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1


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U,E.R, SCIENCES DES ORGI\\NISATIONS
SUJET : QUELQUES FACTEURS EXPLICATIFS DE L'ABSENCE DES
INp.ïIONAUX" DE LA DISTRIBUTION p.LI~11ENT.4IRE
ORGANISEE AU GABON
PRESENTEE PAR
r/lBEI'lG, EKOR.EZOK FAB 1EN
. &'.
JURY :
PRËSIDENT
C'PiNSON
RAPPORTEUR: c'MARENCO
SUFFRAGANTS: J'LE BIHAN
ANNEE DE LA SOUTENANCE
l 9 8 2
...

L'Université n'entend donner aucune approbation
ni improbation aux opinions émises dans les thèses.
Ces opinions doivent ètre considérées cowme propres
à
leurs auteurs.
'. .
:-:

..,..
...
"'.'
. ...
.
.
.'

A la mémoire de mon père et de ma f:'èrB--
A Bernadette, Nadia, Rodney et Laetitia,
l'autre
partie de moi.
A tous mes parents, beaux-parents et amis.
Une pensée spéciale pour ma belle-mère souffrante,
mon cousin et ami, Thomas, et pour Jean Félix, mon.
neveu désormais chargé du "relais".

J'adresse mes plus sincères remerciements
à toute personne et à tout organisme qui,
au
Gabon, en France ou ailleurs,
aura contribué
à
la réalisation de cette recherche, notam~ent
- Mme Claudine ~~~NCO, qui fut pour moi
plus qu'un "simple"
directeur de recherches
Le jeune BBAYE Jean,
-
l'U.N.E.S.C.Q.
-
Mon pays.

Pages
1. INTRODUCTION
l
PREHIERE PAETIE
LA NATURE PARTICULIERE DES RELATIONS
GABON-~ŒTROPOLE DU TE~WS DE LA COLONISATION
20
1. Les ressources des quatre colonies et
leurs échanges avec la Métropole
22
1.1. Le Gabon: une colonie aux ressources
23
limitées.
1.1.1.
le bois
23
1.1.2.
le cacao
27
1.2. Le Cameroun,
la Côte d'Ivoire et le
Senegal
: trois colonies aux ressources
abondantes et diversifiées.
30
1.2.1.
le bois
30
1.2.2.
le cacao
31
1.2.3.
les autres denrées alimentaires
32
a- l'arachide
32
b- le café
33
c- autres denrées
33
1.2.4.
les produits non alirne~taires
34
a- plants textiles
34
b- kapokier
35
c- autres ressources
35
1.3. Les exportations des quatre colonies
36
vers la Métropole
2. Les l:,odalités·d'intervention des grandes
40
Compagnies de négoce dans les quatre colonies
2.1. Les politiques d'implantation
40
2.1.I.
le CFJ'_O
40
2.1.2.
la SCOA
42
2.1.3.
le groupe OPT0RG
43
2.2. Les activités
46
2.2.1.
leur nature
46
2.2.2.
leur évolution
49

3. Le rôle de l'Administration coloniale locale
52
3.1. Le Gabon: un point de départ stratégique
52
3.2. Des mesures administratives dissuasives
~3'
54
3.3. Des écoles et une formation insuffisante
3.4. La population lettrée systématiquement
58
affectée à des tâches administratives.
3.5. Une infrastructure de Communication la
64
plus réduite.
3.5.1. Le reseau rcu~ier
64
3.5.2. Le reseau ferroviaire
67
3.5.3. L'infrastructure portuaire
68
DEUXIEl~E PARTIE
72
LA POLITIQUE DES POUVOIRS PUBLICS GABONAIS AU LEN-
DEMAIN DE L'INDEPENDI~~CE
ET SES CONSEQUENCES SUR
LA DISTRIBUTION ALIMENTAIRE.
73
Introduction : les grands axes de la politi~
économique gabonaise.
a -
le bois dans l'économie gabonaise
76
b
le pétrole, nerf actuel de l'éconcmie gat.o-
79
naise.
c -
le manganèse
81
ct - l'uranium
82
1. LA POLITIQUE AGRICOLE
84
1.1. Place du secteur agricole dans l'é~onomie
85
gabonaise
1.2. Les cultures vivri~r~s
87.
1.3. Les cultures d'exportation
89
1. 4. L'élevage
90
1. 5. La pêche
92
1.6. L' i.ndustr ie a'Jro-alimentatre
93
1.6.1. La fabrication du sucre
93
1.6.2. L'industrie des boissons
. 9.4
1.6.3. L'exploitation de produits
96·
oléagineux
1.6.4. L'industrie meunière
96

2. LA POLITIQUE VIS fi VIS DE WI P.M.E.
100
2.1. Au Gabon, une structure d'aide au
102
financement et d'assistance faible
et peu efficace
2.1.1.
La CNCR
1.02
2.1.2.
promogabon
105
2.1.3.
La Banque Gabonaise de
109
Développement.
2.2. La promotion de la p~m dans
112
les autres pays africains.
2.2.1.
Les organismes spécialisés
112
a - En Côte d'Ivoire
112
b - au Sénégal
113
c - au Cameroun
115
2.2.2.
Leur fonctionnement et leur
116
efficacité.
a - En Côte d'Ivoire et au Cameroun
l16
b-
au Sénégal
119
3. L~ POLITIQUE EN V~TI~RE D'INFRASTRUCTURES
122
DE CO~~IUNICATION
3.1. Une infrastruoture routière indigente
127
3.2. Une infrastruct~re ferroviaire nais~ante
130
4. LA POLITIQUE EN }~.TIERE DE CO}WERCE
132
4.1. Le commerce alimentaire gabonai~ à la
133
veille de l'indépendance.
4.1.1.
u~ appareil de àistribution
133
réduit,
aux mains àes étrangers
a -
les marchés
124
b - quelq~es boutiques
134'
c - qùelques enLreprises
135
4.1. 2.
une activi té commerciale tnorganisée 13';-
4.2. L~s interventions de l'Etat dans le champ~139
du corrunerce.
4.2.1. La règlementation co~merciale
139
,
gabonaise.
a -
la loi nO 7/72
140
b -
la loi nO
10/73
143
, "
." '
4.2.2.
Les pouvoirs publics et les grandes 50-
146
~
ciétés commerciales.

a - pa~ticipat~on finù~cière àe l'Etat
146
b -
autres aides.
149
4.3. L'appareil de distribution gabonais
aujourd r hui.
151
4.3.1.
Le niveau
l'gros l'
152
a -
les importateurs et exportateurs
152
b -
les grossistes et deni-grossistes
153
4.3.2.
Le niveau
l'd~tail''
154
a -
les marchés
l~4
b -
les boutiques
J.~~
c -
les supérettes et sucer~archés
156
d -
les grandes surfaces
157
4.3.3. Un réseau de distribution
très concentré.
158
TROI5IEME PARTIE
IM.I\\GES DU COHl-!ERCE ET DES COMNERCi'.NTS
ALIMENTAIP~S
Di'~S Lh POPUL~TIOK GABONAISE
163
1. LES POPULATIONS ELOIGNEES DE LA SOCIETE
M,1\\RCHANDE :
165
1.1. Llorganisatio~ sociale
166
1.1.1. La fè..'i1ille dans la société
traditionnelle
165
1.1.2.
L'approvisicnne~ent alimen~aire
170
1.2. Le rôle social du fait alimentaire
1.2.1. La consoBmation alimentaire en
groupe.
171
1.2.2. Le don alimentaire
173
a -
le don aux parents
173
b -
le don à l'étranger
174
1.3. Les images du co~merce et des commerçants
alimentaires.
176
1.3.1. une pratique égoïste,
égocentrique.
176
1.3.2. un acte imuoral
177...•.
1.3.3. commerce et commerçants
des éléments antisociaux
177
1.3.4.
le C0mmercc alimer.taire une pratioue
- •
178
de la viJ.J.ea

1.3.5.
le commerçant alDnentaire
un lllarginal.
179
2. LES VILLAGEOIS AU CONTACT DE LA CIVILISATION
MARCHANDE
180
2.1. L'organisation sociale
182
2.1.1. La notion de famille
182
2.1.2. L'approvisionnement alimentaire
183
2.2. Le fait alimentaire
184
2.3. Le commerce villageois
réalité et images
185
la pratiaue du commerce alimentaire
au village
les images
2.3.1. Vendre des denrées traditionnelles
une réponse a l'évolution du cadre de
vie.
la7
2.3.2. le com~erçant du village:
un acteur intégré au cadre soci.al.
189,
2.3.3. Commerce de ville = égoisrne.
191
2.3.4. Facteur de dissolution de la f~~ille 192
2 .3 .5. Du vol.
193
2.3.6. Une activité contraire à la morale
chrétienne.
194
2.3.7. Une activité - refuge.
195
3. LES CITADINS ET LE CONl-lERCE
197
3.1. Le mode de vie des citadins gabonais
198
3.1.1. L'organisation sociale.
198
3.1.2. L'approvisionnement alimentaire.
200
3.2. Leurs images du commerce et des co~~erçants 202
3.2.1. Une activité incompatible avec l'esprit
de famille.
202
3.2.2. Le commerçant alimentaire: un individu·
certes riche mais de moralité douteus~.
203
3.2.3. Comme~ce
alimentaire synonyme de
dernier recours.
204 .

3.2.4. Le commerce alimentaire indispensable
subs~itution à l'auto-produc~ion.
205
3.2.5. La pratique du corrmerce alimentaire
suppose une formation.
207
3.2.6.
Le cOIT'ullerçant alimentaire au Caton =
un étranger.
207
4.
LES CO~~ERCANTS GABONAIS
209
4.1. Le cowmerçant de village vu par lui-mêne
210
4.1.1
adaptation à l'évolution de l'8nvi-
ronnement.
2:~
4.1.2. Un acteur social.
211
4.1.3. Disposer de moyens financiers
212
4.2. Le co~~erce et les co,,~erçants de ville
vus par les commerçan~s villageo~s
213
·4.2.1. Une prati~~e égoïste
213
4.2.2. Contraire à l'esprit de fa~ille
214
4.2.3. Au bo::d de la Halhol'.l'.eteté.
215
4.2.4.
Peu soucieux de la morale c~Iétier.~e 215
4.3. Les commerçal'.ts u=bains
217
LES HLl\\GES DU CmW'.ERCE E'I DES COPi..'lERC.i'J"TS
4.3.1. Substitution à l'auto-p::oàuction
220
4.3.2. Il Y a con~erce et Commerce.
4.3.3. Le cc,,~erce alimentaire: aux mains
des étra:lgers.
221
4.3.4. Corrmerce et religion.
222
4.3.5. Une activité d'appoint; une activité
refuge.
223
4.3.6.
Une source de financer.lent pot:r d'a:.;-
tres activités.
224
4.3.7.
Faire du co~~erce alimentaire,
c 1 est
prendre des risques.
224

4.3.8. Les comrr,erçants alimentaires gabo-
nais ne sont pas aidés.
225
4.3.9. La vente alimentaire:
contraire
à l'esprit de famille.
226
4.3.10. Corrunerce alimentaire et vol.
227
CONCLUSION
232
ANNEXES.
245

1
INT[{ODUCTIOr'J
La distribution des produits alimentaires cannait
un grand nombre de problèmes en Afrique Noire. Nous n'avens
pas l~ prétention de J.es analyser tous ici; nous neus conten-
terans de relever les principaux.
LI étroi tesse et la pauvrets du marché de :.:1.
can SOlT\\lT\\a tian
déjà fort limi.tés à cause de la faible de~sit~
de population qui ca.ractérise d'',.lne rnonièr8 générale 2.;:;5 pays
de cette partie du monde (1) , les marchés africai~s de la
demande alim<~ntaire se réduis'2:1t souve:1t encore ~ la frar:ge
de population ~rbaine, laquelle,
si elle dispose cie ~evenus
reguliers
(së.laires 1
reD.tes,
etc)
ne rei;>résente en r;.cYEEne que
18 1/3 -environ des habitants (le 2hacun des Stats.
O'..lan<:
e,llX
2/3 ~esÎ:lints, à cause 3.8 leurs revenus insigni~iaï~~cs (q...:anCi
ils exist~nt) Et 2!:ssi,
pour par~ie, en raison dlune D~~~ ~e
leur dispersion sur des ~erritoires gé~éraleme:lt plus vastes
qüe ceux des pays d'~U~Op8 Occidentale, d'a~tre pa~t je leur
éloignement des voies de corrununication c1est à ~ire des r31ais
e11tre le monde rur21 et c2l~i de la viJ.le,
ils ne constit~e~t
pas llne clientèle réelle pour le réseau de vente alj.mentaire.
-
LI insuffisar.ce des moye~s de cormr,l.1nicot.ion
:
Le cOl:ollaire de la distribu tian,
de 11 éC;ldnge,
est l~ faci.;-·
lit~ de Jl:placeme:ît p~ys~ql..1e des êtres ou des cb:,=ts dlun
{I) c.L
"Quelques aspects des circuits de distr.iDutian
Africai11s ll ,
Diakhaté,
tl)êsc; Paris-Dauphine, 1978.
..

2
1
point ~ un autre. EIJ.e favorise l'élargissement du marché,
rend plus aisée la mise des produits à la disposition des
acheteurs,
bref, elle promeut la distribution. Or, dans le ca,
des pays Africains,
les routes et voies ferrées, qui sont les
moyens de communication les plus usités car les moins onéreux.
font très souvent singulièrement défaut,
sont mal répartis
sur les territoires ou dans un état qui ne permet que leur
utilisa~~on partielle et momentanée. Ainsi,
une grande part~e
des consommateurs potentiels ne peut pas être atteintè ou ne
l'est que dans des délais très longs et donc ir.compatibles
avec la nature même des denrées alimentaires réputées t~ès
périssables.
-
La dépendance vis à vis de
l'étr~nger : L'ao-
sence ou l'insuffisance de production agro-ali~entaire natio-
nale ainsi qu'une production artisanale
s~oradique et 3isper-
sée obligent les distributeurs Africains 0rga~~.s~5 ~ se tou~-
ner vers des fournisseurs extérieurs
(E~~o?éons, :~~~n8ricai~sf
Asiatiques)
pour leu~ ~pprovisionneœent et ce]ui.~subs~qu2nt~
de leurs marc~és.
-
Des réSeè.llX de distribution peu crganisés
Le marché ~fricaj.n de l~ distribution allnen~airE souffre
d'un très 9ra~d md~que d'or92nlsation.
Dans la ffi3jeurs parti~
des Etats de cette zone géogc?phigue en effet,
l~s lImites
fixa.nt les domair:es du
"gros" 1
du
"dcmi-gl:"osll
et de.
llàétai.l"
sont peu respect0es
:
ainsi;
i l lliest pas
rare de voir Ul1e
entreprise cells~e exercer une activitê de gros,
v811dre tlne
caisse de
sardines en conserve,
soit à un prix de gros ce

qui est norIncll,
soit il un prix de détoil
(dans ce c1crnicr

3
cas i l s'agit en évidence d'un acte illicite), faute d'un
contrôle effectif et rigoureux des organismes régulateurs de
l'activité de distribution alimentaire, notamment les servi-
ces de contrôle des prix. Cette situation, 'on s'en doute,
entraine des perturbations sur le marché de l'offre et notam-·
ment elle favorise le développement de l'inflation
(1)
(le
commerçant qui aura acheté la caisse de sardines à un prix
de détail cherchera lui aussi à ~jaliser un bénéfice sur cette
marchandise: de ce fait,
i l pourra être amené à vendre son
proguit à un pri.x unitaire de très loin supériear à sa valeur
marchande réelle).
-
Une mauvaise, voire l'absence de connaissance
du marché: L'insuffisance des services d'information éccno-
mique et leur mauvais fonctionnement
(quand i l e:1 exi~te)
font qu'il est très difficile de mesureil'i~po~~ance réelle
des marchés Africains de consorr~ation alimentai~e, la nature
et l'évolution des tesoins des consommateurs, le1:r pouvoir
d'achat, bref toutes ces données qui aident à ~ieux appréhen-
der donc à mieux organiser le marché.
Corrme celle de tous les autres pays Africains,
la distribution alimentaire Gabonaise est à l'~vidence con-
frontée à tous ces problèmes. Mais en plus, elle cannait llne
(1) c.f. Samson NGomo :
"Essai sur l'inflation Gabonaise"
thèse,
Paris-Dauphine, 1977.

situation qui lui est spécifique : ell~ est, pour l'essentiel,
entre les mains des Etrangers .. En effet,
le conune~ce o:r.gçJ.!1isé
de gros et demi-gros,
la grande di.stribution de détail c'est
â dire la vente en hypermarché,
supermarché et supérette, le
commerce moyennement organisé
(pratiqué dans des points de
vente dont la superficie varie entre 50 et 200 m2, entrepêts
.
.
non compris, et offrant aux consommateurs un assortiment de
marchandises qui, pour être inférieur â celui de la grao0~·
distribution urbaine,
n'en est pas moins varié)
qui assurent
90%_de l'approvisionne~ent en volume du marché Gabonais de
l'offre
(ce sont eux qui réalisent toute l'importation alimen-
toaire c'es·t à dire 85% des biens consommés et achètent la
quasi totalité de la production industrielle lo~ale) sont
tenus per les Europêens
(Fran~a1s en particulier), les Syro-
Libanr.tis 1
Béninois,
Carnerounais 1
bref par des Etrangeys. Les
natianaux pour l€:ur
par't ri 1 interviennent :::-éellement qu 1 au
n.:'vp.~.u du petit commerce traditilJnnel,
lequel, même s ' i i
constitue le réseau a~quel s!adresse la majorité de la ?opula-··
tion
ne fournit q~l'environ 10% de l'offre ali~entai=e na~io-
l
nale et achète la plus grande partie de so!! assortiment a",
co~"r.erGe organisé dont il est tributaire. Par r~pport à la
situatio" dan:; des pays comme le Cameroun,
la Côte d'Ivoire ou
l.e S~ndgal, l'absence des Gabonais de leur réseau de vente"
alimentaire constitue donc un cas particulier dont l'analyse
fait préuis~lent l'objet de cette recherche.

5
La compariliGon avec ces Etatt; dl A::riq~c Centrale ct: Occiù8fl"';:êt.le
s'avêre particulièrement significative dal15 la mesure ù~ ils
ont en conunun avec le Gabon d (avoir
-
subi la colonisation française
accédé il l'indépendance poli tique .3 la même
période
(1960)
- opté pour un système identique d'économie
de f:1â.rché.
Certes, cette comparaison se heurte à la difficult6 de réunir
des_informations homogènes.
Il convient en effet de souligner
ici que pour la majeure pareie des pays Africains,
i l existe
.
peu de renseignements d'ordre statistique cu même descripeif,
suffis~nent fiables pour étayer rigoureusement une recherche
comparative dans le èomaine qui ici nous intéresse. N:;O::l::IOins"
nous avons pu retenir plusieurs i~dicateurs qui pe~w~ttent de
mettre en êvidence la spécificité oe la sitUètio~ Gêbo~aise!
par rapport à celle des trois autres pays.
Trois indicateurs De~mettent de mesurer la pr&~
senee des Camerounais,
Gabonais,
Ivoiriens et 3énég~lai3 da~s
la distributio;1 alir.1entai-re de leurs pays respectifs. Deu/.
d'entre eux sont cl' ordre statistique :
i l s' agi,t è 1 une l?art
du volume de capi taux
(1)
inv'~stis dans le Eecteur par les'
investisseurs privés n<:ltiundux de chacun de ces pays, d'autre
(1)
c.f. an;1eX8
1.

part du nOQbre d'entreprises de distribution alimentaire
(1)
de gros,
jemi-gros et d6tail,
três ou moyennement organisées
~ c~pitallX entiêrement ou majoritaire~ent nationaux. Le troi-
si6me indicate\\lr est d'ordre plus qualitatif:
il s'agit des
hOléunes d'affaires de notoriété nationale,voire internationale,
exerçant leur activité dans le secteur de la distribution
alimentaire de chacun de ces p~ys.
Que l'on prenne en compte le nombre d'entreprises
de distribution alimentaire à capital entièrement ou majori-
taireIP.ent détenu par des natior.aux ou la part. des investisse-
nents privés nationaux dans l'ensemble des capit&ux placés
àans le secteur de la distribution alimentaire,
le Gabo~ ap-
paraît ~ien corrme un cas p~Itic~lier même si à ces deex points
cie vue, .les trois autres pays à
savoir le Ca-rne!:'cl:r:,
12. Côte
d'Ivoire et 12 Sénégal prés2nten~ e~tre eux des 2iffÉrences
non négligeables:
Ainsi,
i l apparaît ~ue de tous ces pays,
cles~
le' S6négal qui compte le r.o~bre le plus important d'ent~e~ri-
ses de àistributio~ alisentairc à capitaux nationaux,
~oasti­
tuées d'ùillcurs pour plus de la moitié pa~ des sociétés àis-
trj.buant,
au
stade de gros et demi-gros,
l'essentiel de
la
production n~tionale de ces denrêes : 85 a 90% de la produc-
tio~ Sénégal~ise de farine, bl~, sucre, huile raffinée,
lait
en boîte et Loissons gazeuses est écoulée par des grossist~•.
(1)
c.f.
annexe
II.

( l )
la rnoi.ti.6 c~viron ~0S ~nt~cpri52s rrationales de 2istri.buLion
alimentaire ass~r2c1: ;
la fois les fonctions de ~roductioIl ~~
r-'Lais c;:üel cJue soit Je niveau de la d.~.strj_bi].t.ioL
OÜ cl18s interviennerlt ,
ces entreprises propriétê entière ou
di zainef3 dans chacun ds ce~~ troi.s pays.
~\\c. GaDol'l p2."C ..::ont-r-e 1
on n'el) d6nombre que 5 et nOlIS not~rcns au ?assagË ~~'il ne
l'exportGtisfi r ces a(~tivit~s ftant totaleme~t d~X wai~s dG
Pl',j~IS-GABON;
S.lvLA.G.:
SG.G!~.PRAL; S.A.L .. N.;
S'J.GA..DI.;
1'-11-\\..Gi\\.MOD;
BOUC:IE:RIES BEP"~jARD et er:v'i::o;l U:le è-izaines è. I;~ntre-
pays.
st agissant.
lei. pai:'t de capi t.n'".:X
(l)
Scurc(~
-
Di2kLalé
-
Nos Gngu~tes auprès de la re~r~s~ntatiap ÇOffi7
r.lcl:"cialf' du Séniig~J. C:\\1 Franc(~.

';.
en tête Avec UXJ volur{,e de cap i t2.U:: l1i:~ t..ioné:uj:~ &~ al 2 nne ~o':" 5
au S~!léga.l. Cependant dans choeun de CêS
troi-s pay,~ 1
l t 2. ..c'J'~~fl-C
distribution 31imentair~ sc clliifre eIl IniJ_J.iards de francs
C.F.A.,
ce qui. n1e,st pu::i J.t~ CE~S au GabcJn. En eife.t, ce p~.'Js
)l~tio~aux bien pl~s réduite que celle des trois 2l1trcs Etats
le 1/8 de ce qu'on e~registre a 11 Sénéqal, 12 1/~0 ~GS i~~o~-
Certes, les pays Africains en S2n~ral et c~~~x ici retenus el1
individus portent,
ciouvent en se llaLtribuant ,
le
tlt~e {0U
boutique,
dlU~ vfllj.cule de transport cri CO~~Ul~i br8f 1!2x~r­
cice d'une quelconque activit~ qui lui perm~t des rentrées
financière·s,
suffit souvent .3. ::'l:'2.l1sfû:cmer un tI'.r.:1i\\-ldu e!1

d J individualités se sont dégagées au cour-s des vinqt derniè--
res années et se distinguent aujourd'llui d~llS J_~ dœnaine du
commerce ùli.ment3.ire. Dans ces troi.J 9?:\\Ys, des cit.oyen ....:i ont
en effet compris que si autrefois 18 fonctionnariat seul per-
mettait aux autochtones d'accéde~ à llaisa~ce nlatérielle e~ a
la respectabilité, voire la notoriété,
i l nle~ 6tait plus da
même au: 0urd 1 hui.. Ainsi,
nombre1.l~';: s:)n t
les exemple s de parti_ ~~
culiers ayant acquis un n~veau de vie enviable et envié grâcz
à l'exercice d' activi tés c'JTI\\mercialcs en génére_l et alinentai-
res en particulier .. Au Cameroun, par e}:E:'lnple.'
les nO:'ll's ,:=:"r:
Soheing André, l'vlyemba; }\\apa'-,·;a, Hanko....
sent àésormais ,:U;:-:';0':'~:'(;. .:.,
â distribution alimentaire orqa~isée tant sur le pl~n local.
que hors des frontières natio~ales.. De illême Abile, Abinou ,
Abinader,
Kacou,
Chi,:;aya C:'.:nnpcE!;;.t pa.~I:li
les pl.us g~a!lè:::, c()~n-
merçants de café, cacao,
suc=e, ~anioç, con~ise~i8... e~ CÔt6
dl Ivoire ..
Au Sénégal cnfin,
G~_d_·2·YSSC, l,;iallG p.Inadou, Se.::-ig-1.:e,
Diallo ?ic, Kese sont: souvent ci tés CQinITle modèles de '~Oi~!l.sr-
çants alimentai.res tant par leurs concitoyens sue !~ar des
_.
h"O!T'.rtles J' =iffaires oçcide~t:au~ (1)
et au~res étJ.".J.:lgers. en ::,.c·-
tivité dans le pays Ol,J pas ..
~J.U Gabon,
~a si tuat.ic7'l ·3st 5~.ffé··
rente. Si dans des secteurs tels q~e l.G bâtiment,
le tra~s-'
port automobile,
on dénc~br~ qaelq~e~ ~on~es d'affûi~es im-
portan~s,
i l en est autrement da~!s la distribution aJ.imerl~~lir~·
nT":,ous ù-vons pŒ le vé~ifi.er lors de nos entretiens aV8c'~es
responsables Parisiens d~ certains groupes corrunerciaux exe.c- .....,.':
çant dans ces pays.
.....~.~

10
où on ne trouve pas àe GùbOlWis nationalelr:ent: connus et: dis-
posant de moyens mat~riels et humains suffisants pour leur
permet.tre de ;nener il bien, c'est il èire cle manière on;anisée,
des activites co~aerciales.
Les trois critères ci-dessus retenus pour notre
analyse de la situation de la distribution alimentaire o~ga-
~.-..ç----
.
nisée dans les quatre pays ne nous perrrlê~t>ë\\:~r)'t"~Das à: aff:î._"2er
of"'"
,-----', .',: ",
tf(,~ /
'.
'"
qu'au Sénégal,
Ca'l1eroun et en Côte di'-TVo'fr,e,
cè~s'ont les
P: " -.......:..' /"'.
\\ ~~,\\
h
cl ,
ff
.
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. .
~ - ' l
\\....';!
. \\..1,
.... 1
6a~es
a
a1res nat~onaux qU1
Jouent,
es oren~e=s ra es
l:~ \\
- ",,- ) :"i/
",......
/
',,'
dans cette ac~ivité. Trop souvent enëôre~~~,"ett àévolu aux
';~~~~:.~~-~>:/
étrangers. Ainsi er. ce qui concerne le volaIne de capitac:x
illvestis,
la par~ détenue par les fils du pays se situe três
'.~ .
souvellt enccrc au
t:::-oisièffie Qi.1 quatrième rang après celles
des
investisseurs occiâentaux,
o~ientaux et des Fouvoi~5 pu-
b~ics : en Côte ci-Ivoire par exempls,
les ;oü\\ïoirs publi.cs,
les Investisseurs Français et Suisses occupent respectiv2ffient
la première,
seco~de'e~ troisi~~e place ëans la rép2r~ition
du capital investi dans le cOrnr.\\erce aliment~ire,
Sl.:.ivis par
rës-privés Ivoiriens. Au Cililleroun et 2l".1 Sénégal,
l'Etat e::
le3 Investisseurs Occide~tè~x, toutes origines confonàues,
se classe~t avant les p~ivés nationaux.
Pourtant, q~e des éparsnants privés autochtones
aient investi clans la disi:ribation alimentairE: de ces trois
pays des SOJn:",les d'argent aussi importantes
(puisqu'elles
s'élèvent à plusieurs milliards de francs C.F.A.)
traduit une
présence effective des nationaux dans le secteur, ce qui

lJ.
n'est manifestement pas le cas au GaDon.
- Certes, nous dira-t-on,
le Gabon a une popula-
tion plus faible que celle des trois autres pays. Mais ne
serai t-ce justement pas une raiso;-. ,?ui pourrai 1: avoir comIT,e
corollaire la concentration des énergies et des hommes sur ce
secteur vital de l'économie, comme c'est largement le cas
pour l'immobilier par e:<cmple ?
- Certes, nous ferait-on encore remarquer, ces
quatre pays Africains n'ont pas la méme superficie et par
conséquent les problèmes de distribution ne s'y posent pas
-
aveë la même ampleur, avec la même acuitéa
Mais
,
a
-
ce.J.a,
nous
répondrions en disa~t que si le Gabon est moi~s vaste que le
Cmneroun et la Côte d'Ivoire,
sa superficie est supérieure à
celle du Sénégal
(1).
-
Enfin, 90urrait-~~ nous ~ire, le Gabon couver~
à 85% par la forêt équatoriale,
est U~ œarché fo~t réduit.
A cela nous répondrions en souligna~~ le fait que la quasi
totalité des petites villes
(moins de 1500 habitants)
et
l'ensemble des villages, qui regroupent 60 â
70% de la pcpu-
liition l1~tiollale, constituen~ un marché potentiel nor. négli-
geable et non encor~ explo~té et que cela justifierait ample-.
ment une politique d'investiEs2ment de la part des nationaux
afin de satisfaire les bescins de cette
fraction des conSQQ-
mateurs.
Ces différ0nces objectives ne sauraient donc,
(1)
c.L annexe
III.

12
à 1:0S yeux,
expliquer la situation gui ici nous pr~occupe et.
que les t~ois indicateurs retenus ont claire~ent"mis en ~vi­
dence :
ll~bsence des Gabonais des circuits organisés je dis-
tributior: alimentaire de leur pays,
compar."ativement à la s.i-
tua.tion au CainE't'oun, Sénégal et en Cô'~e d'Ivoire.
o
Que les Français,
Syra-Libanais,
Camerounais,
Béninois et autres Africains assuren~ toute l'act~vlté de dis-
tribution alimer..tail:'e Gabonaise aux niveac:( du canLlne~ce de
g~os, àCT:li-grcs et dé·taiJ. organisé pose un problème p!:è·:;ccu-
pant pour ce pays parce que lourd de consêq\\lenCeS p~ur sun
avenir. En effet, ou la distrib~t.ion alimentair~ n.1y s~:ol'.Jera
pas, ou elle le fera à
la seule initiative et fataleillen~ p~ur
le profit des seuls investisseurs étrangers. Dans 3.:un e~
l'autre cas,
le Gabon et par conséquent les Cabon~is !~ly
trouveront forcément pas !e~r int€rêt.
c'est jo~c à ll~~alyse
àû ce pyoblème dor~t on perçoit ·I.:.ou·te l' importance J que s 1 ~~tt2.­
che cétte reche~che. Pourquoi y-a-t-il si peu de Gabona~s
dans la distribution aliment.aire crqanisé2 de 18u1.~ l..j;i':":~ ?
Le disco~rs poli.tiqua ainsi qse celui deR ~c~i­
vains et jou~nalistcs qui ant consacré quelques ~agEs de ~2ù~S
&crits a la situation du con~erce Gabonais tentent d'~ccr~di­
ter l'id6e selon laquelle l'absence des nationaux de la dis-
tribution aliment.aire de leur pays ré::~;ulterai t
du "illtl:1CJi..18

13
c1 l espri t
c:orr:.merrianttl
des Gabonais,
ou encor:e ~h~ }eur 'lincapa-
citè Ilatu~elle" à e~:ercer cette ~ctivit~. III,cs Gabollais ne
conn~isse~t rien aux affaires",
répête-t-o~ souvent au cnCO~2
l'ils sont trop faiil&ants pour ce genre de métj.e="
ou enfin"
'Iils ne se sentent ~ l'aise glle dans des bureaux administra-
tifs".
Si notre accùrd avec les catégories de per5cn~cs
précitées est total quallt au constat de la situation, ncs
ezplications par contre diffèrent des leurs.
Notre co~viction est en ef~et qŒe llabsence d~s
Gabo~ais de ce se.cteur \\.~i tal de l t 8conom:"l..e de leur :.)a:-fs ré-
sul te de la conjonc-::'ior. d'.un e:Jsemble de ':~cteurs :::2530rt::"s-
sant ~ la fois
â
la nature partiç~li~re des relations Efitre
la métropole française et la Gabon du temps de la colonisa-
tian
à la politiq~le adoptêe p~r les pcuv~irs ?ublics
Gabonais au lendentain cie l'accession de ce pays ~ la scuve-
rùiTIeté politique.
Ces facteurs
!.~endeDt comp,l..:.e, selon r;,o;J5 ci 'Uri8
J
part de J.'état au Gabon des infrastructures ~lêcessaires ali
dé-.;elûppemen t
des él(;ti vi tés COITL'Uerci ales qui tf;::'ic1 rai. t
pl l'. tôt
aujourd'hui à décourag2r les initiatives des nationaux da~s
ce-tte brn:l.che d'a.ctivité écono:n.ique , d'autre ps.rt ct ~;n rc:la-
tion avec ce qui précède de la survivance pùrmi la population,
de représenta tions négü t i 'les dll curruneJ:ce et des commerçan ts
ulimentai.res,
li~es il:l mode de vie traditionnel ct renfc~c6es

p::lr l'inflU'2llce
judéo-chréti.cnnf;.
Plus précis&ment,
nous nous proposons de dŒmo~-
trer dans ce travail. que ni les grandes compagnies coJ.c1niale=-
de n~goce exerçant leurs activités ~ur ces quatre tcrritoire3
cl 1 Afrique r~oi:.-e, ni les colonisateu:t:"s administrat.ifs français
n'ont agi au G~bon comme ils l'ont fait ùl~ Cameroun, au
Sêllégal ou encore en Côte d'Ivoi~= et ce en raison du ~oindre
int~rêt économique que présentaient les ressources du Gabon
{essentiellement du bois, un peu de cacao)
pou.r la métr"opole,
p3r r.epport à ce qu'cffrai2nt les autres colonies
(~r~ch~j2/
karité, mil, :ï!aïs,
coton, go:mrne, or,
i"\\7oir2,
hête:: €:~ Feauy/
le bojs,
le cacao et le café)
dont nous reparlerons de T~-
~ière plus détaj.llêe dans la première partie de cs tr~vu1.1.
En cons§queIlce,
~ la veille de l'ind€penda~ce p:litiq~:s; l.es
condi tiJns matérie1.les, s0ciales,
numain25 r:;our le d2"~~el·::::r>pe-
:nent ê. 1 une acti vi té coriùT.erciale organi sée au Ir.oins 271 p2...~ r.i.e::;
par les nationaux se pr§sentaie~t de façon beaucoup 7aj.~s ia-
vo~ables âU Gabon que èans les
t~cis autres E~~~s.
~ous tefiterons ensuite de dêmQntr2~ q~~ la poli-
tique ~e:lée par les Po~vo~rs pu~lics Gabonais nia pas été de
nature à remédier à cette situation,
comparat.i·."'e.1t.~r,t du. rroi::ls
à ce qui s'est fai t. au Cameroun,
Sénéga.l et e::. Côte dl Ivo.:.re_
Depuis 1960 en effet,
la politique de développement da Gab~n
a presque excJ..usivQme:nt reposé sur 2. t exp.lai tatioll des matiè~es
premières dont dispos~~ ce ptlys. et notv.lrunent le bois,
l "~\\rè.-- .
nium,
le 1113ngùnèse et le p~trole. Par~1].~l2mcnt, les ~ctivités

16
Notre t.ravail
sfo~sa~isc selon trois axes de
recherche.
1. Une analyse compara ti ve de la si tua ti6nsur une lon--
gue durée de la période coloniale
(1860-1950), au Gabon,
Cameroun, sénégal et en Côte d'Ivoire.
Dans ce cadre, nous
avons procédé à une analyse économique comparative de ces
pays sous l'angle de leurs ressources disponibles et exploitp -
bles du temps de la colonisation, du volume de leurs échdnges
respectifs avec la métropole, de leurs infrastrtlcturEs de com-
munication à la veille de l'indépendance. Nous avons égalEment
mené une analyse histo~i~~e des ffioàali~és à'intervention 623'
grandes compagnies de négoce que sont la Société commerciale
Ouest-Africaine, là Compagnie française pour l'Afriqùe Occi-
dentale et le groupe OPTORG. Enfin,
nous avons exa~iné le
rôle de l'administration coloniale locale dans les quatre pays.
Ces analyses on~ été pour l'essentiel baséês
sur lez différentes
sou~ces dti~~ormation suivantes:
a)
Les aychives coloniales d~ ~1inistè~e èes
Colonies et de la Biblioth~q~e ~ationale :
-
les dossiers
Ilaffaires politiques-Gabon--Congo~'
aIlnées 1830-1955
-
"Affaires politiques Ca'Ileroun"
1::l14-1955
-
"Affaires politiques Côte d'Ivoire" 1904-1955
"Affaires politiques Sénégal" 1865-l955
-
L'Afrique Coloniale
(micro-film)
b)
Des
interviews réalisées auprès
de responsables du groupe OPTORG à la "Défense"
-
de responsables de
la C.F.A.O~ à Paris

, ",
~. /
- de responsables de la S.C.O.A.
R Paris
Nous nous sownes égaleme~~ entretenus avec les l~ep~ése~ta~ts
au Gabon de
firrr.cs.
cl
Des témoignages recueillis auprès de Gabo~a~5
ayant vécu le5 -..r':'llgt del-ni ères a.nnées de la périoje co:i.onia....::e..
dl
Quelques ouvrages ou articles historico-
sociologiques
-
La. France Noire - .-\\..bensour et Thever.i:-l -
Sté Parisienne de Presse
Problèmes écol:omiques et politiq-ù8S B.U niveau
du village Fang - Ballandier
"Afrique Noire:
l'ère coloni"le"
Editions soci~les.
2.
Une analyse des interventions des Pouvoirs p\\iblics
Gabonais,
directement en matière de COlrL"TlerCe rii.a:--s .::"lJ.SS:t
da!:s
des domaines susceptibles d'avcir des répercussiol~S sur tad!ti.
activité
(politique,
agricole r
industrielle,
de créd-';"::) .
Chaque fois que poss ible,
un :LapprOChâ'Tl.en~ 2. é·}~.é r:':.G_'-Jé D_vec
11 action comparative des Pcuvoirs publics Ca.;1erGl.1p.&:"::,
l'IOi-·
riens et Sénegalais.
Les SOUl.."CCS d' inforh'lation ont été l~'s
suivan"tes
:
al un certain noml)re de dOCUmC]l~S
Plans
(quinqi,Jennaux ou quaàri'2naux)
de dève;'c,ppe:i1ent
des q'Jatre pays.
-
Documents ~ll ministêre Gabonais du plan.
-
Revues des chambres do commerce des qua i:re pays.
- Mensuels,
hebdomadaires
(" l~archés tropicaux et
mêdi terr~n6cns; Moni·teur: du com.11lC'rce :.ntel:·na ::iül~3..~;

18
Harché nOUVeaE; Narché j;.fricain;
Un marché")
traitant
du co~nerce dans les quatre Etats.
b)
Des interviews que nous avons menées soit sur
le terrain
(dans le cas du Gabon)
auprès de respcnsables
d'administrations centrales et d'oryaniames de financement,
soit auprès de délégations cOmTI\\erciales
(à Paris) du Cameroun,
du Sénégal et de la Côte d'Ivoire.
='. :Jne exploration des représentations du cormnerce et
des co=erçants alimentaires au sein des composantes de la
population Gabonaise à partir d'une enquête menée sur le
terrain auprès d'échantillons de population vivant à
l'écart
de la civiiisatioll marchande,
d1habitants de villages au CO!l-
~act du monde marcha~d (ceux situês en périphérie des villes
ou en bordure des routes pratic261esJ
ainsi que de citadins.
Les interviews,
enregis~]:ês au nagnétophon€
ont été réallsés
dans quatre régions du Gabon à savoir l'Estuaire
(Gl),
le
Haut. Ogooué
(G2),
l'Ogooué l'iaTi'::ime
(Go)
ct le \\ioleu-:Hen;
(G9)
qui,
à elJ_es seules,
regroupent
653.000
(Il
habita~ts,
soit environ 62% de la population totale.
:)~ plus, dans ces
régions,
on rencontre
J.a quasi-~otalité
d2S
sous-groupes et
ethnies du Gabon.
Soulig!ïons en '~ir. sue le conmerce organl:::é
n'existe que dans les centre~ urbains et que ce~x des qc~tre
régions ici re~enues èétien~ent envir0n 80% cie l'appareil
cOlll..rnercial
Gabonais
(d 1ap:..-ès nos est.iil'.a"tions COFlpte ten1.l de~
statistiques que nous cT',lons pli réunir)
dont 2.pproxi:nativen19:1t
(1)
Source
"Vn march~ 53", C.F.C.G.
1980.

50% pour la seule ville de Libreville.
Pour l t ensemble de ces zones notre C:1qu&te a ét~.
conduite dans neuf villes et vingt deux villages.
Les quesT
tions,
pcésentees sous fcrme de grands thèmes
(1)
ont été
soumises à trente èeux villageois vivant à l'écart de la ci-
'lilis2o tion marchande,
à quarante trois personnes habi tant les
villages au contact du monde ma.':"c/,anct et à cent onze citadins
représentant les pri ncipales ethnies Gabonaises' (n'.lIr.érique-
ment)
et toutes les catégories socio-profession~elles.
Nous aVO:l,S reproduit en annexd~) 12. ventilation
de l'échantillon par région,
habitat,
et èD fonction de
l'êloigf!ement ou de la proximité àe -la civilise.t,ion ïnèrca.:1ti18 ..
(1)
c.L
annexe
V.
(2)
c.L
annexe VI.

20
PREMIERE
PARTIE

21
Le commerce a très certainement 6té le ressort qui a 2-e plus
incité à l'établissement de la puissance de certaines nations,
de certains peuples sur d'autres. En effet, le but premier que
se proposaienl les colonisateurs des siècles derniers en pre-
nant possession de certains territoires étrangers était dGùble~
ment commercial
Procurer de nouveaux débouchés aux biens pro-
duits en métropole:
l'industrialisation,
les débu~s ù'ur~ pr6~
duction en serie/rendent necessaire d'élargir ~ês marchés pou~
écouler une production excédant les possibilités d'absorptian
des marches intérjeurs et pour trouver preneur pour des pro-
dui ts
obsolescents difficiles à vendre a'.iX consorn".ateur s oc-
ciàentaux.
C'est ainsi que les co~serves alimentaires,
~lcools,
armes à feu archaïques, matériel agricole rudimentaire ...
furent exportes vers les ~~tilles, l'Indoc~ine, l'Afr~que,
bref toutes ces régions où le~r écoule~en~ ne posait aucun
problèn!e aux marchanàs coloniaux ..
-
Prendre,
en écha~ge, àes produits p~üs f2ci~es
à écouler sur les marchés de la métropole
: les colofiies rour-
nissaien t
en effet au com.:.L1erce de leurs II mè:-es pa tr ies Il de..s
Na~chandises recherchées et app~éciées sur les ~archés occi-
dentaux.
C'est ainsi que le café,
le cacao,
le SUC~E, le tabac,
les cuirs et le coton,
les bois de toutes espèces,
l'or,
l'ivoire et Lien d'autres produits encore, achetés pour pres-
que rien dans les ~erritoires coloniaux
(quand ils n'étaien~
pas offerts ou pris "manu militari")
trouvaient aisément pre-./
neurs en Espagne, France, portugal, Angleterre, Hollande . . .

22
nvec le Gabon comme avec ses autres coloni.es,
l~
France entretint évidemment ces courants cl'êch3.nges.
NéanmÇlins,
le volwne à 11 époque limité des ressources expioi·tables et ex-·
ploitées sur ce territoIre ne donna pas à ces échanges la m.~~
ampleur qu'avec le Cameroun, la Côte d'Ivoire ou le Sénégal.
Ceci explique,
selon nous,
d'une part que
les gràndes compa-
gnies de nè~oce se soient à l'époque moins int6resséesa~ Gabon
qu'aux autres colonies et l'aiell~ fait beaucoup plus tardive-
ment,
et drautre part que le colonisateur ait vu dans le G~bon
essentielle~ent une base de dépar~ pour ses opérations d'ex-
ploration et de conquête cllautres te~ritoires d'Afrique =en-
traIe et non pas un espace à vocation commercialE,
mie~x
econamique,
importante nécessitant des investis.se~.2nts c::'JYlsé-
quents en infrastruc'cuJ::"e de communication,
de
for:natio:l des
hommes ...
1.
IJES RESSOURC:E:S DES QU.D.TRL COL,ONJ:ES ET LEURS ECEANGr:S
AVEC LA METROPOLE
Les colonies
françaises du Cameroun,
Gahcn,
Sènég~l et de la Côte d'Ivoire n'étaient pas également r!2ntie~
de ressources
s:.J.scept.ibles è' alirJenter le COffir.'.erc2 c"Je
1':1 r.oé-·
tropole.
Si el1 effet les deux colonies d'Afrj.que Occidentale
ainsi que le Cameroun disposaient de riclœsses diverses et en
quantj.tê iinportante,
i l n'en était pas de même du Gabon.

23
l.1.
LE GABON
UNE COLOUIS AUX RESSOURCES
LIMITEES
Durant la période coloniale 1860-1950
(1).
très
peu de prod:lits ont fait l'objet d'Iln commerce véritable entre
la colonie du Gabon et la France.
En fait,
on peuL considérer
que les seules ressources de ce territoire dont l'export~tion
ait été à
la fois quantitativement et qualitativement s.\\Yl,ifi-
cative et permanente et gui, de ce f2.it,
ont cCHlstarnment fi-
gure sur les registres ou aütres documents d'échanses Gab~n-
France sont d'une part le bois
(depuis 1860), de l'&utre le
cacao
(de 1910 à 1950).
1.1.1.
L2 bois
l,a pri_i1cipale ressource fO'..lrnie par la colonie du G2.DOn à la
Frar:ce métropolitaipe sur la période 1860-1950 était incontes-
tablement le boi~..
L 1 immen~e for-êi: qui auj ourd 1 hui. encore rec:)~vre
en\\Tiro::"l 8 C~
J o
de la superficie de ce pays lui ?ermettait en
effet de procurer au colonisateur ~es essences très var~è~s.
Déjà ~ l'èpoque
(plus exactement en 1913)
les recherches De~é~~
le long d8 l'Ogooué ct dans la région de l'Estuaire
(sur l.ci
Côte)
avaient permis d'\\.~n àénombrer t::ois cents. Pë.rr.li les
(1.)
1860 est l'année dOllt datent les documents les plus ancie~s
(en matière commerciale)
que nous ayions cGnsultés.
Le choix è..e
1950 comme terme de cette analyse se justifie par Je faië que
des J.'annte suivante,
certaines firmes installées en Afl~ique'/
Noire vont peu à peu modifier leur stratégie sur le contin~nt
sous la pressioll ou compte tenu d'Ull courant indépendantiste
qui s'orgaJlise petit a petit J l'Ouest et a~ Centre
(dA
l ' Afd.gu2).

:·'4
principales
(les plus connues)
nOU5
citerons
-
l'Acajou
le NOY8r
le Belinga ou "bois rose"
(ainsi nommé à cause
de sa très belle couleur)
-
l'Iroko.
utilisé dans l'ébénisterie et les
constructions navales
-
l'Oko~é. le plus connu de tous. En effe~ la.
forêt Gabonaise se caracté:::-ise par la présence _:ort- rema:.quée
de cet arbre très beau et ::::-are
(except'; ~e Gabon qui en dé-
tient les plus grosses r6serves mondiales,
seuls ql~elaü.eS Da vs
-
-
~.....
tels la Côte d'Ivoire,
l'Etat d'Israël en disposent dans des
quantit~s appréciables)
dont le tronc tendre.
léger et recti-
ligne mesure de 35 à 45 mèt.res.
L ' Okoul1té .se. travaille Îacile-
ment en ébénis~erie et corlvie~~ parfaitem~~t à l'industrie du
contre-plaqué.
Il est au Gdbon le plus exploité de tous les
, .
_
.
bois puisque jusqu'en 1950
i l représentera à .L\\.1l
seu.l e!i.
7
moyenne 90% des exportations de ce territoire vers la Fr~~ce.
Du dêbut de la colonisation française
û~~ années
J.900-1Çl0,
l'exploitatj.on forestière,
esse~tj.eJlernent co~cen-
trée aux abords de l'OgoouÉ'
(:!:"égitJn de M:Jjole t.~t Lar.ü:;a~ér.é)
ainsi que dans la r§gicn de
l;Estuaire
(sur la Côte)
restera
le fait de quelques individus très mal organisés et presque
aventuriers,
qui achetaierlt à 11 administra tion colonia le
Sources
Tableau général du corrunerce extérj (=ur f
anné·e
190:'-1.950.
-
IlLa Frar.cc Noire lt
Ahenson et Thévenin
- Affaircs politi~ues Gabon-Congo, Ministère
dcs Color.ies.

25
quelques hectares de forêt sur lesquels ils 8xerçaient leur
activité de manière singulièrement archaïque
:
installés en
pleine forêt avec leurs équipes de bûcherons au1:.Dchtones très
mal 6quipés
(ces indigènes n'avaient en guise d'outil de tra-
vail que quelques hâches),
les "coupeurs de bois'~ comme on les
appelait alors,exploitaient quelques Okoumés.
Les billes
étaient roulées à bras d'hommes,
jetées dans l'Ogooué et ache-
minées jusqu'à Port-Gentil par flotte~ent. Il convient ~~ ei-.
fet de préciser ici que le transport des billes d'Qkoumé se
faisait presque exclusivement par l'Ogooué,
fleuve long de
mille deux cents km qui draine les 2/3 du Gabon et constitua
pour les explcitants forestiers du Gabon un moyen de transport
qui les dispensait de mettre en place une infrastructure rcu-
tière pour l'exercice de leur activité.
Quant aux autres bois,
leur ex~loitation dans la zone de NDolé et Lambaréné
(de~x
points éloignés des ports de Libreville et Port-Gentil)
était
null~. Certesrils étaient variés et n'auraient posé auc~~ pro-
blème dl écoulement sur." les marchés de la de~.3..nde 1
s_euie~:\\er..t
ils ~e flottaient pas .comme l'Okoumé et leur ach8~inement ver~
les ports d'embarquement aurait nécessité des infrastru_t'lres·
autres que l'Ogooué que les exploitants forestiers n'étai~nt
pas disposésà en créer. Certains d'entre eux se contentèren~
donc de faire couper quelques Acajouset quelques Noyers (deux
variétés de bois non flottant)
dans les environs immédiats
de Libreville et de les faire évacuer à
l'aide de vé~icules
tout terrain.
Le travail du bois,
en fait limité à l'Okou~é,
était donc,
comme on peut le constater,
pénible et archaïque./
Aussi,
bien que très larsement prédominantes dans l'ensemble

2C
des exportations du territoire du Gabon, les quantités de bois
restaient ~aibles en voll~e. Il fallut attenàre jusqu'en 1920
pour voir cette situation évoluer. En effet,
les-zones côtiè-
res et aboràs de l'Ogooué ne fournissant plus l'Okoumé en
quantités suffisantes, les exploitants durent aller le cher-
cher plus loin.
En d'autres termes,
i l fallut que le simple
"coupeur de bois"
cédât la place à l'entreprise bien outillée
c'est à dire disposant d'un mat'~~el capable non seulement
d'accroître les quantités d'Okoumé coupées, mais aussi d'en
assurer le transport mécanique des chantiers de plus en plus
éloignés au bord de l'Ogooué.
C'est ainsi que naquirent La
Compagnie d'Exploitation Forestière Africaine
(1920);
les
Etablissements LEROY
(1923),
la LUTHEf&ffi
(1924),
la Conpagnie
d'Exploitation Forestière de l'Abanga
(1925). L'exploitation
forestière s'activa donc par la suite à tel point que 18 vo-
lume d'exportation fut pl~s que doublé de 1929
(170.000 tonnes)
à
1930 (350.000 tonnes)
(1)
et que le bois entra, la ~,ên,e
an~ée, pour 95% dans les export~tions Gabonaises vers la
France. Sur la lancée:
bon nombre d'autres e:1treprises spéci a-
lisées dans le bois
(explcitation et/ou achat-vente)
virent le
jour au Gabon
(2)
et jusqu'en 1950,
le bois conservera sa
place stratégique dans les ventes de la colonie.
(1) Sources : Dossiers "Affaires politiques Gabon-Congo"
2825;
18l.
(2)
c.L
annexe
VII.

27
Il constitue,
sur la période ici consid~rèe. l'autre produit
d' exportation de la colonie Cabon:dsc.
C' est dàl'iS-la région
Nord du Gabon,
à
la frontière av~c le Ca~croun, qu'on rencorr-
tre le cacaoyer.
Il y
trouve ~es cond~tions de croissance par-
ticulièrement favorable;:;.
Les plan ta tians,
àe dimension !ùo~Ten-
ne,
sont l'oeuvre ùe colons
(à Assok-NGomo,
~n village àe lè
région cl" \\voleu-NTem situé entre üvem et Ditam, vivait un
Européen du nom de Boyard. C'est lui qui dans les années 1900
crea les premieres plant.ations dE cacao connues déi!lS la cq~-
trée
(1», de missionnaires
(les ~êvérerlds pères 30'Jcha 1Jd et
Colombay ainsi que le llfrère" Thiébaud firent o.ébrousser des
e~paces de terrain à k~gone pcu~ ':l fai.re pJ.ant,:.): èu cacao en
193C. La vente de ce proàuit 12u~ pe~~ettait de s'achetEr en
Guinêe Espagnole voisi;}e des füü.rnitures pou~ les écoles qu 1 il.s
voulaient faire édifier)
ou,
bien des a~néEs plus tard, de
quelques rares villageois désireux de les i:rli ter !'.1ais c~t::.. /
faute de moye~s (non seul~me~t ils nient ~i pel~esr ~~ yioches,
ni houes,
bref &ucun matériel !~êcani~u~ dont se serv2Dt les
COlOtlS p0~r équiper leurs travailleurs na~u21s, mais en plus
ils ne dispüse~t pas de seœence eL s0nt souvent cont~~ints
cl'en obtenir a~près des Européens pr~cités soit en ccn~repartie:
de quelques semaines ou :-,10i3 cie trav2..i..l,
soit en
. . .
volant)
ne ?12uvent q~..ll aménaqer Cie toutes peti·i:es pla.:ltaLio~s~ En
consêquence,
la productio11 demeurera ~r~s insuffisante dura~c
(1)
Source
1105
0nqu~tes sur le terrain.

28
les premières années de cette activit6
:
~ peine quelques
quintaux vers 1900;
envi~orl 90 tonnes une quinzaine d'années
plus tard. Cependant,
cormne on peut le constater;~la progres-
sion Œtait incontestable ceci à cause, entre autres, du fait
que d'année en année,
les planteurs de cacao autochtones se
.
faisaient sans cesse plus nombreux et acquéraient plus d'ex-
périence,
notamment dans la zone de Bitam,
la plus rapprochée
du Cameroun
(cette colonie est,
comme nous le verrons bi(.. ..:.tô"t,
dêjà três avancée dans la culture du cacao). Aussi,
en 1930,
le Gabon peut exporter environ mille tonne de fêve de cacao
vers la France métropoli~aine, chiff~e qui s'élèvera à trois
lnille tonnes vers les années 1949-l95C. En fait, on peut con-
sidérer c,:.u"'à
~.
parL.lr de 1900 environ,
le cacao est la seule
ressou~ce G~bonais~ qui j~squlen 1950 figurera ccnsta~~~nt
ëans les expo=tations de ce pays aux côtés àu boiSe
Pourtant,
dans
les premières ~f=~nnie~ de l l êre
colo!liale,
les marcha:1d3 ocçidentaux
(Françai s,
Angle.': s,
Al].c:nar..ds)
se livrèrent a.a CCfîL..'flerCe de c€:rtaines
autres den"-
rêes localement exploitées.
En e~fet, de 1839 ~ 1900 envir6n,
l'exploj_tatie~ de l'ivoire et dll c~outc~ouc connu~ un c~r~a~n
dyr'Ja.misme.
Cepenè.ar.t,
ces activités ::urent b:L·2VCS êt a~~ro-
phiées.
Dès 1886,
l'ivoire
était devenu peur ai~si dire
introuvabJ.e all Gabon ou è.u ~oins dans les
zones accessibles
aux chasseurs.
En effet,
par
süite èe ~asscc~es à
la
fois
ininterrompu,;:; 2.t incontrôlés àont ils avaient
les victimes'
depuis des décennies,
les
&lép11ailts s'Staient el1fui dans
les
profondr~urs de la forêt équatori31(~/ 12. où l'espèce humaine

29
ne pouvait aller les chercher. C'est ainsi que,
les chasseurs
d'ivoire ne pouvant plus trouver matière pour leur activité
de vente,
ce produit ne figura plus dans les exportations
Gabonaises d2s 1910
(après avoir connu un déclin constant
dans la production à partir de 1899).
Quant au caoutchouc, obtenu à partir d'une liane,
son exportation fut elle aussi de courte durée car, ceux qui
l'exploitèrent
(des commerçants occidentaux disposant de uuel-
ques indigènes)
prirent la funeste habitude de-couper ou de
faire couper la liane systématiquement là OÜ i l s la rencontrè--
rent, pour en recueillir la sève, ce qui eut co~e conséquence
sa disparition co~plète et d0nc celle du produit. Corr~e nous
pouvons le"constater,
ces ressources connurent donc ~n cycle
de vie cphémère.
~Iais en plus,
les quantités eans lesquelles
l'ivoire et le "caQutchouc furent produites demeurèrent fort
modestes.
L'expo~tation Ga~onaise se situait en 1886, a~né2
de la plus forte prod~ction à
27.429 kg
Cl)
d1ivoire e~ celle
du caoutchouc à 64.360 kg
(1)
(1882), chiffres qui sont d'au-
~ant plus significatifs qu'ils constituaient, rappelon2-1~1
des maxima.
En définitive,
le bois et le cacao constituent
bien les seu18s vraies ressources du Gabon,
à
l'époque, et
cela expliqu~ l'intérêt 8conomique moindre que la France
(1)
Source
"Etat statistique des produits exportés du Gabon"
Affaires politiques Gabon-Congo, Ministère des
Colonies.

30
accordait à ce
territoire,
comparativement au CaQeroun,
Sên6gal et ~ la Côte d'Ivoire, mi.eux nantis. Nous aIl.ons VGi~
maintenant les ressources dont disposaient ces-fiois co1.or.ies.
1.. 2.
LE CAHEROUN,
LA COTE D'IVOIRE ET LE: SENEGl'_L
TROIS COLONIES AUX RICHESSES l''-.BONDANTSS E~
DIVERSIFIJ::ES
Le Cameroun,
la Côte d'Ivoire,
le Sénégal offren~ â la Fra~C2
des ressources très diversifiées.
Les de~: premièr~s colonies
fournissent en outre à la métropole,
co~e le Gabon, à~ Dois
et à~ cacao.
1.2.1..
Le bois
-------
de la Côte dl I"'I;oire àispos2.ient 2'..l.:{ aussi ûe forêt.5 ôL:x êssen-
ces très variées.
Ainsi, da~s les 9.000.000 d'hectares de :or6t
Camerounaise, on renco~tre à peu près les ~êmts essence~ su'au
Ga~cn voisin; Dlême si le Gabon reste de loin ~e pr~ncipal
fourniss8ur français de bois en Afrique Equatoriale,
l~ prc--
duction Camercunaise n~ saur&it Être q~a}i~iée d'irsignifia~t2.
Er. Côte dlIvoiLe,
où on ciéncDb~e à peu près deux
cellt cinquant.e essences forestières di\\lerses
(U:l c~:':ff:Cè voi-
sin de celui èu Gabc;1,
se situùnt. rappelons-le ?~ trois cents
à
la même époque)
sur 120.000 knf.
c'est.: f-'urtout, le Teck
\\u::e
variet.é de chêne),
le Noyer,
l'Okol~n.& et. l'l'.cajou, c'est b.

31
dire des bois très recherchés,
qui intéressent particulière-
ment les conSoffiffièt8urs occidenta~x. Aussi,
font-ils
l'objet
d'une exploitation de grande ampleur.
Comnle nous pouvons nous en apercevoir si le Gabon
reste le principal fournisseur Africain de bois du marché
français,
il n'a pas le monopole de ce produj.t, ce qui contii-
bue il. réduire encore plus son intérêt économique pour la métro-
pole puisque cette dernière peut :
la limite se passer du bois
Gabonais sans courir le risque à'en manque~ complètement.
1.2.2. Le cacao
L'activité cacaoyère connut au CamerOUil et en Côte d'!voi~e
une ~lpleur sans comrnune mesure 2.vec celle du Gabon.
~r;, effet,
sa c~l t.ure dans àes conditions climatiques pa=ti.culièreEl~nt
propice s, donna lieu dans ces deux colonies à '-'!le act.~ '.'i..té
vêritabiement extensive.
Dès le départ,
les colons rêalis~ren~
de très g~andes plantations auxquelles travailldie::t ll~3 in-
digènes,
ces derniers recevant En guise d~ récompense de l'ar-
gent
(très peu i l est vrai),
des ma~chandises diverses 011" du
matéri.el
(les colons le leur v€ .. lQaient à des prix relat.":-vemeil'::
bas;
parfois même,
les Ir:ei1.1eurs dl entre eux rece~.iaient les
pioches,
houes,
etc . . .
gratuitément)
qu'ils utiliss.i01:t pOllr
créer leurs propres plantations.
Ainsi,
pendant. toute la pé-
riode coloniale qui
stéterldit ~e 1910 ~ 1950,
le Ca~e~~U!l fut
le plus important producteur et fournisseur 0e cacao de
l'Afrique Equatoriale Française
(A.E.F.). Quant à
la COte
à'Ivoire,
encore plus productrice que le Camero~n, sa proëuc-
tion 6tait d6jà si importante cn 1917 qu'el.le permettait à

32
elle seule de satisfaire à l'époque la moitié des importations
française dp ce produit
(1).
Pas plus que l'exploitation du bois,
la produc-
tion de Cacao n'est donc une exclusivité Gabonaise.
Mais en dehors de ces deux produits qui leur sont communs,
le Cameroun,
le Sénégal et la Côte d'Ivoire en comptent d'au-
tres dont le Gabon est démuni ou du moins qu'il ne peut PhS
exporter.
1.2.3~ Les autres denrées aliQentaires
-------------------------------
a)
~~~E~~b~~~ : Elle o8cupait àans cette =ami~le je
produits très sollicités par la ~rance une place partic~l~ère.
Denrée dont la riche teneur en huile la faisait re~herc~er
pour la fabrication des huiles ~ usage indust=iEl,
l'arachide
étai~ cultivée s~r de gra~ds espaces en Cête dflvoire 2~ sur-
tout au Sènégal
pays oü
le sol,
sablonr-eu~ et silico-argileux,
l
se prêtait 9articulière~ent bien 2 son exploitation.
La pro-
duction des deux tErritoires coloniaux permett~it non se~le-
ment de subvenir aux besoins àe la Co~sOIT~ation lccale, mais
aussi d'assurer en grande partie 1lapprov~sionneme11t du Œarchê
~rançùis de la métropole, es~ireé vers 1930 à 650.000 tonnes(2j.
(1)
Source:
"La France Noire", Abensour et Th~vcnin
(2)
"Affaire~ politiques - A.a.F." dossier 2743.

33
hl
~~_~3[~ : C'es~ au Cwmeroun et en Cote d'Ivoire que
les marchands f:r-a.i1çais trouvaient matière cl approvisionr:.G:ment
pour cotte denrêe fort appréciée ?ar le consom"lateur de la
métropole.
Dans ces deux colonies en effet,
le sol est parti-
culi~rement propice à la culture du café: au Cameroun, c'ese
la r~gion côtière
(sur les rives du Mongo et du Wouri)
ainsi
qu'aux environs de Edéa, Ebolova et Yaoundé
(trois des princi-
pales villes de la région)
que l'on rencontre de grandes ~lan-'
tations de caféier ap?artenant aux. colons mais aussi à quelques
indigènes avises. En Côte d'Ivoire, on le cultive dans
l'Indinié, la grande région caféière qui fournlt un produit
d'exce~lente qualité.
cl
?:\\;!!::!:~::;_9~!:~~§;::; : Les colonies du Sénégal, d;: Cameroun
et de la Côte d'Ivoire fou~nissaient également au COIT~erce de
la m~tropole d'au~res denr§es alimentaires. A~nsi
-
Au Came~oun
et en Côte d'Ivoire,
de gr~nde5
palmeraies
(naturelles et su:r-tout créées par] 1 hoau';1.e)
OCCi.l-
pai.ent de vastes territoires.
Sur la seule Côte d'Ivoire pa~
exemple, elles recouvraient 7000 kilomètres cê'.rrés de s.lr:Lace.
J...u CélraCrOUl:,
on les t:r-ouvai t
dans un t:riaû.gle compris entre
la msr et Dour"é. La production de ces deux coloYliE's permettait
de fournir à la France des amandes et de l'huile de palme.
- Le C~~eroun et la Côte d'Ivoire exportaient
également de la banane vers la France. Cette pl2.fJte tropicale
qui exige beaucoup de chaleur, d'e2.u et des terres riches en
potasse ~t a~ote poussait en effet sans difficulté dans l'une
ct l'autre colonie.

34
Dot6s tous les deux d~ Karité, le Sén6gal et
la Côte d'Ivoire exportaient cette graine issue d'un magnifi-
que arbre qui monte jusqu'à 40 mètres de hauteur et dont on
se servait~ant pour la fabricilccion de berres que pO'-lr celle
ct' hèliles d' êclairi1.ge ou de soins de beauté.
Enfin on trouvait également du maïs
(en Côte
d'Ivoire et au Sénégal), de la Kola
(en Côte d'Ivoire)
dont
la noix pst très utillsée dans les industries alimentaires et
pharmaceu'ciques, du riz et du mil
(au Sénéc;a1),
le tout dans
des quantités qui rendaient possible l'exportation vers la
métropole.
1.2.4.
Les produits non-alimentaires
-----------------------_.-----
Dans cette grande famille de ressou~cesr neus citercns Ol::.tre
le bois la présence dans ces cclonies
vitê industrielle des en~repri5es des métropoles occidentales
~ne place de choix~ Il en étai~ ainsi du co~on.
Afin àe sa.tisfaire If j.lnportant8 demande de ses
firmes pour ce produit,
la France avait été
jusqu€.
là contrain-
te d'en importer en totalité d'autres pays, en l'occurence
des Etats-Unis à'Am0riq~~ et d'Zqypte
On ccmprer.d dans ces
p
condition's tout l'intérêt gue r9?résentaient pour elle les
deux colonies du Sénégal et de la Côte d'Ivoire, productrices
de coton ùans les régions ùe la Casù.••,a;-lce et de Haute Gambie
(pour le Seinégal)
et dans la pdrtie fiord du territoire
(pour
] El
Côte dl Ivoire), même si la production 2.insi obt.e:nue :-~e

permettait que de couvrir tr&s partiellement les besoins du
marché français.
b)
: De Kapottiers ou fromager en Côte d'Ivoire : c~t
arbre donne un duvet qui, après cordage, peut être utilisé
dans des domaines aussi divers et essentiels qüe l~ facrica-
tion de literies. de tapisseries ou de ceintures de sauve t 2.'.'° ,
d'où son intérêt po~r les march&= occidentaux. La Côte d'Ivoire
fournissait du Kapok à la France.
convient notamment de souligner la présence de la GCT.~e
d'Arabique au Sénégal
(cette matière première est très 5cll1··
citée sur la marché français à cause de son utilisaticn ~n
pharmacie. dans l'industrie des couleurs et celle du :Ocl.é'),
de l'or en Côte d'Ivoire et au Sénégal
(ces deux c,:;,loniss <el'
exporteront vers la France jusqu'au-delà de 1950). de l'Ivci!~
au Cameroun,
au Sénégal et en Côte d'Ivoire,
toutes ces re,;:;--
sources faisant l'objet de comme=ce entre lèS colonies ilj't.É:j e~-
-
sées et leur "mère patrie".

Comme nous pouvons nous en apercevoir, chacune des tJ..-C"~;.~:i :-l.ù·-
trcs colonies françaises d'Afrique disposait, duran~ la pé~i0-
de coloniale, d'un assortiment de ressources beaucoup p!~?
important et diversifié que le Gabon.
' .

36
1. 3.
LES EXFOETlITIONS DES QUATRE CCLONIES
VERS LA 'lETRO?OLE
Nous avons essayé de regrouper dans les tableaux
gui vont suivre des statistiques relatives d'une part aux
exportations en volume de certains produits des colonies vers
la France, d'autre part à la valeur globale des échanges
colonies
France.
Nous al:rions bien évidemment souh.] i ':.é
réaliser, notamment dans le cadre du premier tableau ;nenLion-
n~, un inventaire exhaustif de l'ensemble des reSSOl:rces en
provenance du Ca'f,ero~,n, de la Côte d'Ivoire, du Gabon et èu
S0negal.
Le mangue de statjstigues a empêché 6ette démarche.
Neal~TIoins, les principales exportations ëe ces pays figurent
sur ce tableau et les chiffres contenus dans le tableau n'
2
(expcrtations en valeur)
sont, pensons-nous, les plus praches
possibles de la réalité.

37
(
Tableau l
Quelques exportations
(en volume)
des quatre
colonies vers la France - Année 1930 - chiffreS
en tonnes
Colonies
Cameroun
,Côte d'Ivoire,
Gabon
. Sénégal
Produits
Riz
40.000
Arachide
17.000
1
410.000
1
Huile de ;Jalme
:
3.000
16.000
1
Amande de palme
25.000
Il
Amande coco
50
Nil
56.800
Cacao
10.800
15.000
1.000
Café
3.100
10.000
Kola
2.500.000
1
!
Coton
2.200
1
5.700
1
1
Bois
90.000
IIS.OOO
1
195.500
1
Or
0,600
1
1
0,150
1
.
Caoùtcl'::èlC
700
1
'
1
540
Karité
1
!
4 6 0 !
1
Kapok
._L
_
~
1
i
320
1
1
Sources :
- Statistiques du commerce extérieur A.E.F.
{Haut Co~~issariat
-~x colonies,
1952}
-
Tableau général de la France avec la France d'Outre-Mer et
les pays étrangers",
Direction des douanes.

38
Annuaire statistique de l'A.O.F.,
1910-1950, Impriîf\\erie
Nationale
-
La France Noire, Abensour et Thévenin.
Remarque:
Comme nous l'indiquions plus haût,
la principale
richesse d'exportation du Gabon est bien le bois. ~iais s ' i l
est vrai que cette colonie est celle qui en fournit la plus
srande quantité à
la France,
elle nlen détient pas pour autan~'
l'exclusivité.
COIT~e nous le remarquons ici,
la Côte ô'Ivvire
en exporte un volume qui, quoiqu'inférieur ~ celui du Gabon,
demeure malgré tout important,
alors que les exportations du
Cameroun, atteignant environ la moitié de celles du Gabon ~e
so~t pas non plus négligeables. La présence du beis ne suffit
donc pas à conférer au Gabon un intérêt spécial par rèppcrt
aux autres colonies.
Tableau 2
Exportations e~ ~aleur des quatres colo~ies
années 1910-1930-l950
(en millions C.F.A.)
~lonics .
~nnées ""
Ca.'1leroun
Côte cl' Ivoire
Gabon
1910
66,21
91,5
36
105
1
1930
t
35-1
110
675
1
1950
11.770,81
13.767
3.916,51 j
8.520
- - - -
Sources :
-
"Tableau génêra1 di.1 cmr.merce de la France avec la F'~ance
d'Outre-Mer"et l'étranger", Direction générale des douanes
- Annuaire statistiques de l'A.O.F.
et de l'A.E.F.,
1910-1350
-
La "France Noire",
Abensour "et Thévenin.

39
Certes, i l eXjste des différences dans la valeur
des exportations entre les trois autres colonies du Cameroun,
du Sénegal ct de la Côte d'Ivoire. Mais il apparaît clairement
que,
sur la periode considerée,
l'écart entre la valeur des
exportations Gabonaises et celles de celui des trois autres·
pays se si~uant au niveau le plus bas
(le Cameroun en 1910;
la Côte d'Ivoire en 1930 e.t le Sénégal en 1950)
est très imr
portant en défaveur du Gabon
o
o
0
Ainsi,
il apparaît, au vù des ressources dispo-
nibles et du volQ~e des échanges avec la métropole, que le
Gabon ;)!:"ésentait un moindre intérêt cOiTùl'lercial que chacu:\\e
des trois autres colonies françaises d'Afrique ici considérées.
Nous allons d'ai~lEurs voir que les trois grandes co~pagnies
d2 negoce retenues pour notre analyse comparativ2 ainsi que
l'administration coloniale française se sont comportées au
Gabon de manière différente qu'au Ca~eroun, au Sénégal 8t 2n
te. d' IV:l ire.

40
2.
LES l'10DALI'l'ES J)' INTERVENTION DES GRANDES COMPAGNIES
DE NEGOCE DANS LES QUATRE COLONIES
La politique pratiquee par les premières compagnies de négoce
ayant exercé leurs activités en Afrique Noire Française n'a
pas été la même au Gabor. qu'au Cameroun, Sénégal et en Côte.
d'Ivoire.
Nous allons tenter ô'en faire la démonstration'
-
à
tr2vers la politique d'implantation
(lieux
et dates des premières installations; nombre de points de
vente a un moment donné) de la C.F.A.O., de la S.C.O.A. et de
OPTORG, de lcin les plus importantes entreprises ~rançaises
de cette époque ayant exercé dans les quatre colonies
-
à
travers la nature et l'évolution des activi-
tés qu'elles ont développé dans ces régions.
2.1.
LES POLI7IQUES D' IHPLl\\NT?TI01'i
2.1.1. La C.F.A.O.
-----------
C'est. c.u Sellégal que la Compagnie française de l ' Afrique Oc-
cidentale - C.F.A.O.
-
première compagnie française ayant
exercé sur le continent noir, vit le jour en 1881. Cette
ann6e en effet,
Frédéric Bohn racheta les actifs de la Compa-
gnie du Sénégal et de la Côte Occiderltale et ouvrit,
à Dakar,
le premier comptoir de la C.F.A.O. La même année,
trois autres
comptoirs s'ajouteront,
toujours au Sénégal, au premier né.

4 l
Les années passant, des points de vente sont installés dans
la plupart des pays de la Côte Ouest dont la Côte d'Ivoire
(en 1899, à Abidjan). Jusqu'à cette date, la C.?A.O. n'a
toujours pas pris d'initiative en Aîrique Centrale. Il fallut·
en effet attendre vingt et un ans pour assister à l'ouvertu~~
du premier comptoir dans cette zone géographique. Elle eut
lieu à Douala, au Cameroun, en 1920. Ce n'est qu'en 1934, soit
cinquant-: trois ans après le Sénégal, trente cinq ans après la
Côte d'Ivoire et quatorze années après le Cameroun voisin, que
le Gabon verra la C.F.~.O. ouvrir son premier comptoir à
Libreville. Les points de vente ainsi créés
(tout comme, du
reste,
ceux que la C.?A.O., la S.C.O.A. et OP~ORG vont par
la suite installer dans ces qua~re colonies)
serviront de
lieux de transaction
(achè:t.-vente de marchandises iiTlportées
d'Europe tout autant que de produits locaux destinés à alimen-
ter le marché de la =rlétropole)
entre comraerçants Fr3.nçais
d'une part, consommateurs Européens et Africains individuels
ou associés
(cas des petites entreprises d'exploitation fores-
tière).
Le nombre de points de vente dont la C.F.A.O. dispose
dans:·cr.d<..:.me des colonies, er. 1950, figure,
en même temps que
les dates de première implantation,
sur le tableau synthétique
suivant :

42
Implantation de la C.?A.O. au Came~oun, Gabon, Sénégal et
en Côte d'Ivoi~e
Pays
.. Annrie de prernlere
Nombre de poin~s
i~plantation
de vente en 1950
S~négal
1881
47
Côte d'Ivoire
1899
29
Cameroun
1920
13
Gabon
1934
3
Sources
- Synthèse de nos entretiens avec des dirigeants
parisiens de la C.F.A.O.
2.1.2.
La S.C.O.h.
LQ Société'commercialé de ~tOuest A~ricain - S.C.O.A.
-
fut
.,
la grande rivale de la C.F.A.O.
sur le conti~ent noir. Son
orisi~ê·remonte à 1899, ~nnée d~ra~t laquelle de~x C0~~~~ç~nts
dissidents de la C.F.A.O.,
Hansoruff et Frc~h Wilhew~ j2~ère~t
les bases de la gr~nde etitreprise que nous connaissons aujour-
à'hui..
Mais c'est le 4.04.1987 que la S.C.O.A.
vit vsrita~le-
ment le
jour.
Ses premiers comptoirs furent installés en côte
d'Ivoi~e (1907).
Le Sénégal,
pour sa part,
e~~egis~ra l;ouve~-
ture du premier point de vente de la société en 1918, à Daka~.
Quant 2U Cameroun,
la Conpagnie n!y installa pas à proprement
pa~ler de comptoir, mais se contenta d'y racheter deux éta-
blissements - Villanc et Ballard - en 1926 et de les exploite~.
L'implantation du groupe au Gabon est encore plus tardive
puisqu'elle sc situe en 1956, soit quatre années avant l'in-
dépendance de ce pays et un demi-sièCle après la mise an ser-
vice du premier co~ptoir S.C.O.A. en Côte d'Ivoire.

43
Jmplantution de la S.C.O.A. au Camen::mn, Gûbon, Sénéaal
.t
et en Côte d'Ivoire
Pays
Années d'implantation
Norebre èe points
de vente en 1950.
Côte d'Ivoire
1907
31
Sénégal
1918
20
Cameroun
1926
4
Gabon
1956
Source :. Synthêse de nos entretiens avec les dirigeants
parisiens de la S.C.O.A.
La Compagnie OPTORG, dont le vocable est un anag~wili7.e de
commerce de gros en russe,
n'a véritablement commencé l'exer-
cice de ses activités marchandes sur les quat~e marchés au
Gabon, du Sénégal, du Cameroun et de la Côte d'Ivoire que dès
.'
l'année 1964. Avant cette période,
ce sont d2ux établissements,
la société du Haut Ogooué ou S.n.O. et PEYRISSAC
(qu'elle
absorbera en 1964)
qui se partageaient l'exploitation C08~er-
ciaie de ces territoires coloniaux avec la S.C.Q.A., la
C.F.A.O. et q~elques Inarchands individuels de moindre impor-
ta~ce; c'est donc l'implantation et 11expansio~ de la S.H.O.
et de Peyrissac que nous allons évoquer et ~nalyser.
-
La S.H.O.
:
sa constitution remonte à 1894,
année durant laquelle cette société s'installe au Gabon et en
Gtli-fiée Equatoriale
(l'anciEnne Guinée Espagnole)
pour y exer-
cer essentiellement le commerce du bois. A cette époque la
S.~.O. dispose de deux comptoirs au Gabon. Très vite, elle

44
va êtendre son champ d'activité am: Etats voisins dont le
Cameroun
(1904)
et surtout aux pays de la Côte Ouest Africaine
(implantation en Côte d'Ivoire en 1908 et au Sénégal l'année
suivante).
C'est dans ces deux colonies qu'elle va d'ailleurs
diversifier par la süite ses activités
(pra~ique du COlillaerce
général)
à un tel point que le marché Gabonais,
jugé moins
intéressant co~~ercialement, sera un moment abandonné
(de
1919 à l~~6)
au profit du Sénégal et surtout de la Côte
d'Ivoire.
-
PEYRISSAC:
c'est la deuxième société par la-
quelle OPTORG a pris pied sur le march'2: de ces cr.;.atre pays
Africains. Créée en 18ï4 par peyrissac
et son associé
Berniss, elle a pour voca~io~ ~'achat et la vente de marc han-
dises diverses au Sénésal, colonie où eut lieu la Dê~~ année
l'installation d'un premjer c0D?toir.
Pa~ la suite, les acti-
vites de Peyrissac vont s'éte~dre à l~ Cote ûtlvoire
(1396)
et
aux autres pays Ouest AfricaiE sans jan~ais atteind!"e l ' A:ricrue
Centrale dont le Ca.l1ercun et le Gabon font partie.
Implantdl-ion de PEYRISShC dans les_qca~re colonies_
Pays
Année
d'iRplanta~icn
Nombre de comptoi=s
en 1950
Sénégal
1874
Côte d'Ivoire
1896
2
Cameroun
G~

45
Implantation S.H.O. dans les quatre colonies
Pays
Année implantation
Nombre de points de
vente en 1950
Gabon
1894
4
Cameroun
1903
3
Côte d'Ivoire
1908
4
Sénégal
1909
2
Sources
Synthèse de nos en7:ret" ~.ns avec les dirigeants
de OPTORG.
Tableau récapitulatif des points de vente exploités Dar
l'ensemble ces troi.s cOr.lpag:Ües dans chacun des oays en 1950
Pays
Nombre de points de vente cumulés en 1950
Sénégal
73
Côte ,j'Ivoire
66
Cameroun
20
Gabon
7
Sources
Nos enquêtes.
D'une rnaniè~e génCra1.e i l app~=alt que des quatre
colonies ici retenues pour notre étude, celles d'Afriqup de
l'Ouest
(le Sénégal et la Côte d'Ivoire)
ont été, poer les
trois grandes compagnies françaises du négoce, à la fois les
premiers lieux d'implantation et les marchés sur lesquels
l'activité nlarchande était assurée par l'appareil de distri-
bution le plus dense.
Le Cameroun, des deux territoires
d'Afrique Centrale le premier exploité commercialement par ces
soci~tes et le mieux nanti en points de vente (trois fois plus

46
que le Gabon), fait figure d'~ndispensable étape de transition.
entre l'Afrique Occidentale Française (A.O.F.I et J.'Afrique
Equatoriale Française
(A.E.F.).
Quant au Gabon,
il est, des quatre pays de notre
échantillon, celui dans lequel l'avènement des trois compagnies
comnerciales est le plus tardif
(exception faite de la S.H.O.,
mais n'oublions pas que cette société abandonnera momentané-
ment ce .;.3.rché, au prcfi t
notamment de l'Afrique de l'Ouest),
celui aussi qui,
à la veille de l'indépendance, dispose du
plus faible réseau de distribution.
COfnme nous 2.l10ns nous' en rendre compte, non seu-.·..
lement ces compagnies de négcce se sont intéressées plus tar-
divement au Gabon qu'aux autres colonies, ncn seulement elles
y ont implanté un appareil corrmercial plus réduit, mais ae
surcroit elles n'y ont pas écoulé les mêmes produits et leurs
activités n'y ont pas connu la ~ême évolution qu'au Sénégal,
au Cameroun et en Côte d'Ivoire.
2.2. LES ACTIVITES
2.2.1. Leur nature
-----------
En rr.ême temps que les compagnies françaises de négoce se pro~
curaient dans les quatre colonies les ressources utiles aux
mafëhés occidentaux, elles y écoulaient également certains
produits. Nous les avons classé en deux familles:

47
a)
Les
____ nrodui
L
_
Parmi ccux-ci. on pou_o.
~
ts è.e
~-~
CCilS011u'l1a tion
vait distinguer
....
~
-
Les produits alimentaires industriels non ta-'
briqu~s localement: il s'agit des conserves de poisson (sar-
dine,
thon et maquereau)
et de viande
(corned-beef, pâté) 1 du
lait condensé, des bonbons •..
-
Les produits alimentaires non transformés 10-
calement
c'est le cas du sel, du sucre, des huiles POUL fri-
ture, du cafd et du cacao solubles . . .
-
Les produits d'entretien et/ou d'~ygiène
savon en morceau,
savonnettes,
crèmes pour le corps . . .
-
Les ustensiles mênagers : casse~oles, ma~it~s,
assiettŒs,
cuillères,
fourchettes, couteaux, verres ...
- Les prod~its vestimentaires
habits cO:1fec-
tionnès,
ti.ssus,
chaussurE::s, chapeaux ••.
Cette seconde famillt
comprend
- Les outils "légers"
matchettes,
noue2, pia-
ches,
haches,
scies, pics ..•
-
Les outils dits "lourds"
:
i l s'agit ce E".até-
riel pour la construction dia teliers pt de machines Glrjriccles.
Ces dernières étaient notarr~ent vendues par Peyrissac-et
C.F.l\\.O.
Il convient toutefois de noter là encore une particularité
des échanges avec le Gabon.

En effet, le volume de produits de consoHlIr.ation vendus par
ces compagnies au Sénégal, au Cameroun ou en Cô::e j'Ivoire
était sans commune mesure avec les quantités de marcl'a:1dises
écoulées sur le marché Gabonais. Cela tenait au fait que non
seulement ce dernier pays était doté d'un moins grand nombre
de points de vente que chacun des trois autres même si l'on
tient compte de la superficie respective de chacun des terri-
toires en 1950 (1), mais aussi qU~ la S.H.O., société la mieux
implantée localement,
s'occupait plus d'exploitation et d'ex-
portation du bois vers l'Europe que de vente sur Dlace de
.
.
denrées alimentaires, de produits d'entretien et d'ustensiles
de cuisine.
'
De surcroît,· 1~5 trois granàes compagnies de n~-·
goce ne vendaient pas au Gabon certains produits écoulés sur
les marchés des autres colonies et dont l'utilité pou~ ~e
développement de certaines activités s'avèrera par la suite
manifeste,
primordiale. Ce fut le cas pour les machins=. agri-
cales et notâmment les charrues et les herses
(2). :cn effet,
.-(1 t- Les superficies du Cameroull, de la Côte d'Ivoire,
du Gabcn
et du Sénégal sont respectivemeü~ de 474.OJOO k'n2,
322.462 km2,
267.667 km2 et 192.161 km2; cela n0'..15 donne des "G1üX de cou-
verture commerciale"
(rapport entre la superflCl.e à desservir _
et le nombre de points de vente)
de 1/23.745 pCür le Clliueroull,·
1/4.885 pour la Côte d'Ivoire,
1/2.640 pour le Sénégal et
1/38.236 pour le Gabon. Manifestement donc,
le Gubo~ 2St des
quatre colonies la moins bien couverte et ce en ~épit cie la
disproportion qui s'établit entre les tro~s Butres territoiren.
(2)
Herse : instrument agricole muni de dents de fer avec
lequel on égalise la surface d'un terrain labouré pour br~ser
les mottes.

-19
la société Pey=issac vendit dès 1920 ces outils de travail
lourds au sénégal et en Côte d'Ivoi=e,
imitée par la suite P4r
la C.F.A.O. C'est d~ reste cette dernière qui int=oduisit les
mêmes proùuits au Cameroun. Au Gabon par contre, aucun de ces·
outils de production destinés au travail de la terre ne fut
proposé à la client~le par l'une quelconque des compagnies
coloniales de négoce qui y exerçaient leur activité.
Si les activités cowmerciales de ces compagnies françaises de
négoce ont été moins variées au Gabon ~ue dans les trois au-
tres colonies, leur évolution dans le temps n'a pas nOD plus
été identique.
En effet,
s ' i l est vrai qu1au Cam€~c~nl au Sénégal
et en Côte d'Ivoire la C.F.A.O.,
la S.C.a.A. et OPTORG cCI.ti-
nuèrent à acheter
(ou exploiter)
et à vend~e les oroQuits en-
,
trant dans le cadre de leurs activités pour airlsi dire tradi-
tionnelles,
ces compagnies 3usci tèrent également et de illaniè~e·.
progressive le développement d'activités éccnomiq~es, notamment
agri~012s, associant les nationaux. Ainsi, la vente et/ou là .
location vente
(elle fut pratiquée au Sénégal par la C.F.A.O.)
de charrues et de herses à des autochtones permit à ces der-
niers de cultiver sur de plus grandes surfaces leurs propres
plantations et de produire du mil, du maïs, des arachides, du
café, du cacao . . . en quantités plus importantes. Certes ces
produits étaient achetés aux agriculteurs locaux
(soit par
ces compagnies de négoce,
soit par d'autres commerçants ccci-
dentaux)
à des prix singulièrcmeDt dérisoires par rapport à

50
leur valeur réelle.
Ainsi pour prendre quelques exemples,
le
kilogramme de café était acheté en 1935 à vingt F.C.F.A.
(l)',
au producteur Ivoirien et revendu au consommateur Européen
à cent, soixante quatorze r.C.F.!\\.,
soit approximativement neuf'
fois le prix d'acquisition. De même la banane obtenue pour dix
huit F.C.F.A. auprès du paysan Camerounais en 1946 coûtait
soixante douze F.C.F.A. au consommateur français c'est à dire
quatre fois le prix d'acquisition. Néanmoins ces transaCTions
effectuées avec les paysans de ces trois colonies présentaient
pour ces derniers deux avantages particuliers :
'.
- Elles étaient pour eux une source de revenus
qui, quoique fort modeste, pouvait néar~oins leur permettre
à
la longue de réaliser une épargne l:loné i.:ai1..~e et par la sui te
d'inves-"':ir
(dans l!achat de machines agricoles par exemple).
D'ailJeurs,
ces êconoH'.ies d'argen-:. permire:lt égalem"z!1t
aux
agric~lteurs Ivoiriens et Sénégalais,
frappés de fléaux natu-
reIs,
d'acheter de la semence auprès des agences de "Prévoyance
agricole"
établies dans ces colonies depuis environ 1930.
- Les tractations auxquelles elles donnaient
parfois lieu (sur les prix,
les cuantités achetées)
consti-
tuaient pour les paysans une initiation non négligeable a~x
activites m~rchandes.
Aü Gabon,
ces ccmpagnies ne suscitèrent point ce
genre d'activité. Elles continuèrent,
jusqu'en 1950, uniquement,
a vendre sur le marché les produits qu'elles faisaient venir
(l)
l
F.C.F.A. = 0,02 F.F.

51
d'Europe ainsi que d'autres qu'elles fabriquaient ou ache-
taient sur place
(essentiellement les produits dérivés du
bois tels les tables,
chaises, panneaux pour ouvertures de
maison, matériaux de construction)
et surtout à exporter vers
l'Occident, et en particulier la France, du bois et un peu de
cacao. Le recensement
(1)
des entreprises qui s'installèrent
au Gabon après 1920 nous a du reste permis de constater à quel
point le travail du bois a repr§H~nté, dans cette colonie.
l'activité essentielle à laquelle se livrèrent la grande ma-
jorité des sociétés locales.
Le caractère taràif et limité de l'intervention des trois
grandes compagnies de négoce au Gabon, par rapport à ce qu'el~e
fut dans les autres colonies ici retenues, expliqa~, sans nul
doute,
en partie le faible niveau atteint par la distribution
organisée dans ce pays, et l'absence d'initiatives :1ationales
dans ce secteur.
Nous allons voir rnaintenant que l'ad~ir.istra­
tion coloniale n'eut pas au Gabo:1 les mêmes pratiques que dans
les autres colonies, et que ceci explique éaalement le faible
développement qu'y connut le commerce alimentaire et le peu
d'intérêt qu'y portèrent les Gabonais.
o
o
0
(1)
c. f.
annexe
VII.

52
3. LE ROLE DE L' ADMINISTRl,TION COLONIALE LOCALE
S'il est vrai que d'une manière générale les mobiles écon~mi-·
ques ont constitué un facteur explicatif essentiel des grandes
conquêtes coloniales,
la politique menée au Gabon par les au~
torités coloniales locales montre que les raisons de l'annexion

de ce pay3 à la France furent d'ordre plus politique qu'éco-
nomique.
Comme nous allons tenter de le démontrer dans
cette partie de notre recherche,
les autorités administratives
françaises n'ont en effet pas conçu et mené au Gabon une poli-
tique de promotion des activités marchandes,
encore moins in-
cité les autochtones à la pratique d'activités directement ou
indirectement liées ail COIlliTLerCe,
co~r.e ce fut le cas dans le"s."
trois autres territoires coloniaux du Camerourr,
du Sf~§gal et
de la Côte d'Ivoire.
3.1. LE GABON
UN POINT DE DEPART STRATEGIQUE
C'est sous le règne du roi Loui~ Philippe
(1839-1843)
que la
France s'installa sur l'Estuaire du GaD8n
(partie du territoi-
re sur laquelle se situe actuellement la capitale Libreville)
après que le capitùine de valsseùU Français Bouet-Willanrnetz
se fit céder cette contrée par des rois de l~ Côte. Mais c'est
en 1886 que le Gabon deviendra offici.ellement la première co-
lonie française d'Afrique Cer.trale. Dès cet instant,
les

53
colonisateurs vont faire de cette nouvelle possession la base,
le point de départ de toutes les opérations d'exploration et
de conquête d'autres territoires de la région. C'est ainsi gue
l'extensiur. de leurs possessions au Congo
(1891), au Tchad
(1900)
et à l'Oubangui-Chari, actuelle Hépublique CentrafÏ:"i-
caine
(1905)
fut réalisée grâce à des opérations initialement
menées à partir du Gabon. Aux yeux des autorités administrati-
ves coloniales, ce territoire était donc avant toute cho~~ un
point d'appui militaire stratégique, et les préoccupations
commerciales n'y étaient que secondaires.
3.2. DES ~ESURES AD'JINISTRJI.Th'3S DISSU_".5rVES
Comme l 1. attestent cer1:ains docQ~tents (1)
èe la périoc1e: col~­
niale ici cor..sidé::-ée,
les aUt:'.orités ad..rninistratives coloniales
locales ont pris au Gabon ~n certain no.L1bre àe meSU.i:es .je na";'
ture à décourager,
::or. seule:me:1t les quel(~aes c0Tr~.erçants oc-
cidentaux qui,
dans les premières dêcerlnies de la colonisation,
avalent amorcé des initiatives corr~erciales au Gabon (exploi-
tants forestiers,
chasseurs d'§léphants pour en retirer l'ivoi-
re,
exploitants de caoutchouc), mais plus encore les autochto-
nes susceptibles d'être tentés de s'initier à cette activité
nouvelle pour eux.
Ainsi,
le commissaire général local prit-il, à
l '-enc·ontre des marchands occidentaux une décision leur inter-
disant l'accès au Haut-Ogooué,
seule région où,
semble-t-il,
les COIl'lnerçants étaient susceptibles de trouver aliments pour
(1)
Cf. annexeS VIII et IX.

54
lcurs affaires. Cette décision,
en rapport avec les opérations
de conquête prenant pour base le Gabon, donna du rcste lieu a
de très vives protestations de la part des commel-çants Luro--
péens
(c. E.annexeVIII) De même le rapport poli tique insti tuailt
la création d'un corps de trantants au Gabon
(c.f. annexe IX
fut sans aucun doute de nature à dissuader les Gabonais dési-
reux d'apprendre le métier de commerçant,
tant les conditions
qu'il posait paraissaient manifcc~ement rebutoires pour les
autochtones. Compte tenu des problèmes de formation et d'~ti-
-
lisation des quelques individus initiés à la culture françai-
se dcnt nous reparlerons plus loin, on peut penser en eff~~
c;u' exiger des traitants Gabonais qu'ils parlent et écr· i vent
français
(c'est ce que stipule le rapport)
suffisait & prcs-
crire l'accès au métier à la population analphabète ~isp0ni-
ble, et qui, au Cameroun voisin,
réputé pour so:, Ge",r0 é:'e-Jé
d'activité marchande,
constituait pour ce métier la pri~cipa-
le source d'approvisionnement en main d'oeuvre fcur les conl-
Inerçants occidentaux. De plus nous doutons fort que des indi-
vidus
démunis en moyens matériel et en hc~~es de w3in~1 aient
1
pû accepter à l'époque d'assure:: ~a sécurité d'une zcne 9&0-
graphique toute entière, en contrepartie de l'exercice par eux
du commerce marchand.
3.3.
DES ECOLES E'l' UNE FORHA'rrON INSllFFISANTES
C'est durant la période coloniale que furent jet0es les pre-
mières bases de l'il1frastructure nécessaire â la formulion des

55
autochtones aux tâches administratives et économiques des
colonies françaises d'Afrique. C'est entre autres dans ce but
que furent créées des écoles coloniales d'enseignement général,
technique et professionnel. Si le Gabon était 1 égalité avec
le Cameroun,
le Sénégal et la Côte d'Ivoire en matière d'en-
seignement et de formation avant l'arrivée du colonisateur
(en ce sens qu'il n'existait aucune école et que la formation
des jeu~~5 était dispensée par les familles),
i l n'en fut plus
de même par la suite. Les infrast~ucturEs mises en place par
le colonisateur sont en effet infiniment plus modestes aÙ ~apo~
que dans les trois autres colonies.
En 1930, déjà,
le Cameroun,
la Côte d'Ivoire,
le Sénégal
disposent d'organismes èe formation relativement nombre~ses
et diversifiées.
Les décrets du gcuverneur.gén';~·a:è Roume
(1903)
(1)
et les
décrets Augoulvant
(1918)
(2)
avaient institué et organis€
trois ordres d'enseignement:
- Un enseignement primaire é:èéme~taire dcnné
dans les villages,
les écoles régionales,
les écoles urbaines
et les cours pou~ adu:ètes
-
Un enseigneffi2nt prirnai~G supérieur et profes-
sionnel donné dans un groupe cer.tral établi en chef-lieu de
(1)
c.f.
~ffaire politique A.O.F., carton VI, dossiers 1,2,5
(2)
c.f.
La France Noire, Abcnsour et Thévenin.

56
région.
Au Sénégal on en comptait un à Dakar et un second à.
Saint-Louis.
En Côte d'Ivoire,
i].s étaient respectivement im-
plant~s à Abidjan et Kcng; les jeunes gens y étaient initiés
à la théorie et à la pratique des principaux métiers.
L'ensei-
gnement supérieur et professionnel a notamment contribué à la
formation des premiers comptables
(ou ce qu'on pouvait à l'épo-
que considérer comme tels)
Ivoiriens et Sénégalais.
- un enseignement teChnique supérieur donné dans
les écoles supérieures: c'est à ces dernières que sont nota~-
ment rattachées les écoles supérieures d'agriculture où l'on
-
forme les individus jeunes et moins jeunes, au travail de la
terre et leur prodigue quelques conseils élémentaires devant
les guider dans la conservation et la vente de leur récolte.
Au Sénégal, ces écoles sont présentes à Dakar, 7hies et Saint-
!'ouis; la Côte d'Ivoire en ccr:;pte deux:
une i; Abidjan,
la
seconde à Bouaké.
Dans l'e.ncienne colonie allemande d~ Cameroun
devenue partiellement protectorêl. t
Français,
le déf.r ichernent
intellectuel,
amorcé par les premiers colonisateurs, est am-
p-li{{é t:!a:::- la nouvelle aè.ministJ:ation,
ce qui donne en 1930,
des résultats là aussi fo~t app~éçiables. Ainsi, on y compte,
en dehors des écoles primaires et secolldaires,
trois écoles
agricoles respectivement à Yaoundé,
DOl.lala et Ebolova,
sembla..,
bles dans leurs objectifs à celles précédemment décrites dans
le cadre du Sénégal et èe la Côte d'Ivoire,
ainsi qu'une école
s~rieure de formation de personnel administratif et d'insti-
t.uteurs.

57
A la même époque, on no trouve au Gabon ni une école secondai-
re, ni une école supérieure. Quant aux écoles primaires, elles.
sont à la fois peu nombreuses et mal organisées.
Sur les huit
écoles primaires dont est doté le Gaben
(trois a Libreville
et une respectivement à Oyem, Lambaréné, NDendé, Franceville
et Port-Gentil
(Il)
seules deux sont des initiatives des pou-
vairs publics, les autres relevant des missionnaires catholi-
ques
(cii~) et protestants
(l). Trois fonctionnent a p~u près.
normalement
(l'école protestante de Baraka, celle de la mis~
sion catholique de Sainte-Marie et l'école publiaue, toute~!
Libreville). Les autres ont un enseignement discontinu car,
soit elles manquent de matériel,
soit
(pour les écoles créées
par les missionnaires)
les religieux,
en même t~~ps éducateurs
scolaires,
consacrent l'essentisl de leur ~CillpS à leur vooa-

tian première: l'évangélisation des masses.
Ce so~t donc seulG~ent trcis é80les à peu p~ès
correctement organisées qui fouLnissent,
en lS30, les quelques
individus lettrés
(environ une vingtaine sont à l'épog~e allés
jusqu'iu terme de leur cursus scolaire,
les autres ayant aban-
donné les bancs quelques semaines après le début de l'initia-
tian au français et au calcul élémentaire)
du reste tous acca-
parés par les services administratifs coloniaux.
(l)
Source
Archives de la mission catholique des pères
du Saint-Esprit, rUe Lhomond,
Paris.

58
3.4.
LA POPULNi'IûN LET'l'EEE,
SYSTEVJ,TIQUE!1ENT
AFFECTEE A DES TACHES j;Di~INISTRA'l'IVES
L'insertion de la population Gabonaise dans ~a
vie et l'organisation socio-économique du Gabon est un des
phénomènes qui a connu dans cette ancienne colonie française
une stabilité remarquable.
Aujourd'hui comme hier en effet, la
fonction oublique
(ou si l'on préfère l'administratio~ centra-
le) Gabonaise emploie l'essentiel de la frange de population
.'
formée aux écoles et techniques occidentales. Les raisons,- lès
-
origines de ce comportement tiennent selon nous au peu d'inté-
rêt marqué par les colonisateurs pour tout ce qui n'ftait pas
tâche administrative dans cette colonie "peu nantie ll .. l~o'J.s
pensons que les Gabonais ont sn interpréte~
cette attitude
con~e l'expression d'un mépris ~on voilé pour les activités-de
type marchandl et en ont tiré la conclusion selon laquelle
seul le service de l'Etat par le foncticnnariat pouvait "tout
apporter".
DI aillellrs,
camIlle r.ous le verrons dans la dernière
partie de ce travail,
un poste de responsabilité,
de :Ic~~ma~-
demènt"
d,:.lns 11 admini stration cor.sti tue aujourc1' hui eY1~ore, aux
yeux de beaucoup de p-are"ts, le smnmum de la réussi te,
la con-
secration suprême pour leurs descendànts.
Le commerce, pensè-
rent-ils et pensent-ils encore, est l'affaire des individus
qui ont raté leur vie, qui ne peuvent rien faj.re d'autre. Erl
d'autres termes,
c'est une activité réservée aux "inférieurs""a.
Pour 8]) revenir aux années coloniales, les indi-
vidus lisant et ccrivant français sont employés comme :

50
-
Commis administratifs:
leurs attri.butions se
limitaient à la tenue des registres d'Etat civil,
aux fonc-
tions de secrétaires et d'interprêtes
(durant les audiences
accordées aux villageois ou lors du déplacement de l'adminis-
trateur en chef dans les villages).
Certains étaient tout sirn~
plement plantons,
portant les circulaires et autres notes ad--
ministratives d'un bureau à l'autre_
C'est de la catégorie des
commis administratifs que sorti:L:::lt les individus qui,
da!}s.
les années 1950, allaient jouer un rôle politique important
au Gabon.
-
Un certain nombre d'autres personnes f~rent
enrôlêes dans les milices coloniales en
tant que personnel
d'encadrement local des troupes.
-
Enfin,
les services de
santé,
de llensei'~Tncm2nt,.,
les illissions religieuses, se partageaient les quelq~Es psrsc~-.
nes restantes.
Quant aR~ activités commerciales! elles ~e béné-
fici&rent pas de personnel
scolarisé.
-Tous ces exemples et toutes ces û5ffionstrations filettent. claire-
ment en ëvidence le fait que les attitudes et initiatives des
autorités administratives coloniales ont e~ peur effet,
nG~
seulement de décourager la pratique d'un véritable co~~erc2
marchand par les hommes d'affaires occidentaux r~sidant ~u
Gabon, mais aussi et surtout de dissuader les autoch~ones
désireux de se former â ce métier et dont certains furent,
aux
dires de nos interviewés ayant connu la période coloniale,
contraints de s'exiler vers des pays voisins réputés plus

60
souples d'acc0s en la matière,
telle la Guinée Espagnole ou
même le Cameroun, pourtant lui aussi colonie française. On
comprend dans ces conditions que les Gabonais aient aujourd'hui
du corr~erce alimentaire un", image tantôt déformée! tantôt im-
précise, en tout cas négative
(nous le verrons plus précisé-
ment dans la troisième partie de ce travail)
et non associée
à colonisateur Français.
D'ailleurs,
l'essentiel du vocabulaire
commercial des peuplades du Gabon trouve sa source dans ~~'s
langues autres qùe le Français.
En effet,
durant nos enquêtes sur le te~rain,
nous- avons essayé de ë-éte=iner l'origine de quelques termes
co~~erciaux parmi les plus usités dans les langues
des peuples au contact desquels nous avons été. En voici les
rêsultats présentés scus for~€ d'un tableau qui n'a pas la
prêtent.ion d'être exhaustif, :r,a~s simplement représenta<:if de
q~elques mots du vc~abulaire commercial Fang, 'Miene, 3&pOtnou,
Eshira, Massango,
OBamba, 11Baouin, Bateke.

61
Tableau récap:i-tulatif des termes comInerciaux le~ ulus usités
..
- - " - - - - - -
par les Gabonais et de leurs origines
Chez les FANG
(Nord GaLon)
Terme français
Traduction en
Origine
dialecte
Acheter
(1)
A SON
anglaise
A SUH
(une sorrune)
A KOOS
anglaise
A COST
(le coût)
Vendre
A KWANE
anglaise
COST
(le coût)
A SOMANE
anglaise
SU;.l
(sorrune)
Boutique
SHOP
anglaise
SHOP
(boutique)
E FATELE
anglaise
A
FJ!..CTGRY
(fabriqJ.e}
MENGASp.
française
:
maOCiSüi
Corrur~erce
E NKWANE
anglaise :
COS~
~
Argent
MONE
anglaise
(Money)
ou f:::-ançaise
(i'1onnaie)
( 2 )
FOURA
française
:
franc
DOLA
anglaise
:
d.ollar
Chez les MIENE
(Côte et centre du Gabon)
Acheter
KOLA
c::igine difficils à identifier
Vendre
KOLISA
Idem
Boutique
SOPt]
anglais2
SHOP
(boutique)
FATERE
anglaise
FACTORY
Commerçant
SOLSA
allemè.nde
:
SCf-l.\\\\'l>.RZ
(comnlc rce
illicite)
Argent
DOLE
anglaise
dollar

62
Chez les BAPOUNOU
(Sud Gabon)
Terme français
Traduction
Origine
en dialecte
Acheter
U sm·lBS
anglaise
A SUM (une somme)
Vendre
U SUNBISSE
anglaise
SUH
Boutique
HAGASI
fran~aise
magasin
Corrunerce
BUCOLI
française
forme contractée
de colporteur
Argent
DOLI
anglaise : dollar
Chez les MASANGO et ESHI~~
Acheter
U SDr-rnE
anglaise
A SUM (une somme)
Vendre
U Sm.lBISSE
anglaise
A SUM (unç sornnle)
Boutique
MAGASI
française : magasin
DIKASI
anglaise: CASH
(là où l'on
paie cash)
Commerce
BUCOLI
française : colporteur
Argent
DOLI
anglaise : dollar
FURE
française
: franc
CFe~·le~ OBAMBA, MBOUIN, BATEKE
Acheter
(1)
ASSUH1' 1 A
anglaise
A
SUN (une sorrune)
ASSUMSA
3.nglai.se
"
Vendre
(1)
SUMA
anglais02
A SUM
Boutique
ANGASI
française
: magasin
Commerce
OMBUNGU
Ar~rtt
DOLO
anglaise
dollar
(Voir notes page suivante).
Source : nos ~nquêtes sur le te~rain.

63
Une classification par nation~lité du vocabulaire commercial
usuel figurant sur ces tableaux fait apparaître une nette pré-
dominance de la langue anglaise dans les origines des teLmes
sus-ênumérés.
Les mots d'origine française viennent de loin
au second rang,
suivis enfin de quelques termes d'origine
allemande.
Comment expliquer cette emprise de la langue de
Shakespeare sur le vocabulaire mercantile d'une ancienne colo-
nie fral.~3ise ? Cela tient au fait que les premiers corr~erçants
occidentaux que rencontrèren~ la majeure partie des peuplades
du Gabon furent pour la plupart de langue anglaise. Ainsi,
dans le Sud Gabon,
les premiers marchands 2 s'être installes
(à Murindi)
(1)
furent des commerçants Américains; de même
sur la côte, ce sont des con@.eyçants Hollandais et britanni-
ques
(parmi lesquels un cer~ain Walker)
(2)
qui emboîtèrent
les premiers le pdS aux négriers portugais, ~uand ils n'arrivè-
rent pas en même temps.
Dans le Nord Gabon enfin, l'influence
des commerçants bri~anniques, arrivés les premiers du Cameroun
voisin,
fut incontestable. Corrme nous le voyons, ce sont des
anglophones qui les premiers firent découvrir l'exercice du
co~nerce aux autochtones Gabonais, ce qui ne fut pas sans con-
séquence sur le vocabulaire co~mercial de ces derniers.
(notes concernant le tableau précédent)
(1)
On remarque que des mots voisins,
issus de souche commune,
expriment les deux volets
(achat-vente)
de l'activité commer-
ciale.
.
(2)
Il est probable q'le l'origine de ce mot soit française'
dqQ§.la mesure où les premiers commerçants au contact desquels
furent ces populations ~taient anglophones.
(1)
Vers 1890.
(2)
fin 17e et début 18e siècle.

64
3.5. L'INFRASTRUCTUr~ DE CO~~UNICATION
LA PLU~ REDUITE
(1)
L'intérêt économique attaché par la France à chacune de ses.
colonies et qui se concrétisait tant à travers la politique
des grandes compagnies coloniales que par le biais de certains
.
comportements des autorités administratives locales,n'a pas
été sans cOl1séquences sur cet élément indispensable de i~ dis- ..
tribution commerciale organisée: .l'infrastructure de con~uni-
cation.
Comme nous allons le mettre en éviùence, son évolution
a été parallèle à celle de l'activité marchande dans les qua-·
tre colonies ici retenues pour notre étude.
En ef~et, si le C~.eroun, le Sénégal et la Côte
d'Ivoire bénéficient en 1950 d'un réseau de cOIT~unication re-
lativernent important et diversifié,
le Gabo~, par contre siest·"
vu doté d'une infrastruct~re qui,
corn9arativement à celle ùes.
trois précédente~ colonies, est pour ainsi dire insignifiante.
Nous allons en faire la démonstration en nous penchant sur la
situa"tian des réseaux à usage interne qui,
cu fait de
leur
coût particulièreillent bas (et donc de leur plus grande acces-
sibilité à tous)
ont un impact considérable sur l'acti.ité
économique en général et le secteur de la distrj.bution en par-
ticulier : les réseaux routier, ferroviaire et portuaire.
Lorsqu'on an~lyse la situation de l'infrastructure routière
(1)
c.f. annexes
III et IV.

65
du Cameroun, de la Côte d'Ivoire et du S~nGgal sur la période
1900-1950, on s'aperçoit qu'elle présente de relatives simili-
tudes d'une colonie à l'autre.
Certes, les taux de couverture routière
(rapport
entre le réseau routier et la superficie du pays concerné)
de chacun des territoires mettent en évidence des différences
ainsi le Sénégal
(1)
est la colonie la mieux nantie en routes
(s'il GZ~ vrai que cela tient en partie à sa superficie ré-
dui te, i l n' eil demeure pas moins qu'il dispose aussi du plus
gra~d nombre de kms de route)
(1),
suivi de loin respectivement
par la Côte d'Ivoire et le Cameroun.
Cependant la différenc~
qui sépare chaque fois la dernière de ces trois colonies du
Gabon sur les deux années retenues pour notre comparaison
(1930 et 1950) demeure impressionnante. Ainsi, en 1930 le
taux de couverture routier du Gabon est égal à 1/13 de celui
du Cameroun, dernier des trois.
Bn nombre de kilomètres, le
Gabon dispose la Iilême année d''..ln réseau égal au 1/21ème de
celui de la Côte d'Ivoire placée après le Cameroun et le
Sénégal. En 1950, le Cillneroun couvre trois fois mieux son
espace e,. routes q1.:e le Gabon et le rapport en kilomètres de
route est de un à cinq entre les deux colonies, au profit dU
Cameroun. Certes, on peut noter ici yue de 1930 à 1950, c'est'
le rêseau Gabonais qui a connu la plus forte progression mais,
il convient de tempérer cette remarque en soulignant que cette
colonie détient le record de routes non pratiquables. Du reste
(1)
c.f.
annexe I I I .

GG
cette remarque n'infirme en rien le fait que le réseau routier
du Gabon est de loin le plus faible des quatre et aussi le
moins bien organisé.
En effet, cow~e nous l'évoquions tout r0cemment,
la majeure partie de ces routes africaines ne sont pratiquables
qu'une partie de l'année
(saisons sèches ou peu pluvieuses)
ou ne sont accessibles qu'à des vélomoteurs
(à cause de leur
etroitesse ou de l'absence de p~n~s capables de supporter le
poids de véhicules à quatre roues durant la traversée des ri-
vières ou de fleuves).
Cependant, au Cameroun, Sénégal et en
Côte d'Ivoire on compte déjà chaque fois plus de 500 km de
routes pratiquables l'année entière
(1930), chiffre qui V~ se
situer au-delà de mille six cent vingt kw. dans c~ac~n des t~ois
pays en 1950. De plus, dans chacun de ces pays, la majeure
pa~tie des voies sont unies entre elles et les g~a!ldes artères
relient l'ensemble des capitales régionales et même des loca-
lités de moindre impo~tance. Ainsi, i l est aisé de se rendre
de Dakar à Saint-Louis ou Linguere dU Sénégal, ou encore de
Yaoundé à Douala et NKongsamba
(au Cameroun). Quitter Abidjan
pour se rendre à Kong ou Bouake p~ pose pas non plus de pro-
blème.
Au Gabon par contre la situation est tout cl fait
differente.
Les trois tronçons de route qui, en 193ü consti-
tuent l'essentiel du réseau de ce pays
(deux sur l'Ogooué dor,t
celui de NDende
Mouila est le plus important;
le troisième
se situe dans l'Estuaire)
sont à peine accessibles aux véhi-
cules munis de "ponts"
(quatre roues motrices)
et n'atteignent
que les deux villes précédemment évoquées ainsi que la capitale.

67
En 1950, des embranchements sont réalisés sur la région du
Y" Woleu-NTem et sur le Moyen Ogooué. Nais, la nature de ces
routes est telle que, bien souvent, ce sont leshcmmes et nOn
les automobiles qui les empruntent pour convoyer des marchan-
dises ou des biens appartenant aux a~~inistrateurs coloniaux.
En fait,
des centres urbains tels que Makokou, Oyem, L~~baréné
ou Franceville,
à peu près équivalents à Lingere,
Bouake ou
NKowgsèmva dans les trois autres pays sont, en 1950,
très iso-
lés les uns des autres et presque 'coupés de la capitale,
faute
de route véritable~ent pratiquables.
3.5.2. ~~_E~~~~~_~~EE9Y~~!E~
La situation du Gabon dans le do~aine de l'infrastructure
ferroviaire est, une fois encore, la moins enviable de toutes
les colonies françaises ici retenues.
En effet, ea 1950, le Gi1bon est le seul des qua-
tre territoires qui ne dispose pas d'un seul kilcnètre da ~oie
ferrée,
le projet de construction d'une ligne de chemin de fer
NDjolé
Pointe Noire
(au Congo)
ayant été sans cesse remis,
puis a~andonné par l'administrateur colonial Sarrault en 1921.
Par contre, les trois àutres colonies du Cameroun, du Sénégal
et de la Côte d'Ivoire disposent déjà chacune d'une infrastruc-
ture ferroviaire
(1)
certes peu développée, mais qui rajoutée·
et combinée avec le réseau routier,
f~cilite et encourage
l'activité commerciille non seulement au niveau des négociants
Européens, mais aussi des petits commerçants autochtones ou
simplement des individus désireux de s'exercer à ce métier.
(1) c.f. annexe
IV.
.....

68
3.5.3. L'infrastructure Dortuaire
-----------------~--------
Au Cameroun, en Côte d'Ivoire et au Sénégal, on trouve déjà en
1930, des ports importants et très actifs.
C'est le cas de
Douala,
Port Boué et Dakar.
D'ailleurs à l'époque Dakar riva-
lisait même avec certains ports de la métropole et pas des
moindres,
tels que Bordeaux. Au Gabon par contre, Port-Gentil,
le port principal n'est comparable qu'à ce qui dans les trois
autres colonies africaines sus-mentionnées,
tient lieu 1e
warf
(1)
tels Assinié en Côte d'Ivoire, Bonabéré au Cameroun
ou Saint-Louis
(qui du reste se développera très vite par la
suite)
au Sénégal. Une fois encore,
le retard du Gabon sur les
trois autres colonies est manifeste.
/
A l'évidence,
Le réseau de coœmunication du Gabon
est le moins développé des quatre colonies. Quelles sont les
raisons de cett~ situation particulière ? Elles tiennent
semble-t-il
- A l'adé~Jation entre la seule
(ou presque)
activité exercée à l'époque dans cette colonie et le moyen de
transport naturel à cette fin utilisé,
la voie fluviale.
En
effet,
l'acheminement du bois
(destiné à l'exportation)
vers
Port-Gentil,
lieu d'embarquement,
se faisait par le fleuve
Ogoouè,
ce qui aux yeux des commerçants et autorités adminis-
tratives locales, dispensait de doter la colonie en routes
ef-Voies ferrées.
(1)
warf
appontement perpendiculaire à la rive auquel les
navires peuvent accoster.

69
- A l'arrivée tardive des commerçants occidentaux
au Gabon et la faible expansion de leurs activités. Elle a
en effet eu des conséquences sur le retard ainsi accusé par
ce territoire en matière de voies de communication.
Au
dessein politique enfin. Comme nous le sou-
lignions,les autorités coloniales n'avaient pas assigné de
rôle économique important au Gaben.
Rien n'y justifiait donc,
dans cet esprit, la création de ~~utes, de chemins de fer,
conditions du développement du commerce.
En résumé,
nous dirions donc que la situa~ion du
réseau Gabonais de communication, conséquence de la politique
des marchands et admini~trëiteu!."'s coloniaux sur ce territoire,
a elle aussi en partie ~onstitué un frein à la pr~tique de la
f
dis~ribution alimentaire par les nationaux.
o
?
0
A travers toutes les démonstrations raites dans
cette première partie de notre tr-"vail,
il apparait clairement
que les relations entre le Gabon et la Frar.ce, di.: te:nps de la
période coloniale, ont eu un caractère très particulier,
en
comparaison avec celles que la puissance colonisatrice a
entretenu avec les trois autres colonies Africaines du
Cameroun, du Sénégal et de la Côte d'Ivoire.
Certes, entre ces trois derniers pays, les in-
terventions de la métropole n'ont pas strictement été de méme
nature ni,par conséquent,entrainé les mêmes effets. Cela ~enait

70
en grande partie à l'h&t&rogénéité plus ou moins marauée des
ressources dont disposait chaque colonie car, elle ne pouvait
être sans influence sur le degré d'intérêt économique ainsi
présenté pour la France ou mieux pour son commerce. Néanmoins,
si les politiques pratiquées par le colonisateur français au
Cameroun, Sénégal et en Côte d'Ivoire peuvent être qualifiées'
de différentes les unes par rapport aux autres, celle mise en
application au Gabon peut à jus~~ titre être taxée de parti-
culière.
, Parce que ce territoire était, des quatre, de
beaucoup le moins doté en ressources susceptibles d'alimenter
le comrùerce de la métropole occidentale, les grandes compagnies
de négoce ne s'y implantèrent qu'en dernier lieu et n'y exer-
cèrent jamais une activité intense et diversifiée~ comme ce
fut le cas au Cameroun ou dans les deux territoires color.iaux
d'Afrique Occidentale. Quant aux autorités adr..inistratives
locales,
leur poli tiqùe en matière de forma tior, des hŒnmes et
leur "utilisation", d'équipement des territoires en infra-
structure de communication
(corollaire de distribution alimen-
taire organisée), l'orientation ;nbi1e qu'elles donr.èrent à. la
pratique du commerce marchand,
tout cela ne fut pas de nature
à encourager les activités de distribution d'une manière gén~­
raIe et encore moins à éveiller l'intérêt des Gabonais pour
ce secteur essentiel à la vie économique toute entière. C'est
la raison pour laquelle les quelques vendeurs noirs ambulants'
~qûe-l'on rencontra à l'époque tant au Woleu-NTem (dans le Norâ
du pays) qu'au Haut Ogooué
(géographiquement onposé à la pre-
mière région citée)
étaient tous des Haoussa venus du

71
Cameroun ou du Sénégal. l,ous pouvons donc conclure en disant
qu'à ra veille de l'indépendance politique,
le Gabon et par-
tant les Gabonais étaient ha~dicapés, parce que moins préparés
matériellement et psychologiquemênt à l'exercice du métier oe
commerçant que leurs homologues Camerounais, Ivoiriens et
Sénégalais_
Une fois les indépendances acquises, les nouvel-
les autorités politiques Gabonaises ont-elles cherché à chan-
ger, ou du moins, dans un p1emier temps, à faire évoluer cette
situation? C'est la question à laquelle nous allons essayer
de répondre en analysant,
dans la deuxième partie,
la politi-
que des pouvoirs publics de ce pays de 1960 à nos jours ct
ses conséquences süy la distritroJ.tioIl alirner!taire aux niveaux
du COI1Ullerce de gros,
de..'lli-gros 8t dé"CaiJ.
ltorganist2fl.

72
DEUXIEME
PARTIE
LA POLITIQUE DES POUVOIRS FUBLICS GABO~Ji'.IS P.G
LENDEMAIN DE L'IN0EPENDANCE ET SES CONSEQ~ENCES
SUR LA DISTRIBUTION ALIMENTAIRE

73
Nous avons vu, dans la première partie,que pour des raisons
tenant à la politique pratiquée au Gabon d'une part par les
grandes compagnies coloniales de COMnerce, de l'autre par les
autorités administratives coloniales,
la situation ainsi héri'::·
tée n'était pas de nature à favoriser la mise en place d'une
véritable infrastructure commerciale, et encore moins la par-
ticipation des Gabonais à leur distribution. Nous allons ten-
ter, dan~ cette seconde partie, de démont~er que la politique
adoptée depuis l'indépendance de 1960 par les pouvoirs publics
de cet Etat, désormais politiquement souverain, n'a pas permis
de remédier à la situation léguée pa~ la colonisation et
constitue,
de ce fait,
une expli~ation supplémentaire à l'ab-
sence des autochtones du réseau de distribution alimentaire
local.
LES GRANDS AXES DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE :JU GABON
Depuis 1960, la politique économique du Gabon s'articule autour
de deux idées fondamentales:
le développement par l'exploita~
tion des importantes ~ichesses du sous-sol et de la forêt ainsi
que l'application d'une politique de libéralisme économiq~e.
Petit pays d'Afrique Centrale traversé par l'Equateur et limité
au Nord par le Cameroun et la Guinée Equatoriale, à l'Est et
au Sud par le Congo et un littoral Atlantique long de 800 ki-
lomètres,
le Gabon est en effet surtout connu aujourd'hui à
travers le monde pour son pétrole,
son man<]anèse,
son uranium
et son bois. A ces quatre produjts déjà exploités s'ajouteront

74
bientôt le fer de M6k~mbo, le marbre de Tchib~nga, le plomb,
le zinc,
la barytine et bien d'autres minerais encore.
tous
prêts à prendre le relais des premiers cités le moment venu.
L'activité du bois, du manganèse, de l'uranium et du pétrOle,'
produits presque exclusivement destinés au marché mondial de
l'exportation
(c.f.
tableau') en dépit des risques que comporte
pareille situation
(soumission aux aléas internationaux et
notamment aux fluctuations des cours mondiaux de matière6 pre-
mières)
représentait en 1979 51% du produit intérieur brut du
Gabon
(c. f.
tableau") et procurai t
à
l'Etat Gabonais une très
grande partie des recettes
(200.000.000.000/299.100.000.000
d'après la direction de la statistique et des enquêtes éconb-
miques du Gabon)
qui lui permettent de financer l'activité
économique.
Tableau 3: Production et eXDorta-cions Gabonaises en 1979
.
Produit
Production
Exportation
% Exportation
Expol:ta~ion
en 'vâ].eur
"
(F.C.F ..;.)
BOrS
l
186
l
1076
90
32.700.000.000
(mil.liers'
--
-.
\\
m3)
,
1
!.IANGANESE!
2 100
2 053
98
28.300.000.000
(1 000 t) 1
URANIUM
,
l
511
l
100
73,3
25.000.000.000
(1:. )
>
1
1
PETROLE
9 900
8 seo
85.5
273.000.00G.000
1
>
t
= tonne
Sources:
- Moniteur du conunerce internati.onal du 3.11.1980
nO 423
-
Un marché 53,
C.F:C.E.
1980.

75
Signalons que les principaux clients du Gabon pour ces pro-
duits sont dans l'ordre
-
la France
(23,4%)
-
la R.F.
d'Allemagne
(5,5%)
-
les U.S.A.
(21,2%)
-
le Bénélux
(4,5%)
.-
-
le Royaume Uni
(8,5%)
-
le Cameroun
(4,4%)
Tableau": Les quatre matières premières dans le ?rcduit
Intérieur Brut du Gabon en 1979
(en F.C.F.A. au coût du marché
prix courants)
Secteur d'activitê
Montant P.I.B.
Seit en % du P.I.B.
Total
Extraction des
44.000.000.000
7,07
minerais et miner aux
Pétrole brut et
264.300.000.000
42,47
Gaz naturel
1
1
Secteur forestier
9.10C.000.000
1,~6
!
Sous-total
317.400.000.000
\\
soit 51%
;
TOTAL P. 1. B .
622.200.000.000·
\\
Sources
Un marché 53, C.F.C.E. 1980.
Pour inciter les
investisscu~s
étrangers à
placer leur argent tant da~s les secte~rs miniers et fores-
tier que dans les autres secteurs économiques, les autorités
politiques nationales ont pris la décision d'adopter une p01i-
tique dite de libéralisme économique, c'est à dire fondée sur
lâ-ribre entreprise. Ainsi, au stade de la production tout
comme à celui du commerce,
les hommes d'affaires des toutes
nationalités qui en ont la cap~cité peuvent réaliser des

76
investissements dans un cadre juridique
(not~~ent en mati~re
fiscale)
particulièrement souple et incitateur
(exor.ération
diverses,
rapatriement des bénéfices réalisés).
Comme nous le verrons ultérieurement, ces orien-
tations ne seront pas sans conséquences sur la situation gui
ici nous préoccupe. Mais avant d'en arriver là, voyons tout
d'abord en quoi consiste l'exploitation minière et forestière
du Gabon, quelle est son import?nce économique véritable ainsi
que les effets que ces activités ont sur d'autres secteurs dont
.-
celui de la production et de la distribution alimentairè.
a)
~~_e9!~_~~~~_1~~~~~9~!~_~~e9~~!~~
Il y a au Gabon 22.000.000 d'hectares de forèt exploitable.
Jusqu'en 1974, année du "beum pétrolier",
le bois était la
principale richesse du pays, représentant à lui se~l près de
1/3 des exportations et les 4/5 du budget de l'Etat.
Comme nous le signalions déjà dans la partie de ce travail
consacrée aux ressources des colonies,
la forêt Gaboneise
compte des essences très diverss=
(environ 400 aujourd'hui)
parmi lesquelles l'Okoumé,
l'Acajou,
le Moabi,
l'Aiélé,
l'Or!1be,
l ' Ozigo,
l ' Apo,
le ['loue,
le Belinga,
le Douka sont les plus
connues.
Mais dans les conditions actuelles et en particulier
en raison d'un manque d'infrastructure de comrr.unic~tion aoé-
quate,
beaucoup de ces essences sont peu ClU pas expLoitées.
c'êSt le cas par exemple de l'''AL:OBE'' ou "bois de fer" qui,
du fait de sa densité,
n'est pas flottable et donc ne peut être
acheminé corrune l' okourné jusqu; à t'or t-Gentil,
à la fClis port

77
d'embarquement et lieu de traitement des 10% de la production
non exportés.
A l'aube de l'indépendance politique de 1960,
les autorités
politiques Gabonaises, comprenant la nécessité d'avoir un cer-
tain contrôle sur ce produit stratégique, décidèrent la créa-
tion d'un organisme chargé d'harmoniser la production, l'ex-
ploita~lun et la commercialisation du bois.
Initialement appelé
B.D.G.
(bois du Gabon), puis O.N.B.G.
(Office national des bois
du Gabon), c'est l'actuelle Société nationale des bois du Gabon.
Son capital se répartit entre l'Etat
(51%)
et les forestiers
(investisseurs étrangers
(39%)
et nationaux
(10%»).
Certe~l'époque est révolue où le bois représentait les 4/5 du
budget national et le 1/3 des excortations du Gabon. Pourtarit
depuis 1974 il constitue S à 9% des ventes a l'étranger Ce qui
le place en moyenne au troisième rang des exportations après le
petrole et le manganèse
(mais au èeuxièwe rang
en 1979. c.f.
tableau!). En dehors de cet aspect,
le bois cons-
titue pour l'économie de ce pays un des rares secteurs mot~urs,
grâce aux quelques acti.vités qu'il a induit. Certes, on ne peut
pas encore affirmer que l'activité industrielle GU boj.s
(nous
pensons essentiellement à l'usine de déroulage de contre-plaqué
de Port-Gentil, la plus importante du mondel
soit une activité
industrialisante. Ses effets d'entraînement sont encore trop
peu ressentis sur le plan national. Pourtant le nmnbre de pe-
tits artisans Gabonais qui achètent contre-plaqué et autres
pièces de bois pour travailler ~ leur propre compte

(fabrication de lits, armoires, chaises et autre matériel de
maison; fabrication de matériau de construction tels les pou-
tres,
lattes, poteaux ... ) ou encore un certain nombre d'entre-
prises sous-traitantes
(une unité de fabrication de papier
hygiénique et une petite usine de traverses de chemin de fer)
font du bois une des principales activités de création et de
distribution de revenus,
en dehors des poles miniers
(de
Franceville - Hoanda et ?ort-Ge;-:t-il) et industriels
(Libreville)
L'importance économique du bois au Gabon ne saurait donc être
mise sérieusement en doute.
C'est la raison pour laquelle les
pouvoirs publics affectent des moyens considérab18s pour son
expansion.
Ainsi
-
des fonds
(dont le montant ne r.ous a pas été
communiqué en dépit de notre de.'11ande mais que 1":0;-, peut. '::-a-
tionnellement situer entre 300 et 500 millions ds :f.C.?A.)
sont alloués aux "eaux et forêts"
afin de permettre à ce C!é-
partement d'assurer la pérennité des ressources en Okoumé par
des travaux de reboisement. A ce titre,
25.000 ha de peuplement
pur-Oct 'Okoumé ont été créés et 4:JC ha plantés a,~ cours des
4 dernières années.
- dans une optique voisine,
l'Etat Gabonais s'est
lallcé dans la construction de la Société Gabonaise de Ce1lulos0,
une entreprise
(dont i l détient 59,3% du capital et les in-
vestisseurs'privés ~tr~ngers le reste)
qui devra produire cha-
que année 250.000 tonnes de pâ.te à papier
(destinée à l ' expor"
tation)
à partir de feuillus tropicaux et qui en outre compren-
dra une unité mécanique de sciage.
La SOGACEL, actuellement

79
non opérat.ionnelle, coûte néarunoins chaque année à l'Etat
environ 250 millions C.F.A. et ses investissements globaux sont
estimés à 120.000.000.000 C.F.A.
- enfin, l'Etat a créé le service d'assistance
technique aux exploitants Gabonais
(A.T.E.G.) auquel il a
alloué, entre 1976 et 1980, 600 millions C.F.A. de crédit
(d'investissement et de fonctionnement).
Les POL"VO irs publics, comme on le voit déploient des efforts
certains pour l'expansion de cette activité.
".
Depuis bientôt dix ans,
le pétrole occupe dans l'économie
Gabonaise la place jusque là dévolue au bois. Si son explora-
tion a débuté dans les années 1929-1930, c'est se~lement en
1956 qu'un gisement cOIT~ercialement exploitable fut découvert
à Cap Lopez,
dans la région de l'Ogooué maritime. Aujourd'hui,""
après plus de vingt ans de prospection et de travail, des pé-
troliers de plusieurs dizaines de milliers de tonnes chargent
aux terminaux de Gamba, Port-Gentil et Cap Lopez
(ces trois
points d'évacuation peuvent recevoir des tankers dont la ca-
pacité est respectivement de 110.000 t . ,
250.000 t.
et 130.000
t.)
l'or noir destiné à l'exportation
(c.f.
tableau
Le Gabon est actuellement le quatrième producteur africain de
pétrole derrière la Lybie, le Nigeria et l'Algérie. L'exploi-
tation de ce minerai est le fait d'entreprises Frivées étran-
gères dont l'Etat détient une partie du capital. Ainsi dans
Elf-Gabon qui assure 80% de la production de pétrole, 25% du

80
capital sont sa propriété;
sa part est identique dans le ca-
pital de la deuxième plus importante entreprise d'exploitation,
la Shell-Gabon
(elle réalise 12% de la production nationale de
pétrole).
La commercialisation du pétrole est conjointement
assurée par les sociétés qui l'exploitent et la seule entre-
prise d'Etat qui existe au Gabon: PETROGAB. Créée le 22.06:
1979
(elle est "chargée de la recherche, de l'exploitation, de
la transformation et de la comm~=sialisation du pétrole et de
ses dérivés), cette société contrôle aujourd'hui 25% de la
production nationale de pétrole.
Depuis sept ans,
le pétrole est le principal moteur de l'éco-
nomie Gabonaise sur deux plans pa=ticuliers.
-
Comme nous l'avons vu dans le tableau,
i l par-
ticipa à lui seul,
à concurrence de 42,49% dans la =ormatio~
du P.I.B. Gabonais e!1 1979
(36,5% en moyenne dep'üs 1'1i5); de
plus,
i l fournissait la même année 56,4% des recettes ordinaI-
res de l'Etat, soit la somme de 129,8 milliards C.F.A. ainsi
répartie
împ-ôt sur les sociétés
69.~C8.000.000 C.F.A.
Reèevances
56.900.000.000
Dividendes
3.000.000.000
TOTAL
129.800.000.000 C.F.A.
Sources
Nos recherches sur le terrain.
-
Par le biais de la Provision pour Investisse-
ments Diversifiés
(P.I.D.l. C'est en 1974 que l'Etat Gabonais
et la société Elf-Gabon signèrent la convention portan~ créa-
tion de la "provision pour investissEI08nts diversifi8s" et à

81
laquelle les autres compagnies pétl.'olières seront invitées à
se rallier. Par cet accord,
les compagnies en activité au Gabon
s'engagent à céder une somme dont le montant varie entre l
et
10% de leur chiffre d'affaire. Les so~~es ainsi dégagées sont
propriété de l'Etat
(à concurrence de 65%)
et des sociétés
pétrolières
(35%),
les deux partenaires s'engageant à les in-
vestir solidairement dans des projets qu'ils trouvent renta-
bles. A'ce jour la P.I.D.
a permis la programmation de /.Ll.S de
30 milliards C.F.A. d'investissement.
Parmi les réalisations
auxquelles elle a concourru, on peut citer
-
Gabon Informatique
- La Gabonaise de Laques
(peintures industrielles)
-
La SOSUHO
(p~oduction de sucre)
-
La SOGACEL
(cel:ulose).
Signalons qu'en 1978 et 1379, les dépenses d'explo~ations
pétrolières auxquelles chaque partenaire a contribué
(y co~pris
l'Etat notarrment. par le biajs de PETROGAB)
ont été respecti-
vement de 30 et 40 milliards C.F.A ..
c)
~~_!!!~!)S~!2~~§
C'est en 1951 que 2.es prospecteurs découvrirent,
à Hoanda
(è.ans
le Haut Ogoouê)
un des plus beaux gisements de manganèse du
monde. Actuellement ses réserves sont estimées à 200 millions
de tonnes,
soit le quart des réserves mondiales connues de ce
minerai.
L'exploitation et la corrmercialisation du manganèse de Hoanda
son t: assurées par la compagnie des mines de l'Ogooué
(CO. ;11 . L'lG)

82
qui compte comme principaux actionnain~s l ' U. S. Steel Oversea
Corporation
(44% du capital),
le B.R.G.M. Français
(19%),
la
Compagnie Mokta
(17%)
et l'Etat Gabonais
(10%).
L'évacuation
du minerai est assurée dans un premier temps par un téléphé-
rique long de 76 km (le plus long du monde); puis il est
chargé dans des trains qui empruntent la voie ferrée Congo-
Océan pour arriver à Pointe Noire
(au Congo)
où des minéra-
liers \\'",mportent vers les Etats-Unis,
le France,
l'Allemagne
Fédérale et le Japo~.
Suivant les années,
le manganèse se place au 2e ou 3e rang
des exportations Gabonaises.
En 1979,
son exploitation a rap-
porté à l'Etat Gabonais une somme avoisinant 13 milliards
F.C.F.A. De plus, depuis 1973,
la Co~ilogaparticipé à U:1
certain nombre de réalisa~ions éccno~iques à savoir
la création de la Socié~é Gabonaise de ~iles (20% du ca-
pi tal)
- la création de la Société Gabonaise de Ferro-alliages.'
d)
~~QE~~~!:!'E
Découvert en 1955 à Mounana dans le Haut Ogooué, le gisement
d'uranium Gabollais ne fut exploité qu'en 1961 par la Compagnie
des mines d'uranium de Franceville. Le capital de la COMUF
(de son sigle)
est réparti entre une dizaine d'actionnaires
dont l'Etat Gabonais est le second
(25%),
le principal étant
une société Française, Nokta
(39%)
et le troisième le C.E.A.
Français
(20%).

83
Le Gabon est le sixième producteur mondial d'uranium. Le mine-
rai Gabonais, d'une teneur supérieure à ceux des Etats-Uni.s
.
et d'Australie, est évacué par le Congo
(par camions)
et vendu"
par la COMUF à deux clients, tous Français : Le Commissariat
à l'Energie Atomique
(C.E.A.)
pour 2/3 et le Groupement Uranex
(1/3) .
Quatrième produit Gabonais d'ex~~~tation, l'uranilli~ pourrait,
sous réserve de nouveaux gisements de pétrole, prendre le
relais de ce dernier dans les années 1990 (c'est l'avis des
spécialistes).
On comprend dès lors que l'Etat et ses parte-
naires aient tout récemment investi 12,6 will~ards C.F.A. à
la construction d'une nouvelle usine de traitement du minerai
ainsi qu'une unité de fabrication d'acide sulfurique.
o
o
0
Comme nous pouvons le constater, la vie économique du Gabon
est presque exclusivement tributaire des secteurs miniers et
forestier
(qui fonnent 95,2% des expor-cations Gabonaises en
1979)
(1)
et, compte tenu des nombreuses autres richesses
encore intouchées
(1 milliard de tonnes d'hémaLite à 64% de
fer;
1.200.000 t. de barytine; du talc, du zinc, du plomb ... )
i l est possible que l'exploitation des seules matièrea premiè~
res demeure longtemps encore la "logique du développement
(1)
c.L
"Uu marché 53", 1980, p.57.

84
Gabonais"
(pour reprendre une expression que nous avons retrou-
vée dans un discours officiel).
Ce choix politique ne manque pas d'avoir des
conséquences sur des domaines plus ou moins liés à la distri-
bution commerciale alimentaire. Comme nous allons tenter de.
le démontrer, l'intérêt et les moyens ainsi concentrés sur la'
seule exploitation des produits miniers et forestiers a eu
comme conséquence l'absence,
l'~~suffisance ou l'i~cohérence
de poli tiques relatives au secteur, agricole,
à l ' infrastruct,,\\- .
re de communication, à la promotion de la petite et moyenne
entreprise, au commerce lui-même.
1.
LA POLITIQUE AGRICOLE (1)
Le secteur agricole, celui-là dont les activités ont pour
objet de procurer les denrées utiles à l'alimentd~ion de l'êt~e
humain, est un des facteurs essentiels de pro~otion de la dis-
tribution alimentaire par les natifs d'un pays. En effet, une
production agricole locale suffis~nte, diversifiÉe et de qua-.
lité a, entre autres, pour effet de permettre aux investisseurs
éventuels de s'approvisionner sur place, ce qui
réduit de ~a-
nière considérable les coûts, par rapport à ceux quP. suppose
l'importation de ces denrées réputées très périssables. Il
(l)--NouS avons regroupé dans ce vocable ce qui concerne
l'agriculture proprement dite,
la pêche et l'agro-industrie.

cs
s'agit là d'un atout de premier ordre pour des individus dont
la preoccupation première est,
très souvent, de trouver les
capacites monetaires pour le financement de leur approvision-
nement.
Au Gabon,
la situation de l'agriculture est sans
nul doute l'aspect le plus préoccupant de la vie économique
du pays. La place que ce secteur clé occupe dans le pays est
très faible,
comparativement à ~~ situation au Cameroun,
Sénégal et en Côte d'Ivoire.
1.1. PLACE DU SECTEUR AGRICOLE DANS
L'ECONOMIE GABONAISE
Depuis l'accession du Gabon à la souveraineté politi~le. le
secteur agricole ne
joue pas le rôle de moteur du développement
qu'on est en droit d'en attendre. En dépit du discours politi-
que
(du reste tout réceITIDent adopté)
et des projets ~nclus dans
les divers "plans de développement économique et 50c121"
jus-
que.là établis, chacun peut constater que la part de ce SEC-
teur dans la vie économique du ?a7S demeure plus que modeste.
Le tableau ci-après le montre à l'évidence.

86
'l'ableau
Part du secteur agricole dans le P.I.B. des 4 pays
(chiffres en milliards C.F.A. )
Pays
! P.I.B.
IPart du secteur
Soit en %
agricole
Cé'.meroun
958,1
362,4
37,8
Côte d'Ivoire 1582,472
369,861
23,3
Sénégal
469,1
151,9
32,3
Gabon
622,2
23
3,6
P.S. Les chiffres de la Côte d'Ivoire datent de 1978, les
autres de 1980.
Sources:
"Marchés tropicaux et méditerranéens", nO 1684, 1826
"Un marché 53 et 50", 1980
"Europe-outre-Mer", nO 588-589.
Entre le Sénégal, le Cameroun et la Côte d'Ivoire,
les diffé-
rences, on le voit,
son peu L~portantes (d'autant que les
chiffres du dernier pays cité sent vieux de deux ans par rap-
port aux autres, et quand on connait la vocation agricole de
ce pays, on peut ~aginer qu'en 1980, la place de ce secteur
soit pl.us importante dans le P.I.B.
et donc voisine de celle
du Cameroun et du Sénégal). Par cüntre,
l'écart qui sépa~e
chacun d'eux du Gabon est considérable
(en défaveur du Gabon
bien sûr). Il s'agit donc à l'évidence d'une situation préoc~
cupante car, elle traduit une dépendance alimentaire du pays
vis à vis de fournisseurs extérieurs et ne peut que favoriser
l'intervention de sociétés étrangères,
seules capables de
s'approvisionner sur leurs marchés d'origine ou sur des marchés
voisins é'.u moj.ndre coût pour revendre au Gabon.

37
1.2.
LES CULTUr~S VIVRIERES
La dispprsion des exploitations de caractère très souvent fa-
milial rend difficile une appréciation exacte de la producticn
annuelle vivrière du Gabon.
Néanmoins, des chiffres ont pû être
avancés par le service des statistiques du ministère du plan.
Nous avons
jugé utile de les présenter ~'abord avant d'en fai-
re l'ar~.::.lyse.
Tableau: Production vivrière du Gabon 1979
(tonnes)
Produits
Quantités produites
Nanioc
~ 240.000
Banane plantain
160.000
1
Maïs
9.800
Riz décortiqué
iOO
Légumes divers
21. 000
Ignames-Tarots
126.000
Sources
-
Nos enquêtes sur le
terrain + "Un marché 53"
-
C.F.C.E.,
1980.
Même pour ces produits,
le Gabon est contrain~ de se tourner
vers les pays voisins.
Il convient en effet de signaler que
les quanti tes ainsi prociuites sont à plus de 85~ auto-conson-
mees.
Seuls donc environ 15% sont dirigées vers les zones ur-
",baines de Libreville, Port-Gentil, Oyem, Franceville, ~louila,
---
-
-, Makoko u, etc...
quj.,
ne pouvant bien évider..rnent s'en contenter
pour nourrir leur population sans cesse croissante du fait de'

89
1.3.
LES CULTURES D'EXPORTATION
Pendant un certain nombre d'années
(de 1963 à 1970 environ), ..
le café et le cacao ont 0té des cultures d'exportation agrico~
le fort appréciables. En effet,
la production du oremier cité
avoisinait 1200 t. par an et celle du second s'établissait
entre 6000 et 7000 t.
annuellement.
De bonne qualité, ces deux·
denrées formaient bon an mal an S'lr cette période 2 à 4% des
exportations Gabonaises,
soit environ 5 fois plus que la part
moyenne de l'ensemble des ventes agricoles du Gabon de 1976 à
1979, puisqu'elle s'établit à 0,7%
(c.f.
"Un marché 53"). Mais
depuis 1974, leur situation s'est considérablement désradée.
Certes,
le cacao demeure la principale exportation a:!-imentaire
Gabonaise
(4457 t. en 1979) mais comme on peut le constater,
les quantités vendues ont presque baissé de moitié par ~appor~
aux années 1963-1970. Q'.lant au café,
sa sit'.lation est pire
encore
(269 T. exportées en 1979, soit une haisse de 4/5).
Cette situation s'explique à la fois par une baisse de :!-a pro~
duction et par une dégradation de la qualité du produic qui
laisse de plus en plus à désirer.
Mais ce ne sont là que le~
conséquences de la politique adoptée dans Ce domaine. Certes,
depuis 1976, les pouvoirs publics ont décidé de relever le
prix du kg vendu de café et de cacao. Mais :!-e ~inistère de
l'agriculture n'a pas poursuivi des actions beaucoup plus ef-
ficaces,
visant à relancer quantitativement et qualitativement
la production
(fourniture de semences nouvelles, de produits
chimiques déparasitaires; apport de conseils par des agents

88
l'exode rural,
sont contraintes dTirnporter du Carneroun ou du
Congo-Brazzaville limitrophes. Si la situation est aussi dif-
ficile,
c'est que les pouvoirs publics n'ont pas sû intervenir
notamment sur deux plans
:
- La collecte et le transport des produits vi-
vriers de l'agriculture traditionnelle:
la culture tradition-
nelle du manioc, des ignames,
tarots et même du maïs ?eut,
sinon couvrir largement les besoins des conso~~ateurs u(~~ins
et villageois, du moins permettre de satisfaire totalen,ent les
seconds et de réduire très considérablement les importations
nécessaires pour approvisionner les premiers. Or, i l n'existe
au Gabon aucun système de collecte et de transport èes produits
vivriers
(issus des plantations) mis en place par les pouvoirs
publics, qui permettrait aux villageois d'écouler vers la ville
leur ~upplément de production et les inciterait d'ailleurs à
produire davantage.
-
La mise en place d'une politiq~e voJ.on~ariste
de production marchande.
Les initiatives prises par les ?OU-
voirs publics dans le cadre de la bananeraie de NTo~~ ou de
là rizeraie de NDendé,
trop timorées et assez mal condULt~S
(les 2/3 des crédits alloués servent à cou\\rrir les dépenses
de fonctionnement)
ne peuvent en aucun cas donner des résul-
tats qui,
à
terme, pourraient mettre fin à la situation pré-
sente.

90
techniques de l'agriculture)
telles qu'il les mena entre 1960
et 1967. Dès lors, on comprend que le marché Gabonais conti'nt.;e
à
importer de l'Etranger, y compris de pays Africains tels que
la Côte d'Ivoire ou le Cameroun, des produits finis à base de
café ou de cacao, alors qu'une politique d'encouragement à la
production aurait certainement permis une production plus
importante, laquelle rendrait possible, voire nécessaire la
création d'usines de transformaL~Jn locale
(chocolateries
par exemple)
et permettant aux nationaux qui le désirent et
en ont les moyens, de se lancer à moindre frais dans la dis-
tribution de ces biens.
1.4. L'ELEVAGE
A l'heure actuelle,
le Gabon est approvision~é en viande par
les pays Etrangers.
En effet,
presque toute le. consoIu'iat..ion
de ce produit est assurée par l'Argentine, la France,
le
Zimbabwé , le Tchad et le Cameroun voisin. Certes, les
conditions naturelles
(présence a~ trypnanosomiasme qui dé-
cime le bétail)
et l'absence de tradition pastorale ne sont
pas particulièrement favorables au développement: de l'élevage.
au Gabon. Pourtant, certaines régions
(le Haut Ogooué et la
Myanga)
présentent des avantages naturels pour ce genre
d'activité.
En fait,
le déficit en viande bovine et ovine
dü--marché Gabonais de la consommation tient au fait que les

91
pouvoirs publics n'ont que très tard pris conscience de cette
situation préoccupante. C'est ce qui les amena à créer à
Okouma, un ranch comprenant 12.000 têtes de bétail et 600
ovins. Cependant ce capital animal dont le Gabon dispose
aujourd'hui ne lui permet pas, dans des conditions d'utilisa-
tion rationnelle de son cheptel, une production supérieure
a l'actuelle (200 t. de viande vendues au détail ou à cer-
tains grands fournisseurs ... ),
~~ qui est vraiment insuffi-
sant eu égard aux besoins du marché estimés à 16.000 t. par
an._Pour cette raison, une importation annuelle de 13.000 t.
de viande et 3.000 t. de volaille, réalisée par des importa-
teurs Etrangers aux moyens financiers importants
(hypermarché
MBolo et Score pour la S.C.O.A.; S.O.DU.C.O.; Paris-Gabo~;
Boucheries Bernard et de l'Estuaire)
s'impose. l.es nationaux,
quant à eux,ne peuve~t être que des sous-traitants de ces
fournisseurs locaux
(ils revendent sur les marcnés ur~ains;
de la viande ou des poulets pour le compte de ces derniers)
ou des petits revendeurs individuels,
faute de Doyens
financiers suffisants pour en importer eux-mêmes.

1.5.
LI, PECHE
Les aoo km de côte dont dispose le Gabon sont parmi les plus
poissonneux d'Afrique. De Cocobeach à Dendé, on rencontre en
effet toutes les variétés possibles de poisson, d'ap~ès les
explorations faites par des Chperts du fonds européen de déve-
loppement - F.E.D. -. Pourtant le ma~ché Gabonais connaît un
déficit chronique de poisson frais.
Ainsi à Oyem, Lilll~aréné,
Makokou
et Mo~ila
pour ne citer que ces chefs-lieux de
régions,
i l n'est pas rare que les consommateurs ne puissent
pas,_une à deux semaines durant,
trouver de poisson chez leurs
fourllisseurs habituels.
Dans les centres urbains de moindre
importance,_ ce délai peu s'étendre ~ un voir plusieurs ~ois.
D ' ailleurs,
à Minvoul,
Medounen ou orbibon,
nul c08~erç3~t ~Ien
vel~. En 1979, la production a été de 12.500 tcnnes
(dont BOi
Ofit été absorbées par le seul marché àe Lib~8ville) et n'a pas
empêché llinportation d~ certaines éspèces tels que
.
que ]_'on trouve da~s ~es eaux territoriales.
Il faut en effet
signaler qu'au Gabon la pêche est très mal organisée, pour ne
pas '-ltr.e inorganisl§e.
L'Etat nia pas encore créé de st::-uctü."res
qui permettent aux armateu~s non seulel7'.ent d'exercer leul acti-
vité sans trop de problèmes, mais aussi d'assurer la ",e:l-::'ila-.
tiOfi de leur production de manière équilibrée et efficace sur
toute l'étenàue du territoi~e. Les infrastructures portuaires
spécifiques à la pêche sont inexistantes;
la congélation indus-
trielle du poisson pour un approvisionnement régulier d~ marché
ne peut être pratiq~ée faute d'équipement aa6quQt;
les inira-
structures routières ou ferroviaires pcur l'acheminement du

93
poisson au moindre coQt et dans les d&lais les plus brefs font
dêfaut. Bref même les cinq armateurs actuellement en activité
au Gabon (trois Etrangers dont un est associé à un Gabonais)
n'exercent pas leur métier dans .des conditions qui pe=mettent
la satisfaction des besoins de la plus grande partie du ma=ché,
ce qui rend inévitable l'importation par àes entreprises
(celles qui gèrent des grandes surfaces telle Hyper-Gabon ou
Paris-Gabon ainsi que d'autres importateurs Etrangers)
soucieu-
ses de satisfaire leur clientèle
(en 1979,
le Gabon a ir,\\porté
351.718 kg de poisson pour une valeur de 223.679.661 F.C.F.A.
d'après les statistiques de la direc·cion des De·uanes Gabonaises)
1.6.
L'INùGSTRIE AGRO-ALnlENTAIRE
Peu diversifiée et peu développée,
l 1 industrie. agro-alime~t~ire
Gabonaise ne suff1t pa.3 encore 2. satisfa.ire y'uar~titati~[ement
et qualitativement les besoi~s locaux de ccnso~~tio~ ali~e~­
taire.
Pourtant les pouvoirs publics sont interve!:us dans un
cert?in nombre de
secteurs.
C'est le cas pour les
s~iva~ts :
1.6.1. ~~_f~eE~~~!~2Q_~~_~~~E~
Elle a lieu au Sud-Est du Gabon,
dans la région du Haut-Ogoou§.
Là,
à partir de cannes ~ sucre plantées sur 2000 hectares de
terrain,
la Société sucrière du Haut Ogooué,
créée en 1974 et
dans laquelle l'Etat Gabonais détient 51,09% du capital
(les
autres actionnaires étant les particuliers Gabonais pour 2% et
les investisseurs Etrallgers po~r le reste)
transforme
s~r

94
place la canne en sucre raffiné et. cn assure elle-même la
commercialisation sur tout le te~ritoire Gabonals. En 1979,
la production de la SO.SU.HO a été de 9000 t. de sucre, ce q~~
correspond aux besoins du marché national de 12. consommation
puisqu'ils se situent entre 8500 et 9000 t. par a~. Néalli~oins,
cela n'a pas empêche le Gabon d'importer du sucre d'Europe
(894.336 kg soit une valeur de 43.634.3000 F.C.F.A., c.f • .
statistiques dou2.nieres déjà citées),
la production locale
étant jugée par certains commerç2.nts comme de qualité moindr~,
ce qui du reste conduisit les pouvoirs publics à décider en
198Œ l'interdiction d'importation de cette denrée. COIT~e nous
pouvons nous en rendre compte,
la SO.SU.HO est très certai~€-
ment un cas unique d'initiative des pouvoirs publics visant à
rendre le Gabon indépendant vis à vis de fournisseurs Etran-
gers. En dépit de cela, un problème demeure:
le fait q~e la
production de ce complexe soit presque entièrement "eodue aux
grandes entreprises qui dominent le marché de la dis~rlbation
al~~sntaire et qui sont à 99% étrangères.
Elle a connu au Gabon un essor particulier depuis 1968, date
à laquelle fut inaugurée la première brass~rie du Gabon,
la
SOBROGA (société des brasseries du Gabon), réalisée à l'init~a-
tive de Pierre Castel, de la société Française de "Castel Vin".
Depuis, les affaires ont prospéï~ dans ce secteur et on compte
aU~lrd'hui au Gabon six brasseries et autres sociétés (1),
toutes étrangères
(en d~pit de quelques faibles part~cipations
(1)
Li). SO.BRA.GA plus ses trois filiales de Port-Gentil,
'Franceville et Oyem, ainsi que la SEBOGA et la SO.VIN.GAn.

95
des pouvoirs publics Gabonais)
assurant à la fois la production
et la distribution de bières, vins, boissons non alcoolisées,'
En 1979, la production a été de 549 millions d'Hl de bière et
223 millions d'Hl d'autres boissons
(vins + jus de fruits).
Elle a permis aux clients
(1)
de la SOBRAGA et des autres fa-
briques de satisfaire 90% des besoins du marché en bière et'
boissons non alcoolisées, ainsi que 60% de la demande de vin.
La part restante ainsi que le marché des liqueurs sont couver~s
grâce à l'importation réalisée soit par des représentants ex-
clusifs de certaines marques occidentales
(SO.DU.CO pour les
rica~d et whisky)
soit par les grandes surfaces tels l'Hyper-
marché Mbolo de Libreville, Paris-Gabon, Score,
soit enfin par
les importateurs Syro-Libanais qui par exemple détiennent en-
viron 40% du marché des liqueurs
(d'après les enquêtes gue
nous avons menées sur le terrain).
Dans cette activité prospère, l'Etat Gabonais
siest ccntentê de prendre des participations plutôt faibles
(la plus élevée atteint 10% alors que celle de la SO.BR;.GA
se situe à 5,6%)
ce qui, manifestement ne lui pe=met ~as de
joue~.le rôle que jouent par exemple les pouvoirs publics
Sênégalais dans le même domaine.
En effet,
c'est grâce é
~'in-
fluence de ces derniers qu'aujourd'hui 80% de la production de
boissons gazeuses est distribuée par des grossistes et semi-
(1)
80% de la production est absorbée par des grossistes
(Hollando, Super-Gros; SO.DU.CO, Grossistes Syro-Libanais)
qui
re~~dent aux petits propriétaires de cafés;
les 20~ restants
sont achetés par des corrroerçants Ca~erounais, Béninois et sur-
tout Sénégalais du niveau du commerce moyennement organisé
parmi lesquels Mr Diawara qui à lui seul en absorbe 7%. Les
Gabonais s'approvisionnent pour leur part essentiellement à
Super-Gros.

96
grossistes Sénégalais
(c.f.
DiakhatR déjà cité).
Elle est assurée par la Société d'exploitation des produits
oléagineux du Gabon
(SE.PO.GA)
société au capital de 50 mil-
lions F.C.F.A., détenu à 12% par l'Etat, le reste revenant à
des investisseurs Etrangers. L'huilerie, inaugurée à Lambaréné
en 1970,
transforme sur place les noix de palme des planta-
tions PALMEVEA,
réalisées par collaboration entre les pouvoirs
publics Gabonais et des industriels Français. Alors qu'en 1974,
la production annuelle avait atteint 2000 t . , aujourd'hui,
après un déclin continu dû à une insuffisance de moyens per-
mettant l'entretien des plantations et leur extension, elle se
situe à 900 t . , rendant ainsi inévitable l'iDportation de
3.648.700 litres d'huile par les entreprises étrangères d'im-
port-export installées au Gabon. En ffiôtière d'huile COIT~e en
matière de boissons, l'Etat Gabonais s'est jusque là contenté
de jouer le rôle de partenaire réduit à l'impuissance et peu
attentif à l'évolution des affaires,
si on en juge par la si-
tu~ticn actuelle de quasi-fermeture de PA!~lE\\~~.
Créée en 1970,
la Sociét~ meunière et avicole du Gabon
-
SMAG - dont l'Etat détient 40% du capital
(le reste revenant
aux "Grands Mouline de France" et à qJelques particuliers
Gabonais à raison de 3~) est la seule entreprise de production
et de distribution Gabonaise de produits meuniers. Ses acti-
vités consistent :

97
- en produçtio~ ct vente d'oeufs:
Production en
1978
1348 tonnes,
taux de COèlverture du marché : 70 à 80%.
- cn production et distribution do pain :
Production 1978 :
5423
t.
La SHl'.G gère 9 boulangeries au Gabon
dont 5 à Libreville,
les autres se situant respectivement à
Port-Gentil
(1),
France'Jille
(1),
Lambaré:1é
(i)
et I·loanda
(1)
La SAMG couvre environ 30% des besoins en pain de Libreville
et près de 90% des autres villes.
en production et distribuU.on de pâtes alimen-
taires. production en 1978 : 148 t. Ce chiffre permet de sa-
tisfaire 15 à 20% de la demande locale.
La production de pains et de pâtes est rendue possible grâce
à une production annuelle de farine de IBOaO t . ! partir de
blé importé d'Europe. Quant au déficit
(pour les pâtes ~limen­
taires et les oeufs)
i l
est
couver:-t
grâce à l'irr,!?ort3.tion
réalisée par les sociétés explo~tant des grandes ~urfaces et
autres importateurs Etral1gers déjà mentionnés.
o
o
0
COIT~2 cela est apparu tout au long de cette ana-
lyse,
la production alimentaire Gabonaise se situe à un nivF-.:lu
encore très en-deça des besoins !lationaux
: la production vi-
vrière,
celle de la pèche, de l'élevage sont, nous l'avons vu,
bien insuffisantes; quant à la productjon agro-alimentaire.
déjà peu diversifiée, elle ne .permet même pas encore de couvrir

98
le tiers des besoins alimentaires natinaux. Les Gabonais sont
donc contraints de se retourner vers l'ext§rieur pour leur
approvi.si.onncment, d'où une dépenclélnce quasi-absolue vis à vis
des -fournisseurs Etrangers.
Pour mieux mettre en valeur l'importance de cette
dépendance,
nous avons réalisé un tableau ûes principales im-
portations du Gabon en dehors des pays de l'U.D.E.A.C.
(L'uniOQ
douanière et économique de l'Afrique Centrale est un groupement
économique réunissant le Cameroun,
le Centrafrique,
le Cvngo-
Brazzaville et le Gabon.
Cet organisme fournit au Gabon 10%
de, l'ensemble de ses importations dont 52% sont constitués par
les denrées alimentaires,
c.f. Statistiques de la Banque des
Etats de l'Afrique Centrale).
Il esc très expressif.
Importations éu Gabon hors U.9.E.A.C.
1979
Produits
Valeurs milliards C.F.A.
Machi.nes et outillages
33,1
29,3
ProduiLs alimentaires.
21,9
19,4
Prod ui. ts chimiques
12,2
10,8
'·latèriel de transport
12,1
10: 7
Au tres (1)
33,8
29, J
113,1
100
1
,(1) Autres:
tontes les autres familles de produits
Sources :
-
"Un marché 53"
-
l'Banque des Etats dG
l'Afrique Centrale"
L'importation des produits alimentaires qui re-
pr~serlte près de 20% des achats d~ Gabon 5 l'extéricur l soit

99
le poste le plus important après celui des macllines et outils
(si
lion tient compte du fait que le poste 'IAutres " est un
amalgamé de plusieurs familles de produits)
assure à
85% la
satisfaction des besoins alimentaires de la population. C'est
la preuve d'une dépendance considérable des consonunateurs
Gabonais vis à vis de fournisseu"rs Allemands,
Français, Espa-
gnols,
Ivoiriens ... conséquence économique et sociale d'une
attitude politique qui a toujours relégué au dernier plan la
créatlon à'un secteur agro-alimentaLre dynamique et adapté aux
besoins de la demande.
On comprenà dès lors que le r;-.arché
Gabonais de la distribution soit,
aux niveaux supérieurs et
moyens,
aux mains àes Etrangers Occidentaux, Syro-Libanais, et
aut~es Africains de l'Ouest
(Sénégalais,
Bén~nois) ou du
Centre
(Camerounais),
seuls en mesure de disposer de Doyens
fi~anc:iers suffisants pour leu:- permctt.re de financer
leü.r" ap-
: .-;, .
prov isionne..ment,
et liés par des accoras
spéciaux avec'des
fournisseurs qui sont souvent de 18u5 pays d'origine.
De plus,
c'est ellcore
à eux que
les rares entreprises agro-alimentair~5
locales préfèrent vendre la majeure partie de
leur p~Qduction
car t-~.-il!=3 presentent Ui1e plus grande garantie financière.
Q~ant
aux nationaux,
incapables de supporter financièrement le poids·
d'une im?ortation de masse régulière et ne trouvant pas sur le
marché national de la production les denrées indispensables ~
leur commerce,
ils ne peuvent qu'être absents de leur réseau
de distribution alimentaire.
Cette situation préoccupante pour le Gabon risque fort d'ail-
leurs de persister tant que les pouvoirs publics, plutôt que

100
de cr&er des entreprises d'une capacité de production suffi-
sante eu égard a la demande intérieure, se contenteront de
prendre de temps à autre des participations aux capitaux d'af-
faires étrangères et ce dans des proportions qui ne leur per-
mettent pas d'orienter la politique de commercialisation de
• ces firmes dans un sens favorable à la multiplication de dis-
tributeurs nationaux véritablement organisés.
Ainsi,
il apparait que l'absence des nationaux de la distribu-
tion des denrées précitées résulte largement de la politique de
non-intervention, de "libre entreprise" que nous évoquions
dans la partie introductive à ce chapitre. Seules en effe~ les
personnes, physiques ou morales, q~i ont les reins financière-
ment solides,
c'est à dire en Ïait les groupes ét~angers,
peuvent intervenir et résister sur ce
"marché sauv~ge".
2.
LA POLITIQUE VIS-A-VIS DE Lf'. PETITE ET MOYEN,,);:; El'JTEE?RISE
Il est généralement reconnu que :'obstacle majeur à la forma-
tion d'une classe de véritables hOllL'1leS d'affaires demeul'e, en
pays sous-développés,la très grande difficulté, voir l'incapa-
cité des ressortissants de ces Etats à trouver les moyens fi-
nanciers, matériels et humains requis pour créer leurs propres
ellUeprises. Cette assertion s'appliquait particulièrement au
Gabon au lendemain de son accession à l'indépendance politi-
que.

101
Dans ces conditions, on peut se demander si les Pouvoirs
Publics Gabonais, que l'on peut à
juste raison qualifier de
citoyen "le plus riche
(ce sont eux qui détiennent et gèrent
les ressources financières issues de l'exploitation des ri-
chesses nationales)
et le plus puissant
(ce sont eux qui fi-
xent le cadre et les conditions de l'exercice de l'activité
économique sur toute l'étendue du territoire)
ont pris des
mesures suffisantes pour faciliter l'accès de leurs administrés
aux sources de financement nécessaires à leur insertion dans
le monde des affaires? C'est la question à laquelle nous al-
lon~ tenter de répondre en nous penchant sur les organismes
d'Etat Gabonais de promotion de la petite et moyenne entrepri-"
se commerciale alimentaire et en les comparant à ceux ~es trois
autres pays ici retenus:
le Cameroun,
la Côte d'Ivoire et le
Sénégal. Mais pourquoi la P.M.E.
? Parce que notre propos est
de nous préoccuper de la distribution alimentaire sous sa for-
me organisée, et que la petite et moyenne entreprise est le
point de départ de toute initiative commerciale d2 ce~~e
nature.
Une des résultantes de la politique jusque là
menée par les pouvoirs publics GQ00nais en matière de co.moercc
est l'existence d'un nombre singulièrement réduit d'orga~ismes
charges de la promotion èe la petite et moyenne entreprise et
l'inefficacité de ceux existants. Cette situation contribue
selon nous, parmi d'autres facteurs explicatifs, à rendre
cOmpLe de l'absence des Gabonais de leur réseau de distribu-
tion alimentaire organisé.

102
2.1. AU GABON,
UNE ·STRUCTURE D'AIDE AU
FINANCEMENT ET D'ASSISTANCE FAIBLE
r:;'l' PEU Erp ICACE
Il existe au Gabon un nombre non négligeable d10rganismes
privés, publics ou semi-publics qui ont pour vocation de fin8.n-
cer l'activite économique géné~ale. Nous en avons reproduit
1-)
une liste exhaustive en annexe.
Parmi cette douzaine d'institu-
tions financières ou para-financières,
seules trois,
initiati-
ves des pouvoirs publics, ont entre autres ou exclusivement
pour vocation de promouvoi~ les petites et moyennes entrepri-
ses Gabonaises en général et celles du secteur alime~taire en
particulier.
La C.N.C.R. est un o=ganis~.e d'Etat créé en 19ïO dans le but
spécifique de "s'orier.ter vers le prêt à des Gabonais sn xa-
tiêre d'agriculture, ~l~!evage et de pêche,
secteurs ~a~s 1es-
, quels n'interviennent point les autres organismes de ~inance-
ment_IL. La Caisse nationale pe~t à ce jcur être consièiérép.
dans son espri t,
comme le seul orgarüsme exclusivement o~ .i..enté
vers ur.e incitation des nationaux à la création d'entre~rises
de production et de distribution alimentaire dans les domaines
sus-mentionnés,
ces deux activités étant da~s ce cas souvent
difficiles à dissocier pour des raisons q~e nous verrons dans
una-autre pa~tie de ce travail
(chapi~~e 4).
Dans la réalité des faits,
on ne p8Ut pas dire que la Caisse

103
nationale du crédit rural ait joué le rôle qui pouvai~ être
attendu d'elle.
En effet,
tous les villageois e~ une majorité
écrasante de citadins que nous avons rencontré ig~orent jus-
qu'à son existence et n'ont bien sûr jamais bénéficié de ses
services ou de ses conseils, en dépit d'affirmations contra;i-
res de la part de certains responsables dudit organisme. Quant
aux trois personnes qui ont reconnu avoir reçu des aides fi-
nancières de la C.N.C.R.
(2 dans l'Ogooué maritime et l
da~s
l'Estuaire)
elles affirment que cet apport était quantitative-
ment trop insuffisant eu égard à leurs besoins. Quelles sont
donc-les raisons de ce manque ô'efficacité ?
En depit du caractère émine~lent tecnnique qui, de par les
objectifs qu'elle doit atteindre, est censé être le sie~, la
C.N.C.R.
manque curieusement des outils ~echniques ind~sFensa­
bles à une action efficace.
rlins~, cet organisme public
dispose ni de service d'études susceptible, en autres, de
guider les décisions relatives
à l'utilisation des envsloppes
de crêdit,
ni de pe~sonnel pouva~t soit assur.er l'Ëncajre~ent
des ~romoteurs, so~t tout slinplement jouer un rôle de conseil
en gestion.
En réalité,
la Caisse ~ationale de crédit rural
n'est encore q 1.l'un départe.mer~·t administratif, ur-Ie annexe d1un
ministère
(celui de l'agriculture)
dont les responsables es-
saie~t eux-mêmes d'assurer la bonne marche, c'est à dire le
fonctionnement administratif ct un tant soit peu t~cr.cique.
La C.N.C.R.
Ile dispose à ce jour que d'une agence,
celle de
Libreville.
C'est elle gui su?ervise l'enserr~le des opérations

104
dans lesquelles l'organisme intervient sur tout le territoire
national. C'est aussi elle qui est censée être au fai~ des
problèmes de tous les Gabonais désireux de réaliser des inves-
tissements dans la production et la distribution agricole,
animale ... tâche dont elle ne peut à l'évidence pas s'acquit-
ter aussi correctement que des organismes tels le FO.NA.DER
Camerounais ou l'O.P.E.I.
Ivoirien
(dont nous reparlerons ul-
térieurement) dotés d'agences régionales.
Si jusqu'à présent la C.N.C.A. a plutôt manqué de dyna~isme,
c'es~ aussi à cause du faible volu~e de ressources dont elle
dispose et de l'utilisation qui en est faite.
Cet o~ganisme vit de ses ressources propres
(notaw~ent les
revenus issus de la vente de la production des coopérativES
installées dans l'Estuaire et le Haut Ogooué)
et surtout des
subventions de l'Etat. Or, celles-ci, en dépit de leur accrois-
sement en valeur
(15 ~illions en 1965;
100 millions dix années
plus t<:.rd; 118 millions
(1)
C.F.A. en 1978)
sont demeurées
modigues eu éga.rd à l'étendue des besoins
(2;
réels de 1"
C.N.C.R.
Pour cette raison,
l'ensemble des cr~dits jusque là
alloués par cet organisme ne c'§lève à ce
jour qu'à 400 rnil-
lions C.F.A.
(soit COQITl.e ~ous :e verrons ultérieürerr:ent le 1/10
(1)
Source : enquête sur le terrain.
(2)
Un membre ·du département estimait qu'une subvention des
pou~irs publics égale à 4 fois celle de 1978 permettrait à la
Caisse "d'envisager son action de manière plus réaliste ct sur
un échelon v~ritablem8nt national,r.

105
des crédits distribués par le F.N.C.R. aux citoyens Camerounais
en 1979) chiffre qui du reste n'est pas révélateur de l'effort
réel consenti par la Caisse du crédit rural en faveur de pro-
rnoteurs Gabonais individuels OU associés.
Qui en effet a bénéficié de cette enveloppe financière ? Les
informations que nous avons recueillies nous permettent d'éta-
blir qu'environ 50 millions C.F.A. seulement sont censés avoir
été alloués à des promoteurs Gabonais individuels ou associés.
Le reste,
soit les 7/8 des crédits, a quant à lui été utilisé
pour-la participation de la Caisse nationale du crédit rural
à des investissements
(riziculture,
bananeraie)
qui, pour le
moins que l'on puisse dire,
n'ont pas été de grands su€ces
et
dans lesquels les nationaux sont, non pas des associés au capi-
tal,mais de simples employés. Soulignons enfin que les sa
millions "alloués à des agriculteurs de l'Estuaire, du Woleu-
Ntem, de l'Ogooué Ivindo et à des pêcheurs de l'Oggoué mariti-
me"
~Iont pas été attribués SUL des critères objectifs, et que
les quelques bénéficiaires n'ont jamais été conseillés ou sui-
v~s ~ans la gestion de leu~s affaires, co~"e le sont les
Ivoiriens, Camerounais et Sénégalais bénéficiant d'aides fi-
nancières publiques
(nous y reviendrons tantôt) .
2.1.2. ~~Q~Q:~~Q~
L'Agence nationale Promo-Gabon est un "établissement public
à caractère industriel et cornrnercial, doté de la personnalité
civile et de l'autonomie financière".
Créée en 1964, l'objet
qui lui fut assigné par les autorités politiques était
(et

106
reste)
de "promouvoir la création et le développement au
Gabon d' établissel1'.ents industriels et conunerciaux notamment à
l'initiative des nationaux". Conune on le voit donc,
le secteur
de la distribution alimentaire entre dans les domaines dont
Promo-Gabon doit se preoccuper. Mais,
tout autant que nous
avons pu le constater dans le cas de la C.N.C.R., Promo-Gabon
n'est pas, dans les faits,
un véritable instigateur de la par-
ticipation des nationaux à l'activité économique qui ici 119us,.
intéresse particulièrement. Les raisons pour lesquelles cet
organisme ne joue pas ce rôle sont de plusieurs ordres et voi-
sines de celles expliquant l'inefficacité de la C.N.C.R.
Bien que disposant de quelques "experts"
(3 Européens et l
Gabonais)
qui essaient, quand ils le peuvent, d'assiste~
certains nationaux qui le désirent et de leur fo~rnir dC2 in-
formations notamment dans les domaines de la va~n~rie,
l'ëlectronique et de la constitution des dossiers de demande
de crédits
(on remarquera tout de suite q~e le domaine alimen-
taire est absent de leur compétence),
l'agence Promo-Gabon ne
joue:pas encore dans le pays un rAIe comparable au C.A.P.M.E.
Camerounais, à l'O.P.E.
Ivoirien ou à
la SO.NE.DI Sénégalais2
(l'analyse de l'activité de ces trois derniers organismes nous
le démontrera ultérieurement). En effet,
non seulement le per~
sonnel technique dont elle dispose est en nombre bien réduit
et nanti de competences limitées, mais en plus elle souffre, à
l'i~ge de la C.N.C.R./d'une centralisation très poussée. Il
faut souligner ici que la seule agence de Libreville a la
charge de tout le territoire national ct qu'en conséquence les

107
préoccupations des Gabonais sont mal connues des responsables
de Promo-Gabon.
En définitive et pour citer un des principaux responsables
Gabonais de l'agence,
"Promo-Gabon n'est encore qu'un cadre
institutionnel dont l'action se limite aujourd'hui à Ge simples
opérations épisodiques et isolées d'assistance à quelques
petits entrepreneurs ind~striels et artisans co~~erciaux, faute
de moyens financiers et humains suffisants".
En eIfet, Promo-Gabon ne manque pas seulement d'hommes et ne
souffre pas seulement àe l'unicité àe son implantation géocjra-
phiqùe.
Le~ moyens financiers lui font également ~éfaut. Les
possibilités financières qui lui
sont accordées so~~,
selc~
nous,
loin d'être en Lap9o~t avEC la capacité financière de
l'Etat Gabonais et ~oins encore avec les moye~5 indispensables
pou:- lU:1_ donner une. di:nen.3ion et une acticn véri tableITleni:
nationales.
En 1978,
~2 fonds de Garantie perme~tar.t 2 l'agence
d'avaliser les projets présentés ?ôr des promoteurs Gôbo~Dis
s~éltvait à :!.2C.000.OOO C.F.A.
(1).
A titre de co:nparaiso:1,
les
engage:nC:1ts du fonds d ~ aide dl: FC.NA.DER Camerounais se
~,:'nt
élevés,
la @ême année à 1.628.000.000 C.F.A.
(2) / soit 13 fois
ceux de Promo-Gabon
(3).
En conséquence, cet organisme Gabonais
(lI
Source
: nos enquêtes sur le terrain.
[2) ~·C8 : Rapport d'activité FO.NA.DER, décembre :i.979.
(3~--Mê:ne si cn tient com?te du fait que le Cameroun est envi-
ron 6 fois plus peuplé que le Gabon et donc que les aides du
FO.NA.DER et de Promo-Gù.bon ùoi'Jent être ll'.esurées en tena.nt
compte de cet aspect,
i l apparaît que le Camerounais bénéficie
e,n mOY':~!1nc de 2 fois pll.~s ù'ùrgent prêté par les pouvoJrs
publias
(ou grâce à leur intervention)
que le
Gabonais.

10ë
n'a pO donner satisfaction a des dossiers de demande de prêt
que pour un montant de 46.234.350 C.F.A., ce qui est loin de
correspondre au nombre de dossiers annuellement présentés par
des promoteurs Gabonais.
D'après l'analyse des infoIBations
recueillies par nous'tant auprès de la direction de Promo-Gab~n
que de la chambre de commerce, i l apparaît en effet que c~laque
mois, environ une quarantaine de Gabonais vont trouver les
responsables de l'agence afin d'obtenir d'eux un cancours fi-
nancier pour la réalisation d'un investissement. Certes,~es
dossiers présentés ne sont pas toujours suffisamment soli6es."
Mais-environ une vingtaine de projets, parmi lesquels des pro-
jets d'investissement dans ~2 distribution alimentaire, ~éri-
teraient d'être satisfaits. Ainsi donc,
en dépit d'une part
du manque d'information des G2.~nâis sur les services qs'ils
sont en droit d'attendre de Promo-Gabon, d'autre part de la
lenteur réputée du circuit aQ~inistratif qu'emprunte les dos-
siers autant que des formalicés disssuasives parce ~ue ccmple-
xes et longues
(è.f. annexe'4),o,- peut constater que les
Gabonais prennent parfo~s des initiatives. Malheure~se~ent
p~ur_-eux, sur cent à cent vingt projets annuels présent§s et
acceptables,
à peine une diz3.ine seulement 30nt J:-etenus,
rau te
de ressources financières
suffisantes.
Les b§néficiair~s 50n~
par ordre décroissant les exploitants forestiers,
des prcmo-
teurs spéc~alisés dans l'esthétique
(salons de coi=[urc, par-
fumeries ... ) quelques boulangers et bouchers artisanaux
(1).
(1)
Leurs besoins financiers sont,
nous a-t-on dit, plus aisés
a satisfaire que ceux d'individus èésireux de travailler par
exemple dans l'impoc:t-exl.'Ort alimentaire,
jt.:gé "trop coûteux".

109
A l'6vidcncc Promo-Gabon n'a pas,
compar~tive~ent'
aux organismes similaires des autres pays ici retenus,
les
moyens financiers de son action ou plutôt de sa-vocation.
La B.G.D.
est une "société d'intérêt national".
Créée en 1960
par les pouvoirs publics Gabonais,
elle a pour mission de
"participer financièreILlent et techniquement au développement
économique national". A ce titre, elle entreprend des opéra-
tions de crédit à court, moyen et long tErme pour son propre
compte,
celui de l'Etat
(1)
et celui d'institutions publiques.
Elle comprend en son sein un départeill.Ent "promotion et e.i6.e
à la petite et moyenne entreprise".
Des trois organismes Gabonais censês cODcourir ~ la p~0notion
d'une petite et moyenne entreprise nationale,
se~le la B.G.D.
est décentralisée.
Elle dispos8 en effet, outre le S~èS8 de
Libreville,
de deux agences à l'intérieur du pavs~(?ort-G~nti~
et Franceville)
et chacune d1elles est dotée dT~ne antenne
"credit à
la P.!'1.E.".
Tout· comme le dépa.rter"t::nt cent.ral de
Librevj.llc,
ces antennes apportenc une particiFatio~ finfinciêre
à
un certain nombre de projets préaentê3 par des Gab~nais;
!'lais i l faut pour cela que le promoteur préscnt:e è.cs go.:rantü;s
(1)
L'Etat est 1 I actionn2.i.re pr.i..nc.ipal de la 3.G.D.,
a'/ec
66,41% du capital,
les autres co-propriétJi~es étant ia Cais~2
centrale de coopération économique avec 13,30%,
une DQ~qu8
allemande avec 7,29%,
la Ba:1que cJe3 Etats de' l'Afrique Cencra~
le avec 3,15% et enfj.n la Caisse des dêp0ts et consignations
avec 0,75%.

J 10
financières solides
(disponibilités bancaires suffisantes;
avaliste sérieux, c'est à dire ayant des revenus réguliers et
substantiels) .
Cependant, tout comme les deux organismes précédents,
la B.G.D.
ou mieux son département "aide et promotion à la P.M.E." manque
également des moyens humains indispensables à son action. Ainsi
par exemple, faute d'agents techniquement qualifiés, elle ne
peut pas jouer le rôle de conseil pourtant si utile_pour des
promoteurs qui très souvent, maitrisent mal voire pas du tout
les techniques modernes de gestion des entreprises.
Le total de l'aide accordée par la B.G.D. aux promoteurs
Gabonais de P.M.E.
s'est élevé en 1978 à 165.023.443 F.C.F.A.
(chiffres recueillis sur place et confirmés par le rapport
d'activité pour l'exercice 1978) ainsi répartis
Crédits à l'achat de véhicules utilitaires
82 .ll}.. Clac
- Crédits concernant la pêche
7.061.000
- Crédits à la menuiserie-ébénisterie
18.3~J.. 443
- Divers
57.S10.0ue,
Divers
financement d'équipement de deux restaurants,
l
garage,
l
fabrique de parpaings,
l boulangerie
artisanale,
2 stations services d'essence.
Comme nous pouvons le constater, l'aide apportée par le dépar-
tement "promotion et aide à la P.M.E." de la B.G.D. pour
l'année 1978, dépasse largement les crédits alloués par les

III
deux organismes,
sp~cifiquement chargés d'inciter les nationaux
à investir, même s ' i l est vrai qu'elle dispose de sources de.
financement plus nombreuses et mieux nanties,
tel~es la
B.E.A.C.,
la Caisse centrale de coopération économique . . .
Cependant,
son action reste modeste comparativeme~t par exem-
ple à son homologue Sénégalais,
la Banque Nationale du dévelop-
pement du Sénégal, qui a consacré la même année la sorr~e de
781.122.000 C.F.A.
à la P.M.E.
(c.f. Marchés tropicaux, Spécial
Sénégal,
1978).
Dans cette situation financière relativement difficils, la po-
sition des investisseurs du secteur alimentaire est encore la
moins enviable. En effet,
i l apparaIt que l'essentiel de l:aide
ainsi consentie aux promoteurs nationaux va aux activités qui,
au Gabon,
sont synonymes de sécurité, parce que ir:.!C.édta 'cement
rentables. C'est le cas de la menuiserie, Qes stations d'es-
sence,
du transport utilitaire.
Q1lant aux personnes désireuses
de s'exercer individuellement dans la distribûtio~ ali~entaire,
elles ne peuvent prétendre obtenir de la B.G.D. ~ne enveloppe
de crédit d'un montant supérieur à 750.000 C.F.A.,
si toutefois
elles ont la chance de trouver u]. salarié disposé à leur ser-
vir d'avaliste et agréé par la Banque.
Pourtant,
les résultats de nos enquêtes sur le terrain nous
ont démontré que chaque année,
un certain nombre ùe dossiers
ou projets présentés par des promoteurs alimentaires Gabonais
méritaient, du fait de leur qualité, d'être retenus et de
bénéficier d'une aide financitre importante de Ja B.G.D.

112
(>
(>
0
Comme nous pouvons nous en rendre co~pte, les trois orga-
nismes Gabonais de promotion d'une P.H.E.
à l'initiative des
nationaux sont à la fois insuffisants et surtout inop~rants
faute de moyens matériels
(techniques,
financiers)
et humains
en rapport avec leur dessein.
On va voir maintenant que leü~5
homologues Camerounais,
Ivoiriens et Sénégal~is sont mieux en
mesure d'assurer plus efficacement la promotion des 2.M.E. "dans
ces ~ays.
2.2.
LA PRONOTION DE LJI.. P. M.. E.
Dl'",.l'~S L:::S
TROIS AUTRES PA~'S AFRICAli·IS
a)
~~_ÇQ~~_~:!Y2!~~
On compte dans ce pays ~~ certain
nombre d'organismes c.!:"éés à
l ' initia t i ve des pOU 'loir 5 p'.}bl ics
e~ visant à favoriser la développement d'une P.M.E. Ivoirienne.
Ainsi
:
- L'Office de promotiofi de
llentreprise Ivoirien-
ne,
créé en 1960 dal:s le but de "concevoir et !:lettre en oeuvre
d'lns le pays tou te étude,
ac tian ou interven tiO;l pO'Jvclni.:. con-
tribuer à la création et 'lU développement d\\ent.!:"eprises ir:d-cs-
trW-l.es,
asricolcs ou corrunerciales proprement ivoiriennl':s"
(participation privée ivoirienne supérieure ou 6gale à
51% du
capitLll) .

lU
-
Le Fonds de garantie des crédits nux erltreprises
ivoiriennes. Il il pour finalité de "garantir Jusqu'à 80% les
crédits consentis par des banques à des promoteurs Ivoiriens",
les 20% restants constituant l~ part de risque acceptée par les
banques. Le F.G.C.E.I.
a été créé en 1968 et travaille aujour-
d'hui avec <\\ banques commerciales
(sur 6)
locales.
- La Société nationale de financement.
La SO.NA.?I
a
été cré~e en 1964 avec pour mission de Il participer à la réa-
lisation du développement économiqùe et à sa prise en charge
progressive par des capitaux
Ivoiriens ll •
Pour ce faire,
el12
intervient sous forme de prise de participation dans diver32s
opérations et surtout elle accorde une dotation aux pro~c~eu~3.
natiollaux dêsireux de créer ou de développer leurs prcpres .
affaires.
En définitive on peut considérer q~e la Côte
d'Ivoire dispose d8
6 organismes dE proThction de
la P.~.L.
pui~que la collaboration entre le F.G.C.E.!. et les 4 ~a~~ues
cOTIù-:1erciales correspond, en ::ai t,2. une ~.rolonté de la paT.~ èes
pouvoirs publics de dote~ ces ~a~ques àe àépartements ou an-
t€-J~nès au service dG ?:!:""omot.eu!:' Ivoir ie!i.
b)
~~U:;<'L'!.~E'2~~ :
-
Le Fonds national de dév81oppe..rnent ::ural.
Egûlement c:ppelé IIbanque des pauvres" ou 1I0rganisme de finar..ce-
ment de la révolution verte",
i l a été créé en 1973, e~ vue
de~onner aux paysans individuels ou groupés des aides, fi-
nancières ou de ~oute autre 11ature,
leur permettant de crée!:'
leurs propres affaires".

1H
La Société no.tionale d' investissement.
Créée en
1964, elle est chargée "de mobiliser,
de fixer et d'or-ienter
l'épargne nationale et de favoriser les opérations d'investis-
sement d'intérêt éconorr.ique dans les domaines corr.~erciaux,
industriels et agricoles".
L'Office national de commercialisation des pr-o-
duits de base. Créé en 1976, son but est "d'aider a la réalisa-
tion de toutes les opérations financières,
commerciales, mcbi-
lières et irr.~obilières". Ces opérations couvrent six pr-oduits :
café-"robusta" et lI arabica",
cacao,
coton,
arachide,
r:-a1r;:iste.
Il est un organisme de crédit et de conseil spécialerrent préoc-
cupé de la création d'entreprises par les nationaux.
-
Le Centre national d'assistance aux P.M.E.
Le C.A.P.M.E.
"recense, classe et stimule les ac~ivité~ des
secteurs agricole et co~~ercial, étudie les perspectives
'. d'implantation et les projets éventuels, conseille 183 UI:2-tés
en place au niveau de
llenvironne~ent, du regroupeme~t, de la
gestion générale, de l'approvisionnement en matières premières
orr en équipement ainsi que C8 l'",~oulement de la production".
-
Le Fonds d'èide et de garantie des cr§dits aux
P.M.E. A l'image du F.G.C.E.I., la FO.GA.PE favorise l'acces-
sion des promoteurs Camerounais au crédit b3:1Caire et permet
aux P.M.E. dont la participation privée nationale est supérieu-
re à 51% du capital, d'obtenir des aides directes des banques
prIVées dans les domaines de la formation,
de l'information,
de la gestion, de la tenue de la comptabilité.
-
La Société de d~veloppement du cacao, dont
11 objc t
es t
la Il prcmotio;l de la cui tu cs du caCùQ et sa
CO!llmcrciùli:.3(lt~ion par l(~s C<.lme.coun.-:lis".

115
COIT@e on le voit,
le Cameroun est lui aussi mieux
nanti que le Gabon d'organismes spécialement destinés à la
promotion de la P.H.E. nationale.
c)
~~~s~~~g~! : an compte dans ce pays 4 organismes
d'Etat chargés de la promotion d'une P.M.E. nationale.
-
La Banque nationale de développement du Sénégal.
Creée en 1964, la B.N.D.S. joue un rôle fondamental dans le
domaine du crédit agricole consenti aux promoteurs Sénégalais.
- La Société nationale d'études et de promotion
industrielle et commerciale. Elle réalise des projets d'étude
à l'intention des nationaux qui le dé"sirent et l.eur facilite
l'accès au crédit bancair~ grâce à une garantie fi~ancière.
-
La Société nationale de garantie au commerce.
La S.N.G.C. Sénégalaise est l'équivalent du F.G.C.E.I. Ivoi-
rien ou de la Fa.GA.FE C~~erounaise.
-
La Société financière pour le développement
de l'industrie et du tourisme.
Constitué8 en 19ï4, la Sa.FI.SE.
DIT a COIT@e actionnaire principal l'Etat Sénégalais
(les ban-
qtœs:commerciales étant les autres co-proprié~aires)
Elle
accorde Des prê~s aux investisseurs privés Sénégalais surtout
dans l'activité agro-alimentaire.
Comme on le voit le Cameroun,
la Côte d'Ivoire et le Sénégal
sont mieux nantis que le Gabon d'organismes publics véritable-
me~spécialisés dans la promotion d'une P.M.E. nationale.

11G
2.2.7..
Leur fonctionnement et leur efficacité
-----~--------------------------------
L'existence d'orgallismes publics ayant mission de promouvoir
la P.M.E. ne suffit pas,
le cas du Gabon le démontre,
à assurer
que la mission est effectivement remplie.
Il faut examiner la
façon dont ils fonctionnent,
le volume des crédits consentis,
et leurs bénéficiaires,
le rôle de conseil, d'assistance tech-
nique qu'ils jouent réellement auprès des nationaux désireux
de creer des P.M.E. Nous analyserons d'une part la situation
au Cameroun et en Côte d'Ivoire, d'au~re part la situation au
Sénegal. Si nous avons choisi d'isoler le Sénégal des deux au~
tres- pays, c'est parce que les informations dont nous dispo-
sons en la matière pour ce pays sont moins nombreuses qu'en ce
qui concerne la Côte d'Ivoire et le Cameroun, ce qui n'empêche
pas qu'elles soient de source aussi sûre.
a)
En Côte d'Ivoire et au Cameroun
analysions le fonctionr.ement de Promo-Gabon, cle la Caisse
Gabonaise du crédit rural ou de département "aide et prcmotion
à ...J.iCP.M.E." de la Banque Gabona; se de développe:;ler.t,
les orga-
nismes Gabonais se contentent d'a~porter, de te~ps à autr8s,
une aide matérielle
(essentiellement financière), du reste
réduite,
à quelques nationaux.
L'assistance des experts de
Promo-Gabon est si limitée, du point de vue des sect(;UrS cor,-
cernés
(vannerie,
électronique), qu'elle est très peu signifi-
ca~e. A l'inverse, au Cameroun et en Côte d'Ivoire, certains
organismes ne se limitent pas à cet apport finallcier et/ou
d' cquipcment aux promoteurs autochtones,
ni à une aide c'n vue

11"1
de leur permettre d'y acc&der.
Ils leur apportent égaJ.emcnt,
et ce de mani8rc dive.rsifiée ct continue,
l'expérience ~eçhni-
que et humaine èont ils ont tant besoin.
Ainsi en Càte drlvoir~,
une fois l'entreprise installée,
l'Office de pro~otion de
l'entreprise Ivoirienne n'abandonne pas son promoteur. I l le
suit dans la gestion initiale de son affaire.
En effet,
le
promoteur dont la réalisation de l'investisseRent est faite
avec le concours de l'O.P.E.l. et qui le sollicite csc ai.dé
dans la r.ü se en place d' une cODptabili té et dans la !:echerc~"J.e
éventuelle de marchés. De ~ême au Cameroun,
le
d'as~istance aux P.M.E.
(C.A.P.M.E.)
conseille les promo~eur5
et assiste les unités en place am: niveaux de l'ar?iovision~~-
nent en matières premières on en équipenent f
de la gestion gé-
de la distribution des produits sur le march§ de la
demande.
Ce suivi assuré par les organismes Ca~ercun~is et
Ivoirie~ ne peut q~e rendre pl~s efficace e~core leur actior. ê:
cncouraser e~core p~us les initiatives individuelles, cantrai-
rement au Gabon où cette démarcfle est inus.itée.
treprisp. lvoir~enne compte à ce Jour cinq èé16gations èont 4
sont implantées en province
(30~ake, YODOgO, San Pedro et Man)
et jouissent chacune d'une relative autonomie pa~ rapport a
l'agence centrale d'Abiàjan
(gestion dtune e~veloppe d~ créàit;
prise de décisions locales en matière d'octroi de crédits aux
pos-b-l-ants i
p;:ê sençe ct' au ,noin s ~ne per SO!lne en ma tiÈre de
conseil en gE..:stion).
Le FO.NA.DER Camerounais dispose qU2.nt 2.
lui de quatre agences provinciales
(Garou?,
Douala, Ba~oussan

118
et Bamendil)
et de o.eux bureau):
(l3c=rt01Jil et Kumba).
Cet.te àé-
centralisation qui
fait
tant d~faut aux organlsn!es Gabonais
permet une meilleure connaissance des besoins des nationaux en
ma tière de moyens financie rs,
techniques 1 ma tér 1els,
hlLrr.alns et
par conséquent rend possible une politique de promotion plus
adaptée aux réalités nationales. De plus elle présente l'avan-
tage d'évoluer vers une espèce de répartition
nationale des
chances d'accès à l'investissement,
alors qu'au Gabon seuls
(ou presque)
les habitants de Libreville e~ Port-Centil bfnéfi-
cient de ce privilège
(il est vrai réduit).
organismes publics Ivoiriens et Camerounais de ~r~motio~ de l~
P.M.E.
ont appor~ê aux investisseurs nationaux u~e aide
cière ne~tement supérieure â celle dOIlt bénêficient les
Gabonais. Ainsi depuis sa cr§ation, en 1968, le fonds de ga-
rantie des crédits aux entreprises Ivoiriennes a accordé son
aval aux promoteurs nationaux par un eng~gement sl~levant en
fin 1979 à 2.698.020.303 F.C.F.A.
(1). La SO.NA.rI quant à &11e
ù~~cordé aux investisssurs Ivoi~Lens une dctation pour la
promotion de
la P.~.E. q~i s'est elevée,
de 1965
à
197:,
à
69.801.148 F.C.F.A. Au Cameroun,
le fonds national d2 déve10p-
pement rural a distribue aux promoteurs Camerouc.ais la sonune
(1)
Source:
"Fraternité Hatin", 10.05.1980. Le chiffre de 1978
êtait de 2.147.821.130 F.C.F.A.
Une.-compùraison uvee le fonds de garantie d." Promo-Gabon 8:1
1978
(120.000.000 C.F.A.)
montre que même si l'on tient compte
de l'écùrt de population
Cà l'époque la Côte d'Ivoire es~ env~­
ron 6,5 fois plus peuplée que le Gabon),
l'aide reçue du
F.G.C.E.I. par chaque Ivoirien est presque égale à
3 fois celle
qu'un Gabonais peut attendre de
?romo-Gabon ..

119
de 3.500.000.000 F.C.F.A.
(1)
pour la seule .:.innée 1979, ce gLli
constitue,
convenons-en,
une
sérieuse aide
~ la promotion ce
la petite et moyenne 8ntreprise de ce pays notar,unent dans le
secteur gui ici nous interesse particulièrement
(il il perçu
61% de ces crédits) .
b)
~~_~~Q~g~! : Comme nous le soulignionsantérieu~ement,
i l existe dans ce pays trois organismes publics
(le quat~ième
est semi-public)
dont l'activité est entièrement consacrse à
la promotion de la P.M.E. et donc à
l'insertion des Sén&g~~ais
dans-la vie êconomique en général et
la dist~ibution alimentai-
re en particulier.
De ces t~ois, la SO.NE.01 est celui q~i a
un rôle de conseil aux promoteurs. Les deux autres par contre
ont essentiellerL1ent ~n :côle de tailleurs de fonds
(mê.I~.e 51 il
est vrai_qu'ils prodig~e~t aussi des conseils en illatièr~ ~e
comptabilité).
~insi la SO.FI.SE.DI7 a distribuê à la ~i~ du
mois de septembre 1976 la somme de 1.593.COO.COO F.C.F.?. (::;.
de crédit aux
investisseurs Sénégalais.
Pour sa part,
i2 Sa~qu2
nationale pour le développement du Sénégal, dans laqGel~e,
rappêlons-le,
l'Etat Senésa1ais détient 72 / 91% cîu capi.ta: et.
(1)
Source
:
l' ~arché3
trocice.ux et médi terr-a:1éens Il,
ï . : l .1980.
Une fois de plus nou s con~ta tons qu' ea ciépi t du fai t q'~e la
population C.J.:nerounaise est environ Sl.X ::ois Flus noncreuse q-..:e
celle uu Gabon,
le FO.NP,.DER Camerounais peut fourair pour la
seule année 1979
presque 9 fois plus d'argent à
1
Cl13cl1n
de ses
pro~oteurs gue la C.N.C.R. Gabonaise dent l'ensemble des cré-
dits allouès el] 1979
se chiffre,
rappelons-le,
à 400.800.0CO
F . C.}· . A.
(27-5ûurcc:
IIHarchés tropicaux et frléditerrùnéens ll ,
lï.02.19ïS.

120
qui dispose, outre le siège de Dakar, de six agences régiona-
les respectivement cl Thies, Saint-Louis, Diourbel, Kaolack,
Tamba Counda et Zinguinchor, a accordé en 1979 aux promoteurs
nationaux du secteur agricole la somme de 962.000.000 F.C.F.A.
(1), alors que son homologue Gabonais
n'a pas consenti la
même année un centime aux promoteurs nationaux de ce secteur.
o
o
0
Nous-sommes conscients des difficultés qui entravent et Dêne
compromettent les actions de promotion de la P.~.S. dans les
quatre pays qui constituent notre chanp de recherche.
Nous
citerons entre autres
En amont
-
l'importance limitée des moyens fina~ciers des
organismes de crédit
-
la multiplicité des sous-secteurs ào"t ils
doivent souvent se p~éoccuper, ce qui dilue leurs efforts
et en aval :
-
une information insuffisante des citoyens
(quand elle existe)
sur les possibilités de crédit auxquelles
ils peuvent prétendre
(1)
Nous n'avons pas pG obtenir d'information sur ce sujet
notamment en ce qui concerne les crédits alloués par la
B.N.D.S. avant 1979.
Il )Source :
"~larchês tropicaux et médi terranéens", 7 .11.1980
+ nos entretiens avec des responsables de la délégation
économique Sénégalaise cl Paris,

121
- des formalités administratives préalables a
l'obtention du crédit souvent longues et donc dissuasives
-
l'absence d'un cadre juridiquequi apporte aux
promoteurs nationaux une certaine sécurité face aux sociétés
commerciales etrangères bien organisées et nanties de moyens
financiers importants.
De même nous reconnaissons que 12s organismes Ivoiriens,
Camerounais et Sénégalais présentent entre eux des différences
parfois significatives. Ainsi par exemple,
i l apparalt que les
efforts consentis par le Fonds national de développement rural
du Cameroun pour l'année 1979 sont à eux seuls supé~ieurs aux
engagements de fonds du F.G.C.E.
Ivoirien pour ses compatriotes
sur dix ans, alors que l'organisme Camerounais est de créatio~
plus récente que celui de Côte d'Ivoire. Toutefois, le cas du
Gabon se distingue nettement de celui des trois autres pays
par la faiblesse des moyens financiers,
techniques,
h~~ains
consentis pour la promotion de P.M.E. nationales, et l'inadé-
quation des structures roises en place pour ce faire. A l'in-
versé-de ce qu'on note en Côte ~'~voire, au Cameroun, au
Sénégal, les nationaux Gabonais sont peu encouragés a crée~
des entreprises notamment de distribution alimentaire, peu
aidés au plan financier et quasiment pas à celui de la gestion,
des approvisionnements, de la recherche des débouchés, en un
mot dépourvus du soutien indispensable pour faire face a des
soe-±-êtês étrangères de vente alimentaire bien organisées,
solidement implantées, financièrement puissantes et bénéficiant
de surcroIt, elles, d'aides publiques sous diverses formes.

Cette situation concourt_ grandement,
selon nous, ii expliquer
l'absence des nationaux des circuits G~bonais organisés de
distribution alimentaire.
Joue dans le nlême sens la politique des pouvoirs publics en
matière d'infrastructure de cor,U'lUnicatior. que l'or. va mainte-
nant examiner.
3.
LA POLITIQUE EN MATIERE D' INFRl,STRUCTURE DE COIll'!UNICATION
Depuis 1960, l'infrastructure Gabonaise de comIau:1ication :'. 'a
pas connu de grande évolution dans son étendue comme dans sa
qualité,
comparativement à la sitllation er. Répuolique Ur:ie du
Cameroun, au Sénégal cu enco~e e~ Côte d'Ivoire. Q~ peu~ com-
prendre cet état de fa~t dans la mesure oQ les choix économî-
gues opérés par les nouvelles autorités politic~es d~ Gabon
souverain ne nécessitaient pas la illise en place d'U~ ~éseau de
corr~unication routière ou ferroviaire développé.
-
En effet 1
aujourd 1hui comme hier 1
Il açclerrcineI!'.ent
aes billes d'Okoumé,
principal bu:s actuellement exploité au
Gabon
(en moyenne 9],02% de la production Gabonaise ~ep~is
1975)
se fait par la voie fluviale.
Les billes reliées entre
elles par un système de cordage métallique, descendenr
l'Ogooué depuis les chantiers d'exploitation
(0" leurs abords)
jU~illJ.·à Port-Gentil où elles sont,
soit embarquées sur des
bateaux pour d'autres destinations,
soit travaillées sur plac0
à
l'usine de déroulage.

123
-
De mêIT.e l'évacuation du raangan~se de Moand;),
., lieu de production; à Pointe Noi:::e, port d' emba:::-quemeut de cett.e
~ matière première exportée à 98%)est assurée par le téléphérique
le plus long du monde
(76 km)
construit en pleine savane alto-
govéenne. Quant au pétrole, exploité dans la yégion de l'Ogooué
maritime, i l est chargé sur place dans des tankers géants qui
l'emportent vers les Etats Unis
(le principal client Gabonais),
l'Argentine,
la France,
le BYésil, Gibraltar,
la RéF~blique
Fédérale d'Allemagne,
le Chili . . . L'uranium enfin est évacué
à partir de Mounana dans le Haut Ogooué par des camionsjusqu'~
PoinEe Noire au Congo.
A l'évidence,
l'exploitation de ces quatre produits dont nous
avons signalé l'impor~ance dans la vie économique du Gabon
(c.f. introduction Ile partie)
s'accoIT~mode ë.es moyens de tyans-
port jusque là utilisés paur leur commercialis2tic~. Ceci
pû qu'entraver le développenent de moyens de trans?oyt de
classique,
à
savoir
le ré3eau routier et le r~seau ferroviai=e,
comparativement à la situation iJU CêJl\\eroun, Sénégal et er. Côte
ct ~IvClire.
Or l'existence d;une infrastructu~e routière suffisante ct àe
bonne qualité,
combinée avec celle d'un réseau feyroviaire,
conditionnent profondément le développement économique à'un
pays et particulièrement la pratique ceurante par ses ressor-
tis~nts de l'activité de distribution alimentaire organisée.
En effet elle permet :

124
s'ils sont sûrs de pouvoir acheminer leur marchandise vers les
ccr,tres urbains ou simplement de les vendre à de gros achetet;rs
ambulants, produisent certainement en plus grosses quantités.
Les commerçants nationaux peuvent alors acheter sur le ;narché
local des denrées telles la banane,
les tarots,
le manioc, qui
leur revien~ent bien moins cher gue celles importées
(ils n'on~
pas à supporter de frais de douane;
les frais de transpo?"t-. sont
sans commune mesure avec ceux occasionnés par des importaticns;
i l n'y a pas de transit à payer ... ). L'approvisionnement des
commérçants ne nécessite pas alors de mobiliser des moyens de
financement importants, comme c'est le cas dans la situation
actuelle au Gabon.
- de réduire les délais d'approvisionneme~t : Très
souvent, l'approvisionnement des centres urbains Gabonais en
certair.es denrées tr8.ditioi1l1elles
(naEioc,
"tarots,
légl.Ene.=:,
banane plantain) ou d'importatiol: (poisson,
viande et autres
produits frais)
est rendu difficile par des délais trop longs
d'acheminement des narchan~ises réputées périssables. Ainsi par
exemp1:e le convoi d'un stock de produits carnés de LibreVille
à Minvoul
(soit près de 650 km)
nécessite actuel~ement quaran~e
huit heures, période pendant laquelle les denrées,
transportées
dans des conditions inapprop~iées à leur nature,
s'abi~ent fa-
talement
(quand elles arrivent à bon port). Certes,
l'emploi
de camions frigorifiques résoudrait en partie le problèIne. Mais
en~ faudrait-il avoir les moyens pot;r en acheter e:o nombre
suffisant par rapport aux stocks à acheminer dans une région
. déterminée. chose que seules le·s gr.ande~' compagnies àe

125
üistribution peuvent act~iellement se permettre.
Un réseau rou-
tier de bonr.e qualité permettrait certainement d'inverser cette'
situatiôn qui,
à l'évideI:.ce,
n'est pas de nature-à inciter des
petits promoteurs Gabonais
(entendons par là sans expérience
et aux capacités financières modestes)
ail commerce alimentaire.
- de rêduire les coûts de transport
: En ce moment,
le moyen ùe transport le plus utilisé au Gabon pour acheminer
les denrées alimentaires particulièrement périssables
(telles
la viande,
le poisson frais,
la volaille, le la~t frais,
les
beurres et fruits)
de Libreville vers certaines villes de
l'Intérieur
(essentiellement quelques quatre ou cinq chefs-
lieux de provinces + Moanda)
est l'avion. Rapide et sûr
(les
risques de volt
de déperdition par accident sont pou~ ainsi
dire nuls)
il permet aux CŒ11lnerçants de dispatcher leur ma):"-
chandise vers ces centres dans des conditions accept~b18s de
qualitê et de temps. Mais le coût de transport aérisn est
êlevé
: le kilo de marchandise,
acheminé par cette vGie,
cofite
2000 C.F.A. contre 65 F.C.F.A. par route. Là encore,
i l faut
donc avoir des moyens financiers importants pour prétendre
utiliser régulièrement l'avior~ pnnr les opér2.tio~s d'a.pprovi-
sionnement du marché intérie~r, C8 qui nlest pas,
on s'en ~ou~
te,
le cas des Gabonais qui seraient désireux d'exercer leur
activité dans ce secteur. Un réseau routier et/ou ferroviaire
de bonne qualité et recouvrant la majeure partie du territoire
permettrait, du fait de son coût qui serait encore plus bas
que maintenant, de pallier cette situation, et constituerait
un êlément d'encauragemcnt des nationaux à la distribution
alimentaire.

126
-
d'élargir
est courant d'entendre
des responsables publics justifier l'absence des Gabonais de
la distribution cOffi2:nerciale alimGntaire en arguar..t du fait. que
de toutes les façons,
le Darché est à un tel point saturé et
étroit que ceux qui y exercent suffisent largement à le faire.
Les Gabonais àevraicut en conséquerrce se tourner vers d'a~tres
secteurs d'activité.
La présence s~r ce territoire d'un réseau
routier pratiquable toute l'année et aesservant la fr2ng~ ~e
population vivar..t hors des circuits de distributicn ~archande
permet-trai t
à des conunerçants nationaux d' expIai b2r ces nou-.
veaux creneaux et àonc de contourner l ' o~stacle précéde~TL.-rlent
evoque4
Il convient en effet de soulign~r ici qulGnvirorr 70%
de la popul~tion Gabonaise
(essen~iellement des vil~agecis
mais aussi des habi~ants de certai~es petites· villes)
demeure
çO~lffi€rc~J.lement inexploi té.ll! 9a:c les circuits rr.octernes oe :1l5-
tribut.ion aliIlLentaire, e~ Çf-J.e s:;.. cette frange du ma=ché rte
dispose pas aujou.rd 1 hui oe ressources import.a.nt.es 1
c'est jtiste-
ment fat:t:e de débouchE,s pour 183 produits S'..l 1 elle pe:J t
r;f.rrir
aux consorrlJnat'2'...1rs u~ba.ins.
Les transport3 routiers p~ésen~ent e~ Afri~~e ~oire un grand
interêt :
leur extraordin~ire souplesse.
de locomotlon qui pre~d les [tres eL Les ~archandises là cft ils
se trouve.nt,
les déposent exact02i71ent à. leur destj_natiof'.1._
ef-
fect~e le5 d~plac~illents selon des itin€rai~es choisis,
5 la
vitesse desirèe et en effectuant tous les ar~2ts inte~~éàiai-
res requis.
Il n'est contraint ni à des horaires de d&part r~~
gourcux,
ni a des peints et des dur6cs ~e station~em~nt fixes

J27
Quant au chamill de fer,
i l présente ~ur le continent de bien
grands atouts, particulièrement pour l'acheminement rapide de
produits pondéreux ou périssables ainsi que pour-Te transport
des êtres ht~ains. Co~~e on peut s'en aperoevoir, l'utilisation
combinée et rationnelle de ces deux moyens de transport ne
peut qu'être un facteur essentiel de développement de l'activi-
té èconomique en général et de distribution alimentaireorga-
nisèe en particulier. Mais cela ~uppose la présence sur le
territoire de l'un et l'autre réseau ainsi que ~'application
d'une véritable politique de coordination dans l'usage des deux
réseaux.
En dépit de tous ces éléments qui mettent en va-
leur le lien indissociable entre la promotion d'une distribu-
tian alimentaire par les n~tiona~~ et l'existenc8 d'ur. réseau
de cOIT~unication étendu,
en bon état et accessible à ~ous(
les
pouvoirs publics Gabonais n'ont pas déployé, de 1960 à aujour-
d'hui,
les mêmes efforts que leurs homologues Ca..,erounais,
Ivoiriens ou Sénégalais pour doter leur pays de ~oyens indis-
pensables à la circulation des êt~es et des choses.
3.1.
UNE ItiFRASTRUCTURE ROUTIERE INDIGENTE
Pour mieux mesurer le degré d'initiative des pouvoirs publics
Gabonais en matière d'infrastructure de communication routiè-
re, i l nous a semblé judicieux de procéder à la réalisation
préalable d'un tableau comparatif avec le réseau des trois

128
autres pays ici retenus pour notre ~tude.
Tableau':
Les Réseaux routiers Camerounais,
Ivoiriens,
GaboDais et Sénégalais en 1978
(km)
Pays
Superficie
'"<oute s
,Rou tes
,
TOTAL
(km2)
Ibitumées
secon-
,daires
!
Côte
d'Ivoire
322.500
3.000
17.500
26.500
47.000
Cameroun
474.000
2.467
12.488
15.212
30.167
Sénégal
197.000
2.986
5.040
8.274
16.300
Gabon
267.667
439
2.060
4.583
7.082
P.S.
Les routes principales en terre sont couvertes de
cailloux et pratiquables toute l'année.
Les rout2s
secondaires ne sont accessibles que 6 à 8 ~ois l'an.
Sources.
M.T.M.
-
"Un marché 53"
- Mani teur du commerce Africain,
spéci6.1 Cê~e ci t I~~Toi~e
- Annuaire statistique de la banque mondiale,
1979.
- Enquêtes sur le terrain
(pour le Gabon) .
Ce tableau à lui seu~ est très expressi~. Certes
i l fait apparaître des écarts significatifs entre le CamEoroun,
le Sénégal et la Côte d'Ivoire. Ainsi par exemple,
la Côte
d'Ivoire, à peine deux fois plus étendue que le Sénégal et
moins vaste que le Cameroun dispose d'une infrastructure rou-
tièLeégale à presque trois fois celle du pays de Senghor et
supérieure à celle du Carneroun.
Cependant chacun de ces trois
pays est de loin mieux loti en-infrastructure routière que le

129
Gabon
:
J.e Cameroun,
J peine deux
fois
pl.llS VJste que
le Gabon,.·
dispose d'un r&seau routier 4 fois 1/2 sup~rieur. Quant a la
Côte d'Ivoire,
grande comme une fois c'.: demi le Gabon,
son
réseau dépasse de
7 fois
celui du pays d'Afrique Centrale.
Le:
Sénégal enfin, moins vaste,
dispose d'un nombre àe km de·route
égal à 2,3
fo~s celui àu Ga~on. La différence entre le rés~au
routier Sénégalais
(le plus faible aes trois en nombre âe km)
et celui àu Gabon est, on le voit de ta"-lle. ~lais comment ex-
pliquer les écarts ainsi constatés?
Il ne nous se~ble pas très sérieux de retenir
l'argumentation traditionnelle reposant sur l'assertio~ selon
'Î'lM.
laquelle le climat et la végétation àu Gabon seraientvco~pati-
~les avec la const~uction dans cet espace géographique, dlune
infrastructure
routière de qualité.
La végétation àu C~~eroun,
celle de la Côte d'Ivoire
sont en effet en grande pa~tie tout
ac.ssi l:.:xuriantes et hostiles 2. l'être hUIT.air. que celle è14
Gabon,
ct cela n'a pas expêché l'implantation ja~s ces ?âY~
de réseaux routiers ro~t app~éciablGs et dont une grande partie
(45% en Côte d'Ivoire,
49% et 48%
respecti':ement au Ca::-,e~Oll':1.
e.~ Sj.négal, CO!1tre 35 peur le Gabon) pe0.t être util.is~e r0ute
l'qnné8. En Îa~t, le problè~e tient Essentiellewent ~ la volon-
~olitique. Les pouvoirs publics Gabonais n'ont pas jusqüe
la dOr'lné a'.lX or'Janismes compétents les mo):"ens requis pou;: une
action effic~ce de développement du réseau ro~tier, eu êgard
à ce qui s'est fait dans les trois autres pays.
Ainsi par
ex El;ilpl e , de 1975 à 1979,
les autorités Cilme~ounai.scs ont in-
vesti 45.000.000.000 F.C.F.A. àans la construction et l'entre-
tien des routes et les pouvoirs publics GabOllais

130
19.200.üOO.000 C.F.A.
sur la même période, soit plus de deux
fois moins. Aut:!:e exemple: la Côte J'Ivoire consacre annuelle'-
ment,
et ce depuis 1977,
45.000.000.000 C.F.A.
pour le déve-
loppement de son infrastructure routière.
soit autant que le
Cameroun en 5 ans et deux fois et demi le total des investis-
, sements du Gabon dans ce dom<'.ine sur la période 1975-1979.
3.2.
UNE INFRASTRUCTURE FERROVIAIRE NAISSANTE
Le ~seau ferroviaire est encore au Gabon à l'état elilbryonnai-
re. Le projet de construction d'un chemin de fer au Gabon date
de la seconde période coloniale. Sans cesse reD.L3 ~ de",ain, ce
n'est qu'en 1969 que la décision d'entreprendre les premiers
travaux fut prise pour les pouvoirs publics Gab~nais.
Pour les mêrr.esraisons que celles attenantes li la cons-cL'"ctior.
des routes, mais aussi à cause d'un mangue de rigueur dans
l'organisation des travaux relatifs à ce projet
(les ét~des
d~ ~~ctibilité et d'opportunité ~nt dû être menées 4 fois de
1960 à 1970). le transgabonais a posé et pose encore des Jif-.
ficultés énormes aux pouvoirs publics pour sa réalisation et
nécessite des investissements gui ne le sont pas moins
(250.000.000.000 F.C.F.A. pour la première tranche de travaux
c' est à dire 1,,- cor.struc tion de l'axe Owenào-Boué-·Pranceville;
elle sera financée à 35% par le Gabon,
le reste des dépenses
devant êt.re supporté par un Consortium internatlonal composé

131
du Fonds européen de développement, dc la Banque Africaine de
développement, de la France,
la R.F.A.,
l'Italie,
le Japon,
l'Algérie,
le Maroc, le ZaIrel. A ce jour, seul le premier
tronçon,
long de 182 km, a été mis en service
(le 27.12.::'9781.
Certes cela constitue en soi un actif à inscrire au bilan des
initiatives positives prises par les pouvoirs publics Gabonais.
Mais comparativement au Cameroun, Sénégal ou à la Côte d'Ivoire,
on ne peut s'empêcher de constater que là encore l'ampleur des
efforts d~ployés n'est pas le même et que le Gabon aCCllse un
retard important.
Le Cameroun dispose en effet, à ce jour, de 1140 km de rail.
S'il est vrai que de ce potentiel ferroviaire près de la moi-
tié
(518 km)
date de la période coloniale,
i l n'en demeure pas
moins que de 1964 à 1974, 622 ~, de voie ferrée ont été cons-
t.rui ts à 11 ini tiati ve àes pouvoir 5 publicss du CaTr.eroun incié-
pendant. Pour sa part la Côte àllvoire àisPQ3e de 553 klli de
rail dont envi~on 400 sont U~ ~egs àe la colo~isation (e~core
que l'Etat Ivoirie~ ai~ dû procéder à jes travaux de réfQction
à~ce:rê~9au entièremeht f1nancé~ par lui)
e~ le reste le
fruit de l'action des seules autorités ?clitiques. Le Sénégat
enfin compte à ce jour 1l36k,;; de cherr.in de fer dont 536 ont vu
le jour depuis l'indépendance politiq~c de ce pays.
o
o
0

132
Qu'il s'agisse de l'infrastructure routière ou du
réseau ferroviaire,
i l apparaît que les efforts déployés par
les pouvoirs publics Gabonais de 1960 à 1980 sont inférieurs à
ceux des trois autres pays Africains,
si l'on en juge par les
résultats obtenus ici et là.
En effet,
face au Cameroun,
à la Côte d'Ivoire et
au Sénégal, le Gabon dispose d'un réseau de communication ter-
restre indigent, même si au cours des cinq dernières ann€~s on
a pu noter, en matière ferroviaire, une certaine volonté des
pouvoirs publics de rattraper le retard accumulé.
Cette situation, on s'en doute,
a des effets
d'entraînement, des répercussions sur la production alimentai-
re
(artisanale et industrielle)
nationale,
l'approvisionnement
des cOIT~erçants pour ces denrées, celui en retour des popula-
tions urbaines et rurales du Gabon, en un mot la pratique de
la distribution alimentaire organisée par les nationaux.
L ' insuffisance enco=~ trcp marquée de voies àe coœ~unicatian
accessibles à tous explique donc elle aussi en partie l'absence
des Gabonais du commerce marchand alimentaire aux niveaux gros,
derni~gros et détail organisé de leur circuit de distribu~~~n.
4.
J~ POLITIQUE EN MATIERE DE CO~~!ERCE
Nous avons vu dans les trois chapitres précédents
qu'en ne favorisant pas le développement d'un secteur agricole
dynamique, en ne dotant pas les organismes publics de promotion

133
de la P.M.E. des moyens financiers,
techniqucs,
humains utiles
pour une action efficace et qu'en ne créant pas une infrastruc~
ture de communication suffisante et accessible à tous, la poli- .
tique jusque là mise en oeuvre par les pouvoirs publics Gabonais
n'était pas de nature à favoriser le développement d'un réseau
de distribution alimentaire à l'initiative des nationaux.
Dans ce dernier chapitre, nous nous attacherons à
démontrer que la politique directement appliquée au secteur du
commerce n'est pas davantage de nature à mettre en place des
conditions favorables à une intervention efficace des Gabonais
dans-ce secteur clé.
4.1.
LE COMMERCE ALI~ŒNTAIRE
GABONAIS A LA
-
---~-
VEILLE DE L'INDEPEr\\DANCE
(1)
Deux traits essentiels carac~érise~t le ço~mcrce alimentôire
Gabonais à la veille de l'indépendance politiçue de 1960 : un
appareil de distribution réduit, pou~ l'essentiel aux mains
des ~tra~;ers; une activité co~~erciale ~norganisée.
A la veille de l'ind~pendance politique de 1960, l'appareil
Gabonais de vente des produits alimentaires se compose :
(1)
Informations recueillies au cours des interviews auprès de
citadins Gabonais ayant bien connu la période coloniale
(âgés
de 45 à 85 ans) .

a)
Q~§_~~E~b~ê : IJ. en existe à Libreville et dans tous
les chefs-lieux de régions du Gabon colonial. A cette &pcgue r
le marché se tient une fois par semaine
le jeudi. Les feQffies
qui y vendent proposent exclusivement des denrées ali~ent3ires
traditionnelles tels du manioc
(cuit ou en tubercules)
de la-
banane
(verte ou douce)
des iguames,
des légumes frais,
de
l'arachide.
Certain~ d'entre elles proposent même à leurs ache-
teurs de la viande ou du poisson fumé. Xême en tenant COrDte
du niveau de vie relativement bas de l'époque,
les prix des
denrées ainsi vendues étaient,
de l'avis de nos interv~ewés
citaëlins,
très bas.
D'a.illeurs,
i l n'était pas rare que l'ç.che-
teur de deux bâtons de ~anicc ou de deux doigts de banane se
voit donner_ un troisiè~e grat~itement. Les produits du ma~ché
s'adressaient principalement à
la frange de popula~ion urbaine
dêsireuse de continuer à s'alime::.ter "comme au villag'3" et qui
ne trou',"ai t
à
s' approv isio:lner, pour ce :aire 1 . qu 1 at~. rr,é'.rché
(des agents du service public,
le plus souvent ceux qui ét,.:uer:.t.
célibataires; des flè'lE:S ayant cr...:i t'té leur village pO:J:'- st ins-
truire ~ l'école occide~tale quaDd i l y en ~vait une; des per-
sotlné"'s veillant sur leu:::-s pa:::-ents hospi talisés en '/ille.
).
les villes un certain nombre de bcutiq-Jes. D'3 di-rnensior:. réàui-
te,
elles appartiennen~ en quasi-totalité a ~es Etrangers.
Ainsi les Haoussa
en détiennent le plus grand nombr.?,suivis
Il s'agit de nomades très réputés au Gabon pour leur sens
des affaires. D'après nOS enquétes,
la plupart sont arrivés du
Cameroun.
Ccp8nàa.r.t,
un
cert.:t.l_i.!1- !10m~,re,
notamrr.ent CCt.!X exerçant
à
118poqUC dans le Hav.t-Osooué,
seraient venus du Conso-Br:azza-
vi-lle.

135
de quelques rares commcrçar.ts occiùent:2.ux
(Français et
Hollandais). Nèanmoins on compte également:ci cl: là d8S Gabonais
proprietaires de ces points de vente qui offrent à leur clien-
tèle des conserves alimentaires,
du sel,
du p8trole,
ûu savon~
Les mieux garnis vendent également du riz et un peu de "frip-
pe".
La cible principale des boutiques est constituée par les
citadins Gabonais aux revenus moyens.
Cependant,
on y rencon-
tre auss~ quelques villageois, qui ont de temps à aut~e des
moyens financiers suffisants pour venir s'acheter "les denrées
venues de l'autre côté de la mer",
entendez par là l'2.s den~ées··
alimentaires
(et aut~esl importées.
cl
Q~_g~~!g~~~_~~!r~2~~~§~ : A cette époque de son his-
toire,
la réseau Gabor.ais de distribution aliw€n~aire ço~pte
peu d1entreprises identifiables en tant que telles.
z~ effet,
sur les 72 firmes
(lI
recensees en 1959 sur touce l'étendue
du territoire,
5 seulemen~ se consacre~t exclusivenlent ~ J.a
vente de p:od~its alimei1taires importês ou fabriqu§s 5 partir
de matières premières impcj:tées
Dotées pour certaines de
0
p"ius1eul.~s magasins de distribution, e11es appartiennent 1,:outes
a des OccidentauKo Il s'ôgit :
-
de la "sociéte d'import3.i:ion de den!:ées aliment.aires"
implantee à
~ibreville
de la "société des vins du Gabon" disposant d'un magasin à
Libreville et d'un à Port-Gsntil
( l I e f
annex te
VI l .
0
0

136
de la 'lcompasnie g6n6rcllc du Gabon 'l g~riln~ Jeux mugasins
respectivement à Libreville et Port-Gentil
des "Etablissements Gérard"
à Oyen
de la
l'Société Paris-Gabon"
à
Libreville.
Certes on compte ég alerllent une trentaine cl 1 entre-
prises
(1)
dites de "corrJ1lerce général",
essentiellement con-
centrées à Libreville mais disposant de magasins dans quelques
villes de l ' intêri.eur,
et qui offrent à leur clientÈole
(1 ~ oêne
que celle des magasins appartenant aux 5 sociétés ci-dessus
énm~érées c'est à dire essentiel12men~ la coiouie Européer.ne
et les Gabonai.s aux r."essources les plus élevées)
des p:coduits
alimentaires importés.
i-18.is
10. vente clu bois ou/et des proèuits.
àérivês
(mobilier de maison; oat€riaŒ{
de cons~~uctior.) fai~
êgalement partie de leurs activi~~s e~,
souvent rnê~e y occupe
Ü.nc plëic~ plus importante que c9l1e des denrées al~""("Ler~t3.i::-~5.
En realité,
la pri~cipale so~rce ètapprovisicnne-
:ment des populLltions Gabonaises y core.pris citadines,
.:iemeure
â l'époque incontestablement l'auto-production.
Cans ces ~i!les
olïl-es espaces de terrains ne faisaient. pas enço~e G.éfau J
~t
....
où aucune r~glerr.entation n'interdisait la pra~.:j_que etes cultureS
vivrières dans les environs ir.ùTlédiats,
ia majorité des rami.lles
disposaient chacune d'une ou plusieûrs plantations.
En effet,
(1)
Elles appartiellnent à des étrangers
(individus ou soci&têsl
et pdrticulièrement à des Franç~is.

137
pendant que les hommes vaquaient à leurs occupations salaria-
les,
leurs épouses allaient cultiver des champs où par la suite
elles récoltaient l'essentiel des denrées destinées à la con-"
sommation alimentaire familiale.
A l'évidence donc,
l'appareil Gabonais de distri-
bution alimentaire était peu développé à la veille de l'indé-
pendance. Sous sa forme organisée et sédentaire, i l était, pour
l'essentiel, aux mains d'étrangers. Les autochtones n'interve-
naient dans l'activité commerciale qu'au niveau des marchés.
4.1.2.
~~~_~~!!Y!!~_~9~~E~!~~~_~~9E~~~~~~~
Durant la période coloniale, l'activité du co~merce est sOèmise"
à la réglementation existant en France et qui,
:1e tena!.;: aucun
compte de la spécificité locale, avait peu de chances d'être
appliquée. Ainsi par ex~~ple, les prix étaient géenéralenent
fixés en concertation en~re les co~~erçants exerçant da~s une
ville et lorsqu'il n'yen avait qu'un
(cas :réq~ent ~ans des
centres urbains de moindre importance tels Moanda, Makok~u... )
il n'était pas rare que celui-ci modelât ses prix en fonction
de:s _types de clients auxquels i l "lvait affairA. QUiint A la
vente proprement di te,
elle s' efrectuai t
soit an comptoir,
soit"
derrière le comptoir en fonctior, des catégories d' act>.eteur s.
Ainsi,
bien souvent,
les CO:lsomrn.:l teurs Eu~opéens allaien i.: eilX
mêmes choisir la marchandise derrière le comptoir
(et la fai-
saient porter à domicile par leur "Boys"). privilège dont ne
bé~iciaient pas les quelques clients autochtones.
En ce gui
concerne les produits proposés par les commerçants,
il n'était
pas rare qu'ils soient dans un6tat d'avarie très avanc0,
ce

138
qui n'~,\\pêchait pour autant pas de les vendre. Enfin, les pro-
blèmes de rupture de stocks, dus à l'absence d'importateurs
grossistes et aux difficultés d'approvisionnement du fait de
l'éloignement de la métropole n'étaient pas rares.
r!éme la
C.F.A.O., à l'époque la mieux structurée de toutes les entre-
prises qui proposaient des denrées alimentaires, connaissait
ce mal ~
En définitive,
à
la veille de l'indépendance politique du pays,
même les populations urbaines Gabonai ses, au contact quotidien'--
de ra civilisation marchande, s'approvisionnaient en très gran~
de partie par l'auto-production. Certes, en pcurrait objecter
que cela tenait peut être au fait ~~e dans sa majorité, elle
était encore peu monétarisée et/ou qu'elle avait des habit~des
de co~son@atio~ encore ~=ès tradition0alistes. Cepe~dant il
n'en deiueure pas moins que le nO!'1bre réduit de· points de ve,,~e
ûinsi que l'GDsence à'organisation de l'activité commerciale
n'étaient pas non plus étrangers à cette situation. Ces jeux
faits ont sans doute contribué à dévaloriser le corr~erce ali-
mehtâlre aux yeux des Gabonais,
à lui conférer un statut ~ineur
par rapport à d'autres activités économiques, particulièrement
l' e>:ploi tation et la commerciali sa tion du bois,
pratiquées à
titre exclusif ou parmi d'autres activités, par 41 des 73 en-
treprises
(1)
exerçant au Gabon à la veille de l'indépendance,
et donc quatre appartenaient à des Gabonais.
(1)
annexe
VII.

139
4.2.
LES
IN'l'ERVENTIONS
DE L' ETI,T DANS
LB
CHAI-lP DU COMMERCE
Comme nous venons de le cons~ater on ne comptait aucun Gabonais
orgomisé et
dans le conù~ercc alimentaire/sédentaire du pays à la veille de
1960. Les pouvoirs publics du nouvel Etat indépendant ont-ils,
par la suite,
pris des mesures intéressant directeme~t le com-
merce, àL nature à favoriser l'intervention des nationaux dans
ce secteur essentiel de leur économie? C'est la question à
laquelle nous allons tenter de répondre à travers l'analyse des
actions engagees, des mesures prises pa~ l'autorité publique
de 1960 à 1980.
Corr.me nous l'avons dit plus haut!
la législation Gabonaise en
matière d J activité cOï.'mercia.le siest longtcrnps. étroi tere-ent i!'iS-·
pirée du droit frar,çais du temps de la colol".isation.
Ainsi pa-r
exemple,
la loi du 24
juillet 1867 sur les sociétés c~~ercia-
les et la loi du 7 mars 1925 sur les sociétés à res90nsabilité
lïmîtée Qllt été renà'.les applicables dans ce pays. l>.près l ' in-.
dépendance politique,
les p0uvoirs puelies Gabonais on~ édicté ..
certaines lois et ordonnances concernant l'exercice de l'acti-
vité commerciale dans le pays.
Il s'agit de la loi Ne
7/72
(1)
HINECO du 5 j!ün 1972 complétée par celle N°
10/73
(1)
du
20.12.73. Nous allons les analys2r afin de voir si l'une ou
l'autre contiennent des mesures de nature à
favoriser une
(1)
annexes X et XI.

intervention sans cesse accrue de nationaux dans la vente ali-
mentaire aux stades du gros, demi-gros et détail organisé
--- ."
(hyper-marché, autres grandes surfaces, surfaces moyennes)
a)
~~_~Q~_~~_ZL2~ : Dans un premier temps, elle définit
le concept de commerçant à savoir "toute perso:1ne qui exerce
des <lctes de commerce de manière permanente".
Puis elle fixe les conditions à remplir par tout
individu desireux de pratiquer le commerce sur le territoire
Gabonais ainsi que les incompatibilités à l'exercice de cette'
actiVité
(articles 2,
3,
4 et 5). Les U:1es et les autres sont
d'ordre civil. Il en est ainsi de la nécessit€
pour le postu-
lant d'avoir un certain âge
(21 ans ou être mineur émancipé),
de jouir de ses droits civiques, de n'être pas fon2tionnaire
d'un établiss~~ent pu~lic ou semi-public, officie~ mi~istériel
ou expert comptable ... ~n un mot ces six premiers arëicles
défi~issent le p~ofil Ci·\\T.i2.. du futur cO!TLTTl.erçant ir..ëi·J'idüeJ. et
ne contiennent aucun élBment d1incitation des G~b0nai5 à u~e
insertion dans la distribution des denrées alimentaires.
Les articles 6 à 27 sont quant à eux d'orjr~
réglementaire.
Ainsi,
les trois pr~~iers posent la nécessité
pour tou t
investisseur du secteu!:' à 1 établi~ lluI~e àé:lUande
d'agrément"
auprès du ministre de tutelle
(la liste des docu-
ments à cet effet requis est fournie)
et fixent les d'§lais 6e
réponse à cette demande. On peut les rapprocher des articles
19~·23 qui portent, eux,
sur l'obligation faite à tout CO::l-
merçant, une fols l'agrément obtenu, de s'inscrire a~ registre
du cownerce et fixent les amen~es en cas de non respect.
Ici

J.41
no!} pJ.us on Ile d~cèle aucun 51ément avalltageux pour des inves-
tisseurs Gabonais potent.i'21s du secteur alime:1tai.re.
Quant aux articles 9 à lB,
ils contiennent des
lIdispositions particulières Il en ce SC!i.S qu'elles s'appliq'..lent
aux ressortissants de pays qui n'accordent pas aux citoyens
Gabonais des droits équivalents en matière de pratique commer'-
ciale sur leurs territoires. Tout COTI@e les articles précé-
dents
(2 â 8)
ceux-ci fixent,
pour cette catégorie "particu-
lière" de commerçiints
(ou postulants)
les conditions d'exerci-
ce de leur activitê,
le règlement â respecter ct les peines
encOUrues par les contrevenants. Certes, certains aspects de
ces
IIdispositions particulières Il peuvent a priori les fai!:e
paraître plus ccntraignantes que celles qui s'appliquent aux
Gabonais et I1Etrangers ressortissants de pays adcordani: des
droits ~éciproques au Gabonais",
Il en est ainsi de la ~ixa­
ticn d'une valeur minimum
(7 millions C.F.A.) des investisse-.
ments que devra réaliser le commerçant appartenant â la caté-
gorie lIparticulière:l et ce àans un délai max':'mun: de la mois 5.
part~r de la date de réception de sa "carte de COl!uuerça!"'.t".
C~tte condition n'a en effet pas ~té posée aux Gabonais et
Etrangers concernés par les articles l
à
8. Cependant, cette
exigence ne consti tue en rien une r~ponse pos;. ti-le à notre
préoccupation présente,
il savoir l'existence de mesures régle~
mentaires de nature il promouvoir la présence des Gabonais dans
le commerce en général et la distribution alimentaiT':' cn par-
ticulier. En effet, i l convj.ent de souligner ici que les
Français, Syra-Libanais, Camerounais, Sénégalais, Béninois qui,
conune nous l'avons vu dans l'introduction génÉ!rale à. cette

142
partie, détiennent le réseau Gabonais de distribu~ion alimen-
taire,
ne tombent pas sous le coup de ces dispositions spécia-
les. Du reste, qu'un montant minimal d'investissement soit
ainsi imposé à ces individus ne constitue en rien une incita-
tion des Gabonais à davantage intervenir dans la distribution
alimentaire puisque ces dispositions ne leur confèrent pas
d'avantages particuliers.
Les articles 24 à
27,
pour leur part, font obli-
gation
aux commerçants, quelle que soit leur nationalité, de
tenir en permanence une comptabilité saine de leurs affaires
et Ge s'acquitter de leur patente sous peine d'amendes
(les
mêmes pour tous). Eux non plus ne contiennent pas d'éléments
de ~otivation pour les Gabonais. Bien au contraire.
Il faut
en effet se rappeler que les Gabonais ont très peu d'expérien-
ce en matière de cc~merce en sénéral et de distribution ali-
mentaire en particulier.
Une éc=asante majorité d'entre eux
maitrisent mal,
voire pas d~ tout,
les règles de ges~ion in-
dispensables pour la tenue d'une co~ptabilité régu~ière et
saine,
ce qui n1est pas
le cas de sociétés êtrangères bie!1
structur 6 es
lelles sont dotées de services à cet effet compé-
tents)
et l'est rarement pour des hormnes d'affaires étrar.gers,
generalement expérimentés. Cette exigence peut donc for~ bien
plutôt dissuader des postulants Gabonais et constituer de ce
fait un facteur de r.on-intervention des nationaux da~s le
secteur de vente alimentaire.
Les articles 28 à 32 définissent quant à eux la
nature des personnes susceptibles d'exercer l'activité commer-
ciale au Gabon. Ainsi il apparait que des individus ou

143
associations d'individus par capitaux interposés, exerçant
déjà d'autres activités
(industrielles par exemple) peuvent
également pratiquer le co~~erce, à conàition toutefois que
celui-ci consiste en la vente des produits de leur activité. En
i
d'autres termes, ce sont ces articles et notamment le 29ème,
qui donnent le droit à des entreprises telles que la SOBRAGA
(elle produit bières et boissons gazeuses),
la SEBOGA (elle
aussi productrice de "liquides")
ou la S.M.A.G.
(farine, ')eufs,
pâtes alimentaires) de vendre elles-mêmes leurs produits à des
semi-grossistes et même à àes détaillants.
Il s'agit incontes-
tablëment d'une disposition qui, en n'attribuant pas de cré-
neaux spécifiques à ces fi~es industrielles, facilite l'exten-
sion de leurs activités et défavorise les initiatives nationa-
les. En ef~et, en étendant le champ d'activité de ces entrepri-
ses ou p~utôt en ~e le l~~itant pas, cette dispositicn réduit
d'auta~t celui ~ur lequel les Gabonais sont suscep~ibles d'in-
tervenir, compte ter.u de l~ disproportion des moyens que les
premières et les seconds peuvent mettre en oeuvre.
~ ~'b) ~~_~~!_~~_~Qi12 : Co~e nous le soulignions pluJ haut,
elle a pour effet de compléter la loi 7/72. Ainsi:
Dans l'article premier, elle pose l'exigence pour
toute société exerçant au Gabon d'y avoir son siège social
(sauf dérogation),
ce qui n'a évid~~~ent aucun caractère dis-
suasif pour les sociétés étrangères, qui ont toute facilité de
créer une filiale au Gabon.
Quant aux articles 2 à 5,
ils fixent les condi-
tions d'acquisition et àe jouissance de sa personnalité morale

14~
par tau te soci.été conunerciale désireuse de s' implaI: ter ou déj~.
implant6e au Gabon.
Les articles 6 à 8 fixent,
pour leur-part,
le
montant minimal que doit attei~dre le capital de toute société
par actions exerçant des activités con®erciales au Gacon ainsi
que les conditions de forma tion, d'augmenta tian ou de diminu - .
tion dudit patrimoine.
Les articles 9 à 15 enfin portent sur les condi-
tions de réunion des conseils d'administration des entreprises
et fixent les amendes prévues en ces de non-respect de ces
exigences a
Pas plus que la loi de 197:<, cette seconde loi ne coP'p.:>"-te
de dispositions favorisant les
il:itiatives ~aticnales ~ll, au
moins,
Ij.mitan~ les initiatives ~trang~res.
o
o
c
Mis de côté
le cadre
juridique e~ réçlementaire co~çsr~ant
spécifiquement l'activité corr~erciale, d'autres dispositions
législatives doivent être ~voqu§es qui,
s'appliqu2Ilt â l=en-
semble des sociétés,
concernént notciJ!1ment les soci&.tés commer-
ciaies alimentair~s.
-
Ainsi
l'ordonn2.n::e :tJC'
27/7S
(1)
qui ol'ganisR
la participation dos natiollaux aux activités des sociétés à.
".
(1)
c. f.
annexe
XII.

145
capitaux. En effet, elle oblige les dites sociétés à céder aux
Gabonais, lors de leur création ou d'une augmentation de leur
capital, un pourcentage de celui-ci supérieur ou-égal à 10%,
les bénéficiaires prioritaires de cette opération devant être
les employés de ces firmes.
Bien que cette mesure présente,
dans son esprit,
l'avantage de constituer pour les Gabonais une
initiation utile à la notion de risque
(ils en prennent en ac-
cep tant ainsi de placer leur arg2~t), i l n'en demeure pas moins
qu'elle vise davantage à assurer la participation du personnel
dans les entreprises qui les emploient, qu'à les inciter à
créer eux-mêmes des affaires. Du reste,
il convient de signaler
que l'ordonnance 27/75 n'a jamais été véritablemén~ appliquée.
En effet,
i l existe aujourd' hui au Gabon très pel'; cl 'entrepri-
ses
(de capitaux)
étrangères de distribution alimentaire dans
lesquelles des investisseurs Gaboùais,
employés ou :lOn par
elles, d~tiennent plus de 10% du capital
(1). Quant aQX
employés nationaux de ces firmes,
c'est à peine s'ils cnt con-
naissance de la possibilité que leur offre la loi de s'a~pro-
prier une partie des actifs des sociétés dans lesquelles ils
travaillent.
-
L'ordonnance N° 41/72
(2)
d'autre parr rend
obligatoire la cession à l'Etat de 10% du capital par toute
(1)
LIBREt'l.'\\G, qUl exploi'ce l'llyper-marché ~molo, est à not;:e
connaissance l~ seule dans ce cas, encore qu'il ne soit pas
certain que les 11 ~ des actions détenus par ~.es pal:ticuliers
Gabonais aient ~té acquis par achat ... D'ailleurs leurs déteriJ
teurs ne sont pas ùes employés de NI3010.
(2)
c.f.
anne:{e
XIII.

146
50ci6tê
(y compris donc celles de distribution alimentaire)
s'installant au Gabon avec effet rétroactif facultatif. Mais
elle concerne l!E~at, non les particuliers Gèbonais. Elle
s'inscrit,
en fait,
dans le cadre des relations de l'Etat avec
les sociétés .. Nous allons illaintenant analyser ces relations,
dans le secteur du commerce alimentaire.
commerciales
------------
Leurs relations doivent êtra analysées sous deux angles prin-
cipanx.
feuille de participation de l'Etat G~bonais dans'le capital
des entreprises privées de distribution alimentaire est gêré
par la SO.NA.DIG
(la Société nationale d'investissement du
Gabon).
Il se présente de J.a manière suivante :

J,17
Entreprises
Activités
.
C,J.pi'Laux
Pr-l' ve- 5
P
,.
bJ'
.,1
u· .lCS
Privés
"
iEtrangers
en %
Gabonais
ien %
en %
CECA-GADIS
Exploitation d'une
56
42
2
chaine de détail
:
GABOPRIX
S.M.A.G.
Production+Vente
57
40
3
farine,
oeufs,
pâtes
S.O.A.E.N.
Commerce général
80
20
LIBREMAG
Exploitation d'un
74
15
11
hyper-marché
I1MBOLO II
sa. DU. CO.
Achat sur place et
90
la
importation
ali:nentaire
SE. Ba. G."'.
Production et vente,
89,85
10,15
boisso:1s non
alcoolisées
sa. GA. PPAL
Dist.ribution
94,57
5,4
0,03
alimenta..ire
C.F.A.O.
Commerce général
90
la
sa. I>R.'\\. GA.
PrcductiO:1 et vente;
94,4
5,6
bières "et hoissons
1
non alcoolis~es
Source
Nos enquêtes sur le terrain.
Exceptio:1 faite de la CECA-GADIS où l'Etat est,
avec le groupe OPTORG,
le principal action:1aire
(42% cnacun
ct 14% pour Ta SCOA)
et de la SNAG,
en constate tout. de
suite
:
-
La part très faible de capitaux détenus par lès
Pouvoirs Publics dans les entreprises étrangères, qui ne· leur
permet pas de jouer un rôle po'sitif pour les Gabonais è"nf la

148
politique de ces sociétés.
Dans le CdS CECA-GADIS où,
à l'in-
verse,
l'Etat détient une participation financi~re non négli-
geable,
i l a pü obtenir que la chaîne de distribution
"GMOPRIX"
implante ses magasins
(l25 dans tout le pays)
dans
chacune des 9 provinces que compte le Gabon,
ce qui permet à
la fois d'approvisionner une population beaucoup plus large
que celle de Libreville, Port-Gentil et 2 ou 3 autres villes
dont les habitants sont les mieux nantis en ressources, et
d'assurer une formation pratique à la vente pour un nombre nen

négligeable de vendeurs et aide-vendeurs Gabonais.
Il s'agit
là ~'initiatives incontestablement positives.
L'absence de participation de l'Etat dans le ca~
pital d'un certain nomb~e de firmes étrangères de distribution
alimentaire et non des moir.r.àre 5
:
c'est le cas pour Il GAE OMl.. Il
qui gère deux des trois plus L~portants (1)
super~archés du
pays à savoir "SCOP.E" Port-Gentil et "SCORE" Franceville
(tous
deux du groupe Français S.C.O.A.), "Faris-G·Oibcm" exploitar:t
le troisième des grands superrr,archés,
la V!.A.GA./-100 et la.
SO.GA.OI toutes deux pratiquant le commerce général e~ dlspo-
s~n~-de magasins dans certaines villes du Gabon dont Librevil-
le et Oy~m. Il faut rajouter à celles-ci toutes les entrepri-
ses individuelles Syro-Libanaises et Africaines d'autres pays
dans lesquelles l'Etat n'a aucune participation.
(1)
Par leur taille et leur assortiment,
ils sont supérieurs
aux trois au tres a

119
Comrne on peut s'en rendre compte,
les prises de participati.on
des pouvoirs publics au capital des entreprises étrangères ne
leur per.mettent pas d'intervenir dans la politique de ces so-
ciétés, dans un sens favorable aux intérêts Gabonais. Si l'on
peut considérer qu'elles traduisent un souci de l'Etat d'être
présent dans ce secteur, on peut y voir aussi essentielle~ent
la rémunération des avantages en nature dont bénéficient ces
entreprises
(et dons nous reparlerons tantôt)
ou du soutien
financier qu'apporte l'Etat à ces sociétés lorsque, au-delà
des 10% qui lui sont "cédés gratuitement", i l se porte acquê-
reur d'une part du capital. C'est le cas pour la CECA-CADI5
et la S.M.A.G.
(où la participation publique atteint ou dé-
passe 40%), pour la SOAEN
(20%), pour LIBRE~~G (13%) qui ex-
ploite l'hyper-marché "MBOLO" de Libreville.
Dans cous ces cas
on peut parler d'un financement avec des fonds publics Gabonais
nu commerce alimentaire des sociétés étrangères, dont le petit
co~~erçant Gabonais est finalement victime, cc~a ~Iest la
population des villages et des villes que ne dessert pas le
réseau de distribution de ces sociétés.
h)
~§~_~~!~§ê_~~9~~ : Pour encourager l'implantation de
ce~tres de distribution modernes au Gabon, les pouvcirs publics
ont.
à certaines occasions
(réalisation de "!'mOLO" par .exe:r.-
ple)
fait don ou proposé en-dessous de leur valeur èes espaces
de terrain à des investisseurs étrangers. Parfois même, ils
orrto-créé des infrastructures urbaines,
notarnnlent de conmlUnica-
tion, qui,
tout en entrant èans le cadre d'un plan d'aménage-
ment des villes,
nlen prêsentaient pas mois des avanta~es

150
certains pour l'exploitation commerciale des investissements
ainsi réalisés.
C'est le cas du "Boulevard Triomphal", le plus
beau dont soit doté une ville Gabonaise et qui,SQnstruit de-
vant "MBOLO", a fait accroître la clientèle du magasin jusque
là très difficile d'accès.
Par contre non seulement les pro8o~
teurs Gabonais ne peuvent pas, pour l'instant, bénéficier
d'emplacements pour la construction de leurs points de vente,
mais en plus ils sont souvent contraints d'implanter leurs
boutiques dans des quartiers populaires ou en fonction des
axes routiers urbains. En d'autres termes, ce sont eux qui doi-
vent toujours chercher à s'adapter à l'infrastructure de com-
munication,
à l'inverse de ce gui se produit pour les grandes
sociétés étrangères.
o
0
Pour en terminer avec les i~tErventions di~ectes çes paevoirs
publics dans le champ du cormnccrce Gabonais, .il faut Évoquer
le discours prononcé par le chef de l'Ltat en 1976.
Il aurait
pû,
S'il slétait acccmFagné de mésurçS co~crètes, avoir des
effets positifs sur la situation gui ici nous préoccupe.
En effet, au cours de cette allocution faisant suite à un
scandale retentissané 1 ) ,
le président de la république avait
(1) Il s'agissai.t de la d~couverte d'un important trafic de
marchandises alimentaires, notomment les liqueurs;
il aurait
été organisé par des syra-Libanais avec
la complicité d'un
grand nombre de hauts fonctionnaires des douanes Gabonaises.

151
demandè aux commerçants Syra-Libanais et Occidentaux de se
cantonner dans la vente de gros, demi-gros et dans le détail
très organisé
(hypermarché,
supermarché et supérettes)
afin
de laisser le petit commerce de détail organisé
(boutiques et
mini-self de 50 à 120 m2)
am: Gabonais.
Cette initiative dont
l'esprit visait â permettre aux nationaux de prendre pied sul;'
le réseau commercial en général et la distribution alimentaire
en part.:;' ':'l1ier n'a pas, une fois de plus,
été fructueuse,
faute de s'accompagner de décrets d'application.
Les commer-
çants étrangers ont cOQme par le passé continué à occuper tous
les niveaux de la distribution alimentaire Gabonaise.
(1)
4.3.
L'APPAREIL DE DISTRIBUTION ALIMSNTAIPE
GABONAIS AUJOURD'HUI
Comme nous l'avons signalé plus haut,
le réseau Gabonais de
distribution alimentaire est relativement complexe. Il est en
effet rare de rencontrer des co~~erçants qui exercent leur
aêtlvité à un seul niveau.
Ce n'est pas ~Je ce comporteme~t
corresponde, comme c'est le cas en Europe,
à un souci de plus
en plus marqué de la part des hommes d'affaires intervenant
dans le commerce, d'intégrer les activités de gros, demi-gros
et détail, dans une perspective d'efficacité économique. Il
semble plutôt lié à l'absencp. d'une réglementation qui soit
denature à les obliger à plus de discipline.
N~anmoinsl on
peut établir la classification suivante.
(1)
c.f. anne}:e XVI.

152
Dans cette
al
caté~
~~~_~~E~E!~~~~E~_~!_~~E~E!~!~~r~
gorie, i l y a lieu de dis~inguer au Gabon
- Les filiales Gabonaises de grands groupés occi~
dentaux présents dans la plupart des pays Africains : elles
bénéficient du "Know How" , de moyens financiers importants et
généralement des sources d'approvisionnement de leurs maisons
mères. C'est le cas pour la CECA-GADIS
(qui gère la chaîne de
distribution "GABOPJUX")
et de "SUPERGROS"
(commerce général
de gros)
filiales d'OPTORG ainsi que pour "LIBREMAG" et
."GABOMA" , filiales du groupe S .C. O ..". et qui exploitent ~es­
pectivement un hypermarché et deux supermarchés. Le chiffre
d'affaire réalisé par la gillfu~e de produits alimentai~es dans
ces en~reprises est, en pourcentage, respectivement de 60%
pour la CECA,
30% pour SUPERGROS,
70% pour LIBRE~~G et 73%
pour GABOMA (1).
- D'a~tres sociét~s étrangères. Il s'agit en
l' occurenCè de la Il Société Dl:'.rand et Compagr:ie"
(iInportation
et d"istribution locale de produits liquides), de la "Société.
Gabonaise de produi~s alimentaires"
(importation et distribu-
tion de produits laitiers et autres), de la "Société des vins
. du Gabon"
(pradui t
et iIl\\porte du ,-in) f
de la "Société Gabonai-
se de distribution"
et des "magasins Gabonais modernes", tou-
tes deux dans le commerce général, de la "Société des ênciens
(1) Chiffres de 1980 obtenus sur le terrain.

153
êtabl i ssemen ts Nicolas"
(commerce généra 1), de la "BouchC3riC3
Bernard ll
(1)
et de la "boucherie de l'Estuaire", ainsi que
d'une dizaine d'importateurs Syro-Libanais, Sénégalais,
1'1aliens, Béninoi s et Camerounais.
groupé les deux catégories de distributeurs pou~ la raison
qu'au Gi'1bon elles sont presque indissociables. Environ 90% èes
commerçants qui se livrent à l'une des deux activités se li-
vrent également à l'autre.
Qu l elles importent ou achètent leur marchandise
sur place,
toutes les entreprises Gabonaises de gros et demi-
gros appartiennent elles aussi a~x nen-nationaux. On retrouve
àonc tout comme dans la sous-catégorie précédente.
-
Les filiales GaDc:1aises de g~oupe5 occidêntaux.
c'est le cas de SUPER GROS du g~cupe OPTORG.
- Les e~~rêprises qui sent des représentants ex-
elus-ifs de certaines grandes ma=ques occiden-cales. Cl est le
cas de la SO.DU.CO. pr~ncipal po~rvoyeur du marc!1é local en
r4câid r~ whisky ou de SO.GA.PRAL pour les produits Nestlé.
-
Les autres sociétés strangères telles la
SO.GA.DI, MA.GA.MüD,
la S.M.A.G.: au total six entreprises ap-
partenant à des Syra-Libanais; trois entreprises enfin qui
sont propriétés d'Africains d'autres pays.
- Certaines société~ qui en dépit d'une faible
participation Gabonaise au capital appartiennent à des
(1)
Elle n'a rien à voir avec ~e groupe franco-anglais du
même nom.

154
Etrullgers ct assurent à la fois' la p~cduction ct la distribu-
tion de leurs produits. C'est le cas de la SOBRhGA,
la SEDOGA ..
-
Une entreprise à capitaux majoritairement na-
tionaux
(51%)
et qui vend elle-même à des grossistes,
semi-
grossistes et même détaillants : la Société sucrière du Haut
Ogooué.
Comme On le voit,
le comlaerce de gros alimc:,+-.ai-
re échappe totalement aux particuliers Gabonais.
4.3.2.
Le niveau "détail"
------------------
Dans cette seconde so~s-catégorie, on peut disting~er
&~
~~~_~~~~b~§ : Le ~arché est incontestableme~~ le lieu
cù la m.=:jorité des GJ.bcnais au contact de la sociét§ marchand.e
(environ 70% d I.er~tre eux)
2..chèts.:--.t leurs denrées alimer;,taires..
S'opérant sur des places spécialement aménagées
(marchés cou-
verts et à ciel ouvert)
ou en bordure de routes,
la ventE y
est pyesque exclnsi·",-eIT,ent assura2 par des feliLmes
(o~ comp~e
dâns--les ma.rches couve::-ts quelques hCf."'.mes qui font offir:(.. de
bouchers po~r le compte de tierces personnes). Le marché
propose à sa clientèle essen~iellement des produits alimentai-
res traditionnels
(légwnes, Iêanioc,
tarots,
bananes, grains
divers),
quelques variétés de poissons pèchés localement
(pou~
les marchés de Libreville et Port-Gentil)
un peu de viande de
boE!ITf et quelques produits d'importation vendus à l'unité
(poInr.1es, yaourt
pour les seuls marchés de la capitale poli-
tique et de la capi tale écol,omlque).
La feui Ile de journal

155
usagé y sert d'emballage, l'étalage de la marchandise se fait
sur de vieilles caisses retournées ou sur des nattes,
le mor-
ceau de bois ayant servi à mille usages antérieurs tient lieu
de chaise pour la vendeuse. En un mot le marché est à l'opposé
du gaspillage et pourrait être défini selon la célèbre formùl~
de Lavoisier:
"Rien ne se perd, rien ne se crée,
tout se
transforme".
La clientèle du marché est constituée
à près de
80% de la frange àe population rurale ~eu monétarisée et de la
frange de population urbaine la plus pauvre. C'est la princi-
pale forme de commerce excercée par les Gabonais.
b)
Les boutiques : On les trouve dans les auartiers DO-
-------------
. . . . .
pulaires des principales villes du Gabon ainsi que dans les
petites et moyennes agglomérations urbaines. De àimension va-
riable
(entre 10
et 120 m2)
leur assortiment de ~archa~dise
est plus large
(20 à 800 produits différents)
et constitué
de produits alimentaires et non alimentaires.
Elles appar-'
tiennent aux Syra-Libanais, aux Africains d'aut~es pays
(Béninois, Sénégalais, Maliens, Camerounais),
à d/ls groupes
ét~:àilgers en l'ooourence la cha5' n e de distribuU.on "Gl'.BOPRi:X"
filiale de la CECA-GADIS, elle-meme filiale du Groupe Français
OPTORG, à d'autres sociétés étrangères
(la SO.GA.DI avec ses
9 boutiques et la Ml,GAMOD qui en compte 14)
2t enfi:1 à queè.-
ques nationaux. Dans ce dernier cas, elles sont souvent de
dimension réduite
(moins de 50 m2)
et ne proposent à leur
cl-±entèle que des boissons
(alcoolisées et/ou non), des con-
serves alimentaires, du sucre, du sel, du café et du cacao
solubles,
parfois aussi du riz vendu en vrac. Dans les zones

156
sur lesquelles a port6 notre enquête et qui représentent, rap-
pelons-le 80% de l'infrastructure nationale de distribution
alimentaire,
nous avons comptabilis6 170 boutiques de plus dé'
50 m2 dont 12
(1)
appartenaient à àes Gabonais,
30 à des Syro-
Libanais,
le reste se répartissant entre la GABOPRIX
(81),
les
sociétés étrangères l~GAMOD (8)
et SO.GA.DI
(5)
et les invés-
tisseurs privés des autres pays d'Afrique Noire
(34). Dans
l'ensemble, environ 65% du chiffre d'affaire moyen réalisé par
les boutiques provient de la vente des denrées alimentaires.
La cible principale de ces points de vente est la catégorie
de Gabonais dont les ressources,
sans être élevées,
sorit au
moins régulières;
c'est à dire les ouvriers et les employés
de la fonction publique.
La vente,
quant 5 elle,
s'effectue au
comptoir,
exception zè.i t:e è-e 36 magasins "GABOPRIX II et u!"'~e
quinzaine de boutiques
(è.ont
3 appa=tenant aQ~ nationaux)
qui
fonctionnent en l'libre-service".
s'agit de magasins appartenant to~s à des étrangers
(sociétés
o-J particuliers).
Au nombre de 7,
_'lIs sont essentiellsl'le.,t
concentrés à Libreville
(qui en compte
4) _ Les supérettes et
supermarchés proposent aux consorrmateurs un éventail très lar-
ge de œarchandises avec une nette prédominance a].irnentaire~
(1)
5 de ces points de ventes dépendent des entreprises
Gabonaises de distribution alimentaire dont nous avons parlé
l~ue nous analysions en introduction générale le problème
de la présence Gabonaise à travers le nombre d'entreprises
créées par des nationaux.

159
éleves
(par rapport a la moye~ne nationale) du moins réguliers.
La r6gion du Haut Ogooué est pour sa part très industrielle
et abrite non seulement une colonie non négligeable
(1)
d'oc-
cidentaux travaillant dans les entreprises d'exploitation de
l'uranium [CO.MUF Franceville), de manganèse
(CO.MI.LOG
Moanda)
ou de production de sucre
(SO.SU.HO Franceville), mais
aussi des ouvriers et cadres Gabonais employés dans les mémes
entrepr~=es ou dans les détachements régionaux des services
publics
(établissements scolaires, hopitaux, casernes,
servi-
ces administratifs, etc ... ) ou privés
(institutions bancaires).
La région de l'Ogooué maritime,
avec sa capitale économique
Port-Gentil
(2), abrite elle aussi une population salariée
importante et le second contingent Gabonais de population
Europeenne
(environ 3.000).
Quant à la province ëe ~'loll.~U-NTem,
la plus agricole
(3)
des quatre. mêlô.e si Sil population a un
niveau de revenus moins elevê que celui des trois a~t~es ré-
gions retenues pour nacre étude J
elle est néan..l7l.oirls "çommer-
cialemen"t plus intéressdn-+':e ll
(pour reprendre une ezpression
employée par ce.r-tains de nos ir.ter locu teurs conunerçè.j~ts ccc i-
dentau:q
que celle des 5. pro\\rirlces restantes, avec ses sél.la~
ries des dé~artements ~d~i~istratifs régionaux,
ses employés
(1)
Elle est estimée à environ 500 pe::sonnes.
(2)
Port-Gentil est la ville du pétrele
(on l'y exploite et
c'est de la que partent ies plus grallds tanke::s q~i emportent
le p~trole Gabonais vers d'autres destinations)
et du bois
(elle abrite la plus grande usine de fabrication du contre-
plaqué du monde) .
(3)
C'est la 1ère région productrice de cacao.

160
du secteur privé
(une agence bancaire, une brasserie)
et un
certain nombre d'enseignants, personnel m~dical et autres
coopérants Européens.
Dans ce contexte caractérisé d'une part par la
préoccupation des investisseurs étrangers de concentrer les
points de vente dans les secteurs permettant la meilleure réa~
lisation du profit, et d'autre part par la politique "libéra-
le" c'est a dire de "laissez faire" des Pouvoirs I\\.1blics, on
comprend que l'appareil de distribution moderne soit extrême~.
rnent localisé, présent pour l'essentiel parmi les couches de
Gabonais à pouvoir d'achat relativement élevé, et qu'il ne
soit pas de nature à résoudre les problèmes d'approvisionne-
ment alimentaire de l'i~~ense majorité de la population. On
comprend également que les nationaux,
non incités à partici-
per à la satisfaction des ~esoins de celle-ci, ne disposen~
pas de moyens leur permettant de concurrencer les groupes et
autres entreprises étrangères sur le marché des conso~"ateurs
les plus favorisés.
o
o
0
En guise de conclusion à cette seconde partie de notre travaiL,
nous dirions que la politique jusque là menée par les pOUVOirs
publics Gabonais avait peu de chance de modifier la situation
héritée de la période coloniale en matière de commerce alimen-
taire. En effet, dans aucun des domaines en rapport avec l'ac-
tivj.té cOI!Ul1ercialc,
les orientations suivies n'ont été de

161
nature à favoriser l'insertion des nationaux dans la distri-
bution alimentaire organisée,
à leur per.nettre d'y occuper
une place comparable à celle des Camerounais,
Ivoiriens,
Sénégalais dans le com~ercc d'alimentation de leurs pays
respectifs
.- Qu' j.l s'agisse de la politique agricole, par-
tielle,
timorée,
aboutissant à ce que la satisfaction des be-
soins alimentaires de la population continue à dépendre étroi-
tement de l'étranger, c'est à dire de l'importation, que ne
peuvent pratiquer les nationaux compte tenu des moyens de
financement gu1elle exige;
- Qu'il s'agisse de la politique de promotion de
la P.M.E.
Gabonaise,
dépourvue àe moyens financiers r tec~~i­
ques, humains nécessaires, et de surcroît appliquée majori-
tairement à d'autres secteurs q~e la production et la distri-
bution alimentaire;
-
Qu'il
s'agisse de
la politique en matière
d'infrastructure de co~uniçation, contribuant à laisser à
l'écart des réseaux de dist~ibution organisés une large partie
de la population Gabonaise et i~posant à la circulation ~es
denrées, en raison de l'insuffisance des réseaux routiers et
fe~roviaires existants,
le recours à un mode de tra~sport
coûteux
(l'é\\vion)
ou l'emploi d'un matériel
(camions fr-igori-
fiques)
également coûteux,
àonc inaccessibles aux nationaux;
- Qu'il s'agisse enfin de la politique directe-
ment appliquée au champ du commerce qui,
loin d'avantager les
nationaux, contribve, dans les faits,
à .enforcer l'emprise
du capital étranger sur le commerce alimentaire Gabonais.

162
S'ajoutant aux particularités des relations
entretenues par la métropole avec le Gabon,
par l'intermédiai-
re des grandes compagnies de négoce et de l'administration
coloniale, ces facteurs expliquent,
selon nous,
l'absence des
Gabonais de leur réseau de distribution alimentaire et contri-
buent à rendre compte, parmi les populations Gabonaises,
d'images fortement négatives àu commerce et des commerçants
alimentaires, à l'analyse desquAlles est consacrée la troisiè-
me et dernière partie de notre recherche.

163
TROISIEME
PARTIE
I~~GE ACTUELLE DU CO"~ERCE
ET DES CO~~~ERCAlJTS
ALI~Œ~TAIP~S
DANS LA POPULATION GABONAISE

164
Tout au long des deux premières parties ùe cette recherche,
nous nous sorr~es efforcés de déœontrer que les circonstances
historiques d'une part,
la politique mise en oeuvre par les
pouvoirs Publics Gabonais au lendemain de l'indépendance poli~
tique de 1960 d'autre part, ont contribué à éloigner les
Gabonais de la pra~ique du com~erce alimentaire organisé.
Dans cette troisième et dernière pa~tie, nous nous attacherons
à mettre ~n évidence les conséquences de cette situation spé-
cifique sur les représentations que les Gabo~ais se font du
commerce et des com~erçants, plus précisément sur la persistan-
ce d'images négatives largement répandues au sein de la popu-
lation,
images liées au système de valeurs traditionnelles,
renforcees par le discours ~enu par les missionnaires sur les
"marchands", que ni les pratiques de colonisateur au Gabon;
ni la politique des pouvoirs publics depuis l'indépendance
n'ont été de nature à effacer. Nous montrerons enfin que,
répandues largement dans toutes les couches de la populat~on,
dans les villes aussi bien que àans les villages, ces i~ages
négatives se nuancent toutefois,
à mesure que l'on a affaire
à des G~bonais plus proches de la société marchande.
Pour ce faire,
notre analyse portera sur quatre
échantillons de population auprès desquels nous avons mené
notre enquête sur les terrain :
- des populations éloignées de la société marchan-
de
(nous les avons d6finies dans le dispositif général de
recherche)
- des villageois au contact de la civilisation
marchande

165
- des citadins
- des commerçants Gabonais.
1.
LES POPULATIONS ELOIGNEES DE LA SOCIETE ~ffiRCHANDE

1
On peut estirr.er à environ 25% la proportion de populatio~
Gabonaise qui, de nos jours encore, reste éloignée de la so~
ciété marchande. Les individus qui la composent vivent en
Communauté dans des villages inaccessibles aux automobiles,
faute de routes
(au cours de nos investigations sur le terrain,
nous avons dû plusieurs fois parcourir de longs trajets à
pied pour atteindre ces agglomérations hunaines de vingt à
cinquan~e âmes) _ No~s avons visité huit de ces vill&ges c~
nous avons intervie~lé trente èeux personnes 9nt~e dix-sept et
soixante-cinq ans d'âge environ, vivant toutes du travail de
la terre et qui nlont jamais quitté leur village natal,
excep-
té pour se rendre chez des parents ou amis de villages voisins.
Nous analysercns successive~ent l'organisation sociale dans
ces villages,
le rôle qu'y joue le fait al~lentaire, les ima-
ges du commerë.e et des conm18rçants pa~mi la population villa-
geoise.

166
1.1. L'ORGANISATION SOCIALE
Dans les villages Gabonais éloignés de la civilisation mar-
chanâe,
la société s'organise autour de la Famille. Avant
d'en expliquer le processus,
analysons tout d'abord ce co~cept
dans le milieu qui ici nous intéresse.
On peut d'une manière schématique ainsi représenter la famille
dans ce milieu social
.~
/
~
/
/
/
d
û'
t'-
\\ ....
Source
nos enquêtes sur le terr~in.

167
Comme nous avons tenté de le faire ressortir il
travern
le schéma précédent,
la famille est, dans la soci.été
Gabonaise traditionnelle, composée de trois niveaux parfaite-
ment complémentaires
Car,
selon nos interviewés,
ils n'exis-'
tent que les uns par rapport aux autres.
Choisissons n'importe
lequel des groupes ethniques ici retenus,
celui des FANG par,
exemple, pour mieux expliciter ce fait.
Les Pang distinguent
- d'une part la famille restreinte
(ou nuc15~ire)
appelée chez eux "NDA"
: ce terme, dont la traduction litté-
rale est maison,
regroupe le œari,
la ou les épouses
(la poly-
gamie,
signe extérieur de richesse,
y
est courante),
les en-
fants et petits-e~f2nts. Tous ~es individus vivent sous le
mêmG toit et en communicat~on permanente. Les denrées alimen-
taires,
fruit du travail de l'un quelconque membre de la fa-
mille nacléaire sont la propriété de tcus.
- .d'autre part ~a famille élargie ou "N9A BOT"
celle-ci placée sous l'autorité ~orale de l'homme le plus
âge,
comprend la àesè2nèance de se àernier,
celle.de ses frè-
~es et soeurs Cà condition toutefois que les enfants issus
de celles-ci ne tombent ni sous le coup de la légitimit",
ni
so~s Cel\\li de la dot, car, dans ces cas,
i~font partie de la
famille de J.eur père) 1
la àescendance de ses oncles paterr..els ..
Tous ces individus vivent dans la même maison
(lorsque cela
est matériellement possible)
ou dans des habitations justa-
pos~es (c.f. dessin suivant)

168
Sch&ma du village traditionnel Gabonais
,--
\\--'~-~-~--I
-~~
~~ -
~~­
cuisine
i
• .
;
i
CUlslne'
1 cuisine
I
._~
J
~- .--_.~ -
•.--- '----"-----1
CASE
COUR
,
COUR
,CORPS DE GARDE
COUR
. . . . _-.-!
, CASE
! Cl'.SE
L"
_,..._ .....1
L~_ ..
,.----_ .. ---
1
i
j
i
cuisine
; cuisine
: cuisine:
Source
nos enquêtes sur le terrain.
Leurs rapports sont quotidiens et très étroits car ils parta-
gent ensemble le frui~ de leur travail,
les joies et les pei-
nes, prennent des déci siens après slêtre tous ccnsultés. La
famille élargie est un élé~ent intennédiaire entre la ~a~ille
restreinte et la tribu.
- Enfin la Tribu ou'~YONG~ Ce niveau du ré~Auu
est à LeI point important que chaque fois .:::ue no'-'s débarc;uions
dans un village FA~G "éloj.gné"
du Woleu-NTem, ou de l'Estuaire,
la préoccupation première de nos hôtes
(ou interviewés)
était
non pas de ccnnaltre notre nom, mais plutôt la tribu dont nous
ètions originaire. La tribu r~présente en effet dans l'esprit
de cette catégorie de villageois une espèce de macro-fa~ille
car elle est formée de l'ensemble des individus se réclamant

IG<:
du môme ancê~re mythique. Même lorsqu'elles habitent des
villages différents,
les personnes appartenant à la même tribu
se considèrent COllLI1le parentes.
En conséquence elles se mon-
trent solidaires à tout moment,
traduisant ainsi une espèce
de convivialité spirituelle savamment entretenue par leurs
aînés en actes concrets
(participation et contribution cowmu~
nes à des cérémonies telles que les retraits de deuil,
les
mariages ou encore les circonci~jons). Chez les FANG, NDA,
NDA BOT et AYONG forment donc ensemble la ffu~ille.
Comme nous pouvons le constater à travers cet
exemple pris dans ce groupe ethnique FANG mais parfaitement
transposable aux
MIENE,
BAPOUNOü, ESHlRA, OBA~IDA, BAKOTA et
autres peuples des villages Gàbonais vivant en r.1arge de la
civilisation marchande, c'est l'étroitesse des liens unissant
l'ensemble de ses membres qui ca=actérise la fru~ille. Dans ce
cadre de vie communautaire où les relations interperso~nclles,
très Ine.rgul2€s,
constituent la plaque tournante de llorganisa-
tion sociale,
la conso~~ation alimentaire, acte qui condi-
tionne la vie de l'individu et
partant du groupe social,
obéi t
non pas aux lois de l' écc','::'l1ie cle marché 1 !TIais ·à celles
de la vie associative, de l'esprit de solidarité. La faoille
constitue le seul,
l'unique réseau de circulatio~ des denrées
alimentaires
(et c'est la raison pour laquelle nous avons tant
insisté sur son agencerr.ent). Avant de le voir dans les fai ts,
penchons-nous sur l'approvisionnement de ces villages éloignés
de la société marchande.

170
1.1.2. ~:~E2E2Y~~~2~~~~~~~_~~~~~~!~~E~
D'après tous les villageois de cet échantillon que nous avons
intervie\\-lés
toute la consornrnation ali.mentaire est assurée
grâce à l'auto-production. En moyenne quatre fois dans l'an-
née, les hommes et les femmes débroussent des espaces de fo-
rêt aux dimensions réduites
(entre 160 et 200 m2)
sur lesquels
sont plantés les produits qui constituent la base de leur
alimenLc. ::ion à savoir l'arachide
(sa culture ne s' accormnode
qu'avec celle du mais),
le concombre,
le manioc,
les ignames
(on peut les planter en même temps su~ le même cha~p), cer-
tains légumes. En plus de ces produits qu'ils font eux-mêmes
pousser,
les villageois éloignés de la société ma"chande re-
courent également à la cueillette pour leur alimentation.
Ainsi, en saison des pluies
les ferrunes o!."'çanisent àe vérita-
t
bles battues au cours desquelles elles ramassent champi,mons,
frul ts du "chocolatier indigène"
(une fois concassés,
leur
amande permet la fabrication ~e pâte de chocolat) et bien
d'autres denrées encore. Enfin,
la pêche et la chasse, orga-
nisées sous forme d'expéditions de plusieurs jours
(voire
semainGs)
en brousse ou simplement d'actions ponctuelles,
complètent cet approvisionnernent et le diversifient. Cor!'cTl'e
nous pouvons le cons ta ter, ces indi vldus vi Ve!lt véri tajlemen t
en autarcie alimentaire.
1.2. LE ROLE SOCIAL DU FAIT ALIMENTAIRE
Lorsqu'au cours de nQS investigations nous leur posions la

171
question de savoir s ' i l leur arrive de vendre ou d'acheter
des denrées alimentaires à leurs frères,
les habitants des
villages éloignés de la civilisation marchande originaires je
MEKOK (dans le Woleu NTem), NOMBO
(dans l'Est~aire) ou MPINDA
(dans le Haut Ogooué)
pour ne citer que ceux là, paraissaient
réellement très choqués. Mais après des explications récipro-.
ques
(nous prenions soin de leur exposer le plus simplement
possible ce que nous entendions ~2r achat et vente de nourri-
ture; puis nous écoutions et recueillions leurs points de
vue),
nous comprîmes mieux les raisons de cette attitude.
Pour ces individus,
la consomrnat~on alimentaire
est en effet un acte communautaire et ne peut que s'intégrer
dans l'organisation sociale de groupement humain. Ainsi les
individus d'une famille nucléaire, d'un village, d'une tribu
doivent partager entre e~x tous les fruits du trava~l GR la
terre, de la chasse, de la pêche, de la cueillette. Au besoin,
ils Ge doivent même d'en offrir à des étrangers, qu'ils soient
leurs invités ou de simples passants.
Il ne saura~t donc être
question d'en faire un quelconque co~~erce dans leur village ..
Le partage des aliments s'opère e~sentiellement de deux
façons :
1.2.1.
~~_~~~§~~~9~~~~_~~~~~~!~~E~_~E_9E~~2~
Il s'agit des repas quotidiens réunissant plusieurs individus
sinon tous les individus qui Cop.lposent le village.
Dans ce
cadre précis,
il y a lieu de distinguer :

172
a)
~~§_E~E~§_~~_Ç9EE~_~~_Ç~~~~: Véritable institution
à caractère national
(nous en avons constaté la présence dans
tous les villages éloignés de la socié~é marchande que nous
avons visité), le Corps ûe Garde est un local édifié en pleine
cour
par tous les mâles du village. Pouvant accueillir vingt
à cinquante personnes,
i l tient lieu de salle de rassemülement
pour les hommes qui y débattent des problèmes importants du
village,
se racontent les péripéties de leurs journées d~ tra-
vail ou encore fabriquent des ustensiles de cuisine ou des
objets d'art. C'est dans ce sanctuaire
(on y trouve parfoi~
des reliques accrochées au pilier central ou suspendues à une
traverse du local)
que de jeunes garçons apportent à leurs
pères, oncles et grands-pères les mets confectionnés par les
femmes du village
(celles-ci n'ont pas droit -d'accès au Corps
de Gara~)
Les hOIT~leS ensuite les consomment ensemble et pro-.
a
posent parfois ~ême à des passa~~s de se joindre â eux. Sur
les trente deux individus que nous avons
interviewés dans cet-
te categorie de vi~lage, vingt
plus pris de repas en dehors du Corps de Garde depuis la fin
de leur adolescence, exceptés les jours 00 une maladie l.c2
avait obligé à garder le l i t et donc à manger à la cuisine ou
dans la case.
b)
~~§_~~E~§_~_~~_~~~§~~~ : Ils sont réservés aux rem-
mes et aux enfants et se prennent dans la cuisine de la femme
la plus âgée du village,
à moins que celle-ci ne soit trop
etroite pour contenir tous les convives
(dans ce cas le repas
a lieu dans n'importe quelle cuisine spacieuse). Tout comme

173
au corps de garde les fe!!U1\\es et leurs rejetons plongent clans
les mêmes casseroles et boivent aux ~êmes calebasses.
Cependant,
la consoIT~ation alimentaire en groupe
présente, aux yeux de cette catégorie de Gabonais, l'inconvé~
nient de ne rassembler, donc de ne faire partager les vivres
que - par -
les personnes faisant partie du même village.
Aussi,
afin d'empêcher que l'esprit de solidarité du groupe~ne
se limite à ce cadre qu'ils estiment étroit,
i l a été institué
cette deuxième forme de partage que nous avons appelé le Don.
1.2.2. ~~_Q2E_~!~~~~~~~E~
Il revêt, lui aussi, deux formes distinctes.
(retour nocturne d'un voyage;
ar:::ivée inopinée cl' s·transers à
une heure tardive ... ) une mère de famille peut se 'c:::ouver mo--
mentanément dans l'incapacité de procurer une quantité suffi-
sante de nourriture à tous ses convives. Pour relT'.édier à cette
inconfortable situatiop., elle enverra un enfant
(le sien ou
celui cl 'une autre femme)
demander à une felT'_'1'.e du bout du vil-
lage ou d'un village voisin que':'èues bâtons de manioc,
un peu
de banane, du poisson ou de la viande fumée,
bref n'importe
quelle denrée alimentaire irrunédiatement consommable ou facile
à preparer. De même,
nous ont affirmé tous nos interviewés de
ces villages,
lorsqu'un villageois tue un gibier,
i l le parta-
ge avec tous ses frères
(entendez par là tous les habitants)
du village. D'ailleurs, s ' i l arrive que ledit animal soit de
la taille d'un sanglier, d'un buffle ou d'un éléphant,
bref

174
une bête trop grosse pour ftre transportée de la brousse au
village par un chasseur solitaire, celui-ci fera d'abord an-
noncer la nouvelle à tous ses parents, y compris ceux des vil-
lages non irrmlédiatement avoisinants. Puis ensemble, les horr.mes
iront dépecer l'animal à son point de chute, chacun d'entre
eux ramenant ensuite au village sa part de gibier.
b)
~~_99~_~_~~~!~~~2~~ : Il consiste principalement à
offrir quelques victuailles à des passants. Souvent en effet,
nous disaient les interviewés,
i l arrive que des indiviàus
se rendant à un village environnant fassent part aux villageois
de leur désir de se refaire des forces par un repas. D'autres
fois illêwe,
sans que les passants en expriment ve~balement le
désir,
ce sont les habitants du village qui, de leur corps de
garde
(pour les hommes)
ou de le~rs cuisines
(pour les ferrmes)
les invitent à s'arrête~ un moment soit pour partager avec
eux un repas,
soit pour le prendre seul,
soit enfin pour em-
porter quelques doigts de banane mû~e, de la canne à sucre,
des ignarues, du manioc, bref n'importe quelle denrée alimen-
taire qu'ils peuvent conSCIT~e~ chemin faisant et dont le plus
souvent ~ls gardent une partie d8stinée à leurs enfants,
époux
ou épouses.
D'une manière générale on peut ainsi schématiser la circula-
tion des produits alimentaires chez les villageois éloignés
de la société marchande.

175
Circuit de distribution et c;e consommatio!1 alimentaire dans
les villages Gabona:Ls éloignés de la société marchande
rDEI'ŒEES
7
/
/
/
/
_____t:_
!REPAS
1
,(,
rFA-MILLE .
ETRANGER
<- -!
"-,
PASSANT
'. ,
i
,
--j
~-------
Nucleaire
'Elargie
. Tribu
source
nos enquêtes sur le terrain.
Comme nous pouvons nous en apercevoir,
les denrées alL~entai-
res sont dans l'esprit de cette catégorie de villageois, un
moyen pour cimenter la cohésion au sein du groupe fà.!uilial ou
l'amitie avec des individus d'autres groupes, d'autres clans,
d'autres tribus. Ce cadre ne laisse évidewment pas de pla~e à
la pratique du con~erce alimentaire car,
à leurs yeux,
elle
n'y a pas de raison d'être,
de justification soclale. Quelles
peuvent dès lors être les images du corrunerce et des commerçants
alimentaires aux yeux de cette frange de population
Gabonaise ?

176
1.3. LES H1AGES DU CO~l~lERCE ET DES
COMMERCANTS ALIMENTAIRES
Les villageois Gabonais éloignés de la société marchande n'ont
aucune connaissance directe du commerce et des cowmerçants
alimentaires.
Les images qu'ils en ont ne sont en conséquence
que le fruit d'associations, de déductions qui se sont éta-
blies dans le~r esprit à partir C'informations que leur ont
fournies
les citadins,
les
l'gens qui vivent ou vont là-bas"
pour reprendre une expression très souvent entendue. Quelles
sont donc ces images ? A quoi associent-ils commerce et com-
merçants alimentaires ?
1.3.1.
~~_~~L~~E~~_~1~~~~~~~E~_~_~~~_PE~!~g~~_~S2~~!~,
~'3.!:'~~~EE~g~~
Pour nos trente deux interviewés,
un individu ne peut ~le.,ère
des produits alimentaires à à'a~tres que s ' i l en dispose déjà
lui-même en quantité su~fisante. Cet acte e~t do~c, selo~ eux,
l'expression par cet individu d'un refus de partage= avec des
parents, des amis ou plus simplement avec d'autres êtres hu-
mains,
non seulement le fruit de son labeu~ (ce qui va déjà
à
l'encontre du rôle dévolu au fait alime:ltaire)
mais, pis
encore
(disent-ils)
ses excédents.
Il s'agit là bien évidem-
ment d'une attitude que tous jugent contraire à leur mode de
vie
("cela ne fait pas partie de nos habitudes"
disaient-ils
tous)
et qui,
à
leurs yeux,
ne contribue .pas à faire bénéficier
le COlnmel.ce et les commerçants. alimentaires d'une image posi-
tive.

177
1.3.2. Le commerce êllimcncaire
: un acte irnrnorëJ.l
---------------------~-------------------
Le commerce des denrées alimentaires apparaît aux yeux de ces
villageois comme un acte vil,
immoral,
indigne de la race
hmnaine. C'est ce que traduit cette interrogation émanant de
vingt cinq membres de notre écha:Jtillo~ : "Conunent peut-on
vendre à son frère,
à son ami,
à un être humain comme soi des
denrées qui,
L:ne fois consommées,
se transforment en selles ?"
Comme on peut le constater, à travers l'analyse de cette phra-
se, vendre des produits alimentaires équivaut, dans l'esprit
de ces perso~nes, à accorder plus de valeur à oes biens maté-
riels qu'à l'être humain, attitude qu'ils ne sa~rè.ient bien
sûr concevoir, ni même admett~e,
parce qu'elle va à l'e~contre
de leur système de valeurs.
Pou~ eux en effet, la société,
l~
vie doivent être centrées autour de la famille, de l'hew~e
(lato sensu)
et teus les éléme::.ts mdté~iels neta..rmnent les
denrées alimentaires ne doivent contribuer qu'à son épanouisse-.
ment.
Il est par conséquent hors de question qu'ur.e pratique
qui valorise la matière,
l'obje~, au détriment de l'être humain)
puisse représenter à leurs yeu~ un q~elconque modè!c à suivre;
bien au ~ontraire.
des éléments anti-sociaux
L'image d'un commerce ~limentaire considéré comme élément per-
turbat.eur d'un ordre social établi, est elle aussi très pré-.
sente chez les Gabonais éloignés de la société marchande,
si
nous en jugeons par certains aspects des propos des trente
deux indiVidus de cet échantiflon d'enquête.

,.'
178
Comme nous le signalions tantôt,
le fait alimentaire est el~
effet pour eux un élément stabilisateur fond~nental du syst~me
social tout entier
: en renforçant la solidarité entre membres
du même groupe,
i l assure non seulement sa cohésion, mais aus-
si sa pérennité et ce dernier aspect revêt à leurs yeux une
grande importance dans la mesure où i l laisse aux villageois
éloignés de la société marchande le sentiment d'avoir accompli
leur tâche:
"Nous devons léguer à nos fils l'héritage que
nous ont laissé nos pères"
avons-nous entendu dire à plusieurs
reprises. Or, affirment-ils tous,
faire le commerce des pro-
duits alimentaires, vendre du manioc, de la banane, de la
viande à quelqu'un, fut-il étranger, revient à ep-freindre les
principes de base de l'organisation sociale,
a remettre ep-
cause ce modèle de société auquel ils tiennent jalouse~ent et
dont le respect par les générations antérieures constitue le
meilleur gage de valeur, de richesse, de vérité.
Cette prati-
que se situe aux. antipodes de leur manière de vivre; elle en
est la négation et àonc un facteur de dissolution.
1.3.4. ~§_"'-2!!:~§!:~§_~!~~§!::::~i-E~_.i_::!:§
_l?E~!ig~~_~2 _-!:~ .. ~1:!);§
Lorsque nous leur posions la question de savoir si les gens
vendaient autrefois et/ou vendent aujourd'hui àes denrées ali-
mentaires dans leurs villages,
les Gabonais vivant en marge de
la sociéte marchande nous :r.épondaient invariablement : "Nous
ne connaissons pas ces choses là ici"
ou encore "C'est chez
vous
(sous-entendez par là en ville)
que les gens se livrent
à cette pratique".
En effet cette frange de population nationa-
le associe comme:r.ce alimentaire à ville.
Il ne s'agit pas là,

179
pour eux,
comme ils nous J'ont tout de suite fait rem&rquer,
de justifier cette pratique dans un environnement autre que le
leur. Son caractère in®oral précéde~~ent évoqué suffit à les
préserv9r de cette tentation. Par ces remarques,
nos interlo-
cuteurs cherchaient plutôt à se prémunir, à se protéger de
cette activité diabolique
(le terme n'est pas trop fort)
et
nous le percevions clairement à travers certains mots
(l'usage
très répété des termes vos, vous et votre),
la formulation de
leurs phrases
(très courtes et affirmatives)
et même l'intona-
tian de leur voix
(nous y percevions presque une certaine
acrressivité).
"Faites le commerce là-bas si cela vous plait:
mais préservez-nous en",
semblaient-ils dire.
1.3.5.
Le commercant alimentaire:
un marair.al
---------~------------------------~----
Peur ce qu'i~ fait,
le co~mGrçar.t alimentai~e a~x yeux d~
Gabonais éloign.;§ de la société marchande un IIKAGGE-EYIE
(en
FANG),
OKURE
(en OBlIJ'!BA),
"OBONGOUNOU DüUMBIA!.J3IL: (en :lIENEI.'
Ces expressions,
souvent utilisées par nos interlocuteurs
expriment chez un individu,
l'absence de savoir vivre,
le man-
que d'éducation de base. Pour ce~ interviewés, une personne
qui vend des produits alimentaires à autrui est soit quelqu'un
qui n'a pas reçu de ses aînés les préceptes qui doivent guider ..
sa vie
(et parmi lesq~els le partage de ces Droduits aveC d'au-
tres individus vient en bonne place),
soit quelqu'un qui,
sciemment,
ne veut pas respecter ses traditions, donc se coupe
du reste du groupe. Et cet individu ne saurait être pris en
bon exen'ple. Le lien entre cette image du commerçant et celle
du con®crce alimentaire en tant qu'élément anti-social est ici.

180
évident.
A travers toutes ces associations,
il apparaît de manière
évidente que le commerce et les co~merçants alimentaires ont
une image très fortement négative chez les villageois Gabonais
éloignés de la société marchande. On sent en effet, de la paét
de ces derniers, une volonté de se prémunir de cette pratique
qui, en définitive, sembl~ ne pouvoir rien leur apporter de
positif, d'enéichissant. Et l'on comprend dans ce contexte,
l~
refus des parents d'envoyer leurs enfants se former à la pra-
tique du corrunerce alimentaire.
"Si nos enfants "Jont à 1'école
des Blancs,
qu'ils y apprennent de vrais métiers"
nous ont
confié tous nos interlocuteurs masculins.
o
o
0
2.
LES
'!TLLAGEOIS AU CONTACT Di:: LI, C.':'lILISriTIü" V,ARCl-iA!'ïDE
La population ':illageoise au cant.act de la civilisation mar-
chande représente au Gabon environ 45% de la population tota-
le,
soit la plus forte proportion d'individus vivant sui ce
t~rritoire. Où la rencontre-t-on ?
Dans les villages en périphérie des "grandes
villes"
que sont les chefs-lieux de province
(exception faite

131
de Port-Gentil,
ville
i.ndustrielJ.e sise sur une presgll'ile oG
on ne trouve pas de villages, mais simplement des campements
saisonniers du reste peuplés de pêcheurs Ouest-Africains)
et
surtout le long des principaux axes routiers du Gabon c'est à
dire ceux à peu près pratiquables tout le long de l'année à
savoir
-
l'axe Libreville-Bifoun-Lambaréné-Mouila-NDende-
Tchibanga
soit 566 Y.m (1)
-
l'axe Bifoun-Alembe-NDjole-Mitzic-Oyem-Bitam:
soit 478 km
l'axe Alembê-Lastourville-Pranceville
soit 434 km
-~es axes NDende-Lastourville et Lalara-Makokou
c'est autour de ces voies ainsi que certai~s de leurs e~~ran-
chements
(accessibles aux auto~obiles six à huit mois l'an)
que ~e concentre cEtte frange èe population paysanne, dans des
villages souvent plus grands que ceux rencontrés dans les zones
éloignées de la civilisation ~archande. Au cours ne ~os 8~guê-
tes,
nous en avons explcré quatorze,
g§ll§raleDent sit~§s dans
un rayon moyen de qua~ant~ cinq km autour des villes de
Libreville et Kango
(dans l'Estuaire), "ranceville, ~oand~ et
Moumana
(dans le HOlut Ogooué), Cyem, Bita.rn et Mitzic
(dar'.s le
Wolen-NTem). Nous nous sommes entretenus avec quarante trois
individus,
d'un âge comparable â celui de nos interview&s du
chùpitre précédent
(dix sept à soixar.t~ huit ans) 1 tous r&si-
dant en permanence èans leu~s villages natals, mais avec cette
différence
(par rapport ùux habitants des villages éloignés de
(1)
Source
statistiques du ministère du plan publiées en
1978.

182
la civilisation mercantile)
que si quinze d'entre eux ont
avou6 n'être jamais allés en ville,
tous reconnaissent néan-
moins avoir eu des contacts avec cette société,
soit à l'occa~
sion de rencontres au village même avec èes commerçants ~mbu-
lants
(les Haoussa,
très souvent originaires du
Cameroun ou vivant au Congo,
vont de village en village propo-
ser aux habitants de la frippe, des crèmes, quelques conseives
àe poisson), soit encore parce qU'il y a dans leur petite ag-
glomération humaine un villageois propriétaire d'une boutique,
soit enfin pour vingt huit d'entre eux lors èe leurs excu=sior.s
err ville. Comment vivent ces personnes? Tentons de répcndreà
cette première question grâce à l'analyse des réponses fournies
à nos questions par les trente sept simples villageois
(les six
propriétaires de boutiques que nous avons recensé sent ici
exolus de nos propos)
que nous avons rencontrés.
2.1. L'GRGANISATIC:; SOCIALE
La population proch o
àe la société illarchande a
conserve une organisation sociale très voisine de celle que
nous avons décrite,
au chèpitre précédent,
à p~opos jes vil-
lageois éloignés de ce nouveau mode àe vie.
2.1.1. La notion de fa!T1ille
--------------------
ElIt!" Y a conserve la même structure et la même valeur :
tout
conune dans les villages éloignés de la société marchande,
la
famille englobe la tribu,
la famille élargie et la famille

lB]
nucléaire.
Q~ant à l'esprit de solidarité entre les membres
de cette communauté son caractère impératif persiste lui aussi,
La seule innovation qui intervient ici tient au fait qu'alors
que le village était presque toujours composé des me'~,b~-es d'une
seule famille élargie, dans le cadre des populations éloignées
du monde mercantile,
ici i l regroupe souvent 3 à 4 familles
élargies. En conséquence, on signale non plus la présence d'un
corps de garde unique, mais de trois ou quatre.
2.1.2. ~~~E2E2~!§!2~~~~~~!_~~!~~~!~!~~
Dàns les villages au contact de la civilisation ~archande,
environ 90% des denrées alimentaires consoIT~ées par la pcp~la­
tian proviennent du travail de leurs mains, de l'auto-produc-
tion
:
tout comme
1'25
populations vivant en marge de
la
"so-
ciété m~dcrne", celles qui en sont proches continue~t â c~lti­
ver leurs champs,
a~~ n§~2s périodes,
à pratiquer la pêc~e, ~a
chasse et la cueillette,
ces chQses qui,
èisen~-ellesl les
'lfoDt vivre". Mais en plus,
une portion de cet approvisionne-
ment,
soit à peu près lO%)èst co~stitué de dçr.rées acnetées au.
COIT~erce marcha~d. A~jourd'r.ui en effe~, des p~oùuits te:s que
les COllserves de poisson et de viande,
le riz,
le
sel,
le .s~­
cre.,
la tomate,
1: huile cl t amande,
le poisson de mer
(frais cu
salé)
et la viande de boeuf sont des denrées désormais connues
et appr~ciées de cette catégorie de Gabonais. Et s ' i l est vrai
que ces biens sont encore pour la totalité d'entre e~"
des
proauîts de luxe qui ~e font que compléter leur approvisionne-
ment traditionnel
("on n'en mange pas souvent"
disent certains
u nous
nlen consommons qu'à c0rtaines occasions Il
renchérissent

184
d'autres),
i l n'en demeure pas moins que leur conso~nation
est devenue une réalité,
certes non encore impérieuse, mais
dont la·· nécessi té se dessj.ne peu à peu dans leur esprit. Cer-'
tains d'entre eux,
les plus âgés surtout,
ne nous o~t-ils pas
en effet déclaré "Vous savez, i l y a de cela 20 à 30 ans,
dans la force de notre âge,
nous n'aurions pas eu besoin d'al-
ler acheter de la viande en ville.
Aujourd'hui,
compte tenu
des années qui pèsent sur nous,
nous ne pouvons plus aller à
la chasse très souvent,
e~ les jeunes ont presque tous fuit
à la ville. C'est pourquoi nous achetons du boeuf une fois en
pa.ssant. Hais que ferons-nous dans les années qui viennent ?"
Chez ces individus,
le sentiment d'être pris dans un engrenage
est certain.
2.2. LE FAIT ALIMENTAIRE
Tout COR~e àans les villages éloignés de la société carchande,
le fait alimentaire a gardé ici son caractère social.
-
En effet,
les repas
se prennent éga~ement en
communauté, même si, pour la ral~on que nous évoquions pLIS
haut,
ils ne réunissent plus systématiquement tous les ho~"es
ou toutes les femmes et enfants d'un village, mûis plutôt les
membres de chaque famille élargie
(en fonction bie!' sûr des
cri~ères d1âge et de sexe antériQurement évoqués).
-
De même lorsqu'un ho~"e tue un gibier de petite
taille,
i l le partage,
comme dans les villages éloignés de la
civilisation marchanàe,
avec ses frères.
Il est vrai que,


185
aussi,
s'fitablit déjà une sorte de hiérarchie liée en fait à
la taille du groupe humain; on c10nne la viande d'abord aux
membres de sa îamille élargie, et les autres
(familles)
seront
servies après.
Enfin le don à l'étranger,
bie~ que moins sys-
tématique comparativement à ce qui se fait dans les villages
"éloignfis", demeure ici aussi une réalité. Les repas et offres
de vivres àont nous avons été bé~éficiaires àurant nos 5j.·y·es-
tigations à Moupia et DJotou
(dans le Haut Ogooué)
ou NKol
(dans le Wolen-NTem)
en sont la preuve.
Les vj.llageois proches de
la société Inarchande
on du commerce alimentaire e~ ae ceux qui l'exercent deux
vécus:
celui
lié à
leur caàre naturel,
c'est à dire le ~illa­
'.le et celui lié à la ville. A ces deux vécus ~e rattachent des
images très contrastées.
2.3.
LE COMMERCE VILLAGEOIS
REALITe: ET I:'1AGES
La pratiq'Je du commerce alimentaire au villët~ ; Da"s les
villages situés en périphérie des villes ou sur les principa-
les artères routières Gabonaises,
i l n'est plus surprenant de
nos jours quec1es villageoises laissent,
suspendus sous les
devantures de leurs maisons ou déposés sur des étagères instal-
lées en pleine cour.
un régime de banane, quelques bâtons de
manioc,
un oJ.nanas,
~es morceaux de canne à sucre, un gibier

186
même,
bref des denr~es alimentaires proposées surtout à des
acheteurs occasionnels venant de la ville.
De même nous avoris
constaté par si~ fois la présence dans ces groupements humains
de taille réduite
(par rapport aux villes Gabollaises ou aux
villages français)
de coins de maison ou de petitès cabanes
tenant lieu de boutiques et dans lesquelles les propriétaires
offrent aux consommateurs villageois un assortiffient très réduit
de marchandises
(environ 10 références)
à ~rédominance ali-
mentaire
(boites de lait,
sardines et maquereau~, tomates,
sucre, ' b
Don ons,
"
rlZ t
e
se l
y occupen t
une
1
p_ace d
e ' " )
cnOlX .
certes, dans cet environnement social, peu approprié à la pra~
tique des méthodes modernes de la distribution aliment,iire,
la
vente des produits ci-dessus énumérés n'obéit pas 2~X lois du
commerce moderne tel qu'il s'exerce dans les centres urbai"s.
Ainsi, par exemple,
la responsabilité des èenrées susps::(;ues
sous la véranda ou exposés sur l'étagère incombe,
da~s le
meilleur des cas,
au vieillard invalide installé au corps de
garèe et à qui
l'acheteur honnête aura la bonté de remettre la
contrepartie
finar~cière de la marchandise emportée. Mais il
p~ut arriver que tOJS les indivi~us soient absents du village
et que le paiement des produits exposés ne tienne qu'à la
bonne foi de l'acheteur
(dans ce cas i l peut soit déposer
l'argent sur l'étagère,
soit l'accrocher à un mur de la ~aiscn.
de manière suffisillQment visible pour le destinataire).
Quant
aux boutiques, dépourvues de livres de compte autant q~e de
s~oçks, on y pratique la vente à l'unité et elles n'ouvrent
que lorsqu'un client se présente ou alors tard dans la journé~
(18 hl.
Très souvent en effet,
ce sont les mères de fanlille,

187
d~jà occupdes à pr~parer le repas pour leurs époux, enfants et
autres parents, qui en or.t également la tenue.
Aussi, pour
,;
mener à bien l'une et l'autre activité,
n'ont-elles pas d'au-
tre recours que de faire attendre leurs clients à l~ cuisine
(ceux-ci,
pendant ce temps,
peuvent en profiter pour manger à
l'occasion une banane mûre,
ur.e igname . . . ) et d'aller chercher
cl la boutique l'article sollicité.
Comme on le voit,
les bOE-
tiques du village n'o~t ni assortiment fourni,
ni heure ~'ou-
verture,
ni heure de fermeture
(on peut réveiller la gé~ante
d1une boutique à minuit pour lui acheter une boîte èe sardines)
exèeption fai~e àes dimanc~es et jours de fête durant lesquel~
la gérante
(ou à défaut un de ses enfants)
se tient derrière
son comptoir une grande par~ie de la journée, auettant eue les
~
~
passants nombreux se "trë.Dsi'orrr.en't en acheteurs.
Mais en èépi '.:
Qe so~ aspect rudimeutaire,
la vente des produits ali~ent~ires
~e pratique bien de nos jo~rs daLs les villages p~oches de l~
société marchande.
Corrune:,t la justifient les villageois
Quelles image s on t-·i:i"s è.e ce tte pra tisue,
telle qu' e11.:= 5 t exer-
CE
chez eux et que pensént-ils àes cJmmerçanès du village ?
~e~im~s du commerce et G2S cOIT@erçants
2.3.1.
Vendre des de:n.-écs tracii tionnelles : une :::-éoonse
---------._-----------------~---------~-----------
I\\UX
yeLlx des habitants des villages proches de la socié';:.é mar-
chande,
vendre des produits alimentaires traditionr.els consti-
tue l~ "réponse à l'évolution du monde dans lequel ils vivent".
Depuis bientôt un demi-si~cle, disent-ils, depuis que le mode

188
de vie occidental s'est instauré dans des centres
(devenus
urbains)
du Gabon, avec les répercussions inévitables que cela
a pa~ la suite e~traîné sur les villages en contact avec ces
villes, des mouvements se sont produits dans leur environne-
ment immédi.a t,
certains d'entre eux touchant même à leur vie
quotidienne.
C'est le cas dans le domaine de l'approvisionne-
ment alimentaire.
Fuyant les villages pour aller chercher du
travail ~~ ville,
leurs enfants,
les honwes valides,les ont,
affirment-ils, abandonné. Eux-mêmes, du fait de leur âge, ne
sont pas toujours capables de faire de manière répétitive et
constante les trava~x qui autrefois leur permettaient de cou-
vrir l'ensemble de leurs besoins alimentaires,
cl/où une si-:-
tuat~on de manque.
L'offre corr~erciale de conserves al~~Gntai­
res,
de riz,
de sucre,
de via~de et de poisson frais,
leur
perm8t en même temps dl élargir E:n. la dive1:' sif iant la ga_:n.:'1~e àe
leurs produits de conso!illf'.at5.on,
jusque 1& limitée aux
seules
denrées traditionnelles auto-produites.
D§sormais,
ceux qui en
ont la capacité matérielle peuvent partager avec leurs parents
et/ou amis,
en plus du séculaire plat èe concombre ou de cho-
colat i:l~igêne, une sa~ce d'arachide au maquereau DU à la-sar-
dine,
élccompagnée d'un r-iz élUX oign.ons"
f.'lais,
font re!7larq:ler
nos interlocuteurs,
cela suppose que
ces gens aie~t les moyens
financiers pour satisfaire ce besoin complémentaire ou
(et)
elargi,
au delneurant conforme à l.eur tradition conwunautaire.
C'est la raison pour laquelle,
concluent-ils,
ho:mnes et fe:runes
se'I1vrent, de temps à autre,
à la vente de produits alimen-
taires,
la seule richesse échangeable sur le marché dont ils
disposent,
D'ailleurs,
ils s'empressent de faire remarquer

189
que Il 18ur commercc ll
r. 1 est en rien cO;-l1pa~able1 assimilable à
celui des gens de la v i l l e :
"Si quelqu'un Q'achète deux bàtons
de manioc à un prix du reste dérisoire,
je lui en offre un ou
ùeux ,mtres.
Pour nous ces choses-là n'ont pas beaucoup de
valeur" ...
En d'autres termes,
la vente de ces denrées ne
signifie pas dans leur esprit la mise au rebut de la discipli-
ne sociale; elle ne remet en cause ni la solidarité et l'es-
prit de partage avec autrui,
ni ce sentiment de sécurité et
de respect de la Lradition née de la consowmation des mêmes
biens que leurs ancêtres.
Elle répond à l'évolution amorcée
dans leur environnement et à ce titre ne sau~ait souff~i~ ë'~ne·
image négative.
au cadre soci2.1
Pour les villageois proches de ~a civilisation ~arc~a~de, ~e
petit cowmer~ant du village est un inàividu ~ui participe
pleinement, mais à sa. rr:a.niè:ce,
è.
la vie cOITLlTlunClu~ai!'e ~~r:.t
son rôle est actif dans les évènements de la vie du village
~t s.tinscrit dans le syst~me de valeurs t~aditionnel.
Ainsi,
par exemple,
affirmaient à peu près .!.cs
2/3 de nos interviewés,
lorsqu'il faut réunir u~e dot èestinée
au mariage è'un parent ou en cas èe célébration d'un retrait
de deuil,
la participa tien financière ou ma tér ielle àu comrner-
çant est souvent plus effective que celle des autres "simples
villageois".
De même lors de la rentrée scolaire,
les jeunes
élèves du village,
symbole des espoirs mais aussi de la péren-
nit0 du groupe social, peuvent compter sur sa générosité qui

1')0
se traduit par des dons de fournitures scolaires ou d'argent
liquide. Autre exemple couramment cité
il arrive souvent que
le commerçant du village fasse cadeau de quelques francs à une
personne
(du village)
qui, désireuse de se porter acquéreur
d'une marchandise, ne dispose pas de la somme à cet effet Le-
quise.
Ce geste est particulièrement apprécié par les villa~,
geois proches de la société marchande
(c'est la raison pour
laquelle trente individus nous l'ont signalé dans leurs répon-
ses à nos questions)
car, à leurs yeux, i l témoigne de l'inté-
rêt supérieur que le co~nerçant du village accorde à l'être
humain par rapport à l'argent. "l'argent s' e:> retourne toujours'
chez ceux qui en so:>t les maîtres
(sous-entendu ses créateurs)
'::.-~'
-','
mais nos liens de Farer,tê ou dl ami tié sont éternels"
nous a
philosophiquement déclaré un vieillard d'environ 65 ans à
Keng Akok,
un vilJ.age en périphérie d'Oyem.
Enfin,
le bouti-
quier du village assu~e ~galernent cet~e fonction de reCQurs
qui incombe à la ménagère
(lata-sense) 1
à l'ag~iculteur,
oref
à
tout membre du groupe social.
AillSi,
nous disaie~t les in-
terviewés Gabonais de cette catégorie de village. on n'hésite
pas ~ l~i demander de vous procurer une boîte de 2ardines
gratuitement ou en IIbon ll .
Dans ce dernier cas,
le client slen-
gage à effectuer un paiement différé de sa dette, engagement
que bien souvent les villageois :>'honorent pas ou pas totale-
ment sans que cela donne lieu à des pours~ites judiciaires.
Nous avons par exemple rencontré à
Zame Aligue, dans l'Estuaire
urr~lltiquier qui avait une créance de 7 ans sur un de ses
frères du village et qui nous avouait avoir renoncé à sa:>
recouvrement.

191
'fous ces exemples lllontrent combien le commerçant du village
reste,
aux yeux des membres du groupe social, avant tout un
des leurs, quelqu'un qui vit la même vie qu'eux en y apportant
quelque chose en supplément, quelqu'un qui avec les autres
villageois oeuvre à la cohésion et à la survivance du groupe
dont il est un élement. En compensation d'un rôle suspect
(celui de commerçant)
i l en assume un autre d'aide financière
et materielle, en un mot social, ~ui éclipse complêtement le
premier cité.
Pour cette raison i l jouit d'une bonne image
auprès des autres villageois.
Si le commerçant du village est bien accepté par le groupe
social auquel il appartient,
à
la fois parce que sa fo~ction
est perçue COIT.me necessaire du fait de 11 éVoJ..u-:'lon di.l iT~ode de
vie et parce que l'assistance financière et matsrielle qu'il
fournit à la communauté compense le caractère suspect de son
activité marchande,
le commerçant de ville, en revanche, sus-
cite dans les représentations des villageois proclles de la
societe marchande, des images n~gdtives analogues 2 celles
qu'associent à toute forme de commerce de denrées alimentaires
les villageois éloignés de la civilisation moderne.
2.3.3.
Ç2~~E~~_9~_~~11~_~_~g2~~~~
Tout comme les citoyens en marge du commerce marchand, vingt
trois de ceux qui en sont proches n'ont pas manqué de nous
souligner le côté égoïste de la vente des produits alimentai-
res en ville.
Selon eux,
les cOfiUncrçanls urbains sont âes

192
individus qui ne se soucient que d'eux-mêmes, qui restent
insensibles au sort de leurs semblables. Jamais,
affirment-ils,
un con@erçant de la ville ne peut offrir quelque chose à man-
ger à quelqu'un qui a faim.
"En ville, disent-ils, pour se
désaltérer ou pour apaiser sa faim,
on n'a pas d'autre choix
que de s'acheter un jus de fruit,
une bière, quelques gateaux'
Sous-entendu la petite vendeuse occasionnelle de produits tra-
ditionnels ou le boutiquier du village ne vous laisseraient
jamais souffrir de faim,
sous prétexte que vous ne disposez
pas d'argent pour acheter telle ou telle de leurs denrées.
2.3.4.
Le commerce de v i l l e : un facteur de dissolution
----------------------------------------------~-
de la famille
-------------
"Les gens qui font du commerce en ville ne peuvent pas avoir
<le faiùil1e"
avonS-I"'_OU5 entendu ::fpé~er plusié'..lrs de nos inte::-
viéw~s des villages proch2s de la soc~été marchande. Ou encore
1I1 es corrnnerçants de la ville ven.dent des produits ali::-,er.taires
m&..rne à leurs propres ·parents,
crest impensable ll
ou s:1fin "Vous
savez,
les commerçants de
la ville n'ont p}~s ni père, ni clèr~,
.
.ç'--
ll
nl
... rere ,
ni oncle . . .
nlont que leur cornmerce
.
Pour ces
indiviàus en effet,
la ":ente des produits ali..'T\\Emtaires, 1:.elle
qu'elle se pratique en ville,
c1est à dire régie par un Q~sem-
ble de normes rigoureuses
(not~~ent la rigidité des prix)
interdit au commerçant de prendre en corr.pte les liens de pa-
renté qu'il aurait avec un individu dans ses ~ransactio~s avec
ce~~-ci. Il ne peut pas lui vendre une boîte de sardines à
un prix inférieur à celui fixé comme c'est le cas au village,
ni encore moins lui en faire cadeau sous le prétexte gue c'est

un parent démuni et gui a faim.· En d'autres termes,
la prati-
que urbaine du conunerce oblige les commerçants à se désolida-
riser de leurs parents et ces derniers à renier les premiers.
Bref, elle est, contraire;ment à la vente au village, un fac-·
teur de dissolution de la famille.
2.3.5.
Ç2~~~~~_~~!~~~!~!E~_~§§~~~~§_~_~2;_~!
~2~~~Ç~~~E_~~~~~D§_~_~21§~E§
Sur les quarante trois individus qui composaient notre écha~­
tillon de villageois au contact de la civilisation marchande,
trente quatre ont assimilé la distribution alimentaire urbai-
ne,
considérée corrune acti~lité visant à permettre au g§rant
ou
(et)
propriétaire de réaliser le profit maximum,
à du vol.
Dans l'esprit de ces Gabonais en effet, les politiques
(no-
tamment de prix et de produit)
adoptées par les magasins de
gros,
les grandes et moyennes surfaces ainsi que
tous les
autres points de ve.nte urbains :Lont :!:i Cie l'honnêteté.
"Ce
sont des maisons où lion vend toujours t.rop cherI!
affirDaient
nos interviewés,
ou encore " . . .
des maisons où lion vous
prena t01t votre argent en contrepartie de produits qui n'en
valent pas le prix". Certains d'entre eux,
se référant à des
mêsaventures dont ils ont été victimes
(achat de produits
avariés)
ou au rapport qu'ils établissaient entre le ~rix
d'une marchandise et la valeur réelle gu'elle avait à leurs
yeux, ont d'ailleurs parlé de "vol organisé de pauvres '1illa-
geors· démunis de moyens financiers".

19 ..
2 .. 3.6.
Le commerce alimen"taire: urbain:
une activité
---------------------------------------------
contrùl~e ~ la morale chrétienne
--------------------------------
Au Gabon,
38 à 40% de la population est chrétienne
(d'apr~s .
une êtude réalisée par le ministère du plan et reproduite par
"un march~ 53", Le Gabon, CF CE 81)
dont 30% de catholiques
et 8 a 10% de protestants. On peut estimer qu'environ 60% d~'
cet effectif chrétien est constitué par des villageois proches
de la société marchande
(ce chiffre nous a été ccmmun~q~~ par
l'archevêché de Libreville). Pour 29 de ces villageois très
imprégnés des dogmes chrétiens
(d'après la même source, c'est
en effet dans les villages proches de la société marcllancl2 que
les chrétiens sont le plus pratiquant, ce qui expliquerait
certainement cette réfé~ence à la morale chrétienne),
vendre
des produits alimentaires à des gens qui
ne disposent pas
d'argènt,
2 des pauv~es ~ui sont dans le besoi~f ccns~itLe U~
mûnqueillent aux commanèeQents divins et ncta~~ent à celui èe
la charité.
tlCoITUT~e~t peu't.-o!l. faire payer que~qlles gâteô~x, ë'..l
pain,
etc.~. à quelqu'url qui ê. faim et oui ne pe~t slo:Ef!:'ir ~
mi:lnger ?II
nous a-t-on ':ait: ~eITlarquer à pl'.... sieurs re9rises
:
IICeu~- qui ont de la nourriture en abondance doivent SUi·/~2
l'exemple que Jesus a recomma.ndé au
jeune honrne riche àë.ns la
bible,
c'est à dire partager lt ,
nous a dit une [ewme de 60 a~s
cl Mvomayop.
"Les cormnerça!lts de la ville se compor~ent comme
le riche qui refusa la nourriture à Lazare" a rench§rit un
homme â Ewot-Mekok dans le Wolen-NTem. Et presque to~s de nous
rappe:.ler que les prêtres du Christ ont eux-mêmes mon~ré le
bon exemple par les aides diverses qu'ils accordaient a~x
villageois
(ùons dc m0dicaments; parfois de conserves

195
alimentaires . . . ) ct que eux villageois, par leur esprit de
solidaritê,
respectaient leur foi.
Durant nos investigations, nous avons demandé à nos inte~lo-
cuteurs de nous cite~ pèr ordre de préférence, quelles acti~
vites ils préféreraient voir leurs enfants exe~cer dans la
vie.
Les réponses obtenues permettent d'établir le classement
suivant
:
Tableau de classement préférentiel des m~tiers
Rang
Métier
(ou domaine à'activité
1er
Responsable d'administrati0TI centrale
(directeur de
département,
préfet, responsable d'une insti~ution)
2ème
Simple for.ctionnair2
(~édecin ou i~firmier, pro=es-
seur ou moniteur;
agen~ de sécurité publique ... )
3ème
Salari~ des entreprise5 non alirnentaj.res
(bnnques,
construction iwmobilière)
4ème
Com.i11erçant aJ.iment2.2.re.
E~. 12 personnes ~ur les 37 qui ont répQndu à cette question
··n 1 ont pas mentionné le métier de comwE:rçar:t.
Source .
nos enquêtes sur le terrain.
Comme nous le constato~s, les individus qui composent cet
échantillon préfèrent largemenL voir leurs enfa~ts occuper oes
postes de responsabilité dans la fonction publique ou à déf~u~
en-être de simples agents. Ce secteur d'activité est en effet
à
leurs yeux le symbole tout à la fois de la richesse maté-
rielle, de la sécurit~, des honneurs. Ce dernier aspect tient

] 96
une place particulière dans leurs crit~res de référence et
n'importe quel parent éprouve plus de fierté à vous annoncer
que son fils est "emploY8 par le gouvernement" ou une des
institutions financières que commerçant alimentaire.
Effecti-
vement cette activité passe à leurs yeux pour une "activité
refuge",
celle-là que n'exercent que les jeunes gens qui n'ont
la possibilité de trouver un emploi dans un autre domaine.
Pour reprendre une expression qu::' nous avons entendu prononcer
quatorze fois,
vendre des produits alimentaires est "un métier
de ratés".
Si le comlnerçant du village a trouvé grâce au;·; yeux des villa-
geois proches de la société marcnande,
à cause s~rtout du rôle
social actif qu'il continue à
jouer dans son cadre ~aturel,
dans son groupe,
i l ni en est manifestement. pas de même pour
le commerçant urbain à qui l'on reproche de sacrifier ses

parents,
ses amis,
le système de valeurs traditionnel,
au
profit de mani~res de penser et d1être qualifiées d"'importées!'
~'est à dire étrangères. Certes/ l'analyse des points de vue
des villageois au contact de la civilisatio~ ma~c]1ande permet
de dire gue
leur attitude vis à vis du co~~erce et des commer-
çants alimentaires est légèrement nuancée par rapport à celle
de notre premier échantillon de Gabonais.
L'acte commercial
n'est pas systématiquem"nt amoral. Lorsqu'il est pratiqué au
vi~-rage, qu'il s'accompagne, de la part du co~~erçant, de
pratiques
(dons de produits alimentaires; aide financière
et/ou materiellc)
conformes au système de valeurs tradiU.onnel,

197
non seulement i l trouve grâce aux yeux des villageois, mais
le corrunerçant lui-même se voit crédité d'un rôle social éminem-
ment positif au sein de la co~~unauté. A l'inverse, la prati-
que du commerce alimentaire en ville, qui ~ait fi des liens
de parenté, des relations sociales, du devoir d'assistance aux
démunis,
à ceux qui ont faim,
s'inscrit en contradiction abso-.·
lue avec les valeurs fondamentales auxquelles adhèrent les
villageois. A ce titre, elle leur apparaît inacceptable et
ceux qui l'exercent sont condamnés sans appel.
c
o
0
3. LES CITADINS ET LE COè~lERCE
Les individus qui hèbi~e~t les centres urbcins d~ Gabon
représentent, d'après les statistiques du ~inistère du plan
(1978)
environ 30% de l'ensemble de la population nationale.
A·- Lihre~.~2.11e
(capitale administra"tive,
175.000 habitar;ts et
impo~tant centre industriel)
et Po~t-Ge~til (capitale écono-
mique,
25.000 habitants)
(l,
on peut estimer que 80% de cette
population n'est pas originaire des provinces
(respectivement
l'Estuaire et l'Ogooué Maritime)
où se situent ces deux villes.
A l'inverse,
90 à 95% des habitants des autres centres urbains
(1) Source
"Un marché 53", Le Gabon,
C.F.C.E. 1980.

198
sont issus des provinces où s'inscrivent ces centres.
Les
Gabonais qui peuplent les villes sont employés dans l'adminis-
tration
(13%)
(1),
la construction et les travaux publics
(environ 15%, car si ce secteur regroupe à peu près 19%
(1)
de la population active,
4% se trouvent dans les chantiers de
brousse),
l'industrie
14%)
et le secteur tertiai~e (ban-
gues et autres institutions financières,
assurances,
commerce
... 1. On compte également parmi 2~X environ 20% d'inactifs.
Au cours de nos investigations à Libreville et Kango
(dans
l'Estuaire), Franceville, Moanda et Mounana
(dans le Haut
Ogooué), Port-Gentil
(dans l'Ogooué Maritime),
Oycm, Bitan
et Mitzic (dans le Wolen-NTem),
neuf villes qui à elles seules
regroupent environ 226.000 habitants,
soit près de 75% de la
population urbaine Gabonaise,
nous nous
sonmes entretenu3
avec cent onze personnes,
d'un âge variant enL~e dix huit et
soixante
seize ans,
appartenant â toutes J.es catégories sa-
cio-professionnelles ci-dessus énUMérées.
Parmi
ses CG~t onze
personnes figurent trente huit COIrll1e;:-çants a.limentaires
Gabonais que nous eXClUOjlS de llanal}rse qui va suivre car nous
reparlerons d'eux da!lS le chapi~Lo suivant.
3.1. LE MODE DE VIE DES CITADINS
3.1.1. ~~S~g~~~~~!~S~_~S~~~l~
Ce-qui caractérise fondamentalement le mode de vie des citadi"s
(1)
Renseignelnents recueillis sur le terrain.

199
Gabonais, cr ést le relâchement des rapports qui existt.::llt entre
parents, amis, comparativement à la situation qui prévaut dans.
les villages au contact de la civilisation marchande et encore
plus ceux qui en sont éloignés.
Un des thèmes à partir desquels nous meDions nos
conversations, au cours de nos recherches sur le terrain,
portai t
='.lr· la
si tuaU.on matrimo:1iale de nos intervie':Jés.
Certains éléments de réponse aux questions posées fournisse~t
des informations très intéressantes su~ la notion de famille
dans les villes Gabonaises,
et particulièreme~t les ?lus im-
porLantes
(en population
en st~uctures administratives et
l
commer'ciales) .
Ainsi, avons-nous constaté qu'à ~ibreville, la capi~aJe, et
Port-Gentil,
la seconde ville dt.. pays,
la famille COi:1pre:.c:1
géndralement le père,
la mère,
les enfants,
ainsi q~e li un o~
l'autre parent souvent très procne
la soeur d'un
des conjoints; un encle, une ~ante, un cousin ou u~e cousi~e
qui fr~qu~nte le lycée) .. En fait on y dénombre rarement plus
d'un parent exté:cieur à la fa.'lülle nucléaire. A Oyem et
Franceville, on compte en pJ.us du père, de la mère et des
enfants
(quand ils en ont), un nombr~ à peine plus élevé
d'autres proches parents,
soit en mOYGnne àeux indiv:àus.
Puis,
â mesure que l'importance de la ville décroft,
le cercle
familial s'élargit. Mais dans tous les cas, nous sommes en
ville,
très loin de la fillnille dans sa conception villageoise.
c'est que,
dans ce milieu
particulier, en ce sens Ciue non

208
originel po;lr la gra.nde majorité des habitants, l'idée tend
A prévaloir selon laquelle chaque individu doit apprendre a
se débrouiller,
a se suffire, principe q;li con~e on le voit
se situe aux antipodes de l'idéologie villageoise basée sur
l'esprit de solidarité et d'unité du groupe social. Certes,
nous ont fait remarq;ler environ soixante interviewés "si un
parent vient nous rendre visite,
nous nous devons de lui
offrir un repas ou une boisson";
"S'il arrive du village pour
chercher du travail en ville,
nous nous occuperons dans un
premier temps de son hébergement et de son alimentation. Mais
par la suite,
il lui faudra trouver un emploi, puis bâtir
lui-même sa maison.
Cependant si cette der~ière entreprise
n'est pas aisée,
s'il n'a pas d'autre choix que de vivre avec
nous, i l lui faudra participer à la popote". En d'autres ter-
mes,
les citadins Gabonais d'aujourd'hui ~e remtte~t pas
encore en cause l'esprit de solidarité. Ce qu'ils repoussent
de plus en plus, c'est uns solidarité sans limite et sans
faille,
telle qu'elle est prônée et vécue dans les villages
proches et éloignés de la civilisation mercantile.
3.1.2. ~~~PE~9Y~~~9~~~~~~!_5!~~§~!~~E~_~~~_~~~~~~~~
Si l'auto-production permet a~~ villageois proches et éloign2s
de la société marchande d'assurer l'essentiel
(et même la
totali té pour les seconds nocnmés)
de leur ap[Jrovisionnement
alimentaire,
il n'en est pas de même pour les citadins, bien
au contraire.
"En ville,
i l est impossible de se nourrir
~orsqu'on ne dispose pas d'argent",
nous ont inlassablement
répété nos soixante treize interviewés.
Les citadins G3.bonais

201
contrairement aux villageois, doivent acheter toutes leurs
denrées alimentaires aux commerçants propriétaires ou gérants
des grandes, moyennes et petites surfaces
(selon le èegré
d'infrastructure de distribution de la ville qu'ils habitent)
et aux petites vendeuses du marché.
Rien dans leur alimenta-
tion ne provient directement de leur travail manuel et s ' i l
leur arrive parfois de recevoir des provisions de leurs parents
qui vivent au village, celles-ci ne constituent, pour re~~9n­
dre leur propre expression,
"qu'un coup de pouce".
D'ai lleu::s:,
de quoi est constitué leur alimentation? De poulet, de viande
de boeuf, de poisson de mer, de riz,
de banane et de mal1l0C
pour les plus démunis d'entre eux. Les autres,
ceux qui dispo-
sent d'une capacité iinancière supérieure, y rajoutent toute
une gamme de produits
tel~ que }es beurres, fromages, oeufs,
yaghourts,
fruits divers . . .
alcools,
etc ..
En un mot,
la
conso!llJnatlon des ci t.2~dins Gabonais est assi.:rée par des àei"1rées
importées
(8S%)
ou produ~tes sur place
(15%)
Dais qui fo~t
dans l'un et ll au t.re "sas l'objet à'ach3.t pour le conSGrI'.rr,ç:teur.
Les conditions
nouvelles de vie,
en particulier dans
le~r
aspect spatial,
le fait que la subsistance ne puisse ?lus être
assurée pûr 1: auto-p:::oductiop.,
mâis dépenàe du travail rému;1é"-
ré,
tout ceci a prcfondén:ent déstructuré
l'organisation socia-
le traditionnelle et limité le ch~~p où peut s'exe::cer la
solHlarité.

202
3.2.
LEURS IMAGES DU CüI-L'lERCE ET
DES CüMMERCANTS ALIMENTAIRES
Nous avons trouvé dans certaines représentations que les
ci tadins ont du corrunerce et des conunerçants 2.1iment2.ires,
àes·
images identiques à celles des villageois proches
(et parfois
même de ceux éloignés)
de la société marchande.
Ainsi le
commerce est-il considéré comme
:
3.2.1.
~~~_~~!!~!!~_!~~2~E~!!~~~_~~§~_~~§§EE!!_s~_i~~!~1~
De l'avis unanime des citadins,
la vente des produits alimen-
taires ne fait pas bon ménage avec la sauvegarde de l'esprit
àe ramille.
Chacun des deux porle préjudice à l'autre.
Bt pour
neus apporter la preuve de cette assertion,
cet exemple nous
Ïut donné par dix personnes da~s guat~e villes 6ifférGn~es.
'!rl arrive
souvent qu'un membre du village aille rendre visite
à son parent habitant la ville.
Ce dernier se doit dan a ~e cas
non seulement à1agréillenter du mieux possible
le séjour de son
hôte,
m~is aussi de penser à préparer son retour au village.
Cela signifie que le parent cit3uin devra acheter quelques
vêtements ainsi que des vivres pour le voyageur et ~es person-
nes que ce dernier va retrouver au village,
sans peur autant
oublier de mettre de côté une somme d'argent qui cor.lpl<;tera.
ainsi le cadeau offert à sorl oncle,
sa tallte . . .
Pour remplir
toutes ces obligations,
continuaient nos interlocuteurs,
i l
faut bien évidemment disposer de moyens fi.nanciers non nGgli-
geables et,
tr0s souvent,
la personne propriétaire ou simple-
ment gérante cl' un
Conds dé, commerce n'a pas cl' au tre alterna ti ve

203
que de puis8r dans les bénéfices con~ierci2ux quand ce n'est
pas dans la recette".
pratiqu~ sérieuse du commerce alimentai-
re et solidari te familiale sont perçues cornIne antagoniste5.
Llun et l'autre s'excluent:
i l faut choisir. Si l'on opte
pour la pratique du cowmerce, on tire nécessairement un tr2i~
sur les rapports
(tels qUè nous les avons décrits plus haut)
avec les siens. Corrunent dès lors une acti-,.ri té imposant un tel.
choix, et ceux qui la pratiquent, pourraient-ils être p~~;us
de façon positive par cet échantillon de population?
riche mais de ~oralité douteuse
Deux au~res qualificatifs ressortent presque b~ujcurs el~sefiÙ)le
des propos tenus par les consoa~ateurs urbains vis à V~S des
commerçants alimentaires
riches et immoraux.
Les
Soix2~te ~r~i
Z2
personnes interrogées esti~ent que les cèm~erç&nts
(Occidentaux, Syriens,
Libanais, Africains de l'Ouest et
Ca.!Tlerounais)
brassel-"~ des masses considérables d' .J.rgeEt 2::' eue
cette richesse ne saurait résulter uniquement d'un travail
honr.ête.
Il Les
co:nmer çan ts exer,:;an"c au Gabon sont éies -cr-Ja:1dS"
~vons-nous entendu répéter, ou encore "Ils ~ont ici tout ce
qu'ils veulent;
c'est veritablement la jungle";
certains e~fin
nous posaierl t. la que sti on su i vante
:
"per.se z-vous ·,/raimen t q~e
tous ces commerçants qui 51 e:1richissent du
jour au ler.3.err.ain
exercent honnêtement leur ~étier ?".
Co~e nous le constatons,
lûS-citadins ont des commerçants une iillagc qui,
pour être
exprimce dlune manière un p8U plus nuancée que ne l'ont fait
les villageois proches de liJ. scciété mLlrchande
(ccIT:lnerçants

204
alimentaires urbains = vo18urs)
n'en met pas moins elle aussi
en avant leur côté immoral. Est-ce à cause du niveau 61evé
d'inflation
(14,6% en 1980, un des taux les plus bas de ces
dix dernières années)
qui vous fait payer une boite de lait,
un yaghourt, un poulet, deux, voire trois fOis son prix à
l'importation (1)
dans les grandes et moyennes surfaces de
Libreville, Port-Gentil, Franceville ou Oye~ ? Est-ce le fait
de prati~ues illicites dont usent bon nombre de co~~erçants
étrangers installés sur le sol Gabonais
(nous pensons entre
autres au mémorable scandale des années 1975-1976 relatif à
des importations frauduleuses de liqueurs et autres denrées
alimentaires pratiquées par des Syra-Libanais du Gabon pour
une valeur estimée en milliards de francs C.F.A.)
? Toujo~rs
est-il que ce secteur d'activité et ceux qui 11exercen~1 res-
tent marqués,
pour les citadins CO~'l1e pour les villageois,
d'images fortement négatives fondées,
chez ~es u~s e~ lC3
autres sur de mêmes thèmes.
Au terl'ie de nos entretiens avec nos interlocuteurs, nous leur
posions de mani8re explicite la question de savoir pcurquoi,
à J.eur avis 1
les Gabanai s
intervenaien t
peu dans le COIT1..rnerce
alimentaire dans sa forme moderrie et. organisée. Tous, exceptés
(1)
Un poulet effilé coGte en moyenne dix neuf F.F. le kg à
L~~eville et bien plus encore à l'intérieur, alors qu'à
l'achat,
l'importateur le paie entre six et neuf F.F.
(prix
de gros)
en France.

205
sept,
nous ont fait les réponses suivantes
(avec bien sûr
parfois quelques nuances)
"Pourquoi voulez-vous qu'ils
(les Gabonais)
le fassent alors qu'ils ont d'autres moyens de
gagner de l'argent? ou encore "les Gabonais s'exerceront sé-
rieusement au commerce alimentaire le jour où i l se posera
des problèmes d'emploi dans notre pays". Pour ces citoyens
nationaux,
la distribution alimentaire organisée ne s'impose
pas aux Gabonais tant qu'il existe d'autres pôles d'act·~_-':'té.
tout aussi rémunérateurs. Qu'on laisse donc ceux qui manquent
d'emploi s'en occuper et, le jour où nous serons dans leur
situation,
nous pourro~s fair~ comme eux,
semblent-ils dire.
Ce discours est tout à fait voisin èe celui que tenaient les
villageois· au contact du m()nde marchand,
lorsqu 1 ils assi:T.i-
laient vente de denréEs alimentaires à
activi~f refuge,
travail de ratés.
COITln'.e ces derniers,
les ci tadi~s voient dans le com~~er::::e
alimentaire
:
3.2.4.
~~~~~~~E~~§~e~~_§~~~!~!~~~9~_~_l~§~!~=2E2~l~~~~~
l'C'est notre seule
façon de no~s procu~er de la l\\ourriture l'
nous ont-ils tous affirffié.
Quant aux lieux de vente,
i l s re-
présentent dans leur esprit
l'équivalent des plantations,
des
champs peur les villageois
:
IlLe marché,
les gra~des, moyen-
nes et petites surfaces constituent autant d'endroits oQ nous
sommes contraints d'aller acheter nos denrées alimentaires".
Ces réponses expriment une reconnaissance du rôle et àe l'uti-
lité du marchê de l'offre alil'1entaire,
àu COmmerce alimentaire

206
lui-même : mais elles traduisent ~galement et peut être même
surtout une r6signation des habitants de villes face à un état
de fait contre lequel ils ne peuvent rien, puisqu'ils ne so~t
pas e~x-mêmes en mesure de cultiver les produits de leur ali-
mentation compte tenu de leur situation professionnelle
(ils
sont pour la majorité salariés), géographique
(ils habitent
la ville où i l n'y a pas d'emplacement pour les plantations)
et sociologique
(80% ne sont pa~ originaires des centres ur-
bains). La majorité d'entre ces citadins
(soixante trois sur
soixante ~reize
composée en grande partie à'ouvriers et
d'employés subalternes mais aussi de cadres moyens et supé-
rieurs
(six)
préfereraient bien pouvoir s'approvisionner co~~~
on le
fait au village,
ainsi qu'en témoignent ces propos tenus
par une cinquantaine d'eux:
"Au village, quand i l y a de la
nourritu~e pour un individu,
i l
y en a pour les a~tresll ou
encore
"les gens se nourri sent mieux au village;
i l s y sont
plus heureux car i l s ne sont pas asservis à
l'a~gent"
(sou~­
entendu corr~c nous les citadins)
ou enfi~ lIles vi~lageois sont
maîtres de leur approvisionnement". Quant au comrrterçant,
l'habitant de la ville reconnaî~ volontiers que c'est lui qui
fait vivre la population urbaine
l'sans
lui,
personne n'ac-
ceptcrait de
s'installer en ville et d'y exercer une ac~ivit~
salariale de longue durée"
nous répondait-on.
D'une certaine
manière,
i l apparaît aux yeux de cette
fr3nge de Gabonùis
comme
étant le substitut-nécessaire,
mais r.cn valorisé pour
autant,
à
l'auto-production de chaque citadin.

207
une formëltion
De l'ëlvis de la presque totëllité de DOS interlocuteurs urbairis,
l'exercice de la distribution alimentaire ne s'improvise pas
i l nêcessite une formation.
Selon eux, nul ne peut correcte-
ment faire ce métier s ' i l n'a appris à en maitriser les méca~
nismes
:
"Pour être un bon corruner çan t,
i l faut savoi:l..- gérer
son argent et cela ne s'apprend t=:2.S tout seul".
Un citadin de
Libreville nous a â ce propos fait la remarque suivante
:
"Vous savez,
les quelques Gabonais que jrai connu et qui ont
failli voir leurs affaires prospérer sont des individus ayant
passe toute leur jeunesse à MBam
(al:. Camel:"o!..1n)
en tûnt que
aide-gérants de quatre cormnerçants occidentaux suc~2ssifs...
Vous ne pouvez pas fai~e du co~~erce, quelle qu'en soit la
nature,
sans y avoir préalablement été préparé".
Prépara~ion
specifique et,
de surcroît,
référence à wn modèle ~~r~nger
car, pour les citëldins,
Tous considère~t en effet que las véritables tenants de l'of-
fre alimentaire Gabonaise,
ceux qui proc~rent à la ?opulation
urbëline les denrèes dont elle s~ nourrit,
sont presque exclu~
sivement Européens, Syro-LibQnais, Béninois, Camerounais,
Sen égalais . ..
"Le cornmerce alimen tëlire,
cie 5 t
l'affai:r·e des
êtrangers",
avons-nous entendu dire et répéter. Quant au~:
Gabonais,
ils restent,
selon nos interlocuteurs, cantonnés
dans un petit commerce de quartier,
le plus souvent dépendant
des iJnport~teurs, tous ~trangers. Leurs explications de la

208
situation sone variables. Ainsi évoquent-ils le fait que ces
étrangers ne sont pas soumis
(ou le sont moins)
ii l'emprise
de la famille, qu'ils disposent de davantage de ;noyens finan-
ciers que les Gabonais, qu'il n'l'a pas de tradition marchande
au Gabon
"Vous vous rendez compte, ces étrangers ont parfois
traverse plusieurs pays pour faire du commerce alimentaire au
Gabon" nous a-t-on fait remarquer à trois reprises.
Si l'image du commerce et des commerçants aLimentaires se
nuance, se diversifie à mesure que L'on se rapprocr.e de lQ
société marchande,
elle n'en :::este pas moins io:::tement Itlétrqué.e _.
négativement. Certes, pour les populations àont les besoins
alimentaires ne peuvent plus être satisfaits par ~a seul~
auto-production,
l' activi té corn!:lerciale est ·vue COHlI:1e "tl!! :na.l
nécessaire. Mais elle reste
à
leurs yeux
"rnauvai.se"
parce que
en contradiction avec le système de valeurs don~ iJ.s se ré-
clament, exception faite de sa pratiqne 2U vi lIage, qu.i conci-
lie aux yeux des Gabonais les irn9ératifs d'J nouveau mode de
vie et les valeurs traditionnelles.
Il reste à voir dans quelle mesure la pratique de L'activité
cOl~erciale alimentaire, exercee ou non â titre sédentaire,
conune source excl usj.ve 01j st::c:onda.i.re àe revenu s,
en tan t que
propriétaire ou employé rémunéré, modifie les images du·
commerce et des con~erçants.

209
o
o
0
4.
LES COMMERCANTS GABONAIS
Il convient dans un premier temps de distinguer les co~~erçants
Gabonais exerçant leur activité dans les villages proches de
la société marchande, dont on a vu le rôle social ~u'ils
jouaient et le crédit dont ils bénéficient au sein de la com-
munauté villageoise, et tous ceux qui, dans les villes, inter-
viennent dans la distribution alimentaire.
LE CO~WERCrlNT DS VILLAGE
Les co~~erçants de village que nous avons renco~tré habitaient
généralement à proximité d'agglomérations ~rbaines (dans un
-rayon de 30 ~~ environ). Pour l~ plupart, le capital ayant
permis de créer le for.ds de commerce provenait de l'arqent
offert par des fils,
beau-fils ou autres parents travaillant
en ville. Dans un seul cas l'intéressé avait pU mettre de cô~é
de petites économies provenant de la vente du sable qu'il
extrayait trois jours par semaine d'une rivière en aval de son
vî~àge. En bons villageois,
tous ces petits commerçants se
consacrent bien sGr à la culture de leurs champs, à l'entre-
tien de leurs plantations de cacao, de café
(pour ceux résidant

210
dans le Woleu-NTem)
ou à d'autres activités
(cel le travail
du bois dans l'Estuaire). Ils se nourissent essentiellement
des denrées qu'ils produisen~ eux-mêmes ou/et partagen~ avec
leurs parents. Cc sont des villageois co~ne les au~res, qui
ont pour seule particularité d'exploiter un petit fonds de
commerce comme activité annexe. Comme les autres villageois,
ils distinguent commerce
(et commerçant)
de village et commer~
ce
(et co~~erçant) de ville.
4.1.
LE COivlMERCA~~T
DE VILLAGE VU ?.t1P. LUI-l':IEr-jE
4.1.1.
Une aàaEta tion à l ' évolu tion àe leur envircnnerr,ent
- - - - - - - - -- - - - - - - - - --------------._-------
-
_.~----
---
Pour ces "villageois cornmerça:1ts lf ,
la vente de quelquEs :::en!:"ées
alimentaires traditionnelles,
le conunerce du
sel,
du S'.lcr.-e,
des conserves, etc ... sont le seul moyen de ne pas se laisser
dépasser par l' évelu tien àu cadre de 'lie. Vendre sei -n,ème
permet de se doter des moyens d'acheter aux co~~erçants de la
ville IItoutes ces c~cses qui son~ entrées dans not.!:"e consom-
mation" et dont font partie les .10% enviro!'. de leur approv'i-
sionnement alimentaire constitués par les d~!1rées i:,lportées.
Exercer une activité commerciale au village ne constitue àonc
pas,
aux yeux de cet échantillon de personnes, une mauvaise
pratique
"Vous savez"
nous ont répondu des boutiquiers à
DJoutou, l\\kok, MVomayop et Bolosso,
"tant que cela
(sous-en-
tendu la vente)
ne nous empêche pas d'aider nos parents, i l
n'y a pas de mal en soi"
ou encore "voyez-vous,
il m'arrive
de vendre mes produits moins chers qU8 je ne les ach~te en

211
ville, pour la simple raison que certains cliellts qui les
veulent et que je connais bien,
n'ont pas les moyens suffi-
sants pour se les offrir. Et çà ne sert à rien de leur deman~
der de vous apporter le complément de la semme plus ta:r-d" ou
enfin "moi,
il m'arrive même de prendre des conserves dans ma
boutique, de les faire préparer par mon épouse et d'inviter
ensuite mes frères du village à partager le repas avec moi".
Nous retrouvons fort bien ici, à travers ces exemples, la po-
sition des "simples"
villageois proches de la société rna:r-chan-
de, qui confère au commerce alimentaire du village une image
positive parce que,
tel qu'il se pratique, c'est à dire de
manière archaïque, non contingenéée, mais hlli~aine, il ne
s'oppose pas aux normes traditionnelles de vie. Les co~~erçants
de village s'intègrent sans difficulté dans le groupe social:
"c'est notre cadre natu:r-el"
nous ont dit plusieurs d'entre eux
ou encore l'nous ne saurions vivre en
ll
ville
. Bref,
i l s restent
avant tout villageois, c'est à dire des gens di~fé:r-ents des
habitants des villes, et l'opposition "village/ville"
p:r-end
le pas sur] 'opposition "consommiiteurs/commerçants".
un acteur social
----------.------
Au cours de nos investigations, nous avons entendu un de nos
interviewés villageois se définir de la manière suivante
"En tant que boutiquier du village,
je vais à la ville acheter
que-loques produits à la pIèce de tous les autres villageois
ainsi ils leur reviennent moins cher".
La référence, on le
notera, est plus sociale qu'économique.
Celui gui va acheter

212
à la ville !Jou:c iipprovisionner la conununauté n'exerce pas une
fonction économique spécifique qui le distinguerait des autres
villageois.
Il est le mandataire de ces derniers.
Certes,
il
n'est pas que3tion de faire du boutiquier une sorte de garçon
de courses pour tout le village. Souvent, en effet, des vil-
lageois nous ont affirmés qu'ils allaient eux-mêmes acheter
des denrées à Moanda, Bitam ou Libreville.
A défaut,
ils y
envoyaj~nt leurs enfants ou remettaient de l'argent à l'un
quelconque des habitants qui,
au retour,
leur rapportait la
marchandise et, éventuellement,
la monnaie.
Cependant, le
sentiment de service rendu au groupe social tout entier est,
pour le bcutiquier du village,
le point de référence de sor.
activité de vente,
la
jus~ification première de cet~e prati-
que importée.
Ceci constitue à nos yeux UDe expression signi-
ficative de la place que l'esprit de co~~un~uté occupe chez
le commerçant,
l'absolue nécessité pour l ....d. de
s'i.ntégre~
dans le système de valeurs du groupe.
4.1.3. Q~~1g~:~~_9~~_9~~!_2~§2~§9E_~~_~~Y~~§_!~~~E~~~E§
Pour le::: petits cOll'merçants de village,
tout individu qui
désire assurer la vente de quelques denréEs alime;1.t~iresde
première nécessité doit au départ disposer d'une somme d'ar-
gent
(estimée par eux à
20.000 F.C.F.A. en moyenne) qui lui
permette d'acheter ces produits aux commerçants de la ville
"Sinon, comment voudriez-vous qu'on les acquiert. ?" nous ont
deJ1Ïciridê plusieurs.
"Monsieur Nicolas
(un des plus impo:ctants
commerçants de produits alimentaires de Franceville)
ne va
tout de même pas me donner ses produits sans une contrepartie

213
financière ll ,
fait rpmarquer un boutiquier de 1(1 région du Haut
Ogooué.
Co~"e nous le const~tons, l'image d'un commerce ali-
mentaire rural lié à la capacité de financement du stock, est
bien présente dans l'esprit des co=erçants villageois. D'ail'-
leurs, elle rejoint d'une certaine manière le besoin qu'éprou-
vent les "simples villageois"
de vendre quelques produits tra-
ditionnels afin que par cet acte,
ils puissent disposer d'ar-
gent pour acheter des vivres importés à leurs com~erçants de
villages ou dans les magasins de la ville.
Ainsi,
i l apparait que le discours ~enu par les conmerçants
ruraux est fort proche de celui des autres villageois. Les
images coïncident, preuve supplémentaire de l'intégration de
ces commerçants au groupe social dans son ensemble.
Les images du commerce et àes co~.erçants de la vilie ~~Ien
ont les uns et les autres sont également voisines CG~~e on
va le voir maintenant.
-1. 2.
LE cO:·r·~ERCE ET LES
CO{-L'-1EHCAN'rS
DZ VI LLE
VUS
PAR LES
C:O:·L\\lERC;\\::TS "·I:LLJ..GSOIS
4.2.1.
~~~_2~~!}g~~_~g?~~!~
Le-€ommerçant
urbain n'est pas, à l'image du petit boutiquier
du village
(à leur image donc)
un être charitable. Ja~mais,
affirment-ils, on ne le verra adopter des comportements

214
genereux
(dons de nourriture; remises d'argent; ... ).
"Le jour
où Monsieur Besson ou Monsieur Gracia vous offriront quoi que
ce soit à manger sans contrepartie, faites-moi signe et je
vous ferai don d'un coq" nous assurait un boutiquier de M&fane,
parlant des ~enants de la distribution alinentaire à Oyem.
Dans ce discours,
identique à celui des villageois en la ma-
tière,
s'affirme la volonté, de la part des boutiquiers, de
marquer ~2ur différence
(pour ne pas dire leur opposition)
:ace
à cette autre race d'inàividus que constituent les commerçants
urbains, égoïstes, individualistes.
Tou~ co~~e les simples villageois,
tous les commerçants r~ra~x
estiment que la vente des produits alimentaires,
"telle qu'elle
..
se pra~ique là-bas"
(en villel
ne favorise pas l'en~retien d~
bonnes relations e~tre ceux qui l'exercent et les mewbres de
leurs familles:
"Regardez M.R .0.
(ce son~ les ir,itiales ct 'une
personne que nous ne sounai tons pas ciésig:1er r~onunément), tous
ses parents l'avaient fui
le
jo~r oü il sIest TIlis à faire du·
corr~erce en ville, à l'image àes Blancs;
i l ne reconnaissait
plus aucun des siens et €tait
devenu insensible.
Ce n1était
plus l'enfant du village que tous les villageois avaient connu
et elevé", nous déclarait une boutiquière dans un village en
peripherie d'Oyem.
Ainsi donc, en rendant les gens qui l'exer-
cent sourds aux doléances de leurs parents et a~is, le co~mer-
ce alimentaire urbain cree des situations de tension entre
individus issus de ~a même famille.
I l les divise et en cela
constitue un élément social fondamentalement négatif.

215
4.2.3.
Au bord de la malhonnêteté
Certes,
les boutiguiers du village n'as:;imilent pas de manière
explicite les commerçants urbains a des voleurs, comme le font
les siwplcs villageois.
Ceper-dant,
le langage qui ils tiennent
à ce propos n'est pas bien éloigné:
"ils vendent trop cher
leur marchandise" ou encore "les services de contrôle devraient
les surveiller de près". Cette réserve dans le langage slex-
pligue-t-elle par la peur de se servir de mots
(vol, volp~rs)
qui pourraient, eventuellement, être utilisés contre eux?
S'agit-il plutôt dlun comportement dicté par la seule bien-
sëance vis a vis aes co~~ersants urbains ? Il est difficile
d'en juger. En tout cas,
si la Îorme change,
le fonds reste
bien le même:
hors de la structure sociale tr~dition~elle,
l'ac~ivitë commerciale alimentaire éguivaut au vol.
La plupart
(quatre sur six)
des commerçants àe village inter~
roges etaien~ des chrétiens
(trois catholiq~es et en protes-
tant)
pratiquants
(ils allaient à la messe tous les dimanches,
payaient régulièrement leur denier du culte;
llun dieux é~a~t
même le second du cathechiste).
Pour eux,
le cor.-.merçant de
ville ne se soucie pas de la ~orale chrétienne. Il ne tient
pas compte du
fait gue la personne gui vient lui acheter un
produit et gui nia pas la SOITIDe nécessaire,
est avant tout un
frère dans le Christ, danc quelqu'un à gui i l faut venir en
aide dans ses moments difficiles, conme eux boutiguiers du
village ne manquent pas de le faire
:
"vous constaterez vous-
même que c~s gens là
(les cont..llerçan t s urbains)
ne vi vènt même
':: ......

216
pas en chrétiens";
Ilc'est à peine s ' i l s vont à la messe;
comment voulez-vous qu'ils appliquent les paroles d'évangile
alors qu'ils ne les connaissent même pas 7".
Telles sont les
observations que nous ont faites les commerçants de village
et qui montrent une fois encore à quel point leurs apprécia-
tions sont proches de celles des autres villageois.
Certes,
on peut penser gue ces opinions ne sont pas totalement gratui~
tes :
l~ ~o~.erçant de village a tout intérêt à discréditer
le commerce de ville qui lui fait,
objectivement, concurrence
puisque bon nombre de villageois vont occasionnellement s'ap-
provisionner en ville.
Toutefois,
l'adhésion aux valeurs tra-
ditionnelles de la corr~unauté villageoise nous parait bjen
davantage rendre compte des opinions exprimées par les com-
merçants de village sur le co~merce de ville, qu'une préocup-
pation commerciale de retenir la clientèle locale.

2]7
4.3. LES CO~~lEnCANTS URB1..INS
Des pratiques et des statuts hétéroqènes
Les Gabonais qui se livrent, e~ ville,
à
la vente de produits
alimentaires , ne constituent pas une catégorie homogène de
commerçants.
. Certains pratiquent le commerce de faço~ oc-
casionnelle, en boutiques ou sur les marchés, et n'en ti~ent
pas l'essentiel de leurs revenus
Dans les quartiers populaires, ces Gabo~ais, par aille~rs sou~
vent salariés dans àes branches sans rapport ~vec le corr~erce,
tiennent boutique à' épicerie le soir ou le ~leek-enè., en dehors
de leurs heures de travail
s~lar:é, avec éventue~lement le 6oh-"
cours de parents. L'assortiment comporte,
pour l'essentiel~des
produits alimentaires tels les conserves, le sucre,
le sel, l'hui
l"e,
les boissons alcoolisées ou non. L'invest.is3ement i~itia.l~·
moyen se situe aux environs de BO,aOo FR. C.F.A. Nous avons in-
terrogé sept de ces "commerçant.s sédentaires occasionnels".
Sur les marchés, couverts ou de plein air
(et alors improvisés
le long des rues, ou se tenan~ à des places fixes),
la vente de
produits alimentaires est à 95 % pratiquée par des fe~~es. Les
denrées proposées vont des produits traditionnels tels le ma-
nioc, les ignames,
les tarots,
la banane verte,
les arachides ...

218
à certaines marchandises telles les pommes, oeufs, poulets
yaourts, achetées aux importateurs locaux
et revendues à
l'unité. L'investissement initial est faible: de l'ordre de
20.000 F. C.F.A.
La somme est fournie par l'époux
ou réunie
grâce aux principe de la "tontine"
: un groupe de femmes coti-
sent à une Caisse corr~une tenue par l'Une d'elles, qui se char-
ge de fournir de l'argent liquide, une fois par mois et à tour
de rôle,
à l'une ou l'autre des ~ssociées. Nous nous sommes en-
tretenus avec neuf personnes de cet
échantillon.
La modicité du capital initial permet à ces co~~erçants occas-
sio~nels de cha~ger ou d'interrc8pre leur activité sans trop ~
pr8blèmes : la naissance ou la disparition d'u~e bOütique, d'un
étalage, représente en effet dans ce contexte, un phénomè:le

banal.
. Mais, pour d'aütres Gabonais, l'activi.té cor:iI1lerciale
alimentaire constitue la sOürce principale sinon exclusive de
revenus :
Il s'agit d'une part des petits cOITL'Tlerçants exploital,ts des
magasins d'alimentation de petite ou nloyenne surface
: l'assor~
timent qu'ils proposent à la clientèle est pour l'essentiel
constitué de conserves diverses,
huile, boissons alcooli.sées
et:ôü_non, riz poissons salés et -ou- fumés en vrac, pâtes
alimentaires ... D'une manière générale, ces boutiques, et par-
ticulièrement celles de taille moyenne, sont mieux achalandées

219
que les points de vente ql,;8 nous évoquions plus haut.
Selon
ceux de nos interviewés app&rtenant à cette catégorie qui
ont accepté d'aborder la question,
llinvestiss~llent initial se
situe en moyenne à 100.000 F. C.F.A.
Nous avons interviewé
treize Gabonais exploitant ces magasins de oetite ou moyenne
dimension.
Il Y a enfin les employés de commerce travailla~t pour 1~
compte de groupes étrangers ou d'hommes à'affai~es sy~o-
libanais. Nous nous sommes entretenus avec neuf de ces per-
sonnes qui gèrent seules ou participent à la gestion de poir.ts·
?
de vente dont la superficie varie entre 50 et 40CO m- et don~
la ga1!'_'L\\c de· produits,
souvent plus large, !'Iême les plus pe~its
d'entre eux,que celle âes
"boutiques sabonaises", est parfois...
comparable à ce qu10n rencontre dans les granèes surfaces o~ci-
LeE: images du COli'Jn.erce et des cO~lerçar1ts.
Nous allons analyser ici les im~ges que les cOi~~erçan~s ont
du COîmerce èe ville, décrié aussi bien par les villaseois
et les citadins que par les ccrrm1erçants de village. En effet,
s'agissant du commerce de village,
i l est marqué de façon
très positive par les cow~erçants I,;rbains,
tout cOmJ.,e ce fut
le cas,
souvenons-nous, en périphérie de la société marchande.
Les conunerç.::mts èe ville, quels que soient leurs sta-

220
-)
tuts,
partagent. certaines images comrilunes du commerce
alimentaire urbain. Ces images sont du reste souvent analogues
à celles des consc~nateurs (villageois ou citadins)
et des
commerçants de village.
4.3.1. §~~§~!~~~!~~_~_!~~~~9:E~99~~~i9~
Tous les cOIT~erçants de la villp sont unanimes pour reconnôi-.
tre la nécessité de la vente des denrées alimentaires dans
1I1' env ironnement qui est le leur"
"il faut bien nourrir n03
parentsi et comme nous ne pouvons pas produire nous TIlêmes,
nous SOIll..'11es obligées de nou s livrer à ce peti t
ccmI~erce",
nous ont confié la presque totalité des vendeuse~ ~28 nous a-
vons interviewées sur les marchés. Quant aux Fropriét:aires de
petits ou moyen points de vente et exerçant leu~ activité'de
manière permanente,
ils nous répondaient invariablemen~ :
.. c •est la seule source d' apprcv'::sionneIr'.ent pcu~ les indi vidu~ i
sans cette activit.é de vente,
il n'y aurait pas de vie possi-
ble en ville". Comme on le voit, le corrunerce al iInen t.ai:::e se
~ubstitue ici â llauto-producti~~ villageoise, I l est una
adaptation à l'environne.!11ent particulier ~'U 1 est la ville
(et ceci n'est pas sans rappeler une argumentation rencontrée'
dans le cadre de la vente au village)
et à ce tit~e se justi-,
fie aux yeux de tous.
4.3.2. !~_Y_~_~9~~~~~_~~_g9~~~!-g~
Que leur activité soit occasionnelle ou non, qu'ils soient
propriétaires d'un point de ven te ou ~;imples employés dans

221
une entreprise étrangère,
tous J.es conunerçants de ville
établissent des différences au sein de l'activité de vente
alimentaire. Pour les uns, elles tiennent à l'esprit dans le-·
quel elle est pratiquée, un esprit qui,
lorsqu'il reste trop
conforme aux principes marchands, confère à
la vente alimen-
taire un caractère inhumain : l~ertes nous ne sommes pas aussi
généreux que les corr~erçants de village. Mais il nous arrive
d'offrir une boisson à un parent,
à un ami,
à
un bon client.
Ce n'est pas à "Mbolo
que cela se
produirait". Pour les au-
tres, elles tiennent à l'organisation de l'activité d2ns les
points de ven te
: "nous nous consacrons en tièrer:.~ent à
1 •
Il
e ... ..Le •••
nous a-t-on fait remarquer. Mais quels que soient les argu-
ments des uns et des autres, l'existence d'une différenciation
dans la distribution alimentaire est ici manifeste,
tout corome
elle l'était chez les ·.. illùgecis, commerçants cu nor:, 2.1; contact
de la société marchande.
Sur ce point égêlement,
l'U1~animité des cornmerçants gabonais
de ville ~st totale:
"Regardez vous-mêmes,
ils font la loi
partout" nous faisaient remarquer tOütes les vendeuses de mar~
chés, parlant des Africains de l'Ouest, des Libanais
. . . . ou
encore
u nous
sorrunes obligés d'ücheter aux prix qu'ils nous im-
posent, dans les quantités qu'ils veulent~ nous n'y pouvons rien
puisque tous les importateurs sont étrangers ll • COIT@e nous pou-
vons le constater, tous les cowmerçants gabonêis de notre échan-
tillon urbain associent commerce et conunerçants alimentaires .
organisés à Européens, Syriens, Libanais, Africains ressortis-

222
sants d'autres pays;
les "siffiplcs citadins"
aussi d1ailleurs.
On voit bien que sur ces trois points,
les cOllunerçants de ville
disent la même chose qJels que 30ient leurs statuts et partagent
le même point de vue que les villageois, commerçants ou non,
et les citadi:Js.
4.3.4. Cornnlerce et Reliaion
--------------------
Pour la majeure partie des commerçants de ville, faire du com-
merce alimentaire est une chose, pratiquer une religion en est
une autre.
En conséquence les commerçants,
disent-ils,
~Iont
pas a se refêrer a la morale chrétienne pour l'exercicE de
leur activité. D'ailleurs,
"les prêtres eux-mêmes ne font-ils
pas corrmerce,
aujourd'hui,
de tous ces objets
(chapelets,
L~e-
ges piel1ses, médaillcns
. . . ) qu 1 ils offraient autrefois
Il, no'ùS
· ..
a~t-on fait renar~ùer. Cependa~t, la majorité des corr~er~a~ts
gaboDais reconnaissent que, daDs une certaine mesure,
lËs mis-
sionnaires ont contribu6 à détourner les autochtones de la vente
alimentaire, COffiITle 11 ex?r.i.Y.lent les rer.la::ques
:
'Iles missionnai-
res ont été des alliés objectifs des colonisateurs franquis"
ou encore
1I1eur discours sur le COfill!1.erce et les marchands
a tOtljours ~té n§gatif~
Ce discours, diffèrent de celui que tenaient les villageois
(commerçants ou non), est largement tenu èt dans des fréquences
comparables, par l'ensemble des catégories de commerçants
urbains Gabonais.

223
4.3.5.
Pour une grande partie des commerçants de ville,
la vente
des produits alimentaires est une activité qu'ils exercent
faute de mieux, ou pour arrondir les fins de mois
"Voyez
vous, nous ont expliqué les vendeus~s de marchés, lorsque
nous achetons des denrées auprès des cOlnmerçants étrangers
ou dans les villages pour les revendre soit à l'unité, soit
en vrac, cette opération r.ous pe~~r~t non seulement de nous pro-
curer de l'argent pour le marché du jour, mais aussi de conser~
ver un capital suffisant pour renouveler l'cpéra~ion le lende-
main ou deux jours après ... De cette façon,
nous complétons
le peu d'argent que nos époux nous donnent pour la popote
-1... mensuelle ll •
Comme ncus pouyons le constater, cet"Ce imagç, par-
ticulièr8ment présente chez les commerçants occasio~nels, est
celle dlune activité de vente ali~entaire -
secours des =amilles
aux revenus modestes. Tel que neus l'ont souve~t =ait re~arquer
nos interlocuteurs, ce sont les nMakaya",
terme qui au Gabon
désigne la frange de population la plus démunie, qui se livrent·.
à cette pratique du COlTunerce. Ceci étant,
i l arrive également
à dl autres catégories de cOITIInerç'd.J.t.s de partélger l'image
(très proche de la précéJen~e) dr~n commerce alimer-taire
activité refuge :
"Si nous en avions la possibilité, nous pré-
férerions nous livrer à d'autres activités tout aussi lucrati~
ves":telle peut être résmnée leur opinion li ce propos. Signa-
lons que nous avions déj'::' rencontré un thème très voisin chez les
villa.geois, y compris ceux el! marge de la société marchande.

224
4.3.6.
~~§_ê2~~~§_9~_f!Q~Q~§~~~~_r2~~_9~~~~~~ê_êSE!Y~t~~
Jamais évoqué par les vendeuses de marchés, presque absent du
discours tenu par les employés de sociétés étrangères, ce thème
revient très souvent dans la bouche des propriétaires de points
de vente de petite ou moyenne dimension;
ainsi que des gérants.
L'affectation des bénéfices réalisés par les premiers s'établit
en moyenne de la façon suivante
-
50 % sont investis dans l'immobilier ou, pluê
généralement, dans la constructior. de maisons.
- environ 25 % sont affectés à des opérations aussi
diverses que l'achat d'un véhicule à usage personnel
(cette dé-
pense s'attache exclusivement & des commerçants pro?riétai~es
de moyennes surfaces),
le financement d'une dot,
l'achat de mo-
bilier de maison, etc ...
Comme nous pouvons nous en apercevoir,
la vente de prcduits
alimentaires est ioin d'être la principale bénéficiaire des
possibilités financières qu'elle a per~is de dégager.
De to~te évidence donc,
l'objectif de la majorité de ces com-
merçants n'est pas d'étendre leur activité, mais de réur.ir
l'argent qu'il leur faut pour se lancer dans d'autres occupa-
tions, pour réaliser d'autres projets. Ce comportement conforte
l'association commerce alimentaire - activité refuge précédem-
ment évoquée
4.3.7.
I~!~~_9~_~2~~E~~_~1!~~Q~~!E~_~~~ê~_rE~Q9E9
9§ê_E!~9~~ê
C'est un thème essentiellement
(et fréquemmeilt)
évoqué par

225
les Gabonais qui travaillent pour le compte de sociétés étran-
gères. Ces
individus estiment en effet que pratiquer le commer-
ce des denrées alimentaires revient à accepter de courir des
risques liés, en très grande partie, à la nature périssable de
certains de ces produits:
"Voyez-vous,
chaque fois que nous
recevons nos commandes de volaille, nous nous attendons à ce
qu'une partie du stock nous reste entre les mains" avons-nous
entendu dire à l'intérieur du pays, ou encore "accepter de
faire ce métier, c'est avant tout oser s'exposer à des dangers";
Mais en réalité,
cet échantillon de population nationale ne
reproduit-il pas là tout simplement le discours tenu par les
commerçants étrangers qui l'emploient et qui tentent ainsi
de justifier leurs profits par le risque? Ces indiviàus Se-
raient-ils prêts à l'assumer personnellement dans la réalité?
Il est en effet frappant que les commerçants Gabonais, même
ceux qui sont propriétaires de magasins leur fournissant l'es-
sentiel, pour ne pas dire la totalité,
de le~rs revenus et
ayant nécessité des investissements initiaux non néglige~les
(de l'ordre de 100.000 F. C.F.A.), évoquent beaucoup plus ra-
rement cette notion de risque. Il est vrai qtie leur assortiment
est,en i~ matière, composé de produits à longue conservation
(conserves, huile, poisson salé et-ou-fumé, riz,
etc .. )
4.3.8. ~~~_~2~~~~Ç~Q~~_~!b~~~~~~~~~_g~e2~~b~_~§_~2~~
E~§_~b2~§
De~~breville à Moanda, de Port-Gentil à Bitam, toutes les ca-
tégories de commerçants de ville que nous avons rencontrées ont
évoqué ce thème avec des fréquences,
i l est vrai, différentes.

226
Ainsi, si les co~crçants non sédentaires
(les vendeuses de
marchés)
et les petits boutiquiers ~ activité épisodi.que
l'ont rarement abordé; ceux par contre qui font métier ex-
clusif de commercer à leur compte ou pour celui des sociétés
étrangères ont très fréquemment déploré le manque d'~ntérêt
dont ils sont l'objet de la part des Pouvoirs Publics d'une
part, des organismes privés de financement de l'activité écono~
mique d'~~~re part
"Ils sont passifs tl ou encore "ils ne se
soucient
vraiment pas de l'avenir des petits co~nerçants ali-
mentaires gabonais", nous ont-ils répondu, parlant des autori~
tés publiques responsables de leur secteur d'activité. Quant
aux banques et autres institutions financières pri'lées, elles
IIpréfèrent prêter aux grandes fi.rmes et aux hauts foncti::-:lnaires"'
et ils concluent en disant
li si
êl.U
moins nous a 1!ior.s V.ne produç-
tian
agro-industrielle et üne production artisanale importar.tes
et
diversifiées, un grand nol~bre de nos difficultés ne 3e pose-.
raient pas avec d'autant d1acuité rl • Ainsi, ne bénéflciant ni
du concours des organismes publics habilités à les aider
(et ce,
n0us ont affirmés certd~ns, en dépit de demandes for~ulées plus
d'~ne fois-), ni de celui des Agences locales de banques étrangè-
res,
les commerçants natio~aux en arrivent à se demander si ce
secteur d'activité n'est pas pour ainsi dire livré aux seuls
hommes d'affaires étrangers.
mille.
c'est une image que nous connaissons bien maintenant. Nous
l'avons rencontrée dans toutes les catégories de notre échantil-

227
lon,des villages éloign~s de la société marchande aux centres
urbains. Nous le retrouvons dans toutes les catégories de com-
merçants de ville. Ainsi,
pour certains,
la pratiq~:/" du commer-
ce et le désir de préserver un esprit de solidarité sans faille
avec ses parents,
ses amis "ne peuvent qu'engendrer des décep-
tians d'un côté ou de l'autre".
Pour d'autres,
"faire du commer-
ce en respectant scrupuleusement les principes marchands ne
peut que "')us éloigner de votre entourage familial".
Dans l'un
,
et l'autre cas,
la pratique organisée de la distribution ali~en-
taire est vue comme une source de perturbations sociales. Il
s'agit là d'un élément qui influe considérablement sur le com-
portement des individus. S~gnalons toutefois que ce thème est
légèrement moins évoqué chez la catégorie de commerçants urbains
dont la pratique et l'espr~t de la vente sont le moins apparen-
tés au conunerce "orthodoxe"
:
les vendeuses de marchés.
Comme les villageois, cemme une fraction de la population cita-
dine, .. la majori té des corrur.erç2.nts associent carnIT,erce et vol.
Mais, ce taisant,
ils se mettent à part;
les voleurs,
ce sont
les "autres conunerçants", pas eu:{
"Certes,
i l Y a parmi
les distributeurs des gens qui se livrent à des abus,
notam-
ment cer-tai.ns hommes d' affai ros étra:1g'~rs; ce n'est pas une
raison suffisante pour ternir à ce point l'imagé de la vente".
Là ~Jlcore, et sans doute pour les raisons évoquées plus haut,
les commerçantes des marchés se distinguent de toutes les au-
tres catégories en évoquant beaucoup moins souvent le thème
sur lequel reviennent en masse tous les autres, qu'ils prati-

228
quent le co~nerce alimentaire occasionnellement ou ]10~1
comme petits commerçants ou comme employés de COlrmerce.
Comme nous pouvons le voir,
on ne trouve pas chez les
commerçants gabonùis
(urbains aussi bien que villageois)
d'image réellement positive du commerce et des corrmerçants
alimentaires:
sa pratique re;;te pour tous en contradiction
avec la sauvegarde de l'esprit de famille,
fondé,
rappelons-le,
sur la solidarité sans faille entre merrbres du groupe ;
les',
Pouvoirs Publics ne s'y intéressent gllère dans le sens d'urte
prise en main du réseau de distribution par les
~a~icn~ux,
d 'oü une emprise totale des hOfilmes d 'affai1:'es étrallge::-s sur
l'activité;
quant aux propriétaires de petits
et moyens points
de vente qui Oilt fait è.u co!rJT'.erce alimentaire
2.21,.;.:::-
OCcüp2.i::Lon
permanente,
la majorité d'ent=e p-ux le consi~~rent co~~e t1~e
simple source. de revenus pour
le
financement d!autres activités
ou pour la réalisaticn dlautLes prcjets,
alo=s que
les
ve~deuses
et petits boutiquiers occasionl:els
e~ font ~ne acti~ité d'ap-
po-in t'; U:-.. .2 acti vi té re.fuge. Da.ns ces con~itiens, on voi t que 2..25
.colT'1nerçants Gabonais !1e sent guère en mesure è-e contribuer à
développer des irr.ages posi t i ves du COl"1H'=r CE: a limen tai re au
sein de la population.
o
o
o

229
Ainsi,
i l apparait que dans toutes les couches de la popula-
tion Gabonaise,
les notions de commerce et de ccmmerçants aIL-
mentaires sont fortement marquées de connotùticns négatives.
La société Gabonaise reste étroitement attachée à
un système
de valeurs traditionnelles où la solidarité,
l'esprit de fa-
mille,
l'assistance à
autrui,
constituent des éléments fonda-
mentaux des rapports sociaux.
Da~s ce contexte socio-culturel,
la nourriture,
le don de produits alimentaires,
les repas pris
en commun au sein de la famille élargie,
jouent un rôle essen-
tiel.
Faire commerce de nourriture constitue ma:>ifestement u:>e
pratique en totale contradiction avec les valeurs de base
auxquelles se réfèrent les Gabonais;
en contradjction BGssi
avec 11 er~seignement
chrétien dénonçant les Il'.archa:1G.s 1
pronant
la cllarité,et d'autant mieux intégré par la popula~ion gu'il
rejoint sur ce point le~ préceptes traditionnels. Celui qui
vend de la nourriture,
qui échange des prodc.it.:; â.lime!~tâ.j_res
COl1tre de 11argent,
est a priori suspect.
Certes,
les images du commerce ~~ du commerçant alime~taires
se nuancent en fonction du vécu qu'en ont les Gabonais et de
l'évolution de leurs co:>ditions de vie. Dans les villages
êloignés de la société marchande oQ subsistent,
quasi inchang~s,
les modes de vies et les rapports sociaux tradi tiot~nels, la
pratique du commerce est inconcevable et condamnée· sans appel.
A mesure que l'on se rapproche des villes,
lorsque l'approvi-
sionnement par autoproduction exclusive devient de plus en plus
difficile,
que les 11OI1Ul1eS doivent aller travailler en dehors
de leur cOInn11.1Dauté et échanger ce trav,d.l contre de l'argent,

230
les Gabonais dc'!iennen t bien conscients qu'il leur faut ache-
/ '
ter de la nourriture et donc que certains d'entre eux fassent
du conunerce. Cependant, cette évolution n'èst pas perçue COlL'lle
un progrès, mais plutôt comme un mal nécessaire, et le COlf1mer-
çant n'est accepté que dans la mesure où, en donnant parfois
gratuitement ~ boire ou ~ manger, en participant ~ la constitu-
tion d'une dot, en aidant financièrement ou matériellement des
enfants ~ui font des études . . . . , il joue un rôle social confor-
me ~ l'idéologie en vigueur dans la communauté villageoise.
On tolère le coa'l1erce dans la mesure où sa pratique n'obéit
pas scrupuleusement aux règles de gestion mode~ne. Le coDEerce
de Ville, même si son existence est perçue COIT@e nécessaire,
fait l'objet de la réprobation des villageois aussi bien que
des citadins. On l'assimile au vol; on plaint ceux qui sont
réduits â l'extrémité de le ~ratiquer. Le plus remarquable
est que,
dans une large ~esur9, les çorr~e~çants natioDaux eux
mêmes partagent ces ina98s ~égatives COIT~erce d'aliITcnta-
tian.
Eux aussi considèrent qu'il détruit l'espri~ de famille,
qu'il ne saurait être une activité véritableI!'lent choisie,
qu'ils l'abandonneraient volontiers s'ils pouvaient faire
autre chose.
Eux aussi reprennent l'association commerce == vol ~nême si
c'est pour la contester par rapport à eux-mêmes. Certes,
bon p.ombre de comn~erçants de ville aFprécient les revenus
qu'ils tirent de leur acti'lité. Mais c'est le plus souvent
pour les investir ailleurs. Certes, des cO~'l1erçants évoquent
la notion de risque et paraissent l'accepter. Mais ce sont

231
justement ceux, salari6s des entreprises &trang~rcs, qui
en prennent le moins, et se bornent sans doute ~ reproduire
le discours de leurs employeurs.
Nulle part on ne trouve d'image réellement positive, attrac-
tive du commerce alimentaire au sein de la population Gabo-
naise. Et ce n'est pas le peu d'intérêt que portent à cette
activité les Pouvoirs Publics et dont sont bien conscien~~
les commerçants nationaux de ville, qui est susceptible de
modifier cet état d'esprit.

232
CON C LUS ION

233
Les recherches fiur
les problèmes (lU~ connait la distribution de tel
ou tel pays africain ne man1luent pas et certaines ont d6jâ fait
l'ob~·
jet de thèses soutenues dans
le cadre même ùe
l'Université Paris-
Dal)phine(l~ En ~~me telnps que notre travail stinscrit dans l'ensemble
des rêflexions sur
le d6veloppement du commerce des pays aYAnt acc~d~
â l'indêpendance depuis les ann~es soixante,
il prêsentc,
nous semble-
t - i l ,
plusieurs aspects originaux •
• Si
le problème auquel
nous nous sommes attachés
(la faible
p~rti­
cipation des "~ationauxll dans la distribution alimentaire organisée
do
leur pays)
connait une particulière acuité au Gabon,
il se pose,
encore que.à degré moindre,
dans d'autres pays africains.
L1intérêt
de certaines de noS observations et propositions peut donc débcrder
le cadre du Gabon •
• Nous nOliS sommes efforcés,
dans
la mesure du possible,
de nous si-
tue)' dalls une perspe~ti~c cornparati\\'~ et d'analyser ~arall~leme~t les
situations de tl'ois autres Etats africains ayant en com~un avec le
Gabon d'a~oir subi l~ colonisat!on française, d'avoir acc~dê, en m~­
me temps,
à l'indépendûnce r,o]iti~lue, d'avoir opté pour un systême
d'iconcmie de m~rch~ •
• Notre
travail ne s'appuie pas seulûrr.ent sur l'analyse de documents;
il sc fonde en grande partie Bur des eJlquStes mell~es sur 1& terrain,
et-pas seulel~ent Rupr~s de responsables de grandes entreprises :'1 d'ad-
ministration, mais a\\lssi et surtout aupr~s de la population el:~-·rnirne•
• Enfin,
notre probl&matique s'efforce d'intigrer à la fois des fac-
teurs éconon,iques, historiques,
j)olitiques et sociologiques intcI've-
nant dar.s la situation étudiée.
o
o
0
(1) C.f.
NGOLLO,
DIAKIIATE ••.
d&j~ citiR.

234
Nous S(lllllnCG cOllscients des
lacunes des
investigations que nous aV'Jns
menees
:
• Certaines tiennent ~ l'insuffis~nce, au manque d'homog6nêi~
t~ des donn&cs disponibles, d'ordre statistique notanlment : ~ous au-
rions sOIlhait6
pouvoir disposer de 6~ries plus divcrsifi~es, plus nom~
breuses,
pour fonder
la comparaison du Gabon avec
les
trois autres
COl0Jlies.
De m5mc,
llne 6tlJrie documentaire pll15 approfolidie des rela~
tions êcononliqucs et politiqllCS entre la France et ses quatre colonies·
nOUi; aurai t
vraisemblablem<-'nt permis cl 1enrichir davantage notre ana-
lyse.
~Iais ~ cela, il convient de souligner le problimc pos& par "10
caract~re â la fois fractionnaire, discontinu et·il~t~rog~ne des in!or--
mations disponibles,
fait
que
les organismes auxquels nous nous sonl-
mes adress6s nlont
pas manqu~ de regretter autant que nous.
e
D'autres tiennent à
l'insuffisance des moyens et J~ temps
dont nOliS
disposions pour conduire notre recherche et qlJi a affect&
la
réalisation de nos enquêtes sur le tel'r<lin
:
.",ous ,",,-lirions en effct
voulu mener notre enquSte auprès d'un échantillon de popu.lation ,plus
large;
visiter plus de
r~gions, de villes et de villages ; nous en-
tretenir avec davantage de
villageois
proches ou éloignés de la ci-
vilisatioll marchande ainsi que de citadins.
Cependant,
il. f3tlt souli-
g-ner que,
si
enrichissante que fût
pour P.ùù3 ::ette: ,:,xpérience,
~llc
n'a pas 6té sans nous poser des
probl~mes de tous ordres: il 110U2 a
fallu
en effet parcourir à ~ied toutes ces vil.los pour intel'rager des
conlm~rçallts, des l'espoIl~ables d'administration ou dlorgarlis~e6 finan-
cier,e:;
(quand il y en avait),
de
P1 s iI!lples ll
consoi:1Inateurs,
citadins,
nous rendre dans des
villages dont
l'accès en voitt~re n'étai"t pas tou-
jours possible (dans ce cas,
110US
faisions
le trajet
~ pied) e~ ~~
i l nous fellait
parfois attendre,
avec
notl'e
in"terprdte,
qlle lt2 ha-
bitants rentrent des
travau~ des champs ••• Une extension àe notre
champs de
recherche aUl'ait certainement n&cessi.t& que noua prolon;ions
de plusicurF.> reois notre séjonr au Gaoon J ce qui
n'était pas possible
pour diverses }'aisons. A fortiori,
n'avons_nous
pas it~ en mC8llre de
rêaliser une enqu&te comparable au Cameroun.
au Sbn~gal et en Cote
d'Ivoire.

• •
.f.

735
Avec
toutC5 cef:5
r~serves cl en pleinè COllscience "de ln Il;~cesGi té de
pOllrsllivre et d'approfondir
l'cxJ1lur;\\tion deR pistes (12 rechercJlc que
nOlis avons
ouvertes,
i l sc:nble ({ue nos
investif-{iltions
ont
permis
d'étayer notre
lht!sC
la
fllible
ptlrticipFltion des
IINùtionaux" tians
la distribution alimentaire organis~c du Gal)on s'cxpliqllf! ~ la fois
par la nature particuli~re des rol;ltions entre ce pays et ]a mbtro-
pole du temps de
la colonisation et
par
la poli tir[ue adoptée Cil
la
mati~re par les Pouvoirs })ublics de!)uis llind~pendaIlcc•
• Lorsque
le colonisateur s'y installe,
le Gabon ne dispose pas de
ressources diversifiées, comme c'est le cas des trois autres colo-
nies.
Son unique richesse,
c'est le
bois.
~'ais, c'est une matiêre
preiri~re dont l'exploitation n'impose pas aux hommes d1affaires 6tran-
gers des
investissements humains et matérielG particuliers.
De ΐme,
l'autoritê administrative coloniale n'~prouve pas la n~cessit6 de
mettre en place une infrastructure de communicatio~ cû~pârable à cel-
le dont
bénéficient
leE
autres territoires,
ni
encore ~oins de
promouvoir un secteur agricole g6!]~r~teur d'~pargne pour les autoch-
tones
;
quant ~ la formation des hommes, elle vise lJniquement ~ ~a­
tisfaire
les besoins de
ITadlninistration locale.
Le6 QC8UreS admillis··
trativcs
visent,
non
pas â susciter
l'int~rat ~es Gabonnis pour la
vente,
rnais au contrRire â l'étouffer. En d~finitive~ j
ia v~ilie de
l'indêpendance,
ia três grande lnajo~it& d~ la population gabonaise
manque de formation,
d' j.~fra5tructltre de communication,
bref vit e~
dehors
de
la civilisation marchande y compris da~~ !~S villes
car,
m@me si
les gens y ach~tent qll~lques denr~es jmport~es aupres des
cOlnme~~aD~s étranger5, l'auto-pl"oductlon de!ileUre leur principale Sour-.
ce drapp~~visionnement•
• La politilJuc mise ec oeuvre pal'
les Pouvoirs publics apr~s llind~­
pendance n'a pas non
plus 6t6 de nature ~ rcnlêdicr ~ lu situation
1&gu6e par le colonisateur".
En effet, d~ns leur &tat nctllel.
l'agri-
culture et
l'indllstric agro-aliJllcntairc ne permcttent PUrl de shtis-
faire
la demande nationale,
dloù une
dépendance
qU':16i
absolue envcrs
une-ï-mportation que seuls
lcs commerçants étrangers,
bien organisés
ct nantis de nloycns financiers
iml,ortants,
pCllvent assurer.
Ajoutons à cela que
lpfi commerçants ntl'tion .....aux ne peuvent l7lême pas
./.

236
s'approvisioJlllCr de Inani6re sigrlifi~atjvc aUJ>rrs des villageois pour
certaillCfi
dcnré-cs traditionnelles,
à Cnllse d'une infrastructure de
conlmllnication
insllffisante ct pr~caire. Quant aux organismes pllblics
de promotion dû
la P.~I.E., leurs moyens financiers ct humaills ne leur
permettent pas d'apporter auX promoteurs gabonais un Concours effi-
cace,
alors que
la
politique ~lppliqu6e au CDmlnerce ne comporte pas,
duns son &tat act\\lel,
d'&l~rnent favorisant une intervpntion accrue
des "Nationaux" dans
la distribution alimentaire organisée.
De fait,
ni
du temps de
la colonisation,
ni apr~s, rien n'a.
été fait pour valoriser l'activité commerciale alimentaire, aider
les Gabonais ~ y intervenir
le commerce alimentaire a
conser~~.
dans les reprbsentations de
la population,
un statut mbprisi.
Hien
n'a permis
à cet égard une évolution des ~entalités. Et on a vu que
même
les citadins qui
pourtant
reconnaissent sa nécessité
le consiàè-
rent comme un mal n~cessaire alors que les commerçants,
eux-!n~mes,
ne le pratiquent pas pour ce qu'il est.
o
o
0
Il n'est
pas de rûm~des-ffiiracles a
la situation eu commerce ali~en­
taire au ÙabOJ1.
L'analyse
des
facteurs
explicatifs
do
cette situation
permet
toutefois
èe dégager
un
certain nombre d'axes auxquels devrai~
s'appliquer prioritairement
la politique
des P011vcirs publics ga-"
bonaig pour à la
fois
so~straire l'approvisionnement ali~entai;e a
la dépel\\dance
de
l'importation,
limiter
la main-mise
des grandes so-
ciétés étrangGreR,
favoriser
l'intorvention àes
"Nationaux"
dans
leur
propre
réseau de
distribution •
• La cr&a!ion
d'une
infrastructure
dû cOlnmunication ad6quate
:
L'insuffisance et
la qualité médiocre de
l'infrastr11cture gabonaise
de
communication est une entrave de premier ordre ù l'exercice~
par
les autochtones,
d'une
acti?it6 de
distribution alimentaire
organisée.
Une priorité corlsiste,
selon nous,
â doter le pays (l'1!n réseau de
communication,
notamment
rO':.ltier
(sa
souplesfie extrême
le
rend plus
facilemènt
utilisable
à des fins de distribution élargie), n la ~e­
Bure des besoins du marché.
Il conviendrait,
dans
un premier temps,

rendY"e parfaitement praticables les quel~1le5 axes routiel"S
./.

237
actuellement Cfl scrvjce ct (lont
l'6tat
rr~caire na pernlct pas de les
uti.liser à de,..; fins de tr'lnsport de produits
rapicterncnt
périssahles.
Ces axeS sont :
L'axe Libreville -
Ilifoun -
Tchibanga -
!layumba
(560 Kms)
L'axe Bifoun -
Alembe -
Hitam
(·:70 Kms)
ll'axe Alelnl)c -
Lastourville -
Franceville
(434 Kms)
L'axe Alembe - .Iakokou
(20U Kms).
l'al' la suite, devrait intervenir l'am~lioration des pistes se rac-
cordant â ces axes ct la cr6ation d'tln certain nombre de routes
l~
où i l n'en existe pélS.
Quant â
la
voie
ferrêe,p]us
rigide dans son utilisati0~, él-
Ie pourra
nêanmoins
faciliter elle aussi
l'êc(}lllement de certaines
dcnrêcs vers
les villages
tout comme vers
les
villes.
Il
faut
donc
EOllhaitcr que
les
efforts engag~s pour sa construction soient ~oute-
nus •
• La création d'un secteur agro-alimentaire dynamique:
• Par un r~am~nagemcnt dps r~aljsations actuelles
1" hana-
neraie
~c NtOUPI, les Uilité3 de riziculture de Tcllibnnga ct ~dend6,
les plalltations de Ca!lne ~ sucre de la ~~O.SU.HO â Franceville consti-
tuent,
J~ns lelir esp~it, des initiatives positives.
En
effet,
la
pers-
pective ,l'une
production alimentaire nationale
importante
(eu ~gard
aux besoins
du m~rch~) et d~ qualit~ qtl'elles laissaient entrevoir ne
pouvaient qu'au~urer~oti ~u moins recdre ~ossible, la I,rise. en main-par~
tielle et progressivcil!ent cl"oissantc de
la dist:"ibution de ces pro-
.
ge~i-rrossLstes
duits pB.r des
grosslstes/e~ d$Lalllanfs natior.aux l'organisés". ~lais,
la
r&~lisation de ces investissenlents laisse aujourd'hui bc~uc~o~ â
désirer,
si
l'on en
juge par
les
résultats bien
~n decà des attt:.ltes
(exeepti<Jn faite
pour
la SO.su.Hol et ~'obligation d~ns laquelle le
march~ gabonais Se trollve de faire appel a des four"nissellrs ext~rieurs.
]lollr rémêdier ~ cet état de fait,
i l s'agit donc
de prendre
un cer-
tain JIGnlbre de mesures d'ordre
financier
(doter
1eR unitbs de produc-
tion de mo)o"ens IiIHLllci('ra
2n- fonction
de
leurs besoins réels)
et or-
[.;llnis.-:tiulinel
(veiller- à
ce que
les t5.ches soient rationnellement ré-
partiëS -et confiées à des
individus suscef.tibles d'assurer une ges-
tion saine des UJlitbs
de prodllction).
Ainsi
réurganis6es,
ces unit65
donneraient certilinement des
r~Gultats meilleurs et crberaient, de
.f.

v
QUESTIONNAIRE SOU/US l,V:: CONSoe'iI'<ATEURS
1er thème: Consommation alimentaire
(Quelques orientations des entretiens)
Lieu et forme d'approvisionnement alimentaire actuel
et passé
Evolution
Changement ou non dans cet approvisionnement ? Evclution
positive? nEgative ? en quoi? avantages et inconvénients?
2ème thème
Situation matrimoniale
Age
Scolarisation (nou non)
jusqu'à quel âge?
Origines famillales
Formation religieuse
Lieu d'llabitation
(localisation,
per~anence, coha~ita-·
tion ... )
3ème thème
:
Image dl'::' cornmerce et au commerl~ant
Définition de commerce et comm.erçant
Critères pour exercer le co~erce
y
...;,vai t - i l des cOITi..rnerçants avant? eL. 2.ujourd! hui
?
..
Vendait-on autrefois dans ce miliEu? et aujourd'hui?
Si oui motifs ...
Vocabulaire commercial
Rapports religion
commerce/

V,
2
4ème thème :
Rapport avec la ville
Occasion d'aller en ville
(pour les villageois)
y pratique-t-on commerce ? Comparaison avec le village.
Impressions générales.

V,
3
QUESTIONNl\\I1ΠSOUHIS l\\UX POUVOIPS PUBLICS
1er thème :
Place et rôle de la distribution alimentaire dans un pays
2ème thème: Situation Gabonaise
- Nombre et importance des entreprises existantes
- Organisation du marché
3ème thème : Rôle des Pouvoirs Publics dans le sect~ur
- Politique générale
4ème thème:
Place des Gabonais dans l'activité
- Quelle est-elle ?
- Explications
Sème thème
Les pouvoirs Publics et la Promotio:l d''Jne P.M.E.
Gabonaise dans le secteur
- Actions menées sur ~ous les plans (ffiatÉriel, humains,
réglementaire ... )
-
Résultats
- Projets
- Appréciation générale.

V,
4.
QUESTIONNl\\IlŒ SOUMIS l\\UX ORG?lNIS~1ES DE PRO:·lO':::'ION DE LA P o~lo E 0
ET AUTRES
ORGANISMES
FINANCIERS
1er thème
Les moyens
(financiers, ma tér ie1o"
htmains)
de
leur action en faveur de la distribution alimentaire
2ème thème
Action plus spécifiquement destinée aux promoteurs
nationaux
- Aide effective
- Bénéficiaires
- Encadrement
3ème thème
Besoins et Perspectives
QUESTIONNAIRE SOUHIS
AUX Cm1:'·IEPCA1·;TS
1er thème : Exercice de leur activité
- Propriétaire'- gérant - employé? Durée de vie
-
Importance
(surface, assorti~ent GoA. et répartition
etc. 0 0 )
- Problèmes divers
(environneDent sacio-professionnel).
2ème thème:
Financement de l'activité
-
Investissement
(volume)
- Origine des capitaux

v, v
3ème thème : Considérations générales
- Motivations, projets,
souhaits
- Analyse de l'activité au Gabon.

1
VI
Tableau de répartition de l'êchantillon "citadin"
Citadins
Sous-cacégorie
Sous-catégorie
rrotal
C
D dont
(1)
Régions
G l
11
36
15
47
G 2
9
10
7
19
G 8
10
12
9
22
G 9
10
13
7
23
TOTAL
40
71
lU
Source : Nos enquêtes sur le terrain
(1)
Co~~erçants Gabonais.
Tableau de ventilation de l'échantillon villageois
Sous-groupes
A
B
TorrA:'"
Régions
G l
ï
13
20
G 2
11
14
25
G 8
o
o
o
G 9
14
16
30
TOTAL
32
43
75
Source : Nos enquêtes sur le terrain.
Sous-groupe A ~ villageois éloignés de la sociéti2 marchande
Sous-groupe B ~ villageois proches de la sociét<.:~ marchande
Sous-groupe C ~ simples citadins consommateurs
Sous-groupe D ~ consommateurs commerçanLs.

•1
VII
1
Date de
Entreprise
crêation
Raison sociale
1
Maison filastre
Courtier du commerce
maritime
1
Maison Lo.lubic
Armateur
1
Maison Vidal
Commerce général
Compagnie commerciale dl.: Gabon
1950
Com.gral Import-Exp.
1
Compagnie d'exploitation
1933
Corrmerce général
corrunerciale Africaine
Import-Export
Compagnie d'exploitation
1920
Exploitation- Com-
forestière Africaine
mercialisation bois"
Compagnie d'exploitation
1927
E.F. + C.b.
"...
forestière de l'Abanga
Corr.pagnie d' exp loi ta tion
1946
E.F. + C.b.
forestière d'Azi~go
Compagnie d'exploita~ion
1946
E.F. + C.b.
forestière de Nomoo
Compagnie française àe
1934
COIT'JTlerce général
l'Afrigl.:e Occidentale
Import-Expcr t
Compagnie générale des
1928
Plantùtiou p~1~i2r~
plantations de l'Ogooué
Consort~um des bois Africains
1939
E.F . .,. C.b.
Consorti~ fores~ier et
1957
E.F.
,.. C.b.
maritD~e français
Davumaer
1949
Construction" parcs
corrunerc ia ux
L'Equatoriale
1924
E.F.
+ C.b.
La forestière de Lambaréné
1924
E.F. + C.b.
Etablissement Gallais
1.947
Scieries
(E.F.+C.b.J
Groupe Français d'assurance
1947
1\\ssurances
Harne-lle Afrique
1947
Fourniture métal-
lique
Hatton et Cook son
Import-Export
Etablissements Leroy
1923
Comrnerce général

238
cc fait,
une SDllrcc ,t1approvisionncme'lt plus accessible a de~i dis-
tributeurs gnbon~tis que l'importation.
Par une
relance cie certaines r6alisntions actuellement
suspendues:
c'est le cas,
par cxenlple,
pour la culture des pommes
de terre ~ Mcdouncu. Assur6e par la Soci6t6 (le d6veloppcmcnt rural,
cette activité suscita les plus vifs espoirs car,
la première année
de
r~colte fut, qualitativement et quantitativement, positive. Mais,
à cause des grandes diffiCtl]t~S d'évacuation des pommes de terre vers
les marchés de
la demande et notamment celui
de
la Capitale,
de
loin
le :11u5 important,
cette cxpbricnce fut de COllrte durée
(quatre ans
environ). Cette réalisation pourrai~ ~onc être reprise en tenant
conlpte,
bien sOr,
des entraves ct des erreurs passees •
• Par la relance de la production de Cacao et de café
: Com-
me nous
l'avons sigflal~ dans la deuxi~me partie de notre recherche,
la production gabonaise de cacao et èe café n'a cessé de décroître
depuis huit ans et,
aujourd'hui,
oc ne voit plus,
comme dans les
annêes soixante,
circuler ces petits commerçants autochtones,
ache-
tant
l'un et
l'autre produits pour les
revendre i
des
grossistes
&trangers implantês EUr le sol national ou exerçant dans des
pays li-
mitrophes
(Cameroun et surtout Guinie Equatoriale).
La relencc de
la
cultlJre de ces deux biens constituerait non seulement une sourcp de
revenus pour les paysans et donc une extension du ~arch~ dg l~ deœaJl-·
de,
mais aussi
l'occasion,
pour des Gabonais organis~s, d1aSS\\11'er,
au ni Veau du "gros:',
le commerce de ces produi t8 et de l":!t:rs déri"vés
éventuels
(1) et donc d'occuper une place de choix danR cette bran-
che d'Âctivitês qui,
pour l'instant,
n'attire par les investisseurs
êtrang~rs. Mais, la relance de la pro~~ction de cacao et de cafê pas-
se,
seloll nous,
par un ccrtain nombre de mcsures
:
Ainsi,
il fau~rajt
osant tout proci?der au rajeunisF;~luent des plantations existantes.
Pour ce fil ire,
les Pouvoirs publics veuvent,
p.qr exe:nple,
~igner un
contrat avec
les plantcurs,
aux
termes duquel ceFi derniers accepte-
raient
la
coupe de leurs plilnt~s les Il!llS anciennes e~ dunc
les
moins
prodtlctivcs en cont1'c}lurtie d 1 une
ineJcnlnitê que lcur verserai-
ent
lcs autorités publitlues.
Les plilnteurs recevraient bicn (.'videm-
ment d'autres plilnt~
d'autrc part,
il
faudrait
reprendrc les
(1)
Le troisièmc pl<lJl quilUtUL'raal
(!!J7(i/1U80)
pt'ê-voYilit
ia construc-
tion <l'llne cJlocolaterie tl,lns
lc Woleu-f'.!tcrn.
./ .

239
opératiOlls d'encadrement et d'aÎùe il l'entretien des plantatioJl& de
caCao ct de café qui avaient,
ùans
le pa.ssê,
donnL'
des
r('sulL.. ls Sa-
tisfaisants au niveau 'lualitatif et (lUantitatif de la Ilroduction
enfin,
i l
fl\\ll(irait procéder ~ un r~am~nagelnent ùu pl'lx de VeIlle
de
ces ùeux produits •
• Par le l~ncement de nouveauX projets
Dans le troi~ièmc
plan de d~vcloppemcnt éC{)llomiquc et 60cial du Gabon,
un certain ncm-
bre de projets avaient &t6 programmês (la plupart pour 1980) par les
Pouvoirs publics.
Leur r~alisation aurait, cntre aull'es, pG avoir
comnlC effet
la constitution
de sociétés gabonaises charg~c6 d1assu-
rer la d!b~~ibution des denrées ainsi produiLcS. Il s'agit de la çrca-
tion ou de
l'extension de3
bananeraies i
Lambarêl16,
Yranceville,
Ntoum,
de
la production
de
lbgumes i
Libreville et Pert-Gentil •
• Par le dêveloppement de
l'~levage ct de la flache : Comln~
nous
le soulignions dans
la dcuxiême partie de ce travail,
le Gabol1
importe
la quasi-totalit~ ~e la viandc ct de la voleille consommêes
sur le march6,
ainsi qu'une
quantit&
non n6g1igeahle
de poissons.
En ce qui
concerne
le pre~ier p~Gduit cit&,
i l
est vrai que
les con-
ditions
locales et
l'absence de
tradition pastorale ne sont pas
de
nature â encourager Sa production.
~~anmoins, une politilille mi0ux
conçue
(qui
tiendrait compt.e ùe ccs
:'acteurs na'tllrels.
mais qui Iile-
surerait ~galel"ent le manquei gagnpr issu des
impor:iitio\\~s m~ssives
actuelles ~t ses con8êq~ences futures)
et
sOUCielJSe d'illdfpendallce
alimentaire,
devrait permettre,
IlotamQCnt
gr5ce
~ la cr6ation de ranclls~
de fermes
ct i
des aides aux Gahonais qui
tentent
d'orgnniscr des ilc-
vagœ d? poulets,
d'atteindre~darls un avenir plUE ou moins proche, Itn
niveau dû production
import.ant
;
des distribut8urs Ilationaux ~n aS-
sureraient
en grande pal"tie
l'6colllement au
lieu de devoir R'appro-
visionner au CalnerOUt~, ~u Zjmbab~~.
ou en Europe.
Quant â
la p@che,
elle m~rite une attentioll
toute ?~rticll­
li&re.
~n effet, elle est en~ore tr~s inor~anis6e au Gnbon. Seilis
cinq armateurs ~trangers l'asSul'ent, dans ~es COllditions du reste dif-
ficilcs.
Quant à
la distrihutiùn de lIlilsse,
~lle est presC1ue cxt::lusi-
veillent effectuée par des
poüiSûflne'"ies appartellnut
tl ÙCl::' invcsti~seurs
occidentaux,
ainsi
lllie par des ~iKérialls (lcs villages Je p~CllC
d'Owendo,
du Cap ~st6rias, dc l'Aviation ••• ,
~ourccs d'~pprovi~ion­
JH~ment pour Ba % de la P01Jul~ltion de Librevillt..! et ~)ol·t-(i(·ntilt ne

2~O
sont pCtlpl6s Q1JC de Nig6ri~n5). Il s'agit donc p<Jllr les Jlouyoirs ptl-
blies,
d'une part de cr6cr une
infrastr\\~cture de p~ct)e : am6nagcMûnt
de ports de pêCJ1C
mise ~ l'êtat et Cl] fonctionnement (le l'irlstal-
lation frigorifique
de Mayumba(elle a
~ti r~alisie en 1972 ••. ) et
nch~vcm0nt de la con~truction de celle drOmbouê (intcrronlpue en 19?4,
faute de cr6dits)
;
construction d'une nu~re â LihI'cville.
Dans les
r~gions 61oign~cs de la cSte, les Pouvoirs publics pourraient, par
exenlple,
cr6er un certain nombre de stations piscicoles et r~amêna­
ger d'anciennes actuellement ahandonnées
(une dans
le Woleu-~tem ct
une autre dans
la ~ Gounii). Les Gabonais,
disireux de se livrer au
Commerce du poisson,
pourraient trouver lA des sources dlapprovl~!on­
nement peu coûteuses et sûres.
D'autre part,
l'autorité publique de~
vrait fournir aux nationaux une assistance mat&rielle leur pernlettant
de produire et -ou- de distribuer cette denrie.
Elle consisterait,
par exemple, en cr~dits pour l'achat d'&quipemellts ; elle pourrai~
aussi prendre la forme
d~une location-vente de pirogu0s êquip~~s de
moteurs
(pour la pêche au large),
de construction par las Pouvoirs
publics de points de vente â l'usaç~ de distributcura gabonais (en
contrepartie d'UII loyer raisonnable)t
d'~~ili6ation par des ~rossi5­
tes llationaux des
installations frigorifiques â des co~ditions plus
avantageuses que les 6trangers
;
elle pourrait enfin. consister en
ln
cr~ation d'une soci~t~ de transport frigorifique a~surant la locati6n
de ses camions ~ des distributeUl's gabonais.
Pour nous r~Stlm&r, notlS dirons que les Pouvoirs publics doi-
vent cl'&er les conditions d'une politiqu~ contrair~ à cette affirlna-
tion
contenue dans le plan quin1lu&nal
196b/197ü : "A
l'inverse des
autres pays africains dClnt
l'&conomie est eS5en~iellemcnt rurale,
l'agriculllire n'est p~s appel&e â jouer un r81e moteur dans la crois-
sance 6conomiquc du Gabon" •
• L'organisatioll des circuits de cODlmercialisation
:
Le r6seau gabonais de distribution alinlell~aire est,
nO\\lS
l'avons vu,
conlplexe et d'acc~s tr~s difficile â des pron:otel:rs gabon:lis,
peu
exp~rinlent&s et aux Illoyens r6dllits. Il s'agil"ait clone, p0ur les I)ou-
voirs publics,
de cr6er d'autres conditi()ns d'~xercice de llactivit&.
Ceci passe par urie orgallisation des cil"cuits de CO~Jf[leJ'cialisation, a
savoir
:
.1.

241
• La d6lerlninatioJI eXacte ,les diif~rpn~.s Jlivca\\lX d'exercice
de ln vente alilllciltairo ci. les conditiorlS ~ remplir pOUl' y ncc6dcr.
A ce stade,
les Pouvoirs pllblics pO\\lrrGicnt,
par exemple, assigner
des créneaux particuliers auX Gabon~is ct veiller ri cc qu'ils les
occupent cffectivelllcnt SCtlls •
• L'installation dilln système de marché à date fixe.
Les
POllvoirs publics pourraicilt faire en sorte que,
dans les villes de
moindre i~portance et dans certains villages, des rnarch6s se ticllnent
pêriodiquemcnt.
R6sc)'v6s auX comnlcrçants gabonais et 6ventuellcment
i
des agents de
l'Office de commercialisation
(nous en parlerons plus
loi.n),
ils permettraient aux uns ct aux autres de s'appro\\'isiorun:r en·
certaines denrées auprès ùes villageois et de
les revendre ensuite
aux citadins. A l'inverse,
ces m~mes comlnerçants pOllrraient, A 1es
dates pr~cises (~ventuelletnellt les ln&mes jours), venir proposer cer-
tains produits (viande,
poisson, volaille ••• ) ~ des villa;eois ùé-
sormais nantis d'un pouvoir d'ac!lat plus ~lev&.
La création d1un Office de commercialisation
fO;lc'tionnant
dans les conditions d'orgnnisation et ('e capacit~ prêc~dem~en't d&cri-
tes,
son activit& nc se li~iterait pas a )~ibreville et quelques l'vil-
les
importantes".
Il aurait cor.I~f2 c.bjet de collecter, da.ns cErt~ines
proportions,
la production agro-aliœentaire et artisanale pour en-
suite la dispatcher sur l'ense~lble du territ0i)'e par le hiais de
stands de !ente g~r~s par des Gabozlais. Cet Office puurrait
~gale­
l
ment,
approvision!ler des· gros5is~es nationallx .
• La révision de la politiqlle Je participation au capit~l Jes Soci~­
tés étrangères :
La pclitique des autorités pul:liqueô nation;:,les en matière de produc-
tion ct -ou- ~e distI"ibution alimentaiI"e a,
jusque-lâ,
ccnsistê a
prendre oes participations au capital des sociétés étr~ngèrcs à un
niveau qlli 11C perl;lettait pas d'oric~ter leur stra't~gie darl~ le sens
en plus
d'ullè plaee ùe plus/impori..<..tnte <les i\\ationaux dans lE" 8cctel1r~
Il
sfagir~it donc dêsormais, pour les 11ollvoirs publics, fle s'assurer,
dans un certain nombre d'entreprises-clés,
noi..3nlment celles de pro-
duction et oc vente en l'gros" des boissons,
une pr~scncc plus effec·~
tivc par capit;\\ux interpos6s, grfice ~ laquelle ils pourraient, par
cxemple.
obtenir qu'une part de
ln proouction soit systématiqueillent
.f.

242
1'(.'scrv(·c fi dcs r,rosF;lstcs
autochtones •
• Des orgal1islnes puhlics rle promotion de la r.~I.~. plus efficaces:
Si l'on ent211d voir 1eR Gahonais ;joucr un raIe iml)ort~nt dans leur
distribution alinlcntairc,
il convierlt de leur en donner les nloyens,
donc d'accroitre l'efficacit~ des orgallismcs pulllicR (Je pnomotioll de
la petite et moyenne cntrc!lrise. Cela 51JppOSe
-
leur meillct:rc organisation
dotês d'un 11crsonnel capa-
ble de leur donner des conseils utiles el] matiêrc de conlptabilitê,
de source d1approvisiollncmcnt,
(le marchê
(de
l'offre et de la deman-
de),
de gestion g6n~rale, etc, ces cr~anismes dcvraieIlt, autant que"
possible,
se décentraliser afin d'être plus au f~it des hesoin~ de
la population et de répartir,
de manière plus équitable,
les chances
d'accès auX sources ct' invcst issclllent
des Inoyens finallciers â la mesure de leltr d2ssein. LDs
ressources dont disposent Promo-Gabon,
la C.N.C.R. et le départe~ent
"Aide et promotion à la P.~I.S.11 de la 13.G.D. soP..t) COrlme nous l'avons
YII,
bien r~duits non selliement par ralJport â ceux des orghnisQes si-
milaires du Cameroun,
du S~n6gal ~t de la Cotc d'Ivoire, mais allssi
eu 6&ard a l'ampleur de leur tâche. C'est une situation ~ l~qu~lle il"
importe de remédier •
• Une autrê politique c()n:merciale
: Celle-ci devrait stattacher â
prendre des mesures v€.'iitablemellt
novatrices
Ainsi t
les Pouvoirs publics pourraient,
par exemple,
s!enga~er a accorder
aux cntreprises gabonaises de 11ist.rilHltion alimer:toire,
dont la créa-
tion aura &tb agr~~e par le ~:inist~rc du CO~lnlerce, ou a celles déj~
existantes et r&)Jondant â certaines ~~igCIICCS (une gestiol1 "accepta~
hle fl ), des avantages ~ouani~rs (droi~s peu &lev~s llour l'i~portatlon
de mllté~riel ct outils de travail), fiscaux (exoné-ration totale dl'"
certains iAlp8ts tels que 11irnp6t
Ellr les Soci0t6s ou celui sur les
bénéfices,.
pour 1er:. cinq 011 six premières années de l'"'ul' exercice,
puis rét.:dJli~semellt pr·ogre.:=;gif),
financiers
(création par exemple
d'une bOllific;d.. ion destinée ~\\. récompenser lps trois ou quatr"e entre-
priséS -gabonaises les plus pel~fo!:mantes du secteur). De mÊrne,
les
Pouvoirs llublics pOl1rront,
p;,r e>..emple,
attl~ibuer "en totalité ou en
partie l'approvisionJlement. üe certains ;llarchés publics
(lrcéeoS et
./.

24 :3
collèt~es,
!l()pitallx.
cas~rne6 ••• ) ,1. des dif~tribut~urs ll11tion'ttIX pour
ce qui concerne des denrées
telleR
le manioc,
ln
hanunc,
le
puisson,
certains légllnles
••.
-
assurer une
formation prati{!ue des commcrçanth
:
La crea-
tion dilln ccntl'c ùe fornl~tion praticlIJe 3 l'activité commerciale cons-
tituerait,
elle aussi,
une
initiative ùe Ililture ~ pern\\cttrc une mo-
tivation plus grande ùes Gabollais ~ exercer le Commerce en gén6ral et
la vente alinlcntaire en particulier. Ce lieu permettrait il ,les formn~
teurs comp~tenta d'inculq~lcr aux futurs comnlerçaIlts ou a ceuX q{li le
seraient déjà des éléments en matière de comptabilité, de gestiun cte~
stocks, d 1 affectation des bénéfices . ' . Bref,
toutes ces techlliques
qui leur font dt~faut ou
qu' ils maîtr~bent mal. De même,
pourraient-
ils y prendre conscience de la nécessité de dissocier, dans leur es-"
prit et dans la pratique,
leur métier de (futur) cOMmerçant et la
conservation de
l'esprit de famille
-
organiser une information des citoyens: Conlme l'on,t fait
ressortir nos enqu&tes sur le terrain,
l'existence des orgaIlisllles de
promotion de la P.~j.E. est connue d'un nombre trop réduit de Gabonais
(~ peine 10 % de Ilotre 6chantillon), y compris ''l'6Iite Intellectuel-
le'l.
La raison d'être de ces org;anisPles est encore moi.nE bien perçue.
Il cor.viendrait donc,
notamment par des 6missiolls radiG-(jiîf,HJes 011
t~l~vis&es, voire par une inforolation en entreprises, de fuire cn
sorte que le plus grand nombre Tlossible de citoyens gahGnais scient
informês des possibil.itês qui
leur soat offel'tes, par ce3 instjtutiGl1S,
d'investir,
de cr~er des entreprises notamment de vente d~3 produits
alimentaires. Cette information répondrait du reste au souci dc nleil-
leure 'rêpartition dcs cl~ances il l'aide publiqae à l'inveE:tï.sserne!lt.
o
"
0
Il existe une comp16nlelltarit~ âvidente entre les sugKcstions, du res-
te non eX)laustives, ainsi faites.
Ell
effet,
la c)'6ntiol\\ d'Ull secteur
agro-illimentaire dynamique ct la relance de la production artifianalc
sont indissoci~lble6 de l'or~nnisatioll clu r6seau de com~~:!ic~tiol~ du
cirett-it- de distribution.
Les uns et les autres pE"rmettent à leur tour
à des Gauonais a)'ant acquis Hne
(meillturc) form;-:tioll pratiG,ue ct
dôtés de moyens r'],lle leur auront, en partie,
fourni de~ organismes de
./ .

•1
244
1 promotion de la P.N.t:. plus efficaces, de 3'npprovisionllcr locale-
ment pour certaines denrées,
dans des coûts inféricu,'s à c~ux issus
1
de l'iml)ortation.
Par la suite,
les m&nlcS gros8istcs,
5crni-grossist0s
ou détaillants nationaux "organisés" pourrllnt aSSurer 1<1 vente ur-
1
baine oU rurale de ces produits dans un caùre véritabJemcllt
incita-
teur,
assur~s qu'ils seront de bên&ficier, IJcndaIlt les premi~res an-
1
n60s de
J.eur activit~, d'avantilgcs dOlJi1I\\iers,
fiscaux et,
êvcntuel-
loment,
financiers.
Cette d6 1na rchc qui,
dans un premier temps,
vise ~ faire pren~
dre auX Gabonais une
place comparable â celle des Camerounais,
[yoi-
riens et S6n6g n lais dans
leurs
r~sei:ux de distribution alim~nti\\ire
organis~e respectifs. est. on le voit, longue. Cependant. l'adoption
et
l'ex&cution progressive mais effective de ces mesures par les
Pouvoirs puLlics ne manquerait pas de
traduire,
aux yeux des Gabonais,
l'expression d'lill
int~rat nouveau et certain pour le secteur alime~­
taire en g61!&ral et la distriblltion organisêe en particulier.
L~ dis-
parition progressi\\'c (Je
l'image,
jusque-là vive,
(llun
secteur .?6"i-
col€
voué à jouer les derniers rôles di:.'.ns la crnissa!lç:c ~cor.cmiq':.Je du
pays,
ferait à Son tour s'estonper chez les citadine. ri'übord,
puis
dalla
le reste de la population,
l'i~age ll&gntive d'une distribll~ion
alimentaire -activit6
d'appoirlt, activitê rec~,Ul'S ou l'efugo, activitê
l'6scrv6c aux ~trangers et incompatible avec l'esprit de fUDiille-.
Les l'&pOI1S~S ~ cette pr&occupation capitale,
objet de not~e l'ccl1crche.,
sont auj~urd'hui avant tout d10rdre politique~ Dans ce doolainc conlme
dans d'autres,
i l d~I)end des Pouvoirs publics que les Gabonais,
pre-"
nant
eH· main
le d&veloppement de leur pays, accêdent c!~fin A ]'ind&-
pendallce &conomique.

?4S
A N N E X E S

l
Tableau du volume de capitaux détenus par les particuliers
Camerounais,
Ivoiriens, Gabonais et Sénégalais dans la
distribution alimentaire de leurs pays respectifs
Tableau l
1
Capitaux: Volume de
Capitaux Priv~s
Soit en %
F.CFA
. capitaux du
nationaux
du secteur"
Pays
secteur
1
i
CAMEROUN
1
26.469.900.000
5.508.570.000
20,81
1
COTE D'IVOIRE : 39.937.000.000
3.582.000.000
8,96
1
SENEGAL
31. 27 6 . 000 . 000
2.989.570.000
9,55
1
GABON
Il. 824.900.000
358.930.000
3,03
1
Sources
-
Sociétés et Fournisseurs d'Afrique Noire -
Edia=ric
1980
-
Annuaiyes des chamb~es de commerce du CaIr:el~ouE, èe
la Côte d'Ivoi~e et du Sénégal
(1980 pour le 1er;
1978 pour les 2 autres)
Marchés t:ropicaux et méditerrar:éens, nO
spéciaux
sur le Cameroun
(nov.1980j,
le Sénégal et la Côte
d'Ivoire
(1978)
- Enquêtes sur le ter~ain (pour le Gabon, 1981).
P.S.
(comme nous pouvons le constater)
les statistiques de la
Côte d'Ivoire et du Sénégal datent de 1978. Mais compte tenu
de _l a voca tian agricole de ces pays,
il est permis de penser
que les chiffres ici obtenus ont pû connaître en deux ans des
modifications à la hausse, ce qui aurait entre autre comme
conséquence de rapprocller le volume de capitaux investi dans


I I
1
1
le secteur par les na ti.anaux de c-elui de 5 Came:roun:Ji s.
1
Tableau des entrenrises de distribution alimentaire
.
~partenant (ou à majorité)
à
des nationaux Camerounais,
1
Ivoiriens, Gabonais 2t Sénégalais
1
Tableau 2
1
;
1
i
Irnpart-
Achat-
,
; AutresiTotal. P~pula-
Taux
Export
Vente
.
1
i tlon
en
de créa-
sur
1 million
t.ivité
Pays
place
1
:
pour
100.000
i
i
habitaDt
i
CAMEROUN
8
8
1
26
42
6,170
COTE Dl T'JOIRE
16
10
1
22
48
7,610
0,63
1
1
GABON
o
3
2
5
1,050
0,47
1
1
1
SENEGAL
9
45
1
! 17
71 ;5,380
1,3
i
Sources:
1.
Pour le Cameroun, le Sé~égal et la Côte d'Ivoire
- sociEtês et Fournisseurs d'Afrique Noire,
Eèiafric,
1980
- Marchés tropicaux,
7 nov. 80
(Carneroun n°
spécial}
17.02.-78
-
Fraternitê ~atin industrie,
80
(Côte d'lvo~re)
-
Thèse NGollo NGama,
paris-Dau9hi:lc,
1978
2. Pour le Gabon
-
Enquêtes sur le tcrr~in
L(!'!;·lI au tres"
entreprises alimentaires sont celles qui
remplissent à la fois les fonctions de production et de
distribut.ion.

Infrastructure routière du Camei:oun, du Gaban~ du Sénéqal et de la Côte 'd~:rvoire
>
H
.jJ
- - - ' - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Ci
1930
1930
1950
H
,
,
H
H
Pa.ys
Superficie Routee; pra-I
du
l'l'ilUX
de
Hautes pra-i
:'. du
Taux de
(km2 )
(S)
tiquables
1 réseau
R
couverture tiquables
! réseau R
couverture
1
,
toute
( %)
RIS
toute
(% )
RiS
1
"
l'année
l'année
\\
1
SENEGAL
192.161
625
,
\\
6200
3,22
1712
1
7550
. 3,9
1
1
1
CAHEROUN
474.900
540
5794
1,24
1620
6880
1,44
11
COTE D'IVOIRE,322.463
510
~350
1, 65
26')(,
7110
2,2
1
1
\\
GABON
,267.667
0
250
0,09
100
\\
1430
0,53
Infrastructure ferroviaire des quatre colonies en 1950
Pays
km de voies ferrées
SENEGAL
650
COTE D'IVOIRE
400
CA/1EROUN
340
GABON
o
Source
Nos enquêtes.

VII,
2
Lorand
1925
Commerce général
Lutherma
1924
B.F. + C.b.
Ets Moridor
E.F. + C.b.
Office des bois de l'Afrique
équatoriale française
E.F. + C.b.
L'Okoumé d'ANeughé
1935
E.F.
+ C.b.
PERSONAZ
Vêtements
Palmier et Heveas du Gabon
1956
Exploitation palmier
et hévéa
Maison Masurier
Exploitation fores-
tière
Ets Pape
E.F.
+ C.b.
Ets Rougier et fils
E.F.
+ C.b.
Société Africaine Forestière
E.f'.
+ C.b.
Société Africaine de matériel
Importation de ma~é­
industriel
riel 3.\\..itor::obile
Ste agricole et forestière
1930
-'- Pla.nta"':ions
Africaine
Sté agricole forestière du Gabon
Sté d'application de peinture
Pointure
Sté conunerciale de
l'Estuail:"e
1938
Importution -
çom-
merce général
Sté industrielle et agricole
1894
E.F.
+ C.b.
du Haut Ogooué
Sté d'importation des produits
Iffiportation de den-
alimentaires
rées alim~ataires
Sté des vins du Gabon
1953
Importation et vente
de vins et bières
Sté commerciale Ouest Africaine
1956
Alimentation génér~­
le + opération com-
merciale et finan-
cière diverses
Sté des Exportateurs et
cornmissionnair8s ÙU lJois
B.F.
+ C.b.

VII, 3
8 Entreprises forestièr~ sans
vocable
particulier
Sté des pétroles de l'Afrique
Exploitation
Equatoriale Française
pétrolière
Union financière Africaine
1957
Opérations indus-
tr ielles et conunerc.'
Watering
Traitement caoutchouc
et hévéa
Ets Bobo
1959
Conmerce général
Wlunschw~r~er et Cie
Conunerce général
Ets Nicolas
1946
Conunerce général
Faure
1950
Conunerce général
Ferreo
1950
Commerce général
Ets Girard
1956
Alimentation
Compagnie générale du Gabon
Alimentation
Mariani
1953
Co~merce général
Lebris Frères
1954
Co~"erce général
Obiang G
Exploitation
forestière
Ets Paris
Import-Export généraL
Paris-Gabon
1955
Alimentation
Peyrille et Cie
Conunerce général
Sté anon~me de plantation
1954
Plantation café,
et d'insdus~ries coloni21es
cacao,
Sté conunerciale du N'l'em
Conunerce général
Sté Marseillaise du Gacon
1955
Commerce général
+ transport
Ets Veille
Conunerce général
La-COmpagnie minière àe
1959
Exploitation
l'Ogooué
manganèse
La Compagnie des mines
1958
Exploitation
d'uranium de Franceville
uranium

VII,
4
E.F.
+ C.b.
exploitation forestière et commercialisation
du bois
Source :
- Annuaires des entreprises exerçant dans les DOM-TOM,
annees 1950, 1952, 1957, 1958, 1959.
- Affaires politiques Congo-Gabon : Ministère des Colonies,
Dossiers 2824
cartons 4 ,
5,
6
2825
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2,
3
2949
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5
181
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2 et 7
31;
33 ;
38
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2,
4 et 6
53;
57; 58
3,
5,
6 et 8.


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Commerre., dan. 'et TROIS 131 moi. .ui".nt a. C'~1t,:..
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Lor..que., cD raillOlI, de. loncôQne OC('upia pol" le.
eom,"~1 en Ré,*bliq~~ GGbOlWlù,>.
I~r~ ,.;w- il 1·.r1Îc1e 4 ei~aw., res.ca:;ce d'UD~
L'ANelUbJre" K.lionale a délibêré el '~fl",ptê,
profee,ioD ~ruen:iaJe par ~r conjoint e6t d«: nal:.lr'C
à .-owpro~lIre l'UJ~ ~';'~I, le Mini.tion': cbarb~
Lr PrbiC!enl"~ la Ri-publiqvc. Chef da Goo~~·
.1.. CoIDJDUt:c peut n:lu~r ou retirer raS";mC11t a .. dit
t~na. promulgue Il loi donl 1. tennJr .uit :
eoDjoinL Toa1.doi.. l'fteftice de la prolr-6lioa CoOmlm'''
('iale par le CGlljoiai d'u:ae f'D"'OlInC 'AUlUantde haul~
11TftE PREMIER
100DCti0Ju cl.n. rEu. do.it étlt! .oumi. il J'aPJ"vhalic."
lIE VeXERCICE DU COWV~RCE
).rr.J.Lle du Conlloeil .ke ~!ini""~"
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DifWUoia
LorMllJe Jf' ("Obuuc:rf",anl ou le t:andid.l • la ItI'o~n~:u:;
C"OmmeTCi.le •
pour ~ajoinl un IODetionn.irc DU lin
."'r1jd~ JtI'emier. -
E..I f"Omm~n;.nl, ~cJui qui nrn"C
... 'ari~ vieé .u I.arap'aph~ .) M rar1icJc .. d~ J. J'r>'..
""nl~ loi,' 'f' Mini"te cb.'1p du CorulD~~. t.i.i MI
1;' Kle. dC' f"orome""~ ('1 t"n r.il ,a r"Orf'l',Îon Il.hi·
,cllc.
:/inrom.~. poU"1 n,.intenir ou Jonner ton af:",",~nl. i:
81
Comü,imu ~%iE-~~' pour (f'-a.e,.cic,. du C(JID~"C('
i ~ ron"n~~.nt 00 rot c.ndidat à J. pror~Fin" l'''07IIMf'r·
t"r~I~.
1Artirle Z. - Sont h.bitilM à exercer une profeMion
Lor.que
co~rciaJe el prélendrE à 1. qualité oe e~nt.
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ronetiowairc" ou
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~eoliolln'; :.
r.rticJe -i
le. ~nQ raapJiNoant le. f'OndilÎoo. ci'.pm:
~ra l'u-eeptihk d'ulCr ,dc l'Cil t"O.lWUÜo.&ancC5.
de 1100 iaIJueoce au pro"t d" CDDlJUCrœ de MD coajoint
ou au ù~triment de J"inh~ri. gi-n":-raJ. k ~lini'l~ char~':'
l a' ê~n: ig': df" ~J lant .u moin,. ou ;'t~ mineur ;PUIIl·
. CI~.
du Con.lIuer«: ckona lui dem."'" d'0p'er ent~ rn.r'"
~i<'~ M la ,..ror~ion f'OIIInte1"'riaJe par ....n ronjoinl on
'i'ilL\\ a..oir obtl'1'u 1'.~";1uC'"t .In MinÎ"'re f"h.~#, ....
le maintÎCII d.n. N:a (oM'tion.. D.n. rr «InnieT n •.
J'in~ .ur. la ro-ibilit~ de J""ét'eDt"'o -eoh'- M
" .
Commntto
• ~, it" imm.trieuU .u Rq:i.tre du Comaerce,
Mmi..ion. 'Oit d'KClerler III mu...ion .J"n, un ~
n·a,.,.". Iunln lira ."cr la profeaetoll t~urtt-e l'ar +On
ronjoinL
Id, rure UDe d.:eJ.rat~u d"eailitenC'c il la DireC"'liuJI
de. Contributioa. DiI'CdC60
C 1
Pr~,. 4&p'êmen'
«: 1 ~t~ ûtuJ.i~ d·u~ patmte.
l'i.poSition. r-r...ftJa·
IArticle S. - L"n:~~ ck b prof_Fion 1"()fD~~iaJr.
~I formellement intmit :
_"nide 6. -
Toute penoaoe pby.i'lue ou auor.lc
d~reu.e .le .'allalkr comme eom~Da. doit ~II
au!: fami. ~t liqui~ iudiri.i~ non ",M"'lil~.
laire 1. Mma.ude aa Mini-aêre chaqé du Commerœ.
.us JlCnon.ne~ .~·.bt "ubi unr rondaamation délia
,-1
eetlt debl.nde den. pmi~f' roLjd. .. 'orme et kf.
nith,t à
IIn~_I~iDë." afniclh'e ou inl...r~.nte. ou
:t- ruo~-ent de Ii~mr:nt et le .irJc de ractÎ\\-ili C"Omider·
fr·r~ d'in.dipÎli HtÎOI:la.1e,
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C'i.1e .nyi...,ée. Elle drtTa rtne .-.omJ-agn~ :
11 .u~ J1Cnoo»ef .Jécbun ùe ce droit par décision
-
.raa acte .rétat driJ ou toul document en IeJoYnt
judiciain .raMI_ eu .p..liealiou de la ..nem.r
lieu.
loi el du déttet fisam la proc:i-du~ d"i..aiplïon
-
d'aD edn.&& de UÀer judiciaire d...nt _
moill~
au Rqiaa.re da ComEDCftC.
de TROIS (5) ~
1Arûck 4. - L'n.r~ rcrP1a~e." d'une ~h'il;'
d'au cenllieat de naliOll');"
ou de Ioule .ut~
roIDJIK~tale ftt incompatible "f'JP: le elatUt :
pif.« rD leuant lieu,
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dei projeta . . tUtu.. dei HlC"ic"t.r.. rn œ
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dan. u_ beA"Jue __ AU CCP.
I~ .re~pa1. eOluplù-r",- de IlDIDpubJe ~".
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Eu outre. rncftÏC'e de Ja profe&ÙoD ClOG'meràale ~r
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.ICODjuiDtl .Je. ~ ~ éBmairêa .-1 4IDU·
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leu,.. êlA1oJi,lK:IDcmta ClDauaerc.iaas D1IftTt.I.. DU .li
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LeNCJUC le ....joèot .r..... __ .~
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Le M.illiat.re c.b.a.rgi du CoDJ!J)UCC de".,.
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qui ri "il r,. ,..11' u rartt' il la rubri'JUor. C profe!'/Oioll" ou
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.I,;.r"ul ,tr -"~r"'I~"r ,Ian~ 1,....I,:bi. r; .•lr.~u. ;nlI'8"
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Jègi~J~tion Cil "igueur, :'tIt'lItion d~ ..~tre autori;.~tion
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dê~initiTe ,oen porti!e lur leur eutt aprè. yenemen.
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Il. -
Pour être ~uUJil .. l'n.mlin ,~ la
lIni,.~ion. lu J05,ien conllrilué. par lell ~nonrJoe~
Arlide 18. -
Toute.·inf...ction .ux p~lIerirliora de,.
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artielt!"8 9 à 1i MIn p. .lbk d'une amende de SO.OoJO à
9 doiyeDt oblig.toiremenl. oui re 1"
~e
,j(IO.ono frantlt CFA. aun (,rUprillODhement de dnq moi.•
n-\\"Ue3
par rartiek' 1).' i)rnenler :
ou ,ft' I"unr dl" t'elI deus peina !leukment. Le lribun.al
- un
pJ"O!ramme
d'iD~liuelPent COWJ!'O'1ant
la
ou J".:Iutoril~ .dminaall'ô1li,.e pou",,, rD o'Alre. ordQ"..,..r
Ilila'ion decomtruc:liolU .mmohUie,rea en DUI';' l.a rr'I""mcru~ de rél.b1il.lelDellt.
tu
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1t'l1r m~iZD. de SEPT (7) wiJliollI de Ir&nC1"
. D' L'NucriplÙM .... Repu,. dit CoUJ"'et'&'~
F:\\ ct .i. réalùeT dlilU t~ DIX.HUIT rIft 1 moi..
Ji ·uiYem 1. dëliyn~ de 1. earte;
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T04Ile ~noane pby.ique ou morall",
';lIbotIiSiM: nu ~nngère, eu:~D1 !IDe atti,.il.ë eouuaer.
juttificatioD
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lit': ci'Hlc et r.U\\ononlfe fin.Mj~re :
lrieul.tiou. Je. InenIÏOM QU la r.dI.tion dewant l'iPJ~~
1~i ft Ioule r«'prr.eaulion ~DUI~reiaJ~ ott .a~nM" .0 r.e~i&l""du ColQancrtle ,. .olen! pnrtéfl dan. lm d;1••
~mmen.iaJC' de. E..... eolJu:ti'..itêto IJU ~lahlif"ip.,
diteRAi1lé. il 1. r«'l)Uêle du P.rqUd..
RUent. puhtte. itra..,t'n l'oDt'tior:nant MIr Je tcr~;·
Quitonque 0011-' de 1IUIP.i-e roi, da iJldication.
1 lOirr tk la RfpuhJjlJUe CahorJai.e.
iDe:ll:arte. ou" iftlr.nlionnetlemt-Ilt toannplèl~ fl'I ""'
Anirk ~. -
I.e Repl'lre du Co.nmcree el"
N}n~ti.
.rUDe immat rkut.ôon. .rUDe ndiatioa ou ....anc ,.n·
tui :
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eomr~u.ent.he DU rect.tnetltl"e aU R~,i'lre du
CotJ'n}~rH1 'e.t ~1Ü d'u~ _mend" d~ DF.l.'X C[~T
t t r-" de. ft!~.I"'" Joc..,x ih.li'Ut~~ ~"IIM .Ie dlaq'''' CI~Ql"ANTE JOLLE •2SO.000+ il UN )IIWO~
'MIn,"al rf~ "and" illflanc... :
• l.f;O<l.OO.ll
dt: ,...,".• CFA et d'ull empri_nnr..h"nl dt'
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1 joun il SIX 161 mo'e. ou de rUDe dei .J~mr.
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....
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lribun.u. c:I~
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J-LuIU~tr&culatiol1. In ~ i rryduin: ;,
I; ... n&
jn6hu,,"~. fOU.. 1. llun'~În.ntt ,lu
~"j.n'
ral)pui «lei deu•• ndes., J"o~.niNltioa 'de. ~i.uu
ou d"u" plJe
JocaU:l
C'Clnlmt' Ilar h.i ÎI _t e'(~.
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clu ~gi,,'~ l'ftIlraJ. .ror.l prieiah-t par un .w~,
l.r re,:ietre reDtral et! lenu i l.ibw,·iUr. pa" '4
l'rit! rn CouACiJ dct Mi_lreI.
Dirtttioa Ginrrllk Je- .,fI.i"... ErnOOllliC)1'IN. D;f\\'"("
1 . du Corum,,~ Ililmeur. qui a l'Ou" lirllC" e-Hor:a·
f, ..4u'''~ f)LIi,otion. ;...~ ..,.. nJffI~"tI
ur:
.''''iclc 24. -
Toule penouaw pb~.;.,ue GU mor.L-
. - flr _n,,,c."H'''. lM\\lIr '-n1~f!lMf' d'l tf'n1,oi~ cl,. la
.'~':tiniti"'C"Iftf"1\\t al~ est q.all~ de .....iDnçAnt rl
a"tajrll~
1';;.pathli~ C~.i-e ft .U ""DI dl!: dla'iue I~~'
en ....Iièrt: fitoeaJe •• ,ftpme du béDériee. rftJ. .
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tenuf' cra'"oir une eoIbptabmt~ rotpllw-re et ~a"t~•
la eonccm.nt. l''On.i;nn lIan. 1fo~ di'n"n .~,i.lr~"
m.';, illli~ not.U1111d1t par :
•• ~.IUI.:
'
-
lm J'n-r-joumaL ~lé et parap'w p.r le, pmidftlt
1de y~~. tn n qui le 1"'OIM'emt'. Â ..~Uf'I.. apIJli.
du tribun.1. QÙ rUe dNt h.dJquer· jour par Jou:-
r.'ïo" dfo,. di.pc»ilï- tTlf1f!lIM:ftlaire. ",""iN ni la
lout «
czu"rlle '":Oh et paye ,our 11011 l"Oauuelft;
pr-ocr.Jurt
d'iDllUÎpt MUI
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Uh li'-"' .rir.,-enl.ire. f"Otc" f t ru.pW ra' k
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d ..nl ,fu aribun.1. ekwriplir ~ ~'N.lir cie lou-
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CODr1Ileftian1;
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Jé!':ri il telk iOjoDdMlb, N1 punw .rune' aIPdIdt'
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,là--. prnu- par w. Code ~r.J de. tmpbta.
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).~ it :00.000) 'ra.r.- O"A et., eu cel .se ,,;adne.
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Ln coDtrnThabl1II WYOfd punie ~
1

1
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1
. - - - - - - ------
TITRE Il
F ail il LibrtYillt'. Ir 5 .jUill 191:.
1
lJES PERSON:'VES Plll·SIQI."l~S
AIbert Bemud BOl'tGO.
Ol,' J/OIl.4LES
Par Ir Prê.idan de la R~puhJique.
P(;{.:".·''''fr ,.·.-IIRE LE COJfl1F.IU:E
Cher tlu GoUyemMUeal.
.
A 1 ~/)O.JÎlfo", cOlJ&lJUIn~
L. ,1/i"i.••~ Je, Allairfn Economique.
du C.,,,,,nen-r el J, rEco"omi~ RunJr.
1:\\rtirlt: 28. - La prorea&ion dr rouUlu"rçanl ni r,rr·
Erfouud-Alr1i.
rt CI1 République Cahonai!le par te. _irtN
lf"BOUY.Bot.'TZIT.
1~,akuJl.·n'
C"l)mtilu~ el le_ perwnnel phyt.qtleL
\\rtidr 29. -
Pu d;rugalivn au"t di"l""Iition. .1"
WI ,.. 1:.!n2 Ju 5 j"i" 19 • rornpli.1f1rt' ra.~id, 110 fI.,
articlr 28 c:i~us. let penonne. J1by.iqu,., ou utOraJr..
14 lot SB '61 du -1 ;art"
1962. i~f;'."" " CvJ,. .:
po-;dant déjà 'ur le 'elTÎloino de- la Rrpublique Gabo-
Trartril JI' IG Rppllbli
e CtJb<mtrùe.
"Ei~ une ou plUllieun enlr~priw. iJltJu.lrielJe.. _ni
tori~ .io e:lploh.er des ëllibliMetuftll_ com~",i.u"t
, DIli te. aè:liyil~. Joiyenl conaieter. pour r"r."~lirl. J;uu
La Cour SUI.rêlPe con.
la .-eUle des l'roduita et .:U'tide. connu,.. vro"enalll nt'
1:..\\~~lnbJ~ !'talionale a .tiM.... el aOOl,'i- :
, - enlr-epri~ indu'lrieUes.
lA- Pr~"ide"l de 1. Rép
liq~" Cher du Cou,·rrnC"·
Arüdr30. -
La cobPlihl1ion de Ioule Kleiêl~ f"ommer.
....l·m,.nl. promul:me ta loi
pt 1. teneur ,uil :
(·jale ";~uhant du l't"Jrolll~nJent .... dru:.; 00 ....lu..i,.I1".
.
.....
.\\rti~lt I)Klui.. r. -
LO.
'cie :10 de lalfli 88.ftl.fill
.1 jan,-ier 1962. t'81 airui ro
plt1fo:
Immerçal'lb inrliyiduel_ d~jà agrM rie la ru..ion .r'lIl"
plullieura aociétês agrréee vu DOn a"« ulle autr.'
e e--même qrn:.e. doil ~Ire l\\Oumi~ ;Î ra~r~nlnll .1..
<r
()u;conq~ n°.ura
~pttl'; ... ..rOl'.;"'...... J •.
~inj.tre chu,i du CÀJrurnen:.e.
~ r(.~leweDt
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conOi..
collectif.. . prr"tIe
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~ lilre '·fIl. ehap'ire Il.• irle.:ot. %09 du Code du
l'j!:alemenl cs.j~é pou~ la ~on6tilutton e.k IOUlr _iil';'
~ Tr.,·.il. lPt 'tlli aara iti
o"nu cOmllM' autf'Ur. ~
c'ttDlme~iale "Ilallana b. ref!:rou~ll'!nh ,J'un ou l'lu.
~ manœu..rr. dilournH8 dei inéa il enlr."rr la libe,,;
a,n'Jo commerçant. individuel" don~ w\\ ou vlutoito·yr. n~
• du lran't. ~ra une1'
Klon ln diJpotitio"; pn..
.1 paa apion. de la 'UlIÎon d~ deu.. ou plwicur.. • nInana"idn88et31 .IllCodePenal,ahouai... '
~iêt" a)"ant parmi eUe-6 Dne ou pluaie-uNl non .~r~.
ArticJl" %. -
iLr.:dt~~p,jon d'une' ou plu_ieura NN:wh~l' par lIne aul"
u prëwnte 10, Je'" nhvtêe ~P1••_.
loi dr rflal et publi(Ôoe ae
la p~aTe d'a~.
r a~rf'~.
F.. il ~ l.ihrl"'°jtle, le !i j
l"ne eociilé qui te "errai. rerlNer vu rrliJ?"
ra!=r~.
BO:'tGO.
I n', ~ la iujle de rappli~a'ton rl..:t rli"po~lIi~lu fi,.
rticle 3. aliDt-a C'I. et de r~rtielr 8. nr tlOUna:1 .-nnli.
er ~ arliril~' !01I1l l~ rGU"ert tI'ulW a~r""lion lia r
,Ille ~Ulre eoeidé a8f'éée.
Le llinÎ-6ll't d·!::.a, ebaf'Bé
1
B. ~'HHi'iOlIJJ dir;,.r..e.
,.t ri,. 1:1 J1'r"'o~-anft
Article 31. -
En cat -de raule ë,.ve. le- '\\Iinilotre
dM Rdalioru nee la
C"k[:g;. du
ri de 1. Supp .
ConllDe~e pDarra ordonner la ltu.~n.ion

r:l"li"ilê commen:iale à loul comme~&JIt. I.our .me
de
la
\\"iC'e-Préti
,
°
de r\\C' .lé~."hl r- DEl'X .ZI wou. Cene "u.~n·
.h. Gou,·crnement. ta
",ion ne peUl ël~ ~DOuyel~. H:ule WW! oL;ri.ioo judi.
Le ..tin~'"' da AJJIÂra
C"I''rr peul orJonMr l~ cenalion délinili..e d'artiyit"
tUmI"fUII lu'lÛrim..
c
merri&le.
Eduuard
Alni. MROUY.
Anicle 32. -
UD dél.i de SIX 16, moi- il compter
1"
lA Carel. de. sn..... M~ Je la J.....iu-.
date d'enlM tn "âgueur ~ 1. présenle loi IeSl
Jraa
émr AYOVNL
-,rdé aan commerça,.t. pour le t:mtrormer alQ pré-
~n,~ di.paail iolb.
.
'
.nicle n -
Tvuan di.potiliOtJa antêri.eura ItGnlra"
PRESIDENCE DE LA;
1 IOn1 ah~
.- -
-
ArtM:k J.t. -
I...ea dUpo,iliOlU de la pre.en'e loi ne
DECRET ". OI09J/rR ~ la
,ri""';,.. J. H_'.
Cf]lfft~ li ,. p ~ ".... R~...
cllarp Je. OI'~ tpifdailüf!',.
f pM .pplicù1es aU: nMlllllerç-aftl.. al'liu.. el
i
alrieb re'~an, dea palen'- de "1-. sa- et ~
(' 1 lin.
.
Le p,e.tckDt de 1. Répllldiepe. (Ad da CouYltnlC'"
IDCIJI.
VQ 1. Coa..riIUÛOll;
VIII le déc:rct n- OlOSI/PR du 30 lII'p&.emLre 191%.
ru.n, la compoeibolll chi Ceu"eraemeot ;


,~ \\97.------- • JOURNAl. DFFlCIEL • DE LA REPU811QUE CAB0NA1SE
Uf
IV
1. défaut.
intt""""~
tout
'Jeut dem.2ndcr rn ju,".ioe 1.
au ~lIe en vue de rimmauiMlI.lion de la 'ocië'~ au
LJutioa de J• ..ciélé.. .pm ••oir mi. k. npréeenlanh
~Ij,,~ du commcrt:lt GU de l'inscription modifica,ive
l «:lIe-ci tn dem~~Jrede ré~l.rillerla .ilualion.
dttl .Ialuh au die ~gi.e"~ auront PoC'icmDH'nt "'iT'mé dei-
railA m.lérteUe~e JaUll: ou omil de relalcr la lotalité
.
'.ction ni éteiDlc Jonque ed:le U\\Ue de di8!'OIution
dei opér.tion, errKlu~, vour la ron"litulion tk la dil~
• t:;fl";' d~eJ:i~n- Je jour où le tribunal elalue: .ur k lond,
~iêté.
n,):'~im, i_.DCC.
Anicle IS. -
Le. A•..,mbléco d'.etionn.il'Cl ct Con.
rt;"le B. -
Sont réputéd Ioire l'ubliquement,, Apl"'l
ocll. crAdmlniatr.tion qui conlrLÏremenl .us di'l_i.
il ép.rpe, Je. lOCiét.ée dont le. tit~1 eoDI inKril1 ÎI la
tion!' de r.nkle 9 de la priollornl~ 10. flif'raicne ecnu.
i ofridelle cru.,., boar"" de ...Ieu...... d.ler de œUc hon du .Kge ood.1 oc",!nl aulka.
i
'ption, ou qui. pold' Je plottmenl dco lilrco quel.
il....im!., "nt reeou". oolt i &. b....,"""" établi-.
La conltatalion de "unité pourra élre requi...: .~.r
lDenta rlDancien ou 81mh de rhan,:", M)il .. da l)f'OC'édé"
toulca putico intéreaoéea ou par le Procureur de 1.
l PuLlidté quel_que.
République.
nicle 9. -
r- _bléco croclionn.irco, de quelque
Anicle 14.- Tonte peroollDC qui directe_nI ou I,.r
nalare qu'elle. llOien1 tleront tenuel. au 8iège loci.1 ou
~rMJnne intelpocie
a1ll'a
K~Dt
participë
aus
eltoat .1ItJ'e ...droil du territoire gabo...i. rifUli'rc-
réunioDJ de eooaeil d'admilÛltralion tenve. danl Je.,.
~I in<liquë par 1. atnl'OCalion.
...;'dilion.
iné~li~rco vioéeo • r.nicle priréd:nl.
notAmmftlt )~ fondateur.. admini.trateall, pré8id~nl".
Il en erra de méme pour loule1I réunion" ~ CODotoeil.
.Ilrene..n p"ér...,., ........hre. du
n",11 d••u"'...lIlan....
1minlolr.1I0n nu de. org.n....Ie .Jlr.....l..n génl'r.k. comml...lre••us complco ocronl r 1blco d'une .mende
ooteloie .'iI .pp.rait. .pm lklibéralion du c:oruc:iJ
de 50.000 • 500.000 rrann el crun ""'pri"'n....m~nl de
d~.dmini!llr.lioD el dr.ci.ion "~ti(.rcmenl :)ri~t qu'il est
ymoj,. il J an~
I JDliM eoeia] qu'une--l'iunion du a»DK:il lOi! teaue Le. même. lteinee lieront apl,licableA il Cf'Ull: qui
·
du Gabon. ftUe réunion pourra avoir lieu • titre
.uronl 'Ileeté de 1. rigaJ.rité d ...._mbléef ou réunion.
lion.,.,L
lenuel' CIl fr.ude de 1. loi.
. Ii,an,. ft ta': ~ mini8lre cbar~~ du CoDlUl~r liC'f'a
,. .rmc
Artiele 15. -
Le. ooe;,;!éo étunstte. qui concluero'"
aD preal.ble.
.
clb- c:ont.rall pour un objt1 et un lemr- déterminé. toil
S'il eU.le uoc .mh....de du C.bon d.a. l'EloI où 1.
.vue le Gou""l'IIClDenl ou d ... établi_II ou collee.
~
•••
• été lisée. ",l''-i ocr. lcuue d.u. ka Joc:aln de
linl'" publia ooil nue &.. puticulie.. ne ...nl l".
l'
ba..ade DU en tout lirou déeianê, pa," ramba"...ekur.
_ _ioc• •In .w,-Jlioao de la ....... 10L
,
~,
·
délibér.lioDl oka ._mbléeO d'adionaairco de
L·auloriNltion d"e&.emel' lelDpor~i,~ let ectivitélo
!E
IJUC n.lure qu'eUco OOÎcaI, priaco i déf.ul de ra,'port
.u C.bou ocr. ~ .. la ooeiéIé par airêté du mini..
.
I...ire.u oomplea riplKremnl déoip>i.. on
'no char., du comD'le'ft"'e ,"ur jUldriation. '''ni.lenC'e
k ra'lport de ~ÎMairn nommé.'ou demeuréf. en
du cou,",1 invoqué.
.
foDdioa d.DO &. ...Dditiono iné~ oonl nulla.
J
Cette autoT'iJllltion ne .IlOurn itre 'af'U)rc:Jé.e que (lOllr
,tide 10. -
Le préoidcnt du .,..noeil d·.dmini'lr'.lion
deus annéea.
me toUI .. ~ponpbiliti la direction ~énërale de
la .-oeiité e1 la ttprrrotnle danl 1ft rapporh a.ec let- tien.
Aniele 16. -
La ..""..,ote Joi n'cal pa• •pplicable
1'"
aus
JqJréta:llaab
de
commerce
..
coadilion
quil.
.riacn'e da po,""i.. que 1. loi .uribue cxprcW'
n'dfectlJUll P" 1.liWl'Aiooa i domicile de 1. ",.reb.adi..,.
m
1 au a"ecmblm d'~nnaireto aiuli que de,. pou~
voi.. qu'elk riocrTc de ' _ n .phiale .u .......,il YAduii.
Anicle 17. -
La priacate Joi .~ . . 'PI'pliable
:I
i
lion el d.... 1. limite de l'objd oocial. le ·pré.idenl
.In.oociêtéa qui ocroal conatilaéa·lm le terriloire
nYeali &. l''''"OÎn ... piao étend... pour ..,ir en
de 1. RépubliqUe C.boa.i.., .. dater de ...n enlrée en
to
arconûncft aa DOID de la tIOCiété~
rigueur.
EclioJ-itioDO d.."'IataOD ke dkioioDl du .,......,il
.r .
Ln oociét... _ituéea amnÎftlre......
·aïatr'lion limitant .... pouvoin oonl iaoppoMblca
1 """,al
......
.a
mi_ ."" dupooitio.. de 1. prë-te Joi et .. œJleo da
détnI. prit pour ......pplieMion i cIaler du 1- j.nvier
~icleIl.- UocpcnoDDC mor.1e peul dre nommée 19,.. où dès la pabtiutX>a da -.fifiation••pport';'"
' .
aim.\\C:ur. ~n de .. DOIDÎIlation, ~11e _
I~ue de
. I n
llalata .rIO de lco _
en -h• ..-llÛc .vcc lco
'plier un repreeenlallt permanrnt quI ni. eolllllU alD
dila diopooitioao ai cette pablieation'luteniml 0Y'''1
mi""," CXIndilio", d oblig.IioDtl d qui enœurt ka mimc:o
le 1- jan""r 1974...
~ftUbilit.êt â.iJea et pénale. que .il éuit admiDi~
""ur en _
Par euq.tion, au délai leur
rdé juaqu·.u IW
nom prop~"'" prijDdiœ de la .~
..Lilité ...Iid.ire de 1.
j.nvier 1975 .. refld de oc u'Dlformer _
cr'UpnCDIn
pcnonDC mor.1e qu'il repriocnle.
leur capital oociaJ Jo...".., œa <>pér.tiODl ooat rcDdue.
~Ie 12. -
Scn.nt pa.uia crau empriaozmemcal de
"i.'
.... ,
uira par l'.rtkle 7 de la p..;-u loi.
6
2 .... cl cruae aJnCftde de 100.000 • 2.000.000 de
rr.~ Ica fondatean, priaidenta, .dmiaiotr.teun, dirco-
Article lB. -
La préea>te Joi, qui ab",~ Ioule.
If':i ~r.UI 00 ,traDta de t.oIIk IOC:iCté qui" dam la
di~p<Niliom aotérie&lJ"a, coDlrairet'. aen niadée corumr
J.'.ration priYue il l"artide J de la priacute loi déf _
loi de rEtat el puLliée aeIon la plOCéd..... crurgence.
1

L
XI l
......,r--------------------
.. JOURNAL. OFFICIEL.· DE LA RfP\\J8LIQUE GABONAISE
e 2. -
La COtn.IIUSSlon nationale d'ÎnformaÙque
-
du conseiller à l'infonnatiquc ;
Ir!Uission de promou\\'Oir et de conduire toUteS l'tuda
_
d'un seaétairc permUtent: À nommer par le Chef
<k l'Etal-
\\l1'=utilisalion des méthodes modernes de gestion sni-
Anicle 5. _
La comauSStOft nauoaale d'informatique
InelJe ct de CA)ntrôle d'execution ;
.'4-
C'S1 dolée d'Uft budget toD1prmat1t an dlapiln • fonctionne·
mise en œuvre des techniquC$ modernes de
ment • cl d'un chapitre. études et redlerches -,
ili de traiCCment de J"information ;
AnieJe 6. -
La c:onunissioD nationale d'informatique
aux modi6taJiocs susceptibles dOm découlC'f. quant
liions
examine ln Pro1eU Baboris pAr ln CQU1mis~ons ministé-
et raponsabilitél des scrvicn :
al
rielles cfiDfonnatiquc et par ~ commission inter.priv«
reansemmt des moyens infonnaùques aaueh
d'informatique-
les SC'ClC'Un publics el privés ;
àl' stN~UR à donner aux moyens informatiquC'J cie
Anidc ,. -
Le Président de la commission est le Kul
1re.tion
compêtmt pour praldrc: une décision sur tous Jes probl~mn
Cl des étab\\isscmenu publi~ ;
présentk à ,"cuma! de la commission nationale d"infor.
à l'étabJiucmenl d'Uf] plan de dn.'Cloppcment de
rnatique. '
rlDfique de 5 ans, dans J'administration ct les éta-
1tI~ publics intégrés au plan de développtmeJ1t é~
Anic!e 8. -
Le
l'ment
decret
sen enregjmé
ct
[ue et social de notn pays;
public Klon la procéd'urc d'urgence el communiqué panoul
à~'tablisscmentd'un plan de ~n~ibiliulion de l'opi-
où bnoin sera.
1
probltm~ dt l'informatique, et notamment en
Lib,-illc, le 10 avril 1975.
e
formation;
Alben·lkmard BONGO
à l'tude d'un statut d'un ~[50nnel informaticien;
P;J.r le Pmident de la République.
à
c:quisition de matériel d'informatique par l~ ~.
)U
ICS et priv~ en vue d"as~u~r I"harmoni!>ation des
Chef du GOll\\lemement,
's'
lA Ministre d'EIQI diligui Q
lul.ntr6le de la politique ~mmerciale des construc·
:t'~stributeurs de matériel d'infonnatique sur Je
L1 Prmdt,,,u de la Ripublique.
: Jcka1 ;
cN:lrfi d.. ,.,.., du Dn,elopptmenl -
nl~U
ft dt r AMhoIt~nI dJ.I T,n;to;re.
de ttlécommanications à mdtrc tn place
erfc,ttre le développement de la télé-informatique:
AUgtl$tin BOUMAH
1 J'encouragement dei sOciétés privées à
effectuer
POCIr 1, MillUtre de l'Ecorwmie
-ailnc1lt$ m(ormatiquc au Gabon;
el des F;'14I1.Ce~.
, IAriation d'une école nationale dc COrTC5pondanu
U Secrilaire d'Elat.
rmatique;
Pueal NZE
isllentation de l'informatique ven ~a g~tion des
lA Ministre SeC'~/tJire ginbal
'.réparation, ranill'Ultion, la coordination et au
:1
de Id P,i~id~N:~ d, la Ripuhliquc.
la mi~ en œuvre de la polilique d'inlormati-
Reni RADEMB1ND-CONIOUET
h!l mi5C au point de toutts aétions ou toutes nl!s().
ïtJmationalei conccmll11t J'infonnatiqtu.
,,
'
1,.
le , . -
La commission nationale d'informatique
; ORDONNANCE n" 211
C"fl"JrUJDnl la ptJ~lldiXU;O" deI
l
I~q~e rutili~tion
rtiUÎONJUI aux oclÎ'Vith des JOC;i,Ù de capitaux.
des infonna\\jon~ recueiUies .et
oe
uusent. en auC\\W cas, poner atteinte alU droIts
, eet aux libcnk indhiduelles.
eYra signaler DIU lIutorit6 judidairn ~te$ ~mein.
ete.
Le Prkident de la Ripublique, Chef du Gou\\·cmement.
~
Vu IJ O)tutitution :
., -
.. la commi!oSion a le J'lOv\\roir de rontrôle le
Idu ~Ur les utilisatcun,
J
Vu le dé4:nt n' 1 J7/PR du 20 janvier 1975, fiunt la
~
«Jm~ition du QoU~~ment;
La commission --nâITooaJe d'informatique
Vu la loi n" l6n4 du 20 d~mbre 1974 au [orisant
le Prbident de la République à ICglférer par v~e d'ordon-
ln Irésideot = te pré1ident de la République ou
nance ~I la p!riode d'inteo.ession de l'Asscmblée
'SC''lUJt ;
Blltionak ;
r.n ~ce.prés.ilknt : le Mi.njstre du Plan;
La Cout' ioU pré me consultée ;
défi à l'informauque :
lA Comeil ~ Mini~lres l"nlendu :
1

_JOURNAL OFFlCIEL - DE LA REPUBLIQUE GABONAISE
x Ir 1
3'5
-IORDONNE:
Vu l'amtl: n° 319/PR du 20 mars 1973, portant orga-
nisarion et attribution des Secrétariats généraux de la
Q1pitaux léf!Alle-
fmidence de f. Répubfique ;
~1J!~~~~~~~~~~~~~-t~J\\lDlique
Vu les Déœuilés de semee ;
1
doit offrir.
taux nationa
un ~.!U.ln
~e d'actions ~t lors
sa çenstitution, ~
ARRETE:
~Q1 ~it. SI IëëS& déjàCrééc~ iI_.pro-
Article premier. -
ln compétcoc:es dans lC5quelies les
~~Latlon de~-
, quatre miaisttes conseillers à la Présidence de la RéplJ- .
:le 2. -
Çc pou~..-Y-le ~xé pour chaque
blique exero:nt leurs fonctions IDt'll fixées cl-après.
le ConKir d'administration lo~sa-prtiïïièn:
~
Ion de celle qUI fixera raugm~t.alionde c:a~~l.
Article 2. -
Le ministre ~i11er, .chargé dn ques-
-------~---:-------~~------
tions de Développemc:nt el. des Afl.ajres finandères., cannait
.aux du pou~nta~---!Ù'si fixé _ne_J~~II~ étrLinU..
d~ questions relatives à ces dépanements sur Jn plans
1 1
% ct s,cra communiqué sans délai au Ministre
économique, commcrci~J, industriel ct agricole.
ru
lions qui en assurera laP\\ibii~t~~
de 3. -
~ actions destinées
aux
nationaux
Anic1e 3. -
Le ministrt conseiller, chargëdes Affaires
rélrvées par priorité aux: employés de la société.
_
sociales, cannait d~ qu~tions se rapponant aux depôlne-
me-nts de' la Santé publique. de l'Education nationale. du
et
. -
Les sociétés déjà en acli"ilé d~.,ont dans
travail et des alfaires SO':iales.
iUeurs délJli~ procider à une augmen~tjon de capital
: rlolant w:r3 filé en fonction de leun pOSlibililés.
Article 4. -
Le miniStre ",n-'CilIer, charg~ des, quc~­
lions d'infraslructure. connait' notamm~nl d~, ptobl~mt'
'cl~5. - Des décreu Kront pris en tant que de
relatif~ l'ocrRA, aux Transports, aux Travaul publics.
: pour l'application de la pri'sente ordonnance.
à l'Urbanisme, à rHabitat. au Cadastre, aux Ttlé,ommun.i·
îcll6. - La. présente ordonnance ~ra exécutée
,ations el à llnformalion.
e
i de rEtat et publiée selon la procédure d'ur-
Anicle 5. -
Le mi.ni!,ue con!te.i\\1er. chargé des Rela-
tions publiques et utérieures, connait en outre des ques·
tions relatives aux dépanements de la Culture, des Ans.
Albcn-Bemard BONGO
de la Jeuacsse et ~s Spom.
Par Je Prisident de Ja RlpubJique.
Anjc1c 6. -
Le prisenl arrêlé sen publié au /ournD!
1
Chef du Gouvemement,
01fjdrl et communiqué panout où besoin sera.
libreville, le 16 .\\'Til 1975.
lA mi"iJtr~ d~~ Participai/ons.
dUlrgi d~J rd4tiotU
1
Albert-Bernard BONGO
QvrC ItJ babliJJ~nv"tJ publicJ
rt JOCiltiJ d'Etat.
J.-B. SAUl!'l.'ERoND MAPANGOU
1
lA Mi~jtr~ du T,avail
DECRET n° jJO!PR pOrtunl ~bstjrurio1l d~ titre,
1
rt dr la Prrv oya1lct S/XUJl~,
Jéromf:: OKlNDA
1
Le Président de la République, Chef du Gouvernement,
:ETE "0 J61'PR. fixant leJ cO'"I'~tenUJ dts quatrl!
Vu la Constituticn ~
:NI~J cOnJ~if1t'J à la p,üidrnu de la RipubUqu~.
Vu le décret n· 117/PR du 20 jan....ier 1975 portant
tom~itiondu gouvernement:
Vu le décr~ n' 329iPR du 7 avril 1975, ponant crêa·
tion de quatre postes de ministm conseillers à la présiden.:-e
; fidcnr de la Republiqur. Chd du Gouvernement.
de la République;
u la Constitution;
Vu ra"êté n' 367/PR du 16 avril 1975, fixant les
u .décret n' 117:PR du 20 jan\\icr 1975, Cino! la
compétences des ministres-oons.eillers ~
pojIion du Gou....ernement ~ _
DECRETE:
lJ
~ décret n' 900fPR du 17 juillet 1972, porunt
~let auribution du Secrélarial ~énéraJ de la P~i-
Article premier..-
L'appellation de • Conseiller spé·
:c
la République ~
c:ial chargé de mission à la Présidence dr la République •
lJ le décret n· 329/PR du 7 a .... ri 1 1975. portant création
~t substitué~ à celle de • Ministre conseiller ~ la Présj~er..:-e
~tC'> de ministTn conseillers à 1:1 ~idenet de la
de la REpublique _, iodiqué1: dans le décret n' n9 ct
Jb1uc;
l"arri1é n· 367.1?R $us~iSlh.
I--.I
~-,
--e-
---.--.--.-

1
\\HON -
TRAVAL -
.urnc2
II
:J OURNALOFFICIEi
),~
LA
RËPUBLIQUE
GABONAISE
'_fi'" le 1-" .. 1S de etwqw .... AUbrwlle
AIIONNtIIEKr 1 AN
_.
..
i
POUR
lES
A BON N t MEN T S~ E T
lES
ANNONCES
1
MI: STfRE DE L -INTERIEUR - SEAVIΠou '0 U RNA l OFFICIEL lIBAEVlL.lf - B. P. $4e 1,
1
c.w.z·("
"O.~'
~""&bl..
di ...-~;-·t.
,~
Ift'\\at"c..... Co.. ..,.... ft"'.M'! ;,."
"fJ-;li
da
U
1.,
c;..,8fIIt
1

Gu
' - " ' - '
O.... , • l.bo...al•. ~.. (;~&~I P....al ..... .-.31 e-. .. UlwwooIJ".
1
~~iiiiiiiiiiiiiiiii'iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii~iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiïiiïiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiliiiïiiiiiii~~.
!'X"i.l. e:n com~nqlion .k. aVAntuea' di!en "ma-elle-
WTI E OFFI-CIE~~J~;
'!ti~.!!l ik ~,"!~.h·ilr. .u G.4"bon.
.
., rt. :Z. -
Sonl loUltfoif f:~d~ du' e:hamp cr.ppliu-
;J;-DE LA REPUBLIQUE- GABONAISE
linn
,]~ ranle:1r. J)""mi~r d.d~ 'eto -.oei~tft de
1~,~nnL"~.
Art. 1. -
Ckf. ,I~ro~alion' i ~ltf: ri-,k vOurrOht ëlre
,IM·ERO SPECIAL
81'''-'
an~
d"
la
ComD1 i•• ion
de.
IDYftli..eDlr:n~.
a"·'Ord~.. ... r d~rel flnll en Coneoeil des. Milii.lru,
V&."N A Ne!:: N'
U '7%
re: l!c1ant
vbHgaloin
la
notapulIent e:n f.veur cH-. )Ietit~ et. moyennell entre-
~K;n à 1EUI de: 10 % dn par1~ du e:apital dcs
:Oe:létn sins 1nl1a.&a 1 au Gabon.
., rt. 4. -
J....e. .-.<'iriés déj. ine....n~. ~'URobl, apIYf
·L..
#e
idenl de la R~vublilJ~ Gabonai~. Cbef du
né,ocialiom .VC(" le: Gou\\'e:~lDdlt. amder auré,irne
1I\\'.~;IIoc:fIL
..
e:re;. par 1. pn:~nte' Ordonnance.
ru! Ini Con'lilut;onncll~d~ 1. RtpL.lbli'lU~. .
."-rt. 5. -
Dr- d;c:~h r.~eronl te. IIIOCW.ilés crappJi·
e.lion
ck J.
I~Dk OrdonuDœ qui .en puhlire
'u
Loi n~ 1],72 du 5 juin 197%. autoriMot I~
comme loi €k
l'Etal llelon la proci-dare cru'Ie:nc:e.
..i
nt ck Ù R~pubJi~ à I~«il~ur liA" ordonlUl~
,dant
la
pr~
d·int~r-.a;i)n
dt-
rA..-1Uh~
F.1t il Ubl"f':"'iU". If. 10 juin 197%.
:.iote.
AJkrt.lknaanl RONeo.
Tu
~m n· nI. PR du 3 '",-k.. 1972. I,:unt II
I~ilion du Coan~~t ft Je.. ItXl~ aaodirIC'A.il.
Par Ir. Pn.-icknt de: la Répuhlique.
~nu..
Lr ."i"Ulr" J~ Fi,.~.., du BuJ!f't•
.. Sur SUfl~me ronllUIt~.
Paul "OUK.\\MBf.
...
~-
,
~ rn~il de" !tfinilll~ :.I_c:ndu..
lA- \\linU,,... J'E,a, cI;P~IJ;'
.; la Pr.:.id,,1ICr d" la R~~bliqlJ".
ORDOXNE:
cJuu«':' du pz.- du v.;-.lop~~'
r i
tU- r ..f,";na~p~ral du Tnriloino,
.'u~u..rin 80l'M:."-H.
1- .\\fini.m· tlp. A/ftI.Ï.rN E~P&iq_
. tI" Co," ",Prcf' ri rU. r&o~ Ru.r-ok.
Erin". rtl
.-\\ 1,,11 i..
"R<ll ~·R<lt,.ZfT.
..
i
1

X IV
~'~;E:!C'~ (::.:\\L~;:i:\\IS~ DE PI~OMOTION
=~::;U~~Ù"(.::. L.:!....L C ST J\\R'." l SMl.n.LE
~"c:m.s 0'"":: G!',~;:c',;i'~I 1'; ALI l>.r:::TISANAT ET
f.\\ LA fJ~-:"IT=
~'i' LJ'f~!':NE
ENTkEPRISE.
p
p 0
M 0
G A BON
Pièces à Joindre à une demande
de cré--dit
Industriel
.
,
et Artisanal
~XL~0it d'2ctc de naissance ou jugement suppl~tif•
..
.
, .
.
d'
. -
.1'.
J'
:"~.jl] (;'t-l:l de casier ]U lClalre.
;)C-.<;~ ci:: f accurcs pro-forma concernant les depenses prévues.
~:tc~~ntion de'situation C.G.P.S.
~elcv6 des bases d'imposition (d~livré par le service des
c~n~~i~~tion~ directes) •
.• '::>:>L;t
'.i<::1.:;tJent
justifillnt la contrepartie matérielle des
c~é2rce~ ·çaranties.
E~02g~~ent de domiciliation bancaire unique.
--
E/o,-:;"~1:L"l: d'dcte de naissance (ou jugement supplétif) et attes-
c",L~_';:-i r]tc:mploi
de votre caution.
-
:0;J.:,"-'
Cl
'-.:;
dip.1.ô;iles i-ventuels.
C0r~_ (, confo:""le des ti tu.:-s de propriété.

.
XlV1
AGENCE GABONAISE DE PROMOTION
INDUSTRIELLE ET ARTISANALE
.FONDS DE GAf<ANTIE A L'AkTISANAT
ET A LA PETITE ET MOYENNE ENTREPRISE
PRO M 0 G A BON
(r---OMPTE PkEVISIONNEL D'EXPLOITATION
(Mensuel) .
'1
,
DEPENSES
RECETTES
1
1-
Matière d'u8uvres
l ,[-
Ventes prévus
:
,
2-
Salaires
!,
3-
Frais généraux
/1
·1
1
,
1
Caruurant combustibles
1
Entretien
.:
1
Patente
1
Luyers
i
1
Dépenses diverses
1
4-
Amortissements
1
1
5-
Intérêt et remboursement:
Autres Recettes •
J 2-
1
de la dette
1
1
1
+ - - - - - - - - - - - - - - - - - - '
t1
i
TOTAL
TOTAL
!f~Il:;:







e
_ •

TOTAL DES KECETTES
TOTAL DES DEPENSES
..... . .... .
BENEFICE BRUT

AGENCE GABONAISE DE P~O~OTION
INDUSTRIELLE ET A?TISA~AL~
FONDS DE GAkANTIE A L'ARTISANAT
-·ET A LA PETITE ENTREPRISE
FICHE DE RENSEIGNEr-12NlS POUR UNE ~Erv'tANCS
DE PRET DE PETITE ET MOYENNE ENTREPRISE
l
-
ETAT CIVIL :
1- Nom et Prfnoms
2- Date èt lieu de Naissance
3- NationalitÉ:
4- Profession :
5- Adresse personnelle
II -
!ENSEIGNEMENTS P~OFESSIONNELS
1- Sit~ation professionnelle act~elle
2- Nam et adresse de l'employ~cr :
3- Salaire actuel
4- Anciennet~ dans l'entreprise
III -
TRAVAILLEURS INDEPENDANTS
:
1- Nature des
activit~s act~elle5
2- Adres~~ du local p~ofessionnel :
3- Date de cr(ation de cette affaire
~- Chiffre d'affaire des 20 d~rniers ~ois
(Joindre un yelevÉ
des ventes effect~res, mensuellement,
par nature d'aiticles-
ou de produits)
:
5- n?penses professionnelles sur l~s 20 derniers mois : .(Joi~are
un relev{
des dépenses
effectu~esJ mensuellement, par n2t~re)
!
.....
'II
• •

xv
ETABLISSEMENTS FINANCIERS ET BANCAIRES
Banque des Etats d'Afrique Centrale
(Institut d'émission)
Banque Gabonaise de Développement
Société Gabonaise d'investissement
(gestion du portefeuille
des participations de l'Etat)
Banque internationale pour le Gabon
(filiale B.I.A.O.)
Banque internationale pour le commerce et l'industrie du Gabon
(filiale B.N.P.)
Union Gabonaise de Banque
(filiale Crédit Lyonnais)
Banque de Paris et des Pays-Bas - Gabon
Banque du Gabon et du Luxembourg
Citi Bank
Crédit Immobilier dG Gabon
Société Gabonaise du crédit automobile.

BIBLIOG1U\\PHIE
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L.l,BENSOUR et R. THE'ilENIN
(Société Parisienne d'édition)
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Problèmes économiques et politiaues au niveau du village
Faug-Ballandier.
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- Histoire de l'Afrique Noire - KI ZERBO
(Hatier)
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Histoire de l'Afrique Noire -
COffi,EVIN
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Main basse sur l'Afrique -
ZIEGLER
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- La Géographie du commerce - A.DELOBEZ et J .BEIl.l1JEU -
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L'espace partagé
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(Librairie technique)
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- La comrr~rcialisation des produits vivriers - Société d'études
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- Les problèmes critiques ·de com..nercialisation des ?rcduits ali-
mentaires è2ns les P2YS en voie de déve~oppeQe~t.
O.C.D.E.
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Tableaux analytiques du Co=erce extér ieur de la France - EL:';:::: X.
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Quelques aspects des circuits èe dis~rib~tion en Afri~~e
DI~~HATE. Th~se Paris-Dauphine
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Essai sur 11 infla tian au Gabc:J..
NGOMO -
~Chè~e Paris-Da-...:p!<~i::e -
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La granàe e~treprise de distribution,
pivet de
la restY~ç7ur2->
tion de 11 aI:pareil cCIl.rr'.ercial au C:ameroun.
~~CC::_.'LO­
NGANA.
Thèse Paris-Dauphine -
1978.
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lÎ.2.1978
20.1.1979
7 .1l.19 80
- Afrique industrie
nO
du 15.1.1979
15.10.1980
- Le Moniteur du Commerce international n°
du 3.11.1980
-
Un marché 53 - Centre français du Commerce extérieur -
1980 -

Vu, LES
vu : LE.
SU:FRL.G~.
PRE~S_
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J~
Vu et permis d'irnpriffier,
le Président de l'Université de Paris-Dauphine.

.; .
_.' -
.... ',." . ,,_.
': .". ~ ..'
Comparativement au Cameroun, au Sénégal et ':'à la Côl:e
,d'Ivoire,' le Gabon connaît un problème particulier .;
l'absence
des "Nationaux" du Commerce alimentaire organisé. Cette situa-
tionque d'aucuns expliqaent par le "manque d'esprit commer-'
, ô
'
", ,çant des Gabonais" résulte de la conjonction de deux Èmsembles
de'facteurs .
':-','la nature particulière 'des relations entre la colonte du Ga-
_....
~'?onet la France : Essentiellement fournisseur de bois, Fessour-
:~'l'ce dont l'exploitation ne nécesi!!'itait pas des investissements
&t~urnàinset matériels particuliers, le Gabon a connu une implan-
'.' tation des éntreprises de négoces plus tardive que les' trois
,".- .
,.:gligea de créer des conditions favorables pour un intéressement.
~. '-
'.. des autochtones pour la vente alimentaire.
.
.
- '
-
".:,~lapolitique adoptée dans. ce secteur par les Pouvoirs Publics
' .
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/~~,-'7"'-'-:".~",
depuis l'Indépendance : ni la poli tique ccagric61è'" ni la poli ti':'
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...........
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que en rnat1ere'd'1nfrastructure de Commun1cat10n,~n1 l'act10n
,
i< (C~--'::-~ \\ : li
des organismes de promotion de la P.MjE~ ni la/~àiitique qui
":.r.
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.....
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concerne le commerce lui-même n'ont été de'nature à favoriser
une présence des Gabonais dans leur distribution alimentaire
organisée, comparable à
la situation au Cameroun ,
au Sénégal
ou en Côte d'Ivoire.
Ces deux facteurs expliquent la persistance, dans toutes
ces catégories de population Gabonaise, d'images négatives de
cette activité,
images liéts au système de valeurs tradition-
nelles et renforcées, par la morale judéo-Chrétienne.
!