UNIVERSITE D'ORLEANS
FACULTE DE DROIT ET DES SCIENCES ECONOMIQUES

PERTINENCE DE LA PARITE ACTUELLE
DU FRANC CFA ET ESSAI DE FORMALISATION
DES EFFETS SUR LES ECONOMIES AFRICAINES
DE LA ZONE FRANC DES DIFFERENTES -MODALITES
DE MODIFICATION DE LEUR SYSTEME
DE TAUX DE CHANGE

THESE
POUR LE DOCTORAT DE 3ème CYCLE
MENTION : MONNAIE - FINANCE - BANQUE
PRESIDENT

SUFFRAGANTS
: Madame Sylviane GUILLAUMONT· JEANNENEY
Pro/e-.u Il l' UniHnili de O.".,nl F.,..nd
MonsielJl' Jean Paul POLLIN
Pro/aMI' Il i' UniM',ili d' O,ilttlU
Direcleur de Rechercire Il l' InllilUI Or. .,.;, de Finance
Monsieur Bernard HAUDEVJLLE
Mttitre-Au;,ltlnl Il l' UniNnile d' 0rIett1U
Dftcleur de R«_cM Il l' 1""lIul 0rNtI,.;, de Finance
Monsieur Michel LELART
MIIilre de R«hercM 11II C. N, R. S.
Dir«lftII' de RullercM Auoeii Il l' IlVlilfll Orlltlna;, de Fill/lnce .


L'Universit6
d'ORLEANS n'entend donner aucune
approbation ni improbation" aux opinions dmise&
dans les
thèses.
~cs
opinions
doivent
être
consid6rées comme propres à leurs auteurs.

il la mél'loire de
Be. mère,
A mon père.

~a reconnaissance va d'abord k ma Ilirectrice de recherche
MadaMe le Professeur Liliane Crouhr-Veyrac,
qui tout au long de
mes travaux,
a fait preuve d'une disponibilité et d'une patience
que n'ont jamais ébranlés ~es tâtonnements et mes questions fort
no~breuses et souvent impertinentea. Je l'en remercie vivement.
Ma gratitude va ensuite à l'ln~titut Orléan~is de Finance (l.O.F.)
pour son aide mat~rielle s~ns laquelle ce travail n'aurait pas
été achevé si tôt.
Enfin,
je tiens à remercier les amis d'Orlpuns pour les encoura-
gements bionveillants qu'ils n'ont cessé de me prodiguer.

REsur-':E
E T
l
N T B 0 D U ~ T ION

-
1 -
RESUHS
La Zone Franc depuis l'indépendance des pay~africains n'a cessé de soulever
des controverses tournant autour de la question de savoir à qui elle profite.
Cette recherche n'a pas pour objectif de dresser un bilan des avantages et
inconvénients que la France et les pays africains membres seraient censés
en tirer. Plus modestement elle a pour but l'analyse du rapport entre le FF
et le FCFA et donc des conséquences que pourrait entra!ner sa modification.
On sait que certains hormnes politiques soutenus du reste par quelques économistes
ont estimé que le FCFA est sous-évalué et contestent sa parité actuelle avec
le FF. D'autres économistes sont d'avis contraire et se demandent si le FCFA
n'est pas surévalué et ne constitue pas de ce fait un frein au décollage
économique des pays africains de la Zone Ji'r3.nc. Le problème soulevé ici rev@t
une grande importance puisque? li 'une part la France demeure le principal
partenaire de ces pays très ouverts sur l' extérieu; et d'autre part la parité
du FCFA
n'a été modifiée depuis 1948 mal.gré l'évolution déjà considérable
des structures des économies africaines et ~elle de l'économie française par
rapport aux autres économies dêvaLoppéaa, Le taux de change demeurant pour
tous les pays en voie de développement une v-ariable économique de première
importance, l'ajournement d'un ajustement ou le non-ajustement risquent de
causer des dégats considérables. Mais un aj~stement ne peut s'opérer sans une
idée implicite ou explicite de ce que doit être le taux de change "nonnal".
C'est pourquoi la première partie de ce travail cherchera à déterminer un
étalon, une nonne qu'on appellera taux de change optimal ou taux de change d' équi-
libre, taux
par rapport auquel la parité actuelle sera appréciée. Une telle
démarche conduira à un examen critique des théories et méthodes de détermination
du taux de change d'équilibre. On montrera que cette approche, souvent privilégiée
par l'analyse des taux de change, a l'inconvénient de ne mettre l'accent que
sur une seule facette d'une économie (généralement sa position compétitive).
Or dans les pays en voie de développement Les raisons pour lesquelles on
cherche à maintenir ou à restaurer un taux de change donné sont nombreuses. En
s'appuyant sur un seul critère on risque de soulever plus de difficultés qu'on
en résout. C'est pourquoi, rejetant l'appro':::henoxmative on abordera autrement

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la pertinence de la parité actuelle du FC!t'A. On se demandera en effet ce qui
pourrait résulter d'une dévaluation (rééval1lation) du FCFA et/ou du FF. En
conséquence la seconde partie tentera une é"raluation des politiques de dévaluation
dans les pays en voie de développement avant de reprendre les termes du
débat sur l'opportunité d'une réévaluation du FCFA par rapport au FF. Ainsi
seront mis en relief d'une part les f'acbeurn qui dans les pays en voie de
développement empêchent à la déve.luation d'assurer une réallocation des
ressources pouvant conduire à une résorption des dés~quilibres tant internes
qu'externes d'autre part les raisons qui e~)liquent qu'après tout la proposition
de réévaluer le FCFA n'est pas injustifiée surtout à la suite d'une dévaluation
du FF, laquelle intervient toujours pour des raisons étrangères aux économies
africaines membres de la Zone Franc. Mais cette seconde partie montrera aussi
que jusqu'ici il n'a été discuté que les ef:-:ets d'un seul des trois principaux
cas de figure où le système de taux de change des pays africains de la Zone
Franc peut se modifier. Aussi la principale contribution de cette recherche
consistera-t-elle en l'élaboration, dans la troisième partie, d'un modèle
d'offre et d'accumulation du capital à l' 81c1e duquel seront analysés les effets
à court et moyen terme des différentes modB:ités selon lesquelles peut s'opérer
une modification du système de taux de change des pays africains de la Zone
Franc. Les conclusions de cette troisième confirment celles de la seconde
puisqu'elles montrent bien qu'une dévaluation du FCFA et/ou du FCFA n'entr8fnent
aucun effet bénéfique pour les pays africains contrairement à une politique
consistant à réévaluer le FCFA toutes les fois que le FF est dévalué par
rapport au dollar pris comme monnaie du reste du monde (l'extérieur de la Zone
Franc).

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3 -
l N T ft 0 DUC T ION
Depuis l'indépendance des pays africains, la Zone FrRJ'lC n'a cessé de soulever
des controverses qui, dans leur ensemble, tournent autour de la question de
savoir "A qui profite la Zone Franc ?" Auss:~ les études portant sur cette
communauté à la fois monétaire, financière nt économique, se sont-elles
réduites trop souvent en une liste d'avantages et d'inconvénients que la
France et les pays africains concernés sera:..ent censés en tirer. Notre propos
n'est pas de renouveler une telle démarche. Nous avons plutSt pour objectif
l'étude approfondie d'un domaine qui consti~ue une des pièces mattresses de
cette Zone : le rapport entre le FCFA et le FF et d'une façon générale le
système de taux de change des pays africain::; de la Zone. En effet nous tenterons
de répondre à la question de plus en plus d 1 actuali té de savoir si la parité
actuelle du FCFA n'est pas fictive, injustifiée au regard de la situation
économique des pays africains de la Zone.
Formellement la Zone Franc (Z.F.) a pris naissance en 1939 lorsque la France
instaura le contr8le des changes non seulement sur le territoire métropolitain
mais aussi dans ses colonies quelques mois plus tard pour rendre la mesure
plus effective. Les éléments caractéristiques de la Z.F. sont apparus bien avant
1939 avec l'éclatement du système d'étalon-or et la politique protectionniste
de la France et de ses colonies contre la crise des années trente grlce à la
création d'un marché isolé du marché mondiaJ.•
S'il existait des monnaies coloniales (la ]j.vre libanaise, le piastre
indochinois) leur valeur uni taire était défj.n1e par rapport au Franc métro-
politain (sauf le roupie de Pondichérie). Aussi subissaient-elles toutes
jusqu'en 1945 le sort de ce dernier. C'est ainsi qu'elles ont été dévaluées
entre 1914 et 1944 en m3me temps que le Franc métropolitain. C'est le 26 décembre 1945
qu'ont été créés les "francs coloni.aux", au moment de la première dévaluation
française d'après guerre. Celle-ci ne fut appliquée qu'à moitié en Afrique Noire,
l'érosion monétaire née de la seconde guerr-e mondiale y ayant été moins forte.
Aussi un Franc des "Colonies Françaises d'Afrique" (FCFA) valai t-il 1,70 FF
métropolitain. Contrairement à la dévaluation de 44,4 %du 26 janvier 1948
celle du 17 octobre de la même année ne fut pas étendue à l'Afrique.
Automatiquement le FCFA s'est trouvé réévalué par rapport au Franc métropolitain

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puisque désormais il équivalait il deux unités de ce dernier. En 1958 a été
prise en France la décision de créer un Nouveau Franc dont l'unité vaut
100 centimes de l'ancien Franc. La parité du FCFA avec celui-ci étant laissée
Inchangés une unité du Nouveau Franc vaut 5üFCFA. C'est cette parité qui est
maintenue jusqu'à nos jours et c'est elle qui n'a cessé depuis 1973 d'3tre
l'objet de controverses.
En effet certains hommes politiques africains (1) soutenus du reste par des
économistes estiment que le FCFA est sous évalué et donc contestent sa
relation actuelle avec le FF. Les principaux arguments qu'ils avancent sont
le solde toujours excédentaire des comptes d'opérations, l'inflation importée
de France qui handicape les économies africaines et l' arbitraire qui a présidé
à la fixation de la parité actuelle. D'autres économistes sont 'd'avis contraire
et affirment que la réévaluation du FCFA entr~erait des conséquences néfastes
pour les économies africaines de la Zone ?ranc. Selon eux c'est la dévaluation
qu'il serait plus opportun d'envisager si l'on veut favoriser le décollage
économique de ces pays. Le problème soulevé ici rev@t une grande importance
pour les économies africaines de la Zone.
En effet très ouvertes, les relations avec l'extérieur jouent pour elles un
r81e considérable et la France, pour des raisons historiques évidentes, demeure
encore leur premier partenaire économique. Il y a plus, les conjonctures et
structures économiques de la: France sont très différentes de celles des pays
africains. Aussi n'y a t-il aucune raison que les effets positifs que la
France peut attendre d'Une modification de son taux de change soient bénéfiques
aussi pour les économies africaines. En conséquence, il va appara!tre de
moins en moins soutenable que le FCFA suive systématiquement le sort du FF.
Si la Zone Franc continue d'exister dans les dix à quinze années à venir,
il est clair que la parité actuelle entre les deux monnaies ne saurait
demeurer inChangée. Un ajustement sera nécessaire. Bien que ce dernier soit
toujours douleureux quelque soit la technique employée en raison des
bouleversements qu'il entraine inévitablement, son ajournement ou le non-
ajustement peuvent 3tre beaucoup plus pénibles, et en attendant qu'ils se
produisent, ne manqueront pas de causer des dégAts sévères aux économies africaines.
Le maintien d'une parité fictive risque de constituer un frein considérable pour
(1) Lors de la visite officielle du Président Français G. POMPIOOU au Togo en
Novembre 1972, la Président Togolais M. EYADEMA n'avait pas hésité à
déclarer que la pari té du Franc CFA par rapport au FF devrait @tre modifiée
dans un sens plus réaliste. Il n'était pas difficile pour les observat.eurs
de comprendre que c'est la réévaluation qui était demandée. Lire"Le Monde"
du 20 septembre 1972.

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5 -
ces dernières. ])' où l' intér~t qUE' rev~t d'une part 1:1 recherche d'une
nonne, d'un étalon par rapport auquel la parité actuelle du FCFA avec le FF
peut être jugée, appréciée, d'autre part l'analyse des conséquences qu'
entraînerai t chacune des modifications possibles du système de taux de change
de la Zone Franc. Notre travail explorera ces deux voies complémentaires.
La première partie passera en revue les théories et méthodes de détermination
d'un taux de change d'équilibre. En fait par ce dernier nous entendons "un
taux de change optimum", ou "taux de change le plus souhaitable" (2), taux par
rapport auquel la parité actuelle peut-être confrontée. Pour ce faire on
tentera d'abord de caractériser ce taux, de faire ressortir les qualités qu'il
doit présenter pour pouvoir être choisi co~ne étalon. Ensuite on fera une
analyse critique des différentes théories e"':. méthodes proposées pour
déterminer un taux de change d'équilibre. Celles-ci seront étudiées à travers
le prisme que constituent les caractéristiques principales des économies des
pays en voie de développement en général, des pays africains en particulier.
C'est ainsi que la théorie de la parité du pouvoir d'achat sera étudiée en
premier lieu. Après en avoir fait l'historique et présenté les différentes
formulations dont elle est l'objet, son interprétation comme une relation
d' arbitrage spatial et les difficultés que rencontrent ses tests économétriques
seront étudiées avant que l'efficacité de l'utilisation de cette théorie comme
instrument de réajustement du taux de change dans les pays en développement
soit évaluée. On analysera en second lieu comment la notion de taux de change
d'équilibre est interprétée et déterminée dans les différentes théories des
échanges internationaux : les modèles keynésiens d'économie ouverte, la théorie
monétaire de la dévaluation et l'approche selon les marchés d'actifs. Enfin
on étudiera le taux de change effectif comme instrument d'ajustement du taux
de change. Pour chaque théorie ou méthode on se demandera si elle est pertinente
au regard des caractéristiques économiques fondamentales des pays en voie de
développement. Cette revue critique de la littérature fera ressortir les
faiblesses des différentes approches du taux de change d'équilibre, en
particulier le fait important qu'elles mettent chacune l'accent sur une seule
facette de l'économie. Or dans les pays en voie de développement la modification
du taux de change est le plus souvent effectuée en vue d'atteindre plusieurs
objectifs à la fOis(3). D'où la nécessité de dépasser cette démarche normative
qui sous-tend toutes les théories et méthodes étudiées dans cette première partie.
(2) Fritz Machlup, Essays in economic semantics, Prentice Hall 1961
(3) R.N. Cooper "Currency devaluation in developing countries", Princeton
University, International Finance Section (Essays in International Finance)
1911, 38 p.

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Puisqu'il s'avère très difficile de trouver un unique critère satisfaisant
pour décider de l'ajustement d'une monnaie, la seconde partie cherchera à
analyser en détail les effets sur les économies africaines d'une dévaluation
ou d'une réévaluation du F.C.F.A.
Cela nous permettra de faire une synthèse des analyses de la dévaluation dans
les pays et d'approfondir le débat sur la sous ou sur-évaluation du FCFA. En
fait ce qui sera notre fil conducteur dans cette seconde partie c'est la
réponse à la question de savoir "que faut-il attendre en théorie et en
pratique d'une dévaluation (réévaluation)du FCFA par rapport au FF ?".
Cette investigation aboutira à la conclusion que si la dévaluation doit
théoriquement améliorer la balance des paiements et stimuler le secteur
des biens échangeables on doit constater qu'en pratique dans les pays en voie
de développement de nombreux obstacles empêchent le bon fonctionnement du
mécanisme de réallocation des ressources que l'altération du taux de change
devrait déclencher. La dévaluation risque en réalité d'entrarner des effets
pervers tels qu'une détérioration de la balance commerciale, un développement
de l'inflation et une dépression de l'activité économique. C'est là à notre
avis une réfutation vigoureuse de la proposition de dévaluer le FCFA. Il est,
d'un point de vue théorique, difficile de démontrer qu'une dévaluation
favoriserait le décollage économique. Cette seconde partie reprendra aussi
les termes du débat sur la nécessité ou non de réévaluer le FCFA. La discussion
sera organisée autour de cinq points : les flux commerciaux, la production,
l'inflation, la dette extérieure et les réserves. On analysera l'impact d'une
réévaluation sur chacune de ces variables. Il ressortira de cette investigation
qu'au total la réévaluation permet un certain desserrement de la contrainte
qu'est l'inflation importée tout en n'entamant pas sérieusement les réserves
extérieures (à condition que les prix des importations non essentielles à la
production soient maintenus à leur niveau initial grâce à un relèvement
adéquat des tarifs douaniers). Elle est aussi un moyen d'alléger le poids de
la dette extérieure.
Mais la méthodologie suivie par les protagonistes pour discuter de la pertinence
de la proposition de réévaluer le FCFA comporte beaucoupe d'inconvénients.
En effet, l'accent est seulement mis sur le court terme et pour l'essentiel
elle se réduit en un catalogue des effets de la réévaluation sans prendre en
compte les intéractions inévitables entre eux. De plus aucun d'eux n'a
généralisé l'analyse en considérant l'ensemble des situations possibles dans
lesquelles une modification du FF et/ou du FCFA peut survenir.

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7 -
La troisième partie, qui sera notre principéle contribution, tenterp. de
combler ces lacunes. Elle a pour obj et l ' ans.Lyse des conséquences à court
et moyen terme des différents scénarii de modification du système de
taux de change de la Zone Franc. A cette fir. nous nous servirons d'un cadre
théorique dont le point de départ est le moèèle d'économie ouverte de
Turnovsky(4), lequel sera cependant substantiellement modifié pour intégrer
quelques caractéristiques principales des économies africaines. En effet
s'agissant de ces dernières on ne saurait fE.ire l ' hypothèse keynésienne que
dans le court terme le niveau de l'activité économique est déterminé par
les différentes composantes de la demande globale, aussi est-il nécessaire
d'expliciter comment en un moment donné le volume de la production est
déterminé. Mais cela ne signifie pas que ces pays ne connaissent pas une
sous-utilisation du travail et du capital. le chômage dans les villes et les
campagnes démontre de façon évidente qu'une bonne partie de la main-d'oeuvre
disponible est non employée. Quant au capital, la théorie économique nous a
habi tués à une relation fonctionnelle entre le stock de ce facteur et le
volume de la production. Rien de tel dans la réalité car le chômage du
capital est paradoxalement une caractéristique des pays en voie de développement
y compris ceux de la Zone Franc. Pour des raisons qui précédent ou surviennent
après la mise en place du capital ce dernier n'est jamais utilisé à son niveau
maximal contrairement à ce qu'on pourrait penser de pays dont la pénurie en
capital est un des traits économiques dominants. Ce phénomène s'explique
pour une bonne part par le fait que le fonctionnement du capital entra.!ne
un coût, qui justifie que le stock existant ne sera utilisé que jusqu f BU point
où le revenu procuré au producteur par un accroissement marginal de son niveau
d'emploi est égal au coût supplémentaire en résultant. La prise en compte de
ce chemage du capital va de pair avec celle du co\\lt que représente l'utilisation
de facteurs variables qui très souvent sont importés. C'est par le biais de
ces derniers qu'une liaison directe entre la production et le système de
tauX de change des pays africains de la Zone Franc peub-êtœe établie. Ainsi
sera mise en évidence l'influence des taux de change du FF et du FCFA sur
le niveau de l'offre de biens nationaux, laquelle fai t face à une demande
dont les composantes sont l'absorption interne, les exportations et les dépenses
gouvernementales. Après cette description du marché des biens, le modèle
(4) S.J. Turnovsky, "Macroéconomic Analysis and Stabilization policy",
Cambridge University Press, 1977

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analyse aussi l'offre et la demande de mozmaie ainsi que de (s ) ti tre (s) •
Les opérations sur ce(s) titre(s) constituent les mouvements de capitaux
qui sont divisés en deux groupes : ceux entee la France et les pays africains
membres de la Zone et ceux entre ces dernie!'s et le reste du monde. Le modèle
décrit aussi le comportement anticipatiozmi3te des agents économiques,
lequel porte sur la parité du FCFA, le taux de change du FF avec le dollar
pris comme mozmaie de référence et la hausse du coût de la vie. La loi de
Walras permet en étudiant les conditions d'équilibre de porter l'attention
sur deux des trois marchés (celui des biens, celui de la mozmaie et celui
de(s) titre(s). Pour l'analyse du moyen tenne on décrira la dynamique des variables
de stock comme le capital et le travail et les actifs financiers, ainsi que
l'évolution des anticipations des agents économiques et des prix relatifs.
Dans la plupart des modèles où l'accumulation du capital est explicitement
pris en compte, l'équilibre de long terme est atteint lorsque cette accumulation
cesse et que l'épargne devient nulle. Il n'en sera pas ainsi dans le notre.
Seule l'acquisition d'actifs financiers de~Lent nulle, les agents économiques
continueront d'épargner et d'accumuler des biens capitaux tandis que les prix
internes ou externes crottront au Meme taux. C'est pourquoi nous référant à la
terminologie de Turnovsky nous dirons que l'horizon temporel retenu est le
moyen terme. Pour l'analyse de ce dernier toutes les variables sauf les taux
sont exprimées en termes réels et par unité du stock de capital physique.
L'étude des effets qu'ont dans le court et ~e moyen terme les principaux
scénarii de modification du système de. taux de change des pays africains de
la Zone Franc se fera en appréciant l'impact de cette modification sur
quelques variables économiques privilégiées. Les conclusions qui se dégagent
de notre contribution confinuent celles de la deuxième partie, à savoir
qu'une dévaluation du FCFA et/ou du FF entrRtne une dépression de l'activité
économique tout en alimentant l'inflation, détériore la balance des paiements
exprimée en FCFA. Elles montrent aussi qu'une réévaluation du FCFA qui fait
suite à une dévaluation du FF a un effet positif sur les économies africaines.
Ce qui démontre qu'en raison des différences de structures et conjonctures
économiques, si la France peut retirer des avantages d'une dépréciation de
sa monnaâ,e, il en va différermnent des pays africains.
Il est difficile de fournir des résultats aisément interprétables pour un
modèle qui intégre l'offre de biens et services, l'accumulation du capital,
les anticipations des agents économiques, un système de deux taux de change, etc.

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Mais il est heureux de constater que les hypothèses particulières qu'il a
fallu poser pour commenter les résultats de notre travail sont peu
"hérotques" même si le test de leur robustesse demeure toujours une
nécessité.
Bien qu'on se limitera à l'étude des consé~uences qu'entr~ent des
modifications du FF et/ou du FCFA, notre ~pproche théorique peut-~tre un
instrument utile pour l'analyse des effets sur les économies africaines
de l'inflation importée (française ou du reste du monde), des politiques
monétaires et fiscales que les Etats peuvent mettre en oeuvre ainsi que
des différents types d'incertitude auxquelles elles font face en permanence
la tenue du FF sur les marchés de change, les fluctuations des cours de
leurs principales exportations et les aléas (climatiques surtout) qui
peuvent frapper les activités productives.

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PRR T I E
I
ANALYSE CRITIQUE DES THIDIUES ET METHODES
DE DETERMINATION D'UN TAUX DE CHANGE D'EQUILIBRE

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11 -
Les. cinq chapitres qui composent cette partie sont consacrés à l'analyse
critique des théories et méthodes qui sont souvent proposées pour
répondre
à une question cruciale pour notre problématique : peut-on trouver
un étalon, une norme permettant de juger de la pertinence du niveau du taux
de change d'un pays donné? Le chapitre premier montrera d'abord la
spécificité du taux de change en tant que prix alors que le second essaiera
de caractériser ce taux optimal, ce taux d'équilibre qu'on cherche à instaurer,
à retrouver ou à défendre en réajustant le taux de change courant.
Les trois autres chapitres seront une revue critique des différentes
méthodes et théories de détermination d'un taux de change. Etant donné que
la plupart de celles-ci, sinon la totalité, ont été élaborées dans le
contexte des pays.développés, une attentjon particulière sera accordée
aux problèmes que soulève leur application aux pays en voie de développement
(P.V.D.).

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12 -
CHAPITRE 1
LE TAUX DE CHANGE, UN PUX PARTICULIER
Le taux de change, prix d'une monnaie en terme d'une autre, a un rôle de premier
plan que ne joue aucun autre paix. Par son aptitude à influencer directement
ou indirectement presque tous les autres prix, à agir SlIT l'allocation des
ressources et donc sur l'activité économique, il est d'une importance
stratégique qui explique qu'on ait pas toujours voulu le laisser se déterminer
par une confrontation libre de l'offre et de la demande de monnaie nationale
sur le marché des changes.
Ce chapitre tentera de mettre en relief cette spécificité du taux dr:! change.
Dans la première sect.ion, on montrera d'abord comment. le taux de change influe
sur le prix de tous les biens échangeables, et puisqu'il est un prix, on se
demandera sur quel marché il est déterminé. Ensuite on analysera l'influence
que ses modificat.ions exercent sur le structure et le rythme de croissance
d'une économie. La delLXième section essaiera de saisir, à travers les expériences
historiques de politique de change et l'analyse théorique, l'évolution du
taux de change considéré comme une variable de poli tique; en outre elle
montrera pourquoi dans les PVD le taux de change demeure un instrument dont
ils ne sauraient renoncer s'ils veulent réaliser leurs objectifs en matière
de croissance et de développement économiques.

-
l~j -
SECTION 1 - LE TAUX DE CHANGE INFLUE SUR LE PRIX DE TOUS LES BIENS
~9HANGEABLES, LA STRUCTURE ET L~ RYTHME DE CROISSANCE D'UNE
ECONOMIE
1.1. Le taux de change influence le prix de tous les biens
échangeables
Il est communément admis que le taux de change est un prix(1). Cependant,
il n'est pas un prix comme les autres, tels que le prix des man~les ou des
clous. C'est un prix d'une autre nature. L'importance du. taux de change
peut-~tre saisie en le comparant avec les prix de ces derniers.
Un changement dans le prix des mangues exer~e une influence presqu'exclusivement
sur le marché de ces derniers et peut-~tre sur les marchés de substituts étroits
comme les bananes et les melons, tous les aQtres marchés restant essentiellement
inaffectés. De plus comme les mangues sont ~ article dans le panier des
biens consommés par la population et qu'en ~onséquence leur part dans le
total des dépenses de celle-ci· est relative.ment faible, le revenu et la
richesse demeureront presque inchangés après une hausse du prix de cet
article.
Une variation du taux de change modifie le prix de la monnaie nationale en
termes des monnaies étrangères. En conséquence elle produit un déséquilibre
instantané sur tous les marchés des biens et services importables ou
exportables ainsi que sur ceux des actifs échangés internationalement. Une
large gamme de prix répondra à ces déséquilibres et cela ne demeure pas sans
effet sur le niveau général des prix. Des variations de ce dernier, en retour
affectent les revenus réels et la richesse réelle de la population dans son
ensemble.
Le taux de change est donc un prix d'une importance déterminante pour toute
économie. On peut s'attendre à ce que de~ changements dans ce prix produisent
des processus d'ajustement d'une nature et qu'une qualité tout à fait différentes
des variations du prix d'un quelconque bien.
(1) Egon Sohmen, Flexible exchange rates. Chicago, London 1977 p. 1

- 14 -
1.2. Si le taux de change est un prix, sur quel marché est-il
déterminé ?
Si ] e taux de change en tant que prix fait presque l 'unanimité parmi les
économistes le lieu de sa détermination reste encor8 l'objet 0e débats ~li
ne semblent pas pour le moment se conclure. Puisque le t.aux de change est
un prix, il doit résulter d'lme confrontation entre une offre et une
dema~de de devises. On s'est toujours préoccupé de savoir quels sont les
facteurs sous-jacents de l'offre et de la demande de devises. T,es réponses
fournies sont nombreuses, et elles peuvent ~tre regroupées en trois courants
qui ne sont pas forcément antinomiques.
La première réponse est avancée par ce qu'on a appelé l'approche traditionnelle
~li met l'accent sur les biens et services. L'offre de devises serait
principalement déterminée par les exportations d'un pays et la demande par les
importations.
L'approche monétariste stricte, la seconde réponse, met l'accent sur le fait
que le taux de change est un prix déterminé sur le marché monétaire. Selon
cette théorie, c'est la demande pour chaque monnaie qui détermine le prix
relatif de deux devises plus que l'équilibre d'une balance des échanges
cormnerciaux. L'accent est donc mis sur le r81e de la monnai,e cormne déterminant
de la balance des paiements dans lm système de change rigide (2) et comme
déterminant du taux de change dans un système de change flexible (3) •
(2) Par système de change rigide, on entend l~ système où la valeur externe
de la mo~~aie d'un pays (le taux de change) est maintenu constante. Pour
y parvenir elle peut utiliser différentes techniques :
a) la Banque Centrale peut intervenir sur le marché pour acheter ou vendre
sa monnaie,
b) elle pffilt aussi limiter la capacité de sef résidents à obtenir des
devises destinées à des dépenses à l'étranger,
c) enfin le pays peut ajuster l'économie au taux de change (le remède
classique) en baissant les prix et les revenus de manière à restaurer,
pour un taux de change inchangé, l ' équilibre entre l'offre et la
demande.
(3) Un système de change flexible est défini ici comme un système où "la
nation remet au marché des changes le soin de déterminer le taux de change,
en laissant chuter la valeur de sa monnaie jusqu'à ce que l'équilibre soit
rétabli sur le marché des changes", se référer à C.P. Kindleberger et P.R.
Lindert dans Economie Internationale, Economica, 1981 p. 330 • Le
gouvernement n'annonce donc pas, ou n'essaie pas de maintenir aucun taux
de change. Le taux à tout moment reflète les jeux des forces du marché, sa
détermination peut s'interprêter en termes d'offre et de demande.

- 15 -
Aussi pour Salin(4)"le taux de change, prix d'1.ille monnaie en une autre, est
un phénomène monétaire ••• Il est le moyen de relier entre eux différents "domaines
monétaires". En réalité cette approche n'est pas neuve et Frenkel(S) rappelle
qu'elle est conforme à celle formulée par Keynes dans son introduction à
l'édition française ou Traité sur la Réforme Monétaire: "quoi, donc, a
déterminé et déterminera la valeur du franc? Tout d'abord la quantité présente
et prévisible des francs en circulation. De1xxièmement la quantité de pouvoir
d'achat que le public désire détenir sous cette forme".
L'évolution constatée des marchés financiers internationaux à la suite de l'extension
des régimes de change flottants depuis 1913 et l'analyse de ces derniers ont
mis en valeur une nouvelle interpr~tation salon laquelle le taux de change serait
"davantage le prix qui permet d'ajuster le stock d'actifs financiers étrangers
désirés et le stock existant". Le point de 1épart de cette approche est que
les agents du marché ne cherchent pas simplement à acheter et à vendre des
devises pour le règlement de leurs opérations commerciales, mais aussi pour
la gestion de leur propre patrimoine(6). Dans la plupart des modèles s'inspirant
de cette optique, on considère que les agents économiques détiennent trois
grandes catégories d'actifs que sont la monnaie domestique et étrangère, des
titres domestiques et étrangers, bien en entendu la liste n'est pas exhaustive.
La structure du portefeuille varie en fonction des rendements et risques
anticipés par les agents. Ces derniers seront amenés en permanence à restructer
leurs portefeuilles de manière à les rendre identiques à celui qu'ils désirent.
L'analyse actuelle dans les pays industriels semble accepter l'idée que le
taux de change est déterminé sur le marché des actifs qui est un marché de
stocks pour ensuite s'ajuster en fonction de l'évolution des marchés des
biens (marché des flux). Le commerce international n'est donc plus le seul
élément qui détermine le taux de change.
P. Salin: "les taux de change flottants sont-ils efficaces ?", Revue
Banque, Mai 1911.
Jacob A. Frenkel, "Amonetary appoach te the exchange rate : Doctrinal
aspects and empirical évidence", 3?andinavian Journal of Economics, 18
(2), 1916 pp 200 - 228.
(6) William H. Branson, "Macroeconomic Equi librium wi th Portfolio Balance in
Open Economies", stockholm, Institute for International Economic Studies,
. Seminar Paper n° 22 - 1912

- 16 -
1.3. Les variations du taux de cha.l1ge ont une incidence profonde sur
la structure et le rythme de croissance de l'économie.
L'importance du taux de change ne résulte pas simplement du fait que ses
variations influent sur tous les marchés des biens et actifs échangeables.
Celles-ci modifient aussi la structure donc la croissance d'une économie
en raison de leur impact sensible sur le choix par les producteurs des
facteurs de production, des types de biens à produire et de la rentabilité
de leurs activjtés.
Pour montrer les effets structurels d'une m~dification du ta\\tX de change, on
raisonnera dans le cadre de deux des trois possibilités de modification du
FCFA(7):
a) une déval.uatd.on du FCFA parallèle à celle du FF
b) une dévaluation du FCFA vis à vis du FF, le taux de change de ce
dernier restant inchangé.
Donc on suppose qu'une dévaluation va se produire, que se passera-t-i.l dans
le secteur productif ? Pour répondre à cette question, on suivra la démarche
(8)
de J.S.E. Omotunde

Les producteurs utilisent plusieurs facteurs au cours de leurs processus de
production, dont certains sont importés et certains sont produits localement.
Sous l'effet de la dévaluation les pertes enregistrées par ceux qui
utilisent relativement plus de facteurs de production importés seront plus
grandes que ceux recourant davantage à des facteurs de production locaux.
Pour simplifier, on supposera que
-(FN) représente les facteurs locaux (terrain, main d'oellvre, etc)
-(FE) représente les facteurs importés.
Voir la deuxième partie de ce travail
Johnson S.E. Omotunde : "The exchange rate as an instrument of policy
in developing countries" IMF STAFF PAPERS
1916, pp. 334 - 348

-
17 -
Dana Le tableau ci-dessous tous Le.: biens pi-odui, tu duns l'économie sont;
classés en deux catégories. Tout d'abord Le.s produits sont classés selon
qu'ils sont ou non échangés et ensuite se1011 que leur rapport (~~/FE) est
supérieur ou inférieur à la moyenne. On a a:i.nsi quatre secteurs appelés
(X1), (X
(X
2),
) , (X ) comme le montre bien le tableau ci-dessous
3
4
PRODUCTIONS
Biens échangés
biens non echangés
(FN/F'E) pl11S élevé
X
X
1
Facteurs
3
que la moyenne
de
Prodl1.ction
(FB/FE) moins élevé
X2
X4
que la moyenne
Si on suppose qu'auparavant les rentes économiques de chaque secteur étaient
nulles, les titulaires de revenus résiduels (les producteurs) dans le (X )
1
perçoivent des rentes économiques au cours de la période d'ajustement qui
suit une dévaluation, tandis que ceux du secteur (X ) enregistrent une
4
perte. La situation est moins nette pour ceux des secteurs (X
et (X ) mais
2)
3
on peut présumer ~le les résultats ne sont pas sensiblement modifiés si l'on
suppose ~le les producteurs de ces secteurs n'enregistrent ni rentes, ni
pertes durant la période d'ajustement. (9)
Si la dévaluation est assez substantielle, elle les rendra les rentes économiques
accumulées dans le secteur (X ) et les pertes économiques enregistrées dans
1
le secteur (X ) significatives par rapport al1X autres revenus réalisés dans
4
ces secteurs. En conséquence, on enregistre une expansion exceptionnelle
du rapport (FN/FE) dans l'économie, ainsi ~l'une contraction exceptionnelle
dans le secteur (X4) sur le pl~'1 de la valeur ajoutée, ou du moins des
facteurs non échangés employés, l'effet engendré est une augmentation exceptiol1J.'1elle
du rapport (FN/FE) dans l'économie.
(9) Johson S.E. Omotunde Op. déjà citée pp. 334 - 345

- 18 -
Ce qui précède montre que la dévaluation peut exercer une influence profonde
sur l'activité économique, positive pour les producteurs du secteur (X ) et
4
négative pour ceux du secteur (X
Et pour tous les producteurs, cette incidence
1).
est d'autant plus bénéfique que le rapport (FN/FE) est élevé. Même une simple
éventualité de dévaluation dans l'avenir doit pousser les capitalistes à se
trouver dans le secteur (X
et non plus d&IS le secteur (X ) , et à utiliser
1)
4
des techniques de production comportant des ratios (FN/FE) suffisamment
élevés. Ce risque de dévaluation influe aussi sur la valeur actualisée des
recettes qu'on s'attend à réaliser en investissant dans différents secteurs
et sur la valeur actualisée de diverses tecrmïques de production. On voit donc
qu'il est fondé de dire que des modifications dans les deux taux de change auxquels
les économies africaines sont soumises ont une influence directe sur la structure
des investissements (répartis entre facteurs importés et facteurs locaux),
celle de l'économie (constituée de secteurs produisant des biens échangés) en
faveur de (X
ou de (X ) et celle des techrdques de production; influence
1)
4
qui élève ou abaisse le rapport (FN/FE) dans tous les secteurs.
Cependant, il convient de souligner que le mécanisme ne peut jouer tel qu'on
vient de le décrire qu'à condition que l'allocation des facteurs soit assez
sensible aux modifications des prix. Faute de quoi les rigidités présentes
dans l'économie empêcheront à la dévaluation d'exercer ces effets. On verra dans
la suite de ce travail l'importance de cette réserve.

- 19 -
SECTION 2 - LE TAUX DE CHANGE, UN INSTRUMENT DE POLITIQUE ECONOMIQUE
On a montré que le taux de change est un prix particulier en ce sens que son
changement a une incidence sur tous les prix des biens échangeables et en
conséquence provoque une réallocation des ressources car le prix relatif des
biens échangés et des biens non échangés est modifié. 1e taux de change est
un instrument de gestion de l'économie. Il n'est donc pa~ surprenant qu'il
ait gagné une position stratégique et que les responsables de la politique
économique aient répugné à laisser sa détermination entièrement aux forces
du marché. Il est presque toujours soumis à des degrés différents de manipulation.
.1es périodes pendant lesquelles il est abandonné à ces forces sont rares et
souvent de courte durée. Cependant les controverses autour de l'efficacité dU
taux de change comme instrument de politique économique n'ont cessé depuis
les premiers grippages du système de l'étalon-or.
Dans cette section on passera en revue les expériences de manipulation du
taux de change comme moyen de correction des déséquilibres externes ainsi que
les débats théoriques que celles-ci continuent de susciter. Puis on essaiera
de montrer que dans les PVD le taux de change reste une variable de politique
économique de première importance.
2.1. 1e fonctionnement du système de l'étalon-or a conduit à faire du
taux de change un instrument privilègié de politique économique.
Durant la période de l'étalon-or les responsables de la politique économique ont
artificiellement
fixé le prix de leurs monnaies en termes d'or. Puisque l'or
était le numéraire pour toutes les autres monnaies, cette politique simultanément
déterminait tous les taux de change entre les monnaies nationales et les
rendaient invariablement fixes. En procédant ainsi les pays préférent ignorer
le fait que des évolutions économiques différentes des pays conduisent à des
évolutions différentes des pouvoirs d'achat.
2.1.1. 1e mécanisme d'ajustement dans le système de l'étalon-or
C'est ce que l'approche classique de la balance des paiements a bien mis en
évidence en décrivant la façon dont le mécanisme d'ajustement doit s'opérer
sous un régime d'étalon-or(1). On suppose qu'il n'existe pas de mouvements de
capitaux ou qu'ils sont négligeables et que les flux de biens et services sont
sensibles aux différences entre les niveaux de prix des différentes
économies. Ainsi les variations de ceux-ci affectent la direction et le volume
(1) J. Robert Carbaugh, International Economîca Winthrop Publishers,
Cambridge, Massachussets, 1980, pp 286 291.

-
20 -
des flux de biens et services. En conaéquenoe elles c:réent des différenc(~s
dans les recettes et payements extérieurs qlle composent des flux d'or. Ces
flux viennent accro~tre dans le pays excédentaire le volume d'actifs servant
de contrepartie au stock de monnaie alors ~l'ils le réduisent dans le pays
défi ci taire. L'offre globale de monnaie dans le paysen déficit diminue
proportionnellement à la baisse du stock d'or tandis que dans le pays en
excédent elle augmente d'un volume proportionnel à l'accroissement du stock
d'or. Etant donné le niveau du produit national, cela provoque un ajustement
dans les niveaux de prix nationaux respecti~s, dans un sens opposé. La
modification des prix relatifs qui s'en suit affecte, en retour, la demande
d'importations et l'offre d'exportations. El conclusion on peut dire que
l'ajustement d'une balance des paiements en déséquilibre s'opère de façon
automatique.
2.1.2. Le biais déflationniste de l'étalon-or
Une des conditions nécessaires pour que cet ajustement se produise est que les
prix soient flexibles. Le degré de flexibilité des prix, en retour, dépend
étroitement de la flexibilité des coûts de production, en particulier des
coûts du travail. La flexibilité des salaires nominaux était restée assez
élevée jusqu'au milieu du 19ème siècle, le processus d'ajustement des balances
de paiements était alors automatiques et s'effectuait sans beaucoup de frictions.
Les développements économiques et politiques, en particulier l'apparution de
syndicats des travailleurs, ont conduit à une diminution sensible de la
flexibilité à la baisse de la composante salaire dans le total des coûts de
production(~) Il en est résulté un transfert de la charge de l'ajustement des
déséquilibres dans les comptes extérieurs, laquelle passa des ajustements
par les prix à l'ajustement par les quanti tés. Une baisse de l'offre de monnaie
nationale provoquée par un défi cit de la balance des paiements par exemple,
plutôt qu'un ajustement immédiat dans les prix'·Èit· ~alairesentrainait un
< . . . .
'
; -
sous-emploi et un déclin de la production natdonal.èv LI amPleur et la durée de
ce sous-emploi s'accroissaient avec la di~~~~io~de lafl~xibilité des prix.
Le produit national des pays était, comme 2uJo~cPhui,· sérieusement affecté
..'"'c,.•• ~~ .....
par les déséquilibres des comptes extérieurs. Cela était particulièrement vrai
pour les pays déficitaires. C'est pourquoi on peut dire que l'étalon-or avait
un biais déflationniste.
(2) Leland B. Yeager, International Monetary Relations, Theory, History,
and Policy, a Harper International Stuàent Réprunt Chapitre 4, 1966

-
21 -
2.1.3. Le conflit d'objectifs ei, le recours aux politiques de
dévaluation
La relative rigidité à la baisse des salaires sous le système de l'étalon-or
a permis de prendre conscience du conflit (l'objectifs que pose le maintien
d'un équilibre externe. Les pays acceptaient de moins en moins de subordonner
leurs objectifs nationaux de poli tique économique aux conditions d'équilibre
de la balance des paiements. C'est le sous-emploi massif que les pays industriels
ont connu à la fin des années 1920 et au début des années trente qui a provoqué
U-Tl changement brutal dans l'opinion quant È- la praticabilité et au caractère
approprié de la régulation qui s'opérait jusqu'alors.
C'est pour faire face à leurs problèmes de sous-emploi et de balance des
paiements que plusieurs pays décrochèrent leur monnaie de l'étalon-or et se
tournèrent vers des dépréciations du taux de change dans l'espoir d'améliorer
leur compétitivité internationale, de stimuler la demande internationale de
leurs biens. Quelques unes de ces dévaluations (celle de la livre sterling en
1931) s'avèrèrent efficaces en améliorant la balance des paiements et en
réduisant substantiellement le sous-emploi. Les effets positifs d'une
dévaluation pour les pays qui s'y livrent et les effets négatifs pour leurs
partenaires conunerciaux (la politiqup. du "beggar-my-neighbor") produisirent,
cependant une série de dévaluations concurrentes qui se compensaient les unes
les autres. En dépit de ces faits le taux cie change devenait une variable de
politique économique de première importance.
2.2. Les dévaluations répétées danH les années trente ont fait na1tre
un doute sur l'efficacité des manipulations du taux de change pour
corriger les déséquilibres externes.
L'effondrement de l'étalon-or et les séries de modifications des taux de change
dans les années trente ne pouvaient manquer de susciter des controverses.
C'est ainsi qu'une abondante littérature se développa sur le processus d'ajustement
dans le nouveau système monétaire international. Le problème des effets d'une
modification du taux de change occupait une place centrale dans les investi gs.tions.
Les résultats de celles-ci ne furent pas réconfortants. Une dévaluation, plut~t
que d'améliorer la balance des paiements pouvait facilement conduire à sa
dépréciation. Ce n'est que si les élasticités d'offre et de demande prennent
certaines valeurs minimum qu'une dévaluation conduirait à une amélioration de
la balance conunerciale (3). Conune les premiers tests des diff8rentes élasticités
(3) C.P. Kimdleberger et P.R. Lindert, Economie Internationale, Economica,
1981, pp. 349 - 357.

- 22 -
étaient peu concluants en ce sens qu'ils suggéraient qu'une dévaluation
détériorerai t probablement la balance des paâ.ement,s , alors un pessimisme quant
à l'efficacité des dévaluations et beaucouJl de pays s'abstinrent de dévaluer
leur monnaie.
Constatant le caractère partiel de l'approehe par les élasticités beaucoup
de tentatives ont été faites pour surmonter cette faiblesse en ajoutant au
système d'équations des variables économiqlles estimées essent~les et autres
que les prix comme déterminants de la demande d'importations et l'offre
d'exportations (4) • Cependant ces tentatives ont continué à ne pas prendre
en compte une variable explicative aussi iJnportante que la monnaie.
2.3. Le gystème de Bretton Woods consacre le taux de change comme moyen
de correction des déséquilibres.
Il faut dire que les grands pays industriels n'ont pas attendu que prennent
fin les débats entre économistes sur les valeurs des élasticités ainsi que
les voies à suivre pour améliorer l'approche par les élasticités. En effet la
deuxième guerre mondiale avait complètement désorganisé les relations monétaires
internationales. Il était urgent au moment où elle commençait à prendre fin de
réfléchir sur la mise en place d'un nouveau système. C'est ce qui a été fait
et dès 1944 a été créé ce qu'on a appelé le système de Bretton Woods(5~
On n'aurait pas compris que le nouveau système monétaire international ne tire
pas les leçons qu'il fallait de l'expérience de l'entre-deux-guerre. C'est
ainsi qu'on a considéré qu'un retour à l'étalon-or était inapproprié puisqu'il
aurai t soumis les objectifs nationaux
de la poli tique économique aux
exigences de la balance des paiements.
D'autre part, un système avec des taux de ehange fluctuant librement était,
croyait-on, instable et donc nuisible à l'expansion du commerce international,
la division international du travail et l'allocation optimale des ressources.
Ainsi on peut dire que le système de Bretton Woods a été un compromis entre
deux systèmes opposés: il voulait préserver un degré élevé de stabilité du
taux de change tout en permettant en même temps des modifications discrètes
et espacées de ce taux.
(4) Hans Grenberg, "An Empirical comparison of alternative models of currency
devaluation", Scandinavian Journal of Economies, 1978, pp. 311 - 328
(5) Pour une analyse détaillée du système de Bretton Woods voir Scammell,
International Mbnetary Policy Bretton \\~oods and after the Macmillan Press
LTD, london and Basingstoke, 1975

- 23 -
Cet arrangement montre le rôle dominant a~c~rdé au taux de change dans ce
nouveau système: les mesures de politique interne destinées à ajuster le
1
revenu ont été exclues comme moyens de corr'~ction des déséquilibres
l
externes. Ainsi les variations du taux de change devenaient l'instrument
principal pour ramener un pays à un développement stable après que sa balance
des paiements ait enregistré un "déséquilibre fondamental". Contrairement
donc à ceux qui partageaient le pessimisme ie l'approche selon les élasticités
les fondateurs du système de Bretton Woods avaient espoir eux dans l'efficacité
des modifications du taux de change pour corriger les déséquilibres externes.
Cependant il convient de souligner que le nouveau système n'a pas fonctionné
comme on pensait. L'échec qu'il a connu provient du fait que ses règles de
fonctionnement était à la fois rigides et peu solides. En effet pour éviter des
séries de dévaluations concurrentes du taux de change comme celles des années
trente, les modifications du taux de change ne seraient autorisées que si
seulement elles devaient corriger un "déséquilibre fondamental,,(6). Ce terme
n'a jamais été clairement défini. On croyait dans la pratique pouvoir
reconnaître une situation de déséquilibre fondamental. Il en résulte que les
pays qui se trouvaient dans une telle situation ne savaient pas si une
modification du taux de change était requise ou non. Et on ne pouvait pas se
tourner vers le Fonds MOnétaire International chargé de surveiller le système
puisqu'il n'avait pas une mesure claire qui pourrait recommander, ou forcer à,
un ajustement du taux de change d'un pays membre. C'est donc empiriquement
que les pays décidaient, sur la base de priorités nationales, s'il fallait
réajuster le taux de change. Les facilités de crédit mises en place par le
Fonds leur permettaient de faire face aux déséquilibres temporaires et donc
leur offrait la possibilité de ne pas recourir à des politiques internes
restrictives ou à des r~ajustements des taux de change.
Les pays déficitaires étant en mesure de retarder plus long temps qu'ils
ne devaient la résorption de leur déficit
tandis que les pays excédentaires
s'abstenaient pour la plupart de réévaluer leur monnaie pour ne pas courir le
danger d'une perte de compétitivité de leurs industries d'exportation,et donc
d'un chômage, il était inévitable que le système ~choue. Le taux de change n'a
pas été en mesure de corriger les déséquilibres fondamentaux des échanges
(6) pour une analyse des causes de déséquilibre
fondamental de la balance
des paiements se référer à L. Sirc, Outtine international finance exchange
rates and payments betwoen countries, ~~idenfeld et Nicolson, London 1974

-
211 -
extérieurs.
2.4. Le retour à la croyance de mécanismes automatiques ou la remise
en cause de l'efficacité des réajustements du taux de change pour
corriger les déséquilibres fondamentaux
Le débat sur le mécanisme de l'ajustement international a franchi une
nouvelle étape lorsqu'en 1952 Sidney S Alexander(7)introduisit une nouvelle
approche de l'analyse de la dévaluation. Son article constituait d'autant
plus une nouveauté que les discussions sur les valeurs des élasticités et
l'extension de l'approche par les élasticités étaient dans l'impasse. Alexander
a déplacé le niveau d'analyse du mécanisme de l'ajustement en portant
l'attention sur le revenu global et la dép€nse
globale plut6t que sur les
relations économiques quanti tati ves d'un pays avec les autres économies.
Une nouvelle définition de la balance des paiements est proposée, puisque
celle-ci est saisie comme la différence entre le flux de revenu d'une économie
et sa dépense globale. D'après Alexander pour qu'une dévaluation réussisse il
faut un ajustement de l'une des deux variat~es ou des deux à la fois: une
hausse du produit national et/ou un déclin de la demande globale. Cette
approche appelée approche par l'absorption a jeté une lumière nouvelle sur
le problème des mécanismes d'ajustement des déséquilibres de la balance des
paiements et désormais fait partie intégrante des approches modernes de celle-ci.
Cependant il faut dire qu'elle ne contient pas une automaticité dans l'ajustement
du système économique suite à une perturbat.ion. En effet des mesures de politique
nationale doivent accompagner la modification du taux de change pour obtenir
les changements souhaités dans la balance ((es paiements. Certes le taux de change
doit jouer un rôle, mais celui-ci est mod.ns prépondérant que dans l'approche
par les élasticités.
L'approche monétaire de la balance des paif@ents qui a été développée dans
les années soixante se distingue principalf~ent des autres approches par le
fait qu'elle comporte des mécanismes autorrk~tiques d'ajustement qui se déclenchent
en réponse à un choc externe comme une modô.fication du taux de change. Cette
approche qui sera présentée dans le chapi tre"1est une négation de l' efficaci té
des politiques de dévaluation (réévaluations), le seul effet qu'elle leur
reconna!t étant d' accrottre (réduire) le ni.veau des réserves accumulées.
" ,
(7) Sydney S. Alexander, "Effets of a deva:-uation on a trade balance",
IMF Staff Papers 2 (1), pp. 263 - 78, 1952

- 25 -
Le flottement généralisé des principales monnaies à partir de 1973 constitue
un changement total d'opinion. Les pays indllstriels ont décidé de renoncer
à fixer leurs taux de change qui désormais norrt laissés aux forces du marché.
On attendait de ce flottement beaucoup d'avantages: isoler un pays des
perturbations monétaires qui viennent de l'extérieur et aider à réconcilier les
taux de croissance monétaire divergents des pays. On pr~tait aussi aux taux
flexibles le pouvoir d'assurer un fonctionnement souple du processus d'ajustement
des changes sans crises
et sans qu'il soit nécessaire de recourir
à des contrales du commerce extérieur et des mouvements de capitaux. Après
quelques armées de flottement force est de eonstater que le système de taux
flexible n'a pas accompli dans les pays industriels tout ce que ses supporters
en attendaient. Il n'a pas permis une correetion des déséquilibres externes
ni une plus grande autonomie dans les polit~ques internes (7)
Puisque le renoncement au contrale du taux cie change n'a pas apporté aux pays
développés les résultats escomptés, peut-on s'attendre à ce qu'il soit
favorable aux pays en voie de développement où la plupart des conditions
nécessaires à un bon flottement sont quasiment
absentes?
2.5. Le taux de change demeure un instrument de poli tique économique
central dans les pays en voie d.e développement
Les taux de change flexible ont des conséquences différentŒsde celles qu'elles
ont pour les pays industriels, en raison principalement des différences qui
les caractérisent sur le plan institutionne~. Le renoncement à l'emploi du
taux de change comme moyen d'action ne se traduirait pas par des avantages qui
compenseraient les conts qui en résulteraient.
Quelque soit le régime sous lequel on se trouve la stabilité des changes est
indispensable à la réalisation des objectifG tant internes qu'externes qu'une
économie cherche a atteindre. Mais pour que des taux de changes flexibles soient
stables sans intervention officielle, il est nécessaire d'avoir un marché des
changes qui fonctionne correctement. Etant cionné la quasi-inexistence de ce genre
(6) Il ne s'agit pas de faire ici un bilan de l'expérience de flottement dans
les pays développés. On peut se reporter à
a) Susan Schadler, "Sources of exchange rate variability : the.--ory and
empirical evidence", IMF Staff Papers. 1977
b) J.R. Artus et J.H. Joung, "Fixed and flexible ex change rates : a
renewal of the debate", IMF Staff Papers, 1979, PP. 654 - 698
c) Charles P. Kindleberger ilLessons of J'Ioating exchange rates", A
supplementary series to the Journal of Monetary Economics 1977(1) pp 51-57

- 20 -
de marché dans la plupart des pays en voie 5e développement, il est certain
que si ces derniers décidaient de laisser flotter leur monnaie la structure
des institutions privées serait incapable d'amortir les fluctuations du taux
de change (8). De plus dans beaucoup de pays en voie de développement, la
majorité des transactions extérieures sont le fait du secteur public. Ainsi
même si les pouvoirs publics s'abstenaient d'intervenir sur le marché des
changes, il n'en résulterait pas pour autant un taux "libre" dans l'acceptation
normale du terme, c'est à dire IDl taux qui est le résultat d'une offre et d'une
demande spontanées de la monnaie nationale. Enfin il ne faut pas oublier les
fluctuations erratiques qu'entrainerait l'adoption d'un taux libre compte tenu
de la portée limitée et la faiblesse des structures des marchés financiers.
Ce n'est pas en renonçant au taux de change comme instrument que les autorités
dans les pays en voie de développement disFoseraient de plus de liberté pour
mener des politiques monétaires et fiscales conformes à leurs objectifs de
poli tique intérieure pendant que les mouverrents des taux de change assureraient
l'équilibre de la balance des paiements.
En effet l'évolution du taux de change peut neutraliser les effets attendus des
mesures budgétaires et monétaires et entraver par là la réalisation des objectifs
de politique intérieure. Si les autorités cherchent par exemple à accrottre
l'emploi de leurs ressources productives, tout en limitant au maximum les
tendances inflationnistes de leurs politiq~es monétaires et budgétaires qui
sont expansionnistes, elles constateront que la dépréciation du taux de change
qui en résulte rend beaucoup plus difficilE: la lutte contre l'inflation à cause
des effets pervers de la dévaluation.
On sait maintenant qu'il n'est pas possible en régime de taux flexibles de poursuivre
une politique monétaire et budgétaire très différente de celle des autres pays(~)
Par exemple une poli tique monétaire et budgét.aire expansionniste par rapport
au reste du monde, aura pour résultat une dépréciation continue du taux de change
ce qui renforcera les pressions inflationnistes dues aux mesures d'ordre interne.
Ces pressions seront immédiatement perçues par le public qui réagira rapidement
à l'encontre de ces mesures.
(8) S. Nana Sikam, les pays c~didats au processus de développement dans la
jungle du nouveau système international de taux de change, Economica, Paris
1979, pp. 40 - 48
(9) Il convient de garder à l'esprit l'efficacité t~ès limitée des politiques
monétaires et fiscales dans les pays en voie de développement.

-
2'7 -
Comme on le verra dans les chapitres suivants les courants commerciaux
réagissent beaucoup moins aux .fluctuations des taux de change dans les pays
en voie de développement que dans les pays industriels. Donc des variations
plus amples seront nécessaires pour ajuster l'économie aux perturbations
extéri'3ures. Etant donné les incertitudes dl1 processus d'ajustement(tant
en ce qui concerne) 'ampleur des effets sur les prix qu'en ce qui concerne
le moment auquel ils se font. sentd.r ) , les modifications du taux de change
nécessaires seraient sur-estimés par les marchés des changes.
Un autre point non moins important à considérer est la divergence plus que
probable entre le taux de change d'équiliore à long terme d'un pays et le
taux qui prévaut sur le marché à court terne. Le taux d'équilibre à court
terme peut être défini comme le taux qui serait déterminé à un moment donné
par le jeu des forces du marché. Quant au taux d'équilibre à long terme il
"peut être défini sur le plan conceptuel comme le taux de change à long terme
d'un pays lorsque les modifications structurelle "appropriées" ont été
effectuées. Par exemple, un pays en voie de développement peut considérer,
en se plaçant dans une perspective de long terme, que des déficits prolongés
de sa balance des paiements sont justifiés si, dans le même temps, d'importants
investissements sont effectués dans le contexte d'un programme de développement.
Les autorités peuvent considérer que le taux: de change qui engendre ce déficit
est le taux de change approprié !là long terne" qui favoriserait des changements
structurels, par le biais d'investissements sectoriels aboutissant à une plus
grande diversification de la structure de la production. Cette diversification
permettrait, au bout d'un certain temps, d'accrojtre et de stabiliser les
exportations, ce qui favoriserait en fin de compte l'équilibre du compte extérieur.
Le taux de change d'équilibre à court terme qui prévaudrait en régime de flottE'~ent
serait alors considéré comme un obstacle à la réalisation des objectifs à long
terme de la politique éconOmique,,(10).
Ce n'est pas une telle définition du taux d8 change d'équilibre de long terme
qu'on retiendra dans le chapitre suivant. C8pendant cette argumentation de N.
Sinkam montre clairement que laisser le taux: de change notter librement éqirlvaut
à renoncer à l'usage approprié du taux de c~ange comme moyen d'action. C'est
(10) S. Nana - Sinkam, Op. Déjà citée pp. 4) - 43

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28 -
pourquoi on peut conclure en affirmant. avec lui que "dans les pays en voie de
dével.oppement., où de profondes modi.f'Lcatd.ons: structurelles se produisent
et sont souhai té8S, le fait de renoncer à cert instrument peut limiter les
moyens dont les autorités disposent pour effectuer les changements structurels
voulus".

-
29 -
CHAPITRE .2
APPROCHE QUALITATIVE DU TAUX ")E CHANGE D'EQUILIBRE
A chaque fois que quelqu'un émet des doutes sur la pertinence d'un taux
de change, il a toujours à l'esprit, confusé"'llent ou non, une certaine idée
de ce que devrait 8tre le taux "normalft, le taux "vrai". C'est un taux qu'on
ne veut ni sous-évalué, ni sur-évalué. R. Nurkse (1)p a défini par taux de
change d'équilibre. Mbe les systèmes de change reposent tous sur l'idée que le
systàme monétaire international est en équilibre gr&ce à l'existence d'une
série de taux de change d'équilibre.
Ainsi pour le B,Ystàme de l'étalon-or le taux de change (la parité) était
atteint lorsque la valeur externe de la monnaie était égale au cours légal
appelé pair métallique et correspondai t à 18 définition officielle de la
monnaie par rapport à l'or. Au contraire avec le régime de changes fiottants,
le taux d'équilibre est celui vers lequel devrait toujours tendre le taux
courant.
Dans ce chapitre, on essaiera de définir non pas quantitativement mais
qualitativement le taux de change d'équilibre en mettant en relief les
caractéristiques qu'il devrait re~tir. Cette d€mlarche montrera à quel point
il est ardu de déterminer un taux qui reconci1ie les multiples objectifs que
l'on cherche à atteindre en agissant sur le taux de change, objectifs souvent
contradictoires entre eux.
R. Nurkse (2) définit le taux de change d' équilibre cOJIIUe un taux tel quel sur
une certaine période de temps pendant laquelle le niveau de l'emploi est
mainten~ il n 'y ait pas de changement dans les restrictions cOJllllerciales ou
de paiements,
ni
aucune variation ntltte des réserves extérieures du
pays considéré. L'analyse du taux de change d'équilibre va s'organiser autour
(1)
(2) R. Nurkse, "International Monetary equ11ibrium", Essays in
international Finance, n" 4, Princeton University, 1945

-
30 -
de cette définition. Aussi discutera-t-on de l'horizon temporel approprié
pour définir un taux de change d'équilibre (section 1), de la définition de
la balance des paie.ents Aretenir et en conséquence de ce qu'est sa
situation d'équilibre (section 2), de la cont:rainte imposant que le revenu
et l'emploi A défaut de s' mUliorer doivent '!tre I18intenus A leur niveau
de départ (section 3), et enfin de l'introduction ou non de restrictions
suppl&uentaires sur le cœmaerce extérifJ\\1r ou les JIOuv-.nts de capitaux
(section 4).

- 31 -
SECTION 1 - LA DEfINITION D'UN HORIZON TEMroREL AlJ~~UAT 1::S1' ESSllJTUJ..
La période à retenir pour la détermination d'un taux de change d'équilibre
est d'une grande importance parce que les phénomènes économiques qui
peuvent affecter ce taux n'exercent pas tOU3 leurs effets dans le m~e
intervalle de temps. On peut m@me dire que~hoisir une période revient
à choisir les variables économiques par rapport auxquelles sera défini le
taux d'équilibre.
Ce n'est pas un taux fixe qui pourrait refl4ter 1'équilibre entre l'offre et
la demande de devises sur un marché de change, lequel, tous les jours
ou
même toutes les heures, se modifie. Pour re.néter de telles variations
un taux de change d'équilibre devrait changer d 'heure en heure. Mais celles-ci
pourraient créer une instabilité telle que ce taux serait une négation m.8me
du principe de l'équilibre. L'expérience des années trente et récemment dans
les pays industriels
les courtes expériences de taux flexibles montrent que
les risques de fluctuations amples voire excessives sont bien réelles. Les
variations libres des taux sont de nature à provoquer des spéculations qui
ont un effet destabilisant sur les mouvements aussi bien de capitaux que des
marchandises puisque toute dépréciation (appréciation) provoque l'anticipation
d'autres dépréciations (appréciations)(;). Si c'est l'équilibre de la balance
des paiements que l'on voulait obtenir en laissant le taux de change fluctuer,
il serait difficile d'y parvenir
sur des périodes très courtes de l'ordre
de la journée ou de la semaine, voire du mois. Pour ces raisons, il faut rejeter
la très courte période et considérer d'autres durées pendant lesquelles le taux
de change pourrait maintenir la balance des paiements en équilibre (4) •
Si on prend une période de référence qui est inférieure à une année, la
balance enregistrera des variations saisonnières. En conséquence le taux de
change devrait varier à la hausse ou à la baisse en réponse à ces influences.
Dans beaucoup de pays en voie de développement, cette situation est très marquée.
les principaux produits exportés étant d'origine végétale, c'est après les
récoltes qu'on effectue l'essentiel des exportations qui, le reste de l'année,
(;) C'est le phénom.ène de surajustement. Se référer à S. Shadler "Sources of
exchange variabilly : theory and empirical evidence", !MF Staff Papers. 1977.
(4) SC8J'lllllell, International Monetary Policy, Bretton Woods and after, the
Macmillan Press LTD, London, 1975.

- 32 -
sont d'un volume négligeable. La période de temps choisie doit @tre
suffisamment longue pour que ces fluctuations soient évincées.
Si on fait étendre la période de référence au delà d'un an, on supprime les
influences saisonnières et de court tenne. Hais pourquoi ne pas viser aussi
à l'élimination des fluctuations cycliques '7 dans les palls en voie de
développement où certaines cultures mettent des années avant de porter
frui t (café, cacao, coprah ••• ) cela pennett.rait de supprimer de telles
influences sur la balance des paiements. Il conviendrait donc d'étendre la
période standard sur plusieurs années. Ainsi pour Nurkse l'idéal se situerait
entre cinq et dix ans, durée suffisarmnent longue pour neutraliser de tels
effets cycliques.
Cependant une période de dix ans semble un peu irréaliste car durant cet
intervalle de nombreux changements structurels vont s'opérer : modification
des goftts des consommateurs,de la demande (interne ou externe) de la
technologie, de la population, de la répartition sectorielle des investissements,
etc. Ces éléments auront inévitablement une incidence sur le taux de change
d'équilibre et cependant ils ne seront pas pris en compte quand on veut
détenniner ce dernier, faute d'avoir une mesure précise de leurs effets directs
ou indirects. Dans ces conditions, les varia.b1es de long tenne seront trop
nombreuses pour qu'on puisse encore parler de taux de change d'équilibre. La
condition essentielle pour choisir la période est que celle-ci inclut au moins
une série complète d'influences récurrentes sur la balance des paiements. Donc
les influences saisonniàres et de courte durée doivent @tre prises en compte.
Cela pennet de reprendre, en la modifiant sur la durée, la première partie.
de la défini tion de SCSlIIIle1( 5)du taux de change d' équilibre : "c'est celui qui,
sur une période de cinq ans, n'entra!nerait pas de variations nettes des réserves
de moyens de paiements internationaux d'un
pays". Dans les pays en voie de
développement, cette période est d'autant plus appropriée qu'elle correspond
à celle généralement retenue pour l' ex~cution des plans économiques.
(5)
Scamme1, op. déjà citée

-
33 -
SECTION 2 - BrNILIBRE DE LA &\\LANCE DES PAIEMENTS ET TAUX DE CHANGE D'EQUILIBRE
La définition de la balance des paiements a beaucoup évolué dans le temps
sous l'effet des circonstances et des besoins respectifs des pays, principalement
de ceux à monnaie forte. Cependant la définMiion donnée par C.P. KindIeberger(1)
peut ~tre retenue en raison surtout de son caractère général : "l'équilibre est
cet état de la balance des paiements qui pour un nombre donné de paramètres,
peut 3tre maintenu sans intervention". Les paramètres auxquels C.P. KindIeberger
fait référence étant: le revenu national, le niveau des prix, et derrière eux
les goftts, les ressources, les propensions A investir et à épargner, les
préférences de liquidité, les offres de molUlaie et les attitudes que, compte
tenu des actifs alternatifs, les individus et les autorités monétaires adoptent
à 11 égard de la valeur de la JIIOlUlaie.
La notion de déséquilibre sien déduit immédiatement: "lorsque l'un de ces
paramètres change, la position d'équilibre de la balance des paiements se modifie
elle-aussi. Lorsque celle-ci nlarrive pas à s'ajuster ou S8 surajuste , il y a
déséquilibrea(1).
On sait que la balance des paiements est un document récapitulatif de toutes
les transactions au cours d'une période de "1jemps entre un pays et le reste du
monde. Compte tenu du principe de l'écriture en partie double l'ensemble des
opérations est toujours en équilibre. Aussi la notion d'équilibre de la
balance des paiements n'a de sens qu'appliquée à un certain nombre de postes
de la balance choisis en fonction dlun objectif bien donné.
Dans ce qui suit on présentera l'identité de la balance des paiements, ensuite
on essaiera de répondre à une question importante, celle du choix des postes à
prendre en compte dans la définition de la balance des paiements avant d'éclaircir
la liaison équilibre de la balance des paiements.
(1) C.P. KindIeberger, "Measuring Equilibrium in the Balance of Paiements",
Journal of political Economy, 1969, pp 873 - 891

- 34 -
2.1. L'identité de la balance des paiements
Si on appelle (X) les exportations des biens et services, (M) les importations
de biens et services, (T) les transferts nets, (KIt) les mouvements de capitaux
ct)
à long terme, (K
les mouvements de capitaux à court terme et (G) la balance
monétaire (flux monétaires officiels et privés), la balance des paiements
vérifie touj ours l' égalité :
ct
X - M - T - KIt - K
- G = 0
Si un pays enregistre des entrées de capitaux (aussi bien longs que courts)
et une balance monétaire positive, alors les exportations doivent nécessairement
8tre inférieures aux importations et aux transferts d'un montant égal au
total de l'investissement extérieur dont le
pays a bénéficié. De m8me si la
somme de cet investissement extérieur, des Rouvements de capitaux de long et de
court terme et de la balance monétaire est négative alors nécessairement les
exportations sont supérieures au total importations ot des transferts.
2.2. Choix des postes dans la dé:ti.m.tion de l'équilibre de la balance
des paiements
Pour avoir une balance des paiements en équilibre, il faut que la somme des
postes choisis soit nulle. Compte tenu de l'identité de celle-ci, toujours
vérifiée, cela revient à dire que la SOIllRle du reste des postes est elle aussi
nulle.
La notion d'équilibre de la balance des paiements, a-t-on dit, a évolué dans
le temps. C'est ainsi qu'à l'époque mercantiliste l'équilibre à considérer était
celui des paiements courants. L'identité ci-dessus se réduisait alors à
X-M=O=G
avec (G) désignant le flux d'or.
Puisque toute la politique économique d'un pays devait consister à acquérir
le ma.x::1.mwn d'or, expression de la richesse et fondement de la puissance d'une
nation, les sort.1ies de ce métal précieux étaient strictement réglementées.
Mais avec le développement des mouvements de capitaux, il n'était plus
possible de retenir une définition aussi restrictive de la balance des paiements,
les paiements courants n'étaient plus la seule variable autonome.
Pourtant l'intégration des mouvements de capitaux ne s'est fai1B que
progressivement. La première tentative est celle de Nurkse qui passe de la

-
35 -
balance des paiements courants à la balance de base. Il définit celle-ci en
affinnant qu'elle doit comprendre non seulement toutes les transactions en
compte courant (marchandises et services) mais aussi les mouvements normaux de
capitaux intéressant les investissements internationaux. Il est souhaitable
le plus souvent d'exclure les mouvements de capitaux à court tenne... qui
ne font que se substituer aux transferts de réserve de monnaie internationale"(;).
L'équilibre de cette balance ne signifie pas qu'un surplus (déficit) du compte
courant soit compensé par une sortie (entrée) de capitaux à long terme et que
les mouvements d'or et de capitaux à court terme s'ammlent entre eux. Ainsi
on aura:
1t
ct
X-M-K
=D.=K
-G
Cooper (4) a fait remarquer que par cette définition Nurkse essaie de mettre
en évidence le trend sous-jacent aux mouvements de biens de capitaux, sans
tenir compte des nux de capitaux de court terme qui sont trop vo1atib1es.
La notion de balance de base est apparue après la première guerre mondiale
au moment de la discussion du problème des transferts que devait effectuer
l'Allemagne(5). Par la suite, elle a été utilisée pour l'analyse dans le
moyen et long terme des évolutions qui peuvent affecter les réserves
1
1
internationales d'un pays, ou encore comme base de projections à long tenne,
6
poste par poste, de la position de la balance des paiements d'un pqs donné ( ~
En définissant le taux de change d'équilibre par rapport à la balance de base
on peut dire que ce dernier est le taux qui maintiendrait, sur une période de
1
trois à cinq ans, cette balance en équilibre. KLle ne devrait enregistrer aucun
changement dans les réserves de monnaie internationale. Il est évident que plus
la période standard retenue est longue plus le montant de réserves nécessaires
pour maintenir le taux à son niveau d'équilibre est élevé. Al.:contraire, plus le
volume de liquidités internationales détenues par un pays est 6levé moins seront
fréquentes les modifications du taux de change.
Définition citée aussi par J. C. Leroy, "Analyse contemporaine de la
détermination des taux de change, approches -théoriques et implications
politiques". Thèse pour le Doctorat d'Etat en Sciences Economiques Université
Paris 1 Pan-théon Sorbonne, 1979
Cooper Richard N. "The Balance of paiements in review", Journal of Political
Economr 74. N° 4 (August 1966) pp. 379 - 395
Se référer à Keynes "The German transfert prob1em" Economie Journal 39 n01 3/1929
Zoran Hodjera, "Basic Balance, short-tenn capital nov, and international
réserves of industrial countries", !MF Staff Papers, 1969, pp. 582

- 36 -
Pour que le concept de balance de base soit approprié pour la définition du
taux de change d'équilibre, il faut que l'hypothèse qui la soustend soit
effectivernent vérifiée. Au-~rernent dit il est nécessaire que l'évolution des
postes mmis (les capitaux, la balance monétd.ire, les erreurs et omissions)
accuse des renversements assez fréquents en-c,ra1nant sur le moyen et le long
terme un solde faiblement positif (négatif) voire mtme nul.
En effet en retenant la balance de base COWQe définition de la balance des
paiements, l'accent est mis sur la permanence; la stabilité des postes de
cette dernière; qu'il s'agisse du compte courant net, des transferts sans
contrepartie nets ou des comptes de capita~{ à long terme officiels et privés
(nets), chacun de ces éléments se modifie lentement en réponse à des ajustements
de la structure économique et financière du pays ou de ses partenaires et pemet
ainsi d'analyser les évolutions protondes à moyen et long terme des échanges
extérieure du pays (7) • Les mouvements de réserve doivent provenir des difficultés
soldes de la balance de base sur le moyen e-t le long terme. Donc si l'accumulation
des soldes de la balance de base est en défi cit (surplus), ce déficit (surplus)
doit fttre compensé par les variations des réserves· cumulées sur la période. Il
en sera de mftme si le solde est nul (cas d'équilibre).
z. Hodjera a analysé les raisons qui peuvent invalider l 'hypothàse que les
postes omis n'ont pas de tendance propre: la disparité des marchés financiers
et les économies d'échelle que pemettent les plus grands d'entre eux ; certains
comportements des autori tés monétaires visant à limiter les arbitrages sur
taux d'intérftt en freinant les entrées de capitaux; des différences de
préférences pour la liquidité(8) •••
2.3. Liaison balance des paiements - taux de change
Après la détermination des différentes composantes de la balance la plus
appropriée pour définir le taux de change d'équilibre, il reste à analyser la
liaison entre la balance des paiements et le taux de change.
En effet le taux de change n'est pas le seuâ instrument capable d'équilibrer
la balance des paiements. Dans le chapitre précédent, on a vu que sous le
régime d' étalon-or l'équilibre de la balance des paiements pouvaient 8tre obtenu
au prix d'une déflation (baisse de la productd.on et chômage}, Le taux de change
(7) Zoran Hodjera op. déjà citée
(8) Zoran Hodjera
op. déjà citée, pp. 583 - 584

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37 -
n'est pas le seul déterminant de la balance des paiements. C'est ce qui fait
dire à Scammell (9) que dans "le domaine des politiques, deux autres variables
doivent fttre maintenues constantes avant d'analyser le taux de change pris
isolément. Ce sont le niveau du revenu national et l'étendue du contr8le direct
sur le commerce du pays concerné".
Une balance des paiements peut @tre maintenue en équilibre gr~ce à l'une ou
l'autre de ces variables. Le JI10ntant des réserves restera constant et le taux
de change pardtra comme un taux d' ~quilibre mais sera 'Ul\\. taux dont la valeur
sera fonction de celle des variables choisies. En conséquence il existe une
multitude de taux de change d'équilibre à diverses situations de balance des
paiements obtenues en utilisant l'une ou l'autre variable plus ou moins
fortement.
En conclusion on peut dire que l'équilibre de la balance des paiements n'est
pas un critère suffisant pour la définition de ce que doit 'tre le taux de
change d'équilibre.
(9) Scammell, op. déjà citée

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38 -
SECTION 3 - LE NIVEAU DU REVENU ET DE L'EMPLOI A DEFAUT DIErRE AMELIORE OOIT
ETRE IMPERATIVEMENT MAINTENU
Cette exigence se conçoit assez aisément si on se rappelle que la balance des
paiements d'un pays peut 8tre maintenue en !~quilibre grAce à une contraction
du revenu qui entrdne une réduction des importations. Dans une situation de
rigidité des prix et des salaires la contœactdon du revenu provoque une
aggravation du ch8mage. Le taux de change qui assure l'équilibre de la balance
des paiements ne peut ~tre qualifié de taux d'équilibre dans la mesure où cet
équilibre est réalisé au prix d'une récession.
Llexemple classique de la Grande Bretagne entre 1925 et 1931 est éclairant à
cet égard (1). Il est généralement reconnu que durant cette période la livre
était surévaluée approximativement de dix pour cent mais malgré tout, un compte
courant excédentaire était maintenu au cours de toute cette période et il n'y
avait
pas de sorties d'or. Cela a été rendu possible par le ch8mage relativement
élevé que la Grande Bretagne connaissait pendant ce temps. Si on avait essayé
de pousser l'économie jusqu'au plein-emploi un déficit sérieux de la balance
des paiements en résulterai t inévitablement.
On comprend donc que le maintien du niveau de revenu et d'emploi soit une
condition importante dans la mesure où à chaque couple niveau de revenu-niveau
d'emploi correspond un taux de change qui assurera lléquilibre de la balance.
Le taux d '.équilibre idéal serait celui qui garantirait l'équilibre extérieur
avec le plein-emploi à l'intérieur, au cas Gchéant, celui qui maintiendrait un
degré satisfaisant d'emploi dans le pays, comparé à la situation à l'extérieur(2~
Pour que le taux de change ait tout à fait les caractéristiques lui conférant
la qualité de taux d'équilibre, Nurske affi:me que la balance des paiements ne
devrait pas ~tre artificiellement maintenue en équilibre par des restrictions
supplémentaires du commerce.
(1)
Voir 8cammell, op. déjà citée
(2)
Voir Nurkse, op. déjà citée

-
39 -
SECTION 4 - TAUX DE CHANGE D'EQUILIBRE ET RJ<;S'l'RICTIONS COMNERCIALES
Un autre moyen par lequel l'équilibre de la balance des paiements peut ~tre
assuré consiste à imposer des restrictions aux importations. Le taux de
change correspondant à cet équilibre ne saUJ·ait à proprement parler ~tre
un taux d'équilibre. Selon R. NURKSE il ne pourrait l'~tre que si l'équilibre
de la balance des paiements étai. t atteint sans introduction de restrictions
supplémentaires. Les barrières à l'importe.t:'on devraient rester ce qu'elles
étaient.
Meade dans s a définition, tout en reprenant une grande partie de celle de Nurkse,
va encore plus loin. Pour lui il ne doit paB y avoir de restrictions commerciales
encore moins de restrictions supplémentaires. La situation optimale est celle
de libre échange et c 'Bst le taux qui lui correspond qui est le taux de change
d'équilibre (1 ~ Cependant ces deux amendements à la définition du taux de change
d'équilibre sont vivement critiqués par B. Balassa et D. Schydlowsky(2).
La définition de Nurkse comporte une difficulté. Eh effet comment dans la pratique
faire la différence entre restrictions de "base", de "référence" et celles qui
sont additionnelles?
Quant à celle proposée par Meade elle est sujette à caution dans la mesure où
les restrictions commerciales servent à des objectifs divers et sont le résultat
d'un processus historique. })mS les pays en voie de développement elles sont
décidées soit en réponse à des demandes de ])rotection émanant des producteurs
soit pour améliorer la balance des paiements. Souvent il est difficile de
séparer ces deux motifs. Cependant l'objectif de la défense des "industries
dans l'enfance" à lui seul justifie que ces pays ne puissent se passer de
barriàres douaniàres.
E. Bacha et L. Taylor ("Foreign exhange shadow prices : a critical review
of current theories, the guaterly Journal of Economies, Vol LXXXV, May 1971,
N° 2, pp. 198 - 224) dérivent un taux de change d'équilibre dans une situation
de libre échange qui s'instaure apràs la suppression des droits de douane.
Ce taux d'équilibre est égal à "une moyenne géométrique des tarifs douaniers
et des subventions multipliée par le taux de change courant, les pondérations
étant les élastic::1.tés d'importations et d' exporta.tions et les parts dans le
total des exportations et des importations" p. 217
B. Balassa et D. Schydbwsky "Effective 'rariffs, domeetd,c Costs of foreign
exchange, and the équilibriwn" Journal of Political Economy Vol 76 (May/June
1968) pp. 348 -360

- 40 -
Pour Balassa et Schydlowsky, Meade et Nurkse poursuivent une chimère en
essayant de définir un taux de change unique correspondant à une certaine mesure
"acceptable" de la protection douanière.
En effet d'une part, le degré de protection des industries est affecté par
le taux de change parce que ce degré de protection peut ~tre atteint par
différentes combinaisons de tarifs douaniers, de subventions et du taux de
change. D'autre part le taux de change qui maintient la balance des paiements
en équilibre dépendra des mesures de politique commerciale appliquées.
Si l'on tient compte en plus des effets des politiques fiscales et monétaires
sur le taux de change, on peut définir le taux de change d'équilibre par rapport
aux politiques économiques actuellement poursuivies. Ainsi on pourrait par
exemple considérer ces politiques économiques comme des variables pré-déterminées
et le taux de change comme la variable dépendante à déterminer sous la
contrainte d'un équilibre de la balance des paiements. Inversement on pourrait
considilrer comme donnés le taux de change et les politiques monétaires et fiscales
nationales et dériver la protection douanière nécessaire pour équilibrer la
balance des paiements. On voit immédiatement qu'une altération du systA\\me de
protection douanière ou des politiques monétaires et fiscales, entra!ne une
modification du taux de change. On peut donc dire avec Balassa et D.Schydlowsky
que pour des conditions d'offre et de demande données, chaque taux correspond
à des configurations différentes de politiques commerciales, monétaires et
fiscales.
CONCLUSION
Les différentes caract€!ristiques
du taux de change d'équilibre qu'on a esssyil
de mettre en relief peuvent se résumer dans les trois propositions suivantes :
10) - "En choisissant un taux de change, le but doi t ~tre de trouver un taux
qui, à la lumière des conditions futures probables (politiques
gouvernementales, tendances du cOJlDllerce, mouvements de capitaux, taux de
croissance, etc) conduise à un équilibre de long terme de la balance des
paiements du pays associés à des relations prix/co~t et revenu, compatibles
avec un niveau élev€!
d'échange en plein emploi.
2°) - Ce taux choisi doit 3tre capable de se maintenir sans l'aide de contr8le
des changes ou de contrS1e direct sur les nux de biens •


- 41 -
3°) - Il faut prendre garde de décider si compte tenu d'un flux de capitaux
donné, un taux est réellement un taux d'équilibre. Si le flux de capitaux
est permanent et prévisible, n'étant pe.s destabilisant, il doit ~tre pris
en compte lorsque l'on établit le taux, Mais s'il est erratique et d'un
montant variable, le taux doi t ~tre établi de maniàre à équilibrer le
compte courant sans tenir compte du flux de capitaux"'< 1)
L'approche suivie pour définir un taux de change d'équilibre est sans doute
très utile
pour la formulation de jugements qualitatifs en matière de politique
d'ajustement. Des s,ymptomes de sous ou sur - évaluation peuvent ~tre décelés.
Elle permet de prendre conscience des conditions assez restrictives que le
nouveau taux de change doit remplir pour seI~r pleinement les objectifs
économiques qu'on cherche à atteindre. Elle est enfin un bon instrument pour
examiner de façon critique un taux déjà en opération et de voir s'il satisfait
les canditians énumérées ci-dessus.
Cependant il faut insister sur l'idée que Le. notion de taux de change d'équilibre
ainsi définie est, dans le meilleur des cas, seulement qualitative. Elle n'est
pas d'une grande utilité si nous voulons répondre à la question suivante : quel
devrait 3tre en terme quantitatif, le taux entre deux monnaies A et B ? Une
méthode quantitative de détermination du taux de change est nécessaire pour
cela. Les chapitres qui suivent sont consacrés à l'analyse critique des méthodes
et théories proposées à cet effet.
(1) Scammell, op. déjà citée

-
42 -
CHAPITRE j
LA PARITE DU POUVOIR D'ACHAT COMME THIDR:E DES TAUX DE CHANGE D'EQUILIBRE
La parité du pouvoir d'achat (P.P.A.) sera la première théorie du taux de change
d'équilibre qu'on étudiera. La P.P.A. a été l'objet de plusieurs interprétations
et a suscité de nombreuses controverses qui ne se sont pas encore apaisées. La
simplicité de sa formulation et de son
maniement explique sans doute qu'on
pense à elle dès qu'on cherche à expliquer ou à corriger un déséquilibre
extérieure. La P.P.A. peu.t-elle valablement tester la pertinence à un moment
donné d'un taux de change, peut-elle indiquer la mesure dans laquelle celui-ci
doit @tre altéré POUr que les déséquilibres extérieurs soient résorbés sans
toutefois provoquer une détérioration de la situation économique interne ?
Enfin la P.P.A. est-elle un instrument appr(lprié pour les pays en voie de
développement ? C'est à ces interrogations que ce chapitre essaiera de répondre.
La première section réSWllera le cheminement historique du concept de P.P.A. depuis
ses lointaines origines jusqu'à nos jours ; la seconde en présentera les
différentes fo:mulations tandis que la troisième analysera son interprétation
comme une relation d'arbitrage spatial ainst que les diffiaultés d'ordre
méthodologique que soulève se vérification empirique. La dernière section fera
une analyse critique de l'application de la théorie de la P. P. A. aux pays en
voie de développement, en particulier elle mettra en relief les différente
facteurs qui réduisent considérablement son efficacité.

-
43 -
SECTION 1 - ORIBINE ET ~OUVEAU D'UN CONCEPT
L'idée que, laissés à eux m&1es, les mouvements du prix d'une unité monétaire
d'un pays exprimé en unités de monnaies étrE:ngères tendent à ~tre inversement
proportionnels aux mouvements respectifs der. niveaux de prix relatifs, remonte
loin dans le temps. On peut m3me dire qu'elle est présente dès le d€lbut
de
l'économie internationale.
Einzig (1) trouve ses traces dans des écrits cl' auteurs espagnols au moment des
\\
premières grandes perturbations monétaires que l'Europe a connues à la suite
de l ' affiux de m€ltaux précieux en provenance du Nouveau Monde.
G.J. Kalamotousalds(2) note que le marcantiliste G. de Maligne dès 1061 avait
déjà "une compr€lhension
pleine et claire du mécanisme international des échanges
extérieurs qui fonctionne à travers les niveaux de prix et les mouvements
d'or et d'argent".
Un constat qu'il convient de faire d'emblée est que depuis la th€lorie
de la
parité du pouvoir d'achat r€lsurgi t toutes les fois qu'apparaissent des
perturbations mon€ltaires
ou des événements engendrant des instabilités, par
exemple les guerres. Ainsi est-e11e prêsente dans ce qu'on a appel€l
"le d€lbat
suédois", qui s'est engagé après que la guerre de sept ans ait provoqué la
dévaluation de 120 % du mark su€ldois.
Il n'est pas étonnant que 1e8 êconond.stes
aient recours à une telle théorie en Angleterre lorsque les guerres
napol.écnâennee ont donné naissance à une augmentation considb&b1e du prix de
l'or, une d€lpr€lciation
de la livre et ont entrdn€l
une suspension de sa
conversion durant vingt ans.
Cependant il faudra attendre l'après première guerre mondiale pour voir Cassel
intégrer la P. P. A. dans un cadre théorique qui lui confire un caractère
opérationnel.
Pour Viner (:3) il est le premier à exprimer la théorie en tenues de moyennes
statistiques des prix. Il en a fait une théorie op€lrationnelle.
Paul Einzig, The History of foreign exchange, London, 1910.
Georges J. Kalamotonsakis, "gchange rat.esand Prices : The historical
évidence", Journal of International Economics, 8 (May 1918) pp. 163 - 161
Jacob Viner, Studies in the théory of International Trade, Harper et Row
cit€l
par O. Laurence Oftic.er
(voir c1-dess ous},

-
44 -
fufin Officer (4) remarque que Ies plus impressioIbants de tous, l'analyse
théorique et les tests empiriques de Cassel de la P. P. A. sont remarquablement
similaires à ceux d'aujourd'hui.
En dépit de l'étendue de la littérature qui lui a été consacrée et qui
continue encore à se développer, la P.P.A. demeure un concept insaisissable,
défini et utilisé différemment par les auteurs. Dornbusch et Krugman (5) ont
certainement raison de dire que "sous la peeu de tout économiste international
demeure bien enracinée la croyance en une certaine variante de la théorie de la
P.P.A. du taux de change". Les variantes qu'elle recouvre sont nombreuses, allant
de simples truismes à des théories plus sopr~stiquées de détermination du taux
de change.
La seule application de la P.P.A. qui fait pr-esque l'unanimité maintenant est
son utilisation comme facteur de conversion "pour transférer des données d'une
monnaie en une autre, données qui sont généralement dans un cadre comptable
national, avec un niveau de détail allant du produit national brut lui-m.3me
à des catégories de dépenses hautement dés~égéesll(6~
(4) H. Laurence Officer
1916a"The purchasing power parity theory of exchange
rates z a review article", IMF - Staff Papers pp. 1 - 60
1916.
(5) R.Dornbusch et Paul Krugman, "Flexible exchanges rates in the short run",
Brooldngs Papers on Economie Activity n" 3, 1916 pp. 531 - 584
(6) Laurence H. Offic:er
op. déjà citée p. 1

- 45 -
SECTION 2 - LES DIFFE.'RENTES FORHULATIONS DE LA P. P.A. ET LES CONDITIONS
GENERALES DE SA VALIDITE
La P.P.A. a fait l'objet de tentatives nombreuses de formalisations depuis la
première guerre mondiaJ.e. Les travaux de CasseL ont été indéniablement le point
de départ de tant d'efforts de s,ystématisation. La P.P.A. est souvent présentée
sous une version soit absolue soit relative. Récenunent P.J.K.Kouri et J.B. Macedo(1)
ont adopté une formulation multilatérale, s'inspirant ainsi de la notion de
taux de change effectif. Ces trois fonnulations seront successivement présentées
en mbe tant que les condi tions nécessaires à la validité de la P. P. A.
2.1. Version absolue
Dans sa version absolue, la P.P.A. implique que la valeur d'équilibre du taux
de change entre les MOIUlaies de deux pays est égale au rapport des niveaux de
prix de ces deux pays.
Le pouvoir d ' achat d'une monnaâ.e est égal à l'inverse de l'indice général des
prix, lequel n'est rien d'autre qu'une combinaison linéaire de prix de biens
individuels.
Ena appelant (Pit) le prix nationaJ. d'une UIJité de bien (i), (ait) le poids du
bien (i) dans l'indice général à la période (t), le pouvoir d'achat de la
monnaie égale (2)
1
P t = -..;..---
m
n
~ait Pit
i=1
avec (n) représentant le nombre de biens utilisés dans la construction de
l'indice général.
Cette définition montre qu'une hausse du prix des biens individuels est synonyme
de baisse du pouvoir d'achat de la monnaie.
(1) P.J. Kouri and J.B. Macedo, n~change rate and the international adjustement
processus", Brooldngs Papers on Econ01lll Activity1, 1918 pp. 111 - 50
(2) L. Croully' - Veyrac et M. Crouhy, IntegrE.tion des marchés de marchandises
et parité internationale des prix, CR N" 151 / 1980. Les cahiers de recherche
du CESA

- 46 -
De la m~me manière, on définit le pouvoir d'achat d'une mormaie étrangère (~t)
1
,
m
L
j=1
où (b
est le poids du bien (j) dans l'indice général en (t), (Pjt) le prix
j t)
du bien (j) en (t) et (m) le nombre de biens entrant dans la construction
de l'indice général des prix.
La version absolue de la P.P.A. pose que le taux de change d'équilibre des deux
monnaies est donné par le rapport de leurs pouvoirs d'achat. Ce taux, (EPiA),
est exprinlé en monnaie domestique par unité de monnaie étrangère. En d'autres
termes
n
E
ait Pit
=
i=1
m
.L: bj t P*t
j=1
m
Ce taux de change d'équilibre est-il celui que l'on observe dans le long terme
(puisque l'horizon temporel généralement retenu pour la validité de la P.P.A.
est le long terme) sur le marché des changes ?
La question peut 3tre autrement posée. FIl effet on peut se demander s'il
n'existe pas des conditions particulières qui assurent l'égalité entre le taux
courant et le taux d'équilibre tel qu'il est défini par la P.P.A. et ~i oes
conditions sont toujours remplies.
PPA
Pour qu'il y ait équivalence entre (Et
) dÉfini ci-dessus et (Et) qui est le
taux de change c8té, observé sur le marché des changes, il faut que 1
a) - lion retrouve dans la composition des indices les m~es biens,
b) - chaque bien soit un substitut parfait du bien étranger correspondant, ce
qui assure une homogénéité totale,
c) - deux biens définis hOll1Ogènes (i et j par exemple) aient le même poids dans
leurs indices respectifs 1 (ait:: bj t)
d) - les marchés des biens et services échar..gés soient purs et parfaits: pas
coilts de transferts d'un marché national sous fonne de contr81es des
changes, tarifs douaniers, contingentements, etc.

-
47 -
Si ces quatre conditions sont toujours vérifiées alors l'égalité
-PPA
Et
= Et
est toujours assurée.
Il faut souligner que les conditions a, b et d sont à elles seules suffisantes
pour assurer ce que l'on appelle la loi du prix unique sous sa forme la plus
restrictive, à savoir qulà tout moment
Pit = Et ptt
pour tous les biens avec i = 1, 2, ••• n
Lorsqu'il n'existe pas de coAts de transfer~ ou ils sont négligeables le
mécani8llle dl arbitrage pemet le déplacement instantané d'un bien d'un marché à
un autre en cas de différence de prix. Les agents économiques achetant là où
c'est meilleur marché, on comprend aisément qu 1en cas de hausse des prix
dans un pays il y ait offre accrue de sa monnaie pour obtenir celle des pays
où llinflation est moins forte. Il en résulte un mouvement des taux de change
qui est l'inverse de celui des prix relatifs.
2.2. Version relative
Selon la version relative de la P.P.A. le pourcentage de variation du taux de
change entre les monnaies de deux pays seraIt égal à la différence dans les
taux d'inflation de ces derniers. Si les prix français augmentent de 100 %
par rapport aux prix allemands alors la valeur d'un mark en FF devrait baisser
de moitié.
La validité de la version relative exige une condition supplémentaire par
rapport à celles définies pour la version absolue : il faut une période de
référence pour laquelle la P.P.h. est vérifiée. On supposera que cette période
de référence est (t = 0).
Le calcul des indices de prix national et étranger à la période (t) est souvent
fait à l'aide de la méthode de Laspeyres :
n
:L. ai o Pit
IPt = _i~_1
_
L a
P
i=1
io
io
m
br
111
bj o Pjt
=
m
~b
pit
i=1
jo
jo

- 48 -
Conune L et M Crouhy (3) l'ont souligné m8me à supposer que les biens composant
les deux indices soient identiques (i = j) et que les pondérations soient égales
et n'aient pas changé au cours du temps : (siO = ait = b
le quotient
i o)'
(IP/Ipt) ne pourrait @tre directement rapproché de la version absolue de la
P.P.A. En effet (IP) et (IP*) sont des indices relatifs. Une comparaison directe
exige, conune on l' avait vu. ci-dessous, que la P. P. A. soit vérifiée à la période
de base, c'est à dire :
n
P
t=1 ai o
io
PPA
E
=
= E
o m o
S=1 bj O Pjo
La connaissance de (E
(IPt)' (Ipt), nous permet d'écrire que
o)'
EPPA _
IPt
= E
t
-
1Ft
0
2.3. Version multilatérale de la P.P.A.
Kouri et Macéda(4) ont été les initiateurs de cette version de la P.P.A. qui
"consiste à comparer les prix et les taux de change d'un p~s à ceux de l'ensemble
des partenaires cOJlll1lerciaux dont les monnaies sont convertibles"(5~
La construction comprend deux étapes : la d~tel'lld.nation du taux de change
nominal multilatéral et celle de l'indioe de prix nmltilatéral.
Le taux de change nominal multilatéral (t;) est un taux fictif en ce sens qu'il
ne peut ttre observé sur un marché et e8t d~fin1 par rapport aux (N - 1) autres
pqs constituant la Zone d'échanges cOlB8rciaux du pays considéré 1
~t
t;t = ,,.......--
,
lT (E l'it
i=1
it
avec (~it) représentant la part des exportations (exprim6es en dollar US) du
pays (i) dans l'ensemble des exportations (exprimées en dollar US aussi) de la
Zone d'échanges
à la période (t) ; (E
le taux de change au comptant à la
j t)
p6riode (t) du pays (j) par rapport au dollar US).
Le8 variations du taux de change multilatéral ne peuvent Itre analysées que par
rapport à une valeur de r6f6rence (t;o) calculée sur une période de base (t = 0).
(3) L. Orouhy - Vqrac et M. Crouhy
Op. déjà citée
pp. 24 - 25·
(4) Kouri et Macedo op. déjà citée
(5) L. Crouhy - Vqrac et M.Crouh:y
Op. déjà citée page 26

-
49 -
Grtce à une telle valeur de rétérence, on peut définir un taux de change
ettectif :
ett
= Ejt / ~o
Ejt
La tenue de la monnaie du pays (1) par rapport à celles de tous les autres
partenaires peut s'analyser grAce à ce rapport 1 s'il est supérieur à 1 la
monnaie de (i) s'est apprécille et inversement si (etf ~ 1).
t;t
La deuxième étape va consister à construire un indice de prix relatif en
base 100 sur la période (t 2 0).
IPj t
IPrtt
=
j t
-:N-......- - - -
Il( it
~ (IP )
j t
La P.P.A. sous sa forme multilatllrale s'écrit alors
eft
= IPRjt
~t
Les déviations du taux de change par rapport à la P.P.A. de la monnaie du
pays (i) sont mesurées par le rapport 1
eft
P.Jt
IPR~\\
Il faut remarquer que plut8t que la part des diftérents pays à monnaie
convertible dans les exportations de (i) on pourrait prendre d'autres pondllrations
cOJllllle la part dans l8s importations ou dans le COlIIIllerce total (iJIlportations
+ exportations).

-
50 -
SECTION 2 - L'INTERPRETATION DE LA PPA COMME UNE RELATION D'ARBITRAGE SPTATIAL
ET LES DIFFICULTES DE SA VERIFICATION EMPIRIgUE
L'interprétation de la P.P.A. comme une relation d'arbitrage assimule la
P.P.A. A ce qui est communément appelé la "loi du prix unique". Celle-ci
postule que grlce A l'arbitrage, le prix de chaque bien échangé ajusté du
taux de change, est unique d'un pays à un autre. Dans ce cas le prix en
monnaie nationale d'une monnaie étrangàre (ou son taux de change) est égal
au rapport entre le prix interne d'un bien échangé et son prix dans cette
monnaie étrangère. Autrement dit
pour chaque bien (j),
J
Et = Pj , t / Pj,t ' j = 1J 2, •••• n
ou dans la version relative
AlE
P
n t=.t1l
.
nj, t-.6lP*
n j,t
(P ) est le prix en monnaie nationale du bien (j) et (Pj) le prix étranger du
j
bien (j). L'interprétation de la P.P.A. coJlll1e un arbitrage spatial est courante
dans la 11 ttérature économique. Elle est souvent utilisée dans les études
concernant la transnd.ssion internationale de l'inflation sous deschanges fixes.
Selon
Oenberg(1)"les anal7ses de la tr811Sllission de l'inflation débutent
naturellement avec une hausse de prix survenue à l'extérieur et alors elles
cherchent A identifier le canal par lequel les prix domestiques sont affectés.
Le canal le plus CODJIIlWl est probablement celui S\\lggéré par 1 'hypothêse d' arbitrage.
Cette hypothàse
qu'on appelle aussi mOOU., des biens échang6s de la "loi du
J
prix unique", pose simplement que le prix d'un bien homogène doit !tre le m8llle
dans tous les pays A condition que le III&I'ch€:
de ce bien soit internationalement
intégré. Une hausse de prix, sur cette hypothèse, conduit A une hausse
1mIIlédiate du prix domestique sans qu'i17ait besoin de fiux de biens".
Ainsi cet arbitrage est l'un des principaux mécanil!lll1es par lesquels l'infiation
extérieure est tran8lll1se aux prix nationaux. Cette interprétation est aussi A
la base de beaucoup de modèles dans le domaine de l'économie monétaire
( 1)
Hans
Genberg, "Purchasing Power Parity under fixed and fiexible exchsnge
rates", Journal of International Econauics, 8 May 1978, P. 248

-
51 -
internationale (2), lesquels reposent presque tous sur les hypothèses d'intégration
parfaite des marchés de biens échangés et une substituabili té très élevée entre
biens échangés et biens non échangés. On peut citer en particulier les modèles
s'inspirant de l'approche monétaire de la balance des paiements ou de la déva-
luation (3~
En Y regardant de plus près force est de constater que beaucoup de conditions
restent à remplir pour que cette intégration parfaite des marchés postulée
soit vérifiée.
Dans ce qui suit, on s'attachera à identifier les obstacles qui rendent
difficiles un test de la loi du prix unique (LPU). Une bonne compréhension
de ces obstacles permettra dans les prochains chapitres, d'analyser avec plus
de circonspection les théories et méthodes de détermination du taux de change
d'équilibre qui font appel, souvent implicit8lUent, à ceLLe hypothèse.
Les difficultés rencontrées dans le test de l'hypothèse d'intégration des
marchés et doncd' arbi trage spatial peuvent @tre classées en deux catégories
suivant que l'investigation empirique se si;;iue à un niveau macroéconomique ou
à un niveau microéconomique(4). On étudiera successivement ces deux types
de difficultés.
3.1. Les difficultés gue rencontren~ les tests macrèéconomiques
apparaissent de plus en plus insumontables
Les tests au niveau macroéconomique se heurtent à trois grands obstacles : le
choix de l'indice de prix, les biais d'agrégation et les biais de simultanéité.
- Le- choix de l'indice des prix est sans conteste l'une des difficultés qui ont
soulevé le plus de controverses. En gros on peut distinguer deux groupes de
protagonistes : ceux qui veulent que l'indice n'englobe que les biens échangés
et ceux qui préconisent l'inclusion dumaxlmUM de biens échangés.
(2) Voir en particulier R. Dornbusch, "dévaluation, Honey and non-traded Goods",
American Economie Review, 63 (december) 1973, pp. 871 - 880 ; Alexander
K. Swoboda, "Monetary Approaches to Worl wide Inflation" dans Krause et
Salant, éditeurs 1977
(3) Voir chapitre 4
(4) Pour les développements qui suivent voir le chapt tre III de L. Crouhy
Vqrac et M. Crouhy
op. déjà citée

Les auteurs préconisant l'emploi d'un indice de prix des biens échangés (indice
de prix des importations ou des exportations) partent de l'hypothèse que pour
chaque bien échangé au niveau mondial, il existe un prix unique (ajusté du
taux de change). En effet sur les marchés internationaux, l'arbitrage
développerait des forces concurrentielles ~ri, par un mouvement correspondant
des prix intérieurs, neutralisent automatiquement tout écart de prix d~ à
une variation de taux de change. Pour ces auteurs les marchés internationaux
sont caractérisés par une information parfaite, l'absence de coftts de
transfert, d'obstacles au commerce et de discrimination de prix. Dans ces
condi tions,_ il n'est pas possible que se développent des mouvements autonomes
de prix' intérieurs sans 3tre compensés par un mouvement correspondant du taux
de change. Certains poussent la logique jusqu'au bout en affimant que dans le
test de la P.P.A. ne doivent 8tre utilisés que les prix de biens individuels.
Ainsi Ohlin(5)n'hésite pas à dire que les taux de Change n'ont que faire du
niveau général des prix en tant que tel, pour eux seuls les prix individuels
comptent. D'autres auteurs, mettant l'accen"t sur le r81e prépondérant de
l'équilibre sur le marché des actifs dans la relation entre prix et taux de
change, rejettent cette EJlalyse qu'ils considèrent comme un simple truisme
puisque par définition la L.P.U. est vérifiée pour les biens échangés.
Pour eux, le r81e des taux de change est d'ajuster l'offre et la demande sur
les marchés d'actifs par égalisation du pouvoir d'achat des différentes monnaies.
Dans ces conditions, l'indice de prix des biens échangés n'est pas le plus
approprié. Il faudrait utiliser un indice qui prenne en compte non seulement
les biens échangés mais aussi le plus grand nombre de biens non échangés.
Donc le niveau général des prix, sous forme d'indice des prix à la consommation
ou de déflateur du P.I.B., est à retenir.
- Si l'on fait passer l'arbitrage spatial des biens individuels à des sous-
ensembles de biens homogènes, on est en bQta
à des Rr9b!~~e~ft!~~~Ea~i~~
sérieux. En principe si la relation (Et = P,. t
Fi! t) est vérifiée pour chaque
.J,
J,
bien, alors elle le sera pour tous les indices pondérés de façon identique.
(5) ci té par Jacog.h~~~l dans "Purchasing Power Parity : doctrinal
perspective anà9ïrom the 1920 1", Journal of International Economic,
8 (may 1918), pp. 200 - 224

-
53 -
Cependant les pays utilisent des pondérations différentes en calculant les
indices de prix dans la mesure où les go~ts, les structures économiques, les
pratiques comptables, etc, varient considérablement. L'exemple suivant est à
cet égard éclairant (6) : le fuel domestique est pondéré plus lourdement dans
un pays nordique que dans celui d'un pays méditerranéen (à fortiori dans un
pays tropical serait-on tenté d'ajouter). Aussi n'y a-t-il aucune raison de
s'attendre à ce que la "loi du prix unique" soit vérifiée pour des indices
de différents pays. "Les seuls cas où les mouvements de prix et d'indices sont
égaux, correspondent à l' égalité des mouvements de prix de tous les biens
participant aux indices. En d'autre terme il y a en général conflit entre
la loi du prix unique au niveau des biens individuels n (7!
L'agrégation se heurte aussi à un autre problème qui tient aux divergences
dans les classifications officielles, lesquelles obscurcissent "le repérage
des différences de spécification. Quelqu'en soit le degré de finesse, on
peut toujours trouver à l'intérieur d'une m&le catégorie "homogène"; conune
par exemple les ciseaux, deux biens différents qui font l'objet de commerces
croisés ••• Enfin la composition de ces indices est très volatile au cours du
temps. Certains biens sont en effet exportés pendant une année, et importés
une autre année, ce qui pour le moins ne facilite pas les analyses de longue
période" (8) •
Enfin le dernier problème de méthodologie que rencontrent les tests de la
L.P.U. au niveau macroéconomique a trait ~ .biais_d~~tané!.t.~. Presque
tous ces tests régressent le taux de change sur le prix relatif ou inversement,
ce qui, lorsque le niveau d'agrégation des prix est élevé, risque d'~tre
inadéquat si au préalable on ne s'assure pas que l'hypothèse d'exogénéité
des prix (ou du taux de change) est vérifiée. Dans le chapitre suivant sera
abordé ce problème de la relation de causalité entre le taux de change et les
prix.
(6) L. et M. Crouhy, op. déjà citée p. 59
(7) L. et M. Crouhy, op. déjà citée p. 59
(8) L. et M. Crouhy, op. déjà citée p. 50

-
54 -
Sans procéder à une analyse exhaustive des résultats des différents tests
macroéconomiques, on peut dire que dans l'ensemble ils tendent à rejeter
la L.P.U., donc la relation d'arbitrage spatial(9~ Cependant, presque tous
ces travaux n'ont pas réussi à donner une solution satisfaisante aux trois
difficultés passées en revue ci-dessus. D'ailleurs à la réflexion, il
appara!t quasiment impossible de contourner de tels obstacles si ce n'est
en renonçant aux tests macroéconomiques pour se placer au niveau
microéconomique, c'est-à-dire des biens individuels.
3.2. Les tests microéconomigues
L'analyse au niveau microéconomique semble ~tre une voie plus prometteuse eu
égard aux résultats plus solides déjà obtenus. Cependant, il existe un certain
nombre d'écueils qÙi1 est nécessaire de bien avoir en vue. Parmi ces derniers
on doit principalement retenir la définition de bien homogène et la prise en
compte des col1ts de transfert.
Tout travail empirique sur la P.P.A. interpr8tée comme la L.P.U. nécessite une
définition opérationnelle de la notion de bien individuel homogène, une
distinction précise entre biens échangés et bien non échangés, enfin, la
disponibilité du prix de ces biens ainsi définis. Comme L. et M. Crouhy l'ont
fait remarquer la notion pratique de bien individuel et indissociable des statis-
tiques officielles disponibles dans chaque pays.
A l'heure actuelle la définition au niveau le plus fin des biens qu'il est
ainsi possible d'obtenir correspond à la classification américaine à huit
chiffres du "Who1esale Prices and Price Indexes" (WPI) que publie le
"US Bureau of Labor Statistics" (BLS). Une telle classification est faite dans
d'autres pays comme la France. A ce niveau de détail, il est aisé de trouver
des produits directement comparables d'un pays à un autre, la forte ressemblance
de leur spécification en faisant presque de parfaits substituts. Cependant dès
qu'on passe à un niveau d'agrégation plus élevé (des classifications de 2 à 4
chiffres) on se heurte au problème d'agrégation rencontré dans les tests
macroéconomiques. En effet "un produit défini à un niveau plus agrégé représente
une amalgame de produits qui, s'ils sont de m8me nature, restent très différents
quant à leur ClUalité et leur spécification,,(10~
(9) L. et M. Crouhy, op. déjà citée pp. 62 et suivantes
(10)L. et M. Crouhy, op. déjà citée p. 67

- 55 -
Au plan théorique la distinction entre bien:> échangés et biens non échangés
est assez simple. Comme Viner(11)on peut dire qu'un bien est non échangé
s'il ne traverse pas les frontières nationales et si son prix n'est pas lié
directement au prix des biens similaires à l'étranger. Mais dans la pratique
une telle définition est difficilement opérationnelle: d'une part il existe
des biens ne faisant l'objet ni d'exportation, ni d'importation cependant
la possibilité d'arbitrage maintient leur prix égaux sur les différents
marchés internationaux, d'autre part il existe des biens appartenant
incontestablement à la catégorie des biens ~changés qui sont en fait des
biens non échangés en raison des politiques de discrimination de prix selon
les destinations. S'il est possible de classer bon nombre de biens dans
l'une des deux catégories de biens, il en existe tout une g8JlJl1le qu'on ne
peut faire entrer avec certitude dans cette classification.
L'interprétation de la P.P.A. conune une relation d'arbitrage spatial au niveau
ses biens individuels a cette caractéristique principale qu'elle traite
les biens conune des actifs liquides dont le transfert peut s'effectuer à
un coût négligeable. Aussi leurs prix, ajustés du taux de change, sont-ils
considérés comme internationalement égaux. L'hypothèse qui sous-tend une
telle vue est celle de l'existence d'un arbitrage pur et parfait sur les
marchés qui fait abstraction des coûts de transfert, des obstacles au
conunerce, des discriminations par les prix enfin des autres coûts de transaction.
L'infonnation parfaite qu'on postule fait que les arbi traglstes agissent
sans risque et sont persuadés d'avance qu'ils tireront bénéfice de leurs
opérations. Il est évident que de telles suppositions ne sont valables que
pour un groupe de produits dont les caractéristiques principales sont le
fait qu'ils sont négociés et cStés dans des bourses de valeurs, qu'ils
présentent une très grande homogénéité car étant le plus souvent des matières
premières brutes. Eh outre, cette hypothèse d'arbitrage parfaite s'applique
aux actifs financiers dont les coûts de transfert sont négligeables et la
jouissance indépendante du lieu de détentio::l. Les tests sur de tels actifs
et biens ont presque tous apporté une confirmation à la L.P.U.
(11) Jacob Viner, Studies in the theory of natd.onaâ trade, Harper et Row
1937, p. 326

-
56 -
Mais qu'en est-il des commodités pour lesquels les livraisons prennent un
certain temps, sont décalées par rapport à la date contractuelle, ce qui
introduit un élément de risque ? De plus la plupart des biens échangés le
sont sur des marchés imparfaits, avec la pzêsence de comportements monopolistiques
une information assez coftteuse, etc ?
De tels colits de transferts doivent ~tre pris en compte et ce n'est qu'en
procédant ainsi qu'une vérification PeXtinente de la L.P.U. peut-8tre opérée.
Là encore on ne passera pas en revue la littérature. Malgré tout on signalera
deux travaux méritants.
D'abord celui de Richardson (12) qui aura été le premier à introduire les coftts
de transferts, dans un contexte d'arbitrage spatial. Cependant le traitement
qu'il en fait s'avàre peu satisfaisant puisqu'il les suppose crottre à un taux
constant, ce qui d'un point de vue théorique n'est nullement justifié. De plus
dans ses tests il sépare l'influence du taux de change de celle du prix libellé
en monnaie étrangàre. Comme L. et M. Crouhy l'ont souligné, il n'y a aucun
motif important qui pousserait un agent à réagir différemment à une
modification de (EPf), (E) étant le taux de change et (pt) le prix de monnaie
étrangàre du bien (i), selon que cette modification provient de (E) ou de (pt).
Ensuite celui de L. et M. Crouhy, qui est allé plus loin dans la prise en
compte des colits de transferts. Ils montrent qu'il n'est pas correct de supposer
que ceux-ci impliquent un certain écart en pourcentage entre le prix interne et
le prix étranger comme Richardson le postulait. Les collts de transferts
"définissent un domaine de divergence possible de ces deux prix, à l'intérieur
duquel l'écart de prix effectif dépend de façon précise des conditions sur le
marché intérieur et extérieur".
Une telle interprétation de l'arbitrage spatial leur pennet de parler de "points
de marchandises" par analogie à l'ancienne théorie monétaire des "points d'or"
qui "énonce qu'en régime d'étalon-or et de libre circulation de l'or, le cours
d'une monnaie étrangàre ne peut s'écarter de celui de la pari té métallique,
d'une quanti té supérieure au montant des frais de transport, d'assurance et
de monnayage afférents à l'envoi dans son pays d'origine du métal qu'elle
contient". La L.P.U. peut maintenant 8tre formulée ainsi 1
12) J.D. Richardson, "Some empirical evidence on commodit.y arbitrage and
the law of one priee", Journal ofI.nternational, (May 1918) pp. 341 - 351

-
57-
où (Pi) est le prix national du bien i, (pt) le prix étranger du bien i, (E)
le taux de change (nombre d'unités monétaires nationales par uni té de monnaie
étrangère) et Ti = 1 + Coftts de transferts
Pi
(T.) et (T.. ) représentent respectivement les points d'entrée et de sortie de
~
-.L
marchandises et (Xi) refléte "les conditions intérieures et extérieures sur le
marché du bien (i) qui détennine la position du prix relatif (PilE pt) entre
ces points" (L.M. Crouhy). Cormne ils l'ont précisé, il n'y a aucune raison
que .(Ti) et (li) soient égaux ne serait-ce qu'à cause des droits de douane
qui ne sont pas les m~es dans chaque pays. La L.P.U. est vérifiée toutes les
fois que (Xi) est entre (Ti) et (li). Cependant deux facteurs au moins peuvent
amener le prix relatif (Xi) à sortir de cet intervalle: d'abord une
discrimination par les prix, les producteurs modulant le prix du bien selon le
marché étranger de destination, ensuite une information imparfaite et coûteuae
sur les valeurs de (E), (pt) et (Pi). L. et M. Crouhy ont bien montré que
l'intervalle (Ti -lt) alors peut et doit 3tre élargi pour tenir compte des
imperfections qui peuvent caractériser les marchés de biens. En procédant ainsi
on démontre que "non seulement le prix relatif (PilE pt) peut varier au cours
du temps conformément à la L.P.U., mais que ce prix relatif peut également
rester constamment en parfaite contradiction avec la L.P.U~"

-
58 -
SECTION 4 : LES LIMITES DE LA PPA COMME INSTRUMENT DE POLITIQUE D'AJUSTEMENT
DANS LES PAYS EN VOIE DE DEIJELOPPEMENT
On limitera dans cette section l'analyse aux pays en voie de développement
ayant rattaché leur monnaie à une devise ou à un panier de devises, ce qui
est le cas de la plupart des pays du Tiers j'1onde.
Pour ces pays l'ajustement du taux de change est souvent abordé dans un cadre
macroéconomique avec une attention particuliàre aux secteurs traditionnels
d'exportation consid~rés comme une source majeure de dés~quilibres et avec
une grande confiance dans les poli tiques monétaires et budgétairesde
stabilisation nécessaires pour ramener le produit national et la demande
à un équilibre soutenable. La situation à laquelle une telle approche
implicitement fait référence est celle d'un pays dont la structure de prix
ou de coftts s'écarte de celle de ses partenaires commerciaux sous la
pression des coftts ou de la demande, situation conduisant à un déséquilibre
chronique de la balance des paiements. Une réfome de change est alors
justifiée par la théorie de la P.P.A. et est menée en réalignant la structure
des prix nationaux sur celle des partenaires commerciaux, avec le support d'une
certaine déflation et d'un réajustement dans le partage du revenu national.
Eh dépit de ses faiblesses largement reconnues, la théorie de la P.P.A. continue
d'être un instrument d'usage très fréquent dans la conduite des poli tiques
d'ajustement des pays en voie de développement.
Dans cette section, on montrera que face alL~ caractéristiques principales des
économies des pays en voie de développement la théorie de la P.P.A. souffre
de sérieuses limites qui l'empêchent d'assurer une réallocation des ressources
dans le sens souhaité, objectif premier d'une politique de réajustElllent du
taux de change j que m@me si au plan théorique cette approche s' avèrait pertinente
pour le cas des pays en voie de développement, les indices de prix qui y sont
disponibles ne sont pas un bon indicateur des mouvements de coftts et de prix
dans les différents secteurs d' exportation. Enfin il sera étudié un obstacale
sur lequel butte l'application de la P.P.A., celui de la présence de biais
systématique de productivité.

4.1. Caractéristiques principales des pays en voie de développement,
réallocation des ressources et efficacité de la P.P.A.
Les économies des pays en voie de développement sont ici considérées sous une
seule optique: celle de la concurrence ou si l'on veut de la compétitivité.
Donc si leurs coût.s et leurs prix s'écartent de ceux des pays partenaires,
Ils vont connattre des déséquilibres externes résultant de leur moindre compéti-
tivité. On espère alors que l'altération des prix par suite de l'ajustement du
t
taux de change va permettre une réaffectation des ressources qui entrainerait
1
la résorption de ces déséquilibres. En effet les transferts allocationnels
1
stimulés par les effets de prix induiraient une plus grande offre d'exportations
1
et une réduction de la demande d'importations au protit des substituts aux
importations dont la production augmenterait. Si l'on observe de plus prt\\s la
1
réalité des économies en développement, on est forcé de constater qu'un tel
1
mécanisme rencontre des difficultés sérieuses qui l' emp3chent de fonctionner
convenablement.
Trois caractéristiques fondamentales jouent à cet égard un rele déterminant.
La première est le rele économique important gue l'Etat est obligé de jouer
tantet parce qu'on estime que certaines activités économiques doivent 8tre
de son ressort, tant8t parce que l'initiative privée fait défaut. D'où la
présence de larges secteurs de l'économie administrés par l'Etat. Ce dernier
peut poursuivre un but autre qu'une réallocation efficiente immédiate des
ressources. Aussi ces secteurs peuvent-ils ne pas 3tre sensibles à des signaux
de coftts et de prix. Les principaux instruments utilisés à la place des
forces du marché sont la fixation des prix, les monopoles commerciaux, les
prescriptions de superficies à cUltiver pour les diverses récoltes, en plus
des décisions courantes en matière d'investissement et de fiscalité. En
conséquence des distorsions de coftts et de prix (par rapport à une économie
concurrentielle) émergent, conduisant à un clivage entre les stimulants privés
et les buts sociaux. De plus des rigidités institutionnelles ou dues à la
politique économique poursuivie vont freiner le mouvement des ressources vers
la direction souhaitée.
La deuxit\\me caractéristique tient à la structure de leur commerce extérieur.
Du ceté des importations, on constate qu'en raison des contreles de change
prolongés et des restrictions cOnDnerciales quantitatives, la structure des

-
60-
importations cesse d'@tre sensible aux modifications de prix ou de revenus.
Exception faite aux denrées alimentaires de première nécessité, les importations
privées de biens de consommation peuvent être réduites à une faible proportion
du total des importations et devenir inélastiques à des variations de prix
en raison de leur très grande rareté provoquée par les restrictions
quanti tatives. Le reste des importations - natières premières, produits semi-
finis et biens d'équipement - sera pratiquement inélastique aux prix dans la
mesure où ces biens sont indispensables à lu croissance de la production
particulièrement de celle des biens exportables. Dans ces conditions, il est
illusoire de compter sur des politiques de stabilisation de la demande globale
e~es effets de prix d'une dévaluation pour réduire les importations et
transférer des ressources vers les secteurs d'exportations si la politique
d'ajustement ne comporte pas en plus des incitations à l'expansion des secteurs
d'exportation au moyen des prix et d'autres mesures pour supprimer les
distorsions des prix ou de l'offre ainsi que les goulets qui ont empêché la
croissance des exportations et encouragé la production inefficiente de substituts
aux importations.
Du caté des exportations, il convient de bien saisir la situation des pays en
voie de développement. Ces pays sont caractérisés par l'existence d'un nombre
très limité de biens exportables. Très souvent ne sont exportés que des
produits d'origine mimérale ou végétale et quelques produits manufacturés
standard. La demande interne de ces produits est faible, voire nulle pour
beaucoup d'entre eux. De plus ils sont rarement substituab1es aux importations,
Ils ne peuvent pas concurrencer les importations des pays qui les produisent comme
c'est le cas dans les pays industrialisés où les exportations concurrencent les
importations. Enfin le commerce entre eux étant très faible, ces derniers sont
leurs principaux partenaires commerciaux.
Dans ces conditions, on comprend qu'il n'est pratiquement d'aucune utilité de
se référer aux taux d'inflation des pays développés pour estimer la compétitivité
des biens qu'exportent les pays en voie de aéve10ppement comme l'approche
par la P.P.A. l'implique. Il serait plus pertinent de faire une comparaison
entre les trends de prix d'un pays donné et les trends de col1ts de production
des pays qui produisent des biens concurrents et qui sont généralement des
partenaires commerciaux marginaux. Pour le t;énégal par exemple, un des principaux
exportateurs d'arachides, cela implique une comparaison de son trend de co11ts

-
61 -
avec celui du Soudan et du Nigéria pour ne ci ter que ses principaux concurrents
pour ses exportations d'arachides. Si l'on voulait y inclure les substituts
de l'huile d'arachide, les Etats-Unis et le Brésil seraient ajoutés à la
liste. La mul tiplici té des concurrents pour chaque produit, qui sont encore
plus nombreux Bi l'on prend en compte les ~~bstitutB, soulève deB douteB
sérieux quant à la praticabilité de cette approche.
Le troisième obstacle auquel se heurte l'application de la P.P.A. est
constitué
par le fait que le temps nécessaire à la correction des déséquilibres
externes grâce à un réajustement du taux de change s'avère beaucoup plus long
que celui pOBtulé, implicitement, par la P.P.A. On sait que dans ses diverseB
variantes cette approche met l'accent sur les différentiels de trend de prix
et de coûts entre un pays et ses partenaires conunerciaux (1). Après avoir choisi
une période de base où son économie et celle de ses partenaires sont 88timées
8tre en équilibre, les différentiels de prix relatifs sont dérivés au moyen d'un
indice afin de conna1tre la mesure dans laquelle la Btructure de ses co1lts
et prix s'est écartée de celle de ses partenaireB. Le réajustement du taux
de change qui pourrai t en résulter doit pouvoir dans le court terme produire
ses effets. :En réalité il ne peut en 8tre ainsi que dans les pays industriels.
Ceux-ci ont en effet des paniers d'importations et d'exportations très diversifiés.
Les exportations d'un pays développll concurrencent non seulement les autres
importations de ses partenaires conunerciaux induBtrialisés mais aussi leurs
propres exportations. Aussi la P.P.A. peut-8tre effectivement un raccourci
pour mesurer la compétitivité globale d'une économie développée. Cela sera
d'autant plus vrai que les ressources ont une grande mobilité, les marchés ne
sont pas administrés, et qu'il n'y a pas de changements soudain dans la productivité
qui peuvent affecter la structure de C01ltB. Les délais néceaasdz-es pour que
l'ajustement du taux de change fasse sentir Bes effets sont assez courts.
On ne peut pas dire qu'il en va de m8me dans un pays en voie de développement.
L'application de la P.P.A. suppose qu'on se
réfère à une Bituation de libre
échange. Le taux de change d'équilibre qui correspond à celle-ci et que
l'ajustement doit permettre de restaurer est le taux qui assurera et l'équilibre
global des paiements extérieurs, sans restrictions dee importations et suùventions
aux exportations, et le plein-emploi ou tout au moins le maintien de l'emploi
(·1) Edward Bacha et Lance Taylor, "Foreign Exchange Shadow Prices : A
critical Review of current Théories", 'fhe Qu.arterly Journal of Economies
May 1911 pp. 191 - 223

-
b~-
à un niveau élevé. La période de temps, qui sera nécessaire pour atteindre ces
objectifs,est celui qui permettra à l'ajustement des différents effets de
prix et de la production de s'opérer complè~ement dans le cadre des structures
économiques existantes. Pour un pays faire passer son économie d'une
situation de contrele des changes et de restrictions quantitatives des
importations où il se trouve presque toujours au moment, où le besoin d'
ajustement se fait sentir, àcelle de libre échange ne peut ~tre mené avec
succès dans une courte période de temps. La période de temps nécessaire à
l'absorption des déséquilibres doit ~tre suffisamment longue pour permettre
à la réallocation des ressources de s'opérer et à la structure productive
d'atteindre la capacité permettant d'acquérir le volume de devises nécessaire
à une plus grande libération des importations. Il n'est pas évident que
politiquement il soit supportable de laisser le mécanisme d'ajustement se dérouler
aussi longtemps qu'il le faudrait (2) • Les chocs sur les équilibres économiques
et sociaux peuvent déclencher des réactions qui obligent à une modification
de la politique qui était suivie.
A ces obstacles sérieux qui autorisent à douter de l'efficacité de l'application
de P.P.A. dans les pays en voie de développement s'ajoute un autre: les
indices de prix qui y sont disponibles ne sont pas un bon indicateur des
mouvements de prix et de co~ts dans les différents secteurs d'exportation ou
de substituts aux importations.
\\
4.2. Indices de prix et efficacité de la P.P.A. dans les p!ys en voie
de développement
Les indicateurs de prix dans les pays en voie de développement sont souvent
limités aux indices du co~t de la vie et-des prix de gros. Ces derniers
reflètent souvent les distorsions de prix introduites dans l'éconOmie, car ils
sont lourdement pondérés de biens subventionnés tels que les denrées
alimentaires ou les biens non échangés (éducation, services de santé et logement).
Les prix de gros englobent souvent une part substantielle de biens importés
et ne reflètent pas l'inflation réprimée qui résulte des restrictions quantitatives.
Ellfin dans certains pays en voie de développement, les déflateurs du P.I.B.
sont simplement des moyennes pondérées des indices des prix de gros et de
consommation qui sont utilisées pour déflater les séries de P.I.B. aux prix
courants.
(2) Pierre M. Laudell-Mills, "les pr~ts à l'ajustement structurel: évaluation
préliminaire", Finances et développemen.t, pp 17 - 21, décembre 1981.

- 63 -
Cependant même si ces indices reflètaient en gros les mouvements de prix
1
et de coftts, leurs relations avec les co~ts de production dans le secteur
d'exportation sont assez tenues(3).
1
!l En effet le poids des biens dans les indices de prix standard différent
1
i
considérablement de la structure des exportations. De plus les trends de
coût, dans les secteurs d'exportation implantés depuis longtemps avec des
structures de production bien définies et leur propre marché du travail
tendent à s'écarter considérablement des variations des coftts reflètées par
les indices de salaires, et ni les trends de prix, ni les indices de salaires
ne renseignent sur les évolutions de la productivité dans ces secteurs
d'exportation, évolutions pouvant différer largement d'un pays à un autre.
Il peut y avoir des modifications soudaines de productivité dues à
l'introduction d'une technologie nouvelle, cOllUlle les gains en productivité
réalisés dans le domaine agricole gr§ce à la Révolution Verte. Il peut y avoir
aussi un déclin de productivité résultant d'une migration de main d'oeuvre
et la subtitution d'un facteur à un autre ••~ outre les niveaux absolus de
rentabilité peuvent considérablement varier entre les pays. De mArne que
certaines exportations avec les quasi-rentes substantielles peuvent rester
compétitives pendant une période considérable de temps en dépit de leur taux
d'inflation plus élevés. A l'autre extrArne le secteur d'exportation pourrait
faire face à une demande en déclin à cause de l'émergence de substituts ou des
changements dans les goût.s, Même si le taux d'inflation domestique est moins
élevé que ceux des partenaires commerciaux, on pourrait envisager une dépréciation
de la monnaie national pour encourager les secteurs d'exportations alternatifs (4) •
Toutes ces considérations montrent le grand danger qu'on court en se fiant
uniquement aux indices de prix pour juger de la nécessité ou non d'une
modification du taux de change.
4.3. Les différences de productiv1ta entre les pays en voie de déveloEPement
et les pays industriels, leurs principaux partenaires, réduisent
la portée de la théorie de la P.P.A. cOllUlle méthode d'ajustement
de leurs déséquilibres extéri~Irs
Enfin cOllUlle obstacle à l'efficacité de la P.P.A. dans le contexte des pays en
(3) Karim Nashashibi liA supply framework
exchange
reform in developing
countries. The expérience of Sudan", Il-IT Staff Papers, 1980 pp. 24 - 78
(4) Karim Nashashibi
op. déjà citée

_ 64 _
voie de développement il faut insister sur la différence de productivité
entre ces pays et leurs principaux partenaires commerciaux qui sont tous
des pays industrialisés.
On sait que depuis Cassel des propositions ont été faites pour baser
l'ajustement des taux de change sur la théorie de la P.P.A. Balassa(5)peut
à juste titre @tre considéré comme le premier à présenter sous une forme
analytique rigoureuse l' obj ection théorique la plus sérieuse contre la
P.P.A. et donc contre son emploi ~stématiqlle comme moyen d'ajustement
des déséquilibres. Officer(6)a bien résumé l'argumentation de Balassa :
"Un pays à revenu élevé est plus productif technologiquement qu'un
pays à faible revenu; mais l'avantage du premier en efficience n'est
pas unifonne dans toutes les industries. Au contraire" il est plus
grand pour les biens échangés (spécialement les biens manufacturés
et les produits agricoles) que pour les biens non-échangés (7) • Les
progrès en productivité se manifestent de cette manière assymé1r:k:lUe dans
tous les pays. En outre les prix des biens échangés sont les m8mes
dans tous les pays (abstration faite des restrictions commerciales et
des coats de transport) ; mais il n'en est pas ainsi pour les biens non
échangés. Avec des salaires plus élevés dans le pays le plus productif
(revenu plus élevé) et des salaires égalisés dans toutes les
industries nationales" le rapport des prix internes (rapport entre
le niveau des prix des biens non échangés et celui des bien échangés)
doit 3tre plus élevé dans le pays à pl~s haut revenu.
Les prix des biens non échangés (relativement plus élévé dans le pays
le plus productif) n'ont pas directement un rapport avec l'équilibre
de la balance des paiements. Donc" une pari té de prix calculée à partir
des niveaux généraux de prix donne une valeur de change de la monnaie
du pays à haut revenu qui est plus faible que sa vraie valeur de long
(5) B. Baï.asaa, l1The Purchasing Power Parity Doctrine: A reappraisal""
Journal of Political Economy, L XII
December 1964, pp. 584 - 596
(6) H. Laurence Officer 1976 b, "The Product.ivity Bi8.s in Purchasing Power Parity
An Econometrie Intégration", IMF Staff l'apers 1976 pp. 545 - 579
(7) B. Balassa n'a retenu dans son article que les services comme biens non
échangés, il n'a pas mentionné le secteur public.

-
65-
tenne, et ce biais systématique augmente avec la différence de productivité
globale (représentée par la différence de revenu par t~te) entre les
pays considérés.
• •• En d'autres tennes, en suppcsant. que les différences des productivités
sont plus grandes dans la production de biens échangés que dans celle
des biens non échangés la monnaie du pays à niveaux de productivité
plus élevés appardtra surévaluée en tenne de P. P. A. Si on prend les
revenus par t~te comme représentatifs des niveaux de productivité,
le rapport entre la P.P.A. et le taux de change (nombre d'unités de la
monnaie nationale par uni té de la monnaie de référence) sera alors une
fonction croissante des niveaux de !'evenu••• le niveau plus élevé du
prix des services pour des niveaux de revenu plus élevés conduit à
des différences ~st&matiques entre les parités de pouvoir d'achat et
les taux de change d'équilibre".
L'existence d'un biais de productivité a été l'objet de quelques vérifications
empiriques.
Les tests ont été de deux sortes : ceux qui cherchent à vérifier si la
productivité est une variable qui s'interpose entre la P.P.A. et le taux de
change; ceux qui explorent le fondement théorique du biais de productivité,
qui essayent de détenniner si les progrés disparates en productivité des pays
conduisent à des mouvements divergents dans leurs ratios de prix internes. Eh
effet selon l'hypothèse de biais de productivité la relation attendue est que
les variations du rapport des prix internes soient positivement reliés aux
variations de la productivité du pays considéré.
Les deux types de test sont rigoureusement restés dans le mime esprit depuis
l'article de Balassa de 1964.
Le premier emploie la méthode des moindres carr6s pour régresser l'équation
suivante:
PPAi
i
~ = ~ + pPRODi + t i ' i = 1, 2, ••• N
i
où (PPA ) est la parité de pouvoir d'achat du pays (i), autrement dit le
1
i
nombre d'uni tés de la monnaie nationale par uni té de la monnaie de référence,
1
i
1
1

- 66 -
(Ri) taux de change du pays i, nombre d'uni tés de la monnaie nationale par
unité de la monnaie de référence, (PROD
le rapport entre la productivité
i)
du pays (i) et celle du pays de référence, (N) le nombre de pays dans
l'échantillon, (~, P) des paramètres et (é ) un terme d'erreur.
i
L'hypothèse de biais de productivité est acceptée si (~) est significativement
différent de zéro. L'hypothèse prédit aussi une valeur positive de ce
paramètre.
La méthodologie consiste à prendre pour pays de référence les Etats-Unis
et le P.I.B. aux prix courants cormne mesure de la productivité d'un pays. Les
P.I.B. sont convertis en dollars au moyen soit du taux de change (R), soit de
la P.P.A.
Les résultats obtenus par Balassa confortent l'hypothèse d'un biais de
productivité. Cependant tous les autres qui vont les suivre lui seront défavorables.
Officer(8)a repris l'échantillon de Balassa, introduit quelques différences de
mesure du P.I.B. et des niveaux de prix, et est arrivé à des conclusions
négatives.
Les tests concernant les pays en voie de développement se sont montrés plus
décevants encore.
De Vries (9) a pris un échantillon de 62 pays c~~e~f~rts~uMsfoisdes pays
développés et des pays en développement, et choislViomme pays de référence.
C1ague et Tanzi (10) ont eux choisi un échantillon composé de dix neuf pays
latino-américains. :Enfin Grunwald et Salazar-Carillon (11 )utilisant une
méthode légèrement différente de celle de Balassa que les autres ont adoptée,
ont testé l'hypothèse sur dix pays de l'Association Latino-Américaine de Libre
Echange. Tous ces travaux tendent à intirmer l'hypothèse d'un biais de
productivité.
La conclusion que l'on tire de tels travaux ne doit-i1 pas conduire au rejet
de l'hypothèse tout au moins pour les pays en voie de développement ? Il
semble que non. Balassa(12)a montré que l'équation ci-dessus n'est pas
(8) Laurence H. Officer 1916b, op. déjà citée
(9) Marguerit G. de Vries "Exchange depreciation in deveâopfng countries
Staff Papers Vol 15 Novembre 1968 pp. 560 - 18
(10) Christopher Clague et V. Tanzi, "Human Capital, Natural Ressources and
the Purchasing Power Parity Doctrine : sOJllllle &!pirieal Résults", Economia
Internationale, vol 25 (February 1912) pp. 3 - 18
(11) J. Grunwald, and J. Salazar-Carillo, "Economi c Intégration, rates of
exchange, and Value comparisons in Latd.n .America", in international
comparisons ot prices and out put, édit,é par J.D. Daly, national bureau of

_ 67 _
applicable à ces p~s en raison de l'existence de différence entre ces
derniers et les p~s développés du point de vue "de l'importance des biens non
échangés, des dotations en ressources naturelles, des barri~res douani~res
et du volume des entrées de capitaux".
Le deuxième type de test s'attaque au fondement théorique de l'hypothèse, à
savoir que les mouvements du rapport des pM.X internes d'un pays sont
déterminés par la croissance de sa productivité. Officer (13) fai t observer que
c'est là une condition nécessaire et non suffisante pour la validité de
l'hypothèse. Eh effet, la théorie de la P.P.A. et donc tout impact du biais
fai t une comparaison entre pays. Il est possible, dit-il, que pour le groupe
de pays que l'on considère il y ait effectivement une disparité dans leurs
progrès en productivité et que ces progrès conduisent à l'intérieur de ces
pays à des rapports de prix internes plus élevés. Et pourtant l'hypothèse d'un
biais de productivité pourrait ne pas leur ttre applicable parce que leurs
rapports de prix internes pourraient converger alors que les niveaux de
productivité varient d'un pays à un autre, contrairement à ce que suppose
implicitement la proposition. Si dans les pE.yS cet impact est inversement relié
aux niveaux de productivité, la convergence des rapports de prix internes peut
se produire m~e si pour chaque pays les accroissements de productivité
dépendent positivement du niveau de productivité déjà atteint.
Le premier test a utilisé la version absolUE de la P.P.A. Quant au second,
c'est la version relative qui est approprié~, les variables à retenir doivent
@tre exprimées en tennes de variations. Eh effet l'hypothèse affime que les
mouvements du rapport des prix internes d'un. pays sont détenninés par la
croissance de sa productivité.
Pour ce seaond type de test aussi, la méthodologie n'a pas changé depuis
l'article de Balassa de 1964 : elle consiste à calculer, sous formes d'indices
pour un p~s donné et au cours d'une certaine période de temps, la variation
de chaque variable - rapport des prix internes et niveau de productivité. Le
couple d'indices calculés pour chaque p~s constitue une observation dans
l'échantillon dont la taille est égale au nombre de pays retenus.
suite de la page précédente
(11) Economic Research (New-York 1912), pp. 221 - 80
(12) B. Balassa "The Purchasing Power Pari ty Doctrine : a reappraisal",
Journal of political Economr Vol 12 (décembre 1913) pp. 1258 - 61
(13) Ofticer (1976 b) déjà cité

68
La relation à tester est
PNT.].
~ == V + r PRaDi + Wi ' i == 1, 2, ••• N
Dans cette relation (PNT
représente l'indô.ce des prix des biens non échangés
i)
dans le pays (i) dans la période courante plœ rapport à la période de base,
(PT
l'indice des prix des biens échangés dans le pays (i) dans la période
i)
courante relativement à la période de base, (N) le nombre de pays ( V, r) des
paramètres et (W.) un terme d'erreur.
].
Le fondement théorique de l'hypothèse est confirmé si (r) est significativement
différent de zéro. L'hypothèse prédit aussi une valeur positive de (r). Il
faut noter qu'une telle démarche impose une condition restrictive à savoir
l'utilisation des mftmes périodes courante et de base pour chaque pays du
groupe.
Les résultats de Balassa (1964) et ceux de Hc Kinnon(14)ont été favorables à
l'hypothèse d'une relation positive entre le rapport des prix internes et le
niveau de productivité. Officer a repris les mêmes travaux. Il a augmenté la
taille de l'échantillon, abandonné l'utilisation d'un pays de référence et
employé d'autres indices de prix. Les résul'~ats cette fois-ci sont moins
favorables à l'hypothèse. Il convient de sOlùigner que tous ces tests portent
sur les pays développés.
Toutes les difficultés d'ordre méthodologique qu'on a évoquées pour le test de
la P.P.A. sont présentes aussi dans ces tests de l'hypothèse de biais de
productivité. En particulier les indices de prix utilisés sont dans bien des
cas sujets à caution. S'il est permis de dire que la conclusion tirée des
études empiriques est que le biais de productd, vi té manque de fondement
empirique, il n'en demeure pas moins que pour que la P.P.A. soit considérée
comme une mesure appropriée du taux d'équilibre, elle doit passer des tests
positifs. Il n'est pas suffisant qu'elle survâve aux tests négatifs (15) et on
devrait ajouter surtout si ces derniers comportent beaucoup de faiblesses.
(14) Mc Kinnon, Ronald Iv, "Monetary ThéoI'y and Contro11ed Flexibi1ity in
the Foreign Exchsngea", Essays in International Finance, N° 8,
International Finance Section (Princeton University, 1971).
(15) Officer 19760, op. déjà citée

-
69 -
CHAPITRE 4
LA NOnON DE TAUX DE CH.INGE D'EQUILIBRE
DANS LA THEDRIE DES ECHAnGES INTERNATIONAUX
Ce chapitre tentera d'appréhender corrunent la notion de taux de change
d'équilibre a été comprise dans les différentes théories des relations
économiques internationales. De façon schématique on peut en distinguer deux
groupes : celles qui nient pratiquement le concept, de taux de change et
celles qui lui accordent une place centrale en recherchant ses détenninants,
et en fonction de ces derniers, essayent de lui donner une fornmlation
quantitative,
Ces différentes théories seront analysées à partir des interrogations
suivantes : qu'elle est leur pertinence pour les pays en voie de développement,
dans quelle mesure donnent-elles une meilleure connaissance des problèmes
d'ajustement de ces derniers et constituent des instruments efficaces de leur
politique économique.
Les modèles keynésiens d'économie ouverte, la théorie monétaire du taux de
change et l'approche selon les marchés d'actifs seront successivement étudiés
dans les trois sections de ce chapitre.

-
70 -
SECTION 1 - LE TAUX DE CHANGE D'EQUILIBRE D.\\NS LES MODELES KEYNESIENS
D' ECONOMI E OUVERTE
Dans cette section on présentera brièvement le cadre analytique des modèles
keynésiens. On mettra en évidence le fait important que le taux de change
y apparai t comme un instrument de politique économique pouvant prendre toute
valeur imposée par la réalisation de l'objectif visé. S'il y a alors taux de
change d'équilibre c'est celui qui correspond à l'objectif d'équilibre
interne et externe (plein emploi sans inflation et équilibre de la balance
des paiements).
La problèmatique des modèles keynésiens de l'économie ouverte peut se résumer
par la question suivante : "comment des chocs potentiellement disruptifs
venus de l'extérieur pourraient @tre isolés de l'économie domestique - par
des contr8les de capitaux, des modifications du taux de change, ou mime des
droits de douane et des quotas d'importations - afin de laisser la place
libre à la gestion de la demande nationale ? Si des chocs extérieurs
s'infiltraient, comment la politique monétaire pourrait-elle les neutraliser
au mieux tout en maintenant la balance des paiements en équilibre'? (1) ."
L'approche keynésienne met donc l'accent à la fois sur les deux types de
pertubations externes et internes, elle ne possède pas de mécanismes
d'équilibre automatiques sous la forme d'ajustements par les prix ou les
actifs qui assurent l'équilibre des paiements extérieurs et maintiennent le
produit et l'emploi nationaux à leur niveau le plus élevé.
L'exposé du cadre analytique des modèles keynésiens présenter s'appuiera sur
l'article de Mc
Kinnon et le chapitre 19 dB l'ouvrage de C.P. Kind1eberger
et de Lindert (Economie Internationale).
Un tel exposé permettra de comprendre pourquoi la notion de taux de change
d'équilibre était d'une importance secondaire pour eux.
(1)Mc Kinnon, The exchange rate and macroeconomic policy : changing post war
perceptions". Journal of Economic Litterature, Vol. XIX, June 1981,
pp. 531 - 557

_ 71 _
Pour résumer ce qu'il appelle "le consensus des années trente", Mc Kinnon
recourt au diagramme de Swan ( 3) reprodui t ci-dessoue,
Ti
D
B
A
i
Excédent
F
1
Inflation
Excédent
a
sous-emploi
Taux
de
change
Déficit
réel
Inflation
Déficit
sous-emploi
D
G
Dépenses
Gouvernementales
Graphique
Le taux de change nominal (R) sera défini comme le cotit en monnaie nationale
d 'une unité de monnaie étrangère. Les autori tés monétaires contrelent
directement ce taux en affichant une parité officielle ajustable, achètent
et vendent des devises contre de la monnaie domestique au taux officiel.
Comme dans le modèle keynésien les niveaux àe prix sont supposés stables,
toute variation de (R) équivaut en fait à une variation du taux de change
réel (R) défini par le relation suivante.
Ti - Monnaie nationale
X Indice étranger du cotit de la vie
-
Monnaie étrangère
Indice nat10nâl du coUt de la Vie
(3) Trevor SWAN, Longer run problems of the balances of paiements, dans
the Austrialian economy : a volume of readings, éditedby JfJldt and
~rden Melbowne, FW Cheshire Press, 1963, pp. 384 - 395

_ n_
Sur l'axe horizontal du graphique on représente les instruments de la
politique monétaire et fiscale qui agissent directement sur la demande globale
nationale. Mc Kinnon préfére les désigner collectivement sous l'expression
"dépenses gouvernementales" ou (G). En raison de 1 'hypothèse de stabilité
des prix, les accroissements des dépenses gouvernementales anticipés ou non
augmentent toujours le produit réel et l'emploi.
Dans le graphique, la droite (FF) représente le lien des combinaisons de (G)
et CR) qui assurent l'équilibre extérieur, et la droite (DD) celui des
combinaisons de (G) et CR) qui correspondent à l'équilibre interne. Les
autorités de la politique économique peuvent harmoniser CR) et (G) pour
atteindre l'équilibre à la fois interne et externe au point (E), point
d'intersection de (DD) et (FF). La permanence des "chocs" dans l'économie
nationale privée et dans le secteur étranger déplace continuellement à la
fois (DD) et (FF) comme le montrent les lignes en pointill&es dans le
graphique ci-dessus. Donc les autOrités, ornr..iscientes, peuvent continuellement
varier (G) et OR) pour préserver l'équilibre externe et interne. Cette approche
ainsi résumée par Mc Kinnon constitue la pièce ma!tresse de la macroéconomie
moderne.
Par la suite l'analyse keynésienne a fait l' obj et d'un raffinement avec ce que
l'on a appelé le problème de l'affectation à es politiques. On suppose qu'au
lieu de diriger tous les instruments vers le point d'équilibre E, chacun d'eux
est affecté à l'objectif pour lequel son efficacité relative est plus grande.
Ainsi le taux de change est affecté à l' équilibre externe et il est augmenté
si un déficit prend naissance et c'est (G) qui est augmenté si un sous-emploi
se développe. Presque tous les auteurs ont supposé que pour agir sur
l'équilibre externe le taux de change a l'avantage comparatif le plus élevé.
C'est pourquoi la droite (DD) a une pente plus raide que (FF).
Selon le principe de l'affectation si une économie est dans une situation
d'inflation et d'excédent de la balance des paiements, situation représentée
par le point (A) du graphique, CR) et (G) doivent tous deux @tre réduits
jusqu'à l'élimination des déséquilibres, c'est-à-dire jusqu'au retour au point
(E). Si par contre cette situation est représentée par le point (B) c'est à la
réduction des dépenses gouvernementales qu'il faudrait d'abord procéder avant
de les élever pour atteindre li équilibre final (E). Sauf le cas où il existe
1l

- 73 -
des retards dans l'ajustement, une telle formulation décentralisée de la
politique économique devrait conduire au po~nt d'équilibre (E) si au départ
la politique d'affectation a été "correctement" menée.
Avec Nc Kinnon on peut se demander pourquoi suivre ce chemin sinueux pour
atteindre l'équilibre et donc accepter qu'il ait des chances de ne pas y
parvenir.
Après tout les autorités peuvent ne pas @tre omniscientes et en
réali té elles ne le sont pas. En particulier elles peuvent ne pas conna!tre
les pentes exactes et les positions des équilibres internes et externes dans
le graphique. Mais cela n'est pas nécessaire puisqu'elles sont en mesure de
reconna!tre un déficit externe ou un déséquilibre interne qui prend naissance
et ces indicateurs qualitatifs sont suffisants pour mettre en marche les
différents instruments selon l'affectation qui a été déjà décidée.
1
accorder
On doit se demander maintenant quelle importanc"M" la notion de taux de change
1 d'équilibre dans un tel cadre analytique. 1::" ne fait pas de doute que
l'approche keynésienne évacue le concept de taux de change d'équilibre. On
1 a simplement un taux de change Lnscrunent do politique économique utilisé
!
de préférence pour égaliser les entrées et sorties de devises. Tant que le
plein emploi n'est pas atteint le taux de cllange est indéterminé Puisqu'il
peut prendre toute une gamme de valeurs compatibles avec celles des autres
instruments. Bien mieux les autorités de la politique économique peuvent
considérer que l'équilibre externe est d'une importance seconde par rapport à
l'équilibre interne, le plein emploi étant par exemple considéré comme la
première priori té. Dans ce cas le taux de change est simplement réduit à une
variable adaptative à laquelle on accorde pas plus d'importance quQ. tout
autre
prix ou taux d'intér~t.
Joan Robinson (4)résume parfaitement la position keynésienne
"il est maintenant évident qu'il n' y a pas un taux de change unique
qui est le taux d'équilibre correspondant à un état donné des demandes
du monde et des techniques. Dans toute situation donnée, il y a un
taux d'équilibre correspondant à chaque taux d'intér@t et niveau de la
demande effective, et tout taux de ehange, à l'intérieur de limites
très larges, peut @tre transfonné en taux d'équilibre en altérant de
fafj.on appr6ciée le taux d'intér@t. De plus, tout taux de change peut
@tre rendu compatible avec n'importe quel taux d'intér@t pourvu que les
(4) Joan Robinson, The foreign exchanges, Essays in the theory of Elnployment
Oxford Black Well, 2 nd ed, 1947. Passage cité par Fritz Maclup,

- 74 -
salaires nominaux puissent ~tre suffisamment altérés. ~expression,
le taux de change d'équilibre, est une chimère. Le taux de change,
le taux d'intér~t, le niveau de la demande effective et le niveau
des salaires nominaux réagissent les uns sur les autres ••• et aucun
d'eux n'est détenniné si les autres ne sont pas donnés".
On avait vu que les économistes ont presque tous supposé que le taux de change
a une efficacité plus grande s'il est affecté à l'équilibre externe. Mais le
taux de change est-il tolljours en mesure de remplir l ' obj ectif qui lui est
assigné? Autrement dit "pour une économie insulaire, qu'elle est l'association
particulière qui est compatible avec le modàl.e de Keynes - Meade du graphique
1 (il s'agit du graphique ci~essus) 1,,(5)
A ces deux questions on a toujours répondu en se référant à l'approche selon
les élasticités dévelopées dans les années trente et quarante par des auteurs
comme Joan Robinson et Machlup.
En considérant le volume d'exportations conme une fonction de leur prix exprimé
en monnaie étrangère et le volume des impor tations COJ1D1le une fonction de leur
prix libellé en monnaie nationale et du revenu national, et en écartant les
variations du revenu consécutives à celles du taux de change, l'approche par
les élasticités suggère que la balance cOl'll'Qerciale s'améliorera ou empirera
selon la valeur de certaines expressions d'élasticités.
On ne dérivera pas ici les conditions d'élasticités nécessaires pour qu'une
dévaluation réussisse à améliorer une balance des paiements. On pourra se
reporter à C.P. KindIeberger et Lindert déj.i cités.
L'approche par les élasticités s'intègre parfaitement dans le cadre type
keynésien. La conclusion qu'on avait tirée de l'analyse de ce dernier à propos
du taux de change d'équilibre s'applique aussi à cette approche puisqu'elle
repose sur une altération du taux de change pour provoquer l'ajustement désiré
de la balance commerciale.
suite de la page précédente
(4) "International Monetary Economics", George Allen et Unwin LTD Ruskin House
Musewn stôllt 1969, p. 125
(5) Mc Kinnon 1981 op. déjà citée
Page 538

'15

SEC1'ION 2 - L'APPROCHE MONETAIR,lt; DU TAUX DE CHANGE D'EQUILIBRE
keYllé~i~nnes
,
.
à
Si les théorlesvne s rinteressent pratd quement, pas
la notion de taux de
change d'équilibre, il n'en est pas de même de l'approche monétaire du taux de
change. Cette approche cherche à expliciter les déterminants du taux de change,
à fournir une définition simple du taux de c~hange d'équilibre et à relier
1
directement celui-ci aux principaux instruments de la politique monétaire ( ) •
L'approche monétaire repose sur deux hypothèses :
- En l'absence de co~t de transport et de restrictions sur le commerce, la
L.P.U. règne sur les marchés internationaux.
- La demande de monnaie nationale est une fonction stable d'un nombre limité
de variables économiques et avec l'offre de monnaie, elle détermine le niveau
des prix.
Après avoir exposé la détermination du taux de change d'équilibre par cette
approche, cette section analysera son applieabilité aux pays en voie de
développement.
Dans l'approche monétaire la L. P. U. y apparrd,t sous la fonne de conditions de
P.P.A. et de parité du taux d'intér3t qui relient les mouvements des prix et
des taux d'intér~t internationaux aux développements sur le marché des changes.
Une substitution parfaite (à savoir élastic1.tés de substitution de la demande
infinies) entre les pays à la fois sur les marchés de biens et de capitaux
assure un prix unique pour chaque bien et un m&1e taux d'intér3t. En d'autres
tennes, le monde consiste en un seul marché intégré pour tous les biens
échangés et les capitaux. En conséquence Les variations de prix relatifs sur
les marchés mondiaux ne sont pas possibles et l'approche par les élasticités
de la balance des paiements est rejetée. (2).
L'hypothèse de la L.P.U. est traduite par lE. relation suivante :
P = EP* (1)
(1) John O. Bilson, "The monetary Approach Lo :the e:xchange Rate: some empirical
Evidence", IMF Staff Papers, 1978 pp. 4fi - 75
(2) L'hypothèse de la L.P.U. pennet l'introduction de phénomènes d'anticipations
1
sur le taux d tintér3t ; se référer à J.CI. Bilson déjà cité
1

- '16 -
Avec (p) représentant le niveau général des prix internes, (p*) le niveau
générp..1 des prix d ''Wl pays étranger et (li:) le taux de change (nombred 'unités
monétaires nationales pour une unâ té monétaire étrangère).
La deuxième hypothèse de l'approche moné taâ.re considère les prix comme
déterminés sur le marché monétaire par la rencontre de l'offre et de la
demande de monnaie nationale.
On suppose que dans le long terme, il existe 'Wle fonction stable de la
demande de monnaie considérée comme 'Wl stoc'c ; le montant d'encaisses nominales
demandées (~) est 'Wle fonction (F) du niveau général des prix (P), du revenu
réel (y) et du taux d'intér@t (i). Autrement dit :
~ = F (p, y, i) (3)
Toutes choses restant les mArnes, une augmentation du niveau des prix ou du
revenu réel accrott la demande d'encaisses nominales, en raison du montant
plus élevé des transactions ou du revenu nominal à financer. Une hausse du
taux d'intérêt diminue la demande d'encaisses monétaires parce qu'elle accro!t
le co~t d'opportunité de la détention de monnaie. Si l'on suppose l'absence
d'illusions monétaires la variable prix peut-8tre sortie de la fonction (F),
ce qui donne la forme :
~ = P F (y, i) (2' )
Eh divisant les deux membres de (2') par (F), la demande d'encaisses réelles
devient 'Wle fonction du revenu réel et du taux d'intérêt.
L'offre nominale de monnaie (MO) est supposée @tre le produit du multiplicateur
monétaire (m) et de la base monétaire (B). On suppose aussi que ce
multiplicateur ne varie pas systématiquement en réponse à des variations de la
base monétaire, parce que les deux variables sont soumises à des influences
différentes. La base monétaire a deux composantes
- le crédit national créé par les autorités monétaires lequel constitue la
composante nationale (D),
- une composante internationale (R) : la vs.Leur' en monnaie nationale des réserves
internationales du gouvernement et de la Banque Centrale.
(3)
L.H. Officer et Morchedai
E. Kreinin, "The monetary approach to
the balance of paiements: a survey", Princeton University, 1918

77
La composante internationale peut 3tre augmentée ou diminuée respectivement
par toute entrée ou sortie de réserves qui p,ntrdne un déficit ou un excédent
de la balance des paiements.
Cette balance des paiements est réinterprét§e par l'approche monétaire(4)
qui n'y voit pas un état de toutes les transactions entre résidents d'un
pays et résidents du reste du monde. De tous les comptes qui la fonnent
(compte courant, compte des services, compte des capitaux de long et de
court terme, compte des transferts privés et publics, et compte de règlements
officiels) elle ne s'intéresse qu'au compte des règlements officiels et
rassemble tout le reste dans une seule catégorie : "postes au dessus de la
ligne". Ce compte des règlements ou compte monétaire modifie le stock de
réserves internationales, composante du stock de monnaie nationale.
La base monétaire (B) peut s'écrire de la façon suivante:
MO = m (D + R) = mB
(3)
L'approche monétaire postule qu'il y a toujours tendance à un équilibre de
stock sur le marché de la monnaie, c'est-à-dire à une égalité entre la
demande de stock de monnaie (Md) et l'offre de stock de monnaie (MO), ce
qui permet d'écrire :
Md = P F ( y, i) = MO
Cette égalité montre bien que le niveau des prix est déterminé sur le marché
de la monnaie, par l'offre nominale de monnaie nationale et la demande réelle
de monnaie :
MO
P =
F (y, i)
(4)
Comment le taux de change d'équilibre est-il déterminé par l'approche monétaire?
Frenke1 (5) le résume bien: "Etant un prix relatif de deux actifs (monnaies),
le taux d'équilibre est atteint lorsque les stocks existants des deux monnaies
sont volontairement détenus. Il est raisomlab1e, donc, qu'une théorie de
détermination du prix relatif de deux monnaies soit spécifiée en termes d'offre
et de demande de ces monnaies".
Le niveau des prix à l'étranger se détermine de la m3me manière que dans le
(4) M. Mussa, "A monetary approach to balance of payments analysis", Journal
of Mongyz Crédit and Bankiny' 1911 pp. 333 - 351
(5) Jacob Frenke1, op. dêjà citee

-
78 -
pR.ys considéré
M*O
P*
= F*(y*,i*J
(5)
De la relation (1) on tire (E), le taux de change:
P
E = p i
(6)
En remplaçant (4) et (5) par leurs valeurs respectives dans (6) on a le taux
de change d'équilibre entre deux monnai.as :
F*~Y*I i*)
F
y, i}

Le taux de change d'équilibre est le prix relatif de deux moIUlaies et est
déterminé par l'offre et la demande relatives de ces deux moIUlaies.
L'approche monétaire établi t que les variations de l'offre de monnsd.e, du
taux d'intér3t, et du revenu réel affectent le taux de change d'équilibre.
Une augmentation de l'offre de monnsd,e nationale conduit à une dépréciation
proportioIUlelle du taux de change. De mbe une hausse du revenu réel accroit
la demande réelle d'encaisses et provoque une hausse des prix ce qui entrdne
une appréciation du taux de change.
La détermination du taux de change d'équilibre par l'approche monétaire repose
de façon cruciale sur l'hypothèse que la L.P.U. règne sur les marchés inter-
nationaux. Ainsi la plupart des tests économétriques de la théorie monétaire
s'intéressent principalement à la validité de la P.P.A. (6) puisque d'elle
dépend presque tout le reste.
Que peut servir l'approche monétaire dans le contexte des pays en voie de
développement? L'approche monétaire explique la détermination du taux de
change par des phénomènes purement monétaires. En effet, les revenus réels sont
supposés exogènes et les taux d'intér3t internationalement liés par
l'arbitrage sur les marchés internationaux de capitaux. Les niveaux des prix
sont déterminés par les stocks de mOIUlaie, lesquels dépendent des politiques
monétaires suivies. L'approche monétaire du taux de change est donc une
interprétation de la P.P.A. comme une relation causale. qui va des pertubations
monétaires au niveau des prix et ensui te au taux de change. On av ai t vu les
objections sérieuses que soulève l'application de la P.P.A. aux pays en voie
(6) John O. Dilson, déjà ci té, Rudiger Dornbuch, "Exchange Rate Economies :
Where do we Stand 1", Brookings Papers on Economie Activity, 1 : 1980

_ 79 _
de développement. A celles-ci il convient S8JlS aucun doute d'ajouter le fait
qu'elle ne considàre que les phénomènes mon3taires comme les causes des
mouvements du taux de change d'équilibre. La non prise en compte des
phénomènes réels cornme détenninants du taux de change réduit considérablement
sa portée. Cornme Keynes le faisait remarquer dès 1923 dans son Tract on
Monetary Reform (Page 97) "••• Si au contraire les perturbations sont dues
à des mouvements de capitaux, ou à des paiements de réparations, ou à des
variations dans l'efficacité relative du travail alors le point d'équilibre
entre la P.P.A. et le taux de change peut-8tre modifié de façon permanente
à cause des perturbations dans "l'équation de change" ".
Un point de vue similaire a été défendu par Taussig (7) qui affirme que "si
quelque chose arrive à perturber les conditions d'exportations ou d'importations,
ou si les éléments inVisibles modifient les termes du cOJllllerce, alors la P.P.A.
ne tient pas".
Dans les pays en voie de d€lveloppement,
on ne saurait trop souligner l'importance
des contraintes non monétaires qui pàsent sur l'offre, contraintes qui
doivent être refl€ltées
par le taux de change qu'on cherche à maintenir ou
à restaurer. La détermination d'un taux de change optimal ne peut en conséquence
se fonder uniquement
sur les phénomènes monétaires aussi importants soient-ils.
(7) F. TausSlg, "International Trade", New York, Macmillan, 1941, pp. 357 ff.

- 80
-
SECTION 3 - LE TAUX DE CHANGE D'EQUILIBRE DANS L'APPROCHE SELON LES MARCHES
D'ACTIFS
L'approche selon les marchés d'actifs du taux de change est née dans un
contexte caractérisé par un développement snns précédent de l'investissement
international, de la croissance d'un système réellement transnational d'
intermédiation financière et de flottement des principales monnaies. On avait
vu que l'approche monétaire considère le taux de change cOJlDlle le prix relatif
de deux monnaies et qu'en conséquence il est déterminé sur le marché de la
monnaie. Il en sera différemment de l'approche par les marchés d' aotifs (1) •
En effet celle-ci consid~re que les taux de change sont déterminés de façon
conjointe avec les taux d'intérêt sur les marchés d'actifs. Ce sont donc
les valeurs des stocks de monnaie, de capital réel, d'obligations, et d'actifs
étrangers qui avec les flux des achats gouvernementaux, la structure des
impets et les anticipations, déterminent les valeurs d'équilibre de court
terme du flux de revenu réel, les vecteurs de taux d'intérêt et de prix, et
les valeurs des taux de change nominaux. Ceux-ci en retour donnent les valeurs
de l'investissement, du défiait gouvernemental
et le compte courant, lesquels
provoquent des changements graduels des stocks d'actifs qui sont supposés
constants dans le court terme. L'équilibre de long terme peut 8tre identifié
à l'état où l'épargne, l'investissement et les déficits gouvernementaux et
du compte courant sont nuls.
Plusieurs hyPOthèses, assez restrictives, sous-tendent ces modè1es(2).
D'abord l'hyPOthèse d'un équilibre de portefeuille continu implique que les
fonctions de demande d'actifs sont stables et que les coftts nécessaires pour
modifier la composition des portefeuilles ne sont pas trop élevées pour
décourager un niveau élevé d'activité sur le marché d'actifs. Cette dernière
condition est difficile à remplir pour les petits pays qui ont des marchés de
capitaux moins développés que ceux des grands pays industriels. Plus important,
cependant est la question de savoir si les coftts liés à la prise de décisions
concernant la valeur future des différents nctifs sont d'un niveau prohibitif
(1) Louka T. Katseli - Papaefstratiou, "'!he reemergence of purchaedng power
psrity doctrine in the 1970' Sil, International finance section, Princeton
University, spécial P,apers in International E conomics n° 13 Décembre 1979
(2) Susan Schad1er, "Sources of exchange rate variability" !MF Staff Papers, 1977
pp. 267 - 268

- 81 -
lorsqu'il Y a présence dans un monde inceru.in d'un nombre très grand d'actifs
nationaux.
Ensuite, ces modèles supposent comme l'approche monétaire que le taux d'intér~t
étranger et le prix en monnaie étran~~:I:"e:dea biens échangés sont déterminés de
façon exogène pour le pays considéré, autrenent dit, que la L.P.U. est
vérifiée.
L'approche par les, marchés d'actifs échappe à beaucoup d'objectioœfaites à
l'approche monétaire : elle met l'accent sur une détermination simultanée et
endogène des taux de changes et des prix ; il incorpore le r6le du
gouvernement et des participants du marché de changes en tant que détenteurs
d'actifs nationaux et étrangers, elle introduit de façon explicite les
anticipations comme un déte~nant importsn-j des taux de change réels, enfin
'. ;-
elle établit une distinction nette entre le taux de change de court terme et
celui de long tenne. Ce dernier étant conrldéré comme le taux compatible avec
~. _.~
h:<t: '><~, •
Un' solde de compte courant
nul
• Sa valenr dépend donc des déterminants réels
du compte courant.
pas
Cette dé.f1n1.tion du taux de change d'équilibre ne s'appuiifVfrur la théorie de
la P.P.A. des taux de changes.
.~ "
,"
Ici la P.P.A. est interprétée comme une relation d'arbitrage spatial qui assure
une liaison étroite entre prix domestifll'es l~t prix étrangers. Il n'y a aucune
raison que le taux de change d'équilibre de long tenne corresponde à la P.P.A.
puisqdà sa détermination participent pratiquement tous les facteurs réels ou
financiers susceptibles d'infiuencer les pràx des différents actifs présents
dans l'économie considérée.
L'approche par les marchés d'actifs a pemd.s de rendre compte de façon
satisfaisante du fiottement des principales monnaies depuis 1973 et en particulier
d'étudier les phénomènes de suréaction. Ell,~ a cherché à expliquer pourquoi
les forces du marché s' avt\\rent à elles seules incapables de stabilliiFie taux
de change. Elle insiste sur le r6le équilib::-ant du taux de change en égalisant
la demande étrangt\\re d'actifs libellés en monnaie nationale et la dBnaride nationale
d'actifs libellés en monnaie étrangltre, sana pour autant négliger le r&le du

-
82 -
taux de change sur le marché de la monnaie.
Pour les pays sous-développés l'approche par le marché d'actifs a peut-@tre
pour principal intérêt de les convaincre si besoin en était que le régime
de changes flottants crée inévitablement une instabilité qui n'est pas sans
coût.

1
_ 83 _
CHAPITRE 5
LA METHODE DU 'l'AUX D:: CHANGE SFlt'ECTIF
Dans le système de Bretton Woods les monnrd as étaient liées entre elles
par des parités fixes, définies par r-appor-t à l'or 0 ...1 au dollar. Le
besoin de modifier une parité était évalué en se réf-érant aux conditions
spécifiques du pays concerné. Concrétemen't;,m réajustement de parité était
opéré en procédant à une modification du rapport quantitatif entre une
monnaie et une autre monnaie qui sert de mo1llaie d'intervention de la Banque
Centrale. Une telle opération n'était. autorlsée que lorsqu'un pays se
trouvait en situation de "déséquilibre' fond3Jllental". Ce qui est certain
c'est qu'il n'y avait pas unanimité sur ce que signifie un tel déséquilibre,
mais dans la pratique, le principal critè~e était la présence d'un déficit
assez élevé et insoutenable dans les paâ.emerrta extérieurs d'un pays.
Le passage à un régime de changes flottants a sensiblement modifié les données,
les anciennes méthodes d'évaluation de la performance d'une monnaie sont
devenues inopérantes. Dans le nouveau systèrne une monnaie peut ne pas évoluer
d'une manière uniforme par rapport aux autres monnaies. En fait elle peut
s'apprécier relativement à certaines pendant qu'elle se déprécie par rapport
à d'autres. C'est pourquoi il est vite apparu le besoin de disposer d'une
mesure aussi précise que possible de l'évolution d'une monnaie par rapport
aux autres monnaies présentant pour elle un intér@t commercial ou financier
particulier. Autrement dit, il est néces sai r-e d'avoir un indice qui mesure la
variation moyenne du taux de change de cette monnaie par rapport aux autres,
indice .pour le calcul duquel le poids de chaque monnaie dépend de son
importance relative pour l'économie nationale. C'est cet indice qu'on
appelle le taux de change effectif (T.C.E.).
Les fins auxquelles le T.C.E. est destiné font multiples(1): obtenir une
mesure synthétique, aisèment intelligible, des mouvements journaliers des taux
de change ; estimer ou analyser les effets des modifications des taux de
change sur les balances d'un pays (balance commerciale, balance courante et même
(1) World Financial Markets, édité par la lo:organ Guaxanty Trust Compagny
Avril 1918, p. 8

-
84 -
balance des paiements) ; appr-eca er' l tintera ~tion 'mt:·~e les mod'lf'Lcs t.i.ons du taux de
change et l'inflation, tirer de son étude des conc'Luai.ons quant au sens
et à l'ampleur de l'ajustement des taux de changes qu'il faut opérer sur
la base de l 'hypothèse que les variations nomfnal.es de ces derniers tendent sur
une certaine période à compenser les différ,mtiels d'inflation.
Cependant l'analyse des effets des modâ.f'Lcazi.ons du -:.aux de change sur la
balance d'un pays et le réajustement des Laux de change sont les obj ectifs les
plus fréquemment cités. D'ailleurs ils sont étroitement complémentaires :
implicitement ou non le taux de change e81~ j)resque toujours destiné à corriger
un déséquilibre fondamental de la balance des paiements et le T.C.E. permet
de mesurer la modification qu'un taux devra:i. t subir pour compenser les effets
sur les échanges commerciaux des variations des taux de change.
Le choix d'un indice de T.C.E. dépend de l'objectif économique qu'on lui
assigne. Aussi en existe-t-il plusieurs t:rpl~S, cependant les résultats en
général sont identiques. Néanmoins dans le »our-t terme il subsiste des
divergences entre eux. La première raison v..ent d'~tre évoquée, à savoir les
différences d'objectifs. La deuxième raâ.oon est qu'en pratique, pour la
construction de chaque indice seules certF..ines monnaâ es s'avèrent pertinentes
à être prises en compte.
Dans ce chapitre on étudiera d'abord ces f'ac'teur-s de divergences entre les
résultats des différents T.C.E. en mettant :.'accent sur les méthodes de
pondération utilisées et sur les consâdêrs.tc.one pragnatd.oues qui guident
en réalité le choix d'un panier de monnaâ.es . Ensui te on essaiera de répondre
à la question de savoir si le T.C.E. est un bon indicateur de ce qu'est le
taux de change d'équilibre et en consêquencn s'il permet de déterminer le
sens et l'ampleur de l ' ajustement nêcessatr-e à un taux de change à un moment
donné.

-
8!:-
SECTION 1 - F'RüRLEME:J METHOOOLOGI~UES LIES J LA CONSTRUCTION D'UN INDICE DU
TAUX DE CHANGE EFFECTIF
Le pionnier de La construction d 'indi'~es de taux de change effectif (T. C. E.)
aura été le F.B.I. dont les premiers t.r-avau» datent de 1970. Le réalignement
monétaire de 1971 et plus par-td cul.f.èr-emer.t Je flottement généralisé des
monnaies a rendu systématique leur calcul par les différents organismes
internationaux. Cependant les différents indices con<:urrents ne donnent pas
des résultats identiques, loin s'en faut. Lours différences résident
principalement dans la méthode de pondératd.on qui est imposée par l' obj ectif
poursuivi et dans le choix du panier de monnaâes pour chaque type d'indice.
Cette section sera consacrée à l'analyse de ces deux sources de divergence
dans les valeurs des indices.
1.1. L'objectif assigné au T.e.E. ~npose la méthode de pondération
à retenir.
La construction d'un indice de T.C.E. est ét.roitement liée à l'objectif
poursuivie. A des objectifs différent.s cor-r-espondent, des schémas de pondêr-atdon
différents.
L'objectif poursuivi peut ~tre la mesure de la va.riation moyenne du coût
des ~xportations d'un pays pour les pays partenaires, autrement dit, la mesure
de l'impact de la variation des taux de change sur la compétitivité de ses
exportations. De m~e pour un pays on peut chercher à mesurer le cont de ses
importations entratné par les modifications des différents taux de change.
G.a~
Dans le premietVl'indice des exportations du pays considéré est bien adéquRt.
Cet indice est la moyenne arithmétique des taux de change de sa monnal,e par
rapport aux autres monnaies, sur une péri:>de de base donnée, pondérée par la
part de chacun de ses partenaires dans s~s exportations. Toutefois, il faut
préciser qu'il est nécessaire que ni les ~antitês que le pays exporte ni les
prix nationaux de ces exportations ne soier.t Lnf'Luencés par les modifications
des taux de change pour que l'indice soit correct.
Dans le second cas l'indice approprié est celui qui utilise comme pondérations
les parts respectives des pays partenaires dans les importations du pays considéré.

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86 -
\\-;es objectif'f, bien qu'intéressants peuvent ;1tre consvdér és comme un pen trop
limi tés. ,'\\ussi c' est La balance commer-ci.o.l.e , et même la balane!' des na'i ement.s ,
qui est souven t Tt obj ectd f vi sè , Pour des constdêr-atz.ons à la fo:isà'amüyse
~t rie poli tique '~conorniqu~il est en ef'f'e t. Il 'un ~rand intér~t de mesur-er
l'impact sur la balance commerciale o» cpll,~ des pai.ement s des modifications
des tAUX de chanze , ~4~is pour y pa-rverdr-, Lest néces sair-e de faire appel à
d'l'utres schémas de pondérations. Les trois méthodes de pondération qu'on va
résumer cf.-dessnis sont celles que l'on rencontre le plus souvent. La
méthode des pondérations bilatérales, ell~~ 'onsiste à pondérer les variations
actuelles du taux de change d'un pays par Les parts respectives de ses
partenaires dans son commerce. Comme la p8I":' relative des exportations
diffère toujours de celle des importations on prend la moyenne des deux indices
un indice du T.C.E. pondéré par les exporta:.ions et un indice pondéré pa.r les
importations. L'indice tiré de cette mêthod-e n'est pas un indice synthétique
idéal qui exprime correctement les effets des variations des taux de change sur
la balance des paiements.
Il est évident que ceux-ci ne dépendent pas uniquement de l'importance des
flux commerciaux entre deux pays dont le t.aux de change des monnaies s'est
modifié. Ils dépendent aussi d'autres fact~lrs non moins importants: la
concurrence entre ces deux pays sur les mar.ihéa tiers ; les élasticités des
prix qui déterminent la sensibilité des flu:c commerc:i.aux aux variations de
taux de change.
La non prise en compte de la concurrence mr les marchés tiers rend cette
méthode particulièrement défectueuse. Un lndice de T.C.}:;. qui utilise connue
poids les parts respectives des par-tenaâ.r-es d'un pays donné dans son
commerce ne reflèterait pas le fait i~port~1t qu'il peut exister des substitutions
entre les exportations de ce dernier et ce'l.i es de ses partenaires sur des marchés
tiers à la suite de modification de taux cle change.
Parrni les facteurs qui déterminent la sensi~)ilité de la balance commerciale
d'lll1 pays à une série de modification des taux de change, les élasticités d'offre
et de demande occupent une place pr-Imordi.s.Lc, On peuc s'attendre à ce que
les élasticités - prix de la demande des di.f:"érentes elasses de biens diffèrent
de façon subs t.antd.e.l.Le, Par exemple l' élRst:~cité - prix des matières premières

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8'1 -
importées et non produites peut ~tre si fllible qu'une Rpprflciéltion des
monnai.es de s pays qui les produisent tend à détérj orer la bal.ance commer-ct al e
ou pays consirléré, balance mesurée dans sn propre monnaie. D'autre part,
Ls sensâ.bâ.Lf té de la demande aux varintions du prix des biens manuf'actur-è s
importés et concurrents directs des produi t.e nationaux similaires, peut ~trp.
trpsforte, de sorte qu'une appréciation de:; monnaies des pays exportateurs
entra!nerait une amélioration notable de la balance commerciale du pays
considéré.
Les pondérations associées aux varj.ati.ona des taux de change des deux types de
pays-offreurs de matières premières easentd el.Lea , et exportateurs de produits
manufacturés standard, différeraient donc, en grandeur, des parts bilatérales
de ces pays dans le commerce total du pays concerné et, dans certaines
situations peuvent 3tre de signe contraire. Des considérations similaires
s'appliquent aux variations des élasticités··prix de l'offre(1~
La deuxième méthode de pondération di te rr.~:thode
nnùtilatérale essaie de remédier
à l'un des inconvénients auquel se heurte l'emploi de la pondération bilatérale,
celui de la non prise en compte de la concur-rence sur les marchés tiers. C'est
pourquoi la pondération multilatérale reti~lt comme poids la part qu'occupe
chaque partenaire du pays considéré dans le commerce mondial. Cependant en
procédant ainsi elle sous ..estime les relat.ions bilatérales qui pourront 3tre
importantes pour certains pays, ceux de la t~. E. E. par exemple.
La troisième méthode consiste à dériver les pondérations à partir d'un modèle
qui essaie de pr-endre en compte à la fois 1,3 commerce bilatéral et le commerce
des pays tiers dans un faisceau complexe d ',jlastici tés - prix, simples ou croisées.
Le point de départ de cette entreprise a 8tl~ le modèle du F.M.I., le M.E.R.M.(2)
(Multilatéral Exchange Rate Model). App'Li.què d'abord aux pays industriels, ce
modèle a été ensui te étendu aux pays en v(Jil~ de développement (3). Il cherche
à détenniner d'abord l'incidence d 'une s6ril~ de modii'ications de taux de change
sur la balance commerciale après une pér-Lode d' ajus'tement , ensui te la variation
du taux de change du pays considéré qui aurait le m3rlle impact sur la balance
j
commerciale que les variations des taux de ,~hange.
Rudolph R. Rhomberg, "Indices of effe<:t:Lve exchange rates", IMF Staff Papers
1916 p. 92
Artus et R.Rhomberg, "A mul tilatéral I~ ehange Rate Model", IMJ..' Staff Papers
November 1913
Gérard Béranger, "An Indicator of effective Exchanges Rates for primary
Producing Countries", IMF Staff Paper-s YoL 23 (Xarch) pp. 113 -156 1976.

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88 -
1.;'>. 1:-,. 'létprrnination d l'.:n RaDier d, monnaies repose ::~ur unr; conceptj on
pr~Kffiatigue des échan~
Les rné thodns de cons t.ruc td on des Lndâ ces de T.e.E. sugcèr-errt que les monnaies
de tous les fl8~!S A.vec lesquels un pay s dorin ~ entretient des relations commer ci nl.es
sont. à prem:lr" en compte pour que le uanâ er . et donc l'jndice, soit. optimal.
(In peut estimer en effet que la réali té ser. ci' aut.an t mj eux saisie que le
nombre de devises prises en compte sera inp)rtant. Cependant à llanalyse des
fai ts il appal'ai t que les échanges conunerd ,lUX d 'un ~)ays sont souvent concentrés
sur un nombre limité d'autre pays. Par exooDle, les pays africains de la Zone
Franc réalisent l'essentiel de leur conune]'c~ avec la C.E.E.
De plus il est nécessaire de prendre en com?te les monnaies de facturation
et non pas la répartition des échanges comm3rciaux. On constate par exemple
que les pays africains de la Zone Franc ont plus de 80 % de leurs exportations
libellées en dollars ou en livre sterling alors que 40 %de leurs importations
sont libellées en FF.
Enfin en examinant le système monétaire international, on constate que peu de
monnaies sont en fait réellement indépendantes. Hormis une dizaine d'entre
elles toutes les autres devises fluctuent e1 fonction d'autres devises de
référence. Si l'on fait exception d'une vingtaine de devises, celles des pays
industriels, presque toutes les autres sont émises pa.r les pays en voie de
développement. Or, la plupart d'entre eux f:mt jouer à leur monnaie un r81e
interne et libellent leurs échanges en dollar ou en une monnaie étrangère.
C'est pourquoi dans certains cas, le poids affecté à ces devises ne reflète pas
la part du pays dans le conunerce mondial.
Cela dit le nombre de monnaies retenues dans la composition du panier
influence de manière sensible l'indice du 1.C.E. Certes un grand nombre de monnaies
ne jouent pas un r8le déterminant dans les échanges, mais leur prise en compte
peut influer sur l'évolution de l'indice.
Pour conclure, on peut dire que les différences de variations observées
dans les indices de T.C.E. tiennent principalement au fait que ceux-ci ne
poursuivent pas le m~e objectif et qu'en conséquence le système de pondération
et les paniers de monnaies restent différ9Jlts.

-
U9-
SECTION 2 - L~ T. C. E. EST-IL POUR LE::; PAY::; .EN VOIE. DE DEVi:LOPPEMl~T UN
INS't'RUHEN'l' SATISFAISANT POUR LA DETEIDJùNj~TlüN A UN MüHENT lXJNNE
DU SENS ET DE L'AMPLEUR. DE L' AJl STEMENT ~ECESSAIRE A UN TAUX DE
CH fu'IJ GE
On avait vu que les indices de T.C.E. sonT. ttilisés pour juger de la pertinence
du taux de change d'une monnaie à un moment donné. Il est évident que la
conclusion à tirer d'un tel diagnostic dépend de l'objectif poursuivi. C'est
pourquoi on doit répondre de deux manières complémentaires à la question de
savoir si le T. C. E. est un bon instrument pour le réRjustement du taux de change.
D'abord on peut tenter de répondre en ne considérant que l'objectif visé.
Ensui te on peut répondre en portant un jugenent d'ensemble sur les indices de
T.C.E. Dans cette section on suivra cette diimarche. Ainsi, avant d'apprécier la
pertinence des T. C. E., on essaiera de voir :;i pour chaque obj ectif poursuivi
le T.C.E. correspondant est un bon outil pour déterminer le sens et l'ampleur
du réajustement du taux de change nêcessaâ ru à un moment donné.
Pour un pays qui a choisi de faire jouer à son taux de change un r81e d'amortisseur
des effets des variations des taux de change sur le coût de ses importations,
le T. C. E. pondéré par les importations est.-:.l un bon instrument ?
Il est intéressant avant tout de justifier pourquoi un pays en voie de
1
développement pourrai t avoir un tel 0 bj ect,L:' ( ) •
Etant donné que les produits de base sont r'üativernent homogènes, leurs prix
seront fixés sur les marchés mondiaux Lndèpendammerrt de la structure géographique
des échanges. Par conséquent pour un volume donné d'exportations, les recettes
en devises d'un pays en voie de développem~lt ne seront pas influencées par
les variations des taux de change des pays I)Ù il exporte, à moins que les prix
n'aient été fixés à l'avance en une devise ionnée. Toutefois, dans la mesure
où les produits industriels ne sont pas hom)gènes, l~s prix internationaux ne
sont pas uniformes. De ce fait, les vard.atd, ms des t9.UX de change des pays
industriels par rapport à celui d'un pays ei voie de développement influeront
sur le prix que ce dernier paye pour un proiuit industriel donné. Son indice
des prix à l'importation exprimés en monnaie locale sera doncinfluencé par les
(1) S. Nana Sinkam
op. déjà cité p. 4

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90 -
modifications qui interviennent dans l 'origj.ne de ses importations ou par
les variati.ons des taux de change de ses fot.rnâ sseur-a, De ce fait le pouvoir
ct' achat des denses tirées d'un vo.lumc donne d' expor-t.atd.ons variera avec la
réparti tion géographique des Lmpcr-ta'td.ons , ln pondèrent, les variations des
taux de change .les nrincipaux pay-s inl'ust.riels en fonction de la part qu'ils
représentent dans les importations du pays em voie de développement, on
compense l'effet des variations des t;:;ux de ohange sur le niveau moyen des prix
locaux. Cette opération permet d'évit-er certaines fluctuations inutiles des
prix relatifs intérieurs et extérieurs et de réduire les distorsions sur le
marché des produits. L'ajustement du taux de change en fonction de l'indice
de T.C.E. pondéré par les importations peut réduire l'instabilité des prix
engendrée par les fluctuations des taux de change extérieurs. Ainsi la
monnaie sera dévaluée (réévaluée) proportionnellement à la dépréciation
(appréciation de l'indice de T.C.E.
La faiblesse d'une telle politique réside ds.ns le fai.t que les marchés de
changes ne sont pas continuellement. en équilibre ce qui rend risqué un
ajustement en fonction des errements
des tsux de change,
Si l'objectif du pays est de maintenir la compétativ:i.té de ses exportations
le réajustement de la monnaie se fera en forction de l'indice pondéré par les
exportations. Ma.is dans un monde inflationnlste la position compétitive est
mieux appréhendée en tenant effectivement ccmpte èe l'inflation c'est
pourquoi le T.C.E. réel est utilisé.
La faiblesse d'une telle poli tique de change dans les pays en voie de développement
réside dans le fait que les prix de leurs expor-tatdor.s sont fixés sur un marché
mondial et leur influence sur ces prix est faible. Or. ne peut donc attendre d'une
dépréciation qu'elle améliore la compéti ti vi té. Comme: on l ' avai t vu l'aspect
spécialisation
(exportations concentrées sr r un nombre réduit de produits)
l'emporte pour les pays en voie de dévelOPPEment sur l'aspect compétitivité.
Si le pays considéré se soucie principalemert des effets sur la balance
commerciale des fluctuations des monnaies, ] e réajustement pourrait aussi
s'opérer à l'aide du T.C.E. Pour cet objectif, il est. utile de reprendre les
méthodes de pondération.
On sait que le M.E.R.M. permet de àétermineI la varie.tion du taux de change d'un

_
~1
_
pays qui compenserait l'effet sur 3a bal.ance commerciale de toutes les
variations des taux (y compris de son pronr» taux) survenues au cours d'une
période. Mais comme G. Béranger(2) l'a sClù:~gné, cet effet pourrait ~tre
assymétri que en ce sens que l ' obj ectif vivan't à compenser l'effet sur la
balance commerciale peut ne pas se tr~dQtre, et en gBnéral ne se traduira
pas, par un retournement identique des flux d'exportations et d'importations.
Autrement dit en réajustant le taux de chan.je proportionnellement à la
"variation notionnelle uniforme du T.C.E." que le M.Z.R.M. permet de calculer
(voir les articles de R.R. Rhomberg et G. B,~langer déjà ci tés) on ne compensera
pas ces effets. On a déjà mentionné la stru,::ture part,iculière des exportations.
Quant aux importations, elles ont un car-actür-e nécessaire et leur degré de
substitution avec des produits fabriqués Loca'Lemerrt est très faible. Aussi une
simple manipulation du taux de change ne pa.::'Viendrait pas à faire dispardtre
la partie d'un déséquilibre due aux fluctua';:,ions des taux de change. De plus
m3me si l'ajustement pourrait donner l'efJ'e'~ attendu il resterait à surmonter
des difficultés d'ordre pratique d'une im:po:~tance non négligeable. En effet,
le réalisme empirique du M. E.R.M. est très :~aible. Il faut de nombreuses hypothèses
harsardeuses sur les paramètres du monde ré.ü.
Plutat que le M.E.R.M. on pourrait utilisEJr les T.C.:'!:. réels à pondérations
bilatérales ou multilatérales(}). Un T.C.é;. réel est le rapport entre le T.C.E.
nominal d'une monnaie et un indice des pr:l.x étrangers qui est une moyenne
pondérée des indices de prix des par-tenaâr-e.s commerciaux du pays considéré,
le poids donné à chaque partenaire dêpenden: du schéma de pondérations retenu.
Les objections faites au M.E.R.M.quant à l"3fficacité d'un réajustement mené
à partir du T.C.E. qu'on en tire s'appliquent à ces 'f.C.E. réels. De plus
leurs calculs font intervenir les prix ou coats pour tenir compte de l'inflation.
C'est là un progrès indéniable par rapport aux T.C.E~ nominaux mais il reste
que le choix d'un indice de prix ou de cot~t se heurte à de sérieux problèmes
méthodologiques qui sont exactement ceux rencontrés â propos du test de la
L.P.U. L'utilisation des T.C.E. réels bil!1tj~raux implique que l'accent est mis
(2) Gérard Béranger, "An indicator of effE!c'~ive exchange rates for Primary
producing countries" !MF Staff Papers,
1916, pp. 120 - 1}5
(}) World Financial Markets, déjà cité page 9

_ 02 _
sur la compétitivité du pays. Comme Con l'av9.it vu au premier chapitre, le
flottement devrait permettre aux mouvements des taux de change de compenser
ceux des prix ce qui laisserait constants les T.C.E. réels. On suppose en
effet une intégration des marchés internationaux.
;'1ais dans les pays en développement beaucoup de facteurs empêchent, la
validité empirique de l'égalisation des prd x (se référer au chapitre 3).
De plus pour évaluer la compétitivité internationale on recourt presque toujours
aux comparaisons de prix de gros. Maintenant on sait les difficultés et faiblesses
que comporte l'utilisation de ces derniers particulièrement dans les pays en
voie de développement.
Jusqu'ici on a essayé d'apprécier l'aptitude de chaque type de T.C.E. à
atteindre en fonction de l'objectif qui lui est assigné. Dans l'ensemble on
peut dire que les T.C.E. ont un pouvoir explicatif assez faible en ce sens
que les conclusions qu'on peut tirer de leur étude s'avèrent insuffisantes
pour décider du réajustement d'un taux de change. Leurs faiblesses sont
principalement dues à l'existence dans les pays en voie de développement de
structures, de distorsions qui empêchent aux taux de change d'avoir un effet
sensible sur la réallocation des ressourc~s. Même si la sensibilité des
variables économiques aux modifications du taux de change était appréciable
il reste qu'il est difficile de trouver Une solution satisfaisante aux problèmes
d'ordre empirique qu'on doit résoudre.
En outre les T. C.E. ont en commun une fai':Jlesse qui réduit davantage leur
pouvoir opératoire: tous sont construits en fonction d'une période de référence.
Or les mesures exprimées en termes d'indices de compétitivité sont souvent
employées à mauvais escient faute de bien comprendre la signification du choix
de la période de base. En effet, il n'existe pas d'argument convaincant qui
permette de considérer sur-ou sous évalué~ une monnaie sous prétexte que son
indice de T.C.E. réel dépasse ou est inférieure à la valeur qu'il avait au
début de la période de base. Dire d'une p3riode de base qu'elle est un point
d'équilibre signifie que l'inflation et 19. rnonnaie nationale ont une tendance
constante à faire revenir l'indice de T.e.E. réel à son niveau de référence. On ne
peut donner à la notion de taux de change d'équilibre un contenu pratique en se
référant uniquement au pouvoir d'achat des monnaies nationales et étrangères.

- 93 -
CONCLUSION DE LA P~IERE PARTIE
Cette première partie a eu pour objectif la recherche d'une référence, d'une
norme au moyen de laquelle on peut déterminer dans quelle mesure le taux de
change courant est sous ou sur-évalué. Mais avant une telle investigation,
il était nécessaire que la spécificité du taux de change rat mise en évidence.
Ainsi le premier chapitre a montré la place toute particuliàre qu'il occupe
dans la gBJlD1le des prix par son aptitude à irfiuencer directement ou non tous
les autres prix et partant la structure et 1 e rythme de croissance d'une
économie. C'est cette pai"ticularité qlli explique qu'on n'ait vraiment jamais
voulu le laisser se déterminer par la loi dE' l'offre et de la demande et
l 'historique de son utilisation cormne variat,le de politique économique a
révélé l ' Apreté des controverses que sa manâpul.atdon a touj ours soulevées.
Enfin cette particularité du taux de change et les structures tant monétaires
que financières justifient que les P. V.D. ne puissent se lancer dans un
flottement de leur monnaie. Le second chapitre a tenté de définir ce que
devrai t 8tre le taux de référence par rapport auquel le taux courant peut
être compar-ê , Une telle démarche normative E. permis 6.e bien souligner les
objectifs souvent contradictoires que l'on c:herche à atteindre simultanément
en modifiant le taux de change. La dét.erminE.tion du t.aux de change d'équilibre
suppose d'abord la définition d'une part d 'HIe période de temps adéquate durant
laquelle les variations des réserves extériE!ures tendront à se compenser,
d'autre part de la balance des paiements à pr-endr-e en considération. Le taux
d'équilibre doit 8tre aussi un taux que l'OIL ne défendrait pas par des restrictions
cormnerciales supplémentaires ou de nouveaux tarifs douaniers ni un taux qui
entrainerait une baisse du revenu ou de l'emploi. Cette approche du taux de
change d'équilibre ne peut être que qualitative, aussi stimulante soit-elle,
elle ne peut indiquer le rapport quantitatif devant s'établir entre deux monnaies.
C'est ce rapport que les trois derniers chapitres de cette partie ont cherché
à détenniner.
Le troisiàme chapitre a analysé en détail la théorie de la P.P.A. des taux de
change. On a fait ressortir à la fois les conditions particulières que requiert
la. vérification de la loi du prix unique q,UH soua-entiend explicitement ou non
la plupart des théories des échanges internationaux et les difficultés

-
94 -
méthodologiques auxquelles se heurtent les tests tant macroéconomiques que
microéconomiques de cette loi. La P.P.A. d~leure la 1~éorie de référence pour
l'ajustement des taux: de change dans les P.V.D. On pout s'en apercevoir à
travers les multiples programmes économâ ques que le F.M.I. impose aux: P. V.D.
sollici tant un concours important de ses ressour-ces et qui comportent une
révision du taux: de change. Dans ces condit:.ons il était nécessaire de se
demander dans quelle mesure cet instrument Hst adaptée à la situation particulière
de ces pays. Répondre à cette question exignait au préalable la description
du mécanisme d'ajustement qu'on attend de l tapplicatton de la théorie de la
P.P.A. et qu'on se demandAt si les structurus économiques et sociales de ces
pays peuvent subir sans trop de difficultés les nmtations requises. Cette
étude a abouti à la conclusion que la théorie de la P.P.A. met l'accent
exclusivement sur le seul aspect de la concurrence et néglige la spécialisation
qui est très marquée dans les P. V.D., spéci/ùisation présente aussi bien au
niveau des facteurs de production (il y a une faible mobilité de facteurs de
production entr~ le secteur dit moderne et l:elui dit traditionnel) que des
produits eux-m8mes. Cette forte spécialisat:\\.on fait qu'il est illusoire de
compter sur une modification des prix relatifs entre biens échangeables et biens
non échangeables pour provoquer une restructuration des activités productives
dans le sens souhaité.
Le quatriàme chapitre a été consacré à l'int,erprétation et la détennination
du taux: de change d'équilibre dans les diffl~rents théories des échanges
internationaux. Les trois principaux corps de théories qui ont été successivement
étudiés sont les modèles keynésiens d'éconœde ouverte, le courant monétariste
et l'approche selon les marchés d'actifs. Après en avoir présenté le cadre-
type on a montré que les modèles keynésiens évacuent complètement le concept
de taux de change d'équilibre pour ne laiss~r place qu'à un paramètre,
instrument de politique économique ayant pour r8le l'égalisation des entrées
et des sorties de devises. Ce dernier est indétenniné aussi longtemps que le
plein-emploi n'est pas atteint, puisqu'il ~t1ste toute une série de taux
susceptibles d '8tre associés aux autres ins°l;ruments. Pour l'optique keynésienne,
l'équilibra interne peut même 'primer sur) 1 équilibre externe, l'é t.aux de change servira
0
l~orSvariable adaptative qu'on place au m~e ran.~ qu'un s:lmple taux d'intér8t.
Quant à l'approche monétaire du taux de change d'équilibre les deux hypothèses
principales sur lesquelles elle repose ont 3té mises en évidence: l'existence
de la loi du prix unique sur les marchés de biens échangés et la détennination

- 95 -
du niveau général des prix par la rencontre de l'offre et de la demande de
monnaie nationale. Cette approche ne semble retenir que l'offre de monnaie
comme déterminant du taux de change d'équilibre. Certes on ne saurait
contester .1'idée que le taux de change étant un prix parmi d'autrès, en cas
de forte inflation par excès de création monétaire les variations de ce prix
particulier ne doivent guère différer de celles de la moyenne de tous les
prix nationaux d'autant plus qu'il exprime en monnaie nationale la moyenne de
tous les prix étrangers. Cependant ce r81e attribué à la création monétaire
n'est-i1 pas un peu abusif? En effet m~e "s'il est astucieux de se centrer
sur le marché monétaire, point de passage obligé de toutes les variables
pertinentes du change, il est erroné d 'Y' situer les causes 1 le marché monétaire
1
peut 3tre que l'ombre des vrais déterminants" ( ~ En érigeant la création
monétaire excessive comme déterminant principal de l'évolution du taux de
change non seulement dans le cas particulier d'une forte inflation mais aussi
dans le long terme, on écarte les déterminants r'e1s qui dans les P.V.D.,
peut-3tre plus qu'ailleurs, sont finalement plus importants.
Enfin l'approche selon les marchés d'actifs a é~ 'tudiée. Bien qu'elle ait
su éviter nombre de reproches adressés à l'approche pr'cédente, elle fait
d'pendre le taux de change d'équilibre d'un trop grand nombre de variables.
Son intértt pour les P. V.D. est d'avoir su expliquer les phénomènes de suraction
qu'entrdne un système de change flexible et Sinsi de montrer à quel point ce
dernier est ina~pté à leurs structures mon~taires et financiàres.
Chape
la cinquièmë\\'a e e consacré à l'étude du taux de change effectif (T.C.E.). Le
flottement généralisé des principales monnaies qui a vu le jour à partir de
1973 a rendu nécessaire la mesure de l'évolution d'une monnaie par rappor-t, aux
autres monnaies présentant pour elle un intér3t financier ou commercial et le
T.C.E. a été conçu à cet effet. Mais la construction d'un indice de T.C.E.
dépend de l ' obj ectif spécifique vis' et du schéma de pondêr-atd.on retenu pour
repr'senter le poids relatif de chaque monnaie
du panier de devises
sé1ectionn'es. On comprend dàs lors les difficultés m'thodo1ogiques que
aoul.êve chacun de ces éléments et la pluralité d'indices que peuvent donner
leurs diverses coabinaisons.
Le principal attrait du T.C.E. réside dans son utilisation comme un instrument
qui permet de déterminer le sens et l'ampleur de l'ajustement qu'il faut
opérer pour que le taux de change courant retrouve un niveau optimal. La
pertinence de cet usage a ' t ' appréci'e à deux niveaux: d'abord en fonction
(1) Ghymers Ch., "Taux de change tendanciels et spécialisation", Revue d'Economie
Politique n" 1
1981
pp. 25 - 55 •

-
96 -
de chaque objectif visé, ce dernier pouvent être l'amortissement des effets
des variations des taux de change sur le coût des importations, le maintien
de la compétitivité des exportations et l'élimination des effets des fluctuations
des autres mormaies sur la balance des pciements d'un pays ; ensui te en fonction
de la notion de période de référence qui sous-tend la construction de tout
indice.
L'analyse critique des théories et méthodes de détermination du taux de change
d'~uilibre a montré la difficulté qu'il y a à définir un étalon par rapport
auquel le taux courant peut ~tre apprécié pour juger de sa pertinence. En
effet une telle" méthodologie conduit inévitablement A privilégier des
déterminants qui ne correspondent pas toujours aux objectifs multiples qui
sont simultanément poursuivis. Par exemple la confrontation de l'économie
nationale avec le marché international est ~s souvent considérée cOJllne le
meilleur moyen de détennination du taux de change optimal. Mais pour les P.V.D.
le recours à la posf,tion compétitive coJlD1le détermiaant principal du taux de
change risque d' ~tre trompeur.
En effet la campétitivité est généralement appréhendée en comparant des
évolutions de prix ou de coilts. Or les produits exportés par les P. V. D. sont
très diffltrents de ceux qu'ils importentJ les premiers étant pour l'essentiel
des biens primaires et les seconds des biens manufacturés. Les difficultés
liées A la confection d'indices adéquats laissées de ceté
la comparaison des
J
coi'lts ou du niveau général des prix d'un P.V.D. avec ~ux des pays industriels J
ses principaux fourniss8Urs J n'a aucun fondement solide car une telle
méthode néglige la tràs forte spécialisation du P.V.D. sur un certain nombre
de produits dont les p~s développés ne sont pas les principaux producteursJ
mais plu~t d'autres pays en développement. Dans ces conditions une
modification du taux de change en fonction du différentiel d'inflation ou de
coi'lts constaté a peu de chance d'induire les effets souhaités sur les courants
d'échange et la conj oncture économique nationale.
La deuxième partie abandonnera cette démarche normative. Elle s'attachera
plu~t à analyser les conséquences qu' entrainerait une dévaluation ou
réévaluation dans les pays en voie de développement.

- 97 -
P!=7R TI;=-
II
PERTINENCE DE LA PARITE ACTUELLE DU FCFA
1
1
f
11
1
J
1
1
j
1
1
l
1
1

- 98 -
INTRODUCTION ET RESUME DE LA DEUXIEME PARTIE
Dans la premlere partie, on a cherché à construire un étalon, une référence par
rapport à laquelle on pourrait juger de la pertinence du taux de change d'une
monnaie. On en est arrivé à la conclusion que les méthodes et théories souvent
préconisées mettent l'accent sur un seul des nombreux objectifs simultanément
poursuivis en modifiant un taux de change. Et puisqu'on ne saurait procèder
ainsi si l'on veut que le réajustement réussisse pleinement, il est nécessaire
de confronter tous les avantages et inconvénients majeurs qui découleraient
de celui-ci.
Notre analyse s'appliquait aux pays en voie de développement dans leur ensemble
ce qui lui conférait un caractère un peu trop général car très diverses sont
leurs situations concrètes. La deuxième partie descendra un peu plus dans le
détail en portant l'attention sur les pays africains de la Zone Franc. On avait
exposé dans l'introduction les termes de la controverse sur la pertinence de la
parité actuelle du FCFA : tandis que certains préconisent une dévaluation du
FCFA afin de faciliter le décollage économique de ces pays, d'autres au contraire
(et ils sont les plus nombreux) prônent sa réévaluation pour le m~e but, le
développement économique. C'est cette seconde proposition qui a été la plus
discutée.
Cette partie s'attachera à analyser les conséquences des politiques de dévaluation
(réévaluation) du taux de change dans les pays en voie de développement en général,
les pays africains de la Zone Franc en particulier.
Ainsi le chapitre 6 tentera une synthèse
des effets des politiques de
dévaluation dans les pays en voie de développement. La conclusion qui se
dégagera de cette étude est qu'il est illusoire de compter sur celles-ci pour
aider une économie à opérer les transformations nécessaires pour résorber les
déséquilibres, internes ou externes, qu'elle connait. En conséquence, pour
les pays africains qui ne présentent pas la caractéristique principale souvent
invoquée pour justifier une dévaluation, à savoir un déficit continue des
paiements extérieurs, une telle politique ne ferait qu'accentuer leurs
déséquilibres actuels ou en ajouter d'autres. Si donc la parité du FCFA est à

- 99 -
modifier ce n'est donc certainement pas dan~ le sens d'une dévaluation.
1
Dans le chapitre 7 on reprendra le débat SUI' les conséquences d'une
appréciation du FCFA. En comparant les différents arguments, il appara1tra
que la réévaluation, à condition d'être accumpagnée de mesures qui renforcent
ses effets sur le système productif, peut présenter un avantage réel pour les
1
i
pays africains de la Zone Franc aux prises avec l'inflation importée, en
particulier l'inflation française. Mais ce chapitre permettra aussi de montrer
1
que les protagonistes n'ont considéré qu'un seul des scénarii de modification
de la parité du FCFA : une dévaluation (réévaluation) de la parité du FCFA
1 par rapport au FF. De plus aucun effort n'a été tenté pour mener l'analyse dans
1
un cadre rigoureux. C'est la troisième partie qui essaiera
de remédier à ces deux inconvénients ainsi qu'à d'autres soulignés à la fin de
ce chapitre.
1
,
1
1
1
!•

- 100 -
CHAPITRE
6
LA FDLITIQUE DE DEVALUATION DANS LES PAYS EN VOIE DE DEVELOPPEMENT
Ce chapitre est consacré à une synthèse des effets des politiques de dévaluation
dans les pays en voie de développement. Leurs caractéristiques économiques
principales constituent la grille par laquelle s'effectue l'examen critique
de ces politiques. Le fait que ces caractéristiques se retrouvent presque
dans tous les pays en voie de développement, en particulier dans ceux de la
Zone Franc permet de se situer à un certain niveau de généralité.
La section 1 analysera l'impact direct de la dévaluation sur la balance des
paiements et le niveau général des prix. La seconde section décrira le processus
de substitution qui doit se développer pour que la dévaluation parvienne à
améliorer la balance commerciale en stimulant la production de biens exportables
ou substituables aux importations et à réduire les importations ainsi que les
productions incorporant une proportion élevée d'inputs importés. Elle étudiera
aussi en détail les conditions nécessaires pour que ces effets de prix se
produisent effectivement et les obstacles qui s 'y opposent dans les pays en
voie de développement. La troisième section étudiera l'impact déflationniste
qu'exercent sur l'économie nationale les deux autres mécanismes qui, en même
temps que les effets de substitutions, entrent en jeu dès que le taux de change
est altéré, à savoir les effets de revenu, d'encaisses réelles et de patrimoine.

-
101 -
SECTION 1 - IMPACT DE LA DEVALUATION SUR LA BALANCE DES PAIEMENTS ET LE
NIVEAU GENERAL DES PRIX
La dévaluation de la monnaie d'un pays a un certain nombre d'effets
automatiques sur la balance des paiements et le niveau général des prix.
Ces deux variables constituent les canaux par lesquels la dévaluation
influera surtout le reste de l'économie. Tout au long de cette section, on
supposera que simultanément à la dévaluatio~ des mesures tendant à la
1
, modification de la structure des tarifs douaniers et des subventions des
!
exportations ne sont pas prises.
1.1. Effets directs de la dévaluation sur les principaux postes
de la balance des paiements
11 L'analyse de l'impact mécanique de la dévaluation sur la balance des paiements
se fera en considérant successivement chaclli~ de ses principaux éléments.
Les exportations
Si le pays considéré ne fournit qu'une faible portion des offres mondiales
1
des différents biens qu'il exporte alors les prix exprimés en devises de
1
l ses exportations demeurent inchangés. M&le s'il exporte sur le marché
international des quantités significatives pour quelques produits, aussi
1
longtemps que les conditions d'offre restent inchangées, les prix en devises
l
des exportations ne seront pas affectés. Mais cela n'est valable que pour le
"
court terme. Si le pays considéré est un producteur principal sans ~tre cependant
un monopoleur, les offres accrues tendront ~ pousser à la baisse les prix
internationaux (1). La concurrence aussi entre producteurs nationaux agira
dans cette direction. Dans le long terme, les accords sur les prix et les
quotas sont renégociés et la part du pays con5id~rédoit augmenter. Cela ne
manquera pas d'entratner des actions défensives de concurrents qui
n'enregist:eront pas sans réagir une réduction de leur part de marché. En
toute probabilité la marge de profit finira par s'établir bien en deçà de son
niveau d'avant la dévaluation. Tout cela explique pourquoi celle-ci ne peut
donner un avantage à un pays. Elle permet tout au plus un répit durant le
1j 1) C'est le phénomène de la croissance apprauvrissante. Voir à ce sujet
J
C.P. Kindleberger et P.H. Lindert déjà cités, pp. 82.91.
1

-
IOê -
réajustement des politiques économiques et, .La modification du type de réallocation
des ressources en faveur du secteur d'exportation(2).
Si le prix en devises des exportations restent constants, au moins dans le
court terme, il n'en est pas de même des prix en monnaie nationale qui
augmentent proportionnellement à la dévaluation pour baisser dans le long
terme si l'offre mondiale s'accroit plus que la demande.
Les importations
Tant que le pays concerné importe une faible proportion des offres mondiales
des différents biens importés les prix en monnaie étrangère de ses importations
restent constants. Il en sera ainsi m~e si le pays considéré importe la plus
grande part de la production mondiale d'un bien à condition qu'il ne réduise
pas ses importations et que le pays exportateur n'ait pas de marchés alternatifs,
ou/et ne peut augmenter ses stocks. Les prix en devises des frêts maritimes et
des charges d'assurance n'ont aucune raison d'augmenter à la suite d'une
d'évaluation. Les tarifs de frêt en effet sont généralement fixés par des
conférences internationales. De même les charges d'assurances des entreprises
étrangères ne vont pas augmenter.
Les mouvements de capitaux de court terme
Généralement la participation d'un pays en 'loie de développement aux mouvements
de capitaux de court terme est insignifiante. Aussi peut-on s'attendre à ce qu'
une dévaluation de sa monnaie n'affecte pas les taux d'intérêt
de court terme
dans les autres pays. Cependant une entrée de capitaux de court terme peut
être enregistrée si la mesure de dévaluation est accompagnée d'un relèvement
de la structure de ses taux d'intérêt. Il n'y a pas non plus de raison au
développement de mouvements spéculatifs sur la valeur externe des monnaies des
autres pays. On peut aussi postuler une absence de modification des flux en
monnaie étrangère des aides étrangères.
Les remises de migrants
L'entrée de fonds envoyés par les nationaux résidant à l'étranger peut s'accrottre
tandis que les sorties de fonds par les étrangers séjournant dans le
pays
peuvent se réduire.
2) RIt. Brahmanand, "The mechanism of post-dévaluation adjustements", dans
The challenge of devaluation IMC smlnar-, Indian Merchants Chamber,
1966 Printed in India

-
103 -
De même si le pays considéré est très touri3tique, on peut enfin espérer des
flux accrus de touristes.
Service de la dette et remboursement du pri~cipal
Une dévaluation conduit à une augmentation de la contrepartie en monnaie nationale
du service de la dette contractée à l'étranger, laquelle est presque toujours
1
libellée en devises. Cela pose des problèmes pour faire face à ces charges
l accrues même si en monnaie étrangère la dette et les intérêts y afférents
J
sont constants. Là où les engagements sont ceux d'entrepreneurs prlves qui ne
~
bénéficient pas beaucoup de la dévaluation, elle peut conduire à une faillite
1
et un déclin dans les activités économiques, mêmes si celles-ci étaient
'Jl
auparavant fiables. Si la dette est officiellement détenue, le problème du
j
prélèvement de la contrepartie des changes de celle-ci pose souvent une sérieuse
difficulté et parfois représente un frein à la dévaluation. Souvent ce sont
1
les banques locales de développement qud enprunterrt à l'extérieur en devises
et en retour prêtent aux agents économiques en monnaie locale. C'est donc elles
qui supportent le risque de change. Ce derLier peut être suffisamment élevé pour
1
dissuader de dévaluer la monnaie, ou, après la dévaluation, se pose le
j
problème de savoir connnentces banques vont être aidées pour absorber la perte
de ressources fina~cières qu'elles subissent.
Transferts de fonds à l'étranger
La dévaluation réduit la valeur en devises des transferts des entreprises
étrangères ou leurs filiales opérant dans le pays. Les rendements ou les dividendes
peuvent être fixes et le poids tend alors A diminuer à cause de la ~onstance
\\
de la valeur absolue des paiements en monnaie locale. Si les salaires de la
main d'oeuvre expatriée sont fixés en monnaie nationale ainsi que les pensions
dont bénéficient des non résidents, les transferts en termes de devises vont
diminuer. Cependant il n'y a rien qui empêche les entreprises étrangères ou
lears filiales d'accrottre le rythme des transferts à l'étranger. Leur taux
de réinvestissement peut être réduit. Alternativement si elles sont monopolistes,
elles peuvent chercher à obtenir des profits plus élevés en augmentant les prix
de leurs produits. Si elles appartiennent à des cartels internationaux, les
prix des matières premières peuvent être relevés. De ce point de vue donc on
peut dire que la dévaluation ne conduit pas nécessairement à des avantages
nets dans le long terme. Enfin ces entreprises peuvent reviser à la hausse
les traitements libellés en monnaie nationale de leur main d'oeuvre expatriée.

-
104 -
En conclusion on peut dire que l 'impact dâ rr:c t. d'une dévaluation sur la
balance des paiements exprimée en devises e.rt probablement positif.
Cependant les réactions qui vont se déclencher dans le pays et à l'étranger
risquent de l'annuler à terme.
1.2. Le niveau général des prix
Alors que les prix en monnaie étrangère des biens importés et exportés
peuvent demeurer inchangés, les prix en monnaie nationale des importations
et des exportat~~~~~'leproducteur national, les bénéfices en monnaie
nationale tirés de l'exportation d'un panier donné de biens augmentent. De
même le prix qu'il doit payer
pour son panier de biens importés augmente.
De façon similaire, les prix en monnaie nationale du fr~t (payé en devises
la plupart du temps) augmentent aussi. Le coût, en monnaie nationale d'un voyage
à l'étranger, des services bancaires, d'assurances, et les paiements d'autres
services tous exprimés en monnaie étrangère, s'accroissent aussi. Dans la
mesure où les articles importés entrent comme inputs, dans les processus
industriels, les prix en FCFA (3) des produits manufacturés ainsi fabriqués
par ces derniers augmentent. En raison des prix en FCFA plus élevés des
articles importés, le volume de crédit requis pour transporter un produit donné
et maintenir les activités commerciales existantes, devient plus élévé. Donc
les paiements d'intér~t sont aussi plus élevés. Cela sera vrai pour les
valeurs f,o.b. des articles exportés. Les prix en FCFA des biens importés ont
une raison supplémentaire d'augmenter: l'accroissement de la valeur d'un
volume donné d'importation requiert un fonds de roulement accru. Donc, en
vue de réapprovisionner ses stocks, l'entreprise doit répercuter ces charges
supplémentaires sur les prix des biens qu'elle vend.
Dans la mesure où les industries d'un pays en voie de développement ainsi que
ses projets et ses installations techniques de toutes sortes dépendent des
machines de remplacement importées, les coftts en capital de ses industries
ainsi que de ses projets augmentent. Les effets peuvent appara1tre seulement
dans le long terme, puisque les remplacements annuels peuvent ~tre une faible
fraction de l'équipement. Cependant, il n'y a pas de doute que les réserves
de dépréciation de ces entreprises deviennent inadéquates dès que la
dévaluation est effective. Pour faire face à cette situation, les montants
d'amortissements et de provisions pour dépréciation peuvent ~tre relevés.
3) Le FCFA désigne la monnaie nationale

-
105 -
En conséquence les prix des biens fabriqués à l'aide de ces équipements
tendront à augmenter. Une seconde raison est que les prix de la plupart des
biens industriels sont déterminés par les unités les plus récemment installées
dans les industries. Comme le co~t du capital de ces nouvelles unités augmente,
le prix des produits tend à être plus élevé à cause des charges de provisions
et d'amortissement. Donc, que les industries (ou projets) soient vieilles ou
nouvelles importe peu tant qu'on s'intéresse à l'effet-prix de la dévaluation.
Dans le long terme le co~t du capital conduit à une hausse des prix. La révision
des prix s'effectue rapidement dans les industries où la plupart des équipements
doivent être importés, et où la dépréciation et l'absolescence technologique
sont rapides.
Que la dévaluation entraine une hausse du niveau général des prix est évident.
Mais il n'est pas fréquent qu'on essaye de décrire d'une façon systématique les
voies par lesquelles la dévaluation y parvient. C'est ce qu'on a essayé de
faire en montrant que même les biens ayant les liens les plus indirects avec
les importations vont voir aussi leurs prix augmenter.
11
1
i
1
1
l
1

- 106 -
SECTION 2 - EFFETS DE PRIX RELATIFS
On avait vu au point (1.1.) de la section précédente comment la dévaluation
agit directement sur les principaux postes de la balance des paiements. Il
l'
est certain que ce ne sont pas;$).es seuls effets que la dévaluation exerce
sur les opérations économiques et monétaires avec l'étranger. La modification
des prix relatifs qui résultent de l'altération du taux de change, par le
biais de la consommation et de la production, influe aussi sur les volumes
d'importation et d'exportation et donc sur la situation des balances
commerciale
et de paiements. Après avoir décrit comment le mécanisme doit
fonctionner pour provoquer les effets positifs sur la balance commerciale et
la production/on étudiera les obstacles qui dans les pays en voie de développement
constituent des blocages pour ce mécanisme.
2.1. Sur la balance commerciale
Selon le degré de dépendance directe ou indirecte des importations, les prix
des différentes productions nationales tendent à augmenter avec la dévaluation.
Les biens dans la production desquels le cop-fficient d'inputs importés est plus
élevé que la moyenne générale voient leurs prix augmenter dans une proportion
plus forte que ceux dont la dépendance est moindre que la moyenne générale.
Si les produits dont le ratio de dépendance est au-dessus de la moyenne sont
des biens de luxe, ou entrent comme inputs dans la production des biens de luxe,
la demande de ces biens tendra à se réduire, car ils peuvent avoir des substituts
dont le coefficient de dépendance est moins élevé. La demande de ces substituts
peut donc s'accro!tre. En conséquence la fraction de la demande globale
absorbant des devises peut se réduire.
L'économie utilise différents types de biens et dans des proportions diverses
dans le processus de production. Puisqu'une partie des produits importés est
utilisée comme inputs, les prix relatifs des biens dont le coefficient de
dépendance directe et indirecte est au-dessus de la moyenne tendent à augmenter
et les prix relatifs de ceux dont le coefficient est en deçà de la moyenne
diminuent. Ce~ derniers biens deviennent meilleur marché que ceux à coefficient
de dépendance élevé. Donc le système de production, dans son ensemble,
enregistrera un biais en défaveur des importations. D'où un effet positif
sur la balance commerciale exprimée en monnaie étrangère.

1
- 107 -
~
1
l En conclusion on peut dire que la hausse des prix en FCFA des biens importés
et des produits, dans lesquels ils entrent Gomme inputs doit conduire à des
altérations dans les types de besoins et dffilS la structure de production
1
tellesque la demande globale de devises est réduite, ou est maintenue à un
niveau plus bas qu'il ne le serait autrement.
2.2. Effets de prix relatifs sur l'allocation des ressources et le
niveau de la production.
Les effets des prix relatifs sur l'allocation des ressources et le niveau
i
1
de la production seront étudiés en suivant pas à pas les conséquences dans
l'économie nationale de la hausse .des prix en FCFA des importations et celle
":1
des prix des exportations qui résultent d'une dévaluation.
1
1
'1
Dans le paragraphe précédent on a supposé implicitement que la demande globale
1
nominale est donnée. Cependant même s'il en est ainsi, il ne s'en suit pas
1
que les prix des biens pour lesquels les importations constituent une part
1
importante de leurs inputs, vont augmenter comme on vient de le supposer.
Il y aura une certaine réduction de la production des biens à haut coefficient
1
de dépendance des importations ainsi que de la demande d'articles dont la
production peut être ajournée ou supprLmee. Les activités qui utilisent dans
une forte proportion des inputs importés vont faire face à une baisse de la
demande qui s'adresse à elles. Dépendant de la forme de la nouvelle courbe
d'offre des produits dans ces activités, les prix peuvent augmenter dans
une moindre mesure. Donc que la hausse soit complète ou partielle dépend
des conditions de co~ts si ces derniers sont croissants par exemple, ce qui
est plus fréquent, la hausse des prix des produi, ts sera moindre que l'augmentation
totale induite par les prix en FCFA des importations.
En raison de la hausse de la demande des produits à faible coefficient de
dépendance des importations et des modifications dans la structure des industries
contenant une proportion plus élevée de celles-ci,la production de certaines
activi tés augmentera. Il en est ainsi du fai. t du déplacement vers le haut de
la courbe de demande de certains produits. Si les coûts auxquels ces activités
1
font face sont des coûts constants, les prix de leurs produits tendront à
1
augmenter et inversement en situation de coûts décroissants.

- 108 -
Donc on a deux effets qu'il convient de bien distinguer. Le premier est dû
à la hausse du prix en FCFA des importations. Le deuxième est dû aux
déplacements des demandes qui s'adressent aux différentes productions. Le
premier effet tend à accroître les prix relatifs de certains produits
, plus que ceux d'autres. Le deuxième effet provoque des variations du niveau
d'activité des différentes industries (industries prises au sens large),
modérant ou amplifiant ainsi le premier effet.
En ce qui concerne les biens exportés ou exportables, on sait que leurs prix
en FCFA augmentent. En supposant qu'aucun des inputs importés directement ou
indirectement
n'entre dans les dépenses dé production des biens exportés, il
n'y a aucune raison de s'attendre à un déplacement vers la droite de la courbe
des dépenses de production dû à la hausse des coûts d'importation en FCFA.
Mais si les ressources sont rares, et les conditions de plein emploi obtenues
(tout au moins celui de la main d'oeuvre qualifiée) une certaine hausse du coût
de la vie peut se produire en raison de la hausse du prix des importations.
Cela peut conduire à la hausse du niveau dES salaires nominaux des travailleurs
employés dans la production des biens exportés. En conséquence les dépenses de
production augmentent dans une certaine meEure. Le déplacement des offres vers
le secteur d'exportations se produira en raison de la hausse des prix des biens
exportés. Etant donné la dema~de globale, et dans la mesure où les revenus des
consommatffilrs et les salaires n'augmentent pas assez pour compenser la hausse
des prix en FCFA des exportations une certaine réduction de la consommation
nationale des biens exportés 011 exportable~ se produira en conséquence.
Donc comme d'autres industries, dont la dépendance aux biens ou ressources
capables d'~tre utilisés internationalement est moindre, les industries
d'exportation voient leur courbe de demandE' nationale se déplacer vers la gauche.
Puisque le bien exporté ou exportable utilise toujours certains biens importés
comme matière première, si la dépendance qùi én résulte est significative,
les dépenses de production augmentent et la marge de profit est, à la suite
d'une dévaluation, considérablement moindre que dans le cas où le coefficient
de dépendance était moins élevé. Cela natur'ellement tend à exercer un effet de
subt~tution en faveur des biens qui ont un faible coefficient de dépendance.
Dans le long terme le secteur des biens exportés ou exportables aura un taux
de croissance plus élevé que celui produisant des biens pour la consommation

-
109 -
nat.i ona'lo (:1, d(~ er] I'ai t at.td.r-er-a davantRf:ù de re:;rjOUrC(-;3. Quan t, aux
importations, elles seront r-êdui.t.es et Les :itructure:3 de produetion devront
d'elles-mêmes s'ajuste~ à un coefficient de dépendance des importations plus
faible.
1
En définitive, on peut dire qu'étant donné que les prix en monnaies étrangères
des exportations et des importations restent inchangés la dévaluation tend
1
à accroître les gains en devises (les exportations augmentent) et à réduire
l le coût en monnaie étrangère des importations. Le succés du mécanisme ci-dessus
dépend de façon cruciale de l'apt.itude du système à réduire le niveau de
1
la consommation nationale des biens exportés ou exportables et des biens à
coefficient d'importation élevé. Si la consommation nationale n'est pas réduite
des efforts doivent ~tre faits pou~ produir~ les biens aux~lels on n'a pas
renoncé en utilisant des méthodes qui accroissent l'emplOi des ressources
locales. Des substituts aux biens importés ou exportés dépendant moins des
importations seront produits mais à des coûts croissants. Cependant tant qu'on
est à l'intériffilI' des limites des prix en FCFA des importations ou des produits
dépendant des importations, les profits sur les substituts locaux augmentent
et le déficit en devises est réduit.
Pour que le mécanisme des effets de prix relatifs ainsi décrit fonctionne
effectivement il faut que beaucoup de conditions soient réunies par l'économie
nationale (1) :
1. Il est d'abord nécessaire que les importations ne soient pas toutes
essentielles pour la production, et qu'on puisse les réduire sans que celle
-ci baisse. Autrement dit il faut une dem.ande d'importation élastique.
2. L'économie doit avoir des structures de production diverses pouvant
fonctionner à des degrés variables de dépendance des importations, et. peut
ainsi passer d'un coefficient de dépendance élevé à un coefficient plus faible.
3. Les prix relatifs des différents biens doivent varier librement.
1)
P.R. Brahmanand, op.
déjà citée

-
110 -
4. Les b~ens exportés ou exportables doivent avoir un coefficient de dépendance
faible; ou, alternativement, il doit y avoir des structures variées de
production d'exportation dans lesquelles des degrés différents de
dépendance peuvent ~tre envisagés.
5. Les biens exportés ou exportables ne sont pas nécessaires à la produçtion.
6. Même si certains des biens exportés sont de première nécessité il devr~it
~tre possible de se tourner vers d'autres produits exportés 011 exportables.
1. Il devrait y avoir une liberté de mouvement de ressources en faveur des
secteurs d'exportation et au détriment des secteurs dominés par les
importations.
8. La consommation nationale ne doit pas augmenter au détriment des exportations.
9. Le système monétaire et fiscal doit ~tre neutre. Cela signifie que la
demande monétaire globale doit ~tre maintenue stable, ou ne changer qu'au
taux d'accroissement de la production des principaux biens, c'est-à-dire
que l'économie doit tolérer un certain taux de sous-emploi et que le
système monétaire et de crédit ne doit pas se développer.
Toutes ces conditions sont nécessaires pour que la dévaluation ait un impact
positif sur la balance commerciale etaccornplisse le processus de réallocation
des ressources devant favoriser les activités d'exportation et de substitution
aux importations, et parmi celles-ci les activités qui dépendent le moins des
inputs importés. Compte tenu. des nombreux obstacles présents dans les économies
des pays en voie de développement il est douteux que la dévaluation ait une
certaine effi cacâ té.
Les facteurs qui s'opposent à la réussite d'une politique de dévaluation
sont nru.ltiples. D'abord les poli ti ques fiscales, monètaires et de crédit
peuvent ne pas ~t.re neutres et annuler les gains initiaux de la dévaluation.
Sous la pression des entrepreneurs et des syndicats en effet ces politiques peuvent
devenir expansionnistes: l'accroissement du volume de crédit nécessaire
désormais pOUT financer les opérations habituelles et les projets en COlœs de
réalisation, la contraction de la masse monétaire réelle consécutive à la
hausse des prix, poussent les producteurs à exiger une politique du crédit
plus libérale tandis que les organisations des travailleurs, si elles sont
assez fortes, demanderont à la fois un relèvement des salaires et une politique

-
111 -
de !'elance pour lutter contre la contraction de l' actd.vâ té êconomi.que qui
se manifeste. De même compte tenu des caractéristiques fondamentales déjà
étudiées des pays en voie de développement il peut y avoir absence de
mouvements libres des prix. Les transferts de main-d'oeuvre (du secteur dit
traditionnel au secteur dit moderne par exemple) peuvent ~tre di~ficiles.
En outre la dévaluation peut se rAvéler incapable d'atténuer les pressionR
sur la consonunation de sorte qu'il n'y ait pas une libération substantielle
de biens pour l'exportation ou de reSS01ITCeS en faveur des secteurs
d'exportation et une rllduction des importations de biens de consonunation.
L'élasticité de la demande d'importation peut ~t.re faible puisque les
importations sont généralement concentrlles SQr les matières premières, les
produits semi-finis et les biens capitaux. Si la substitution aux importations
a déjà atteint un niveau avancé, toutes les substitutions faciles ont déjà été
1
faites dans la poursuite de l'industrialisation, ce qui rend la dépendance
aux importations plus forte encore. Celles-ci, deviennent beaucoup plus
sensibles aux variations de la production qu'à celles des prix relatifs.
1
1 Tous ces facteurs de blocage amènent à conclU!'e que dans les pays en voie de
développement la modification des prix relatifs entra1née par la dévaluation
1 ne provoquera par le processus de réajustement devant conduire à une amélioration
1
1
de la balance conunerciale. Mais une dévaluation n' entra1ne pas seulement une
altération des prix relat.ifs, elle développp. aussi des effets de revenu,
d'encaisses réelles et de patrimoine qui agissent sur l'économie de manière
simultanée et complémentaire.

-
ll~ -
SECTION 3 - EFFETS DE REVENU, ~'ENCAISSES REELLESET DE PATRIMOINE
La dévaluatj on a des effets secondaires q1.1Ï ne se limitent pas seulement aux
secteurs d'exportation ou de substitution ~1X importations, mais s'étendent
à l'ensemble de l'économie. On sait qu 'un d'~ficit de la balance commerciale
peut ~tre interprêté
comme un excédent de :La demande globale sur le revenu
(voir l'approche selon l'absorption de Alexander). Il s'en suit que réduire
un déficit équivaut à une diminution de l'écart entre la production et la
dépense globale.
Une économie peut y parvenir en augmentant la production et/ou en comprimant
la demande globale. Sans une diminution de ~et écart, il ne pet:.t y avoir
d'amélioration de la balance commerciale.
Un excès de capacité et un sOlls-emploi perm~ttront à la production de croître.
Cependant dans les pays en voie de développ3ment l'exist.ence, tout au moins
dans le court terme, d'une main d'oeuvre qU8.1ifiée et d'un excédent de capacité
pr~ts à ~tre utilisés pour tirer profit de la nouvelle opportunité qu'offre
la hausse du prix des biens exportables et importables est très hypothétique.
Tl pe'lt y avoir en effet nécessité d'accroître les capacités de production,
de former une main d'oelivre qualifiée ou de l'importer avant dA pouvoir produire
davantage. De plus la présence de nombreuses distorsions peuvent empêcher un
mouvement rapide des ressources qui débouche sur un accroissement de la
production (non seulement des biens échange~bles mais aussi des biens non
échangés incorporant une faible proportion d'inputs importés).
L'allocation des ressources, même si elle S8 produit, sera probablement entre
les secteurs de biens exportables et ceux des biens importables parce que ~ar
hypothèse les importations auront été déjà strictement limitées au moyen de
tarifs douaniers élevés (si ce n'est pas des taux de conversion désavantageux
si le pays considéré applique un régime de changes multiples) et des restrictions
quantitatives, et ces mesures pa.r leurs effets sur les prix stimulent fortement
la production nationale, en particulier celle des substituts aux importations.
Une dévaluation survenant dans un tel contexte comporte presque toujours un
allègement de ces mesures. En conséquence elle risque de ne pa.s apporter de
nouvelles incitations au secteur des biens de remplacement des importations.

-
113 -
PBT
cont.re 1"::3 expor-t.at.ions ont été certainement pénalisées par la situation
qui a conduit À. la dévaluation et celle-ci aura alors pour effet de réduire
la prime attachée à la produotd.on de s bi.ene de remplacement des importations et
d'accroître cette liée à la production pOUl' l'expcrtation. Mais cela n'est pas
valable pour les exportations qui bénéficiaient de subventions dans la
situation précèdente puisque la sup:r::ressioL de ces subventions réduit leur
attrait par rapport aux substituts des importations. En définitive, on peut
estimer que la modification des rentabilités, suite à une dévaluation, influera
plus sur l'allocation des ressources entre le secteur des biens importables et
le
secteur des biens exportables qu'entre ces deux et celui des biens locaux.
Enfin l'investjssement nouveau dans la capacité de production pour l'exportation
requiert que les investisseurs s'attendent à ce que l 'amélioration de leur
position compétitive dure et que la dévaluation ainsi que les politiques qui
lui sont généralement associées créent une nouvelle situation qui ne soit pas
si~plement un retour à celle qui a prévalu avant la dévaluation.
Toutes ces raisons font que l'augmentation de la production est très
hypothètique. C'est pourquoi dans les pays en voie de développement les
poli tiques de dévaluation le plus souvent, ne peuvent agir efficacement sur la
balance commerciale que par l'intermédiaire de la demande globale, ce qui se
traduira par une déflation dans l'économie grâce aux effets de revenu,
d'encaisses réelles et de patrimoine. Tout va donc dépendre de l'aptitude de ces
effets à agir sur la dépense globale. Cette section sera consacrée à l'analyse
des mécanismespar lesquels ils y parviennent.
3.1. Les effets de revenu
La redistribution de revenu qui s'opère à la suite de la dévaluation affecte
deux groupes d'agents économiqueR ; d'un côté les capitalistes du secteur des
biens échangés et le gouvernement, d'un autre côté tous les titulaires de
revenus fixes. La dévaluation profite aux premiers au détriment des seconds,
tout au moins dans le court terme. Le niveau de revenu étant donné et les
dépenses du gouvernement non proportionnelles à ses recettes, la demande globale
sera moindre puisque les bénéficiaires de ce transfert de revenu dépensent moins
que ceux qui en sont les perdants. C'est pourquoi dans les paJrs en voie de
développement la dévaluation a un effet déflationniste pour la production
et l'emploi. (2)
(2) C.P. Kindleberger et P.H. Lindert, Economie Internationale, Economica,
Paris 1981, pp. 378 - 381

-
114 -
Pour analyser cet effet de la dévaluat~on, il convip-nt de partir des implications
directes de celle-ci. Toute ctévaluation équivaut à une aide à l'exportation et
lm tarif général à l'importation et donc bénéficie à certains secteurs de
l'économie et frappe d'autres. Ainsi le gouvernement et les exportateurs
profitent directement de la hausse des prix intérieurs des produits importés
et exportés, tandis que les importateurs en souffrent s'ils n'arrivent pRS à
faire supportp-r aux consommateurs la hausse du prix des produits importés. Les
exportateurs vont avoir leurs bénéfices réels augmenter d'un pourcentage
supérielIT au taux de la dévaluation dans la mesure où, si leurs recettes
augmentent proportionnellement an taux de la dêval.uatdon seul s
leurs coûts
se rapportant aux bi.ens importés croîtront. Si dans les autres secteurs de
l'économie les salaires, rentes et profits n'augmentent pas d'un taux égal à.
celui de la dévaluation, alors ces gains réels des exportateurs se maintiendront
ainsi que l'accroissement des recettes fiscales grâce à la hausse des valeurs
des importations. Ils deviendront même permanents si l'augmentation des
revenus des autres catégories sociales ne rattrape pas complètement cellA du
niveau général des prix. Il peut en être ainRi parce que les revenus monétaires
des salariés et des rentiers sont soumis à l'illusion monétai re ou parce que
ces rlerniers n'arrivent pas à s'opposer efficacement à la réduction de leur
pouvoir d'achat.
Dans un pays en voie de développement cette redistrlbution de revenu réel qui
entraine une augmentation de la part des bénéfices dans le revenu national, peut
avoir un impact déflationniste sur l'économie en réduisant la demande elobale
avant même que les effetR de prix initiaux ne se soient pleinement réalisés.
"Ces effets déflationnistes seront inév:Ltables si cette redistrihution du
pouvoir d'achat en faveur des exportateurs réduit la demande intérieure pour
les produits locaux, et ceci sans que cette bai.sse ne soit compensée par une
augmentation de la production de substituts à l'importation et de produits
d'exportation,,(3). Le fait que les exportateurs sont souvent des non nationaux,
que les dépenses de consommation et d t i.nveatd s semerrt de ces derniers et des
capi talistes en général portent sur des bi.ens importés et enfin qu'ils épargnent
beaucoup plus que les perdants de ce transfert, rend plus probable encore une
telle éventualité.
(3)
Rodrigue Tremblay,
"Les effets économiques des dévaluations dans les
pays en voie de développement", dans Afrique et Intégration Monétaire,
édité par R. Tremblay, les Editions HRW Montréal Toronto 1972.

-
J] ~ -
Il p.st fort probable en effet que l'influence exercée sur la demande des
produits locaux (qui généralement incorporent moins d'inputs Lmpor-t.âs ) par
l'écart entre d "une part les propensions marginales à consommer' des perdants
et d'autre part celles des gagnants, soit en définitive plus importante que
les effets favorables à la production de ce3 biens. Corrnne la production
nationale des produits d'importation et d' ecpor-t.atd.on est inélastique ou
réagit à la hausse des prix seulement après de très long délais, l'effet
déflationniste est inévitable.
Les conséquences de la redistribution de revenu entraînées par la dévaluation
sont difficiles à évaluer de façon précise mais leur prise en compte est
indispensable si l'on ne veut pas que la dévaluation accentue les inégalités
entre les différents groupes sociaux.
3.2. Les effets d'encaisses et de richesse
Simultanément aux effets de prix et de revenu et de façon complémentaire, des
effets d'encaisses réelles et de patrimoine se mettent en oeuvre dès que la
dévaluation se produit. Comme O~ le ver-i-a ils viennent renforcer l'impact
déflationniste que les précédents ont sur l'économie. C'est l'approche
monétaire de la dévaluation qui insiste sur les effets d'encaisses et de richesse
que déclenchent une altération du taux de change. Elle met l'accent sur la
demande de monnaie et sur le fait qu'un excés de demande de biens, de services
et d'actifs conduisant à une détérioration de la balance des paiements, reflète
un excès d'offre de monnaie. La déva.luation est comparée à une réduction de
l'offre de monnaie ~li affecte dans une même proportion tous les agents
détenteurs d'encaisses. Elle est aussi équivalente à une réduction de la
valeur réelle des autres actifs financiers libellés en monnaie nationale.
Il en est ainsi parce que les.prix locaux des biens et services échangés, et
dans une moindre mes1lre, ceux des biens non échangés vers lesquels la demande
s'est réorientée, vont augmenter. Par rapport aux transactions à effectuer et
au revenu réel, les encaisses deviennent insuffisantes. Il en résulte une
demande supplÂmentaire de monnaie qui tend à réduire celle
des biens et services
(on suppose que la vitesse de circulation monétaire demeure constante).
Les effets d'encaisses viennent JÙi-1C renforcer les effets de substitutions pour
comprimer les dépenses nationales en biens échangeahles en même temps qu'ils
rendent plus aléatoire l'accroissement des dépenses en produits locaux.

-
116 -
Mais on peut se demander s'il n'existe pas des mécanismes pouvant contrer les
effets d'encaisses. On peut supposer en eff3t que la dévaluation entraînera d'
une part un accroissement automatique de la masse monétaire du fait de la
revalorisation des recettes d'exportations en monnaie nationale et d'autre
part de l'augmentation des réserves de la B~nque Centrale.
Dans les pays en voie de développement, les recettes d'exportations représentent
une part importante du revenu national. Plus cette part est grande, plus la
masse monétaire aura tendance à auementer proportionnellement à la 1évaluation
et moins fort sera l'impact des effets d'encaisses réelles sur le niveau des
dépenses intérieures. Cependant dans les pays en voie de développement, les
produits exportés sont souvent soit aericoles soit miniers.
Dans le premier cas, c'est l'Etat qui s'interpose entre le marché mondial et
le producteur national au moyen des offices de commercialisation et il est
fort peu probable qu'il relève le prix d'achat au producteur proportionnellement
au t~lX de la dévaluation. A la place de l'Etat, il est fréquent aussi que ce
soient des sociétés agro-industrielles étrangères qui exportent ces biens
après les avoir produits ou achetés aux producteurs locaux. Il faut s'attendre
alors à ce qu'il n'y ait aucune augmentation sensible de la masse monétaire
après ème dévaluation, ces sociétés s'abstenant de relever leurs prix d'achat
ou le faisant à un très faible taux.
Dans le second cas, la production étant le fait de sociétés étrangères qui en
assurent elles mêmes la commerci.alisation, seules les royal tics perçues par
l'Etat'pourraient augmenter à un taux proche de celui de la dévaluation. Les
augmentations de salaires qu'elles pourraient consentir ultérieurement seront
de toute évidence i.nférieures à ce qu'éxigerait la hausse des prix.
Mais la masse monétaire pourrait aussi s'accroître sans une politique monétaire
expansionniste de la Banque Centrale si le pays qui dévalue a une monnaie
convertible. Les agents économiques peuvent en effet se tourner vers les
institutions bancaires étrangères pour. satisfaire leurs besoins excérl.entaires
de monnal,e en leur vendant des actifs ou en contractant des emprunts auprès
d'elles. S'il en est ainsi les effets d'encaisses seront atténués, ce qui
rendrait moins urgente une intervention de la Banque Centrale. Cependant il n'est

-
11'1 -
pas invraisemblable que même si on ass~e à une entrée de capitaux après la
dévaluation, ceux-ci ne soient pas suffisants pour permettre aux agents
économiques de restaurer leurs encaisses. Donc en toute probabilité les
effets de celles-ci seront bien présentes.
Dans les pays en voie de développement, les principaux effets de richesse que
la dévaluation entraîne, se manifestent principalement à travers deux phénomènes
la détérioration de la valeur en monnaie nationale de toute position nette
d'endettement extérieur, et le gonflement des rentes pures de facteurs ainsi
que la valorisation des actifs concentrés dans les secteurs d'exportation(4).
Une dévaluation conduit à une augmentation des co~ts du service de la dette
extérieure. Il faut par exemple plus de FCFA pour payer l'annuité d'un emprunt
en dollar. Cette hausse des co~ts nationaux peut menacer la survie des entreprises
dont les bénéfices n'ont pas augmenté avec la dévaluation. Si l'endettement
extérieur est le fait du gouvernement l'augmentation des co~ts doit être
compensée par une hausse des recettes consécutives à la dévaluation. Il lui
est relativement aisé d'y parvenir puisqu'il profite de la hausse des prix
intérieurs des biens échangeables. Quant aux banques commerciales et surtout
celles de développement, il est fréquent qu'elles soient des créanciers nets
par rapport à l'extérieur. En conséquence "une dévaluation risque de les
placer dans une situation difficile lorsque les revenus découlant de leurs
prêts intérieurs ne réussissent pas à couvr-i.r les charges de l'endettement
extérieur. Si elles n'ont aucune aide, les banques vont vouloir reconstituer
leurs liquidités et vont provoquer une réduction de crédit" (5) •
La situation de la Banque Centrale aussi se répercutera directement sur la
politique intérieure de crédit mais peut-être avec un effet expansionniste.
Selon Tremblay non seulement la dévaluation tend à accro!tre les réserves
extérieures de la Banque Centrale en améliorant la position de la balance
commerciale en devises étrangères, mais encore la valeur de ses réserves de
change en monnaie national s'accro!t avec la dévaluation, augmentant le rapport
des avoirs extérieurs sur les engag~ents à vue, suscitant ainsi une expansion
du crédit quand le "gain de capital" est aussi Mt crédité au compte du
gouvernement.
La dévaluation n'entra!ne pas seulement un accroissement du revenu réel des
(4)et5) Rodrigue Tremblay, déjà cité pages 243 - 245

-
118 -
(:xporl,;;.I,r;lJr::,
rf;:;ul bit que noue :,vons déjA :lJI:~.ly:;(':. flaIr) a éJ.u:;:3i pour f~r'l'r;L
rJ':Jr~croitr(: Ir::; rr;ntr)r:; pur-os dr; I'ac tr.ur a tels que le :j()1., lus plan LaL.ion:; (:1., ir·::
troupeaux employés dans la production des produi. ts d'exportation. L'inélastiei té
de leur offre dans le long terme accentu8 l'ampleur du processus. Ce phénomène
a pour conséquence un transfert de richesse en faveur des propriétaires dont
les actifs sont concentrés dans les secteurs d'exportations ou qui peuvent
profiter du climat inflationniste pour valoriser leurs actifs plus que ne
l'exige la hausse des prix. Ce transfert de richesse qui vient s'ajouter à
llaccroissement des profits réels des capitalistes du secteur d1exportation
ou de substitution aux importations permet de prévoir une augmentation des sommes
globales épargnées dans lléconomie. Comme pour les effets d1encaisses réelles,
les effets de patrimoine agiront dans le sens d1une compression de la demande
globale, surtout de sa fraction qui va aux produits locaux. C1est ce qui permet
de dire qu lils atténueront les pressions sur' les importations.
L1analyse des conséquences de la politique de dévaluation dans les pays en
développement amène à conclure que celle-ci est un moyen peu adéquat pour
obtenir llamélioration de la position de la balance des paiements d1un pays et
accro!tre ses réserves en devises. KLle peut en effet provoquer un ralentissement
de la production et surtout accentuer les inégalités entre groupes sociaux,
ce qui n1est guère de nature à favoriser llinstauration du climat nécessaire
à la réussite de llajustement souhaité. S'il y a une absence de consensus des
différents groupes sociaux la dévaluation e3t simplement une invitation à plus
d1inflation. Très tat les hypothètiques avantages
initiaux, comme
llamélioration de la balance commerciale, vont dispara!tre. Comme llinflation
était probablement la cause de la dévaluation, sa persistence manifeste est une
preuve que la communauté n1est pas disposée à accepter les changements structurels
qui devraient conduire à la réallocation des ressources et à lléquilibre des
paiements qu 1on cherchait au moyen de la modification du taux de change. Donc
une autre dévaluation devient inévitable et cela continue sous la forme d1un
cycle oans fin avec la séquence Lnf'Latd.on-déval.uatdon , Durant chaque période
d'inflation, la monnaie devient surévaluée et des pressions sont exercées contre
la dévaluation. Ce qui permet dl affirmer avec Tremblay que "paradoxalement la
dévaluation apparaît comme un moyen de dernière extrêmité pour un pays en voie
de développement, lorsque les tendances inflationnistes internes et leurs effets
invisibles à la balance des paiements ne peuvent; être tenues en échec pour
diverses raisons~

-
119 -
Pour éviter qu'une économie navigue en permanence entre le Charyhde de
l'inflation et le Scylla
de la récession, il faut, en plus des politiques
structurels à mener pour que le système productif permettre la satisfaction
des besoins de base de la collectivité, tou:' en développant un secteur
extérieur capable de fournir les ressources en devises nécessaires aux
importations, que la rigueur soit un principe intangible dans la gestion de
la monnaie et du crédit. C'est la seule voâ,e pour un pays en voie de
développement qui refuse d'entrer dans un cycle sans fin de dévaluations.

-
J20 -
CHAPITRE 7
LE FRANC CFA, UNE MüNNAlE SOUS-EVALUEE ?
Ce chapitre entrera plus au fond dans l'analyse des problèmes de change de la
Zone Franc. Pour cela une première section fera d'abord l'historique de celle-
ci avant d'en présenter les caractéristiques principales comme système de
change. Il ne s'agira donc pas d'une étude détaillée de l'ensemble des aspects
de la Zone mais plutat de celui qui a spécifiquement trait à notre
problématique.
La seconde section sera consacrée à une an~_yse critique des arguments avancés
pour ou contre une réévaluation du FCFA par l'apport au FF. Cette section
mettra aussi en relief les faiblesses de la démarche que les protagonistes
ont empruntée et esquissera, brièvement, ce que notre contibution dans ce
domaine (troisième partie).

-
I~!J
-
SECTION 1 - LA ZONE FRANC : HISTORIQUE ET CARACTERISTIQUES PRINCIPALES COMME
SYSTEME DE CHANGE
La Zone Franc est à nlen pas douter parmi les institutions intéressant au
premier chef les pays africains celle qui a fait llobjet de plus dlinvestigations.
Son historique, ses structures, son fonctionnement ainsi que les évolutions
récentes qulelle a subies ont été largement analysées depuis 1960. La Zone Franc
(Z.F.) pourrait-on dire comportedeux aspects: elle est un système de change et
elle est considérée comme un système de coopération économique.
Par le premier aspect, on entend llensemble des relations monètaires internationales
constitutives de la Zone Franc et par le second, les relations que la Zone
établit entre les pays membres y compris la France en matière de politique
monétaire, et de politique commerciale.
Dans les années soixante, on considérait que la Zone Franc était constituéede
trois parties (1):
- la France et ses départements ainsi que les Territoires dlOutremer et dans
ces derniers, divers Instituts dlEmission interviennent;
les pays liés à la France par une convention de compte dlopérations. Il
slagit des sept Etats de lIU.M.O.A. (Union Monétaire Ouest Africain)
C~te dllvoire, Dahomey, Haute-Volta, Mauritanie, Niger, Sénégal, Togo. Ils
ont une Banque Centrale commune: la B.C.E.A.O. ; les quatre Etats de
llAfrique Centrale (Congo Brazzaville, Gabon, République Centrafricaine, Tchad~'
le Cameroun, Madagascar et depuis 1967 le Mali, chacun de ces deux derniers
ayant une banque dl émission.
Enfin les pays ayant des relations économiques et monétaires particulières
avec la France mais sans avoir de "compte d'opérations". Ce sont les trois
pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) et jusqulen 1967, le Mali. Ce groupe
de pays était appelé la périphérie de la Zone Franc.
Cependant au fil
des années des pays ont, de fait ou officiellement quitté
la Zone Franc. Ainsi plusieurs raisons amènent à affirmer que le groupe dit
périphérique, sauf le Mali, siest détaché de la Zone au moins depuis 1967
- Lors du rétablissement de la liberté des changes en 1967, il est apparu que
les relations monétaires des trois pays du Maghreb avec les autres membres
(1) P. et S. GUILLAUMONT, "Zone Franc et développement: les caractéristiques
de la Zone Franc sont-elles dissociables ?11, dans Afrique et Intégration
Monétaire édité par R. Tremblay, les Editions HRW Montréal Toronto 1972

- 122 -
de la Zone Franc ont été l'objet de restrictions plus sévères que celles entre
ces derniers et l'extérieur. Dans le même temps les décrets d'application qui
comportaient des exceptions à la liberté des changes explicitement précisaient
que de leur domaine d'application étaient exclus les "Etats dont l'Institut
d':E1nission est lié au Trésor Français par un
compte d'opérations". Pour ces
Etats la liberté des changes avec le France devait rester totale.
- les rapports du Secrétariat du Comité Monétaire ne comptent plus l'étude des
Economies du Maghreb comme auparavant.
- Enfin on peut noter qu'aux réunions officielles de la Zone ne participent
maintenant que les représentants des Etats dont la Banque Centrale a un
compte d'opérations.
En 1972 et 1973 c'est au tourrespectivement de la Mauritanie et de Madagascar
de quitter définitivement la Zone Franc.
Cette section ne re~rendra pas le travail exhaustif sur les structures et les
mécanismes de la Zone Franc. Plus modestement elle tentera d'en donner les
caractéristiques principales comme système de change après avoir fait son
historique.
1.1. Bref historique de la Zone Franc
En 1939, date de l'éclatement de la deuxième guerre mondiale, la France décida
d'instaurer un système de contr81e généralisé des changes avec l'extérieur.
Quelques mois plus tard cette mesure fut étendue à l'ensemble des colonies
françaises. Les décrets des 28 août, 1er et 9 septembre 1939 stipulèrent
qu'il était interdit, sauf autorisation expresse, aux agents économiques
résidents d'effectuer des opérations commerciales et financières entre la France
et l'extérieur. Ainsi se crée un espace de privilège du FF, lequel devait ~tre
consolidé par la guerre. Cette décision est généralement considérée comme
l'acte de naissance de la Zone Franc. D'ailleurs c'est au cours de cette période
que la dénomination Zone Franc a fait son apparution dans les textes officiels.
Cependant à y regarder de plus près, on peut faire remonter loin dans le temps
les origines de la Zone Franc. En effet, deux facteurs justifient qu'on procède
e
ainsi. D'abord dès le 1g
siècle, précisément dès le 15 juin 1926, il Y eut

- 123 -
une ordonnance qui renouvelait l'interdiction déjà faite d'utiliser de la
"monnaie de compte" ou "argent colonial" au Sénégal. Par argent colonial
on "entendait la monnaie métallique émise par des pays étrangers et utilisée
dans les pays d'Afriques" (2) • Exemple: le Thaler de Marie-Thérèse d'Autriche
qui servit pendant longtemps de Monnaie en Afrique. Au regard de la loi
n'étaient désormais reconnues que les conventions en monnaie légale ou
argent de France. Ensuite en 1901 la Banque du Sénégal, créée en 1853, fut
transformée en institut d'émission sous le nom de Banque d'Afrique Occidentale
(B.A.O.). Cet institut fut le premier que la France a fondé dans les
territoires coloniaux. Quelques années plus tard le privilège d'émission de
la B.A.O. devait être étendu aux territoires français situés en Afrique
Equatoriale.
Ainsi on peut affirmer que la création de ce premier Institut d'Emission français
en Afrique est réellement le point de départ de la Zone Franc qui cependant
n'aura un caractère homogène qu'à partir de la deuxième guerre mondiale
lorsqu'il fut donné mission à la Caisse Centrale de la France Libre (devenue
par la suite Caisse Centrale de Coopération Economique) de contraler les
offices de change et d'émettre de la monnaie en Afrique Equatoriale tandis que
la B.A.O. continuait à être
l'Institut d'Emission pour l'Afrique de l'Ouest.
C'est en 1955 que la Caisse Centrale et la B.A.O. cessèrent d'émettre de la
monnaie.
C'est au cours de la seconde guerre mondiale que furent créés ce que l'on a
appelé les "francs coloniaux". Il y avait principalement les Francs des
Colonies Françaises d'Afrique, ancêtres des Francs CFA, et les Francs des
Colonies Françaises du Pacifique (C.F.P.).
Au départ une uni té du Franc des Colonies Françai ses d'Afrique (FCFA)
équivalait à une unité du Franc métropolitain et la parité entre les deux
monnaie était fixe. La deuxième guerre mondiale vit se développer en France
une inflation d'une ampleur beaucoup plus grande que celle que connurent les
Colonies Françaises d'Afrique. Aussi la dévaluation intervenue en France le
26 décembre 1945 ne leur fut pas appliquée. Automatiquement le FCFA se trouva
réévalué par rapport au FF puisqu'une uni té du premier valait 1,70 uni té du
second. La deuxième dévaluation du FF effectuée le 17 octobre 1948 exclua elle
(2) JolH Bourdin,
Monnaie et poli tique monétaire dans les pays africains
de la Zone Franc·, Les Nouvelles Editions Africaines, Collection CIFPB 1980

-
124 -
aussi les colonies françaises d'Afrique
ai'lsi
1 FCFA passa à 2 FF. Depuis
la parité entre les deux monnaies n'est pas modifiée. En 1955 la France
créa le nouveau Franc (NF) dont l'unité vaut 100 anciens francs. Puisqu'une
telle mesure ne fut pas étendue à la monnaie des Colonies d'Afrique, alors le
FCFA ne vaut désormais que 0,02 NF. Depuis la parité entre les deux monnaies
n'est pas modifiée.
A partir des années 50 vont être progressivement mis en place les structures
qui vont donner à la Zone Franc sa spécificité, ses caractéristiques propres.
Ainsi en 1951 fut créé le "Comité Monétaire de la Zone Franc" auquel fut
confiée la tâche de coordonner les politiques monétaires et de crédit. Ainsi
s'est trouvé institutionnaliser l'harmonisation du système des "comptes
d'opérations". Une loi du 24 mai de cette année sur les comptes spéciaux du
Trésor prévoyait l'ouverture dans les écritures du Trésor d'un "compte de
Compensation
des monnaies de la Zone Franc". Cependant la création des
comptes d'opérations, symboles de la Zone Franc, date bien avant, plus
précisément depuis le 1er juillet 1925 lorsque fut conclue une convention
entre le Ministère des Finances et la Banque de Madagascar et qui institua
l'établissement d'un compte courant entre celle-ci et le Trésor Français. De
même fut établi un compte courant de nature identique entre le Trésor et la
B.A.O. dont le privilège d'émettre de la monnaie prit fin en 1955. En effet
c'est à cette date que la Caisse Centrale de la France d'Outre Mer et la
B.A.O. furent remplacées successivement par l'Institut d'Emission de l'A.E.F.
et du Cameroun et par l'Institut d'Emission de l'AOF et du Togo.

-
125 -
-1.?
(~arRctéristigues principales df~ La Zon8 Franc comme système de
change
La clef de voute de la Zone Franc est ce qu'on a officiellement appelé la
"solidarité". Celle-ci agit d'abord entre les pays africains membres d'une
même zone d'émission et ensuite entre la France et ses partenaires africains.
On verra comment à chacun de ces deux niveaux cette solidarité se manifeste
et quelles sont ses implications.
1.2.1. La solidarité africaine
Lorsqu'on parle de solidarité entre pays africains membres d'une m~e zone
d'émission (UMOA ou BRAC) on a à l'esprit les liens très poussés qui sur le
plan monétaire les unissent. En effet, ils ont adopté une uni té monétaire
commune et les m~mes règles s'appliquent à chacun d'entre eux dans le domaine
de la gestion du crédit et de la monnaie.
1.2.1.1. Une même unité monétaire
Dans les deux zones africaines d'émission l'unité monétaire adoptée est le FCFA.
Ainsi le traité constitutif de l'UMOA conclu le 12 mai et modifié le 14
novembre 1973 stipule que "l'unité monétaire légale des Etats membres de
l'Union est le Franc de la Communauté Financière Africaine (F.C.F.A.).
La définition du Franc de la Communauté Financière Africaine est celle en vigueur
à la signature du présent traité", c'est à dire 0,02 FF. On trouve une disposition
identique dans la convention de coopération monétaire conclue entre le
cameroun, le Congo, la République Centrafricaine, le Gabon et le Tchad (Zone
d'émission de la B.E.A.C.).
Dans chaque zone l'unité a un pouvoir libératoire illimité, c'est ce que
précise l'article 18 du traité constituant l'U.M.O.A. "les signes monétaires
émis dans chacun des Etats de l'Union par la Banque Centrale ont pouvoir libératoire
sur le territoire des Etats de l'Union". On retrouve la m~me disposition dans
la convention entre les membres de la B.E.A.C.
La conséquence immédiate de cette adoption d'une unité monétaire commune est
la liberté des transferts de capitaux entre les Etats membres. L'article 13 de
de la convention de l'UMOA l'impose de façon explicite: "les Etats signataires

- 126 -
s'engagent, sous peine d'exclusion automatique de l'Union, à respecter les
dispositions du présent traité ••• notamment en ce qui concerne ••• ,
3° la libre circulation des signes monétaires et la liberté des transferts
entre Etats de l'Union ••• "(1).
1.2.1.2. Une gestion commune du crédit et de la monnaie
Les Etats africains ayant une unité monétaire commune il fallait nécessairement
qu'ils cherchent à harmoniser leurs politiques monétaires, du crédit et des
avoirs extérieurs. Cependant dans l'UMOA il semble que les Etats membres aient
voulu aller plus loin qu'une simple uniformisation des règles de conduite
dans ce domaine. Ainsi l'article 22 du traité de l'UMOA pose: "afin de
permettre la pleine application des principes d'union monétaire ••• les
gouvernemènts des Etats membres conviennent d'adopter une réglementation
uniforme dont l~s dispositions seront arr~tées par le Conseil des Ministres de
l'Union concernant notamment
- l'exécution et le contrôle de leurs relations financières avec les pays
n'appartenant pas à l'Union,
- l'organisation générale de la distribution et du contrôle du crédit,
- les règles générales d'exercice de la profession bancaire et des activités
s 'y attachant,
- les effets de commerce,
la répression de la falsification des signes monétaires et de l'usage des
signes falsifiés
"
La conséquence qui découle de cette volonté d'intégration monétaire totale des
pays de l'U.M.O.A. est l'établissement d'obligations monétaires très strictes.
Les conditions de crédit, quelles que soient les situations économiques
respectives sont les m~es dans tous ces pays. De même quelles que soient les
différences de structure, qui s'accentuent dans le temps, la conjoncture de
chaque Etat, les m~es instruments de contrôle monétaire sont partout appliquées.
On peut se demander si cette forme extr~me d'intégration monétaire est réellement
au service du développement économique. Si l'on considère les pays de l'U.M.O.A.
on s'aperçoit que le commerce entre eux n'a guère été stimulé par cette
intégration. Les relations verticales qu'ils entretenaient avec les pays
développés continuent de prédominer. D'un point de vue strictement économique
(1) Article cité par J. Bourdin, pages 8 et 9

- 127 -
il est difficile de trouver un quelconque avantage à appliquer, à. tout moment,
à des Etats aux structures et conjonctures économiques de plus en plus
différentes, les mêmes politiques monétaires et de crédit. Une Zone Franc
évoluant vers une meilleure prise en compte des besoins spécifiques de chaque
pays doit accorder de plus en plus de souveraineté monétaire à chacun de ses Etats
membres. Dans les zones d'émission c'est une gestion commune, en pool, qui a
été prévue : "A l'effet d'assurer la convertibilité ext.êrd.etz-s de leur monnaie,
les Etats membres s'engagent à mettre en commun leurs avoirs extérieurs dans
un Fonds Commun de Réserve de Change" (article 10 de la Convention de Coopération
Monétaire des Etats d'Afrique Centrale).
En conclusion on peut dire que tout a été conçu comme si les pays africains
présentaient les mêmes caractéristiques, les mêmes situations économiques.
Ainsi la gestion de la monnaie et du crédit ne cherche pas à incorporer les
différences de structures économiques qui sont bien réelles.
1.2.2. La "solidarité" entre la France et les pays africains
Quant on parle de solidarité entre la France et les pays africains, on fait
référence à un principe fondamental de la Zone Franc, celui de la garantie
de la convertibilité du FCFA (ou du franc malien) par le Trésor français.
Cette garantie fonctionne au moyen d'un instrument appelé le "compte d'opérations".
Successivement la nature et les implications de cette convertibilité, le
mécanisme du compte d'opérations et l'évolution des réserves extérieures de la
Zone Franc seront analysés.
1.2.2.1. Le régime de convertibilité
La convention de coopération monétaire signée entre la France et les Etats
membres de la B.E.A.C. le 23 novembre 1972 a repris sur la question de la
garantie de la convertibilité, la même disposition que celle figurant dans
les accords de 1962. En effet l'article 2 stipule que cette coopération est
fondée sur la garantie illimitée donnée par la France à la monnaie émise par
la banque (c'est à dire le B.E.A.C.). On ne peut pas dire qu'il en est ainsi
pour la convention entre la France et l'U.M.O.A.
Entre le traité de 1962 et celui de 1973 il Y a une évolution qui n'est pas
sans importance: le traité de 1962 affirmait
"La République Française
assure la libre convertibilité". "Au contraire, celui de décembre 1973 se
borne, pour l'essentiel, à signaler que la France s'engage à apporter à l'UMOA

- 128 -
son concours pour lui. permettrA d'aRsurer lb libre convertibilité de sa
monnaie, c'est à dire, la possibilité pour le FCFA, d'~tre échangé en
d'autres devises sans difficulté" (2) • De la confrontation de ces deux
textes il ressort assez nettement :
- "qu'en 1962, la :responsabilité de la garantie du FCFA incombait à la
République Française,
- Depuis 1974, au contraire, elle incombe alLX Etats membres de l'U.M.O.A.
En clair, la garantie du FCFA dépend aujourd'hui, à titre principal, de la
situation des économies des Etats de l'Union,,(2).
S'il Y a une garantie de convertibilité à tal1X fixe des francs CFA, cela
ne signifie pas que leur parité est immuable. La modification de celle-ci
peut intervenir dans trois situati.ons :
- une dévaluation (ou réévaluation) du FF entrainant celle des autres monnaies
de la Zone, la parité entre le FF et le FCFA restant inchangée (3).
- Dévaluation (ou réévaluatio~ du franc fra~çais avec simultanément dévaluation
ou réévaluation de certaines ou de toutes les autres monnaies de la Zone
vis à vis du franc français.
Dévaluation (ou réévaluation) de certaines ou de toutes les monnaies de la
Zone autres que le franc, et par là même, vis à vis des monnaies extérieures
à la Zone.
On doit se demander si compte tenu de l'importance que revêt pour les pays
africains le comportement du FF vis à vis des autres devises les autorités
monétaires françaises sont tenues juridiquement de consulter les pays africains
lorsqu'elles ont l'intention de modifier 18. valeur externe du FF. Il ne semble
pas qu'elles .soient tenues de le faire, tout au plus y sont elles invitées.
En effet les Etats d'Afrique Centrale ont simplement demandé que "dans la
mesure du possible, toute modification de la parité entre le FF et les
monnaies étrangères fera l'objet, à l'initiative du gouvernement français,
d'une consultation entre la France et les Etats membres". Lors des dévaluations
du FF de 1969 et de 1981 les pays africains ont été placés devant le fait
accompli.
(2) François KOUADIO, "Doit-on redéfinir une nouvelle parité du Franc CFA",
Le Monde du 27 septembre 1977, p. 24
(3) Patrick et Sylvie Guillaumont, déjà cités page 298

- 129 -
Une autre ~lestion qu'il faut se poser est celle
des conditions
juridiques dans lesquelles une modification du FCFA ou du Franc malien peut
s'opérer.
Pour le Franc malien, la décision implique seulement l'accord du Mali et de
la France.
Mais pour le franc émis par la B.C.E.A.O., comme celui émis par la B.E.A.C.,
la décision suppose en plus de l'accord de ]a France celui de chacun des
pays de l'union. Quelles possibilités s'offrent à un pays isolé appartenant
à l'une des zones d'émission qui voudrait dévaluer (ou réévaluer)? Ce pays
peut se maintenir dans la zone d'émission de la Banque Centrale et cela
moyennant une modification des règles en vigueur et un fonctionnement autre
des mécanismes de la zone qui ferait place &. une pluralité d'émissions; soit
sortir de l'Union et conclure des accords particuliers avec la France, ce qui
entraîne la création d'une nouvelle Banque Centrale liée au Trésor français par
une convention de compte d'opérations; soit enfin sortir complétement de la
Zone Franc comme l'ont fait la Mauritanie et Madagascar.
Les contreparties directes de la garantie de convertibilité qu'accorde la
France sont la libre transférabilité entre elle et les pays africains de la
Zone et la gestion des devises de ces derniers par le Trésor français.
Cette liberté de transfert est expressément inscrite dans les conventions entre
la France et les Zones d'éffiission. Ainsi celle conclue entre la France et les
Etats de la
B.E.A.C. précise dans l'article 10 que "les transferts de fonds
entre les Etats membres et la France sont libres".
Cette liberté totale des mouvements de capitaux est certainement l'un des
principaux inconvénients subis par les pays africains du fait de leur participation
à la Zone Franc. On affirme souvent que le libre transfert des capitaux favorise
l'équilibre de la balance des paiements en supprimant la spéculation à la
baisse des monnaies et les mouvements défavorables à court terme qui en résultent,
et en attirant les capitaux extérieurs de long terme "qui ne courent pas le
risque d'être pris dans une souricière,,(4). Cependant en voulant attirer
l'épargne extérieure on permet la fuite de l'épargne locale qui doit toujours
demeurer la source principale du financement du développement. Certes toutes les
sorties de capitaux ne sauraient être assimilées à une fuite de l'épargne locale.
(4) Patrick et Sylvie Guillaumont, déjà cités, pa8e 296

-
130 -
En ef'I'et les pai ement.s de r-evenus ùes Lnveat.l asement.s êt.r-anger-s , les t.r-ansf'er-t.s
de revenus par des particuliers, les rembolu'sements des prêts sont en partie
inévitables. Par exemple pour le transfert d~ revenus par des particuliers
s'ils sont le fait de résidents étrangers venllS temporairement travailler dans
les pays africains dans le cadre de l'assistance technique, il est difficile
de s'opposer à ce qu'ils placent leur épargne dans leurs pays d'origine.
Puisqu'on a fait appel à eux c'est une obligation pour le pays d'accueil de
leur autoriser le rapatriement d'une partie de leurs revenus. Pour les sorties
de capitaux aussi, un certain volume subsisterait inévitablement, notamment
celui correspondant à des remboursements d'emprunts. Quant aux paiements de
revenus d'investissement un
distingo est encore à opérer entre plusieurs
éléments, les uns correspondent à des obligations contractuelles (intérêts des
emprunts publics ou privés), les autres sont les bénéfices réalisés sur les
investissements étrangers. Bien sar il n'est pas question d'empêcher tout
transfert de tels bénéfices, le problème étant de définir clairement et de
faire respecter les conditions dans lesquelles il peut s'effectuer. Pour les
pays africains de la Zone des instruments autres qu'un contrele des changes
pourrait y faire face. Par exemple, les conventions passées avec les investisseurs
étrangers peuvent prévoir la fraction des bénéfices à transférer.
L'inconvénient lié au
transfert des capitaux dont on parle ici réside
dans le fait qu'il est possible au système bancaire de mobiliser l'épargne
locale et de ne pas l'utiliser dans le pays considéré. En effet presque toutes
les banques commerciales sont des filiales de banques étrangères, françaises
en particulier. Les taux créditeurs et débiteurs appliqués dans les pays
africains de la Zone étant de très loin inférieurs à ceux pratiqués soit en
France, soit sur le marché international, on comprend l'intérêt que ces filiales
ont de mettre au point divers procédés leur permettant de prêter à leur maison-
mère ou de faire des placements à l'étranger. De même les entreprises étrangères
trouvent avantage d'une part à emprunter localement pour faire face à leur
problème de trésorerie, soit à
leurs investissements, d'autre
part à placer systématiquement leurs fonds à l'extérieur au profit de leur
groupe.
Une réglementation financière restreignant ~ertains mouvements de capitaux
serait de nature à limiter cet inconvénient dont on vient de parler.

-
131 -
La deuxième conséquence directe de la garantie de convertibilité de la France
est la gestion des devises des pays africaiLs par le Trésor français. Cette
gestion est assurée au moyen des comptes d'opérations.
1.2.2.2. Le mécanisme des comptes d'op'érations
La B.C.E.A.O., la B.E.A.C. et la Banque Centrale du Mali ont conclu avec la
France des conventions (5) dA "comptes d'opérations". Le principe de
fonctionnement de ceux-ci est identique. On enregistre en crédit les
disponibilités que chaque Banque Centrale Africaine se constitue en dehors
de sa Zone d'émission grâce aux relations commerciales et financières avec le
reste du monde. En débit on enregistre les dépenses effectuées en dehors de la
zone d'émission de chaque Banque Centrale.
Cependant toutes les devises obtenues par les Banques Centrales ne sont pas
déposées à ce compte d'opérations. C'est pourquoi le solde de ce dernier n'est
pas égal à la position nette de la balance ies paiements du groupe de pays de
la zone d'émission correspondante. Les exceptions sont à peu près les mêmes pour
chaque Banque Centrale. Ainsi pour la B.C.E.A.O., il s'agit des sommes en
devises nécessaires :
- à la gestion de la trésorerie courante
- à l'exécution des obligations des Etats membres à l'égard du FMI et prises
en charge par la Banque Centrale.
De même ne sont pas versées au compte les sommes nécessaires à la souscription
de bons négociables que le Conseil d'Administration déciderait d'effectuer.
Ces bons sont d'échéance égale ou supérieure à 2 ans, libellés en devises
convertibles et émises par l~s organismes internationaux auxquels les Etats
membres font partie. Enfin il est autorisé aux établissements publics des
pays de chaque zone de placer une part de leurs avoirs, parfoj,s importante,
hors de la Zone Franc. Cependant la convention entre la B.C.E.A.O. et la
France prévoit qu'en cas dépuisement des disponibilités du compte d'opérations,
la B.C.E.A.O. devrait demander la conversion en FCFA des avoirs extérieurs
détenus par tout organisme public ou privé de l'U.M.O.A. (article 4 de la
convention). Dans la convention des Etats de la B.E.A.C. avec la France,
cette disposition connue sous Le nom de "ratissage" n'a pas son équivalent dans
la zone d'émission de la B.E.A.C.
(5) Il s'agit des conventions signées le 1 décembre 1913 pour la B.C.E.A.O.,
le 13 mars 1913 pour la B.E.A.C. et en 1961 pour Mali.

-
132 -
L' essl;(J tiül de:..; .lcvâ scs des pays af'rd cai.ns sorrt donc conver-td.es en 1·'F et
détenues par le Trésor Français. Cela leur fiiit courir un double risque: un
risque d'illiquidité lorsque les engagement~ extérieurs à court terme du pays
émettant la monnaie de réserve (la France) tendent à être supérieurs à :3t,~;
propres réserves et un risque de chanf-e lor~que la monnaie dû réserve est
susceptd,ble d' être dévaluée. On peut dire quA } A ri sque d' illiquidi té est
plutôt théorique da~s la mesure où le total des réserves africaines dans
celui de la France n'est pas très grande.
Quant au risque de change, il est bien réel. Il s'est matériarisé An Aoo.t 1969
lors de la dévaluation du FF et, depuis le flottement du FF, on peut dire à
chaque fois que le FF se déprécie sur le marché de change. En 1972 la France
s'est engagée à réévaluer les ré~erves africaines d'un taux égal à celui dont
sa monnaie serait dévaluée. C'est ce qui doit s'~tre produit en Octobre 1981
après la légère dévaluation du FF (6)
En plus de la protection des réserves contre la dévaluation du FF un système
de rémunération des soldes des comptes d'opérations a été mis en place. Mais
ces soldes ne sont pas rémunérés de la même façon selon qu'ils
sont
créditeurs
ou débiteurs.
Les soldes créditeurs sont rémunérés sur une base trimestrielle à un tattx
qui n'est pas le même pour la B.C.E.A.O. et la B.E.A.C. :
- au taux d'escompte appliqué par la France "ur le solde du comp-te de la
B.E.A.C.
- à un taux qui est la moyenne arithmétique des taux d'intervention de la
Banque de France sur effets publics au plus court terme durant le trimestre
retenu par la B.C.E.A.O.
Un solde débiteur sienifie que le compte d'opérations correspondant est à
découvert. Aussi c'est la Banque Centrale concernée qui paie des intér~ts au
Trésor français selon les modali tés suivantes :
(6) L'accord de coopération entre la Francp- et l'U.M.O.A. précise dans son
article 4 que "1'3 solde créditeur du compte d'opérations ••• est garanti
par référence à unité de compte agréée l'accord partie", article cité par
J. Bourdin, l'unité choisie est le DTS.

-
133 -
,
1 %
la tranche de 0
5 millions de francs,
-
sur
a
,
2% sur la tœanche de 5 a 10 millions de francs,
1 - taux d'intér~t créditeurs au-dessus de 10 millions.
La garantie de la France ne se manifeste réellement que lors~le le solde
d'un compte est débiteur. C'est une situation qui se produit frAquermnent pour
le Mali. Quant aux comptes de la B.C.E.A.O. et de la B.E.A.C., ils sont
toujours restés largement crédit~_ITs malgré les fluctuations nes recettes
d'exportations des pays membres.
Le tableau ci-dessous donne l'évolution du RoIde créditeur de la B.C.E.A.O. (7)
Tableau 1 - Evolution du solde créditeur de la B.C.E.A.O. (unité =
milliard de dollars)
Mars 1974
Mars 1975
Mars 1976
Mars 1977
Mars 1978
Mars 1979
53,2
35,6
70,8
106,3
131
100
J. Bourdin et Cies écrivent "certains, arguant de cette situation (c'est-à-dire
la position toujours créditrice des comptes d'opérations de la B.C.E.A.O. et la
B.E.A.C.) pr8conisent un rel~chement des liens monétaires avec la France, qui
de t.oute façon se produit progressivement". Il est vrai qu'une telle situation
amène à se demander' à quoi sert la garantie de la France. J. Bourdin et Cies
répondent que c'est pour rassurer les investisseurs étrangers. Dans la ganune
i
des considérations qui peuvent décide~ un investisseur étranger, il y a sans
1
dout.e la stabilité de change. Mais elle n'est pas la seule. Force est de
constater que les pays vers où de préférence se dirigent les investisseurs
1
extérieurs ne sont pas ceux qui connaissent la pll1S grande stabilité de change:
Ta~wan, les pays de l'Amérique Latine comme le Brésil, l'Argentine, etc, sont
1 là pour le prouver. Les investissements étrangers dans les pays en voie de
t
développement obéiss~nt à des mobiles autres : le contr81e d'une source
d'approvisionnp~ent, la production auprès d'un marché jugé intéressant mais
(7)
J. Bou~din déjà cité

-
134 -
entouré de barrières douanières, la décentra1isation d'une partie d.e la
production pour bénéficier d'lme main d'oeu'Tre à très bon marché ou
d'avantages fiscaux particulièrement attrayants et bien sOr la stabilité
politique. Pour cette dernière, on sait qU'811e ne dépend pas des garanties que
la France accorde à la convertibilité du FCFA.
La stabilité de change est certainement '~e condition que les économies
africaines doivent continuer à remplir pour obtenir une croissance saine.
Cependant cette stabilité est-elle incompatible ave~rel~chement voire une
nisparition de la tutelle française? Les pays africains ne seraient-ils pas
en meRure d'assumer la responsabilité de la gestion de leur monnaie avec
toute la rigueur que cela nécessite? La Rouveraineté monétaire de chaque
pays dans le cadre d'une solidarité inter-africaine voilà la situation vers
où doit progressivement évoluer la Zone Franc.
La position toujours créditrice des comptes d'opérations a fait na!tre une
interrogation importante: la parité acblelle dll FCFA est-elle justifiée, le
FCFA n'est-il pas sous-évalué? La section suivante sera consacrée à
l'analyse de cette question.

- 135 -
SECTION 2 - LA REEVAUJATION1 DU FCFA EST-ELLE UNE PROPOSITION DANGEREUSE?
1
Comme on l'avait indiqué dans l'introduction, la parité du FCFA est depuis
1
quelques années l'objet d'interrogations. Certains affirment qu'elle n'est
plus économiquement justifiée, le FCFA serait actuellement sons-évalué.
D'autres réfutent les arguments en faveur de la réévaluation et préconisent sinon
la dévaluation du moins le maintien du taux actuel.
Dans la première partie, on a essayé de trouver une méthode permettant de
donner une mesure assez précise de ce que serait un niveau optimal, "normal"
d'un taux de change donné. L'étude critique des théories et méthodes actuelles
a permis de montrer combien il demeure difficile de parvenir à un tel résultat
en prenant simultanément en compte "bon nombre d'aspects jugés indispensables
lorsqu'on veut apprécier le niveau d'un taux de change. C'est. pourquoi, on a
été amené à formuler l'idée que toute démarche pour apprécier le niveau d'un
taux de change doit s'attacher à faire un par.allèle entre les avantages et les
inconvénients qui découleraient de sa modification (réévaluation ou dévaluation).
Cett.e approche semble être celJ.e qu'ont adoptée
ceux qui ont discuté de la
nécessité ou d'une réévaluation du FCFA par rapport au FF.
Cette section analysera les arguments avancés de part et d'autre. Ces derniers
seront regroupés autour de cinq points : les flux commerciaux, la production
nationale, l'inflation, les réserves extérieurs, les dett.es extérieures et le
budget eou.vernemental. En concluslon elle tentera de mettre en relief les
faiblesses de cette démarche et d'indiquer en même temps cormnent la troisième
partie essaiera de les dépasser.
2.1. Réévaluation et flux cormnerciaux
Compte tenu de l'importance du commerce extérieur dans les économies des pays
africains de la Zone Franc l'effet d'une réévaluation sur la balance
cormnerciale est crucial. Il n'est donc pas surprenant que l'on ait cherché
à étudier la réaction des flux d'exportation et d'importation à la suite d'une
réévaluation.
2.1.1. Côté exportations
1
Il convient de faire une distinction entre les grands produits primaires et
~
l
les produits manufacturés. Les premiers constituent l'essentiel des exportations
1
1

- 136 -
des pays de l'U.M.O.A. Leurs prix sont déte~nés en monnaie étrangère, sur
les marchés interpationaux ces produits (café, bois, arachide, cacao, coton,
paDro.stes, etc) sont vendus à travers les bourses de valeurs de Paris, Londres
ou Chicago. Une réévaluation du FCF~ n'affecterait pas le~s prix exprimés
en devises. Cependant elle se traduirait, en FCFA, par des recettes moindres.
Cela n'entra!nerait-il pas une baisse proportionnelle des revenus des producteurs
nationaux? Rien n'est moins s~r.
Ces produits sont vendus sur les marchés internationnaux par des Caisses de
~abilisation africaines. Leur r81e consiste entre autres, à protéger les
producteurs des fluctuations des cours mondiaux. Elles y parviennent tout
simplement en leur offrant des prix d'achat fixés si bas qu'il y a peu de chance
que leurs cours mondiaux tombent à ce niveau. La perte se si tuerai t du c8té des
recettes budgétaires. Or l'Etat a toujours les moyens de combler ce manque à
gagner à partir du moment où la situation du pays sur le plan des réserves
en devises demeure inchangée.
Quant aux produits manufacturés exportés par les pays africains de la Zone,
il est fort peu probable qu'une réévaluation leur porte atteinte. En effet, ces
produits qui occupent une très faible part dans le total des exportations
des pays africains sont constitués pour la plupart de produits agricoles
transformés dont l'écoulement est limité par l'insuffisance de l'offre (ainsi
en est-il de l'arachide sénégalaise). Il n'est pas approprié donc de parler ici
de perte de compétitivité parce que d'une part les exportateurs ne sont pas
forcés de répermlter sur les prix en devises de leurs exploitations la hausse
qut entœaîne automatiquement la réévaluation, d'autre part la baisse des coûts
que cette dernière provoque permet un maintien de la marge bénéficiaire.
2.1.2. Côté importations
Pour analyser l'effet d'une réévaluation sur les importations, on a essayé de
regrouper celles-ci en grandes catégories : biens de lllXe, biens de consommation
de première nécessité, matières premières et biens d'équipement. Comment chacune
de ces masses réagira-t-elle à une réduction de son prix en FCFA ?
"Les biens manufacturés et plus particulièrement les biens de luxe vont
appardtre moins cher pour les résidents et un développement d'importations
se manifesterait à ce niveau. La perte de ressources qui en résulterait ne
serait pas nécessairement compensée par l 'utilité sociale acquise" (1 )
(1) Paul Desneuf, "Faut-il réévaluer le FCFA," Africa n° 95 Novembre 1977
Dakar Cs ênêgal.) •

-
13'1 -
Il est évident que l'utilité sociale de telles importations (ou leur
accroissement) est bien inférieure à leur coût. C'est pourquoi, on peut se
demande!' pourquoi ne pas s'en passer. Autrement dit pourquoi ne pas accompagner
la réévaluation d'une mesure qui taxe plus chèr-ement, (proportionnellement à la
baisse de prix) les bi3ns de luxe importés dans la mesure où tout le monde
reconnait qu'ils ne sont pas utiles au développement?
Mais ce ne sont pas seulement des biens de luxe qui sont importés. Les
jmportations comportent aussi des biens de consommation de première nécessité,
des biens d'équipement et de biens intermédiaires. Puisque l'importation
de tels biens revêt un caractère presque obligatoire pour le développement de
la production on comprend que l'effet déflationniste de la réévaluation soit
bénéfice pour les économies africaines.
J. OOURDIN (2) doute que la réévaluation se trad,uise par une baisse du prix
des importations. Pour lui "il est en effet illusoire de penser que dans des
pays à structures économiques embryonnaires, une baisse du coût, des biens
importés consécutive à une réévaluation, pOllI'rait être totalement répercutée
au niveau des prix". Plus vraissemblablement, elle se traduirait par une des
marges commerciales des importateurs. La présence de structures monopolistes
du c8té des importations ne devrait nullement constituer un obstacle à la
dfLla...narilll
modificati~lesexistent une poli tique visant à les combattre doit
accompagner cette modification afin qu'elle ait l'effet recherché. Même si
1
la réévaluation se traduit par une certaine hausse des importations cela
1
ne saurait être considéré comme un inconvénient majeur, si on fait en sorte
que le supplément d'importat.ions soit pour l'essentiel constitué de biens
capitaux ou d'inputs dont le processus de production a besoin.
)
Au total, on peut estimer qu'à court terme l'impact d'une réévaluation sur
les flux commerciaux sera assez faible surt.out si on l'accompagne de mesures
1
emp@chant l'accroissement d'importations non nécessaires au développement.
1
2.2. La production nationale
La réévaluation influe directement sur la production par le canal des coûts.
Les inputs importés devenant moins chers, les prix à défaut de baisser,
pourraient connaître une certaine stabilité. Mais en r-evanche n 'y aurait-il pas
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - _ . _ . _ - - _ . _ - . _ - .-
(2) J. Bourdin ''Une proposition dange'reuse
réévaluer le FCFA", Le Monde du
29 novembre 1977, p. 24

-
138 -
un risque de voir se développer les productions demandant davantage de
facteurs importés alors que les facteurs locaux seraient de moins en moins
utilisés ?
Ce qui freine une telle tendance c'est la très faible substituabilité qui
existe entre ces dellX catégories de factp,urs, la plupart des inputs importés
n'ayant pas de substituts locaux directs. D~ m~e on peut se demander si
la réévaluation ne décoQrage pas la production nationale de biens échangeables
en les rendant moins compétitifs. Cette crajnte est dans une certaine mesure
injustifiée, la perte de compétitivité peut·~tre compensée par la réduction
des coûts qui peut-être substantielle puisque ces biens incorporent beaucoup
d'éléments importés.
P. Desneuf et J. Bourdin affirment qu'une réévaluation entrainerait une
augmentation ciu cotit des investissements étrangers, lesquels dans certains pays
de l'U.M.O.A. constiulent l'essentiel de la formation Brute de Capital Fixe.
Il en résulterait à moyen terme une hausse spécifique de prix. Par contre, ils
reconnaissent que la réévaluation peut stimuler les investissements locaux.
Le coût d'un investissement (réalisé par un résident ou un non résident) peut
se décomposer en deux parties: celle correspondant à l'achat de facteurs échangea-
bles et celle due à l'achat de facteurs non échangés. La première n'augmentera
pas du fait cie la réévaluation puisque le prix de ces facteurs est déterminé
sur les marchés internationaux, en devises. Quant aux facteurs non échangeables
si leur prix exprimé en monnaie étrangère peut s'accro~tre à cause de la
réévaluation, il demeure que celle-ci peut provoquer à terme sinon Iffilr baisse
du moins leur stabilité.
Au total, exprimé en devises, il n'y a pas de raison d'estimer que le coût d'un
investissement réalisé par un non résident tendrait à crottre à cause de la
réévaluation.
Enfin il est un problème auquel on n'accorde pas toujours toute l'importance
qu'il mérite: c'est celui des dépenses récurrentes. On ne compte pas dans les
pays en voie de développement et en particulier ceux de la Zone Franc les
installations qui ne fonctionnent. plus à cause de la hausse trop rapide du prix
des éléments nécessaires à leur entretien. Ce n'est que très récemment qu'on
a pris conscience de l'acuité de ce problème. Aussi le CILSS(3)vient d'or.ganiser
(3) Comité International de Lutte contre la Sécheresse au Sahel

-
139 -
une conférence: (courant du mois de janvier 1<;82) dont le thème est précisément
les dépenses récurrentes dans le Sahel. Celles-ci, qui pèsent beaucoup
sur
les budgets, portent pour une très grmlde part sur des biens'échangés,
presque tous importés. Une réévaluation qui baisserait leurs prix peut être
interprêtée comme une contribution au bon fonctionnement d'équipements qui
autrement risqueraient de se transformer en frein pour le développement.
2.3. Inflation et réévaluation
Les avantages que la France tire de la Zone Franc ne se limitent pas seulement
à l'appoint en devises que lui procurent les réserves africaines. La Zone Franc
permet aussi à la France une extension de ses marchés en m@me temps qu'une
économie de devises. La Zone donne une place prépondérante aux ventes françaises
de produits manufacturés, qu'il s'agisse d'équipements ou de biens de consommation
et on comprend qu'une part importante des importations des pays de l'U.M.a.A.
ou des membres de la B.E.A.C. proviennent de la France même si une tendance
nette à la diversification de leurs relatioi1s commerciales se dessine. La hausse
des prix français affecte directement les prix des pays africains et
constituent le principal élément de l'inflation importée.
F. Kouadio, partisan d'une réévaluation du FCFA, estime que "l'inflation
essentiellement importée de France par le canal de nos importations diminuerait
en grande partie dans nos Etats. Le pouvoir d'achat de l'Union (l'U.M.a.A.)
s'accro!trait donc d'autant et redonnerait par la même occasion une implusion
aux échanges avec la France".
J. Bourdin réfute cette analyse. Pour lui quatre raisons font que l'inflation
1 importée n'est pas d'origine française:
- une progression des prix plus forte dans certains pays africains qu'en France,
j
- une évolution plus rapide de l'indice des prix de la consommation des
familles africaines que celle de l'indice des prix des familles européennes,
1
- la part élevée des produits pétroliers dans le total des importations
africaines,
enfin la diminution progressive des importations africaines provenant de
1
France.
La première raison avancée par Bourdin découle en fait des deux suivantes.
1
C'est elles qu'il faut donc discuter.
La deuxième preuve semble ne pas saisir ce qui constituerune des particularités

-
140 -
des pays en voie de développement dans le domaine de la consonunation. En effet
Bourdin compare deux indices à la consonunation, celui des familles africaines
et celui des familles européennes. Le premier augmentant plus vi te que le
second, il en déduit que les pressions inflationnistes qu'on observe dans ces
pays ont pour une large part une origine interne. Il est nécessaire avant de
tirer une telle conclusion de se demander ce qu'on trouve dans le panier de
consonunation d'une famille africaine. Certainement les produits qu'il a citég:
manioc, igname, bananes, plantins etc, mais aussi, et devrai t-on dire, surtout,
des produits importés ou importables. Il en est ainsi à cause du développement
des cultures conunerciales qui ont littéralement pris la place des cultures vivrières.
Le paysan achète de plus en plus de produits importables pour sa consommation
quotidienne. La tendance est plus accentuée chez le citadin. C'est pourquoi, il
est trompeur de comparer directement ces indices car cela supposerait que la
consonunation des familles africaines est presqu'exclusivement constituée de
produits locaux. Ce qui est loin de refléter la réalité. Donc l'indice de la
consommation des familles africaines incorpore ou doit incorporer, pour ~tre
réaliste, une bonne partie des produits importables.
Pour ces mêmes raisons, il est difficile de soutenir dans un autre domaine, que
la réévaluation "se traduirait par un avantage de prix pour les ménages à mode
de consommation européen, c'est-à-dire les catégories sociales les plus aisées".
1
. Les produits de première necessité que consonunent surtout les catégories
sociales démunies verraient leur prix se réàuire en cas de réévaluation. C'est
là un aspect parmi d'autres qu'il faut avoir en vu quant on analyse la
réévaluation du point de vue de la justice sociale.
Cela dit la hausse du prix des produits pétroliers est source de contraintes
nombreuses pour les pays africains de la Zone non producteurs de pétrole.
Cependant il ne faudrait pas charger le pétrole de tous les maux, la hausse
de son prix est de très loin inférieure à celle des prix des produits
manufacturés importés.
En conclusion, on peut dire que l'effet déflationniste de la réévaluation
est certaine, tout le problème étant de savoir s'il est en mesure d'exercer
une influence favorable sur le niveau et les structures de la production
nationale.

-
141 -
2.4. Réévaluation et réserves extérieures
L'accroissement important des réserves extérieures de l'D.M.O.A. est, avec
l'inflation importée de France, l'une des principales raisons invoquées à
l'appui d'une réévaluation du FCFA. Le tableau de la section précédente
montre bien que malgré des fluctuations importantes, elles sont toujours
restées à un niveau très élevé, bien au-dessus de celui fixé par la convention
liant la B.C.E.A.O. au Trésor. Ces fluctuations des réserves reflètent soit
celles des cours des principaux produits exportés par les pays de l'D.M.O.A.
soit les conditions climatiques qui sont déterminantes pour la production des
biens d'origine végétale. S'il est possible de faire en sorte que la réévaluation
n'entratne pas une sortie importante de devises provoquée par l'accroissement
des importations, il est un autre risque auquel une telle politique expose
les réserves.
En effet exprimés en monnaies étrangères "les actifs détenus à l'intérieur des
pays africains verraient leur valeur s'accro!tre et de ce fait se développeraient
nécessairement des fuites de leurs capitaux. La perspective de réalisation
immédiate d'une plus value dont le taux correspondrait à celui de la réévaluation
serait tentante pour beaucou.p - nationaux comme étrangers - et ce d'autant plus
que la nouvelle parité risque de leur appara.ître comme difficile
à maintenir
à terme" (Paul Desneuf). La liberté totale de transfert de capitaux permet en
effet des mouvements de fonds entre la France et les pays africains à des fins
spéculatives. On avait vu dans la section précédente que cette liberté
comportait l'inconvénient majeur de favoriser la fuite de l'épargne locale et
que la Zone Franc devrait imaginer des mécanismes efficaces permettant
l'utilisation à l'intérieur de chaque pays de l'épargne qui y a été mobilisée.
Cela n'est pas du tout incompatible avec une liberté de change pour toutes
les opérations économiques ainsi que les transferts de fonds d'un montant modeste.
La crainte qu'une spéculation risquerait de se développer en cas de réévaluation
suppose d'une part que le taux d'appréciation du FCFA soit trop élevé et d'autre
part que les agents soient convaincus que la garantie de convertibilité de la
France ne jouerait pas. Il est difficile à la fois de sous-entendre le deuxième
cas et d'affirmer ailleurs que la garantie de la France est d'une nécessité
absolue quand bien même elle n'agit que que le plan psychologique.
En effet la question que l'on doit se poser est celle de savoir si cette
garantie sera remise en cause par la France dès que les comptes

- 142 -
d'opérations de la B.C.E.A.O. ou de la B.E.J\\.C. accuseront des tendances
défi ci taires.
Au total on peut dire qu'une réévaluation n'entamerait pas sérieusement
les réserves africaines. Une détérioration normale de la balance commerciale
exprimée en devises des pays de l'UMOA ne s~rait pas exclue mais cette même
balance commerciale exprimée en FCFA s'améliorerait si les prix des exportations
demeuraient fixes et si la baisse à l'intérieur des prix à l'importation ne
provoquait pas d'augmentations appréciables dans les quantités exportées.
Quant à la spéculation, on ne voit pas pourquoi elle se développerait si
l'appréciation du FCFA survenait à la suite d'une dévaluation du FF ou
s'effectuait à un taux raisonnable.
2.5. Réévaluation et incidences sur la dette extérieure et le budget
de l'Etat
Si la réévaluation a un effet positif, c'est sur la dette extérieure des pays
africains qui atteint des niveaux de plus en plus élevés. En cas d'appréciation
du FCFA la partie de cette dette libellée en FF se serait réduite d'une
proportion égale au taux de la réévaluation, de m~e que les charges afférentes
à cette partie. Les budgets gouvernementaux verraient leurs services de la
dette extérieure se réduire de même les entreprises et les institutions
financières qui ont des engagements libellés en FF seront des bénéficiaires
de cette mesure.
La situation positive des échanges extérieurs est maintenue à l'aide d'une
importante fiscalité douanière. Le prélèvement de recettes douanières à
l'entrée des pays africains freinent les importations de marchandises
évitant ainsi une hémorragie de devises tout en assurant des recettes
substantielles aux budgets des F.tats. De même qu'une réduction de cette fiscalité
se traduirait par une fuite de devises, suite à l'augmentation des importations
qui en résulterait, une réévaluation pourrait entratner une baisse des
réserves à moins d'être accompagnée d'un relèvement des tarifs douaniers des
produits dont on ne souhaite pas l'accroissement des importations. C'est
parce qu'9n ne comprendrait pas qu'il n'en soit pas ainsi qu'il est difficile
de suivre Desneuf lorsqu'il affirme que l'aisance, que les Finances Publiques
pourraient trouver dans le relèvement des tarifs douaniers, est passagère
et que "le développement serait freiné du fait de la baisse de la consommation

et des investissements qui ne manquerait pac d'en découler~ On peut penser,
bien au contraire, que le relèvement des droits de douane des produits qui ne
sont pas indispensables au développement ne saurait ~tre un frein à la
consommation et à l'investissement.
La démarche suivie pour discuter de la question de savoir s'il faut ou non
réévaluer le FCFA souffre d'au moins cinq faiblesses
- les auteurs qui ont discuté de la question se sont contentés de dresser un
catalogue d'effets. Il n'y a pas un effort pour mener le raisonnement dans
un cadre cohÂrent et rigoureQx reflétant les principales caractéristiques
des pays en question)
- Ils n'ont pas essayé de prendre en compte les interactions qu'il y a
nécessairement entre les différents effets,
- On a établi une liste de variables économiques sur lesquelles la réévaluation
a une incidence. Cependant elles n'ont pas toutes la m~e importance d'où
1
l~ nécessité de faire une sélection entre elles pour mettre l'accent
uniquement sur les plus déterminantes,
1
- des trois grands scénarii de modification de la parité du FCFA, un seul a
été considéré à savoir une réévaluation (dévaluation) du FCFA par rapport
1
au FF,
- Enfin toutes les approches de la question ne semblent retenir que le court
terme. Les conséquences de la réévaluation dans le
moyen, voire le
long terme doivent aussi ~tre prises en compte.
troisième
L~partie de notre travail généralisera l'analyse des effets des différents
scénarii de modification de la parité du FCFA à l'aide d'un modèle de court et
moyent terme qui prend en compte quelques uns des traits fondamentaux des
pays africains appartenant à la Zone Franc.
En procédant ainsi, on espère dépasser le cadre étroit dans lequel ces problèmes
de dévaluation ou réévaluation du FCFA ont été analysés jusqu'ici et intégrer
les critiques qu'on a faites à la démarche suivie par les différents auteurs
dont on a rendu compte de leurs travaux dans cette section.

-
11111 -
P R R T / F
I I I
ESSAI DE FORMALISATION DES EFFETS SUR LES ECONOMIES AFRICAINES
DE LA ZONE FRANC DES DIFFERENTES MODALITES DE MODIFICATION
DE LEUR SYSTEME DE TAUX DE CHANGE

-
L45 -
Cette troisième partie a pour objectif l'élaboration d'un cadre théorique
à l'aide duquel seront analysés les effets dans le court et le moyen terme
des trois principales situations où peut s'opérer une modification du système
de taux de change des pays africains de la Zone Franc, à savoir :
(S.1) - Une dévaluation du FCFA vis-à-vis du FF, la parité de ce dernier
avec les autres monnaies demeurant inchangée,
(S.2) - Une dévaluation du FF sans modification de la parité du FCFA)
(S.3) - Une dévaluation du FF suivie d'une réévaluation proportionnelle
du FCFA.
Comme on l'a précisé dans l'introduction, la démarche adoptée consistera à
utiliser un modèle dont le point de départ est l'analyse théorique d'une
économie ouverte de Turnovsky (1) ainsi que les deux maquettes des modèles
macroéconomiques publiées en 1980 et 1981 dans les annales de l'INSEE (2).
Mais ces références théoriques si stimulantes soient-elles ne présentent
guère d'intér~t dans l'étude de problèmes spécifiques aux économies africaines
de la Zone, si elles ne sont pas modifiées dans certains de leurs aspects
fondamentaux pour prendre en compte quelques unes de leurs caractéristiques
déterminantes. Parmi celles-ci, deux retiendront particulièrement l'attention.
La première est leur appartenance à une Zone monétaire. Leur monnaie, le FCFA,
se présente comme un sous-multiple du FF qui est la devise avec laquelle ils
effectuent leurs transactions avec le reste du monde. Aussi font-ils face à
deux taux de change. Celui entre le FF et les autres devises, tels que le
dollar, le deutschemark, etc, et celui entre le FCFA, leur propre monnaie,
et le FF. Ces deux taux leur posent des problèmes qui sont de deux sortes
d'abord les répercussions directes sur leurs activités économiques du
comportement du FF vis-à-vis des autres principales devises sur le marché
international; ensuite le caractère approprié ou non de la parité actuelle du
(1) S. TURNOVSKY, déjà cité
(2) Il s'agit de : a) Jean Pierre LAFARGUE "Les modèles macrodynamiques de
politique économique : dialogue entre le théoricien et
l'économètre", Annales de l'INSEE. Octobre - décembre 1980
pp. 33 - 64
b) M. DELEAU, P. MALGRANGE, P.A. MUET, "une maquette
représentative des modèles macroéconomiques", Annales de
l'INSEE, avril - juin 1981, pp. 53 - 91.

-
1iii)
-
FCFA puisqu'une parité fictive est un frein au développement économique qui
constitue leur principal but. Cette partic~~arité des pays de l'U.M.O.A.
mérite un examen d'autant plus sérieux que ceux-ci commencent à diversifier
leurs relations économiques et financières, la place occupée par le France,
quoique toujours importante, tendant nettement à se réduire. La seconde
caractéristique a trait aux contraintes de la production. Parlant des pays en
voie de développement en général et des économies africaines de la Zone en
particulier, on ne peut faire l'hypothèse keynêai.enne habituelle selon
laquelle la production est déterminée par la demande. Les contraintes qui
s'exercent sur la production constituent de~ obstacles majeurs sur lesquels
buttnt la croissance et le développement de ces pays. C'est pourquoi dans ce
modèle l'offre est introduite. On montrera en particulier comment elle est liée
au système de taux de change par l'intermédiaire du niveau d'utilisation du
stock de capital. Parler du niveau d'utilisation du stock de capital c'est non
seulement prendre en compte l'accumulation du capital mais aussi intégrer
dans l'analyse le sous-emploi du capital, phénomène apparemment surprenant
dans les pays en voie de développement qu'on caractérise souvent par
l'insuffisance du facteur capital. C'est avec ce modèle d'offre et
d'accumulation du capital que seront étudiées les conséquences dans le court
et le moyen terme sur les grandeurs économiques principales de ces pays des
différentes modalités selons lesquelles leur système de taux de change peut
se modifier. Jusqu'ici une seule d'entre elles a retenu l'attention: une
dévaluation (réévaluation) du FCFA vis-à-vis du FF, la parité de celui-ci
avec les autres monnaies restant inchangée. Il s'agira dans cette troisième
partie de généraliser l'analyse et de mettre l'accent sur plusieurs variables
économiques à la fois.
Le chapitre 8 décrit le modèle. Le chapitre 9 sera consacré à l'étude du court
terme tandis que le dixième fait l'analyse du moyen terme.

- 147 -
CHAPITRE
8
DESCRIPTION Dü MODELE
SECTION 1 - L'OFFRE DU PRODUIT NATIONAL
Cette section a pour objet la détermination de la relation entre le niveau
de la production nationale et le système de taux de change des pays africains
de la Zone Franc. Elle montrera comment une modification de celui-ci exerce
une influence sur celui-là. La description du côté offre rev~t une grande
importance puisque dans ces pays les contraintes qui s'exercent sur la
production constituent les principales difficultés à vaincre pour assurer un
niveau satisfaisant de croissance e~développement économiques.
La détermination de l'offre du produit national est fondée sur deux éléments
essentiels
1) une distinction entre le stock d'un facteur (le capital ou le
travail) et le niveau d'utilisation de ce stock à un moment donné,
2) un comportement de maximisation du profit des producteurs.
On suppose que les pays africains produisent un seul bien homogène, ce qui
revient à dire qu'au cours de la période d'analyse retenue les prix relatifs
des différents biens restent fixes de sorte qu'on peut agréger ceux-ci en un
seul bien. Les facteurs de production utilisés dans le processus de production
sont le capital (K), le travail (L) et les matières premières. Les quantités
consommées de ces dernières sont proportio~~elles au niveau de la production
nationale réelle. La fonction de production résumant l'ensemble des
informations relatives à la technologie est écrite sous la forme la plus
générale
(1)
Zs = f (K, L)

-
148 -
où (Zs) est le produit national én termes r,')els. 1a fonction de production
est supposée linéairement homogène en (K) e~ (1), et est caractérisée par
des rendements marginaux positifs et décroi:3sants. 1es dérivées partielles
croisées par rapport au stock de capital (K) et au travail (1) sont positives.
On supposera que toutes les hypothèses habi~uelles sur l'agrégation sont
remplies et que donc on peut raisonner dâr-ectemerrt au niveau de l'ensemble
des économies africaines de la Zone.
1e ch6mage massif observé dans les villes ainsi que le sous-emploi saisonnier
déguisé dans les campagnes montre que le v01ume de main-d'oeuvre disponible
dans ces économies est loin d'être totalement employé. Toutes choses étant
égales, à tout moment, la quantité de travail effectivement utilisée dépend
de deux facteurs: d'une part du volume m8JC~mal de main-d'oeuvre disponible
(1), d'autre part du niveau d'utilisation de la main-d'oeuvre (~) avec
(0 ,~ ~ ~ 1). Aussi le flux de travail peut-il ~tre formulé comme suit (1)
(2)
1 = 1 (~ , L)
De la définition de (u
il s'en suit que (1 - u
est le taux de sous-emploi
l)
l)
du facteur travail.
Pour le capital il est moins évident de par~er de chômage, de sous-emploi. Ne
dit-on pas des pays en voie de développemen~ en général et des pays africains
en particulier qu'ils sont caractérisés par une abondance du facteur travail
et une insuffisance du facteur capital? Dans ces conditions la quantité
disponible de celle-ci n'est-elle pas pleinement mise à contribution? On est
tenté de le croire. Pourtant il est maintenant largement établi que le chômage
du capital y existe dans des proportions souvent plus importantes que celles
observées dans les pays industriels (2). Une fois le phénomène mis en évidence
(1) Chin Kim Young et Jene K. Kwon, "The uUlization of capital and the growth
of output
in a developing economy, the case of South Korean manufacturing".
Journal of Economie Development 4 (1977) pp. 265 - 278
(2) Voir J.C. Kim et G.C. Winston, "The optimal utilization of capital stock
and the level of economic development," Economica, 1974, nO 164, pp. 377 -
386 ainsi que G.C. Winston "Capital utilization in economic development",
Economie Journal, 1971, 81, nO 321, pp. 36 - 60.

-
149 -
on a essayé d'en chercher les causes. Les explications avancées se refèrent
soit à un chômage planifié, voulu d'avance avant que l'investissement n'ait
été réalisé (sous-emploi ex ante), soit à Wl chômage non anticipé, provoqué
par des évènements imprévus, survenus après la mise en évidence place du
capital (chômage ex-post). L'intérêt de ces explications très compl~mentaires
les unes des autres et dans le détail desqu811es on n'entrera pas ici (3), est
que toutes mettent l'accent sur un fait fondamental: le niveau d'utilisation
du stock de capital est une variable écono~Lque. Un niveau optimal de sous-
emploi du capital existe et il dépend des coûts économiques. De cette idée
Winston a tiré une conclusion importante: "Puisque l'utilisation du capital
est une variable économique, une implicatio~ importante bien qu'évid~nte
qui en découle est qu'il n'existe pas une relation unique entre le stock de
capital et la production ou l'emploi. Les fonctions de production définies avec
des stocks de capital sont plus suspectes qu'il n'est généralement admis.
Alors que peu de gens affirmeraient sérieusement que c'est l'existence d'un
stock de capital qui crée la production - mais seulement que les stocks de
capi tal son-Wproxy
raisonnable des services que le capital fournit - la
convention qui consiste à utiliser les stocks de capital comme un argument d'une
fonction de production suppose implicitement que l'utilisation optimale (donc
la capacité) n'est pas affectée par des variables économiques et que les
variations de l'utilisation ne sont pas reliées aux politiques de croissance
et de développement ••• "
En prenant en compte cette observation, on peut dire que le flux des services
du stock de capital dépend: (1) du stock de capital (X), (2) du niveau
d'utilisation de ce stock (~), avec (0 ~ u k ~ 1).Autrement dit, on peut
définir le niveau de capital utilisé par
(3) Gordon C. Winston, "The theory of capital utilization and idleness ",
Journal of Economic Litterature, 1914, pp. 1303 - 1320

-
150 -
I,'i nVwra.Llofi r]:HJS la fonction de produc td on de la. r";formulaLion de (K) (:t de:
(1,) donne
Pour simplifier, on posera que
(4)
(5)
K = K (i, ~) = ~K
(6)
L = L (1, ~) = ~r
Ainsi le niveau de la production (Zs) devient tout simplement
On a pr~té aux producteurs un comportement de maximisation de leur profit
où (lT) est le profit réalisé par les producteurs, (c) le facteur de
proportionnalité reliant la quantité de matières premières consommées au
niveau de la production, (P
le prix d'une unité du produit national libellé
1)
en FCFA, (Pk) le cont d'une unité du stock de capital, (Pk) le coût de
fonctionnement du capital, (w) le taux de salaire, (E
la parité du FCFA
1)
avec le FF (nombre de FCFA pour 1 FF) et (E
le taux de change du FF par
2)
rapport au dollar américain (nombre de FF pour 1 dollar). On a supposé que
toutes les matières premières sont des facteurs échangés et que leur prix est
libellé en dollar. On pourrait, pour simplifier, réduire celles-ci en un seul
input: le pétrole. Une distinction a été opérée entre le coût d'une unité du
stock de capital (Pk)' qui est supporté par les producteurs m~me si aucune
(4) Chin Kim Young et Jene K. Kwon, op.
déjà citée

-
151 -
unité de ce dernier n'est pas utilisée, et le cont de fonctionnement du
capi tal (Pk)' coût, proportionnel à la fraction du stock qui est employée.
Le cont d'une unité du stock de capital (Pk) est défini par
(p ) représente le prix d'achat d'une unité du stock de capital (K), prix
m
libellé en dollars; (1*) est le taux d'intérêt sur le marché international
et (d) le taux de dépréciation du stock de capital. L'interprétation que l'on
peut donner au cont d'une unité du stock de capital (Pk) est celle-ci: si
(E E
était placé sur le marché international il aurait rapporté
1 2Pm)
(E E
1 2P
r* = (E
Pmr*). De plus en détenant une uni té de capital on perd
m
1E2)
(E
P d ) , valeur égale au montant de la dépréciation. Fïnalement le coût
1E2 m
d'opportunité lié à la détention d'une unité du stock de capital est
En intégrant (10) dans l'équation de la fonction de profit (8) on obtient
(11)
lT= P1 (1 - c E1 E2) f (~K, ulL) - [E1 E2 Pm
U
] K - w ~L
k
Il s'agit de maximiser la fonction de profit (1T). Les variables de décision
sont (~) et (u
Le capital sera ~tilisé jusqu'au point où le revenu procuré
l).
par un accroissement marginal de son niveau d'utilisation est égal au coût
entrainé (5). Il en est de m~me du facteur travail. Ainsi on aura
(12)
P
(1 - c E E ) f
= E E
1
1
2
k
1
2 PkK
(13)
P
(1 - c E E
= w L
1
1
2 ) f l
(5) Pour que la fonction de profit (TT) atteigne son maximun, on doit avoir

- 152 -
Des relations (12) et (13), on tire les fonctions définissant le niveau
optimal d'utilisation du stock de capital et, celui de la quanti té de travail
d "
i.b.I
d
' "
(6)
En" t'
lsponL
e
ans ces econOffiles

ln egrant ces deux fonctions dan~ la
fonction (7) de production, on obtient la. fonction d'offre
Puisque les quantités de matières preillleres consommées sont une proportion
fixe du niveau de la producti on, on peut faire abstraction de (c) dans
(f (E
E
P , Pk' w)). Ainsi le niveau de la production dans les pays
1,
2,
1
( 5)
aTr = ~ = o.
a~
3~
Ce qui donne
( 14)
ur. = ~1 (1 - c E E )
1
2
f k - E1 E2 Pk· K ] d "i = 0
a~
('5)
~.". = [p1 (1 - c E1 E2) fI - wIJd "i = 0
"i
.
(fk) et (fI) sont respectivement les dérivées partielles de la fonction de
production par rapport au niveau d'utilisation du stock de capital (Uk) et
celui de la quantité de main-d'oeuvre disponible (ul)
(6) En effet des équations (14 et 15) on tire (fk) et (fI)
(17) fI =
wL / P
(1 - c E
E
1
1
2)
Comme (fk) et (fI) sont les dérivées partielles
à ( uk) et (Ul) alors
( 18)
~ = ~ [(E1 E2 Pk. K) / P1 (1 - c E1 E2 )]
( 19)
ut = ut [w 1 / P1 (1 - c E1 E2 ) ]
*
(uk) et
*
(ul) sont les fonctions définissant le
niveau
optimal d'utilisation
du stock de capital et celui de la quanti té de travail disponible.

-
J53 -
africains dépend du taux salarial (W), du p:rix du produit national (p 1)' des
deux taux de change (E ) et (E
Les signes au-dessus des arguments de la
1
2).
fonction f (.) indiquent le sens des variatLons de l'offre (Zs) par'rapport
à celles de ses déterminants. Ainsi une hausse du taux de salaire (w) (ou
du minimum vital) a, toutes choses égales par ailleurs, un impact négatif
sur l'offre puisque les salaires sont un co1t pour les producteurs. De ~~me
une hausse des taux de change (leur dévaluation) a un impact négatif puisqu'
elle se traduit par une augmentation du cont des matières premières et autres
agents de fabrication nécessaires à la productd on, Les exemples qu'on peut
citer sont nombreux. Qu'on se contente de signaler l'effet de la hausse du
prix des engrais sur leur utilisation par l~s agriculteurs.
En différenciant totalement la fonction d'offre (7) on a :
d ZS =
1
L'équation (21) montre la relation directe entre le niveau de la production
1
1
nationale des pays africains et le système je taux de chanee et permet ainsi
l
de saisir l'impact des modifications de celui-ci sur l'activité productive.
L'une des difficultés principales auxquelles ces pays sont confrontés est
constituée par les coûts très élevés des facteurs importés qui sont utilisés
dans leurs processus de production. Le ni veau
ou
le taux de change du
FCFA et/ou du FF est fixé à une influence sur le cont d'importation de ces
produits.
a f (X••• )
ex
dX

-
154 -
SECTION 2 - LA DEMANDE DU PRODUIT NATIONAL
Après avoir analysé l'offre, on étudiera dans cette section les composantes
principales de la demande qui s'adresse à la production nationale. Ainsi les
déterminants de l'absorption et des exportat.ions seront analysés.
L'équation (22) représente la demande globaJ.e de la production
d
d
_.
Q1 E1
Q E E
(22)
2
= H (Y,
~
FF
' V
r
(2) +
e, ~'
1 2 , V) + X
X$ (Z) + Gd
2
où (Zd) est la demande globale du produit n&tional, l'absorption nationale (Hd),
(y ) le revenu disponible, Cre) le taux d'intér~t réel anticipé, (Q1) le prix
en FF des biens importés de France, (E
la parité du FCFA avec le FF
1)
(nombre de FCFA pour 1 FF), (P
le prix d'une unité du produit national,
1)
(Q2) le prix en dollars américains des biens importés du reste du monde, (E2)
le taux de change du FF par rapport au dollar américain, (V) la richesse
FF)
totale réelle, (X
le volume des exportato.ons libellées en FF, (Z) le niveau
de la production nationale à l'équilibre, (x$) le volume des exportations
libellées en dollars US, et (Gd) le volume des dépenses gouvernementales.
2.1. L'absorption
La demande intérieure de la production dépend de trois facteurs : le revenu
réel disponible (Y), le taux d'intérêt réel (r ) et les prix relatifs
e
(Q1 E1 / Pl' Q2 E1 E2 / P1).
On analysera successivement chacun de ces trois déterminants.
2.1.1. Le revenu réel disponible
Le revenu réel disponible a trois composantes
1) le revenu provenant de la production net d'imp8t,
2) les revenus d'intérêt nets d'tmp8ts
3) la dépréciation antd câpêe de la rd chesse réelle.
Ainsi
P1 Z
'"
Nd]
(23)
y = (1 - u) [ ""P' + r e P
-TI a V

-
155 -
Dans l'équation (23), (u) représente le taux d'imposition, (Z) le niveau
de la production à l'équilibre, (P ) le prix d'unetunité du produit national,
1
an 1C1Re
(p) le cont de la vie, (r ) le taux d'intér~t ré~ ) le stock de titres
e
a
(en valeur nominale) detenus par le secteur privé, (lT ) le taux d'inflation
national anticipé et (V) la richesse totale réelle. Le revenu provenant de
la production net d'impôt correspond à «1 - u) P1 Z / P)/ les revenus
d'intérêt nets d'impôt à «1 - u) r
Nd / P) et la dépréciation anticipée de
e
la richesse réelle à ( -lT a V).
On supposera que l'absorption dépend positivement du revenu disponible,
l'augmentation de celui-ci entraine une hausse de la consommation interne
privée. Cette relation est suffisamment reconnu pour qu'on s'y attarde. Pour
des pays africains de la Zone Franc, comme le Sénégal, les transferts de
revenus qu'effectuent les travailleurs i~grés au profit de leurs familles
constituent une part non négligeable du revenu total dont disponible une
certaine fraction de la population et devraient donc ~tre inclus dans (y).
Pour simplifier on en fera abstraction.
2.1.2. Le taux d'intérêt réel anticipé
La mobilité des capitaux entre tous les pays de la Zone Franc oblige à
utiliser un taux d'intérêt international plutôt que le taux d'intérêt des
pays africains.
On exposera dans la section 5
les raisons d'un tel choix.
Le taux d'intér~t des Etats-Unis (r*) est pris comme référence, il est
augmenté de la dépréciation anticipée du FF (e~) par rapport au dollar et la
modification anticipée de la parité du FCFA avec le FF (e~) et diminué du
taux d'inflation anticipé (~). Le taux d'intérêt réel anticipé est donc
défini par:
,.J
a
a
lTa
( )
24
r e = r* + e 1 + e2
-
On suppose que plus ce taux d'intér~t réel anticipé augmente plus les agents
économi~les préfèrent placer leur revenu plutôt que de se livrer à une
consommation immédiate. Il faut cependant convenir qu'un tel comportement ne
saurait se trouver que dans les couches sociales ayant déjà un niveau de
revenu assez élevé. Aussi l'élasticité de ce taux d'intér~t par rapport à
l'absorption doit-elle être faible.

- 156 -
~.1.). Les prix relatifs
L'introduction de deux prix relatifs (1)8St due au fait que les importations
des pays africains sont scindées en deux catégories : celles provenant de la
France et libellées en FF, et celles proven~üt du resta du monde cL libellées
en dollar
(le dollar étant la monnaie de rM6rence). Ces importations sont
considérées comme des substituts au produit national. Il n'est pas excessif
de soutenir qu'une hausse des prix des proŒ~ts importés «Q1 E ) , (Q2 E E )
1
1
2
sont respectivement le prix des importa.tions de France et le prix des
importations du reste du monde) par rapport au prix du produi~ national
provoquera un déplacement de la demande intérieure vers ce deTI1ier. Dans le
domaine alimentaire, on peut donner l'exemple de la substitution du milou du niébé
(variété de haricot) au riz qui est importé. Dans le court terme, on peut
admettre que les prix français et ceux du r~ste du monde peuvent différer,
sans qUR cela se traduise par une réorientation des échanges extérieurs
vers
les produits français si ceux du reste du monde enregistraient une hausse de
Leur prix. Il exi ste des structures qui fon t qu'importer tels produits de tels
pays est presque une contrainte pour les pays africains. Les aides liées et la dépen-
dance technologique
imposent dans le court terme, tout au moins, les courants
d'importation. Pour certaines matières premières dont les prix sont fixés sur
(1) On peut réécrire ffiltrement les prix rel~tifs
Q1 = %, 1 (1 + q1)
Q2 = %,2 (1 + q2)
F.1 = E , 1 (1 + e
O
1)
E
=
2
E
2 (1 + e
O,
2)
P1 = PO,1 (1 + P1)
L'indice 0 indi~le la période de base, (q1) est le taux d'inflation des
biens importés de France, (q2) le taux d'inflation des biens importés du
reste du monde, (e1) taux de modification (éventuelle) de la parité du
FCFA avec le FF, (e2) le taux de dévaluation du FF par rapport au dollar,
(P1) le taux d'inflation du produit national. Si on suppose qùe
(% 1 = 00 2 = E
1 = E 2 = Po 1 = 1). Alors les prix relatifs deviennent
,
,
O,
O,
,
Q2E1 E2
(1+q2) (1+e 1) (1+e2)
=
P1
1 + P1
( 1+q1) (1+e1)
(26)
( 1 + P1)

-
15'/ -
des marchés internationaux et libellés en une devise bien précise, une
réorientat.ion des échanges est tout sd.mpl.emerrt impossible à opérer puisqu'il
n'existe pas de différence de prix Antre pays fournisseurs dont on pourrait
tirer avantage.
2.2. Les exportations
Les exportations sont divisées en deux eroupes : celles qui sont libellées en
FF et celles libellées en dollar • Une telle distinction a un très grand
intérêt dans la mesu.re où elle reflète le système de double taux de change
~le connaissent les économies africaines. &lpposons que, com~e c'est le cas
actuellement, le FF se déprécie par rapport au dollar. Alors les pays africains
vont obtenir moins de FF et donc moins de FGFA pour leurs exportations libellées
en $ (dollar), si la parité du FCFA par r-appor-t au FF est restée inchangée.
On voit par cet exemple que leur système de change est un facteur supplémentaire
d'instabilité de leurs recettes d'exportation, lesquelles conditionnent
toute politique de développement qu'ils ent8ndent mettre en oeuvre. On a
supposé que les exportations dépendent exclusivement du niveau de la
production. Cette hypothèse est justifiée par le fait que les pays africains
sont spécialisés dans l'exportation de biens dont le prix est fixé sur le
marché international. A ce prix fixe ils sont en mesure d'écouler toutes les
quantités qu'ils ont pu produire. En abaissant les prix, ils subiraient donc
une perte. De plus, il est à noter que les biens exportés ont des débouchés
internes assez limités si bien que ces pays sont obligés, quelque soient les
cours mondiaux, d'écouler leur production sur le marché mondial.
Les matières premières d'origine minérale oa végétale répondent à ce type de
biens et c'est elles qui constituent plus de 70 % des exportations des pays
de la Zone.
1
En différenciant to~alement l'équation de la de~nde globale et en tenant
compte de la reformulation des prix relatifs, on obtient :
dZd = Hd
• d ( (1+q1 ) E
(1+q1) E
1 ) +
1
1 + P1
1 + P1
d
H dV + H~ dt + d G + (xFF+ X$ ) d Z
Hd
v
r
e
d
Z
Z
+
dy
e
y
Dans la suite Rd sera emplacé par Zd •
x
x

-
158 -
SECTION 3 - PRIX DU PRODUIT NATIONAL, LE COUT DE LA VIE
Cette section essaiera de mettre en évidence les principaux facteurs qui
agissent sur le niveau du prix du produit national et en conséquence du
cont de la vie.
3.1. Les principaux liens entre le prix des biens locaux et les
prix étrangers
On analysera ici les raisons qui expliquent la forte dépendance des prix
africains à l'égard des prix étrangers.
La première raison de cette dépendance réside dans une extension naturelle
de la courbe d'offre à une économie ouverte où des facteurs intermédiaires
sont échangés (qu'on se rappelle la distinetion qu'on a faite dans la
première partie entre facteurs échangés et facteurs locaux, respectivement
(FE) et (FN)). Dans sa forme néoclassique, la courbe d'offre globale reflète
une tarification au cont marginal. Le prix du prodQtt national est cont
marginal, et donc augmente avec la production à cause des rendements du
facteur travail. Dans une économie ouverte, si quelques facteurs variables
sont importés, alors une hausse de leur prix augmente aussi le cont
marginal et déplace la courbe d'offre vers le haut. Le résultat est le m~me
dans un univers non néoclassique. En effet, si les inputs sont importés,
une hausse des prix des biens d'importatioJl élève aussi le cont moyen et,
étant donné une tarification fixe, augment.e aussi le prix d'offre de la
production nationale.
Lorsque les prix étrangers augmentent les producteurs africains de substituts
aux importations ou de biens non échangés ,3'aperçoivent qu'ils peuvent accro~tre
leurs marges bénéficiaires sans réduire leur part de marché. Donc sans aucun
changement dans les conts, les prix des produits locaux réagissent aux
variations des prix étrangers.
La troisième raison agit à travers les salaires. Les changements des salaires
nominaux sont dûs dans une certaine mesure aux variations effectives ou
anticipées des prix. Puisque pour un travailleur la valeur réelle d'un salaire
nominal dépend en partie du prix des biens importés qu'il envisage de
consommer, il est évident qu'une hausse des prix des biens d'importation fait

- 159 -
augmenter les salaires parce que les travailleurs voudront maintenir leur
pouvoir d'achat. Comme les salaires à leur tout affectent les prix, on a
encore un effet positif des prix étrangers ~;ur les prix locaux.
Lorsque les prix étrangers augmentent, la d{lmande, aussi bien à l'intérieur
qu'à ltextérieu~ se dirigera vers les biens locaux. Cette hausse de la demande
se concentrera d'abord dans le secteur d'e~)ortation ou celui de substituts
~ux importations. Dans les deux cas le résu0_tat est une hausse de la demande
globale des biens locaux. Cela en retour provoquera un mouvement ascendant des
productions et prix locaux. Ce lien entre prix internes et prix étrangers est
difficile à formaliser. Aussi contrairement aux précédents, on n'en tiendra
pas compte dans la détermination du taux d'~nflation du prix de la production
nationale.
3.2. L'inflation interne
L'inflation interne sera traitée comme la rl3sultante de plusieurs facteurs
pouvant agir simultanément sur les prix. On peut regrouper ces facteurs en
deux catégories: ceux d'origine externe qui agissent de façon directe ou
indirecte sur les prix nationaux, et ceux d'origine interne.
Trois phénomènes inflationnistes seront pri:3 en compte.
Le premier facteur est constitué, par ce qu'on pourrait appeler les rigidités
présentes dans les structures productives~lu'onreprésentera par (Z - z).
(Z) ne représente pas ici le niveau de plein-emploi, car il est compatible avec
des montants substantiels de sous-emploi frictionnel et structurel. Ce qui est
important c'est qu'au-delà de ce niveau de :Jroduction l'augmentation de celle-ci
requiert un déplacement de facteurs qu'on n·; peut opérer qu'en proposant à
leurs détenteurs un taux de rénumération plus élevé. Donc (Z) peut dépasser (Z)
mais au prix d'un coût de production moyen plus élevé.
Le second facteur est la position compétiti-ve des producteurs de biens nationaux
surtout ceux opérant dans les secteurs de biens non échangés ou de substituts
aux importations. C'est l'influence qu'on a décrite dans le second point du
premier paragraphe de cette section. Toute ~ausse de prix survenue à l'étranger
élargit la possibilité de ces producteurs d'accro1tre leurs prix sans mettre en

- 160 -
danger leur position compétitive , On peut r-epréserrter celle-ci par
~ (P/
j
M) A (Ql E1)/(Q1 E1)-1 + (1 - tIF/MI c: (Q2 E~E ) / (Q2 El E
ou,
2
2
après quelques transformations par
(~ (Q1 E
représente la variation des prb: français, (Q1 E
-1 le niveau
1))
1)
des prix français à la période antérieure, (Q6 E
E -1 le ni veau des prix
1
2)
du reste du monde à la période antérieure, (M(F/ M) la part des importations
provenant de France dans le total des importations des pays africains de la
Zone Franc, (1 - ~F/ M) la part des Impor-ta tions provenant du reste du monde
dans le total des importations des pays africains de la Zone Franc. On
rappelle que (q1) et (q2) sont respectivement le taux d'inflation de la France
et le taux d'inflation du reste du monde.
.6 (Q1 E1)
(Q1 E1) - (Q1 E1)_1
- 1
( Q1 E1)-1 =
(Q1 E1t1
Q1 E1 = Q1,-1 (1 + q1) E1 et (Q1 E1)_1 = Q1,-1 E1,_1
L'hypothèse de normalisation déjà faite perIrlet d'écrire (E
= Q
= 1)
1,_1
alors
1,-1
=
de même
En définitive la position compétitive des product.eur-e de biens locaux est
décrite par

-
161 -
L'inflation d8 pt§nuri8 (U, troLième f'act.eur inflationniste:, peut, rtJsulter
soit d'une baisse considérable de la production des biens de consommation
suite à une sécheresse par exemple, soit d'une spéculation sur les denrées
de première nécessité à certaines périodes de l'année. Dans les pays sahéliens
les périodes dites de soudure précédent les nouvelles récoltes. Les greniers
étant vides et le revenu tiré de la dernière récolte déjà dépensé, le paysan
est obligé de s'adresser au commerçant qui lui avait acheté le milou le niéhé
dont il a besoin maintenant. Le prix auquel ce commerçant revend les céréales
est trois à quatre fois plus élevé que le prix d'achat qu'il avait imposé au
paysan.
Enfin le dernier facteur inflationniste qu'on peut mentionner est constituê
par la hausse des sal~ires. Les salaires sont supposés réagir avec beaucoup
de retard à la hausse du coût de la vIe ; i~s sont aussi dépendants du surplus
de travail disponible. Ce dernier est obtenu en évaluant d'abord la quantité
de travail que peut fournir la population aetive (QHTD). Ensuite on estime la
quantité de travail nécessaire pour obtenir une unité de la production
nationale (h). Le produit (hZ) donne le voll~e de travail utile pour atteindre
le niveau du produit national (Z). Le surpllls de main-d'oeuvre correspond à
~TD - hZ)
On admettra que plus cette différence se réciu:tt plus la hausse des salaires est
forte.
En choisissant
un retard de deux périodes dans l'ajustement des salaires
on peut écrire :
.w=
+ " (QHTD - hZ)
où (~) est la hausse du taux de salaire, (Pt-2) la hausse du coût de la vie
à la période (t-
et (~), (~) sont des paramètres.
2)
En rassemblant tous ces éléments et en intégrant les anticipations sur la
a),
hausse du coût de la vie (lT
la hausse d~ prix de la production nationale
peut s'écrire comme suit

J'F'
(29)
P1 = 1>< a + ~ 1 (z - 7.) + ~ 3 t [( 1 + q1) E
1 ] M
+
[ (1 + q~)
1
EfE2 - ~
(1 - ifF) ~ + K[j ['>-Pt-2 + ~(QHTD - h Z)] +k 5 lT A
les (<<., i = 0, ••• 5) sont des paramètres.
l
3.3. Le coût de la vie
Sur le marché, on trouve deux catégories de biens : ceux qui sont localement
produits et ceux qui sont importés et tout indice du coût de la vie doit
incorporer les pr-ix de tous les biens ent.rarrt dans la définition du panier de
consommation. Aussi dans les pays africains le coût de la vie a deux composantes
d'une part le prix d8s biens locaux, cl'autr8 part le prix des biens importés
de France et celui des biens provenant du rEl ste du monde. L'hypothèse de
normalisation permet d'écrire
P = 1 + p
Ainsi le coût de la vie est représenté par
(1 + q2) E
E
1
2
où (8) représente la part des biens Lmpor-t.ê:s ,

- 163 -
SECTION 4 - LF.S ANTICIPATIONS
Dans le modèle, les anticipations portent sur la modification de la parité
du FCFA (e~), la dépréciation du FF (e~) et la hansse du coût de lfl vie Cn-a ) .
Ces variables jouent un rôle important dans l'activité économique, aussi est
il nécessaire de tenir compte des anticipations des agents économiques sur
1
l, leurs valeurs futures. On peut raisonnablemEnt postuler que ces derniers
n'auront pas le même type d'anticipation pour chacune de ces variables.
Le FCFA depuis 1948 n'a pas connu une modification de sa parité. Aussi peut-on
présumer que les agents économiques vont continuer à supposer qu'il en sera
toujours ainsi. à l'avenir. Autrement dit leur anticipation pour (e~) est
adaptative: sa valeur sera toujours nulle. En effet dans le cas d'anticipations
adaptatives, l'anticipation formée dans la période courante pour la période
suivante augmente eu proportion de l'erreur effective de prévision:
lJ1 (À.1) estle coefficient de correction des erreurs de prévision, (t_ et)1
l'anticipation faite en (t - 1) sur la dévaluation du FCFA en période (t), et
(e
le taux effectif de dévaluation du FCFA.
1,t)
On supposera aussi que les anticipations sur le taux d'inflation sont adaptatives
avec (~2) représentant le coefficient de correction des erreurs de prévision,
(t_1Tr~) l'anticipation faite en (t - 1) sur le taux d'inflation, (TI t) le taux
d'inflation effective en (t).
Quant au FF la modification de son taux n'est pas très rare. Etant une
monnaie librement convertible sur le marché de change son cours varie au
jour le jour. En plus de ces variations quotidiennes, le FF est dévalué à
intervalles réguliers .(tous les dix ans à pe~ près) depuis la cinquième

-
1 (,~
-
République: 1958, 1969, 1981. On fera l'hypothèse que pour la monnaie française
les agents économiques ne tiennent compte que des ajustements de long terme
et considèrent que les fluctuations au jour le jour s'équilibrent en moyenne.
Aussi leurs anticipations sont-elles régres~ives, ils prévoient une
modification du taux de change du FF qui est. proportionnelle au taux d'inflation
de long terme :
avec (e~,t) le taux de dévaluation du FF anticipé en (t), (e 2,t) le taux de
dévaluation courant actuel (e 2 t), (~3) le coefficient de correction des
-
,
erreurs de prévision, (e
t) le taux d'inflation de long terme de la France.
2,
Les agents économiques pour former leurs anticipations, corrigent le taux
observé (e 2 t) d'un certain pourcentage de l'écart entre le taux de long terme
, -
anticipé en t (e 2,t) et le taux courant actuel (e 2,t).

- lG5 -
SECTION 5 - LE MARCHE FINANCIER
Dans ce modèle, deux types d'actifs seront retenus : la monnaie et le(s)
titre(s). On considèrera le cas où il n'existe qu'un seul titre puis celui de
plus d'un titre. Auparavant, l'offre et la demande de monnaie seront analysées.
5.1. 1'offre et la demande de monnaie
5.1.1. L'offre nominale de monnaie
L'offre nominaIe de monnaie a trois composantes
les avances au trésor (D). Ces avances sont réglementées, elles ne doivent
pas dépasser 20 %de la moyenne des r-ecet.t.es des quatre dernières années
fiscales. En fait, elles correspondent à la création monétaire.
les crédits à l'économie (C). Le volume 6t les conditions d'octroi de ceux-ci
sont fixés par la Banque Centrale de chaque zone d'émission. Etant donné qu'on
fera abstraction du secteur bancaire, on posera que (C = 0).
Les réserves extérièures (F). Les banques d'émission des pays africains
(BCEAO et BEAC) ne se livrent pas à des opérations de stérilisation. Aussi
les variations des réserves extérieures sont transmises intégralement au
stock d'encaisses disponibles dans la Zone.
Au total, on peut représenter l'offre nominale de monnaie par l'identité
suivante :
Cette identité peut se réécrire autrement
s)
où (L
est le stock nominal d'encaisses à la période courante, (L~1) le
stock nominal d'encaisses à la période antérieure, (D) la création monétaire
.
(ou avances au Trésor) de la période courante, (F) la variation des réserves
extérieures de la période courante.
Puisque la variation des réserves extérieurEs à un moment donné est égale
au solde de la balance des paiements (B), l'équation définitionnelle de l'offre

-
lL6 -
d'encaisces nominales s'écrit
5.1.2. La demande de monnaie
Le choix de variables d'échelle pour la fonction de demande de monnaie ne
pose guère de problème. On peut, en effet, retenir le niveau de la production
nationale (Z) et la richesse totale (V). Par contre celui des variables
représentant le coftt d'opportunité n'est pas aisé. A priori on peut penser
que les taux d'intér~t de la BCEAO et de la BEAC sont appropriés.
Cependant ils présentent un inconvénient en ce sens qu'ils sont fixés à un
niveau si bas qu'ils ne représentent pas grand chose à c6té de l'inflation
et les rendements des autres opportunités de placement. Ils n'ont pas été
déterminés dans l'optique d'une incitation à l'épargne. De plus la mobilité
des capitaux étant de règle dans la Zone Franc, on peut se demander s'il ne
serait pas plus pertinent de prendre le taux français ou international comme
coftt d'opportunité puisqu'à tout moment un particulier peut transférer ses
fonds en France ou hors de la Zone (la France n'exerce plus de contr61e des
capitaux). Peut-~tre serait-il plus indiqué de construire deux fonctions de
demande, l'une ayant le taux d'inflation (plus exactement la hausse du coftt
de la vie) comme coftt d'opportunité, l'autre le taux d'intér~t anticipé sur
le marché international Cr = r* + e~ + e~). La première serait appliquée aux
couches titulaires d'un revenu faible, la seconde aux couches dont le revenu
est assez élevé, la raison d'une telle distinction étant que ces dernières
sont plus au courant des avantages qui sont attachés au placement de l'épargne
à l'étranger. Mais on peut estimer qu'il revient au m~e d'avoir une seule
fonction où la hausse du coftt de la vie (p) et le taux d'intér~t sur le marché
international (~) figurent à la fois comme coftts d'opportunité. L'idée qui
soustendrait une telle démarche serait que tous les agents économiques n'ont
pas tous connaissance des informations qui leur permettraient de tirer avantage
de la mobilité des capitaux au sein de la Zone et entre celle-ci et le reste
du monde. La demande de monnaie devient alors :
d
d + : ' - +
L
= L -(Z, r, p, V)

- 167 -
d)
où (L
est la demande nominale de monnaie. Les signes au-dessus des
déterminants indiquent le sens des variations de la demande de monnaie
par rapport à ceux-ci.
5.2. Les titres
Les mouvements de capitaux traduisent les ffieouvements d'achats et de ventes
de titres qui se déroulent entre les pays africains de la Zone Franc et le
reste du monde (y compris la France cette fois-ci). Tout en se plaçant
dans le cadre d'une mobilité parfaite des capftaux, on peut étudier ces
mouvements en supposant l'existence, soit d'un titre unique échangé
internationalement, soit de plus d'un titre. On verra que les deux résultats
sont en définitive très proches l'un de l'a~tre.
5.2.1. Existence d'un seul titre
On suppose qu'il existe un seul titre émis par les gouvernements africains.
Ce titre peut ~tre détenu par
1. le secteur privé national,
2~ les agents économiques (privés ou pubLi.ce) français,
3. les agents économiques (publics ou privés) du reste du monde.
Ce titre est la forme sous laquelle ces gouvernements s'endettent au niveau
aussi bien interne qu'externe. L'endettement du secteur privé à l'étranger
est inclus dans celui de ces gouvernements (~i agissent en quelque sorte
comme leur caution. Le titre en question a toutes les caractéristiques d'une
obligation et son taux de rémunération est égal à celui servi
à l'étranger
sur des titres de nature identique. La demande nominale de cette obligation
devient
+
-
+
(Y, r;, p, V)
(Nd) a les mêmes déterminants que la demande de monnaie sauf pour l'une des
deux variables d'échelle. En effet la demance de titres, par le secteur privé,
dépend positivement de son revenu disponiblé et non du niveau d~ la production
nationale. Il est raisonnable de supposer ~e compte tenu de la faiblesse de
l'épargne nationale ainsi que des structures monétaires et financières, le
secteur privé national n'est pas en mesure c'absorber la quantité de titres
qu'émettent les gouvernements. Le reste de titres émis est donc détenu par les
agents économiques français ou du reste du monde.

- 168 -
La souscr-ï.ptd on du titre par l'étranger dépend
1. du niveau d'endettement
2. de la capacité d'endettement du gouvernement émetteur auprès du FMI,
3. du niveau des ey20rtations.
Cette demande étrangère (N*) sera tra4.tée comme un résidu
où (N) est le total de l'endettement des gouvernements exprimé en FCFA.
Les entrées de capitaux s'analysent comme url accroissement de la dette
publique extérieure. Les entrées nettes soni. obtenuec en tenant compte des
remboursements et des paiements d'intér~ts
entrées de capitaux
: N* - N~1 = ~*
paiements d'intérêts : r N*
Sl l'on suppose que les remboursements sont égaux à une fraction de la dette
totale ('t'), ils s'élèveront à chaque pér-Iode à ('eN*). Les entrées nettes
deviennent :
Puisque l'obligation est souscrite aussi bi en par la France que le reste du
monde, on peut décomposer ces entrées nette:: de capitaux selon la monnaie du
souscripteur : le FF ou le dollar. Ainsi on aura :
avec:(N*FF) la fraction de la dette libelléé en FF, (N*$) la fraction de la
dette libellée en dollars.
Rappelons que

-
169 -
5.2.2. Le cas de plus d'un titre
Le modèle peut prendre en compte l'existencE de plusieurs titres. C'est
d'ailleurs plus conforme à la règle de mobiJité complète des capitaux entre
la France et le reste du monde. On supposera. que dans les pays africains 11
n'est émis, par les gouvernements, ~~'un seul titre appelé obligation.
Comme dans le cas précédent ce titre est détenu aussi bien à l'intérieur
(secteur privé national) qu'à l'extérieur. Cependant le secteur privé ne
souhaite pas conserver dans son portefeuill~ un seul titre. Il considère
l'obligation nationale comme un actif sans risque qu'il détient de préférence
aux titres de nature semblable émis à. l' étr,s.nger. La recherche d'un rendement
plus élevé le pousse à acquérir des actifs 8trangers à revenu variable. Et
il est conscient du fait qu'une diversification internationale est le
meilleur moyen de réduire le risque qui est attaché à la détention de ces
derniers. Aussi s'efforce t-il d'acquérir des titres émis tant en France que
dans le reste du monde.
La présence de titres étrangers dans le portefeuille du secteur privé deo
pays africains est un fait massif qu'on peut expliquer par deux facteurs
complémentaires. D'abord, il faut rappeler que la création de la BCEAO et de
la BEAC, au début des années 60, correspond à la période de triomphe du
keynesianisme, lequel a fortement influencé ceux qui ont élaboré la politique
monétaire des pays africains. En effet, on a estimé que le principal objectif,
vers lequel doit tendre chacun de ces pays (lst la réalisation d'une croissance
rapide qui requiert des investissements importants. Afin de stimuler ceux-ci
il est nécessaire de disposer d'une épargne à bon marché; c'est-à-dire qu'il
faut appliquer des taux d'intérêt très faib::"es pour rendre rentable le
maximum de projets. C'est pourquoi des taux d'intérêt très bas et stables ont
toujours été pratiqués. Mais ce faisant on pénalisait l'épargne nationale, car
le taux d'intérêt s'il est un coût pour l'investisseur, il est aussi une
rénumération pour l'épargnant. Dans ces coruiitions, l'épargne locale ne trouvait
pas intérêt à être placée sur le marché national, sa rénumération ne protégeant
même pas contre l'inflation. C'est ici qu'entre en jeu un second facteur qu'on
a déjà rencontré. La Zone Franc, comme tout(3 Zone monétaire, est un espace de
mobilité totale des capitaux entre la Fr-ance et les autres membres. Les
mouvements de transferts étant libres, les gros épargnants ont tôt trouvé plus
avantageux de placer leurs capitaux en Fran~e ou sur le marché international.

- 170 -
Ce phénomène a même touché les organismes é-;,at.iques comme Jes Caissesde
Dépôts et Consignation (1)
Il n'est pas possible de faire une dâ s td.ncto.on entre la demande de titres
français et de ceux du reste du monde, les agents économiques les considérant
conune parfaitement substituables. Aussi aura-t-on deux fonctions de demande
d'actifs. La fonction de demande de l'obligHtion nationale est représentée
par :
+
+
+
Nd = Nd (Y, p, r, <ra, V)
La fonction de demande d'actifs étrangers e~t donnée par
+
+
+
+
= N*d (Y, ~, V-a, p, X, V)
(n) est la varf.abl,e de risque associée aux anticipation:; subjectives des
investisseurs nationaux. Ces anticipations portent sur l'impact des variations
des taux de change sur le rendement des actlfs étrangers. Plus concrètement
(~) peut ~tre considéré comme une déviation standard des rendements de ces
derniers par rapport à leur moyenne : (n) e,st l'écart type du portefeuille
d'actifs étrangers. (X) représente les exportations totales. C'est une
variable d'échelle qui est un indicateur des actifs à court terme dont le
secteur privé est détenteur sur l'étranger (2). (N*d) représente la demande
de titres étrangers par le secteur privé. On supposera que plus le revenu
disponible est élevé plus la demande de ti tces étrangers augmente, il en
est de m~e de la richesse réelle totale; et du volume d'exportations.
(1) Jon Bourdin, Monnaie et Politique monétaire dans les pays africains de la
Zone Franc, les Nouvelles Editions Africaines 1980
(2) Pour l'inclusion des importations et deE exportations dans une fonction
de demande de titres (étrangers ou naticnaux) se référer à Zoran Hodjera,
"Alternative Approaches in the analyses of International Capital mouvements:
A case study of Austria and France" • Staff Papers. 1976, pp. 596 et suivantes.

- 171 -
Si l'on prend en compte plus d'un titre, les mouvements de capitaux auront
deux composantes : ceux du secteur public (les gouvernements) et CAUX du
secteur privé. La première composante correpond au cas d'un seul titre et peut
être considérée comme les mouvements de capitaux du secteur public. On a
donc tout simplement: (1 -~ -11 E (N*FF + E N*$) - E E (N~~ + N:~F).
1
2
1
2
on supposera que les actifs étrangers détenus par le privé sont libellés en
1
dollar : (N*d = E E N*$,d) avec (N*$,d) représentant la valeur en dollar
1
2
des titres étrangers detenus par le secteur privé.
Les mouvements de capitaux du secteur privé seront représentés par
1
Au total les entrées nettes de capitaux des pays africains de la Zone Franc
seront représentées par l'expression suivante
(39)
(1 - t - f) E
(N*FF + E N*$) - E
E
(N~~ + N~~) + E E [+ (1 - 10
1
2
1
2
1
2
N*$,d + N*~]
-1
5.3. La richesse réelle du secteur privé
La richesse réelle du secteur pri~é est la somme des actifs qu'il détient.
Ces actifs sont de trois sortes :
1. les encaisses monétaires (L),
2. les titres émis par les gouvernements ou détenus sur l'étranger (N = Nd+N*d)
3. le stock de capital physique (K).
En supposant que la productivité marginale physique (~) est toujours égale
au taux d'intérêt réel anticipé (3)(~ ), la richesse réelle (V) équivaut à
e
d
*d
~
(40)
V = L + N + N
+ P1 r e K
p
(3)
S. Turnovsky, déjà cité page 246.

- 172 -
SECTION 6 - L~ BALANCE DES PAIEMF~TS
Le solde de la balance des paiements, c'est la variation du stock de réserves.
Il a une incidence directe sur le stock de monnaie puisqu'il
est une de
ses composantes. Le nombre de titres pris en compte influe directement sur la
formulation de l'équation de la balance des paiements puisqu'il détermine
les mouvements de capitaux.
Dans le cas d'un seul titre, on a
x$ (Z)] - E
rQ M" (y Q1 E1 , 't , V)
1 t1
' 1 + P1
e
, 1e 1V)] + (1 - l' - 'f) E (N*FF+ E N*$)
1
2
Si l'on prend en compte plus d'un titre, l'équation de la balance des paiements
devient
(p ~ représente le prix uni taire en FF des exportations libellées en FF et
(p ) le prix unitaire en dollar des exportations libellées en dollar.
s

- 173 -
SECTION 7 - EQUILIBRE SUR LES DIFFERENTS MARCHES DE BIENS ET U1Ac;TH'S FINANCIERS,
RESUME ET FORMF. REDUITE DU MODELE
On a , dans les sections précédentes, décrit l'offre et la demande du produit
national de la monnaie et des titres. Il est nécessaire d'analyser les
conditions d'équilibre dans le court terme des trois marchés correspondants.
Grâce à la loi de Walras, selon laquelle la somme algébrique des demandes
excédentaires en valeur sur les marchés est identiquement nulle, on peut
concentrer l'attention sur deux marchés, puisque, s'ils sont en équilibre, le
troisième le sera nécessairement. Pour tout ce qui suit
1. on supposera qu'il n'existe qu'un seul titre à savoir, l'obligation émise
par les gouvernements et qui est le moyen par lequel les paysans africains
s'endettent,
2. on éliminera le marché de titre, ce qui revient à dire que l'analyse de
l'équilibre portera sur ceux des biens et de la monnaie.
Pour chacun de ces deux marchés, on postulera que les conditions d'un
équilibre instantané sont remplies (1). Autrement dit aux prix courants les
offres et demandes sur les marchés de biens et de la monnaie sont en équilibre.
A tout moment, on aura ainsi (Zs_ Zd= 0) et (L:
+D + B - LD (Z, p, t, ;) = 0).
1
Il est difficile dans les pays en voie de développement en général, les pays
africains de la Zone Franc en particulier de supposer l'absence complète
d'illusion monétaire, c'est pourquoi contrairement à l'usage répandu dans la
littérature économique on a pas sorti le niveau général des prix de la fonction
de demande nominale de monnaie.
(1) "En équilibre instantané chaque agent économique fait exactement ce qu'il a
envie d'accomplir, étant donné les contraintes que les décisions passées et
les prix C011rants imposent à son comportement et selon ses anticipations
concernant le comportement futur des prix, salaires, taux d'intér~t et d'autres
variables qui sont pertinentes pour ses décisions courantes, mais non
observables sur un marché. Les prix courants doivent ~tre tels que les agents
économiques se comportent d'une manière qui soit compatible avec l'équilibre
de tous les marchés des biens courants et des actifs". Michael Mussa, A study
in macroeconomics, North-Rolland Publishing Compagny - Amsterdam 1976, page
108.
1

TABLEAU 2 - RESUME DU MODELE
DEl1A.NDE DU PRODUIT NATIONAL
(22)
REVE>lU DISPONIBLE
PRIX DU PRODUIT NATIONAL
(29)
1 + Pl = 1 + P(o +K 1 (Z - z) + P<3 f [( 1 + ql) El - 1Jr + [( 1 + q2) El E - lJ
2
( l - F ) 5 +b(4 [APt-2+~ (QHTD-hZ)] +K lT a
5
OOUT DE LA VIE
OFFRE DE K>NNAIE
s
s

L
= L_
+ D + B
1
DEXANDE DE K>NNAIE
d
d
,,/
L = L (Z, r, p, V)
BALANCE DES PAInmiTS
B=

TABLEAU 3
-
FORME REDUITE DU OODELE
EQUILIBRE DU MARCHE DU PRODUIT NATIONAL
(1 )
REVENU DISPONIBLE REEL
,(1+p,)Z
(2)
,.j
[
}
r:
y -
(, - U )
(
'+p
+ r
(, + p) V - L - (, + p,)
KJ ) _!Ta V = 0
EQUILIBRE DU MARCHE DE LA MONNAIE
s '
.,J
L_, + D + B - L (Z, r, p, V)
=
0
BALANCE DES PAI~TS ~ TEmŒS NOMINAUX
FF
$
rJ1F
Q,E,.v
B = E,
PF X (z) + E2 Ps X (z) - E, LQ, ~- (Y, ~,' re' V)
V)]
+ (, - -; -'f} E, (N*FF + E N,.$) - E, ~ (N~ + N~;")
1
2
COUT DE LA VIE

-
l'If, -
Le tableau 2 présente les principales équations du modèle. Leur contenu a
été l'objet des développements antérieurs.
Des nombreuses variables endogènes que contient le modèle ou privilègera
cip-q : le niveau du produit national, le revenu disponible réel, la hausse
du prix du produit national, celle da C0~t de la vie, et le solde de la
balance des paiements. Le système par substitution se réduit à cinq équations
qui contiennent cinq inconnues, précisément les variables énumérées ci-dessus.
Le tableau 3 présente la forme réduite du modèle. Dans l'équation (2) le
stock d'obligation a été remplacé par sa valeur tirée de l'égalité suivante:
( ( )
d
(
-v
-
)
(
1 + p
V = L + N
+
1 + P1) r e K )'

TABLEAU 4 - DIFFEIill1TIELLE TOTALE DU SYSTDlE REDUIT
EQUILIBRE DU MARCHE DU PRODUIT NATIONAL
REVmIJ DISroNIBLE
, + P,
( Z
'" '" _)
'+P,
(2)
- (1 - u) T+P dZ - (1 - u)
T+p - r r e K dP1 + dY + (, - u) Tij) Z dp + O.dB" 0
EgJILIBRE DU MARCHE HJNETAIRE
SOLDE DE LA BALANCE DES PAI»Œ»TS
X~
(Q1~
~ ~)]
[ -(1 + P1) E
(E
P
+ P
+ E
dZ + E
1
2
F
s I f ) + E1
2
1 [ - (PF?F + E2 Ps x$)
• ..F\\i'
~E1
.
~E1E21
.jI
f t " J>
-
~ Pr~ E
.~) 2 - E2 ~ H""~E1 E ·"'t"1"+iY'2. dp1 + &1 (~"y + E2 ""Z'y ) dy +
1
2
1+P1
1+P1
O.dp + dB=[ (1 + P1) (JT?F+ E
~ r!') - (~~E
2 p
X$) - (~ 1P+ E2
E1
• Q1
+
8
~,
1~1
,
1+P1
E2Q~~1E2 • ~ E1 ) - (1 - -;: - f') (N*FF+ E N~) ~.
2
&2 H~ + H~7 ]dE1 +
~
, + P1
.
H~+ .~J
[ - (, +P,) E1 Ps x!' - (E1 Q1 P + &2 ~ ~.& E
• ~&1 ) - (1 - ')( -'f> E1
E1
7'"1 2
1+P1
, + P1
OOUT DE LA VIE
p "
(5)
- El (~1 +P(fQl) dZ + O.dp1 + O.dY + dP + o. dB= f~ [ (~,r (1 + q1) +~, (1 + q2) E2
~
-~)
(1 -
)] + (1 - 5) [t: (1 + q,) + (1
(1 + q2) E21 } dE, + [+ Sk', (1 + q2)
(1 - ~) E + (1 - &) (1 - ~) (1 + q) &1 ] dE
1
2

- 178 -
CHAFITRi 9
EFFETS DANS LE COURT TERHE 0ES PRINCIPAUX SCENAlUI
DE HODIFICATION DU SYSTE!{2; DE TAUX DE CHANGE
DES PAYS AFRICAINS Dl!.: LA ZONE FRANC
On étudiera les conséquences à court terme des trois principales politiques
de taux de change que les pays africains de la Zone Franc pourraient mettre
en oeuvre. On cherchera donc à répondre à la question de savoir quels effets
auront sur le produit national et son prix, le revenu disponible, le cont
de la vie et le solde de la balance des paiements, les trois scénarii
suivants :
- (S.1) - Une dévaluation du FCFA par rapport au FF et donc aux autres devises,
- (S.2) - Une dévaluation du FF par rapport au dollar (pris comme devise de
référence), alors que la parité du FCFA avec le FF demeure inchangée.
- (S.3) - Une dévaluation du FF suivie d'une réévaluation proportionnelle du
FCFA (donc une poli tique qui maintient constante la valeur du :F'CFA
en dollar).
Puisqu'on se limitera exclusivement à l'analyse des conséquences des modifications
du système de taux de change de la Zone, on supposera que toutes les variables
exogènes autres que (E
et (E
sont constantes. On postulera en outre que
1)
2)
l'effet de la richesse réelle sur les demandes du produit national et de la
monnaie ainsi que des importations, est nul (ou tout au moins négligeable
dans le court terme).
Ce chapitre comprend trois sections. Elles feront l'étude des trois scénarii
àécrits ci-dessus. On utilisera la technique de la statique comparative pour
saisir les effets de chacune de ces modalités de modification du système
de taux de change. Le tableau 4 présente la différentielle totale du système
réduit.

-
1'19 -
SECTION 1 - EFFET': D'UNE DEVALUATION DU FCFA PAH RI1PPORT AU FRANC FEANCHS
ET AUX AUTRES DEVISES
On avajt vu que la seule éventualité qui a été prise en compte dans le débat
sur la pertinence de la parité actuelle du FCFA est la possibilité d'une
dévaluation (réévaluation) de cette monnaie par rapport au FF. Faudrait-il
rappeler une
obj ection déj à faite, à savoir que personne n'a cherché à
conduire son argumentation dans un cadre rigoureux permettant de prendre en
compte les caractéristiques principales des économies en question ? Les
résultats obtenus dans cette section montrent incontestablement qu'une
dévaluation du FCFA ne saurait, dans le court terme tout au moins, induire
les effets que l'on pourrait en attendre puisqu'elle devrait conduire à une
baisse du niveau de l'activité économique et du revenu disponible, une
dégradation du solde de la balance des paiements et une hausse aussi bien du
prix du produit national que du coût de la vie. De tels résultats confirment
les conclusions du chapitre 6 sur les effets des politiques de dévaluation
dans les pays en voie de développement. Ils constituent aussi une raison
suffisante pour rejeter Jes propositions de dévaluation du FCFA pour "favoriser
le décollage économique". Cette section a pour objet l'analyse de ces
résultats et la discussion des hypothèses qui les sous-tendent.
Une dévaluation du FCFA vis-à-vis du FF, alors que le taux de change de ce
dernier avec le doller demeure inchangé, se traduit formellement par
dE >0 et dE = 0
2
1
On présentera sous forme d'une proposition les conclusions que l'on peut tirer
d'un tel scénario ainsi que les hypothèses qui les sous-tendent. Les
développements mathématiques de cette section figurent.à l'annexe du chapitre
9.
PROPOSITION 1. Sous les hypothèses suivantes:
1) Une variation de la production nationale a un impact plus fort
sur la demande privée interne que sur les exportations,
2) le coefficient de capital dans les pays africains est au moins
égal à 2 ,
3) L'effet d'une variation de la production nationale sur les

-
J',
...
CD
o
d
FF
1>
W
1
1 = - Zz + X Z + X Z
W = - (1 - u) (_Z_ -r' ~K)
4
1+P1
e
~+E2t1
y
y
1+P1
(1 - u)
-1-
Z
+P
FF+
(P
~ M~E1E2
F X
E2 Ps Xl> ) - E1 [ Q1 ~ + E2

<1.
1+P1
(N*FF + E
NJ»
-
(E
N~ + N~7)
2
2
t"':; (,
6
+~,
~)
+ ',)
(, + '2) '2 (, - : ; ) ] + (, -

-
181 -
expor-t.atd.ons es t plus important qu« oe.LuL sur les importations,
4) Un~ c~rtaine partie des importations est constituée de produits
substi tuables aux biens localement pr'odui, t s, Aussi lorsque Leur-s
prix augmentent, il y a un déplacement de la demffi1de vers ces
derniers,
une dévaluatio~ du FCFA vis-à-vis du FF, alors que le taux de change de ce
dernier avec le do~lar reste inchangé, provoque dans le court terme u~e
bai.sse du niveau du produit national, du revenu disprmible, une détérioration
du solde de la balance des paiements, une hausse du prix des biens localement
produits et du cont de la vie.
Les hypothèses énumérées ci-dessus sont nécessaires pour démontrer les
conclusions de ce scénario.
Le tableau 5 définit les nouvelles notations employées dans cette section. La
première hypothèse permet de déterminer le signe de l'expression
d
FF
$
d
FF
$
(W
= -ZZ + X
si l'absorption varie
1
z + XZ)' En effet comme (ZZ' Xz ' Xz >0)
"
plus fortement en valeur ~bsolue que les exportations à la suite d'une variation
de la production nationale, alors (W ~O).
1
La seconde hypothèse est compatible avec de nombreuses études empiriques
portant sur les pays en voie de développement. Elle permet de signer l'expression
(W ). On sait qu'entre la production nationa18 et le stock de capital existe
4
~~e relation, le coefficient du capital (~) qui est égal à (z/~ K), soit
(Z = u 13K). La valeur de (~) est au moins égale à 2. En r'empl.açarrt le niveau
k
de production (Z) par ( ~~ K) dans la différence «Z/1+p) - ~ teK), on obtient
<Kpu
/(1 + p) - r r ) . La va.Leur de (r r'e) est très proche de zéro car si
k
e
par exemple le taux d'intér~t nominal anticipé est de 25 %et l'inflation
anticipée de 15 %alors rr~ = 0,025) puisque le taux d'intér~t réel a"'1ticipé
e
est égal à (r'e = 0,10). Au total on peut dire que (~~/(1 + p),> ~ ~). En
conclusion l'expression (W
= -(1-u) Z/(1 + p) - r~e K) est de signe négatif.
4
Gn a posé la troisième hypothèse pour signer l'expression
(R
X~
M~
1 := E
+ P1) (E
+ X~F) + ~F + E
). En effet (R,) est la
1(-(1
2
2
différence entre la variation des exportations et celle des importations, toutes
deux consécutives à une m~me modification du volume de la production nationale.
Les importations sont souvent d'une nécessité presque absolue. Aussi sont-elles
peu élastiques à la production courante. Pour les exportations, on avait vu

TABLEAU 6
-
EFFETS SUR LE NIVRAU DU PRODUIT NATIONAL, SON PRIX, LE SOLDE DE LA BALANCE DES PAIEl-1ENTS,
LE COUT DE LA VIE, LE REVENU DISPONIBLE DE LA DEVALUATION DU FCFA, LE TAUX DE CHANGE DU FF
DEMEURANT INCHANGE
ez 1
1
J,
[ - W
z~) - W
(1'1 + W z~>J
de
5 j, (Wa ')- + R2
1 de = 0 = ~
4 (j, My j2 z~) + j, R2 - j2 Wa + Lp
0
4
2
aB 1
= Lz
w, (z~
z~
de
-
1 de = 0
L
[- W
j2 + My jl) - j, (W
L
J,) -
p W, W
Lp Wj
2
5
4 My - R2) - j2 (Wa - W4
4
z~)
z~)
(Wa J - j1 R
(W
- j, R (W
]
2
2) + j , W1
4 ')- - R2) - j, W2 (Wa My + R2
1
a + W4
ap11
1
[ - L
de
Z j1 + LZ j , z~ W5 - W5 W, (jl My + z~ j2) + W5 j, (W1 My + z~ R1)
+.2
1 de - 0= 2:.
2-
-
r~
(j 1 Hy + j 2 z~) + W j 2 - R j 1 - L
1
1
p W2 j 3 z~ - Lp
(W1 j 3 - W3 j 1 ) ]
~
1
[
d
d
de11 de
= 0= L::
LZ j, (·0 + Zy ·4) + ., W4 (j, Zy - j, My + W, (j2 ·0 - R2 j,) - j, W1 (W4 My- R2)
2
z~
+ j , W
(W
R
+ j , R
2
a My -
1)
1 (.0 + • 4 z~ - Lp W,
(Wa + W4 Z~)]
L
W
W j1 - W
(W
j2 - R
j1) - W
Z
o j3 Ws + LZ 4
s W3
O
2
s j3 (W1 R2 - R1 wO) - j1
re,1 de =a =~ [
2
(W
R
- R
W ) - j2 (.1 R
- R, .0) + jl . , W
2
2
1
4
2
4 - j, (W, W4 - \\'2 "0)]

-
183 -
qu'elles sont davantage contraintes par les conditions d'offre. C'est pour~loi
elles sont très sensibles au niveau de la production nationale. Dans le
court terme on peut admettre donc que ~ (1 + P1) (X~F+ E X~»
(M~F + E M~) ~ •
2
2
Dans ce cas (R
est de signe négatif.
1)
Enfin la quatrième hypothèse permet de montr8r que
(
S
d
d
2
)
(WO = Zp1 + ZQ1E/(1+P1) ·Q1 E/(1+P1) + ZQ2E1E2/(1+P1)
·Q2E1 E2 /(1+P1) >0).
On sait qu'une hausse du prix du produit national est un stimulant pour les
producteurs, donc (Z~>O); on avait aussi vu que les importationsdans une
certaine mesure peuvent être considérées comme des substituts aux produits
locaux aussi lorsque leurs prix augmentent (par conséquent hausse du rapport
(Q1E1/(1+P1)) il Y a un déplacement de la demande vers ces derniers. C'est
pourquoi
(Zd
Q E /(1
) ' zdQ E E /(1
)
0). Au total (WO)0).
1 1
+P1
2 1 2
+P1
Avant de commenter les résultats de ce premier scénario, il est nécessaire
de déterminer les signes des expressions (j1)' (j2) et (j3) qui figurent
au tableau 5. (j1) représente l'impact direct d'une dévaluation du FCFA sur
l'offre et la demande interne du produit national. On avait établi dans la
première section du chapitre précédent qu'une dévaluation du FCFA en
augmentant le coût des inputs importés a un impact défavorable sur l'offre,
donc (Z~ <0). L'hypothèse 4 sur la substituabili té partielle des importations
à la production nationale permet de poser que
( zd
zd
> 0)
D
(J
0)
(
Q1E/(1+P1)'
Q2E1 E2/ (1+P1)
)'
one
1 >
Si l'on suppose que l'effet d'une dévaluation du FCFA sur la valeur en FCFA des
exportations est inférieure à la somme, d'une part de l'effet de cette
dévaluation sur la valeur des importations et sur le montant des entrées nettes
de capitaux exprimées en FCFA, d'autre part de la variation de la valeur des
importations due à la modification des prix relatifs (Q1 E1/(1+P1) et Q2E1E2 /
(1+P1) ), alors (j2) est de signe positif.
Enfin (j3) qui représente l'incidence de la dévaluation du FCFA sur le coût
de la vie, est positif comme on peut facilement s'en rendre compte.
L8 tableau 6 rassemble les résultats du premier scénario. Les rapports obtenus
ont le m~e déterminant. Les calculs dans l'annexe de ce chapitre montrent que
son signe est négatif. Donc pour connattre l'impact d'une dévaluation du FCFA

- 184 -
sur les variablF.:s économiques retenues, il suffit d'étudier le signe du
numérateur des expressions dans le tableau 6.
La dévaluation du FCFA a pour conséquence une réduction du niveau de
l'activité économique. On constate en effet que dans le numérateur
de l'expression correspondant à ~ ( 0 Z/dE dE
1)
= 0 ~ seule la quanti té
2
(- W J
My + J
R
est négative (1). Comme en valeur absoluf~ celle-ci
4
1
1
2)
est inférieure à la partie positive du numérateur, on en déduit que
( à Z/ dE1 ) dE
"" 0 <0). Ce résultat s'explique certainement par le fait que
2
même si la hausse du prix du produit national à la sui te d'une dévaluation
du FCFA est un stimulant pour les producteurs, l'accroissement de la
production qui en résulte n'est pas compensée par la contraction de l'offre
provoquée par la hausse des coûts, en particulier ceux liés à l'utilisation
du capital et à la conso~~ation de matières premières qu'on a supposées toutes
importées.
L'effet de la dévaluation sur le solde de la balance des paiements est lui
aussi facile à déterminer. En étudiant le signe du numérateur de la valeur de
~(3B/dE1) dE = 0 ~, on constate que seule la quantité (-W5W3Z~ - j3R1 (W+W4Z~))
2
est négative. Puisque (2.<.0) on a effectivement un impact négatif de la
dévaluation sur le solde de la balance des paiements. La raison réside
certainement dans le fait que les expor-tatd.ons , qui dépendent presqu'
exclusivement du niveau de la production courante, enregistrent une chute
importante consécutive à la baisse de celle-ci que ne compensent ni la
réduction immédiate des importations (jugée faible) ni l'augmentation des entrées
nettes des capitaux en raison de la dévaluation. Cette dégradation illustre
aussi le fait que les composantes principales de la balance des paiements
ne réagissent pas de façon significative aux modifications du taux de change.
(1) On peut facilement vérifier que les inégalités suivantes sont justifiées
(1R2Z~ l' IWMy 1 ' 1W4 Z~ 1:> 1 Wo et 1W4 My 1> 1 R2 1)

-
.IW) -
La dévaluation çntraînp- une hausse du prix des biens produits dans les pays
africains. Dans le tableau 6, on remarque que dans le numérateur de l'expression
corrp-spondant à ((OP1/dE1)dE
seule (Lzj3Z~ + W2j2Z~ + W j2 - R j1 - L
j1)
2=0)
1
1
pW3
forme la quantité positive, en conséquence on peut dire que ((OP/dE
=010).
1)dE
En effet bien qu'elle déprime l'activité économique (dZ(O), l'effet
2
déflationniste qui en résulte n'est pas suffisant pour faire contrepoids à la
hausse du coût des éléments importés utilisés dans le processus de production.
L'augmentation du coût de la vie qu'induit la dévaluation découle du résultat
précédent puisque ce coût est la moyenne pondérée du prix des biens produits
dans les pays africains et le prix des biens importés. On sait que la
dévaluation se traduit par une hausse proportionnelle du prix des biens
échangeables, donc elle provoque l'augmentation des deux prix qui constituent
l'indice du coût de la vie. Le tableau 6 montre qu'on peut signer sans
ambiguité le numérateur de l'expression équivalant à ((dP/dE
dE -0) car en
1)
2-
valeur absolue sa partie positive (W
j3Z~ - j1 My - L
(W
+ W4Z~)) est
3W4
pW3
O
inférieure à celle qui est négative.
La réduction du niveau de revenu disponible courant ne saurait surprendre
dans la mesure où il a été déjà établi que la dévaluation exerce un impact
négatif sur la production nationale et entraîne une hausse du coût de la vie.
Dans le tableau 6 on remarque que ((3 YIdE
=0 (0) puisque seule la quanti té
1)dE
(L
j1
j 3W1 W4) est négative.
2
ZW
+ L
4
p
On peut donc conclure que dans le court terme, on ne peut attendre de la
dévaluation qu'elle apporte une amélioration de la situation des paiements
extérieurs, si" tant est
qu'elle soit actuellement source de préoccupation,
ni qu'elle favorise l'activité économique des pays africains.

-
]86 -
SECTION 2 - EFFETS DI UNE DEVALUA'l'lON DU FRANC FRANCAIS, SA PARITE AVEC L~
FRANC CFA RESTANT INCHANGEE
La deuxième possibilité de modification d-u systèm3 de taux de change des
pays africains de la Zone Franc qu'on peut envisager est celle d'une
dévaluation du FF alors que sa relation avec le FCFA reste inChangée.
C'est une situation relativement fréquente depuis la création de la Zone.
On peut citer comme exemple la dévaluation française d'août 1969 et celle
d'octobre 1981. On s'est toujours demandé si dans une telle situation les
pays africains devaient suivre la France, c'est-à-dire accepter que leur
mOlli~aie se dévalue par rapport aux autres devises principales. La
dévaluation de 1969 avait soulevé des protestations dont l'argumentation ne
prenait en compte que les pertes de réserves qui en résultaient. C'est
peut-~tre pourquoi la décision,de réévaluer les réserves africaines
proportionnellement au taux de dévaluation,prise en 1912 a semblé supprimer
toute conséquence négative pouvant nartre d'une dévaluation du FF. Cette
section a pour objectif de répondre à la question de savoir si les effets de
la dévaluation du FF se limitent seulement aux réserves ou s'ils se font sentir
sur l'activité économique des pays africains par d'autres canaux que les
réserves extérieures.
Puisque dans le système de taux de change c'est le FF qui se dévalue par
rapport au dollar alors que la parité du FCFA est maintenue constante, on
représentera cette situation par les deux relations suivantes:
(dE1 = 0 et dE
> 0).
2
PROPOSITION 2. Sous les hypothèses suivantes :
1) Une variation de la production nationale a un impact plus fort sur
la demande privée interne que sur les exportations,
2) Le coefficient de capital dans les pays africains est au moins égal
à deux,
3) L'effet d'une variation de la production nationale sur les
exportations est plus important que celui sur les importations,

,en
H'
......., _ ~ ...
' ' ' i b ' i I l ' ' ' & $

} '
b
*t
t
Of
t & , !
:\\rW'W
.........
? ' f ' Y ' W
. . . f t ' W l i · ...
. . , ; ,
_ _ ~
TABLEAU 7 - EFFETS SUR LE NIVEAU DU PRODUIT NATIONAL ET SON PRIX, LE SOLDE DE LA BALANCE DES
PAIEMENTS, LE COUT DE LA VIE ET LE REVENU DISPONIBLE D'UNE DEVALUATION DtJJE_9lJ!~L
MODIFICATION DE LA PARITE DU FCFA
?Jz
= ~
[ - ~V5 g3 (1.v
My + W4 Z;)+ L
g3
dE
0 My + R
2 1dE
= 0
2 Z; ) - g1 (W4 My - R2 ) - g2 (WO
p
1
(WO + W Z; )]
4
Qp11
1
= -
(
d
d
d
- W
+ W (g1 My + g2 Zy) + (W
dE2 dE = 0
~
[
5 W3
g1 My + g2 Zy) + W5 g3 (W1 My + Zy R1)
2
1 g2 -
1
R
g1) + L
+ L \\~2 g3 Z; + L
g1)]
1
Z g1 - LZ g3 Z; W5
p
p (W1 g2 - \\'13
.......
co
1
-...J
q-Y 1
= -
[L
W g, +
L
W g1 - W W (W
g2 - R
g1) - W
o
z
O
2
5 g3 (W1 R2 - R1 Wo) - g1 (W2 R2 -
dE
Z
4
5
3
2 dE
= 0
z.
1
R
W ) - g2 (1:/
~'14 - \\"2 W ) - L
iJ/
1
4
1
o
p W3
4 g1 + Lp g3 (W1 W4 - ~~2 i~O)J
U-I
1
= - fL
g3 (\\'1
+ 11 ) Z; + W W (Z; g 2 + My g1) + W (W
dE
dE
= 0
Z
0
4
3
4
3
O g2 - R2 g1) - g3 W1
2
1
L.
(W
My - R
+ g3 W (W
My + R
Z;) - g3 R
(W
('.rJ
Z~ )]
4
Z)
2
O
2
1
O + W4 Z;) + Lp \\'13
O + W4
àB
1
= - [
L
(- W (Z; g2 + My g1) - W
z
4
o gz + R2 g1 - W5 g3 (WO My + R2 Z;) ) + Lp i'J3
dE21dE1 = 0
L.
[W (Z; g2 + My g1) + (W
3
O g2 - R2 g1)J - Lp g3 W1 (W4 My - R2) + Lp g3 112
Z~
('10 My + R2
) - Lp g3 R1 (WO + W4 Z~)]

-
188 -
4) Une partie des importation3 est constituée de produits substituables
aux biens localement produits. Aussi lorsque leur prix augmentent
il y a un déplacement de la dem.~lde vers ces derniers,
une dévaluation du FF par rapport au dollar alors que sa parité avec le FCFA
demeure inchangée, exerce une influence négative sur l'activité économique, le
revenu disponible et la balance des paiements et ,alimente l'inflation.
Les effets de ce scénario sont résumés dans le tableau 7. Le point 3 de
l'annexe de ce chapitre donne quelques indications sur le calcul de ces résultats.
La contraction de l'offre à la suite de la dévaluation du FF s'explique par le
fait que celle-ci entraine une hausse du prix des inputs importés et du co~t
lié au fo~ctionnement du capital et donc une augmentation du co~t marginal.
Ce résultat montre que le taux de change co~stitue une contrainte sur la
production, plus le FF perd de sa valeur vis-à-vis du dollar plus les co~ts
de production deviennent importants et plus l'offre se réduit. En analysant
le signe de l'expression correspondant à «0 Z/dE
-0) on constate qu'au
2)dE
numérateur de celle-ci seule la quantité (- g2 W
Z~)
o My .fw
est négative.
4
Comme le dénominateur (:c) est négatif, il s'en suit que (~Z/dE )
:(0).
2 dE1=0
Il faut noter que (g1) qui représente l'effet sur l'offre et la demande interne
des biens locaux de la dévaluation du FF est de signe positif puisqu'on
avait vu que (ZE <0) et (Z~1 E E!( 1+P1) • Q2E/( 1+P1)'> 0). (g3)qTndique la
2
1
sensibilité du coût de la vie au
taux de change du FF par rapport au dollar
est donc positif. Enfin (g2) est supposé négatif donc
(
$
s
$
....,
*$
Ps E
Q2
Q2
1 X < E1
M + E2
MQ E E /(1
) ·Q2E1/(1 +P1) + (1-r-'f)E1 N
- E1
2 1 2
+P1
*$
N_
).
1
La dévaluation du FF, on l'a vu, signifie une hausse automatique des co~ts des
inputs importés (par hypothèse libellée en dolla~). De plus la hausse du prix
des importations (y compris les importations provenant de la Fr&~ce) permet
aux producteurs locaax d'améliorer leur position compétitive en relevant
leurs prix. Il en résulte donc une augmente de (P1) comme l'analyse du signe
de l'expression correspondant à «oP1/dE2)dE1=0) le mo~tre (voir tableau 7).
Le numérateur est négatif puisque sa partie positive
d
d
(W2 (g1My + g2Zy) + W1g2 - R1g1 + LZg1 + LpW2g
est inférieure à la partie
3Zy)
négative.

-
189 -
L'expression correspondant à ((à P/dE2)dE =0) a un numérateur de signe
1
négatif. En effet on constate que (- Lzg (w
(WOM
+ R2Z~))
3
O + ~v4Z~ ) + g3 W2
y
qui forme la partie positive est bien inférieure en valeur absolue à Iv.
partie négative. On vient de voir comment la dévaluation du FF entraine une
hausse du pPrivèMg-Jlits dans les pays africains. On sait d'autre part que
la dévaluation provoque une hausse du prix des biens importés du reste du
monde. Le coût de la vie qui est la moyenne pondérée de ces deux prix
augmente en conséquence.
La baisse du revenu disponible que l'on constate (dans le tableau 7 au
numérateur de l'expression correspondant à ((c)Y/dE
=0) seul,e la quantité
2)dE
(LzW
- W
(W
- R
est négative) est l'effet conjugué de la
4g1
5g3
oR2
1WO))
baisse du niveau de production et de la hausse du co~t de la vie.
Puisque la dévaluation réduit l'offre, elle entraine une baisse des exportations
qui dépendent de celle-ci. D'un autre ceté, dans le court terme les
importations sont moins sensibles que les exportations aux variations du
niveau de la protection et la modification du prix relatif (Q2E1E2/(1+P1))'
d'ailleurs assez faible dans la mesure où (Q2E1E2) aussi bien que (1 + P1)
augmente. Il en résulte que la dévaluation du FF ne peut entrainer une
amélioration du solde de la balance des paiements. Dans le tableau 7, on
constate que l'expression correspondant à ((oB/dE
est négative
2)dE 1=0)
puisqu'à son numérateur seule la quantité (-W4Z~2 + R2g1 + WOg2 + Lpg3W~2~)
est négative ce qui implique que ((àB/dE2)dE =OZO).
1
CONCLUSION.
La dévaluation du FF sans modification de sa pari té avec le
Franc CFA (son sous-multiple), équivaut à une dévaluation pure et simple de
ce dernier par rapport aux autres devises. Il est donc logique que les
conclusions obtenues dans cette section soient les m~mes que celles de la
section précédente : une dévaluation du FF a une incidence négative sur
l' activi té économique, le revenu disponible et la balance des paiements et
elle alimente l'inflation. Ces résultats doivent ~tre confrontés à ceux de
de la section suivante pour savoir les implications en matière de politique
économique qù'il convient de tirer d'une modification du système de taux
de change des pays africains de la Zone Franc.

- - - - - - - -TABLEAU 8 - EFFETS SUR LENIVEAUDU PRODUIT NATIONAL ET SON PRIX, LE SOLDE DE LA BALANCE DES
PAIEMENTS, LE COUT DE LA VIE ET LE REVENU DISPONIBLE D'UNE DEVALUATION DU FF
ACCOMPAGNEE D'UNE REEVALUATION PROPORTIONNELLE DU FCFA
d
d
E
=...1-
2!..1
- j3 W (W
Zy) - j~ (W My - R ) - j2 (W
1
dE
L
[
5
O My + R2
4
2
O + vl4 Zy ) +L p j3
dE2
dE = - E"
2
1
2
(W
+
) ]
O
Z; W4
ap1!
E
1
j~
(j~
Z;)
cm:
= -
[L
W j3 Z; - L
- W W
My + j2 Z;) + W
+ W2
dE = _ -1 dE
Z
5
Z
5
3
5 j3 (WO My + R2
2
1
E
2
.L.
2
(j ~ My + j 2 Z;) + Wo j 2 - R2 j ~ - Lp z; W2 j 3 - Lp (wo j 3 - W3 j ~ )J
1-'
'-0
1
o
al
[-Lzj3WoW5-LzW4j~
j3
1
E
= -
-W
(W
j 2 - R2 j 1) -W
(W
1
O
5
1 R2-R1 Wo)
ëm:
5W3
1
2 dE
=- -
dE
L
1
E
2
2
-j~ (w R - R W ) - j2 (w w - W W
w - W
2
2
1
4
1
4
2
o) + Lp j3 (W1
4
2 Wo) Lp R1
w j~
4
]
d
'
d
~
1
-L
j3 (W
+ W Zy - j3 W (Zy j ' 2 + My jp - W
E1
= - [
Z
O
4
1
3 (WO j2 - R2 jp - j3 R1
E
dE
= -E" dE
L:
2
1
2
d
d
]
(W
+ W Zy ) + L
W (W
O
4
p
3
O + Zy W4)
[W
ëm
=....1- [ L W . [j ~ (w4 ~ - R
4 (Z; j 3+ My j P
1
E1
~dE
p
3
2) + j 2 (Wo + z; W4) J+ LZ
=-E"dE
L:
2
1
2
+ '11
j; - R j1- j; '11
Z;)]]
0
2
5 ('110 '}. + R2

-
191 -
SECTION 3 - EFFETS D'UNE DEVALUATION DU FRAll"C FRANCAIS SUIVIE D'UNE
REEVALUATION DU FCFA.
Ce scénario constitue la seule situation réaliste où une réévaluation du
FCFA peut-être envisagée. En effet si pour des raisons étrangères aux
économies africaines le FF est dévalué, il n'est pas justifié que le FCFA
soit affecté par cette mesure, c'est-à-dire qu'il soit automatiquement
dévalué par rapport aux autres devises. Ce raisonnement a été reconnu pour
les réserves extérieures puisqu'elles sont maintenant réévaluées en cas de
dépréciation du F.F. Est-il pertinent d'étendre cette politique à la parité
du FF avec le FCFA ? Cette section tentera de donner une réponse à cette
question en analysant les résultats d'une situation où la dévaluation du FF
est suivie d'une réévaluation proportionnelle du FCFA.
Fonnellement ce troisième scénario se traduit par la relation suivante
(dE
= -dE!E
Autrement dit (dE
= -(E
dE
Dans le tableau 4
1/E1
2).
1
1/E2)
2).
où figure la différentielle totale du système réduit, on remplacera (d E )
1
par sa valeur (-(E
dE
Il est nécessaire avant tout de déterminer le
1/E2)
2).
signe des expressions (j1)' (j~) et (j3) ainsi obtenues (voir tableau 5).
On remarque que celles-ci peuvent @tre exprimées en fonction de
(j1' j2' j3' g1' g2' g3')· En effet (j1 = - j1 E1/E2 + g1' j2 = -j2E1/E2 + g2
et j3 =-j3 E1/E2 + g3). Si l'on suppose que la modification de la parité du
FCFA avec le FF a un effet sur l'offre et la demande de la production nationale
(effet représenté par j 1 ) au moins égal à celui de la variation du taux de
change du FF par rapport au dollar (effet représenté par g1)' alors (j1) est de
signe négatif. Pour (j~), on sait déjà que (j2) et (g2) sont négatifs. En
valeur absolue, on peut raisonnablement supposer que (- ~~ J
» g2) et donc
2
que (j3) est positif. Autrement dit l'effet direct sur la balance des paiements
d'une modification de la parité du FCFA avec le FF est plus important que
celui de la modification du taux de change du FF avec le dollar. Le point 4
de l'annexe de ce chapitre donne quelques indications sur le calcul des
résultats de ce scénario regroupés dans le tableau 8.

- 192 -
PROPOSITION 3 : Sous les hypothèses précédentes une dévaluation du FF suivie
d'une réévaluation proportiormelle du FCFA freine la hausse du prix des biens
localement produits et du coût de la vie, stimule l' activité économique,
accroit le revenu disponible et améliore le solde de la balance des paiements.
Lorsque le FF est dévalué et le FCFA réévalué simultanément, il s'en suit une
baisse du prix des biens importés de France. D'où une perte de compétitivité
pour les producteurs africains si les tarifs douaniers ne sont pas relevés.
De plus les agents économiques peuvent anticiper un taux d'inflation moins
élevé à l'avenir ce qui, en renforçant le précédent effet, concourt à une
baisse du prix des biens nationaux. Dans le tableau 8, on peut vérifier que
le numérateur de l'expression équivalant à ((oP1/dE1)dE = -(E IE
est
1
E
2)d 2)
positif, sous l'hypothèse des deux inégalités suivantes ('j2Z~ 1>' j1Myl)
et (1 R2Z~ 1> , WOMy 1)•La première, est presque évidente dans la mesure où
une variation du revenu disponible a un effet sur la demande privée des
produits nationaux (Zd) plus fort que celui qu'elle a sur les importations
y
(My) et, en valeur absolue, on peut constater que (lj21~\\j1 1). Quant à la
seconde, si l'on peut considérer qu'une variation du prix des biens nationaux
a un effet sur leur offre et leur demande (vi ) supérieur à celui qu'elle a
O
sur les importations (R
il est néanmoins raisormable de supposer que
2),
d
(R
'>
2Zy
WOMy) •
La baisse du coo.t de la vie que l'on enregistre est une conséquence directe
de celle du prix des biens nationaux et de ceux qui sont importés. En analysant
le signe de l'expression correspondant à ((dZ/dE2)dE _ -(E lE )dE ), on voit
1-
1
2
2
que la partie positive (-j2 (WO + W4Z~ ) est inférieure à la partie négative.
l'accroissement de la production provient certainement du fait que la baisse
du coût de la vie qui entra!ne une telle politique de taux de change permet une
augmentation de la demande privée de biens localement produits.
De plus les importations du reste du monde devierment relativement plus
chers par rapport à ces derniers. Il résulte de ces deux effets un
accroissement de l'offre des producteurs africains. De mlmle la hausse du
revenu disponible que l'on constate est une conséquence de l'augmentation du
niveau de la production et de la diminution du taux d'inflation (p). Lorsque
Le FF est dévalué et le FCFA réévalué simultanément les recettes en FCRA des
exportations vers le reste du monde sont maintenues constantes tandis que

-
l ~~3 -
celles libellées en FF augmentent. Quant aux importations, celles provenant
de la France, deviennent moins chères tandis que celles provenant du reste du
monde sont constantes; de m~e les entrées nettes de capitaux venant d8
l'extérieur de la Zone Franc, exprimées en FCFA, ne se modifient pas tandis
que celles provenant de la France s'accroissent. De plus la hausse du
niveau de la production que l'on enregistre permet d'accroitre des exportations.
Au total le mécanisme ainsi enclenché par cette politique de taux de change
entraîne une amélioration du solde de la balance commerciale comme l'on peut le
vérifier en déterminant le signe de l'expression correspondant dans le
tableau 8, à «~BI dE2) dE =-(E lE ) dE ).
1 1 2
2
CONCLUSION DU CHAPITRE.
Dans ce chapitre, on a analysé dans le court terme
les effets qui pourraient résulter de chacun des principaux cas de figure
où le système de taux de change des pays africains de la Zone Franc peut se
modifier. Une des conclusions qui s'imposent est que la dévaluation (que ce
soit celle du FCFA par rapport au FF dont la parité avec le dollar demeure
constante, ou du FF par rapport à ce dernier sans que sa parité avec le FCFA
soit modifiée) ne saurait avoir sur les économies africaines une incidence
favorable. Au contraire celles-ci risquent d'enregistrer une contraction de
leur activité économique qu'aggraveraient une détérioration de leur balance
des paiements et une inflation en progression.
L'an~se du troisième scénario au contraire montre bien que, m~me si le FCFA
demeure rattaché au FF, les économies africaines ont intér~t à ce qu'il ne
suive pas systématiquement le sort de ce dernier.
Dans le chapitre qui va suivre, on verra dans quelle mesure une telle conclusion
peut-~tre étendue au moyen terme.

-
194 -
ANNEXE DU CHAPITRE 9
Puisqu'on cherche à saisir l'effet d'une modification de la parité du FCFA avec
le FF et/ou du taux de change du FF par rapport du dollar sur chacune des
variables endogènes du modèle, il faut différencier totalement le système
comme le montre le tableau 4. La résolution de ce système d'équations à cinq
inconnues (constituées par la variation de la production nationale (dZ), de son
prix (dP1)' du co~t de la vie (dp) , du solde de la balance des paiements (dB) et
du revenu disponible (dI) pennet de savoir si la modification du systàme de
taux de change agit positivement ou négativement sur les grandeurs économiques
retenues. Mais auparavant, il est nécessaire de savoir si le déterminant du
système est différent de zéro et dans l ' affirmative de déterminer son signe.
Pour chacun des trois scénari'i présentés dans ce cha.pi tre, on indiquera sa
traduction fonnelle.
1. Calcul et signe du déterminant
Le déterminant du syst~me (L:) s'écrit
W
W
_Zd
0
0
1
o
Y
-Lz 0
0
-L
1
P
W
W
1
W
2
4
s 0
~ =
R
R
M
0
1
1
2
y
W
0
0
1
0
3
En développant, on obtient
L
= -W
+
+
3 Ws (WO My + R2 Z;) - W (W My - R
W ("W My + R
Z;) - R
(W
1
4
2)
2
2
1
O
W Z;) - L
Z;) + W L
+ W Z;).
4
Z (WO + W4
3 p (WO
4
On peut affinner que (~::> est différent de zéro. On déterminera son signe en
comparant sa partie positive et sa partie négative. Ainsi on constatera que
celle-ci est supérieure à celle-là. En effet, il est évident qu'en valeur absolue
(-Ws - W3 (WO My + R2 Z;) - R1 (WO + -w 4 Z;) - W (W My - R + W L (W + W
1
4
2)
3 p
O
4Z; »
qui. est la partie négative est bien supérieure à
(-L
(W
+ Zd W ) + W (w M +
d
Z
O
y
4
2
Y
R2 Zy». En conclusion on peut dire que (LZO).

- 195 -
2. Effets d'une dévaluation du FCr'A par rapport au FF lorsque la
parité de ce dernier avec le dollar demeure inchangée
On avait vu dans la première section de ce chapitre que formellement un tel
scénario 6e traduit par (dE
et dE
= 0). En conséquence toutes les
1>0
2
expressions du membre de droite du système différencié (voir tableau 4) qui
sont de la forme (AdE
deviennent nulles. Le système peut se réécrire :
2)
d
W dZ + W
1
o dP1 -Zy dY + O.dp + O.dB = j1
-L
dZ + 0.dP1 + O.dY -L
dp + 1.dB = 0
Z
p
W dZ + W4dP1 + 1.dY + W dp + O.dB = 0
2
5
R
dZ + R
dP1 + My dY + O.dp + 1.dB = j2
1
2
W; dZ + 0 dP1 + 0 dY + 1.dp + O.dB = j3
En résolvant ce système selon la méthode de Cramer on déterminera (ez, dp p dY,
dp et dB). Les résultats de cette résolution figurent au tableau 6.
3. Effets d'une dévaluation du FF! sans modification de sa parité avec
le FCFA
Ce second scénario implique que ~E1 = Q et (dE
q. Dans le tableau 4 les
2')
expressions de la forme (AdE; sont nulles. En conséquence le système devient
d
W
+ W
1dZ
o dP1 -Zy dY + Osdp + O.dB = gi
-L
dZ + O.dp + O.dY - Lpdp + 1.dB = 0
Z
W dZ + W4dp + 1.dY + W dp + O.dB = 0
2
5
R
dZ + R
dP1 + My dY + Ovdp + 1.dB = g2
1
2
W dZ + 0. dP1 + O.dY + 1.dp + O.dB = g3
3
En résolvant ce système selon la méthode de Cramer, on obtient (dZ, dP1' dY, dp,
dB) (voir tableau 7).
4. Effets d'une dévaluation du FF suivie d'une réévaluation proportionnelle
du FCFA
Ce troisième scénario signifie que (dE
= - dE
Autrement dit
1/E1
2/E2).
(dE
= ~ dE
Dans le système différencié du tableau 4, on remplacera donc
1
2).
(dE
par (-(E
dE
ce qui donne
1)
1/E2)
2)

-
196 -
d
W1 dZ + WOdP1 -Zy dY + O.dp + O.dB = j~
-LZdZ + O.dp + O.dY -Lp dp + 1.dB = 0
W dZ
2
+ ~'l4 dP1 + 1.dY + WSdp + O.dB = 0
R
dP1
1dZ + RZ
+ MydY + O.dp + 1.dB = j2
W
+ O.dP1 + O.dY + 1.dp + O.dB = j3
3dZ
GrAce à la méthode de Cramer, on peut résoudre ce système dont le déterminant
est différent de Zéro. Les résultats de cette résolution en (dZ, dP1' dy, dp
et dB) figurent au tableau 8.

-
197 -
CHAPITRE
10
L'ANALYSE DU MOYEN TERME
Dans le chapitre précédent, on a essayé d'élaborer un modèle de courte période
des économies africaines et d'analyser les effets résultant de la réalisation
de chacun des trois principaux scénar~ sans considérer les répercussions
qu'ils ont sur les périodes à venir. Il est maintenant temps d'étendre
l'étude à celles-ci et donc de rendre le modàle dynamique. Cette dynamique
prend naissance, d'une part dans l'interaction entre les stocks et les flux
il y a une accumulation d'actifs financiers due au financement du déficit
gouvernemental, aux entrées nettes de capitaux et à la balance des paiements,
et une accumul.atd.on de capital physique résultant de la demande d'investissement ;
d'autre part dans l'évolution des prix relatifs, des anticipations sur la
hausse du coûtde la vie et la dépréciation du FF et du FCFA. Dans ce modèle
l'équilibre stationnaire est atteint lorsque l'accumulation d'actifs financiers
cesse, le prix des produits nationaux augmente au mime taux que celui des biens
importés, et le taux d'inflation courant égale le taux anticipé. Cependant l'in-
vestissement , donc l'accumulation de capital physique, continue. Ainsi à
l'équilibre le secteur privé continue à épargner une partie de son revenu,
ce qui lui permet d'acquérir de nouveaux biens capitaux produits ou importés.
Cette particularité fait qu'il n'est pas approprié de parler de modàle de long
terme, lequel si l'on se réfère aux modàles néo-classiques de l'lge d'or,
implique une cessation de l'investissement. C'est pourquoi, on dira que dans
ce chapitre l'horizon temporel retenu est le moyen terme, reprenant par là
la terminologie de Turnovsky dont le modèle cherchait à analyser les effets
des différentes politiques gouvernementales de financement du déficit
budgétaire dans le cadre d'une économie fermée.
La première section de ce chapitre décrira la dynamique du modàle, la seconde
en étudiera la stabilité et la troisième sera consacrée à l'analyse des effets
dans le moyen terme des différents scénarii.

- 198 -
SECTION 1 - DYNAMIQUE ET FORME REDUITE DU MODELE
Cette section analysera d'abord la dynamique du modèle. Ainsi l'évolution du
stock de capital physique, des actifs financiers, des prix relatifs et des
anticipations sur le taux d'inflation, la dévaluation du FF et du FCFA sera
décri te. Ensuite, on présentera une fo~e réduite du modèle.
A.1. Du ceté de l'offre
A tout instant le stock de capital disponible dans l'économie est donné et
résulte de l'accumulation effectuée au cours des périodes antérieures. De
mime la force de travail cro1t à un taux exogène et à tout moment la
quantité maximale de main-d'oeuvre disponible est donnée. A tout instant les
producteurs déterminent le niveau optimal d'utilisation de chacun des facteurs
de production compte tenu de leurs co~ts respectifs. L'hypothèse d'un comportement
de maximation du profit étant maintenue les variables de décision restent
(~) et (l\\). Ainsi la fonction d'offre a les m8mes détel"ll1.nants que dans le
court tenne.
A.2. L'accumulation de capital physique
Le processus d'investissement donne naissance à une acCUJllU1ation de capital.
On posera que la demande d'investissement dépend posi tiveillent du taux d'intérêt
réel attendu (r':), du niveau de la production (Z), et négativement du niveau
du stock de capital (in. Si l'on suppose qu'à tout moment la productivité
marginale du capital est égale au taux d'intérêt réel attendu, alors la
demande d'investissement est toujours égale au niveau de l'accumulation et on
peut représenter la dynamique de celle-ci par
K= r G*, K, Z)
e
1& fonction de production (Zs = f (K,L»
est supposée linéairement homogène en
(K) et (L). On va prendre avantage de cette caractéristique en écrivant désonnais
toutes les variables sous une forme intensive, c'est-à-dire en les divisant

par (K), le stock de capital. Ainsi (K) devient 1

(42)
k = i
(r , z)
e
. .
où (k = K/K) et (z = z/K) •

-
199 -
~.3. L'accumulation d'actifs financiers
1.3.1. La contrainte budg~taire
Le débat actuel sur les actions de stabilisation économique met l'accent sur
l'impact de la méthode de financement de la dépense gouvernementaie et, en
retour, a conduit à une analyse accrue de la contrainte budgétaire du
gouvernement. Cette contrainte spécifie que le montant total des dépenses de
celui-ëi doi t ~tre égal au flux de financement provenant de toutes les sources.
Ce flux total inclut les imp8ts, les emprunts de l'Etat (internes ou externes)
et le montant des avances au trésor (création monètaire). Les déficits ou
surplus budgétaires altarent le niveau de la dette publique, et la méthode de
financement d'un tel déficit ou d'emploi d'un tel surplus affecte la
composition de la richesse privée. L'intégration de la contrainte budgétaire,
outre l'intér8t qu'elle a de mieux analyser les effets d'une politique mont\\taire
ou budgétaire (la prise en compte des effets d'éviction par exemple) permet
d'étudier la dynamique d'une économie à partir de la modification de la
1
richesse accuaulée suite aux politiques de stabilisation ( ) .
Partant de ces réflexions, on posera que le déficit budgétaire est financé soit
par création monètaire (avance au Trésor dans les pays africains de la Zone


Franc), (D), soit par émission de nouvelles obligations (emprunts), (N). La
contrainte budgétaire peut donc s'écrire


'\\/
vd
D + N = P
+'f'N + rN - u(P Z + i"N).
1Gd
1
On rappellera que (N) est le montant de la dette publique (les obligations
émises), (f) la fraction de cette dette qui est remboursée, ~) le taux d'intér8t
servi aux créanciers, (Gd) le montant des dépenses gouvernementales en biens
nationaux, (u) le taux d'imposition et (Nd) la part de la dette publique détenue
par le secteur privé. En exprimant en termes r~els et relativement au stock de
capital, on obtient (2)
(43)
ci + ~ = g -+ fi n + 'IIn - u [z + r nJ - (d + n) (p + k)

La quantité ( - (d + n) (p + k» est ce que Turnovsky a appelé l'imp8t réel de
(1) Voir Turnovsky déjà cité et NurinN. Choudhry, "Intégration of fiscal and
monetary sectors in economi tric models : a survey of th80rical issues and
em.pirical findings" IMF Staff Papers, 1916, pp. 395 - 440.
(2) Les définitions suivantes sont utilisées dans l'équation

• •

d
~ = d, !!::- = n, P
=
= z
1Gd
g,
!L = n, P
et t = n
1Z
PK
PK
'"""Pr"
H<:
~
Pit

-
200 -
l'inflation et de la croissance levé sur le stock existant de la dette
gouvernementale réelle. Cette équation affirme que mhe si le budget est
équilibré, en ce 'sens que (1 - u) (P Z/P + r' Nd/p) - r N/P - P1G / P = 0
1
d
et en oonséquence l'endettement nominal cesse), la valeur réelle par unité
de capital physique de cette dette tombera aussi longtemps que le capital
est accumulé et/ou que les prix augmentent. Cependant, par commodité, on se
référera à toute l'expression de droite comme le déficit budgétaire réel par
unité de capital, puisque c'est ce montant qui doit 3tre financé par des


variations de (d) et (n).
~. 3.2. QuelQUes remargues sur le financement du déficit budgétaire
Dans l'introduction à la deuxième partie, on avait fait observer que le
modèle peut servir à l'analyse des effets des politiques que les gouvernements
africains pourraient mettre en oeuvre. C'est en vue d'une telle prob1èmatique
qu'on explorera ici, bri~vement, les différentes spécifications possibles de
ces dites politiques. On a exprimé les dynamiques de l'acCU1llU1ation d'actifs


f1nanciers en termes de (d) et (n) et c'est avec ces mimes quantités réelles,
à savoir les variations des offres réelles d'actifs financiers par unité de
capital, qu'on spécifiera les modalités de financement du déficit budgétaire.
Eh pratique, les autorités monètaires fonnulent leurs politiques autrement,
c'est-à-dir~:llesformulent leurs engagements financiers en termes nominaux,
• •
• •
• •
(D) et (N). Cependant entre (d) et (D) (de mke entre (n) et(N»
existe la
relation suivante : (3)





d
D
P
K
D
N
d =D-P - K=D- (p + i (re, z»
.
Alors qu'on est libre de spécifier directement les politiques en termes de (d)

et/ou (n}, il convient de souligner qu'en procédant ainsi on impose implicitement
un ajustement de l'offre nominale d'actifs. Pour tout exprimer relativement au
stock de capital, on décrira la poli tique gouvernementale de dépense par
(gb = n + d},
(3) voir '1'urnovsky op.
déjà citée p. 140.

-
201 -
Ces observations faites, on peut dire que les modalités de financement
sont de trois sortes :
- un financement de leur défi cit uniquement par la création monétaire
(ou avance au Trésor). Cependant au sein de la ZOne Franc cette politique
rencontre une limite. En effet la création monétaire ne peut dépasser 20 %
de la recette fiscale moyenne des quatre derniàres années. En optant pour
une telle modalité, on impose que la variation du stock d'obligations par

unité de capital soit nulle (n = 0). La contrainte budgétaire devient

d ·
d == g + (f + r') n - u (z +1 n ) - (d + n) (p + k)
- un financement uniquement réalisé par émission d'obligations. Dans ce cas
•d = 0 et la contrainte budgétaire se réduit à :

""
-v'
d

n = g + ( 1" + "f') n - u (z + 1" n ) - (d + n) (p + k)
Le financement par émission d'obligations ne signifie pas que l'offre
domestique nominale de monnaie est maintenue constante, au contraire, elle
cro'!'t au taux de :

~ = p + i &e' z)
Plus précisément, dans une économie inflationniste, où le capital s'accumule,
la base naturelle pour définir une politique de croissance monàtaire neutre
ou passive est celle qui à l'équilibre, maintiendrait aussi le portefeuille en
équilibre. Etant donné la spécification des fonctions de demande d'aotifs,
l'équilibre de portefeuille requiert que (d) soit constant, suggérant ainsi

(d = 0) comnie le point de repàre d'une politique adéquate.
- Plut&t que l'une des deux politiques extrèmes décrites ci-dessus les
gouvernements peuvent combiner les deux. Ainsi à tout moment une fraction du
déficit sera financée par création monètaire, l'autre par émission d'obligations.


En procédant ainsi ils endogéneisent les variables instruments (D) et (N)


(d et n ). On peut suggérer que les gouvernements suivent la politique linéaire
d'ajustement suivante
•~ = e (gb + b)
n = (1 - e) (gb + b)
où (gb) est le déficit budgétaire réel par unité de capital, (b) le solde réel
de la balance des paiements par unité de capital et (e) le coefficient



d'ajustement. On sait que (1 = d + b) et ( b = F/PK = r), (d) devient donc

-
202 -


(d = a (gb + b) - b = e gb - (1 - e) b) et (n) à tout moment est égal à
(( 1 - e) gb + (1 - a) b}, Une telle poli tique d'ajustement signifie que
si les Banques Centrales des zones d'émission se livraient à des opérations
d'open~rket (instrument qui en pratique ne fait pas partie de leur panoplie)
alors la proportion du déficit budgétaire financier
par création monètaire doit
~tre égale à celle des variations dans les réserves extérieures que les
autorités monètaires n'ont pas cherché à compenserpar des opérations d'open-
market. L'objet de cette étude n'étant pas l'analyse des différentes politiques
de stabilisation, on n'a pas besoin de spécification du mode de financement
du défi cit budgétaire. Aussi dans la suite continuera-t-on à prendre


(1 + n = (.)) comme la dynamique de l'accumulation d'actifs financiers.
A. 3.3. Variation des réserves extérieures
Pour exprimer la variation des réserves extérieures en temes réels et par
unité de capital physique, on utilisera les notations suivantes :


FF
FF'

~
(F!PK= f ; X fl.= x
, N/PK= n, Q1fl. = %,1(1 + Q1)' Q!K= %,2(1 + Q21
L'hypothèse de normalisation permet d'écrire que (%,1fl. = %,2fl. = 1).
Ainsi on a

h
l ~:
FF
f=
: : :1
.1
» (z) uFF(z) .1 : ;1 m (.).2 ;:; mi (.)]


n* - (r + f) n* - f (p + k)


Par analogie à ((m + d) ( p + k)), (f (p +k)) peut-8tre interpr~té cOJll1le
un tmp8t réel de la croissance et de l'inflation levé sur le stock de réserves
extérieures réelles. Mbe si la balance des paiements nominale est équilibrée,
la valeur réelle des réserves extérieures par uni té de capital diminuera aussi
longtemps que le stock de capital est accumulé et que les prix augmentent.
A,3.4. L'évolution des actifs financiers
L'évolution des actifs financiers est sais~à travers llnalyse de celle du
stock de monnaie et du stock d'obligations. Aussi en divisant (L = D + F)




par (PK) et en différenciant, on a 1 = d + f - (d + f) (p + k). En



additionnant (1) à (r) et en tenant cOllpte du fait que (n* - n*
= n*) et


'd
-1
(n - n* = n ), on obtient:

Id
d
e 1
~
1 + n
= g + (f + 'r) n - u ( z + r n ) + 1+p (1+ps) x: (r.) +
FF
FF
(1+pF) x
(a)
- ~1p [q1 m
(.) + .2 q2 . ; (.) ] - (l+n)

(p+k)

1
-
203 -
Dans (46), (P~. = (1_+ PF) PF~o\\K) et (Ps\\K = (1 + ps)Ps,o\\K ). On a fait
l'hypothèse que(ps,oIK = PF,o\\K = y.
Cette relation signifie que l'accumulation d'actifs financiers (en termes réels
et par uni té du stock de capital physique par le secteur privé )est égal au
déficit du budget gouvernemental plus le solde de la balance des paiements,
tous deux exprimés en termes réels et par uni té du stock de capital physique •
.A.4. L'évolution des prix relatifs
Si (Pm) est la moyenne pondérée de (Q1E1) et de (Q2E1E2) les prix relatifs
sont, représentés par le rapport ""'" = Pm/P1). Eil différenciant p-) par rapport
au temps et en posant que (dPm/P
= pu) et dP
= P1) on a la relation
m
1/P1
suivante
Le taux d'inflation importée est la moyenne
pondérée des taux d'inflation
de la France et du reste du monde. Du point de vue des pays de la ZOne
Franc le taux d'infiation français est égal à (q1 E ), (q1) étant le taux
1
constaté en France. De même le taux d'inflation du reste du monde est égal à
(q2E1E2). On peut affirmer qu'à tout instant la part de l'inflation française
dans le total de l'inflation est proportionnelle au volmne des importations en
provenant de la France. Il en est de mime pour le reste du monde. Aussi
peut-on écrire (pm = q1E J'FlM + (1 - J'FlM) q2E!E
Eil exprimant les variables
1
2).
en fonction du stock de capital physique, on a ( )
FF
FF
(48)
pm - p
= q
e
!!L- + (1 -
!!!.-) q. e
e
- ~ - l>(
(z - z) - b<
{ r( 1 -
1
11m
m ; 2
1 2
0
1
3{ II
FF
FF
q ) e
- 1J!!L- + r( 1 + q ) e
e
- 1 ]
(1 _
!!!-) l _ IX
>'p
1
1
m
L
2
1
2
m
1
4
t-2
+ 'ls (qhtd - hz) - lX "TT" a
Dans cette équation (Z = zIf) et(qhtJ = QHTDJK).
1.5. L'évolution des anticipations
On avait supposé que dans le court terme les anticipations sont adaptatives
.
dPm
dPJn/i{
(4) Il faut souligner que Pm = aii7ië = pu. De mime en exprimant (Q1)' (~)
et (P ) en fonction du stock de capital et en maintenant l'hypothèse de
j
nOrmalisation, on a respectivement (q1) (q2) et (P1).

-
2Ul1 -
pour le taux d'inflation anticipé et le taux de dévaluation anticipé du
Franc CFA et régressives pour le taux de dévaluation anticipé du FF. Il
s'agit ici de décrire comment à moyen terme ~voluent ces anticipations.
On supposera que les agents économiques s'attendent à ce qu'à moyen terme,
la structure de prix des pays africains ne s'écarte pas de celle de la
France et du reste du monde. Donc ils modifieront leur pr~vision d'un
pourcentage de la différence entre la hausse du coat de la vie dans les pays
africains et la moyenne pondérée des taux d'inflation français et du reste
du monde. De m~e leurs anticipations de la d~valuation du FF seront modifiées
d'une certaine proportion de la différence entre le taux d'inflation français
et celui du reste du monde. Enfin pour la hausse antd.cd.pée du coat de la vie
on supposera que leurs anticipations seront modifiées d'un certain
pourcentage de la différence entre le taux courant et le taux anticipé. Ainsi
on aura successivement
·a
e 1 = r1 (pm - p)
·a
p
e
=
2
1 2 (q1 -
q2)
TT" a = f 3 (p - na)
0;), (f'2) et (f3) représentent les coefficients de correction des anticipations
respectivement de la dévaluation du FCFA, de la dévaluation du FF, et du taux



d'innation interne. (e
(e
(rt8hndiquent comment évoluent les anticipations
1),
2),
sur ces variables.
A. ~ Forme réduite et équilibre du modèle
L'analyse du moyen terme portera sur quelques variables principales : le
niveau de la production nationale (s}, la hausse du coat de la vie (p), la
richesse (v) et le niveau des réserves extérieures (r}, Les grandeurs (z), (v),
et (f) sont exprim~es par unité de capital physique et en termes réels. On
avait indiqué dans l'introduction de ce chapitre que le système atteindra
dans le moyen terme son équilibre lorsque l'accumulation d'actifs financiers
cessera et que le taux d'inflation de la France, celui. du reste du monde, la
hausse du coat de la vie et celle du prix des biens nationaux seront égaux. On
maintiendra 1 'hypothèse déjà faite d'un équilibre instantané 'BUr les march~s
des biens et de la monnaie aux prix courants, l'offre et la demande. seront

-
205 -
toujours égales Ainsi les équations qui résument le modèle seront
1) l'équation d'équilibre du marché de la production nationale,
2) l'équation d'équilibre du marché des actifs financiers,
3) l'équation donnant l'évolution de la richesse détenue sous forme d'actifs
financiers,
4) l'équation de l'évolution du rapport du prix.
On supposera pour tout ce qui suit que le niveau de la production est dans le
moyen terme un bon indicateur du niveau du revenu disponible. Cette hypothèse
permettra de simplifier les calculs en remplaçant (y = yJX')par (s},
L'équilibre du marché des biens sera représenté par l'équation suivante
+ g = 0
où (11c = PK,IK) ~ = w,IK et (zd) représente l'absorption r'elle par unité du
stock de capital physique.
L'équilibre du marché de la monnaie est reformulé d'une façon différente de
celle employée dans le court terme. En appelant (1 = 1 (z,r , p, v,»
la
e
demande d'encaisses réelles, exprimées par unité du stock de capital et en
se rappelant que 1 = d + f alors on obtient (5)
d + f - 1 (z, ~ , p, v) = 0
e
Cette transformation de l'équation du marché de la monnaie permet de porter
l'attention, non plus sur le solde de la balance des paiements mais plut8t
sur le stock total des réserves extérieures. En réalité les deux présentations
reviennent au mAme caz dans le court terme la modification du stock total
de réserves extérieures résulte d'une variation du solde de la balance des
paiements.
L'évolution de l'accumulation d'actifs financiers est donnée par l'équation
suivante:
(54) i + nd = g ... (r +1') n - u [z • 'i (v - d - f - T'e)] +e
["a
1
~
FF
(z) + x
(z)]
FF (
[
N
$(
,..J
- e
m
z, r
e
e
v) + e
m
z, r
1
e,
1,
2,
2
e,
l
e 1, e , v)
2
[(v - T'e) (p + i (re, z)] = 0
(5) (1), (v) sont définis respectivement par (1 = 1... ) et (v = !.. )
PK
'PK

- 206 -
Il est nécessaire de préciser quelques transformations introduites dans
cette équation. La richesse totale du secteur privé est définie par
d
(v = d + f + n
+ ~ ~) où (~) est la valeur d'une unité du stock de capital.
En effet la valeur du capita1 est égale à (p 1~~K). Si cette valeur est
exprimée en termes réels et par unité de stock de capital, elle devient (zk).
On avait posé l'hypothàse qu'à tout instant, la productivité marginale est
égale au taux d 'intér~t réel (r' ). En la reconduisant pour le moyen terme et
e
d
en remplaçant (z, ) par (~ ), on a (v ::: d + f + n + 1 ). De cette égalité,
d
K
e
.
e .
"d
on tire (n
= v -
(d + f + ~ ». On avait vu qu'à l'équilibre (1 + n = 0).
e
d
d
Enrlécrivant cette équation et en remplaçant (n ) par sa valeur et (1 + n )
par(v -"f ) , on obtient l'équation (54). A l'équilibre du modàle le prix du
e
produit national et le coftt de la vie des pays africains augmentent au
mke taux que l'intlation française et celle du reste du monde. Donc
. ..
(P1 = p ::: q1 = q2 = pu). Ainsi (~= pu - P1 = 0).
FF
.
m
(
ij"""= p e
m + 1
1
FF
-1 ] :
+ [( 1 + p) e 1 e2 -
(qhtd - hz) ]
-Il< 5 p ::: 0
L'équation 55 nous donne l'évolution des prix relatifs à l'équilibre.

",ste ..
t û t
k
10
Sri
b ' -
r l p t ) ( %
' W P " E : '
f h "
$
'111
b
) 1 " ) ( 1
f t ' j
t"
#nrnQ"f"%
C ' f '
( " K i f '
ft
"'H
f;j",.~_
Utt
* t-_
'M',h
e '
ht
>'
K
" H l '
TABLEAU 9 - DYNAMIQUE DU MODELE
ACCUMULATION DE CAPITAL PHYSIQUE
-
..J
k = 1 (r , z)
e
ACCUMULATION D'ACTIFS FINANCIERS
(1+p )
...
-
"d
d
. -1
r
s
1 .
\\
(:-y;v:EFF
1 + n
= g + (f+r> n - u (z+~ n ) T ~ 1 e,., \\ 1-rp_ J X
z
+ x
()J
r mFF ( (1+q1)e
Z
q
LI 1
z,
1
--.1.-
__ 1 ,
1+p L Co
- l:I
$
(1+ q2)e1e2 ]
-
r'e' v) + q2 e
m
(z,
1 +
2
P
,
re' v)
-
(f+r) n* -
(l+n) (p-k},
EVOLUTION DES PRIX RELATIFS
FF
m'tF
m
f t ]
5- = ~ q1 e m + (1 - m ) q2 e
~ ~ 1+q1) e
:FF +
1
1 e 2 - ~O - ~1
(z-z) - tx3
1 - 1
~1+q2) el e2
ro
~
FF
- 1
(1 - ~ ) ) - b<' fxp
+ <6. (qhtd - hz) -)( -rra
) (J
m
)
4[ t-2
5 )
o
-...J
EVOLUTION DES AN'rICIPATIONS SUR LA HAUSSE DU COUP DE LA VIE
ir
a
a
= f 1 (p - 1T )
EVOLUTION DES ANTICIPATIONS SUR LA DEVALUATION DU FCFA
_
FF
FF
e~ = f (q1 8 :
+ q2 8
2
1
1 8 2 (1 - :
) - p )
EVOLUTION DES ANTICIPATIONS SUR LA DEVALUATION DU FF
-a
e
= f
(q1 - q2)
2
3

- 208 -
SECTION 2 - STABILITE DU MODELE
Un certain nombre de simplifications seront opérées de manière à rendre plus
maniable la dimension du système dynamique. Ensuite l'analyse proprement dite
de la stabilité sera abordée.
,2.1. ~elgues hlpOthèses simplificatrices
Le tableau 9 regroupe les six équations fomant la dynamique du modèle. Il
est évident que l'analyse de la stabilité d'un tel système ne serait pas
éclairante. Aussi convient-il de réduire considérablement sa dimension. Il
faut tout d'abord remarquer que puisque toutes les variables sont exprimées
par unité du capital physique, l'évolution du capital en elle-m8me ne nous
intéresse pas. On peut donc substituer (42) dans (46). Ensuite, il est
nécessaire de poser des hypothèses en ce qui concerne l'évolution des
anticipations des agents économiques sur la hausse du coat de la vie (ira),
·a

la dévaluation du FCFA (e
et la dévaluation du FF (e~). On peut supposer
1)
soit que les anticipations sont fixes, dans ce cas les coefficients
d'ajustement (f'1' f 2, f ) tendent vers zéro: (f
f'2: f3' ~ 0), soit
3
1,
que les anticipations sont parfaites, ce qui implique que (F , 1"2' f ) tendent
1
3
• a
·a
"a
vers l'infini. Dans les deux cas Clr ), (e
et (e
disparaissent.
1)
2)
Finalement le système se réduit à deux équations, (54) et (55).
~. 2. Analyse de la stabilité
On avait déjà vu que la modification du système de taux de change des pays
africains de la Zone Franc peut survenir, pour l'essentiel, de trois façons
différentes : une dévaluation (réévaluation) du FF, la parité du FCFA avec ce
dernier demeurant inchangée ( de
= 0 et de
" 0), une dévaluation
1
2
(réévaluation) du FCFA par rapport au FF dont le taux de change ne bouge pas
(dei = 0 #et d~e,,0) J enfin une dévaluation proportionnelle du FCFA proportionnelle
.~ a. réevalua o~ du FF
"(de
= -de
e
L'analyse de la stabilité ne saurait se faire d'une façon
1/e1
2).
globale, appliuable à tous ces trois scéna.ri\\ il est nécessaire de la mener
pour chacun d'eux. Elle revient à se demander si le système peut retrouver
son point d'équilibre à la suite d'un choc d(l à une variation du taux de change
du FF ou/et de la parité du FCFA. Pour répondre à cette interrogation, on
utilisera les conditions de Routh-Hurvitz.

- 209 -

-d

En posant que ( V = l
= ~= (.)) et en différenciant
1
+ n
= (.)
et (V2
(Y1) et (V
par rapport à (e
et (e
on aura
2)
1)
2)
(àV/de
=
1) de
+ (oV / ;' e ) de
dV
1
1
2
2
1
(a Via e
a
=
1) de
+ (a V
e
de
dV
1
21
2)
2
2
La dérivation complète du système figure dans l'annexe de Ce chapitre. Les
conditions suffisantes de stabilité locales sont
aV /a e
1
1 + c1Viàe2 ZO
et
(aV1/de1)·(aV2/de2) - (dViae1).<aV1/de2)
'7 0
.,2. 2.1. Cas où de
= 0 et de
)0
1
2
Les conditions se ramènent à (alIië)e
.( 0 et (aV / oe ) . aV /a e
- aViae1 •
2)
1
1
1
2
oV /Je = 0). La première condition signifie que l'expression suivante doit
1
2
FF/m)e
3trenégative: t(1-m
(1-~3)(1
1
+p) + ~z/c3e2 (~4Vh-~1)<oi.
L'impact d'une dépréciation du FF sur le niveau de la production est supposé
négatif pour une double raison. D'abord la dévaluation se traduit au plan des
exportations par une moindre quantité de FF et donc de FCFA, sans qu'en
contre partie il y ait une augmentation des quantités puisque la plupart de
ces exportations sont libellées en dollar. Ensuite une dévaluation du FF est
synonyme de hausse des prix de la plupart des produits utilisés dans le
processus de production: matières prem:Ures, pétrole, biens d'équipement,
engrais, etc. Donc t~2 (~4 ){h - ~1).( 0J. Il est difficile d'interprlter
FF
l'expression (1 - m lm) p e (1 - ~3 (1 + p». Cependant on est assuré qu'elle
1
est positive car (1 - ~ - ~P) 0) parce que la valeur absolue de la part
de la hausse du prix des biens nationaux imputable à une amélioration de la
position compéti1ivedes producteurs 0<,) n'est pas élévée, a fortiori le
produit b( ,p. Comme i l est raisiijlo'lable de supposer que
~I *2 ()(4'th - ()(1) 1>1 (1 - mm ) p e1 (1 + p)\\i, la première condition de
stabilité est vérifiée. L'expression }àV1 . èJ1I2 -
"J/2 ...W1 ~ est nulle. On
~ae1 3e
i
2
ae1
ae2
peut donc dire que la deuxième condition est remplie sous sa forme faible,
c'est-A-dire que S~V1 • J'Y2 - aV2 -
dV1 6= 0 ~. Eh définitive on peut
t ae1 ae2
ae1
ae2
~ )
dire que le système sera localement stable pour le second scenario.

- 210 -
S..2.2. Cas où de >0 et de
= 0
1
2
La première condition suffisante de stabilité locale est que >ô V1
<,0 ~ •
t ed1
1
Pour savoir si effectivement elle est remplie il est nécessaire de faire
des hypothèses sur le sens des variations du niveau de la production, du
stock de réserves, de la richesse par unité de capital lorsque le FCFA est
dévalué. Il s'agit donc d'anticiper sur la section suivante qui est consacrée
à l'analyse des effets des principaux scénari.
On supposera que la dévaluation d;U FCFA fait baisser les niveaux de la
production, des réserves et de la richesse du secteur privé par unité du
stock de capital physique : ~~z " daf , ~v , <0 ). En étudiant la dérivation
oe
e
ue1
)
1
1
compl~\\te de ~è)V1 ~ qui figure en annexe de ce chapitre, on remarque que la
( (Je 1
1
partie positive est inférieure à sa partie négative. En effet, si on suppose
qu'au départ les exportations égalaient les importations, dans l'expression
FF
(oV1/ae1) les valeurs ( x
+ "a x!» et (m" + e;!l'$) s'annulent, en outre,
cOllllle l'impact de la dévaluation sera probablement plus important sur les
exportations que les importations, autrement dit
FF
'$
FF
J
(-à(m
(.) + e
(.»/àe1~a(x (z) + ezk (z»/oe
alors pour le reste
20m
1),
de l' expression (~V,lae1) il est facile d'établir qu'en valeur absolue la
partie positive est intérieure à la partie négative. Au total, on peut dire
que la première condition suffisante d'une stabilitll locale du systSe est
satisfaite. Ce dernier, comme dans le cas précédent, vérifie la seconde condition
nécessaire de stabilité puisque (aV,Ide1.
aVI ae2 - 0\\,loe .' aY,Iae
1
2 = 0).
En conclusion, on peut dire que ces deux résultats sont suffisants pour
assurer une stabilité du système pour le second scénario.
e
~.2.3. Cas où de = - -l
1
d
e
e2
2
Les conditions suffisantes d'une stabilité du systSe sont pour ce scenario,
d'une part (-e
• dV,Iae
+ c)VI~e2.(0) et d'autre part (-8
1/e2
1
1/ e2 • dV,I0e1 -
e,le
• dVI~e1 • èlV,Iae
) 0). Compte tenu de la complexité des expressions
2
2
il est pratiquement impossible de
les signer. Pour cette
raison, on fera simplElllent l'hypothtlse que le JIOdtlle est stable aussi pour le
troisième soenario.

TABLEAU 11 - DEFINITION DES EXPRESSIONS INTERVENANT DANS LES RESULTATS DES TROIS SCENARI DANS LE
MOYEN TERHE
N
1
(
a Il!
)(
t s = - Lv • ~ + l
0
re
op
P
1\\)
....
....
ru --;. _mN + p + i - (v - 'i'-e)
~
iN
-
(v - i .... )J ~re >0
re
re
re
op
FF
mFF
FF
FF
( _ + (, - - ) e J
e
~ + (, - - ) e
m
m
_Cl<
;>0
[
2 -
Cl<
,
m
m
~
2
m
III
5
FF
$
FF
$
-( x- (Ill
+ 6
m
+ III
+ e
III
) ) .
2
e,
2
e,
FF
FF
FF
FF
-( p :
+ (1 - :
.) e
p - P<~ (1 + p):
- ~ (1 + p) (1 - !!-))
2
III
- e (e
~ + ~ - (e 11I$ + 11I$ ) <'0
1
2
2
e 2
FF
_ [ ( p - k~ - )(~ p) (1 - 1II /ml 6 1] l....0

~
III~
=
(e
xl> + P _(mFF + e m" + mFF + e
)
-
e 1
2
2
2
e
2
e
2
1
1
e 1
B d )
(B
d)
C
= -
(z
- h
+
z
- h
1
e
e
v
e
v
2
1
2
e,
mFF
FF
1II
.
C" =
-
(p -
+ (1 - - ) "a p - P(~ (1
J
e
III
m
2
FF
m
p
-~
( 1 - - ) (1 +p) 8
))
1
1
~
III

-
2L2 -
SECTION 3 - EFFETS DANS LE MOYEN TERME DES PRINCIPAUX SCENARII
DE MODIFICATION
DU SYSTEME DE TAUX DE CHANGE
Cette troisième section est consacrée à l'analyse des effets dans le moyen
terme des trois principales situations où peut s'opérer une modification
du système de taux de change des pays africains de la Zone Franc. On avait
vu dans le chapitre précédent que les deux premiers scénarii
(dévaluation
du FCFA par rapport au FF, dévaluation du FF par rapport au dollar) ont des
conséquences plu~t défavorables pour les économies africaines. Peut-on
s'attendre à ce que dans le moyen terme des modifications structurelles
renversent la tendance du court terme et ainsi rendent tout A fait bénéfiques
de telles politiques ? Les effets favorables dans le court terme d'une
politique de réévaluation simultanée et proportionnelle du FCFA par rapport
au FF lorsque ce dernier est dévalué par rapport au dollar, vont-ils persister
dans les périodes A venir ou complètement dispara!tre ? Cette présente section
essaiera de donner réponse à ces questions.
3.1. Conséquences dans le moyen tenne d'une dévaluation du FCFA
vis-A-vis du FF dont le taux de change par rapport au dollar demeure
inchangé
Un tel scénario formellement se traduit par les deux relations suivantes
(de ) 0 ) et (de
= 0). Le tableau 10 qui figure dans l'annexe de ce chapitre
1
2
présente la différenciation totale du modèle
tandis que le tableau 11
rassemble toutes les notations nouvelles introduites dans cette section.
Avant d'analyser les résultats du premier scenario, il est nécessaire de
conna!tre le signe du déterminant (L E.). Pour cela une seule hypothèse est
suffisante: on suppose qu'une hausse du prix des biens nationaux a un impact
plus fort sur leur offre que sur leur demande interne via le taux d'intér~t
réel : (~ • àre/dP""-Z;). Autrement dit(t
L'annexe de ce chapitre qui
34:..0)
contient l'expression complète de CL. D montre sans ambigu! té que son signe
est négatif. Puisque la dévaluation du FCFA par rapport au FF sans modification
du taux de change de ce dernier implique que (de
soit nul, dans le membre
2)
de droite du système d'équations du tableau 10 toutes les expressions de la
forme(Bde
nulles elles aussi. Si l'on estime que dans le moyen terme
2)sont
la valeur des importations demeure moins sensible A la dévaluation du FCFA

t.
.te
.,
1
- ' f i
d f l t t e f
.".'*6'
' p r f S t O "
r
ri
>ifii'hiëz"h''#'ii''W"œtii!W'jt
&frtt
'Z",:;·ij,j,"""i"Hi"'lilipf
t
,
,
" [ '
M
tE"
0<"
" #
'""""',
""",,~_~_"''''''''''''''''~~·~·~'·'''A=,",,,"''''''''''''
TABLEAU 12 - EFFETS SUR LE NIVEAU DU PRODUIT NATIONAL, LE COUT DE LA VIE, LA RICHESSSE PRIVEE
ET LE NIVEAU DES RESERVES EXTERIhlJRES D'UNE DEVALUATION DU FCFA SANS MODIFICATION DU
TAUX DE CHANGE DU FF
~:1Ide2
h
= 0 = ~E f "2 ( t}t5 - t 6 h~) - t
h~
7
(Z:1- h~1) - ",he J- r. [- "2 (t} lv + t 5
+ t
(sS _ hd )]
l
3
e
e
}
1
1
~I
-...1-
~ ( s
d
d)
( d
d)
,.,) [ (
s
t
z
- t
h
- Y1 h
- Y
t
+ t
x
- t
h
- ru
t
-1
z
+
de
e
e
v
2
z
z
1
v
v
e
1 de
= 0- L L
9
9
9h
9
9
1
1
1
2
d)
d
d)]
1
h
- Y (-1
h
+ 1
h
1
1
v
e
2
v
z
z
v
}
1
f\\)
f-'
W
ëJV
=
1
_ _
- 1
~ - t (t Y~ - t2Y1) + t
h~1) - t
3
1
6 (Y2 h~ + Y2 Xz - t 2 Z:1+ t 2
7 (Y1 Xz - t 1
de11de2 = 0
L L
zs
d ) " J
+ t
h
- ru [s
d (
)
( d
l
z
- h
t
1
- t
t
t
1
e
e
e
1 z
2
5 + Y2 t 5 h + t
v
5 x + t
z
3 1 )J
e
z
1
1
1
1
af
h~
1
1
f - (Z:1- h~1) [t
+
de
2 (t 5 t 9 + t 6 1v) - t 1 (-lz t 9 + t 1 1v ) ] - Y1 [t2 (t5
1 de
= 0 =L: y-
2
d
d]
d
t
x ) + t
1
z
z J- t
[- 1
h
- 1
x
+ 1
h
- t
t- 1 h + 1 x + 1
5
3
1
v
z
v
z
z
v
6
v
z
v
z
z
h~) t

- 214 -
(
[FF
$
(FF
$
FF
$ ]
que les exportations alors
y, = - ee + er - m + eiR + me + eiRe 1) ) est
négatif. De m~e la quantité (zs - fd ) est négative dans la mesure où les
e
e
.
prlX des mati'eres
. ,
prem1eres,
,
supposées ' tout es .
t'
1mpor ees du reste du monde,
augmentent avec une dévaluation du FCFA ou du FF. Enfin, on peut montrer que
FF/m)e
(Y2 = [(p - ~3 - (X3P) mFF/m + (p -~ 3 -1x3P) (, - m
2) ] est négatif aussi.
Il faut rappeler d'abord que (~3) est la part de la hausse des prix des biens
locaux imputable à une amélioration de la position compétitive des producteurs
nationaux. Quelque soit sa valeur, qui est toujours comprise entre 0 et "
la
quanti té (p - lX 3 - fX P) demeure posi tive, }}} conséquence, on peut dire que
3
Y2 est de signe négatif.
PROPOSITION 4. Sous les hypothèses suivantes
t) la hausse du prix des biens locaux a un effet plus important sur
leur offre que sur leur demande interne via le taux d'intér@t réel,
2) la valeur en FCFA des importations est moins sensible que celle
des exportations à la dévaluation du FCFA,
la dévaluation du FCFA entrdne dans le moyen terme une hausse du coilt de la
vie et une réduction du niveau de la production, des réserves et de la
richesse.
Le tableau 12 présente les résultats de ce scénario. Comme le dénominateur
est le mbe pour chacune des expressions figurant dans ce tableau, il suffit de
déterminer le signe de celles-ci pour conndtre l'impact de la dévaluation du
FCFA. Ainsi on peut constater que ( (oz/de,) de
0<-- 0) puisque dans le
2=
numérateur de l'expression correspondant à ((èz/de,)de2=0) seule la quantité
d
d
(t y,h
- rut
(zs
- h
)) est négative. Donc la baisse du niveau de l'activité
7
v
3
e
e
1
1
enregistrée dans lé court. terme se prolonge dans le moyen terme. Le m@me
constat peut ~tre fait pour le niveau des réserves et la richesse du secteur
privé. La hausse du coilt de la vie ne s'est pas estompée. L'étude du moyen
terme pour le premier scénario aboutit donc aux m@mes résultats que celle du
court terme. Ce qui suggère que les déséquilibres externes, si elles existent,
doivent ~tre corrigés en faisant usag~ de thérapeutiques autres qu'une simple
dévaluation. Les dif'ficultés permanentes d'une balance des paiements renvoient
toujours à des déséquilibres internes qu'on ne peut résorber qu'en procédant

~~,'
,_.~"...,~~~._'".~~'
..._ _
--
....
_"'W?irÛ""mn&'ii"M,&Hiéi'
e l
"%&'''
n
"'"-~
b
$'
(-H'iJr!6
t ' 4 , , *
Hl,."*,
b>!n&
Md
'h
n"
fi.!
'_6_'
"D'
4',·
g;t
'*
& •..-•• ,.... "'~
..
t
li'
"i.'~_
W'N
e
TABLEAU 13 - EFFETS SUR LE NIVEAU DU PRODUIT NATIONAL, DU COUT DE LA VIE, DE LA RICHESSE
PRIVEE ET DES RESERVES EXTERIEURES D'UNE DEVALUATION DU FF SANS MODIFICATION
DE SA PARITE AVEC LE FCFA
*;\\
:...L
de
= 0 ~ L
f - Y2[- (t
h~)
3t9 - t 6
- ~ (t3 lv + t s h~) ] + t [- (Z:1- h~1) t + Y11.~
de
7
9
2
1
~ (ZS _ hd ) l ]
e
e
V
1
1
jLl
-...L
f t [t (,S _ hd) _ yI hd] - y '2[t (dh + x l - t hd] -
2
9
e
v
1
v
~[
ru
- t
l
(zS
- hd
de
z
z
1
v
2
v
e
e
2 de
- 0- ~ L.
9
2
2
2
1 -
d
d ]
+ Y2 (h + x ) l - Y2l h
z
z
v
z
v
~
N
i-'
(J1
av
d
1
1
(t
(h
+
[j1
x ) - t
~ - t
(h~ + x
de
3
1Y' 2 - t 2 Y1) + t 6
Z)Y2 - t 6t2 (z:2- h~2) - t 7
z
z
1
2 de = 0 = L L
1
(':2- h~} ] - l'u [ l, (t} y~ - t
(h~
7t1l + t 5
+ x,l y~ - t 2 y1 ]
~
af
1
=
t
[Y1 h~ -
[h~ y1 - t
de
t 2t5
t 9 (':2- h~2l ]+ t 2 1y [t} y; - t 6 (':2- h~2l ]+ t 7 l,
9
2
~I:.
d
d)
e
e
v ·
v
f- d
d
(zs - h
) ] - Y
t
(t
l
+ t
- Y
(h
+ x ) l
+ l
h
] + Y
2'
1
3
5 h
2' t 6
z
z
v
z
v
.
2' t 9
1
2
[(h~ + x,) t 5 + l, t} ]

-
216 -
à une refonte des structures en
place. Dans le cadre d'une telle politique
d'ajustement structurel le taux de change ne saurait avoir qu'une action
adjuvarrte,
3.2. Effets d'une dévaluation du li'F, sa parité avec le FCFA demeurant
inchangée
On avait vu qu'une dévaluation du FF sans modification de la pari té du FCFA
n'exerçait pas sur les économies africaines membres de la Zone Franc un effet
favorable dans le court terme. Il est donc utile de se demander si dans le
moyen terme, on retrouve les m~es résultats. Ce second scénario formellement
se traduit par (de
0) et (de >0). Dans le membre de droite du système
1=
2
d'équations représentant le modèle du moyen terme les expressions de la forme
G\\de
deviennent nulles. Le point trois de l'annexe de ce chapitre donne une
1)
écriture complète du modèle pour ce second scénari • Puisque (z~1 est négative
(une dévaluation du FF entratnant une hausse du coût des facteurs importés
et en conséquence réduisant la valeur marginale du niveau d'utilisation du
d
travail et du capital), il est évident que (zs
- h
) l'est aussi. Si l'on
e
e
2
2
maintient 1 'hypothèse que la dévaluation du FF a un impact plus fort sur la
valeur des exportations que sur celle des importations alors
(Y; =-e [e~
1
+ x'P- (ezn~2+ m$) ].(0). Pour les mbes raisons que celles évoquées
FF/m)e
dans le para.graphe précédent (Y2 = [(p -1X
- D<3
) <0).
3
P) «1 - m
1]
Connaissant le signe de ces expressions, on peut énoncer la proposition
suivante:
PROroSITION 5: Sous les hypothèses que
1) une hausse du prix des biens nationaux a un effet plus important sur
leur offre que sur leur demande interne via le taux d'intér~t réel,
2) la valeur en FCFA des importations est moins sensible que celle des
exportations à la dévaluation du FCFA,
on démontre' que la dévaluation du FF sans modification de sa parité avec le
FCFA provoque dans le moyen terme une baisse de l'activité économique, des
réserves extérieures et de la richesse, et alimente l'inflation interne.
Le tableau 13 rassemble les résultats de ce scénario. En étudiant les signes
des expressions correspondant à «~ z/de2) de =O ' (af/de2) de =O ' (av/ de2)de =O'
1
1
1

-
217 -
(dV/de2)de =0 ) on constate qu'ils sont négatifs contrairement à celui de
l'expressiJn correspondant à (op/de
de =0 • Comme on l ' avai t souligné dans
2)
1~ chapitre précédent, ces conclusions Ae doivent pas surprendre après cel1es
du premier scénario dans la mesure où une dévaluation du FF sans modification
de la parité du FCFA avec ae dernier signifie une dévaluation du FCFA par
rapport aux autres devises, en l'occurence le dollar. Dons il n'est pas
étonnant qu'on retrouve les m~es résultats que ceux du premier scénario.
3.3. Dévaluation du FF avec réévaluation simultanée et
proportionnelle du FCFA
La troisième politique de taux de change que les pays africains peuvent mettre
en oeuvre consiste à réévaluer le FCFA toutes les fois que le FF est dévalué.
Une telle politique peut se justifier par le fait que les raisons qui amènent,
à la dévaluation du FF ne sont pas forcément suffisantes pour pousser à une
modification de la parité du FCFA. L'analyse du court terme avait permis de
conclure que cette politique offrait beaucoup plus d1ivantages que celle qui
consiste à laisser le FCFA se dévaluer automatiquement avec le FF, puisque la
réévaluation du FCFA a un effet déflationniste, stimule l'activité économique
et améliore le solde de la balance des paiements. On peut maintenant se
demander si les mêmes conclusions peuvent ~tre reconduites pour le moyen
terme. Formellement ce troisième scénario signifie que (de/e
= -de!e
ou
1
2)
(de
= -(e
de
Le membre de droite du système d'équations peut
1
1/e2)
2).
s'exprimer en fonction des notations employées dans les deux paragraphes
précédents de cette section. Le point cinq de l'annexe de ce chapitre donne
d
d
les valeurs de (C
(C
et (C ) . Si le signe de(zs
- h
) ou de (zs
_ h
)
1),
2)
3
e
e
e
e
1
1
2
2
pouvait ~tre aisément déterminé, il n'en va pas de m~e pour celui de
d
d
l'expression (C
= (-e
(zs
- h
) + ZS
-
h
). Par conséquent, on
1
1/e2)
e
e
e
1
e
d
d
2
2
supposera que (zs
- h
) et (zs
- h
) sont de valeur sensiblement égale.
e
e
e
e
1
1
2
2
CoJl'lllle le rapport (e
est supérieur à 1 alors (C >0). L'hypoth~se selon
1/e2)
1
laquelle la dévaluation du FF ou du FCFA a plus d'impact sur la valeur des
exportations que sur celle des importations avait permis d'établir que
FF
FF
(x
+ ez! > m
+ ezrl> + e;!1$ ) et ( ~ »e#$ + m$). En valeur absolue
FF
FF
l'inégalité suivante est vérifi~~ : (\\(e1/e2) Lx + ez! - (m + e;!1$ + e;!1~1~1>1
e 1 (x'!> - e;!1~2) \\ • Il s'en suit donc que ( C2;>0). Enfin il est évident que
(C > 0).
3

TABLEAU 14 -
EFFETS SUR LE NIVEAU DU PRODUIT NATIONAL. DU COUT DE LA VIE, DE LA RICHESSE DU
SECTEUR PRIVE ET DES RESERVES EXTERIEURES D'UNE DEVALUATION DU FF SUIVIE D'UNE
REEVALUATION PROFORTIONNELLE DU FCFA
1
L\\
! t
h~> - C
(h~
h~] - ~ [-t
e
= 2::: L.
2 (t9C1 - C2
3 [t9
+ Xz>- t 1
2 Iv Cl + C3
de 1 de = - -l de
1
e
2
2
d
d]
(h
+ x ) I
- C;l;1
h
}
z
z
V
.1
Z
V
)
t -C [- (t - t h~) -ru (t
h~ -
az
-
1
e : 1
-
3
3t9
6
3 Iv + t s h~) J + [-C1 t 9 + C2
de 1 de = _ -l de 2: L
1
e
2
2
ru
]t
C
f
1 Iv
1
f\\.)
f-'
(Xl
1
.!!...I
f - t (t C -t C ) + t (h~ + x C - t
(h~ + x
e
de
1
= ..1-
-
3
1 3
2 2
6
z)
2
6t2C1 - t 1C2
z) + t 1
1 de
= - e
de
z:. L.
1
2
2
C t
- ~u [Iz (t C - t C
1 1
3 3
1 1) + t s (h~ + x z) C3 - t st2C1 ]
~
~
>]+
+
(h~
e
=..1-
e;
{
t2t5~C2 h~ - t
t
t
C
9C l
2 Iv (t3C2 - t 6Cl)
7 l z
2 - t 9Cl)
de
de
= -
de
~ L
11
1
1
- t 1
(C
(h~ + x
h~) - C
7 v
2
z) - t 1Cl] -
C3tl (t31v + t 5
3t6
[- (h~ + x
h~]
[(h~
z>Iv + l z
+ C
3t 9
+ xz) t 5 + lz ]
l

-
219 -
PROPOSITION 6. Sous les hypothàses que
1) (zs
_ hd ) _ (zs _ hd ) # 0,
e
e
e
e
1
1
1
2
2) la valeur en FCFA des importations est moins sensible que cellE
des exportations à la dévaluation du FCFA ou du FF,
on démontre qu'une dévaluation du FF suivie d'une réévaluation du FCFA
exerce un effet favorable sur l' activité économique et le niveau des
réserves et la richesse du secteur privé, et ralentit la hausse du cotit.
de la vie.
Le tableau 14 rassemble les résultats de ce troisiàme scénario. Comme ils
ont tous le m8me dénominateur, qui est négatif, l'impact d'une dévaluation du
FF suivie d'une réévaluation proportionnelle du FCFA est saisi en déterminant
le signe des numérateurs de ces expressions. En procédant ainsi on vérifie
facilament que
(
((àz/de 1)de = -(e le )de
' (àf/de1)de =-(e le )de
'
1
1 2 2
1 1 2 2
(
)
et ((3p/de1)de2=-~1/e2)de2~0) •
l1
1

-
220 -
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE
Dans cette troisième partie, on a essayé d'élaborer un modèle de court et
moyen terme pour analyser les effets des différentes politiques de taux de
change que les pays africains peuvent mettre en oeuvre dans le cadre de la
Zone Franc. On a voulu saisir les caractéristiques principales de leurs
économies, en particulier le fait que leur appartenance à une Zone monètaire
les amène à opérer une double conversion de leur propre monnaie, le FCFA,
pour effectuer des transactions commerciales ou financières avec le reste du
monde. Ce système de change, pour des raisons institutionnelles, se
modifient dans des conditions précises qu'on a appelées scénarii. On a
privilégié un certain nombre de grandeurs économiques par rapport auxquelles
chaque scénario est apprécié. Les résultats obtenus confirment les analyses de
la deuxième partie en ce sens qu'une dévaluation n' exerce pas une influence
favorable sur les économies africaines z elle alimente l'inflation interne,
déprime l'activité économique et accentue les déséquilibres puisque les
mouvements de ressources qui devaient s'opérer pour les résorber sont bloqués
par nombre d'obstacles. Une réévaluation du FCFA à la suite d'une dévaluation
du FF a pour effet de ne pas détériorer le solde de la balance des paiements
et de comprimer les co~ts de production liés aux facteurs importés ce qui
stimule l'activité économique. Le modèle pourrait ~tre l'objet de quelques
extensions. Il serait par exemple intéressant d'introduire le phénomène
d'incertitude moyennant quelques simplifications. Compte tenu des fluctuations
très fortes de l' activité économique des pays africains de la Zone Franc et de
la valeur de leurs exportations un tel facteur aiderait à faire un pas de plus
dans la prise en compte complète de leurs caractéristiques principales.
L'introduction de l'incertitude pourrait s'effectuer par plusieurs canaux :
d'a'bonipar le biais du prix en dollar des exportations, ensuite par l'intermédiaire
du taux de change du FF avec le dollar, enfin 1 'incerti tude peut ~tre introduite
au niveau de la fonction de production. Ce sont là les trois principaux types
d'incertitude auxquels sont confrontés les économies africaines. Enfin le modèle
pourrait ~tre utilisé pour l'analyse des effets de l'inflation importée.
L'enseignement essentiel que l'on pourrait tirer de cette troisième partie est
que les politiques de dévaluation n'ont guère de chance d'opérer les
transformations de structures nécessaires pour la résorption
des déséquilibres

-
221 -
des paiements extérieurs. En effet ces derniers renvoient presque toujours à
des causes internes ou à des chocs provenant de l'environnement international.
La plupart des pays en voie de développement font face à une augmentation
permanente des co~ts de l'énergie, à une augmentation inflationniste des prix
industriels, à des taux d'intér@t élevés et à une chute de la demande de produits
1 primaires due à la récession des pays industriels. A ces facteurs externes
s'ajoutent ceux qui sont d'ordre interne. On en citera deux. D'abord la
faible priorité accordée au secteur agricole (prix trop bas à la production,
commercialisation inefficace, etc.) a entra!né une expansion rapide des
importations alimentaires. Ensuite le mauvais choix dans le domaine des
investissements publics qui très souvent a pour effet un ralentissement du
taux de croissance économique; afin de maintenir le niveau des investissements,
des emprunts à l'étranger à des conditions désavantageuses n'ont fait qu'aggraver
la situation. Il est évident que dans un tel contexte, il faut une action
consciente sur les structures économiques pour corriger les déséquilibres tant
1
internes qu'externes. Les poli tiques à mener ne sauraient reposer principalement
sur la manipulation du taux de change.
1
1
1
1
1,!

-
2~}2 -
ANN EXE DU GRAP! 'l'RE 10
1. Analyse de la stabilité du modèle
FF(
.J
-v
'\\J
)
$ (
N
m
z, r
e
v
+ e
m
z, r
e
e
[
e,
1,
2
e,
1,
2, p, v)
- (v-r
]
e) (p+i(Tez)).
FF
FF
FF
1;
= pe !!!- + (1-!!..... ) pee - ~ - PC
2
1 m
m
1 2 0
1 (z-z) - b<
[(1+P) e - 1)!!..... +
3
1
m
Pour l'analyse de la stabilité du modèle, on n'a pas en fait besoin de dériver
complètement (V ) et (Y2) en fonction de (e
et (e
1
1)
2).
Dans la section 2 seules les expressions
(~~§) et (~!~) sont discutées, et
c'est elle qui seront ici présentées.
FF
FF
$
dm
dZ
[m
+ e-fFl
+ c3Z
• ae
+
1
(om$ • .2!.. + ~. pTe
~z
ae
are
ae
1
1
(~D
"V
ai
.:l~
ài
è)Z)
~
a v a r e (p+i) + (v-1')
~ + ~ • ~ + -
• -
+ l1+p)2
ae
- ae
e
ae
[
1
1
1
0 r e
ae 1
az
~e1
FF
FF
(_(x
+ e;/'l + m + e;!'S l J ~ de1 •
~: de = [ (1 - :FF )p el -1(1 ~:2 _\\1
2
3 (1 + p) (1- :FF) el +b< 4 'th ~:2 J de2

-
223 -
2. Calcul et signe du détenninant
Le détenninant du 5.1stème s'écrit
d
d
h
+ x
t
h
0
Z
Z
3
v
-1
t
-1
z
s
v
LL=
'V
t
t
1
6 t 9
lU
t
t
0
0
2
1
Ell développant on obtient :
(Iv lU + t ) + t
h~ (t ~ - t
(h~ + x ) (lv~ + t ) +
9
2
s
6) - t 6
z
9
(lz 1u + t ) .
1
1
L'hypothèse que la hausse du prix du produit national a un impact plus fort
sur son offre que sur sa demande interne par l'intermédiaire du taux d'intér~t
r~el, permet d'affirmer que les trois premières expressions de (L D sont
négatives. Ell valeur absolue ellessont supérieures à t
h~
6
(lz 'fu + t
Ce qui
1).
permet de conclure que le déterminant a une valeur négative.
1
3. Effets d'une dévaluation du FCFA par rapport au FF lorsque la parité
de ce dernier avec le dollar demeure inchangée.
On a montré dans la troisième section de ce chapitre que formellement ce scénario
se traduit par les deux relations suivantes (de ) 0) et (de
= 0). Donc toutes
1
2
les expressions dans le modèle différencié, qui sont de la forme (Bde2~sont nulles.
En conséquence le s,rstème s'écrit
d
(h
+ x )dz + t
+ hddv + O.di = ZS
_ hd
z
z
3dp
v
e
e
1
1
-1
dz + tsdp - 1 d
+-1odf = 0
z
v v
1
!
1
1

- 224 -
En résolvant ce système, on détermine (dz, dp, dv, df). Les résultats de
cette résolution figurent au tableau 12.
4•.Effets d'une dévaluation du Fl<' sans modification de sa parité
avec le FCFA
Ce scénario implique que (de , = 0) et (de
Donc le système d'équations
2/O).
correspondant à ce second cas de figure est le suivant
s
d
d
d
(h
+ x ) dz + t~ dp + h dv + O.d! = z
- h
z
z
~
v
e
e
2
2
- lz dz + t
dp - Iv dv +1.d.f = 0
5
t
dz + t
dp + O.dv + O.df = y'
2
7
2
La résolution de ce système pe:nnet de trouver les va.leurs de (dz, df, d p, dv)
lesquelles figurent dans le tableau 13.
5. Effets d'une dévaluation du FF suivie d'une réévaluation
proportionnelle du FCFA
Ce Bcé~r1o d'un point de vue formel se traduit par la relation suivante \\
de
de
e
1
2
1
( - = - - ) ou (de, = - -
de
Dans le membre de droite du modèle différencié,
e
e
e
2).
1
2
2
e1
e 1
s
d
s
d
(de
est remplacé par (- -
de
ce qUi donne 1 (C
= -
( z
- h ) + (z
- n;»
1)
e
2)
1
e
e
v
e
2
2
1
2
~ h~
m~ ~1)]
[~- ~2
(C2=
+ P
- (m" + "2 .,.i +
+ "2
-"1
("2
+ mS)])
"~ C} =::[ p :" + (1 - :" ) "2 P - k} (l+p) :" - fJt} (1+p) (1- :")"2 ]-
FF
mFF
m
]
[ (1-m-) e P - W
(1 -iil) (1 +p) e
).
1
3
1
Le système d'équation devient:
(h~ + x dz + t
+ h: dv + O.df = C
z)
3dp
1
- l
dz + t s dp - 1 dv +1.df = 0
z
v

La résolution de ce sys'Unne donne lesrésultatsdu tableau 14.

TABLEAU 10 - DIFFERENCIATION DU MODELE DE MOYEN TERME
EQUILIBRE DU MARCHE DU PRODUIT NATIONAL
d
FF
$
d
a~
s
d
s .
d
d
d .
(h
+ x
+ x ) dz + (~
• ~ - z ) dp + h
dv + O.df = (z
- h
) de
+ (z
- he ) de
z
z
z
re
up
p
v
e
e
1
e
2
2
1
1
2
EQUILIBRE DU MARCHE MONETAIRE
'V
're
- Lz dz -
(lN
• -
+ l
) dp - I v dv + df = 0
:re
)p
p
ACCUMULATION D'ACTIFS FINANCIERS
( - u+ x - m + i ) dz + [u ~ - JIW + ( .
(
( , v
p + i) -
iN
+ 1)
v - .
Jalle
te)
- . dp - ( -v
z
z
z
re
u r - m
-
re
ap
v
1\\:'
'"
[
FF
s(
FF
(p + i) dv + r u df = -
x
+ e
X- -
m~2)]
m~2
'"
0'1
2
(m
+ e2 m$ + m~~ + e2
de
-
(x$- e
- m$) de
1
6 1
2
1
EVOLUTION DES PRIX RELATIFS
FF
FF
FF
FF
(~4"6h+P(1) dz+[e
+ ( 1 - :
) e
- 1X'3 (e
"z -~5J
1 :
1 e2
1 :
+ ( 1 - :
) e1
dp + O.dv +
FF
FF
FF
FF
FF
o.df = -
p!L.. + (1 _!!..- ) e
p - tl(
(1 + p) !!..-_\\)(
(1 + p) (1 _!!..- )
[
m
m
2
3
m
3
m
e2
de
]
1
- [(1 - :
)
FF
e
p - k
(1 - m
m-- ) e (1 + p) de
1
1
1
3
2

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1
r n'l'R0 DUC Tl 0 II
3
l' I~ E :i l
E R E
A~ALYS8 CRITIQUE DES THE01IES ET METHODES
DE DETERKINATION D'UN TAUX DE CllANGB D'EQUILIBRE
10
/
CHAPITRE l
LE TAUX DE CHANGE. UN FRIX PARTICULIER
12
3ECTION
l
Le taux de change influe sur le prix de tous les biens
échangeables, la structure et le rythme de croissance
d'une économie
13
1.1 Le taux de change influence le prix de tous les
biens échangeables.
13
1.2 Si le taux de change est un prix, sur quel marché
est-il déterminé ?
14
1.3 Les variations du ta~x de change ont une incidence
profonde sur la structure et le rythme de croissan-
ce d'une économie.
16
SECTION
2
Le taux de change, un instrument de politique économ\\~ue
2.1 Le fonctionnement du système de l"talon-or a con-
duit à faire du taux de change un instrument pri-
vilégié de politique économique.
19
2.1.1. Le mécanisme d'ajustement dans le système
de l'étalon-or.
19
2.1.2. Le biais déflationniste de l'étalon-or.
20
2.1.3. Le conflit d'objectifs et le recours aux
politiques de dévaluation.
21
2.2 Les dévalua tions r p-i tAe s dans les année s trente
é
ont fait na1tre un doute sur l'efficacité des ma-
nipulations du taux ,le change pour corriger les
déséquilibres extern~B.
22
.../ ...

- 239 -
2.3 Lo système de
Bretton Woods consacre le
taux dp.
22
chan~e comme moyen de correction des rt~s~quilibres.
2.4 Le retour à la croyance de mécanismes autoMatiques
ou la remise en cause de l'efficacité des réajus-
tements du taux do change pour corriGer les désé-
quilibres fo~damentaux.
24
2.5 Le
taux de cha~ge demeure un instrument de poli-
tique économique central dans les pays en voie
de développement.
25
CHAPITRE 2
APPROCHE QUALITATIVE DU ~AUX DB CHANGE D'EQUILIBRE
29
SECTION
l
La définition d'un horizon temporel est essentiel
31
SECTION
2
Equilibre de la balanoe des paiements et taux de chan-
ge d'équilibre
33
2.1 L'identité de la balance des paiements.
34
2.2 Choix des postes dans la définition de l'équilibre
de la balance des paiements.
34
2.3. Liaisons balance des paiements taux de change
36
SECTION
3
Le niveau du revenu et de l'emploi, à défaut d'~tre
amélioré, doit ~tre impérativement maintenu en équi-
libre
38
SECTION
4
Taux de change d'équilibre et restrictions commerciales
39
CHAPITRE 3
LA PARITE DU POUVOIR D'ACHAT C02ME THEORIE DES TAUX
DE CHANGE D'EQUILIBRE
42
SECTION
l
Origine et renouveau d'un concept
43
SECTION
2
Les différentes formulations de la parité du pouvoir
d'achat et les conditions générales de sa validité
45
2.1 Version absolue.
45
...1...

- ?40 -
' )
-,
V~rAion rrlativo.
4'7
.,
',f ' ~ r 3 ion ln u 1 t i 1 a t ;; r a l,~
rj e
J.. :t

'

" .
(Ji a r .i ,~~
(i u
Il 0 Li -
voir d'achat).
40
J'iDtp,rrr'3tation de la P.P.A.
comme une relation d'ar-
titrage spatial et les difficultés de sa vérification
empirique
50
3.1 Les difficult~s que ~encontrent les tests macro-
économiques apparais3ent de plus en plus insurflon-
tables.
51
3.2 Les tests micro'cono~iques.
54
SECTION
4
Les limites de la P.P.A.
comme instrument de politique
d'ajustement dans les pays en voie de développement
58
4.1 Caractéristiques principales des pays en voie de
développement,
r'allocation des ressources et ef-
fic a c i t é deI a P. P • A •
59
4.2 Indices de prix et efficacité de la P.~.A. dans
les pays en voie de développement.
62
4.3 Les diff'rences de productivité entre les pays en
voie de développement et les pays industriels,
leur principaux partenaires.
réduisent la portée
de la théorie de la P.P.A.
comme méthode d'ajus-
tement de leurs déséquilibres extérieurs.
63
CHAPITRE 4 : LA NOTION DE TAUX DE CHANGE D'EQUILIBRE DANS LA THEO.
RI~ DES ECHANGES INTERNATIONAUX.
69
SECTION
1
Le taux de change d'équilibre dens les modèles keyné-
siens d'économie ouverte
70
SECTION
2
L'approche monétaire du taux de change d'équilibre
75
SECTION
3
Le taux de change d'équilibre et l'.pproche selon les
marchée d'actifs
80
.../ ...

- 241 -
CHAPITRE 5
LA METHODE DU TAUX DE C~GE EFFECTIF
83
SECTION 1
Problèmes méthodologiques liés à la construction d'un indice du
taux de change
85
1.1. L'objectif assigné au T.e.E. impose la méthode de pondéra-
tion à retenir
85
1. 2. La détermination d' un panier de monnaies repose sur une
conception pragnatique des échanges
88
SECTION 2
Le T.C.E. est-il pour les pays en voie de développement un
instrument satisfaisant pour la détermination à un moment
donné du sens et de l'ampleur de l'ajustement nécessaire
à un taux de change
89
93
CON:WSION DE LA PREMIERE PARTIE
DEUXIEME
PARTIE
PERTINENCE DE LA PARITE ACTUELLE DU FRANC C.F.A.
INTRODUCTION ET RESUME DE LA DEUXIEME PARTIE
98
CHAPITRE 6
LA POLITIQUE DE DEVALUATION DANS LES PAYS EN VOIE DE DEVELOPPE-
MENT
100
SECTION 1
Impact direct de la dévaluation sur la balance des paiements et le
niveau général des prix
101
1.1. Effets directs de la dévaluation sur les principaux postes
de la balance des paiements
101
1 .2. Le niveau général des prix
104
SECTION 2
Effets de prix relatifs
106
2.1. Sur la balance coomerciale
106
2.2. Sur l'allocation des ressources et le niveau de la
,
production
107
SECTION 3
Effets derev:enu, 1d'encaisses réelles
et de patrimoine
112
3.1. Effets de revenu
113
3.2. Effets d'encaisses réelles et de richesse
115
CHAPITRE 7
LE FRANC C.F.A., UNE MONNAIE SOUS-EVALUEE ?
120

- 242 -
:istoriqu2 et carRct~rj8tiques de la Zone Irenc
121
l • l
~; r e f
hi s t 0 ri '1 u e
deI 'J. .: 0 n (~ il r ,'J. n c •
122
1 .,: (~" r e c t (J ri 8 t i Cl ue 8
pl' i (1 C i P rd e ~ ,1 el,: '/; 0 ne' ,,' r R r c co 1:1-
Plt~ oy st mo de
è
cha.n~~a.
1.2.1 La. solidarit~
africaine.
125
1.2.1.1 Une m~ne unit6 mon6taire.
125
1.2.1.2 Une gestion commune du crédit et
de le. .non na Le ,
126
1.2.2 La solidarit{ entre la ~rance et les pays
africains.
127
1.2.2.1 Le r{gime de
convertibilité.
127
1.2.2.2 Le mécanisme des comptes d'opération.
131
SEC TION
2
La réévaluation du F.C.F.A.., u r.e proposition dangereuse?
135
2.1 Réévaluation et flux commerciaux.
135
2 .1.1 côt6 exporiations.
135
2 .1.2 C&té
importations.
136
2.2 Réévaluation et niveau de la production nationale.
137
Inflation et r~évaluation.
108
Réévaluation et réservas extérieures.
141
Réévaluation et incidence sur la dette extérieure
et le budget de l'Etat.
142
T ROI S I E M ~
PAR T l E
ESSAI DE FORI·iALISATION DES EFFE'TS ~iTJR LES ucono-r ss AFRICAIHES
DE LA ZONE FRANC DES DIFFERENTES HODALITE8 DE KODIFICATION
DE LEUR SYSTEME DE ~AUX DE CHANGE
CHAPITRE 8
DESCRIPTION DU MODELE
147
::;ECTION
1
L'offre du produit national
147
SECTION
2 : La demande du produit national
154
.../ ...

- 243 -
? 1 Lt~l~sorntior'.
154
154
?
1. 2
~e t~uz d'int~rôt r~nl
,.
. . '
an ClC 'L]' •
2.1.3 Les prix relatif~.
15L
:J.?-
Le s exporta tions.
157
:~ E Cl' l 0 lT
"3
Frix du produit natio~al, le coût de ln vic
158
3.1 Les princ ipaux bien s entre le prix de s 'biens lo-
caux et les prix ~tr,3ngers.
158
3.2 L'inflation interne.
15Q
3.) Le colt de la vie.
162
SECTION
4
Les anticipations
163
SECTION
5
Le marché financier
165
5.1 L'offre et la dema~d3 de monnaie.
165
5.1.1 L'offre nominale de monnaie.
165
5.1.2 La demande deronnaie.
166
5.2 Les titres.
167
5.2.1 Existence d'un soul titre.
167
5.2.2 Le cas de plus d'un titre.
169
5.3 La richesse réelle d~ secteur privé.
171
SECTION
6
La balance des paiements
172
SECTION
7
Equilibre sur les diff~r!nts marchés de biens et d'actifs
finanoiers,
résumé et forme du mod~le
173
CHAPITRE 9
~FFETS DANS LE COURT TERiE DES PRINCIPAUX SCENARII
DE MODIFICATION DU SYSTE;E DE TAUX DE CHANGE DES PAYS
AFRICAINS DE LA ZONE FRAjC.
178
SECTION
1
Effets d'une dévaluation du Fra~c C.F.A. par rapport
au Franc Français et aux autres devises
179
SECTION
2
Effets d'une dévaluation du Franc Français, sa parité
avec le Franc C.F.A.
restant inchangée
186

.../ ...

- 244 -

SECTIO~l
')
;';ffets d'une d2valuatiorJ. -JuFranc Français suivie d'une
réévaluation du J!'ranc C. ;'. A.
191
ANNEXE DU CITAPITRE 9
194
CHAPITRE 10 : L'ANALYSE DU 80YBU TlliRMf.
197
SECTION
l
Dynamique et forme réduite du modèle
198
1.1 Du c&té de l'offre.
198
1.2 L'accumulation du c~pital physique.
19iV
, / '
1.3 L'accumulation d'actifs financiers.
,/199
1.3.1 La contrainte budgétaire.
199
1.3.2 Quelques remarques sur le financement du
déficit budgétaire.
200
1.3.3 Variations des réserves extérieures.
202
1.3.4 L'évolution des actifs financiers.
202
1.4 L'évolution des prix relatifs.
203
1.5 L'évolution des anticipations.
203
1.6 Forme réduite et ~quilibre du mod~le.
204
SECTION
208
208
208
SECTION
3
Effeta dans le moyen terme des principaux scenarii
de modificati~n du syst~me de taux de change
212
3.1 Conséquences dans le moyen terme d'une dévaluation
du Franc C.F.A. vi~-à-vis du Franc Français dont
le taux de chenge far rapport au dollar demeure
inchangé.
212
3.2 Effets d'une déval~ation du Franc Français, sa
parité avec le Frarc C.F.A.
demeurant inchangée.
216
3.3 Dévaluation du Frarc Français avec réévaluation
simul tanée et pro:!>' rtionnelle du Franc C. F. A.
217
.../ ...


- 245 -
--. ~ .
CGl~ C LU:; Hm
!n~ LA 'f ftO I;; lEi" j.: l' Ail'f TE
ANN c; XE 0 U CIU\\J' l TItE 10
222
'UNE BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE
227
TABLE DES MATIERES
237
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