UNIVERSITE
DE BORDEAUX 1
Faculté de Droit,~esSciencea Sociales et Politiques
Contribution à l'Etude de la Politique
Économ~que et Financiére du Mali
de 1968 à 1986
.' l',r.tt AfR\\CAIN ET MALGf.\\Cl-i~
~/·"",;j~·'Elt..'C:F.IGNEMENi SUPERiEU.,
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UGOU
,
OUAGADQ
c. A. M. E. S. -
Ul.t~~5 ... ,
P,rrivée ....23 .~-
.. ~..0.. \\ Thése f.'0ur le Doctorat d'Etat en
\\ Enregistr~U_s n1ln·1~
- Science Politique
Présentée par~__~
Chelck', Oum
,
Awre "1
~~~~~
Sous la Direction de:
6 (~~": ~
Dimitri-George lAVROFF
~ ~ ;
Professeur de Droit Public et de Sci~~ce Por
..
,
~~e
Président de l'Université de Bordeaux 1
Assesseurs
Marc PENOUIl
Professeur de Science Economique
Vice-Président de l'Université de Bordeaux 1
,.
i
Jean-Claude GAUTRON
Professeur de Droit Public et de Science Politique
Vice Président de l'Université de Bordeaux 1
Jean DUBOIS de GAUDUSSON
Professeur de Droit Public et de Science Politique
Directeur Scientifique du Centre d'Etude d'Afrique Noire
Pierre SADRAN
Professeur de Droit Public e~ de Science Politique
Directeur de l'Institut d'Etudes Politiques de ~ordeaux
1987

LISTE VES AB~EVIATIONS
APD
Aide publique au développement
AID
Agence Internationale pour le Développement
ACM
Ateliers et Chantiers du Mali
BDM
Banque de développement du Mali
BCM
Banque Centrale du Mali
BRM
Banque de la République du Mali
BCEAO
Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
BIAO
Banque Internationale pour l'Afrique Occidentale
BAD
Banque Africaine de Développement
BADEA
Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique
BIRD
Banque
Mondiale
CCCE
Caisse Centrale de Coopération Economique
CEE
Communauté Economique Européenne
CEAO
Communauté Economique de l'Afrique de l'Ouest
CMDT
Compagnie Malienne de Développement des Textiles
CAEM
Centre Africain d'Etudes Monétaires
COD
CHEICK OUMAR DIARRAH
CAD
Comité d'Aide au Développement
FAC
Fonds d'Aide et de Coopération
FAD
Fonds Africain de Développement
FED
Fonds Eurooéen de Développement
FM
~rancs Maliens
OPAM
Office des Produits ~gricoles du Mali
PAM
Programme
Alimentaire Mondial
PMA
PaIs moins Avancés

LISTE DES TABLEAUX
1. Evolution prévue des productions des différentes branches
(plan quinquennal 1961/1966)
2. Répartition prévue des investissements du plan 1961/1966
3. Sources du financement extérieur du plan 1961/1966
4. Evclutim du produit intérieur brut 1960/1968
5. Evolution sectorielle
6. Balance commerciale 1961/1967
7. Ventilation sectorielle des investissements 1961/1968
8. Evolution des dnvestissements 1959/1968
9. Evolution des consommations finales 1959/1968
10. Evolution de la masse monétaire 1962/1967
Il. Evolution du crédit intérieur 1962/1967
12. Evolution des crédits à l'Etat 1962/1967
13. Indice des prix à la consommation alimentaire en milieu urbain à BAMAKO
14. Evolution des budgets 1960/1968
15. Balance commerciale 1961/1967
16. Balance des paiements 1962/1968
17. Avoirs extérieurs 1962/1968
18. Evolution de la commercialisation des produits agricoles
19. Production intérieure brute 1968/1980
20. Production intérieure brute 1968/1980
21. Evolution sectorielle du PIB 1968/1980
22. Production du coton
23. Prix du coton
24. Evolution de la production d'arachide
25. Pri x de 1 1 arachi de
26. Comparaison production commercialisée et prix de l'arachide
27. Evolution de la production du mil et du sorgho: 1967/1975.
28. Production mil, sorgho, mals: 1975/1985
~.~. ~~at:açe et exporratiors dLl ~~:E~: ~?58!~?30
:~che ~ 9ôS;l98û
32. Production industrielle 1969/1974
33. Production industrielle 1975/1980
34. Résultats d'exploitation du secteur public 1961/1979
.-
~volu~ion des exoortatiors :96S!~9E3
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37. Balance commerciale 1968/1983
38. Crédit intérieur 1968/1984
39. Concours à l'Etat1968/1984
40. Crédits à l'économie 1968/1984
41. Structure des crédits à l'économie 1968/1984
42. Engagements - Avoirs extérieurs 1968/1984
43. Compte d'opérations 1968/1980
44. Evolution du solde des comptes clearing
45. Masse monétaire 1968/1984
46. Composantes de la masse monétaire 1970/1984
47. Déficits budgétaires 1968/1984
48. Dépenses en capital 1970/1984
49. Déséquilibre de la balance commerciale 6/84
50. Balance des paiements 1968/1980
51. balance des paiements 1980/1984
52. Encours de la dette extérieure
53. Sources du financement extérieur du plan 1961/1966
54. Financement des plans de la décennie 70
55. Aide extérieure en 1982
56. Avoirs extérieurs nets 1983/1985

SOM MAI R E
PROLEGOV.ENES
l - ELEMENTS DE L'ECONOMIE ET DES FINANCES AU COURS
DE LA PERIODE 1960-1968
A - Le pian qu~nquennal 1961 - 1966
1. Le~ obje~6~ du pian
2. Le~ moye~ de la hé~ation du p{an et le~
~oUhe~ de 6~naneement
3. L~ h~uUau du pian
B - La hé6o~e monét~e
1. L' év.lu..tion de {a maMe monUMhe
2.
L~ eonthepaU~~ de la mM~e monéta~e
3. L'~n61ation mal~enne
4. B~an de la hé6o~e monUMhe
C - La poZ~tique de développement hUhal
o - La pof~tique de Mo~bo-Ke~ta à l'égahd du
~eeteuh publ~e
E - B~an de la phem~èhe Répubf~que
II - ECO!·IOI.Il:: ET FI:"iMJCES MALI ENNES AU COURS DES
DECENNIES 70 ET 80
III - OBJET DE L'ETUVE

TITRE PREMIER: DES DESEQUILIBRES ECONOMIQUES ET FINANCIERS
AU BLOCAGE DU DEVELOPPEMENT
CHAPITRE 1 : LES CONTOURS DES DESEQUILIBRES FONDAMENTAUX DE
L'ECONOMIE NATIONALE
Paltagltaphe. 1
A. L'évoiution de.~ pltoduct~o~ ag~cote.~
B. L' Ue.vage.
C. La pê.che.
D. Appltéc.iation ~tique. de.~ ltéAutta.:U du ~ e.cte.Ult p!UJna~lte.
PMagltaphe. 2
LN Li...m~te.~ de. t ' ~n.Ju~;trJ...aLiJ.Jation
A. L'évotution de. ta pltoduction
B. LN oacte.UM e.xpücatio~ de. ta ~e. du ~e.cte.Ult
~ndM;t~e.t
PMagltaphe. 3
Le.~ contlte.-pe.lto0JtmancN du comme.ltce. e.x;té~e.Ult
A. Anatlj~ e. dN e.xp0J"vtatio l:~
B. Anailj~e. dN ~poJt;tatio~
CHAPITRE 2
LES FACETTES DES DESEQUILIBRES MJNETAIRES ET FINANCIERS
A. L'éuotution du Cltéd~;t ~n;t~e.Ult
B. L'évotution dN e.ngage.me.n.tA
C. L'évotution de. ta m~~e. moné;ta~lte.
Paltagltaphe. 2
La pltécalt~té dN o.z.nance.~ pubt~quN
A. Anatlj~e. de.~ déo~U.:U budgéta~lte.~
B. Réote.x~on ~ult ia pot.tt~que. budgé;ta.z.lte.
Paltag,'1.aphe. 3
LN Mpe.ct~ .z.nd.z.cat~rJ,~ de ta c/;,üe du dévetoppe.fHC'..V',J:
du Ma-l.z.
A. La CltÜ e. de. t' aglt,{cu,[tUtLC- mafÙ.f'UlC'..
B. L'éche.c de. t'~ndM;tJ"J...a,(üat~oH maJ:ù.f1Ylc-
C. La pe.lt~ü.taJ1ce dN ;ten6~OviJ.,) .z.116-[a..tÙ'11I1Z;.,te.6

TITRE II
L1AJUSTEMENT STRUCTUREL : MOTEUR OU FACTEUR
INHIBITEUR DE CROISSANCE
CHAPITRE 1 : CRITIQUE DE LA PERCEPTION DE LA NATURE DES
DESEQŒILIBRES DE L'ECONOMIE MALIENNE
Pa~ag~aphe 1. : Le-6 ~nd~cateu~ de ta ~e de ta batance de-6
pa~ement-6 du mal~ de 1968 à no-6 jou~
A. Evotu~on de ta batance deu pa~ement-6 du
m~ de 1968 à nO-6 jou~
B. Leu nacteu~ de dU~oi'~a~on de ta balance
de-6 pa~emenu
Pa~ag~aphe 2
Le Mnancement de-6 déMuu de ta batance deu pa~ement-6
A. L'endettement exté~eu~
B. L' épuùement deu ~éJ.,e~ve-6
CHAPITRE f
L'ftJUSTEMENT STRUCTUREL
- OBSERVATION
Pa~ag~aphe
L'évc~~tion deu pot~Queu de -6tab~a~on du FMI
A. Lu mé.canùmeu c"A.g~neù de ta -6tab~a~on
B. Leu no~eu contempDl l..Mne-6 de ta J.Jtabilùa~on
C. L'aju-6tement -6~uctu~et en An~Que t'exempte
du Mal~ et du Sé.négat
I. Le Ca-O du M~
II. Le Ca-O du Séné.gat
Pa~ag~aphe 2.: Po~ée et app~é.ua~on de-6 pot~Queu d'ajU-6tement
A. AnattjJ.Je cU~Que de t'aMenat deJ.J meuu~eu FMI
B. Rejet de ta cond~t~onnatdé. et p~obtéma~Que
~éette deu ~eta~on-6 économ~co-n~nanu~~eu
~ntei'~na~o nateJ.J

Les Etats Africains dont le Mal i sont ajourd'hui affectés par une crise
;rave et profonde qui semble annihiler totalement les efforts qu'ils ont
consentis au cours des deux décennies écoulées d'indépendance.
Un auteur perspicace des problèmes africains remarque à ce propos
"La C)u.M. a 6Jtappé. te.,f, f:.ta-t6 -6ub,f,ahatU.e.1U de. pte.-<'n 6oue.t à paJtt-<.Jt de. 1974
e.t ta p.f.upaJtt de..6 budge.t6 te.nde.nt à Jte.de.ve.n-<.Jt dé6..<..uta-<.Jte.,f, a-foM que. ,f, 1 a-
tOuJt(ÜM e.nt 6ac.tuJte.,f, pét.Jwuè.!te.,f, e.t de.t.:te.,f, e.xtéJt..<..e.uJte.,f" que. ,f, e. mult-<.pue.nt
d-<.6 Mc.u.ttu éc.o.tog..<..qUe.-6 e.t aLUne.nta-<.Jte..6" . •
Aussi, il nous semble judicieux d'examiner en profondeur les problèmes
auxquels le mali est confronté au cours de cette dernière partie du XXè
siècle. Notre analyse sera axée sur la politique économique et financière
menée dans ce pays de 1968 à nos jours.
De l'indépendance à nos jours, les problèmes démeurent les memes : il
s'agit, surtout et avant tout, de la faiblesse de la base matérielle de
l'économie mal ienne. Il faut ajouter à ce fait fondamental, un certain
nombre de phénomènes concomitants, telles l'insuffisance de la formation
du capital, la fluctuation des recettes d'exportation, la multiplication
des dépenses publiques du fait des charges administratives, les déficiences
de l'agriculture et de l'industrie.
Sans compter les difficultés découlant de la sécheresse endémique qui sé-
vit au Sahel depuis le début de la décennie 70 et les contraintes pesant
sur le Mali par suite de la crise mondiale.
* in J.F. BAYART
La politique africaine de François MITTERRAND.
Karthala 1985.

2
Au début de la décennie 60, le gouvernement du Président Modibo-Keïta
a mis en oeuvre une politique économique qui n'a pas donné les résultats
escomptés. Cette politique économique et financière s'est heurtée à un
certain nombre d'obstacles qui se sont avérés incontournables.
Nous nous pencherons dans le cadre de ces prolégomènes sur les causes de
l'insuccès de la politique économique et financière du Président Modibo
Keïta car les distorsions de la période postérieure découlent à notre avis
des politiques pratiquées sous la Première République.
Nous voulons mettre l'accent sur l'intensification des distorsions et des
goulots d'étranglement qui se sont formés au cours des vingt-six dernières
années et dont on ressent de plus en plus les effets négatifs sur le fonc-
tionnement de l'appareil économique et financier et qui constituent de
sérieux entraves à toute entreprise de développement.
En fait, le blocage du développement du Mali est aujourd'hui un phénomène
patent. Il s'explique dans une large mesure par le fait que la plus grande
partie des investissements réalisés dans
ce pays agricole a été dirigé
vers des projets industriels "non économiques".
Concomitamment à cela, les gouvernements ont freiné le développement agricole
en pratiquant une politique de bas prix agricoles. Cette politique visait
à maintenir des salaires médiocres dans le secteur public.
Aujourd'hui, le Mali ne peut financer par iui-même ses propres projets de
développement. il a recours à l'endettemert extérieur systématique qui
semble plus destiner à lui permettre de survivre plutôt qu'à financer son
développement.
L'aggravation des distorsions économiQUES et financières a amené ~es
_ .
~ -
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- . : . . '
.-
-
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r .
-
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:::.. '.-'

3
Ces organismes préconisent la réorganisation des structures économiques,
l'assainissement des circuits financiers, le développement des activités
productives en accordant une place au secteur privé et le rétablissement
des grands équilibres.
Ces remèdes découlent d'une vision libérale de l'économie. Certai1es
modalités sont critiquables. Mais ce que nous soulignons, c'est qu'à
l'heure actuelle, l'arsenal des mesures préconisées par le nlI et la BI RD
dl' avantage d'être d'une très grande cohérence?
Par ai 11 eurs, il n' y a pas de sol uti on de rechange. Lorsqu'il Y a des
déséquilibres, il faut les corriger.
Cette étude sur la politique économique et financière malienne de 1968
à 1986 n'est intelligible que si l'on examin2 profondément les politiques
pratiquées au cours de la période qui va de 1960 à 1968. la prise en
compte des données fondamentales caractérisant l'économie et les finances
du Mali au cours de cet intervalle est primordiale pour la compréhension
des phénomènes qui vont s'aggraver ou surgir durant la seconde République.
C'est pourquoi, nous nous proposons dans le cadre de ces prolégomènes
d'appréhender les données fondamentales caractérisqu2s de l'économie
m~ ienne sous le régime de Modibo KeTta.
1

4
1. ELEMENTS DE L'ECONOMIE ET DES FINANCES AU COURS DE LA PERIODE 1960-1968
Le 22 septembre 1960, une tois l'indépendance nationale proclamée par
le congrès extraordinaire de l'Union Soudanaise - RDA, le gouvernement
du Mali sous la direction de Modibo-Keita a tenté de mettre en oeuvre une
politique économique ambitieuse visant à faire du Mali un Etat moderne
débarrassé de toutes les séquelles du colonialisme.
A"insi,le congrès extraordinaire de l'US-RDA donna mancat impératif à la
Dlrection du Parti et du Gouvernement:
1. Sur le plan national
de s'attaquer immédiatement et vigoureusement à la décolonisation
économique ;
d'instituer rapidement des structures économiques nouvelles en
renversant et en développant les circ uits commerciaux dans le cadre
d'une planification socialiste fondée sur les réalités africaines;
- d'user de tous les moyens pour implanter une infrastructure ferroviaire,
routière, fluviale et aérienne conformément aux besoins du pays;
- d'intensifier la production agricole pour augmenter la consommation
intérieure et le potentiel d'exportation;
- d'user de tous les moyens pour l'implantation d'industries de trans-
formation afin d'éviter des frais inutilement onéreux;
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a ni SE:
en place ('un office national du corrrne'-:::E: e><!é!~ieur et l'intensificètion
i
1
j

5
2. Sur le plan africain
Fidèle à sa ligne traditionnelle. l'US-RDA affirme une fois de plus sa
solidarité avec tous les peuples africains.
En conséquence. le Congrès insiste pour la création avec tous les Etats
frères d'un grand marché commun africain pouvant faire face avec effica-
cité à ceux des autres continents.
Propose comme corollaire de ce marché commun. et cela pour la facilité
des changes. la création d'une zone monétaire avec tous les peuples
africains à quelque expression qu'ils appartiennent.
Cette résolution lue par le député MAMADOU DIARRAH
a guidé la politique
économique du Gouvernement de MODIBO-KEITA.
Pour ~2ttre en application les lignes directrices de cette résolution.
le gouvernement de MODIBO-KEITA mit en oeuvre un certain nombre de réfor
mes dans les domaines de la planification. de la monnaie, de l'agricul-
ture et du secteur public.
Examinons ces différents points
A - Le plan Quinquennal 1961-1966
Nous en examinerons les objectifs principaux. les sources de financement
et les résultats d'exécution.
1. Les objectifs du premier pian malien
_
c. - -
.
~-----~
~
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"
~
,
~ ~- '-.
"::
..........
Sénégal
dans 1 ù Fédération du r~al i.

6
le français Jean
LEROY, le portugais da NO~1BREGA et 1 'israé-
lien E1i laBEL.
l'équipe
qui élabora le plan rna1i2n était dirigée par Jean BENARD.
le Gouvernement malien avait d'abord l'intention de mettre en chantier
un plan quadriennal. Mais avec l'éclatement de la fédération du Mali
et l'accélération du cours des évènements combinés à d'autres facteurs
d'ordre politique, ce projet fut rapidement abandonné pour celui d'un
plan s'échelonnant sur cinq années.
le plan fut adopté le 18 août 1961 par l'Assemblée nationale et promul-
gué par décret le 1er septembre 1961. Il était conforme aux résolutions
économiques du congrès extraorèinaire du 22 septembre 1960.
les dirigeants maliens pensaient que trois conditions devaient être
remplies pour en assurer la bonne exécut"on, à savoir
1. l'obtention d'une aide extérieure à des conditions favorables
2. Une politique intérieure ferme permettant au gouvernement de financer
sans inflation les dépenses d'investissements;
3. l'appui et l'enthousiasme populaire.
Dans le rapport sur le premier plan quinquennal, on peut lire
"A--tIU-1.-, J.Jouue-lJ/.:,e de pOuMCh JLu,qu'au bou..t ,sa déco-LorLÂ.-J.Ja-t---Lon tc.onOm---LqLLe,
ta I<épub.f.--tque- du Mali a ..t- e-tte- opté pouh W1 déve-toprxment autoc.c.ntfté..
eeu. J.J-1.-giU.n--te- qu' e.tte- aM~gne c.omme- bu..t à ,sa poü..t~que de c.ho~Manc.e-, ta
c.ovcso.t---Ldat,con de. Mn': ~v,c"~rC'~C!Cè'~CC ct J:' é'/c',).J ",:.~(';~ ,--.:~,
'.'ecu, c1c L'-{ c de ~a

7
Le plan quinquennal 1961 - 1966 renfermait quatre objectifs principaux
1. développer la production agricole et animale dans un cadre socialiste
afin de renforcer l'indépendance al imentaire du Mal i et exporter
1
davantage ;
1
!
1
2. jeter les bases d'une économie planifiée, diversifiée, par la recher-
l
!
che systématique des richesses minières et pétrolières que renferme le
sous- ~ol ma lien, l'étude des poss i bil ités hydroé l ectri ques ai ns i que la
valorisation par transformation des principales productions;
1
1
3. réaliser des investissements d'infrastructure dans le domaine des
1
transports, de l'Administration, de la santé, de l'Education etc ...
!l
afin de permettre un nouvel essor de la production au cours des plans
!
i ntéri eurs ;
4. développer la conscience nationale, former des cadres et mobiliser les
masses populaires.
Dissocions les objectifs globaux et les objectifs sectoriels.
al Le~ obje~6~ globaux
Les planificateurs prévoyaient une augmentation de 2 % par an de la
consommation par tête au cours de la période quinquennale. la croissance
démographique de son côté serait de 2,5 % par an.
Le taux de croissance annuel de la production intérieure brute fut fixé à
8 %. Le taux d'investissement devait passer de 8 % de la production inté-
rieure brute en 1959 à 20 % en 1965 ; le coefficient de capital étant
.çixé à 2,2 ~:.

8
1
1
1
Le tableau nU l retrace l 'évol ution prévue des productions des différentes
branches de l'économie nationale dans le plan quinquennal 1961-1966 : *
i
!
1
!
BRANCHES
1959
i
1965
,
INDICE
Produits agricoles
~O 011
33 085
165
1
Produits alimenta ires
11 673
20 291
175
Energie
3 390
152
Matières premières
1 088
4 088
398
Mécanique
325
820
352
Textiles, cuirs
1 425
3 700
260
Produits divers
200
350
175
Bâtiments
4 345
16 112
370
1 Servi ces
800
1 100
137
TOTAL
42 387
82 936
196
1
1
* Source
Ministère du Plan et de l 'Economi e Kurale/ldem précisé
A l'examen de ce tableau, on constate que les responsables maliens
escomptalent une progression substancielle des branches suivantes: matiè-
res premières, b~timent et travaux publics, textiles et cuirs, industries
mécanlques. Penchons nous maintenant sur l'analyse des moyens de la réali-
sation du plan.
2
- LES MOYENS DE LA REALISATION DU PLAN ET LES SOURCES DE FINANCEMENT
Les investlssements prévus par :e Dian au cours de la oerlDCE auinouen~ale

9
Le tableau N° 2 retrace la répartition prévue des investissements du plan
1961-1966 : *
(en milliards de francs maliens)
l,
REPARTI TI ON
MONTANT 1
%
,
1 - INVESTISSEMENTS PRODUCTIFS
50,8
65
1. Agriculture dont: a;nénagement
19,9
25,3
encadrement - recherche
11,4
14,6
équ"j pement rural
6,7
8,6
2. Indus tri es
10,9
13,9
3. Transports
6,9
8,3
4. Recherches géologiques
6,0
7,7
5. Hydra-électricité
2,8
3,6
6. Divers
4,7
6,0
II - INVESTISSEMENTS NON DIRECTEMENTS
PRODUCTIFS
1. Infrastructures
14,1
2. Logements, Urbanisme
4,8
3. Santé, Education
4,7
4. Autres aC:ministrations
3,8
La priorité était accordée à l'agriculture qui devait être le pilier da
développement économique du Mali.
Cette décision étint logique dans la mesure où le t~ali tire l'essentiel
- c...., -
=~··E~·;I~t:!-::>:. lA ..; GJ~ve~"nemer,:
P('c-~g!~amr~Î'2 Ir--,E:rlr":al p. 4 uiii·1AkG
~ulrl i97'2.

10
D'un autre côté, 35 % des crédits sont affectés à des investissements non
directement productifs.
Ces investissements concernaient l'Education (lutte contre l'ana.lphabétis-
me, formation des cadres, développement de l'enseignement primaire et se-
condaire, ébauche d'un futur enseignement supérieur) équipement des
circonscriptions administratives, construction d'une nouvelle Assemblée
Nationale et d'un building administratif.
Dès la promulgation du plan, le gouvernement de MODIBO-KEITA prit les
mesures suivantes :
politique de contrôle des prix
blocage des salaires
- non recours au financement inflationn
- freinage de l'exode rural
- réforme fiscale etc ...
Concernant le financement des investissements, l'on notera que la majeure
partie a été fournie par l'aide extérieure.
Le tableau n° 3 donne une indication sur les sources du financement du
plan quinquennal 1961-1966. *
..
~.
"
~,
,.
- -,,.. ~
- ;... , -'

\\
11
Tabl eau W 3
t
( en millions de FM)
1
!
SOURCES
MONTANTS
1
CHINE
11 969,4
1
URSS
17 012,5
TCHECOSLOVAQUIE
692,8
1
~
COREE
if49,4
1
tllOUGOS LAVIE
265,4
RAU
4 231,2
1
US-AID
4 160,8
RFA
2 683,5
FRANCE
12 917,1
FED
11 112,4
PNUD-FS
1 239,9
DIVERS
5 16.7
11!
TOTAL
71 870,4
1
1
1
'1
A travers ce tableau, on peut remarquer que la structure du financement
1
extérieur du premier plan quinquennal est dominée par les aides bilatérales.
1
L'URSS, la Chine, la France étant les principaux bailleurs de fonds.
i
i
1
i
3
- LtS RESULTATS VU PLAN QUINQUENNAL 1961 - 1966
1
,
1
Le premier plan malien fut établi en l'absence de tous éléments exacts et
vérifiés de documentation. De plus, les planificateurs ont utilisé des
statistiques fragmentaires.
,-, ,,.

12
Le tableau nV q nous retrace l'évolution du produit intérieur brut au cours
de la période 1960-1968. *
(en mil l iards FM)
SECTEUR
jo
SECTEUR
SECTEUR
,
SALAIRES
PIB
:
ANNEES
1
1
PRIMAIRE
SECOnDAIRE
TERTIAIRE
1960
35,7
7
17,6
7,7
68
1962
36,5
7,3
19,6
78,5
71,9
1
1964-65
44,1
12
L4,5
9,8
90,4
1
1965-66
44,8
13,2
25,9
10,7
94,6
1966-67
52,3
13,7
26,3
11,7
104
1967-68
60
18,3
37,8
14,4
130,5
1
!
1
Au cours de la période consldére, le prodult lntérieur brut est passé en
1
trancs courants de 68 mi 1 liards à 130,5 milliards de francs maliens.
1
~ 1
En francs constants, il est passé de 11 milliards à 136,6 milliards FM.
Les taux de croissance les plus remarquables dans la réalisation du plan
concernent le secteur secondaire.
1,
i
1
Le Gouvernement de la première ~épublique a réalisé de nombreuses industries
de transtormation des produits agricoles, de meme que des industries de
substitution de produits d'importation.
Le tableau nL'55 retrace i 'évolution sectonel le au cours du plan
**
..... -' :....'":'.:- .
-
-
~.
'," --; ,-
-

13
Tableau nU 5
(Indice base lUO en 1959)
SEC1 EURS
1959
. Jui n
1965
Juin 1966
juin 1967
Juin 19681
Primaire
lUU
lU7
109
112
116
Secondaire
lUO
153
163
170
175
Tertiaire
100
103
108
111
113
1
t
Ce tableau corrobore nos constatations. Ainsi, on remarque la très nette
progressl0n du secteur secondaire. les deux autres secteurs connaissent une
très taible évolution.
Signalons que la production de
coton a connu un essor remarquable dû sans
doute aux méthodes d'encadrement modernes et efficaces de le compagnie
françalse de Développement des textiles (CFDT).
- LES ECHANGES EXTERIEURS
Le tableau nU 6 nous donne une idée de l'évolution de la balance commerciale
de 1961 à 196/. *
(en millions FM)
T
1
ANNEES
,1 EXPORTA1IONS ,IIMPORTATIONS
SOLDE~
COUVERTURq
1
)
1%1
5 075
8 786
3 708
57,8
1
l%L
ë 4!~
I l ::'84
8 809
Z1,9
1
1963
::: 606
8 454
5 848
30,8
!
,
1964
1:::6
2 f:93
[). 767
<:6,4
,::::,-:
,
~v.
,
.,
..
.,
~

14
La balance commerciale a toujours été déficitaire. Les exportations malien-
nes n'ont jamais pu couvrir les importations. Seul en 1961, le taux de
couverture a dépassé 50 %.
Les exportations enregistrent de mauvais résultats durant la période d'exé-
cution du Plan.
Il faut signaler que les exportations non contrôlées sont considérables
et dépassent même parfois (confère en 1965 - 1966 et 1967 - 1968) les
exportations contrôlées ou officielles.
En défill~·i:.ïv2, le déficit commercial a permis à la fois de réaliser
certains investissements et de faire progresser la dépense intér:eure plus
rapidement que la production brute.
- LES INVESTISSEMENTS
Près de 65 milliards de francs CFA ont été investis de juillet 1961 à
juin 1968.
Le tableau n° 7 donne la ventilation sectorielle des investissements au
cours de la période qui va de juillet 1961 à juin 1968. *

15
(en milliards de francs CFA)
INVESTISSEMENTS DIRECTEMENT PRODUCTIFS DONT
Montants
%
Agriculture
20
50
Office du Niger
10
Industries
12
Transports et télécommunications
8
Etudes et recherches
10
INVESTISSEMENTS NON DIRECTEMENT PRODUCTIFS DONT
Infrastructure transports
26
50
Education - santé
8
Logement - Urbanisme
2
Information - Tourisme
Jeunesse
Il
Administration - Divers
3
Les infrastructures et les transports ont obtenu la plus grosse part des
investissements
contrairement a ce qui était prévu initialement (confère
tableau n° 2).
Les investissements directement productifs sont a l'arrivée de 50 % alors
qu'il devait être de 65 % selon les prévisions.
Le tableau n° 8 nous donne une idée de l'évolution des investissements
durant la période sous-revue:

16
(en millions de francs CFA)
,
REPARTITION
1959
1964-65
1965-66
1966-67
1967-68
- Agriculture
1 017
1 117
1 120
1 190
1 521
- Industries mécaniques
et él ectri cHé
2 485
4 760
2 905
2 598
5 081
-
Industries diverses
192
272
280
288
340
-
Bâtiments et T.P.
3 360
6 600
6 179
5 849
6 920
...
Services études recher-
1
ches) & services extér.)
160
1 685
540
774
503
1
TOTAL
7 414
14 444
Il 024
10 699
14 373
1
!
Ce tableau confirme que l'agriculture n'a pas reçu les investissements qu'elle
1
était en droit d'attendre du fait de son importance dans le produit intérieur
1
1
brut.
Ce sont les infrastructures qui ont reçu la plus grosse part des investisse-
1
ments.
1
- LES CONSOMMATIONS FINALES ET L'EQUILIBRE D'ENSEMBLE DES BIENS ET SERVICES
, 1
Le tableau n° 9 retrace l'évolution des consomma-cions finales sur la
période 1959 - 1967 - 1968.
1
(indice base 100 en 1959)
[-
1959
! 1964-6511965-66: 1966-67:: 1967-68
~----------------;-----~I---;-1----+-[---+------!
1
i
Production intérieure brute
100
111
:
115
i
118
1
122
j
,
1
1
1
- Importations
100
140
125
i
114
1
1
100
1
- Total ressources
1JD
115,41
,
116,8:
117,3
i- Exportati ons
10C
00
i
~-'
89
sc
"
, -
.
~
- -
"
' j ~
r
-
,
~ Consommatio~s privées
., r"'i ,-
-
/
':'00
.
~
::J
- c,'
~
~ Inv2stissements et stocks
,
,
100
186
52
:,9
,
l
l
~~
J
~,
1
rogramme t~iennal _. _ P 7 -
Ces indices tradu~sent le~ \\a'~~3:~~r~ .J

17
On notera
1
- une faible croissance de la production intérieure brute;
- une médiocre croisance de la dépense intérieure brute. Les importations
1
ayant pris le relais de la production intérieure brute
- une baiss~ du volume des exportations
- une augmentation considérable des dépenses publiques en biens et services
1
et de la masse salariale distribuée par les administrations
1
1
- la faible croissance de la consommation privée.
1
Il est possible d'affirmer qu'il y a eu une légère diminution de la consom-
mation par tête au cours de la période.
1
1
1
Examinons les grandes caractéristiques de l'évolution au cours de la période
1
sous-revue.
On constate un très net accroissement de l'importance des sociétés d Etat
qui effectuent près de 80% des activités globales en fin de période. mais
ce secteur ~ui aurait dû participer très activemE~t au financement du plan
a été très largement déficitaire. Ce qui obligea
l'Etat à couvrir :;on
déficit.
D'un autre côté, les pouvoirs publics ont dû faire face à un accroisement
de leurs charges à cause principalement des servitudes résultant de
l'accession à la souveraineté internationale. l'Etat a airsi été amené
à recourir à l'iilstitut d'Emission. les déficits publics ont alimenté l'in-
flation.
Par ailleurs, la dévaluation du 6 mai 1967 a eu pour résultat une forte
Au total, on peut faire les remarques suivantes

18
1. Les investissements prévus au plan ont surestimé le montant de l'aide
~xtérieure
mobilisable;
2. Les capacités
de financement tant public que privé ont ~i:.3 surévalués
3. Les investissements prévus au plan excédaient la capacité nationale
d'absorption du capital ;
4. L'ampleur des tâches à accomplir dépassait les possibilités adminis-
tratives du pays ;
5. La politique d'austérité qui fut mise en oeuvre était trop lourde pour
les maliens.
Ainsi, l'observation de HICKS citée par Andrew KARMACK
(in le développe-
ment économique en Afrique-Paris 1968 p. 229) s'avère pertinente:
" Nou.6 POUVOY1J.l acime.tttLe. qu'on donne. .ta p.tac.e. ptU..nupa.te. aux ..tnveJ.Jw.6e.me.nu,
ma..i...6 nou.6 de.voY1J.l .6ou..t..<..gnett, c.e. 6a..i...6ant, que. .ta e.tto..t.6.6anc.e. éc.onom..tque. n'e6t
pM .6e.u..te.me.nt a66a..i..tte. d' ..tnveJ.Jw.6e.me.nt e.n .60..t, ma..t.6 d' ..tnveJ.Jt..t.6.6e.me.nt ayant
un tLe.nde.ment .6U6 6..t.6ant" .
B - LA REFORME MONETAIRE MALIENNE
Le Mali a mené de 1962 à 1968 une expérience de souveraineté monétaire qui
a
profondément marqué son évolution économique et financière.
Dès son accession à l'indépendance, le Mali mit sur pied un ensemble
d'institutions qui ne s'inscrivaient pas dans le cadre des règles de fonc-
tionnement de la zone franc. Il s'agissait principalement de l'office
malien des changes (septembre 1960) et qui était chargé du contrôle des
transferts de fonds entre le lia li et le res te du monde, y compri s la
zone franc.
Cette disposition était absolument contraire à la libre transfêrabilitê
franc CFA.

19
Le maintien de la meme parité avec le franc CFA avait pour objectif d'une
part de conserver les courants d'échanges traditionnels avec les pays
limitrophes d'Afrique occidentale et d'autr€
part, le Mali n'entendait
aucunement remettre en cause son appartenanee à la zone franc.
Dans ce contexte, le gouvernement malien envisageait des négociations tant
avec ses partenaires ouest-africains qu'avec le gouvernement français.
Celles-ci devaient permettre de
"trouver dans les meilleurs délais, les solutions les mieux appropriées aux
problèmes immédiats nés de la situation nouvelle, et surtout d'étudier en
commun les modalités d'une coopération indispensable mais renovée et féconde".*
Le Mali avait engagé des pourpalers avec la France afin de bénéficier, à
l'instar de la Tunisie d'un compte d'avances dans les écritures du Trésor
français.
Le 28 juin 1963, le Mali et la France signaient un accord stipulant
"La France procèdera à l'achat de 1 400 mi 11 i ons de FM ... pour permettre
au Mali de soutenir sa monnaie. Ces francs maliens seront portés au crédit
du compte du Payeur de France dans les livres de la banque de la République
du Mali (BRM) et le Trésor français ne demandera pas avant le 30 juin 1964
le rapatriement des sommes figurant au crédit de ce compte. Dans le cas 00
l'évolution de sa balance de paiements conduirait le Mali à réduire son
programme d'im~ortations,
le Gouvernement du ~al i s'engage à ne pas réduire
les importations en provenance de la France dans une proportion supérieure
à celles des importations en provenance des pays tiers".
Par cet accord, la France s'engagea~t à accorder une ava;lce de tl"?'::C'"'?!""'?
gouvernement malien les moyens de financer sa pol itique de développement
dégagée à travers le premier plan quinquennal.
i.::, , ~ . -:
:.

1
~
20
La création du franc malien entraina de nombreuses distorsions qui furent
difficiles à corriger. En 1966, le Président MODIBO-KEITA reconnaissait:
"De tout temps, notre pays a vécu au-dessus de ses moyens. Nous étions
donc en pleine dépendance. Avec le Franc malien, nous avons d'abord voulu
connaitre notre réelle situation économique. la réforme monétaire nous
a permis entre autres de découvrir les faiblesses de notre économie. Nous
avons apprécié
à sa juste valeur le déséquilibre entre nos besoins de
consommation et nos moyens de paiements".*
Le franc malien s'est dégradé par
déficiente que l'on
peut cerner à travers un ensemble
\\
1. L'EVOLUTION DE LA MASSE MONETAIRE
Durant la période considérée, nous
continue de
l'ensemble des disponibil ités monétaires.
Notons que ce phénomène s'est poursuivi même après la chute de la pre-
mière Républiquè.
De 1962 à 1967, les disponibilités monétaires ont progressé d'environ de
150 %. ~lles sont, en effet, passées de 13,5 milliards de FM en 1962 à
25 milliards FM en 1967 au moment de la dévaluation du Franc malien le
6 mai.
* ,Jeune Afri que
N° 280 du 8 mars 1966.

21
Le tableau n° 10 nœus retrace l'évolution de la masse monétaire au cours de
la période 1962-1967.*
(en milliards FM).
ANNEES
MONTANTS
ACCROISSEiiENT
1962
13,5
+
1963
15
+ 1,5
1964
17,6
+ 2,6
1965
19,1
+ 1,5
1966
22,2
+ 3,7
1967
25
+ 2,2
L'accroissement de la masse monétaire s'est opérée de la façon suivante
en 1963, elle s'est accrue de 1,5 milliards FM
en 1964 de 2,6 milliards FM
en 1965 de 1,5 mil l i ards FM
en 1966 de 3,7 mill i ards Ft~
et
en 1967 de 2,2 mil l i ards FM
S'agissant des composantes de la masse monétaire, la circulation fidu-
ciaire a connu en pourcentage les accroissements suivants:
4,8 % en 1962
18,5 % en 1963
21,9 % en 1964
0,2 0//0 en 1965
8,4 C//0 en 1966 et
l6,5 5; en 1967.
ces avoirs des sociétés d'~tat au niveau de l 'institut d'~m~ssion et des
com~tes chèques postaux, a progressé lentement après 1962 après avoir
connu une expansion spectaculaire dDe aux dotations en capital.
':"'" ... , r ~',...
.,..., '"' ~
3H!":f,!,"\\,..,i
_ ,::).~.~.

22
La monnaie scripturale a connu les progressions suivantes
+ 26,4 % en 1962
+
1,9 % en 1963
+
9,5 % en 1964
+ 25,5 % en 1965
+ 45,4 % en 1966
+
0,4 0'70 en 1967
Ainsi, la caractéristique principale de cette période, c'est l'accroisse-
ment excessif de la masse monétaire en comparaison avec l'évolution du
produit intérieur brut. On notera que dans cet accroissement de la masse
monétaire, la monnaie fiduciaire tient une grande place.
2. LES CONTREPARTIES DE LA MASSE MONETAIRE
Elles sont réparties en trois rubriques; les crédits à l'économie, les
crédi ts à l'Etat et l es créances
sur l'étranger cons ti tuées par le sol de
des transactions avec l'extérieur.
al LeJ.J CJtë-cti..U li .t. ë-c.o nom-<.e.
Au cours de la période sous-revue
, la BRM effectuait à elle seule près
de 96 % du financement des concours à l'économie. le rôle des banques
privées était sans conteste peu significatif.
Les crédits à l'économie ont enregistré une forte expansion, notamment
au cours des premières années du plan auinquennal.
Cette forte progression trouve sa justification dans le formidable
effort d'équipement engagé par le gouvernement de MODIBO-KEITA.

23
Le tableau n° Il nous permet de saisir l'évolution de l'ensemble du crédit
intérieur. * (en milliards FM)
ANNEES
CREDITS A L'ECONOMIE
TOTAL CREDIT INTERIEUR
1962
7,6
13 ,8
1963
10,2
18,6
1964
15,2
25,9
1965
11,9
29,5
1966
13
37,9
1967
15,1
54,1
1
Les crédits à l'économie ont évolué de la façon suivante
+ 35,2 % en 1963
+ 48,2 %en 1964
+ 15,6 % en 1965
+ 19,2 % en 1966
et
+ 15,8 % en 1967.
La part de la BRM dans la distribution des crédits à l'économie est passée
de 24,7 %en 1962 à 80,6 t en 1963 ; 85,4 % en 1964. Au 31 décembre 1966,
elle atteignait 96,1 %.
Le tab12au n° 12 nous donne une idée de l'évolution du crédit à l'Etat par
rapport au total du crédit intérieur au cours de la période considérée.

24
Tableau nO 12
(en milliards FM)
ANNEES
CREDITS A L'ETAT
'TOTAL CREDIT INTERIEUR
1962
6,2
13 ,8
1963
8,3
18,6
1964
10,6
25,9
1965
17,5
29,5
1966
24,9
37,9
1967
39
54,1
Les crédi ts à l 1 Etat sont passés de 6,2 mi 11 i ards FM en 1962 à 39 mi 11 i ards
FM en 1967. Il Y a là une progression remarquable.
Le taux d'accroissement desdites créances est très important d'une année
sur l'autre.
Les variations furent les suivantes
34 % en 1963
+ 28,2 % en 1964
+
9,9 % en 1965
+ 36,9 % en 1966
+ 56,7 % en 1967
L'importance de ces créances découle du fait qu'il a fallu constituer le
capital social des sociétés et entreprises d'Etat qui constituaient l'une
des pierres angulaires de :a politique économique du Gouvernement malien
Par ailleurs, une partie des crédits à li~tat a se\\~vi
(3
Tl:~ë;rcCC\\"
'':
.:::~-
-- ~ ,-..: .....
1
)
'c......'
1,.,
L'évolution des avoirs extérieurs ~u ~3;i fut ia suivante

25
2,12 mill i ards FM en 1963
6,37 mil 1i ards FM en 1964
8,24 milliards FM en 1965
12 mi 11 i ards FM
en 1966 et
27,48 milliards FM en 1967.
La détérioration de la situation économique et financière a amené l'Etat
à solliciter fortement les concours extérieurs.
Le Mali a essayé de ré-
soudre la crise de sa balance des paiements en procédant à des tirages sur
le FMI et en sollicitant des prêts et aides de l'extérieur.
Cet ensemble de phénomènes conjugués avec d'autres facteurs ont abouti à
l'inflation.
3. L'INFLATION MALIENNE
L'inflation malienne a une orlglne économique qui peut être appréhendée
au niveau des entreprises et une origine monétaire découlant sans aucun
doute de la politique laxiste pratiquée dans ce domaine.
Ces deux orlglnes, bien que fondamentalement différentes dans leur nature,
n'en sont pas moins complémentaires.
L'inflation découle du dérèglement du système économique et monétaire.
En effet, l' acti vi té économi que est consti tuée grosso-modo, de deux
ensembles: un ensemble constitutif de flux réels et un ensemble cons-
titutif de flux monétaires. L'inflat on appara~t lorsqu'il y a distorsion
entre les flux réels et les flux monétaires.
Ces distorsions naissent à la suite des pressions provoquées par civers
phénomènes tels l'excès de ia demande sur l'offre, le financement des
La rareté de l'offre des bi ens d'un côté, et 1a pression de 1a demande

26
Le tableau n° 13 nous donne un aperçu de l'évolution de l'indice des prix
a la consommation alimentaite· en milieu africain a Bamako.
(en 1962/1963 - 1968)*
ANNEES
,
PRIX COOPERATI VE . PRIX SUR LE MARCHE
1962/63
100
100
196
99,8
104,3
1964
112,5
130,8
1965
115
166,7
1966
126
188
1967
152,5
188,5
1968
152
170
L'année 1962/63 est la base de référence de l'indice. L'indice ne concerne
que les denrées alimentaires. Il est en outre restreint a la consommation
de type africain pour la ville de Bamako.
Nonobstant ces observations, il est possible de se faire une idée grosslere
de l'évolution du coût de la vie. A'insi, on constate une très forte hausse
des prix en fin de période. Signalons enfin que les salaires sont restés
bloqués tout au long du régime de Modibo-Kelta.
L' i nsuffi sance de l'offre interne des bi ens a provoque un accroi ssement
de la propension a importer. c2la se repercuta sur la balance des paie-
ments qui s'est très vite détériorée.
Concomitamment aux dérèglements de l'offre et de la demande, l'inflation
2 éG3leme~t êt~ favorisée Dar un aut~e phénomène, à savoir le financement
(*; Ministère du Plan
Ba:T1ako 1981.

27
b) - Le financement des dépenses improductives par les déficits budgétaires
Les dépenses improductives découlent du fonctionnement du nouvel Etat. Nous
savons qu'elles jouent un rôle m)jeur dans l'émergence de la hausse des
prix.
A côté des dépenses de fonctionnement, il y avait les subventions et les
prêts accordés aux sociétés et entreprises d'etat.
A cet égard, il faut retenir qu'une grande partie de la dette consolidée
de la BRM auprès de la Banque de Développement du Mali (BDM) est composée
par ces subventions.
La politique inflationniste du Mali est classique. En effet, "face à une
production stagnante, l'Etat distribue des revenus monétaires croissants
pour faire face à ses dépenses courantes de fonctionnement et pour finan-
cer des investissements en sus de ceux financés par l'aide extérieure,
tandis que les entreprises publiques ajoutent au déficit le leur".*
Les sociétés d'Etat n'ont pas été à la hauteur des espoirs placés en elles.
Elles n'ont, en effet, pu être une source de financement du plan. Elles
furent au contraire des gouffres dans lesquels se sont enfouies les sub-
ventions étatiques.
A côté des facteurs monétaires, d'autres éléments ont concouru à l'inflation.
c\\ - Les facteurs non monéta~res de l'inflation malienne
Le Mal i tire l'essentiel de ses revenus de l'agriculture et c'est un truisme
d'affirmer que l'évolution de ce secteur exerce d'importants effets sur
.', - - - - -
,
~
r
,-
-

r ' ,
.... -i"'::
::: _,::: ,;::.
~'C
des produits; d'un au:re
~t~, el12 détermine la capacité d'importation
du pays, c'est-à-direu'eile e~t la source principale de devises.
~
r J 1
i :::'.: l


28
Le gouvernement de Modibo-Keïta a pratiqué une politique de bas prix agri-
coles qui s'est repercutée sur la production des denrées alimentaires. Les
dirigeants de l'époque entendaient accélérer le développement par le biais
d'importants transferts du secteur agricole vers le secteur industriel.
Mais cette politique engendra de nombreuses distorsions. on assista à la
regression de la production céréalière et au développement des échanges
clandestins. ces deux phénomènes ont accentué le déséquilibre de l'offre
et de la demande.
Partant, ils ont contribué à l'aggravation des pressions inflationnistes
ainsi qu'à la hausse des prix à la consommation.
On peut constater que les bas prix agricoles ont eu des effets néfastes
tant sur la production des céréales que sur le budget de l'Etat.
Cette politique inadéquate est sans nul doute l'une des sources des tensions
inflationnistes.
4. BILAN DE LA REFORME MONETAIRE
La réforme monétaire malienne a été un insuccès. Elle s'est soldée par les
accords de coopération monétaire franco-malien de 1967 qui constituaient
une remise en cause totale de la souveraineté monétaire du Mali puisqu'ils
conféraient à la France un pouvoir d'ingérence exceptionnel dans les
affaires intérieures du Mal i. E:x.B';-,]inons les résul tats de l a pol itique
financière au cours de la Première RéJublique.
al Le bud9~t de l'Etat
Le budget de l'Etat a toujours été déficitaire depuis l'accession du Mali
à l'indépendance. Cela veut dire que l 'Etèt a dans une certaine mesure,
lnvestissements, grace précisément au défic~t de la balance des paiements.
C'est par le biais de l'aide extérieure q:Je ces immobilisations ont pu
être réalisées.

29
Le tabl eau n° 14 nous retrace l' évol uti on des budgets de 1960 à 1968 *
(en milliards de FM)
1
ANNEES
1960
1961
1962
1363
1964 64/65 1 65/66 66/6Z 67/68
1968
Prévisions
6,7
11,7
14,6
12,6
7,7
13,6
13,6
27,8
23;5
10,0
Recettes
8,0
9,8
10,1
6,0
13,1
12,5
13,8
18,8
9,0
Dépenses
11,2
13,4
12,7 1
7,1
13,5
14,1
15,8
20,8
10,8
1
Défi cits
1,2
3,2
3,6
2,61
1,1
0,5
1,7
2,0
2,8
1,9
1
1
Le déficit moyen durant cette période se situait aux alentours de deux milliards
de FM. Il était toujours couvert par des avances de trésorerie ou par des
subventions de la BRM.
A côté de la détérioration des finances publiques, il y avait celle des ré-
serves de changes et plus globalement celle des règlements extérieurs.
b} Le.6 Jtèg-teme.n.:U e.x:tme.uM
Tout d'abord, nous devons souligner la dégradation de la balance commerciale.
Le tableau n° 15 nous retrace son évolution de 1961 à 1967.**
(en mil l i ons FM)
ANNEES
EXPORTATIONS
IMPORiATIONS
SOLDE
COUVERTURE
1961
5 075
8 786
3 708
57;8
1962
2 475
11 284
8 809
21,9
1963
2 606
8 454
5 848
30,8
1964
4 126
8 893
il 767
46,4
1965
".5 883
lD :94
7 ~ Î
36,6
';
2:\\,~
r,
','
-
"
""_, r - '
... :,;c ;
C~· ~
~
~~
~~ ----'----~--------------,---,------,----
(*)
In Annuaire statistique du ~aii Samako 1970.
(**) Ministère du Plan: Bamako 198:.

1
30
La balance commerciale a toujours été déficitaire. Les exportations maliennes
n'ont jamais pu couvrir les importations. Seul en 1961, le taux de couver-
ture a dépassé 50 %.
1
En second lieu, s'agissant des règlements extérieurs proprement dits, l'on
remarquera que la balance des opérations courantes est toujours déficitaire.
Ce déficit est d'ailleurs attenué par l'aide extérieure dispensée au Mali.
1
1
Le tableau n° 16 nous donne un aperçu de l'évolution de la balance des
paiements de 1962 à 1967/68.*
1i,!1!,
. ,
Transacti on'
M1uvaœnts
Erreurs
Soldes
Années
Bi ;::ns
services
uni latérale'
capitaux &Qnissions
globaux
1962
- 7,1
- 1,2
+ 1,3
+ 2,4
- 0
- 4,6
1963
- 6,9
- 2,4
+ 1,1
+ 4,0
-
- 4,2
-
1964/65
- 5,5
- 6,9
+ 5,3
+ 6,5
-
- 0,6
1965/66
- 6,4
- 6,1
+ 5,5
+ 6,4
-
- 0,6
1966/67
- 4,1
- 6,1
+ 4,0
+ 5,2
-
- 1
Dévaluation du 6 mai 1967
1967/68
- 3,8
6,4
+3,3
+ 2,8
-
- 4,1
1
-
1
1
Le déficit de la balance des paiements provient en gra~de partie du
déficit commercial dans lequel le coût des importations tient une place
particulière.
L'amélicration de la balance commerciale est à cet égard une condition né-
cessaire au rétablissement de la balance des paiements.
Les soldes de la balance commerciale et de la balance des services sont
toujours négatifs. Ces deux sJldes négatifs découlent des ,jé:;,scu",:'Y't:
, c
~lecque. Ils proviennent erroutre des intérêts payés sur la dett· 'x:::ri:::ure
ainsi que des dépenses des ambassades mal iennes à l'étranger.

31
Au cours de la pêriode sous-revue, le dêficit de la balance des paiements
a êtê couvert par les mouvements des capitaux et certaines opêrations
monêtaires.
Le dêficit est restê relativement stable. Sa couverture a êtê problêmatique
car les dêficits cumulês ont jouê sur les avoirs extêrieurs dont les soldes
êtaient nêgatifs.
Le tableau n° 17 '10US permet de saisir la dêtêrioration des avoirs extêrieurs
du Mali.
(en millions FM)
ANNEES
MONTANTS
1962
- 1,14
1964
- 3,37
1966
- 12
1967
- 27,48
1968
- 29,:3
Cette situation catastrophique a abouti à la dêvaluation du 6 mai 1967 à
la suite des accords franco-malien de la même annêe.
Au total, on peut faire les remarques suivantes
1. L'accroissement de la production (1) et des exportations fut très modeste
ce qui entraîna des dêséquilibres au niveau des paiements extêrie.Jrs
2. Le secteur public s'est dévelcppê rapidement ffiais il n'a pas généré de
profits. ~l n'a donc pu participer comme pl'évu au financement du plan
_. ~es dépenses ;OU\\'ei'I',ernentaies SE:- s:Jnt !~u~:~p~iées sans qu'il y ait un
accroissement correspondant des rece+tes publiques.
,
f't:> 1 ~
\\,.. .... Jc
est également une ~~s sources des nombreux déséquilibres qui aï tè-t..t-

32
Le bilan de la réforme monétaire malienne confirme les conclusions de la
plupart des théoriciens du développement.
Ainsi, KARMACK soutient
"
.t ' exc.èJ.l d' amb~on ef.Jt exbtême.ment dangetteux quand d f.J' ag"lt de gé.ttett
.ta mo nna.,.le et .tef.> ùac.d"ltü de e.ttéd,.lt .
... On ne peut daYl.f.> auc.un rayf.J géttett.ta monna"le en nég~geant.te monde
extllieUft et .ta ba.-€.anc.e
def.> pMe.mentf.J. Cûa veut d,.ltte en -\\ 6tt,.lq ue que .ta
ma.Jtge de manoeuvtte ef.>t btèf.J éttto"lte. La d,.l6Ù"lc.u-€.té ef.Jt c.e.e..e.e-c.,.L : !'ex-
paYl.f.>"lon moné.ta"ltte danf.J un payf.J en vO"le de déve.toppe.ment, f.Ju/ttout a6tt,.lc.ain,
f.Je tftaYl.f.>6oJune poutt p.tUf.>"leUM ttWOYl.f.>, mw avec. une ttap"ld,.lté e6nttayante,
en un pttob.tème de ba.tanc.e def.> pMe.mentf.J. I.t manque d'abottd .ta f.Joup.te.f.>f.Je
"lnte.ttne de .ta pttoduc.;t"lon, qU"l e.x~te daYl.f.> un payf.J déve.toppé.. ,,*
L'évolution malienne atteste ces analyses. Le fiasco monétaire trouve sa
source dans une politique inadéquate dans le domaine rural.
c- La po~que de dé.vûoppe.ment ttutta.-€.
L'agriculture occupe une place part-culièr~ dans l'économie malienne et
ceci à deux points de vue :
Premièrement, nous retiendrons que 90 % de la population exerce une acti-
vité agricole. Pour 80 % au moins des maliens, l'agriculture constitue l'
l'act i vité pr i nci pal e .
Deuxièmement, les étendues cultivées et les superficies cultivables sont
très importantes dans ce pays continental. En effet, sur les l 204000 km2
qui constituent le Mali, la moit~é est cultivable.
-
-
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C.
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':: '-- Cl ; \\".
;'A:
~
agriculture arChalque
:ecr: iqL.~s rudir:1er~ai!'es et qui con, aissait très
peu ou pas d'innovatior ~ culturales.

33
Le Congrès extraordinaire de l'US-RDA de septembre 1960, avait préconisé
le développement prioritaire de l'agriculture et la mise en place des
structures de type "social iste" devant permettre l'organisation des pay-
sans sur la base coopérative ainsi que leur encadrement technique.
Le but du mouvement coopératif était de soustraire les paysans des séquelles
de l'usure et du mercantil isme, fléaux sévissant dans les campagnes, grace
à la couverture convenable du marché rural par le commerce d'Etat et la
jonction correcte avec le commerce coopératif villageois et urbain.
la politique du gouvernement de Modibo-Keïta visait à
- lutter
durablement et efficacement contre le sous-emploi et le
chômage sous toutes ses formes
- revaloriser les sols par des travaux rentables et des investissements
adéquats ;
- augmenter qualitativement et quantitativement la production;
- transformer radicalement la mentalité paysanne et partant la productivité
L'articulation rurale qui fut mise en place par le gouvernement de
Modibo-Keita était la suivante:
- Secteur de base pour 2000 à 4000 habitants;
- Zone d'expansion rurale
(ZER) pour 10 à
15000 habitants (échelon de
l'arrondi ssement)
Secteur de Développement Rural
à l'échelon du cercle
- Conseil Economique régional :
- Service de l'Action Rurale: à l'échelon régional
La commercialisation des produits agricoles était assurée au niveau national
par deux organismes gouvernementaux.
était l"esponsable de l'ensemble c~s p:'oduits vivt"iers.

34
Cette organisation qui semble a premlere vue d'une très grande cohérence
n'a pas donné des résultats efficients.
L'agriculture malienne a connu des difficultés énormes dues a un ensemble
de facteurs qu'il nous faut cerner.
En 1966, le Président Modibo-Kelta reconnaissait
" Nous avons davantage a faire face a un problème de productivité qu'a
un problème d'organisation technique de la production. Cette productivité
est liée a l'équipement et a l'encadrement. Nous constatons que nous avons
trop mis l'accent sur les champs collectifs, nous avons créé et renforcé
les sentiments d'un travail collectif.
1
Aujourd'hui, nous pensons qu'il faudra amener le paysan a s'intéresser a
!
f
ce qu'il fait, en d'autres termes, a l'accroissement de la production, de
la productivité .
j
... Nous avons besoins a l 'heure actuelle de beaucoup produire pour faire
face a l'approvisionnement de nos populations sur l'ensemble du territoire
!l
et aussi pour pouvoir exporter.
1
.\\
... Il y a aussi une autre impulsion a apporter et qui s'appliquera aux
activités commerciales.
Nous pensons
qu'il est essentiel de faire en
1
sorte que le commerce de distribution soit développé dans les grands
centres.
Nous avons des coopératives de consommation, mais nous avons constaté
qu'elles n'ont pas élargi le cadre de
leurs activités et n'ont pas compris
qu'il était nécessaire de multiplier les magasins au maximum afin de pou-
voir satisfaire tous les besoins de consommation."Y
En fait, l'agriculture malienne s'est effondrée en fin de période. Un
gigantesque marché noir a fortement altéré l'action du gouvernement de
Modibo-Kelta. l'inflation dont nous avons ~ontvé ci-devant les mécanismes
(*) in Jeune Afrique, n° 280 du 8 mai 1966.

35
Le tab1eau n° 18 nous donne une idée significative des résultats de la com-
mercialisation des produits agricoles au cours de la période considérée.
(en tonnes)
Prév.
PRODUITS
1961/62
62/63
63/64
64/65
65/66
66/67 1 67/68
50 à
Mil Sorgro
20.920
27.100
16.240
17.245
25.290
56.640
60.000
Paddy (Œl)
23.470
23.020
28.870
25.300
34.750
25.860
20.000
Paddy hors Of.
430
4.760
3.830
2.030
1.430
7.020
3.000
Riz décortiqué
1. 710
4.515
40
3.130
1. 530
2.265
2.000
Total Paddy
26.500
34.550
30.900
32.000
28.500
36.300
26.000
Arachiœ
66.430
70.660
75.200
44.200
27.200
40.100
27.000
Coton ŒDT
5.900
12.300
15.800
21. 800
16.200
21.700
30.000
Coton Office
7.100
7.700
9.500
6.400
2.300
6.200
1.500
Total Cot)n
13.000
20.000
25.000
28.200
18.500
27.900
31. 500
On constate une dégradation très nette de la commercialisation de l'arachide.
En effet, celle-ci passe de 66.430 tonnes en 1961-1962 à 27.000 tonnes en
1967-1968 soit une chute de près de 60 %. C'est sans nul doute le blocage
des prix à la production qui est à la base de cet effondrement.
on voit donc que le secteur primaire n'a pas réussi à dégager le surplus
indispensable à la promotion d'une économie nationale indépendante.
Or, tous les auteurs qui font autorité en matière de développement s'accor-
dent
à affirmer que
• l'agriculture reste le secteur clé du développement économique de la plus
g: and '= par t i e de l 'Af \\' ~ C1 ue .
minimum qui permettra à l'industrie de s'éllplanter pour obtenir les devises
étrangères nécessaires au paiement des importations, enfin pour faire naître
les recettes fiscales indispensables au financement des organismes oublies.

36
L' amél i orati on de l' agri cul ture
doi t être au centre de tout programme de
développement".*
NURSKE de son côté soutient que '1 la voie de l'industrialisation passe
par le perfectionnement de l'agriculture".**
A la lumière de ces assertions, on comprend mieux le résultat de la po-
litique de blocage des prix agricoles. Celle-ci ne pouvait qu'entraïner
la chute de la production, la médiocrité de la commercialisation, ainsi
que le développement d'un réseau clandestin d'exportation vers les pays
limitrophes où les prix agricoles étaient plus rémunérateurs.
par ailleurs, cette politique ne pouvait qu'entraïner des conséquences
négatives sur la distribution des revenus, de meme
que sur la crois-
sance économique globale. En effet, l'on peut soutenir que les bas
prix agricoles visaient à maintenir des salaires médiocres dans le
secteur public.
D -La po~que de Mo~bo-KeZta a l'éga~d du ~ecteu~publ~c
Le gouvernement de Modibo-KeTta accordait une place particulière au secteur
public qui devait jouer un rôle moteur dans le développement économique.
Ainsi, le Ministre du Développement affirmait en 1962
" la mise en place des sociétés d'Etat ne suffit pas, il faut qu'elles
obéissent aux impératifs économiques et idéologiques qui ont présidé à
leur naissar=e, autrement dit qu'elles soient pour l'Etat une source je
revenus, pour les travailleurs une source de bien-être et pour la com-
munauté nationale un facteur déterminant dans le relèvement du niveau de
vie.
-
.~
i...::
':
de ces Gt'~a'-,~~ ,es que pa'- li -"-::;::0-,-:'2 tel~e que nous la conr,aissons
1
,-, ~
c -
1
1
J

37
aujourd'hui. Demain, les sociétés d'Etat doivent financer dans de larges
proportions le développement national".*
Le gouvernement malien créa un grand nombre d'entreprises publiques dans
les divers secteurs de l'économie. Il s'agissait de faire naître l'épargne
du secteur public, en créant les bases matérielles d'une économie nationale
indépendante.
Sur cette base matérielle, devaient naitre et se développer, des rapports
de collaboration, d'entraide, d'émulation saine entre les travailleurs.
Les travailleurs devaient être associés à la gestion des entreprises, ce
qui devai t favori ser l'é panoui ssement de nouveaux rapports.
Mais, les sociétés du secteur public ont connu des difficultés qui n'ont
cessé de s'aggraver.
Les usines maliennes ne tournaient pas à leur pleine capacité. Leur gestion
laissait à désirer. Des déficits étaient enregistrés dans presque tous les
secteurs et les services techniques étaient amorphes et parfois inexistants.
Autres facteurs explicatifs des difficultés des entreprises d'Etat: le
manque d'expérience des cadres et l'incompétencE des agents. Ces problèmes
étaient agrravés par le fait que le Mali est dépendant de l'extérieur pour
son approvisionnement énergétique. A ce niveau, il faut noter que le prix
élevé de l'énergie joue sur la rentabilité des entreprises.
Au total l'expérience a re,élé "une inefficacité générale dans les entreprises
d'Etat, qui se traduit par des effectifs en surnombre, une politique de
salaire inappropriée, une médiocre gestion financière, et l'incapacité de
dire clairement aux dirigeants et aux ouvriers quels sont leurs objectifs
et leurs responsabilités.**
(*) in Seydou BADIAN KOU); ~= : =::~ séminaire de ~ 'US-RDA sept. 1962.
(**) in SHAYAR ACHARYA : Perspectives de déveloprement et priorités en
A~riaue subsaha~ienre. ~inances e: ~~ve1o~~ement - ffiars 1981.

38
1
E - Bilan de ta p~em~~e ~épubt~que
1
Le gouvernement de Modibo-Keita fit de l'Etat le principal instrument de
1
régulation de l'économie malienne.
!
Mais cette pol itique achoppa sur un certain nombre d'obstacles. l 'étatisa-
1
ti)n accélérée des structures de l'économie nationale, combinée à la stag-
!
nation du système productif et aux déficiences des mécanismes de commer-
1
!
cialisation a abouti au blocage économique et financier.
t
la situation économique et financière du Mali était manifestement précaire
1i
en 1967 lorsque les dirigeants maliens signèrent les accords de coopération
monétaire avec la France. (Nous publ ions en annexe le contenu de ces
accords qui ont guidé la politique monétaire malienne de 1968à 1984, date
de l'intégration effective à l'union monétaire Ouest africaine ..
La situation malienne présentait les traits fondamentaux s'livants
1. la stagnation de la production agricole entraînant la chute des expor-
tations posant par voie de conséquence des difficultés persistantes au
niveau des paiements extérieurs ;
2. le système des sociétés et entreprises d'Etat sur lequel était bâtie
toute la politique économique du gouvernement de Modibo-Keïta s'est
très vite signalé par des déficiences structurelles.
Les sociétés d'Etat se sont avérées incapables de dégager des profits
donc de participer au ~inancement du plan de développement
Les nombreuses subventions qui ont couvert leurs déficits ont eu pour
effet de susciter l'inflation.
3. dans le aomaine de ;a planification, les investissements prévus ont
_ _
,- ë.. -:: ! -.I-~ • , _
4. Le déficit budgétaire s'est dccentué au cours de la période considérée.
Les dépenses publiques en enregistré un bond gigantesque alors que les
re:e~te5 JujliquEs de leur c6tè, ne connai5saient au'un faible a:cro~s-

39
des paiements ainsi que la forte dette extérieure du Mali. Le tout se cou-
ronnant par l 1 effondrement du franc mali en.
En dévaluant le franc malien de 50 % le 6 mai 1967, le gouvernement malien
enclenchait le processus d'application des accords monétaires franco-maliens.
Cette dévaluation a été un véritable fiasco, car elle a entrainé l'aggrava-
tion du fardeau de la dette extérieure, accentué la hausse des prix agricoles,
rendu plus lourde la facture des biens importés sans pour autant susciter
une amélioration des exportations ni provoquer un rapatriement des capitaux.
A cet égard, la dévaluation du 6 mai 1967 constitue un démenti cinglant à
ceux qui avaient affirmé péremptoirement que la nouvelle politique monétaire
et financière constituerait une solution définitive aux problèmes de l'équi-
libre financier de l'Etat ainsi qu'à celui des paiements extérieurs.
Le régime de Modibo-Keïta fut renversé le 19 novembrE 1968 par un coup d'Etat
militaire. Les accords de 1967 n'ont pas été remis en cause par les dirigeants
militaires. ils ont continué à reglr la politique écunomique e~ financière
du [·1a1i jusqu'à l'adhésion de celui-ci à l'lIMOA en juin 1984. L'échéance de
l' i ntégrati on du ~':a1 i à l' UMOA fut repoussée quatre foi s, notamment en 1971,
en 1977, en novembre 1981 et en décembre 1982. La candidature malienne ne
fut acceptée qu'en novembre 1983 lors du sommet des chefs d'Etat.
Examinons l'évolution mal ienne au cours des décennies 70 et 80.
II - ECONOMIE ET FINANCESMALIEI~I~ES AU COU~S DC:S ûcCEI~NIES 70 ET 80
Malgré son adhésion à l'UMDA, le Mali est 1Gin d'avoir sat-sfait les conditions
qui lui étaient imposées. En effet, la situa~ion économique et financière
de ce pays n'a cessé de
se détériorer depuis 1968.
. c..:.-
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attei nt.
L2 c-r:se de llêconomie i."la i -'2r;~'~' ~S~ [e\\'"'=:::~-'
:es è'è~ents suivants

40
\\
1.
L'hypertrophie du secteur public qui est de surcroit déficitaire et
qui ne survit que grâce aux subventions étatiques, ce qui aggrave le
1
déséquilibre des finances publiques.
2.
V -incapacité - du système producti f à engendrer un processus de croi ssance
1
dans les principaux secteurs économiques.
1
!11
3.
La faible rentabilité des investissements par suite de leur mauvaise
1
orientation, d'une gestion inappropriée, d'une planification bancale,
1
de l'absence de coordination administrative dans l'affectation des
ressources du budget courant et du budget d'investissements.
1
!
4.
L'aggravation du déséquilibre des paiements extérieurs par suite de la
1
conjonction de plusieurs facteurs à la fois endogènes et exogènes.
1
1
1
Comment l'environnement a t-il pesé sur l'économie nationale?
L'ENVIRONNEMENT INTERNA rONAL ET SES INCIDENCES SUR L'ECONOMIE MALIENNE
Nous publions en annexe le World Economic Outlook 1982 qui permet de se faire
une idée précise des dimensions des déséquilibres globaux affectant l'écono-
mie internationale et singulièrement les économies sous-développées.
Partant de ces tableaux et de ses analyses, on peut faire les remarques
suivantes :
1. Les déséquilibres globaux apparus en 1973 après le premier choc pétrolier
se sont accentués de façon particulière après le second choc pétrolier de
1979-80. Les déficits de paiements des pays comme le Mali - importateurs
de p2trole - se sont aggravés. (confère tableau n° 7 .2;1 ann2x9)
Ainsi, l'on remarque que la balance des paiements courants des Days en
dêveloppement importateu~s ce pè~role évolue de la façon SJiV2rte :

41.
28.3 millions de dollars US en 1977
- 38.9 millions de doll ars US en 1978
- 58.8 millions de dollars US en 1979
- 85.6 millions de dollars US en 1980
- 102
millions de dollars US en 1981.
La progression est continue, et significative.
2. Pour les pays à bas revenus - dans lesquels se situe le Mali - la dété-
rioration de la balance des paiements est considérable.
Ainsi, on enregistre les évolutions suivantes:
(en millions de dollars US)
ANNEES
MONTANTS
1977
- 2.6
<.
1978
- 7.9
1
1979
-11. 5
1980
-16.4
1981
-15.3
Les pays africains connaissent un doublement de leurs déficits qui p?sse de
- 6,6 en 1977 à 13.3 millions de dollars US en 1981.
3. Le tableau n° 6 nous permet de savoir l'ampleur de la détérioration des
termes de l'échange au cours de la période 1963 - 1983. ( cf. annexe'
Le taux d'inflation s'est accéléré de façon remarquable dans les pays sous-
déveloJpés, l'écar-:: absolu entre eu)' et les pays industriels s'est creusé
~= g':'Li"=·"n'C;;~:2r~. !-;-,;'~:'èir= E::é,-:' GC,:lC CCjljTr'onlé a l'émergence et à l'aggravation
des déséqu~libres économiques et ~inanciers.
l : évc~ ,,-,:ti on :atastroohique de

42
de l 'économi e mali enne.
La responsabilité des gouvernants est totalement engagée.
L'inflation du crédit intérieur provoquée dans une large mesure par les
déficiences du secteur économique public ainsi que par les déséquilibres
du budget et de la balance commerciale répondent à des motlvations
politiques bien preClses.
Les groupes sociaux gravitant autour du cercle dirigeant profitent large-
ment de ces disfonctionnements de l'appareil économique d'Etat.
Par mille subterfuges, ils bénéficient de passe-droits, échappent aux
contraintes pesant sur le commun des mortels, servent de prête-noms aux
ministres et autres responsables du Parti. L'Etat a véritablement un
caractère népotique. C'est ce qui explique la difficulté des politiques
d'ajustement dans la mesure où celles-ci amenuisent l'assise sociale des
régimes en place.
En effet, l'ajustement structurel vise à corriger les déséquilibres fonda-
mentaux de l'économie nationale. Ce faisant, il porte atteinte aux privilèges
des groupes sociaux dont les intérêts sont fondés sur la ma1administration
. 1
,
de l'économie nationale.
Les traits dominants de l'économie nationale au cours des décennies 70 et 80,
ce sont:
la stagnation de la production tant agricole qu'industrielle et
la dégradati on des grands agrégats de l' économi e.
Concernant l'agriculture, la stagnation de la production persiste tout jours
malgré la libéralisation en 1982 du marché des denrées agricoles.
En fait, dans ce sec:eur, les investissements provenant de l'extérieur ont
été mal LJ~ilisés, ce OIJ~ e a-Ffe':té g'-andement leur impact. L'Etat a dirigé
".- -;
les cultures vivrières ont été délaissées au profit des cultures d'expor-
tation. Combiné à l 'agJravation ~_~s effe s de la sécheresse et à l 'accrois-
sement cJntinu de la CJuYJe ~èmograDhique,
ce Dnén~méne a entra~né des
1
J

43
..
importations alimentaires ~revant la balance des
paiements.
La crise qui affecte l'agriculture malienne est structurelle. or, sans une
amélioration qualitative des résultats agricoles, la stagnation économique
est certaine.
EN effet, le premier pas vers le développement c'est d'abord de créer un
marché intérieur, d'assurer et d'améliorer l'alimentation des populations,
d'accroître les revenus dans le secteur de l'économie rurale et d'augmenter
la productivité tant des cultures vivrières que des cultures de rente.
Le développement de l'économie rurale sera axée sur l'irrigation, la méca-
nisation et l'élevage intensif. Il faudrJ créer les conditions permettant
la production sur place d'engrais chimiques et de machines agricoles. C'est
là, nous semble t-il, la voie d'un véritable développement économique et
social.
l'industrie présente les mêmes déficiences que l'agriculture. L'analyse
montrera que le secteur industriel n'a pas stimulé le développement. Bien
au contraire, la politique bureaucratique inefficace de gestion du secteur
public llÎ conduit à l'inflation. Ce qui est un facteur d'aggravation des
tensions sociales.
Les limites de l'industrialisation sont connues. Il s'agit entre autres des
problèmes techniques, de l'étroitesse du marché, de la faiblesse du niveau
de vie, etc ...
L'une des solutions réside sans conteste dans la mise en oeuvre d'une
politique à l'échelon régional ou continental. les solutions solitaires,
isolées, sont dérisoires et totalement inopérantes.
ènorffies dèfici:s du budget de l'Etat, des en:reprises publiques Et de la
balance des paiements.

44
pement national.
la question fondamentale Lepuis un quart de sicè1e est de savoir comment
accroître et améliorer la capacité nationale de financement. Car il est
clair qu'un processus de développement éonomique réel ne peut se baser
que sur l'augmentation du volume des ressources intérieures qu'il faut
mobiliser énergiquement et efficacement pour accroître la formation du
capital.
Les auteurs sont unanimes sur ce point. Ainsi, selon NURSKE
*
"la formation de capital implique que la société ne doit pas appliquer
l'intégralité de son activité productive courante aux besoins de consom-
mation immédiate, mais en réserver une partie pour la production de
biens capitaux, outils et instruments, machines et facilités de transport,
matériel et équipements. Toutes ces formes variées de capital réel qui
accroissent de façon notable l'efficacité de l'effort productif.
... L'essentiel du processus consiste alors dans le détournement d'une
partie des ressources ordinairement disponibles de la société dans le
but d'accroître le stock de biens capitaux en vue de rendre possible une
expansion ultérieure du produit consœmab1e.
Partant de ces analyses,
on peut retenir que le capital se fait avant
tout chez soi. A cet égard, NURSKE** donne le fameux exemple du Japon:
"Selon les indications dont on dispose, le Japon est parvenu à épargner
de 12 à 17 % de son revenu national au début du siècle actuel. Les
emprunts extérieurs du gouvernement étaient relativement peu importants
et aucun investissement privé extérieur ne se manifesta avant les
années 1920.
(*) NURSKE : lderr p.l
(*-r \\ i cerT, - p.
1
1

45
Il Y a là à mon avis, un enseignement fondamental.
Souscrire à ces affirmations pertinentes, ne signifie nullement que je nie
l'importance du capital étranger dans les pays sous-équipés.
NURSKE lui-même soutient que meme si celui-ci est destiné à favoriser l'ex-
pansion des marchés extérieurs, qu'il remplit dans les p.v.d. d'autres
fonctions non négligeables ..
Il s'agit, entre autres, de l'accroissement de la capacité d'exportation
et d'imporation, de la contribution à la croissance même si celle-ci
s'effectue à un "rythme assez lent" et de "diverses économies externes
telles que les qualifications du travail et les travaux publics qui ne
peuvent manquer de bénéficier tôt ou tard au marché intérieur".*
NURSK~ poursuit en affirmant que les capitaux étrangers contribuent à
atténuer "les souffrances imposées par le progrès matériel dans les pays
situés au
bas niveau de la pauvreté. les fonds étrangers peuvent certai-
nement accélérer le processus de formation du capital et le rendre moins
difficile, moins violemment destructeur sur le plan social et moins
susceptible de condufre à des formes despotiques de gouvernement".**
Mais ce que NURSKE souligne avant tout, point sur lequel je le rejoins
dans la totalité de son analyse, c'est que:
"Nous devons rejeter la croyance courante selon laquelle le capital
étranger serait une sorte de panacée. Ce gu'il faut souligner avant tout
c'est que les sources externes ne peuvent gue rarement fournir une contri-
bution significative à la croissance économique, à moins qu'il y ait une
action complémentaire sur le front intérieur". ***
solution "véritable" aux déficiences nationales.
'.:*) NURS~~,E: (P) idem p. ,?,j
\\ **) L. !~\\'Glu:i,Jn -;r;fir:-~e cu~lGue J2~ ~~~ [l~:e. :lcn.s -=:LA3.nd orl ~rlse à. -1 érOS1CJr. :;an.:. cesse
continue ŒS d)ui~s ces citDyer;s Ga"s 1es ;:Jays aTrlCains. Je pouvoir d'ë:tat2S·~ conf'sqJ~

46
L'insuffisance du financement intérieur découle dJune part de la faiblesse
de l'épargne et d'autre part de la précarité des possibilités d'emprunt
in téri eur.
L'assiette limitée de l'impôt, du fait de l'insuffisance de la base
matérielle de l'économie * entrine l'impossibilité pour l'Etat de
couvrir ses dépenses ordinaires Ne pouvant util iser l'emprunt in-
térieur du fait des bas niveaux de liquidités disponibles et de
l'inexistence et/ou de l'inorganisation du marché des capitaux,
l'Etat se lance à corps perdu dans la recherche du financement extérieur.
le paradoxe c'est que les flux financiers en provenance de l'extérieur
n'ont qu'un impact très limité sur le développement réel du Pays. En fait
ils consitutent le minimum indispensable permettant à des Etats comme
le Mali de ne pas sombrer.
Toutes les illusions sur le développement doivent aujourd'hui être dissi-
pées.
Loïc Philip * affirme justement: "la souveraineté de l'Etat, c'est-à-dire
sa liberté de décider lui-même de ses propres affaires en fonction des
intérêts du pays dépend largement de son indépendance financière.
Les pays qui sont dans l'impossi~.dlité de financer par eux-mêmes l'es-
sentiel de leurs dépenses se retrouvent rapidement dans une situat~on de
dépendance" .
Or, le Mali fait très difficilement face à ses dépenses de personnel.il
ne peut même pas financer les charges récurrentes des projets réalisés par
l'aide exté:-ieu'"e.
successifs ont cessé de refleter les rmyens pour ne devenir
que l' expre s sion
* Nous empruntons ce terme à l'économiste égyptien S~~IR AMIN
*
: inFinar,ces publ~ques - Cujas ~95:';

47
chiffrée des besoins et le fonctionnement de l 'Etat.n'est assurée qu'au prix
d'un recours de plus en plus massif à l'aide extérieure.
C'est pourmL!slelTŒl2ntplusque jamais de penser à une reconversion totale de
notre politique budgétaire visant à adapter nos besoins à nos moyens réels .

Ceci exige du courage, des sacrifices, certes, mais aussi des efforts dans
la persévérance. En tout état de cause, nous y sommes condamnés, car c'est
le prix de l'indépendance." *
Partant de ces remarques, 10US soutenons que 12 principal défi auquel sont
confrontés les dirigeants africains en cette dernière moitié au XXè siècle,
c'est de concilier les aspirations et les besoins de 10urs peuples avec les
ressources dont ils disposent.
L'importance du phénomène de l'urbanisation et sa rapidité, le coût des
équipements qu'il génère, l'explosion
des besoins aggravés par l'ouverture
sur le monde extérieur etc ... tout cela fait que malgré le volume croissant
des sommes investies par le budget de l'Etat, la satisfaction des besoins
est encore loin du niveau désiré.
Les besoins des africains sont semblables à ceux des habitants des pays dé-
veloppés. la diffusion des modes de vie, par les moyens de communication
de masse, par la "réduction" du monde, fait que les dirigeants africains
sont confrontés à une situation extrêmement complexe: en effet, la
jeunesse africaine aspire au niveau et au mode de vie des occidentaux, ce
qui est une utopie grossière au regard des ressources de nos Etats.
Des sentiments de frustations naissent à partir de là et cela conduit à la
délinquance, à des révoltes ...
Le phénomène de l'imitation a bien été mis en évidence par NURSKE à la suite
de Raul PqEE ~ SCH
(*\\ Budget d'e~at ~980 p.

48
"Dans 1es pays sous-développés, 1e confl it entre 1e désir de co.lSOilli1er
et 1a
nécessite d'épargner se trouve aggravé par les disparités internationales
des niveaux de revenu réel, bien que nous devions nous souvenir qu'un tel
conflit est inhérent à l'accumulation du capital et existe toujours dans
l'esprit des individus qui doivent comparer les avantages d'une consommation
immédiate avec ceux d'une plus forte consommation future~.
Raul PREBISCH, qui a fortement influencé la CEPAL, avait souligné "l'impor-
tance de la force attractive qu'exercent sur les pays pauvres les structures
de consommation des pays plus avancés"*.
l'immensité des besoins, aggravés par la "réduction" du monde, intervient
à un moment 00 les Etats comme le Mali sont englués dans une situation qui
semble à première vue inextricable.
Ce pays est, en effet, confronté absolument à un problème de survie.
Les flux d'aide dont il a bénéficié n'ont pas toujours été utilisés effica-
cement et 1eur impact sur 1e développement réel a été di 1ué par l' i nadéqua-
tion de l'environnement pà1itico-ééonomiqu2.nationa1.
Les projets, n'ont que faiblement contribué à l'accroissement du rythme du
développement de l'économie. partant, le problème de la régression de
l'économie nationale se pose avec une acuité particulière aux dirigeants.
Or, comme le souligne le Président de la Banque Mondiale
"La régression ... entraine tout un cortège de difficultés économiques,
l'aggravation de la malnutrition et de la mortalité juvénile, ainsi qu'une
augmentation du chômage. la régression économique amoindrit les moyens
d'action des institutions, aggrave les conflits sociaux et sape la stabilité
politique".
programme d'ajustement avec le concours à la fois de la Banque Mondiale et
* NURSKE - idem p. 69
* in N~RSKE - idem D. 69.

49
du FMI.
Ainsi la décennie 80 se caractérise principalement par l'application des
mesures visant à corriger les graves distorsions qui entravent le dévelop-
pement du Mali.
Le terme d'ajustement structurel s'est imposé dans le jargon des experts
préoccupés par les problèmes de développement
l'ajustement structure\\,c'est
cette politique visant à cor~iger les déséquilibres fondamentaux de l'é-
conomie etdes finances par la mise en oeuvre d'un certain nombre de mesures
opérationnelles par les autorités nationales selon un calendrier précis
établi en accord avec le FMI ou la BIRO. L'octroi des facilités financières
destinées au soutien des mesures de redressement étant conditionné à la
stricte observation du programme en vigueur.
L'ajustement structurel s'avère par conséquent un processus difficile parce
qu'il entraîne des mesures draconiennes durant un laps de temps restreint.
il s'avère incontournable
dans la mesure où les Etats seraient confrontés
à une situation intenable aux coûts très élevés s'ils ne mettaient pas en
oeuvre les mesures drastiques exigées.
Car l'inaction face à une situation de crise telle que celle que nous vivons
équivaudrait a un suicide politique, dans la mesure 00 elle se solderait par
la rupture d~s crédits, la rétention de l'aide extérieure - vecteur du déve-
loppement national - et la chute des importations par suite de la pénurie des
devises.
Un pays comme le Mali, fortement dépendant des politiques d'assistance et des
transferts de ressources ne pourrait tenir longtemps face a une telle situa-
tion.
LE FMI
et la SI?~ -G • 3~GYent 3ujou~d'hui, en vue d'aider les Etats ~
ooérer
,- ~-, ' :..,: . - . .':,.
, '-..
-
'..
' -
~ ...
-,
..
1 e
CiE:
catalyseur
pour l i0D~entlon oe ~oyens de financement provenant d'autres sources.

50
C'est que suggère un expert averti du FMI.*
Mais l'ajustement structurel - de sa par sa dureté implacable -
est décrié
par les Etats sous développés dont les aspirations sont menacés
remises en
cause. Une véritable controverse entoure
la question de l'ajustement
structurel. Les Etats et les experts s'interrogeant sur l'efficience, la
viabilité et l'opportunité des politiques de stabilisation. Quoiqu'il en
soit, les mesures d'ajustement structurel s'avèrent aujourd'hui incontour-
nables, indispensables, inévitables.
D'ailleurs, on peut dire qu'un syndrome FMI est apparu. En effet, les
gouvernements impécunieux font du FMI un bouc émissaire, déchargeant ainsi
leurs responsabi lités dans l 1 avènement de l a cri se sur l 'organi sme i nterna-
tional. D'ailleurs, cette entreprise malhonnête connait un écho favorable au
sein des populations.
Nonobstant ces observations, le problème principal aujourd'hui c'est de con-
cilier les mesures
d'ajustement structurel avec les légitimes aspirations
du développement des pays concernés.
L'ajustement étant inévitable, il
s'agit de faire en sorte qu'il permette le développement
de la base produc-
tive de l 'économie nationale.
Avec Tony KILLICK*, on peut dégager trois leçons
1 - Les gouvernements doivent se convaincre que les moyens financiers mis à
leur disposition sont destinés plus à des fins productives qu'à l 'accrois-
(*) confère Manual Guitian
in Economie Management and International Monetary
Fundconditionalltyp. 91 :
"At the present juncture, the pl~oblems of adjustment faced by membet~s countries
are very complex, and they are ,i~e'y te ~emair so. Large imDalarcos in ~~E
-: ~,'
ô!-~d enl=~:Ul~ège
~, ..i~, :'é: -; r:c:-""' f:" ~-, ~-
~
-
._c~ .."
,: '
:-~rms ~ In tri s cOfl~ex:, 1:'iE:' ii:"j~'~;~":c.rlce
....
(If
:1iE:
~~....
.
__ l.'
"-,,
.
.::.-
\\.
for other sources of financing connot be overstressed.
(*) Tony KILLICK : Adjustment and financing in the developing World - Therole
of the International Mon~~a~v ~~nd - Wasrin;ton 1982.

fi
51
i
sement ou au soutien des niveaux de consommation. Ainsi, dans ce contexte,
1
la gestion de la demande joue un rôle fondamental dans le processus d'ajus-
!
tement structurel, notamment en opérant une distribution efficace entre
1
l'investissement et la consommation.
1
l
t
2 - les gouvernements accordant une assistance aux Etats engagés dans la
1
mise en oeuvre d'une politique d'ajusteme:lt , doivent rechercher les
i
!
meilleurs moyens en vue d'alléger les difficultés de balance des paiements
j
de ces EtatS.
1
1
1
3 - les banques commerciales doivent prendre en compte l'impact des ressour-
!
ces financières qu'elles accordent aux Etats importateurs de pétrole - et
1
notamment quelle incidence l'utilisation de leurs ressources peut avoir sur
1
la crédibilité financière des pays en question.*
1
III. OBJET DE L'ETUDE
1
!
1
Cette étude de la politique économique et financière du Mali partira de
1968.et s'étendra jusqu'à
j
IS36.
Dans une premlere partie, nous tent~rons d'appréhender les déséquilibres
économiques et financiers affectant l'économie nationale, et qui expli-
quent le blocage du développement.
(*) KILLICK : affirme à cet égard:
"There is also a lesson for the commercial banks that have been such
important sources of financing for sorne non oil developing conuntries.
Il was suggested that the banks tend to take only a proforma interest
in the actual use of their fund and that they should pay more attention
to such uses, especialy
because the degree of wisdom
with which the
credi ts are ut; li zed l'Ji l ~ :,2i~ êl: ·:r~.'C"--::2r~ D::3"i ne on the -O"utut'e

52
'Qu'est-ce qui explique la stagnation de la procJuction? Pourquoi les
circouits de commercialisation sont-ils inopérants? Quelles sont les
rai sons de l' échec des entrepri ses pub li ques ? Pourquoi les ci rcui ts
financiers connaissent ils des distorsions qui les rendent peu fonction-
ne l s ? etc ...
Cette première partie nous permettra de saisir d'une part les contours
des déséquilibres fondamentaux de l'économie et d'autre part les facettes
des déséquilibres monétaires et financiers. partant, nous serons mieux
à même de dégager les aspects du blocage du développement.
Dans la deuxième partie de cette étude, nous nous pencherons sur l'ajus-
tement structurel en tant que tel. En quoi consiste t-il ? Donne t-il
les résultats escomptés? N'entrave t-il pas la croissance?
Il s'agira de déterminer si l'arsenal des mesures préconisées par le FMI
permet de remédier aux distorsions de l'économie nationale. Nous discu-
terons les résultats de ces mesures.
Mai s l'ajustement structurel est l'objet d' une vaste controverse sur la
scène africaine.
Dans le même temps, le rôle du FMI dans la mise en oeuvre des politiques
d'ajustement s'est considérablement accru.
Pours'enfaire une idée, il suffit de rappeler que les engagements du FI~I
au titre de l'année 1983 se sont élevés à 12 milliards de 015. La même
année, l'aval du FMI a permis de mobiliser auprès des banques commerciales
plus de 20 milliards de D1S en faveur des pays en développement dépourvus
de pétrole.
Or ce sont les recettes en devises qui déterminent PJur l'essentiel la
demande d'importation dans les pays en développement. L'intervention du
~ur~l
es:-i-I un fa:leu: -nr:~Diteur .:-;-: ",~r"r~"-'
:..- . u ,". _:- ....:.:!,--
pays (cf. Sénégal \\
pour élucider ~a qu'O'stion de savoir si l'a-
justement est performant.

53
En effet, pourquoi les Etats vilipendent-ils le FMI tout en s'empressant
de recourir à ses services? N'y a t-il pas là un paradoxe qu'il convient
d'examiner avec serennité ? C'est ce à quoi nous entendons nous atteler
dans cette étude.
1
1
1
1
• 1

54
T 1 T REl :
DES DESEQUILIBRES ECONOMIQUES ET FINANCIERS
AU BLOCAGE DE DEVELOPPEMENT

55
TITRE PREMIER
DES DESEQUILIBRES ECONOMIQUES ET FINANCIERS
AU BLOCAGE DE DEVELOPPEMENT
Il s'agit ici de mettre l'accent sur l'identification des distorsions et
des goulots d'étrangelement qui se sont formés depuis 1968 ou avant cette
date et qui exercent des effets négatifs sur le foncti onnement de l' appa-
reil économi que.
Ces distorsions résultent des mesures prises par les gouvernements.
Elles ont un caractère spécifique national très marqué. Et cela rend
difficile leur appréhension théorique. Néanmoins, nous nous efforçons
d'approfondir la rHlexion au plan théorique à travers l'examen des
résultats des politiques mises en oeuvre.
Notre ambition est montrer l'origine des contraintes qui pèsent sur le
système productif ainsi que la source des difficultés financières.
Qu'est-ce qui explique la stagnation de la production? pourquoi l'Etat
est-il confronté à des tensions financières permanentes?
les circuits de commercialisation sont défectueux. Comment peut-on
appréhender ce phénomène ?
:.
-
.~
-, "";,,
contre-performantes n'a t-elle pas provoqué des effets nc~ dès~rès ?
Quelle est l'importance des facteurs non économiques Qui ont ent~-avé
lie y [) ans l ~: n dei e. ~ Y' 0 du·: ~ .; Co n ?

56
Dans un chapitre premier. nous nous pencherons sur les contours des
déséquilibres fondamentaux de l'économie nationale.
Nous passerons au crible de l'analyse les résultats des politiques pra-
tiquées dans les domaines agricoles, industriel et commercial.
11 s'agira à cet égard de cerner les causes de l'échec de la politique
agricole. Cet insuccès s'explique t-il par des facteurs politiques?
'lous montrerons également quels sont les facteurs explicatifs des
limites del'industrialisation.
Puis nous nous pencherons sur l'analyse. des problèmes suscités par les
contre-performances du commerce extérieur.
L'insuffisance de la production nationale va engendrer un certain nombre
de phénomènes pervers notamment au niveau des finances du pays.
Dans un chapitre second, nous nous attelerons à dégager les facettes des
déséquilibres monétaires et financiers.
Tour à tour. nous nous pencherons sur la politique de la monnaie et du
crédit. les finances publiques.
En fait. il s'agira de cerner les causes de la fragilité des finances
maliennes. A cet égard. nous montrerons que le système financier malien
est foncièrement incapable de répondre aux exigences d'un programme de
développement.
En effet, du fait de l'insuffisance des ressources offertes et de la
s~ructure de 1 !éconorr:ie nçt~ü~al~, le sys:ème financie~ m::l~en es~
tc~alement ~~opêrart.
Les résultats de nos investigations
nous permettront de dégager dans
un paragraphe troisième les contours du blocage du développemer.:. Nous
montrerons pourquoi l'économie mal ienne végète à un niveau auss~ médiocre

57
réunies.
En effet, le Mali est classé aujourd'hui parmi les pays les moins avancés
de la planète. Son économie est foncièrement précaire. Le Mali concentre
en lui tous les facteurs négatifs du sous-développement.
Surpeuplement des administrations, croissance disharmonieuse, dévelop-
pement bureaucratique et gestion inefficace du secteur public conduisant
à l'inflation et aggravant les distorsions
sociales; inflation contenue
partiellement par un endettement extérieur g'-3ndissant et une aide
courante de pl us en pl :;s importante, tel s sont quel ques uns des phénomènes
que nous nous proposons d'appréhender ..

58
CHAPITRE 1
LES CONTOURS DES DESEQUILIBRES FONDAMENTAUX
DE L'ECONOMIE NATIONALE

59
CHAPITRE 1
LES CONTOURS DES DESEQUILIBRES FONDAMENTAUX DE L'ECONOMIE
NATIONALE
Il s'agit, à la lumière des données chiffrées, de dégager les facteurs
explicatifs de la stagnation de la production agricole, des médiocres
résultats du secteur secondaire et des contre-performances du commerce
extérieur.
Avant de procéder à cette analyse, il convient - pour l' intell igence
de notre propos - de faire quelques observations préliminaires sur
l'économie mal ienne.
~ous serons amenés tout au long de cette étude à distinguer deux périodes.
D'une part, nous sommes poussés à individualiser la période 1968-1980.
Car malgré le changement de régime politique, les gouvernants militaires
n'ont pas apporté de modifications structurelles profondes dans les don-
nées fondamentales de l'économie nationale. En effet, comme nous le
montrerons, les agrégats macro-économiques ont évolués quasiment de la
même manière selon les tendances observées durant la Première république.
les accords de 67 qui impliquaient de profondes modifications n'ont pu
être ~ppliqués convenablement. Le gouvernement militaire confronté à des
pesanteurs sociologiques qu'il avait mésestimé au départ n'a pu appl iquer
le vaste plan de libéralisation exigé par les partenaires français.
En fait, il s'est englué dans un discours socialisant démagogique sans
portée réelle sur la situation. il est même devenu prisonnier des groupes
- -:- - \\~ ~
-..:

60
D'autre part, nous distinguons une seconde période qui va de 1980 A nos
jours. Cette
période est marquée principalement par la mise en oeuvre des
politiques d'ajustement structurel.
En 1979, le régime politique malien a changé de visage. D'une situation
d'exception marquée par l'absence de toute activité politique, on est
passé A un régime de "vie constitutionnelle normale".
Des élections se sont déroulées après l'éviction des militaires opposés
au jeu politique impliquant la participation des civils. Le général
Moussa Traoré s'est fait plébisciter avec 99,97 % des suffrages exprimés.
Une assemblée nationale et un parti unique constitutionnel ont été mis
sur pied.
Mais en 1979, une terrible grèva estudiantine a fortement secoué le
régime du général Moussa Traoré. Elle dura toute l'année 1980 et les
autorités n'eurent d'autres réponses aux revendications estudiantines que
la mise en oeuvre d'une politique de répression d'une dureté implacable
En fait, les grèves estudiantines de 1979/1980 marquaient toutes les
limites du changement politique qui venait de se dérouler et qui consti-
tuait réellement un pis-aller dans la mesure où l'Armée conservait la
réalité du pouvoir. Mais surtout, nous pensons qu'A cette date la
politique de fuite en avant opérée
au cours des 20 années précédentes
avait atteint son seuil maximum.
Notre oplnlon est que le Mali - dans sa contexture actuelle ne peut plus
prétendre mener une politique de croissance. Tant les conditions politiques
que les structures
economiques constituent de sérieuses entraves à
toute entreprise vigoureuse de développement.
Pour reprendre
- sans y souscrire totalement - l'analyse des développe-
mentalistes, nous dirons que "le cléveio:Jpement néo-colonial 3 atteint
..:. r"''''; -1-..::. ':"
! .
1 .:
"--. '-- ~~

La cr~se poiië-ique aigue oe 1979/1930 qui a affec"L.é le r~ali const'-::.ue
à notre avi s l express i on de 1a gravi té du blocage de l' économi e
1
nationale.

61
D'ailleurs, les autorités gouvernementales ne s'y sont pas trompées
puisqu'elles sont ënclenchées avec le concours de la BIRD et du FMI un pro-
gramme d'ajustement. Là, encore, il faut souligner que le Mali n'a
recours aux mesures drastiques du FM~ que lorsqu'il s'est vu acculer sans
d'autres recours possibles. Et comme nous le verrons, la sévérité
des
politiques de stabilisation découle de la gravité des maux affectant
l'économie du pays en question.
Et comme l'intervention du FMI coincide avec l'aggravation de la crise
économique et financière, les gouvernements ont vite fait de rejeter sur
l'organisme intern'ltional la responsabilité des mesures impopulaires
qu'ils adoptent. Il ya là, à notre avis, une malhonnêteté intellectuelle
flagrante découlant sans nul doute de l'absence d'éthique, de morale
politiques Pour être plus sévère, nous dirions que les gouvernements
manquent 'de perspective historique parce qu'ils n'ont aucune vision de
l'évolution de l'humanité. Comment peut-on assumer le pouvoir et refuser
d'endosser toutes les responsabilités qui y sont afférentes? Saint Just
avait raison lorsqu'il disait "On ne gouverne pas innocemment".
D'ailleurs, les gouvernements impécunieux d'Afrique s'en rendent compte
de plus en plus aujourd'hui car la crise est là avec ses contraintes.
Elle est incontournable. Il faut y trouver des remèdes opérationnels.
Aucun faux semblant n'aménera des populations à la limite de la survie
à adhérer à des régimes dont l'impéritie est flagrante au fil des jours.
OBSERVATIONS PRELl"I,:Al.;ES
Dor~l~ EES GENERALES SUR L' ECONO~lI E MALI ENNE
L'économie malie~ne est dominée principalement par l'agriculture qui
représente avec la pêche et l'élevage envrion 45 5; du produit intérieur

62
Les deux tableaux ci-dessous (N° 19 & 20) nous retracent l'évolution du
produit intérieur brut de 1968 à 1985 :
Tableau N° 19 * PIS 1968/1980 (en milliards de francs)
FRANCS CONSTANTS
ANNEES
FRANCS COURANTS
POURCENTAGE
1
1
(1969)
1968
130,5
136,6
+
3,5
1969
135,5
135,5
+
0,9
1970
152,6
144,1
+
6,3
1971
166,9
144,1
+
4
1972
188,1
167,8
+
5,5
1973
192,7
159,8
- 3,4
1974
199
148?-
-
2,5
1975
273,2
183,3
- 13,5
1976
344,3
215,9
+ 13,6
1977
395,8
244,5
+
6,7
1978
423,4
230
- 2,5
1979
520,7
228
- 10,9
1980
547,5
219,8
-
1,2
A l'examen du tableau n° 19 on constate que de 1968 à 1980, le produit
intérieur brut est passé en francs courants de 130,5 milliards FM à
547,5 milliards FM.
En francs constants, il est passé de 136,6 à 219,8 milliards FM. Le taux
d'accroissement moyen au cours de la période est d'environ 3 %.
On doit signaler que ces chiffres sont celles d'une économie en crise car,
,.-r: . ,,-. -
", (~j"
uv ...... , \\J"

~,
C'-,
~; i an
l?3~.

63
Le tableau n° 20* nous retrace l'évolution du PIB de 1981 à 1985
(en milliards de F.CFA)
PRIX CONSTANTS
ANNEES
PRIX COURANTS
,
(base 1982)
1981
330,0
354,0
1982
360,4
360,4
1983
396,9
356,4
1984
462,2
361,1
1985
494,1
nd
Les résultats connaissent des fluctuations découlant principalement de
l'extrême irrégularité des pluies.
C'est ainsi que le secteur secondaire basé essentiellement sur la transfor-
mation des produits agricoles et le secteur tertiaire partiellement axé
sur la commercialisation des produits agricoles subissent de plein fouet
les contre-performances du secteur primaire.
procédons à l'analyse sectorje1JeGu PIB afin de mieux percevoir l'évolution
de chaque secteur.
Le tableau n° 21 * nous en donne un aperçu synthétique au cours de la
période 1968-1980 (en milliards FM)
i GOr.:
__"'..... ...J

64
Tableau n° 21
1
SECTEUR
SECTEUR
SECTEUR
:
,
1
l,
ANNEES
'.
SALAIRES
PIS
PRIMAIRE
SECONDAIRE
TERTIAIRE
1968
60
18,3
38,8
14,4
130,5
1969
58,7
18,9
41,3
16,6
135,5
1970
67,3
21,8
45,8
17,7
152,6
1971
72,7
23
51,0
19,9
166,9
1972
28,4
56,8
56,8
27,7
188,1
1973
75,7
30
61,7
25,3
192,7
1974
70
32
64,2
32,8
199
1975
120
35,8
85
32,4
273,2
1976
145
42,4
118
38,9
344,3
1977
166,7
48,9
137,9
42,3
395,8
1978
168,6
50,4
156,9
47,5
423,4
1979
218,8
54,4
192,2
55,4
520,7
1980 *
178,
164,5
144,7
59,5
547,5
Le secteur tertiaire (transports, assurances et commerce) enregistre de
très fortes progressions.
Le secteur secondaire (industries, artisanat, construction et production
électrique) occupe la seconde pcsition dans le produit intérieur brut.
Quant au secteur primaire, il enregistre un faible accroissement. En effet,
c,: =-
~_, '-_
*\\

66
L'évolution de la part de chaque secteur dans le PIS donne les pourcentages
suivants :
(1960 - 1985
en pourcentage)
1
SECTEURS
1960
1965
1970
1975
1979
1
1982
1985
1
1
1
Primaire
52,5
48,7
43
43,9
43,9
28,9
28,9
Secondaire
10,2
13,3
14,2
13,1
10,4
12,4
12,4
Tertiaire
37,3
38
41,8
43
47,6
58,7
53,7
TOTAL
100
100
100
100
100
100
100
Ainsi, la part du secteur primaire a de plus en plus diminué au profit des
autres secteurs.
Le secteur secondaire enregistre en fin de période un faible accroissement.
Nous analyserons plus loin les raisons d'une telle situation.
Au total, nous constatons, à la lumière de l'examen de ces évolutions que
l'économie malienne est fondamentalement précaire.
Elle est sérieusement affectée par un phénomène d'une dureté implacable,
à savoi r l a sécheresse dont l' une des conséquences majeures est l'extrême
irrégularité des pluies, qui à son tour rend l'agriculture malienne
extrémement vulnérable.
La détérioration des conditions climatiques revêt un caractère particulier
Il se pose meme, à notre avis, une question de survie car, nous sommes
fermement convaincus qu'il n'exi:;te pas au Mali et dans l'ensemble des
Etats du sahel une vèrit?b~e ~Gl~tia~e
'Estinfe a cortrer radicalement la
nous vivons. Car l'action de l'homme es: dêterminante Gans tout processus
visant à modifier les données du milieu ambiant. Toute société est le
fruit de l'invention des hmmes.

66
La situation malienne fait penser à celle du nordeste brésilien à propos
de laquelle Josué de C~stro a écrit
"1 'homme moderne a perfectionné deux inventions capables d'anéantir
complètement notre civilisation. il s'agit de la guerre totale et de
l'érosion mondiale du sol. De ces deux mots, le plus pernicieux et le
plus implacablement destructeur est sans doute, l'érosion. La guerre
déséquilibre ou détruit
le milieu social c'est-à-dire le berceau de la
civilisation; l'érosion du sol détruit le milieu naturel qui en cons-
titue les fondements.
La guerre est la plus spectaculaire parce qu'elle provoque l'effondre-
ment des cités, des trônes et des puissances. Mais tout cela peut être
reconstruit.
L'érosion du sol représente virtuellement la destruction ou la dévasta-
tion des terres dont dépend le pain de chaque jour pour deux milliards
d'individus.
Elle marque une étape irrévocable où l'homme et ses oeuvres disparais-
sent enterrés sous les montagnes de sable et de l'oubli"*.
Quiconque a visité le Sahel ces dernières années a pu remarquer que ces
mots ne sont une simple cause de style, une rhétorique ayant pour effet
de frapper l'imagination plutôt que de réfleter la réalité.
En fait, nous pensons que si les etats sahéliens n'enclenchaient pas
décOlTIoosi:ion qui se répercutera sur l'ensemble du continent - et

67
meme de la planète.
C'est pourquoi, il importe plus que jamais de redonner confiance aux popu-
lations de cette zone afin qu
elles adhèrent à l'oeuvre collective de
"résurrection". C'est à cela que les gouvernements doivent s'atteler plus
qU'à autre chose.
Ces observations préliminaires une fois établies, il nous faut nous
pencher plus profondément sur les résultats du secteur primaire.

68
~ ,
PARAGRAPHE 1
LES RESULTATS DU SECTEUR PRIMAIRE
~•.1

69
PARAGRAPHE 1
LES RESULTATS DU SECTEUR PRIMAIRE
L'agriculture malienne comprend deux secteurs (l'un moderne, l'autre tra-
ditionnel )qui diffèrent par le montant des capitaux investis, par les
structures d'exploitation et les techniques utilisées.
La grande majorité de la population dépend encore pour sa subsistance de
l'agriculture traditionnelle dont les rendements à l'hectare sont beau-
coup moins élevés que ceux du secteur moderne. Seuls 20 à 30 % de la
production du secteur ~raditionnel sont commercialisées. Le reste étant
autoconsommé ou échappant aux canaux officiels de commercialisation.
L'agriculture malienne connaît une crise grave et profonde provoquée
sans nul doute par l'étatisation qui a entraîné des effets pervers.
S'agissant de l'étatisation, Edgar PISANI éCl'it:
"L'étatisation de la production agricole qui a été une erreur dans la
plupart des cas est le fruit hâtif de la nécessité.Corrigeons cette
vision: il importe de réinventer le paysan, le milieu rural, le
village, la petite ville comme les facteurs essentiels du développement.
Sans eux - l es paysans - il n'y a pas d' aveni r pour l 1 Afri que" . *
agricole avant de voir en se:JnG ~ib:?S Càuses; de i6 c'ise actue',',e oe
l 'agri cul ture mal i enne.
:*j PISANI Edgar
la main et l'outil
: le Gè\\'e~:;:):-)e;)en du tiers nande

70
A - L'EVOLUTION DES PRODUCTIONS AGRICOLES
Nous analyserons d'une part les résultats des deux cultures industrielles
(coton, arachidek d'autre part les données relatives aux céréales, mais,
riz, mil.
1. LE COTON
Avec l'arachide, le coton constitue la principale culture d'exportation.
Le coton est pratiquement concentré dans la partie méridionale du Mali.
La production est gérée par la compagnie malienne pour le développement
des textiles (CMDT) ancienne compagnie française pour le développement
des textil es.
L'importance du coton dans l'économie malienne tient au fait qu'il re-
présente environ 45 % des recettes d'exportation.
Le tableau n° 22 nous retrace l'évolution de la production du coton de
1968 à 1984.*

7l
(en milliers de tonnes)
ANNEES
PRODUCTION COTON/GRAINE
1967/68
38,750
1968/69
50,400
1969/70
51,000
1970/71
58,800
1971/72
73,900
1972/73
72,200
1973/74
56,900
1974/75
75,000
1975/76
113,500
1976/77
128,400
1977 /78
135,700
1978/79
135,000
1979/80
151,000
1980/81
11 0, 400
1981/82
96,500
1982/83
127,600
1983/84 *
140,600
La production cannait une progressionconstante. ces résultats sont dûs
essentiellement aux méthodes d'encadrement de la
CMDT - ancienne CFDT-
qui s'avèrent extrêmement efficaces.
aux alentours de 90 % de la production. le Mali est aujourd'hui le
deuxième producteur de coton après la Côte d'Ivoire parmi les pays
francophones.
\\*) derniers chiffres d1 5Donioles.

72
Les bons résultats du coton découlent pour une grande part des prix
d' achat aux producteurs.
Le tableau n° 23 nous donne une idée des prix aux producteurs au cours
de la période sous revue.
(1967/68 - 1984
- en francs maliens)
ANNEES
PRIX AU KILO
1967/68
40
1968/69
40
1969/70
45
1970/71
50
1971/72
50
1972/73
50
1973/74
50
..
1974/75
75
1975/76
74
1976/77
74
1977 /78
86
1978/79
90
1979/80
110
1980/81
110
1981/82
130
1982/83
130
1983/84
150
1984/85
150
- - -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

73
Les prix d'achat aux prducteurs ne connaissent pas de grosses variations
au cours de la période. ils sont cependant nettement plus élevés que les
prix des cultures vivrières.
De plus, ils ne sont pas anti-compétitifs, c'est-à-dire qu'ils ne favo-
risent pas l'existence d'un réseau clandestin d'exportation vers les
pays limitrophes où les prix seraient plus rémunérateurs.
A titre comparatif, il convient de situer la place du Mali parmi les
Etats producteurs de coton en Afrique francophone.
Le tableau ci-dessous * nous permet de comparer l'évolution des pro-
ductiol15 airsi que celle des prix d'achat aux producteurs au cours de la
période 1982 - 1985 et pour les pays francophones.
1982/83
1983/84
1984/85
PRODUCTION (I~ILLIERS DE TONNES FIBREÇ
COTE D' Ivoi re
65.7
58.4
74.0
Mal i
49.8
54.2
51.3
Cameroun
28.5
36.9
38.2
Tchad
38.1
59.9
34.0
Burkina
28.8
30.1
32.0
Sénégal
18.4
11. 7
19.5
Centrafrique
10.2
12.1
17.7
Divers
12.5
11.8
23.0
TOTAL
252.0
275.0
289.7
(*) rapport du Comité monétaire de la Zone franc 1985 p;272.

74
1982/83 '
1983/84
PRIX D'ACHAT AUX PRODUCTEURS (F CFA
1
1984/85
PAR KG DE GRAINES)
Côte d'Ivoire
80
100
115
Mali
55
75
75
Cameroun
105
117
130
Tchad
70
80
100
1
Burkina
62
70
90
Sénégal
70
70
70
1
Centrafrique
70
80
90
J
Ainsi, comme nous le notions plus haut, le Mali occupe la deuxième
pl ace dans l' ensemb le des pays francophones producteurs de coton.
Il est par ailleurs, le pays qui exporte
le plus son coton à destination
de la France. Cette situation est peut-être düe à la place privilégiée
qu'occupait la CFDT dans la production et la commercialisation du
coton malien - Quoiqu'il en soit, cette compagnie a permis au Mali de
réaliser de solides performances en la matière.
A coté du coton, l'arachide constitue la deuxième culture d'exportation
du Mali. Examinons en les principaux résultats.

75
2. L'ARACHIDE
Nous examinerons d'une part l'évolution L2 la production et d'autre part
les prix d'achat aux producteurs.
Le tableau n° 24 nous retrace l'évolution de la production d'arachide
au cours de la période 1968 - 1984 (en milliers de tonnes).
1
1
ANNEES
PRODUCTION
,1
1
Î1
1967/68
118,600
i
1968/69
95,615
1969/70
136,200
.\\
1970/71
158,250
1971/72
152,124
i
1972/73
134,000
1973/74
119,000
.1
1974/75
149,800
1975/76
205,000
1
1976/77
160,000
1977 /78
113,200
1978/79
159,600
1979/80
118,000
1980/81
91,500
1981/82
91,900
1982/83
10,700
1983/84
0,400
(*) Sources
FMI - BeM

1
,
76
1
1
1
La production d'arachides subit les contrecoups des fluctuations clima-
1
1
tiques. L'évolution de la production est fonction de la pluviométrie
1
Après avoir atteint le chiffre record de 205.000 t en 1975/76, la
1
1
1
production chute de façon brutale au cours des années qui suivent. Il
faut dire que les prix d'achat aux producteurs du Mali sont loin
1
d'être compétitifs par rapport à ceux pratiqués dans les pays limitrophes.
1
L'évolution de la production de l'arachide est singulièrement différente
de celle qui a prévalu sous la Première république. Il suffit de com-
parer les tableaux n° 18 et 24 pour s'en convaincre.
Le tableau N° 25 retrace l'évolution des prix d'achat aux producteurs
de 1968 à 1985 (en FM).
ANNEES
PRIX AU KILO
1967/68
24
1968/69
33,6
1969/70
30
1970/71
30
1971/72
30
1972/73
30
1973/74
50
1974/75
40
1975/76
40
1976/77
45
~ 977 /78
50
'..., ''::-..1
-
';j,
:, ,
h'
\\.JL':
.è:~
:;r,
'::0 l,'
1980/o~
80
1981/82
80
1982/83
90
19S3/2/1
90
-
#,
' :
""':': . --
je

.~
77
Les prix sont stables. Ils n'évoluent que très lentement. Au cours du
régime de Modibo-kelta, ils sont restés bloqués. Ce qui alimenta un
grand réseau clandestin d'exportation dans les pays limitrophes, et
qui explique grandement la faiblesse de la production commercialisée.
Ce scénario est d'ailleurs classique. Tous les auteurs le soulignent.
Lorsque les prix nationaux sont peu compétitifs, la production nationale
prend le chemin des pays limitrophes 00 ils s'avèrent plus rémunéra-
teurs. Les frontières africaines apparaissent à cet égard comme étant
de véritables "passoires" dont se gaussent les commerçants
Le tableau n° 26 * nous permet de comparer la situation de l'arachide
malienne avec celle de deux pays limitrophes: le Sénégal et leNiger
qui sont aussi de gros producteurs d2 cette denrée agricole.
Signalons que contrairement aux deux pays en question, le Mali disposait
d'une monnaie nationale. Ce n'esl ~u'à partir de juin 1984 que le Franc
CFA a commencé à avoir cours libératoire au Mali.
1982/83
1983/84
1984/85
PRODUCTION COMMERCIALISEE (MILLIERS DE
TONNES)
Sénégal
912,7
351,8
250,0
Mali
10,7
0,4
nd
Niger
4,2
2,0
10,0
Divers
1,4
0,8
18
TOTAL
925,03
354,28
nd
1
!
PRIX 0 ACHAT AUX PRODUCTEURS (FCFA LE KG)
1
1
Sénégal
coques
70
70
70
(*) Rapport du Comité Monétaire de la Zone Franc 1985 p. 268.

78
Les prix maliens sont à la lumière de ce tableau - loin d'être compétitifs
par rapport à ceux prati qués dans 1es pays 1imitrophes. L' une des conséquences
de cette situation et qui en constitue presque un corollaire c'est la
faiblesse de la production commercialisée. Nous porterons une apprécia-
tion critique sur ces différents éléments.
Signalons à titre indicatif quelle a été l'évolution des cours mondiaux
de l'arachide durant l'intervalle examiné.
1982
1983
i
1984
J
Cours mondiaux (moyenne annuelle)
Huile d'arachides - toutes origines
(la tonne CAF en $)
583,5
725,0
1.021,2
3. LES CEREALES
Les cultures vivrières les plus importantes sont: le riz, le mil et le
maïs.
Il aonvient d'exam-iner d'abord l'évolution de la production de
ces différents produits avant de voir en second lieu les prix d'achat
aux producteurs. Nous nous pencherons sur les rfsultats du mil et du
riz.
al La production de ~il et a~ sorgho
,..-,1
...
_
'?S
-'C.ÔJ1E:êiUX
ci-dessous:

79
Tableau N° 27 évolution de la production de mil et de sorgho
(1967/68 - 1974/75) *
(en milliers de tonnes)
ANNEES
-
PRODUCTION
1967/68
830
1968/69
536
1969/70
700
1970/71
715
1971/72
682
1972/73
474
1973/74
480
1974/75
800
La production ne cesse de diminuer au cours de la période sous revue.
Le déficit pluviométrique explique en grande partie cet état de choses.
A partir de 1970, le mali devient un grand importateur de céréales
par suite de l'accroissement du déficit alimentaire.
Le tableau n° 28 * nous retrace l'évolution de la production de mil-
sorgho-maïs au cours de la période 1975/1984-85.

80
(en milliers de tonnes)
ANNEES
,
PRODUCTI ON
1975176
1 000
1976/77
1 150
1977178
0.942
1978/79
1 005
1979/80
1 007
1980/81
0.727
1981/82
0.930
1982/83
0.888
1983/84
0.745
1984/85
0.609
Ces chiffres s'inscrivent bien dans la tendance générale caractérisant
les économies sahéliennes. Les disponibilités alimentaires ne cessent
de diminuer par suite de la conjugaison de la sécheresse et de politiques
inappropriées en matière de prix agricoles. Nous demonterons plus loin
le mécanisme de ces
politiques systématiquement défavorables au monde
paysan et de nature a bloquer toute entreprise réelle de développement.
b) La production de riz paddy
Le tableau n° 29 nous permet de saisir l'évolution de la production de
riz paddy de 1967/68 à 1984/85.

81
Tableau N° 29
(en milliers Qe tonnes)
ANNEES
TONNAGES
1967/68
172
1968/69
134
1969/70
161
1970/71
163
1971/72
170
1972/73
100
1973/74
90
1974/75
210
1975/76
300
1976/77
3S1
1977/78
216
1978/79
269
1979/80
165
1980/81
164
1981/82
172
1982/83
129
1983/84
129
1984/85
142
La riziculture a connu un grand essor par suite de l'augmentation des
surfaces cultivées et l'aménagement de véritê.Dles polders dans les ré-
gions de Ségou et Mopti. On peut affirmer que le Mali dispose encore
d'énormes potentialités concer"ant le développement de cette culture.
francophone pour ce produ i t au cours de i a fJér iode 1981/83. *
(*) cf. Rapport Zone franc ~935 D. 272.

82
PRODUCTION DE RIZ PADDY EN MILLIERS DE TONNES
1981/82
1982/83
1983/84
t
Côte d' i voi re
546.0
360.0
490.0
Mali
175.6
129.0
129.0
Sénégal
103.3.
98.0
108.5
Cameroun
75.1
77 .6
68.4
Niger
51.5
38.3
45.0
France
27.0
38.0
42.0
Divers
89.0
84.1
59.6
TOTAL
1. 067.5
82S.0
942.5
Ainsi, à la lumière de ce tableau, l'on constate que le Mali est le
deuxième producteur francophone de riz après la Côte d'ivoire. Ces
résultats sont obtenus malgré l'application de politiques inappropriées
dans le domaine agricole.
En effet, les prix d'achat aux producteurs ont été systématiquement
défavorables à ceux-ci. L'Office des Produits agricoles (OPAM)-
organisme Public qui avait jusqu'ici en 1982 le monopole de l'achat
et de là vente des céréales sur tO'ite l'étendue du Mal i - ne commer
lisait qu'une faible partie des pr~ duits vivriers - environ 5 ~ de
production de mil, 3 % dl riz et une infime quantité de la production
de maïs.
,.,."; -.
1::'
,
-
dénote à notre avis, de la vigueur Je l'autoconsomr.îô:ion en ce qui
concerne ce produit. la même analyse semb~e valable pour le maïs.

83
A partir de 1982, l'OPAM a perdu une partie de ses attributions.
Le marché des céréales ayant été 1ibéral isé sous l'égide du FMI.
Cette politique de libéralisation et de restructuration se situant
dans le cadre de la politique d'ajustement strucLrel que nous
examinerons en deuxième partie.
Après l'analyse des
principaux résultats des productions agricoles,
il nous faut examiner maintenant l'évolution du secteur élevage.
1
1
1
B - L'ELEVAGE
1
1
L'élévage joue un rôle important dans l'économie nationale puisqu'il
1
participe pour environ 16 % à la formation du PIB et qu'il procure
en moyenne le tiers des recettes d'exJortation.
1
ï~11
En 1982, on évaluait à 4,8 millions le cheptel bovin et à 13 millions
1
1
..
les ovins et les caprins.
La sécheresse de la décénnie 70 a sérieusement décimé les troupeaux.
On estime à 30 % le total des bovins qui a péri en 1972.
Les chiffres dont nous disposai
t"'ès grande fiabilité. par aillèurs, li~
1968/80. Il convient donc de ne les consioerer que dans une optique
indicative.

84
Tableau N° 30
Abattage et exportations de bétail (1968 - 1980)*
...
.
~
Exportatio~s contrôlées
TOTAL
.
Abattages contrôlés
Abattages et exportat.
Ovins
Ovins
Ovi ns
ANNEES
Bovins
Bovins
Bovins
Capri ns .
Caprins
Caprins
1968
65 100
74 100
42 000
19 250
107 100
93 850
1969
78 700
73 700
65 800
69 200
144 500
142 900
1970
80 350
140 300
82 000
96 530
162 350
236 830
1971
83 000
173 000
84 300
102 500
167 300
275 500
1972
87 200
179 000
89 600
119 200
156 800
298 200
1973
157 000
255 000
52 000
97 000
209 000
352 000
1974
!
130 000
300 000
40 000
86 000
170 000
386 000
1
1975
145 000
255 000
59 000
67 000
3 760
la 600
1976
159 000
379 000
24 000
95 000
3 911
11 130
1977
162 000
472 000
32 000
114 000
4 072
11 798
1978
150 000
413 000
47 000
113 000
4 263
12 154
1979
146 000
437 000
62 000
109 000
4 43:
12 833
1980
138 000
463 000
111 000
120 000
4 619
13 154
1
Nonobstant le caractère peu fiable de ces statistiques, on peut constater
que le Mali est un grand pays d'élevage. il pourrait à cet égard dévelop-
per cet avantage et en tirer de substantiels bénéfices. Dans ce secteur
également l'Etat est confonté à des exportations clandestines qui affec-
tent les ressources fiscales nationales.
Après l'examen des résul ta ts de lié levage, il cany i ent de se pencher sur
(*) FMI
idem p. 129 et rapports d'activités de la SeM.

85
C - PECHE
Elle constitue la troisième activité du pays derrière l'industrie tex-
tile et celle des oléagineux. Les activités de la pêche occupent
environ 100 000 personnes. En 1985, on estimait à environ 100 000 t
la la production de poisson frais.
Le
Tableau N° 31 nous donne une idée significative de l'évolution des
résultats de ce secteur (1968 - 1980)*
1
TOTAL
Commerce
Exportation et
ANNEES
Exportations
Intérieur
Commerce l ntér.
1968
6 354
4 098
10 - 432
1969
5 925
5 212
Il.
137
1970
5 150
5 156
10.
306
1971
4 380
4 980
9.
360
1972
2 866
4 825
7.
691
1973
1 504
3 719
5.
223
1974
o 988
2 586
3.
574
1975
2 836
4 798
7.
634
1976
2 747
5 308
8.
055
1977
1 959
5 964
7.
923
1978
1J. 321
5 299
6.
620
,
1979
l
954
6 082
8.
036
1980
2 113
8 866
i
10.
979
!
(*) FMI - SeM. Rapport Zone Franc.
l
.1

;;..
t·······1
1
,
86
i
Ces chiffres concernent le poisson séché et fumé. le développement
1
l
de la pêche maritime en Côte d'Ivoire et
au Ghana a eu pour effet
1
un rétrécissement de la part du marché qu'occupaient les exporta-
tions maliennes.
1
••
Par ailleurs, la sécheresse a entraîné une baisse de la production.
!
1
Aujourd'hui, le Mali exporte rnviron 20 000 tonnes de poisson
frais vers les pays limitrophes.
1
i
Après l'analyse des données chiffrées, il convient maintenant de
porter une appréciation critique sur les résultats du secteur
1
primaire.
o - APPRECIATION CRITIQUE DES RESULTATS DU SECTEUR PRIMAIRE
1
1
Les résultats du secteur primaire traduisent
bien la dureté des
conditions économiques auxquelles le Mali est confronté depuis dix
i
huit ans. En ce qui me concerne, je pense que l'on peut parler
1
véritablement de blocage du développement.
Nous reviendrons plus loin sur cette affirmation.
1
1
Jean GALLAIS (in Hommes du sahel - Flammarion 1984) utilise le terme
de "non développement" (confère chapitre 11 p. 240 à 253).
1
1
Quant à Elliot BERG (confère le rapport sur le développement accéléré
!
1
1
"c'est dans l'agriculture et dans les chiffres de la production que
la crise économique se manifeste le plus clairement".
1
,
1

r
..J."
~

87
Il convient ici de cerner d'abord les causes du marasme du secteur
primaire avant de porter ensuite une appréciation globale sur les
résultats de ce secteur.
Les auteurs s'accordent à reconnaître que la production agricole est
l'élément déterminant de la croissance économique générale dans les
pays sous-développés.
Partant de cette vérité. fondamentale, il est évident que la lenteur
de la proudction agricole est à l'origine des mauvaises performances
économiques.
Selon BERG, et nous le reJOl gnons sur ce poi nt, l a cri se de l 1 agri-
culture africaine est reflétée par cinq tendances:
1. Le taux d'expansion de la production agricole est tombé en
dessous cu taux d'accroissement de la population;
2. Les exportations ont connu une certaine regression
3. La production vivrière par habitant est restée constante o~ a
connu une chute drastique;
5. Les habitudes de consommation ont évolué, le riz et le blé
se
son~ imposés dans l'alimentation des populations africaines.

88
Ces éléments se vérifient très nettement au mali. Dans ce pays, on a
mis en place à partir de 1969 de grandes opérations de développement
rural (ODR) destinées à accélérer le rythme de l'expansion agricole.
Ces opérations sont financées par les organismes internationaux et
leur champ d'activité couvre la recherche, la commercialisation, les
transports, la transformation et la conservation des produits, les
crédits et les prestations de service. Ces organismes s'occupent
également de l'alphabétisation fonctionnelle dans les langues natio-
nales.
Les ODR à leur tour, connaissent de graves problèmes de fonctionnement.
Il nous faut pousser l'analyse pour cerner l' ensembl e des él éments cons-
titutifs de la crise de l'agriculture mal ienne.
BERG (p. 57) affirme
"
l'agricul ture a longtemps été négl igée par les pouvoirs publ ics
et les organismes d'aide, de même que par les théoriciens du dévelop-
pement.
Pour aggraver les choses, les investissements n'ont pas été affectés
de façon rationnelle et, en particulier, on a accordé une attention
exagérée aux grands programmes dirigés par l'Etat.
Par ailleurs, la politiqué agricole et économique, ainsi que le
cadre institutionnel ne favorisaient pas l'accroissement ·de la
production: les prix officiels étaient trop faibles; les circuits
de commercialisation trop mal définis,nefficaces et peu compétitifs
caractère défavorable des mesures de politique générale, la médio-
crité des résul:ats de la recherche agricole et les lacunes organisa-
tionnelles des 'rganism0s du secteur public qui dev2ient être le

:i,
1
···1··.··.···.·
89
1
Ce texte de BERG a le mérite de cerner l'ensemble des facteurs expli-
i
catifs de la crise de l'agriculture malienne.
~
t~
w
~
~;
!
Edgar PISANI de son côté, met l'accent sur un point qui me semble
i
fondamental c' est la désaffecti on de la paysanneri e à l'égard des
,
!
struc:ures étatiques
1
1
1
"Surencadrement des paysans, aujourd'hui, bien peu de pays ont une
paysannerie organisée, mais tous ont des paysans devenus allergiques
à la coopération avec leur administration.
... Les paysans désapprennent la prise de responsabilité et le
1
1
risque. Ils perdent la confiance puis le goût de l'effort collectif,
1
1
de la mobilisation et de leur savoir faire. De la capacité de pro-
j
duire pour vendre, les paysanneries glissent vers une autosubsistance
qui confine à la pauvreté".*.
1
1
1
·1
Insistons ici plus globalement sur les ODR qui constituent la pierre
1
angulaire de la politique agricole malienne.
jean GALLAIS qui s'est penché sur les problèmes agricoles maliens
sur une période de deux décennies, remarque à propos des ODR que
celles-ci renforcent
"paradoxalement les classes dirigeantes de
la société urbaine beaucoup plus qu'elles n'oeuvrent avec efficacité
au service du monde rural à qui elles sont en principe destinés". * *
r, -
'''=:' "
(**) GA.~LAIS (j) : Hommes cu sahel p. 224.

90
Le bilan des OOR est loin d'être positif. L'ensemble des ODR est
lourdement déficitaire. Finalement, Jean GALLAIS (idem p. 258 et
239) affirme:
" Par la
localisation de leurs principales activités, les opérations
de développement renforcent la société urbaine ou les ruraux les plus
en contact avec la ville. Il est devenu habituel de commencer une
opération par une implantation lourde de logements, bureaux, garages
qui absorbe le financement pendant une première phase prolongée. Les
habitudes anglosaxonnes de confortable infrastructure s'accordent
avec les intérêts du corps administratHlocal pour justifier une
te 11 e pra t i que.
Dans un second temps, l'opération ouvre ses activités par celles qui
trouvent place en ville, choix des casiers rizicoles, construction
d'abattoirs, aménagement de marchés l bétail, services sociaux, d'alpha-
bétisation, de santé.
Au bout de quelques années, l'opération a atteint une telle autosuf-
fisance bureaucratique urbaine que la prise en charge des problèmes
ruraux n'est plus envisagée que sous la pression du donateur et la
menace du non-renouvellement du financement. Mais une certaine
connivence rapproche trop souvent le donateur de l'administration
Le donateur est ici représenté par une mission d'experts dont les
carrières de fonctionnaires internationaux sont favorisés par un
déroulement sans complication diplomatique des projets qu'ils super.
visent. Dans ces conditions, il faut un réel courage pour "empêcher
de tourner en rond".
Plus loin," 'a"teur soutient avec force: "les résultats des opérations
défi~~~ive ~tilisé b Ge~ fins de fonctionne~ent,
salaires, ~atériel

91
d'usage courant, constructions et le reste en matériaux dont la fourni-
ture a été une excellente opération pour le gr.os commerce ou les en-
trepreneurs locaux. Mais, le principal avantage social et économique
tiré par
le pouvoir urbain de l'évolution dans les deux décennies
résulte de la monétarisation de l'économie
et de la po itique des
prix" (idem p.244).
E1l i ot BERG ava i t dénoncé 1e même phénomène : " La pl upart des grands
projets n'ont pas répondu aux espoirs qu'on avait mis en eux, et leur
contribution à la croissance a été faible en comparaison de leur coût. Il
Ils sont aux prises avec des problèmes de gestion, de suremploi, de
sous
utilisation des machines pourtant couteuses et d'entretien du
matériel et de l'infrastructure". (cf.
Rapport p. 60).
On doit ajouter à ces remarques la politique inadéquate des prix.
A ce propos, BERG soutien (cf. Rapport p. 64).
Il est désormais généralement reconnu que l'insuffisance des incita-
tions de prix en faveur des agriculteurs explique dans une large
mesure pourquoi les résultats agricoles sont si décevants".
La condition sine qua non du décollage, c'est la réduction des "mesures
systématiquement défavorables à l'agriculture qui prévalent partout.
Les preuves abondent en Afrique et ailleurs qUe la production de la
petite agriculture augmente fortemert en présence d'incitations favorables.
Mais cela exigera que 'l'on prenne des déc~sions difficiles sur les

92
transp:>rt et ce distribution de produits agricoles.*
Depuis 1982, le Mali tente d'appliquer cet arsenal de mesures.
Nous examinerons ultérieurement les résultats de la politique d'ajuste-
ment mise en oeuvre dans ce pays. Poursuivons nos investigations en
nous penchant sur les limites de l'industrialisation.
* SHAr,KAR ACHll.RYA
idem prée; té.

93
PARAGRAPHE 2
LES LIMITES DE L'INDUSTRIALISATION

94
PARAGRAPHE 2
LES LIMITES DE L'INDUSTRIALISATION
Le secteur secondaire a connu une forte expansion sous le régime
de Modibo-Keïta. C'est en effet, sous la première République que la
plupart des unités industrielles dont le Mali est aujourd'hui doté
ont vu le jour.
Nous examinerons dans un premier temps les pricnipaux résultats du
secteur secondaire avant de nous pencher en second lieu sur les
facteurs explicatifs des limites de l'industrialisation au Mali.
A - L'EVOLUTION DES ,PR-NCIPAUX RESULTATS DU SECTEUR SECONDAIRE
Les dirigeants de l 'USRDA ont accordé une place de choix au secteur
public dans le cadre de leur politique économique.
L'idée courante à l'époque était de faire naître l'épargne du
secteur public. la croyance générale était que le secteur public était
apte à générer rapidement l'épargne plus que le secteur privé.
Il Y avait toute une mystique de l'entreprise publique qui était la
pierre a;gulaire de la politique socialiste des gouvernants de l'é-
poque.
le secteur public et singulièrement l'industrie devait ;:Jermettre la
consolidation de l'indépendance nationale. Il devait e~:outre fournir
au gouvernement les moyens de la Ga~~rise du dève1op;?mert
national.

95
La volonté des dirigeants de contrôlerl'2s· circuits économiques
s'explique d'une part, par le souci de soustré.i((; l'économie nationale
de l'influence des sociétés commerciales françaises et d'autre part
par le besoin de se procurer des ressources pour le financement des
programmes de développement.
Ainsi, le secteur public fut posé comme le vecteur principal de
l'industrialisation. le but principal des entreprises du secteur
public était de susciter l'accumulation nationale du capital. Elles
devaient à cet effet dégager un surplus. Pratiquement, cela
signifiait que les entreprises du secteur public devai .2ilt être
immédiatement rentables.
Examinons les éléments caractéristiques de l'évolution du secteur
secondaire. Il s'agit dans un premier temps de se pencher sur
l'évolution de la production industrielle de 1969 à 1980 * avant
d'analyser en second lieu les problèmes financiers du secteur
secondaire.
1. L'EVOLUTION DE LA PRODUCTION INDUSTRIELLE
Les tableaux n° 32 et 33 nous donnent une idée significative de
l'évolution de la production industrielle au cours de la période
1969/1980.
;*)Nous publions er annexe
c

j...
96
a) Tableau N° 32 : Evolution de la production industrielle au cours de
la période 1969/1974
(en tonnes et autres unités de mesure)
Les données proviennent du FMI. Nous avons maintenu le tableau tel
quel. (confère Survey on african "économies t7 p. 130)
PRODUITS
1969
,
1979
\\
• 1971
\\
1972
1973
1974
,
Riz
16 495
21 812
21 830
23 600
19 700
24 000
Coton-fibre
15 143
15 877
19 890
25 310
24 340
18 900
Hu il e végétale
4 306
8 152
5 732
7 346
7 600
7 300
1
Tourteaux
6 447
11 887
14 407
la 735
14 700
13 000
"
~:
Savon
3 100
2 645
4 710
4 567
4 900
4 100
Beurre karité
2 320
97
5 102
18
1 957
Tomates
168
347
204
80
1
Sucre
4 841
5 674
5 100
4 225
3 723
5 ~OO
t
Ciment
36 345
36 700
41 954
49 000
42 000 i1
1
Alcool (H. L)
216
324
320
Ti ssus (mil. m.)
6 840
8 824
9 400
8 842
14 568
13 800
Cigarettes(100 p. 22 682
28 930
27 900
33 790
37 500
40 400
All umettes (mi l . )
17 000
20 400
23 245
26 150
24 300
Byciclettes et
9 699
la 500
13 940
13 100
13 000
motos
Chambre à air
68 000
67 000
211 000
343 000
Radios
3 516
la 939
3 999
5 048
4 000
Tôles
200 000
23 400
40 000
V-inaigres (nf)
425
384
3CO
67J
Eau de javel
360
1 0:2
1 100
Chaussures (paire"", )
11 89 , 34 010
28 916
30 843
;
1
1
Energie électrique 1
,
!
37 400
39 - ~,
~jl
44 705
53 323
61 500
68 000

97
On peut faire les observations suivantes
1)
Au cours de la période sous -revue les industries maliennes nées sous
la premlere République ont atteint leur vitesse de croisière. mJis
leurs résultats sont inégaux. La sécheresse qui débute avec la
décennie 70 exerce un
impact certain sur les performances du sec-
teur secondaire car
2)
L'industrie malienne est fortement tributaire du secteur primaire.
La plupart des unités se rattachent au secteur alimentaire
(huilerie, sucrerie, conserveries) ou secteur textile - Ainsi,
ces deux secteurs accusent le coup par suite des médiocres résul-
tats des campagnes arachidières et cotonnières
3)
L'activité industrielle - comme nous le montrerons plus loin -
est faible. En fait, l'industrie n'occupe que 5 % de la Dopulation
active.
L'industrie participe de 12,6 % à la composition du produit
intérieur brut.
Par ailleurs, lorsque les mesures de décompression de personnel
préconisées par le FMI joueront leur plein effet, l'on assistera
à une diminution de la part des emplois industriels au sein de la
population active.
b) Tableau n° 33 : Evolution de la production ir'dustrielle au cours de
la période 1975/1980 (en tonnes et autres unités de mesure:
J

, 1
98
1
Tableau N° 33
1
1
PRODUITS
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1
i
i
RIZ
30
34,5
42,6
41,1
37
30
Coton-fibre
23
39,1
45,1
42,3
48,2
56,1
Arachides décorti.
18,7
23,9
59,2
18,7
25,4
24,7
Huil e
12,3
14,7
11 ,8
15,8
9,8
10,5
Tourteaux
14,3
17,1
25,4
20
12,9
15,6
Savon
5
6
3,6
2,7
2,1
1, -
Sucre
4,1
4,2
14,6
18,9
18
18,1
Sacs
2 917
2695
2870
3200
2308
2224
All umettes
27,5
31
23,1
30
24,2
24,3
Tissus(millions)
24,4
22,7
15,8
17,5
15,2
15,7
Cycles et cyclo.
16
19
20,4
23,3
22,3
23,5
Chambres à air
271 ,2
203,3
328,4
267,5
224,5
142,1
El ectri cité
75,2
81
88,8
99,4
107
100,3
Eau
10
18,5
12,4
14
12,5
Vinaigre
0,3
0,5
0,5
0,4
0,7
0,7
Eau de javel
1,2
1,3
1,5
2,1
0,7
0,7
Emball ages Cart.
91,9
Articles plast.
254
263
690
Tôles
110,1
180,2
139,8
158,9
179,5
102,4
Alti lumière de ce tableau, l'on constate très nettement la décomposition
de la production industrielle. Elle est affectée par des phénomènes tels
la sécheresse, les panneé ('électricité, le manque de pièces de rechange,
Comme nous le montrerons, l'industrie cannait une crise grave et profonde.

99
Le fait le plus éclatant, c'est la stagnation
de la production industriel-
le. Elle découle à la fois de divers problèmes techniques, des contre-
performances du secteur primaire; mais aussi de l'incurie des dirigeants
nationaux qui n'ont pas la volonté à fortiori une claire conscience des
politiques à mettre en oeuvre. Car ici, comme ailleurs, l'on pratique
une médiocre politique de pilotage à vue dont on se refuse à envisager
1es conséquences néfastes sur l 'aveni r des popul ati ons.
Examinons brièvement quelques aspects indicatifs de la dégradation du
secteur public.
2)
LA DEGRADATION DU SECTEUR INDUSTRIEL PUBLIC
La décennie 70 connait
véritablement une dégradation de la siutation des
entreprises publiques maliennes.
Les principaux éléments de cette dégradation générale peuvent être ap-
préhendés ' à travers 1es données ci -dessous :
a - le vieillissement de l'appareil productif national
C'est un facteur déterminant de la détérioration des résultats des
entreprises publiques. les immobilisations nettes sont passées _ de
32 milliards FM en 1974 à 39 milliards FM en 1979. Compte tenu de l'infla-
tion et des amortissements linéaires pratiqués, ~lles auraient dû doubler
au cours de la même période, ne serait-ce que pour le simple renouvel-
Ainsi, la vétusté des installations provoque des pannes et des arrêts
de fabrication. Il est impossible de trouver une société industrielle
malierne tournant à sa pleine capacité.

100
b - La baisse générale de la productivité
Elle découle du premier élément précité. Entre 1973 et 1977, la production
augmente moins vite que les charges. La production par personne employée
en francs constants diminue également. Il y a par ailleurs, une diminution
des chiffres d'affaires par personne entre 1977 et 1979. Cette diminution
est perceptible pour les sociétés commerciales étatisées et pour la quasi
totalité des sociétés industrielles.
c - Le gonfl ement de l 1 endettement
L'endettement des entreprises publiques a connu une expansion considérable
De 1973 à 1979, sur une périocE _ de cinq années, l'endettement total des
sociétés d'Etat est passé de 53,6 à 123,3 milliards FM.
Le tableau ci-dessous nous en donne la structure.
NATURE
l, FIN 1973 l' FIN 1979
1
1 Dettes
à long et moyen terme
13,1
20,1
Dettes à court terme
40,5
103,2
On note la prépondérance des dettes a court terme dans la structure ce
,
j

101
Il faut signaler également que la plupart des entreprises publiques
n'étaient pas éligibles au réescompte de la SeM et les autorités monétaires
ont dérogé pl us d'une foi saux stri ctes règl es posées par l es accords de
1967 pour ne pas que les entreprises publiques s'effondrent;
d - L'accroissement des créances
Les créances progressèrent de 14 4 en 1973 à 52 milliards FM en 1979.
t
La plupart de ces créances était douteuse c'est-à-dire qu'elles ont été
accordées sans tenir compte nullement des règles d'une saine gestion
financière.
1
Au total
la structure financière des sociétés d'Etat connait une très
t
profonde détérioration.
.1.~
1
l'
~
Le tableau N° 34 nous donne une idée significative des résultats d'exploi-
~
, i
tation du secteur public de 1961 à 1979.*
1
î
1
1
Chi ffres
Valeur
Résultats
1
Années
d'affaires
ajoutée
l
1 d' expl oitati on
1961
6 571 1
1 648,7
+ 55,8
t
1964/65
20 479
4 180
+ 77,6
1
1970
,
32 534
8 752
- 3014
1
1975
75 089
?'
_Jo
328
+894
1
1979
1
113 579
26 567,7
-14530
1
1
i
(*) Ministère du Plan.
,
1
,1
id

102
Les annèes 70 se caractérisent par une nette dégradation du secteur
public.
Les sociétés d'Etat pratiquent une politique inadéquate des prix. De
même, les coûts de production s'a;èrent très élevés au Mali.
Ce phénomène est paradoxal car on notera au passage que le prix de la
main d'oeuvre au Mali est très bas. C'est l'un des plus bas de la
sous région.
Cependant, la situation géographique du pay.s ainsi que les prix élevés
de l'énergie peuvent
justifier en partie les coûts élevés de la
production.
La trésorerie des entreprises publiques est dans un état lamentable.
La plupart des entreprises publiques manque de fonds de roulement.
Ainsi, le caractère déficient de leur gestion entraîne un certain nombre
de distorsions.
Globalement, on retiendra pour l'ensemble des entreprises publiques
1
Le manque de gestion prévisionnelle et budgètaire
2
1 1 absence de contrôl e interne effi cace
3 - les insuffisances d'organisation des approvisionnements et de
gestion des stocks
4 - le manoue total de fiabilité des comptabilités etc ...
du sec"eur indus~riel.
L .'
.....

'1
103
1
1
!
B - LES FACTEURS EXPLICATIFS DE LA CRISE DU SECTEUR INDUSTRIEL
1
1
Dans un premiertem~s"
nous dégageons les causes de la crise du secteur
!
t
industriel avant de voir dans un deuxième temps les solutions qui seraient
1
l,
1
susceptibles d'enrayer cette crise.
!
1
1 - LES CAUSES DES INSUFFISANCES DE L'INDUSTRIE
1
!
L'industrie malienne connait actuellement de graves déficiences. En fait,
t
1
le secteur industriel est devenu un véritable boulet financier grevant
!
le budget de l'Etat. C' est un secteur non stimul ant et non créateur de
1
richesses.
1
li
!
Les entreprises du secteur public connaissent des politiques inadéquates
!
dans le domaine des salaires, des effectifs, de la gestion et de la po-
1
litique syndicale.
i
1
Le rapport BERG (P.Iü9) dont les conclusions sont pertinentes, souligne
1
1
"L'industrie a tendance à être une charge plutôt qu'un soutien pour
l'agriculture
elle exerce de grosses ponctions sur des devises rares
contrairement à ce qu'on attendait, elle n'a pas été une source d'épar-
1
gne intérieure ni de recettes publiques, enfin, à cause des coûts élevés
t
et d'une productivité stagnante, elle n'a pas assuré à la croissance
f
future de ce secteur une base aussi saine qu'on l'aurait souhaité".
t
f
. c. ~
.
j ,
......
f
traintes qui pèsent sur les str'Btégies industrielles et qui expl iquent
r
grandement l'échec du secteur secondaire. Nous y reviendrons plus
1
l
i:1
1
If
f
j

104
longuement dans le chapitre deuxième.
BERG regroupe ces contraintes autour de cinq pôles, à savoir
la taille du marché, la densité de la population, les salaires et la
productivité, les coûts de gestion et les coûts d'investissement et
d'infrastructure.
il faut y ajouter d'autres facteurs plus prosaïques tels
la gabégie, la bureaucratie, l'incurie et la corruption. Si aux premières
heures de l'indépendance, l'étatisation est apparue comme le meilleur
moyen d'être chez soi au plan économique; aujourd'hui, avec le recul,
l'expérience de 2é années de souveraineté internationale, nous devons
constater qu'elle a manqué son
but.
Les entreprises publiques ont manqué d'efficacité; elles n'ont pu jouer le
rôle
de pointe que l'on escomptait. Bien au contraire, elles sont
devenues un fardeau grevant les maigres ressources étatiques et elles
sont dans une large mesure responsables de la lenteur du développement
économique.
Les entreprises publiques accordent des avantages à leur personnel que paie
le contribuable. En matière économique, les Africains semblent mancuer
de réalisme.
Les etats ont accordé des avantages exorbitants aux entreprises pUbl~ques
NURSKE (p. 105) a montré que la politique de protection tarifaire des
industries naissantes est VCiUÉe à l, 'échec "Dél Y'ce Gue la prote:~~on ces

105
industries naissantes néglige le problème de la formation du capital ...
La création de l'enfant doit précéder la protection de l'enfant.
La protection tarifaire des industries naissantes a
manqué son
but parce qu'elle n'a rien fait, ou peu de choses en vue de créer le
capital nécessaire au développement industriel".
Ainsi, l'on perçoit toutes les limites de l'industrialisation malienne.
Par ailleurs, la politique bureaucratique inefficace de gestion du sec-
teur a conduit à l'inflation. Nous y reviendrons ultérieurement.
Examinons maintenant les correctifs que l'on pourrait apporter à cette
situation.
2 - LES SOLUTIONS PRECONISEES
Nous nous tournons, une fois de plus, vers Elliot BERG qui, dans son
fameux rapport, a dégagé un certain nombre de principes généraux devant
guider la stratégie industrielle des Etats africains.
Ces principes sont grosso-modo au nombre de quatre
l - le remplacement des importations. A ce prnos, BERG note: "le
défi est de créer un système c'inci:ation ~t d'institution susceptible
;2
oépart,
~2 crcissance de la
productivité". (cf. p. 112).

106
2 - l'intégration régionalè
3
la transformation des matières premières pour l'exportation
4 - des produits manufacturés pour l'exportation.
En plus de ces quatre points, il conviendrait d'accroitre la contribution
de l'industrie, de promouvoir l'esprit d'entreprise et de mettre en
oeuvre des changements dans les politiques et institutions.
En définitive, Berg note (confère P. 115) : " les problèmes souvent
rencontrés par les entreprises parapubliques viennent non pas de ce
qu'elles appartiennent au secteur public, mais plutôt
de ce qu'elles
ne sont pas traitées comme des entreprises commerciales. On ne devrait
pas les accabler en les forçant de recruter plus de personnel qu'elles
n'en ont besoins, de fournir des services sans compensation ou d'em-
p~cher les prix des biens et services qu'elles vendent de monter .
... Les entreprises parapubliques devraie: ~ ~tre comme des entreprises
commerciales et recevoir une compensation pour tous les services
qu'elles sont obligées d'assurer à la collectivité. En même temps, ces
entreprises devraient ~tre assujetties aux melnes obligations fiscales
que les entreprises industrielles prlvees. Elles devraient payer des
impôts sur leurs bénéfices et sur les facteurs de production importés
et ne recevoir qu'une protection raisonnable contre la concurrence
extérieure".
Nous souscrivons totalement à ces .&n&lyses et nous pensons que les
S~~j~io~s préccnisées oar l 'écon0~iste BERG sont des préalables pour
1
1
f
,1

107
L'industrie doit créer des emplois sains. Elle doit générer des devises
et une épargne intérieure. Bref, elle doit participer à la formation du
capital en permettant l'élargissement de la base matérielle de l'écono-
mie nationale.
Après l'éinalyse des l imites de l' industrial isation, voyons maintenant les
raisons des contre-performances du commerce extérieur.

t
\\1ï~:
1
i
108
PARAGRAPHE 3
LES CONTRE-PERFORMANCES DU COMMERCE EXTERIEUR

1
109
PARAGRAPHE 3
LES CONTRE-PERFORMANCES OU COMMERCE EXTERIEUR
Nous procédons à une analyse tant des exportations que des importations.
Le commerce extérieur joue un r61e important daos la formation du
capital. En fait, comme le note PARIZEAU ; (cf. le problème du finan-
cement intérieur.. Cahiers de l' INED. PUF 1956 p. 324)". La faible
capacité de production en biens d'équipement, tend à lier le rythme de
l'accroissement du revenu réel par tête à la possibilité d'importer ces
biens".
La plupart des auteurs s'accordent à soutenir:
"la leçon qui ressort
le plus clairement de l'expérience acquise par le tiers monde dans
le domaine du développement, c'est que l'ouverture au commerce exté-
rieur encourage l'efficacité, l'adaptation et la croissance. Les pays
en développement à revenu intermédiaire les plus dynamiques doivent
généralement leur réussite à la façon dont ils ont su exploiter les
possibilités offertes par le commerce extérieur. Il n'est pas jusqu'aux
pays d'Afrique à faible revenu où certains faits montrent qu'une grande
ouverture aux échanges et au marché accroît la rentabilité unitaire
de l'investissement.
... Le commerce extérieur est le seul moyen pour les pays en dévelop-
pement accablés de dettes de se tirer d'affaire et de relancer leur
:e~:ains :rouveront que ces asser:ions reifveGt
d'une v~sion Ui:rô-
~ibérale méconnaissant les handicaps affec~an~ les économies SOU5-
~<.;, .

1
110
1
mondiale afin d'accroître leur efficacité économique car toute autre
solution s'avère illusoire et périlleuse.
Examinons l'évolution des exportations.
A - L'EVOLUTION DES EXPORTATIONS
Les exportations maliennes sont principalement constituées par des pro-
duits agricoles. Ce qui fait qu'un fort déficit pluviométrique emporte
des conséquences sur le volume des exportations.
Les principaux produits d'exportation sont: le coton, les animaux
vivants, les graines,noix et fIlncmœs oléagineuses, lé poisson frais ou
séché. Le coton égrené représente environ 57 % du total des exporta-
tions ; les animaux vivants 18 %, l'huile d'arachide 8 %, les arachides
décortiquées 5 %. le poisson 1,2 %.
1 . Les tendances générales
Le tableau n° 35 nous permet d'appréhender les tendances générales de
l'évolution des exporta~ions de 1968 à ~983.
1
r,
i.
i
J

111
Tableau N° 35
(en millions de FM)
Années
Valeur
1
1968
5.300
1969
8.752
1970
19.296
1971
20.006
1972
21.050
1973
23.289
1974
30.813
1975
22.900
1976
41.100
1977
61. 200
1978
42.336
1979
47.100
1980
17.320
1981
,
16.760
1982
19.160
1983
25.420
De 1968 à 1974, l~s exportations maliennes progresent constamment.
Au cours de ce~te période, on retiendra que le mali a mis en oeuvre une
politique commerciale plus libérale que celle pratiquée durant le régime
de Modibo-Keïta. D'un autre côté, il faut noter que les effets directs
et indirects de la dévaluation du 6 mai ~967 on joué à plein.
sécheresse qui a :oJ:nè 1e ~ali à cetIE datE. Les résultats s'améliorent

112
de 1976 à 1977 qui apparaît me me comme une année exceptionnelle dans
l'histoire économique du r~al i.
De 1978 à 1983, les résultats sont médiocres et s'inscrivent bien dans
la tendance générale précédemment constatée cest-à-dire qu'ils reflè-
tent l'état de sécheresse affectant le ~'ali. La décennie 80 confirme
le recul des exportations.
L'analyse des résultats des exportations n'est pas une tâche aisée
car le Mali pays continental 00 les prix aux producteurs ont été
systématiquemen défavorables et peu compétitifs par rapport à ceux
des pays limitrophes connaît de fortes sorties non contrôlées par
les autorités étatiques.
Il en résulte de lourdes pertes pour l'Etat qui n'a pas jusqu'à pré-
sent réussi à capter les gros revenus des commerçants maliens.
Exami nons mai ntenant l' évol uti on structurell e des exportat ions
2 - L'évolution structurelle
des exportations
On notera brièvement que la part du coton est considérable. En effet,
il constitue environ 60 % des exportations maliennes. En seconde
position, il y a l'arachide et ses dérivés, puis, vient en troisième
pos~tion le bé~èil SU" ried.
pencher maintenant sur les données relatives aux ~Qportations.

113
B - L'ANALYSE DES IMPORTATIONS
La capacité à importer" se définit comme étant le produit du volume des
exportations et du rapport des prix à l'exportation sur les prix à l'im-
portation, c'est-à-dire des termes d'échange: on obtient ainsi le
volume d'importations susceptibles d'être financées par les exportations.
Si toute la
capacité à importer est utilisée,la balance commerciale
est nulle. Si au contraire, une partie seulement est utilisée, la
différence vient. augmenter l es réserves de dev i ses et peut serv i r à
accroître la capacité à importer d'une année subséquente".*
Comment se vérifie au Mali ces assertions qui sont d'une grande clarté?
1. Les tendances générales
Le tableau n° 36 nous retrace l'évolution des importations au cours de
la période 1968 - 1983. *
(en millions de FM)
Années
Valeur
1 r
1968
18 260
1
!
1969
20 102
1970
23 790
1971
32 927
1972
39 615
1973
56 248
-~
- -
(*) Parizeau (Y) idem p. 324

114
Tableau N° 36 (suite)
Années
Valeur
1976
71 500
1977
78 000
1978
88 891
1979
111 100
1980
26 060
1981
41 780
1982
43 680
1983
52 560
De 1968 à 1972, la progression est constante. Puis à partir de 1973,
l'évolution est brutale.
Notons que le Mali a mis en oeuvre au cours de la décennie 70 deux
plans de développement qui ont nécessité de fortes importations.
Par ailleurs, l'accroissement en valeur des importations peut
s'expliquer par la forte inflation mondiale au cours de cette période
d'une part et d'autre part, par les fortes importations de denrées
alimentaires provoquées par la séCleresse.
: .. -
~
-"
-
" r:':~A~'S-:: CE- '2 \\':1;euy' dor::

115
2. L'évolution structurelle des importations
S'agissant de l'évolution structurelle des importations, on peut faire
les constatations suivantes:
1. les biens d'équipement occupent la première place. Ils constituent
environ 35 % des importations.
2. Les produits p~troliers occupent la seconde
position au sein des
importations maliennes. Ils constituent environ 21 % des impor-
tations. la facture malienne a plus que triplé en l'espace de
ci~ ans: elle passe de 7,6 milliards FM en 1974 à 8,6 milliards
en 1975, à 10,5 milliards FM en 1976, à 14 milliards FM en 1978,
à 22,2 milliards FM en 1978. Cette évolution est allée en s'ac-
centuant puisque le second choc pétrolier se déroule en 1979.
(on peut se reporter aux indications contenues dans le World
Economie Outlook publié en annexe de cette étude).
3. La troisième position est tenue par les produits agricoles et
alimentaires. ils contituent environ 20 % des importations.
Après l'analyse séparée de lévolution des exportations et des im-
portations, on peut établir la balance commerciale du Mali au
cours de la période 1968/1983.
Le tableau ne 37 nous permet d'en avoir une idéé significative.

116
Tableau N° 37
(en millions FM)
Années
Exportations
Importations
Soldes
. Couverture %
1968
5 300
18 260
12 960
29
1969
8 752
20 102
11 350
43,5
1970
19 296
23 790
4 494
81,1
1971
20 006
32 927
12 921
60,1
1972
21 050
39 615
18 565
53,1
1973
23 289
56 248
32 959
41,4
1974
30 813
86 084
55 271
35,5
1975
22 900
74 400
51 500
30,7
1976
41 100
71 500
30 410
57,5
1977
61 200
78 000
16 800
78,4
1978
42 336
88 891
46 555
47,6
1979
47 100
111 100
64 000
42,4
1980
34 640
52 120
17 480
1981
33 520
83 560
50 040
1982
38 320
87 360
49 040
1983
50 840
105 120
54 280
La balance commerciale est toujours négative. Le taux de couverture se
dégrade de façon significative. Globalement, le déficit commercial
s'explique par les importations de biens d'équipement néces5aires à tout
Etat, ainsi que par l'alourdissement des services.

117
1
En effet, celle-ci a pratiquement été délaissée a la suite des accords
i
de 1967.
t
En œfintive,
l'on retiendra que c'est surtout la faiblesse des expor-
tations qui explique grandement les contre-performances du commerce
extérieur.
Selon BERG (cf. p. 25 et 26), "trois facteurs expliquent la médiocrité
des résultats dans le domaine des exportations:
1. Le caractère systématiquement défavorable des mesures intéressant
a l a foi s l 1 agri culture et les exportati ons qu i ont frei né la croi s-
sance générale de la production;
2. L'accroissement rapide de la population, qui, en faisant augmenter
la consommation, a réduit l'excédent exportable de produits tels que
les graines oléagineuses et le mals, et a fait monter la proportion
de terres utilisées pour la production alimentaire intérieure, et ;
3. La rigidité des économies africaines qui les a empêché de se
diversifier et de se lancer dans les secteurs 00 les merchés se
développaient rapidement".
D3~
a'
leUrS,
au niVEa~ de~ i~~2r~ations,
~es restrictions posées
L
- :
-
- ,"
..::' u

118
" Le problème véritable n'est pas de retirer précisément plus de biens
capitaux du commerce extérieur, r'ais bien d'extraire davantage l'épargne
du revenu national.
C'est seulement, affirme t-il, par le truchement d'une politique irtérieu-
re complémentaire d'épargne volontaire ou forcée, dans laquelle les
finances publiques joueront vraisemblablement un rôle essentiel que les
restrictions d'importation de luxe pourront fournir une contribution nette,
pleinement efficace à l'offre des capitaux sous la forme de biens
d'équipements importés. Et même dans ce cas, la contribution sera plus
exactement imputable à l'épargne accrue qu'aux testrictions
d'importation
elles-mêmes" (cf. p. 115).
NURSKE va meme plus loin dans son analyse
" La question essentielle à poser, ~crit-il, est celle de savGir si les
barrières érigées contre les importations de luxe
ont pour effet de
provoquer un accroissement d'épargne. Si la réponse est négative, une
augmentation de capital n'est pas possible. Et, même si la réponse
était affirmative, il serait encore nécessaire de prendre en considé-
ration les mauvaises directions que pourrait prendre l'offre de
capital du pays". (cf. p. 117).
Ces analyses pertinentes soulignent avec netteté toute la nécessité
pour nos Etats de mettre en oeuvre des politiques commerciales plus
rigoureuses. Car les déficiences du COlTl1erCe extérieur entraînent
des
déséquilibres monétaires et financiers pour le gouvernement. C'est
l'étude de ces di fférents Dhéno:nèn:': GU i fa i t l 'objet de notl~e

119
CHAPITRE 2
LES FACETTES, DES DESEQUILIBRES MONETAIRES
ET FINANCIERS
1
J

120
CHAPITRE 2 - LES FACETTES DES DESEQUILIBRES
MONETAIRES ET FINANCIERS
Nous savons que le gouvernement de Modibo-kelta a mené une expérience
de souveraineté monétaire qui s'est
soldée par les accords de 67 et
la dévaluation de 50 % du franc malien le 6 mai 1967.
Cette expérience a durablement affecté les variables monétaires et
financiers qui ont subi des altérations profondes.
La période qui débute en 1968 est marquée essentiellement par la vaine
recherche de l 'équi libre macro-économi que.
Les militaires qui usurpèrent le pouvoir vont tenter, plutôt mal que
bien, de mettre en oeuvre unepdlitique monétaire et financière ration-
ne 11 e.
Les accords de 1967 imposaient la mise en oeuvre de réformes drastiques
dans les domaines touchant à :
- la politique du crédit et de la monnaie
la politique financière et budgétaire
- la réorganisation des sociétés d'Etat
~e succès de la mise en oeuvre de ces réformes étalt la condition de
l'entrée du Mali à l'UMOA. Nous savons que le Mali adhéra finalement
~ cet organisme le premier juin 2984 soi~
se~ze ans après 'a signa-
1
!
j

121
Il s'agit ici d'appréhender la nature des déséquilibres monétaires et
financiers Comment ces déséquilibres ont vu le jour? Pourquoi se
sont-ils accentués? Etait-il possible de remédier à ces distorsions?
Les autorités chargées de la mise en oeuvre de la politique monétaire
avaient -elles la capacité ~t les moyens de porter un coup d'arrêt
à la dégradation des agrégats?
Les déséquilibres que nous examinerons n'ont-ils pas une signification
politique profonde?
Notre démarche s'articulera autour de trois éléments
Dans une premlere appproche. nous nous pencherons sur la monnaie et le
crédit. il s'agira d'examiner l'évolution du crédit intérieur. de la
masse monétaire; puis des engagements. Nous creuserons les raisons
de la boulimie de crédit intérieur.
En fait. c'est que nous déterminErons toute la signification politique
des libéralités en matière de crédit intérieur.
Nous analyserons l'évolution des engagements. Ceux-ci. également. ont une
une traduction politique. ils signifient grossièrement la forte dépendance
de l'économie malienne à l'égard de l'extérieur. D'un autre côté. la
distribution du crédit intérieur exerce une influence directe sur les
encagements avec l'extérieur et :;J!~ 1a :r.asse rnonétai Y'e. En effe"'::, ' 1:"0
-~
,-
,~..:. ,..,.,
-
'--Il,....
",-_
_
_
.....
-r~:::-·-~:\\.,,'··.
_,_
lien est nettement perceptible.

122
L'examen de l'évolution de la masse monétaire nous permettra d'en
saisir les caractéristiques majeures. Quelle est la part de la
monnaie scripturale? L'accroissement de la part de l'un et de l'autre,
traduit à coup sûr une transformation de l'économie nationale.
Dans un deuxième mouvement, nos développements seront axés sur les
finances publiques.
La crise des finances de l'Etat n'est-elle pas inévitable dans les
circonstances actuelles vue la faiblesse de la base matérielle de
l'économie nationale? L'analyse de l'évolution de recettes et des
dépenses nous permettra de tester la véracité de cette assertion.
Dans un troisième temps~ nous nous pencherons sur les données indi-
catives de la crise du développement au Mali.
Nous pensons que le Mali a atteint le seuil critique de son dévelop-
pement. Et qu'il n'est plus possible pour ce pays de recourir à des
expédients.
Tous les éléments de la crise attestent que seule une politique ri-
goureuse de gestion de finances de l'Etat visant le développement de
la base matérielle de l'économie nationale peut aboutir à un chan-
gement radical de la situation. Nous tenterons de bien traduire ces
assertions.

123
PARAGRAPHE 1
MONNAIE ET CREDIT
t
1
!
!~
1
1
\\1
J

124
e.ARAGRAPHE 1
LES DISTORSIONS AFFECTANT LA MONNAIE ET LE CREDIT
Nous nous pencherons successivement sur le crédit intérieur, les engage-
ments et la masse monétaire. De 1968 à nos jours"les agrégats n'ont cessé de
se détériorer à telle enseigne que l'on est en droit de se demander s'il
est réellement possible de promouvoir une politique monétaire rationnelle
au Mali. Les résultats ne commencent à s'améliorer que depuis 1984. Il est
vrai que depuis 1982, le Mali est "sous perfusion"
le FMI étant à son
chevet. Nous nous pencherons, dans le titre deuxième sur les résultats
de cette action
de l'organisme international.
L'analyse des distorsions affectant la monnaie et le crédit doit nous
conduire à examiner plus en profondeur les contours de l'inflation
malienne. Comment celle-ci est elle alimentée?
La politique laxiste en matière de crédit est elle la seule cause de
l'inflation? Ne doit-on pas rechercher d'autres facteurs explicatifs
des sources de l' i nfl ati on ?
Nous nous attelerons à répondre à ces différentes questions.
A - L'EVOLUTION DU CREDIT INTERIEUR
L'abondance du crédit intérieur comme c'est le cas au Mali où sa dis-
tribution ne correspond pas au volume de la production, induit une accentua-
tion du déficit du système bancaire, notamment ',f)-~-vis
de l'extérieur.
De même, elle e~traine une accélératior c?
twus nous
,Jencherons tour à tour sur 1es CCJncoU"~ e,' ~:è:' e: S'J: 1es
concours à l "éconanie.

125
Le tableau
N° 38 nous retrace l'évolution du crédit intérieur de
1968 à 1984. *
Années
Montant
Augmentation
1968
50,8
+
1969
60,7
+
9,9
1970
65,6
+
4,9
1971
73,0
+
7,4
1972
*,9
+
8,9
-
1973
95,6
+
32,8
1974
128,4
+
33,1
1975
168,9
+
40,5
1976
195,1
+
26,2
1977
203,4
+
8,3
1978
235,9
+
37,6
1979
261,4
+
25,5
1980
275,0
+
13,6
1981
297,9
+
22,9
1982
341,8
+
43,9
1983
385,9
+
44,1
1984
123,2
- 262,7
Les crédits intérieurs augmentent considérablement au cours de la
période sous revue.
démarrage du second pian
quinquennal r;;alle~ \\19 7 - 1978i.

126
Ainsi, à partir de 1974, le crédit intérieur augmente en moyenne de
trente milliards FM par an.
L'année 1977 constitue à cet égard une exception par rapport à la
tendance général~ car cette année là, la progression n'a été que de
8,3 milliards FM.
Quant à l'année 1984, le chiffre peut être considéré comme le résultat
de la politique déflationniste mise en oeuvre sous l'égide du FMI. La
chute
est brutale. nous y reviendrons.
Examinons
plus en détail les composantes du crédit intéieur.
1. Les concours à l'Etat
Ils sont dispensés principalement par la
Banque centrale. Avant l'adhé-
sion à l JUMOA, la Banque centrale du Mali (BCM) effectuait ces opérations.
La principale créance de la BCM sur l'Etat était constitué à 45 % par
un prêt consolidé sans intérêt résultant de la liquidation en 1968 des
octivités
de la banque de la république du Mali (BCM) ancienne Banque
Centrale durant la période de souveraineté monétaire.
Le ~aienen~ aj ~rèsGr français des intérèts sur le compte d'opérations
et des commissions au FMI
2. Les avances statutaires de la BCM au Trésor malien
Les
irages e~ ;~-a~:s ~al~ens sur le Drêt fidu:iaire s~ cia~ C~T

~1
127
1
Le tableau N° 39 nous retrace l'évolution des concours à l'Etat de 1968
à 1984 ( en milliards FM).
1
Années
Montants
1

Variations
!
1
!
1968
35,9
+
1
1
1969
41
+
5,1
1
1970
42,2
+
1,2
!
1971
45,3
+
3,1
1
1972
47,7
+
2,4
1973
52,3
+
4,6
1974
58,7
1
+
6,4
!
1975
66,7
+
8
1
1976
72,5
+
5,8
1
j
1977
96,4
+
23,9
1978
102,8
+
6,4
1
1979
109,2
+
6,4
1
~'
1
1980
111
+
1,8
1
1981
121,6
+
10,6
'f~,
1982
156,5
+
34,9
1983
186,0
+
29,5
1984
nd
nd
A l'examen de ce tableau, nous constatons la progression des concours
à l'Etat, mais les accroissements ne sont pas considérables hormis pour
les années 1982 et 1983.
(*) Source
Ministère du Plan - FMI.

128
une créance de seize milliards FM que la BCM avait consenti à l 'OPAM.
Les crédits à l'Etat agissent moins sur l'activité économique que les
crédi ts à l 1 économi e.
2. Les crédits à l'économie
Le tableau nous permet de suivre l'évolution des crédits à l'économie
de 1968 à 1984 ( en milliards FM) *
1
Années
. Montants
Variations •
1
1968
14,9
1969
19,7
+
4,8
1
1970
23,7
+
3,7
1971
27,7
+
4,3
1972
34,2
+
6,5
1973
43,3
+
9,1
1974
69,7
+ 26,6
1975
102,2
+ 32,5
1976
122,6
+ 20,4
1977
~07
- 15,6
1978
133,1
+ 27,2
1979
152,2
+ 19,1
1980
164,0
+ 11,8
1981
174,7
+ 10,7
.
., Cl C' ')
~90
..i.
-
~ h
-' , ?,-,'
.J. ..... .:....
,
'_
lJ

129
Nous remarquons que les crédits à l'économie progressent modestement de
1968 à 1974. En effet, durant cet intervalle, ils passent de 14,9 mil-
liards FM en 1968 à 43,3 milliards Fm en 1973.
A parti r de 1974, on ass i ste à un véritabl e bond des crédits à l' éco-
nomie.
Qu'est-ce qui explique cette forte progression des crédits à l'économie?
Quels en sont les principaux bénéficiaires?
On peut affirmer sans ambages que les sociétés d'Etat sont les princi-
pales bénéficiaires des crédits à l'économ-ie.
La caractéristique principale de la situation malienne, c'est le blocage
du système bancaire par le secteur public.
Il Y a là un véritable goulot d'étranglement de l'économie nationale.
La banque de développement du Mali joue un rôle clef dans l'aggravation
des distorsions affectant l'économie. Sa politique de distribution du
crédit ne repose en effet, sur aucun élément
rationnel.
aux sociétés d'Etat; 10 % au commerce privé; le resle étant alloué aux
salaires.

130
Par ailleurs, à la meme date, les créances impayées s'élevaient à
24 milliards FM. Ce qui est colossal pour un pays comme le Mali.
A ce niveau, on peut noter que les impayés sont une donnée fondamen-
tale à prendre en compte dans la mise en oeuvre de toute politique
de crédit au Mali.
Car très souvent, les bénéficiaires des créances douteuses et impayées
disposent de soutiens politiques puissan~et efficaces. Ces personnes
sont souvent des prête-noms aux membres de la classe dirigeante.
Le blocage du système bancaire du fait de sa politique laxiste de
crédit n'est pas le seul facteur négatif à prendre en compte dans l'ana-
lyse des distorsions affectant l'économie nationale.
En effet, au Mali, les véritables goulets d'étrang1em8nt~ se situent aux
niveaux du système productif et des circuits -de commercialisation. La
situation malienne se caractérise par l'incapacité du système productif
à engendrer un processus de croissance dans les principaux secteurs de
l' économi e nati ona 1e.
Par ailleurs, lorsque l'on analyse la structure des crédits à l'économie
nous remarquons que les crédits à court terme prédominent au sein de
l'ensemble des crédits. De plus, ces crédits à court terme bénéficient
principalement aux entreprises d'Etat dont ils couvrent les déficits
d'exploitation.
(*) Sources
SCM
r~ in i s tè re
u Plan - Statistioues Financières Intetnationales
r
7 ju~lle: 1984 ~M!.
!
,
i.1

131
Tableau n° 41
Années
,
Secteur
Secteur
TOTAL
public
privé
1974
48,9
16
64,9
1975
104,7
23,2
127,9
1976
111,6
24,4
136
1977
48,9
35
83,9
1978
82,7
33,5
122,2
1979
89,1
63,0
144,9
1980
104,6
59,3
163,9
1981
110,6
64,1
174,7
1982
116,8
73,1
189,9
1983
118,2
84,9
203,1
1984
nd
nd
nd
Ainsi, nous constatons que le secteur public accapare en grande partie
les crédi ts à l 1 économi e. Cet accaparement peut Si expl i quer par le
souci des autorités politiques de compenser la politique des bas prix
des denrées de première nécessité. Cette politique occulte de subvention
est remise en question depuis que le Mali applique les mesures du FMI.
Après l 1 ana lyse des crédits à l 1 économi e, il convi ent d' exami ner ma i n-
tenant l' évol uti on des engagements.
Nous examinerons successivement les engagements, le compte d'opè~ations
et l'état des comptes clearing.

132
Les principales opérùtions concernant les engagements extérieurs du
Mali sont:
a - les crédits obtenus par le biais du compte d'opérations
b - les crédits découlant des mécanismes des comptes clearing
c - les opérations avec le FMI
d - les opérations avec les banques commerciales.
Le tableau n° 42 retrace l'évolution des engagements et des avoirs de
1968 à 1984 (en milliards FM).*
Années
Avoirs
Engagaœnts
Engagaœnts ,
Extérieurs
Extérieurs
Extéri eurs nets
1968
5,2
25,1
29,5
1969
6,1
34,0
27,9
1970
4,8
33,1
30,7
1971
4,2
35,7
31,5
1972
7,0
40,1
33,1
1973
6,7
49,8
43,1
1974
9,6
66,9
61,9
1975
7,2
95,1
87,9
1976
9,6
112,1
102,5
1977
1
12,9
105,2
92,3
1
1978
1
8,4
108,3
96,0
1979
8,0
113,0
100,0
1980
4,3
118,7
118,0
1981
6,2
134,6
129,6
r
~
~
163,4
"
r
., Ç"'.-;
G
. .....,-
G
(*) Sources
Ministère du Plan
statistiques financières Internationales

133
Ainsi, les engagements extérieurs nets accusent une très forte augmen-
tation au cours de la période sous-revue.
La progression est lente de 1968 à 1973. Par contre, à partir de cette
date, on assiste à une accélérationde l'augmentation desdits engagements.
Ainsi, de 33,1 milliards FM en 1972, ils passent à 43,1 milliards FM
en 1973, soit un accroissement de dix milliards FM en une année.
A partir de 1974, l'accroissement se situe aux alentours de vingt mil-
liards FM par an.
:le 1977 à 1979, on constate une légère décélération du mouvement de pro-
gession.
Puis, à partir de 1980, la tendance à la progression reprend son cours
normal.
Affinons l'analyse des comptes externes en nous penchant sur l'évolution
du compte d'opérations
1. le compte d'opérations du Mali
,- :-,....,.-.:- -or--
...........,,11 ...; ..... ::::
(*) Sources
SeM.

134
Tableau n° 43
Années
Pr-incipal
Intérêts
TOTAL
Variations
1
Principal
~-
1968
16 424
159
15 583
+ 8 251
1969
23 675
709
24 384
344
1970
23 331
1 872
25 203
+
634
1971
23 965
4 036
28 001
+ 1 835
1972
25 800
5 741
31 541
+ 5 033
1973
30 883
8 334
39 167
+ 5 035
1974
43 220
11 778
54 998
+12 387
1975
56 059
20 251
76 310
+12 839
1976
65 680
26 303
91 983
+ 9 621
1977
50 791
32 951
83 742
+14 889
1978
51 244
35 030
86 274
+
453
1979
56 359
37 221
93 580
+ 5 115
1980
59 185
39 411
98 596
+ 2 826
Ainsi, nous remarquons que l'endettement du Mal i au niveau du compte
d'opérations est allé croissant. A cet égard, on peut dire que le Mali
a bénéficié d'une situation privilégiée par rapport aux Etats de l'UMOA.
La France a, en effet, totalement pris en charge, le déséquilibre des
comptes extérieurs du Mali.
,~"
:::~-r',cc:v
L.
~
_'
_ _ ',_

135
Le paradoxe, c'est que le Mali hors de l'UMOA, avait une plus grande
latitude pour en utiliser ;es mécanismes.
L'examen du tableau n° 43 montre que le compte d'opérations se soldait
en 1980 par un déficit de 98 596 millions FM dont 39 411 millions FM
pour les seuls intérêts.
En fait, les intérêts auraient dû être plus importants si le gouver-
nffient malien n'avait pu obtenir l'aménagement de nouvelles conditions
lors du renouvellement des accords franco-malien de coopération moné-
taire le 3 mai 1977.
Les nouvelles dispositions résultant du renouvellement des accords
de 67 portaient sur les points suivants
a - Seize milliards FM correspondant à des importations de céréales
furent exemptés d'intérêts;
b - la France renonçait à ne plus percevoir d'intérêts sur les
intérêts. Elle abandonnait ainsi le principe des intérêts cumulatifs
aussi longtemps que le solde négatif ne tombait pas au-dessous de
quarante milliards FM ;
c - le gouvernement français consentait à appliquer le taux d'intérêt
des bons du trésor au compte d' opérati ons à l a pl ace du taux
de rées-
compte de la Banque de France;
2. Les comptes clearing
, ,

136
des comptes clearing sur lesquels il est possible de tirer non seulement
lorsqu'ils sont créditeurs mais également
lorsqu'ils sont débiteurs.
Les comptes clearing ont, durant une longue période, servi au Mali à
couvrir le déficit de paiement avec les pays socialistes.
(Nous publions en annexe la liste des pays avec lesquels le Mali a
signé des accords de clearing).
Les accords clearing (il y en avait vingt deux en 1964) ont permis au
régime de Modibo-Keita d'occulter le problème de l'inconvertibilité
du franc malien.
Ces accords comportent de nombreux inconvénients. En effet, l'égal ité
de la valeur totale des importations et des exportations entre les
deux pays signataires, nécessaire à leur compensation intégrale, n'est
presque jamais atteinte. Nous savons que les exportateurs du pays
qui
est en mesure d'exporter le plus, assurés d'être payés sans dif-
fi cul té en vertu de l'accord, accroi ssent 1eurs ventes. Il en résul te
l'apparition au bénéfice au plutôt au détriment de ce pays, d'un
arriéré de clearing: la banque centrale a plus à verser à ses
exportateurs qu'elle ne reçoit de ses importateurs.
Dès lors, ou bien ce pays accepte le maintein de cet arriéré, et
accorde par là un crédit forcé et sans intérêt à son partenaire-géné-
ralement l'accord de clearing se pro'longe par un accorde paiement
destiné notamment à fixer un plafond àl'arri0~
de clearing-ou bien pour
.-
- -
. , ' : : : ,
l
' : : : _
base de taux de cnange officiels
; ce cu~
T21-::
;ue le pays don: le
taux de change est surevalué est favorisé. 3.r l'accord.

137
L'handicap de l'inconvertibilité du franc malien a cessé de jouer
après la signature des accords de 67 qui prévoyaient dans le même
temps la réorientation du commerce extérieur du Mali en direction
des pays de la zone franc; ce qui signifie à terme le déclin du
commerce avec la zone clearing.
Le tableau N° 44 nous donne l'évolution des soldes globaux des comptes
clearing de 1961 à 1980 (en millions FM) *
Dates
Soldes
novembre 1961
+
150
décembre 1962
+
210
"
1963
1 100
"
1964
2 634
"
1965
771
"
1966
902
"
1967
1 198
"
1968
+
1 882
"
1969
+
2 488
"
1970
+
1 547
"
1971
+
1 200
"
1972
+
o 159
"
1973
2 051
"
1974
2 541
"
1975
2 284
"
1976
+
1 851
.,.
,1
"
1977
748.3
l,

138
Les soldes n'enregistrent pas une grosse détérioration.
Les partenaires du Mali ont bien saisi tout l'avantage qu'ils pouvaient
obtenir en effectuant leurs règlements dans le cadre de la convertibilité
lorsque le Mali se trouvait dans une position débitrice à leur endroit.
la majeure partie des accords de clearing a disparu. Seuls fonctionnent
les accords entre le Mali et la Chine et l'URSS. Ces deux comptes ont
un solde créditeur au bénéfice du Mali ..
Après l'analyse des engagements, il convient de se ~encher sur l'évo-
lution de la masse monétaire.
C - L'EVOLUTION DE LA MASSE MONETAIRE
Le tableau n° 45 nous permet de saisir l'évolution de la masse monétaire
au cours de la période sous revue (en milliards FM)*.
(*) Sources
Ministère du Plan
SeM
Zone franc.

139
Tableau n° 45
Années
Montants
Augmentation
1968
24,6
1969
26
+
1,4
1970
28,8
+
2,8
1971
31,2
+
2,4
1972
35,2
+
4
1973
39,1
+
3,9
1974
57,3
+ 18,2
1975
68,3
+ Il
1976
77 , 5
+
9,2
1977
94,5
+ 17
1978
118,4
+ 23,9
1980
143,7
+
7,6
1981
148,5
+
4,8
1982
165,4
+ 16,9
1983
187,5
+ 22,1
1984
116,4
--
G·,71
L'accroissement de la masse monétaire est continu.
De 1969 à 1973, la masse monétaire augmente de 14,5 milliards FM.
Cet accroissement est somme toute modeste sur une période de cinq ans.
Par contre, au cours de la période qui va de 1974 à 1980, l'augmen-
La période qui débute
en 1980 enregistre un tassement de l'accrois-
sement de la ma~se monétaire. A cette époque, ~e gouvernement f~ancais

140
représenté au Conseil d'Administration de la BCM exerçait de très
fortes pressions visant à amener le Mali à mettre en oeuvre une poli-
tique monétaire plus cohérente.
Examinons maintenant l'évolution des différentes composantes de 1a
masse monétaire au cours de la période considérée.
Le tab1 eau n° 46 nous donne l' évo1 uti on des composantes de 1a masse
monétaire de 1970 à 1984 (en milliards FM).*
Monnaie
Monnaie
Années
TOTAL
Fiduciaire
Scripturale
1970
17,1
11
28,8
1974
30,1
27,6
57,7
1975
37,4
30,9
68,3
1976
45,4
32,1
77 ,5
1977
54,8
39,7
94,5
1978
61,4
57
118,4
1979
76,3
53,1
129,4
1980
81,2
62,5
143,7
1981
81,8
57,8
139,6
1982
90
67,4
157
1983
100,3
75,1
175,4
1984
50,4
55,6
106,0
i
On notera l'imponance Ge l'accroissement de la iTIonna-ie suipl:.ura"le.
Celle-ci progresse plus vite que la monnaie fiduciaire. L'augmentation
appréciable de la monnaie scripturale atteste le fait qu'une épargne

141
nationale est entrain de se constituer.
Ainsi, les comptes courants ont représenté 26,2 milliards FM en 1974.
29,3 milliards en 1975 ; 30,8 milliards en 1976 : 37,2 milliards
en 1977 : 52,2 milliards en 1978.
Les dépôts aux comptes chèques postaux ont évolué comme suit
1,6 mi 11 i ards FM en 1975
1,3 mi 11 i ards en 1976
2,5 mill i ards en 1977
4,8 mi 11 i ards en 1978.
Après l'analyse des distorsions affectant la monnaie et le crédit, il
convient de se pench~r sur l'état des finances publiques.

142
,
\\1
1
1
,
\\r
i
PARAGRAPHE 2
1
;
LES FINANCES PUBLIQUES
i
,
,1
1
1
!
t
1
1
J

143
PARAGRAPHE 2
LA PRECARITE DE FINANCES PUBLIQUES
Les finances publiques sont sensibles à la conjoncture. En fait, la
structure des finances de l'Etat est fondamentalement liée à la base
matéri ell e de l 1 éc(,nomi e. On ne peut accroi tre l es recettes par un
coup de baguette magique. L'évolution de celle-ci est fonction de
l 1 expans i on des acti vi tés économi ques.
Nous montrerons que les finances publiques maliennes n'ont pas répondu
aux besoins et aux objectifs de l'Etat. la persistance du déficit
budgétaire ne conduit-elle pas à penser que la réalisation de l'équi-
libre est une pure illusion dans un pays comme le nôtre qui est constam-
ment confronté à des tensions permanentes de trésorerie.
Il est communément admis que toute analyse approfondie des déséquilibres
intérieurs d'une économie passe par une évaluation des politiques
globales des dépenses du secteur public. Partant de cette assertion,
nous analyserons les déficits budgétaires dans un premier temps avant
dem2n2r en second lieu une refléxion sur la politique budgétaire
malienne.
A - EXAMEN DES DEFICITS BUDGETAIRES
taires Ge 1968 à !984 (en milliards ~M)x
(*) Ministère du Plan - Zone franc.

,
f!
t
!
144
!
Tableau W 47
f
Années
Dépenses
Recettes
Soldes
i
1968
20,7
15,5
-
5,2
1969
23,1
19,7
-
3,4
1970
21,9
20,2
-
1,6
1971
24,0
23,0
- 1, a
1972
25,5
24,1
- 1,4
1973
28,1
25,7
-
2,4
1974
30,1
24,0
-
6,1
1975
37,5
28,8
- 8,8
1976
50,2
40,1
- 10,0
1977
54,6
47,9
- 6,6
1978
61,1
52,2
- 8,8
1979
72 ,4
54,9
- 17,5
1980
75,8
54,2
- 21,6
1981
77 ,4
79,6
- 2,2
1982
80,4
79,0
-
1,4
1983
87,2
87,4
- 0,0
1984
90,8
94,2
-
3,4
1985
116,8
116,8
0,0
Nous remarquons que la couverture des dépenses par les recettes est
allée en regression. Quels sont les facteurs explicatifs du déficit
structurel malien?
Durant la décennie 60, les causes de l'apparition du déficit peuvent
êt~e regroupées grosso mode autour de deux pôles.

145
D'un côté, nous pouvons dégager des causes liées à l'évolution économique..
Le Mali est en effet, confronté à un cercle vicieux classique. C'est
l a dépendance de ses recettes budgétai res à l'égard des droi ts et taxes
perçus au cordon douanier. Or,durant le régime de Modibo-Keïta , ce
pays a connu une chute significative tant de ses exportations
con-
trôlées que de ses importations.
Il en résulta
un déficit de la balance commerciale qui se re~:ercuta
sur les ressources budgétaires. En fait, le gouvernement de Modibo-
keita n'a pas su s'attirer la sympathie des commerçants qui ont saboté
sa politique économique et financière. Celle-ci leur apparaissant
contraire
à leurs intérêts.
1
1
Par ailleurs, l'étatisation incontrôlée de l'économie, a abouti au
t
blocage des mécanismes de celle-ci. Ce qui entraîna à son tour u e
1
baisse des activités avec toutes les conséquences que cela comporte.
ii1.
D'un autre côté, il y avait des causes résultant de l'indiscipline
1
budgétaire ainsi que d'une mau;/aise coordination des activités
!
des dé~artaœn~ économiques. Pour illustrer cette assertion, il con-
f
vient de se référer aux déclarations du Ministre des Finances en
1
!
1968 après la signature des accords monétaies franco-maliens:
"A peine voté, d'ailleurs en équilibre précaire et instable, le budget
est démantelé sinon relégué aux "oubliettes" par l'ensemble des
départemer.ts chacun cherchant È' l'envie, à reDrendre en cours d'exé-

146
du budget; tous n'hésitant pas à rompre allègrment la solidarité
gouvernementale pourtant sans faille au moment de l'adotpion du
budget par le Conseil des Ministres. Tous les moyens sont utilisés,
toutes les "astuces" pour arriver à ses fins: les oubl is fâcheux,
les factures impayées miraculeusement sorties des tiroirs comme
d'une boite à malice, les dépassements systématiques et sans justi-
fications de crédit que le Ministre des Finances doit régulariser
en s'inclinant devant le fait accompli, et parfois la politique du
"parapluie" consistant à s'abriter derrière l' 'autorité ou la cau-
tion morale du Chef de l'Etat ou de la Direction nationale du parti
pour faire passer telle dépense imprévue, inscrire a
nouveau telle
autre dépense dont la suppression n'avait pourtant soulevé aucune
objection de la part du gouvernement ni de l'Assemblée nationale .
... mais, les avatars que le budget connait chaque année dans son
exécution ne s'expliquent pas seulement par une indiscipline généra-
lisée, mais aussi par une coordination insuffisante, semble t-il entre
les départements à vocation économique et financière: plan, Finances,
Commerce, Société d'Etat, Banque centrale etc ... *
Nous avons longuement cité ce texte extrait d'une note au Président
Modibo-Keita pour bien montrer dans quel contexte s'élaborait et
s'exécutait la politique budgétaire du mali à cette époque.
Ce texte est important dans la mesure où il permet de bien situer
toute l'originalité de cette période qui s'est caractérisée par
une détérioration de la situation économique et financière. Par
ailleurs, au cours de cette période, l'administration des finances
a pris des plis dont elle n'arrive D2S § se débarasser aisément.
Ainsi, après la chute du Président Modibo-Kei:a, on a cru un peu
trop rapidement que l'on assisterait au l'édbl issement de i 'équil ibre
financier d'autant plus que les accords de 67 prévoyaient l'élimination
\\ 7>; Sources
r-Jè 9 re (La u i s) : note b ; 'êitë2n~i Dn œ ~:K~!:iSi eur 1e ~'!'2~~ 1C,-::'1ë Œ
le RéDUbi iO'.Jf sur le5 ;::Ij'~'~ :3:
." ~ C-::= a~.,=:!~"d3 I~-r:;nè:ê:~\\~-:-:= ';\\~:.~-,:,;-,-

147
du déficit budgétaire pour l'exercice 1970/1971.
Or, il n'en a rien été. Bien au contraire, la situation financière
de l'Etat a continué à se dégrader par suite de la gestion irration-
nelle tant des finances publ iques que de l'économie.
A partir de 1972, une terrible sécheresse affecta l'ensemble du sahel.
Elle eut pour effet négatif de paralyser l'agriculture des pays de cette
zone.
Ainsi, l'on assista à une dimunition considérable de la base imposable
intérieure.
Cela entraîna une baisse des recettes. Il y a l à, sans doute, l'ex-
plication du montant élevé des déficits budgétaires au cours de cette
période.
Signalons à titre indicatif qu'en 1973 et 1974, le gouvernement malien
a suspendu la perception de la taxe sur le bétail qui avait été décimé
par la sécheresse.
L'analyse de la période sous revue, nous permet de constater que le
déficit budgétaire apparaît comme une donnée permanente des finances
de l 1 Etat.
- : .

148
Ce déséquilibre permanent semble découler d'une part des rigidités
structurelles de l'économie nationale et d'autre part de l'évolution
conjoncturelle internationale.
Au plan interne, insistons sur deux points: d'un côté l'agriculture
sur laquelle repose l'économie malienne, est affectée par des défi-
ciences fondamentales découlant de l'état de sous-développement du
Mali. Il ya là une rigidité évidente: l'essentiel des ressources
budgétaires provenant de ce secteur.
D' un autre côté, on doit mettre l'accent sur le fardeau constitué par
les sociétés d'Etat et qui, jusqu'à une date récente, grevaient forte-
ment les finances publiques.
Pour ce qui concerne la conjoncture internationale, nous noterons que la
crise sévissant au plan mondial frappe plus durement les Etats démunis
comme le Mali et qui sont importateurs de pétrole. Il y a là également
un goulot d'étranglement
de l'économie nationale.
l'analyse des déficits budgétaires n'est pas suffisante en elle-même
il convient de rechercher de quelle manière ceux-ci sont couverts
par l 1 Etat.
2. La couverture dU déficit budgétaire
'
C 1 é. ....... ~ "1 ~ '!-~
__ L..a~ 1 1
ir-
térieurement -,E::S r,::,ssour=E::~ qu' ,u- hn: Cé-;au: et qu'il est par

149
conséquent amené à recourir à l'aide extérieure pour combler les
déficiences de ses finances publiques.
De 1968 à nos jours, les accords de 67 ont joué à plein, c'est-à-
dire que la France accordait une subvention budgétaire annuelle de un
milliard FM au gouvernement du Mali.
!t
1
Par ailleurs, dans le cadre du financement intérieur, le gouvernement
!
!
eut recours aux avances statutaires de la Banque Centrale. Il faut
enfin signaler que le Mali a bénéficié au cours de cette période de
nombreux dons qui lui ont permis de conjurer les tensions de trésorerie.
Les nombreux dons accordés au Mali s'expliquent par le fait que la séche-
resse avait gravement touché ce pays. La France par exemple, apporta
un important concours au Mali. En effet, en 1970 et 1971, ce sont des
subventions françaises qui ont couvert
la plus grande partie du déficit
malien. En 1~73. la subvention française s'éleva à , 750 millions FM.
La même année, le FED fit don au Mali de la somme de 1 263 millions FM.
Parallèlement à l'aide extérieure, le gouvernement recourut à diverses
sources de financement afinde pallier le déséquilibre des finances
publiques.
Par suite de l'application des accords de 67, le gouvernement du Mali
n'a pu recouri r massivement au sys tème Danca i ·'e comme à l époque du
1
pré:O:ldent ~1odibo-f;el~a. :'2: ac::::c'":,='::::: ,~- -;:;!~, sôient '?r ef-i':=:t, ur:'2
monétaire totale.
;1
j

150
Les autorités maliennes utilisèrent le Trésor pour financer le déficit
budgétaire. Celui-ci recourut aux fonds postaux pour faire face à ses
obligations financières.
De meme, le trésor eut recours aux excédents
de la Caisse de Stabilisa-
tion des prix. Ainsi, l'utilisation systématique des dépôts des différents
organismes créa des tensions de trésorerie dans la gestion de ces
i nstituti ons.
Il est clair
que l'Etat s'avère incapable de résorber le déficit bu-
dgétaire en comptant sur ses propres ressources. Seul le re:ours à
l'aide extérieure lui permet de faire face à ses exigences.
L'équilibre budgétaire et l'équilibre macro-économique sont étroitement
liés. partant, on est en droit de se demander si un pays comme le Mali
est en mesure de réal i ser l'équilibre
de ses ressources?
La question revêt un intérêt certain quand on sait que cet Etat ne peut
mener une politique de financement des investissements nécessaires à
la promotion du développement économique, précisément à cause des
rigidités financières.
Le revenu national est tellement bas qu'il couvre à peine les besoins
élémentaires des maliens.
comme le t·1al i ?

151
L'Etat, on le sait,peut agir soit sur les recettes, soit sur les dépenses
Ou encore, il peut recourir à la politique monétaire pour pallier le
manque à gagner. Mai s on notera que l 'autonomi e de l'Etat à l'égard
des dépenses est très restreinte.
Dans un pays comme le Mali, une action sur les recettes ne produit pas
forcément les effets positifs que l'on peut en attendre du fait précisé-
ment de la faiblesse de la capacité contributive des citoyens.
D'un autre côté, " si la base matérielle de l'économie doit continuer
à stagner, comment comprimer éternellement les dépenses publiques
qui
répondent à des besoins élémentaires du monde moderne" *
Nonobstant ces remarques, trois types d'actions sont susceptibles
d'améliorer la gestion financière dans un pays comme le Mali:
1 - Premièrement, on peut limiter tes dépenses et fixer des priorités
il s'agira d'accorder la priorité aux secteurs productifs de
l'économie nationale afin de générer des ressources nouvelles.
L'observation d'une stricte discipl ine dans l'exécution du budget est:
un élément fondamental pour le succès de l'opération d'assainisse-
ment.
2 - Deuxièmement, on peut et on doi t augmenter 1es recettes par l' amé-
lioration des méthodes de recouvrement ainsi que par une me~-leur~
a~équatio~ de ~a fiscalité a~ ccntexte national.
(*) SAMIR AMIN
idem p. 187

152
3 - Troisièmement, il faut améliorer les structures et les méthodes de
gestion par la centralisation du pouvoir économique et financier
entre les mains d'une seule autorité.
Ces observations nous conduisent à faire quelques ref1éxions sur la
politique budgétaire du Mali.
B - REFLEXIONS SUR LA POLITIQUE BUDGETAIRE MALIENNE
Nous insisterons sur deux points: d'une part, l'insuffisance des dépenses
en capi ta1 ; d'autre part, nous mettrons 1 1 accent sur quel ques aspects de
la crise des finances publiques.
1. La faiblesse des dépenses en capital
La faiblesse des sommes affectées au financement des dépenses d'équipe-
ment et d'investissements rrontre à quel point la situation financière de
l'Etat est tendue.
Le tableau n° 48 nous retrace l'évolution des dépenses en capital de
1970 à 1984 (en milliards FM)*
(*) Sources
FMI - SeM Zone franc.

153
ANNEES
MONTANTS
1970
2, 1
1971
2,3
1972
3,0
1973
2,6
1974
2,8
1975
1,6
1876
3,1
1977
3,1
1978
2,3
1980
2,4
1981
3,2
1982
3,4
1983
3,6
1984
4,5
Au Mali, les dépenses en capital sont en partie financées soit par l'aide
extérieure, soit par les comptes hors budget. parmi ceux-ci, citons
le
Fonds routiers, le fonds d'équipement rural, la loterie nationale, la
la Caisse
Autonome d'Amortissement.
La faiblesse des dépenses en capital est un signe manifeste dénotant
l'incapacité de l'Etat à stimuler le développement économique national
par le biais de ressources internes.
a ~"CE: S te
les
....
-
1
\\.....-:: ...... ,
,-,Ci 1

f!
154
Ces dépenses n'augmentent pas de façon substantielle au cours de la
période sous-revue. la plus grande partie des ressources de l'Etat
est accaparée par des dépenses improductives. Les finances publiques
maliennes traversent une crise grave et profonde.
2. La crise des finances publiques
Sur une période d'un quart de siècle, nous constatons que le Mali n'a
jamais pu réaliser l'équilibre de ses finances.
Nous remarquons même que la période récente a été marquée par un dé-
ficit budgétaire imporant
les dépenses publiques n'étant couverte
qu'à 86 %en moyenne.
Par ailleurs, la grande dépendance du Mali à l'égard de l'extérieur
pour la couverture de son déficit budgétaire est un facteur rendant
difficile la mise en oeuvre d'une politique budgétaire cohérente.
L'aide extérieure étant par nature fluctuante.
La faiblesse des ressources fiscales est éclatante. Elle résulte en
grande partie des déficiences du système productif qui s'est avéré
incapable d'engendrer un processus de croissance continue; ainsi
quel 'incapacité notoire des sociétés d'Etat à participer positive-
ment au financement du développement.
,.... - ~ ~- . -
-- ~ .
-.:.
.
1
i~, l_
d' i denti ~i cati on et d' appl'énension
des revenus des secteurs dyrlami ques
de l'économie nationale.

155
Face à la faiblesse de la progression des recettes budgétaies, on cons-
tate par contre une expans i on cont'j nue des dépenses de l'Etat durant
toute la période sous-revue.
L'analyse du budget de l'etat montre que ce sont les dépenses de person-
nel qui occupent la plus grande place dans les dépenses budgétaires.
Le niveau des salaires de la fonction publique est bien trop élevé pour
las capacités de l'économie nationale.
Par ailleurs, la arriérés de paiement avaient atteint un seuil critique ~
seule la mise en application du programme de stabilisation du FMI a
permis de réduire ces distorsions.
La crise des finances publiques a atteint un seuil critique. En 1980,
le Ministre des Finances tirait la sonnette d'alarme, en des termes
particulièrement acérés:
"L'Etat mal ien qui fait difficilement face aux dépenses de personnel
n'est plus en mesure de fonctionner; dans ces conditions, on ne
peut plus parler de réalisation d'investissement.
Ce qui veut dire que l'Etat a plutôt une politique de consommation que
de développement, avec tout ce que cela va comporter de désillusion
pour l'avenir.
Si des remèdes urgents r'interviennent pas, c'est à des bouleversements
sociaux ou 'il faut s'attendre à terme.
Jéja,
la situa~ion ~'est point facile et peut meme être qualifiée de
critique.

156
Les budgets successifs ont cessé de refléter les moyens pour ne devenir
que l'expression chiffrée des besoins et le fonctionnement de l'Etat
n'est assuré qu'au prix d'un recours de plus en plus massif à l'aide
extérieure.
C'est pour nous, le moment plus que jamais de penser à une reconversion
totale de notre politique budgétaire visant à adapter nos besoihs à nos
moyens.
Ceci exige du courage, des sacrifices certes, mais aussi des efforts dans
la persévérance.
i
1
f,
!!
En tout état de cause, nous y sommes condamnés, car c'est le prix de
r
l' i ndépendance". *
Ces affirmations réalistes montrent toute l'ampleur de la crise finan-
cière de l'Etat malien. Compte tenu de l'énormité des déséquilibres,
il ne s'agit plus d'adopter des expédients en guise de solution.
il s'avère particulièrement nécessaire de procéder à un réexamen
d'ensemble imaginatif et vigoureux de la politique budgétaire en privi-
légiant les critères d'efficacité.
Dans cet ordre d'idée, le contenu de lé dépense [', "liü'Je iKlorte aL,::ant
(*) Budget d'Etat du mali
1980 P. 12.

157
nous savons que les politiques de dépenses publiques jouent un rôle es-
sentiel dans l'affectation des ressources, l'accumulation du capital
la distribution du revenu, la balance des paiements. La réorientation
de la politique de dépenses publiques est un acte fondamental, lourd
de conséquences.
Ainsi, pour chaque dépense, il convient de se demander dans quelle
mesure elle est de nature à favoriser le développement économique. Il
faut véritablement renverser le cycle infernal de l'accroissement des
dépenses improductives. C'est là, l'une des conditions sine qua non du
redressement des finances publiques au Mali.
j

158
OBSERVATIONS SUR LES DESEQUILIBRES
MONETAIRES ET FINANCIERES
A la lumière des données chiffrées que nous avons exposées, l'observation
fondamentale qui en découle, c'est qu'il n'y a pas au Mali une réelle
politique monétaire visant à réaliser la croissance économique.
Ce que
lon constate, c'est l'aggravation des déséquilibres par suite
d'une mauvaise orientation des flux de la monnaie,de l'épargne et des
investissements.
Certes, la priorité des autorités gouvernementales, c'est le dévelop-
pement économique. Mais cette volonté de développement engendre la mise
en oeuvre de politiques économiques et financières disharmonieuses
marquées par l'émergence de tensions inflationnistes et des déséqui-
libres extérieurs.
Ces tensions inflationnistes et ces déséquilibres extérieurs vont
dénaturer la politique monétaire. Celle-ci s'avère par la suite un
outil peu efficace entre les mains des autorités gouvernementales. Car
toute l'énergie de celles-ci sera centrée vers la recherche des moyens
pour financer les déficits Dublies.
de l'expansion monÉtaire.

159
Le crédit intérieur, de son côté, alimente le déséquilibre dans la
mesure où il entraîne un accroissement d'importation. Il provoque
également une aggravation du déséquilibre des paiements extérieurs
puisqu'il faut assurer la contrepartie financière des opérations en
devi ses étrangères - ce qui accroî t 1es engagements à l' extéri eur.
Son effet
1e pl us percutant est son rô1 e dans l' expansi on de 1a
masse monétaire.
Au Mal i, ce sont 1es cconcours à l' économi e qui ont 1e pl us fortement
augmenté;..
Signalons que les concours à l'Etat sont plus strictement règ12111è1lLés
et ils sont consti tués principalement par des opérations consolidées
résultant de la liquidation de l'ancienne Banque de la république du
Mal i qui a joué un rôle décisif durant l'expérience monétaire du
Président Modibo-Keïta.
les crédits à l'économie sont surtout été dispensés
au secteur publ ic
plutôt qu'au secteur privé. Ils
ont surtout été grevés par le finan-
cement des déficits au lieu d'être des crédits saisonniers ayant pour
objet de soutenir et de développer les activités de production, de
commercialisation et de transformation des produits agricoles.
Même si l'on constate une dimunition du crédit, la leçon fondamentale
à retenir dans le cas du Mali, c'est que la réduction du taux d'accrois-
sement de la masse monétaire ne discipline pas forcément le gouver-
nement. En général, c'est le secteur privé qui est pénalisé par les
mesures restrictives.

160
L'efficacité de la \\Xllitique: monétaire dépend de l'impact de ses ins-
truments sur le fonctionnement de l'économie. Dans le cas mal ien, l'on
peut distinguer deux situations: d'une part, les instruments
spécifi-
ques tels le taux d'intérêt, les réserves obligatoires, la politique
sélective du crédit n'arrivent pas à atteindre les objectifs fixés;
mais, d'autre part, l'on constate une certaine répugnance à la mise
en oeuvre de ces instruments.
Quoiqu'il en soit, qu'ils soient utilisés ou non, la politique monétaire
engendre des disharmonies préjudiciables au fonctionnement de l'économie
nationale. Ainsi, l'on peut soutenir que les instruments de la politique
monétaire sont peu opérationnels dans un pays comme le Mali.
S'agissant par exemple du taux d'escompte, l'on peut dire qu'il n'est
pas un instrument important de la politique monétaire. En effet, vues
les déficiences structurelles de l'éconanie
malienne et la faiblesse
de son degré d'ouverture, le taux d'escompte ne constitue nullement
un instnnent opérationnel de régulation du flux des capitaux inter-
nationaux.
Par ailleurs, l'on peut affirmer QJ'il n'y a pas une réelle politique
des taux d'intérêt. En effet, la tendance à fixer des taux d'intérêt
arbitrairement faibles par rapport au taux d'inflation est une
pratique fortement préjudiciable à l'épargne. Et l'on peut se demander
quelles sont les motivations réelles des autorités monétaires
lorsqu'elles mettent en oeuvre des politiques dont on connait ~)nifes­
tement les résul tats. Poussons l'analyse en tentant de cerner les
aspects indicatifs de la crise du développement.

161
PARAGRAPHE 3
LES ASPECTS INDICATIFS DE LA CRISE DU
DEVELOPPEMENT AU MALI

162
PARAGRAPHE 3
LES ASPECTS INDICATIFS DE LA CRISE DU DEVELOPPEMENT
AU MALI
Il s'agit ici de montrer les aspects indicatifs de la crise du dé-
veloppement en insistant particulièrement sur certains aspects des
politiques menées par les gouvernants et qui ont abouti à la
situation présente.
Nous sommes. aujourd'hui. en droit de parler de blocage du dévelop-
pement .
Ce blocage se manifeste par la stagnation de la production agricole -
voire même son recul -. les déficiences structurelles des sociétés
d'Etat. la persistance des tensions inflationnistes. les déséquilibres
des paiements extérieurs.
Nous insisterons sur ces différents éléments en mettant l'accent sur
les caractéristiques de la crise du développement.
Nous laissons délibérement de côté les problèmes ayant trait aux
comptes extérieurs puisque ceux-ci seront largement évoqués dans la
deuxième partie de cette étude.
A - LA CRISE Oc L'AGRICULTURE MALIENNE
5Ulvants

163
1 - la montée de la dépendance alimentaire consécutive au recul de la
production vivrière
2 - la baisse des exportations agricoles
3 - les effets drastiques de la sécheresse sur l'environnement et
les performances du secteur rural
4 - la politique inappropriée des prix qui provoque de nombreuses
distorsions socio-économiques
5 - l'échec des projets agricoles.
Examinons ces différents points
1. La montée de la dépendance al imentaire
La montée de la dépendance alimentaire est paradoxale et inadmissible
pour un pays comme le Mali dont les potentialités ogricoles sont énor-
mes.
Mais ce phénomène de dépendance alimentaire n'est pas propre au ~ali.
On constate un peu partout en Afrique la diminution de '3 DrodJ[~-on
v~vrière par habitant.

Le tableau ci-dessous * nous permet d'en mesurer l'ampleur.
Production vivrière
par habitant en Afrique au sud du Sahara
(1969 - 1971 = 100) en millions de tonnes
1978 v 1979
1980
1981
1982
1983
1984
1
1
1
90
90
90
91
88
84
85
Parallèlement à la diminution de la production vivrière par habitant,
on note l'augmentation des importations alimentaires. Dans le cas du
Mali, la sécheresse a fortement accentué ce phénomène.
Les produits alimentaires constituent environ 20 % des importations.
Les importations alimentaires grèvent des devises importantes.
Citons quelques chiffres à titre -indicatif: (en milliards FM)
,
1974
1975
1976
1977
1978
1981 ,
48,8
18,9
12,0
10,3
21,3
33,1
1
1
i
Par ailleurs, le Mali couvre difficilement sont déficit alimentaire.
'*
,
')

165
Seule une aide massive importante lui permet d'atténuer l'ampleur de
la crise agricole quasi-chronique qui l'affecte depuis bientôt deux
décennies. la montée de la dépendance alimentaire s'accompagne d'un
autre phénomène = à savoir la baisse des exportations agricoles.
2. La baisse des exportations
La baisse des
exportations agricoles s'explique largement d'une part
par la chute de la production et d'autre part par l'évolution des prix
mondiaux.
La diminution de la production résulte d'un certain nombre de facteurs
a) la sécheresse a énormément pesé sur les résultats agricoles. le
manque d'eau accompagné de l 1 acti on des déprédateurs ont eu une in-
ciœnœ négative sur l'action des paysans.
b) l a pol i ti que inappropriée des pri x agri col es a égal ement été un
facteur de démobilisation. Les productions ont diminué.
c) Le bétail a été décimé de façon effroyable. Le Sahel à donné
l'image d'une véritable hécatombe à la fois humaine et animale.
d) les résul~ats de ~2 pêche ont sérieJsemen: é~f
l 1 èS:; è c h€;7". e r -:: c:1 e 5 C~,u ,- s d' e ali .
e) enfin, il faut également signaler les conséquences de la
détérior2~ion des termes de

166
Ces facteurs se sont conjugués et ont abouti a la baisse des expor-
tations agricoles. Mais il est un autre aspect de la crise de l'agri-
culture malienne c'est le jeu des effets catastrophiques de la
décomposition écologique.
3. Les effets drastiques de la sécheresse
On ne rœsurera jamais assez les effets pernicieux exercés par la
sécheresse sur l'environnement socio-économique des Etats sahél iens.
Il y a véritablement rupture de l'équilibre entre l'homme et la
nature. Ce phénomène a des incidences multiples
a la fois
psychologiques, sociologiques et économiques.
La rupture de l'équil ibre écologique
au Mal i se manifeste par le
déboisement, l'avancée du désert, la pénurie d'eau, la baisse de
fertilité des sols avec ses conséquences sur les performances
agricoles.
Jacques GIRl (in l'Afrique en panne Karthala 1986 p. 57) signale
a ce propos :
Il
Dans les zones semi-arides du nord et sud du continent, la
sécheresse qui sévit depuis une quinzaine d'années a réduit la
production des paturages alors que la croissance démographicJe
fovte avait entralné une croissance encore plus rapide C~~
bétail. Mais malgré cette régulation naturelle en ce nC~Dre~~
endroits, les bêtes sont trop nombreuses pour les ressources
disponibles, les paturages se dégradent et le désert finit par
s'installer. Les conséquences en sont dramatiques Dour ~es

167
populations pastorales qui sont contraintes d'émigrer vers les zones
les plus humides, vers les camps de réfugiés ou vers les bidonvilles.
Et c'est un spectacle désolant que de voir les anciens seigneurs du
désert ou du Sahel 'clochardisés" dans les faubourgs des grandes
villes d'Afrique de l'Ouest.
Ce long texte montre à quel point, le Sahel malien est menacé dans
son existence. La sécheresse a véritablement transformé le visage
de cette région en l'espace d'une décennie. Cette zone est meurtrie
dans son tréfonds. On y trouve tous les élements de la décadence.
L'espérance des hommes en un monde meilleur a totalement disparu.
Le sahel malien offre le spectacle d'une zone dévastée parsemée de
camps de refugiés dans lesquels sont parqués des hommes, des femmes,
et des enfants attendant leur dernière heure et auxquels on distribue
au compte-goutte une aide alimentaire ayant pu échapper à la voracité
de bu:~eaucrates peu
scrupul eux de la capi tal e.
Dans ces conditions que penser des programmes de revitalisation élabo-
rés dans les bureaux climatisés de la capitale et financés par les
donateurs étrangers.
Ces programmes censés résoudre les problèmes de la sécheresse, du
déboisement et de l'avancée du désert sont méconnus des populations
concernées. Ce sont des solutions technocratiques sans prise
sur le réel et dont le seul effet est de satisfaire la bonne cons-
cience des dirigeants nationaux et des partenaires étrangers.
:'\\~nsi, le Sanel est aujourd'hui en:'rcln de péri -;iter du ;-6i1: -:-,e
1
l'inintelligence politique dES élites africaines. Car, ne nous y
trompons pas. Tous les programmes actuellement encours sont des
1
1
1
f
1
j

168
pis-aller dérisoires. Sans l'assentiment,:, le concours, la participa-
tion effective des populations, rien de positif ne pourra se faire
dans cette région.
JEAN GALLAIS (in Hommes du sahel p. 249) affirme avec pertinence
" Le monde paysan n'a pas les moyens actuels d'une stratégie de
développement. Il est essentiellement préoccupé de la simple survie
biologique. Les précoccupations démographiques sont au premier rang.
Chaque paysan souhaite avant tout mener plusieurs fils jusqu'a
l'âge adul te.
L'affaire est si difficile qu'elle absorbe la plus grande partie
de ses efforts sociaux et économiques".
C'est ce cycle infernal qu'il s'agit de briser afin d'élargir les
horizons des plus démunis, de les doter d'un puissant levier leur
permettant de créer un monde conforme a leurs légitimes aspirations
de bien-être moral et matériel.
Montée de la dépendance alimentaire, chute des exportations agricoles,
effets drasti ques de l a sécheresse, l a cri se de l agri cul ture mali enne
1
est dûe également a la politique inappropriée des prix pratiqués dans
le monde rural.
Au Mali - comme ailleurs en Afrique sub-saharienne - les gouvernemen:s
ont créé des offices de commercialisa:ion ces produits aO"CGO,
r-, '"1
-
r
.....
,-,._,
i
l
1
!
1
1
J

169
Les prix accordés aux produits agricoles ont toujours été en deça
des prix FOB découl ant du marché mondial. Une forte ponction a été
réalisé sur le revenu de paysans.
Par ailleurs, il faut retenir que le Mali a appliqué jusqu'en 1982
une pol iti que de pri x uniforme sur l 'ensembl e du territoi re.
Les politiques gouvenementales ont engendré des distorsions consi-
dérables. La première conséquence - et c'est la plus importante -
c'est la diminution de la production agricole. A quoi bon se
tuer à l a tâche sil' on n'est pas remunéré en conséquence ? Ce
raisonnement paysan est d'une évidence éclatante.
BERG (cf p. 67) remarque à ce propos: " La politique consistant
à fixer le prix officiel au producteur à un niveau faible a un
effet négatif sur le désir des exploitJnts de produire et de
vendre des denrées de base".
En second lieu, il s'est créé un marché parallèle très dynamique
au Mal i et sur lequel les paysans préferaient écouler leurs produc-
tions. Il s'ensuit pour le gouvernement des pertes considérables.
L'exemple le plus aberrant des politiques gouvernementales se résume
en cette situation paradoxale que le riz produit par l'Office du
Niger revient plus cher que le riz importé de la Thallande. D'un
autre côté -l'on a remarqué que sur le marché libre - autori sé à
partir de 1982 - les prix des denrées agricoles étaient deux fois
plus ~levé~ Gue l~~ orix pratiqué~ D2r les offices gouvernementaux.
\\~ -::.:, ~
,f
1
1
!
J

170
1 - La politique de prix uniformes sur l'ensemble du territoire a eu
des conséquences négatives indiscutables sur la politique agricole.
Cette pol~tique a même engendré de nombreuses distorsions tels:
l'altération du jeu de la concurrence, l'accaparement des ressour-
ces publiques
etc ...
2 - Les organismes de commercialisation on fait la preuve de leur
inefficience. L'OPAM et la SOMIEX sont apparus comme de
de
lourdes machines bureaucratiues qui ont absorbé d'énormes fonds
publics sans pour autant fournir les prestations et le services
subséquents.
Comme le remarque Jacques GIRl :
"
ils ont contribué à désorganiser les marchés et ,portent
certainement une lourde responsabilité dans la montée de la dé-
pendance alimentaire en Afrique".
Ces remarques conduisent à examiner un autre aspect de la crise de
l 'agri cul ture mal i enne à savoi r l 1 échec des proj ets agri col es.
5. L'échec des projets agricoles
De l'indépendance à nos jours, le Mali -
comme de nombreux pays du
continent - est le chantier de projets agricoles prévoyant des
r':ais l'exGé'-ience des deux décennies écoulées atteste clairement que
ces différents projets n'ont aucune prise 5ur la réalité. Car "conçus
souvent sans Gue les principaux inté~essés, les paysans, aient leur
_....
- -. 1...........
".... •• -.
, ) ;
.J:J l ,.~
'.....;~! ,:",'

171
ci en retirent une récompense financière suffisante, ils ont échoué.
ils ont échoué faute de trouver dans la société rurale un terrain
pr~t a les accueillir favorablement H .*
BERG fait le meme constat lorsqu'il soutient que les grands projets
agri col es : " n' ont pas répondu aux espoi rs qu'on avai t mi s en eux,
et leurcontribution a la croissance
a été fa-ible en comparaison
de leur coût. Ils sont aux prises avec des problèmes de gestion,
de suremploi,de sous utilisation
de machines pourtant coûteuses, et
d'entretien du matériel et de l'infrastructure". (cf Rapport sur
le développement accéléré en Afrique. p. 60).
L'exemple des opérations de développement rural (OOR) du Mali atteste
sans fioritures ces assertions.
Partant de ces analyses, on est en droit de poser, avec jacques GIRl,
les questions suivantes:
" les politiques suivies sont-elles le résultat de mauvaises analyses
de las i tuat i on et donc de l' incompétence des gouvernants et leurs
conseillers? Les politiques suivies sont-elles la cor. séquence de la
"politique" des dirigeants, encouragés à perséverer dans des voies
sans issues par la démission des sources d'aide? Ou encore, ces
politiques tiennent-elles à des réalités plus profondes? Sont-elles
r_
:
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- ~
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~

,~.,~I··-
~~

...... T "'. ,
:: ~' ~; :_j ::' _
'.J l. ,-:: .1

172
Ces questions sont pertinentes car elles pénètrent le fond des choses
et permettent de saisir la trame de la crise agricole malienne.
Certes, il serait incongru de privilégier l'aspect incompétence tech-
nique des cadres. Car, dans le domaine rural, le Mali dispose d'une
pépinière d'hommes dotés à la fois d'une grande capacité technique
et d'une expérience de valeur inestimable.
Quid des arguments techniques de la sécheresse, du manque de volonté
politique, du poids de l'environnement international? Il ya là un
faisceau de facteurs à ne pas négliger ni surestimer. Il faut creuser
chacun de ces éléments, passer au crible de l'analyse le rôle de
chacun d'entre eux.
il faut éviter les analyses superficielles et les prises de position
idéologique hàtives. La vérité ne se trouve pas dans un seul camp.
Cette méthode d'approche est cell e que nous uti lisons dans l' appréhen-
sion des problèmes industriels maliens.
B - L'ECHEC DE L'INDUSTRIALISATION MALIENNE
Gabégie, bureaucratie, incurie et corruption son~ les griefs commu-
nément avancés contre les entreprises du secteur public. Quoiqu'il
en soit, l'étatisation, qui est apparue au départ comme le seul
moyen de contrer les féodalités économiques, a entraîné des incon-
vénients plus importants que ses avantaaes.
i dyll i sme .
J

l;
173
Passé l'euphorie des premières années, le bilan s'avère particuliè-
rement lourd·
1. Le secteur d'Etat n'a nullement favorisé une plus grande
maitrise de l!·écooomie. Bien aucontraire, les distorsions qui
l'affectent ont tendu à amenuiser les ressources étatiques et à
empêcher la mise en oeuvre d'une politique économique cohérente
et saine.
2. Les entreprises d'Etat n'ont pas permis l'application d'une
planification cohérente et globale. Elles n'ont pu dégager des
ressources pour le financement des investissements prévus au
pl an.
3. La rentabilité du capital public n'a pu être réalisée. Ce que
l'on doit souligner, c'est qu'il existe meme une idée
acceptée
selon laquelle le capital public n'a pas besoin d'être efficient.
Heureusement que depuis 1982, les autorités passent sous les
fourches caudines du FMI.
4. Le contrôle publ ic et l'autogestion qui devaient faire des sociétés
d'Etat des entreprises modèles n'ont pu être effectivement mis
en pratique.

174
On peut regrouper les facteurs explicatifs de la crise de l'industrie
malienne autour de deux grands axes: d'une part, la précarité des
unités industrielles, et d'autre part l'existence de nombreux fac-
teurs de blocage
du développement industriel.
1. La précarité de l'industrie malienne
La préacarité de l'industrie nationale découle d'un certain nombre
de
phénomènes. Il s'agit : de l a fa i blesse des études techni co-
économiques qui ont présidée à la création des unités industrielles
du manque de moyens financiers des entreprises; et de l'absence
d'intégration des industries dans le tissu économique national.
Dans "le Mali de Modibo-Kéïta" (P. 105) nous soulignons:
" La plupart des études technico-économiques - pour l'implantation
des unités industrielles - ont été menées sur des informations
statistiques insuffisantes et erronées ou n'ont pas été effectuées
de façon exhaustive".
Ces déficiences originelles vont se repercuter sur le fonctionnement
des entreprises industrielles. Celles -ci n'ont jamais fonctionné
selon leur capacité.
livrées par les pays de l'Est, depuis la RDA jusqu'à la Corée du
Nord, au temps du flirt de ce pays avec les régimes socialistes,
e! oui fonc!ionnaie~t à des taux allant de 5 ~ à 25 ~ de leur
r- ;..- ~, ;: ~ ." -
. .' -
-'- . . ,
,

175
Ainsi, dès le départ, la consistance de l'industrie malienne était
faible par suite de erreurs dans les études de
faisabilité. A côté
de ces erreurs techniques, 11 faut mentionner la pénurie des moyens
financiers.
Une fois les usines livrées clefs en mains, il a fallu chercher les
ressources financières nécessaires pour les faire fonctionner.
Très souvent, après la fin des chantiers, l'Etat a dû négocier des
prêts pour constituer les fonds de roulement des entreprises en
ques ti on. Ce fut 1e cas par exemp1 e de 1 1 us i ne de ciment de Di amou
L'URSS après avoir construit l'usine selon des normes ne correspondant
pas
au contrat initial conclu avec le gouvernement malien, a dû
accorder un prêt de 400 millions FM pour doter l'entreprise d'un
fonds de roulement.
Il n'est nullement besoin d'insister ici sur les problèmes connexes
de gestion. . Signalons simplement que la corruption, la gabégie
ont joué un rôle
dans la décomposition du secteur industriel.
Créées ex-nihilo, les industries n'étaient pas intégrées dans le
tissu économique national. la plupart des unités industrielles
étaien~ marginales, elles ont fonctionné selon des
normes peu
d'élevage. La déperdition- ~ tous points de vue - était considérable.

175
Ainsi, dès le dèpart, la consistance de l'industrie malienne ètait
faible par suite de erreurs dans les études de
faisabilité. A côté
de ces erreurs techniques, il faut mentionner la pénurie des moyens
financiers.
Une fois les usines livrées clefs en mains, il a fallu chercher les
ressources financières nécessaires pour les faire fonctionner.
Très souvent, après la fin des chantiers, l'Etat a du négocier des
prêts pour constituer les fonds de roulement des entreprises en
question. Ce fut le cas par exemple de l'usine de ciment de Diamou
L'URSS après avoir construit l'usine selon des normes ne correspondant
pas
au contrat initial conclu avec le gouvernement malien, a du
accorder un prêt de 400 millions FM pour doter l'entreprise d'un
fonds de roulement.
Il n'est nullement besoin d'insister ici sur les problèmes connexes
de gestion .. Signalons simplement que la corruption, la gabégie
ont joué un rôle
dans la décomposition du secteur industriel.
Créées ex-nihilo, les industries n'étaient pas intégrées dans le
tissu économique national. la plupart des unités industrielles
étaien: marginales, elles ont fonctionné selon des
normes peu
d'élevage. La déperdi:ion- a tous points de vue - était considérable.

176
Ces éléments de précarité ne sont suffisants à eux seuls pour expliquer
la crise industrielle mal ienne. Il faut pousser plus loin l'analyse et
insister sur les facteurs de blocage de l'expansion industrielle.
2. Les facteurs de blocage de l'expansion industrielle
Les facteurs de blocage de l'expansion industrielle tournent autour
d'un ensemble de phénoménes parmi lesquels nous privilegions deux
poi nts : d'une part l'étroitesse du marché et d'autre part l'absence
de mentalité industrialisante.
a - L'étroitesse du marché
C'est un facteur objectif dont on a peu tenu compte dans la mise en
oeuvre des politiques industrielles. Or, Jacques GIRl (cf. p. 101)
rappelle fort à propos:
" Il est une vérité premiére qu'il ne faut pas craindre de rappeler
c'est qu'industrie signifie production de masse et qu'écouler une
production de masse ne peut se faire que sur un marché de masse".
Les Etats comme le Mali sont loin de constituer des marchés d'enver-
gure sur lesquels l'industrie pourrait trouver un terrain propice.
'es:
":":è'! ~ F'
~
"::' ~
- . -"" - '" -
trie pour la simple et bonne raison ~ue les paysans disposent G'un
très faible revenu par suite de la pulitique
inappropriéee des bas
prix aux producteurs. En e~'et, ~e gouve'-n~~len: l~éalise une D0nction

177
importante sur le revenu des paysans. Cette politique des revenus em-
pêche le paysan d'améliorer ses conditions de vie. Le paysan n'est
pas en mesure de se procurer les produi ts manufacturés de l'industrie
nationale.
D'autre part, les marchés urbains ne sont pas eux aussi des secteurs
sur lesquels l'industrie peut prospérer. Les revenus des citadins -
hormis une couche infime qui s'approvisionne à l'extérieur - sont
aussi médiocres. Les citadins dédaignent par ailleurs les produc-
tions nationales. Ce qui d'ailleurs conduit les gouvernants à
mener des campagnes contre l'incivisme des citadins.
L'étroitesse du marché national est un facteur objectif déterminant,
exp1 iquant l'échec des pol itiques industrielles. Il faut y ajouter
un autre élément
qui a son importance: c'est l'absence d'esprit.
industria1isante.
Le manque d'esprit d'entreprise est un facteur de blocage important.
Il s'inscrit dans un environnement général fortement dominé par des
attitudes négatives peususceptibles de promouvoir le développement
industriel.
Citons quelques exemples
~
~
_ ' " - : :
1
_
: .
_
-,
. -
constituant à cet égard un frein à sa promotion.
Le taux d'absentéisme est élevé. A ce propos, il faut soul igner l'irres-

178
ponsabilité des syndicats africains qui sont plus portés à faire des
revendications qu'à discipliner et éduquer leurs adhérents. Ainsi, il
ya toute une attitude négative à l'encontre de la "chose publique"
qui est considérée comme la "chose de personne" et par conséquent
ne méri te pas que l'on y prenne so in.
Ces pratiques irresponsables des syndicats ne sont pas dénoncées. Il
y a toute une ambiance dominante qui fait que lorsque l'on met les
syndicats face à leurs responsabilités, l'on est tout de suite taxé
de "réactionnaire". Et la boucle est bouclée - L'on couvre des atti-
tudes anti-économiques sous le prétexte fallacieux que l'on est
"progressiste". C'est à ce niveau qu'intervient la responsabilité
des gouvernants africains dans l'avènement de la crise.
Par ailleurs, l'administration malienne est d'une lourdeur telle
qu'elle constitue un puissant facteur dissuasif au développement de
l'initiative privée. Les dossiers d'agrément trainent dans les
tiroirs. Il faut "graisser la patte" à toute une chaine de petits
commis
imbus de leur personnalité mais si prompts à baisser le
masque à la vue de billets de banque flambant neufs.
imaginez que le Conseil des ministres doit statuer sur tous projets
d'un montant de cinq millions de francs CFA. Sans compter la
"guerre" des services. Chacun voulant
tirer la couverture à soi.
On bloque un projet qui n'est pas passé par son département.
En définitive, l'environnement socio-économique, le cl imat pol i~ique,
vc,i l â autant ç·e

179
facteurs qui expl iquent l a crise de l'industrie mal ienne.
par ailleurs, cette industrie, qui a largement été protégée par tout
un arsenal d'exonérations, a produit à des coûts élevés, n'a pas su
s'adapter au marché national du fait de l'absence d'une politique
commerciale adéquate et agressive; n'a pu conquérir les marchés
étrangers parce que démunis des moyens élémentaires pour faire face
à la concurrence étrangére.
Au total, nous sommes en droit d'affirmer que l'industrialisation
malienne a manqué son but.
Au lieu d'être le vecteur du développement - comme le souhaitaient
les dirigeants nationaux -
l'industrie mal ienne se présente comme
un malade sous perfusion. Elle n'est pas un moteur mais un facteur de
blocage du développement dans la mesure où elle gréve des ressources
étatiques qui pourraient être utilisées ailleurs. Bref, il faut
envisager une autre politique industrielle pour le Mali - moins
irrationnelle, plus adaptée aux besoins nationaux et s'intégrant
dans un ensemble régional mieux défini. C'est là une attitude de
bon sens.
Aprés l'analyse de la crise de l'agriculture, du blocage de l'indus-
trialisation, il couvient maintenant de mettre l'accent sur un autre
aspect du mal-développement malien, à savoir: la persistance des
tensions inflationnistes.
Nos propositions se situent ici dans une perspective purement théorique
pui sque l'analyse des données chi ffrées nous a Del"mi S de cerner la

180
lorsque nous avons traité de la politique du gouvernement de Modibo-
Keïta.
Il a une tendance fréquente à considéter l'inflation comme un corol-
laire invéitable de la croissance économique. L'une des sources de
l'inflation c'est le fait que l'effort d'investissement nécessaire
pour porter la capacité de production au niveau souhaité, dépasse de
beaucoup les possibilités nationales compte tenu de l'épargne dis-
ponible.
Par ailleurs, le revenu monétaire interne étant fortement lié aux
recettes d'exportations, il est clair qu'une hausse des prix à
l'exportation provoque un gonflement de la masse monétaire et un
accroissement de la demande de marchandises, poussant ainsi les
prix à la hausse et stimulant les importations. Il y a là un
facteur d'inflation.
Comme nous l'avons souligné plus haut, les pressions inflationnistes
peuvent provenir également du caractère instable de la demande mais
également de la rigidité de l'offre. En effet, au Mali, la capacité
de production est faible et peu diversifiée. Cela fait que la pro-
duction réagi t mal à l'accroissement de 1a demande et les prix
montent dès que le revenu nominal augmente.
Llinfla~ion
malienne apJarait carrime le t.YDf ~e;i1E d' u'l2 inflation
1 - Le surcroit de dépenses d'investissement m';'-.iplié par la

181
propension à la consommation dépasse généralement l'augmentation
de l'offre de biens de consommations produits sur place et im-
portés.
2 -
L'épargne intérieure retenue et augmentée de l'épargne étrangère
et diminuéedes
biens d'investissement importés, est généralement
inférieure aux dépenses d'investissement effectives.
3 -
La conso',hl'otion
publ ique et les dépenses d'investissement effectuées par
l'Etat sont généralement supérieures aux revenus de l'Etat
diminués des paiements de transferts.
4 -
Les DL'Aéficis
retirés de l'augmentation des recettes d'exporta-
tion peuvent avoir un caractère inflationniste.
Ces quatre cas de figure sont vérifiables dans la situation malien~
ne.
S'agi ssant de l' i nfl ati on engendrée par l es coûts, on
reti ent troi s
traits caractéristiques:
1. L'accroissement des rémunérations des facteurs de production dépasse
les progrès en matière de productivlté.
3, Les taux des impôts indirects
parmi lesquels 'es drcJ1ts de
Dn"le
augmentent ~éaucoup plus vite que :e::: ~:r~Y
C':::
2'·-~=:~:::<
:C:è'j.\\.

182
L'inflation, on le sait, entralne une foule de problèmes sociaux et
économiques. Elle est, dans le cas malien, la conséquence de dépenses
de développement dépassant la capacité du pays.
De nombreux facteurs participent à l'émergence de l'inflation. Ainsi,
une politique salariale inappropriée qui, en déconnectant les barêmes
de salaires de la productivité, peut être une des causes principales
de l' infl ation par les coûts.
Il n'est pas nécessaire d'évoquer ici toutes les thèses sur l'infla-
tion. Ce qu'il importe, c'est de mettre en évidence les origines des
tensions inflationnistes au Mali qui a utilisé l'inflation comme
moyen de financement de son "développement". Cette politique, on le
sait, eomporte des l imites. A cet égard, Harry JOHNSON (cf. p. 125
in conférence de Réhovoth) écrit
" Le recours à l a taxe i nfl ati onni ste comme méthode de fi nancement
du développement économique est généralement provoqué par l'incapa-
cité des pays en voie de développement d'obtenir des revenus suffisants
par le moyen de la fiscalité et des emprunts publics qui leur permet-
traient de financer leurs plans de développement. Ceci est dû, au
faible revenu et au potentiel imposable restreint de l'économie, ou
plus communément, à l'impuissance
d'obtenir le consensus politique
nécessaire à l'appui des mesures entralnant des sacrifices sur les
courants" .
JO{~9}J
poursuit son analyse en affirrnaçt
(cf, 125)
"Les caractéristiques de sous-développement qui limitent les possi-
bili~és ce financer le développernent Dar des r€'~"'~I:r:~-=
-,0_-: ~,c:

183
financer le développement par des moyens inflationnistes. En parti-
culier, le sous -développement implique un emploi plus restreint
de l a monnaie par rapport à ce que l'on trol;ve couramment dans les
pays développés. L'assiette sur laquelle la taxe inflationniste
peut-~tre prélevée est donc relativement plus étroite".
Sur les conséquences de l'utilisation de l'inflation comme moyen
de stimuler la croissance économique, la plupart des auteurs sont
unanimes pour adl'1ettre que le financement inflationniste de
l'économie aboutit au blocage du développement. Pire, elle
engendre et renforce les inégalités sociales.
Ainsi, le rapport général de la Conférence de Montevideo * souli-
gnait :
"Les Etats inflationnaires chroniques limitent le processus de
développement favorisent la fuite des capitaux, détruisent l'é-
pargne intérieure, faussent le mécanisme des prix, découragent le
tavail et la capi tal isation".
Harry JOHNSON (idem p. 127 et 128) de son côté, dégage trois
façons principales par lesquelles l'inflation entrave le
développement.
* Sourc.es
the re~aticn betwee~ tf-:e str0:ures of f-scal s:!s:e~
e:cnJsi: d~;e1~'~:~'~ n~ -r devf~;lp~i~~ :Qjr:'-~~5 ~r
Studies on lnternàt Gnàl fiscal 1a\\', . \\',:;1. :I~ '[CiITIE'
p. 36 Montevideo 19 8.

184
"En premier 1ieu, contrairement à l' hypothèse que les prix à travers
l'économie s'ajustent librement à l'inflation, le gouvernement d'un
pays sous-développé qui adopte des politiques de développement in-
flationnistes pourrait se trouver soumis à de forte pression poli-
tique pour protéger d'importants groupes des effets de l'inflation,
par la règlementation des prix des produits alimentaires, des
loyers, des tarifs des transports urbains, etc ... De telles règle-
mentations faussent inévitablement la répartition des ressources
dans l'économie et, en particulier, leur affectation à l'investis-
sement privé à des fins de croissance. La fixation de prix peu
élevés pour les denrées alimentaires retarde le développement de la
production agricole et 1 'amél ioration de sa technique ...."
De plus, la règlementation des prix des denrées
al imentaires et
particulièrement des tarifs de transports nationalisés peut entraîner
l'Etat à fournir des subsides d'une part et à créer des déficits
budgétaires d'autre part, de telle sorte que le produit de la taxe
inflationniste est gaspillée à des fins de consommation en faveur
de certains groupes de la population, plutôt q'uinvesti à des fins
de développement".
En second lieu, poursuit JOHNSON, " contrairement aux hypothèses du
modèle de la " taxe inflationniste", l'inflation, de
façon
typique, ne se poursuit pas à un taux constant et bien anticipé,
mais procède de manière irrégulière avec de grandes variations dans
le taux d'èJgrnentation des prix, politiquement dètet"minées .... "
Fina',en'ent, conclut JOHNSON, "le modèle de la taxe inflationniste
SUppOSEe soi t une économie fermée, soi t un pays qui a un taux de change
fluctuant.

185
En réalité, les pays et spécialement les pays sous-développés sont
exposés à une concurrence internationale, cependant ils sont forte-
ment portés à maintenir des taux de change fixes et à les défendre
jusqu'à la limite de leurs réserves en devises, en instituant des
contrôles de change.
Dans ces conditions, l'inflation introduit une tendance progressive
à une surévaluation du taux de change, des difficultés de balance
des paiements, et le recours à un protectionnisme croissant, ce
qui engendre à son tour un déplacement des ressources des industries
d'exportation ver s celles qui produisent à des coûts élevés des
produits autrefois importés, ce qui entrai ne en conséquence une
perte de l'efficacité économique".
Partant de ces analyses, nous affirmons que l' infl ation ne peut
nullement enclencher le processus de la formation du capital et
la croissance économique.
Par ailleurs, le coût social de l'inflation s'avère particulièrement
élevé. Il n'est pas besoin de s'y attarder. L'argument majeur contre
l'inflation c'est qu'elle prend l'allure d'un processus en chaine
et qu'elle engendre des contrôles économiques paralysants.
L'inflation a pour effet d'orienter les ressources financières et
matérielles v~rs des secteurs drnt les performanCES sont faibles.
effet de compromettre les fondements du progrès économique et
d'ébranler la stabilité pplitique.

186
Finalement, l'inflation engendre des difficultés de balance de paie-
ments, des pertes considérables de devises, tous, éléments provoquant
le blocage du développement.
Au total, l'on peut s'ingerroger s'il y a déséquilibre des finances
publiques et
des autres agrégats macro-économiques, n'est-ce-pas
la conséquence de la faiblesse de la base matérielle de l'économie
et de son caractère extraverti? N'est-ce pas aussi à cause des
politiques inappropriés mises en oeuvre?
Ces déséquilibres sont même inhérents à la structure des èconomies
africaines à leur stade actuel.
En fait, il n'y a pas à proprement
parler d'économie vèritablement africaine.
l'intégration èconomique tant ressassée dans les discours des respon-
sables pol itiques est encore à l 'Hat nébuleux.
Plus de vingt-cinq ans après nos indépendances, force est de reconnaitre
que dans la majorité de nos Etats " le rapport entre le commerce ex-
térieur et le produit national est élevé, égal à 20 % ou plus. Les
exportations sont pour l'essentiel concentrés sur un petit nombre de
matières premières et les modestes secteurs modernes de ces économies,
sont très dépendants des importations. Il en résulte que ces économies
sont très vulnérables aux modifications qui prévalent sur les marchés
extérieurs" CF 5HANKAR ACCHARIA - idem précité).
africaines". ,in KARI~ACK idem p. 28).

187
découle de nos structures économiques. KARMACK dégage les causes de
cette situation de la maniére suivante
" Le secteur moderne d'une économie africaine est relativement petit
et dépourvu de souplesse, surtout pour la partie de ce secteur qui
produit des articles destinés au marché national. Le secteur privé
n'a également qu'une propension trés faible à épargner.
Toute augmentation des revenus monétaires (provenant d'une augmenta-
tion des recettes nettes des importations ou d'un courant d'investis-
sements étrangers ou d'une création de monnaie par la banque centrale
en vue de financer un déficit du budget ou une activité privée) ne se
refléte que pour une faible part dans un accroissement de l'épargne
prlvee. Elle entraîne, au contraire, un accroissement des importations.
L'augmentation du produit national est relativement faible à cause de
la rigidité de la production locale ... et la demande de produits
importés s'éléve treès rapidement" (in KARMACK p.28).
Nos économies dont donc tournées vers l'extérieur qui en commande
l'évolution. Nos systèmes fiscaux ne sont que le reflet de la
structure des économies. Cela explique leur inélasticité. Le système
fiscal on le sait, se caractérise par la faiblesse de l'imposition
di recte d'une part, et d'autre part, par la prédomi nance de l' impo-
sition sur le secteur extérieur qui est fortement ~épendant de la
tenue des prix et des mouvements du commerce mondial.
pement. Aujourd'hui, le FMi et la BIRD conjuguent leurs efforts en
vue de corr; ger les déséqui 1i bres fondame taux de l' économi e et

188
d'amorcer un processus dynamique de croissance.
C'est l'étude de cette pol itique mise en oeuvre depuis 1982 qui fait
l'objet de notre attention dans la deuxième partie de ce travail.

189
TITRE II
L'AJUSTEMENT STRUCTUREL: MOTEUR OU FACTEUR
INHIBITEUR DE LA CROISSANCE

19:)
TITRE DEUXI EME
L'AJUSTEMENT STRUCTUREL: MOTEUR OU FACTEUR
INHIBITEUR DE LA CROISSANCE
OBSERVATIONS PRELIMINAIRES
Au cours des deux décennies écoulées, les dirigeants nationaux ont
cherché à promouvoir le développement à travers un ambitieux programme
d'investissements publ ics financé par l'aide extérieure et par l'inter-
vention massive
de l'Etat dans tous
les secteurs économiques. Cette
politique volontariste a engendré des déséquilibres majeurs qui,
aujourd'hui compromettent la croissance.
Nous pouvons même affirmer que les distorsions affectant les mécanismes
économiques, du fait de leur caractère si marqué, constituent un
facteur de blocage du développement. la crise économique nationale
est perceptible à travers le éléments suivants:
1. L' agri culture
Les prix aux producteurs ont êtê Çixês à u~ nivea~ in~érieur ~ ceu~
, , - . 1 (: ':
~ u~~al-Cll~ ~aral1~~e qui aDsol-DB une ,al~ge pa!-t de ~a prcd~ctlori des
céréales.

191
2. Les entreprises du secteur publ ic
Les entreprises publiques ont acquis un role déterminant dans l'économie
nationale. Leurs activités s'étendent à tous les secteurs économiques.
Ces entreprises ont pâti de la politique officielle des prix tant en ce
qui concerne les services que leurs biens.
Leurs structures financiéres et leurs gestions se sont fortement dé-
tériorées et cela entrai ne des pertes annuelles considérables.
3. L'utilisation inadéquate du crédit intérieur
Les pertes des entreprises publiques ont été financées principalement
par la banque de développement du Mali. Et lorsque le crédit bancaire
a été coupé, ces pertes ont été couvertes par l'accumulation des arrié-
rés.
4. La
politique des prix
La politique des prix pratiquée par les pouvoirs publics, avait pour
objet de contenir la hausse du coût de la vie en milieu urbain afin
d'éviter de trop fortes demandes.
5. Le déficit budgétaire
politIques ont maintenu ~ un niveau élevé les dépenses publiques.

192
Jusqu'à une date récente, l'Etat se faisant obligation de garantir
un emploi à tous les diplômés de l'enseignement.
6. L'accumulation des arriérés
Par suite de l'irrégularité de l'afflux de l'assistance budgétaire
extérieure et des limites statutaires imposées à la Banque Centrale
concernant le niveau de la distribution du crédit, le trésor accumula
tant au plan interne qu'externe un volume substantiel d'arriérés.
Ces différentes distorsions ont été aggravées par la persistance de
la sécheresse, par la détérioration des termes de l'échange et par
le renchérissement du prix des hydrocarbures.
Ainsi, au cours des deux décennies écoulées de profonds déséquilibres
structurels économiques et financiers ont fait leur apparition.
Ces déséquil ibres reflétant le décl in de l'activité économique et se
caractérisant _ par l es énormes pertes annue 11 es des entrepri ses pub li ques.
par un taux élevé d'inflation, par un substantiel déficit de la balance
des paieme~ts et d'énormes arriérés internes et externes de paiements.
La crise de l 'éccnomie mal ienne se situe dans celle plus globale de
l'ensemble de économies africaines. Au début de la décennie 80, la
" La lenteur de la croissance économique globale, la médiocrité de

193
démographique, sans parler des problèmes de balance des paiements et
des crises budgétaires, sont d'inquiétants indicateurs de difficultés
économi ques" (c f. BERG p. 3) .
Cette assertion est d'une très grande pertinence.
La crise généralisée de l'économie mondiale, se traduisant notamment
par des déséquilibres dans les balances de paiements, a amené le FMi
et la BIRD à mettre en oeuvre des programmes de soutien aux balances
des paiements pour le FMi et d'aide au développement pour la BIRD.
Ces deux institutions ont à cet effet pris des dispositions pour
accroltre leurs ressources. Les termes de "conditionna1ité" et
d"'ajustement structurel" ont acquis droit de cité dans le jargon
des économistes du monde entier.
Le FMI a établi plusieurs facilités destinées â financer les
déficits de paiement des Etats. Parmi celles-ci, il y a la facilité
élargie créée en 1974. Elle
a été conçue "pour remédier à deux grandes
catégories de problémes de paiements"
(1) des déséquilibres sévéres
dûs à des
désajustements structurels dans la production et le
commerce extérieur, avec des distorsions des prix et des coûts
généralisés et durables, (2) des déséquilibres dûs à la combinaison
d'une croissance lente et une position intrinséquement faible de la
balance des paiements (limitant) la mise en oeuvre de mesures de
développement efficaces ... "( cf. Finances et développement mars 1981).
récuc:ion du déficit budgétalre et de la masse monétaire ... pour
assurer que l a demande reste en rapport avec l'offre de ressources.

... Les pays emprunteurs doivent privilégier l'investissement par rap-
port a la consommation" (cf. Finances et Développement mars 1981).
L'arsenal des mesures préconisées par le FMI tourne autour des points
suivants :
a - La limitation de l'expansion du crédit intérieur qui permettra
le contrôle du déficit budgétaire
b - La limitation de l'endettement extérieur
c - L'engagement a ne pas recourir a des taux de change multiples
afin de ne pas alourdir les restrictions commerciales
Ces mesures présentent un caractère draconien. Les Etats ont pris
en effet, au cours des deux décennies écoulées, des habitudes de gestion
laxiste pour lesquelles ils n'étaient nullement sanctionnés. Les gou-
vernements africains peuvent pratiquer n'importe quelle politique. Ils
ne subissent ni la pression de forces politiques organisées et en
mesure de présenter une alternative crédible et mobilisatrice; ni
celle d'une opinion publique cohérente et suffisamment informée des
~roblèlœs- nationaux. Il s ont toutefois à craindre quelques révol tes
spontanées de temps à autre lorsque s'opèrent des hausses de prix
ou de trop fortes compressions de personnels dans les entreprises
publiques.
Ces révoltes èDoutlss::-=nt généraler.len:. È: ·i,'allriLi~(~:iorl
C2~ dt<:,-:si,~r::::-
pourtant impérieuses sinon vitales pour l'enclenchement d'un p,"ocessus
sain de croissance. Ce fut le cas
en Tunisie oG le P,"ésident aO'JRGUI8A a

195
rapporté la décision de hausse des prix du pain. Idem en Egypte, au Maroc,
en Zambie. Aujourd'hui, en 1987, le Gouvernement malien rechigne à appliquer
les mesures de compression de personnels dans les sociétés d'Etat.
Le discours gouvernemental dénote d'une démagogie à la fois malhonnête
intellectuellement et inadéquate vues les circonstances du Mali d'au.
jourd'hui. Car l'on semble diluer la responsabil ité gouvernementale dans
l'avénement de la crise. Est-ce le FMI qui a engendré les déséquilibres?
Est-ce le FMI qui est responsable de la mauvaise gestion
de nos gouver-
nements ?
En fait, la crise actuelle des économies africaines est salvatrice car
elle démontrera une fois pour toutes les limites de tous les discours
démagogiques des gouvernants africains.
En effet, il n'est plus question aujourd'hui de rejeter sa responsabilité
sur les colonisateurs ni d'invoquer à tout propos "les séquelles du
colonial i sme". De même, il est incongru de vil ipender "l' impéri al i sme et
le néo-colonialisme tout en s'empressant par la suite de solliciter avec
humilité leur assistance, leur concours, leur aide dont on ne peut de
passer car ce serait la catastrophe.*
La crise montre donc toutes les limites des méthodes de gestion des gou-
vernements africains. D'une part, les pratiques népotistes, la gabégie,
la corruption ne peuvent P-IUS s'opérer
dans l'ombre. On peut toujours
détourner les deniers publics, mais l'on doit se convaincre qu'il reste
toujours des traces. Et il Y a aujourd'hui, au sein des armées afri-
-,
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Cet-.:e ~n€ff-:c:::'c::.e E-"t _t:':te ii-12déq~Jo:-i,on oe l'alde sovlétiquE dêtenT~inera
l'avenir des relations entre l 'Afr'que et les pays se réclamant du mar-
xisme.

196
caines, une génération d'officiers justiciers qui refuse le discrédit
que des des chefs militaires aux comportements insensés font peser
sur les forces armées.
Le Président Jerry RAWLINGS du Ghana illustre bien cette nouvelle
tendance. Certes, l'on peut désapprouver les méthodes brutales, les
effusions de sang, les bavures mais l'on ne doit pas aussi oublier
l'acte éminemment criminelle consistant à priver des populations
totalement démunies des ressources destinées à leur assurer un mieux-
être. Au demeurant, l'on doit poser la :l'2stion suivi!nte: doit-on
laisser croire que la politique en Afrique est un moyen
rapide
d'enrichissement plutôt qu'une action désintéressée, nobre visant
à créer les meilleures conditions de vie pour son peuple ~t sa patrie?
Les Etats faibles, divisés et mal gouvernés d'Afrique constituent une
aberration à l'aube du XXI é sicéle. L'Afrique doit elle permettre des
attitudes insensées qui renforcent sa déliquescence alors que les
peuples des autres continents - je pense aux Euraméricains pour
reprendre un terme senghorien - sont entrain de réecrire une nouvelle
page de 1 'histoire de l 'humanité en créant les conditions et les struc-
tures de la société technétronique ~
D'autre part, les structures économico-financiéres mondiales reflétent
les rapports de force régissant les relations entre le" nations. Il
est clair que ce ne sont pas des déclarations tapageuses qui modifie-

197
ront les données de base. L'émergence d'un nouvel ordre économique
mondial sera le fruit du labeur acharné, méthodique des peuples.
On ne peut se développer
avec les mots. On ne transforme pas une
société avec des discours.
Les enseignements de la crise sont là. Il Y a une remise en cause
des modèles de pensée et des méthodes d'action. La crise revéle
toutes les insuffisances et les tares qui entravent la marche
vers le progrès des Etats d'Afrique. A nous de saisir l' intell i-
gnce de la situation, de nous hisser au niveau des exigences
primordiales qu'implique une action de grande envergure afin de
porter l'Afrique au niveau des nations majeures.
Pour se faire, il y a un préalabl~.C'est la mise enplace de struc-
turespol itico-écol0miques saines permettant l'éclosion de toutes
les forces créatrices de la Nation. Or actuellement, l'opposition
est soit insignifiante et dépourvue de moyens d'actions réels, soit
absente du jeu politique national par son irresponsabilité foncière.
Partant, 1e caractère ~a~rilTOnial, de l'Etat et 1es atti tudes 1es pl us
scandaleuses ne doivent plus étonner.
De meme , les critiques acerbes contre l'ajustement structurel s'ex-
pliquent largement par les limites que pose cette politique aux
possibilités c'action des gouvernants.

198
est également sanctionnée par le retrait du Fonds lorsque les autorités
gouvernementales s'écartent du schéma i ni ti al
tracé d'un
commun accord.
Les critiques de l'ajustement structurel mettent l'accent sur deux
points
d'une part, sur la conditionnalité et d'autre part, sur
l'analyse des déséquilibres affectant les économies du tiers monde.
Parmi les critiques les plus acerbes des mesures du FMI, citons
ISMAEL SABRI ABDALLAH, Président du F rum du tiers-monde
" Un pays qui se développe, a obligatoirement un déficit de la balance
des paiements dû aux importations de biens d'équipement. Il faut un
systéme bancaire mondial pour l'aider à le couvrir pendant les quinze
à vingt ans nécessaires pour un véritable progrés des exportations.
Mais le FMI a perdu sa légitimité en se montrant incapable d'empêcher
le désordre monétaire.
Ses économistes sont les prêtres prétentieux, ignorants et mystiques
d'une église décadente.
Il faut un nouveau Bretton Woods où les pays en voie de développement
soient présents pour obtenir un système pl us équil ibré" - (cf. Pro-
blèmes économiques n° 1652 décembre 1979).
Cette virulente
'critique n'a pas amené le FMI a changé d'attitude quant
à l'ajustement structurel. Bien au contraire, aujourd'hui les banques
privées subordonnent l'octroi de nouveaux crédits aux Etats connaissant
des déséquilibres structurels à l'aval du FMI.
ae l,'iàéo·,ogie libre-échangî
te qUl
lmDr'g";alt ies créateurs de cetorga-
r.j~ lors
de la Conférence de Bretton Woods. l'ensemble des mesures

199
préconisées par le Fonds découle directement de la manière dont sont
appréhendés les déséquilibres affectant les Etats.
Certes, lorsqu'il
y a désèquil ibre, il faut y remédier. mais on doit
prendre garde à ne pas se tromper de médecine. Pour se faire, il con-
vient d'établir un diagnostic adéquat.
En ce qui concerne, nous souscrivons pleinement aux vues de certains
auteurs soutenant que dans le contexte actuel des économies africaines
" des politiques monétaires telles visant à réduire le volume de la
monnaie et du crédit, ne sauraient résoudre des problèmes de struc-
ture ou de déficit chronique de la balance. des paiements, pas plus
que guérir les maux provoqués par les déficits budgétaires excessifs.
L'action de toute politique monétaire est particulièrement limitée
quand la structure monétaire de l'économie est faible" (cf.
John MARS
Possibilités et limites de la politique monétaire p. 198
Conférence de REHOVOTH - DUNOD 1967).
NURSKE, de sonc6té souligne que
"
"Les pressions. inflationnistes sont inhérentes au processus
d' nvestissement, mais le moyen de les arrêter ne conslste pas à
arrêter l'investissement. 11 existe d'autres moyens; le principal
d'entre eux est le recours à la méthode efficace de la politique
fiscale"
(cf. NURSKE idem p. 143).
f~~a~cifres pratiqufes par les E~a:s africains au cours des deux
décennies écoulées, sont fondées pour la plupart d'entre elles.

200
S'agissant du Mali, nous avons pu constater une pol itique inadéquate
d'investisseœnt
,des distorsions au niveau des prix, des taux d'in-
térêt ; une distribution laxiste du crédit intérieur, des entreprises
publiques dévoreuses de subventions, une agriculture victime de
l 'é ta t i sme etc ...
Au total, la base matérielle de l'économie nationale ne s'est pas
élargie. Bien au contrait;e, les coûts de fonctionnement de l'appareil
d'Etat ont atteint une dimension telle qu'ils ne peuvent plus être
supportés par l'économie nationale. Les activités de production
s'avère anémi er.
Les boucs émissaires classiques (sécheresse endémique, facture pétro-
1ière, détérioration des termes de l'échange etc ... ) avancés par les
gouvernants, n'expliquent pas tout. L'incurie des dirigeants natio-
naux est un facteur fondamental à prendre en compte.
Dans l'immédiat, les Etats connaissant des déséquilibres structurels
doivent impérativement mettre en oeuvre des politiques d'ajustement
structurel. C'est un préalable à la résolution de la crise du
déve1oppemen t.
En fait, la crise actuelle met à nu, de façon éclatante, toutes
les
limites de politiques prétendument baptisées de développement mise
en oeuvre dans le cadre ètriqué des frontières nationales. Il ne
fait aucun doute que si 1 'A=rioue pers~s:e dans la voie a:tuelle~
e;:e ne pE::u: que s 'e;",'-:,n.:..,=,r G3n~ le sClL,'~-d~\\-="ICi::"[\\:::~l?n~.

201
CHAPITRE
1
CRITIQUE DE LA PERCEPTION DE LA NATURE
DES DESEQUILIBRES DE L'ECONOMIE NATIONALE

202
CHAPITRE
1
CRITIQUE DE LA PERCEPTION DE LA NATURE DES
DESEQUILIBRES DE L'ECONOMIE NATIONALE
Le ~"li, comme la plupart des Etats du continent, a enregistré vers la
fin des années 70 une aggravation de ses équilibres fondamentaux. La
persistance du déficit de la balance des paiements est un des problèmes
les plus ardus auxquels les pouvoirs publics sont confrontés. Au-delà
de la balance des paiements, c'est l'ensemble des politiques qui sont
en cause.
En effet, selon le FMi, les Etats ont appliqué des politiques qui se
sont reprcutées de façon négative sur la production, les exportations
et qui ont engendrés des difficultés de paiements extérieurs.
Les Etats connaissent également un ~aux élevé d'inflation intérieure;
cette inflation résultant d'une mauvaise distribution des revenus. En
effet, le système des prix était manifestement défavorable aux produc-
teurs paysans. Dr, l'inflation engendre des distorsions dans la
structure de production tout en altérant l'efficacité de l' investisse-
men t productif.

2C3
"L'inflation est toujours le sympt6me d'un dêsêquilibre. Elle signale
l'existence de pressions excessives du c6tê de la demande, de rigiditês
dans le fonctionnement de l 'êconomie ou bien Uil manque de confiance
dans l'avenir de monnaie. L'inflation n'est pas seulement un sym-
pt6me. Elle aggrave les difficultês du moment en suscitant la recession
et le ch6mage. Des taux d'inflation êlevês et persistants, donnent
inêvitablement naissance à des dispositifs d'indexation, officiels
ou officieux, qui, à leur tour, empêchent des ajustements qu'il y
a lieu d'apporter à la structure des prix et des salaires" (cf.
Les problèmes de balance des paiements des pays africains. CAEM p. 86).
De par ses statuts, le FMI a la responsabilitê "d'assurer la surveil-
lance des politiques de change" des Etats membres.
Cette surveillance s'effectue pêriodiquement par le biais des missions
de consultations.
mais le r6le principal du Fonds, c'est de fournir une assistance
financiêre
aux pays confrontês à des difficultês de paiements extê-
rieurs. Gênêralement, le FMi distingue deux types de dêsêquilibres
dans les balances des paiements.
Il y a en premier lieu, un dêsêquilibre conjoncturel, donc temporaire,
provoquê soi t par 1es distorsions
internes, soi t par des d. sêqu; 1;-
bres externes tels les mouvments de capitaux ou tout simplement la
rêducti on ou l 'êpui sement des rêserves du pays en ques ti on .
.:.1 y a er s::-_-Ir,::::
l,::,U.
J;
ci~='2~J~'l~"-::
:...' - -"
.<
u~
Lilux de change.

204
Ce déséquilibre fondamental peut découler d'un déséquilibre extérieur
faisant suite à une longue période d'inflation, ou encore de disparités
durables entre les progrés de productivité tant interne qu'externe.
Les mesures correctives du Fonds privilégient les mécanismes financiers
et monétaires.
Ces mesures découlent elles-mêmes de la perception de la nature des
déséquilibres affectant nos économies.
Procédons à une analyse critique de cette méthode d'investigation de
l'organisme international en examinant dans un premier temps les
indicateurs de crise de la
balance des paiements avant d'étudier
dans un 'deuxième temps les problémes de financement de la balance
des paiements.

205
Les remèdes proposés par les organismes internationaux sont dogmatiques.
ï ls ne permettent pas de faire face au problème crucial de l'incurie
des dirigeants politiques.
L'endettement extérieur est recherché de façon systématique par les
pouvoirs publics.A cet égard, on peut se demander si cette politique
de "fuite en avant" n'a pas pour objet d'occulter l 'incapacité des
gouvernants à promouvoir une réelle politique de développement.
Les organismes internationaux préconisent la réorganisation des
structures économiques, l'assainissement des circu'ts Çinanciers, le
développement des activités productives en accordant une plJS grande
place au secteur privé ainsi que le rétablissement des grands équilibres.
Pour se faire, le Mali a engagé depuis le début de la décennie 80,
un programme de redressement sous l 'égi de du FMI.
Nous en examinerons les resultats en menant une étude comparative avec
le programme du sénégal afin de déterminer l'efficience des mesures
appl iquèes.
Mais surtout,nous
nous demanderons dans quelle mesure ces programmes
de redressement permettent-ils de résorber le blocage du développement
des économies africaines.
:: ~ " ::: . ~'.' ~,'~ ", ..::

206
Dans un premier temps, nous entendons critiquer la maniére dont dont le
FMI - plus globalement les organismes internationaux - appréhendent
la nature des déséquilibres des économies africaines.
N'est-on pas en face de global isations attrayantes, de vues de l'esprit
totalement déconnectées de nos réal tés africaines?
Dans un deuxième temps, nous nous pencherons sur l'ajustement structurel
en tant que tel.
Nous examinerons les résultats de la politique mise en oeuvre par
le Mal i et le Sénégal, sous l'égide du FMI et nous verrons dans quelle
mesure l'ajustement structurel est un remède à la crise des économies
africaines.

207

PARAGRAPHE PREMIER
LES INDICATEURS DE CRISE DE LA BALANCE
DES PAIEMENTS

208
PARAGRAPHE 1
LES INDICATEURS DE CRISE DE LA BALANCE DES PAIEMENTs
Le déficit des comptes externes est l'une des facettes des déséquil ibres
monétaires e: finèll~i2rs
affectant l'économie mal ienne.
il nous faut mesurer l'ampleur de la crise financiére. Nous nous propo-
sons d'examiner ici l'évolution de la balance des paiements du Mali
au cours des dix huit années écoulées, puis d'analyser les facteurs
de détérioration des comptes externes.
La crise de la balance des paiements constitue l'un des problémes les
plus ardus auquel le Mali est confronté.
le déséquilibre des paiements extérieurs se caractérise grosso modo
de troi s façons
" Il est chronique ... ) il est partout reprimé et par conséquent
perpétuellement latent - à l'aide de mesures telles que le contrôle
des changes et les restrictions à l'importation ;) il consiste
principalement en un déséquilibre commercial chronique avec des
pays non africains" (in John MARS)
: Possibilités et limites de
la politique monétaire)
NURSKE de son côté, signale que
"les nations pauvres, dans lel;5

209
De cette situation, "il résulte - selon Samir !lmin * - une propension
inflationniste interne et une tendance durable au déséquilibre de la
balance des paiements";
NURSKE va plus loin et son analyse se revèle d'une pertinence lumineuse
car elle a le mérite de mettre l'accent sur les causes véritables de
la crise structurelle de la balance des paiements; mais de plus, elle
signale l'acuité des difficultés auxquels les nations sous-développées
sont confrontées et toute l' ampl eur des tâches immenses auxquell es
elles doivent faire face pour améliorer leur situation.
!linsi, NURSKE écrit
"le déséquilibre de la balance des paiements résulte indirectement des
différences dans les niveaux généraux de productivité, non point parce
que la productivité détermine. les coûts d'exportation et le pouvoir
compétitif d'un pays sur le marché mondial, non point parce que le pays
le plus productif élimine nécessairement tous les autres dans tous les
autres domaines, mais bien parce que la productivité d'un pays déter-
mine son revenu réel et ses niveaux de consommation et parce que les
différences dans les niveaux de vie, lorsqu'elles sont très accusées
et largement connues exercent une pression à la hausse sur la propen-
sion à consommer dans les pays pauvres" (cf. idem p. 74).
Cette analyse d'une grande profondeur a l'avantage c'écacte c les
de l' écr,ange.
* Samir Amin
l'Afrique de " 'Ouest bloquée c. 123.

210
Car ceux qui brandissent l'argumentation de la détérioration des termes
de l'échange - phénoméne à ne pas négliger mais à ne pas surestimer non
plus - NURSKE rétorque pertinemment:
"une amélioration des termes de l'échange ne procurera une contribution
notable à la formation du capital que si l'accroissement des recettes
d'exportation et donc des revenus de la populationest consacrée à
l'épargne volontaire ou involontaire" (NURSKE p. 101). Il en conclut
(idem p. 103) : " Le véritable probléme est de diriger l'accroissement
du revenu du pays vers l'investissement en capital et d'éviter que la
consommation augmente tout de suite "
Les indicateurs de la crise de la balance s'articulent autour des
éléments suivants :
- l'importance du déficit en compte courant par rapport au produit
intérieur brut.
"' la faiblessew.niveau des réserves endevises
- un coefficient élevé du service de la dette
- la faiblesse du pouvoir d'achat des exportateurs ...
Ainsi,"la structure principale de la balance des paiements des pays
africains refléte le.caractére extraverti de ces diverses économies et leur
1eur forte dépendance à l'égard des facteurs de producti on étl·Bnge~s.
pa~ements des pays afriCains leu!" incidence sur les objectifs de
développement - DAKAR août 1979).

2ll
Chaque année, les Etats membres du FMI doivent lui faire parvenir leur
balance des paiements extérieurs selon un schéma standard.
La présentation exigée par le FMI soulève des problèmes de concepts, de
définition et de terminologie. De p:us, les données statistiques de nos
Etats s'avèrent peu fiables voire rudimentaires.
la balance des règlements officiels signifie peu de choses dans les Etats
comme le Mali. En effet, les Etats africains n'ont pratiquement pas de
monnaie à dèfendre sur les marchés des changes.
Les monnaies africaines sont liées aux monnaies extra-continentales par
des accords bilatéraux ou multilatéraux.
Le déséquil i bre de 1a balance des pa i emen ts de nos Etats s' avèren t
structurel. la cause de ce déséquilibre structurel semble résider dans
la forte dépendance extérieure des économies africaines.
Il convient de procéder à l'analyse de l 'èvolution de la balance des
paiements du Mali afin d'en dégager les traits caractèristiques avant
de nous pencher sur les facteurs de la détérioration des comptes externes
maliens.
A - EVOLUTION DE LA BALANCE DES PAIEMENTS DU MALI DE 1968 à 1986
02 :a balance malienne et d1aut)-e part, nous nous pencherons sur i 'étude
des flux financiers à destination du Mali.

212
1. Les èvolutions caractèristiques
Il faut examiner deux èlèments principaux: d'une part le dèsèquilibre
de la balance commerciale et d'autre part l'évolution de la balance
de paiements proprement dite.
Le
déficit de la balance des paiements découlent en grande partie du
déséquilibre commercial.
le tableau n° 49 retrace l'évolution de la balance commerciale de
1968 à 1983 (en millions FM)*
ANNEES
\\ EXPORTATION IMPORTATlot'
SOLDE
·OUVERTURE %
1968
5 300
18 260
12 960
29
1969
8 752
20 102
Il 350
43,S
1970
19 296
23 790
4 494
81,1
1971
20 006
32 927
12 921
60,1
1972
21 050
39 615
18 565
53,1
1973
23 289
56 248
32 959
41,4
1974
30 810
86 084
S5 271
35,7
""
1975
22 900
74 400
51 500
30,7
., G- ,:.
~ ..."
u
L ô 355
'* ~..:"j\\'<:::e
m'r-·::::·~'-E' CL.. t'~ôl',."':" =",:~;:'C."'·~"dE<"
~~r'ianciè~~'2s
Ir"::en12"'C'(.'I~Gie.s
_..- -
\\':::'L ',':'
:u.;-,i,e: ~r.I~

213
Tableau n° 49 (suite)
ANNEES
EXPORTATION
1MPORTATI ON,
SOLDE
1979
47 100
III 100
64 000
1980
86 100
183 900
97 800
1981
83 830
209 500
125 670
1982
95 800
218 400
1983
127 100
1
262 200
l::~
135 200
La balance commerciale du Mali a toujours été négative. la couverture
des importations par les exportations se situe aux alentours de 50 %
en moyenne.
Au cours de la période considérée, les importations ont connu un fort
accroissement découlant semble t-il de deux phénoménes :
il s'agit, d'une pa rt de l' ·nfLJtion mondiale des coûts, aggravée
par le renchérissement des prix du pétrole; et d'autre part, des
vagues successives de sécheresse qui ont meurtries tout le Sahel et
provoquées un accroissement des importations.
Il est èvident que ces ce' x phénomènes corstituent des données im-

214
Les frais d'approche occupent une très grande part dans le coût global
des importations. Cet élément est accentué par la continentalité du
Mali.
Globalement, on peut retenir que le déséquilibre de la balance commer-
ciale découle d'une part des fortes importations des biens d'équipement
et d'autre part de la diminution des exportations par suite de la baisse
de la production nationale au cours des années de sécheresse.
Ces remarques succintes nous permettent de mieux aborder l'analyse des
règlements extérieurs proprement
dits.
Le tableau n° 50 * retrace l'évolution de la balance des paiements de
1968 à 1980.

215
Tableau n° 50
Transacti on l''buverents
Erreurs
IAnnéeS
Iservice~ 1
Biens
Soldes 1
unilatérale de capitau~ Clnissions
1968
-
6,3
- 9,5
+
3,9
+
2,0
+ 0,2 .
- 9,7
1969
-
7,8
- 10,2
-
10,8
- 0,5
- 0,2
- 8,0
1970
-
2,6
-
9,5
+
12) B :
+
0,7
- 2,6 -
- 1,2
1971
-
5,7
- 12,8
+
14,4 '.
+
2,7
- 1,8
- 3,4
1972
-
9,3
- 13,4
+
16,8
+
4,0
- 0,9
- 2,8
1973
- 17,1
- 16,5
+
25,6
+
0,6
- 3,1
-10,5
1974
- 29,1
- 42,6
+
53,3
+
3,5
-14,9
1975
- 25,5
- 45,5
+
43,2
+
3,0
- 0,2
-25,0
1976
- 8,1
- 38,0
+
24,7 '
+
5,6
- 2
1977
- 5,0
- 43,3
+
44,3
+ 12,8
- 8,7
+10,1
1978
- 42,7
- 50,2
+ 69,7
+ 23,7
- 4,4
- 3,9
1979
- 44,1
- 59,4
+
61 5,
+ 35,9
- l, a
- 4,3
1980
- 46,1
- 59,4
+
63: 5 .1
+ 42,3
- 5,5
- 5,2
On remarque ainsi que les soldes de la balance commerciale et de la
balance des services sont toujours nagatifs,
Par contre, ceux des transfert unilatéraux et des opé rations en
capital sont généralement positifs.
Ces contre-performences Ge la balance des ~aie~ell::

216
1 - Le déséquilibre commercial (cf. tableau n° 49)
2 - Les frais d'approche des importations
3 - Les voyages officiels
4 - Les frais de pélérinage à la Mecque
5
Les opérations de change
6 - Les intérêts de la dette publique
7 - Les dépenses des Ambassades à l'étranger.
Les transferts unilatéraux et les opérations en capital enre9istrent
des soldes positifs à cause principalement, des prêts et aides con-
sentis au mali. Le financement des projets de développement du Mali
est assuré à 90
% par des apports extérieurs.
Examinons année par année, l'évolution de la balance des paiements.
En 1968, le solde de la balance des paiements est moins 9,7 milliards FM.
De 1968 à 1972,la balance se redresse car de - 9,7 milliards FM en 1968,
le solde enregistre les résultats suivants:
- 8 milliards FM en 1969
- 1,2 milliards FM en 1970
- 3,4 'nill iards FM en 1972 et
- 2,8 milliards FM en 1972.
Le redressement est continu, progressif. Et pourtant ces années corres-
pondent à la mise en oeuvre d'une politique d'inspiration "libérale" ....
A partir de ~973, la balance des paieGents se d~~~riore !·apide~e~_.
découle de la dégradation considérable de la balance commerciale.

217
Oe plus, l 'annêe 1973 fut une annêe difficile en raison des durs ef-
fets de la sêcheresse. Celle-ci a entrainê une chute drastique de la
production qui n'atteignit que 541.000
tonnes
1973 pour l'ensem-
ble des cêrêales. Ce qui fait que le Mali importa au cours de cette
annêe 35.000 tonnes de riz et 45. 000 tonnes de sorgho et de maïs.
Signalons qu'au cours de la même annêe , les dons en provenance de
l 'Hranger ont atteint 60.000 tonnes.
En 1974, la sêcheresse battait son pelin. Elle obligea le Mali à
importer 90.000 tonnes de cêrêales ainsi que du lait et de la farine.
La meme annêe, le premier choc pêtrolier s'est fait sentir sur la
balance malienne. En effet, le Mali dut payer une facture de 7,6 mil-
liards FM en 1974 alors que celle-ci s'êlevait à 4,8 milliards FM en
1973.
En 1974, la couverture des importations par les exportations n'attei-
gnait que 35,7 %. La balance des services passe de
- 16,5 milliards
en 1973 à - 42,6 mill iards FM en 1974.
Ce rêsultat s'explique par la hausse des coûts des transports ainsi
que par le renchêrissement du prix du pétrole.
Le solde de la balance connait donc en 1974, une nette détérioration.
Il atteint 14,9 mill iards FM en 1974 contre 10,5 mil l iards FM l'année
précédente.
que 25,6 milliards FM en 1973.

218
Les opérations en capital se chiffrent à 3,5 milliards FM en 1974 contre
0,6 milliards FM en 1973. Ces deux secteurs contribuent fortement à
l'atténuation du déficit de la balance des paiements.
En 1975, les biens et services connaissent des déficits importants. Les
chiffres concernant les biens s'élèvent à 25,5 milliards FM tandis que
ceux des services se montent à 45,5 milliards FM.
Ainsi, le déficit des opérations courantes atteignit près du tiers de
la production intérieure brute. Malgré les excédents des transferts
unilatéraux, (+ 43,3 mill iards FM) et des opérations en capital
(+ 3 milliards FM), le solde de la balance des paiements est fortement
négatif (- 25 milliards FM).
En 1976, les biens et services enregistrent une moindre détérioration
par rapport à l'année précédente. Le règl ement des biens et servi ces
se monta à 46,1 milliards FM alors que l'année précédente ces mêmes
opérations s'élevaient à 68,4 milliards FM.
Ces résultats découlent d'une part del 'augmentation appréciable des
exportations parmi lesquelles, le coton tient une grande place et
d'autre part de la diminution des frais d'approche consécutive à la
baisse des importations ainsi qu'à la diminution des intérêts payés
sur le solde débiteur du compte d'opérations.
des exportations. En effet, celles-ci atteignent en valeur 61,2 mil-

219
liards FM en 1977 contre 41,1 milliards FM en 1976. Ce sont les ventes
de coton qui expliquent ces résultats. Les prix mondiaux du coton en
1977 furent rémunérateurs.
Calculés sur la base FOS-FOS, les échanges extérieurs du Mali enregis
trèrent un solde positif (+ 5 milliards FM).
La balance des services enregistra une forte détérioration (4,3 milliards FM
en 1977). Ce résultat s'explique par l'augmentation des frais d'as-
surances et des dépenses de frêt, de ceux des voyages officels, des
intérêts du compte d'opérations ainsi que des commissions versées
au FMI.
Les transactions unilatérales augmentent fortement (+ 44,4 milliards
FM en 1977) alors qu'elles étaient à 24,7 milliards FM en 1976). Les
opérations en capital atteignent + 12,8 milliards FM contre 5,6 mil-
liards FM en 1976. Elles ont plus que doublé.
En 1978, la balance des paiements reprend son cours normal. Le déficit
s'éléve à 3,9 milliards FM. Les transactions unilatérales atteignent
le chiffre jamais atte1nt de + 69,7 milliards FM. Les opérations
en capital cOilcaissent un doubleri1ent d'ure année à l'autre (+ 23,7 mil-
liards en 1978 contre 12,8 milliards Fm en 1977).
Ij, ,
,
,
~ a'~ c:;.,
l,'':',:::::':')
:e _,S~:

220
De 1981 à 1983, le solde
910bal de la balance des paiements est
négatif. Le tableau n° 51 nous retrace l 'évol ution des sol des des prin-
cipales opérations de la balance des paiements de 1981 à 1983. (en
millions FM). *
:
SOLDES
SOLDES
SOLDES
ANNEES
BIENS ET
1RJlNSACTIms ~ruVENENTS
ERRELRS &
SOLDES
SERVICES
UNILATERALE' DE CAPITJlJJX
CMISSICNS
GLCJBIlJJX
NCN
1981
- 129 100
+ 70 600
+ 48 900
9600
1982
- 150 700
+ 76 500
+ 54 100
- 2500
- 22 600
1983
- 153 700
+ 'Xl 100
+ 52 500
- 1 roJ
C~t ~xamen d'ens2m~le d2 la balance des paiements au
cours de la
période considérée, nous a permis de monter que celle-ci est struc-
turellement déficitaire. Il convient maintenant de se pencher plus
en profondeur sur l'étude des flux financiers vers le Mal i.
2 - LES !'"!..UX FI~!AèICIERS VERS LE riAL!
La précarité
structurelle des finances publiques conduit le Mali
à recourir à l'endettement extérieur.
de faire face à ses ~rhêances.
* Rappo~t du co~itê Monétalre de la Zone franc.

221
Nous examinerons en premier 1ieu l'encours de 1a dette mal ienne avant
de nous pencher en second lieu sur les paiements efffectués au titre
du service de la dette.
L'aide extérieure comprend l'ensemble des transferts de ressources au
titre de l'aide publique au développement (APD) c'est l'aide dite
concessionnelle) ; les apports aux conditions du marché. Elle peut
provenir également d'engagements bilatéraux ou multilatéraux et revêtir
diverses formes: dons, prêts ....
a - L'encours de la dette extérieure
--------------------------------------
Nous publions à titre indicatif le tableau N° 52 retraçant l'êvolution
de la dette extérieure malienne en fonction des amênagements et des
renonciations. (en millions de dollar US).
PAYS &ORGANISMES
,
1966
1973
1980
BIRD - IDA
9 990
53 827
167 704
FMI
10 011
12 000
20 794
BAD FAD
651
55 877
BADEA
20 000
BOl
8 299
1
FS-OPEP
1
14 050
i
BOl
i
8 868
1
ABU DHABI
4 000
1
RFA
1
10 897
17 585
7 542
!
2 ~71
228
_
T) ,":.
""-
::;00
* Source
~~nistère du Plan :981.

222
Tableau nO 52 (suite)
1
1966
1973
PAYS ET ORGANISMES
1980
CHINE
48 454
117 794
170 431
EGYPTE
17 220
13 939
20 185
USA
3 224
3 224
6 020
FRANCE
47 642
32 398
61 061
GHANA
14 352
8 130
3 502
GRANDE BRETAGNE
2 722
2 000
1 712
KOWEIT
18 428
ITALIE
85
LIBYE
HONGRIE
710
3 428
QUATAR
35 001
TCHECOSLOVAQUIE
2 268
1 173
636
URSS
44 355
101 782
117 510
YOUGOSLAVIE
1 177
825
530
DIVERS
29 459
21 000
8 955
TOTAL
244 000
389 325
763 351
_ _ _ _ _ _-+_ _----'---
--'---
1
En ne tenant pas compte des aménagements, la dette publique extérieure
aurait atteint en 1980 environ 938 millions de dollars américains soit
environ 87 1; du produit intérieur brut. En 1982, l'encours de la dette
extérieure s'élevait à 828, 7 millions de dollars US.
" - - .
i :::.

223
l a Chine (22 %) et l'URSS (16 %). L'encours de 1a dette extérieure
a évolué de la façon suivante: ( en millions de dollars US).
Années
Mon tants
1
1966
244
1969
264,§.
1970
259,8
1971
188,1
1972
322,2
1973
389,3
1974
491,0
1975
451,9
1976
482,8
1977
570,7
1978
691,8
1979
794,8
1980
763,3
1982
828,7
L'encours de la dette extérieure montre que c'est véritablement l'aide
étran9ére qui consitute le vecteur principal du financement des plans
mal iens.
Le tableau N° 53 nous fournit une
indication des sources du financement
~ Sources
NPSA 1981.

224
Tableau n° 53
SOURCES
MONTANTS
1
CHINE
11 969,4
URSS
17 012,5
TCHECOSLOVAQUIE
692,8
COREE
449,4
YOUGOSLAVIE
265,4
R.A.U.
4 231,2
US-A ID
4 160,8
RFA
2 683,5
FRANCE
12 917,1
FED
11 112,4
DIVERS
5 167
TOTAL
71 870,4
L
1
A travers ce tableau, l'on remarquera que la structure du financement
extérieur du premier plan malien est dominée par les aides bilatérales.
L'aide extérieure accordée au Gouverneme~t malien dans le cadre du
financement du programme triennal (1970-1972) et du plan quinquennal
(1974-1978) s'est élevé respectivement a environ a 78 milliards FM, et
414 milliards FM.
passèe oe b~)~
pour 1e programme lrl~nnal
à 91 % pour le plan quinquen-
nal 74/78.

225
Le tableau n° 54 nous permet de mesurer l'ampleur des financements
cours de la décennie 70;
(en millions FM)*
SOURCES

PLAN
1
PLAN
TRIENNAL
QUINQUENNAL
Aide bil atérale
29 680
207 041
Aide mult il atéra le
35 550
185 140
Investissement privé
12 794
21 797
TOTAL AIDE EXTERIEURE
78 024
413 978
De nombreux moratoires ont été accordées au Mali, ce qui explique la
modération du service de la dette. la Chine et l'URSS ont consenti
plusieurs réechelonnements. La France, la RFA, le Canada ont accordé
des remises de dettes.
En moyenne, le service de la dette représentera 15,2 • des exporta-
tions entre 1986 et 1990 .
• Sour:es : NPSA 1981.

226
Le Mali est confronté à des difficultés considérables pour assurer le
service de sa dette. A plusieurs reprises, il a dû chercher à bénéficier
de moratoires ou même des annulations de sa dette. Mais le réaménagement
n'est qu'un pi s-all er. L' incapacité de l'Etat à fai re face à ses écheances
aboutit à une situation dangereuse.
Devant l'accroissement de sa dette extérieure, le Mali a créé en 1972,
la caisse autonome d'amortissement. Nous opublions ci-dessous les
chiffres des paiements qu'elle a effectué
depuis sa création.
(Capital + Intérêts)
(en millions FM)*
Annees
Montants
1972
174,1
1973
154,9
1974
380,0
1975
562,4
1976
1 140,3
1977
1 325,6
1
1978
1 451,3
1979
2 378,1
1980
1 891,8
Ces oaiements sont très modestes par rapport à ce qu'ils devraient être.
En effet, rien que pour la Chine, le Mali aurait dû payer c1nq à six
milliards FM par an.

227
Le Mali sera obligé durant une assez longue période de recourir à des
ressources extérieures afin de pallier son manque d'épargne interne.
Cela entraînera inéluctablement une aggravation du service de la dette
Or, les paiement effectués à ce titre constituent une forte ponction sur
le pouvooir d'achat du pays qui devra renoncer à certains investissements ...
Arrivés à un certain stade,les difficultés causées par le service de la
dette peuvent se manifester par une crise de liquidités au niveau des
paiements extérieurs. C'est parce qu'il a pu puiser trés facilement
et trés largement dans le compte d'opérations que le Mali a échappé
à cette situation.
A prés l'analyse de l'évolution de la balance des paiements, il con-
vient d'examiner maintenant les facteurs de détérioration des comptes
externes.
B - LES FACTEURS DE DETERIORATION DE LA BALANCE DES PAIEMENTS
Les facteurs de détérioration de la balance des paiements peuvent étre
regroupées autour de deux pôles principaux: d'une part les facteurs
endogènes, d'autre part les facteurs exogènes.
~xa~inons ces différents ~~é~e~:=.

228
1 - LES CAUSES INTERNES DES PWBW1ES. DE BALANCE DES PAl EMENTS
Nous étudierons d'une part les facteurs qui agissent sur le niveau et
la valeur des importations et des exportations, et d'autre part l'in-
cidence des politiques économiques internes. La prise en compte de
l'ensemble de ces données nous permet de dégager les causes internes
des problèmes de balance des paiements.
a - ~~~_f~~!~~c~_~gi~~~~!_~~c_l~_~i~~~~_~!_l~_~~l~~C_9~~_~ ~~2C!~!22~~_
~!_9~~_~~~2C!~!~2~~
La ba lance
commerciale est l'un des postes les plus importants de la
balance des paiements.
Le climat semble être le facteur le plus déterminant, celui qui influe
le plus sur le niveau et la valeur des importations et des exportations
au Mali. En effet, la quasi persistance de la sécheresse depuis deux
décennies a fortement pesé sur les exportations.
Par ailleurs, léconomie mal ienne est largement ouverte sur l'extérieur
et du fait de sa faiblesse intrinsèque, elle subit de plein fouet les
contrecoup des fluctuations de l'économie mond',ale.
on peut s'en rendre compte à l'examen de la détérioration de la position
commerciale du Mali.
é:e'.... è l'énergie et -ia détériora~lDn 02 l '~:n6n9~.
L'accroissement immodéré des lmportêtlors des ~)ler\\r: e: :e'-,.-i:_'?:

229
ralentissement du rythme des exp~rtations, ont joué dans le sens de
l'aggravation du déficit commercial. Examinons ces deux éléments
- Les raisons de la hausse des importations
Nous citerons principalement
la hausse du prix des hydrocarbures
- l'augmentation des importations des produits intermédiaires et des
biens d'équipement
- la hausse des biens d'importation et la stagnation ou la baisse des
exportations.
- Les contre performances des exportations
Les exportations maliennes sont inélastiques. Elles sont concentrées sur
un nombre restreint de produits (cf. le coton et l'arachide principale-
ment). Or, les conditions climatiques défavorables ont lourdement
affecté les productions agricoles.
Il faut ajouter à ces deux éléments d'autres facteurs tels la continen-
talité du Mali, les déficiences découlant de l'insuffisance des moyens
de transports et de stockage, le retard dans le rapatriement des recettes
d'exportation etc ...
d'approche des marc~andises.
En effet, les frais d'approche reprêsentent

230
en moyenne 25 à 30 % de la valeur CAF - frontière des importations.
Par ailleurs, l'étendue des frontières du ~lal i fait que ce pays est
confronté à un commerce clandestin très important. Ce commerce non of-
ficiel s'explique par les prix plus rémunérateurs ayant cours dans
les pays limitrophes.
Il faut également tenir compte de la tradition historique. En effet,
les commerçants maliens ont toujours fait preuve d'un grand dynamisme.
Ils ont ainsi constitué à travers toute l'Afrique des chaines de
solidarité très efficaces et qui leur permettent de se gausser des
frontières dites nationales.
il en résulte
pour l'Etat une perte séche de recettes fiscales.
- Les déficiences découlant de l'insuffisance et de la précarité
des moyens de transports et de stockage
Le Mali est un vaste pays de plus d'un millions de kimomètres carrés,
fortement sous-développé, enclavé de surcroît. Son infrastructure des
transports est singulièrement insuffisant. Très souvent,les recoltes
ne peuvent étre acheminées à temps par suite du refus des comionneurs
de sillonner les pistes de brousse.
2u l.::li:a.t prODièrne de ~a commerc~al isatlon de ses prGduc~iorE..

231
D'un autre côté, l'insuffisance des moyens de stockage aboutit au fait
que le Mali est souvent contraint de vendre rapidement ses productions
car, il ne peut attendre une amélioration des cours mondiaux.
- Le retard dans le rapatriement des recettes d'exportations
C'est un probléme important. Les recettes d'exportations sont rapatriées
avec beaucoup de retard alors que la fi'c:tul"(! des importations doit être
réglée illico-presto.
B - LES POLITIQUES ECONOMIQUES INTERNES
Il est unanimement reconnu aujourd'hui que des politiques économiques
internes laxistes sont les facteurs endogénes qui ont le plus forte-
ment contribué à la dégradation de la balance des paiements. Les
experts du FMI soutiennent à juste titre que les pressions de la
demande, consécutives à une expansion financiére excessive, sont la
source principale des distorsions de la balance des paiements dans
les Etats du continent.
En effet, les politiques budgétaires expansionnistes
ont sans aucun
doute alimenté l'inflation qui on le sait, engendre des distorsions
globales au sein de l'économie nationale.
Ainsi, un expert du FMI écrit (CAEM idem précité p. 90)
,
-' -;
~ ...."
"
..
,
~ ,l::'
_
eKacerbé les dofficultés de balance ces p2ie~ents dES PdYS africaios.
par exemple, une aggrava:ion du déf'cit budgétaire entraine un acrois-

232
sement de la demande intérieure qui sera satisfaite en partie par une
augmentation des importations, ce qui creuse le déficit courant de la
balance des paiement".
Ces assertions nous permettent d'établir les éléments fondamentaux
d'une politique économique interne inappropriée.
Au Mali, comme dans 'la plupart des Etats du continent, on constate des
pressions excessives de la demande.
Celles-ci proviennen 't principalement d'une politique ambitieuse de
dépenses publiques financée par des déficits budgétaires. L'incom-
pressibilité des dépenses publiques est l'un des problémes les plus
ardus de toute politique financière en milieu sous-dévelopé.
la gestion inappropriée de la demande entrai ne généralement des hausses
de prix de nature inflationniste qui, à leur tour, provoquent des désé-
quilibres externes.
Les distorsions qu'engendre l'inflation dans les structures de pro~uc­
tian et la rémunération des facteurs aboutissant à l'augmentation de
la demande d'importation et à la chute des exportations.
un pays oQ il existe des capacités de production oisives. Bien au cor-
traire. l'offre de produits manufacturés est insuffisante. Elle ne

233
répond pas à la demande.
Le Mali est largement tourné vers l'extérieur. Cela fait que toute
injection de nouveaux moyens de paiements aboutit à l'accroissement
des importations.
Ainsi, on constate la corrélation entre le volume du crédit inté-
rieur et le solde du compte d'opérations. Toute augmentation du crédit
entraîne à hauteur de 50 %une ponction sur le compte d'opérations.
La structure du taux d'intérêt joue un rôle important dans l'allocation
des ressources, dans le processus d'interméditation financière, dans le
développement. Or, au Mali, la tendance a sérieusement affecté la
situation interne.
Oans ce domaine également, les experts s'accordent à affirmer qu'une
politique inappropriée de taux de change génère des distorsions de
prix qui ont un effet négatif sur la consommation et l'investissement
ainsi que sur le niveau des importations et des exportations, notam-
ment sur la compétitivité du pays en question. Cet ensemble d'éléments
joue défavorablenent sur la croissance économique.
précité p. 221 et 228) :

234
"En Afrique, les taux de change sont~ut:être
l'élément le plus protégé
de la réalité économique et l'instrument de politique économique le
moins utilisé, aprés les taux d'intérêt sur les marchés monétaires
organisés .
.... En Afrique, les taux de change ne sont pas déterminés par le
marché, mais sont des prix administrés, fixés par les pouvoirs publics".
Après une analyse approfondie de l'incidence des taux de change sur
la balance des paiements, l'expert du GATT conclut:
" Dans de nombreux pays africains, les taux de change se sont trouvés
isolés de tout cuntexte par suite de l'application de système ana-
chronique de prix administrés, qui ne tiennent pas compte des forces
légitimes du marché, de la demande intérieure et extérieure, de l'of-
fre ni des anticipations, et qui ôtent aux autorités la possibilité
d'ajuster rapidement les politiques budgétaires, monétaires et des
prix en fonction des déséquilibres extérieurs".
L'analyse de Aboulaye FADIGA nous serble encore plus pénétrante (in
CAEM p. 394)
" Les Etats restent attachés à l 'exercicede leur droit ré9al ien en
matière monétaire, tandis que les monnaies africaines demeurent le re-
flet du caractère extraverti et non complémentaire des économies
nationales.
~~S lègislations et pratiques des char,ges ~ont multiformes el dlveT--
Structurelles des paiemerlts.

235
Les dispositions de ch~nge déterminent souvent les objectifs de
politiques économiques et monétaires qui, en l'absence de toute
concertation, sont sources d'autres rigidités qui bloquent la
mise en oeuvre d'une véritable politique agricole et industrielle,
la promotion et la mobilisation de l'épargne, ou le développe-
ment des marchés monétaires et de capitaux en Afrique".(souligné
par nous COD).
Le poste des services est un facteur important de la détérioration
de la balance des paiements.Le poste "Autres services", dans lequel
figurent les revenus du capital est un autre facteur d'aggravation
du déficit de la balance des paiements.
Sur une période de sept années (1971 à 1978), ils se sont élevés à
45,9 milliards FM, c'est qui ressort du tableau suivant:
(en milliards FM)
r
1
ANNEES
l
MONTANT
j-~71
1
3,2
1
1972
2 7
1
1972
3,9
1
1974
4,1
1
; 975
,
,
9,3
, Cr-
7
_ ~ , tJ
0
, "
~ S7j!
9 0
1
-
"..., r,
~ ::' 1 t:
é,G

236
Ces chiffres traduisent les intérêts payés sur les prêts.
Après l'analyse des causes internes de la crise de la balance des paiements,
penchons maintenant sur les causes externes contribuant à la détérioration
des comptes externes.
2 - LES CAUSES EXOGENES DE LA DETERIORATION DE LA BALANCE DES PAIEMENTS
Lors du symposium de Blantyre (Malawi) consacré aux problèmes de la
balance des paiements des pays africains (tenue en 1982) et organisé
par le Centre Africain d'études monétaires, Samuel NANA-SINKAM,
Administrateur du FMI, a dégagé six facteurs externes influant sur
l'évolution de la balance des paiements des Etats africains. Ces
facteurs sont les suivants:
a) La hausse du pétrole
Il est établi aujourd'hui que les différents chocs pétroliers ont affecté
les Etats africains non producteurs de pétrole, plus qu'aucun autre
groupe de pays.
Les pourfendeurs de l'aide arabe affirment
"il est maintenant clair que les programmes d'aide de l'OPEP n'atténueront
pas de manière tant soit peu importante la gêne que le renchérisôement
du pétrole a provoqué dans la plupart des pays en développement non
producteurs de pétrole" (in TUCKER (Robert Wl : de l'égalité des
~a~ions.
~aris 1980).
b - Les effets de la stagnation dans les pays développés
Même Sl les données ont cnangé depuis, d2.n:l l'ensemcle de~
pays
nûus-

237
Nous devons toutefois noter avec NANA-SINKAM que ce sont les pays
gros exportateurs de produits manufacturés qui ont le plus pâtis du
fléchissement de l'activité économique des pays industrialisés.
Par ailleurs l'expert du FMI note (cf idem p. 71)
" Le fléchissement de la demande dans les pays industrialisés a eu
un impact considérable sur les prix des produits primaires qui four-
nissent le gros des recettes d'exportation d'un grand nombre de pays
en développement. Dans le même temps, les taux d'inflation élevés
dans les pays industriels aggravés par la flambée de prix du pétrole
ont contribué à un important renchérissement des importations
c - La liaison entre la croissance des pays développés et la demande
des produits d'exportations des Etats africains
La diminution de l'expansion du commerce mondial se repercute à coup
sûr, dans le court,terme sur les exportations des Etats africains.
d - le renchérissement du coût des importations des produits manufacturés
Les prix des produits manufacturés ont évolué vers la hausse au cours
de la décennie 70. L'augmentation s'est même amplifiée avec la hausse
des prix de l'énergie.
e - ~'inci~ence des m0uVements oe ~arli~6~/.
de la halJSSe du :oG: des
---
. -
---~---_._-~---------_._-
em;rLntS e>.tél-ieurs, airsi que les fllJct~azions oes taux de cnange
NANA-SINKAM soutient
(cf. idem p. 77).

238
• les fortes différences qui existent entre les pays industriels en ce
qui concerne les conditions monétaires, les taux d'intérêt et les
taux d'inflation ont contribué à la forte instabilité qui a
caractérisé les marchés de changes ces dernières années. Ces marchés
se sont également ressentis de l'ampleur et des variations rapides
de la balance des paiements courants".
Par ailleurs, la hausse des taux d'intérêt maintenus à un niveau très
élevé a compliqué la tâche des gouvernements africains. Le coût des
emprunts extérieurs, le service de la dette ont affecté les économies
africaines.
Jusqu'à une date récente, les Etats avaient tendance à considérer l'aide
extérieure comme une source
permanente de recettes. La rétention des
crédits sur le marché international ainsi que les menaces de faillite
qui ont pesé sur les pays les plus lourdement endettés tels, le
Mexique, le Brésil. .. de même que la crise du multilatéralisme, ont
le mérite de montrer aux Etats africains que l'aide extérieure n'est
pas une fin en soi.
f - Les politiques d'industrialisation
Les Etats ont pratiqué des politiques de substitutions d'importations
qui n'ont pas donné les résultats
escomptés; n'y revenons pas. Ces
politiques ont affectées ia balance des paiements.
manière est financ= le oèflCi: aes comotes externes.
!l,
r ~

239
PARAGRAPHE 2
LE FINANCEMENT DES DEFICITS
DE LA BALANCE DES PAIEMENTS

240
PARAGRAPHE 2
LE FINANCEMENT DES DEFICITS DE LA BALANCE DES PAIEMENTS
Il s'agit ici, de déterminer de quelle manière, le Mali procède au
financement des déficits de sa balance des paiements. L'analyse mon-
trera qU'à l'instar des pays sous-développés de la même catégorie, le
Mali couvre ses déficits par l'endettement extérieur et l'épuisement
de ses réserves. La plupart des auteurs admettent que le déficit
encompte courant est un corollaire du processus de développement.
Ainsi, le Professeur Valy Ch
DIARRASSDUBA affirme (cf. CAEM - idem
p. 49 ) :
"l'absorption des biens et services étrangers donc de ressources réel-
les additionnelles qui permetttent
à l'investissement national d'être
plus important que l'épargne intérieure apparait dans la balance des
paiements co;nme déficit du compte courant au sens strict à l'exclusion
des transferts officiels sans contrepartie, tandis que les ressources
financières supplémentaires apparaissent comme entrées de capitaux et
d'aide".
La structure de la balance des paiements des pays comme le Mali est
".-:"- -
,
, ''-'--<-.
-- _. ~; ..

241
d2s
services et des revenus des investissements. Ce poste traduit en
effet, la dépendance du Mal i à l'égard des pays développés aussi bien
au niveau des transports et assurances qu'à celui des investissements.
Le solde négatif du compte des services découlent des frais des
transports et des assurances et des transactions gouvernementales.
D'autre part, la balance des transferts sans contrepartie a pratiquement
toujours un solde positif. C'est à ce niveau que l'on perçoit très net-
tement que l'aide extérieure est le vecteur principal du financement
du développement dans des pays comme le Mali.
Il est meme unanimement reconnu aujourd'hui que l'emprunt extérieur est
une nécessité vitale pour des pays comme le Mali, classé parmi les PMA,
où l'épargne intérieure est inexistante du moins extrêmement faible et
où les ressources naturelles suffisent à peine ,à financer les budgets
de fonctionnement. l'aide extérieure est vita le pour financer les
plans de développement et même pour assurer les charges récurrentes
que les pays couvrent très difficilement voire pas du tout.
l a situation de l'Afrique apparaît à cet égard, très cri tique. le
rapport BERG (sur le développement accéléré en Afrique
1981) puis
"le programme d'action concertée pour le développement stable de l'A-
frique au Sud du Sahara"(septembre 1984) l'ont clairement souligné.
Aujourd'hui, un fonds d'aide spéciale à l'Afrique avec une dotation
prévue de 1,2 mill iards de dollars existe au sein de la 8anque
Mondiale.

242
Ainsi, la question de la dette extérieure apparait comme le problème
le plus ardu auquel les Etats sont confrontés.
Certes, les capitaux prlves jouent un rôle dans le financement des
déficits de balance des paiements. Mais, dans la majeure partie
des Etats africains, ce rôle est relativement limité.
Les prêteurs les plus importants des Etats africains à l'exception
de quelques pays sont les institutions financières internationales
tels la BIRD et le FMI. Mais, comme nous le verrons plus loin, ces
deux institutions ont érigées des conditions restrictives pour
1 'util isation Ele leurs ressources.
Il convient d'examiner très brièvement le financement des
déficits de la balance des paiements par l'examen de l'endettement.
A - L' ENDETTEr'IENT EXTER l EUR
Les tableau N 0 42, 43, 44 52 et 53 nous donnent des indications préci-
ses sur l'endettement extérieur du Mal i. Nous pouvons remarquer que les
sources publiques sont nettement plus importantes qUf les sources privées
1. L'aide publique au développement

243
Tableau nD 55
( en millions de dollars)*
1
AIDE PUBLIQUE AU
Apports aux
Total
Aide
1
DEVELOPPEMENT
conditi ons
aide
extérieure
dont
du marché
ex téri eure
par
TOTAL
Pays
Pays
habitant en
PAYS
OPEP
$
206,9
159,3
35,2
9,2
261,1
29,5
1
Le financement du déficit en compte courant a lieu par l'endettement
extérieur. On remarque à travers ce tableau le pourcentage très élevé des
apports publics et la faiblesse des apports aux conditions du marché. De
toute façon, le Mali ne pourrait remplir ses obligations en ce qui con-
cerne les remboursements aux banques privées.
Dans le cas malien, c'est le déficit de la balance des paiements courants qui
est très impDrtant. il est compensé dans une large mesure par les trans-
ferts unilatéraux et les opérations en capital.
Quant au solde général de la balance des paiements, il est financé par
l'amnnuisement des avoirs extérieurs aln':~ '':'',j~ L~~\\~ i 1 ?ccra\\vJ~ion de
Les avoirs exréY"ieurs nlont cessé de dimin'J~:~ a~, =c!u:,:~~, o;=:.: 'c ~ér~oJoe
considérée.
~·~,--~·E~
-
_
:aJ!
- - - - - - - - - - -

244
Quant aux engagements extérieurs, ils enregistrent une progression
considérable. Ils passent, en effet, de 25,1 milliards FM en 1968 à
187,9 milliards en 1983.
La banque centrale du Mali s'est fortement endettée au cours de la
période sous-revue (cf. l'évolution du compte d'opérations). Les
banques commerciales de
leur côté se sont endettées au niveau des
comptes clearing. Ainsi, l'endettement extérieur apparaît comme un
palliatif au déficit des comptes extérieurs.
2. Le capital privé
Il n'est nul besoin d'insister sur cet aspect car l'endettement du
Mal i à l'égard des banques privées internationales est manifestement
insignifiant.
Les pays comme le Mali n'ont pas de crédibilité auprès des banques
internationales privées. Fortement débiteurs, seul le jeu de multi-
latéralisme leur permet d'accéder à certaines ressources.
Le Président de la Standard Bank of Zambia (cf. CAEM idem p. 155)
corrobore cette assertion: "En Afrique au sud du sahara, les seuls
pays non producteurs de pétrole qui ont su s'attirer les investisse-
ments privés sont le Kenya, la Côte d'Ivoire et le sénégal. Mais
mêrle dars c:'s :'3,','':.
es SD~f:l,~S inves:'es ne sont pas trës importantes".
entravent je plein oéploiemen: ces capitaJ~ Drivés internationaux.
NURSKE a b,oillamment :ouligné ces différen:s éléments. Il n'e't nul
"\\ ... ,
c_ ~ ::;.....
",~
..
~
"
- -
~

245
de la crise de la balance des paiements en Afrique
l'épuisement des
réserves.
B - L'EPUISEMENT DES RESERVES
La persistance des causes profondes du sous-développement explique sans
nul dOJte la crise des paiements extérieurs qui se manifeste par la
faiblesse
ou pour dire vrai, l'inexistence des réserves de devises,
le coefficient élevé du service de la dette et la faiblesse du pouvoir
d'achat des exportations.
1. Le niveau des réserves de devises
Le tableau n° 56 nous fournit des indications sur les avoirs extérieurs
nets du Mali de décembre 1983 à juin 1985.
(en milliards
F CFA)
Dates
Montants
décembre 83
- 75,1
juin
84
46,1
décembre 84
- 37,8
mars
85
- 43,5
juin 85
41,7
1~~GUC~10~ J~ j enae~:e~ent Extèl-ieur entre jUill el décembre 1984 e~t
due à l' àCcrOl ssement des exportati ons de coton dont 1a récol te à été
~-'-~'
-;,~.::
.

246
exceptionnelle. Mais les résultats de 1984 ont fait place à une dé-
gradation des grandeurs en 1985.
Cette détérioration s'explique par les mauvais résultats de la balance
commerciale et par la baisse des concours financiers. Cette situation
catastrophique se traduit par de nouveaux apports exceptionnels (
par exemple le concours budgétaire de la France et un accord avec le
FMI) .
2. Le coefficient du service de la dette
Nous savons que sans les aménagements et les renonciations, le service
de la dette aurait atteint environ 25 % des recettes d'exportations du
Mali. Ce chiffre est trop élevé pour un pays démuni comme le notre. Il
constitue une ponction intolérable sur les ressources. Cette question
mériterait un examen plus approfondi.
3. Le pouvoir d'achat des exportations
Le paradoxe de l'Afrique c'est qu'elle exporte ce qu'elle produit et
importe ce qu'elle consomme. Nos Etats ont peu de prise sur les prIx
des produits que nous exportons. La fixation des prix de nos productions
déDend de volontés extérieures au continent et qui obéissent à des
rationalités dont le ressort principal est la maximlsation
des gains.
Nul doute que l' Afri que doi t se battre pour oDtenl rune mei 11 eure ré-
munération de ses productions. Les incan~ations,les
lnvcc~ives cons-
. ;,,~-
r' .::.. ....
positive.

247
" Devant l' ampl eur des besoi ns de fi nancement de 1a bal ance des
paiements à la suite de l'insuffisance d'aide extérieure à des con-
ditions libérales, de l'impossibilité d'obtenir des crédits suffisants,
à cause des conditions auxquelles la plupart des pays à faible revenu,
ne peuvent accéder et enfin de la baisse quasi permanente des recettes
de leurs exportations, certains pays ont eu recours à la consolidation
d'une partie de leur dette".
La dette bancaire de l'Afrique est faible (6 % seulement) en comparai-
son de celle de l'Amérique Latine qui dépasse 54 %.
L'endettement de l'Afrique subsaharienne ne constitue ilullement une
menace pour l'ordre financier international.
~ais le poids de la dette africaine est considérable car elle représente
environ un peu plus de deux années de recettes d'exportations.
On peut mesurer la gravité de l'endettement africai n à partir des
critères suivants:
- le ration service dette/exportation
En 1984, il représentait
26 % mai s 1es experts estiÏœnt
compte tenu de 1a sous-éval uation des
données d'endetteme~t, que le ratio serait probablement plus proche
de 35 %.
- les réserves de devises/importations
Elles sont inférieures à
moins d'un mois.
" (" =.'> .:.. " -
.

248
En définitive, l'on peut soutenir que la structure de la dette de
l'Afrique sub-saharienne reflète le degré de sous-développement de la
région. La plupart des Etats ne sont pas bancables. L'afrique enre-
gistre seulement un tiers de dette bancaire, contre 73 % pour l'Amé-
rique latine; 13 % de dette à court terme contre 18 % pour l'Amérique
latine; 23 % de dette au titre de l'Aide publ ique au développement.
Il faut remarquer que 21 % de la dette de l'Afrique sub-saharienne
n'est pas négociable car elle est contractée envers des institutions
multilatérales tels la BIRO, le FMI, l'ONU et ses agences spécialisées
etc ...
Il ya là sans nul doute un facteur important de rigidité de nature à
altérer l'action des pouvoirs publics africains. Par ailleurs, la
structure de la dette africaine présente une proposition plus forte
des crédits à l'exportation et des tirages sur le FMI.
L'ensemble de ces données doit être manipulé avec précaution car ces
chiffres peuvent masquer d'importantes disparités entre les groupes
de ~ays. Citons quelques exemples pour étayer cette assertion:
- la dette privée du Nigéria (80 in, de la Côte d'Ivoire (70 %), du
Zalre (55 %) est rel ativement aussi importante que celle de l'Argentine
(87 ~b) et du Brési l (82 ~n.
C-
I~ l I~.'"- -

1 •••
l '...
'~; _

249
- le ratio service dette/exportation, bien qu'étant estimé à 26 % pour
l'ensemble de l'Afrique sub-saharienne, s'avère très important - avant
réechelonnement - au Soudan et en Zambie (100 %), en Côte d'Ivoire (70 %).
Au total, ces assertions montrent clairement toute l'acuité des difficul-
tés de paiements des Etats. Il s'agit maintenant d'examiner de quelle
manière les gouvernements tentent de faire face à ces difficultés.

250
CHAPITRE 2
L'AJUSTEMENT STRUCTUREL

251
CHAPITRE II
l'AJUSTEMENT STRUCTUREL
L'aggravation de 1a situation économique et financière dans l'ensemble
des Etats du continent, éclaire d'une manière singulière la question
de l'ajustement structurel.
L'ajustement structurel s'impose désormais comme une donnée incontour-
nable. L'ajustement a pour objet de réorienter les ressources d'un
.;
pays de la consommation vers l'investissement
et les exportations. Il
vise à mettre en oeuvre des mesures saines de régulation de la demande.
L'ajustement implique également une politique rigoureuse sdans le
domaine des finances publiques visant à maitriser les déficits budgé-
taires.
Concomitamment, le programme d'ajustement vise à améliorer l'efficacité
économique et à renfJrcer la base productive nationale.
L'ajustement a
pour objet d'él iminer les déséquilibres de la balance
des paiements ainsi que les pressions inflationnistes d'ordre intérieur.
LE: FMI met l'accent sur la nécessité d'une politique rigoureuse d'ajus-
-
~, , ~"" ,
~" ~
~,
_'II 1
et des pnorités alnsi que l'établissement du calendrier du programme
d'ajustement.

252
De plus, les Etats rechignent à opérer l'ajustement parce qu'ils pensent
que les programllEs de stabilisation ont pour effet majeur d'entraver le
développement plut6t que de le promouvoir. Il y a à cet égard de trom-
peuses évidences permettant de corroborer ces présuppositions.
D'ailleurs, les analystes reconnaissent aujourd'hui que le FMI n'a
as
réussl à concliler en pratique l 'ldée
de 1a nécessl té des programmes
d'ajustement avec la mlse en oeuvre des polltiques de développement.
11 s'aglt présentement de concllier 1"ajustement et
le développement
économlque - tout
au mOlns au nlveau des croyances popu,aires.
Dans ce contexte, le ulrecteur Genéral du FMI * affirmalt
"L'ajustement tel que le comprend le FMi n'est pas synomyme de moindre
crOlssance ou de régression économique. Beaucoup de médias, et quelque-
t01S même des personnes qui
devraient être mieux informées, s'emploient
à identifier le Fonds Mon~taire
à une institution qui préconise la
régression économique. Cette présentation est fallacieuse et ne cor-
respond pas aux faits .... "
Les
difficultés économiques et financières des Etats sont devenues tel-
lement ardues qu'il est de bonne guère d'en rejeter
la responsabilité
sur des puissances extra-continentales.
Certes, l'on peut critiquer les méthodes d'aoproche du FMI, maisl 'on ne
Les problémes de paiements revêtent des aspects multiples. Ils sont
liés è dive~~ ~n§nornène= tels le~ ~':Lv~~en~s de capitaux, les po~itioues
- - _ . - - - -

253
commerciales, les politiques en matière d'emploi etc ... Or, l'ensemble
de ces facteurs agit
de façon contradictoire.
Certains soutiennent que les véritables causes des difficultés de paie-
ments découl ent des ri gi dités de l a structure de l'offre.
Le FMI, de son côté, a tendance à imputer les déséquilibres de la
balance des paiements à une démarche excessive.
Les liens entre les flux monétaires, les dépenses du secteur public et
la demande font de la politique monétaire un élément clef de la gestion
de la demande et des politiques de stabilisation.
Nous verrons quelles sont lesimpl ications de l'approche du FMI. Nous
en discuterons les résultats.
Une controverse porte sur la nature des transformations exigées par le
FMI, comme condition de l'octroi de son assistance financière.
Généralement, ces transformations portent sur les points suivants
- l'ajustement du taux de change
- l'abol ition des contrôles des prix
- la réduction des dépenses publiques
- le blocage des salaires.
Selon le Directeur général du FMI *:
"L'objectif des programmes du Fonds
est deparvenir à un meilleur équllibre de la balance des paiements à
moyen terme et à une utilisation plllS efficace des ressources par
d§fir~~icr
~~~:ee: de ~es Gavs~ a~ace ~ la mise en Dlace d'un e~semble
C:~\\é..·--~·
* in Finances et Developpement mars 1986.

254
Ce sont des programmes
axés sur une mise en jeu plus rationnelle des
instruments de politique économique pour parvenir à un meilleur équi-
libre de la balance des paiements, afin d'ouvrir la voie à une
croissance plus forte et
plus durable".
Quoiqu'il en sOlt, les experts du FMI, ne souhaitant pas s'impliquer
dans des polémiques sans issue, ont dégagé un certa' 1 nombre de cri-
tères permettant de
mesurer l'impact des programmes d'ajustement
Ils posent ainsi trois questions essentielles.
1. Quel est l'état du pays au moment où il a commencé l'application
du programme par rapport à ce qu'il était auparavant?
2. De quelle manière se présente t-il par rapport aux objectifs du
programme ?
3. Que sera i t 1 'éta t du oays
l'absence du programme ?
Certes, ces critères en eux-mêmes ne sont pas suffisants pour saisir
l'intelligence des données à la fois complexes et difficiles à
collecter du fait d'un certain nombre d'insuffisances structurelles
dues à l'état de sous-développement de nos pays. Mais il ne faut point
craindre de pousser l'analyse jusqu'à CP stade car il est impérieux
de mettre un terme aux polémiques stériles portant sur la nécessité de
Nous allons plus loin. A notre avis la controverse sur la conditionnalité
s'avère incongrue. Comment les Etats peuvent-ils estimer pouvoir dispo-
ser sans conditions de sommes aussi importantes 0)0: ils n'aL -aient

255
pas eu besoin si leur gestion avait été efficiente? De plus, en
adhérant au FMI, les Etats en connaissaient parfaitement les régles
de fonctionnement. Pourquoi s'insurgent-ils aujourd'hui contre des
règles qu'ils avaient pleinement acceptées. Nous tenterons de
répondre à ces interrogations.
Actuellement, vingt 5ix Etats du Continent situés au sud du Sahara
ont mis en place des programmes de redressement avec le concours du FMI.
Nous exmainerons les cas maiien
et sénégalais. Nous publions en
annexe un tableau retraçant les accords en vigueur et financés par
le FMI.
Nous examinerons dans le cadre de ce chapitre, deux points principaux
d'une part, nous nous pencherons sur l'évolution des politiques de sta-
bilisation. Nous tenterons d'en dégager les infléchissements fondamen-
taux. D'autre part, nous ménerons une analyse critique de ces politiques
de stabil isation, en essayant d'en mesurer l'impact réel sur les Etats
concernés (mali et Sénégal). Il s'agira de déterminer si d'autres
alternatives s'offrent à nos Etats.

'1
!,
256
1
1
1
!
1
PARAGRAPHE 1
t
L'EVOLUTION DES POLITIQUES DE STABILISATION
1
DU F. M. . 1.
~1,
i
j

257
PARAGRAPHE l
L'EVOLUTION DES POLITIQUES DE STABILISATION DU F.M.I.
Nous examinerons d'une part les mécanismes originels de stabilisation
avant d'analyser d'autre part les formes contemporaines de l'intervention
du FMI en la matière.
Le FMI intervenait par le biais de quatre facilités de type ordinaire
de deux mécanismes spéciaux et d'un mécanisme supplémentaire.
la tranche de réserve ou tranche-or et la première tranche de crédit
constituent deux des facilités de type ordinaire dont l'utilisation
est assortie de conditions assez souples.
Les tranches supérieures de crédit et la facilité élargie, par contre
font l'objet d'une conditionnalité très stricte.
La facilité de financement compensatoire et la facilité de financement
des
stocks régulateurs constituent les deux mécanismes speclaux.
la facilité de financement supplémentaire est destinée à disparaitre.
L'ensemble de ces mécanismes.hormis la facilité élargie et la facilité
de financement supplémentaire, peut être classé parmi les mécanismes
originels de stabilisation.
Le trait commun aux trois mécanismes ordinaires cOllstitués par la
tranche de réserve et les tranches de crédit c'est de se situer dans

258
C'est la facilité élargie qui constttue une exception a ces règles puis-
qu'elle implique des programmes de soutien financier s'étendant sur
trois années avec des délais de rachat de quatre a huit ans suivant
chaque achat.
Les deux mécanismes spéciaux
la facilité de financement compensatoire et
la facilité de financement des stocks régulateurs découlent d'une part
des déficits des recettes d'exportation et d'autre part du financement des
accords internationaux des produits
de base.
Quant au mécanisme
de financement supplémentaire, il a non seulement
unca:"actère temporaire mais il vise a compléter les tranches ordinaires
de crédi t.
Ces différents mécanismes ont pour objet de îepondre aux dlfférents
types de déséquilibres de la balance des paiements.
il s'agit de remédier à ces situations rie déséquil1bre par la c.on,binaison
judicieuse des mesures de politique interne et des programmes de finance-
ment externe.
Divers situations peuvent se présenter
- le déséquilibre des paiements peut être la résultante de mauvaises
réco 1 t2S - Dar scite de facteurs cl imatioues échappdnt à : 'empriSe de
,
r
..,~.
.
'-
,,:
-
trancnes de crédit sans que cela nedésorganiseleur économie.

259
- si le déséquilibre des paiements découle du déficit des recettes d'ex-
portation des produits de base, les Etats peuvent pleinement recourir
à la facilité de financement compensatoire prévue à cet effet.
- si le déséquilibre des paiements extérieurs présente un caractère
structurel. Il faut en rechercher les causes à la fois internes et
externes. C'est dans ces cas que le FMI élabore, en accord avec
l'Etat concerné, un programme d'ajustement structurel.
~,Bis comme nous le verrons plus amplement dans le paragraphe deuxième,
les Etats acceptent gifficilement les conditions restrictives liées
à l'utilisation des mécanismes destinés à financer les déficits structurels
des paiements extérieurs.
Discutons brièvement cette question.-
La conditionnalité s'articule autour des points suivants
1. il faut déterminer les conditions dans lesquelles le tirage peut-être
opéré,
2. Il faut établir le délai d'encours du tirage,
3' Quelles sont les mesures que l'Etat concerné doit mettre en application
L'octroi des resso~ ces du FMI est subordonné à la mise en oeuvre de
programmes viables d'ajustement de la balance
des paiements.

260
Le FMI veille à ce que l'utilisation de ses ressources répondent à
des critères d'efficacité et selon un échéancier établi de commun
accord avec le gouvernement concerné. Ce que souhait2nt les Gou-
vernements aujourd'hui, c'est de pouvoir combiner leur politique de
développement avec la mise en oeuvre des mesures d'ajustement structurel.
Mais cela soulève beaucoup de difficultés. En effet, des économies
fragiles comme les nôtres, fortement dépendantes de l'extérieur
subissent de plein fouet les fluctuations affectant l'économie mondiale.
En fait, présentement, les Etats du continent doivent faire face à
l 'une des situations les plus ténues qui soit. La situation monétaire
internationale engendre en leur sein des difficultés qu~ils surmontent
difficilement. Ces difficultés s'expriment à travers la balance des
paiements.
Le FMI a acquis une influence prépondérante dans le processus de
stabilisation et d'ajustement des pays africains. Son rôle s'affirme
chaque jour davantage à la faveur de la détérioration de la situation
dans les Etats du continent.*
La controverse sur l'or:gine des déséquilibres affectant les Etats
africains nous semble de peu d'intérêt. La crise est là. Il faut
y apporter des solutions. Et ce ne sont pas des incantations, des
récriminations fumeuses à l'encontre
"du capital isme mondial" qui
nous donneront la clef des solutions à nos problèmes.
:r,
7
-::è!~ t,
~e~

261
Certains auteurs comme K.G. RUFFING (cf. la gestion monétaire en Afrique
in CAEM mai 1985 p. 34) affirme la prépondérance des pertubatio:ls
externes sur celles d'origine intérieure au cours de la décennie 70 et
ceci pour plusieurs raisons:
1. L'apparition d'excédents structurels dans certains pays développés
et en développement qui entraîne nécessairement l'apparition d'autres
déficits dans le système.
2. Une tendance à transférer les déficits des pays industrialisés dans
les pays en développement grâce à un ralentissement de la demande
d'importation due à une récession induite.;
3. Les fortes fluctuations de prix relatifs des exportations et des
importations avec une hausse apparemment permanente des prix re-
latifs de l'énergie et des pressions persistances exercées sur les
prix des denrées al imentain:
4. Un déplacement plus marqué des pressions de la balance des paiements
des pays développés v,rs
les pays en développement avec intensifica-
tion de
mesures protectionnistes.
J. Enfin, après les efforts déployés en vue de réduire l'inflation par
l 'utilisation
~r?sqIJ'''l~ll)sive des ;:v,li::imes
monétaires, les taux
sub-ies par la balance des pèiements oes
pays en développement".

262
Au risque d'enfoncer des portes ouvertes, nous pouvons affirmer
que cinq éléments ont joué incontestablement dans le sens de
l'apparition et de l'aggravation des déséquil ibres dans nos économies.
il convient d'examiner d'une part les mécanismes originels de
stabilisation avant d'analyser d'autre part les forœ9s contemporaines
de la stabilisation.
A ~ LES MECANISMES ORIGINELS DE STABILISATION
Il y a divers instruments susceptibles de rémèdier aux déséquilibres
des économies.
Ainsi (cf. CA EM
:la gestion monétaire en Afrique p. 38) c;o
" Il y a la réforme fisc~ii' Jisant a accroitre les revenus; la
politique des dépenses,tcsimpôts indirects, les subventions, les
droits de douane, les licences d'importation. l'utilisation des
dépôts ,préa1ebles,
l a pol i tique de taux de change, expansion du
crédit et les ,)olitiques de taux d'intérêt ou l'allocation de crédits
sél ecti'i's "
En bref, il fBut un choix approprlé des instruments, que ce soit dans
le cadre de la politique monétaire ou dans le cadre de la pol itique
budgétaire ou la politique de change.
~ .~::-.

: " ' ;
1
: : : -
-
, - ; .

263
1. La tranche de réserve
La seule condition du recours à la tranche de réserve est que les tirages
soient rendus nécessaires par la situation de la balance des paiements
Le délai de rElTbourseœnt
est de trois à cinq ans.
2. La première tranche de crédit
Les tirages peuvent être effectués soit sous la forme d'achats direts,
soit au titre d'un arrangement stand-by.
le pays membre quifait la demande doit soumettre au FMI un programme
économique comprenant un ensemble de mesures concernant la fiscalité,
la monnaie, le taux de change, le commerce et les paiements. Le
gouvernement concerné doit prouver sa volonté de résoudre ses pro-
blèmes de balance des paiements.
Le délai de remboursement est de trois à cinq ans.
3. Les tranches supérieures de crédit
Les tirages ont lieu dans le cadre d'arrangements stand-by fixant
les dates de tirage, et sont assortis de conditions d"efficacité fai sant
intervenir des critères établis dans le programme de stabilisation.
des pl'~À €"c
des Y'evenus,
le iinanc2iTien: ;i''';:
restrictions aux échanges et aux paiements, les :c: ,;: 'unL extérieurs et
le montant des réserves. L'observation de CES critères d'efficacité

· " :
264
est la condition sine qua non des tirages. Le remboursement est de
trois à cinq ans.
4. La facilité de financement compensatoire
Cette facilité a été établie afin d'aider les exportateurs de produits
de base et qui connaissent des difficultés de balance des paiements
dues àun déficit conjoncturel du
secteur des exportations.
Pour déterminer le déficit du secteur des exportations pendant la dernière
,
période de douze mois précèdant la demande de tirage, on effectue une
ure évaluation de la tendance à moyen terme des exportations du pays en question ;
l'estimation pouvant ëtre
modifiée compte tenu de ce qu'on pense des
perspectives d'exportation du pays.
Les tirages ne peuvent dépasser cinquante pour cent de la quote-part
d'un pays membre pendant une période
quelconque de douze mois ou
soixante quinze pour cent de sa quote part totale.
le délai de rembJursement est de trois à cinq ans.
5. La facilité de financerreot des stocks réguléteurs
Cette facilité a pour objet d'aider les pays membres dont la ba:ance
des paiements est déficitaire à financer leor contribution aux stocks
régulateurs internationaux de produits primaires ....
Le délai de remboursement est de trois à clnq ans.
complexification er l 'interpénétratior, crOlssante de i 'éconof7',ie
mondiale, le FMI a dü adapter
ses mooal ités d'intervention aux
données nouvel:es d'une
situation de plus en olus mouvante.
Ainsi sont apnarues des
formes 10uvel~es :e ~:~~
~S2:~~~.

~~~~~~~~~-
~~-
265
B - LES FORMES CONTEMPORAINES DE LA STABILISATION
C'est à la suite de la reconnaissance des pro~lèmes de paiements d'ordre
structurel que le FMI a établi la facilité élargie.
D'autres mécanismes ont été établis au gré des circonstances.
Examinons ces différents éléments.
1. La facil ité él argie
Les tirages de la facilité élargie ont pour but d'aider les pays à faire
face au déficit de leur balance des pairnents pendant des périodes plus
longues qu'avec les tranches normales de crédit; le montant des
tirages étant plus élevé par rapport aux quote-parts.
Les tirages sont échelonnés sur une période pouvant aller jusqu'à
trois ans et les pays intéressés doivent établir avec le FMI un program-
me fixant les objectifs à atteindre et les politiques à suivre pendant
toute la durée de l'arrangement élargi ainsi que le détail des mesures
à prendre au cours de chaque période de douze mois. Chaque tirage
fractionnel est assorti de conditions d'efficacité. Le délai de rem-
boursement est de quatre à huit ans.
La conditionnalité relative à ce financement est très rigoureuse.
2. La facilité de financement supplémentaire
Cette faciiitè 2 été créée en a~~t ~979.
, .-
,
,. ~ - -'
rapport à leur ~uote-part.

266
ans dans certains cas.
Ils sont destinés à appuyer des programmes qui ont été adoptés dans
le cadre du recours aux tranches supérieures de crédit ou au mécanisme
élargi et sont soumis aux mêmes conditions d'efficacité. Les rembour-
seœnts. débutent trois ans et demi après la date du tirage et doivent
être terminés dans un délai de sept ans.
3. Le fonds fiduciaire
Il fut créeeli mai 1976 et son objet est de rémèdier aux difficultés
de balance des paiements. Il est alimenté par des ressources prove-
venant des bpnéfic es réalisés sur les vents d'or du FMI.
La durée de remboursement est supérieure à cinq ans.
4. La facilité pétrolière
A la suite du choc pét~olier il fut crée en 1974 et 1975, un mécanisme
pétrolier (ou oil facility). Les Etats africains ont utilisé au titre
de ce mécanisme la somme de 464 millions de DT5.
Le mécanisme pétrolier fut supprimé en mars 1976. Le Fonds avait mis
en place à la même époque un fonds de bonification d'intérêts destiné
à alléger la dette des Etats africains.
Au total, notre attention portera sur la facilité éla"~ie dont la
lilise en
O~0C(:,
,C
_,

267
entre quatre et dix ans après chaque achat.
L'octroi des crédits dans le cadre de la facilité élargie implique la
mise enoeuvre d'un programme d'ajustement s'étalant sur trois ans
et portant sur l'ensemble de la politique économique et financière du
pays réquérant.
Les mesures de redressement doivent ainsi toucher la production agricole
de même que les prix des produits agricoles, les prix de détail, la
situation des industries, les transports, les investissements; les
emprunts extérieurs avec les charges récurren1es et les arriérés
impayés, la politique budgétaire notamment les subventions et la gestion
des établissements publics ou parapublics, la règlementation du commerce
intérieur et extérieur, le contrôle des changes. Comme on le voit,
rien n'est laissé de côté. Examinons à la lumière de l'exemple du
MalLet du Sénégal
comment s'opère l'intervention du FMI.
C - L'AJUSTtMENT STRUCTUREL EN AFRIQUE
L'EXEMPLE DU MALI ET DU SENEGAL
A partir de ces deux exemples, nous nous proposons de mettre en évidence
les méthode; d'approche du FMI quant à l'analyse des déséquilibres et
d'autre part nous entendons nous interroger sur la viabilité et
l'efficience des Pl'Jc:"arnmes aoa' iqué: par ~~es Etats.
Il s'agit ce déterminer dans un oremier temos les mesures préconisées
par le FM: cc ~îa'; (,'.E'·: ,~t: vci" en second ';eu les l'ésultats du p r ograrn"1e

268
d'ajustement mis en oeuvre au Mal i sous l'égide de l'institution finan-
ciére internationale.
1. Les mesures
préconisées par le FMI au Mali
Il Y a quatre étapes dans un programme d'ajustement proposé par le Fonds.
1.1. Le Fonds procède à l'étude du cas, c'est-à-dire des conditions
économ~ques du pays requérant pour déterminer les sources des désé-
qui libre s ;
1.2. Il dégage les objectifs à atteindre durant le programme. Ces ob-
jectifs commprennent le rétablissement des équilibre~ financiers
internes et externes.
1.3. Les objectifs une fois déterminés, on sélectionne les instruments
qui doivent être utilisés.
1.4. Le Fonds dégage enfin, le temps nécessaire pour la réalisation du
programme d'ajustement.
Examinons d'unepart,l'identification des déséquilibres et d'autre part
les objectifs au progra~me de redre~sement.
a -
l'identificatiir, ces Gèsé~u':liiD(eS
Les symptômes des dés§qJilibres sont les suivants

269
- la politique des subventions à la consommation
-l'intensification des contrôles des prix;
- les bas prix aux producteurs;
- les taux de change inadéquats;
- l'existence de marché parallèle pour les biens et la monnaie ...
Ces symptômes combinés à d'autres, entraînent des distorsions aboutissant
au ralentissement del'activité économique.
L'échecdu secteur public est l'une des données majeures des économies
africaines. L'expansion du crédit intérieur est fonction du niveau des
crédits utilisés par le gouvernement pour financer le dé~icit budgétaire
et cela se répercute indéniablffiEnt
sur l'efficacité des pol itiques
monétaires.
Par ailleurs, la ponction dusecteur public sur le crédit intérieur est
un important facteur 1imitatif de l'expansion du secteur privé.
Ce fait majeur atténue fortement l'efficacité et la flexibil ité des
politiques monétaires: Le secteur privé s'est vu dans l'incapacité
de jouer un rôle efficace dans le développement écnomique.
D'un autre côté, les politiques de contrôle des prix et de subventions
ont pour effet de masquer temporairement les pressions inflationnistes.
Enfin, une politique inappropriée de taux de change génère des dis-
torsions de prix se rérercutant de façon négative sur la consommation

~....:....i'!
"1
1
270
~,
et l'investissement ainsi que sur la compétitivité de l'économie nationale.
5 - Les objectifs du programme de redressement
Les objectifs du programme
de redressement mi s en oeuvre sous l' égi de
du FMI s'articulent autour des points suivants:
1. La réorgani sation des structures économiques par l' amél ioration du
processus de planification et par la réorientation de la politique
d'allocation des ressources.
Il s'agit de renforcer la mobilisation de l'épargne interne,d'encourager
les investissements du secteur privé et de mettre en oeuvre une politique
des prix adéquate.
2. L'assainissement des circuits financiers
par la réduction des arriérés
de paiements ;
3. Le développement des activités productives en ac-cordant une place
au secteur privé;
Dans le domaine du secteur externe, le programme me: l'accent sur trJis
points: d'une part, il pose des restrictions sur les transactions
1
!
!!!j
J

271
internationales; d'autre part, il prône une politique réal~ste de taux
de change,enfin, il émet des suggestions quant à la gestio~
de la dette
extérieure.
Cet ensemble de mesures, comme on peut le remarquer, concerne tout le
champ économique. De toute façon, au début de la décennie 80, le Mali
n'avait plus le choix. La détérioration de la situation <?conanique ~ et
financière avait atteint un point de non retour. L'ajustement structurel
était la seule
alternative crédible s'offrant aux gouvernants.
Le déficit consolidé
du budget (moins les investissements publics
financés par l'aide extérieure) atteignait 4 % du PNB. La modération
du taux de croissance du crédit intérieur s'explique partiellement par
l'accumulation des arriécés.
Le gouvernement malien se devait de mettre en oeuvre des réformes intéres-
sant tous les secteurs de la vie éonomique. AInsi, les pouvoirs publics
cherchèrent à promouvoir un meilleur équilibre dans la définition des
rôles des secteurs publ ics, privés et mixtes afin d'arréliorer l'allo-
cation des ressources pour stimuler la production et réduire les désè-
quilibres financiers.
Dans le secteur agricole, les prix officiels ont èté augmentés; le
marché des céréales a été libéralisé et des mesures furent prises pour
structurer l 'DPAM.
(,
\\-
COLor:.
Toutefois, l'ac~i\\'ité agr"l':l ~.~ t::,-,
u'C'
;'ac~~"I-c,é
économique déclinèrent en 1981, pnncipaleGlhlt.3 ("use de l'lnsuff,-

272
sance des pluies.
Dans le secteur des entreprises publiques, les autorités fermèrent un
certainnombre d'entreprises, en ouvrirent d'autres à des participation
privées.
La SOMIEX,la plus grande entreprise publique malienne,a vu ses acti-
vités de distributionfortement réduite. Les prix des biens essentiels
ont été augmentés de 10à 30 % ; ceux des produits pétroliers de 125 %.
Dans le même temps, le gouvernement chercha à améliorer les performances
fiscales. Ces efforts comprenaient une maitrise considérable de l'ad-
ministration fiscale, des augmentations des taxes indirectes, des
co~pes radicales dans les bourses, le gel des revenus et le renforce-
ment du maintien des dépenses.
Voyons les résultats de cet ensemble de mesures.
2. Les résultats du programme de redressement
Le Mal i a mi s en oeL,vre deux accorcLs sous l' égi de du FMI. Le premier
programme économique et financier couvrait l'année 1982. L'accord
stand-by de 30,4 millions de DTS s'échelonnait entre mai 1982 et mai
1983.
- . ':- ~- ~
fi nancière de l'accord stand-by se mon:a i: G 'A." " ~ 11 ons Ci: J-:-S
et s'étendait sur une période de dix huit mois prenant fin en
mai 1985. Actuellement, le Mali est en cours de négociation avec le
FMI.

273
a)
l'effort d'ajustement
Ces deux programmes cherchalent à promouvoir une croissance écono-
mlque soutenue, à réduire les pressions inflationnistes et à canallser
les déséqUl libres des paiements extérieurs à un nlveau supportable par
le flux de l'assistance exténeure.
Les deux programmes COmblnalent des polltiques axées sur l'offre et la
demande. Du coté de la demande,
les programmes lmpllqualent la réductlon
des déficltS budgétaires, l'endiguement de l'expansion du crédit ainsl
qu'une politlque d'austérité en matière de revenus.
Du coté de l'offre, l'accent était mis sur les possibllités d'accroltre
le raie du secteur privé dans l'économie, sur la réorganisatlon des
entreprlses publiques clefs, ainsi que sur les moyens d'accroitre
leur efficacité et sur la réduction des dlstorsions affectant le marché
et
es prix.
1
?ar ai lieurs, pour normal iser les opératlons du système financier mal ien
qUl avai t uneincicJence négative sur 1 a productlOn, l'on préconl sa 1 a
réductlOn PU1S l 'élimlnatlOn des arnérés de paiements. A cet effet, le
système des chèques postaux devalent etre restructuré pour fonctlonner
correctement.
Après des années àe déclin, l'activité économique nationale enregistra une
reprise en 1982. Au cours de cette année, la production intérieure brute

274
augmenta de 1 , 8 %. Ces résultats sont dûs à l'augmentation substan-
tielle de la production des céréales qui bénéficia d'un environnement
,'avorable au cours de la campagne 1981-1982. Signalons également qu'à
cette date, les mesures de réformes avaient commencé à produire des
effets.
L'accroissement de la production agricole permit de réduire les im-
portations alimentaires et contribua à diminuer l'inflation. L'indice
des prix alimentaires augmenta de 3,7 % en 1982 cJmparativement à
12 %, les années antérieures.
En 1983, une dure sécheresse affecta fortement la production des céréales
et d'arachides. Néanmoins, par suite d'une récolte record de coton, le
produit national brut réel resta stable.
La politique restrictive des revenus et les mesures fiscales maintinrent
la consommation en dessous du P~JB en 1982 et 1983, contribuant ainsi
à amél iorer Te
ratio de l'épargne intérieure.
Les déséquilibres des paiements extérieurs furent réduits en 1982 et
1983, reflétant
ainsi l'impact des mesures adoptées.
Ces mesures comprenaient, rappelons-le, des stimulants pour la produc-
tion agricole, des mesures restrictives quant à la demande, avec un
ralentissement concommitant des dépenses d'importations; la canalisation
des paiements du service de la dette Pœ~ la mise e- oeuvre d'une politique
\\
Le déficit des paiements courants, prêts exclus, tomba de 20, 3 ~ du
PNB en 1981 à 18,5 ~6 en 1982. Le déficit global de la balance des paie-

275
ments chuta brutalement en 1982 à 4 millions de dollars, comparé au
déficit de 1981 qui s'élèvent à 37 millions de dollars.
Après la très bonne performance de 1982, le déficit courant-prêts
exclus- augmenta dans le ratio
du PNB en 1983 par sui te de l'achat
exceptionnel d'un avion.
Malgré cela, une augmentation des capitaux courants fit que la ba-
lance des paiements globale enregistra un surplus de huit millions DE
dollars.
La réduction des arriérés de paiements aux plans interne et externe
dépassa les objectifs.
~n 1982 et 1983, les arriérés intern5 . furent réduits de 88 %, les
arriérés externes de 60 %.
c - Les résultats sectoriels
1. Dans le secteur agricole
Des progrès substantiels ont été accompli dans la voie de la réduction des
distorsions de prix et de marchés
Les réformes furent mises en oeuvre
avec l'assistance technique de la Banque Mondiale.
l'OF-W:.
Des augmentations graduées des prix aux J~cc~c~eur~ en 1983, permlrent

276
D'autres mesures portèrent sur la libéralisation du marché des arachides,
la liquidation de l'Agence de fournitures des intrants, et la réforme
de la porduction et du marché de coton.
LA SOMIEX cessa d'absorber les profits d'exportation du coton pour
couvrir ses pertes dans le secteur de la distribution interne.
parallèlement, on a établi un fonds de stabilisation des prix du
coton. Dans le meme temps, legouvernemertapporta des réformes dans
l'organisation de vingt six agences semi-autonomes de développement
rura l .
2. Dans le domaine fiscal
Les déséquilibres furent réduits en 1982 et 1983 par suite d'un contrôle
strict de la consommation publique.
Les rœsures appl iquées mettaient l'accent sur les dépenses et parti cul iè-
rement sur le contrôle des dépenses de personnels qui, en 1982, absorbent
environ 62 % des dépenses totales. Dans le même temps,on effectua un
contrôle adéquat sur les dépenses de maintenance, les dépenses récurren-
tes et les investissements.
La politique d'austérité touchant les revenus implique le blocage des
salaires des fonctionnaires. Le blocage est pratiqué depuis 19E~. Il
en résulte une perte de 20 % dans le revenu réel de cette catégorie.
Toutefois, le gouvernement continua à recruter sans discontinuer, dans
la seconde moitié de 1983, tous les diplômés.
fonctionnaires.
D'autres mesures pour l imiter l' aU9mentation de l 'empl Di dans la
fonction publique ont été mises en oeuvre. Il s'açit par exemole
d~ i'apDlica:ion stric~e des règlêS concernan: ~ê r~~l'"aite~2e: ~I-:,:i-
tarions pour un dèDa'-r VOlontaire e: la mise er ~eu\\'re d'ure cl~:

277
grande flexibilité pour le licenciement
Des progrès significatifs ont été accomplis dans le renforcement de
la qualité
de la gestion financière et dans la centralisation des in-
formations au niveau du ministère des Finances. Cela permit une meil-
leure exécution des opérations.
Ainsi, le déficit consolidé du gouvernement avant les prêts tomba
de 3 % du PNB en 1981 à 1,5 %en 1982 et 1983. En y incluant les
prêts, le deficit fut réduit de 1,9 % du PNB en 1981 à 1,2 %en 1982
et 0,5 %en 1983.
3. Dans le secteur des entrepri ses .pub li ques
Des progrès ont été accomplis dans la réhabilitation des entreprises
du secteur public.
le programme de 1982 prévoyait 30 % de réduction dudéficit combiné
des douze prin::i~ales entreprises. Malgré le fait que le déficit di-
minua de ~,5
milliards CFA en 1981 à 7,3 milliards CFA en 1982 ; il
resta au-dessus de l'objec1;if fixé, c'est-à-dire 6,6 milliards CFA.
Le gouvernement adopta un programme d'augmentation des prix et des
tarifs de même qu'une politique de privatisation contrôlée des
entreprises non stratégiques.
rèdJir t'environ un tiers.
Les effectifs plé~"criques ont été diminués. Trois sociétés
ont été fermées à la fin de l'année 1983. Notons toutefois que les
grandes entreprises publiques différérent les délais d'apD~ication

1
1
278
J,1
4. Dans le domaine du crédit
!.1
L'expansion du crédit fut en 1982 de 7,8 % ; l'objectif fixé était de
J
10 % . Le gouvernement malien reçut une assistance budgétaire supérieure
!
à ce qu'il escomptait; cela permit au crédit de tomber à 6,4 % dans
le financement de la campagne agricole 1982-1983.
en conséquence, la croissance des crédits à l'éconanie en 1982 fut de
8,8 %. Cette croissance se limita à 7 % . En mai 1982, le gouvernement
porta le taux d'intérêt des dépôts bancaires de 4 à 5 %.
5. Dans le domaine de la dette
Le Mali fit des progrès dans le renforcement de la gestion de la Caisse
Autonome d'Amortissement avec l'assistance de la Banque Mondiale.
1
t
Au total, le programme d'ajustement mis en eouvre au Mali, montre très
!
1
clairement que des efforts dans le domaine de la gestion conduisent
1
à l'amél ioration des agrégats.
1
1
1
Après plusieurs années de décl in C;'"C"civités
le Mal i enregistra une
reprise économique en 1982/83. Bien que la croissance résulte en par-
tie de meilleures conditions climatiques en 1982, il faut signaler que
les mesures nouvelles dans le domaine de la restructuration des marchés
et des prix, furent des facteurs d'une grande importance.
~e i'lem::,
l e ' :
:,C';';~i~L'eS Y'e:~ricti'/es - :;UY' le ;::,·lan ces r~ven:J~. du
la polit~que d'approvisionnement ont eu un impact substantiel sur la
balance des paiements. Le déficit de celle-ci fut considérablement réduit
en 1982.

279
Malgré 1 'amél ioration de lasituation économique globale, de profonds
changements structurels doivent encore être opérés.
II - LE CAS DU SENEGAL
*
Le Il septembre 1981, le FMI a approuvé unaccord stand-by de 63 millions
de DTS (soit 100 % du quota) pour le gouvernement du Sénégal.
Pour l'année 1982/1983, le Sénégal sollicita un autre accord stand-by
d'un montant de 65 millions DTS qui s'échelonnerait sur une année
comprenant cinq tirages équivalent chacun à 20 % du quota.
Examinons d'une part les objectifs du programme et d'autre part les critères
de performance.
A. OBJECTIFS DU PROGRAMME
L'objectif du programme de stabilisation est de limiter la détérioration
de la situation financière au cours du second semestre de l'année 1981
et d'établir les bases d une meilleure situation économique et financière
pour la seconde moitié de 1982 lorsque les effets de la nouvelle récolte
commenceront à se faire sentir.
Ces objectifs ne peuvent être atteints par la mise en oeuvre d'une sévère
politique de gestion de la demande impliquant le renforcement de la
discipl ine - budgéta ire ai ns i que l'octroi de pri x aux producteurs ayant un
caractère incitatif.
~es
et 12 IT;iillUès.
il es:
apparu que ces montants seraient largement dépassés.
* Nous publions en annexe un tableau résumant les relations ou FMI avec
la \\~épub~icue ~u Sènègal.
j

if".,: . '
200
Les facteurs qui poussent à l'accroissement du déficit du Fonds de sta-
bilisation sont: la chute des prix de l'arachide, la cessation des
1
subventions de la C.E.E. touchant les céréales et le déficit d'ex-
:1'1
ploitation de la SONAR - agence gouvernementale chargée de la commer-
t
cialisation de 'arachide.
Etant donné ces éléments le gouvernement adopta des mesures pour conte-
nir
le déficit budgétaire à 20 milliards F CFA au lieu de 18,5 et
celui du Fonds de stabilisation à 13,5 milliards F CFA au lieu de
12 milliards FCFA.
Concernant les mesures institutionnelles, le gouvernement a mis en
place sous le contrôle du Ministre des Finances, une cellule chargée
'r
de procéder à la consolidation des compt~du secteur public, d'assurer
j
un contrôle financier serré et de liquider les arriérés de paiements
1
1
du secteur public.
1
;
l
Un audit portant sur le Fonds de stabilisation a été effectué. Une totale
i
réorganisation du secteur de la production et de la commercialisation
!~
de l'arachide a été préconisée.
Les progrès dans le domaine du contrôle des salaires s'avèrent assez lents.
P'Jur l'année 1982/83, le FMI a fixé les limites de l'expansion de la
masse
salariale de même que de strictes conditions en ce qui concerne
la politique de recrutement du secteur public et la politique
de com-
mercialisation de l'arachide.
le programme prévo'I les évoluIions suivantes,

281
1.
Les fi nances publiques
Le programme préconise la réduction du déficit du secteur public
principalement par l'accroissement des ressources gouvernemtales et
par un strict contrôle de la masse salariale.
1!i,
a) Les revenus
1
Compte tenu du taux élevé de la taxation au Sénégal, il est simplement
1
préconisé d' insister sur l'amél ioration de performances de l'adminis-
tration fiscale en 1982/83.
1
!
1
1
!
b) Les sal ai res
:
Les autorités prévoient une augmentation de 2 000 F CFA en 1982/83
pour
tous l es fonctionnaires
'civil s de l'Etat. Le programme a fixé des condi-
tions limitatives concernant le recrutement et il préconise l'accéléra-
tion des départs en retraite aussi que des reclassifications.
c) Autres dépenses
Hormis le paiement œs intérêts de la dette publique, les augmentations
des dépenses du budget courant doivent se sitLl~r au pl us bas niveau.
Le Sénégal continuera de dépendre de l'aide extérieure pour le finance-
ment de ses projets de développement. Tous les projets pour lesquels
il n1y a ~2S 02 finanC2~ent exter~e dciv2nt è~rE abandonnés.
Jar 2~~~E".1Y~~ :e ~HI
~xa:~~lrer2 .E J~.:" ·JU ;.\\::~-:Y'c'~e et stètue~-é sur "11 0 :,_
portunité ce sa r'eva1orisation.

282
d) Le Fonds de stabilisation
L'objectif est de réduire son déficit en 1983. Le FMI préconise l 'él imi-
nation des subventions d'exportation de l'arachide, la diminution du
rôle de la SONAR dans la gestion de la production et de la commerciali-
sation de l'arachide. Le FMI souhaite la révision des mesures concernant
l'importation du riz. De même, il entend amener le gouvernement à opérer
des changements dans la structure des prix à la consommation et à la
production des céréales.
e) Les arriérés
Le programme de 1982/1983 prévoit une réduction de 12 milliards de F CFA
des arriérés de paiements du secteur public. les paiements doivent être
effectués chaque quatre mois.
f) Les financements
Le sénégal devra rechercher un réechelonnement du paiement de sa dette
en 1982/83, à la fois
auprès des organismes publics ainsi que des
institutions financières
privées.
Le recours du Trésor au secteur bancaire devra se situer au plus bas
niveau.
2. La politique du crédit
r-,.:;:
3. Le secteur externe

283
du crédit
est le principal instrument pour atteindre la réduction
du
déficit courant.
Compte tenu de ces différents éléments, le FMI a établi un calendrier
pour mesurer les performances du programme de stabilisation.
B - LES CRITERES DE PERFORMANCE
Pour le second semestre de 1982, les critères de performance sont les
sui vants
1. LE contrôle des avoirs du système bancaire et de la distr bution du
crédit au gouvernement du 30 septembre du3l décembre 1982.
2. Le contrôle des emprunts extérieurs du gouvernement - ou avec sa
garantie.
3. La réduction des arriérés de paiements du secteur public au cours
de la période du 30 juin au 30 septembre 1982 et pour la période du
30 juin au 31 décembre 1982.
Au total, l'on remarque une simi l i tude entre l es mesures préconi sées au
Mali et au Sénégal.
L'effort d'ajustarent
dans les deux pays vise à la réorganisation des
strUCDJ'-eS êc:onar,iques ainsi qu'à l'assainissement des circuits financiers.

284
PARAGRAPHE 2
PORTEE ET APPRECIATION DES POLITIQUES
DE STABILISTION ET D'AJUSTEMENT

285
PARAGRAPHE 2
PORTEE ET APPRECIATION DES POLITIQUES DE STABILISATION
-'-"-'~-:..:..:.:...-'-'-=----=--~'---'-'-'-'--=-=--------
Il s'agit ici de mener d'une part une analyse critique de l'arsenal des
mesures préconisées par le FMI et d'autre part, de discuter la question
de la conditionnalité qui suscite une vive controverse à travers le
continent.
A - ANALYSE CRITIQUE DE L'ARSENAL DES MESURES PRECONISEES PAR LE FMI
1. Philosophie générale des programmes d'ajustement structurel.
Les programmes prescrivent un plafond aux avoirs intérieurs nets de la
banque centrale
de l'ensemble du système bancaire. De même qu'ils
prévoient un plafond aux crédits
accordés au
Gouvernement pour le financement de son déficit.
Pour ne pas alourdir le service de la dette, on fixe une limite
au volume des emprunts à l'étranger, de même que le gouvernement est
poussé à solliciter un réechelo~nement de sa dette extérieure.
Le programme d'ajustement fixe également des objectifs en ce qui con-
_:'.'
,--
- -. :: - ~ ,..
~'açi5Sant des finances publiques, i'-idée du cr'lI, c'est de préconiser
l 'narmonisation du montant du budget et des recettes fiscales ainsi que

286
Dans le secteur de la politique commerciale, le FMI souhaite principa-
lement la libéralisation en la matière.
AU total, l'objectif du FMI c'est de restaurer et de maintenir la
viabilité de la balance des paiements dans un environnement dominé par
la stabilité des prix et permettant une croissance économique soutenue.
Les programmes d'ajustement privilégient l 'action sur les variables mo-
nétaires. L'on peut même penser que le FMI semble croire que la limi-
tation de la masse monétaire exerce un effet positif à bref échéance sur
la position de la balance des paiements.
Mais récemment, le FMI insiste beaucoup plus qu'auparavant sur la gestion
de l a demande. Le FMI se préoccupe en effet de l' impac t des poli tiques
d'ajustement sur l'util isation des ressources et sur l'évolution de la
production interne.
Mais, comme le souligne fort justement un auteur * il est aussi difficile
de différencier les mesures concernant l'offre et la demande que de déter-
mi ner quelle branche des ciseaux exerce l 'act i on de couper.
Les mesures exercent un impact à la fois sur l'offre et sur la demande.
Deux raisons expliquent l'accent porté sur la politique de gestion de la
demande.
D'un côté, les mesures visant à stimuler la demande à travers un accrois-
sement de la productivité et un taux élevé d'investissement ne peuvent
produire leur plein effet qU'à moyen ou
long termes.
~',
r--"'r~_
1
1-'
, - ,
,
' •• , '-'
, , " " U
l
"
, " I l \\,.'

287
D'un autre côté, l'ajustement requiert la mobilisation d'importantes
ressources, ce qui exclut d'office une action à court terme, puisque
l 'ojectif visé est de rendre efficiente la productivité de ces
resources dans l'accroissement de la demande.
t'analyse des programmes de stabilisation monte une chute du taux de
croissance à court terme dans les pays appliquant les mesures
d'ajustement structurel.
Cette situation s'explique facilement. En effet. dans la plupart des cas
l'activitééconomique et la croissance résultant de politiques expan-
sionnistes. l'ajustement structurel a le mérite de rétabl ir l a vérité
des faits. Ce qui ne va pas sans inconvénients.
Concernant le contrôle de l'inflation
et la stabilité des prix, l'on
constate
que les mesures restrictives adoptées aboutissent généra-
lement à un bouleversement des tendances précédentes, c'est-à-dire
à une réduction du taux d'inflation.
Grosso-modo, la philosophie générale des programmes d'ajustement
structurel ne varie pas d'un pays à l'autre.
Mais ce qu'il faut souligner, c'est que la durée de la période d'ajus-
tement emporte des conséquences en ce qui concerne le choix des instruments
de la politique à mettre en oeuvre.
?
Les réponses alternatives aux
déséquilibres économico-financiers
des Etats.
;
i
1
"j

288
Le premier type de politique vise, à court terme, à résoudre le problème
du déséquilibre des paiements; le principal instrumentesL ~â politique du taux cE changel
et la mise en oeuvre des techniques traditionnelles de gestion de la
demande à travers la politique monétaire et fiscale.
Le deuxième type de pol itique met l'accent sur 1a restructuration de
l:éconanie. comme principal moyen - ou comme une condition primordiale -
pour atteindre une croissance stable et soutenue.
L'on peut identiifer deux ecoles distinctes parmi
ceux qui préconisent
l'ajustement structurel.
a - La nouvelle école orthodoxe
Cette école préconise la mise en oeuvre de mesures conventionnelles
de gestion de la demande avec des réformes dans le domaine commercial
et financier. Le tout combiné devant aboutir à l'él imination de l' in-
flation et des problèmes de la balance des paiements.
Le programme de la nouvelle école orthodoxe s'inscrit dans le cadre
d'une stratégie économique globale visant à promouvoir le laisser-faire.
b - L'école structuraliste
Pour cette école, 1 'él imination des goulots d'étranglement affectant
la demande est une condition sine qua non pour l'émergence d'une économie
stable. Selon cette école, les causes des déséquilibres affectant l'écono-
mie nationale résultent de l'immobilité des ressources de la segmenta-
tir,", de; ë1àY"ché et des distoY"séons affec~ant l'offre et la demande.
commerce eÀl.érleUr, l'épargne interne et la production de bien al i-
menta i Y"es ...

289
Il va de soi que ces deux écoles proposent deux types de réponses aux
déséquilibres des économies en crise.
c - Les réponses des 2 écoles à la crise
1. Le programme de la nouvelle école orthodoxe
le programme de la nouvelle école orthodoxe essaie de combiner les objec-
tifs de stabilisation à court terme avec l'objectif plus éloigné de
la mise en place d'une économie de lasser-faire.
Cette politique à court terme privilègie les instruments de la politique
monétaire plutôt que ceux de la politique fiscale. Les mesures préconlsees
étant la rêduction
de la dimension du secteur public, l'accroissement de
l'efficience des mêcanismes du marché, l'ouverture de l'économie au
commerce et au capital étrangers.
Des réformes financières sont opérées dans le but d'accroître l'impact de
la politique monétaire et de la promotion des investissements.
La nouvelle ecolé orthodoxe considère que les taux d'intérêt réels négatifs
constituent un facteur de désorganisation du marché monétaire en même
temps qu'il exacerbe la faiblesse structurelle de l'économie contribuant
ainsi à la persistance des déséquilibres.
Aussi, cette école préconise lB Gise en oe~:vre d'une Dolitique libérale
c=.\\nd~:-Ions fèVol-à8ie:: ë oe. c.'~~:~;~":-::-">Jf' ~t,:'~:::· I~_ "'<îIS:'-,Lu:"ions baricaires,

2CXJ
le bouleversement de la politique en matière de taux d'intérêt.
Les réformes financières visent à réduire la demande excessive de crédit
et à baisser les coûts de l'emprunt des capitaux.
Ces politiques furent appliquées en Argentine et au Chili au milieu de
la décennie 70. Elles ont entraînées la stagflation. On peut dégager
de nombreuses voies par lesquelles la combinaison de la 1ibéralisation
financière, des réformes commerciales et de l'ajustement du taux de change
peut altérer fortement à court terme la stabilité économique.
Si le taux d'intérêt du marché organisé augmente de façon trop radicale
à la
suite des réformes financières, cela entraîne une augmentation
du coût du capital et peut même exercer un effet dans le sens de la
hausse des prix. Si, dans le même temps, l'on assiste à une chute de
la demande par suite de la politique monétaire restrictive, cela en-
traîne l'accroissement du stock des entreprises qui vont essayer de
minimiser leurs
coûts par une réduction de leur output.
Ainsi, l'effet combiné de la libération des taux d'intérêt et de la
restriction du crédit conduit à la stagflation.
Dans le domaine des comptes externes, on peut faire les observations
suivantes :
- si les réformes financières conduisent à des taux d'intérêts

291
besoin de crédit.
- Si les taux d'intérêts ne sont pas restrictifs, cela peut entraîner
un flux de capital substantiel ainsi qu'une appréciation du taux de
c31mge.
D'un autre côté les autorités gouvernementales chercheront à stimuler la
production exportable par le biais de la
dévaluation, si bien que cela va
entraîner des effets contradictoires dans l'application du programme.
Au total, l'on constate que l'ampleur du conflit entre la stabilisation
à court terme et les transformations structurelles dépend de la program-
mation dans la mise en oeuvre des réformes.
En effet, des mesures à court terme trop radicales - telle une
vaste
et rapide libéralisation financière - peuvent entraîner des distorsions
préj ud i ci ab l es au succès des transformations
de structure et accroître
ainsi les coûts de l'ajustement structurel.
L'école structuraliste cherche à résoudre ce conflit
par des méthodes
appropriées.
2. LE PROGRAMME DE L'ECOLE STRUCTURALISTE.
Selon
l'école structuraliste, les déséquilibres découlent principale-
ment des pressions de la croissance sur les structures économiques
des pays en développement. La pol itique 2conomique doit par conséquent
chercher à éliîiner les goulots d'étranglements découlant des distor-
Partant
de cette analyse, l 'on peu~ déçager 1a leçon majeure suivante
La politique de stabiilsation, selon l 'oDtique s-ructuraliste,

Z9Z
doit s'op::rer. graduellement. Elle ne saurait consister en la mise en
oeuvre de méthodes radicales dans un bref laps de temps.
En effet éliminer les goulots d'étranglement strcuturels suppose
principalement la réorientation de la politique des investissements.
Et selon les structuralistes toute politique de stabilisation qui ne
prendrait pas en compte cet aspect fondamental du long terme est voué
immanquablement à l'échec.
Car en privilégiant le seul aspect de la réduction du déficit des
paiements, elle contribue à l'accentuation des déséquil ibres dans
d'autres sec teurs - par exemple, l' accroi ssement du chômage.
Confrontés à un problàœ immédiat de paiements, les structural istes
chercheront à éviter l'ajustement par' la mise en oeuvre d'une politique
de déflation.
Au total, l'on remarque que l' écol e structural i ste ne propose pas
une alternative fondmentalement nouvelle en matière d'ajustement.
Les structuralistes sont principalement préoccupés par le problème
de l'agencement entre le moyen et le long termes en vue d'éliminer
les goulots d'étranglement.
~a contribution fondamentale des structuralistes dans le débat portant
sur la stabilisation à court terme est de souligner que les contrai~:tes
structurelles des économies sous-développées peuvent fortement altérer
l'efficacité des instruments traditionnels de la stabilisation.
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SU ~~
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,î: ~ -:.' ~Î c. ~<~
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------~--_._---------~-
Il faut faire ulle remarque fondamenta-!E : Etant donné l'hmobili:ë
des ressources et l'inélasticité du commerce extérieur des pays en
deveoppement, des pol itiques visant à restaul'e r les équ i , ibres ~Qn-

293
Il Y a de sérieuses l imi tes à l'effet des mesures de redressement du fai t
des déficiences structurelles de l'économie nationale. Ainsi, il est très
difficile de contrôler les déficits gouvernementaux ainsi que la demande
de crédit.
Les opportunités pour changer la fiscalité et le taux des taxes sont
restreintes - au moins dans le court terme - du fait de la pauvreté et
des limites des capacités administratives. Les difficultés pour accroitre
les ressources vont se répercuter sur les dépenses gouvernementales.
Mais l'on sait qu'il est plus facile de réduire - voire de supprimer
les dépenses d'investissement - que de toucher aux dépenses courantes de
personne l .
Ila nature peu développée des institutions financières et le degré d'ou-
verture des économies en développement limitent les possibilités de
contrôle du crédit. Dans ce domaine les instruments dont disposent
les décideurs s'avèrent peu opérationnels. Ainsi, l'on constate que
l'octroi de crédit par la banque centrale aux banques commerciales est
le seul mécanisme utilisé dans le cadre de la politique monétaire. Et en
général, cet instrument aboutit plus à l'accroissement du crédit intérieur
qu'à son contrôle.
Les instruments de la politique monétaire sont les opérations d'open
market, la politique des réserves obligatoi es, la régulation du taux
d'intérêt, et le contrôle du crédit. Quel est l'impact de ces instru-
La pol~tique d'open market est peu opérationnelle du fait du caractère sous-
dévelopoé du marché organisé des capitaux. La politique des taux d'intérêt
~'fêt pas utilisée comme instrument de contrôle morStaire. Ainsi, la

1i
294
obligatoires et du contrôle du crédit.
Les distorsions entre la demande et l'offre découlent fréquemment de la
poursuite de politique macro-économique incompatible avec la capacité
de production de l'économie en question. Le FMI préconise, dans le
cadre des programmes d'ajustement des modifications dans la structure
des prix de l'économie et principalement dans le domaine du taux de change
et des taux d'intérêts. Quelles leçons inspirent les mesures préconisant
la dévaluation?
La dévaluation est communément considérée comme le moyende stimuler les
exportations, de limiter les importations et de favoriser le paiement
de prix plus rémunérateurs aux productions des denrées de base. Qu'en
est -il réellement?
Le professeur ONITIRI (CAEM p. 129) affirme
• la vraie controverse autour de la dévaluation porte essentiellement
sur la remise en cause de l'efficacité de la dévaluation lorsqu'il n'e-
xiste pas de biens manufacturés exportables qui bénéficieriaient de
cette mesure, lorsque les coûts de production intérieure des produits
de substitution aux importations sont maintenus à un niveau élevé et
lorsqu~ les prix ne sont de ce fait, pas compétitifs en raison des
contraintes structurelles et tout particulièrement de la précarité des
infrastructures
et des politiques r,ationales qui maintiennent les salail'es
Ces arguments sont d'une très grande profondeur. Ils ont le mérite ~e
soul i gner les l imi tes de mesures que l'on présente très souvent cm ~
une panacée.
J
1
1
il

295
ONITIRI poursuit son analyse. A son avis: " les pol itiques doivent
d'abord s'attacher à éliminer ces contraintes, à relever le niveau de
productivité et à concevoir une politique des prix et des revenus
susceptibles d'empêcher une spirale inflationniste.
On ne peut, souligne-t-il, se soustraire à ces réalités en décidant
une simple dévaluation. Si ces contraintes ne sont pas éliminées, il
est possible que la dévaluation aggrave la situation plutôt que de
l'améliorer.
A la question: la dévaluation permet-elle de payer aux producteurs des
prix plus élevés?
Il répond: "beaucoup d'observateurs estiment que
cet argument n'est pas fondé, dans la mesure où c'est un argument faux
basé sur un postulat correct selon lequel la dévaluation affecte peu le
prix en devises des exportations de sorte que les prix en monnaie locale
de ces produits augmente presque proportionnellement à la dévaluation".
(cf. CAEM p.130).
Rejetanldans ce contexte le principe de la dévaluation, l'auteur sou-
tient: "le meilleur moyen de relever les revenus des producteurs est de
réduire le poids des impôts et des taxes et de prendre d'autres mesures
visant à améliorer les infrastructures dans les zones de production
plutôt que de dévaluer la monnaie, ce qui dans tous les cas provoquerait
l'inflation intérieure en relevant les prix tant des biens importés que
de leurs produits de substi tution locaux".
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déval uation font l'objet de controverses. ~'unE: des candi ::i ons essen-
tielles qu'une dévaluation engendre une aug:nentation de l'offre et
une diminution de la demande et oriente "'e>,cf:CEnt. ainsi cécèoÉ; vers
.,....,-,'._---
~ ~ ,. --
' : . 1
_

~t';'1
~
296
fisamment élevés. Cette condition est loin d'êtref.éalisée
dans les
pays en développement où aussi bien l'offre, qui porte sur les matières
premières, que la demande intérieure pour les produits importés, com-
posés en majeure partie de produits de première nécessité, sont rigides".
cf. CAEM p. 258 et 259).
Partant, doit-on autant rejeter la dévaluation comme mesure de redres-
sement ?
Il serait incongru d'écarter totalement cette mesure de politique monétaire,
car il est évi dent qu'en Afrique" l es taux de change ne sont pas déter-
minés par le marché; mais sont des prix administrés, fixés par ·les
pou-
voirs publics" (cf. CAEM p. 221). Cela signifie enclair qu'ils sont très
souvent déconnectés de la réalité.
Le Mal i a fait l'expérience d'une monnaie surévaluée durant la décennie
60 au CQlr:; de l aquell e il a mi s en oeuvre une
pol i ti que de souve-
raineté monétaire qui s'est soldée par un véritable fiasco
puisqu'elle
a abouti à la dévaluation de 50 % du franc malien le 6 mai 1967.
Aujourd'hui, le Mali est membre à part entiére de l'UMOA depuis juin 1984.
Ce qui fait que théoriquement le problème de la dévaluation ne la concerne
pas.
En définitive, l'on peut s'interroger: l'opposition entre les deux mé-
thodes d'approche est-elle si marquée qu'on le croit ?

1
d
!
in

297
1a maitri se du sol de permettra 1e rétabl i ssement de l' équil i bre ex-
téri eur.
Les autres estiment que la politique de contrôle du crédit intérieur
est 1a méthode 1a plus adéquate pour agi r sur 1a demande et permettre
ainsi le retour automatique àl'équilibreextérieur.
Un expert africain affirme
justement à cet égard
"Lorsque le déficit budgétaire est financé par le système monétaire, ce
qui est le cas dans la plupart de nos pays, il n'est plus possible de
distinguer entre les deux instruments et le débat doit être dépassé".
L'argument de fond de l'auteur, pour souligner la portée limitée des
politiques de régulation de la demande, est le
suivant: "les instru-
ments classiques de la politique économique, calqués sur les pays
industrial isés se sont avérés d'une portée limitée lorsqu'ils ont été
transposés aux économies endéveloppement. D'ailleurs, la pensée économi-
que n'a pas apporté de solutions tangibles aux problèmes particuliers
des économies de ce pays". (cf; CAEM P. 257).
Cette analyse montre clairement l'ampleur de la tache incombant aux
chercheurs africains pour mener des études approfondies à la fois sur
1 anature de nos difflcultés et sur le caractère peu faible des j~s-
* cf. CAEM p. 258
Politiques nationales et processus d'ajusteme~t par
SOUAOUAYA.

298
e - L'interprétation des résultats des politiques d'ajustement
structurel
Il n'est nullement dans notre intention d'examiner les résultats de
l'ensemble des politiques d'ajustement. la tâche serait malaisée et
nous pourrons aboutir à des conclusions hâtives - ce qui serait forte-
ment préjudiciable à notre
analyse.
ce que nous nous proposons
ici, c'est d'examiner les deux seuls cas du
Mali et du Sénégal et voir globalement ce qui a été l'apport du program-
me d'ajustement structurel dans ces deux pays.
Pour l'appréciation des résultats, il convient de se reporter aux
tableaux publiés en annexe.
Nous voudrions discuter ici les mesures d'interprétation dégagées par
un expert du FMI.
L'expert international * distingue trois critères
1. il s'agit de mesurer l'état de l'économie nationale depuis l'in-
troduction du programme d'ajustement par rapport à ce qu'il était
auparavant.
2.
il faut comparer 1es résultats de l' exécuti on du programme par
rapport par rapport aux objectifs fixés. En bref quel est l'état du
pays par rapport à ce qu'il
devait~tre selon le programme.
-, eL ,
__ , ... c '_'
* cf. Manual Guitian : Economie management and condltionallty p. 98,99,
100 et 101 in tony Killi:1
: Adjudtment and Financing in the develop-
pind \\'Iorld - the role of Ir'iF - 19S2

299
Il est clair que ces trois critères d'interprétation suscitent un certain nombre
de problèmes et qu'une sévère controverse entoure la question.
L'expert du FMI en est parfaitement conscient. Il souligne que le troi-
sième critère de mesure de l'impact du programme est sujet à de multiples
interprétations.*
Quoiqu'ilen soit
à la lumière de ces trois critères d'interprètation
l'on peut affirmer que, dans les cas malien et sénégalais, le programme
d'ajustement structurel a permis une substantielle amélioration des
variëbl es macro-économiques, qu'il a permis d'amél iorer
l'efficacité
de la gestion des économies nationales et d'enrayer le processus de
déclin des activités.
C~rtes, toutes les mesures n'ont pas été appliquées en t~mps opportun
selon le calendrier établi originelleœnt
avec le FMI. De même, tous
les objectifs n'ont pas été atteints. Il subsiste encore de nombreuses
distorsions et disfonctionnements. Mais, la question essentielle est
la suivante: Sans le programme d'ajustement structurel, nos pays
ne se débattraient -ils pas dans une crise économico-financière inex-
tricable mettent en péril leur existence même?
Cette question nous conduit à l'examen d'un problème aussi controversé
c'est la conditionnalitè.
8 - REJET DE LA CONDITIONNALITE ET PROBLEMA-IQUE REELLE DES RELATIONS
ECONOMICO-FINANCIERES INTERNATIONALES
~ne vive cont~overse entoure la ouestiDr de ~3 CD'idi ': i onna 1i té 0+ 1",
'- L.
la
..,
-
\\~
,:; .... -
c
-
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\\
1
' , "
, "
_ : :
, .
~n fa~t, lè question Tôi"C i 'objet d'une inIenSé ~:::':e::I1qJe qui ailèt~e
fortement les positions des uns et des autres.

300
La conditionnalité est un moyen pour as~urer l'efficacité du processus
d"ajustement international au bénéficie de Etats membres du Fonds. C'est
l'aspect essentiel de la contribution du Fonds à la résolution des
problèmes de paiements.
L'objectif principal de l'assistance financière du FMI c'est de permettre
aux Etats - à moyen terme - de se doter d'une position viable au niveau
des paiements dans un contexte marqué par la stabilité des prix et du
taux de change, par une croi ssance soutenue de 1 1 act i vité économi que.
Le concept de balance des paiements viable signifie spécialement pour
1es pays en développement que 1eur déf i cit courant doi t pouvoi r être
financé - dans des propositions soutenables - par des flux nets de
.capitaux et dans des termes compatibles à la fois avec les perspectives
de développement et de croissance et avec les capacités de support de
la dette.
L'utilisation de ressources du FMi a pour effet majeur d'étendre la
période au cours de laquelle l'ajustement doit s'opérer. Mais, elle
rend le processus d'ajustement moins sévère qu'il ne devrait l'être
La condi ti onna 1ité es t basée sur 1e besoi n de fi nancement
pour l' a-
justement et les possibilités de financement du FMI et des autres
sources externes.
La conditionnalité signifie que l'assistance financière du FMi est
::
_
J
,
.-
_ '" -
conVlen: ~Ie\\a~iner oars un ~remier :e~os les cDjecrions
soulevées par les Etats avant de porter en second lieu une appréc a

301
1. Les objections des Etats
Concernant le choix et la détermination des programmes de stabilisation,
les Etats soulèvent les objections suivantes:
a - Les difficultés de nos balances des paiements sont d'ordre structurels.
Pour les résoudre, une action à long terme serait nécessaire. Or, les
périodes couvertes par les programmes du FMI s'avèrent~p courtes.
b - les Etats affirment àjuste titre que les facteurs exogènes pèsent
fortement sur les économies africaines. partant de cette assertion, ils
soutiennent que le FMI devrait établir un lien
entre les critères
de performance imposés aux Etats en déséquilibre et une action concom-
mitante sur les causes exogènes des distorsions
des balances des paiements.
C'est ce que suggère NANA SINKAM lorsqu'il affirme (cf CAEM p.l3)" Les
études du FMI montrent clairement que les problèmes auxquels font face
les pays endéveloppement ne peuvent être résolus qu'au moyen de
l 'applicationde mesures rigoureuses d'ajustement par les pays indus-
triels aussi bien que par les pays en voie de développement.
~ - les Etats s'élèvent contre les recommandations de libéralisation
visant à permettre le
1ibre jeu des forces dumarché. La 1ibéral isation
étant perçue comme une condition sine quanon pour une meilleure effi-
cacité de l'économie nationale.Nul doute que les Etats considèrent
ces assertions avec beaucoup de scepticisme.
-
, -
le =-"i~" en~!-a1ne Je" ln~on\\lênients, à divers
niveaux, dont la gestion
au plan politique s'avère périlleuse.

302
Ces argumen~s doivent ètre considérés avec beaucoup d'intérèts. Il serait
inJpérant de ne les percevoir que sous un angle polémique.
Le débat sur la conditionnal ité présente pl usieurs aspects.Mais l'élément
le plus important c'est qu'il ya une distorsion
entre les textes du FMI
prévoyant
un ajustement à court terme de la ba lance des paiements et
les propositions des Etats qui privilégient l'action à long terme pour
l'élimination des déséquilibres structurels.
2. Appréciation critique du problème
la question de l'ajustement se situe au coeur des relations économico-
financières mondiales. La conditionnalité est un instrument d'action aux
mains du FMI lui permettant d'assumer tant bien que mal son rôle de
contrôle de l'évolution des balances des paiements.
En desserrant les contraintes entourant la conditionnalité, le FMI se
désaisirait d'un puissant instrument lui permettant de discipliner des
Etats peu enclins à observer leurs propres règles de conduite.
Une conditionnal ité moins stricte pemettrait
aux Etats
impécunieux dé
différer les nécessaires et vitales réf8rmes d'ajustement et par con-
séquent d'aggraver le déciin de leur économie.
~ =-= ::.. -
En oref
C>
, ,- ryènme
,
c.
~,~u= :..e;;:E:ri-=
c~~;èrIJ éé cons i ce'-al-Icr
pJ
-:iCo-socla les
-
,
,
La candi tionnal Hé doi ~
,
L
dans
a mesure du possible ten- 1" compte je ces
différent, éléments.

303
CONCLUSION
Le rôle du FMI dans le processus d'ajustement structurel s'est considé-
rablement renforcé. La progression de la détérioration des équilibres
économiques en Afrique a atteint un seuil critique. Les Etats ont
différé la mise en oeuvre des programmes de stabilisation et d'ajustement
habitués qu'ils étaie nt à des gestions laxistes ne recevant aucune
sanctiol'l.
Mais la crise du multilatéralisme, la difficile situat ion monétaire
internationale entraînant une rétention de l'aide extérieure, les
chocs pétroliers et les mesures inadéquates de politique intérieure
ont abouti à la remise en cause de la croissance et même au blocage
du développement pour la plupart des Etats. C'est dans ce contexte
que le rôle du FMI s'est affirmé.
Fortement
contesté au départ, les Etats ne rechignent plus à recourir
aux mécnismes financiers du FMI malgré la forte conditionnalité qui les
accompagne. Les Etats se sont plaints de la dureté des programmes de
redressement qui remettaient en cause leur option politique et les
plans de développement.
Par ailleurs, ils soulignent le caractère stè~éotypé des remèdes prè-
Il ne fait plus de doute aujourd'hui que l'action du FMI permet

304
pl us
séreinement la mise en oeuvre d'une pol itique économique et
financière plus cohérente et plus dynamique parce que fondée sur des
bases saines.
Partant, l'ajustement structurel ëi;lp<.rait - dans le long terme - comme
un moteur de croissance même si dans le court terme, il peut être
perçu comme facteur inhibiteur de celle-ci.
Au delà de cette affirmation, il faut aller plus loin et s'interroger
Quel est le degré de responsabi lité des Etats dans l'émergence des
déséquilibres structurels bloquant la croissance économique en Afrique?
Quel est la val iditié œs théories néoclassiques qui soutendent les
mesures préconisées par le FMI?
Le caractère opérationnel de ces théories n'est-il pas remis en question
dès lors que la structure de nos économies s'avère foncièrement différente
de celles des pays industrial isés où ces théories ont vu le jour.?
partant, ne doit-on pas envisager de nouvelles modalités
de redressement?
Ces questions sont au coeur du débat sur l'ajustement structurel. Il serait
vain d'y apporter des réponses définitives.
monétaires et budgétaires prudentes sont certaine~ent oe nature a aI!~nJe(
la progression incontrôlée de la demande et de son impact sur le taux

305
d'inflation et la balance courante, il n'en reste pas moins qu'elles
risquent également de ralentir l'investissement et la production et
d'aggraver les déséquilibres en raison de ces rigidités et des distorsions
qui caractérisent les économies des pays en développement" (cf. CAEM p.
P.259).
ces assertions montrent avec éclat, la difficulté des politiques d'ajus-
tement structurel dans un environnement fondamentalement vicié.
A l' heure actuell e, l'ajustement structurel s'avère un mal nécessai re.
Il est incontournable, inévitable, indispensable. Tous les gouvernements
responsables en sont pleinement conscients.
Différer l'ajustement structurel, c'est s'exposer à des déboires dont
les inconvénients s'avèreront incommensurables et ne manqueront pas
de mettre en péril la stabilité politique du régime en question?
Au total, l'on peut faire les remarques suivantes
1 - l'ajustement structurel est opérationnel sur 1a longue période. Il
serait incongru de vouloir précipiter les échéances et de ne point
tenir compte des capacltés politiques du pays à opérer les changements
nécessaires.
L
-
--,::-
r::....:
,:::;r.:-.~
-'?: J=:.er ,-=r'~ ... 1
:: - la ouestion de l'aJustemen~ toucne le fond oes QQ1':.iques d'indépen-
1
,
.


Mais, l'Afrique sortira des ornières de la crise actuelle parce
qu'il en va de son avenir.
L'Afrique dispose à la fois des
capacitès et des ressources lui per-
mettant de se bâtir un avenir lurnineux~ C'est dans l'unité qu'elle
favorisera l'éclosion du génie créateur de ses peuples - conditions
sine qua none pour l'enclenchement d'un processus véritable de
développement.
Brazzaville, le 18 janvier 1987

307

308
LES ACCORDS DE COOPERATION MONETAIRE FRANCO-MALIENS DE 1967
"
Ces accords ont régi de 1968 à 1984 la politique économique et financière
du Mali. Ils ont permis au Mali de réintégrer l'UMOA.
1. Le contenu des accords de 1967
Dès la création du Franc Malien, la République du Mali a connu des diffi-
cultés économiques et financières considérables qui l'ont amené à s'in-
terroger sur l'évolution de sa politique de développement. C'est ainsi,
qu'en 1967, les dirigeants de l'US-RDA ont reconnu la nécessité d'un as-
sainissement financier afin de pouvoir poursuivre une saine politique de
développement. C'est dans ce contexte qu'on été négociés les accords franco-
maliens de 1967 et qui furent signés en deux temps: le 15 février et 19
décembre 1967.
L'accord du 15 février n'était en fait qu'un accord cadre fixant les prin-
cipes et les étapes de la coopération monétaire et financière entre le Mali et
la France.
Ainsi, aux termes de l'accord du 15 février 1967, le Malï s'engageait à
réintégrer l'UMOA et à abandonner progressivement une partie de sa souve-
raineté monétaire contre la garantie du frarc malien par la France et sa
libre convertibilité externe. Le processus de réintégration à l'UMOA
devait se dérouler en trois phases.
Au cours de la première phase intitulée phase de préparation, le Mali était
appelé à mettre en oeuvre un ensemble de mesures dont la plus importante
était la dévaluation de 50% de sa monnaie afin de faire colncider ses
structures économiques, monétaires et financières aux conditons et règles
en vigueur au sein de l'UMOA.
Plus précisément, il s'agissait pour le Mali de parvenir à l'équilibre
d'ensemble de ses finances publiques et à l'équilIbre financier de ses
sociétés et entreprises d'Etat de façon à ce que. le Trésor public et les-
dites sociétés puissent bénéfIcIer du crédit bancairE- dans les conditions
en vigueur à la BCEAO.
Concernant les finances publiques, le Mali s'engarea pour l'e~9rcice 1967/
1968 à li~iter à un minimum de '.5 milliards de i' • ~ 'p,céopnt des déDenses
~dé;J~l~lSt-':) ut'=' r':_~ric~lCni-!::::'r',e;lt.
t\\~ c'sq'_:~~C'n:~;:-_.
" C':-·
au', s::Jci~tf'=-; (:I~t-:~t
C','
l~'S l'~'l'C~te~i r:û:.J.!.~CJu~~.
Le Mali devait procéder aux aménagements suivants:
- l'étalement de sa dette extérIeure sur quinze ans ave~ un dIfféré d'amor-
tissement sur cinq ans;
- la lirnj.tation des dppense2 d'E!quir~;lé"nt ElU>.. (-;;JÉ'~2t
l!
:'e- ~ët: 12:- et
fina~~~fs ~~r ~es ~;~!b\\r~n~J~ns c'.~t~2~i~rE's:
- 18 dimlr,utio:! dé l' élugr:entat ~ 0;-""; eJ'::';: déD(-'~ISE.'S éJf ~:-I
a~'ec la progr~sslor-: oe 18 prOdlJC~18~ :~t~rleu~~ ~r.~~

309
- la recherche d'un accroissement de ses recettes budgétaires notamment
par l'élaboration et la mise en oeuvre d'une réforme fiscale favorisant
l'amélioration des conditions d'assiette et de recouvrement;
La France, de son côté, s'engageait à verser au Mali jusqu'en 1971 une
subvention budgétaire d'un milliard de francs maliens(plus une subvention
complémentaire de deux milliards FM au Trésor malien pour l'exercice
1967/1968).
Le gouvernement français donna également son accord pour consolider sur
quinze ans l'ensemble des dettes du Mali à son égard, soit 112 millions
de francs français en 1967 et aux taux de faveur de 1,5% l'an. Par
ailleurs, le mali recevait l'assurance d'un accroissement des interventions
du Fonds d'Aide et de Coopération (F.A.C) De plus, le gouvernement français
acceptait de transférer au Payeur de France, dès le début de la phase pré-
paratoire, la somme de huit millions de F.F.
Concernant les sociétés et entreprises d'Etat, les deux gouvernements dé-
cidèrent queles concours accordés dans le passé à ces organismes et qui ont
été assimilés à des dotations devront être comptabilisés comme telles.
Par ailleurs, le gouvernement Malien accepta de ne verser des subventions
d'équilibre qu'aux seules sociétés ayant un caractère de service public.
Les autres sociétés seraient désormais soumises aux règles en vigueur au
sein de l'UMOA.
Cette phase dite de préparation ne devait pas dépassé une année à partir de
la dévaluation du franc malien qui eut lieu le 6 mai 1967. En fait, la pé-
riode transitoire ne devait prendre fin qu'à l'issue d'un accord entre les
deux partenaires après examen et appréciation des résultats des mesures prises
par le gouvernement du Mali au cours de cette période.
La seconde période qualifiée de coopération bilatérale est dominée essentiel-
lement par la mise en oeuvre de la convertibilité du franc malien et par la
création de la banque Centrale du Mali (BCM) qui devait assurer l'émission
monétaire selon les règles en vigueur au sein de la BCEAD. La troisième pé-
riode devait consacrer l'entrée du Mali au sein de l'UMDA. Celle-ci eOt lieu
en juin 1984.
La convertibilité du franc malien intervient à partir du 31 mars 1968. Dans
le cadre des accords de 67, le gouvernement du Mali dispose d'un compte
d'opérations. A la suite d'une convention entre la Banque Centrale du Mali
:a[['I,
E·t
lt:, T:'~':=:;cr rranç21s.
ur: :'C)~l;:-ltE' ~:~]~J~:·3~_l.Oi\\S fût CJu\\'lert dL: rior:: C~
SC r·1 dans l~s cléar-l=~s d~ ;:esor Trança;s.
CetLe con\\erltior: :.tlpu~f Gue: ~[~ [-),=r·~ dG2.t \\le:S2:
18 t.o~all~_é oe :::;e~; dispo-
nibilités en francs français au compte d'opérations. excepté un volant de
trésorerie conservé en banque et de la quote-part versée au Fonds Monétaire
Internationl.
Il est spécifIé dans ladite conl'pntlon que le Trésor françals dOIt orOCUfec
8 18 Ber"1 :OL1~~~-"S le~ d2f,~rJ;,1~.:..~~t(5;
erl
'-~'::,:v'::, . :'Orl~'[,~~, cor-,: f-
L.
~I::-~ut (.:l'C:.-:..:
bes~11n.

370
Les accords de 1967 sont complexes. Ils entraînent de nombreuses impli-
cations dans les domaines touchant à :
- la politique du crédit et de la monnaie;
- la politique commerciale;
- la politique financière et budgétaire;
- la réorganisation des sociétés d'Etat.
Il convient ici d'examiner les différentes implications dans ces domaines.
2. Les implications des accords de 1967
Dans le domaine de la politique du crédit et de la monnaie, les accords de
1967 stipulent en leur article quatre que le gouvernement malien s'engage à
harmoniser sa législation et sa règlementation monétaire et bancaire de
façon à la faire coïncider avec celle de l'UMDA. Cette harmonisation vise
notamment l'organisation et la distribution du crédit. La BCM qui est créée
à la suite des accords le 31 mars 1968, à l'instar de la BCEAD et l'inverse
de la BRM ne distribuera pas de crédits directs aux sociétés et entreprises
d'etat et sans garanties. Ses concours bénéficieront aux seules banques et
institutions financières pour le réescompte des effets commerciaux.
Les plafonds de réescompte sont fixés par la BCM dont le Conseil d'Adminis-
tration comprend cinq Maliens et cinq Français. La gestion de la BCM est
donc paritaire. C'est son conseil d'administration qui fixe les taux d'in-
térêts auxquels les différents concours de l'Institut sont dispensés. Les
sociétés et entreprises d'Etat ne peuvent bénéficier des concours bancaires
qu'à la condition de satisfaire les exigences suivantes:
- avoir une comptabilité claire et précise ;
- avoir une situation financière équilibrée et saine;
- avoir des prévisions de trésorerie.
S'agissant de l'etat, la BCM ne lui fera des crédits qu'à certaines conditions.
Ses concours ne seront accordés qu'au seul trésor. Ainsi, aucun Ministère
contrairement à la période antérieure ne peut prétendre à un financement
direct de la Banque Centrale. Les concours accordés à l'Etat par l'intermé-
diaire du Trésor n'excèderont pas dans l'année une durée maximum de huit
mois. De plus, il ne peut plus être accordé à l'Etat aucun concours à long
ou moyen terme lui permettant de combler le déficit budgétaire ou de financer
des investissements économiques et sociaux.
En fait, ce système correspond à celui qui est en vigueur au sein de l'UMDA.
La nouvelle politiuu9 dLl crédit doit être orIentée princiDAl~r:9~~ \\'e~2 l?s
SE:::,:eurs pr0.jcJ:-ti~-~ :=ie _ 'é~~CJno;T,it:~
tel~ J8 ['omr;ieI'ci2liSéitiDr, cj~<- ~::'~~::<'~'di:~
;::~cric'ol~s ou
~::Juir'~-'I..:::.;-'t C~J r·Jf;\\~;(1n;-i.~lt. L(,s rép'.::·=-~"_!~~'~_·_:Ir~- ,jE~ '::'E-:::: :'~'-'~.~::
c:
,~~s::.r lbu:iCJr: c\\.;
c-::'::>'\\ll12:-,:
:::-;e
f a i r e
serltJI
Sul
l\\.
;')C'_2L_::':'--.i-::-
_i-i~.:r,:_,;:';'::-<
et budgétaire.

311
En effet, l'application des mêmes règles que laBCEAD en matière d'octroi
du crédit implique l'interdiction au trésor de tout recours à la BCM à
l'exclusion des avances temporaires limitées à 15% (en 1967) des recettes
fiscales de l'exercice antérieur et pour une courte période. Cela implique
qu'à défaut d'un budget en équilibre à partir des seules recettes fiscales
et ressources internes ordinaires, le Mali devra recourir pour financer
les déficits soit à des emprunts intérieurs auprès du public, soit à une
aide budgétaire étrangère.
Les accords de 1967, entraîneraient un certain nombre d'implications au
niveau de la politique commerciale. Il faut signaler à ce niveau qu'il y
a une relation étroite entre la situation
du compte d'opérations et le
niveau des échanges commerciaux. L'accord du 19 décembre 1967 a été ins-
piré par le souci d'un réaménagement des courants commerciaux du Mali dans
le sens d'un accroissement substan tiel du volume des échanges commerciaux
entre la zone de convertibilité et le Mali.
Ainsi, le gouvernement malien était appelé à répartir de façon prioritaire
ses mouvements commerciaux entre la France, la Chine et l'URSS. La dimi-
nution ou la suppression pure et simple des échanges avec les autres pays
socialistes partenaires du Mali était souhaitée.

312
1
1
1
i
PRODUCTION CEREALIERE EN AFRIQUE DE L'OUEST
1
(en 1000 tonnes)
1
1
PRODUCTION ES-
P A Y S
PRODUCTION PREVUE
TI~1EE( RECoL TE
( RECoL TE
1985)
1984)
BURKINA
1 139
1 200/ 1 300
CAPVERT
3
3/
55
GAMBIE
89
135
MALI
751
1 170
MAURITANIE
22
50/
60
NIGER
1 071
1 830
SENEGAL
705
1 270
TCHAD
350
600/
650
\\
AFRIQUE SAHELIENNE
4 130
6258/
6 420
BENIN
473
500
CAMEROUN
832
950
COTE D'IVOIRE
1 046
1 130
GUINEE
580
570
GUINEE-BISSAU
165
160
TOGO
364
335
AFRIQUE CoTIERE
3 460
3 645
AFRIQUE DE L'OUEST
7 590
9 903/10 065
,
t
1
J

1
313
f1
1
!
DEFICITS CEREALIERS EN AFRIQUE SAHELIENNE
i
1
(en milliers tonnes)
~.
1982/83
1083/84
1984/85
1984/85
P A Y S
1
Déficit
Déficit
Déficit
Aide annoncée
estimé
estimé
prévu
fl'
BURKINA
200
250
165
143
CAP-VERT
50
55
65
55
1
MALI
250
330
480
242
~
~1AIJRIT ANIE
210
205
225
168
NIGER
20
+
5
375
337
1
SENE GAL
170
340
150
118
l
TCHAD
200
215
290
210
l
TOTAUX
1 100
1 390
l
750
l
273
1
1
1
i!1
f
Sources OCDE 1985
f
t!
1
1

374
f
t
1
INDICATEUR DE L'ACTIVITE INDUSTRIELLE AU MALI
,
(Base 100 = Annee
1981)
r
f
1962
1983
1984
1er



ANNEE
1er



ANNEE
TR.
TR.
TR.
TR.
TR.
TR.
TR.
TR.
142
88
68
121
103
166
127
68
152
128
!
1
* Source
OCDE 1985
1

315
TIRAGES SUR LE FMI
TIRAGES BRUTS
FLUX NETS (l)
P A Y S
1ER SEMESTRE
1ER SEMESTRE
1985
1985
1984
1985
1984
1985
1984
1985
BENIN
1,8
-
-
-
-
-
-
-
BURKINA
-
-
-
-
-
-
-
-
COTE D'I-
VOIRE
167,8
41,4
-
33,9
+ 167,8
+ 13,7
- 3,6
- 12,7
MALI
17 ,6
24,0
12,0
6,5
+ 15,8
+ 20,8
+ 10,1
5,9
NIGER
30,8
14,4
2,8
3,2
+ 300,8
+ 14,4
+
2,8
+
3,2
SENEGAL
37,0
31,5
31,5
34,6
+ 26,5
+ 17,0
+ 28,6
+ 16,2
TOGO
21,9
18,0
6,0
7,0
+
21,9
+ 12,8
+ 5,1
+
2,7
ZONE FRANC
303,6
155,8
60,8
94,0
+283,0
+ 88,3
+ 46,0
+ 13,6
1,i!1,
(1) Achat - rachats
t
1~,î
1.
f!
Sources
OCDE 1985
~,
1
~i
1
1

316
ACCoRS EN VIGUEUR FINANCES PAR LE FONDS EN FAV~UR
DES PAYS NON PETRoLI~~5 Q'AFRIQCZ.AU SUD DU SAHARA
EN FIN D'EXERCICE, POUR 1980 - 1984
-
l
1
i380
~Sl
1
1982
1
1983
1555
COTE D'IVOIRE
E
E
E
C
ETHIOPIE
C
GABON
E
E
GAr1BIE
C
C
-
- GHANA
C
C
GUINEE
C
GUINEE EQUATORIALE
C
KENYA
C
C
C
C
LIBERIA
C
C
C
C
C
MADAGASCAR
C
C
C
C
MALAlrJI
C
C
C
E
E
MALI
C
C
C
MAURITANIE
C
C
NIGER
C
C
OUGANDA
C
C
C
CENTRAFRIQUE
C
C
C
SENE GAL
E
C
C
C
SIERA LEONE
E
C
SOMALIE
C
C
C
C
SOUDAN
E
E
C
C
C
TANZANIE
C
C
TOGO
C
C
C
C
~A.*RE
C
E
C
C
ZAMBIE
E
C
C
ZIMBABWE
C
C
1
C
Accord de confirmation
E
Mécanisme élargi de crédit du FMI
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SITUATION DES CULTURES DE MIL ET DE SORGHO
A LA FIN DE LA 2' DÉCADE DE SEPTEMBRE 1985
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378
COURS DES MATIÈRES PREMIERES
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Table I.
ACrica:
Selected Economic 1ndicators, 1973-83'
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
(Percenl)
Economie growth
2.39
6.27
2.75
5.85
1.80
2.20
2.80
4,50
2.90
0.30
-1.40
Inr:.1tion
9.86
17.07
15.84
16.63
19.40
15.90
19.40
20.10
23.60
16.90
16.70
Terms of Irade
8.30
7.63
-12.19
7.00
18.10
-8.70
2.40
-2.50
-4.30
-4.10
-5.60
Ratio of eXlemal
deblto GDP
24,90
25.87
27.50
32.82
35.80
36.60
38.00
35.70
41.50
49.50
59.60
Debl service
rdtio
8.00
9.50
9.50
11.90
15.50
16.60
17.40
19.70
23.70
25.10
(Billion V.S. dollars)
CUITent accounl
-4.50
-4.00
-7.20
-6.50
-6.60
-9.40
-9.90
-12.90
-14.00
-12.50
-10.80
Nel oflieial lransfers
1.10
1.50
1.70
2.00
2.30
2.50
2.90
3.30
3.30
3.20
3.30
Nel eapilal innows
3.80
2.60
4.90
4.40
5.00
6.40
6.60
8.40
8.40
7.90
5.70
Ove rail balance of
paymcnts
0.50
0.30
-0.60
-0.10
0.70
-0.40
-0.30
- 1.20
-2.30
-1.40
- 1.80
Totaloulstanding
debt
11.60
14.75
18.40
23.40
30.80
36.90
45.30
50.90
55.50
62.50
66.30
Source: Intemational Monetary Fund, World Economie OUllaok: A Survey by the Staff of rhe Internolianal Monelory Fund, Occasional
l'aper No, 9 (Washington, April 1982); and Fund stafT eslimates.
1 This
table follows the Fund's InfCrnalional Financia! Srali.rrics classification of the African cauDtnes. These include ail the African
member eounlries, exeept Algeria, Egypl, Nigeria, and Ihe Soeialist People's Libyan Arab Jam.hiriya, whieh are el.ssified under difTerent
headings. In this table, Soulh Afriea is also excluded.
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VI. CASE STUDIES
Table 6.
Mali:
Selected Economie and Financial Indicators, 1980-83
1980
1981
1982
1983
(Annuai percenrage clrangt"s)
National incarne and priees
GDP (in millions of V.S. dollars)
1.422
1.202
1.095
1.031
GDP at conslant prices
-1.2
-2.4
1.8
Food price index
20.2
12.7
3.7
10.6
NalionaJ minimum wage
18.6
EXlemal sector
Exports. f.o.b. (in millions of V.S. dollars)
39.0
- 24.9
-5.2
13.8
Imports. c.i.f. (in millions of V.S. dollars)
42.8
- 21.4
-14.7
5.5
Export volume
17.1
-11.5
4.3
15.8
Import volume
19.2
-20.3
-9.5
13.0
Change in the nominal trade-
weighted effective exchange raie
-0.3
-3.7
-3.0
-2.5
Cenlral govemment budget
Revenue (excluding grants)
8.2
19.8
7.8
9.2
Total expendilUre
9.5
5.2
3.3
7.8
Of which: personnel
14.7
4.5
5.5
10.6
scholarships
4.3
-17.1
-5.7
5.8
Money and credit
Domestic credit
5.9
7.3
7.8
7.4
Credit to govemment
3.5
. 8.5
6.4
8.0
Credit to the economy
7.8
6.5
8.8
7.0
Money and quasi·money
3.9
5.8
8.6
15.4
(Percent of GDP)
Consolidated govemment budget 1
Excluding grants
-4.1
-3.0
-1.5
-1.5
Including grants
-3.1
-1.9
-1.2
-0.5
Consumption
102.6
105.4
101.9
101.5
Gross dornestic inveSlment
17.3
17.2
16.5
18.0
Gross domeSlic s3vings
-2.6
-5.4
-1.9
-1.5
Resource gap
19.9
22.6
-18.4
-19.5
CUITent account
Excluding official Iransfers
-18.6
- 20.3
-18.5
- 19.6
Including official transfers
- 10.2
-9.5
-8.0
-7.7
Extemal debl'
53.2
77.9
94.4
110.7
Debl service ratio H
4.5
13.9
6.2
9.2
(Million V.S. dol/ars)
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- 37.4
-3.8
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1
1 lncludes
the operations of the Central Govemment, special funds. as weil as extrabudgelary receipls and payments reOected in the
Treasury accounts. but nol operations of the rural development agencies. development expenditures financed directly by extemal aid. and
interest charges 10 be refinanced or rescheduled.
~ Inclusive of Fund credit and the operations account with the French Treasury,
~ As il percentage of exports of goods and services and receipts [rom private transfers,
• Net of debt relief.
1
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322
/1 • THE ROLE OF THE FUND
Table 2.
Africa:
Stand.By Arrangements and Arrangements Under Extended Fund Facility, 1979-83
(In millions of SDRs)
Sland-By (SBA)
and Extended
Dale of
Expiralion
Amount
Amounl
Undrawn
FacililY (EFF)
Approval
Date
Approved
Purchased 1
Balance
1979
SBA
April 25. 1979
April 24. 1980
4.00
Con~o
2,00
2.00
EFF
July 28. 1978
June 30. 1980
425.00
E~YPI
75.00
~50.00
SBA
Nov. 2. 1979
Nov. 1. 1980
1.60
Gambia. The
1.60
SBA
Jan. 10. 1979
Jan. 9. 1980
53.00
Ghana
32.00
21.00
KCn)'3
SBA
Aug. 20. 1979
Aug. 19. 1981
122.48
122.48
Li~ria
SBA
March 21. 1979
March 20, 1980
9.25
9.25
Malawi
SBA
Oct. 31. 1979
Dcc. 31, 1981
26.~4
3.06
23.28
Mauritius
SBA
Oct. 31. 1979
Oct. 30. 1981
73.03
20.00
53,03
I{w;lnda
SBA
Oct. 31, 1979
Oct. 30. 1980
5.00
5.00
SCl1cgal
SBA
March 30. 1979
March 29. 1980
10.50
10.50
Sierr" Leone
SBA
Nov. 2, 1979
Nov. l, 1980
17.00
7.50
9.50
Sudan
EFF
May 4,1979
June 30, 1980
200.00
30.00
170.00
Togo
SBA
June Il, 1979
Dec. 31. 1980
15.00
15.00
Zaire
SBA
~ug. 27, 1979
Feb.26, 1981
118.00
20.00
f
98.00
Tolal
1,080.20
209.31
870.89
i
Total (excluding
EJ:l'pl and Sudan)
455.20
Hl4.31
350.89
1980
!
Ccnlral African Republic
SBA
Feb. 15. 1980
Feb. 14, 1981
4.00
4.00
E~ypl
EFF
July 28. 1978
June 30, 1980
425.00
75.00
350.00
EqU:IIOri.ll Guinea
SBA
July l, 1980
June 30, 1981
5.50
3.00
2.50
Gabon
EFF
July27,1980
Dec. 31,1982
34.00
34.00
Kenya
SBA
Oct. 15, 1980
Oct. 14. 1982
241.50
60.00
181.50
lihcria
SBA
Sept. 15, 1980
Sept. 14. 1982
65.00
18.40
46.60
Madagascar
SBA
June 27. 1980
June 26, 1982
64.50
10.00
54.50
Malawi
SBA
May 9. 1980
March 31, 1982
49.90
22.00
27.90
Maurilania
SBA
July 23, 1980
March 31, 1982
29.70
8.90
20.80
Mauritius
SBA
Sept. 5. 1980
Sept. 4, 1981
35.00
15.00
20.00
Morocco
EFF
Oct. 8, 1980
Oct. 7,1983
810.00
147.00
663.00
Scnc~aJ
EFF
Aug. 8, 1980
Aug. 7. 1981
184.80
41.10
143.70
Somalia
SBA
Feb. 27, 1980
Feb. 26. 1981
11.50
6.00
5.50
Sudan
EFF
May 4, 1979
May 3, 1982
427.00
151.00
276.00
Tanzania
SBA
Sept, 15, 1980
June 30, 1982
179.60
25.00
154.60
2...1ïrc
SBA
Aug. 29, 1979
Feb. 26, 1981
118.00
98.40
19.60
Total
2,685.00
684.80
2,000.20
l()tal (excluding
1':l:.vpl and Sudan)
1.833.00
458.80
1,374.20
I~KI
El hi~lpia
SBA
May 8, 19,'
June 30, 1982
67.50
44.00
23.50
G;I!)on
EFF
June 27. 1%0
Dec. 31, 1982
34.00
34.00
h'{}ry Coast
EFF
Feb. 27, 1981
Feb. 22. 1984
484.50
176.70
307,80
Kl.:"nv:I
SUA
Oct. 15. 1980
Oct. 14, 1982
241.50
90.00
151.50
Lille"ria
SUA
Au~. 26. 1981
Sept. 15, 1982
55.00
33,00
22.00
Mad<l{:.ascar
SBA
April 13. 1981
June 26, 1982
109.00
39.00
70.00
Millawi
SBA
May9.IY80
March 31, 1982
49.90
40,00
9.90
Mauril;lnia
SBA
June 1, 1981
March 31. 1982
25.80
10.30
15.50
~t;turi!ius
SBA
Dec. 21, 1981
Dec. 20, 1982
30.00
7.50
22.50
M(lf<l("CO
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March 9, 1981
Oct. 7, 1983
817.10
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June 22, 1981
June21,1984
912.00
175.00
737.00
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May 8, 1981
May 7, 1984
800.00
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500.00
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April 8. 1981
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f
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~ .. , . :.1"
1.
-.
'..~,
Duralion of Adjuslment
Table 2,
(cane/wIed)
Africa:
Stand-By Arrangements and Arrangements Under Extended Fund Facility,
1979-83
(In millions of SDRs)
Stand·By (SBA)
and Exlended
Date of
Expiration
Amounl
Amount
Undrawn
Facility (EFF)
Approval
Date
Approved
Purchased 1
Balance
1982
Gambia, The
SBA
Feb. 22, 1982
Feb. 21, 1983
16.90
16.90
Guinca
EFF
Fcb. 27, 1981
Feb. 22, 1984
484.50
292.14
192.36
Ivory Coast
SBA
Dec. 1, 1982
Nov. 30, 1983
25.00
11.50
13.50
Kenya
SBA
Jan. 8, 1982
Jan. 7,1983
151.50
90.00
61.50
Liberia
SBA
Sept. 29, 1982
Sept. 28, 1983
55.00
5.00
50.00
Madagascar
SBA
July 9, 1982
July 8, 1983
51.00
30.60
20.40
Malawi
SBA
Aug. 6, 1982
Aug. 5, 1983
22.00
10.00
12.00
Mali
SBA
May 21,1982
May 20, 1983
30.40
25.40
5.00
Morocco
SBA
April 26, 1982
April 25, 1983
281.30
1%.90
84.40
Senegal
SBA
Nov. 24, 1982
Nov. 23, 1983
47.30
6.00
41.30
Somalia
SBA
July 15, 1982
Jan. 14, 1984
60.00
15.00
45.00
Sudan
SBA
Feb. 22, 1982
Feb. 21, 1983
198.00
70.00
128.00
Togo
SBA
Feb. 13, 1981
Feb. 12, 1983
47.50
7.25
40.25
Uganda
SBA
Aug. Il, 1982
Aug. 10, 1983
112.50
50.00
62.50
Total
1,582.90
826.69
756.21
Tolal (excluding
Sud"n)
1,38-4.90
756.69
628.21
1983
Central Afnc"n Republic
SBA
April 22, 1983
April 21, 1984
18.00
4.50
13.50
Ghana
SBA
Aug. 3, 1983
Aug. 2, 1984
238.50
143.10
95.40
Ivory Coast
EFF
Feb. 27, 1981
Feb. 22, 1984
484.50
446.00
38.50
Kenya
SBA
March 21, 1983
Sept. 20, 1984
175.95
129.80
46.15
Liberia
SBA
Sept. 14, 1983
Sept. 13, 1984
55.00
28.00
27.00
Malawi
EFF
Sept. 19, 1983
Sept. 18, 1986
100.00
\\0.00
90.00
Mali
SllA
Dcc. 9, 1983
May 31,1985
40.50
10.00
30.50
Mauritius
SllA
May 18. 1983
Aug. 17, 1984
49.50
24.75
24.75
Morocco
SllA
Sept. 16, 1983
March 15, 1985
300.00
30.00
270.00
l'igcr
SBA
Oct. 5, 1983
Dcc. 4, 1984
18.00
6.80
11.20
Sencgal
SllA
Sept. 19, 1983
Sept. 18, 1984
63.00
31.50
31.50
Somalia
SIlA
July 15, 1982
Jan. 14, 1984
60.00
51.25
8.75
Sudan
SHA
Feb. 23, 1983
Feb. 22, 1984
170.00
144.50
25.50
Togo
SllA
March 4. 1983
April 3, 1984
21.40
19.41
1.99
Uganda
SBA
Sep'. 16, 1983
Sept. 15, 1984
9500
44.00
51.00
Z.aire
SHA
Dec.
lYS,
March ~6 \\"S5
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L::-3 i.~~
lu(:1i (uduoln;.:,
~udiln)
1ASS.ti5
1,153.11
1,305.74
Source: International Monetary Fund, Treasurer's Dcranment.
t Cumulative purchases under the arrangement from date of approval.
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...

1

325
J
1
Principales courroies de transmission de "inflation dans les pays en développement
Revendications
salariales
PRESSIONS SOCIALES
excessives. fixation de prix de
ET POLITIQUES
'monopole.
agitation
sociale,
etc.
DËFICIT DU SECTEUR PUBLIC
POLITIQUE EXPANSIONNISTE
DU CRËDIT
l'"
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1
t
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-,

VI • CASE STUDIES
327
Table 5.
Somalia:
Seleeled Economie and Financial Indicalors, 1980-83
1
1980
1981
1982
1983
\\1:,
Sources: Daia provided by the Somali aUlhorities; and Fund slaff estimales.
1 GDP Gala arc based on Fund stafT estimales deri\\'ed from 1978 base using estimales of real GDP growth and the CPI as a proxy for the
GDP denator.
2 Includcs public cnterprises.
J Adjustcd for ex change rate changes. A COnS tan! exchangc rate is L:sed to i1!ustrate the change in positions on a year-to-year basis.
Jo As a percenlage of exports of goods and 5ervic~s.
~ Dacs Ilot include amounts in respect of ltaUan supplicrs' credits. whi:::h wcre under negotialion.

:,1
328
W'ORLD (CO N o {\\II C-
GutLOO k '15 Sz (~)
Table 1.
Indus trial Countries:
Changes in Output and Priees, 1963-82 1/
(ln per cent)
Average
Average
Change from Preceding Year
1963-72 21
1973-77 2/
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1 GNP
anada
5.5
4.0
3.7
3.0
3.0
-0.5
1.6
nited States
4.0
3.0
4.8
3.2
-0.2
2.0
-1.0
1.8
apan
9.8
4.1
5.1
5.2
4.2
2.9
3.5
4.0
rance 3/
5.5
3.4
3.7
3.5
1.2
0.8
2.1
3.2
ermany:- Fed. Rep. of
4.5
2.3
3.6
4.4
1.8
-0.3
1.0
3.0
ta1y '})
4.6
3.0
2.7
4.9
4.0
-1.0
1.4
2.7
nited Kingdom li
3.0
1.8
3.6
2.0
-1.6
-2.1
0.8
1.6
ther indus trial countries 4/ 5.0
3.0
2.1
3.0
1.9
0.3
1.6
2.4
AIl indus trial countries
4.7
3.0
4.0
3.6
1.3
1.2
0.8
2.5
Of whieh:
Seven 1arger eoun-
tries above
4.7
3.0
4.3
3.7
1.1
1.3
0.6
2.5
European eountries
4.5
2.7
3.0
3.5
1.4
-0.3
1.4
2.6
deflator
anada
3.6
10.3
6.3
10.4
10.6
10.0
'9.8
7.4
nited States
3.5
6.9
7.3
8.5
9.0
9.2
7.5
6.1
apan
5.5
10.3
4.6
2.5
3.0
2.7
2.3
2.3
rance 3/
4.8
10.2
9.5
10.1
11.6
11.0
13.7
12.5
ermany-;- Fed. Rep. of
4.0
5.3
3.8
3.7
4.9
4.1
4.5
4.0
taly 3/
5.0
17.0
13 .9
15.7
20.3
15.8
18.2
17.0
rrited-Kingdom li
5.3
15.3
10.9
15.1
18.9
12.5
10.0
8.0
ther indus trial countries 4/ 5.4
11.0
9.0
7.7
8.6
8.8
9.0
8.3
A11 indus trial eountries
4.2
9.1
7.5
7.8
8.9
8.3
7.9
6.9
Of whieh:
Seven 1arger CO',Jn-
tries above
.0
8.7
7.2
7.9
9.0
8.2
7.8
6.7
European countries
4.9
10.6
8.7
8.8
10.8
9.4
10.0
9.1
.
-
..
. ~~
AUS:~2_l2, iILs:r_3, ~~l;iu~) D~~~Jrk, Fin:and, I:eland, Ire:anci~ Luxc~jourg, the ~~~ttlerlandsJ
J
Zealarld, ~orway, Spain, S~eden, and Switzerland.

329
rable 2.
Developlnll:: Coulltrle .. :
Chan~e6 ln Output, 1968-82 1/
(In per cent)
AversJ.:e
A...erage
Change From Precedlng Year
196R-72 ~/
1973-)) 21
1978
1979
19RO
1981
1982
011 export 1 n~ count ries 3/ 4/
9.0
6.0
1.8
2.9
-2.8
-4.5
Oll sector
2.9
-4.2
-3.0
-12.7
-15.3
-7.3
(,tll~r sect ors
Il.0
5.8
2.8
4.6
5.0
5.3
Non-oU devt!loplns, countrics 3/
\\olely,hted avera~e 31
6.4
5.0
4.8
2.5
3.8
Ex.~ ludln~ Chlna-
6.0
5.3
5.5
4.7
4.4
2.5
3.9
!'tedlolO
4.9
4.9
5.6
4.7
4.0
3.0
4.0
By a.nalytlcal )!roup
Wel)!ht~d averages 1/
f.:d u1l C~~pllrtt!r5 5/
7.0
6.0
6.2
7.2
7.3
6.6
5.1
Net oll Importers
6.4
4.7
4.4
1.9
3.6
[xcluding China
5.8
5.2
5.3
4.2
3.9
1.7
3.7
H.lJor ~xportcr5 of
m.lllufactures y
R.1
6.2
4.9
6.3
4.4
-<J.2
3.5
!...ow-lllcome countrles 7/
8.8
3.4
5.2
3.6
3.9
l;
F.xcludinp, China
3.4
4.0
5.9
0.1
3.4
4.3
4.3
r
Othee net oll 1mportees
5.5
4.8
5.5
3.6
3.1
3.3
3.5
~dlan6
Net I)U exporters 5/
5.4
6.0
6.2
5.5
7.0
5.1
4.7
1
Net 011 importers
4.8
4.6
5.5
4.5
3.5
2.7
3.7
Major exporters uf
m~.. nuf~cture5 6/
8.5
6.8
6.7
6.8
5.5
4.1
4.0
Law-incarne count rIe!:! 7/
3.9
3.7
5.1
4.1
4.0
2.9
3.8
Other l1t.!t oil
Il11pucters
4.9
5.0
6.0
4.8
3.0
2.5
3.5
Hy ar~8
We1~hted avera~cs 31
AfrlcH
!,.9
3.8
2.4
2.6
4.6
2.6
2.0
-
Asta
9:-6----~----4;8
4.7
C8
Excludlni China
4.5
5.6
8.1
3. J
3.4
5.7
5.6
Europe
6.2
5.3
5.4
4.1
1.7
2.7
2.8
Middl" f.as t
7.5
4.6
6.8
5.0
6.1
4.7
6.8
\\.Iestern Hemb:phece
7.6
5.8
4.4
6.7
6.0
-o. J
3.5
Hçdians
At r ica
L..~
3.9
3.5
•• 2
3.0
2.0
3.8
. As1a
•• 9
5.1
f.,.~
6.1
5.8
5.0
4.3
Europ~
6.7
5.9
6.H
7.0
3.0
2.2
3.0
~lid~le East
6.4
5.8
7.2
5.2
6.5
5.4
5.3
\\..'~s[ern !1~r.J.is plie re
5.0
5.1
6.0
4.8
3.5
2.0
2.1
1
1
"'l,
T.le",,-=,
~'::-'JUps, ;l;~": ~.)Cl; of (:1\\; ::-'_',..;iun.::l~ ~UI)i~r(JUp:- 0:
nu;--(,il
d'·\\'l:lo;;l..n~ counrries, confort, te,
[t,e cl..ssiticiition n(,I0.· U,'>l'I~
ir:
[:Jt'
l:H"'r:;"tlufl<.J~ Flrl,:.. 'IC1:l.1
S~:J:::lstic~.
~/
1
lOr.lprlSe I1nh'dÜ\\,
holivid,
COl!!'U, .!:.cuaJnr,
~:Y,YJl(, Gabon, f"laiaysia, Mexico. Peru, Syrian Arab
k,-,public,
Trlnidcld and Tob<..lI~O, ~Il<"! Tunislti •
r
.!:/
InçJll(~I' Ar;~t:'lltir.Ll, l'lr:\\zil, Cn'l'Ct, I:o!\\g "on!;, Isrât-'l, f;ort:'Ll, POrtu~':él':, Singaport:', South Africa,
,!
<'ll),~ Yo.I;,n'i1;l\\:ia.
Cù'::.!"i:.<'
~'~' CC'''::1.~:-:.,',.. \\,:r")"'~ :"', C:J::~_.
C:"-I;' , .J.-,
,!s~ir,,:,t.t·J
-:c ]\\-,,_
1
!
1

w~o rHl l,j
330
J'
Table 3.
Developing Countries:
Changes in Consumer Priees, 1968-82 li
(In per cent)
Average
Average
Change from Preceding Year
1968-72 1/
1973-77 1/
1978
1979
1980
1981
1982
Oil exporting countries
Weighted average 1/
8.0
10.2
10.5
12.6
11.8
10.5
Non-oil developing countries
Weighted average 3/
20.0
24.7
32.1
31.4
29.4
Excluding China-
9.1
26.5
23.6
29.0
36.9
37.2
34.5
Median
4.2
13.0
9.4
12.2
14.9
13.8
12.0
By analytical group
Weighted averages 1/
Net oil exporters
4.1
16.7
17.7
17.7
24.2
24.6
36.6
Net oil importers
20.3
25.8
33.3
32.4
28.1
Exduding China
10.0
28.3
24.8
31.2
39.3
39.7
34.0
Major exporters of
manufactures
14.1
36.0
37.3
44.6
54.3
62.2
51.0
Low-incorne countries
3.7
6.8
11.6
9.6
8.0
Exduding China
6.5
14.5
6.5
11. 5
15.9
17.6
14.4
Other net oil importers
8.4
28.1
19.3
24.6
32.9
20.2
20.0
Medians
Net oil exporters
3.8
13 .6
10.5
9.0
15. 1
14.7
13.0
Net oil importers
4.2
12.Q
9.3
12.2
14.9
13 .4
12.0
Major exporters of
manufactures
7.6
16.5
14.4
19.0
24.9
23.3
19.0
Low-inco~e countries
4.3
13.0
9.3
11.9
13 .1
13.5
12.0
Other net oil importers
3.9
12.5
8.6
12.2
14.8
12.5
10.0
I\\v area
1
Weighted averages 1/
Africa
4.6
14.9
15.2
19.2
19.3
22.7
24.3
Asia
3.7
6.5
12.6
9.9
7.7
Excluding China
6.5
13.5
5.7
9.4
16.r
15.4
11. 5
1
Europe
6.1
14 .7
21.1
27.5
40 •.
25.9
21.2
niddle East
1,.3
18.8
21.1
25.8
42.7
32.8
31.8
1
Western He~isphere
15.3
47.4
42.4
49.6
58.3
65.7
61.1
1
i
-
1
• •
j
\\,'estern HErïI:.sphere
.:.. J
14.3
15.6
1i .. 1
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lC' .C
1/
For classification of countr~es in grours shawn here, see ~J.ble ... "
~I
ComrOl:n~ an~u21 rates c~ cha~ge.
3/
C()C.:Ti':~<:-:C a\\·o.=r2c:ês 0: :::"~~:-.:~' l:-;C:C-::': \\.oJt::ir::'-,t~::c [n' ::'n,,:' ::\\·L~:·Z1:":~' L'.~.• l-1· ~Lt- ':~~~t':- (:
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'l'able 4.
Major Industrial Countries:
Unemployment Rates,
1963-82 1/
~
(3
lJ:)
C>Q.
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~
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"
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'""""..~-·""'f·"·'.;~1~-·---_,_·~,
~
-.....?

332
Table 5.
Wor1d Trade Summary, 1963-82 1/
(Percentage changes)
Average
Average
1963-72 2/
1973-77 2/
1978
1979
1980
1981
1982 1/
1
1
r1d Tude 3/·~ /
1urne
8.5
5.5
5.5
6.5
2.0
2.0
it value (U.S. dollar terms)
3.0
15.5
10.0
18.5
20.0
-0.5
3.0
(SDR terms) 5/
2.0
13.5
2.5
15.0
19.5
10.0
5.5
1
Volume of trade
1
Exports
Industria1 countries
8.8
6.3
6.1
6.7
4.7
2.8
2.0
1
Deve10ping countries
Oi1 exporting countries
9.2
2.7
-4.0
3.0
-12.8
-16.3
-7.0
1
Non-oi1 deve10ping
countries
6.7
5.8
9.4
9.4
5.6
3.1
7.0
Imports
1
Indus trial countries
9.1
4.2
5.2
8.4
-1.3
-2.3
2.0
1
Deve10ping countries
Oi1 exporting countries
8.4
26.6
4.8
-12.3
14.9
19.8
7.0
Non-oi1 deve10ping
countries
6.2
5.1
8.3
11.2
3.5
2.5
3.0
Unit value of trade
(in SDR terms) ~7
1
Exports
1
Industria1 countries
2.1
10.9
5.3
12.1
11.8
6.1
6.0
Deve10ping countries
Oi1 exporting countries
2.6
37.2
-6.3
42.1
58.2
22.0
1
Non-oi1 deve10ping
1
countries
1.2
15.7
-1. 7
13.9
18.8
13.0
6.0
i
Imports
1
Industria1 countries
LB
14.1
2.6
15.2
21.0
6.9
4.0
Deve10ping countries
f
Oi1 exporting countries
2.1
12.3
4.9
10.5
11. 7
B.7
5.5
Non-oi1 deve10ping
!
countries
1.1
14.8
2.5
14.2
24.3
15.0
7.5
[or- ':::'2..:::;:::':i:;è:"~C;, 0: c,:)L:n~:-ies .:- f~~OU:'S sh(,....,.~-:.
Exc. :'''':-.2-.',
::- tL',:
rCC:~:E' s :,'~-;'~~~':'ic of Cr.in:;. p7:'iu:- te 2.S-~:'.
~/
Figures are rounced te the nearest 0.5 per ce~t.
':/
Averages based on data for the three groups of count:ries sho1."I1 separately belo1.' ané 0:> pa,-:ly
:imated data for other countries (mainly the Union of Soviet Socialist Republics and ot:her
~member countries of Eastern Europe).
,/
For years p,-ior to 1970, an imputed value of USS1.00 has becn assigned to the SDR.

)~.'..'.
~' ~;
;.
333
Table 6.
Terms of Trade Developments, 1963-82 1/·
(Percentage changes)
Average
Average
1963-72 2/
19.73-77 2/ 1978
1979
1980
1981
1982 3/
lus trial countries
0.3
-2.7
2.6
-2.7
-7.6
-0.7
1.5
leloping countries
Jil exporting countries
0.5
19.1
-10.7
28.7
41.7
12.2
-5.5
~on-oil developing
countries
0.8
-4.1
-0.2
-4.4
-1.7
-1.0
norandum item
rld trade priees (in U.S.
)llar terms) for major
)mmodity groups i/
1anufactures
3.0
11.9
14.7
14.5
11.0
-5.0
5.0
Ji!
3.0
41.1
0.1
48.7
62.0
11.0
-3.0
~on-oil primary commodities
(market priees)
2.5
17.0
-4.6
16.5
9.7
-14.7
1.0
l/
Based on foreign trade unit values except where indicated.
For classification of coun-
Les in groups shown here, see Tables 1 and 2.
Excludes data for the People's Republic of
ina prior to 1978.
t
~/
Compound annual rates of change.
f/
Figures are rounded to the nearest 0.5 per cent.
~/
As represented, respectively, by (a) the United Nations' export unit value index for the
lufactures of the developed countriesj (b) the oil export unit values of the oi1 exporting
lntries; and (c) the International Financial Statistics index of market quotations for non-
l primary commodities.
f
1
1
t
1
1
1
1
1
i

.!
334
Table 7.
Summary of Fayments Balances on Current Account. 1977-82 !I
(In billions of U.S. dollars)
1
1977
1978
1979
1980
1981
1982 l/
!r
1
1
1
Industria1 countries
-5.6
30.5
-10.1
-44.8
-3.9
14.0
t
Canada
-4.0
-4.0
-4.3
-1.9
-5.8
-5.0
!
United States
-11.3
-10.9
5.0
8.4
10.0
2.0
!
Japan
11.2
18.0
-8.0
-9.5
6.1
16.5
France
-1.6
5.2
3.0
-6.3
-6.6
-6.5
Germany. Fed. Rep. of
8.5
13.6
0.9
-9.0
-1.2
10.5
Ita1y
3.1
7.9
6.4
-9.4
-7.4
-3.5
United Kingdom
1.5
4.5
0.7
11.5
19.8
12.5
1
Other industria1 countries
-12.9
-3.6
-13.7
-28.7
-20.0
-12.5
1
,
Deve10ping eountries
!
Oi1 exporting countries
30.8
69.8
115.0
70.8
25.0
.,
Non-oi1 deve10ping countries
-28.3
-38.9
-58.8
-85.6
-102.0
-100.0
1
r-
By ana1ytica1 group:
I
" ~f
Net oi1 exporters
-6.5
-7.9
-8.5
-11.0
-20.6
-23.0
f
Net oil importers
-21.8
-31.0
-50.3
-74.6
-81.5
-77 .0
Major exporters of manu-
factures
-7.9
-9.9
-21.5
-32.4
-36.0
-32.5
Low-income countries
-2.6
-7.9
-11.5
-16.4
-15.3
-16.0
Other net oi1 importers
-11.3
-13.2
-17.4
-25.8
-30.2
-28.5
1
,,
By area:
i
Afriea 3/
-6.6
-9.0
-9.7
-12.7
-13.3
-13.0
i
Asia
-0.6
-6.5
-14.1
-24.4
-25.8
-29.0
r
Europe
-7.6
-5.2
-8.5
-10.9
-7.9
-6.5
i
Middle East
-5.2
-6.5
-8.5
-7.8
-9.0
-12.5
t
Western Hemisphere
-8.7
-13.2
-21.3
-33.1
-41.5
-36.0
Total 4/
-3.1
-5.5
0.9
-15.4
-35.1
-61.0
1
1 ~,_
1
-;:;/
[:·::.1'..i:: i:1b >;)u::, :':..::-i::.c...
!
4/
Refle~ts errors, omissions, and as:~~e~ries i~ reporteè balance 0: pa;TIents
statisties, plus balance of listed groups with other eountries (mainly the Union of
1
Soviet Socialist Republics and other noœne~ber eountries of Eastern Europe).
r
1
1

335
Table 8.
Industrial Countries:
Balances on Current Account,
Including Official Transfers, 1977-82 ~I
(In billions of D.S. dollars)
1977
1978
1979
1980
1981
1982 21
Canada
-4.1
-4.3
-4.2
-1.6
-5.5
-5.0
United States
-14.1
-14.1
1.4
3.7
6.0
-3.0
Japan
10.9
17.6
-8.8
-10.7
4.7
15.0
France
-3.0
3.7
1.3
-7.9
-7.9
-7.5
Germany, Fed. Rep. of
4.1
9.2
-5.3
-16.4
-7.8
4.0
Italy
2.5
6.4
5.5
-9.8
-8.0
-4.0
United Kingdom
-0.5
1. 2
-3.7
7.2
16.2
9.0
1
Other industrial countries -14.5
-5.6
-16.0
-31.7
-23.9
-17.0
f
AlI industrial countries -18.7
14.1
29.7
67.2
25.5
-8.5
Of which:
1
Seven larger coun-
tries
-4.2
19.7
13.8
-35.5
-1.6
8.5
11
The balances shown in this table cover goods, services, and aIl
(private and official) current transfers.
For country classification,
see Table 1.
21
Figures are rounded to the nearest $0.5 billion.
1
1
... - .•._--,----
1

337
Table 9.
Non-Oil Developins Cauntrte.:
Current Account Balance• ••
i
Percentage of Exporta of Gooda and Servitea, 19b7-82 li
!
1
Average
1967-72
1973....
1974
1975'
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
-011 developins countrie.
1
elghted average 3/
-12.9
-15.0
-17.7
-20.4
-22.7
-19.9
Excludlnl Chlna-
-17.8
-10.6
-24.8
-30.9
-18.1
-13.9
-15.5
-18.1
-21.0
-23.7
-20.8
ed1an
-19.7
-19.2
-22.7
-31.6
-23.6
-21.8
-31.6
-30.0
-36.8
-41.1
-36.0
y analytlcal group
1r
'eighted average. y
Net 011 e~porter.
-19.6
-17.3
-21.8
-42.1
-27.6
-19.6
-20.2
-15.5
-14.6
-25.7
-26.9
Net 011 importers
-11.7
-14.1
-18.1
-21.6
-22.0
-18.5
Excluding China
-17.6
-9.6
-25.4
-26.9
-16.3
-12.8
-14.7
-16.7
-22.3
-23.2
-19.5
1
Major exporters of manufactures
-13.1
-7.0
-27.9
-28.1
-14.6
-7.7
-8.0
-13.7
-16.3
-16.6
-13.4
Lov-lncome cauntrtes
-8.9
-23.6
-26.9
-31.8
-26.5
-26.8
Excluding China
-34.8
-35.7
-53.5
-50.4
-23.6
-17.4
-33.1
-37.2
-46.9
-47.3
-45.1
t
Other net 011 importers
-15.5
-4.3
-12.2
-22.5
-16.7
-20.7
-21.2
-22.3
-26.9
-30.3
-25.0
i
,edh.ns
!!,
Net 011 exportera
-19.1
-12.9
-21.2
-21.3
-20.4
-23.0
-14.1
-5.7
-14.6
-21.6
i
Net 011 importer.
-19.5
-19.8
-24.9
-31.8
-23.1
-21.3
-32.5
-31.7
-44.3
-42.0
-40.5
Major exportera of manufactures
-12.2
-0.8
-19.0
-24.3
-5.7
-1.6
-5.5
-5.2
-15.8
-17.8
-14.3
Law-incarne cauntrtes
-26.8
-27.7
-56.3
-71.6
-38.0
-36.9
-62.1
-61.4
-72.2
-69.6
-60.5
1
Other net 011 importers
-16.2
-13.6
-16.6
-25.7
-14.1
-19.3
-23.5
-25.4
-28.5
-34.0
-29.0
1
r
elghted average. !/
,
'1
Afriea
-16.9
-10.6
-17.9
-34.2
-27.5
-17.7
-19.0
-12.6
-14.8
-31.8
-28.5
Asia
-0.7
-6.2
-10.4
-14.4
-13.8
-13.6
Excludlng China
-12.1
-7.4
-19.6
-16.0
-4.1
-2.1
-6.5
-10.5
-15.2
-15.4
-15.0
1
Europe
-6.9
1.9
-20.7
-21.8
-16.4
-28.1
-16.4
-21. 7
-22.6
-14.3
-10.0
Hiddle East
-27.0
-40.0
-42.8
-63.7
-42.3
-33.2
-34.7
-36.6
-24.1
-26.5
-33.5
Western Hemisphere
-20.3
-16.1
-32.6
-40.5
-25.5
-15.3
-20.7
-25.5
-30.7
-35.1
-27.4
1
edians
AfrJca
-21.0
-23.6
-29.3
-44.0
-29.4
-23.6
-45.3
-47.0
-60.2
-55.3
-54.7
Asia
-16.7
-10.0
-12.1
-27.6
-12.5
-15.6
-24.0
-22.9
-31.5
-31.0
-29.7
Europe
-5.7
5.5
-21.9
-20.2
-6.4
-19.4
-15.1
-20.4
-16.0
-11.1
-5.6
~iddle East
-14.6
-28.1
-55.5
-42.7
-39,9
-26.6
-37.8
-36.5
-27.6
-40.9
-40.1
Western Hemisphere
-20.1
-16.5
-23.5
-26.6
-10.6
-20.2
-13.4
-20.7
-25.9
-31.1
-27.5
For classification of countries in groups sho~ here, see Table 2.
Ratios of current account balances ta exports of goods and services for indlvidual cauntries, averaged on the hasts of
~ent experts of goods and services weights.
Such estimates correspond exactly ta those obtained through calculatlo~ for
particular grouping of cauntties of the ra~10 of the sum of the current account balances ta the correspondin~ sure of
)rts of goods anè services values.
;

337
Table 10.
Non-OU Oeveloping Countries:
Current Account Financ1ng, 1973-821/
(In billions of V.S. dollars)
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
:urrent account deflclt ~/
10.7
36.5
29.4
28.3
38.9
58.8
85.6
102.0
100.0
~inanclng through transactions that do not
affect net debt positions
10.1
13.0 l/ Il.8
12.0
14.9
17.2
23.0
24.1
26.3
27.8
Net unrequlteG transfers recelved by ROv-
ernments of non-011 developinR countrles
5.4
6.9 )j
7.0
7.3
8.3
8.2
10.9
12.3
12.9
13.6
SDR allocations. valuation adjustments. and
gold monetizatlon
0.4
0.7
-0.6
-0.2
1,3
2.1
2.8
1.8
-0.2
Direct investment flows, net
4.3
5.4
5.4
4.8
5.3
6.9
9.2
10.0
13.6
14.1
~et borro~lng and use of reserves 41
0.6'
23.5 )J 33.7
17.4
13.4
21.7
35.9
61.6
75.8
72 .1
Reduction of reserve assets (acc~mulatIan -) -10.2
-2.9
1.3
-13.8
-12.4
-15.7
-12.5
-3.7
-0.8
-3.2
Net externat borrowing ~I
10.8
26.4 1/ 32.4
31.2
25.8
37.4
48.3
65.3
76.6
75.3
Long-term borrowlng
12.2
20.5 3/ 27.5
28.8
26.5
35.3
39.0
46.2
55.4
56.9
From official sources
5.5
9.5 }j Il .5
10.9
12.6
14.2
15.4
20.5
20.6
22.1
From prlvate sources
8.4
13.8
15.4
19.4
23.0
27.9
33.1
31.4
39.0
39.4
From flnanclal institutions
7.2
12.7
13.8
17.0
19.4
23.9
32.4
30.1
38.0
38.4
From other lenders
1.2
1.1
1.5
2.4
3.6
4.0
0.8
1,3
1.0
1.0
Residual flows. net 2./
-1.6
-2.8
0.6
-1.5
-9.2
-6.9
-9.5
-5.8
-4.1
-4.6
Use o~ reserve-related credit faci11tles !../
0.2
1.7
2.5
4.4
-0.1
0.5
-0.6
4.4
8.9
7.3
Other short-term borrowln~, net
0.2
5.2
6.4
12.2
0.8
4.3
9.4
19.9)
12.3
11,1
Residual errors and omissions §./
-1.7
-0.9
-4.1
-14.2
-1,1
-2.5
0.5
-4.7)
j
!/ Excludes data for the People's Republic of China prior to 1977.
For country classification, see Table 2.
2/
Net total of balances on ~oods, services, and private transfers , as defined for the Fund's Balance of Payments
1
i
~e;rbook purposes (w1th sign reversed).
l
f
3/
Excludes the effect of a rev1sion of the terms of the disposition of economic assistance loans made by the
lnlted States ta India and repayable 1n rupees , and of rupees already acquired by the U.S. Government ln repayment of
1
;uch loans.
The revis ion has the effect of increasing government transfers by about USS2 billion , with an offset in
1
,
!
let official loans.
1
4/
That is, financing through changes in net debt positions (net borrowing , less net accumulation--or plus net
1
iquidatio~--of official reserve assets).
51
lncludes any net use of nonreserve claims on nonresidents, errors and omissions in reported balance of payments
,tatements for individual countries , and minor deficiencies in coverage.
6/
These resirl.ual flows comprise two e]ements:
(1) net changes in long-term external assets on non-oil developing
o~ntries and (2) residuals and discrepances that arise from the mismatching of creditor-source data taken from debt
·ecords, wit~ capital flow data taken from national balance of payments records.
71
Conprises use of Fund credit and short-term borro~ing hy monetar~ authorities from other monetary authorities.
],/
Errors and omissions in repo'lted balance of payments slatements for individual countries, and minor mussions in
overage.
i

338
Table 11.
Non-Oil Developing Countries:
Distribution of Financing Flows for Current Account Deficits
and Reserve Accretions, 1973-82 li
(In peI" cent)
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
~et 011 exporters
~ondebt-creat1ng flows, net
58
51
35
33
45
44
54
40
35
35
)fficial long-term capital, net
21
18
33
26
50
36
21
24
15
15
~rivate long-term capital, net
37
30
43
63
57
50
36
32
35
40
)ther financing flows. net 21
-16
1
-Il
-22
-52
-29
-Il
4
15
10
~et oil importers
21
~ondebt creatin~ flows, net
45
30 41
24
25
35
29
28
25
24
25
)fficial long-term capital, net
27
25 41
23
24
26
25
22
23
22
22
~rivate long-term capital, net
28
24 -
32
32
29
36
32
28
33
33
)ther financing flows. net 21
21
21
19
10
10
18
24
21
20
~t3jor exporters of manufactures
Nondebt creating flows, net
40
26
17
20
35
31
26
24
21
23
Official long-term capital, net
17
10
12
13
17
19
16
12
9
10
Private long-term capital. net
43
40
44
39
46
60
37
29
47
40
Other financing flows, net 21
24
27
28
2
-9
23
35
24
27
Low-income countries
Nondebt creating flows, net
52
43 41
35
40
51
41
33
34
30
29
Official long-term capital, net
38
57 41
51
56
51
45
33
45
42
43
Priva te long-term capital, net
8
-12 -
1
2
-12
-6
24
18
18
16
Other financing flows, net 21
12
13
2
10
20
10
3
10
12
Other net oil importers
Nondebt creating flows, net
48
24
30
25
26
22
28
21
23
26
Official long-term capital, net
38
24
23
22
23
20
22
23
27
28
Private long-term capital, net
14
32
32
39
30
32
32
33
25
31
Other financing flows, net 1/
20
15
14
22
27
18
24
25
15
1/
For classification of countries in groups shoYTI here , see the introduction ta this append1x.
Il Including in addition ta recorded short-term capital flows, net use of Fund credit plus net errors and
J
)missions.
11
Excludes data for the People's Republic of China prior to 1977.
41
Excludes the effect of a revision of the terms of the disposition of econom1c assistance loans made by the
JnTted States to India and repayable in r'!pees t and of rupees already acquired by the V.S. Government in
-epayment of such 10an5.

The revision has the effect of increasing government transfers by about U5$2 billion,
Jith ap. offset in net official luans.
!
1
!
1

~t:
~'.'
..
WéO r5~ (U-)
339
Table 6.
Terms of Trade Deve10pments, 1963-82 1/
(Percentage changes)
Average
Average
1963-72 2/
1973-77 Y 1978
1979
1980
1981
1982 3/
us trial countries
0.3
-2.7
2.6
-2.7
-7.6
-0.7
1.5
e10ping countries
il exporting countries
0.5
19.1
-10.7
28.7
41.7
12.2
-5.5
ion-oH deve10ping
countries
0.8
-4.1
-0.2
-4.4
-1.7
-1.0
lorandum item
Id trade priees (in U.S.
11ar terms) for major
mmodity groups !:!
:anufactures
3.0
11.9
14.7
14.5
11.0
-5.0
5.0
'iI
3.0
41.1
0.1
48.7
62.0
11.0
-3.0
--
on-oi1 primary commodities
-;;:'"
(market priees)
2.5
17.0
-4.6
16.5
9.7
-14.7
1.0
/
Based on foreign trade unit values except where indicated.
For classification of coun-
es in groups shown here, see Tables 1 and 2.
Exc1udes data for the Peop1e's Repub1ic of
na prior to 1978.
/
Compound annua1 rates of change.
/
Figures are rounded to the nearest 0.5 per cent.
!
As represented, respective1y, by (a) the United Nations' export unit value index for the
~factures of the deve10ped countriesj (b) the oi1 export unit values of the oi1 exporting
ntriesj and (c) the International Financia1 Statistics index of market quotations for non-
primary commodities.
1
1
!
1
1
j

WtO IgY;2(13)
ID/82/l
340
Corrected:
3/31/82
Table 7.
Summary of Payments Balances on Current Account, 1977-82 1/
(In billions of U.S. dollars)
1977
1978
1979
1980
1981
1982 2/
Industrial countries
0
30.5
-10.1
-44.8
-3.9
8-J
Canada
-4.0
-4.0
-4.3
-1.9
-5.8
-5.0
United States
-11.3
-10.9
5.0
8.4
11.0
z:tr-
Japan
11.2
18.0
-8.0
-9.5
6.1
16.5
France
~ 5.2 3.0 -6.3 -6.6
13.6
0.9
-9.0
-1.2
~})
Germany. Fed. Rep. of
75-
Ita1y
3.1
7.9
6.4
-9.4
-7.4
-3.5
United Kingdom
1.5
4.5
0.7
11.5
19.8
12 .5
Other indus trial countries
-12.9
-3.6
-13.7
-28.7
-20.0
-12.5
~ Developing countries
Oil exporting countries
69.8
115.0
70.8
--,25.0.
Non-oil developing countries
-28.3
-38.9
-58.8
-85.6
-102.0
=100.0
By analytical group:
Net oil exporters
-6.5
-7.9
-8.5
-11.0
-20.6
-23.0
Net oil importers
-21.8
-31.0
-50.3
-74.6
-81.5
-77 .0
Major exporters of manu-
factures
Low-income countries
<@ -9.9 -21.5 -32.4 -36.0 -32.5
-7.9
-11.5
-16.4
-15.3
1
Ef6?D
Other net oil importers
-11.3
-13.2
-17.4
-25.8
-30.2
-28.5
1
By area:
Africa 3/
-6.6
-9.0
-9.7
-12.7
-13.3
-13.0
1!
Asia
-0.6
-6.5
-14 .1
-24.4
-25.8
-29.0
!
E:u tope"
-7.6
-5.2
-8.5
-10.9
-7.9
-6.5
0
"
->
"
~fid,::l"2 :::-~. ~
-F.5
- i .8
-9.0
-12.5
" ,
-"':..) . ..:...
-L~ .. ~
-:i6.0
- - ..'
l!
r .
_: t; ..,
"
-.::~) .....
-0::' .0
1/ 'Coods, services, and private transf2rs.
For classification of countries in
1
groups sho~~ here, see Tables 1 and 2.
r
:/
Fig~res are rounded ta the nea~est SC.~
i:~ion.
~;
~xclu~ing South Africa.
4/
Ref~ectE errors, oillissions, arlG 2S:>;:;ü.~- :-i.::-:-:: i.n r~.pGr::.~d Dé..i~nc·2 of péYu1en~s
statistics, plus balance of listed g;:-OU?o ...-,: ~l o~}"r C:c;ur;êries (;:,-,ain:;'y the union of
1
,. _._~,-,--~,~~-!.
1

341
1
1
ID/82/l
Corrected:
3/31/82
Table 8.
Industrial Countries:
Balances on Current Account,
Including Official Transfers, 1977-82 ~
(In billions of U.S. dollars)
1977
1978
1979
1980
1981
1982 2/
Canada
-4.1
-4.3
-4.2
-1.6
-5.5
-5.0
United States
-14.1
-14.1
1.4
3.7
6.6
-3.0
Japan
10.9
17.6
-8.8
-10.7
4.7
15.0
France
-3.0
3.7
1.3
-7.9
-7.9
-7.5
Germany, Fed. Rep. of
4.1
9.2
-5.3
-16.4
-7.8
4.0
Italy
2.5
6.4
5.5
-9.8
-8.0
-4.0
United Kingdom
-0.5
1.2
-3.7
7.2
16.2
9.0
Other indus trial countries -14.5
-5.6
-16.0
-31.7
-23.9
-17.0
AlI indus trial countries -18.7
14.1
-29.7
-67.2
-25.5
-8.5
Of which:
Seven larger coun-
tries
-4.2
19.7
13.8
-35.5
-1.6
8.5
1/
The balances shown in this table cover goods, services, and aIl
(private and official) current transfers.
For country classification,
see Table 1.
2/
Figures are rounded to the nearest $0.5 billion.

342
Table 9.
Non-Oil Developtng Countrlea:
Current Account Balance. a'
Percent_ge of Export. of Goodl and Service •• 1967-82 l'
Average
1967-72
1973-
1974
197~
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
.n-011 developlng cauntrte.
Weighted .verage l'
-12.9
-15.0
-17.7
-20.4
-22.7
-1~.9
Excludlng China
-17 .8
-10.6
-24.8
-30.9
-18.1
-13.9
-15.5
-18.1
-21.0
-23.7
-20.8
Median
-19.7
-19.2
-22.7
-31.6
-23.6
-21.8
-31.6
-30.0
-36.8
-41.1
-3li.0
Rf analytical group
Weighted averages ~I
Net oil exporters
-19.6
-17.3
-21.8
-42.1
-27.6
-19.6
-20.2
-15.5
-14.8
-25.7
-26.9
Net 011 importer.
-11.7
-14.1
-18.1
-21.6
-22.0
-18.5
Excludlng China
-17.6
-9.6
-25.4
-28.9
-16.3
-12.8
-14.7
-18.7
-22.3
-23.2
-19.5
Major exporters of manufactures
-13.1
-7.0
-27.9
-28.1
-14.6
-7.7
-8.0
-13.7
-16.3
-16.6
-13.4
Lov-lncome caunertes
-8.9
-23.6
-26.9
-31.8
-28.5
-26.8
Excludlng China
-34.8
-35.7
-53.5
-50.4
-23.8
-17 .4
-33.1
-37.2
-46.9
-47.3
-45.1
Other net 011 importer.
-15.5
-4.3
-12.2
-22.5
-16.7
-20.7
-21.2
-22.3
-26.9
-30.3
-25.0
1
Medians
t
1
Net ail exportera
-19.1
-12.9
-21.2
-21.3
-20.4
-23.0
-14.1
-5.7
-14.8
-21.6
Net 011 importers
-19.5
-19.8
-24.9
-31.8
-23.1
-21.3
-32.5
-31.7
-44.3
-42.0
-40.5
Major exporters of manufactures
-12.2
-0.8
-19.0
-24.3
-5.7
-1.6
-5.5
-5.2
-15.8
-17.8
-14.3
1
Low-lncome caunertes
-26.8
-27.7
-56.3
-71.6
-38.0
-38.9
-62.1
-61.4
-72.2
-69.6
-60.5
'1
Other net 011 importers
-16.2
-13.6
-16.6
-25.7
-14.1
-19.3
-23.5
-25.4
-28.5
-34.0
-29.0
!
1
1
Wetghted averages !!
Africa
-16.9
-10.6
-17.9
-34.2
-27.5
-17.7
-19.0
-12.6
-14.8
-31.8
-28.5
Asia
-0.7
-6.2
-10.4
-14.4
-13.8
-13.6
Excludlng China
-12.1
-7.4
-19.8
-18.0
-4.1
-2.1
-6.5
-10.5
-15.2
-15.4
-15.0
\\
Europe
-6.9
1.9
-20.7
-21.8
-16.4
-28.1
-16.4
-21.7
-22.8
-14.3
-10.0
Middle East
-27.0
-40.0
-42.8
-63.7
-42.3
-33.2
-34.7
-36.6
-24.1
-26.5
-33.5
Western Hemisphere
-20.3
-16.1
-)2.8
-40.5
-25.5
-15.3
-20.7
-25.5
-30.7
-35.1
-27.4
Medians
Afrlea
-21.0
-23.8
-29.3
-44.0
-29.4
-23.6
-45.3
-47.0
-60.2
-55.3
-54.7
Asta
-16.7
-10.0
-12.1
-27.6
-12.5
-15.6
-24.0
-22.9
-31.5
-31.0
-29.7
Europe
-5.7
5:5
-21.9
-20.2
-6.4
-19.4
-15.1
-20.4
-18.0
-11.1
-5.8
!'!iddle East
-14.6
-28.1
-55.5
-42.7
-39.9
-26.8
-37.8
-38.5
-27.6
-40.9
-40.1
~estern Hemisphere
-20.1
-16.5
-23.5
-26.6
-10.8
-20.2
-l3 .4
-20.7
-25.9
-3Ll
-27.5
1/
For classification of countries in groups shovn here. see Table 2.
2,'
Ratios of current account balances to exports of gaods and services for individua! countTies. averaged on the basts of
rrent exports of goods and services ue1gh~s.
Such est1Qates correspond exactly to those obta1ned through calculat10n for
) particular grouping of cauntr1es of the ratio c: the SUffi of the current accounr balance~ to the corresrondinè s~ of
ports of goods and services values.
J

343
APPENDIX l
Fund Relations with Senegal II
Date of membership:
August 31, 1962
Quota:
SDR 63 million
Exchange sys tern: '
Senegal's currency, the CFA franc, is
pegged to the French franc, which is
the intervention currency at the
rate of CFAF 1 = F 0.02.
1
Fund holdings of Senegal's
currency:
293.4 per cent of quota, of which 95.8
1
per cent was under CFF purchases,
2.0 per cent under the oil facility,
\\
32.6 per cent under the EFF, and
!
45.0 per cent under the SFF.
SDR position:
Holdings amounted to SDR 0.48 million,
or 1.97 per cent of net cumulative
allocation.
1
Gold distribution (four
distribut ions):
Acquired 29,024.482 troy ounces of
l
fine gold
Direct distribution of profits
from gold sales (July l, 1976-
1
July 31, 1980):
US $5.38 million
1
Subsidy Account payments:
SDR 2.40 million
1
Trust Fund assistance:
Received loans of snR 33.23 million
in the first and second periods.
1
Last Article IV consultation:
Staff discussions held in Dakar,
l
Febn 3.ry l8-è1arch 5, 1980 and staff
report (511/80/104) \\.as discussed by
1
!
:_he Executive Board on June 9, 1980.
1
!!
i,
--"-'-_.
1
J

344
Senegal:
Selected Economie and Financlal Indicators. 1980-83
1980
1981
1982
1983
Program
Program pro jec-
Prop,ram
projec-
tians 1/ 2/
projec-
tions 1/
Actual
Init1al
Revlsed
tions 21
(Annual per cent chanp,es, un1css otherwi~e $pecifierl)
National Income and priees
CDP It constant priees
-7.4
-5.2
-4.0
9.2
10.3
4.4
GDP denatar
8.0
14.9
12.0
6.5
5.7
8.0
1
Consumer priees
11.0
13.0
13.0
11.0
13.0
9.0
External sector
1
Exports, f.o.b.
-10.8
-9.7
-11.2
39.3
41.4
10.3
Imparti, c.l.f.
-0.6
-0.9
0.7
5.0
3.4
4.5
Non-ail imports, c.i.f.
-10.2
-4.5
-5.1
5.0
3.4
5.0
Export volume
-20.0
-16.9
-21.5
41.4
'51.2
4.8
Import volume
16.6
-1.5
-5.9
-2.7
-1.7
-1.8
Terms of trade
-6.6
7.9
6.0
-8.7
-10.7
-1.6
\\
Nominal effective exchanee
rate (depreciation -)
0.3
-7.9
f
Goverement budget 3/
Revenue and grants
13.3
-1.4 !!:l
-5.4
7.0
10.3
14.3
Total expenditure
20.4
9.9 !:J
9.9
13.7
15.5
8.5
Honey and credit
Domestlc credit
16.5
22.2
25.4
22.1 3/
Covernment
52.7
113.9
85.4
88.6 3/
Prlvate sector
13.7
14.4
19.1
25.5 "!/
Money and quasi-money (~~)
10.3
9.7
22.0
16.5 Il
Velotity (GDP relative ta H2)
3.2
3.2
3.2
Interest rate (annual rate.
one-year savings deposlt)
7.25-10
7.25-14.5
(In per cent of COP. unless otherwise specified)
Central Government budget
defitit 3/
-1.0
-3.8 4/
-4.7
-5.2
-5.9
-4.5
Domestit-bank financing ~
1.5
4.24/
3.4
5.5
5.7
3.0
Foreign finanting l/
-1.0
1.7 B
1.6
3.7
3.8
4.1
Cross domestlc InvestMent
16.9
16.7
16.6
17.0
16.6
17.0
Cross domestlc savlngs
-4.2
-6.7
-8.2
2.7
1.5
4.7
Current account deflclt
-17.0
-22.2
-22.6
-16.3
-16.6
-14.3
Resouree gap
-20.2
-23.7
-24.9
-15.8
-16.6
-13.9
Transfera (net) minus factor
services (net)
3.2
1.5
2.3
-0.5
-0.4
External debt (inclusive of
use of Fund crefit)
48.0
63.5
60.5
67.7
65.1
70.3
Debt service ratio (in per
cent of exports of goods
and services)
22.8
29.0
28.4
2J.8
21.5
21.5
Interest payments (in per cent
of exports of goods and
services)
7.5
13.0
12.9
11.9
10.0
12.0
(:n millions of SURs. unJess othcr~ise snec1fied)
Overal: D~l~nce cf p2~~~~CS
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projections.
1/
The current program covers the period July 1. 1981-June 30. 198~.
2/
The rroposed program w11l cover the period July l, 19B2-Jllne 3D. 1983.
3/
Year ending June 30.
4/
Initial tsti~ates.
5/
AssUI:!.ing external èe~t relief for bDth 1982/':3 and 19P::"E":', bd
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1
J

345
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PNB pat habitan!"
Population
Ew'<ance
(millions
Super·
Croissance
Taux annuel
de vie i la
d'habitants)
ficie
annuelle
moyen
naissance
Milieu de
(mlniera
OoIlars
moyenne('l4l)
d'innation' ('MI)
(années)
1983
de km')
1983
196>-a3"
1965-73
197~
1983
PI~ • lin... revenu
2.335,41
31.6031
260 10
2,710
1,410
5,410
5910
lne .lInde
1.752,31
12.8491
280 10
3.2 ..
0,9 ..
3,710
62",
Ault.. peY' • Ialble revenu
583,01
18.7541
20010
0,710
4,810
13,810
51 10
Alr1qua lU lUd du Sohanl
245,21
15.4511
220",
-0,210
3,910
17,5 ID
4810
1 Ethiopie
40,9
1,222
120
0,5
1.8
4,4
43
2 Bangladesh
95,S
144
130
0,5
7,3
9,6
50
3 Mail
7,2
1240
160
1,2
7,6
10,3
45
4 Népal
15,7
141
160
0,\\
5.8
8,1
46
5 Zaire
29,7
2,345
170
-1.3
18,7
48.2
51
6 Burluna
6,5
274
180
1.4
2.6
10.8
44
7 Birmanie
35,S
677
180
2.2
2.8
6.5
55
8 Malawi
6,6
118
210
2.2
4.5
9,8
44
9 Ouganda
13,9
236
220
-4,4
5.6
62,7
49
10 Burundi
4,5
28
240
2,1
2,9
12,4
47
11 Niger
6,1
1.267
240
-1.2
4.0
11.8
45
12 Tanzanie
20,8
945
240
0.9
3.2
11,5
51
13 Somalie
5,1
638
250
-0,8
3.8
20,1
45
14 Inde
733.2
3288
260
1,5
6.3
7,7
55
15 Rwanda
5,7
26
270
2.3
7,7
11.2
47
16 République eenttafrlCa'ne
2,5
623
280
0.1
3.0
14,4
48
17 Togo
2.8
57
280
1,1
3,1
8,3
49
18 Bénin
3,8
113
290
1.0
3,6
10.8
48
19 Ch,ne
1.019,1
9.561
300
4,4
-1.0
1.7
67
20 Guinée
5,8
246
300
1,1
3,0
4,0
37
21 Haiti
5,3
28
300
1,1
4.0
7,8
54
22 Ghana
12,8
239
310
-2,1
8.1
51,6
59
23 Madagascar
9,5
587
310
-1.2
4.1
13.9
49
24 Sierra Leone
3,6
72
330
1,1
1.9
14.7
38
25 Sn Lanka
15,4
66
330
2.9
5,1
14,5
69
26 Kenya
18,9
583
340
2.3
2.3
10.8
57
27 Paklst3n
89,7
804
390
2.5
4.8
11.1
50
28 Soudan
20,8
2,506
400
1.3
7,2
18,0
48
29 Aighanrstan
17,2
648
0,5
3.8
36
.,
30 Bhoutan
1,2
47
43
31 Tchad
4,8
1.284
4.5
8,3
43
f
32 Kampuchea démocratQue
181
33 RDPlao
3,7
237
44
34 Mozambique
13,1
802
46
!
35 VietNam
58.5
330
64
PI~' revenu inlef'1'Mdi.lre
1.165,21
40.525 ,
1,31010
3,410
5,210
29,310
6110
portaleu", de pétnlte
542,61
15.511 1
1.060 10
3,310
4,410
19,610
5710
Importateu", de pétrole
622,6t
25.0141
1.530 10
3,510
5,710
34,410
6410
Afrlqu. au sud du Soh.re
148,21
5.8221
700 10
1,910
4,810
12,410
5010
T!"anch. intérieure
665,11
18.446 t
75010
2,910
5,610
17,910
57 W
36 Sénégal
6.2
196
440
-0,5
3.0
8.9
46
37 Lesott1o
1.5
30
460
6.3
4.4
11.9
53
38 Llbéria
2,1
III
480
0.8
1.5
7.2
49
39 Mauntanie
1.6
1.031
480
0.3
3,9
7,8
46
40 BoliVie
6.0
1099
510
0.6
7.5
35.2
51
41 Yémen, RDP
2.0
333
520
46
42 Yémen, Republique arabe du
7.6
195
550
5.7
13.9
44
43 Inaanés'"
155,7
1 919
560
5.0
63.0
18.0
54
44 ZambIe
6.3
753
580
-1.3
5,2
10.3
51
45 Honduras
4.1
112
670
0.6
2.9
8.6
60
46 Egypte. République arabe d'
45,2
1001
700
4.2
2.6
13,2
58
47 EI5alvador
5.2
21
710
-0,2
1.6
11.7
64
48 C6te d'IVOire
9.5
322
710
1.0
4.1
11.9
52
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346
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Populaton
Eap6<ance
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Super.
C<oissanca
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moyen
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Uilieude
(milliers
Donars
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(an"')
'983
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196~
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1983
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'2,6
65
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8.2
284
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4.6
6.2
16.6
63
67 COlombo!!
27.5
1,139
1.430
3.2
10.8
24.0
64
68 Angola
8.2
1.247
'3
69 Cuba
9.8
115
75
70 Rép pop dém. de Corée
19.2
121
65
71 Liban
2.6
10
2,5
65
72 Mongo/>e
1.8
1.565
65
TtancM ",~rleur.
500,11
22.079 ,
2,050 ..
3,8 ..
5,3 ..
34,0 ..
65 ..
"13 Jordan..
3.2
98
1.640
6.9
10.0
64
74 Répub/,que arabe syrienne
9.6
185
1.760
4.9
3.1
12.7
67
75 Mala","
14.9
330
1.860
4.5
1.2
6.5
67
76 Chi,
11.7
757
1.870
-0.1
50,3
86.2
70
77 Brésil
129.7
8.512
1880
5.0
23.2
63.9
64
78 COtée. République de
40.0
98
2010
6.7
15.5
19.0
67
79 Argentine
29.6
2767
2070
0.5
24.1
167,8
70
80 Paoama
2.0
77
2'20
2.9
2.4
7.1
7,
81 Ponugal
10.1
92
2230
3,7
4.9
20.1
71
82 Mellque
75.0
'.973
2240
3.2
4.8
28.2
66
83 Algér ..
20.6
2382
2320
3.6
3.8
12.8
57
84 Af"que du Sud
31.5
1221
2490
1.6
5.8
13.3
64
85 Uruguay
3.0
176
2490
2.0
51.7
51.0
73
86 Yougoslavie
22.8
256
2 570
4.7
10.9
22.8
69
87 Venezuela
17.3
912
3 640
1.5
3.3
11,7
68
88 Grèce
9.8
132
3920
4.0
4.4
16.8
75
89 Israêl
4.1
21
5370
2.9
8.2
73.0
74
90 HongKong
5.3
1
6000
6.2
6.4
9.9
76
91 S,ngaDOur
2.5
1
6620
7.8
3.1
4.5
73
92 T"n'lé-et· Toba90
1.1
5
68SO
3.4
5,7
15.6
68
93 Iran. Répubbque Is!amlque d'
42.5
1.648
5.5
60
94 Iraq
14.7
435
3.2
59
Ur,:f1alOUB de pétrole
rt. .nu~ye
17,9/
4.3121
12.370 ..
3.8 ..
6,1 ..
13,5._
59 ..
95 cman
1.1
300
62SO
6.5
7.1
17.9
53
9ii Llbf'
3.4
'760
8480
-0.9
9.4
11.6
58
97 A,aboe saoudlt.
104
2.150
12230
6.7
5.1
1<.5
56
98 Ko....eit
1.7
18
17 880
0.2
4.6
,0.2
71
99 Eml~a~ arabes unis
1.2
84
22670
12,7
71
pac.:nduatrlell •
noml. de marche
728.91
30.9351
11.060 ..
2.5.'
5,2.'
8,0 ..
76.'
100 Esoagrle
38.2
505
4780
3.0
7.0
16.7
75
'01 Irla'()e
35
70
5000
2.3
8.5
14.5
73
102 l:a'..
56.8
301
6400
2.8
5. ,
17.4
76
103 Nouv..~Zéland.
32
269
7730
1,2
7.2
14.2
74
1()4 Bel9'oue
9.9
31
9 ISO
3.1
4.4
6.4
73
105 Royavrne-Un,
563
245
9200
1.7
6.2
14.3
74
106 Au"oene
7.5
84
92SO
3.7
4.5
5.4
73
107 Pa'<'S·5as
'4.4
41
96~
2.3
6.4
6.2
76
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119.3
372
10120
4.8
6.0
4,7
77
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547
547
10500
3.1
5.3
10.8
75
1 10 Fln:a'1je
4.9
337
ID 740
3.3
7.2
10.6
73
,,~ Alle:Tla:lne. RepubliQue fédérale d
61 4
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1.1 1L ,\\ 1111·\\1
\\Jrf lClAL/LL Y GUAHANTEED ~O~~THÀES
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SYSTEM
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l' 1· \\1
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LONG
SHORT
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SUI'PLIEH
FlNANClAl
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C1lEDI1S
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119,0
44,0
473,7
28,8
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SOL'rce : OCDE - Communiqué de Presse "Ressources financières" - Presse IA(85)44
du 1t.6.1985 p.6.

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359
IV - REVUES CONSULTEES
1• AVJA
2. PJz.ojet
3. Revue dami~tJz.a~ve
4. Revue de VJz.oit PubtiQ (RVP)
5. Exra.n-6~on
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6. E~pJz.it
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7. EQO nom-le appt-lquée
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8. JouJz.l'lal 06 ModeJz.n AéJuQan Stud 06 ........--...--
9. Revue. juJz.idique. et po~que. d' ~ -me.Jz.
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10. T-leM Monde.
"'~s~". ~en\\<""·li~l7~
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11. EUJz.ope.-FJz.a.nQe. - OutJz.e.-me.Jz.
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12. Le. monde diploma~que
13. PJz.ue.nc.e A6Jt.i.ca..lne
14. Revue F/z.an~~e d'Etude. Po~que. A6Jt.i.Qa.ine.
15. Po~que. A6Jt.i.ca.ine.
16. MaJtQhu tJz.opiQa.ux.
17. FinanQu et déve.to ppeme.nt
18. CahieM 6Jz.a.n~w
19. S:t~~quu et E:tudu Mna.nuèJLu
20. Banque.
21 . Revue du T/z.uoJz.
22. Re.vue. de ~ue.nQe. 6-lnanuèJte.
23. Pe.nant
24. Année. AéJt.i.c.a.ine.
25. Sta.66 Pape.rw
26. POIlVO-lfL6
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