Gazette de Varsovie,
14 AoGt 1921.
(2)
- Cf. Régis Antoine :Ceo éc.ri...vai.no {,'Grtçai..o et f.tzo Aht.U.e.eo,
p. 357.

547
politique tendront simultanément vers l'émancipation de l'homme
noir, de l'esclave, du colonisé, où qu'il se trouve.
Il ne semble
pas qu'il ait eu quelque "corrpf..ex.tz.'· à se reconnaître petit-fils
d'esclaves, descendant d'Africains. Son combat sera d'abord celui
de la renaissance de cette terre d'Afrique,
"l- oeu.te qut... ai....:t connu. ôanô. pa,·ti...cutLQ.,-e elCDné,atwr'l.,
-l'.a dépo rtat'-o'l,
l'.a tHû...œ, t' eocfnV<U]i>., te cottecti..f
<'G.vai<YY<!.n t à l'.a bê-te.
te -ta ta'. ou u-aqe.. l'.a vaote
lnoutte. ..
l'.a oeute do'lt. tM hahi..ta.'1t.o o"t '''''çu. pl'.a ...
qué ou,' te CD''PO. au vl.oage. t'onr>.in.'lt ".-achat"
(1).
Par'mi
l'oeuvre abondante de Césail'e, l1n.e Jp~te,
lntéresse
pLus directement notre propos parce que
La
piêce cI'ée véc'itabLe-
ment une situation conflictuelle entl'~ colunisaleul' ~t colonisé.
1J",e ~~h!J1'Pête de Césain~ est tl'ibutaire d'une
double saucee:
l'une littéraire,.
l'autre politico-sociale. C'est Shakespeare Qui
fourni t
la matière premièl'e dans sa pièce -fa Jenpê..tR.,
écrite vers
1612.
En
lisant le grand dramaturge. Césaire Sera surtout sensible
~ cette présence conflictuelle de Prospero et Caliban. Les deux
personnages
tiennent à ses yeux des rapports qui
ont des correspon-
dances avec
le monde en tempête dans
Lequel nous vivons.
En réalité,
Prospero n'est pas cet Auguste "cfj!rfJ.-~.nt'· que nous offre Shakespeare
c'est
fondamentalement un tyran
impérialiste. Voici comment Césaire
-(1)
... Aimé Césaire
Ca J.agédi..e du Roi.. (Ju'i..otaphe. Présence Afri ...
caine.
Réed.
1970,
p.
59.

548
~ui, se l'est représenté
,'CJuznd j.'a<" eu. ta p<-= de Shahe6p12a.re., j.'aL été
{''<lpf:lé peu' ta b.<lta-l.<..té du 6i.eu.· P.'06pU'O, par 60n
a.·"Ogance,
6a hau.tJ2u. ..,
6a rm'''JUe.
Ça m'a épouvwtté.
J-l. ne 6 'agLt. p<26 du tout. de t1W'touétude ou d ''-ndu-l.-
genc.e. •. C'e6t. un Iw ...·<-bte domi..na.teu. .. , ce P.'06pU'O • ••
qu<" a ...·<.ue dan.6 une "te et. ta conqu<..e• .c. .. "éduü
{ 'auiJ.z. en e6c.!'avoge ",t n'a po".. ~<.. q"e '~66.e••.
C'e6t. ...ne b'<lt-e épouvwttab-te"
(1).
Caliban n'est pas non
.plus le symbole de "ta popu'-a= 9''06-
6i..èJ--e'·,
mais l'esclave,
le dominé qui a
fini par prendre conscience
de son état d'exploit~et qui cherche à se libérer. Ce qui inté-
resse Césaire,
c'est cet aspect de domination,
CP,
côté l'pot~ue
de ta co.f..otüLôa.téon". C'est alors que le poète tire la couverture
dans cette direction et qu'il se situe de plein-pied dans la réa-
lité brûlante de ce Tiers-:v1onde dominé.
Il a cependant
pris soin
de circonscrire le problème des expiai tés. CésaiI'e puise dans
l'histoire et plus précisément dans
l'actualité.
une JQmPêt~, c'est
au sens politique,
une ['~action, une prise de conscience de colo-
nisé,
drexploit~ face à l'exploitant. Ce moment de r~volte, de
révolution,
qui résulte de
la prise de conscience, est aussi une
7empête. C'est finalement, selon Césaire, l'histoire des Noirs amé-
ricains face aux Blancs américai.ns.
(1)
-
Interview d' Aimé Césaire
:
l'Un poè.te oot-Lti..que :
Auné Cé~Lre"
in l1hga;zi..n.e ,ci.. ttiu'CLé,'f2.,
nO
3<1,
nov.
1969, pp.
27 -
32.

549
Cette pièce de Shakespeare, Césaire va la réduire de façon
sensible pour mieux traduire la dynamique conflictuelle qui oppo-
se Caliban à Prospero.
L'esclave sait le rôle important qu'il joue dans la
.vie de
son mattre. Sans lui, celui-ci mourrait de froid ou de faim, et vi-
vrait dans un cadre sordide. L'esclave possède alors une arme con-
tre son maître~ Cette prise de conscience a pour effet d'exciter
la haine de Caliban contre Prospero.
La dialectique subsiste dans la relation d'Ariel avec le ma-
gicien. Celui-ci, encore qu'il soit puissant, a besoin d'intermé-
diai.re pour réaliser son oeuvre.
Ariel
provoque tonnerre et éclair"s,
fait disparaîtrH
le béln-
fluet, mysti fie
les fmssap,ers par une musique s~['eine. Somme toute,
que ce soit a\\/ec Caliban ou AI'jel, Prospel'o ne se trouve pas plus
indépendant que son esclave.
Cependant la dialectique du maître et de l'esclave ne pose
d'elle-même pas encore dans son fond le problème de la colonisation.
On ni y touche que lorsqu'on aborde ie p['ob 1ème de la
langue.
Césaire pose le problème de la langue
Caliban s'adresse à
Prospe::'o :
"JU ne. m'aô. ,~ ClpP,.i..ô du. tout. Sauf bLoJ1. oû,' à
baJagou. Lne,' ton. '.angage.. pou., c::mp,-eru:U-e te.ô, onUeô.
coupe,- du. bOLÔ.,
fnv9-"
e.a. va..i_ô,çd...f...e, pêcheJ" te PDW-
aon, p&mte,' f.ea té9W""a,
ptu'Ce que tu ea &i.R.n u'OP
f aÛ1-éan.t POU" f.e f a'-f'e. (.!J.ant à ta ac.i.en=.• ' ea t-c.e

550
que.t... m>. t'a6 jam:>.iA apps-iAe.,
toi. ? Ju t'en e.o
lXen gasdJ2 ! Ju oc<.ertc.e., tu. ta gasde.o égototwnent.
POU" ·toi. oe.u..t, en(e.m>ée. dan.<:> te.o 9''00 ti...v.-e.o 4ue.
vo.J..à"
(1).
Il est à noter que le terme de science, placé dans la bouche
de Caliban ne revêt pas le sens que lui donne Prospero, c'est-à-
dire magie ou sciences prophétiques. Il signifie connaissance ,exac-
te et approfondie. A ce titre, Césaire ne considère pas la langue
comme un facteur d'aliénation. La véritable aliénation pour Cali-
ban réside dans les intentions de Prospero. Celui-ci ne lui a ap-
pris de sa langue q~e les éléments nécessaires pour lui faire com-
prendre ses ordr"es. Pour Césaire,
la tangue du colonisateur ne cons-
titue pas pour le colonisé un obstacle à l'émancipation si sa con-
naissance l'aide à accéder' au savoir. Or' la lanp,ue que Pt'osper'o a
apprise à Caliban ne d&passe pas le seuil de l'aliSnation. D~s
lors,
le maîtl'e appatï'lît à
l'ép.al'd de
l 'csclav(~ comme un I.lbscu["an-
tiste. L'eSClave doit Stl"e confin~ dans \\ 'iRnoI'ance POUl" ~t['8 t~X-
ploité.
Chez Césaire,
l'escLave ouvre une brèche dans le systùme par-
ce qu'il ne fait pas de la
langue une culture en soi, mais un mo-
yen pour aboutir à la science et à la connaissance du monde.
[l
s'élève à la lucidité et rlénoncc l~ politique du colonisateur.
Sccutant la société dans 5(':5 structur'es
il décou'/n~ l '.:11li..an-
J
ce des prolétariats, mais pouc en dénoncer la vanité.
(1) - Aimé Césaire, Une. JempêCe,
p. 25.
.'
-,-

551
Dans la lutte qui se trouve engagée entre Prospero et Cali-
ban. on a d'emblée l'impression que chacun d'eux représente une
classe déterminée de la société. On le reconnaît au Langage qu'ils
tiennent. Caliban se plaint d'être emprisonné dans un ghetto. Le
ghetto est bien l'habitation de la classe pauvre. Prospero dit à
ce propos à Caliban
'':Joute en 'Wbteo.o.e d '.9taU.e., 'l/ar:>ee" et mt..tan.
dé~orm2.i..<I con.fonduet>.. rI'J2. fera. r""'PCU,t de 00n. corpo" (1).
Prospero lui-même,
le roi et sa suite représentent ainsi la
classe possédante. Une lutte sans merci s'engage cntre les deux
classes. Les éléments du p,·oléLariat blanc, Tr'inculo et Stéphano,
respectivement bourran et
ivrogne,
s'allient au nêgre Caliban.
Il
s'agit donc d'une alliance des pc'oJ.étar-tats conformém~nt aux objec-
tifs des partis communistes qui pr'ônent une l'évolution pl'oLéta-
rienne inter'nationale. Mais Césail'e ne la tient pas pour effective.
En effet l'assimilation n'esl pas complète entre pt'oLétariat noir
et Le proLétariat bLanc. Trinculo ct Stéphano sont pI'éparés pour
la révolution mais au fond ils sont demeurés des racistes. Caliban
se rend compte de
leur sottise.
".?rrbée{.f...Q. que. je 6Ul...6 .' COrrm2Tlt ac-je. pu e,'Of...IQ..
que 000 ven.t,.Q..-1. e.t oo~ f;.s·ogne-1. pouJ',aU?n.t fauQ.
f.a • ..ovo f.J..Lti..on. ", (2).
Leur alliance est fragile,
la rupture inévitable. En présen-
tant le prolétariat blanc sous les traits défavorables,
Césaire en-
(1) - Aimé Césaire, op. cit., p. 29.
(2) - Idem, p. 79.

552
tend faire "une Cl'i.,ti.que de6 pas-ti-6 COImUni.-6t.e6 o=i..clRrttaw<!'.
Se
souvient-il de llaction décevante du parti communiste français?
On peut le penser.
Césaire introduit également dans ~e Yempêt.e le sujet
d'actualité que constituent les problèmes sociaux. Le grossissement
qu'il en donne dénote l'importance qu'il y attache. Ce sont d'abord
les difficultés liées à la différence des races, ensuite la lutte
qu1engendre la coexistence de classes antagonistes.
Le mépris de Prosper'o pour Caliban en est l'élément figura-
t i f .
Au début,
le magicien a
éloigné
l'esclave .de chez lui et l'a
logé dans une grotte
inrectc,
sous prétexte qu' i
a
umté de vio-
ler sa
fille.
Plus
tar'd,
i l décLar'c à tu'i.eL
Oe plus en plus, on se rend compte qll'--~ Pr'ospcl'ü mépl·i.S(~ en
Crtlibàn une racc.
Le magicien s'apêr'çoit qu'entr-c lui et les gens
du vaisseau,
ceux qui avaient été
Les auteurs de ses douze ans rte
malheurs,
il n'y a qu'un malp-ntendu,
une quer-elle de famille.
Aussi
déclare-t-il
"Q4-l., qt4-eP.qwc!.1.".I cpando que ù,oLent [eu,'o. cs'Î.Jn;!,ù"
o.' 1..,(,6 0 'en ',!.perd.RJ1.t, a66u,,-Q-e.eo. dsz. non ~,do'l
ce. <,>o"t 9"-"<'> de nu _ace., et de haut «ln'}"
(l).
Il mesure
la distance qui sêpa-
re
les Blancs des Noirs.
En même
temps,
il suggère une politique
(l) - Aimé Césaire. lJ\\te Yemoête,
p. 29.

553
de coalition des puissances occidentales européennes contre les
peuples colonisés. Cette remarque est de nature à susciter des
réactions chez les opprimés. Chez certains la réaction est agres-
sive et se traduit par des insultes. Tel est le cas de Caliban:
"At (ond,
<>i.. ji2. r<JU.apè.t.e., c'e6t POU" te (:lIVtC4>e,
car ça ne mz. p&L=i.t pa.6. du tout d.e. vw,"'- à r-ôté
d.e. W i.. : tu pue6 d.e.6 pi.eda"
(1).
D'autres, au contraire, observent une attitude plus souple
espér.ant
un retournement de situation contre l'oppresseur.
C'est le cas de Césaire, chez qui la réaction prend la forme d'un
défi catégorique à l'adresse de 'l'Occident.
D'abord Césaire dénoncl" l'illusion dont se her'nc l'impéria-
l i Sme.
L'optimisme b~at qu'6tale Prospero à l'occasi0n du divertis-
sement donné ~n l'honneur de Ferdinand et de Miranda serait une
ironie
l'.~ veU'c. teu,' dorme.J' dè6 aujo•.ud 'hui.., teu,' én.eutque,'
te- "PectncP..<., d.e. ce /TOnde d.e. c!JmrJ.én. : d.e. '>2i..60.." d.e.
benu,té
d 'hal1n:::wl.l.e.,
don.t,
à lor~ de. vaf.onté, J'ai...
J
Jeté te. f "ru:lwmn.t"
(2).
C'est ici le li.eu de par-ler du thème de l'il.lusion chez cé-
sai le. L'illusion, c'est se donner un air de suffisanc~ et de pré-
tendre seul construire le monde. En fait le monde ne peut être
(1) - Aimé Césaire. 1~ JempêCe, p. 27.
(2) - Idem. p. 67.

554
bâti sans la participation effective de tous les peuples. C'est
pour cela que, malgré Prospero, Eshu fait irruption dans la molle
assemblée des dieux occidentaux. Quand la force spirituelle, diabo-
lique,du peuple nègre se déchaîne. c'est pour ébranler l'édifice
occidental; Prospero a le mérite de le reconnaître: l'Par cette·
1..n.oobo<dv.atù>n, c'"".t tau t e_ 'o<ds-e du rrcmck qu '1.1. <'<ImiÛ. QJ'\\ cau-
61e"
(1). Par ailleurs, Césaire insiste sur l'isolement de l'Occi-
dent. Eshu disparait ; les déesses sorterlt. Prospero .se retrouve
seul, inquiet. ''IIh puiA6an.= a t<·oUi'· (2).
A la fin, cette idée revient de façon plus manifeste. Césai-
re lie au problème de la race celui de la classe. Il constate d'a-
bord l'existence du phénomène comme un mal social. Puis il insiste
sur la lutte qui se d~roule cntre Les diff6rentes classes.
L'esclave est parVCflU au point de sa rêvolte o~ aucune con-
cession n'est pLus possibl\\J.
fl ;l, opté pOUL' la
liberté eL: il. f:st
décidé À. alleJ' jusqu'au haut, même au prix de sa vie
".?[ faut que tu CD11PI"flt1.P..n.61, fJ.'oo.per·o : de.61 (.lt1Tlée.61
j'ai... cou<obé ta tii.tR-, ck" anné"" j'ai... = t é , tout
a=-epté :
tR-" in6U.LtR-", , ton ing.-ntU:uck, piA QJ'\\co<-e,
p1.lA '" dég.HIdnnw =co;-e,
ta c.ortde",cp.o-l.c1an=_ TI'k:U-6
=inlJznantjlc '""t fini... ' 3ini...,tu "JlIRJlI:1<, , Bi...en ""<',
pou<' te. "",,,,,,,,·t tu "" erlco<-e peu", lo<·t. lTtaiA ta to «:e. ,
jR. m'en noque, COrrrrt:!.. de t..e-:'1 ('".h.i..R.n.6, d'a.L.tfR...l..u'('}, de
ta po f_L.ci2., cfu. te('} Ln..Ven.ti..IYl('} .'"
(3).
(1) - Aimé. Césaire, Un" .'l"rrpë.te,
p. 7l.
(2) - Idem, p. 71-
(3) - Ibidem, pp_ 87 - 88.

555
Caliban accède à la pleine connaissance de lui-même, de sa
valeur, de sa dignité et aussi de ses possibilités. Cette soudaine
lucidité comporte le reniement du passé, de l'image fausse que le
colonisateur, pendant des années,
lui a appris à avoir de lui-même
''P''06plU'O,
tu <2.0 grand Lte...oU:m.i.o/:e :
e.e m2I'lOO'lg.e,
ça te. CO'lnaCt. a tu m'ao m2I'lti.., m2I'lt.i.. 0'''' te rroru::lR.,
mm.u.. ou,.' fTOt..-rn2Jnz., que tu. a6 (i.n.i... pa.r' m'Urpoâe..· une
Ura.ge cIP- "",L-même : U'l oouo-d.ével'.oppé, =rrm2. tu di..o"
(1).
La révolte de l'esclave, selon Césaire est le refus d'être
spolié de sa dignité. Mais parce que cette r~voLte semble échouer,
l'agressivité s'exaspère cntre Cal iban et Prospero.
L'esclave nègre
Lutte pied à pied avec son coLonisateur. Son échp-c
l'enracine davan-
tage dans sa haine pOUl'
l.'oppression.
Peut-êtr'e manque-t-i l rie mê-
Lhode, r.lais sa révolte a
l'at-delle' d'un volcan capélbl~ de con~umer
un moncIe.
Les données subjectives de la question coloniale sont inclu-
ses dans la pensée profonde qui a guidé le dramaturge dans la pein-
ture de l'esclave et de ses réactions en face du colonisateur.
Césaire exalte la c'évolte du colonisé et présume sa victoire
future.
Le statut social et politique de Césaice donne une nouvelle
dimension à s"a prise de position. Déjà cn 19<16, dans les Anr~..6 tT/ua-
cue.Ç>-u6e6,
Césaire écr-ivait
".'je pouooeraL d'U'le lA U~ raLdeu., e.e 9"'''u1. CI"-
rtègre que f.e6 Q.~(')l.6Q.6 du. rrondJ2. en (')Q.ront é6 ..an.f..ée...j ".
(1)
- Aimé Césaire, U",,- JqmpQGe,
p. 88.

556
L'acuité de son ressentiment lui fait hurler
'm,,,, 'Wffl : offen.aé ; nvn. ru-&wm : hwnLtù2 :
Iron.
état : •.wo Ué ; nvn. âge : t 1âge ck ta
piA•.•"". (1).
Comme le fait CaLiban à propos de Prospero, Césaire trace un
sinistre portrait des oppresseurs, ceux qui, depuis Colomb,
le
/
"Vt.Ru'C. COl'oo.U-e.;
ont été négriers, garde-chic.urmes,
maîtres détes-
tés. Pour Césaire ce sont des hyènes. des corbeaux, des animaux,
des charognards, des chiens;
Le terme générique qui
leur sied est
La nête. Leur coeur est d'acier,
Leurs villes de béton;
ils ont
La
babine saignante et La tueur de Leu(j yeux ne s'éteint jamais.
Ils
3)
La Négritude de Senghor
-----------------------
Senghor est avec Césaire,
célui parmi les Noirs dont la voix
a le plus porté. Très tôt,
le poète spné~~,aLais a pris mesUre du rôle
considérable ~u'un négra-africain, agrégé de grammaire, et donc l'

nn<..-
~t.lQ..-de-!n-pllJof..e'; pouvait jouer dans la lutte engagée pour la recon-
naissance pleine et eIlti~re de l 'humanité des hommes noirs. Car au-
delà de tout discours.
tel étvit l'enjeu: prouver ~ue les Noirs sont
des hommes. Rendant hommage à. A. Camus, Senghor écrivait en 1960
"ce y.,and Af: '·-i..A-:ain. 'lOU6 a toU j..olO'-6 c.onâ.tdpr,é-6 conne dR..o hOffTTl2.6, r1O'-lÔ
a ai.mQ6 CQtl'mQ. de.6 ,,·QroQ..~••• " (JI -
(1)
- ~t ~o ch~o oe GaL4a~~. Paris, GaLlimard 1946, p. 17.
(2)
L. S.
Senghor,
':1.I0mra<j<'- à Atbe.-t c::arn,o" in Liberté l, Négri-
tude et Humanisme, Seuil 1964, p. 298.

557
Comme chez Césaire,
l'action politique est liée à la poésie,
sorte de socle, de promontoire d'où il est plus facile de formuler
une réponse humaine et fraternelle de Caliban pour abattre l'arro-
gance
infatuée de Prospéra. A la toute-puissance du Blanc, il fal-
lait opposer d'autres valeurs, et mieux ces nouvelles réponses étaient
formulées,
p]'/s elles avaient de chance d'être entendues: contre
l'avis de p,fqei,
l'Afrique est bel et bien intégrée à l'~istoire hu-
. j
maine
; le cvntinent noir a sa propre civilisation qu 1 il s'agit de
défendre et d'illustrer.
Les sources de la pensée senghorienne sont diverses. B. Mouralis
a, dans sa thèse, mis en parallèle la logique de cette pens~e avec
ce lle déve loppée dans la f:-hUooo"h<..e f''Ont.oue par le R. P. Tempe 15.
Moural is a d'abord 12.1ssé entendre 'lUe Senghor a !)e.1ucoup lu Tempels,
puis aussitôt, affirme Ilue l'ouvrage du philosophe belge \\1 constitué
une confirmation ùes thèses ~;engh()r'iennes.
D'au tres cri tiques n Ion t pas hÂ~; i t~ (1 ['approcher lu pef1~;éc
seng,horienne ùes
thèses de Gouineau ou du COl\\cept rie
la mentalité primi-
tive formull<..
pal' Lèvy-13ruhl. Chez r4artin Steins, ce simple rapproche-
ment devient affirmation.
Senghor a
lu Cobineau,
Lévy-BrUhl et le Comte de Kayserling ;
i J,. ne s'en cache pas, pu isqu 1 i. l
les
ill terpe Ile
chaque foi:::: qu 1 i l
le
trouve nécessaire. Cpsaire aVOlie par ailleurs:
"Q....L, noua avO'lO '.H (.lobi..ncau, S2n9ho" et noi.• •.
.!Ji eut.. ,.")aveû.l:. g.,--é d'avoi..,· dU : "[ 'a.t.. e~t tlQg..<.?'·
&
m·cp" eot m.tW /:R.. •• Si... dan<> ea ci-vU,""a~i.o"
o=U:tcn.tatR. U
y a de", a,tu,teo.
c 'eo~ pa,CQ qu' i...I_ lJ a
quand m2me 'lu<Û.tjueo go"t..teo de OOrly ,w<.J. QTl eu","
(11.
(1) -
Ngal, .4~ Cé<>(JA..se.
ln. honr,,,- à e.a. '<>.d,e,-d,e a'un" pat....<..e, NF.A.
1975, p.
186.

558
Senghor a reformulé des conceptions péjoratives Sur le Noir : au lieu
de voir là imposture et malice, il vaudrait mieux plutôt en savoir
gré à Senghor d'avoir pris en compte les préjugés fondés Sur des rai-
sons pseudo-scientifiques pour en souligner le caractère spécifique,
montrant ainsi l'originalité de l'apport de l'homme noir. La négri-
tude,
c' es t
"t'ert<>embte <i<;>" va.t<u.,,,, cuLtu,4l.e" cL ~ ...0<..,." ;
C 'es t
comme l' écr i tSar tre '·"...e ce,·ta-ine aLtU:u.<i<;> aitectÀ..ve à t' éga..d
cL "Onde"
Ill. Cette spécificité, l'auteur d'O,·ph&,. no....' l'a expliqué
il n'est pas facile d'assumer sa négritude, Le juif peut se d~rober
derrière la couleur de sa peau, pas l'homme noir. Ceci explique qu'il
soit plus réceptif au monde environnant.
En realité, slil faut trouver dans la littérature européenne
ceux qui ont formé la pensée de Senghor,
il serait plus judicieux de
se tourner de préfèrence du côtë des Pères Afr icains de 11 Eglise.
[l
Y a d'ai.lleurs un phénomène que Pauli.n Hountondj i a relev(:-. Ceux qlli
ont le plus cherchl> un fondement solide à la philosophie africaine
sont des hommes d'Eglise. A quelques exceptions pr6s. On connaIt
Tempels et Alexis Kagame
ils sont en fait suivis d'une pl~iade d'au-
tres eoclésiastiques,
'·obLi...qi>" <i<;> c.o...cevou· ta. p-.i..1.o"ophw af·"LcaùJ.e
Ou" te rrod.Q1.e. de en. ..el1J;Ji...on'· (JI.
En un sens on peut inclure parmi
ceS ecclésiastiques les anciens séminaristes Senghor et N'Krumah,
1· au teur du Con.~ci..encLom2..
Il est facile de concevoir <lue ces hommes d'Eglise ont beaucoup
lu Saint-Au~ustin, Origène et Tertullien. Saint-Augustin est un Der-
bère. Dans l'histoire des idées en Occident, on com;idère l'evêque
d'~Lppone comme une figure de proue. Au début des sièCles obscurs, la
(1) -
J. P. Sartre, OrrYt<2e Tlo""·,
Préface à ,f'Jhthotog,i.e,
p.
XXIX.
(2) - Pau l in Houn to~.dj i. .)U,. ta. PJhû.Door;:h<..e al ri...cai.ne'·, Clé. Yaoun d"
19tJO,
pp.
56 -
58.

559
rigueur de sa pensée a concilié académisme et christianisme. Saint
Augustin l'Africain a brisé la cha~ne ininterrompue des rationalistes.
des présocratiques à Platon. En proclamant que la foi doit précéder
la rai~bnt Saint;\\ugustin a tempéré l'évhémérisme séculaire de l'Occi-
den t,
èn apportant, comme dit Senghor, parlant de l'évêque berbère
,ll):n<2. pui.ô6an~ d'6rro..ti..on cr.Qaû·i.ce'· (11.
Er.
fait le prélat a conci-
lié paganisme africain et rationalisme hellénistique. Dans Bes thèses
contre les Académiciens. Sain'\\. f\\ugustin soutient que dans
le domaine
de la recherche, la
raison ne suf'fit pas;
il faut queillue chose de
plus qui est l'intuition.
Ce développement nle~t pas sans analogie avec la thèse très
célèbre de Senghor
: "t 'énot-ÙYl ~ t "".gl'" cDnme la .ai..con héUèn.e'· (] '.
D'ailleurs
le poète sénf;galais reconnaît l'~vêque Berbère comme un
maître à penser
",-<,e. toue ice //f,·vai.tle p'"QJ'lnen..t C'<RJlpt.e CUI'
5~.-iJl.t-A,.yuo.ti.n., e~ gl'and /1f rv..ai.n, qui... avai...L
pal·t aUm,."."t Muc'..d<.il'.e. PI'Ob.tèrœ,
Ce do" t i..t,'ayü,
CP..
n '<2.o...t pao. d'oppooQ.,· fa ",at.i.o"
':1:. fa 1oi.,
la •ai..cOI't di..6eu l'C i..ve et- /.n
,awon
i..nb-t1..,tu...-e,
-fa .Lat.. Cl.t. t')1m)u,' ; c.'ect '(S"o
uni...· danc uro>. 6LJnbi.oee'· (31,
Il serait également judicieux de rapprocher
la fonction germi-
natrice reconnue à la Parole dans
la philosophie africaine 1
telle que
les chercheurs en ont rerldu compt~ (4)
IfA,:nfoyé!.ti.c-UTn rle Tertullien sur lei: i;[Ftl/l1It{(~'_(> \\L',/L~J/et qui
,
(l) -
L, S, Senghor : "Ce que t 'hon= no.....' appo.-tJ<."
in n"vue Humanisme,
nO 95, mars -
avril 1973, p. 18.
(2) -
L. S. Senghor, J;i..be.l·té 'J,
négt1·<..,tude et- J.hnani..6n-.>., p, 29.
(3) -
Idem,
p. 420.
(4) -
Griaule Marce l, '-U2.u d '~.~, C?flUQ.-.t.t.Rn aVec Ü'Jotenrrê.{i_,
Paris,
Editions du Chêne 10 48.
-
Dieterlen Germain, Essai sur la religion Barilbara, Pr~face de
Marcel Griaule,
Paris, PUF 1951.
Kagame Alexi s.
Ca. r:ltUocophif;,. bantu -lvandai..6e de i 'a,,,,, Bru-
xelles Académie Royale des Sciences Coloniales,
195 h •

560
a peut-être fait dire à Sartre que la poésie française,
comme refor-
mulation du verbe créateur, dérivait d'une religion du sperme. Senghor
se référan t
à
Calame-Griaule/affirme que chez les Dogons la paro-
le est assimilée
"à t'anour dano ce 'il< ' U. a dR. plu e eent.-i..m:zntaL
Po.. ,· qu... l.'anvur du (a.upf.e ",oU bi.neo9Ü1U<2ftQl1.t
/"cand, iL faut qu '-U'_ ~'" coU; d'abo,d, epü<..a..",l.f."'''Jeflt
que f.eo 6pou>c. échangent. de "bo'lneo paroteo"
(11.
Le concept de la Négrltude est une réponse. Elle dérive d'une
philosophie qui postule comme principe
l'unité du genre humain.
D'où la référence constante, chez Senghor,
a Teilhard de Charrlin, le
pa Léon tho lugis te et te phi losophe chrétien. Senghor es t
dl accord avec
le savant jésui.te
pour adm8ttre que si
le substrat pI'imltif du rè-
gne hominal est constitué de Négroïdes,
il faut en même
temps accep-
ter que l'Afrirtue C~.it à l'ori.gine du développement des ar·tG, des tech-
niques ct de la reli.gion. Cette option con'i.liatrice qui veut '·voi.,·
du 'lou' partDI.I..t" cherche toujours il inf~oder ~uus la m~me unité Clau-
del,
Saint
JQhn-Per~;~t Apollinaire, ~!ugO etc ..• et qui autorise des
rapprochement aussi
inattendus que celui-ci, repris,
il est '-(ral, de
Frobenius: "l...'ânu. 'l~11"'Q. e.t. f.'CÛl'K2. afknnnd.e ô.ont. O.:x2U.,·ô.", car' elles
sont '·f.'w-:e "t t'autr",. li..Ue" d'2. ta ci..vU.<..aati..o" Qthi..opi.""nQ.'· 121.
La fac-on dont le combat pour la liberté a
~t~ men~ par les Nè-
gres Africains et l\\ntillais a r;m\\J des esprit~3 comme Breton et Sartre.
Breton COnS id-ère la poés ie de Césa ire comme le plus gran d monumen t
lyrif"lue des
temps modernes. Sartre lui, s'était réservf. le magistère
moral universel.
--------------------------------
( 1) - Léopo ld S. S eng,"l0 r. J',a (XI.I-ole d= Paul. Cl.auc1<Ù et cf= tee né-
9"'O-fi!ri..cain6,
NF.A,
nakar,
1973,
pp. 3F; - 37.
(2)
- Léopold S. Senghor.
~~.U; J, nQ~·Ltt4dQ. et. Jt".nC1rl.~m2.., Seuil,
19BA. p.
83.
!\\

561
Et naturellement la si tuation du "nov psobiérrnt<.qu"'-'· ne pou-
vait lui échapper. Dans le débat qui précéda la décolonisation, ses
jugements constituèrent un élément important dans les discussions pu-
bliques. Son engagement aux côtés de tous ceux qui luttaient pour la
liberté a inscrit effectivement dans
son combat la liberation de
Ilhomme noir.
Dans la P'.ltrJ.in. /!eôpfa!,.Ctueu6.e,
Sartre s'attache à décrire
la vision que le Noir a des Blancs, la vision que les Blancs ont de
lui,
le tout débouchant sur une perspective libératrice, car, comme
il le no te dans c,\\., 1%t.-o>. qu"'- fu eA.-Ué.o.tu,·e,
"Le. n.' y a plU> ck .fJJ:,Q..·té donnée ; U 1a".(: oe conqu".·u·
ou,-- .f.eA pa.66...t..ort6, âl.u· f.a. race,
6ur·.la clao6.e, -ou.'.f.a
natLon., et. <"-"l1LJué.·u, avec. oai. teo au.(:.eo harrrreo"
(1).
Certains on t
trou vé excess i f
flue Sartre ai t
écr j t dans Or-pline
no....·
",fa poêô.f...e nou'e de .tLlYl..gu.e l.œU;"a0..'V2. Mt. de n0<'lo jou,.~
fa <'lopu.f.Q.
~al'lde. PDD.OW ,-i!volu{.io,.lfllÛ..I'(!..". C;'c:-,t parce flue, a-t-il (;xplirlué pl.us
loin,
13 seule victime du raci~mv. c·cst l'homme noir, :jOllS l'opPres-
sion de l'homme blanc à qui le monde appartient,
l'te 'fIo-i..l' e.o.t ta. vt...e.-
.t0n::!. en tan t que. no{y, à .t1..-t,.'C ct 1-J-ldi..g.ènC. C.J l..oni...o <5 OL. d'At ,..i..<-.atn.
déporté",
Sartre confie alors à la poésie la fonction de libérer l'homme
noir;
en effet,
"pou,.' une 1o~ CU.i "oino, .te pf.u.ô C2l..(tiren-ti.que p,.'Oje.t
.Qvaw.ti...on.n.ai....e 2.t ta po';oi_Q w. P-<:Uo PU'Q 601·.ten.t ck en ">2.= oOlace"
(]),
:.cs 9~,ètes de la Négritude mèneront donc le combat libérateur de l'Yom-
me,
où qu 1 il se trouve.
(1)
J .-P. Sartre, "(,1.. 'eot.-.-.Q. que. ta iLtU.o.tu.....'·.
in Si..-t....ati...on. 'J.'J.
p,
116.
(2) -
J.-P. Sartre. Orphée na~r, Préface à 1·An.thaf-,,~,
p.
XXVII sq.

'"
•• r:,,,, :;.
"
"
:
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• ~, .. l, . , ' ' .
'.'
"
'
',~
',<,'
'.:~
562
' .
,.~,
.
'~i!
. . ,:: (
1
Notre travail avait pour objectif l'évaluation des références
au continent africain dans la littérature française -à l'époque roma.n-
tique. L'ensemble de nos investigations s'étant effectué à travers
tout ltespace littéraire du XIXè siècle, suivant la chronologie, il
o
.
"'. '.
V""
nIa plus été nécessaire de consacrer un chapitre spécial aux rapports
. !
du romantisme avec l'Afrique, d'autant plus qu'une certaine critique.
\\ '
assez récente d'ailleurs, a tendance à'considérer que ce ttJou~12.rf\\e.'\\I'L~:
couvre en fait tout le XIXè siècle, et
'". t
mêm~,qu'il s'étend au-delà.
Les écoles symbolistique et surréaliste ne seraient que des av~tars,
, .) .:S
des succédanés. s~mme toute, naturels. d'une mouvance qui a inscrit
'~~ ,
en tête de Gon programme le bouleversement et la provocation. Pour
Breton le r;urrp.ali~>me est "la. qUI<!.f"le p~.(lhQJ""l'~i.-b-lR. du. ~'()ITarl,U-6ne/'
et
1
les surréa.listes ~->c reconnaissent bien en Hugo. Ncrval.
Baudelaire
'i.'
\\
,
et Rimhau~. Si Ilotrc attention s'est focali:~ée avec plus d'acuité sur

..;
..'
ces quatre auteurs, c1eGt par soucl
de synthês~ et aussi parce quI ils
représentent/à eux seuls, le::; courants majeurs qui drainent les diverses
"
, i
productions au Xlxè siècle.
.':
".....,...~,"r"'. ",.., Dans quelles conditions la poésie française au XIxè ~ièclea
)'.'
cP
,.'
in tégré le continen t afr icain à son uni vers évoca toi"r!.,
et par quel
.,
processus le nègre a acquis le stab,..;t de personnage littéraire? Le
phénomène de mythification et de thématlsation est facile 50tx::;erver
.
,
.',
\\ 1 ••,
dans son évolution. Au si0cle des LumièI'es,
la littérature a lIbéré les
",
..
: ...: .
.'
::sprits, et
aidé à llémergencc de r:ouv~aux centres de pouvoir occu-
pés par les intellectuels. ou comme on disait alors,
12s philo::>ophes.
:J

. "
\\,
,,'
L'art et la pen~ée, en général, slétaient alors comlJromis avec la poli-
,
'~.
tique. Les précurseurs de Lamartine. candidat malheureux à la prési-
..',.',".-.i
;~ -:.
..
..
dence de la République, de V. Yugo, député remuant à llAssemblée Na-
.'
....~.::'
"
"',
(1) -
Claude Abas ta do , ,,'>vtroductwn au 6u",-é~m2, Bordas 1971, p. 151.

i'
. '
)
',J'
...
;,' .,
....
,
.'
"

563
tionale, Ce sont les Voltaire, Montesquieu, Diderot, Rousseau. Mais
lorsque '1.tR, poü..ti..qu,e'· aura envahi tous les domaines. après la Révo-
lution,
l'art se repli(œ-a dans la périphérie de l'idéologie dominante.
Ainsi s'explique l'irruption du peuple, des masses, des métèques dans
le discours idéologique et littéraire. L'écrivain a désormais besoin
d'une médiation pour signifier. La prf-sence de l'homme noir, de l'obs-
cur, du caché est une mise en cause :...,"<fl icite du pouvoir établi.
Plus tard, aux premières conquêtes coloniales va correspondre
le renforcement des pouvoirs périphériques dont rendra compte la litté-
rature. Sa1.amrbô est une mise en scène d'une technique de camou(...-lage.
Flaubert a besoin de "&'6vcu.Jc,J' pour situer le cadre d'un certain nom-
bre de problèmes qui ne sont (lUe symboliques des réalit(;s de
la France
de .:jon temps. 6 ...g. -?cu'f)CL!.. est la projection d1un autre sy~;tèm~ d'exploi-
tation qui se déployait de'Jant Hugo,
en Europp.,
en FranCe. hw_c 'l,t nunc. ..
,
Le '·co-fon..Lal.i..ome"
en Europe.
Cl es t
l' émer~:ence dFfin i ti ve
de
l a bour-
.. ,
geoisie,
le début de la grande
indlJstrialisatioll et la vrolétarisation
qui en est la conséquerlce.
Le mouvement positiviste qui donnera naissance au réalisme
et au
naturalisme s'est développé en concomitance avec l'expansion du colo-
nialisme en Afrilue. Les récits de voyage avaient d'abord des prètcn-
tions réalistes et scIen:'ifiques.
L'influence de Taine,
de sa th(~orie
du milieu et de la race sur les écrivain!' "ex.otLque~/' et f'coWnLaul(./'
es t Incontestable et aide à comprendre la floraison spectacula lrc de
cette littérature dont le sujet est l'Afrique.
La création littéraire au XIXè siècle n'est pas
l'expression
esthétique de la classe dominante. Au contraire l-lugo,
Nerval,
Baudelaire
et RImbaud ont cultivé une marginali té nécessail"e à l' épanouissei;1ent
du don poétique.
Les redécouvertes des
textes jadis méconnus comme
o

564
.& 2erni..er JourJ!.... condanné, 1'.'fwrme qui. r>U:, la réhabilitation pos-
thume de Baudelaire,
la compréhension ultérieure, plus approfondie}
des oeuvres de Nerval et la valorisation postérieure des J ~ 6
et d'1.h,,- ~<Aon en Ght"-r sont
en réalité liées'au fait que la création
au XIXè siècle est en rappcrt direct avec les progrès de la démocratie
et la généralisation des
idéaux de liberté. A titre d'exemple:
il
a fallu attendre 1981 pour que la peine de mort,
tant décriée par Hugo
dans le :lR.rni.<?r JourJ~='1dafrn<',
soit enfin abolie.
Depuis que l'attention se porte sur ces textes jadis oubliés, sur
~g Jargat, entre autres, on s'est étonné du vif intérêt ~ue le poète
adolescent a manifesté pour la révolution servile à Saint-Domingue.
C'est '{ue l'Afrique,
cette
terre de
tant de malheurs et de douleurs,
de
tragédie~:; collectives et individucllc:;;,se prêtait bien comme un mo-
tif autour duquel pouvaient se d~vcloppe[' unc ~thique et une esthéti-
'lue nouvelles l'eva lor isan t la souffrance et le mépris comme sources
d'inspiration pcétit1ue.
L"'acwa,ti.,t4."
iJ l'épOClUC de la jeunesse de
Hugo,
c'est la révolte des esclaves à Saint-Domingue.
Les Noirs/qu'on
croyait voués à la servitude éternelle)se soulèvent et proclament en-
fin
leur dignitë d'hommes. En 1948,
Sartre écrivait dans U.-p,.& rJou'
il t'abou.v1,,- aeJi-tati...on u,Ut<...ta<.re. du bûJnc,
t,,-
tl.DU·
Oppo6Q. 1. 'au·then.tir.A1.é ,.QCLH?.LfLiJ2 cf.c 60. o.ou{1,.'Qt1CQ
pa.= Qu'e.U-" a cu t 'llD.,.,ü>te p'';.vU:èfje de. touch,,-r
te fond ....Iu nn,f.hf2.4~r,
en. .-ace tlOt..'''C.
~.t une 1"'QC.(l~ e.-fJ..le. •• t 'honnc qut.. a p..-i.c 6.1.-1'"
t.,i. /:Dut<>. ,l'a dDut<u.,,· hullai",,,- e.t 'lu<'- oou11''C po""
touo, n&,.e pou.' l,,- binnc" (I).
C'est cette dialectique qui gouverne l'univers poétique d'un Ner-
val, d'un
Baudelaire ou d'un Rimbaud.
Le hèros romantique type,
c'est
("l
l'homme sombre et fatal,
Manfred ou Cain,
le héros
ténéhreux,
veuf et
If'
V
inconsolé, autant d'images magnifi~es du poète lui-même. Bug Jargal de
---------------------------------
( 1) -
J .-P. Sar tre. Orph,z"- nov in /hthotDg.Le. de. la nouve.U-e. poea<.e
nègre e"t rraf.gach"- de. -tang"",- lrançai..a,,- par S. 5.m.gho,·, Paris 1948,
p. XXXIV.

565
v. Hugo et Toussaint Louverture de Lamartine sont d'autres Satan - Lu-
cifer, maudits et condamnés/et qui crient leur refus de la servitude.
Les structures morphologiques du luclférisme, du caïnisme et du
ti~ani5me dans la littérature romantique sont désormais connues après
les travaux de Zumthor, Albouy, Richer et Cellier. Le romantisme pro-
fond est celui qui a ëté abondamment abreuvé aux sources occultH,t tS.
Ce romantisme-là intègre toujours dans ses différente5 manifestations
des références au continent noir et aux Africains. La lecture de la
poésie de Nerval.
le maître de l'ésotérisme" l'a suffisamment montré.
La descente aux Enfers constitue pour Les uns et pour les âutres,
ces poètes de l'ombre ct du ma l,
un ['C tau l' aux ~;ouI'ce:..i v i vif ian te~; où
est possible UllC cammunicatior\\ avec
le peuple de
La Iluit rlOllt il~ par-
tagent la destinée. nans les profondeur~.:; de l'abîme, au séjour infer-
nal,
Baudelaire découvre la femme,
pauvre, dépoui.ll.ée. On devine faci-
lement par quel chemine17lent il a été conduit vers la femme noire.
Le
corps de la femme de sang m81é est pour le poète une sorte de transpa-
rence,
'·un. ti.eu. H~dLateu.r,'1 qu; ùuvre sur une vision particulière du
,
monde) dominé par l'harmonie et lérotisme.
Les références plu~'i-eu~-s fois répétées au nègre, v ictime de
l'eôclavage et de la colonisation dans iiry. .?nI°g:Lt,
l..he. S:ti..con en. é..h.-
t"Q.S' et les Jl.f.unuU2:ti....Drt6, les allusions r-éitérées de ~lerval ù la dées-
se
noire égyptienne,
Isis,
débouchant sur des motifs et des versants
thé17la tiques q li on t trai t à l'I\\fr iClue, fondent à no tre sen~ une lec-
ture dont l'intérêt se trouve dans la découverte du fonctionnement
d'un nouveau thème poétiClue. La recherche s'est donc appuyée sur la
méthode thématique et la psycho.:.:ritique pour déboucher su r la psycha-
nalyse littéraire.

566
Il est apparu que le thème de la femme noire dans la poésie
baudelairienne par exemple, ou du motif de la reine de Saba dans.
les Ch~6 ou A.tr'é~relevaient du"conflitvde Baudelaire et de
Nerval avec leur mère. La quête d'un substitut illusoire qu'est cette
femme de couleur, Dorothée ou Isis, est une réaction de compensation
d'un amour filial inassouvi.
Le.
motif de la mère terrible dans l'oeu-
,
'Ire de !-lugo reroonte à 11 épiso.de de la promeneuse corse, habillée de
noir, qui.
s'est occupée du petit Victor, en l'absence de sa mère •

Cette explication, entrevue par Baudo~i~t sera confirmee par Mauron.
L'attitude hérétique du jeune Hugo reniant les sentiments royalist~~
de sa mère pour les exaltations bonapartistes de son père est à mettre
en parallèle avec le thème obsessionnel de la naissance monstrueuse;
et e~pliquerait ses penchants révolutionnaires et la présence nan5
son oeuvre de héros
ter.. a tologiqur;;s.
L'écriture devient alol'~; IHlI: 6chappatoire. Le langage c.st tou-
jours révélateur du sens pI'ofond rk
'la vie. i'low:; voici ['cvenus il
llétude de l'homme écrivant:
l"'acte d'i.~('"Ju'e~'· est une conduite et
la création littéraire un cas particulier,
intelligible,
de llacti-
vité humaine, au même titr':! que
les autres. L'analyse du contenu la-
tent d'une oeuVre est un effort pour révéler le psychisme de l'auteur
et les motivations dont il est le plus souvent inconscient.
Le style,
c1est l'homme même,
corrune disai t
Buffon,
et i l ne faisait que repren-
/
"
dre Platon
( , ,; "
,.':.lifJp,üno ~
,
lv'uU 0' ')'
carucLère.'·.
Dans l'introduction d'un ouvrage qu'il a justement intitulé
J}, P6'1cJwto9-i-e '*'0 Styœo,
Henr i loIonnier écrivai t
:
".ta l ",:on. d'a.g.Lr> CDrr"'-6pD'Ui à ta tarJYl. de OC2ntLr <>L
'*' p<2n6er'.
11<t rte peut ai eUfl'l2.r une ;"'<-9ar~, 170.-
"tw-" Cl."te pfJ..J.J'Y'e ou. ~'-' f-lt'lQ. ba..tle qllQ. .t'attLtude..
ta CQ.CÛ2n=. te va ewr"" .fn. tLgne et. ,f.'économLe du
9Q6te 'le -b'Clh.L66C2J'Û. Urt caractère.,
.t'a.etW" tU<.l. ""
lo,-ne.. d.1une !Ol"m:2, di2. -L'1O!.6fM·i..L'· 'lJ.
(1) -
Henri Monnier: J'a. P6ycJwÛJgLe CJ2.0 Sty.f..e.<"
Gallimard 1970. p.
7.

567
Si la démarche critique s'exerce avant tout sur la biographie
de l'écrivain. Sur les résultats de l'analyse de son psychisme,
il
n'est pas étonnant qu'on en arrive à réduire l'oeuvre de Nerval Ol'
déploiement de deux thèmes et toute la poésie de Hugo à quatre motifs.
l
Or la fluidité de la vie, la complexité du psychisme humain ne nous
permettent guère de ré.dLi~e simplement l'oeuvre d'un écrivain à un
mythe ou à deux obsessions,
et cela, malgré l'autorité de Goethe. La
critique th~matique tout autant Que la psychocritiQ~e sont essentiel-
, .
i
lement partielles
elle3 ne peuvent f,-..e.~~n.:l'Le..:..
çe"~+t\\-ut..... une
\\
critique totalé à laquelle elles ne pourront jamais se. substituer.
\\
Elles ne peuvent expliquer l'oeuvre entière. Nous avons cherché, en
suivant cette option,
à faire découvrir des faits et des relations dans
les textes, demeurés inaperçus "et. donA: ~ p"-'·6~ <..nCDn6~te
ck t 'éCJ'DJU<..n 6"-'~ fft 60«'="
(1/.
Nous avon-:" pu ains i
trai ter de l1ue:~ tion:-; s tr i ct("O;:,'.:-l t Lit teraircs"
comme celle l'lui concerne la pallngèné~';ie du mythe,
initiel' de~) recher-
ches SUI' 11 imagologie dans
le domaine de la poésie, en suiv<1tlt la mé-
thode compara ti ve. 1\\10 tre
travai l a·.rai t engag~ un déba t COll tr'ad ie ta ire
il comportait une mise en cause implicite de
la littératuI'8 exotique
et coloniale et du discours de sa critique. Les grands auteurs ont
trahi leur appartenance au camp des opprimés par le traitement qu'ils
or-,t fait du
thème de l'Afrique.
Le plus grand hommage que les poètes
de la Négrit.ude leurCi;Qh,rrenùu est qui ils ::ie sont reconnus en eux.
por
une vision pr-ophétlque de la fraternité humaine, Senghor saluai t
",
.
en :lugù,
'Le plemLC.r
'e~ ,'-
tJOe.~ ~6 t
· ..I2.npû.
'
rroü./2., ...
"
m<i.
ri n ' )' a plus besoin
d'.J..nsister Sur tout ce que le poète sénégalais doit à. Baudelaire,
le
premier chantre de la beauté noire.
Cé~aire a repris Rimbaud dans sa
dénonciation des faux nègres,
ùes nègres inauthentiques;
i l a glori-
fié la race noire.
à l'imitation du poète de Charleville.
L'art doit unir les hommes,
tous les hommes. A cet égard la poé-
sie françnise au XIX~ siècle est un exemple.

-
568
-
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N N
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IT E X T E ~
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n 0 C UME N T si

-
569
-
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II:
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s

570
TEXTES
CHOISIS
La formulation de notre sujet de recherche indique d'ores et déjà
le plan du travail:
la collecte et la superposition des textes, qui
mettent ainsi à découvert le motif structurateur, selon la démarche
initiée par la méthode thématique et la psychocriti~ue.
Les quelques textes de l'anthologie que voici parlent tous de
l'Afrique et suffisent à indiquer de manière exacte nos pistes de
lecture, et à
préciser nos motivations~ tant il est vrai qu'un criti~
que ne trouve dans un texte que ses propres préoccupations 'lU' il Y in-
vestit.
Au demeurant, ce florilège nous a coûté beaucoup d'effoc,t et
,
O'
.
s
lm-
pose Comme Ull cOli1plément néceg;,airè a une meillcllvc comprehension de
l'analyne, puisqutil
fournit au
lecteur la possibilité de confronter
SarlS cesse le discours dont le texte est l'objet avec quelques mor-
ceaux du texte:
il fait partie intégrante de l'ensemhle du travail.
A.- CULTURES ET CUNTRE-CULTURES
Dans ces pages extraite~ de Cilg l·')al-ga.t. V. Hugo ne semble pas
avoir voulu exploiter uniquement le filon facile de llexotisme. On dé-
cèle chez le jeune écrivain, qui SI il:entific souvent au narrateur,
le
désir explicite d'exposer des faits bruts, m~me si leur :;ens. Comme
l'auteur lia avoué,
lui échappe souvent:
l'apparent désor'dre touchant
à tout ce qui est africain ou qui concerne l'homme noir, semble rele-
ver dlun ordre occulte dont la logique demeure provisoirement inconnue.
Ce qui est remarquable. c'est l'intention avouée du jeune Pugo de reva-
loriser l'autre,
en présentant quelques unes de ses manifestations
culturelles, sans nécessairement porter là-dessus des jugements de
. valeur.

571
l
LA
DANSE
Dans ce premier texte. un peu long, intitulé simplement 1.0. !an.6e,
on remarquera la description ethnologique très précise du rôle du
griot dans les sociétés africaines (Mérimée dans Jannngo parle du
"gu.u·<.ot.' , ,. :Jcurango. 1829. in iA..tté.atu.-e et: .x,ci.-ét:"o, XJXè o,-We,
par Claude Aziza, Bordas 1978, p. 36), la représentation très détail-'
lée d'un rituel africain - dahoméen - bien connu, le pacte de sang
(Quoiqu'il soit icl altéré),
et la reprise du mythe du soc'cier-guéris-
seur africain.
Cepc.ndant. f.e~ ·tc?nèb"C?.6 c..::>uv. a~R.n t et"lc:)I"(J.. fa tlUf..f....6e, ou fa. rcnde
d.e<:r. rwu'ô. et fe '10rrb"Cl ~ô. rP._Hl(" ~"1 'aCC-IOL...\\âaÎ._en.t.. -:.'Iano c.e6ô.ÇJ.. rh y,oupe
~ nPgI"'-ô.oQ.O v~·.fLt af...f.L.ure.· 1.1'1 t Dl/QI· P'~ de n'Qi... -4,,1(. n,Orrl.J"(':u.J(, h,ac(2~
de v<2...-·,Q hf..eJ..J,
,ou.fje et. vU:;. eet. l'fu;~ b.·i-f..fni.J2n t c?cllQ.f.cmnil~ ou ,. ff'JJ ,.~
b'a<l et. eer..U'6 janooo, au.-e. QtlneaulC !lui.. chalgetl-Uln,t [eu."o o.-e.i.Jf..iQ'~o, au.1C
bagueo qui.- o.naLQfi.t. touo f..e~ dDi.qto dR- jeu.·o rrnl.no "t ck (euH pLe.cu"
GU-e. Q1n.,d..~tR,o attachét2-o ~u.' f..P-lf"
6e4.Jl., au. coUf...e" de
cha. m,zô' âuâpc....n-
du à teur' cou, au tabti.R.r· dR- p).uJ>l2.0 ba•.wtéo,
o"ut wtRnen·t qu,- v o d
feu.' nudLté, et. ô'u,·tout. à lQ--tu'~ c/nFnC?.LH'ô' caden.cœ.ô', G. f<?J.A..-6 .-e.ga.dJ:J
l/a.~eô' e..t haga.~, .iQ ''QConnu~ de.~ 9-J·WU:!.6. Vouô U:jrlo, Q.7 pJ.l..d_-ê.ûe.
('jU 'U. eK.wte pa.mi- lM '1oi...,~ dt.2. G-i..vQ,,·6Q.Ô, cont.r-6eô' de e'...'If ,·.f..Jlue dQ.~ nè--
g.,--eo douéo de Je /""le ~aLo quel g.oô'o;-.C.' taem...t- de po6o.iP. ~ d' W'PIOV-i...-
ô'atA..D/""l qU-L. r-e.~oQ..lYbte à .ea. t of.f.-e. Ce~ /""leg.,--eo, er·.ant de '"oyaun-wz. l2t'l ''0-
UOtlfTJ2.. 1 ~O/""lt.1
dano ceo pauo ba.·&21-e.O, CQ. ('ju '~tai..ent leo ,ha.poodeo antA...-
que~, et: dano le rra,!"" -âge teo mifto·t.-elo d'A"g.ie.te...", teo miftot.nCJe.'·
d' fitWl29"e, et: leo t:rouvèr"-,, de. Jr once. G, le~ <lflP<!l te g.·w·to. .Let..·o

572
t """"'0, teo go-'wteo, poooécûéeo co""'" """'<- d'un. dérron l.nOerLO", accorrpa-
gnen,t teo chanoorto /xu,ba.reo de. (RUr"" mu·w par' de.o danoeo fubN.rjueo,
e..t PT'l20erL.tent. un.e par-odA..e go-ot.eoque dM bay~-eo de. t'JJi..nda.o.tan; .
et. dM ahn&z-o l2gyptJ..enn.eo. C' Ma<..en.t. don.c qu...tqueo -uneo de. ceo t l21li-
n1lM qui.. vpnai..ent. de. 0 'G.6oeoü· en. ,ond,
à 'lu...tque.o pao de. 170'-, te.o jam-
beo ,~<-éeo à ta rrode. afN.ca.Ute, autou,· d'un. 91an.cf anao rie braru-~o
dsz.ooéchéo, qui.. brûlaU en. (~ tr-errbt"" Our' teur"" vwa!1eo hi.d.eu'<-
ta tueur' "OU!1e de oeo (.f.anrreo.
~ que &ur =rd.e lt,t. ! 011Ti!, etteo 0" PT·<...-en.t. touteo ta rmÂ-n,
e..t fa p(uo vü,i..tt". qu;- por-tai..t un.e pi'J,rm de hl2ron. p/'.anU>" dano 0"6
cheveu'<-, 6" "liA. à cr'wr' : ~ga. .' Je co"P'··i.,o 'lu '"Lt"o atta<..en.t. opé-
,<1.r· un de 0"0 oo,-tU.ègeo 'lu 'ett"o déoi..gnen.t
OOltO ce 'lOm. Jouteo ,.çpé-
t.ès-en.t. : CI,an.ga. !La pfuo vwU.ee. api èo un. oU.QrlC" dQ. ,e.cH"i..f.l=t.,
a,',acl1a Wle po;J)néc.. œ 6eô ChClVQU1<., <'_t e.a j..cd.a danô ft:!- l"'?ou en. di--6ant
r.Q..â
p:u'O[P-6
ô.ac...J'f'2I1QI1 tR-e.W6.
rrn.E6 0 !:JUi.nJ-l .' '1U-L., da'lt'"t t<->, ja'ljO'l cir.,!.6
rlQq.-ç-o'
C'~oto_6, ~0.:inL.t-i...en.t
~9/i..,.,aL au J,i'..abff;'.. ,'Jouœ6 fe.."1 q,oi...ote.6,
iJJlt-wnt teu,' cfoUf?nne,
fi-L" p""Q.nt nu'(. f fan~o W-lQ. mèdlC'. de feu,oô che-
\\/Q..I'''-,
~-t 'Q.dU.çA.t g.avPJJ'Xljl,t : - l/h·tp 0 CjUt.ab .'
C'e..tte i..nvoca·twn. ét., an9-" , et. teo gr'ùraceo L"U,·fe.oqu"o qui.. f. 'a=om-
paqnlÛJ2J1..t, m'all.achè.,-en.t, CR..-ttR... Ç?6piu-~e de. c.onvu f.o1...o'l. Lnvo(Ort'taU12. qui-
6aLâi-.t 6o"vent rrufgs.o -f-u-t- e. 'homn2. te p(u~ 66~..i_eul(. ou le peu~ p<'?nQt...·Q
rfe. dollteu~·, et '1U 'on (].p(JQ.ttç. fe fOU ,·U-e.
Ye vouf...u~ en vain te 'QpT·i__
nQ", i..i 0clnta. Ce. ,..f...Hz., 6.dla:pp.Q è.. IAn. coe.q.· b-i..P-n- t.·j..ùte., t i.L na.tt...l'C
une âCQne âj.flf:JI...e.,__è.~nt âonb. e et el f • Qqanw.
JO"teô. œ6 '1~!J'Q.66eâ, û-oubf6eô dan6 f,!-u~' n~,I-..'1LP~-Q.., âe. f.evp..-crvt
COrrt1t:>_ .-évci-f.,lQQ..6 en âlt'·6au.t.
ltlc.ô ne ô '6tai...en.t pa..6 a.p2.H~ue~ juô'1ue-
Œ de nn pI·Q(\\Q11.ce. e.t-le6 CDU~u~·Qn..t tuml.f--tUQ.l"âQ.rr~l1.t. VQ..,·â rroi-, en hu.·-
fant. : r~D .' b.f.anco·! je n'Q.i- jnnrU-ô vu Wl.Q.. ~éunum. cie ~ i.-gu.,-e.6

.'
573
".luo di..ve"O<U7W1t. ho ...-i.bleo que 'le l'''taU2n.t. dano le<.., fUi""" t.ouo =0
VW<Zqeo n.ou,o aVQ.C fu..,o cl«nt.6 b~eo et. leu.'o 'Ieu"'- &.l'onco t6ave..,-
0"0 c& 9"oooeo vet.nea oang.(.antJz.6.
af..eo m'aUa.Uut.t. di>chù-e.'. ,fa v<.eUle a .f.a p{wrJ2 c& h".,o"l (U
un ~Lgn.e, et. csia. à plli6~.J.'·O '12.pI'L.o.eo. : Zoté co.@ ! 70té CD.dé !
,f12.6
f 0""JZJ',çe6 a 'a",<i-t"-I-en.t. aub<..tRJrl<Utt., et. j.e teo vW, rw"l 6ano 6U1'-
p..we, di?taehe, , t.ou.teo ertoentXe CRu" -tabti.e,' c& p.lumea, teo j.e.te.,
00" .e. 'he,-be, e·t COnTl'l2.nce'-· autou,' de "OL ce.tt.e danoe .f.ao.C-Lve. que l..e6
110Ù'0 appellent ea chi.ca.
re.tt.e dal16e. drmt teo at.-tJHG<oO g.O.te6IJW,.6 et. 1a v<-ve ~u,'Q.
"1 'ç>."<P"i.Jrr2.nt nue
le pfa;..c.'i;_"· "t. fn yai.etf. Qnp.unta,i.,t LcA_ de d{»e"o.eo
ci~·c.:Jn,:\\t..nnce6 aCceo,6o;'-I-eO U'l cn.octè,e 6Lnf......\\·Ûo... ,lko '~_gaJd~ fOfld,o-
~-4(lt1.t/) 'l1-4P, TrP. fançniJ,!-I1Â: f".o 4,·wLco (D4 mi.J~Î..Ru de leu,'ô foiiit.JQO QVO-
fuJLon<:'1,
f 'acco..nt fugub,Q. qu'effQ..6 c1o""alent à t 'n;.... · j04"J/~. de la
chi..r.n.,
fe g6mLooeft)Qnt aL9U et ~·OfD"g;. que la vc7flé>,abf.c p,';·oidentP..
du ~anh('d,-i.n '10-L" Q.1·,achai.-t de ~ en te/rpo 6. 00'1. batalo,
Q.·:'lpèce
d'ép·.iJlet!:J.l. qu..L m("rt ,,012. C:(.)I7Y)"e un pet.i.t ol"9Ue,
et ÔQ. conpo,,)e ct' une
viJlg..tai..ne de t:u~au.'C. de boÎ....6 dortt la 9-'0\\1017(1" Q.·t ..f.a fi)'1yu.~."
VO'1.t QJl.
d1"JTlÙI.uan.t 9,adueJ'.f.f2ftl2I'lt,
et ~u"tùllt l 'h':)f·,·f..h.ie "~I-ç>, que chaQue ~o,'­
ci..."''''''Q nue,
è.. CCJ'U2UH2.':"J ,trA.40eâ de f..n. darl':"Je, vella~'--t me. PI,R':"Jent.e.J' à ·~on.
WU",
( n
D.pp..Lya.n.t PI-Qât1uQ. 60" vi...ôQ.l]Q. âu"
fR- mi...en.,
ne m' art"1':'>"1çan t t1ue
t,op à. '1"..,)'6 af f '0-,,'(. dlâti.m2n..ta è/evaé.t 0 'at,h;"uuo le bfnrlCD Plo(a-
l1at.>..ld' G<o let."
Cl,=ga. ,.;le. ne ulppeeai.. la CDutum:>, de C.e.6 P""pfnd.eo
o.."lau.VQ92.â qui. danâQ.T1.·t autou,' <lQ.â
p,-L6.:>nn.t.R..J'Ô avan.t de. leo naaôaCJe,",
et. j.e eawaai.. pat.;-'llrIl12nL =0 (emme6 "-'C.(5cut"" le baflet du c4am:>. dont.
.;.e, delnU. e.n.oangta.,te,' le dQ.wue.ment..
C"pendaltt je n"- ""0 m'p.npêche.'
d" f ,'QmU' qua"ld p, vu"
a ,,11 nom:>Jlt nnsqué peu' l'.e. bafa(o. ChlUJUe

-""
"
574
9>"Wt.e ~e dan6 ft. b,a,;.tiz.· ta. pomt.e a 'un'" ~ dR. 6ab,e, ou &
1"'" d'une had."" t'<2XÂ:l-é~ d'une. lon9A'" ai...guWe à. voUu.e, &6
pinCJ?,6 d'une. t<>naWe,
Ou t...6 '*'nu, d'un'" 6cLe.•
.fa dan6'" tDuchaU à. 6a fi-n ; te6 m6t.urrervto de w.-tu. e étatiznt.
.0uge6.
A un 64;rta.t d", ta v;.e·UJ""
1'."'6 n"9>"e66e6 aLtè.ent P>002"6.t.on.-
neV~ che.d'le,·, L', ....'" ap'''''6 f.. 'auue, queÛjue Ulm>. ho.·.·UJl'.e dan6
ft. (eu.
C~6 qui. ne P-l-,-ent 6e "unu' d'un fe,' aH:1en-t pI'-i..J'Q..I1t, un -ti..6on
enf la".mfo.
Al.o"6 j~_ COrrpl';--6 cfaÂ-,'{:!rœ.n-t 'luçd ~J~V::.e m'6tnU ,·PÔ(l.'VQ,
<2.-t QUQ. j 'ruJ,ai.6 IJ"l. f.x.>u.,".'l2QL' dafl6 c:1'Gtfue dan6Q.fJ6".•
Au" (lIit.",_ ÇD"rrorl-
dc>flPJl-t de. (f.!,{u· ("(}l1..lpid~e, 9.IJ..J2..o H'.c.:mnloiflr:",,,,",.nt. u"e? ck,ni.'!.",",. • unde,
Ç'Jl
ùe
fnnentant ti'u"e o"t7fleè.'P (>.'f.t'ltft7rtU2. • .'}<>:. le'm2i..6 l',.~ù "(~fl(" pou,' "l."~
pl.uô. voi_,· du rTD1J1.ô. (".6 ('dX2&t de c-,'!.û d6no'lô l~6, 'lui., ha f",.tnnt
de fatiJ.:pJe ,!·t dl.!. ''l'29~-,
en.t.e.choquaW..nt CYL cadence. 6u,' fç'IJ'"a té·te·,:)
(QJf''Ô
fe'·.aL.f.(ç'"~ f l.anbo~.Jant.eû, ri 'où 0 'i!chap{XlÂ...en-t un b.uiÂ.. ai..!jU. et.
dR.6 m"~.ad"." d' ét.i..nC9...f..l'.e6. )} 1at.tJmdi.." en me. .aütt..6'>ant. e'm6tan t
je 6en.t.Uai..6 m2-û chau'û 6e tDu'ffJ2JLte.·,
nl.1.Q oô.
62 c.a1.oi.n.Q.", tm..,:} "e,i 6
"'" to.dle "ou" I.e" """"".e6 b.c.eant.e6 d",,, DmaWe6 et de6 ';Ù"''' , "t.
un fri..o6ort COq.ut. Ôu.' tou.,.') nl26 nr.!.Jlb,e.ô..
Ce fu-t un m::ml2.nt afl'~IJlr(..
Ji ne du.a heu.QU6"Ment pao Wny.tenpô . ."'-fi chi.ea de" Y'·wl.eo at-
Û2,lr~-t ûa de,ni...Q,-e pQ"wdQ., f1uanu. j'entendi-ô de lOU1 l'a tJOt.x_ dl" "l.è-
g.r-e que m'a~U IO.U PI-t..oonni...e.,. Ji. a.ce:..ou.aU "ft ('"... inn..t : ('JC hacei..6
fTLLj..e,9.,.ô. de. dennn.w
? Q..,.Q. hacp.Lô alfi- ? ~1(Q.W "li- p'~âorli...e,o ' !Je ,ou-
v"t..6 te6 'Jeu",. JI. i·taLt d.Qjà y.o'ld jou •.. .1:", n"-9'e 6e hâ.t.ai..t aw-c mi..t-
ft. g<u>t.e6 de =t".c..
Ge6 ~Jl'Wt.e6 6 ''''tai.RILt Ul·.êtJX,." : ='-" ,,-fft.6

575
pa,Q-Lo6ai..J2n.t. noVt6 énueo. dsz. 6eo. rœnac.e6
v,.te,dU,u, PU' ta p ....'6enc.e
d' '.fn pe~onnage aooez bi.za,',e dont. le 1'lOi..I' éâlU f2C..CDI7PCl.9né.
C'étai-t. "n ho"",,- t.rèo 9'06 "A. b'èo pet.U;, une 60,'.te dt< nav"
dont. &
v<..6age étaU caché ~,. un. voUJ2. b!anc, pz,ci deboW t.rOU6,
PO"" ta bouche et. &6 yeu'G, à ta. Irr1nL<',-e de6 p<-nL.tent.6. (e voUe,
qui.. t.om!Ja,U: 6ur' 60n eau. et. 6e6 "pcll..le6, ta'-'>6CLU n"e 6a pow'v,e ve-
fue, dont. ta. cout""",· rre pa,ut. ii.Û .... cette dR.6 'P'·i..l{e6, et. 6ur' fanue-e-
& b,""I'JaU:., 6U6~ à ,,"le chav.e à'o,', te 6 0 -f.<>-Lf. d'un 06ten60u'
ri 'a,p;mt. t,o'Ujué. Ch vOl.~aU te rrand1.e en croix à/un po<-gnard (}#·o"-
oi..R.,-· p-l.60ç>.,· Q.lt~60U6 d" 6a CC".i.nw,'C? ~car·f..a.te '1ui..... 6ou.teno,U l'Pl .iu.pon.
'G.4Q de \\/QJ·t,
de jOLlne e..-t de "oi~,·, do"lt. fa t,ange de'~cendaU:.. juoqu'à
o.e.6 pwdù P.a'9ç~6 ~t. {Ii..flo,ffl2.o . .~,â b'(l(\\, "HO c..QnflP. oa poU....·i..ne., aqti....-
tIltp...Tl t un bâton blnJu: : un chnpe.Pp.,t don t fe6 9Jaln(\\ i>tn.;_0n·t d 'acU~­
zaracg.,
{J'!ndai-.f:.. à. oa C.(',Vl.tU'Q.,
p,.iJ.('j du. po;~gnrl.ld ,. '201:- -;\\On (,·ont. é&i.-t
6u'fTUrl..t6 cl 'un oot'tl1-e-t pouvCu 0''10 c/Q ·:lonne-tt:..eo.,
cfnno. fequcf..,
fv.<lq,~'U
6'approd,a, J.e. ne fU6 ~ pQu 6U''P.f·~ de ,e..conrtaWe. fa gOl-ra d'.4a!>L-
b,ah. S<>.ui'.Q.m<>n.t., pa,mi... te6 hLéo.og./'.lH:Jhe" dont cet.tR e.,pç,ce dJ2 nwe
étau: G:>uve,·te, on ,,,ftn'quaU de6 tache" dt< .,an9. C'é,-<>U "an" doute
te 6C1n9 du lUi<2te OOu/lon.
Ce., 1;><2=6 dJ2 17J2U.-t.re me. palW<'J1t une nou-
vel-f.e p.ro..tH.lQ.. de ~a m:)J·t., et ,i!tJQ-i__tti?,>Q.'lÂ: don.ô non c..oQl,a· un der~'li...e,·
,egt ç...t.
/'L. rrotrP.nt où teo 9-"wteo aper'Çure.nt r...c.t hr5,·(A.l.J2." nu honn.et d'Ha.b-i...-
b.ah, ei'.te" ., '''c.·i..è,ent. tou·te6 en"vrbl'e :
- .C'olX. .' et t:.om!>«,-ertt. prO"te,,,ée6 . .Se dt<v'-nn.L 'lue c'étaU te
60rc.<-e,· de t'armée. dt< BLtu."ou. - (h"ta ! {Ja6ta .' dU-ü c>fl a,·,·<.vont.

576
CIUpT.ju, d'eU'.e6, avec une voix. 6Ou.de et. 9'ave, ~ d
Pl-1Ao".t.e.o
de B<.tv..6U ! :Jo,,~ -i.e6 "';9'e66e6, 6e .e-l.evan.t. en tu"lltts>., jR.-t.~'QrJ.t.
-i.e6 Vt6t.rW7J2TtU, de 'TO.'t. do'lt. eUA6 éta<.e'lt. cha'-gQe6, ,eprUe'lt. -l.eu"6
tabt<.er6 de Pf.wœ6, et., à '"'" g.e6ts>. ci<? i 'oU ~ 0" d<Ape'·6~e'lt.
conme l"nQ. flUée de ~OJ.l·tR..''QLle.6.
t'n ce 'TO"""t. ie .ega.d de t'oU par"t. 6e. {<xe., 6u.' 'TOi.
U
t.r-e66aLtiU,
.ecu.f.a d',-", pa6,
et. '''PO.ta 00'\\ bâta" b-f.a'lc ve.,o lQ6
9',<..ots>.6, =mre 0'i.t ",~t vou.f..... te6 'OÇ:JpQte.,. Cepe'ldan.t., ap.v, avoù'
9'omre.t,; "",t.re 6eo d2'lU .te 'TOt. rrutai...cho, et. dU quetqueo pa.o.f.eo
à t 'o.·eUJe du nèy..,e-,
;_1, 6Q fQ..ti..Ja (PJlt.PJ)"P...nt., et1. CI·o~'-.6ant lQ.6. ~Jlt1.ô.,
e.t. dan6 l'at,tt..tu.de f.L "1 ne pl of onde fl"IIf.dww'l..
\\.
11.'1
J~'9
f/CU~,
Ed.
C)0 Il Ir"'Cl!f':1
" ,
1
I I
UN CONTE AFRICAIN
LES GRAINS DE MAIS
Dans cet extrait on notera particulièrement chez le jeune t.Jugo
l'utilisation du
'a~_\\c...:>,.. J·6 alr'i.cai.n'· : les contes, les fables, let::
paraboles,
les pruverbes et parfois même des digress ions structurant
le texte et permettant au "nntt.·<? de. -la. paJote"
de communiquer en
maintenant en éveil
l'attention du destinataire

577
.fa. cé,·énuni.e -ûz.,mi..n.6e, .t'obi... ôe ,etou'f"la \\1'12.,'6 Bi.aOODu attee. une
.-évchenc.e •<>.ôpeetueu.ôe. Af.OI'Ô .fJ>. rftel ôe leva, eL, ô 'ax:t.<>.ôôaYtt. à no<..,
me dU: en (.ancaw
- Ül rw..,ô aecuoe cW.. n 'aveu· ~ de 'e~n, tu vo-W que
c'eo-t.. W1.'?. ca.lorrnUz.., e-t fiue rtOUô (jon'"'!1 bon.o e;a.,tholi.queo.
*' ne <>a.u. ,,'U pal'faU uonU<u<ur<zJ'lt. Ou CÛl- bonne loL 1-'" m:ml2Tlt.
QI:n;'ô,
U "e l <..t. appo •.t.e•. un va""- de v<'J"'" ptew de 9<awô de nn1:6
no",,',
<..t LJ j..<>.t.a queffjueô g,aWô de nui:'" bfnnc ; ...,i..o, éfevant. te . va-
':"J.e au-deô-:'lu-:'l cl'? -:'la œte,
PDII"
'lU '-i.,f.. l'~t. miRul(. vu de toute. ~O~
a.-nt?e. ..
- .7'~'·e-!'), Votlâ ê,tv,<') PP. nt7,i~û flOU',
'--(1..<')
1>-f.an,f"_'''J. va<'\\. C!f1't'?fneO
ô.o~.t f..<? nniA L,fnne :'
A c:e<.i pt:110f-QO,
;,t l-<-;m...a ~ vaô.e, Q.t. '1uand pleôQue tou6. fQtl q.avlO
bPanco QU.'e.rl,(: dÎ_ô/Yl.I'U '.'.1":'>Uâ
fe-:J. 'lOU'-:'l,
i_'- (') 'cCI-in d.'un ai.~,· d'i.nôp;...Ia-
ti--:>n "t. de t..-i.-on-phe : (.,~e.tt.é b.fan ôi.. .fa fa .'
71ne 'lO"vetle- ac-ctmmti..on,
1 c\\pét.ée pal' -ta""
le-" ,',enoô de" non·ta-
9'1eô,
a=u,,-i..U_i..t Ca p(>.Iahale- au en"l. l<i..o.ôôou con t.i.nua , en mV.nnt.
f ,·6f;ue.nm2n.t ô,on m6cnant f .Qnçaw de (:fllGôeô. a-<?oteo et. e..ô./=tlgno-f..Q.-.)
- Ci ti.R.npo c1e fa nan""ewd e", pa6adO. nou6 aVort6 M:é fong-
U2nP<'J pat.ë.e.t-W con"'e le-o noutonô, cbnt. feo b.fanr~6 conp:2.' "flt .fa fa<-ne
à '106 eneveux ; "oyonO nni..n-l:enant. iflP<!acable-o
co""'" teo pan<hè,,,,o eL
lJu, jn.gua.'O 00" puyO d'où i..fA no"o ont. a.·.aeJ,<2ô. J'a f 0_= peut 6"-1A.e
aet1U<2f'iJ' te.o d.oi..t.6
; to"t. appm·t.ë.en.t. à qui. Oe nonüe f o.·t .o-t "",nO

578
pU.<.t2. Saint ioup a deU'c. ~6 cfan6 f.J>. caiendrœr g>";go.ûm, ('agneau
pt;L6cn.i n'en a
qu'une ! - n'<u>t-i-i plU> v.ai., f1Dn6œu., te ~f..a<n ?
- '"
3(6 6ont. VerlU6,
p:>u"6UWU l'uUl6ou, U6 60nt VcYlU.6,
l'.e6
ennernL6 de fa .egén<>.atu>'t de ('hwranU<>,
=6 blanC6,
ce6 CO'/'.0"6,
ce6
~teu"6, ce6 hOnTTl<l6 de ""go=, V<>..ciader'06 de=nÙ>6 vomUo, de ta bou-
che d'fitp.eto
l ,'xm VQJ1.Wo6 CO" <nMiencUz .. u.", ';.tl2ûmt co.,v<>..-to, iP.6
6uperbe6, d'arrre6, de panache6 et d 'habi..-t6 m:2o/l<-l.t.que6 à ('OQU,
et
Le.~ ru:>u6 mt?p.I'~1...ent. par'C.e.. QUO. nou6 âomre6 'lOU-Ô et. l''lUÔ. Jtô. ~.n6ai.en.t.,
dl1Tl6
i"u"
or-q..J.eLt,
pouvou' tlowi dwper'ôe"
auô.6t.. aLoQm2Tlt Que ce~'] p.fu-
1Yl2.o de f.lGOrt. chaô.ô.C'n·t ee6 nou'ô' eâ.6a.t.m.i de nnUô..tÛ1.w2.6 et. cleo nn,'t..n-
9OU-Ln.6
.'
Û1. achevant cettR. CD''''pc.uaè'~on, ;~e. ava~-t. Q,-,aché. de.ô. nni.nô. d'un
eocwve un cleô QVPn.tAÂJ-<'i QU' ;~f-<'i f rÛ..oai.L poI·te,· ~,·,·éèuQ. tui., '2.t. e. 'a.g,f'_-
taU 6u.' 6a tête avp-,,- ",,-UA ge6/:e.6 véh':'m2J't.t6. ,Y( .epr·~t
- ...... rtlaL6, Ô
17126 t r~'-e6, nobe a,-rnéQ.. a
fondu. OU" e.a teu.'· corme
l'.e6 /X.gaU&6 6u.' un cndav''P. ..
U6 6o"t tonb<>6 avec r..eU'·6 beau'<- I.<n<--
lo,f'I"\\2.';) 60wi l..e6 CDU{l6 ck c:p~6 b.aô. nua 'lU' Ltô CloI...ta..i...en.t ô,an·O VLgu('ll'"
i.gno.ant 'lu... i.e bon boi-6 e6.f: p.eu6 dw quand U:' e6t d6p.oui~Uf, d','co.'Ce.•
.9/..6 ÛQflblent. f7nVttR.nant.,
ce.6 ·tJ,.allâ eJC.t!o.Qc,
! 'fo gGg1.é PO,..(,·
- ... nou'ô CJ·éoleô. C?.t. CO'1-90â, ajo'.fta. {~6.ou., ve"lgeance (!.t. t.....-
berU ! Sang-m2.(Q6, ne vou6 lai-66e2 pa6 at,tLVdu' pt;lI. œ6 66duclÙ>"6
de (06 di.abo106 b.fartC06.
V06 p."'e6 6D"t rlan6 ("""6 .ang6,
rrrÛ.-6 vo6 mè-
,e6 âon.t cianô &ô. rtÔÛQ.â~ AI. ,e.ô.œ, 0 her1'Yl2JL06 de ni- a.f..rra,
U6 ne vou.6
ont. jarrr:û...o. ûa-U:..éo en pQ''eô., TTnL6 f:Xen en rrnwe.6 : vou6 ét.iR:z eOe-f.a.veô.
corrm? .f.t.2.ô. no-U·6.
Pendant. qu 'Wl. rnLôe?lab-f.Q pagne couvrai.t à pt2V1C! vo6

579
{tnnco boû-u.o pal' & ooteU-, voo ba.·baJ<Ul pèl<Ul 0" pavanaLen.t. oouo
de bu"""o OOrrb.-eIOO, <>-t poO·taLent. deo veoteo de nan~<.n t"o j.ou.O·O de
ÛcvoU, <>-t .fJl.O joUI'6 ck t êtJ>. deo habU:.4 de bau oacan ou ck v..wu1"'6,
a dÜ22 y 0<...eA:.e qua.·-too ta v<Ua. /7bud'-ooez C"<'> êû-eo dénatu.·iM ! fTla.'-o,
corme &0 6G-i.nt.o conm:>n.demPJ1.-t6 du bort Çi.u &
d.Q(endent., rte loappez pao
vouo-rrêmP- vot,,'<Z pI'O"·pE'Q. pè,-eo Si- vouo .te .--en.CO'l.Ù-ez dano -lC?A ,ang.o eIl.-
nemi.A, qui. vouo enpêcn.e, arrHJjoo, de VOuO duoe l'urt à l, 'aut.. -e. Jouyé
papa ""é. nntDuyé quena tDI.lQ 7 V..flg'U2nc", geno du .0<" ! ,Ei..beo·-tQ à
-touo teo h.ormeo ! C" 0-<- a oo" éch.o dano -touteo &0 C&o ; U eot. paI'V-
de ll.'-oqu<!.lJa,
U, o"'ve-U'.-ie jabar}o <>-t Cuba. C'eot. urt chel cko cen{, v<.ng-t-
c<-rtq rtèg.re.o nn... ·ortO ck ta """tagrt" f'.teue,
c '''ot. un n.oU. de ta?anl'3.Üjue,
&u"-mmn., qu<" a '.Qvé t '/,-tertda.d. pm mi.. rtOuo. /.he v;.ct:oU·" a /'w 0"" Ple-
rniPr acte de. ',a.te.ni.té avec teô rloL.o de Sa..t.nt.-~m.j.ngue. 5~Lv0f'10 <"101'"1
9 b.·wu-<- Q.'(,enp!e, ln .tDrch~ d "l'W. nni.n,
fa flacfw. ,1.0. e.. 'm.d..lQ. ! POVtt
<k 9I6c" poUl' 1."-0 bw..,co,
pou.' 1"0 planu,",,'o ' 1Ih06<lc.o.... o '-''''''0 fan,;J-
teo,
d6:vaotono !...eu,..6, p!.an..t1Lü...ona
Ile l.aWùCY16 poiJ1 t danê l.().A-J"t'J, dorrai.-
rteo un a.-i),-e qui.. YI 'QA•..,t fa .acU1Q <.!.Tl. haut-.
[{:>t.tf.C~','·60'10 fa Û?-.'.e.
POU"
qU'Q.ft<>. o2J'1.!o'{Dut'-oOQ. teo b·'anco ! COUla9"_ <UylC. nmi.", ...t. lrèleo ! 'lOUO
UOrt6
bUllttôt corrbaLUQ v..t. ~.mi..n.e'·,
nOu6
b'w"~e.o'J6 ou 'LDU6 f'I"OU.'-'-
• 'Orto..
Va.f...nGueu.·<"J, 'LDUÔ j..Dt~UOn6 Ci noÛ'Q.. tou.' di2. toute6 l.eô. j.oœô de.
la vi-". ; nu. to, nou6
uono dan6 i.e C'~Let, ott f..C6 oa~'nt6 l1.Ouô atte.ru:i.cnt.,
ciano. tf:! P:lIad4...6,
où chaque b.ave .ecev.a U'J(:? dottble. f7l2.ou.e ct 'agua.·-
diJ2.n.te. et. "ne p;...a6t... ·eyou.d.e P'1"
jou.·
r'e·UJ2. ~·'lO.'te de 6",,110'1. oo..fdateôf1ue, f1'.f{.. 'le vou6 ~Q.mbe.e f1ue ,-wi--
cufR.,
nl?.60;~QIt'·ô, PJ'oduLô.0t ôu" PC!.6 '-QOOf,te6 Il'1 el,et p.odi-W'u'<.• .9t
eot. v.ai. /1ue .fa ,::nnwmime QX..uao.diJlai..e de I~La~oou, l, 'accPflt i.nôpiJ·Q
dR. oa VO.f..x.,
te ,U:QneRXYl.t. 6.ûan.~ 'lui- ('!,nt..Qcoupa.u -.,')e.ô. ça.o.f..eo, don-
'1aU2n t à oa ha.œl-~e je 'le 6Q.W quetl.e pu4...66Qn.ce de PJ'Q..o.tihe- et. cb2.

580
r06Ci.nat.<.on. .f.'aJ·-t avec .t"'lue.t LI.. e.nt.-~laU 6a déclatrat.i.on dQ. dé-
taU-6 faU. POu" f.ta.tte,· .ta po66<.on ou t'&û;.é,ê-t de6 ,-évolli6 ajoutaU
urt de.g.J-é. de f o.-ce à cet.te Ç;loquence, awroPS'we à c.R..t a.ucfLtDù-e.
);Je n'eo.6aœ,a.f... donc pao. de voua diJ.CJ·~..J-e. '1uef ôombr'P- e.nthOfl6UMmz.
"e """',-le6ta dan6 t'a,"';e <.n6u,·gée OP' è6 t'aU-Ocut.<.on dP. f'!.UM60". Ce
tut. un conce,.t. d""6co,dant de O''''''', de p.fa<.nt.e.6, dQ. hw·ferœnU. fR.6
U'1.0
~e t 'appGt.e'1..t;. fa PD-i.b·;.ne, --l'...e.â auU'Ç!.6 heuJ·wwtt. t~.u 6. nn6âuC?a
l2.·t teu"Q OOb,Q6. (.Jeu.â-U>...u.,·6 a 9'!'1DUl(. Ou ploow."'téo., CO"ÔQ.,l..Ioi...ent. f. 'attL-
.tude ct 'une Vrrn:Jb-L.f..e exA:.a6.e.
le6 n.é9.Je·~6e6 M~ d6C'..hi.,l'Q·UY1.t ·[e6 aeU-lâ e-t
eeo
6''(1.6 av(~("_ fe.ô u 4 êœô de (X)~..,.:''h'10''6 do"t (,-!.fee6 6~~ '.\\'.!.I VQJlt ('J'1 9'i.-oQ.
de.. peLynQ. poUl' d6mJ..t",.. (' œJ.J.l·Q dtevQul('.
Le.~ (1UiÂ.a,O.. 6, f.J;Jô tfUTJ(). -tw11ô, fp..6
lamboll l'6,
(..1;'.6
l.ufal06, ,,';;.f.n.U2.tlt. feu.• ~ fy'1lLtô (lLJIt', d6("..ha. 9Q_ô c/(~ rtUt.tô'1ue-
tJ2.,,·1.e..
C'c?tn,f..t r;UQ{'1uQ~ ChOÙ(!. d 'Wl (\\nhlxl.L.
BLa.660tJ
fU un. oigne m'_ (0. ffUtfl
Pp- turruttc <,:P.â6C.l corme pa~" u.n·
plodi...ge ;
'.flŒ1,W2
"è!flQ 'QP,·U 60" 1'(2.n~ "ft ÔÜ.R.nC...J2.. Ce.tt.e c.ü...cci..p.[1...nP..,
(;. ~u~ li<.a""ou avaU p.{..U, 6e6 ,';r,a,,'" pa" (P. 6iJrp.te a6CRJ1à1nt de .ta
penôpe et. de .en volonté, me. "oppa, pOU" ainôi.- cLi..I-e, d'admi....lat.i.on.
:Jou/). -fe.6 "ofdaL" de ".e.-U.e ao"r,e. (Je .cbe.t.te6 pa,ai...66a.....,nt. pa•..te.
e.t
OQ.. r1"O"vo;_,· ôOUâ
f..a l1T1_Ut dt
dlQ.~, COrrne [Q.o touchQ.6 dl! ,-favec.lJl. 60uo
leô do~ QI m~o-L.c-.1...ert.
!'Ùg.
,.',br "fJal ,
E d.

581
III
LA
DESCENTE
AUX
ENFERS
Ce texte met en évidence les mythes ~ui associent l'Afri~ue à
l'Enfer.
le Noir au démon etc .•.
~ge rrru-chaLô au mi..1.i...R..u d 'QU~~ 6Qn6 'ai....-e de r,66iAtan~ ; i.J ~"6t
v.ai... qu'e.tee e../i.t 6.tp t.n,iU... fQ. 71D1,~'i m:J"tânc", ô,u,' ln. <:"O'~(pe. a'Wl m:J"t.
ôLtllt? à f_' o"eô./: de? in ~alJ(1,..,e, 0'" 'IOUÔ '101.4(\\ I<JOpüôân.!.ô 14'1 u,<,\\ ta'} t
f (~
;.e. .je.taL lIn ("Ü·!.'''-lu.~r· .".yard Ô(4" CC', o.of<!.i..l.. GJ'/C!'WIt.. '1ui... 'j\\-:! dC'~vaL.t peUâ
,~~ l~\\.)Ç'_,' POU'- tTOL.. n.e.,~ <1Ifi"~~6 OP, fc.V('h'nC, Je. lca -::"Iut..vi..ô.. ?1(}f,,') r!P.ÔC(~.l't­
d.û1eô dan.6 url"_ P'-,--ti.-t.Q vnf.,ft~Q_ q(J.L m'<.!..lÎ.t <:ncnallti> ciano. ../.AJ"t t.1utAe Ln6-
trUI./:..
1,~ {..DI,Q.,..,t f a tl"ove..'··1.aGt nana oa fa'~_;'?lH' (":>.t c-OmTu"IVzI.lUÎ...t nu
-:iQ.f.. une h"rr.i.d.1....1~ t pcnnde : CP. W""J..nt ,~e. j.e tnU (':.. f' PlGt,·é>mi..tô du vaf.-
f!.D"l danô. urt de cee (neô. bfeuô cL:.JtI-t abon.cic? i 'Ûl-té.-(_eu,· d",c m::)lne.ô. à.
Saént-'!oomi.n9Ue.
l,l,e de. f OiA, cfane dee t""pw pf.ue h,,'I"',U'<', .ie. m' "ta.u"
aô.ô.w PŒ.4"
.êVC?~.· ·.\\u" f-e bo.d de. CQô 1)Ç.....QLIII("_ f..aco, à. f'h(!.U,Q. du CI·Qp.4'~­
cHie,
quand fQ.J~'· (12U,' ·~e chQJLY'?, en une rll'1f':lPe, d'~(jQ.Ylt ~(l. .eflet.
dP_,~ pI-Q.ft-.(..(!,~ô é>t:Ji...teô du ô.:.>u· '~QnQ deô oa.-iJ.fR.Ueô. d'o.' f (ht,te. hcu.<'.
Qi.f-ai..-t wJtti5-t l..IQ.rtU·, rrt2.i-ù ~,t fattai,t p:1ôôe.,· .' (..uQ. ceLû!. va tl/-ç'< ne
acnb& bei'Q " ~m Cf vO!Jai...t c!eô p(o.tane.ô i. flel....·ô d."~I'fib./.,~ d'IlI1..Q fo,'-
ce et. d 'lInc~ hauteu" p,'cx1~.~9iR.uôe : deo. bouflueto. touf flJ.ô. (/Q~ rrnu"ul~~,
().o.'te de pafmLe,' qui- Q"<..<:'Ju.t toute auOQ. végétaUDn ôouô ôorl oniJ'Q.l)e,
deô daUÎ.-Q.'ô, r-fe.6 m:.zgrwtinô avec ("u. ô. fn.-qeô ca../..ALeÔ, ~ grar0::i.6 ca-
tafpcu, "on·ûœÛ: f."J"'" (euiJf.ce poU.Re et <U2co<,péee pa.n'" tee 9'appec
d'o.· deo. lau.lI(". 6.b(?nLe.,ô. ,E'odi-R.." du rant:'1c/a ~l mUni...t ô~ô. t~"ô d'urt
jaut1<2. pâee nUl(: a,-,.~o.le.ô. bf..el.l.<2.6 do,.,t. ().P. dm.'iJP.- c:.Q.t.te <2.0P~ce. de. <:nQ.v. c-

582
t_ut<>. 6aUvage que teo nèg,<>.o no"""",-t coalL. 1<u, "ùi<zau'C. ve,doyan-to
dt>. tianeo déJObaLen-t à ta vue deo t~ bJUno <&0 ,oeJ,e,·o vou,iJ1o .
.!Il <> 'érevaU de tDt.o teo poénta de ce oot vi.e,'9'>- ,,'1 PClIt.,m PJ.fJni.CLt
cor7'm2. e..tU'.u.L que devaU ,Q.âpu·Q.4· i.e PI~flli..er· hotrtre 6u.' &6 p.leml.è,eô
fo6e-::.':l de t 't.aen.
- nou6 rrn.rnWrtO 02fl'll1dan.t. f.c!- f.nnJ). d 'un 6~nt-i...e,· (-IOcR -::.':lUI' {e
bo,d du t,o,·,en-t. .'Je (ua """p,.u, de vou· ce <>cn-ti.e,· abouti-l' b",aque-
rtl2.rlt. au pÛ2d d'un. ''Oc à pcc, au 006 duquel.. .iQ .-enn.quai. "ne. OI .. I.Ie.,u.aQ.
en. 'Offre d'arche, d'où. 0 'echappai..A:. œ tJ"''I2nt.. 7h b.ui-t. '~01.l.,d., un VQrtt
Lnpi>w""""J(. 60,·ta.i.-ent rie. cette a.d'Ie "1.atI"c.r.fo.• J'e.ô. tlQ.9J'Q6 r.::u·;""'''Q...t à
yauche, Q"t 'l.::1u6 9.aÛre~ le ,·oc "Jl âuwant "n çhQJ>-..iJt to".tj,c"JC.. ~!...t {no-
ya!.., '"l"i.. -::.':lpfrfJf.nJJ: avo<.", 6tP e,ç>U-::.':l<" pa." f~~6 C-QUJ(. d'll"l to",Qnt dQ.6~(~·dl~
dCp.-ti.6.
f O'1':;tt.PftP6.
1Ine VOI~ te <':1'-'. pI'é ,"lPf'lLa è. demt l:our:héQ pa.. tQ.~ • v'1r(' -."1,
ff!6
fJoflQÔ e t fQ.â i>pt.J1Q..6 âa.tlVOqo..â 'lui- l} ("'.• oi....o.-:"l.awlt..
110,. b,-t4{.L pr2h"!.i-l.
Q ~ee~4L de t'a..-eJ1C de in taf.l6c <'l.C'. tawa.i.t:. ~fltp.nd'4G Oo,,'.'l CQtb2 V()f~te.
,œo nOU'6 m'1;4 'b'lt.rqinQ.-ent..
Au TrOnl:':.nt où. je. rL..c e'-l. pH~.n>Î...P.,- p2.a dana
c.e. oou.tR..·.a.iJ1.,
f...'otH..- ô 'app.orha. d'?~ rroi-, ,,-t. TTe di...·t d'une. voix. PU'GI1.9Q.
- Voi.rA-. c...e que j'a,.-L à tR. PI-éduC'. rrn0l.ÛY1an-t : Wl. de noua deux.. OQ.ldQ-
fn2Tlt. ~o,..t.u a d<2. ce.tAJz VOIÎ& Ç!"t ''Q.,Q:2.l.1~eFa pa.- Pp- <":hernfJ1.
- ,k df.rlaL-
~lQ.C de ,-Qp.orlcU'Q. nouo a\\..lOn~âlT)8.o dnrl~Lt'oh<'lc..u,'i.t~. .Le b'ULt dQVP.nOLl
de peua ('l'l plH.a j a.·t. : noua '1P.. rtOl'la cl'I tendwrt._, pPua na. chQ.'-.
.~le. ,iu-
geai._ C(U 'i..f d'?va·i_t ê.t",,! f.J"OdU4~t pà •. IltlP cllfj~ d'ço,OH : j(?" n~·. ne. t"om-
pa.~..â (.Y1.o.
/1P1~ dix. m~.Ju,,-w~o de. nn. che. dana fe-:l -ténèb. e.o, nouo a""Lvâtn:!.o.
'-Ut •. uno- QOp'lce CIe pla..û2.-(o,·ne.
Ln·té,·(p-L.(IQ,
fOF'f7I2.e p2."
fa '1Q.tu.~ dalla
ee centJe de e.a rJ'O",.1:ngne • .f.Cl peu" q,ande pa,-tiR. de c".t.tc pfa-te-fo,,,,,,
demi- cu-cu.f.a;.... e
c?-tai-t U1-O'1d~o. peu' te ·to,-,c.nt f{u:i.. jaétt 4A6'?-'...t ciQo veLnp.~o

583
du m:>n,c avec: un b. uU "PD' ,varvtabte. .4, -deoouo de e.et.te oa,L(",. a",,-te.·-
.ame, ta. \\/OÛ·te (0rwaU:. "ne ao.-te dsz cJDme ta,cÙ>Oq de i'-e.·.e d'une COu-
(eu.· jaunâbe. ('e,c-te voû.-te Mai-t t-ave"oée preQque dano -tou-te aa ((ll'-
9<'~," peu' une c.evoooe à t-ave.·o ./'nqueU.e te jou •. pén.(,t-aU, e,c do.,,c
-le bo,d 6tt:lU CDrf'OnrLe d'a,·bu.ô.teô. l./'P_"tô, 00,·6.0 DJ'l. ce. non01t rleô. .a-
yo.,a du ooie""!.. fi t'eod..rémi..1:P '1O.d de ta. p.f.ob2-(oml2.,
te t",·.en.t; ae
pe.daU avec (.acao dano U'l 9O,(f.e au fana. duqucd o<ombf.ai_t (to,cte,.·,
ô.ano pOuvou' y pé"ptJ~,·,
en vagll.e. flCf1.4.,l.'" qui.. de6cP...ndaLt de .f..a c.e.Va6ôe.
_........ t'abûn2 ae penchai.-t un v<.et a. b.e, do",c.teo pluo hou-tea b.and,eo
oC? f1ilfai.J2nt. à. .f..' PC'.lnJ2. l.1.c>. la cn~(:ndQ, o.L dont. fa 60I,tC"}-,q. nOUç'J/6.Q. pe,'-
çaLt er.. "0("_, Il'' 0" de.urc. pipd.o nu -dQ.~~u(") du. lXJ.d. ret. Q.I·b,'(:!., l:aL8tlan-t
a:t.nÔL ù la" foi..(} dnll6 œ t..o,·'"'('''.f·~ <"la U'?J.v. e-t (la .aclfle, qui. 6'!. p.oje-
tni.-t '.lU" r~ 9D'd 1'<:0. ronn'C!. ft" b.n() d(;r}ln,rlo, étn.Lt ê.c d1,...1-1OI.,,:....,fJ.f? (/f..~ \\.Ie"-
du..C? '1u 'on '1 'l'" pollvaLt ''''.c0'1rtaGL,<>, ['~.6.pèCQ. Y.f- ot f .aGt. un plé?no,rkne
6. Ut!}4,f.. éel'
;
l ' 11Uffl4'-dt..A:.f. rfFl-L. tmp, j.(JIVl U
-.1.Ç);-.1. • ncLnc6 t' Ç)rrpê<""".ha~t 6Pu.f.Q
ao~ nulH·t.... ·, tnndL-â que la VWe'Y1CR. ete ta. cata.avte f..(l~ a.' .a<"":Jlni-t. 6ucee6-
6CVenI2n.t. 6ea b,nnchea '1.Ol'll.lQ..fJ..p..a, ct. fp. fo,-çaU de COI1ae,1.I'C'· io./...Q.,*1e.,f_-
'~Jn0n~ 'ea ~~a ,nmeau~.
.fe6 l'WC' 6 6 'a.· • .ç;..):e,-ç>Jl.t en e,-~t ~.nd"·oi.-t Le.·,·wfQ., Q.t. j",. VL6. Cl,,' ;..... e.
fa'-fa;~·t m:x.l.·i..... ·•
Af..o,·6,
p'V-6. de ce ~.I.ff'''~ 00"6 feque..f. jP.. mP.. PJ~vLptA.a1.....6 P'l 0.ue.~ue
60.·te vol--D,.-,Lnu"Q/J}2.rL.L,
t 'Lnnqe. du bonheu.' auquel j. 'auaL.6 ,eno"<""""0 peu.
d'het.dQ..a aup:utl\\.l'tlTlt. .Q,vLnt. m'Q-.1.6,aétf..i..s· cDfll'f't2. un ,c.glet,
p.e60ue CDn,.,e
",.-, ,env.da.
,7o"t-e. PJi.Z>·.v.. étaU Ûldi..LjI1,Q.. de nui.- ,. une p(.aLn& m'~chapt:n
po...·tan,c.

5801
- Ani.o, di..6-jR. awc. nou·o qui.. m'en.tou,oUmt, 6a~-VOuo. que
c'e6t une û·iA.te dw6e que de pé•.i.r à vu..g.t; an6. quand on. e6t pfR.&t
de fo,'ce e.t; de vi..e. qu'on e6t ai..mé de œ.,'<- qu'on. a.:.mc... e.t; qu'on.
6e de...-<.è..... 60':" de6 yeu'<- '1u':" pteu.e.·on.t; j,.6qu'à ce qu'U6 6e f...-nt ?
k 2- il
i
IV
UN
SACRIFICE
VICARIAL
I.e· Noir,
€-crit
J.
P.
Sartre, c'est celui
t'lui souffre pour
les
autres pour llHumanité entiè,~e. Pierrot dit Bug Jar'gal meurt pour sau-
l
ver ses frère5,
recommençant ainsi
le sacrifice vicarial 'lui rappelle
le ri tue l accomp li par f',Vp(lUQ 6ano.-c..lIwU..Q.".
!?aM. '10<.<'1 <'Iu'-vaU.I:e .-ache,· te PW6 M.evé de f..a vaU..., n'étaU
pfU6 éclau·", pa•. te <'10 leU.
une fueu<' 6'u pe<-ç,nU ·tout à coup, et
pa6<'1e.
I:e nou· ûe<'l6a':"U.Lt
U
me 6e...a forterw.nt fa =Ln.
- &,o"te. ,,"- diÂ.-U.
lh b.uU <'Iou.d., 6e.rnbt.ab.le à la c/(,cna.qe d'une p<..i>ce d'ad:'':''lœ.·i..e. 6e
f.:..t en.tenca",- alcn6 cfan6 te6 va!J6C,6. et 6e p,olonlJ<= d'';ch06 en. 6dw6.
- C' ..-"t le 6U;Jna.f. 1 ct<.A: fe n~e d'une vo<x 6otrb.",- • .Jt .ep,-.:..t
- C'e"ot un coup de canon, ,,'e6t"""CQ.-~6 ?

585
!je f i.4 un 61.9te de UtJ>. arr uffUti-f •
en dewc. boru:U> U 1ut. 6U,. une .-oche étev"",
pz t'li 6"WU..
Ji
CfO<Aa te6 boa6. et. 6e mU: à 6ou.iI-e ts·u.t.erre>ftt..
- VO-L.6 -tu ? __ dU-U..
!}e regaodai. du c.5<.é qu'U m'-éncLLquaÜ. "A:. je v-L.6 te pi..c qu 'U m'avai...t.
170"'<"'" "-0"6 de 170'1 en<"-eveue cwee rral·v>'. ie 6eui qUl> ie 60ieU éclai.-
,ât enco,-e, ou'm:)""t.ê d'un. g..-and d.-apeau 1"'l.O-i..I'.
- !j'aL 6U Œl.puiA 'lue e.t.a6~O", P'('.ooéJ de paJ,tir, e-t rœ e,o/Aan.t
mn't, a"-;O-U fai..t a,·bol"Q." l '6.û'."teklld al..J"2nt 'e '~.Âou.· d" cMtncftCllTQ.nt.
'ff4't- G\\.IO.L.t d,~ m' ~-=-.QClAk,·.
Pu9 )}a.• -qaf 6ta.U toujo""ô lù, dc>.hof,t,
fA,,')
b.a.6 c'OWc?Ô, et.. con.-
t".npfant re lugub.-e cUaplUJU. Souda-én iJ w . •<'-tau...,,, \\/.-,-,<>"",-"t et. ru:
q"",ique.ô pa6,
COnm2.
~ •. deoCQnd,e.. du. 'oc.
- ~ ! ~i.eu .f neo nn.fJleu.,e.u.JC.. conpagnO'l.O '
Ji .-evv,t. G moi..
fi6 -<-u en<.endu le CLlnD'l- ? ""'. den-onda~-<-f.•
- ,Je ne '~pD~ pov,t..
- Va .-e<-fOUve.' <.a f""""'. (.-«. <>. ; Ra6f,. tJ>. r.D'lduua. Jt 6,-{fta
un aU"' af ,icai..n; te chi.en oe mi..t.. à ,Q.I7l.le,' f.a qu"-tie, e.-t: pcuut. vo".l.ou·
6<> d.i..J.<-ge •. ve.·" un pov,t. de ln vaif.{"" ,

586
G..g Jmoga,(. "'" pr-U. -la. rnU.Jt e~ " 'eftol"Çl1 de 6O.........-e
ôOU' 'u-e ",taU convuû i..l •
-
~ 1 rre e.oia.-t-i..t d'u'le voVe. fo.·ts.
te6 tau(le<> d'a.·br-e" qui.. 'lOU" <Yltourai..en.t.
J'étai..6 pç;t.r·i..l i..Q. ,re P/'U, que je CO"Pl"-enai..6 à ce 'lui.. venaU d'avoi..r
t<..eu = (ai..6aU PS'Qvou' tau" te" rrv.u-...uré.
Pad>., vOYa'l.t "O'l. rrni:.tJ-e di..6pcuai:.t.r·e, ,,'avança "", •. te ba.d du ,"oc,
e~ "e mi..t à "eco"e,' ta œ.te avec U'l h. •.~ plainti.-r. .'Ji .<>.V.......t. <Yl
bai..Mla'l.t ~a queue
"e" 'J'and.- /~<'~,'C. "tai..e'l.t 1"""'.<Ie,, ; U rre regarda
d'un. au' .ÙUluL.et., puf_-tJ. iL .e.tDu''F'la \\,,,l''Q''O t '"..nd.JoU cl 'oû Oon rrawe
étaLt ~•..tL, et. aboya à pluo0uJ.,'O '~P'·;ÂCO. ,!je f.e ç.:>nlJ'·{-Ô .. je QQ1l-
(:aw
f..eo rrPneo cla.t.Ilu,.o que fi.AL.
:Je!.. f L~ '1lloGf.qUQO (Xl.O clQ, 60n c.5t.~ .-
a1..:>r·" U pa.·tu: cOnme U'l t.ai..,t en ·.'ui..va.. t te.- t.ra=" de ({,y-'!as<}a.t
jR.. t'au,ai.,o c?u /-.>1...R.ntôt. perdu de VUC-!., quoi....que .Je c..ou'UOOe. auoo.t.. dz.
Wllte.O mz.O to,-ceo,
ot.., de b;>.J'J'"Pô en t.errp6, i..t"e 012 lût. a,·,êté, CDrrrrr.2.
pou.' "., do""er' te ~ de le j.oi..ndr-e.
- nou" Ûnver"6âm>." a......."i.. ~u"
"Uz"r"6 vaU"e". "-Ou" {rancn<:.rre" de" =tline" couver-tP." de ba"qu~
de baU..
Ûtl in.
.Ûl V00'C. de d'A,vem"", ,,'pts.i..g-lU"_
lJ.-.. "orrbr<>. d",,,,,"po u· ·,e orani..-
{e"ta. our· ta"" oe" ûa0t<>
U
put à peine ar-ti..o,iP.• · ceo 11"01:"
k
Vt...eLI"<: oP..,~t. rt' étai..t pa" rroÜ'lO éfJ'U quP.. le capi.taine
mi..t pour·tan~ "'l devou' de tui.. obQu,.

587
- Avec. vo{s", pe.mi..<>oU>n. . •
Pu~ue vouo ie déou-ez, ""'1 cnp"'-
ta'-ne. ••
- .J/. lout. vouo cii.-re, neo or(<..ci..ero, q,..... , quo<-que li.g-!}cu9D1-,
CÜÂ:. P<..e...ot.,
f'~t. un goond nQg,-"'-, bi.t>n. do",<, bi.t>n. (o.·t., bLert cou,ag"wc.,
et. ie Ploemi..er b.ave de f.o. t.e,·.e, 1lPT~ vo..o, ~''''l vo"o p.laU., ntYt
cnp...ta<..ne,
je n'en éta<..o pao ""'-nO bi.t>n. <UÙ.rrI<? conû'e lli<.. ce que je
n.e pcndonn.e..ai- jnrrai..6,
quo-Lque nnn capU:ai.ne rte l. 'ai. pa.donné. !H-
hUm, m:>n ~e, qu'apI-èa. avo.t...· entRn.~( annOrtCQ."-· vaDe tro,·t. pott,-
te oou' du. aet"'Dn.d jou'·' j 'CUlt.ai. ciano une r",·-iR.u.ae <:'..Dt'u-e c.::>rLbe ce
(XlHV,-e hOfllTl2,
et.. ce fUt. avec U'l Vlai.. pla-i..6.ù· -i.nf'e'~at t(lre j.e lu,:'" an-
'lDnça..t.. quQ.. Ct!. ~e'aU lui. ou, à ~0'1 dio{aut.., dix- dea ÔLen:"'l, qUi- vou.ô
tl.Rn.dra-i...ent con-paqn~, et qui.. ae,-ai.ent fUâ-LlJ...6.â en nnni.è,e de ,-ç;U'Q-
ôaUeea,
c.onF712. on du.
fi C'J2.-ttR. no,,~f..p., Li.
ne nnni~re_6ta .uYt, ()1JWn
t1u 'une hQf(,e np.-è.6 ;..1. ae ~Q'(Vt1 {'Jl PlQ~uant (('l 9,orl(:l bau ••.
- .~U .'
- (uand on vU &
rpand dsa..ppau "1O-L'- '~lU' fa m~)"ltngrlC!.J
COn1Tl2. U. n.'" tn~t pa6 , QveHu, CP.. Q"i.. 'le HOU.-::'.I c?tDnna è-t fX]-6, t1\\...•...!.c voûe
pe.,-mi.-::'.I~W-l, rreâ Of f ~ci.J2.'·â, On tL.Hl le G)UP de canO'1 rie ~L9I'lal, et. j.e
f"o cha.-qé de =nLlu.u-e f.eo d.i.x n"'g.-eo auttizti <k f. '"",vcut.i.an, appelé
ia Bouche-d,,-(:,and '!><.obie, et. idoi"9"(> rt; c:anp d'envüon ... Ûlfin, fju'êm-
po,.{Q
.' Q,and rtOt'tâ fÛtnl2.â
là, \\.lOua 'CJ.en-1:..ez bi.R.n., mi2.a~i..QU.' a, ,?ue ce. rl 'q,taA...-t
pa..6
POrt"
fRu,· dDrlne,' fa clef de(). ,1lanp~r .J-e.. f..ea fi.o. lLe.,·, cDnTre. c:efn.
ae. p'attitue,
et. JR. dL.opo-::ia.t.
nJ7..<.'.I
pe.f..oto"â. Vo;_fG.. tfue je vo.f-6 n,·'·i.ve.·
de la f o.~ le. g.and n"'gooQ..
&.6 b.a<> m'"" ton-b".-<'n{.. .U vint. è. 1'0<'
tout 1'.600..0 li,.
fi 'Q.#.,.<..va<. iL tJvrpa , CÜÂ:.-...t. 1I0nJoc,,·. 7hadf.e..
- CL-i-, nX':!.âaLeu:,·a, i..l rte di.t QUe. cp.ta, P--t ~l aLfa d6..f..JJZ.'· âc!'a CDnpa-
t..·wt.eo.
!i'M:.aw f.è., no.... t.o..t. "t.up6(a<'{.. AlOl'o, avec. voûe pe,mi.,;"oU>n,

5BB
m:>n capÜaine,
U 6 'engagea U'l !t'and cor>iJGt 00 ghU;''06ü:é =t6e &6
noU'<l e-t tui.., &que{ au,aU bi..en c/,i du.e.. U'l peu plu6 to'l<)tRnp6. •••
n'<.npo.·te 1 oui..,
je m'e'< accu6e, , ce fut. moi.. qui.. &
fi..<> ce66e... J{
ploU:. ta ~ 006 ""''''''6. Ût ce momlUtt. 60'l grand chi..=. •. Pauv.e 'Paoh 1
U a... ..:..va et. ffI2 6auta à. ta 90'9". Ji au.au. bi..en c/,i, mo'l capUaA..ne,
6'1,1 t.ertÜ' quelque6 moment.<> $
plu6
1
~ Pi..e...ot. rU U'l 6Lgrte, et.
{e pauv.e dogue ffI2 f.iù:Jw.
li.g-,'}<u-ga,i 'le put po",·tartt. p<Ul eJrPI2che.'
qu'U 'le vÛlt 6e o>uche.' à. 6= pUu:ù>. AW"6, je vou6 CS'OlJCli..<> mo.ot.,
___:J'_: _
Q"
~_.
l '
'J..
non ~ ~e.
.'1 QUL-'l Q.rl CO-<../2,.-e...
- (1"C- CI"(..(2't......
,& 6e.<]ent Q&ruiU:. ta rrnLn, .ega,da œ ,..api..tai.n.e, nni..<> rte put
ar't.i..cu.&>,,' te = t faA:a1..
- l,,<j-)arga-l, t,onba..
- 7.... e baU". acolA: ("-'1666 (,a pa,t,tp, de 60'1 ,.J,i..ert.
- "epu;A CQ, te.npo-f.à, nQ.6 0(1""'''-<'.''6 r«-t. te 6el'<jent 6<!"oua;--t ta tQ.te
t,i.<it<>rr&>nt J, OOpui..6 ce. tJm-p6 -f.à U
e6t boU:R.,.....
.9'C'J1 tlV'ldi..6 deo <]6""--"-
6pn.en.t.o. dano te boi....6 VOL6Vt .. j'y ent,ai.. ; c'é?tai..t VOUâ, non cap-i...-
taine, une bat!.e. vo"o avaU aU.J2.Lnt. au nufTlUlt. vouo accou.-i..e.z pou.'
~ver' t.e g..-Gnd nc2g.e. - 0".(., non capi.Âa..t..n.e, vouo 9émù::.oe:z " nniA
c'étau. OU" fui.. 1 a,g-~-ga,l étaU =.'t 1
-
VOUâ,
non ("flIJ,Lta:..n.e,
on vOuÔ ,apPcJI·ta au carrp.
Vou.~ <:!t.-L.e2' bleù-
OQ nu&to dange.eu6C?flWlt. que !.LJ..~, ca'- vouô 9~é.·.t.{p..6 .. gtâce QUI(. bono
ùOVtO de nl':.ldcun2. ffa.·-iR. •
....ce ùQ.'~j4?.nt ù 'a,·,.QA:a • ."" Â..tvp..r"ley ''f2PJ,i..t d 'wle lJOU(. oolenn.Q~fJe e.t.
CÛ>uf..ou• ..,..uoe :
lI,i... dU-U
et. U m'avalA: taLoOQ in vi..e ; et. c'eot. =i.. qui..
t'ai.. tué 1 -
_~
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l0.., ~(t-
(' "1'
.1',..1., .
,/
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1
1

589
B - REVOLTE
FoT
MYSTICISME
La nature humaine n'a pas besoin d'être définie
on n'est pas
plus ou moins homme: un homme est un homme/comme le souligne si bien
un aphorisme éwé ; et c'est pourquoi les questions sur la "nature hu-
naine" paraissent toujours si aberrantes. Au XIXè siècle,
la révolte
contre les préjugés raciaux a conduit certalns poètes à prendre la
défense de l'homme noir et à s'identifier à lui:
l'indignation prend
parfois des colorations mysti~ues.
MAUVA 1S
SA!H;
CI es t dans ce fJoème f"Iu 1 éc la te le "y,and Cli. nQ9f"'Q."
de Rimbaud,
cri que Senghor a regretté de n'avoir pas été assez entendu.
rriA1NAJS
SJlI1G
!J'ai.. ck2. =a anc.êtr<u> <)auto;'" t'oe'-"!- bteu btanc., ta Ci,,-,vefJ.e
éit..0 U:.e,
et. en nafnd.-eaae dan·, ea eu t-Le.. :Je. t..'ouve ""'" habi..t&-.n.t
au66t... lxu"ba.,12. ('lue
le [P....U.I'. l/aiA. j(?" tH!. beu,',e. ~ nu dlevQ.,ltH12. .
.Cea Çau~ c'fu<..ent. (.ea éicOIdwu,..,. de tx'Ua.
(.ea b.,;teu,..,. d 'he,·-
000 teo pf.uo i.n.ept,ea ck2. te,~,. /:.enpa.
",,'''''''0, j'ai.. : t'UiDWb-i..e et. t'œ'OU.· du oac.l-i..tèye ; - oh ' t.ouo
&0 Vt.e.e6,
co-t'u12.,
(waLI-e,
- nngnî..ii..quQ.,
.la ful(u.e : - OU,"tou.t. m2n.6on-
9"- et. pcu-eoa",.•
J'ai.. ho...""".· ck2. t.ouo t.ea rrét.W"a. /?),,,;:.t,,,,,a ".t. ouv,"uu'o, toua
PC2y6OTlO,
'-fInobt.eo. ,ih nai.n. à pf.u= vaut. en orai.n à cna.·....e. - e.t.et

590
6i.Qd,;,. à =in6 ! - /Je n. 'au.a<.. ~ = rrnin.. Ap..Qd, Ü>. domu>ti..cUé
mène -trop win. -E'honn.~ 00 ta. ~ mz n.av.e? 4A cr~
dégoûten,t cotmP. 006 c:hiU.ré6 : moi., Je 6U-l..6 intact, C/.t ça m'e6t Qgat.
mai.6 1 qu':' a (aU l7l2 -tangue per{<-cte tR.Uerœn-t, qu'eUe aU gutiié
et 6auV'29<Uet,; p..6qu '<..ci. = pa<e66C, ? S:>n6 lm 6e.<'VU· pou,- vw.e m2me
00 1'Dn. r.orp6, et plu6
o~i.t' que te c,apaud, j.'oA.- v';cu pa.-tout. PlU>
ul'le tamUl-e d'&.lf'Ope qu,l"e conna':'Me.
- ,J'en.tR.nd6 006 tamLU-eo. corn-
,
me ta. mi.Rnne, 'lu':' t'-en.nen.t tout 00 ta décea.aV.ol'l deol.'.'OUo. dR. Jo' f.Iom-
rTe.
-
J'ai.. connu chaque {Ua 00 tamUl-e !
Si. .i-'avai.6 ctr,o. antécQden..to è.. un point qu,>..tconque de t 'hi.6tO':""
de .7,Qne-'?. .'
.Ji m'Q~t b-i.p.n c?v1..dent. QUI;? j. 'a.L. t..oujou.l'~ étQ ,aCQ in,6,.l..et-t'e.. }je
'le p..t Î_tl COnp4 CJJld,-e. f.a '~vottR..
na 'ace 'le ::";,12. 60f~ leva j.anr2l..6 que. POU"
p.i..Le-e.- : tR.l6 te6 fou"" à ta bêtR. qU' i...1-6 ri'orvt pao tu"" .
•\\Ie "" ,appe.U.e. '- 'hwto.:..'Q, de P.a Yron"" ti.'-'-c aûl& de t '4J.'-iAe.
,?'au,ai.6 taU, :ronant-,
te vo,.acft cœ. !:Joe,-,,,,- 6ainte : j.'oA.- dano (n t..'it.e
000 louteô dano. f.Q~ pla.i.neô ô.o"abc~, d",.o Vuq,O de N.,'7G'l.C4?, d.ea Il.,ç>.JTP2,·t6
de 50 fyne:
te cu f):Q cic>_ nial·Lo., i'attenci......t..oOÇ>fl)Pflt '.."lU"
l'...e c-.uci..f W
0. 'éveUi.ent. Qft noL. pa,,,,lt- Ilil,,l.Q l6ÇJ.r~.R.O pl'Ofaneô.
-,'Je. ooi..o a601~"),
t~P'e"l(.., 6u'- f...eo poto cao~Qo. et (,Q..6 ",·t...·.o, <'lt.t pUzd.. d'un nttl' ,0'196
par l-e oo&.:.t.
- PPuo ta,rl, ,,,,U.e, ,~'au,ai-o. bi.vaqu<' 6ou6 Leo tlU<-W
d ' AU<!flD.CjT\\e.
Al. ! enco,e.
je danoe. le ôabba·t ciano une. rouge c/..au--i..".... e., aVQ..c
deo v02.Uteo et ck" en.l anto.

591
,!Je 'le -
6OUvUm6 p<26 ~6 toVr. que cette t.e...e-ci. et. te ch'''-6t.i.a.-
ni..6rre. :Je n'en. f ini.rai..ll pIUl cùz. _
.evoÙ' dan6 ce pa66c2. 1rai.6 t.DuJou'·6
6tW.t ; 6Dn6 lami..O.e ; m2mz., queO.e tangue par&i.6-j.e ? ,'je 'le _
voi.6
jarnaL6 dan6 te6 CDn6eU4 du (JU"-6t. ; ni. dan6 te6 cnn6eU4 CÙl.6 Sei.-
gneu''6,
- 1"ePT'c26en~ du (J, •.i.6t..
(U 'ét.ai.6 -.I.e ou 6-U2d.e cùz...,i.e.,
J.e. ne _
."-Ûouve 'lu 'ouju.d 'hui..
Pfu6 de vagabond6,
peu6 de gue...e6 vague6. J:n. race int é.·i.eu.e a t.Dut.
couver·t. - te PQUp-ie,
("'--Omnc2.
on di...t,
..fa ,'ai..6on ; .f.a nation et. '12 o.cLence.
Ch 1 ta 6ct.ence 1 Ch a /:Dut. .-ep,"-6. Pou.·.te CD'P6 et. POU" t'âne,
- f.e v<.n.tU:Jue,
- on a
fa rrr2dJ2.cine et. la ~<"l060~,t.e, - le6 ,'C'mllAU2.6
de bonne6 tenTre6 et. f-'!-6 chan60n6 PDP.f.aU-e6 a.·.angk6. a
le6 di..vC'...t.i.6-
Mm ...t.6 de6 PJ"flce6 et. le6 }.eu,<- 'lu 'i.l6 Lnt.e.dt.64t.ent. 1 ç;<,oYl op., w.,
coonng,-oph{.Q,
mQCQrl u,ue,
e)1 i.rnLe
'
,fa. 6ci.ence,
fa nouvelle "Obf.e66e l ,te PJ'09"<'6 . .te
".,,,de nu.·che 1
Pourquoi. 'le t.Du.ne.aU-U pIUl ?
C'e6t. ta vi.6wn de6 "Oro.e6. nOu6 atlon6 à .t 'C6p!"-t.. C'e6t tr·P,6-
ce.-ta.i..n, c'e6t. o.acte,
ce que jR. d;"6.
ile CDtrprend6, et. ne 6achant.
m'expti..que,., ~an6 pa.'ole.'~ p·.l:ü2n.n"~o., je 1./OtLdJ-aw rre
tat.-,.oe .
.I.e 6an9 paÜ2n .<?vt.ent. ! cf.'C6P!·U e6t. p!oche, pou,quo..... (J,"i.6t. 'le
m'ai.cùz. -t.-<..t pa6, en donnant. à mon âne "Ob.f.R.66e et. e<..6e.,.tQ. flida6
1
t 'Cvang<..te a pIUlO" ' t' CumgU.e ! .t'Cumg<..te.
}j'a.t.t.enrU> :.o<.eu avec 9Ou.'nnndl.6e. }je oui.6 de .ace Lnté.,i.eu.<? de
/:Dut.e é œ.nU:é.

59,2.
m.. vo<...c<... OUI' ta pJ.nge arm:>r~e, ~ te6 vUh>.6 6 'aUumen.t
cbn6 te 6CK.r'. !Th j.:>u rnée Mt {a.U.e ; jJz. quUt2 t'WI'Op"'-. ,E'aù' tmI'i.n
brûiera """6 poun>:>n6 ; teo. cLi.m::.h, P"'-rdu6 """ tGrtnero<'\\t.. naJ)er, broyer
t 'herbt>., cha66er, fumer 6ur·tout ; &oÙ'<>. de6 Üqueur'6 (or·t.<z4 co....... du
métat bouUiant,
- c:onme (ai..oa<..<mt ce6 cher6 ancê.û_ autour' de6 {eu.oc..
Je rev<...en<:uaL, avec 006 nJ2RfJre6 00 (er', ta p<!.aU 60mbre, t'<>eU
{urUw..oc.
6Ur' rron nno.que, on """ jugera d'une-
race lor·te.
J'aurai.. 00
t ' o r : jJz. 6e.ai.. o'-o.i..( e-t brutat. k6 (~ 60i.gn.e-nt ce6 (c';'(Jce6 i.n.-
{Ùffl26 reto"r' 006 pauo chaud6.
}je oe.ai.. trêté au"- a( {aueo poU-t.i.qu"'O,
&.uv.. ,
1lh<ntenan,t. je ou'-o. nnucLi.-t, j'ai.. horr'<'Ur' 00 ta pau-i..e. k
"""u.teur·,
c 'Mt. un. aomnzA...l bi.eJ.1. t..vr~1
6u'" la g.l-ève.
Ch ne pa."-t ~.o..
- I2cp,'Onono.
fp.t't.
c-hpmi..nô d'Lei..,
cila"(~ de nuIt vt.C-'!.,
.ee. vU::.c.. qui.. a pouooc? 6.e6 ,aci..tlC!.6 de 60uff funeR- à non côœ, dp.6. t'â-9Q.
de .ai..6on - qui... n-Dn·tp- nu CVl.t,
ne 001:.., rte ,enve.-oe, me. Uawe .
.Ià derni...,re i.n.no=.n.ce et f.a. de.ni..ç,.."" ti..mi..di..té. C'e,;t cLi.-t.
:ne pao
porter' au rronoo me,; diigoûto et =-<j trahwono.
A qui.. = f..oue.· 7 (J,p)'"te b<i.te ! a...t-U adJrer' 7 (l,eU.e 6ai.nte <Jrnge
a.U:aque-t-<>n 7 Q,el" co""'r,; br~-"'''''ai..-jJz. ? (J,d =noonge dow -jJz. te-ni..r· ?
- :J:nn6. quel. 6.0ng. nor"cher ?
Ptutôt, oe garder de ta Ju,;ti..ce. -.l'a vi..e du.e, t'abr-utWOPJTl2nL
,;i..npte,
- ,;ouiever, le. poi..ng ckooé.ché, Û>. couverote du cer-eu.eU, 0 'ao.-

59!>,
oe<X.r, 0 'ét. outres', AUto.. po<.n..t dR. v~oe, 'U_ de dange.,o
reur n. 'eot. ptUl t~e.
At ! je ou<-o ~ dMai_ooé qu<" j./offre à n',(,npo.,tR. qu..tte
di.vi.ne i.Jmge deo élan.o vero fu pe.; ec:ti..on..
Ûtco,e {,out. entant, j.'admi...a<-O te fo.'ÇLLt. '.nùaU:ab~.e OtH' 'lU<- <le
.-eter"", t.ouj,ou"o w
ba9'le ; je vu,0t.au, teo aube.'<Jeo eJ. f.R.o garn'A
qu'U cu.uaU 6QCJ'éô paJ' 60'1 6'~'jDur' .. J~- voyaW av~c 60"1 U:l.éR.. le. cw..
bieu "Â: œ bavaU. U-"<.,,,- ci", ln <:.anf'X'9'le ; je (w.uau, 6ll lataLi.t.é
dano (,<>.0 v<.Ueo. .Jt ava'Â: p.fuo <19. (O,'CR- 'lu 'un oa;.nt, pf.uo de lxYt oe'1O
qu: 'un. VO~41' - et. i.u.1-.,
~rL Ô,Qul. .r pour té!not.n de. ôa g.wu'Q.. et. de
6Q.
r'l'lJi..,oon..
Su., teo ,'outeo, pa., ew.o nui.t.o d 'hi.ve."
oano g.U:e, oano habi.t.o,
oano pa<..n, une voU<. éû-e'-9naU ""'"' =eu" ge,ié : ''Ja<-bteooe ou 1OH:",
-te vo.f..l.à, c'eôt. .f.a tD'·ce. :lu ne OGW ni- tu. 1../0..6 n-L pourquoi. tu lIl2.Ô,
e'lÛ'<" pa.'t.out.,
,':'p<JI1do à t.ouL
Ch ne tR. tue.a pao peuo 'lue oi.. tu
"tai.o cadav,Q," . .4. nnt<..n j.'avai.o fe ,-ega.,d 0 .. pe,du e.t. eu conl:enan=
~i-. f1O,·te, que Cl2Li1(. Que j.'aA.... 'QJlCD'lÛ"QÔ ne m'O'lt. peut.-êb Q pa.<? '.lu.
'OOflO teo
vi..U.R.<l ta boue m'appa,ai.ooaiÂ: oouda1..nen"'Jlt. .ouge eJ.
noi..re, co""",- un g.(.a= 'luand. fa enJ7p'" oi..reute dano ·eu dwnb,-e voi.oi.rte,
COrmr2 un bQoo.' dano ta tor-ê.t ' G,nne chan=. CI,i..aU,-je, et. je voyaiA
une ""'1" dl.? lianmeo et. de l~e au c<..et ; d. à r,;auche, à etroi.,te. t.o..t.eo
wo "i..c}.eooeo f lnmbaJ'Lt co"""'- ..n mi..f.Li..a,d dl.? t.onne.',-eo.

591.;
. TTb,U. t' org.iJ2. et: ~a caffo:mder"-e d<>A. (enrreo m'étaU!n.t. int.l2rdU:Ju..
Pao. m2Jre un conpagnon. !Je. lTe voyaU. devant une {oute e>ca6pér<2e, en
face du. pe)'oton d'ex.écu-UDn., pltzurant. du. ora(heur' qu'<1.d n'a<.Rrtt. PI.
col7pl-en.c4e, et: pal donnant. ! - Cbmme !}<uJnn.e d'Arc 1 -
' 'Pr<Ur e6,
p> 0-
1I26de"r'd, mûbed, VOUd VOUd uO"p= en ""'- LiJJrant. à ta judt.ti:e. Je
n'ai.. jarrr:z,iA. éU de ce peup& -ci.. ; .J-" n 'ai.. jarrr:z,iA. été ch.·ét.i..en ; je
ôui..6 de ta .ace qui.. duuttaA..t. daM Û>. dupp,U.ce. ; je l'le co~ peUl
leo .w.w j jR. n'ai.. ~ 1./2 oen.o rrorat, j.R.. .ou.i..6. une b.u-û? : vouo VouO
t..o"p<!:z ••• "
QI: (_, j.'a-L f-e6 qeuJC. l e'm?<\\ h VOU"l2. -lumi..(~Te. i}e oui.ô f.,1fle. bête, un
n.ègre. TTb,U. je p..i..6 ê.ue <lI1uvé. VOU" Ue" de {au'<- nè9<<M, VOUd r=-
ni.aqueo, (ch'Oc.eo, a~. llh,dumd,
tu Q.O n.èg..--e ; ~t'at, tu eO
'1.èg.,--e
géni!.a-l.,
tu (!oô nègs'~ ,. enpe'''P....u'·, vi...eÂ....Ue. dérrnn!iea.i.Lwn, tu p..O
nè9<e
tu ad bu d'une. tUju"",· l'lan tnx.ée, de ta {ab.oÙ:jue de Satan.
Ce ~ e.at. in"pi...<2 pa.' ta , i..<>v.e e.t. .te canee.'. .!!nI ume<> et vi..e.i..t-
tard" 6Ont. t.l2t~ .-e.opevtabted 'lu 'i..t6 ~ à être boui.-ef'A..
- .IR. pfud rroti..n edt. de qui..t.te.r' ce r...ont.i..nent., ta loti..e. .ôde pou"
pou..vcX.s" d'otageo ce.6. miAé,abl.R..o.
~'en.ûe au vrai... ''Oyaun-e cleo (>..n-
(ana de lJwm.
Connai..6-je encore ea natu.e 7 me connai..6-Je 7 - P'tud de mot.<'>.
/) Ip..tLOPYe..li..-ô
œo rro,~ dano non VQ..nu-e. Cr·1...ô, t.anJx,ur·, danoe., danoe,
cfande,
dan<'le
1
fie ne voi..6 rriimz. pad t 'heure où, le" bJaneô déba.quant.,
je t.onberaé. au néant..
JaUn, ooi.{, cr·i.o, dartoe, danoe, danoe, dartoe .r

595'
~'aL J'<2ÇU au CD""" & coup de fn. gnice. At ' je ne t'acu<-o ptU>
prévu. !
Rimbaud. Oeuv"'e6,
par Suzanne Bernard,
F:di tian Garn ier
1980,
pp. 213 -
217.
II
NUIT
DE
L'ENFER
Le poète mauoit assume Sa damnation par une apologie du paganisme.
Le dix-neuvième siècle conquérant associe hahituclh.. mt:llt le paganisme
au continent r\\fricain,
terre des maléfices c:t de la ~;orccllerie.
fi 'ai. avati! U'1e ~arœuô.e 9O"~Jée d.e po ....-:'lO'l.. - J,oi..6. f O-Lo b(~ni- oo~t
f.e CDnOe<..t 'lui. m' eot. a....·i..vé ' - ,ko ent.,ai..U"A ne b,,~ tenL 1h vi.-oten-
ce du. venin to.d meo f11çtJrlnQ..ô.,
ne ,"QIUi dt..f 1Offre, ne t..e,..a~ô.e. .'je nl2.U."'ô
cfu oo'-t, j'G.wuHe, jR. ne pu,-o co,u",. C'eot. t'enle,', !..'<,D2.,nettR. P<Z-i--
'le ' V",)"",, CDnme te feu ~e ,,'.lève. " ;;e b,ûle CDnJ1X>. i...l faut. Va, dQm:,,, '
J'ava-i..o (~t'evu la c..Jrtl,.lQ.,·OW'l au bUY-l ct. au bo"J-..Q.v,·,
(p.- ~alu.t.
f.Ju.w-j.R. déCl,t..'Q. fa v-i..own,
t 'a~--s' de l 'c'lle.,· ne ô.out~'e. paô. fo"<'1 h'Jt'J'"Jinô. '
C'étaU deo mi..lf..i..o'lo de c.,.QalLUQô. cha.nnnœô., un ô,u.al./'C concert ~i.­
tue!., fn. ta,o>. et. in paVe., f.eo '1.OUe O amoUÂ.ono, que oaLo-je ?
Ct c'e<>t. "-,,CO,''' J.a vu< ' - Si. fn. daJm.aLi..on eot <,,/J2.''1.e.f..f.e .' ln
hotmP.. f'lu.1... l.Jeu·t '.'112. f7Ut.i1..e,. e.ot. bi.Rn danné, n. 'eât.-ce-pa.tl. ? ~ge n'J2 c.ro-i-o

59'.'
"" ""je.., donc j!y 6uU,.
C'e6t: t'e'<.l2cutA..on '*' cat.6chu,m>.. }je 014<'<' "-6-
claVe ~ non bapthne. P<u<Y1A:d, VOu6 QVQ2 faiL "Dn "'CllJwu., et: VOU6
0V"-7 faiÂ- te vôt:le.
Pauv...... i.nn.ocent: ' l'''''fe•. 'le pe,.t: aU:aque .. le6
pa.ü!n6.
- C'e6t: & v<-e = ..... ' PW6 ta. d, le6 di,f}..c<>.6 ~ & dcvma-
.et.on 6elOnt: pf.u6 PI'Ofonde6. !ln c.'Ure, vUe, que je. tarrbe au nQun,t:,
~ pc;u't: & toi. hwrni.ne.
JeÛLl-tai.., nni..o tau,-toi.. ,' ... C'e6t: & honte, te ''''-PlOche, Le<.. :
~ qui. dU. que te feu e6t: '-!.nobte, que "'Cl cotèl.... Mt: a{f .......6e=nt:
ootÂJ2..
- fi6ôQ2
.f • • •
~o o-r'etl"ô "lu 'on tn2. âouff.fe, nng..(..e.o, r::Xlliu~
fau'C-, nu6l.qUe6 p"é•.JJ>.6.
- Ct- di....... que je. t:<..en6 & v".'W, que je.
votA. fa ju~.tL.c.e : j'ai. un jugem:!.n.-t oa..utO ct a.',êtfi, je w.i...o p.ë.t. (:J04-1r'
f.a pe"lec-A:i..an . .• O.<]Ue<..f..
-.l'a l'''nu cù< ,.... tiUR. 6e de66èch«. /·'i..ti..é '
S(,~..{,..9ne.,"·J .i-'ai- P"~"'. '? 'at.. ôot..f, OL. ~OL.( , jJl .' t 'PJJfmlcP..., e. 'h~·oo, fa
pfu0:?,
fR. f..a.c ;.lu., to:'o pCe,',eo,
f.P. ("Jau' de rune nucmd te rÂ.odle." ,.'10'1-
nat.-t (foltze .•• f.e dÂ..n.bie. c!'ot au cl.o("ner, à c:P-tb2. heu.,e.. 1!;a,-{p .f SGVt.-
tR. l/;..Q.'·~ .'... JJo, .• .ç>-t~,.. dp.. nn L.ç;A.;./.),~.
,ffi.-fxu", ne âO'lt-CR. P'"-Ul 000 âm2.o honn~o, qui.. rTe ve.t(ie.nt. du bi..en .••
Venez. "
~ 'a<.. un ol<,;_tfe.· 6U.' &
Ix>uche,
ettM 'le m'entRndent: pa6, ce
0011.,( deo f anWmQ.o".
Put...a j.ann~ pe,'ô.orvte ne pt.?flOe à autH.li- CJ..,: 'orr. n'ap-
p'-oche P2ô • .!}e 1.eno te 'Oll-:\\Ot..,
c'eôt. CC?rtai...n.
)"'6 haUucU1.ati..an6 ""nt ;'.nnomfJ<abte6. C'eot: bi.J2Tl = 'lue f'ai.. t"",,-,
jDI.l"6 eu
.. pfuo de lot.. en l 'hf....6ÛJU"C'_,
f..'oubl..t.. deô pJ-wC"_Lpe.o.
,')..!.. m'en
tai....a<.. : po"-te6 et: vi.6i..anna<...e6 6Q.• ai..ent: jawu'<-. ,'I<z- 6UW mU.w /ow
te p-f.uo
,-{..che, 0040'1.Ô a\\')(Ue COfl'fJ'lP- la m(?" •
.iI. çh. , i 'ho.f.oge cù< &
vU! 0 'e6t a.'.~e tDut. à i 'heu...... ,:je ru>.
:'.lutA. pfuo au rru'1.de.
- cfa. th60~og..t.e eot ôéJ,-·Ü21.oe,
e. 'en.fe,· eot ~,-ta,L-

59'f
n~ en 000 - e.-t te cùd. en haut.. - &c.t=e, eauch<wu,', oo",.,.."u dano
Un 'lUt de f tamnu..
Q..e de nut<.c.eo dano t'aU.en.UDn eJano la c.<lt7P<19'"le... JQouo nn,me
ou,·teo '"Onceo f'LI. ,pu"me<> , oano teo co" ,.bez.. .. Jéouo rrn> d-uJAJ. ou,' teo
'!il""C. ....... '-i.-û2eo.
,là f.nn.tJ>.JTte '10uO te mont.ra <kbout, blanc et. deo .t.s<>ooeo
bf"Wl.<2.o, au tla'lc d'une vague d'émt:uaude •••
~'eU.. tDUO l<>-a -tafRnt.o ! - .'if. n'y a pQ.,"Oo'ln" Le<- et Lf. " a 'lu"t-
qu'un. : je. ne voud.T'a.~ ptUl. ~-6.panc4-e ITOn û-QQO,·.
- Ve.ut.-on de6. chant6
"lQg,-e6., cleô danôo.Q cie hou.·i.o ? Ve.l..Lt.-on 'lue je di.6pa.aw~eJ que jQ. pion-
9" à la ,eche,-cf,e de 1. 'anneau 7 V".ut.-on ?
'~ /e,eU.. de f. 'or, <ko rerrtèd.e6.
(Rimbaud, OeuVI~, par Suzanne Bernard,
Edition
Garnier 1980, pp. 220 - 221).
I I I
AilE L
ET
CA IN
Dans les représentations mythil1.ues,
Abel est innocent,
sauve
CaIn,
le coupable,
est maudit
i
~bel est blond, Caïn est noir. Le poè-
te est de race cainite.

f:?n= d'JJbe.i, doro, bo<.o et. rran.~
"<..eu te oourU c.orrpW.i.o<>nm2J'1L
('ace dJ>. Ca<.:n, dano ta 'an~
t::!œrpe eL nt2U,·o mi...oé,ablem:ut.t..
f:?n= d'fibe-t, ta" oaa·<"'f '.ce.
yia.tte le """ du .)Q,ar:J.m 1
('ace dJ>. Ca<.:n, ton oupp(U-...e.
.tL,-a-L-U .i.ann'-o une ! iFt ?
J?acJ2 d' fibe-t, vO'-o D1.o 6PflnW-,,-6
(~ ta" béta...t venu' il b'''''' ;
Pace. dJ>. Co.Ü1.,
!Po. PJ1Lr-a'-f.teo
).Jy,r·fR.nt la taifl1 C"..Drrt'œ.. 1J'l. viRJ.L'C. dlU8to
'(hce d '.-1oot,
chut. fi e ta"
v""/.s,,
fi ton f OIjer pat's'UlIcat ;
,(12= de ChÜ1., dan6 ta" anL,,,-
J ,enbte de f rot.d, pauv,Q cJ>acal 1
,(12= d' .4be-l, aUre et. pu,u,.,-,,- 1
JOlI 0"
laU 1lU60<'" dJ>.o peti..t.o.
('a= dJ>. Co.Ü1., =,. qui.. b,{ïle,
Pren<:k, !Jard<>. à =6 9'an<:k, appéLi..I:6.
,(12= d' Ab<d,
tu e,<>i..o eL bro.. teo
C'onme f.eo puna'-oeo deo bo"'o .'
f?a.ce de raü-t, ôu., leli ,o",l.."eo
.1,1lÛ1 e t.a f ami...Ue /lU'C. abo'-o.

JJ
Al ! ,ace d'.Abet, ta cha,ogne
Üt9la<A6 ...."" &
60t funnnt !
Rnoz. di>. Chtn, ta b<>.6Ogn<>.
n'Mt. pa6 taA..b>. 6UH <Aamœn.t. ;
f?a= d'Abe{, vo<.ci. ta hontJz ;
&
f e,. Mt. caincu par' t'ép<Ru r
Race di>. Ca<:n, au cUU. nvntJz,
Ct.
6u,·.ea t.e,.re jcl.t.e ~ 1
(Baude laire, J},6 J.t.e...,.6 du "M,
par An toine Adam,
Edition Garnier 1961, pp. 144 -
146).
IV
EL
nESCICH~nO
Ce poème
"éo.ot.('.,·-i...que"
de Nerval doit d'abord être
lu
Litteralement.
"l'énébN?u",-",
1'~oleU tlOi...,.'", '·~fnnCDii.ia'· sont tous des termes qui conno-
tent
l'obscurit~. La reine que le sonnet evoque, est, selon les anno-
tations de Nerval
lui-même,
13 princesse de Saba,
la 'nOl-,e et bel.J.e"
du C'anA:.i.que cW.6 01n-ti..que6.
Suivant des légendes apocryphes reprises par G.
de Nerval dans
lbyGge Qn o,'Ù?Jlt,
l'ama.nt malheureux de l'Ethiopienne est Adoniram,
un prince noir.
Le poète, qui joue de la lyre d'Orphée, est Orphée
lui-même.
Selon Fabre d'Olivet,
"fu" par NeI'val. Orphée est un initié
égyptien (cf.
Brian JUl'den
: J,odULon6 O,·phtilue6 ".t :J"fldonce6 nY6Ü--
que6 dan6 le f!onnnt-u,= :Jran.çaw 1800 - 1855 ; KIincsieck 1971, p. 170).

600
-
,Pe ou~ te tQnQb.,QU'G, - -le v<'..ul, - f. , i.nCCYtao LQ,
k
Pline<!- ct' )JquiJavle i:. fu -tou., aboLu.. :
Ira oeute <'itoi..te ea,t rro.-Û?,
- et rron luth ="at.eU-<2
_{-'o.'te te - SOteU', noi..., de fa IliidancoLi..e.
:"'an6 W nu.U cL torrbeau., toè qui.. m'a6 c.:>~160e.6.,
Renda-noi.. te PauaU<.ppe et ffi mu' d' !ltaU.J2,
.rh 1.1'."""., qui.. ptaiAG-ê.t, tant à rron coeu., dé60té,
Ct ta tr~<-tte -le patrpI'~ à ta roae a 'at,t-ê.e.
SH-ê.a-je )hou.' ou Ph"bua 7.•• Jlia<-0'1llYl ,,", IXIon 7
fTpn
t ,-ont Q..ât. JOuye lV'Il...:..o,- du OOt.:6er dR. .f.a "Q.i.n.e
j'nL .--êVQ nnn6 f.a q.otte. où nage e.n o,,,,.QJlQ.o ••
l'A:. j. 'aL dl..'J.'J(. l (lL6 . Vn.~.fl'1UQI.H
LH2VÇ,'·6~ f. '.!]. -hp..1 on
Ir~.:xû~fn.nL WU'-' ('" tDi Il , ôUI' fn. l'.lflQ cl 'ü.·pltPP.
,{}.'6 6Of.lP;"·"'J. dl?
ra -.'lo;_"te (~t P""~ c.,i_ù de Po fQ.Q..
(l'I;;~.6 (1l;J'~~I'(.~-:J. dl: Nef'vu 1. t
pal'
J. C(;nin"'~t,;c<J
Lil)j'air'ie l.aI'ow;sC,
197:'"
p.
g).
v
AURELIA
[,
7 et 8.
Les Afrites sont les premiers possesseurs de la
terre.
!Je n.e m'ar,-ê·~ ~ QU.-'C.. t,adUJ..on6 rrode'-f1e6 de? en. ù,éati..Dn. rra
perl.â& renunfuU au-dR..là :
j'ent'·Q.voyaLô,
conne en t~n 60Ulft?fti...,·,
le
pr<m>i.R.r pacte 101 mi pa., tee génê.ea au "Oy"'" de tatWnurla. )j'ava-ê.a ea-
aOLjQ de .";unU, tea pU2."IQ.6 de ta Yable a<ZCJ"&, et de N'P>->oenter à
t '"ntour -ûM. ",<'..pt p.em<.er6 ~ quL a 'é-tai.R.nt pa,wg<> le ~.
Ce ay6tèno>. d'h<.otDi.re, ""P'Hnt<2 a,,'G tradU<..ona O'''-en-tate6, com-
merv:;aU pa.r' t 'heu.Q..(A,1(. accord de6 P'l1Aô.ana2.6 de la.. n.aU..t.-e, qu-t.. f O''f1ll-
tau..nt et ol-gan.-ê.aa<.ertt i 'unê.ve.'a,
- P<U1.dant ta nuU 'luL PI-écroa mon travaU, je m'"ta-ê.a ,,"-,U trana-
portk ciana une pffinQ-te obaCJJ.re où, ae débattau..nt tea pr~mê.e.'6 9<'.=6
de ffi crfut'.Dn. :Pu 6ei.n de t 'a.-gJJ.e enco.~ "Ot-le a 'é.(evaê.ent de6 pai-
''''-e.'a 9-i..9anteaquea, dea eU/:ho.,bea vQnéneu'G et dea acantnea to.-tUtéea

60/
autour cleo eaetua ; Lea «.(I<"",-a ar'w.ea dea roche..., a'éf.nn.ça<.PM CDrrm2.
dea "lJueie-U.ea de =t.t.e ébauche de cs-éali.on, "...1:. de hU:œw<. .",-pt.Uea aer-
~ , a 'G.ta.g.iAaai..ent. Ou a 'a<'rondi.A~t. au mi..tWu c». {'i.n<!JC-Û'<"-
eab-te ""'aeau d'un.e végétaUon. aau<.<29'<. là pâtR. (",,,i..è.e dea aat..",-a
éc1a<..ra-i...t a"Llte tR.a peNpe.ct.W,,-Cl bf.euâb"o,a de =t. éban.9"- ho.uon. ; ce-
~t, à ""-aul"<'. que =a c.réatLono Cle (0...a1.J2"-t., un.e G.to<..tR. plua Wmi..,-
'leUoe LJ pui-oaU {eo gern>e6 de ta da.'t..;.
Pu<-o tea nvn.ab'Q.O d>an.g<>..aJ..;,n.t. de (0"""-, et., d<5pouU'nnt. te"ra p''<t-
mi..èT",-o p<2OU'<., Cle dreoaai..ent. p{ua pui-oaant.o au" dea pat.t.eo ~t.eaqueo ;
{'énor<re f7ll.OO<>, de -{<?UrCl CD''fU>, b.~ lea b.an.chea et. 1".Cl h",d:oa'lea. "t.,
dana te dG.owdre de ta '1at.u''''-.
U.o Cle Lév. aU2n,t dea CDmba-û> OU'<f/u,,-to
je ru·()..tln.j_~ IYII·t f1Q;~-nVfln, C'.l.1I j.'œ.·ni_-."l. lm co,,,.)Û QU~~~L. (·r'arr~j.l.:'. (1IH~ f(!.,,),
f-eu.'~' .7ou t (, '.0((,[1 W'je ô.1·rl'."")4.~f;~('>,,,,,. Iln'mOnu.~ '·(~t"J,()nna. ,Ion',') 'l(l~ ·.'lQf.f·..I.,,(k~.ô.,
eL Le. ..)(ynhf.n.L.t '!U(l. ·tcc c,-,'--'."l. .•
'eô ,'U.~ô.(>fl~nt·~ Q.-t f'.~ ..') ~');~11f(!.nT?nte
(:":>1'1-
fU6 de~ êb -<:".Ô ~:lI·L.mi.,CLj Û
<.'l'~ rrodu f.nôôC?n.L cLé·.')o,flYl-L-:'1 ôu,' c,~t au' di_VL/l.
·Leô va,'w.tWnô. ô,Q 6uccédacent ('.. t '0-1.1 U1.i...,
fa pfan(>_te ..'.\\ '(~c&uaL.t (.JQU
à P"..LL, de.ô. JO'fl'J2.6 ciLviJJeô. ô'e decci..tlai...ent. â.u,- fa vq.,.du.~ e.t. cu,' ù.!.:~
p.'Of ond.P..LLI··â deâ bOCnljQ.â,
et., déâ.o.·naw donptéâ,
LUâ f.C!..â nD'1U <2'."1 que
J'avai...;') \\..!Uâ délp.ou.i....e.ea.L.i2J1.t. f.eu,-â fO.-ftl2.â bf2a.-,eO et de\\/(~l'la_;.RfJt hom-
np.c et. rp.JHTl/2.â ; d'au-U~.â H~.v(!_tni..CTlt, donû .&our·û t.,wlcfo.ont.i...o"â,
en.
f Lgu,-e de.c tx"1tJ2.ô. '.'1a1,lvn9'!6.. d.e: û pot..ûâü'iI."1 ..~·t ck?.ô. oi..·.'1enul(.•
(ut... donc nVli..-t fai..-t c.J!l. "ti....acte ? Une dQ.,~'.'1ûQ. ,QI40nI!Œ,,f"e YtJLdal-.t,
danc CQO nouvcaul(~ avnta.'éi, l 'c!\\./ofut~·...D'l ,aptd,?. deô. h"nnUlô. • .'JI. () '<"tn.-
bt<..t. a-lo.·., "''le di...,tiJ1etW'1 de .nce., 'Jui.., pa.'tant dJ;" t'o.di" dea 0<--
âP..au.-=,.,
corrprenn.U aU6ô.-L tec bêtS'-c,
fca po-LÔ.âOl'l6 e·t f..v..c • eptUeû
c '"taiR"l t
tea ,']);»eo,
te., Pé"L6,
["., Chdi.no et [eo _c;., lannndlQo ; cha-
que toLa fJU 'tm de ceô. w-e.o noUHZi....t,
Li. ,QI1Q.t..,,)ôczi..t auâ.'.'1LV5.t. aouâ W'lC
la•.,.,.... plu" bette. et. chan ta<..t. ta gJ'oü"- deCl dl<w.>(.. C"-P(>Jldan t.. t'un.

601
deo Clotm eut ea perto& de ':'<2er' U1'le cUtqu<-0n>. race, co"POoée deo été-
men.t6 de ln ter'.e, et. qu 'on ~ eeo A! .'<-teo. Ce tut le oi..gna-t d 'U1'le
évo-tut<.on corrptète pcuni.., -teo Co",'Uo qu<- ne vou&r~t pao .eCO'lJ'lawe
-teo 'l.OUveawc. poooeooeuro du 17ICY"û?'. -k ne oa<-o CDffbi...en d",- ".'J~Q. W'l6
dur.Q.~t =0 combato qu<- en6arl!fiant.uen.t ee g.f,obe. 7roi_o cleo (;f.oün
Qve,·.leo Cop.i.-to de eeu.'6 .aceo lurent e"lm •.,Jéguéo nu "...L1<- dQ. fa
ter'Ie où, -i..l~ f O'ld.è''QTlt. de vn~t.eâ. 'QI:/aurreo. Y..lô. ava..t.erlt l2ffPO,.t.c> '(2.0
oQ.<:.<>,{:o de ta d<.vi.-ne c.aba1.e qui.- t<.e -f-eo m:Yldeo, et fU.,.navzrd. teu.' lor'-
C'..Q
dont! ,_ 'ado.a.tA.."O'l de ce.rta.i.n.ô. nOtre.ô. aulC/1u.eiâ. Uâ. COl"re.6{:lorl.dent. Wf.J.-
jOtH"Ô.
Ceâ. rt<?Clom:zntô,
00n.rti.-6. QUI(. '_on.[Lnâ. c1Q la ter.e, ô. 'ét.aiYJl.t. en-
tRnduo ODu.
ô.e. t,artô.rrI2.W<?. In PAL6<'laHCQ..
Ôl-tor.H·~· de f ".JrtrCâ. ct. d' (~â.cfa­
veô.,
dlfl.cun de 1'..P.lU'6. â.OUVQ,Q.l.n-::.'.l â. 'éit.ai..-t aâ.~ul~ de pou vou , h'>Jlat:..c'-e '.:'.\\.0U:â.
en lo'~ d'un de <'I(.!.ô ("V'Llan.tô.. Cc~,,,·· ·Î-,!. 6w.i.-t. de rri-'.JQ. a"-6. ?-v.. ~L.ô.­
ô.an.L6 eabatL·.ite..Ô. &0 cnf e,ono.t..vJt-t, à f. 'app.·ocne de '-QU,' rro.·t, dnno (Q,Ô.
ô.épulClco bU2.n 0(udQâ. i-f.ô rlou,",·t.,6·.vÛ.ent. d.'éf..ixL..â. Ç'.. t de. âtfb'.:'.l.tarll {'..ô.
conô'Q.'''\\IaÛ·i..cP.ô..
ibng.t..cr'Pô "'J1cu."~ i...tù grudaw.nt '.c-û appa' encv.<\\ de fa
'__'œ, PAi.a, .,,\\p..nfJ-lahteô h fn c.h'1,4ûaf.U:fe. qui. tUe ,,"on cocon, ;j:,). ù 'PJt-
dD''f1oA_ent.. qua'GIlt.e jOltl'() POU"
l'(~nQ;:tl'(), ûOt~Ô fa fO'nT~ d'un jQl,(t'le en-
fant 'lU '0" ~a;..,t pf.u6 ta.d CL t '''flp;_.-e.
Cependant lp.û fo,'ceû 1...10.';-1 ÜlnÛ!ô de f...a -te.".e ô 'i?PA.i..-ôaLP..nt Ù nol.l."-'-
"u· o?û ~amiJ..fe_û, dont fe ~'\\an~ t:)ujA>u.'-:-' lI.? rnSrœ.. u-wrrdoLt dcù .-e.j;;'ton()
'1.Ouv<~n.UJ(.• ?anô de lJQ.ôteû ~ouû:'."'Q.Lnû, C'<'Hâ,Qû â,OlolÔ fQ.a h'.lf:lO~Q.a P.,t ~'\\ou·~
(,,_û P:Jrarni.d.cû,
i...f.ô ava-i..ent accunlÂff. toua fe~ u,ç.':lor..-:. deô 'a,ceû ,caâûQ'-!'~
ct ce.r·wLn;) ta.l.;_~vrnnô flut.. le:). P.o.tf.~1(!n;...e,,-t CO'ltH'_ fn cot(".·(~ deô dt..eU"c::...
C'C?ôt.. dallâ
f..e. '·Q.nU'C de e. 'Af,·;Jl.uc, nu-def.-à deô nuntngrleô rie .f..a
-Il.t,.c et. de f. 'anU..que. CthwpLe ('lu 'avai...ent.. ii..eu ceô é-t.ang.eô mjôt..p.r-eû :
tonq,tp.rrpû j.'y avai....o yémè danû fa c.apt.CI...IUi>., flLnÔL qu'une. p2.-t..L.-e dQ.. la
.ace hUJrnu,e.

60~
J~<Ji.o deo llotm 0 'MaÙ2nt ~élu!i-U'o <>u •. ta c:A.Jœ w pÛ.to hau-tR.
deo mon.tagneo d'Af'.-i..<Jue. 7.h coniJa,t oe ~-"~a ",",0""- e.we.. Je<.. rra rn2troi..-
.""- oe t.roubte, et. je ne oa<-o quel. lut. f.e l'éouttat. de =u:". tu.t.te ou-
p.ême.. Seu.fR.rrw,-t, j.e vo<..o ",",co.-e ciebou,t, OUI' un pi...c. bai..~u2 <&0 eau""
unJ2.
lQnm2. abandonn& pm' eu'C., qui. co'i..e &0 chevp-u'C. C>pa...~, oe d<ibo,t.-
tant. cono-e ta mo.·t.. Seo a=~ pla<..n.ti.{'o do"'_J1a,-=t fe b.uü dQ.o
C2l2U.te. • • •
Jut.-elfA aauvée. ? :Je l'i..9'1o,-Q.. JR.ô. dt..eute., ap-â ,.·Q'Q.â, t'ava-Lent.
condannée ; "12i..o au-deo6Uo <& oa tête b.·i..UaU ,f. '{;tui.f", du 00<"", qu.i..
ve.'ô.aLt 00"
oon f ,.'Ont 00.6 .ayonô. QJ'l.f f.LJJ'YTf1éo..
1:.'hynne Lrl'Le,,.,, Ort'"p,A de .f.a .te,.·'12. f.2..t deo. CU'--uJC.. ,<,--te" Li...,t f'Q.1TO rtiP..J (-
acrrent. POU"
CO'l!~ac''(>.''· L'aCCOla deô. ,ace.â '1DIl'JO.r..fC'o. [1.. rx;'.ndnnt 'lU'?,
f.P.().
(1...-f...6 de. nof. t.avai..U..nA.-Wlt. p(~ni..bepnJ2Tlt. rtUJ(. '0'40'1-:'1 d'url 0.0/.(>,'-1. 'IOU-
V\\~au, fct'J rrp('".-J·O'1Y2nt.~... , bfottw da.tlt'J f.(',-,.~ c!e.rrc.>U''<··.\\ .iOU(Y,'·.-:l{J1Q...\\, '1 <.JU·-
dnL.cnt. ,tDujDU.'·~\\ fell.,Cl t. ('~âOH') Qt, âe conpl.a1....·."lo{..J.'nt drl1lé Pc ..\\;JQYJCJZ. e.t
dnJ1~ fa rllli-t. l.Jr:1I1oi.:Cl ;--'_6 \\'\\O.'tnWnt tifllj!f;.ljY'Rnt de PPIJI ...i rl<\\1....f_Q.~ q..t vc.-
nriiR..n·t (l.111f7qQ...· fp.'..'l. vi...vanl:....'l. ou .·(~~,I{.f<! \\' p-Hmt.. fc>....::J ffli.?dvl.nt-6 f..J.-...â f"sono
Jeto O()f1·t fQ.â oOflv"ni.,'(') que ,IR .et.'a.\\;a~..6 pal' une. t'Jo,.·tQ. de va~jUe.
Ln.-wUW'l du ~.â·~Q. ; Je f ,,·&n1...c·,'l.G0..'l. ell 1"C?C1l0c/ui.âan...t f..C?o tH~.~ ht.do.wc..
de ('"..eâ ~ac:.Q_â nrLü.di...t.P..â. f.JaJ·Lou-t mou'f7u,
pfo.:>H.-aLt Off f.an0/(:~(\\aaLt. E.'i..nn-
ye âOllttr-an te. de f.a mè'~,.'Q. c?t.e,'flP..f..fe.. A bn.VQ.'-~ lee. V(.l.~)U(!.â ci...vi...f.watw'lâ
de f.-'kig et. d2. f.'./lf,·-Lque,
on. \\loqni...t âe. ''t!Tlouvete.· tou.iou.·~ U'1C ~CVr1Q..
aan.y.fnrlte cl 'Ol"-g.L.e e-t de. t·a'"fla~1'.-'" 'l/(e!. f.e.t'J rrênP..â e~i~·i...t~ .",~p.odui.o.aWnL
Oouo deo l'ONrCQ nouveUe.o.
Gérard de Nerval, (Jcuv.eâ,
par /J..
Béguin et
J.
Richer,
Gallimard 1960,
pp.
375 -
379.

604
VI
LA
DIVINITE
DE
MES
REV~S
La
Reine
de
Saba.
2>U" u...e teuü~ in-pr-égnée du "uc de6 plnnte6, j. 'avai...6 .<'.p'<"""Jlté
ta Rei..ne du Ii/i..d.i., tR1.te que je ~ 'ai.. vue dan6 ""''' •<Îve" , .t.Jd.,~e 'lu 'eiœ
a été dépemte dan" t'J1po~p6e de t'apÔts", Mmt,9ca"l. lU.e Mt CDU-
.o......ée d 'ç.tDi.le6 et coq tée. d'u... w.'ban., où éclat=t te6 CDut"....H'" de
t'a'C-<'Jl-ci.ef.. s" t'..Iju.e au><. ûai.u, placLcte6 e6t de teVlte olwiitr""
60'1
~1t22 a fa cou.·bu.,~_ du bec de. .f- '6pe'~ 'l'-e.·. Un COf~e.U2J· dQ. pc.• .f.Q.(} '0-
6e.6 entou'Q, OO'l "olt
(~.t dP...·.·-èèl-(;... oeâ é,paulP,â -::'l 'a.', 0'1 di.... t 11'1 CO( rl9...
dÇJJ1.wJe)'.-ea gaul' .·0C~. _<n lObe Çtot cou!.Qu,' et. 'h'Jacul UH~ et t "An cie 6".6
pt..edO C?O-t poo.éo ~ •. Wl PJnt.
t 'aubf.~ ..... 'app..l.W ~H' ww 'Oi.l(~. ,1.:.',,'1(2. de
o.eo rrrûJ1() ea./: poOQQ. OL.lT' fe "OC Pc'. p'Uô ,'dQ.lJi~ dQ.,"l nV'l(o.ytl".6 dl.!.. '- '!Jç.flJVl,
t '.aut.-q, dU~e VC'"6 f.R. ("~t bnlanl"Q eu !wu.' d 'an~of..n., rlUc.~ lQ..() p.o-
faneo appclf.QT1t ffp.LI,· du. (Qu.
~~ Oe"p0lt cideo-U2 ouv,~ ôn qJ.(!Ld..C1.. pou."
ln oai...cu· nn~ une oÇJ.J.lie ~''t').iJle 0'''& d 'W1Q. aègse-ttP.. f...umuIP....tA.O'Q.. 0. 'en-
qtauti.t dan6 le 9OuH"'- ouv,,-.-t. t<>- "i..<;ne du JléJ'w., Qp{YLHlU deu><. (oi.<>
ôu,' ,('o"/X!.. ci-œo.tR.,
où,
CDnT'172.
en U'1_ mi....-ou· ôe ,.éfiéchèt fn. ti8-t--H'Q. de
fa Pev,e, qu è or--end leo. Û 12.ct-n de o.a.Ul.tR. f<Joo.a...fA.e..
COlO'O"-lnt2Q. d' QWU-e.ô,
c:dJe appa..o1:t"
prête à ...\\Ouve.' le. nunde.
lkô conôtP...f.lati..onô c..idcôtR.o.
P~ 'envè.'Onncn.t de f.eu.·ô cfA--J·f.éo..
Su.' ,(e. pu: le pluo. élevé œo. I1UtlwgTle-n d' l}errp'1 0"-1. dèôtingu.Q.. une
=9"- dont te ù"é.lü..a "e déCDUpe. cu.' te ci.et.
U" oi..""au m2lvei..lœwc.
y ~hante ; - c /e6t œ taii.<>rrnn de6 âge6 nauv<2aU><..
IRvéa th a... , QWC. aé.'-"-6
nDu-e.o., voie .f..ou.clement. à i 'ent,Ou,'. ~4J. -d.e1.à de .fn nQ...· 0. 'élQve un auL.e

606·
pu:.,
6U., .f..equet e6t: i.n6C1"Û =
nom· : TTiQ.'OV<&. :!Je =6 deu", poVtU> qU<"
6O"'t .te<> a rt.U:Jue6 vU.!'.J26 dJ< Saba {onmrtt. .t'eo::t:.-Qrni..t.é du dÛ,o<..t: de.
~-flhnde.f,. 0'1 voU: "ow-clre et: 6e .-<ipt:u-tu, 6u.' t.ou-te .ta te",,, UM
dewc. race". blanche en A6-i..e, no<".e Q.'l ~.-i..que. d'où 60'lt: 0.>"u" f"."
J.ane<> et: .te6 çat.ta". Pou.
te6 p.-em<..e"6, .ta .ei.ne ,,'appe.f.<'..e l'aD,l.66.
et: pour te6 auûe6 IIbh6da. c ,"..<>t:-à-du'e ta glande.
&6 rU" d'Jlb.aham ,,-t: de Cet:hwa qu<" .-em:>'1Le 6. ÛlDch pm' }/t,he.,
et !}oet:a'l {O""V'Lt fa "1.CQ. 6at.n·te cie" pI'i.nce6 cUz. Soba. ~-"H" cap<..taJ.e
e"t: Jhwm ".Yl Ab.J6"i.n;.e..
Gérard de Nerva L,
Ck.uv.e-::'.l,
par fi,.
Beguin et
J.
Richer.
E:ditions Callimard 1960,
pp. 1118 -
1119.
c
-
EXUTISr,lE
,:1'
EFOTlS'·1E
l
PREIHERE
NU Il'
AU
ÇA 1 RE
Le voyage en Orier:t est aust;i un voyage initiatique qui permet
à l'itinérant de retrouver
Le berceau des religions.
Le Caire,
ville-
labyrinthe,
trace
le parcours oblig~ du myste.
th '_'·i.fic- ef.P..e.-'rhrc, c..omne -::'.Ie.-::'.I I-:ab;..... tan te.~, r'l'-'. dp.voi..1..c nuQ fX"~ a
peu ~Q.~ 'QUaLte~ f.eâ pfnô orrb.ay69.-::'.I,
e:.eâ ;...ntpl,Lc.u"â re~ ptu.o c.na'·'TtJnta.
,f..e ooi..r' de m:Y1. al·,·L.v~e Ql( Cal,1"'Q J 'é~.i....6. m:J,..,tee..~·t t, i.A.tR. ",-.L dQcou-
..agée.
en. quef.f'lflC?~ hQU"'Q.~ de. fJlOm2'1Dde 6.U,· un âne e.t avec.. f.a CDrrpa.~e
d'un cfro9rron-, j léta.i....~ /XU'JPJ1U u. me dénortt..Q,· f'll4Q. j 'alf.a~ FYl~~e~..' -w
te.~ ~ix rroL-..'1 fe~ ~u~
en'ïu':4C"...u"C de.
fa vLc.,
Q.t. tout. c.epc>..ndant. f,fnJÂ..

60f,
a'"nl/1.gé d 1a\\A2nce pou,.. que je.. ",'y p...L~~e ,eo.te,· un jDu.r de nni..n.o.. (J..toi.. '
c'ea~ -là, "'" cLi...ooLa-je, .ea vUl.e dea rrUk ....t une nuUa, ,'Li capi..,ta-le
deo caJ..~{e6 t aU.mU:eo ....t deo ooudano ?., a je "'" pf.o",9<'.a.~ dana
t 1~eocAJ"--cabte ''''·.\\CUlU deo ....ea .;ûo~teo....t poud>e.uo<!-o, à .t'Jave"" .ea
toute ""- haA.-f..tono, t'''''-corrb.<YnV'l~ deo ch<-eno, dea d",TnWU'C e~ dea âneo,
au>c. (approche.a du aOL<' ciano t 'orrb.'<!. deacend ~te, g>âce à .ea po'.!oo<"è-
.Q. 'lu~ t.e."u::. te cA.f>.t p...t; à. .ea haute.u..· dea nn~o.'o,
CL 'eapé.<!-.· de ce fabcJ"<Jlthe contuo, ""and peu~~tJ<!- corme r-a.·<.,a
Ou Rome,
de CQâ pa1a.i.f1 e.t 00 c.eâ rroaquQea. Que i' Ort COffp.tJ:? pa.. n-H...-t-
luu'a ? Yout cela .. été opf..cncJ.i.Lle et. ore.vp-'ff..eu>c. aano doute, O'nl..a
ÛQ.nte ~"u;.atLona. ~" ont pao.,~Q, pa,-tout. fa pW,·,Q. C-Joute,
ct fj,",- boLa.
PDu,·,·ï....L
.9f ':'lC·mhf.,,_ Que f. '0", v~,a9Q. .." ,.Q..\\.J'C. dmlâ une (·iJ:..(. cfu p:l<'l.~;;, tlG -
'1ue (juaJ,·tée"
enwu.·(. de rTLt.~~ è. '·.'~nÇ)...oul(..,
fe.mi! dQ. fou.de{'l p::u·u,·.·:l C:Jnnl2.
au nb~I(Y1 A(j(?,
(.·O"lâC'"\\/C
enco,e. fa r.:JI~'6Wnom~·..R.. ((U' iJ Q\\.'n.Lt ~":lano. d.:Jl~.
à. :e. 'Qp,onue de SafndÙ1 ; de. (O'lljô pa.·_"lâaYe.·~ voû,t(~a. CD'Idui..ûellt y6- c./: fL..
ct 'u'1.e lue i.., t 'aut.'e, peu~ ÛOUVQflt Otl .~ 'en0t2tJQ.. cbn~ "ne. vo.t..e âQtl~ ;_'~ôue
Li 1'au.t. .-evenL.·, f.-)C!u Ù pei.,( -tout ~Q. 1'enrl2. , Ce~ ca.1 éô ~Qu!~'~ '~Otlt ~cea;.,­
"t2û enc..o,oQ..,
e-t. .e.P..~
lurn!U,....~ Q.,~ûLô ûU" deû cagQ.û de pnf.ft.,{J;.1·, QW(. va9-J.e~
f..uQJ..J.I·~ de vei.e.fe(.J.-:'lea na~Jeœvt (bn~ e. 'hu.U,Q., QCDUten.t que.!qu'~ lon~e hi.o-
na,,~l/.Pn.d.
Gérard de i'Jel~val, VOI.~a~ c~n O.-i.Rnt,
1851
;
in
tLtté..atu'·Q-Û ,~t .x.u:..i..Q.téû, XJXè ..:Ji.-i.!.c!e, pal'
Claude Aziza,
Edition Dordas 1978,
p.
102.

607
I l
",U
VD1/1S
171JYRC"
Ch .. fltauron, appliquant sa méthode à Baudelaire. considère Urt jJ~rri...ô­
p,.è.,Q dano W'lQ. cheve./...u.e.. comme un poème-programme r les s..;rands thÈmes
baudelairiens s'y retrouvent en effet:
invitation au voyage,
heaux
navires. paresse et parfum des pays chauds,
lourdes tresse~ noires
etc.
Cependan t
les sensa t ions éro tiClues que provon.ue la 'l/pnu-) "loi.''Q'·
sont d'abor'd d'ordr'e olfactif
par la ::;uitc que Les autres ~;cns ~;urit mi:; cn hranle,
jusrlll'au d~cLen-
r.hemcn tries ph6.numèncs rie SYllCS th;:':-; i c •
Le port c2rrlct~ristlque rie::; femmcfi rl()il'f-~~ cnchLJ.tltt
le poète
'Oflp.J"t"{:!. qI/and Q.PJc nn,-ehe,
0'1.
diJot.-L 'ïu 'Qfje dnnoQ"
(Sed "0'1, ùa.ti..ntll. _9JJ
"Oz d;~'aLt un ~e.I·pc>_.tlt t'lU'L ck.in~e
A:.l bou. t cl •lA '"
m-tnn".
L' importance dar,s
la Cl"€'ution
poétique baudelairienne de ces
phantasmes él"otiques r.olHTies pA.r des
images de
lv. femme noire est
déterminan te.
[
pJJRJ71IIl
CXŒY</IJC
f.lIand,
ep-~ det.l'C. IjQUlt'... fe..-n,6~1 en 1.1" ..,ai-., chr..tU.d d.'au tanT,,!.,
~ • e.-:'l.I::H'..J<?, !~ 'odeu.• ' ck!. ton ~eën. c:hnf.eu..c.u»t:,
-k voi_o ôe. dr?I-ouf."-r' dQ.o • ;~\\..IQqe,o heu. <?UI(
(~( 'ébfoULOOcnt te,o ,"eul( d'u'l oo(,,-U I1DnotO'1.,,-

60l(
lMe Ue pa"<Ul""-Uae où ia "atu.~ do'l"e
.:be." ar,b.~" "inyuti...e..,,, et. de" (Iui.U, "avou."""'-
"",-" homne." do" t te cO'P" e"t. mUte<>. et. v~'QU"'-,
Ct de" ferme" do'lt t 'oeU pal' 'la t """chi.",,- "ta"",,_
r"i,d" pa., t.<n :x:Je,lI' Ve'a de ,.:.ha.rmnt." c.U..rraL,.
Je voL" u" po .'t. .enpti. de voi.te" et. de m'it."
l'..nco,· tout. (a-t-U;;ue? pa., fa va.g.J.e ny.u·~_.1le,
Pendant. que le p2r~um de~ Ve. ·-té t.arrn •.t.n.i.R..-ô"
U-t4'_ cucHf:e dan6 f 'au· P.t m ' (;OJ1fe.e ln. 'lQ.J·;.nP.,
Se rnê1.c. dt2Tl'Ô nun âne au JuIn!. deô. rrar'i...nLe.·'Ô.
Baudelaire,
&0 J1..Q.HI··~ du. Tlhl.,
~ar Antoine
/l.dam,
Edition Gdrnier' 19h1, p.
29.
[ [
()
t.oi..n.Ofl,
nuu t onflt'2,n t .i1.1 0.'1 UP.. ~...u... f. -('/lCV fit, P. ,r
o hO(fcJeo. ! U pll..fwJl clla.q(! de->. nOl/caf0i_., !
_.&t.a·~ft .' 1/0<0 p.C?upl'.... " cc!. -,''lOt_·f. P. 'nrc:.5tft'_ ()L,~\\,·u ...•.
lIeo. ·~ouv~ni_.·,~ do.nOJlt danô. cette dK'_v,,-dco ('.,
,'je en. \\.)O-ll'C. Q<JA-te.· dalla t 'n.t...· c..onTl-';:~ ul! n"OttchoL..·
J:a fantj.:lu'e.uoe AoÏA e.t fa b.ûe.antp. Af'ri,que,
Jau f. url fTO'lCJ.c tOLn t.ai.n, ab:'JenL, PJ c;:'.o'fue d61unt.,
Vi...t dana ·teû. plo1onc1llJ._"~,
forêt. Glorro,ti..fjue "
Conne d 'auû·Q.~ Q.'~,nl LLo, ',·o'::JU.e..,...,t 6ul' f..fi nI.l:".l ÏfrU\\?,
L~. 'HL.en J Ô nlOn QITOUI' .' !laye ').UI· Lem pa.~ 11.111...
~'<-I(J;~ fè.-1XJ·). ;:)l~ t'nll)l<' et "J.lon~, pfei..n.,"'1 cf..". .~,~v(".,
Sc pêû/~~IL E:on(jJ.lC~Jnljrt ':\\Ol'~ ('(Î61..-JcUI· dcô cf~J1nt,J.
,70,·tQ.~ t",~Ô'~("'~, ':)0l:/e.2 fa hOI.f.e.. (IUt.. m',~'l[~v,-~ .r
.lu
c.onti...l:n':),
nt:!-,· d' ..:,hùlIC,
U"l ébfou.i.....:)~l.
,ê\\',~
'lQ. voi_ep,ô,
de. 'amQ1.lI·'~, (/p, f I.LJrrrrlZ.ô ct. de nnt.ô..
I)aude taire, .Le:.'.! J'-eu,'~ du mal, t-Jôl' Alltoine
Adam, Edition Garnier 1961, p. 29.

60~ -
III
A
SC!J
nun SifJJ.,o/J
Bua.'u?.. déUé.,
bU.l.ne t:QrrrrJ2. le6 'l.I..LUû,
AL pa'"! "171 méf12TlY<; de ""Oc. et. de havane,
Oeuv. e
de qu<dque ob<..,
~e. Jouat de. mja"an.e.,
S:>lci..èt-e, au tlanc. d'i>bQ.ne, PItfant dJ2.o '1OL"ê rrHflt ..i..t.o,
0...
' ( '
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"

• •
~ pl'C?
Q..-e, au
COnÔ1..QtlC--'!-,
Cl_
L
OPU.lm,
(lUt(.
"'(..({...'~6,
.,c'Qi..:lx.u· de. -ta b.:JuchP. où 1. 'arrou.' 6e P2vane,
(Land ve.,'ù t.:Ji.. nJ26 dt2ôL.,'Ô pa.-tRnt en. ca,ol,/ane,
Jec 4elA:l(.. OQl1.t ea CLtP..,f'lQ. où. boi.-VCJJlt rn2.â ert!1l.tt..6.
Pa.' ce6 deulC. YI ando '.lP-UJ(.. "0 L.I w;'),
ë.OUPU auli(. c!.e
to... fÎm?.,
o dém'Dr'l ânn..) p-i..ti../! ,. ':Q.rë.e-m:X. nOLn_6 dJ2. t tanrre ;
:~" 'l~ ·~ui....\\ prM f.e SÛ}'<: pou.'" t'enb'1'2ôôQ,' "C!u! (oi-ô.,
/!0 Pa"
.' '"~t J~'. n(l. pui.ù,
1116qè.,,,_ '-j.JH~'·-tjJrc~_,
f. IO(.U" f..·,·j...."le." ton ,'ou. ai]oL ,.A: 'Û! m,-Lt,~. nu ...... 01.'0;...':"1,
~'(J,,'.) f l("lf(,~" de ton t;_t dCV(.YLL..· (j,'Û~I~.f.Jj..!lC .'
Uaudela.iC"e ,
Ü2.ù yt,!u.'ù du nnf.,
par' i\\lllnill(;
"d~lr.l, Edition Garnier,
1961,
p.
J:).
IJ
/ÀJQ.C ~e~ vêtenent,..)
oncfoqnrlt,~ et naCl.Q~,
1I,;;flP... '1u12lld e.f.fe tm-.d)e on. l.'-o~'aU qtt 'Q,t'-Q_ dan~e,
CDm~ cc6. ton0 .)(,·"P?Tl t6. que f.e<..) jO'l<.rtQJn 6. W'lc,·pù
A.t. bout. de f.Q..I1 ,,~ hâ tDn~ nc;i...:t.c.'1 t <?n caden ce.
eomm te ,.'V2.bt("?, m::>r-f"l"?. et. , 'rL.2u" dcô dé~(!,L.),
Jirtôf"'Il.c'wic.:l
WU~ dCIIIf:. (1 f 'J'UTlni.Jl'.'. ~'10u~ f .t1!lll~,
('OfTTTT:!.
fJ!c'
fonC)<.i
.(!·..)(Y,UlIi(
d". fa n.3qfe dCJ~-:i nQ,':",
I:J. 6.? ,..)~ d{',l/'-!-fopp"'. nvel'- iJlc!Lf f ~. <:!Ilec.
&ô ~WI(I(. pa-iw ·,::.ont taU6. de rrrrHJl<;'W..llli( dlt1,.,ran t.~,
['t dan'.') '..Q-t~ rwtu • .ç·. (;t.,anye et ~-,ni>oe.i.que
CA, l 'nnejc.. fJlvi...olo ..)(3. frêfp. au 6.ph.i.n"G (Ul,U-'1ltC>.,
(ü tD~ t rl 'c..)t. (jU '0",
(leu!..,."
lilfTli.-è,-Q. ct d.Î...nnarl-t:,.,
r:'Q~pee'ldLt à JflJTflW, co"nl2. un. G:l·I:..,Q.. i..ru,t.L·f..e,
.fn f 'DU:te "rlJJ:!~t.Q de~ f.a J(!Iffl'C!- ·..)t.é..·~f.e.
Baudelaire, .Lk~ 'teu..'ô d~ 17hI.,
pal' Antoine
Adam,
Edition Garnier.
1961.
p.
32.

610
IV
'JAe J'aUne vo<..r, chiu ... ~t.e,
?J.,. ton cor-pO 0<' /XUl.U,
Co""",- "'''' 4toHe vacU..fnni:R.,
nli..r-oU:.er- ta. peau !
S(..... ta chevef.u.<:! pl of onde
A..I.I(. âCI<~6 pa'·fUJT)<."),
ne,> OdDH1fl,tR., e.t. vagaborl.CiP..
.~><. t to-t6 b(,,,"o et bruno,
CofJ'l'W.. un "av~'_'e qui. -fi 'éVQ.i_f.&
/L V0Jl·t du rrrt.-t'-n,
flpn âm.? ,êvP.-u6e QPfX2' QJ.le
(.JOf.ll'
un cVz.-f. f-Ol:fIVU...rl.
Je6
'-101'<,
OV
,·1....CIl f1'~ -;)('1 • f>vi'.f.~
~ dou"'C ni... d'on",'"'-'
Sem L d~'Jf'< bi...joul<, l.oi..d·,) OU ,")C'. rnè-.fp.
C'o., (JV('C fl~ (('1.•.•
A U!. vot.,· "n.cf/e.," '-'.JI rfJ(./cncp _,
r~~tf,,·. d 'nLl(:lfldo",
Ch dt., (LI"..-t 14"1
â(~,·pt':'J'-Lt '/ui_ dl1Jl.':J,p
A-, f>Ol.l-C d.'Wl [)(îtO'I.
Baudela lI'e,
I:e.o Yf.eu,·o cL f!hf~, pal' ,6.ntoine
Adam,
Edition Garr.ier 1961,
p.
3:3 •
.. "

-
611
D O C
U M E
N
T
S

L'épouse pré-adamique et les Vierges noires
tes vierges noires des grands sanctuaires mariaux sOnt des
énigmes, recouvrant de profondes significations êsotériques, sur Quoi
se greffent des traditions de la Marie Chrétienne •.•.
Le mysticisme nervalien s'est développé en cultivant les plus
vieilles traditions;
il est donc aisé de comprendre pourquoi
le culte
de l'éternel féminin a occupé Une si granoe place dans
les constructions
théosophiques du néo-paganismea Mais partout J. la femme présente un dou-
ble aspecta Si elle est l'épouse aimante et douce, elle est également
la femme fatale et infidèle a Cette ambiguIté inhérente, croit-on, à
la nature féminine,
est distribuée Sur deux représentations
l'image
de la vierge noire,
thaumaturge, secourable et aimante; et Lili th,
femme "pr·é-adami...que'·,
noire,
épouse fa ta le d' Arlam,
re connue
ln f idt: le 1
compagne en deux i ème.) noces du démon en personne.
De nombreuses figures de la Vierge sont des survivan'~lIe
tra dit ions anc iennes a Plus ieurs cu l tes en appa ren ce d iss emb la h les,
ma is .ayan t en fa i t Llne or igine commune 1 honoren t
la Grande - Di v in i té
réminine,
la déesse Mère-Terre. Sous plus ieurs appellations, elle reste
toujours
identirwe à elle-même. Elle est
Isis-Physis.
'~~':';
. '.
. . . . ,-;'
. ,
' . :~
Is is,
la déesse noire charbon 1
ass ise en maj es-
.
1
'.
. i
té,
comme toutes
les statuettes africaines représentant la
ra,
.' ..1
'71'Jè,-e à i'enfan..t.'·, et comme la Vierge \\Ioire, Mt~re de pieu.
Elle porte
les deux cornes du Gelier de Dionysos. Ces deux
COrnes son t
éga lement symbo l is ées, dans
l' iconof,raph i.e
trad i ti~nne lle, par les deux mèches torsadées, au fron t
de Dionysos et de Moïse, grand prêtre d'Aton
initié auX
rny stères
i5 iaQues .

613
Le prototype des '~ à .t'01.!ant.'· de l' iconograph ie chré-
tienne est une statuette africaine ",:p,i.mi...A:.i..ve". La representation
d'Isis est le lien thématique
'lui relie ces statuettes africaines
aux Vierges Noires des sanctuaires mariaux et à la Marie Chrétienne.
tola tern i té
Lula Zaïre
Matern i tè
Ashanti Ghana
-----: ..
15 is
Vierge Noire de ual
Vierge Noire de Marsat

614
LE SYMBOLE DU DIEU CRUXIFIE QUI I~EURT ET QUI SAUVE
Le secteur de la recherche qui s'occupait de découvrir l'ori-
gine des religions,
comme Darwin pour les espèces, a cessé toute acti-
vité au dél,.u,t de ce siècle. Nous trouvons à cela une raison simple.
Toutes les démarches ramenant les scientifiques aux thèses
des historiens anciens, Hérodote et niodore de Sicile, à savoir l"!ue
l'Afrique est la mère de toutes les religions, les esprits n'étant
pas enCOre mûrs pour accepter cette vérite (il n'y a pas encore une
décade que l'unanimité s'est enfin realisée sur l'Afrique berceau de
l 'Humani té),
les chercheurs ont plutôt préféré abdiquer 'lue ct 1 exposer
les conclusions de leurs analyses.
Or si on accepte Que l'homme est né sur le sol Ilfricai.n,
il
faut aussi admettre 'lue c'est
lei que se Ront développées
les pre-
mières relations entre
l'homme et la oivinité.
Nous autorisant de la sémiotiflue, de
l'anthropologie !';trlJc-
turale, de la mythologie comparée.
telles C]ue l'ont prati'luées Frazer,
Claude Lev i-S trauss. Mircéa Eliade et Dumèzi l, nous vou lons mon trer
que le mythe du nieu mis en croix pour sauver les hommes a une origine
africaine.
Comme Isis est le lien thématique qui relie la statuette afri-
caine de la Fécondité à la Marie Cht'étip.nne, Mère de Dieu,
la croix
ansée égyptienne est le trait d'union entre les symboles africains
traditionnels et la croix chrétienne.

_.~""
615
t
0 "1."":i1.~ ,.
•,

.
1 -}.,;,!
,
1+
J ;:
"\\
~.
~.f
t\\l~
1. Représentation du dieu namballa.
du panthéon vaudou (Togolais,
"1'ah""""",," et "J.laZt.Uzn.".
Lit t éra lemen t
: ".')<u'P"'1-t. (jU<' {>'"". ou,(,;,
au..tJ::>Uf"'j Le dieu 'lui meurt et guérit.
2.
La fameuse poupée as han ti,
représen tan t un homme en cro ix. Gué-
ri t et sauve.
3.
Le caducée des guérisseurs.
celui d'Hippocrate.
initié à la mede-
cine é~ptienne.
d.
La croix ansée égyptienne, clé
5 et li. "CorrrT2 Illov,e é.leva fu 6erpcnt. ciano fu dé6<U.{;,
u::. {OUt. ck rrrÉZJrQ.
que fu J<...f..." dR. .f.. 'hotrme 60<"t. c2.l.eVc2, afin que q"<.co,,que ooi..t.
01.
-lui. 6Di.t. ~aulJé". Jean 3-1,1, 16.
7.
Le calice contenant le sang du Christ, l'hostie élevée au-dessus
de la patène.
Le tout représente le Christ ressuscité, Sauveur
du monde.

616
INDEX
DES
Mors
Abyssiniennes
: p.
183
Africain:
l, 3-6, 14-15, 20-24, 31-33, 199, 230, 236, 366, 277, 281,
409-410, 1112, 414-416, 1118, 419,
421,
423, 432,
447, 454,
458, 111'9, 4711,
1176-479, 482-1183, 485, Jl90-1191,
/l911, 1198-
499,
502, 506, 509, 511- 512, 515-516, 520, 522-529,
531-
538, 5112,
545-5117, 556-559,
561-565.
Afrique
2-8,12-13,15,21-3/1,37-39,62-63,69,
73-7J1,
77-78,
87, 99,
129,
131,
137, 1J10,
154-151',
158-161,
1"3-1611,
170,
190,
198-199, 211,
247,
254, 266-268,
275,
277-278,
281,
318,
3113-/115-426-/138, 1139, 4116, 449-455,
llh5,
/17/1-
1179, 1181-1187, 489-499,
50/1-516, 521-547, 555-567.
Amalécyte
: 177.
Daudelairien
: 319-378,
561'.
Beauté: 17, 29,
52,
H<5,
188, 224-22l:l, 267,
;>7",
291-299,
304-318,
3117,
3118,
351,
358,
360,
17.1,
379.
393, ...,81.
Bonapartiste
: 566.
Bon sauvage: 1'l8!, ""85.
Canon inue
:
14
Calibanesque
: 1151
Caïn isme
1145, 565.
Cri t inue
1,
3,
8,
Il,
12,
20,
111,
278,
Il..,,.,,
d6..."
11.65,
523,
52f t
552,
557,
5"2,
567.
Cubisme:
522.
Dadaïsme : 522
Défranc isat ion
: t14F
D~mythification
: 1151,
522.
Déterminisme : 532
Diabolique: 5511.

617
Dialectinue
: 564.
Egj'pte : 2, 6,
15, 1o, 20,
25,
3",
37,
77, 138,
139,
158,
169,
172.
180, 181,
200, 215,
232,
234, 244, 248, 479.
Egyptien: 35,
37, 154, 175, 177,
198, 233,
242, 248,
261,
565.
Egypto logie
: 479.
Erotique:
4, 9,
251, 274, 283,
506,
510.
Esclave: 68,
70, 82, 83, 102,
108,
115, 183, 148, 151, 183,
314,
383,
384,
393,
398, 423, .130,
548, 555,
564.
Esclavage:
18, 50, 58, 67,
33.1, .1<;4,
547, 5.18,
5e5.
Esth,Üinue
: 13, 14,
247, 27.1, 278,
283, 291,
302,
30e,
347,
361,
~72, 388, 396, 1106, L11~, 1'121 • .1,17 • .159, 461, "'8Jt.
Ethique:
l,
36,
38, 48, 53,
73,
170,
322,
328, 421,
450, 553,
564.
Exoti'1ue
:
l,
3,
.."
50,
18.-1,
27h,
277,
285,
291,
300,
]Üe::,
~50f "66,
479, .180, M1'1, 511. 5E3, 567.
Exotisme:
193,
?77. 458, 1178,
"'80, ,,~. I1g.1, 530.
Cohin isme
115 L.
Pedonisme
538.
'le llen i5 t i'lue
: 559.
HéI~OS : 117, 1\\8, 52, 76, 82, 83, 98, 12L1.,
146,
199,
20d,
215,
227,
?53, 1180,
1183,
.198,
'51:)7,
511,
520, 545,
56A,
56b.
!-l'éroïque
: 530.
[magologie
: 567 sn.
Immoral ts te
: 532 ,
538.
Inauthentique: 567.
I s i s :
152, 158, 17;:>-177,
220-229,
233-239,
242,
2.18-249,
261-264,
565-568.
Isiaoue
: 157,
V:;~, 170,
172.

618
Malédiction: 1, 19, 20-25, 40, 49-52,
155, 211,
229,
253,
259.
Métaphysique: 4, 9, 353-355.
Métèque
: 563.
Moïse: Ill,
1 0 -20, 35-37, 154-157,
161-1116.
Mythique:
75, 99,
123,
14';,
194,
198,
217,
229,
239, 2~1-2~2, 252,
26,;, 472, 483, 400,
507-508.
Mythe
2-4-9,
11-1~, 20_28, 38, 44, lOI, 129, 131,
1~7, 151, 179,
199, 256,
452-458, 475-482, ~92, 497, 509, 521-527, 531-
537, 543, 5';7.
Mythologie:
3, 9, 87,
114-115,
120,
123,
130-131,
146-1~7, 150,
198,
20,;,
236,
240,
258,
4 M8.
Mythification:
3, ~3. GO, ~58,
~82,
5~?
Mystique
: ~.
9,
l~, InA, 107, 257-?5'~. 261, 286. 300-309, A7A.
Nègre:
2,
f:.9-7f,.
Br1-H8.
101-10e,
11~)-113, 1?5,
132-1:13,
147,
151,
198.
23~. 309-315,1102,1109-111\\3, "'45, 11118, "51-1158, "75-
478,
4e2-~88, 490, 497-50~, 515-529, 5J9-547,
551-567.
Négritude:
9, '.4,,-447, 451,
484,
522-525,
5~0-542, 556-558,
560-567.
Négrier : 556.
N égro -A fr ica in
~51, 456.
Négroïde
: 560
Négrophobie
: ..,95.
Négrophobique
: ~52, ~75.
Négrophi1e : 22, ~51, Mr..
Négrophilie : 523, 539.
Néo-Pétrarquisme: 3n?

619
Noir
1-4,
12,
15-26,
30-48-54, 61-1"7-79, 82-87,
90-93,
111-115,
-123-128, 130-131", 141-146,
151-15~, 11"4-16(', 172, 180-187,
209, 226-228,
237,
246-248,
252-258,
260-277,
291-298, 306,
3 10-.>15,
3b'3~0, 329, 33V, 395-439, 4~8, ~50-~56, 476,
477, 483, 495, 505-517, 521-531,
536-541, 545-552, 556.
Païen:
39, 44, 397, 398-407-420.
Pétrarquisme
: 367-31"8.
Poème
: 28,
118-120, 171-175,
104 -19 9,
259-274, 286.288, 300-309,
31~-31F, 375-388-30F-3<)7.~1l-413-414-422-437,524, 529.
Poète
2-5,
11, 30, 4~, 75,
188-189, 193-202, 211,
215,
223-227,
236-238, 248-257,
260-271",
283-.118,
3II0-3~9, 351-358, 360-
378,
380-398, ~00-220, 425, 432-440, M4-~46, 508, <;25-521",
529-535, 5~8, 556-557.
PoétiClue
: 2-1\\,8:,,14,
114,
123,
128,
1116,151,234,2711,277,283 -
287, 300,
327,
343-150-152-36F-417-~21-430-434-546,563-
5<'.5 •
Poésie
2-5, 8,
11, 31, 115-111",
190,
229-230, 267-272,
274-276,
299, 105, 418-427, 433-~39, ~48, 450, 455-505, 528, 531,
557, 561,
566-567.
Poncif: 541-
Primitif: 179, 211,
450-452,
468-477,
495-496,
523-524,
5.17,
560.
Primitiviste
1\\52, 1\\78, 490, 521\\.
Primitivisme
52, 459, 522.
Psychanalyse
6, 8,
127, 439, 565.
Psychanalytique: 118-119, 147, 237, 241, 271.
Pschologique
: 251, 386,
391, 400-423.
Psychisme:
566-567.

620
Race
7O-7e, 82-8.11, 115-117, 130,151,
169,197-200,206.-207,211,
243,251,278,4.117, .1152-.1155, 483,523,54"1,552,55.11,561-564.
Racisme
74;
106, .1152-,,55,
525, 561.
Raciste
455,
450, 551.
Rationalisme : 559.
Réalisme
457, 459-466, 5.113-545, 563.
Religion
2r"
34-38, 211,
223,
232, 201-262,
558, 560.
Révolte:
3,
71-77, 82, 111, 353-425-436, 554, 555, 56.11.
Révo 1ution
1, 131,
149-151, 38l1, 551, 563-564.
Rimbaldien
444 -446.
Romantique
3, 143-144,
16.11,
198, 336, 368, 450, 460-4611,
565.
Romantisme
325, 459, 562-578.
Satan:
3,
123-126,
147,
151,
19~, 251, 258-250, 331-353-357-J63-
354, 374, 414, 565.
Satanisme
123, 352-356.
354-363.
Sauvage: 467-4"8, 483, 490-491',
513-520.
Surrealiste
525,
530.
Surréalisme
441,
522,
524, 530, 540, 562.
Thémato1ogique :
566.
Thème:
J,
9,
Ill,
21,
38-J9-206, 208,
216,
238,
2.110,
245, 267,
274,
282,
387-420, 441-442,
508-509,
534, 553, 565-567.
Thématique: 8, 119,
147, 155, 229,
389, 440,
441, 443,
428, 476,
565-567
Themato1ogie
: "', 8, 440
Thematisation
: 562.

-
621
-
INDEX
,n'AUTEURS
Abastado Claude
p. 1, 5, 125, 525, 530, 539, 546.
Adam Antoin~
~':';'o
A1bouy Jea.nPierre : p. 11~, 115, 12A, 131, 147, 151,
Améla Yao Edo ; p. 155, 1115, 4&1.
Aphra Behn ; 52, 54.
Aragon Louis : 363, 367.
Astier 7.oufti Marine: 5, 391.
Bachelard Gaston ; 209.
Balandier George ~~l
Barr ère Jean W 1
Barthes Roland 12, 156
Baudoin Charles:
118,
l?O,
l?("
127.
Beardsley G. H.
~,I12
De Beau~oir· : 235
Beckford
.'Iilliam.
42'~
Bernardin de St Pierre
08
Bimwenyi Kioleshi : 20
Blachère Jt:an-Claude : 523
80nnetain Raymond : 500
Benouville Georges: 275, ~7~, 310, 331.
Bomecque J. U.
'163, 465.
Bour geo is Ala in
27,
31,
J?

c
622 -
Bowman Franck Paul
26
Brian Juden
:
154
Buchot l'lax : A60
Bugnel Ladislas
: A
Camus Albert;
J34
Castelain Maurice:
39, 48
Céline: 487, 489, 495-504,
508-510, 512-518, 520
Cellier Lécn
122,
1 "7,
160-163.
césaire Aimé
386-387, 547-557.
Chastel A.
: 230.
Chaumel Alfred : 521
Jean Chauvel: 1139-11110.
r.haumain A.
: 29~.
Canehan George
: ~9G, ~08-~09. 50~-50~, 515, 519
Condorcet:
F.9.
Cons tans François 1.111
1
Corne" in l1obe: t
23
r.roce Benedetto
7.
0avictson 3asile
490
Dédeyan Char les
123
nefoé "anie1
: 5n
- GO.
Delacroix Eugène:
120.
32~.
nelahaye Emile
439
Desprez
461
Diderot
70-71.
Diop Anta
: 19-20.

- 623 -
Ducatillon J. V.
: 21
Estein Carl :
Eliade Mircéa
11, 131
Ennadi Joseph
268
Etiemble-: 6. 400
Etienne Serva is S-2Z
Frantz Fanon
: 273
Fanoudh-Siefer Léon
5, 482-545
Fouad 1~los : 279
Freud J.
: 37
Frobenius Léa
Fromentin Eugène
531
Caudan Jean
: 193
Gide André: 533, 536-538
Girard Ren~ : 37
De Gobineau Arthur
452
Goncourt : 401
Griaule Marcel
559
Guillaume Paul
523
Hautecoeur Ma.rtinet
·305
I·!offman Franco is Léon
: 5, 62
t1ountondj i
: 558
.Janhcinz. .Jahn : 110
Jauss Hans Robert
; 13

Jacoby F.
: 27
Jourda Pierre: 268
Journet René : 2
Jung Carl Gustav
: 261
Joseph Ki-Zerbo
: 474
Labat Jean-Baptiste
458
Lae.l:.as Bugnel:
~
La tou che :il! t
Lautréamont : 387
Lebaud Geneviève: 299
Meiris Michel
: 539
Lenhardt Maurice : 169
Levy -Brulll
1!69,
.172
Loewenherz
27
Londres Albert
s-~g -JJ~
Loti Pierre : ~83, 509, 513, 519
Loyer Godefroy
: ~58
Luneau Thomas
: ~12-~17
Malfert : 25
Ma llarme
JL-I- 528
Mantz Paul
282-283, 416
[~ran RenA
494, 531-543, 545
[/l8thieu
(Jean-Claude)
: 375, 378
Mauclair Camille: 270-271
r:.ouron ('harles
; 8,
1?11, 208, 567

-
625
-
Mercier Roger: 5, 24
Mille Pierre: 507
Mïlleke Scheffer ;9i
Monnier 4enri: 566
Montesquieu
: 62-54
Mouralis Bernard:
79, 400-481, 532
Mudimbé : 155
Mveng
~ 'j.
Ngal
.'
55+
d'Olivet
1&1 - \\(~
Oswalà Ilucrot
: ;',
J2,
151i
Pamphile de
Lacroix
Pichot Gaston
: ~92
P irOue
(GecrLes)u:>'=
.',
Prévost Jean:
268, 273, 313,
318, 3~0-341, 355, 378
Pommier ,Jean
jjY
Porche Franrois
2/O-?72, 300,
311. 316, 328. 337, 339
Psychari ,rnest
50G, 519
Randan Robert
507
Regis Antoine
1. 5,
125, 525, 530. 539. 336
Eichard J. p.
loS,
2GS
fUcher Jean:
157,
159,
IG5.
230-231
Riffa terre "lichael
: 135 -136 -137

- 626 -
Ronsard: 293, 306
Rousseau Jean-Jacques
67
Russel Parson : 61
Sachar Léon Abram
37
Salmon A.
:
520:1
Sartre (Jean-Paul)
: 113. 446. 448. 1)51). 558, 561, 564
Saulnier V. 1.
3f;9 -3 71
Schure Edouard
166. 2~7
Senghor L,:ooùlCl Sédar : 35, 38,
17e, 31~, ~12, 523- 525, 528, '356, 559
Seeber S.
cduard : 61
Sonolet Louis : ~g~
Starobinski
1ft
S teins r,'lartin
Tharaud J. J.
511
Tieghem Van Philipe
1)60
Troussan R.
7,
]4
Valéry Paul
31)8
Verlaine
293, 326
Voltaire
lô4 -67,
293, 326
Weber Jean Paul
: 6-7, 217
\\Veil Simone
l?
~'Jellek René
1 :jj\\
Witte Charles
22-23
Zahan nomin ique
L;;,~
Zurara : 2, 22
Zu~thor Paul
4~

- 62' -
. ,,-' ..
B l B LLO G R A PHI E
A)
Ouvrages 1ue nous avons effectivement lus, ou ~ui ont direc-
tement servi à la rédaction de ce travail.
l
-
OEUVRES COMPLETES
II -
TEXTES REVELATEURS OU TEXTES-PROGRM4MES
III -
AUTEURS GRECS
IV -
AUTEURS LATINS·
B)
Sou l'ces et ouvrages l'elatiffi au sujet
Il -
ARTICLES ET REVUES
l [1 -
TEXTES l'RA ITArIT SPEC TF I()U"I~ENT
(JE L' ESOTER 1SI-If.
EN RAPPORT AVEC LE CONTI'IENT AFRICA Ut
IV -
ARTICLES ET REVirES
V -
OUVRAGES ''k'I'-Cf)f.JS'· Tl?A ITAUT nF:S PPOBLEr-iES
D' IMAGOLOGIE
..~-.'.
"o
. . . . . . . .

-
628
-
A)
Ouvrages ayant riirectement servi à la rédaction de ce travail.
l -
OEUVRES
COMPLETES
BWDELAIRE.- 1"-0 Ytau"o du nM. -&u. Cpav<U>, lj<-i..be<>, Poi:!m2.<, :b.i..ve,,~,
...4'11:>ertl...tate6 l!el.g.i.....ca.e.
Introduction, relevé de variantes et notes
par Antoine Adam, Classiques Garnier, 1961.
CL..-i...o~Ué:6 Q6-th.6.t.if,UQ6, !..'A,·t. t?om:lntÎ-Liue et au tres oeuvres cr i tiaues
Edition !f. Lemaitre,
Paris Garnier 19F.2 .
.CJ>.<, PaHu!.w fi,-t.<'{<.cwt'.6 par flOl"CrlCe Yves. Livre de Poche 1072"
Victor HUGO.-
a) Manus Cl' i ts
Ces manuscrits font partie des ac~uisitions récentes de la
Bibliothèque Nationale de Paris. Nous les avons consultés.
Il est à
.
. é~l
..
no ter que le manus cr i t de ./.Jan d'.Yalaruii2. n' Co
J arralS re trouve.
r~nuscrit du premier t~y (~'9Utt lelB
Manuscrit du 2nd H.<g.?a'~, 1825.
b) Oeuvres Complètes
ueuvres completes,
érl. chronologique, publi~e sous la direc-
tion de Jean Massin,
le Club francais du Livre. Paris 18 vol.,
im-
primées par l'Instituto
Italiano d'Arti Grafic.:he,
à Bergame
(Italie)
19,,7 -
1070.

- 629 -
Oeuvres Complètes, éd. Ollendorff.- Albin Michel, 45 vol. imprimés
par llImprimerie Nationale, Paris 1904 -
1952.
Oeuvres Complètes, réunies et présentées par Francis Sauvat,
éd. Jean-
Jacques Pauvert. Paris 1961 - 19~4. 4 vol.
Oeuvres Complètes illustrées, société d'éditions littéraires et artis-
tiques. Paris Librairie, Paul Ollendorff s.d. (19 vol).
NEf~JAL.-
OEUVRES
COMPLETES
Oeuvres, éd. Albert Beguin et Jean Richer, 2 vol. Paris,
Biblio-
thèque de la Pléiade 1963 - 1966.
Oeuvres complémentaires,
éd. Jean Richer, 8 vol (dont 6 parus)
Paris, Minard 1959 - 1967.
Oeuvres, par Tlenri Lemai.tre, Paris Carnier 1958.
RIMOAUD.-
OEuvnES
COI~PLETES
Oeuvres,
sommaire biographiolle,
introduction, notices,
relevé
de variantes ct note~. par Suzanne Bernard,
Garnier lC;lf10.
II - TEXTES REVELATEURS OU TEXTES-PROGRAMMES
[jAUDELAIRE.- .Cv., 7'-"'-'.r·6 du lia!..
Classiques Garnier 1961.
V. flUCO.-
rJR.. ~'f"l1...er· JbUiI' cl 'r"n. CO'l.f"fanné., précédé de Bug Jareal,
Edition Gallimard, 1070.
~Ag ~ilgal, Paris. Seuil 1963.
NERVAL.-
:&0 (hl.Jnè,~, par Jacques Geninasca f
Larousse.
Un i ver-
sité 1973 •
.4".,2(,i.ll, par Béguin et J. Richer, n r f la Pléiade 1960.

-
ti~n -
RIMBAUD.-
Poésies Co~piètes. Les Illuminations. Une Saison en Enfer,
préface de Paul Claudel, éd. établie par Pascal Pia.
Livre de Poche 19~3.
III - AUTEURS
GRECS
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1~71, p.
149 - 178.
,
': -.
, ,

655
TABLE
DES
MATIE RES
Pages
INTRODUCTION
1 - 9
CHAPITRE l
:
ARCHEOLOGIE
DU MYTHE
10
A) - TEXTES BIBLIQUES - TEXTES CANONIQUES
14
B) - L'IMAGE DE L'AFRIQUE ET DES NOIRS DANS L'ANTIQUITE
CLASSIQUE
27
C) - GENESE DES STEREOTYPES DANS LA LITTERATURE
EUROPEENNE
38
al - Le Noir Othello
39
c)
- Le "bo" n~"e"
Vendredi
54
D) - L'I\\FRIQUE ET LE MONDE NOIR DANS LA LITTERATURE
l'RAN 5AISE AU SŒCLE DES LUMIEHES
61
CHAPITRE II : UNE ETHIQUE NOUVELLE
A) - NAISSANCE D'UNE OEUVRE ET PARCOURS INITIATIQUE
71l
Bl - ESCLAVAGE ET MISERE
83
C) - RELIGIONS AFRICAINES ET REVOLUTION
90
D) - LES ESPACES ANTITHETIQUES
99
El - REDECOUVERTE DES ARCHETYPES
114
a)
-
La naissance monstrueuse
125
bl
Palingénésie des- my the"s et reprise des
lmages
129
F)
- TRANSLATION DES;STRUCTURES
135
!
..

65f
CHAPITRE III : L'AFRIQUE MYSTIQUE
152
A) - L'AFRIQUE DANS LES SOURCES ESOTERIQUES DE NERVAL
156
a) -
L'Afrique et le renouvellement de la théosophie
161
b)
- Ethiopisme et néo-paganisme
167
B) - L'AFRIQUE MYSTERIEUSE: L'EGYPTE
180
a) -
La race rouge
197
b)
-
Le fils
du feu
207
c)
- Les filles
du
feu
223
C) - L'ETERNEL FEMININ ET LES RELIGIONS AFRICAINES
229
a)
- La Mère Eternelle
237
b)
L'épouse pré-adamique et les Vierges noires
2.16
CHAP ITRE IV : L' AFR [QUE EROTIQUE
26'0
A) - PE INTURE ET ''.7aœ JI.'C'I-'-9e'.-4I'[;'-
277
a)
-
Les sources picturales
278
b)
- La femme paysage exotique
?85
a) - FE~~E DE COULEUR ET NOUVELLE ESTHETIQUE
292
a)
-
Les yeux de la I-~ darn2.'-
293
b)
-
La femme-cha t
299
c)
- Particularités anatomiques
306
d)
La p las t l'lue
319
326
f)
- Tropiques. Nègre~ et NégresseS
.
-
3~3
g)
- Dans e et Cadence
346

657
1,;
cl - SATANISME ET EROTISME
EPOS ET QAVATOS
352
al - Vers
le gouffre et le néant
358
bl
- Néo-pétrarquisme
367
CHAPITRE V :
ESTHETIQUP. DE LA REVOLTE
383
Al -
LE GRAND CRI NEGRE DE RIMBAUD
390
al
-
L'autonomie du je : substitution et identlfi-
ca tian
~Ol
bl
- Primitivisme et langage
Jl07
Bl - ORDON'lANCE ET RECURRENCE DES THEMES AFRICA INS
Jl23
CHAPITRE VI
:
L'AfRIQUE fIN DE SIECLE
JlJI9
Al
-
RACISME,
PRIMITIVISMP. ET LITTERATURE
il52
B) -
RRALISME,
NATURALISMP. ET TfiEME AFRICAIN
il57
cl
-
LA "/r12U,4E.'!.)!: Pf!.:JTTI.')].JV.JS:J!:"
Mo7
D)
- REMANENCE DU MYTHE NEGROPJlOBIQUE
il 75
a)
-
La
littérature enfantine et la bande dessinée
il 75
b)
- La littérature exotique
~79
c)
- Le préjugé racial dans la littérature colon iale
1) - Les hommes
il90
2 ) - Le climat
i\\97
3) - La faune et la flore
511

~','r
.',

-.
E) - VERS LA DEMYTHIFICATION
DU SURREALISME AUX
ORPHEES NOIRS
522
a)
- Du dadaïsme aux mondes no irs de Breton
522
b) - La littérature de la Négritude : Caliban répond
à Prospero
540
1) - "1'.1>. """Ua/>ie ,,,,,.an ...~e'·
541
2) - Le "çrond. Cl'.... n~e'· de Césaire
547
3) - La Négritude de senghor
556
CON C LUS ION
562
,-
'.

/ / .
-
659
ANNEXES
TEXTES
ET
DOC UME N T S
568
TEXTES
569
TEXTES
CHOIS IS
570
Al
-
CULTURES ET CONTRE-CULTURES
570
LA
DANSE
571
UN CONTE AFRICAIN
:
LES GRAINS DE MAIS
578
LA DESCENTE AUX ENFERS
581
UN SACRIFICE VICARIAL
5&1
B)
-
REVOLTE ET MYSTICISME
589
MAWAIS SANG
589
NUIT DE L'ENFER
59~
ABEL ET CA IN
598
EL DESDICHADO
600
AURELIA
601
LA DIVIN ITE DE MES REVES
LA REINE DE SABA
605

"
..'
660
C)
- EXOTISME ET EROTISME
606
PREMIERE 'NUIT AU CAIRE
606
LA VENUS NOIRE
608
PARFUM EXOTIQUE
608
LA, CHEVELURE
609
SED NON SATIATA
610
LE SERPENT QUI DANSE
611
DOC UME N T S
l N D E X
DES
MOT S
Ille
l N D E X
D'AUTEURS
6?1
SIS' LlO G R A PHI E
627
TAS L E
DES
MATIERES
655
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